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Full text of "Mémoires"

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CRANN-CEUSAIDH  CHRIOSD. 

LEIS  AN  URRAIHIAIN  MACLABHliAINN. 


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GL0RYIN6  IN  THE  CROSS  OF  CHRIST. 


Bev.   JOHN   MACLAURIN. 


TEANSLATED  BY  DUGALD  MACPHAIL. 


EDINBURGH : 

MACLACHLAN  &  STEWART,  SOUÏH  BRIDGE. 

1877. 


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MEMOIRES 

DE   LA 

SOCIÉTÉ  DE  LINGUISTIQUE 

DE  PARIS 


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MÉMOIRES 

(de  la   j 


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SOCIETE  DE  LINGUISTIQUE 


DE  PARIS 


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t.    p,/^/ypf^/^^7  } 


TOME   NEUVIExME 


PARIS 
EMILE  BOUILLON,  LIBRAIRE-ÉDITEUR 

G7,   RUE   DE   rilCFIEUEU,    67 

1896 


Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2010  with  funding  from 

University  of  Ottawa 


http://www.archive.org/details/mmoiresling09soci 


LISTE   DES  MEMBRES 

DE 

LA  SOCIÉTÉ  DE  LINGUISTIQUE  DE  PARIS 

AU  20  DÉCEMBRE  1896 


MM. 


MEMBRES  DONATEURS 
MM.  ASCOLI,  PRINCE  Alexandre  BIBESCO,   f  James  JACKSON'. 

LISTE  DES  MEMBRES  PERPÉTUELS. 


AsCOLI. 

Rarbelenet. 

Baudouin  de  Courtenay. 

Berger. 

Bibesco  (le  prince). 

Bonnardot. 

Bréal. 

COLINET. 

Cousin. 

Delaire. 

Derenbourg. 

Dur.\nd-Gréville. 

Ernault. 

Gonnet. 

Guimet. 

Haverfield. 

Havet. 

Henry. 

Hériot-Bunoust  (l'abbé). 

Joret. 

Kirste. 

Laborde  (le  marquis  de). 

Laray. 

Lecocq. 

Léger. 

Meillet. 


MM.  Melon. 

Meyer  (Paul). 

Oltramare. 

Paris. 

Parmentier  (le  général). 

Passy. 

Penafiel. 

Rhys. 

Roger. 

Rolland. 

Rosapelly. 

SACLEux(le  R.  P.). 

Sayce. 

schlumberger. 

sébillot. 

Senart. 

Sénéchal. 

Storm. 

SUDRE. 

Tegner. 

Tholozan. 

Thomsen. 

VoGLÉ  (le  marquis  de). 

\VlLBOIS. 
\VlMMER. 

Le  Brilish  Muséum. 


LISTE  GENERALE. 


MM. 


ABBADiE(Antoine-T/;o»!Sor«D'),  membre  de  l'Institut  (Académie  des  Sciences), 

120,  rue  du  Bac,  Paris.  —  Membre  de  la  Société  depuis  l'origine  et  son 

premier  président. 
Abeille  (D'  Lucien),  Casilla  del  Correo,  1162,  Buenos-Aires  (République 

Argentine).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  23  mai  1891. 
Adam  (Lucien),  président  de  Chambre  à  la  Cour  d'appel.  Rennes  (Ille-et- 

Vilaine).  —  Élu  membre  de  la  Sociélé  le  7  février  1885, 


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Alexandrowski  (Alexandre),  licencié  es  lettres,  94,  boulevard  de  Port- 
Royal,  Paris.  —  Élu   membre  de  la  Société  le  28  mai  1892. 

Aniart  (Jules),  agrégé  de  l'Université,  professeur  de  rhétorique  au  lycée, 
48,  rue  du  Petit-Versailles,  Saint-Pierre  (Martinique).  —  Élu  membre  de 
la  Société  le  7  mars  1885. 

Arbois  de  Jubainville  (Ma?'?e-Henry  d'),  membre  de  l'Institut  (Académie  des 
inscriptions  et  belles-lettres),  professeur  de  langues  et  littératures  celti- 
ques au  Collège  de  France,  directeur  de  la  Revue  celtique,  84,  boulevard 
Montparnasse,  Paris. —  Membre  de  la  Société  en  1867  ;  vice-président  en 

1881  et  1882;  président  en  1883. 

Arrô  (Alessandro),  professeur,  7,  via  Baille,  Cagliari  (Sardaigne).  —  Élu 
membre  de  la  Société  le  18  janvier  1896. 

AscoLi(Graziadio  /.),  associé  étranger  de  l'Institut  de  France  (Académie  des 
inscriptions  et  belles-lettres),  sénateur  du  royaume  d'Italie,  professeur 
à  l'Institut  royal.  Milan  (Italie).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  22  juillet 
1876  ;  membre  perpétuel. 

AuDOLiN  (E.),  maître  de  conférences  à  la  Faculté  des  lettres,  14,  rue  Saint- 
Cybard,  Poitiers  (Vienne).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  23  février 
1889. 

AvMONiER  (Le  commandant  VAienne-François),  directeur  de  l'École  Colo- 
niale, 46,  rue  du  Général  Foy,  Paris.  —  Élu  membre  de  la  Société 
le  4  février  1882  ;  vice-président  de  1892  à  1895. 

Badareû  (Le  Prof.  Alexandre),  ancien  élève  de  l'École  pratique  des  hautes 

études,  36,    strada    Pecurarï,  Jassy  (Roumanie).  —  Élu  membre  de  la 

Société  le  26  avril  1884. 
Bailly  (Anatole),  correspondant  de  l'Institut  (Académie  des  inscriptions  et 

belles-lettres),  professeur  honoraire   de   l'Université,   91,   rue   Bannier, 

Orléans  (Loiret).  —  Admis  dans  la  Société  en  1868. 
Baize   (Louis),  professeur  au  lycée  Condorcet,  28,   rue  du   Luxembourg, 

Paris.  —  Élu  membre  de  la  Société  le  22  janvier  1881  ;  bibliothécaire  de 

1882  à  1888. 

Barbelenet  (Daniel),  agrégé  de  l'Université,  professeur  au  Lycée,  Laon 
(Aisne).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  17  décembre  1892;  bibliothécaire 
en  1893;  membre  perpétuel. 

Barbier  de  Meynard,  membre  de  l'Institut  (Académie  des  inscriptions  et 
belles-lettres),  professeur  au  Collège  de  France  et  à  l'École  spéciale  des 
langues  orientales  vivantes,  18,  boulevard  de  Magenta,  Paris.  —  Membre 
de  la  Société  depuis  le  2  février  1884. 

Baron  (Charles),  maître  de  conférences  à  la  Faculté  des  lettres,  Clermont- 
Ferrand  (Puy-de-Dôme). —  Élu  membre  de  la  Société  le  22  janvier  1887. 

Barth  (Auguste),  membre  de  l'Institut  (Académie  des  inscriptions  et  belles- 
lettres),  6,  rue  du  A'ieux-Colombier,  Paris.  —  Élu  membre  de  la  Société 
le  10  mars  1873. 

Barthélémy  (Adrien),  drogman-chancelier  du  Consulat  général  de  France, 
Alep  (Syrie).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  16  février  1884. 

Basset  (René),  directeur  de  l'École  supérieure  des  Lettres,  rAgha49,  rueMi- 
chelet,  Alger-Mustapha  (Algérie).  —  Élu  membre  de  laSociélé  le  2  juin  1888. 

Baudisch  (Julius),  docteur  en  philosophie,  111,2,  Radetzkystrasse,  2,  Vienne 
(Autriche).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  3  décembre  1892. 

Baudouin  de  Courtenav  (.1.),  membre  de  l'Académie  des  Sciences,  13,  rue 


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Radziwill,  Cracovie  ^Autriche).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  3  décembre 
1881  ;  membre  perpétuel. 
Bauer  (Alfred),  17,  rue  Tournefort,  Paris.  —  Élu  membre  de  la  Société  le 

9  janvier  1875. 
Baunack  (Johannes),   docteur  en  philosophie,  32,  Hospitalstrasse,  Leipzig 

(Saxe).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  26  juin  1880. 
Beuame  (Alexandre),  professeur-adjoint  de  langue  et  littérature  anglaises 

à  la  Faculté  des  lettres,  29,  rue  de  Condé,  Paris.  —  Membre  de  la 

Société  en  1867. 
BENLœw  (Louis),  ancien  doyen  de  faculté,  48,  rue  Copernic,  Paris.  —  Membre 

de  la  Société  depuis  1868. 
Berger  (Philippe),    membre    de  l'Institut   (Académie  des  inscriptions  et 

belles-lettres),  professeur  au  Collège  de  France,  3,  quai  Voltaire,  Paris. 

—  Élu   membre   de   la   Société   le  l'=''  juin  1872  ;    trésorier   depuis    le 

11  avril  1874  jusqu'au  31  décembre  1891  ;  »vice-président  en  1890  et 

en  1891;  président  en  1892;  membre  perpétuel. 
Bezso.nov   (Pierre),    professeur    à    l'Université,    Kharkov    (Russie). —   Élu 

membre  de  la  Société  le  23  novembre  1878. 
Bianu   (Le  professeur  Jean),  bibliothécaire   de  l'Académie  roumaine,  135, 

calea  Victoriei,  Bucarest  (Roumanie).  —  Elu    membre   de   la   Société   le 

3  mars  1883. 
BiBESco  (Le  prince  Alexandre),  69,  rue  de  Courcelles,  Paris. —  Élu  membre 

de  la  Société  le  6  juin  1874;  vice-président  en  1893,  président  en  1894; 

membre  perpétuel. 
30.    BiJVANCK  (W.  G.  C),  docteur  es  lettres,  37"  Laarderweg,  Hilversum,  près 

Amsterdam  (Pays-Bas). —  Élu  menibre  de  la  Société  le  28  décembre  1889. 
BiKÉLAS  (D.),  4,  rue  de  Babylone,  Paris.  —  Élu  membre  de  la  Société  le  5 

juillet  1884. 
Blanc  (Alphonse),  professeur  au  collège,  Narbonne  (Aude).  —  Élu  membre 

de  la  Société  le  20  février  1875. 
Blochet  {Edgard-Gabriel- Joseph),    élève   diplômé   de   l'École   des  langues 

orientales,  attaché   à  la  Bibliothèque  Nationale,  35,  rue  de  l'Arbalète, 

Paris.  —  Élu  membre  de  la  Société  le  30  juin  1894. 
Blonay  (Godefroy  de),  élève  de  l'École  pratique  des  hautes  études,  23,  rue 

Cassette,  Paris.  —  Élu  membre  de  la  Société  le  30  janvier  1892. 
BoiSACQ  (Emile),  chargé  de  cours  à  l'Université,  40,  rue  du  Bourgmestre, 

Bruxelles  (Belgique).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  13  février  1892. 
BoissiER  (Ma)ne-Loui'!-Antome-GaiSton),  secrétaire   perpétuel  de  l'Académie 

française,  membre  de  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres,  pro- 
fesseur de  littérature  latine  au  Collège  de  France,  maître  de  confé- 
rences à  l'École  normale  supérieure,  23,  quai  Conti,   Paris.  —  Menibre 

de  la  Société  depuis  le  8  mai  1869. 
BoNNARDOT  (François),  archiviste  paléographe,  sous-inspecteur  du  service 

des   travaux   historiques  de  la  ville  de  Paris,   1,   rue  des  Tournelles, 

Arcueil  (Seine).  —  Admis  dans  la  Société  en  1868;  vice-président  de  1887 

à  1889  ;  président  en  1890  ;  membre  perpétuel. 
BossERT  (A.),  inspecteur  général  de  l'Instruction  publique,  51,  rue  d'Assas, 

Paris.  —  Élu  membre  de  la  Société  le  2  décembre  1882. 
BouciiEHiE  (Adhéniar),  chef  de  bataillon  en  retraite,  16,  place  Saint-Pierre. 

Angoulème  (Charente),  —  Élu  membre  de  la  Société  le  12  mai  1883. 


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BouTRouE  (Alexandre),  241,  rue  du  Faubourg-Saint-Honoré,  Paris.  — Élu 
membre  de  la  Société  le  30  juin  1894  ;  vice-président  en  1896. 

Bovier-Lapierre,  professeur  honoraire  de  l'Université,  8,  rue  Garancière, 
Paris.  — Trésenté  pour  être  membre  de  la  Société  le  9  juin  1871  ;  bibliothé- 
caire du  25  mai  1878  au  1"  janvier  1879. 

BoYER  (Paul),  professeur  de  langue  russe  à  l'École  spéciale  des  langues 
orientales  vivantes,  86,  rue  de  l'Université,  Paris.  —  Élu  membre  de  la 
Société  le  8  décembre  1888;  trésorier  de  1892  à  1894. 

Bréal  {Wiche\-Jules-Al fred),  membre  de  l'Institut  (Académie  des  inscrip- 
tions et  belles-lettres),  inspecteur  général  de  l'enseignement  supé- 
rieur, professeur  de  grammaire  comparée  au  Collège  de  France,  direc- 
teur d'études  à  l'École  pratique  des  hautes  études,  70,  rue  d'Assas, 
Paris.  —  Membre  de  la  Société  en  1867  ;  secrétaire  depuis  1868  ; 
membre  perpétuel. 

Brun  (Charles), agrégé  de  l'Université, 9,  rue  Blainville, Paris.—  Élu  membre 
de  la  Société  le  16  décembre  1893. 

BuGGE  (Sophus),  professeur  à  l'Université,  Christiania  (Norvège).  —  Élu 
membre  de  la  Société  le  5  janvier  1878. 

Calloianu  (Michel  B.  C),  docteur  es  lettres,  professeur  au  lycée,  30,  maneu 
Brutaru,  strada  Fantanei,  14,  Bucarest  (Roumanie).  —  Élu  membre  de 
la  Société  le  8  mars  1879. 

Carnel  (L'abbé),  aumônier  de  l'Hôpital  militaire,  Lille  (Nord).  —  Élu 
membre  de  la  Société  le  5  décembre  1891. 

Carrière  (Auguste),  directeur  d'études  pour  les  langues  hébraïque,  chal- 
daïque  et  syriaque  à  l'École  pratique  des  hautes  études,  professeur  de 
langue  arménienne  à  l'École  spéciale  des  langues  orientales  vivantes, 
35,  rue  de  Lille,  Paris.  —  Élu  membre  de  la  Société  le  10  février  1873  ; 
vice-président  en  1875  et  1876. 

Cart  (Théophile),  professeur  au  lycée  Henri  IV  et  à  l'École  des  sciences 
politiques,  12,  rue  Soufflot,  Paris. —  Élu  membre  de  la  Société  le  17  dé- 
cembre 1892  ;  bibliothécaire  depuis  le  1"  janvier  1894. 

Chabaneau  (Camille),  chargé  du  cours  de  langues  romanes  à  la  Faculté  des 
lettres,  Montpellier  (Hérault). —  Élu  membre  de  la  Société  le  21  no- 
vembre 1868. 

Chabot  (l'abbé  J.-B.),  47,  rue  Claude-Bernard,  Paris.  —  Élu  membre  de  la 
Société  le  23  février  1895. 

Charencey  (C/iHrfe-Fe'/i'x-lIyacinthe  Gouhier,  comte  de),  membre  du  Con- 
seil général  de  l'Orne,  25,  rue  Barbel-de-Jouy,  Paris.  —  Membre  de  la 
Société  depuis  l'origine  et  son  premier  secrétaire;  bibliothécaire  de  1868 
à  1873;  vice-président  en  1874,  1883  et  1884  ;  président  en  1885. 

Chilot  (Narcisse),  licencié  es  lettres,  élève  de  l'École  pratique  des  hautes 
études  et  de  l'École  des  langues  orientales  vivantes,  24,  rue  de  Paris, 
Villeneuve-Saint-Georges  (Seine-et-Oise).  —  Élu  membre  de  la  Société  le 
14  janvier  1893. 

CoLiNET  (Ph.),  professeur  à  l'Université,  Louvain  (Belgique).  —  Élu  membre 
de  la  Société  le  25  juin  1892;  membre  perpétuel. 

Comte  (Charles),  professeur  au  lycée  Condercet,  83,  boulevard  jle  la  Reine, 
Versailles  (Seine-et-Oise).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  4  février  1882. 

CoNROTTE  (7o.?e/;/i-Edmond),  docteur^en  philosophie  et  lettres,  professeur  au 
séminaire,  Bastogne  (Belgique).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  5  déc.  1896, 


Cornu  (Jules),  professeur  à  l'Université,  9,  Salmgasse,  Prague  (Bohême) 

—  Elu  membre  de  la  Société  le  19  juillet  1873. 

CoL'BRONNE  (Louis),  pTofcsseur  au  lycée,  Nantes  (Loire-Inférieure).  —  Élu 
membre  de  la  Société  le  25  janvier  1879. 

Cousin  (Georges),  maître  de  conférences  à  la  Faculté  des  lettres,  59,  boule- 
vard Stanislas,  Nancy  (Meurthe-et-Moselle).  —  Élu  membre  de  la  Société 
le  8  février  1890;  membre  perpétuel. 

CuNY  (Albert),  licencié  es  lettres,  chez  M"""  Legrand,  Sainl-Calais  (Sarthe). 

—  Élu  membre  de  la  Société  le  9  mai  1891. 

David  (René),  ingénieur,  60,  rue  des  Écoles,  Paris.  —  Élu  membre  de  la 
Société  le  18  février  1882. 

David-Beguiantz  (Sergius),  élève  de  l'École  pratique  des  hautes  études,  51, 
rue  Gay-Lussac,  Paris.  —  Élu  membre  de  la  Société  le  7  décembre  1895. 

Delaire  (Alexis),  238,  boulevard  Saint-Germain,  Paris.  —  Élu  membre  de  la 
Société  le  18  novembre  1876  ;  membre  perpétuel. 

Delaplane  (A.),  chef  de  bureau  au  Ministère  des  travaux  publics,  244,  boule- 
vard Saint-Germain,  Paris.—  Admis  dans  la  Société  en  1868. 

Delondre  (Gustave),  16,  rue  Mouton-Duvernet,  Paris.  —  Membre  de  la  So- 
ciété en  1867. 

Delphin  (Gaétan),  directeur  de  la  Médersa,  Alger  (Algérie).  —  Élu  membre 
de  la  Société  le  30  juin  1894. 

Derenbourg  (Hartwig),  professeur  d'arabe  littéral  à  l'École  spéciale  des 
langues  orientales  vivantes,  directeur  adjoint  pour  la  langue  arabe, 
l'islamisme  et  les  religions  de  l'Arabie  à  l'École  pratique  des  hautes  études, 
professeur  honoraire  du  Séminaire  Israélite,  56,  rue  de  la  Victoire,  Paris. 

—  Membre  de  la  Société  depuis  1866;  secrétaire  adjoint  de  1866  à  1868  ; 
membre  perpétuel. 

DiANU  (Jean  .Y.),  licencié  es  lettres,  professeur  au  séminaire  central,  Bu- 
carest. —   Élu  membre  de  la  Société  le  7  février  1891. 

DiHiGO  (D'  Juan  M.),  professeur  de  littérature  grecque  à  l'Université,  La 
Havane  (Cuba).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  15  décembre  1894. 

Donner  (0.),  professeur  de  sanscrit  et  grammaire  comparée  à  l'Université, 
Helsingfors  (Finlande).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  19  juin  1869. 

DoTTLN  (Georges),  maître  de  conférences  à  la  Faculté  des  lettres,  6,  rue  de 
Belair,  Rennes  (lUe-et-Vilaine).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  6  dé- 
cembre 1884;  bibliothécaire  de  1888  à  1891. 

Durand-Gréville  {Émi\e-Ahx),Hi,  rue  de  Grenelle,  Paris  [de  janvier  à  mars] 
et  Bois-Briou,  Angers  (Maine-et-Loire)  [d'avril  à  décembre].  —  Élu  mem- 
bre de  la  Société  le  l""'  avril   1882  ;  membre  perpétuel. 

DuTENS  (Alfred),  12,  rue  Clément-Marot,  Paris.  —  Élu  membre  de  la  Société 
le  19  juillet  1879. 

DuvAL  (Paul-Rubans),  professeur  de  langue  et  de  littérature  araméennes 
au  Collège  de  France,  11,  rue  de  Sontay,  Paris.  —  Élu  membre  de 
la  Société  le  18  février  1882  ;  vice-président  en  1885  ;  président 
en  1886. 

DuvAU  (Louis),  maître  de  conférences  de  grammaire  comparée  à  l'École 
pratique  des  hautes  éludes,  l'un  des  directeurs  de  la  Revue  de  Philologie, 
de  Littérature  et  d'Histoire  anciennes,  22,  quai  de  Béthune,  Paris.  —  Elu 
membre  de  la  Société  le  6  décembre  1884;  administrateur  depuis  le 
1"  janvi(>r  1802, 


Kdon,  professeur  au  lycée  Henri  IV,  21,  rue  de  Vaugirard,  Paris. —  Élu 
membre  de  la  Société  le  29  mai  1880. 

Elliott  (Richard-J.),  professeur  à  Trinity  collège,  Melbourne  (Australie). 
—  Élu  membre  de  la  Société  le  24  novembre  1888. 

Ernault  (Émile-Jean-Marie),  professeur  à  la  Faculté  des  lettres,  2,  rue 
Saint-Maixent,  Poitiers  (Vienne).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  18  dé- 
cembre 1875  ;  administrateur  de  1882  au  24  mai  1884  ;  membre  perpétuel. 

EsTLANDER  (Karl-G.),  professeur  à  l'Université,  llelsingfors  (Finlande).  — 
Membre  de  la  Société  en  1867. 

Etienne  (E.),  professeur  au  lycée,  chargé  de  cours  à  la  Faculté  des  lettres 
de  Nancy,  79,  faubourg  Saint-Sébastien,  Maxeville,  par  Nancy  (Meurthe- 
et-Moselle).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  6  décembre  1890. 

FAY(D"Ed\vin  W.),  professeur  à  Washington  and  Lee  University,  Lexington 

(Virginie,  États-Unis).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  l.ô  décembre  189i. 
FÉCAMP  (Albert),  bibliothécaire  de  la  Bibliothèque  universitaire,   44,   rue 

Pitot,  Montpellier  (Hérault). —  Élu  membre  de  la  Société  le  13  janvier 

1877. 
FiNOT  (Louis),  sous-bibliothécaire   à  la   Bibliothèque   nationale,  maître  de 

conférences  de  langue  sanscrite  à  l'École  pratique  des  hautes  études,  49, 

rue  Claude-Bernard,  Paris. —  Élu  membre  de  la  Société  le  25  juin  1892; 

trésorier  depuis  le  1"  janvier  1895. 
FoiRNiER  (Albert),  professeur  à  l'École  supérieure  des  Lettres,  9,  rue  de 

Tanger,  Alger.  —  Élu  membre  de  la  Société  le  5  mai  1894. 

Gaidoz  (Henri),  directeur  d'études  pour  les  langues  et  littératures  celtiques 
à  l'École  pratique  des  hautes  études,  professeur  à  l'École  des  sciences 
politiques,  l'un  des  directeurs  de  la  revue  Mélusine,  22,  rue  Servandoni, 
Paris.  —  Membre  de  la  Société  en  1867  ;  administrateur  de  1870-1871  au 
27  janvier  1877  ;  vice-président  en  1879  et  1880;  président  en  1881. 

Gasc-Desfossés  (Alfred),  professeur  au  lycée  Faidherbe,  5,  square  Jussieu, 
Lille  (Nord).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  9  mars  1889. 

GiLLiÉRON  (Jules),  directeur  adjoint  pour  les  langues  romanes  à  l'École 
pratique  des  hautes  études,  2,  place  de  la  République,  Levallois-Perret 
(Seine).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  28  avril  1877. 

GoDEFROY  (Frédéric),  20,  rue  de  l'Abbé-Grégoire,  Paris.  —  Élu  membre  de  la 
Société  le  24  mai  1879. 

GoHiN  (Ferdinand),  professeur  agrégé  de  l'Université,  8,  rue  de  Carentan, 
Coutances  (Manche).  — ■  Élu  membre  de  la  Société  le  30  janvier  1892. 

GoNNET  (L'abbé),  maison  Sainte-Catherine,  PÎcully  (Rhône).  —  Élu  membre 
de  la  Société  le  12  juin  1875  ;  membre  perpétuel. 

Graffin  (L'abbé  R.),  professeur  à  l'Institut  catholique,  47,  rue  d'Assas, 
Paris.  —  Élu  membre  de  la  Société  le  8  mars  1890. 

Grammont  (Maurice),  maître  de  conférences  à  la  Faculté  des  lettres,  Mont- 
pellier (Hérault).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  14  décembre  1889. 

Grandgent  (Charles),  professeur  à  l'Université  de  Harvard,  Cambridge 
(Massachussets,  États-Unis  d'Amérique).  —  Élu  membre  de  la  Société  le 
29  mai  1886. 

Granges  (Ch.  M.  des),  agrégé  des  lettres,  professeur  au  Collège  Stanislas, 
13,  rue  Le  Verrier,  Paris.  —  Élu  membre  de  la  Société  le  22  novembre 
1890. 

Grasserie  (Raoul  DE  la),  juge  au  Tribunal,  correspondant  du  Ministère  de 


—  ^J  — 

l'inslruction  publique,  4,  rue   de  Bourbon,  Rennes  (Ille-et-Vilaine).  — 

Élu  membre  de  la  Société  le  14  mai  1887. 
Gréard  (U.),  membre  de  l'Académie  française  et  de  l'Académie  des  sciences 

morales  et  politiques,  vice-recteur  de  l'Académie  de  Paris,  à  la  Sorbonne. 

—  Membre  de  la  Société  depuis  le  14  décembre  1889. 
Grégoire  (Antoine),  docteur  en  philosophie  et  lettres,  40,  rue  des  Wallons, 

Liège  (Belgique).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  15  février  1896. 
GuiMET  (Emile),  place  de  la  Miséricorde,    Lyon    (Rhône),   et    au    Musée 

Guimet,  avenue  d'Iéna,  Paris.  —  Élu  membre  de  la  Société  le  22  janvier 

1881;  membre  perpétuel. 
GusTAFSsoN  (Docteur  Fridolf-F/rtf/im»-))  professeur  de  littérature   latine   à 

l'Université,  1,  Andreeg,  Ilelsingfors  (Finlande).  —  Élu  membre  de  la 

Société  le  16  mai  1885. 

Halévv  (Joseph),  directeur  adjoint  pour  les  langues  éthiopienne  ethimya- 
rite  et  les  langues  touraniennes  à  l'École  pratique  des  hautes  études,  26, 
rue  Aumaire,  Paris. —  Éki  membre  de  la  Société  le  13  janvier  1872;  vice- 
président  en  1886  et  1887;  président  en  1888. 

Harlez  (C.  de),  professeur  à  l'Université,  Louvain  (Belgique).  —  Élu 
membre  de  la  Société  le  18  novembre  1876. 

Hasdeïi  {Bogda.n-Petriceicu),  membre  de  l'Académie  roumaine,  de  la  So- 
ciété littéraire  serbe,  etc.,  professeur  de  philologie  comparée  à  l'Uni- 
versité de  Bucarest,  directeur  général  des  Archives  royales,  membre  du 
Conseil  supérieur  de  l'instruction  publique,  directeur  de  la  revue  Co- 
liimna  lui  Traïanû,  rue  Mihaïuvoda,  Bucarest  (Roumanie).  —  Élu 
membre  de  la  Société  le  4  février  1882. 

Hatzfeld  (Adolphe),  professeur  au  lycée  Louis-le-Grand,  ancien  professeur  à 
la  Faculté  des  lettres  de  Grenoble,  7,  rue  de  l'Odéon,  Paris.—  Élu  membre 
de  la  Société  le  1"  février  1873. 

Uauvion,  40,  rue  des  Écoles,  Paris.  —  Élu  membre  de  la  Société  le 
20  novembre  1886. 

Haverfield  (F.),  professeur  à  Christ-Church,  Oxford  (Grande-Bretagne). 
—  Élu  membre  de  la  Société  le  18  novembre  1882;  membre  perpétuel. 

Havet  {Pierre- Antoine-Louis),  membre  de  l'Institut  (Académie  des  inscrip- 
tions et  belles-lettres),  professeur  de  philologie  latine  au  Collège  de 
France,  professeur  de  philologie  latine  à  la  Faculté  des  lettres,  directeur 
d'études  pour  la  philologie  latine  à  l'École  pratique  des  hautes  études, 
5,  avenue  de  l'Opéra,  Paris.  —  Élu  membre  de  la  Société  le  20  novembre 
1869;  secrétaire  adjoint  de  1870  à  1882;  membre  perpétuel. 

Henry  (Victor),  professeur  de  sanscrit  et  de  grammaire  comparée  à  la 
Faculté  des  lettres,  42,  rue  de  Paris,  Orsay  (Seine-et-Oise).  —  Élu 
membre  de  la  Société  le  22  janvier  1881  ;  membre  perpétuel. 

ilÉiuoT-BuNOUST  (L'abbé  Étienne-Engène-Louis),  27,  rue  d'Assas,  Paris.  — 
Élu  membre  de  la  Société  le  19  novembre  1887;  membre  perpétuel. 

IIermann  (Eduard),  25,  Spitalgasse,  Cobourg  (Allemagne).  —  Élu  membre 
de  la  Société  le  3  décembre  1892. 
,  iloi.HAN  (Michel  G.),  vice-consul  de  Roumanie,  2,  rue  Saint-Léger,  Genève 
Suisse).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  l"  décembre  189i. 

IIoi.i.eaux  (Maurice),  professeur  à  la  Faculté  des  lettres,  9,  quai  de  la  Guil- 
lotière,  Lyon  (Rhône).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  30  avril  1892. 

Hlszar  (D'  Guillaume),  professeur,  chez  M.  B.  Fisch,  Ungvàr (Hongrie).  — 
Élu  membre  de  la  Société  le  2  mai  1896. 


—   XIJ    — 

Imbert,  receveur  de  l'enregistrement  et  des  domaines,  Couiza(Aude).  —  Élu 

membre  de  la  Société  le  14  décembre  1889. 
Jedlicka  (Jaromir),  candid.  prof.,  Vavrova  tr.,  c.  25,  I,  Vinohrady,  Prague 

(Bohême).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  19  décembre  1891. 
Job  (Léon),  docteur  es  lettres,  professeur  au  lycée,  2,  rue  de  la  Hache,  Nancy 

(Meurthe-et-Moselle).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  21  novembre  1885. 
JoRET  (Charles),   professeur  à  la  Faculté  des  lettres,   5,   rue    Saint-Michel, 

Aix  (Bouches-du-Rhône). —  Élu   membre  de  la  Société  le  10  janvier  1874  ; 

membre  perpétuel. 

Kelle-r  (Otto),  professeur  à  l'Université,  2,  Kreuzherrenplatz,  Prague 
(Bohême).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  14  janvier  1893. 

Kern,  professeur  de  sanscrit  à  l'Université,  41,  Noordeinde,  Leyde  (Pays- 
Bas). —  Élu  membre  de  la  Société  le  15  mars  1873. 

Kirste  {Ferdinand-Otto-ied.n),  professeur  de  philologie  orientale  à  l'Univer- 
sité, 2,  Hafnerplatz,  Graz  (Styrie).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  7 
janvier  1872  ;  membre  perpétuel. 

KuGEiNER  (M. -A.),  docteur  en  philosophie  et  lettres,  5,  rue  des  Carmes, 
Paris.  —  Élu  membre  de  la  Société  le  19  décembre  1896. 


Laborde  (Le  marquis  Joseph  de),  archiviste  aux  Archives  nationales,  8,  rue 
d'Anjou,  Paris.  —  Élu  membre  de  la  Société  le  29  décembre  1873  ; 
membre  perpétuel. 

Lambert  (Charles),  maître  de  conférences  à  la  Faculté  des  lettres,  7,  rue 
de  l'École  de  Droit,  Dijon  (Côte  d'Or).  —  Élu  membre  de  la  Société  le 
3  mai  1890. 

Lamouche  (Le  capitaine  du  génie),  de  l'état-major  général,  18,  rue  Las- 
Cases,  Paris.  —  Élu  membre  de  la  Société  le  29  février  1896. 

Laray  (Henri),  capitaine  d'infanterie  de  marine  en  retraite,  1,  rue  Sainte- 
Geneviève,  Versailles  (Seine-et-Oise).  —  Élu  membre  de  la  Société  le 
31  mai  1890  ;  membre  perpétuel. 

Laurent,  professeur  au  Collège  Stanislas,  9,  rue  du  Mont-Parnasse,  Paris. 

—  Élu  membre  de  la  Société  le  14  avril  1883. 

Lecocq  (Gustave),  7,  rue  du  Nouveau-Siècle,  Lille  (Nordj. — Élu  membre  de 

la  Société  le  3  mai  1890;  membre  perpétuel. 
Le  Foyer  (Henri),  252,  rue  de  Rivoli,  Paris.  —  Élu  membre  de  la  Société  le 

14  mai  1892. 
Léger  {hom?,- Paul),  professeur  honoraire  à  l'École   spéciale  des    langues 

orientales  vivantes,  professeur  de  langues  et  littératures  slaves  au  Collège 

de  France,  professeur  à  l'École  de  guerre,  43,  rue  de  Boulainvilliers,  Paris. 

—  Membre  de  la  Société  depuis  l'origine,  administrateur  vice-président 
de  1866  à  1869,  vice-président  en  1880  et  en  1881  ;  président  en  1882; 
membre  perpétuel. 

Lejay  (L'abbé  Paul),  professeur  à  l'Institut  catholique,  119,  rue  du  Cherche- 
Midi,  Paris.  —  Élu  membre  de  la  Société  le  17  mai  1890;  vice  président 
en  1896. 

Le  Nestour  (Paul),  licencié  es  lettres,  élève  de  l'École  pratique  des  hautes 
études,  4,  rue  Flatters,  Paris.  —  Élu  membre  de  la  Société  le  18  janvier 
1896. 

Lévi  (Sylvain),  professeur  de  sanscrit  au  Collège  de  F'rance,  directeur  ad- 
joint pour  la  langue  sanscrite  à  l'École  pratique  des  hautes  études,  9, 


—    Ml]     — 

rue  Guy-de-Labrosse.  Paris.  —  Élu  membre  de  la  Sociélé  le  10  janvier 
188b;  vice-président  en  1891  et  en  1892;  président  en  1893. 

LiÉTARD  (Le  docteur  Alexandre),  médecin  inspecteur  des  eaux,  correspon- 
dant de  l'Académie  de  médecine,  Plombières  (Vosges).  —  Membre  de  la 
Société  en  1867. 

LiNDSAY  C\V.-M.),  fellow  of  Jésus  collège,  Oxford  (Grande-Bretagne).  —  Élu 
membre  de  la  Société  le  8  juin  1895. 

LoTH  (Joseph),  doyen  de  la  Faculté  des  lettres,  Rennes  (Ille-et-Yilainej.  — 
Élu  membre  de  la  Société  le  25  mai  1878. 

Mallet  (Dominique),  agrégé  de  l'Université,  membre  de  la  mission  fran- 
çaise, Le  Caire  (Egypte).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  1"  décembre 
1894. 

Marissialx  (Paul),  agrégé  de  l'Université,  professeur  au  lycée,  Chàteauroux 
(Indre).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  1*'  décembre  1894. 

Maspero  (Camille-Charles-GaiS'lon),  membre  de  l'Institut  (Académie  des 
inscriptions  et  belles-lettres),  professeur  de  philologie  et  archéologie 
égyptiennes  au  Collège  de  France,  directeur  d'études  pour  la  philologie 
et  les  antiquités  égyptiennes  à  l'École  pratique  des  hautes  éludes,  24, 
avenue  de  l'Observatoire,  Paris.  —  Membre  de  la  Société  en  1867;  vice- 
président  en  1877  et  1879  ;  président  en  1880. 

Massieu  de  Clerval,  113,  boulevard  de  la  Reine,  Versailles  (Seine-et-Oise). 
—  Membre  de  la  Société  depuis  1867. 

Mathieu  (E.),  traducteur  aux  établissements  Schneider,  126,  route  de 
Couches,  au  Creusot  (Saône-et-Loire).  —  Élu  membre  de  la  Société  le 
8  mars  1890. 

Meillet  (Antoine),  maître  de  conférences  de  grammaire  comparée  et  de  langue 
zende  à  l'École  pratique  des  hautes  études,  24,  boulevard  Saint-Michel, 
Paris.  —  Élu  membre  de  la  Société  le  23  février  1889  ;  membre  perpétuel. 

MÉLÈSE  (Albert),  professeur  agrégé  de  l'Université,  5,  rue  Corneille, 
Paris.  —  Élu  membre  de  la  Société  le  8  mars  1889. 

Melon  (Paul),  24,  place  Malesherbes,  Paris.  —  Élu  membre  de  la  Société 
le  19  novembre  1870;  membre  perpétuel. 

Merwart  (K.),  docteur  en  philosophie,  professeur  à  l'Académie  Marie- 
Thérèse  et  au  collège  du  II"  arrondissement,  II,  Taborstrasse,  28,  Vienne 
(Autriche).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  21  juin  1884. 

Meyer  (Alphonse),  professeur  au  lycée,  43,  rue  des  Facultés,  Bordeaux 
(Gironde).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  6  février  1875. 

Meyer  {Marie-Va.\i\-Hyacinthe),  membre  de  l'Institut  (Académie  des  inscrip- 
tions et  belles-lettres),  professeur  de  langues  et  littératures  de  l'Europe 
méridionale  au  Collège  de  France,  directeur  de  l'École  des  Chartes,  l'un 
des  directeurs  de  la  Romania,  16,  avenue  de  Labourdonnais,  Paris.  — 
Membre  de  la  Société  en  1867;  membre  perpétuel. 

Michel  (Charles),  professeur  à  l'Université,  110,  avenue  d'Avroy,  Liège 
(Belgique). —  Élu  membre  de  la  Société  le  16  février  1878. 

MoHL  (B.-Jifi),  lecteur  à  l'Université,  professeur  à  la  Cesko-slovanskà 
Akademie  obchodni,  I,  konvitskà  ulice,  c.  24  a,  Prague  (Bohème).  —  Élu 
membre  de  la  Société  le  21  novembre  1885;  administrateur  en  1890 
et  1891. 

MoNSEUR,  professeur  à  l'Université,  Bruxelles  (Belgique).—  Élu  membre  de 
la  Société  le  9  janvier  1885. 


—    XIV    — 

MoNTAGUE,  professeur  à  Amherst  Collège,  Amherst  (Massachussets,  États- 
Unis  d'Amérique).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  30  novembre  1889. 

MoNTMiTONNET.  —  Élu  membre  de  la  Société  le  2  décembre  1893. 

MoRTEVEiLLE  (Slaulslas),  15,  rue  Vineuse,  Paris.  —  Élu  membre  de  la  So- 
ciété le  11  janvier  1879. 

MowAT  (Robert),  chef  d'escadrons  d'artillerie  en  retraite,  10,  rue  des  Feuil- 
lantines, Paris. —  Membre  de  la  Société  depuis  l'origine  ;  président  en  1878. 

Oltramare  (Paul),  professeur  à  l'Université,  32,  chemin  du  Nant,  Servelte, 
Genève  (Suisse).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  27  mai  1876  ;  membre 
perpétuel. 

OsTHOFF  (Hermann),  professeur  à  l'Université,  25,  Mônchhofstrasse,  Hei- 
delberg  (Grand-Duché  de  Bade).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  8  juin  1895. 

Paris  {GaiSlon-Bruno-Pauhn),  membre  de  l'Institut  (Académie  française  et 
Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres),  professeur  de  langue  et  litté- 
rature françaises  du  moyen  âge  au  Collège  de  France,  administrateur  du 
Collège  de  France,  président  honoraire  et  directeur  d'études  pour  la 
philologie  romane  à  l'École  pratique  des  hautes  études,  l'un  des  directeurs 
de  la  Romania,  Collège  de  France,  Paris.  —  Membre  de  la  Société  en  1867  ; 
vice-président  en  1869,  en  1870-1871  et  en  1872;  président  en  1873; 
membre  perpétuel. 

Parmentier  (Léon),  professeur  à  l'Université,  47,  rue  Souverain-Pont,  Liège 
(Belgique).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  5  décembre  1885. 

Parjientier  (Le  général  de  division  Joseph-Charles-Théodore),  président  de 
l'Alliance  française,  5,  rue  du  Cirque,  Paris  ;  et  Malzeville  (Meurthe-et- 
Moselle).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  17  mars  1883;  membre  perpétuel. 

Pascal  (Ch.),  professeur  au  lycée,  Versailles  (Seine-et-Oise).  —  Admis  dans 
la  Société  en  1886. 

Passy  (Paul),  docteur  es  lettres,  maître  de  conférences  de  phonétique  géné- 
rale à  l'École  pratique  des  hautes  études,  11,, rue  de  Fontenai,  Bourg- 
la-Reine  (Seine).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  17  décembre  1892; 
membre  perpétuel. 

Pauli  (Cari),  docteur  en  philosophie,  professeur  au  Lycée  cantonal,  94, 
viale  Carlo  Cattaneo,  Casa  Monti,  Lugano  (Suisse).  —  Élu  membre  de  la 
Société  le  3  mars  1883. 

Penafiel  (Docteur  Antonio),  professeur  de  médecine  et  de  chirurgie  à 
l'Université,  directeur  général  du  Bureau  de  statistique,  Mexico  (Mexique). 
—  Élu  membre  de  la  Société  le  11  mai  1889;  membre  perpétuel. 

Pernot  (Hubert),  licencié  es  lettres,  répétiteur  à  l'École  spéciale  des 
langues  orientales  vivantes,  151  bis,  rue  Saint-Jacques,  Paris.  —  Élu 
membre  de  la  Société  le  1"''  décembre  1894. 

PiERRET,  conservateur  du  musée  égyptien,  au  Louvre,  Paris.  —  Était 
membre  de  la  Société  le  1"''  février  1870. 

Pognon  (H.),  consul  de  France,  Alep  (Syrie).  —  Élu  membre  de  la  Société 
le  16  février  1884. 

PoLiVKA  (Jiri),  professeur  à  l'Université,  Prague  (Bohême).  —  Élu  membre 
de  la  Société  le  25  juin  1892. 

PsiCHARi  (.Jean),  directeur  adjoint  pour  la  philologie  byzantine  à  l'École 
pratique  des  hautes  études,  77,  rue  Claude-Bernard,  Paris.  —  Élu  membre 
de  la  Société  le  15  février  1884  ;  administrateur  de  1885  à  1889;  président 
en  1896. 


Qlerry  (Amédée),  consul  général  de  France  en  retraite,  Ferry-keuï,  Cons- 
tantinople  (Turquie).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  1"  décembre  1894. 

Raillard  (Raoul),  professeur  au  lycée  Janson  de  Sailly,  37,  rue  de  la  Tour, 

Paris.  —  Élu  membre  de  la  Société  le  22  juin  1895. 
Rambaud  (le  capitaine  Jean-Baptiste-Jn<oi«e),  professeur  à  l'École  militaire 

de  l'artillerie  et  du  génie,  40,  avenue  de  Saint-Cloud,  Versailles  (Seine- 

et-Oise).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  7  décembre  189.5. 
170.  Reinach  (Salomon),   membre  de  l'Institut  (Académie  des  inscriptions   et 

belles-lettres),  conservateur-adjoint  des  musées  nationaux,  38,  rue  de 

Lisbonne,  Paris.  —  Élu  membre  de  la  Société  le  21  février  1880. 
Rhys  (John),  fellow  de  Jésus  Collège,  professeur  de  celtique  à  l'Université, 

87,  Banbury  road,  Oxford  (Grande-Bretagne).  —  Élu  membre  de  la  Société 

le  9  janvier  1875;  membre  perpétuel. 
Riabinin  (Michel),  Nadezhdinskaya,  12,  Odessa  (Russie).  —  Élu  membre  de 

la  Société  le  24  juin  1893. 
Roger  (Maurice),  professeur  au  lycée  Carnot,  2,  rue  Barye,  Paris.  —  Élu 

membre  de  la  Société  le  20  mars  1886;  membre  perpétuel. 
Rolland  (Eugène),  château  deGranlmont,  àAunay-sous-Auneau,par  Auneau 

(Eure-et-Loir),  et  à  Paris,  2,  rue  des  Chantiers.  —  Admis  dans  la  Société 

en  1868  ;  membre  perpétuel. 
Rosapelly  (Le  docteur),   ancien  interne  des  hôpitaux,   10,  rue    de  Buci, 

Paris.  —  Élu  membre  de  la  Société  le  27  mai  1876  ;  membre  perpétuel. 
Rousselot  (L'abbé  Pierre-Jea?i),  docteur  es  lettres,  11,  rue  Littré,  Paris.  — 

Élu  membre  de  la  Société  le  17  avril  1886;  vice-président  en  1894,  pré- 
sident en  1895. 

Sabbathier  (Paul),  agrégé  de  l'Université,  15,  rue  du  Cardinal-Lemoine, 
Paris.  —  Élu  membre  de  la  Société  le  28  décembre  1889. 

Sacleux  (Le  R.  P.),  missionnaire  apostolique  à  Zanzibar  (Côte  orientale 
d'Afrique,  via  Marseille).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  7  avril  1894; 
membre  perpétuel. 

.Salnt-Djdier  (Le  baron  de),  12,  avenue  de  l'Aima,  Paris.  —  Élu  membre  de 
la  Société  le  7  mars  1891. 
180.  Sanchez  Moguel  (Antonio),  membre  de  l'Académie  royale  d'histoire,  pro- 
fesseur à  l'Université,  Madrid  (Espagne). —  Élu  membre  de  la  Société  le 
5  février  1887. 

Sausslre  (Ferdinand  de),  professeur  à  l'Université  de  Genève,  Malagny- 
Versoix,  près  Genève  (Suisse).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  13  mai 
1876;  secrétaire-adjoint  de  1883 à  1891. 

Sayce  (Archibald-llenry),  professeur  à  l'Université,  Oxford  (Grande-Bre- 
tagne). —  Élu  membre  de  la  Société  le  5  janvier  1878;  membre  perpétuel. 

Sayous  (Edouard),  professeur  à  la  Faculté  des  lettres,  Besançon  (Doubs). 

—  Élu  membre  de  la  Société  le  2  mai  1885. 

ScHiLS  (L'abbé  G. -H.),   curé    de  Fontenoille,  par  Sainte-Cécile  (Belgique). 

—  Élu  membre  de  la  Société  le  8  juin  1889. 

Schlemmer  de  Banyavôlgy  (Le  chevalier  Charles),  directeur  de  la  Chancel- 
lerie des  finances,  consul  de  Perse,  via  Sauf  Andréa,  573,  Fiume  (Hon- 
grie). —  Élu  membre  de  la  Société  le  30  novembre  1889. 

Schlumberger  (Gustave-Léo«),  membre  de  l'Institut  (Académie  des  inscrip- 
tions et  belles-lettres),  27,  avenue  d'Anlin,  Paris.—  Membre  de  la  Société 
depuis  le  3  décembre  1881;  membre  perpétuel. 


—    XV)    — 

ScHRiJNEN  (Joseph),  docteur  en  philosophie,  professeur  au  collège,  Rure- 
monde  (Pays-Bas).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  5  décembre  1891. 

ScHWOB  (Marcel),  26,  rue  Vaneau,  Paris.  —  Élu  membre  de  la  Société  le  9 
février  1889;  bibliothécaire  en  1892. 

Sébillot  (Paul) ,  directeur  de  la  Revue  des  Traditions  populaires,  4,  rue  de 
rOdéon,  Paris.  —  Élu  membre  delà  Société  le  28  avril  1883;  membre 
perpétuel. 
190.  Senart  (Emile),  membre  de  l'Institut  (Académie  des  inscriptions  et  belles- 
lettres),  château  de  la  Pelice,  près  la  Ferté-Bernard  (Sarthe),  et  à  Paris, 
18,  rue  François  P"  —  Admis  dans  la  Société  en  1868;  membre  perpétuel. 

Sénéchal  (Edmond),  inspecteur  des  finances,  7,  rue  Cochin,  Paris.  —  Élu 
membre  de  la  Société  le  16  mai  1885  ;  membre  perpétuel. 

SÉPET(Marius),  bibliothécaire  à  la  Bibliothèque  nationale,  2,  rue  de  l'Union, 
Clamart  (Seine).  —  Était  membre  de  la  Société  le  1"  février  1870. 

Specht  (Edouard),  195,  rue  du  Faubourg-Saint-Honoré,  Paris.  —  Membre 
de  la  Société  depuis  1867. 

Speijer  (J.-S.),  professeur  de  philologie  latine  à  l'Université,  Groningue 
(Pays-Bas).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  2  février  1878. 

Spiegelberg,  docteur  en  philosophie,  2,  Kurze  strasse,  Hannover  (Allemagne). 
—  Élu  membre  de  la  Société  le  26  mars  1892. 

Stokes  (Whitley),  associé  étranger  de  l'Institut  de  France  (Académie  des 
inscriptions  et  belles-lettres),  ancien  membre  du  Governor's  Council  à 
Calcutta,  15,  Grenville  Place,  S.  W.,  Londres.  —  Élu  membre  de  la  So- 
ciété le  5  novembre  1881. 

Storm  (Johan),  professeur  à  l'Université,  Christiania  (Norvège).  —  Élu 
membre  de  la  Société  le  23  novembre  1872;  membre  perpétuel. 

Sturm  (P.-V.),  professeur  à  l'Athénée,  Luxembourg  (grand-duché  de  Luxem- 
bourg).—  Élu  membre  de  la  Société  le  20  février  1875. 

Sudre  (Lèopold-Mauince-Pierre-Timothée),  docteur  es  lettres,  professeur  au 
collège  Stanislas,  42,  boulevard  Montparnasse,  Paris.  —  Élu  membre  de 

^  la  Société  le  2  avril  1887  ;  membre  perpétuel, 
soo.  SvRLJUGA  (Ivan  Kr.),  Osiek   (Croatie).    —  Élu    membre  de  la  Société   le 
17  avril  1880. 


Taverney  (Adrien),  villa  Espérance,  Chauderon,  Lausanne  (Suisse).  —  Élu 
membre  de  la  Société  le  17  mars  1883. 

Tchernitzky  (M"^  Antoinette  de),  9,  rue  Le  Gofî,  Paris.  —  lîlue  membre  de 
la  Société  le  27  avril  1895. 

Tegnér,  professeur  à  l'Université,  Lund  (Suède).  —  Élu  membre  de  la  So- 
ciété le  17  avril  1875;  membre  perpétuel. 

Tholozan  (D'),  médecin  principal  de  l'armée  française,  membre  correspon- 
dant de  l'Académie  de  médecine,  premier  médecin  de  S.  M.  le  Chah, 
Téhéran  (Perse),  via  Vienne-Tiflis.  —  Élu  membre  de  la  Société  le  18 
avril  1896;  membre  perpétuel. 

Thomsen  (Wilh.),  professeur  à  l'Université,  150,  Garnie  Rongevei,  Copen- 
hague (Danemark).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  21  mai  1870;  membre 
perpétuel. 

Tournier  (Edouard),  directeur  d'études  pour  la  philologie  grecque  à  l'École 
pratique  des  hautes  études,  maître  de  conférences  à  l'École  normale  su- 
périeure, 16,  rue  de  Tournon,  Paris.  —  Membre  de  la  Société  depuis 
l'origine;  vice-président  en  1872. 


—  ^vij    — 

TouRTOULON  (Le  baron  Charles  de),  château  de  Valergues,  par  Lansargues 
(Hérault).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  25  avril  1869. 

VANDERVLiET(J.),professeuràrUniversité,Utrecht(Pays-Bas).  — Élu  membre 

de  la  Société  le  11  mars  1893. 
Verrier  (Paul),  professeur  au  Lycée  Carnot,  Paris.  —  Élu  membre  de  la 
Société  le  12  mars  1892. 
210.  VoGiJÉ  (Le  marquis  C/(flr/es-Je««-Melchior  de),  membre  de  l'Institut  (Aca- 
démie des  inscriptions  et  belles-lettres),  ancien  ambassadeur  de  France 
à  Vienne,  2,  rue  Fabert,  Paris. —  Membre  de  la  Société  depuis  le  27  mars 
1879  ;  membre  perpétuel. 

Wackernagel  (Jakob),  professeur  à  l'Université,  Niederschônthal,  près 
Bàle  (Suisse).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  20  novembre  1886. 

Watel,  professeur  au  lycée  Condorcet,  105,  rue  de  Miromesnil,  Paris. — 
Élu  membre  de  la  Société  le  13  janvier  1872. 

Webster  (M'"  Hélène),  37,  Nahont  Street,  Lynn  (Massachussets,  États- 
Unis  d'Amérique).  —  Élue  membre  de  la  Société  le  28  décembre  1889. 

WiLBOis,  colonel  de  gendarmerie,  5,  rue  Stanislas,  Paris.  —  Élu  membre 
de  la  Société  le  15  avril  1876  ;  membre  perpétuel. 

Wimmer  (Ludvig-F.-^.),  professeur  à  l'Université,  9,  Norrebrogade,  Copen- 
hague (Danemark).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  29  mars  1873  ;  membre 
perpétuel. 

WiNKLER  (Docteur  Henri),  Garlenhaus  3i,  Neudorfstrasse,  Breslau  (Silésie 
Prussienne).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  30  novembre  1889. 

WoTKE  (Karl),  docteur  en  philosophie,  VII,  Kirchberggasse,  35,  Vienne 
(Autriche).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  25  juin  1887. 

Z.UBATY  (Joseph),  professeur  de  sanscrit  et  grammaire  comparée  à  l'Uni- 
versité, Smichov,  Husova  trida,  539,  Prague  (Bohême).  —  Élu  membre 
de  la  Société  le  19  décembre  1891. 

ZvETAiEV  (Jean),  professeur  à  l'Université,  Moscou  (Russie). —  Élu  membre 
de  la  Société  le  16  mai  1885. 

220.  Bibliothèque  de  l'École  française  d'Archéologie,  Palais  Farnèse,àRome. — 

Admise  dans  la  Société  le  25  mai  1889. 
Bibliothèque    universitaire,   Clermont-Ferrand  (Puy-de-Dôme).  —  Admise 

dans  la  Société  le  11  juin  1887. 
Bibliothèque  universitaire.  Palais  de  l'Université,  Montpellier  (Hérault). — 

Admise  dans  la  Société  le  24  juin  1893. 
Briti-sh  Museuji.  —  Admis  dans  la  Société   le  22  novembre  1890;  membre 

perpétuel.  Adresser  à  M.  Borrani,  9,  rue  des  Saints-Pères,  Paris. 


h. 


LISTE  DES  PRESIDENTS 

DE    LA    SOCIfiTÉ     DE    LINGUISTIQUE    DE    PARIS 

DEPUIS  1864. 


MM. 


MM. 


186'.- 

65. 

D'ABBADIE. 

1882. 

LEGER. 

1866. 

f  EGGER. 

1883. 

D'ARBOIS  DE  JUBAINVILLE 

1867. 

1  RENAN. 

1884. 

fGUYARD. 

1868. 

f BRUNET   DE  PRESLE. 

1885. 

DE  CHARENGEY. 

1869. 

fBAUDRY. 

1886. 

RuBENS  DUVAL. 

1870- 

71. 

f  EGGER. 

1887. 

t  James  DARMESTETER. 

1872. 

fTHUROT. 

1888. 

HALÉVY. 

1873. 

Gaston  PARIS. 

1889. 

t  PLOIX. 

1874. 

t  PLOIX. 

1890. 

BONNARDOT. 

1875. 

t  VAÏSSE. 

1891. 

fDE  ROCHEMONTEIX. 

1876. 

t  EGGER. 

1892. 

Philippe  BERGER 

1877. 

t  BENOIST. 

1893. 

Sylvain  LÉVI, 

1878. 

MOWAT. 

1894. 

Prince  Alexandre  BIBESCO. 

1879. 

t  BERGAIGNE. 

1895. 

Abbé  ROUSSELOT. 

1880. 

MASPERO. 

1896. 

PSIGHARI. 

1881. 

GAIDOZ. 

MEMBRES 


ENLEVES   PAR   LA  MORT  A   LA  SOCIETE 


Backer  (Louis  de),  lauréat  de  l'Institut  de  France,  membre  de  l'Académie 
royale  de  Belgique.  —  Elu  membre  de  la  Société  le  20  janvier  1894. 
Décédé  en  février  1896. 

Baissac  (Charles),  professeur  de  rhétorique  au  collège  royal  de  Port-Louis 
(Ile  Maurice).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  20  juin  1891.  Décédé 
le  3  décembre  1892. 

Baudry  (Frédéric),  membre  de  l'Institut  (Académie  des  inscriptions  et 
belles-lettres),  administrateur  de  la  bibliothèque  Mazarine. —  Membre 
de  la  Société  en  1867  ;  vice-président  en  1868;-  président  en  1869.  Dé- 
cédé le  2  janvier  1885. 

Benoist  (LoMM-Eugène),  membre  de  l'Institut  (Académie  des  inscriptions 
et  belles-lettres),  professeur  de  poésie  latine  à  la  Faculté  des  lettres  de 
Paris. —  Membre  de  la  Société  depuis  le  7  mai  1870;  président  en  1877. 
Décédé  le  22  mai  1887. 

Bergaigne  (Ahe\- Henri-Joseph),  membre  de  l'Institut  (Académie  des 
inscriptions  et  belles-lettres),  directeur  d'études  à  l'École  pratique  des 
hautes  études,  professeur  de  sanscrit  et  de  grammaire  comparée  à  la 
Faculté  des  lettres  de  Paris. —  Membre  de  la  Société  en  1864;  secré- 
taire adjoint  en  1868  et  1869;  vice-président  de  1873  à  1878;  président 
en  1879.  Décédé  le  6  août  1888. 

Boucherie  (A.),  chargé  du  cours  de  langues  romanes  à  la  Faculté  des 
lettres  de  Montpellier.  —  Élu  membre  de  la  Société  le  21  novembre 
1868.  Décès  notifié  à  la  Société  le  14  avril  1883. 

Bru.net  de  Presle,  membre  de  l'Institut  (.\^cadémie  des  inscriptions  et 
belles-lettres),  professeur  de  grec  moderne  à  l'I^cole  spéciale  des  lan- 
gues orientales  vivantes.  —  Membre  de  la  Société  en  1867  ;  président 
en  1868.  Décédé  le  12  septembre  1875. 

Chasles  (Philarète),  professeur  au  Collège  de  France.  —  Élu  membre 
de  la  Société  le  15  février  1873.  Décès  notifié  à  la  Société  le  19  juillet 
1873. 

Chassang  (A.),  inspecteur  général  de  l'Université.  —  Élu  membre  de  la 
Société  le  12  novembre  1870.  Décédé  le  8  mars  1888. 

Chodzko  (Alexandre),  ancien  chargé  de  cours  au  Collège  de  France  et  à 
l'École  spéciale  des  langues  orientales  vivantes.  —  Membre  de  la  So- 
ciété depuis  l'origine.  Décès  notifié  à  la  Société  le  16  janvier  1892. 


—    XX    — 

Darmesteter  (Arsène),  professeur  de  langue  et  littérature  françaises  du 
moyen  âge  à  la  Faculté  des  lettres  de  Paris,  professeur  à  l'École  nor- 
male déjeunes  filles  de  Sèvres.  —  Membre  de  la  Société  en  1870. 
Décédé  le  16  novembre  1888. 

Darmesteter  (James),  professeur  de  langues  et  littératures  de  la  Perse 
au  Collège  de  France,  directeur  d'études  pour  la  langue  zende  à  l'École 
pratique  des  hautes  études,  l'un  des  directeurs  de  la  Revue  de  Paris. 

—  Élu  membre  de  la  Société  le  20  décembre  1873;  vice-président  en 
1884,  1885  et  1886;  président  en  1887.  Décédé  le  19  octobre  1894. 

De  la  Berge,  employé  au  cabinet  des  médailles  de  la  Bibliothèque  natio- 
nale. —  Élu  membre  de  la  Société  le  3  décembre  1870.  Décédé  le 
13  mars  1878. 

Derenbourg  (Joseph),  membre  de  l'Institut  (Académie  des  inscriptions 
et  belles-lettres),  correcteur  de  la  typographie  orientale  à  l'Imprimerie 
nationale,  directeur  d'études  pour  l'hébreu  talmudique  et  rabbinique 
à  l'École  pratique  des  hautes  études.  —  Membre  de  la  Société  depuis 
le  22  juillet  1871.  Décédé  le  28  juillet  1895. 

Devic  (Marcel),  chargé  du  cours  de  langue  et  de  littérature  arabes  à  la  Fa- 
culté des  lettres  de  Montpellier.  —  Élu  membre  de  la  Société  le  19 
février  1876;  vice-président  en  1878.  Décédé  en  mai  1888. 

Deville  (Gustave),  ancien  membre  de  l'École  française  d'Athènes.  — 
Membre  de  la  Société  en  1867.  Décédé  en  1868. 

DiDiON  (Charles),  inspecteur  général  des  ponts  et  chaussées  en  retraite, 
délégué  général  de  la  Compagnie  d'Orléans. — Élu  membre  de  la  Société 
le  26  avril  1873.  Décédé  le  26  janvier  1882. 

DiDOT(Ambroise-Firmin). — Admis  dans  la  Société  en  1868.  Décédé  en  1876. 

DossoN  (S.),  professeur  à  la  Faculté  des   lettres  de  Clermont-Ferrand. 

—  Élu  membre  de  la  Société  le  14  mai  1887.  Décédé  le  15  février  1893. 
Egger  (Emile),    membre    de   l'Institut    (Académie    des  inscriptions    et 

belles-lettres),  professeur  d'éloquence  grecque  à  la  Faculté  des  lettres 
de  Paris. —  Président  de  la  Société  en  1866,  en  1870-71,  en  1876.  Décédé 
le  31  août  1885. 

Eichthal  (Gustave  d').  —  Membre  de  la  Société  depuis  1867.  Décédé  en 
1886. 

Fleury  (Jean),  lecteur  à  l'Université  impériale  de  Saint-Pétersbourg.  — 
Élu  membre  de  la  Société  le  21  décembre  1878.  Décédé  en  juillet  1894. 

Florent-Lefèvre.  —  Élu  membre  de  la  Société  le  29  mars  1873.  Décédé 
en  1887. 

FouRNiER  (Eugène),  docteur  en  médecine  et  es  sciences  naturelles. — 
Membre  de  la  Société  depuis  l'origine.  Décédé  le  10  juin  1885. 

Georgian  (Professeur  D""  C.-D.)  —  Élu  membre  de  la  Société  le  21  mars 
1875.  Décédé  en  1888. 

GoLDSCHMiDT  (Siegfried),  professeur  de  sanscrit  à  l'Université  de  Stras- 
bourg.—Élu  membre  de  la  Société  ie  8  mai  1869.  Décédé  le  31  janvier 
•  1884. 

Golllet.—  Élu  membre  de  la  Société  le  7  juin  1873.  Décédé  en  1887. 

Grandgagnage  (Charles),  sénateur  du  royaume  de  Belgique.  —  Élu 
membre  de  la  Société  le  24  avril  1869. 

Graux  (Charles-//e«n),  maître  de  conférences  de  philologie  grecque  à 
l'Ecole  pratique  des  hautes  études,  maître  de  conférences  d'histoire 
grecque  à  la  Faculté  des  lettres  de  Paris,  bibliothécaire  à  la  bibliothèque 
de  l'Université,  l'un  des  directeurs  de  la  Hevue  de  philologie^  de  lilH- 


—  X\J  — 

rature  et  d'histoire  anciennes.  —  Élu  membre  de  la  Société  le  9  mai 
1874.  Décédé  le  13  janvier  1882. 

Grimblot  (Paul),  ancien  consul  de  France  à  Ceylan.  —  Membre  de  la  So- 
ciété en  1867.  Décès  notifié  à  la  Société  le  4  juin  1870. 

GuiEYSSE   (Georges-E'M.ç'ène),  élève  de  r?^cole  pratique  des  hautes  études. 

—  Élu  membre  de  la  Société  le  11  février  1888.  Décédé  le  17  mai  1889. 
GuYARD  (Stanislas),  professeur  de  langue  arabe   au  Collège  de  France, 

maître  de  conférences  de  langues  arabe  et  persane  à  l'École  pratique 
des  hautes  études,  correcteur  de  la  typographie  orientale  à  l'Impri- 
merie nationale.  —  Élu  membre  de  la  Société  le  13  avril  1878,  vice-pré- 
sident en  1882  et  1883  ;  président  en  1884.  Décédé  le  7  septembre  1884. 

Halléguen  (Le  docteur). —  Élu  membre  de  la  Société  le  9  juin  1877.  Dé- 
cès notifié  à  la  Société  le  5  avril  1879. 

Hanusz  (Jean),  professeur  agrégé  à  l'Université  de  Vienne  (Autriche).  —  Élu 
membre  de  la  Société  le  2.5  juin  1887.  Décédé  le  26  juillet  de  la  même  année. 

Hauvette-Besnault,  directeur  d'études  honoraire  à  l'École  pratique  des 
hautes  études,  conservateur  adjoint  de  la  bibliothèque  de  l'Université. 

—  Membre  de  la  Société  depuis  1870.  Décédé  le  28  juin  1888. 
Heinrich  (G. -A.),  doyen  de  la  Faculté  des  lettres  de  Lyon.  —  Membre 

de  la  Société  depuis  1867.  Décédé  en  1887. 
Hervé  (Camille).  —  Membre  de  la  Société  en  1867.  Décédé  le  30  août  1878. 
HovELACQUE  (Abel),  professeur  à  l'École  d'anthropologie.  —  Élu  membre 

de  la  Société  le  4  décembre  1869.  Décédé  en  février  1896. 
Jackson  (James),  archiviste-bibliothécaire  de  la  Société  de  Géographie. 

—  Élu  membre  de  la  Société  le  22  juin  J879;  membre  donateur.  Décédé 
le  17  juillet  1895. 

Jaubert  (Le  comte),  membre  de  l'Institut.  —  Membre  de  la  Société  de- 
puis 1868.  Décédé  le  1"  janvier  1875. 

JozON,  député.  —  Présenté  pour  être  membre  de  la  Société  dans  la 
séance  du  2  décembre  1879.  Décès  notifié  à  la  Société  le  9  juillet  1881. 

Judas  (Le  docteur  A. -C),  ancien  médecin  principal  de  première  classe. 

—  Membre  de  la  Société  depuis  l'origine.  Décédé  le  17  janvier.  1873. 
Lachaise  (L'abbé  Romain  Czerkas).  —  Membre  de  la  Société  en  1867.  Dé- 
cès notifié  à  la  Société  le  26  avril  1873. 

Lacouperie  (Docteur  Albert  Terrien  de),  ancien  professeur  de  philologie 
indo-chinoise  à  l'University  Collège  de  Londres,  directeur  du  Babylo- 
nian  and  Oriental  Record.  —  Élu  membre  de  la  Société  le  9  février  1889. 
Décédé  le  11  octobre  1894. 

Lambrior,  professeur  à  l'Université  de  Jassy  (Roumanie).  —  Élu  membre  de 
la  Société  le  26  mai  1877.  Décès  notifié  à  la  Société  le  17  novembre  1883. 

Lenormant  (CAar/es-François),  membre  de  l'Institut  (Académie  des  ins- 
criptions et  belles-lettres), professeur  d'archéologie  près  laBibliothèque 
nationale. —  Membre  de  la  Société  en  1867.  Décédé  le  9  décembre  1883. 

Le  Saint  (François),  ancien  officier.  —  Décédé  en  1867. 

Lévy  (B.),  inspecteur  général  de  l'instruction  publique. —  Élu  membre 
de  la  Société  le  2i  janvier  1874.  Décédé  le  24  décembre  1884. 

LiTTRÉ  {Maximilieji-Paid-Kmi\e),'  membre  de  l'Institut  (Académie  fran- 
çaise et  Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres).  —  Membre  de  la 
Société  depuis  1868.  Décédé  en  1881. 

LœB  (Isidore),  professeur  au  Séminaire  Israélite,  professeur  libre  à  l'École 
pratique  des  hautes  études  (section  des  sciences  religieuses).  —  Élu 
membre  de  la  Société  le  19  décembre  1885.  Décédé  le  2  juin  1892. 


—    XXI]    — 

LoTTNER  (Le  docteur  Karl).  —  Membre  de  la  Société  en  1867.  Décédé  le 
5  avril  1873. 

LuTOS&AVSKi  (Stanislas),  élève  de  l'Université  de  Dorpat.  —  Élu  membre 
de  la  Société  le  19  décembre  1885.  Décès  notifié  à  la  Société  le 
18  février  1892. 

Malvoisin  (Edouard),  agrégé  de  l'Université.  —  Membre  de  la  Société 
depuis  1867;  bibliothécaire  du  7  février  1880  au  31  décembre  1881. 
Décédé  le  5  janvier  1895. 

Maury  {Louis-Ferdinand-AUred),  membre  de  l'Institut  (Académie  des  ins- 
criptions et  belles-lettres),  professeur  d'histoire  et  morale  au  Collège  de 
France,  directeur  d'études  à  l'École  pratique  des  hautes  études,  ancien 
directeur  des  Archives  nationales.  —  Membre  de  la  Société  en  1868. 
Décédé  le  12  février  1892. 

Merlette  (Auguste-Nicolas).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  20  novem- 
bre 1886.  Décédé  le  13  mai  1889. 

Meunier  (toMW-Francis),  docteur  es  lettres.  —  Membre  de  la  Société  en 
1867  ;  trésorier  de  1872  à  sa  mort.  Décédé  le  11  mars  1874. 

Meyer  (Maurice),  ancien  suppléant  au  Collège  de  France,  ancien  pro- 
fesseur à  la  Faculté  des  lettres  de  Poitiers,  inspecteur  de  l'ensei- 
gnement primaire.  —  Admis  dans  la  Société  en  1868.  Décédé  en  1870. 

MoiSY  (Henry). —  Élu  membre  de  la  Société  le  12  juin  1875.  Décès  notifié 
à  la  Société  le  18  décembre  1886. 

MuiR  (John),  correspondant  de  l'Institut  de  France  (Académie  des  inscrip- 
tions et  belles-lettres). — Élu  membre  delà  Société  le 21  novembre  1868. 
Décédé  le  15  mars  1882. 

Nigoles  (0.),  professeur  au  lycée  Janson  de  Sailly.  —  Élu  membre  de 
la  Société  le  13  juillet  1878.  Décès  notifié  à  la  Société  le  22  décembre 
1888. 

Pannier  (Léopold),  attaché  à  la  Bibliothèque  nationale. —  Était  membre 
de  la  Société  le  1"''  février  1870.  Décès  notifié  à  la  Société  le  20  novembre 
1875. 

Paplonski  (J.),  directeur  de  l'Institut  des  sourds  et  muets,  à  Varsovie 
(Pologne  russe).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  27  février  1869. 
Décédé  le  28  novembre  1885. 

Pedro  II  (S.  M.  dom),  membre  de  l'Institut  de  France.  —  Membre  de  la 
Société  depuis  le  12  mai  1877.  Décédé  le  5  décembre  1891. 

Pellat,  doyen  de  la  Faculté  de  droit  de  Paris.  —  Était  membre  de  la  So- 
ciété le  1"  février  1870.  Décès  notifié  à  la  Société  le  18  novembre  1871. 

PiERRON  (Alexis),  professeur  au  lycée  Louis-le-Grand.  —  Admis  dans  la 
Société  en  1868.  Décès  notifié  à  la  Société  le  7  décembre  1878. 

Ploix  (Cha.rles-Marlin),  ingénieur  hydrographe.  —  Membre  de  la  Société 
en  1867  ;  vice-président  en  1873  et  en  1888  ;  président  en  1874  et  en  1889. 
Décédé  le  21  février  1895. 

Ponton  d'Amécourt  (Le  vicomte  Gustave  de).  —  Membre  de  la  Société  en 
1867.  Décès  notifié  à  la  Société  le  28  janvier  1888. 

Queux  off  Saint-Hilaire  (Le  marquis  de).  —  Élu  membre  de  la  Société  le 
4  novembre  1882.  Décédé  en  novembre  1889. 

Renan  (Joseph-Ernesi),  membre  de  l'Institut  (Académie  française  et 
Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres),  administrateur  du  Collège 
de  France.  —  Membre  de  la  Société  depuis  l'origine;  président  en 
1867.  Décédé  le  2  octobre  1892. 

Renier    {Cfiarles-Alphonse-Lèon),  membre  de  l'Institut   (Académie   des 


—    XXUJ      - 

inscriptions  et  belles-lettres),  professeur  d'épigraphie  et  antiquités 
romaines  au  Collège  de  France,  président  de  la  section  des  sciences 
historiques  et  philologiques  à  l'École  pratique  des  hautes  études, 
conservateur  de  la  Bibliothèque  de  l'Université.  —  Admis  dans  la 
Société  le  24  avril  1869.  Décédé  le  11  juin  1885. 

Riant  i^^wVÈdouard  Didier,  comte),  membre  de  l'Institut  (Académie  des 
inscriptions  et  belles-lettres).  —  Membre  de  la  Société  en  1867.  Décédé 
en  décembre  1888. 

RiEMANN  (Othon),  maître  de  conférences  à  l'École  normale  supérieure  et 
à  l'École  pratique  des  hautes  éludes,  l'un  des  directeurs  de  la  Revue 
de  philologie,  de  littérature  et  d'histoire  anciennes.  —  Élu  membre  de  la 
Société  le  3  décembre  1881.  Décédé  le  16  août  1891. 

RiEUTORD.  —  Élu  membre  de  la  Société  le  15  mars  1873.  écédé  le 
14  janvier  1884. 

RocHEMONTEix  {Frédéric-Joseph-^l&^QncQ-René  de  Chalvet,  marquis  de), 
professeur  libre  à  la  Faculté  des  lettres  de  Paris.  —  Élu  membre  de  la 
Société  le  7  juin  1873;  vice-président  en  1889  et  1890  ;  président  en 
1891.  Décédé  le  30  décembre  1891. 

Ronel  (Charles),  chef  d'escadron  de  cavalerie  en  retraite. —  Élu  membre 
de  la  Société  le  8  janvier  1881.  Décès  notifié  à  la  Société  le  26  juin 
1886. 

RouGÉ  (Le  vicomte  Emmanuel  de),  membre  de  l'Institut  (Académie  des 
inscriptions  et  belles-lettres),  professeur  au  Collège  de  France. — Membre 
de  la  Société  en  1867.  Décès  notifié  à  la  Société  le  4  janvier  1873. 

RuDY  (Charles).  —  Membre  de  la  Société  depuis  l'origine.  Décès  notifié  à 
la  Société  le  10  juin  1893. 

Schccbel  (Ch.).  —  Membre  de  la  Société  depuis  l'origine.  Décès  notifié 
à  la  Société  le  8  décembre  1888. 

Seillière  (Aimé).  —  Élu  membre  de  la  Société  le  13  février  1869.  Décès 
notifié  à  la  Société  le  19  novembre  1870. 

Thurot  (F?'a«çow-Charles),  membre  de  l'Institut  (Académie  des  inscrip- 
tions et  belles-lettres),  maître  de  conférences  à  l'École  normale  supé- 
rieure, l'un  des  directeurs  de  la  Revue  de  philologie,  de  littérature  et 
d'histoire  anciennes.  —  Admis  dans  la  Société  en  1868  ;  vice-président 
en  1870-71  ;  président  en  1872.  Décédé  le  17  janvier  1882. 

TODD  (J.  Henthorn),  senior  fellow  of  Trinity  Collège,  professeur  d'hébreu 
à  Trinity  Collège  (Dublin),  et  conservateur  de  la  bibliothèque.  — 
Admis  dans  la  Société  en  1868.  Décédé  le  28  juin  1869. 

Vaïsse   (Léon),   directeur  honoraire  de  l'École  des    sourds  et  muets.  — 

.  Membre  de  la  Société  en  1867;  président  en  1875.  Décédé  le  10  juin  1884. 

Vallentin  (Ludovic-Lucien-Mathieu-Florinn),  substitut  du  procureur  de  la 
République  à  Monlélimar,  directeur  du  Rulletin  épigraphique  de  la 
Gaule.  —Élu  membre  de  la  Société  le  21  janvier  1882.  Décès  notifié 
à  la  Société  le  9  juin  1883. 

Wharton  (Edward-Ross),  Fellow  and  Lecturer  of  Jésus  Collège,  Oxford. 
—  Élu  membre  de  la  Société  le  7  février  1891.  Décédé  le  4  juin  1896. 


'.hartres.  —  Imprimerie  Dlrand,  me   Fiilber: 


LE  DIALECTE  GUERROUGL 


La  tribu  des  Guerroucis,  branche  de  la  grande  famille  kurde, 
occupe,  de  temps  immémorial,  le  district  de  Guerrous,  entre  la 
province  de  Hamadan  et  le  district  de  Soltanié  en  Irak  persan. 
Plusieurs  hommes  remarquables  dans  l'armée  comme  dans  Tad- 
ministration  en  sont  issus.  De  nos  jours,  on  a  connu  à  Paris  le 
général  Hassan  Ali  Khan  qui  de,  1^69  à  186/1,  y  a  résidé  en 
qualité  de  minisire  plénipotentiaii-e  de  Perse,  et  qui,  par  ses 
brillantes  qualités  aussi  bien  que  par  rafl'abilité  de  ses  manières, 
s'est  concilié  la  sympathie  générale;  après  avoir  rempli  avec  dis- 
tinction de  hauts  emplois  dans  son  pays,  il  est  aujourd'hui  gou- 
verneur de  Guerrous,  fonction  héréditaire  dans  sa  famille. 

Un  des  rameaux  de  la  tribu  des  Guerroucis,  celui  des  Khodjà- 
vends,  a  émigré,  il  y  a  un  peu  plus  d'un  siècle,  et  a  été  établi 
pai-  Agha  Mohammed  Khàn ,  le  fondateur  de  la  dynastie  actuel- 
lement régnante,  sur  les  territoires  de  Koudjour  et  de  Kilardesht, 
non  loin  des  bords  de  la  Caspienne,  en  Màzendéràn. 

Les  Guerroucis,  comme  les  Khocljàvends,  parlent  un  dialecte 
particulier  composé  du  pehlvi,  du  persan  et  du  kurde  avec  l'ad- 
jonction de  vocables  turks  et  arabes  plus  ou  moins  modifiés.  Cette 
peuplade  prétend  posséder  des  documents  écrits  dans  son  dialecte 
et  qui  remonteraient  à  une  époque  reculée.  Cette  assertion  est  fort 
douteuse;  en  tous  cas,  l'un  de  ceux  qui  l'émettent  termine  sa 
notice  par  la  formule  habituelle  :  rDien  seul  possède  la  véritable 
connaissance,  n 

Il  y  a  quelques  années,  mon  éminent  ami,  M.  leD"'  Tholozan, 
premier  médecin  de  S.  M,  Nasr  ed-din  Chah,  a  eu,  à  la  suite  de 
ce  souverain ,  l'occasion  de  parcourir  le  Màzendéràn  et  de  visiter 
les  territoires  habités  pai'les  Khodjàvends.  Ce  savant  et  infatigable 
médecin  ne  se  borne  pas  aux  travaux  spéciaux  à  sa  profession ,  il  sait 
mettre  à  profit  les  avantages  de  sa  haute  situation  pour  étudier, 
sous  ses  divers  aspects,  le  pays  qu'il  habite  depuis  de  longues 
années;  je  ne  parlerai  ici  que  des  notes  qu'il  a  recueillies  sur  le 
dialecte  gueiiouci  el  (joi  lui  ont  été  fournies  ])ar  deux  person- 
nages éclairés  et  intelligents:  le  colonel  Mirzà  Moussa  Khàn  et  le 
général  Issa  Khàn,  ancien  élève  de  Saint-Cyr,  tous  deux  neveux 


MKM.    U>G. 


2  A.  QUERRY. 

du  général  Hassan  Ali  Khân  et,  par  conséquent,  membres  de  la 
même  tribu.  M.  le  D""  Tbolozan  a  bien  voulu  mettre  ces  notes  à 
ma  disposition  et  me  confier  le  soin  de  les  coordonner,  d'en  établir 
la  transcription  et  d'en  publier  les  résultats. 

Ces  notes  sont  contenues  dans  deux  cahiers,  l'un:  de  soixante- 
seize  pages;  le  second,  de  douze  feuillets.  Le  premier  se  compose 
d'un  petit  vocabulaire  et  de  nombreuses  pbrases  détachées  sans 
liaison  entre  elles;  l'autre  d'un  vocabulaire  restreint  et  du  para- 
digme de  deux  temps  du  verbe  vétin.  En  parcourant  ces  pages, 
on  s'aperçoit  que  l'ordre  de  rédaction  et  l'esinit  d'analyse  sont 
assez  étrangers  aux  Orientaux;  aussi  m'a-t-il  fallu  m'armer  de 
patience  pour  copier  chaque  phrase  sur  une  fiche  particulière, 
l'analyser  pour  y  retrouver  sous  différentes  formes  les  parties  du 
discours,  les  cas,  les  temps  et  les  conjugaisons;  puis,  enfin,  classer 
le  tout  par  ordre  alphabétique.  J'espère  avoir  réussi,  du  moins 
en  partie,  car  il  est,  par  exemple,  tel  verbe  dont  je  n'ai  trouvé 
qu'une  seule  personne  d'un  seul  temps  et  il  ne  m'a  pas  toujours 
été  possible  d'en  reconstituer  les  temps  primitifs. 

Le  texte  occupe  trois  colonnes  :  la  première  contient  le  mot 
persan;  la  seconde,  le  mot  équivalent  guerrouci,  et  la  troisième 
la  tianscription  en  caractères  latins. 

Malgré  des  imperfections  inévitables,  cette  transcription  m'a 
été  d'une  certaine  utilité,  car  par  suite  d'une  longue  résidence 
dans  les  États  du  Schah  et  de  mes  fréquents  voyages  en  Kurdis- 
tan, je  crois  pouvoir  être  en  mesure  d'apprécier  la  reproduction 
plus  ou  moins  exacte  des  vocables  de  ce  langage  et  de  la  corriger 
à  l'occasion.  On  sait  que,  autant  de  transcripteurs,  autant  de 
transcriptions  différentes,  par  exemple,  la  transcription  d'une 
phrase  persane  faite  par  un  Anglais  est  à  peu  près  incompréhen- 
sible pour  une  oreille  française.  Or,  sans  la  transcription  dont 
je  parle  et  mes  longs  rapports  avec  des  individus  des  diverses 
provinces  de  l'Iran ,  il  m'eût  été  difficile  de  représenter  la  pronon- 
ciation la  plus  approximative.  Si,  selon  mon  humble  avis,  l'alpha- 
bet arabe  est  impropre  aux  langues  turke  et  persane,  il  Test  encore 
davantage  quant  aux  dialectes  kurdes.  Il  est  certaines  émissions 
de  voix,  et  elles  sont  nombreuses,  qu'on  ne  saurait  représenter, 
d'une  manière  satisfaisante,  au  moyen  de  cet  alphabet;  et  le 
guerrouci  ne  s'écrivant  plus,  il  en  résulte  que  le  même  mot  est 
transcrit  en  caractères  persans  avec  une  orthographe  arbitraire  et 
capricieuse.  Cette  difficulté  se  fait  particulièrement  sentir  à  Tégard 
du  var  qui  représente  lessonso,OM,  â6,âou,  vé,vn,  etc.  Comment 
transcrire  par  un  seul  et  même  signe  des  émissions  de  voix  aussi 
différentes  ? 

Je  n'ai,  à  ma  disposition,  dans  un  pays  oii  n'existe  aucune 
bibhothèque  publique,  aucun  des  ouvrages  relatifs  à  la  langue 


LE  DIALECTE   GUERRODCI.  O 

kurde,  tels  que  le  Dictionnaire  de  Jaba,  une  étude  sur  le  dialecte 
de  Tcikhté  Soleymân  par  M.  Scliindler  et  d'autres  plus  importants 
et  plus  récents;  je  n'ai  donc  pu  confronter  les  deux  dialectes  qui 
différent  sensiblement. 

Ce  travail  m'ayant  paru  n'offrir  quelque  intérêt  qu'aux  orien- 
talistes et  les  rapprochements  d'origine  des  mots  équivalents  me 
paraissant  évidents,  j'avais  d'abord  jugé  inutile  d'en  signaler  la 
confrontation;  mais  d'après  le  conseil  du  regretté  J.  Darmesteter 
dont  la  compétence  en  cette  matière  était  si  grande,  je  n'ai  plus 
hésité  et  j'ai  refondu  mon  travail  en  ce  sens.  Je  m'estimerai  heu- 
reux si,  en  quelque  mesure,  j'ai  pu  contribuer  à  fournir  quelques 
éléments  d'une  langue,  d'un  dialecte  si  l'on  veut,  qui  ont,  je  le 
crois,  le  mérite  de  la  nouveauté  et  qui,  ajoutés  aux  documents 
peu  nombreux  que  l'on  possède  sur  ce  sujet,  ne  seront  peut-être 
pas'sans  utilité  pour  l'étude  de  la  linguistique  iranienne  ^ 

Améde'e  Querry, 

Consul  générai  de  France  eu  retrailc. 


VOCABULAIRE. 

•jl,  cyt ,  Jl>\   it ,  iti,  iùi\  autre.  —  »;>a*I*j:>  x=>.  t^S  ili  (shé  doyishil, 

qu'as-tu  donc  à  dire?  — y>  y-«  ^5^)^  ji\  itir  vélâyi  min  tnéo,  ne 

parais  plus  devant  moi.  Persan  Joi . 
U)  ârâ,  pourquoi?  oyçoL^  *XJ>  ^1  M  ârâ âô kad khacit ,  pourquoi es-lu 

si  beau?  P.  t-^. 
^gM  arâyi,  pour.  —  »^uj  ^iJ(^M  aràiji  evc  héijâré,    apporte-le,  pour 

lui.  P.  4^!^. 
»ujm\  aspé,  cheval.  P.  ç-»-*«î. 
liiywl  écirig,  rasoir.  P.  xaj. 
S)âguer,  feu.  P.  -C=w)  ,  charbon  incandescent. 
oJî  élei ,  poivre, 
/oljj^  éldjârniiiii ,  pincer.  P.  ^j^Cio,  pincemenl. 

'  L^ahréviation  Ar.   indique  l'orifjine  arabe,  la  loltre  T  rorijjint'  lilikc  et  le 
signe  arch. ,  =  archaïque,  c'est-à-dire  hors  d'usage  dans  le  langage  actuel. 


à  A.   QUERHY. 

^^jJI  cldiri» ,  fendre.  -.,-* 

ylx*iJi  élicidn,  se  lever.  y*Ji  élis,  lève-loi.  —  -L*m.!I_jjL  té  khâà  éli- 

ciam,  je  nie  suis  levé  du  sommeil  (éveillé). 
/^iUîJî  élishtin,  quitter,  laisser.  P.  ^^yXviltXST 
yoUJjiJ!  élfiliknniii ,  presser  avec  les  mains  des  fruits  tels  que  le  raisin; 

tordre  du  linge  mouillé  pour  en  exprimer  l'eau.  P.  ^•yj'iks^ . 
/oU*53l  élkishâiiin,  soulever,  élever.  P.  ^jJvà,-So  (iib). 
/jjJJl  élkirtm.  —  (jr>.}^^  élvirin  (même  signification), 
jjycî  imrouj,  aujourd'hui.  P.  j^y»! . 
-jjjjsiî  éngouyir,  raisin.  P.  ^^il. 

y 

^t  évh,  il,  lui,  celui-là.  —  (j^^"!^  ^  ewè Mâs , celui-là  est  bon.  P.  ^1,  ^. 

^\  âô,  cela.  P.  (jî . 

^)  âô,  eau.  P.  t_>).  —  -i  ^\  âô  dèm,  salive.  P.  (J^:>  t_>L 

^)  âô,  action  d'ouvrir,  (^^j  ^i  âô  kiri,  ouvre.  P.  ^L  et  !^  . 

yî^î  fliia/i,  ils,  eux,  ceux-là.  P.  (jli). 

<^î  Ci//,  ce,  celui-ci,  ceci.  —  iSy^  ^^  t5^  1?^  '^^'^  ^^*  '*'*''^  bikiri,  il 
faut  que  tu  fasses  ce  travail-ci.  —  f^yi  ^^î  éyi  bovin,  regarde  celui- 
ci.  —  kiJI-sj  t^î  éyipiâk,  cet  horame-ci.  —  A^vî^i  Pt'/Â;è.  P.  (^y5o  ^1, 
cet  autre-ci. 

(Ji.)}  ish,  mal,  douleur.  —  ;J*Ji  ^  ^^Lft  «^  sîV/wt  hàù  vé  is/i,  ma  tète 
est  allée  au  mal  (j'ai  mal  à  la  tête). 

/y/MM^I  ishtin,  laisser,  abandonner.  P.  /vXilJs.^ . 

A}\ ,  ^j£\  tm,  imin ,  nous,  pron,  pers. 

*^l,  {jy?}  ivè,  iven,  vous,  id. 
(j[)  hâii ,  toit,  teri-assp.  P.  -U. 
»<XjU  bâyidé,  grand  vase  de  métal.  P.  «îo^Ij. 
liJ^lj  bâouk,  père.  —  liijlj  ^^'^  irtoii/c  bdouk,  grand-père. 
^  bidj ,  sauf,  excepté.  —  i^U  (^^^6  iJt,  *^Vj  bidjè  lèmînkéci  nât ,  ex- 
cepté moi,  personne  n'est  venu. 
!-j  èîr«,  frère.  P.  >:>Lj. 


LE   DIALECTE   GLERROUCl.  {) 

(ji-j  bivdiit ,  porter.  —  :>^^  vird ,  il  a  porté.  P.  ^^.j.  —  ^^^i  dcvi,  il 
porte.  —  '-:^.^^  ^  ^^éyi  dovéit,  que  portes-tu?  —  u^U-*  >'^vmUn, 
infinitif  ne'gatif,  —  iyy  névird,  il  n'a  pas  porté. 

(iOijy  hirjang,  cils.  P.  ylSj^,  sing.  yj^. 

Aj-j  hiriyé,  sourcil.  P.  ^«jL 

yy  èîsJH,  chèvre.  P.  vj. 

(^  è/«,  tronc  d'arbre.  P.  ^*j. 

jijjo  bènèvsh,  violette.  P.  ^uijLo . 

»pj  ièi'è,  près,  auprès. 

viljKjs?^  boyitshik,  petit. 

j  i/,  coing.  P.  Aj. 

yl^Lo  biyavân,  désert,  plaine  inculte.  P.  /jULj. 

(<;_^  bouyi,  odeur.  —  /<wo!\(<^  /»oi<j/«'  zanistim,  j'ai  reconnu  une  odeur 
(j'ai  flairé,  soupçonné).  P-^. 

Jou  èîV,  bêche.  P.  id. 

^^b  pârou,  pelle  en  bois.  P.  t-'^^b. 

i^Lj;j<îyt,  pied.  P.  b. 

(Jj>^.  pètèyi,  nu.  —  ^^  <_gL>  pâyipètéyt,  pieds  nus. 

A^  pèkhtchè,  mouche.  P.  A-io,  moustique,  moucheron. 

x«j^  péjmè,  étonnemeiit. 

j*o  pès,  mouton. 

dLifcj  ptshik,  chat,  en  persan  ce  mot  équivaut  K  l'anglais  ^wsst/  et  an 
français  /H^«e^ 

XA-»j  pènitgh,  coton.  P.  AjJo.  —  Tiirk  ^k^Aju, 

j«.^  pM«,  peau.  P.  c^Aw^j. 

(jJùi^  poiishiin,  couvrir  quelque  chose.  —  iS^y!-  P'>ii^iitéyi ,  il  a  cou- 
vert. —  is^j^}^  d/ipomlii ,  \]  couvre.  P.  (j>Xjyi^. 

^aSIj  inhhtiho,  [M'opiv.  1\  jJb. 
•■ 

^L.j  /;mA-,  Ijoininc. 


6  A.   QUERRY. 

1^',  /y,  Ci»  ù,  touH,  ton,  toi,  pron.  P-y». 

Jb  tâl,  fil  de  coton.  T.  Jo.  —  P.  ^. 

/v*wb  tâshîn,  tailler,  raser.  P.  ^tXx.wiLj, 

Âjb  tânè,  blâme,  reproche.  —  ^^ii  Ajb  «a/iè  rftV/î,  il  frappe  un  blâme 

(il  blâme). 
Aaj  tèpè,  bouse  de  vache  sëchëe  servant  de  combustible,  argol.  P.  a3Lj. 
»,sfli  tayitshè,  sac. 

jS  affixe  comparatif.  —  -^.«oL:*»  khastir,  meilleur.  P. -j. 
iÔyi  tirik,  obscur.  P.  Jo^b. 
j*o  a'ss,  vesse.  P.  (j^^s?-.  arch.  ^jio 
dlouM-j  ticinek,  punaise. 
/.jUj  <eAa«,  secouer.  —  icS^  bitekhn,  secoue.  P.  «jOviLCi'. 

Jy  •  T»  ^^ 

wjjjo  ténouyir,  four  de  terre  et  brasero  de  même  matière.  P.  jj^-Jw. 

\y  tévâ,  particule  nëcessilative.  —  ^b^  (j'^^  1^  '^'^"  ^sÂî'Wh  rè  WgA, 

il  faut  aller  au  jardin. 
Jjj"  toûl,  chien  de  petite  taille.  P.  *Jy ,  chien  d'arrêt. 
fjLS  toûn,  vite,  promptement,  vif.  P.  JOL». 
ookj  touvéyit,  mûre  (fruit).  P.  cyyj. 
^^5oo  ?/Ae!/t,  pièce,  morceau.  P.  *i3. 
Jj.aJ  <«fc/,  fi'ont. 
IJ^A..  djigà,  séparation.  —  »S^yi  blX^  djighâyâ  tou  bikè,  sépare-les  1 

P.  ÎJ^. 
•)j.a».  djôour,  injustice,  violence.  Archaïque  y*^. 
j!y?^^  djâyirâô,  bas  (chaussure).  P.  c^î^ys^. 
^^s^  (//ï,  lieu,  endroit.  P.  U».  et  sU^. 
yl-A2^  djcyirân,  antilope,  gazelle.  Turk. 
_j^^ls=..  tsharshéô,  drap  de  lit.  P.  <_^^àUfc. 
t-»^  tshèp,  gauche  (côté).  P.  id. 
(j^y^  tshirhi,  chanter.  —  t^r^  ishiri,  il  a  chanté.  —  (Sf^-^  ditsliiri, 

il  chante.  P.  ^J^y>^yjy:^,  tinter,  résonner? 


LE  DIALECTE  GLERROUCI.  7 

^  tshcnnigou,  étamage  (blanc?).  —  *5o  ^C«-^  <»X*vUa  Utsihè 
tshermigou  bikè,  étame  le  bol.  P.  r^  Jsha,Àaw  La»»L1s. 

ov*i-&.  tshisht ,  chose.  P.  jx:s» . 

<jXs=.  (shiguin ,  aller,  partir.  —  '^^^  f-^^t^}  il  est  allé.  —  45^?-^  ditshi, 
il  va.  —  <syz^  tshovi,  il  était  aile'. 

dl^sx^  tshhntshik,  cailler.  P.  A.A.»^  kemshè,  cuiller  à  pot. 


tshinèô,  ainsi,  de  cette  manière.  P.  ^J^.^^.    . 

y^  t-'ilioK,  couverture  de  cheval.  P.  J^^. 

ysa.  tshoti,  bâton.  P.  (-Jy^- 

y^  tshâou,  devant.  —  >^^  ^"^  ishôou ,  au  devant  de  ...  P.  J^},. 

y^  tsliéà,  œil.  P.  j<<^==-. 

yjy^  tshounci;  betterave.  P.  ^JOubs... 

(jpLk. ,  bon ,  bien.  Ar.  ^'r='^  • 

j^U^  hhâijl ,  œuf.  P.  id.  (archaïque). 
^La*.  khirâo,  mal,  mauvais.  Ar.  cjl-i^. 

,^^1-ài.  khiravi,  destruction.  Id. 

kiG.:^  khèng,  bouc. 

^Vw»-^  ■  /jJOi-sw  khistin,  khishtiii ,  jeter.  —  o-w*iw  khist ,  il  a  jelé.  — 

•  ,    .    .   .  "^ 

(^s^:>diklièyi,  il  jette.  —  Ais?  i//.7(è,  jelfc.  P.  ^JCà^ljoi. 

/yXÀài.  khiftîn,  dormir.  P.  /JùL^. 

LxU^  khèltiyâ,  il  a  glisse',  trébuché.  —  Lv^-^  -L  p(»(  khèllitjA,  mon 
pied  a  glissé.  P.  (jJs-^yAi . 

A^  khoumè,  jarre.  Ar.  *y^. 

^j^  khaô,  sommeil.  P.  <_>La».. 

j 
\y^  khovâ,  sel. 

j 
^\ys>^  khovâr,  bas   (partie  inférieure).  —  ;lP^  }  ^'^  khovâr,   en  bas. 

P.  ^1^,  avec  le  sens  de  vil,  abject. 

^J^yy^  kliovârdîn,  manger.  —  ^^:>^\y£^  khovùrdi ,  il  a  mangé.  —  (Sy^^ 

dikiiovi,  il  mange.  P.  ^ji^jj.^. 


O  A.    OIJKIÎRY. 

■'  ■  ■  ■'  ■  1 

/j,AU*(t»isi^  lihovâslui,  \ouloii'.  —  c>-«(|^^  khoiHtsl ,  il  a  vniiln.  —  ^0^=»-^ 
(Ulchâzi,  il  veut;  auxiliaire  du  lulur.  P.  ^J/uJi^^^. 

^\\y^  hkovàrâo ,  éveille'.  —  ^j  i)^y^  khovarao  hîn,  apparaître. 

.y  / 

jjifc.  khèoèr,  nouvelle.  —  ^jm  ^ys^  hhèvèr  niyinm,  je  n'ai  pas  de  nou- 
velles ,  j'ignore.  Ar.  j/j*. . 

/>  ■^  .  ■' 

\ys^  Ichôver,   soleil.   —    toili  yy^  khovèr   élât,    l'Est  (soleil   levant) 

V.  yLxAMJi.  —  LYti^'  ^^  hhover  nishùi,  l'Ouest  (soleil  couchant). 

P.  ■)ys^  arch. 
j)_j5^_j.a»>  khoulèffour,  cendre.  P.  yX*woU»^ . 
f^ysfc.,  cyj-a>-,  (<y^  ^^  U~^^'  U^?^  '  (J^^J^  khovtm ,  khovit,  khovi  et 

'  y»  •  y 

khovesh,  khomân,  khoyân,  pron.  refle'chis.  P.  i>ys^  et  ses  dérivés. 
y^jji^  kJiovhi ,  il  a  lu.  - —  fi^y=^  khovinèkim,  j'ai  lu.  P.  ^j<Xji_j,àw. 

di>i«.j^-:a-  khovéyishik ,  sœur.  P.  ^ji^j^^,  parent. 

jjLAifc.  khèyili,  beaucoup ,  très.  P.  id. 

:>,:>,:>  de,  didou,  préfixe  de  l'indicatif  absolu,  équivaut  au  p.  j^. 

y!  )i>  dâân,  bouche.  P.  yli^i. 

^li  dâr,  arbre.  P.  arch.  ne  s'emploie  aujourd'hui  qu'avec  le  sens  de  po- 
tence; comme  Ton  dit:  crucis  arhor. 

/Jùili  dâshtin,  avoir.  —  ^^^i  dii-i ,  il  a.  —  ok*«ti  dàsht ,  il  avait. 
P.(^b. 

dJJIi  ^a///i-,  mère.  —  dUli  (JJî:>  dâlik  dâlik,  ffrand'mère. 

yii  dân,  donner.  —  î:>  dâ,  il  a  donné.  —  -:>  dm,  je  donne.  —  s^Xj 

bidè,  donne!  —  -ii  dâm,  j'ai  donné.  P.  ^jili>. 
^!i  dân,  grain,  semence.  P.  Ajîi. 
0*t:>  daghîn,  dispersé.  Turk. 
yljli  dâvâii,  pan  de  vêtement.  P.  0-*îi. 
^j^îi.  dânimin,  se  courber.  —  ^}\:>  dàiniii,  conrbe-toi.  —  (^^^.^  dnnîim, 

il  se  courbe. 
-ii  dtdiin,  j'ai  frappé.  —  »0o  /y»/è,   IVappo,    —  j,  -^ii  j,jL:i-  Isliinoii 

dân  hi,  ils  l'ont  tellemenl  lrap|)é  !  Il  nie  semble  ([ue  ce  verbe  n'est 


LE  DIALECTE  GUERROUCl.  9 

autre  que  yî:>,  donner;  la  deuxième  phrase  équivaut  à  celle-ci  :  Ils  lui 

en  ont  tant  donné  que  .  .  . 
>:>  dèr,  dans,  et  parfois  le  sens  contraire,  de  même  qu'en  persan;  ex.  : 

»£  j:>  {JS.^..  pakhtshèkân  der  kh,  fais  les  mouches  dehors  (chasse  les 

mouches).  P.  id, 
Ajl^i  dérâné,  porte  de  ville.  P.  «Stjni. 
yV|^à  derzîn,  aiguille.  P.  '^^:>  arch. 

,j*i^i  dourous,  droit.  —  aj^  (0»0^  dourouci  dikim ,  je  fais  droit  (j'arrange). 

P.    OCiMji. 

^^i  dourou,  mensonge.  P.  9-^^^' 
fji^yit  dtrèouch,  aiène.V.  fj;^^:». 

Jiji  dirij,  long.  —  ^.■'j;^  dirijia,  longueur.  P.  3|;i>,  t^)!;^- 
^jjAjojià  dijmîn,  injure.  P.  -UUii. 

jj**i)  dèss,  main.  P.  o».A«i. 

J»^  dikir,  vexation.  —  /^^a-  Ji:>  dikir  tshini,  il  a  été  vexé. 

-i  f?èm,  bouche.  P.  arch.  v.  yMi. 

y^  -i  dhn  fshêô,  face,  visage.  P.  j«i  et  aj^  arcli.  et  S^g.^*-. 

^i  f/oî<,  lait  de  beurre.  P.  9-^^. 

(j*,^:>  douss,  ami.  —  (j*^^  douci,  amiti(!.  P.  c:A*w^i>,  (^^Uw^i. 

^Liij:»  doushdô,  sirop  de  raisin.  P.  oUvyi. 

Ax|^:>  douinè,  bouton  de  vêtement.  P.  *-«.Si. 

J5«5:>  dovvhguhl,  hier.  P.  3_5y.J^- 

c:*;^^  douvéyit,  fille,  jeune  fille.  P.  .  v-^  ^^ 

jj^i  domjir,  loin.  P.  >^:>. 

4^vji  ffe/,  pot  de  terre.  P.  id. 

civij:»  dei/ishl,  dehors.  — _^s2  o\i^:|i^  wc  détjishl  tnédjô ,  ne  va  pas  de- 
hors !  —  ne  sors  pas  ! 

(^vîoi  dét/is/ti,  il  sou  (fie.  —  <^y^.•?^  (•>*»'  s/n»/  f//.s/(/.  ma  loi  ii  sou  (Tro  (j'ai 
\w\\  \\  Il  l<He).  Voir  ^jïxjÎ  . 


10  A.  QUERRY. 

oo:>  dit,  tu  as  vu.  —  oo^à  doiwtt,  lu  vois.  —  ^jjyi  bovin,  vois  1  — 

aâj^>  douvtnim,  je  vois.  P.  u^,:»,  a^*-(;*. 
cyb  (i^aï,  courage,  viriiitë.  Ar. 
ovMttj  rrtsi,  droit,  juste,  P.  id. 
/yv«^  n««j  corde,  ficelle.  P.  (J-t^)- 
/j-LmA  rishnin,  verser.  P.  QXà?j. 

yy  râôu,  face.  —  iSjyj^^  ^^^  ve  râoti  rouyimu   bikè,  fais  face  à  face 

(mets-toi  vis-à-vis). 
ji^;^oM/Jour.P.)^;. 
»J5;  Wèj  jeûne.  P.  S;^;. 
lM^lJ^^^  rdoushinâs,  e'clairé,  lumineux.  P.  (j^^)- 

/jj«j  romjin,  huile,  beurre  sale,  graisse.  P.  (^«y  • 

^o^j  rouvéyin,  s'acheminer.  —  ^^^y  rovéïji,  il  s'achemina.  —  (S)i^  ^''" 
o?/rî,  il  s'achemine.  —  *^\  roûm,  je  m'achemine.  —  j-j  i/mo,  ache- 
mine-toi! —  a5o  jl»A  x»l  î^è  romni  fttA;è,  fais  celui-ci  acliemind 
(mets-le  en  chemin).  P.  (^^,  *j^^;- 

/jjUj  roumânîn,  ddmolir,  détruire.  P. ?  jj»XxiU^ ,  effrayer. 

/.Lm  riyân ,  aller  à  la  selle.  P.  (j«>s?5 • 

gs  n'M,  gravier,  H.  tiLM. 

viCL?^  rishkg,  barbe.  P.  ^i^^. 

.iLiiw?j  rishtg,  racine.  P.  -îU^j. 
''  ^ 

aja  rîi/è,  voie,  chemin.  P.  iU. 

5jK  zârou,  enfant. 

/JCawJK  zânistin ,  savoir. —  (JjLmJU  znuisti,  il  a  su.  —  ^^l^à  dizdni,  il 

sait.  —  /«^b^  (^^  bouyi  dizâniin ,  je  sais  une  odeur  (je  flaire  quelque 

chose,  je  soupçonne).  P.  ^^>wJi:>. 
«-ÀÎ)  ^i'^j  feuilles  de  betterave ,  poirée. 

y 

fj^^\  zouvân,  langue.  —  *^^^3  *-=?•  ^^  iy^  f^^^  zouvanikel  quelle  est 

cette  langue  ?  P.  yU^ . 
f^^\  zouyi,  vite,  promptement.  P.  :>^\. 


LE  DIALECTE   GlERROUCI.  H 

kXJLA  ztnèguéo,  \ivant.  P.  SOsj^. 

{Jijjân,  colique. 

étsi^j  jaklim ,  blessure.  P.  ^^')- 

,j)jkn,  femme.  P.  y), 

^jcijj!  ejniftin,  entendre.  —  osÂijI  èjnijt,  il  a  entendu.  —  (J,yj^  ^V~ 

nivi,  il  entend.  — f'y'j^  nôSjJi*^  tshishiguèlè  dijnévim ,  que  de  choses 

enlends-je  ?  P.  ^Jj!À^Ji . 
yj^jjovéyir,  haut.  — \yj^j  jovéï/irâ ,  hauteur.  P.  grand  (arch.). 
y?jP^>  sous,  dessous.  P.  -A. 
(^jji'h  selle.  P.  (^3. 
yj^U»  mvîn,  savon.  Ar.  ^j^jjU». 
^L#  sayin,  frotter,  porphyriser.  P.  (j»XxjL«. 
[A^jift*  stpirdin,  confier,  recommander.  P.  (ji-^. 

<9Uaaw  sèpiyè,  pou.  P.  (ji*^  shèpish. 

dl^yw  stnH^ïA',  jujube.  P.  tX^sUv. 

>Là^  ^  -w  s/r  l'è  khovâr,  du  haut  eu  bas,  aval.  P.  -j^I-aw. 

xi-w  str/è,  nappe.  Ar.  ayL*. 

/y*»(  st"»,  prends?  reçois;  dans  le  sens  de  l'allemand  erhalten.  —  owJa 
/yxtu  (^t^  <esAf  ^Aos  ètcm,  reçois  (achète)  un  bon  bol.  P.  ^jtXjbuw. 

La».*»»  souztâ,  brûlé.  —  '^b**»'  o6lCAài.j  rékhtéganit  souzia,  tes  vêtements 
ont  brûle'. 

c.1^  soi"<^,  pisé  (peut-être  du  T.  ^^y»o,  enduit). 

jlpM  *éo«r,  patience.  Ar.  -«-» . 

j^  séouz,  vert.  P.  jaam. 

«xXmi  séyyid,  hirondelle. 

v.jLuM  si/",  pomme.  P.  <-.*>^ . 

t^Ui  shâmi,  pastèque,  nom  d'origine  =  stjrien. 

yUi  shân,  peigne.  P.  xiLû. 

^jUi  shdn,  épaule.  P.  AjUl. 


12  A.    QUERRY. 

c:a^   sllk,  lait.  P.  jAw. 

\Jm  shèlèm,  rave.  P.  axX-w. 
'  j 

S^LZ  shikè,  ébranle.  P.  Juil.  -, 

SjfcS  A^u*^  shèmshèmè  kouré,  chauve-souris;  composé  de  deux  mots. 

P.  5^;  j'ignore  le  sens  absolu  du  premier. 

yjM  shéo,  nuit.  P.  <_A*i. 

Jlyi;  shouâl,  culottes.  P.  jî^Xil. 

yMy*)ià  shèoséou,  demain. 

4^^  shouyi,  époux,  mari.  P.  arch. 

(^  shî,  fou.  \ 

A>ii»jj-Mi  shoyishé,  flacon,  fiole.  P.  Aii-yi. 

IfSifJi  shikia,  brisé.  P.  AA,**Xi. 

f^jjjlyjjit  shorishtin ,  laver.  —  -yrty^  bishouyir,  lave!  P.  (^a-»***!. 

\)J»  firiyê ,  hâblerie.  P.  arch.,  signifie  aussi  en  abondance,  ^Jl'^  \)_'ifi- 

riyè  zân,  qui  parle  ou  qui  sait  beaucoup  (ironiquement). 
^  hitsh,  jambe,  tibia. 
&ù\»  kèdè,  quantité.  Ar.  «XJ». 
tyJ»  korik,  gorge,  gosier. 

JùJA-wJ»  korsèkoul,  croltes  d'âne.  P.  J^><->ik-j  jmligutl,  crottes  de  mou(on. 

^-ï  kours,  dur,  ferme,  compact.  Peut-être  ar.  (j*-**,  raide. 

•~«j.*  kermiz,  rouge.  P. 

^l^-j  kourvân,  sacrifice.  — jl^-S  ^  *jL*5^»/îî/«»wrt  vè  kourvâni,  mon 

âme  à  ton  sacrifice  (puissè-je  donner  ma  vie  pour  toi  !).  P.  (jIj*ï. 
^A3  koyhi,  action  de  porter  en  bas,  de  descendre.  —  îi>  (s^  koyili  dû, 

il  a  avalé.  P.  ^  J  pour  le  sens. 

ç^Ji  kiri,  beaucoup.  Peut-être  corruption  du  P.  (Joysw. 

V 

_j,jJ9  kèriv ,  étranger,  pauvre.  Ar.  c-o-c. 

(^_j..VJ  kèrivi,  l'état  détre  élrangei',  de  pauvreté.  Ar.  ^x,<y^- 

(jl-Jj  kazân,  casserole,  marmite.  T.  {J>^yi,  chaudron. 


LK   DIALKCTE  GUERROLCI.  13 

t\s.va'}  licciyc,   parole.  —  aX^/o  -J^wa'i  ci».À>«  /«j/i  kéciyè  inckè,  ne  dis  pas 

(le  paroles  inutiles.  Ar.  ^aa^S. 

5\ï  A-è/a,  corbeau.  P.  i^A^. 

^aXï  kotilpèyi,  cou-de-pied.  P.  <Xjo  U. 

dix*  kèiig,  podex. 

j 
Jy'i  kol,  manche  de  vêtement.  T.  même  sens  et  bras. 

Jx j  koyil,  profond.  —  jj^xi  koyili,  profondeur.  P.  :>yS,  (^^^. 

ëyf;'»  kèyivè ,  robe  d'homme.  P.  Ui. 

dJ  kè,  affixe  accusatif.  —  *5o  (jjJ  d)^U  ynboukèjiu  bikè,  selle  la  rosse! 

5jjUwkio  kiiiî-Ts.  tshèraghèkè  bikoushnevè ,  lue  (éteins)  la  lampe. 

<3oU».^o  kar  khânh,  cuisine.  P.  atelier. 

vo  k(h,  dent.  P.  y^.>jS7  mordre  ;  ^o ,  ciseaux, 

(_gjH«(l^  kacivi,  métier,  gagne-pain.  Ar.  cxawO;  X.  P.  ^^j-upO. 

viULS  kalik,  melon,  P.  melon  non  nuxr,  de  mauvaise  qualité. 

(JS  kàn,  affixe  pluriel.  —  à^^P-S  J^{j^)^^  darekàn  gol  k'mliyc ,  les 
arbres  ont  fleuri.  Cette  forme  est  génértilement ,  sinon  absolument, 
employée  au  nominatif;  l'affixe  Joguèl  Test  plutôt  à  l'accusatif.  Voir 
ce  mot. 

J>  ker,  ane.  r.  jà». . 

jp  kcrâou,  baudet. 

(ji-^  kirdtn,    faire.    —  :>S   kird ,    il   a   fait.  —  ^i  dikéyi,   il   fait. 

dLS^  ker  ffuèri'g,  ânon.  —  P.  -i^  »tS,  poulain  d'àne. 

^J'^^■S  konm,  chemise.  P.  ,j*.b-S,  toile  de  coton. 
Jxjp  kéjnij ,  coriandre.  P.  ja-U;o. 
/yJLifc^  kouslitin ,  tuer.  P.  ^Jc^ . 
/jjj^  kouviii,  ])iler,  battre.  P.  (jJy>.jj^. 
^^yiLi^x^  kislaîn,  tirer  au  propre  et  au  figuré,  comme  en  persan;  i^^^ji 

xAjij^,  il  a  tiré  (souffert)  la  misère.  P.  (j*Nx^. 
^^^..i^  /.t's/f//,   la  totalilé;  ivhole  ai)g\.,gan:  allcm.   —  ^j'j\jî>  ^U:ci^^ 


là  A.   QUERRY. 

kishtiyan  hâtîn,   tous  sont  venus  (la   totalité  d'eux);  on  dit  aussi  : 

(jaÀS  kiftin,  tomber.  —  o^À^  kift,  il  est  tombé,  —  J^i  dikifi,  il 
tombe.  —  oui  JU  yUJ  fé  ban  è  wja/  A:«/f ,  ii  eist  tombé  de  la  terrasse 
de  la  maison.  P.  y:>Uil . 

^!^  hilào,  bonnet,  chapeau.  P.  »i4^. 
viijJi  hilih,  doigt.  P.  le  doigt  auriculaire. 

aJo  koullé,  sauterelle.  P.  js^.^. 
-vyixîds  kèlèshir,  coq. 
_^  koulou,  motte  de  terre.  P.  ^•A^. 
Lo  kounâ,  trou. 
dJ^US  konârig,  coude.  P.  ^\)  arch. 

^Skèin,  le  rire. 

qxo  A'è^jm,  rire.  P.  (j^XjJol:*.  . 

^  koù,  OH?  adv.  inlerrog.  —  oas-^^  /.om  ishil?  où  es-tu  allé.  P.  id. 
y>  kèoû,  perdrix.  dU^. 
_j^  /îèoîî,  bleu.  P.  ij^. 
-j^  kèoûter,  pigeon.  P.  jJj-a^. 
<^i^s  /ro«f/î,  courge.  P.  ^«X^. 
^  kour,  jeune  garçon  (kurde). 
(Jj^S  Ao?/rA-,  duvet  de  chèvre,  mohair.  P.  JJ^. 
jji^  kèoush,  soulier.  P.  yjia^. 
«iUjO  koumèk,  aide,  assistance.  P.  «W. 
»j5  ÂY-yè,  tête.  P.  ^d^. 
»jjj^  koyizè,,  pot  de  terre.  P.  «Sj.^. 
^>^  kèvinvi,  gratter,  démanger.  P.  yvXjjlÀ.. 

^  kèyi,  quand  ?  interrog.  —  (^=!..i^^  /-è^«  f///.'j//«,  (juand  part-il?  P.  id. 

»iJ^^  koyidjik,  pierre. 
if^é  ^««/è,  paille.  P.  »l^. 


LE  DIALECTE  GUERROUCI.  15 

iS'ffâ,  bœuf.  P.  ^157 
i^\i\S'gâfâvb ,  berceau.  I*.  8>^[j,^57 
fJ^^^lS^gâinisk ,  buffle.  P.  yibA^^lST 
..aS'guksh ,  courbé,  de  travers.  P.  X. 
iJc>i>JSguirdik(hi,  noix.  P.,  pluriel  de^i^ST 
ij:>JS^guir(ltn ,  prendre.  P.  /JCi-ST 
yipS^guirdiyou ,  action  de  rassembler.  P.  i-57arcli, 
fJLvé-S^guiristîn ,  pleurer.  P.  /jJCm.sjJST 

SS^guèrik,  balai. 

yS^guezer,  carotte.  P.  arch. 

S--.jgmézek,  estomac  des  ruminants. 

jS^guel,  affixe  pluriel  génëralement  accusatif  et  (pie  parfois,  ainsi  (jne 
(jO ,  on  trouve  au  nominatif.  —  a5o  \J-^*i^\^yi  J6»*>sjo  hhndhgucl  iiè- 
mzishiân  bike,  aie  soin  dès  serviteurs7Voir  yO. 

^£yi^ goulâvi ,  poire.  P.  ji^^ST 

^^gnhlho,  retour. —  i>^îjÀ.  _jX5-i^  /c  shfer  guclèo  khovard ,  il  a  or- 
donné le   retour  du  voyage   (il  est  de  retour).   P.  ioiir^lyo  jÀa«  ^ 

jLtS'giicindl ,  cbien  de  forte  taille,  dogue,  mâtin. 

yJSgour,  veau.  P.  onagre. 

S^I^S^gucourè ,  grand. 

\:ss^gouyilshè ,  prune  noire.  P.  a=».^. 

fjijSguiydii ,  âme.  P.  ^jls»-  • 

fj^-pguirfâii ,  poche.  P.  «-^s». . 

lA^S'guèyik ,  chevreau.  T.  dLp,  cerf. 

(jÀ^S" guh'm ,  parvenir  à,  arriver  à.  —  ^^xxS'»^^  »H/vè  guiyèyi,  les 

fruits  sont  parvenus  (à  maturité).  —  45-^!-^  J^j  <'è  ?//rt7  niguiyèyi,  il 

n'est  pas  arrivé  à  la  maison.  P.  y^.*^^. 
J  le,  préposition;  de,  pour,  à,  dans,  à  cause  de.  —  Axj  (^w*.^  JU  /è 

mal  hcci  niyè ,  il  n'y  a  personne  à  la  maison.  —  j*yv^  f^^)  )v:«m  /è 


IG  V.    QUKKKY. 

j/és,  j'en  suis  satisfait.  —  jLtf>  jÀm*.]  lé  .srjcr  hâli,  il  est  venu  de 
voyage,  —  jLo^<XÎ  lé  dir  c  mal,  h  la  porte  de  ia  maisou.  — yS  aJLj 
j*p^  nâlé  ton  le  tsliiss ,  quel  est  le  sujet  de  les  plaintes?  (de  quoi  le 
plains-tu?)  /JL  Ars?  hilshe  lé  min,  excepté  (de)  moi.  —  ^j^XJ  S^jI 
-eJLj^à  ive  lé  àoyir  dovmiin,  je  le  vois  de  loiii.  —  »-jJ  létrè,  ici,  eu  ce 
lieu.  —  ^Ù  oJ  (^j)_j>^  khcvèri  le  t  niguiyi,  aucune  nouvelle  de  toi 
n'est  parvenue.  —  »jJ  lé  naô,  de  nouveau. 

(j-f^^  Inntshin,  grande  jatte  de  terre.  P.  id. ,  dérivé  du  V.  <Sj  cuvette 
de  métal. 

dXjù  létek,  ensemble,  avec.  —  -Ljy>  ijsjj  ^  tni  Ictck  tou  uiyâm,  je  ne 
viens  pas  avec  toi. 

aaJ  lèké,  ruade,  coup  de  pied.  1'.  J^S^J . 

yil  lé  nào,  de  nouveau.  P._jj  \! . 

cy^,  c>..jjj  /o?/i,  lowjh ,  nez.  P.  ^^xJ  arch.,  joue,  partie  inlérieure  du 
visage. 

^jAijO  lilihérou,  intestins.  P.  S^^r . 

j^  /ï'tj,  lèvre.  P.  t_J. 

-  /«e,  particule  prohibitive  de  l'impératif.  P.  id. 

^  mi,  pron.  pers.  première  pei's.  sing'.  P.  /Jt. 

JU  mal,  maison;  probabl.  Ar.  propriété,  bien. 

jU/»jL»  marmilck,  lézard,  du  P.  jU,  serpent;  peut-être  diminutif. 

IxjLo  manga,  vache. 

jA^  mil-,  oiseau,  poule.  P.  arch. 

(ji-^  mmlin,  mourir.  P.  rj^y>«. 

A.>L«^^  mijmâye,  plateau  de  mêlai.  Ar.  ajï^t. 

ci^-ii.^  misht,  poing,  poignée.  P.  c:A>i^\ 

kiJ..:«^jA>«  méloyidjik,  passereau. 

yy  ^ 

jXjS  mémch,  mamelle.  P.  xtf ,  enfantin. 

(j.«  mtn,  moi,  pron.  pos.  et  mon  adj.  pos.  P.  ,»,■». 

^jioU  minish,  le  mien,  pron.  pos. 


LE   DIALECTE  GUERROUCI.  I  / 

'\y^  iiiooii: ,  mouche,  guêpe,  toute  espèce   d'iusecles  de  celte  famille. 

P.  jj*X« .  —  Ju**ff  \^  moxtz  acel,  mouche  à  miel. 
fj,yA  mouyi,  cheveu,  poil.  P.^. 
•jj^/o  mh,  urine.  P.  arch. 
iJ^'O  inisli,  rat,  souris.  P.  jjij-«. 
ooLy«  niifl,  vain,  inutile,  gratis.  I*.  ovjL». 
^^  mhjooxi,  vigne.  P.  y9. 
Aa^  miyè,  brebis.  P.  (ji*^. 
(j  ni,  pre'fixe  négatif;  lie  ...  pas.  —  Ajo  niyih,  il  n'est  pas. 

jjij.à».li  nâkhovesh,  malade.  P.  yijÀ.U. 

Jlj  iiàl,  fer  à  cheval.  Ar.  Jxj. 

^Li  nâo,  nom.  P.  -b. 

^I^^li  nâorâs,  milieu.  —  (j**^^'^;  ^^'  nâorâs,  au  milieu;  on  dit  aussi 

(J^U  nâouk,  noyau,  nombril.  P.  oL>,  nombril. 

AiSo^U  naohalânè ,  rue,  voie  publique. 

»^itf'  nokhouve,  pois  chiche.  P.  ijitf'. 

Kii^i-i  nirviddii,  échelle.  P.  yUi-i. 

<^ijy^  "y^"y'  >  lentille. 

(vjùio  nishtîn ,  s'asseoir.  ï* .  /yiM*,,iiJ . 

cijt^  Hem/,  sucre  candi.  P.  cj^Lo. 

(jLo  mijiân,  poser,  placer.  P.  y^LgJ. 

_j  ir,à,  vers;  prépos.  de  tendance.  P.  lj  .  —  JU  ^  y^  bon  vé  mal,  va'à 

la  maison.  —  a^  /y«  ^  vé  min  Islié,  que  m'importe!  (à  moi  quoi?). 
1^  vil,  vent.  P.  ilj. 

y^^j  vâdjâo,  urgent,  obligatoire.  Ar.  <_.,c2^î^. 
M^i^  vârin,  pleuvoir.  P.  yjsj^b. 
^^  vétiii,  dire,  parler.  —  c:^^  vol,  il  a  dit.  —  t5w->i>  doi/ishi ,  il  dit. 

Voir  ce  verbe  à  la  suite  du  vocabulaire.  P.  (jJJO . 
ç.1:^^  védjâgk,  cheminée.  T.  (^L=>.^l . 


18  A.    QUERRY. 

o^^  vcklil,  temps.  Ar.  o^*^. 

^^  ver;  avec,  pi-éposition. 

liCij^  vivishg,  affame,  étal  d'avoir  faim  ;  l'anglais  hungry. 

»iGji5  ^'j^"êi'  genou. 

(jLuwj  viciân,  se  tenir,  [stare,  stnnd,  stehen).  —  AjU**'^  JL»^jJ  lé  dir 

c  mâlvicimjh,  il  s'est  tenu  à  la  porte  de  la  maison.  P.  y^Lc^^jl . 
uyUu^  vesttii ,  lier,  attacher,  fermer.  —  4^>u»»5  vècèyi,  il  a  attache.  — 

^^^i  divècèyi,  il  attache.  P.  ^^jJu*o. 

yi^^^  viskdrdin,  presser,  exprimer  le  jus,  P.  ^j:>-Aiij. 

jJiMi^  vishtir,  chameau.  P.  -X-iî. 

/w£;^  vèshèn,  pluie. 

-55  t'é^r,  neige.  P.  o-j. 

(^iJ^  î)e7rt,  devant,  préposition.  —  ^^^  iS^^  y^  ^-  'jàhou  véhujimin,  Eh! 

viens  devant  moi  ! 
yi^^^vékk,  feuille  d'arbre.  P.  d)y. 
Ajjj^  virhjh,  au  devant  de. 
S  e,  affixe  du  datif  et  de  l'accusatif  =  P.  1^ . 
(^Ufc  hàùn,  venir.  —  cyLc^  /tâ(,  il  est  venu.  —  ^^p  d'njâyi,  il  vient.  — 

yi  héô,  viens  1  —  bLo  biyata,  s'il  fût  venu, 
(j^yft  /jer  is/un,  quoique,  malgré.  P.  Jo^i.-A. 
(^  yî,  aflSxe  de  la  3'  pers.  sing. 

fj\jt  yân,  maintenant,  à  présent.  —  (jLî  lé  tjân,  autrefois.  — y  oc$ 
yi  J3\ji\  fjLJi  Jiimmèt  é  ton  lé  yan  ziadtir  hou,  ton  zèle  autrefois  (de 

maintenant)  était  plus  (vif). 
^^Xj  yèki,  un.  — -j  ^^yhhi  tir,  un  autre.  P.  ^^,  -Ci  ^^. 
XjÇyeme,  a  présent. 
yUjj^ji  éyourghân,  couverture  de  lit,  courtepointe.  T.  M^;^. 

Verbes  dont  je  nai  qu'un  exemple  et  phrases  détachées. 
y-i^  owi^  mkht  bivéshin ,  donne  un  coup  de  poing. 


LE   DIALECTE   GUERROUCI.  19 

/  w 

^^  Ax!  lékkh  bilèyi,  donne  un  coup  de  pied, 

(^w  bivori,  qu'il  coupe.  —  tSJL?^  '*^^-^  •■^>J^-*i*î?>  rishiguit  kliodâ  bivori. 

Que  Dieu  te  coupe  la  barbe  ! 
Sô\j  ^c*'^^  (S^'f^  sézâyi  vé  dèct  bidè,  donne-lui  ce  qu'il  nie'rile. 
»j_jJo  binourè,  cherche. 
{j)y^  hikhônn ,  rogne  tes  ongles, 
i^M^y'i  névici ,  il  a  écrit.  P.  {y^y>  • 
o«JU.^i  dipècènit ,  tu  approuves.  P,  yJo*X-U«*j. 
aj  yUiwAJ  <x5x>r  r?>/èAè  uishdn  bé ,  monlre-lui  le  chemin, 
»o.i>^^\  zourdiyè,  il  a  reçu  des  coups.  P.  A,jj)V. 
^L:i^  U'^T^  (^  ^''^'^  kmlin  kliarno^  exercer  l'oppression  est  mal. 
f^yi^^jS^^jAu  sirim  guij  dikhovéïji,  la  tète  me  tourne. 

LCii  iJS^m:»  dèsguèli  shékiâ,  ses  bras  sont  casse's. 

(j-ji^j.S'iLA  (ilj^o  (^î  èyi  ktlâcèkè  ziad  giiéourès,  ces  bonnets  sont  Irop 

grands. 
Sjis?  et  »^j  liK:»  dirèkè  binèvè  et  bikhèvc,  ferme  la  porle. 
j  (j^L:^  bljo  i/yrtf«  M«,s  /»/,  s'il  fut  venu,  c'eût  e'té  bien.  11  eùl  bien 

fait  de  venir. 
_j,-<  Ajj  riyèbilslio,  passe  ton  chemin. 
(j:yy}'>  Ly^.^  <^y^  y^  Itcr   Islti  doyishlii  nijnhvi,  quoi  qu'on  lui  dise,  il 

n'écoute  pas. 
(•*"*  )^y^  sovar  doum,  j'ai  om  je  suis  monté  à  cheval.  P.  -^X-w  )^y^  ■ 
oo-^v^j  1^  _jj  /OM  <éua  bikoushirit,  il  faut  te  tuer. 

REMARQUES  SUR  LE  VERBE, 

De  même  (pie  les  verbes  persans,  les  verbes  guerroiicis  ont  j)our  lettre 
finale  de  l'infinitif  un  y  quiescent,  avec  cette  différence  que ,  dans  les  pre- 
miers, la  pénultième  est  affectée  d'un/fl//*/?,  tandis  que,  dans  les  derniers, 
elle  l'est  d'un  kcsra,  sauf  dans  quelques  verbes  terminés  en  yl .  —  V.  le 
vocabulaire. 

Les  affixes  pronominaux  du  verbe  sont  :  pour  les  trois  personnes  du 


20  A.    QUERIIY. 

singulier:  ,.,  cy,  4^;  et  pour  celles  du  pluriel:  aj.  ijJ.  Ce  dernier  esl 
commun  la  seconde  et  à  la  troisième  personne,  cependant  pour  les  de'- 
terminer  on  fait  préce'der  le  verbe  du  pronom  personnel _^l  yvè,  vous, 
ou  de  Ajl^î,  avânè,  eux,  selon  le  cas. 

L'aoriste,  en  ge'nérai,  n'est  autre  que  le  pre'térit  pre'ce'dé  de  la  lettre  :> 
afTecte'e  de  l'une  des  trois  voyelles  e'quivalent  au  ^  du  pre'sent  absolu  du 
verbe  persan. 

Le  ne'gatif  se  forme  par  la  suppression  h  l'aoriste  du  pre'fixe  i  qu'on 
remplace  par  y  :  ^^^  nitshi ,  il  up  vient  pas.  —  Au  prohibitif,  le  i  est 
remplacé  par  un  ^  :  aS^  mékè,  ne  fais  pas. 

VeBBE  ElISTEB.  P.  ^^yjiM*Jt>  . 


A^  htm,  j'existe.  P.  m^Xm^J^  . 

ovA^  hit,  tu  existes.  P.  ^M*Ji>. 

fjuJt»  hès,  il  existe.  P.  c>a«j&. 


rçij^  hyim,  nous  sommes.  P.  fUjui^st . 
/yiû  hùi ,  vous  êtes.  P.  ty^j^J». 
Il       ils  sont.  P.  «XàXmJ^. 


Verbe  être.  P.  m^' 
Prétérit  ou  imparfait. 


*j  btm,  j'e'tais.  P.  r»:»^. 

>jo  bit,  tu  e'tais.  P.  ^5^^. 

j  bi,  il  était.  P.  ijj. 


AJtyi  bouyim,  nous  étions.  P.  *.j:>jj. 
(j^  bin ,  vous  étiez.  P.  «X.Ji^. 
//        ils  étaient.  P.  *X3:>^. 


Impératif. 
oo_j,j,^  bon  et  bonyit ,  sois.  P.  (jilj. 
Ajjj  bouyim,  soyons.  P.  /ojy*«lj. 
^^  èoMM,  soyez.  P.  J\>JiX). 
(j^yi  bovôn ,  qu'ils  soient.  P.  ù^jJiXi. 

Dans  les  phrases  détachées  de  mou  l'ecueil,  je  vois  la  seconde  per- 
sonne du  singulier  du  prétérit  employée  dans  le  sens  de  devenir  :  ex,  : 
owo  ^'jjyà«-  khovéraô  bit,  P.  ^^J^  î'*>H^i  tu  es  devenu  éveillé;  ceci  in- 
diquerait qu'à  ce  temps  ce  verbe  a  le  sens  du  persan  ^j*Xi . 

Dans  les  mêmes  pages ,  je  trouve  aussi  quelques  exemples  de  laoriste 


LE  DIALECTE   GL'ERROLCI.  21 

du  verbe  devenir,  dont  l'infinitif  (peut-être  ^v^)  1"'  sérail  commun  avec 
le  verbe  être. 

j.^i  doiim ,  je  deviens.  P.  -jJi.A/». 
i.::^^:)  (làijil ,  lu  deviens.  P.  fj,yi*jf^ . 
^i  doit,  il  devient.  P.  ij-Ji-*^. 
<oJ^i>  douyîm,  nous  devenons.  P.  ^^yji*>^. 
y^i  dôun,  vous  devenez;  ils  deviennent.  P.  <>^yjitji^.  iXj^^ioy*. 

EXEMPLE  D'UN  FUTUR. 

*yi  f»3'>-=*-  fil(Ovà:im  boum,  je  serai  ou  deviendrai.  P,  ij,>  J^lyiw . 
cAJkJ  o.jV|j^  l.hovâzit  houijit ,  lu  seras. 
_jj  (ojj^  lihovâti  hou,  il  sera. 
aj  ki  AjVLifc.  khovâtim  bouyiin ,  nous  serons. 
/wAj  /o\!^^  khovât'ui  hiii ,  vous  serez. 
y»jj  /jjVLàfc.  khovàzoun  hovouii,  ils  seront. 

Le  conditionnel  semble  être  forme  par  l'interposition  ou  l'adjonction 
de  bU  yâtâ;  ex.  r 

(«blj»j  bouyâiâm,  si  j'eusse  été. 

oobl?^  bouyâlâyit ,  si  tu  eusses  été. 

bL?^  bouyâtâ,  s'il  eût  été. 

Négatif.  P.  /<wJ . 
Aj  (/('/«,  je  ne  suis  pas.  j     aa-»  l'iyiin ,  nous  ne  sommes  pas. 

OAJ  lût,  tu  n'es  pas.  '    iy*.i  iiii/iii,  vous  n'êtes  pas. 

Aa)  /»,(/p,  il  n'est  pas.  //         ils  ne  sont  pas. 

Prétérit  et  inijifir/tiit.  V.  -^/.jl 


-«j  ///r//« ,  je  ne  fus  |)as. 
cio^  «/«(V,  tu  ne  fus  pas. 
(_^yj  nivi ,  il  ne  fut  pas. 


Aj^  iiiiiiii ,  nous  ne  fûmes  pas. 
(wj>j  y//V/« ,  vous  ne  fûtes  pas. 
//         iU  ne  furent  pas. 


22  A.  (^iJKRny. 

Impératif, 
y  nâo,  ne  sois  pas. 
AjfcO  bénévîm,  ne  soyons  pas. 
joy  wetJîH,  ne  soyez  pas. 
(j^y  névôn,  qu'ils  ne  soient  pas. 

CONJUGAISON  DU  VERBE  qjj  vêùn ,  dire,  parler.  P.  ^jj^o. 

,ci*Ji>  doyishim,  je  dis. 
oouioà  doyishit,  tu  dis. 
^^ji*ji>  doyishi,  il  dit. 
P«\Jiw.>à  doyishyim,  nous  disons. 
^wikJi  8^1  /t'è  doyishin,  vous  dites. 
/v*m.j:>  Ail^î  rtîîaHè  doyshin,  ils  disent. 

Prétérit  et  imparfait. 
f^i^  votim,  je  disais  ou  dis. 
o\AJ^  wo<î7,  lu  disais  ou  dis. 
(^^  î;of,  ii  disait  ou  dit. 
rÇiH^  votîm,  nous  disions  ou  disons. 
/vjj  »^l  ro//«  (?Vè),  vous  disiez  ou  dites. 
fJS^  Aiîji  vot'in  (nvânè)  ils  disaient  ou  disent. 

Impératif, 
iji^y  boyish ,  dis. 
.     is^y^  boyisJii,  qu'il  dise. 
(<s->i»j>J  boyi-shim ,  disons, 
/y^iijfcj  bnyishlu ,  dites. 


I,E  DIALECTK   fiUERROIICI.  23 

Négatif  {((ovislc). 

■'  .      .         . 

jCi->A3  noyishim,  je  ne  dis  pas. 

-'       .    . 

oyyioo  noyishit,  tu  ne  dis  pas. 

j 

(^ji*X>  noyishi ,  il  ne  dit  pas. 

/rf\>i^i  noyishim,  nous  ne  disons  pas. 
(w.i>-»j  aip  ivè  noyiskin ,  vous  ne  dites  pas 

jv-iioo  x>!ji  avdnè  noyiskin ,  ils  ne  disent  pas. 

Pronoms  personnels. 
Sing.  :  i"pers.  -,  fv>«,  jh/,  ?»/«. 

a*  pers,  ci>,_^j,  ?,  /o«. 

■    o.  <  •  - 

o   pers.  ^1  2ve. 

Plur.  :  i"pers.    ^jl  yi7n. 

a   pers.  SyA,  ij^^.K  y(-^e,  yvoun. 

3°  pers.  (j'^1 ,  AJ^jl,  e'fvt»,  avânè. 

Pronoms  réfléchis. 

*j^  hhovim;  cyj^  khovit i  i^^^ ,  (Jt?-^*'  Ichovéyi,  Ihovsh;  (j'-^j-i^ 
khomân ,  ^j^j^  khoutân;  ^jtj»^  khouyân. 


ÉTYMOLOGIES. 


Er  /  »/  _ 

On  sait  combien  ce  mot  a  exerco'  depuis  cinquante  ans  la  sa- 
gacité' des  linguistes.  La  forme  étrange  du  fe'mlnln,  qui  n\'i,  à  ce 
(ju'il  semble,  aucune  ressemblance  avec  le  masculin  et  le  neutre, 
ni  avec  les  noms  de  nombre  des  autres  langues,  de'route,  à  pre- 
mière vue,  les  recherches.  L'explication  commune'ment  adoptée 
est  de  considérer  (xia  comme  étant  pour  o-f/Za  et  de  le  rapporter 
au  thème  pronominal  sent,  le  même  que  nous  avons  en  latin  dans 
sim-plex.  Mais  cette  explication  peut  laisser  quelques  doutes  :  on 
s'attendrait  à  trouver  dans  les  composés  quelque  souvenir  de  la 
double  consonne  a-fx.  On  voudrait  avoir  quelque  chose  comme 
ovSe(xixia.  Oi",  nous  n'en  avons  aucune  trace.  D'autre  part,  la 
forme  homérique' et  lesbienne  ïa  n'est  pas  expliquée. 

Je  vais  proposer  une  autre  étymologle,  qui  aura  le  mérite  de 
rattacher  étroitement  le  féminin  au  masculin  et  d'expliquer  l'ori- 
gine de  la  forme  homérique. 

.le  crois  que  nous  a\ons  ici  un  exemple  de  l'influence  exercée 
par  la  locution  négative,  ovSsis,  fjiriSets,  sur  la  locution  positive, 
f  e  féminin  a  dû  être  d'abord  ovSevia^  fxtjSevia.  Il  y  a  eu  change- 
ment de  V  en  fx,  £e  qui  a  donné  ovSsfxia,  [iriSeyiia.  De  là  a  été 
extrait  le  simple  fz/a. 

On  objectera  sans  doute  que  ovSevia.,  selon  les  habitudes  de 
la  langue  grecque,  serait  devenu  ovSeîva.  JVIais  celte  habitude  de 
la  langue  grecque  n'est  pas  très  ancienne.  Si  le  changement  de  v 
en  II  a  précédé,  l'épenthèse  de  ïi  devenait  impossible. 

Le  changement  d'un  v  intervocallque  en  fi  est  un  fait  qui  n'est 
encore  constaté  pour  le  grec  dans  aucun  livre  de  phonétique. 
Il  a  cependant  pu  exister  dans  certaines  circonstances  données, 
comme  nous  l'avons  en  français  poui-  venimeux.  Je  vais  montrer 
un  peu  plus  loin  par  un  exemple  que,  non  seulement  ce  change- 
ment a  pu  exister,  mais  qu'il  a  existé  réellement. 

Mais  nous  devons  d'abord  dire  un  mot  du  féminin  *a,  si  fré- 
quemment employé  dans  Homère,  et  à  côté  duquel  on  trouve, 
mais  seulement  .une  fois  (//.,  VI,  622),  le  masculin  iôs.  Je  crois 
que  là  aussi  il  faut  partir  de  l'expression  négative  ;  on  trouve  en 


KTYMOLO-';iES.  25 

lesbien  ovS'  ï'av^  fxti^è  ïa  (Alirens,  I,  127).  Un  masculin  ovSels  a' 
produit,  dans  le  parier  populaire,  un  féminin  *ovSeîa.^  doat  est 
sorti,  grâce  à  la  logique  instinctive  du  peuple,  un  féminin  ïa. 
signifiant  rfune'".  Il  n'y  a  pas  lieu  de  s'étonner  si  ces  mots,  étant 
employés  à  toute  heure  du  jour  dans  les  nombreux  dialectes  de  la 
Grèce,  ont  donné  naissance  à  des  formations  diverses. 

Je  viens  maintenant  à  l'exemple  que  j'ai  annoncé  d'un  v  inter- 
vocalique  changé  en  jm.  Il  m'est  fourni  par  le  dialecte  crétois. 

Dans  l'inscription  de  Gortyne,  on  lit  plusieurs  fois  le  dalif 
OTIMI  : 

VI,  5i  :  olî  S'  èiriQclXkojv  iir)  sïrj,  ras  TSvXà?  tô5v  ahiSvToov 
oTifJii  xa  Xïji  oTtviéOai.  tfS'il  n'y  a  pas  de  parent,  elle  pourra 
épouser  parmi  ceux  de  la  tribu  qui  la  demandent  celui  qu'elle 
voudra,  n 

La  même  formule  oTi^i  ko.  Xrji,  avec  la  variante  6ti[xi  xa  w- 
varai  (pour  Swarai)^  revient  encore  en  quatre  autres  endroits 
(VIII,  7,  12,  19,  32). 

Les  explications  n'ont  pas  manqué  pour  ce  6711x1.  On  a  encore 
eu  recours  au  pronom  sanscrit  sma,  et  l'on  a  dit  qu'il  fallait  sup- 
poser des  formes  '6-Ti-a-[jii,  puis  6-ii-yi^i.  Mais  il  est  beaucouj) 
plus  simple  et  plus  conforme  au  grec  de  penser  que  nous  avons 
ici  le  pronom  wjivi.  La  première  partie  est  devenue  indéclinable, 
comme  cela  est  arrivé  fréquemment  pour  les  composés  de  cette 
sorte.  On  peut  comparer  ce  qui  s'est  passé  en  latin  pour  altemievK 
La  locution  oti^li  xa  X^<,  otiixi  xa  rwaTcii  était  devenue  une 
sorte  de  formule  toute  faite,  qui  n'empêche  pas  le  pronom  'ôa-lis 
de  faire,  dans  la  même  inscription,  au  nominatif  pluriel,  01- 
TINEZ-. 

Si  maintenant  l'on  demande  quelle  est  la  cause  particulière 
qui  a  pu  amener  dans  ces  deux  exemples  la  mutation  de  y  en  |^t, 
je  ferai  remarquer  que,  dans  l'un  et  l'autre,  la  nasale  est  suivie 
d'un  i,  et  que  c'est  peut-être  là  ce  qui  a  produit  le  changement. 
Mais  il  Y  a  encore  une  autre  observation  à  faire  relativement  à 
ovôsyLia. 

Nous  avons  cité  plus  haut  l'exemple  français  venimeux.  Ce  mot 
vient  de  venin,  où  la  nasale  finale  tient  le  milieu  entre  /*  et  m. 
C'est  précisément  ce  qui  avait  lieu  en  grec  pour  ovSév.  Vn  final 
('tait  une  articulation  assez  faible,  qui  pouvait  aboutir  à  une 
sorte  d'anousvàra.  On  ne  s'expliquerait  pas  autrement  la  facilité 
avec  laquelle  un  v  final  se  laissait  assimiler  par  la  consonne 
suivante  :  rbp  PoSiov,  dbX  Xéyovcri,  èa  (jlrjXst,  êX  Aup«T(Tâ5<,  TÔJfx 

'  Lo  (lalif  OTINI  se  trouve  on  dialecle  légéate.  V.  Cauer,  Delertax,  n"  A57, 
I.  ;î8. 

^  Il  esl  peul-èlre  à  propos  de  rap|)elpr  qiio  l'alplialjel  do  Goityiie  n'emj)l()ie 
pas  respn'l  iiido,  coiiiino  il  ijfiioro  aussi  Vco. 


26  M.  BRÉAL. 

•zsoiïjTÔjv,  ovôefi  tSïjfxot,  èy  yvvai^t,  etc.  M.  Blass  cite  très  à  pro- 
pos ie  passage  suivant  de  Marius  Victorinus,  qui  s'applique  égale- 
ment au  latin  et  au  grec  (VI,  16  Keil)  :  rrClari  in  studiis  viri, 
qui  aliquid  de  orthographia  scripserunt,  omnes  fere  aiunt  inter 
m  et  n  litteras  mediam  vocem,  quœ  non  ahhorreat  ah  ufraque 
littera,  sed  neutram  proprie  exprimat,  tam  nobis  déesse  quam 
Graecis  (il  parle  de  l'alphahet  écrit)  :  nam  cum  illi  Sambyx  scri- 
bant,  nec  m  exprimere  nec  n.v  Cette  observation  nest  pas  vraie 
seulement  pour  le  milieu  des  mots,  mais  encore  pour  les  nasales 
finales.  Le  neutre  ovSsv  était  donc  avec  ovSsfxia  dans  un  rapport 
analogue  à  celui  de  venin  avec  venimeux. 

Ha?,  xsâo-a^  TSàiv. 

S'il  est  un  mot  d'origine  pronominale,  c'est  bien  celui-là.  On 
le  fait  ordinairement  venir  d'une  racine  çvâ  tf  se  gonfler» ,  la  même 
qui  a  donné  en  grec  Hvéco,  en  latin  inciens  pour  incuens.  Mais  ni 
la  forme  ni  le  sens  ne  conviennent. 

Le  -sr  de  -nra?  nous  indique  une  provenance  de  même  sorte  que 
'isov^  'zsoi.,  'gj66sv,  isÔTspos,  'zséaos,  'usoîos,  etc.  Il  suppose  im  cor- 
re'latif  rà?  qui  manque,  mais  que,  dans  toutes  les  constructions 
où  l'on  a  -zaras,  l'esprit  doit  supple'er.  C'est  ainsi  qu'en  vieux  fran- 
çais quant  s'emploie  souvent  avec  la  même  valeur  que  tout.  Le 
corre'latif  sous-entendu  est  tant  : 

Et  le  roy  me  dit  que  je  me  teusse  et  il  leur  donrroit  quant  que  je  li 
avois  demandé. 

Joinvilie. 

N'est  pas  or  quant  qe  reiuist. 

Leroux  de  Lincy,  Prov,,  IF,  ^179. 

La  volenté  de  Dieu  a  fait  quanque  elle  a  velu. 

J.  de  Salis)).* 

La  même  suppression  s'est  produite  en  latin  pourfotws,  lequel 
suppose  qn  inusité  quotas.  Cette  absence  n'est  pas  fortuite  :  le 
langage  gagne  en  vitesse  et  en  agilité  à  ces  ellipses. 

Dans  TSa.v'ïci.'Kci.ai  nous  avons  un  redoublement  de  même  espèce 
que  dans  quoquo  modo,  quotquot. 

Quant  à  la  voyelle  initiale  de  âWas,  elle  est  de  même  nature 
que  la  voyelle  initiale  de  ottoios,  ottoo-os. 

Il  resterait  à  déterminer  au  juste  quelle  était  la  forme  primi- 
tive de  ces  pronoms  -zrràs,  *t(xs.  Je  suppose  qu'ils  représentent  un 
ancien  -nri-T?,  tvts. 

'  Voir  le  Dictionnaire  de  Godefroy,  au  mot  quant. 


ÉTYMOLOGIES.  27 

Il  est  possible  qu'une  certaine  emphase  de  la  prononciation  ait 
contribue  à  l'allongement  de  l'a.  Comparez  ce  qui  s'est  passé  en 
allemand  pour  m  et  etji,  en  français  pour  noire  et  nôtre  ^. 

Apvéofxai,  àvaivoixai. 

Au  lieu  du  grec  classique  fxdpTvs,  [xaprupos  tr  témoin  n,  l'in- 
scription de  Gortyne  a  constamment  (jlocïtvs,  ^ahvpos.  Le  mot  ne 
revient  pas  moins  de  vingt  et  une  fois.  Ce  changement  remet  en 
mémoire  une  étymologie  donnée  autrefois  par  ÏEti/tnologicum  ma- 
gnum, et  que  les  linguistes  avaient  unanimement  repoussée. 

Apvéo(i<xi  signifie  ffuierw  et  tf  refuser  n  : 

fi  S' ovT  àpvsîroLi  alvyspov  yâfiov. 

0(1.,  1,2^. 

Èkùi)v  ïjfxctpTOV'  OÙH  âpvyjaoïxai. 

Esch. ,  Prom.,  266. 

D'autre  part,  nous  avons  le  verbe  dvaivopLai,  qui  veut  dire 
K refusera  et  trnierw  : 

Athecrdev  fièv  âvtjvacrdcti ,  hsTfrcuv  S'  vtiohéydai. 

ii.,\n,  93. 

Se  S' àvaiveTOLi  ^Sè  aà  Zàpa. 

/?.,IX,679. 

E{  8s  TSpàs  yévovs  §ô|av  dvaivsi  ^op^icovct  xrjhscriijv,  Ôpa  p.r/  ysXotov 
^  aè  TaÙTa  Xéyeiv. 

Démosth.,  p.  904,  7. 

Il  est  difificile  de  ne  pas  reconnaître  la  parenté  de  ces  deux 
verbes  :  àvaivaptat  contient  un  redoublement,  comme  yoLpyaipco, 
(SoLfxSoLivM ,  'zsctp.Cpa.ivoô.f'aa'irlaivco.  ApvéopLai,  de  son  côté,  a  passé 
dans  la  classe  des  verbes  contractes.  Mais  l'identité  du  sens,  ainsi 
(|ue  la  ressemblance  de  certaines  formes,  comme  àpvri(7op.ai  et 
àvaivrjdopLai ,  comme  vvtjvdfiw  et  rjpvrja-dfxvv,  décèlent  la  com- 
munauté d'origine. 

Entre  àvalvoyiai  et  dpvéopiat  l'inscription  de  Gortyne  présente 
une  forme  intermédiaire.  On  y  trouve  (I,  ii)  l'optatif  àvvlono 
et  (III,  6)  l'aoriste  du  subjonctif  éKa-avvea-STai.  Le  p  a  été  assi- 
milé. Sous  cette  orthographe  je  suppose  (|u'il  se  cache,  à  peu  de 
chose  près,  la  même  prononciation  que  nous  avons  dans  àvaivo- 

*  Dans  un  tôcent  mémoire  intitulé  Die  Ausdriicke  fiir  den  Begi-i£' der  Tutali- 
tàt  (Leipzig,  189/i),  M.  Brugmann  roproduil  son  étymologie  de  -sàs,  dérivé  de 
xvéu).  Nous  regrettons  de  ne  pouvoir  partager  sur  ce  point  i'avis  du  savant  lin- 
guiste, non  plus  que  pour  totu»  et  oiiniis,  dont  il  traite  dans  ie  même  travail. 


28  M.    BRÉAL. 

fÀ(xi.  C'est  ainsi  que  xtéwci),  6(p£kXct),  formes  e'oiiennes,  n'étaient 
probablement  séparés  que  par  une   légère   nuance  de   xt£<W, 

Comment  Vt  s'est-ii  introduit  dans  [xaÏTvs  et  dvocivoixail  C'est 
probablement,  ainsi  que  le  suppose  Brugmann,  un  i  parasite  qui 
s'est  développé  d'abord  devant  le  p.  On  a  dit  fxaîpjvs,  aipvéofjLat; 
puis  il  y  a  eu  affaiblissement  et  extinction  de  Vr.  Meyer-Lùbke 
cite  le  même  fait  pour  l'andalous  ^  et  donne  les  exemples  jaoï^Mero, 
laigo,  seipenton,  apaitate  (^ pour porqiiero ,  largo,  serpenton,  aparlate). 

tlVSpœÏQV. 

Aux  adverbes  de  lieu  âvœ,  xâiw,  s^co,  sotù),  -zspoŒCi),  bnta-ci), 
l'on  peut  joindre  un  ancien  *v'7Tépci),  qui  s'est  conservé  dans  le 
dérivé  vTrepcfitov  ff l'étage  supérieur  d'une  maisons. 

Nous  avons  ici  le  suffixe -<o  emj)loyé  comme  sufiixe  secondaire, 
comme  dans  ^(Oovtoi,  àéptos.  Il  s'est  joint  à  l'adverbe  VTrspco, 
comme  il  s'est  joint  à  l'adverbe  7(^1  travée  forcent  pour  former  l'ad- 
jectif i'(p<o?  tffort-o,  à  l'ancien  locatif  èfxoï  pour  faire  ôixoiïos. 

Pott  et  Curtius  croient  devoir  rapporter  la  deinière  partie  de 
vTrep'vïov  à  la  racine  vas  rrhabitem.  Mais,  en  ce  cas,  la  seconde 
syllabe  serait  longue  à  cause  du  v  initiai. 

iTrTTOTroTajuo?. 

On  a  quelquefois  cité  ce  mot  grec  comme  un  exemple  de  ren- 
versement des  deux  termes.  Mais  je  crois  qu'il  est  plus  simple  d'y 
voir  un  exemple   de  l'effacement  du  j  après  une  nasale  :  Imros 

À  PROPOS   DE  LUDVERBE  aVTCOS. 

Notre  confrère,  M.  Meillet,  a  récemment  proposé  une  étymo- 
logie  ingénieuse  de  l'adverbe  grec  ayxw?,  quand  il  est  pris  dans 
le  sens  du  iaim  frustra.  Mais,  pour  couper  ainsi  le  mot  en  deux, 
pour  séparer  avTcos  tr frustra:?  de  olvtms  ttita^,  il  faudrait  quelque 
nécessité  extrême,  telle  (|ue  l'impossibilité  absolue  de  ramener 
l'un  des  deux  sens  à  l'autre.  Ce  n'est  point,  à  ce  qu'il  semble, 
le  cas.  On  oublie  trop  souvent  le  fidèle  compagnon  du  langage, 
surtout  aux  époques  primitives  :  je  veux  dire  le  geste.  C'est  le 
geste  qui  donnait  chaque  fois  à  avTcos  sa  signification  spéciale. 
Remarquons,  à  ce  sujet,  que  les  exemples  qu'on  cite  sont  pour  la 
plupart  empruntés,  non  au  récit  même  du  poète,  mais  au  dis- 
cours d'un  personnage  mis  en  scène. 

'  Phonétique  romane,  $  li'^b. 


KTVMOLOGIES.  29 

(iuiiimc  liaiKsilioii  d'une  acception  à  l'auUe,  on  peut  prendre 
ce  vers  de  Y  Odyssée  (Xl\,  i5i)  : 

àXX'  èyù)  OVK  aireas  [i.vdrjao{iai ,  àXXà  avv  6pxai, 
es  veTrat  ÔSi/creûs. 

«Je  n'affirmerai  pas  au  hasard,  mais  avec  serment,  qu'Ulvsse 
reviendra,  fl 

Ou  cet  autre  [Odyssée,  XVII,  3 09)  : 

Il  est  question  du  chien  d'Ulysse  qui  reconnaît  son  maître  de'- 
guisé.  Ulysse,  feignant  de  ne  pas  le  connaître,  demande  :  ff  Est-ce 
un  chien  de  chasse,  ou  simplement  un  de  ces  chiens  qu'on  élève 
pour  le  plaisir?^ 

H  airws  oiïoi  ts  Tpcnrsiifss  Hvves  àvhpœv 
riyvovT  .  .  . 

L'analogue  de  ce  txvTcos  se  trouve  dans  certaines  locutions  i'ran- 
çaises  familières  :  r  Je  lui  ai  dit  ça  comme  car  (c'est-à-dire  rrau 
hasard^).  rrVous  le  supposez  comme  car  (c'est-à-dire  rsans 
preuves). 

Une  autre  nuance  se  trouve  //. ,  X,  00,  Agamemnon  parle  des 
perles  qu'Hector  a  fait  subir  aux  Grecs,  comme  cela,  sans  secours 
des  dieux  ni  des  déesses  : 

aiiTùûs,  oire  Q-eâs  vios  (pi\os  ovre  Q-eoto. 

Le  sens  est  commenté  par  l'adjectif  dans  le  vers  de  ï Iliade, 
XXI,  Ix^lx: 

vrjTtiitts ,  TÎ  vv  TÔ^ov  s-)(sis  àvefiùjkiov  aî/Tws; 

ff  Insensé,  pourquoi  portes-tu  comme  cela  un  arc  inutile'N 

Od.,  XX,  879,  il  est  question  d'un  mendiant,  sans  force,  sans 
savoir,  mais  comme  cela  une  charge  pour  la  terre  : 

ovhé  Tt  êpytov 
éfjLTTCLiov  ovhè  ^iiis ,  àW  a\)T005  o-y^os  dpoiipyjs. 

C'est  ce  passage  et  quelques  autres  semblables  qui  ont  fait  at- 
tribuer à  notre  adverbe  le  sens  de  ploltïjv.  Mais  nous  dirons  une 
fois  de  plus  qu'il  ne  faut  pas  toujours  chercher  dans  les  mots  ce 
que  la  signification  générale  de  la  phrase  y  fait  entrer  :  sans 
compter  que  fiaTvv  serait  singulièrement  déplacé  dans  quelques- 
uns  de  ces  exemples.  Que  signifierail-il  dans  se  vers  (//. ,  VI, 
A 00)  : 

'srfiîh'  èiri  kô^-kcç  éyova  àza^^i^povct ,  vtJTriov  at/TOJs. 

Ernesti  Iraduit  infanlem  adeo,  et  c'est  en  eflet  quelque  adverbe 
à  sens  vague  comme  adeo  qu'il  faut  chercher  ici. 


30  M.   BRÉAL. 


LA   VOYELLE  DU   PARTICIPE   PRESENT  EX   LATIN. 

Un  point  par  où  le  lalin  s'écarte  visiblement  du  grec,  c'est  en 
ce  qui  concerne  la  voyelle  du  participe  pre'sent  :  ferent-  en  latin, 
(pspovT-  en  grec.  Les  seules  exceptions  sont  les  cas  indirects  de 
iens  et  quiens,  qui  font  euntis  et  queuntis. 

On  a  cherche'  à  grossir  le  nombres  des  survivants  de  la  forme  en 
ont.  On  cite  ordinairement  le  substantif  w/wMfrts,  qu'on  fait  dé- 
river de  volunl-i-tas.  Mais  il  y  a  à  cela  plusieurs  objections.  D'abord  , 
la  forme  volens  est  la  seule  employée,  la  seule  connue.  Ensuite, 
un  participe  volens  ou  voluns  aurait  fait,  sans  voyelle  de  liaison, 
vokstas  ou  voluslos,  comme  on  a  egestas  [^our  egent-tas)  e[  potes-tas 
{Tpour  potetit-tas).  Enfin,  le  suffixe  tas,  qui  se  joint  ordinairement 
à  des  substantifs  {tempes-tas,  civi-tas)  ou  à  des  adjectifs  (liber-tas, 
nohili-tas),  ne  vient  s'ajouter  à  un  participe  que  si  ce  participe  a 
pris  la  valeur  d'un  adjectif  :  c'est  précisément  le  cas  pour  potens 
et  e^ens^.  J'ai  expliqué  autrefois  voluntas  comme  dérivé  du  sub- 
stantif volo  [génilif  volônis)  et  je  crois  devoir  persévérer  dans  cette 
explication. 

Quant  à  voluntarius,  c'est  un  dérivé  de  voluntas,  inventé  pour 
faire  pendant  à  necessarius. 

Un  autre  prétendu  survivant  serait,  s'il  fallait  en  croire  quel- 
ques linguistes,  l'adjectif  sow5  rr coupable w.  Sotis  ne  serait  autre 
chose  que  le  participe  présent  du  verbe  ffétre:^.  Il  y  faudrait  donc 
voir  un  doublet  de  setis,  que  nous  avons  dans  ah-sens,  prœ-sens, 
[DU)  consentes.  Le  coupable  serait  désigné  comme  étant  ff  celui 
qui  TestT).  Il  faut  avouer  que  Tellipse  est  forte  :  la  traduction 
exacte  serait  d'ailleurs  r  celui  qui  estw.  Nous  ne  croyons  pas  qu'il  y 
ait  lieu  de  s'arrêter  à  celte  fantaisie. 

Les  deux  derniers  exemples  qu'on  donne  sont  lucuns  ^  sorte  de 
gâteau ^5  eijlexuntcs,  l'ancien  nom  donné,  selon  Varron  cité  par 
Servius^,  aux  cavaliers  romains. 

Il  est  difficile  de  rien  dire  dé  certain  sur  l'origine  de  lucuns. 
Curtius  le  rapproche  de  luxus  (grec  Xo^ôs),  luxare,  licinus;  mais 
c'est  une  pure  hypothèse,  qui  ne  prouverait  encore  rien  pour 
l'existence  d'un  verbe.  On  peut  aussi  bien  le  faire  venir  du  grec 
Xevxos,  à  cause  de  la  couleur  de  la  farine,  ou  mieux  encore  de 
yXvKvs,  yXvxôets. 

Quant  à  Jlexuntes,  il  n'y   a   aucune  raison  de  révoquer  en 

'  Avec  les  participes,  le  latin  emploie  ordinairement  le  suffixe  secondaire  -ia  : 
beiievolentta ,  reverentia ,  negUgentia,  scientia,  igitorantia,  tolerantia ,  etc.  D'après 
ce  modèle,  volens  aurait  fait  volenlia,  et  non  voluntas. 

^  Servius,  ad  Mn.,  IX,  606  :  ffEquiles  apud  veteres  jl^xnntes  vocabanlur, 
sicut  ait  Varro.«  Cf.  Bechstein,  dans  les  Studien  de  Curtius,  VIII,  p.  Sig. 


ÉTYMOLOGIES.  31 

doute  ie  témoignage  de  riiistorien  Granius  Licinianus,  qui  dit  : 
'(Flexunles  a  génère  pensilium  corrigiarum  vocabant  veteres,  quos 
Homeri  Nestor  (Bosious  î^dvTots  dicit.  «  Ce  n'est  donc  pas  le  par- 
ticipe présent  de  quelque  verbe  primitif,  mais  le  dérive'  d'un 
terme  d'e'quipement.  Celle  explication  est  confirmée  par  la  glose 
d'Hésychius  ;  ^Xs^svtiïjs'  î-mriKri  id^i?  Tsapà  Vcofialois.  Joignons- 
y  aussi  le  témoignage  de  Pline  (XXXIII,  9),  qui  dit  que  les  ca- 
valiers à  Rome  s'appelaient  d'abord  celeres,  plus  tard  Jtexutnines^. 

Tels  sont  les  seuls  exemples  qu'on  a  pu  réunir.  Comme  on  le 
voit,  après  examen  ils  se  réduisent  à  deux,  eunt-  et  queunt-,  où 
ïu  a  sa  raison  d'être  dans  la  voyelle  dont  il  est  précédé. 

Je  n'en  veux  pas  conclure  que  le  participe  présent  ne  fût  pas 
primitivement  terminé  en  ont.  Je  crois  seulement  que  de  bonne 
heure,  en  latin  et  dans  les  autres  langues  italiques,  la  voyelle, 
en  cette  position,  est  devenue  indistincte.  C'est  ainsi  que  ferundiis , 
repetundus  sont  de\enus  fer endus ,  repetendus.  C'est  ainsi  qu'à  sunt, 
troisième  personne  du  pluriel,  correspond  sent  en  osque. 

Nn  changé  en  nd. 

Pendant  <ju  on  cherche  dans  les  dialectes  italiques  et  dans  les 
langues  germaniques  des  exemples  de  nni  ou  nn  changé  en  nd, 
on  oublie  de  mentionner  l'italien  andar,  dérivé  de  annar,  amnar. 
La  genèse  des  différentes  formes  de  ce  verbe,  que  le  fréquent 
emploi  a  singulièrement  altéré,  se  trouve  fort  bien  indiquée  par 
M.  Paul  Marchot,  dans  l'un  des  derniers  numéros  de  la  Bevuc  des 
langues  romanes  (1898,  p.  i/i6).  Je  transcris  ici  ce  tableau  en 
supprimant  les  formes  purement  supposées  : 

Ambulare 


roum.  îmbla,  umbla  ladin  amnar 

I 

ital.  et  provençal  annar,  allar 

I 

andar 

Le  latin  operandum  est  avec  Tosque  upsannum  dans  le  même 
rapport  que  andar  avec  annar. 


'   Dans  ce  dernier  mot,  qui  ost  prohabiemcnl  altéré,  je  soiipçonno  une  lorniu 
analogue  à  Picumnus,  Pilumnun. 


32 


Manifestus. 

Parmi  les  juxtaposés  ayant  pris  de  bonne  heure  en  latin  l'ap- 
parence d'un  composé,  il  faut  placer  manifestus,  qui  fait  si  bien 
rimpression  d'un  ensemble  inséparable  qu'il  a  donné,  dès  l'épocjue 
classique,  un  adverbe  manifesto  et  un  verbe  manifestare. 

La  forme  ancienne  est  mamifestus,  lequel  contient  un  ablatif 
manu  et  un  participe  yj-stos  (du  \evhe  fmdo)  rr  saisi  à  la  main  71. 
Fur  manifeslus  est  le  voleur  pris  la  main  sui'  le  fait. 

On  a  des  juxtaposés  analogues  dans  manufactus,  manumissus, 
cl  avec  suppression  de  la  voyelle,  manceps,  mansuetiis.  C'est  dans 
la  langue  du  droit  que  mamifestus  a  manifestement  pris  naissance. 


i  ersicolor,  jluxipedus. 

Les  composés  latins  comme  versicolor,  versifonnis,  versipellis ,  ou 
comme  Jlcxipes ,  Jlexanimus ,  ou  encore  comme  Jluxipedus  ont  l'air 
de  contenir  pour  premier  membre  un  participe  passé.  Mais  je 
crois  que  ces  mots,  qui  sont  évidemment  d'origine  savante,  re- 
présentent un  effort  l'ait  par  les  poètes  et  les  écrivains  pour  tra- 
duire les  compos(*s  grecs  tels  que  dixei>^i)(^poo5,  npvi^îvooç^  (ptkn- 
cr {(xo'Xttos ,  éAKeaiTTSTrXos,  èp£i-^hoiyo5 ,  âXe^/xaxo?,  Xvanekris, 
(pdtcTifxëpoTOs,  c'est-à-dire  des  composés  oii  le  premier  terme  est 
un  noui  abstrait  en  ais. 

On  sait  que  ces  composés  grecs  ont  beaucoup  embarrassé  les 
linguistes.  Tour  à  tour  on  a  voulu  y  voir  un  verbe  au  présent, 
un  participe  ou  encore  un  nom  d'agent.  Mais  c'est  méconnaître 
l'évidence  (|ue  de  ne  pas  voir  dans  des  mots  comme  Tsp^i^opos, 
<p9i(Ti(x€poT05,  les  substantifs  abstraits  T£p\|/<?,  (pOiais.  L'explica- 
tion de  ces  mots  doit,  selon  moi,  être  cherchée  dans  une  dis[)o- 
sition  particulière  de  l'esprit  populaire.  Le  peuple  aime  à  em- 
ployer les  grands  mots,  les  mots  abstraits,  car  ils  ont  quelque 
chose  qui,  par  son'  étendue,  plaît  à  l'imagination  et  amplifie 
l'idée.  Un  lutteur  s'appellera  rda  Terreur  de  Marseille;  une  es- 
()èce  particulière  de  rose  ff  le  Triomphe  de  Dijomr.  De  même  chez 
les  Grecs,  une  statue  placée  dans  le  cirque  d'Olympie  s'appelait 
rapa^tTrTto? ,  c'est-à-dire  ('Tépouvante  des  chevaux^.  Le  sauveur 
d'une  ville  était  ctcjûctitvoXis  trie  Salut  de  la  citén. 

\  ersicolor   est  donc    une   imitation  littérale   de   à[xef^i)(^poos 
Jlexipes  traduit   Kaii-i^îirovç^  Jluxipedus  rappelle  de  loin  éXxeai- 

TlS.Tl'koS. 

Mais  il  y  a  cette  différence  qu'en  grec  ces  sortes  de  composés 


ÉTYMOLOGIKS.  33 


sonl  d  un  emploi  aiitiL'ii,  (juils  sont  toujours  restes  en  usa;;e, 
jfràce  surtout  aux  noms  propres  comme  Aytja-lXaos,  AXs^ntvSpos , 
\aixa.(Ti-mro5 ,  YlpaçneAtis ,  Ilsia-ialpaTOs ,  au  lieu  que  les  mots 
latins  pre'cile's  sont  demeure's  à  Tetat  d'essais  isolés  et  mal  compris. 


SUBSTANTIFS   DEVENUS  ADJECTIFS.  Rudis. 

ffll  est  un  ^Qu  fruste  de  manières.  —  Ce  style  /rmic,  signe 
d'une  haute  antiquité. 7>  Ainsi  parlons-nous  aujourd'hui,  ayant 
fait  du  sul)stantif /n/s.^e  rrdéhrisn  [lalm  frustum  rr morceau^)  un 
adjectif.  C'est  des  antiquaires  et  des  numismates,  prohahlemenl 
par  l'Italie,  que  l'expression  nous  est  arrivée^.  rrDiognète,  dit  La 
Bruyère,  sait  d'une  médaille  le  fruste,  le  feloux  et  la  fleur  de 
coin.» 

L'idée  exprimée  par  notre  irancais  fruste  est  une  de  celles  qu'on 
indique  volontiers  au  moyen  d'une  métaphore.  Toutes  les  langues 
possèdent  leurs  objets  de  comparaison  pour  exprimer  les  diff"é- 
rents  défauts  de  l'intelligence  et  du  caractère.  Si  ces  objets  sont 
l"rét[uemment  cités,  de  substantifs  ils  deviennent  adjectifs. 

Rudis  a  été  un  substantif  à  l'origine.  Il  désignait  la  baguette 
non  dépouillée  de  son  écorce.  De  là  ruditas  ff  l'état  brut  du  boisai, 
erudire  ft  dégrossirai.  Du  substantif  est  sorti  l'adjectif  rwJî's  ffbrut, 
inculte"^.  Lorsque  nous  disons  familièrement  d'un  homme  :  f? C'est 
une  bûche,  c'est  une  souche'",  nous  parlons  comme  les  Latins. 

Quand  ia  sémantique  occupera  dans  nos  études  la  place  qu'elle 
mérite,  on  pourra  faire  un  travail  intéressant  en  assemblant  les 
substantifs  devenus  adjectifs.  Dans  les  ordres  d'idées  les  plus  di- 
vers, ces  substantifs  nous  révèlent  les  objets  qui  ont  servi  de  type 
pour  dénommer  une  manière  d'être  ou  une  qualité.  Nulle  part 
on  ne  verra  mieux  où  va  puiser  de  préférence  l'esprit  populaire. 

L'ombrien  arvia  «les  entrailles". 

En  relisant,  à  vingt  ans  de  distance,  un  texte  qui  vous  a  oc- 
cupé autrefois,  plus  d'un  détail  peut  vous  apparaître  sous  un  jour 
différent.  C'est  ce  qui  m'arrive  en  ce  moinenl  pour  les  Tables 
Eugubines. 

Ln  mot  dont  je  demande  à  reviser  la  traduction  est  le  mot 

'  Le  mol  doil  donc  l'-lre  classé  parmi  i(>s  termes  d'origine  savante.  Mais  il  y 
avait  déjà  en  vieux  français  un  adjectif /cas;  ou  froiiKl ,  qui  signifiait  ff  ruiné". 
Kx.  (rLne  petite  maison  Irouste  et  gaste.^  —  ff  Moulin  irosl.i  —  «Itéra  une 
vigne.  .  .  laquelle  est  à  présent  frouste.i  De  \kfroutis  dans  le  sens  de  «décombres, 
ruinesn.  (Voir  le  Dictionnaire  de  Godefroy,  «.  v.) 

HKM.    LINf..  IV.  .'^ 


3A  M.   BRÉ.VL. 

mma,  mot  important,  car  il  revient  quarante-quatre  fois  dans  ce 
rituel.  Voici  ce  que  j'écrivais  en  1876  : 

r  Rien  ne  semble  plus  naturel  que  de  rapprocher  le  lalin  harn.. . 
Mais  il  y  a  un  passage  qui  s'oppose  d'une  façon  inmicihle  à  cette 
traduction.  C'est  II  a  18,  oii  il  est  question  des  fournitures  à 
faire  pour  le  sacrifice  annuel  d'un  chien ...  Or  les  deux  premiers 
objets  mentionnés  sont  :  Katlu  (catulum),  arvia.  .  .Ce  passage 
(ajoulais-je)  est  décisif.  .  .  -n  Devant  cet  obstacle,  j'ai  cru  devoir 
me  tourner  d'un  autre  côté,  et  proposer  pour  arvia  une  autre  in- 
terprétation. 

L'obstacle  a  paru  invincible  aussi  à  M.  Bûcheler,  qui,  faisant • 
de  arvia  un  dérivé  de  arvum,  y  a  vu  les  productions  des  champs, 
frumenta^.   Il  applique  en  passant  l'adjectif  ineptus  à   ceux  qui 
pourraient  être  tentés  de  penser  aux  entrailles  de  la  victime. 

J'en  courrai  le  risque.  Ce  qui  me  paraissait  impossible  autre- 
fois, ce  qui  parait  encore  impossible  à  M.  Biicheler,  s'explique 
d'une  façon  très  simple. 

La  Table  11  énumère  les  objets  à  fournir  par  l'adfertor  ou  pro- 
curateur d,u  sacrifice.  Au  lieu  de  dire  qu'il  a  à  fournir  les  entrailles 
d'un  chien,  ce  qui  ne  laisserait  pas  que  d'être  assez  bizarre,  le 
texte  emploie  la  construction  parataclique.  En  français  nous  met- 
trions une  parenthèse  : 

«Un  chien  (les  entrailles). ■« 

Ces  sortes  de  constructions  ne  sont  pas  sans  exemple  en  lalin. 
En  voici  un  spécimen  tiré  de  Tite-Live  :  fcQuod  senatus  juratus 
maxima  pars  censeat.  .  .  -^ 

Cette  difficulté  une  fois  écartée,  le  sens  en  question  est  celui 
qui  convient  le  mieux  dans  les  quarante-quatre  passages.  L'abla- 
tif ^rî^es  est  ordinairement  associé  à  aâepes  ^  aâipihm  ff  la  graisse?). 
Nous  savons  que  la  part  offerte  à  la  divinité  dans  les  sacrifices 
antiques,  c'est  la  graisse  et  ce  sont  les  entrailles  de  la  victime. 
D'autre  part,  la  forme  grammaticale  ne  s'explique  pas  moins  na- 
turellement :  il  y  faut  voir  le  pluriel  de  haru  ou  plutôt  de  harve. 
'Lli  est  tombée  comme  dans  arvina,  arvilla,  aruspox. 

Il  est  juste  d'ajouter  qu'autrefois  Otfried  MûUer  et  Hnschke 
n'avaient  pas  eu  les  mêmes  scrupules  et,  guidés  par  le  sens,  avaient 
traduit  sans  hésiter  par  tcexta^^.  Aufrecht  et  KircbhofT,  selon  leur 
méthode  prudente,  laissent  le  mot  en  blanc-. 

Nous  venons  de  parler  de  construction  paratactique.  Une  con- 
struction toute  semblable  se  présente  III,  Sa.  Nous  y  lisons  :  Vvem 
pedaem  pelsanu  feitu.  Il  n'est  pas  nécessaire  de  faire  rapporter  pe/- 

*  Umhrica,  p.  62» 
MI,  p.  175. 


ÉTYMOLOGIES.  35 

sanu  à  uvem,  ce  qui  obligeait  à  conside'rer  ce  dernier  comme  un 
masculin.  C'est  la  même  construction,  c'est-à-dire  le  pluriel  neutre 
pelsami  (les  parties  de  la  victime  destine'es  à  être  cuites)  en  ap- 
position avec  uvem  pedaem. 

L'étrusque  vacl. 

Sur  un  miroir  étrusque  souvent  publié  (Gerhard,  III,  22, 
tab.  XXXVII;  Fabretti,  9/18^)  se  trouvent  deux  figures  mytholo- 
giques accompagnées  de  deux  noms.  L'une  des  deux  figures  porte 
le  nom  de  Pl'^OMaitl,  Menrva,  c'est-à-dire  Minerve.  L'autre  lé- 
gende a  été  lue  V>3'^fl^fl>),  Lasa  Vécu. 

Je  crois  que  la  dernière  lettre  n'est  pas  un  V,  mais  un  J,  en 
sorte  qu'il  faut  lire  Lasa  Vecl. 

Si  cette  lecture  est  la  vraie,  il  y  aura  lieu  de  rapprocher  le 
mot  vacl,  qui  revient  dix-neuf  fois  dans  le  manuscrit  d'Agranr 
Ainsi  le  caractère  religieux  de  ce  texte  recevra  une  importanto 
confirmation. 

Le  nom  de  Lasa  est  connu  par  différents  monuments  étrusques, 
oiî  il  sert  à  désigner  des  êtres  mythiques  :  Lasa  Racuneta  (Ger- 
hard, t.  CLXXXl),  Lasa  Silmica  [ibid.,  CXV),  Lasa  Th'unrae 
[ibid.,  CLXXXl).  Il  semble  que  ce  soient  des  génies  d'ordre  infé- 
rieur, placés  sous  les  ordres  des  grands  dieux,  comme  les  ancvli 
chez  les  Romains  :  ils  portent  à  la  main  des  objets  de  toilette, 
ou  un  style  pour  écrire,  ou,  comme  ici,  une  branche  fleurie. 
La  plupart  du  temps,  ils  sont  ailés,  d'aspect  tenant  le  milieu 
entre  le  jeune  homme  et  la  jeune  fille. 

Le  personnage  appelé,  selon  nous,  L^asa  Vecl  est  une  figure 
ailée,  vêtue  jusqu'à  mi-jambe,  ayant  l'apparence  d'un  génie.  A  la 
main  il  tient  une  fleur,  un  épi  ou  une  branche  de  feuillage  qu'il 
a  l'air  de  présenter  à  Minerve. 

Quand,  dans  le  texte  d'Agram,  on  examine  les  dix-neuf  pas- 
sages où  vacl  est  employé,  on  voit  qu'il  est  surtout  accompagné 
des  mots  suivants  : 

6ezivacl{m,  ih): 
vacl  Qeznm  (V,  16); 
Qezin  fer  vacl  (  VIII ,  1  G  )  ; 
vacl  arjlereri  (  \  Itl ,   10); 
Bezi  vacl  an  (III,  i5); 
vacl  nunOeti  Oesan  (V,  19), 

Le  même  mot  vakl  a  été  reconnu  par  Deecke  dans  une  in- 
scription funéraire.  (Fabretti,  2o33  bis,  8  a,  ligne  5.) 

Connue  Jler,  Jlereri  exprinif  une  idée  de  consécration  (c'est 
un  des  rares  mots  dont  nous  sachions  le  sens),  Thypotlièse  que 

3. 


36  M.  lîUÉAL. 

vacl  est  un  mot  de  la  langue  religieuse  gagne  encore  en  vraisem- 
blance. 

Quant  à  Oezan ,  Besan,  c'est  un  nom  de  divinité'  féminine  connu 
depuis  longtemps^  (Fabretti,  2097,  9Û77,  2oi3  6»s.) 

A  <  Cl)  X  (W  >  poursuivre  n . 

Le  rapport  du  verbe  grec  Si^ko)  f  poursuivre  15  et  de  Thomé- 
rique  SU^iai  (même  sens)  n'a  pas  été  expliqué  jusqu'à  présent. 
Cependant  il  n'est  pas  douteux  qu'ils  soient  apparentés. 

Je  crois  qu'il  n'est  pas  impossible  d'en  établir  la  filiation. 
Parmi  les  diverses  variétés  du  parfait  grec  en  xa,  il  s'en  trouve 
une,  peu  nombreuse,  mais  comprenant  des  verbes  importants, 
(jui  fait  précéder  la  syllabe  xa  d'un  u.  Nous  avons  : 

à(pîtjfxi  dorien  â<psvxix 

dX  1(7X0  fjtai  éotXcoxa 

êOi%co  lesbien  evéO^oxa 

TslTrloj  "sréTrlcoxa 

(pBeipw  chez  Sophron     àXtCpôspcoxei 

Or  on  sait  que  certains  aoristes  ou  parfaits  en  xa  ont  produit, 
par  une  sorte  de  bouture,  toute  une  conjugaison  nouvelle.  C'est 
ainsi  qu'on  a 

de  sScjxa  Soôxv- 

é'a-lijxa,  arlrjxct) 

SéSotxa.  SeSoîxct),  etc. 

Ceci  nous  explique  le  rapport  entre  le  verbe  StSfxai  et  Sid^xa). 
L'intermédiaire  a  été  un  aoriste  *êSicoxa.  ou  un  parlait  ^SsSiooxot., 
formé  coinme  à(pécoxa,  édXwxa.. 

UN    EMPLOI   PARTICULIER  DU  COMPARATIF. 

Un  effet  assez  extraordinaire  que  peut  produire  en  grec  le  suf- 
fixe du  comparatif,  c'est  de  changer  un  substantif  en  adjectif. 

Ainsi  le  mot  àypôs  'fchampi^  donne  un  adjectif  àypÔTSpos 
T agreste,  sauvagew.  C'est  l'épithète  donnée  dans  Homère  à  di- 
vers animaux  : 

àypoiépas  éXd(povs, 

àypOTSpOl  (TU£?, 

alyas  otyporépas , 
V[xi6vcov  dypoTepdcov. 

'  Malgré  la  dilïérence  de  s  et  de  2 ,  nous  croyons  que  Oesan  est  ie  même  mol 
que  deznin,  dezi. 
^  Cypriote  êûxoie. 


KTVMULOGIES.  37 

De  même ,  B-eos  -  dieu  ^  a  fait  S-eo^repo?  r  divin  ^^  :  dans  ï Odyssée 
(XIII,  1 1 1),  la  grotte  des  Nymphes,  à  Ithaque,  est  de'crite  comme 
ayant  deux  portes.  L'une  est  pour  les  hommes,  l'autre  est  la  porte 
des  dieux  : 

A/  (lèv  'zspos  Bopéao  xaTaj^araî  àvOpùoTioiatv, 
Ai  8'  aw  irrpôs  Nôtou  eiVi  Q-scorspai. 
ji 
Opos  cf  montagne  75  a  donné  opscriepos  mionticolan.  OcL,  X, 

219  :  AfxÇi]  Se  fJLiv  XvKOi  ^aav  opsalspoi  rjSè  Asévres.  IL,  XXII, 
93  :  Apdxcov  bpéalepos. 

Oirkov  frarmew  a  donne'  biïXô'ztpos  ren  état  de  porter  les 
armes'',  et  par  suite  rrjeund.  //.,  III,  108  :  klû  S'  biTAoïépoûv 
dvSp'ûJv  (ppévss  t]'spé6ovTat.  La  valeur  du  comparatif  est  encore 
sentie  quelquefois  :  //. ,  IV,  82 5.  A/;^fzàs  S'  a/;^|^iao-<Toycrr  vecoTS- 
poi,  o'iTrep  è[J.£Îo  OnXoTSpoi  ysydeta-i,  tssTTOidaaiv  ye  ^ir]<piv.  Au 
sens  de  tfjeune-^,  l'adjectif  peut  aussi  se  rapporter  à  une  femme. 
Od.,  III,  665  :  ^éalopos  OTzXoTaTYj  B-vyâTtjp. 

AïjfjiOf  ff peuple-^  a  fait  Sriiiô-zspos  "pubiicus''.  Antliol.  Pal.,  IX, 
698  :  E^e/j^taTO,  ovts  ^ôXrjos^  Oîjts  ti  S^ixorépois  yjprjyLaaiv, 
àkV  iSloii. 

Eap  rprintempsfl  a  donné  éaprepos  tf printaniem.  Nicand. 
Tlier.,  38o  :  Hpocrds  (3oïjs  tstI tyos  éaprépou. 

Buttmann  (S  69,  rem.  8)  ne  croit  pas  que  ce  soit  le  suffixe  du 
comparatif.  Mais  il  n'y  a  aucune  raison  d'admettre  deux  suffixes 
Tspos.  Le  comparatif  est  à  sa  place  toutes  les  fois  qu'il  y  a  une 
idée  de  comparaison  ou  de  dualité,  soit  exprimée,  soit  simple- 
ment sous-entendue  dans  l'esprit.  Mais  aussitôt  qu'il  y  a  compa- 
raison, le  substantif  prend  quelque  chose  de  la  nature  adjective. 
Nous  disons  de  même  en  français  :  Ce  chapeau  est  plus  campagne. 
—  Ce  vêtement  est  plus  cérémonie. 

C'est  d'après  un  principe  analogue  qu'ont  été  formés  vfxérspos, 
ùixérepos,  a-ÇieTepos,  et  en  latin  noster,  vester;  car,  à  prendre  les 
choses  dans  leur  rigueur,  les  mots  signifiant  r  nous,  vous-^  ne  sont 
pas  susceptibles  de  comparatif. 

Il  s'est  passé  quelque  chose  de  pareil  pour  le  suffixe  icov. 

KépSos  r  gain  57  a  donné  l'adjectif  neutre  xépSiov,  qui  signifie 
fplus  ulile-^.  Le  superlatif^  «£p<5'<(T7o»  a  pris  le  sens  de  r-calli- 
dissimusTi.  //. ,  VI,  i53  :  "EvOa  Se  ^icrvÇios  éVxer,  à  xépSialos 
yév£T'  dvSpôov. 

De  même  xriSos  rsoin,  soucia  a  fait  xtiSialos  rcher».  EXey;(^os 
r  opprobres  a  donné  £kéyyj.(/io$  "  le  plus  digne  d'opprobre -1.  Pour 
expliquer  ces  comparatifs  et  superlatifs,  on  a  supposé  des  positifs 
sortis  de  Tusage.  Pour  explicjuer  a.i(Tyjio)v.  oCla-x^icrlos.,  Ton  admet 
que  l'adjectif  aîa-^pôs  a  perdu  son  p.  C'est  faire  trop  peu  de  cas 
de  la  force  Imaginative  qui,  chez  tous  les  peuples  et  à  tous  les 


38  M.   BRÉAL. 

à»cs,  continue  de  renouveler  et  d'enrichir  le  langage.  Ne  lisons- 
nous  pas  chez  Racine  : 

Un  exécrable  Juif,  l'opprobre  des  humains. 

L'onidistique  ou  langue  des  injures  invente  tous  les  jours  des 
métaphores  où  le  substantif  devient  adjectif. 

Deux  mots  grecs  qu'il  n'est  guère  possible  de  séparer  sont  les 
deux  mots  àyLCt^nôs  tf  route  de  chars i:  et  dTtxpTrnôs  rr  route  de 
piéton,  sentier w.  Quelle  que  soit  l'élymologie  adoptée,  il  faut  que 
l'analyse  grammaticale  donnée  pour  l'un  convienne  pour  l'autre. 
Or,  s'il  est  possible  à  la  rigueur  d'expliquer  le  premier  de  ces 
mots  par  a^a^a.  'fcbani  et  h6s^  participe  du  verbe  £?f/<  cr  allern, 
comme  le  fait  Brugmann,  cela  ne  se  peut  pour  l'autre.  On  doit 
donc  renoncer  à  voir  un  composé  dans  àyLCt^nôs. 

Des  deux  côtés  nous  devons  voir  des  dérivés.  On  a  d'ailleurs 
dfxa^cuos ^  àfxa^iaïos,  qui  ont  le  même  sens,  et  oii  il  est  impos- 
sible de  chercher  un  verbe  signifiant  cr  aller  w. 

/Egrotus. 

On  s'est  demandé  souvent  d'oii  venait  l'ô  de  l'adjeclif  latin 
œgrolus  :  car  la  langue  latine  n'a  pas  de  verbes  en  oo.  Curlius  a, 
comme  on  sait,  réuni  les  formes  qui  pourraient  meltre  sur  la 
piste  d'une  conjugaison  de  celte  sorte;  mais  les  traces  qu'il  a  re- 
levées sont  peu  nombreuses  et  incertaines.  On  sera  sans  doute 
plus  près  de  la  vérité  si  on  se  rappelle  que  la  langue  de  la  méde- 
cine, chez  les  Romains,  est  pleine  de  termes  d'origine  grecque, 
soit  arrivés  directement  à  Rome,  soit  transmis  de  proche  en 
proche  par  divers  intermédiaires.  Or  la  médecine  grecque  fait 
grand  usage  de  mots  oii  Vœ  est  la  voyelle  figurative.  Je  mentionne- 
rai, à  titre  de  spécimens  : 

dyKvXôoa-is  rr  ankylose  r» , 
ëXn'-jjais  ff ulcérations, 
vé>cpo)ari5  tf  mortification  -n , 
KoXoËcoa-is  tf  mulilatiomi, 
TffrfpctXTts  tf  privation  d'un  membres, 
vdpKcoais  tf  torpeurs, 
■î«Tt;p(Wo-<?  tf  inflammation  r> , 
crlpéëXcoa-is  tf  distorsion  v , 
ruÇ>Xooa-t5  ft  cécités. 

Il  y  faut  joindre  les  substantifs  comme  al  péêX^oixa  tt  foulures, 


ÉTYMOLOr.IES.  39 

é'Xxcj(xa  r  ulcère  w;  les  adjectifs  comme  vapxvSijs  r  engourdi  w , 
'srvpœSvs -,  -zsvpeTooSiis  tr  fiévreux  t^. 

C'est  à  rimitaliou  de  cette  nombreuse  famille  qu'a  été  forgé, 
à  ce  que  je  crois,  le  latin  œgrôtus.  Les  malades,  à  Rome,  avaient 
donc  cette  consolation,  dont  jouissent  encore  nos  névropathes  et 
nos  hydarthriques ,  d'être  désignés  d'un  nom  quelque  peu  coloré 
de  grec.  Peut-être  y  avait-il  aussi,  dans  la  langue  des  médecins, 
un  œgroma  ou  une  œgrotio  pour  désigner  la  maladie. 

La  transmission  savante  ne  s'est  pas  arrêtée  là,  car  notre  mé- 
decine moderne  s'est  gardée  de  laisser  éteindre  cette  formation. 
Au  contraire!  à  côté  de  la  chlorose,  de  la  névrose  et  d'autres  noms 
grecs  plus  ou  moins  authentiques,  elle  a  créé  la  scrofulose  et  la 
tuberculose.  C'est  l'analogie  qui  continue  son  action. 

Stràges. 

"La  parenté  de  stringere  et  de  strâges  me  paraît  chose  évidente. 
Strâgem  dure,  c'est  refaire  un  abatis?7.  Stringo  est  l'expression 
technique  pour  tailler  et  couper  les  arbres. 

Rego,  apx<o. 

Sénèque,  dans  son  traité  de  la  Colère  ^  cite  un  proverbe  grec 
dont  le  sens  est  que  nul  ne  sait  commander  s'il  n'a  pas  appris  à 
obéir  : 

Nemo  regere  potest ,  nisi  qui  el  régi.    . 

La  forme  grecque  de  la  même  maxime  est  : 

OvH  ëaliv  £v  âpysiv  rov  [xr}  àpyOévra. 

Les  deux  verbes  rego  et  apx<w  se  sont,  dans  les  deux  langues, 
beaucoup  écartés  l'un  de  l'autre,  tant  pour  les  significations  que 
pour  la  forme.  Mais  ici  le  génie  populaire  les  a  employés  dans  le 
même  sens,  de  sorte  qu'ils  se  retrouvent  en  présence,  fidèles  re- 
présentants d'une  même  idée,  comme  ils  sont  fils  d'une  même 
racine-. 

Clandestinus. 

Cet  adjectif  est  évidemment  un  produit  de  l'analogie.  Mais  en- 
core faut-il  reconnaître  sur  quel  modèle  il  a  été  fait. 

Corssen  rapproche  vcspertinus  et  matutinus  :  mais,  outre  que  l's 
n'est  pas  bien  expliqué,  le  mot  en  question  exprime  une  idée  de 
qualité,  et  non  une  idée  de  temps. 

'  II,  i5. 

-   Voir  ces  Mémoires,  M,  i  3G. 


^lO 


M.    BKliAL. 


Je  crois  (jue  la  l'oriuatiou  e.-it  un  peu  aulre.  Jl  a  clé  lait  sur  le 
modèle  de  intestinus^,  dont  le  sens  est  fort  proche.  Des  troubles  in- 
testins et  des  mene'es  clandestines,  cela  n'est  pas  loin  Tun  de 
Tautre.  Le  primitif  est  probablement  un  Ad\erhe"clam-(hiin  (comme 
inter-dum)  ou  *clam-deiH  (comme  iti-dem). 

Volvendus. 

Le  Tpartïci^e  volvendus  parait  avoir  conservé  plus  longtemps  que 
les  autres  participes  en  dus  une  signification  exempte  de  toute 
ide'e  d'obligation  : 

Glans  etiani  iougo  cursu  volvenda  liquescit. 

Lucr. ,  VI,  179. 

Que  volvenda  uiicant  eeterni  sidéra  mundi. 

IL,  V,  5iG. 

Turne ,  quod  optanti  Divuin  promittere  nemo 
Auderet,  volvenda  dies  en  atlulit  ullro. 

/En.,  IX,  6. 

Et  même ,  en  prose  : 

Venins  volvendo  puivere  aciem  ademit.  (Liv.) 

Si  nous  nous  demandons  quelle  peut  être  la  cause  de  cet  ar- 
chaïsme (car  on  sait  que  Tide'e  d'obligation  est  venue  seulement 
plus  tard),  nous  sommes  amenés  à  supposer  qu'il  y  a  eu  en  an- 
cien latin  un  verbe  déponent  volvor.  Ce  sont,  en  effet,  les  verbes 
déponents  qui  ont  gardé  le  plus  longtemps  le  participe  en  dus 
exempt  de  la  nuance  accessoire  d'obligation  ou  de  nécessité.  C'est 
ainsi  qu'on  a  oriundus,  secundus,  et  avec  la  rallonge  du  Wu  du  c, 
populalmndiis ,  verecundus. 

Du  même  coup,  ceci  nous  explique  certains  emplois  de  volvens. 

Volcens  est  le  participe  pi'ésenl  de  volvor  (et  non  de  volvo), 
comme  patiens,  ariens  sont  les  participes  présents  de  patio  1%  orior. 

Lucrèce  dit  volventia  lustra  ('zssptTrXofj.svcov  êvia.vT'^v)  et  Virgile 
annus  volvens. 


Certe  hinc  Ronianos  olini,  volvenlibus  annis, 

Teucri. 
/En.,  I,  23/i. 


Hinc  fore  duclores  l'evocalo  a  sanguine  Teucri 


Tardaque  Eleusinœ  niatris  volventia  plaustra. 

Georg.,l,  iG3. 

'   Au  sujet  de  IV  de  inlestiuus,  qui  représente  Y 11  de  intn.t,  cl',  serins  et  sce- 
leslus,  Ifinjjits  et  loiiifjeslas. 


ÉTYMOLOGIES.  A  1 

(îette  particularité  s'est  étendue  au  fre'queutalif  volutans  : 

Genibusque  volutans 

Hterebal. 

/En.,  111 ,  607. 
ANCIENS    VERBES  DEPONENTS   LATINS. 

Gignens. 

Ceci  peut  nous  amener  à  chercher  ia  trace  d'autres  déponents 
en  latin.  En  premier  lieu,  gignor  rrnaîtreif. 

Le  participe  gignens  se  trouve  employé'  dans  le  sens  de  «  naître, 
devenir-9.  Il  est  alors  le  pendant  exact  du  grec  yiyvofxoLt. 

Pars  gigjientium,  alia  adulescentium,  cetera  occidentium  vices  sns- 
tinent. 

Ap. ,  De  mundo,  a  3. 

Quelquefois  il  est  employé  au  sens  d'un  suhstantif,  et  il  si- 
gnifie alors  rrun  être^. 

Ikx.  .  .  aucta  in  akitudinem,  quo  cuncta  gignentium  nalurafert. 

Sali,  Jug.,  93,  /i. 

Locn  niidn  gigiieutium. 

IhuL,  Si. 

Animans. 

Nous  pouvons  tout  de  suite  y  joindre  un  autre  mot  signifiant 
r  l'être  •«. 

Du  verbe  anivw  il  a  subsisté  l'actif  qui  signifie  rr  animer,  ev- 
citerw.  Mais  un  déponent  animor  ff  vivre,  respirer r>  pouvait  seul 
donner  animans.  C'est  ainsi  qu'en  grec,  à  côté  de  Tsvéuv,  nous 
avons  le  participe  moyen  nreirvvfÀévos. 

Prœgnans. 

Ce  mot  n'est  pas,  comme  on  l'explique  d'ordinaire,  un  syno- 
nyme de  inciens.  Son  véritable  sens  est  re  imprégné •'i.  Aussi  le 
voyons-nous  employé  en  parlant  des  gencives.  Le  médecin  Scri- 
bonius  Largus,  qui  vivait  au  temps  de  l'empereur  Claude,  dit 
dans  son  livre  des  Conipositiones  medicamentorum  (Ci)  : 

Soient  gingivee  quorumdam  Jliiore  infestari  :  quas  prœgtiantes  vocant. 

Il  n'y  a  pas  ici  métaphore,  mais  terme  technique  conservant 
le  souvenir  d'un  archaïsme. 

ii'i prœgnans  avait  d'abord  été  employé  pour  désigner  une  femme 
enceinte  ou  une  femelle  grosse,  on  ne  comprendrait  pas  la  valeur 


A2  M.   BRÉAL. 

deprœ.  Cette  particule  a  ici  exactement  le  sens  et  le  même  emploi 
que  dans  prœditus.  H  faut  donc  supposer  un  verbe  déponent  jj^œ- 
gnor,  prœgnari,  signifiant  cf  impre'gnerw.  Par  une  restriction  dont 
le  langage  offre  d'innombrables  exemples,  le  mot  s'est  ensuite 
employé'  pour  désigner  la  femme  imprégnée  d'un  germe. 

La  parenté  avec  genus  et  gigno  ne  fait  d'ailleurs  pas  de  doute. 

Ingens. 

En  parlant  de  ce  mol,  j'ai  dit  dans  mon  Dictionnaire  : 
ffLa  parenté  avec  gignere  est  proba])le.  Mais  le  sens  de  m  n'est 
pas  clair  :  peut-être  correspond-il  ici,  non  à  êv,  ni  à  els,  ni  à  la 
privatif,  mais  à  àvx  îf  en  haut^i. 

Laissant  la  question  du  préfixe  incerlaine,  je  crois  que  nous 
avons  ici  le  participe  présent  d'une  très  ancienne  forme  du  verbe 
déponent  correspondant  à  yiyvofxai.  Je  rappelle  que  la  même 
racine  a  donné  en  latin  une  forme  encore  plus  courte  :  indi-ges 
{DU  indigetes). 

Evidens. 

Un  dernier  exemple  de  déponent  perdu,  c'est  evidens,  qui  sup- 
pose un  composé,  non  de  video,  mais  de  videor. 


La  particule  latine  cutn. 

La  préposition  latine  cum  travée^  n'a  pas  toujours  été  préposi- 
tion et  elle  n'a  pas  toujours  signifié  ravecw. 

Elle  a  commencé  par  être  postposition,  ce  qu'elle  est  restée, 
comme  on  sait,  dans  les  locutions  niecum,  nobiscum,  qiiicum  et 
quelques  autres.  Un  souvenir  de  la  postposition  s'est  longtemps 
maintenu  cbez  les  écrivains;  quand  il  y  a  deux  mots,  ils  placent 
volontiejs  la  préposition  entre  les  deux  ablatifs  coordonnés  : 
summa  cum  laude,  maximo  cum  clamorc. 

En  ombrien,  cum  est  toujours  postposition  :  verisco  Treblanir  .ta 
la  porte  Trébulanew,  testruku  pedi  rrau  pied  droite. 

D'autre  part,  ce  mot  a  commencé  par  exprimer  d'une  façon 
générale  une  idée  de  relation.  C'est  le  sens  qu'il  a  en  ombrien, 
ainsi  qu'on  le  voit  par  les  exemples  précédents.  Les  philologues, 
qui ,  à  l'exemple  de  Hand ,  ont  étudié  l'emploi  des  particules  la- 
tines, ont  constaté  ce  sens  de  cttm  chez  les  écrivains  romains. 
Mais  ils  l'ont  expliqué  par  une  déviation  de  l'acception  originaire , 
au  lieu  que  c'est  au  contraire  le  sens  primitif.  Il  peut  donc  être 
intéressant  d'en  assembler  ici  quelques  exemples;  ceux-ci  se  trou- 


ETYMOLOGIES.  43 

vent  surtout,  comme  on  pouvait  s'y  attendre,  dans  la  langue  de 
la  conversation,  ainsi  que  dans  les  locutions  toutes  faites. 

Que  magis  cogito  ego  cum  meo  animo. 

Piaut.  Most.,  III,  -2,  i3. 

Alque  haec  ipse  suc  trisli  cum  corde  volutat. 

Virg.,  ^n.,  VI,  i85. 

Iliud  hercle  cum  raalo  fecit  suc. 

PL,  Bacch.,  III,  ^,  Zi. 

ff pour  son  malheur.  « 

Quo  factiim  est  ut...  Miltiades . . .  Athenas  magna  cum  offeimoiie  civium 
suorum  rediret. 

Corn.  Nep.,  Mih.,  7. 

ff au  grand  scandale  de  ses  concitoyens.  » 

A  thenienses  cum  silenlio  auditi  sunt. 

Liv.  XXXVIIl,  10,  A. 
rr furent  e'coutës  eu  silence.  •» 

Efliindit  voces  proprio  cum  pectore  sanclo. 

Enn.  ap.  Serv.,  Georg.,  II,  /la'i. 

Exiit  cum  nuittio  Ciassus. 

César,  B.  GalL,  V,  li6. 

Il  faut  traduire  :  'tA  cette  nouvelle,  Crassus  partit ^%  et  non, 
comme  on  le  fait  :  ff  Crassus  partit  avec  le  messagerr). 

Edifia  prœtorum  fuerunt  ejusmodi,  ut  ne  quis  cum  telo  seirus  e.ssel. 

Cic. ,  in  Yen:,  V,  3,  7. 
ff qu'il  n'y  ait  pas  d'esclave  en  armes,  n 

Ni  gens  crudelis  madida  cum  veste  gravatum .  .  . 
Ferro  invasisset. 

Virg.  /En.,  VI,  359. 

ff alourdi  en  ses  vêlements  mouilles.» 

démine  cum  imperio  aut  magistratu  tendente  quoquam ,  quin  devcrlcvct 
Wiodum. 

Suet.,  Tib.,  13. 

"Pas  de  fonctionnaire  ni  de  magistrat  qui  ne  s'arrêtât  à  Rhodes. i 

Pessuma , 
Egon'  quidquam  cum  istis  faclis  tibi  respondeam? 

ïér. ,  Eun.,  I,  9 ,  73. 

"Perfido!  ol  que  voulez-vous  que  je  vous  rt^ponde,  en  présenci^  de 
tels  procédés  ?n 


lik  M.  BRKAL. 

C'est  aussi  avec  une  idée  purement  locale,  et  sans  quil  signifie 
ffavecTî,  que  le  préfixe  cum  figure  en  tète  de  quantité  de  verbes  : 
consistere,  collocarc,  convertere,  cotnmovere ,  confivmare ,  condere,  etc. 

La  même  signification  explique  le  sens  de  contra,  où  Tidée  de 
dualité  ou  d'opposition  vient  du  suffixe. 

Seplentrionalifi  ejus ,  nnllis  contra  terris,  vasto  nique  nperlo  mari  piil- 
santur. 

Tac.  Agric,  lo. 

ff aucune  terre  ne  se  trouvant  eu  face,  r, 

L'idée  sociative  est  probablement  entrée  dans  la  préposition 
cum  par  l'influence  de  l'ablatif.  On  sait  que  parfois  l'ablatif  à  lui 
seul  a  le  sens  d'un  sociatif  sans  le  secours  d'aucune'préposition  : 

Eçjressus  omnibus  copiis. 

Liv.  I,  1^1. 

Decem  navibus  Romam  rediit. 

M.  XXVItl,  38. 

Tu  m  demum  praeceps  saltu  sese  omnibus  arniis 
In  fluviuni  dédit,  llle  suc  cum  gurgite  flavo 
Accepit  venientem  '. 

Virg. ,  Mu.,  IX,  8i6. 

.lup|)ilfr  esse  pium  statuit  quodcunque  juvaret  : 
Et  fus  omne  facit  fratre  mai'ita  soror. 

Ovide,  Hé,:,  IV,  i3i. 

Sur  le  congénère  de  cum  en  grec,  voir  ces  Mémoires,  t.  VIII, 
p.  /i75. 

INSCRIPTION  PÉLIGINIENNE. 

Les  Notizie  degU  scnvi  (mai  189^)  nous  apportent  le  texte 
d'une  nouvelle  inscription  dialectale  trouvée  sur  le  territoire  des 
Péligniens,  à  Pettorano  sul  Gizio.  C'est  une  pierre  grossièrement 
travaillée  et  portant  les  lignes  suivantes  : 

SALVTA  -f  MVSESA  +  PA 
ANACETA  +  CERIA 
ETJ-AISIS  +  SATO/ 

Le  mot  AISIS  montre  que  nous  avons  affaire  à  une  inscription 
votive.  Dans  aisis,  comme  dans  les  mots  qui  prt'cèdent,  il  faut 


Remarquez  encore  Temploi  île  cnm  dans  cet  exemple 


ÉTYMOLOGIES,  â5 

voir  des  dalils.  Au  singulier,  ia  désinence  i  est  tombée;  c'est  ainsi 
(|u'en  latin  on  a  (C.  J.  L.  i,  n"  177)  :  Matre  Motuta  dono  dedro. 

iNous  avons  donc  une  déesse  Saluta,  qui,  comme  le  fait  remar- 
(|ucr  M.  le  professeur  A,  de  Ni  no,  est  déjà  connue  par  d'autres 
inscriptions.  Puis  vient  la  de'esse  Musesa,  dont  le  nom  paraît 
pour  la  première  fois.  Il  est  difficile  de  rien  dire  de  certain  sur 
ce  nom  :  on  pourrait  penser  à  une  finale  -essa ,  comme  dans  5/- 
nuessa.  Mais  l'inscription  e'tant  d'e'poque  assez  moderne,  ainsi 
qu'on  le  verra  plus  loin,  je  préfère  supposer  une  ïorme  Musentia , 
devenue  Musesa,  par  la  même  assiuiilation  qui,  du  nom  osquc 
B'inlla,  a  fait  Borna'.  Ouant  à  la  première  partie,  différentes  con- 
jectures se  présentent  à  l'esprit.  Mais  aucune  n'est  assez  certaine 
pour  que  nous  nous  y  arrêtions. 

Du  mot  suivant  il  ne  subsiste  que  les  deux  premières  lettres. 
Je  passe  donc  tout  de  suite  à  Anaceta  Ceria.  On  a  ici  une  appel- 
lation intéressante,  en  ce  qu'elle  rappelle  les  noms  de  divinités 
donnés  par  la  table  d'Agnone,  lesquels  sont  généralement  suivis 
de  l'épithèteÀcm'rt.  Il  faut  aussi  rapprocher  la  Prestota  Çerfia,  la 
Tarsa  Çerfia  et  le  Hondus  Çerfus  des  tables  Eugubines.  Cet  ad- 
jectif ceria  ou  cerfa  a  l'air  de  jouer  le  même  rôle  que  l'adjectif 
saint  en  français,  quand  on  dit  sainte  Geneviève,  saint  François, 
Mais  je  crois  que  cette  ressemblance  est  purement  superficielle  : 
entre  les  êtres  appelés  cerii  et  le  dieu  Cenis  ou  Cerfus  je  suis  porté 
à  croire  qu'il  y  a  un  lien  de  subordination  et  de  dépendance.  Ce 
sont  des  êtres  inférieurs,  consacrés  au  service  d'un  grand  dieu, 
ce  que  les  Romains  appelaient  anci  ou  anculi. 

Dans  Anaceta  il  faut,  avec  M.  de  Xino,  reconnaître  \Anceta 
Cevri  déjà  connue  par  une  inscription  de  Corfinium.  On  a  chez  les 
Homains  une  déesse  Angitia,  dont  Virgile  a  insère'  le  nom  dans 
son  poème  (VII,  769)  : 

Te  nennis  Angiliae,  vilrea  te  Fucinus  unda, 
Te  liquidi  flevere  lacus. 

DifTérenles  inscriptions  ont  conservé  son  nom,  qu'on  trouve 
aussi  au  pluriel.  La  forme  osque  Anaceta  nous  présente  dans  la 
seconde  syllabe  cet  a  euphonique  que  nous  avons  reconnu  aussi 
dans  anasahet  ^ 

Il  est  intéressant  de  trouver  dans  celte  inscription  la  conjonc- 
tion et  :  on  y  peut  voir  la  preuve  d'une  épo({ue  récente  et  peut- 
être  une  trace  d'influence  latine. 

Aîsis,  pour  Aisois,  est  également  une  forme  relativement 
moderne.  Quant  à  SATO,  il  faut  peut-être  le  compléter  en  SATO- 


'   Voir  ces  Mémoirex.  M  .  |i.  .')  i . 


46  M.    BRÉAL. 

REIS,   datif  pluriel  d'un  adjectif  satorius;  cf.  sororius,  messorius, 
tfLes  divinite's  des  semaillesîi. 

Cette  pierre  paraît  donc  avoir  e'té  un  au  tel  élevé  à  des  dieux 
champêtres.  On  en  peut  rapprocher,  quant  au  contenu  et  à  la 
destination,  le  monument  de  Scoppito. 

Michel  Bréal. 


Quotiens,  quoties. 

Dans  un  ancien  travail  de  notre  regretté  confrère  James  Dar- 
mesteter,  travail  composé  pendant  qu'il  était  élève  à  FEcole  des 
hautes  études,  je  retrouve  une  explication  de  quotiens,  quoties, 
dont  je  crois  devoir  faire  part  à  la  Société.  Après  vingt  ans,  elle 
a,  si  je  ne  me  trompe,  tout  le  mérite  de  la  nouveauté.  Au  lecteur 
de  choisir  entre  cette  élymologie  et  celle  que  nous  avons  proposée 
récemment  (t.  VIII,  p.  ^7/1).  M.  B. 

wLe  latin  forme  ses  sous-multiples  en  prenant  le  participe  de 
dénominatifs  issus  des  ordinaux;  ex.  :  sextaiis  wun  sixièmeii,  de 
scxtus.  Il  est  naturel  de  chercher  un  procédé  analogue  dans  les 
multiples.  Pour  dire  k  combien  de  fois?w  on  employa  adverbiale- 
ment le  participe  neutre  d'un  dénominatif  de  quoti  (cf.  sanscrit 
kati,  zend  caiti),  *quolïre,  d'où  quoti-ens  «en  faisant  combien  de 
fois?n  Pour  l'emploi  adverbial  du  participe  neutre,  cf.  rec-ens. 
De  même  ioti-  donna  toti-eus  tfcn  faisant  autant  de  fois^:.  C'est  là 
un  procédé  synthétique,  mais  absolument  identique,  i)our  le  sens, 
aii  procédé  sanscrit  et  lituanien.  De  totiens,  loties  une  fausse  ab- 
straction tira  un  suffixe  abusif  iens,  qui,  transporté  dans  le  reste 
de  la  numération,  donna  decies,  sexies,  etc. 

«Cette  hypothèse  rendrait  compte  du  suffixe  ordinal  ésimus.  Vice- 
simiis  est  forme;  par  le  suffixe  ordinal  -imus  de  viciens,  vicies 
{yiciens-imus).  L'i  est  tombé  comme  \i  de  ior  dans  min-or,  comme 
\i  de  his  et  de  tri  dans  hessis,  tressis.  La  chute  était  facilitée  par 
l'accent  de  la  voyelle  suivante  et  parla  présence  de  IV  suivant.  1: 

James  Darmestkter. 


UN  CALEMBOUR  INTERESSANT 

POUR 

L'HISTOIRE    DE    LA    PRONONCIATION    DU    GREC. 

(Callimaqde,  épigramme  99  ; 
XII,  63  fJans  l'Anlliologie  Palatine.) 


Celle  ëpigranime  a  passe'  longtemps  pour  inintelligible,  au 
moins  au  dernier  distique,  que  personne,  jusqu'à  0.  Schneider, 
n'avait,  à  ma  connaissance,  essaye'  de  corriger. 

Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de  discuter  le  texte  des  quatre  premiers 
vers.  Je  me  bornerai  à  dire  que  si,  eu  deuv  endroits,  la  leçon 
en  est  ou  m'en  parait  douteuse,  l'ensemble  est  certainement  digne 
de  Callimaque,  et  rappelle  parfaitement  son  humeur,  ses  idées, 
sa  manière. 

ff  J'abhorre  la  poésie  à  l'usage  de  lout  le  monde,  comme  les 
chemins  qu'encombre  le  va-et-vient  de  la  foule.  Je  hais  de  même 
l'amour  banal.  Je  ne  bois  pas  aux  fontaines;  tout  ce  qui  est  pu- 
blic me  dégoûte. 'i 

Quant  au  distique  final,  tout  le  monde  a  vu  qu'il  contenait, 
ou,  pour  mieux  dire,  avait  contenu  un  calembour.  H  s'agit  seule- 
ment de  ramener  à  la  lumière  ce  jeu  de  mots  avéré,  mais  introu- 
vable. 

Voici  la  vulgate  :  Le  commentaire  de  Dùbner  sur  l'Anthologie 
(collection  Didot),  pas  plus  que  l'édition  de  Callimaque  due  à 
0.  Schneider,  ne  signale  aucune  variante  de  manuscrit  : 

A.v(TOivlr],  ait  Se  vul^i  xaXos ,  xaXôs*  fitXAà  'Vjpiv  siireîv 
ToÛTO  (Tarais,  ■ô'/ù)  (^yjal  ris  •  àtAAos  é^^st- 

C  est-à-dire  :  rMais  toi.  Lysanias,  oui,  tu  es  beau,  beau;  mais 
avant  que  j'aie  nettement  prononcé  ces  mots,  un  écho  dit  :  «Un 
r  autre  l'a.w 

Comment,  à  une  partie  des  mots  av  ^è  valy;j,  xaXb?,  xaXô?,  un 
écho  peut-il  répondre  aXkoç  Ip^et?  C'est  ce  qui  a  déroute'  jus([u'à 
ces  derniers  temps  tous  les  critiques. 

En  écrivant  au  dernier  vers  riy^ob  <Pï](t^  ris  âXXov  eysiv,  autre- 
ment dit,  en  substituant  au  style  direct,  qui  exigerait  la  répéti- 
tion exacte  des  mots  prononcés,  le  style  indirect,  qui  en  repro- 
duit seulement  le  sens  sous  une  forme  nécessairement  modifiée, 
0.  Schneider  a  résolu  la  principale  difficulté  de  la  restitution» 


a»  KD.   TOURNIKR. 

Je  dis  la  principale,  et  non  la  seule.  Kn  eli'et,  tout  d'abord 
alyj.  {='éyzi)  xaXôs  [=HaXko5)  du  premier  vers  lerait  attendre 
au  second  x.aXkov  (=  xai  âXXov,  plutôt  que  âXXov)  e^siv.  Rien 
n'empêche  d'écrire  : 

ffEcho  proclame  ceci,  qu'un  autre  aussi  te  possède.^ 

En  effet,  K  et  IC  (=  «o")  étant  presque  pareils  dans  récriture 
onciale,  un  copiste  a  pu  lire,  au  lieu  de  to  hoXXov,  to7s  aXXov, 
et  remplacer  conjecturalement  par  ris  âXXov  cette  leçon,  qui  dé- 
truisait à  la  fois  le  mètre  et  le  sens. 

Mais  le  calembour  est  loin  encore  de  la  perfection.  Car,  au 
premier  vers,  à  côté  de  s)(^et  xaXXos,  on  attendrait  le  nom  de  Ly- 
sanias  à  l'accusatif.  Je  propose  : 

Avaavltj,  vaix^i  xaXàs,  eî  xaXàs. 

Ce  qui,  si  l'on  fait  abstraction  de  l'accent  du  pi-emier  xaXos, 
équivaut,  dans  la  prononciation  des  Grecs  modernes,  à  : 

Av(ravir}v  éysi  xâXXos-  sî  xaXàs. 

La  différence  d'accentuation  signalée  peut  être  considérée 
comme  une  licence  imputable  aux  difficultés  du  genre.  Quant  à 
l'intrusion,  supposée  par  ma  restitution,  de  av  Se,  et  à  la  sup- 
pression de  si,  on  peut  en  voir  la  cause  dans  l'allongement,  à  la 
césure,  de  la  dernière  syllabe  de  vai)(^i  :  licence  encore,  que  Calli- 
maque  ne  paraît  s'être  permise  que  devant  une  liquide,  sauf  en 
un  passage  (Hymne  IV  à  Déméter,  vers  92),  mais  excusée  ici, 
comme  la  précédente,  par  le  jeu  de  mots.  Un  reviseur  peu  intel- 
ligent a  cru  devoir  modifier  le  vers  pour  améliorer  le  mètre,  sans 
s'apercevoir  qu'il  détruisait  le  sens. 

J'écris  donc  : 

Arjaavir/,  va/p^j  «aAôs,  sixcuXos'  àXXà  'sspïv  eÎTrstv 
Tovro  cra<pd>5,  Hp^w  (prjcri  rè  KaXXov  éysiv. 

ParToCro,  entendez  :  fcCette  dernière  phrase  [eï  xoiX65).ri 
Je  ne  vois  maintenant  aucune  raison  de  contester  l'authenticité 
de  l'épigramme,  ni  d'en  retrancher  (avec  Saumaise,  Haupt,Dûb- 
ner)  le  dernier  distique.  Du  calembour  qu'elle  renferme,  je  crois 
donc  pouvoir  conclure  que,  dans  la  première  moitié  du  m"  siècle 
avant  notre  ère,  les  Grecs  d'Alexandrie  prononçaient,  à  peu  près 
ou  tout  à  fait,  cti  comme  e,  £i  comme  i,  deux  X  comme  un  seul. 
La  quantité  était  facilement  négligée  (preuve:  ot.i)(^i  =  s)(ei)\ 
et,  d'autre  part,  rencontre  qui  peut  surprendre,  l'accentuation 
(preuve  :  xaXXos  =  xaXos). 

Ed.  TOURNIER. 


ÉTYMOLOGIES   SLAVES. 


l.  —  su. 

Pour  rendre  compte  de  v.  si.  sf<(n),  préfixe  verbal  dans  siin- 
viiati,  sû-hîmti  et  préposition  dans  sû-n"-jimi,  su  toboja,  Kretsch- 
mer  a  cru  devoir  en  rapprocher  gr.  ^vv,  crvv  et  séparer  le  préfixe 
nominal  sa-  :  sa-logû,  sa-sèdû  (cf.  skr.  sam-sàd-),  sa-dii  (cf  aw- 
Q-tinrj);  K.  Z.  XXXI,  p.  Zi  16  et  suiv.  Mais  on  ne  peut  songer  à  rien 
de  pareil  pour  Am(m)  (cf.  skr.  kàm)  dans  hû-n-jemu,  M  tebe,  ni 
pour  vû{n)  (cf  i.-e.  *an,  supposé  par  v.  si.  atri,  ombr.  ander? 
Le  v.pruss.  an-  à  côté  de  en-  ne  prouve  pas  plus  en  faveur  d'un 
ancien  a  que  ganna,  sammai  à  côté  de  genna,  semmai)  dans  vun- 
iti,và-dati,  vûn-atrï,  m-n-jemï,  vu  tebé; a- se  trouve  dans  a-sohka, 
a-dolî,  a-tûkû,  etc.  et  on-  dans  on-uèta  (cf  lat.  md-uô).  Le  paral- 
lélisme de  $û{n)  :  sa-,  kû{n)  :  skr.  kâm  (i.-e.  *A-.,om),  vû{n)  : 
a-,  on-  est  évident. 

Si  les  formes  slaves  étaient  seules  à  expliquer,  on  pourrait 
partir  dans  tous  les  cas  d'anciens:  *som  (cf  skr. sam-,  avec  a  issu 
de  0  ou  e,  et  v.pruss.  sen),  *k.^om,  *an.  Les  composés  nominaux 
étaient  dès  le  principe  inséparables  :  de  là  sa-logû,  on-iista  avec 
le  traitement  de  lintérieur  des  mots;  la  préposition  et  le  préfixe 
verbal  pouvaient  au  contraire  être  séparés  en  indo-européen  du  mot 
qu'ils  déterminaient;  aussi,  alors  même  que  la  particule  ne  forme 
avec  le  substantif  ou  le  verbe  suivant  qu'un  seul  mot  phonétique , 
le  traitement  est-il  parfois  autre  qu'à  l'intérieur,  sans  pour  cela 
être  entièrement  identique  à  celui  des  finales.  Ainsi  en  grec  le  t 
final  de  xàr  ne  tombe  pas,  mais  il  subit  des  assimilations  d'ailleurs 
sans  exemple  :  xoltIcISs,  xolzdave,  xàS  Se,  xoLKKtjai,  Kœyyovv,  xan- 
TTeSiov,  xdŒaXs,  xappé^ai  (la  forme  grecque  de  la  racine  est  psy- 
et  non  Fpey-),  xdXXiTre,  xavvevaas,  xà^  /Ltif,  «ai//'a^a<?(T  s'assi- 
mile à  /■,  puis,  devant  consonne,  forme  diphtongue  avec  la  voyelle 
précédente).  I^n  slave  même,  la  consonne  finale  de*jîs,  vus  sub- 
siste, mais  avec  un  traitement  -z  devant  voyelle,  semblable  à 
celui  de  -s  en  indo-iranien  dans  la  même  situation.  Il  serait  donc 
permis  de  voir  dans  fu  de  sû{n) ,  ku[n) ,  vii[n)  un  traitement  régu- 
lier de  0  en  syllabe  finale  et  dans  -n,  qui  subsiste  partiellement, 
l'anomalie  propre  aux  particules.  —  Cette  explication  a  contre 

MKH.   LI.NC.   IX.  l\ 


50  A.  MEILLET. 

elie  le  lait  que  les  préfixes  verbaux  sont  inséparables  en  slave,  à 
fie  très  rares  exceptions  près  (par  exemple y«znemo^a);  de  plus  elle 
ne  peut  s'appliquer  au  lituanien. 

Les  préfixes  slaves,  suivant  qu'ils  sont  employés  en  composition 
nominale  ou  verbale,  ont  souvent  un  vocalisme  différent  :  v.  si. 
po-mtueli  :  pa-metî;  po-giibiti  :  pa-guba;  po-ziti  :  pa-iili  (rapproché 
par  étymologie  populaire  de pasti  (^  îaive  paître  ^i);  ])o\on. po-toczic  : 
pa-toka;  —  v.  si.  pra-dëdû,  pra-haba  : pro-dati,  etc.  Or  le  sanskrit 
a  tout  ensemble  sam-  :  sâm-kseli  et  sa-  :  sa-ksù;  le  grec  ne  possède 
que  les  formes  sans  e,  d-,  à[x-  :  a.-\o')(05,  d-ita?  (d'où  a-vfx-Trois) , 
ol[x-aça;  v.  sL  sa-  de  sa-Iogu  rappelle  skr.  sam-;  su-  de  su-bïrati 
répond  à  skr.  sa-,  gr.  d-  avec  le  même  traitement  de  m,  n  que 
Ton  trouve  dans  sûlo ,  vûtorû  [cL  gr.  élrepos),  chûtèti ;  sûn- répond 
à  gr.  dfjL-  :  cf.  dûmg  [hénxlii na-dymati) ,  giinati  (v.  pruss.  gunnimai) , 
v.  russe  lûnûkû  (mais  polon.  cienki),  où  °m,  °n  sont  aussi  rendus 
par  ûm,  un.  L'usage  pour  *sojh-  et  *sm-  est  inverse  en  slave  de  ce 
qu'il  est  en  indo-iranien;  mais  on  sait  que  l'emploi  comme  pré- 
fixes nominaux  et  verbaux  ou  comme  prépositions  et  le  voca- 
lisme des  particules  de  ce  genre  varient  d'un  dialecte  indo-euro- 
péen à  l'autre.  Parallèlement  à  su  :  sûn,  les  formes  kti  :  kûn  et 
va  :  vûn  reposent  sur  *kjn  :  /r.,°m  et  *«  :  °n.  —  En  lituanien,  san- 
répond  à  v.  si.  sa- et  s'emploie  dans  quelques  composés  nomi- 
naux :  sd-)w^ai,  sd-:mè;  su  (ancien  *su  de  *s)ii)  est  préposition 
et  préfixe  verbal  comme  v.  si.  ««(»)  :  sù-ne(3u,  su-si-zinaù.  La 
forme  lit.  i  (de  i.-e.  *«)  s'oppose  à  v.  si.  vu  exactement  comme 
f3iihias  à  stito,  v.  si.  lïmaa  \el\etumsi,  v.  si.  grmeli  (vusse  gremèt', 
|)olon.  grzmiec')  à  lit.  grumènn,  v.  i^russ.  grumins.  —  Le  gr.  ^vv, 
(tÙi; reste  isolé;  sans  doute  faut-il  pensera  quelque  contamination 
de  *k.^m  el*sin;  le  premier  devait  donner  xv[v)-,  déjà  signalé  par 
Ahrens  (K.  Z.  m,  166)  dans  xvvdyyjn  :  (Tvvdyyji,  et  qui  se 
trouve  peut-être  dans  xvvtjyos  (avec  une  intei'prétation  populaire); 
cf.  d'autre  part  O/uev- chez  Fick-Bechtel,  Gr .  pevsonennamen ,  p.  /i63. 
L'italo-celtique  *kom,  *kon  tf  avecw  rappelle  skr.  kâm  pour  la  forme, 
mais  pour  le  sens  skr.  sam-,  cf.  lat.  contiô,  conuentus  et  skr.  sAmga- 
mas ,  si'mgatis ,  zd  hanjamanem ;  il  faut  mettre  à  part  les  cas  où  con- 
est  à  rapprocher  de  xaTa-(Bréal,  dans  ces  Mémoires,  VIII,  ^75)- 
—  L'arm.  {h)am-  dans  am-owsin  te  époux,  épouser,  cf.  lat.  uxor, 
pgut  être  soit  *som-,  soit  Vm-;  dans  la  plupart  des  cas,  arm. 
haîi-  est  un  emprunt  iranien. 

La  particule  su  a  un  sens  tout  différent  du  précédent  quand, 
employée  comme  préposilion,  elle  est  suivie  du  génitif  (ancien 
ablatif)  :  su  nebese  a  le  sens  exact  de  vxctT  ovpavov-n;  le  préfixe 
verbal  su  a  de  même  très  souvent  la  valeur  de  l'indo-iranien  ni-, 
gr.  ;^aTa-,  «ax-  :  siirhodili  r  K(XTa^rjvai7>;  suzekli  k  KOLTaxcaïa-OLi ,  lat. 
combùrerc-^;  sudèlati  v HO.xaiipdc.a.i,  lat.  conjicerev;  sûkrijti  tfxara- 


ÉTYMOLOGIES  SLAVES.  51 

xpijil^aff);  supasti  rsauverw,  cf.  skr.  nx-'pnti,  zd  ni-pâiti  [s  do  pasii 
l'eprésonle  k^^  cf.  ë9ïi}ca,  faciô,  ou  plutôt  s,  cf.  skr.  nvsati,  v.  si. 
shimU)\sûhljusti,  cf.  skr.  ni-hodhati,  etc.  Delbrûck  essaye  de  tirer  le 
sens  de  ff  du  haut  der  de  celui  de  tf  avecn  [Vergl.  synt.,  I,  p.  733); 
c'est  un  développement  peu  vraiseuiblable  et  l'analogie  invoquée 
de  zd  haca  ne  prouve  pas  à  cause  de  lat.  secus  [sequester),  v.  irl. 
sech,  V.  gall.  liep.  —  D'aulre  part,  dans  quelques  composés  nomi- 
naux, la  forme  du  préfixe  est  su-;  su-  n'a  rien  que  de  très  expli- 
cable quand  il  y  a  un  verbe  voisin  :  sûmînèmje  est  dû  à  sûmïnèti 
comme  sammeti,  usamînèti  à  samïnènîje,  mais  les  noms  suivants  ne 
sont  accompagnés  d'aucun  verbe  :  sû-mrûtî  (cf.  xaTct-S-vria-fico) , 
sù-sgdû  cf  (TKevos ^  ( cf.  Kazct-a-Kevïf) ,  su-dmvu  ( cf.  skr.  ni-dhruvis)  ;  sû- 
y  vaut  ni-  et  xona-;  il  y  a  donc  pour  séparer  sj«-  tr  skr.  sain--n  de  sû- 
ffgr.  xaT-Ti,  outre  le  sens,  une  raison  phonétique.  Or,  phonéti- 
quement, sii  répond  bien  à  xaT:  s  =  h;  û=a.  [i.-e.n,  cf.  v.  irl. 
cét-buid,  v.  gail.  can-fod)\  la  dentale  finale  tombe.  La  forme  jcai 
n'est  ni  moins  répandue  dans  les  dialectes  ni  moins  ancienne  dans 
la  langue  que  Ka7a.:  cf.  zd  mat  :  gr.  f/eTot,-  gr.  âv  :  àvà;  Tsàp  : 
'srapà;  â-  :  ây^a;  -xa.5  dans  àvSpaKdiç  (v.  en  dernier  lieu  Bréal, 
dans  ces  Mémoires,  VIII,  p.  5i  et  suiv.)  repose  sur  *-«aT?;  cf. 
lal.  dis-  et  gr.  Sià;  *prs  (dans  'zs6pa--ct),  ^spocr-co  «loin  ^  ^,  cf.  e^-co, 
eïcr-dû ,  av-w ,  Kâ-T-oû,  'uspôcra-d)  rren  avant^i)  et  -srapà,  etc.  —  On  est 
ainsi  conduit  à  reconnaître  que  v.  si.  su-,  gr.  xar-,  v.  irl.  cet-, 
got.  hand-  (dans  hand-ugs? ,  cf.  bi-uhis),  lat.  co«-  s'opposent  en- 
semble à  indo-iranien  nt-  :  gr.  xolBsvSw,  xixia^oLpBdvw ,  lat.  co/i- 
sôpj'ô,  condormiscô  en  face  de  skr.  ni-svap-;  gr.  xaTS7re(pvov  (xara- 
xTSivot},  lat.  concldô)  en  face  de  skr.  ni-hanti,  zd  ni-jalfiti;  gr.  xaÔt^w, 
lat.  coiisldô  en  face  de  skr.  nî-sldati,  zd  ni-èan  liasti ,  v.  pers.  m/^- 
amdayam,  pehlvi  n{i)-sastan;  dans  ce  dernier  exemple  l'anti- 
quité plus  grande  de  n{-,  qui  se  retrouve  dans  arm.  ;i»sî  f: sièges, 
nsimt  ffje  m'assiedsn,  est  attestée  par  lat.  nidus,  v.  h.  a.  >?é'sf.  En 
slave  *ni-  n'a  subsisté  que  dans  les  dérivés  :  iiicî,  cf.  skr.  nicdt,  et 
nizû;  cf.  v.h.a.  jnV/ar  et  skr.  nitarâm. 

Le  rapprochement  de  su  et  xàr  est  appuyé  par  la  simililude 
d'emploi  de  ces  deux  prépositions  avec  l'accusatif.  On  trouve  : 
1°  serbe  s  onu  stranu,  russe  s  onu  storonu,  polon.  z  o»e  strone  (avec 
z  devant  voyelle  au  lieu  de  s  par  suite  de  la  confusion  phonétique 
de  sii.  ei*jts),  cf.  gr.  xar  êvavTtov,  xar  êvôûira.  —  2°  su  tri  smokvi 
rr environ  trois  figues 71  {SuprnsL,  p.  990,  17);  cf.  Hérodote,  VI, 
1  1  7.  El»  TauT»?  Tïj  èv  MapaBvvi  p-ctyr}  aTiéBavov  lôiv  (3a.p€a.pôjv  xotrà 
éçccxia^iXtovs  xai  tst paxoo' lovs  àvSpa.s,  Adïjvaiœv  Se  éxaTov  évsvrf- 

'  Pour  le  traitement  p;mhellénique  de  r  après  lal)iale ,  quand  la  syllabe  siii- 
vaiile  contient  nue  voyelle  de  linihre  0,  cf.  ces  Mémoires,  Vit,  p.  f)!i,  n.  et 
VIII,  p.  ago.  On  notera  de  plus  PpoSov,  pnrsan  g-w/  (de  *vrda-,  cf.  Teniprunt 
arm.  vard). 


52  A.   MEILLET. 

xovTa  xoà  Svo.  Le  gr.  xarà  possède  donc  les  deux  sens  que  re- 
connaît Miklosich  au  slave  su  suivi  de  Taccusatif  (  Vergl.  gr. ,  IV, 
p.  hU3). 

Un  de  sû-n-itî  'tKaTa^ijvciin ^  sù-n-èsti  n )ca,TaÇ)ays7vv ,  elc.  est 
analogique  de  sûn-îinati  se  trcrweXdeïw  et  s'explique  aise'ment  par 
l'identité'  phone'tique  de  su-  tfskr.  sam-v  et  de  su-  rfgr.  xaT-75  de- 
vant consonne.  Du  reste  plusieurs  verbes  ont  le  préfixe  su  avec  ses 
deux  valeurs  :  sûdruzati  traduit  e'galement  ^  avay^/iv n  et  rfxaxa- 
(T'/tiv  1)  ;  sûloiiti  rr  auvBeîvai  r>  et  f  xaïaêaXeîv  -^  ;  sûneti  rr  a-vXXa.€e7v ri 
et  t^ KaSsksîvri .,  etc. 

L'emploi  cypriote  de  xàs  comme  conjonction  ne  semble  pas 
avoir  de  parallèle  en  slave. 

IL  —  lue. 

A  l'adverbe  lituanien  ^flù  rfdéjàii  (cf.  gol.  jh)  répond  réguliè- 
rement V.  û.pi,ju<e,  serbe  ju-r,  polon.  jM-i;  mais  il  y  a  un  dou- 
blet :  v.  si.  H,  \i-le;  les  deux  formes  coexistent  dans  les  mêmes 
textes;  d'ailleurs  il  ne  se  produit  de  cbule  de  /-  initial  devant  u 
dans  aucun  autre  mot  vieux-slave  :  cL  junii,  Vit.  jâwias;  junïcî,  lat. 
iuuencus;  jucha,  lat.  iûs;  jugn;  il  en  est  tout  autrement  devant  a; 
dans  celte  position  j-  initial  panslave  tombe  en  vieux  slave,  qu'il 
soit  ancien,  comme  dans  aky  :  jaky,  ou  développé  phonétique- 
ment devant  a-  (c.-à.-d.  à),  issu  de  i.-e.  â  ou  ô,  comme  dans  azû  : 
jazû;  ave  :javè,  etc.  ;  au  contraire  \ej-  de  v.  sl.ja-,  issu  de  panslave 
e-,  subsiste  dans  tous  les  cas.  Une  contamination  dejulro,  dérivé 
àeju,  et  de  ustro  [za  ustra,  Psalterium,  édit.  Geiller,  p.  ia4),  cf. 
lit.  au(3rà,  gr.  avptos,  skr.  ?/sm,  rend  compte  en  partie  du  phéno- 
mène pour  utro  :  jutro.  Do  plus,  à  côté  de  u-bo,  u-to,  il  n'existe 
pas  de  *ju-bo,  *ju-to;  u-  a  donc  ici  une  autre  origine  que  dans 
ju  et  représente  la  même  particule  indo-européenne  que  gr.  atJ, 
lat.  au-t,  got.  au-k,  cf.  skr.  Û,  Miklosich,  Vergl.gr.,  IV,  9 5;  u-ze, 
formé  comme  u-bo,  a  été  rapproché  de^M-^e  dont  il  est  devenu 
un  simple  doublet. 

HT.  —  za. 

La  préposition  z-,  la  plus  usitée  de  toutes  en  arménien,  est 
employée  :  i**  Avec  l'instrumental,  au  sens  de  rrautour,  près^  : 
z-iwrew  rr -srepi  avrôw,  Math.,  VIII,  18;  sowrj  z-nokhawkh  «'srep) 
auTOu?T),  Marc,  IX,  i3,  et  de  frau  delà^  :  ançanen  z-awandow- 
tlieamb  (t 'ZSapaSaîvovanriv  ^apdSocrivri .^  Math.,  XV,  2.  -^  2°  Avec 
l'ablatif  au  sens  de  ftau  sujet  dei^  :  z-Iovhannê  rr-crep}  Icodvvovn, 
Math.,  XI,  7;  z-mê  [*z-imê,  cf.  ar  imê)  ft pourquoi?».  On  trouve 
aussi  :  kaxel  z-xaçê  r suspendre  à  une  croix»;  kalaw  z-jeranê  nora 


KTVMOLOGIF.S  SLAVES.  53 

Ksxpdrïfaev  Trj?  X^'P^^  otvTijs-^,  Math.,  IX,  2  5.  —  3°  Avec  l'ac- 
cusatif pour  indiquer  la  dure'e  :  z-kharasown  tiw  "  pendant  /lo  jours  77, 
Math.,  I\ ,  9  4  ;  et  après  khan  et  ibretv  :  laiv  êkh  khan  z-bazoïvia  cncAoœks 
(tzsoaXùjv  alpovdtcov  Sia(pspsrs  v(JLSi5ri^  Math.,  X,  3i;  ibrew  z-oç- 
xars  Kcôss]  ^p6€ot.Ta.-n,  Math.,  IX,  36;  le  sens  littéral  semble 
être  cf  comme  par  rapport  ài;  la  valeur  prépositionnelle  de  z-  est 
Lien  visible  dans  ces  emplois,  comme  aussi  dans:  or  z-phaphowks 
z-[jeçeal  en  tfoi  rà  juaXaxà  (popovvTssn,  Math.,  XI,  8.  Au  reste, 
le  plus  souvent,  z-  est  un  pre'fixe  qui  se  place  devant  tout  accu- 
satif détermine  et  ne  manque  par  suite  jamais  devant  les  dé- 
monstratifs et  les  pronoms  personnels;  il  nest  pas  probable  que 
cet  usage  ait  été  panarménien,  car  il  est  tout  à  fait  inconnu  à  la 
plupart  des  dialectes  modernes,  et  en  particulier  à  ceux  de  la 
plaine  de  TArarat  et  du  Karabagh,  qui  ont  conservé  les  anciennes 
formes  anowm,  lizoïv,  au  lieu  des  altérations  de  l'ancien  arménien 
anown,  lezoïv.  Peut-être  y  a-t-il  ici  une  simple  imitation  de  l'emploi 
de  z-  dans  les  locutions  composées  d'un  verbe  et  d'un  substantif, 
où  la  préposition  signifiait  rau  sujet  de^  :  caXr  arnein  (ortho- 
graphe des  plus  anciens  manuscrits)  z-na,  Math.,  IX,  96;  ihoyl 
ioœkh  z-nosa,  Math.,  XV,  ik  (cf.  avec  le  datif  :  thoyl towkk  mank- 
twoyd.  Math.,  XIX,  tZi);  zi  asxat  arnêkh  z-kind,  Math.,  XXVI, 
1  o ,  etc.  ;  les  locutions  de  ce  genre  sont  fréquentes  en  arménien 
et  ont  pu  fournir  un  point  de  départ  à  l'analogie,  mais  on  n'y 
trouve  pas  l'explication  du  fait  singulier  que  z-  est  préfixé  seule- 
ment à  un  accusatif  déterminé. 

L'accusatif  du  pronom  interrogatif /-  rquoi?'i  (cf.  skr.  cit,  gr. 
t/,  lat.  qiiid,  v.  si.  ci-îo)  est  toujours  précédé  de  z-;  quand  la  pré- 
j)osition  a  sa  pleine  valeur,  z-i  signifie  tr pourquoi?»;  si  elle  est  le 
simple  préfixe  de  l'accusatif  déterminé,  le  sens  est  frquoi?r).  Sous 
cette  forme,  zi  a  même  passé  au  nominatif  :  zi  ê  khez  zi  las 
f-qu'as-tu  à  pleurer?^,  Rois,  I,  1,  8.  Quant  à  zi  signifiant  tr  car  1 
et  rtquen,  c'est  i  employé  comme  relatif  et  précédé  de  z-;  cf.  le 
relatif  or  oii  -r  répond  à  pa  (cf.  liomér.  os  pot,  et  arm.  ibr  «comme» 
de  *iti-r  en  face  de  iw,  iwikh^)  et  oij  0-  ne  diffère  pas  de  l'inter- 
rogalif  0,  ov  rqui?»  (cf.  skr.  kàs,  v.  si.  kii-to). 

Comme  préfixe  verbal,  2- ne  modifie  guère  le  sens  du  simple 
[hatanel:  z-atanel  "  coupera)  et  sert  surtout  à  tirer  un  verbe  dérivé 
d'un  nom  :  z-angitel  t craindre -^  de  an-gêt,  z-eteXil  ^se  placer» 
de  eteX;  z-ovanal  ftse  rafraîchir»  de  hov  (cf.  zd  aoW  r  froid»,  lit. 
v-èsùs),  z-arthnowl  r  s'éveiller»  de  arthoœn,  etc. 

Une  particule  qui  joue  dans  la  langue  un  aussi  grand  rôle 

'  En  dehors  de  l'impératif  présent  (toujours  prohibitif)  mi  berei'  «  ne  porte  pasn , 
d'où  elle  a  passé  à  la  seconde  personne  de  l'imparfait  et  de  l'aoriste  (Bufjge, 
Beitrâge,  p.  6  A  et  suiv.),  cettf  particule  se  retrouve  peut-être  dans  les  {jénitifs  : 
oyr  «lie  qui?»),  ër,  fde  quoi?'»,  iw-r  «de  soi?)  (de  *sewe-r  ou  *sew()-r),  etc. 


hh  A.  MEILLET. 

doit  y  être  ancienne.  Tous  les  mots  commençant  par  z-  dont  l'é- 
tymologie  est  connue  sont,  il  est  vrai,  des  emprunts  soit  à  l'ira- 
nien (zawr,  zên,  etc.),  soit  àrarame'en(2a«,  zoî/^,  etc.),  et  aucune 
consonne  indo-européenne  ne  donne  arm.  z-  initial;  i.  e.  -g^h-  de- 
vient -z-  entre  voyelles  :  lezoïv,  mez,  hazowni,  dêz,  maisj-  à 
l'initiale  :  jiown  (;^<<yj'),  jmern,  jei-n,  jowkn,  ji,  jir  trdon,  faveurw 
(de  *gjiên-,  cf.  gr.  xdpisj  arm.  jri  triât,  gratis vj^jayn  cfvoixn  (cf. 
skr.  hvâ-),  joyl  «fondun  et  jew  reforme»  (cf.  xéfct),  yoj^avoç), 
jig  traction  de  tirer»  etjgel  «tirer,  lancer,  attirer»  (got.  gagei- 
gan?).  Le  traitement  z  au  lieu  de  j  s'expliquerait  cependant  de- 
vant certaines  consonnes  :  cf.  geresçes  de*gereaç[i)çes  tttu  prendras»; 
même  à  l'intérieur  du  mot,  j  est  devenu  z  devant  n  dans  ozni 
ff  hérisson»  (cf.  èyjtvos,  lit.  etys,  v.  h.  a.  igil)^  o\\  la  voyelle  o 
n'a  coDservé  son  timbre  que  parce  qu'elle  était,  dès  le  principe, 
en  syllabe  fermée.  La  forme  z-,  ainsi  produite  devant  les  con- 
sonnes, s'est  étendue  à  tous  les  cas  :  cf.  es,  is,  au  lieu  de  *ec 
(eyw),  *ic  [êfxéys). 

Le  z  de  arm.  z-  ayant  toutes  chances  de  représenter  i.-e.g^^/j-, 
le  rapprochement  avec  v.  si.  za  s'impose.  Comme  arm.  2-,  la  pré- 
position za  peut  être  suivie  de  l'accusatif,  du  génitif  (ablatif)  ou 
de  l'instrumental.  La  locution  za  nje  «  Sià  là-n  est  formée  comme 
z-i;  la  phrase  arm.  kalaw  z-jeranê  nora  est  en  v.  slave  jetu  ja  za 
raka.  Avec  le  génitif,  v.  si.  za  indique  le  temps  :  za  niva  rtle  ma- 
tin», et  ce  pour  quoi  une  chose  est  faite;  cf.  arm.  z-mê  «pour- 
quoi?» (v.  Miklosich,  Vergl.  gr.,  IV,  p.  627  et  suiv.).  Sur  za 
suivi  de  l'accusatif  indiquant  la  durée  de  l'action,  v.  Miklosich, 
ib.,  p.  /iio  et  suiv.  Avec  l'instrumental,  za  signifie  tt derrière»; 
or  en  arménien  on  trouve  z-hni  tr derrière»,  qui  semble  formé 
avec  z-  comme  n-kown  tt  abaissé,  vaincu»  avec  ni-;  cf.  z-het  rtsur 
la  trace  de,  derrière»  {het  répond  à  skr.  padàm  tt  trace»);  gr.  (xerà 
et  'ZfféSa,  cumulent  de  même  les  sens  de  tt  avec,  près  de»  et  tt  après». 
Les  emplois  de  v.  si.  za  et  arm.  2- sont  aussi  Aoisins  que  peuvent 
l'être  ceux  d'une  même  préposition  dans  deux  langues  connues  à 
date  relativement  basse  et  déjà  très  altérées. 

Le  got.  ga-,  qu'on  rapproche  d'ordinaire  de  lat.  cum,  bien 
qu'on  n'y  trouve  trace  ni  de  la  nasale  finale  ni  de  h-  dont  g- 
serait  —  on  ne  sait  pourquoi  — le  doublet  syntactique,  est  à  rap- 
procher de  V.  si.  za-,  arm.  z-.  Là  où  ga-  a  un  sens  propre,  c'est 
celui  de  ttprès  de»  qui  est  au  fond  des  emplois  variés  du  slave  et  de 
l'arménien;  le  plus  souvent,  ga-  n'a  d'autre  usage  que  de  rendre 
perfectif  un  verbe  imperfectif  comme  parfois  za-  en  slave;  de 
même  en  arménien,  le  préfixe  verbal  z-  n'a  guère  qu'une  valeur 
grammaticale,  naturellement  difl'érente,  puisque  l'arménien  ne 
connaît  pas  la  distinction  letto-slave,  germanicjue,  celtique  et  ita- 
lique des  verbes  perfectifset  imperfectifs. 


ÉTYMOLOGIES  SLAVES.  55 

En  liliianien  occidental,  ni  doit  cire  tenu  pour  ia  contamination 
de  deux  mots  distincts  :  l'un  *uz=  v.  si.  vûz[û)  rrsurw  de  *ûhz 
(resp.  *wp),  cf.  gr.  v-\i05,  v.  irl.  uasal  et  v.  si.  vi/soku  (cf.  v.  h.-a. 
nf,  got.  îup,  etc.),  l'autre  azu,  qui  a  subsiste  en  lituanien  oriental 
et  dont  le  sens  re'pond  à  celui  de  v.  si.  za,  arm.  z-.  Le  lette  distingue 
uz  =  V.  si.  vûz[â)  tf  sur^  et  aiz  tr  derrière,  à  cause  de,  au  delà  den  ^ 
qui  traduit  exactement  v.  si.  za.  —  Le  lit.  azu  ne  saurait  être 
séparé  de  \.  si.  za;  mais  l'a-  initial  fait  difficulté,  et  la  diphtongue 
ai-  du  lette  est  plus  obscure  encore. 

Le  sanskrit  et  le  grec  ne  possèdent  pas  de  forme  correspon- 
dante; en  latin  on  pourrait  citer  à  la  rigueur  l'/t-  inexpliquée 
do  haurire,  cf.  v.  isl.  ausa ,  de  hâlâre,  cf.  v.  sL  achati,  et  de  hauêre 
en  face  de  ancre. 


A.  M 


EILLET. 


LATIN  vEnârT. 

La  formation  de  cclâre,  cf.  v.  irl.  celim,  v.  h.-a.  hëhtn,  lat.  oc- 
culô,  a  été  reconnue  par  Rozwadowski,  Idg.forsch.,  IV,  4i  i,  pour 
comparable  à  celle  des  itératifs  tels  que  v.  si.  metad,  lette  mêlai, 
cf.  V.  si.  mêla,  lette  metu.  Le  latin  semble  posséder  un  autre  verbe 
de  ce  type,  très  rare  hors  du  domaine letto-slave:  ««ê/mritfchasson? 
est  en  effet  à  skr.  vdiinie  cril  désire,  il  accepte  volontiers,  il 
cherche  à  acquérir n  ce  que  mètati  est  à  meta;  le  développement 
de  sens  rappelle  skr.  lubdhahas  tr  chasseum  et  russe  ochôta  cr  chasser; 
l'ë  se  retrouve  dans  got.  wens,  weiijan.  De  même  que  cêlâre,  vcnâri 
est  rarement  employé  avec  un  préfixe;  l'itératif  destiné  à  sup- 
pléer au  sens  imperfectif  qui  manque  naturellement  à  occulere  est 
occullâre;  cette  nouvelle  formation  (inceptâre,  èdictàre,  compiilsâre, 
etc.)  fournit  des  dérivés  en  nombre  illimité,  tandis  que  celle  à 
voyelle  longue  radicale  ne  subsiste  que  là  où  tout  lien  avec  le 
primitif  est  rompu. 

L'(  des  substantifs  suspiciô,  conulciiim  ne  peut  reposer  que  sur 
un  ancien  ê  devenu  l  en  sijUahe  inlérieure  sous  l'influence  d'un  i 
suivant,  cf.  suhtlUs,  manille,  dêllniô,  consluius.  La  conservation  de 
le  des  adjectifs  en  -élis,  tels  qnc Jidêlis,  est  due  en  partie  à  Vê  du 
primitif,  ici /Idês,  en  paitie  aux  cas  oi!i  l'ê  subsistait  phonétique- 
ment, ainsi  Jidêlês.  Ces  formes  rendent  probable  l'existence  d'an- 
ciens thèmes  d'itératifs  ^coniiêcâ-  et  *snspècâ-;  cf.  indkàre  :  ind)ciiint 
et  sujfrâgdri  :  sujfi'âgium.  Le  thème  *sHspêcâ-  aurait  été  remplacé  par 
*suspëcâ-,  suspicâ-  d'après  speciô  sur  le  modèle  de  consternere  :  con- 
sternâre;  cf.  dicere  :  indîcàre;  dûcere  :  êdûcâre;  lâbi  :  làbàre,  où  la  voyelle 


5()  A.   MEILLET. 

brève  du  déverbatit"  en  -à-  en  face  de  ta  longue  du  piimilif  fait 
songer  à  lu  forme  des  verbes  en  -à-  à  racine  sans  e  :  calàre,  hiâre, 
parure,  cubâre  et  de  ceux  en  o  [uocàre,  uotâre,  rogàre,  etc.)  ou 
en  ê  [necâre,precnrl).  — Le  mot  oplniô  te  attente,  croyance ^  peut 
représenter  phone'liqueinent  *op-uêniô;  cf.  operiô  de  *opueriô  ou 
*opiiariô^.  La  racine  serait  la  même  (jue  dans  uènâri,  le  sens  celui 
de  gol.wens,  ags.  wén,  v.  h.-a.  wàn;  mais  il  faut  alors  considérer 
l'î  de  opinor  et  necopïnus  comme  emprunté  à  opinio,  cf.  conslua 
d'après  consiuia;  l'étroite  spécialisation  de  sens  du  simple  uénân 
rend  cette  action  aisément  intelligible;  *-uèniô  en  face  de  germ. 
*wêniz  rappelle  -tio  en  face  de  *-]>iz,  par  exemple  :  contiô  :  got. 
gaquuips. 

Le  composé  ind-âgàre  [cï.  amb-âgés,  dérivé  d'un  verbe  disparu) 
montre  l'allongement  de  l'a  de  ago  en  â.  Le  verbe  siif-frâgâri  doit 
être  aussi  un  itératif  à  voyelle  longue  radicale;  mais,  comme  l'a 
de  frangô  représente  i.-e.  à  (cf.  skr.  bhiksale,  gr.  (payeTr?),  cet  â 
est  proprement  latin,  de  même  que  l'î  de  v.  si,  naricati  en  face  de 
V.  si.  rïci,  tch.  rku,  où  ï  est  également  issu  de  a;  cf.  \at.  Jlàg-  dans 
Jlagrâre  et  lit.  blizgù,  v.  si.  blîsnati  à  côté  de  gr.  (pX/yw;  gr.  é'kd)(^eta 
«petiteii,  V.  si.  Jïguku  (formes  sanse,  en  ablaut  avec  lat.  leuis,  et 
qu'il  convient  de  séparer  de  êXa<Pp6s  cr  rapide i:,  v.  h.-a.  lungar, 
skr.  raghi'is,  racine  lengji-).  Les  itératifs  en  -à-  à  voyelle  longue 
radicale  ont  donc  constitué  en  latin  —  ou  du  moins  en  italique 
commun  —  une  classe  assez  importante  pour  provoquer  des  for- 
mations analogiques.  —  Malgré  son  sens  causalif,  ji^/âcâre  en  face 
de  placère  (rac.  *plek-  tf  plier i^,  attestée  par  plectô,  im-plicâre,  du- 
plex, ombr.  tuplak)  paraît  être  formé  comme  sujfrâgân;  c'est  ainsi 
que  sêdâre  et  lêgàre ,  qui  ont  la  forme  d'itératifs,  ont  le  sens  de 
causalifs;  cf.  ïîqul  :  liquâre.  —  Il  faut  citer  encore  pâlâri  (itératif 
de  *pàle-,  ancien  *p"le-)  en  face  de  gr.  •nka.vixw,  TrXdvrjs  et  TrdXvrjs 
et  peut-être  aussi  propâgâre,  dont  l'a  est  plutôt  un  allongement 
latin  de  l'a  de  pango  que  l'a  ancien  de  la  racine  *pàg^-. 

L'a  de  contâgium,  contàgiô  en  face  de  l'a  de  tango  rappelle  l'a 
de  svffràgium  en  face  de  à  defrango  et  suppose  un  itératif  *con- 
tâgâ-.  Le  sens  de  contàgiô  est  nettement  itératif  et  distinct  de  celui 
de  contactns,  qui  indique  le  fait  de  toucher  une  fois;  du  reste, 
les  abstraits  en  -ium,  -io  sont  en  principe  d'origine  verbale.  — 
La  valeur  propre  du  suffixe  des  adjectifs  en  -âc-,  tels  que  dicàx, 
suspicâx,  est  empruntée  aux  itératifs  d'où  quelques-uns  sont 
tirés;  on  attendrait  donc  *tâgàx  plutôt  que  tàgàx,  qui  est  attesté 
chez  Lucilius;  cet  à  est  dij  à  tango,  tagam. 

Si  l'on  rapproche  solàrl  de  solère,  on  obtient  un  exemple  de 

'  Oportêre  est  peut-être  un  ancien  *op-uortê-si,  cf.  v.  si.  vnitî'ti;  on  aurait 
ainsi  -uortère  en  face  de  uorlëre  comme  pendêre  en  face  de  pemlUre. 


LATIN   VEWRl.  57 

rallongement  de  o.  On  peut  songer  aussi  h  praestôïârï  (rac.  *steî- 
r  placer»  ?). 

L'identité  de  ces  formations  latines  et  letto-slaves  est  parlicu- 
lièrement  remarquable,  parce  que  l'itératif  supplée  dans  It^s 
mêmes  langues  à  Fimperfectif  manquant  des  verbes  précédés  de 
particule;  ainsi  assentârl,  êducàre,  indicâre,  conspkârl,  occupnre, 
*surpâre  (d'où  UsUrpâre  par  étymologie  populaire),  compellâre 
tiennent  lieu  d'imperfectifs  à  assentire,  èdûcere ,  indîcere ,  conspicere , 
occipere,  surripere,  coiiipellere ,  bien  loin  que  ce  soient  des  perfectifs 
comme  le  prétend  à  tort  Brugmann,  Grundnss,  II,  p.  967;  si 
même  ces  formes  en  -à-  sont  toutes  des  aoristes  indo-européens, 
il  ne  résulte  pas  de  là  qu'elles  doivent  avoir  en  latin  la  valeur 
perfective  qu'elles  auraient  on  sanskrit,  en  arménien  ou  en  grec; 
en  revanche  l'addition  d'un  préfixe  n'entraîne  pas  la  valeur  per- 
fective en  grec,  comme  elle  le  fait  en  slave,  eu  germanique  et,  en 
latin,  au  moins  chez  les  auteurs  les  plus  anciens. 

A.  Meillf.t. 


LES  NOMS 
DES  MÉTAUX  ET  DES  COULEURS 

EN  BERBÈRE. 


Un  des  points  les  plus  obscurs  de  la  grammaiie  berbère,  c'est 
la  catégorie  de  verbes  connus  sous  le  nom  de  verbes  d'état  (ou  plus 
exactement  verbes  qualificatifs)  dont  la  conjugaison,  sans  particule, 
diffère  de  celle  qui  est  seule  employée  dans  les  autres  verbes  ^ 

Scliéma  du  verbe  ordinaire  Schéma  du  ver])e  d'élat, 

conjugué  sans  particule  conjugué  sans  particule 

(zouaoua).  (zouaoua). 

Sing.  t"pers.  coni r'  r' 

•2'  pers.  coin,     th  .  .  .  .     dh  dh 

3"  pers.  masc.     / 

3'  pers.  fém.     ili th 

PInr.  l'^pers.  com.     n , 

9°  pers.  masc.  th  ....      m  ï 

9^  pers.  fëm.     th  ....   mth  l         ....     ilh 

3'  pers.  masc 


n 


3"  pers.  fém ni  j 

Employé  avec  une  particule,  le  verbe  d'état  suit  la  conjugaison 
générale  : 

Sing.  i''pers.  com.  ad' r' 

ù'  pers.  com.  ats dh 

3'  pers.  masc.  ad'  i 

3'  pers.  fém.  ats 

Plur.  i"pers.  com.  ati 

2^  pers.  masc.  ats m 

û'  pers.  fém.  ats 7nth 

3°  pers.  masc.  ad' n 

3'  pers.  fém.  ad' 7it 

'  Pour  les  renseignements  grammaticaux  qu'il  serait  trop  long  de  développer 
ici,  ainsi  que  pour  les  dialoctes  qid  sont  mentionnés,  je  me  contenterai  de 
renvoyer  à  mon  Manuel  de  langue  kabyle,  Paris,  1887,  in-ia,  et  àm^s  Etudes 
sur  les  dialectes  berbères,  Paris,  189^,  in-8°,  ouvrage  couronné  par  l'Académie 
des  Inscriptions. 


LES   NOMS  DES  MÉTAU.V  ET  DES  COULEURS  EN   BERBERE.  59 

C'est  l\  celle  catégorie  qu'appartiennent,  entre  autres,  les  serbes 
exprimant  les  idées  de  couleur.  Tout  d'abord,  il  est  à  remarquer 
qu'en  général  ce  qu'on  donne  comme  e'tat  simple  de  ces  verbes 
n'est  en  réalite'  qu'une  forme  de'rivée.  Ex.  :  berrilc  dU^,  être  noir 
(Zouaoua),  est  une  sixième  forme  (redoublement  d'une  lettre  radi- 
cale),  d'une  forme  simple  ebrel-  <iljjî,  qui  s'est  conservée  à  Bougie, 
et  même  en  Zouaoua  dans  la  première  forme  (factitive)  seberek 
iJvAAw,  noircir. 

D"uu  autre  côte'  les  adjectifs  exprimant  les  couleurs  se  pre'- 
senlent  :  i°avec  la  terminaison  an;  2"  la  terminaison  ou;  3°  sans 
aucune  de  ces  terminaisons.  En  rapprochant  du  touareg  la  décli- 
naison du  participe  conside'ré  comme  invariable  dans  les  dialectes 
kabyles  du  Nord,  on  est  amené  aux  conclusions  suivantes  : 

1°  Les  adjectifs  indiquant  les  couleurs  sont  des  participes  (ou 
adjectifs  verbaux)  de  la  forme  simple  des  verbes  d'état  ou  quali- 
ficatifs ^  ; 

9°  Ils  sont  formés  suivant  la  règle  analogue  employée  pour 
les  adjectifs  verbaux  en  général  -  : 

a.  Préfixation  de  «m,  suflGxation  de  ou,  ex.  :  \/ZOUR  =\  ZGR, 
A.  Khaifoun  amezgarou  ^JSjjo\ ,  ancien^. 

b.  Préfixation  de  a,  suffixation  de  ou  V  GN,  Dj.  Nefousa  agnaou 
^U5l,  noir. 

c.  Préfixation  de  a,  suffixation  de  ah  \'RZG,  Zouaoua  :  arzagnn 
yt^^î,  amer. 

(l.  Le  suffixe  est  tombé  dans  ces  diverses  formations  :  Zouaoua  : 
amerzagou ^y^y^ ,  amer;  fîougie  :  amerzag  3)V^y<>\;  Bougie  :  nzauin 
yljî)!,  lourd;  Syouah  :  ami  <^1)!;  Zouaoua  :  aneggarou  ij^\  der- 
nier; Bougie  :  aneggar  j^^ ,  dernier. 

^  Cf.  Hanotoau,  Essai  de  gi-ammnire  kahyle,  Atger,  in-S",  s.  d.,  p.  91,  note. 
Ainsi  s'expliquent  des  anomalies  apparentes,  comme  en  Zouaoua  :  hcrrik  Jj>..- 
èlre  noir,  aherkan  yl5j_'l,  noir. 

^  Le  classement  que  je  donne  ici  ne  saurait  passer  pour  absolument  complet. 
Une  connaissance  plus  approfondie  des  dialectes  et  du  mécanisme  {jrammnticai 
fournira  l'occasion  de  constater  de  nouvelles  catégories,  comme  on  peut  le  voir 
iléjà  par  la  note  suivante. 

^  Des  formes  comme  amousni  (^y»\ ,  savant,  (Zouaoua  et  Mzab),  dérivé  de 
la  racine  v/S^  {isin  ^j,;— o  et  pssen  ^jj^\  ,  savoir)  semblent  indiquer  l'existence 
d'une  catégorie  où  \'vu  fmal  est  reuiplacé  par  i  avec  préfixation  de  awi.  Cf.  en 
Aliaggar  fl»ie.<ioui  ^lOD  buveur,  du  verbe  soit  tO,  boire.  On  peut  de  même 
leconnaitre  dans  le  mot  aneggarou  }^\Sj\  dernier,  du  verbe  gerou  jj5,  être  on 
arrière  v^'iiH  ,  un  exemple  d'inio  formation  par  an  préfixe. 


60  RENÉ  BASSET. 

e.  La  formation  du  participe  actuel  (préfixation  de  i,  suffixation 
de  en)  déclinable  en  touareg,  invariable  dans  les  dialectes  kabvles 
du  Nord  est  postérieure,  au  moins  en  ce  qui  concerne  les  verbes 
d'état. 

/.  Les  formes  dérivées  des  verbes  d'état  ont  donné  naissance  à 
des  adjectifs  verbaux,  dans  lesquels  la  préformante  a  ou  i  est 
tombée  fréquemment.  Ex.:  Zouaoua:  è^rn'Awi  ^^5^^,  noir;  mellou- 
len  (jjJjXo,  blanc.  Taroudant  :  ouraren  (j^'j^,  jaune. 


I 

OR    (jaune). 

Les  mots  indigènes  qui  désignent  dans  les  dialectes  berbères 
l'or  et  la  couleur  jaune  dérivent  de  la  racine  V^RR',  brûler,  qui 
présente  les  développements  suivants  ^  : 

S  1.  yRR  :  Zénaga  err  ^^t  a.  iourra  ^^y.  être  chaud.  Chellia, 
K'çour,  Mzab,  Zouaoua,  Ouargla,  Cbaouia  :  err  ^j!,  brûler,  a.  ier- 
ra  Ijc^;  Taïtoq,  err  :0,  brûler.  Bougie  err  ^^,  brûler.  A.  Kbal- 
foun,  Mzabi,  i""  forme  sirr  P-j-(^i  faire  brûler,  allumer;  Taïtoq, 
serer  :00;  K'çour,  Ouargla,  Chelh'a  seir  9-j-*i^\  Bougie  esrer' 
i^^î;  Chaouia  i-vii  f.  serar  ^j^\  Touat,  i-viii  f.  serir  ^jm* 
Bougie  I  VII  f.  serrai  ^^U^.  Mzab  tirrit  c:*^^"  braise.  Zouaoua  : 
ihimerriouth  cb^jJt^.^'  pi.  thimerriouin  jjjy*;ijJ:  incendie,  brûlure; 
Bougie  et  Bot'ioua  du  Rif  thirri  tjj-^  chaleur,  brûlure.  Zénaga 
tarrath  i±>Ujj  et  tarr'atV  i>ljè^',  chaleur;  Bot'ioua:  thiarrel  u>à^[j3 
chaleur;  Bougie  aserri  ^y>M^  incendie. 

Le  R  est  tombé  dans  les  mots  suivants'-:  Gourara  :  sar  ^L», 
allumer;  Zouaoua,  B.  Menacer  et  Mzab  :  sir  ^f-*»*,  allumer;  Zoua- 
oua, i-x  forme  siri  (J.>^.  Taïtoq  :  ouroud  FI: ,  brûlure, 

S  9.  V  R K'  (p^ï*  renforcement  du  R')^  :  Zouaoua ,  reh'  ^^,  brûler 
habituellement;  Mzab  rak'  (jj;  et  tarek'  ^jyb". 

§  3.  v^'RG''  :  Bougie,  thirgith  i-i^A^',  braise,  pi.  thirgin  {j'i^'-, 
Zouaoua  :  thirgin  (j*^',  charbons;  Zénaga,  tirgin  et  tirgéin  {^yi^ . 

î  h.  \/RJ^  :  Zouaoua  irrij ^^i  braise,  pi.  irrijen.  ijj?.y?.  0.  Rir' 
terjin  {j?.jj^,  braises.  B.  Menacer,  thirjin  {j?.jy^  braises,  charbons. 

'  Cf.  Broussais,  Recherches  sur  la  transformations  du  berber.  Bulletin  de  Cor' 
respondance  africaine ,  i88^,p.  ASa. 

-  Cf.  Etudes  sur  les  dialectes  berbères,  p.  '71-78. 
•''  Cf.  Etudes  sar  les  dialectes  berbères,  p.  t\']-ti8. 
*  Cf.  Etudes  sur  les  dialectes  berbères,  p.  4a-i3. 
^  Cf.  Etudes  sur  les  dialectes  berbères,  p.  h-2  et  'iG, 


LES  NOMS  DES  METAUX  ET  DES  COULEURS  EN  BERBERE.       61 

Celle  racine  se  rencontre  encore  en  touareg;  Ahaggar  :  arer' 
:0  f.  tarer  et  +:0+,  jaune.  Taïtoq  :  arar  :0  être  jaune;  ieraren 
\\0%.  pi.  ierarenen  /l:0^  jaune.  Le  nom  indigène  du  troisième 
mois  de  l'année,  correspondant  à  rabi'  premier,  est  en  Ahaggar 
lallilt  tarer  et  +:0++llll+  (ie  mois  jaune) ^  <|ui  s'est  alle're'  chez 
les  ïaïtoq  en  talUt  errât  +:0+ll+. 

Celte  forme  existait  dans  d'autres  dialectes,  car  au  xi^  siècle 
de  noire  ère,  le  ge'ographe  El-Bekri  mentionnait  à  Achir,  près 
de  risser  (dans  le  de'parlement  actuel  d'Alger)  deux  sources,  dont 
l'une  se  nommait  Tala  n  tiragh,  la  source  de  la  couleur  jaune-. 
On  peut  rattacher  à  la  même  racine  le  mot  Targhin  (Tarr'in 
^yxéjb)  qui  désigne,  suivant  le  même  auteur^,  de  hautes  mon- 
tagnes entre  Aouderf  et  Tamerma,  sur  la  route  du  Djebel  Nefousa 
dans  le  Fezzàn.  Tarr'in  peut  être  considéré  comme  le  pluriel  de 
Tarr'ah,  nom  d'une  ville  située  à  deux  journées  de  marche  de 
Sidjilmàsa  et  dépeuplée  lors  de  la  construction  de  sa  rivale^. 

Il  n'est  pas  hors  de  propos  de  rapprocher  de  ce  mot  ieraren 
l'arabe  tj^.  qui  désigne  enlre  autres  choses,  la  jaunisse^,  comme 
ou  ie  voit  par  un  passage  d'Ech  Cherichi,  dans  le  commentaire 
des  Séances  de  Hariri'^.  Zamakhchàri,  qui  cite  ce  mot,  le  rattache 
à  une  racine  ^jjt  qui  aurait  donné  aussi  (^jU  ou  ^^^J,  bracelet 
d'or".  Cependant  El  Djaouàliqi  prétend  que  ce  mot,  dans  le  sens 
de  bracelet,  vient  du  persan  âjL''^. 

'  Hanolenu,  Essai  de  grniiiiDaire  dp  la  langue  tatnachek'.  Paris,  )8(io,  in-S", 
p.  a 3 5. 

■^  ^lj~ïj  ^^-  Description  de  l' Afrique  septentrionalp,  éd.  deSlane,  Alger,  iSSy, 
iu-S",  p.  6o. 

■'  Description  de  l'Afrique  septentrionale,  texte  araire,  p.  10. 

*  *£»:•.  El  Rokri,  Description  de  l'Afrique  septentrionale,  Icxte  arabe,  p.  148. 

^  On  appelle  nurrar'  c!<^  on  zoiiaoua,  une  maladie  qui  attaque  les  fèves 
{Hoinoleau ,  Poésies  popjilaires  de  la  Kabylie  du  Jurjura ,  Paris,  1867,  in-S", 
p.  398,  note  3).  CI.  ce  que  dit  Zamakhchàri  de  la  maladie  nommée  en  arabe 
iarek'an,  et  s'atlaquant  aux  céréales  {Asâs  elbelâghah,  Le  Caire,  1399  hég., 
a  vol.  iu-8°,  t.  Il,  p.  367). 

■^  Boulaq,  i3oo  hég. ,  2  vol.  in-ti",  t.  I,  p.  4i   y!  iJI  ^j-^aJI  i  SjjLo  (^I^  JU 

'  Asàs  el  heldghah ,  t.  II,  p.  867  (^y-J.)  yLSrilI^  yU— Jl  f;V"^  -^^r"  V*-^' 
ij-*;L,.  '-JjAj  i  <^>^))}  **j;^  *'^^  (ii)^3  diy^'*  H'  0;'i 
A  l'appui  de  son  dire,  il  cite  ce  vers  du  poète  antéislamique  El  'Acha. 

Iwoàj  ^Kioi  vJvJo  JuiaJ;         yl3^L>   t»ia««  c:>,xl3  131 
'  Al  Mu'arrah,  éd.   Sachau,  Leipzig,   18(37,   '"-8",  p.    167.  ^g-;' — *  0>;W 

Ci^i-»  yli^LJI   x<Xc^-cl    ;-^~^w*l   «_''o  J^jLc  (^làJ  (Syt'^ 


62  RENÉ   BASSET. 

Cette  même  racine  a  fourni  le  nom  du  cuivre  aux  dialectes 
suivants  :  Ghat  :  erar   :0;  Kel-Oui  :  iarer    :0^. 

L'addition  d'un  ou,  soit  au  commencement,  soit  au  milieu  de 
la  racine,  a  donne'  naissance  à  un  nouveau  thème,  dont  les  dérive's 
ont  le  sens  de  jaune  et  d'or. 


yOURR'  :  Zouaoua  ourir  À)^^  être  jaune,  iv"  f.  tsiourir  ^.^y  • 
Bougie  et  Zouaoua  :  saourar  i^jy*»  jaunisse. 

En  ge'nëral,  l'adjectif  verbal  a  perdu  sa  terminaison.  B.  Menacer, 
A.  Khalfoun,  Mzab,  B.  Halima^B.  Iznacen,  Temsaman,  Toual, 
Tementit,  Timimoun,  Haraoua,  Ouargla,  Bot'ioua  du  Rif,  Zoua- 
oua, Chaouia,  Bot'ioua  d'Arzeu,  Bougie  aourar  ^\^^\  jaune.  Syouah  : 
aourar  ^|;^',  vert  ^. 

Taroudant  ouraren  (jj^î;>  jaune. 

Bougie  :  thiourerth  ^ùj^s-^yii  couleur  jaune. 

Peut-être  faut-il  rattacher  à  cette  racine  un  certain  nombre  de 
noms  propres  :  Aourir',  fils  de  Bernes,  père  de  Hoouar,  ancêtre 
des  Hoouàrah-;  une  fraction  de  celte  dernière  tribu  s'appelait 
Oucrgbali  [iks-^^)^.  Un  fleuve  du  Rif,  sur  le  territoire  de  Nokour, 
qui  avait  donne'  son  nom  au  pays  et  formait  la  limite  des  do- 
maines de  ridrisite  Yahya,  fils  d'Idris  ir\  avait  le  même  nom, 
porte'  également  par  une  ville  ^.  Un  fils  de  Mohammed  ibn  Ourziz, 
aïeul  des  B.  Merin,  se  nommait  Ourar'  (^'j^)*^-  De  nos  jours, 
une  tribu  du  de'partement  d'Oran,  sur  le  territoire  de  laquelle 
est  bâti  ^Ammi-Mousa,  porte  le  nom  des  B.  Ouràgh  (B.  Ourar') '^. 

'  De  même  en  grec  ;^Aû)pds  a  ie  double  sons  de  jaunâtre  et  de  verddhe. 
Cf.   Curtius,   Gniii(lznge  der  ffriechisrhru  Etymologie,   Leipzig,     1879,    in-8", 

p.    203. 

-  Cf.  Ibn  Klialdoun.  Kitâb  el  'Iber,  Bouiaq,  laSi  hég.,  7  vol.,  in-8^  t.  VI, 

p.  189,  Cet  Aourir^  d'après  les  généalogistes  berbères,  était  aussi  appelé  Rir'. 

p 
(« — J;jl  *--;->  J^.  c5^l  ^.^  c^iil  ^J^  3>^  ■^}9  3>'^  )y^^^  i^  (/^'  «iJj  '>"j 

s^!^  J-jLo  i:^.*^  9Ju»f  j^r?  i^  Sur  la  langue  des  Hoouàrah  marocains,  qui 
est  encore  fortement  mélangée  de  berbère,  cf.  Socin  et  Stumme,  Der  arahischc 
Dialekt  der  Hoawara  des  Wad  Sus  in  Marokko,  Leipzig,  1896,  grand  in-8°. 

^  Ibn  Khaldoun,  Kitdb  el  'Iber,  t.  VI,  p.  1  4o. 

''  El  Bekri,  Description  de  l'Afrique  septentrionale,  texte  arabe,  p.  90.  Dans 
sa  traduction  de  ce  dernier  ouvrage  (Paris,  1859,  in~8"),  de  Slane  explique 
Ouprgbah  par  or  (p.  910,  note  a);  cf.  aussi  El  Bekri,  p.  iii-ii/i;  Ibn  Khal- 
domi,  Kitâb  el  Iber,  t.  VI,  p.  i85;  t.  VII,  p.  171,  3i^;  t.  VI,  p.  9i3.  Une 
tribu  berbère  du  Maroc,  les  Ourighah  (*ij^^)  est  citée  dans  l'ouvrage  d'Ahmed 
ez  Ziàni.  Cf.  Houdas,  Le  Maroc  de  i6âi  à  181a,  texte  arabe,  p.  io3. 

*  Ibn  Khaldoun,  Kitdb  el'Iher,  t.  VII,  p.  3.56. 

«   Ibn  Khaldoun,  Kitâb  el  'Iber,  t.  VII,  p,   167. 

'  Ci.  mes  Dictons  satiriques  attribué.i  à  Sidi  Ahmed  ben  Yousof,  Paris,  1890, 
in- 8°,  p.  a  6. 


LES  NOMS  DES  METAUX  ET  DES  COULEURS  EN  BERBERE.       63 

Enlin  une  liibu  zouaoua,  l'aisanl  partie  de  la  confe'de'ralioii  des 
Ailli  Menguellet,  s'appelle  Aïtli  Itsourar. 

On  peut  rappeler  en  outre  que  le  dialecte  parle'  par  les  Toua- 
reg Kel-Oui  qui  habitent  le  massif  de  TAïr  se  nomme  Aouragliié 
(Aourar  ie')  ^;  et  une  très  puissante  fraction  touareg  des  Azger  e  t 
appele'e  louraren  (pluriel  de  Aourary-. 

Cette  même  racine  a  fourni  le  nom  de  for  dans  presque  tous 
les  dialectes  : 

Ahaggar  :  ourer  \0'  or.  Djerba  ourer  ^^3-  Taroudant,  B.  Me- 
nacer, B.  Ouriaren,  KVour,  B.  Halima,  Bol'ioua  dWrzeu,  Chelb'a, 
Temsaman,  Gbdamès,  Gourara,  Touat.  Mzab,  Ouarsenis,  Cba- 
ouia  :  owrrtr'  f  |;3  •  Gbat,  oiirav  \0', .  Aouelinimiden,  Sergou  aou- 
rar    \0'\  Djerid,  aourar  P-^j^^;  Taïtoq  :  ouror'  :0.  ^. 

Le  renforcement  du  r  eu  /L'  a  donne'  la  racine  OURK'  :  Zoua- 
oua iourak'en  (^^^y^.  brillant'';  forme  intensive  :  itserrik'en  (j^^. 
étincelaut'^. 

Tementit,  Timimoun  :  ourak'  ^i^^  or. 

Dans  plusieurs  dialectes,  le  r  est  tombé '^.  Aoudjila  et  Ouargla  : 
ottra  i^^ ,  or.  Ze'naga  eiivou  ^j!  et  otiri  ^^j^  ' . 

En  Chelh'a,  le  r  est  tombe'  dans  le  mot  ouir  ^j^,  poudre  d'or. 

Le  son  ou  a  e'té  ajouté  au  milieu,  et  non  au  commencement 
du  mot  en  Taïtoq  :  aroiier    l'.Q  jaunir,  être  jaune;  i'^^  L  serouer 

'  Cf.  mes  }totes  de  lexicographie  berbère,  i"  série,  Paris,  1880,  iu-S",  p.  5i. 

^  Cf.  krause.  Proben  der  Spraclie  von  Ghat,  Leipzig,  i88i,  iu-8',  p.  71- 
83. 

'  On  a  songé  à  faire  dériver  le  latin  aitrum  du  mot  ourar',  mais,  outre  que 
cette  dérivation  n'est  pas  justifiée  au  point  de  vue  liistorique,  on  est  généraie- 
ment  d'accord  pour  ratlaclier  le  mot  auritin  à  une  racine  us,  comme  celui  d'au- 
rore. Déjà  Pompéius  Feslus  {De signifcatione  verborum,  abrégé  par  Paul  Diacre, 
p.  9  M.,  s.  v"  atirunij  avait  fait  ce  rapproctiement  :  f  Quidam  ad  similitudinem 
auroraî  coloris  nomen  traxisse  existimantîi ,  à  côté  d'autres  élymologies  fantas- 
tiques. Les  Sabins  (loc.  laiid.)  le  nommaient  ausum. 

*  Cf.  ce  vers  d'une  clianson  populaire  : 

L'dlnm  njdid'  iouraïC en 
"La  bannière  neuve  est  brillanfe:^.  (Hanoteau,  Poésies  populaires  de  lu  Kfi- 
oylie  du  Jiirjura ,  p.  367.) 

^  Cf.  ce  vers  (Hanoteau,  loc.  laud.)  : 

.lj</i  erhah  itserrili'on 
«(jens  aux  éperons  étinceiants». 
"  (if.  Etudes  SHC  les  dialectes  berbèi-es ,  p.  'ifi. 
'  C'est  au  Zénaga  qu'est  emprunté  le  mol  diolof  :  louivtii  va,  l'or. 


6à 


RENK    lUSSET. 


::00  jaunir,  rendre  jaune.  Il  est  devenu  un  o  dans  le  Taïtoq 
daror   iOD  cuivre. 

Quoique  le  Zouaoua  ait  conserve'  l'adjectif  aourar\  jaune,  il  a 
perdu  ourar  ^îj^,  or,  et  Ta  remplacé  par  d'eheh  (arabe  «r^-ifti). 
Cependant  le  mot  berbère  s'est  conserve'  dans  le  nom  du  village 
à'Agoiini  hourar  (plateau  d'or)  chez  les  Aith  Oumalou,  tribu  de 
la  confe'dération  des  Aithen  Irat.  On  donne  en  Zouaoua  le  nom 
de  d'eheh  leçafeur  {^x^)i\  t^JJ!,  or  jaune)  au  sulfure  d'arsenic 
(orpiment)  dont  on  se  sert  pour  faire  la  pommade  épilatoirc  ^ 

En  Gue'lâia,  on  emploie  aussi  le  mot  d'eheh  (<^i)  pour  l'or. 

Le  nom  berbère  de  la  sauterelle  paraît  devoir  appartenir  à  la 
racine  RR'.  B.  Menacer  et  Taroudant,  temourri  ^^yJi  pi.  temoiir- 
rin  ij^ji^i;  Mzab  tmourr  ^^^  (collectif);  Ouargla  et  Dj.  Nefousa 
tmourri  <J;i^,  bande  de  sauterelles.  K'çour  :  tmourr  in  (j^^yJi 
(plur.).  Touat  :  tmourr  etch  ^jyf  pi.  tmourr  atin  ^^\s■^yJi. 

Eu  Ze'naga  le  r  est  tombé  :  taoumrith  civ^.*jj'  pi.  taoumri  iSy^yi. 

Les  autres  dialectes  de  l'Algérie  ont  emprunté  le  mot  arabe 
:>|;^.  En  touareg,  on  trouve  les  noms  suivants  qui  s'appliquent 
à  des  espèces  différentes.  Azger  :  tahoiialt  +11  :  j  +  ;  Aouelimmiden  : 
(ijoual  ||:X.  Pour  ce  dernier  dialecte,  Barth-  donne  magédar 
(OriTIl)  pi.  imgidaren  (lOn'I'Il)  et  ngaraian  (I^OT),  petite 
sauterelle  noire. 

II 

ARGENT. 

Le  nom  de  l'argent  est  dérivé  en  berbère  de  deux  racines  dif- 
férentes, dont  l'une  est  certainement  empruntée  à  l'arabe. 

La  première  est  la  racine  ZRF. 

Zénaga  :  «zrotf/'ojji;!,  argent.  Ghat,  azrouf  "KO^ .  C'est  celle 
forme  qui  a  passé  en  haoussa  :  azouroufa. 

Zénaga  :  azerfi  ij))i. 

B.  Menacer,  K'çour,  Haraoua,  Ouarsenis  :  azerf  û>jy].  Il  est  à 
remarquer  que  le  cours  supérieur  d'un  des  principaux  affluents 
du  Chélif,  appelé  Oued  Fodbdha  (iUiiÀJ!  tgii^,  rivière  d'argent), 
traverse  la  partie  orientale  de  l'Ouarsenis,  il  se  trouve,  du  reste, 
dans  cette  région  des  gisemenis  de  plomb  argentifère. 

Cbaouia  :  azerf  dj^S.  Suivant  El  Bekri^,  il  existait  à  Medjânah 
(y*XxXl  ioLs2),  prèsde  la  Meskianah,  dans  le  département  actuel 

'  Hanoteau  et  Lelourneux,  îm  Kahylie  et  les  coutumes  kabyles,  l.  1,  p.  507. 
-  Reisen  und  Entdeckungen  in  Nord-und  Central-Africa ,   t.  V,  Goflia,  i858, 
p.  686. 

'  Description  de  l'Afri(jue,  p.  ii5. 


LES    .^OMS  DES  MÉTAIX   ET  DES  COI  LELRS  EN   P.ElUiÈKK.  (')5 

de  Constantine,  un  grand  nombre  de  raines,  dont  l'une  appele'e 
El  Ouritçi  appartenait  à  des  Loouâta  et  fournissait  de  l'argent. 

Aouelimmiden  azeref  llOtt . 

On  doit  rattacher  à  cette  racine  le  mot  azarif\À^.j^\  (jui  signifie 
ff  aiunn  en  zouaoua^  Azger  :  uzarlf  ][0#;  Ouargla,  zarif  ^J^.j^. 

Toutefois,  il  a  le  sens  d'argent  dans  le  vers  suivant  : 


Ass  agi  emuiougercr'  thak'chichth 
Em  tha/.soumth  thacheba  azarif. 

Aujourd'hui ,  j'ai  rencontre'  une  jeune  fille 
A  la  chair  blanche  comme  de  l'argent  '. 

Le /est  tombe'  en  Kel  Oui  :  azer  0#  argent. 

Le  z  sest  adouci  en  z  :  Taitoq  az^ref  ][OX-  Ghat,  az'rouf 
]COl. 

Cette  racine  ZRF  n'est  pas  sans  analogie  avec  l'arabe  ci^,  et 
surtout  avec  ci^^  qui ,  d'après  le  Chems  eVOloum,  signifiait  argent 
en  himyarite  et  se  trouvait  mentionné  dans  une  inscription  du 
tombeau  de  Dzou  Dounyan*.  Le  changement  du  ^j^  arabe  en  ^ 
dans  les  mots  berbères  est  un  phe'nomène  très  fre'quent  :  j'en 
citerai  quelques  exemples  : 

Zouaoua  ezdieli  ^^)U  tapage  =  arabe  ^^J^*?. 
Zouaoua  tlmzaUith  ^^^j'^',  prière  =  arabe  &^^. 
Zouaoua   ouzoum  r»j3^,  jeûner;   Aouelimmiden  et  Ahaggar  : 
azoum  I]tt,  jeûne  =  arabe  r»^^. 

On  rencontre  quelquefois  ce  changement  dans  le  même  dia- 
lecte : 

Zouaoua  ezzel  J;î  et  ezçel  J^^l  étendre. 
Zouaoua  ezzou  ^'^^  et  ezçouy>o^^  planter. 

Il  existe  aussi  en  arabe  :  (jV  et  (j-*^,  cracher.  Ech  Clierichi, 
dans  son  Commentaire  des  Ma qmnàt  de  Hariri,  dit  que  le  peuple 


'   Hanoteaii  et  Leloiirneiix,  La  Kahylie,  t.  I,  p.  507. 

^  Hanoleau  {Poésies  populaires  de  In  Kabylie,  p.  Sao-Sûi)  traduit  r-comme 
de  l'alun-.  Celte  méprise  s'explique,  quand  on  considère  qu'actuellement,  azarif 
a  perdu  le  sens  d'argent,  pour  ne  conserver  que  celui  d'alun.  Le  Zouaoua  a 
emprunté  le  mot  arabe  eljet'i'n  (*jaiJI);à  Bougie  et  au  Touat,  fodhdlia ;  chez  les 
Beiboros  de  AIadjouia,_/è^'/V/  v:>Iai;  à  Qhdamès  J'oddn.  On  appelle  en  zouaoua 
chrnadjer  eljet'l'a  (  *ILlJ!  v^U.i)  le  cblorliydrale  d'ammoniaque  dont  on  se 
sort  comme  remède.  (Hanoteau  et  Lclourneux,  La  Kahylie,  1. 1,  p.  .^07.) 

^  Cf.  yU»*s,  plond),  cuivre. 

'   Cf.  D.  H.  Millier,  Sùd-arahiscbe  Studien,  Vienne,  1H77,  in-^"»  P-  ^1-      , 


66  UEIVÉ  BASSET. 

prononçait  ■y-j.-K.il  la  pâte  de  dattes  et  de  beurre  qu'on  appelle 

Mais  le  rapport  entre  le  sémitique  (himyarite  et  arabe)  o^o- 
et  le  berbère  ZRF  une  fois  admis,  y  a-t-il  lieu  de  supposer  un 
emprunt  ou  une  communauté'  d'origine?  Contre  la  première  opi- 
nion, on  peut  faire  valoir  que  dans  l'arabe  parlé  dans  l'ouest, 
on  ne  rencontre  pas  le  mot  o^  ou  (J>ji^,  employé  dans  le  sens 
d'argent,  et  il  est  difficile  de  supposer  que  les  tribus  berbères 
qui  ont  conservé  azrouf  (et  azerf)  l'aient  emprunté  à  la  langue 
écrite.  Il  faut  en  outre  observer  que  l'emprunt  n'explique  pas  la 
vocalisation  azroiif  et  azerf. 

§  2.  Chez  les  Berbères  du  Maroc,  au  contraire,  l'origine  arabe 
du  mot  qui  désigne  l'argent  n'est  pas  douteuse.  A  Tementit  et 
dans  le  Gourara,  nous  trouvons  nonk'ort  cy^-ï^-j;  en  Guélâia  : 
amouk' ord  :>^'iy>\ ,  annouk'arth  ^y'iy'A  et  nouk^ar^y:,  chez  lesB.  Ou- 
riar'en  annouknrd  :>^sy\  \  à  Taroudant  nnouklcord  ^yi>y^\  en  Chelh'a 
nok^k'ort  c:j>«->;  chez  les  Bot'ioua  d'Arzeu  (dont  le  dialecte  se  rat- 
tache à  ceux  du  Rif)  et  en  Temsaman  anoidi'orth  ci>j»jjl. 

Dans  la  liste  de  mots,  assez  mal  orthographiés  que  Mouette  a 
mise  à  la  suite  de  son  livre,  il  traduit  argent  par  mecora  [=^a))ioii- 
k'ord  ^jiyo\  des  Cuélàia^). 

L'exploitation  des  mines  d'argent  au  Maroc  est  signalée  au 
moyen  âge  pai'  les  auteurs  arabes.  Abd  ol  Ouabid  el  Marrâkochi" 
cite,  à  trois  étapes  de  Mekinès,  à  l'endroit' appelé  la  forteresse 
de  Ouarkannâs,  une  mine  d'argent  et  une  autre  à  Zodjondar, 
dans  le  Sous.  El  Bakoui  mentionne  la  ville  de  Rakandour,  dans 
le  pays  des  Berbères,  à  six  journées  de  Maroc  où  l'exploitation 
d'une  mine  d'argent  était  permise  à  qui  voulait  l'entreprendre^. 

Ce  mot  anouk'orth  esl  évidemment  emprunté  à  l'arabe  «yij  qui 


'  T.  I,  p.  29  f\Çli  7->^  LU/oU  iu<w.jj  ti^Ji  ^JJ,  ^  Âii^s^.  Par  le  mot 
U.:;/»Lc,  Ecli  Chericlii ,  qui  était  Espagnol,  désignait  probablement  les  Arabes  de 
rOuest.  C'est  peut-être  par  l'analogie  qu'on  doit  expliquer  le  changement  du  j«. 
en  3  dans  le  mot  Ut^ju»  devenu  ijl^cjj ,  dans  le  dialecte  arabe  de  la  Tunisie  et 
de  la  Tripolitaine,  plutôt  que  par  une  action  lénitive  du  ci  final  (Stumme,  Tri- 
politanisch-Tunisische  Beduinenlieder,  Leipzig,  189^,  in-8°,  p.  2,  note  li)  ou 
par  une  action  de  contact  du  -  (Glermonl-Ganneau,  dans  la  Revue  critiquo ,  189^, 
n°5t,  p. /i65-466).  ^ 

^  Il  est  bien  entendu  que  je  considère  dans  cjj-o  le  mot  himyarite,  et  non 
l'arabe  cJ>,jo  qui  sert  à  désigner  dans  le  Maghreb  la  monnaie,  mais  jamais  le 
métal. 

*  Histoire  des  cotKjuestes  de  Mouleij  Arcliy,  Paris,  i683,  in-19. 

*"  History  ofthe  Almohades ,  éd.  Dozy,  Leiden,  1847,  in-8°,  p.  aG'i. 

•■'  l\'otices  et  extraits  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  du  Roi,  Paris,  t.  il, 
lySg^in-i",  p.  ItSg. 


LES   NOMS  DES  METAUX  ET  DES  COULEUnS  EN   BERBERE.  67 

dosi|jne  quelquefois,  mais  rarement,  un  lingot  d'or  et  presque 
touiours  un  linoot  d'argent  ou  le  métal  lui-même  ^ 


III 


FER. 

La  racine  ZL  a  fourni  le  nom  du  fer  dans  tous  les  dialectes. 

Dj.  Nefousa  :  zel  J;,  zil  Jj^  fer.  B.  Menacer,  K'çour,  Gourara, 
Ouargla,  Ouarsenis,  Chclli'a  :  ouzzaï  Jj^.  Sergou,  Aoueiimniiden  : 
ouzzel  ll#. 

Ait  Khalfoun,  Djerid,  Bougie'-,  Zouaoua,  Chaouia,  Mzab, 
Touat,  Haraoua  :  oiizzal  J'3j. 

Chelh'a  :  azzal  Jî)!  ^. 

Ghdamès  :  ouazal  Jî^'j. 

Dans  les  dialectes  touaregs*,  ce  mot  affecte  la  forme  du  fémi- 
nin :  Gliat  et  Ah^ggiw  :  taznuli  •!!#  +  ;  Azger  iazholi  •lli#  +  ^. 

Kel  Oui  :  tazali  •!!#+  fer. 

Le  z  s'e?t  adouci  en  e'  en  Taïtoq  :  taz'oli  •llX+  fer. 

En  vertu  de  règles  phonétiques  connues'',  le  /  est  devenu  un  r 
dans  les  dialectes  du  Rif  : 

Temsaman  "^5  B.  Ouriaren,  Guélàia  et  Bot'ioua  :  ouzzer  ^'^^. 

En  Zénaga,  il  est  devenu  dj^  :  izzedj  ^j^.. 

En  Bot'ioua  du  Vieil  Arzeu^,  il  s'est  transformé  en  j  :  ouzzaj 
hi  fer. 

'  Cf.  ce  qu'en  dit  Ecli  Gherichi  *_ji_i_Jij  t^iJI  ^^  i>Sy,^\\  iLsiaJL'l  sJUJI 

(^■jj^  L^J-jtiUvIj  *<àjU!  (W»  J^jlxavwï  Le!  »_Llî!^ (^!s>>J!  14>L«  *->Iaj  y!  Jo.5 

LjyjLo  L«  i^Ji2  i_,<jâiJl  j  (Commenlaire  dos  Séances  de  Hariri,  L  I,  p.  56). 

-  Au  temps  d"Ei  Edrisi,  on  exploitait  encore  aux  environs  de  Bougie  des 
mines  de  fer  qui  donnaient  à  bas  prix  de  très  bon  minerai  (Description  de 
l'Afrique  et  de  l'I^^spai^ne,  éd.  Dozy  et  de  Goeje,  Leiden,  i866,  in-S",  p.  91 
du  texte). 

■*  Abd  et  Ouùliid  el  Marrâlcochi  mentionne  entre  Salé  et  Maroc,  à  une  jour- 
née ou  deux  de  l'Atlantique,  mais  à  l'écart  de  la  route  suivie,  une  mine  de  ter 
à  l'endroit  appelé  Isentar  [History  of  the  Almohades,  éd.  Dozy,  Leiden,  18^17, 
in-8",  p.  a64). 

*  Sur  les  gisements  de  fer  en  pays  touareg,  cf.  Duveyrier,  Les  Touaregs  du 
Nord,  Paris.  i864,  in-S",  p.  i/ia. 

*  Sur  cette  addition  du  ha  (  j  ),  cf.  Eludes  sur  les  dialectes  berbères  ,  p.  G8. 
"   Cf.  Eludes  sur  les  dialectes  herbèrps,  p.  2^. 

'  Abd  el  Ouàliid  el  Mairàkorlii  cite  la  mine  do  fer  qui  existait  chez  les  Teni- 
saman ,  dans  le  Rif,  entre  Orau  et  Coûta  [Hisiorij  oftiie  Almohades,  p..  î?6i). 

*  Cf.  Etudes  sur  les  dialectes  berbères,  p.  au. 

'  El  Bekri  signale  une  mine  de  mercure  et  une  do  fer,  dans  la  colline  près 
du  N'ieil  Arzeu  où  s'élevait  un  cbàteau  formant  un  ribal'  (Description  de  l'Afrique, 
p.  70). 

5. 


68  RKNÉ   BASSET. 

Ce  mot  était  entré  dans  la  composition  de  divers  noms  propres. 
Ainsi,  entre  TO.  Draà  et  le  de'sert,  El  Bekri  place  la  montagne 
d'Oiidrar  en  Oiizzal,  qui,  dit-il,  signifie  en  berbère  la  montagne 
de  fer^. 

Les  noms  d'objets  en  fer  sont  emprunte's  à  cette  racine.  Ainsi, 
au  Mzab  et  à  Ouargla  louzzal  Ji;^  anneaux,  surtout  anneaux  de 
jambe;  en  Zouaoua,  ouzal  J)^  pi.  ouzlan  ^J^)^  éperon,  et  aiozll 
Jy;^5  qui  désigne  un  peigne  de  fer  dont  on  se  sert  dans  le  tissage 
des  étoffes  de  laine-;  à'Taroudant,  touzïan  y^)y->,  ciseaux. 

C'est  encore  à  cette  racine  qu'il  faut  rattacber  le  nom  du  sul- 
fure d'antimoine  dont  on  fabrique  le  kolieuJ  : 

Béni  Menacer  :  thazoult  oJ^jj. 
Azger  :  tazolt  +  Il  #  +  3. 

Le  zouaoua  le  désigne  par  i*K_>*X_a»-  liadidah,  emprunté  à 
l'arabe  JoO^aw.  Il  est  à  remarquer  que  le  mot  toutia  U>jj'  anti- 
moine (en  arabe  d'Algérie  :  couperose)  est  employé  cbez  les  Taï- 
toqs  [taotilia  •:$+:  +  )  pour  désigner  le  fer  de  mauvaise  qualité. 

En  Taïtoq,  le  fer-blanc  est  appelé  Wechmoun  DO...  II. 

Le  dialecte  de  Taroudant  a  seul  conservé,  pour  désigner  le 
forgeron,  un  mot  dérivé  de  la  racine  ZL  amzil  J^l.  En  Taïtoq  : 
inulh  31,  pi.  inadhan  131.  Les  dialectes  du  Nord  se  servent  du 
mot  arabe  Jiaddad  ^i*X=». . 

II  est  peu  probable  qu'on  doive  rapprocher  ouzzal  du  phénicien 
bî~i3.  Quant  au  cf  vieux  mot  phénicien  ouzzaln  signalé  par  M.  Mas- 
queray'S  il  ne  s'est  jamais,  à  ma  connaissance,  rencontré  dans 
aucun  texte  phénicien  ou  punique. 

IV 

CUIVRE. 

Le  cuivre  n'a  pas  de  nom  spécial  en  berbère^.  On  le  désigne  : 
1°  Par  un  dérivé  de  la  racine  RR'  :  Ghat  erar  0\.  Kel  Oui, 

'  ^.Ov:^  J-^-T»-  ^yy*^  J'^>— '  ^'i'^'  *:!rîT^-"-T  cs<^*^  J^-^4^  J'  '-6-^  (Description 
de  l'Afrique  septentrionale,  p.  )  63-1 64). 

-  Haiioteau  et  Letournenx,  La  Knhylie,t.  I,  p.  hSo. 

^  Cf.  Duveyrier,  Le.i  Touaregs  du  Nord ,  p.  lîa. 

''  Comparaison  d'un  vocabulaire  du  dialecte  des  Zenaga  avec  les  vocahulaires 
correspondants  des  dialectes  des  Chawia  et  des  B.  Mznh  (Archives  des  Missions 
scientiji(]ues ,  3'  série,  t.  V,  1879,  p.  5 11). 

^  Abd  o\  Oiiâhid  el  Marràkoclii  rapporte  qu'il  existait  dans  le  Sous  deux 
mines  de  cuivre  (Jlislorij  of  the  Almohades,  p.  26^).  El  Edrisi  (Description  de 
l'Afrique  el  de  l'Espagne,  p.  ■j'i)  ajoute  qu'elles  étaient  à  Daï,  à  quatre  jour- 
nées d'Aghniat,  vers  le  N.  E.,  au  pied  d'une  montagne  qui  fait  partie  de  la 
chaîne  de  Daran.  «Le   cuivre  est  très  pur,  de  qualité  supérieure  et  de  couleur 


I.KS    NOMS  DES  MÉTAIX  ET  DES  COULEURS   r.\    liERRlRE.  09 

iarer  :0^.  Touat  :  ourar  f|;^.  Aliaggar  et  Aouelimmiden  :  darouv 
:On.  Azger  et  Taïtoq  :  davor   «Ori; 

1"  Par  lin  emprunt  au  mol  arabe  j-t^: 

Svouah,  K'çour,  nalias  j-L^.  Bougie  et  Zouaoua  nelias  {j^^ . 
Zénaga  nh'as  (j-i^.  Le  ^  est  tombé  clans  d'autres  dialectes  : 
Taroudant  et  Chelh'a  onas  ,j*.Ui . 
Ghdamès  ounas  ,j«b^. 

Gourara  amcnnas  ,j«U— «î.  En  Aouelimmiden  lematmas  OD+ 
de'signe  une  tasse  en  cuivre.  L's  est  devenu  ch  à  Aoudjila  :  amcli 
fj^'^.  L'ace'tate  de  cmsvQ ^  azendjar  ^\^)\  (de  l'arabe  zendjar  J^'j), 
vert  de  gris)  et  le  sull'ate  de  cuivre  {toutin  ^y)  sont  em[)loyés 
cbez  les  Zouaouas  dans  la  composition  dun  remède  contre  Toph- 
talmie^ 

V 

ÉTAIN. 

Le  nom  de  Te'tain  est  emprunte'  à  Tarabe  dans  les  dialectes  oii 
on  le  rencontre  : 

Svouah,  Bougie,  Zouaoua  :  W ezdir  yipy»^ .  Une  des  portes  de 
Mekinès  porte  le  nom  de  Bàb  el  Qazdir  (porte  de  Tétain),  d'après 
Ez  Ziàni  '^. 

VI 

PLOMB. 

Le  nom  berbère  du  plomb  est  dérivé  de  la  racine  LUN.  Zoua- 
oua, Touat,  K'çour,  Ait  Khalfoun,  Haraoua,  Ouarsenis,  Zénaga  : 
Aldoxtn  ^J^ù>^^ .  Chaouia,  Djerid  :  boiddoun  (j^^^y- 

Par  assimilation  du  d  au  /  on  a  en  Azger  alloun  /IL  Un  des 
torrents  descendant  du  plateau  de  Tasili  porte  le  nom  de  Ouadi 
Alloun-^.  C'est  un  des  mots  employés  en  Aouelimmiden  pour 
désigner  le  plomb  :  ahelloiim  •  Il  • . 

blanchâtre;  il  s';iliie  faciieiiient  à  d'autres  métaux,  et  on  Teniploie  dans  la  fabri- 
cation des  monnaies  d'argent.  Lorsqu'on  le  bat,  sa  qualité  s'améliore,  et  il  n'est 
pas  sujet  à  se  fendr.»  comme  les  autres  cuivres.  Plusieurs  personnes  su])posent 
que  les  mines  de  cuivre  dont  il  s'agit  ne  dépendent  pas  du  Sous. n  Sous  le 
règne  de  l'Almoliade  El  Maiisour,  il  y  avait  à  Fas,  dit  l'auteur  du  lloudh  el  Qarias 
(trad.  Beanmier,  I*aris,  1880,  in-S",  p.  .58),  douze  établissements  où  l'on  Ira- 
vaillail  le  cuivre. 

'   Hanoleau  el  Letoiuiieux,  Lu  KuIujUp,  t.  I,  p.  36o. 

-  Hondas,  Le  Maroc  de  i63i  a  18 m,  Paris,  1886,  in-8",  p.  60  du  texte,  (le 
nom  n'est  pas  dotmé  par  Mohammed  ibn  el  Glià/.i  ErOthmàni,  dans  sa  Monih- 
(ptiphie  (le  Meqninez,  irad.  Houdas,  Paris,  i885,  in-8",  p.  33. 

'   Duveyrier,  Les  Toiiavpfrs  du  î^ord,  p.   l'ia.  Le  nom  araijc  du  plomb  enlie 


70 


RENE   BASSRT. 


La  plupart  des  autres  dialectes  ont  emprunte'  le  mot  arabe  : 
Bougie,  Chelli'a,Ghdamès,  Syouali  :  reçaç  ^Usj.  Chelli'a,  terçaçt 

A  côté  de  ces  noms,  on  trouve  dans  le  dialecte  de  Syouah 
igeri  ^^JC»,  en  Chelh'a  ikîri  (_^j_*-Cj,  dans  celui  des  Bot'ioua  du 
Vieil  Arzeu  :  ikhfif  ^.X>Sj^  et  en  Aouelimmiden  :  tesaouaten  l+:0+. 

Les  chevrotines  de  plomb  sont  appelées  en  zouaoua  et  dans  le 
dialecte  de  TO.  Sahel  Boufaleb  t-AjIîs^,  du  nom  d'une  montagne 
au  sud  de  Sétif  qui  renferme  des  mines  de  plomb  autrefois  ex- 
ploitées par  les  indigènes  ^ 

Au  Mzab  on  emploie  nzizao  ^'\jj'^\ ^  bleu  (voir  plus  loin)^. 


VII 

BLÂNG. 

La  racine  MLL  existe  dans  tous  les  dialectes  berbères  pour 
exprimer  l'idée  de  blanc; 

Bougie,  Ail  Khalfoun  et  Zouaoua  :  melhul  Jj-^,  être  blanc, 
pi.  melloulith  <^^^^;  i"  1".  semeUel  jA-«w,  blanchir;  i-viii"  f.  si- 
mellonl  JjA.^^*;  Chelira  meloid  J^^,  devenir  blanc. 

Un  chef  des  Touaregs  Mochcharen ,  qui  lit  aux  Melli  (Malinkhés) 
une  guerre  acharnée  et  en  887  hég.  (i433-i/i3i)  leur  enleva 
Tonbouktou,  se  nommait  Akil  ag  MellouP. 

Le  son  ou  est  remplacé  par  le  son  i.  B.  Menacer  mlil  J^y^, 
êtie  blanc;  Chelh'a  melil S{Xo.  Il  n'existe  pas  à  la  première  forme  : 
B.  Menacer  :  semlaJ  j!U-.ç>*<,  blanchir.  On  trouve  cependant  au 
Dj.  Nefousa  semlil  J-aA^w. 

Lé  nom  de  Semlil  était  porté  par  un  des  ancêtres  des  Teikala, 
tribu  sanhadja'*. 

Dj.  Nefousa  mdiel  JX«;  Tementit  mrihd  j!^,  devenir  blanc. 

Dans  les  dialectes  suivants,  Vi  et  Vou  sont  remplacés  par  un  e. 
Taitoq  :  cnilel  II  III]  blanchir,  être  blanc;  i"  f.  simelel  \\\\3Q 
blanchir,  rendre  blanc.  Mzab,  1"  f.  smell  J«w,  blanchir;  Djerid, 
amell  J^î  ?  devenir  blanc. 


fréquemment  dans  la  nomenclature  géographique  du  ÏMaghreb  :  ainsi  le  Djebel 
Ressas  (^LojJi  J^^)  près  de  Tunis  ;  l'Oued  er  Ressas  (^j^Lo^Jl  <5>>!j)  qui  tra- 
verse le  massif  de  TOuarsenis. 

'   Cf.  Hanoleau,  Poésies  populaires  lahyles,  p.  365,  note  2. 

-  Mas(jueray,  Comparaison  d'un  vocabulaire  du  dialecte  des  Zenaga,  p.  5  9^1. 

''  Cf.  mon  Essai  sur  le  royaume  et  la  langue  de  Tonbouktou,  Louvain,  1888, 
iu-8°,  p.  26. 

*  Ibn  Klialdoun ,  Kildb  el'lber,  t.  VI,  p.  i53. 


LES   NOMS  DES  MÉTALX   ET   DES  COULEURS  E\   BERBERE.  71 

Noms  verbaux  :  Ahaggar  et  Taïtoq,  limelJi  •IG+,  blancheur; 
Zouaoua,  themlel  jX^r.  Bougie,  tliimkllh  c^Ujf.  Dj.  Nel'ousa, 
tesmelclli  JcUw.ï,  action  de  blanchir.  Mzab,  asmelli  (J-«^««i,  ici. 

La  vocalisation  intérieure  de  l'adjectif  verbal  varie  entre  a,  i 
et  e. 

Taroudant  :  oumellil  ^^^^  et  oumlil  J^y^5,  blanc,  fém.  toumel- 
lilt  o»AaX*^'. 

Un  chef  berbère,  originaire  de  la  tribu  des  Berghouata,  se 
nommait  Hamuiàd  (ou  Hammou)  ben  Melil;  il  prit  Sfax  en  ioSq 
(/i5i  he'g.)  et  en  1108  se  retira  à  Gabès^.  Un  hameau  des  Aith 
Chel)la,  tribu  de  la  confe'déralion  des  Aïlh  Sedka  en  Kabylie,  est 
appelé  Tlwumelilt  (terre  blanche). 

Bien  que  la  vocalisation  ou  paraisse  avoir  disparu  aujour- 
dhui,  elle  existait  très  fréquemment  autrefois  comme  le  montre 
un  certain  nondjre  de  noms  de  lieu.  Ainsi,  au  Maroc,  Aman 
imeUouUn  ^J^|^^;  u'-*^  ?  les  Eaux-blanches,  théâtre  d'uue  expédi- 
lion  du  Khalife  almohade  El  Mortadlia  en  6^9  hég.  (isôi- 
1252)  contre  les  Benou  ?>Ierin -.  El  Bekri  cite,  ('gaiement  au 
Maroc,  un  endroit  appelé  Fahs  Iinelellou  (_j-^  O^^)  "'^  plaine 
blanchei5^,  sur  la  route  d'Aghmat  à  Fas.  De  même  El  Edrisi  fait 
mention  d'un  Dar  MeUoul^,  f^la  maison  blancheT^,  à  l'est  de 
Tobna,  entre  celte  ville  et  Mgaous,  dans  le  déparlement  actuel 
de  Conslantine. 

Le  mot  (imelloitl  J^-^î,  pi.  imellalm  (^^,  s'est  d'ailleurs  con- 
servé à  Ouargla  pour  désigner  une  sorte  de  melon  blanchâtre, 
et  à  Tementit.  pour  une  pastèque. 

La  forme  la  plus  répandue  est  aineUnl  J^S,  blanc;  on  la 
trouve  dans  les  dialectes  suivants  :  Chaouia,  Djerid,  B.  Haliina, 
Gourara,  Ouargla,  Kibdana,  Haraoua,  Ouarsenis,  Dj.  Nefou.-a, 
Mzab,  K'çour,  B.  Iznacen,  B.  Menacer,  A,  khalfoun ,  Zouaoua, 
Svouah,  Bougie,  Djerba,  Chelh'a.  —  A  Syouah  ;  amiJlal  J^î; 
Ghat  et  Kel  Ouï  ont  imellal  jJIID;  Gbdamès  mallel  J^. 

Cet  adjectif  entre  dans  la  formation  de  plusieurs  noms.  En 
Zouaoua  :  ahakoiir  amelhd  JSA.«!  ^^j^M  (fioU©  précoce  blanche) 
sorte  de  figue;  thameUalt  oJli^-f  (la  blanche),  id.;  asrav  mneUal 
S^\  ^Ua».!  (bois  blanc)  peuplier  blanc;  thaferrant  thameUaU  ci 
"Ammàli  (il^iî  oJ^^i"  00 j^",  raisin  blanc  d'el'Ammâli;  azberhoiir 
ameUal  j!5L^I^^_jy,  vigne  vierge  blanche;  aberk'ouk'  amellal 
S^A)\  (^jjjyjl  (prune  blanche),  sorte  de  prune;  fir  amelhd  j-^ 
JSA^i  (oiseau  blanc),  gHvda-hcpuï  {bubulcus  ibis). 


'  Ibn  Klialdoun,  Kildb  et  'Iber,  I.  VI,  p.  109. 

2  Ibn  KliHldoun,  Kitdh  el  'Iber,  t.  VII,  p.  176. 

'  Description  de  l'Afrique,  p.  i  i/i. 

*  Description  de  l'Afrique  et  dr  l'Eapacne,  p.  Ç)3  du  texte. 


72 


RENE   BASSET. 


C'est  sans  doute  à  cette  racine  qu'appartient  le  mot  amelal 
JU>«Î,  en  Zouaoua,  chrysanthème.  Il  faut  cependant  observer 
que  cette  fleur  est  aussi  appele'e  Chemlal  Jl^Wî-i,  d'où  vient  le 
nom  d'un  village  des  'Abid  près  de  Tizi  Ouzou. 

Par  analogie  avec  l'arabe  (cf.  À_Aiî_x_j,  œuf,  de  la  racine 
^  (^  Lj,  être  blanc),  le  fe'minin  de  ce  mot  a  servi  à  de'signer 
rœuf'2." 

Béni  Menacer,  Haraoua,  Ouarsenis,  Zouaoua,  Bougie^  thaniel- 
lalt  oJ:^',  œuf,  pi.  ihimellalm  (^^<r;  Beràber  du  S.  E.  du  Ma- 
roc'',  Chaouia  et  Djerid,  tamellalt  (^"^^  pi.  timellalm  ^15^*; 
Harakta,  amellalt  oJSUÎ  avec  la  chute  du  th  initiaP. 

On  retrouve  ce  mot  dans  la  composition  d'un  grand  nombre 
de  noms  propres  :  en  Kabylie  :  Ait  Mêlai  village  des  Imezdourai-, 
fraction  de  la  tribu  des  Ait  Yahya;  Ad'r'ar  amellal  (J5i«î  t^^^  i 
pierre  blanche),  village  des  louadhien,  tribu  de  la  confédération 
des  Ait  Sedka;  Thizi-Mellal  (  J5U  ^^^'  col  de  la  terre  blanche) 
hameau  des  Ait  Chebla,  tribu  de  la  même  confédération;  Thala 
Melhd  (J^-<  ^■^■,  source  de  la  terre  blanche)  hameau  du  village 
d'Ir'il  embil,  tribu  des  Ait  Mendes,  de  la  confédération  des 
Igouchdal;  Thizi  en  temellalt  village  des  Aïth  Zerara,  confédéra- 
tion des  Iflissen  el  Bali'ar.  Un  village  près  de  Tétouan  porte  aussi 
le  nom  de  Bou  Semlal  (j!5Ww^).  A  une  étape  de  Ouargla,  sur 
la  route  du  Mzab,  on  trouve  Mellala  ,  forme  arabisée  de  thamellalt. 
Quand  le  Mahdi  Ibn  Toumert,  fondateur  de  l'empire  des  Almo- 
hades,  dut  quitter  Bougie  en  5 12  (1118-1119),  il  se  réfugia  à 
Melalla(ii)5A.«),  chez  les  B.  Ouriagol,  tribu  Sanhadja  de  la  vallée 
de  Bougie*^.  Un  des  bourgs  du  pays  de  Massât,  dans  le  Soua,  se 
nomme  encore  Iinellalen  yJ^  ^. 

C'est  encore  à  cette  racine  que  se  rattache  le  nom  d'une  frac- 
tion du  Hasan  ben  Ali,  tribu  de  la  subdivision  de  Médéah,  éta- 
blie entre  cette  dernière  ville  et  Boghar^.  Une  légende  populaire 

'  Cf.  Hanoteau,  Poésies  populaires  kahyles,  p.  /|/io,  noie  9;  sur  l'addition  du 
fh  à  une  racine,  cf.  Etudes  sur  les  dialectes  berhèi-es,  p.  65.  Cliemlal  est  aussi 
employé  comme  nom  d'iiomme. 

2  Le  nom  berbère  s'est  conservé  en  Taitoq  :  tasedalt,  +|inO+  œuf,  pi. 
tisedalin,  ||inO+;  Aouelimmiden  :  tesadalt ,  +|inO+,  pi-  tesednleu, 
llinO+.  Cf.  au  Touat  tanzelt,  c^Uj,  œuf. 

^  A  Bougie,  ce  mot  a  aussi  le  sens  de  testicule. 

*  Quedenfeldt,  Eintheilung  und  Verbreilung  der  Berberhevôlherung  in  Ma- 
rokko,  t.  VU,  Berlin,  1889  ,  in-8",  p.  189. 

^   Cf.  Etudes  sur  les  dialectes  berbères,  p.  il . 

"  Ibn  Khaldoun,  Kildh  el  'Hier,  t.  VI,  p.  173,  227. 

'  Cf.  ma  traduction  de  la  Relation  de  Sidi  Brahiin,  Paris,  i883,  in-8°, 
p.  39. 

8  FI.  Pharaon,  Notes  sur  les  tribus  de  la  subdivision  de  Médéah,  les  Hassan 
lien  Ali,  Revue  africaine,  t.  II,  i8.')7-iS.58 ,  p.  ''47-/18.  Les  Oulàd  Métal  étaient 
frères  des  Oulàd  Mendil ,  qui  donnèrent  des  rois  l)erbères  à  Alger. 


LES  NOMS  DES  METAUX  ET  DES  COLLEURS  E\  BERBERE.       73 

s'est  formée  pour  expliquer  ce  nom  par  une  étymologie  populaire 
arabe.  «On  raconte  qu'Ibu  Zekour,  chef  des  Oulad  Amer  du 
Titeri  (depuis  nommés  Ouiàd  Melàl),  s'e'tant  fâche' avec  son  frère, 
rassembla  ses  lentes  et  se  mit  en  roule  pour  le  territoire  des 
Hasan  ben  Ali  où  il  devait  s'e'tablir.  Comme  il  passait  devant  la 
tente  de  son  frère,  celui-ci  lui  dit  pour  le  retenir  :  0  Ben  Zekour, 
maudis  Satan! — Non,  re'pondit-il,  je  suis  dégoûté  (oyyU  jl^, 
mot  à  mot  :  je  suis  saturé)  de  vivre  avec  toi.  Le  frère  aine  cria 
alors  :  Allez  vous-en,  enfants  du  dégoûté  (J^  ^^3)'^)  et  1<?  nom 
leur  resta  .-n 

Cest  d'une  tribu  des  B.  Amollal  qu'était  originaire  un  des 
cheikhs  vénérés  par  les  Abadhites  du  Dj.  Nefousa,  Abou  Moliam- 
med  l)en  El  Mata  en  Nefousi  el  Ainellali^,  ainsi  quAbou  Hassan 
khiàr  el  Fortàsi  des  B.  Mellal  (J5i«  ^  ^)  -;  on  peut  y  joindre 
Oudjedlich  Abou  Yousof  ei  Amellali^,  el  Abou  Isma'il  el  Basir 
ihn  Mellal  el  Mazali. 

L'endroit  le  plus  célèbre  qui  tira  son  nom  de  la  racine  M  L  L 
est  Tin-melel  (JX^^aj,  le  puits  blanc),  appelé  aussi  Tanmalelt, 
situé  dans  l'Atlas,  sur  le  territoire  de  la  tribu  de  ce  nom''  au 
sommet  d'une  montagne.  Le  sentier  qui  y  donnait  accès  était  si 
ardu  que  quatre  hommes  pouvaient  suffire  à  le  défendre,  11  de- 
vint le  quartier  général  du  Mahdi  Ibu  Toumert,  le  fondateur  de 
l'empire  almohade,qui  s'y  établit  après  avoir  massacré  les  habi- 
tants^. Après  la  prise  d'Oran  ^,  il  fit  transporter  à  Tinmelel  les 
trésors  enleve's  dans  cette  ville.  Après  sa  mort,  à  Djebel  el  Ka- 
ouàkib,  son  corps  fut  porté  à  Tinmelel  et  son  tombeau  devint  un 
lieu  de  pèlerinage".  La  prospérité  de  cette  ville  disparut  avec  la 
dynastie  almohade.  Lors  de  l'apparition  des  Mérinides,  le  sultan 
almohade  Abou  Debboiis  ayant  été  tué  sur  les  bords  de  lAgh- 
fou  (GG6  hég.),  ses  partisans  se  retirèrent  à  Tinmelel,  où  ila  pro- 
clamèrent Ishaq,  frère  d'El  Mortedha^  et  lui  prêtèrent  serment 
en  (ÎG9  hég.  (1  a'yo-i  271).  En  676  (octobre  1276),  Mohammed 
ben  Ali,  gouverneur  mérinide  de  Maroc,  s'empara  de  cette  l'orti;- 
resse,  lit  prisonnier  le  fantôme  de  Khalife  qui  eut  la  tète  Iran- 

'    Ech  Ctiemàlclii,  Kitàb  es-Siar,  ie  Qaire,  s.  d. ,  iu-8°,  p.  3oo. 

-  Ecli  Chemàlclii,  Kitàb  es-Siar,  p.  543. 

^  Ecli  Cliemùlclù ,  Kitàb  es-Siar,  p.  6o3.  Sa  biograpliie  existe  aussi  ttans  lo 
Kildb  Tnhnfiàl  el  Mecliaihli  il'Al)ou'l  'Abbàs  Aiinied  ed-Dei'djini.  Cf.  A.  de  (lalas- 
saiiti-Molyliiislci,  Les  livres  de  In  secte  abadliite,  yMger,  i885,  iu-H",  p.  3-?. 

''  Les  Tinm.-lci  d'tijii  Klialdoiin,  Kitàb  el  'Iber,  t.  VU,  p    267. 

^   Et  Edrisi,  Description  Je  l' Aj'riqne  et  de  l'Espagne,  p.  56. 

*  Cf.  mes  Fastes  chromÀogiques  de  la  ville  d'Oran,  Paris  et  Oran,  189-?, 
in-8",  p.  i5. 

'  El  Edrisi,  Description  de  l'Afrique  et  de  l'Espagne,  p.  (îh. 

"  Iltn  Klialdi)iiii ,  Kitàb  el  'Iber,  I.  VU,  p.  1  83.  11  faut  corriger  dans  le  texte 
JL^-O  en  JJ^ï. 


7A  RENÉ  BASSET. 

chée.  On  ouvrit  les  tombeaux  des  souverains  almohades  et  on 
décapita  les  cadavres  de  Yousof  et  de  Yaqoub  el  Mansour^ 

En  Taïtoq  et  en  Ahaggar,  c'est  la  forme  participiale  qui  sert 
d'adjectif  verbal  :  Ahaggar,  imellen  Mil],  blanc,  f.  timellet  +IID+; 
Taïtoq,  imellen  IIIU  et  amellan,  fe'm.  mellat  +111],  pi.  mellalenin 

/iiiin. 

Le  nom  de  la  tourterelle  paraît  devoir  se  rattacher  aussi  à  la 
même  racine.  Zouaoua,  thamiUa  ^',  pi.  thimiUiouin  ^jjyjXï;  Ouar- 
senis  et  Haraoua,  thmalla  ^ff,  pi.  ihimillionin  ^^^j^^-';  Ouargla, 
tinaUa  ^,  pi.  ùmallouin  i^.^\  K'çour,  tmallat  i^':iKi,  pi.  timel- 
lioim  {jyfM;  Gourara,  timalla  ^,  pi.  ùmallouin  (^^J^;  Syouah, 
tamelli  Juf .  Le  Zënaga  a  renforcé  la  lettre  a  du  pre'iîxe  :  tdmeUitli 
c>xX*j.  colombe"^. 

On  trouve  en  Taïtoq  les  mots  ilelli  •INI,  homme  de  race 
blanche,  homme  libre,  pi.  ilellan  /Mil,  f.  tilellit  +IIII  +  ,  pi.  iilel- 
latin  1  + Il  II +  3.  Ils  appartiennent,  non  à  la  racine  iMLL,  mais  à 
la  racine  LL  qui  a  donné  en  Zouaoua  lai  J^,  naitre  \  Taïtoq  : 
ilellou  :||||,  liberté,  condition  libre;  siellel  Ilii^^O,  mettre  en  li- 
berté; alloul  INI,  être  libre. 

Le  L  de  la  racine  est  devenu  D  en  Guélâia  :  ameddad  :>l0v/»i, 
blanc. 

Le  L  non  redoublé  est  devenu  D.I  en  Zénaga  :  mollidj  ^X^, 
êlre  blanc;  iv*  f.  tmellidj  ^Xi •  On  trouve  aussi  la  forme  Imelli 

Chez  les  Bot'ioua  d'Arzeu,  les  deux  L  sont  devenus  J,  par  Tin- 
lermëdiaire  de  D,  D',  DJ^  :  amejjid  «Xv;^!,  blanc. 

Les  Temsaman  et  les  Bot'ioua  expriment  le  mot  blanc  par 
achemrar  j\jjfi'\.  Si  Ton  considère  qu'en  rifain**,  le  changement 
d'L  en  R  est  constant,  on  sera  naturellement  tenté  de  ramener 
achemrar  à  aine  racine  y  MRR  =  \  MLL,  avec  l'addition  d'un  ch. 
Cette  addition  a  déjà  été  constatée  en  Zouaoua  pour  le  mot 
achemlal  J^^U^'^ ,  synonyme  de  amelal  JU«I,  chrysanthème. 


'  Ibn  Klialdoun,  Kildb  el  'Iber,  t.  VII,  p.  19^.  Le  texte  porte  encore  par 
erreur  Jl*sP  3u  li^'i  de  J-l^^'. 

-  Cf.  Etudes  sur  les  dialectes  berbères,  p.  55-56. 

^  Masquerav,  Dictionnaire  français-touareg ,  dialecte  des  Tattoqs,  fasc.  1,  Paris, 
i893,iii-8°,  p.  37-38. 

*  Cf.  en  latin  la  formation  du  mot  ingenmis. 

'-  C'est  sans  doute  ce  dj  qu'on  rencontre  au  pluriel  en  Guélâia  et  en  Temsa- 
man :  ihimdjarin,  ^^_^^~^i  œufs,  provenant  d'une  racine  y/M  DJ  R  =  y/M  D  R. 
Cf.  en  Bot'ioua  thimdirin,  ^^.^jOof  œuf. 

'^  Cf.  Études  sur  les  dialectes  berbères,  p.  a'i-ao. 


LES  NOMS  DES  METAUX  ET  DES  COULEURS  EN  BERBERE.       75 

VIII 


On  a  vu  plus  haut  (ch.  I)  que  le  jaune  est  de'signé  en  berbère 
par  un  de'rive'  de  la  racine  RR'. 

Dans  le  dialecte  d'Aoudjiia,  on  trouve  kamzar  -^y*^  jaunir, 
être  jaune,  qui  ne  se  raltacbe  à  aucune  racine  connue. 

En  Cbclli  a  et  à  Syouali,  le  mol  indigène  s'est  perdu  et  a  e'té 
remplacé  par  l'arabe  ai^Jar  •À^\ .  Le  ^j=>  est  devenu  ^  à  Djer- 
bali  :  Uesfer  jXuAi,.  (L7  est  le  J  de  l'article  arabe)  :  ainsi  dans 
un  vers  d'une  chanson  populaire  : 

Chem  el  kheddim  dilesfer. 
Toi ,  ta  joue  est  jaune  '. 

IX 

ROUGE. 

La  racine  des  mots  exprimant  l'ide'e  de  rouge  se  présente  à 
nous  sous  deux  formes  principales  :  Z  OU  R'  et  Z  OU  R  :  c'est 
un  des  rares  cas  où  le  R'  s'échange  avec  le  R  ^. 

La  racine  Z  OU  R'  se  trouve  dans  les  mots  suivants  :  Bougie, 
ezouer  >j|)^,  être  rouge;  Bougie  et  Zouaoua,  sezouer  /^V*»*, 
rendre  rouge,  rougir;  Zouaoua,  i-viu^  f.  sezouir  Aj.jj-*»',  rendre 
tris  rouge;  iv-viii'"  1".  isizouir  ^.^,  être  habituellement  rouge; 
Bougie,  iv-vni*'  f.  tsezouir'  ^yy;  Aoudjilah,  ezouar'  ^l^^'  5  ^^j.  verb. 
rouge;  Zouaoua,  thezouer  f^',  n.  d'act.,  rougeur;  Bougie,  tha- 
zouerlk  e^i^^y'". 

C'est  à  cette  racine  que  l'on  doit  sans  doute  rattacher  le  nom 
de  la  grande  tribu  berbère  des  Zouagha  (cf.  ^^^'),  cf.  chez  les 
Arabes  le  nom  des  Benou  '1  Abniar^^i^!^^),  correspondant  aux 
Zauèkcs  (Zay'jjxe?)  des  anciens^;  de  même  celui  d'Imezouer' 
(^^j.^,  le  terrain  rouge),  hameau  du  village  de  Thaourirt  n  Aïth 
Ali ,  des  Imezdourar,  fraction  des  Aïth  Itsourar',  confédération 
des  Aïth  Menguellat. 

En  Zénaga,  ïoii  redoublé  s'est  contracté  en  />*,  le  r  final  est 

'  A.  fie  Calassanli-Molyiinski,  Chnmon  berbère  de  Djerba,  Bulletin  de  Corres- 
pondance africaine ,  t.  m,  i885,  fasc.  v-vi. 

^  Cf.  Etudes  sur  les  dialectes  berbères,  p.  ^5. 

^  Hécalée  l'r.  207  (éd.  Mullor);  Hérodote,  1.  IV,  ch.  198. 

*  (1(.  hludçs  sur  les  dialectes  berbères,  p.  5;  Broiissais,  Recherches  sïir  les 
transformations  du  berbère.  Bulletin  de  Correspondance  africaine,  188 It,  p.  iaS- 
Itali. 


76  RKNÉ   BASSET. 

tombé'  et  le  z  initiai  est  devenu  j-  :  johba  LjJ  rouge,  pi.  joblum 
(jwj;  (ém.  jobbatk  ebljj,  \\.  jobbanaih  i±>ijLij. 

On  s'attendrait  à  retrouver  cette  contraction  de  deux  ou  en  b 
en  Zouaoua  oià  eiie  est  re'gulière;  par  exception,  eile  a  lieu  en 
g^  :  Zouaoua  zouggouar  ^Ij^),  être  rouge.  Taroudanl  :  azoug- 
garen  ^j-cLS^^,  rouge.  Touat,  Bougie  :  azeggar  ^l-^K  pi.  iteg- 
gar'en  ^^ISj  ^  B.  Iznacen,  Djerid,  Zouaoua,  Mzab,  A.  Kliaifoun, 
Djerba,  Bot'ioua  du  Vieil  Arzeu,  azouggar  ^^^'^  rouge,  ron- 
geât re;  Djerba,  ('~oiigger\  ^'^\-,  Dj.  Nefousa,  azeggouar  f|j^^ 
Zouaoua,  azouggouai  il^S^y,  pi.  izoïiggouaren  ^jJ-^^^S^-y^, . 

En  Zouaoua  akelkoul  azouggar'  9^^')^  J^X-oî  linotte;  thizoug- 
garin  ^j-A-it-Sj^-j  (les  rouges)  est  une  espèce  de  raisin^;  Bou- 
Zouggar  ^15^)^,  sorte  de  parasite  qui  attaque  la  vigne '^;  ubou- 
^ouggar,  ^Oy^^\  espèce  de  figue''.  11  en  est  de  même  de  plusieurs 
noms  propres  :  Tagemmoumt  Zouggaren  (^^ISjjj  ovjtfj^i" ,  le  petit  ma- 
melon rouge),  hameau  du  village  de  Tir"zert,  tribu  des  Iferdiouen, 
conféde'ration  des  Aïth  Aïssi;  houggaren  (^^^15^,  les  rouges), 
village  des  Aïth  el  Aziz;  Iril  Izouggaren  (^15^ vj  J^,  la  crête 
rouge),  hameau  du  village  des  Cheurla,  tribu  et  coul'e'déralion 
des  Ma'atka. 

C'est  d'une  formation  analogue  à  celle  de  bou-zouggar  que 
sont  de'rivés  les  féminins  :  thabouzeggar^th  <i«il5^_j^"  à  Bougie,  et 
ihabouzzoHggouar  th <^:^^^^'^y^  en  Zouaoua,  désignant  la  rougeole. 

En  Ahaggar,  le  z  est  devenu  ch^  et  le  g  s'est  adouci  en  g'  : 
acheg'g"ariy^Zi  rouge,  pi.  kheg'g'aren  l:XO. 

Chez  les  Azgers,  on  trouve  une  forme  Ahaggar  i'!':,  par  per- 
mutation du  z  et  du  h  dans  le  nom  d'une  des  tribus  vassales  : 
les  Oui  ihaggarenin  /! :*!*:•  (les  rouges)^. 

On  peut  rattacher  à  cette  racine  le  mot  azeggàbour  ^yj^'^^^ 
pi.  izeggàbar  j^j^jS-j^  rouge-gorge  (Zouaoua  et  Bougie).  Le  ^  est 

'  Cf.  Etudes  sur  les  dialectes  berbères,  p.  A6. 
^  Cf.  Etudes  sur  les  dialectes  berbères,  p.  3i,  36. 
•*  Cf.  Etudes  sur  les  dialectes  berbères,  p.  5. 

''  A  Badrian  (Gouraia)  et  ctiez  lesriuélàia,  azeggar'  a  aussi  le  sens  do  jaune. 
^  Hanoteau  et  Letourneux,  La  Kabijlie,  t.  I,  p.  tililt. 
''  Hanoteau  et  Letourneux,  La  Kabylie,  t.  I,  p.  hliï). 
~'  Hanoteau  et  Letourneux,  Ln  Kabijlie,  t.  I,  p.  h'iU. 
*  Cf.  Etudes  sur  les  dialectes  berbères,  p.  36. 

"  Hanoteau,  Essai  de  grammmre  de  la  langue  tauiachek,  Paris,  i86o,  in-8", 
p.  17. 


LES  NOMS  DKS  MRTAUX  KT  DES  COULEURS  EN   BERBERE.  77 

devenu  ?';  quant  à  la  syllabe  bour,  bar,  c'est  sans  doute  la  même 
que  nous  rencontrons  dans  un  nom  d'oiseau  forme',  comme  celui- 
ci,  d'un  adjectif  indiquant  la  couleur  (voir  plus  loin,  chap.  xi, 
aberzigzaou'-). 

Le  r  a  été  remplacé  par  un  h  dans  le  dialecte  guanche  de 
Paima,  autant  qu'on  en  peut  juger  par  la  transcription  :  aziiqahé  : 
hrun -=  azoïik' allé  *lij)';  le  k'  (ou  q)  représentant  le  g  provenant 
de  la  contraction  de  deux  ou.  Il  est  devenu  un  g  dans  le  Bo- 
t'ioua  :  azzoïiag  ^^^'^^  rouge. 

De  même  qu'en  Zénaga ,  il  a  disparu  dans  le  dialecte  de  Syouah  : 
azgua  5^^  rouge. 

§,.2.  La  racine  ZGR  se  rencontre  dans  la  plupart  des  dialectes 
dont  il  vient  d'être  question  : 

Ouargla  :  azeggar  jS^\ ,  rouge. 

B.  Iznacen,  K'çour,  B.  H'alima,  Zouaoua,  Guélâia,  B.  Menacer, 
Ouarsenis,  Ouargla,  CAxeWvdi  :  azouggar  JS^'^^ .,  rouge. 

C'est  de  ce  mot  qu'est  dérivé  le  nom  d'une  plante  bien  connue  : 
ihazouggarth  ci>;l5^;j,  zizypbus  lotus  (arabe  »j«X«(),  jujubier  sau- 
vage (Zouaoua^,  B.  Menacer,  Guélàia,  Temsaman,  Haraoua);  llia- 
zouggorth  \ùiSjy^  (Ouarsenis);  iazouggart  c:>jl5^"  pi.  iizouggariii. 
(^^L5^j-j  (K'çour).  Haraoua,  Chaouia,  Guélàia,  Kibdana  :  azom^- 
gouar  ^\j^^'^\\  Mzab,  tazouggoiiart  tiJtjî^S^".  En  Zouaoua,  ihazoug- 
garth houlroum  -^_iJ^  c^j^lS^yj',  jujubier  de  cbameau,  désigne  le 
genista  Iricuspi/Iata  ^. 

On  a  déjà  remarqué  la  ressemblance  qui  existe  entre  un  des 
noms  du  bœuf:  azger  ^^  ou  azgar  ^^  (vZGR)  dans  quelques 
dialectes  berbères  et  la  racine  secondaire  v^ZGR;  azger  signifierait 
le  rouge  ou  le  roux  :  ce  serait  un  qualificatif  qui  aurait  remplacé 
le  nom  réel  ^.  Du  reste,  si  ce  nom  du  bœuf  se  rapporte  à  une 

'   Cf.  Etudes  sur  Ips  dialfcfps  herhhes,  p.  .55-56. 

-   Cf.  Etudps  sur  Ips  dinlrrtps  bprlièrps ,  p.  66. 

•'  Les  femmes  zouaouas  font  enlror  le  jujiilner  sauvage  dans  ]a  coniposilion  lics 
filtres  et  des  sortilèges.  Cf.  dans  Hanolean,  Popsips  populaires  knbylps,  p.  3io, 
une  pièce  de  Moh'and  Ou  Masàoud  de  Tliak'erbouzt  des  Aith  Kani. 

*  Hanoleau  ef  Lelouineux,  La  Kabylip,  l.  I,  p.  82-83. 

'  Les  noms  du  bœuf  en  berbère  sont  tirés  des  racines  suivantes  : 

1°  yS  :  Abaggar  ésou  «O,  bœuf,  zébu,  pi.  ésmtan  lO*  ;  tps  0+  et  tpsont 
+0+  vacbe,  pi.  tisitn  '+0+;  Gbal ,  iésou  •0^,!)œuf,  tnsoul  +0^+, 
vacbe;  Aouelinimiden,  tas  0+  vaclio;  Cbdanics,  isi  ^^wo  bœuf;  Zouaoua, 
thistan  yli^i  et  ihisitlia  i.v-..».? ,  vacbes;  Zénaga  :  tichi  ^^i>J ,  vacbe,  pi.   chitan 


78  RENÉ  BASSET. 

racine  signifiant  rouge,  on  peut  s'en  tenir  à  la  racine  berbère  sans 
recourir  au  mot  arabe  achk'er  jX^\^  qui  ne  désigne  jamais  le 
bœuf  en  arabe  vulgaire  du  Maghreb.  D'ailleurs,  il  n'est  pas  im- 
possible que  la  racine  arabe  ;0>U^  ^^it  à  rapprocher  de  la  racine 
berbère  (forme  secondaire)  CHGR. 

Dans  quelques  dialectes  touaregs,  le  Z  est  remplacé  par  H-  : 
Ghat  et  Kel  Oui,  ahaggar  O'I'j  pi.  ihaggaren  lO'l*: ,  rouge. 

Comme  dans  la  racine  ZGR',  le  Z  de  la  racine  ZGR  peut  de- 
venir un  CH  (CHGR).  C'était  sans  doute  une  des  particularite's 
du  dialecte  berbère  parlé  au  moyen  âge  aux  environs  de  Coustan- 
tine,  car  El  Bekri,  en  décrivant  la  rivière  qui  passe  près  de  cette 
ville  (le  Roumel),  dit  qu'elle  sortait  d'un  endroit  appelé  ^Oijoiui 
achek'k'ar  (^^=  acheggar)  ^ .  Il  en  était  de  même  du  dialecte  parlé 
à  Tétouan,  car  le  même  auteur  nous  rapporte  que  la  montagne 
sur  le  flanc  de  laquelle  est  bâtie  cette  ville  se  nomme  Icheggar 
(la  rouge)*. 

En  Zénaga,  achgar  ^lS^\  désigne  encore  un  chameau  roux, 
mais  comme  le  nom  signifiant  rouge  esl  johha  dans  ce  dialecte,  il 
est  probable  que  flc/ig'rtrjliCii!  est  un  emprunt  fait  àyùil.  En  arabe 
y^  et  à  la  ix^  forme  vA-iî  signifient  être  roux  (en  parlant  des 
hommes)  et  alezan,  pour  les  chevaux.  Zamakhchàri^  le  donne 

comme  synonyme  de  *-^K  La  forme  y-À-*«  (pi.  cyl*ji..t;«i,  jLiui, 

yîjXi,  t^^*^)  désignait  l'anémone  (yLyjJî  ^^.Ai.ii)'^  et  aussi   le 

cinabre^. 

yLx^.  On  remarquera  qu'à  l'excoption  d(i  Zouaoua,  tous  ces  dialectes  sont 
parlés  dans  io  Sahara. 

3°  i/FNS  :  Mzab,  Doubdon,  Bot'ioua  d'Arzeu ,  B.  îMenacer,  Gueiâia,  K'çour, 
B.  Iznacon,  B.  Halima,  Aoudjila,  Dj.  Nefousa,  Djcrid,  Kibdana,  Tomsanian, 
Bot'ioua,  B.  Ouriar'on  :  afounas  j-Lj^il  pi.  ifnimnsm  ^j*«ljyL),  bœuf;  Kel  Oui, 
afoiuws  OUC:  Syouab ,  founas  ^y^'^^\  Djerid,  Mzab,  Syoïiah,  tafoimaxl. 
c>AwbyL>,  vache,  pi.  tifounaspti  jj^Uyb';  Bougie,  Aïth  Khalioun,  Zouaoua, 
fhnfowiastli ,  ^^kmIj^  pi.  (Bougie  et  A.  Khalfoun)  tbifounnsiu  ^J;^lj^.  A  part 
le  Sergou,  on  doit  considérer  que  le  mot  afounas  est  employé  dans  les  dialectes 
berbères  du  Nord. 

^  Belkasscm  ben  Sedira,  Cours  de  langue  kabyle,  Alger,  1887,  in-i^?  p-  87, 
note  a. 

^  Cf.  Etudes  sur  les  dialectes  berbères ,  p.  33. 

•^  Description  de  l'Afrique,  texte  arabe,  p.  63  :  y^-^_ji_j  (^yx.'j  yj^  ^^^  Z-T^' 
^Liui!.  Il  est  vrai  qu'il  explique  acheggar  parwoj'r  (p^»  8j^j*»»i.i-) ,  mais  c'est  une 
erreur  qui  a  été  relevée  déjà  par  M.  de  Slane  (trad.  franc.,  p.  i5i,  note  1). 

''  rlLii-)!  ^J-^^  Description  de  l'Afrique,  p.  io6. 

^  Asds  elbeldgha,  t.  I,  p.  Saô.  yJLiJl5  y^],  cf.  aussi  Hommel,  Die  Naine n  der 
Siiugethiere  bei  den  sûdsemitischen  Vôlkern,  Leipzig,  1879,  in-S",  p.  83-8i. 

'^  Cf.  Lôw,  Araniàische  Pflanzennanien ,  Leipzig,  1881,  in-8°,  p.  200  et  suiv. 

'  Ainsi  dans  ce  vers  : 


yJLiJ^-l>ù  SfA  ^^i        »7— ^  ULi'j.^iJI  il 


LES  NOMS  DES  METAUX  ET  DES  COULEURS  EN  BERBERE.  79 


En  Ahaggar,  le  g  s'est  adouci  et  on  a,  à  côté  de  \  CHG'R',  la 
racine  secondaire  \/CHG'R  acheg'g'ar  OXO,  rouge,  pi.  icheg'- 
g'eren  IO>^3;   fém.    ûcheg' g' eret  +0>^0+    pi.  ticheg'g'ernin 

/ioxa+. 

Le  mot  arabe  r-7-^  a  du  reste  pe'nétre'  en  Zouaoua.  Ainsi 
eWamra  'r^  (la  louge)  désigne  :  i°  le  sulfure  de  mercure  ou 
cinabre,  employé  dans  la  fabrication  des  cbarmes  pour  les  incan- 
tations^; 2"  une  variété  de  froment  plus  estimée  ({ne  les  antres, 
comme  on  le  voit  dans  une  comparaison  d'une  cbanson  popu- 
laire kabyle  :  eW attira ntiderth  c1»^*Xaj  Îj*^-;  3°  la  couleur  rouge; 
ainsi  dans  ce  vers 

Netskhikk  abou  errich  JCamra 
Je  t'en  prie,  (oiseau)  aux  plumes  rouges'. 

On  rencontre  aussi  le  verbe  C-^  iiammer  être  très  rouge  : 
j*.^  fjM>/j,:^y  thdoujaithis  thefiammer,  sa  joue  est  vermeille'. 


Les  guerriers  s'abreuvent  mutuellement  d'une  coupe  amère,  et  tes  clicvanx 
vomissent  te  sang  pareil  au  cinabre. 

On  connaît  encore  l'expression  *!jJLiJ!  (j«  (.Lil,  «plus  fafal  que  le  rougeri, 
et  la  parole  de  Laqit  ben  Zoràrali  à  son  cheval,  le  jour  de  la  bataille  de  Clii'b 
Djabala,  parole  devenue  proverbe  sous  celte  forme:  ylj  j— s?  ^ùJLj  ^I  JLi:3'S 
yjL&  7^^'  «Comme  le  cheval  alezan  :  quand  il  va  en  avant,  il  est  blessé  au  cou, 
quand  il  recule,  il  est  blessé  au  jarret. n 

(Meidàni,  Proverbes,  L  II,  p.  7.8,  Boulaq,  ia84,  bég.).  Il  en  est  de  même 
de  la  comparaison  du  poète  Aous  : 

ULii)l   yUaJl  JÇ-«U5  t_^jj         jo.j£jv;_j  a^LJs?  L-i^J  ^^^^^ 

«Jusqu'à  ce  qu'auloiu-  de  leurs  paluiiers  et  de  leurs  moissons  s'enroule  une 
llamme  comme  le  toupet  d'un  cheval  alezan. 'j  (Meidàni,  Proverbes,  t.  II,  p.  1 .3.3.) 
—  On  rencontre  déjà  ce  mot  chez  les  poètes  arabes  antéislamiques;  ainsi  dans 
Imrou'l  Qaïs  : 

\y-j—ii\  (j^  u^-v-^-s-"  jy^i  \->^       UJyi.  J.i^Ji  t_^-.s^  ,_^:^  vj^-'i 

«El  nous  buvons  jusqu'à  croire  qu'autour  de  nous  les  palmiers  sont  des  mou- 
tons, et  à  prendre  un  cheval  noir  pour  un  alezan. n 

(Abiwardt,  Six  Diivans,  Londres,  1870,  in-8",  p.  198.  —  Dans  l'édilion  de 
Slane,  p.  aS,  il  faut  corriger  \yLii\  en  \JLii].) 

'  Hanotcau  et  Letourneux,  La  Kahjilie,  t.  I,  p.  5o8. 

^  Hanoteau,  Poésies  populaires  kabyles,  p.  ,3.'io.  Cf.  aussi  le  vers  : 

5..i,  ;X>  !^il 

El  It'aiiira  ikerrez  oucherh'i 

«Le  bœuf  de  l'Est  laboure  le  froments  (Hanoteau,  fWsiVs  poindairea  kabyles, 
p.  3A5). 

*  Hanoteau,  Poésies  pnpulaires  kabyles,  p.  oa'i. 

*  Hanoteau,  Poésies  populaires  kabyles,  p.  357. 


80  RENÉ   BASSET. 


(Uicz  les  Zcnaga,  liimimrvli  (»-a^j  clési{>nc  une  .sorte  de  [joudie 
rouge  qui  s'emploie  pour  les  lèvres  en  guise  de  lard. 

Le  mot  bek'em  /^JL»,  qui  est  le  nom  du  vermillon  dans  la  Kabylie 
du  Jurjura,  est  emprunté  à  Tarabe. 

Quant  à  (haroubia  ^^,  gai'ance  {^rtibia  pcregrina),  c'est  pro- 
bablement le  mot  latin  rubia. 


X 

BRUN. 

Les  mots  signifiant  trbrunw  se  rattachent  à  des  racines  diiïé- 
rentes,  pour  la  plupart  empruntées  à  l'arabe: 

1°  v/RS  Zouaoua  :  aros  u-^^  pi.  arasen  (jj*«;i.  Ainsi  dans  ce 
vers 

A  Fat'ma  emm  amczour  aras 
0  Fatima  aux  bandeaux  bruns 
et  dans  celui-ci 

Aï  ak'chich  aras 
0  enfant  brun  '. 

En  Taïtoq  et  en  Ahaggar,  haras  OOl"'  signifie  rrgris^  en  par- 
lant des  animaux; 

9"  \/MZI  :  Zouaoua  :  amzi  (sy>^ ,  brunir,  devenir  brun; 
3°  On  rencontre  aussi  dans  ce  même  dialecte  lemmâ  de  l'arabe 
^,  brunir,  iv-viu^  f.  Iselemmiâ  J^i^'; 

k°   En  Zouaoua  azerdekhani  (},[s^i>y^\  pi.  {zerdekhaniin  ^3Lii.i>jjj; 
5°  A  Syouah  asmar  y^  de  l'arabe  ww. 

XI 

VIOLET. 

Il  est  difficile  de  rattacher  à  deux  racines  connues  les  deux 
mots  employés  pour  désigner  le  violet  dans  les  dialectes^  : 
Zouaoua  ademdam  -tOv»:>l  ; 

B.  Menacer  addemb  t-*t-<iî. 

'  Hanoteaii,  Poésies  populaires  kahyles,  p.  887. 

-  Sur  celte  addition  du  /*  dans  les  dialectes  fouaregs,  cf.  Etudes  sur  les  dia- 
lectes  berbères,  p.  69. 

•'  En  arabe  vulgaire  d'Algérie,  violet  se  dit  itiuur  ^^  et  didi  (^ù^..>  ;  ce  dernier 
mot  a  aussi  le  sens  d'amaranthe. 


LES  NOiMS  DES  METAUX  ET  DES  COULEURS  E\  BERBERE.       81 

XII 

BLEU,   VERT. 

Les  dialectes  berbères,  en  général,  confondent  le  bleu  et  le 
vert  et  ne  possèdent  qu'une  seule  racine  pour  designer  ces  deux 
couleurs  ^ 


\/ZGZ  Zouaoua  zigzou  ^y^)?  être  bleu,  vert;  iv-viii^  i.  tsezig- 


Zouaoua,  A.  Khaltouu,  Bot'ioua  :  azigzaou  ^5j^)l  bleu,  vert, 
r.  thazigzaonth  ci>^î jJCjlJî.  En  Zouaoua,  le  pluriel  tliizigznouin 
^^^ijJCjvj  désigne  une  espèce  de  raisin  blanc '^.  Ce  mot  entre 
aussi  dans  la  composition  du  nom  de  plusieurs  oiseaux  :  akelkoul 
azigzaou  _5|^sC»^l  Jj^^^K  bruant;  fir  azigzaou  ^Iji^^t-Ab,  martin- 
pécheur. 

Par  une  dérivation  du  sens  de  vert,  le  mot  azigzaou  ^'jJv;'  a 
Uni  par  signifier /ra<s,-  Zouaoua  :  aksoum  azigzaou  ^^^j^^  -_j-mOÎ, 
viande  fraîche. 

A  Bougie,  une  différence  a  été  établie  entre  le  double  sens  de 
ce  mot  :  zigzou  ^'y-^-?.')  signifie  seulement  être  vert;   Bougie  et 

Chelb'a  :  azeg:aou  ^^'y)^  pi.  izegzaoun  ^i^yy.  et  izegzoun  ij^y'-f. 
vert.  Zouaoua  :  thizigzouth  cijj^jS',  verdure;  Bougie  :  thizegzouth 
^^^■y>^  verdure. 

Comme  on  Ta  vu  pour  la  racine  ZGB\  la  racine  ZGZ  peut  se 
combiner  avec  la  particule  aher  pour  former  un  nom  d'oiseau  et 
de  fruit;  en  Zouaoua,  aherzigzaou  ^'SJ^y>\  désigne  la  verdure^  et 
une  espèce  de  figue*. 

y  ou  final  est  tombé  dans  plusieurs  dialectes  :  Bougie,  azegza 
kS^i  plur.  izegzoua  |^^J  à  côté  de  la  forme  azegzaou,  vert,  non 
mûr.  Aux  environs  d'Alger,  une  montagne  porte  le  nom  de  Bou 
Zegza  ])^_^  (le  père  du  vert). 

Cette  forme  abrégée  existe  aussi  en  Zouaoua,  dans  l'expression 

'  Cf.  une  obser\ation  très  juste  de  Pompéius  Festus  :  «Les  anciens  ne  con- 
naissaient qne  deux  couleurs  naturelles,  le  l)lanc  et  le  noir;  entre  les  deux  se 
plaçait  pourlant  celle  qui  ne  ressemble  ni  à  l'une  nia  l'autre,  de  telle  sorte  né- 
anmoins qu'elle  lire  sa  propriété  de  l'une  et  de  l'autre;  ils  ont  donc,  de  préfé- 
ronce,  tire  sa  dénomination  (^(/(oVms)  de  l'eau  («//««),  dont  la  couleur  est  in- 
certaine. (De  significaticinp  rerhorum ,  f,   189,8.  v"  aquUus.) 

''  Hanotcau  et  Letourneux,  La  Kabylie,  t.  I,  p.  abU. 

^  Idem.,  ihid.,  p.  1 48. 

*  idem.,  ihid.,  p.  /i36. 

MKU.  L1^G.  IX.  6 


82  RENÉ    BASSET. 

biâ  ouzigza  H^^  ^?  (vente  du  veil),  vente  des  ce'réaies  avant  la 
récolte. 

Les  formes  dérivées  de  \/ZiZ  existent  dans  les  dialectes  de  la 
Zeuatia  :  B.  Iznacen,  Toual,  Mzab,  Ouargla,  Kibdana,  Guélàia, 
Gourara  :  aziznou  }\y?l)^  bleu,  vert.  C'est  à  cette  racine  que  se  rat- 
tache le  mot  tizizout  cyij^j—?^,  chou  (Ouargla).  0.  Rir'  azizaou 
^ty,  vert. 

L'oM  final  est  tombé  :  B.  Menacer,  B.  H'alima,  K'çour,  Haraoua  , 
Ouarsenis,  Ghaouia,  Borioua  d'Arzeu  :  aziza  j)— J)'  bleu,  vert; 
pi.  izizaoun  b^j^^^. 

Un  passage  d'El  Bekri  nous  montre  que  les  tribus  berbères  qui 
habitaient  les  environs  d'Oran  parlaient  un  dialecte  apparenté  à 
ceux-ci.  Entre  Oran  et  Qasr  ibn  Sinàn  (Ain  ïemouchent),  il  men- 
tionne un  marché  du  nom  de  Djeraouat  tâzizou  ^. 

§  2.  On  a  vu  qu'en  Chelh'a  et  dans  le  dialecte  de  Bougie,  les 
dérivés  de  la  racine  ZGZ  ont  le  sens  de  vert;  celui  de  bleu  a  été 
emprunté  à  l'arabe  :  Chelh'a  azrak'  (i))^,  bleu.  Bougie,  azerh'ak' 
i^U^y  pi.  izerk'ak'en  (^Ujjjj;  féin.  tsazerk'ak'ts  ooU^'  pi,  tsizer- 
k'ak'tsin  (^xJCJjUjjj. 

On  trouve  quelquefois  cette  dernière  forme  en  Zouaoua  : 

A  Cir  azerk'ak' 
Inoud'an  lesouak' 

0  oiseau  bleu, 

Qui  parcours  les  marchés  ^ 

§  3.  A  rOued  Rir',  le  mot  emprunté  à  l'arabe  pour  signifier 
bleu  est  asmaoui  ^^jU^*!  (céleste,  de  l'arabe  U*). 

§  h.  Bien  que  la  racine  ZGZ  (ZIZ)  paraisse  être  berbère, 
elle  ne  se  rencontre  pas  dans  les  dialectes  sahariens  : 

v'DNK  Aouelimmiden,  tlennek  «lin,  bleu. 

§  5.  V^R  K^el  Oui,  arran  \\0  vert;  Ghat  ciar'en  l:0,  blcu^ 

'  »VJj*-'  Sjlj-?-  Jl  W-'-*^  {Description  de  l'Afrique,  p.  70).  On  remarquera  le 
e  de  âzizou.  Si  ce  mot  n'est  pas  une  altération  de  l'arabe  ^Jj*,  et  si  El  Bekri  a 
noté  exactement  la  prononciation ,  nous  avons  un  exemple  du  renforcement  de  ! 
en  ^  {d. Etudes  sur  les  dialectes  berbères,  p.  55-56).  (rLes  ruines  de  cet  endroit 
portent  maintenant  le  nom  de  Medinet  Aroun.  Elles  se  voient  sur  la  rive  gauche 
du  Rio  Salado,  à  3  kilomètres  au-dessus  du  pont  que  Ton  Iravei^e  en  se  ren- 
dant d'Oran  à  TIemcenw.  (El  Bekri,  Irad.  de  Siane,  p.  168,  note  a.) 

^  Hanoteau,  Poésies  populaires  kabyles,  p..  i23. 

^  Peut-èlre  est-ce  la  même  racine  (R  R')  qui  a  donné  err'  et  oui-ar'  gl;^t,  et 
qui  signifie  vert. 


LES  NOMS  DES  METAUX  ET  DES  COULEURS  EN  BERBERE.       83 

§  6.  \/DHL  Taroudant  :  odhlai  <^'^^^,  f.  todhlait  o<->5A.AiiJ- , 


noir 


\/DL  AhaggaretTaîloq  :  idalin  I  II  H,  bleu,  pi.  nlaJatnin  /l+liri; 
MiQ^ygar  tadalit  +11 A+  couleur  bleue;  sedel  IIFIO  rendre  bleu; 
asdel  linO  action  de  rendre  bleu.  Djerid,  idal  Ji*X.j,  vert;  Mzab, 
adali  i}}:>\ ,  vert;  taddalel  ovîî*Xj',  sorte  de  datte-. 

§  7.   En  Ze'naga  :  heïd'ek  ciJjyo,  vert;  pi.  beid^ega  ISJsxj^. 

§  8.  Ze'naga  :  modjich  ijH-ff^,  bleu;  a  aussi  le  sens  de  brim. 

§  9.  Zénaga  :  barboth  cUj-j,  bleu. 

§  10.  Bot'ioua  :  asouar  f  |^' ,  bleu. 

§  1  1.  Le  mot  arabe  i^^s.  a  fourni  en  Chelh'a  le  mot  àoldj 
<^i^,  bleu  de  ciel^. 

XIII 

GRIS. 

§  1.  Le  Zouaoua,  pour  de'signer  la  couleur  grise,  a  emprunté 
l'arabe  chib  «-^-a—»*'?  achiban  yL^-A-il.  Ainsi,  dans  ce  vers  d'une 
chanson 

Amr'ar  d'ackiban 
Isoumeth  ir'ilim 

Un  vieillard  grisonnant 
Repose  sur  Ion  bras  \ 


§  2.  v^HOU.  En  taïtoq,  on  trouve  ibahaouen  jîj©,  pi.  iba- 
hounin  /\'.\(J),  fôni.  tibahoiiet  +'.\(D+,  pi.  tibahounin  /\'.\(S)+.  En 
Ahaggar  abehaou  :  j0  signifie  bleu  et  gris;  tibehouit  +'.\(J)+  cou- 
leur blonde. 


'  C'est  ainsi  qu'à  Syonaii,  bleu  est  rendu  par  azot't'af  <j>Ui:>-)\  (Caillaud, 
Voyage  à  Méroé,  Paris,  d  vol.,  in-8",  1836,  t.  J,  p.  4 10,  donne  azclnj  par 
faute  d'impression). 

^  C'est  peut-être  à  cette  racine  qu'il  faut  rattaclier  le  mot  lailoq  ederi  ^OD, 
f{ris  pommelé. 

^  En  Taïtoq,  beidedjen,  Hfl^®  signifie  gris-blanc,  en  parlant  de  la 
couleur  particulière  à  certains  chameaux. 

'  Cf.  un  passage  du  Kitâb  pcli  chelh'a  (mss.  de  la  Bibl.  Nat.,  fonds  berbère 

n"  h,  fol.  C'i  :  (jLSi  ^j^llij,]  j«^_«>«  ^!   yIjUw  ^Û)!  jjji  j^Uiul  )\y»\  ili-«j; 
;  ■!;  -^  (jJUuj»)  ^y.L.e*'  >il  ^l;^l  u'-"5l  jT>.y^  y^^-»^^'  {j"yf^  '^^  ^J<:^^^.  y-y^  J-ry*^' 

^  Hanoleau,  Paexipx  popiilnirp.t  hnbijhs ,  p.  SSB-SBç). 

G. 


84  UEi\É   BASSKT. 

2°  yBNZ'R;  T aïloq  :  ibanz'aren\OX\(D,  giis  (en  parlant  des 
animaux). 

Pour  haras  et  ederi,  voir  s.  v"  brun  et  vert. 


XIV 

» 

NOIR. 

Les  racines  qui  ont  fourni  les  dérivés  ayant  le  sens  de  noir  et 
de  îiègre  sont  les  suivantes  : 

i"  vl^I^K.  En  Zouaoua,  berrik  viJo^j,  être  noir:  i'"  f.  seberek 
iJv^Aw,  noircir;  i-viu®  f.  seberik  Ajj*^-,  iv*  f.  tsebcrriJc  lAjiyKj.  Dans 
l'argot  des  colporteurs  zouaouas,  l'expression  itsberrik  thif  *il-Jv+Aj 
laxj  (l'œil  devient  noir)  signifie  s'endormir.  Nom  d'action,  the- 
berek  dJ^v  noirceur;  Bou  berrek  ^yi ^,  cauchemar.  Bougie  :  ebrek 
dJ^-ji,  être  noir;  i"  f.  esberrek  (i)*-A— *wl,  noircir;  i-vii"  f.  sberrak 
lilî-A^;  Yi'  f.  berrek  liLj .  Zouaoua,  Bougie,  A.  Khalfoun,  Chaouia, 
Gutîlàia,  aberkan  ^Jc>J}\  ^  noir. 

Sous  celte  dernière  forme,  la  racine  BRK  a  formé  de  nom- 
breux noms  propres  d'bommes  et  de  familles.  Ainsi  à  Cherche!, 
les  Berkani  chefs  de  la  faction  hostile  à  la  France;  sur  les  bords 
du  Sénégal,  la  tribu  des  Braknas.  Un  des  maîtres  du  célèbre 
Es  Senousi,  El  Hasan  b.  Makhlouf  b.  Mas'oud  b.  Sa'ïd  el  Mozbili 
ei-  Kàchidi,  moit  en  85-7  hég. ,  était  surnommé  Abou  Berkâti  ou 
Aberkàn'.  En  Kabylie,  un  hameau  du  village  d'Ahora,  tribu  des 
Imezdourar,  confédération  des  Aith  Idjar,  est  appelé  Aïth  Bev- 
kath,  et  un  autre  chez  les  Aïth  'Arif,  tribu  de  la  confédération 
des  inissen  Oumm  el  Lil,  se  nomme  Iberkanen  tries  noirsn. 

Cet  adjectif  sert  aussi  à  désigner  diverses  variétés  de  figues  et 
de  raisins  chez  les  Zouaouas.  Ainsi  abakour  aberkan,  figue  précoce 
noire;  aranim  aberkan  ^J^-f:^  ^'y-sS  [roseau  noir)  figue  noire  tha- 
berkant  oviLs^-A-j  (la  noire)  id;  tliadoukkarth  ihaberkanl  ci>^Li^*X_j; 
o»->o,-^j,  caprifiguier  noir-;  thaferrant  thaberkant  o<3o-v  ^^j'yÀj 
(vigne  noire),  sorte  de  raisin  noir;  azberbour  aberkan  ^^iy->'^\ 
^Ojji  (verjus  noir),  vigne  vierge  noire;  aberk'onk'  aberkan  t^j^^ 
^jo^l  (prune  noire),  variété  de  prune-'. 


'  Ahiiied  Baba  de  Tonboulctou,  ^L>_>o^JI  i  ^^  ^4,  iiiytj,  ~U^1  *jLi.5  (Mss. 
de  la  Bibliothèque  -  -  Musée  d'Alger,  i56  A,  fol.  3o)  dit  dans  l'article  con- 
sacré à  ce  personnage  :  yl5lj  jLj  L>y&  j^-wi)|  *j-.jj>.Jb  8Lix.«3  «Il  était  connu 
sous  le  nom  d'Abou  Bcrhân,  mol  qui  en  berbère  signifie  noirn. 

^  Ilanoteau  et  Letourneux,  La  Kabylie,  I,  3i5. 

^  Idem,  ibid.,  i36. 


LKS  NOMS  DES  METAUX  ET  DES  COULEURS  EN  BERBERE.       85 

B.  Menacer,  iberkan  ij^y^.  être  noir. 

Le  K  est  devenu  ^^  :  B.  Menacer  :  aber^en  (j^yj'  être  noir; 
i"  f.  sberrayen  fj^yj^*^^  noircir.  Ce  verbe  est  évidemment  formé 
de  ladjectif  verl)al  abei-^an  ij^y-^^  qui  existe  aussi  en  Haraoua, 
Ouarsenis,  B.  Iznacen  et  Bot'ioua. 

Le  CH  remplace  le  K^;  Mzab,  Kibdana,  B.  Halima,  Bot'ioua 
d'Arzeu  :  aberchan  ij^y^^  f.  tnberchant  (.::^l^yJiJ .  A  celte  racine  se 
rattache  sans  doute  le  mot  mzabile  :  oberchi  i£*^yi\ ,  carre'  de  boue, 
pi.  ibercha  L<i->j.  K'çour  berchen  (j^y^  être  noir.  Nous  avons  ici 
une  formation  analogue  à  celle  de  abery^en  chez  les  Béni  Menacer. 

En  Mzabite,  le  CH  et  leTCH  permutent  souvent-^;  aussi  nous 
trouvons  les  formes  suivantes  :  i"  f.  fact.  sbertch  •^y-^  noircir: 
adj.  verbal  aberîchan  yLs--jî,  noir,  f.  tabertchant  ooU=-w>J  à  côté 
de  aberchan  et  taberchant;  n.  d'action  de  la  f*  forme  :  asebertchan 
(jU- -»-<*) î ,  action  de  noircir,  provenant  d'un  verbe  sbertchm  q^»>-ui 
pour  sbertch  ^ -_>.-«(  (cf.  berchen  pour  berch);  Ouargla,  abertchan 
yUs-yî ,  f.  tabertchant  ool=!i.-Aj . 

Dans  le  dialecte  du  Gourara,  l'r  suivi  d'une  dentale  est  ren-- 
placé  par  le  /i'*  :  abeKhan  ybs>?l.  noir. 

§  9.  On  vient  de  voir  que  la  racine  BRK  et  ses  dérivées  sont 
employées  dans  les  dialectes  berbères  de  l'Algérie,  du  Maroc  et 
du  Sahara  du  Nord,  à  l'exclusion  du  touareg.  A  côté  de  celte 
racine,  il  en  existe  une  autre  qui,  pour  ne  se  rencontrer  aujour- 
d'hui que  dans  le  Sahara,  a  dû  cependant  être  employée  dans 
une  région  plus  étendue,  comme  on  le  reconnaît  par  l'onomas- 
tique géographique. 

La  forme  la  plus  simple  v^S  D  H  F  n'existe  plus  que  dans  le 
mot  asedhif  ou^ii*»)!,  employé  très  rarement  en  Zouaoua.  Ainsi 
dans  un  vers  d'une  chanson  populaire 

R'as  em  el  oujah  enni  oiisedif 
Sinon  celle  au  visage  noir  ^ 

Dans  plusieurs  dialectes,  la  présence  du  DH  a  entraîné  le 
changement  du  S  en  Z. 

Djerba  :  zedhdhof  ^-Àj^o'^  être  noir;  i'*  f.  zezdhof  v.-»^)),  noircir; 
nom  d'action  :  tazodhfi  ^^-^j-^  noirceui',  couleur  noire;  Dj.  No- 
fousa,  zodhfi  <J-»;,  couleur  noire. 

'  Cf.  Etudes  sur  tes  dialectes  herhèi-es,  p.  .3a. 

'  Ihid.,  p.  3t-5i. 

^  Ilnd.,  p,  1  ^1. 

*  /ttW.,p.  57. 

'  Hanofoan,  AWsiVx /;o/>K/rtiVM  A-rt/yy/M.  p.  o.m. 


86-  RENÉ  BASSET. 

Le  DH  s'est  transformé  en  T'^  :  Ahaggar  aset'fafMSO^  noir 
f.  taset't'efet  +][30+;  Djerbah  :  aset't'afC>^iaj^\  noir. 

Cette  forme  doit  avoir  aussi  existé  en  Kabylie  comme  le  montre 
le  mot  bouset'faf  oUx^v^  désignant  en  Zouaoua  une  sorte  de 
parasite  qui  attaque  la  vigne'-.  On  doit  y  rattacher  aussi  le  nom 
tle  Sétif,  écrit  v^Uk^w  (Setlf)  par  les  Arabes;  il  remonle  à  une 
haute  antiquité,  puisque  nous  le  trouvons  déjà  chez  les  Romains 
60US  la  forme  Sitifs,  d'où  vient  le  nom  de  la  Maurétanie  siti- 
fienne'.  Elle  devait  aussi  être  en  usage  chez  les  Benou  Mozab, 
dans  le  pays  desquels  vinrent  s'établir  les  Abadhites  chassés  de 
Ouargla  et  qui  prirent  le  nom  plus  ou  moins  correct  de  Mzabites. 
Dans  le  dialecte  de  ces  derniers,  comme  nous  l'avons  vu,  le  mot 
trnoirw  s'exprime  par  un  dérivé  de  la  racine  v'BRK  (v'BRCH, 
V^BRTCH);  mais  la  racine  \  ST'F  s'est  conservée  dans  le  nom 
de  Y  Oued  Seù'afah  i^Uxw  ^^iî^  (la  rivière  noire)  à  une  étape  de 
Berryàu ,  entre  cette  ville  et  Laghouat. 

A  Aoudjila,  la  sifflante  S  est  devenue  CH  :  ac/if' «/ oiixil ,  noir. 

Les  deux  dialectes  de  Ghat  et  des  Kel  Oui  adoucissent  la  lettre 
emphatique  f'  en  t  :  isettafen  |][+0,  noir. 

De  même  qu'à  côté  de  la  forme  «««/Ai/' (v  SDHF  on  a  aseCt'aJ 
(ST'F),  de  même  on  a  yZTF  à  côté  de  v^ZDHF. 

Dj.  Nefousa  :  azett'aJcJ^'^^  et  par  aphérèse,  zef't'o/* oU»; ,  noir, 
nègre,  pi.  izei't'afeti  ^^Lb^, 

A  Syouah,  fl2o('f'«/' oLby  a  le  sensf  de  bleu\  toutefois  Cail- 
liaud^  donne  azottafen  {=^azeft'afen)  avec  le  sens  de  nègre. 

^  2.  ^GN.  Pour  désigner  le  mot  rr  noir  75,  les  Zénagas  em- 
ploient ed'egeti  (j5iî,  noir,  nègre;  ted'gen  (Jj^'ï  noircir.  Ou  serait 
tenté  de  rapprocher  ce  mot  de  l'arabe  (^yj^^',  noir,  brun  foncé, 
couleur  intermédiaire  entre  le  rouge  et  le  noir*^,  qu'on  rencontre 
déjà  dans  Lebid  : 


^  Cf.  Études  sur  les  dialectes  berbères,  p.  23. 

^  Hanoleau  et  Letourneux ,  La  Kabylie,  I,  445. 

'  Cf.,  sur  les  vicissitudes  de  Sétif,  Féraud ,  Histoire  de  Sétif,  Constantine, 
1872,  in-8°. 

*  C'est  ainsi  que  dans  le  dialecte  chamitique  du  Khamir,  en  Abyssinie,  le 
bleu  et  le  noir  se  rendent  par  un  seul  mot  :  niçir  (Reiniscli,  Die  Chamirsprache , 
Vienne,  i884,  in-B",  9' partie,  p.  1 17-1.81);  de  même  en  afar  ou  dankali,  rfat 
signifie  à  la  fois  bleu  foncé  et  noir  (Reinisch,  Die  Afarsprache,  3'  fasc,  in-8°, 
Vienne,  1885-1887,  p.  8,  3i). 

^   Voyage  à  Méroé,  t.  1,  p.  /ii5. 

^  Zamakhchàri,  Asâs  el  belâghah,  t.  1  p.  180,  fy^)  ■>^y>v  i^  y>'  ><*;• 


LES  NOMS  DES  METAUX  ET  DES  COULEURS  EN  BERBERE.       87 

J'achetais  à  haut  prix  ie  vin  apporté  dans  une  outre  brune,  ancienne, 
ou  dans  une  jarre  qu'on  vidait  après  en  avoir  brisé  le  cachet  ; 

dans  El  Hadirah  - 

Qui  te  fera  savoir,  Somaya ,  le  plaisir  que  m'a  maintes  fois  fait  goiîter 
le  matin,  avec  des  amis,  ime  outre  brune  remplie  (de  vin), 

et  dans  un  vers  anonyme  cité  par  Ibn  ^Achour^ 

Elle  a  regardé  ma  fête  et  m'a  dit  :  Gomment  se  fait-il  qu'un  voile  briui 
enveloppe  les  mèches  de  chaque  côté? 

Mais  cette  dérivation  d'é-f/'eg-m  n'est  qu'apparente,  car  la  racine 
primitive  paraît  avoir  été  GN,  comme  on  le  voit  par  les  expies- 
sions  suivantes  : 

Dj.  Kcfousa  :  agnaoït  ^LàSî,  nègre,  noir. 

Egenoui  iSy~*^  pi-  ignaoun  y^USo,  nègre,  est  le  nom  donné 
aux  Wolofs  par  lesTrarzas.  En  Algérie,  on  appelle  Gueniiaont/nhy 
les  langues  nègres  en  général,  et  spécialement  le  Kanouri.  Peut- 
être  est-ce  à  cette  racine  qu'il  faut  rattacher  le  nom  de  Guinée, 
déjà  cité  dans  El  Edrisi. 

Ce  qui  montre  que  le  d'  esl  adventice  dans  le  mot  ed'egen  et 
que  ce  mot  n'a  qu'une  ressemblance  extérieure  avec  (j^^^,  c'est 
(jue  le  rf  est  remplacé  quelquefois  par  un  s  également  adventice; 
ainsi  on  trouve  en  Chellfa  aseggan  ytsC^Î,  noir. 

On  peut  rattacher  à  cette  racine  le  nom  d'une  espèce  de  dattes, 
la  plus  renommée  du  Djebel  Nefousa,  cultivée  à  Tin-T'emzin. 
dans  le  moudirieh  de  Lalout  :  Tagnanaà'*. 

§  h.  Dans  ie  Sahara  du  Nord  et  au  Maroc,  on  emploie  les  dé- 
rivés de  la  racine  \/SMG. 

Chelh'a  et  Taroudanl  :  ismeg  «ïi-ewj,  nègre,  noir,  pi.  isemgan 

'  Mo'allaqah,  v.  Sg.  Le  commentaire  de  Zaouzeni  (Alexandrie,  1292,  hég., 
p.  91)  explique  ainsi  ce  mot  :  ^3^  JJIj  MA  ^J-'^^\  j=^^  *-^  **>  ci'^-'l  ij^^'' 
^^^>\;  Arnold  {St>ptem  Mo'aUakât,  p-  3),  .il^-J!  «3^  Vr^  (5*^'  OJr"  i:?^^'- 

'  Diwân,  éd.  Engelmann,  Leyde,  i858,  in-8°,  II,  v.  i5,  p.  '^. 

'  Commentaire  de  la  Bordait  d'EI  Bousiri ,  Boulaq,  1292,  hég. 

*  A.  de  Calassanli-Molylinski,  Relation  du  Djebel  ?iefousa,  Algor,  1886, 
pel.  m-h",  p.  33  :  00'-!^  j-Jl  ^J^. 


88  REAÉ   BASSET. 


Le  G  est  devenu  R' '  y/SMR'  :  Gue'lâia  ismer  («<vwo,  nègre. 

Il  s'est  adouci  en  J-  y^SMJ  Djerid,  ismej  J^y*/^  nègre;  0.  Rir' 
ismej  j.e\*^.  pi.  isemjnn  ij]j^^*^.. 

Le  S  est  devenu  CM  :  \/CH  MJ  :  Mzab  et  Ouargla  ichemj j-d^j 
nègre,  pi.  ichemjan  {j^J}di^.;  Dj.  Nefousa  :  achemji  (^3^'  nègre, 
pi.  ichemjan  ylj^<\io. 

Le  J  permute  avec  le  D.P  \/GHMDJ  :  Mzab,  ichenulj  ^^-*«-r! 
nègre,  pi.  ichemdjan  ^jLs^uSo;  Dj.  Nefou.=a  :  nchemdji  ^^^^i  nègre, 
])1.  îchemdjan  yl^vio. 

Le  CH  est  remplace'  par  un  J,  yJMJ  :  Tementit,  ijmejJ-^J^ 
noir,  nègre. 

Le  J  est  devenu  un  DJ,  v^DJMDJ  :  Syouah  :  adjmidj  ^V-^T' 
esclave. 

Peut-être  faut-il  rattacher  à  cette  racine  la  forme  imonchchan 
yUi^  qui  existe  en  Chellfa. 

§  5.  La  racine  SKI  désigne  plutôt  le  nègre  que  la  couleur 
noire  en  ge'néral.  R.  Menacer  :  ashiou  _j.>-5L*»»î  pi.  iskouan  ^jl_jX*«*j 
nègre  ;  Ouarsenis  :  asekhimi y^SjJi .  Ahaggar  ashiou  l  •  !0  pi.  iskioam 
|:  •  !0;  f.  tashioal  +1  •  IO+  pi.  tiskiouin  \'.  •  ;0+. 

Sous  l'influence  de  Vi,  le  k  est  devenu  tch  et  Ys  est  tombé  : 
Djerba  :  atchiou  ^:^\  nègre. 

§  6.  La  racine  RGL  paraît  avoir  disparu  de  presque  tous  les 
dialectes  :  Djerid  :  arougal  JlS^;!  noir;  0.  Rir  arouggal  Jt^;K  A 
Ouargla,  areggal  a  le  sens  de  brun.  On  en  rencontre  une  trace 
dans  le  Zouaoua.  Ainsi  dans  ce  vers  : 

Efki  Fai'ima 
Ëmm  ergalen  r'emnn 

Donne-moi  Fatima 
Aux  sourcils  noirs  ". 

S  7.  En  Zouaoua,  à  Rougie  et  en  Touareg,  le  nom  des  nègres 
est  de'rive'  de  la  racine  KL. 

'  Cf.  Etudes  sur  les  dialectes  berbères,  p.  A9-A3. 

*  Ibid. ,  p.  i  1 . 

■^  Sur  la  permutation  du  DJ  et  du  J  dans  le  int'me  dialecte,  cf.  Etudes  sur  les 
dialectes  berbères,  p.  87. 

''  Hanotcau,  Poésies  pnpafaires  habi/les,  p.  .877.  Ces  exemples  montrent  que 
c'est  par  erreur  qu'on  lit  )'pg-/;e/ (HT:  )  pour  reggel  II  I  O,  liruu,  dans  le 
Dictiounairefrançais-tamaheq  (\e  M.  Cidkaom  {Mger,  1H9/1,  in-A°,  p.  i/i3). 


LES  >OMS  LES  MÉTAUX  KT  DES  OOULKL'RS   EN   BURBKRE.  89 

Ahaggar,  Aouelimmiden ,  Taïtoq,  Ghai  :akli  .ll'I  nègre,  es- 
clave, pi.  iklan  /!!•:;  Zoiiaoua ,  Bougie  :  akli  jS\^  pi.  aklan  ^J^i\ . 

Ce  mot  entre  dans  la  formation  d'un  certain  nombre  de  noms 
propres  de  Kabylie  :  Agouni  houaklan  (j^X^j^  jj5t  (plateau  des 
nègres),  village  de  la  tribu  d'Alouch;  Thala  houaklan  y!^|^j  5LS 
(fontaine  des  nègres),  village  des  Béni  Tliour;  ces  deux  endroits 
sont  situe's  dans  la  conféde'ration  des  Aïth  Ouagennoun.  L'origine 
de  cette  appellation  est  ainsi  racontée  par  le  ge'néral  Hanoteau  : 
f  Les  Kabyles  donnent  le  nom  à' Aklan  aux  descendants  de  colonies 
de  noirs  e'iablies  par  les  Turks  près  de  Dra'el  Mizân  et  de  Tizi 
Ouzou.  Nous  les  appelons  ^Abid  (*Xa-s£)  comme  les  Arabes '.'^ 

En  Kel  Oui.  TL  a  été  redoublé  :  aklil  II  il*  '.  esclave. 

Ahaggar,  Taïtoq  :  <aA;/tY +11*  !+  négresse,  pi.  tiklatin  l+ll'I  +  ; 
Zouaoua,  Bougie  :  ihaklilh  '^AS3  négresse,  pi.  thiklathin  ^^!5AJ3', 

Chez  les  Aïth  Ouagennoun,  on  trouve  dans  la  fraction  des 
Isser  ed  Djedian  Azib  en  Taklifs  <oyJiJ6  ^.^-^^  (ferme  de  la  né- 
gresse); c'est  peut-être  la  mènie  racine  que  nous  trouvons  dans 
Tiklat,  à  28  kilomètres  de  Bougie,  bâtie  sur  les  ruines  de  Tan- 
cienne  Tubusuctus,  sur  la  rive  gauche  de  la  Soummani. 

Les  dérivés  suivants  peuvent  être  rattachés  à  la  même  racine  : 
Ahaggar,  ikaouelen  /Il  •  •  !  noir,  noirâtre;  Taitoq  :  ikoualen  /Il  *  *  I  ; 
plur,  ikaoualnin  /Ml:*!;  takkaoult  +I|:'I+  noirceur;  sekkonl 
II*  IQ  noircir. 

Il  n'y  a  aucune  vraisemblance  que  v^KL  (ou  KOIJL)  soit  dé- 
rivé de  l'arabe  J^i,  foncé,  étant  donnée  la  présence  de  ces  ra- 
cines en  touareg. 

§  8.  A  Syouali,  au  Dj.  Nefousa  et  au  Mzab,  on  emploie  le 
mot  taia  Ia5  (\''I)  pour  signifier  négresse.  Taroudant  iotmia  Ijy.» 
pi,  touioinn  (j^y^-  Ce  mot  s'est  conservé  dans  le  nom  d'un  village 
des  environs  d'Alger  Aïn-Taya  (l-is^  dr*^)  ^^^  source  de  la  né- 
gresse. 

*  Poésies  populaires  kabyles,  p,  iia,note  1.  Le  mot  arabe -aigérioii  ourtf 
vJLyoj  pi.  nucfau  ylLoj  s'emploie  aussi  en  Itabyle  : 

Y>  **...*.><  '    V    Cl)  .^^■^.'''■w 

Si  Tlemse7i  ar  Mâsker 
loHouid  taraioul  louçif 

(tDeTlemsenà  Mascara 

Il  a  amené  des  iirailleiirs  noirs^'. 

(Iliinoleau,  Poésies  populaires  kabyles,  p.  !ilx.) 


90  RENÉ  BASSET. 


APPENDICE. 


Ce  mëmoire  était  terminé  quand  j'ai  reçu  les  deux  travaux  de  feu 
M.  G.  von  der  Gabelentz  sur  les  rapports  du  basque  et  du  berbère  : 
Bnskisch  und  Berberisch  '  et  Die  Verwandtschajt  des  Baskischen  mit  der 
Berberspmchen  Nord-Africn's^,  Ce  dernier  titre  est  exagéré,  car,  entre 
tous  les  dialectes  berbères,  les  recherches  de  M.  von  der  Gabelentz  portent 
uniquement  sur  le  kabyle  (Zouaoua),  le  touareg  (Ahaggar),  le  chelh'a 
et  le  Ghdamsi  :  encore ,  pour  ces  deux  derniers ,  n'a-tril  consulté  que  le 
lexique  absolument  incmiplet  et  souvent  fautif  de  Newmann '.  Mais 
même  pour  ce  qui  concerne  ces  dialectes ,  une  connaissance  approfondie 
manquait  h  l'auteur;  aussi  fait-il  porter  sa  comparaison  du  basque,  non 
pas  seulement  sur  des  mots  arabes  (!),  mais  même  sur  des . mots /rrt?i- 
çais  (!!)  passés  en  Kabyle;  c'est  ainsi  que  le  basque  burdi,  voiture,  est 
comparé  au  kabyle  dabruedt  (forme  inexacte  pour  dabniel  =  thabrouet' , 
(lu  français  brouette!)''.  C'est  sur  une  série  d'exemples  de  ce  genre  que 
reposent  les  règles  de  phonétique  déduites  par  M.  von  der  Gabelentz  et 
appUquées  par  lui  au  basque  et  au  berbère  en  général.  Il  est ,  je  crois , 
inutile  d'insister  sur  la  valeur  des  résultats  ainsi  obtenus;  mais  comme, 
dans  son  second  ouvrage,  l'auteur  a  consacré  deux  sections  aux  métaux 
et  aux  couleurs,  je  crois  devoir  reprendre  et  rectifier  ici  ses  comparaisons 
sur  ce  sujet. 

[Die  Venvandtschaft ,  p.  116-117,  n°  98):  Fer,  kabyle  wezzal  [ouz- 
zal),  touareg  azal,  chelh'a  wezzil;  seuls  cités,  rapprochés  du  basque 
burni  et  burdin  (  !  ). 

Argent  :  touareg  azrej[sen\  cité)  =  basque  zillar  et  zilhar ! 

Cuivre:  touareg  temanast  coupe,  Ghdamès  wanâs  (oMrtH«s)  =  basque 
menast,  métal.  On  a  vu  plus  haut  que  le  mot  berbère  est  emprunté  à 
l'arabe  j-l^. 

Plomb  :  touareg  tahlelt  (?)  =  basque  berun  (!). 

Etain  :  touareg  tiheroast  (?),  coupe;  Chelh'a  ikiri ,  plomb  =  basque 
zirraida,  étain!  {Die  Verwandtschaft ,  p.  908-211.) 

896,  Kabyle  tsulley  être  pâle  (foime  fautive  poui'  tsullex^  =  tchoul- 
/(?M)  =  basque  zvri  blanc  (I).  En  revanche  le  mot  basque  signifiant  pâle, 
ubel  est  comparé  au  kabyle  amellal  et  au  touareg  mel,  amilel  {sic),  seuls 
cités. 

397,  Kabyle  berrth  (faute  pour  berrik  être  noir),  seul  cité  =  basque 
bel{t)z,  baleh,  baltz  (!). 


^  Sitzungsberichte  der  kôniglich-preustischen  Akademie  der  Wissenschaften  zu 
Berlin,  t.  XXXI,  1898,  p.  591-618. 
^  Braunschweig,  i89A,in-8''. 
^  Libyan  Vocabulary,  Londres,  1882,  in-19. 
*  Baskisch  und  Berberisch,  p.  696. 


LES  NOMS  DES  METAUX  ET  DES  COULEURS    EN  BERBERE.  91 

898  a.  Kabyle  ilwy  [ilour')  trouble  =  basque  iUuii,  illiun.  Le  mot 
kabyle  paraît  un  emprunt  à  l'arabe  ^i)  ;  ^^ ,  hâler. 

Kabyle  Ufai,  sale  (faute  pour  tljad,  ?^rt <;?/«)  =  basque  lik{h)iiz.  La  ra- 
cine kabyle  LFDH  est  un  emprunt  à  l'arabe  lixî,la^J,  vomi;  idàUJ 
déjections,  etc. 

hoo.  Le  basque  urdin  bleu,  est  rapproche  du  touareg  irtai  (?!)  sale, 
et  idâlen. 

lxo\.  Kabyle  «M/*«7  (ao«rar')  jaune  =  basque  Aon  et  ori.  La  ressem- 
blance peut  n'être  qu'extérieure  comme  on  l'a  vu  pour  ourar'  et  aurum. 

ho'd  h.  Basque  zohardidxei  clair  =  kabyle  azerqaq[aierh'ak')  et  touareg 
segeni  (!)  indigo.  On  a  vu  (\\\azerk'ah'  est  une  forme  redoublée  em- 
pruntée à  l'arabe  (^<y\ . 

4o3  d.  Basque  arre  gris  =  kabyle  aras  brun,  et  touareg  neggor  (?) 
brun.  Pour  ce  dernier  mot,  l'auteur  aurait  pu  citer  la  forme  îiaras.  L's 
faisant  partie  de  la  racine  devrait  se  retrouver  en  basque. 

On  voit  combien  sont  inexactes  et  incomplètes  les  comparaisons  de 
M.  von  der  (Jabelentz.  Je  n'ai  d'ailleurs  pas  l'intention  de  combattre  la 
théorie  qui  fait  du  basque  une  langue  parente  du  berbère;  elle  a  déjà 
été  exposée  par  deux  linguistes  que  n'a  pas  connus  M.  von  der  Gabe- 
lentz,  peu  au  courant  de  la  question  '  ;  mais  j'estime,  au  moins  en  ce  qui 
concerne  le  berbère,  que  de  telles  tentatives  sont  prématurées.  Un  jour 
viendra  où  la  grammaire  et  la  lexicologie  berbères  étant  dégagées  de 
tout  élément  étranger  et  coinmes  dans  leurs  moindres  détails ,  par  l'étude 
complète  et  la  comparaison  de  tous  les  dialectes  existant  encore  aujour- 
d'hui, nous  aurons  une  base  sérieuse  pour  procédera  une  comparaison 
générale.  D'ici  là,  l'on  doit  se  contenter  d'amasser  des  matériaux  en 
procédant  de  temps  à  autre  à  une  synthèse  des  résultats  acquis. 

René'  Basset. 


Addition  au  chapitre  i.  —  Sur  les  racines  OU  R  K'  et  R  K'  dans  les  langues 
séniiliques,  cf.  Goidziher,  Der  Mylltos  bei  den  Hehràeni,  Leipzig,  187G,  iii-8°, 
p.  166-169. 

'  De  quelques  rapports  entre  les  langues  herhère  et  basque,  Toulouse,  i883, 
in-i";  De  Charencey,  Des  affinités  de  la  langue  basque  avec  divers  idiomes  des 
deux  continents,  Paris,  1892  ,  in-8°. 


92  RENÉ   BASSKT. 


TABLE 

DES  VERBES   D'ETVT   ET  ADJECTIFS   MARQUANT  L\  COLLEUR. 


Pnges. 

I.  Or Oo 

II.  Argent fi^4 

III.  Fer 67 

IV.  Cuivre G8 

V.  Étain O9 

VI.  Plomb ^ 69 

VII.  Blanc 70 

VIII.  Jaune 7^) 

IX.  Rouge 7-^) 

X.  Brun 80 

XI.  Violet 80 

XII.  Bleu,  vert 81 

XIII.  (iris 83 

XIV.  Noir 8/j 

Appendice 9^ 


VARIA. 


L'allemand  schlieszen  =  lalin  excludere. 

En  leuillelant  l'autre  jour  le  Bulletin  de  notre  Société',  j'y  ai 
trouvé,  à  la  date  de  l'année  1871,  le  souvenir  des  discussions 
soutenues  alors  parmi  nous  au  sujet  du  verbe  nWemand  schlieszen , 
que  je  rapprochais  du  latin  excludere,  non  pas  pour  y  voir  deux 
congénères,  mais  pour  y  voir  un  emprunt  des  langues  germa- 
niques. Le  progrès  de  la  science,  depuis  vingt  ans,  n'a  fait  que 
me  confirmer  dans  cette  opinion.  L'objection  qui  m'était  opposée 
alors,  que  schlieszen,  en  sa  qualité  de  verbe  fort,  faisant  au  par- 
lait schlosz  et  au  supin  geschloszen,  ne  pouvait  être  emprunté,  ne 
me  serait  sans  doute  plus  faite  aujourd'hui.  Ni  pour  le  verbe  al- 
lemand scAméen,  ni  ^our  preisen,  personne  ne  fait  difficulté  au- 
jourd'hui d'admettre  l'emprunt,  quoique  l'un  et  l'autre  suivent 
la  conjugaison  forte. 

En  ce  qui  concerne  schlieszen,  vieux  haut- allemand  sliozan, 
néerlandais  sluiten,  ancien  frison  slûta,  Kluge  fait  remarquer  que 
ni  l'anglais,  ni  l'ancien  norrois,  ni  le  gothique  ne  connaissent 
ce  verbe,  non  plus  que  ses  dérivés.  Cela  n'empêche  pas  Kluge  de 
poser  une  ff  racine  germanique  sMt,  prégermanique  sklûdn. 

Au  lieu  du  prégermanique  skiûd,  il  faut,  je  crois,  mettre  ie 
verbe  latin  excludo,  devenu  dans  la  prononciation  populaire  scludo. 
(l'est  ainsi  que  ie  latin  expendere  a  produit  l'allemand  spenden 
tf donnent.  A  une  époque  plus  récente,  le  substantif  féminin  ex- 
clusa,  sclusa  a  donné  pareillement  Schleuse. 

Le  siibslanlK  Schlûssel  trclef^î,  vieux  haut-allemand  sluzzil,  est 
un  dérivé  du  verbe,  formé  d'après  le  même  principe  que  Fliigel 
dejliegen  ou  Dechel  de  decken. 

Le  substantif  iS'cA/o5z  rr  serrure w  et  tr enceinte  fermée,  château  11, 
vieux  haut -allemand  -S7o2,  a  été  fait  sur  le  même  modèle  que 
Flosz  venant  dejlieszen  ou  Schosz  repousse,  rejeton n,  de  schieszen. 

Pour  ceux  qui  seraient,  au  point  de  vue  du  sens,  inquiétés 
par  la  préposition  ex,  je  transcris,  d'après  Ducange,  les  pas- 
sages suivants,  où  excludere  signifie  tr fermer,  barrer?^  et  où  ex- 
clusor  est  exactement  l'allemand  Schlosser  r  serrurier  n  : 

Quœro  ut  novos  Miiros  Divionis  {aux)  destruat,  quia  abbalias  noslrns 
excludunt.  (Jugement  tle  Tannée  1 153.  Voir  Ducange,  s.  v.) 


94  M.  BRÉAL. 

In  arte  argentaria  Exclusores  vocantur  qui  de  confusione  massœ  noverunt 
formam  vasis  ea-primere.  (S.  Augustinus,  Enarr.  in  Psabn.  67.) 

Et  cum  conjlandifemitn  locus  esset  aptissimus,  et  f abris ,  etferri  exclu- 
soribus  maxime repkretur.  (VitaS.  Egwini  Episc.  Wigorn.  cap.  3.) 

Je  ferai  remarquer,  en  finissant,  que  celle  ctymologie  n'a  ab- 
solument rien  de  désobligeant  pour  la  langue  allemande,  en 
admettant  que  Tamour-propre  national  ait  quelque  chose  à  voir 
à  ces  questions,  ce  qui  m'a  toujours  paru  enfantin.  Au  contraire, 
rien  n'empêche  de  supposer  que  les  anciens  Germains  n'avaient 
point  besoin  pour  se  garder  de  serrures,  ni  de  verrous,  ainsi  que 
les  Suisses  de  Schiller  : 

Bald  thât  es  Noth, 
Wir  hâtten  Schlosz  und  Riegel  an  den  Thiiren. 

P.  S.  Cet  article  était  re'dige',  lu  à  la  socie'té  et  imprimé,  quand 
l'idée  m'est  venue  d'en  envoyer  une  épreuve  à  M.  Moriz  Heyne, 
professeur  de  littérature  germanique  à  l'Université  de  Gottingue. 

M.  le  professeur  Heyne,  germaniste  éminent,  est  l'un  des  con- 
tinuateurs du  Dictionnaire  de  Grimm  :  je  pensais  qu'il  devait,  sur 
cette  question,  avoir  son  opinion  faite,  puisqu'il  est  précisément 
occupé  de  la  lettre  SCHL.  Voici  la  réponse  qu'il  m'a  faite  : 

Très  honoré  collègue , 
Par  l'extrait  ci-joint  d'une  épreuve  du  Dictionnaire  de  Grimm ,  vous 
veiTez  que  notre  o[)inion  srv  le  verbe  schlieszen  est  allée  à  mi-chemin  à 
la  rencontre  de  la  vôtre.  La  démonstration  que  vous  m'avez  fait  lire  a 
achevé  de  me  convaincre ,  et  je  regrette  de  ne  l'avoir  pas  connue  plus 
tôt  :  notre  article  eût  été  absolument  affirmatif ,  au  lieu  qu'à  présent  il 
laisse  encore  place  à  quelques  doutes .  .  . 

Le  cahier  du  Dictionnaire  de  Grimm  qui  contient  l'article  schlieszen 
doit  pai'aître  sous  peu . . . 

Moriz  Heyne. 
Gottingue,  11  mai  1895. 

Allemand  schûrzen  =^  latin  excurtiare. 

Je  prolile  de  cette  occasion  pour  ramener  aussi  à  sa  vraie  ori- 
gine le  mot  allemand  schiirzen  «trousser  (une  jupe,  une  robe)w, 
d'oii  le  substantif  (/le  Schûrze  rie  tablier^. 

Nous  avons  ici  un  dérivé  du  bas  latin  excurtiare  (de  curtus), 
italien  scorciare,  français  escorcier  tf  raccourcir ^n 

Il  existe  dans  notre  vieille  langue  un  substantif  escorsure  que 
Godefroy  traduit  par  ffretroussis,  partie  retroussécT). 


VARIA.  9^ 

L'accusatif  du  gérondif  en  français. 

On  sait  qu'en  latin  le  gérondif  avait  sa  déclinaison  complète. 
De  cette  déclinaison,  il  na  guère  survécu  en  français  moderne 
que  l'ablatif. 

Il  s'en  alla  courant  [currendo). 

J'aurai,  le  revendant,  de  l'argent  bel  et  bon  (vmdendo). 

Chemin  faisant  (iter  furie)) do). 

Humainemeiit  parlant  {parabolando). 

Cependant,  il  existe  une  ou  deux  expressions  qui  nous  ont 
conservé  l'accusatif  :  c'est  d'abord  la  locution  à  son  corps  déjm- 
dcDit.  Par  exemple  dans  cette  phrase  :  rrll  a  tué  son  adversaire  à 
son  corps  défendantri.  Il  faut,  parla  pensée,  rétablir  la  locution 
latine  :  ad  defendendu))i  (pour  défendre). 

Celte  tournure  était,  comme  on  sait,  fréquente  en  ancien  fran- 
çais : 

Ces  qu'il  laissa  a  la  porte  gardant  (pour  garder  la  porte).  .  . 
Servi  vos  ai  par  mes  armes  portant  (pe)'  po-tmidiwi)  \ 

Une  autre  expression  de  même  sorte  est  la  locution  ca)-ê)))e- 
pre)iant,  qui  était  courante  autrefois  et  qu'on  trouve  encore  sur 
quelques  calendriers  ecclésiastiques.  On  a  dû  commencer  par 
dire  :  rrNous  touchons  à  carême  prenant.  .  .  Nous  nous  prépa- 
rons à  carême  prenant.  .  .  7^  En  latin  :  ad  prendendum  qxiadrage- 
smam. 

UN   PRODUIT  DE  L'ANALOGIE. 

Le  mot  anglais  Colinderies. 

M.  Maurice  Bloomfield,  dans  une  communication  à  YA)))er)can 
Philologieal  Association-,  cite  le  fait  suivant,  qui  est  un  trop  cu- 
rieux exemple  de  formation  analogique  pour  ne  pas  mériter 
d'être  reproduit.  Il  s'agit  du  suffixe  -eries  (le  pluriel  seulement), 
pour  désigner  des  objets  d'exhibitions  publiques. 

Comme  on  avait  eu  d'abord  à  Londres  (ou  à  Nevv-\ork)  lajîshe- 
ries  exhibition,  le  mot  the  fisheiies  tout  court  servit  à  désigner  les 
objets  ayant  rapport  à  la  pêche.  Puis  vint  une  exposition  de  fleurs 
qui  suggéra  tout  naturellement  </tey?oa'er/es.  Une  exposition  dliy- 
giène  —  health  exhibitio))  —  donna  the  healthoies.  Enlin  la  Coh- 
n) al  and  hidian  exhibition  s'étant,  pour  simplifier,  appelée  the  Co- 


^  E.  Etienne,  Grammaire  de  l'ancien  fronçai»,  p.  â5i. 
»  Juillet  1893. 


96  M.  BRÉAL. 

lind,  ii  en  sortit  the  CoUnderies,  un  terme,  dit  M.  Bloomfield,  qui 
d'indignation  ferait  tourner  au  rouge  l'encre  d'un  puriste. 

Pour  montrer  à  notre  confrère  de  race  anglo-saxonne  que  nous 
ne  sommes  pas  en  reste,  il  suffit  que  nous  rappelions  qu'à  côté 
des  magasins  A'orjevrerie  ou  de  mercerie,  nous  avons  à  Paris  des 
marchands  de  bondieuserie,  qui  tiennent  dignement  leur  place 
auprès  des  colinderies  anglaises. 

Michel  Bréal. 


VEDICA. 


1 .   Pûramdlti. 

Le  nom  et  l'interprétation  de  celte  énigmatique  entité  divine 
a  déjà  pique'  tant  de  curiosite's,  inspire  tant  de  savantes  et  ingé- 
nieuses recherches,  qu'il  peut  sembler  oiseux  et  quelque  peu 
ridicule  d'y  consacrer  une  nouvelle  étude  :  les  re'suitats  obtenus 
jusqu'à  pre'sent  sont  entre  les  mains  de  tous  les  ve'disants,  et 
d'excellents  juges  s'en  de'clarent  satisfaits  ^  ;  si  l'on  ne  partage 
point  leur  avis,  reste-t-il  du  moins  l'espérance  de  trouver  une 
solution  meilleure  et  de  les  en  convaincre?  Je  le  crois,  pour  ma 
part,  mais  à  condition  de  sortir  si  résolument  des  voies  battues, 
qu'on  encoure  le  reproche  de  paradoxe  et  de  bizarrerie.  Je  ne 
compte  pas  y  échapper;  je  demande  seulement  à  mes  confrères 
de  suivre  ma  longue  argumentation,  sinon  avec  le  désir  d'être 
persuadés,  du  moins  avec  la  sympathie  que  mérite  toute  tenta- 
tive sincère. 

Au  double  point  de  vue  étymologique  et  naturaliste,  la  seule 
explication  aujourd'hui  admise  se  heurte  à  quatre  objections 
fondamentales  :  i"  en  fait  d'autorités  anciennes,  elle  n'invoque 
que  l'autorité  du  texte  pada,  qui  coupe  pûram-dhi,  et  l'on  con- 
viendra que  c'est  peu  pour  nous  éclairer;  2°  cette  analyse  exi- 
gerait impérieusement  l'accentuation  * puramdhi,  dont  il  n'y  a 
point  de  trace;  3°  elle  n'aboutit  qu'assez  péniblement  au  sens  de 
ff plénitude,  abondance,  générosité,  bénédiclionw,  que  l'on  y 
attache;  k°  ce  sens  lui-même  enfin,  admissible  en  tant  que  ré- 
sultat d'une  évolution  postérieure,  offre  le  grave  inconvénient  de 
transporler  une  entité  morale  et  vague  dans  la  période  du  natu- 
ralisme primitif.  Cette  dernière  raison,  je  le  sais,  ne  touchera 
guère  qu'une  minorité,  puisque  l'école  mythique  est  en  défaveur; 
mais  peut-être  la  suite  montrera-t-elle  qu'on  aurait  tort  de  la 
dédaigner  dans  le  cas  présent. 

Ce  qui  demeure  acquis,  en  tout  cas,  c'est  qu'une  recherche 
dirigée  dans  ce  sens  peut  braver  les  critiques  mêmes  des  traditio- 

'  BlooniGeld,  Contrih.,  V,  p.  19;  OI(Jenbor[T,  Die  Religion  des  Veda ,  p.  (j.*) 
•H  180. 

MKM.    L1>G.   —    IT.  7 


98  V.  ^^;^BY. 

nalistes,  même  de  ceux  qui  pensent  qu'il  faut  expliquer  tout  le 
passe'  de  l'Inde  par  son  présent,  et  professent,  ou  peu  s'en  faut, 
qu'un  sectateur  des  Ve'das  ne  se  trouverait  pas  de'place'  dans  une 
pagode  contemporaine;  car  ici  la  tradition  n'a  rien  à  nous  ap- 
prendre, par  l'unique  et  bonne  raison  qu'elle  ne  sait  rien  de 
plus  que  nous,  rien  que  ne  nous  apprenne  la  simple  lecture  des 
textes  ve'diques.  La  Puramdhi  est  une  puissance  bienfaisante  : 
c'est  probablement  tout  ce  qu'en  ont  su  les  poètes  et  les  prêtres 
qui  l'ont  nomme'e,  invoquée  et  célébrée,  et  nous  en  serions  ré- 
duits à  la  même  ignorance  s'ils  ne  nous  avaient  conservé  quel- 
ques fragments  de  formules  antiques  dont  il  faut  essayer  de  pé- 
nétrer le  sens  incompris  d'eux. 

Je  débute  par  une  constatation  générale  :  le  nom  de  piirarndhi 
revient  quarante-sept  fois  dans  le  R.  V.,  pas  une  dans  l'A.  V., 
sauf  en  deux  passages  empruntés  au  R.  V.  Le  contraste  est  trop 
frappant  pour  n'être  pas  significatif  :  la  fréquence  du  mot  dans 
la  langue  du  livre  qui  est  le  rituel  du  sôma,  son  absence  com- 
plète dans  un  recueil  védique  étranger  à  ce  culte,  doivent  faire 
soupçonner  une  indubitable  connexion  entre  la  Déesse  Purarndhi 
et  le  Dieu  Sôma.  Disons  tout  de  suite  quel  est  ce  rapport, 
oublié  des  rédacteurs  mêmes  du  Véda  :  la  puramdhi  est  primi- 
tivement la  prison  et  le  réservoir  du  sôma  céleste,  le  réceptacle 
de  la  pluie,  bref  tfla  citadelle  aveugle ii  (pur  andhâ),  la  nuée 
noire  qui  tour  à  tour  dérobe  et  épanche  à  l'homme  ses  trésors. 

On  verra  plus  loin  que,  de  toute  la  phraséologie  incolore  oij 
se  noie  la  personnalité  de  Purarndhi,  les  seuls  passages  caracté- 
ristiques qui  surnagent  sont  précisément  ceux  qui  la  mettent  en 
relation  avec  ce  fameux  rapt  de  Sôma  où  récemment  M.  Rloom- 
field  a  dégagé,  avec  une  si  rigoureuse  netteté,  le  mythe  de  l'éclair 
apportant  la  pluie.  Etayons  tout  d'abord  la  base  chancelante  de 
notre  édifice  étymologique. 


La  locution  ptir  andhâ  est  hautement  possible,  mais  elle  n'est 
que  possible,  on  ne  la  lit  nulle  part,  et  sûrement  les  Indous, 
s'ils  ont  jamais  pensé  que  puramdhi  fût  la  nuée,  auront  inter- 
prété son  nom  par  frle  réservoir  de  la  plénitude.  Cette  res- 
source, encore  une  fois,  nous  échappe  :  il  n'y  a  pas  de  mol  pur 
ft plénitude  17 ;  y  en  eût-il  un,  le  composé  serait  *pûr-dht^  car  la 
formation  par  le  premier  terme  à  l'accusatif  est  sans  exemple 
avec  -dhi,  et  le  mot  serait  oxyton;  sans  compter  ce  qu'aurait  de 
flottant  et  d'abstrait  celte  désignation  d'un  objet  concret.  Mais, 
que  cette  fausse  étymologie  ait  pu  influer  d'une  manière  indi- 
recte sur  les  altérations  qui  ont  atteint  le  mot,  c'est  ce  que  je 


VKDir.v.  99 

suis  loin  de  nier;  bien  au  coulraire,  je  pense  qu'il  ne  faut  né- 
gliger aucun  des  adjuvants  qui  sont  susceptibles  d'expliquer  une 
transformation  à  première  vue  aussi  étrange  :  de  pur  andhd  ou 
pur  anclhi  tr forteresse  obscure,  ies  Indous  ont  tiré  d'autant  plus 
aise'ment  pûraindhi  quils  ont  vu  dans  ce  dernier  terme  crie  ré- 
servoir de  la  ple'nitudew. 

On  s'est  de'fait  en  théorie,  mais  on  ne  se  départ  point  aussi 
facilement  dans  la  pratique,  de  Tillusion  ancestraJe  qui  voyait 
dans  le  sanscrit  une  sorte  d'algèbre  dérivative,  rigoureuse  et 
impeccable,  et  qui  le  traitait  en  conse'quence,  ramenant  chaque 
mot  à  une  racine  suivant  une  norme  lixe'e  une  fois  pour  toutes. 
Il  faut  s'iiabiluer  à  penser  que,  si  le  védique  — je  ne  dis  pas  le 
classique  —  a  été  incontestablement  une  langue  vivante,  s'il  a 
été  parlé  par  des  lèvres  humaines  et  pensé  par  des  cerveaux  hu- 
mains, il  ne  saurait  plus  qu'aucun  autre  idiome  avoir  échappe 
aux  confusions,  aux  lapsus,  aux  erreurs  d'étymologie  populaire 
et  de  fausse  analogie,  aux  formules  toutes  faites,  qui  partout  ont 
sévi. 

Je  pars  donc  d'une  formule  pur  andkâ ,  où ,  bien  entendu ,  Vn  n'a 
pas  d'autre  valeur  phonétique  ni  même,  dans  certains  systèmes, 
d'autre  expression  graphique  que  \'m  de  pûramdhi.  C'est  là  sans 
doute  la  moindre  des  difficultés;  car  l'écriture  est  toute  récente, 
et,  du  jour  où  le  mot  fut  analysé  pûrnm-dhi,  la  graphie  par  l'anus- 
vàra  s'imposa.  Quant  à  l'expression  r  citadelle  sombre»,  si  le  Véda 
ne  nous  en  offre  pas  la  lettre,  au  moins  fourmille-t-il  de  méta- 
phores analogues  pour  désigner  le  séjour  mystérieux,  ff caverne 
close,  cachette  recluse,  gouffre  sans  fond,  citadelles  crues(?), 
citadelles  noires»  (H.  V.,  IV,  16,  i3),  etc.  :  la  juxtaposition  est 
d'excellent  sanscrit;  l'adjectif,  étant  de  détermination  et  non  de 
simple  ornement,  devait  suivre  le  substantif,  tout  comme  dans 
àkir  budhnijhh  oa popuhis  Romamis;  et  enfin  une  formule  semblable, 
pour  désigner  le  réservoir  du  sôraa  céleste,  se  conçoit  d'autant 
mieux  quelle  prêtait  au  raffinement  par  calembour  et  pouvait  à 
la  rigueur  s'entendre  comme  pur  àndhasah  tria  citadelle  de  la 
plante»  ou  'fdu  suc  végétal». 

Je  ne  pense  donc  pas  que  mon  postulat  ait  rien  d'excessif  :  si 
le  mol  pûramdhi  n'est  tombé  du  ciel  avec  l'objet  qu'il  représente, 
il  est  aussi  légitime  d'en  chercher  l'origine  dans  la  liaison  de 
deux  mots  que  dans  la  composition  mal  venue  d'un  thème  avec 
un  cas. 


Toute  la  question  se  réduit  à  savoir  s'il  y  a  une  voie  pour 
passer  de  l'un  des  termes  à  l'autre  :  de  pur  andlid,  locution  à 
deux  accent';,  ou  Vu  est  long,  où  la   finale  est  a,  dont  enfin  le 


100  V.    HENRY. 

génitif  serait  pure  anJhâyàli,  et  ainsi  de  suite,  à  pitramdhi,  mot 
à  un  seul  accent  invariable,  oi!i  Vit  est  bref,  la  finale  i,  et  dont 
le  ge'nitif  enfin  est  pitramîheh  ou  pih'amdhyâh.  Au  premier  abord , 
rien  né  semble  plus  forcé;  et  pourtant,  si  Ton  considère  que  le 
vocatif  primitif  de  la  locution  pur  andliâ  ne  peut  être  que  *pûr 
andlie,  avec  û  bref  et  un  seul  accent,  tout  s'aplanit  d'un  seul 
coup;  car piirandfie ,  à  son  tour,  prononcé  d'ensemble  et  envisagé 
désormais  comme  un  mot  dont  l'accent  unique  constitue  l'unité, 
sera  pris  fort  légitimement  pour  le  vocatif  d'un  mot  dont  le  no- 
minatif est  pûramdhih,  et  il  n'en  faut  pas  davantage  pour  appeler 
à  la  vie  ce  nominatif  et  subsidiairement  toute  la  flexion  qu'il 
commande. 

En  grec,  le  type  f/j/T/era  a  eu  la  vertu,  on  le  sait,  non  pas 
seulement  de  développer  une  flexion,  mais  de  la  remplacer  tout 
entière,  et  ce  n'est  là  qu'un  exemple  entre  cent  de  l'influence 
exercée  sur  les  noms  ou  les  épithètes  des  êtres  divins  par  l'ha- 
bitude où  l'on  était  de  les  prononcer  au  vocatif  beaucoup  plus 
souvent  qu'aux  autres  cas.  Ce  point  n'est  pas  contesté;  et,  bien 
qu'on  ne  lise  pas,  que  je  sache  \  la  locution  eCpvona  Zev  au  vo- 
catif, nul  presque  ne  doute  que  le  nominatif  svpvona  ZeJ?  n'en 
procède.  On  ne  voit  donc  pas  pourquoi  il  serait  nécessaire  de 
lire  le  vo<-t\['iï  piiranulhe  dans  un  texte  védique,  avant  d'oser  af- 
firmer quil  txistàlet  fut  usilé  :  fort  antérieures  aux  chants  sacrés 
furent  les  simples  invocations,  aux  hymnes  composés  les  litanies 
rudimenlaires,  et  l'on  a  pu,  dans  une  de  ces  litanies  pour  la  pluie, 
prononcer  à  satiété  le  \oc-mW  *pûr  andhe,  tout  comme  tels  autres, 
dhe  budhnya ,  àjaikapût,  etc. ,  dont  les  textes  n'offrent  pas  la  moindre 
trace.  On  verra  plus  loin  une  application  différente  de  la  même 
prémisse,  et  il  n'est  que  licite  de  faire  remonler  l'emploi  d'aussi 
simples  et  courtes  formules  jusqu'à  la  phase  linguistique  et  reli- 
gieuse de  l'indo-éranisme. 

Nombre  de  ces  mots  factices,  figés  dans  leur  immobilité  voca- 
tive,  ont  pu  cesser  d'être  pleinement  entendus^  :  en  proférant  le 
crï  pûratîdhe ,  on  ne  savait  plus  au  juste  de  quoi  l'on  parlait;  mais 
on  se  souvenait  vaguement  qu'il  était  question  d'un  réservoir  de 
trésors.  De  là  le  sens  général  d'abondance  qu'on  attribua  à  l'en- 
lité  divine  née  d'une  confusion  grammaticale.  Quant  à  la  forme 
de  son  nom,  l'analogie  eût  pu  tout  aussi  bien  amener  *pûran- 
dhà.  Mais  il  faut  songer  qu'un  autre  nominatif  de  la  forme  cor- 
recte et  complète  était  pur  andhi,  non  moins  régulier  que  pur 

'  Sauf  seulement  PI  aii  (contre  vingt-deux  emplois  au  nominatif  ou  à  l'ac- 
cusatif); car  Hymn.  xïin,  4,  ne  saurait  compter. 

*  Quel  est,  par  exemple,  le  sens  du  vocafif  adi.rigo  dans  la  formule  Ait.  Br. 
II,  7,  1 1,  où  il  ne  se  construit  pas  monii^  grammaticalement  avec  te  verba  qu'il 
semble  commander? 


VEDICA.  loi 

andhà,et  que  dès  lors  le  Ihbme  ahévé  piinandhi-  apparaît  coaimc 
une  sorte  de  compromis  enlre  les  deux  nominalifs  normaux.  Et 
surtout  il  faut  faire  la  part  très  larfje  à  Tinfluence  de  la  fausse 
étymologie  ^^;/rrt/H-r//^/',  qui  a  naturellement  amené  à  la  finale  le 
vocalisme  de  ni-dlu,  pari-dhî,  garbha-dhî,  etc.,  tous  mois  dont 
Taccentuation  oxytonique  révèle  à  première  vue  Torigine  diffé- 
rente. 

Il  resie  à  voir  si  les  textes  ne  s'opposent  pas  à  Tadmission  du 
sens  de  r forteresse  sombre,  prison i^,  ou  si  même  tel  ou  tel 
d'entre  eux  n'en  aurait  point  gardé  quelque  précieux  vestige. 


Dans  toute  discussion  d'un  mot  aussi  commun  et  devenu  aussi 
banal  que  pûramdhi,  il  y  a  nécessairement  une  énorme  majorité 
de  passages  à  éliminer  comme  ne  décidant  ni  pour  ni  contre. 
En  saine  statistique  ces  cas  sont  à  déduire  de  l'ensemble;  mais 
encore  en  faut-il  faire  le  décompte.  Je  présenterai  donc  ainsi 
qu'il  suit,  et  par  ordre  d'imporlance,  le  classement  brut  des  em- 
plois de  pûramdhi. 

I.  Le  mot  est  au  pluriel  et  il  est  impossible  d'y  voir  rien  de 
plus  précis  que  le  sens  f  abondances,  prospérités,  bénédictions n, 
ce  dernier  se  rapprochant,  si  l'on  veut,  mais  par  un  détour,  de 
celui  de  Bergaigne,  qui  voyait  dans  Purarndhi  une  incarnation 
de  la  prière  céleste  ^  :  I,  120,  6;  1 58,  2;  IV,  92 ,  10;  5o,  1 1  ; 
VII,  66,  5;  67,  5;  97,  9,  —  en  tout  sept  emplois  aussi  peu 
caractérisés  que  possible. 

II.  Le  mot  est  au  singulier,  et  l'on  peut  hésiter  enlre  le  sens 
de  ff abondance  15,  en  général  et  celui  de  la  divinité  F'urariidhi, 
mais  naturellement  nous  n'en  apprenons  pas  davantage  sur  la  na- 
ture intime  de  celle-ci  :  I,  5,  3  ;  i36,  3;  III,  62,  1 1  ;  V,  35,  8; 
VII,  32  ,  20;  VIII,  92,  i5;  X,  65,  1 3  et  1/4 ,  —  en  tout  huit  cas, 
dans  plusieurs  desquels  Pûramdhi,  en  tant  que  divinité  au  moins 
vaguement  conçue,  semble  plutôt  probable,  mais  mieux  vaut  ne 
pas  insister. 

III.  Purarndhi  est  sûrement  nom  propre,  ainsi  qu'il  appert 
de  son  intervention  au  milieu  d'une  énumération  d'autres  divi- 
nités (Bhaga,  Arnça,  Indra,  Agni,  Savilar,  etc.),  mais  il  n'en 
ressort  aucune   lumière  sur  sa  personnalité  :  II,  1,  3;  38,  10; 


'  Interprétation  que  je  ne  crois  pas  avoir  à  discuter:  si  je  parviens  à  établir 
mon  sens  de  rcaverne  céleste",  j'aurai  par  là  même  fait  le  départ  de  ce  que 
les  vues  de  Bcrgaijjne  avaient  ^oil  d'exact,  soil  de  préconçu. 


1  02  V.    [lENIîY. 

V,  /i2,  5;  VI,  21,  9;  /19,  l'i';  VH,  35,  2;  3G,  8;  X,  G/i,  7; 
85,  36,  —  neuf  cas. 

IV.  Il  y  faut  joindre  ceux  on  pùramdhi  a  pu  être  pris  pour  une 
e'pithète  du  Dieu  qu'elle  accompagne  (spe'cialemenl  Pûsan),mais 
où  un  examen  plus  altenlif  y  doit  faire  reconnaître  un  nom 
propre  et  une  divinité  distincte-:  I,  181,  9;  II,  3i,  h^  —  deux 
cas  absolument  similaires,  dans  l'un  desquels  les  Açvins  sont 
compare's  à  Pûsan  et  Puramdhi,  tandis  que  dans  l'autre  ils  sont 
e'nume'rés  tous  ensemble. 

V.  11  conviendrait  peut-être  de  compter  à  l'actif  de  notre  hy- 
pothèse les  emplois  de  la  piiramdlii  en  tant  qu'associe'e  au  Dieu 
Sôma  :  VIII,  G9,  1;  IX,  97,  3G;  110,  3;  X,  112,  5.  Mais, 
comme  ici  elle  ne  paraît  pas  avoir  avec  lui  un  lien  plus  étroit 
qu'avec  les  autres  divinités  ci-dessus  mentionnées,  il  sera  plus 
prudent  et  plus  loyal  de  ranger  ces  quatre  cas  parmi  les  pas- 
sages incolores,  qui  ressortent  ainsi  au  total  de  trente  et  un  sur 
quarante-sept  emplois  dans  le  R.  V.^. 


Reste  à  seize  passages  plus  ou  moins  significatifs  et  utilisables. 

VI.  Une  fois,  mais  une  seule  fois  (IIl,  Gi,  1),  Puramdhi  est 
visiblement  l'Aurore.  Je  n'en  tirerai  point  argument  en  ma  fa- 
veur, mais  je  pense  qu'on  ne  s'en  pre'vaudra  pas  contre  moi  :  la 
ff  forteresse 75  peut  aussi  bien  épancher  la  lumière  que  tout  autre 
trésor;  et,  au  pis  aller,  on  conçoit  fort  bien  que  le  nom  d'une 
divinité  féminine  et  dispensatrice  ait  été  transporté  par  méta- 
phore à  l'Aurore. 

VII.  Le  caractère  de  tf  forteresse -i  commence  à  se  dessiner.  Les 
pûramdhls  ont  des  carquois  [isudliynvah ,  V,  /n.  G)  :  pourquoi  cette 
épithète,  évidemment  traditionnelle  et  imcomprisedu  poète,  sinon 
parce  quelles  sont  pourvues  d'armes  de  jet,  qui  ne  sont  autres,  on 
va  le  voir,  que  la  llèche  de  Krçànu  ou  l'éclair?  Je  sais  bien  qu'on 
traduit  cet  avraf  par  t: zélées,  désireusesn,  et  le  malheur  veut 
que  ce  faux  sens  s'appuie  sur  le  voisinage  de  pàtnls.  Mais,  en 
admettant  que  le  rédacteur  même  l'ait  entendu  ainsi,  c'est  une 
étrange  façon  de  comprendre  le  Véda  que  de  s'appliquer  à  ef- 

•  A  noter  qu'ici  ctie  est  associée  à  Alii  Bmllmya. 

^  Il  va  de  soi  que  mon  inlerprétalion  n'admet,  pas  plus  que  celle  de  Ber- 
gaigne,  la  supposition,  aibilraire,  inutile  cl  contredite  par  Timmense  majorilé/ 
des  emplois,  d'un  pûramlln  adjectif. 

^  Je  dis  3i,  en  y  joignant  X,  89,  9,  également  sans  vatenr,  binn  que  fi,']u- 
rant  dans  le  même  morceau  que  X,  89,  7  infrn. 


VEDICA.  103 

facer  et  à  éteindre  tout  ce  qui  peut  encore  e'nierger  d'images  et 
de  repre'sentations  vivantes  dans  son  inerte  formulaire.  Ailleurs, 
quand  nous  voyons  les  Açvins  tr lâcher  la  Puramdhiw  (I,  180,  6), 
nous  pourrions,  sans  doute,  la  prendre  pour  la  prisonnière; 
mais,  lorsqu'ils  la  brisent  (l,  116,  7),  et  malgré  la  me'tonymie 
védique  connue  cr  fendre  les  vaches  hors  du  rocher  t),  il  y  a  beau- 
coup de  chances  pour  qu'elle  soit  la  prison,  une  prison  bénigne 
au  surplus  et  qui  ne  demande  qu'à  s'ouvrir. 

VIIÏ.  Ce  dernier  vers,  en  effet,  va  nous  permettre  d'en  inter- 
préter trois  autres,  où  il  est  également  question  des  exploits  des 
Açvins.  Que  ceux-ci  aient  pressuré  le  sôma  pour  Puramdhi  (X, 
89,  7),  c'est  un  renseignement  unique  et  par  conséquent  sus- 
pect; mais  yuvàm  sûsutirn  cakrathuh  pûranidhaije  peut  parfaitement 
s'interpréter  par  rà  Puramdhi  15  en  ce  sens  que  ce  serait  elle  qui 
aurait  fourni  les  éléments  du  pressurage,  et  dès  lors  s'accorde 
sans  peine,  soit  avec  ce  que  nous  savons  des  Açvins,  déités  plu- 
vieuses, soit  avec  ce  que  nous  supposons  de  Puramdhi.  Cette 
sûsuti,  elle  l'a  fournie  de  son  plein  gré,  car  elle  a  appelé  les  Aç- 
vins au  passage  (I,  116,  i3;  117,  19),  apparemment  comme  la 
vache  appelle  son  veau  pour  qu'il  la  débarrasse  du  lait  qui  lui 
pèse  (l,  i6h,  28).  Ces  concepts,  encore  une  fois,  étaient  perdus 
pour  le  rédacteur  des  hymnes,  qui  semble  simplement  confondre 
Puramdhi  dans  la  foule  anonvme  et  bigarrée  des  protégés  des 
Açvins;  ce  n'est  que  par  le  rapprochement  patient  des  débris 
conservés  qu'on  peut  reconstituer  la  mosaïque  ignorée  de  lui- 
même  dont  il  a  utilisé  çà  et  là  un  fragment  dépareillé. 

IX.  La  liaison  entre  la  Puranidhi  et  le  Sôma  est  évidente, 
mais  le  rapport  qui  les  unit  manque  de  clarté.  Il  est  tout  à  fait 
indirect:  VII,  9,  6;  89,  4;  X,  80,  1  ;  encore  le  dernier  passage 
est-il  le  seul  d'où  l'on  puis,-c  nettement  inférer  qu'Agni  a  pro- 
curé aux  hommes  la  Puramdhi,  comme  l'aigle  qui  est  Agni  leur 
a  apporté  le  sôma.  Il  se  précise  un  peu  :  IV,  3/i,  2, où  Purarndhi 
accompagne  les  sucs  enivrants;  IX,  98,  à,  où,  à  propos  de  Pa- 
vamâna,  on  invite  Puranidhi  à  rrse  laisser  charrier  de  bon  gré^; 
et  surtout  IX,  90,  3,  où  l'on  prie  Sôma  de  se  clarifier  f^vers  les 
deux  puramdhis  conliguësn;  quoi  que  dissimule  cette  mélaphore 
isolée,  —  peut-être  simplement  les  deux  cuves  ou  les  pierres  du 
pressoir,  —  il  est  impossible  de  ne  pas  la  rapporter  à  une  antique 
conception  de  la  puramdhi  comme  réservoir  à  sôma.  Je  ne  dis 
pas,  encore  une  fois,  que  le  poète  se  comprît  parfaitement. 

X.  Restent  enfin  (rois  passages  décisifs  :  non  que  le  vieil  au^ 
leur,  sans  doute,  les  entendît  davantage;  mais  le  personnage  de 
Purarndhi  lui  était  fourni  par  la  tradition  comme  figurant  dans 


10/i  V.   HENRY. 

le  récil  de  reulèvement  de  Sôina;  il  1  y  a  donc  fait  entrer,  mais 
à  l'étal  d'accessoire  si  vague  que  son  intervention  a  jusqu'à  pré- 
sent exercé,  lassé  ou  mis  en  défaut  la  patience  de  tous  les  com- 
mentateurs indigènes  ou  orientaux.  Tout  s'explique  au  mieux  si 
la  Purarndhi^  est  la  prison  du  Sonia  :  en  forçant  l'une,  l'aigle 
enlève  l'autre;  ou  bien,  dans  une  variante  du  conte,  il  les  enlève 
tous  deux  à  la  fois.  IV,  26,7:  cr  L'aigle  prit  et  emporta  Sôma. . . 
et  alors  Puramdhi  quittai  (ou  ff trahit)  les  démons  avares  [qui 
la  gardaient].  .  .  w.  De  même  IV,  27,  2  :  « Là-haut^  Pu- 
ramdhi quitta  les  aémons  avares,  et  [l'aigle]  traversa  les  vents 
avec  vigueur. w  Et  enfin,  ib.  3  :  ff  .  .  .  ou  quand  ils  eurent  em- 
porté de  là  Puramdhi.  .  .  n.  On  peut  spéculer  à  l'infini  sur  ces 
trois  passages  corroborés  par  les  trois  précédents,  je  ne  crois  pas 
qu'on  trouve  rien  de  plus  clair:  la  Purarndhi  est  la  pur  andhd^ 
<|ui  emprisonnait  le  Sonia;  puissance  sombre  à  l'origine,  elle  est 
devenue  de  ce  jour  puissance  bienfaisante  et  tutélaire,  d'autant 
qu'elle  est  souvent  censée  s'être  prêtée  au  rapi,  ou  même,  dans 
une  cerlaine  version,  avoir  invité  les  Açvins  à  ouvrir  ses  flancs. 
En  récapitulant,  je  trouve,  sur  les  seize  passages  significatifs, 
un  seul  qui  semblerait  contredire  mon  hypothèse,  neuf  qui,  plus 
ou  moins  sollicités,  y  rentrent  sans  difficulté  et  en  tout  cas  ne 
s'y  opposent  point,  trois  qui  la  confirment,  et  trois  enfin  qui, 
avec  tout  le  bon  vouloir  et  le  talent  du  monde,  ne  semblent  pas 
pouvoir  s'expliquer  autrement^. 


J'ai  prévu  au  début  lobjection  sous  laquelle  on  pensera  m'é- 
craser,  j'y  reviens  avant  de  conclure;  elle  saute  si  bien  aux  yeux 
qu'elle  est  constante  et  inévitable  —  combien  de  fois  ne  l'ai-je 
pas  déjà  essuyée!  —  mais  recèle  en  même  temps  une  si  flagrante 
antinomie  qu'on  s'étonne  de  la  voir  acceptée  par  d'autres  que  les 
,ndora(eurs  servîtes  du  sacrosainl  ff  documenta  :  c'est  qu'on  ne  lit 
nulle  part  ni  *  pur  andhe,  ni  surtout  pur  andhd,  Hé  sans  doute! 

'  C;ir,  crinvonler  pour  ee  cas  unique  un  Piii-anidLi  masculin,  c't\''t,  je  pense, 
un  caprice  d'exé|{èlo  qui  a  lait  son  toinps. 

-   I.e  sens  de  ïrmd  n'est  pas  sûr,  mais  ce  n'est  qu'iin  adverbe. 

'  l'eut-ètre  celte  certitude  ne  ressort-elle  pas  assez  de  mon  aqjumenlation 
parce  que  j'ai  cru  devoir  ni'abstenir  d'analyser  par  le  menu  un  hynme  déjà  si 
souvent  traduit  et  interprète.  Mais  je  prie  le  lecteur  de  s'y  reporter,  el  de  juger 
lui-même  si  la  façon  dont  Puramdhi  est  mentionnée  au  milieu  de  détails  précis, 
topiques,  éblouissants  de  folklore,  s'accorde  avec  la  traduction  par  une  vague, 
entité  d'abondance.  Qu'il  considère  aussi  que  les  ciladrlles  (pi'iins)  qui  enferment 
Sôma  sont  expressément  nomméos.  el  lont  juste  dans  les  deux  uior-ooux  qui 
contiennent  les  trois  passages  caraclérisliques  :  IV,  ••(;,  3:  l\'.  ■>-,  1. 


VEDICA.  105 

iMais  si  on  les  lisait,  le  problème  serait  résolu  depuis  longtemps, 
ou  plutôt  il  n'y  aurait  jamais  eu  de  problème. 

Je  conclus  donc  :  le  mot  pûramdhi  est  une  altération  —  j'ai 
expliqué  par  quelle  filière  —  d'une  locution  plus  ancienne  et 
perdue  pur  andhâ  «citadelle  aveugle,  prison  obscurew,  qui  dési- 
gnait la  cachette  du  sôma,  ou  le  nuage  enfermant  la  pluie. 

2.  Nâsatyâ. 

On  sait  que  ce  terme,  aussi  obscur  que  connu,  est  susceptible 
de  deux  emplois  distincts  :  au  duel,  dans  les  Védas,  il  désigne 
les  Açvins;  le  singulier,  dans  la  littérature  postérieure,  est  le  nom 
propre  du  second,  tandis  que  le  premier  s'appelle  Dasra.  Encore 
que  les  Védas  n'offrent  aucune  trace  du  singulier,  il  existait  sû- 
rement aux  temps  védiques  dans  la  littérature  populaire  sous- 
jacenle,  tout  au  moins  dans  le  folk-lore  d'où  plus  lard  sont  sortis 
les  Purànas;  il  n'en  faut  pour  preuve  que  le  nom  du  démon  aves- 
tique  Naohhaityo,  qui  reporte  cette  individualité  ambiguë  jus- 
qu'à la  phase  indo-éranienne. 

Après  examen  de  toutes  les  étymologies  proposées  pour  ce 
mot,  —  tiâ  asatt/d  cmon  menteui'S"  (Grassmann),  — ■■  nâsa-tyâ 
f  nasutii7  (Bergaigne),  —  nà-satijà  ff  véridiquesw  formé  comme  nà- 
vedas  fc instruit  dcr)  (Colinet),  — je  pense  qu'il  faut  en  revenir 
résolument  à  la  première  \  mais  en  la  modiliant  suivant  les  exi- 
gences de  la  morphologie  sanscrite  ou  même  indo-éranienne.  Il 
est  bien  clair,  en  effet,  qu'il  ne  saurait  s'agir  d'un  véritable  com- 
posé *nà-asatij(i ,  puisque  na  est  une  particule  négative  et  jamais 
un  élément  de  composition.  Il  ne  l'est  pas  moins  qu'une  simple 
juxtaposition  nà  asatxjâ  aurait  pu  se  contracter,  mais  eut  gardé 
deux  accents.  C'est  donc  à  la  pbraséologie  primitive  cju'il  nous 
faut  demander  compte,  soit  de  l'accent  unique,  soit  de  la  créa- 
tion du  nom  propre  INàsatya  au  singulier. 

Toute  difficulté  disparaît,  si  l'on  admet,  comme  plus  haut, 
une  invocation  sanscrite  ou  présanscrite  adressée  aux  Açvins, 
dàsrà  nà  asaU/â  trô  miraculeux  et  non  trompeurs  11^,  parce  qu'ici, 
de  même  que  laccent  de  dasrd  remonte,  la  locution  vocative  to- 
tale nd  asatyà  se  prononce  sous  un  seul  accent,  suivant  une  loi 
cons'.ante  et  fiunilière.  De  celte  formule  ïine  fois  iïxée,  les  Indiens 


'  EWc  n'avait  (l'alilours  jamais  cessé  il.?  so  rocoinmanJcr,  à  raison  de  la  scan- 
sion tclrasyllaliiqne  iimKdlyâ ,  moins  fréquente  penl-élrn  que  ne  le  croit  G  ass- 
inann,  mais  du  moins  inconleslalde. 

'  Celle  invocalioii  n'est  pas  pure  plirascolofjie  ;  elle  a  un  sens  clair  pour 
tout  vcdisanl  :  elli'  sifjiiifie  que  livs  Aevins  font  des  miracles,  et  que  leurs  mi- 
r;(cli's-ni'  son!  pas  ilc  vains  |irrslif;'i'>-'.  comnif  ceux  des  sorciers  inspirés  par  I  's 
c{i-m.)tis. 


106  V,  HENnr. 

et  les  Érauiens,  ou  même  les  Indo-Éianiens  tiièrenl,  par  deux 
Toies  diffe'rentes,  les  noms  propres  qui  nous  occupent. 

1  °  Etant  donné  l'ensemble  ddsrû  nâsaiijû ,  dont  le  premier  terme 
ddsrâ  restait  toujours  significatif  et  intelligible,  on  en  isola  le 
second  terme  nàsatyâ,  qui,  avec  son  accentuation  vocative,  fut 
transféré  de  toutes  pièces  en  fonction  de  nominatif^.  Ainsi  les 
Açvins  furent  dénommés  au  duel  ndsatyà. 

2°  D'autre  part,  le  juxtaposé  dàsrà  nàsatyâ,  étant  faussement 
analysé  comme  mitrâ-vàrunà  ou  tout  autre  copulatif,  donna  l'illu- 
sion de  deux  personnages  distincts  dont  l'un  se  serait  nommé 
Dasra  et  l'autre  Nàsatyâ.  Ainsi  s'opéra  le  dédoublement  en  deux 
noms  propres  de  deux  épithètes  autrefois  communes.  Que  sub- 
sidiairement  un  dieu  tulélaire  des  \  édas  soit  un  démon  de  l'Avesta , 
c'est  un  fait  trop  banal  pour  s'y  arrêter. 

3.  kanlnakéva  (R.  V.,  IV,  35,  2  3). 

Dans  cctle  stance  qui  appartient  à  un  hymne  de  facture  visi- 
blement moderne,  les  deux  chevaux  bruns  d'Indra  —  en  tant 
que  bondissant  au  devant  de  son  char  —  paraissent  être  com- 
parés à  deux  cariatides  qui  font  saillie  sur  une  poutre,  une  im- 
poste ou  un  chambranle  [drupadé).  Mais  cette  interprétation, 
qui  encore  n'aboutit  qu'à  une  comparaison  irrégulière,  —  deux 
mâles  assimilés  à  deux  femmes,  —  ne  va  point  sans  une  violente 
torture  infligée.au  texte  :  il  faut,  d'abord,  lire  kaninaké  iva,  qui 
fausserait  le  vers,  à  moins  d'y  substituer  la  très  douteuse  scan- 
sion kanlnakéva  (Grassmann),  au  lieu  de  la  lecture  irréprochable 
du  texte  pada  kanlnakâ-iva  rr comme  une  jeune  fille^^;  puis  il  faut 
supposer  que  vîWraf//ié  (Grassmann)  ou  arhhaké  (Ludwig)  ou  tous 
deux  sont  des  épithètes  de  ce  kaninaké  restitué,  et  conséquemment 
les  mettre  au  nominatif  féminin  duel,  alors  que  le  texte  pada, 
qui  épelle  avec  scrupule  hahhru  iti  et  çobhete  ûi,  reste  muet  sur 
vidradkéelarbhaké,  impliquant  par  là  que  ce  sont  des  locatifs  (msc- 
nt.)  du  singulier  au  même  titre  que  drupadé.  Et,  au  prix  de  tant 
d'elîorts,  on  n'obtient  entin  qu'une  image  où  la  bizarrerie  le  dis- 
pute à  la  platitude  ,  r? comme  deux  jeunes  filles  nues  sur  un  petit 
poteau  neufn,  ou  r  comme  deux  petites  poupées  sur  une  grosse 
poutre  neuve,  tes  deux  chevaux  bais  resplendissent  dans  leurs 
courses '^75. 

Je  reprends  un  à  un  les  termes  de  la  comparaison,  avant  de 
passer  à  kanlnakéva.  L'expression  nâve  drupadé  arhhaké ,  exactement 

*  Il  va  de  soi  qu'il  n'en  pouvait  cire  de  même  pour  dàsrà,  puisque  les 
autres  cas  de  dasrà  assuraient  i'oxylon. 

'  La  st  .nre  n'est  pas  visée,  que  je  saclie,  dans  la  Sijnlaxe  des  Comparaison» 
]'ciliqnes  de  Bnrgaigne;  je  ne  sais  donc  re  qu'il  en  pensait. 


ffsur  une  petite  pièce  de  bois  neuve *7,  ne  me  semble  pas  devoir 
faire  difficulté  ;  nous  ne  sommes  pas  assez  au  courant  des  pro- 
céde's  d'ornementation  de  l'Inde  ve'dique  pour  pouvoir  affirmer, 
avec  M.  Ludwig,  qu  elle  exécutait  ses  motifs  sur  de  grosses  pou- 
tres plutôt  que  sur  de  simples  poutrelles;  et,  au  surplus,  de 
ff  petites  11  cariatides  sur  une  grosse  poutre  feraient  beaucoup  plus 
mauvais  effet  que  crdes  figures 75  sans  e'pithète  sur  une  petite. 
Ainsi  arbhaké  reste  locatif.  Quant  à  vidradhé,  il  est  beaucoup  moins 
clair,  et  f  honnête  Sâyana  n'y  sait  soupçonner  qu'un  *  vidradhé 
faffermi'^  qui  lui-même  serait  un  barbarisme  pour  vidrdhe.  Je 
croirais  volontiers  que  Grassmann  a  touche'  juste  dans  sa  divina- 
tion, vidradhd  r-sans  vêtement'',  par  le  rapprochement  de  drd- 
dhas  nt.  à  de'faut  d'un  ^ dradhd  jusqu'ici  introuvable.  Peut-être 
même,  autant  qu'il  est  licite  en  traitant  d'un  àWa^,  réussirait-on 
à  serrer  de  plus  près  le  sens  de  ce  mot  :  dans  le  seul  passage  oià 
il  figure  (T.  S.,  III,  2,  2,  2),  il  est  question  des  ffdeux  drâdhas 
réunis  par  un  cordons  —  c'est  du  moins  le  sens  le  plus  probable 
de  sa-ldli  =  ~  sa-tdnlï ,  autrement  inintelligible;  —  et  cette  des- 
cription ne  saurait  mieux  convenir  qu'à  la  pièce  de  devant  et  à  la 
pièce  de  dos  d'un  vêtement  dont  les  deux  parties  se  rattacheraient 
le  long  du  cou  ou  des  épaules.  Bref,  le  drâdhas  serait  une  sorte 
de  pectoral,  et  le  composé  vidradhd  équivaudrait  à  rla  poitrine 
nuew;  comme,  d'autre  part,  nous  répugnons  à  en  faire  un  duel 
féminin  contrairement  à  l'autorité  du  texte  pada,  rien  ne  nous 
empêche  d"y  voir  un  adjectif  neutre  pris  substantivement  et  de  le 
traduire  par  le  locatif  singulier,  soit  tren  état  de  nudité  de  poi- 
trine.-". 

A  ceux  qu'intimiderait  cette  dernière  série  de  conjectures  un 
peu  en  l'air,  il  suffit  de  faire  observer  qu'elle  n'est  qu'accessoire 
et  que  notre  déduction  ultérieure  peut  s'en  passer:  on  n'a  qu'à 
suivre  la  tradition,  qui  fait  manifestement  de  vidradhé  une  épi- 
thète  de  dntpadé,  entendre  cette  épithète  conformément  à  la  tra- 
dition, ou  même  ne  point  l'entendre  du  tout  si  on  le  préfère  ^  Il 
n'importe.  L'essentiel  et  ce  qui  demeure,  c'est  qu'on  n"a  ni  le 
droit  ni  aucun  motif  de  supposer  un  duel  féminin  dans  vidradhé, 
et  que  dès  lors  disparaît  tout  prétexte  à  en  chercher  un  dans 
kaiunakéva. 

Revenus  à  ce  terme,  traduisons- le,  lui  aussi,  en  conformité 
rigoureuse  du  texte  pada,  et  nous  obtenons  :  t Gomme  une  statue 
de  femme,  la  poitrine  nue,  sur  une  petite  [)outre  neuve,  les  deux 
bruns  resplendissent.  .  . -n  A  la  terne  rédaction  de  tout  à  Iheure 

'  El,  on  efTet,  il  poul  êlre  impliqué,  sans  que  le  poêle  ait  besoin  de  le  pré- 
ciser, que  la  slatiie  d'une  femme  a  les  seins  nns;  le  lableaii  sugfféré  plus  lins 
flovienl  moins  noi .  mais  np  rhange  pas. 


108  V.    IIENRÏ. 

be  snbslitue  une  image  pilloresque  double'e  d'une  rëlicenee  pi- 
quante :  on  voit  saillir  des  veines  du  bois  ries  deux  bruns  res- 
plendissants ti;  en  un  mot,  les  deux  chevaux  bais  d'Indra  sont 
comparés,  non  pas  à  deux  statues,  mais  implicitement  aux  deux 
seins  que  la  statue  découvre  et  semble  projeter  d'un  élan  fou- 
gueux, et  enfin  —  car  la  grammaire  ne  perd  jamais  ses  droits  — 
peut-être  n'cst-il  pas  indifférent  de  mettre  ainsi  mentalement  en 
parallèle  avec  un  objet  comparé  masculin  un  terme  de  compa- 
raison masculin  (stdnau). 

à.  saptânrsânam  (R.  V.,  IH,  5,  5). 

Le  temps  est  passé  d'exagérer  la  valeur  littéraire  des  Védas; 
mais  on  tombe  dans  l'excès  contraire  ;  la  platitude,  on  vient  de 
le  voir,  ne  gît  souvent  que  dans  notre  indigence  de  compréhen- 
sion; le  verbiage  aussi,  et  j'espère  le  montrer.  Là  oij  semble 
couler  un  flux  pâteux  de  métaphores  traditionnelles  et  incohé- 
rentes, se  succédant  sans  aucun  lien  de  pensée  ni  de  composi- 
tion, on  découvrira  la  marque  de  l'œuvre  d'art,  souvent  sobre  et 
distinguée,  si  l'on  ne  se  laisse  pas  tromper  à  l'apparence  jusqu'à 
prendre  pour  un  ornement  banal  le  détail  précis,  topique  et  même 
piltores(}ue.  Bergaigne  nous  en  a  donné  un  curieux  exemple,  dans 
sa  traduction  antithétique  de  R.  V.,  Il,  35,  4  c  d,  oii  il  relève  et 
oppose  Tune  à  l'autre  les  deux  expressions  asmé  et  apsû^\  j'en 
voudrais  indiquer  un  autre,  moins  remarquable,  quoique  sans 
doute  plus  sûr,  qui  lui  a  échappé. 

On  lit,  R.  V.,  III,  5,5c  d  : 

pâti  nâbhà  saptdçlrsânam  agnih 
pâti  devànàm  iipomddam  rsvdh  || 

Traduits  littéralement,  mais  sans  qu'aucun  d'eux  soit  mis  en 
relief,  ces  mots  ne  laissent  pas  de  fournir  un  sens  :  r  Agni  garde 
sur  son  nombril  celui  qui  a  sept  têtes;  le  haut  garde  le  festin 
des  Dieux. ^  On  aura  beau  toutefois  s'ingénier:  ce  ne  sont  que 
des  mots,  moins  encore,  un  cliquetis  de  sons;  on  n'en  tirera 
jamais  une  conception,  je  ne  dis  pas  positive,  mais  seulement 
quelque  peu  intelligible'-. 

Considérons-les  avec  plus  d'attention  :  voici  que  se  détachent 
en  vigueur,  sur  ce  fond  de  phraséologie  conventionnelle,  les  deux 
expressions  ndblià  et  rsvdh,  en  tant  que  formant  un  contraste 
voulu  et  significatif,  l'une  synonyme  de  f-sur  terre  17,  l'autre  de 

'  Beigaigne-Henrv,  Man.  Véd.,  p.  (^7;  Quarante  hjmnes  du  Rig-Véda,  p.  66- 
(>-,  =  Mém.  Sjc.  ling.,  VIII,  p.  356-357. 

'  Cf.  Bergaigne-Henrv,  Man.  Véd..  p.  60;  Quarante  hijmnes  du  Jlig-Véda, 
p.  8  =  Wew.  Snc.  Ung.\  VIII,  p.  8. 


VEDICA.  109 

rtau  ciel''.  Et  alors  lout  s'éclaire:  nous  obtenons,  par  voie  d  allé- 
gorie ou,  si  Ton  veut,  d'énigme  antithétique,  la  glorification  des 
deux  principes  lumineux  qui  constituent  les  deux  grandes  incar- 
nations d'Agni. 

c.  Sur  le  rrnombrihi,  c'est  à-dire  plus  précise'ment  dans  la 
cavité  de  l'autel  où  l'on  allume  le  feu,  —  dans  XuUaravedinàhhi , 
c'est  le  terme  technique,  —  Agni  garde  tf  celui  qui  a  sept  têtes ti, 
et  qui  n'est  autre  que  le  feu  terrestre  lui-même,  avec  ses  ctsepti' 
pointes  de  flammes,  nombre  hie'ratique  et  d'usage  courant,  quelle 
que  soit  d'ailleurs  la  métaphore  dont  il  s'accompagne  ^  En  tel 
autre  passage,  par  exemple  (R.  V.  I,  166,  1  d  =  A.  V.  IX, q,  1  d), 
Agni  est  un  chef  de  clan  qui  a  ffsept'î  fils,  et  ainsi  de  suite. 

d.  Lorsqu'il  est  rsublimeri,  au  ciel  par  conséquent,  Agni  garde 
c'ie  festin  des  Dieux n,  le  plat  d'or  où  on  le  leur  sert,  le  calice 
d'or  du  sacrifice  divin,  —  se  rappeler  le  saint  Graal  ■^,  —  tout  ce 
qui  enfin  peut  symboliser,  dans  la  conception  primitive,  la  splen- 
deur du  disque  solaire.  Il  est  clair,  que,  dans  la  conception  plus 
spécialement  indoue,  le  festin  des  Dieux  serait  bien  plutôt  la  lune 
assimilée  au  Sôma;  mais,  justement,  rien  ne  nous  oblige  à  croire 
que  le  Véda  ne  renferme  que  des  concepts  indous^,  ni  non  plus, 
malgré  l'autorité  de  M.  Hillebrandt,  que  Whilney  et  M.  Oldcn- 
berg  ont  déjà  déclinée  sur  ce  point,  de  reporter  aux  temps  védi- 
ques l'identification  absolue  du  Dieu-Lune  et  du  Dieu-Sôma, 

Ainsi  notre  verset  revient  à  exprimer,  pour  la  millième  fois, 
mais  sous  une  forme  à  la  fois  poétique  et  élégamment  concise, 
une  vérité  qui  nous  est  familière:  Agni,  sur  terre,  c'est  le  feu; 
au  ciel,  le  soleil. 

Paris,  i5  avril  1890. 

V.  Henry. 


'  Les  deux  autres  emplois  du  saplàdrsan  (R.  V.  VIII,  fji,  i  ;  X,  67,  1)  sont 
ia  banalité  même  et  ne  décident  rien. 

*  A.  V.  X,  8  (hymne  tout  entier  en  énigmes  solaires),  le  soleil  est  voilé  sous 
l'allégorie  de  l'urne  (1 4)  et  de  la  coupe  renversée  (9). 

'  Quoi  qu'en  pensent  MM.  Pischel  et  Geldner,  Ved.  Stitd.,  I,  p.  xxix;  cf. 
Rev.crit.,  XXIX  (1890),  p.  8.. 


LE 

DIALECTE   PERSAN   DE  nAYÎN. 


La  présente  étude  a  pour  base  de  nouvelles  noies  sur  le  langage 
nâyînî  que  mon  ami,  M.  le  D''Tholozan,  a  bien  voulu  mettre  à 
ma  disposition.  Sur  son  invitation,  un  de  ses  élèves,  Mirzà  Gho- 
iâra  Ali,  fils  de  Hosséin  Kouli  bey,  a  recueilli  de  Mirzâ  abd  ol 
Hosséin  de  Nâyîn,  qui  se  trouvait  récemment  de  passage  à  Téhé- 
ran, un  certain  nombre  de  mots  et  de  phrases  dont  la  transcrip- 
tion en  caractères  shékèstè  est  accompagnée  d'une  traduction  per- 
sane ainsi  que  d'un  exposé  sommaire  du  pays. 

Le  territoire  de  Nàyîn  fait  partie  du  Kouhislan  et  de  la  province 
de  Yèzd;  il  relevait  naguère  de  celle  dlsfahàn  dont  il  a  été  dé- 
taché depuis  quelques  années.  Il  comprend  un  gros  bourg  du 
même  nom  qui  compte  cinq  ou  six  mille  habitants,  quatre  bour- 
gades avec  environ  cinq  cents  âmes  chacune,  et  deux  ou  trois 
cents  villages  et  hameaux  habités  chacun  par  cinq  ou  dix  familles. 
En  raison  des  nombreux  et  gras  pâturages  de  la  contrée,  les  Nâ- 
yînîs  se  livrent  principalement  à  l'élevage  des  chameaux  et  des 
moutons,  aussi  jouissent-ils,  pour  la  plupart,  d'une  certaine  ai- 
sance, mais  ils  ont  la  réputation  d'être  d'un  caractère  indépendant 
et  querelleur.  Ils  parlent  un  dialecte  particulier  dont  les  princi- 
paux éléments  appartiennent  au  langage  que  les  Persans  nomment 
-»j«Xi  (j*<**,  Fours  è  hadlm  et  que  je  traduis  littéralement  par  persan 
archaïque.  Le  dictionnaire  de  ce  langage,  publié  par  feu  Rizà  Kouli 
Khân,  dit  Hédàyet,  sous  le  titre  de  Endjoumèn  ârdyî,  quoique 
incomplet,  m'a  été  fort  utile  pour  l'identification  de  certains  mots 
obsolètes. 

Ces  notes  ont  été  prises  au  hasard  et  sans  ordre;  j'ai  donc  dû 
les  coordonner,  en  extraire  un  vocabulaire  par  ordre  alphabé- 
tique, une  série  de  phrases  usuelles  et  le  paradigme  de  la  con- 
jugaison de  quelques  verbes.  Suivant  le  conseil  de  M.  J.  Darmes- 
leter,  en  regard  de  la  transcription  en  caractères  latins  du  texte 
nayînî,  j'ai  placé  les  équivalents  persans  modernes.  Je  n'ai  pas 
eu  la  prétention  de  tenter  ici  une  analyse  de  ce  dialecte,  je  me 
suis  borné  à  publier  ces  notes  à  simple  titre  de  documents  qui, 
par  leur  nouveauté  et  leur  rareté,  apporteront  peut-être  un  faible 
concours  aux  études  de  grammaire  comparée. 

Amédée  Querry. 

Nota.  P.  =  persan;  P.  arcli.  —  persan  archaïque;  Ar.  =  arabe;  T.  =  lure. 


LE.  DIALECTE  PEUSAN    DE  NÀvÎn.  1  l  1 


VOCABULAIRE. 


5!  èr,  moulin.  P.  j«!,  meule. 

/»-  ■^  ^ 

*,)  >\  èr  âô,  moulin  à  eau.  P.  c_jL*«I. 

jj*.i>l  krdks,  manivelle  du  moulin  à  bras.  P.  y^U-u-i. 

y^»jl  èrvoûn,  meunier.  P.  (jUL*»*!. 

Ai^inî  èrvounè,  chamelle.  P.  arch. 

^^\]  èrôoû,  aujom'd'hui.  P.  S^j-«'- 

^^j^sm!  o&mi,  maintenant. 

yùiî  oûshloûr,  chameau;  nom  générique.  P.  ^iUii. 

kAMwol  imshôoû,  cette  nuit;  ce  soir.  P.  <.^«^L 

•^  y  'y 

y^\  indjou,  femme.  P.  yV 

^\  âô,  eau.  P.  <-)]. 

y*è^\  ozou,  ablution  avant  la  prière.  Ar.  ykày . 

4^1  y,  préfixe  de  l'impératif.  P.  injonction. 

y  y 

(j_^j|,  ^v*jl  âyoun,  ây'm,  bouche. 
w  hèr.  porte.  P.  arch. 
'^ji  birg,  vermicelle. 

y 

»>j^ji  bèrmebè,  pleur. 

^y»  hérikh,  aiguière.  Ar.  (^.^^  ■ 

ifJ.)  bènè,  arbre.  P.  arch. 

»-^  bèhrè,  écumoire. 

^yi^^L)  pdlâsk ,  passoire. 

«j-j ,  AJ^vJ  pèrnè,  pèrounè,  chemise.  P.  (>^ly*J . 


112  AMÉDÉE   QUERRY. 

^^î^-j  pèrvâyi,  envie  de;  goût  pour.  P.  I^-j. 

jj^,  »jj^  powr,  pottrè,  fils.  P.  -,1j. 

^pi,péy{,  père.  P.^Oo. 

Xib  ?«pè,  bouse  de  vache  séchée;  argol.  P.  *JUj. 

iOjite.b  thkhoune ,  chambre.  P.,  T.  ^^'■^^  • 

Jg  lil,  cœur;  ventre.  P.  Ji. 

a3  toum,  graine;  œuf.  P.  /o^ . 

iji^yi  touvoush,  action  d'échauffer.  P.  <_jb . 

j 
^£y  touyi,  mûre, fruit.  P.  c:)^. 

y     ■*  . 

ij?.y  touyirè,  chacal.  P.  id. 

y^^  djhnkhôou ,  couvertui'e  de  lit;  literie.  Ar. ,  P.  <_>i_jj^  jtçr. 

ys^  djôou,  canal  d'irrigation.  P.  id. 

e-AÀr^  tshouft,  morceau  de  métal  percé  d'un  trou  par  lequel  passe  un 

piton  qui  retient  un  cadenas.  P.  ooî^ . 
A^s^o;»  tshèmtshè,  cuiller  à  pot.  P.  A:;^. 
tiK^jjï».  tshorok,  moineau. 
i^j^:>y[Xs=,  tshinârdoûnè ,  gésier.  P.  yîi  Ajuk=»-. 
j^  tshéou ,  bois;  bâton.  P.  <->j^. 
Uy^  tshourâ,  lampe.  P.  9-^-f^- 
(S^y^  tsiiouri   poulet.  P.  Xz^y-y,. 

,_|x5».  tshil,  grande  jarre  de  teri-e  cuite  enfouie  qui  sert  de  four. 
_yi*.s^  héçô,  Hassan,  n.  pr.  Ar.  ^j»**-^  ■ 
^^aw  hèvidj ,  herbes  potagères.  P.  arch. 
\[£^  khâz,  bon;  bien.  Ar.  ^_^Làh.. 
_jJL=w  khâloû,  oncle  maternel.  P.  id. 
JL=i^  -vb»"  hhâyiè  tshâl,  testicules.  P.  *.jL^  œuf;  testicules;  peut-être 

Jli!^  est  un  sulTixc  pliu'iel? 


LE  DIALECTE   PERSAN    DE   NÀYÎX.  113 

yifc  kher,  gosier. 
Jkii.  hhol,  cendre.  P.  deCA/mi. 
ysi.  khâou,  sœur,  P.  yûî^j^. 
viLjjÀ-  khôouk,  perdrix.  P.  liLo. 
i<;ys^  khouyi,  pr.  réfl.  lui-même.  P.  :>jà.. 
/jxà..  khtn,  sang.  P.  (jyî»^- 
«^^i,  ^^>  </oM<,  doutou,  fille.  P.  jjj^i. 
jj«ii  rfès ,  main.  P.  oc«»i .  '^ 

Lf  jj«.i  </ès  nomâ,  ablution  avant  la  prière.  P.  vLf  oc*«i. 
j|^>  dtshvdr,  difficile.  P.  i[y^-^- 
jijxji  délidj ,  vestibule.  P.j-Uiûi. 
i^-,yi  dou,  tou,  pr.  pers. ,  tu,  toi.  P. ^j-»- 
cyîji  rfeWf,  encrier.  Ar. 
_j.À«ji  doushào,  sirop  de  raisin.  P.  t->L*i^i. 
iil^i  doulâgh,  filmée.  P.  àji. 
Aji,  Aji  «?«?«,  dèyim,  visage.  P.  arcli. 
«,7j  rahmo ,  n.  pr. ,  Rabîm.  Ar.  («n^^i-j- 
*^«j  roudjè,  jeune.  P.  »;^%. 
j)^\  zrtVo,  n.  pr. ,  Zohrâ.  Ar.  *]v^3- 
LoV  zomà,  gendre.  P.  iL«!i. 
fj]^\  zôvân,  langue.  P.  yL?). 
yÇ  y3\  ziryémôu,  caleçon.  P.  x«U».j_jj. 
(£Mi  sèbi,  blanc.  P.  «XaJUm. 
-Ml  ,str,  tcte.  P.j-w. 

aCm  séguè,  ainsi,  de  cette  manière.  P.  ^JLs?^. 
^^  si-ou,  pomme.  P.  c-xaaw. 
tTU^  _j^  si-ou-khâki ,  pomme  de  terre.  P.  tilL^  teire. 


ME«.   LI>G. 


in  AMÉDÉE   QUERRY. 

\yM  sèoûz,  verl.  P.j_».*«. 
Xywi  shèbè,  anis.  P.  oo_^. 
«wû  shôroôu ,  vin.  Ar.  t_>ij*«. 
^IjùLi  shiflalou,  pèche.  P.  id. 
i^  shélîm ,  rave.  P.  M»jtkMi. 
yiit  shôou ,  mari,  époux.  P.  ardi.  P.  niod.  ^y** 
yii  shéou,  nuit.  P.  (_^. 
^1^^  Shèhrôou,  n.  pr.  P.^b  •^. 
_j.*lfi  àmou,  oacle.  paternel.  Ar.  ^. 
A^lfi  amè,  tante  paternelle.  Ar.  iCj. 
(j*,jlff  ârous ,  jeune  mariée,  bru.  Ai'.  ^J*<^*fi. 
L-o  .srtiffl,  demain.  Ar.  ^Laas». 
y>li  FrtioM ,  n.  pr. ,  Fatmè.  Ar.  iUisL» . 
MifiUè,  colostrum.  P.  arch.  aujourd'hui  ^^J. 
ijlçwS  kâzghân,  chaudron.  T. 
5A3  koulâ,  corbeau.  P.  «.io. 
«jL*  kavârè,  quantité.  Ar.  «Xi,  j»X3. 
Lkï,  »k3  kouhâ,  kouvè ,  robe  d'honune.  P.  Ui. 
^  /tèî/j ,  clameur.  P.  (3^a>-  • 
a1^  kètschè.  menton.  P.  *jl^. 
J^  kour,  membre  viril.  P.  v^b. 

cao  Areri,  poussière.  P.  .i-X 

j 
y^S  Kouri,  Koulçoum;  n.  pr.  Ar.  r»y^ ■ 

y. 
SS  khrk,  poule.  P.  arch. 

jj*o  kh&,  petit.  P.  arch.  a.^. 

^waJùo  kèftin,  bêche.  P.  arch.  ^^o  creuser. 

jiS£,  ^^  kélik,  kèli ,  aire,  foyer.  P.  arch. 


LE   DIALECTE  PERSAN    DE    vÀyÎn.  115 

y     JJ  ■' 

»\_jAi  koulouzé ,  baie  du  colon,  p.  V^jJo. 

y^jyço  koulidoftn,  serrure  de  porte.  P.  v>yçO  clef. 

jji|^Ai  lioulottsli ,  réponse.  '  ?..< 

a3  H?«,  peu.  P.  aj. 

yi^  koutou,  livre.  Ar.  c_>Lo. 

yCi^  honflèr,  pigeon.  P.  y{j.>^- 

\i^  koityè,  chien. 

aJ /.M,  paille.  P.  sl^. 

si^  hèkrè,  chevreau.  P.  arch. 

y 

S  kéyi,  laitue  romaine.  P.  «jèo. 

*jp  hhfe,  maison. 

.-^  Ârè/?,  parole.  P.  arch.  bouche. 

y 

y  ■yS'gufzer,  carotte.  P.  arch. 
^>yjS  goûmlo ,  blé.  P.  p»«Xo. 

y_ 

IjJ^jS'gHendwa ,  oignons  en  vert.  P.  arch.  aujourd'lnii  SyS . 

y 

^Sgàdu,  vache.  P.  *IST 

6:>\yS^ gourde ,  rognon.  P.  arch.  aujourd'hui  Aa-o. 

y^ 

h yfS^ guéyizh ,  chambre  crépie. 

-'y 
J 

^  loundj,  nez.  P.  arch.  joue;  partie  inférieure  du  visage. 

ç_>^  loupe,  bouchée.  P.  «_a.]  . 

yjf}i  lij/ou ,  lèvre.  P.  ^. 

tiljJ  huk ,  chameau  (mâle).  P.  aich.  chameau  de  somme. 

L«.  UL»,  ^^U  ma,  mnmâ,  mâyi ,  mère.  P.  jiL*. 

_^L«  Mnlo ,  n.  pr.  Ismaël.  Ar.  Jo^Uwi . 

t^Lo  màli ,  beaucoup,  abondant.  P.  arch. 

y 

J    ^ 

^ô>^  Médo,  n.  |)r.  Méliémméd.  Ar.  «X^. 

»w«  mvè .  hoiiinie,  mari.  P.  arch,  5j-y»  chef  de  famille. 


1  16  AMÉDÉE  QUERRY. 

/wo  mes,  grand.  P.  arch.  x«. 

iS,mji  mesguh,  beurre  frais.  P.  arch.  crème. 

j 
tJim^  mishlâ,  il  est  plein;  se  dit  d'un  vase  quelconque. 

^JU  inélaô,  chat. 

<^ytf  Mèmri,  n.  pr.  Mariâm.  Ar.  *>?▼*. 
i^yt  moudjh,  soulier.  P.  b'^y»  botte. 
^^  mî,  pr.  pers.  ;  je,  moi.  P.  (j^. 
yb  nâr,  grenade.  P.  ^Uî . 

^^b  7iâyi,  gosier.  P.  arch.  gorge ,  tuyau ,  conduit. 
eivAtJti^  nékhoust,  premier.  P.  id.  Les  Nâynis  n'emploient  pas  fréquem- 
ment le  mot  arabe  J^î . 
(£^i^  nékhoûyt,  pois  chiche.  P.  ^j^  ■ 
^^  mou,  pain.  P.  yb. 
-jj  noûvi,  nom.  P.  -Li. 
Le  nomâ ,  prière  de  précepte.  P.  vLc . 
^Lgj  néhâli,  coussin,  oreiller.  P.  (^j^Jb.  P.  arch.  (.xll-gj. 
y^>î^  vâroûn,  pluie.  P.  ^^^jb. 
r>?b  ^(iyoum,  amande.  P.  -lib. 
A^^  vètshè,  enfant.  P.  »^. 
'^b^^  vètshè  gâô,  veau.  P.  ^O  <î^. 
O^^  vèif,  neige.  P.  ci^. 
»^^  î;«Vè,  agneau.  P.  sZj. 
Xmi^  fèsAè,  alTamé  =  angl.  hungi~y. 
ci)jjL>5,  «iby^j  viuouk,  vinik ,  lentille. 
iii  fJtJb  hish-shèoû,  hier  soir,  la  nuit  dernière.  P.  cA*iio:>. 
^s^JU^,  ^^Aift  houloudji,  hili,  pêche,  abricot.  9.  yjb. 
«Ijl5Caj&  hishhcmbe ,  tripes.  P.  XylCi. 


LE  DIALECTE  PERSAN    DE    înÀyÎiV.  117 

^ùJjb  hindou,  pastèque.  P.  xil^tXjLA. 


himè,  broussailles  qui  servent  de  combustible  pour  les  bains. 
V.^yfJb  bois  à  brûler. 
xiL  yânè,  mortier.  —  AjL  ^J*»^  dès  yânè,  pilon.  P.  arch. 
cyj^  yourt,  chambre  basse.  (P.  arch.?). 
\y3  youz,  noix.  P.  arch.  Vji.  Ar.  j^j^. 
^^  youmou,  vêtements,  lingerie. 
*joî  iyiè,  orge. 

EXEMPLES  DE  QUELQUES  VERBES   ET   PHRASES   DETACHEES. 

yi  bon  P.  hash,  sois!    * 

/jjyy«_jj  noumiyin,  P.  yJv^t  venir.  — j^  yowr,  viens!  —  t^^  «^  w" 

c^î,  je. viens.  —  ♦N?j^  yourid,  venez. 

^^yfS'Sy  (ou  hhji  gimjoumi ,  quand  es-tu  venu?  —  <^^  5)'  éro  you- 
mi,  je  suis  venu  aujourd'hui. 

/jjuïo!  yshîn.  P.  ^vXij ,  aller,  partir.  —  (^>*>-?l  yshi,  va  !  —  f<v*oi  yslnin , 
allons  1  —  /iv-ioi-J  hishhn,  que  nous  allions.  —  (^vï»-jÎ  4^  mi  yshi, 
je  vais.  —  j  c5^'  y^'^hryi,  je  suis  pai'ti.  —  ^ji^l  î/s/jî,  il  est  parti. 
—  i»jj-J*jî  yshoyim,  nous  sommes  partis. 

^j*.r  ^  j««  j'ès.  P.  -jîi  ov*»(ji,  j'aime. 

CiS^kird.  P.  i»5\  il  a  fait.  —  -'«iyy»  7rttA:è,  j'ai  fait.  —  «3s?^;^  Icirdid, 

vous  avez  fait.  —  aJCo  mikè,  ne  fais  pas. 
»P  cyibj  !«Xi.  Khodâ  ziâdht  kirè!  que  Dieu  te  le  rende  avec  usure! 

(Cj^t  1*^  ^^  7H<  tomoum  ykiri,  j'ai  achevé'.  —  a5  t$[j^  (•_^  «^  ""  '«- 
wio«M4  A7ia/u'  A"è,  j'achèverai.  Ar.  ^Ur. 

eAJjj  jjiJft  /«'s/t  ffuirift.  P.  ^j^i^oprendre.  —  osi^  <i^  i^  mi  him  (rtii- 
rift,  j'ai  pris. 

là  aj  t^  /H«  pè/w  dû.  P.  -ili  ^jmj,  j'ai  rendu.  —  li  ^jmj  _jj  tou  pvs  du, 
tu  as  rendu. 


1  18  AMÉDÉE   QUERRY. 

^jjùilxiis  liingâshtin.  P.  ^jiV  *^;^*-  ■  parler.  —  ^\SjJi>  ^^]  yS  ton  èyi  hm- 

gâr,  parle!  —  owilXJLift  ^^  mi  liingàsht,  j'ai  parlé.  —  c:aà»>IxJLc^  ^^ 

shi  hingdsht ,  il  a  parlé. 

j    ■>  ) 

^yi^^  oukhour.  P.  ^^jJs?  mange!  —  »^jà.^!  oukhourè ,  il  mangeait.  -^ 

Hsj^ya^yo  moukhourtc ,  j'ai  mangé.  —  /^^l^i».  khovârtim.  P.  Ajij^j^. 

nous  avons  mangé.  —  •>\^^yÀ.   làiovârtid,  vous  avez  mangé.  — 

»j_jifc>lj  nâkhourè,  il  ne  mangeait  pas.  —  Lswyii  shoukhâ,'i\  a  mangé. 

—  '-=»'^5  oukhâ,  j'ai  mangé.  —  Là^^l  ^S<^ koulékoum  oukhâ.  P.  liLo 
-àj^ih.,  j'ai  mangé  des  coups  (reçu  des  coups). 

*XÀ^  t^  »h'  mokhound.  P.  *«Xii^i». ,  j'ai  lu. 

j^l  e^o?is.  P.  ^*Xj,  cours!  —  (^-^^^  éyouci,  j'ai  coiu'u. 

Ajjijj^  vépoushnè.  P.  probablement  (j^t^j  (j*^ ,  couvre.  Le  texte  porte 
(jLi^  de  (j*>sjoUljj  cailsalif  de  (j<XA.Ai^ .  — ■  ^fjiy-}^^  oupoushm , 
il  couvre. 

jSjîi^^:^  dihèker.  P.  /jj  »l5lj,  regarde!  v5C«  ^i  di  makèr,  ne  regarde 
pas  ! 

(Jùii»5okiJiJ<S  hcniguishtin.  P.  (j.<ùwo,AJ  nishestcn,  s'asseoir.  —  <iLfJ^  hénig , 
assieds-toi!  —  o^-iS^XAi^û  héniguisht ,  il  s'est  assis.  —  Ms'À*i*.^.fJJÎ>  hé- 
niguishtim,  nous  nous  sommes  assis. 

^^^  i)/rd.  P.  -.JÀ^,  lève-toi!  —  '^*«>5  virost,  qu'il  se  lève.  - —  Lu»j^ 
viroçâ,  il  s'est  levé.  —  aooLum^  virocayim,  nous  nous  sommes  levés. 
(11  est  probable  que  o^*»(j^  est  l'équivalent  du  P.  (jJs^i  c:aa«Îj  ou 

j«.^_ja»  hèvous.  P.  t-jt^is? ,  dors.  —  jLwj^jj*.  hevouçâyi,  je  suis  endormi. 
Xi\jM^ys^  hewuçâyh,  il  est  endormi.  —  oo^_^a»»  hévàft,  il  a  dormi. 

—  tXiJCij^^.  hévojlènd,  ils  ont  dormi. 

j^k-^J^^I  î^fo.  P.  (jw^juLj,  lèche.  —  L*^^  vcmliçâ,  que  je  lèche.  — 

v:i«.«ioAX<*i^  vèshltsht,  il  a  léché.  —  J^JUxiA,i  shilishtcnd,  ils  ont  léché. 

P.  arch.  /jX»*fc-y«wuJ . 
j 
^^i^l  oûdoûz.  P.  V^iXj,  couds! 

Là.#jû  liimnâ.  P.  -iLgJ,  j"ai  posé.  —  *jLiè  /«/'««è  pose!  (Le  texte  porte 


LE  DIALECTE  PERSAN  DE   NÀYIV.  1  19 

-i^lj^^qui  a  le  même  sens,  mais  la  similitude  avec  ^:>l  ^  .>  ive  me 
paiail  pas  douteuse.  ) 

iyS'y^  ver  guirift.  P.  o^Sw,  enlève.  —  oi»^  -j^  véronm  guirifl , 
■  l'ai  enlevé'.  —  c>j^j  (jij^  vérousli  giiirift ,  il  a  enlevé. 

\:>y*  moudà,  P.  -ili,  j'ai  donné.  —  xj\:>  dâijè,  il  a  donné.  — /<sj  ti»i, 
(jue  nous  donaions.  —  <>uy  tid,  que  vous  donniez.  —  !:>  çtxi,^  ve- 
shouDi  dâ.  P.  -ili  /w*  (jù;\  aj,  à  lui  moi  (j'ai)  donné. 

jfS-jifcji  \^  yyj_  your  t(î  îshim.  P.  /oj%>j  b  L*j,  viens,  que  nous  allions 
(et  pai'tons). 

y^^l  (ji>A«  siroush  ouvoun,  coupe  sa  tête.  P-j-*J  ijii>^' 

^l^t  ouvâdj.  P,^^5o,  dis!  —  t[j-*  ntèvddj,  ne  dis  pas! 

«oUaw  sliovât.  P.  oJiST  il  dit  (prétérit).  —  <îOÎj,Ali  shovâtè ,  il  a  dit.  — 

cyi^  movàt,  jai  dit.  — j_j  >iL»«(  <îô  (^|^,  jai  dit  :  fais  de  celte 

manière.  P.  ^jj  ^v^y^viû  *5  jiviST 

/tfv«^  <x.«jû  /a'w(/  ijoxunîm ,  tous,  nous  sommes  venus. 

^wj^^^i  yvin ,  vois!  P.  (j-a-j  Xj.  —  i>JL,m*^  ^y^^  ^^  ^=rr  (j^^t^^ 
yjmi  tshé  toour  bé  âiidjoué  Ishèspayiè.  P.  oc»«»l  g  J^a.* .»>»■•>..,  vois  de  quelle 
manière  il  s'est  attaché  à  cette  femme  ! 

»i  ^^  <ju<J*Xju»(  semléliijiè  mi  de,  donne-moi  une  chaise. 

S^  ij*s»^  khis  kir.  P.  ^J^  ^j*^ ,  humecte  (ceci)! 

xàXs^  fjj.<*é.<  khicish  kharikè.  P.  o^*».i  S^j^ji*-  (j**^-  ^  ^  P^'i^  (mangé) 
l'humidité. 

A^^5o  U:>  î^  Uw  (^Vm*j  yyi  Liw  L*  Wfl  3/aza  your  bishim  Sliâ  Avâ  dira  bi- 
kirhn.  P.  /iv^Xj  j)ji  àL)  »Ui  (fl^vJ  ^^  ^^  ij^"^^^^  jiL«,  0  mère  de 
Ramazàn ,  viens ,  allons  à  Shâh-Abâd  faire  la  moisson  ! 

c^^^Xi  sliikousht.  P.  civSfc$\  il  a  tué. 

*XjLj^^i  eybend.  P.  J^jLo,  ferme  (la  porte). 

aS^U^  6<>  <«  /•:«,  ferme  la  porte.  (Du  P.  ^^p  b  .  plier:  la  porte  a 
généralement  deux  vantaux.) 


l!20  AMÉDÉE  QUERRY. 

/ja:^  j^  »wJU»  sofre  ver  tshîn.  P.  /jx&.  o,  plie  (enlève)  la  nappe. 

y^jM^\  jjç^y]  éro  youmou  oushour.  P.  ^^^wX-j  j^-<^^j  3-2?^''  aujourd'hui, 
lave  mon  linge  1 

^j  vishoum.  P.  o^*MJ^  -*JL»«^,  j'ai  faim  =  angl.  /awi  hungry.  —  o^^^ 
vishout,  tu  as  faim. 

JJftJ^^  verpitsh.  P.  -^SJv?i  tresse  (une  corde). 

«Kjîi  (ji^y  touvoush  dâyè.  P.  os*»»!  »ili  (jiïob,  il  a  fait  chauffer,  briller. 
—  rt(\j  iji^y^  tj  »X_j>^  yourid  là  touvoush  tim.  P.  (jïi>jb'  b  «XjpLo 
(<vtû»>o,  venez  que  nous  le  fassions  (faisons-le)  chauffer. 

jji^-S^!  èykish,  P.  jîxXj,  tire  (verbe  aiLxiliaire).  —  ^Ji^-jiu^ ^^  shi 
kinhish ,  tire  celui-là. 

j^^^  vïrsèndj.  P.  arch.  ^w;,  pèse  (à  la  balance). 

-A  (^]  éyi  zin.  P.  ^jjj,  frappe.  —  ^jmj  (ji-ii;:>  dirishoush  hès,  il  a  frappé 
celui-là.  * 

^o!à  (J^j'^  «^  "**  kharish  ddri  P.  -j!à  jijL:^,  j'ai  une  démangeaison. 

I^V^^^-âi.  /«(V->i*-jt  L>  ^^  ^o«r  ta  tsAtm  hévocim.  P.  /rfvîjis?  /o..^;^  b  Lo , 
viens  afin  que  nous  aUions  (allons)  dormfr  (nous  coucher). 

AjI  r»5%J^  t^  >nt  khououm  yik  P.  ♦>oLyo  /»j|^j^,  le  sommeil  me  vient. 
(J'ai  envie  de  dormir.). 

^^^ys^  1^  ^^  miméva  hévoci.P.  /ojÇ^^?  J^I^Js?  ,  je  veux  (j'ai  envie  de) 
dormir. 

Le  mot  ]yA  que  je  n'ai  trouvé  dans  le  dialecte  guerrouci  que  sous 
la  foiTue  Lj ,  avec  le  sens  du  nécessitatif  il  faut,  semble  indi(pier  une 
eonjugjiison,  ce  que  je  n'ose  affirmer  en  absence  de  formes,  autres 
que  ces  deux  :  |^  je  veux,  \^  tu  veux;  c'est  ainsi  du  moins  que  le 
porte  la  traduction  persane.  Peut-être  faut-il  Texprimer  par  ;  il  me 
faut,  il  te, faut.  .  .? 

*uj  -ko\  ç-O^t^î^v-j  ^^-û-*l  i^  mi  imshéou  pervâyi  kèp  zioum  ne.  P.  ^J^ 

-.>ij^j  M^3  ^^^^^  t^^  <_^-«i-«i.  ce  soir,  je  n'ai  pas  envie  de  parler. 


LE  DrALECTE  PERSAN  DE  nÀyÎN.  121 

cyîj  Aa*  tsht  vât.  P.  ^JjJuiis^,  qii'as-tu  dit? 

oÀÀoiJ  ^^^  A:^  tshi  viro  téshnoufl.  P.  j^tXjyLi  As». ,  qu'as-lu  entendu  ? 

^j^vli  nâzount.  P.  f},\ùKjji ,  tu  ne  sais  pas. 

^gili  ?îasA/.  P.  tSîï^  '  tu  ne  pars  pas  I 

(jc^j  b  nâ  kiri.  P.  ^CuC,  tu  ne  fais  pas. 

^o^^  ti    nâ  khouri.  P.  ^o^j^!^,  tu  ne  manges  pas. 

cyljju  nétévât.  P.  j_^5^,  tu  ne  dis  pas. 

Aj  oo  net  bè.  P.  tS^;^ ,  tu  n'as  pas  porté. 

/w>^î  fJiùJ^lSJ^  hingâshtish  yvïn.  P.  /O  U^Ur  (ji«*Ji3  ^T^" '  ^^^^  '^'^"'^ 
comme  il  pai'le  ! 

joLXjLéûÎ  JU  >*XJ>  Aia.  rsAî  kèdr  mâli  éhingâri.  P.  àlA  Oy»*  ^Oo  A^ 
Aj.A^,  combien  (beaucoup)  parles-tu?  (Que  de  paroles  1) 

(oL$Li_iû  A-«  >«X-5  ^i  f/oM  hedr  mè  hingari.  P.  ^^ij.jo  0*ah.  ^*X'i  /oî,  ne 
parle  pas  tant  (cette  quantité)!  Ar.  ^Jsi. 

Xjuô  &yxS ^  jj^^i  A=s?os.  (^i  c/<  Ishemtshè  yhir  tou  kinzè  hénè.  P.  /ot 
>!4xXj  (JjLtsjl  t5_^'  »>•:>  (3^1*,  enlève  cette  cuiller  et  place-la  dans  la 
chambre.  (»>>o  peut-être  de  Xjji*.  qui  est  sans  doute  le  persan  ^S^ 
-     arabisé.  ) 

)y^}  iSiSy*y^.  youmouyimi  ishour.  P.  ^y^  iH^^-J  '  ^^^^  "^*^"  linge  î 
j*jL)\  yhlr.  P.  »-o,  porte  (verbe). 

éger  nâyi,  mi  noùm  tou  nàbiri.  V.S]  çoJ^  aj  USij_>>Sj  b  Uo  3jjv«5 
Pj-A  A  c  *Xji  jji^'  -b  /wo  (jUjC,  aujourd'hui  viens,  afin  que  nous 
nous  voyions;  si  tu  ne  viens  pas,  je  ne  prononcerai  plus  ton  nom. 
(Je  ne  veux  plus  entendi'e  parler  de  toi.) 

!^^  A^  (jj'^T?-  u^'"^'  *^  ^y^  <S^  ^)^  ^ '^^^^'^  vâzounk  gô  cro  di 

miré  Islié  acÂyjsh  tsuÂk  hé  bourâ.  P.  ij— «  /wol  S^v- «î  aj  Jyçiî^XjyC 

ij^l  Lo  .,  ^  j  jLj  A-^ ,  vous  ne  savez  pas  ce  que  aujounriiui  cet 

homme  nous  a  amené  d'affaires  (ce  qu'il  nous  a  causé  de  tracas). 

Peut-èlre  (jJ-jIm*)  ,  qui  signifie  repos,  tranquilliti-,  est-il  au  lieu  de 


12!2  AMÉDÉE  QUERRY. 

l'arabe  iuil  avec  le  sens  de  Irouble.  tourinenl,  el  employé  en  persan 
dans  le  même  cas.  (J'ignoi'e  la  valeur  aussi  bien  que  la  nature  du 
mot  (jlss-.) 

l.àwL  jiiL«  jLo  -xXj  (j«j^  o^^lSoLifcl  jci-vjl^  A=^  -iû  (^  mi  kcr  Ishi 
khovâyishoûm  élùiigdsht,  houloush  nèkè ,  mal  màsh  ydkhâ.  P.  --*  ^^ 

i wiw  UU  JU>  i  Jj  t^l^^  f»^)  *-'t=»'  u^^y=^  '^  *^  '  ^  **^"''  *"^  ^^'^'^ 
j'ai  pai'lé  avec  lui,  il  n'a  pas  fait  de  réponse;  il  a  mangé  (dissipé)  tout 
notre  bien. 

^^y^Sy  tou  kêi guiyoumi.  P.  j^*X.«i  S,  quand  es-tu  venu? 

i^y?.  ^î'  ^'"0  youmi.  V.  ^ù^)  V^yoî,  je  suis  venu  (anivé)  aujourd'hui. 

Sa>  jj  bir  hèkèr.  P.  fj£  ji>^,  ^i .  terme  la  porte  ! 

j 
Verbe  c^'^  ^i/,  dire.  P.  /jaàST 

Impératif. 

j 
^i^î  om^l/,,  dis. 

-*  ..         . 

(<sa^!^!  ovâdjim,  disons. 

«XA,2fc\^l  ovndjûl,  dites. 

.lor/s^e. 
^1^1  C5^  ""  ovàclji ,  je  dis. 
^î^i  ^  ''^"  'i^'àdji,  tu  dis. 
3^1^!  yV  «tt  ovâdjè ,  il  dit. 
(<>^î^î  Lo  ma  ovâdjim ,  nous  disons. 
*XAa^!jl  Uvi  shomâ  ovâdjid,  vous  dites. 
/v:^î^l  l^J  è?//<â  ovddjin,  ils  disent. 

Imparfait. 
cyl%^  C5^  "*'  »iovât ,  je  disais, 
cytjj  jj'  /oj<  <o(;d<;,  tu  disais, 
(oî^jyii  (jî  «M  sliivât,  il  disait. 


LE    DIALECTE    PKIJSAN   DE    nÀyÎV.  123 

c:>i^^  L«  nid  iiûvàl ,  nous  disions. 

eLjIjAj  Uw  slioinâ  tivât ,  vous  disiez. 

cy|^*i  Lg.jî  èyliâ  shivât,  ils  disaient. 

ÉQUIVALKNT   DU   VEllBK   PERSAN    /jJl***^  //KSTJÏ.V  ,    EMSTEK. 

Piéseiit. 
^  (^  mï  Ai,  je  suis. 
^^  ton  ht,  lu  es. 
yi>  ^j)  (hi  hou,  il  est. 
p<\;û  U  /«a  him,  nous  sommes. 
*X>jû  U^  shomâ  hîd,  vous  êtes. 
(^  l^ji  è?/rt  Am,  ils  sont. 

Verbe  j,  «;,  équivalent  du  verbe  persan  {ji>yi,  être. 

Impératif. 

yj  bou,  sois. 

j<\.f  Aem,  soyons. 

*Xaj  bid,  soyez. 

Impaifait. 
(3^  ^^  mi  bouyi,  j'étais. 
(iy)  yi  ton  bouyi,  lu  étais. 

^3  ^J^  an  bi,  il  était. 
^jyj  U  ma  bouyim,  nous  étions. 
^Xaj^  U\ii  shomâ  bouyîd,  vous  étiez, 
^j^  Lgj|  èyha  bouyîn,  ils  étaient. 

Verbe  ^^bS^ouiTARYi ,  devemr,  équivalent  du  persan  ^jOs-i. 
Impératif. 
^^S^ gxiirl ,  deviens. 
çesjS^guirtim ,  devenons. 
*y<~KSJj/>(iir(id,  devenez. 


\2à 


AUBDEE  QUERRY. 


Aoriste. 
J^<^  7ni  guirti,  je  deviens, 
tjjj  ijj  tou  y  guirti,  tu  deviens. 
*j^j  î  ij)  an  yguirth,  il  devient, 
/fljjji  L»  ma  yguirtim,  nous  devenons. 
JsjojjÎ  Uw  shomâ  yguirtid,  vous  devenez. 
/yj^5)  l^t  èyjâ  yguirtin,  ils  deviennent. 

(^bjj  t^  mi  guirtâyi ,  je  devenais. 

(^hS^y)  tou  guirtâyi,  tu  devenais, 
b^j  y  î  «M  guirlâ,  il  devenait. 

/ftjb^j  Lo  ma  guirtâyîm,  nous  devenions. 
«>wyb^o  U^  shomâ  guirtâyid ,  vous  deveniez. 
(jxjbj5^l^î  èyhâ  guirtâyin ,  ils  devenaient. 

La  prononciation  emphatique  du  groupe  nasal  om«  pour  an  qu'on 
remarque  dans  le  langage  nâyini  est  en  usage  chez  les  hahitants  du 
Fai"s,  principalement  à  Schu'âz  et  dans  les  villages  environnants;  ainsi  : 
noûn  pom'  nân,  pain;  hâlioUn  poiu"  haliân,  pipe  à  eau;  noûin  pour  nâm, 
nom,  etc. 


NOTICE 


SUR 


LES  DIALECTES  NÉO-ARAMEENS. 


La  connaissance  des  dialectes  ne'o-araméens  ne  date  que  de  ia 
seconde  moitié'  de  notre  siècle;  mais  l'importance  de  ces  dialectes 
pour  rhistoire  des  langues  se'miliques  s'est  manifeste'e  d'une  ma- 
nière si  évidente,  que  des  travaux  d'érudition  se  sont  succédé 
rapidement  dans  cette  nouvelle  branche  de  l'orientalisme-  Nous 
voudrions,  par  quelques  exemples,  montrer  que  l'intérêt  linguis- 
tique de  ces  dialectes  n'est  pas  moindre.  Cet  article  n'a  aucune 
prétention  à  l'originalité;  il  n'a  d'autre  objet  que  d'appeler  sur  ces 
idiomes  vulgaires  l'attention  des  savants  qui  s'occupent  spéciale- 
ment de  l'étude  des  lois  de  la  phonétique. 

Les  dialectes  néo-araméens  se  divisent  en  trois  groupes  prin- 
cipaux :  le  néo-araméen  occidental,  le  néo-araméen  mésopotamien 
et  le  néo-araméen  oriental. 

Le  néo-araméen  occidental,  l'ancienne  langue  vulgaire  de  la 
Syrie,  n'est  plus  parié  que  dans  l'Anti-Liban,  à  Ma'loula  et  dans 
deux  villages  voisins  de  Ma'Ioula.  M.  Nœideke  a  soumis  à  un 
examen  critique  et  grammatical,  dans  la  Zeitschrift  dei^  deiUscheii 
morgenl.  Gesellschaft ,  I.  XXI,  p.  1 83-200,  le  peu  de  mots  et  de 
phrases  que  le  missionnaire  anglais  Ferrette  avait  publiés  dans 
ce  dialecte,  en  i8G3,  dans  le  Journal  of  tlw  Royal  Asiatic  Society. 
J'ai,  de  mon  côté,  fait  un  travail  analogue  dans  le  Journal  asia- 
tique, 7"  série,  t.  XIII,  p.  45 6-/17 5,  sur  les  notes  que  M.  Clément 
Huart  avait  prises  à  Ma'loula  et  qu'il  avait  insérées  dans  le  volume 
précédent  du  Journal  asiatique.  MM.  Prym  et  Socin  ont  recueilli, 
pendant  leur  voyage  en  Syrie,  une  certaine  quantité  de  textes 
dans  cet  idiome;  malheureusement  ces  textes,  qui  auraient  com- 
plété notre  connaissance  imparfaite  de  la  langue  vulgaire  de  la 
Syrie,  n'ont  pas  vu  le  jour. 

Le  néo-araméen  mésopotamien,  ou  syriaque  de  la  Mésopotamie, 
est  parlé  par  les  Jacobites  qui  habitent  le  plateau  duïour-Abdin , 
au  nord  de  Alardin  et  de  Nisibe.  MM.  l'rym  et  Socin  ont  Aiit  con- 
naître ce  dialecte  par  de  nombreux  textes,  «'dilés  suivant  les  prin- 


1-2G 


RUBENS   DUVAL. 


cipes  philologiques,  voir  Der  neu-aramœiscln'  Dialehl  des  Tur-^Ab- 
(lin,  Gœtlingpii,  1881;  comparer  NœlHoke.  /.  D.  M.  G.,  XXXV, 
218-93."). 

Le  néo-araméen  orieiilal,  qui  est  en  usage  dans  le  Kurdistan 
turc  et  persan  depuis  le  Tigre  jusqu'au  lac  Ourmia,  comprend 
une  assez  grande  variété  de  dialectes  |)arlés  par  les  Nestoriens  et 
les  Juifs  de  cette  région.  Grâce  aux  publications  dont  ces  dialectes 
ont  élé  l'objet  dans  ces  derniers  temps,  il  nous  est  facile  de  les 
connaître  et  de  les  comparer  dans  leurs  traits  principaux. 

Le  premier  dont  l'existence  nous  ait  été  révélée  est  le  dialecte 
des  chrétiens  d'Ourmia,  auquel  le  missionnaire  américain  Slod- 
dard  consacra  la  grammaire  qui  parut  en  i855  dans  le  tome  V 
de  V American  oriental  Society  sous  le  titre  de  Grammar  of  the  modem 
sijriac  langHage  as  spoketi  in  Oroomiah.  Versia  and  in  Koordistan. 
€omme  le  titre  l'indique,  celte  grammaire  fournit,  en  dehors  de 
l'idiome  d'Ourmia,  des  notices  sur  les  dialectes  voisins,  ([ue  le 
long  séjour  de  l'auleur  dans  le  pays  lui  avait  |)ermis  de  re- 
cueillir. 

M.  Nœldeke  reprit  l'étude  du  i-ameau  araméen  oriental  en  uti- 
lisant la  grammaire  de  Stoddard  tît  (|uelques  livres  que  les  mis- 
sionnaires avaient  fait  imprimer  pour  les  besoins  de  leurs  prosé- 
lytes. Il  publia  eu  1868  sa  Grammatik  der  neusyrischen  Spraclie  am 
Urntia  See  und  in  Kurdistan,  (jui  donna  une  nou\elle  impulsion 
flux  recherches  dirigées  de  ce  coté-là. 

En  1882,  M.  Socin  faisait  paraître  de  nouveaux  textes  rédigés 
suivant  la  méthode  qu'il  avait  adoptée  pour  le  Tour  Abdin.  La 
majeure  partie  de  ces  textes  sont  dans  le  dialecte  des  chrétiens 
d'Ourmia;  mais  (piel(|uesuns  d'entre  eux  sont  dans  le  dialecte 
de  Djélu  au  centre  du  Kurdistan  turc,  dans  le  dialecte  Fellihi  parlé 
au  nord  de  Mossoul,  et  dans  le  dialecte  juif  de  Zacho  auprès  du 
Chabor;  voir  Die  neu-aramœisclum  Dialekte  von  Unnia  bis  Mosul; 
comparer  Nœldeke  dans  la  Z.  D.  M.  G.,  XXXVl,  p.  669-682. 

En  i883,  un  missionnaire  catholiqui*  originaire  de  Salamas 
au  nord  d'Ouimia  me  fournissait  des  textes  de  la  langue  parlée 
par  les  chrétiens  de  son  pays.  Par  un  heureux  concours  di;  cir- 
constances, j'entrais  en  relations,  à  la  même  époque,  avec  un 
Israélite  de  Salamas,  de  passage  à  Paris,  qui  me  dictait  des  contes 
dans  son  dialecte  sensiblement  différent  de  l'idiome  chrétien; 
voir  Les  dialectes  néo-araméens  de  Salamas,  Paris,  i883;  comparer 
Nœldeke  dans  la  Z.  D.  M.  G.,  XXXVII,  p.  ^98-609.  * 

La  même  année,  M.  Guidi  étudiait,  dans  la  Z.  I).  M.  G., 
XXXVIl,  p.  993-318,  le  dialecte  Fellihi  et  ajoutait  de  nouveaux 
textes  à  ceux  publiés  par  iVI.  Socin. 

M.  Albert  Lœwy  a  donné  un  petit  conte  dans  le  dialecte  juif 
de  Basch  Kala,  t.  VI  des  Transactions  of  the  Societij  of  biblical  ar- 


NOTICK   SUR   LES   DIALECTES    NÉO-ARA.MÉRNS.  1  27 

chœologtj,  [).  Ooi.  Ce  dialecte  ne  clilîère  en  rien,  à  en  juger  pnr 
l'échantillon  édité  par  Lœwy,  du  dialecte  jnif  de  Salamas. 

M.  Richard  Goltheii  a  apporlé  quelques  coniributions  au  dia- 
lecte Felli/n  et  au  dialecte  du  Tour  Abdin  dans  le  Journal  of  the 
American  oriental  Society,  1898,  t.  X.V,  p.  297-800, 

Enfin  M.  Lidzbarski  a  consacré  une  étude  aux  dialectes  du 
kurdistan  turc  et  principalement  au  dialecte  de  Tiàri  dans  la 
Zeitschr.  fiir  Assi/riologie ,  t.  IX,  p.  9  2  4-2  63. 

Nous  avons  rappelé  ces  diverses  publications  non  seulement 
pour  montrer  quel  intérêt  les  orientalistes  avaient  pris  à  l'étude 
de  ces  dialectes,  mais  aussi  pour  faciliter  l'intelligence  des  réfé- 
rences que  nous  ferons  dans  le  cours  de  cet  article.  Nous  dési- 
gnerons par  PS  les  textes  du  Tour  Abdin  publi<''s  par  \I.M.  Prvm 
et  Socin;  par  S  les  textes  d'Ourmia,  de  Djélu  et  de  Zacho,  ainsi 
que  les  textes  Fellihi  publiés  par  M.  Socin;  par  D  les  textes  de 
Salamas,  chrétiens  et  juifs,  publiés  par  moi;  par  G  létude  de 
M.  Guidi  sur  le  Fellibi;  par  RG  le  travail  de  M.  Richard  Gott- 
heil;  et  par  L  l'article  de  M.  Litzbarski. 

1 

REMARQUES   SUR   QUELQUES   r0\S0iN\ES.  / 

On  sait  qu'il  est  de  règle  en  hébreu  et  en  araméen  que  les 
muettes  b  g  dhp  t,  iJil  2  •:!  r\,  deviennent  aspirées  sous  l'influence 
d'une  voyelle  qui  précède  (voyelle  pleine  ou  demi-voyelle  répon- 
dant à  noiri!  P  ouvert),  quand  elles  ne  sont  pas  redoublées.  Dans 
ce  cas3==èA  ou  v;  ^=gh  (^  arabe);  ~=dh  (i  arabe,  ih  doux 
anglais);  2  =  kli  (^  arabe,  ch  dur  allemand);  D  =/;  n  = //t 
(ci>  arabe.  S-  grec,  th  dur  anglais). 

Celte  règle  n'a  plus  qu'une  application  très  restreinte  dans  les 
dialectes  néo-araméens;  mais  elle  a  occasionné,  dans  de  nom- 
breux cas,  des  altérations  et  des  modifications  de  ces  consonnes 
qu'il  importe  de  connaître  au  point  de  vue  de  la  phonétique. 
L'examen  de  tous  ces  cas  nous  entraînerait  trop  loin  et  dépasse- 
rait le  but  que  nous  nous  sommes  proposé.  Un  tableau  complet 
de  la  phonétique  des  dialectes  néo-araméens  fait  partie  de  la 
grammaire  comparée.  Le  temps  est  venu  d'écrire  la  grammaire 
critique  et  comparée  de  ces  dialectes,  qui  mettrait  à  la  disposi- 
tion des  linguistes  d'utiles  éléments  épars  dans  les  divei'ses  pu- 
blications que  nous  avons  citées  plus  haut.  Nous  nous  bornerons 
ici  au  tav  aspiré,  th. 

Dans  le  dialecte  mésopotamien  du  Tour  Abdin,  l'aspiration  de 
cette  lettre  sVst  conservée  d'une  manière  ri'gulière.  Nous  laisse- 
rons donc  ce  dialecte  en  dehors  de  notre  f'tude.  Dans  le  dialecte 


128  RUBENS   DUVAL. 

syrien  de  Ma'Ioula,  le  tav  est  encore  aspiré,  th,  ou  devient  chuin- 
tant, ch  ou  tch,  sans  qu'il  soit  possible,  dans  Tëtat  actuel  de  nos 
connaissances,  d'établir  aucune  règle  à  ce  sujet.  Nous  laisserons 
donc  aussi  de  côté  ce  dialecte. 

Dans  le  groupe  oriental,  la  prononciation  du  tav  aspiré  varie. 
En  Fellihi,  l'aspiration  subsiste,  th;  à  Ourmia,  l'aspiration  dis- 
paraît et  l'on  prononce  t;  à  Salamas  chrétien  et  à  Djélu,  th  est  élidé 
souvent;  mais,  dans  certains  mots,  il  se  prononce  dur,  t;  à  Sala- 
mas juif  (et  aussi  à  Basch-Kala),  il  se  change  en  /,  sauf  excep- 
tions; à  Zacho  juif,  il  passe  en  *;  à  Tiàri  chrétien,  il  a  un  son 
chuintant,  s  [ch  français). 

Quelques  exemples,  pris  dans  chacun  de  ces  dialectes,  rendront 
sensibles  ces  diverses  prononciations. 

Fellihi  :  beitha^  (G  3o9,  5),  ND^a  tr maisom^;  pàtha  (S  i33,  3), 
KriND  rrfacer);  bathœr  [G  3o3,  96;  S  ia8,  9),  "inn  tfaprèsw;  hai- 
manoulha  (G  307,  8),  Nn"iJD\"n  cffoiii-,  slotha  (G  30^,  i3),  nd*'?? 
trprièren;  malkoulha  (G  309,  22;  S  1  48,  9),  nd^dVd  ff  royaumes. 

Ourmia  :  bêta  (S  25,  7),  xn";?  ff  maison  a;  pâta  (S  11,  20), 
xnXD  'ffaceii;  mata  (S  17,  18),  NriD  frvillagew;  bar  (avec  élision 
du /A,  S 7,  5,  etc.),  -iri2  «après T^;  haimonouta[S  53,  19),  NniJDin 
fffoifl;  slouta  (S  17,  5),  NDibs  ff prière n;  maJcihouta  (S  19,  19), 
î<ni3''3D  tf  humilité n. 

Salamas  chrétien  :  biya  (D  3,  9),  Nn";3  rf  maisonn;  pâ  (D  29, 
5  ) ,  NnXD  tf  face  n  ;  ma  (  D  7  1 ,  1  5  ) ,  xriD  «  village  v  ;  bar  (D  3 1 ,  21), 
*iri3  ff après n;  marouva  (D  28,  12),  nd^iD  «propriétén;  slouva 
(D  hli,  3),  HD^b'i  «prière 77;  malkouva  (D  26,  18),  KniD^D 
«royaumeii;  mais  mota  (D  8G,  20),  NniD  «la  mort^;  mât  (D  63, 
2),  nxp  «il  meurtw;  œutra  (D  29,  G),  Ninx  «lieuw;  laudita 
(D  79,  10),  Nn'^nin  «foi^^;  ptàha  (D  ûi,  18),  Nfidd  «ouvrirai; 
htàva  (D  \h^  19),  xnnp  «écrire^;  p«</)rt  (D  G7,  17),  xnriD  «elle 
ouvres;  kalvih  (D  G8,  20),  pnnD  «ils  écrivent  17. 

Djélu  :  buja  (S  12/1,  i3-i/i),  Nrii3  «maison::;  pàha  (S  t23, 
18),  NDND  «facex;  màha  (S  i25,  18),  xriD  «  village w;  «/«m 
(S  123,  iG),  Nn'i'?^:  «prières;  ïyâ  (S  122,  18),  nin'n\v  «il  y 


'  Dans  le  Tour  Abdin,  on  prononce  hako  (PS  1,  3,  etc.)  avec  t  dur,  comme 
dans  le  syriaque  ancien ,  à  cause  de  la  diphtongue  ai.  Dans  le  rameau  oriental , 
la  diphtongue  n'a  plus  que  la  valeur  d'une  voyelle  et  le  tav  subit  l'aspiralion. 


NOTICE   SUR   LES   DIALECTES  NÉO-ARAMÉENS.  129' 

avait  15;  mais  mepâtat  [S  12  h,  io),T  NnXD  |p  f  depuis  la  face  de  15; 
bnitha  (S  126,  i5).  Nn"»:?  ff  construite w. 

Salamas  juif:  bêla  (D  96,  16),  xn^n  fc maison»;  màla  (D  109, 
1),  xnD  ffviUagei;;  bara  ou  Wtra  (D  111,  1;  1/12,  21),  Nina 
cf  après 75;  qamsanoula  (D  107,  10),  NniJîjpp  cr avarice»;  peshanoula 
(Dg9,2),  xrn jni'D  tf joie»;  herivoula(D  180,9),  Nninnn  trtort»; 
spiroula  (D  i3o,  9),  NniTiÇÇ^  «r bonté'»;  visoula  (D  126,  10), 
Nnv^*"*?";  «continent»;  belâné  (D  io5,  10)  pour  benàlé,  xni? 
t:  filles»;  mèlen  (D  126,  3),  XJN  riN'D  ffje'meurs»;  mcllé  (D  120, 
1^),  riV  IT'P  ffil  mourut»;  peloiih  (D  116,  5,  niDD  «ouvre»; 
pelehla  (Dm,  i3),  n*?  WDl^  «elle^  ouvrit»;  kehuv  (D  102,  6), 
3"inp  «écris»;  kelevlé  (D  102,  9),  n'?  2"'rip  «il  écrivit»;  qema'el 
(D  loi,  2),  rr'NDni^  «auparavant». 

Zacho  juif:  bêsa  (S  169,  i5)  ou  bêtha  (S  169,  22),  Nri^2 
«maison»;  pâsa  (S  16/i,  20),  KnND  «face»;  bœser  (S  i64,  5), 
TrQ  «après»;  bœsra  (S  i65,  i),  NiDD  «après,  derrière»;  sousa- 
vàsa  (S  162,  18),  NmoiD  «chevaux»;  bnâsa  (S  16/i,  1),  Nfiin 
(t filles»;  qoràsa  (S  169,  22),  Nm^i^  «tombeaux»;  isva  (S  169, 
9),  mn  n\N*  «il  y  avait»;  âsé  (S  160,  19),  N'riN  «il  vient»; 
psihlé  (S  161,  11),  nh  n^ip  «il  ouvrit»;  mais  kthâva  (S  166,  h), 
Nnnp  «livre»;  sinlha  (S  166,  12),  HD!!^  «sommeil»;  lêlavàtha 
(S  160,  3),  xmb''.'?  «nuits». 

Tiàri^  :  bêsa,  Nn^3  «maison»;  mâsa,  kdD  «village»;  asra, 
NTnN  «lieu»;  ksàva,  N^np  «livre»;  hesna,  Ninn  «fiancé»;  esva, 
mn  n"'N  ^fil  y  avait»;  les  ou  tes,  n\S*  n'?  «il  n'y  a  pas»;  sensa, 
arti^  «sommeil»;  malkousa,  NniD^D  «royaume»;  qamêsa,  Nri"»D"iî? 
«première»;  âsé  atyàsé,  xnx  «il  vient»;  sa,  xn  «viens». 

Ces  exemples  suffisent  pour  indiquer  la  prononciation  ordinaire 
du  tav  aspiré  dans  chacun  de  cesjdialectes.  La  cause  des  différentes 
altérations  de  cette  lettre  n'apparaît  pas  d'une  manière  évidente; 
quelques  observations  à  ce  sujet  ne  seront  pas  hors  de  propos. 

'  Les  mots  du  diaiecle  de  Tiàri  sont  empruntés  au  travail  de  M.  LidzbarskI , 
p.  286,  987  et  947.  Dans  l'ori(jinal,  ces  mots  sont  écrits  en  caractère-!  sy- 
riaques; pour  faciliter  la  comparaison  avec  les  autres  dialectes,  nous  les  trans- 
crivons en  caractères  latins.  L'inconvénient  de  ce  procédé  n'est  pas  grand  ici, 
puisqu'il  ne  s'agit  pour  nous  que  du  th,  dont  la  prononciation  chuiulantc  dans 
ce  dialecle'cst  conûrmée  par  la  grammaire  de  Stoddard,  p.  7^- 

MKM.  LING.    —  U-  <) 


130  RUBENS  DUVAL. 

Le  dialecte  Fellihi  a  conservé  intacte,  on  le  voit,  Tancienne 
prononciation  du  tav  aspire'. 

C'est  sans  doute  par  réaction  contre  la  tendance  à  e'iider  celte* 
lettre  et  pour  e'viter  la  confusion  qui  serait  résulte'e  de  cette  éli- 
sion  que,  dans  le  dialecte  d'Ourmia,  le  tav  a  été  prononcé  dur. 
Le  mot  très  usité  bar  pour  bathar  «après»  est  un  indice  de  la  fai- 
blesse de  cette  consonne;  nous  en  verrons  plus  loin  d'autres 
exemples. 

Dans  les  dialectes  chrétiens  de  Salamas  et  de  Djélu,  l'élision 
s'est  produite  dans  les  mots  oii  elle  a  pu  s'effectuer  sans  que  le 
langage  devînt  inintelligible.  Elle  a  été  vraisemblablement  l'effet 
d'un  niouillement  analogue  au  mouillement  de  l  double  en  fran- 
çais, dans  le  mot  Jamille,  par  exemple.  Ce  phénomène  linguistique 
est  encore  sensible  dans  biya  (de  bêtha)  et  malkouva  (de  tnalkoutha), 
oh  y  et  V  se  sont  produits  sous  l'influence  des  voyelles  précé- 
dentes, i  et  ou.  Entre  deux  voyelles  de  même  nature,  l'élision  est 
complète  et  les  deux  voyelles  se  contractent  à  Salamas  :  ma  (de 
mâthâ),  pâ  {àepàthà);  mais  à  Djélu  les  deux  voyelles  sont  main- 
tenues au  moyen  d'une  légère  aspiration  :  màha ,  pàha.  Un  mouille- 
ment se  fait  souvent  sentir  en  néo-araméen  après  les  palatales  g 
ou  k,  qui,  dans  ce  cas,  se  prononcent  gui,  ki;  ex.  :  g^'âna  (S  3, 
5;  D  10,  7),  x:N3  trame,  personne w ;  j?a/^'"oM  (S  3i,  9),  îjSd  «à 

moitié  w;  k'oumi  (S5,  2;D  ki,  1),  nçid,  syr.  jLvaâol  ff  noirs  77; 
douk'àni  (D  ik,  U),  NJDn  tr lieux»;  kema  (D  h'],  19),  XDp 
ff  comme»;  tik'a  (S  17,  8;  D  3/i,  8),  KDn  «  morceau».  M.  Merx  a 
déjà  observé  ce  mouillement  des  consonnes  dans  les  dialectes 
araméens  vulgaires,  et  même  dans  le  syriaque  ancien,  comparer 
iJ^i^o;,  pluriel  de  jN>o;;  voir  Z.  D.  M.  G.,  XXII,  p.  273  et 
suiv. 

N'est-ce  pas  aussi  par  suite  d'un  mouillement  que  th  est  de- 
venu /  dans  le  dialecte  juif  de  Salamas?  On  peut  admettre  une 
double  mutation  :  th  aura  d'abord  passé  en  dh,  la  dentale  aspirée 
la  plus  proche,  et  ensuite  en  L  Le  changement  de  th  en  d  se  pro- 
duit dans  ce  dialecte  dans  toute  la  conjugaison  du  verbe  ndx 
«venir»,  comme  nous  le  verrons  plus  loin,  et  dans  le  mot  senda 
(D  112,  7)  de  ntijC;  ff sommeil».  Cependant  t?/i  lui-même  n'y  de- 
vient que  très  rarement  /,  cette  consonne  étant  généralement 
élidée.  Voici  les  quelques  exemples  de  cette  mutation  que  nous 
ayons  constatés  :  kiel  (D  119,  8),  :?-"'  nd  «il  sait»;  kielva  (D  97, 
k),  mn  i?"!''  ND  «il  savait»;  yellé  (D  126,  16),  nS  Vl"^  «il  sut» 
(comparer me//e',  D  120,  i^,n'7  rfÇtf  il  mourut»);  e'/âvê  (RG  209, 
18),  xnny  «fêtes». 


NOTICE   SUR    LES  DIALECTES   NÉO-AR AMÉENS.  131 

Daus  le  dialecte  juif  de  Zaclio,  tav  aspiré  se  prononces,  mais 
quelquefois  encore  th.  Cette  double  prononciation  montre  avec 
quelle  facilité  th  peut  devenir  s.  On  sait,  du  reste,  que  les  Juifs 
polonais  prononcent  s  le  tav  hébreu  aspiré.  Dans  ce  dialecte,  dh 
se  prononce  z;  c'est  une  permutation  qui  correspond  à  celle  de 
th  en  s. 

Enfin,  dans  le  dialecte  de  Tiâri,  tav  aspiré  devient  chuintant, 
ch.  Nous  avons  dit  plus  haut  que  le  dialecte  de  MaMoula  offrait 
des  exemples  de  cette  prononciation  chuintante,  qui  d'ailleurs 
n'était  pas  inconnue  des  anciens  Sémites.  Un  groupe  assez  impor- 
tant de  mots  ont  en  hébreu  un  schin,  o*,  auquel  correspond  en 
araméen  un  tav,  n,  et  en  arabe  un  tha,  <ù>;  ex.  :  hébr.  ^*'ih^ 
«trois»,  aram.  riVri,  arabe  <±>!^'.  Le  tav  araméen  représentait, 
dans  ce  cas,  un  t  chuintant. 

La  règle  ordinaire  étant  établie  pour  le  tav  aspiré  dans  chacun 
de  ces  dialectes,  il  y  a  lieu  de  voir  les  exceptions  que  cette  règle 
comporte  dans  quelques-uns  d'entre  eux.  Ces  exceptions  se  ren- 
contrent dans  les  désinences  du  pluriel  féminin  des  noms  et  dans 
le  verbe  NDN  «  venir  :5. 

On  sait  qu'en  araméen  la  désinence  du  pluriel  féminin  empha- 
tique est  âthâ,  quelquefois  avàthâ  et  yâlhâ;  ainsi  malkâthâ,  ntidVd, 
pi.  de  maJkethà,  Nnj'pD  Kreinei^;  athravàthâ,  xnnnN,  pi.  de  athrà, 
NnriN  tr lieu  17;  doukyâthà,  Nn''D'n,  pi.  de  doukethà  rr endroits. 

A  Ourmia,  cette  désinence  est  âti,  avâti,  yâti;  quelquefois,  par 
élision  du  t  primitivement  aspiré,  ai,  avai,  yai,  ex.  :  batvâti 
(S  1 1,  6),  pi.  de  Nn^3  f  maisom^;  somavàli  (S  i5,  1 1)  ou  sousa- 
vai  (S  87,  3  et  h),  pi.  de  KD1D  frchevaln;  natyâti  (S  ii,  i),  pi. 
de  nd:  ff  oreille tî;  smlyâti  (S  1 1,  3),  pi.  de  arh^'p  fr  chaînette  15; 
g'"ânàti  (S  5,  19),  pi.  de  NJN3  f^ personne ii ;  mâvai  (S  79,  6), 
pi.  de  NriD  ft village»;  bahtâ'i  (S  83,  19),  pi.  de  Nnp3  cf femme»; 
saravà'i  (S  77,  19),  pi.  de  NTH^y  rffête». 

A  Salamas  chrétien ,  la  contraction  est  constante  et  conforme 
à  la  règle  de  l'élision  du  tav  aspiré  dans  ce  dialecte  :  souhsavaih 
(D  5i,  17)  ft chevaux»;  mâvaih  (D  36,  7)  ft villages»;  baljtaih 
(D  5o,  4)  r  femmes»,  etc.  Sur  l'aspiration  finale  A  voir  plus  loin. 

Les  courts  textes  du  dialecte  de  Djélu  ne  fournissent  pas 
d'exemples  pour  ce  cas. 

A  Salamas  juif,  le  tav  est  élidé  et  ne  se  change  pas  en  l  :  you- 

mâvé  (D  io5,  3),  pi.  de  xp'"'  «jour»;  lélâvé  (RG  299,  18),  pi. 

de  nS^S  «nuit»;  sousâvé  {DnU,  i5),  pL  de  kod  f  cheval»;  ^«r- 

inàvé  (D  i2i,  12),   pi.  de  XTpip  «os»;  yammâvé  (RG  299,  10), 

9- 


132  RUBEXS  DUVAL. 

pî.  de  iil2\  trmer»;  mais  avec  t  :  haivanâté  (D  i^h,  lo),  pi.  de 
|rn  tt  animal  u. 

Les  autres  dialectes  ne  donnent  lieu  à  aucune  exception. 

Le  verbe  xnx  ff  venir n  pre'sente  une  anomalie  dans  les  deux 
dialectes  de  Salamas. 

Dans  le  dialecte  chrétien,  ih  devient  t  dur  après  à  dans  une 
syllabe  ouverte;  dans  les  autres  cas,  il  se  change  en  une  aspira- 
tion semblable  au  ch  doux  allemand  dans  ich.  Nous  transcrivons 
cette  aspiration  par  h.  Les  exemples  ci-après  sont  tirés  de  nos 
Dialectes  néo-araméens  de  Salamas. 

.  kiâté  (35,  6;  87,  3),  xriN*  xp  f^il  vient". 
âtê  (38,  7;  52,  8),  "^na  ttils  viennentTî. 
kiatêvâ  (53,  2),  NID  ""riN  ND  ffils  venaient^. 
ahya  (36,  21)  ou  aiha  (5,  9;  77,  8),  N^DN  felle  vient». 
ahyàna  (7,  8),  Nj^nx  ^un  arrivante. 
hilouh  (5,  i5),  "j*?  1I1N'  tftu  es  venuw. 
hilé  (88,  8),  i"?  inx  «ils  sont  venus w. 
hilèla  (80,  3),  n"?  N"'nN  ffelle  est  venue». 
ihiva  (i3,  h),  n^r^  \^x  «fils  étaient  venus». 
hyà  (25,  9;  3o,  12),  NTIN  avenir». 

Dans  le  dialecte  juif,  le  th,  dans  ce  cas,  se  change  constamment 
end  : 

adé  (102,  lù),  xnx  ffil  vient». 
adet  (102,  16),  riJN  KriN  fftu  viens». 

aJew  (139,  18)  ou  adyen  (109,  20,  avec  mouillement  du  d)^ 
nia  xrx  «je  viens». 

ida  (102,  i5),  xnx,  syr.  jl  cr viens»,  etc. 

Le  verbe  2n"'  crs'asseoiv»  conserve  \etav  qui  n'est  plus  aspiré,  t, 
aussi  bien  dans  ces  dialectes  que  dans  les  autres. 

Le  mot  xn'pri  ff  trois»  est  prononcé  tlâtha  seulement  dans  le  dia- 
lecte Fellihi.  Ailleurs  il  devient  th  [tla'a^  à  Salamas  juif,  D  107, 
20;  i32,  17;  i38,  7,  etc.;  tlaha  à  Zacho,  S  168,  22),  avec  un  t 
emphatique  analogue  au  têt. 

Il  serait  intéressant  de  poursuivre  cette  étude  et  de  rechercher 
les  différentes  altérations  que  subissent  dans  chacun  de  ces  dia- 


1  La  forme  talha,  que  donne  RG  299,  16,  est  cerfalnement  erronée,  et  l'on 
doit  iire  tlaha. 


NOTICE  SUR  LES   DIALECTES  NÉO-ARAMÉENS.  133 

lectes  les  autres  muettes,  lorsqu'elles  s'aspirent  sous  rinfluence 
de  la  voyelle  pre'cédenle.  Les  consonnes  b  p  d  sont  aussi  laibles 
que  (  et  présentent  des  plie'nomènes  dignes  d'être  signalés.  Mais 
un  tel  travail  nous  conduirait  trop  loin;  nous  terminerons  par 
quelques  remarques  sur  les  voyelles. 


II 

REMARQUES   SUR   QUELQUES  VOYELLES. 

Le  dialecte  d'Ourmia  et  le  dialecte  chrétien  de  Salamas  font 
suivre  i  long  et  naturel,  à  la  fin  d'un  mot,  d'une  aspiration  sem- 
blable au  ch  doux  allemand,  que  nous  transcrivons  par  h  et  que 
nous  avons  déjà  constatée  plus  haut  dans  certaines  formes  du 
verbe  NnX  à  Salamas.  On  prononce  :  odili  (S  3,  /i;  D  19,  19), 
l'inny  rrilsfontw;  tlih  (D  83,  1),  j'^ribri  cftrenteii;  mindih  (S  h'],  9) 
ou  mendîh^  (D  19,  16),  nip  cr quelque  choses,  targ.  n-D,  syr. 

lo«.âo;  doqilih  (S  69,  5),  ib  ]''p3T  ^ils  me  saisissent^?;  ahounih 
(D  9,  3),  "ijinx  ttmon  frères;  broimih  (D  9,  3),  "'jnn  cfmon 
fils  11,  etc.  Celle  aspiration  est  également  sensible  après  la  diph- 
tongue ai,  à  la  fin  des  mots,  voir  les  exemples  du  pluriel  féminin 
en  aih  cités  plus  haut  pour  le  dialecte  de  Salamas.  A  Ourmia, 
elle  se  fait  également  entendre,  mais  d'une  manière  moins  con- 
slante  :  mavaih  (S  79,  10)  et  mavai  (S  79,  6),  pi.  de  NnD  te  vil- 
lage», etc. 

Une  aspiration  de  même  nature,  mais  plus  forte,  h ,  correspon- 
dant au  ch  dur  allemand  et  au  ^  arabe,  est  sensible  après  la 
voyelle  ou  dans  le  dialecte  chrétien  de  Salamas.  Elle  se  rencontre 
non  seulement  à  la  fin  des  mots,  mais  aussi  dans  l'intérieur  après 
une  syllabe  ouverte.  Dans  ce  dernier  cas,  la  gutturale  peut  être 
moins  forte  que  h  et  correspondre  au  son  de  g  [9-  arabe)  sous 
l'influence  de  la  consonne  suivante.  Voici  quelques  exemples  tirés 
de  mes  Dialectes  néo-araméetis  de  Salamas  :  pousouh  (5,  5),  1D*"13 
fr  demeurez w;  mouttouh  (^2,  2t)  tt établissez r,  du  verbe  3riÇ;  mé- 
mouh  (87,  1 5  )  ff  apportez r> ,  du  verbe  iVri'^p  ;  voudouh  (79,3),  may 
refaites  15;  ahtouh  (79,  2),  irinx  tfvousr;  hlougla  (3,  3),  x'^i'jn 
ff  noce 75;  yougla  (8,  20),  Nbnv^cl^J*^'^*^^'^^''^  tougman  (i3,  18) 
wtomanT)  (nomd'unejmonnaie);  nougna  (12,  6),  n:u  ff  poisson»; 

*  A  Salamas  juif,  medih  avec  /i  =  cJi  dur  allemand  et  ^  arabe  (D  127,  i5; 
199,  1/4;  1^19,  9).  C'est  le  seul  exemple  de  ce  genre  que  nous  ayons  constaté 
dans  le  dialecte  juif  de  Salamas. 


134  RUBENS  DUVAL. 

tougna  (i5,  a),  Njan  tf paille  hachée  15;  tyohta  (10,  3),  Nnan'' 
tf action  de  s'asseoirw;  ktouhta  (69,  4),  Nr3"»rip  ffc'critew;  yoljta 
(/i4,  11),  Nnnni  tfaction  de  donnent;  touhti  (i/i,  9),  xrnn 
te  mûres  (fruits)  w,  etc. 

Est-ce  aussi  un  prolongement  de  la  voyelle  qui  a  occasionne' 
la  forme  singulière  des  suffixes  pronominaux  singuliers  dans  le 
dialecte  juif  de  Salamas?  Ces  suffixes  sont,  pour  le  masculin  des 
noms  et  pour  les  prépositions,  ev  ou  ef;  pour  le  féminin,  av.  Les 
exemples  suivants  sont  empruntés  au  même  livre  :  a^a'eu  (98, 
i5)  et  fl^fl'e/"  (128,  3)  rrson  maître  (à  lui)  15;  berounef  [nS,  20) 
frson  fils  (à  lui):?;  berounav  (98,  i3)  ffson  fils  (à  elle)  11;  bàbcf 
(118,17)  ^^son  père  (à  lui)??;  bâbav  [lUi,  21)  k son  père  (à  elle)w; 
avec  une  préposition  :  alev  (1 15,  6)  et  alef[^i ,  10)  trà  lui??;  alav 
(1 15 ,  2)  tf  à  elle??;  èa'ei;  (i43,  6)  et /»a'e/"(95,  16)  tt  chez  lui??; 
ham  (120,  9)  ftchez  elle??;  didef[^'],  7)  ttde  lui-même??;  didav 
(162,  9)  tr d'elle-même??. 

Les  suffixes  correspondants  des  autres  dialectes  ont  les  formes 
suivantes  :  le  dialecte  Fellihi  et  les  dialectes  de  Tiâri  et  de  Zacho , 
e  pour  le  masculin,  a  pour  le  féminin,  comme  dans  Taraméen 
ancien;  le  dialecte  d'Ourmia  et  le  dialecte  chrétien  de  Salamas, 
ou  pour  le  masculin,  0  pour  le  féminin;  le  dialecte  deDjélu, 
{  pour  le  masculin,  0  pour  le  féminin. 

La  comparaison  de  ces  différentes  formes  ne  semble  pas  con- 
firmer l'hypothèse,  admise  jusqu'ici,  que  les  suffixes  ou  et  0 
d'Ourmia  et  de  Salamas  chrétien  seraient  venus  de  l'ancien  suf- 

..     f^ 

fixe  au  du  pluriel  des  noms  (««aJi^io).  Cette  hypothèse  est  fondée 

sur  ce  fait  que,  dans  ces  dialectes,  le  singulier  et  le  pluriel  des 
noms  avec  les  suffixes  ne  se  distinguent  plus,  malkou  signifiant 
trson  roi??  ou  tf  ses  rois??.  Nous  rapprocherions  plutôt  les  suffixes 
ou  et  0  des  suffixes  ev  et  av  de  Salamas  juif.  Dans  ces  dialectes, 
ev  ou  iv  devient  généralement  ou  par  l'intermédiaire  de  eu;  com- 
parer parmi  les  exemples  cités  plus  haut,  p.  i33-i34,  tougna  de 
Xj^D  tt  paille??,  yougla  de  x'??';  tt  chiendent??,  etc.;  au  passe  en  0 
par  l'intermédiaire  de  au:  gara  (passim)  de  K"I33  tt  homme??;  ôdih 
(voir  ci-dessus)  de  ]'>ii^  ft  ils  font?? ,  etc.  Les  suffixes  i  et  0  de  Djélu 
peuvent  s'expliquer  de  la  même  manière. 

Doit-on  voir  dans  le  v  (ou/)  des  suffixes  de  Salamas  juif  une 
altération  du  hé  qui,  dans  l'ancien  araméen,  était  écrit  à  la  fin 
du  suffixe  singulier  n..,  n^  (avec  mappiq  dans  l'araméen  biblique, 
n..,  n,)?Une  raison  qui  porte  à  le  penser,  c'est  que,  dans  le  Fel- 
lihi, le  hé  est  quelquefois  encore  articulé.  Ce  suffixe,  en  effet,  est 
é  ou  éh  pour  le  masculin  singulier,  a  ou  ah  pour  le  féminin  sin- 


NOTICE  SUR  LES  DIALECTES  NÉO-ARAMÉENS.  135 

guiier  (G,  p.  299).  Il  n'y  a  pas,  il  est  vrai,  d'exemple  en  sémi- 
tique du  changement  de  h  en  v  ou/;  mais  une  telle  permutation 
n'aurait  rien  d'insolite  en  soi,  à  en  juger  par  le  digamma  grec  et 
d'autres  phe'nomènes  analogues. 

Ces  quelques  remarques  sufTiront,  je  l'espère,  à  faire  ressortir 
l'intérêt  linguistique  qu'offrent  les  dialectes  néo-arame'ens. 

Rubens  Duval. 


VARIA. 


I.  —  I 


TTTTOS. 


M.  de  Saussure  considère  'itttzos  comme  un  traitement  phoné- 
tique de  l'ancien  *ék^wos  (skr.  àrvas,  zd  aspô,  lit.  afivà,  ags.  eoh, 
V.  irl.  ech,  lat.  equos),  mais  ne  justifie  pas  en  détail  cette  expli- 
cation (dans  ces  Mémoires,  VJI,  79).  Le  cas  de  elireîv  qu'il  rap- 
proche est  différent,  et  aussi  celui  de  Xoiyôs  (cf.  ibid.,  Vil,  Go, 
et  VIII,  281).  Néanmoins  le  principe  est  juste,  ainsi  que  le  montre 
la  discussion  de  l'histoire  phonétique  du  mot. 

Comme  l'indiquait  déjà  M.  L.  Havet  [Mém.  Soc.  ling.,  IV,  25), 
dans  *éh^wos  le  h^  et  le  w  appartiennent  à  deux  syllabes  diffé- 
rentes. En  grec  le  point  d'articulation  de  Aj  devant  w  a  été  reporté 
à  la  place  de  hj  et  le  traitement  hellénique  est  le  même  au  point 
de  vue  de  l'articulation  que  celui  des  vélaires;  pour  préciser,  on 
peut  dire  que  *ék^wos  se  prononçait  ék^-''\wos  en  indo-européen 
et  qu'il  est  devenu  *éq-'>wos  en  grec.  Mais,  devant  -q-  fermant  la 
syllabe,  -e-  et  -0-  deviennent  en  grec  -v-  :  vv^,  fopTv^ {skr.  var- 
tàkas),  ovv^^,  xvxXos,  xvxvos,  *v\jyv6s  =  skr.  nagnàs{^KiV\  yvfxvSs 
pour  une  raison  inconnue);  *éq-iwos  devait  donc  àonnQv*ûq-iivos 
ou  plutôt  *hi(q-''wos,  puisque  tout  u-  initial  est  précédé  de  l'esprit 
rude.  Dans  les  exemples  cités  plus  haut,  la  transformation  de  e 
et  de  0  en  M  entraîne  la  perte  de  l'élément  vélo-labial  de  la  gut- 
turale suivante;  mais  le  w  de  *hiiq-iwos,  qui  était  un  ancien  -w- 
et  non  pas  seulement  une  partie  d'un  autre  phonème  comme 
l'élément  ^  de  q'^  issu  de  i.-e.  k.^,  a  subsisté;  Yu  de  *hûq-iwos  a 
donc  été  dissimilé  en  -i-  comme  celui  de  aiTrvs  {*av7Tvs.,  cf.  vil/ti- 
Xôs),  de  ÈXeidvKt  cf.  ÈXevO^  (J.  Schmidt,  K.  Z.,  XXXII,  35o 
et  G.  Schulze,  Quaest.  epicae,  p.  269  sqq.)  et  de  siTreiv;  de  là  *h{q- 
iwos,  'iTTiros.  Un  -v-  intérieur  ne  reçoit  pas  d'aspiration;  c'est  ce 
qui  explique  le  t  et  le  x  dans  les  noms  propres  connus  Apialnr- 
7T0S,  TLdrpiTnros,  Asvxittttos,  formés  suivant  un  type  ancien  fixé; 

'  La  fin  do  xa'AvI  «gaine  de  la  fleur  ou  de  la  semence»  semble  reposer  sur 
*-efc.,s  ou  *-ofc.,s,-  la  racine  *k°l-  est  la  même  que  celle  de  ««A-vw-tw  (avec  -vit- 
sans  doute  d'après  xpvTi7co);  cf.  v.  h.-a.  hulsn  :  hèlan.  Le  sens  et  la  forme  pho- 
nétique obligent  à  séparer  xaAo|  de  xiiX/Ç  (ancien  *k,°lik-),  KvXn,  cf.  skr.  ka- 
lâras  (rac.  *k,el-  au  degré  0),  comme  l'a  bien  vu  Darbishire,  Cambr.  phil. 
transact.  III,  196. 


VARIA.  137 

au  contraire,  dans  les  compose's  où  'ÎTnros  était  senti  nettement, 
on  trouve  l'aspiration  :  Téôpm-Tios,  et  de  même^dans  ceux  où  le 
premier  terme  est  une  préposition  :  "EÇninros,  AvOmnos  (d'après 
è(^ 'hircf) ,  dv6"Î7r7iov).  L'esprit  rude  de  iWos,  qui  semblait  une 
énigme,  fournit  un  témoignage  précieux  du  passage  de  l'ancien  e- 
par  v-  pour  aboutir  à  î-.  La  forme  Ikxos,  attestée  à  Tarente  et 
Epidaure,  présente  deux  difierences  avec  'îttttos  :  chute  de  w 
après  k  et  absence  de  l'esprit  rude  (cf.  Thumb,  Spiritus  asper, 
p.  i3),  sur  lesquelles  il  est  difficile  de  se  prononcer. 

On  doit  conclure  de  ce  qui  précède  que  la  prothèse  panhellé- 
nique  de  h-  devant  u-  initial  en  grec  est  antérieure  à  la  dissimi- 
lation  de  -v-  en  -i-;  par  suite  le  rapprochement  de  att.  invôs  et 
got.  auhns,  qui  a  le  grave  défaut  de  supposer  la  conservation 
d'une  vélaire  après  un  ancien  u-  en  grec  sans  aucune  interven- 
tion possible  de  l'analogie,  est  définitivement  écarté  :  en  effet, 
si  l'interprétation  qu'a  donnée  M.  Brugmanu,  K.  Z.,  XXV,  3o6 
et  suiv.,  était  exacte,  l'exemple  de  att.  imros  montre  que  l'esprit 
rude  de  l'tJ- initial  aurait  subsisté.  Got.  auhns  ne  doit  du  reste  pas 
être  séparé  de  skr.  ukhâ,  ce  qui  exclut  tout  rapprochement  avec 
tTTvés,  puisque  i.-e.  kh  est  représenté  en  grec  par  )(^. 


IL  —  V.  si.  zêja. 

Le  rapprochement  établi  par  M.  Zubaty,  Archiv  XIII,  623, 
entre  v.  sL  zéja  et  lit.  ziôju,  cf.  lat.  hiâre,  est  si  frappant  qu'il  ne 
peut  être  nié;  mais  il  semble  au  premier  abord  impossible,  car 
zj-  donne  en  slave  ij-,  et  l'on  ne  connaît  pas  de  loi  phonétique 
en  vertu  de  laquelle  -à-  soit  devenu  -è-.  Les  observations  qui 
suivent  ont  pour  but  d'en  fournir  la  justification  phonétique. 

En  slave,  les  voyelles  brèves  et  les  longues  non  issues  de  di- 
phtongues se  classent  naturellement  en  deux  sériesçarallMes,  sui- 
vant qu'elles  sont  prononcées  veis  la  partie  antérieure  du  palais 
et  précédées  des  consonnes  dites  molles,  c'est-à-dire  jodisées 
(mais  non  mouillées),  ou  prononcées  plus  en  arrière  et  précédées 
des  consonnes  dites  dures  : 

i.    ë     e     i     ï 
2.  a     0    y     û 

Toutes  les  consonnes  sont  capables  des  deux  prononciatirms, 
molle  et  dure,  suivant  la  voyelle  (ju'elles  introduisent,  sauf:  i"k,ff, 
ch  lemplacéspar  è,  di,  s  devant  toute  voyelle  palatale  ancienne  et 
parc,r/z,  s  devant  eeti  secondaires  (issus  de-oj-);  2"jqui  ne  peut 
perdre  son  caractère  palatal  sans  cesser  d'être  j  et  qui  par  suite,  au 


138  A.  MEILLET. 

lieu  de  se  modifier  lui-même,  altère  la  voyelle  suivante  :  après  j  les 
voyelles  o,  y,  û  n'existent  pas  en  slave;  elles  sont  remplacées  par 
e,  i,  ï;  au  contraire,  je-  ne  se  trouve  nulle  part,  mais  seulement 
ja-.  Comme  toute  rupture  du  parallélisme  des  changements  pho- 
nétiques, cet  emploi  de  ja-  appelle  une  explication;  il  y  a  ici 
deux  problèmes  :  i°  Pourquoi  l'ancien  je-  devient-il  ja-?  — 
2°  Pourquoi  *yâ-  ne  devient-ii  pas/e-?  Le  second  disparaît  si  Ton 
admet  qu'un  ancien  *jà-  est  devenu  *jé-,  et  que  la  loi  de  trans- 
Ibrmation  de  *jë-  enja-  est  postérieure  à  la  paiatalisation  de  *jâ-  eu 
*jë-,  de  même  que  la  transformation  de  ce-  en  ca-  est  posle'rieure  à 
l'alte'ration  de  k  en  c  devante.  Or,  en  effet,  le  passage  de  *jé-  à  *ja- 
rappelle  celui  de  je-  (ou-'e-)  eajo-  (Jo-),  qui  peut  n'être  pas  pan- 
slave,  mais  dont  les  traces,  différentes  les  unes  des  autres,  se 
retrouvent  du  moins  dans  la  plupart  des  dialectes  russes  et  occiden- 
taux (voir  Jagic,  Archiv,  V,  ôSy  et  suiv. ,  etSakhmatov.  Hscj-fe^oBaHi» 
B-b  o6.iacTn  pyccKOH  ^oHCTiiKH,  p.  3  ct  suiv. )  ;  il  est  donc  probable 
que  ce  passage  est  récent.  On  voit  en  même  temps  qu'il  fait  partie 
d'une  nouvelle  série  de  faits  parallèles,  et,  pour  résoudre  la  pre- 
mière question,  on  doit  seulement  trouver  pourquoi  il  est  pan- 
slave  et  général ,  tandis  que  celui  de  -je-  en  -jo-  est  dialectal  et 
limité  à  des  cas  définis.  La  raison  de  cette  particularité  ne  peut 
être  cherchée  que  dans  une  prononciation  très  ouverte  de  ê.  En 
effet  ë  est  en  panslave  un  ë  plus  ouvert  que  e  de  la  même  langue 
et,  par  suite,  plus  voisin  de  à  que  e  ne  l'est  de  o.  Plusieurs  faits 
dénotent  cette  prononciation  : 

1°  La  graphie  glagolitique  indique  parle  même  signe  e  (c'est- 
à-dire /e)  elja,  confondant  ainsi  la  voyelle  palatale,  essentielle- 
ment précédée  en  slave  d'une  jodisation,  et^-f-  a;  pour  e,  où  le 
même  signe  sert  à  noter  ■'e  et  je,  les  timbres  des  voyelles  étaient 
identiques;  dans  le  cas  de  è  ils  ne  pouvaient  qu'être  très  voisins, 
et,  par  suite,  ë  était  •'e  long  très  ouvert. 

9°  Le  passage  de  ë  (c.-à-d.  U)  initial  à  ja  dans  le  vieux  slave 
des  manuscrits  cyrilliques. 

3°  Le  parallélisme  suivant  :  l'ancien  ô  devient  à,  c'est-à-dire 
une  voyelle  plus  ouverte  queô;  l'ancien  ê  doit  donc  donner  aussi 
une  voyelle  plus  ouverte  que  è. 

h°  L'emploi  de  ë  pour  a  grec  dans  des  mots  empruntés  :  ala- 
vëstrû,  akdSaalpos  (Zographensis) —  skandëlû,  axdvSaXov  (Psal- 
terium). 

La  prononciation  très  ouverte  de  ë  panslave  ^  n'exclut  pas  un 


^  Notre  confrère  M.  P.  Boyer  me  signale  à  ce  propos  que  M.  Miklcoia  reconnaît 
le  caractère  ouvert  à  l'ancien  è  du  russe  dans  ses  Slavische  lehnwnrter  in  den 
west-Jinnischen  sprachen. 


VARIA.  139 

changement  ultérieur  en  ê  fermé  qui  s'est  réalisé  dialectalement 
(Miklosich,  Vergl.  gr.,  P,  p.  hi). 

Une  fois  le  fait  posé  que  *jà-  s'est  changé  en*jé-,  on  voit 
qu'un  thème  ancien  *zjâje-  est  devenu  ^zjéje-;  postérieurement  à 
la  palatalisation  des  voyelles  précédées  de/,  le;  combiné  de *z/'e- 
a  été  dissimilé  par  le  -j-  intervocalique  de  -je-  (cf.  Grammont, 
La  dissmilation  consonantique)  et  a  disparu;  il  n'est  donc  resté 
que  zèje-  oiî  2  et  e  ont  nécessairement  subsisté  puisque  le  /  qui 
est  la  cause  du  passage  de  ë  h  a  n'existait  plus.  De  même 
rèja,  lèja,  smèja  s'expliquent  par  des  thèmes  *r{j)éje-,  *l{j)éje-, 
*sm(J)eje-,  issus  de  *rjâje-,  *ljâje-,  *smjâje-;  cf.  peut-être  aussi 
caje-  de  *cèje-,  *cjâje-.  Ces  formations  ne  se  trouvant  que  dans  les 
racines  terminées  en  i,  il  semble  que  ce  soit  l'impossibilité  de 
distinguer  autrement  le  type  simple  lîj-a  du  type  à  suffixe  -je- 
lî-ja  qui  aura  conduit  à  étendre  le  à  de  l'infinitif  *(/«-  au  présent, 
d'où  *ljâje-,  lëje-,  —  L's  du  démonstratif  si,  très  naturelle  dans  s? 
=  lit.  B'is,  si  =  lit.  ISi,  si  (nominatif  pluriel  neutre)  ==  ags.  hi, 
mais  qui  semble  anomale  partout  ailleurs,  est  justifiée  dans  seje, 
seji,  seja,  seju  si  l'on  part  d'anciens  *s{j)ej-,  issus  de  *sjoj-,  avec 
la  même  dissimilation  que  dans  zéja,  etc.  Lej  qui  subsiste  dans 
sjujî  (Malh.,  XXVIII,  38,  texte  du  Zographensis)  n'est  pas  un  vé- 
ritable/, ce  n'est  que  la  trace  de  la  jodisation  qui  précédait  l'e 
de  la  diphtongue  -eu-  comme  tout  e  panslave  et  qui  a  subsisté 
après  même  que  cet  e  fut  passé  à  0  et  se  fut  confondu  avec  le 
second  élément  de  la  diphtongue;  l'opposition  de  sujî  ff  gauche ^ 
(cf.  skr,  savyâs,  ï.-e.*sewyos)  et  de  sujî  avide'?  (cf.  lat.  cauos  de  - 
*k^owos)  répond  à  celle  de  bljudetû  (cf.  'SïsvôeTai)  :  buditû.  Le  j  de 
la  première  syllabe  de  pljuja,  sjuja  peut  donc  provenir  de  l'e  de 
la  diphtongue  (cf.  lit.  spiâuju)  et  n'avoir  rien  de  commun  avec 
le  ij  indo-européen  de  la  racine  de  ces  mots. 

L'hypothèse  qui  rend  compte  de  zéja  permet  d'expliquer  aussi 
le  comparatif  novéji.  M.  Streitberg  a  proposé  de  voir  dans  le  suf- 
fixe -éjîs-  d'une  partie  des  comparatifs  slaves  la  forme  forte  de 
skr.  -njas-,  gr.  -lo[h)-  [Zur  germ.  sprachgeschichte ,  p.  22);  mais 
cette  supposition  est  inconciliable  avec  le  fait  que  -èjïs-  est  propre 
aux  comparatifs'  tirés  à  date  récente  des  adjectifs  munis  de  leur 
suffixe  (ainsi  dobrèji,  silînèjî,  mekûcajî)  et  que  tous  les  comparatifs 
de  forme  sûrement  archaïque  et  tirés  directement  de  la  racine 
ont  -jîs-  :  vysîjî,  glabljijï,  etc.  Le  nominatif  neutre  en  -ye  =  skr. 
-yas,  lat.  -ius  suppose  un  nominatif  masculin  en  *-jôs;  mais  en 
fait  on  trouve  d'une  part  novè-jî,  de  l'autre  shzdï-jî;  le  -jî  final 
de  ces  deux  formes  est  récent  et  rappelle  celui  de  rata-jï,  prija- 
tel-jî,  mytar-jî,  elc.  ;  le  premier  -jî  de  slazdîjî  ne  fournit  aucun 
traitement  de  nominatif  et  ne  peut  qu'être  emprunté  à  d'autres 
formes;  mais  un  ancien  *novjâ-jï,  sorti  de  *novyOs,  devait  donner 


\hO  A.  MEILLET. 

novèjî  après  transformalion  de  à  eu  ë  et  chute  duj  par  dissimirà- 
tion.  On  est  ainsi  amené  à  reconnaître  qu'une  flexion  novëji,*nov- 
jîsa  et  *sladejï,  slazdïsa  a  e'to  normalisée  en  novejî,  novêjUa  et 
slazdîjï,  slazdïsa,  les  types  en  -e)"î  dominant  dans  les  cas  où  une 
différence  profonde  sépare  le  positif  du  comparatif  et  -jïjî  là  oii 
les  deux  formes  sont  restées  voisines. 

On  peut  citer  une  autre  trace  de  la  prononciation  */e-  de  Tan- 
cien  *jà-  : 

Le  *jà  attesté  par  lit.  jôti,  skr.  yâti  apparaît  en  slave  sous 
deux  formes  contradictoires  :  ë-  dans  *éda  (v.  si.  vûzëdi,  Luc,  V, 
/i;  russe  jef/w,  etc.),  ^èzditl  [serbe  jezditi)  elja-  dans  jachati  (serbe 
jahati).  On  ne  peut  s'étonner  que  \ej-  initial  dejachati  ait  subsisté, 
puisque  rien  ne  tendait  à  l'altérer.  Au  contraire,  la  jodisalion 
développée  devant  le  i-  initial  de  *îda  ffje  vaisw  a  conduit  à  rem- 
placer le  j-  initial  de  *jëda  (ancien  thème  *jâde-)  par  la  simple 
jodisation  qui  précède  tout  è,  d'où  *Jéda;  le  ë  de  ^ëda,  n'étant  plus 
précédé  de  j,  n'est  pas  devenu  a,  comme  celui  de  *jëchati  (ancien 
*jâchà(i).  LeJ  développé  devant  a,  ë,  e,  i,  i  différait  à  l'origine 
de  l'ancien  y,  comme  le  ""  développé  devant  o  ,ij,û  différait  de  v 
(cf.  Idg.  forsch. ,  V,  822). 

Il  y  a  donc  eu  une  altération  de  l'ancien  *jà-  en  *jë-,  effacée 
par  une  loi  postérieure,  et  le  parallélisme  de  *ië,  je,  ji,  jî  au  lieu 
de  *jâ,  *jo,  *jy,  *jû  est  parfait.  La  conservation  de  ju  et  jà  n'a 
rien  de  surprenant;  il  s'agit  ici  d'anciennes  diphtongues,  et  c'est 
un  cas  tout  différent.  Le  passage  de  *joi-  à  ji-  ne  contredit  pas  la 
loi  générale  de  conservation,  même  après  j,  du  timbre  0  dans  les 
diphtongues.  En  effet,  de  même  que  Ve  de  eu  a  été  changé  en  0  sous 
l'iufluence  du  second  élément  u,  l'o  de  oi  a  été  changé  en  e  sous 
l'influence  de  i;  cette  nouvelle  diphtongue  prend  d'ordinaire  la 
forme  ë  en  slave;  mais  la  succession  y -|- ^  H"  *^  a  été  réduite  kjl. 
Ici  encore  il  n'y  a  pas  rupture  du  parallélisme  phonétique.  Quant 
à  l'influence  de  j  sur  la  diphtongue  finale  dans  konje,  zemlje, 
znaje,  elle  tient  à  la  nature  toute  particulière  de  cette  diphtongue, 
qui  apparaît  comme  voyelle  simple  -e  en  polonais  et  en  russe 
(Fortunalov,  Archiv,  XI,  b'jh). 

Remarque.  —  Certains  adjectifs  ont  les  deux  formes  du  com- 
paratif, par  exemple  :  unje  et  unëje  (les  deux  dans  le  Marianus 
et  ailleurs)  d'un  simple  *uno-,  ancien  *ausno-  (cf.  Idg.  forsch.  V, 
66),  dérivé  d'un  substantif  répondant  à  skr.  âvas,  zd  avô  (cf.  skr. 
téjas  :  tlksnâs;  zend  raocô  :  raoysnô;  gr.  (^aos  :  (pas iv6ç).\)e  même 
on  trouve  sidjïjî  et  sulëjt  tirés  d'un  simple  *sulo-  (cf.  sVy.  çàmras, 
pol.  sowity).  Les  formes  unëjï,  sulëjî  sont  conformes  à  la  règle, 
puisque  ces  comparatifs  sont  tirés  non  de  la  racine,  mais  d'ad- 
jectifs comprenant  un  suffixe;  unjïjî  el  suljïjî  sont  par  suite  très 


VARIA.  Ul 

remarquables,  et  l'existence  de  la  double  forme  est  une  intéres- 
sante confirmation  de  l'hypothèse  qui  a  e'té  proposée  plus  haut, 
puisqu'on  peut  trouver  ici  à  la  fois  les  nominatifs  unëji,  sulëjî  et 
les  accusatifs  unjïsï,  suljîsî. 


III.  —  Lat.  auonculus. 

Le  latin  màtertera  trsœur  du  pèrew  renferme  visiblement  le 
suffixe  -tero-;  mais  l'interprétation  tdike  a  mothem,  donnée  par 
M.  Lindsay  (  The  latin  langiiage,  p.  6o5)  sans  doute  d'après  Ascoli, 
Arch.  glott.  it.,  suppl.  I,  p.  58  et  suiv.,  ne  semble  pas  rendre 
exactement  compte  du  sens. 

En  effet,  le  suffixe  secondaire  *-tero-  sert  en  principe  à  marquer 
l'opposition  de  deux  notions  :  dexter  et  sinister,  noster  et  uester.  etc. , 
mais  d'une  manière  telle  que  dexter  soit  tfce  qui  est  à  droite  et 
non  à  gauche  n,  noster,  t?  ce  qui  est  à  nous  et  non  à  vousw,  bpécr- 
lepos  crce  qui  est  de  la  montagne  et  non  de  la  plaine  17  (Bréal, 
dans  ces  Mémoires,  IX,  3 G  et  suiv.).  Au  contraire,  dans  quel- 
ques mots  sanskrits  bien  connus,  le  suffixe  -tara-  indique  l'oppo- 
sition précisément  inverse  :  vatsatarâs  tfveau  sevrée,  c'est-à- 
dire  ce  qui  n'est  plus  un  veau,  s'oppose  au  veau  qui  tette  encore, 
vatsâs,  et  açvataràs  rr  muletw  (persan  astar),  c'est-à-dire  ce  qui  n'est 
pas  un  cheval,  s'oppose  au  cheval  âçvas;  la  raison  de  cet  emploi 
divergent  du  suffixe  *-tero-  est  qu'il  n'y  a  lieu  de  marquer  une 
opposition  dans  ces  deux  cas  qu'autant  qu'il  est  question  du 
frveau  sevrée  et  du  ff mulet 7?.  Le  latin  màtertera  se  distingue  de 
mater,  comme  skr.  açvataràs  de  àçvas;  cf.  P.  Persson,  Stud.  etym., 
p.  1  ili. 

Le  nom  de  Ter  oncle  maternels  ne  saurait  être  tiré  de  celui  de 
la  mère  par  le  même  procédé,  mais  bien  plutôt  de  celui  de  l'aïeul 
maternel;  cf.  patruos  r? frère  du  pèrew  et  amita  rsceur  du  père^i, 
v.  isl.  amma  cr  grand'mère  17  ;  le  double  sens  connu  de  i.-e.*nepot- 
rrpetit-filsw  et  cr neveu n  prouve  que  les  deux  formes  de  parenté 
non  immédiate  étaient  aisément  rapprochées.  Or,  en  effet,  le 
latin  auonculus  est  dérivé  de  *awon-,  cf.  v.  isl.  de.  La  finale  -cidus 
est  celle  des  diminutifs,  et  l'on  ne  peut,  au  point  de  vue  latin, 
interpréter  autrement  que  trie  petit  aïeul :i  (V.  Henry,  Gramm. 
comp.  du  gr.  et  du  lat.,  $  157).  Mais  màtertera  engage  à  recher- 
cher dans  auonculus  le  suffixe  secondaire  marquant  opposition  : 
*-tero-;  ce  suffixe  a  une  forme  *-tro-  :  lit.  katràs,  lat.  nter,  titra; 
dexter,  dextra  (avec  syncope  de  i  intérieur,  cf.  Se^nspos);  sinister, 
siimtra;  cf.  aussi  lat.  sê-mes-tr-is  et  gr.  <xkX6-Tp-tos  avec  un 
second  suffixe.  On  conçoit  aisément  que  *awontros  soit  devenu 
*awontlos  [auonculus)  sous  l'influence  du    suffixe  des  diminutifs 


142  A.  MEILLET. 

que  le  latin  s'est  crée's.  Or  le  mot  correspondant  des  langues  brit- 
toniques  renferme  un  suffixe  en  -r-  et  non  en  -l-,  et,  d'après  une 
communication  de  notre  confrère  M.  Dottin,  rien  ne  semble 
s'opposer  à  ce  que  l'on  considère  *awontros  comme  le  primitif  de 
bret.  euontr,  gall.  ewythr;  cf.  d'Arbois  de  Jubainville,  Mém.Soc.  ling. 
IV,  3 08.  On  est  donc  bien  autorisé  à  poser  un  italo-celtique 
*awontro-. 

Cette  conclusion  est  confirmée  par  la  formation  analogue  du 
nom  de  l'tf  oncle  maternelle  en  letto -slave  :  v.  pruss.  awis,  v.  si. 
ujï;  ce  mot  est  tiré  de  *awo-  (lat.  auos,  cf.  arm.  haw)  au  moyen  du 
suffixe  secondaire  *-i/o-,  qui  comme  *-tero-  marque  une  opposi- 
tion, mais  sans  indiquer  qu'il  s'agit  de  deux  choses  :  cf.  alius  et 
alter,  skr.  pûrvyâs  et  gr.  -crporepo?,  etc.  (v.  Brugmann,  Grundriss 
II,  p.  195  oij  il  est  un  peu  improprement  parlé  de  cf  comparaison  77); 
en  sanskrit  nàvya-  est  le  contraire  de  sânyas-.  Ce  même  suffixe 
se  trouve  dans  skr.  pitrvy as ,  et  sans  doute  dans  v.  si.  stryjî;  on  en 
peut  même  supposer  l'existence  à  date  ancienne  dans  lat.  jjatruos , 
cf.  pour  le  traitement  phonétique  de  -owy-  en  syllabe  intérieure 
laline  hiduom  en  face  de  binoctimn,  biennium;  induô  en  face  de 
ombr.  anovihmu.  —  Le  lit.  avynas  rappelle  la  finale  -yji  àejaunyn 
eîti  (J.  Schmidt,  K.  Z.,  XXYI,  /loo). 


IV.  —  Le  traitement  de  i.-e.  0  en  indo-iranien. 

L'hypothèse  de  M.  Brugmann  que  i.-e.  0,  ablaut  de  e,  don- 
nerait à  en  syllabe  intérieure  ouverte  indo-iranienne,  qui  a  été 
récemment  encore  critiquée  par  M.  Bechtel  {Hauptprobkme,  p,  46 
et  suiv.)  et  qui  est  absolu  ment  repoussée  par  M.  Bartholomae  (Grura- 
driss  der  iran.  phil.  I,  p.  27),  a  été  défendue  par  M.  Streitberg  {Idg. 
forsch.  III,  p.  366  et  suiv.)  et  n'est  pas  abandonnée  par  son  au- 
teur. Il  n'est  donc  pas  inutile  de  la  discuter  à  nouveau;  il  n'y  a 
pas  à  revenir  sur  les  difficultés  que  soulève  a  priori  la  thèse  de 
M.  Brugmann  :  la  substitution  d'une  différence  de  quantité  à  une 
différence  de  timbre  et  la  nécessité  oii  l'on  se  trouve  de  poser  une 
prononciation  tout  autre  de  0  ablaut  de  e  etde  ïo  de  'zsôcris,  skr. 
pâtis  et  des  exemples  analogues,  alors  que  rien  n'indique  par  ail- 
leurs cette  distinction.  M.  Collitz,  M.  Schmidt  et  M.  Bechtel  ont 
aussi  montré  suffisamment  que  beaucoup  d'étymologies  irrépro- 
chables contredisent  la  loi  de  M.  Brugmann  :  damas  =  gr.  SSfxos; 
rasa  =  v.  si.  rosa ;  vratàm ,  cf.  v.  si.  rota  ^  ;  dharû-nas ,  cf.  v.  si.  dravû 
(russe  -dorov);  skr.  bhàgas  v.  perse  baga=\.  si.  bogû  (cf.  arm.  be- 

'  Pour  V,  si.  r-  en  regard  de  skr.  vr-.  cf.  rèzn,  pol.  rzup  (de  *rïzna)  en  face 
de  /"pnyrtifxi ,  JFf,r^aaa),  sppâyr\v\  -razû  en  face  de  Fpé^. 


VAKIA.  1A3 

kanel  cf briser w;  Ta  de  gr.  (payeïv  sort  de  i.-e.  a);  vàmiti  =  lat. 
uomit;  skr.  sarvâtât-  zd  haurvatât-  =  gr.  oXotïjt--,  dlrghatâ  =  \.  si. 
lUïgota;  skr.  sâhu-ris,  gr.  o)(v-pés,  oyj  (en  face  de  ôp^^u-  comme 
Ta;^a  en  face  de  Ta;;^t;s)  ;  etc.  Les  exemples  où  le  timbre  o  est  attesté 
ea  indo-iranien  par  la  forme  de  la  gutturale  sont  particulière- 
ment inte'ressauts  (À'.  Z.,  XXV,  gS),  ainsi  : 

skr.  katarâs,  gr.  'Zffôrepos^  got.  hwapar 
skr.  -haras,  zd  -karô^,  cf.  v.  perse  caiianaîy,  gâtli.  fora/ 
skr.  Art/4  ftfragment:^  (vocalisme  o  de  la  racine  comme  v.  si. 
raka,  got.  staiga,  lat.  toga),  cf.  lit.  skaln,  skeliù 
skr.-kàsati,  lit.  teù,  v.  si.  aor.  kose,  cf.  v.  si.  cesa 
skr.  galati,  pre'sent  en  o  en  regard  de  arc.  SsXXm 
skr.  maghdvan-=zd  mayavan-  (peu  probant). 

Mais  cette  critique  négative  n'entraînera  la  conviction  com- 
plète que  si  toutes  les  longues  indo-iraniennes  admettent  une  expli- 
cation. 

M.  Bechtel  a  déjà  rendu  compte  de  la  longue  des  causatifs  en 
rapprochant  skr.  plâvayati  de  v.  si.  plaviti  et  svàpmjati  de  lat.  sôpirc, 
cf.  aussi  V.  suéd.  sova  (d'après  Noreen,  Abriss,  p.  Zia);  M.  Streit- 
berg  [Idg./orsch.,  III,  386)  fait  au  rapprochement  de  svàpchjati, 
sôpîre  l'objection  que  les  causatifs  latins  ont  une  autre  forme; 
mais  en  réalité  monêre,  docêre ,  fouêre ,  nocêre,  etc.  sont  des  ité- 
ratifs, et  d'autre  part  le  sens  des  dénominatifs  tels  que  ûnire,  im- 
pedire,  saepire  s'explique  seulement  par  l'existence  de  ces  causatifs 
en  -i-  dont  sôpire  est  le  reste  le  plus  clair.  —  Le  germanique  fournit 
aussi  des  traces  de  l'existence  des  causatifs  en  ô  :  v.  h.-a. /uorew, 
skr.  pâràyaù  en  face  defaran  présent  en  o.  —  M.  Delbrûck  a  si- 
gnalé un  fait  d'une  importance  décisive  [Idg./orsch.  IV,  182  et 
suiv.)  :  les  itératifs  indo-iraniens  ont  a  à  la  racine  :  skr.  patâyati, 
mais  les  causatifs  ont  à  :  skr.  pàlàyati.  Ceci  posé,  il  suffit  de  com- 
parer le  slave  pour  reconnaître  que  l'a  de  patâyati  est  un  0  bref 
indo-européen  et  l'a  de  patâyati  un  ô  long.  En  regard  des  ité- 
ratifs voditi,  voziti,  voliti,  goniti,  choditi,  nositi,  oriti,  prositi,  on 
trouve  en  effet  les  causatifs  : 

gasiti,  cf.  lit.  gesù;  il  est  tout  à  fait  arbitraire  d'attribuer  l'a  de 
gasiti  à  l'itératif  -gasati; 

grabiti,  cf.  skr.  grâhayati; 

paliti,  cf.  poléti,  planati,  pepelû  et  lit.  pelenaî; 


'  Le  k-  de  -kara-  est  peu  probant,  parce  que  la  racine  indo-iranienne  Aar- 
ff faire»  tend  à  généraliser  k-  par  opposition  à  car-  trse  niouvoirn  qui  tend  à 
généraliser  c-  :  cf.  skr.  anucaràs  etgr.  i\t<plito)^os ,  lat.  anculus. 


1^-^  A.  MEILLET. 

jiz-baviti,  cf.  skr.  bhàvâyati;  il  n'y  a  pas  de  raison  de  voir  ici  un 
dénominatil"  de  jizbava; 

slaviti,  cf.  skr.  çràvàyati,  zd  sràvaijeiti;  la  longue  du  substantif 
slava,  comme  celle  de  jizbava,  n'a  peut-être  e'te'  conserve'e  que  par 
l'influence  du  causatif; 

plavîti,  cf.  skr.  plâvaijati;  le  sens  «faire  coulera  du  verbe  slave 
ne  permet  pas  d'y  voir  un  dénominatif  de  plavï  ce  bateau  ii; 

valiti,  cf.  skr.  vârâyati  et  arm.  glel  cr  tournent  (de  *gowlel,  issu 
de  *woleye-)\'valki  ne  peut  être  tiré  de  valu  tf  vaguer; 

traviti,  d.Jrova;  peut-être  de  trava;  mais  cf.  ce  qui  a  été  dit  de 
sïava  slaviti; 

kaziti,  cf.  -cezna;  peut-être  dénominatif  de  kaza; 

daviti,  cf.  go  t.  diwan. 

D'autres  exemples  tels  que  vabiti,  vaditi,  variti,  kaditi,  kaniti,  sla- 
viti sont  plus  douteux;  saditi  répond  bien  à  skr.  sâdâyati,  mais  le 
slave  a  généralisé  dans  cetle  racine  le  degré  long  sèd-;  sad-  est  donc 
la  forme  de  degré  long  attendue  en  face  de  sëd-;  cf.  rëza,  -razû; 
lèza,  -lazû,  etc.  Les  prétendus  causatifs  slaves  à  o  radical  sont 
des  dénominatifs  et  ont  par  suite  l'accent  sur  le  suffixe  au  pré- 
sent, tandis  que  les  itératifs  et  causatifs  ont  plutôt  l'accent  sur 
la  présuffîxalc  :  serbe  vodi  =  russe  vôdit,  gcisl  =  russe  gàsit;  mais 
moriti  est  tiré  de  morû  (serbe  morl  =  russe  morit)^  tociti  de  tokû 
(serbe  toci),  loziti  de  -logû  (serbe  lozi),  pojiti  de  -pojî  [serbe  pdji  = 
russe  pojù),  topiti  de  toplâ  (serbe  topi)  cf.  vysiti  de  vysokû.  L'ac- 
centuation sur  -i-  dans  les  infinitifs  tels  que  serbe  nositi=msse 
nosiï  en  face  du  présent  nosi=n6sit  résulte  du  déplacement  du 
ton  de  0  sur  i  d'intonation  rude  ^  (serbe  -îti,  cf.  lit.  -î/fi) ;  c'est  ce 
que  prouve  l'opposition  de  serbe  gâsiti,  gasi;  pâliti,  pîili;  daviti, 
dîivl  oij  ft  a  l'intonation  douce,  et  de  grâbiti,  grâbî;  bàviti;  slaviti; 
plàviti;  valiti;  vaditi  où  a  a  l'intonation  rude.  L'hésitation  du  russe 
entre  l'ancien  gàsit  et  gasû  provient  de  l'influence  de  la  pre- 
mière personne  gasiî  et  de  l'infinitif  gasù' =serhe  gâsiti;  pâlit  en 
face  de  serbe  pah  est  sans  doute  d'après  paljà  et  jya/îV= serbe 
pàliti.  Le  lituanien  n'a  pas  de  causatifs  correspondants,  mais  les 
thèmes  d'itératifs  sont  aussi  paroxytons,  sauf  déplacement  résul- 
tant de  la  loi  de  M.  de  Saussure  :  làuzyti,  làuzo;  daryti,  dâro; 
leurs  participes  présents  ont  l'accent  sur  la  racine  :  duras,  sâkas, 
imânas,  etc.  Les  thèmes  d'itératifs  et  sans  doute  aussi  ceux  de 
causatifs  primaires  étaient  donc  paroxytonés  en  letto-slave. 

'  Voir  P.  Boyer,  De  l'accentuation  du  verbe  russe,  Centenaire  de  l'Ecole  des 
Langues  orientales,  tSgS,  p.  ^56.  —  Note  de  corrcclion. 


VARU.  \àb 

La  confusion  des  itératifs  et  des  causatifs  qui  s"est  produite 
en  germanique  par  e'iimination  du  vocalisme  ô  provient  de  l'iden- 
tité' des  deux  types  dans  les  racines  terminées  par  une  sonanle 
suivie  de  consonne  :  skr,  vartaijati,  v.  si.  vratiti,  got.  -warâjan;  la 
longue  n'a  guère  subsisté  que  dans  quelques  cas  exceptionnels 
où  le  présent  non  causatif  avait  ie  vocalisme  o  de  la  racine  : 


V.  h.-di.fiioren 
got.  goljan 


far  an  (  prêt. /wor) 
V.  isl.  gala  (prêt,  gél) 


et  encore  l'ô  ne  tient-il  pas  essentiellement  au  sens  causatif  et  se 
retrouve-t-il  dans  un  verbe  sûrement  itératif,  v.  h.-a./wo/en  r  tâter, 
sentira,  cf.  lat.  pellô.  —  En  grec  aussi,  les  causatifs  ont  disparu; 
l'exemple  ùdsoj  en  face  du  présent  66o[xai  à  vocalisme  o  est  douteux  : 
mais  le  vocalisme  co  a  subsisté  dans  deux  itératifs  :  iscoXsofjiai  et 
-crAw/^o);  pour  le  suffixe  -i%e-  cf.  KOiiéo)  et  KOfiilco,  tous  deux  ité- 
ratifs de  la  racine  *k\emd-,  cf.  skr.  çamâyâte. 

Les  noms  indo-iraniens  en  -a-  qui  ont  le  degré  -â-  de  la  ra- 
cine ne  peuvent  être  invoqués  en  faveur  de  la  loi  de  M.  Brug- 
mann,  parce  qu'ils  s'opposent  souvent  à  des  mots  tirés  de  la  même 
racine  au  degré  -à-,  présentent  la  plupart  du  temps  un  sens 
particulier  et  sont  oxytoués  alors  même  qu'ils  sont  abstraits  [dâvàs, 
nâdàs,  nàvâs,  vâkâs,  vâsàs,  sâdâs,  sâvds,  etc.);  on  trouve  en 
sanskrit  : 


bhàras  (v.  perse -iara-)  traction 
de  porter n  (cf.  (popos) 

gràhhas  fraction  de  saisira  (cf. 
lette  grahas) 

taras   traction   de    passer»    (cf. 

TOpO?) 

bhàgas  trfait  d'avoir  une  bonne 
part,fl  (cf.  V.  si.  u-bogu) 

nâj/rts  tr conduites 

sâhas  fraction  de  vaincre w  (cf. 

vàhas  rt  ce  qui  sert  à  tirer  le  cbar -o 

(cf.  0)(^05,  V.  si.  vozû) 
svanâs  trson-o  (cf.  v.  si.  zvonû) 
suçâkas 

dharûnahvaras ,  hvalà 
-çraya- 
prabhavàs 
gantas  tr  marche tî,  samgamàs 

vin,  LING.  IX. 


bhârâs  (pers.  bâr)  rr fardeau» 

gràbhâs     tr poignée,    celui    qui 

saisit»  (cf.  lit.  grobê) 
taras  rrce  qui  passe»  (cf.  Topô? 

au  lieu  de  *Twpo5) 
bhâgas  rrpart»   (accent  d'après 

bhàgas;  pour  la  longue  cf.  v. 

h.-a.  bruoh,  ags.  brôk) 
nâyâs  rr conducteur» 
sâhâs  rr  vainqueur» 

vàhàs  tr  animal  de  trait»  (cf.  lit. 

pravoia) 
svânàs  rc  bruyant  »  (cf.  lat. persOna  ) 
çâkâs  tr  fort» 
hvârâs  rr  serpent» 
çrâyâs  tr  pourvu  de» 
bhàvàs  trétat»  (cf.  v.  s\.  jizbava) 
zd  gâmô  rrpas»  (cf.  gr.  /Sw/i/os) 


JO 

IMtftlMftUB    KATIUVALB. 


1^6  A.  MEILLET. 

amâras,    pehlvi   mar  (cf.   v.  si.    Màras,  pehlvi  pers.  màr  rrser- 

morii,  lit.  màras)  pentw 

praghasas  ghâsàs  tf pâture,  fourrageai. 

Les  mots  de  la  colonne  de  gauche  répondent  pour  la  forme, 
pour  le  sens  et  pour  l'accent  au  type  grec  Xoyos,  ttIoxos,  tokos,  etc.  ; 
ceux  de  la  seconde  rappellent  plutôt  v.  si.  nagû  (fe'rainin  serbe 
7iàga  =  russe  nagâ,  neutre  serbe  nâgo;  russe  7iâgo  avec  de'place- 
ment  d'accent)  =  lit.  nïïgas,  v.  si.  malû  (cf.  gr.  (xôoXvs),  lit.  romùs 
(cf.  skr.  rûmâs),  gr.  x.co(pés  (cf.  lat.  hebes),  yoSkà?^  crjiôjXos,  kw^los 
cr banquet  religieux )5  (cf.  skr.  faml),  yjopo?  X^P^  (^^-  ^^'''  hàrati 
tf  il  prends,  haras  tf  collier  de  perles i?,  lit.  iefti  ttscharrenw),  c'est- 
à-dire  des  adjectifs  et  des  noms  d'objets  ou  d'agents;  cf.  du 
reste  : 

V.  si.    godû   tf  moment    conve-  got.  gods  tfbonw 

nable^i  (génit.  russe  goda) 

V.  h. -a.  grab  v.  h.-a.  gruoba 

V.  si. -wn<(cf.  letteafwrtrstf  tour-  russe    var    fteau    bouillante  ^i, 

nant  d'eau 75)  povar  tt cuisiniers,  lette  wârs 

tf  soupe  77 

skr.  çràvas  tt  action  d'entendrew  v.  si.  slava  ttgloireii  (collectif  de 

*kjôw6-) 

lat.  modas  (cf.  gâth.  mada-)  v.  isl.  mât  tr forme,  manière -o 

gr.  (26Xo5  ^dkrj  ^Y.  ^ôûXos  tr  motte  de  terre  -n 

gr.  Xôyos  V.  h.-a.  luog  tt  tanières 

V.  si.  stogû,  V.  isl.  pak  lit.  stôgas  tt  toits 

gr.  <7op6s  gr.  cTwpôç  tramas  s 

zd  hunara-  lit.  nôras  tt  volonté  -n 

gr.  tsôQos  lit.  godas  ft  désir  r, 

V.  h.-a.  lam  lette  làms,  lit.  loma 

^r.  (ppoupÔ5,(ppovpd,  got.  wars,  gr.  (ScÔpoi'  bÇ)6aXfxoi\  âpâ,  zd 

V.  b,-a.  wara  hàrô  tt  maîtres; 

D'autres  longues  indo-iraniennes  peuvent  rentrer  dans  la  série 
des  longues  de  deuxièmes  termes  de  composés  signalées  par 
M.  F.  de  Saussure  [Mém.  Soc.  ling.,  VII,  80,  n.)  :  skr.  supârâs,  cf. 
TaXotiTTôûpos —  dîmàças,  cf.  lit.  smiofiai  —  nidâghâs  (pers.  dày), 
cf.  v.  si.  jizgaga  —  vivâhàs,  cf.  lit.  jvoda.  —  La  longue  de  skr. 
dvâram  tt  portes  est  empruntée  à  dvâr-,  et  c'est  zd  dvara-,  v.  pers. 
duvara-  qui  répondent  à  v.  si.  dvorû,  \i\t.  forum.  —  La  longue  de 
certains  thèmes  en  -i-  skr.  grâhis,  dhrâjis,  râjîs,  v.  pers.  bâjis 
répond  à  celle  de  v.  si.  tvarï,  udarï,  rrcï,  zalï,  non  à  l'ô  de  Tpo^ts, 
TpoTvis,  lat.  scobis;  cf.  aussi  gr.  xpir^is,  Sfipis.  — L'a  de  skr.  chàyâ, 
pehlvi  sâyak  est  un  ancien  é,  comme  l'attestent  skr.  ch-,  iran.  s-; 
cf.  v.  si.  veja  en  face  de  skr.  vayà  tt  branche  s.  —  D'une  manière 


VARIA.  \àl 

générale  Tindo-iranien,  qui  a  perdu  la  distinction  des  timbres  e 
eto,  si  importante  dans  la  flexion  indo-européenne,  a  conservé 
et  développé  les  oppositions  quantitatives,  loin  de  tendre  à  les 
éliminer  comme  le  grec. 

M.  Streitberg  attribue  une  grande  valeur  kjânu,  yôvv  et  dâru, 
Sopv.  Mais  Tarm.  cownr  cr genou w  suppose  ô  et  non  ô;  de  plus, 
les  neutres  anomaux  de  ce  genre  ont  possédé  au  nominatif  une 
voyelle  longue  dont  il  reste  de  nombreuses  traces  tantôt  dans  une 
langue,  tantôt  dans  une  autre  :  l'ë  de  Jj-Trap,  elotp  ne  se  retrouve 
pas  dans  skr.  yàkrt,  âsi'k;Yô  de  skr.  ntima,  lat.  nômen,  ann.  anown 
s'oppose  à  \ô  de  got,  namo,  gr.  ovojua;  mais  le  grec  connaît  Sôûyia; 
il  y  a  hésitation  à  Tintérieur  même  de  Tindo-iranien  :  skr.  vâri, 
mais  zd  vairi-;  skr.  yàhrl,  mais  zd  yàkara.  La  longue  àejdnu,  ddru, 
sânu,  etc.  est  donc  dénuée  de  toute  valeur  probante  (cf.  K.  Z., 
XXV,  9  3). 

L'a  de  skr.  bhâràmas{i)  représente  une  ancienne  brève,  cL  (pé- 
pofxes',  mais  le  fait  n'est  pas  phonétique  comme  le  montre  la  com- 
paraison de  hhàramânas,  gr.  (pep6(xevo5,  v.  si.  nesomii,  lat.  1er- 
tumnus.  On  notera  que  Ta  du  suffixe  skr.  -màna-  est  imité  de  celui 
de  -âna- (=arm.  -oivn)  des  verbes  athématiques.  L'analogie  de  la 
première  personne  bhàràmi  en  face  de  bhàrasi  a  pu  conduire  à 
opposer  bhàrâmas  à  bhàratha.  Le  succès  de  cette  formule  analogique 
a  été  déterminé  par  le  fait  que,  l'indo-iranien  distinguant  -a, 
issu  de  i.-e.  e,  et  a,  issu  de  i.-e.  o  [Mém.  Soc.  ling.,  VIII,  286), 
on  avait  :  *-âmi,  *-yasi,  *-^ati,  *-amas,*-yathya,*-anti  :  les  formes 
où  a  non  précédé  de  y  se  trouvait  en  syllabe  ouverte  ont  été  rap- 
prochées. Ce  n'est  donc  pas  par  hasard  que  l'indo-iranien  a  un  à 
répondant  à  i.-e.  0.  La  même  raison  phonétique  a  provoqué  l'ex- 
tension de  à  dans  les  temps  secondaires  et  au  moyen,  grâce 
peut-être  à  l'identité  de  l'injonctif  et  du  subjonctif  bhârcmia.  Il  y 
faut  joindre  une  raison  rythmique  :  à  en  juger  par  la  métrique  vé- 
dique, le  rythme  de  l'indo-iranien  était  iambique;  or  *bhàrà- 
màsi,  *bhàràmàdhai  et  *[d)bhuràma,  *{a)bhàràmàdhi  présentaient  des 
successions  de  brèves  que  l'introduction  de  la  longue  de  *bha- 
râmi  avait  l'avantage  d'éliminer;  cf.  àjîjanat,  àbuhudhat  en  face  de 
àçiçvitat,  acucyavlt;  voir  Oldenberg,  Die  hymnen,  p.  898  et  suiv. 
Mais  un  point  de  départ  analogique  est  indispensable,  et,  là  oiî 
il  fait  défaut,  c'est  à  qui  répond  à  i.-e.  0,  ainsi  à  l'optatif  zend 
3''  pers.  plur.  act.  -ayan,  i^sing.  moy.  -aya. 

La  même  différence  de  a  et  ■«  explique  l'extension  de  l'a  de 
svdsfi  (cf.  lat.  soror,  arm.  Ihoyr,  lit.  sesn)  à  l'accusatif  svàsâram 
(ancien  *sivésorn),  par  opposition  au  'a  de  svàsari  (ancien  'siveseri, 
cf.  lit.  seseryjè);  çvânam  doit  son  â  à  çvâ  [cïAït. I^â , gr. kvcov,  arm. 
soivn);  usdsam  à  usas  (cf.  gr.  rjcios,  lat.  aurôra),  etc.  Cette  raison  pho- 
nétique de  l'extension  de  la  longue  du  nominatif  manquait  là  oiî 


1A8  A.  MEILLET. 

le  vocalisme  est  e  :  pkàmm  ('sraTspa),  vfsanam  [dpaevot),  -çravasam 
{-xXsFéa),  etc.  ont  doue  conservé  leur  à  et  la  brève  du  ge'nitifzd 
vacô  (cf.  bnos)  en  face  de  vâ^s  =  lat.  uôx  suppose  un  thème  *wek-, 
de  tout  point  comparable  à  lat.  ped-  en  regard  de  gr.  ttoS-.  La 
re'partition  des  longues  et  des  brèves  en  sanskrit  de'pend  ici 
du  timbre  des  voyelles  indo-europe'ennes,  comme  Ta  bien  montré 
M.  Streitberg,  Idg.  forsch.  III,  36 1  et  suiv.,  mais  ne  favorise 
pas  ne'anmoins  Tliypothèse  de  M.  Brugmann.  Car  on  ne  trouve 
que  à  pour  repre'senler  i.-e.  ô  là  oij  aucune  action  analogique  n'est 
intervenue  :  ge'nit.  duel  skr.  tâyos  =  v.  si.  toju;  skr.  kadâ,  gâth. 
hadâ,  cf.  lit.  kadà,  got.  hwan,  gr.  -nrore. 

Il  reste  à  résoudre  une  grosse  difficulté  :  skr.  jajâna,  gr.  ys- 
yove.  Après  les  observations  qui  précèdent,  on  ne  saurait  y  voir 
une  identité  phonétique.  La  quantité  étant  le  seul  élément  qui  dis- 
tingue jajàna  yéyova  de  jajâna  ysyove,  il  eût  suffi  au  sanskrit 
d'un  point  de  départ  très  étroit  pour  généraliser  une  différence 
qui  permettait  de  caractériser  les  deux  personnes;  mais  ce  point 
de  départ  n'est  pas  connu.  Toutefois  le  grec  fournit  quelques  exem- 
ples de  ô  :  yéyœve,  eïwQe  (cf.  'édojv^  edos;  skr.  svadliâ,  got.  sidus). 
D'autre  part,  la  brève  de  yéyove  ne  prouve  pas  que  la  longue 
de  jajâna  ne  soit  pas  ancienne  (cf.  ces  Mémoires,  VIII,  2/i5);  car 
cette  brève  peut  être  due  à  l'influence  de  yéyovct,  d'après  l'iden- 
tité du  vocalisme  de  'XéXonra,  XéXonrs  et  de  sppcoya.,  êppojye',  et, 
en  vertu  de  la  constance  des  actions  analogiques,  si  la  substitu- 
tion de  0  à  w  à  la  S'' personne  s'est  produite  dans  un  cas  unique- 
ment en  vertu  de  causes  générales,  elle  s'est  produite  dans  tous, 
sauf  circonstances  particulières  :  opposition  de  yéycovs  et  yéyove, 
isolément  de  sïtJoOe.  D'ailleurs,  le  grec  tend  en  général  à  éliminer 
le  degré  long  des  racines  :  si  le  slave  manquait  pour  l'aoriste  sigma- 
tique  comme  il  manque  pour  le  parfait,  la  longue  de  avàf.  (cf. 
v.  si.  vc'sû)  ne  serait  pas  moins  isolée  que  ne  l'est  celle  de  uvâlia. 
L'opposition  de  la  brève  et  de  la  longue  de  la  i*^®  et  de  la  3^  per- 
sonne du  parfait  est  si  peu  stable  que,  même  en  sanskrit  et  en 
zend,  elle  n'est  régulièrement  conservée  que  dans  les  textes  védiques 
et  gâthiques.  Il  n'y  a  donc  pas  de  chance  d'en  trouver  de  traces 
dans  des  langues  o\j  tout  le  système  des  formes  a  été  transformé, 
comme  le  germanique  ou  l'irlandais;  le  latin  est  hors  de  cause, 
puisqu'il  n'a  conservé  au  parfait  que  les  formes  moyennes  à  voca- 
lisme radical  sans  e  ni  o.  Quoi  qu'il  en  soit,  jajâna  yéyove  ne 
prouve  pas  plus  en  faveur  du  traitement  à  que  jàjana  yéyova.  en 
faveur  du  traitement  à;  en  effet,  si  la  seconde  supposition  oblige 
à  admettre  une  3^  personne  indo-européenne  *giCgiône  (ou  *gie- 
g^ène?)  qui  n'est  pas  démontrée  par  ailleurs,  l'hypothèse  de  à 
oblige  à  poser  une  première  personne  à  vocalisme  radical  e  qui 
est  au  moins  aussi  gratuite.  Une  méthode  rigoureuse  ne  permet 


VARIA.  1/19 

d'utiliser  ces  formes  en  aucun  sens  et  Ton  doit  conclure  qu'au- 
cune des  preuves  alle'guées  en  faveur  du  traitement  à  de  i.-e.  ô  ne 
re'siste  à  une  critique  exacte. 


V.  —  Position  dialectale  de  Tarme'nien. 

La  conservation  ou  le  changement  des  articulations  et  des  as- 
sociations grammaticales  que  la  grammaire  historique  étudie  et 
exprime  par  les  lois  phone'tiques  et  les  formules  analogiques 
s'opèrent  dans  le  village  d'une  manière  inde'pendante  chez  chacun 
des  enfants  qui  apprend  à  parler,  et,  à  l'inte'rieur  d'un  groupe 
linguistique  e'tendu,  dans  chacun  des  dialectes  isole'ment.  Il 
résulte  de  là  deux  conséquences  bien  connues  :  i°  les  limites 
d'action  de  deux  lois  ou  de  deux  formules  ne  coïncident  pas; 
2°  un  même  changement  se  fait  à  des  dates  différentes  suivant 
les  dialectes.  Il  y  a  donc  lieu  de  rechercher  dans  quelle  mesure 
les  particularités  phonétiques  ou  morphologiques  des  diverses 
langues  indo-européennes  coïncident  avec  celles  des  langues  voi- 
sines pour  déterminer  ce  qui  peut  remonter  à  des  tendances  dia- 
lectales indo-européennes,  et  parla  même  quelles  sont  les  affinités 
de  chacune  avec  celles  qui  sont  géographiquement  le  plus  rap- 
prochées. 

Cette  détermination  est  spécialement  difficile  dans  les  langues 
qui  ont  subi  des  altérations  profondes,  comme  l'arménien,  parce 
qu'on  court  le  risque  de  reporter  à  la  période  indo-européenne 
ou  du  moins  à  des  tendances  anciennes  des  faits  récents.  Si  la 
transformation  de  arm.  y-  initial  en  h-  était  un  peu  plus  ancienne 
qu'elle  ne  l'est,  on  serait  tenté  par  exemple  de  la  rapprocher  du 
fait  correspondant  du  grec.  Il  importe  donc  de  s'en  tenir  aux 
divergences  communes  à  plusieurs  langues  indo-européennes,  et 
l'on  en  trouve  assez  pour  établir  avec  précision  que  la  situation  dia- 
lectale de  l'arménien  est  intermédiaire  entre  l'indo-iranieu,  le 
lelto-slave  et  le  grec. 

On  négligera  en  général  les  coïncidences  de  vocabulaire 
comme  ne  fournissant  pas  de  preuves  certaines;  on  ne  saurait 
rien  conclure,  par  exemple,  de  la  répartition  de  skr.  pràîi,  v.  si. 
protivû,  ion.  'SpoTi  et  Tupos  (de  ^-crpoT?)  et  iran.  pati,  lit.  pas  (de 
*pats;  à  séparer  ào pâskiii),  dor.  ^ssoti  et  arc.  'zsos  (de  *'croT?).  Il 
convient  néanmoins  de  rappeler  que  l'arménien  possède  certains 
termes  importants  qui  ne  sont  pas  ou  ne  sont  plus  connus  de 
l'indo-iranien  :  arawr=]a[.  arâtnim;  «X,  cf.  v.  si.  soli;  a\t  ffsel, 
saline i',  cf.  got.  sait.  D'autre  part,  si  les  rapprochements  avec  le 
letto-slave  étaient  recherchés  aussi  méthodiquement  que  l'ont  été 
ceux  avec  le  grec  et  l'indo-iranien,  leur  nombre  serait  aisémen' 


1:60  A.  MEILLET. 

accru,  ainsi  arm.  bowth  fcémousséii,  cf.  lit.  bttîcùs;  arm.  der  «  en- 
core w,  cf.  lit.  dàr;  kornçim  rrje- péris ",  cf.  v.  si.  gorjtjï ['l) \  dn- 
klnowm  tfje  m'enfonce w,  aor.  an-klay,  cf.  lit.  gllùs,  gelme;  erk- 
ayn,  erlc-ar  (dongn,  cf.  peut-être  lit.  efdvas;  gakt  t'en  secret w, 
goX  fc  voleur,  xXéTrrrjsv  (cf.  indo-iran.  tâyu-,  v.  si.  tatï;  "krjcrlrj?  est 
traduit  ])av  awazah),  cf.  lette  ivilt  «tromperie;  art  rr dehors '5  lo- 
catif de  art  ff  champ  17  (avec  t  énigmatique  au  lieu  de  c,  cf.  àypSs) 
comme  lit.  laiikè  locatif  de  laukas;  hardam  tfje  crien,  cf.  v.  pruss. 
gerdaut  cf  dire  r>  ;  le  thème  gorti-  k  grenouille  n  (instr.  gortiw  psaume 
77,  /i5)  répond  à  lette  warde  même  pour  l'ê  final;  il  est  donc 
légitime  de  conclure  que  le  vocabulaire  ne  fournit  pas  de  raisons 
de  rapprocher  Tarménien  de  i'indo-iranien  et  du  grec  plutôt 
que  du  letto-slave. 

Le  traitement  des  gutturales  est  trop  connu  pour  devoir  être 
rappelé  [Mém.  Soc.  ling.  VIII,  298).  La  voyelle  0,  qui  tend  à 
devenir  plus  ouverte  et  à  se  confondre  avec  a  en  indo-iranien, 
letto-slave  et  germanique  et  qui  subsiste  bien  distincte  en  grec  et 
en  italo-celtique,  garde  son  timbre  0  en  arménien  dans  certains 
cas  définis  et  devient  a  dans  les  autres,  tandis  que  ô  reste  tou- 
jours dilïerent  de  à;  la  confusion  de  0  et  a,  qui  résulte  d'une 
tendance  ancienne,  n'est  arrivée  à  son  terme  que  dans  le  dévelop- 
pement particulier  de  chaque  langue;  elle  n'a  pu  aboutir  pour  ô 
et  à ,  parce  que  les  voyelles  longues  avaient  pris  en  arménien  une 
prononciation  fermée  qui  a  transformé  ê  en  i  et  ô  en  u;  en  litua- 
nien ô  n'est  resté  distinct  de  à  qu'autant  qu'il  n'est  pas  en  ablaut 
avec  e,  ê,  a  :  on  a  donc  stôgas,  stegiu  avec  0  comme  jôti,  mais  diïti; 
une  trace  de  la  distinction  de  0  et  a  en  lituanien  paraît  se  trouver 
dans  venas  (cf.  oïvtj)  avec  v-  (cf.  déjà  à  ce  sujet  G.  Mahfow,  Die 
hngen  vocale  â  ë  ô,  p.  9)  en  face  de  éfikau  (cf.  arm.  ayc)  et 
ëfimas  (cf.  gr.  (xi)(^(xtf) ;  cf.  vâfias  (lat.  uncus)  en  face  de  asà  (iat. 
ansa).  L'opposition  letto-slave,  germanique  et  italo-celtique  du 
perfectif  et  de  l'imperfectif  ne  semble  pas  apparaître  en  armé- 
nien, où  les  préfixes  verbaux  sont  rares,  presque  exceptionnels; 
mais  on  y  trouve  en  revanche  une  opposition  du  présent  et  de 
l'aoriste  qui  rappelle  beaucoup  celle  de  l'indo-iranien  et  du  grec 
(cf.  l'impératif  présent  mi  berer  v yLrj  (pépe-n  et  l'impératif  aoriste 
ber  ffsvsyxen).  L'augment  a  en  arménien  un  rôle  délerminé  par 
une  circonstance  phonétique,  ce  qui  permet  de  conclure  à  l'exis- 
tence antérieure  d'un  emploi  libre  comparable  à  celui  du  même 
préfixe  en  indo-iranien  et  en  grec  homérique.  Le  parfait  est 
remplacé  comme  en  slave  par  un  participe  en  -la-  avec  le  verbe 
ccêtrei^;  les  noms  d'agents  ont  une  forme  en  -/-  [cnawXkh  cf  pa- 
rentes w,  où  -awX-  repos  esur  -âtl-),  cf.  v.  si.  -tel-  en  face  de  *-ter- 
supposé  par  le  grec  et  le  latin,  l'indo-iranien  ne  permettant  pas  de 


TARI  A.  151 

décision^.  Un  i.-e.  9  en  première  syllabe  devient  a  (hayr)  comme 
en  grec,  italo-cellique  et  germanique,  tandis  qu'il  devient  i  en 
indo-iranien  et  ietto-slave;mais  la  même  voyelle  tombe  en  seconde 
syllabe  comme  en  iranien,  en  lelto-slave  et  en  germanique 
(arm.  dowstr,  gàtb.  diigadâ,  v.  si.  dûsti,  lit.  duhté,  got.  dauhtar),  tan- 
dis qu'elle  subsiste  en  sanskrit,  en  grec  et  en  italo-celtique  (skr. 
duhità,  gr.  B-vyctTvp)- 

Le  traitement  de  s  pre'sente  un  intérêt  tout  particulier.  An 
commencement  de  la  syllabe,  s  devient  /*  en  arme'nien  de  même 
qu'en  iranien  et  en  grec  (le  même  passage  en  celtique  fait  partie 
d'un  ensemble  de  phe'nomènes  proprement  celtiques  et  ne  doit 
pas  être  cité  ici,  comme  l'a  fait  M.  Hirt,  Idg.forsch.,  IV,  kk);  le 
passage  de  s  as,  qui  a  lieu  en  indo-iranien  et  en  slave  après  r  et 
aussi  après  k,  i  et  u,  ne  se  trouve  eu  arménien  qu'après  r;  on  a 
donc  now  comme  vv6s  en  face  de  skr.  snusâ,  v.  si.  snûcha;  lovcay, 
cf.  lit.  klaiisaù;  nist,  skr.  tûîàs;  mais  après  r  on  a  s  (cf.  de  même 
s  dans  lit.  virfiùs,  v.  si.  vriïchû)  :  garkl  (cf.  \\\.  garfius  [?]),  kharsel 
[Mém.  Soc.  ling.,  VIII,  280).  Cette  loi  phonétique  de  l'arménien 
ne  permet  pas  de  maintenir  le  rapprochement  de  arm.  ayr  « uirw 
et  zd  arsan-  ffmàlew;  rien  n'empêche  du  reste  d'identifier  ayr  à 
àvifp  comme  hayr  à  TSaTrlp  et  axvr  ajoura  à  *âmôr;  le  génitif  ar/i 
peut  sortir  de  *anr''l„s  (gr.  àvSpôs)  comme  khirtn  de  *swidr-;  de 
même  le  datif-locatif  arn  de  ^anrai  ou  *anri,  etc.;  l'instrumental 
aramb,  le  génitif-datif  pluriel  ara/iç  sont  simplement  imités  du 
type  à  nasale  gain  r  agneau  w;  l'accusatif  pluriel  ars  reproduit 
*anr)js,  et  le  nominatif  pluriel  arkh  en  est  tiré  :  cf.  harkh,  hars; 
kltorkh,  khors.  —  Au  point  de  vue  des  parentés  dialectales,  il  n'est 
pas  sans  intérêt  de  noter  que  l'arménien  a  le  même  mot  que  le 
grec  et  sous  la  même  forme  (avec  la  prothèse  a-),  tandis  que 
le  lituanien,  le  germanique  et  le  celtique  expriment  la  même 
idée  par  un  autre  terme,  lit.  vyras,  got.  wairs,y.  irl./er,  et  que 
le  sanskrit  a  les  deux  :  nàr-  et  vlrâ-,  de  même  que  l'italique.  Pour 
l'idée  générale  de  ^bommen,  l'arménien  s'accorde  aussi  avec  le 
grec  et  lindo-iranien  :  l'homme  est  le  tr mortels  par  opposition 
aux  dieux  ff immortelsi?  :  skr.  màrtas,  pers.  mard,  arm.  mard 
(serait  *j«arf,  s'il  était  emprunté),  gr.  (Spores;  les  autres  langues 
généralisent  au  contraire  Tépithète  de  tr  terrestre  15  par  opposition 
aux  dieux  r  célestes ^5  :  lit.  zmogùs,  got.  guma,  lat.  homo.  — 
Pour  Va-  prothétique  de  ayr,  cf.  ayçanem  d'accord  avec  v.  si. 
jiska,  lit.  éfkau,  v.  h. -a.  eiskôn  contre  skr.  ichàd,  zd  isaiti. 

Le  traitement  du  groupe  intérieur  i.-e  -ivy-  est  remarquable; 
dans  une  partie  des  langues  le  u;  devient  le  second  élément  d'une 

'  On  sait  que  les  noms  crinstriimcnls  en  *-tlo-  qui  sont  sûrement  indo-euro- 
péens mettenl  iiors  de  doute  le  caractère  ancien  du  sullixe  -tel-. 


152  A.  MEILLET. 

diphtongue,  tandis  que  dans  les  autres  w  reste  consonne  explosive; 
cf.  skr.  nâvyas,  gaul.  novio-,  mais  lit.  naûjas,  got.  niiijis  etskr.  sa- 
vyàs,  mais  zd  haoya-,  v.  si.  sujï;  l'arménien  est  ici  d'accord  avec 
le  sanskrit  et  le  grec  :  kogi  tfljeurrei^  repose  sur  *gow]io-  avec  w 
consonne,  comme  ûx. gàvxja-  etgr.  -(3oio-  (c'esî-à-dire  *-(3oFyo-); 
ogi  (et  hogi)  tr  souffle,  esprit»  sort  sans  doute  de  *owyo-,  et",  gr. 
avpâ,  oCpos,  âFskXa..  —  Cette  différence  dialectale  repose  au 
fond  sur  un  détail  d'articulation  très  mince;  on  sait  qu'à  l'in- 
térieur du  mot,  après  un  élément  bref,  une  jconsonne  placée 
devant  une  sonante  se  prononçait  double  en  indo-européen;  on 
avait  donc  *-ow-"'yo-  et  non  *-ow-yo-;  le  sanskrit  divyà-  était  div^ya- 
et  donne  pâli  dibba-.  Le  groupe  *-ow'^yo-  posait  un  problème; 
en  effet  un  w  terminant  une  syllabe  forme  en  principe  diphtongue 
avec  la  voyelle  précédente,  mais  alors,  le  w  implosif  disparaissant 
en  tant  que  w  consonne,  le  w  explosif  tombait  par  là  même  : 
de  là  *-ouyo-  en  iranien,  letto- slave  et  germanique;  les  autres 
dialectes  ont  conservé  la  valeur  w  au  w  implosif  final  de  syllabe, 
et  l'explosion  suivante  a  pu  subsister  :  c'est  ce  qui  s'est  passé  en 
indien,  arménien,  grec  et  italo-celtique. 

Il  existe  en  arménien  moderne  un  accent  secondaire  sur  l'ini- 
tiale, en  dehors  de  l'accent  principal  sur  la  syllabe  finale  du  mot. 
Cet  accent  est  fort  ancien;  en  effet  :  i°  Dans  les  dialectes  modernes 
toute  voyelle  en  syllabe  intérieure  est  tombée  :  arm.  mod.  tesnel 
de  tesanel,  etc.;  cette  loi  est  commune  à  tous  les  dialectes.  Une 
preuve  curieuse  de  son  caractère  ancien  ressort  du  fait  suivant  : 
le  mot  Astowac  ff  Dieu»  fait  au  génitif  singulier  Astowcoy,  contre  la 
règle  générale,  puisque  seuls  i  et  u  tombent  en  arménien  ancien 
dans  les  syllabes  qui  précèdent  l'accent,  mais  non  e,  o,  a;  en 
fait,  Astowac  et  Astowcoy  sont  toujours  écrits  en  abrégé  dans  les 
anciens  manuscrits  :  «/S-,  ui^y.,  le  génûii  *Astowacoy  n'étant  pas 
protégé  par  l'orthographe  a  subi  l'action  de  la  loi  phonétique  ré- 
cente; au  contraire,  le  génitif  pluriel  astowacoç  désignant  les  frfaux 
dieux  15  est  écrit  en  toutes  lettres;  aussi  son  a  intérieur  n'est-il  pas 
tombé.  —  2"  A  l'initiale,  i  et  ow  terminant  la  syllabe  subsistent, 
comme  l'a  montré  M.  Bartholomae  :  imê,  owtem;  cette  particula- 
rité semble  indiquer  l'existence  de  l'accent  sur  l'initiale  déjà  en 
ancien  arménien;  mais,  comme  la  chute  de  i\  ow  et  l'altération 
de  ë,  oy,  ea  se  produisent  du  reste  même  en  première  syllabe,  il 
est  clair  que  cet  accent  secondaire  n'avait  pas  encore  en  ancien 
arménien  l'importance  qu'il  a  acquise  plus  tard  ;  il  est  en  voie 
de  développement;  et  par  suite  on  n'a  pas  le  droit  de  le  rapprocher 
de  l'accent  d'intensité  sur  l'initiale  du  germanique,  de  l'irlandais 
et  de  l'italique. 

Une  s  initiale  a  été  assimilée  au  ^j  intérieur  devenu  une  sif- 
flante dans  arm.  shesowr,  cf.  skr.  çvarrûs'et  Vit.  fiefiuras;  la  même 


VARIA.  153 

assimilation  paraît  s'être  produite  dans  shajiim  (^sHsmihn)  rje 
commence*^,  skizbn  r commencement-,  qui  doit  être  rapproché 
de  gr.  t>cù),  ixdvo),  îxvéo[iOLi  (sans  F),  v.  irl.  rosiacht  ril  a  atteint-? 
et  skr.  viçàti,  qui  supposent  la  racine  *siveik\-,  atteste'e  par  arm. 
*skis-.  Le  zd  hvasura-monire  que  le  passage  de  *sv-  à  hv-  est  anté- 
rieur à  l'action  de  cette  loi,  qui  se  trouve  par  suite  n'être  pas 
représentée  en  iranien. 

Les  masculins  en  -à-  du  slave  (sluga),  du  grec  ('SîaiSoTpiër]?, 
opviOoOrjpôis)  et  du  latin  [indigena,  incola,  auriga)  reproduisent 
sans  doute  un  type  indo-européen  e'iiminé  d'ailleurs  parce  que 
la  forme  en-â-étaitspe'cifiquementfe'minine;le  type  des  masculins 
en  -î-  ne  s'est  conservé  en  dehors  du  slave  (sgdiji)  qu'en  sanskrit 
d'une  manière  isolée  :  rathïs.  La  conservation  de  ce  type  en  -â- 
en  arménien  n'a  donc  rien  de  bien  probant  au  point  de  vue  des 
affinités  de  dialectes;  encore  convient-il  de  noter  que  son  emploi 
pour  former  des  noms  d'agents  est  remarquablement  pareil  aux 
emplois  grecs  et  latins  :  an-ker  "compagnons,  gén.  dnheri,  instr. 
ankeraiv  —  thag-a-ivor  "porteur  de  couronne,  roii,  gén.  -wori, 
instr.  -woraw  [-wor  n'est  donc  pas  identique  à  -Çopos  )  —  an- 
g-ëf  r  ignorant 75,  gén.  an-giti.  instr.  an-gitaw,  etc.  Ces  mots  sont 
pour  la  plupart  de  création  récente,  et  même  beaucoup  ont  été 
formés  sur  l'aoriste  en  -aç-  des  verbes  en  -a-;  d'après  and-hat, 
cf.  l'aoriste  ehat  —  srt-a-bek,  cf.  ehek  —  amen-a-kaJ ,  cf.  kalaw 
—  inkhn-a-boys ,  cf.  bowsaw  (cf.  gr.  isé(pvKa1)  —  etc.  on  a  formé 
tnkhi-a-kaç  sur  ekaç  aoriste  de  kal  —  an-moraç  sur  moraçaw 
aoriste  de  moi-anal  —  kam-a-gnaç  sur  gnaç  aoriste  de  gnal  —  etc. 
Ces  mêmes  verbes  tirent  leur  participe  passé  de  Taoriste  en  ç  : 
kaçeal,  movaçeal.  gnaçeal ,  à  la  différence  de  ceux  en  e,  par  exemple 
gorcel,  gocceaç ,  participe  ^orcefl/. 

La  sourde  aspirée  i.-e.  kh  est  en  arménien  une  spirante  comme 
en  slave  :  arm.  x  et  v.  si.  ch  sont  deux  transcriptions  différentes 
du  même  phonème.  Le  v.  si.  chosta,  chûtèti  r:  vouloir r?,  et  le  pol. 
chec  ff désir "n  rappellent  arm.  xind  -joien,  xnd^l  rse  réjouira, 
xndir  r question ~,  xfl/i^f  ^sentiment  vif  et  violent-?  (cf.  Pedersen, 
Idg.forsch.  \ ,  5o). 

En  somme,  l'arménien  est  fort  éloigné  du  germanique  presque 
à  tous  les  points  de  vue  indiqués;  il  faut  encore  ajouter  que  son 
instrumental  repose  sur  une  forme  en -6A- comme  celui  de  l'indo- 
iranien  et  du  grec  et  non  sur  une  forme  en  -m-,  comme  celui  du 
letlo-sla\c  et  du  germanique  —  et  de  plus  que  les  dizaines  sont 
exprimées  par  -sown  qui  répond  au  gr.  -xovry.  et  non  par  le 
nom  de  nombre  -dixn  lui-même  comme  en  letto-slave  et  en  ger- 
manique. Le  parallélisme  de  la  laiitverschiebung  germanique  et  de 
celle  de  l'arménien  est  fortuit;  car,  si  la  confusion  des  sonores  et 
des  ff  sonores  aspirées r>  ne  s'est  pas  produite  en  arménien  et  en 


154  A.  MEILLET. 

germanique  comme  en  iranien,  en  lelto-slave  et  en  celtique,  c'est 
que  les  sonores  simples  'avaient  perdu  leur  sonorité  :  kin  a  l'emme  v , 
V.  si.  zena  —  tew  «  durée  t^,  cf.  dor.  Soàv,  lat.  dîidum,  dîtrâre,  v.  si. 
davè  (Meillet,  Revue  bourguignonne,  1896,  p.  933  et  Ostholf ,  Wg-. 
forsch.  V,  280)  —  siêp  rc presse,  hâtew,  cf.  crlsî^co  (pour  le  déve- 
loppement du  sens,  voir  Bugge,  K.  Z.,  XXXII,  61).  Ces  sourdes 
nouvelles  se  seraient  confondues  avec  les  anciennes,  si  celles-ci 
n'étaient  devenues  en  germanique  des  spirantes,  en  arménien 
des  aspii'ées  :  p  est  représenté  par  arm.  ph  et  h,  k  par  kh  et  h  et 
t  par  f/t^ Toute  la  ressemblance  du  germanique  et  de  l'arménien 
à  ce  point  de  vue  se  réduit  ainsi  au  seul  fait  de  la  perte  de  la 
sonorité  de  b,  d,  g^,  gc,\  caria  persistance  de  la  distinction  de  g 
et  de  gh,  etc.  est  une  simple  conséquence  du  traitement  des  so- 
nores, l'altération  de  k,  t,  etc.  n'est  pas  exactement  la  même 
dans  les  deux  langues,  et  la  quantité  de  souffle  plus  grande  em- 
ployée à  la  prononciation  de  la  spiranle  )(^  ou  de  l'aspirée  kh  a 
pour  effet  de  mieux  marquer  l'opposition  de  la  sourde  forte  an- 
cienne k  et  de  la  sourde  douce  récente  issue  de  g;  la  même  cause  a 
produit  des  phénomènes  semblables  dans  les  deux  langues;  les 
observations  de  M.  Hirt  [Idg.  Jorsch.  IV,  /i5)  ne  sont  donc  pas 

'  En  dehors  des  exemples  connus,  thekhem,  thai)jr,  thai-ëam,  le  traitement 
th  de  i.-e.  t  initial  en  arménien  est  élabli  par  les  rapprochements  suivants  : 

Arm.  the  (ancienne  orthographe)  «que,  sin,  cf.  v.  sax.  the,  ags.  ^ë  (accen- 
tué) et  fe  (atone),  lit.  te  et -<  dans  be-t,  uz-io-t;  noter  Math.,  XXll,  17  part 
ë  harks  tal  kayser  the  oç  crè'IecrVir  êoUvai  xrjvaov  Ka/o-ap*  rj  oi-n,  cf.  Heliand, 
36 1 4,  is  il  relit  the  nis?  —  Math.,  II,  i,  harcanèr  i  nocanè  the  owr  cnanici 
Khristosn  rxèiivvdâvsTo  -oap'  aCrûv  isov  à  ^pialos  jsvvStouv;  cf.  l'emploi  prin- 
cipal de  ^e  en  anglo-saxon  et  en  vieux  saxon  —  arm.  oc  the  «non  seulement», 
cf.  lit.  te  chez  Kur/Jat,  Gramm.  S  h&o.  Le  slave  te  dans  serbe  «er,>pol.  tez  signifie 
plutôt  (t aussi».  —  La  différence  de  the  et  ethe  rappelle  celle  de  xtivos,  BKCÎvoi; 
ethe  aurait  conservé  son  e  final  et  son  th  grâce  à  l'influence  de  the. 

Arm.  thoyl  «mou,  sans  énergie»,  thoyl  tal  «rdonner  permission»,  cf.  pol.  tulic' 
«apaiser»,  serbe  tuliti  «éteindre»,  skr.  tûsntrn  «en  silence»,  v.  pruss.  titsnan 
«stilie»,  V.  si.  tunje  «en  vain,  gratis»,  skr.  tuchyds,  v,  si.  tûstt. 

Arm.  t/ioAow/  «laisser»  ,  dont  le  A  est  dû  à  l'impératif  très  employé  t/ioA  «laisse»  , 
cf.  V.  si.  u-toUti  «apaiser»,  lit.  tîlti  «être  silencieux»,  v.  irl.  tuilim  «je  dors»; 
l'étymologie  proposée  dans  ces  Mémoires,  VIII,  i63  est  fausse. 

Arm.  thanal  «mouiller»,  cf.  v.  si.  tajati  «Trjxsffôai»,  talû  «liquide»,  dor. 
Ta«w  «je  fonds».  Ce  verbe  est  à  séparer  de  thathawel  «tremper»  que  M.  Fr. 
Millier  a  rapproché  avec  raison  de  v.  si.  topiti.  {Anneniaca,  Vl,  p.  a,  volume 
CXXII  des  Sitzber.  de  l'Académie  de  Vienne,  Phil.  hist.  cl.) 

Arm.  thndal  «palpiter»,  thndel  «sauter,  trembler»,  thndowmn  «pulsus,  stre- 
pitus»;  ces  mots  ne  sauraient  être  séparés  de  la  grande  famille  de  lat.  tundere, 
stiidêre,  skr.  tudâti,  got.  stautan  —  gr.  TtiwToi,  lat.  slirpëre —  skr.  tunjati,  lit. 
tuzgiù  (de  *tuzgu,  *tug-skô,  cf.  blizgù  de  * bhbg-skô)  ;  mais  le  d  (issu  de  l) 
fait  difficulté;  cf.  phoyth  «diligence»,  en  regard  de  crwouiîrf.  —  Arm.  thmbir 
«boisson  stupéfiante»  rappelle  aussi  lat.  stupêre;  noter  le  dénominatif  t/im6re/ 
«obstupefieri». 

Les  exemples  du  traitement  t-,  proposés  par  M.  Bugge,  K.  Z.  xxxn,  67  et 
suiv. ,  sont  tous  à  écarter  pour  diverses  raisons. 


VARIA.  155 

convaincantes.  C'est  en  indo-iranien  (et  spe'cialement  en  iranien), 
en  ietto- slave  et  en  grec  que  les  anciens  phénomènes  phone'tiques 
de  Tarménien  ont  leurs  analogues,  sans  que  rien  permette  de  rat- 
tacher Tarrae'nien  d'une  manière  particulièrement  e'troite  à  l'un  de 
ces  trois  dialectes. 


VI.  —  Arm.  dnd. 

Le  rapprochement  de  arm.  dnd  et  gr.  svtÔs,  signalé  comme 
possible  Mém.  Soc.  ling.  VII,  1 65,  n'est  pas  appuyé  par  le  sens; 
il  convient  plutôt  de  comparer  skr.  âdlii,  got.  a7id  et  und,  ags. 
6d,  V.  h. -a.  U7it,  lit.  ant  (cf.  de  Lagarde,  Arm.  sf.  n°'  826  et  829), 
comme  le  montre  l'analyse  suivante  des  emplois  de  dnd  : 

i°  Avec  le  locatil",  sens  de  travecn  :  and  nma  «avec  luiw,  and 
nosa  rr  avec  eux  -n ,  dnd  is  rc  avec  moi  w ,  etc.  ;  cf.  skr.  àdhi  ft  sur  n ,  mais 
aussi  Tprès  de 75,  (/?  F,  I,  4 7,  7  chez  Delbriick,  Ved.  synt. ,  p.  ù/ia). 
Ce  même  sens  de  rravecn  est  celui  de  la  particule  ond  dans  en-her 
ffCompagnouTî  (qui  mange  avec,  cf.  got.  gahlaiba,  fr.  compain, 
compagnon,  v.  Duvau,  Mém.  Soc.  ling.  VIII,  192),  an-tani  rrfa- 
milien7  (de  la  maison),  etc. 

2°  Avec  le  génitif  :  Math.,  V,  38,  atamn  dnd  ataman,  cf.  got. 
tunpu  und  tunpau  pour  le  sens,  et  grec  abSôvTa  àvr)  oSovrosv 
au  point  de  vue  du  cas:  de  mêmeRois,  III,  8,  A3,  thagaworeaç... 
dnd  nora  ffe/Sao-ZAsuo-e...  âvr]  avrovn.  Lemploi  du  génitif  dans 
les  cas  suivants  est  plus  isolé  :  Luc,  V,  36,  ond  hnoijn  çmiahani  or 
i  normjn  ktôÎ  zsaXoLiœ  où  av(Ji<poovïj(jei  io  £7r//SX>7jtxa  lo  àtto  lou 
xaivovv;dnd-êr  tt pourquoi?  w. 

3°  Avec  l'accusatif,  sens  de  tfle  long  dew  et  «vers a  :  Luc,  I, 
65,  dnd  amenayn  lemakoXmn  rèv  okrj  7ï}  bpeivfjr),  cf.  Luc,  I,  lA, 
gôt.  and  ail  gawi  (arm.  dnd  amenayn  koXmans),  et  en  sanskrit  R  V, 
VII,  36,  1  : 

prlhû  prâtlkam  âdliy  edlie  agnih. 

La  signification  de  dnd  semble  voisine  dans  dndownel  (aor.  dn- 
kalay)  rrecevoirw  de  ownel  (aor.  kalay)  fravoir^i;  peut-être  même 
dans  ompem  de  *dnd-hipem{l)  ffje  boisn,  cf.  skr.  pibati.  Avec  l'ac- 
cusatif 3«(/ signifie  aussi  ftà  traversin  :  Luc,  II,  35,  dnd  kho  isk  anjn 
anççê  sowr  ^<tov  Se  avTrjs  Trfv  "^^v^vv  Sis.Xsvasta.i  po(x(paiar). 

[1°  Avec  l'ablatif,  sens  de  cfdu  côté  de 75  :  dnd  ajmê  tfdu  côté 
droit-^,  dnd  harawoy  koXmanê  trdu  côté  du  sud^;  cf.  skr.  àdhi  avec 
l'ablatif  crdu  haut  den  et  lit.  ant  avec  le  génitif  ffsurw.  L'emjdoi 
de  àdhi  dans  rtàd  àdhi  «  pour  le  rta--n  et  de  ant  dans  ant  gëro  r?  pour 
le  bienn  rappelle  arm.  dnd-êr  ffpourquoiîn;  cf.  plus  haut  sous  2°. 


156  A.   MEILLET. 

5°  Avec  rinslrumental,  sens  de  ff  sous  15  :  Luc,  VII,  6,  çiçetn  ba- 
wakan  ethe  dnd  yarhaw  imov  mtaniçes  «ov  yàp  Ikclvos  el^ii  'iva. 
VTTO  Tïjv  aléyrjv  fxov  eiiréXOrjsn-,  de  même  ib.,  8.  —  Cf.  skr.  adhâs 
rrsous55;  àdhi  signifie  plutôt  tfsun^  et  n'est  suivi  de  l'instru- 
mental que  du  seul  mot  sânu  :  àdhi  snûnà,  àdhi  sniibhis. 

Au  point  de  vue  phonétique,  il  n'y  a  pas  de  difiîcultés. 

Le  d  final  de  snd  répond  à  dh  de  àdhi,  adhâs.  Le  t  de  lit.  afd 
est  sans  doute  th  et  s'oppose  à  dh  de  àdhi  ;  comme  dans  les  exemples 
connus:  skr.  àdha,  àlha;  v.  si.  vogûtî,  skr.  nakhàs;  skr.  nâbhis, 
pers.  nôf;  skr.  kakûbh-  kakuhàs,  v.  pers.  kaofa;  etc.  Le  â  de  ags. 
6d  a  cetle  même  origine  th\  \q  d  de  got.  and  et  und  est  ambigu. 

Le  groupe  arm.  an-  initial  pourrait  reposer  sur  n-  (skr.  àdhi, 
adhàs,  got.  und,  lit.  int)  ou  sur  an-  (lit.  ant,  got.  and).  Ces  deux 
formes  n-  et  an-  représentent  le  même  degré  vocalique;  sur  la 
prothèse  de  a,  cf.  de  Saussure,  Mémoire,  p.  276  :  l'exemple  le 
plus  comparable  est  germ.  *umbi,  v.  si.  0-^  (avec  le  traitement 
de  n  qu'on  trouve  dans  ognjï,  chostelû),  ob-  (avec  0  d'après  la 
forme  0-  employée  devant  les  consonnes),  skr.  abhitas  en  face  de 
arm.  amh-o\j,  gr.  à(x(pi,  lat.  amb-,  celt.  amb-.  L'ancien  arm.  *and 
aurait  dans  cette  hypothèse  subi  le  traitement  des  finales  de 
mots,  comme  oç  atone  dans  çê  tril  n'est  pas  15,  c'est-à-dire  *oçé; 
cf.  aussi  la  préposition  arm.  c,  skr.  àcha;  car  un  a  prétonique  ne 
tombe  pas  en  ancien  arménien,  mais  toute  voyelle  placée  en  syl- 
labe finale  disparait. 

Le  degré  en-  permettrait  mieux  encore  d'expliquer  arm.  dnd  : 
arm.  e  devant  -n-  devient  i,  qui  tombe  en  syllabe  non  accentuée 
même  initiale,  pourvu  que  dans  ce  dernier  cas  il  ne  termine  pas 
la  syllabe;  cf.  dnderkh,  gr.  êWepa.  Or  ce  vocalisme  est  celui  de 
lat.  endo. 

C'est  en  effet  ici  qu'il  convient  de  citer  cette  particule  qu'on 
rattache  souvent  à  m,  cf.  gr.  sv.  Les  premiers  poètes  dactyliques  em- 
ploient mr/o- comme  substitut  de  in-,  pour  faire  entrer  dans  leurs 
vers  des  mots  tels  que  imperàlor,  impedlre,  indicàre  [soïl  induperàlor, 
iiidupedlre ,  etc.);  c'est  un  pur  artifice  et  il  n'y  a  pas  lieu  de  con- 
clure de  là  que  endo  soit  synonyme  de  in.  Les  exemples  datant 
d'un  temps  où  endo  n'était  pas  sorti  de  l'usage  attestent  le  sens 
de  «vers,  sum,  ainsi  marium  endo  iacito  dans  la  Loi  des  Xtl  tables; 
cette  valeur  de  endo  est  celle  qu'il  a  dans  les  composés  oiî  il  a 
subsisté  devant  voyelle  initiale  :  ind-àgàre,  ind-ipiscl,  ind-audî7'e, 
ind-igëre,  ind-ulgêre  (de  algêre,  si  l'on  admet  que  ce  verbe  a  si- 
gnifié d'abord  w souffrira,  cf.  aXyos,  et  a  été  spécialisé  plus  tard 
dans  le  sens  de  ff  souffrir  du  froid  n),  ind-uere  (cf.  skr.  àdhivaste), 

'  V.  si.  0-  est  la  fonne  employée  devant  consonne,  par  exemple  dans  v,  si. 
o-strovû,  cf.  l'éplthèle  homérique  rriffco  éi»  oft(p<puTr?  (a,  5o). 


r 


VARIA.  157 

ind-olës,ind-ûtiae;  cf.  le  sens  tout  diffe'rentcle  in-  dans  inire,  inigere; 
devant  consonne  initiale  d'un  verbe  la  voyelle  finale  de  endo-  est 
tombe'e  suivant  la  règle  ge'ne'rale  des  fins  de  mots,  tandis  qu'elle 
subsiste  naturellement  en  composition  nominale  dans  indigena  de 
'endo-gena;  le  -d-  n  a  pu  se  maintenir  par  suite,  et  endo-  s'est  con- 
fondu avec  in-;  le  sens  seul  permet  de  distinguer  les  deux  pre'- 
fixes  dans  instâre,  insisîere  (cf.  skr.  adhislhâ-),  insternere,  imminêre, 
inicere,  implôrâre  (^endo-plôràre) ,  etc.  et  inserere,  inspicere,  etc.  Le 
plus  souvent  le  pre'fîxe  in-  devant  consonne  est  l'ancien  endo-; 
ainsi  dans  inicere,  c'est-à-dire  injicere,  le  sens  indique  le  préfixe 
endo  :  d  est  tombe'  devant j-  comme  -b-  de  *amhi-  (cf.  amb-ire)  dans 
amiclre;  seulement  dans  amicirela  voyelle  radicale  a  e'te'  syncope'e, 
tandis  que  dans  injicere  elle  a  subsisté.  —  Beaucoup  des  emplois 
de  la  préposition  in  sortent  aussi  de  endo. 

La  particule  *endh-,  *ndh-,  *andh-  est  une  forme  élargie  de 
skr.  anu,  zd  ana,  onu,  v.  si.  na,  nadii  [*nôdhn,  cf.  gr.  -0a),  lit. 
nu,  nù-,  got.  ana,  gr.  dva,  olvcm)  (cf.  aussi  indo-iranien  ni-,  nis-), 
comme  le  montre  le  sens  de  ces  mots.  Le  mot  *an-ti  (skr.  ànti, 
gr.  dvTi^  lat.  ante)  est  formé  avec  un  autre  suffixe. 


VIL  —  Arm.  hngetasan,  çorekhtasan. 

Parmi  les  exemples  les  plus  remarquables  de  i.-e.  e  en  armé- 
nien il  convient  de  signaler  hige-tasan  cr  quinze tî  (cf.  ves-tasan 
cr  seize ^^)  ;  hnge-est  un  ancien *Am^e-  eiréipondkskr. pânca, gr.  tsévte, 
lat.  qninqiie,  v.  irl.  côic;  la  gutturale  est  restée  inaltérée  devant  e 
comme  dans  la  particule  indiquant  r  généralité ti  -kh  {o-kh,  i-kh) 
=  skr.-m,  gr.  re,  lat.  -que,  parce  que  ,seul,  ^j/t  est  rendu  spirant 
par  un  e  suivant  [jerm^^S-epixSs).  —  Le  même  e  se  trouve  dans 
hingerord  [si\ec  i  restitué  d'après  Am^)  tr  cinquièmes,  tiré  dehinger- 
comme  errord  t  troisième?  de  erir,  et  qui  a  fourni  sa  voyelle  à 
tous  les  ordinaux  suivants  :  vererord,  ewthnerord,  etc.  Le  suffixe  -r, 
qui  est  dans  eri-r,  hinge-r-,  rappelle  les  collectifs  de  l'irlandais  : 
triar  rr  collection  de  trois w,  côicer  fr collection  de  cinqw,  qui  ont 
exactement  la  même  formation,  ceux  du  slave  (russe  pjâtero), 
mais  surtout  ^oL  fggrs,  v.b.-a.  fingar,  v.  isl.  jingr  ff  doigt tj, 
c'est-à-dire  le  cinquième  de  la  main;  ce  mot  s'oppose  à  v.  h. -a. 
fû$t,  cf.  skr.  panktis,  v.  si.  pestî,  lit.  kiimste'  (de  Saussure,  Mém. 
Soc.  ling.,  VII,  98),  qui  désigne  l'ensemble  des  cinq  doigts;  tel 

1  La  cimintanto  de  ves-tasan  en  face  de  vec  rsixn  rappelle  le  traitement  indo- 
iranien de  -k^t-  :  on  sait  que,  l'ancien  -tsl-  s'étant  dissimilc  en  -st-,  la  chuin- 
tante a  subsisté  non  seulement  en  sanskrit  mais  aussi  en  iranien  :  skr.  astàu , 
zd  asta;  la  forme  vcstasan  porte  témoignage  de  la  prononciation  chuintante  de 
arm.  c  dans  une  période  préhistorique. 


158  A.   MEILLET. 

était  le  sens  de  i.-e.  ^pénk^e  lui-même,  qui  a  parmi  les  noms  de 
nombre  une  place  à  part,  puisqu'il  est  le  premier  des  inde'clinables 
(cf.  en  slave  le  premier  des  abstraits  :  petî,  etc.). —  La  chute  de 
la  voyelle  intérieure  dans  yisown  rrcinquantei'  s'explique  en  par- 
tant de  l'ê  intérieur  de  gr.  'zssvTrfKOVTct ,  skr.  pancàçàt-,  zd  pan- 
câsat-  :  cet  ê  donne  en  arménien  i  qui  tombe  à  l'intérieur  du  mot, 
soit  *hingisown,  *hisown  (orthographié  yisown). 

La  conservation  de  e  dans  çoreMi-tasan  tt  quatorze ^^  est  exacte- 
ment comparable  à  celle  de  hnge-tasan;  on  a  de  plus  çorekh-ha- 
rkvr  cf  quatre  cents  r-  et  çorekh-ean  tf  tous  les  quatre ti.  L'élément  -ore- 
de  çorekh  -répond  à  -opes  de  dor.  rsTopes,  -or  de  lat.  q^iatluor 
{*k.,3twores) ^  cf.  v.  irl.  cethir,  \.  h, -a.  for;  la  chute  de  l'e  dans  le 
simple  çorkh  atteste  que  le  signe  du  pluriel  -kh  n'était  suivi  d'au- 
cune voyelle;  cette  conclusion  concorde  avec  celle  que  l'on  peut 
tirer  de  nokh~a,  aynokh-ik  :  aijnkh  [de*aynokh),  cf.  nor-a,  aynor-ik  : 
aynr  (de  *aynor);  nos-a,  aynos-ik  :  ayns  (de  *aynos)\  aynç  au  lieu 
de  *aynoç  est  analogique,  comme  le  montre  getoc.  L'opposition  de 
la  forme  fléchie  çorekh-  et  de  l'invariable  *hinge-  répond  à  celle 
de  gr.  TSTopes  :  'aévre,  skr.  catvuras  :  pâfica,  etc.  :  le  -kh  qui  ca- 
ractérise en  arménien  le  nominatif  pluriel  a  donc  été  ajouté  en 
un  temps  où  l'ancienne  désinence  du  nominatif  pluriel  subsistait 
encore ,  et  antérieurement  à  la  chute  de  toute  voyelle  en  syllabe 
finale. 

L'initiale  ç-  de  çorekh-  fait  difficulté.  Il  ne  peut  s'agir  de  ^2- 
devante,  puisque,  dans  cette  position,  k^  donne  kh  et  non  c;  du 
reste  un  e  initial  ou  intérieur  ne  tombe  pas  en  ancien  arménien; 
il  faut  donc  admettre  que  ç  repose  ici  sur  *kt-  ou  *ktw-  et  par 
suite  que  çorkh  répond  aux  formes  sans  e  qui  sont  attestées  en 
indo-européen  sous  deux  aspects  :  *ktwer-,  dans  zd  âytmnjo^  gr. 
TpaVe^a  (c'est  ici  que  prend  place  arm.  çorkh)  et  *k^9twer-  dans 
lat.  qunttuor,  slave  *cîttjre  (tch.  clyri),  gr.  hom.  zria-vpss;  au  point 
de  vue  du  vocalisme ,  cf.  arm.  tasn  «  dix  n ,  si.  *dïset-  (russe  dvàdcat', 
Iridcat'  et  dvênàdcat',  pol.  dwanascie)  en  face  de  *k^into-  trcentn 
de  *dk^nito-  et  de  Séxot,  skr.  dâça,  etc.  —  skr.  dàhati,  lit.  degii, 
V.  si.  hgçi,  lat./oMêre  (avec  o  subsistant  régulièrement  devant  w 
issu  de  gji)  et  v.  si.  ztgg,  lai.  fauilla  —  v.  si.  dîbrï,  gr.  TciÇipos 
(féminin  comme  le  mot  slave)  —  etc. 

La  forme  hom.  'Tslcrvpe?  appelle  une  explication;  -avp-  est  le 
traitement  régulier  de  *-tw°r-  intérieur;  le  -o--  simple  s'accorde 
bien  avec  la  forme  connue  de  yrjdoavvos,  yrjdoa-vvt] .,  'zsiavvos 
où  -avv-  repose  sur  *-tw°n-.  Quant  au  i  de  la  première  syllabe 
'ai-,  on  n'a  pas  le  droit  d'y  voir  un  traitement  normal  de  i.-e.  a; 
le  seul  cas  comparable,  celui  du  type  verbal  'zskvotfxai  :  •crerao-cra, 
cf.  lat.  patëre,  peut  être  dû  à  l'imitation  de  (TxlSvtiyn  :  crxéScKJo-oi , 
où  se  sont  confondues  deux  racines  indo-européennes  *sked-  et 


VARIA.  159 

*skeid-  (cf.  *skheid-).  En  revanche,  il  est  admissible  que  *k^3-  ait 
donné  xv-,  comme  *kc^''l-  a  donne'  xvX-  dans  xvXico  et  *^<>°n-  yuv- 
dans  yvvï];  cet  y  a  e'té  dissimile'  en  *  par  Yv  de  -(xvpes  d'après 
la  loi  connue  (ainsi  déjà  J.  Schmidt,  K.  Z.  XXV,  68).  Quant  au  ■cr 
initiai,  il  est  probable  que  Tancien  *k.,3-  est  devenu  *ku-,  *ki-,  et 
que  c'est  *ki-  qui  a  repassé  à  *A-"'î-  (d'où  -cr^-)  sous  l'influence 
du  k"-  des  autres  formes  du  nom  de  nombre  tfquatreu  en  grec. 

A.  Meillet. 


ÉTYMOLOGIES  GRECQUES  ET  LATINES. 


Tv(xv6s. 

De  même  qu'une  femme  qui  ne  met  rien  sur  sa  têle  dit  qu'elle 
est  ften  cheveux ii,  de  même  les  Grecs  disaient  d'un  homme  qui 
n'a  rien  sur  le  corps  qu'il  est  yv/ivos,  c'est-à-dire  cren  membres w. 
La  parenté  de  yuixvos  et  de  yv7a  était  probablement  encore  sen- 
sible aux  Grecs. 

Il  n'y  a  donc  pas  à  chercher  de  rapport  avec  le  sanscrit  nagna 
ni  avec  le  latin  nudus. 

Comme  exemple  du  suffixe  fivo  ainsi  employé  en  qualité  de 
suffixe  secondaire,  je  citerai  (3éXs[xvov  (de  (2éXos). 

H  âfÂTreXos. 

En  lisant  la  Syntaxe  de  Delbrûck,  il  m'est  venu  une  idée  que 
je  soumets  aux  botanistes  de  la  Société, 

Delbrûck  fait  remarquer  qu'en  sanscrit  les  noms  d'arbres  sont 
généralement  du  masculin,  tandis  qu'en  grec  et  en  latin  la  ten- 
dance à  leur  donner  le  genre  féminin  est  visible,  alors  même 
que,  par  leur  désinence  en  os,  ils  sembleraient  devoir  appartenir 
au  masculin.  Il  suffit  de  rappeler  les  noms  comme  âfXTreXos, 
aTTios,  /SaTOs,  a-vJtd[xivos ,  et  en  latin  malus,  pomus,  ficus,  cera- 
sus,  etc. 

Je  me  suis  demandé  si  ce  n'est  pas  la  greffe,  venue  d'Asie  Mi- 
neure, qui,  par  une  association  d'idées  facile  à  comprendre,  a 
suggéré  le  genre  féminin  aux  premiers  pépiniéristes. 

Semantica. 

Homère  {Od.,  XVII,  66)  emploie  le  verbe  (SvaaoSofxevetv,  qui 
signifie  littéralement  «inlus  œdificaren,  dans  le  sens  de  tf  mé- 
diter, complotera.  Il  est  question  des  prétendants  qui  accueillent 
Télémaque  avec  de  belles  paroles,  mais  qui  en  dedans  méditent 
le  mal  : 

EctdX'  âyop&iovTSs ,  Haxà  Se  (ppe^i  ^v(T<joh6uevov. 


ÉTYMOLOGIES   GRECQUES   ET  LATI.\ES.  161 

Et  ailleurs  : 

ÀAA'  dxéœv  xlvi](7s  xâptj ,  xaxà  ^vaaohonsùœv. 

Od.,X\U,  /i65. 

Sauf  la  nuance  péjorative,  nous  avons  ici  exactement  la  même 
expression  que  dans  le  latin  industrius,  qui  vient,  comme  Corssen 
Ta  montré,  de  indu  et  struere. 

La  même  métaphore  a  fourni  le  verbe  yiriyjxvdo}. 

Bâtir  est  donc  ici  l'image  employée.  Ailleurs  c'est  tisser  (et  nous 
disons  encore  r tramer  un  complot»). 

Une  métaphore  non  moins  usitée  est  planter.  Télémaque  dit 
{Od.,  XVII,  82)  :  tfSi  je  réussis  à  leur  planter  mort  et  trépas»  : 

£{  hé  a'  èyœ  tovtokti  (pàvov  holi  K>;pa  (pvTeùffdo. 

Il  est  un  mot  français  qui,  par  le  son  comme  par  Tétymologie 
dernière ,  rappelle  ce  (pvrsvco.  Le  peuple ,  malgré  les  siècles  écoulés , 
malgré  les  progrès  plus  ou  moins  rapides  de  la  civilisation,  va  en- 
core chercher  ses  métaphores  aux  mêmes  sources  naturelles. 

/  parasite  devant  un  r  en  grec. 

Il  n'est  pas  nécessaire  de  supposer  que  ;^e/p  soit  pour  x^po-. 
Le  grec  développe  quelquefois  un  i  parasite  devant  le  p.  Il  peut 
même  arriver  que  le  p  disparaisse  et  que  Yi  parasite  subsiste. 
C'est  ainsi  que  àpvvpLai  cr prendre»  est  devenu  atvvfxai',  que  dp- 
véofxoLi  r  nier,  refuser»  a  donné  àva.ivo(iai\  que  (lapTvs  ff  témoin» 
a  donné  en  crétois  yLCthus.  Il  n'est  pas  non  plus  nécessaire  de 
supposer  que  la  préposition  v-nsip  représente  une  forme  plus 
complète  vTrépi;  il  se  pourrait  que  ce  fùl  une  simple  variante  de 
prononciation  pour  Cirép.  Ainsi  s'expliquent  aussi  les  formes 
eipos  tr laine -^  à  côté  de  epiov;  elpvco  retirer»  à  côté  de  e'puo;. 

Pour  revenir  à  x^'P'  nous  avons  la  forme  pure  dans  xtpai^ 
yspoîv^  dans  l'ionien  X^p<>?,  àdiUS,  yépvf^^  ^spoTr'XvxTOS ,  etc. 

La  parenté  que  nous  avons  conjecturée  entre  ^ép  et  y^pdoiiat 
s'en  trouve  encore  confirmée. 


ToXjMaw. 

Nous  avons  l'habitude  de  distinguer  entre  le  courage  actif,  qui 
va  au-devant  du  danger,  et  le  courage  passif,  qui  consiste  à  sup- 
porter la  mauvaise  fortune  avec  égalité  d'àme.  Quoique  })Ouvant 
exister  chez  le  même  homme,  ce  sont,  au  fond,  deux  sentiments 
différents,  comme  on  peut  le  voir  en  observant  où  conduit  l'exa- 
gération de  l'un  et  de  l'autre.  Poussé  trop  loin,  le  courage  actif 

MKM.    LING.    —     IV.  1  » 


162  M.   BRÉAL. 

aboutit  à  ia  témérité;  ie  courage  passif,  porté  au  delà  de  la  juste 
mesure,  dégénère  en  apathie. 

On  s'allenàrait  à  voir  le  langage  reproduire  dès  les  plus  an- 
ciens temps  une  distinction  si  naturelle;  mais  il  n'en  est  rien. 
Dans  la  langue  d'Homère,  les  deux  idées  ont  l'air  de  se  confondre, 
et  le  même  verbe  TOÀfxan),  qui  veut  dire  «oserw,  signifie  aussi 
'f  supporter  T). 

Au  dixième  chant  de  Y  Iliade,  Dioraède,  qui  veut  tenter  une 
expédition  contre  lesTroyens,  fait  appel  à  ses  compagnons.  Ulysse 
se  déclare  prêt  à  le  suivre  : 

ffLe  courageux  Ulysse  consentait  aussi  à  se  jeter  parmi  les  rangs  des 
Troyens  :  car  il  avait  toujours  eu  en  lui  une  âme  audacieuse.» 

\l6eXe  S'  à  rX^j^xcov  OSuceùs  Ka.ra.Ziivixi  ÔixiXov 

Tpwwv  aiei  yàp  oi  èvi  (ppeai  ^-vf/ôs  èrôX^a. 

Ici  ToXfxctM,  avec  son  congénère  tXïJ^wv,  marque  le  courage 
actif.  Mais  c'est  le  courage  passif  qu'exprime  le  même  verbe  dans 
le  passage  suivant,  où  Ulysse  s'exhorte  à  la  patience  (XX,  19)  : 

ff Souffre-le,  ô  mon  cœur  :  tu  eu  as  souffert  de  pires  quand  l'invincible 
Cyclope  dévorait  mes  nobles  compagnons.  Tu  l'as  cependant  supporté 
(èT(JAfxas),  jusqu'à  ce  que  la  ruse  m'ait  fait  sortir  de  l'antre  où  je  pen- 
sais mourii'.n 

TsrAaÇj  §j),  xpatirj'  «ai  KÛvrepov  àXXo  Tsor'  érXyjs, 
HjuaTj  TM,  ÔTS  (j.ot  fiévos  aays'ros  i^adie  KvxXoûip 
iÇ'difJiOvs  eTâpovs'  «rù  S'  èràAfjias,  Ô(pp(t  ae  p-fjTts 
È^âyoLy'  el  âvrpoio,  àïô(isvov  ^avéecrÔat. 

C'est  ce  second  sens  qui,  chez  Homère,  est  de  beaucoup  le 
plus  fréquent.  L'audace,  sans  la  patience,  serait  une  arme  in- 
suffisante; de  même  que  le  courage  du  montagnard  ou  du  marin, 
celui  des  héros  d'Homère  est  fait  en  grande  partie  d'endurance. 
C'est  ce  qu'exprime  le  verbe  ToXixdo). 

Le  même  sens  s'est  conservé  dans  la  poésie  gnomique.  Théo- 
gnis  (v.  691)  dit  :  '' 

ffU  faut  supporter  ce  que  les  dieux  envoient  aux  mortels.» 
ToAfxav  ^prf  rà  hi^ovm  Q-soi  dvrjToTai  ^ponoïaiv, 

et  ailleurs  (v.  1029)  : 

tfSois  endurante,  ô  mon  âme,  dans  le  malheur,  alors  même  que  tu 
souffres  ce  qui  ne  peut  être  enduré.  » 

TéAfxa,  .S-vf/è,  HaHot(Tiv,  6fx&)s  àrXijTa  TSSTvovOcbs. 

Mais,  dans  la  langue  ordinaire,  on  sait  que  TÔXfi-n  et  "voXyLoio 
ont  changé  de  sens.  Ils  sont  devenus  les  termes  consacrés  pour 


ÉTYMOLOGIES   GRECQUES  ET  LATINES.  163 

désigner  l'audace,  et  une  fois  colorés  de  cette  nuance,  ils  ont  pu 
marquer  un  défaut  aussi  bien  qu'une  qualité. 

fîll  n'y  a  personne  qui  soit  aussi  audacieux  et  aussi  éhonté», 
ovSéva.  ovt'  àvala-yywov  ovts  ToXixrjpov  ovtoos  elvoii,  dit  Démo- 
sthène,  en  associant  les  adjectifs  dvai(7)(yvT05  et  ToXfxrjpos ,  comme 
ailleurs  ToXfxa,  est  associé  par  lui  à  l'impudeur,  âvaioeia. 

Nous  avons  donc  ici  un  exemple  du  chemin  parcouru  par  un 
mot,  puisque  la  même  racine  à  laquelle  le  français  doit  la  tolé- 
rance, et  l'allemand  die  Geduld,  donne  en  grec  des  mots  signifiant 
tf  témérité  fl  et  cf  effronterie  75. 


Materie.s. 

Dans  un  récent  travail ,  M.  Osthoff  fait  venir  le  latin  materies 
de  la  racine  dmà  trbâtinî.  Il  trouve  cr  presque  ridicule:^  [fastspass- 
haft)  l'explication  donnée  par  nous,  qui  rattache  materies  au  mot 
tnater  rla  mèrew. 

Ridicule?  cela  est  bientôt  dit.  Notre  savant  collègue  paraît  avoir 
le  rire  facile.  11  semble  qu'il  fasse  ici  bon  marché  d'une  source 
importante  du  vocabulaire,  savoir  la  métaphore. 

En  toutes  les  langues,  le  mot  cr  mèrew  a  fourni  des  images  aux 
différentes  professions.  Je  rappellerai  en  allemand  : 

Mutterast  «  mère-branche  -n , 
Mutterharz  rgalbanumu, 
Mutterlauge  n  eau-mère  v , 
Mutterstock  r  ruche-mère  ^ , 
Perlmutter  rla  nacre  n,  etc. 

En  anglais,  mother-of-pearl ,  inother-water,  mother-lye,  etc. 

En  français,  le  même  mot  est  employé  par  les  mouleurs  pour 
désigner  le  moule  destiné  à  donner  de  nouveaux  modèles,  par 
les  vinaigriers  pour  la  membrane  qui  se  forme  à  la  surface  et 
sert  à  la  fermentation,  etc. 

Columelle  explique  très  bien  que  c'est  le  bois  nouveau  qui  se 
produit  après  la  greffe.  C'est  en  ce  sens  que  Pline  (XVI,  98,  5i) 
dit  :  Tarde  senescunt  quorum  crispa  materies,  ut  acer,palma,  populus. 
Et  Columelle  lui-même  (V,  1 1)  :  Itesecta  arbor  inter  libnim  et  ma- 
teriam  semina  admittit. 

M.  l'abbé  Housselot  me  fait  remarquer  que  la  nuance  primitive 
s'est  conservée  dans  le  français  merrain  [=  materiamen) ,  qui  dé- 
signe, non  seulement  le  bois  pour  faire  les  planches,  mais  en- 
core, en  terme  de  vénerie,  la  matière  dont  sont  faits  les  bois  du 
cerf. 


16d 


M.  BREAL. 


Virago. 


Le  latin  avait  une  provision  de  mots  en  âgo,  îgo,  îigo  signifiant 
ffune  production,  un  amoncellement,  un  amas 77.  C'est  ainsi 
qu'il  a  : 

plunibago , 

carrago , 
farrago , 

rubigo , 

fuligo, 

œrugo , 

salsugo. 

C'est  peut-être  dans  les  mines  que  les  premières  formations  de 
ce  genre  sont  écloses;  car  je  ne  suis  pas  e'ioigné  de  croire  que 
earrago  a  désigné  d'abord  rune  cliarrete'en  et  que  plumbago  a  si- 
gnifie' ffune  poussée  de  plomb:?  (du  verbe  agere)^. 

Le  suffixe  -âgo  a  pris  un  sens  péjoratif,  qui  vient  précisément 
de  celte  idée  d'amas  et  d'amoncellement.  Virago,  c'est  toute  une 
cargaison  de  femme.  Ailleurs,  le  même  suffixe,  en  vertu  de  son 
sens  péjoratif,  a  servi  à  nommer  des  maladies  :  lumbago,  impétigo, 
aurugo.  Avec  des  noms  de  plantes  [citrago  trie  persil ti,  trixago 
et  la  germandréer)),  il  marque  la  mulliplication  rapide. 

Imago. 

Ceci  nous  permet  de  noter  un  trait  de  psychologie  populaire. 

Le  mot  d'image  éveille  en  nous,  hommes  modernes  et  civilisés, 
un  cortège  d'idées  gracieuses  et  agréables.  Mais  il  n'en  a  pas  tou- 
jours été  a'msi.  Imiter  s'est  pris  à  l'origine  en  un  sens  défavorable. 
Imiter,  c'était  tracer  quelque  chose  qui  n'avait  point  de  réalité, 
par  suite,  une  œuvre  de  mensonge;  ou  bien  encore,  c'était  contre- 
faire, c'était  créer  quelque  ressemblance,  peut-être  dans  une  in- 
tention hostile.  Les  peuples  barbares  ont  encore  aujourd'hui  celte 
défiance  à  l'égard  du  crayon  ou  du  pinceau. 

Ainsi  s'explique,  à  la  suite  de  la  syllabe  im,  empruntée  à  im- 
it-ari,  la  présence  d'un  suffixe  péjoratif. 

ENCORE  LE   PASSIF    LATIN. 

On  se  souvient  que  Cicéron,  dans  son  Dé  Legibus,  se  donne  le 
plaisir  de  supposer  d'anciens  textes  de  loi  conçus  dans  l'esprit 

'  C'est  ainsi  qu'on  dit  agcre  foUa  rr pousser  dos  feuilles  55,  agere  spumas 
«écumer». 


ÉTTMOLOGIES  GRECQUES    ET   LATINES.  165 

de  sa  République  idéale.  Il  a  soin,  en  les  imaginant,  de  leur 
donner  une  forme  archaïque. 
■  Parmi  ces  textes  de  loi,  il  en  est  un  ainsi  libellé  : 

Regio  imperio  duo  sunto  :  iique  prœeiindo  jiidicando,  consulendo 
prœtores ,  judices ,  consules  appellantor. 

Cic. ,  De  Leg.,  III,  3. 

Dans  la  longue  liste  d'impératifs  que  Cicéron  fait  défiler  sous 
nos  yeux,  appellantor  est  le  seul  qu'il  ait  terminé  en  ior.  Partout 
ailleurs  il  emploie  la  terminaison  -to  :  il  met,  par  exemple,  txiento, 
patiunto.  C'est  qu'ici  IV  du  passif  était  indispensable;  appellanto 
aurait  donné  un  faux  sens. 

Il  ne  faut  donc  pas  traiter  l'addition  de  cette  lettre  comme  une 
sorte  de  legs  du  passé,  explicable  par  d'anciennes  formes  san- 
scrites. Cet  r  est  une  addition  de  fraîche  date,  qui  change  totale- 
ment la  signification  du  verbe. 

Ce  qui  prouve  encore  que  l'addition  est  récente,  c'est  que  le  d 
des  vieilles  formes  est  déjà  tombé. 

Amare. 

Le  premier  verbe  latin  qu'on  apprend  au  collège  est  le  verbe 
amo.  On  aimerait  d'en  connaître  le  sens  primitif.  Je  crois  qu'il 
signifiait  à  l'origine  a  fréquentera  ou  fcapprocherw.  Virgile,  qui 
est  la  source  la  plus  précieuse  en  matière  de  sémantique  latine, 
l'emploie  encore  en  ce  sens  : 

Litlus  ama . . . 

ce  qui  veut  dire  :  tr Tiens-toi  près  du  rivage:?.  Horace  a  dit  de 
même  : 

amatque 
Janua  limen , 

c'est-à-dire  tria  porte  tient  contre  le  seuil n. 

T/adjectif  amicMs,  dont  la  formation  a  quelque  chose  d'insolite, 
s'explique  si  l'on  y  voit  un  dérivé  comme  antlcus,  posiicus.  Nous 
sommes  amenés  à  supposer  pour  une  époque  plus  ancienne 
quelque  adverbe  signifiant  f  auprès  n,  qui  plus  tard  a  été  évincé 
par  prope. 

On  comprend  aisément  comment  de  l'idée  d'approcher  on  a 
passé  à  celle  de  fréquenter,  puis  d'aimer.  Il  faut  encore  remar- 
quer le  composé  adamare,  dans  lequel  le  préfixe  ad  rappelle  le  sens 
originaire. 

Il  y  a  sans  doute  lieu  de  rappeler  qu'en  sanscrit  il  existe  un 
adverbe  amà  rauprès^,  d'où  amâ  Ir  r  prendre  auprès  de  soi^, 
amàlja  r  compagnon n,  amàvasjâ  «conjonction  de  deux  astres w. 


166  M.  BRÉ\L. 


Candida  me  docuit  nigras  odisse  puellas. 
Scripsii  Venus  Fisica  Pompeiana. 

Cette  inscription  a  beaucoup  occupé  tous  ceux  qui,  à  des  points 
de  vue  divers,  ont  traité  de  Pompéi  et  de  ses  graffiti.  Je  me  sou- 
viens pai'ticulièrement  de  certaines  considérations  morales  aux- 
quelles le  savant  et  regretté  Beulé  s'était  livré  à  l'occasion  de  la 
tf Vénus  physique"  adorée  par  les  habitants  de  cette  ville  de 
plaisir.  .  . 

Je  ne  rechercherai  pas  si  une  épithète  de  ce  genre  —  une  Vé- 
nus physique  opposée  à  quelque  Vénus  intellectuelle  ou  morale 
—  est  d'accord  avec  les  idées  des  anciens.  Une  distinction  qui 
peut  n'être  point  déplacée  dans  un  dialogue  de  Platon  semble- 
rait bien  extraordinaire  à  l'endroit  où  on  l'a  trouvée,  Mais  je  crois 
qu'il  faut  rapporter  l'adjectif  à  un  tout  autre  ordre  d'idées,  qui 
réhabilitera  peut-être  quelque  peu  la  malheureuse  cité. 

On  connaissait  à  Iguviuni  un  dieu  nommé  Fisus  Sancius  ou  Fiso- 
vius  Sancius.  Or  une  des  particularités  les  plus  curieuses  des  vieux 
cultes  italiques,  c'est  que  le  nom  d'une  divinité  se  retrouve  ail- 
leurs appliqué  à  quelque  autre  dieu ,  avec  ce  changement  que  de 
substantif  il  est  devenu  adjectif.  Ainsi,  à  côté  du  dieu  Çerfus  on 
connaît  à  Iguvium  une  Prestota  Çerfia  et  une  Tursa  Çerfia. 
A  Rome,  à  côté  de  Jupiter  on  honore  un  Hercule  Jovius  et  une 
Vénus  Jovia.  Est-ce  un  rapport  de  paternité,  de  mariage,  ou  sim- 
plement la  cohabitation  sous  le  toit  du  môme  sanctuaire?  Nous 
ne  savons;  mais  le  fait  est  constant.  Or  le  dieu  Fisus  a  pareille- 
ment donné  naissance  à  un  adjectif  Fisius,  qui,  à  Iguvium,  est 
donné  à  la  colline  [ocris  Fisius)  où  est  placé  le  temple,  et  qui 
pouvait  très  bien  devenir  aussi  l'épithète  de  quelque  dieu.  De 
même  qu'on  honorait  à  Rome  une  Venus  Jovia,  de  même  une  Venus 
Fisia,  à  Pompéi,  n'a  rien  d'impossible.  La  seule  difficulté  est  qu'on 
a  Fisica  au  lieu  de  Fisia;  mais  on  a  cœlicus  dans  le  sens  de  cœlestis. 
Peut-être  aussi  y  a-t-il  faute  de  lecture,  pour  Fisiia. 

Quant  à  cette  formule  étrange  :  Scripsit  Venus  Fisica,  je  crois 
qu'elle  se  rapporte  à  la  coutume  des  anciens  de  mettre  sous  la 
garde  des  temples  les  contrats  dont  on  voulait  assurer  l'exécution. 
Par  une  plaisanterie  facile  à  comprendre,  ce  contrat  amoureux 
reçoit  la  garantie  do  Vénus  Fisienne. 

Un  sens  spécial  du  \ crhe  J'acio. 

On  sait  que  la  ville  de  Pompéi  fut  engloutie  en  pleine  période 
électorale.  Nous  devons  à  cette  circonstance  un  certain  nombre 


ÉTYSIOLOGIES  GRECQUES  ET  LATINES.  167 

de  renseignements  sur  les  mœurs  et  le  langage  des  e'iections  ^ 
Entre  autres,  un  sens  spécial  du  verbe /acio. 
On  connaît  ces  inscriptions  parie'taires  : 

Caupones ,  facite .  .  . 
Pomari ,  facile .  .  . 
Lignari ,  facite .  .  . 
Unguentari ,  facite .  .  . 

Et  ailleurs  : 

Oro  vosfaciatis. 

Le  sens  qui  ressort  de  ces  inscriptions  est  clair.  Facite  veut 
dire,  non  pas  cf votez -o,  ce  qui  donnerait  un  sens  insuffisant  et 
faible,  mais  r tenez-vous  bien,  groupez-vous w.  En  langage  mo- 
derne :  Pas  de  division  !  pas  d'abstention  -! 

On  comprend  dès  lors  la  force  du  moi  factio.  Ce  qui  caracte'rise 
la  faction,  c'est  le  lien,  c'est  le  pacte  qui  rattache  entre  eux  tous 
les  adhe'rents. 

L'adhe'sion  d'un  seul  pouvait  s'exprimer  par  ce  terme.  Plusieurs 
électeurs  de  Pompéi  ont  cru  utile  d'e'crire  sur  les  murs  :  N.  N. 
gaudens  facit ,  cupidus  facit ,  cupidissimus facit. 

On  peut  rapprocher  certains  passages  de  Cicéron,  d'Ovide,  de 
Quintilien,  oiî  facio  incline  vers  cette  signification.  Je  citerai 
seulement  ces  mots  de  Cicéron,  parlant  du  parti  recruté  par  Cé- 
sar :  ff  Omnes  damnatos,  omnes  ignominia  affectos  illac  facere-'w. 

On  voit  déjà  quel  est  le  composé  qui  exprime  le  contraire  : 
c'est  deficio.  Le  mot  est  encore  usité  chez  nous.  Ce  qu'une  faction 
ou  un  parti  est  le  moins  disposé  à  pardonner,  c'est  la  défection  de 
l'un  des  siens. 

Si  l'on  demande  maintenant  comment /«cere  a  pu  arriver  à  ce 
sens,  je  crois  que  la  réponse  doit  être  cherchée  dans  quelque  an- 
cienne locution  plus  complète,  qui  s'est  abrégée  par  l'usage. 
C'est  l'explication  de  beaucoup  de  problèmes  de  sémantique. 
Agere,  par  exemple,  a  pris  le  sens  de  frjouern,  parce  qu'il  est 
pour  agere  partes. 

Michel  Bré\l. 


'   De  Nad.'jiiinc,  La  dernière  élection  municipale  à  Pompéi,  1893. 
-  Anglais  to  hold  together,  allemand  zusammenhalten. 
'  Ad  Alt.,  VII,  3  {c.irca  med.). 


168  MÉLANGES. 


MÉLANGES. 


Français  Madré. 

Los  métaphores  font  partie  de  la  psychologie  populaire.  Elles 
méritent  donc  d'être  étudiées  avec  soin.  Mais  il  ne  faut  pas  nous 
attendre  à  de  grandes  découvertes.  Le  langage  nous  apprend  gé- 
néralement ce  que  nous  savions  déjà.  Quand  il  a  l'air  d'énoncer 
un  paradoxe,  ou  simplement  une  nouveauté,  c'est  nous  probable- 
ment qui  ne  le  comprenons  pas. 

Mais  les  métaphores  du  langage  ont  besoin  d'être  encadrées, 
c'est-à-dire  qu'il  faut  restituer  pour  chacune  le  milieu  dans  le- 
quel elle  a  pris  naissance. 

C'est  chez  l'ouvrier  en  bois  qu'a  pris  naissance  Tépithète  de 
madré. 

On  tiavaille  le  bois  pour  en  tirer  toute  sorte  d'ouvrage ■;.  Le 
bois  peut  être  plus  ou  moins  dur,  plus  ou  moins  noueux  :  quelque- 
fois il  oppose  une  résistance  tenace,  c'est  quand  il  ei^t  madré,  c'est- 
à-dire  formé  du  cœur  ou  de  la  racine  de  l'arbre.  Ce  cœur  ou  cette 
racine,  reconnaissable  à  certaines  veines,  bigarrures  ou  taches, 
c'est  ce  qu'on  appelle  le  madré.  Créer  des  difficultés,  résister  à  ce 
que  d'autres  demandent  légitimement,  fatiguer  par  la  longueur 
de  ses  délais  et  la  dureté  de  son  naturel,  ne  sont-ce  pas  là  les 
vrais  caractères  de  l'homme  madré? 

Bernard  Palissy  l'emploie  encore  dans  son  sens  primitif,  ffll 
faut,  dit-il,  que  tu  me  confesses  que  le  bois  d'érable  est  plus  ma- 
dère, figuré  et  damasquiné  que  nul  autre  bois.r» 

La  même  idée  se  retrouve  dans  l'adjectif  retors. 

Michel  Bréal. 


DE  LA  SURVIVANCE  DE  L'ACCUSATIF  DU  GERONDIF   EN  FRANÇAIS. 

Dans  le  dernier  numéro  de  ces  Mémoires,  tome  IX,  fascicule  i, 
page  95,  M.  Bréal  cite  un  certain  nombre  d'exemples  de  la  sur- 
vivance en  français  du  gérondif  latin  et  ajoute  que  cette  tournure 
était  fréquente  en  ancien  français. 


MÉLANGES.  169 

Je  crois,  en  effet,  que  Ton  peut  encore  citer  comme  survivance 
de  l'accusatif  du  gérondif  en  français,  la  mention  cite'e  par  Henri 
Estienne  dans  son  traité  de  la  Conformité  du  langage  français  avec 
le  grec,  pages  i85  et  186  de  l'édition  publiée  par  Léon  Feugère, 
Paris,  Delalain,  i853,  in-12,  il  gèle  à  pierre  fehdarit ,  c'est-à-dire 
jusqu'à  fendre  la  pierre,  tisque  ad petram  Jindendum. 

Au  reste,  cette  locution  avait  déjà  frappé  Henri  Estienne,  car 
il  ajoute  à  la  page  186  de  l'édition  précitée  :  r  Quant  à  cette  fa- 
çon de  parler,  il  gèle  à  pierre  fendant  (en  laquelle  aussi  nous 
devons  observer  une  application  estrange  de  ce  participe /e/u/rtHî), 
il  ne  me  souvient  pas  bonnement  en  quel  auteur  grec  je  l'ai 
leue.  .  .  w,  etc. 

Henri  Le  Foyer. 


Fr.  fous  fol  =  lat.  follis  follem. 

On  a  essayé  de  diverses  façons  de  passer  du  sens  de  rr souffleta 
à  celui  de  «fou^  :  l'intermédiaire  de  Darmesteter  rrqui  grimace 
en  gonflant  la  boucher  n'est  guère  vraisemblable,  et  celui  de 
Diez  tf  qui  n'est  gonflé  que  de  vent  11  est  bien  psychologique.  Peut- 
être  est-il  plus  simple  de  rappeler  que  \c  follis  est  le  gros  ballon 
de  jeu,  d'usage  courant  à  Rome  à  partir  de  Pompée  [Athénée,  I, 
p.  i/i  f).  11  va  et  vient  d'une  course  insensée;  souvent  il  dévie 
hors  de  la  piste  et  va  se  buter  au  premier  obstacle  venu;  il  n'a 
point  de  direction  propre  et  marche  au  gré  de  qui  le  pousse;  il 
sert  de  jouet  à  ceux  qui  se  le  renvoient  :  autant  de  traits  qui 
conviennent  parfaitement  à  la  physionomie  du  w  foun. 

V.  Henry. 


L'INDICATIF  PRESENT  DU  VERBE  ETRE 

EN  NÉO-GREC. 


Parmi  les  phénomènes  divers  que  pre'sente  la  conjugaison  néo- 
grecque, ceux  de  i'indicalif  présent  du  verbe  ce  être  w  méritent  de 
fixer  spécialement  Tattention  du  linguiste.  En  regard  des  formes 
anciennes  : 

Singulier:  i.  elfxî,  Pluriel:  i.  éa-fjiév, 

2.  s7,  2.   écris, 

3.  £0-7/,  *  3.  siaî^, 

la  xoivtf  moderne  offre  comme  paradigme  : 

Singulier:  i.  eifxoLi,         Pluriel:  i.  eïfjtacrls, 

2.  siaaiy  2.   elale, 

3.  eivoLi,  3.   eiva.1. 

Nous  allons"  examiner  ces  formes  séparément  en  nous  efforçant 
de  dégager  les  différentes  phases  de  leur  développement  histo- 
rique. Pour  les  abréviations  et  les  renseignements  bibliogra- 
phiques, cf.,  sauf  indication  contraire,  Et.  ng.  -,  p.  cxxi  sqq., 
et  Essais,  I,  p.  ^  sqq. 

I.  PREMIÈRE  ET  DEUXIEME  PERSONNES. 

S  l""".  —  Singulier. 

Une  des  premières  modiGcations  au  paradigme  ancien  a  porté 
sur  la  deuxième  personne  du  singulier.  Deux  équivalents  rem- 
placent, chez  Constantin  Porphyrogénète,  la  forme  classique  et  : 
ce  sont  eïs^  et  daat'^. 


'  Pour  les  formes  dialectales,  cf.  Kiihner '',  II,  p.  aaS  et  suiv. 

-  Etudes  de  philologie  néo-grecque,  publiées  par  Jean  Psicbari.  Paris,  Bouil- 
lon, 1892. 

3  ETsGeds,  I,  348,  a3;  eh  0  0eds,  1,348,  i5;  35o,  5,  8,  10,  12,  i4, 
16,  19,  24;  35i,  19,  23;  355,  12;  366,  19. 

*  Elae  tsciTplxtos ,  I,  25o,  10;  elae  ôSslva,  I,  253,  3  (3);  cf.  253,  4  (a); 
a64,  21,  22  (2);  266,  22  (4),  23. 


L'INDICATIF   PRÉSENT  DU  VERBE  ETRE  EN  NEO-GREC.  171 

Comment  expliquer  e7s?  On  trouve  déjà  cette  deuxième  per- 
sonne chez  Homère  et  chez  He'rodote  ^  ;  mais  les  conditions  dans 
lesquelles  elle  se  présente  ici  excluent  l'hypothèse  d'une  imita- 
tion savante,  déjà  peu  vraisemblable  en  elle-même:  l'auteur,  en 
effet,  ne  parle  pas  en  son  nom,  il  rapporte  seulement  les  cris  de 
la  foule.  Sommes-nous  en  présence  d'un  dialectisme  conservé  par 
tradition  orale  ?  De  telles  explications  cadrent  mal  avec  ce  qu'on 
sait  par  ailleurs  du  développement  du  grec  ;  je  persiste  à  croire 
qu'il  est  logique  de  n'y  recourir  qu'avec  une  extrême  circonspec- 
tion, en  s'entourant  de  toutes  les  garanties  possibles  et  seulement 
lorsque  toute  autre  explication  normale  fait  défaut.  Or  ce  n'est 
pas  ici  le  cas;  on  conçoit  facilement  que  ef  soit  devenu  sis  par 
analogie  des  deuxièmes  personnes  de  l'actif  :  ypdÇisis,  eypaC^es, 
êypai^/as,  etc.  L'ionien  sis,  auquel  il  vient  d'être  fait  allusion, 
les  formes  (prfs,  sh  ^  tu  vas  17 ,  les  deuxièmes  personnes  elles-mêmes 
ypdÇ:si5,  ti9ï]s,  etc.  (au  lieu  de  *yp(xÇ>si,  *ri6tj  et,  d'après  eypa- 
(pes,  STiôi]?^-^)  ne  sont  pas  autre  chose  que  les  diverses  mani- 
festatifins  du  même  principe  analogique,  dont  il  est  intéressant 
d'observer  ainsi,  à  travers  les  âges,  la  constante  application-'. 

Quant  à  eJa-ai,  cest  une  deuxième  personne  créée  sur  le  mo- 
dèle des  verbes  à  désinences  passives,  par  un  procédé  susceptible 
de  se  formuler  ainsi  :  êKSifxrjv  :  tjfÀVv  *  =  xeiao^ai  :  eaofxai  = 
xeîacti  :  slcrcti.  Son  apparition  semble  postérieure  à  celle  de  e?is;  : 
l'analogie  du  passif  était  en  effet  plus  lointaine  que  celle  de  ypd- 
(peis,  eypaÇiss;  de  plus,  la  fortune  ultérieure  des  désinences 
passives  permet  de  croire  que,  si  la  forme  sJaai  avait  été  la  pre- 
mière créée,  sïs  ne  se  serait  sans  doute  pas  produit.  On  remar- 
quera, d'autre  part,  que  l'apparition  de  elaai  n'implique  pas 
nécessairement,  au  moment  où  elle  a  lieu,  la  disparition  de  et 
et  l'existence  exclusive  de  sis;  le  résultat  de  la  proportion  établie 
plus  haut  restait  le  même,  quelle  que  fût,  de  eJ  ou  de  eJs,  la 
forme  alors  en  usage. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  ce  dernier  point,  un  fait  paraît  certain  : 

'  Cf.  Kùhner^,  II,  p.  22 4  et  226. 

•'  Cf.  Kûhner\  II,  p.  i/i. 

^  V.  Henry,  Gr.  Comp.,  S  2^9.  —  Est-il  besoin  de  dire  que  jo  ne  date  pas 
du  x"  siècle  l'apparition  de  els  dans  le  domaine  néo-grec?  Il  y  aurait  à  cela  de 
sérieux  obstacles  :  l'insuflisance  forcée  des  données  chronologiques  qui  ont  be- 
soin, en  ce  qui  concerne  les  deux  premières  personnes  du  singulier,  d'acquérir 
en  extension  ce  qui  leur  manque  en  fréquence;  le  nombre  restieint  des  textes 
dépouillés  ici;  enfln,  le  caractère  même  de  l'analogie  en  question,  qui  dut  se 
produire  d'autant  plus  tôt  qu'elle  s'offrait  très  naturellement  à  l'esprit. 

''  Cf  Kùhner,II,p.  229,  S.  Port.,  p.  207,  Chron.  Pascb. ,  3  ,  189,  g.Const. 
Porph.,  III,  i3i,  21  ;  iiaOa  Matth.,  26,  69,  Marc,  i4,  67;  ijfieOa.  Sept.  Ba- 
ruch.,  1 ,  19,  Ma\a\.,holi,  6,  Mosch.,  8096  D  (corriger  Sopboclcs,  s.  v,  e/fx/), 
etc.  Dans  Podrome,  le  paradigme  de  l'imparfait,  est:  sing.  1,  -^firiv,  viiovv, 
3.  ■fiaovv,  3.  ^Tov;  plur.  1.  absent,  a.  absent,  3.  fiaa.v. 


172  HUBERT  PERNOT. 

la  coexistence,  vers  le  x®  siècle,  de  sis  et  de  ela-ai  et  la  rapide 
extinction  de  s7$,  que  nous  ne  retrouverons  plus  désormais.  On 
verra  l'analogie  qui  a  cre'é  eïa-txi  s'étendre  progressivement  à  cha- 
cune des  autres  personnes  et  niveler  ainsi  tout  le  présent  de  Tin- 
dicalif.  La  forme  eifxi  sera  maintenant  la  première  atteinte  et  de- 
viendra slixai.  Il  semble  bien,  en  effet,  que,  de  ces  deux  créa- 
tions nouvelles,  sla-ai  et  stycai^  celle-là  ait  été  la  première  en 
date.  Le  fait  tient  peut-être  à  ce  que  les  formes  de  la  deuxième 
personne,  antérieures  à  eïcrai,  étaient  monosyllabiques  et,  par 
conséquent,  s'éloignaient  plus  que  eîyii  du  reste  du  paradigme. 
€ette  antériorité  de  eïarai  est  confirmée  par  les  textes  que  j'ai 
dépouillés,  par  Spanéas  I  notamment  ^ 

Span.  I,  eïa-ai,  constant  :  2Ù,  28,  62,  97  (2),  98,  11^, 
i35,  1^9  "•^.  £i(iî  :  2  56;  eJfxcti,  absent. 

G/«/fc. ,  e/o- a/,  constant  :  216,  3o4,  538.  sîfjii,  absent;  e//!/a< 
(pour  la  première  fois)  :  bài,  5^7. 

Prodr.^^  elcrai,  constant  :  I  (G),  66,  70,  i/i2,  161,  196; 
in,6i=^IVib.  igCS),  96=1V  ib.  (^GS),  97-IV  ib.  (^GS), 
io6  =  IVib.(^GS),io8  {g),  /i73=lVib.  (^GS),  475  =  lVib. 
(^GS);  IV,  60  (GS),  61  a  (GS),  62  (GS),  487  (GS);  VI,  2/i3  {g, 
édit.  elfxai),  277  (^GS),  278  (S).  —  eJfxai  :  I  (G),  ikh;  III, 
i5o=lVib.  (g-GS),  333=IVib.(^GS);  VI,2i3(d'après^seu- 
lement  et  par  conjecture;  ms.  eiaoLi),  287  [g  siçi',  GS  siixott). 
eifxi  :  III  {g)  20.  G  ne  contient  pas  le  vers  par  suite  de  la  dis- 
position d'un  feuillet,  mais  S  le  donne  de  la  même  façon  que  g; 
la  leçon  paraît  donc  bonne.  Il  ne  faudrait  pas  conclure  de  là 
que  elfxi  et  el(x(xi  coexistaient  au  temps  de  Prodrome  :  e//^tj'est, 
pour  l'auteur,  une  forme  savante;  quatre  vers  plus  haut,  il  a  déjà 
employé  uaiv  [S<^ai),  qui  constitue  chez  lui  un  aTraf  et  contre- 

'  Eî[tl  :  Malal.,  19,  i3;29,  i3;96,  10;  111,  i3;254,  7,  ii;3i4,aa; 
Consl.  Porph. ,  III,  i3i,  21. 

-  Je  n'ai  pas  tenu  compte,  dans  le  cours  de  ce  travail,  de  l'orthographe 
des  manuscrits,  souvent  incohérente.  Je  n'ai  pas  non  plus  distingué  les  formes 
de  l'indicatif  de  celles  du  subjonctif;  l'identité  phonétique  de  ces  deux  modes, 
au  singulier,  a  amené  une  fusion  {S.  Port.,  i8a-i83)  qui  rend  ici  toute  dis- 
tinction inutile. 

^  Dans  la  désignation  des  différents  manuscrits  de  Prodrome, 

G  =  Gr.396, 
g  =  Gr.  i3io, 
C  =  Coislin382, 
S  =  Suppl.  io3i. 

Ce  dernier  manuscrit,  qui  m'a  été  signalé  par  M.  Emile  Legrand,  est  de 
i36i.  Il  renferme  exactement  les  mêmes  poèmes  que  C,  avec  lequel  il  est  ma- 
nifestement apparenté  et  qu'il  complète  ou  corrige  en  plusieurs  endroits.  J'en 
donnerai  la  collation  en  publiant  l'index  de  Prodrome. 


L'INDICATIF   PRÉSENT   DU   VERBE   ETBE   EN   NEO-GREC.  173 

dit  sa  morphologie  et  sa  syntaxe  ordinaires;  ohives,  au  même 
vers,  n'est  pas  non  plus  pour  lui  une  forme  courante. 

C'est  que,  en  effet,  les  poèmes  de  Prodrome  ne  présentent 
pas,  au  point  de  vue  du  style  et  de  la  langue,  une  parfaite  unité; 
par  endroits,  les  mots  sont  plus  reclierche's ,  la  morphologie  et 
la  syntaxe  visent  à  Tarchaïsme,  le  vers  lui-même  est  plus  soigné 
et  renferme  moins  d'hiatus.  C'est  le  cas  pour  le  passage  qui  nous 
occupe;  les  cinquante-cinq  premiers  vers  de  VI  offrent  aussi,  à 
ces  diffe'rents  points  de  vue,  un  contraste  frappant  avec  ceux  qui 
suivent.  11  semble  bien  que  Prodrome  solennise  parfois,  surtout 
au  de'but  et  à  la  fin  de  chaque  poème;  d'une  manière  générale, 
lorsqu'il  s'adresse  plus  particulièrement  à  l'empereur.  11  est,  du 
reste,  facile  d'en  donner  des  preuves. 

On  rencontre  environ  1 1 5  emplois  du  datif  dans  les  poèmes  de 
Prodrome  tels  qu'ils  sont  publiés^;  ce  qui,  à  raison  de  i/iûS 
vers  environ-,  donne  une  moyenne  de  8  datifs  par  loo  vers. 
Or,  à  eux  seuls,  les  55  premiers  vers  cTe  VI  [supra)  en  con- 
tiennent i/i  ^  et  les  i8  derniers  en  contiennent  U  *  :  soit,  dans 
les  deux  cas,  presque  les  deux  tiers  de  plus  que  la  moyenne. 
De  même,  dans  IV,  les  29  derniers  vers  renferment  10  datifs^. 
En  revanche,  les  vers  5o-62o  n'en  renferment  que  ik  ''.  L'affec- 
tation est  ici  d'autant  plus  visible  qu'elle  s'exerce  précisément 
sur  un  cas  dont  l'existence  dans  le  langage  courant  devait  être 
des  plus  précaires  ''.  L'empereur,  d'autre  part,  est  si  bien  la  raison 
d'être  de  ces  formes  solennelles,  que,  28  fois  sur  2G,  l'article  tc5 
est  employé  en  s'adressant  à  lui*^  et  que  le  mot  xpaTOs  entre,  à 

1  J'ai  natureHement  donné  te  coefficient  1  à  des  exemples  comme  ceux-ri  : 
avv  tsioan  àpjvaiais  ttl,  076  =  1V  ib.;  Kaï  'B5£iaQy\-ci  yspovTucoJs  xal  TSatpiKols 
aov  ïôyots  V,  i3  =  VI,  -yS;  tîÎ  ipiauparialù)  xpciTet  (g)  =  tv  (^fj  Q-eoal£<Z>i)f. 
(C)  Vf,  397;  etc.  Mais,  pour  no  pas  trop  étendre  le  cercle  de  la  discussion,  j'ai 
compté  comme  valables  tous  les  cas  où  j'ai  constaté  l'emploi  du  datif;  ainsi  : 
7o7s  àS£X<poTs  (lov  lit,  278  {g;  lo  passage  n'existe  pas  dans  C);  Sos  vTfiav  toU 
'matpaaiv  lit,  111  {g;  xcù  vi-^ov  tous  'ssatépas  IV  il).  C);  Xé-yopil  (iot  IV,  A/17 
(C;  e:  As}'£«  lis  III  ib.  g-).  Le  cliitFre  de  1 15  est  donc  un  maximum  par  rapport 
au  texte  primitif. 

-  Dédpction  faite  des  poèmes  IV  et  V  qui  se  confondent  respectivement  avec 
III  et  VI.  On  est  forcé  de  s'en  tenir  à  des  nombres  approximatifs,  mais  les  ré- 
sultats n'en  sont  pas  sensiblement  modifiés. 

^  Et  même  i5,  si  l'on  compte  êv  àviyKo.is  VI,  6  (g)  :  cf.  VI,  3  (var.  lect.) 
5,  11,  17,  19,  95,  28,  99,  3i,  34,  37,  hk,  49,  5i;  tous  ces  exemples  sont 
de  0. 

^  VI,  383  (g),  386  (gC),  396  (gC),  397  (g-C). 

5  IV  (G),  626,  698,  631,63.5.639  (a),  6/10(9),  6/17,  6/18. 

«  IV  (G),  117a,  190,  i36,  i55,  993,  3/i],  357  b,  4/17,  /199 ,  5i6,  56i, 
676,  678  a,  6o3. 

'  Span.  I,  77,  219  (cf.  919),  919,  sur  283  vers;  —  Soluin.,  96,  sur 
i48  vers. 

"  I,  7;  II,  9.5  (2);  111,  1,  2,  1.55  =1V  ib.,  56i  =IV  ib.,  6o3  (-0,622, 


\lh  HUBERT  PEBNOT. 

lui  seul,  pour  le  chiffre  de  9  dans  le  contingent  des  datifs  (11 5); 
cela,  sur  19  fois  oià  il  se  présente^. 

On  pourrait  multiplier  les  preuves  et  faire  voir,  par  exemple , 
que  lorsque  deux  formes,  telles  que  ov{x)  et  ovSèv  (gr,  mod.  Sèv) 
sont  en  lutte,  la  plus  vulgaire  se  trouve  d'ordinaire  dans  le  con- 
texte le  plus  familier  -;  mais  il  suffit  ici  d'avoir  montré  que  elfjLi 
a,  chez  Prodrome,  toute  les  apparences  d'une  forme  savante  et 
d'en  avoir  indiqué  les  raisons. 

Solonu,  eïaai  :  54  (2),  68  (2),  76  (2),  8ù,  108,  111,  126. 
—  slfxat  :  77. 

Span.  H  ,  ela-at  :  85  (V)— G  28  3,  159  =  G  98,  180  =  G 
iiZi,  i97(2),25i=G  i35,  282  =  G  1/19,  3io,  891,  5o6  (V), 
564(V),588(V),597(V),62i(V),638(V).  — £/f/a<:22(B), 
ûi. 

Quadrup.,  sla-ai  :  176,  200,  285,  466,  687,  681,  801, 
8^1  (V),  vdcrai  685  (Pj.  —  e/^a,  :  157  (P),  i58,  575,  69^, 
764,  816,  861,  870;  si[xi  157  (V),P  :  slixoti. 

Nous  ne  poursuivrons  pas  plus  loin  ce  relevé;  les  textes  pos- 
térieurs, Vind.pop.,  Const.  capt.'^,  Georg.  Rhod.,  Imb.  III,  Xenit., 
Ceph.,  et  les  grammaires  de  Sophianos  et  de  S.  Portius  ne  con- 
naissent plus  d'autres  formes  que  elaai  et  sl[xoii. 

S  2.  —  Pluriel 

Les  formes  anciennes  èa-fxév,  èalé  faisaient  obstacle  à  la  ten- 
dance nettement  marquée  vers  l'analogie  passive.  Lorsque  le  peuple 
voulait  dire  nous  sommes,  vous  êtes,  les  désinences  -fxsda  et  -ade  se 
présentaient  naturellement  à  son  esprit  :  il  créa  tout  d'abord 
si'ixsôa.  et  slaôe^.  Ces  formes  ne  se  rattachent  pas  à  êcrfxév,  sais; 

6o5,  635=IVib.,  6i8  =  IVib.;  VI,  17  (2),  19  (9),  25(9),  3i,  5i,  268, 
397.  Cf.  I,  2i5  (9);  IV,  5i6. 

1  Kpd-ret,  I,  7;  m,  i55=IVib.,56i  =IV  ib.,  6o3  =  IV  ib.,622,  635  = 
IV  ib.,  6/18  =  IV  ib.,  VI,5i,397.  —  Kpa'Tous,  I,  i;  III,  55o  =  IVib.,  659; 
IV,  63o,  VI,  19.  —  KpaTos,  VI,  16,  90,  liZ,  2^8,  38i. 

■'  III,  (g),  90  (var.  CS),  101,  2o4=lV  ib.  (^CS),  hbli  =IVib.(gCS), 
53i=IV  ib.  (g-CS);  IV,  86  (CS);  V,  i38  =  VI,  235  (Gg-CS);  VI,  63  (gCS), 
137  (g),  319  (g),  393  (g),  368  (g).  La  forme  êèv  est  particulière  à  g  [III, 
i52,  234,  2Ù5;  Vl,  71  (C  o'jx),  276,  278  (C  ovk)]  et  semble  avoir  été  étran- 
gère à  la  langue  de  Prodrome. 

^  La  lettre  G  désigne  les  leçons  du  Gr.  396  =  5pan.  /. 

*  Const.  capt.=^Geoi-g.  Co«sf.;  cf.  Hadzidakis,  BZ,  t.  III,  3-i,p.  ôSi-agS. 

^  La  forme  étale,  aujourd'hui  courante,  vient  de  eTcrôe  par  l'application  de 
la  loi  bien  connue  :  quand  deux  continues  sourdes  se  trouvent  côte  à  côte,  la 
seconde  se  change  en  l'instantanée  sourde  correspondante  (cf.  Jean  Psichari, 
OseiT.  phonét.  =  Mr'tti.  Soc.  ling. ,  VI,  3o5  et  suiv.).  Il  va  de  soi  que  la  pro- 
nonciation al  n'est  pas  toujours  notée  dans  l'écriture. 


L'INDICATIF  PRÉSENT  DU  VERBE  ETRE   EN  NEO-GREC.  175 

leur  syllabe  initiale  montre  assez  qu'on  a  affaire  à  des  cre'ations 
entièrement  nouvelles,  dues  à  l'influence  du  singulier. 

Voici  quels  sont,  en  ce  qui  concerne  ces  deux  premières  pei- 
sonnes  du  pluriel,  les  renseignements  positifs  que  j'ai  pu  re- 
cueillir 1  : 

Span.  I,  sïixeôa.  20/1  (^  Span.  II,  rJixsOsv  ki-j,  V). 

Qiiadrup.,  êa-fjiév  -yi,  —  sicrie  io33. 

Vinci,  pop.,  ïjixecrlsv  3,  loi. 

Const.  capt.,  sïa-1s  926;  vàcrBs  961. 

Georg.  RhocL,  slo-le  :  birova-de  19,  ocroi  'cris  620. 

Sophianos,  eïfxeôa.  71,  etfisOsv  ihid.,   eï^saBev  6G  et  69. 

—  sla-l s  66,  69,  71. 
S.  Port.,  eïfxsadsv  hi.  —  slcrOe  ibid. 

Un  double  problème  s'offre  alors  à  nous.  Il  s'agit  d'établir  les 
rapports  chronologiques  qui  unissent  dy.sBix,  sia-ls  à  sia-ai, 
sî^ai  et  d'expliquer,  d'autre  part ,  l'apparition  de  formes  telles 
que  si'ixsSsv  et  sifxsalsv.  Les  deux  questions  sont  embarrassantes. 

Si,  pour  la  première,  on  généralise  les  données  de  Span.  I, 
qui  sont  celles-ci  : 

Sing.  1.  e/f//(i  fois),  2.  ela-ai  (9  fois); 
Piur.  1.  £Ï[jLe6<x  (1  fois),  2.  néant, 

il  semble  naturel  d'admettre  que  la  progression  analogique, 
aux  deux  premières  personnes  du  singulier  et  du  pluriel,  a  été 
la  suivante  :  ela-at,  [slaBe],  sïfjLsOct,  eîyLCti.  On  suppose  ainsi,  il 
est  vrai,  l'existence  de  sîcrOs  à  une  époque  où  elle  n'est  pas 
encore  prouvée;  mais  Thypotlièse  est  des  plus  justifiées,  puisque, 
d'une  part,  nous  avons  perdu  la  trace  de  plur.  2  entre  Comt. 
Porph.  {èc/lé,  III,  2/17,  19)  et  Quadrup.  [eJals,  io33)  et  que, 
d'autre  part,  on  ne  voit  pas  très  bien  l'analogie  passant  brus- 
quement de  sing.  2  slcrai  à  plur.  1  sifieda.  Cette  hypothèse  fùt- 
elle  vérifiée,  nous  n'aurions  pas  encore  cependant  le  droit  d'ad- 
mettre sans  réserve  la  progression  précédente.  En  effet,  elle 
repose  tout  entière  sur  une  généralisation  dont  la  base  est  un 
«Tra^,  la  forme  elfxî  du  Spanéas.  Or  il  se  peut  que  cet  sifii  soït  dû 
ici  à  des  circonstances  particulières  (supra,  Prodr.  III,  20;  cl. 
p.  182)  et  qu'il  ne  prouve  rien  en  faveur  de  la  non-existence  de 
elixai  à  l'époque  du  Spanéas  '-.  Une  autre  supposition  se  présente 


'   Sojitiodes  (s.  V.  eifii,  à  la  fin)  cite  à  lort  loann.  Mosch.,  ."^096  D  ijfisOa 
èay-év.  Il  s'agit  d'un  imparlail  et  non  d'un  présent. 
2  Cf.,  p.  172,  à  Glyk. 


176  HUBERT    PERNOT. 

donc  à  Tesprit  :  eJçxai  aurait  immëdiatement  suivi  slaoLt,  et  les 
formes  du  pluriel  ne  seraient  venues  qu'en  dernier  lieu. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  deux  hypothèses,  dont  la  première 
me  semble  cependant  préférable ,  il  s'en  de'gage  d'ailleurs  une 
conclusion  identique  :  elcrai  une  fois  créé,  l'analogie  passive  a 
précipité  sa  marche,  et  nous  pouvons  affirmer  en  somme,  avec 
beaucoup  de  vraisemblance,  malgré  l'absence  de  renseignements 
positifs  en  ce  qui  concerne  elcrOs,  que,  dès  le  xii*  siècle,  les 
formes  passives  s'étaient  implantées  aux  deux  premières  personnes. 

Mais,  avec  le  temps,  les  désinences  passives  subirent  elles- 
mêmes  des  modifications;  à  côté  de  ypaCpô^tBa^  par  exemple,  ap- 
parurent des  types  comme  ypa(pôixs9sv,  ypa(pôfxe(Tlev,  etc.  Le 
verbe  rr être  11  en  ressentit  naturellement  l'influence,  et  c'est  dans 
des  créations  de  ce  genre  que  nous  devons  chercher  l'origine  de 
formes  telles  que  ei/xe^ev  \  eï'ijisalsv-,  eïixea-la,  elfxaale,  eï'a-aals 
{plur.  2)^,  pour  ne  nous  en  tenir  qu'aux  plus  connues.  Malheu- 
reusement, l'histoire  de  ces  désinences  passives  est  encore  très 
obscure;  l'absence  de  données  chronologiques  un  peu  complètes 
ne  permet,  pour  l'instant,  que  de  vagues  hypothèses'*.  Il  semble 
que  la  désinence  -(xeOev  ait  été  la  première  en  date,  après  -fxsôa; 
la  finale  -ev  est  due  sans  doute  à  l'analogie  des  premières  per- 
sonnes ypdÇioixev,  êypd(p6ï]fx£v,  etc.  —  Dans  ypaCpôyLeaBsv,  on 
voit  qu'on  a  affaire  à  une  désinence  de  plur.  2 ,  sans  pourtant 
qu'on  puisse  dire  exactement  si  l'analogie  s'est  opérée  sur  ypa.- 
Çiôfxsôsv  ou  sur  ypdÇ)0[jia.i.  —  Il  est  possible  que  ypaÇiôfieala 
repose  sur  ypa(p6^zale{y)  et  soit  dû  à  l'influence  de  ypx<p6yLeBa. 
—  Quant  à  la  désinence  -aals,  elle  ofl^re  d'assez  grandes  diffi- 
cultés, à  cause  de  l'alternance  vocalique  a-£.  Il  est  très  probable 
qu'elle  est  venue  de  l'imparfait,  à  la  faveur  de  la  confusion  qu'a 
amenée,  aux  deux  premières  personnes  du  pluriel  des  deux  temps, 
la  disparition  de  l'augment^;  mais,  même  à  l'imparfait,  son  origine 
est  obscure.  Selon  Hadzidakis  [Einleit.^,  69-60),  cette  alternance  vo- 
calique a-e  serait  due  à  l'action  de  plur.  3;  en  d'autres  termes, 
c'est  sur  le  modèle  de  formes  comme  [s)€ps)(^6vTave ,  èpyôvia.vz 
qu'on  aurait  dit  {è)€pe)(^6(xaa1e,  {è)€ps^écraa1  s ,  èpyô\i.a(j\t ,  ^PX^~ 
aaaie:  dans  cerlaines  régions,  en  effet,  l'imparfait  tout  entier  se 
conjugue  de  la  manière   suivante  :  {ê)ëpe)(6[xavs ,  [è)ëp£)(ô(7<xv£ , 

*  Span.  II ,  supra. 

-  Voir  Sophianos  et  5.  Port.,  supra;  cf.  yeAoûfxeff^ef,  Sophiaiws,  68;  ypa- 
Çovfieadev ,  S.  Port.,  35;  tsateiovyLeaQev,  ibid.,  38;  àjaTcovyieaOsv,  ibid. ,  h\. 

^  Dans  la  langue  commune,  ety.a.a1e  est  plus  usité  que  £ÎiJ.e6a;  ctaaale  l'ait 
une  concurrence  sérieuse  à  elala. 

*  Cf.  5.  Port.,  197. 

*  Des  imparfaits  comme  {è)ypap6fisda,  {è)ypâ<^ea6e  s'identiGent,  en  effet, 
avec  des  présents  comme  ypo^dfxeOa,  ypâ^eaBe. 

*  Einleitung  in  die  neugr.  Grammatik,  Leipz. ,  1898,  xvi-Aôi  p.,in-8°. 


L'INDICATIF   PRÉSENT  DU  VERBE  ETRE  EN  NEO-GREC.  177 

{ê)SpsXÔrctvs ,  {ê)^psxô(xa(Tls,  {ê)Gps)c6craa1e,{i)Spsx6vTave\  êp^ô- 
(xave,  êpyjjo-avs,  etc.  L'influence  de  plur.  3  me  parait  ici  évi- 
dente, aux  trois  personnes  du  singulier;  en  ce  qui  concerne 
plur.  1  et  2,  pie'site  un  peu  à  admettre  cette  analogie  incomplète 
où  le  sujet  pariant  ferait  en  quelque  sorte  abstraction  du  groupe 
-al-,  mais  je  ne  vois  aucune  explication  plus  satisfaisante;  une 
influence  de  Taoriste  moyen  [-np^aa-de^,  £<5~£6zo"^e"~)  parait  assez 
problématique,  puisque  ce  temps  n'existe  plus  de  nos  jours  et 
(|ue  ypa(p6^a(Tle,  y py.(p6a-acrl e ,  sïfxaa-ls,  eïaacrls.  semblent  être 
des  formes  plutôt  re'centes. 

II. TROISliîWE  PERS0N^E. 

s    \".  - —   Singulier. 

Si  le  peuple  avait  pensé  à  éa-1i\  la  troisième  personne  du  sin- 
gulier aurait  été  ^salai,  d'après  l'analogie  de  sifiat  et  de  eJcrat, 
ou  bien  ^slalai,  en  admettant  l'unification  des  syllabes  initiales. 
Si,  au  contraire,  la  troisième  personne  avait  été  tout  simplement 
créée  d'après  la  deuxième,  sur  le  modèle  des  verbes  passifs,  on 
aurait  eu  *sïrai.  Or  la  forme   généralement  employée  est  sivai. 

Elvai  n'a  rien  de  commun  avec  l'infinitif  ancien;  l'identifica- 
tion des  deux  formes  cadrerait  mal  d'ailleurs  avec  ce  que  nous 
apprennent  les  textes  médiévaux  où  l'on  trouve  comme  troisième 
personne  evi-^.  C'est  précisément  l'histoire  de  cette  forme  qui 
nous  donnera  l'explication  de  eivai. 

Ftvi  apparaît  déjà  chez  Homère.  On  le  trouve  également  à 
l'époque  classique.  Dans  quels  rapports  sont  entre  elles  ces  trois 
formes,  homérique,  classique  et  médiévale? 

Ëvt  se  présente  riiez  Homère  sous  l'aspect  d'un  doublet  de  la 
préposition  sv\  cela  non  seulement  dans  sa  forme*,  mais  encore 
dans  sa  signification  et  dans  ses  attributions  syntaxiques^.  Il 
n'est  pas  rigoureusement  exact  de  considérer,  chez  Homère,  svi 
comme  un  équivalent  de  'éveali  ou  de  svstcri;  à  cette  époque,  la 
forme  svt  a  encore  toute  sa  valeur  prépositive  ou  adverbiale.  Le 

'  Cf.  Prod,:,  I  (G),  jgo,  a.n;  IV,  'îo8  =  III  ihul.  {gCS);  V,  7/1  =  VI, 
16.}  (G^CS);  VI,  -iSe  igCS),  agi  (gCS),  .336  (g). 

-  Cf.  Ha(lzidali.is ,  EinL,  19^  ot  isuiv. 

■'  Cf.  aussi  etadat,  infinilif;  Hesseling  ,  dans  Et.  ng.,  p.  35. 

•'*  Brujjmann,  p.  219.  On  trouve  très  frequemmi-nt  ivi  sous  sa  forme  alone 
èv\  (i'accenl  fjrave  équivaut  ici  à  l'absence  d'accent  tonique,  Henry,  Gr.  comp., 
S  81);  l'Iliade  contient  environ  1  fois  évi  contre  G  fois  êvi:  dans  l'Odyssée,  la 
proportion  est  de  1  à  9. 

^  Ev  el  ëvt  sont  souvent  employés  côte  à  côte:  A  3o,  B  90:!,  M  :iii,  N 
aSA,  II  .5i/i,  63o,  P  -Si,  X  216,  5o3,  S  6o3,  A  /jâg.  Le  dépouillement 
complet  montre  que  ces  deux  formes  sont  dans  le  rapport  de  3  (er)  à  i  (éVi, 
éri)  pour  l'Iliade  et  de  2  à  1  pour  l'Odyssée. 

MÉM.    U^G.  —   I\.  12 


178  HUBERT  PERNOT. 

fait  n'est  pas  douteux  pour  des  exemples  tels  que  6(ppix  'oupriv 
oparjTS xctrfusvai ,  j?  ^vi  KSiTai  |  XidTpoxXos  ("^  210),  TvSei^t),  issp) 
[ikv  Tsokéfxct)  ëvi  HapTspos  serai  (I  53),  ot  tôt'  âpialot  1  ^cav  èv\ 
TpoiY]  épiSciÔAaxi  (Loih  ),  rpels  Se  o'i  slai  B-vyajpes  év)  pLeyocpù) 
svTTijxTCf)  {l  286),  etc.,  où  svt  se  construit  avec  des  verbes.  Il 
prête,  il  est  vrai,  à  discussion  dans  des  vers  comme  ceux-ci  :  d) 
tsâ-noi,  )7  poL  iU  sœIi  koÏ  eiv  AiSao  S6ixoio-iv\  ^'t»;^))  xoà  eïSojkov 
diàp  (ppévss  OVH  evi  Tsdintav  {^  \oo),  crlpeTrlrj  Se  y'kcôaa-'  êaTi 
(SpoTMv,  tsoXéss  S' ëvi  fjLvôot  |  tsctvToloi  (Y  2  68) ,  etc. ,  oii  èvi  tend  à 
se  détacher  du  verbe.  Même,  il  semble  ouvertement  contredit  par 
les  nombreux  exemples  où  evi  a  une  existence  nettement  inde'pen- 
dante  :  6(^p^  êv  Tffdaai  |  eiSsr'  ocKOvova-ai ,  6(7'  êfxôj  svi  xrfSea  B-vfxôj 
(2  62),  êns)  ov  ol  evi  (ppéves  ovS'  tjGaioii  (S  1  6  1),  a-vyoip  'cseSioio 
àvcta-aeiç  j  evpéoSj  S)  evi  [xèv  Xwtos rsokv? ,  [S  602  )^  En  réalité,  il 
n'y  a  pas  là  autre  chose  qu'une  ellipse  pure  et  simple  du  verbe 
r  être  V  :  on  sait  combien  sont  fréquentes  chez  Homère  des  phrases 
comme  xpehaoûv  yàp  [3a<TiXev5,  oie  )(OûaeTa.i  àvSpï  x^P^'  (A.  80), 
TÎ[xe7s  S'  ov  vîi  11  Toïoi  dfxvvéfxev  (/S  60),  etc.  Une  telle  construc- 
tion n'est  pas  particulière  à  evr^  on  la  trouve  aussi  avec  êv  (O 
632,  i  21,  i32,  n  63o),  OT<  (E  178),  (xerà  {<p  93),  isapà  {y 
326),  vTTb  (e^636),  etc.'-'. 

L'étude  de  l'emploi  de  ëvt,  chez  les  Attiques,  montrera  mieux 
encore  la  forme  homérique  sous  son  véritable  jour.  On  ne  trouve 
plus,  à  cette  époque,  ëvi  accompagné  du  verbe  être.  D'autre  part, 
une  construction  nouvelle  apparaît:  ëvi,  qui,  chez  Homère, 
était  exclusivement  accompagné  du  datif,  est  maintenant  suscep- 
tible de  se  construire  avec  la  préposition  e'v-^.  Enfin,  tandis 
qu'Homère  sous- entendait  avec  ëvi  aussi  bien  éa-Ti  (S  lAi, 
2  53,  S  6o3,  V  3oG)  que  eia]  [S  8/16,  i  126,  A  367,  s  355, 
Ç  288)'',  les  Attiques  emploient  seulement  cette  forme,  là  où  la 
phrase  demande  le  singulier  de  l'indicatif  présent.  Que  conclure 
de  là,  sinon  (|ue  ëvi  a  chez  eux  une  valeur  veibale  et  n'est  plus, 
pour  le  sujet  parlant,  un  doublet  de  êv,  mais  bien  l'équivalent 
pur  et  simple  de  ëvecxli'l  E(t7}  une  fois  évincé,  grâce  à  l'ellipse, 
ia  préposition  en  a  pris  les  fondions  syntaxiques,  tout  en  gardant 
sa  signification  propre. 

Dans  Sophocle,  ëvi  et  ëveali  se  couvrent  entièrement  :  El., 


1  Cf.  n  63o,  Cl  77/1,  è  60.3,  8/16,  t  12G,  ;.  367,  V  3o6,  s  35ri,  (?  988. 

'  Cf.  Brugmaiin  etDelbrùck,  Grundriss,  vol.  3,  Synt.  I,  S  269,  p.  659. 

3  Sopli.  0.  T.,  i'239;  E.ir.  fyh.  T.,  673  ;  Ar.  P/tt<.,  3i8;  Plat.  Tkeaet.,  186 
D  (186,  27);  etc.  La  construction  lioniérique  est,  du  reste,  encore  en  pleine 
vigueur:  Escli.  Agam.,  78;  Soph.  0.  C. ,  11 33;  Eur.  Hip.,  966;  Ar.Eq.,  17; 
Plat.  Crat.,  liiaC  (ii3,  4);  Thuc.  9,  ho,  9. 

*  Cf.  même  S  916,  où  pourtant  la  proximité  de  résvHTo  ne  permet  pas  de 
se  prononcer  sur  l'ellipse  d'une  façon  catégorique. 


L'INDIC\TIF   PRÉSENT   DU   VERBE  Jîri?E    EN    NEO-GREC.  179 

io3i,  ATTsXSe'  cro)  yàp  à}(pé\r}cris  ovk  'évi\  l'interlocuteur  re'pond 
aussitôt  :  "Evscrliv.  De  uièuie,  Eui'.  Ov.,  701,  ÏIvsœIi  S'  oIktos, 
ëvi  Se  Ha\  Ovixbs  fxsya.s\  et,  Ar.  Nub.,  hSO-hS'j^  svecrli  Sîjto.  aot 
Xéyetv  év  xj?  (pvasi;  Xéyeiv  [xèv  ovk  sveaT  ànoaispeïv  S'  evi  (Cf. 
Meisterlians,  lôS,  12).  On  a  soulevé  \  en  s'appuyaiit  sur  l'état 
du  {[rec  postérieur,  la  question  de  savoir  si  evt  et  eveali  présen- 
taient pour  les  tragiques  une  identité  absolue,  et  Ton  s'est  demandé 
si  de  ces  deux  formes  en  lutte,  lu  dernière,  dont  il  ne  reste  rien 
en  grec  moderne,  n'était  pas,  à  cette  époque  déjà  ,  une  forme  lit- 
téraire analogue  au  français  «il  est  15  par  rapport  à.  rril  \  an  (il 
est  des  gens,  il  y  a  des  gens).  Le  fait  paraît  discutable.  Evealt, 
en  elfet,  est  relativement  peu  fréquent  cliez  Homère;  je  n'en  ai 
trouvé  aucun  exemple  dans  les  cinq  premiers  chants  de  l'Iliade; 
le  poète  emploie  de  [)rérérence  eV  ou  Irt,  avec  ellipse  du  verbe-. 
En  revanche,  d'Hoiuère  aux  tragiques,  ce  composé  ^semble  avoir 
suivi  une  marche  ascendante.  Selon  toute  vraisemblance,  ëveali 
n'est  devenu  une  forme  littéraire  que  postérieurement  à  Tépocjuc 
attique;  cliez  les  tragiques,  svi  et  svscrli  ])araissent  plutôt  deux 
formes  également  vulgaires. 

Cette  valeur  vei'bale  de  svi^  <|ue  nous  avons  constatée  chez  les 
Atliques,  nous  rapproche  du  grec  byzantin,  où  nous  trouvons 
svt  comme  équivalent  de  êa-li.  Il  suHira  maintenant,  ])our  établir 
la  filiation  de  ces  deux  formes,  de  montrer  comun'iit  svi  a  pu 
passer  du  sens  composé  au  sens  simple. 

Le  fait  s'est  produit,  dès  l'épocjne  classique,  dans  les  locutions 
èviOTS  et  è'vioi,  naturellement  inconnues  à  Homère,  dont  la  pre- 
mière, seule,  apparaît  dans  la  langue  dramatique  (Eur. ,  Hel., 
19  1.3,  Ar. ,  Plut.,  1195),  mais  qui  toutes  deux  se  rencontrent 
fréquemment  en  prose  (cf.  H.  S.,  s.  v.).  Ce  sont  là  des  avant- 
coureurs:  On  peut  dire,  d'autre  pari,  que  l'évolution  sémantique 
était  déjà  en  geime  dans  rem|)loi  homérique  de  evt,  en  tant 
qu'adverbe  :  alps-nlri  Se  y'k''^(T<r'  scrTi  (BpoTÔiv,  TSoXées  S' evi  fxvôoi 
TSCLv-zoïot  (Y  2^8),  'U)  -zsrjTTOi.  ^  pd  T  (S  sctI  i  Ky.)  sîv  AîSao  Sô^oiuiv 
''l^vy^r}  Kcù  eïSwkov  •  drap  (ppéves  ovk  evi  Tsdfxrcy.v  [^  10/1).  Cette 
faculté  de  construire  svi  avec  ou  sans  régime  ])ersista  lorsque 
£vi  prit  le  sens  verbal.  On  lit,  par  exemple,  dans  Eschyle  [Pers., 
788)  :  Na/"  Xoyos  npcLTei  (Ta(prjvï}S  rovio  kovk  evi  a-lda-is,  et 
M.  Weil-'  traduit  ainsi  ce  vers  :  tfOui,  quant  à  ce  pofnt,  une 
relation  précise  domine  et  //  ny  a  pas  d'hésitation. w  L'idée  êv 
TÔî -crpa^iuaTi,  qui  compléterait  le  sens  de  ëvi  et  lui  donnerait 
toute  la   valeur  du    comjxisé,    n'est   pas  exprimée.    L'expression 

'   Psicliari,  l:t.  ng.,  p.  871. 

■  Cepoiidant    oÏkos  êvcali  joos  (Qa'if)),  ooaoi  Tt;  -/^pvaôs  tî  xai   ùp-)tjpo>. 
àaicv  ëverrliv  (k  /i."));  cf.  êvsaav ,  Z    1 /i '1 ,  0  1  •? ,  (jo. 
'  lui.  llarlroKe,  ii)-i<3. 


180  HUBEKT  PERNOT, 

française  il  y  a  me  semble  ici  un  juste  équivalent;  placée  dans  le 
même  contexte  que  svi,  elle  en  rend  exactement  le  sens;  bien 
plus,  elle  nous  présente  dans  son  histoire  un  développement 
parallèle  à  celui  de  evt.  On  conçoit  facilement  quelle  dut  être, 
dans  If  s  deux  cas,  Te'volution  psychologique  :  dans  une  phrase 
comme  ff  il  y  a  huit  jours  que  je  ne  l'ai  vu  w ,  le  sens  de  inest  a 
complètement  disparu. 

Mais  pourquoi  le  passage  du  composé  au  simple  s'est-il  opéré 
sur  êvi  et  non  sur  svsc/li']  Ces  formes  sont  en  apparence  iden- 
tiques; elles  ont  comme  sens,  chez  les  Attiques,  le  sens  premier 
du  français  il  y  a;  il  semble  donc  qu'elles  aient  été  également 
susceptibles  de  se  substituer  à  sait.  En  j-e'alilé,  cette  identité 
parfaite  de  en  et  de  êveali  est  illusoire,  et  l'on  peut  aflirmer, 
sans  paradoxe,  que  la  différence  qui  sépare  virtuellement  ces 
deux  foi'mes  atteint  son  maximum,  pour  l'observalour  prévenu, 
au  moment  même  où  elles  se  confondent  dans  l'usage  de  la  ma- 
nière la  plus  complète.  En  effet,  la  marche  de  ëvt  vers  le  sens 
verbal  correspond  nécessairement,  dans  la  conscience  du  sujet 
parlant,  à  un  affaiblissement  graduel  de  l'élément  prépositif  du 
mol.  Du  moment  où  svi  s  identifie  tellement  avec  svecrli  qu'il  en 
arrive,  lui  aussi,  à  se  construire  avec  êv,  la  bataille  est  gagnée 
pour  lui  :  la  juxtaposition  de  êvi  et  de  êv  auia  pour  conséquence 
nécessaire  l'anéantissement  des  derniers  vestiges  homériques  que 
peut  encore  receler  svi  et  l'équivalence  pure  et  simple  de  evi 
et  de  êalt;  svecrli,  au  contraire,  est  retardé  dans  son  évolution, 
à  cause  de  la  persistance  par  ailleurs  des  deux  éléments  qui  le 
composent,  êv  et  sait.  Les  phénomènes  linguistiques  ont  de  ces 
racines  profondes;  ce  sont,  je  ci'ois,  les  constructions  elliptiques 
d'Homère  qui  renferment  les  premiers  germes  du  sens  médiéval 
de  êvi. 

La  question  se  pose  maintenant  de  savoir  à  quelle  époque 
l'identité  de  svt  et  de  sait  ])eut  être  considérée  comme  un  fait 
accompli.  Hadzidakis  [Einleit.,  207)  l'admet  déjà  pour  le  Nou- 
veau Testament;  mais  les  exemples  qu'il  cite  prêtent  à  discus- 
sion; nulle  part  svi  n'ap])araît  nettement  dans  le  sens  de  il  est  : 
Jac,  1,17,  'zsap'  w  ovx  svt  '7SapcLk\oiyri\  Cor.,  I,  G,  5,  oyx  svt 
êv  Vfxtv  ovSs]?  aoÇios;  Gai.,  3,  28,  ovk  sv.t  lovSaïos  oôSè  EXX);i', 
ovx  svt  SovAos  ov^è  êXsvÔepos ,  ovk  svt  apasv  xa)  ^-rjXv  airavTes 
yèip  vp.s'î?  sh  êals  êv  Xpialôj  Irjaov;  Coloss.,  3,  11,  ottov  ovx  svt 
LàXXïjv  xa]  louSalos,  'nrspiTOfxrj  xtxï  dxpoSvalia,  .  .  .  dXXà  rà 
zsdvTa  xai  êv  'adaiv  ^ptalos^.  Cf.  Method.,  (Patr.  gr.  XVIII;A. 
D.  3i2j  /io5  C,  lïjaovs  ijiôvos  êv  d^vaaoj  'zssptsnaTïjasv  chs  êXsv- 
ôspcs,  'Ôttov  ïyvï]  zssptTrarovvrùov  ovx  svt;  Epiph.,  (ïbid.  XLl;  A. 

'   Voir  V.  T.  Sm.,  S'],  1,  et  cl.  Psicliari,  hJI.  111^.,  869. 


L'INDICATIF   PRÉSENT   DU   VERBE  ETRE   EN    NEO-GREC.  181 

D.  /io2)  ypaxpor  TÔ)  àyysk(p  Tris  ExKÀjja-/as  toj  êv  Svarsîpois, 
xa]  ovH  £vi  èxeî  j^xnXiiaia  )(^picr1iavr2v  êv  &vaT£Îpïj.  Evidem- 
ment, £vi  s'éloigne  do  plus  en  plus  du  sens  de  evecrit,  mais  les 
prépositions  et  les  adverbes  qui  raccompagnent,  év,  ottov,  wapà, 
ne  nous  permettent  pas  encore  de  Tidentilier  rigoureusement 
avec  êcrii.  Nous  sommes  en  quel(|ue  sorte  sur  un  terrain  neutre 
entre   le  sens  composé  et  le  sens  simple. 

11  semble  cependant  que  svi  se  confonde  avec  éaVi  cbez  Polem. , 
270  '  (A.  D.  -2  00  =h)  :  Msrct(pp£vov  icr/ypbv,  dpialov  è'vi  dvSpos. 
Enfin,  le  doute  n'est  plus  j)ossible  dans  des  exemples  comme 
ceux-ci  :  Xéycov'  èirei  svi  aÀÀo>  vîô?'  out'jûs  ànéAvasv  iîfxàs'-  — 
Sià  (70V  77  bpSoSo^îct  éSeëai'jjOij ,  ^ly-  o-è  oùk  svi  aiptais^  —  t/s 
ëvi  ^£(j1ôpi05,  èyo)  ovx.  oiSa.  ^  —  o  (SctaiXeùs  bp96So^05  écrit.  .  . 
'^Esvijpos  H.ai  rierpo?  Ma^'<;)^a^o<  daîv,  rj  a-CynXinos  opSô^o^os 
êvr^  (Sopliodrs,  s.  v.  é'vi).  Cf.  à  fz»;  Xoca'-^v  ovk  é'vi  -aialos,  Mansi, 
VIII,  io83  C,  108G  C,  1090  A,  mais  ô  ixrj  XaXûJv  Mavi^aîos 
sœIi  io58  c  —  ô  (3oi(TiXsiiî  opOoSo^os  svt  io83  E,  1086  B  — 
OVK  £ct1iv  Avaa1a<Tioç,  lovai tvos  (2a.<7tXeîei,  opOo^o^os  svi'  ovk 
écrit  Mavi)(^0L7os^  bpBoSo^os  'évi  io()0  B  —  0  V(t)yLaiKos  Sokios  evi 
1086  A  —  fjLty.  zsialis  yéyovev,  ovk  svt  àra^ta  io8()  D.  On  a 
aussi  (Sopliocles,  s.  v.  svt)  :  svt  ixSTdvoia.,  àê'^à'^,-  —  êàv  ovk  écrit 
oaîfxov,  ovk  evi  'cso'kv  •  êàv  Se  evi,  tsoXv  èaliv  '  —  T/er»*,  à^^a. 
Tiwcn^e ;  à-néfia.vev  0  àSeA(p65^;  Notons  en  passant,  cliez  Moscbus 
aussi  (3o66  B),  la  forme  êv'  -{- consonne  que  nous  retrouverons 
plus  loin^;  Tédition  porte  t/  ev  to  ey^ets,  xvpie  Môa^s;  ce  qui 
n'offre  aucun  sens. 

La  fortune  de  ëvi  va  croissant.  Des  textes  comme  Malalas  et 
Consl.  Porph.  ne  connaissent,  il  est  vrai,  ([ue  ècr1î\  mais  cet  em- 
ploi exclusif  de  la  forme  ancienne  est  tout  littéraire.  Au  xi^  siècle, 
le  Spanéas  fournit  les  renseignements  suivants  : 

Span.,  {,  êvi  :  i3,  li,  1  5,  97,  81,  85,  93,  i56,  2 i/i ,  2  5o, 
30-,  aOi.  26/4,  970,  283  (2),  2SU.  écrit:  ih.  Ce  dernier  vers 
est  ainsi  conçu  :  -apô^Xvo'ts é'ul lyàp Ssov^y^pKjlos evt  Kvpi'ov.  Span., 
Il  (66)  exprime  la  même  idée  sous  la  forme  'cspô^At^cris  evi  tov 

'    Vrawi ,  Scvipiorex  phijaiognomki ,  Allenbuqj,  l'yHu. 

-  ColcU,  lit,  (j'^'î  [i  =  Mansi  (Sacronim  concilionmi cdilio  novissiiiia, 

.3i  vol.  in-r,  Florence,  i']'^)Ç).  —  Venise,  1798),  iV,  1  lo.j  B  ((Jonr.  d'I^phèse, 
an  /).3i). 

•^  Coleli,  IV,  i.")o8  C  =  M(insi,  Vil,  1731;  (Clialceci.,  an  'l'u). 

"   Coleli,  V,  1  1.53  \  =  Mansi,  VIII,  1062  D  (Conslant.,  5.S6). 

^   Coleti ,  it)id.,  i  j  1  a  ^  =  Mansi,  ihid. ,  iiaaA. 

'*  Apophth.,  317  I)  (Palrol.gr.,  LXV,  A.  D.,  5oo  ±)  =  Johann.  (Jolob. ,  60. 

'   Ihid. ,  3  1  9  C  =  Xoius ,  j . 

«  Jornin.  Moschus,  igH.T  I)  (l'alrol.  j;r. .  LXWVII,  3  A.  I).  610  ±). 

'  Il  est  d'ailleurs  possible  que  la  forme  év  soil  due  iri  an  copisie  et  nort  à 
Tauleur. 


18*2  IILRKRT   PKR-NOT.      -^ 

B-sov  0  jSacriXevs,  zraiSiv  fjLOv.  Dans  la  première  version,  Taccen- 
tuation  sait  surprend  un  peu,  mais  éal),  à  cette  place,  rom- 
prait le  mètre.  On  se  demande  s'il  ne  faudrait  pas  lire  zsp6^\ri~ 
cris  êvi  yàp  Q-sov,  -/^pialôs  ê(7li  xvpiov.  Il  semble  bien  d'ailleurs 
que  cette  l'orme  éa-1i\  isolée  dans  le  poème,  soit  due  ici  à  des 
circonstances  particulières  (cf.  p.  173)  et  que,  dès  cette  époque, 
svi  ait  e'té  dans  le  langage  courant  la  seule  forme  usitée. 

Disons  tout  de  suite  que  la  iroisièine  personue  devait,  elle 
aussi,  lout  comme  la  première  et  la  deuxième,  subir  l'action 
analogique  du  passif:  svi  devine  par  conséquent  svai;  puis  elvai^ 
par  nivellement  des  syllabes  initiales.  Voici,  d'autre  part,  les  don- 
nées des  textes  que  j'ai  dépouillés. 

Glijk.,  svi  :  79,  117,  13/4,  190,  27.3,  3o3;  sv'  :  273,  hk-\\ 
'évai  :   167. 

Nous  retrouvons  ici  la  forme  Iv-f- consonne  (|ue  nous  avons  déjà 
constatée  cbez  Moschus  {36o^i  B).  On  pourrait  songer  à  expli(|uer 
ev,  en  regard  de  ert,  par  l'amuissement  de  \i  inlerconsonan- 
tique;  cf.  gr.  mod.  'TSep-rtaTHû  = 'aepnraTS) ,  (7(ji.£pv6s  =  <7ï][xspiv6s 
{Observ.  phonét.,  3o/i).  W.  Meyer  (S.  Port.,  85)  cite  déjà  -nrep- 
7raT£Î'>,  (jlijk.,  i55  (ms.  'zsepi7Tone75 ,  mais  la  forme  sans  i  est 
exigée  par  le  mè(re)  ^.  iNéaumoins  celle  bypolbèse  ne  se  présente 
pas  avec  des  garanties  suffisantes;  êv  semble  plutôt  un  doublet 
syntactique  de  svt  :  on  aura  dit  svi  sis,  ou  même  svt~\-\o\e\\e 
quelcon(|ue;  i,  dans  cette  position,  se  sera  contracté  avec  la 
voyelle  suivante,  d'oii  la  forme  êv  qu'on  aura  ensuite  employée 
devant  les  consonnes"^.  Le  même  phénomène  se  reproduira  du 
reste  avec  svai. 

Pmh.,  ë<Tliv\n,  1/19  —  êvi  :  I  ((i),  957;  II  (G),  6,  i4, 
79;  III  (g),  101  3;  IV  (CS),  61  b,  78,  3i/i  (9),  3i5,  3i5  a, 
3i5  b,  368,  379,  693,  5i9,  5i8;  V  (G),  48  (2)=VI  (CS), 
116  (2);  VI(CS),  59,  79,  978,  28/1,  987  —  êv'  (éd.  seule- 
ment; mss  svt)  :  I  (G),  196;  IV  (CS)  69,  60,  61 ,  61a,  63, 
601  —  sv'  (éd.  et  mss)  :  III  (g),  69,  60,  61,  63,  /loi;  IV  (CS), 
62,  ^73;  VI  (g-),  317  —  sva.1,  III  (g),  3i/i,  3i5,  368,  379, 
/193,  5i9,  5i8;  VI  {g),  116  (9)  —  ëvdiv,  III  (g),  78. 

Un  f;dl  est  certain  dès  maintenant,  en  ce  qui  concerne  les 
manuscrits  de  Prodrome  :  le  i3io  {g)  ne  reproduit  pas  fidèle- 
ment le  texte  primitif  ^  Ce  manuscrit  contient  des  formes  intro- 

'  Prodrome  :  zsepnâiei,  lîl,  Saâ  =  IV  ib.  (g-C;  S  •sepiTtaxe»);  ■^spTtnToùv, 
II,  90  (G);  ■BrepwaTw,  III,  555  =  IV  ib.  (gCS)  —  ainiiissemont  de  l'i  dans  les 
([iiatre  mss.  —  Cf.  'aspinâjet-,  III,  95  =  IV  ib.  (g-CS),  VI,  3  35  (g-CS);  zsept- 
waTe?,  IV,  9/18  (CS);  -crepiwaTwi;,  V,  ii3=Vl,  189  (GgCS),  V,  12/1  =  VI, 
aoo  (GgCS)  • — -  mainlien  de  l'i  dans  les  quatre  mss. 

*  Cf.  Fitt.  comp. ,  p.  39  et  suiv. 

'  Le  vers  manque  dans  IV  ib.  (>S,  njais  semble  devoir  y  être  rétabli. 

*  J.  Pslchari,  Essais,  I,  66   et  suiv.,  to3  cl  suiv. 


L'INDICATIP    PRÉSENT   DU   VERBE  ETRE   EN   îiÉO-GREC.  183 

duites  après  coup  et  datant  do  1  époque  où  il  a  été  écrit  '  :  oi, 
nom  pf.  fe'm.;  —  es,  ace  pi.,  dans  les  noms  tels  que  :  tjfj.spss-, 
T£s=Tàs.  (Quelles  sont,  dès  lors,  les  leçons  originales,  parmi  toutes 
celles  qu'on  a  citées  plus  haut?  Ealiv  (devant  consonne)  est 
douteux;  C  et  S  donnent  le  vers  autrement.  Êvt  fait  d'autant  moins 
difficulté  que  c'est  une  forme  attendue  et  (jue  GCS  sont  flac- 
cord  là  où  ils  peuvent  Tètre  :  V,  68  (G)=VI,  116  (GS).  Ëvai, 
au  contraire,  n'est  donné  que  par  g;  aux  passages  correspon- 
dants, GCS  ont  svt.  De  même  CS  (IV,  78)  svi;  mais ^(111,  78), 
evaiv.  Cela  revient  à  dire  que  le  remanieur,  dont  g  nous  trans- 
met le  travail,  a  partout  (sauf  à  lll,  101,  cf.  p.  182,  note  3) 
rajeuni  le  texte  primitif-.  L  auteur  n'avait  employé  que  svi. 

11  existe  une  le'gère  divergence  entre  les  deux  textes  contem- 
porains Gli/fc.  et  Prodv.;  mais  le  fait  n'a  rien  de  surj)renant  si 
l'on  songe  combien  la  forme  svai  apparaît  timidement  dans  Ghjk. 
(i  ëvai,  7  svij,  et  qu'elle  n'a  pas  encore  plus  de  consistance  dans 
le  texte  suivant  : 

Sohm.,  £r<:  1 1,  2  5,  87,  112,  1  28,  16G  ■'.  —  ■^'^  :  9-  — evai:  'lo. 

Span.  II,  èaliv  :  i55  (V),  cf.  G  yS.  — svi:  66,  cf.  (i  i/j;  78 
(B)  =  G  i5;  83;  167  (B,  N.  C);  cf.  G  81;  168  (V)=G85; 
i5d  (B)==G  o3;  170  (V);  191  (V);  900  (B);  910  (V);  256 
(B);29i=G  t56;  36o  (V);  36i  (V);/io/i;  /i27  =  G  216; 
^7/1;  /i79  (B)=G  25o;  5oo=G  961;  5o3  (V)=G  266;  5o8 
(B)  =  G  270.  —  êvai  :  ihS  (B);  200  (V);  5i8.  (.9o/om.,  p 
ért);  537;  586;  612;  665;  onco 've  663.  —  êv  [êvi  ou  svai'^)  : 
167  (B,  N.  C);  686  (B,  N.  C);  5o3  (B);  5i6;  623. 

Quadmp.,  êal  î  :  67,  557,  610  (V),  878,  882.  —  svi:  72, 
362  (V),  682  (V),  773  (V),  1012  (V).  —  êvai  :  57,  176, 
199,  283,  286,  3oi,  3ii  (éd.  V),  369  (P),  666  (V),  53o, 
566,  589,  773  (P),  775  (P),  837  (P)^  987  (V).  988,  991 
(P),  1012,  1012  (P),  1016^;  vàvai  689  (P).  —  sv  :  192, 
399,  610,  666  (P),  665,  685  (P),  775  (V). 

La  réapparition  de  ê<7Tt  est  à  noter.  Déjà  Quadrup.  nous  a 
donné  eifjii,  êcrfxév,  alors  que  nous  avions  constaté  par  ailleurs 
l'extinction  de  ces  formes. 

Vind.  pop.,  êcrVi  :  1,  17  (tjrA^y  (xs'yixA'jJTSpov  êcrTi  vnèp  lijs 
yfjs  ih  zsXâ.zos).  —  'évi  :  néant.  —  evai  :  9,  98;  6,  7;  19,  5; 

'   V\n  (lu  xï'  sièrie,  peut-être  môme  commencement  du  \vi';  ihul.,  19,  noie  i . 

^  Et»  sut)siste  nalureliemeni  dans  ce  niannscril,  parce  que  le  remanieur  y  \o\i 
ivat  et  non  ëvi. 

'  Aux  vers  i  1  et  87,  éd.  et»';  au  vers  i'?3,  ht,  leçon  du  ms. ,  a  été  reiian- 
rtic  par  i'édilcur. 


184  HIBERT   PERNOT. 

20,  i;  26,  i5;  27,  3  (éd.  ëv');  38,  11  (9),  i3,  17;  4i,  6; 
45,  2  (éd.  èV),  3  (éd.  ev';  peut-être  phir.?).  —  ev  :  9,  85; 
20,  3,  II,  7;  38,  7. 

Const.  capt.,  êvi:  19,  20  (éd.  éV),  i3o,  1^1,  26^  (éd.  êV), 
34o,  3/4^,  /17G,  5/17,  637,  736  (2),  772,  773,  778,  783, 
8o3,  836,  839,  894,  902,  906,  9^6,  io33,  io36,  io38.  — 
svai  :  12  5,665.  —  £ f  a i r  :  7 2 6 ,  735,922;  'ai^vonv  :  373.  — 
elvai  :  699,  662,  Soi,  863;  oirovvai  :  273.  —  siv' :  73,  76 
(9),  5i2,  625.  — •  'Sfoijvaiv  :  3i3,  370.  —  vdvai  :  700.  — 
vâvaiv  :  383,  kkS,  856,  1012,  1016. 

Georg.  Hhod.,  ivi  :  367,  6o9,  5o3,  5o5.  —  evai  :  4i3, 
/i25.  —  vÀyat  :  i38,  255,  692,  58i,  599;  vàv'  :  139,  391, 
636;  Wi  139,  196,  625,  632;  voivaiv  32,  396,  586;  'vaiv\ 
636;  -nroJv  :  233. 

Prodr.  (g-),  £(t7/ :  111,  162  {ovk  ëaliv  Toa-rj  [xoi  (ppovrîs,  'ôcrri 
t67£  ivy/jxvei).  Partout  ailleurs  'évai,  ëvaiv  ou  éV;  voir  ci-dessus. 

Ces  quatre  derniers  textes  présentent  une  contradiclion  inté- 
ressante à  relever;  Vind.  pop.  et  Prodr.  [g)  ne  connaissent  plus 
svi,  qui  poui-lanl  se  retrouve  dans  Const.  capt.  et  dans  Georg. 
Rhod.,  le  plus  récent  de  ces  poèmes.  Il  est  possible  que  ëvi  soit 
déjà  dans  ces  deux  derniers  textes  une  forme  lilléraire  et  que, 
seuls,  Vind.  pop.  et  Prodr.  (g)  nous  donnent  Tétat  exact  de  la 
langue  parlée.  On  remarquera  aussi  l'existence  de  la  foruie  eivai 
dans  Const.  capt.  C'est  la  première  fois  que  nous  la  rencontrons. 

Imb.  Ul,  ëvoti  :  i3o,  178  \  269,  277,  386,  667,  612,  666, 
768.  —  ëv  :  11,  i3i,  56i.  —  elvai:  259.  —  vàvai  :  2 19, 
23i;  ^voLi  [àXkd  'voLi)  189. 

Xenit.,  écriîv  :  5o8;  Tinlluence  littéraire  est  visible  dans  tout 
le  vers  :  ovk  ëcriiv  âWos  (3ot}dbs  ovTe  TSairjp,  où  {/.rj^tjp-. —  ëvat  : 
176,  377  (éd.  ëv),  681  (9),  697  (9).  —  ëv  :  216,  63i,.cf.  N. 
C.  —  slvcti  :  382.  —  'vai  :  287  (éd.  V),  287,  5i5  (éd.  V); 
vàvai  :  393. 

Sophianos,  ëvat  :  p.  71. 

S.  Port.,  eivott  :  p.  61. 

Ceph.,  slvai  :  p.  336,  1.  3 ,  7,  26 ,  28 ,  33;  ànovvotr.  p.  332, 
1.  2;  p.  336,  1.  6;  p.  335,  1.  10. 


'   Ms.  Haive;  édit.  xai  slve.  Le  vers  est  incompréhensible;  peut-être  faut-il 
lire  x'  évat  yopyôv,  êv  é!Tot(iov. 

'   Cf.  V.  287,  ^éve,  zsoii  'v'  ô  isaiépas  aov  xai  viov  'vs  v  jiyiTspa. 


L'INDICATIF   PRÉSENT  DU   VERBE  ETRE  EN   NEO-GREC.  185 

§  2.  —  Pluriel 

Malal.  et  Const.  Porph.  ne  connaissent  que  ei(7i.  Cette  forme 
se  retrouve  encore  dans  Span.  I,  v.  76,  83. 

Glyk.,  ëvi:  619  [lOVTa  xsaiyvîàia.  ovx  ëvi). 

Prodr.,  ivai.  Kl  {g)  ^ôi,  trouvera  sa  place  à  une  e'poque  ul- 
te'rieure.  sIvcli  :  H  (G)  98;  III,  r)oo==IV  ibid.  (^C^);  V  128  = 

VI,20.^G^). 

Sohm..  sivcti  :  9,  72. 
âS/>«;/.  II.  slvai  :  2  1  ô  (\  ),  2o3  (\  ). 

Qitadntp.,  V  :  er/  :  N.  C.  au  titre,  3/17.  —  P  :  elvai  :  ^98.  — 
PV  :  eïvai  :  968.  —  P  :  êvai  :  367. 

Vind. pop. ,  elvcti  :  7,  6;  26,  i4;  s*»''  :  6,  i3;  11;  21,  20,  1; 
26,  i3. —  êvai  :  txh ,  3. 

Const.  capt.,  svi  :  707,  98^,996.  ^  sJvac  :  706;  s7v'  :  iû4, 
1/17,  2/10(2),  3i3,882;£7ya<i;:  993.  —  êvat  :  'ja'i  ;  êvaiv  : 
100.  —  voivai  :  3i8,  91^;  bitovvaiv  :  989;  zxovvotiv  :  3i6. 

Georg.  Rliod.,  evt  :  606.  —  e/f':  2/i3,  590.  —  svai  :  202; 
£va<r  :  .jO,  235  (éd.  éV).  —  'vat  :  187,  188,  56G;  vav'  :  269; 
—  vâvaiv  :  71,  58 û. 

Prodr.  (o),  tivat,  forme  employée   par  Prodrome;  ei'at  III, 

25l. 

/mi.  III,  sivai:  757,  758;  £<V:  719. 
Xenit.,  sivai  [otinoi've)  :  55,  tsovvai  288. 
Sophianos,  eivat  p.  7  1  • 
.S'.  Port. ,  elvài  p.  A 1 . 
Ceph.,  eivat  p.  335,  1.  i3. 

Pour  plur.  3,  les  faits  se  présentent  donc  à  nous  dans  Tordre 
suivant  :  slcri,  tout  d'abord,  est  remplacé  par  evt.  A  côté  de  svi 
surgit  bientôt  une  autre  forme  eJvoci,  qui,  pendant  un  certain 
temps  ( Prodr. -Quadrup.) ,  parait  être  seule  usitée.  Puis  s'ouvre 
une  nouvelle  période  marquée  par  la  réapparition  de  ivi  et  l'appa- 
rition d'une  troisième  forme  evat;  on  a  alors  simultanément  elvai, 
svi  et  svat.  Enfin  eivai  finit  par  évincer  ses  deux  concurrents. 
Ce  sont  là,  dans  leurs  lignes  générales,  les  données  que  nous 
fournissent  les  textes  envisagés  ici.  Il  nous  reste  à  les  expliquer 
et  à  les  discuter. 

De  toutes  les  formes  du  paradigme  ancien,  c'est  elai  qui, 
sembk'-t-il,  a  subsisté  le  plus  longtemps.  Si  nous  nous  en  l'ap- 
portons à  Span.  I,  cette  forme  n'aurait  disparu  de  la  langue  que 


186  HUBERT  PERNOT. 

vers  1p  xi"  siècle.  Quant  à  iexislence  de  svi  en  fonclion  de  pïur. 
3  dans  des  phrases  comme  Tovra  'sxatyvtS ta.  ovKevi  (G/;//.. ,  5i  9), 
ce  sérail  une  erreur  de  croire  qu'elle  remonte  direclement  à 
remploi  homérique  de  cette  même  forme  dans,  par  exemple, 
hre)  ou  oi  evi  (ppévsî  ovS'  ij^ataî [E.  i^'i);  nous^avons  vu  que, 
dès  i'e'poque  allique,  svt  s'était  localisé  au  singulier.  Il  ne  sau- 
rait donc  être  question  ici  que  d'un  passage  ultérieur  du  singu- 
lier au  pluriel.  On  pourrait  songer,  pour  rexpli(|uer.  à  une  in- 
fluence des  jduriels  neutres.  La  règle  du  verbe  au  singulier  avec 
un  sujet  neutre  pluriel  n'existe  plus  aujourd'hui;  on  a  donc  dit 
indiiréreniment ,  à  un  moment  donné,  rà  ^cDa  rpé^ei  et  rà  ^-wa 
ipéypvv.  Grâce  à  celte  dernière  construction,  on  aurait  pris  svi 
comme  un  pluriel  dans  rà  ^cwa  'évi.  doù  oï  avdpcjJTTOi  evi.  Mais 
celle  hypotlièse  est  inadmissible  chronolo;jiquement '. 

Il  semble  plutôt  qu'on  doive  chercher  l'origine  du  phénomène 
en  question  dans  des  phrases  comme  :  rovro  svi  ^eûfxctTa  rceci, 
ce  sont  des  mensonges'?,  t/  ëvt  tol  ypâ(p£i5\  rrqu'osl-ce  que  lu 
écris? 55  Le  sujet  ne  renferme  pas  ici  l'idée  principale,  qui  est 
exprimée  par  \f/£U|uaTa  et  par  rà  ypcK^eis  ;  on  conçoit  alors  que 
ces  pluriels  aient  exercé  une  attraction  sur  le  veibe  et  l'aient- 
fait  changer  de  nombre.  Pareil  fait  s'est  d'ailleurs  reproduit  à 
l'imparfait,  où.  de  nos  jours,  il  \  a  identité  complète  entre  sing. 
3  et  pluv.  3,  rfrai»  ou  ^ravs^  et  l'indicatif  présent  nous  fournira 
encore  tout  \\  l'heure,  toujours  à  la  troisième  personne  du  plu- 
riel, un  exemple  identique  du  même  phénomène. 

La  forme  eïvai  donne  lieu  à  quelques  observations  intéres- 
santes. Dans  quels  i-apporls  se  trouve-t-elle  avec  sîvai^  sing.  3? 
Au  pluriel,  eïvai  nous  est  apparu  pour  la  première  fois  chez 
Prodrome;  au  singulier,  le  plus  ancien  exemple  que  j'en  con- 
naisse remonte  à  Const.  capt.  Un  intervalle  d'environ  trois  siècles 
sépare  donc  ces  deux  formes.  Avons-nous  alors  affaire  au  phé- 
nomène inverse  de  celui  que  nous  venons  de  constater,  c'est-à- 
dire  à  un  ])assage  du  pluriel  au  singulier?  Evidenmient  non; 
au  singulier,  il  ne  saurait  être  question  dun  emprunt,  puisque 
nous  y  avons  observé  le  développement  normal  evim — »■  evcti  » — > 
elvai.  Nous  sommes  ainsi  amenés  à  considérer  ces  deux  formes 
comme  théoriquement  indépendantes  l'une  de  l'autre.  Seule- 
ment, elles  ont  été  créées  en  vertu  des  mêmes  lois  analogiques 
et  dans  des  conditions  pareilles;  de  là  vient  leur  identité. 

Le  schéma  suivant  figure,  je  crois,  exactement  la  genèse  de 
de  slvai.  plur.  3  : 

'  Span.  t,  verbe  au  pluriel  :  69,  76,  102 ,  i  53 ,  lâg,  288;  mais  i3i  :  ws 
yàp  7»  ^vXa.  Toîi  'jmipos  ir)v  Ç>X6yav  éirav|ar£«;  cf.  76-77  :  at/îoc  état  zsXovtos 
à.Xr\Br,s ,  i5d|a  fz^  Tt/.ripcofiévri ,  \  aCià  tov  éyavia  tsoieï  èiiaivfcôv  èv  xoa^iù).  Glyk. 
niel  toujours  le  verbe  an  pluriel  :  280,  368,  872.  38o,  ioo. 


L'INDICATIF  PRÉSENT   DU   VERBE  ETRE   EN   NEO-GREC.  187 

Sing.   £vi  =  Plu)\  evt  » — >  ^evai  » — >■  slvai. 

On  remarquera  que  evai  s'y  trouve  marqué  d'un  astérisque. 
En  effet,  cette  forme  ne  m'est  pas  connue  entre  plur.  3  svi  et 
plur.  3  shoLi;  mais  comme  elvoti  suppose  un  double  phénomène 
analogique,  à  la  désinence  et  à  l'initiale,  on  est  forcé  de  la  res- 
tituer. Elle  peut  d'ailleurs  se  vérifier  d'un  jour  à  l'autre.  Ici  encore, 
il  importe  d'établir  des  distinctions  et  de  ne  pas  confondre  cet 
svai  avec  celui  qu'on  retrouve  plus  tard,  également  au  pluriel, 
mais  postérieurement  à  sivai.  Ce  deuxième  svài  se  présente 
dans  des  conditions  bien  différentes  :  tandis  que  le  premier  se 
place  à  une  époque  où  svat  singulier  n'est  pas  encore  attesté, 
comme  le  prouve  suffisamment  Prodrome,  où  l'on  a  plur.  elvai, 
sing.  ht,  le  second  est  au  contraire  contemporain  de  evai  sing.; 
même  il  lui  est,  par  son  apparition,  quelque  peu  postérieur, 
puisque  des  textes  comme  Solom.  et  Span.,  II,  ignorent  encore 
êvai  plur,  et  ne  connaissent  que  la  concordance  :  sing.  svai, 
plur.  dvai.  Tout  porte  donc  à  croire  qu'il  s'agit,  une  fois  de 
plus,  d'un  passage  du  singulier  au  pluriel;  evai  suit  la  même 
route  qu'a  déjà  parcourue  svi,  avant  sa  transformation  en  eivai. 

On  se  demande  même  si  'évi  ne  l'a  pas  parcourue  deux  fois,  à 
des  époques  différentes;  c'est  du  moins  ce  que  peut  faire  suppo- 
ser, dans  une  certaine  mesure,  l'existence  exclusive  de  plur.  3 
eîvcti  dans  Prodr. ,  Ghjk.  et  Span.,  II,  et  la  réapparition  de  plur.  3 
êvi  dans  Quadrup. ,  Georg.  Const.  et  Georg.  Rhod. 

Les  données  de  nos  textes  s'éclairent  ainsi  peu  à  peu.  Ce  sont, 
en  somme,  les  diverses  manifestations  de  deux  lois  assez  simples, 
Tune  analogique,  l'autre  syntaxique,  qui  s'entrecroisent  et  dont 
l'action  se  fait  sentir  avec  une  régularité  parfaite  sur  un  espace 
d'environ  huit  siècles.  Vers  l'époque  de  Span.,  I,  le  singulier  êvi 
passe  au  pluriel  et,  au  pluriel  seulement,  donne  *£vai  m — >-  el- 
vai. On  se  trouve  alors  en  présence  de  la  concordance  chrono- 
logique :  sing.  £vi,  plur.  éïvixi  [Prodr,).  Mais  evi,  au  singulier, 
se  développe  à  son  tour  et  devient  evai;  ces  deux  formes  subsis- 
tent longtemps  côte  à  côte.  On  a  dès  lors,  au  pluriel,  les  trois 
formes  slvai,  evi,  svcti  [Quadrup.,  etc.),  dont,  à  coup  sûr,  la  der- 
nière et  peut-être  aussi  l'avant-dernière  sont  des  emprunts  di- 
rects au  singulier.  Enfin,  de  sing.  3  svai  sort  un  sing.  3  slvat, 
et  c'est  peut-être  seulement  grâce  à  ce  nouvel  appoint  venu  du 
singulier,  toujours  en  vertu  de  la  même  loi  syntaxique,  que 
plur.  3  eivixi  parvient  à  triompher  de  ses  deux  concurrents  plur. 
3  êvi  et  svai. 

On  a  remarqué  que  le  nivellement  des  syllabes  initiales  s'est 
fait  au  pluriel  beaucoup  plus  tôt  qu'au  singulier.  11  semble  qu'ici 
la  marche  de  l'analogie  ait  été  retardée  par  un  besoin  de  clarté 
plus  ou  moins  conscient;  on  voulait  éviter  la  confusion  des  formes 


Igg  HUBERT  PERNOT. 

aux  deux  nombres.  Elle  ne  sVst  pas  encore  produite  en  chy- 
priote, où  Ton  ne  connaît,  de  nos  jours,  que  sing.  3  ëvi,  hai  en 
regard  de  plur.  3  £7va/(Mondry  Beaudoin,  p.  79-80); et  le  para- 
digme tsakonien,  sur  lequel  je  reviendrai  plus  tard,  en 
fournit,  je  crois,  un  autre  exemple  dans  sing.  3  svi  comparé  à 
plur.  S  eïvi. 

Paris,  1895. 

Hubert  Fernot. 


LES  NOMS  HYPOCORISTIQUES 

D'HOMME    ET  DE  LIEU 

EN   CELTIQUE. 


Tous  les  ëriidits  qui  s'occupent  rronomastique  connaissent  le 
savant  mémoire  que  M.  Fr.inz  Slark  a  publié,  en  18G6,  dans  les 
tomes  LU  et  LUI  dos  Silzungsbevichte  de  TAcadémie  impériale  des 
sciences  de  Vienne,  classe  de  philosophie  et  d'histoire,  sous  ce 
titre  :  Die  Kosenumcn  der  Germanen.  Tout  récemment,  dans  le 
tome  XXXII  de  la  Revue  de  Riihii ,  1898,  M.  H.  Zimmer  a  fait 
application  aux  langues  celtiques  des  principes  posés  par 
M.  Franz  Sfark;  le  n°  10  des  Keltische  Studien  de  M.  H.  Zimmer, 
])ubliées  dans  le  volume  précité,  pages  168-197,  est  intitulé: 
Zur  PersonenennamenhUdung ,  et  traite  surtout  les  noms  hvpoco- 
ristiques  ou  familiers,  Kosenamen. 

A  la  page  189,  M.  Zimmer  signale,  comme  un  des  sufïixes  ser- 
vant à  former  dans  le  monde  celtique  des  noms  hypocoristiques, 
le  suHixe  -âco-,  qui,  suivant  lui,  est  rare  en  Irlande  avec  cet  em- 
ploi. Il  n'en  cite  que  deux  exemples  :  Bitadach  et  Berach,  et  il  dit, 
page  190,  queBuadachse  trouve  dans  le  britannique  du  vi^  siècle 
sous  la  forme  Budoc.  Ce  nom  hypocorisfcique,  dit-il,  est  la  forme 
familière  dun  nom  solennel  tel  que  Bôdio-gnâtus.  On  pourrait 
aussi  proposer,  avec  M.  Holder  :  " Bôdio-vellaunos ,  en  vieux  gallois 
Bud-Gualan;  *Bôdw-màros,  en  gallois  Budd-fanr;  * Bôdio-voretos , 
en  breton  Bud-uuoret. 

Aux  exemples  irlandais  donnés  par  M.  Zimmer,  on  pourrait 
en  ajouter  d'autres;  tels  sont  :  Camulacus  et  Senachus,  noms 
d'évêques  ordonnés  par  saint  Patrice,  suivant  les  noies  de  Tire- 
clian  K 

Le  nom  de  Camulacus  apparaît  sous  une  forme  légèrement  al- 
térée, Camclams,  dans  VAnllpfionaire  de  Bangor,  dont  nous  devons 
au  Rév.  F.  E.  Warren  une  récente  et  précieuse  édition.  C'est  la 
forme  hypocorislique  de  noms  d'homme  tels  que  :  Camido-genus , 

'  Wliitley  Slolccs,  The  triparhte  Life,  t.  II,  p.  3oi.  Hogan,  Vita  sancd  Va- 
Iricii,  p.  Co,  66  el  80. 

mÎM.  LIKG.   —    IX.  *i3 


Î90  n.    D'ARBOIS   DE  JUBAl.X VILLE. 

chez  César,  De  bello  gaUico,  *Camulo-gnatiis,  au  féminin  Camulo- 
gnala,  dans  une  inscription  du  trésor  de  Bernay  à  la  Bibliothèque 
nationale,  Camulo-rix  dans  deux  inscriptions,  l'une  de  Pont-les- 
Bonfays,  Vosges,  et  Tautre  d'Anglesey. 

Senachus,  avec  un  ch  conformément  à  la  prononciation  irlan- 
daise, est  identique  à  Scnacus,  nom  d  homme,  inscription  chré- 
tienne de  Grande-Bretagne,  Hûhner,  n"  ikk,  et  c'est  la  forme 
hypocoristique  de  noms  solennels  complets  tels  que  :  Seno-condus , 
Musée  de  Mayence,  cf.  C.  I.  L.  XII,  8029;  Seno-gnatus,  inscrip- 
tion de  Melun;  Seno-maglus,  inscription  chrétienne  de  Grande- 
Bretagne,  n"  99;  Seno-iirus,  C.  I.  L.  XII,  .G1686,  81  G;  Seno-viros, 
îbid.,  358/i,  Lejay,  Inscriptions  antiques  de  la  Càte-d'Or,  n"  98. 

Citons  encore  Tigernach,  nom  d'un  célèbre  chroniqueur  irlan- 
dais du  xi"  siècle,  écrit  plus  anciennement  Tegemncns  dans  deux 
ins(^'iplions  chrétiennes  de  Grande-Bretagne,  n"'  35,  58,  en  gal- 
lois Teyrnoc,  en  vieux  breton  Tiarnoc.  On  peut  lui  comparer  le 
nom  complet  *T{genio-maglos  :  Tiarn-mael  dans  le  Cartulaire  de 
Redon,  Tegevno-malus  dans  une  inscription  chrétienne  de  (Grande- 
Bretagne,  n°  12. 

^ous  pouvons  dire  aussi  que  ce  genre  de  formation  a  existé 
en  gaulois.  Ainsi  Dumnacus,  chef  des  Andes,  ou  mieux  Andecavi, 
chez  Hirtius,  De  bello  gallico,  VIII,  ch.  2G  et  suiv.,  porte  un  nom 
hypocoristique  correspondant  à  un  nom  solennel  tel  que  :  Duinno- 
rix,  nom  d'un  Eduen,  frère  de  Diviciacus,  chez  César,  De  bello 
gallico;  Duinno-vellaunus ,  ou  Dubno-vcllaunus ,  nom  d'un  roi  breton 
contemporain  d'Auguste,  et  connu  tant  par  les  monnaies  que  par 
la  célèbre  inscription  d'Ancyre;  Diunno- talus ,  C.  1.  L.  III.,  io5i6, 
écrit  Dubno-talus  dans  une  inscription  du  musée  d'Épinal. 

Nous  terminerons  par  une  dernière  observation  nos  additions 
au  mémoire  de  M.  Zimmer. 

La  théorie  des  noms  hypocorisliques  donne  la  solution  d'une 
difliculté  à  laquelle  se  sont  jusqu'ici  heurtés  les  géographes.  Ils 
n'ont  pas  compris  pourquoi  la  ville  d'x\rras,  a^pelfie  Nemeto-cenna 
chez  Hirtius,  De  bello  gallico,  VIIl,  h6 ^  62,  est  désignée  par  le 
nom  de  Nemetacum  dans  l'Itinéraire  d'Antonin.  Nemetacnm  n'est  pas 
autre  chose  que  la  forme  hypocoristique  de  Nemeto-cenna.  Le  cel- 
tique avait  un  substantif  ou  adjectif  au  masculin  cennos ,  dont  un 
exemple  est  le  second  terme  du  nom  composé  Cuno-cennos,  au 
génitif  Cuno-cenni,  dans  une  inscription  chrétienne  de  Grande- 
Bretagne,  Hùbner,  n"  kS,  en  gallois  Con-cen;  au  féminin,  c'est  le 
second  terme  de  Sumelo-cenna,  aujourd'hui  Rottenburg,  Wur- 
temberg. 

On  a  déjà  fait  la  remarque  qu'en  Gaule  les  noms  terminés  en 
-acus  apparaissent  pour  la  première  fois  sous  l'empire  romain.  Ils 
sont  très  rares  en  Espagne,  très   communs  en  Gaule  et  dans 


LES  NOMS  HYPOCORISTIQUES  D''HOMMR  ET  DE  LIEU  EN  CELTIQUE.        191 

l'Italie  du  Nord.  On  n'en  trouve  pas  chez  Ce'sar.  Ils  sont  proba- 
blement une  formation  hypocoristique. 

Ainsi  Condaciis,  Condac  (Charente),  paraît  être  la  forme  hypo- 
coristique correspondant  à  un  nom  solennel,  tel  que  Condo- 
magus,  Condom  (Gers). 

Il  doit  y  avoir  la  même  relation  entre  : 

Turnacus,  Tournai  (Belgique),  Tpurnay-sur-Dive  (Orne),Ter- 
nay  (Loir-et-Cher);  —  et  Tximo-durus ,  Tonnerre  (Yonne),  Tunio- 
magus,  Tournon  (Indre-et-Loire); 

Nnviacus,  Neuvy-en-Champagne  (Sarthe),  Neuvy-au-Houlmc 
(Orne),  Neuvy-le-Roi  (Indre-et-Loire);  —  et  Novio-magus ,  Nimè- 
gue  (Pays-Bas),  Noyon  (Ofse),  Neumagen  (Prusse  rhénane), etc.; 
Novio-diinum  (César,  De  bellogallico,  VII,  12,  ville  des  Bituriges, 
à  distinguer  du  Novio-dunum  de  Belgique,  De  bello  gallico,  II,  12, 
et  du  Novio-dunum  de  Pannonie,  aujourd'hui  Novi-grad,  enfin 
du  Novio-dunum  situé  à  l'embouchure  du  Danube,  aujourd'hui 
Isaatcha); 

Eburacus,  York  (Angleterre);  —  et  Eburo-dunum,  Yverdun 
(Suisse)  [Eburo-briga,  xivrolles  (Yonne),  a  pris  cette  forme  nou- 
velle par  l'intermédiaire  d'un  autre  suffixe  et  suppose  *Eburo-ia- 
lum); 

Flaviacus,  Saint-Germer-de-Fly  (Oise),  —  et  Flaviobriga  (Es- 
pagne); 

Juliacm,  Juliers,  en  allemand  Jûlich  (Prusse  rhénane),  en 
Fi'ance  les  nombreux  .luilly,  JuUy,  Juillé,  Juillac;  —  et  Julio-bona, 
Lillebonne  (Seine-Inférieure). 

L'épithète  «  hypocoristique -o  est  inexacte  quand  on  l'applique 
à  des  "noms  de  lieu;  l'épilhèle  k abréger)  serait  plus  appropriée. 
Je  me  conforme  dans  celte  note  à  l'usage  reçu;  je  le  fais  sans 
être  bien  convaincu  que,  même  lorsqu'il  s'agit  des  noms  de  per- 
sonne, la  théorie  dont  le  mot  rc hypocoristique^  est  l'expression 
puisse  expliquer  tous  les  phénomènes  habituellement  groupés 
sous  cette  étiquette  traditionnelle;  le  moindre  effort  ou,  pour 
parler  plus  clairement,  la  paresse  est  la  véritable  explication  de 
bien  des  faits  que  notre  vanité  colore  d'une  façon  plus  flatteuse 
—  non  pour  la  personne  à  laquelle  nous  nous  adressons,  — 
mais  pour  notre  amour-propre  à  nous. 

H.    d'ArBOIS   DE  JlBAlNVlLLE. 


i3. 


UNE  ÉPITAPHE  LYCIENNE 

(MYRi   4). 


J'ai  donné  au  début  de  mon  pre'cédent  me'nioire  un  alphabet 
lycien,  avec  les  transcriptions  latines  qui  me  paraissent  devoir 
être  adoptées  \  mais  je  me  suis  dispensé  d'accompagner  ce  ta- 
bleau d'un  commentaire  justificatif.  Les  observations  que  plu- 
sieurs de  mes  confrères  ont  bien  voulu  me  communiquer  sur 
mes  lectures  me  prouvent  la  nécessité  d'entrer  à  ce  sujet  dans 
quelques  développements  :  c'est  ce  que  je  vais  faire,  retardant  de 
quelques  pages  seulement  l'examen  du  texte  lycien  mentionné  au 
titre  du  présent  essai. 

I 

Et  d'abord  se  pose  une  question  préjudicielle  :  est-il  si  né- 
cessaire de  transcrire  dans  notre  caractère  lalin  un  alphabet 
aussi  simple,  aussi  clair,  borné  à  un  nombre  raisonnable  de 
lettres,  grecques  pour  la  plupart,  et  dont  les  autres  sont  d'un 
dessin  fort  peu  compliqué?  Evidemment  le  lecteur,  à  qui  est 
proposée  la  solution  des  problèmes  autrement  difficiles  de  l'inter- 
prétation des  textes ,  est  capable  du  léger  effort  de  la  ff  transcrip- 
tion n  mentale.  Il  n'a  pas  manqué  de  s'initier  au  déchiffrement; 
il  en  sait  les  lacunes,  les  décisions  précaires,  et  il  estime  qu'à 
s'en  servir  on  se  condamne  à  donner  des  citations  qui  refléteront 
ces  erreurs.  —  Telle  est  l'objection. 

Je  réponds  qu'il  s'en  faut  bien  que  l'erreur  soit  éliminée  par  le 
seul  fait  d'une  citation  en  belles  lettres  lyciennes!  non  seulement 
elle  n'est  pas  éliminée,  mais  encore  l'emploi  du  caractère  indi- 
gène l'aggrave  dans  ses  conséquences,  en  entretenant  l'illusion. 
Vous  produisez  un  nom  propre  que  vous  m'assurez  avoir  tiré  de 
tel  texte,  et  je  constate  à  l'épreuve  que  la  pierre  est  détériorée, 
le  passage  peu  lisible,  enfin  qne  vous  avez  été  bien  forcé  de 
ff  restaurera  cetle  mention,  mais  votre  déguisement  lycien  n'en 

'  Mém.  Soc.  Ling.,  VIII,  p.  liai. 


UNE  ÉPITAPHE   LYCIE.NNE.  193 

dit  rien.  Le  monument  —  Limyra  i  9 ,  pour  citer  un  exemple  ',  — 
avait,  lui,  inscrit  le  nom  PoBA  ||  A'î*|'^,  que  transcrit  plus  bas 
le  grec  PYBIAAHI,  mais  vous,  vous  lisez  ^**E'^  |  A'M'^  -,  d'où 
vous  tirez  comme  conséquence  la  valeur  w  u  assignée  au  caractère 
4^.  Vienne  ensuite  Antiphellus  3,  avec  son  verbe  *^STTO  : 
vous  m'imposez  la  lecture  wasttu,  et  vous  fondez  là-dessus  une 
relation  avec  le  latin  iiastare,  Tallemand  Wûste!^  Le  prestige 
d'une  citation  en  caractères  indigènes  est  ici  trop  funeste. 

Je  demande  en  outre  aux  adversaires  de  la  transcription  s'ils 
ne  seront  pas  forcés  eux-mêmes,  étant  donné  les  variantes  gra- 
phiques des  voyelles  e  et  0,  d'user  d'une  convention  pour  écrire 
les  deux  premiers  mots  d'une  épitaphe  :  ebë''në  qupo?  Pousseront- 
ils  le  scrupule  jusqu'au  décalque  des  mots'^? 

A  l'alphabet  lycien  et  même  à  l'alphabet  grec  si  peu  commode, 
substituons  donc  sans  crainte  notre  écriture  latine,  pour  qu'il 
s'opère  un  premier  travail  d'assimilalion,  d'autant  plus  fécond  en 
résultats  que  la  transcription  sera  plus  régulière.  Nous  surpren- 
drons les  suffixes,  les  flexions;  les  lois  phonétiques  nous  appa- 
raîtront. Voyez,  par  exemple,  combien  est  facilitée  par  une 
transcription  correcte  l'intelligence  de  l'épitaphe  désignée  dans  le 
recueil  de  Schoenborn  sous  le  nom  de  Limyra  6  ^  : 

L.  1      ehë^në  :  qupo  :  mené  :  pr^navalë  :  tebursseli 

L.  2      zzayaah  :  ddedi  :  luso^trah"  :  zetineri  :  se  q^laburah" 

L.  3      ënë  pencleh  q^tavata  : 

Luso" Irak"  ei  Q^taburah"  sonl  des  génitifs,  tout  comme Z2ayfla/t(?) 

'  Feliows,  Lycia,  pi.  XXXVl,  n.  3;  Daniel!  et  Spratt,  pi.  1,  u"  1;  Cl.  G., 
III,  n°  /i3o6;  Schm'dt,  The  Lyctan  Inscriptions ,  pi.  Il;  Savelsberg,  I,  p.  ai; 
Petersen,  n°  1  si. 

*  Schmidt  {Essay  on  the  Alphabet  of  thc  Lycians,  en  tête  du  recueil  de  textes, 
p.  V,  IX )  et  Savelsberg  (I,  p.  38)  affirmaient  ceUe  lecture,  que  j'ai  contestée 
dans  le  Bab.  and  Or.  Record,  vol.  V,  p.  106  :  j'avais  raison  de  soupçonner  que 
4s  était  une  gullurale;  l'ex-volo  bilingue  esl  venu  avec  son  exemple  Urta  4^  iyah" 
=  ùp-raxta  m'apporler  une  agréable  confirmation. 

^  Les  auleurs  se  copient  sans  défiance;  les  mêmes  rappiocliemenls  se  trouvent 
dans'e  mémoire  dcLassen,  Z.  D.  M.  G.,  i856,  p.  354,  chez  Savelsberg,  I,  p.  5f! , 
et  Deecke,  Lykische  Sludien,  III,  p.  a8i.  —  Anlipbellus  3  a  été  publiée  par 
Daniell  et  SpraU,  n"  3;  Texicr,  Asie  Mineure,  vol.  III,  pi.  CIC;  Scbmidl, 
pi.  111;  Savelsberg,  I,  p.  l\6;  H,  p.  i.to,  et  Pelcrson,  n°  122.  Voir  encore, 
pour  le  grec,  inléressanl  à  cause  du  verbe  èixnpi^et  qui  termine  l'inscription, 
CL  G.,  III,  p.iiSo,  n°  43oo/<. 

*  U  esl  probable  que  les  organisateurs  de  l'écrilure  lycienne  trouvèrent  un 
cerl^iin  nombre  de  caractères  qu'ils  exclurent  en  principe,  mais  que  quelques 
monuments  retinrent  à  titre  de  vaiianies  grapiiiques.  L'inscription  de  Limyra  6 , 
que  je  vais  citer,  emploie  même  deux  soi-disnnt  variantes  de  0,  dans  qnpo  et 
dans  Lim/lrali" ;  et  cet  exemple  n'est  pas  raie.  Nous  ne  pouvons  passer  notre 
temps  à  dessiner  des  caractères. 

'   Daniell,  pi.  I,  n"  ai;  Schmidt,  pi.  I:  Savelsberg,  II,  p.  36.  J'ai  pu  con- 


19^  J.  IMBERT. 

et  Perichh.  Le  premier  de  ces  mots  est  le  nom  propre  de  Lysan- 
dre,  le  second  celui  de  Kindaburis;  la  lettre"  découvre  l'accu- 
satif^ :  il  faut  traduire  tov  KvadvSpov,  tbv  KtvSaSupios,  à  sa- 
voir l'homme  nomme'  Zetmeri''.  Ce  que  Zelineri  est  à  Lysandre 
et  à  Kindaburis,  nous  le  devinons  sans  peine;  il  est  \e  fils  du 
premier,  le  neveu  {tiilies")  du  second  :  ainsi  l'e'tablissent  de 
nombreuses  é[)ilaphes.  Le  verbe  est  omis  comme  ces  avyysvixd; 
mais  nous  savons  comment  supple'er  la  lacune,  sei  ''tepitoti  = 
ff  [lui-viéme,  il  ensevelit  [ici)]  Zetineri(fîls)  de  Lysandre  et  (  neveu) 
de  Kindaburis,  seigneur  (qui  e'tait)  hyparque  de  Péridès^.n 

Quand  une  transcription  laisse  ainsi  péne'lrcr  le  sens  d'un 
texte ,  sa  cause  est  gagne'e. 

Certes  on  n'est  pas  arrivé  du  premier  bond  à  cette  transcrip- 
tion, mais  après  bien  des  tâtonnements,  en  faisant  autant  que 
possible  abstraction  d'ide'es  pre'conçues,  et  d'heureuses  décou- 
vertes d'inscriptions  bilingues  aidant. 

C'est  à  Moriz  Schmidt  '^  que  revient  l'honneur  d'avoir  e'crit  les 


sulter  tes  copies  inédites  de  MM.  Benndorf  et  Arkwright.  Voir,  sur  ce  monu- 
ment, situé  dans  la  nécropole  ouest  de  la  ville  de  Limyra,  mes  articles  The 
Lycian  Tebursselis  et  On  Iwo  Lycian  Inscriptions  dans  le  D.  0.  R.,  février  et 
décembre  1898. 

'  Sur  le  génitif-accusalif,  voir  Termes  de  parenté,  p.  /i56.  Ce  génitif  sur- 
vécut à  la  langue,  comme  le  montrent  les  formes  TpoKovSiv  dans  la  pîirase  M. 
Aup.  OvdêaSais  TpoKovSiv  d'une  inscription  d'Isaiirie  publiée  par  Headlara, 
J.  H.  S.,  n°  2 ,  1899  .p.  3o,  et  —  Q-alâfjietv  citée  par  Ranisay,  K.  Z.,  1886, 
p.  386.  Il  est  vrai  que  cette  désinence  est  appliquée  indifféremment  au  génitif 
du  sujet  comme  à  celui  du  régime  :  bien  mieux,  on  aurait  le  dalit  Apaxaiv  à 
Xanlhus,  d'après  la  copie  de  Fellows  du  n°  4278  li,  C.  I.  G.  Voir  Hill,  /.  //.  S., 
1895,  p.  laS,  n°  16. 

■^  Ce  nom  peut  être  comparé  à  hiatvapis  (C.  /.  G.,  n°  i3i5</),  Nap«s  {J.  H. 
S.,  1895,  p.  IJ9,  n°  3)  et  Enéhineri,  fondateur  d'une  rock  toinb  de  Limyra, 
dont  Petersen  a  publié  l'inscription,  p.  67,  n°  i33. 

•'  L'homonyme  du  grand  bomme  d'Etat  d'Athènes,  le  roi  Périclès,  qui  régnait 
sur  les  Lyciens  antérieurement  à  36o  avant  notre  ère,  est  mentionné  par  Théo- 
pompe  dans  Photius,  Dihl.,  176,  et  par  Polyen,  Stratag. ,  V,  ha  (cf.  Deecke, 
Lyk.  Stnd.,  IV,  189);  il  a  signé  des  monnaies  d'argent  et  de  cuivre  (Fellows, 
Lycian  Coins,   i855,  pi.  IV,  9;  V,  i-to;  VI,   1-10;  Six,   Monnaies  lyciennes, 

1887,  n°'  a6/i  à  27^;  Babelon,  Perses  Achéménides,  1898,  p.  ex,  et  n"  53i , 
536,  537,  539);  les  inscriptions  qui  le  citent  sont  Limyra  6  que  nous  avons 
vue,  Limyra  16,  38,  ho,  h\  et  l'inédite,  découverte  à  Arneœ. 

*  Dans  le  Biographisches  Jahrbuch  fur  Alterthumskunde  d'Iwan  von  Mùller 
(]  890),  le  D'  Paul  Kœtschau  a  consacré  à  Moriz  Schmidt,  décédé  le  8  octobre 

1888,  une  nécrologie  d'une  lecture  très  attachante  et  qui  se  termine  par  la  bi- 
bliographie des  travaux  de  l'éminent  helléniste  d'Iéna.  Je  ne  puis  qu'y  renvoyer 
le  lecteur  :  les  travaux  de  Schmidt  intéressent  pour  la  plus  large  part  la  philo- 
logie grecque  et  latine ,  mais  l'actixilé  de  ce  savant  a  dépassé  ces  frontières  et  a 
marqué  sa  trace  dans  les  domaines  plus  restreints  de  l'épigraphie  lycienne  et  des 
inscriptions  cypriotes.  Schmidt  mérite  qu'on  examine  de  près  les  solutions  qu'il 
donne  des  problèmes  posés  par  les  monuments  lyciens  et  qu'on  étudie  sa  mé- 
thode vraiment  géniale. 


L\E  ÉPITAPHE   LYCIENNE.  195 

premières  pages  vraiment  scientifiques  sur  l'alphabet  lycien. 
Voici  dans  quelles  circonstances  : 

Au  dire  des  anciens,  il  y  avait  eu  —  dans  un  lointain  passe' 
sans  doute —  (nous  dirions  aujourd'hui  :  à  Te'poque  myce'nienne), 
enire  Mace'doniens  et  Phrygiens,  Arcadiensde  Te'gée  et  Cypriotes 
de  Paphos,  Cretois  et  une  partie  des  Lyciens,  relation  de  me'- 
tropole  à  colonie.  La  précision  de  ces  données  montre  qu'elles 
reposaient  sur  des  traditions  locales  et  vivaces,  et  s'il  ne  nous 
est  plus  permis  de  contrôler  par  des  documents  historiques  la 
véracité  de  ces  traditions,  nous  pouvons  du  moins  espérer  ar- 
river par  la  philologie  comparée  à  certaines  conclusions  qui  con- 
firment ces  indications.  Le  dialecte  ciétois,  pour  ne  parler  que 
de  la  troisième  proposition,  piésente  des  particularités  qui  obli- 
gent de  supposer  Tinfluence  d'un  idiome  rf barbares,  et  par 
conséquent  son  existence.  Moriz  Schmidt  l'avait  compris  quand, 
rendant  compte  en  i863  d'une  thèse  d'un  de  ses  compatriotes, 
il  s'essayait  à  des  comparaisons  entre  le  crétois  du  document 
étudié  par  cette  thèse  et  l'idiome  énigmatique  des  inscriptions 
lyciennes.  Les  comparaisons  (qui  dénotent  plus  de  bon  vouloir 
que  d'expérience)  devaient,  dans  la  pensée  de  Schmidt,  tracer 
la  route  à  d'autres  savants  jaloux  de  se  faire  un  nom  ^ 

Après  avoir  attendu  quelque  temps,  Schmidt  n'hésita  plus, 
vers  1866,  à  tenter  l'expérience  qu'il  conseillait  aux  autres. 
Mais  quel  ne  fut  pas  son  étonncment  quand  il  découvrit  que 
même  l'alphabet  lycien  n'était  pas  déchiffré  !  A  la  place  du  dé- 
chiffrement, il  y  avait  cinq  à  six  lectures  différentes,  autant  que 
de  savants  qui  avaient  traité  ex  professo  de  cette  malheureuse 
épigraphie  '-. 

'  Préface  de.VEssay  on  the  alphabet  and  the  language  of  the  Lyctans,  qui  sert 
(l'inlrodiiction  an  recueil  des  inscriptions  d'après  Scliaenborn,  léna,  1868.  La 
Ihèsf*  étudiée  par  Schmidt  dans  K.  Z.,  XII,  p.  319-233,  a  pour  titre  De  in- 
scripttojie  Cretemi  qua  conlinettir  Lyliiorum  etBolœntiorumfœdus  sc7:  Henr.  Beinh. 
Vcvetzsch.  (Halle,  1 863 ,  33  pages.)  —  L'origine  Cretoise  d'une  partie  des  Lyciens 
est  affirmée  par  Hérodote  :  oi  ëè  Xvxiot  êie  KprÎTrjs  tdipyalov  yeyôvaai  [ti^v  yàp 
Kpr?Tr?i'  él'j^ov  to  zsaXaiov  'zsâaav  ^âpêapoi").  .  .,  I,  i'y3.  Suit  l'histoire  de  I'én)i- 
gration  des  partisans  de  Sarpédon,  frère  et  compétitenr  de  Minos,  puis  d'une 
plus  récente  colonisation,  athénienne  cotte  fois.  Le  (oui  est  rappelé  plus  briève- 
ment en  CCS  termes  :  A'ûxioi  Se  TepitiXoi  èHaXeUvTo  ex  Kp■/|^ns  jeyovÔTts ,  è-nl 
Se  Xiixoii  loxj  ^ctvSiovos  àvSpài  kdnvctiov  êa-^ov  tï\v  iiteovvfMÎriv,  Vit,  93. 

^  Voici  leurs  noms  :  Saint-Marlin,  i8ai;  Grotefend,  i83i  (1835)  et  1869; 
Daniel  Sharpe,  président  de  la  Société  géologique  de  Londres,  18/11  et  i8.'i3 
(18/17);  Chodzlio,  i8/i/i[?]  (inconnu  à  Schmidt);  Lassen,  i856;  Blau,  i863; 
Friedrich  Muller,  i8G3  et  186/1.  Voir  Savcisberg,  I,  p.  1-7.  Ces  savanis  de 
premier  ordre  ne  purent  que  distraire  en  faveur  de  nos  inscriptions  quelques 
heures  de  leur  temps  consacre  à  des  œuvres  bien  autrement  sérieuses.  La  niiniis- 
malique  lycienue  n'était  pas  plus  avancée  que  le  déchilVrement  dos  lexles  lapi- 
daires, quoiqu'elle  fût  abordée  par  des  lionunes  tels  que  Fellows,  l'auteur  du 
Coi-pus   des  monnaies  (i855),  Sharpe,  Longpérier,  Konor  et   Brandis  (1  8GG). 


196  J.   IMBERT. 

Il  fallait  donc  laisser  là  les  études,  ne  connaître  que  les  textes. 
C'est  ce  que  fit  le  professeur  d'Ie'na  ^ 

Les  épitaphes  bilingues  commencèrent  par  lui  livrer  quelques 
noms  propres-;  les  unilingues  le  renseignèrent,  elles  aussi,  sur 
les  noms  de  Pe'riclès  Perîc/e,  d'Harpagus  Arppaquh^  (ge'nitif),  de 
la  ville  de  Xanthus,  Apva  d'Etienne  de  Byzance,  Ar^na  des  monu- 
ments'' :  il  lut  la  correspondante  exacte  Tr'"mili  de  la  de'nomina- 
tion  TeppitXa.1  par  laquelle,  au  rapport  d'Hérodote,  les  Lyciens 
e'taient  désigne's  dans  leur  propre  pays^.  L'alphabet  fut  peu  à  peu 
comple'té  :  Schmidt  sut  que  k  e'tait  th  et  +  h.  Il  e'prouva  quelques 
surprises  :  î  n'était  pas  0,  X  n'était  pas  )(^,  E  n'était  pas  e, 
O  était  souvent  donné  comme  correspondant  à  ïupsilon. 

Désormais  le  déchiffrement  était  réalisé  :  on  pouvait  encore 
l'amender  sur  quelques  points  de  détail,  le  tenir  pour  non  avenu 
non.  Deecke  qui  affecta  de  décrier  au  nom  de  l'étymologie  (!)  "^ 
l'œuvre  de  Scboiidt,  lui  rendit  pourtant  un  précieux  hommage 

Pour  donner  une  idée  des  préjugés  qui  régnaient  alors,  il  suffira  de  dire  que 
l'on  avait  édifié  une  géographie  fantastique  rien  qu'avec  les  légendes  moné- 
taires des  rois  Peridès,  Trbbënimi,  Qeriga,  Cuprlli,  voire  mémo  Mithrapala , 
lue  Mechrapala  et  qui  devait  désigiier  le  port  de  iVlacri,  représentant  actuel  de 
l'antique  Telmessus!  De  telles  sottises  s'impriment  encore  aujourd'hui  dans  des 
ouvrages  réputés  sérieux. 

'  Vorstudien  zur  Entzijfei-ung  der  Lykischen  Sprachdenkmdler  dans  lesBeitràge 
de  Kuhii  et  Schleicher,  V.  p.  357-3o5,  et  Essay  on  the  Alphabet,  p.  iii-x  du 
Corpus  de  Schœnborn ,  lena ,  1 868.  L'auteur  s'est  souvenu  de  ses  études  Cretoises, 
Essay,  p.  IV  (emploi  de  x  au  lieu  de  7);  p.  v  (emploi  de  66;  prédilection  pour 
la  voyelle  0;  le  nom  de  Minos  retrouvé  en  Lycie);  p.  vu  (  AAHNA  et  TTHNA  = 
Zrjvct;  formes  Cretoises  jloijjLla,  Tlœyioç  et  tléva  -  Cr?fx/a,  Çwf,idï  et  Cwi'l);  p-  iv 
et  p.  VIII  (chute  de  s  au  nominatif  des  noms  masculins). 

*  Il  ne  connaissait  que  Limyra  iQ,  Antiphellus  3,  Tlos  2  (Daniell,  n"  d), 
Levissi  (Daniell,  n°  2)  et  le  nécrodipnon  de  Cadyanda,  Fellows,  Lycia  p.  116- 
ii'j  =  C.  I.  G.,  III,  n"  42  23. 

^  Harpagus  est  face  nord  de  la  stèle  Xanlhienne,  1.  25,  APFArOTIOS 
(cf.  C.  I.  G.,  n°  ^269);  ibid.,  1.  58-59  :  Arppaqus ,  mal  à  propos  regardé  comme 
un  nominatif  à  cause  de  s;  [Arppa]quh,  Arppaquh,  face  sud,  1.  9  et  1.  25  (des 
éditions,  mais  en  réahté  1.  3o).  On  trouve  ailleurs  Arrppaquhe  (texte  inédit). 
Voyez,  face  nord,  1,  19,  si  paqa  ne  serait  pas  le  reste  d'un  nom  Arppaqa,  au 
datif?  ou  à  l'accusatif? 

*  Ar^na  répond  à  Zavdiois  sur  le  décret  de  Pixodare  (=  Savelsberg,  1,  p.  60); 
il  en  est  parlp  sur  la  grande  stèle,  face  sud,  1.  29;  est,  1.  3o,  ^9,  53-5^;  face 
nord,  1.  10;  sur  le  tombeau  de  Payava,  1.  10  (=  Savelsb. ,  II,  p.  195).  Voici  le 
texte  d'Etienne  de  Byzance,  au  mot  Apva.  (édition  Meineke,  Berlin,  1869, 
p.  123)  :  Apva,  •cidAis  Aux/as'  oiltea  ri  Edvdos  e'xaAeTro  ctwè  kpvov  tov  xaxa- 
■jroAefirjffarTos  ïiputôyovov.  To  èOvtxov  Apvaïos  xai  Aprews.  «APNA,  a  Pe- 
lasgic  name  found  in  many  parts  of  Greece  and  in  Italy .  .  .  -n  (Leake:  Transac- 
tions nf  the  Royal  Society  of  Literalure,  second  séries,  Volume  II,  page  35, 
note  9). 

'  Schmidt  lisait  Arina  et  Trâmili.  On  a  vu  plus  haut  que,  d'après  Hérodote, 
les  Lyciens  se  nommaient  Termites.  Notre  inscription  de  M}ra  ^,  que  nous 
tenterons  de  traduire,  livrera  la  mention  Tr'"mili, 

*  Lyk.  Stud. ,  I ,  p.  1 2  'i  - 1  2  5. 


UNE  ÉPITAPHE  LYCIENNE.  197 

en  ne  réussissant  à  repousser  qu'une  seule  lecture ^  Son  rejet  des 
lectures  u  et  o  des  caractères  0  et  >f  atteint ,  non  pas  le  ve'ritable 
cre'ateur  de  Te'pigraphie  lycienne ,  mais  son  successeur  Savels- 
berg.  Plus  tard,  il  est  vrai,  Deecke  rectifia  les  transcriptions 
schmidtiennes  met  àm  de  î  et  X,  mais  du  moins  en  les  prenant 
pour  point  de  départ  de  sa  théorie  des  sonnantes  nasales  '-. 

Que  E  soit,  malgré  Tavis  de  Deecke,  la  \oyelle  i,  de  très 
nombreux  exemples  le  garantissent  :  ce  sont  des  noms  grecs 
écrits  en  lycien,  des  noms  lyciens  écrits  en  grec,  et  des  noms 
perses  écrits  en  lycien. 

Les  premiers,  HepixXrjs,  IcnpOKXfjs^  Icovss ,  EwaTaros,  sont  do- 
venus  Pericle^,  lyetruqle,  Iijoms" ,  Eqetehja^,  avec  E  qui  correspond 
à  I.  Deecke  en  est  réduit  à  orthographier  ces  divers  noms  Pdreklà, 
Eiàtroyld,  Eninesn,  Ayatma,  où  il  découvre  le  perso-phrygien 
AxaT>7?^;  on  croirait  lire  Knôtel*^. 

Les  noms  lyciens  écrits  en  grec  sont  très  nombreux  :  citons 
Iqita,  et  Ixras,  Sidenija  et  'EtSdpios,  Purihimelehe  et  Tlvpifidrios , 

'  E  qu'il  se  refuse  à  transcrire  i.  Je  sais  bien  que  l'idenlité  de  forme  de  la 
lettre  avec  la  voyelle  gréco-laline  causera  le  premier,  que  dis-je!  le  seul  obstacle 
à  l'adoption  immédiate  de  la  lecture  schmidiienne;  mais  X  et  î  ne  sont  pas  non 
plus  le  ;^  et  le  I  de»;  Hellènes,  et  d'ailleurs  ne  voyons-nous  pas  P  cbez  les  Grecs 
exprimer  »•  et  chez  les  Latins  p?  La  similitude  de  forme  ne  constitue  qu'une 
simple  présomption  qui  doit  être  écartée  devant  un  fait  démontré. 

^  trNasale  Sonanlen  im  Lykischen55  dans  les  Beitràge  de  Bezzeober^jer,  XIII, 
p.  1 Sa-iSg. 

^  Pour  Périclès,  voir  note  3,  page  19^. 

*  lalroclès,  A^an(/ius  3  (=  Savelslierg,  II,  p.  186;  cf.  Schmidt,  iVrae  lyk.Stud., 
p.  ig);  les  Ioniens,  Stèle  Xanthieune ,  face  est,  I.  37  (cf.  Savelsberg,  I,  p.  9); 
Hécatée,  Liinyra  q6 ,  non  reproduite  par  Savelsberg,  qui  a,  à  son  premier  vo- 
lume, p.  8,  identifié  les  formes  lycienne  et  grecque  =  Petersen,  n°  ia6. 

'  Lyk.  Stud.,  I,  p.  i3i,  1  38.  Il  n'y  a  pas  A-x^àte'ia ,  mais  Ay^atàe'ui,  soit 
quatre  lettres  après  le  t  :  cela  étant,  le  rapprochement  avec  À;^aTr?î  est  encore 
moins  acceptable.  La  seule  objection  qu'on  pourrait  élever  contre  l'équation 
Eqele  iija,  ixaia-Tos ,  c'est  que  la  forme  lycienne  devrait  avoir  h  comme  première 
lettre;  mais  les  Lyciens  n'ont  pas  non  plus  écrit  Harppaquh  pour  kpt:iyov. 

*  Knôtel  nous  met  en  présence  de  Jobatès,  de  Bellérophon ,  de  Lxjkus ,  des  So- 
lymes,  des  Teucrieus,  de  Chypre  et  de  la  Crète  par  les  mots  suivants  tirés,  dilil, 
de  la  grande  stèle  Xanthienne  :  0/âte,  Valorunakd ,  Leku,  Salomovn,  Tdkare , 
Kopre,  Kriidà,  etc.  Ses  traduclions  valent  ses  transcriptions  et  identifications. 
Le  bonhomme  Ddavasa  nous  dit,  à  la  fin  de  l'inscription  de  Myra  li ,  selon 
Knotel  :  tT.Moin  Flucli  treffe  die  leere  Kiste.  Bewahre  die  Kiste  darin  hellig.  Ein 
freier  termifischer  Hiirger,  ein  Adliger  und  Troer  biti  ich  und  hiiclist  adiig. ■" 
C'est  qu'il  n'avait  pas  lu  les  inscriptions  grecques  du  pays.  —  Cet  article  de 
haute  fantaisie  parut  en  feuilleton  dans  la  très  obscure  Breslauer  Zeitunjr ,  iH'jH, 
n"'  hai  et  /t'J2.  Chatjue  science  a  ses  curiosités;  nous  avons  les  pxcursns  de  ce 
savant  de  Glogau  sur  trDieletzten  Trojaner  und  ihr  Gedenksleim  (la  stèle  d.> 
Xanthus).  —  Que  M.  Deecke  me  pardonne  ma  réflexion  fort  injuste  à  son  égard 
A  la  prendre  au  pied  de  la  lettre,  ce  n'est  qu'une  boutade  contre  son  dogm.i- 
lisme. 


198  J.  IMBERT. 

Ptirihim,  .  .  el  TlvpiSaTOVs,  Priijenubeh"  et  Tlpidvo^a,  Urtakiyah" 
et  OpTax/a,  Ticeucëprë  ei  Ticrsvasfjiëpav,  Sbicaza  et  ^Tziydaa  des 
bilingues  \  justifiant  l'équation  E  =  l.  A  peine  si  Ton  parvient  à 
de'couvrir  quelques  exemples  dissidents;  ainsi  les  noms  cariens 
ISiéaKws,  Méa-os  sont  écrits  Ziskka,  Mizu,  tandis  qu  Idazzala  est 
écrit  E/^acTo-aAa '^  ;  ces  exceptions  ne  prouvent  pas  plus  que 
rorlhographc  suivie  par  Plutarque^  pour  désigner  le  frère  de  Mau- 
sole,  Pixodare ,  en  lycien  Piqedare,  avec  E  comme  deuxième 
lettre'. 

Le  troisième  groupe,  celui  des  noms  perses  cite's  sur  la 
grande  stèle  xanthienne,  n'est  pas  moins  instructif  :  nous  avons 
là  Mithrapata,  le  MiTpoSaTïjs  de  Xenophon  ^,  Vizttasppaz"  qui 
fait  songer  imme'dialement  à  Vishiarpa  (Hystaspe) '^,  Biyamona,  le 
même  qu'Hiéraniénès  beau-frère  de  Darius  II,  probablement 
Ariyamana^,  Vîdryia  ou  Hydaniès,  Vidarna^,  enfin  Chzapr"na  on 
Tt(7(7a(pépvï]5,  *C{ssapama'\]\  est  bien  entendu  qu'on  ne  soup- 


'  Antiphellus  3,  Limyra  19,  Levissi,  ex-voto  de  Porpax  {=Mém.  de  la  Soc.  de 
liiig.,  VIII,  p.  i5o),  Cyaneae  (Petersen,  p.  21,  n°  26). 

-  Nécrodipnon  de  Cadyanda  =  C.  I.  G.,  n"  /i2  25,  et  Pelersen,  11°  2(55.  Il  ne 
fil  ut  pas  transcrire  zizlcka,  avec  un  second  z,  attendu  que  la  troisième  lettre  revêt 
la  lorme  du  s  archaïque,  c'est'à-dire  d'une  sorte  do  M  avec  son  jambage  de 
gauche  plus  long,  et  celui  de  droite  coupé  d'un  petit  trait  horizontal. 

^  Jlri^oSupos ,  Vie  d'Alexandre,  ch.  x.  Encore  n'est-il  pas  sûr  que  la  leçon 
ni^6êù)pos  ne  soit  préférable  :  comparez  le  xanlhien  ni^aiScopov  (C.  /.  G.,  ^2766, 

|l.    1195). 

*  Décret  bilingue  de  Pixodare,  1.  1.  Ce  monument  malheureusement  incom- 
plet, et  illisible  dans  sa  partie  grecque,  fut  publié  par  Moriz  Schmidt  et  W. 
Perlsch  dans  le  volume  qui  complète  le  recueil  des  inscriptions  et  qui  porte  pour 
iilre:  NeuelykischeStudienund  das  Décret,  des  Pixodaros,léna ,  1869,  a  planches. 
On  peut  consulter  au  sujet  de  ce  monument  Savelsberg,  1,  p.  60;  Deecke, 
Lyk.  Stttd.,  III,  p.  282,  et  Judeich,  Kleinasiatische  Studien,  Marburg,  1892, 
p.  262  ,  note  2. 

^  Hellen. ,  I,  3,  1  2.  Ce  satrape  est  mentionné  à  la  face  est  de  la  grande  stèle, 
1.  16.  Nous  avons  de  lui  diverses  monnaies  (Fellows,  Coins,  pi.  III,  6-10;  Six, 
Monnaies  Lyc.,  n°'  933-2^6;  Babelon,  Perses  Act.ém.,  p.  cix  el  n"'  629  et  53o). 
Voir,  sur  ce  nom,  Savelsberg,  I,  9;  II,  201,  et  Deecke ,  LyA-.  Stud.,  I,  p.  i33. 

"  Stèle,  face  nord,  iç).  «Erinnert  an  VistaspaTi,  Schmidt,  Neue  lyk.  Slud., 
p.  20.  Cf.  Savelsberg,  I,  p.  17;  Deecke,  Nasale  Sonatiten,  p.  187. 

'  Thucydide,  VIII,  58.  L'identilication  de  {E)riyamona ,  stèle  nord  12,  avec 
Hiéraménès  est  due  à  Arkwrigbt  :  voir  mon  article  Phurnabazus  and  Tissaphernes 
ventioned  on  the  great  stela  ofXanthus,  dans  le  Bab.  and  Or.  Hecord,  juin  1890. 

*  Cizzapr"na  :  Vidr\"nnh  :  =  Tissapherne  [fils]  d'Hydarnès,  slèle  de  Xan- 
ihus,  face  nord,  1.  11-19.  On  ne  savait  pas  jusqu'ici  le  num  du  père  du  célèbre 
^alrape  de  Darius  II.  Cf.  le  mémoire  précité  sur  Pharnabaze  et  Tissaplieime. 

"  La  brillante  découveite  du  nom  de  Tissapherne  (nord,  1.  11,  là,  i5)  est 
l'œuvre  de  Deecke;  il  y  a  été  conduit  par  des  considéralions  historiques,  on  peut 
dire  malgré  sa  transcription  trKezzaprnna?:.  Annoncée  par  son  auteur  dans  Lyk. 
Slud.,  IV,  p.  192,  elle  a  été  exposée  dans  l'article,  si  bienveillant  pour  moi, 
Zur  Deulvng  der  Stela  Xanthica  (Berl.  pliilol.  VVoch. ,  3o  juin  1888,  col.  827- 
8a 8).  Mais  il  faut  lire  par  un  C  correspondant  au  Tch  perse. 


UNE  ÉPITAPHE  LYCIENNE.  199 

çonne  de  telles  identifications  qu'à  la  condition  de  transcrire, 
ainsi  que  je  fais,  les  syllabes  ME,  FE,  KE,  PE. 

L'objection  que  les  doubles  transcriptions  appartiennent  à  un 
âge  moins  ancien  que  la  cre'alion  de  Talpbabet  asiatique^  n au- 
rait quelque  valeur  que  si  le  lycien  primitif  nous  e'iait  connu  : 
or,  de  ce  premier  stage  de  la  langue,  nous  ne  possédons  encore 
que  ce  que  M.  Six  appelle  les  hie'roglyphes  cre'tois:  mais  alors  il 
nous  faut  repasser  la  mer  et  entreprendre  le  de'cbill'rement  cent 
fois  plus  pe'nible  de  ces  idéogrammes  lermiles  si  patiemment  re- 
cueillis par  le  docteur  Evans'-.  Nous  ne  réussirions  qu'à  retrouver 


'  crLeider  habe  ich  micli  nicht  entscliliessen  konnen,  der  Schmidt'schen  Um- 
sehreibung  dos  lykischen  Alpliabols  zu  folgen,  da  sie  ein  zu  irriges  Bild  der 
elymologischeii  Geslaltung  der  Spraclie  gieht.  Mag  aiich  in  der  ïliat  im  Lyki- 
schen, wie  die  griecliisclie  Umschreibung  iykischer,  die  iykische  Wiedergabe 
iranischer  Worter  zeigt,  allmahlich  eine  Trùbung  der  Vocale  und  eine  theilweise 
Verschiebung  der  Consonanten  stattgefunden  haben ,  so  war  dièse  docb  keines- 
wegs  ursprùngiich,  und  zur  Zeil  der  Annaliine  des  griechisclien  Alphabets  sicher- 
lich  noch  nicht  durchgedrungen,  nuiss  vielmehr  als  eine  spàlere  Entartung 
gelten;  und  ebensowenig  wie  wir  das  griecliische  a<  iind  ot  durch  ae  und  oe 
wiedergeben ,  weil  die  Romer  dièse  Diphtiionge  so  umschrioben  und  die  Grie- 
chen  ihrerseits  rômischcs  ae  und  oe  durch  ai  und  oi  ausdriickten ,  oder  wie  grie- 
ciiisches  t?  uns  als  i  gilt,  wcil  die  Neugriechen  es  so  aussprechen,  ebensowenig 
diirfen  wir  z.  B.  auch  die  durch  enllchntes  griechisches  e  und  o  ausgedriicklen 
lykischen  Vocale  als  i  und  u  bezeichnen,  weil  sie  in  einigen  lykischen  Namen 
griechisch  durch  «  und  u  wiedergegeben  werden.  Geschieht  dies  doch  keines- 
wegs  Conséquent,  und  die  spatesten  uns  erhaltenen  Inschrifton  verratben  durch 
den  Wechsel  der  Schreibung  noch  haufig  das  Schwanken  der  Aussprache  und 
den  Riickfall  in  die  alte  Geltung.n  (Deecke,  Lyk.  Stud. ,  I,  p.  laû-iaS.) 

-  Cretan  jnclographs  and  prœ-phœniciaii  script.  .  .  by  Arthur  J.  Evans,  Keeper 
of  Ihe  Ashmolean  Muséum,  London,  iHç)5,  in-S".  L'auleur  passe  en  revue 
.qnatre-vingt-de.uY  symboles  dans  son  paragrapiie  6  (  Classification  and  Compari- 
son  of  the  Syinhols ,  p.  Zi-h'^).  Table  I,  p.  80  (comparaison  de  trenle-deux  signes 
avec  des  caractères  «œgéensT)  trouvés  en  Egypte  et  des  syllabiques  cypriotes); 
table  II,  p.  8i  (groupe  de  symboles  linéaires  de  Crète,  Mycènes  et  Siphnos); 
lablo  III,  p.  96  (signes  pictographiques  et  linéaires,  i-iaa,  laê  et  i3,  com- 
parés à  des  signes  béotiens,  mycéniens,  cypriotes  et  sémitiques).  M.  Six  a  bien 
voulu  me  faire  part  de  ses  remarques  touchant  les  lettres  lyciennes  qui  ne  sont 
pas  dérivées  de  l'aiphabot  grec  :  frJ'ai  reirouvé,  m'écrit-il,  toute  la  bande  parmi 
les  hiéroglyphes  crétois.  Ainsi  la  double  hache  (Evans,  n"  10)  est  Taucètre  d'une 
variante  graphique  de  votre  e;  le  n°  5ij  est  Te  régulier;  le  n°  71  le/;  le  n"  3i 
voire  h;  le  11°  5/i,  q;  le  n°  ^3  une  forme  de  m  dans  une  inscription  de  Pinara; 
le  n"  68  le  m  du  I)"^  Deecke;  le  n"  8  une  forme  de  n  inscrite  dans  Y  ex-voto  de 
Tlos;  le  n°  3 A  la  lettre  0,  qui,  sur  certaines  monnaies,  a  un  point  au  centre; 
le  n"  38  la  troisième  lettre  du  nom  des  Ioniens  en  lycien. n  C'est  très  beau; 
mais  cela  n'éclaire  pas  la  lecture  du  lycien.  Voir  aussi,  dans  le  magnifique  vo- 
Iun)e  de  M.  Evans,  p.  8(3,  la  photographie  de  l'inscription  frétéocrèle?»  de 
IVaîsos;  l'inscription  déjà  publiée  par  .MM.  Compareiti  et  Ilalblierr  est  (racée 
en  lettres  grecques  archaïques,  en  boustrophédon,  quatre  lignes;  mais  le  texte 
n'est  pas  grec.  Comme  il  est  mal  déchiilré,  je  ne  me  peinicts  pas  de  la  rap- 
procluT  des  inscriptions  lyciennes. 


200  J.  TMBERT. 

les  ancêtres  des  lettres  non  grecques  de  l'alphabet  lycien  :  mais 
leur  lecture,  qui  la  livrerait? 

Admettons  un  instant  que  Deecke  ait  raison  de  tenir  la  voyelle  E 
pour  un  epsilon  devenu ,  avec  le  temps,  une  correspondante  assuré- 
ment curieuse  de  V iota,  he  son  i  manquait  donc  à  la  langue  lycienne? 
Et,  surprise  plus  grande  encore,  Viota  des  Grecs  fut  emprunté, 
non  pour  figurer  la  nouvelle  voyelle  i  venue  avec  les  derniers 
colons  d'Athènes  et  de  Corinthe,  mais  pour  la  semi-voyelle  y  ! 

Mieux  vaut  tenir  compte  des  faits,  même  en  confessant  notre 
impuissance  à  les  expliquer  :  les  nier  est  une  œuvre  mauvaise. 
Le  caractère  I  occupe  la  seconde  place,  et  non  la  première,  dans 
le  nom  lyetruqle  =  IrjTpox'krjs ,  et  je  ne  vois  pas  de  motif  de  faire 
des  deux  lettres  El  la  diphtongue  si  :  dans  les  inscriptions 
cypriotes,  îcnpôs  n'est  pas  transcrit  eialros,  mais  bien,  comme 
dans  ma  transcription  du  nom  propre,  iyatros,  avec  y  entre  deux 
voyelles. 

Les  seules  diphtongues  en  i  sont  '^E,  ^E,  si-E,  non  pas  EE 
ni  lE.  E  ne  souffre  pas  son  propre  voisinage;  il  appelle  la  semi- 
voyelle  I ,  c'est-à-dire  y.  Aussi  trouverez-vous  non  pas  Muliiseh 
ou  Mulliyiseh,  mais  Mulliyeseh  =  MoXXiaios ,  avec  e  concourant  à 
la  prolongation  de  i,  absolument  comme  dans  notre  mot  pairie. 
Telle  est  la  cause  de  mon  refus  d'orthographier  MoUeiasàh  ^ 

Cet  à  m'est  particulièrement  désagréable.  Sans  doute  c'est  là 
une  des  valeurs  de  '^,  mais  ce  n'est  pas  la  seule.  Le  e  franf;ais  a 
des  aptitudes  plus  diverses,  qui  semblent  correspondre  aux  nom- 
breuses valeurs  de  ^,  puisque,  comme  lui,  il  est  tantôt  muet, 
tantôt rt  [exemple,  femme) ,  tantôt  é;  {^  e.^t  mêmeo)  :  Sideriya  =^i- 
Sdpios,  Priyeimbeh"  =^  Ilptavoêa;  Ticeucëprë  =T laevcréfxëpav,  Pi- 
qedare^nt^cûSapos  {\a  forme  lycienne-grecque  était  Ilia-éSapos-).  ■ 

'  I  et  non  E  esl  j]ravc  avant  A  dans  le  nom  d'ApoUonidas  sons  son  ortliographc 
lycienne,  l'tilenyda.  Ici  il  ne  remplit  pas  apparemment  le  rôle  de  la  lettre  do 
liaison.  De  même  dans  le  mot  hrppiy  suivi  d'une  consonne,  hrppiy  pr^nezi 
(Xanthus  8),  hrppiy  mci  (Limyra  ii).  On  pourrait  donc  soupçonner  à  1  une  va- 
leur ï.  D'aulro  paît,  la  seconde  voyelle  e  de  ta  désinence  eye  esl  muette  probable- 
ment, de  sorte  que  Publleye  de  Limyra  19  vaut  Poublef,  ce  qui  est  un  écho  par- 
fait du  grec  DvëiXl-nt,  avec  perte  de  Viota  au  milieu  du  nom.  La  désinence 
lycienne  semble  être  purement  artificielle,  c'est  le  datif  grec  transposé  parles 
scribes.  Mais  on  n'hellénisait  pas  toujours;  car,  à  côté  des  noms  Publleye,  Ese- 
dpplemeye ,  Quvntaye  (féminin),  Pkzziyeheye  (féminin)  (cf.  Petersen,  n°'  i5o 
et  i5^4),  à  côté  de  ces  noms,  dis-je,  on  a  des  noms  inertes,  qui  doivent  repen- 
dant se  traduire  par  le  datif;  ainsi  H"'proma  =  [pour]  Embromas  (Xanlhus  2), 
Hl'"midevp  Mleyouai  Mur^na  (Petersen,  n°  iF)5)  =  KAp(5aua«  xaJ  M^aatitre»  kolÏ 
Mdpra»  (C.  /.  G.,  n"  k^ihb).  —  On  avait  lu  tout  d'abord  Mulliheseh  à  Le- 
vissi;  mais  le  sixième  caractère  est  bien  y,  comme  on  peut  s'en  convaincre  par 
la  copie  autrichienne  (Pelersen,  n°  6). 

^  A  Pinara  une  épilaphe  donne  cette  forme  :  to  (tvv(iSîov  AvTtiroirpov  êie  roù 
ïlicjéSapov  X.  T.  A.  {€.  I,  G.,  n°  /i253). 


UNE  ÉPITAPHE   LYCIENNE.  201 

La  voyelle  à  n'a  pas  été'  adopte'e  non  plus  par  Schmidt\  il  laut 
l'en  féliciter. 

Schmidt  transcrit  o  la  lettre  0,  tandis  que  Savelsberg  accu- 
mule les  preuves  en  faveur  delà  lecture  m,  notre  ou-.  A  Levissi, 
éavTcov  est  écrit  éaoTcov,  etsur  d'autres  points  du  littoral  asiatique 
on  prenait  Vo  pour  Vupsilon:  raoTo,,  (pséyeiv,  Xsokois,  EôêcJXo, 
ces  façons  d'écrire  étaient  courantes.  Les  organisateurs  de  l'écri- 
ture lycienne  admirent  donc  ce  caractère  et  refusèrent  droit  de 
cité  à  Y.  D'autre  part,  o  et  ou  sont  des  sons  très  voisins  :  on  fut 
amené  très  vite  à  les  confondre,  et  nous  avons  Puriliim[etehe] 
=  HvpiSixTOvs  et  Crup[sseh]  =  0pu\(/<o?,  à  côté  de  Priyenubeh" 
=  Upiavo^a,  et  de  Urtakiyah"  =  Ôprax/a  ^. 

En  proposant  de  lire  m  et  dm  les  lettres  î  et  X,  le  grand  ini- 
tiateur Schmidt  était  presque  dans  le  vrai  :  au  moins  il  faisait 
justice  de  la  théorie  de  Grotefend  qui  invente  des  caractères 
spéciaux  pour  les  voyelles  longues'.  Le  lycien  a-t-il  connu  la 
quantité  vocalique,  nous  l'ignorons;  en  tous  cas,  son  écriture 
n'en  montre  pas  trace  ^.  Disparureut  donc  l'a  et  l'e  de  Grotefend. 

'  Dans  sa  Commentalio  de  nonnullis  inscrtptionibus  lyciis  (Leipzijj,  Drujjulin, 
1876)  et  sa  Commeiitatio  de  Columna  Xanthica  (léna,  1881),  il  fait  usage  de  la 
transcription  latine  a  u  e  u  i  0  j  h  :  h  (m)  p  f  :  k  (g)  y  g  :  d  t  tli  z  :  l  r  :  à 
(=  am)  m  t  (=  m)  n  :  s  ( — ),  en  substituant  dans  son  second  travail  0  à  u, 
u  à  0,  ûà  y.  l\  transcrit  qss,  qzz  par  xs,  xz  et  kk  par  ûv. 

*  Savelsberg,  I,  p.  9  et  suivantes. 

'  Ex-voto  bilingue.  —  On  a  aussi  Mur''na  (et  Mur"nah  :  Petersen,  n"  i55 
et  iSa)  =  Môpvai  (Petersen,  n"  196)  et  Uvpvos  {C.  I.  Sem. ,  n"  45).  Je  ne  crois 
pas  impossible  de  comparer  à  ce  nom  celui  du  dieu  Marnas,  adoré  à  Gaza  d'après 
Elienne  de  Byzance.  Chacun  sait  que  les  Philistins  et  les  Tei miles  de  Lycic  avaient 
un  berceau  commun,  Pile  de  Crète  :  reste  l'objection  d'un  même  nom  propre  porté 
par  une  divinité  et  par  un  homme  ;  mais  en  Lycie  des  citoyens  s'appelaient  Kpfxrjs 
comme  le  dieu  du  commerce.  (Voir  dans  Petersen,  le  second  Index  de  noms 
propres.) 

'  «The  value  of  ihe  two  signs  î  and  X  till  now  bas  been  entirely  mislaken, 
for  neither  is  the  former  an  expression  of  e  or  i ,  nor  is  the  laller  a  or  ai,  but 
both  the  lelters  express  the  nasalisation  of  the  vowels  t  and  a,  which  we  design 
after  the  Polish  manner  by  j  and  n.  .  .v  Après  avoir  cite  plusieurs  exemples, 
Schmidt  constate  combien  ces  exemples  tr support  our  statement,  as  well  as  af- 
ford  an  argument  against  Ihe  value  of  v  attributcd  to  ï  by  Grotefend  and  Blaun 
{Essay,  p.  v  et  vi).  Grotefend  transcrivait  une  inscription  ainsi  :  âwûênû  gôpû 
mute prênàfâlû  N.  irppë  lâdë  aiivë  su  tedàëmd.  {Zeilsclir.  f.  K.  des  Morg.,  IV, 
1862,  p.  398).  C'est  sans  doule  celte  transcription  de  mots  que  l'on  dirait  ex- 
traits de  quelque  Gradus  ad  Parnasxum ,  qui  a  fait  qualifier  le  système  vocalique 
du   Lycien ,  de  délicat  et  compliqué. 

*  «The  long  and  short  vowels  we:e  designed  by  the  sime  letters.  .  .  1  (Essay, 
p.  VI,  1"  colonne).  Schmidt  aurait  pu  montrer  les  scribes  grecs  du  même  pays 
inatlenlifs  parfois  à  la  quantité  vocali(]ue,  traçant  par  exemple  e>ô,  vofio,  o^ci- 
AéCTe(<),  l-apn-nSov,  àpx,iepéos ,  etc.  {C.  1.  G.,  4278»,  /j266c,  /itîGA,  ligne  i4; 
Itioik,  ligne  9;  ^253,  ligne  9()-a7). 


202  J.  IMBERT. 

''  '    . 

^PîNP ,  VApva  d'Etienne  de  Byzance,  n  e'tait  pas  plus  Aréna  que 
TPXMEAE,  le  TepfxiXijs  d'Hérodote,  n'était  Trâmele.  Que  le  son 
de  -n  ou  de  -m  affectât  ces  lettres,  c'est  ce  que  Schmidt  dé- 
montra aisément  par  le  nom  propre  Q^tenuheh  =  KtvSavvëov  ^; 
il  aurait  pu  ajouter  Arttu"'para  =  ApiSfx^a.pyjs  ~.  J'anticipe  sur 
les  faits  par  ces  deux  transcriptions,  Schmidt  ayant  transcrit 
non  pas  "  et  ""  mais  in  et  âm,  ce  qui  dut  faire  plaisir  aux  éra- 
nistes,  puisque  le  zend  possède  des  voyelles  nasales  analogues. 
Deeckc  a  revisé  ces  lectures^;  il  a  constaté  que  les  sons  voca- 
liques  étaient  l'accessoire  très  variable  :  Arma ,  Artlompara , 
Trnimele  lui  paraissent  plus  voisins  de  Apva.,  ApTSix^dprjs , 
Tsp^iAtjs  ou  TpsfxiXïjs  *,  que  Arma,  Arttoâmpara ,  Trâmili. 
J'en  dirai  autant  de  Milaso'Hro  =  MsXrfcravSpov ,  que  je  ne  recon- 
nais plus  dans  le  MeJasôantrô  du  major  Conder^.  Mais  j'éprouve 

'  Tewiracrov  toù  KtvSavCëov  (Petersen,  p.  68,  n"  187).  Le  nom  de  Q^tenubeh 
et  Q"tanubeh  se  lit  à  Xanlhiis  U  (Savelsb. ,  II,  p.  187)  et  à  Yaghu  ou  Cyaneae 
(Petersen,  n"  26). 

-  ArUvJ"para  est  mentionné  à  Pinara  2  (=  Savelsb.,  II,  p.  hli,  et  Benndorf, 
p.  54,  n°  9o)  à  Limyra  16  (Saveisberg,  II,  p.  lio)  et  sur  la  stèle  (inédite) 
d'Icuvetis  découverte  dans  le  voisinage  de  TIos  par  M.  Arkwiight.  Limyra  i6 
nous  apprend  qa'A'>'ttu"'])ara  fut  battu  par  le  roi  Périclès.  Cf.  Deecke,  Lyk.  Stiid., 
IV,  p.  186,  n°î.  Cette  découverte  est  due  à  Scbmidt,  Konig  Perikks,  dans  À^  Z. , 
XXV,  p.  45 1;  la  stèle  d'Icuvetis  désigne  Artembarès  comme  Mède  :  Arturpara 
Medese.  Sur  ses  monnaies,  on  voit  la  télé  de  ce  prince  en  satrape  perse. 

'  Nasale  Sonanten  im  Lykischen,  p.  iSa-iSg.  Avant  lui,  Hùbschmann  trans- 
crivait ï  et  X  pai"  N  et  M  en  majuscules,  [lenaer  Literaturzeitung ,  1"  février 

1879-) 

*  Hérodote  (I,  173;  VII,  92)  orthographie  TepulXai.  Dans  le  premier  pas- 
sage, il  dit  du  peuple  qui  avait  suivi  Sarpédon  en  Asie,  oi  êè  èxaAewTo  to 
•crep  TE  vveiKavTo  oivoyia  hoi  vvv  éit  xotAevrTai  vtto  tùv  iseptoixciiv  ol  Avxioi 
TepfiiXat.  Plus  tard,  Lykos,  fils  de  Pandion  et  frère  d'Egée,  expulsé  d'Athènes, 
se  réfugia  chez  les  Termiles  (Tepfx/Aas)  près  de  Sarpédon.  —  Etienne  de  By- 
zance donne  Tp£y.iXv  au  lieu  de  Tepfi/Aj)  comme  nom  de  la  Lycie,  sous-entendez 
■y-îj;  les  Lyciens  étaient  TpeyitXeïe,  et  il  cite  des  vers  de  Panyasis  qui  déroulent 
une  généalogie  mythique  des  premiers  Lyciens.  L'historien  national  Ménécrate 
appelait  aussi  le  pays  Tp«fi(A/s  {yv)  dans  Anionin  Libéral,  35.  Voir  Deecke, 
Lyk.  Stud. ,  I ,  p.  1 5 1 . 

'  The  Lycian  Langtiage  [J.  R.  A.  S.,  1891,  p.  664;  stèle,  face  sud,  1.  4o)  : 
Meldsôanlrô  fddunaka  =  Mele^ander  the  Bithynian  (!).  Ce  Mélésandre  n'était  ni 
Bithynion  ni  sculpteur,  mais  un  navarque  athénien  chargé,  en  43o,  d'exiger  le 
payement  du  tribut  refusé  par  les  Lyciens  depuis  quelque  temps;  à  cet  eflet,  il 
lit  voile  pour  l'Asie  à  la  tête  de  six  vaisseaux,  débarqua  (à  Palara  probablement) 
et  marcha  contre  les  rebelles;  mais  il  fut  battu  et  tué.  Ainsi  le  raconte  Thucy- 
dide, II,  69.  Quand  nous  saurons  comprendre  le  texte  lycien  de  la  grande  stèle, 
nous  entendrons  le  témoignage  des  adversaires  de  Mélésandre;  déjà  le  nom  du 
chef  victorieux  nous  est  connu,  Trbbénimi  (forme  grécisée  Tap&rjfifiis?).  Ce 
Trbbënimi  a  laissé  de  très  belles  monnaies  d'argent.  (Six,  Monnaies  lyciennes, 
n""  254-2o6;  Babelon,  Perses  Ache'm.,  p.  cix.)  —  On  demande  des  dates  qui 
fixent  l'époque  de  la  stèle  :  en  voilà  une!  La  lecture  du  nom  de  Mélésandre  est 
due  à  Deecke  {Lyk.  Stud.,  IV,  p.  187),  encore  qu'il  n'ait  pas  songé  à  l'anecdote 
de  Thucydide. 


UNE  ÉPITAPHE   LYCIENNE.  203 

quelque  hésitation  à  accepter  les  graphies  n,  m  de  Deecke, 
qui  ont  le  grave  lort  de  constituer  un  anachronisme,  en  rap- 
pelant les  notations  des  linguistes  modernes.  Pour  me  montrer 
tout  à  fait  impartial,  je  répudie  mes  propres  transcriptions  n,  m, 
qui  n'expriment  rien,  le  liait  supérieur  n'ayant  qu'une  valeur 
(iiacri  tique. 

Est-il  vrai  que  nous  devons  désespérer  de  rien  savoir  de  la 
nature  des  deux  lettres  en  cause  ?  Observons  attentivement  les 
faits.  î,  plus  accessible  que  X,  grâce  à  son  incessante  interven- 
tion, semble  avoir  été  figuré  ou  non,  au  gré  de  l'écrivain.  Nous 
aurions,  je  crois,  ici  une  nunnaiion  comme  dans  l'arabe.  Prenons, 
par  exemple,  le  mot  kanuveti  qui  est  certainement  un  verbe  :  la 
troisième  lettre  tend  à  disparaître  dans  les  formes  contractées 
du  même  mot  oij  elle  cède  la  place  à  ï,  ka"li,  ko"ti  ;  je  dis  bien 
tend  à  disparaître,  car  voici  maintenant  Jcoti,  sans  ï  ^. 

Autre  exemple  que  ma  ti'anscription  par  "  s'efl'orce  d'interpré- 
ter; il  s'agit  cette  fois  d'un  nom  propre  étranger  : 

l''"'  ÉTAT  9'  ÉTAT.  3'ÉTAT. 

(avant  PeiDpriinl). 
AvŒOivSpou  Luscytrah"  Lusolrah"  -. 

Si  î  est  une  nunnation,  X  ne  marquerait-il  pas  la  mimmalion  ? 
citons  un  autre  nom  propre  : 

t"  ÉTAT.  12°  ÉTAT.  3*  ETAT. 

Ifxëpaixos,  l^fx^pofxtxs     H'"proma  Hëpruma^. 

Xous  ne  connaissons  le  nom  de  Tiseusembrè  qu'à  son  dernier 

'  Kanuveti ,  Limera  1  a  (Savolsb.,  II,  75)  ;  ka"ti,  Myra  (Pelersen,  n"  45); 
ko''U,  Rbodiapolîs,  lexfe  à  droite,  Ii<jii3  5  (Saveisb..,  II,  pi.  II,  et  Petersen, 
n"  171))  Limyra  li-2,  Myra  G;  hoti,  Myra  5,  ligne  3,  d'apiès  Arkwrighl;  le 
texte  de  Saveisberg  est  mutilé,  II,  p.  lai  =  Petersen,  m°  /17. 

-  Le  nom  de  Lijsandre  est  porté  à  l'époque  impériale  par  le  père  de  Sarpé- 
doiiis,  la  mém!^  qu'Hci-pidasè  [ÈfjiitSoian  1)  xni  ^'xpnrjSovii  AvaâvSpov  A-nepa- 
e?T«s,  -yejovvïa  ipyfjitpita  iv  tço  éOvst  KvaavSpov .  .  .  6'.  /.  G.,  AaSg-'iago,  Pa- 
tara;  li'iooq,  p.  11  3a,  ApcrUc  aujourd'hui  Evàssari).  Los  formes  lyciennes  se 
lisent  à  Limyra  G  et  h.  Myra  G. 

^  Èixëpoixos  ou  KfiëpG(iois  (on  n'en  a  que  le  génitif  EfxSpof^ou)  est  dans  une 
inscription  reproduite  dans  Petersen,  p.  loG.  Scbniidl,  Saveisberg  et  Deecke 
auraient  |)u  relever  cette  mention  dans  le  C.  I.  G.,  n°  /i333,  1.  a/i  :  Mévttcraa  ri 
Kai  TepTia  Evëpô;jiorj  <I)at7t)Aï('T(s .  .  .  —  H'^pyoma  se  lit  à  Xanthus  a  ,  au  datif;  à 
Xanthus  1.  nous  le  voyons  au  génitif:  H"'proineh  <i«/(es  =  trle  neveu  d'Embro- 
masn.  —  Hépritina  enfin  est  la  légende  du  sUilère  n°  igS^de  M.  Six;  juscprici  le 
nom  avait  été  mal  décbilFré;  M.  Hill  a  publié  cette  monnaie  à  la  plancbe  II, 
lig.  G,  de  son  intéressant  article  Tlic  coinajie  of  Lijcia  ta  the  tiine  of  Alexander 
the  Great,  paru  dans  le  Nnmism.  Cbroiticle  de  iSgS.  Voir  la  notice  (ï Uo{m)hnima , 
p.  33,  de  cette  dissertation.  Hill  a  songé  à  rapprocbcr  la  leçon  ifiSpanos  (cf.  I(x- 
Spivoi,  Benndorf,  n"  Ko)  de  notre  ÉfzSpouots. 


20A  J.  IMBERT. 

état,   Ticeucëprë  pour    T{ceiicë["')prè\    a*  état;  peul-être  même  le 
scribe  aurait  pu  écrire  Ticeucé'''prë ,a\ec  î? 

Cette  dernière  forme  ne  seiait  pas  inadmissible,  quoique  ac- 
cidentelle. M,  G.  F  Hill,  du  British Muséum,  qui  prépare  le  cata- 
logue des  monnaies  lyciennes,  pisidiennes  et  pampbvliennes 
de  ce  grand  établissement,  m'a  récemment  communiqué  deux 
documents  inédits,  qu'il  m'autorise  à  publier  ici.  Le  premier  est 
une  épitapbe  xanthienne  copiée  par  Cbarles  Fellows  et  que  le 
voyageur  découvrit  — je  reproduis  sa  pbrase,  —  ffinside  of  a 
Lycian  tombi?  ^.  Celte  copie  est  à  la  page  li%U  du  manuscrit  de 
Birch  déposé  au  Brilish  Muséum.  En  voici  la  transcription  latine  : 

ebehi  :  isbazi  :  miiyeshjcni  :  ft^APIMP^  :  cumaza  :  meii/ene  pemati 
tice^  .  .  yi  hrppitone  : 

J'avoue  qu'au  premier  moment  je  fus  tenté  d'accuser  la  mal- 
adresse de  Fellows  pour  sa  leçon  Pf^APIi^^,  et  de  substituer  à 
î  si  malencontreux  devant  M,  son  acolyte  X.  Comme  on  ne 
manque  jamais  d'excellentes  raisons  pour  se  justifier,  j'appelais 
en  témoignage  une  autre  tombe  xantbicnnc,  voire  même  une 
pinaréenne,  qui  mentionnent  un  certain  Padr'"nia,  avec  X  cette 
l'ois.  Il  est  vrai  que  nous  avons  encore  le  nom  au  troisième  état 
Padroma,  sur  le  premier  de  ces  monuments '-. 

Mais  s'il  m'était  loisible  de  suspecter  la  sûreté  de  main  de 
l'explorateur  Fellows,  la  même  attitude  ne  m'est  plus  permise 
devant  un  document  numismatique  communiqué  peu  après  par 
M.  Hill  :  c'est  la  légende  rétrograde  d'un  second  statère  du  sa- 
liape  Artembarès  :  là  le  X  de  l'ancienne  légende  et  des  inscrip- 
tions lapidaires  a  fait  place  à  ï;  on  a  [A]rtu"parP,  ce  qui  s'ex- 
plique après  tout  si  nmmat'ton  et  mimmation  se  valent. 

Ces  lettres  ï,  X,  les  organisateurs  de  l'écriture  lycienne  ne 
les  ont  pas  inventées.  Tandis  qu'ils  écrivaient  deux  b,  deux  p, 
deux  s,  deux  f ,  deux  //«,  deux  q,  deux^*-,  deux  h,  deuxz,  deux/, 


'  Ce  rensei{;nement  vaut  qu'on  lo  souligne.  C'est,  je  crois,  la  seule  exception 
à  ta  règle  qui  l'ait  inscrire  les  épitaplies  sur  la  façade  extérieure  d'une  lombe. 

*  Padr"'mahc  et  Padr"'ma  («Xanthusn  =  l'etcrson,  p.  5 ,  n"  ii);  Padroma 
(ibid.,  cf.  Termes  de  parenté,  p.  46/i).  On  lit  à  Pinary  2  Padr"'mah  (=  Savets- 
berg,  II,  p.  y I  ;  Benndorf,  p.  5^,  n"  20). 

•'  Le  nom  est  écrit  avec  un  seul  t  sur  la  monnaie  inédite  et  sur  le  slalère  dé- 
crit par  Six,  Monnaies  Lyciennes,  n°  331,  et  Babelou,  Perses  Achéménides ,  p.  cvi, 
fig.  59.  Les  autres  monumenis  mentionnés  dans  une  précédente  note  (p.  aoa), 
donnent  deux  t.  Saveisberg  (I,  p.  18)  paraît  avoir  élé  le  premier  (jui  ait  songé 
à  comparer  ce  nom  au  perse  Af>T£f/Çap77s.  Voir  aussi  Deecke,  Lyk.  Stiid.,  1, 
i;î7,  et  Nasale  Sonanten ,  p.  i33,  qui  a  pensé  à  cette  forme,  ainsi  qu'à  ÀpTa- 
Sapios.  La  désinence  ),  qui  est  possible,  mais  incertaine,  dans  la  légende  du  pre- 
mier statère,  est  très  nette  sur  le  second;  i'ai  enfermé  entre  crocbels  la  première 
Ictlre  un  peu  fruste,  mais  qui  était  Yalplia  grec. 


UNE  ÉPITAPHE   LYCIENNE,  '205 

ils  ont  systématiquement  écarté  les  combinaisons  analogues  mm, 
un,  et  remplacé  le  premier  m  et  le  premier  n  de  tels  groupes 
nar  X  et  î,  qu'évidemment  ils  possédaient  ^ 

Le  redoublement  des  consonnes,  y  compris  "'m,  "n  pour  mm 
et  nn,  a  élé  exposé  par  Schmidt  avec  un  rare  bonheur-  :  fai- 
sons toutefois  des  réserves  sur  Texplication  de  ce  fait  et  jusqu'à 
nouvel  ordre  prenons  cette  mode  d'écrire  comme  une  pure  af- 
faire d'orthographe.  En  QÏÏet  Sppartazi ,  c'est  27rapT<aT>7?  ^,  Zrppe- 
duni  ^apTTvSovi?,  Parzza  «Pàrçà-n'^^  de  même  Ar'^na  Apva.  La 
consonne  a  été  redoublée  à  cause  de  s  ou  de  r,  mais  il  est  dou- 
teux que  la  prononciation  Tait  redoublée.  Souvent  r  ou  l,  qui 
provoque  le  redoublement,  suit  une  autre  consonne  :  on  pro- 
nonçait une  voyelle  avant  ce  r  ou  /;  hrppi  se  lisait  rherpi-n\ 
tr^mili  f  Tenniliv.  Le  premier  de  ces  mots,  qui  n'est  autre  que  la 

•  Après  avoir  admis  l'existence  de  la  mention  de  Smynie  dans  le  texte  de  la 
grande  stèle,  face  nord,  ligne  5o,  sous  la  forme  'xSmrnnaziv  (Essay,  p.  V  b), 
Schmidt  semble  disposé  à  en  douter,  K.  Z.  XXV,  p.  h6i.  Savelsberg  et  Deecke 
n'ont  pas  de  ces  hésitations  {Beitràge,  I,  i5;  II,  2i3;  Nasale  sonanten ,  187, 
i3q.)  Or,  il  n'y  a  pas  plus  Smninnz"  que  nn-mindipe  et  mrmmna  — ,  même  face 
nord;  1.  33,  38,  àh.  Ce  que  ces  savants  prennent  pour  mie  sorte  de  zêta  ayant 
la  forme  d'un  C  retourné,  est  la  lettre  dégradée  0,  et  leurs  nn  et  mm  sont,  en 
réalité,  deux  g  et  deux  sh.  Au  lieu  de  Smrnnaz",  nous  devons  lire  Umrggaz" ; 
c'est  le  nom  du  satrape  Amorgès  en  milyen  :  le  lycien,  face  sud,  1.  5o  donnait 
Hnmrqqo  (accus.),  avec  doux  g  correspondant  à  nos  gg. 

-  Essay,  p.  ïi-vii,  et  les  deux  tableaux  de  la  planche  B.  Une  consonne  de  la 
classe  des  dentales  se  redouble  souvent  au  commencement  d'un  mot  ou  entre 
deux  voyelles.  Le  redoublement  a  lieu  après  R  pour  b ,  p ,  k,  g ,  q,  t,  th,  z,  l,  m 
(■"m),  n  ("»)'  *'  *'''■  ap'ès  P  pour  d,  l ,  l;  après  Q  pour/?,  t,  th,  z,  s,  m,  n. 
On  trouve  II  après  c  ;  "n  après  r,  p  ,q,  k;  ""m  après  r,  l ,  p ,  c ,  q ,  et  après  /  ou  s , 
"m ,  tt  et  pp. 

■^  Stèle  de  Xaijlhus,  face  est,  1.  37.  La  même  face  se  termine  par  le  mot  in- 
complet Sppart.  .  .  dont  il  faut  chercher  la  fin  au  début  de  la  face  nord,  mal- 
heureusement mutilé.  La  ligne  27  inscrit  à  la  suite  les  uns  des  autres  les  eth- 
niques -is"  :  iyotiis"  :  spparlazi  :  at')iiaz[i ,  et  la  ligne  a6  parle  de  satrapes  se  qssa- 
drapahi  :  tr"'mUi.  Savelsberg  traduit  :  -und  Satrapen  (besiegten?)  ein  lykisches, 
-^,  ionisches,  spartanisches,  athenisches,  — grosses  Heer — r;  (II,  p.  217).  Pour 
Deecke,  il  s'agit  des  satrapes  de  ces  rliverscs  nations;  il  traduit  :  rnini  von  den 
Satrapen  den  lykischen,  .  .  .ischen,  jonischen,  spartanischpn,  alhenischen. . . -^i 
ce  qu'il  commente  ainsi  :  frDass  Sparfa  und  Athen  hier  auch  als  persische  De- 
pendenzen  erscheinen,  entspricht  derorientalischenPrahlerei:  s.  in  der  Inschrift 
von  Bisutun ,  col.  1 ,  1 5 ,  unter  den  abhangigen  Landschaften  :  Sparda ,  Jnnâ . ..  1 
{Lyk.Slud.,  II,  p.  327). 

*  Zrppeduni,  stèle  Xanth.  face  ouest,  i.  6.  Ce  mot  du  texte  milyen  me  parait 
correspondre  à  Zrppudeine  du  lycien,  face  est,  1.  i6.  Les  inscriptions  grecques 
du  pays  mentionnent  des  hommes  nommés  ^apnnSûv;  ainsi  à  Sura  (C  /.  G., 
n"  ^3o3  i),  SapTTTîcôr  ô  xai  Etïo^oï,  1.  g,  à  Tlos,  C.  1.  G.,  li-ïh-2,  MeJSi  Satp- 
Trrjoof  os, .  .  Tei(ÂOLp-^oi  xai  Hap-nnSùv  o'i  (VepeKkéons ...  ;  il  y  a  aussi  des  femmes 
nommées  Sar;;eV/o«i«  (C.  /.  G.,  ^289,  '«290,  '129.')  Add.)  —  Parzza  est  à  la 
lace  nord,  I.  2,  se  parzza  qbide  =1  fret  rois  Persesn.  Le  nom  a  plusieurs  va- 
riantes :  Parza,  Przis,  Przze,  Pi-zé,  l'i-zzidi. 


206  J.   IMBERT. 

proposition  en)  et  qui  gouverne  ic  datifs,  est  un  des  éle'ments  du 
nom  propre  Hrppidubeh  (génitif);  si  nous  n'avons  pas  encore  re- 
trouve' la  transcription  grecque  de  ce  nom,  nous  ne  saurions 
douter  du  moins  qu'elle  n'eût  été  EpTn^u^oi»,  à  cause  du  nom 
de  femme  Èp7riSaa-t]  dont  nous  avons  sépare'ment  les  deux  élé- 
ments dans  l'écriture  lycienne  Hi-ppi  —  et  —  daza  ~. 

Un  autre  exemple  qui  nous  ramène  à  XM  ==  '"m,  est  Hl^mideve, 
nom  propre  qui  nous  a  été  conservé  en  même  temps  que  sa 
transcription  grecque  EAMIAAYAI,  avec  un  seul  f/,  mais  en 
revanche  la  voyelle  intercalée  £-\ 

Passons  à  la  lettre  î1/  que  Schmidt  confondit  avec  ^.  Quelle 
en  est  la  lecture?  Est-ce  o,  comme  le  voulait  Savelsberg'*,  ou  m 
comme  le  propose,  sans  dire  ses  motifs,  M.  Deecke  ?  Ne  pourrait- 
on  pas  plutôt  transporter  sur  ;^  et  *f  les  voyelles  nasalisées  de 
Schmidt?  Je  me  hâte  de  dire  que  ce  dernier  parti  ne  se  justifie- 
rait nullement.  Sans  doute  *•  est  très  souvent  écrit  avant  N,  M  et 
T,  et  la  légende  monétaire  Aruvoliyesi^  fait  songer  à  une  forme 
grécisée  Apoa,vSia.<7i5  :  sans  doute  nous  avons  Qadavoti  pour  Ka- 
SvctvSa,  cité  au  nord-est  de  Telmessus^.  Mais  la  syllabe  ot  répond 

'  Comme  le  prouve  Levissi,  L.  a,  hrppi  lada  cpUehe  se  tideime  =  \.  /i-5 ,  ewt 
Toïs  yiivat^iv  "lah  éaoTwt»  xai  7o7s  èyyovois. 

-  Hrppidubeh  esl  sur  une  épilapiie  inédilo  (rAnlipliellus;  nous  avons  eu 
l'occasiou  (!(■  naiis  rélércr  au  monument  grec  d'Herpidasè  (p.  2o3,  note  2).  Au 
tombeau  de  Sàret,  l'inscription  mentionne  un  Lycien  nommé  Hanadaza  (15onn- 
dorf,  n"  lot). 

3  Je  relève  dans  les  intéressantes  inscriptions  grecques  de  Lycie  puldiécs  en 
iSgT)  par  M.  Ilill  {J.  IL  S.,  p.  119,  n"  i{)  le  nom  d'Iiomme  au  génitil'  SaAa'fxow. 
N'aurions-nous  pas  là  une  forme  grécisée  du  nom  de  Sr>neve  (i^inara  3)?  Si 
oui,  notez  bien  cette  voyelle  qui,  dans  la  transcription  bellénique,  précède  le  A. 

*  Savelsbcrg,  I,  p.  9.  Son  critique  Hiibscbmann  préfère  transcrire  0  (lenaer 
Literalurieitiing ,  1"  février  1879):  il  écrit  IijùnisN  et  Ozzu^azdh.  Je  n'ai  pas 
le  courage  de  le  blâmer,  ayant  moi-même  quelque  temps  employé  la  même  trans- 
cription, notamment  dans  mon  Tissaphenies  and  Pharnabaziis  vientioned  on  the 
great  stcla  of  Xanlhus. 

^  Stèle  Xanthiemie,  face  esl,  18,  ai,  et  monnaies  (Six,  n""  aSi  et  382, 
pl.X,  i3). 

^  Le  Décret  de  Pixodare  porte  :  [eb]e"né'  piqedar'  ecat[amlalt]  ar^na  se  ilava 
se  pi\nalp]  se  qndnvoti  me"na  que  traduisait  la  partie  grecque  éScaHev  Ilt^el)§apos 
iiKaj[6(iv(i)  Z(x]vdloi5  TXcotT[o]ts  ['^KaêvivSaoïs]  [«ai  ïlivapéois^].  —  Finale, 
c'est-à-dire  Pinara,  se  lit  sur  la  stèle  Xanlhienne,  à  côté  des  autres  noms  de 
villes,  face  est,  I.  3o,  [/!]»•"/(«  :  Finale  :  Tlava  :  vedre  probablement,  «aux  cités 
{vedre)  de  Xanthus,  Pinara,  Tlos.n  Dans  le  Décret,  il  est  employé,  au  lieu  de 
vedre,  le  mot  tne''iia  qui  pourrait  signifier  (?aux  gensn  =  ligne  1 1  du  grec  : 
-eois  dvSpdaiv  «ai  [^■yvvai^iv].  Quoi  qu'il  en  soit,  qadavoti  esi-il,  ainsi  que  le 
pense  le  D'  Deecke,  le  verbe  éSwKev^  (Lyk.  Slud.,  III,  282.)  Une  longue  in- 
scription inédile,  découverte  par  Benndorf  à  Tlos,  la  même  à  laquelle  il  fait 
allusion  dans  l'/lHre/g-ei- du  ao  jiuUet  1892,  p.  12,  où  il  annonce  sa  découverte 
de  l'ex-voto  bilingue ,  s'est  chargée  de  répondre  :  nous  revoyons,  en  efl'ot,  1.  91, 
le  nom  de  Pinara  et  celui  de  Gadyanda,  entre  eux  la  cité  encore  à  déterminer 


U\E  ÉPITAPIIE   LYGIEXNE.  207 

à  avS^  à  cause  de  la  présence  virtuelle  de  n,  nullement  à  cause 
de  la  lecture  4'  =  ar  :  la  preuve,  c'est  que  le  nom  de  Lysandre 
est  e'crit  Ltiso^trah"  à  Limyra  6,  c'est-à-dire  avec  "  devant  i.  Mais 
ce  qui  démontrera  victorieusement  que  4/  n'est  pas  une  voyelle 
nasalisée,  c'est  le  nom  Tlo^na  =  TXcosvs  de  l'ex-voto  de  Porpax  : 
les  trois  dernières  lettres  -"na,  -evs  sont  celles  d'un  suffixe  ad- 
jectival (cf.  ebe  et  thë^në,  vedri  et  vedrë^ni,  etc.);  le  radical  est 
Tlo,  —  ou  si  l'on  tient  à  plus  de  précision  Tlà  — ,  forme  con- 
tractée de  TIava  (=  TXcoos,  TAôî?)  qui  désigne  la  ville  de  Tlos 
dans  les  inscriptions  lyciennes  ^ 

Cette  lecture  av  n'expliquerait  point  d'ailleurs,  l'échange  de 
;^  avec  0  dans  les  mots  lado,  variante  Indu-;  7nnhoi,  variante 
muhoi;  pr"navo,  variantes  pr^navu  et  pr^novu.  Choisissons  au  con- 
traire 0,  et  mieux  â^,  et  reconnaissons  que  u  (==  ou)  est  pure- 
ment et  simplement  substitué  à  4/  et  joue  son  personnage.  Que 
se  passera-t-il  ?  u,  représentant  de  â,  correspondra  avec  l'alpha 
des  Grecs  dans  les  norns  Humrqqa  {^"Hâmrqqa-n)  =  KyLopyris  \ 
Urss"'mi  [k ârss"'mi -n)  =  Ap(Tafjt>75(?)  *;   Upazi  [rtâpazir))  =  A€d- 

qiii  n'était  oieutionnée  que  sur  des  monnaies  à  côlé  du  nom  d'homme  Erbbina 
=  kpêtvvas  (Benndorf,  p.  7/1,  n°  52,  1.  i5).  Voici  cette  petite  e'numeration  : 
pinale  :  telehehi  :  qadavoti  :  udreci  :  meite ... 

'  Pour  les  mentions  lyciennes  de  Tios,  voir  la  note  précédente.  Etienne  de 
Byzance  donne  cette  notice  (p.  697,  édit.  Meineke)  :  TÂôjs,  'ssoXts  At;«(as,  octtô 
TAw  TOI)  Tp£ft/A»7Tos  liai  npa|«5/xr7S  vvix(pns.  To  èOvixov  èt-^Ôii  huI  TAoisis  K3.1 
TAw/tijs.  E(t7<  «ai  TAws  TXàioi  to  èOvtxov ,  àAAa  xai  TXwios.  Pour  le  géogi-aphe , 
TA«s  se  dirait  de  l'habitant;  l'homme  de  ce^nom,  réputé  l'ancêtre  clos  Tloïtes, 
figure  dans  les  vers  de  Panyasis  extraits  par  Etienne,  notice  de  Tpefx/A»?  : 

hvOa  S'  évaie  (léyas  Tpsp»Ao?  nal  éyin^s  Q-vyaipix, 
VvyiÇivv  Ùyvyivv,  riv  Hp^^iSiHvv  naXéovGt , 
'Siëpcft  èit'  ipyvpéù),  ■raoTaft&i  'mapà  êivrjevTf 
TTJs  ^'  oXooi  'snxiSsi,  TAcôos,  Edvdos ,  Hivapôs  te, 
KCtî  Kpâyos ,  o;  Hparéwv  'zsâaae  Anif^eT'  ipovpa?. 

Tlo3  était,  d'après  Artémidorc,  l'une  des  six  plus  grandes  villes  de  la  Lycie. 
(Strabon,  livre  XIV,  chap.  m.) 

^  A  Limyra  5,  il  n'y  a  pas  lada  se  tideimis  ehbts ,  comme  je  l'ai  transcrit  dans 
mes  Termes  de  parenté,  p.  Û53,  mais  bien  ladu  ehbi  se  tideimis  ehbi[s].  Page  4.54 , 
II,  /ac/a,  accusatif  singulier,  est  tout  à  fait  douteux.  On  fera  sagement  de  ne 
conserver  que  les  formes  lado  et  ladu. 

■■'  Uniquement  pour  les  besoins  de  la  démonstration;  mais  la  transcription 
proposée  par  Savelsberg  0  est  plus  commode  et  équivaut  presque  en  fait  à  â. 
C'est  pourquoi  je  ne  crois  pas  devoir  l'abandonner.  La  physionomie  des  mots 
lyciens  est  déjà  assez  rébarbative  pour  que  nous  évitions  d'accentuer  cette  étran- 
gelc  par  une  notation  Scandinave  dont  l'urgence  ne  s'impose  nullement. 

*  [Vss'"mî,  Limyra  i5  (Savelsb. ,  II,  p.  90).  Dans  mes  Termes  de  parenté, 
p.  458,  je  prends  la  fin  de  la  première  ligne  d'ailleurs  mal  transcrite  (il  y  a 
Urss"m[i1]  pr"naziyelii  icezi)  pour  a  de  la  maison  de  Icezi.ij  Comme  nous  retrou- 
vons icezi  isolé  dans  l'inscription  de  Xantlius  (Pelersen,  n"  10),  telle  que  l'a 
relue  Arkwriglit,  mèti  pr''navaté  Hura  icezi  lirppi  ladi  ehbi,  il  vaudrait  mieux 
interpréter  icezi  comme  un  titre  désignant  une  l'onction,  intendant,  par  exemple. 

i4. 


208  J.  IMBERT. 

(715^.  Cette  correspondance,  en  effet,  ;!/  la  pratique,  ainsi  que  le 
montrent  les  exemples  Ulâna  ^=  OtoIvï]?  -,  Milasâ'Hra  =  MeXjj'o-af- 
Spos,  Rhjaniâna  =  Ariyamana,  lepafzer)??,  bien  qu'on  ne  puisse 
pas  dire  que  cette  lettre  soit  un  a,  à  cause  des  mots  Crzzonase 
[Xepaôvna-os),  lyonis"  (Icoves),  H'^proma  ( EjU^pOjua? ) ,  Tlo^na  et 
'TXcosvs,  etc. 

^  Le  dialecte  cre'tois,  lui  aussi ,  employait  un  a  où  le  grec  ordinaire 
inscrit  un  o,  dans  âvaipos  pour  oveipos,  âvap  pour  ovap,  àfu^ai 
pour  bfx7^(xi,  àÇ>eXixa  pour  o(p£À|!/a,  et  inversement  un  o  pour  un 
a  dans  àponija-ai  =^  àpaSrja-ai,  dëXoTrés  =  âSXaSés ,  yiéaa-OTia  = 
ixécra-a^os '^\  Il  est  clair  qu'il  s'agit  d'une  lettre  particulière  que  les 
Grecs  ont  rendue  tantôt  a,  tantôt  o,  un  peu  comme  les  auteurs 
espagnols  transcrivant  tantôt  m  tantôt  o,  ou  tantôt  i  tantôt  e,deux 
mêmes  voyelles  du  quechua. 

Deecke  a  transcrit  ^f ,  ii;  je  pre'fère  c.  En  tous  cas,  Triyëtezi  n'est 
TpiévSa(Tis'\  Ticeucëprë  Ti(7SV(TSix€pav,  Hëpruina  E/!x€pOfza?,  que 
parce  qu'il  faut  suppléer  î  ou  X  avant  la  dentale  ou  la  labiale. 
Nous  ne  devons  pas  nous  y  tromper  et  attribuer  à  "^  la  lecture  en. 
Aussi  bien  l'analogie  entre  ^  et  4^  est  curieuse  :  ë  s'échange  habi- 
tuellement avec  e  ('^),  comme  «l»  avec  ^  («);  on  a  sëne  elsene, 
mené  et  mené;  ese(le"nevï  et  ese(lë"tievi.  M.  Arkwright,  frappe'  du 
fait,  a  établi  qu'il  y  avait  le  groupe  de  voyelles  fortes  a,  o,  au- 
quel fait  pendant  le  groupe  de  voyelles  faibles  e,  ë,  chaque 
groupe  occupant  à  l'exclusion  de  l'autre  le  radical  d'un  mot^.  On 
a  Mrbbanada[h"]  et  Mrbhëncdi ,  mais  non  pas  Mrbbënodi  ou  Mrbba- 
nedi.  Quelques  noms  étrangers  sans  doute  font  cependant  excep- 
tion, tel  est  le  nom  de  la  ville  d'Iasos  orthographié  à  Xantlius 

'  Z/prtzi  est  le  fondateur  du  tombeau  de  Myra  (Petersen,  n'/i-S)  ;  Sclimidt,  réduit 
au  seul  Upaziyé'nc  de  Cadyanda  ,  comparait  à  la  première  partie  de  ce  nom  propre 
këdGti  d'une  inscription  grecque,  C.  I.  G.,  /i3i5</  {Essay,  p.  v,  9°  colonne). 
Deecke  a  eu  le  malheur  de  prendre  cet  Upaziyé'ne  pour  un  subslantif  connnim 
évoquant  la  tombe,  tandis  que  l'omission  du  mot  mené  et  l'emploi  du  verbe 
pr"navate  par  un  e  auraient  dû  le  détourner  de  ce  parti  {Lyk.  Stud.,  IV,  p.  196, 
n"  9).  L'inscription  de  Cadyanda,  d'ailleurs  complète,  a  été  mal  restaurée  par 
le  savant  allemand. 

^  Stèle  de  Xantlius,  face  nord,  1.  5  (Savelsb.,  II,  p.  210;  Deecke,  Lyk. Stud., 
I,i34). 

•''  J'emprunte  ces  exemples  à  Scbmidt,  la  première  série  à  son  étude  de  la 
thèse  de  Voretzsch,  K.  Z.,  XII,  p.  212-322,  et  la  seconde  à  YEssay,  p.  v, 
2^  colonne. 

''  Triyëtezi  est  le  fondateur  do  deux  tombes  près  de  Levissi,  à  Kechiler. 
Les  inscriptions  sont  inédites.  La  forme  grécisée  TptévSams  se  lit  sur  l'inscription 
publiée  par  Benndorf ,  p.  98 ,  n°  8A.  Nous  connaissons  encore  nn  nom  oîi  figure  e , 
savoir:  Esedeplé'mi  (Myra  1),  (iiiûH  Esodcplctneye  (Limyra  17),  forme  grécisée 
2e^£TrA£fi(s  (Petersen,  n°  57).  Le  son  e  appartient  bien  à  notre  lettre. 

^  Vocalic  Imrmony  in  Lycian,  dans  le  Babyl,  and  Or.  Record,  mars  1891, 
p.  h^-^li. 


UNE  ÉPITAPIIE   LYCIENNE.  209 

lyaeusns  :  la  bizarrerie  de  ce  concours  de  Aoyelles  avait  fait  cor- 
riger celte  leçon  en  hjalusas  =  laXuo-o?^;  mais  j'ai  vu  le  monu- 
ment et  la  voyelle  e  est  très  nette.  Cette  mention  corrobore  par- 
faitement d'ailleurs  ma  découverte  du  nom  d'Amorgès,  ce  sa- 
trape rebelle  dont  ce  fut  la  ville  -. 

Ma  transcription  ë  du  caractère  "^  a  pour  but  de  rappeler  l'affi- 
nité de  >f  et  de  '^  :  quant  à  la  prononciation  de  cette  voyelle,  je 
rignore;  une  variante  ferait  croire  que  mai  se  lisait  meî'tî^. 

Les  diphtongues  ei,  ëi  existent,  mais  surtout  à  la  fin  de  cer- 
tains mots  :  ainsi  les  noms  d'hommes  Qerëi,  Tevinezëi  (génitif 
grec  Tsvivda-ov) ,  MuÛëi'K  Les  noms  en  ë,  ëi,  i  forment  leur  gé- 
nitif en  eh;  les  finales  ih,  ëh,  oh  n'existent  pas.  L'exemple  Qerëhe 
de  la  phrase  triyerë  Qerëhe  =  la  'f  trière  de  Qerëi -^  est,  je  crois, 


^  Saveisberg,  II,  p.  921  (il  corrige  aussi  hnmrqqo  en  humaqqo  à  cause  du 
zend  Iniliagha,  comme  s'il  avait  prouvé  l'équation  zd  6  =  lyc.  vi,  et  quand  même! 
II,  p.  169,  nolfr  h).  Schmidt  a  admis  la  correction  de  Saveisberg,  seulement 
en  ce  qui  regarde  lyaeusas  ^  lynlusas ,  K.Z.,  XXV,  p.  /i5o. 

^  La  défaite  d'Amorgès  (Tbucydide,  VIII,  28),  qui  eut  lieu  en  lii^/liii,est 
relatée  sur  la  stèle  Xauthieitne ,  face  sud,  I.  /ly-ao;  la  mention  du  satrape  est  à 
l'accusatif,  Humrqqo  (1.  5o),  de  même  que  celle  d'Artembarès  à  Limyra  16.  Ce 
qui  a  éveillé  mes  soupçons,  après  les  mentions  assez  pariantes  de  iyono,  iyaeusas, 
crzzonase  et  miicale,  c'a  été  le  rapprocbemeut  tenté  par  Moriz  Schmidt,  A'.  Z. , 
XXV,  p.  ^5i,  avec  Tîle  d'Amorgos.  L'assonance  nous  a  joué  d'assez  méchants 
tours  pour  qu'on  doive  lui  réclamer  quelques  compensations.  VAmorgos  de 
Schmidt  me  tit  évoquer  l'ombre  d^Amorgès.  Pour  Schmidt,  les  nombreux  eth- 
niques de  ce  passage  fixèrent  exclusivement  son  attention  :  wln  Ijano  (je  remplace 
les  mots  écrits  en  lettres  lyciennes  par  des  mots  transcrits  selon  sa  dernière  ma- 
nière) hat  man  làngst  lojva  erkannt,  was  liier,  S.  48,  ebenso  mit  den  èSviKols 
krzzonase  :  ]iotahe  :  muhale ,  à.  i.  dem  knidischen  Ghersones  und  Mykale  in  Ver- 
bindung  Irilt,  wio  eiii  andrer  Casus  des  Worles  0.  26-97  *^  gssadrnpahi .  .  . 
isî  :  ijonisi  :  sppartazi  :  alonaz-  mit  den  Ethnika  von  Sparta  und  Athen.  Es  dûrfte 
daher  kaum  zu  kuhn  s'in,  humrggo  mit  der  ohnfernen  Sporadeninsel  (?)  Afiop- 
yos  (àol.  TyLopjo;)  zu  identiliciren.  Wie  dem  sei,  an  unseren  Stellen  S.  A7- 
/18  wo  taboiia  erscheint,  haben  wir  die  Accusalive  zweier  êSvixà  vor  uns,  einen 
Volksiind  einen  Inseinamen;  ob;Mi  Sud  89  (0.  11)  \vo  tehete  stand,  resp.  resti- 
tuirt  wurde,  wenigstens  einen  sichern  Mannesnamen  (remplacé  S.  63  par  le 
nom  do  Qerëi  que  Schmidt  ne  sait  pas  encore  avoir  désigné  le  fds  d'Harpagus 
l.iné  par  i'épigranimatisle  xanthien). t  Voir,  sur  la  question  Amovgès,  l'article 
de  M.  Deecke  déjà  cité  Zur  De.aung  der  Slela  Xanthka,  dans  la  Bm-l.  Phihil. 
Wct.hensclirift ,  n"  du  3o  juin  1888,  col.  837-828. 

^  Les  épitaphes  de  Limyra  8  (=  Saveisb. ,  II,  p.  /17;  Petersen,  n"  189)  et 
de  Limyra  9  (=Savelsb.,  II,  p.  62;  Petersen,  n°i'i5)  débutent,  la  première 
par  les  mots  l'helii  qupn  inciti  slyé'ni  Sbicnza,  la  seconde  par  les  mots  ebeli  méïi 
siyëni  Tele. 

*  Qi'rëi  est  mentionné  à  la  face  sud  de  sa  grande  stèle,  1.  i3,  4a,  43,  et 
face  est  (au  génitif),  I.  2  3.  Il  a  laissé  de  très  i)eHes  monnaies.  Voir  mes  Termes 
de  parenté,  p.  46o.  De  Mittléi  nous  avons  la  légende  monétaire  (Six,  n"  8.'))  el 
la  forme  génilive,  à  Rhodiapolis  (Petersen,  n"  172).  T'ptJinc'^ei  est  à  Telmessus  3. 
Une  inscription,  C.  L  G.,  43 1 5 /i  =  Petersen,  p.  68,  n"  187,  livre  Teuivaaou. 


210  J.  IMBERT. 

unique.  Il  y  a  aussi  Teiebehihe  ^,  mais  sans  doute  lie  est-il  le  gé- 
nitif des  noms  en  hi,  car  nous  lisons  le  nom  de  cette  cité  au  no- 
minatif, Telehehi;  voyez  un  autj'e  nom  en  hi  dans  Mereln^.  Quant 
au  génitif  d'un  nom  en  oi,  forme  très  rare,  nous  aurions  pu  le 
savoir  si  le  scribe  du  tombeau  du  fils  de  Tlioi  avait  cru  devoir 
décliner  ce  dernier  nom  propre  ^. 

+,  c'est-à-dire  h,  comme  l'avait  entrevu  Sharpe  avant  que 
Scbmidt  ne  déterminât  scientifiquement  cette  lecture,  dispute  aux 
voyelles  ainsi  qu'aux  consonnes  /,  r,  le  rang  de  lettre  initiale  : 
parfois  elle  l'emporte  et  exclut  ses  rivales,  exemples  :  Htmideve 
=  "EXfxiSavai ,  *Hrppi(laza  =  KpTriSacry]  ;  parfois  elle  est  éliminée 
par  la  voyelle,  exemples  :  Eqeteiija  =  "Èxaraïos ;  Arppaquh  =  Ap- 
TTotyov;  Urlliya  =  TpTios;  parfois  une  réconciliation  les  réunit, 
mais  h  précède  :  exemples,  Hura  (Xantlius,  Petersen,  n"  lo) 
=  Opa.5  (Termessus,  /.  H.  S.,  iSgB.  p.  12,  TptévSaais  Kovcovos 
xoà  Opa.5  TpievSd(7ect)s);  Humrqqa  =  Afxopyrjs;  Helediye;  Hurtluveti 
et  HuiHtuveteh'^ .  Le  texte  milyen  des  faces  nord  et  ouest  de  la 
grande  stèle  et  du  sarcophage  dit  de  Pigrès  à  Antipliellus  rejette 
les  caractères  -f-  (=  h)  et  k  (=  th)  ^. 

Je  me  suis  laissé  entraîner  par  le  sujet  loin  des  limites  que  je 
m'étais  proposées  :  aussi  me  faut-il  renoncer  à  poursuivre  l'étude, 
non  certes  de  toutes  les  consonnes  (pour  la  plupart  de  ces  lettres, 
il  n'y  aurait  qu'à  reproduire  purement  et  simplement  le  texte  si 

'  Légende  monétaire  (Six,  n"  295;  Babelon,  p.  eu;  HiH,  p.  38). 

-  Merehi  est  menlionné  dans  Xantlius  8  (voir  Termes  de  parenté,  p.  A70  ).  Tele- 
hehi est  une  légende  monétaire  abrégée  Teleb-  sur  la  monnaie  du  dynasle  Erbbina 
(Six,  n"  227  ;  Babelon,  p.  eu,  fig.  54);  le  nom  se  retrouve  entier  dans  l'inscrip- 
tion inédite  de  Tlos,  dont  j'ai  parlé  à  propos  de  qadavoli,  1.  ai,  p.  906,  note  6. 

'  Encore  une  inscription  inédite!  Le  fondateur  du  saicophage  de  style  ogival 
découvert  par  Diamandai'as  est  ainsi  désigné  :  "turigaqo  tlioi  lideimi ,  et  il  est 
rappelé  qu'il  était  hyparque  d'Harpagus  :  ëné  Arrppuquhe  (sic)  fflavata.  Harpa- 
gus,  père  de  Qerëi,  ou  du  moins  un  homonyme,  a  donc  régné  sur  les  Lyciens; 
jusqu'ici  nous  n'avons  pas  encore  lu  son  nom  sur  une  monnaie;  mais  il  existe 
peut-élre  des  monnaies  de  ce  prince. 

''  Une  des  formes  de  /(  la  fait  ressembler  presque  à  "',  mais  la  confusion  est 
facile  à  éviter  :  on  lira  nii''t(iha,  Qadaitihe  et  non  pas  mi''ta"'a,  et  comme  M.  Ba- 
belon {Perses  Achéménides ,  n"  617)  Khcidritime.  Le  '"  demande  devant  une  voyelle 
à  être  soutenu  parwi, 

'  Deecke  transcrit  K  par  â;  Scbmidt  qui,  le  premier,  a  lu  ME^cPt^Pf^T^ 
(stèle  Xantbienne,  Est,  I.  16):  Millirapaln ,  inaugura  celle  transcription  grecque 
(Essay,  p.  v).  Mais  quoi  l  •)c  =  6  non  employé  dans  les  mentions  lyciennes  d'Àôrj- 
vaToe  [Atoiinzi)  et  de  &pv^is  {*Crnpssi)l  Tenons-nous  en  donc  simplement  à 
th  :  le  résultat  conquis  sur  un  exemple  unique  est  encore  assez  important.  A  pro- 
pos de  )CK ,  un  confrère  qui  a  sans  doute  perdu  de  vue  la  mention  Mithrapata , 
m'avise  qu'il  préférerai!  y  voir  plutôt  deux  w  que  deux  th.  Je  m'empresse  de 
lui  faire  connaître  l'existence  d'un  mot  punomadi  (Tlos  inédile  de  Benndorf, 
ligne  6),  simple  variante  de  Levissi,  punama  KÎCE.  Notre  K  est  donc  bien  à 
ranger  dans  le  groupe  des  dentales. 


UNE  ÉPITAPHE   LYCIENNE.  211 

lumineux  de  YEssaij),  mais  de  quelques  caractères,  tels  que  k 
garanti  par  iJrtakiyah"  =  OpTax/a;  c  qui  a  le  son  sifflant  devant 
i  et  e  (exemples  :  Ticeucëprë  =  TicrevasfjiËpav,  Ciijezë^^  \laHOv, 
forme  moderne  usitée  à  Castellorizzo  2«o|!/^);  enfin  ^,  gutturale 
plus  ferme,  bien  que  Qeriga  et  Qezigah  correspondent  à  Kapinas- 
et  KoacriKo.  :  Téchange  de^,  de  cet  de  k  n'a,  après  tout,  rien  de 
surprenant,  et  un  monument  nous  livre  Sbicaza  tout  à  côté  de 
'Stiriydact  "';  la  stèle  de  Xanthus  donne  zrigali  et  zrikali^. 

II 

Les  inscriptions  grecques  de  la  région  paraissent  être  composées 
sur  un  même  canevas  :  le  thème  est  d'abord  un  avis  que  le  mo- 
nument est  la  tombe  construite  par  Tordre  d'un  tel  pour  son 
usage  personnel  et  celui  des  membres  de  sa  famille;  ensuite  une 
interdiction  conçue  en  termes  précis  d'apporter  là  d'autres  morts; 

'  A(i  fiè  Tov  ■zsdpris,  vij-ave  fioii ,  TpeTs  •jupons  aè  yapi^a) 

Tpsts  ywpais  taai  tpti  '/oopiè.  taaii  jptà  (ivvaalrîpia. 

Taal  rijv  Kiiialavrivo-noXifi  fiè  to  (lapyapnâpi. 
(Diamandaras,  dans  le  Syllogos  do  Constantinople,  t.  XXI,  p.  3^7-398.) 
Ciyezé' se  lit  sur  la  stèle,  face  est,  1.  22;  c'est  Savelsberg  qui  le  premier  a 
identifié  ce  mot  avec  XiaKov  (II,  p.  217).  Sa  proposition  est  adoptée  par 
Sciimidt  (K.  Z.,  XXV,  p,  /log-itio),  qui  conjecture  que  ze  est  une  désinence 
au  génitif  pluriel,  et  traduit  Iriyerë  Ciyezé,  Tptrtpwv  Itécov,  el  la  légende  moné- 
taire Ptlarazé,  UaTapéuv.  ÎNatureliemenl  l'hypotlièse  de  Schniidt  ne  pouvait  être 
agréée  par  Deecke,  simplement  parce  que,  pour  ce  dernier,  hi  est  la  caractéris- 
tique du  génitif  pluriel;  mais  il  admet  que  treijirô  Keiazo  signifie  tf trière  von 
Chiosn  {Lyh.  Slud.,  II,  p.  828).  On  aurait  un  accusatif  singulier  féminin,  no- 
minatif conjecturé  tveijird,  keijizd,  masculin  keiâze.  Mais  s'il  en  est  ainsi,  pour- 
quoi les  légendes  monétaires  (jeriga  veW'tezi  et  qeriga  v(ih''tez<;?  —  Un  méfait  de 
l'assonance  à  signaler  :  le  major  Condor  a  vu  du  cr repos -^  dans  keiazii,  puisque 
saiLskrit  si-,  zend  çt  =  r'ètre  tranquille?! ,  latin  quics.  [J.  R.  A.  S.,  1891,  p.  678.) 

*  Kapixas,  stèle  Xanthienne,  face  nord,  1.  82  (Ka[p](«a  yévos  èaleÇâvwaev). 
Cf.  mon  article  sur  VEpigraiiune  grecque  de  la  stèle  de  Xantlie,  dans  la  Hevue  des 
études  grecques ,  i8gh  ,  p.  207-273. 

•■'  Petersen,  n°  26,  à  Yaghu,  l'anlique  Cyaneœ.  Les  leçons  'Zirfyâaa  et  Sbicaza 
nous  rendent  un  autre  service,  en  montrant  la  relation  d'ailleurs  naturelle, 
de  b  avec  w;  l'équation  ^j  =  jS  est  justifiée  par  Upazi  répondant  à  la  forme 
grécisée  Aëdcrts  (cf.  Tiaevfféfxé'pav  et  Ticeucëprë).  Il  faut  de  toute  nécessité  que 
j3  et  le  /;  des  textes  lyciens  aient  été  purement  et  simplement  notre  labiale  h. 
La  grande  erreur  des  prédécesseurs  de  Sciimidt,  c'est  d'avoir  admis  que  le  jS 
antique  se  prononçait  w,  en  sorte  que  le  B  iycien  fut  entraîné  dans  le  gouffre 
avec  son  sosie  grec,  el,  rommc  on  écrivait  aussi  4^  par  w,  sans  compter  qu'il 
fallait  transcrire  à  peu  près  de  mémo  F,  qui  est  le  digamma,  la  confusion  était 
au  comble:  Trkkas  devenait  Trivwas  el  Trbhënimi ,  Trwivunemc!  B  =  (3  dans 
Priyenuhch"  et  tlpiâvoêa  de  l'ex-voto  bilingue,  ci  Public  y  e  et  ITuê/ÀAT/f  de  Li- 
myra  1 9. 

*  Slèle  Xantliicnne,  face  ouest,  1.  82  (zrikali);  face  nord,  1.  5i-52  (zrigali), 
mal  à  propos  écrit  zrinali  par  Schmidt,  Neue  Lyk.  Stud.,  p.  28. 


212  J.   IMBERT. 

puis,  au  cas  où  il  serait  passé  outre  à  cette  défense,  une  phrase 
rigide  énonçant  que  ie  sacrilège  sera  mené  devant  les  magistrats 
et  subira  une  peine  pécuniaire  :  assez  souvent  le  chiffre  des 
rr drachmes  sacrées^  est  indiqué. 

Si  maintenant  nous  examinons  les  épitaphes  directement  ly- 
ciennes,  nous  sommes  forcés  de  constater  que  rien  n'est  changé 
à  ce  formulaire,  que  la  langue.  Aussi  Moriz  Schmidt,  encouragé 
par  les  solides  résultats  en  matière  de  déchiffrement  de  l'écriture 
lycienne  dus.  comme  j'ai  tâché  de  le  montrer,  à  sa  méthode 
comparative,  s'appliqua^  à  déterminer  la  traduction  des  mots  à 
l'aide  non  de  raj)prochements  illusoires  avec  ie  zend,  le  sanscrit 
ou  l'albanais,  mais  d'une  incessante  confrontation  des  textes  grecs, 
pour  ainsi  dire,  innombrables,  de  l'époque  impériale  relevés 
depuis  le  commencement  de  ce  siècle  en  Lycie. 

Ce  n'est  pas  moi  qui  critiquerais  cette  méthode.  L'idée  est  des 
plus  heureuses;  elle  est  féconde,  à  la  condition  de  ne  pas  perdre 
de  vue  la  différence  du  ge'nie  des  deux  langues.  Prenons  l'ex-voto 
de  Porpax -.  Là,  le  contexte  lycien  présente  tout  de  suite  des 
mots  au  régime  direct,  ebeis  tucedris.  .  .  et  ne  mentionne  qu'après 
le  verbe  tuvetë  le  nom  propre  au  nominatif.  La  regrettable  lacune 
de  la  fin  de  la  première  ligne  a  supprimé  un  mot,  mais  ce  mot 
(d'après  une  règle  constante)  ne  peut  avoir  été  autre  que  mené, 
c'est-à-dire  le  pronom  personnel  il  dans  sa  fonction  de  sujet 
abstrait.  Reste  une  seule  lettre  pour  compléter  le  mot  énigma- 
tique  qi  :  supposons  qi[s]  afin  de  donner  aux  trois  mois  du  début 
la  même  désinence  ebeis  tucedris  qi[s]  el  admettons  que  cela  signifie 
TotvTa  àyaX(jiaTa.  xaXkicrla.  C'est  une  conjecture  très  giatuite  à  la 
vérité,  ^/s  ne  se  retrouvant  plus  ailleurs,  mais  elle  doit  être  préférée 
à  celle  que  j'émettais  très  légèrement^,  et  qui,  contre  toutes  les 
données,  consistait  à  méconnaître  le  pronom  mené  pour  appeler 
le  nom  d'Apollon  au  datif,  et  un  nom  commençant  par  Qi.  .  .'M 

'  Dans  sa  Comvientatio  de  nonnulUs  inscriplionibus  f.yciis,  publiée  à  Leipzijf, 
cliez  Druguiin,  en  1876.  J'ai,  page  9.01,  note  1,  rappelé  l'alphabet  que  Scbmidl 
a  suivi  pour  ses  transci-iptions. 

-  Voir  mon  fac-similé  dans  ces  Mémoires,  VIII,  p.  i.ôo. 

^   Termes  de  parenté,  p.  A52. 

*  H  y  a  des  inscriptions  grecques  de  Smyrne  qui  mentionuent  Apollon  Ktaa- 
XavSrivos  et  KtaavXoSSvvôs  (cf.  Contoléon  dans  les  Mittlieihuigen  de  l'Institut  alle- 
mand d'Athènes,  t.  XIV,  p.  96).  Mais  c'est  un  nom  interminable,  et  rien  n'au- 
torise des  transplantations  de  ce  genre  en  Lycie.  Tout  porto  à  croire  que  le  nom 
connu  des  Grecs  était  aussi  usité  chez  les  Lyciens  ;  en  Paniphylie,  le  mot  était 
Àwe'Aov  (inscription  barbare  d'Assarkevi,  1.  3o,  AIIEAONAnTT  =  C.  I.  G., 
n"  /|3iac",  Addenda).  Que  si  l'on  veut  absolument  un  nom  indigène,  on  n'a 
qu'à  lire  le  renseignement  suivant  fourni  par  Hesychius  et  que  je  découvre  dans 
les  Neue  lykische  Studien  de  Scbmidl ,  l'éditeur  du  lexicographe  byzantin,  p.  ag  : 
Èpedvutos'  6  KitôXkwv  -aapd  XvkIois,  xal  èopTn  EpeW/xia. ..  Mais  les  monuments 
sont  restés  muets  au  sujet  du  dieu  Erethymios. 


UNE  ÉPITAPHE  LYCIENNE.  213 

Donc,  à  traduire  mot  à  mot  les  deux  premières  lignes,  il  fau- 
drait : 

Taî/Ta  âyaXfxaTot  xd[XXiŒla.  avios]  xaSiepoja-ev  Oa-avëas.  .  . 

Le  scribe  s'exprimant  en  grec  ne  se  croit  plus  obligé  de  ramper 
sur  son  texte  lycien  :  son  début  est  un  petit  coup  d'Etat,  il  traduit 
(et  ne  transcrit  pas)  le  nom  du  dédicateur\  cite  son  père,  sup- 
prime le  mot  fcfilsw  ainsi  que  la  conjonction  qui  donnerait  un 
tour  traînant  à  la  phrase,  englobe  dans  une  même  expression 
{éoiVTbv)  les  mots  atru  et  ehbi  qu'il  eût  bien  pu  traduire  par  rb 
aôjyict  avTOv,  omet  le  possessif  après  yvvoiîxa,  trouve  à  YlivctpelSoi 
un  équivalent  moins  disgracieux,  et  compense  le  uon-emploi  du 
verbe  par  le  nom  KTrôXAoovi  qui,  rejeté  à  la  fin,  éclaire  tout  de 
sa  flèche  d'or.  La  langue  grecque,  même  sous  le  style  d'un  mé- 
chant scribe  de  Lycie  traçant  une  inscription  banale,  ne  savait 
pas  être  inélégante. 

J'insiste  moins  sur  une  circonstance  de  fait  intéressant  Anti- 
phellus  3  et  Levissi  :  dans  l'une  et  l'autre  version ■;  de  ces  épi- 
taphes  bilingues,  nous  relevons  presque  le  même  libellé,  l'attes- 
tation de  propriété  du  fondateur  du  monument  et  la  menace 
d'uue  peine  pour  toute  atteinte  à  ce  droit  de  propriété.  J'ai  dit 
presque,  car,  s'adressant  à  un  public  différent,  chaque  rédaction 
adopte  quant  à  la  peine  un  dispositif  différent.  A  Antiphellus-, 
Iktas  menace  ses  propres  compatriotes  sans  doute,  ceux  qui  com- 
prennent le  lycien,  de  payer  l'amende  rcau  chef  de  ce  peuple 
ainsi  qu'à  la  ville  d'Anliphellusii  '^'\  parlant  aux  Grecs,  qui  n'ont 
ni  domicile  ni  bien  dans  la  cité,  il  les  dévoue  à  la  colère  de 
Latone  [rj  Ajjtw  aCnov  èTrnpi^si  !)  —  Même  altitude  des  construc- 
teurs de  la  tombe  de  Levissi  :  d'après  la  rédaction  lycienne,  on 
payera  telle  amende  (5  adas)\  d'après  le  grec,  le  sacrilège  est 
désigné  à  la  vindicte  publique  :  e^'JXea  kou  zsavjoXea.  si'yj  àoTwi 
'TsdvTcov  !  ''  De  telles  variantes  n'ont  pas  pour  cause  la  différence 
du  génie  des  deux  langues,  mais  il  faut  tout  de  même  en  tenir 
compte.  Au  reste  je  conviens  très  volontiers  que  Schmidt  a  raison 

^  Voir  sur  ce  nom  ,  outre  mes  Termes  de  parente',  p.  A  53 ,  note  i ,  Savelsberjj, 
1,  p.  9.  qui  iisail,  Ozzubàzdh,  et  Deecke,  Lyk.  Slud.,  I,  qui  donne  ■/^zzohazuh , 
(Pinara  A),  l'inscrit  dans  ta  liste  des  noms  en  e  (=  i)  et  repousse  la  comparaison 
avec  OaaxiSai  (p.  lA'y,  S  17).  Mais  le  nom  peut  être  décapilé,  comme  l'itlcnyila, 
Hiyamona  ;  Qsshezë  ^=  [0)qzzbezé',  d'oùÔ^ûSas,  plus  lard  Ôtro-vêofs? 

-'  Anliplielliis  3. 

•*  Voir  mes  Tenues  de  parenté ,  p.  460  et  667. 

*  Voici  la  traduction  de  Deecke  {Lyk.  Slud.,  IV,  p.  206  :  «Diesen  Grabraum 
hier  bauten  sic!)  Apolànida,  des  Mollease  (Solin)  und  Lapara,  des  Apolanida 
(Sohn),  der  Hiiusler  des  Porehemàtete,  (jeder)  fur  Gatlin  sciiier  selbst  und 
Sbline.  Wer  immer  etwas  herausihun  sollte  etwa  aus  dem  Grabraum  derselbeu, 
der  immer  moge  fjeben  zur  Strafe  der  gesammtgemeinde  Ada  b.rr 


214  J-  IMBERT. 

de  ne  pas  cesser  de  consulter  les  e'pilaphes  grecques  du  pays; 
elles  lui  ont  permis  de  donner  de  plusieurs  de  ces  petites  inscrip- 
tions lyciennes  une  version  qui  n'est  pas  indigne  des  scribes  des 
documents  bilingues.  Je  mentionnerai  surtout  sa  traduction 
grecque  de  Myra  U. 

Me  voici  enfin  arrivé  à  cette  inscription  tant  de  fois  copiée \ 
et  que  je  transcris  sur  l'excellente  épreuve  autricliienne  dont  je 
dois  la  communication  à  M.  le  professeur  Benndorf  -  : 

ebë"nëpr"navo  mené  pr'')tavatë  ddakasa  $ttuleh 

tideimi  hrpi  ladi  ehbi  se  tideime  :  se'  ëce  lati  ddakasa 

mené  "tepi-toti  "lipatezise  lado  ehbi  :  cbi  tice  meinipe  "tepi-tatu 

tibei  nipe  hl'"mi  tuvetu  :  hl'"mi  mei  tuveti  tice  tibei 

"tepi-tadi  tice  mené  illehi  tubeiti  tr"'mili  huvedri 

se  trhkas  se  mohoi  huvedri. 

Schmidt  proposait  la  traduction  suivante  '  : 

TovTO  fivïffjLa  &Ss  xaTe(Txeva.a-ono  Aavoiaas  'SiivSvmos 

vies  in)  ywoiiK]  avTOv  x.a]  tskvois  :  xa)  (xôvovs  ?  jSovXejai  Aavaaas 

êvTavSa  Ta(pi]va.i  IvSncd-Tza-iv  koï  yvvaÏKa  avrov  :  sTepos  tis  ëvOa 

l^t^7T£  èyKricievari 
rj  [XïjTS  ovofXOtTa  èyypd-\/rf  :  bvôiicna  ëvOa.  èyypd'^a.s  iivà.  ij 
éyKïjSevaas  tivol  êvTaîiOa,  —  b^eikéico  TepixiAscov  hoivoj 
xa\  Tp.  .  .  xa,\  M.  .  .  ^>7V^  (deestmulla,  e.  c.  àSctlcov .  . 


Ji 


'  L'inscription  de  cette  tombe,  qni  appartient  h  la  nécropole  du  sud-ouest  de 
Myra,  est  reproduite  dans  six  auteurs  :  Fellows,  Lycla,  pi.  XXXVI,  n°  18;  Da- 
niel! et  Spratt,  Traveh  in  Lycia,  MUijas  and  the  Cihyraûs ,  pi.  I,  n"  \h\  Texier, 
Description  de  l'Asie  Mineure,  vol.  III,  p.  989;  le  recueil  de  Schônborn,  pi.  III, 
trMyra  h-n  ;  Savelsberg,  II,  p.  116;  Pelersen,  n°  /12.  On  peut  bien  penser  qu'avec 
tant  de  secours,  et  l'inscription  étant  l'une  des  plus  parfaites  de  l'épiijrapliie  ly- 
cienne,  le  texte  est  regardé  comme  entièrement  sûr;  c'est  surtout  après  la  copie 
autricliienne  qu'il  mérite  cette  confiance  qu'on  lui  a  toujours  accordée. 

-  Formes  de  certaines  lettres  :  ;j  =  la  seconde  variante  de  mon  alpliabet, 
p.  ^i5i,  note  4;  0  la  première  variante,  note  2  ;  e  la  seconde  variante,  note  3; 
mais  un  petit  intervalle  sépare  le  trait  inférieur  et  l'angle,  comme  si  l'on  avait 
voulu  écrire  0  avec  iota  souscrit. 

^  Commentatio  de  nonnullis,  p.  29.  Savelsberg,  qui  l'a  connue,  aurait  bien 
fait  de  s'en  inspirer;  sa  version  (II,  128)  est  plus  dillicile  à  comprendre  que 
l'original  même.  Je  la  livre  à  la  curiosité  du  lecte;ur  :  fp  Dièses  (Grab)gebaudc 
baute  Dawasa,  Sindubi's  Sobn,  lïir  seine  Fran  uud  (seine)  Kinder.  Und  den 
Hausherrn  schreibt  der  Schreiber  ein,  auch  seine  Frau  (scbreibt  er  ein).  Wer 
elwa  gegen  frùher  Gescbriebenes  oder  fruher  zum  Befelil  Erhobenes  einen  Be- 
fehl  gegenerliebt  oder  (ein) scbreibt  etwa,  der  sei  den  Landesgottern  schuldig, 
den  lykiscben,  woblloblicben  und  beiligen,  und  den  Avobllôblichen  Himmels- 
gottern.n  Deecke  n'a  traduit  que  les  deux  dernières  lignes,  où,  par  une  heureuse 
inconséquence,  il  rend  tndnà  par  der,  au  lieu  de  hier  {Lyk.  Slud.,  III,  p.  278; 
IV,  p.  22t). 

*  On  lisait  s^tupeh  le  nom  du  père  de  Ddakasa.  Pour  Schmidt  et  Savelsberg, 


I 


UNE  ÉPITAPIIE  LYCIENNE,  215 

Il  y  a  dans  notre  inscription  un  certain  nombre  de  mots  inter- 
prétés par  les  bilingues^  :  le  dfmionstratif  e/>ë"ne  =  tovto,  rovr) 
To;  le  substantif  p"Hai;o  qui,  sous  la  forme  pr"tiovu  est  traduit 
par  fjivïjfjia;  le  verbe  pr"navntë  rendu  par  tjpydcraTO.  Comme,  à 
Levissi,  le  mol  pr''neziyeJii  a  pour  correspondant  dans  la  partie 
grecque  oixsïoi,  et  qu  il  existe  un  mol p>"nezi  dont  la  si'jnification 
paraît  être  analogue-,  le  ladical  de  ces  différents  exemples  se 
découvre  comme  exprimant  l'idée  d'ff  édifier  17,  de  tr  construire n , 
de  cf  bâtir  une  maison  w.  Pour  lesLyciens,  la  ff  maisons  par  excel- 
lence, c'est  la  tombe  :  on  Téievait  de  son  vivant,  on  ne  laissait 
pas  ce  soin  aux  autres,  et  volontiers  on  eût  dit  :  frmes  arrière- 
neveux  me  devront  cet  ombrage  w.  La  leçon  êpyda-aTO,  celle  èTvoîtj- 
GCL-ïo'^  révèlent  que  construire  cette  tombe  était  un  noble  travail 
dont  on  s'bonorait  particulièrement.  A  cotte  traduction  trop  peu 
précise,  Scbmidt  substitue  le  verbe  KaLia.(jKZ\jéZ,w  et  il  l'emploie 
à  la  voix  moyenne,  pour  que  l'on  ne  prenne  pas  Dakasas  comme 
l'architecte,  mais  comme  un  Lycien  opulent  ayant  commandé 
qu'on  lui  construise  ce  mausolée*.  Le  scribe  des  épitapbes  grecques 
a  adopté  lui  aussi  ce  verbe,  mais  à  la  voix  active;  ainsi  à  Tel- 
messus,  nous  lisons  :  ÈA/v»;  >?  kcli  AÇÇiiov  Ida-ovos  tov  Aïoyévovs, 
TeXjUjjo-o-}?,  T&  fxvï]fxs7ov  «axeo-^euWev  éavTfj  (C.  I.  G.,  /i2o6); 
xaTeaKSvdaev  to  fÀVi][jie7ov  tovto  IhvÇipôcrvvos .  .  .  (C.  I.  G.,  6209 ); 
TOVTO  Tù  (xvïjixoc  KaTe(TKeva(7er  Ida-œv  tov  Ispoxkéovs ,  TeXixrjcra-évs 
(C.  L  G.,  Aaii).  Le  verbe  est  parfois  défiguré  :  on  trouve  à 
Cadyanda  xaTsa-xsva^sv  (C.  l.  G.,  /i23o),  à  Tlos  x(XTS(Txevaa-a.v 
(C.  L  G.,  ^282-4266],  à  Pinara  HaTSCTKevaxsv  (C.  i.  G.,  kab^). 

le  nominatif  aurait  été  s'iiipi;  Deecive  le  rangeait ,  à  cause  do  sa  partie  finale 
vpeh ,  qui  lui  rappelait  les  mois  terminés  en  opd,  dans  la  liste  des  noms  en  à, 
dont  fait  partie  Pnreklâ;  puis  il  voyait  dans  le  premier  élément  du  nom  sita 
=  sanscrit  frt/a-m,  lithuanien  szimtus,  ancien  s]a\e  su lo  Foxprossion  loo,  à 
quoi  il  comparait  le  nom  d'ÉxaidfXfaï,  en  lycien  Akatamia  [Lyk.  Slud.,  I, 
p.  189).  Toute  cette  fumée  s'évanouit.  Le  nom  est  Sttuleh. 

>  11  ne  s'agit  que  d'Antipliellus  3  et  Levissi;  Limyra  ig,  Tlos  2  el  l'ex-voto 
de  Tlos  ne  peuvent  nous  servir. 

^  Xanthus  1  et  8,  dans  Saveisberg,  II,  pi.  III;  Pinara  <?  =  Sav.,  Il,  lilx,  et 
Benndorf,  n"  ao.  Sclimidt,  Saveisberg  et  Deecko  étaient  persuadés,  à  cause  de 
la  syllabe  finale  qui  est  celle  des  ethniques  AUmazi,  Spjjartazi,  Surezi,  que  ce 
mot  désignait  un  domestique,  un  otxeïos.  (Scbmidt,  K.  Z.,  XXV,  p.  /161  ;  Sa- 
velsb.,  1,  p!  3.5;  Deecke,  Lijk.  Slud.,  I,  p.  1A8;  III,  p.  aBg.) 

•*  Employée  par  Limyra  ig. 

*  Saveisberg  avait  proposé  de  compléter  ainsi  la  première  ligne  de  la  face 
nord  de  la  stèle  :  Olozisa  prina[va((ï\.  .  .  et  traduit  ;fOtozisa  (architecte)  con- 
struite (II,  p.  310);   il   est  critiqué   vivement  par  Scbmidt  dans  sa   dernière 

Commenlatio,  celle  de  Columna  Xnnthica   (p.  3   el  k)  :  «Audarter ,  etc. 

Denique  qnis  uncpiam  audivil  verlium  prinajatc,  de  cujus  vi  ac  polestate  ex  in- 
scriptionibus  l)ilinguiltus  salis  constat,  non  lam  de  eo  diclum  esse,  qui  architecti 
opéra  ulcietur  (a.'diticandum  curavil),  quam  de  ijjso  archileclo  (exslruxit)??? 
—  Deecke  traduit  toujours  mànd  prnnavatô  par  «hier  haute  siclm. 


216  J.   riMBERT. 

Les  termes  de  parenté  tideimi,  datif  pluriei  tideime,  laili  dalif 
singulier,  lado  accusatif  singulier,  sont  de  vieilles  connaissances. 
Au  lieu  de  hrppi,  il  y  a  hrpi,  c'est-à-dire  le  même  mot  que  Levissi 
traduit  par  ot/,  et  qui  se  préfixe  au  verbe  toti,  tadi,  de  même  que 
"tepi,  apparemment  une  autre  préposition  marquant  soit  la  posi- 
tion auprès  d'une  chose,  soit  la  direction  vers  cette  chose  ^.  A  la 
fin  est  un  verbe  iubeiti  inscrit  à  Levissi,  mais  malheureusement 
non  traduit  :  il  doit  dire  la  même  chose  que  àitoTsia-ei  (C.  L 
G.,  A299),  oÇ'st'krfa-si  (C.  L  G.  ^2^6). 

La  note  de  Schmidt  qu'il  manque  quelque  chose  après  huvedri 
est  erronée,  car  si,  à  Levissi,  on  a  cru  devoir  indiquer  le 
nombre  desffadas^:  ou  drachmes  saintes'^,  il  n'est  pas  toujours 
ajouté  un  tel  renseignement  à  la  phrase  mené  tubeiti  itlehi  tr'"mili 
huvedri.  Une  autre  épilaphe  de  Myra,  inconnue  de  Schmidt, 
suit  pas  à  pas  notre  inscription  et  s'arrête  comme  elle  à  muhoi 
huvedri^.  Celle  d'Arneae  '  fait  de  même,  ses  derniers  mots  étant  : 
mené  hibidi  trkkas  se  itlehi  tr"'mili  huvedri. 

Revenons  au  début  de  notre  texte  :  un  mot  que  les  inscriptions 
bilingues  ne  traduisent  pas  non  plus  est  mené,  variante  mei.  Ici 
les  épitaphes  grecques  nous  refusent  leur  secours  et,  bon  gvi'i 
mal  gré,  il  faut  trancher  la  question.  Mais  prenons  bien  garde  de 

'  Sclmiiclt,  De  nonnullis,  p.  ao;  Savelsberg,  II,  -jg;  Doecko,  Lijli.  Slud. , 
III,  p.  ayo.  Ces  savnnts  lisent  mal  les  textes  :  tantôt  ils  décIiifTrent  h-ppisemei- 
ladi ,  avec  un  s  qu'ils  substituent  (rollice  à  y,  lanlôt  ils  accumulent  les  impossi- 
bilités, par  exemple,  quand  ils  transcrivent  Limyra  5,  ligne  3,  tilw  "lepi  In-ppi- 
tadi,  deux  prépositions!  où  il  y  a  tibe  "le  li  (=  substantif  au  régime  direct  suivi 
du  mot  inexpliqué  ti  qui  pourrait  bien  signilier  «ici»)  hrppitadi  (verbe  au  par- 
ticipe présont).»  Sur  la  stèle,  nous  lisons,  face  nord  I.  i5  :  "lepi  Cizznpr''no 
^(f?vers,  ?chez  Tlssapbei'ne». 

-  On  ne  s'est  pas  encore  entendu  sur  le  mot  ada  si  fréquent  à  la  fin  de  nos 
inscriptions.  Savclsherg  donne  ce  renseignement  :  p-Das  letzte  Wort  ada  ist  der 
Name  der  ans  Strabo  (p.  667)  bekannten  Konigin  von  Karien  und  bedwitet  hier 
eine  mit  ihreni  Namen  bezeichnete  Miinze,  nach  der  sichern  Erklai'ung.  wclche 
mir  M.  Schmidt  am  28.  Nov.  iiSyo  brieflich  mitgelheilt  hatn  (I,  ia).  (If. 
Schmidl ,  De  nonnullis ,  1876,  p.  ai,  vers  le  bas  :  nadaja,  nummorum  quos 
Ada  Cariae  regina  cudi  jussit».  Deecke  se  livre  à  toutes  sortes  de  calculs  très 
compliqués,  et  soupçonne  que  Vada  valait  10  mines  {Lijk.  Stud.,  IV,  p.  aSS); 
mais  parfois  le  chillre  des  adas  n'est  pas  rappelé;  parfois  on  a  des  chiffres  et 
pas  le  mot.  Jusqu'à  nouvel  ordre,  je  penserai  que  ada  et  arrj  (voir  M.  Hréal , 
Mém.  de  la  Soc.  de  ling.,  VIII,  p.  ^78)  sont  la  même  expression  consacrée  dans 
un  ordre  d'idées  particulier.  Dans  le  commerce,  il  n'était  probablement  pas 
question  d'«rffls,mais  d'oboles,  de  drachmes,  de  statères,  de  sicles. 

'  Petersen,  n°  /i3,  et  p.  33  ,  note  1.  Voici  ce  texte  : 

\ehe^në  qupo  mé'ti  pi" navale  upazi  mu[v]oqah  tuleimi.  .  .  hrppi  ladi  ehhi  se  ti- 
deime I  sttatiti  m.  .  .  .  ezi  se  ladu  elibi  (:)  chi  lice  mei  nipe  "l[e]pilotu  libei  iiipe 
hl"'mi  tiive  \  [tu  :  hl"'mi  m]ei  tuveti  tice  libei  "tepitadi  tice  mène  trkas  tiibidi  se 
muhoi  huvedri. 

"  Inédite. 


UNE  ÉPITAPIIE   LYCIEXNE.  217 

nous  tromper,  car  ce  mot  est  l'un  des  plus  fréquents,  et  une  iu- 
terpi-étaliou  errone'e  aura  de  la  re'percussion  partout.  Schmidt  le 
traduit  par  œSe,  évTavôa,  evOct.,  de  sorte  que  dans  une  grande 
partie  des  épitaphes,  nous  serions  avertis  que  le  tombeau  est 
bâti  ici-tnéme,  et  dans  d'autres  inscriptions  on  n'e'noncerait  pas 
une  circonstance  aussi  insignifiante.  L'insertion  ou  l'omission 
du  mot  n'est  nullement  fortuite  :  toutes  les  fois  que  le  nom  du 
fondateur  est  e'crit  après  le  verbe,  i°  ce  verbe  est  terminé  par  ë 
et  non  par  e  :  pr^navaië  est  de  rigueur;  2°  non  moins  fatalement, 
mené  ou  l'une  de  ses  nombreuses  variantes  orthograpiiiques  meli, 
mëti,  me,  mène,  surgit  immédiatement  avant  le  verbe.  Quand, 
au  contraire,  on  a  jugé  convenable  d'inscrire  le  nom  du  fon- 
dateur avant  le  verbe  qui  alors  dexient  pr"navate  avec  e,  disparaît 
le  mot  mené.  C'est  une  loi  qui  ne  souffre  aucune  exception^. 
N'est-il  pas  dès  lors  évident  que  mené  n'est  pas  l'adverbe  de  lieu? 
Une  chose' est  certaine,  c'est  que  le  sujet  (nom  propre  ou  mené) 
est  inscrit  toujours  avant  le  verbe;  le  ou  les  attributs  dont,  dans 
un  cas,  le  nom-propre  du  fondateur  du  monument,  se  tiennent 
à  une  distance  respectueuse  et  viennent  après  le  verbe. 

Pour  un  esprit  non  préparé,  la  phrase  ehë^në  pr"navo  mené 
pr^navatë  ddakasa  stluleh  fideimi  hrpi  ladi  ehbi  se  tideime  peut  pa- 
raître foncièrement  différente  de  celle-ci  :  Pizziti pr"navate  ( — ^) 
Ddep^neveh  tideimi  hrppi  ladi  ehbi  se  tideime ';  en  réalité  il  y  a  moins 
de  dissemblance  entre  elles  que  n'importe  quel  début  d'épitaphe 
grecque  qui  leur  serait  comparé,  par  exemple  :  to  vpœov  xaxe- 
(7HSva.(TSv  Xuj(7i(X05  ^siKr]TiKOv  /S' ToO  Avaav lov,  TXcoevs"',  oii  on 
ne  lit  pas  de  pronom  personnel  à  la  place  du  nom  propre,  où  le 
sujet  est  escorté  d'une  nombreuse  suite  d'attributs,  sans  qu'un 
verbe  vienne  s'interposer  entre  cette  escorte  et  le  sujet  de  la 
phrase. 

Je  traduis  donc  :  tfCe  monument  il  a  construit,  (l'homme 
appelé)  Dakasas  fils  de  Stoulis  pour  sa  femme  et  (ses)  fils. ^5 

Ce  n'est  pas  tout!  mené  est  de  tous  les  genres  et  de  tous  les 
nombres.  Pareillement  le  verbe  pr"navatë.  Supprimez  la  phrase 
qui  mentionne  l'attribut,  et  rien  ne  viendra  vous  éclairer  sur 
cette  chose  si  simple,  que  le  grec  vous  dirait  tout  de  suite,  le 
nombre!  A  Levissi,  sans  doute,  le  scribe  fait  usage  du  verbe 
tant  soit  peu  modifié,  pr"nacotë,  que,  sur  la  garantie  de  la  tra- 
duction   êpyd(7a.vT0 ,    Deecke    et    ses    devanciers    ont   considéré 


'  Deecke,  inoins  préoccupé  du  projet  de  retioiiver  la  conjiijjaison  lycieniie 
(Lyh.  Sdul.,  III),  l'aurait  constalcc  comme  moi,  au  lion  de  faire  de  i)r"ii(iv(ila 
oixi^etai  et  de  pr" navale  ÙKÎ^eto  (j).  aG3  et  aGA). 

-  Limyra  1  dans  Saveisberjj,  H,  p.  h. 


218  J.  IMBERT. 

comme  la  3"  personne  du  pluriel  ^,  Ils  ne  songent  plus  que  a  et 
0 s'échangent'-;  ainsi j9r"nouîf  d'Antiphellus,  est^r"/mOM  à  Xanthus^, 
pr'^navo  à  Myra'^,  sans  aucune  modification  de  sens.  A  Pinara  U 
pr^navetë  est  le  lait  d'un  seuP;  il  est  vrai  qu'à  Pinara  3,  Sl^meve 
et  ses  parents  ont  construit  mené  pr'^nevotë^.  Par  contre  à  Limyra 
11,  19,  2  3  Uvëmi,  Medemudi,  Er'"menëni  et  leurs  épouses  re- 
latent que  leurs  tombes  sont  e'rigées  à  frais  communs  :  ici  le 
verbe,  malgré  la  pluralité  du  sujet,  est pfnavaté"^ . 

Lignes  2  et  3  :  retour  du  nom  propre  Ddakasa.  Scbmidt  y  voit, 
avec  raison,  un  nominatif  comme  précédemment;  l'accusatif 
des  noms  en  a  ayant  ordinairement  o  pour  caractéristique.  L'ab- 
sence de  cette  voyelle  o  ne  prouverait  rien;  et  précisément  je 
signale  un  nom  d'homme  au  régime  direct  terminé  par  a,  le  mot 
^'lipa.  Comparez  au  membre  de  phrase  mené  "tepi-toli  "tlpa.  .  . 
se  lado  elibi^,  les  passages  suivants  : 

Limyra  h^. 
me  ''tepi-toti  Zahomo  se  lado  se  tideimis  èhbis. 


'  «Dièse  Endung  ( Accusa tiv  o)  fiihren  wir  oline  ailes  Bedenken  auf  die  iiido- 
gernianisclie  Grundlorin  -am  ziinick,  wenii  auth  im  Lykischen  keine  Spiir  von  m 
sicli  erlialten  hat,  und  slellcn  damit  eine  anaiogo  Laulbezeicliiiung  ziisammen, 
die  uns  in  einer  Verbalendung  -oto  fiir  -onto  begegnel  :  namlicli  prinnvoto  im 
Lewisû  V.  1  mil  der  Uebersetzung  èpydaavro  v.  U  kann  als  diillo  Person  Plura- 
lis  lïiglich  niclit  ander-i  aïs  veimitteist  der  indogermanischeii  Grundform  anta 
aus  einer  î\Iittelform  auto  erklàrt  werdea.  .  .  n  (Savelsberg,  E.rposé  de  la  théorie 
de  l'cranisme  du  lycieti  fait  aux  philologues  allemands,  29"  congrès,  Innsbruck, 
187/1  [Leipzig,  1875]),  p.  302. —  Deecke  institue  d'abord  à  pr''navaté'  et  à 
pr"navotë  un  augmeiit,  qu'aucun  exemple  ne  donne,  et  ensuite  il  compare  à  la 
conjugaison  indo-européenne  les  formes  [à) prnnavatô ,  {d)pynnaviïtô.  Suivant  lui, 
«beslàljgt  wird  die  Endung  -litô  dnrch  eine  Reihe  audrer  Verbalfonnen  auf  -iito 
und  -olo,  die  als  Piuralia  zu  deuten  sind;  entstanden  ist  sie  aus  -aiôntô,  wie 
gr.  -ùvTo  aus  -diovro.  .  .n  {Lyk.  Stad.,l]l,  p.  262.) 

-  Deecke,  Lyk.  Stud.,  II,  p.  826  :  «Dieser  im  Lykischen  nicht  seltene 
VVeclisel  von  a  und  il  {=  0) .  .  .  r> 

^  Xanlhus  h,  dans  Savelsberg,  II,  p.  187. 

'*  Notre  inscription. 

'  cbëne  qxipo  mené  |  pr"navetë  Pddoq"ta  \  Qtihezeh  lideimi  |  hrppi  ladi  ehbi 
se  tide  \  ime  ehbiye  (Fellows,  Lycia,  pi.  XXXVI,  n"  91,  et  Schmidt,  pi.  V). 
Cette  rock-tomb  de  l'acropole  inférieure  de  Pinara  est  détruite  aujourd'hui. 

"  e'/p["]ne  qupo  [m]e[n]e  pr"iievotë  |  Srmeve  F'nuteh  tidei7ni  se  huve  té'ne 
(Schmidt,  pi.  V,  copie  défectueuse;  Benndorf,  n"  21,  p.  55;  revisée  par  Ark- 
wright  ). 

'  Limyra  11  dans  Savelsberg,  II,  p.  68;  Limyra  12  dans  Savelsberg,  11, 
p.  75;  Limyra  aS  manque  dans  Savelsberg  =  Schmidt,  pi.  II,  et  Petersen  , 
n°  j  53. 

*  3°  ligue  de  notre  inscription. 

'  Savelsberg,  II,  p.  7;  Petersen,  n"  ihU, 


UNE  ÉPITAPHB  LYCIENNE.  219 

Myra  6  K 

me  "lepi-toli  Hriq"'mo  seij  m  Lusotrah"  seij'  e[sede"nevi  énelii 
Lusotjrah"'. 

Limyra  ^. 
mei  "tepi-toti  Rio  se  tid\eimis\. 

Ces  trois  noms  ont  été  une  première  fois  présentés,  quand  il 
s'est  agi  d'avertir  de  la  construction  des  tombes;  ce  qui  nous  a 
valu  de  connaître  les  nominatifs  Zahama,  Hriq'"ma,  Hla.  Les  pas- 
sages cités  exposent  clairement  que  tron  ensevelira  [lesdites  per- 
sonnes] avec  leurs  femmes  ou  leurs  parents 'î. 

Le  pronom  me,  mei  de  ces  textes  nest,  on  le  voit,  autre  que 
le  mot  mené  de  Myra  h.  A  Limyra  5,  il  y  a  une  quatrième  forme  : 
mené  "tepi-toti  Sqqntrazi  se  ladu  ehbi  se  tideimis  ehbis'*.  En  même 
temps,  notre  scribe,  pour  ne  pas  se  répéter  d'une  façon  fati- 
gante, a  employé  tantôt  mené,  tantôt  mei,  comme  Sqqntrazi  qui 
fait  usage  du  pronom  mène,  après  avoir  inscrit  la  variante  mëti, 
au  sujet  abstrait  (=  mëti  pfnavatë).  Le  sens  commandé  par  le 
contexte  est  celui  du  pronom  indéfini  rron^. 

Sclimidt  a  traduit  les  quatre  mots  précédents  :  Koi  [xôvovs 
(SovXsTat  Aavdaas.  Limyra  i  'à  ^  donne  les  mêmes  termes  :  me  "ce 
lati  M^nuhe.  Ce  \I°nuhe  (le  nom  est  bien  au  nominatif)  a  été 
nommé  auparavant,  comme  tant  d'autres  fondateurs  de  tombes, 
Sqqntrazi,  Hriq™ma,  Hla,  notre  Ddakasa  :  ce  qu'il  veut  lui  aussi, 
c'est  :  mené  "teipi-tëti.  .  .;  le  reste  est  obscur.  Toujours  est-il  que 

'  Savelsberg,  II,  p.  198:  Petersen,  n"  /j8. 

-  Je  n'avais  pas  été  assez  lian.Ii  dans  ma  restitution  (  Termes  de  parenté,  p.  ^67); 
on  efiet,  M.  Arkwright  m'assure  que  la  lacune  a  fait  perdre  environ  vingt  lettres, 
et  si  je  me  reporte  à  iMyra  5.  qui  est  sur  une  tombe  construite  par  le  même, 
mais  pour  ses  sœurs  el  divers  parenls  ou  amis,  je  découvre,  ligne  9  de  la  copie 
prise  par  Arkwriglit ,  la  même  expression  énehi  Hriq"'nMh[''  ese]  de'^ncvë.  Une 
phrase  nouvelle  débute  par  les  deux  mots  adi  [:)  meye,  le  premier  verbe,  le 
second  relatif.  Ailleurs  on  a  mcyade,  soit  mcy  ade.  Je  m'excuse  d'avoir  traduit 
ces  deux  mots  par  un  nom  propre  pAdimeyèsn. 

^  Découverte  par  les  savants  autrichiens,  inédite. 

*  Savelsberg,  II,  p.  96,  et  Petersen,  n"  i3o.  Deecke  (Li/t.  Stnd.,  III, 
p.  970)  rend  les  deux  exemples  par  "hier».  Savelsberg  est  toujours  alambiqué; 
il  flotte  entre  les  sens  de  préposition  et  de  pronom,  ce  qui  est  un  sûr  moyen 
de  contenter  quelqu'un  :  «  Mond  ist  mil  dom  haufigern  Pronomen  mdnr'i  bei  an- 
ders  gefàrbtem  Vocal  doch  identisch  :  gleichwie  nàmlich  monn  zweimal  Pronomen 
(in  Kyanoa;  9,1,  und  Xanthos  9,9)  und  nurhier  Lim.  5, 1,  Praposition  ist,  80 
kommt  mdnn  wohi  achtzehnmal  als  Pronomen  und  uur  dreimal  als  Praposition 
vor  in  mà)id  :  ilàiiit'jli  Lim.  i/i,  9;  3G,  1,  und  Myia  ti ,  3  treinschreiben  sie».  — 
II,  p.  97. 

*  Savelsberg,  II,  p.  80,  et  Petersen,  a"  i/ia. 


220  J.   IMBERT. 

ëcecl  "ce  sont  un  même  vocabie,  dont  nous  ne  pouvons  que  de- 
viner la  signification  :  la  version  (jlovovs  a  pour  elle  qu'à  Limyra 
i/i,  M"nuhe  n'admet  nul  autre  que  son  propre  fils  déjà  men- 
tionné au  débuta 

Se  est  très  connu ,  en  tant  que  conjonction  :  pourtant  nous 
n'avons  pas  affaire  à  elle,  dans  ce  passage,  mais  à  une  forme 
tout  à  fait  abrégc'e  du  relatif  seiye"^.  A  Antiphellus  U,  seiye  est 
représente'  par  sei  pris  également  pour  la  conjonction  xa.\  par 
Moriz  Sclimidt'^.  A  Kecbilor,  on  a  sene.  Ces  deux  passages  s'éclai- 
reront mutuellement  : 

Antiphellus  k. 
sei  piyè'të  piyatu  mi''ti  ëtri  qupa  siqli  aladehqqone. 

Kecliiler. 
sene  piyeië  nëue  ehbiye  se  tuhe  III. 

Je  voudrais  traduire  cette  dernière  phrase  : 

ff Lui-même  (Triendasis)  a  élabli  (cette  tombe)  [pourj  ses 
sœurs  et  [ses]  3  neveux:? '. 

L'autre  phrase,  rendue  assez  mal  parSchmidt,  xa)  'urpocréra^e 
[iSaixd^aç)  tolkiov  7ip6a1i(xov  iw  kcLto)  a-rjKy  aîyXovs,  pourrait 

'  L.  3  :  se  tideimi  ehbi  Adam"naye. 

-  Seiye  esta  Telmessus  (inédile,  I.  5),  Cadyanda,  I.  3  (=  Savelsb.  U, 
p.  ilx);  Tios  (inédite),  I.  lo;  Xantlius  i,  I.  3  (=  Savelsb.  II,  pj.  i);  Xanthus 
3,  i.  7  (=  Sav.,  II,  p.  i86),  Xaulhus  ^,1-7  (=  Sav. ,  II,  p.  187);  Xanthus 
7,  1.  a  et  /i  (=  Sav.,  II,  p.  906)  et  à  la  grande  sfèle,  face  est,  1.  20.  Deecke 
(Lyk.  Stud. ,  IV,  p.  18a)  admet  que  scie  (notre  sei)  est  le  pronom  «wer», 
tandis  que  sa  est  la  conjonction;  «sie  sind  verwandt,  wie  lat.  -que  uud  ffm; 
und  ilire  bedeulung  durch  die  biiinguen  gesichertn. 

•''  Sclmiidt,  De  nonindlis  p.  22.  Antiphellus  i  est  donnée  par  Savelsberg  II, 
p.  i5.5  et  Petorsen,  n°  i2  3. 

*  Kechiler  est  dans  la  plaine  de  Levissi  :  découverte  récemment  par  M.  Ark- 
wright,  cette  inscription  est  inédite.  Le  (Tvyyevtxàv  né'ne  =  sororibus  est  déter- 
miné par  cette  circonstance  que,  à  côté  de  cette  tombe,  est  celle  que  le  même 
Triendasis  a  construite  spécialement  pour  safemme  et  sesjils,  ou  plutôt  qu'ayant 
construite,  il  leur  destine,  sene  ptyeté  ladi  ehbi  se  (ideime.  Le  parallélisme 
yvvaiKi  avrov  nal  ténvois  et  [àès\<paii)  aiÎTOv  Ka\  àê£}.<ptSoTi  y  ,  est  saisissant. 
Aussi  je  retire  à  zzimazi  le  sens  de  trsœur??  que,  du  reste,  je  ne  conjecturais 
qu'avec  timidité  [Termes  de  parenté,  p.  ^62).  Que  zzimazi  devienne  ce  qu'il 
pourra  !  A  Chukur  Bagh ,  un  nommé  Qudaliyë  fait  précéder  sa  qualité  do  lils 
de  Muroza,  des  mots  Abuveteit  zzimazi  :  ainsi  ce  dernier  mot  n'est  pas  stric- 
tement féminin,  peut-être  signi6e-t-il  cr affranchie  ?  Je  laisse  ce  point.  Cf.  Benn- 
dorf,  p.  lAi,  n°  io3. 


UNE  ÉPITAPHE   LYCIENNE.  221 

signifier  :  r  Lui-même   établit    comme  (amende)  affectée  à  la 
mindis,  quant  au  caveau  inférieur  (s'il  est  violé),  (un)  sicle.  .  .-n^. 

Je  remarque  que  seiije,  seiyeti,  seiijene,  sene,  sé'ne,  sei,  se,  se  fait 
le  pendant  de  meiije,  meiyene,  mené,  mène,  mëti,  meti,  mei,  me'-. 

La  traduction  de  lati  par  (3ovXsrai  n'a  rien  d'inadmissible  : 
ce  verbe  est  fréquent  dans  les  épitaphes  grecques  de  Lycie  (C. 
I.  G.  Û253,  /429/1  c.  /i2i6  b.  Zi325  c.)^.  Malheureusement  il 
nest  pas  encore  permis  de  faire  des  conjectures  étymologiques, 
sans  quoi  Ton  confronterait  le  verbe  lati  au  grec  Xaco,  dorien  Xô! 
=  S-Aw.  Cf.  Xfi(7ts'^. 

Il  veut  donc,  Ddakasa,  que  seuls  encore  on  ensevelisse  dans 
ce  tombeau  de  famille  Aniipas  et  sa  femme.  Si  je  donne  à  tezi 
que  j'isole  de  "tipa  la  traduction  r tombeaux,  c'est,  moins  parce 
que  je  constate  entre  les  deux  mots  un  léger  intervalle  qui  aurait 
pu  avoir  pour  cause  l'e'tat  de  la  pierre,  que  par  la  rencontre  que 


'  Ma  Iraducllon  de  mi"ti  par  mindis  semblera  trop  naïve  à  force  de  simpli- 
cité; elle  est  pourtant  autorisée  par  l'inscription  suivante,  découverte  à  Cyaneae 
par  les  Autrichiens,  et  publiée  dans  Petersen,  n"  97  : 

Tàv  ■fâ<pov  TOVTOV  KaTzaxzviasv  toi»  te  é.v'j3  xai  tov  «axw  Yiepi:évy)vt5  |  Att- 
TidSios  éavTW  «ai  tt?  yvvaiKi  •  xai  [xr/âerî  i^éalco  ivoï^at  tvv  aopbv  oZ  v  [yvvn]  ?  | 
èaViv,  Tote  ci  /.ontoTs  tà<pois  toïs  t£  avo)  xaJ  toïs  xaTj)  -^pridoviai  T:àv\j£i\  |  ot 
avyyeveîs'  firi  è^éaloi  Se  ivoiytiv  (iriOevi  aveu  tvs  fiivêios ,  d/.Xà  auvactpa^ivérco- 
aav  ovTovs ,  ei  Se  (xt?,  xipioi  éolcoaav  xwAworTSS  xa<  ^rjfiiouvTes  avrovs. 

Je  suis  informé  de  la  découverte  d'autres  inscriptions  faisant  allusion  à  la 
mindis  et  à  des  persomiages  de  la  mindis. 

-  Dans  une  note  précédente,  sont  rappelés  les  textes  qui  inscrivent  seiye, 
avec  le  sens  probable  de  r;quiconque?5  ou  rr quelconque 75 ,  ainsi  rrle  spoliateur 
quelconque  du  tonibeaun  ou  peut-être  r^l'ensevelisseur  quelconque»  {seiye  "ta- 
totë;  seiye  ntatete;  seiye  "latade).  On  relève  seiyeli  à  Limyra  36  (Sav. ,  II, 
p.  100)  et  à  Antiphellus  3  qui  le  rend  par  tis;  seiyene  à  Limyra  12  (Sav., 
II,  p.  7.5),  à  Antiphellus  li ,  1.  5,  et  à  Myra  (Petersen,  n"  Ixd);  seiyeni,  à 
Myra  (Petersen,  n"  00);  seisene,  à  moins  que  ce  ne  soit  seiyeiip,  à  Rhodiapolis 
(Petersen,  n°  179);  sene  à  Limyra  /i3  (Sav.,  II,  p.  108),  à  Assar  (Petersen, 
n°  100), à  Kechiler  (déjà  citées)  et  sur  la  {jrande  stèle,  face  sud,  I.  2  (de  l'édi- 
tion de  Schmidt,  en  réalité  la  ligne  7);  sene  à  Rhodiapolis,  b.,  l.  5  (Savelsb. , 
II,  pi.  II;  Petersen,  n"  171)  et  Xanlhus  5  6  1.  5  (Sav.,  II,  p.  igo;  il  faut 
lire  Miv'/e  :  teri  [  :  s]e[?ie  :]  |!i/e?<');  .se  Sidek  (Benndorf,  n"  100  sepiyelë),  texte 
revisé. 

•*  (îitées  dans  la  Commentatin  de  nonnuUis,  p.  20. 

*  Schmidt  lisait  déjà  Inli ,  ce  qui  est  tout  à  fait  exact.  Savelsberg  (II,  116) 
et  Deecke  {l^yk.  StiuL,  III,  p.  985)  convertissent  le  A  très  net  do  notre  mol 
en  p  (!)  et  ne  font  qu'un  seul  mot  de  ëce  et  du  prétendu  pâli.  Cela  leur  donne 
okàpati  =  ffHausherrn  et  fikà-pate  =  éxÇ)vcyi,  cdicit  :  cette  dernière  soluliou 
n'empêche  pas  son  auteur,  Deecke,  de  traduire  okd  par  oTxos  à  sièle,  lace  sud. 
I.  l\b,  et  Limyra  lO  {Lyk.  Stud.,  IV,  p.  188),  en  se  basant  sur  la  correspon- 
dance 6  =  grec  ot  (?). 

MÉM.   L1.\C.    —  IX.  i5 


222  J.   IMBERT. 

je  fais  de  ce  mot  au  début  de  Tépitaphe  de  Cyaneae  I ,  laquelle 
porte  : 

ebë^në  :    tezi    :    mené    pr"navatë  :    Qupruja .  .  .  ^ 
=     Ce     tombeau,     il    a  construit,     Aphrodisios 

Après  avoir  rappelé  les  noms  du  fondateur  et  de  ses  parents 
et  amis  qui  recevront  dans  cette  tombe  les  honneurs  de  la  sé- 
pulture, le  scribe  accentue  le  caractère  de  propriété  privée  et 
exclusive  de  ce  monument.  La  mention  de  l'étranger  à  la  famille 
doit  se  trouver  immanquablement  dans  son  texte;  sur  cet  état 
d'esprit  les  épitaphes  grecques  nous  renseignent  admirablement: 
â'XXo)  Je  fxrjSsi']  èc.e.'îvai  êv  tôj  Tsupyia-Hoj  "zeOrivai  (xerà  to  èvra- 
(pfjvai  avirjv  [EiXévnv)  C.  I.  G.  /laoy; 

STépù)  Se  ovSsv]  riyLÔJv  è^éalai  (jvvjcûp-naoLi  C.  I.  C.  ùaAG. 
aXkos  Se  ovSs)?  êvxïjSevSïfcreTai  si  [//))]  fxôvov  oï  zspoyeypoipL- 
fxévoi  C.  I.  G.  /i3oo. 

xaï  fxrjSeh  xvpieveTco  toîj  fxvyifxeiov  Tovrov  àXXos  el  fir]  avTrj 
HOt)  Ta  TSKva  xai  ol  yaii^poï  canrjs.  C.  1.  G.  /i3o3. 

Schinidt  a  pensé  que  chi,  par  lequel  s'ouvre  un  nouveau  para- 
graphe, était  le  correspondant  de  aXkos  et  de  STspos'.  Ce  mot 
est  assez  fréquent;  un  texte  qui  le  livre,  une  fois  cbi  comme 
Myra  û,  et,  dans  la  même  ligne,  sous  la  forme  cbiyehi,  confirme 
parfaitement  la  version  du  savant  professeur;  voici  ce  passage  : 

Limyra  h. 

cbi  ticc  ti  "tepi-tadi  atlahi  tibe  cbiyehi  j  tibete  alahadi  ti,  mené  mo- 
lioi  tubeiîi  |  [ue]É?r[e]''nî  ^. 

La  fin  ne  peut  s'interpréter  qu'ainsi  :  «il  payera  au  sénat  de 
la  ville w  :  qui  il?  l'étranger  qui,  au  mépris  des  droits  de  la  pa- 
renté de  Zahama  formellement  réservés  par  ce  dernier  à  l'exclu- 


^  Je  possède  de  celle  inscription  la  copie  très  soignée  qu'en  a  prise  M.  Ark- 
wright.  Voir  Savelsb.,  II,  p.  98  et  Petersen,  n"  33.  La  localité  où  cette  crrock- 
tonib»  est  située  s'appelle  Tiissa  cl  ce  n'est  qu'à  huit  kilomètres  de  là  que  se 
trouve  îagu,  la  vraie  Cyaneae.  —  Le  mot  tezi  est  encore  inscrit  sur  la  grande 
stèle  de  Xanthus,  face  sud,  1.  20  et  face  est,  1.  lit.  Malheureusement  cette 
majestueuse  inscription  garde  jalousement  son  secret,  aidée  en  cela  par  ses 
incroyables  lacunes. 

*   Commentatio  denonnullis,  p.  ig-ao. 

^  Il  est  très  fiicheux  que  la  cinquième  ligne,  qui  ne  renferme  qu'un  mot,  soit 
en  partie  fruste;  sur  la  copie  de  Petersen ,  n°  xhli,  on  parvient  à  rétablir,  d'une 
façon  certaine  le  mot  vedre^ni  :  seulement  il  y  a  encore  un  petit  intervalle  de 
deux  lettres  avant  le  t),  et  la  forme  adjectivale  lmvedre''ni  eût  été  très  impor- 
tante à  connaître.  Schmidt  conjecturait  [/m]ve[d'»7]  (p.  19). 


UNE  ÉPITAPHB  LYCIENNE,  223 

sion  de  toute  autre  personne,  s'est  permis  de  donner  la  sépul- 
ture, "tepi-tadi,  à  des  membres  de  a  sa  propres  (famille),  atlahi, 
ou  à  des  gens  a  d'une  autres  (famille),  tibe  cbiyehi.  L'opposition 
entre  cbiyehi  et  atïahi  est  manifeste.  Pour  servir  les  intérêts 
d'autrui  au  lieu  des  siens,  on  n'en  commet  pas  moins  un  préju- 
dice à  l'égard  de  la  lignée  de  Zahama;  la  punition  atteindra 
maître  et  serviteurs.  Je  m'e'tonne  que  ce  sens  si  simple  n  ait  pas 
frappé  tout  le  monde,  Le  suffixe  hi  a  dérouté  et  Schmidt  et  Sa- 
velsberg  et  Deecke.  Maintenant  que  nous  commençons  à  attacher 
plus  d'importance  à  la  position  des  mots  dans  la  phrase  qu'à 
l'incomplète  et  timide  déclinaison  iycienne,  noUS  isolons  par  la 
pensée  la  syllabe  finale  hi,  quitte  à  rechercher  le  rôle  qu'elle 
joue.  A  Levissi,  les  mots  Purihimetehe  pr^neziyehi  sont  traduits 
HvpiixaTios  olxuoi^  uniquement  en  raison  des  deux  fondateurs 
«Daparan  et  ctPulenydaw  :  mais  supposez  que  le  seul  fDaparan 
ait  construit,  l'expression  n'aurait  pas  perdu  une  seule  lettre. 
C'est  qu'il  faut  entendre  pr^neziyehi  comme  cfétant-de  la  mai- 
son 75,  en  bon  français  et  de  la  maison  de  Purimatisw.  Le  suffixe 
hi  marque  la  possession  ^  A  Xanthus  1,  pour  dire  sa  maison 
pr^neziehbi,  Ahkkadi  inscrit  ^;r"ne2t  atlahi,  littéralement  cà  la  mai- 
son de-sa-personneii  '-.  Le  mot  athihi  tout  seul  exige  à  Limyra  h, 
qu'on  sous-entende  un  substantif,  n'importe  à  quel  nombre;  donc 
il  en  est  de  même  de  cbiyehi  ^. 

Que  peut  bien  signifier  le  mot  suivant,  ticel  II  figure  5o  fois 
dans  les  inscriptions  lyciennes,  et  une  fois  sous  les  formes  ticeiti, 
ticete,  ticeye.  Il  paraît  être  une  locution  invariable.  Ordinairement 

^  Ainsi  que  l'a  parfaitement  établi  M.  Arkwright  dans  son  article  Some 
Lycian  suffixes,  public  dans  le  n"  d'août  1891  du  Bah.  ànd  Or.  Record,  p.  t85- 
igi  :  «In  Sura ,  atlahi  occurs  agairt  in  an  imintelligible  coUtext,  but  in  Limyra  A 
the  meaning  is  clear  onougli  :  another  if  s  h  ail  bury  [anyone)  belonging-to-liim- 
$elf  or  belonging-to-aiwtlw.  Hère  it  is  almost  unaroidable  (ajoute  le  savant  an- 
glais) to  take  atlahi  and  kbiyâhi  as  possessive  adjectives  :  and  tbis  vîew  is  1 
think  proved  to  correct  in  tlie  case  of  atlahi  by  the  otcurence  of  the  dâtive 
plural  atkhà  on  tlie  Xanthian  stèle,  S.  18,  and  in  the  case  of  khiyàhi  by  the 
accusative  (plural?)  kbiyàhis,  Xanthus  4,  and  by  kbiyàhàdi,  decree  of  Pixo- 
darus.  v 

*  Voir  Tenues  de  parenté ,  p.  iôg. 

^  Deecke  a  traduit  le  passage  de  Limyra  A,  en  grec  {Lyk.  Stud.,  Il,  p.  338) 
el  en  allemand  (Lyk.  Stud.,  II,  p.  33 1);  voici  ses  traductions  :  6s  iv  tiva. 
eiaxofjitari  éavTôôv  f\  {dXXav)  tivccv .  ,  ,  «Wer  ctwa  Jemand  hineinlbun  soilte 
von  den  eigenen  pereonen  oder  irgenawelchen  (se.  andern)  oder  irgendwie  be- 
schadigen  soilte  etwas,  der...r)  Que  ditos-voiis  de  ce  génitif  pluriel  éavicov 
appliqué  à  ô's?  el  de  la  correspondance  tivûv,  6s  attribuée  à  cbiyehi  et  à 
cbi,  et  qui  n'a  aucun  fondement  que  l'assonance  (Lyk.  Stud.,  I,  i/ia;  IV, 
216)  entre  cbi  et  le  latin  aquisn?  —  Au  reste,  Schmidt  n'est  pas  plus  sage, 
avec  sa  traduction, dont  le  moindre  tort  osl  de  ne  pas  rendre  de  la  mémo  façon 
le  hi  de  atlahi  et  lo  ht  de  vbiyehi  :  i'tspos  ris  éè  èv6eis  a-hov  (!)  7)  èrépovt  r)  xai 
àvoi^as  avfà.  .  .  (p.  91). 

i5. 


22i  J.  IMBERT. 

on  le  trouve  dans  le  voisinage  immédiat  d'un  verbe,  soit  avant, 
soit  après.  Ce  verbe  est  traduit  dans  les  bilingues  par  le  condi- 
tionnel ,  exemples  : 

Antiphellus  3. 

seiyeti  edi  tice  mëtë  =  êàv  Se  ris  àStxrfcriit  r}  àyopda-rii  to  [j.vfi[xa. 

Levissi. 

seiyeti  'seriiadi  tice  Hato  ebehi  =  xoù  àv  ris  dSiKrfcni)i  to  nv^ixa. 
toîjio. 

edi,  [e]seritadi  (non  pas  escpitadi,  comme  le  veut  Deecke)^  ont  la 
même  terminaison  que  "tepi-tadi,  et  Schmidt  les  regarde  comme 
au  participe  présent.  La  conjecture  est  tout  à  fait  plausible;  que 
nos  verbes  ne  soient  pas  au  conditionnel,  en  écartant  le  mot  tice, 
c'est  démontré  parMyra  li  inscrivant  tuveti  où  Ton  eut  attendu  en 
ce  cas,  tuvedi.  Ailleurs  nous  relevons  tubidi  à  la  place  de  tubeiti 
=  il  payera,  et  ttlidi  à  la  place  de  ttleiti  =  il  comptera,  c'est-à-dire 
dans  un  membre  de  phrase  ne  comportant  aucun  doute. 

Arneae. 
mené  tubidi  trhkas  se  itlehi  tf"mHi  huvedri. 

Limyra  ^. 

mène       tubidi  hpp'^ter[us]  mohoi  se       maraziya  mi'^taha^ 

=  il  (sera)  payant au  sénat  et  aux  patrons  (?)  de  la  mindis 

Hl'"mideve    Mleyeusi    Mur^na 
Helmidavas,  Mlaausis,  Mornas. 


'  Lyk.  Slud..  I,  p.  lis,  au  mot  àsàdàplôme;  111,  p.  265,  S  2,  266,  267, 
268  {àsàpe  comparé  à  ntàpe),  970,  271,  a85;  IV,  p.  ao6,  207,  2i5  :  mais, 
pour  être  répétée  souvent,  une  inexactitude  n'acquiert  pas  plus  do  valeur. 

'  «Rock-tombn  de  la  nécropole  ouest;  Petersen,  n°  i55.  J'ai  déjà  rappelé  en 
note  1,  p.  200 ,  que  les  mêmes  personnages  (des  divinités  peut-être)  sont  mention- 
nés dans  une  inscription  grecque  depuis  longtemps  connue  (G.  I.  G. ,  n°  A3i5  b, 
Petersen,  n"  ia6). 

'  Mi'taha,  c'est  mi''li  au  datif  pluriel  garanti  par  la  mention  des  trois  pro- 
tecteurs; le  suffixe  hi  à  sens  possessif  a  échangé  sa  voyelle  contre  celle  du  datif 
pluriel  a  de  mt"tfl  (Cadyanda,  ligne  h  tasa  mi"ta  =  tesi  mi''ti,  Xantbus  3  et 
autres).  Voir  aussi  Limyra  20,  ligne  3  :  mené  itlehi  tubeiti  tr"^mili  huvedri  se 
maraziya  mi^taha  et  Assai-,  dans  Petersen,  n°  100  mène  tubidi  Ma  ebe  se  maliya 
se  tasa  mï'tdha.  Sur  la  stèle,  on  lit  maraza,  Nord  A,  et  maroz,  Ouest  63. 


UNE  ÉPITAPHE   LYCIENNE.  225 

Limyra  i3  ^. 
me  Ulidi  cbi^lotas  o'"moma[s\  kîebi  cert .  .  . 
se  ttlidi  trzzubi  o'"moma  cbis^tota  uva. 

Myra  -. 
mène  trkas  tubidi  se  miihoi  hiivedri. 

En  procédant  par  élimination,  nous  n'avons  plus  qu'un  mot 
à  expliquer  dans  la  phrase  de  Levissi  seiyeti  [e]seritadi  tice  "Mo 
ebehi,  le  mot  tice  :  rendu  par  âv  [àSixri)a"iii^  il  marque  l'éven- 
tualité redoutée  ^. 

Le  miracle,  c'est  de  le  rencontrer  dans  un  paragraphe  on 
Ddakasa  énonce  une  prohibition  nette,  précise  :  trQue  nul 
étranger  ne  soit  enseveli  icil^^  On  se  demande  la  raison  de  la 
présence  de  la  conjonction  conditionnelle.  Y  a-t-il  lieu  d'hésiter? 

Après  avoir  longtemps  réiléchi  à  ce  curieux  problème,  je  crois 
l'avoir  résolu  :  en  effet  tice  n'accompagne  pas  le  verbe  "tepitotu, 
ni  le  verbe  tuvetu.  Il  se  rapporte  à  l'ensemble  du  paragraphe, 
c'est-à-dire  non  à  Yacte  même  de  rendre  les  honneurs  funèbres 
à  un  défunt,  mais  au  mode  d'ensevelissement.  L'étranger  pourrait, 
s'il  est  Lycien,  déposer  le  corps  sur  la  banquette;  s'il  est  Grec, 
apporter  l'urne  renfermant  les  cendres  chères,  et  prétendre  par 
cette  installation  ne  causer  nul  dommage,  puisqu'il  ne  touche 
ni  aux  inscriptions  ni  à  la  disposition  des  lieux.  Qu'il  sache 
bien,  cet  intrus,  que  son  entrée  dans  cette  chambre  est  un  crime 
d'impiété  aussi  condamnable  que  la  dépossession  brutale.  En  un 
mot,  Ddakasa  défend  toute  sépulture  d'étranger,  sons  quelque 
forme  quelle  se  produise ,  et  l'ignorance  où  il  est  du  mode  de  pro- 
fanation, si  celle-ci  s'accomplissait  un  jour,  nécessite  l'emploi  de 
la  particule  tice.  Je  traduis  : 

cbi  tice  mei  nipe  "tepi-totu         tibei      nipe 

=  Un  autre  d'aventure      il     pas      soit  enseveli,      ou       pas 

hl'^mi  tuvetu  ^ 

(son)  urne  soit  consacrée! 

'  Dans  la  même  nécropole  (Savelsb.,  II,  p.  78,  Petersen,  n"  i5i,  revisée 
par  Arkwright),  ligne  1,  il  n'y  a  pas  lieu  d'admettre  la  zzimaza  (fille)  de 
Sciimidf ,  ni  la  Zénobie  de  Deecko,  mais  les  mots  >iié'ti  pr^navatë  Erzesinube 
cumaza  rzzi\voti.  .  .  Le  nom  propre  Zénobie  n'était,  d'ailleurs,  pas  inventé  à 
cette  époque. 

*  Petersen,  n"  63  :  c'est  l'épitaphe  d'Upazi  fils  de  Muvoqa,  que  j'ai  re- 
produite entièrement  dans  une  précédente  note. 

'  Savelsberg  (I,  87  ;  II,  1  G)  et  Deecke  {Lyk.  Slud. ,  II,  33 1)  prennent  tice 
comme  la  correspondante  de  dv  et  la  traduisent  par  «etwa». 

*  Le  mot  Jiipe  que  Schmidt  traduit  par  la  né{;alion,  se  lit  uniquement  sur 


226  i.  IMBERT. 

Puis  les  derniers  mots  sopt  repris  au  paragraphe  qui  suit  : 

hl"'mi    mei       tuveti  tice 

=  L'urne ,  qui  consacrera  d'aventure 


A  Antipheilus  Zi ,  il  y  a  une  répétition  de  mots  qui  rappelle 
celle-ci  :  Idomaxas  fixe  le  chiffre  des  sommes  à  payer  à  la  mindis, 
savoir,  pour  la  violation  de  la  division  inférieure  de  sa  tombe  un 
sicle,  et  pour  violation  de  la  partie  supe'rieure  un  double  sicle. 

^e  hrzzi  tup'"me      siqla 

=  et  pour  la  supérieure  [construction]  un  double  sicle. 

Et  pourquoi  un  double  sicle?  Il  va  au  devant  de  la  demande, 
en  reprenant  les  mots  hrzzi  pr^navi  :  c'est  que  dans  cette  partie 
de  la  tombe,  Idomaxas  et  sa  femme  doivent  reposer  un  jour.  Nous 
ajouterions  au  texte,  mais  non  à  la  pensée  du  scribe,  en  tradui- 
sant !  «et  pour  la  violation  de  la  partie  supérieure  un  double  sicle, 
[car]  dans  cette  partie  supérieure  on  ensevelira  Idomaxas  et  sa 
femme n;  sans  cela  la  phrase,  mei  "tepi-toti  idomaqzzo  se  ladu,  eût- 
elle  été  inscrite  si  tard  ^  ? 

A  Myra  h ,  la  pensée  de  Ddakasa  se  porte  spécialement  sur 
l'acte  d'introduire  une  urne  avec  les  rites  prescrits  qui  la  met- 
tront sous  la  garde  des  dieux  : 

tf L'urne  [dont  il  vient  d'être  question],  quiconque  la  consa- 
crera d'aventure ,  ou  l'ensevelisseur  d'aventure,  celui-là  payera ...» 
Cette  fois  tice  est  répété  après  chaque  verbe;  en  revanche  "tepi- 


Myra  li  et  sur  l'épitaphe  publiée  dans  Petersen,  n"  li3 ,  et  transcrite  dans  une 

frécédente  note.  A  Limyra  i/i  (=  Sav.,  II,  86  et  Petersen,  n°  ii2),il  y  a 
3  sele  nepe  alahadi  lice.  A  Limyra  36,  recopiée  par  M.  Arkwright,  on  lit 
1.  4  se  niyepi  zalatu.  Probablement  wîpe,  nepe ,  niyepi  sont  le  même  mot.  Savels- 
berg  (II,  p.  11 8)  fait  de  nipe  une  préposition  =  tryorber»  —  et  la  réunit  â 
"tepitotu  =  'ispoyeypayméva.  Deecke  ne  s'aperçoit  pas  que  nipe  est  répétée 
après  tihei;  aussi  prend-il  màenepà  pour  un  seul  mot,  qui  serait  une  variante  de 
mànà  {Lyh.  Stud.,  III,  p.  269). 

'  La  première  fois  le  mot  j9r"nflt'î  étant  omis,  Schmidt,  au  lieu  de  reconnaîfie 
rdlipsc,  chercbe  dans  le  groupe  do  lettres  qui  suit,  un  mot  qui  se  rapprocbe  de 
qupa,  et  il  oppose  à  éïri  qiipn  les  mots  hrzzi  tiip'",  en  lisant  topg,  le  dernier  vo- 
cable (Comment,  de  nonmdlia  inacrip.  Lyciis,  p.  92).  Savelsberg  a  eu  le  mérite 
de  maintenir  le  mot  tup"'me  qui  a  la  même  pbysiouomie  que  map"^me  de  Rho- 
diapolis  h,  9.  Cela  fait,  il  s'est  souvenu  que  wtt  en  arménien  signifie  seins»; 
il  lui  a  semblé  convenable  d'interpréter  mup'"me  par  «einfachr  et  tup'^me  par 
Sfzweifachn  (II,  i56-i57).  M.  Deecke  a  ratifié  ces  conclusions  (Lyk.  Stud., 
IV,  p.  210).  J'accepte  seulement  la  traduction  par  «double»,  à  cause  du  sens 
général. 


UNE  ÉPITAPHE   LYCIENNE.  227 

tadi  est  traité  comme  un  substantif,  et  mei  nest  plus  exprimé. 

Qu'on  ne  m'objecte  pas  que  l'incinération  n'étant  pas  prati- 
quée en  Lycie,  il  n'est  guère  vraisemblable  que  Ddakasa  ait 
pensé  à  une  urne  !  Ce  serait  argumenter  sur  un  fait  contestable. 
Que  certains  Lyciens  aient  réellement  fait  usage  de  la  crémation, 
on  ne  saurait  le  nier  en  présence  de  l'exiguïté  de  quelques 
tombes  incapables  de  renfermer  même  un  seul  corps.  A  Kechiler 
une  tombe,  d'après  son  épitaphe  lycienne,  est  affectée  à  plusieurs 
sœurs  et  à  trois  neveux  de  Triendasis  :  on  attendrait  donc  plu- 
sieurs banquettes,  il  n'y  en  a  qu'une  !  Le  même  Triendasis  s'est 
fait  construire  tout  à  côté  une  cbambre  où  il  doit  reposer  avec  sa 
femme  et  ses  fils  :  deux  banquettes  !  Cette  circonstance  a  frappé 
Arkwright,  qui,  dans  son  journal  encore  inédit,  la  commente  en 
ces  termes  :  cran  additional  proof  that  thèse  couches  are  only 
intended  for  the  ashes  of  tlie  dead  in  urns,  not  for  bodies  :  some 
tombs  could  not  contain  even  one  body.^ 

Du  reste,  le  mot  hl"'mi  est  très  rare  :  on  ne  le  lit  que  sur 
notre  monument,  sur  une  autre  tombe  de  Myra  appartenant  à 
Upazi  fils  de  Muvoqa ,  et  sur  la  stèle  du  Tloïte  Icuveti  fils  d'Ipre- 
sida.  L'inscription  d'Upazi  a  le  même  contexte  que  celle  de  Dda- 
kasa ;  la  Tloïte  donne  le  mot  dans  des  passages  presque  illisibles  ^  : 
nous  ne  pouvons  donc  émettre  qu'une  conjecture. 

J'ai  été  amené  par  la  mention  de  tuvetë  avec  le  sens  de 
t:  dédier,  consacrera  qu'il  a  sur  les  ex-voto  de  Tlos,  à  abandonner 
les  traductions  de  Schmidt  êyypd-i^t],  syypd-^oi.s'^  :  la  remarque 
d' Arkwright  a  brisé  le  dernier  lien  qui  me  retenait  à  ces  traduc- 
tions. On  ne  consacre  pas  plus  des  noms  qu'une  tombe,  mais 
on  peut  avoir  mis  sous  la  garde  des  dieux,  moyennant  certains 
rites,  des  urnes  contenant  des  cendres  chères  :  hl"'mi  signifiant 
ffurnew  se  révélait  tout  naturellement,  sans  qu'il  fût  nécessaire 
d'évoquer  le  grec  oXfxos,  toute  induction  par  l'assonance  devant 
être  tenue  pour  suspecte  ^.  Si  les  deux  mots  sont  fondamentale- 

'  Cette  inscription  est  inédite,  —  Il  ne  serait  pas  impossible  que,  de  même 
que  nous  avons  les  formes  alla  et  atru  (=  personne),  le  mot  hi"7ni  ait  eu  pour 
variante  hr"'mo  (Rhodiapolis,  b,  1.  8;  Sura,  I.  4  et  5);  ce  mot  est  dans  un 
contexte  peu  inlelliijibie.  Savelsberg  a  siiygéré  ce  rapprochement  (II,  p.  119) 
en  l'agrémentant  d'hypothèses  vraiment  étourdissantes. 

^  Il  faut  tenir  pour  non  avenue  ma  traduction  trop  peu  étudiée,  que  je  livrais 
p.  i56,  note  3,  de  mes  Termes  de  parenté. 

•*  Je  soupçonne  que  la  Irafluclion  de  hi"mi  par  ovàfiata  chez  Schmidt  pro- 
vient de  la  transcription  lilâini  qui  aura  paru  identique  au  mot  grec,  vu  l'éfjua- 
tion  /  =  grec  v  :  cf.  Ecafanda  —  hKitTàfivas ;  Cuprlli  =  Cuprini ,  texte  n)ilyen  de 
la  stèle.  Ouest  iG,  et  Kvêepvts  dans  Hérodote,  VII,  98  :  .  ,  .««<  AvHtoe  KvSep- 
vis  KoaaiKa.  .  .).  Voir  Babelon,  Perses  Acliéinénides ,  p.  xcin;  mais  je  n'admets 
plus  (|ue  Koaaixa  (il  faut  ainsi  lire  =  Qeztifah)  désigne  une  fonnne;  on  aurait 
eu  en  ce  cas  le  génitif  féminin  KocFalHas;  de  plus,  tous  les  personnages  men- 
tionnés à  Sud,  1.  25-a6,  sont  des  hommes. 


228  J.  IMBERT, 

ment  le  même  terme,  c'est  ce  que  j'ignore  et  ce  qui  ne  me  tour- 
mente nullement. 

Lignes  5  et  6  :  le  dernier  paragraphe,  après  avoir  décrit  l'acte 
sacrilège,  le  frappe  en  ces  termes  :  mené  itlehi  tiibeiti  tr'^mili  hu- 
vedri  se  trkkas  se  nwhoi  huvedri. 

Schmidt  attribue  mené  au  premier  membre  de  phrase  et  lui 
assigne  la  traduction  êvTavda,  que  j'ai  réfutée^  :  illehi,  trkkas, 
mohoi  sont  inexpliqués;  le  seul  huvedri  répété  deux  fois,  d'abord 
après  l'ethnique   Tr'"mili^  il  s'aventure  à  le  rendre  par  xoivcp. 

Le  verbe  est  tuheiti  et  il  doit,  ainsi  que  je  l'ai  dit,  signifier 
ff  payer  l'amende w  :  les  mots  itlehi  tr"'mHi  huvedri,  -|-  trkkas -\- 
mohoi  huvedri  sont  des  datifs.  Une  première  question  (tranchée 
par  Schmidt),  c'est  de  savoir  si  itlehi  et  mohoi  sont  les  substan- 
tifs, ou  si  c'est  huvedri? 

Lorsque  le  verbe  vient  séparer  de  ses  attributs  le  substantif  au 
régime  indirect,  la  règle  veut  que  ce  soit  le  substantif  qui  pré- 
cède le  verbe.  Voici,  par  exemple,  le  sort  réservé  au  violateur  de 
la  tombe  de  Medemudi  : 

met'  é'ni         kanuveti  j  klahi  \     ebiyehi"^ 

=  il    au  seigneur  payera  du  peuple  celui-ci 

Mais  ordinairement  é'ni  et  ses  attributs  sont  ensemble,  après 
le  verbe  : 


'  Savelsberg  et  Deecke  sont  ici  d'accord  avec  moi,  ils  traduisent  par  «dern. 
Aussi  Schmidt,  dans  le  compte  rendu  du  i"'  volume  de  Savelsberg  {Jenâer  Lit- 
tm-aturzediing  du  lo  octobre  187^,  p.  Gi^i-Giô),  publie-l-il,  d'après  l'autour, 
le  mot-à-mot  grec  d'Antiphellus  3,  soit  la  fin  :  outoî  àvvp  (=  mené)  ê^ehXvs 
d-noXono  (=  kasttii)  aùv  (=  eni)  téxvois  [klahi)  aJroù  «ai  ÇiXoTs  èyyôvois. 

^  Liniyra  19,  dans  Savelsberg  II,  p.  75.  Cette  «rock-tombr,  est  dans  la 
nécropole  ouest:  au-dessus  de  i'inscripllon,  dont  les  lettres  sont  allernativeinent 
bleues  et  rouges,  est  un  bas-relief.  L'inscription  a  cinq  lignes  d'une  longueur 
inégale,  et  les  deux  dernières,  très  complètes  pourtant,  ne  renferment,  la  qua- 
trième que  le  mot  klahi,  la  suivante  que  le  mot  eliy\e}d\  Le  recueil  de  Schmidt 
porte  detèni;  la  tentation  d'en  faire  Leteni  qui  serait  le  nom  de  Latone,  était 
trop  forte,  et  Savelsberg  n'y  sut  pas  résister  (II,  p.  77)  :  même  parti  chez 
Deecke,  assez  imprudent  pour  ne  pas  citer  son  devancier  {Lyk.  StuiL,  IV, 
p.  998,  n°  54).  Le  premier  traduit  :  tr .  .  .so  schlàgt  Latona  sein  Gescbiecht»; 
le  second  :  «.  .  .Latona  nimmt  weg  nachkommenschafl  seine.»  M.  Arkwriglit, 
qui  s'était  donné  la  tâche  de  reviser  sur  place  les  inscriptions,  et  qui  était  in- 
différent par  rôle  à  toute  théorie,  a  consiaté  l'existence,  non  de  detëni,  ni  de 
leté'ni,  mais  de  meté'ni,  avec  un  m  ccfairly  certain»;  du  resie,  il  ne  s'expliquait 
pas  un  pareil  mot,  se  contentant  d'en  attester  la  gravui'e.  Probablement  une 
crase  a  éliminé  Vi  de  meti  devant  e  de  èni.  A  Antiphellus  3 ,  le  scribe  allait 
écrire  kastti,  mais  plutôt  que  de  mettre  kastli  èni  ou  kastl'  é'ni,  il  a  préféré  se 
servir  du  passif  fca.s<tM. 


UNE  ÉPITAPHE  LYCIENNE.  229 

Antiphellus  3. 

mené     kasttu  ëni  klahi         ebiyehi 

=    il    sera  payé  (de  ses  biens)  au  seigneur  du  peuple  celui-ci 

se     vedri  vek'tezi 

et  à  la  ville  d'Antiphellus  ^ 

Limyra  5. 

me      ttleiti     puva  aitota  a"'moma  kebeliya  ëni  klahi 

=  il  comptera      ?        ?  ?  ?       au  seigneur  du  peuple 

ebiyehi       p"tre"ni 
celui-ci  Pandare'en  (?)'-. 

Myra. 

me  ttiti  ahazat'  adin   ëni  klahi  ebiyehi  p"tre"nehi  ^. 

De  même,  notre  itlehi  est  réuni  aux  autres  mots  dans  les  textes 
suivants  : 

Rhodiapolis  '  : 

mené    kastti        maliya  vedrë^ni    se  itlehi   tf"mili  huvedri 

=    il    payera  aux  anciens?  de  la  ville  et    à?    Lycien       ? 


'  Voir  sur  vedri  VeJi''tezi,  mes  Tenues  de  parenlé,  p.  ^166-467  :  Vah"  tezé 
est  le  même  mot  que  VehJ'tezi,  et  comme  lui  ii  est  réuni  au  nom  du  dynasto 
Qei-iga  sur  le  slatère  (inédit,  je  crois)  qui  donne  le  portrait  du  satrape,  assez 
semblable  à  Ddenevele  et  à  Artembarès. 

*  tf  Limyra  5n  est  sur  une  rock-tomb  de  la  nécropole  orientale.  Schmidt  l'a 
publiée  deux  fois,  pi.  1  et  pi.  V  (comme  Antiphellus  5).  Voir  Savelsberg,  II, 
p.  26  et  Petersen,  n"  i3o.  Deecke  rend  p"tre''ni  par  trdem  schatzmeistern 
{Lyk.  Slud.,  IV,  p.  311-212)  :  «In  pntrànne,  hergestellt  nach  Lim.  5,  3;  11, 
6,  erkenne  ich  den  dat.  sg.  eines  ml.  substantivs,  abgeleitet  durch-7i/(e  von 
einem  nom.  ag.  *pn-tr — ,  das  wohl  zur  wurzel  lat.  pen-d —  nanhàngen,  abwii- 
gen,  zahlenu  gehort,  so  dass  es  doin  gr.  Tafiias  entsprochon  konnte,  s.  in  lyk. 
griecb.  Tafx(£('a)(Hirscbfcld  ,  p.  100  fl'.)»  —  Deecke,  Lî/fe.  i'fwrf.,  IV,  p.  3ii,n"2i. 
Mais  depuis  que  je  connais  les  formes  Tlo''na  et  PiUe''m  de  l'ex  voto  bilingue, 
je  soupçonne  ici  un  nom  ethnique  ;  toutefois  je  n'ai  aucune  garantie.  L'inter- 
prétation de  Deecke  est  inadmissible,  si  j'ai  raison  de  traduire  par  «au  seigneur 
de  ce  peuple'',  car  on  ne  supposera  pas  ([uc  c'est  lui  qui  tient  la  caisse. 

^  Petersen,  n°  lih.  Voilà,  non  plus  à  Limyra,  mais  à  Myra,  notre  mot 
I''tre''ni  devenu,  grâce  à  l'attraction  des  désinences  des  mots  précédents, 
F'lre"neln,  ce  qui  n'en  dénaturait  pas  le  sons.  Le  héros  Pandaros  était  fort  vé- 
néré en  Lycie,  on  montrait  son  tombeau  à  Pinara;  son  nom  a  pu  être  celui 
de  tribus  lyciennes.  —  Le  mot  adin'  est  peut-être  pour  adini;  en  tous  cas,  néiii 
signifiant  «sœur 75  est  sans  objet  ici. 

*  Petersen,  n"  172.  (Tombeau  de  Xanthias,  Qssè^ziya). 


230  J.   IMBKRT, 

Arneae. 
«nem         tubidi        trkkas  se  itlehi  tr'"mili  huvedri 
==  il    (sera)  payant  à    ?    et  à  ?    I^ycien      ? 

Antiphellus  ti. 

mené  tubeiti  mohoi  huvedri  se  itlehi  tr^mili 
=  ii     payera  à  ?  ?       et  à   ?   Lycien.  (Pas  de  mot  hmedri 

après  Tr"'mili.) 

A  Limyra  /i3  \  itlehi  précède  le  verbe  ko''ti,  mais  après  le 
verbe  il  n'y  a  plus  que  tr"'mili.  Le  texte  e'tant  complet,  on  voit 
que  huvedri  n'est  pas  un  mot  essentiel;  le  substantif  est  certaine- 
ment itlehi  ou  mohoi. 

Pour  mohoi,  je  suis  tente  de  le  traduire  par  ffSe'natw;  nous 
avons  de  ce  mot  les  formes  mahinaza  et  tnahanahi. 

Limyra  61-. 

q"tlapone      pf  navale,      periclehe     mahinaza       ep^tihazah 
=  Kindalpones  a  construit,  de  Périclès  sénateur,  d'Apendibasos 

tidexmi 
fils. 

Limyra  hi. 

ëni  mahanahi 

=  au  seigneur  qui  est  du  Sénat. 

Tlos  1  '. 
hriqttbili       mahanahi      uvehi 
=  Riqttbili  de  sénatoriale  race, 

Une  chose  curieuse,  c'est  que  le  nom  national  des  Lyciens, 
qui  n'accompagne  jamais  le  solitaire  trkkas,  ne  se  trouve  pas  non 
plus  une  seule  fois  à  la  suite  de  mohoi. 

Deecke  a,  comme  je  le  fais,  vu  le  substantif  au  régime  in- 
direct dans  le  mot  itlehi  qu'il  transcrit  etlahe;  puis,  dupe  de 
cette  transcription,  il  traduit  ce  mot  par  êdvsi,  se  rappelant  que 

'  Sur  une  rock-tomb  de  la  nécropole  ouest.  Voir  Savelsberg,  II,  p.  io5  et 

Petersen,  n°  i5(i, 

^  Sur  une  rock-tomb  de  la  nécropole  orientale.  Voir  Savelsberg.  II,  p.  ici, 
'  Non  loin  de  la  célèbre  tombe  dite  de  Bellérophon  :  Schniidt,  pi.  V.  Voir 

mes  Tei-mes  de  parenté,  T^.  47a. 


UNE  ÉPITAPHE   LYCIENNE.  231 

parfois  /  et  n  s'échangent  ^  J'aime  mieux  interpre'ter  ce  mol  par 
ToifieÎM  :  le  radical  de  itkhi  paraît  être  itU,  il-  et  se  trouver  dans 
le  verbe  itleiti,  ttlidi.  Deecke  lui-même  a  fait  un  rapprochement 
entre  ce  radical  et  la  racine  de  TÀaw,  téXa.wa  impliquant  Tide'e  de 
•peser,  puis  compter'^.  On  comprendrait  alors  quon  ait  constam- 
ment joint  à  itlehi  de'signant  une  grande  administration  charge'e 
d'encaisser  le  montant  des  amendes,  l'ethnique  Tr"'mili:  l'expres- 
sion itlehi  Tr"'mili,  =  au  Trésor  lycien,  était  complète;  on  pou- 
vait y  ajouter  ou  non  le  mot  huvedri. 

D'autre  part,  on  ne  disait  pas  «au  Sénatn  tout  simplement;  il 
fallait  ce  mot  huvedri.  J'ai  cru  autrefois  que  huvedri  signifiait 
fftrès  sainte;  une  telle  épithète  ne  fut  donnée  à  un  pouvoir 
politique  qu'à  l'époque  romaine,  c'est  une  importation  d'Italie. 
Renonçons-y. 

Donc  itlehi  tr"'mili  est  analogue  à  mohoi  huvedri  :  quel  sens 
se  cache  sous  ce  dernier  mot?  vedri  signifie  r ville w-'  :  peut- 
être  huvedri  a-t-il  même  origine  et  désigne- 1- il  un  groupe  de 
villes?  une  svmpolitie  ?  une  confédération?  la  confédération  ly- 
cienne?  Si  oui,  la  singulière  expression  mohoi  huvedri  équivalant 
à  mohoi  tr^mili  s'explique.  Je  me  risque  à  refaire  la  version  de 
Schmidt,  où-ïos  tô»  Tafieioj  bCpeikticrei  rfjs  Avxicov  cxvfJiTroXneias 
xa)  T&i  Tap^w  xa)  rf}  yspova-iot  irjç  avfXTToXneias. 

'  La  première  apparition  de  ptlàhe  est  à  ia  suite 'de  la  mention  mentdhe 
{Lyk.  Stud.,  II.  p.  3.39,  ?  9,  infne)  :  (fetlàhe  ist  dat.  s{j.  vom  gleichlautenden 
nominativ,  vielleicbi  verwandt  mit  gr.  ëdvos.  .  .  r>.  Quelques  lignes  après,  Deecke 
donne  comme  correctif  à  sa  théorie  que  -hi  est  la  désinence  du  génitil' pluriel ,  pré- 
cisément notre  mot  :  «Dass  nicht  aile  formen  a\xï  -âhe  gen.  pi.  sind,  zeigt  das 
eben  erwàlinte  etlàhe  =  édvei-n.  Dans  sa  troisième  étude,  il  interprète  encore 
ellàhe  par  ëBvos  et  assigne  aux  mots  mûhùe  et  hovddre  les  correspondances 
jSouAri  et  eCyeviôs  (p.  278)  :  il  fait  état  des  mentions  17  f'Ov>ri  xaî  à  Sfiiios 
xairj  yspovalrt  C.  I.  G.  n°  i3l5  n,ri  xpaiialv  ^ovXri  C.  I.  G.  iaSS. 

*  crDer  stamm  (lia-  =  tAô-  geht  zurûck  auf  tel-  =  griech.  teA-,  schwach 
tA-,  TttA-  trheben,  wagen ,  zahlen-,  s.  TeAeTr,  râXaviov  •=  lat.  tel-  (voraus 
-gesetzt  durch  tettdi,  tollo  u.  s.  \v).  Lyk.  Stvd.,  II,  p.  826;  IV,  p.  219.  Au 
début,  ou  entre  une  consonne  elune  voyelle,  ou  entre  deux  voyelles,  la  dentale 
t  peut  être  redoublée,  mais  pas  entre  une  voyfile  et  une  consonne  :  ainsi 
s'explique  l'apparente  différence  des  mots  itlehi  (substantif  au  datif)  et  tlleiti, 
ttlidi  (veibe). 

'  Le  passage  le  plus  probant  en  faveur  de  celle  interprétation  est,  stèle,  face 
Est,  3o  Ar"7ia  :  Finale:  Tlava  :  vcdre.  D'autre  part,  Velt"tez>,  quelle  que  soit 
l'origine  de  ce  nom,  désignant  une  cité  sur  les  monnaies  de  Qeriga  au  nom 
duquel  sa  mention  est  ajoutée  comme  celle  d'^r";(a/.e  =  de  Xanthus,  quand 
sur  le  tombeau  d'Iktas  J'Antiphellile  nous  rencontrons  et  le  mot  vedri  (au  datif 
d'après  le  contexte)  et  l'ethnique  Velt"tezi,  comment  éviter  de  traduire  rret  îi  la 
ville  d'Antiphellusrt  ?  Même  si  j'ai  tort  d'adopter  l'identification  de  Six  et  de 
Deecke  (Hill,  The  Co'mage  of  Lycia,  Nitm.  Chron.,  1890,  p.  19),  le  sens  de 
ville  pour  vedri  n'en  reste  pas  moins  debout.  C'est  là  l'essentiel.  Nous  devions 
trouver  de  ce  terme  une  forme  adjectivale;  les  monuments  nous  donnent  l'e- 
dre'ni  et  vcdre"nebi.  (Voir  Arkwright,  So)ne  Lycian  suffixes,  dans  le  Bah.  and 
Or.  Rec,  août  1891,  p.  186-187.) 


232  J.   IMBERT. 

Le  second  datif  serait  le  nom  d'un  dieu,  le  dieu  Trkkas  ou 
Tarchos  :  Arneae  le  mentionne  avant  àlehi;  à  Tlos,  ce  nom 
se  trouve  dans  la  petite  phrase  punomadi  inëne  Trhkas;  sur  le 
tombeau  d'Upazi,  Trkas  est  cité  non  seulement  le  premier,  mais 
encore  avant  le  verbe  que  suit  le  second  re'gime  indirect  se  mu- 
hoi  hîwedri.  Le  nom  est  invariable,  jamais  suivi  d'une  e'pitliète; 
c'est  bien  là  une  divinité'  protectrice  des  se'pultures^ 

Quant  à  huvedri,  de  ce  qu'une  inscription  renferme  ce  mot,  il 
ne  faut  pas  en  conclure  qu'elle  soit  postérieure  à  l'époque  des 
dynastes  lyciens  et  la  rapporter  au  temps  où  florissait,  sous  la 
protection  de  Rome,  la  confédération  décrite  par  Strabon;  on 
recevrait  un  cruel  démenti  des  monuments  :  en  effet,  Arneae  qui 
se  termine,  ainsi  que  je  l'ai  rappelé,  par  les  mots  itlehi  tr^mili 
huvedri,  renferme  un  lambeau  de  phrase  assez  déconcertant  au 
point  de  vue  où  nous  nous  plaçons  : 

Lignes  5-6  :  ënë péri ^q^tavala. 

Très  probablement  à  compléter  ënë  Peri[clehe]  q^tavata  =  le 
maître  (est)  hyparque  de  Périclès. 

Je  m'arrête  à  ce  renseignement,  la  question  relevant  unique- 
ment de  l'histoire,  et  celle-ci  nous  étant  encore  si  mal  connue  ! 

J.  Imbert. 


'  Voici  la  réponse  de  M.  Diamandaras  que  j'avais  consulté  à  ce  sujet  :  Uplv  r) 

éfxws  èniÇiépa)  TauT)?»»  {Xé^iv)  fii^  f^e  HOLKiarj^s,  -srapaxatAô),  Siôji  ei  ÉAXni'  SXa 
^à  jSAÉTrii)  éAATjwxa  !  kXXus  ie  Se  xai  'tiJ.eTs  aXXoTS  fioi  èypi-\ia-vs  oti  v  ispoxst- 
Hévv  Xé^ts  zTtdavov  va  ê-/£i  Tira  cr^éaiv  -crpés  tiiv  éXXrjviKvv  Xé^iv  Tapjj^e/a. 
Tapi^eïov  ar)y.alvei  tov  làiiov  évda  (pvXaTlovTai  Tct  TeTapt^ev[téva  awfxara, 
r?  év6a  Q-âi:1ovTat  oi  vexpol,  vsxpoTa<PeTov.  Tap;^u«  XéyeTOLi  iSiws  èiti  èv- 
raÇt<x(7(iov  xal  xv^eias,  onp-ctivei  Sî)Xa  ^rf,  èvTaÇxà^ù) ,  x-nSsvco,  Q-d-nT  cû. 
Sippa  £  ■tapyyaùiCTi  xdpv  xoyLouvTSS  K-)(jiioi, 
ari(ii  té  oî  •^svaaiv  èiti  'zsXaTeï  hX^nairôvrci). 

iA.,  H,  85. 

eîs  â  xe  Sii  Xvxîrjs  evpeirjs  Sfjftov  l'xcovTai , 
ëvda  c  lapyiaovai  xaalyvtjtot  re  é-rat  re 
TV(i€œ  TE  <T7rfArjTe"  to  yâp  yépas  èaVt  Q-avovrav, 

lA.,  n,  455. 

Éx  TovTou   'usctpdystai  ri  As'Ijs  tâpy^os ,  Tap;^ea  =  XTjJei'a,   xai  tsap"  Hdt/p^/çt) 
7rip^avov  =  ssévdos ,  xrjSos,  iiiferiae,  exsequme. 


VEDICA. 

(2°  SÉRIE.) 

5.  R.  V.  I.  191. 

L'hymne  bizarre  qui  clôt  le  livre  I"  du  Rig-Véda  est  dans  ce 
recueil  un  morceau  unique  :  non  que  les  formules  magiques  et 
les  incantations  populaires  lui  soient  entièrement  e'trangères  ; 
mais  elles  affectent  en  général  une  forme  plus  releve'e  et  ne 
s'abaissent  nulle  part  à  un  objet  aussi  infime  que  la  destruction 
de  la  vermine.  L'Atharva-Véda,  au  contraire,  plus  rapproché  par 
ses  origines  des  humbles  nécessités  de  la  vie  quotidienne,  nous  a 
conservé  un  bon  nombre  de  conjurations  contre  les  insectes  nui- 
sibles, et  peut-être  sa  phraséologie  accoutumée  éclairera-t-elle 
celle  de  notre  hymne,  d'autant  plus  obscure  que  le  texte  mal 
compris  et  sans  usage  a  dû  subir  de  fortes  corruptions.  Mais, 
avant  de  passer  à  l'analyse  du  détail,  il  ne  paraîtra  point  déplacé 
de  résumer  en  quelques  idées  claires  l'ensemble  des  données 
confuses  dont  pouvait  se  composer  la  «science  17  des  conjura- 
teurs  védiques  au  sujet  des  organismes  inférieurs  et  de  leur  rela- 
tion avec  le  reste  de  l'univers.  On  y  reconnaîtra,  à  y  regarder 
de  près,  quatre  thèmes  de  folk-lore,  qui  presque  partout  s'entre- 
croisent et  se  confondent. 

A  (mythique)  :  «le  soleil  et  les  êtres  invisibles w.  Les  invi- 
sibles, ce  sont  à  l'origine  les  ténèbres  de  la  nuit  :  personnifiés, 
ce  sont  des  démons  qui  rendent  tout  invisible  et  le  sont  eux- 
mêmes.  Quand  le  soleil  apparaît,  son  action  sur  eux  peut  être 
envisagée  sous  deux  aspects  :  ou  bien  il  les  éclaire  de  ses  rayons, 
les  rend  visibles,  et  alors  ceux-ci  épouvantés  s'enfuient,  regagnent 
leurs  trous,  se  terrent  jus(|u'au  soir;  ou  bien  il  les  perce  de  ses 
flèches,  les  brûle  de  ses  feux,  les  anéantit  jusqu'au  dernier.  (î'est 
pourquoi  on  prie  le  Dieu  lumineux,  —  essentiellement  Agni  sou- 
vent associé  à  Indra,  —  tantôt  de  «  manifesterai  le  démon,  le  sor- 
cier, le  conjurateur  ini[)ie',  —  car  c'est  déjà  avoir  barre  sur  lui 

'  Cl'.  A.  V.  I.  7,1.  8,  etc. 


23â  V.  HENRY. 

que  de  le  connaître  pour  rompre  ses  maléfices,  —  tantôt  de  le 
consumer,  de  le  transpercer,  de  le  tuer,  lui  et  toute  sa  postérité  \. 

B  (légendaire).  H  y  a  d'autres  ff invisibles n  que  les  ténèbres, 
les  incubes  et  les  cauchemars  :  il  y  a  les  reptiles  et  les  gros  in- 
sectes, rarement  visibles,  toujours  tapis  au  fond  d'une  retraite 
d'oii  leur  morsure  nous  guette  ;  il  y  a  la  vermine  plus  menue 
qu'à  peine  les  yeux  découvrent;  enfin  il  y  a  sans  doute  la  masse 
des  infiniment  petits  ou  invisibles  qui  causent  la  fièvre,  la  con- 
somption, la  mort,  ou  dévorent  le  cadavre.  Or,  contre  la  pre- 
mière au  moins  de  ces  sortes  d'ennemis,  l'homme  a  un  auxi- 
liaire précieux,  les  oiseaux  carnassiers  ou  insectivores.  D'autre 
part,  ffle  soleil  est  un  oiseaux,  un  grand  aigle  qui  plane  au 
sommet  du  ciel  :  d'oij  cette  conséquence  que  c'est  à  titre  d'oiseau 
qu'il  menace  sans  cesse  la  création  impure  et  invisible,  ser- 
pents-, scorpions,  mouches,  vers  et  microbes.  Ceci  à  la  lettre,  à 
ce  point  que,  si  les  découvertes  récentes  de  l'action  meurtrière 
de  la  lumière  solaire  sur  les  micro-organismes  venaient  à  la 
connaissance  de  quelque  fervent  du  brahmanisme,  il  ne  pourrait 
manquer  d'y  voir  une  éclatante  confirmation  par  la  science  mo- 
derne de  l'éternelle  infaillibilité  des  Védas.  De  tueur  des  êtres 
nocturnes,  le  soleil  devient  donc  «  tueur  de  monstres w  tout  court, 
plus  particulièrement  de  cette  engeance  infime  que  l'œil  ni  la 
main  de  l'homme  ne  saurait  atteindre,  et  les  oiseaux  auxquels 
on  voit  dévolu  le  même  office  pourront  au  besoin  intervenir,  à 
titre  de  substituts  ou  de  symboles,  pour  l'assister  dans  son  œuvre 
bienfaisante. 

G  (déductif).  Qui  peut  détruire  la  causé  en  peut  annuler 
l'effet  :  le  soleil  sera  donc  le  guérisseur  par  excellence.  Ce  thème, 
si  largement  développé  dans  la  mythologie  grecque  (Apollon, 
Esculape,  Machaon),  est  relativement  rare  dans  les  parties  pro- 
prement religieuses  des  Védas,  oii  le  rôle  de  Dieu  guérisseur  est 
dévolu  à  Rudra,  d'ailleurs  lui  aussi,  par  certains  côtés,  person- 
nalité solaire.  Il  n'en  est  que  plus  intéressant  à  retrouver  çà  et 
là  dans  les  fragments  qui  confinent  au  folk-lore  ou  en  relèvent. 

D  (inductif).  Il  est  reconnu  par  la  pratique  que  certaines 
plantes,  en  application  ou  en  infusion,  exercent  une  action  salu- 
taire contre  les  maladies  et  surtout  contre  les  morsures  veni- 
meuses :  en  utilisant  ces  propriétés,  on  ne  manquera  donc  point 
de  les  rapporter  à  l'être  céleste  qui  seul  les  possède  en  idéalité  et 

1  Cf.  R.  V.  X.  87  =  A.  V.  VIII.  3,  R.  V.  VII.  io4  =  A.  V.  VIII.  4,  etc. 
^  li  est  superflu  de  rappeler  le  mythe  de  Garuda. 


VEDICA.  235 

de  qui  seul  elles  les  peuvent  tenir  par  voie  de  délégation  ou  plutôt 
de  descendance. 

Tels  sont  les  concepts  élémentaires,  familiers  à  quiconque  a 
tant  soit  peu  pratiqué  TAtharva-Véda,  que  nous  devons  nous  at- 
tendre à  retrouver,  mais  plus  ou  moins  déguisés  sous  le  verbiage 
usuel  et  sous  laitération  du  texte,  à  la  base  de  la  composition 
qui  nous  occupe,  et  qui  peut-être  nous  aideront  à  la  restituer 
sous  une  forme  relativement  intelligible. 

1.  La  première  stance  est  tout  à  fait  désespérée.  Sâyana  lui- 
même  n'y  entend  rien;  ou,  s'il  l'entend,  au  moins  ne  se  fait-il 
pas  entendre.  La  corruption  saute  aux  yeux,  ne  fût-ce  que  dans 
le  premier  pâcla,  trop  court  d'une  syllabe  :  il  faut,  ainsi  que  je 
l'ai  dit  ailleurs  \  lire  kdnkato  nâ  ca  kdnkato,  ou,  si  on  le  préfère,  afin 
de  maintenir  la  riche  assonance  avec  le  deuxième,  caractère  spé- 
cifique de  ces  formules  charlatanesques,  kànkato  ha  nd  kdnkato. 
Peu  importe,  au  surplus,  pour  le  sens,  qui  se  déduira  d'une  façon 
assez  satisfaisante  de  la  considération  de  l'ensemble,  pourvu 
qu'on  se  décide  à  s'affrancbir  de  la  tyrannie  du  scoliasle. 

a.  Le  mot  kânkata  n'a  nulle  part  et  jamais  un  autre  sens  que 
celui  de  ff peigne ^i.  Le  plus  récent  lexique  publié  ne  porte,  lui 
aussi,  que  kankatah  keçamàrjanain'-.  Si  donc  Sàyana  imagine  celui 
dV  insecte  nuisible  77,  on  voit  trop  d'où  il  l'a  tiré  :  il  a  substitué 
le  sens  général  de  la  pièce  à  l'acception  technique  du  mot.  Il  se 
peut  bien,  d'ailleurs,  qu'un  annelé  muni  de  crocs  ou  d'appendices 
de  locomotion  ait  été  métaphoriquement  désigné  sous  le  nom  de 
tf  peigne  w  ;  mais  c'est  pour  nous  une  raison  de  plus  de  ne  pas  ef- 
facer la  métaphore  qui  fait  tout  le  piquant  de  cette  formule  am- 
phigourique. Nous  traduirons  donc  à  la  lettre  :  ^  C'est  un  peigne 
et  ce  n'est  pas  un  peigne.  75  Le  conjurateur  s'expliquera  plus  bas-^. 

b.  Le  mot  satlndkankata  ne  se  lit  qu'en  cet  endroit,  et,  indé- 
pendamment de  cette  considération  qui  déjà  le  rend  suspect,  la 
simple  symétrie  avec  le  pàda  a  inviterait  à  restituer  en  fin  de 
vers  les  deux  mots  rià  kankatah.  On  commence  ainsi  à  entrevoir 
un  sens  possible  :  ffEt  le  satùi  non  plus  n'est  pas  un  peigne.  77 
Mais  le  satin,  qu'est-ce  à  dire?  La  correction  d's  en  c  n'est  pas  si 
rare  ni  si  exorbitante  qu'on  doive  se  l'interdire  en  pareille  occur- 
rence; et,  si  çatt  n'est  pas,  lui  non  plus,  un  nom  d'insecte  à  notre 

»  A.  V.,  Vil,  p.  8a  (sous  riiymnc  VII.  56). 

'  Unâdiuanasîitra  de  Heinacandra  (Kirsto),  -joy. 

^  Pcut-èlrc  ce  vers  n'esl-il  que  le  débris  d'une  deviiielle  populaire  passée  eu 
proverbe  :  (^  Quel  est  le  peigne  qui  ne  peut  pas  servir  à  peigner  ?  —  Un  scor- 
pion, un  mille-pieds,  etc.» 


236  V.  HENRY. 

connaissance,  du  moins  signifie-t-ii  fc centupler  ou  r^qui  possède 
cent  (pieds,  crocs,  articulations,  etc.)n,  signalement  qui  cadre 
à  merveille  avec  la  donnée  d'un  insecte  nuisible  assez  semblable 
à  un  peigne  pour  qu'on  soit  obligé  d'avertir  qu'il  n'en  est  pas  un. 
Supposons  que  le  mot  çatin  serve ,  dans  la  pensée  de  notre  conjura- 
teur,  à  désigner  quelque  myriapode  :  au  prix  de  deux  accents 
en  plus  et  d'un  insignifiant  changement  de  lettre  ^,  nous  aurons 
obtenu  une  idée  qui  s'enchaîne  avec  la  précédente,  soit  ffet  la 
scolopendre  non  plus  n'est  pas  un  peigne 75. 

Si  la  restitution  proposée  n'a  rien  de  choquant,  encore  esl-il 
moins  aisé  de  comprendre  comment  un  texte  aussi  clair  a  pu  finir 
par  s'agglutiner  en  un  long  mot,  et  comment  on  en  est  venu  à 
imaginer  pour  ce  mot  la  singulière  glose  «hydre  (peigne  d'eau) n. 
Toutefois,  si  çatî  n'était  guère,  comme  je  le  pense,  qu'une  méta- 
phore due  à  la  fantaisie  isolée  d'un  conjurateur,  rien  ne  le  pro- 
tégeait contre  une  faute  très  courante  de  prononciation,  ni  à 
plus  forte  raison  l'incompréhensible  *sati  contre  la  réunion  sous 
un  seul  accent  avec  nn  kânkntah.  Une  fois  créé  ce  mot  d'une 
toise,  on  s'ingénia  à  lui  faire  un  sort;  il  le  fallut  bien,  et  les 
commentateurs  védiques  ne  s'embarrassent  point  pour  si  peu.  On 
y  découvrait  le  mot  sât,  ffbon,  réelw,  dont  on  n'avait  que  faire 
comme  épilhète  du  kdnkata  lui-même,  visiblement  une  mauvaise 
bête  :  on  pensa  donc  à  son  habitat,  à  l'eau  qui  est  la  bonté  par 
excellence,  et  ainsi  naquit  la  glose  satlnam  ity  udakanàma,  que 
Sàyana  nous  a  pieusement  transmise. 

c.  Ce  qui  rend  extrêmement  vraisemblable  l'interprétation  de 
la  demi-stance  telle  à  peu  près  que  je  la  conjecture,  c'est  qu'on 
ne  saurait  concevoir  un  meilleur  préambule  à  la  formule  très 
claire  et  catégorique  qui  la  suit.  Pourquoi,  en  effet,  le  conjura- 
teur insisterait-il  par  deux  fois  [ûi)  sur  ce  que  les  êtres  dont  il 
s'agit  sont  deux  (dimâ),  deux  races  d'insectes  (plûsi),  si  les  phrases 
précédentes  n'avaient  impliqué  dans  sa  pensée  une  amphibologie 
possible  sur  le  nombre  et  la  nature  des  objets  qu'il  visait.  —  kHs 
sont  doux  11  dis-je  (ffsi  je  parlais  d'un  kànkata,  d'un  peigne,  cela 
ne  ferait  qu'un  seul  objet n).  cf  C'est  de  la  vermine w,  dis-je,  (tfct 
non  point  un  peigne,  comme  le  nom  vous  le  ferait  croire  11).  — 
Tel  est,  si  je  ne  me  trompe,  le  sens  intime  de  cet  épiphonème, 
étrange  si  l'on  veut,  mais  non  pas  plus  étrange  que  maint  autre 
spécimen  du  langage  des  sorciers  conservé  par  l'Atharva-Yéda  ou 
par  un  manuel  quelconque  de  magie  plus  moderne.  L'énigme  ne 
commence  que  si  la  phrase  est  détachée  du  contexte  qui  l'explique 
et  la  prépare. 

^  âtho  cati  nd  kàiikatah. 


,  VEDIGA.  237 

d.  «Les  invisibles  se  sont  évanouis»,  refrain  répété  en  /i  et  3 
(var.),  application  des  thèmes  A  et  B, 

2.  tfEUe  tue  les  invisibles  en  arrivant,  et  elle  les  tue  en  s'en 
allant,  et  elle  les  tue  en  les  précipitant  vers  le  bas,  et  elle  les 
broie  en  les  broyant. w  Ou  encore  :  tf Celle  qui  vient  les  tue,  et 
celle  qui  s'en  va  les  tue,  et  celle  qui  expulse  les  tue,  et  celle  qui 
broie  les  broie.  75 

A  peu  près  sans  difficulté.  Sàyaria  nous  apprend  qu'il  s'agit 
de  la  plante  magique  ;  et  en  effet  la  mention  du  va-et-vient 
pourrait  bien  être  une  vague  allusion  aux  frictions  et  aux  sima- 
grées auxquelles  se  livrent  les  conjurateurs  sur  le  patient  mordu 
par  un  serpent,  en  même  temps  que  l'expression  avaghnatî  rap- 
pellerait que  leur  procédé  curatif  est  censé  consister  à  faire 
partir  le  venin  rpar  le  basii  (par  la  plante  du  pied)^  Mais,  à  y 
regarder  de  plus  près,  il  est  difficile  de  ne  pas  reconnaître  une 
importance  encore  plus  grande  et  un  double  sens  aux  mots 
àijatî  et  parâijaiî,  si  couramment  employés  pour  décrire  les  faits 
et  gestes  d'une  autre  entité  féminine,  l'Aurore-.  C'est  l'aurore, 
en  effet,  qui,  en  arrivant,  et  à  plus  forte  raison  en  disparaissant 
(dans  les  rayons  du  soleil),  tue  les  invisibles  (les  monstres  noc- 
turnes), et  nous  avons  ici  incontestablement  le  thème  D,  mais 
avec  rappel  en  sourdine  du  thème  A. 

3.  Ici  l'obscurité  s'épand  de  plus  belle  :  nous  avons  une  énumé- 
ration  de  plantes,  au  nominatif  pluriel,  parmi  lesquelles  se  glisse, 
au  même  cas,  le  mot  adhtâ,  et  tout  cela  semble  régir  le  verbe 
final  qui  signifie  cfse  sont  évanouis».  Comme  il  est  difficile  de 
supposer  que  les  plantes  soient  des  tf  invisibles»  et  qu'on  adjure 
les  plantes  de  s'évanouir,  on  se  tire  d'affaire  en  admettant  que 
ces  termes  botaniques  ne  sont  point  ici  des  substantifs,  mais  des 
adjectifs,  et  signifient  respectivement  rr[les  insectes  parasites] 
qui  vivent  sur  le  cara,  le  darbha,  etc.».  Cet  expédient  ne  laisse 
pas  de  soulever  quelques  graves  objections.  —  1°  Sans  nier  l'op- 
portunité pratique  d'exorciser  la  vermine  qui  ronge  les  végétaux 
utiles,  on  doit  constater  que  pas  une  autre  stance  de  l'hymne 
n'en  évoque  l'idée  :  il  n'y  est  question,  d'un  bout  à  l'autre,  que 
des  parasites  ou  ennemis  de  l'homme  ou  du  bétail;  et,  si  l'on 
objecte  que  le  morceau  est  fait  de  pièces  rapportées,  encore 
n'est-il  pas  mauvais  que  ces  pièces  se  raccordent  tant  bien  que 
mal.  Or  la  stance  précédente  appelle  évidemment  comme  suite 
la  mention  de  plantes  curatives,  et  non  celle  de  cultures  à  dé- 


Cf.  A.  V.,  X-Xll,  p.  Gi  (sur  X.  tt.  a6). 
Cf.  R.  V.  I.  11.3.  8,  Ole. 

MÉM.    LING.  IX.  16 


238  V.  HENRY. 

fendre  des  insectes,  —  2°  Si  telle  était  l'intention  du  rédacteur, 
il  devait,  sans  difficulté,  la  formuler  ainsi  :  çarésu  kûçaresu  yé 
darbhésu  sairiésu  va.  .  .  le  reste  pouvant  demeurer  tel  quel.  — 
3°  En  effet,  le  sens  tr parasites  du  munja»  va  très  bien  pour 
maiinjâs  (et  vairinâs),  qui  est  sûrement  un  adjectif;  mais,  en  sup- 
posant qu'on  x'ecule  devant  la  facile  correction  mihljôs,  il  y  a 
encore,  ce  semble,  une  moindre  objection  jjrammaticale  à  tra- 
duire maunjàs  par  ff  touffes  de  munjaw ,  qu'à  faire ,  pour  les  besoins 
de  la  cause,  des  substantifs  çarâ,  darbhâ,  des  adjectifs  signifiant 
t:  issus  du  çara,  du  darbbaw,  alors  qu'une  règle  élémentaire  exi- 
gerait la  vrddbi  de  la  première  syllabe.  —  ^°  Il  y  a  une  cho- 
quante contradiction  à  prendre  ici  pour  réceptacles  du  parasi- 
tisme les  vége'taux  dont  pre'cise'ment  nous  savons  d'autre  part 
qu'ils  constituent  la  de'fense  la  plus  énergique  do  l'homme  contre 
la  vermine  et  son  venin  :  ainsi,  je  l'ai  déjà  dit  \  darbhésu  A.  V. 
X.  ^.  i3  ne  peut  signifier  tfgîté  sous  le  darbhan,  puisqu'un  peu 
plus  haut  (st.  2)  (fie  darbba  est  brûlure 75  pour  le  serpent  ou  sa 
morsure;  le  kuça,  —  voir  plus  bas,  —  plante  sacrée  de  même 
nature  et  substitut  fréquent  du  darbha,  doit  participer  à  ses  pro- 
priétés ;  le  çara  et  le  muilja  figurent  ailleurs  comme  plantes  cura- 
tives,  A.  V.  I.  2-3  et  Kauç.-S.  26.  6.  —  Par  toutes  ces  raisons, 
il  paraît  indiqué  de  corriger  adhtâ  en  adhtàn  ace. ,  et  de  suppléer, 
comme  régi  par  les  noms  de  plantes,  le  verbe  que  suggèrent  à  la 
fois  leurs  propriétés  connues  et  la  teneur  de  la  stance  2 ,  eoit 
ghnanti,  pinisanti,  etc.  :  tries  plantes  tuent  les  invisibles,  et  tous 
ensemble  ils  se  sont  évanouis.  » 

Notre  nomenclature  comprend,  dès  lors,  six  végétaux,  dont 
trois  nous  sont  déjà  connus  pour  leurs  effets  salutaires.  Les  sai- 
ryâs  te  issus  de  la  charrue  :i  ne  peuvent  être  que  tt  l'orge  et  le  rizn, 
si  fréquemment  invoqués  dans  la  conjuration  des  maléfices,  cf, 
A.  V.  VIll.  7.  20,  XI.  6.  i5,  etc.  Restent  le  vairina,  dérivation 
de  virina  (andropogon  muricatus  P.  W.),  et  le  kuçara,  inconnu, 
dont  on  ne  sait  trop  que  dire;  mais  il  manque  une  syllabe  au 
pâda  a,  et  on  la  lui  rétablit  en  lisant  kuçàçarâso  altéré  par  haplo- 
graphie.  Le  kuçaçara  peut  fort  bien  être  une  variété  ou  un  autre 
nom  du  kuça,  plante  bien  connue.  Soit  donc,  au  total,  en  dé- 
doublant les  sairyds,  sept  plantes  curatives,  ici  désignées  par  leurs 
noms  masculins,  mais  qui,  sous  leur  incarnation  féminine  en 
tant  qu  ésadhis,  doivent  bien  correspondre  aux  ttsept  vierges 
sœurs»  de  la  stance  1^.  Au  lecteur  déjuger  si  la  cohésion  ainsi 
obtenue  du  début  à  la  fin  de  l'hynme  est  purement  artificielle. 


'  Cf.  A.  V.,  X-XII,  p.  59.  —  Je  profile  de  l'occasion  pour  confesser  le 
contresens  qu'un  lapsus  de  lecture  m'a  lait  conimellre  sur  la  slance  a  du  même 
hymne  :  c'est  de  la  fibre  de  roseau  {parusàsya)  qu'on  applique  sur  la  plaie. 


VEDICA.  239 

Que  si  pourtant  Ton  répugne  aux  remaniements  sugge're's,  et 
si  l'on  tient,  en  de'pit  de  l'usage  et  sur  la  foi  de  Sàyana,  à  ac- 
cepter çarâ  et  similaires  pour  des  adjectifs,  il  y  a  encore  un 
moyen  de  concilier  la  lettre  même  du  texte  avec  Timpe'rieux  pos- 
tulat de  bon  sens  qui  exige  que  les  plantes  interviennent  ici  en 
tant  que  préservatifs  et  remèdes.  Après  tout,  maunjâ  et  vairinà  ne 
signifient  autre  chose  que  rr  relatif  au  mûnja,  au  vlrinav,  par  con- 
séquent, si  l'on  veut,  ttqui  en  est  sujet,  qui  en  dépend,  qui  rentre 
dans  le  ressort  de  ces  plantes»;  bref,  les  inaufijd  adfstàs  peuvent 
être  frles  invisibles  que  détruit  le  munja»,  et  ainsi  du  reste.  On 
traduira  alors  littéralement  les  «  invisibles  que  tue  le  çara .  . . 
tous  se  sont  évanouis  w,  et  l'on  rentrera  encore  dans  la  donnée 
du  thème  D. 

Le  dernier  pâda  contient  une  faute  de  métrique  védique ,  d'ail- 
leurs fréquente  dans  la  versification  des  bas  temps,  et  il  n'y  aurait 
pas  même  lieu  de  la  relever,  si  en  général  notre  texte  ne  proscri- 
vait rigoureusement  la  synizèse  d't  final  et  voyelle  initiale.  Il  est 
d'ailleurs  bien  aisé  de  la  faire  disparaître  en  lisant  m  lipsata, 
forme  qu'un  arrière-scrupule  grammatical  a  surchargée  de  l'aug- 
ment  à  une  époque  postérieure  oii  la  synizèse,  devenue  de  règle, 
no  gênait  plus  personne. 

^  =  A.  V.  VI.  52.  2  var.  (cf.  1=9  infra).  La  traduction  va  de 
soi  de  part  et  d'autre,  à  cela  près  que  le  pâda  c  suppose  ici  pro- 
bablement l'ellipse  de  alipsata  (rrles  lumières  se  sont  éteintes 75), 
tandis  que  dans  l'A.  V. ,  c'est  plutôt  aviksata  qu'il  convient  de  sous- 
entendre^  Quant  au  fond,  il  est  étrange,  à  première  vue,  que 
les  invisibles  soient  censés  s'évanouir  alors  que  tout  dort,  c'est-à- 
dire  au  moment  même  oiî  ils  régnent  seuls  sur  l'univers;  mais  il 
faut  ici  faire  abstraction  du  thème  A  (démons  nocturnes)  et  ne 
songer  qu'aux  invisibles  de  la  seconde  catégorie.  Les  insectes,  qui 
peut-être  voltigeaient  ou  rampaient  à  la  brune  (infra  5),  ont 
gagné  leurs  repaires,  et  c'est  pour  cela  qu'hommes  et  bêtes 
peuvent  goûter  la  paix  du  sommeil. 

5.  —  ab  (pràti  drçran^  :  cries  voilà  qui  se  sont  montrés,  à  la 
brune,  comme  des  voleurs w.  C'est  alors  que  s'élèvent,  dans  les 
vapeurs  du  soir,  les  essaims  de  moustiques.  — •  cd  {c  =  ù  c)  :  il 
manque  une  syllabe ,  dont  la  restitution  serait  aisée ,  mais  arbitraire. 
On  ne  voit  pas  au  juste  pourquoi  Roth  et  Grassmann  s'accordent 
à  repousser  pour  viçvâdrsta  le  sens  «qui  voit  toutw,  donné  par 

'  On  pourrait  se  demander  à  quel  propos  «les  flots  des  rivières  cessent  de 
coulcrn  ;  mais  ce  n'est  pas  le  texte  de  l'A.  V.  que  nous  avons  en  vue.  H  y  faut 
voir  sans  doute  un  simple  cliché  descriptif  du  calme  de  la  nature  endormie. 

16. 


2A0  V.   HENRY. 

Sâyana  {viçvam  drstarn  yais),  et  s'en  tiennent  à  cfvu  de  tous  15. 
L'un  et  l'autre  à  la  fois  conviennent  à  la  forme  du  mot  et  à  ses 
emplois.  Plus  bas,  en  8  6  et  9  c?,  le  soleil  est  sûrement  l'être 
ffvu  de  tousi5  ;  mais  c'est  sûrement  aussi  parce  qu'il  cfvoit  tous  les 
êtresw  qu'il  peut  rctuer  les  invisiblesn.  En  somme,  tout  tend  à 
faire  soupçonner  que  ce  mot  à  double  entente  a  été  employé  par 
un  raffinement  calculé  d'expression  et  qu'il  faudrait  pouvoir  lui 
assijjner  sa  double  valeur.  Ici,  mis  au  vocatif,  on  le  traduirait 
difficilement  par  tfô  vus  de  tousw  :  c'est  bien  plutôt  un  hom- 
mage à  la  vue  perçante  des  invisibles  ;  mais  en  même  temps  il 
prépare  en  quelque  sorte  le  revirement  marqué  par  pràtibuddhâs , 
et,  autant  qu'il  est  licite  d'insister  sur  un  calembouj",  on  interpré- 
terait volontiers  :  rf  0  invisibles  qui  voyez  lout,  [tout  le  monde 
aussi  vous  voit  el]  vous  êtes  devenus  visibles,  w  Sur  la  semi-défaite 
encourue  par  l'invisible  qui  se  laisse  voir,  on  se  reportera  à  l'une 
des  données  accessoires  du  thème  A. 

0.  —  Les  deux  demi-stances  s'adressent  respectivement  aux 
plantes  curatives  ^  et  aux  insectes  nuisibles.  —  a.  Généalogie  des 
plantes,  cf.  A.  V.  VIll.  7.  2,  etc.  Une  syllabe  en  trop,  mais  vah 
n'est  pas  indispensable.  —  b.  Soma-plante  est  naturellement  le 
roi  ou  le  frère  [aîné]  des  plantes;  mais  la  mention  du  ciel  et  de 
la  terre  ne  va  pas  sans  un  rappel  lointain  de  Sôma-lune.  Quant 
à  Aditi,  sœur  des  plantes,  c'est  pur  verbiage.  —  c  ==  5  c  var.  — 
d.  Adjuration  qui  devrait  précéder  le  résultat  constaté  en  U  d. 

7.  —  On  exècre  les  invisibles,  un  à  un,  suivant  leur  habitat 
et  leur  signalement  :  —  a.  ceux  qui  se  fixent  sur  les  membres,  sur 
le  tronc  (les  épaules)  de  l'homme;  —  b.  les  sïidkàs,  rr aiguilles r», 
c'est-à-dire  ceux  qui  sont  pourvus  d'une  trompe  acérée,  comme 
les  moustiques;  les  prakankatàs  sont  moins  faciles  à  identifier; 
cependant,  si  kânkata  veut  dire  tr peigne n,  si  pradaksinâ  et  pra~ 
mukha  impliquent  trie  côté  droit  du  corps n  ou  crie  visage  tourné 
vers  l'avantw,  etc.,  on  voit  que  prakankaià'^  revient  à  cf  tournant 
son  peigne  en  avant"  ;  il  s'agit  d'un  insecte  qui  attaque  avec  l'ap- 
pendice en  forme  de  peigne  dont  la  nature  l'a  armé,  cf.  supra  1  ; 
—  c.  kim  canehâ  vah,  cf  n'importe  quoi  de  vous»  ;  —  d=^3  d  var.  ; 
nijasyata ,  n  succombez  !  ». 

8-9.  —  On  décrit  l'effet  que  produit  sur  les  invisibles  le  so- 
leil qui  s'élève  à  l'orient  (thème  A),  l'oiseau  céleste  qui  prend  son 

'  Croirait-on  que  Sâyana  les  applique  toutes  deux  aux  trserpents55?  Car,  à 
partir  de  5,  c'est  de  serpents  qu'il  a  affaire,  et  son  commentaire  devient  à  peu 
près  sans  valeur.  Voit-on  le  sôma  frère  des  serpents  ? 

"^  Remarquer  l'acceiituatiou ,  et  cf.  ddksina  :  pradaksinâ. 


VEDICA.  241 

essor  (thème  B).  Sur  viçv/idrsta ,  voir  sous  5.  Au  lieu  de  viçvâni, 
on  lirait  \o\oni\ers  visâni ,  dont  Sày.  suppose  l'ellipse.  La  scansion 
jûriian  est  assez  surprenante  et  de'nonce  un  raffinement  d'ar- 
chaïsme. Le  sens  du  mot  est  vague,  mais  ne  fait  point  doute  :  il 
s'agit  de  fr détruire  en  masse  toutes  choses  [nuisibles]  n  ou  de 
ff  détruire  quantité  de  venins  75;  cf.  la  suite  ^. 

10.  —  ab.  Ici  apparaît  enfin  le  thème  C,  l'évocation  du  so- 
leil guérisseur,  mais  accompagnée  d'une  image  déconcertante 
dans  sa  plate  et  concise  vulgarité,  exactement  ff  j'attache  le  venin 
au  soleil,  [comme  une]  outre  dans  la  maison  du  liquorisleii.  Que 
peut-on  bien  tirer  de  là?  Sàyana  comprend  que,  de  même  qu'il 
est  licite  de  suspendre  une  outre  chez  le  liquoriste,  ce  n'est  pas 
un  péché  de  faire  passer  le  venin  dans  le  soleil.  Il  y  a  quelque 
chose  de  cela,  sans  doute,  et  même  le  principe  essentiel  de  la 
physique  védique  justifie  la  comparaison  latente  du  soleil  fabri- 
cant de  poisons  avec  le  liquoriste  désigné  au  commentaire  par 
siirânirmàtar  ;  car,  puisque  les  sucs  venimeux  existent  comme  les 
salutaires  dans  la  nature,  il  faut  bien  que  le  Dieu  solaire  ait 
également  distillé  les  uns  et  les  autres  -.  Mais  la  comparaison  est 
plus  implicite  et  la  pensée  plus  enveloppée  que  la  glose  ne  le 
ferait  supposer  ;  car  on  ne  lit  aucune  particule  signifiant  f  comme  v , 
et  en  traduction  rigoureuse  c'est  le  venin  actuellement  conjuré 
qui  doit  être  pour  le  soleil  une  outre  chez  le  liquoriste  :  il  y  a 
beaucoup  d'outrés  chez  le  liquoriste,  une  de  plus  ou  de  moins 
ne  fait  rien  à  l'affaire;  et  de  même,  il  y  a  quantité  de  poison  dans 
le  soleil  depuis  le  temps  qu'il  en  absorbe,  car  c'est  là  son  office, 
une  dose  de  plus  ou  de  moins  n'y  changera  rien,  il  en  a  vu  bien 
d'autres,  et  par  conséquent  (c)  il  n'en  mourra  pas.  .  .  Telle  me 
paraît  incontestablement  la  suite  des  idées. 

cdef.  Séquence  de  petites  phrases  de  prose  hachée  et  ca- 
dencée, qui  est  tout  à  fait  dans  le  ton  ordinaire  des  conjurations 
magiques  et  se  répète  en  lefrain  de  1 1  à  i3.  —  rfll  n'en  mourra 
pas  55,  c'est  entendu.  —  «  Ni  nous  non  plusw,  puisqu'il  nous  aura 
guéris  :  tf  nous^  désignant  le  patient.  —  ff  Le  conducteur  des  che- 
vaux bais  [a  écarté]  r)  ou  ff  [puisse-t-il  écarter]  au  loin  l'attelage 
de  celui-ci fl  :  très  énigmatique  dans  sa  concision  apprêtée.  Le 
verbe  manque,  mais  ne  peut  être  autre  que  le  suggère  ôrP.  La 
mention  de  l'attelage  du  Soleil  ou  d'Indra  appelle  allégorique- 
ment  celle  du  char  de  l'ennemi  qu'il  combat  :  or  cet  ennemi, 

'  8  =  A.  V.  V.  23.  6  var. ;  9  =  A.  V.  VI.  53.  1  var.  (respectivement  i"et 
9*  demi-stance). 

'  Cf.  Henry,/!.  V.,  X-XII,  p.  61. 

^  li  n'y  a  même  plus  d'ellipse  si  l'on  fait  remonter  cakâra  du  pada/,  comme 
le  propose  fort  sensément  Sàyana. 


2/12  V.   HENRY. 

ici,  c'est  fr l'invisible 75  ou  trie  venin»,  ou  tous  deux;  et  voilà  par 
quel  abus  de  me'taphores  le  venin  se  trouve  pourvu  d'un  attelage. 
—  cfLa  [plante]  douce  t'a  changé  en  douceurs,  cf.  A.  V.  VU.  56.  2 
et  V.  i5.  L'adjuration  s'adresse  au  venin  ^  :  la  douce  est  presque 
sûrement  le  çara  (canne  à  sucre),  dont  l'application  doit  méta- 
morphoser en  douce  liqueur  le  suc  venimeux  absorbé  par  la  plaie; 
cf.  les  stances  3  et  i^. 

11.  —  ab.  Pour  l'expression ,  la  tournure  et  le  rythme  sau- 
tillant, rapprocher  la  jolie  stance  A.  V.  X.  i.  i6.  Le  diminutif 
iyattakâ  est  formé  comme  lat.  tantulus.  11  s'agit  des  petits  insecti- 
vores, et  le  conjurateur  feint  de  traiter  la  morsure  par  le  mé- 
pris :  comment  craindre  un  poison  que  les  oisillons  mêmes  ab- 
sorbent sans  façon  en  dévorant  celui  qui  le  porte? 

12.  —  a  b.  La  fin  est  irrémédiablement  fausse  :  peut-être 
visapiispam  ajighasan,  d'abord  glosé,  puis  remplacé  par  visàsxja 
pû§y(im  aksan.  On  démêle  l'intention  générale  :  ff  trois  fois  sept 
petits  vispulingas  ont  dévoré  la  floraison  (la  fleur,  l'essence)  du 
venin».  Mais  pourquoi  cf trois  fois  sept»?  n'est-ce  qu'un  nombre 
consacré  et  conventionnel?  Et  qui  sont  ces  \ingt  et  un?  des  trjets 
de  flamme»  ou  des  «passereaux»?  Sâyana  nous  laisse  le  choix, 
et  il  est  probable  que  l'une  et  l'autre  interprétation  se  réclame 
d'une  tradition  autorisée.  La  seconde  s'accommoderait  mieux  du 
contexte  et  du  rôle  assigné  en  1 1  à  l'oisillon  ;  mais  la  première 
est  nettement  étymologique  (ff projetant  des  étincelles»),  et  pré- 
sente l'incontestable  avantage  de  nous  ramener  sur  le  terrain  des 
faits  par  l'allusion  qu'elle  implique  à  une  médication  réelle  dont 
les  Védas  offrent  d'autres  indices'-.  11  est  difficile  de  croire  que 
les  sorciers  guérisseurs  n'aient  pas  connu  le  procédé  de  cautéri- 
sation de  la  morsure  par  application  d'un  tison,  d'un  fer  rouge 
ou  de  langues  de  feu  :  sept  langues  de  feu,  appliquées  trois  fois 
chacune,  sont  donc  censées  dévorer  l'essence  active  du  venin;  et, 
comme  d'autre  part  l'on  vient  de  constater  que  les  oiseaux  dé- 
vorent le  poison,  comme  aussi  rien  ne  semble  plus  naturel  que 
de  comparer  les  flammes  vives  et  frétillantes  à  des  oisillons  alertes^, 
les  deux  métaphores  se  fondent  en  une  seule,  toujours  dominée 
sans  doute  par  les  données  fondamentales  des  thèmes  A  et  C  ; 
car,  si  c'est  à  leur  nature  solaire  que  les  plantes  (thème  D) 
doivent  leur  vertu  curative,  à  plus  forte  raison  cela  doit-il  être  vrai 
des  flammes,  visibles  émanations  du  soleil.  Plus  bas  (i^  a),  où 


'  En  suppléant  visa  avant  ou  après  tvâ ,  ou  obtient  un  pâda  de  tristubh. 

=  Cf.  A.  V.  X.  II.  26. 

s  R.  V.  V.  1.  1.  =  A.  V.  XIII.  2.  AG,  etc. 


nous  retrouvons  encore  des  oiseaux  en  même  nombre  et  même 
distribution  que  nos  vispulingakas,  il  semble  que  Téclair  rapide 
et  chatoyant  des  aigrettes  des  paons  avides  à  picorer  leur  proie 
représente  à  merveille  le  frétillement  des  langues  de  feu  occu- 
pe'es  à  de'vorer  le  poison.  Ainsi,  malgré  le  laconisme  de  l'expres- 
sion, les  deux  allégories  se  confirment  et  se  complètent  Tune 
l'autre,  et  il  ne  semble  pas  douteux  que  nous  n'ayons  ici,  comme 
d'ailleurs  dans  la  plupart  des  pièces  de  même  genre,  l'indication 
d'un  traitement  médical  réel,  accompagné  de  cérémonies  et  de 
paroles  magiques  qui  en  exaltent  et  en  accentuent  la  puissance  ^ 

1 3.  —  ab.  Les  finales  des  génitifs  sont  à  prononcer  en  diérèse. 
La  stance  n'est  qu'un  verbi;ige  insignifiant  :  les  rrnonanle-neuf 
femelles  qui  délruis^nt  le  poison r>  peuvent  être  les  rivières  (Sây.), 
mais  aussi  les  plantes  salutaires,  ou  même  des  femelles  d'oiseaux 
insectivores.  Au  fond,  tout  cela  revient  au  même. 

ili.  —  a.  Manque  une  syllabe,  mais  le  vers  se  termine  par- 
faitement par  mayûnah.  Les  tf  femelles  du  paonw  apparaissent  ail- 
leurs encore  (A.  V.  VIL  56.  7),  non  pas,  il  est  vrai,  comme 
tf  emportant  le  venins,  mais  comme  cr  déchirant  la  bête  veni- 
meuse iî  :  nous  avons  vu  que  l'une  et  l'autre  fonction  relève  du 
même  principe.  D'autre  part,  le  plumage  du  paon  en  fait  un 
excellent  symbole  de  l'oiseau  solaire  (thème  B);  et  enfin  le 
nombre  des  paonnes  concorde  avec  celui  des  langues  de  feu  men- 
tionnées en  19.  —  h.  Sur  l'identité  probable  des  trsept  vierges 
sœurs»  et  des  sept  plantes  curatives,  voir  la  stance  3.  —  cd.  Le 
reste  est  sans  difÊculté. 

i5.  —  ah.  Il  est  bien  difficile  de  comprendre  pourquoi  Grass- 
mann  et  M.  Zimmer-  contestent  à  Sàyana  le  sens  de  rrichneu- 
monw  [nakulA)  qu'il  attribue  à  kusumbhakâ.  La  structure  de  la 
proposition,  sans  doute,  n'est  pas  d'une  limpidité  parfaite;  mais, 
telle  qu'ils  la  traduisent,  elle  ne  s'explique  pas  le  moins  du 
monde;  car,  si  le  kusumbhakâ  était  l'animal  venimeux  que  la 
pi£rre  dût  fendre,  la  syntaxe  et  la  logique  exigeraient  njattakàrn 
kusumbhakdm  au  même  cas  que  takdm.  Tout  indi(]ue  que  takâ  seul 
désigne  la  vermine  et  que  le  kusumbhakâ  joue  un  tout  autre  rôle, 

'  Ou  l)ien  les  visptilingakâs  seraienl-ils  des  pointes  de  métal  roiigies  à  lilanc, 
ce  qui  s'accorderait  également  bien  avec  i'étyniologie  «lançant  des  élinccllesn 
el  avec  leur  représentation  comme  de  fins  becs  d'oiseaux  venant  l)ec(|ueter  le 
venin  dans  la  plaie?  On  voit  cjue  les  diverses  bypotbèses  cjue  sufjgéreiit  les 
termes  de  notre  morceau  se  meuvent,  somme  toute,  dans  un  cercle  très  étroit 
de  vraisemblances. 

'  H.  K,,  II,  p.  /iôa  ;  Altindisches  Leben,  p.  99. 


m 


V.  HENRY. 


un  rôle  bienfaisant  et  auxiliaire  de  l'homme,  comme  on  le  verra 
en  16.  Qu'en  fait  il  soit  ou  non  l'iclineumon,  il  est  bien  certain 
que  cet  office  convient  sans  réserve  à  l'ichneumon,  grand  des- 
tructeur de  vermine  et  gardien  le'gendaire  d'un  remède  végétai 
(A.  V.  VIII.  7.  28),  et  qu'en  conséquence  l'identification  portée 
au  commentaire  est  des  plus  plausibles.  Quant  à  la  construction 
grammaticale,  il  y  a  deux  façons  de  la  concevoir.  Ou  l'on  isolera 
le  pàda  a:  tr l'ichneumon  est  tout  petite,  ou  revoici  le  tout  petit 
ichneumonii  ;  après  quoi,  le  conjuraleur  passe  à  une  autre  idée, 
et  cette  introduction  parenthétique  de  l'animal  n'est  qu'une  pré- 
paration au  rôle  prédominant  qu'on  lui  fera  jouer  dans  la  stance  1 6 
et  la  conclusion  du  morceau.  Ou  bien  —  ce  que  je  préférerais 
de  beaucoup  —  l'ichneumon  est  le  sujet  de  la  phrase,  et  c'est  lui 
qui  parle,  puisque  le  verbe  est  à  la  première  personne  :  au  pied 
de  la  lettre,  la  cf pierre w  dont  il  fend  la  bète  nuisible,  c'est  sa 
dent  aiguë;  mais,  métaphoriquement,  c'est  le  dard  du  Dieu  so- 
laire ou  la  foudre  d'Indra  [âçman)  dont  il  apparaît  ici  comme 
l'allié  ou  le  substitut  ^  —  c  d.  Et  par  conséquent,  tuant  la  ver- 
mine [et  fournissant  le  remède],  il  est  censé  aussi  emporter  ou 
chasser  le  venin. 

16.  —  Les  conjurations  du  goût  de  celle-ci  se  terminent  en 
général  par  une  formule  qu'on  s'eftbrce  de  rendre  aussi  affirma- 
tive et  péremptoire  que  possible,  dût  le  mèlre  final  en  souffrir 
(d)  :  cfle  venin  est  parti.  .  .  le  serpent  est  mort.  .  .  l'homme  est 
guéri.  .  .  75,  ici  tfle  venin  a  perdu  sa  sèvew.  Mais  la  particularité 
de  notre  clausule,  c'est  qu'elle  est  mise  dans  la  bouche  du  ku- 
sumbhaka  lui-même,  comme  ailleurs  dans  celle  du  paidva,  c'est-à- 
dire  du  cheval  de  Pêdu,  grand  tueur  de  serpents'-;  et  je  ne 
pense  pas,  dès  lors,  qu'il  puisse  encore  planer  le  moindre  doute 
sur  le  caractère  bienfaisant  et  tutélaire  du  kusumbhaka.  Je  vais 
plus  loin,  — je  sais  que  bien  peu  me  suivront,  mais  il  me  pa- 
raît de  loyauté  élémentaire  de  dire  toute  ma  pensée  :  —  de  même 
que  Paidva,  le  cheval  blanc  trqui  sort  de  l'onde  15,  représente  in- 
contestablement le  soleil  levant,  de  même  ici  je  crois  voir  dans 
tf  l'ichneumon  qui  revient  de  la  montagne ^^  l'image  du  soleil  qui 
descend  le  long  des  pentes  du  cieP.  Et  ainsi  la  pièce  se  termine 
trioniplialement  sur  le  rappel  du  thème  A,  qui  est  le  motif  essen- 
tiel et  dominant  de  toute  cette  singulière  poésie. 

'  Ne  pas  oublier  que  ce  petit  reptile  a,  dans  la  mythologie  védique,  des 
attaches  solaires  très  accusées,  dénoncées  dans  la  légende  postérieure  par  la 
filiation  de  Nakula,  frère  jumeau  de  Sahadôva,  issu  des  Açvins,  et  l'un  des  cinq 
Pàndavas. 

^  A.  V.  X.  4.  i  ;  cf.  Henry,  A.  V.,  X-XII,  p.  12  et  56  sq. 

^  Cf.  supra  8-9  (pârvatebhias)  et  le  refrain  de  10-1 3. 


VEDICA.  2^5 

A  titre  de  conclusion  et  de  commentaire  re'sume',  je  donne  ici 
la  traduction  suivie  du  morceau  tout  entier. 

1.  Un  peigne.  .  .  mais  non,  ce  n'est  pas  un  peigne.  .  .  Et  un 
centuple.  .  .  ce  n'est  pas  un  peigne  non  plus.  .  .  «Ils  sont  deux  a, 
dis-je,  -rdeux  vermines»,  dis-je.  Les  invisibles  ont  disparu.  — 
2.  Celle  qui  vient  tue  les  invisibles,  et  elle  les  tue  en  s'en  allant, 
et  elle  les  tue  en  les  faisant  rouler  en  bas,  et  elle  les  broie,  la 
broyeuse.  —  3.  Le  çara,  le  kuçara,  le  darbha,  l'orge,  le  riz,  le 
munja  et  le  vîrina  ont  raison  des  invisibles  :  tous  tant  qu'ils  sont, 
ils  ont  disparu.  —  4.  Les  vaches  ont  regagné  l'étable,  les  fauves 
se  sont  gîte's,  les  lumières  des  hommes  se  sont  e'teintes,  les  invi- 
sibles ont  disparu.  —  5.  Mais  les  voici  :  on  les  a  vus  rôder,  à  la 
brune,  comme  des  voleurs;  ô  invisibles  qui  voyez  tout,  on  vous 
a  vus  et  vous  êtes  de'couverts.  —  6.  0  plantes,  le  Ciel  est  votre 
père,  la  Terre  votre  mère,  Sôma  votre  frère,  Aditi  votre  sœur.  0 
invisibles  qui  voyez  tout,  on  vous  a  vus  :  tenez-vous  cois;  chut! 

—  7.  Fixe's  à  demeure  sur  le  tronc  ou  sur  les  membres,  dardant 
un  fin  aiguillon  ou  un  peigne  menaçant,  ô  invisibles,  tous  tant 
que  vous  êtes  ici,  tous  tant  que  vous  êtes,  soyez  ane'antis!  — 
8.  Le  soleil  se  lève  à  l'orient  :  vu  de  tous,  il  voit  tout,  il  tue  les 
invisibles,  oui,  il  broie  tous  les  invisibles  et  toutes  les  sorcières. 

—  9.  Il  a  pris  son  essor,  ce  soleil  sublime,  lui  qui  sait  de'truire 
les  venins  en  masse,  lui  l'Aditya  qui  du  haut  des  montagnes,  vu 
de  tous,  voit  tout  et  tue  les  invisibles.  —  10.  Ce  venin,  je  l'at- 
tache aux  flancs  du  soleil,  comme  une  outre  aux  murs  du  liquo- 
riste.  Et  il  n'en  mourra  pas  ;  et  nous  serons  sauvés.  Le  Dieu  aux 
chevaux  bais  a  chassé  le  char  du  venin.  La  douce  plante,  ô  venin  , 
t'a  changé  en  douceur.  —  11.  Le  tout  petit  oisillon,  c'est  lui  qui 
a  dévoré  ton  venin.  Et  il  n'eu  mourra  pas  ;  et  nous  serons  sauvés . . . 

—  12.  Trois  fois  sept  oisillons  de  feu  ont  dévoré  l'essence  du 
venin.  Et  ils  n'en   mourront  pas;  et  nous  serons  sauvés 

—  i3.  Les  nonante-neuf  femelles  qui  détruisent  le  venin,  j'ai 
invoqué  leur  nom  à  toutes.  Le  Dieu  aux  chevaux  bais  a  chassé  le 
char  du  venin.  La  douce  plante,  ô  venin,  l'a  changé  en  douceur. 

—  16.  Trois  fois  sept  femelles  de  paon,  sept  vierges  sœurs  ont 
emporté  ton  venin,  comme  l'eau  que  puisent  des  porteuses  d'urnes. 

—  i5.  ffMoi,  le  petit  ichneumon,  je  fends  avec  la  pierre  celte 
vermine,  et  le  venin  l'a  quittée,  s'en  allant  aux  contrées  loin- 
taines.» —  16.  C'est  l'ichneumon  c[ui  l'a  dit  en  revenant  de  la 
montagne  :  crLe  venin  du  scorpion  est  impuissant;  impuissant, 
ô  scorpion,  est  ton  venin.» 


'2à6  V.  HENRY. 


6.  çihia  àntrâni  pece. 

Dans  son  ensemble,  la  stancc  où  se  lisent  ces  mots  (R.  V.  IV. 
18.  i3)  peut  se  traduire  à  peu  près  ainsi  :  trDans  ma  détresse  je 
cuisis  les  entrailles  du  chien,  je  ne  trouvai  pas  un  Dieu  qui  prît 
pitié  de  moi;  je  vis  mon  épouse  tombée  en  défaillance,  et  alors 
le  faucon  m'apporta  la  liqueur,  w 

Cette  stance  sert  de  clausule  à  un  hymne  attribué  à  Vâma- 
dêva,  qui  célèbre,  sous  une  forme  assez  crue  bien  que  très  ob- 
scure, la  naissance  et  les  premiers  exploits  d'Indra.  Selon  Sâyana, 
elle  se  rapporte  à  une  fâcheuse  aventure  arrivée  à  Vâmadêva, 
tandis  que  M.  Pischel  préfère  l'entendre  d'Indra  lui-même.  De 
cette  dernière  interprétation  je  ne  dirai  rien  ici  :  l'analyse  de 
M.  Pischel  est  aussi  ingénieuse  que  profonde  quant  au  reste  de 
l'hymne;  mais,  sur  ce  point  particulier,  il  me  paraît  n'avoir  dé- 
montré que  l'impossibilité  absolue  d'appliquer  à  Indra,  soit  la 
cuisson  des  entrailles  du  chien,  soit  même  la  donnée  moins  in- 
solite de  ff  l'épouse  abaissée  »^ 

C'est  ce  dernier  mot  seulement  qui  peut  laisser  prise  à  quelque 
doute  de  traduction  :  le  sens  de  âmaJilyamâna  est  tout  simplement 
wnon  loué,  non  exaltée,  soit  donc  tfsans  gloires:  ou  ff  sans  joie^i  ; 
mais  la  comparaison  avec  àvartià  frpar  détresse  n  doit  suffire  à 
faire  entrevoir  dans  cette  expression  exceptionnelle  un  euphé- 
misme qu'on  traduirait  assez  exactement  en  français,  à  la  vulga- 
rité près,  par  rrqui  n'en  menait  pas  larges.  Si  même  l'on  s'en 
fiait  à  une  valeur  étymologique  malheureusement  quelque  peu 
lointaine,  il  serait  fort  séduisant  de  rapprocher  âmahlyamâna  de 
l'allemand  ohnmachtig,  et  l'on  dépasserait  ainsi  les  sens  un  peu 
ternes  et  vagues  r  erniedrigtw  (Pischel)  ou  tr  freudeulosw  (P.  W.), 
pour  sauter  d'un  bond  à  l'idée  de  tr défaillance»  que  je  viens  de 
hasarder  dans  ma  propre  traduction. 

Quoi  qu'il  en  soit,  écartons  pour  l'instant  les  éléments  indécis 
et  par  présomption  adventices,  qui  ne  s'expliquent  pas  d'eux- 
mêmes  et  ne  sauraient  rien  nous  apprendre.  Il  y  a  dans  le  mythe 
deux  traits  caractéristiques  :  le  premier  et  le  dernier.  Si  nous  ne 
possédions  que  le  premier  et  le  dernier  vers  de  la  stance,  mis 
bout  à  bout,  peut-être  ne  serions-nous  point  trop  empêchés  de 
savoir  qu'en  faire.  Sachant  désormais  avec  certitude,  grâce  à 
M.  Bloomfield  -,  que  l'aigle  qui  apporte  la  liqueur  est  l'éclair  qui 
précipite  les  eaux  de  la  nue,  nous  soupçonnerions  dans  la  cuisson 
un  préliminaire  indispensable  à  la  chute  de  la  pluie,  et  alors 

»  Ved.  Stud.,  11,  p.  5i. 

*  Contrib.,  \  =  J.  of  the  Am.  Or.  Soc,  XVI,  p.  1  sq. 


VEDICA.  2A7 

nous  ne  pourrions  manquer  de  nous  souvenir  de  la  stance  R.  V. 
I.  i64.  63  =  A.  V.  IX.  10.  25,  où  sont  de'crites  en  ces  termes  les 
approches  de  l'orage  :  p  J'ai  vu  se  répandre  entre  ciel  et  terre  une 
épaisse  fumée  :  ce  sont  les  héros  (les  Maruts?)  qui  ont  fait  cuire 
le  taureau  tacheté.  .  .  ^.v  Le  tacheté,  on  le  sait,  c'est  toujours  le 
nuage,  et  la  fumée  que  dégage  sa  cuisson,  c'est  la  nuée  noire 
d'où  tout  à  l'heure  jailliront  le  feu  et  l'eau  du  ciel.  L'allégorie 
est  transparente,  et  nos  deux  devinettes  rentrent  parfaitement 
l'une  dans  l'autre  en  se  complétant  réciproquement.  Mais  il  y  a 
quelque  chose  de  plus  dans  celle  qui  nous  occupe  en  ce  moment  : 
il  y  a  des  circonstances  accessoires  et,  si  je  ne  me  trompe,  sur- 
ajoutées, qui  me  paraissent  des  mieux  propres  à  illustrer  la  ma- 
nière dont  je  conçois  le  développement,  la  transformation  en 
récit,  d'une  énigme  naturaliste  et  primitive.  11  va  sans  dire  que 
les  intermédiaires  que  j'imagine  pourraient  être  multipliés. 

i"  stade  :  la  devinette  toute  nue.  —  rOn  cuit  le  chien;  la 
fumée  monte;  puis  descend  un  grand  oiseau  qui  apporte  de  la 
liqueur  :  qu'est-ce  que  c'est?» 

On  conviendra  qu'un  pareil  jeu  d'esprit  n'est  hors  de  la  portée 
d'aucune  intelligence.  Cependant,  pourquoi  la  fumée  est-elle 
censée  procéder  d'une  cuisson?  parce  que,  dans  la  vie  sauvage 
ou  la  vie  rustique,  on  n'active  guère  le  feu  que  pour  cuire  les 
aliments.  Et  pourquoi  est-ce  un  chien  que  l'on  cuit,  plutôt  que 
tout  autre  animal,  ou  même  des  légumes?  Le  choix  est-il  tout  à 
fait  arhitraire?  11  ne  semble  pas  :  le  chien  hurle  et  le  nuage 
tonne  ;  voilà  le  trait  d'union  entre  les  deux  idées.  Dira-t-on  que 
lorsqu'on  fait  cuire  le  chien  .il  ne  hurle  plus?  A  la  bonne  heure; 
mais,  lorsque  le  bœuf  est  au  feu,  il  a  également  cessé  de  mugir; 
et  pourtant  il  est  bien  certain  que  c'est  à  raison  de  ses  mugisse- 
ments que  le  nuage  a  été  surnommé  cf  taureau».  La  vérité  est  que 
deux  concepts  différents  se  sont  rencontrés  et  ont  joué  ensemble  : 
le  nuage  qui  monte  est  fumée  ;  le  nuage  qui  gronde  est  chien  ou 
taureau;  cela  posé,  il  a  paru  piquant  de  dire  que  la  fumée  venait 
de  la  cuisson  du  taureau  ou  du  chien.  La  seule  objection  que  je 
prévoie,  c'est  que,  si  dans  le  Véda  les  nuées  sont  souvent  des 
vaches,  on  ne  les  y  trouve  jamais  déguisées  sous  la  forme  de 
chiennes-;  mais  ce  serait  vraiment  trop  exiger  d'un  livre  relati- 
vement aussi  récent,  que  de  vouloir  qu'il  nous  eût  conservé  dans 
leur  nudité  première  tous  les  thèmes  de  folk-lore  qui  se  sont 
insinués  dans  sa  trame  multicolore. 

2*  stade  :  ébauche  de  récit.  —  crUn  jour,  un  homme  cuisit  un 

'  Cf.  Henry,  A.  V.,  VIII-IX,  p.  1 1  4  et  i56. 

•  Et  toutefois,  qu'est-ce  au  juste  que  la  chienne  Saramâ? 


2/il8  V.    HENRY. 

chien  ;  alors  il  vint  un  aigle  qui  lui  apporta  à  boire.  ■"  Cest  le 
conte  populaire,  tel  quon  le  recueille  encore  de  la  bouche  de 
certains  illettrés,  dans  toute  son  absurdité  transcendante  et  brute. 

3*  stade  :  vague  légende  pieuse.  —  Mais  cette  absurdité  ne 
satisfait  pas  tous  les  esprits.  Tel  réfléchit  et  se  demande  quel 
rapport  il  peut  y  avoir  entre  la  cuisson  du  chien  et  l'arrivée  de  la 
liqueur.  La  magie  est  de  toutes  les  époques  :  Topéralion  ne  serait- 
elle  pas  un  sortilège?  Enire  temps,  un  culte  est  né,  dont  les  rites 
sont  sanglants  :  la  cuisson  du  chien  ne  serait-elle  pas  un  sacri- 
fice? Entre  temps  aussi,  des  idées  religieuses  se  sont  développées  : 
les  Maruts,  simples  génies  des  tempêtes,  sont  devenus  les  com- 
pagnons d'un  Dieu  vénérable,  et  eux-mêmes  des  sacrificateurs 
divins  :  s'ils  cuisent  le  taureau ,  ce  doit  être  en  holocauste,  comme 
l'implique  la  clausule  de  la  stance  qui  les  concerne  ^  Ainsi  nous 
dit-on  explicitement  que  ffles  Dieux  offrirent  le  chien  en  sacri- 
ficen-;  et  ainsi  sommes-nous  irrésistiblement  amenés  à  penser 
que  ff  la  cuisson  du  chiens  est  un  sacrifice  oflert  par  un  suppliant 
en  détresse,  comme  l'implique  d'ailleurs  le  développement  ulté- 
rieur de  la  légende. 

U"  stade  :  récit  complet  et  organisé.  —  L'imagination  d'un  ou 
plusieurs  conteurs  brode  sur  cette  double  donnée  :  un  sacrifice 
et  une  prière  exaucée.  On  enjolive  et  l'on  dramatise  la  légende 
primitive  :  on  donne  une  épouse  au  suppliant,  on  feint  que  les 
Dieux  ont  tardé  à  répondre  à  son  appel,  et  le  tout  enfin  aboutit 
à  un  conte  d'une  parfaite  cohésion,  tel  qu'il  semble  permis  de  le 
restituer  dans  les  grandes  lignes  d'après  le  canevas  que  nous 
fournit  notre  stance.  rr  Un  homme  nommé  Vàmadêva  et  son 
épouse  étaient  perdus  dans  le  désert  et  en  danger  de  mourir  de 
soif.  Il  invo(jua  les  Dieux;  mais  il  n'avait  rien  à  leur  sacrifier. 
Dans  celte  détresse,  sa  foi  et  sa  piété  l'inspirèrent  :  il  prit  le 
chien  qui  l'accompagnait,  et,  l'ayant  tué,  il  en  fit  cuire  les  en- 
trailles en  holocauste.  Tandis  que  la  fumée  montait,  il  interro- 
geait le  ciel;  mais  ie  ciel  demeurait  sourd  à  sa  prière.  Déjà  le 
malheureux  se  désespérait;  déjà  son  épouse  défaillait  sur  le 
sol .  .  .  Tout  à  coup,  un  aigle  fendit  la  nue  et  leur  apporta  la 
douce  liqueur  qui  les  ranima.  ti 

Il  serait  évidemment  intéressant  et  probant  de  retrouver  ce 
récit,  sous  une  forme  quelconque,  dans  la  littérature  postérieuriî; 
mais  à  tous  risques  j'avouerai  que  j'en  suis  à  peu  près  aussi  sûr 
que  si  je  l'y  avais  lu  ^. 


'  ff  Telles  furent  les  lois  premières»  R.  V.  I.  i64.  hS  d. 

■'  A.  V.  VII.  5.  5  ;  cf.  Henry,  A.  V.,  VII,  p.  5o. 

^  La  meilleure  preuve,  en  somme,  que  Vàmadêva  ne  cuit  pas  le  chien  pour 


VEDICA.  249 


7.  sômo  nà  (R,  V.  V.  36,  2). 

La  comparaison,  au  premier  abord,  semble  assez  incohérente  : 
ffO  héros  aux  chevaux  bais,  puisse  le  sôma  monter  jus(ju'à  tes 
mâchoires  et  à  la  jointure  de  ton  casque  '  comme  sur  le  flanc 
d'une  montagne !r>  Mais  on  a  déjà  fait  observer  ici-  que  Tincohé- 
rence  du  Véda  ne  dépend  en  grande  partie  que  de  la  façon  dont 
nous  le  traduisons. 

Ainsi  que  Ta  fait  observer  Bergaigne  ^,  la  place  de  nà  indique  que 
sômo  appartient  à  la  fois  à  la  proposition  principale  et  à  la  com- 
paraison :  rr puisse  Sôma  monter.  .  .  .  comme  il  gravit  la  mon- 
tagne !  17  Si  dès  lors  on  tient  compte  des  rapports  fréquents  établis 
par  la  versification  védique  entre  le  sôma  et  la  montagne,  — - 
soit  parce  que  le  sôma  céleste  découle  de  la  montagne  du  ciel 
(le  nuage),  soit  à  raison  de  l'origine  montagneuse  de  la  plante 
à  sôma  elle-même,  —  on  entrevoit  d'une  idée  à  l'autre  un  rap- 
port admissible,  quoique  encore  extrêmement  factice.  On  le  com- 
plétera en  se  souvenant  de  l'identification  de  Sôma  et  de  la  lune  : 
sômo,   en    tant   c[ue   terme   de   comparaison   fait   double   sens, 

•r comme  la  lune  émerge  sur  le  sommet  de  la  montagnes. 

On  voit  les  rayons  d'or  en  illuminer  le  faîte,  comme  la  jaune 
liqueur  inonde  le  visage  d'Indra  :  tableau  pittoresque,  compa- 
raison juste  et  peu  banale,  dont  le  piquant,  pour  le  poète  vé- 
dique, se  double  d'un  jeu  de  mots  imphcite. 

8.  çipre'^. 

Le  sens  de  «mâchoires  (ham),  joues,  lèvres w  pour  çipre  duel, 
indiqué  par  les  commentaires  indigènes,  est,  comme  on  le  verra 
dans  un  instant,  partout  inutile,  et  ([uelquefois  même  gênant. 
L'origine  de  cette  interprétation  doit  sans  doute  être  cherchée 
dans  le  fait  que  la  mention  des  çipre  d'Indra  accompagne  souvent 
celle  de  ses  orgies  de  sôma;  mais  cette  association  de  termes 
s'explique  aisément  dans  un  tout  autre  ordre  d'idées. 

Pour  i'ipràs  pluriel,  le  sens  de  cf coiffures  [umlsamayijah)  ou 
mieux  ff  armure  de  tête  17  s'impose  absolument  :  R.  V.  V.  5û.  11; 

le  manger,  c'est  qu'ensuite  on  lui  apporte  à  Ivoire  :  il  meurt  donc  de  soif,  et 
non  de  faim. 

'  Voir  plus  1)0S  l'article  çtpre. 

^   Vedica,  1"  série,  p.  10  =  Mém.  Soc.  Ling.,  IX,  p.  106. 

^  Syntaxe  des  comparaisons  védiques  =  Mcl.  Reniei',  p.  79. 

*  Celte  note  n'est  jjuère  que  li;  (Ic'voloppement  et  peut-être  la  ronlirnialion 
étymologique  d'une  suggestion  de  Hergaigne  {Mém.  Soc.  Ling.,  Vlil,  p.  a.^, 
n.  i3  =  Quarante  Jlytnnes ,  ibid.).  Je  la  publie  uéanmoiiis  parce  qu'elle  a  été 
conçue  et  rédigée  indépendamment  de  la  sienne. 


250  V.   HENRY. 

VIII.  7.  2  5.  Il  est  d'ailleurs  traditionnel,  et  probablement  étymo- 
logique; car,  en  mettant  à  part  x£(pixXïj  et  kapàla,  dont  on  ne 
sait  trop  que  penser  en  dehors  de  ce  qu'en  a  dit  M.  Meillet 
[Mém.  Soc.  Ling.,  VIII,  p.  281),  on  voit  que  çip-rà  et  cap-ut  pa- 
raissent coïncider  rigoureusement,  soit  pour  le  vocalisme,  soit 
pour  le  consonantisme  de  la  racine  ^  On  doit  donc  présumer  que 
la  çiprà  est  une  pièce  d'armure  de  tête.  Le  casque  peut  se  com- 
poser de  deux  pièces  qu'on  rabat  l'une  sur  l'autre  par  devant  les 
lèvres  :  ce  sont  les  çîpre.  Ou  bien  il  en  comprend  plusieurs,  qui 
s'ajustent  et  s'emboîtent  les  unes  dans  les  autres  au  sommet  de 
la  tête  [çtrsdsu,  çlrsân),  et  ce  sont  les  çipràs.  Mais,  quel  qu'en 
soit  le  nombre,  le  mot  ne  signifie  jamais  que  fr  casque  a,  ce  qu'un 
court  examen  permettra  de  démontrer. 

A  commencer  par  les  dérivés,  YaiTot^  çipmvàn,  dont  la  forme 
supposerait  un  *çipra  neutre,  —  observer  que  le  duel  çipre  s'en 
accommoderait  également,  —  et  le  très  fréquent  çiprin,  presque 
toujours  épithète  d'Indra,  donnent  un  sens  excellent  si  on  les 
traduit  par  frarmé  d'un  casque w.  Au  contraire,  si  l'on  part  de 
çipre  hanîi  nàsike  va  (Sây.),  on  n'aboutira  jamais  qu'à  rr pourvu 
de  lèvres  w  ou  trde  nezi^,  et  l'on  conviendra  que  cela  est  un  peu 
terne.  C'est  en  forçant  et  relevant  artificiellement  l'expression  que 
le  commentaire  obtient  çobhanahanûyiiktah  frayant  de  belles  mâ- 
choires75  ou  trde  belles  joues  15;  et,  même  en  y  souscrivant,  on 
peut  à  bon  droit  se  demander  si  ces  joues  «  brillantes  w  (çobhana-) 
ne  sont  pas  précisément  les  lames  de  métal  qui  couvrent  ie  visage 
du  Dieu. 

A  plus  forte  raison,  en  dira-t-on  autant  de  VaTra^ çiprûiivàn.  Car 
de  ce  dérivé  quaternaire  on  ne  saurait  tirer  le  sens  de  k joufflu w. 
Quoi  que  signifie  çiprin,  rayant  des  joues n,  ou  rr composé  de 
pièces  de  casque '7,  il  est  clair  que  son  féminin  employé'  substan- 
tivement *çiprmi  ne  peut  avoir  une  autre  signification  que  celle 
de  tr  casque  w  :  d'oii,  çiprinlvân  tr  casqué  n.  Et  cette  interprétation 
sûre  confirme,  s'il  en  est  besoin,  l'idée  que  nous  nous  faisons  de 
la  valeur  de  çiprin  tout  court. 

Passons  aux  composés  :  âyah-çipra  et  htranya-çipra  signifient 
respectivement  ffau  casque  d'airain  w  ou  cr  d'or  55,  et  les  lèvres  en 
métal  sont,  je  pense,  hors  de  question-;  hiri-çiprâ  ne  diffère 


'  II  est  remarquable  que,  sous  suçiprd  R.  V.  II.  12.  6,  Sây.  glose  suçîrsako  va. 

■^  Qu'on  n'oljjecte  pas  âiio-hntm  tfà  la  mâchoire  de  fer»;  car  ie  pendant  *hî- 
ranya-lianu  n'existe  pas;  en  d'autres  termes,  la  nature  métallique,  en  tant 
qu'elle  s'applique  aux  çipràs,  doit  être  prise  à  la  lettre,  tandis  quelle  est  pu- 
rement métaphorique  dans  àyohanu  comme  dans  âyndamstra.  On  remarquera, 
au  surplus,  que  ces  deux  épitliètes  appartiennent  spécifiquement  à  Agni,  ie 
formidable  dévorant,  alors  quàyah-çiprâs  se  dit  des  Rbhavas,  qui  n'ont  jamais 
passé  pour  rr mordre»  qui  que  ce  fût. 


VEDICA.  251 

point  de  celui-ci  pour  le  sens,  et  à  peine  pour  la  forme;  suçiprà, 
cran  beau  casque i?,  fournit  certainement  un  sens  plus  topique 
qu'avec  l'acception  de  rt  lèvres  » ,  et  dâça-çipra  (nom  propre)  semble 
l'exclure  sans  restriction  possible;  enfin,  vrsa-çiprà,  épitbète  du 
Dàsa,  ne  signifie  point  rrau  mufle  de  taureau»,  mais  frqui  porte 
un  casque  en  forme  de  mufle  de  taureau  »,  genre  de  décoration 
animale  trop  commune  partout,  et  particulièrement  dans  les 
peuplades  barbares  et  demi-sauvages,  pour  provoquer  la  moindre 
surprise.  Restent  viçipriya  rsans  anses»  (épitbète  d'un  vase  à 
sôma)  et  viriçiprà  (nom  propre  d'un  démon),  termes  trop  peu 
clairs  pour  décider  soit  dans  un  sens  soit  dans  l'autre. 

Nous  passons  enfin  aux  emplois  du  mot  çiprà  isolé,  au  duel 
seulement,  puisque  le  sens  du  pluriel  n'est  pas  contesté. 

1°  R.  V.  1.  101.  10  :  tf Viens  t'enivrer  avec  tes  chevaux  bais, 
ô  Indra,  [et  à  cet  effet]  vi  sijasva  çipre-n,  non  pas  ff dénoue  tes 
lèvres -^j  mais  «  dénoue  les  deux  pièces  de  ton  armure  de  tête, 
ouvre  ou  défais  ton  casque»,  comme  Don  Quichotte  pour  boire 
le  baume  de  Fierabras,  ou  le  macabre  Fritz  du  Souper  des  Ar- 
mures (Th.  Gauthier). 

2°  R.  V.  m.  32.  1  :  tcO  Indra,  viens  boire  le  sôma  que  voici, 
le  pressurage  de  midi  que  tu  aimes  :  [praprûthya  çi'pre)  écartant 
d'un  souffle  puissant  les  deux  pièces  de  ton  casque,  enivre-toi ...» 
Même  idée  :  nul  n'a  besoin  de  souffler  pour  ouvrir  les  lèvres; 
elles  s'ouvrent  bien  toutes  seules;  mais  écarter  les  lames  du 
casque  en  soufflant  dessus ,  c'est  un  tour  de  force  bien  digne  de 
l'haleine  d'un  Dieu. 

3°  R.  V.  V.  36.  9  :  traduit  sous  l'article  précédent.  Avec  le 
sens  de  «lèvres»  çîpre  ne  serait  qu'une  redondance  fort  plate. 

U°  R.  V.  VIII.  76.  10  :  crEn  te  dressant  dans  ta  force,  ô  Indra, 
en  buvant  le  sôma  pressuré  dans  la  cuve,  tu  as  fait  trembler  les 
bajoues  de  ton  casque ^^  [çi'pye  avepayah).  S'il  n'avait  fiiit  trembler 
que  ses  propres  mâchoires,  il  n'y  aurait  rien  là  d'étonnant  ni 
d'exceptionnel,  et  le  tableau  serait  plutôt  grotesque. 

5°  R.  V.  X.  96.  9  :  rrLui  dont  les  cavales  d'or  ont  pris  leur 
essor  comme  deux  torrents,  lui  dont  le  casque  d'or  se  rue  en 
avant,  pour  [conquérir]  le  butin.  .  .  »  Le  sens  de  la  seconde  épi- 
tbète harini  est  précisé  par  le  parallélisme  de  harint  désignant  les 
deux  chevaux  bais,  et  précise  par  là  même  celui  de  çtpre,  qui 
d'ailleurs,  dans  une  phrase  de  ce  genre,  ne  peut  s'entendre  ni 
des  lèvres,  ni  des  narines,  ni  des  mâchoires. 

6"  R.  V.  X.  io5.  5  :  ffLui  qui  monte  les  deux  chevelus.  .  . 
[vanôli  çipràhhyâm  çiprinlvàn)  le  casqué  qui  conquiert  au  moyen  de 


252  V.   HENRY. 

son  casque  15  ou  «le  conquérant  casqué  d'un  casques,  avec  un 
pléonasme  dont  les  Védas  offrent  maint  exemple  Le  sens  de 
çiprinivàn  une  fois  fixé  comme  on  l'a  vu  plus  haut,  celui  du  cor- 
rélatif fî/;r«Wi^â/w  s'impose;  et,  même  en  le  faisant  dépendre  de 
vanôti,  on  doit  convenir  que  tr  conquérir  avec  un  casque  t^  est  une 
expression  autrement  claire  que  ff  désirer  avec  les  lèvres». 

En  résumé,  pas  un  cas  qui  ne  s'ajuste  au  sens  de  tr  casque», 
et  plusieurs  qui  répugnent  à  celui  de  «lèvres».  Qu'on  y  joigne 
l'étymologie  probable  :  la  démonstration  paraît  suffisante  ^ 

9.  jagmivân  (R.  V.  X,  10,  1). 

Bien  que  M.  Geldner  n'attache  point  à  la  rigoureuse  concor- 
dance des  formes  grammaticales  en  védique  la  même  importance 
que  moi,  il  a  bien  vu^  que  ce  masculin  ne  peut  tenir  lieu  d'un 
féminin,  ni  par  conséquent  s'appliquer  à  Yamî.  Il  l'applique 
donc  à  Yama,  et  avec  grande  raison;  car  c'est  Yama  qui  tf fran- 
chit les  vastes  pentes»  (R.  V.  X.  1/-1.  1).  Seulement  il  traduit  le 
participe  en  verbe  fini  et  l'incise  comme  une  proposition  princi- 
pale. Ce  n'est  pas  ainsi  que  j'avais  envisagé  la  question,  il  y  a 
longtemps,  lorsque  la  même  idée  m'était  venue  sans  que  je  la 
publiasse.  Les  cas  sont  assez  nombreux  dans  le  Véda  où  il  y  a 
lieu  d'admettre  l'enjambement  d'un  pâda  pair  sur  le  pàda  im- 
pair suivant,  et  nous  en  avons  ici  un  exemple,  soit  donc  : 
ff  Puissé-je  me  concilier  l'amitié  de  mon  ami  !  Fi'anchissant  maint 
océan  [pour  me  rejoindre],  ||  daigne  le  sage  divin  procurer  un 
petit-fils  à  son  père  et  songer  à  se  perpétuer  sur  la  terre!» 

V,  Henry. 


'  A  ce  sujet,  mon  obligeant  confrère  M.  Meitlet  veut  bien  m'écrire  :  «L'élymo- 
iogie  de  véd.  nprâ  dont  vous  me  partiez  me  plaît  beaucoup.  Quant  à  kapâla, 
caput,  j'avais  des  doutes  sur  ce  rapprocl)cment  depuis  longtemps  :  1°  parce  que 
je  ne  crois  pas  à  sk.  k  en  face  de  lat.  c  (et  non  qu)  hors  de  certaines  conditions 
définies;  2°  parce  que  les  exemples  de  la  voyelle  i.-e.  a  en  sk.  sont  infiniment 
rares  ailleurs  qu'au  commencement  des  mots;  3"  parce  que,  pour  le  sens,  lat. 
caput  et  ags.  hênfod  répondent  à  sk.  ciras,  et  indiquent  miiquement  l'idée  de 
tftète,  partie  supérieure n,  non  celle  d'ttécuelle»  qui  est  primitive  dans  kapâla, 
ni  même  celle  de  rc crâne n v 

^   Guriipùjdkaumudt,  p.  19  sq. 


ETYMOLOGIES. 


Le  verbe  SoKéw. 

Il  existe  chez  Homère  un  verbe  irrégulier  et  de'feclif  qui  a  beau- 
coup occupé  les  grammairiens  et  sur  lequel  Buttmann  a  e'crit, 
dans  son  LexUogus,  un  de  ses  meilleurs  articles^.  C'est  le  verbe 
qui  fait  à  Taoriste  Sôcno  ou  Séa^o  (les  manuscrits  ne  sont  pas 
d'accord  sur  la  voyelle).  Le  sens  de  ce  verbe  n'est  pas  douteux  : 
il  signifie  r:  paraître ,  sembler,  avoir  l'airw. 

JlpOGdsv  fxèv  yàp  hij  fj.oi  isméXios  Séar'  etvcci, 
NOr  §£  ^-sotcrtv  éoiKS.  .  . 

{Od.,  VI,  2/19.) 

ff  Avant  il  me  semblait  d'aspect  méprisable.  Maintenant  il  est  pareil 
aux  dieux.» 

Ce  SéaTO  ou  SoaTO  est  un  ana^  Xsyoïxevov  chez  Homère.  Mais 
dans  les  Recueils  d'Hésychius  et  de  VEtijmologicum  Magnum^  nous 
trouvons  deux  formes  apparentées  : 

AéaTai  •  (paiveTat,  hoKSi. 
Aeà[tr}v  '  èhoxifici^ov,  èhô^a^ov. 

(  Hésychius.  ) 

On  aurait  [)u  néaninoins  rester  dans  le  doute  sur  ce  SéocTO  si, 
par  une  heureuse  rencontre,  une  inscription  trouvée  par  M.Fou- 
cart  eu  1869,  à  Tégée,  ne  nous  l'avait  pas  représenté  jusqu'à 
trois  fois  : 

Eï  xâv  SsoLTOi  cr(psis  'sfoXsfxos  ^vcci  à  xwXvoov  crsi  la  guerre  leur 
paraît  être  l'empêchement w; 

^afxiovTO)  oî  êcrSoTrfps?  oaott  âv  SéaTOi  (7(^815  ^aj^/at  rrque  les 
magistrats  chargés  de  l'adjudication  punissent  de  l'amende  qu'il 
leur  semblera  bon«; 

et  S'  av  Tis  Tùjv  èpywvdv  rj  tôjv  èpya.t^oiiévwv  éwripsid^sv  Séaroi 
îv  Ta  ipya..  .  .  «si  quelqu'un  des  entrepreneurs  ou  des  ouvriers 
semble  faire  obstacle  au  travail-^. 


'  II,  p.  101. 

*  Cauer,  Delectus,  n"  ^157. 

MÉM.  UNO.  — -IX.  17 


25/i  M.  BRÉAL. 

Le  sens  de  Séoaoi  dans  ces  trois  passages  n  est  pas  douteux  : 
c'est  celui  du  latin  videri. 

Mais  ce  même  vers  reparaît  encore  chez  Homère  sous  une  autre 
forme.  Il  a  pris  la  de'sinence  -a^o),  -a^Ojua*,  si  usitée  plus  tard, 
déjà  fréquente  aux  temps  homériques,  comme  on  le  voit  par  les 
verbes  comme  fxtydlofioti  ffse  mêler r»,  dsKix'(o(x(xt  refaire  quelque 
chose  à  contre-cœur.  T)  On  a  eu  de  cette  façon  un  verbe  Soa^ofxai 
tr  semblera,  qui  revient  régulièrement  toutes  les  fois  que  le  poète 
veut  nous  dire  qu'une  résolution  a  semblé  la  meilleure  : 

whs  hé  oi  (ppovéovTi  Soào-ffaTO  xéphiov  etvai^. 

Les  commentateurs  expliquent  par  êSo^e. 

En  dehors  de  ce  vers  qui  revient  souvent  sans  changement, 
nous  en  avons  un  autre  où  paraît  le  futur  Soaa-a-STai.  C'est  Nestor 
qui  donne  des  conseils  à  sou  fds  Antilochus  pour  la  course  des 
chars  {Iliade,  XXIII,  33 9).  Il  doit  tourner  le  but  de  si  près  qu'il 
ait  l'air  de  le  frôler  : 

èv  vvatjr}  Si  roi  ÏTfito?  àpialepos  èy')(jpi\i(pdr)f(ti, 
œs  âv  TOI  T^rXrjfxvY)  ye  hoàaaeroii  ânpov  inéadai 
xiHkov  'zroirjTOio. 

Le  scoliaste  explique  SodcrosTOii  par  (pavTaa-dtj,  voiiicrBr). 
A  côté  de  Sod^oixoLi  il  y  a  dû  avoir  aussi  une  forme  Sed^ofiai 
ou  Seid^oixai.  C'est  ce  qui  ressort  de  la  glose  d'Hésychius  : 

hictcrOev  èhàxovv^. 

Ce  verbe  dérivé  Socc^oijuxt,  Ssid^Ofxai  a  donc  remplacé  un  verbe 
plus  ancien  auquel  appartiennent  les  formes  comme  SéoLio,  Séa- 
701,  fîeaf/ar.  Quant  au  sens,  il  est  toujours  le  même,  c'est  repa- 
raître, sembler  n. 

Ce  verbe  a-t-il  disparu  de  la  langue  grecque  ? 

Je  ne  le  crois  pas.  Il  serait  étrange  qu'un  verbe  si  nécessaire 
eût  succombé.  Je  crois  qu'au  contraire  il  est  très  employé  en  grec. 

Une  chose  a  dû  frapper  le  lecteur  :  c'est  la  persistance  avec 
laquelle,  dans  les  commentaires  des  scoliastes,  nous  voyons  re- 
paraître le  verbe  Soxéoo.  Cette  synonymie  est  déjà  un  avertissement 
pour  l'observateur. 

Le  X  n'a  rien  qui  doive  nous  étonner.  On  a  un  assez  grand 
nombre  de  verbes  pour  lesquels  il  existe  deux  formes,  avec  ou 
sans  X.  Nous  citerons  seulement  : 

oXXvfxi  et  oXéxco 

êpvco  êpvxco 

1  Voir  par  exemple  IL,  XIII,  A 58,  Od.,  ^^h^h. 

*  Les  manuscritsdonnent^/affôev,  mais  l'ordre  alphabétique  réclame  ^e/atrôei;. 


ÉTYMOLOGIES. 

•255 

/Sop-                         Gt 

(2pvxM 

Scôxcj  (cypriote) 

enlaxov 

SéSlCL 

SéSoixa. 

Une  des  plus  belles  observations  de  George  Curtius  a  e'ië  de 
montrer  que  ce  x  est  le  même  que  nous  avons  dans  les  parfaits 
comme  'oséTtlcûxa,  léXvxa,  ainsi* que  dans  les  aoristes  é'Scoxcc, 
ëdvxa,  srjxa.. 

Aoxéo  appartient  à  cette  même  formation.  On  sait  que  Soxéo) 
n'est  pas  un  verbe  contracte  ordinaire  :  il  fait  au  futur  Sg^co^  à 
l'aoriste  iJ'o^a,  au  parfait  passif  SéSoxTai.  Il  a  donné  naissance 
à  des  dérive's  comme  Sôyçjta,  Sô^a,  qui  s'écartent  de  l'analogie 
des  mots  tirés  de'  verbes  contractes.  Je  suppose  que  l'intermé- 
diaire entre  Soxéco  et  SéctTcti  est  un  ancien  parfait  ^ei^oxe  <•?  il  semble  r, , 
qui  n'a  pas  survécu,  mais  qui  a  laissé  un  héritier  très  vivant  dans 
le  verbe  Soxéw^. 

C'est  ainsi  que  le  langage  ne  laisse  rien  perdre  de  ce  qui  lui 
est  utile;  mais  il  remplace  les  anciennes  formations,  devenues 
trop  irrégulières  et  trop  malaisées,  par  des  formations  plus  mo- 
dernes et  plus  commodes. 

Il  resterait  à  trouver  l'étymologie  de  cette  famille  de  mots. 
Mais,  en  l'absence  du  témoignage  des  langues  congénères,  il  est 
difficile  de  rien  dire  de  certain.  M'étant  d'ailleurs  renfermé  jus- 
qu'à présent  dans  la  langue  grecque, j'aime  mieux  ne  pas  en  sortir. 
Arrivé  à  cette  antique  période  de  l'histoire  du  verbe  Séarai,  je 
crois  qu'il  faut  mettre  cette  ligne  de  points  par  lesquels  les  géo- 
graphes marquaient  autrefois  les  terres  inconnues^. 

K.a.7Tpa.tvoL,  Xvxaiva. 

Le  grec  forme  le  féminin  d'un  certain  nombre  de  noms  d'ani- 
maux au  moyen  du  suffixe  -aiva  : 


xaTTpos 
Xvxos 

xct.'Kpaiva 
Xvxaiva 

Zs 

vaiva 

Spaxwv 

Spaxo-iva. 
Xsaiva. 

Il  est  clair  qu'il  doit  se  trouver  un  chef  de  file.  Je  crois ,  en  outre, 

'  A  ceux  qui  sont  familiers  avec  les  observations  de  la  {jrammairc  comparée , 
il  n'échappera  pas  que  c'est  tout  à  fait  l'histoire  dos  varhasfacioeljacio  en  latin. 
Comparez  aussi  en  grec  SetSherofmt  tr craindre»  (pour  SeiSiH.jofji.oii),  dérivés  du 
parfait  SeiSoixa. 

-  J'ai  indiqué,  dans  mon  Dictionnaire  latin,  la  parenté  probable  avec  decet, 
decus. 

17. 


256  M.  BRÉAL. 

que  ce  chef  de  file  qui  a  entraîné  à  sa  suite  ces  divers  noms  d'a- 
nimaux, doit  être  lui-même  un  nom  d'animal. 

On  sait  que  l'extension  des  suffixes  est  soumise  à  certaines 
règles  se'man tiques.  L'esprit  populaire,  lui  non  plus,  ne  procède 
point  par  sauts  :  il  va  de  proche  en  proche,  d'après  certaines  as- 
sociations d'idées  faciles  à  comprendre  pour  tout  le  monde. 

Je  n'ai  pas  besoin  de  dire  que  le  point  de  départ  ne  peut  être 
un  nom  comme  XeW,  Spdx^ov.  Ces  mots,  au  féminin,  auraient 
produit  Xéovaa,  Spdxova-a. 

Il  n'y  a,  à  ma  connaissance,  qu'un  seul  mot  grec  qui  réponde, 
pour  le  sens  comme  pour  la  forme,  au  desideratum  que  nous 
cherchons.  C'est  xvcov  vie  chien w.  Kvoov  a  dû  avoir  anciennement 
un  féminin  nvaiva,  comme  Xctxcov,  TéfiToov  ont  fait  Xdxaiva,  tsk- 

Le  grec  classique  a  abandonné  ce  féminin.  Il  dit  ri  kvcov,  ou 
bien  xwicrxr).  Mais  la  formation,  comme  on  voit,  avait  eu  le  temps 
de  se  propager. 

La  linguistique  parvient  donc  ici  à  reconstituer  (si  je  ne  me 
trompe),  avec  une  grande  vraisemblance,  un  vocable  qui  ne  s'est 
conservé  nulle  part. 

KvSpa.'KoSov. 

Ce  composé  ne  s'explique  que  si  on  le  replace  dans  la  série 
dont  il  fait  partie. 

Le  grec  avait  un  vocable  pour  désigner  le  sol  :  Sd-TreSov.  Ce  fut 
une  première  forme  de  la  propriété.  Une  autre  sorte  de  propriété, 
ce  que  nous  appelons  aujourd'liui  la  ff  propriété  bâties,  c'est  oIkS- 
TreSov.  Enfin  l'esclavage  étant  dans  l'antiquité  une  troisième 
forme  de  la  propriété,  l'esclave  s'appela  àvSpdiio^ov.  Il  ne  fau- 
drait donc  pas  expliquer  ce  mot  en  le  séparant  de  ses  compa- 
gnons, comme  on  a  fait  quand  on  a  supposé  que  l'esclave  était 
ainsi  nommé  :  œno  lov  d7:oS6crdat  (à  cause  de  la  vente)  ou  :  dna 
7ïjs  zféSï]?  (à  cause  des  chaînes  aux  pieds  ^). 

Il  ressort  de  ces  composés  que  tssSov  ou  ^aôSov  doit  être  en- 
tendu au  sens  de  trbienw,  comme  quand  nous  disons  cries  biens 
meubles  et  immeubles  w.  Il  ne  s'est  conservé  qu'à  la  fin  des  com- 
posés, à  peu  près  comme  les  syllabes  -tum,  -heit,  -schaj't,  en  alle- 
mand. 


'  Je  cite,  à  titre  de  curiosité,  l'étymologie  de  Prellwitz.  ffDer  mit  menschli- 
cbeu  Fùssen  versehene  Teii  des  Tspô^onov.  n 


ÉTVMOLOGIES.  257 


Sc>}prj(7(7Sa-9ai^  Annare. 

Quand  j'ai  fait  dériver  armure  de  armm  tf  e'paule  ^  ii ,  j'aurais  dû 
mentionner  un  fait  absolument  semblable  en  grec.  Le  substantif 
Q-côptj^f:  poitrine  n  a  donné  B-ooprja-crea-doti ^  (]ui ,  déjà  dans  la  langue 
homérique,  signifie  'fs'armen:  : 

MJ7Tep  s(xr).  Ta  fièv  buXa.  S-eôs  Tsàpsv,  oî'  èirieixès 
Èpy'  énsv  ddaviriov,  (xri^è  jSpoTov  âvhpa.  xeXéaaai, 
Nûv  S'^TOt  [Lsv  èyw  Q-copyj^onat.  .  . 

{Il,  XIX,  ai.) 

OvTS  -nroT  es  -crdXsfxov  âp.a  Xaù>  B-ci3prj)(dyjvai, 
Ot/TS  Xè^ovh'  iévai  crvv  dpi(7lije<T(7iv  Ap^atwv 

{U.,  I,   326.) 

La  divergence  entre  les  deux  langues  est  qu'en  latin  armare  a 
ensuite  donné  naissance  au  substantif  dérivé  arma,  au  lieu  qu'en 
grec,  par  un  procédé  un  peu  différent,  le  verbe  a  communiqué 
sa  signification  au  primitif  S-aJprjf,  qui,  dès  lors,  a  voulu  dire, 
non  seulement  rr  poitrine  w,  mais  encore  cr  cuirasse  tî. 

H  èSôs. 

Parmi  les  mots  en  os  qui,  contrairement  à  leur  désinence,  sont 
du  genre  féminin,  il  y  a  >?  oSos,  v  xsXevOos,  >)  oipios,  rj  TpiSos, 
qui  tous  quatre  expriment  l'idée  de  chemin  ou  de  route. 

Peut-être  avons-nous  ici  un  reste  de  ce  qu'on  pourrait  appeler 
la  tendance  anthropomorphique  de  la  langue.  Le  même  tour 
d'esprit  qui  fait  qu'encore  aujourd'hui  nous  disons  f  embrasser 
une  profession,  une  opinion,  un  parti i',  et  qui  faisait  dire  aux 
Latins  amplecti  dignitates,  artem,  virlutem,  ce  même  tour  d'esprit 
a  pu  suggérer  l'idée  du  féminin  pour  une  voie  ou  une  route  qu'on 
choisit.  Cf.  en  allemand  :  einen  Weg  ergreifen. 

On  demandera  peut-être  pourquoi  les  Grecs,  pendant  qu'ils  y 
étaient,  n'ont  pas  dit  :  rj  oSrj,  r?  oïfxr].  Mais  c'est  que  l'imagination 
a  plus  vite  fait  de  changer  l'idée  que  le  langage  de  changer  la 
forme.  C'est  ainsi  que  se  produisent  les  anomalies.  Quand  les 
Romains  ont  commencé  de  se  représenter  l'Amour  sous  l'appa- 
rence d'un  jeune  garçon  armé  d'un  arc  et  de  flèches  et  ayant  les 
traits  de  Œpus  grec,  ils  ont  changé  le  genre  du  mot  latin  Cu- 
pido.  Mais  ils  n'en  ont  pas  modifié  le  suffixe,  qui  est  celui  des 
mots  féminins  comme  libido,  dulcedo. 

'  Mémoires,  IV,  89. 


258  M.   BRÉAL. 


Fabulœ  mânes. 

Il  existe  en  grec  deux  verbes  qui  se  ressemblent  par  leur  forme, 
mais  qui  diffèrent  notablement  par  le  sens,  l'un  signifiant  repar- 
ler», l'autre  ftparaîtren.  L'un  est  le  verbe  (prjixi,  l'autre  le  verbe 
(paivcà.  Le  verbe  (pvfJiî  a  une  racine  Çirj  ou  (pa,  qui  se  retrouve 
dans  (pt{(j.i]  te  la  renommée  tj,  Çxxtis  tla  rumeur  77,  (pdais  cda  pa- 
roles, etc.  D'autre  part,  le  verbe  (palvw  a  une  racine  (pav  ou  (pa 
que  nous  avons,  par  exemple,  dans  <pav6i  tr clair w,  (^dcryca  cr ap- 
parition w,  (pavTd^ct)  refaire  paraître i^,  etc. 

Si  nous  cherchons  en  latin  les  repre'sentants  de  ces  deux  ra- 
cines, nous  trouvons  bien  que  la  racine  reparlera  est  repre'sentée 
T^diV  fan ,  fàma ,  fâium ,  fabula ,  etc.  Mais  il  semble  que  l'autre  ra- 
cine., celle  qui  signifie  reparaître,  n'ait  rien  donne'. 

Je  crois  qu'il  y  a  en  latin  un  survivant  de  cette  racine  :  mais 
il  a  e'te'  absorbé  parla  famille  du  verbe  y^n,  dans  laquelle  il  a 
rencontré  précisément  un  homonyme.  Je  veux  parler  du  mot /a- 
hula  «apparition»,  qu'on  a  amalgamé  avQcfabiiIa  re  parole,  fable». 

Je  rappellerai  d'abord  les  vers  d'une  ode  bien  connue  d'Ho- 
race: 

0  béate  Sesti, 
Vilœ  summa  brevis  spem  no^  vetat  inchoare  longam  : 

Jam  te  premet  nox ,  fabulaeque  mânes , 
Et  domus  exiUs  Plutonia .  .  . 

Ce  fabulœ  mânes  ft  bien  embarrassé  traducteurs  et  commenta- 
teurs* On  a  généralement  fait  da  fabulœ  un  génitif:  reLes  mânes 
de  la  fable.»  Un  commentaire  latin  fexplique  de  cette  façon  : 
Fabulosi  inferi,  de  quitus  et  poetœ  et  philosophi  tam  multafabulantur. 
Mais  pour  qui  lit  d'une  venue  les  vers  d'Horace,  cette  interpréta- 
tion n'est  pas  acceptable.  Le  poète,  qu'il  soit  réellement  croyant 
ou  non,  admet  en  ce  moment  comme  vraie  la  donnée  mytho- 
logique :  il  parle  des  mânes,  il  va  parler  de  la  triste  demeure  de 
Pluton,  ce  n'est  pas  le  moment  d'intercaler  un  mot  qui  infirme- 
rait ce  qui  précède  et  qui  détruirait  tout  le  mouvement  de  sa 
pensée.  D'autre  part,  la  symétrie  réclame  un  nominatif  de  pré- 
férence à  ce  génitif  d'une  latinité  douteuse.  Orelli  suppose  en 
effet  que  fabulœ  est  un  nominatif;  il  met  en  note  :  Mânes  fabulosi , 
id  est  humes.  ^Ims  fahnlœ  ne  peut  se  mettre  à  la  place  do  fabulosi. 

Fabidœ  mânes  était,  à  ce  que  je  crois,  une  expression  toute 
faite,  qui  nous  a  conservé  le  vieux  mot  fabida^  signifiant  «ap- 
parition». La  racine  est  ici  la  même  que  dans  le  grec  (paivw, 
d'où  les  substantifs  (pdaixa,  (pdvTaafjux.  La  racine  sanscrite  est 
bhâ  reparaître»,    d'où   bhàma-s   re apparence»,    bhânu-s  (même 


ÉTYMOLOGIES.  259 

sens).  Le  suflBxe  est  ie  même  que  dans  siibida,  pabiilum,  concilia- 
bulum  ^. 

Le  même  mot  reparait  chez  Perse  (V,  lôa);  le  poète  donne 
des  conseils  à  un  ami  qui  ne  sait  pas  jouir  de  la  vie  : 

Inddge  genio  ;  carpamus  dulcia  ;  nostrum  est 
Quod  Aivis  :  cinis  et  mânes  et  fabula  fies. 

On  a  traduit,  en  forçant  un  peu  les  choses  :  «Tu  deviendras 
une  fable n,  c'est-à-dire  mn  mot,  un  vain  souvenir rj.  Mais  ici 
Perse,  soit  qu'il  ait  connu  les  deux  mois  fabula,  soit  qu'il  ait  été 
simplement  guidé  par  l'usage,  a  voulu  dire  :  «Tu  deviendras 
une  ombre,  un  fantôme. t^ 

La  pensée  —  et  même  l'expression  —  sont  à  peu  près  les 
mêmes  que  dans  les  vers  de  Ronsard  : 

Je  serai  sous  la  terre,  et  fantôme  sans  os 

Par  les  ombres  rayrteux  je  prendrai  mon  repos .  .  . 

Il  y  a,  si  je  ne  me  trompe,  un  troisième  exemple,  antérieur 
aux  deux  précédents,  âe fabula  employé  dans  ce  sens.  Il  est  dans 
VHécyre  de  Te'rence. 

Lâchés  et  Sostrate,  ces  deux  vieux  époux,  si  attachés  à  leur 
fils,  si  pleins  de  désintéressement  pour  eux-mêmes,  croient  qu'ils 
sont  la  cause  du  trouble  survenu  dans  le  jeune  ménage  de  leur 
enfant.  Pour  y  mettre  fin  ils  se  décident  à  se  retirer  à  la  cam- 
pagne. Mais  le  fils,  touché  de  cette  abnégation,  insiste  pour 
qu'ils  restent. 

Pamphile. 

tr Quelle  idée,  ma  mère.  Quoi!  Pour  complaire  à  un  caprice 
vous  iriez  vous  confiner  à  la  campagne'?...  Renoncer  à  vos  amis, 
à  vos  parents,  aux  jours  de  fête  passés  en  commun,  le  tout  pour 
l'amour  de  moi  ?  Non ,  il  n'en  sera  rien,  v 

Sostrate. 
«Les  plaisirs,  mon  fils,  ne  sont  plus  de  mon  âge.  .l'ai  eu  mon 
temps,  j'en  ai  joui;  le  moment  de  la  satiété  est  venu...  A  notre 
âge,  on  ne  fraye  pas  avec  la  j(;unesse.  R  est  sage  de  se  tenir  à 
l'écart.  Nous  ne  sommes  plus,  pour  tout  dire,  que  des  omhres 
(fabulœ),  un  vieillard  et  une  vieille  femme.'» 

E  medio  œquum  excedere  est  :  postronio  nos  jani  Aibulaî 
Sumus,  Pamphile,  seuex atque anus ". 

{llccyre,  v.  6ao.) 


'  Cf.  io  suffixe  diminutif  que  nous  avons  dans  niostellum  r  apparition  n,  ve- 
nant de  inonslnim. 

^  Ces  mois  :  postremo  nos  jam  fnlmlœ  sumus,  ont  été  quelquefois  traduits 


260  M.  BRÉAL. 

Cette  métaphore  est  familière  aux  anciens.  Elle  est  exprimée 
ailleurs  par  les  mots  umhra  ou  effigies^. 

Je  crois  donc  que  dans  les  dictionnaires  on  fera  bien  à  l'avenir 
d'avoir  deux  articles /rtèw/rt.  Toutefois,  comme  il  arrive  assez  sou- 
vent, il  semble  que  l'un  des  deux  mots  ait  réagi  sur  l'autre,  et 
de  même  que  le  second  fabula  désigne  une  apparition  sans  réalité, 
le  premiei",  qui  voulait  dire  rf  parole  w,  en  est  venu  à  marquer  un 
discours  en  l'air,  une  invention,  une  fable. 

Sterilis. 

On  rapproche  généralement  l'adjectif  latin  sterilis  du  substantif 
grec  crIsTpa,  qui  désigne  une  femelle  n'ayant  pas  encore  eu  de 
petit.  Mais  il  y  a  loin  de  la  virginité  à  la  siérilité.  En  outre  c'est 
tenir  peu  de  cas  du  sufBxe  -ilis,  qui  ne  doit  pas  être  sans  signifi- 
cation. Ce  suffi)^e  a  ordinairement  le  sens  jiassif  et  marque  qu'une 
chose  peut  ou  doit  être  faite  (facilis,  fragilis,  docilis). 

Sterilis  est,  selon  moi,  dérivé  de  sternere,  et  désigne  proprement 
ce  qui  est  bon  à  répandre  en  litière. 

Sterilitas  est  donc  un  ancien  synonyme  de  calamitas. 

Ce  dernier,  comme  me  l'a  suggéré  notre  confrère  M.  d'Arbois 
de  Jubainville,  a  d'abord  marqué  la  récolte  qui,  au  lieu  de  venir 
en  épis,  vient  en  chaume  et  en  paille.  Sierilitas  appartient,  selon 
toute  apparence, au  même  ordre  d'idées.  Le  substantif,  ainsi  qu'il 
arrive  souvent,  a  ensuite  réagi  sur  l'adjectif.  Virgile  a  employé 
le  mot  dans  le  sens  propre,  quand  il  a  dit  : 

Infeiix  iohum ,  et  stériles  dominantur  avenœ. 

Et  Ovide  ; 

Gères  steriiem  vanescit  in  herbam. 

Sterilis  herba,  c'est  de  l'herbe  borme  à  donner  en  litière. 

Aufero ,  aufugio. 

Parmi  les  formes  dialectales  du  latin,  je  serais  tenté  de  mettre 
les  deux  verbes  aufero  et  aufugio,  puisque  ce  n'est  pas  l'habitude 

«Nous  sommes  au  bout  de  la  comédien  Mais  postremo  esse  n'est  pas  plus  latin 
que  ne  le  serait,  d'autre  part,  posiremo  fahulee.  Il  y  a  donc  là  une  double  im- 
possibilité. Il  (aut  voir  dans  posiremo  un  adverbe  signifiant  «enfin,  au  reste,  au 
résumé».  —  Cet  adverbe  appartient  particulièrement  à  la  langue  de  la  comédie. 
fEnfin,  laissez-moi  conduire  cette  aflaire».  Postremo  id  da  milii  negoti,  dit  dans 
VAndrieiiiie  (v.  Bai)  un  personnage  de  Téronce.  —  «Au  reste,  ceci  me  re- 
garde. 15  Postremo,  edepol ,  ego  istam  rem  ad  me  attinere  intellego,  dit  un  person- 
nage de  Plante  [Trinummus,  v.  Sgi). 

'  Plaute,  Miles,  622.  —  Liv.  XXI,  io,  etc. 


ÉTYMOLOGIES.  261 

du  latin  classique  de  changer  h  enu.  La  prononciation  e'trusque, 
au  contraire,  tend  visiblement  à  confondre  le  F  et  le  V.  On  peut 
donc  supposer  que  aufero  et  aufugio  ont  été'  emprunte's  à  quelque 
idiome  italique  voisin  de  la  Toscane.  Il  y  avait  inte'rèt  ici  à  ac- 
cueillir les  variantes  dialectales  pour  éviter  la  confusion  avec  af- 
fero.  Un  autre  moyen  est  celui  qui  nous  est  atteste'  par  le  se'natus- 
consulte  des  Bacchanales  :  arfucrunl.  arfuisse. 

L'INSCRIPTION  OSQUE  D'ANTINO. 


PA-VI-PACVIES-MEDIS 
VESVNEDVNOMDED 
CACVMNIOS-CETVP 


Cette  inscription,  de'couverte  à  Antinum,  aujourd'hui  Civilà 
d'Antino,  se  trouve  chez  Mommsen,  Unteritalische  DiaJekte.  p.  32  i, 
et  chez  Zvetaiefi,  Insa-iptmies  Italiœ  mediœ,  n°  Ai.  Elle  a  e'teTobjel 
de  diverses  interpre'tations,  sur  lesquelles  il  est  inutile  de  revenir. 
Je  crois  qu'on  s'est  beaucoup  e'ioigne'  de  la  ve'rité,  qui  avait  été 
entrevue  par  Garrucci. 

Il  s'agit,  comme  il  est  aisé  de  le  voir,  d'une  dedicalio.  La  pre- 
mière ligne  donne  le  nom  du  magistrat  {médis)  :  Pa{quius)  Pacu- 
vius,  fils  de  Vibius. 

Puis  vient  la  divinité  à  laquelle  est  offert  l'objet  sur  lequel 
était  fixée  la  tablette  de  bronze;  la  déesse  Vesiina,  bien  connue 
par  les  tables  Eugubines. 

Contrairement  à  toute  bonne  phonétique,  on  a  voulu  voir  dans 
cetur  le  nom  de  nombre  quatuor.  L'un  des  premiers  interprètes, 
Garrucci,  était  plus  près  de  la  vérité  quand  il  traduisait  par  CEN- 
TVRIO,  Je  crois  qu'en  réalité  il  faut  lire  CENTVRIA. 

Dans  CVMNiOSon  avait  prétendu  reconnaître  le  nom  des  objets 
consacrés  à  la  déesse  :  mais  Cumnios  (pour  Cumniosum)  est,  non 
pas  un  accusatif,  mais  un  génitif  pluriel.  C'est  le  nom  des  Comi- 
nii  ou  anciens  habitants  de  la  ville  de  Cominium.  Cette  ville 
était,  située  à  peu  de  distance  d'Antinum  :  détruite  pendant  la 
guerre  des  Samnites,  elle  n'a  pourtant  pas  disparu  entièrement, 
car  Pline  l'Ancien  cite  les  Comimi  parmi  les  populations  de  l'Italie 
cenlrale.  Il  n'y  a  donc  rien  d'étonnant  à  trouver  à  Antinum  une 
centurie  qui  porte  leur  nom.  Il  existe  encore  aujourdhui  un  lieu 
appelé  Val  di  Cominio  (près  San  Donalo). 

Reste  la  syllabe  CA.  Mais  elle  doit  être  jointe  à  DED,  ce  qui 
nous  donne  DEDCA  :  dedicat.  Le  t  manque,  comme  il  arrive  assez 
souvent  dans  les  dialectes  italiques.  Nous  y  reviendrons  tout  à 
l'heure. 


262  U.  BRÉÂL. 

Le  sens  de  Tinscription  est  donc  :Paquius  Pacuvius,Vibiifilius, 
magistratus.  Vesunae  donom  dedicat  Cominiorum  centuria. 

La  langue  de  cette  inscription  est  intéressante  en  ce  qu'elle 
tient  le  milieu  entre  l'osque  et  le  latin.  A  Tosque  appartient  en 
particulier  le  nominatif  Pacuies.  Au  latin,  le  ge'nitif  pluriel  en  oriim 
(Tosque  a  partout  le  génitif  pluriel  en  um).  On  peut  s'e'tonner  de 
trouver  ositm,  au  lieu  de  orum,  dans  une  inscription  qui,  à  en 
juger  par  la  forme  des  caractères,  n'est  pas  de  date  très  ancienne; 
mais  il  faut  tenir  compte  de  celte  circonstance  que  l'expression 
CVMNIOS-CETVR  e'tait  probablement  une  expression  toute  faite, 
comme  l'est  par  exemple  en  latin  apud  œdem  Costorus.  C'est  dans 
ces  expressions  officielles  que  les  archaïsmes  se  conservent  le  plus 
longtemps,  surtout  si  elles  sont  écrites  en  abrégé. 

La  chute  du  t  de  dedical  s'explique  par  cette  circonstance  que 
le  mot  suivant  commence  par  une  consonne  :  dans  les  inscriptions 
pariétaires  de  Pompéi  on  a  peria,  habia,  valia.  En  falisque  :  cupa. 
En  ombrien  :  habe,  dida. 

Quant  à  l'omission  de  l'n  devant  t  (cetur),  on  en  a  aussi  bien 
des  exemples  en  latin  que  dans  les  dialectes  du  nord  ou  du  sud 
de  l'Italie;  latin  :  bene  mei^eti,  monumetum;  osque  :  set  pour  sent, 
arogetud  pour  aragentud;  ombrien  :  persiitru  ipouT  persontro,furfat 
ipour  fur/'ant. 

Michel  Bréal. 


DICTIONNAIRE 

DE  LA  LANGUE  MANDÉ. 


INTRODUCTION. 


DOMAINE  DE   LA    LANGUE  MANDE. 
CARACTÈBES  DISTINCTIFS   DE  CETTE  LANGUE  ET  DE   SES  DIVERS  DIALECTES. 

La  région  soumise  à  l'influence  française  dans  l'Afrique  occi- 
dentale est  divise'e  en  trois  zones  bien  distinctes,  habite'es  par 
des  peuplades  de  races  et  de  langues  tout  à  fait  différentes.  Le 
long  de  la  côte  de  l'océan  Atlantique,  ce  sont  d'abord  les  pays 
du  Cayor  et  du  Baol.  Leurs  vastes  plaines  sablonneuses  s'étendent, 
au  nord,  jusqu'au  Sénégal;  au  sud,  jusqu'à  la  Gambie.  Celte 
région  est  habitée  par  les  Wolof  et  les  Sérèr. 

En  seconde  ligne,  une  bande  de  terrain  d'un  caractère  diffé- 
rent est  constituée,  au  sud,  par  le  massif  montagneux  qui  forme 
le  nœud  principal  du  partage  des  eaux  dans  cette  partie  de 
l'Afrique,  et  s'étend,  au  nord,  ju?;qu"au  cours  du  Sénégal,  paral- 
lèlement à  la  cote.  La  partie  nord  est  ce  qu'on  appelle  le  Fouta 
sénégalais;  la  partie  montagneuse  est  le  Fouta  Dyalon.  De  là 
descendent,  au  nord,  la  rivière  Blanche  (Bakhoï),  qui  devient 
ensuite  le  Sénégal,  et  son  affluent,  la  Falémé;  à  l'est,  le  Tankiso, 
le  principal  affluent  de  gauche  du  -Niger;  à  l'ouest,  enfin,  la 
Gambie,  la  Cazamance,  les  Scarcies.  Cette  région  fui  le  berceau 
de  la  puissance  africaine  moderne  de  la  race  peule.  C'est  de  là 
et  du  Masina  que  sont  pailies,  dans  les  dernières  années  du 
siècle  dernier,  les  bandes  musulmanes  qui  ont  pénétré  dans  les 
pays  Haousa  jusqu'aux  bords  du  lac  Tchad  et  dans  le  Baghirmi 
et  l'Adamawa. 

Au  delà  des  montagnes  de  la  Falémé  et  du  massif  du  Fouta 
Dyalon,  le  terrain  s'ouvre  en  de  larges  plaines,  où  le  sol  est 
absolument  uniforme.  Composé  partout  des  mêmes  grès  et  de  la 
même  argile  feriUjgineuse,  il  se  ravine  profondément  au  passage 
des  eaux.  De  temps  à  autre,  des  blocs  épars  se  dressent,  témoins 
persistants  des  bouleversements  géologiques  antérieurs.  C'est  là, 


264 


.I.-B.    RAMBMID. 


sur  une  vaste  étendue  de  pays,  que  s'est  de'veloppée  la  race 
mande'. 

Entre  les  Wolof  et  les  peuples  mande',  les  Peuls,  gagnant  du 
terrain  chez  les  nations  voisines,  ont  formé  de  nombreuses  tribus 
métisses.  Sans  chercher  à  résoudre  la  question  controversée  si 
les  Woiof  sont  des  produits  croisés  de  Sérèrs  et  de  Peuls,  on 
peut  affirmer  qu'il  existe  des  métis  tout  autour  de  l'îlot  peul.  Le 
Foula  sénégalais  est  habité  par  des  croisés  de  Peuls  et  de  Nègres, 
que  l'on  appelle  Toucouleurs.  Ce  nom  est  le  même  que  celui  de 
Tekroui",  par  lequel  on  désignait  autrefois  la  région  nord-est  du 
Soudan.  D'après  le  général  Faidherbe ,  ce  mot  veut  dire  :  convertis^. 
Ces  peuples  ont  été,  en  effet,  les  premiers  convertis  à  l'islamisme. 
Les  Toucouleurs  ont  la  peau  noire,  mais  leurs  traits,  beaucoup 
plus  fins  que  ceux  des  Nègres ,  décèlent  en  eux  le  sang  d'une  race 
supérieure. 

Vers  l'est,  dans  le  Wasoulou,  qui  borde  la  rive  droite  du 
Niger,  de  Sigiri  à  Kangaba;  dans  le  Sankaran,  le  Kouranko,  et 
tout  le  bassin  du  Milo,  il  existe  une  race  d'hommes  qui  se  disent 
Peuls,  mais  chez  qui  les  traits,  les  mœurs  révèlent  une  forte 
proportion  de  sang  mandé,  et  qui  parlent  un  dialecte  mandé. 
Au  contraire,  leurs  noms  de  famille,  le  grand  critérium  de  la 
race  en  Afrique,  sont  des  noms  peuls,  tout  comme  ceux  des  Tou- 
couleurs. Ces  hommes  ont,  d'ailleurs,  gardé  le  souvenir  des 
migrations  de  leurs  ancêtres,  qui  se  seraient  effectuées  par  les 
routes  Kourousa-Kankan  et  Dingiraï-Sigiri. 

Au  nord-est  enfin,  les  environs  du  Sénégal,  de  Kayes  à  Ba- 
doumbé,  sont  babités  par  des  métis  de  Peuls.  On  appelle  cette 
région  le  Khaso.  Ses  habitants  sont  les  Khasonké  (hommes  du 
Khaso). 

De  tous  ces  descendants  de  Peuls,  Toucouleurs,  Khasonké, 
Wasoulounké,  Sànkaranké,  etc.,  les  premiers  seuls  ont  gardé  la 
langue  peule  avec  de  légères  modifications.  Les  Wolof  ont  une 
langue  à  part,  qui  a  de  grandes  parentés  avec  le  sérèr,  d'où 
elle  tire  probablement  son  origine.  Les  autres  ont  adopté  la 
langue  mandé. 

Nous  venons  de  reconnaître,  dans  la  région  au  sud  de  la  ligne 
du  Sénégal  et  du  Niger,  l'existence  de  trois  zones  distinctes,  où 
régnent  trois  familles  de  langues  bien  caractérisées.  La  première, 
la  plus  occidentale,  est  la  famille  sérèr,  avec  un  dialecte  très 
important,  le  wolof,  et  quelques  autres  moins  connus,  le  sine,  le 
notie,   le  dyoba.  Cette  famille  a  encore  quelques  représentants 


*  Ce  mot  se  trouve  actuellement  en  égyptien  où  il  veut  dire  :  «marabout 
soudanienn.  On  trouve,  en  arabe  d'Algérie,  v'^j  «coquille  servant  d'amuletteTi , 
et  jj.j«j'  «déclaration  arrachée  par  écriln. 


DICTIONNAIRE  DE  LA    LANGUE  MANDE.  265 

dans  les  rivières  du  Sud,  où  les  peuplades  qui  parlent  ces 
idiomes  ont  subi  les  invasions  des  Peuls  et  des  Mandé. 

Les  langues  de  la  famille  peuk  ont  pour  base  le  pouhir,  tel 
qu'en  le  parle  au  Fouta  Dyalon  et  au  Masina.  Elles  comprennent, 
en  outre,  le  toucouleur  et  le  laobé.  Le  toucouleur  se  parle  dans  le 
Fouta  se'ne'galais ,  pays  d'origine  'de  la  race  toucouleure,  d'où  il 
s'est  répandu,  grâce  aux  conquêtes  d'El  hadj  Omar  jusque  dans 
le  royaume  de  Se'gou.  Le  laobé  est  parlé  au  Fouta  Dyalon,  par 
une  famille  de  gens  de  race  non  encore  déterminée,  dont  la  spé- 
cialité est  de  travailler  le  bois,  pour  faire  des  écuelles. 

Quant  à  la  langue  mandé,  elle  régnait,  au  temps  de  la  splen- 
deur des  rois  bambara,  des  confins  du  désert  jusqu'au  bord  de 
la  zone  boisée  qubabitent  les  gens  de  race  amji,  le  long  de  la 
côte  du  golfe  de  Guinée,  et  du  cours  de  la  Falémé  jusqu'au  Ma- 
sina. Depuis  lors,  les  Bambara  ont  été  soumis  par  les  Toucou- 
leurs;  mais  la  langue  mandé  subsiste  encore  dans  les  territoires 
conquis,  où  elle  se  parle  concurremment  avec  la  langue  des 
conquérants. 

De  même  que  les  familles  sérèr  et  peule,  la  famille  mandé  a 
ses  dialectes  particuliers.  Il  y  a  lieu,  pour  bien  saisir  la  classifi- 
cation de  ces  dialectes,  de  distinguer  d'abord  les  divers  groupe- 
ments ethniques  des  peuples  de  race  mandé. 

Au  xiii''  siècle,  la  région  du  Niger  paraît  avoir  été  divisée  entre 
trois  grands  royaumes  :  ceux  du  Songhaï,  de  Mail,  des  Soso. 
Le  royaume  de  Mali  occupait  le  nord  de  l'emplacement  actuel  de 
Ségou.  A  l'est,  s'étendait  le  royaume  songbaï;  à  l'ouest,  celui  des 
Soso.  Dès  cette  époque,  la  tribu  des  Mandé  paraît  avoir  pris  nue 
grande  prépondérance  dans  le  royaume  songbaï.  fLes  Mandé, 
ou  Wangara,  avaient  sous  leur  autorité  le  pays  jusqu'à  Tirka  et 
Kougha  (versBouroum);  seule.  Gogo  est  ville  indépendante  ^.15  Les 
Mandé  ont  même  fourni  plusieurs  rois.  Il  y  eut  de  longues  luttes 
entre  les  trois  royaumes,  dont  les  capitales,  et  notamment  Ga- 
nata  et  Tombouctou,  furent  plusieurs  fois  bouleversées.  Vers  la 
fin  du  XV*  siècle,  le  dernier  roi  songbaï,  Soni  Ali,  s'affranchit 
de  l'autorité  du  royaume  de  Mali.  Son  successeur  fut  un  usurpa- 
teur songhaï  qui  prit  le  nom  de  Mohammed  Askya.  Il  persé- 
cuta, naturellement,  les  partisans  de  son  prédécesseur,  que  l'on 
désigna  sous  le  nom  de  Soninké  (homme  de  Soni).  Ceux-ci  se 
retirèrent  dans  diverses  directions,  et  notamment  dans  l'ouest, 
où  on  les  retrouve  aujourd'liui,  aux  environs  de  Bakel,  sous  le 
nom  de  Soninlê  ou  Sarahholé  (hommes  rouges). 

Mohammed  Askya,  ayant  assuré  son  pouvoir,  acheva  le  dé- 
membrement du  royaume  de  Mali,  qui  fut  partagé  entre  les  dif- 

'   Binger,  Du  Nigei'  au  golfe  de  Guinée. 


2G6  J.-B.   RAMBAUD. 

férentes  tribus  songhaï  et  les  Soso.  On  garda  aux  habitants  dis- 
perse's  le  nom  de  Malmké  (hommes  de  Mah). 

A  Tavènement  de  Mohammed  Askya,  beaucoup  de  petites 
peuplades  se  se'pai'èrent  du  royaume  songhaï;  entre  autres,  les 
Se'nou  et  les  Bobo.  A  la  fin  du  xvi*  siècle,  le  sultan  du  Maroc 
envoya  une  expédition  contre  le  royaume  songhaï.  Les  Mandé, 
profitant  de  Toccasion,  voulurent  reprendre  rautorité.  La  tribu 
des  Bambara  se  mit  à  la  tête  du  mouvement  et  poussa  ses  con- 
quêtes jusqu'au  bord  du  désert.  Ainsi  furent  créés  les  royaumes 
bambara  de  Ségou  et  de  Nyoro.  Les  Soso,  refoulés  par  les  Mandé, 
les  Soninké,  les  Malinké  et  les  Bambara,  se  retirèrent  dans  le 
sud-ouest.  On  retrouve  aujourd'hui  leur  nom  sur  les  bords  de  la 
côte,  dans  la  Guinée  française. 

Bien  entendu,  des  mélanges  de  races  eurent  lieu.  Les  Soninké 
furent  croisés  de  Peuls  et  de  Maures;  les  Soso  et  les  Bambara, 
les  Peuls  et  les  Malinké,  se  mélangèrent  également,  pour  donner 
les  différentes  peuplades  que  nous  connaissons  aujourd'hui.  De 
plus,  les  Mandé  s'étaient  étendus  vers  le  sud  et  avaient  pénétré 
jusque  dans  la  zone  boisée.  Là,  ils  avaient  trouvé  un  grand 
nombre  de  petites  tribus  auxquelles  ils  s'étaient  mêlés  :  les  Toma, 
les  Kisinké,  etc.  A  l'est,  vers  la  fin  du  xyin*"  siècle,  des  Mandé 
avaient  fondé  la  ville  de  Kong. 

Nous  allons  trouver,  en  conséquence,  la  langue  mandé  par- 
tagée en  un  grand  nombre  de  dialectes  qui  out  chacun  leur  do- 
maine particulier. 

Au  nord,  le  dialecte  des  Soninké,  avec  mélange  de  peul  et  de 

maure  (arabe  hasanya); 

—  des  Khasonké; 

—  des  Bambara  de  Nyoro  ; 

—  des  Malinké  du  Bambouk. 
Au  centre,  le  dialecte  des  Malinké  de  Kita; 

—  des  Malinké  de  Sigiri; 

—  des  Bambara  de  Ségou. 
Au  sud,  le  dialecte  des  Peuls  du  Sankaran; 

—  des  Peuls  de  Wasoulou; 

—  des  Peuls  du  Konyan; 

—  des  Bambara  de  Kong. 

Au  sud-ouest,  le  dialecte  des  Peuls  du  Kouranko; 

—  des  habitants  du  Kisi; 

—  des  Soso; 

—  des  Vaï. 

Les  peuplades  du  nord  ont  un  langage  beaucoup  plus  dur  que 
celles  du  sud.  Tout  le  groupe  septentrional  abonde  en  gutturales 
et  en  dentales;  on  y  remarque  tout  de  suite  la  fréquence  de  la 


DICTIONNAIRE  DE  LA  LAXGUE  MANDE,  267 

gutturale  kh.  Déjà  le  groupe  du  centre  a  des  sons  plus  adoucis 
et  une  bonne  partie  des  gutturales  ne  sont  pas  aspire'es.  Plus  au 
sud,  les  sons  s'adoucissent  encore.  Le  M  n'y  existe  pas;  les  den- 
tales sont  reniplace'es  par  des  liquides;  les  gutturales  par  des 
labiales.  Enfin,  le  dernier  groupe  continue  radoucissement  des 
sons  et  Ton  y  trouve  les  sons  v,  z,  u,  inconnus  plus  au  nord. 
Cependant,  il  y  a  une  exception  importante  à  ce  phe'nomène. 
Le  dialecte  soso  a  conservé  toute  la  rudesse  que  l'on  rencontre 
dans  la  région  septrionale.  Il  faut  se  rappeler  que  ces  pays  du 
nord  ont  autrefois  appartenu  aux  Soso  et  il  est  possible  que  la 
dureté  du  langage  des  Khasonké  et  des  Malinké  du  Bambouk  pro- 
vienne des  mêmes  causes  que  celle  du  langage  des  Soso. 

ORTHOGRAPHE. 

Nous  avons  adopté  en  principe,  dans  notre  dictionnaire,  l'ortho- 
graphe française.  Voici  les  seuls  points  sur  lesquels  un  lecteur 
français  pourrait  éprouver  quelque  doute  : 

g,  devant  e  ou  i,  a  le  même  son  que  devant  a,o,n.  Prononcer ^î  comme 
fr,  gui  et  non  comme  dans  fr.  givre. 

h  représente  une  aspiration  très  légère,  moins  forte  que  celle  de  l'alle- 
mand ou  de  l'anglais. 

hli  =  allemand  ck  dur  («cA,  Nacht). 

s  n'a  jamais  le  son  de  z,  mais  se  prononce  toujours  comme  dans  fr. 

saint ,  ou  comme  ss  dans  fr.  passer, 
w  a  le  même  son  qu'en  anglais  (français  ou  dans  oui,  nouer), 
y  se  prononce  toujours  comme  dans  fr.  yeux,  ou  comme  Yi  de  fi*.  Dieu. 

Remarque  sur  les  groupes  an,  en,  on,  in.  —  Les  groupes  an, 
en,  on  se  lisent  comme  en  français,  c'est-à-dire  que  l'jt,  quand 
elle  est  finale  du  mot,  ou,  à  l'intérieur,  placée  devant  une  con- 
sonne, indique  seulement  la  prononciation  nasale  de  la  voyelle 
{en,  dans  ce  cas,  se  prononce  comme  dans  fr.  bien);  si  Vn  est 
devant  une  voyelle,  elle  se  prononce  comme  en  français  dans  le 
même  cas  (tenir).  —  Le  groupe  in,  par  contre,  se  prononce  tou- 
jours comme  dans  le  français /ne,  nwie. 


ABREVIATIONS. 

Ar. 

=  Arabe. 

Kour.  =  Kouranko. 

B. 

=  Bambara. 

M.       =  Malinké. 

Bel. 

=  Bélédougou. 

S.        =  Soso. 

Fr. 

=  Français. 

T.       =  Toma. 

K. 

=  Khaso. 

V.       =  Vaï. 

Kg. 

=  Kong. 

W.      =  Wasoulou 

Ko. 

=  Kenyan. 

268  J.-B.  RAMBAUD. 


A.  Préposition.  -  i.  Marquant  l'attribut,  yé,  ma  (suffixes).  Donne 
cela  à  Samba,  nyi  di  Samhama.  Dis-lui,  a  fo  a  yé.  —  2.  Mar- 
quant le  lieu,  se  rendpar/e  (suffixe)  ou  ne  se  traduit  pas. 
Je  vais  à  Me'dine,  m'  hé  takha  Madinije  ou  Madini.  Je  demeure 
à  Sanankoro,  m'  bi  sigila  Sanankoro.  —  3.  Signifiant  :  du  côté 
de,  se  traduit  par.  .  .  mafa  (suffixe).  Ce  chemin  va  à  Kita, 
nyi  sila  hé  takha  Kitama/a.  -  k.  Marquant  rextrémité  d'un  par- 
cours, d'une  distance,  se  tourne  par  :  pour  aller,  et  se  rend 
par  :  ka  takha  ou  ka  ta.  De  Médine  à  Kita ,  il  y  a  loin ,  ka  ho 
Madini,  ka  takha  Kita,  a  ka  dyan.  On  peut  dire  simplement  : 
Madini  ni  Kita  tyé,  a  ka  dyan  (entre  Me'dine  et  Kita,  il  y  a 
loin).  -  5.  Signifiant  :  pour,  ne  se  traduit  pas.  Donne-moi 
de  l'eau  à  boire,  dyi  di  'ma,  n  'ka  mi.  Voir  Potir.  -  6.  Indi- 
quant la  possession,  se  rend  par  les  pronoms  possessifs.  Ces 
bœufs  sont  à  moi,  nyi  nisi  n  'ta  lé  mou.  —  7.  Signifiant  :  dans, 
se  traduit  par  ro,  ta,  la  (suffixes).  Va  chercher  de  Teau  au 
ruisseau,  takha  dyi  ta  koro.  Voir  Dans.  -  8.  Forme  diverses 
locutions  que  l'on  trouve  aux  mots  correspondants. 

Abaissement,  digili. 

Abaisser.  ||  S' — ,  digi. 

Abandon,  boula,  Ma. 

Abandonner,  hoida,  hla;  tou.  Les  hommes  du  village  ont  aban- 
donné leurs  bœufs,  doitgou  ma,  alou  ka  nisiloii  tou  yé. 

Abattre.  —  1.  Démolir,  ti,  tinya,  dényé.  Il  a  abattu  la  case,  a  ka 
bountinya.  -  2.  Couper,  tégé.  Le  vent  a  abattu  l'arbre , /o«(/o 
ka  t/iri  tégé.  -  3.  Tuer,  fakha, fa.  Le  chasseur  a  abattu  un  lièvre, 
donsou  ka  sounsanjakha.  i  h.  Faire  cesser,  ké  han.  Petite  pluie 
abat  grand  veut,  san-dyi  doromandi  lé  ké  fonyo  ha  han.  —  5. 
Il  S' — ,  6i  (tomber).  Le  cheval  s'est  abattu,  sou  hlra,  sou  hila. 

Abcès,  dyoli-késé  (bouton  de  sang). 

kBviqvER ,  fama-yoro  boula,  hla  (abandonner  la  place  de  roi). 

Abdomen,  khono  (K.),  kono. 

Abdominal.  C'est  — ,  a  hé  kononto  (c'est  dans  le  ventre). 

Abeille,  li-késé  (graine  de  miel),  di~késé,  li-késo  (K.). 

Abîme,  dinkaha,  diméha  (grand  trou);  dinka  doun,  dimé  doun  (trou 
profond). 

Abîmer,  tinya,  ti,  dényé.  La  pluie  a  abîmé  ma  selle,  san-dyi  ka 
na  kirké  tinya.  \\  S' — ,  ti7iya,  ti,  dényé.  Ma  selle  s'est  abîmée 
à  la  pluie,  na  kirké  tinyara  san-dyiro. 

Abjurer,  boida,  hla.  Abjurer  l'islamisme,  mori-ké sila  boula. 


DICTIONNAIRE   DE  LA   LANGUE  MANDE.  269 

Aboiement,  ivoulou-koiima  (parole  de  chien);  woulou-kasi  [cri  de 

chien). 
Abolir,  ké  ban  (faire  cesser). 

Abominable.  C'est  — ,  a  ka  dyougou  ka sya ,  a  ka  dijougou  kou-dyougou. 
Abondance.  Voir  Abonder.  \\  En  — ,  syama,  a  ka  sya;  kou-dyougou , 

en  mauvaise  part. 
Abondant.  C'est — ,  a  ka  sya;  se  tourne  par  :  beaucoup,  syama. 

L'eau  est  abondante ,  dyi  ka  sya ,  dyi  syama  bé. 
Abonder,  se  tourne  par  :  être  en  abondance,  syama,  a  ka  sya. 

L'eau  abonde  dans  le  pays,  dyi  ka  sya  dyamani  kono,  ou   dyi 

syama  bé  dyamani  kono. 
Abord,  ||  — s  (les),  accès,  environs,  kéréfé.  H  y  a  des  cultures 

aux  abords  des  villages,  dougoulou  kéréfé ,  fourou  bé  yé.  !|  D' — , 

folo  (premièrement);  orna,  onyéro,  sa  nyéro  (auparavant).  Va 

d'abord  chercher  de  l'eau,  takhafoh  dyi  la. 
Aborder,  v.  a.,  taklia  nyokhonfé  (aller  au   côté  de);  v.  n.,  venir 

au  bord,  takha  dafé.  Aborder  sur  la  l'ive  du  fleuve,  takha  ba 

dafé. 
Aboutir,  aller  finir  à,  takha  fanfé,  takha.  .  .  .   ma/a.  Ce  chemin 

aboutit  à  Sanankoro,  nyi  sila  bé  takha  Sanankorofanfé ,  ou  Sanan- 

koromafa. 
Aboykr,  kasi  (crier). 

Abréger,  sourou-kv  (faire  court);  tégé  (couper). 
Abreuver,  lami  (faire  boire).  |1  S' — ,  mi.  Le  cheval  s'abreuve,  sou 

bé  mi. 
Abri,  gwa,  dougou-doula ,  dougou-yoro  (cachette).  |j  Etre  à  l' — , 

bé  dougou.  Il  Se  mettre  à  l' — ,  takha  dougou,  ho.  .  .koro  (sortir 

de  sous).  Mets-toi  à  l'abri  de  la  pluie,  bn  san-dyi  koro. 
Abriter,  dougou  (cacher).  ||  S' — ,  takha  dougou,  bo.  .  .koro  (sor- 
tir de  sous).  Je  m'abrite  du  soleil,  ?n'  hé  dougou  tiliro. 
Abruti,  inintelligent,  hakilinté,  fakilinté.  Sot ,  J'ato ,  fali ;  koulou; 

fourouli. 
Absent.   Il  est — ,  an  lé  y  an  (il   n'est   pas  ici);   a  tara  (il    est 

parti);  a  ma  na  (il  n'est  pas  venu). 
Absenter.  S' — ,  takha  (partir);  ma  na  (ne  pas  venir). 
Abstinence,  doumoubali  (action  de  ne  pas  manger). 
Absorber,  pomper,  mi.  La  terre  absorbe  l'eau,  dougou  bé  dyi  mi. 

Engloutir,  khounou  (K.),  kounou. 
Absurde,  falo. 
XBiiVRi)ni,fatoya. 
Abuser,  se  tourne  par  l'adverbe  :  trop.  Il  abuse  de  l'alcool,  a  bé 

dolo  mi  a  syara  (il    boit  trop  d'alcool).  ||  — ,  tromper,  7iéné. 

\\S'—,fli. 
Acariâtre,  songnra  dyougou  [de  caractère  difficile). 
Accabler,  faligucr.  ségé.  Je  suis  accable  de  fatigue,  »'  ségéra  kou- 

MÉM.   LlN(i.  IV.  18 


270  J.-B.   RAMBAUD. 

dyougou.  I!  — ,  surcliargei",  doni  a  syara  sigi  (mettre  un  far- 
deau trop  lourd).  Il  a  accabie'  son  âne  sous  le  fardeau,  a  ka 
faliijé  doni  a  syara  sigi. ho. 

Accéder,  s'approcher  de,  na.  .  .  fé,  na  nyokhonfé,  takha  nyo- 
khonfé. 

Accepter,  mina;  monta;  soro,  sota  (K.);  son-ta,  sona  (recevoir 
en  cadeau). 

Accès,  kéréfé.  |(  —  de  fièvre, /«roî/g-aji  gosi;  bongo  (K.). 

Accident,  ségé;  khé  haré  (K.);  bono. 

Accoler,  kafou  siri,  kafou  sigi  (attacher,  placer  ensemble). 

Accompagner,  na  nofi,  takha  nofi  (venir  avec,  aller  avec);  boula 
noji. 

Accord.  Etre  d' — ,  bé  na.  Je  suis  d'accord  avec  mon  père,  ni 
wi'  fa  m'  bé  na. 

Accorder,  di  (donner);  ba  fé  (permettre).  Accorder  une  fiHe  en 
mariage,  mousou-din  ka  fourou  di.  \\  S — ,  avec  quelqu'un, 
ni.  .  .  bé  na. 

Accoucher,  woulou,  wolo. 

Accoupler,  V.  Accoler.  ||  S' — ,  dyouké. 

Accourir,  borito  na  (venir  en  courant).  Il  est  accouru,  a  borilo 
nara.  Il  accourt,  a  bé  borito  na. 

Accoutumé.  Etre  — ,  dali,  déri,  delà. 

Accoutumer.  S' — ,  dali,  déri,  delà. 

Accrocher,  suspendre  à  un  crochet,  den,  dou,  donlito  sigi.  j|  Faire 
UN  ACCROC,  et  S' — ,  monta,  mouna  (prendre).  L'arbre  a  accro- 
ché mon  pagne;  mon  pagne  s'est  accroché  à  l'arbre,  yiri  ka 
n  fani  mouna. 

Accroître.  S' — ,  bounya. 

Accroupir.  S' — -.  Il  Etre  — ,  dyon-koro  bé;  sounouri;  nyoungi.  Il 
est  accroupi,  a  nyoungira. 

Accueil,  dyigiya.  \\  Faire  bon  — ,  dyigi  kou-nyima.  \\  Faire  mau- 
vais — ,  di/igi  kou-dyougou. 

Accueillir,  dyigi,  monta  (recevoir). 

Accuser,  souda;  se  traduit  souvent  par  :  dire,/o.  Il  accuse  son 
frère  de  vol,  a  béfo  doro-ké  bé  sounya  ké. 

Acéré,  tnisé,  niésé,  méséni. 

Achat,  san,  sama,  sani. 

Acheminer.  S' — ,  takhama. 

Acheter,  san,  sama,  saniké.  J'ai  acheté  du  mil  à  cet  homme-là, 
n   ka  nyon  sani  tyé  dénia. 

Acheteur,  sanba,  sanïna,  sani-kéla. 

Achevé.  C'est — ,  a  bana,  a  banta. 

Achever,  ban. 

Acide,  koumou. 

Acquérir,  acheter,  san;  recevoir,  soro. 


y 


DICTIONNAIRE  DE   LA    L,\NGLE  MANDE.  "271 

A 

Acre,  koumou. 

Actif,  kamalé,  kamarin;  sobé;  sifakéla  (qui  travaille),  tyakéla. 

A.G7i0îi , Jen ,  fèngo  (K.)  (chose);  boko.  \\  Une  bonne — ,  fèn-nyima. 

Il  Une  mauvaise  • — ,  Jen-dijougou.  ||  L' —  de,  kouroda.  L'acliou 

de  parler,/o  kouroda. 
Adhérent.  C'est — ,  a  minata. 
Adhérer,  mina. 

Adieu,  Allah  i  kisi  (Dieu  te  garde);  iniségé,  inisé,  inityé,  iniké. 
Administrer,  makha. 
Admirer,  kamja. 

Adoucir,  lamoundi  (faire  doux).  ||  Au  goût,  diké. 
kDî^ESsi,  hakdi,  fakilikhakili. 
Adroit,  hakUila ,  fakUila  khakUila;  télé. 
Adulateur,  donkiUla. 
Adulation  ,  donkili. 
Aduler,  donkiliké. 

Adulte.  Homme — -,  tijé,  ké,  klié  (K.),  kamalé,  kamarin. 
Adultère.  Homme — ,  dijado,  di/anka,   dijaro.  \\  Femme  — ,  dijado 

mousou,   dyaro-mousou.  \\  Subst.   abstrait,  dyadoya,    dyaroya.  \\ 

Commettre  un  — ,  dyaroya  ké. 
Adultérin.  Enfant  — ,  nyafourou  rfm (enfant  d'avant  le  mariage); 

dyanka  din,  diankalimé. 
Adversité,  daya. 

Affable.  Il  est  — ,  a  ka  di;  nyima. 
Affaiblir,  d'igi.  do  bo. 
AFFkinE,  Jeu,  fèngo  (K.)  (chose).  J'ai  affaire  avec  toi,  n'i  né  ha 

ké.  Il  Querelle,  combat,  kélé. 
Affaisser.  S' — ,  digi;  bi  (tomber). 
Affamé.  Il  est  — ,  a  hé  konko,  khonkho  (Kh.),  ||  Je  suis  — ,  konko 

bé^  na  (la  faim  est  en  moi). 
Affection,  kanouya  (K.);  kina. 
Affectueux,  kanoxiha;  nyima. 
Affermir,  goléké,  goléya. 
Affiler  ,  miséké. 
Affirmer  , /o. 

Affligé.  Il  est  — ,  à  bé  dimi. 
Affluence.  Voir  Abonder. 

Affluent  d'une  rivière,  ba-bouhu  (bras  de  fleuve). 
Affluer,  arriver  en  abondance,  na  sijama;  bé  syama. 
Affranchi, yôron,  horon ,  foré , féré ,  horoni/ola. 
Affranchir   un    esclave,  fororh-ké,  foroiiya,    horonya    (K.);  foré; 

féré;  klioronké. 
Affreux.  C'est  — ,  a  ka  dyongou. 
Affront,  nénila.  \\  Faire  un  — ,  néniké. 
AffÙt,  à  la  chasse,  dougou. 

18. 


!272  J.-B.  RAMBAUD. 

Affûter  ,  miséké. 

Afin  que.  -  i.  Se  tourne  par  :  ou  bien,/o,  wala.  Appelle  Moussa 
afin  qu'il  vienne,  Mousa  kili,  fo  a  ma  na  (appelle  Moussa 
ou  il  ne  viendra  pas).  Attache-le  afin  qu'il  ne  s'en  aille  pas, 
a  siri,  wala  a  hé  takha  (attache-le  ou  il  s'en  ira).  -  2.  Souvent 
il  ne  se  traduit  pas.  Donne-moi  de  l'eau  pour  boire,  dyi  di  '  ma 
n'  ka  mi  (que  je  boive). 

Age,,  se  tourne  par  :  anne'es.  Quel  âge  as-tu?  i  ka  san  dyéli  soro? 
moun  san  i  ka  soto?  On  demande  encore  :  depuis  combien  de 
temps  as-tu  pris  le  pantalon?  i  ka  koursi  ta  tourna  bé  ani  hi; 
san  dyéli  lé  mou?  ||  En  bas  — ,  din,  dé  (B.),  dingo  (K.). 
Il  —  MÛR,  kamarinya.  ||  —  nubile, /ourow/a. 

Agé,  vieux,  koro,  koto,  khoto  (K. ). 

Agenouiller.  S' — ,  nyoïmgi,  nyonkiri. 

Agenouillé.  Il  est  — ,  a  nyoungira. 

Agile.  Il  est  — ,  a  kaféa,  aféaia. 

Agir,  ké  (faire),  khé  (K.).  ||  — •  en,  ké  iko  (l'aire  comme).  Il  a  agi 
en  homme  de  bien,  a  lé  ké  iko  kamarin,  ou  bien,  a  lé  kamariya 
/pe  (il  a  fait  l'action  d'un  homme  de  bien).  ||  S' — ,  se  tourne 
par  :  il  faut,  nyanta,  ou  le  verbe  :  devoir,  kan.  Il  s'agit  de 
sortir  d'ici,  nyanta  alou  ka  ho  yé,  ou  alou  hé  kan  ka  ho  yé. 

Agiter,  lamakha. 

Agneau,  sakha-din,  sakiio-dé,  (K.),  sa-dé  (fils  du  bélier)  (B.), 
sa-kalima. 

Agrandir,  bounya. 

Agréable.  C'est  — ,  a  ka  di;  tiyima,  nyouma;  béré,  bété. 

Agréer,  accepter,  mina,  soro.  ||  — ,  plaire  à,  ka  di. 

Agrément,  plaisir,  diya. 

Agresseur,  kélékéla. 

Agression,  kélé. 

Agricole,  tyiba;  sénéna. 

Agriculteur,  tyikéla  (cultivateur), smc'-Ma  (semeur),  sénola{K.). 

Agriculture,  tyiké  (culture);  séné,  séno  (K.). 

Ah!  bisimilahi!  la  ilah!  ivaï!  eh! 

Ahuri.  Il  est  — ,  a  fdita,  a  filina. 

Aide,  déméli;  l'homme  qui  aide,  démélilo. 

Aider,  dénié. 

Aïe!  waïl 

AïEVL,  faha  (  grand-père  );/afcoto(  vieux  père  );  mrtwfl.  ||  Aïeux  (Les), 
si  (race),  khabilo  (K. ). 

Aigle,,  brun,  watassa,  wato  (K. ),  iiyingindyo  (K.);  à  tête 
blanche,  si  gé  kono  (oiseaux  aux  plumes  blanches),  sé-gélo. 

Aigre,  koumou.  \\  Lait  — ,  nono  koumou. 

Aigrette,  plumet,  tyo.  \\  — ,  oiseau  qui  suit  les  bœufs,  koulangi; 
koulankhi  (K.),  gounani  dyé. 


DICTIONNAIRE   DE  LA   LANGUE  MANDÉ.  273 

Aigrir,  koiimou,  koumoukc.  ||  S' — ,  koumou.  Le  lait  est  aigri,  iiono 
koumoiita. 

Aigu,  misé,  7niséno;  néné;  holo  (K.). 

Aiguille,  miséli  (objet  aigu);  misilo  (K.);  harali  (objet  pour 
coudre);  ségéla;  gwé  (Bel.). 

Aiguillon,  d'un  insecte,  hinyé,  byéné. 

Aiguiser,  misé-ké. 

Aile,  kama,  kamba,  khamba  (K.)  (e'paule). 

Ailleurs,  doula  do,  ijovo  do,  yoro  géré,  yoro  wérélo  (Be'l.)  (en  un 
autre  endroit). 

Aimable,  di;  khanouba  (K.). 

Aimer,  kfianou  (K.).  Les  Bambara  tournent  ce  verbe  de  deux  fa- 
çons :  vouloir  et  être  agre'able.  J'aime  mon  père,  m'  bafafé 
(je  veux  mon  père);  ni  fa  bé  di  n'  yé  (mon  père  m'est 
agréable).  I|  —  mieux,  se  tourne  par  être  plus  agréable,  ou  : 
valoir  mieux,  gansa.  J'aime  mieux  le  lait  que  l'eau,  m  bé  no- 
nqfé  dyi  yé  (je  veux  le  lait  plus  que  l'eau);  nono  ka  di  dyiyé  (le 
lait  m'est  plus  agréable  que  l'eau);  nono  gansa  dyi  n'  yé  [\e 
lait  vaut  mieux  pour  moi  que  l'eau). 

Aine,  kono  koro  (sous  le  ventre);  koiirsi  dyala  yoro  (place  de  la  cein- 
ture du  pantalon);  kéné-khoto  (K.). 

AÎNÉ,  fils,  din  folo  (le  premier  fils),  dé  Jlo  (B.).  ||  — ,  frère, 
koto-ké,  koro-ké  (le  vieux  bomme),  khoton-khé  (K.).  ||  —  e, 
fille,  din-mousou  folo.  j|  — ,  sœur,  koto-motisou,  mousou-koro , 
mousou-klioto  (K.). 

Ainsi,  par  ce  moyen,  ikoro.  Il  est  ainsi  arrive'  à  être  riche,  ikoro 
a  ka  nafoidou  soro  (ainsi  il  a  reçu  la  fortune).  [I  —  que,  ton. 
Ainsi  que  je  te  l'ai  dit,  il  est  venu,  n'  ton  kafo,  a  nara. 
Il  —  de  cette  façon,  té;  o  nya.  Il  faut  toujours  agir  ainsi,  i 
bé  ké  té  0  nya;  il  ne  faut  pas  agir  ainsi,  in  ta  ké  té  o  nya.  Ne 
fais  pas  ainsi,  i  ka  na  ké  té. 
Air,  élément,  kénébo.  ||  — ,  \eQt,fonyo,fyen.  Il  fait  de  l'air  au- 
jourd'hui, bi  fonyo  bé.  ||  Avoir  l' — ,  bo  iko;  nya.  .  .bé  (pa- 
raître être).  Cet  homme  a  l'air  bon,  mokho  nya  ka  di;  ou  mji 
mokho  bé  bo  iko  mokho  ka  di.  \\  — ,  chanson,  donkili. 

Aire,  doula  nonori. 

Aise.  Etre  à  l' — ,féré;  il  est  à  l'aise,  a  férenta.  ||  Il  est  bien — , 
a  bé  nyakhali;  a  diyara.  Se  tourne  par  :  cela  est  agre'able.  J'en 
suis  bien  aise,  mji  kou  ka  di  n  yé. 
Aisé,  facile  (c'est),  a  mati  goulé  (ce  n'est  pas  difiiciie),  a  mari 

golé,  a  man  goulé,  a  man  kitolé  (Kh.). 
Aisselle,  kabakoro,  kamakoto,  khambakhoto  (Kh.)  (le  dessous  de 

l'e'pa u le  )  ;  kamakorola . 
Ajouter,  se  touine  par  l'adverbe  :  davantage  :   do  di  (donner 


274  J.-B.  RAMBAUD. 

davantage); /orflAfl  (Bel.).  Ajoute  encore  un  franc,  i  ka  tama 
kili  do  di  '  ma  (donne-moi  un  autre  franc).  ||  —  foi,  da. 

Ajuster,  ké  nyi,  hé  a  hé  na  (faire  aller  bien  ensemble).  Ajuste 
ces  deux  morceaux  de  fer,  i  ha  hé  nyi  négé  foula  alou  hé  na. 

Alarme,  houlon.  \\  Donner  l' — ,  hotdon  hasi. 

Alarmer.  S' — ,  dtjito  hé;  bi  sda,  bi  silana. 

Albinos  ,  founé ,  fourné. 

Alêne,  hinyé,  hyéné;  nagi. 

Alentour,  héréfé;  fanante.  \\  — s  (Les),  se  tourne  par  :  autour  de. 
Les  alentours  du  village  sont  cultive's,  doiigou  héréfé  foiirou  hé 
(autour  du  village,  il  y  a  des  cultures). 

AijErte,  subs.,  houlon.  \\  — ,  adj.,  a  ha  féa;  a  haféala. 

kLiém,fato. 

Alezan  (cbeval)  [sou]  dyouhé-oulé. 

Aligner,  tUin-hé;  hé  nyi. 

Aliment,  halou-fèn,  domo-Jen  (chose  à  manger);  hisi. 

Alimentaire,  baloula. 

Alimenter,  balou. 

Aliter,  mettre  dans  le  lit,  lalanto  sigi,  lalangoro  sigi.  ||  S' — ,  la 
(se  coucher). 

Allaiter,  nono  sini  mi  (faire  boire  au  sein). 

Alléger,  doni  ho  (ôter  le  fardeau). 

Aller.  -  i.  Tahha,  ta.  Je  vais  à  Kita,  w'  hé  takha  Kita.  Où  vas- 
tu?  /  hé  tahha  mil  Où  est-il  aile'?  A  tara  mi  ou  a  lahhata  mi? 
Va  voir  s'il  est  venu,  tahha  fêlé  ni  a  nara.  Va,  tahha,  ta.  Va 
chercher  de  Teau,  la  dyi  ta.  -  9.  Etre  sur  le  point  de, 
.  .  .to;  hé.  .  .  la.  H  va  partir,  a  tahhato  sa-sa  (B^.),  a  hé  lahhala 
sa-sa  (K.).  —  3.  Etre  en  santé,  hé.  Comment  vas-tu?  /  bé  di? 
Il  —  bien,  hé  hérato  (être  en  santé);  ha  hendé.  ||  —  mal, 
ma  hendé.  ||  h.  convenir,  hhnta.  Ce  pantalon  te  va  bien,  nyi 
hoursi  hcnta  '  ma,  ou  simplement,  o  hoursi  hé  '  ma.  j|  5.  —  X  la 

SELLE,    hou    hé.    Il    6.    DU    VENTRE,    hoUO    horî.    Il    7.   À    PIED, 

tahhama.  \\  —  À  cheval,  soti-ho  yélé.  ||  —  au  trot,  sou  hori. 
Il  —  AU  GALOP,  poroho-poroho.  ||  —  lentement,  tahha  mouni- 
mouni.  ||  —  vite,  hori,  tariya.  ||  8.  —  S'en-,  tahha;  wa.  Va- 
t'en!  tahha!  a  iva!  hi  A'  iva  (B.). 

Alliance,  amitié,  tériya.  \\  — ,  mariage, /oMrot<.||  Faire  — ,  dégé 
mi  (boire  le  dégué). 

Allié,  ami,  téri,  téri-hé;  parent, /oMroM-A'C. 

Allier,  mélanger,  hafou  nyohhoma  (l'assembler  ensemble),  ij  — , 
murier,  foiirou-hé.  \\  S' — ,  dégé  mi. 

Allonger,  dyanya,  hounya. 

Allumer,  mana. 

Allumette,  gandi;  haraho. 

Allure,  tahhama. 


DICTIONNAIRE   DE  LA   LANGUE  MANDÉ.  275 

Alors,  —  i.  En  ce  temps-là,  o  tourna,  o  tourna  kotio;  o  ro;  o  ro  sa 
(à  l'instant  dans  ceci).  Alors  Omar  se  leva  et  dit,  o  tourna 
Oumar  ouUta,  a  ko.  :|  2.  —  donc,  par  conse'quent,  iiyi  hou  a  lé 
Icé  (cette  chose  a  fait  que)  ||  3.  —  que,  quand,  mî,  tourna.  Alors 
qu'Omar  faisait  la  guerre  avec  les  Bambara,  tourna  Oumar  ka 
ni  Bamana  kvU.  ||  h.  — ,  en  cette  circonstance.  Qu'as-tu  fait 
alors?  /  ka  moun  ké  kou  nalé?  (Qu'as-tu  fait,  cette  chose  ar- 
rive'e?) 

Alouette  ,  ivouléni. 

Alourdir,  gouJéija,  géîéya,  kholéta  (K.). 

Altéré.  Il  est  — ,  a  bé  ihji-hkho,  a  hé  diji-loua. 

Altérer,  i.  Donner  soif,  diji-lokho  ké,  (h/i-loua.  \\  9.  Changer,  fali. 
Il  S'— ,./«.//. 

Amaigrir.   S'-— ,/flsrt. 

Amande,  kourou,  koulou  (os,  noyau). 

Amant,  khanou  (K.),  dyado-ké,  dyaro-ké,  dyalo-ké;  gala-ké.  ||  —  e, 
les  mêmes  mots  avec  mousou  an  lieu  de  ké. 

Amarre,  siri;  di/oulou. 

Amarrer,  siri,  siti  (K.). 

Amas,  dyouméU;  dyoukhouma  (K.);  dtfogn. 

Amasser,  dyoumé,  dyogo-ké. 

Ambassadeur,  kila  (envoyé). 

Ambitieux,  dinyé;  sonyola ,  sonyolila. 

Ambition,  dinyé,  sonyo. 

Amble.  Aller  à  l'  — ,  soudé.  Ce  cheval  va  à  Tamble,  nyi  son  bé 
soudéJa. 

Ambre,  loid)ané;  limbiri,  lambiri,  lamri,  lambourou;  (Fr.  l'ambre; 
Ar.  ).  Il  Boule  d'  — ,  limbiri -késé ,  limbiri -kountarou.  \\  Collier 
d' — ,  limhiri-dyoulou. 

Ame,  ni.  ||  Rendre  l' — -,  sa  (mourir). 

Améliorer,  ké  a  kajisa  (rendre  meilleur). 

Amende,  sara,  salé;  kityé;  khakéla  (K.).  Condamner  à  l'amende, 
fo  a  bé  salé  sara.  Payer  l'amende,  salé  sara.  Une  amende  de 
deux  barres  de  sel ,  fardé  foula  salé. 

Amener,  nati,  nanaé.  Amène  le  cheval,  sou  nati.  Causer,  gwa.  La 
guerre  a  amené  la  mort  de  beaucoup  d'hommes,  kalé  givara, 
mokho  si/ama  sara. 

Amer.  C'est  — ,  a  ka  kouna. 

Ami,  téri,  téri-ké,  téri-tyé,  khanou  (K.).  C'est  mon  ami,  n  téri-ké 
dou,  khanou  n   ta  dou  (K.),  ||  Bonne  — e,  dimiséri;  souu  kourou. 

Amical,  téri  ba. 

Amincir,  misé-ké. 

Amitié,  tériya. 

Amollir,  wourili-ké.  \\  S' — ,  wourili  na. 


276 


J.-B.   RAMBAUD. 


Amokgeler,  (lyogo  hé,  dyoïihlunma  khé  (K.);  dijogo  sigi  (mettre  en 
tas). 

Amorce  de  fusil,  kérébo,  toulaniini morso  (Fr.  amorce);  ta  gido  (K.). 

Amour,  khanou  (K. ),  diya. 

Ample.  C'est  —,  a  ka  boim. 

Amplifier,  hoiinya. 

kmp  ou  LE ,  J'onyéta. 

Amputer,  ïPg-e  (couper). 

Amusement,  toulon,  tlon. 

Amuser.  S' — ,  touloti,  toiûonla,  toulonké,  tlonké. 

Amulette,  sébé,  séfé,  safé;  basi. 

A\,  san.  L'an  passé,  salon,  sanfolo  tambira,  son  tambira.  L'an  pro- 
chain, san  ivoré,  dyari;  san  nié  bé  na.  Dans  deux  ans.  san  foula 
bé  na;  dyari  ko.  Il  y  a  cinq  ans,  san  loulou  a  kéra. 

Ananas,  dyabibi. 

Ancêtres  (Voir  Aïeux). 

Ancien,  koro,  koto,  klioto  (K.).  Les  anciens  du  village,  dongouro 
ma  koro  (B.),  dongouro  mokholou  koto  (M.).  Dans  rancien  temps, 
korolou. 

Ancre,  landoumé, 

k^E,fali,falo  (K.). 

Anecdote,  tali. 

Angle,  noun;  noungo  (K.)  [nez];  koun,  koungo  (K.)  [tête]. 

Anguille,  dtji-sa  (serpent  d'eau). 

k^\En,  fali-tigi. 

Aml,  gara-yiri,  gara-dyin. 

Animal,  soubou,  sougou,  sobo,  sogo. 

Anneau,  au  bras,  boulou-kori  boidou-koni,  boulou-godi,  boidou- 
godo  (K.).  Il  —  au  pied,  sma-fcon,  sina-koni;  sina-godi,  sina- 
godo  (K.).  Il  —  au  doigt,  deroman  (B.),  doromé,  dorona  (K.). 

Année.  (Voir  An.) 

Annjel.  C'est  — ,  san-o-san  a  bé  nalé  (cela  revient  tous  les  ans). 

Anon  ,/fl?î-rfm  ,fali-dé. 

Anse  d'un  vase,  kala. 

Antérieur.  C'est  — ,  a  narafolo  (c'est  arrive'  avant). 

Antilope  à  poils  rouges,  cornes  en  lyre,  sisi.  ||  —  à  poil  rouge, 
sans  cornes,  makaran.  ||  —  à  cornes  fuyantes,  dagé.  \\  —  à 
cornes  peu  écartées,  mina.  \\  —  à  bosse,  tankho  (K.). 

Antipathie,  ténéya,  dyougouya. 

Antipathique,  téné,  dyongou. 

Antique,  fouma/o/o  (d'autrefois),  koro. 

Antiquité,  koroya. 

Anus,  dyou-da;  bou-da ,  bo-da. 

Apaiser,  diya-ké. 

Apercevoir.  S' — ,  yé,  nyé,  dyé  (K.). 


DICTIONNAIRE  DE   LA  LANGUE   MANDÉ.  277 

Aplomb.  D' — ,  télé,  tili. 

Apparaître,  bo  (sortir),  loua,  boé  [K.). 

Apparence.  En  — ,  se  tourne  par  w avoir  Tairw,  7iya .  .  .  hé.  (Voir 
air.) 

Appartenir,  se  tourne  par  le  verbe  posse'der.  A  qui  appartient  ce 
fusil?  (hion  mé  ha  marfa  yé  soro?  (Qui  possède  ce  fusil?),  ou 
bien  dyoti  ta  marfa  yé?  (De  qui  ce  fusil  est-il  la  possession?) 
Il  m'appartient,  né  ta  dou  (c'est  ma  possession). 

Appât,  mana. 

Appel,  kili. 

Appeler,  kili.  \\  S' — ,  se  tourne  par  le  mot  nom.  Comment  t'ap- 
pelles-tu? /  tokho  di?  (Ton  nom  est  quoi  ?),  ou  i  tokho?  (Ton 
nom?) 

Appétissant.  C'est  — ,  a  downou  ka  di. 

Appétit,  konko,  khonkho  (K.).  Il  Avoir  —,  ko7ïko  hé.  J'ai  appétit, 
konko  bé'  na. 

Appliquer,  jeter  contre,//!  ...fé.  \\  S' — ,  bé  hakili  boulala  (aban- 
donner son  esprit). 

Apporter,  nati,  nanaé.  Apporte  le  fusil,  marfa  nati.  —  Sama  (tirer). 
Apporte-moi  cela ,  nyi  a  sama  'ma. 

Apprécier,  dire  le  prix,  songofo. 

Apprendre,  i.  S'instruire,  kakha  (lire);  bé ta.  Les  enfants 

apprennent  le  Coran,  din  misélou  alou  bé  al  koranou  kakha.  J'ap- 
prends à  e'crire,  m'  bé  safé  ta.  —  2.  Enseigner,  digi.  Le  mara- 
bout apprend  le  Coran  aux  enfants,  mori-ké  bé  al  koranou  digi 
din  misélouma.  —  3.  Entendre  dire,  me.  J'ai  appris  que  l'al- 
mamv  e'iait  malade,  »'  ka  nié  almamima  kèndé. 

Apprêter..  S'^ — ,  débéri,  bé   ...  fia. 

Approcher,  7ia  .  .  .  fé  (venir  près);  wa  .  .  .  nyokhon,  na  .  .  .  nyo~ 
khonfé.  Etre  prochain,  a  hé  na.  a  nato. 

Approfondir,  si  a  ka  doun  (creuser  plus  profond). 

Appuyer.  1.  Faire  effort  sur,  digi.  —  9.  Poser  contre,  tintana,  shnbé, 
simi.  Appuie  ton  fusil  contre  le  mur,  i  marfa  sèmbé  kouhéma.  — 
3.  aider,  démé.  \\  k.  S' — ,  digi,  shnbé  (sur,  .  .  .  ma). 

Après,  ko,  kho  (  K.).  Après  la  pluie  vient  le  beau  temps,  san-dy'i  ko,  a 
bé  nyi.  ||  —  cela,  0  ko.  \\  —  que,  ko.  Après  que  la  colonne  fut 
partie,  les  sofas  sont  venus,  ko  kélé  takhata,  sofalou  nara.  ii  — 
demain,  sini  kindi. 

Apte.  Il  est  — ,  a  bé  si  hou  nyoïima  (il  sait  bien  faire). 

Aqueux,  dyiba. 

Arachide,  tiga.  tigo  (K.).  ||  Paille  d' — ,tiganyara.  Ij  Coqie  d' — , 
tiga-fara,  iigo-fata  (K.). 

Araignée,  limoklio-mouta  (attrape-mouche);  tali ; sousané ;  sabé;  ni/a- 
mankoro  (K.). 

Arbrk,  yiri,  yiro  (K.),  dyiri,  dyéri,  dijiro  (K.). 


278 


J.-B.   RVMBAUD. 


Arbuste,  yiri-din,  i/iri-dé,  \jlri-(loromaniltni>a  (K.). 

Arc,  tou;  khala  (K.).  |]  — — en-ciel,  san-Uiala  (K.),  doubou  kolngi. 

Archer,  khala-tigi  (K.);  khalan-hhé  (K.),  tou-kélé-bahha. 

Arde.\t,  gwin. 

Ardu,  goulé,  gwélé,  Mo/e'(K.). 

Arête  de  poisson,  yégé-houron,  yégé-kotdon,  dyégé-linnhu. 

Argent,  métal,  ivori,  xvoro  (K..).  ||  — ,  monnaie,  wori;  Ihalis  (wo- 

lof);  hhansara  (K.).  ||  Pièce  d'- — ,  wori-késé,  wori-inisé,  khalis 

méshigo  (K.);  dalési. 
Argile,  banko,  bankho  [K.). 
Argileux,  banhoba. 

Aride.  C'est  - — ,  ajen-o-fm  té  na  (il  ne  vionl  rien  du  tout). 
Arme,  îtégé;  marania,  marama-Jen. 
Armée,  b'ié,  lélé-ba,  kélo  (K.). 
Armer  quelqu'un,  marama  di  (donner  une  arme).  ||  —  un  fusil, 

toulouro  hé,  tloro  hé. 
Arracher,  se,  désé,  dyaga  (K.). 
Arranger,  ^/rtm,  dala,  dla,  déné;  bé,  lobé  (K.). 
Arrêter,  la  marche  de  quelqu'un,  sigi-la,  monta  (K.).  |i  S' — ,  h, 

do  (B.).  Arrète-toi,  i  lo. 
Arrière,  ho,  hofé,  homa,  hho   (K.).  |1  En  — ,  hofé,  homa.  ||  — -, 

poupe  d'un  bateau,  ho.  En  arrière  de  la  montagne,  tinti  hofé, 

tinti  homa. 
Arriver,  na.  \\  —  de,  bo  (sortir  de).  D'oii  arrives-tu?  i  bora  mi? 

J'arrive  de  Siguiri,  m'  bé  na,  in   bora  Sigivi  (je  viens,  je  suis 

sorti  de  Siguiri).  Il  est  arrive'  à  Kita,  a  nara  Kita.  \\  — •  par  ha- 
sard, na;  don. 
Arrondir,  hon  hé,  moro-moro. 

Arroser,  son;  dyi  bo  fourou  hono  (verser  de  l'eau  dans  le  champ). 
Artère, /fls«,  bigo  (K.). 
Assaillir,  hélé. 
Assassin  ,fahhala  ,fâlihéla. 
Assassinat,  fahhali ,  fali. 
A  SSASSINER ,  fahha ,  fa  ;  dyara. 
Assemblée,  ladyéli,  lédéli,  dyénia  (Ai'.). 
Assembler,  ladyé,  lédé.  \\  S' — ,  ha/ou ,  ha/ou  nyohhoma ,  kafou  ni  kili , 

hhafou  nyohhohhan  [K.). 
Asseoir.  S' — ,  sigi.  Il  s'est  assis,  a  sigira.  Il  est  assis,  a  bé  sigila. 
Assez,  a  tou  té  (laisse  cela  ainsi);  a  bana,  a  banla  (c'est  fini);  a 

sira  (c'est  arrive').  J'ai  assez  d'eau,  dyi  sira  7i'yé.  ||  Pas  — ,  a 

man  sya;  a  té  bo;  a  man  sifoîo  (ce  n'est  pas  encore  arrivé).  Je 

n'ai  pas  assez  de  lait,  7iono  man  sya. 
Assiéger,  sigi  .  .  .  fé. 
Assistance,  aide,  démé.  ||  — ,  assemblée,  ladyéli,  lédélé. 


DICTIONNAIUE  DE   LA   LAXfilïE  MANDÉ.  279 

Assister  aider,  démé.  — ,  èlro  presoni  V^/c',  va  (voiiir);  s?^/ (èlre 
assis). 

Atroce  ,  dyougou  a  La  sya. 

Attacher,  siri,  siti,  sti  (K.). 

Attaque,  houn-hhan.  giri-giriba. 

Attaquer,  kébé. 

Atteindre,  monta,  mina. 

Attendre,  kono,  khono  (K.),  khnnon  (K.).  Attonds  que  je  rovionno, 
a  kono  n  ka  na,  \\  — ,  s'arrêter,  lo,  dn.  Attends  ici,  lo  yan.  \\ 
S' — ,  da  (croire),  hakili  ha  ro  (penser). 

Attention,  hakili ,  fakili ,  fakli  (Ar.).  ||  Faire  —,  hakili  ha  ro,  hakili 
ton,  hakili  lo;  don;  mouiidi  (K.). 

Attirer,  sama,  samba,  saha. 

Attraper,  mina,  monta,  ta.  Attrape!  A  ta! 

Aube,  dyouni-dyouni  (de  tW  s  bonne  heure),  dyonnou-dyounou  (K.); 
doiinioun-kouma ,  dounlonu'-khasi  to  (K.)  (au  chant  du  coq);  douno- 
koumo  (Be'l.). 

Aubergine,  sorte  d'- —  rouge,  ressemblant  à  la  tomate  de  France, 
dyakhatou. 

Aucun,  personne,  mokho  té.  \\  - — -,  avec  un  nom  de  chose,  se  tra- 
duit par  la  re'pétition  du  nom  et  la  négation.  11  n'y  a  aucun 
arbre  dans  le  pays,  yir'-o-yiri  nté  dyamani  kono.  jj  —  peut  se 
tourner  par  :  pas  un.  Aucun  grain  de  mil  n'est  tombé,  ani  nyon 
késé  km  ma  houtou  dougouma. 

Audace ,  Jariya ,  fatiya. 

AvD kciEiix,  Jari,  fati. 

Auge  ,  fakha. 

Augmenter,  bonnya;  do  di  (donner  d'autre). 

Aujourd'hui,  bi.  \\  — ,  à  l'époque  actuelle,  sa  nyokho  ionma  (au 
temps  à  côté  de  cet  instant). 

Aumône,  sarakha,  sakha;  karandi.  ||  Faire  l' — ,  sarakha  di. 

Auparavant,  tourna J'olo,  om/éro. 

Auprès  de,  nyokhon.  nyokhonjé,  nyokhoti  kofé. 

Aurore,  tili  otdila,  lili  ouléla,  lilo  oh/c7o(K.)  (le  lever  du  soleil). 

Aussi,  i.  Et,  avec,  en  même  temps,  ani,  ni,  i;  a  hé;  o  hé.  -  2. 
C'est  pour(|uoi,  0  dé  ka  ké  (c'est  cela  qui  a  l'ait  que).  Tu  n'as 
pas  travailb',  aussi  je  te  punirai,  i  man  h(d,ha  ké,  0  dé  ka  ké 
m'  i'  i  gosi.  —  0.  Devant  un  adjectif,  comparatif  d'égiililé,  se 
tourne  par  w commet,  iko.  Je  suis  aussi  grand  que  mon  père, 
n  ka  dyun  iko  m\fa.  -  h.  Après  un  pronom , /««a.  Moi  aussi, 
né  fana. 
Aussitôt,  oro,  ikoro,  ni  .  .  .  ikoiv  ni;  .  .  .  toiuna  mena.  Aussitôt 
qu'il  viendra,  je  l'attacherai,  ni  a  nara,  ikoro  ni  b"  a  siri,  ou 
ni  a  nara  tourna  mena,  m'  //  a  siri  (^au  moment  où  il  sera  venu 
je  l'attacherai). 


280  J.-B.    RAMB.VUD. 

Autant,  comparatif  d'égalité,  se  tourno  par  :  c'est  égal,  o  hé  kili, 
a  hé  kakha7i.  y a'imc  autant  mon  père  que  ma  mère,  m  fa  ka  di 
n'  yé  ani  m  ha,  a  hé  kakhan  (j'aime  mon  père  et  manière,  c'est 
la  même  chose). 

Autorisation,  dalili.  \\  Avoir  l' — ,  dalili  soro. 

Autoriser,  bafé  (vouloir);  dalila. 

Autour  de,  kéréfé,  bokhofé  (K.).  Autour  de  la  case,  boim  kéréfé. 

Autre,  do,  to.  Un  autre  arbre  yiri  do;  guère,  wéré  (Bel.).  ||  L'un 
l' — ,  ni/okhon.  \\  Une  —  fois,  sinya  foulana ,  sinya  dola,  doro.  || 
Les  — s,  mokholoii  do,  maou  do  (B.).  ||  Vous  — ,  nyi.  Vous  autres 
blancs,  nifi  touhahou. 

Autrefois, yb/o  doro. 

Autrement,  pas  de  la  même  façon,  a  té  kili,  a  té  kakhan.  \\  — -,  si- 
non, ni  0  té  (si  ce  n'est  pas  cela).  Va-t'en,  autrement  je  te 
bats,  takha,  ni  o  té  ni  h'igosi. 

Autruche,  soM^oMMï,  kono-sougoiiti ,  sogonto  (K.); 

Avaler,  kounou,  khounou  (K.). 

Avance,  prêt,  fouma;  donna  (K.);  dyoulou-doutia  (K.). 

Avancer,  takha;  ma  lo,  ma  do  (ne  pas  s'arrêter);  goré. 

Avant,  mja,  nyato.  Il  est  parti  avant  moi,  a  tara  nté  nya.  \\  — 
QUE,  kahini,  kamini;  sadi,  sani,  sado  (K.).  Avant  de  venir,  lave 
tes  mains,  sadi  i  hé  na,  i  ka  houlou  kou.  |]  En  — ,  da  nyé,  nya- 
lo.  Il hier,  kounou  ko.  \\  — ,  proue  d'un  bateau,  koun. 

Avare,  sonyoh;  ka^itéla  (K.). 

Avarice,  sonyo. 

Avarié.  C'est  — ,  a  tinyara,  a  tita. 

Avarie,  tinya,  tita. 

Avec,  ani,  ini,  ni,  i,  iningo  (K.);  nof.  Viens  avec  moi,  na  nofi. 
Va  avec  lui,  takha  nofi.  \\  — ,  au  moyen  de,  ma,  na,  la.  Il  a 
cassé  la  porte  avec  une  hache,  a  ka  da  ti  yèndéma. 

Avenir.  A  l' — ,  tourna  béna,  o  nya,  o  nyéro. 

Aveugle,  nya  té;  fyen  té,fyon  to  (K.). 

Aveugler,  nya  monta  (prendre  les  yeux). 

Avide,  sonyola,  korosyé. 

Avidité,  sonyo.  ^ 

Avis,  yili.  \\  Donner  son  — ,  dali.  \\  Etre  de  l' —  de,  hé  ...  na, 
hé  .  .  .  kakhan.  \\  A  l' —  de  ,  yili  ko. 

Avoir,  posséder,  ha  houlou.  J'ai  une  femme,  monsou  ha  m'  houlou 
(une  femme  est  dans  ma  main);  soro,  soto  (recevoir).  J'ai 
deux  enfants,  w'  ka  din  foida  soro.  \\  —  faim,  konko  hé.  \\  — 
SOIF,  min-lokho  hé.  ||  —  raison,  tonya  ha  houlon,  tonya  hé;  dyo 
soro.  Il  —  TORT,  tonya  té,  tonya  té  houlou;  dyo  man  soro.  \\  — 
PEUR,  hi  sira,  silana  hé,  dyito  hé.  \\  —  besoin,  makou  hé.  J'ai  be- 
soin d'eau,  dyi  makou  hé  n  yé.  \\  —  chaud,  a  ka  givin.  \\  — 
FROID,  a  ka  néné,  néno  hé  (K.).  ||  —  le  temps,  dyen  soro.  \\  — 


DICTIONNAIRE  DE   LA   LANGIE   MANDÉ.  281 

À,  se  tourne  par  ie  futur.  J'ai  à  te  parier,  m  hé  hoiima  fo  ijé 
(je  te  dirai  une  parole).  ||  Il  y  a,  hé.  Il  y  a  des  villages,  dou- 
gou  hé  yé.  ||  Il  n'y  a  pas,  té.  Il  u\  a  pas  de  puits,  kolon  té  yé. 

Avorter,  sigiko,  hokhogé. 

Aventure,  Dire  la  bonne  — ,  kényéla.  \\  Diseur  de  bonne  — ,  ké- 


nyélala. 


B 


Babiller,  barou. 

Badigeon  ,  pour  les  caves ,  nokho. 

Badigeonner,  nokholi. 

Bafouer,  dougouya. 

Bagage,  mina,  mina-koulou,  minanou;  doni  (fardeau).  ||  Plier  — , 

fanifourgouro  ké  (mettre  son  linge  dans  sa  peau  de  bouc). 
Bagarre,  kélé. 

Bagatelle, /en  sobé  nté,Jen  gansan. 
Bague,  doroman,  doromé,  doroma  (K.). 
Baguette,  botisa.  \\  —  de  fusil,  bayéti  (Fr.). 
Bai,  cheval,  sou  dyoubé,  sou  dyouhéjîn,  sou  dyibé.  |]  - —  brun,  di/ou- 

bé.  Il  —  GLAiR,  dyoubé  inoumov.  \\  —  en  tète  et  biilzanes,  tyadou. 
Baie,  golfe,  ba  dogi.  \\  — ,  fruit,  yiri-dm,  yiri-dé,  yiro-dingo  (K.). 
Baigner,  tremper  dans  l'eau,  dyito  sigi,   dyiro  sigi.  ||  — ,  v.  n., 

être  trempé  dans  l'eau,  dyou  hé  dyiro  (être  le  derrière  dans 

Teau),  Ij  Se  — ,  kou.  H  s'est  baigne'  dans  le  fleuve,  a  koura 

haro. 
Bailler,  yala.  kliakha  (K.). 
Bâillon,  da  siri,  garou. 

Bâillonner,  da  siri  (attacher  la  bouche),  gnrou-ké. 
Bain,  kou  dyi,  dyi  iné  hé  kou  kono  (l'eau  où  on  se  baigne). 
Baiser,  subst.,  oulila,  da-sousou  (murmure  de  la  bouche).  ||  — , 

V.,  embrasser,  ouliln  ké,  da-sousou  ké. 
Baisser.  Se  — ,  digi. 

Bajoue,  tama  (joue),  da-fourgou  (sac  de  la  bouche). 
Balafre,  nya-dyogi  (blessure  de  la  figure),  nya-non  (cicatrice  de 

la  figure). 
Balai  ,  firali .  Jitala ,  fit(do  ( K. ). 
Balance,  dya,  souma-dya,  soumalin-Jhi. 
Balancer,  lanui,  bito  (K.).  ||  — ,  hésiter,  mén  ké  kouina  Ion  (ne  pas 

savoir  qut;  faire). 
Balayer  ,  jira ,  fita. 
Balbutier,  da-gara. 

Balle,  de  fusil,  marfa-négé ;  négé-din,  négé-dé. 
Ballot,  doni.  \\  — ,  en  forme  de  boule,  en  feuilles, ^oîii/oa. 


282 


J.-B.  RAMBAUD. 


Balzane,  djié.  Cheval  à  une,  deux,  trois,  quatre  balzaoes,  sou  dyé 

kili,  foula,  snba,  nani. 
Bambou,  ho. 

Banane,  namasa,  némésa;  hanaïui,  haranda  (K.). 
Bananier,  wrtH/asrt  ?/în'. 
Banc,  sigila  (siège). 
Bande  à  bandage,  smVr/.  ||  —  d'e'toiFe  de  coton  pour  les  pagnes, 

fani-mougou.  \\  — -,  troupe,  boulon;  hélé;  kélé-bouloii. 
Bk^oEkv,  fani-sirila.  \\  —  sur  la  figure,  nya  fani  sirila,  m/ana 

siri. 
Bander,  siri,  ||  —  les  yeux,  nya  siri. 
Bannette,  s  agi. 
Baobab,  sira,  sita,  sila,  sito,  (K.).  ||  Pulpe  du  fruit  du  — ,  sira- 

mougou. 
Barbe,  bon-si  (poils  du  menton).  ||  — ,  favoris,  dyéméné;  tamasi 

(poils  de  joues).  ||  —  blanche,  si-dijé,  si-gé,  sé-gwé. 
Baril  de  poudre,  kolonto;  mougou  doun-doun. 
Barque,  koidoun. 
Barrage,  dyoubé. 
Barre  de  bois,  yiri-kourou,  yiri-koulou,  yiri-koutou.  \\  —  de  fer, 

négé-kourou.  \\  —  de  sel, fardi, fardé;  bafal,  bafé  (Be'l.). 
Barrer,  yiri-kourou  ké,  négé-kourou  ké.  Empêcher  de  passer,  bali 

ka  tambi. 
Barrière,  sansan,  sinsin. 
Bas,  adj.,  dougouma;  sourou  (petit).  ||  En — ,  dougouma.  |]  LÀ , 

yé,  yéfé.  ||  A  —  prix,  songo  man  dyougou.  \\  Faire  main  — se, 

monta;  sounya.  \\  Mettre  — ,  woulou,  wolo. 
Bassin,  négé-ba,  négé-kouna. 

Bastonnade,  bousa.  \\  Donner  la  — ,  bousa,  gosi  bousama. 
Bit,  kirké,khirkhé  [K.). 
I^ATÀILLE,  kélé,  nyokhon-boun. 
Bâtard,  nya-fourou-din ,  dyanka-din,  dyankalimé. 
Bateau,  kouloun.  \\  —  à  vapeur,  sisi-kouloun. 
Bâtir  une  case,  boun  ké,  boun  dara. 
Baton,  béré,  bêlé,  bré,  blé. 
Battre,  gosi;  hougo.  ||  — ,  vaincre,  goulé.  ||  Se  — ,  kélé  ké  ny»- 

khon-boun  ké. 
Bavard,  koumala,  kouma-tinyala ,  haroula,  baroulikéla. 
Bavardage,  harouli. 
Bavarder,  barou,  barouli  ké. 
Bave,  da-dyi  (eau  de  la  bouche). 
Baver,  da-dyi  bo. 
Beau.  C'est  — ,  a  ka  nyi;  nyima,  nyounia.  \\  —  père,  bira,  bita.  \\ 

Belle-mère,  bira-mousou,  bita-mousou.  \\  —  frère,  ni-mokho.  |) 


DICTIONN  VIRK   DE  LA   LANGUE    M  VNDÉ.  283 

Belle-soelr.  »/-»/oMso».      Belle-fille,  i(Vrt-/»OH$OM.  ||  — temps, 
Hiji,  mjouma.  Il  lait  beau,  a  ha  nijouma.  \\  U.n  — ■  jour,  loungo. 

Beaucoup,  on  comptant,  a  ka  si/a,  sijama,  tijania;  kika  (K.);  bélé- 
bélé.  Il  — ,  sans  compter,  a  ka  sija,  a  ka  tya,  syama,  ti/ama;  hali; 
wa.  Il  y  a  beaucoup  de  bœufs,  nisi  ka  si/a,  nisi  sijama  hé  yé.  11 
y  a  beaucoup  dVau,  di/i  sjjania  hé.  j]  — ,  devant  un  adjeclil", 
mjima,  mjouma,  kou-sohé.  \\  — ,  dans  le  sens  de  grand,  hoan- 
ba.  Il  —,  sans  complément,  kou-sohé,  kou-nyima,  kou-dyougoïc 
(en  mauvaise  part);  hélé,  hélé. 

Beauté,  (Uya.  diyé. 

Bec,  d'oiseau,  kono  da. 

Bêche,  indigène,  daha. 

Becqueter,  sokho,  soua. 

Bégayer,  da  gara. 

Bêler,  kasi  (crier). 

Bélier, srtAVta,  sakha-ké,  sakha-tigi,  sa-ké,  sa-tigi,  sakhon-klié {¥l.) ; 
sakho-tigi  (K.). 

Bénédiction,  haraka  (Ar.),  harké,  aharka  (K,). 

Bénéfice,  gain,  tonou. 

Bém  ,  harkéla. 

Bénir,  haraka.  harké. 

Berger,  gela,  givéla  (Ko.),  gé,  givé  (Ko.).  |i  —  de  bœufs,  nisi-gé, 
nisi-géla.  \\  —  de  moutons,  sakha-géla.  On  dit  aussi  woré-géla 
(gardien  de  troupeau). 

Bergerie,  sakha-xvoré ,  sa-woré  (parc  de  moutons). 

Bergeronnette,  nisi-kono  (oiseau  des  bœufs),  nisi-gonyori ,  nisi- 
gonyoro  (K.  Bel.). 

Besoin,  makou.  J'ai  besoin,  inakou  hé  »'  yé.  L'homme  a  besoin  du 
mil,  moklio  makou  hé  nifon  la. 

Bestiaux,  nisi  (des  bœufs).  |j  Parc  à  — ,  nisi-ivoré. 

Bétail,  mst  (des  boni fs).  i|  Troupeau  oe  — ,nisi-woré. 

Bète,  sakha,  saklio  (K.),  soubou;  sogo,  sougou  (S.). 

Beurre,  de  lait,  naré  (K.);  nisi-toulou.  |j  — ,  de  karite',  sé-toidou, 
sé-tlou. 

Biche,  kouloun,  konloungo  (K.).  ||  Grande  — ,  sine.  \\  —  à  cornes 
en  lyre,  mina. 

Bien,  nyi,  nyima,  nyouma;  héré,  hété;  c  esi  bien,  a  ka  nyi,  a  klia. 
hélé  (K.);  a  bé  n  ta.  \\  — ,  beaucoup,  syamn,  a  ka  sya.  (Voir 
Beaucoup.)  il  — ,  devant  un  adjectif,  kou-sohé.  kou  nyima.  J'ai 
bien  dormi,  n  ka  sinoklu)  kou-sohé.  Travaille  bien,  i  ka  bakha 
kou  sohé.  il  —  QUE,  bari  (cependant).  Bien  que  tu  l'aies  aidé 
il  ne  t'as  pas  iécomj)ensé,  tournez  :  tu  l'as  aide',  copcudaiit  il 
ne  t'a  pas  récompense,  i  k'  a  démé,  bari  a  man  sara  di  '  ma.  || 
— s,  riclicsses,  nafoulou,  naflou. 

Bienfait,  sara  k  lia. 


28d 


J.-B.  RAMBAUD. 


Bienfaiteur,  sarakha-dila. 

BiemÔt,  sa-sa  (K,),  si-sa  (tout  de  suite);  tourna  doron  (dans  uu 

petit  temps),  doron  (dans  peu),  yétia. 
Bifurcation,  s  da  foula,  sdajla,  sira  foula  ;  fara ,  sUa-fara,  sdo-fara 

doula. 
Bijou,  masiri,  masili. 

Bijoutier,  sawa-ké[K.),  noumou-ké  (forgeron). 
Bivouac,  digi-doula;  dakha. 
Blâmer,  lamo.  Je  l'ai  blâmé  d'avoir  volé,  n  k'  a  lamo  katougou  a 

ka  sounyali  ké  (parce  qu'il  a  volé). 
Blanc,   khot  (K.);   dyé,   gé,  gwé  (Ko.).  ||  Homme  — ,  ionbabou; 

fara  gé,fata  goé  (Bel.).  ||  Cheval  — ,  sou  bé  dyé,  sou  bé  da.  \\ 

Cheval  qui  boit  dans  son  — ,  sou  dajé  dyé. 
Blanchir,  v.  n.,  devenir  blanc,  dyé  na.  Ses  cheveux  ont  blanchi, 

a  si  dyé  nara.  \\  — ,  v.  a.,  rendre  blanc,  dyé  ké.  \\  —  le  linge, 

kou. 
Blessé.  Il  est  — ,  a  dyogira. 

Blesser,  dyogi.  \\  —  à  coups  de  couteau,  sokho,  soua  (piquer). 
Blessure,  da;  souali-da,  souaré-da  (à  coups  de  couteau);  dyogi, 

dimi  (douleur). 
Bleu,    adj.,    tigéla;  Jln-ma    (noir);  fomé;   gara    (indigo).  i|  — , 

boule  pour  le  blanchissage,  boula  (Fr.).  ||  —  et  blanc,  j)agnes 

rayés  de  ces  deux  couleurs,  fanijènkhala  (pagne  de  couleur).  || 

—  ET  BLANC,  couvertures  rayées  de  ces  deux  couleurs  venant 
de  Ségou,  danpé,  kosonkholo. 

Blottir.  Se  — ,  dougou. 

Boa,  maninya,  mininya,  maninyan,  mininya,  méninga 

Boeuf,  nisi,  niso  (K.).  ||  — ,  à  bosse,  sigi.  \\  —  porteur,  tamé, 

témé. 
Boire,  mi.  Va  faire  boire  le  cheval,  iakha  ka  sou  mi. 
Bois,  perches,  troncs,  yiri.  \\  — ,  branches  d'arbre,  yiri-boulou.  || 

—  à  brûler,  lokho,  loua,  douo.  ||  —  à  construire,  kisé.  \\  — , 
forêt,  woulo,  tou-ba.  Ceci  est  fait  en  bois,  nyi  bakha  yiri  lé  mou. 

Boisson,  mi-Jen,  mi-Jeugo  (K.). 

Boîte,  bâta,  bara  (Fr. ). 

Boiteux,  sin-kilé,  sin  kili. 

Bon,  nyi,  nyima.  nyouma,  béré,  bété  [K.).  \\  —  À  manger,  di,  bété 
(K.);  doumou-fèn;  nyima;  douma.  C'est  bon,  a  ka  nyi,  a  ka  di 
(au  goût),  a  kha  bété  (K.);  a  bé  nta  (cela  me  convient);  douma 
don  (c'est  bon  à  manger).  Ce  n'est  pas  bon,  a  ma  nyi,  a  man 
bêlé  (K.),  douma  nté  (ce  n'est  pas  bon  à  manger). 

J.-B.  Rambaud. 

(.4  suivre.) 


DE  L'ARTICLE. 

(MORPHOLOGIE    ET  SYNTAXE.) 


La  plus  petite  des  parties  du  discours,  celle  (jui  semble  être  la 
moins  importante  et  jouer  le  rôle  le  plus  humble,  c'est,  sans  con- 
tredit, Tarticle;  nous  verrons  qu'il  en  est  tout  autrement  en  re'a- 
lité  et  qu'il  remplit,  au  contraire,  précise'ment  la  fonction  essen- 
tielle qu'ont  les  infiniment  petits  dans  le  monde  biologique.  H 
imprime  pour  sa  part  à  tel  langage  son  caractère  propre;  il  vient 
en  aide  aux  autres  parties  du  discours,  e'tant  un  mot  auxiliaire 
d'une  grande  puissance;  il  leur  donne  la  pre'cision  de  concept  et 
la  détermination  qui  leur  manquent;  il  les  renforce  s'ils  en  ont 
besoin,  les  de'charge  de  leurs  concepts  accessoires  trop  lourds, 
e'vite  les  heurts  que  les  mots  principaux  pourraient  avoir  entre 
eux,  leur  me'nagc  l'espace  et  permet  à  la  lumière  logique  de  cir- 
culer. Il  me'rite  donc  toute  notre  attention.  Nous  allons  essayer  ici 
très  brièvement  de  retracer  son  origine  et  son  évolution  première, 
sa  fonction  mécanique  au  point  de  vue  morphologique  et  ses  di- 
vers emplois  fonctionnels  au  point  de  vue  psychologique  et  syn- 
tactique. 

Remarquons,  avant  de  commencer,  que  l'article  n'est  pas 
commun  à  toutes  les  langues,  qu'il  est  seulement  le  privilège  de 
quelques-unes,  tantôt  des  plus  anciennes,  tantôt,  au  contraire,  des 
plus  développées  et  des  plus  parfaites;  mais  que  souvent  il  fait 
défaut,  que  ce  n'est  pas,  par  conséquent,  un  organe  indispen- 
sable du  langage,  mais  un  organe  complémentaire  qui  s'ajoule 
en  présence  de  certains  besoins  psychiques  d'expression,  les- 
quels sinon  le  créent,  du  moins  le  développent  et  lui  donnent 
seuls  une  existence  personnelle  autonome. 

1°.  —  De  l'article  au  point  de  vue  morphologique, 
de  son  origine  pronominale,  de  son  evolution. 

Les  diverses  parties  du  discours  se  sont  développées  les  unes 
des  autres.  Dans  les  langues  qui  ne  connaissent  pas  encore  le 
pronom  prédicalif,  mais  qui  conjuguent  le  verbe  possessivement, 

MKM.    LIWG.   IX.  19 


286  RAOUL  DE  LA   GRASSERIE. 

]e  verbe  n'est,  en  re'alité,  encore  qu'un  substanlif;  le  participe 
conserve  toujours  les  attaches  verbales;  l'adverbe  n'est  qu'un  ad- 
jectif sm'^enens;  la  conjonction  n'est  qu'une  transformation  de  la 
préposition.  C'est  ainsi  que  l'article,  à  son  tour  et  plus  étroite- 
ment, tire  son  origine  des  pronoms  personnels,  et  parmi  eux,  du 
pronom  de  la  3"  personne. 

Seulement,  tandis  que  le  pronom  personnel  de  cette  personne 
remplace  le  substantif  et  le  rappelle,  de  manière  à  éviter  sa  ré- 
pétition, l'article  se  joint  au  substantif  et,  au  lieu  de  le  remplacer, 
le  corrobore  désormais. 

De  cette  origine,  on  peut  apporter  des  preuves  nombreuses. 
Pour  citer  d'abord  les  langues  connues,  qui  ne  constaterait  en 
grec  l'étroite  parenté  entre  le  pronom  relatif,  d'abord  personnel, 
et  l'article,  et  en  français  la  dérivation  de  l'article  du  pronom  la- 
tin ille?  Maïs  dans  des  langues  beaucoup  plus  antiques  d'allure, 
le  pronom  est  encore  plus  frappant.  Il  faut  citer  parmi  elles  le 
nama  et  les  langues  bantou.  En  nama,  le  pronom  des  trois  per- 
sonnes se  joint  au  substantif  en  s'y  suffisant.  Ce  n'est  plus  seule- 
ment celui  de  la  3° personne  qui  devient  un  article,  ce  sont  ceux 
aussi  de  la  i""^  et  de  la  2^ 

Le  processus  devient  ainsi  plus  transparent  et  l'origine  pro- 
nominale plus  évidente.  On  dit  :  hyy-ta  tf  seigneur- moi w,  au-ts 
ftliomnie-toi:5,  gu-h  cf père- lui ii;  les  suffixes  ta,  ts,  h  signifient 
«moi,  toi  17  et  fflui»;  ce  sont  de  vrais  pronoms,  et  à  la  3*  per- 
sonne on  emploie  de  la  même  manière  les  expressions  de  tous  les 
genres;  masculin,  féminin  et  neutre,  h,  s  q\,  i,  qui  sont  aussi  des 
pronoms. 

De  même,  dans  les  langues  bantou,  on  ne  suffixe  plus,  mais 
on  préfixe  au  substantif  les  pronoms,  non  plus  des  trois  per- 
sonnes, mais  de  la  3";  mais  ces  pronoms  sont  très  variés  :  k,t,  d, 
l,  n,  p,  h,  m,  suivis  de  différentes  voyelles  et  se  rapportant  à 
différentes  classes  d'objets;  eh  bien,  chacun  de  ces  pronoms  se 
préfixe  au  substantif  et  sert  d'article  ;  en  cafre  :  um-tu'^  il-homme  -n , 
ili-zwi  fcil-motii,  m-;^^/^  rrelle-maison^,  u-dode  rr  elle-sœuni ,  pour 
Yhomme,  le  mot,  la  maison-,  il  n'y  a  aucune  différence  entre  le  pro- 
nom et  l'article,  sinon  la  position. 

.  L'origine  pronominale  de  l'article  est  indéniable,  nous  allons 
avoir  l'occasion  d'en  fournir  de  nombreux  exemples  en  parcou- 
rant tout  à  l'heure  les  diverses  langues,  et  nous  l'expliquerons 
plus  loin  lorsqu'il  s'agira  du  point  de  vue  psychologique. 

Mais  bientôt  la  sensation  de  cette  origine  se  perd,  quelquefois 
même  la  forme  pronominale  qui  avait  été  empruntée  ne  fait  plus 
fonction  de  pronoms,  n'est  plus  usitée  comme  tel,  et  l'article 
survit  seul  avec  sa  fonction  propre. 

L'article  ainsi  dérivé  du  pronom  est  désormais  destiné  à  dé- 


DE  L'ARTICLE.  287 

terminer,  c'est-à-dire  à  individualiser;  quoiqu'il  ait  d'autres  fonc- 
tions, comme  nous  le  verrons  plus  loin,  c'est  là  celle  normale. 
Le  substantif,  par  exemple,  a  une  signification  indétermine'e; 
Vhomme  en  possède  trois  bien  distinctes;  il  signifie  un  homme 
quelconque,  individuel,  mais  non  de'signé,  dans  le  sens  de  àvOpck)- 
TTos  Tis;  ou  bien  il  désigne  Ihomme  en  général,  tout  homme, 
l'homme  par  opposition  à  d'autres  êtres,  ou  enfin  il  signifie  un 
seul  homme  qu'on  veut  indiquer  à  l'exclusion  de  tous  autres. 

Comment  distingue-t-on  ces  différents  concepts?  Beaucoup  de 
langues,  la  plupart,' seront  hors  d'état  de  le  faire:  ce  ne  sera 
que  le  contexte  qui  décidera.  D'autres,  au  contraire,  distingue- 
ront soigneusement  ces  cas;  il  y  aura  une  forme,  ou  plutôt  un 
mot  spécial  pour  la  détermination.  Ce  mot,  ce  sera  l'article. 

Mais  toutes,  pour  cette  expression,  ne  procéderont  pas  de  la 
même  manière.  Les  unes,  par  exemple,  auront  un  indice  pour 
marquer  la  détermination  et  un  autre  pour  marquer  l'indétermi- 
nation. C'est  ce  qui  arrive  en  français  oii  l'on  dit  tantôt  un 
homme,  et  tantôt  Vhomme.  Mais  cela  se  produit  rarement,  d'ail- 
leurs ce  n'est  pas  nécessaire;  il  suffit  qu'on  marque  une  de  ces 
deux  situations.  Si,  par  exemple,  la  détermination  a  un  indice, 
il  suffira  que  cet  indice  soit  absent  pour  qu'on  sache  qu'on  se 
trouve  dans  un  cas  d'indétermination;  et  en  français  au  lieu  de 
dire  Vhomme,  et  par  opposition  un  homme,  on  aurait  pu,  si  tout 
n'était  pas  involontaire  et  inconscient  dans  le  langage,  dire 
Vhomme  et  par  opposition  homme.  C'est  à  ce  dernier  parti  que 
presque  toute  les  langues  se  sont  arrêtées,  de  sorte  que  l'article 
n'y  marque  que  la  détermination  seule,  et  qu'il  n'y  a  qu'un  seul 
article. 

Certaines  autres  emploient  l'article,  le  même,  quil  y  ait  dé- 
termination ou  indétermination:  tous  les  substantifs  en  sont  tou- 
jours munis;  l'article  devient,  à  ce  point  de  vue,  indifférent.  11 
est  probable  qu'il  a  marqué  d'abord  la  détermination,  puis,  que 
la  sensation  de  son  rôle  s'est  oblitérée  et  qu'il  s'est  ensuite  étendu 
par  analogie  à  tous  les  substantifs. 

Lorsque  l'on  veut  marquer  non  point  tel  homme  individuel, 
mais  ïhomme  collectif,  on  se  sert  de  l'article  déterminé,  ce  qui 
peut  paraître  singulier  au  premier  abord,  mais  ce  qui  s'explique 
très  logiquement. 

En  effet,  l'homme  collectif  devient  individuel  vis-à-vis  de  telle 
autre  espèce  zoologi(jue.  Lorsqu'on  dit  par  exemple  :  r? L'homme 
et  le  cheval'^,  il  s'ajfit,  non  il  est  vrai,  de  deux  individus,  mais 
de  deux  genres  respectivement  individualisés. 

Si  c'est  le  substantif,  l'être,  qu'il  y  a  lieu  de  déterminer,  et  si 
l'article  est  employé  à  cet  usage,  quelquefois  cependant ,  anorma- 
lement, il  y  a  lieu  de  déterminer  une  autre  partie  du  discours, 

19. 


288  RAOUL  DE  LA  GRASSERIE. 

el  c'est  alors  l'article  qui  est  encore  employé'  dans  ce  but.  C'est 
de  cette  manière,  comme  nous  le  verrons,  qu'il  de'termine  quelque- 
fois l'adjectif. 

Quoique  l'article  soit  le  principal  et  presque  exclusif  instru- 
ment de  détermination,  nous  verrons  qu'il  existe  des  anomalies; 
quelquefois  la  de'termination  se  fait  par  d'autres  moyens.  Par 
exemple,  la  racine  du  substantif  s'amplifie  quand  une  forme 
empbatique  met  en  relief,  et  c'est  ce  relief  qui  exprime  la  déter- 
mination. D'autres  fois,  cette  racine  se  dédouble  en  partie,  et  c'est 
ce  dédoublement  qui  remplit  cette  fonction.  Quoique  alors  il  ne 
s'agisse  pas  de  l'article  (quelquefois  ce  n'est  qu'une  apparence), 
et  que  ce  soit  un  liors-d'œuvre  d'en  traiter  ici,  nous  le  faisons 
cependant  pour  être  complet,  parce  qu'il  y  a  là  une  anomalie 
et  un  fait  tout  exceptionnel. 

Nous  rencontrerons  dans  l'étude  de  l'article  quelques  difficulte's. 
Si  presque  toujours  son  origine  pronominale  est  claire,  quelque- 
fois elle  semble  un  peu  cache'e,  nous  devons  avec  since'rité  relever 
ces  éclipses,  et  chercher  à  retrouver  le  fil  qui  peut  nous  man- 
quer tout  à  coup. 

D'autres  fois,  l'article  disparaît  complètement,  et  cette  éclipse 
est  plus  obscure.  Un  substantif,  au  cas  normal,  au  nominatif 
par  exemple,  et  au  singulier,  n'en  est  pas  accompagne'.  On  l'ap- 
pelle, il  est  absent.  Mais  il  apparaît  tout  à  coup  sous  le  re'actil 
d'une  autre  cate'gorie  grammatical-e,  par  exemple,  du  pluriel, 
du  féminin,  de  l'accusatif,  pour  exprimer  une  de  ces  cate'gories 
qui  n'a  pas  ou  qui  a  perdu  le  mode  ordinaire  d'expression. 

Ce  cas  est  très  curieux.  La  de'termination  fait  fonction  de 
nombre,  de  cas,  de  genre.  Quelquefois  ce  résultat  n'est  que  l'efl'et 
de  la  chute  de  l'article  dans  les  autres  situations. 

C'est  ce  que  nous  appellerons  Varticle  latent. 

Que  si  nous  revenons  à  l'article  proprement  dit,  celui  qui 
suit  la  formation  et  remplit  la  fonction  ordinaire,  nous  remar- 
querons qu'il  peut  occuper  auprès  du  substantif  deux  positions 
bien  dilférentes. 

Comme  tous  les  autres  affixes  grammaticaux  ou  lexicologiques. 
il  se  prépose  ou  se  suffixe.  L'article  suffixe  est  plus  rare,  il  perd 
dans  cette  situation  un  peu  de  son  caractère ,  et  on  a  peine  quelque- 
fois à  le  dégager.  Il  est  ordinairement  préposé,  quelquefois 
préfixé,  gardant  mieux  ainsi  son  indépendance,  et  plus  prêt  à 
remplir  à  cette  place  les  fonctions  diverses  qui  peuvent  lui  être 
données. 

D'ailleurs  qu'il  soit  préposé  ou  suffixe,  l'article  tantôt  reste 
invariable  et  toujours  le  même;  c'est  le  cas,  entre  autres,  de 
l'article  arabe  al,  el;  tantôt,  et  le  plus  souvent,  il  varie,  suivant 


DE   L'ARTICLE.  289 

le  genre,  le  nombre,  le  cas,  ou  suivant  les  trois  à  la  fois;  c'est  ce 
qu'on  peut  observer  dans  Tarlicle  grec. 

Dans  les  langues  qui  comptent,  non  deux  genres  ou  même 
trois,  mais  un  grand  nombre  do  genres,  comme  les  langues 
bantou,  l'article  varie  suivant  qu'il  s'agit  de  diverses  catégories 
d'objets.  Cela  n'a  rien  d'étonnant,  l'article  n'étant  que  le  pronom 
personnel  qui  a  préalablement  suivi  toutes  ces  variations.  Nous 
allons  maintenant,  passant  de  ces  i-emarqués  générales  à  une  ob- 
servation concrète,  examiner  l'article  et,  plus  en  général,  l'ex- 
pression morphologique  de  la  détermination  dans  les  divers 
groupes  de  langues.  Nous  établissons  dans  cet  examen  les  divi- 
sions suivantes  : 


1°   DETERMINATmX   MARQUEE    PAR   L'ARTICLE. 

A.  —  Détermination  du  substantif. 

1°  De  la  détermination  et  de  l'indétermination  par  deux  ar- 
licles  différents; 

a"  Un  seul  article  s'applique  à  la  fois  au  cas  d'indétermina- 
tion et  à  celui  de  détermination; 

3°  L'article  marque  seulement  la  détermination. 

a.  —  Article  patent. 
1°  L'article  est  préposé. 

a.  Il  reste  toujours  invariable. 

b.  11  varie  suivant  les  genres. 

c.  Il  varie  suivant  les  cas. 

d.  Il  varie  suivant  la  classe  des  objets. 

2°  L'article  est  postposé. 

a.  11  est  invariable. 

b.  H  varie  suivant  les  genres. 

c.  11  varie  suivant  les  personnes. 

b.  —  Article  latent. 

Il  apparaît  sous  le  réactif  du  genre,  du  nombre,  du  cas. 
11  sert  à  les  marquer. 

B.  —  Détermination  de  l adjectif,  du  verbe,  de  V adverbe. 

2"   DÉTERMINATION    MARQUEE  AUTREMENT  QUE  PAR   L'ARTICLE. 


a.  État  emphatique; 

b.  Réduplication  partielle. 


290  RAOUL  DE   LA   GRASSERIE. 

En  ce  qui  concerne  Tarticle ,  nous  distinguerons  le  cas  où  il 
dérive  morphologiquement  du  pronom  et  celui  où  il  semble  avoir 
une  autre  origine. 


1°  DETERMINATION  MARQUEE  PAR   L'ARTICLE. 

Comme  nous  Tavons  dit,  c'est  le  proce'dé  ordinairement  em- 
ployé' quand  on  marque  la  de'termination.  Mais  la  plupart  des 
langues  ne  la  marquent  pas,  et  cela,  en  effet,  nest  pas  nécessaire 
le  plus  souvent:  si  le  substantif  est  suivi  d'un  autre  au  génitif, 
cela  le  détermine  suffisamment. 

Dire  :  livre  de  Primus  serait  aussi  clair  que  de  dire:  le  livre  de 
Primus,  et  ce  livre  n'en  serait  pas  moins  individualisé.  Il  en  est 
de  même,  quand  on  dit  :  livre  que  vous  tenez  à  la  main.  Que  si 
ces  circonstances  manquent,  l'emploi  d'un  adjectif  démonstratif 
ou  même  d'un  adverbe  locatif,  ou  même  un  simple  geste,  peu- 
vent suffire:  livre  celui-ci,  ou  livre  ici,  ou  livre,  en  le  montrant  du 
doigt.  Telle  est  d'ailleurs  l'origine  de  l'article,  puisqu'il  dérive  du 
pronom. 

On  a  dû  dire  d'abord  par  pléonasme  :  ceci-livre,  le  désignant 
ainsi  de  deux  façons-,  plus  anciennement,  on  disait  sans  doute 
ceci,  puis,  pour  plus  de  clarté,  on  a  ajouté  livre.  Nous  verrons 
plus  loin  dans  la  partie  psychologique  que  tel  est  l'ordre  qu'on 
a  dû  suivre. 

Livre-ceci  ou  plutôt  ceci-livre  est  devenu  ce  livre,  puis  le  livre. 
L'article  est  donc  un  luxe,  mais  nous  verrons  que  c'est  un  luxe 
très  utile.  Le  premier  article  a  été  un  geste;  on  sait  quel  supplé- 
ment celui-ci  apporte  au  langage  chez  les  peuples  primitifs;  les 
plus  civilisés  l'atténuant  ont  besoin  de  le  remplacer  et  le  rem- 
placent souvent  par  l'article. 

l*]ncore  moins  est-il  nécessaire  d'avoir  deux  articles,  l'un  pour 
la  détermination,  l'autre  pour  l'indétermination.  Encore  moins 
surtout  est-il  utile  de  voir  déterminer  l'adjectif,  ce  sont  pourtant 
des  phénomènes  que  nous  allons  constater. 

A.  —  Détermination  du  substantif. 

Cette  détermination  a  lieu  au  moyen  de  l'emploi  de  l'article, 
ou   par  d'autres  procédés. 

Étudions  d'abord,  et  cela  seul  est  notre  sujet  direct,  l'emploi 
de  l'article. 

1°  Article  double. 

L'article  est  double,  il  y  en  a  un  pour  la  détermination  et  un 
autre  pour  l'indétermination  dans  les  langues  suivantes  : 


DE   L'ARTICLE,  291 

Tout  d'abord ,  dans  les  langues  indo-européennes  dérivées  où 
il  existe,  l'article  est  généralement  double,  par  exemple,  en 
français  et  en  allemand.  Chez  nous,  il  se  marque  par  un  pour 
l'indétermination,  par  le,  la,  les  pour  la  détermination.  L'origine 
de  ces  deux  articles  est  évidente  :  le  premier  n'est  que  le  mot 
de  nombre  non  modifié;  le  second  est  le  pronom  latin  ilk,  illa, 
illos,  ainsi  syncopés  :  il{le),  il(la),  ill{o)s.  Il  en  est  de  même  en 
italien,  en  portugais,  en  espagnol. 

Même  processus  en  allemand,  oij  l'on  trouve  à  la  fois  ein  etdas, 
avec  même  origine;  en  hollandais,  on  danois  et  en  suédois.  En 
anglais  l'article  indéterminé  est  le  mot  de  nombre  iiiodifié:  a  au 
lieu  de  one;  le  déterminé  est  the,  dérivé  du  pronom.  Il  en  est  de 
même  en  celtique  où  l'on  rencontre  eiir  et  an,  ar,  et  en  grec  où,  à 
côté  de  ô ,  V,  t6,  on  rencontre  tis,  et  aussi  le  substantif  sans 
aucun  article. 

Le  roumain  marque  très  nettement  la  différence  entre  le  dé- 
terminé et  l'indéterminé.  Dans  le  premier  cas,  l'article  qui  n'est 
autre  que  le  pronom  se  suffixe  au  substantif  et  se  décline  seul. 
Oni-nl  ff l'homme w,  om-ului  tfde  l'homme tî;  dans  le  second,  le 
nom  de  nombre  un  se  décline  seul  aussi,  mais  se  prépose:  un 
pork  rrun  porcw,  iinid  pork  rrd'un  porcr»,  etc.  Il  faut  noter  que 
cette  langue  peut  obtenir  un  indice  de  détermination  renforcée 
en  préposant  îchel. 

L'adjectif  se  suffixe  aussi  l'article  de  détermination  :  bun-ut 
fbonr). 

En  dehors  de  la  famille  indo-européenne,  nous  trouvons  le 
double  article  nettement  formé  dans  le  vieil  égyptien  et  dans  le 
copte. 

Dans  la  première  de  ces  langues,  le  déterminé  est  pa,  fémin. 
ta,  plur.  7ia,  d'origine  pronominale;  nous  le  retrouverons  plus 
loin;  l'indéterminé  est  de  forme  invariable,  et  n'est  autre  que  le  mot 
du  nombre  tia  ^ un v :  pa  miter  cfle  dieuw,  ua  atef  «un  pèrew.  En 
copte,  le  déterminé  est  pe,  fémin.  te,  plur.  ne;  l'indéterminé 
eslu ,  l'origine  est  la  même  :pi-kahi  rc  la  terre  n ,  u-rômi  cr  un  homme  »; 
au  pluriel,  l'indéterminé  est  han,  qui  signifie  tf quelques-uns w. 

Au  contraire,  les  autres  langues  de  la  même  famille,  ou  ne 
possèdent  pas  d'article,  ou  n'ont  que  l'article  déterminé. 

Parmi  les  autres  langues  de  l'Afrique,  le  grebo  possède  aussi 
les  deux  articles.  Le  déterminé  consiste  dans  le  pronom  de  la 
3*  personne  suffixe  et  redoublé  nono  [le  pronom  est  no\;  l'indé- 
terminé consiste  dans  le  pronom  simple  no. 

Parmi  les  langues  du  Caucase,  l'abchaze  possède  aussi  le  double 
article.  Celui  de  détermination  a  est  préfixé,  c'est  un  pronom 
démonstratif;  celui  d'indétermination  k,  est  suffixe:  a~pha  ffle 
fils  ^ ,  pha-k  ff  un  fils  ri. 


292  RAOUL  DE   LA   GRASSERIE. 

Les  langues  polynésiennes  et  les  malaisiennes  ont  aussi  les 
deu.v  articles. 

Dans  les  premières,  tandis  que  l'article  de  détermination  est 
te,  le,  suivant  les  langues,  celui  d'inde'lermination  est  se,  he; 
se  tangata  ffun  homme '■>,  le  iangata  «WiovAuve-n;  sa  n'est  autre 
que  le  mot  du  nombre  rfunw.  Dans  les  secondes,  en  dayak,  par 
exemple,  l'article  de  détermination  est  ta,  tandis  que  celui  d'in- 
détermination est  idji,  mot  de  nombre. 

Dans  une  langue  mélanésienne,  le  nengoné,  même  état.  L'ar- 
licle  de  détermination  est  re,  donc  un  pronom;  celui  d'indéter- 
mination est  se,  le  nombre  tfun^:  re  ngome  cr l'homme w,  se  n^ome 
ff  un  homnid.  Il  faut  remarquer  que  les  noms  propres  ont  une 
particule  spéciale  :  hei. 

Sans  doute,  quelques  autres  langues  possèdent  l'article  d'in- 
détermination, mais  ce  fait  est  rare. 

Il  faut  remarquer  d'ailleurs  qu'il  peut  exister,  entre  le  cas  qui 
appelle  l'article  de  détermination  le  et  celui  qui  appelle  l'ar- 
ticle d'indétermination  un,  un  troisième  cas,  moyen  entre  les 
deux,  qui  appelle,  même  souvent  dans  les  langues  qui  possèdent 
les  deux  articles,  l'absence  d'article  ou  une  modification  de  l'un 
des  deux.  C'est  ce  qui  arrive  en  français  plus  difficilement,  parce 
que  l'article  y  est  devenu  comme  indispensable  dans  ce  cas;  l'ar- 
ticle est  conservé,  mais  modifié  au  partitif. 

On  peut  citer  les  exemples  suivants:  un  lièvre,  le  lièvre,  {que), 
du  lièvre. 

Ce  dernier  cas  est  même  celui  de  la  véritable  indétermination; 
un  lièvre  est  individuel,  comme  le  lièvre,  et  représente  plutôt  l'in- 
défini. A  ce  point  de  vue,  les  deux  articles  seraient  tous  les  deux 
de  détermination. 

9*  Article  simple,  mais  marquant  à  la  fois  la  détermination 

ET  l'indétermination. 

On  ne  conçoit  guère  qu'un  tel  processus  puisse  être  réel.  A  quoi 
bon  l'article,  instrument  de  détermination,  s'il  s'agit  d'un  sub- 
stantif qu'on  veut,  au  contraire,  indéterminer?  C'est  agir  au  re- 
bours de  la  fonction. 

Cependant  l'explication  historique  en  est  simple.  L'article  de 
détermination,  surtout  lorsqu'il  s'est  fortement  agglutiné  au 
substantif,  perd  de  vue  bientôt  sa  raison  d'être;  il  devient  comme 
un  suffixe  lexicologique;  il  s'est  cristallisé  et  est  désormais  indif- 
férent au  point  de  vue  de  la  détermination.  Mais  il  ne  l'a  pas  tou- 
jours été.  Ce  qui  prouve  que  ce  processus  est  exact,  c'est  qu'il  se 
produit  surtout  lorsque  l'article  est  suffixe  ou  incorporé  et  a 
perdu  son  autonomie. 


DE  L'ARTICLE.  293 

Un  tel  ^rocess?<s  s'observe  d'abord  dans  les  langues  dravidiennes. 

Dans  ces  langues,  le  nominatif,  lorsqu'il  s'agit  d'êtres  animés,  se 
forme  en  suffîxant  les  pronoms  de  la  3*  personne  qui  jouent  exac- 
tement le  rôle  d'un  article  :  avan,  fe'min.  aval,  sous  la  forme 
abre'ge'e  on,  an,  cil. 

Dans  la  langue  nahuatl,  la  terminaison  substantive  en  tli 
n'est  point  un  suffixe  de  dérivation,  mais  un  indice  de  détermi- 
nation dont  la  fonction  a  disparu.  Ce  qui  le  prouve,  c'est  que  ce 
suffixe  disparaît  encore  dans  les  cas  indirects  d'indétermination, 
c'est-à-dire  au  pluriel  :  siœa-tl  ffla  femme  11,  plur.  siwâ.  Il  en  est 
de  même  quand  le  substantif  est  accompagné  d'un  suffixe  pos- 
sessif qui  l'individualise  suffisamment  :  teo-tl  r  dieu  v ,  no-teû  tr  mon 
dieun. 

Parmi  les  langues  européennes,  le  nordique  suffixe  l'article 
au  substantif,  et  il  semblerait  qu'il  en  résulte  une  déclinaison 
de  détermination;  mais  cette  fonction  s'est  oblitérée,  et  l'on  peut 
signaler  là  un  phénomène  du  même  genre  que  ceux  que  nous 
venons  de  décrire;  nous  y  reviendrons. 

3"  Article  simple  ne  marquant  que  la  détermination. 

C'est  le  cas  le  plus  commun;  il  nous  retiendra  quelque  temps. 

Nous  reprendrons  ici  les  langues  que  nous  avons  envisagées 
plus  haut  comme  possédant  les  deux  articles,  l'un  de  détermi- 
nation, l'autre  d'indétermination,  qu'on  peut  considérer  tous  deux 
à  un  certain  point  de  vue  comme  de  détermination,  en  les  étu- 
diant relativement  à  la  détermination  marquée  par  des  articles 
et  à  l'indétermination  absolue  restant  sans  indices. 

Au  point  de  vue  morphologique,  il  faut  distinguer  principale- 
ment l'article  prt.'posé  et  l'article  postposé. 

1"  Article  préposé. 

L'article  préposé  forme  la  règle;  ce  n'est  qu'exceptionnelle- 
ment et  par  une  certaine  anomalie  que  l'article  postposé  appa- 
raît; dans  cette  dernière  situation  il  ne  peut,  en  effet,  bien  rem- 
plir ses  fonctions,  si  ce  n'est  celles  de  détermination.  Il  est  et 
doit  rester  naturellement  l'avant-coureur  du  substantif. 

Il  faut  distinguer  l'article  restant  invariable  et  celui  qui  varie 
suivant  les  diverses  autres  catégories  grammaticales.  C'est  l'ar- 
ticle variable  qui  est  le  plus  normal.  En  effet,  l'article  n'est 
qu'un  pronom  détourné  de  ses  applications  ordinaires;  or,  le 
pronom  varie  et  très  énergiquemont  suivant  le  genre  et  le  nombre. 

C'est  donc  par  lui  (|ue  nous  commencerons. 


29^  RAOUL  DE  LA  GRASSERIE. 


Article  préposé  variable. 

Le  pronom  préfixé  varie  suivant  ie  genre  principaiement,  puis 
suivant  le  nombre,  le  cas  et  la  classe  d'objets;  cette  dernière 
n'est  d'ailleurs  qu'un  genre  sui  generis.  Dans  cette  première  ca- 
tégorie rentrent  plusieurs  langues  indo-européennes,  parmi  les 
langues  chamitiques  :  l'égyptien,  le  copte,  le  bedza,  le  somali  et 
le  galla;  une  langue  américaine,  ie  maya;  une  langue  de  l'Asie 
orientale,  le  khassia. 

Parmi  les  langues  indo-européennes,  toutes  ou  presque  toutes 
celles  dérivées  ont  l'article  variant  suivant  le  genre  et  le  nombre 
à  la  fois,  quelquefois  un  second  article  d'indétermination  variant 
de  ta  même  manière,  et  enfin,  l'indétermination  plus  absolue. 
Commençons  par  observer  le  français  actuel. 

L'article  de  détermination  parfaite  est  le,  lequel  devient  sui- 
vant le  genre  et  le  nombre,  la  ou  les;  nous  en  avons  indiqué 
l'origine  pronominale.  Cette  langue  possède  aussi  l'article  de  dé- 
termination imparfaite,  au  singulier,  un,  lequel  devient  au  plu- 
riel des,  en  empruntant  ici  le  génitif  du  premier  :  Vhomme,  les 
hommes;  un  homme,  des  hommes.  Il  possède  enfin  l'indéterminé 
absolu,  sous  la  forme  de  partitif:  du  bœuf,  du  mouton,  en  em- 
pruntant cette  fois  le  génitif  singulier  du  premier  article.  En 
vieux  français,  le  substantif  indéterminé  dépouillé  de  tout  article 
était  très  usité;  on  disait  homme,  ce  qu'il  ne  serait  plus  permis 
de  dire  aujourd'hui. 

En  allemand  moderne,  et  dans  toutes  les  autres  langues  ger- 
maniques modernes,  on  suit  le  système  du  français.  L'allemand, 
par  exemple,  a  l'article  déterminé  der,  die,  das,  l'article  d'indé- 
termination einer,  eine,  eines,  et.fabsence  de  toute  détermination. 

Les  langues  romanes,  autres  que  le  français,  ont,  à  l'excep- 
tion de  l'albanais  et  du  roumain  qui  suffîxent  l'article,  les  deux 
articles  préposés  et  variant  avec  le  substantif  :  il,  la,  gli;  el,  los, 
las;  l'absence  d'article  y  est  inconnue,  comme  en  français. 

Les  langues  néo-celtiques  possèdent  aussi  l'article ,  mais,  comme 
nous  le  verrons,  il  est  devenu  invariable. 

Les  langues  néo-slaves  ignorent  complètement  farticle,  sauf  le 
bulgaie  qui  le  postpose  et  que  nous  rencontrerons  dans  une  autre 
classe.  Cette  exclusion  est  très  remarquable. 

Les  langues  néo-indiennes  et  néo-éraniennes  ignorent  l'ar- 
ticle. 

Parmi  les  langues  indo-européennes  primitives,  l'article  n'est 
bien  développé  qu'en  grec.  Là  il  acrompagne  toujours  le  sub- 
stantif lorsqu'on  veut  le  déterminer,  ce  qui  est  le  cas  le  plus  fré- 
quent: ô,  >;,  To,  et  suit  toutes  les  variations  de  genre,  du  nombre 


DE   L'ARTICLE.  295 

et  du  cas.  On  le  supprime  lorsqu'on  veut  exprimer  Tindétermi- 
nation  absolue,  et  l'on  emploie  ris  pour  la  détermination  inde'- 
finie.  Le  développement  est  complet. 

Au  contraire,  le  latin  ignore  d'une  manière  absolue  l'article. 
Ce  n'est  que  dans  la  basse  latinité'  qu'on  prépose  au  substantif 
ille,  qui  donna  plus  tard  naissance  à  l'article  français. 

Il  est  bien  remarquable  que  de  deux  langues  aussi  étroite- 
ment apparentées  que  le  grec  et  le  latin,  l'une  ait  donné  à 
l'article  un  tel  développement,  tandis  que  l'autre  l'a  complète- 
ment ignoré. 

Le  gotbique  employait,  au  contraire,  l'article,  et  il  l'a  trans- 
mis aux  langues  germaniques;  mais  cet  emploi  y  est  peu  fréquent 
et  n'a  lieu  que  dans  des  situations  particulières,  par  exemple, 
lorsque  le  substantif  est  déjà  déterminé  par  un  pronom  relatif 
ou  un  adjectif,  ou  dans  le  cas  d'apposition,  ou  lorsqu'il  s'agit 
de  personnes  déjà  connues  ou  mentionnées;  son  emploi  n'est  pas 
général  comme  dans  les  langues  dérivées.  Il  en  est  de  même  en 
noidique,  oij  nous  trouvons  d'ailleurs  le  concours  d'un  article 
sufïjxé,  mais  cristallisé  à  la  fin  des  mots;  beaucoup  de  substan- 
tifs sont  employés  sans  article. 

Les  langues  celtiques  primitives  possédaient  aussi  l'article  pré- 
fixé, mais  cet  article  est  invariable. 

Dans  le  vieil  indien  se  trouvent  des  traces  de  l'article  variable: 
sa  blmah,  the  hâsah;  cet  article  ne  s'est  pas  maintenu  dans  le  san- 
scrit. 

Dans  le  zend  on  trouve  aussi  l'emploi  restreint  de  l'article  : 
tam  kehrpen,  lâin  wanâm,  ho  merego;  et  dans  le  persan  cunéiforme, 
le  pronom  mva  sort  souvent  d'article. 

L'emploi  de  l'article  est  donc  loin  d'être  universel  dans  la 
famille  indo-européenne.  Outre  son  absence  totale  dans  le  groupe 
lithuano-slave  et  en  latin,  et,  en  sens  contraire,  sa  pleine  efflores- 
cence  en  grec,  on  doit  remarquer  qu'il  s'est  partout  ailleurs 
lentement  développé,  et  qu'il  n'a  atteint  son  apogée  que  dans 
des  langues  très  dérivées.  Ces  dernières  tendent  à  l'universaliser 
et  à  en  faire  la  règle,  tandis  qu'il  ne  fut  d'abord  que  l'exception; 
il  faut  qu'il  y  ait  indétermination  accentuée  pour  qu'alors  on 
écarte  l'article.  D'ailleurs,  partout  ici  l'origine  pronominale  de 
l'article  est  indéniable. 

La  famille  chamitique  est  celle  qui  offre,  en  ce  qui  concerne 
l'article  préposé  et  variable,  les  plus  riches  exemplaires.  Tout 
d'abord  l'égyptien  ancien.  Nous  en  avons  fait  mention  en  ce  qu'il 
possède  le  double  article. 

Nous  n'examinerons  ici  que  celui  de  plus  grande  détermina- 
tion; il  est  d'origine  pronominale  certaine,  cesl pa,pe;  féminin 
ta,  te;  pluriel  commun,  na,  ne,  nan,  nen  :  pa-nuter  rie  dieu», 


296  RAOUL  DE   LA   GRASSERIE. 

ta-nuter-t-a  tt  la  déesse  n ,  na-nw  ler-u  frles  dieux  w,  na-mi  ter-t-u  rrles 
de'essesw.  Les  pronoms  personnels  sont  au  masculin  :/-,  p-  et 
au  féminin  s  -i. 

Le  copte  reproduit  le  même  système:  article  masculin,pe, pi; 
féminin,  te,  ti;  pluriel,  ne-ni:  fi  hahi  «la  terre  15,  ti  shime  cria 
femme,  ne-taû  rrles  montagnes^.  Il  en  est  de  même  du  bedja, 
dans  le  groupe  éthiopien;  Tarticle  y  varie  à  la  fois  suivant  le 
genre,  le  nombre  et  le  cas  :  nominatif  îi;  féminin  t-û;  pluriel 
masculin,  à;  pluriel  féminin,  t-à;  accusatif  masculin,  ô;  accusatif 
féminin,  t-ô;  pluriel  masculin,  ê;  pluriel  féminin,  t-é. 

L'origine  est  pronominale;  le  pronom  est  en  effet  conforme. 

L'u  de  l'article  et  du  pronom  est  la  transformation  du  p  égyp- 
tien; on  peut  cependant  prétendre  que  cet  u  se  rattache  à  Yua, 
second  pronom  de  la  même  langue.  Un  phénomène  très  curieux 
est  celui-ci  :  l'indice  de  la  terminaison  suffit  dans  cette  langue 
pour  exprimer  le  cas  accusatif,  ce  cas  étant,  comme  nous  venons 
de  le  voir,  différent  de  l'article  du  nominatif. 

Le  somali  et  le  galla  ont  aussi  l'article  variable,  mais  postposé. 
—  Au  contraire,  le  tamascheq  le  prépose,  mais  il  faut  ajouter 
qu'il  ne  possède  pas  de  véritable  article,  ou  plutôt  qu'il  n'en  a 
gardé  que  des  débris;  les  noms  féminins  non  seulement  sont 
suivis  d'un  t  qui  est  l'indice  de  ce  genre,  mais  ils  sont  précédés 
en  même  temps  d'un  autre  t  qui  cette  fois  est  l'article  :  t-amgar-t 
cfla  vieilles,  qui  répond  exactement  à  l'égyptien  tu-nu-ter-t  fia 
déesse»;  c'est  un  article  défectif  et  atrophié. 

11  faut  observer  surtout  dans  le  groupe  chamilique,  oii  nous 
letrouverons  plusieurs  autres  langues  :  le  somali,  le  galla,  le 
saho,  le  bilin  et  le  chamir,  à  propos  de  l'article  suffixe,  que  l'in- 
dice de  l'article  se  confond  avec  celui  du  masculin  et  du  fémi- 
nin, du  féminin  surtout  dont  /  est  la  caractéristique.  Cela  est  si 
vrai  que  souvent,  comme  en  tamasheq,  le  t  se  trouve  répété  deux 
fois,  au  commencement  et  à  la  fin  du  mot.  C'est  que  l'indice  des 
genres  a  été  pris  au  pronom  lui-même,  aussi  bien  que  l'article; 
c'est  le  pronom  qui  est  la  source  commune. 

Parmi  les  langues  américaines,  le  maya  n'a  pas  d'article  pro- 
prement dit,  mais  l'animé  et  l'inanimé  sont  exprimés  en  prépo- 
sant :  fl^'  X.  ^t  is,  s,  dont  l'origine  n'est  pas  bien  connue  et  ne 
semble  pas  pronominale;  on  pourrait  y  voir  peut-être  un  article, 
mais  cette  interprétation  est  hypothétique. 

Dans  le  langage  khassia,  de  l'Asie  orientale,  l'article  est,  au 
contraire,  bien  caractérisé,  et  son  origine  pronominale  certaine, 
il  supporte  même  seul  l'expression  du  genre  et  du  nombre,  le 
substantif  restant  invariable.  La  forme  est  :  u  pour  le  masculin, 
ka  pour  le  féminin,  et  ki  pour  le  pluriel  des  deux  genres  : 
briû  ff l'homme»,  ka  um  cria  maison»,  ki  kun  tfle  fils». 


DE   L'AKTICLE.  1?97 

Le  genre  des  substanlifs  se  re'duit  ordinairement  à  deux  : 
lantôt  le  masculin  et  le  lëminin,  tantôt  et  le  plus  souvent,  l'anime 
et  l'inanimé. 

Mais  dans  certaines  langues,  les  êtres  se  re'partissent  en  caté- 
gories beaucoup  plus  nombreuses,  et  chacune  d'elles  forme  un 
genre  différent,  qui  n'est  ni  sexuel,  ni  vitaliste,  mais  beaucoup 
plus  ramifié. 

On  peut  citer,  comme  suivant  ce  concept,  deux  groupes  de 
langues  importants  :  celui  des  langues  banlou,  celui  des  langues 
caucasiques;  puis  sporadiquement,  le  serer,  le  poul  et  le  malla- 
sinke;  il  faut  noter,  au  moins  dans  les  deux  premiers  groupes, 
que  les  diverses  classes  d'êtres  affectent  d'abord  le  pronom  de  la 
!■■*  personne,  puis  c'est  en  préfixant  ce  pronom  aux  subslanlifs 
qu'on  obtient  des  catégories  variées. 

C'est  dans  les  langues  bantou  que  le  processus  est  le  plus 
marqué. 

Ces  langues  qui  régnent  dans  la  plus  grande  partie  de  l'Afrique 
australe  ont  un  grand  nombre  de  formes,  pour  le  pronom  de  la 
3*  personne,  formes  qui  varient  au  pluriel.  Quoiqu'on  ne  soif 
pas  encore  bien  fixé  sur  le  sens  de  ces  différences  pour  plu- 
sieurs de  ces  formes,  on  retrouve  nettement  le  sens  de  classes 
d'objets.  En  ne  tenant  compte  que  de  la  consonne  radicale  : 
t"  k:  ka,  ki,  ku,  ko;  2"  t:  lu  (/o),  tin  [zin,  sin);  3°  d  et  l,  di  (li), 
lu;  U"  n  :  n,  m;  5°  /;  ;  pa,  pi;  6°  b  :  ha,  bu;  7°  m  :  ma,  mi,  mu, 
mu,  mo.  Dans  la  langue  cafre  prise  comme  exemple,  voici  com- 
ment la  répartition  se  fait.  Le  pronom  mu  donne,  au  pluriel,  aba; 
le  pronom  ili,  ama;  les  pronoms  im,  isi,  ulu  ont  pour  pluriel 
commun  isi  et  isim;  le  pronom  um.  a  pour  pluriel  imi;  en  dehors 
se  trouvent  les  deux  formes  collectives,  c'est-à-dire  toujours  plu- 
rielles, sans  correspondance  avec  un  singulier,  tibu  et  uku.  Quelles 
catégories  représente  chacune  de  ces  formes? 

Suivant  M.  Torrend,la  classe  mu-bu  serait  celle  des  personnes 
capables  déposition  verticale  et  des  animaux  qui  peuvent  prendre 
à  peu  près  cette  posture;  la  classe  mu-mi  est  celle  des  objets  lé- 
gers, mobiles,  qui  peuvent  se  transformer,  grandir,  produire; 
la  classe  li-ma  comprendrait  :  1°  les  personnes  ou  les  animaux 
improductifs,  nuisibles,  au  corps  nu,  rigide;  9°  les  fruits  ou  les 
parties  du  corps  dures,  nues  ou  plates;  3°  les  outils  de  même 
nature;  la  classe  ma  comprendrait  les  choses  fluides;  la  classe 
bu,  les  objets  qui  fermentent  ou  qui  sont  couvés,  etc.  Ces  ex- 
plications sont  encore  incertaines  dans  l'état  actuel  de  la  science. 
Le  pronom  personnel  de  la  3"  personne  se  préfixe  ensuite  au 
nom,  et  dans  cette  situation  devient  un  article.  C'est  ainsi  qu'on 
dit  :  um-fazi  k  la  femme  •? ,  i-hashc  7.  le  cheval  1 ,  ubu-so  •?  le  visage  -^ , 
aba-nlu  rr  les  hommes^  (d'où  banlou) ,  ili-zwi  "  la  parole ^i,  u-bambo 


298  RAOUL  DE  L\   GRASSERIE. 

tf  la  côtew.  Jamais  un  substantif  n'apparaît  sans  qu'il  soit  précédé 
de  son  article  sulTixé  et  variable  suivant  la  catégorie  du  nombre. 

Dans  une  autre  langue  africaine,  le  serer,  on  distingue  Tar- 
ticle  d'indétermination  et  celui  de  détermination,  le  second  déri- 
vant morphologiquement  du  premier.  Il  n'y  a  que  deux  classes 
primitives  caractérisées  par  ^  et/,  mais  qui  se  sont  développées 
en  six  classes  :  ga ,  go,  gi,fa,fo,fu;  dans  les  formes  en  ^,  le  ^ 
disparaît  souvent.  La  répartition  en  est  faite  ainsi  pour  l'article 
indéterminé  :  i°  o,  plur.  a;  2"  a,  plur.  a;  'i°/(i;  lx°  gi,  plur.  a; 
ïi^fo;  6°  0,  plur./w,-  exemples  a  lex  «pieuii,  plur.  a  tex;  gi  yoy^ 
fftêle^,  plur.  akoy^\  il  faut  noter  que  l'c  pluriel  se  trouve  ainsi 
marqué  par  l'article  seul,  le  substantif  restant  invariable.  L'article 
de  détermination  se  forme  de  l'autre  en  ce  sens  qu'après  avoir 
préfixé  l'article,  on  le  répète  une  seconde  fois  en  le  suffixantet 
on  le  fait  suivre  d'un  pronom  démonstratif:  ha,  ;^o,  na,  la;  l'ar- 
ticle gi  disparaît;  exemples  :  0  yal  o^a  rfle  seigneurs,  plur.  yal 
wa;  0  fud  o-la  fde  ventre ■«,  plur.  a  pud  a-ka;  fo  sis  o-la  cde 
lait  douxw.  Les  démonstratifs  suffixes  sont  des  pronoms  et  leur 
importance  n'est  pas  moindre  pour  la  détermination  que  celle 
de  l'article.  Selon  que  l'on  emploie  l'un  ou  l'autre,  on  peut 
changer  la  signification  du  mot.  Exemples  :  hàk  na,  plur.  :  hak 
ka,  signifie:  ffle  baobab )7,  tandis  que  bôk  la,  plur.  :  a  hàk,  si- 
gnifie :  'f  pain  d'orge  11. 

Dans  la  langue  américaine  matlatsinke,  l'article  suit  aussi 
diverses  catégories  d'idées,  et  s'exprime  par  wcta  quand  il  s'agit 
de  noms  propres  masculins,  par  ma  pour  les  noms  propres  fémi- 
nins, par  we  pour  les  substantifs  et  les  adjectifs  communs,  par 
i,  in,  ni,  pi,  pu,  pour  des  catégories  mal  déterminées.  Enfin  l'ar- 
ticle devient  au  duel  te  et  au  pluriel  ne.  Un  moyen  d'exprimer  le 
génitif  consiste  même  à  préposer  cet  article  à  l'un  des  noms;  ici 
l'origine  pronominale  est  incertaine. 

Le  second  groupe  de  langues  qui  emploient  largement  ce  pro- 
cédé est  celui  des  langues  caucasiques,  quoiqu'il  ne  soit  pas 
commun  à  toutes,  et  que  dans  quelques-unes  que  nous  retrou- 
verons plus  loin,  cet  article  n'apparaisse  que  sous  le  réactif  d'une 
autre  partie  du  discours,  ou  l'adjectif  ou  le  verbe,  ou  d'une 
autre  catégorie,  le  cas  génitif. 

Nous  ne  retenons  en  ce  moment  que  celles  de  ces  langues  qui 
préposent  directement  l'article  au  substantif  qu'il  affecte. 
■     Mais  il  peut  l'affecter  de  deux  sortes  :  prédicativement  ou  pos- 
sessivement.  Nous  verrons  plus  loin,  dans  la  partie  syntactique, 
que  la  détermination  peut,  en  effet,  avoir  lieu  de  deux  manières. 

Le  véritable  article  est  d'ailleurs  le  pronom  prédicatif. 

L'article  prédicatif  variant  suivant  de  nombreuses  catégories 
existe  en  aware,  en  tchentcbenze. 


DE  L'ARTICLE.  299 

En  aware,  les  articles  sont  u,  i  et  b  pour  le  masculin,  le  fé- 
minin et  le  neutre,  et  r  pour  le  pluriel.  Il  semble  donc  qu'il  ne 
s'agisse  ici  que  des  trois  genres,  mais  par  la  comparaison  avec 
les  autres  langues  du  Caucase,  on  voit  qu'il  s'agit  en  re'alite' 
du  re'sidu  de  catégories  beaucoup  plus  nombreuses.  Voici  des 
exemples:  iv-nts  frle  frère  n,y—afs  ffla  sœurr».  Cet  emploi  s'étend  : 
betshedâ-u,  betsheda-i,  belsheda-b  f  riche n.  Mais  cette  langue  com- 
prend aussi  la  détermination  possessive,  dont  nous  allons  parler 
tout  à  l'heure. 

En  tchentchenze  on  dit  de  la  même  façon  :w-asho  rrle  frères, 
j-asho  ffla  sœun^,  w-oh  crie  gnvçon-n,  j-oh  tfla  jeune  fdlei?;  on 
serait  tenté  de  croire  à  l'existence  des  genres  seulement,  si  sous 
d'autres  rapports  il  n'y  avait  une  catégorie  complète  que  voici  : 

CATÉGORIES    DU    TUSCH. 

1  '1  3  li 

Singulier iv       j       j        h 

Pluriel h       d       J        d 

CATÉGORIES  DU  TCIIETCHENZK. 
1  5  3  /( 

Singulier n"       j       j        h 

piur. .  i  ^"^^'^'  p^''^ •    ^^    ^^    y    ^^ 

'  '  I   3"  personne .  .        /*        b       j       d 

Ce  qu'il  faut  remarquer  et  ce  qui  a  une  grande  importance, 
car  nous  retrouverons  ce  procédé  ailleurs,  c'est  que,  du  moins 
au  pluriel,  l'article  n'est  pas  seulement  de  la  3*  personne,  mais 
aussi  de  la  i"  et  de  la  9*  :  le  pronom  apparaît  complet.  Un  homme 
dit  :  suo-w-u  rfje  %\x\?,  n  ^  t  yxio-d-ti  mous  sommes -o,  sha-d-u  'rvous 
êtesTi,  izuzh  b-u  f'ûs  sontw.  La  femme  dit:  suo-j-u  trje  suis  a; 
l'enfant  :  suo  d-u  trje  suis 75.  Cet  exemple  n'est  donné  ici  par  nous 
que  par  anticipation,  car  cette  distinction  n'est  marquée  que  sur 
le  verbe  et  sur  l'adjectif. 

La  seconde  détermination  est  possessive;  elle  se  marque  d'oi'- 
dinaire  sur  le  verbe  et  l'adjectif,  et  alors  appartient  à  une  autre 
division  de  notre  travail,  ou  sur  le  substantif  suivant  au  génitif 
et  nous  le  reti-ouverons  aussi  ailleurs  ;  mais  dans  la  langue  hûrkanc , 
nous  le  rencontrons  sur  le  substantif  indépendant,  où  il  forme 
ainsi  un  phénomène  très  curieux.  Les  différentes  classes  sont 
marquées  par  «  pour  les  êtres  masculins  doués  de  raison,  par 
d{r)  pour  les  féminins,  et  par  k  pour  les  êtres  inanimés;  au  plu- 
riel, on  emploie  d  pour  les  êtres  masculins  et  féminins  à  la 
i"""  et  à  la  9*  personne,  et  pour  tous  les  êtres  sans  distinction  à  la 
3*  personne  v.  Remarquons  encore  ici  cette  distinction  entre  les 


5 

G 

7 

d 

b 

b 

d 

b 

J 

5 

0 

d 

d 

d 

b 

d 

b 

300  RAOUL  DE  LA  GRASSERIE. 

diverses  personnes,  distinction  essentiellement  pronominale.  Mais 
ce  sur  quoi  nous  voulons  appeler  rattenlion,  c'est  sur  Temploi 
non  point  prédicalif,  mais  possessif  de  Tartide.  Dans  w-àh  rrle 
visagei5,  w  ne  signifie  point  que  visage  appartient  au  genre  mas- 
culin, mais  bien  qu'il  s'agit  du  visage  d'un  homme;  d-àh,  qu'il 
s'agit  du  visage  d'une  femme;  v-àh,  qu'il  s'agit  du  visage  d'un 
animal.  La  détermination  est  donc  possessive,  mais  elle  se  dis- 
tingue de  celle  ordinaire  que  nous  décrirons  plus  loin,  et  qui 
existe  dans  les  langues  bantou,  lorsqu'il  y  a  pre'position  au  gé- 
nitif, en  ce  que  le  substantif  auquel  se  rapporte  celui  ainsi 
affecté  n'a  peut-être  jamais  encore  été  prononcé  dans  la  phrase, 
de  sorte  qu'on  ne  peut  traduire  par  rrson  visage  17.  11  importe  de 
faire  sentir  cette  différence.  Lorsque  le  Gafre  dit  :  in-kosi  y-aba- 
ntu  fcle  capitaine  du  peuple  1:,  qui  est  au  génitif,  on  cumule  l'ar- 
ticle de  détermination  prédicative  qui  est  uhu  et  l'article  de 
détermination  possessive  se  rapportant  au  premier  nom,  i  (abré- 
viation de  m);  de  sorte  que  la  traduction  exacte  serait:  crle-ca- 
pitaine-son-le-peuple^.  Au  contraire,  lorsque  l'Hùrkan  A\i:w-àh, 
le  w  représente  l'idée  d'homme,  mais  le  mot  Jiomme  n'est  ni  dans 
la  phrase  en  cours,  ni  dans  la  phrase  précédente;  on  ne  peut 
donc  traduire  w  par  trsoniî. 

En  aware,  à  côté  de  la  détermination  prédicative  se  trouve 
aussi  celle  possessive.  Par  exemple  :  w-atshi  est  l'arrivée  d'un 
homme;  j-asthi,  l'arrivée  d'une  femme;  b-asthi,  l'arrivée  d'une 
chose,  r-atshi,  l'arrivée  de  plusieurs;  mais,  dans  cette  langue, 
l'expression  n'est  pas  seulement  possessive,  elle  est  aussi  objec- 
tive; vo-olu  exprime  l'amour  dont  l'objet  est  un  homme;  j-o/m, 
celui  dont  l'objet  est  une  femme;  b-olu,  l'aipour  dont  l'objet  est 
une  chose;  r-olu,  l'amour  s'étendant  sur  plusieurs. 

Tels  sont  les  cas  où  l'article  préfixé  diffère  suivant  les  classes 
des  objets  auxquels  il  se  rapporte.  Comme  on  le  voit,  la  détermi- 
nation qu'il  apporte  est  ianiol  prédicative ,  tantôt  possessive,  tantôt 
objective. 

Mais  l'article  préposé  ne  varie  pas  seulement  suivant  le  nombre, 
le  genre  et  la  classe  des  objets;  dans  une  langue,  il  varie  suivant 
le  cas  :  c'est  en  japonais.  Cette  langue  distingue  l'article  indéter- 
miné de  l'article  déterminé.  Le  déterminé  se  marque  au  nomi- 
natif par  wa  [iva,  ba)\  au  contraire,  l'indétermination  n'y  porte 
pas  d'indice;  il  en  est  de  même  aux  cas  obliques,  mais  l'article 
s'exprime  alors  par  wo.  Quant  à  l'indéterminé,  il  ne  distingue 
pas  l'accusatif  du  nominatif;  il  n'y  a  plus  d'article,  d'où  la  décli- 
naison de  fto  tthommen  est  la  suivante:  nominatif  indéterminé, 
fto;  nominatif  déterminé, ^/o-m,*  accusatif  indéterminé,/^»;  ac- 
cusatif déterminé, /fo-ivo;  mais  nous  nous  apercevons  que  nous 


DE   L'ARTICLE.  301 

avons  anticipé  et  qu'il  s'agit  ici  non  de  Tarlicle  préfixé,  mais  de 
larticlé  sullixé. 

Tel  est  Tarlicle  préposé  et  variable,  d'origine  pronominale; 
nous  passons  à  l'article  toujours  préposé,  mais  devenu  inva- 
riable. Il  n'a. pu  l'être,  comme  nous  l'avons  déjà  i-emarqué,  que 
par  une  cristallisation,  par  une  sclérose;  dérivant  du  pronom, 
il  a  retenu  d'abord  sa  nature  mobile  et  variable  suivant  les  per- 
sonnes qu'il  reflète;  plus  tard,  la  mobilité  s'est  retirée  de  lui  :  il 
détermine  seulement,  mais  ne  représente  plus. 

Une  autre  cristallisation  bien  dilférente  a  eu  lieu,  et  il  importe 
de  la  noter,  car  elle  nous  mène  à  l'existence  d'un  article  double. 

Dans  les  langues  caucasiques  que  nous  avons  observées,  le 
pronom  préfixé  aux  substantifs,  et  qui  joue  le  rôle  d'article,  l'est 
à  tous;  s'il  varie  donc  de  forme,  c'est  suivant  leurs  classes,  mais 
il  n'est  jamais  absent  dans  les  langues  de  cette  fauiille  ci-dessus 
décrites.  Il  en  résulte  quil  ne  sert  plus  à  distinguer  le  déter- 
miné de  l'indéterminé  et  qu'il  marque  simplement  le  genre  et  le 
nombre,  quelquefois  la  personne. 

Comme  nous  le  verrons,  l'article  a  diverses  fonctions  psycho- 
logiques; il  ne  détermine  pas  seulement,  il  subjectivise;  en  outre, 
il  est  auxiliaire,  quand  il  ne  sert  qu'à  marquer  le  genre  et  le 
nombre  sans  donner  l'idée  de  détermination  :  c'est  qu'il  ne  rem- 
plit pas  son  premier  rôle,  voilà  tout.  Il  en  est  de  même  dans  les 
langues  bantou.  De  sorte  que  dans  des  groupes  importants  l'ex- 
pression de  la  détermination  va  manquer.  Faisait-elle  défaut  dès 
l'origine,  ou  bien  dans  les  langues  caucasiques  et  dans  les  langues 
bantou  le  pronom  préfixé  ne-  s'appliquaif-il  d'abord  qu'au  sub- 
stantif déterminé,  tandis  que  l'indéterminé  conservait  le  radical 
nu?  C'est  ce  qu'il  est  impossible  de  savoir.  En  tout  cas,  le  besoin 
de  déterinination  vint  à  se  manifester  dans  un  de  ces  groupes  : 
celui  du  bantou.  Lorsqu'on  voulut  qu'un  substantif  fût  actuelle- 
ment délermine'^il  fallait  faire  appel  non  point  au  pronom  soudé 
au  commencement  de  tout  substantif  et  devenu  rigide,  mais  à 
un  pronom  actuel  et  mobile,  de  manière  à  en  obtenir  un  second 
article.  Ce  n'est  guère  là  le  processus  des  langues,  car  il  suppose 
une  intention,  un  fait  volontaire  :  or  ce  qui  les  dirige,  c'est 
l'inconscient.  Aussi  n'eut-oo  point  recours  à  ce  procédé;  on  n'ap- 
pela point  de  second  article;  on  demanda  au  premier  de  se  dé- 
velopper par  un  nouvel  effort  et  de  |)arveuii'  à  rex[)ression  de  la 
détermination.  L'article  pi-emier  s'accrut  par  bourgeonnement 
lorsqu'il  s'agit  d'exprimer  ci'  concept,  tandis  (ju'il  restait  dans 
sa  forme  ancienne  lorsque  rindi-lcrniiiialinn  était  présente.  Nous 
empruntons  la  description  de  ce  procédi'  à  la  (Irammnirc  compara- 
tive des  langues  banlou  de  ïorrend. 

Un  des  classificateurs  es!  ma.  m;  si  l'on  veut  (pic  le  substantif 

MKM.    l.INC.    IV.  20 


302  RAOUL   DE  LA   GRASSERIE. 

soit  déterminé,  on  répète  la  voyelle  finale  au  commencement  : 
umu;  de  même,  dans  ce  cas,  li  devient  ili;  ha  devient  aba;  c'est 
ce  qui  est  arrivé,  en  particulier,  en  cafre.  Dans  le  bas  congolais, 
les  articles  sont  aussi  o,  €,a;  ici  il  y  a  donc  une  légère  modifi- 
cation vocalique  ;  il  y  a  même  des  exceptions  à  cette  assimilation; 
l'article  est  o  et  e  devant  les  classificateurs  ua,  u  et  m,  tandis 
qu'il  devrait  être  a;  en  ganda  l'article  est  aussi  o  et  «,  suivant 
que  le  classifîcateur  est  u,  i  ou  a.  En  herero,  la  seule  des  formes 
de  l'article  est  o,  excepté  devant  le  classifîcateur  li,  où  il  de- 
vient e. 

En  angola,  il  ny  a  plus  qu'une  seule  forme  d'article  :  o.  L'évo- 
lution est  facile  à  suivre;  d'abord  il  y  a  autant  d'articles  diffé- 
rents que  de  classificateurs,  puisque  les  premiers  ne  sont  que  la 
répétition  vocalique  des  seconds;  puis  leur  nombre  se  réduit  cl 
finit  par  se  borner  à  un  seul  dans  certaines  langues;  alors  leur 
origine  morphologique  se  trouve  masquée.  Quelquefois,  comme 
en  ganda,  il  disparait  à  peu  près. 

L'évolution  psychologique  s'accomplit  de  la  même  manière. 
D'abord,  ce  second  article  n'est  employé  que  quand  on  veut  déter- 
miner actuellement,  puis  il  s'habitue  à  vivre  sur  le  premier  ar- 
ticle, ne  peut  plus  se  détacher,  et  ainsi  l'expression  de  la  déter- 
mination actuelle  se  perd.  Cependant  généralement  la  distinction 
se  conserve.  Le  cafre  emploie  ou  laisse  l'article  suivant  les  cas; 
il  le  laisse  rarement,  à  savoir  x  au  vocatif,  après  les  particules 
négatives,  après  les  pronoms  démonstratifs;  l'expression  de  dé- 
termination s'est  trop  étendue  et  son  idée  nette  s'est  affaiblie. 
En  herero,  on  omet  l'article  dans  les  deux  premiers  cas.  En 
somme,  on  l'emploie  presque  toujours  et  ce  nouveau  mode  de  dé- 
termination tend  à  perdre  son  efficacité. 

Mais  le  procédé  est  curieux;  on  voit  combien  facilement  les 
formes  endorment  leur  activité  et  confondent  leur  sens  avec  celui 
du  mot  auquel  elles  s'agglutinaient. 

Le  même  phénomène,  cette  superfétation  d'un  article  sur  un 
article,  se  remarque  aussi  dans  une  des  langues  caucasiques  :  fab- 
chaze.  Cette  langue  connaît  deux  articles,  l'un  déterminé,  exprimé 
par  la  préfixation  d'à,  l'autre  d'indétermination,  exprimé  par  le 
suffixe  A;.  L'origine  morphologique  de  l'article  indéterminé  est  in- 
connue, on  ne  le  retrouve  pas  dans  les  autres  langues  du  même 
pays;  mais  son  emploi  vient  de  ce  que  les  indices  anciens,  étant 
toujours  employés,  ne  suffisaient  plus  pour  déterminer.  Quant  au 
déterminé,  il  est  d'origine  pronominale. 

Un  autre  procédé  est  inverse  et  non  moins  fréquent;  nous 
pouvons  l'observer  à  la  même  occasion.  Ce  n'est  pas  le  sens  de 
la  forme  qui  disparaît,  c'est  Celle-ci  qui ,  l'ayant  gardé  fidèlement, 


DE   I/ARTICLE.  303 

disparait  elle-même,  non  sans  avoir  laissé  sa  trace- inde'iébiie  sur 
quelque  autre  mot. 

Parmi  les  langues  du  Caucase,  nous  n  avons  pu  en  citer  jus- 
qu'ici que  deux  qui  pre'posent  un  pronom  personnel  au  substantif 
et  se  cre'ent  ainsi  un  article,  lequel,  variant  suivant  les  classes  et 
le  nombre,  peut  exprimer  ceux-ci.  Cependant  il  y  en  a  un  bien 
plus  grand  nombre,  et  le  proce'dé  est  géne'ral  dans  toute  la  famille. 

Mais  Tarticle  pre'posé  a  disparu  complètement  dans  les  autres 
langues.  Cependant,  maigre'  cette  disparition,  le  système  na  pas 
été'  sérieusement  entamé  et  Ton  peut  en  suivre  la  trace.  Dans  cette 
famille,  comme  dans  celle  bantou,  le  procédé  de  l'accord  est 
dominant  :  il  se  réalise  en  préposant,  en  tout  ou  en  partie,  à  l'ad- 
jectif, au  génitif  ou  au  verbe  l'article  du  substantif  au  nominatif 
et  dominant.  Lorsque  le  substantif  dominant,  le  sujet,  a  conservé 
son  article,  le  procédé  peut  se  contempler  dans  son  plein  déve- 
loppement. En  voici  un  exemple  : 

En  langue  tusch  :  w-asho  ma  rrle  frère  est-n ,  j-asho-ja  rrla  sœur 
estTi,  w-asho  ivatlishi  «\e  frère  lourd'',  j-asho  jathshi  tfla  sœur 
lourde  11. 

En  langue  avvare  :  tsheera-u,  tsheere-i,  tsheera-h  ff  noir  75,  sui- 
vant les  classes;  seulement  il  s'agit  ici  de  suffixation. 

S'il  s'agit  d'exprimer  le  génitif,  on  se  sert  de  l'article,  non  plus 
dans  son  sens  prédicatif,  mais  dans  son  sens  possessif,  et  il  est 
préfixé  une  seule  fois  au  substantif  régissant  qui  suit  l'autre; 
c'est  ainsi  que  l'on  dit  dans  la  langue  tchetchenze  :  tsu-steg-ing- 
w-àlar  ff  cet-homme-de  son-avancerw,  ts -zuda-tshu-ng  j-àlar  (rceite 
femme  de  son-avancerw;  les' préfixes  w  etj  se  rapportant  alors  à 
homme  et  h  femme.  Le  sens  pronominal  est  évident  ici. 

Dans  la  plupart  des  autres  langues  caucasiques,  l'article  pré- 
fixé a  disparu  du  substantif  directement  déterminé,  mais  il  s'est 
conservé  sur  les  mots  qui  dépendent  de  ce  subslantif,  soit  sur 
l'autre  substantif  au  génitif,  soit  sur  les  adjectifs,  soit  sur  le 
verbe,  quelquefois,  comme  nous  le  verrons  plus  loin,  même  sur 
les  adverbes.  11  nous  faut  indiquer  les  langues  qui  présentent  ce 
phénomène. 

C'est  d'abord  le  kazikumiik;  il  divise  les  noms  en  (|uatre  caté- 
gories :  1"  êtres  raisonnables  masculins;  9°  êtres  raisonnables 
féminins;  3"  êtres  animés  non  raisonnables  (animaux  et  objets 
regardés  fictivement  comme  animés  comme  les  corps  célestes, 
la  mer,  la  forêt);  U"  objets  inanimés,  phénomènes  et  êtres  intel- 
ligents y  assimilés  fictivement.  Les  articles  de  ces  catégories  sont, 
pour  la  première  :  b,  au  pluriel;  poui-  la  seconde  :  (L  au  singu- 
lier, b,  au  pluriel;  pour  la  troisième:  b,  aux  deux  nombres; 
pour  la  quatrième  :  (L  aux  deux  nombres;  mais  cet  article  ne  se 
préfixe  point  au  mot  qu'il  détermine,  quoicjue  son  sens  soit  nette- 


30A  RAOUL   DE  L\   GRASSERIE. 

ment  prtklicatit'  et  non  possessil",  il  ne  se  préfixe  qnaux  mois 
qui  dépendent  du  premier.  Voici  deux  exemples  :  aranlal  b-uri 
frles  hommes  sonti-/,  tiinù  d-iiri  «la  mère  est^»,  iiinii  ^lii  b-uri  tfles 
mères  sonti^,  tshara-d-un  trie  cheveu  estii,  tsharardu  d-iiri  ries  che- 
veux sontn.  Il  s'agit  dans  tous  ces  cas  du  verbe,  être;  maintenant 
voici  le  verbe  auxiliaire:  ai  ff faire ^;  même  flexion,  i'®  personne  : 
ara,  d-ara,  b-âra,  au  pluriel  :  aisara,  d-aisara;  2"  personne  :  ai-d-ai, 
ai-b-ai;  3*  personne  :  aisari,  d-aisari^  b-aisari. 

En  aware,  quand  l'aiticle  a  un  sens  pre'dicatif,  la  plupart  du 
temps,  son  indice  fait  de'faut  sur  le  substantif  directement  affecté, 
mais  apparaît  sur  le  verbe  :  watsas  b-osilu  tshu  «frère-par  il-achelé 
chevalw;  le  b  préposé  au  verbe  représente  le  substantif  tshu;  de 
même  :  do-s  b-ithana  hayat  flui-par  elle  fut  envoyée  lettres. 
Allah-as  hah-una  dunial  ffl)ieu-par  il-fut  créé  monde n;  kal-alda 
dzhani-blin  Ishaij  tshuayole-b  b-ugu  ff  fleuve-dans  dans-lui  eau  très 
coulante-elle  elle-estw,  011  l'on  voit  que  l'article  b  est  tantôt  pré- 
fixé, tantôt  suffixe,  et  alFecle  à  la  fois  le  complément  circonstan- 
ciel, Tadjeclif  et  le  verbe,  mais  non  le  sujet,  quoiqu'il  s'accom- 
mode à  la  classe  de  celui-ci. 

En  artshi.  le  processus  est  le  même;  les  noms  se  divisent  aussi 
en  quatre  catégories,  mais  leurs  indices  sont  marqués  non  sur  le 
substantif  lui-même ,  mais  sur  le  verbe  :  dia-u-ri  rr  père  il  estw ,  bua- 
d-i  crmère  elle  est^i,  nosh-b-i  tr cheval  il  est'',  dia-tlu  bi  cr pères  ils 
sontw;  l'adjeclif  les  porte  aussi  :  dozii-u  azdu  ffgrand-il  frère r, 
dozii-r  doshdiir  tf  grand-elle  sœur 75;  de  même,  le  pronom  possessif: 
M-îs  lo  ff  mon-le  fils'i,  b-is  nosh  tf  mon-le  cheval  ii;  alors  il  y  a  suf- 
fixation; il  en  est  de  même  du  verbe  zarish  :  leneturlo  do-)(pr  ff  moi- 
par  fille  elle  est  donnée'',  zarish  doshou  bo-)(or  frmoi-par  filles 
elles  sont  données";  la  marque  s'étend  jusqu'au  régime  indirect 
du  verbe  :  dia-mii  nosh  bo-yo  b-ez  ff  père-par  cheval  il-fut-donné  il- 
à-moiw. 

En  hurkan,  c'est  aussi  exclusivement  sur  les  mots  subordonnés 
que  l'article  du  mot  dominant  se  préfixe,  et  cela  explique  le  sens 
purement  possessif  de  l'article  qu'on  trouve  préposé  sur  le  sub- 
stanlif  :  cela  signifie  que  l'article  se  prépose  non  seulement  à 
l'adjectif  et  au  verbe,  au  complément  du  verbe,  mais  aussi  à 
l'objet  possédé.  Dans  ce  sens,  w-àtsh  signifie  ffle  visage  d'un 
homme",  et  d-iih  ffle  visage  d'une  femme",  v-lih  ffle  visage  d'un 
animal".  Gela  suppose  un  mot  précédent  exprimé  ou  sous-entendu  : 
homme ,  femme ,  qui  ne  porte  pas  l'indice,  mais  qui  le  fait  porter 
par  le  mot  visage.  On  peut  suivre  dans  toute  proposition  l'exé- 
cution de  la  même  idée  :  ^(idi-w  ffdans  la  maison-lui",  y^uli-r 
ffdans  la  maison-elle",  iv-dhul  rr  froid  en  parlant  d'un  homme", 
d-dhul  ff  froid  en  parlant  d'une  femme".  Pour  la  formation  des  cas 
obliques,  on  peut  noter  dans  plusieurs  d'entre  eux  la  suffixation 


DE   L'ARTICLE.  305 

de  rindice  du  genre  du  sujet;  il  y  a  ià  un  fait  extrêmement  cu- 
rieux; il  s'agit  non  des  cas  obliques  logiques,  mais  des  cas  obli- 
ques locatifs,  par  exemple,  de  ce  qui  est  exprimé  en  français  par 
les  prépositions  dans,  vers  ou  chez,  autour,  et  aussi  du  compa- 
ratif. Quoiqu'il  y  ait  alors  non  prsfixalion,  mais  suffixation,  nous 
en  traitons  ici  pour  ne  pas  briser  Tordre  d'ide'es  qui  nous  occupe; 
le  comparatif  est  :  u'astha-ishi-iv,  wastha-ishi-r,  xvastha-ishi-v  ff  comme 
la  forêt n,  suivant  le  genre  du  sujet  de  la  proposition;  de  même 
au  pluriel  :  ivasîh-ur-vi-ishi-w ,  watsii-ur-vi-isin-r,  watsii-ur-vi-ishi-v. 
Le  cas  d'intériorité'  comprend  les  sous-cas  de  tr  mouvement  vers^  , 
de  ff  mouvement  hors  de ^,  de  f?  mouvement  le  long  den ,  de  r  mou- 
vement hors  de  et  en  haut-',  de  r mouvement  hors  de  et  en 
basw;  enfin  ffl'absence  de  mouvement-5.  Chacun  de  ces  sous-cas 
suffixe  ou  même  infixe  les  indices  iv,  r,  v,  suivant  le  genre  du 
sujet;  cas  de  suffixation  :  walsha  li-:i-tv,  walsha-li-zi-r,  ivatsha-U- 
zi-v  rdans  le  bois,  sans  mouvement '';  cas  d'infixation  :  ivatsha- 
li-zi-w-sad,  walsha-U-zi-r-sad ,  watsha-Ii-zi-v-sad  ffhors  du  boisi'. 
Ces  exemples  suffisent  pour  faire  comprendre  le  système.  Le 
pronom  réfléchi,  lequel  fait  fonction  de  verbe  être,  infixe  les  ar- 
ticles TV,  r,  V  au  milieu  de  sa  racine,  el  sai  devient  ainsi,  à  la 
3"  personne  :  sa-i,  sa-r-i,  sa-v-i.  Voici  une  proposition  entière  : 
r-urshi  d-ishi  d-istheli  sa-r-i  ava-ishi-r  ft fille  elle-petite  elle-est 
raère-avec-comparée-elle^la  fille  est  plus  petite  (jue  la  mère^. 
Ici,  par  exception,  le  genre  est  marqué  aussi  sur  le  sujet  dans  le 
sens  prédicatif.  On  voit  qu'il  y  a  dans  cet!e  langue  à  la  fois  pré- 
fixation, infixation  el  suffixation  de  l'article. 

Ainsi,  dans  la  ])lupart  des  langues  caucasiques,  le  substantif- 
sujet  est  précédé  d'un  article,  lequel  n'est  autre  qu'un  pronom 
personnel  de  la  3"  personne,  variant  suivant  la  classe  de  l'objet 
(article  prédicatif)  ou  suivant  le  substantif  exprimé  ou  sous-en- 
tendu qui  domine  le  sujet  (article  possessif);  et  cet  article  se 
trouse  répété  sur  les  autres  mots  en  dépendance  (adjectif  quali- 
ficatif ou  attribut,  verbe,  complément  circonstanciel),  tantôt  par 
préfixation,  tantôt  par  suffixation  ou  infixalion. 

Mais  quelquefois  l'article  manque  sur  le  sujet  el  ne  se  retrouve 
que  sur  les  mois  en  dépendance  dont  il  exprime  la  relation.  Ce 
dernier  cas  est  plus  rare. 

On  peut  inlerpréler  l'absence  de  l'article  sur  le  sujet  de  deux 
inanières.  Ou  bien  l'article  qui  est  un  pronom  s'est  d'abord  ex- 
])rimé  sur  le  verbe  et  a  ensuite  gagn(!  l'adjectif  attribut,  les  com- 
|)lémcnls  circonstanciels  et  enfin  le  sujet,  ce  qui  répondrait  à 
sa  nature  pronominale;  ou  bien  l'article  aurait  existé  sur  le  sub- 
staiitil'-sujct,  puis  se  serait  étendu  sur  les  autres  mots  pour  les 
subordonner. 

Nous  croyons  (jue  c'est  ce  (\v\\i\{'v processus  qui  est  le  vrai;  ce 


306  RAOUL   DE  LA   GRASSERIE. 

qui  le  prouve,  c'est  que  rémission  de  l'article  sur  le  sujet  est  ex- 
ceptionnelle, et  d'ailleurs  l'analogie  de  ce  qui  se  passe  dans  les 
langues  banlou  est  en  ce  sens;  enfin,  pour  que  l'article  se  soit  ap- 
pliqué à  l'adjectif  qualificatif,  il  faut  qu'il  vienne  à  celui-ci  du 
substantif  et  non  du  verbe. 

En  effet,  les  langues  bantou  présentent  dans  certains  substantifs 
l'absence  de  l'article  préfixé  sur  le  sujet,  et  cet  article  ne  se  pré- 
fixe pas  moins  alors  sur  les  mots  en  dépendance. 

Celte  idée  est  assez  naturelle  d'omettre  l'expression  du  genre 
et  du  nombre,  du  genre  surtout,  sur  le  substantif  directement 
affecté,  et  de  l'indiquer  seulement  sur  les  mois  qui  en  dépendent 
ou  qui  le  représentent. 

C'est  ce  qui  a  lieu  en  anglais  où  l'article  est  invariable  et  oii, 
en  règle  générale,  il  n'y  a  aucun  genre  marqué  sur  le  substantif. 
Le  genre  est  indiqué  sur  le  pronom  personnel  et  il  l'est  aussi  sur 
le  possessif:  lie,  she,  it,  his,  her,  ils. 

En  comparant  ce  qui  se  produit  dans  la  langue  nama,  comme 
nous  le  verrons  plus  loin,  où  l'on  suffixe  au  substantif,  à  titre 
d'article,  non  seulement  le  pronom  de  la  3*  personne,  mais  aussi 
ceux  prédicatifs  de  la  i"  et  de  la  2%  avec  le  système  caucasique, 
on  peut  se  demander  si  c'est  un  même  pbénomène  auquel  on  a 
affaire.  On  y  rencontre  cette  préposition,  mais  au  possessif,  et, 
en  outre,  celle  du  pronom  de  la  3*  personne  au  prédicatif;  il  est 
probable  que  deux  des  autres  personnes  ont  dû  aussi  être  prépo- 
sées prédicativement. 

Quant  a  l'origine  pronominale  de  l'article,  si  elle  est  quel- 
quefois obscure,  en  raison  de  la  connaissance  imparfaite  des 
langues  considérées,  elle  est  le  plus  souvent  très  nette.  Cette  ori- 
gine est  si  naturelle  que  nous  la  voyons  reparaître  d'une  manière 
byslérogène  dans  nos  langues  dérivées,  sinon  dans  la  fonction  de 
détermination,  au  moins  dans  celle  d indice  du  genre.  C'est  ainsi 
que  d  ordinaire  l'anglais  ne  marque  pas  le  genre  sur  le  substantif, 
mais  que,  lorsqu'il  veut  le  faire,  il  lui  prépose  volontiers  le  pro- 
nom :  a  he  goot,  a  site  goat  t-une  chèvre  i,  lorsqu'il  ne  marque 
pas  par  un  changement  de  racine  :  a  horse,  a  mare. 

Article  invariable. 

L'article  est  invariable  dans  quelques  langues  :  nous  avons 
placé  cet  article  en  second  lieu  parce  que  nous  croyons  que  son 
invariabilité  est  la  conséquence  d'une  cristallisation  et  est  hystéro- 
gène;  cependant  ce  n'est  qu'une  supposition,  il  faut  observer  que 
l'article  préposé  invariable  a  un  caractère  de  détermination  plus 
direct  encore  que  celui  variable. 

Parmi  les  langues  indo-européennes  qui  possèdent  l'article  et 


DE   LWRTICLE.  307 

qui  le  préposent,  nous  ne  trouvons  celui  invariable  quen  anglais 
et  en  hollandais.  Dans  le  premier  c  est  unilorniément  the.  11  est 
bien  certain  que  c'est  l'article  anglo-saxon  se,  seo,  dhœt,  et  qu'il  se 
rattache  à  l'article  gothique  sa,  so,  thata,  variables  comme  ceux 
du  grec,  ce  qui  est  à  l'appui  de  nqtre  hypothèse.  L'article  anglais 
n'est  donc  plus  un  auxiliaire,  il  ne  sert  plus  à  porter  le  genre  et 
le  nombre,  il  est  seulement  un  instrument  de  de'termination.  11 
eu  faut  dire  autant  de  l'article  nëo-celtiquo  ar  ou  an,  qui  ne  dis- 
tingue plus  les  genres;  mais  dans  les  langues  celtiques  anciennes 
il  était  variable. 

Dans  les  langues  se'mitiques  primitives  ou  dérive'es,  sauf  la 
forme  emphatique  que  nous  trouverons  plus  loin,  nous  ne  ren- 
controns plus  que  l'article  pre'posé  invariable  al,  el,  l,  plus  exac- 
tement al,  hal,  c'est-à-dire  la  syllabe  al  pre'céde'e  dune  aspi- 
ration. Lorsqu'il  y  a  lieu  à  l'inde'termination,  cet  article  se 
supprime.  L'origine  pronominale  en  parait  certaine;  il  suffit  de 
rapprocher  le  pronom  de'monstratif  arabe  eleh,  et  l'éthiopien  élu ,  ela. 

Les  langues  polynésiennes,  mélanésiennes  et  malaisiennes  of- 
frent aussi  l'article  préposé  invariable.  En  polynésien,  c'est  te, 
tandis  que  l'article  indéterminé  a  pour  indice  le  nom  de  nombre 
sa  Kuan,  comme  nous  l'avons  dit.  Te  devient,  suivant  les  dia- 
lectes, par  de  simples  changements  phonétiques:  se  et  le;  te  tan- 
frata  tfun  homme t>.  On  l'emploie  absolument,  comme  l'anglais 
the.  C'est  le  pronom  démonstratif  te-nee,  te-na,  te-ra,  suivant  le 
degré  d'éloignement.  Dans  les  langues  mélanésiennes  l'article  est 
na,  abrégé  souvent  en  «,  ou  quand  il  s'agit  d'un  nom  propre,  ko 
qui  s'abrège  en  o.  Quoiqu'il  soit  d'origine  pronominale,  on  le 
corrobore  souvent  en  le  faisant  accompagner  de  ya,  pronom  à  la 
3''  personne. 

Dans  les  langues  malaisiennes,  l'article  de  détermination  est 
en  dayak  ta,  en  tagala  ong,  en  iloco  ti;  il  y  a  un  article  spé- 
cial pour  les  noms  propres  :  si,  qui  se  réduit  à  i.  Cette  dualité 
de  l'article  déterminé  suivant  qu'il  s'agit  de  noms  propres  ou  de 
noms  communs  est  remarquable;  on  se  demande  pourquoi  le 
nom  propre  veut  un  article  de  détermination,  puisqu'il  est  déter- 
miné par  lui-même,  et,  en  ce  cas,  [)Ourquoi  son  indice  est  dis- 
tinct. Peut-être  a-t-on  voulu  précisément  le  distinguer  de  peur  de 
confusion;  on  est  parti  de  ce  principe  qu  il  fallait  niai'quer  sa 
surdétermination. 

La  langue  de  Nicobar  semble,  au  premier  abord,  sui\re  le 
même  processus,  mais  nous  verrons  plus  loin  qu'elle  emploie  un 
autre  procédé  :  la  mise  en  relief. 

Nous  avons  remarqué  plus  haut  que  la  langue  abchaze  possède 
un  article,  tantôt  préfixé,  mais  toujours  invariable  et  (jui  se  pré- 
pose à  l'article  ordinaire. 


308  RAOUL   DE  LA   GUASSERIE, 

Parmi  les  langues  ouralienncs,  la  langue  magyare  seule,  sous 
l'influence  peul-élre  des  langues  germaniques  voisines,  s'est  créé 
un  article  déterminé  qui  n'est  autre  que  le  pronom  démonstratif 
m,  celui-là,  autiuel  sert  de  contre-partie  l'article  d'indétermina- 
tion :  egij  et  un»,  az  ember  «  l'homme n,  éfftj  embcr  ffun  homme tî. 
Les  autres  langues  finnoises  ne  connaissent  la  détermination  qu'au 
moyen  d'un  suffixe. 

Tel  est  le  bilan  des  langues  à  article  préfixe  et  invariable.  On 
voit  qu'elles  forment  l'exception. 

Nous  passons  à  l'article  suflixé. 

Article  suffixe. 

L'article  suffixe  est,  comme  celui  préposé,  tantôt  variable, 
tantôt  invariable.  Le  premier  varie  suivant  le  genre,  le  nombre 
et  les  cas,  quelquefois  suivant  les  personnes. 

Article  suffixe  variable. 

Le  plus  remarquable  est  celui  du  nama,  parce  qu'il  est  la 
suffixation  du  pronom  personnel  et  qu'il  varie  à  la  fois  suivant 
le  genre,  le  nombre,  le  cas  et  la  personne;  ces  variations  sont 
même  pratiquement  assez  difficiles  à  appliquer;  d'ailleurs,  elles 
ne  sont  souvent  qu'apparentes  et  le  simple  résultat  de  crases 
phonétiques. 

Toutes  ces  variations  se  produisent  d'ailleurs  dans  le  pronom 
indépendant,  puis  avec  celui-ci  viennent  aflecter  le  substantif. 
Comme  ce  sujet  est  d'une  extrême  importance  pour  la  théorie, 
nous  devons  en  donner  ici  un  tableau  : 

SUBSTANTIF   MASCDLIN. 

1  "  personne. 

Singulier:  au-ta  rrhounne-moi ;  accusatif:  aii-te. 

Duel:  aU'Ickum  rr homme- nous-deux";  accusatif:  au-khum-a. 

Pluriel:  uu-gi/e  frhoniines-nous');  accusatif:  nu-glfc. 

NI' 

2  personne. 

Singulier:  au-ls  tthomme-loin. 
Duel:  au-kho  n-hommes-vous". 
Pluriel:  au-go  ffhommes-vousi. 

5'  personne. 

Singulier  :  «M-è  nhomme-luim;  accusatif:  ati-b-a. 

Duel  :  au-kha  (rhommes-eux-deuxr). 

Pluriel:  mt-gn  frhommes-enx«^;  accusatif:  au-gu-gû. 


DE   L'ARTICLE.  309 

SUBSTANTIF   FKMININ. 

î""'  personne. 

Singulier:  tara-la  rr femme-moi  11  ;  accusatif:  tara-te. 
Duel:  lara-im  (rfemmes-UGUS-deuxTi  ;  accusatif:  tara-vna. 
Pluriel:  tara-si  frfemmes-nousi;  accusatif;  laru-se. 

3"  personne. 

Singulier:  taras  fffemmc-toin  ;  accusatif  :  tara-s-a. 

Duel  :  tara-ro  fffem  m  es- vo  us-deux  n. 

Plui'iel  :  tara-so  fffemuies-vousfl;  accusatif:  tara-sô. 

3'  personne. 

Singulier:  taras  crfemme-ellefl;  accusatif:  taras-a. 
Duel:  lara-ra  fffemmes-ell  es-deux  a;  accusatif:  tara-râ. 
Pluriel  :  tara-ti  cffemmes-elles»;  accusatif:  tara-te. 

SUBSTANTIF   COMMUN. 

i"  personne. 

Singulier:  tsc-ta  ff  jour-moi  a;  accusatif:  tse-te. 

Duel:  tsé-rum  frjours-nous-deux n ;  accusatif:  tsé-rum-a. 

Pluriel:  tsé-da  rrjours-nousi;  accusatif:  tsé-da. 

2'  personne. 

Singidier  :  tsé-ts  «r  jour-toi  n  ;  accusatif  :  tse-tsa. 

Duel  :  tsé-liho  ffjours-vous-deux. 

Pluriel:  tsé-da  ffjour-vousi;  accusatif:  tsc-dâ. 

3"  personne. 

Singulier  :  tsé-i  ff  jour-il  »  ;  accusatif  :  tsé-é. 

Duel  :  tsé-kha  rr jours,  eux-deux»;  accusatif:  Isé-khâ. 

Pluriel  :  tse-n  ffjours-eux  «  ;  accusatif:  tse-n-a. 

On  voit  que  le  pronom  se  suffixe,  sous  une  forme  abrc'gée, 
aux  substantifs;  que  ceux-ci  restent  invariables  et  que  le  pronom- 
article  supporte  seul  tous  i(!s  indices. 

Ce  système  nama  semble  marquer  un  état  très  ancien  du  lan- 
gage où  le  substiinlif  se  serait  conjugué  comme  le  verbe  et  de  la 
même  manière. 

On  entend  par  conjugaison  le  procédé  de  faire  varier  une  caté- 
gorie grammaticale,  non  suivant  les  genres,  les  nombres,  les  cas, 
mais  suivant  les  personnes.  Un  verbe  peut  c^lre  à  la  i"",  à  la 
9*  personne;  de  même  un  substantif. 

Mais  la  personne  qui  se  trouve  ainsi  affecter  soit  un  substantif, 


310  RAOUL   DE  LA   GRASSERIE. 

soil  un  pronom,  peut  être,  soit  au  predicalif,  soit  au  possessif. 

Envisageons  d'abord  le  verbe  oii  le  procède'  est  bien  connu. 
La  conjugaison  consiste  à  le  faire  varier  en  accompagnant  d'un 
pronom-sujet  des  diverses  personnes;  ce  pronom  lui  est  tantôt 
suffixe,  tantôt  pre'fixe'.  Ce  qui  nous  est  mieux  connu  et  ce  qui  do- 
mine les  langues  indo-européennes,  c'est  le  pronom-prédicatif- 
suffîxé  au  verbe  :  dada-mi,  dada-si,  dada-ti;  ame-m,  ame-s,  ame-l, 
dido-mi,  dido-si,  dido~ti. 

Mais  les  verbes,  au  lieu  de  se  conjuguer  avec  le  pronom  pré- 
dicatif,  se  conjuguent  quelquefois  avec  le  pronom  possessif.  Ce 
processus  nous  paraît  singulier,  vu  nos  liabitudes;  mais  c'est  un 
fait  constant  que  clans  la  plupart  des  langues,  et  dans  les  plus 
anciennes,  c'est  la  conjugaison  possessive  qui  l'emporte,  le  pro- 
nom-sujet se  met  au  ge'nitif,  ou  mieux  au  possessif.  Ce  n'est  que 
plus  tard  que  la  conjugaison  pre'dicative  se  de'gage.  On  peut  citer 
comme  se  conjuguant  possessivement  les  langues  ouraliennes,  les 
langues  allaïques  et  les  samoyèdes. 

Mais  à  côté  de  la  conjugaison  des  verbes  existe  celle  des 
substantifs;  dans  certaines  langues,  on  doit  même  relever  cette 
anomalie  qu'on  peut  conjuguer  les  prépositions  (toutes  les  langues 
ouraliennes)  et  même  quelquefois  les  conjonctions  (langue  la- 
ponne). Cette  conjugaison  des  substantifs  nous  déroute  un  peu; 
c'est  une  association  d'idées  inconnue  dans  nos  gramnmires.  Ce- 
pendant elle  existe,  et  sous  une  double  forme  :  la  prédicative  et 
l'objective. 

Tout  à  l'heure  nous  avons  vu  que  la  conjugaison  normale  des 
verbes  est  la  prédicative,  que  c'est  seulement  dans  les  langues 
anciennes  et  à  formes  rudimeolaires  que  la  conjugaison  posses- 
sive dominait.  Dans  les  substantifs,  c'est  l'inverse;  parmi  ceux  qui 
se  conjuguent,  c'est  la  conjugaison  possessive  qui  domine,  celle 
prédicative  est  extrêmement  rare,  du  moins  sous  sa  forme  visible; 
car,  sous  une  forme  latente,  elle  est,  au  contraire,  très  fréquente. 

Dans  beaucoup  de  langues,  les  substantifs  se  conjuguent  pos- 
sessivement suivant  des  paradigmes  très  développés;  parfois 
même,  comme  en  nahuatl,  ils  ne  peuvent  exister  sans  ce  renfort. 
Dans  les  langues  ouraliennes  on  ne  va  pas  jusque-là,  mais  la 
conjugaison  possessive  du  substantif  est  usuelle.  Il  suffit  de  citer 
le  magyare  :  immha  cf  travail  w;  i"  munka-m,  9°munha-d,  'è°munka- 
ja;  pluriel  :  i"  minik~unk,  2°  munka-tok,  3°  munkajok. 

Dans  le  nama,  le  substantif  se  conjugue  aussi,  mais  prédicati- 
vement,  suivant  le  paradigme  que  nous  avons  donné;  il  n'y  a  plus 
relation  génitive,  mais  apposition.  Nous  avons  déjà  relevé  dans 
une  langue  du  Caucase  l'amorce  de  ce  système.  Mais  ailleurs  les 
pronoms  des  deux  premières  personnes  ont  disparu  de  cette  con- 
jugaison   prédicative:  il   ne  reste  plus  que  celui  de  la   3%  c'est 


DE   L'ARTICLE.  311 

notre  arlicle.  Il  est  heureux  que  nous  ayons  conserve'  la  présence 
du  nama  pour  nous  relracer  ïanûqnG processus. 

A  côte'  de  la  conjugaison  prédicalive  et  de  la  conjugaison  pos- 
sessive, le  verbe  en  possède  une  troisième,  celle  objective,  dans 
laquelle  le  comple'nient  direct  se  trouve  agglutine'  sous  une  forme 
spe'ciale  de  pronom.  Le  substantif  ne  semble  pas  posse'der  cette 
conjugaison,  si  ce  n'est  dans  le  cas  très  rare  du  nomen  agentis.  Il 
s'agit  du  sujet  qui  se  trouve  en  face  du  comple'ment  direct,  celui- 
ci  ne'cessite  la  position  devant  le  sujet  d'un  suffixe,  qui  marque 
celte  relation.  Nous  avons  de'crit  ailleurs  ce  phe'nomène  très  cu- 
rieux. 

Nous  croyons  pouvoir  conclure  du  cas  du  nama  que  ce  sont 
les  pronoms  des  trois  personnes ,  et  non  seulement  celui  de  la  3% 
qui  se  sont  affixés  au  substantif,  et  qu'il  y  avait  ainsi  un  arlicle 
de  la  r%  un  de  la  2^  et  un  de  la  3^  personne,  puis,  que  les  deux 
premiers  ont  disparu  au  cours  de  l'évolution,  que  l'article  actuel 
n'est  que  fragmentaire;  nous  reconnaissons  cependant  que,  pour 
bien  appuyer  cette  induction,  il  faudrait  avoir  d'autres  exemples 
que  celui  du  nama. 

L'article  suffixe'  variable  se  rencontre  dans  plusieurs  langues 
chamitiques,  en  somali  et  en  galla.  En  somali,  cet  article  est  k 
pour  le  masculin  et  t  pour  le  féminin;  on  y  joint  des  voyelles 
pour  obtenir  le  re'sultat  de  surde'lerminer  davantage,  a  quand 
l'objet  est  pre'sent,  i  quand  il  est  absent,  0  quand  il  est  invi- 
sible; nin-ka,  nin-ki  ^ ïhomme -n .,  faras-ka,  faras-ki  «le  cheval n, 
hur-ia  tria  colline n,  on-dà  frla  femme n.  En  galla,  on  emploie 
tsha  pour  le  masculin,  tti  pour  le  fe'minin  :  garba  tr  esclave w ,  garbi- 
tslia  f  l'esclave  T),  garbi-ui  «la  femme  esclave'?.  En  saho,  l'affixe 
est,  pour  le  masculin,  ta,  to,  et  pour  le  féminin,  là,  tô,  avec 
accent;  au  pluriel,  fit. 

Au  moyen  d'une  suffixation  d'article,  le  bilin  distingue  non 
point  le  déterminé  de  l'indéterminé,  mais  l'individuel  du  col- 
lectif; par  exemple  «un  seul  chatTi  ou  «des  chals^î,  dans  le 
premier  cas,  dimmu-râ;  plur.  dimmû-t;  dans  le  second,  dimmUm; 
plur.  dimûmu.  La  même  distinction  est  faite  en  saho.  Encore  un 
comcept  particulier  à  ajouter  à  ceux  que  les  divers  peuples  ont 
eu  de  la  détermination. 

Le  thibétain  a  une  très  remarquable  série  d'articles  suffixes; 
ce  sont:  pa,  p6,  pho,  bo,  pour  le  masculin;  ma,  mo,  pour  le 
féminin;  bod-po  «un  Thibétain»,  bod-mo  «une  ïhibétainei.  mi- 
bo  «un  homme w,  mi-mo  «une  femme ^i.  Cet  arlicle  est  d'origine 
pronominale.  Les  êtres  inanimés  sont  tantôt  masculins,  tantôt 
féminins,  de  sorte  que  leur  caractère  de  sexualité  est  douteux; 
ce  qui  est  certain,  c'est  qu'on  divise  les  substantifs  en  catégories 


312  RAOUL   DE  LA   GRASSERIE. 

qui  forment  opposition  entre  elles.  Mais  la  variation  n'a  pas  lieu 
suivant  les  dilFe'renls  nombres. 

Le  souhrai  possède  un  véritable  article  pour  Taninié  :  cli;  pour 
Vinanimé  :  ni;  )ii-yu-di  crton-cbameau-lcn. 

Mais  c'est  dans  les  langues  indo-européennes  dérivées  que  la 
préposition  de  l'article  est  plus  à  noter,  en  ce  sens  que  le  carac- 
tère d'article  ne  peut  lui  être  contesté;  en  effet,  c'est  le  même 
que  celui  qui  dans  d'autres  langues  de  la  même  famille  se  trouve 
préposé. 

C'est  ce  qu'on  remarquera  d'abord  en  roumain.  Dans  toutes 
les  autres  langues  romanes,  l'article  dérivé  du  latin  ille  se  trouve 
préposé.  Dans  le  roumain  le  même  se  postpose.  D'oiJ  vient  cette 
interversion?  11  est  difficile  de  l'expliquer,  mais  elle  existe.  Le 
substantif  reste  invariable,  l'artit^le  posiposé  se  décline  seul  :  otn- 
ul  cfThommc;  gén.  om-ul-ui,  dat.  om-id-iii,  accus,  pre-om-ul, 
voc.  om-ul-e,  abl.  de  la  om-ul;  plur.  oameni-i,  gén.  a  ôameni-lor, 
ôameni-lor ;Sih\.  de  la  ôameni-lor;  nom  féminin  :  turture-oa  rr  la  tour- 
terelle 75,  gén.  a-turUtre-kt ,  dat.  iurturc-le'i ,  accus.  pre-turUtre-oa; 
pi.  turturele-le ,  gén.  a-tiirturel-lor,  dat.  turturele-lor,  accus,  pre-tur- 
turele-le.  Cette  déclinaison  avec  article  suffixe,  chose  curieuse, 
s'applique  même  à  l'adjectif:  bim-id,  bon,  gén.  a  bun-ul-ui,  dat.  bun- 
nl-ui,  accus,  pre-bun-ul,  voc.  bitn-ul-e,  ablat.  de  la  bun-ul;  plur. 
biini-i,  gén.  a-btini-lor,  dat.  buni-lor,  accus,  pre  buni-i,  voc.  buni- 
lor,  abl.  de  la  buni-i.  Il  y  a  une  oscillation  quand  il  y  a  déter- 
mination :  c'est  le  substantif  ou  l'adjectif  qui  prennent  l'article; 
ils  ne  le  prennent  pas  tous  les  deux  à  la  fois,  ce  serait  une  sur- 
détermination inutile. 

Nous  avons  observé  plus  haut  que  le  roumain  possède  aussi 
l'autre  article  un,  qui  répond  au  français  un;  un  :  gén.  a  un-ui,' 
dat.  un-ui,  etc.;  il  possède,  en  outre,  l'article  surdélerminé  qui 
répond  au  cet  français;  tchel,  gén.  tchel-ui;  enfin  il  emploie  le 
substantif  sans  aucun  article,  c'est  lorsque  l'article  est  joint  à 
l'adjectif. 

En  albanais,  la  déclinaison  a  deux  aspects:  le  déterminé  et  l'm- 
déterminé  :  mïk  framiw,  mik-oii  w  l'ami t),  auquel  il  faut  ajouter 
îiamik  ffun  ami^î.  L'indéterminé  s'emploie  dans  les  locutions  ana- 
logues aux  suivantes  :  cfde  la  neigea,  «il  y  avait  un  homme  15, 
ffil  mendiait  du  painn,  rr  oiseau  de  fleuve'^,  ffà  travers  bois  17, 
ff  après  le  soir  venui^;  par  un  autre  motif  et  parce  que  la  déter- 
mination est  sulfisamment  faite  par  ailleurs,  on  emploie  l'indé- 
terminé après  un  mot  de  nombre,  après  l'adjectif  possessif  et  le 
pronom  démonstratif.  Au  point  do  vue  morphologique,  c'est  le  t 
qui  est  l'indice  de  détermination,  mais  ce  /  devient  n  et  s. 

Il  faut  mettre  sous  les  yeux  le  paradigme  : 


DE   I/AIÎTICLE.  313 

Nom  féminin  :  blyelœ  ffl'aheillei. 

INDBTERHINÉ.  DETERMIM:. 

Noniiiialif  :  bliétœ hhjel-a. 

Vocatif:  oblyetœ o  b/yèta. 

(lénilif  ablatif:  blyet-e blyelœ-sœ. 

Datif:  blyel-e blyetœ-sœ. 

Accusatif:  blyet-œ blyetœ-nœ. 

Locatif  (remplacé  par  l'accusatif).  .  .  .  mlœ,mby,mblycUc-l. 

Pluriel. 

Nominatif:  blyelœ.  . hlyelœ-tœ. 

Vocatif:  o  blyelœ o  blyclœ-l. 

Génitif  :  blyelœ-ve blyelœ-ve-l. 

Datif:  blyetœ-ve blyclœ-ve-t. 

Accusatif:  blyelœ blyclœ-tœ. 

Ablatif:  blyetœ-c blyelœ-ç. 

Locatif  (remplacé  par  l'accusalif). 

Nom  masculin  :  hyên  frchienn. 

Nominatif:  kyêii kyën-i. 

(jénilif  :  kyen-i kyen-i-l. 

Accusatif:  kyêii kyëa-i-nœ. 

Locatif:  kyeii-l. 

Ablatif:  kyen-œ. 

Pluriel. 

Nominatif:  hyen kyen-tœ. 

(Jénilif:  kyen-œ-ve ' kyen-œ-opl. 

Accusatif:  kyeu-et. 

Locatif  :  

Ablatif:  kyen-ç kyen-ç. 

Ce  ne  sont  pas  les  substantifs  seuls  qui  sont  soumis  à  Taspect 
détermine',  mais  aussi  les  adjectifs  lorsqu'ils  sont  placés  avant 
le  substantif,  et  lorsqu'ils  sont  employés  substantivement  :  alors 
ils  empruntent  les  désinences  du  substantif  déterminé. 

Ce  qui  est  très  curieux,  c'est  que  l'article  de  détermination,  qui 
suit  le  substantif  d'ordinaire,  le  précède  quelquefois,  mais  alors 
il  est  souvent  répété  deux  fois;  il  précède  et  suit  en  même  temps. 
Ce  phénomène  ne  se  produit  que  dans  des  cas  particuliers  :  i°  dans 
les  noms  de  parenté;  2°  dans  l'adjectif  employé  comme  attribut; 
3"  dans  le  même  employé  substantivement;  h°  devant  certains 
adjectifs  pronominaux  ou  indéfinis;  5°  devant  le  comparatif  et  le 
superlatif;  G"  devant  les  noms  des  jouis  et  de  certaines  fêtes; 
7°  devant  les  nombres  cardinaux  employés  isolément;  8"  devant 
les  noms  abstraits  dérivés  d'adjectifs  ou  de  participes;  enfin,  et 


31 /l  RAOUL   DE  LE  GRASSERIE. 

c'est  le  cas  le  plus  remarquable,  devant  le  substantif  de  posses- 
sion au  génitif,  lequel  suit  le  nom  au  nominatif;  par  exemple: 
û  à  ve  e  poulge-sœ  cfun  œuf  de  la  pouler.  Cet  article  pre'posé 
anormal  prend  le  nom  de  prépositif. 
Voici  sa  morphologie  : 

MASCULIS.  FBMININ.  OTDTRE. 

Singulier  nominatif.  .  .  i  c  tœ 

Ge'nitif-dalif tœ  sœ     (pour  tous  les  geures) 

Accusatif. tœ 

Pluriel  (pour  les  cas  et  les  genres)  :  tœ. 
Singulier. 


MiSCULIX.  FEMIIim. 


Nominatif i  çokyi  ffj'ëponx»  e  çohya. 

Génitif  datif. tœ  çolcyi-t  tœ  çohie-sœ. 

Accusatif.. tœ  çokyî-nœ  tœ  çohye-nœ. 

Pluriel. 

Nominatif  accusatif. .  .  .      tœ  byi-ta  n\e  ûhri  tœ-çohye-ta. 

Génitif  comparatif.  ...     tœ  byi-vet  tœ-çokye  ve-t. 

On  doit  remarquer  l'identité  de  l'article  postposé  et  de  Tarlicle 
préposé;  l'indice  est  le  même  :  t,  tœ.  Et  l'article  préposé  n'est 
autre  que  le  pronom  démonstratif  attributif  qui  reproduit  les 
mêmes  formes. 

Nous  ne  pouvons  quitter  ce  sujet  sans  observer  un  des  emplois 
de  l'article  préposé,  ou  prépositif;  on  s'en  sert  entre  deux  sub- 
stantifs, mais  dans  ce  cas  le  prépositif,  au  lieu  de  prendre  le 
genre  du  substantif  qu'il  détermine,  prend,  au  contraire,  celui 
du  substantif  précédent  qu'il  ne  détermine  pas.  Singulière  ano- 
malie I  Par  exemple,  dans  l'exemple  déjà  cité,  nœ  ve  e  poulgœsœ 
ff  l'œuf  de  la  poules,  le  prépositif  e  s'accorde  non  avec  ve  ff  œufi7, 
mais  avec  poulge-sœ  ff  poule  rî,  et,  comme  il  s'analyse  en  démons- 
tratif, nous  pourrions  traduire  exactement  ffœuf  celui  poule- 
la^.  De  même,  ndœ  vœnt  tœ  tiij  ffdans  place  elle-lui''=^ff dans 
place  de  luiii  =  «dans  sa  place n,  et  ndœ  vœnt  tœ  say  tf  dans  placé 
elle-ellen.  Nous  pouvons  peut-être  y  découvrir  l'origine  de  la  suf- 
fixation de  l'article,  il  suffit  d'écrire  ndœ  vent-tœ-tiy  à  la  place  de 
ndœ  vent  tœ  ty.  Le  nom  dominant  le  génitif  était  suivi  de  l'article 
relatif  au  nom  au  génitif,  mais  s'accordant  avec  le  premier;  dès 
lors,  il  semble  que  cet  article  ne  faisait  qu'un  avec  celui-ci,  l'ar- 
ticle préfixé  à  un  nom  semble  suflixé  à  un  autre,  efc  une  fois 
l'habitude  prise,  on  put  supprimer  le  nom  au  génitif,  et  le  suffixe 
resta  à  sa  place.  Tel  est  le  processus  curieux  de  l'albanais. 

On  peut  à  ce  sujet  et  dans  le  même  sens  signaler  ce  qui  a 


DE   L'ARTICLE.  315 

lieu  dans  le  pronom  possessif;  nomin  :  Uihn-im  niion  chien  15, 
ge'n.  dat.  hienit  t-hn.  Pourquoi  ce  t  apparaît-il  au  génitif  devant 
im,  on  ne  le  retrouve  à  aucun  autre  cas?  C'est  quil  a  e'té  évoqué 
par  le  t  final  de  hjenit.  De  même,  Tarlicle  préposé  au  génitif  s'est 
trouvé  attiré  vers  le  nominatif. 

Parmi  les  langues  slaves,  le  bulgare  est  la  seule  qui  fasse 
usage  de  l'article  et,  comme  le  roumain  et  l'albanais,  elle  le 
suffixe.  Mais  le  substantif  et  l'article  postposé  se  déclinent  tous 
les  deux;  il  est  t  au  masculin,  ta  au  féminin,  io  au  neutre,  et  txi 
à  l'accusatif  féminin;  au  pluriel  ti,  Uj  et  ta,  accusatif/^  :  ce  n'est 
autre  chose  que  le  pronom  de  le  3"  personne. 

En  voici  quelques  exemples  :  toi  iè  vidicl  tsor-t  i  Isarltsii-tu 
ffil  a  vu  l'empereur  et  l'impératrice  ^5,  gdie  su  kalcvrij-tij  iia  dete-to 
«où  sont  les  souliers  de  l'enfant?-»,  oré'l-t  ie  tsar-t-na-ytitsit-tie 
«l'aigle  est  le  roi  des  oiseaux  1^. 

Lorsqu'il  y  a  un  adjectif  et  un  substantif,  c'est  à  l'adjectif  que 
l'article  se  postpose  :  tchisti-t  talar  rr  l'assiette  propre  t),  golenii-t 
mu  syn  «mon  fils  aîné^. 

Quant  à  l'emploi,  l'article  est  mis  devant  les  noms  propres, 
ceux  de  parenté,  ceux  abstraits.  Enfin  l'article  indéterminé  odhi 
ffua-n  est  aussi  en  usage.  Cet  article  postposé  donne  au  bulgare 
une  physionomie  particulière  parmi  les  langues  slaves. 

Il  est  remarquable  que  dans  le  bassin  du  Danube  et  dans  les 
légions  voisines,  trois  langues  de  famille  différentes,  le  roumain, 
le  bulgare,  l'albanais  ont  un  article  suffixe.  Y  a-t-il  là  un  effet  du 
voisinage  et  cet  article  s'est-il  étendu  de  l'un  à  l'autre? 

Remarquons  aussi  que  dans  le  bulgare  et  l'albanais  l'indice  de 
la  détermination  est  t  et  que  nous  allons  le  retrouver  dans  les 
langues  ouraliennes. 

Dans  les  langues  germaniques  l'article  est  partout  préfixé; 
pourtant  en  nordique,  à  côté  de  l'article  préfixé,  nous  en  trou- 
vons souvent  un  autre  (un  pronom  suffixe);  dans  ce  cas  le  sub- 
stantif et  l'article  se  déclinent  à  la  fois.  Cet  article  est  identique 
au  pronom. 

Voici  un  paradigme  de  la  déclinaison  solidaire  des  deux: 

Substantif:  dagr  fflejour^. 

Nominatif. dagr-inn. 

Génitif dags-ins  ; 

Datif deg-inum. 

Accusatif dag-inn. 

Nominatif. dagar. 

pjupjgl         ;  Génitif. dagan-na. 

Datif dôgv-num. 

Accusatif daga-iKi. 


Singulier. 


316  RAOUL   DE  LA   GRASSERIE. 

Dans  tous  ces  cas  il  existe  un  article  pronominal  bien  carac- 
téristique. Mais  n'y  a-t-il  pas  clans  l'ensemble  des  langues  indo- 
européennes un  article  plus  général,  suffixe  aussi,  et  dont  Texis- 
tence  devenue  cachée  explique  l'absence  ordinaire  d'article  dans 
plusieurs  branches  de  cette  famille. 

Si  l'on  prend  pour  type  le  sanscrit,  on  trouve  ia  désinence  du 
nominatif  singulier  et  pluriel  du  masculin  :  s,  as,  sa,  qui  n'est 
autre  que  le  pronom  démonstratif;  à  l'accusatif  on  se  sert  du 
pronom  m  qui  est  le  pronom  neutre  am;  le  même  sert  au  nomi- 
natif neutre;  le  féminin  seul  présente  le  thème  nu,  dont  il  allonge 
la  finale  et  semble  hystérogène.  Il  en  est  de  même  en  grec  ou  les 
suffixes  $,  V  jouent  le  même  rôle,  en  gothique  s,  en  nordique  r, 
en  un  mot,  dans  toutes  les  langues.  Cet  article  s,  m,  suffixe, 
l'ayant  été  à  tous  les  substantifs,  sa  fonction  de  détermination 
actuelle  n'est  plus  remplie;  c'est  pour  cela  que  le  grec,  quand  il 
veut  y  atteindre,  prépose  de  nouveau  ô,  n,  to,  qui  n'est  que  la 
répétition  de  l'article  final.  Il  y  a  là  des  articles  de  deux  couches 
différentes,  comme  nous  l'avons  observé  en  langues  bantou.  Nous 
rappelons  ce  que  nous  avons  dit  plus  haut,  que  les  substantifs 
se  conjuguent  comme  les  verbes,  même  prédicativemenl:  c'est  ce 
qui  a  lieu  dans  xvpto-s,  Vs  est  la  conjugaison  prédicative,  le 
substantif  à  la  3"  personne. 

Dans  une  langue,  l'article  est  suffixe,  mais  il  ne  varie  que  sui- 
vant les  cas,  nous  en  avons  parlé  plus  haut  par  anticipation:, 
c'est  le  japonais. 

Il  est  très  remarquable  dans  le  groupe  ouralien,  où  pourtant 
il  n'a  son  plein  développement  que  dans  une  seule  langue,  le 
mordwin. 

Celle-ci  a  un  paradigme  complet  des  deux  déclinaisons  :  la 
déterminée  et  V indéterminée. 

L'indice  de  la  détermination  est  partout  t,  plur.  nà. 

Paradigme:  ava  tr femme''. 
SitiguUer. 


Nominatif. 
Génitif.  .  . 
Incessif. .  . 
Élatif.  .  . 
lllalif.  .  .  . 
Ablatif..  . 
Allatif. . .  . 
Abessif.  .  . 
Translatif. 


INDETERMINE. 

DETEliMIKE. 

ava 

ava-sli. 

ava-vg 

ava-t. 

ava-sa 

ava-le-sa. 

ava-sia 

nva-lc-sUi. 

ava-s 

ava-t-s. 

ava-da 

ava-te-tzda. 

a  va-Il 

ava-te-n. 

nva-flima 

ava-le-Jlima. 

a  va-La 

ava-  te-ks. 

DE  L\\RTir,LK. 


:m 


Pluriel. 

Noiiiinatif. nva-t  ava-t-nœ. 

Génitif avn-t-nen         ava-le-iien. 

lacessif ava-sa-t  ava-te-nene-sa. 

Elalif ava-sta-t  am-le-mne-sla. 

IHalif nva-s-t  ava-t-neue-s. 

Ablatif ava-t-da  aim-t-»pne-z(la. 

Allafif. ava-to-u 

Abessif. ma-to-ftima 

Translatif am-ks-t 


L'indico  nà,  pliir.  nœ,  nest  autre  que  le  pronom  de'monsfralif 
à  forme  identique.  Il  faut  remarquer  qu'il  varie  au  pluriel,  sans 
sortir  de  la  dentale.  D'autre  part,  il  se  redouble  souvent  :  ne-ne. 

Le  substantif  indéterminé'  emprunte  ses  formes  au  génitif  plu- 
riel nen.  Enfin,  ce  qui  e-t  plus  essentiel,  Tindéterminé  au  plu- 
riel prend  le  t  de  de'termination  du  déterminé  singulier.  Il  n'y  a 
pas,  d'ailleurs,  d'accusatif. 

Les  autres  langues  ouraliennes  ne  présentent  pas  ce  dévelop- 
pement; elles  ont  conservé  seulement  la  déclinaison  d'indétermi- 
nation, mais  l'autre  a  laissé  des  vestiges  qu'il  est  intéressant  de 
rechercher. 

D'abord,  l'indice  du  pluriel  est  parlout  L  tandis  que  celui  du 
duel,  et  probablement  aussi  du  pluriel,  était  /.-.  Il  est  permis  de 
supposer  que  ce  t  est  le  signe  de  la  détermination  transporté  au 
pluriel;  on  le  trouve  aussi  en  mordwiu,  en  ostyake,  en  wogul  et 
enfin  en  finnois,  mais  seulement  au  nominatif. 

Mais  la  survivance  de  la  détermination  à  l'accusatif  est  beau- 
coup plus  certaine.  Tout  d'abord, -le  féminin,  au  nominatifmêrae, 
possède  à  la  fois  les  deux  formes,  et  celle  indéterminée  est  mar- 
quée par  In  ta:  silma  :  silmâ-li.  pour  sthnii-tà  t  œil  ri.  Puis  il  faut 
obsei'ver  que  dans  presque  toutes  les  langues  ouraliennes  l'accu- 
satif man(]ue;  elles  ne  rem[)Iissenl  cette  lacune  que  quand  il 
s'agit  du  déterminé  au  singulier,  en  employant  un  indice  spécial; 
que  si  le  substantif  est  indéterminé,  elles  expriment  l'accusatif 
par  le  signe  du  yjarlilif  ou  le  laissent  sans  expression.  En  finnois. 
ce  déterminé  existe  aussi  bien  au  nominatif  f[u'à  l'accusatif  et 
.sonne  de  même  manière  :  xvpI-Up  junksee  -do  Ifau  coule 75,  \>epsi 
JHoksép  "l'eau  coule ^j. 

En  magyare,  l'indice  a  disparu  au  nominatif  de  lindéfini;  t  est 
employi'  [)our  marquer  l'accusatif  :  kpzp-l  r-la  main-.  Pour  l'ac- 
cusatif déterminé,  au  contraire, les  langues  ouraliennes  emjloient 
l'indicée,  m,  me;  quelquefois  on  se  sert  du  génitif. 

Le  phénomène  est  donc  gj'uéral  dans  cegroiqu':  s'ulenifiil  on 

UKM.    MM..   —    IX.  2  1 


318  RAOUL  DE  L\   GR.iSSERIE. 

peut  s'étonner  que  l'arlicle  suffixe'  t,  ta,  qui  est  dans  le  mordwin 
un  article  de  détermina  lion,  soit  dans  toutes  les  autres  langues 
un  article  d'indétermination. 

C'est  certainement  le  point  de  vue  de  la  langue  qui  présente 
le  système  complet,  celui  du  mordwin,  qui  doit  l'emporter.  Le 
pronom  ta,  ta  est  bien  l'article  de  détermination.  Comment  ail- 
leurs a-l-il  passé  à  l'expression  contraire?  Nous  avons  vu  que, 
même  en  mordwin,  il  a  envahi  le  pluriel  du  déterminé.  Or  le 
pluriel  a  un  caractère  d'indiUermination.  Il  a  pu  ensuite  envahir 
le  singulier.  Ce  serait  une  cause  de  virement.  S'il  avait  pénétré  le 
singulier  entier,  il  y  aurait  eu  confusion  :  mais  il  n'a  atteint  que 
l'accusatif.  Le  processus  serait  :  l'eau,  les  eaux,  de  Veau  (à  l'accu- 
satif). Nous  ne  donnons  cette  idée  que  comme  une  hypothèse. 

Il  faut  signaler  maintenant  l'article  basque.  Il  a  pour  forme  ar 
qui  devient  a  et  est  un  pronom  démonstratif  qu'on  retrouve  en- 
core comme  tel  dans  le  dialecte  biscaïen.  Il  est  suffixe  et  porte 
seul  l'indice  des  différents  nombres  et  des  différents  cas,  tandis 
que  le  substantif  reste  invariable;  au  contraire,  lorsqu'il  n'y  a 
pas  d'article,  c'est  le  substantif  lui-même  qui  se  décline.  Au  plu- 
riel, on  n'a  plus  le  choix  d'employer  ou  de  supprimer  l'article; 
celui-ci  est  toujours  présent.  C'est  ce  phénomène  que  nous  avons 
déjà  constaté.  Il  y  a  donc  entre  la  détermination  et  le  pluriel  une 
certaine  affinité.  L'indice  du  pluriel  k  se  fondant  avec  ar  donne 
la  forme  ak  pour  ark  :  gizon-en  ff  d'un  hommes,  gison-ar-en  crde 
l'homme  fl,  gison-i  rrà  un  homme  t',  gison-ar-a-i  th  l'homme  a. 
S'il  y  a  un  substantif  suivi  d'un  adjectif,  c'est  à  l'adjectif  que 
l'article  basque  est  suffixe:  ur-garbi  creau  pure^i,  ur-garbi-a  tr  l'eau 
purew,  ur-garbi-ar-en  «de  l'eau  purew,  ur- garbi-a -h ,  t^omv garbi- 
ar-k  ries  eaux  pures -o. 

La  langue  poul  présente  une  grande  variété  de  suffixes  pour 
marquer  le  singulier,  et  ces  suffixes  sont  des  pronoms  démons- 
tratifs, ainsi  que  le  remarque  M.  Frédéric  Mùller,  ils  sont  nom- 
breux et  ont  certainement  désigné  à  l'origine  des  catégories  dif- 
férentes d'objets,  comme  dans  les  langues  bantou.  Ce  sont  :  ka, 
ke,  ko,  gai,  ngal,  ngel,  ngol,  al,  lel,  dol,  ong,  djo.  de,  nie,  do, 
ndo,  du,  ndu,  na,  ne,  nu,  ngo,  ra ,  re,  ri,  ru,  ba,  bi,  bo,  wo,  wo; 
ils  disparaissent  au  pluriel  :  gor-ko  fr l'homme r',  dem-bo  ftla 
femmes,  lam-do  trie  ro\n.  Au  pluriel  apparaissent  de  nouveaux 
suffixes  qui  sont  des  pluriels  de  pronoms  personnels:  be,  qui  est 
le  pluriel  do,  et  qui  est  encore  usité  comme  tel;  de,  di,  dje, 
djë,  le,  li,  e,  i.  Le  plus  souvent  le  pluriel  se  forme  par  le  rejet 
de  l'article  de  détermination  du  singulier  :  bodare  ff  l'étoile  i?, 
plur.  kode.  C'est  donc  ici  le  singulier  qui  est  déterminé. 

Mais  tous  les  noms  étant  pourvus  de  suffixes  classifiants,  il 
n'en  résulte  pas  de  détermination  véritable;  pour  l'obtenir,  on  a 


DE    L  ARTICLE.  319 

eu  recours  à  un  second «irlicie  hystérogène,  préfixé  celle  fois;  de 
là,  une  distinclion  entre  les  deux  formes  :  le  déterminé  et  l'indé- 
terminé. Au  pluriel,  le  procédé  est  aussi  simple  qu'ingénieux;  il 
consiste  à  redoubler  le  suffixe  du  pluriel  :  sagatn-be  ff  jeunes  gens^^ , 
sagaia-be  be  t  les  jeunes  gensri,  dawà-de  r  chiens  •'i,  daiva-de-de 
ffles  chiens  1^.  Au  singulier,  c'est  le  même  système  en  principe:  • 
it-ng-î  tf  poisson n,  li-ngi-ngi  «le  poissons,  hetà-ne  r année n,  helà- 
nde-nde  ff  l'année,  ho7idu-ko  "  bouche  n,  hondu-ko-ko  ffla  boucher. 
On  ne  peut  ne  pas  être  frappé  de  l'analogie  qui  existe  entre  ce 
procédé  et  celui  des  langues  bantou  pour  se  créer  un  second  ar- 
ticle, il  s'agit  toujours  de  la  réduplication;  en  bantou,  bu  devient 
ubu,  ku  devient  uku;  de  même,  en  poul,  nde  devient  nde-nde;  etc. 
C'est  au  même  système  de  détermination  par  un  article  pro- 
nominal suffixe  qu'il  faudrait  rattacher  celui  de  la  langue  woloff. 
si  certains  cas  particuliers  ne  semblaient  démontrer  qu'à  l'origine 
ces  particules  ont  pris  naissance  du  substantif  lui-même,  et  n'en 
sont  qu'une  réduplication  avorte'e. 

Article poslposé  invariable. 

Tandis  que  le  nama  suit  un  système  tout  particulier  et  ori- 
ginal de  suffixation  des  pronoms  personnels  à  titre  d'article,  la 
langue  des  Bushman  s'esl  formé  un  article  dans  les  termes  ordi- 
naires, en  suffixant  la  particule  invariable  gen  :  koari-gen  foi- 
seau-\e  V,  goro  gen  fie  cheval  w.  Cette  détermination  semble  rentrer 
dans  le  système  d'expression' de  la  détermination  par  l'emphase, 
car  elle  se  suffixe  aux  verbes  pour  mettre  en  relief  l'action,  et  au 
pronom  lui-même  pour  faire  ressortir  la  personne. 

Parmi  les  langues  africaines,  le  basa  et  le  grebo  possèdent  un 
article  suffixe  invariable.  En  basa,  c'est  le  pronom  de  la  3"  per- 
sonne 0  :  goi-o  fflbommew.  Le  grebo  a,  en  outre,  un  article 
d'indétermination  n-pondant  au  français  :  un,  c'est  no,  no,  le 
pronom  démonstratif,  en  profonde  connexion,  comme  en  égyp- 
tien ,  avec  le  verbe  ètre  =  ne  :  ngbive-nô  r  un  hommes;  le  déterminé 
est  nono,  neno,  pronom  démonstratif. 

En  dinka,  l'article  est  sutfixé  aussi  sous  la  forme  nde,  et  il 
n'est  autre  <jue  le  pronom  démonstratif:  f/fcf femmes  :  tik  nde 
tfla  femme Ti. 

Parmi  les  langues  américaines,  le  nahuall  présente  certaine- 
ment un  article  déterminé  dans  la  suffixation  de  il,  tli,  lequel 
disparaît  au  pluriel  ou  après  un  possessil.  Frédéric  Muller  re- 
connaît qu'il  s'agit  d'un  suffixe  d'individualisation  :  koa-tl  r ser- 
pent 11;  ko-koa .  kalli  pour  ka-lU  fr  la  maison^,  no-kal  rune  mai- 
son •n. 

Les  langues  dravidionn^'s  l'onuenl .  on  gém'-ral,  jciiis  divers  cas 


320  RAOUL   DE   LA    GKASSKRIE. 

par  la  suflîxation  à  la  racine  nominale  de  divers  indices  casuels; 
mais  souvent  elles  intercalent  entre  les  deux  certains  éléments 
d'origine  pronominale  quijouent  le  rôle  d'articles;  ce  sont  :  in  (ni), 
adu,  arii,  ti,  atiu ,  a.  C'est  ainsi  qu'en  telugu,  fammadu  r  frère 
cadet w  devient  à  Taccusatif  tammadu-ni,  en  prenant  ce  signe  de  dé- 
•  termination,  puis  ce  signe  se  rencontre  aux  autres  cas  obliques 
en  ajoutant  les  suffixes  casuels  proprement  dits  :  dat.  tammu~ni- 
ki,  instr.  tamniu-ni-tsheia ,  soc.  iammu-ni-to ,  locat.  îammu-ni-lo.  Le 
suffixe  d'e'largissement  dilïère  au  pluriel. 

Dans  la  langue  kazikumûk,  ce  suffixe  d'élargissement  existe 
aussi  :  c'est  lu  au  singulier,  ru  au  pluriel  :  x^ta  cf  maison i:,  gén. 
)(al-luï,  dat.  yat-lu-n,  adess.  yat-lu--^. 

En  abchaze,  nous  avons  déjà  remarqué  que,  si  l'article  déter- 
miné se  forme  par  la  préfixation  de  a,  l'indéterminé  s'exprime 
par  la  suffixation  de  /.-. 

Dans  la  langue  jagane,  la  détermination  se  marque  par  la 
suffixation  de  hi  :  ùa  te  homme  ti,  ûa-ki  tr  l'homme  fl,  lià-pei  wdeux 
hommes r5,  ûà-pi-ki  'fies  deux  hommesv ^  joshôla  tr chiens,  jos- 
hjla-ki  ffle  chien  n. 

Tels  sont  les  divers  cas  de  présence  continue  de  l'article,  en 
cas  de  détermination,  soit  qu'il  se  préflxe,  soit' qu'il  se  suffixe, 
soit  qu'il  varie  suivant  le  genre,  le  nombre,  le  cas,  la  personne, 
ou  qu'il  reste  invariable;  nous  devons  étudier  maintenant  l'ar- 
ticle latent,  c'est-à-dire  celui,  caché  d'ordinaire,  qui  n'apparaît 
que  sous  l'action  de  divers  réactifs. 

Article  latent. 

Cetarticle  n'apparaîtqu'en  présence  de  certains  réactifs  restreints . 

C'est  ainsi  que,  dans  une  langue  américaine,  l'abipone,  le  plu- 
riel présente  la  racine  nue,  parce  qu'il  est  indéterminé  par  sa 
nature;  le  singulier  s'en  forme  en  ajoutant  l'article  de  détermi- 
nation k:  xjiiiha  ff  bœufs  w,  yûiha-k  tfbœufn,  ahopega  tr  chevaux  w, 
aluipega-k  rf cheval'-.  ; 

De  là,  cette  anomalie  que  le  pluriel  semble  préexister  au  sin- 
gulier; c'est,  en  réalité,  l'indéterminé  qui  préexiste  au  déter- 
miné; cependant  ce  n'est  qu'une  exception,  même  dans  cette 
langue;  quand  la  détermination  n'est  plus  en  jeu,  c'est  le  plu- 
riel qui  dérive  du  singulier  par  une  addition.  Cela  prouve  que 
le  k  marque  la  détermination  d'une  manière  directe,  et  indirec- 
tement seulement,  le  singulier. 

Nous  avons  observé  plus  haut  que  dans  les  langues  de  l'oural, 
le  déterminé  et  son  suffixe  apparaissent  avec  le  pluriel  probable- 
ment, et  certainement  avec  ['accusatif;  dans  le  mordwin  seul  la 
déclinaison  déterminée  est  parfaite;  sans  doute,  c'est  que  dans 


DE   L-ARTICLE.  321 

ces  langues  il  ne  reste  plus  que  des  vestiges  du  détermine',  mais 
dans  l'e'tat  pre'sent  il  faut  un  certain  cas,  l'accusatif,  et  quelque- 
fois un  certain  nombre,  le  pluriel,  pour  faire  apparaître  le  dé- 
terminé. 

Dans  les  langues  turques,  Taccusalif  indéterminé  s'exprime 
par  la  racine  pure.  S'il  est  déterminé,  au  contraire,  on  lexprime 
par  le  suffixe  ni  {ntj,  nu,  nii),  lequel  devient  y  (//,  (/,  u)  :  balyg 
tr poisson-»,  bahjg-i  "Aq  poisson n:  agha  Tpèren,  aglia-ni  crie  père 71. 
C'est  le  réactif  de  l'accusatif  qui  fait  seul  apparaître  le  déter- 
miné. 

En  tamasheq,  le  masculin  a  perdu  son  article  préfixé  p,  b\ 
mais  le  féminin  a  retenu  le  sien,  t.  La  détermination  oblitérée 
apparaît  ici  sous  le  réactif  du  genre. 

En  bari,  lorsque  le  radical  est  considéré  comme  collectif,  le 
singulier  se  forme  (et  alors  son  idée  se  confond  avec  celle  de  la 
détermination)  au  moyen  de  la  suffixation  de  certains  indices 
([ui  peuvent  se  réduire  à  l'indice  t  [et,  te,  ti,  tat,  tôt,  tijo,  le,  li). 

D'autres  fois,  au  contraire,  on  considère  la  racine  comme 
déterminée  par  elle-même,  et  alors  le  pluriel  (répondant  à 
ridée  d'indétermination)  s'en  forme  en  ajoutant  des  suffixes 
variés;  re  rferr^,  adu  ferr, tries  fersn;  re-af  (déterminé)  rr  le  ferw, 
morin  r  doigts  t?,  sing.  morin-et  trie  doigta. 

En  bullom  et  en  temné,  le  contraste  entre  le  singulier  et  le 
pluriel,  dit  M.  Frédéric  Mûller,  tient  à  l'idée  de  celui  du  col- 
lectif à  l'individuel;  c'est  le  singulier  qui  est  ici  considéré  comme 
un  collectif,  comme  un  indéterminé,  tandis  qu'au  contraire  le 
pluriel  est  regardé  comme  un  individuel  et,  comme  tel,  est 
muni  d'un  préfixe  qui  se  perd  au  singulier:  a-pnhan  r  les  hommes^ , 
pokan  r l'iiomme ■'5 ,  i-rum  tries  arbres ■« ,  runi  r arbre-».  Cependant 
ces  langues  ont  dégagé  un  autre  article  plus  semblable  au  nôtre 
et  qu'il  faut  ranger  sous  la  rubti(]ue  de  l'ailicle  postposé,  c'est  le 
mot  tre  :  pokam-tre  "riionimer,  plur.  a-pokam-tre  r\es  liommesw. 

En  haussa,  l'expression  du  déterminé  se  trouve  en  relation 
étroite  avec  celle  du  génitif.  Au  lieu  de  dire,  comme  d'habitude, 
maison,  quand  ce  mot  est  suivi  d'un  génitif,  on  doit  dire  :  maison- 
le  père  =rr la- maison-du-\)hre-n.  Le  démonstratif  qui  joue  ce  rôle 
est  na;  c'est  si  bien  un  arlicle  se  rapportant  à  maison  qu'il  en 
prend  le  genre  et  le  nombre,  et  non  celui  de  père  :  kwara-na 
shinakajfa  trie  grain  de  rizw,  magana-la  bnkhmi  trie  discours  de 
sa  boucheiî. 

Dans  plusieurs  langues  du  Caucase  que  nous  avons  déjà  ob- 
servées, entre  autres.  Tabchaze,  le  kazi'iumùk,  l'artschi,  l'indice 
de  la  détermination  est  absent  sur  le  substantif  détermine'  lui- 
même;  mais  il  apparaît  sui'  le  verbe,  sur  ladjeclif,  ([uelijuelois 
même  sur  le  com[)lém('nt  ciironstanciél;  il  en  est  de  même  pour 


322  RAOUL   DE  LA   GRA.SSERIE. 

certains  mots  dans  les  langues  bantou.  Nous  nous  rélérons  à  ce 
qui  a  élë  dit  plus  haut  sur  ce  point. 

Comment  se  fait-il  que  la  détermination  soit  ainsi  de'fective  et 
ne  se  produise  qu'en  présence  de  certains  genres,  de  certains 
nombres,  de  certains  cas,  ou  sur  des  mots  autres  que  ceux  qu'elle 
devrait  directement  alFecter?  Il  faut,  pour  répondre,  faire  une 
distinction. 

La  détermination  apparaît  au  pluriel,  par  opposition  au  singu- 
lier, ou  au  singulier  par  opposition  au  pluriel;  c'est  qu'il  y  a  con- 
fusion, dans  l'esprit  de  tel  peuple,  tantôt  de  l'idée  de  pluriel  et 
de  celle  de  détermination,  tantôt  au  contraire  de  celle  de  cette 
dernière  et  de  celle  du  singulier.  En  effet,  on  peut  penser  que 
le  pluriel  désignant  plusieurs  êtres  d'un  seul  coup,  l'individuali- 
sation y  devient  plus  difficile.  Mais  un  nouvel  embarras  survient. 
Ce  n'est  pas  toujours  le  singulier  qui  se  confond  avec  la  déter- 
mination, mais  quelquefois  le  pluriel,  au  contraire.  C'est  que  le 
concept  d'un  autre  peuple  a  été  différent  et  que  la  liaison  de 
ses  idées  est  autre  :  il  a  pensé,  par  exemple,  que  Aommes  désigne 
des  individus,  tandis  que  homme  pourrait  bien  désigner  l'espèce 
collective. 

Lorsque  le  réactif  n'est  pas  le  nombre,  ou  lorsque  la  détermi- 
nation apparaît  seulement  sur  les  mots  subordonnés  à  celui  à  dé- 
terminer, alors  deux  interprétations  sont  possibles.  C'est  que  le 
pronom, devenu  plus  tard  article,  s'est  attaché  d'abord  au  verbe 
ou  à  l'attribut,  puis, plus  tard  seulement,  devenu  article,  au  sub- 
stantif, mais  qu'il  n'a  pas  toujours  atteint  ce  point  d'arrivée;  ou 
bien  c'est  que  l'article,  parti  du  substantif  pour  envahir  les  autres 
mots,  a  perdu  le  souvenir  de  son  point  de  dépari  et  s'y  est  obli- 
téré. Nous  préférons  la  seconde  interprétation. 

Que  si  le  réactif  est  le  genre  ou  la  classe,  c'est  cette  dernière 
interprétation  qui  devient  certaine.  Le  tamasheq  nous  en  offre 
un  exemple  frappant. 

Raoul  de  la  Grasserie. 

{A  suivre.) 


DIX  QUATRAINS 

DE  MIRZi  ABOLX   HASSAN    DJEADÀfcl 
DIT  YÉGHMA, 

EN   DIALECTE   SÉMNANI. 


Parmi  les  noies  que  je  possède  sur  la  Perse,  se  trouvent 
dix  quatrains  en  dialecte  sémnàni  composés  par  un  poète  con- 
temporain, Mirzâ  Aboul  Hassan,  de  son  surnom  poétique 
Yéghmà ,  recueillis  par  Mirzà  Kérim ,  médecin  sanitaire  de  Sémnàn 
et  de  Damghàn,  et  qui  m'ont  été  transmis  par  M.  le  D"^  Tho- 
lozan.  Ce  dialecte  a  certaines  affinités  avec  ceux  du  Guilàn,  du 
Mazendéràn  et  de  Reï,  mais  certaines  variations  m'ont  paru  assez 
sensibles  pour  que  j'aie  cru  devoir  ajouter  ce  court  document  à 
ceux  qui  ont  déjà  été  publiés  dans  les  Mémoires  de  la  Société  de 
linguistique  [[orne  W,  ^.  i  et  iio). 

Le  texte  original  est  accompagné  d'une  traduction  persane 
interlinéaire  faite  par  Mirzâ  Kérim,  qu'il  m'a  semblé  inutile  de 
transcrire  intégralement;  je  me  suis  borné  à  reproduire,  à  la 
suite  de  la  traduction  française,  les  expressions  idiomatiques 
avec,  en  regard  de  chacune  d'elles,  son  équivalent  persan. 

Dans  ses  remarquables  éludes  sur  certains  dialectes  iraniens 
qu'il  range  sous  la  dénomination  d'idiomes  péhlévi-tniisuhnans  ^ ^ 
M.  Clément  Huart  s'est  amplement  étendu  sur  leurs  principales 
particularite's;  mais,  je  le  répète,  je  ne  me  suis  proposé  que  de 
présenter  une  modeste  contribution  aux  documents,  trop  rares 
encore,  que  l'on  a  recueillis  sur  les  patois  persans,  laissant  à 
d'autres  plus  compétents  la  tâche  d'en  dégager  les  éléments 
d'une  étude  de  philologie  comparée. 

Mirzà  Aboul  Hassan,  originaire  de  Djendàk,  dans  le  district 
de  Sémnàn,  dépendance  du  Tàbàiistàn,  sur  la  route  de  Téhéran 
àMéshèd,  était  recherché  pour  l'élégance  de  sa  rédaction;  il  a, 
auprès  de  divers  personnages,  entre  autres  de  Hadji  Molla  Ahmed 
Nérâki,  occupé  les   fondions  de  mounshi  (secrétaire);    pour  se 

'   \a\T  Journal  asiatique,  1886,  1888.  1  88<j ,    1895. 


32A  AMÉDÉE   QUERRY. 

venger  de  ce  dernier  qui  l'avait  maltraité,  il  a  composé  un 
poème  épigramma tique  sanglant;  il  a  écrit  de  nombreux 
ghazals,  mais  son  divan  na  pas  e'té  publié;  on  n'en  connaît  au- 
jourd'bui  que  des  morceaux  de'tachés.  J'ignore  si,  outre  les  qua- 
trains qui  font  l'objet  de  cette  étude,  il  existe  d'autres  écrits  dans 
le  même  dialecte,  mais,  jusqu'à  présent  du  moins,  ce  sont  les 
seuls  dont  j'ai  eu  connaissance;  c'est  peu  de  chose,  il  est  vrai, 
mais  peut-être  ne  seront- ils  pas  sans  quelque  utilité  relative 
aux  recherches  sur  les  transformations  du  langage  iranien. 

Amédée  Querry. 


U*— ^-^  y^  y^r-*  (s^^  ^  uUil^  -j 

IjLa_J     A.,A.,AW|     /jI    ^^%    lyjfi    fi^^    '''^<^'     ^ 

Gomment  pourrait-on.  Ali,  décrire  tes  perfections;  ta  bonté  est 
évidente;  partout  on  je  cours  h  ta  recherche,  ô  lion  de  Dieu,  je  voudrais 
être  ton  cliien,  mais  je  n'en  suis  pas  digne. 

aj,  û=  îjy>,  tes  (possessif),  t^-»,  wjèsAi  =  y|j.AA< ,  peut,  ^^<voaj, 

bébitshi  =  »<X*i,  est  devenu.  yJjH^,  météjon  =  -^«Xjyo,  je  cours. 
*A*«i,  èspè  =  iiUn,  chien.  ^J^  '^S^  mckhn  bîn  =  /^U  J^i^ity»,  je 
veux  être.  {J^'>,  niyân  ^=  ^t^jf^  ^  je  ne  suis  pas. 

II 

.>-+-*-^  jrÇ^  i^-^*^;  i' .?  LT^^  a 

Il  n'est  point  de  cœur  sans  peine  et  sans  honte  (remords);  il  n'est 
point  de  service  sans  faute  et  sans  erreur;  il  n'est  point  de  cœur  sans 
soupirs  et  sans  pleurs;  i!  n'est  point  d'existence  sans  feu  et  sans  eau. 


DIX   QUATRAINS   EN    DIALKCTE   SÉMNÀNI.  325 

j-y>-*,  mènèbou  ^  iyA-^ ,  il  n'est  pas.  ^u^,  mènèshô,  même 
sens  que  le  précédent.  *-<rJ,  bourmè  =  Aj^,  pleurs.  ^î,  àà^  u>î, 
eau. 

III 

■  j»<wifc->  iw»  -"fc  ^^ y~i^  ^^~^^  ^  ""fc ^-.Aw  Lj 

Moi  sans  ami,  et  toi,  tu  es  l'ami;  moi  sans  ami,  que  ferais-je?  tant 
que  fleurira  la  rose;  des  broussailles,  que  ferais-je?  En  pre'sence  de 
ces  traits,  de  cette  chevelure  ondulëe,  de  ces  yeux  voluptueux  dont  tu  es 
douëe,  de  fleurs,  je  ne  veux  point;  de  jacinthes  et  de  narcisses,  que 
ferais-je? 

j 
),  rt  =  ^,  moi.  tj^^t  kobévoun  =  -^L»  ass-,   que  ferais-je? 

Aà^j^yu» ,  sourkhè  =  ^j*m  ,  rouge.  *J^ ,  vèlè  =  JS\  fleur,  jji ,  débou  = 

4>Jmli  et  ^J,  soit  pour  sera.  (jJ*^,  tshèsh  =^  ^m*^^  œil.  ^!à  dâr  = 

^^ii,  tu  as.  (♦^'ji-*,  menehem  r^  JrSyg^  ^  je  ne  veux  pas. 

IV 

aJS  Uû  j,L J  j_y-5<-J*  y— ^L-:^  ^  Q..»   k.*  xi 

XJ  Ij    ^^_J   y-AW  _j-.«    "^k-i   ^)    ^;^u_«J»^  (J«^    [j^ 

0  ma  maîtresse,  lire  ton  poignard;  si  lu  le  veux,  accomplis  une 
œuvre  pie;  frappe  et  tue  mon  rival,  délivre-moi  de  peine:  je  sais 
qu'avec  le  charme  que  je  vois  en  toi ,  tu  rendras  malheureux  par  tes 
agaceries,  par  la  passion  que  tu  lui  inspireras, celui  que  tu  rencontreras, 

y»^  mou  =  (jj»,  possessif;  ma.  ^*^,  bèhindj  =  iJSj,  tire.  (^^  -, 
mèA-èwi:=^  j^î^aty».  lu  veux.  a^L;£»,  A<7À;è  =  (jjXj,  fais!  I^Xj,  békoiiâ 


326  AMÉDÉE  QUERRY. 

=  c_>jXj,  bats,  frappe,  pile,  ^^l  èiji=^.,  un.  ^  j*m_j^,  mou  ser 
pèyi  =  y^  -iJ  ^  :=  ^  jw  ^i,  loin  de  moi  [litt.  de  ma  tête),  ^j 
appartient  au  persan  archaïque  et  a  cette  particularité  dans  le  dialecte 
de  Shnnân  d'être  placé  après  le  mot  dont  il  indique  le  rapport,  aj  !j  , 
wâ  hé  =■  (J^'"^.-,  de'iivre.A5CAJj,ÀA,  lmioûniké^=  A5JLsSa^,  de  même 
que.  ^yuço,  meymoun  =  rA^A^y»,  je  vois,  {jy^^y^i  mezounoun  ^= 
Aji*X>yo,  je  sais,  ^pjo,  béy{ni=  ^^y^,  tu  vois.  jj,joii  =  Ijj^l,  lui- 


Qu'as-tu  donc  vu  en  moi,  que  chaque  fois  que  je  me  présente  tu  dé- 
tournes le  visage;  ne  me  traite  pas  avec  ce  dédain,  je  t'adjure  par  ta 
tête,  jette  un  regard  sur  moi;  qu'importe  si,  à  cause  du  chagrin  que  tu 
lui  infhges,  Yeglimâ  ne  déchire  pas  le  col  de  son  vêtement?'  Que  son* 
col  soit  déchiré  on  non,  qu'importe!  sa  poitrine  n'est-elle  pas  déjà  mise 
en  pièces  à  cause  de  toi  ? 


Le  premier  vers  est  évidemment  altéré,  mais  cela  importe  peu 
quant  au  dialecte.  t=*j^,  diyet  =  i^^p .,  tu  as  vu.  ^j^,  moupéy 
=  (j^3i  (voir  la  note  du  quatrain  pre'cédent).  ^jU-j«,  méréçân  = 
/o^vA.*,  j'arrive,  ^jijlxo,  mèkârdèn  =  jli^iÇw*,  tu  détournes. 
*i>à,  dm  =  (^^),  visage.  IjXi,  nèkèvâ  =  u^,  ne  fais  pas.  ijj^, 
hénoûn  =  (^jjU^^,  tant  de,  tel.  <5u  x»,  èè  /è  =  i^_jj',  à  toi.y»  y^  aj, 
formule  persane  d'adjuration  =  par  ta  téte.yo^  wom  =  ly«,  moi 
accusatif.  Ai  Lj,  niyâ  hé  =  ^^  »lxi,  regarde.  (J^  a^,  tshé  hèvèyi 
=  ijjLvA^,  qu'importe!  (voir  la  note  du  quatrain  111  au  mot 

}  ,   /  y    y  .V»  .  .  } 

\jy~>).  (S^y-i  nèvlèvi  =  :>^*>>>j ,  qu'il  ne  déchire  pas.  yj,  bou  = 
iyi  et  ♦XXIilj,  qu'il  soit.  ^Ji,  jOM  =^l  y,  de  ou  par  lui.  *jI^, 
fsMA;è  ==  o«-»wî  cîJI.^,  mis  en  pièces. 

'  AHusion  à  la  coutume  de  décliirer  le  col  du  vêtement  en  signe  de  douleur. 


DIX  QUATRAINS  EN  DIALECTE   SÉMNÀM.  S27 

VI 

Dis-moi,  quel  jour  s'est  passé  sans  que  je  n'aie  souffert  pour  toi? 
Par  quelles  épreuves  do  tout  genre  n'ai-je  point  passé?  On  m'avait  dit 
jadis  que  tu  étais  une  coquette  inconstante ,  mais  on  ne  ma  pas  dit  et 
moi-même  je  n'ai  pas  cru  que  c'était  à  ce  point. 

*i_j^,  nxoîi  f/è=  (jj^,  à  moi.  Ij  =^  dis!  ^5^^?,  bilshi=  «^, 
fut.  ^^^i>i^ ,  nédertshèm  =  /^wijsj,  je  n'ai  pas  eu.  '),  zi  ^  '^\,  de. 
^^,  ci  =  tX*»,  cent.  (jSo,  pèsh  =  (j^,  derrière.  tj|^,  pérâri  = 
yiuo,  devant,  (jyi*^  <^U,  bât  bishoûn  =  *>^^^  xxàS\  ils  avaient 
dit.  jXj\yj^  pérânter,  comparatif  de  y!jj  =  yoifcAj,  autrefois,  aupa- 
ravant.  ^1 ,  hfeyi  =  (s-***^  tu  es.  ^j^j-ioîy ,  jiévâtéshoihi  =  AaÀx» 
•Xii^,  ils  n'avaient  pas  dit.  yo,  7/jom  =  (j^,  moi. 

VII 

yj^^J  i^^LS  ^LaJ  y^jb  x^  ^  «5 

A    K    y  -.l^  y  ■»  J  <X-*-*  '.;^*»'^^  iO  Ji  ji& 

V  -' '^^  ^     ''''■    ^    ''    V.M    r 

Mon  bras,  mon  cœur,  ma  foi,  ma  vie,  ma  douleur,  h  elle  tout  je 
donne;  moi,  tout  ce  que  je  possède,  je  le  donne  en  mémoire  d'elle;  le 
cœur  sans  ami  n'en  est  pas  plus  heureux;  à  la  prochaine  fetc,  je  lui 
donnerai  cet  œuf  brisé. 

.y 

5Ji,70M  =  ^Lj,  à  elle  ou  à  lui.  \jà^^  médoitn  =  ^»Xa.#,  je  donne. 
»l .  d=~^JA,  moi.  *ça>,  tshér=y(^,  chose.  uJi;'^'  f/rtro?m  = -j!à , 


328  ASIËDÉE  QUERRY. 

j'ai.  AiS*,  »u</è  =  <ca^m»*a3  ,  n'est  pas.  aj-aj^,  déyithiyè,  Jùj.à-,  plus 
heureux.  ^aJ,  neiojî  =  :>^,  ne  peut  être.  -^>U««X-ii,  eshkèstè  = 
A^'^-»»**"'*,  brise'.  »J>Âyj>,  imurghono  =  ç-y*  ^is^  ^  œul". 

VIII 


^J*— J     ^'^'^    l3)-.A©     j.^    AO    Jt^^yJS 


Le  jour  où  la  caravane  prendra  l'âme  en  charge,  quelle  se  hâte  dans 
la  voie  de  Tane'antissement  !  Je  ne  suis  qu'un  faible  chameau,  ma  charge 
est  trop  pesante;  je  crains  (ju'elle  ne  m'empêche  de  passer  le  Sirath. 

fj^ ^,  bâr  kèrèn  =  *XxjOjLj,  ils  chargent.  ^j^J^,  âbvâr=i>^'^, 
promptement.  jJC.^!,  oslUoùr  =  yJiH»,  chameau,  ^jj*^^,  lâghéroûn 
=^y,  maigre,  faible.  «^,  père  =  iL»),  trop,  excessif?  {Je  ne 
saurais  affirmer  V exactitude  de  la  traduction  de  ce  mol  ;  cest  ainsi  que 
la  donne  le  traducteur  indigène.)  (»**y,  tersoûm  =  ^y-i  je  crains, 
^îi'j,  vâdâr=^\>'^i),  obstacle,  action  d'empêcher,  d'arrêter. 

IX 

\'     "..  '     ^      "  "       <""         ^ 

•  7^  r3"**>*-^  "^-T"^  ^^^  i>^ 

J'ai  parcouru  le  monde  entier  à  la  recherche  de  l'or  el  de  l'argent; 
j'ai  chuchote'  mes  plaintes  à  l'oreille  des  sourds;  j'ai  fait  du  feu,  il  s'est 
éteint  :  le  bois  était  vert,  et  de  chagrin  je  joue  avec  la  cendre. 

qjXj  Aj,  bététoûn  =  f»<y>j>.^:>.  j'ai  couru.  2»),  ré,  aflixe  qui,  au 
premier  vers,  a  le  sens  de  <^IjJ,  à  cause  de;  ij^y^  pour,  à  la  re- 
c^ercAe  rfe /'or;  au  second,  celui  de  aj,  «,  ^y^.y->t   à  des  sourds;   au 


DIX  QUATRAINS   K\   DIALECTK  SKJINÀM.  329 

quatrième,  celui  de  U,  avec;  sl,JL*^U^,  avec  la  cendre.  ^^x.i^5\-l, 
ser  goùshègui  ^=-  ^JJJy^yM,  chuchotement.  /»JV,  />'«ièm=  |*U5,  j'ai 
d'il.  ^  ker  est  persan.  /oJ^j^,  ^/t'W^''m  =  pi>3'j'^' ^^''TP*- (^'^"™^)-  ^'^ 
«iîï  m  persan  ^:i'^  ij*^^ ,  battre  {allumer)  du  feu;  dérivation  probable 
de  Vusage  du  briquet.  i^X  ,  bémerd=  ^vC ,  il  est  mort  (s'est  e'teint). 
L>,  hâ  ==  i^,  il  était,  c^;'^,  t'art  =  t5;ij,  jeu.  p^-*,  mèkèrem  = 
<<vCy»,  je  tais  {employé  comme  auxiliaire),  je  joue  =  j»*x«  ^^y. 
jX*0  U».,  hhâkster  est  persan. 


/-jçj  jliLi^   >Lj  wj  Aj  A-J"  Vl  i»Â.A.J^ 

C'est  grand"pilit'.  mais  (u  n'es  pas  une  amante  fidèle;  lu  ravis  le  cœur, 
puis  lu  le  l'ebules;  non,  tu  ne  sais  pas  jiimer;  chaque  lois  (pie  tu  parais, 
lu  ravis  tous  les  cœurs;  tu  n'es  satisfaite  que  si  tu  es  sans  cesse  eu  mou- 
vement. 

^^ , m'j/cyi  =  4^CN»*xi ,  tu  n'es  pas.  jp  U,  maguir  =  (£yS^ ,  tu 
saisis.  (^♦^^  Y-w,  ser  mèdétji=  ^ô<^  y^  tu  éloignes.  Ix^,  miyâ  = 
^Lajo,  tu  viens.  »v»,  mèhèr  =  t^T^iV»,  tu  emportes.  ^  ^^,  alem 
péyi  =  yù\s.-^\,  de  l'univers  (voir  la  note  du  quatrain  IV,  au  mot 
^).  A.ii^,  i7/osA^  =  o**«ij.Ju*jÀ».,  il  est  satisfait. 


LA  CONTRACTION 

EN  GREC  MODERNE. 


On  a  déjà  fait  observer  (Psichari,  Essais,  II,  lxix  et  suiv. ; 
Hadzidakis,  Einleit.,  3i2  et  suiv.)  qu'en  grec  moderne,  lorsque 
deux  vovelles  dissemblables  se  contractent,  elles  prédominent 
l'une  sur  l'autre  dans  l'ordre  suivant:  a,  o,  ov,  s,  <,  sans  que, 
d'ordinaire,  l'accent  paraisse  influer  sur  la  contraction.  Ex.  :  to 
âKOuaa  m — >  râttovcra.,  tov  àpviov  » — >  Tàpviov,  3-à  ê)(Ci)  » — >- 
B-a^Ct},  va  eiyss  » — *■  vayss ,  ^où  bp(pavov  ■ — *■  Top(pavov,  yjpzdic/lS) 
» — >•  ^pcocrlfùj,  10  eiTTS  » — >  totts,  tov  ëScoa-a  » — *■  rovScocra,^  fxoîi 
sJtts  » — >  fxovTre^  Xsînei  êx.e7vos  » — >■  Xein'  êxeivos,  etc. 

Mais  on  n'a  pas  encore,  que  je  sache,  donné  l'explication  de 
cette  prédominance  des  voyelles  l'une  sur  l'autre. 

Elle  se  dégage,  je  crois,  assez  facilement  du  schéma  que  voici  : 

*  ^  ^  ov 


Ce  schéma  représente,  comme  on  sait,  les  mouvements  de  la 
langue  dans  la  production  des  diverses  voyelles.  La  langue,  re- 
levée à  la  base  pour  ov,  s'abaisse  insensiblement  jusqu'à  l'a; 
puis,  du  son  a  au  son  z,  elle  se  relève  par  sa  partie  antérieure, 
en  même  temps  qu'elle  avance  dans  la  direction  des  incisives. 

Dire  que  les  voyelles  prédominent  l'une  sur  l'autre  dans 
Tordre  a,  o,  oy,  e,  t,  c'est  donc  dire  que  : 

1°  lorsque  les  deux  voyelles  qui  se  contractent  sont  de  même 
nature  (toutes  deux  postérieures  ou  toutes  deux  antérieures,  a 
étant  considéré  comme  une  voyelle  neutre),  la  contiaction  se  fait 
en  faveur  de  celle  qui  exige  la  moindre  élévation  de  la  langue; 

9°  lorsqu'elles  sont,  l'une  antérieure,  l'autre  postérieure,  la 
contraction  se  fait  en  faveur  de  cette  dernière. 

En  d'autres  termes,  quand  on  contiacte  deux  voyelles,  on 
évite  à  la  langue,  dabord,  le  mouvement  d'élévation,  en  second 
lieu ,  le  mouvement  en  avant. 

Bemarque.  —  Dans  certaines  ])arties  de  la  Grèce  ov  -{-  s  se 
contracte  en  o;  ex.  :  tov  sSoûna» — >  ToScofca  (au  lieu  de  TovSci)xa). 
Il  y  a  donc  ici,  semble-t-il,  une  attraction  exercée  sur  ïov  par  Vs 
(Hadzidakis,  Einleil.,  Sig-Sao).  Il  est  possible  aussi  que,  dans 
les  régions  en  question,  ïov  ait  un  son  plus  ouvert  "qu'ailleurs. 

Hubert  Pernot. 


LES  EMPHATIQUES  ARABES. 


I 

L'alphabet  arabe  se  compose  de  28  consonnes  sans  voyelles, 
ces  dernières  ne  syndiquant  que  par  des  signes  accessoires  au- 
dessus  ou  au-dessous  des  consonnes. 

Si  Ton  veut  bien  considérer  que  l'alphabet  {{rec,  de'falcation 
laite  de  ses  7  voyelles,  ne  comporte  que  17  consonnes,  et  que 
l'alphabet  latin  en  renferme  19,  on  voit  que  l'alphabet  arabe 
pre'sente  une  grande  richesse  d'articulations,  qui  se  manifeste  sur- 
tout dans  de  nombreuses  nuances  :  il  possède  en  elFet  le  t,  ïs  et 
r^  à  deux  degrés,  et  outre  le  k  un  q  guttural,  sans  compter 
quelques  lettres  gutturales  qui  n'ont  point  d'analogues  dans  noH 
langues  occidentales,  telles  que  le  aïn  (9)  et  \e  ghnùi  (è-).  En  re- 
vanche, les  Arabes  ne  connaissent  pas  quelques-unes  de  nos  con- 
sonnes :  \e  p,  le  V  et  notre  j.  ou  g-  doux  leur  sont  inconnus,  et 
la  cinquième  lettre  de  leur  alphabet  répondant  au  guimel  hé- 
braïque, c'est-à-dire  à  notre  g  devant  a,  0,  u,  a  pris  dans  les 
Etats  barbaresques  la  valeur  du  g  italien  devant  e,  i,  ou  du  j 
anglais  [dj  français). 

Les  Arabes  ont  tout  particulièrement  développé  la  famille  des 
dentales,  dont  ils  distinguent  beaucoup  de  nuances. 

Leur  alphabet  renferme  les  7  dentales  suivantes  :. 

le    to  cy  )  ,    ^  i 

un  autre /«  ]^  ,  --^  nuances  de  <. 

le  dal  :>   }  .     , 

le  dad  j.  \  ^  ""^"•^««  d«  ^- 

le  Srt/    i    /  9  nuances  du  S  grec  ou  du  5"  islandais  (th  anglais  doux 
le   ha   ]è  \       (Jo  rarlicle  tlie). 

.  ,     r.      .     (  é([tiivalent  an  &  grec  ou  au  p  islandais  (th  anglais  fort 
)       (In  mot  tliing). 

Ces  7  lettres  n'ont  que  deux  représentants  en  français. 

Pour  dislingiu'r  les  degrés  de  force  de  deux  lettres  analogues, 
les  grammairiens  modernes,  à  l'exemple  d'Erpénius,  si  je  ne  me 
lrom|)e,  donnent  le  nom  A'eniplinùquvix  celle  des  deux  (jui  se  pro- 


332  G*'  PARMENTIER. 

nonce  le  plus  dur.emenl.  Ils  disent  que  le  La  est  un  (  emphatique, 
le  dad  ^J:y  un  d  emphatique,  le  d:a  là  un  dz  (c'est-à-dire  S)  ou 
parfois  un  z  emphatique. 

Le  même  mot  leur  sert  pour  distinguer  les  deux  s  et  les  deux  ^• 
de  l'alphabet  arabe  : 

le  sin  iw=-s  ooninie  i's  initiale  française  : 

et  le  Cad  ,  ^(  *  emphatique  (ss,  ou  c  très  dur); 

le/te/J=A'; 

et  le  qnfow  qof  (^,  qu'on  considère  comme  un  k  emphatique ,  ce  qui  n'est 
pas  bien  exact,  car  c'est  un  k  ou  q  guttural  qui  n'a  point  d'analogue 
dans  les  langues  européennes,  mais  que  les  poules  pondeuses  pro- 
noncent fort  bien  quand  elles  crient,  non  ga-ga  comme  on  dit,  mais 
bien  qa-qa  avec  le  q  oriental.  i 

Je  dirai  en  passant  que  les  Occidentaux  (|ui  ont  emprunté  leurs 
alphabets  à  une  source  phe'nicienne,  ne  distinguant  pas  les  deux 
articulations  du  kef  et  du  qof,  n'en  ont  conservé  quune  :  les  Grecs 
ont  adopté  le  k,  les  Latins  le  q.  Les  (irecs,  à  la  vérité,  avaient 
commencé  par  les  admettre  toutes  deux  sous  la  forme  du  kappa- 
(x)  et  sous  celle  du  koppa  (O)  qu'ils  n'ont  pas  tardé  à  supprimer 
comme  faisant  double  emploi,  mais  qu'on  retrouve  dans  leur  sys- 
tème de  numération  oii  il  représente  le  nombre  90. 

Je  signalerai  encore  les  deux  h  de  l'alphabet  arabe,  le  hé  (») 
et  le  ha  (^)  : 

le  hé  («)  qui  est  une  h  aspirée  analogue  à  l'/t  des  langues  gennaniques, 
mais  toujours  perceptible  niènic  à  la  fin  des  mots,  comme  dans  Allah 
AMI'; 

et  le  ha  (^)  qui  peut,  à  bon  droit,  être  dit  emphatique,  car  les  Arabes 
le  prononcent  beaucoup  plus  durement  que  cela  n'a  lieu  dans  aucune 
langue  européenne  :  ils  disent,  par  exemple,  Mohammed  J^  avec 
un  h  analogue  à  celui  qu'on  entend  dans  le  haii  des  bûcherons. 

Je  vous  demande  pardon  de  ces  préliminaires  un  peu  longs 
avant  d'en  arriver  au  véritable  objet  de  ma  communication  : 

Comment  doit-on  représenter  et  transcrire  les  lettres  empha- 
tiques pour  les  distinguer  de  leurs  analogues? 

Je  ne  me  propose  pas  ici  de  donner  un  système  de  transcrip- 
tion des  lettres  arabes  en  caractères  latins.  Je  l'ai  fait  dans  une 
brochure  qu'on  trouvera  à  la  bibliothèque  de  la  Soei('té-.  C'est 

'  Ce  qui  fail  (juo  los  (irecs  modernes  éciivent  ÀAAa';^,  dépassant  ainsi  sensi- 
blement le  bnt. 

-  Transcription  pratique,  au  point  de  vue  françaii ,  des  noms  arabes  en  carac- 
tères latins  (Mémone  présenté  au  (lonfjrès  de  1879  d;-  \' Association  française 
pour  l'avancement  des  sciences). 


LES    EMPHATIQUES   ARABES.  333 

d'ailleurs  une  question  diUicile  sur  laquelle  on  n'est  pas  encoi-e 
parvenu  à  s'entendre  complètement,  comme  on  peut  le  voir  sur 
les  difierenles  cartes  de  TAlriquedu  iNord.  Je  dirai  seulement  que 
si  l'on  tient  à  distinguer  les  deux  sifflantes,  on  peut  les  transcrire 
par  s  et  ç;  les  deux  gutturales  peuvent  être  e'crites  k  et  q;  pour 
les  deux  h,  on  a  souvent  double'  la  plus  aspirée.  Quant  aux  den- 
tales, il  est  naturel  de  repre'seuter  le  6'  et  le  ^  grecs  par  th  et  dh. 
Mais,  je  le  re'pète,  je  ne  viens  pas  vous  entretenir  de  la  tran- 
scription d'articulations  qui  sont  bien  connues  et  sur  la  nature 
desquelles  on  est  d'accord  si  on  ne  l'est  pas  sur  la  façon  de  les 
rendre  en  caractères  latins. 


Mon  but  est  de  vous  pre'senter  quel([ues  considérations  de 
nature  à  de'frôner  le  lo  de  sa  prétention  à  être  l'emphatique  du  l 
européen.  r 

Tous  les  grammairiens  disent  que  la  S*"  lettre  de  l'alphabet 
arabe,  le  ta  cy,  est  l'équivalent  du  t  européen.  Ceci  admis,  le  Is 
qui  se  prononce  plus  durement  a  été  appelé  un  t  emphatique,  et 
dans  les  ouvrages  didactiques  on  représente  cette  lettre  de  bien 
des  manières  :  Glaire,  dans  ses  Principes  de  grammaire  de  l'arabe 
littéral,  Caussin  de  Perceval,  dans  sa  Grammaire  d'arabe  vulgaire 
pour  les  dialectes  d  Orient  et  de  Barbarie,  Bellemare  qui  a  écrit  la 
première  grammaire  de  l'arabe  vulgaire  de  l'Algérie,  Hélot,  au- 
teur du  premier  dictionnaire  de  l'idiome  algérien,  rendent  le  Is 
par  th,  ce  qui  nie  paraît  peu  judicieux,  car  il  n'y  a  pas  trace  d'as- 
piration dons  cette  articulation.  Garcin  de  ïassy  et  Duveyrier 
dans  sa  belle  Etude  sur  les  Touareg  du  Nord  ne  distinguent  pas 
les  deux  t;  d'autres  auteurs  qui  se  sont  occupes  de  l'arabe  parlé 
dans  notre  colonie  ont  écrit  f  (par  exemple  Pihan  et  Bresnier) 
ou  /  (comme  Chcrbonneau  et  Gorguos).  Mais  tous  ils  ont  admis 
que  cy  =  f,  et  que  ^  est  une  nuance  qui  nous  est  inconnue.  Or 
je  pense  qu'il  y  a  là  une  véritable  erreur.  Le  Ls  n'est  autre  chose 
que  le  t  de  la  plupart  des  langues  européennes,  notamment  de 
toutes  les  langues  romanes,  et  le  cy  est  un  t  adouci,  analogue 
au  t  des  Allemands.  Au  point  de  vue  arabe,  on  peut  bien  dire 
que  Id  est  un  <^  emphatique,  mais  non  un  t  européen  ])rononc('' 
avec  emphase,  car  cela  conduit  à  eu  exagérer  l'articulation. 

Avant  (h;  vous  donner  les  raisons  de  cotte  assci'iion,  permettez- 
moi  encore  une  digression,  puisque  je  viens  de  parlei'  du  /  alle- 
mand. 

En  France  on  s'i'ionne  souvent  de  ce  (|ue  beaucoup  d'Alle- 
mands (et  surtout  les  Alsaciens)  (\n\  pourtant  possèdcnl  le</el  le^ 
II'  h  cl   le  p,   le  g  cl  le  /.   i\n\\<  If'iir  alpIiaJM'l  les  roiilondcnl  sans 


334  g"'   PARMEMIER. 

cesse  en  parlant  français,  ou  semblent  même  les  intervertir  à 
plaisir.  Pourquoi  disent-ils  :  voici  une  pelle  belle  au  lieu  d'une 
belle  pelle?  Il  y  a  là  une  erreur  :  ils  n'intervertissent  pas  les  lettres , 
mais  ils  les  prononcent,  à  bien  peu  de  cbose  près,  Tune  comme 
l'autre,  d'une  façon  intermédiaire  entre  b  e\ p,  d  et  t,  g  et  k.  Le 
Français  qui  entend  un  b  ou  un  d  un  peu  trop  dur  croit  qu'on  a 
prononcé  un  p  ou  un  t;  et  quand  il  entend  un  p  ou  un  t  un  peu 
adouci,  il  croit  entendre  un/»  ou  un  d.  — Les  poètes  allemands  font 
rimer  Tod  ou  Brod  avec  Notli  ou  rolh;  dans  les  écoles  primaires, 
le  maître  dira  à  un  élève  :  ce  mot  s'écrit  par  un  delta  ou  un 
weichcs  d,  ou  bien  cela  s'écrit  par  un  hartes  t  [un  d  doux,  un  t 
dur)  et  il  prononce  les  deux  lettres  à  peu  près  de  la  même  ma- 
nière. 

Une  dame  de  nos  amies  demeurant  rue  de  In  Boétie,  étant  allée 
à  Strasbourg,  a  donné  son  adresse  de  vive  voix  à  un  monsieur 
qui  devait  lui  envoyer  un  renseignement  à  Paris.  Ce  monsieur, 
qui  sans  doute  ne  connaissait  pas  l'ami  de  Montaigne,  lui  adressa 
sa  lettre  rue  de  la  Poésie:  elle  la  reçut,  ce  qui  fait  honneur  à  la 
perspicacité  des  employés  de  la  poste.  Le  même  personnage  pourra 
prendre  la  rue  de  Ponthieu  pour  le  chemin  du  ciel.  Dernièrement 
un  Alsacien  pauvre  m'écrivit  qu'il  ne  savait  comment  payer  les 
tèles  qu'il  a  contractées  pendant  sa  maladie. 

Mais  voici  qui  est  probant  pour  la  prononciation  des  lettres  en 
question  chez  les  Allemands.  Dans  une  excellente  grammaire  des 
langues  rhétoromanes ',  l'Allemand  Gartner  dit  que  le  b  e[\e  d 
rhétoromans,  qui  se  prononcent  comme  en  français,  en  italien 
et  en  tchèque,  sont  des  lettres  qu'on  n'entend  articuler  parmi  les 
Allemands  ni  au  commencement  ni  à  la  fin  des  mots,  mais  seu- 
lement en  certaines  contrées  dans  l'intérieur  des  mots  après  /,  r 
ou  n  (par  exemple  les  mots  Erbe,  Ende),  et  que  le  t  et  h  p  rhé- 
toromans sont  équivalents  h  d  et  b  allemands. 

D'après  M.  Bréal,  la  même  particularité  existait  dans  l'étrusque 
qui  distinguait  mal  les  douces  et  les  fortes  qu'il  rendait  sans 
doute  par  un  son  intermédiaire  entre  b  et  p,  d  et  t,  g  et  k'~. 

Eh  bien  ,  pour  en  revenir  aux  lettres  arabes,  je  pense  que  lelo 
prétendu  t  emphatifiue  n'est  autre  chose  que  notre  simple  (,  et 
que  le  ea  est  un  t  adouci,  intermédiaire  entre  d  et  t. 


'  C'esl-à-diifi  lo  frioulan,  les  dialectes  romans  du  Tyrol  el  le  romanclie  des 
Grisons. 

^  Mcmoireu  de  la  Sorirfp  do  UnginaliniK' .  I.  VU,  p.  180. 


LKS   EMPIÎVTIQUES    ARABES.  335 


III 


Mais  il  est  temps  que  je  vous  donne  les  raisons  qui  me  portent 
à  me  séparer  de  l'opinion  généralement  admise  par  les  gram- 
mairiens arabisants. 

S'il  ne  s'agissait  que  de  l'arabe  vulgaire  de  l'Alge'rie,  je  crois 
que  le  fait  en  question  ne  pourrait  guère  être  conteste'.  Le  v:i> 
est  toujours  prononce'  d'une  façon  bien  plus  douce  que  notre  t; 
à  Constantine  on  lui  donne  même  souvent  la  valeur  de  ts.  Dans 
toutes  les  transcriptions  de  mots  français,  les  Arabes  rendent 
notre  t  par  io  et  non  par  cy.  Ils  écrivent  : 

»Xj\ia  tabla  "  table  »  ; 
iclsllaj  batâta  «•  pomme  de  terre  n  ; 
ijiliao  hatâch  rrpatachen; 
-Jaj  notïr  rr  notaire  n  ; 

-^la-çLy»  milîlïr  ff militaire";  transcription  barbare  avec  trois  longues 
(comme  font  les  Anglais  qui  emploient  ce,  oo  pour  /  et  ou, 
brefs  ou  longs,  dans  beaucoup  de  transcriptions,  notamment 
dans  les  noms  de  lieu  de  l'Inde). 

Constantine  s'écrit  «»»W  *.»»>.»,  Qoscntina.  De  l'italien /antosm, 
les  Arabes  de  l'Algérie  ont  fait  le  verbe  (j^i^laiÀï,  tfanûs  ff  faire  des 
embarras^,  où  l'on  voit  les  deux  l,  le  premier  qui  est  une  flexion 
verbale  régulière,  le  second  remplaçant  comme  toujours  le  /  eu- 
ropéen. 

Mais  dans  l'arabe  ancien  et  oriental,  c'est  (également  le  plus 
souvent  par  k»  qu'on  a  rendu  le  t  grec  ou  latin.  En  voici  des 
exemples  : 

UXâTwv  est  transcrit  par  ^j^S^iî,  Ajlàloun;  les  Arabes  n'ayant  pas  le 

ji  n'ont  pu  le  remplacer  que  par  b  oaf; 
Plolémée  est  devenu  j*j,A^Jaj,  Ulolmious;  ici  lo  p  est  remplacé  par  h  et 

la  tî'rminaison  tous  répond  à  os  grec; 

La  Palestine  s'appelle  ^jA3.M*Xi,  FilasCm;  de  alàXos  on  a  fait  Jjlooî , 
(istoûl;  dalpoXàëos  est  devenu  oil-IûAsI.  Islarlàb:  alipx^  irsoito  de 
résiner),  est  deveiui  dlJa-ol,  istoiirali ,  de  alvirt)  frétoupe»  on  a  fait 
XaIia»!  .  nslouba;  de  slabuliim  trétablci  vient  Jl^Lsa»' ,  istabl. 

Les  aslrononics  arabes  ont  transcrit  le  grec  kyjtos  «baleinc^i  pai-  jxJajç», 
qiloiis,  el  au  x'  siècle,  fasironoine  Abd-er-llahman-es-Sr)ùli  a  lianscrit 
|)ar  la  \e  r  (pii  désigne  une  étoile  de  la  jambe  gauche  d'Andromède. 

Enfui  lo  mol    ^^sfc.!5\La.*s>! ,  istalnhi .  ([uon  |)Ouf   Iradiiiif  par  frcycliquc'^ , 


336 


PARMEMIER. 


vient  certainement  rie  tylùXos;  il  désigne  la  manière  rép-nlière  de 
compler  les  mois  musulmans  alternativement  de  3o  et  29  jours,  au 
lieu  de  la  manière  populaire  par  l'observation  du  croissant  qui  alterne 
moins  régulièrement  entre  3o  et  29  jours. 

Dans  tous  ces  exemples,  c'est  le  ^  et  non  le  <^  qui  répond  au 
grec  ou  européen  ^ 

Je  ne  prétends  pas  d'ailleurs  qu'on  ne  puisse  trouver  des  exem- 
ples où  le  t  grec  aurait  été  transcrit  par  un  «-';  mais  ils  doivent 
être  rares.  Pour  moi,  je  n'en  connais  qu'un:  c'est  le  mot  ^^i:**^!, 
Almadjisti.  C'est  sous  le  nom  dWlmageste  que  nous  a  été  révélé  le 
célèbre  traite' de  Ptolémée  iiaSïjyiaTixi)  avvTa^is,  auquel  on  avait 
sans  doute,  dans  les  écoles,  accolé  le  mot  (xeyia-li]  pour  le  dis- 
tinguer d'autres  traités  de  mathématique  pure  :  les  Arabes  n'ont 
relenu  que  ce  dernier  mot  précédé  de  leur  article  Al.  Ce  qu'il  y 
a  de  singulier,  c'est  que  l'épitbète  fjisyicrlti  ne  se  rencontre  dans 
aucun  des  manuscrits  grecs  connus. 

En  résumé,  je  crois  avoir  e'tabli  que  le  ^  arabe  équivaut  sim- 
plement à  notre  t,  et  que  c'est  plutôt  le  cy  qu'on  devrait  distin- 
guer, au  besoin,  par  un  signe  diacritique. 

Si  je  ne  craignais  de  n'avoir  que  trop  abusé  de  votre  bienveil- 
lante attention,  j'ajouterais  que  Richebé,  savant  professeur 
d'arabe  classique,  qui  a  le  premier  atliré  mon  attention  sur  la 
valeur  respective  des  deux  t  de  l'alphabet  arabe,  pensait  que  le 
çad  {{j=>)  n'était  emphatique  que  par  rapport  au  shi  (,j*»)  et  que 
ce  dernier  est  plutôt  un  adoucissement  du  a  grec  et  de  Ys  des 
langues  romanes.  Mais  je  crois  que  cela  n'est  pas  exact.  Dans  les 
exemples  cités  ci-dessus,  l's  finale  de  tjaiitès,  Blohnious,  Qitous  est 
le  siw,- on  le  retrouve  dans  Qosentma  el  ànns  Almadjisti.  Ce  qui 
est  vrai,  c'est  que  le  ^J*l  {ïs  doux)  s'associe  avec  le  e:»  (î  doux),  et 
le  (jo  (s  dur)  avec  le  l£>  (f  dur)  dans  la  combinaison  si  (**«  ou 
ia^)  :  cela  est  d'ailleurs  tout  naturel. 

G"'  Parmentier. 


'  Les  Persans  el  les  Turks  en  adoptant  l'alpliabel  aral)e  y  ont  trouvé  beau- 
coup de  lettres  dont  ils  n'avaient  que  faire  et  qu'ils  auraiejil  simplement  pu  sup- 
primer; mais  l'arabe  étant  la  langue  sacrée  de  l'islamisme,  ils  ont  strictement 
conservé  l'orlbofjraphe  des  mots  arabes  qu'ils  ont  adoptés;  mais  dans  le  langage 
ils  ne  font  aucune  dififérence  entre  b  et  c:>,  entre  ^j-  et  ^,  ils  prononcent  le 
>i>  (6)  comme  s  cl  donnent  au  d  emphatifjue  {^)  ainsi  qu'au  ^  et  à  son  empha- 
tique (i  et  t)  le  mèm'î  son  qu'au  :;.  Or  les  Turks  écrivent  les  motsl^Li  (Fiiràl) 
Kuphrate,  et  bl-L*  {Sokrât)  Socrato,  avec  le  b;  il  en  élait  donc  cerlainemenl 
de  même  chez  les  Arabes. 


DICTIONNAIRE 
DE  LA  LANGUE  MANDÉ, 

(suite.) 


Bondir,  jtJrt»,-  ion"  Ay/u  (courir  sur),  bori  san  (courir  en  haut),  fl  a 

bondi ,  a  panara ,  a  pana. 
Bonheur,  kouna,  diya. 
Bonjour,  «useg-e,  inisé,  iniU/é,  iiiiké;  anisé,  aniké.    \\    —  le  matin, 

iui-sakhoma.  On  répond:  ijaouri  (K.),  ni    héra  ha  (je   suis  en 

santé),  ma  har  ha,  m'  hâ;  on-on  (Ko.). 
Bonnet,  fougoula;  hama-da  (en  gueule  de  crocodile);  kamantyé- 

koiira  (nom  du  chef  de  Bouzé  qui  portait  un  bonnet  spécial). 
Bord,  da.  \\  Au  — -,  dala.  Au  bord  de  la  rivière,  ha  dala. 
Borgne,  nija-kili,  nyé-kili. 
Bosse,  dyounou,  dyanto,  dyounyo,  dyougo. 
Bossu,  dyoïino-tigi,  dyanto-tigi;  krouino  (Be'l.). 
Botte,  ti/ourou,  sourou.  \\  — ■  de  paille,  bin-siri,  bin-doni. 
Bouc,  ba-koro,  ba-koto,  ba-khoto  (K.)  (vieux  bouc);  ba-ké. 
Bouche,  da. 

Boucher,  v.  a.  tougou;  da  toagou;  suhst.  falikéla,  nisi-Jakhala. 
Bouchon,  tougoida,  da-tougoida ,  da-tougouna. 
Boucle,  d'une  corde,  wéro ,  ivérango  (K..),  wéren.    \\  —  d'oreille, 

toulou-doroma ;  toalou-sanou  (or  d'oreille). 
Boue,  bokho;  nokho ,  noua. 
Boueux,  boklioba. 
Bouger,  loma. 
Bouillie  de  farine,  lou,  lo. 
Bouillir,  xvouli,  xvouri.  L'eau  bout,  dyi  bé  ivouli.  L'eau  a  bouilli, 

dyi  ivoidita. 
Bouilloire,  que  les  Noirs  emportent  avec  eux,  satala,  tasala. 
Boule,  koroti,  koti;  kourou,  koiilou  (morceau). 
Bourgeon,  boulouta. 
Bourre  (b;  lïisil,  sotora ;  loiipo  {Vi\). 
Bf)URREAu ,  fakhala ,  faUkéla ,  faliba. 
Bourrelier  ,  garan-ké. 
Bourrer,  sousou. 


.338  J.-B.   KAMBAUD. 

Bourse,  petit  sac  en  cuir,  nyaki,  mjaga;  kourhaho. 

Bout,  koim;  dijou.  \\  Au  —  de,  koungo,  \\  Bout  à  — ,  koun  hé. 

Boutique  ,  firi-daula ,  fri-yoro ;  sani  doula. 

Bouton,  sur  le  corps,  késé,  soumo-din,  sourinya  (S.). 

Bouvier,  nisi-gé.  nisi-géla,  givéla  (Ko.). 

Boyau,  nougou,  noiuikou.  nono. 

Bracelet,  houlou-kauo ,  boulouia  won  (argent  de  bras);  hoidou-négé 

(fer  de  bras);  g-of/o  (K.);  ijufendou. 
Braire,  kusi  (crier). 
Branche,  ijin-  boidou . 

Bras,  boidou,  bolo,  bln.  \\  —  de  rivière,  ba-bouloii. 
Brasser,  sousou. 
HiA^yE,  fari,  fnii. 
Br:^voijrr  ,  Jarijia,  J'atiya ,  fatinya. 
Brebis,  sakha-mousou ,  sakho-mouso  (K.). 

Bride,  karafé - dyouîou  (rêne  de  mors).   La  bride  complète  avec 
le  mors  s'appelle    simplement,  karafé,    karfé.   krabé  (mors). 
IIBendrela  — ,  karafé  digi. 
Brillant,  dyé;  péré;  doungaré-kan  (semblable  à  un  miroir),  dou- 

nyaré. 
Briller,  dyé;  nahjégé. 

Briquet,  ta-négé  (fer  pour  le  feu),  ta-sindyi  (mamelle  du  feu). 

\^ïi\SK ,  fonyo ,  f yen  (vent); /bwj/o  doromandi  (petit  vent). 

Briser,  ti,  tinya;  kari. 

Broder,  nyégé. 

Broderie,  «t/(^p;  loma,  lomansa. 

Brodeur,  nyégélo,  nyégéba. 

Bronze,  soula,  saura,  sira  (cuivre). 

Brouillard,  bougou;  nkomi;  moura ,  mourangué,  mounaki,  mounta, 
mhito. 

Brouiller,  mélanger,  bérisa,  brisa. 

Broussailles,  yiri-méséni,  yiri  doromandi. 

Brousse,  ivoulo,  wonla;  birsa,  boursa.    |î  —  épaisse,  ton. 

Bru,  bira-mousou. 

Bruit,  woyo. 

Brûlant,  giviu,  goni;  dyani. 

Brûler,  dyani,  dyéni.  Faire  cbaiid,  a  ku  gwin.  Le  soleil  brûle, 
tili  ka  gwin.  Le  feu  brûle  la  case,  tasouma  bé  boun  dyani. 

Brûlure,  dyani-da. 

Brun,  basala. 

Bruyant,  ivoyolila. 

Bûche,  yiri-kourow,  nyonso;  falima. 

Bûcheron,  satyé,  saké. 

Bitte,  petite  hauteur,  linù .  lindi .  toundo. 


DICTIONNAIRE    DE   LA    LANGUE   MANDÉ,  339 


c 

Ça,  ici,  ijan,  dijan;  ijan-fé,  avec  inouvenienl.  Viens  çà,  na  ijan, 
na  dijan ,  ha  ijan-fé.    ||  —  et  la  ,  yani-ijano. 

Cabrer.  Se  — ,  /ya«.  Le  cheval  s'est  cabre',  sou  pana. 

Cacher,  tougou,  dougou,  dogo.  L'enfant  s'est  caché,  dm  tougouta. 
Le  soleil  s'est  caché,  tili  bé  toiigoula. 

Cachette,  tougou-douîa ,  tougou-ijoro. 

Cadavre,  sou.   |  —  d'homme,  molho-sou,  hé-^ou. 

Cadeau,  son,  sounija.  \\  Faire  un  —,  son  di.  j  Recevoir,  accepter 
Va  — ,  son  soro. 

Cadenas,  kokrani. 

Cage,  sou  (case).  ||  —  À  poule,  en  forme  d'ogive,  koulou-kou- 
loi.. 

Cahiir,  haïl,  kaïti  (Fr.  et  Wolof.). 

Cail-Cédra,  dijala,  dyalo  (K.);  bono. 

Caillk,  poro-poro. 

Cailler,  hownouna,  koumou.  Lait  caille',  nono  koumou.  Le  lait  s'est 
caille',  nono  koumotita  ou  koumouna. 

Caill3u,  kourou,  krou.  \\  Gros  — ,  kaba.  \\  Petits  — x  lerrugi- 
nejx,  béré,  hélé,  bré. 

Caïm.n,  bama,  banba,  banbo ; Jatama  (K.). 

Caisse,  kankéran;  wakhandé. 

Calcul  ,V/rt>«. 

Calculer,  dani  ké. 

Calebasse,  yè',  /f7«,  /e'/c',  fclou[K.)\  féloungo  (K.).  l|  Gra?<de  — , 
félé-ba.  ji  Petite  — ,  félé-din,  Jelou-dé  (K. );  bala.  j|  —  en  bois, 
irès  grande,  kouna,  kounaïuH;  félin  go  (K.).  ||  —  À  manche,  g-fl- 
lamo,  kalautan;  konsoro.  ||  —  À  long  col,  diba.  ji  —  toute  pe- 
tite ,  koutouroutou. 

Caleçon,  koursi,  koulousi. 

Calicot,  bagi-dijé,  bagi-khoï  (K.);  sanou-dijé  bagi;  tolou  dijé  (Fr.); 
ninkina  (Fr. ). 

Callosité,  baklia-non  (mar(|ue  de  travail). 

Calme,  subsl.,  mounija,  viouni/o  (K.).  [j  Adj.,  mounijaba,  niounijé- 
Ida,  nioundé.  \\  Etre  —,  moumja.  Il  est  cahue,  a  bé  mounya;  a 
nié  sari  (il  n'est  pas  en  colère).  ||  Avec  — ,  niounifa.  moimdi- 
moundi.  |j  — ,  dans  la  température, yÔM«/o  lé.fijen  lé  (il  ny  a 
pas  de  veut). 

Calmer.  Se  — ,  mounya.  \\  — ,  eu  parlant  du  \eul,  ban  (cesser). 

Calomnie,  calomnier,  dyalaki,  dyalaké. 

(  1  \  lotte  ,  bon  net  ^  fougoula. 

CuiARADE,  /('';•/.  léri-lyé.  léri ,  ké-khanou  [k.).  C'est  mou  caïua rade , 
«'  léri  don. 


uo 


-n.    RVAIBAUD. 


Caméléon,  uoiisi. 

Camp,  dakha ,  kélé  dakha. 

Campvgne,  rvoula,  woulo;  birsa,  hoursa. 

Campement,  digi-doulo;  dakha  (campement  de  longue  date). 

Camper,  digi. 

Canaille,  mokho  dijoiigou. 

Canard  sauvage,  bourou;  wandalo  (K.). 

Canari,  grand  vase  en  terre  pour  Teau,  dyi-dakha,  dakha,  da. 

Canne,  bcrè,  bété;  koloma  (K.). 

Canon,  goubé. 

C \ov7Cuovc,  folè-dyi;  saba-dyi, goï-diji.  ||  Arbre  À — ,/o/e.  |1  L/ane 

À  — ,  saba,  goï,  sabn-go'i. 
Capitaine,  poisson  de  Sénégal,  baboré. 

CxpiTXLE,  fama-dougon,  fa  ma- sou,  mansa-dougou ,  mansa-soii  (vil- 
lage de  roi). 
Capsule,  dégé. 
Captik,  dyon.  ||  —  de  guerre,  kélé-dyon.  \}  —  de  commerce,  san- 

dyon.  Il  —  DE  CASE,  woulosou,  vuolosou. 
Captivité,  dyonya.  \\  Emmener  en  —,  dyon  tanaé.  ||  Etre  emmené 

EN  — ,  dyon   takha,  takha  dyon  yé.  \\  Etre  en  — ,  dyon  hé,  bé 

dyon  yé. 
Car,  katoiigou,  katouga  Je  te  récompense,'  car  tu  travailles,  nibé 

saradi,  ma,  katoiigou  i  ka  bakha.  Je  Taime  car  lu  es  mon  frère, 

m'  V  ifé,  katougou  n'  doro  dé  yé. 
Caractère,  songora.  \\  Bon  — ,  songora  ka  di.  \\  Mauvais  — ,  son- 

gora  ka  dyougou. 
Carapace, /«rrt,  kouna-fara,  kounya. 
Caravane,  sété,  dyaraou. 
Carême,  soun,  soun-karoii. 
Carnassier,  soubnu-domo.  soubou-domolda. 
Carpe,  baloukala:  koluisa. 
Carquois,  tau,  toungo  (K.). 
Cartouche,  késé. 
Cascade,  souronndou ;  faraka. 
Case,  boun,  sou,  bougou.  \\  —  d'entrée,  botdou.  \\  Groupe  de — s, 

appartenant  à  un   chef,  lou.  Dans  la  case,  boungola.  Toutes 

les  cases,  boung-o-boung.  Va  dans  ma  case,  takha  na  boungola. 

Il  est  dans  sa  case,  a  bé  boiin .  a  bé  boun  kono.  i^'.  vais  dans  ma 

case,  m'  bé  takha  boun. 
Casser,  ti,  tinya;  kari;  fakha,  fa.  J'ai  cassé  mon  canari,  n  ka  na 

dakha  tini/a.  fakha.  Mon   canari  est  cassé,   na   dakha  tinyara, 

tita. 
(iASTRER,  kabali. 

Cauri,  kourou  (en  moyenne  2,000  cauns  valent  5  francs). 
Cause,  katovgala.  \\  Etre  —  que,  ko. 


DICTIONNAIRE   DE  LA    LA.NGLE   MANDÉ.  3^1 

Causer,  être  la  cause,  hé.  La  guerre  a  causé  la  mort  de  beaucou[> 
d'hommes,  kété  ka  ké  mokho  sjjmna  sara  (la  guerre  a  tait  beau- 
coup d'Iiommes  sont  morts).  |l  — ,  faire  la  conversation, 
kouma .  baron,  harouli  ké.  Nous  allons  causer,  an  ka  kouma. 

Cavalier,  so  u-tigi. 

Cavité,  dinka.  |i  - —  dans  l'N  arbre,  iimi. 

Ce,  cet,  cette,  ces,  mji.  Cet  enfant,  mji  din.  Cette  femme,  nyi 
niomou.  Ces  bœufs,  7iyi  nisilou.  |  —  que,  se  tourne  par  le 
nom  correspondant  ou  par /HO«m,  quoi.  Jai  entendu  ce  que  tu 
as  dit,  kouma,  moiin  kafo,  n'ka  mé  (j'ai  entendu. la  parole  que  tu 
as  dite).  Vois  ce  que  tu  as  fait,  a  fêlé  i  ka  moun  ké  (vois  tu  as 
fait  quoi).  ''  —  qui,  moun  (quoi).  Je  ne  sais  pas  ce  qui  arri- 
vera, ma  Ion  moun  hé  na. 

Ceci,  mji,  nyimfé. 

Céder,  boula.  \\  — ,  laisser  à  quelqu'un,  boulo  tou. 

Ceinture,  tijé-sirila;  tijé-sirilo  {K.};  dyoïdou .  dijala;  fala-fala;  ||  — 
de  PAJiXALO.N,  koursi-dyouloii,  koursi-dyala. 

Cela,  nyi,  nyimba.  Prends  cela,  nyi  ta.  Prends  ceci  et  laisse 
cela,  nyimfé  ta,  nyimba  tou  yé.  \\  —  nha.,  fan -fait.  C'est  cela 
même ,  fan-fan  don.  C'est  cela,  a  té  (cela  ainsi). 

Célibataire,  pas  marié,  kamarin.  \\  — ,  marié  sans  sa -femme, 
tyé  gana. 

Celui-ci,  mji;  au  plur. .  mjilou.  Quels  hommes  sont  venus? 
Ceux-ci.  Dyon  mokholoii  nara?  nyilou.  Quel  homme  a  crié? 
Celui-ci,  Dyon  ka  kasi?  nyi  don.  ||  —  la,  nyi.  \\  —  qui,  mé, 
min,  méuo;  au  plur.,  mé,  méou.  Celui  qu'ils  ont  attaché  s'est 
sauvé,  alou  ka  mé  siri,  a  borita.  Celui  qui  prie  ira  au  ciel,  mé 
ka  sali  ké  a  hé  dou  aldyana  ro.  Celui  qui  a  tué  l'éléphant  a 
vendu  fivoire,  mé  ka  sama fakba .  a  ka  nyi f ri. 

Cendre,  bougouri .  bougouti,  bougouni,  boiiri  j  —  blanche,  bou- 
gouri  dyé.  j  —  alcaline  de  certains  végétaux  [nélé,ma\s,  pour 
guère,  etc.),  ségué. 

Cent,  kémé.  kamé,  tyémé;  kémé  ni'tan  foida  (B.).  Deux  — s,  kémé 
foula,  kémé  foula  ni'  déhé  (6.).  jj  Huit. — s,  kémé  ségi,  ba- 
kémé  (B.)  (Les  Bambaras  comptent  loo  au  lieu  de  80). 

Centième,  kéména,  kaména,  kémé  ni  tan  foulana  (B.);  kéményandon. 

Centre,  tala,  tla.  tania.  témo.  \\  Au  — ,  talan  tyé,  tuman  tyéro, 
talan  tyéro,  témo  to  (K.). 

Cependant,  bari;  nkha.  Je  te  paye,  cependant  tu  n'as  pas  travaillé, 
n   ka  sara  di  '  ma ,  bari  i  ma  hakha  ké. 

Cercle,  kori.  koti;  goni;flo. 

Cercueil,  sou-douli. 

Certain,  assuré,  dyé.  dyéli,  nyé.  Cela  esl  certain,  /f?»  hé  dyr./èn 
hé  dyéli ,  nyé. 

Certainement.  i/6ô. 


3A2  J.-B.   RAMBAUD. 

Cervkau,  knuH-né. 

Cesse.  Sans  —,  touiti -o-touma ,  hung-o-lowig. 

Cesser,  bcm;  boula.  Cesse  de  faire  du  bi'uil,  woyo  boula  (laisse  le 
bruit).  Cesse  de  l"rapi)er,  gosi  boula. 

Chacal,  kankoulou;  nasi;  ivoulo-ivoidoto. 

Chacun,  tout  homme,  mokho  bé,  moklio-mokho.  Chacun  sait  (ju'il 
l'aut  prier,  mokho  bé  ka  Ion  nt/aiila  sali  ké.  \\  — ,  par  lèle,  la 
Y>ihcc ,  kilin-kili.  Ces  bœufs  valent  deux  captifs  chacun,  mjl  ni- 
silou  songo  kilm-kîli,  dyon  foula. 

Chaîne,  négé  -clyoulou  (lien  en  fer);  di/oloko. 

Chair,  soubou,  sougou,  sogo. 

Chaise,  sigila,  sigilo  (K.). 

Chaleur,  du  feu,  gonimja.  j]  —  du  soleil,  Jountani,  Jounlomii, 
jounti.  !!  Etre  en  — ,  woul'da. 

Chambre,  boun,  boa,  bongo.  ||  —  de  devant,  baj'é.  \\  —  de  der- 
rière,6om?i  dyou.  Il  Anti  — ,  gwa. 

Chameau,  nyogoma,  nyégémé,  nyokhonui,  uyamou. 

Champ,  fouroti,  foutou;  séné  (Ko.),  séné-yoro  (endroit  de  se- 
mailles). Il  Faire  u\  — ,  J'ourou  ké,  séné  ké. 

Champignon,  bountéré,  bountré. 

Chance.- Avoir  de  la  — ,  bé  diyalo,  bé  diyaro. 

Chancre,  poro. 

Changer, /«//,/fl/('', /(?/(''.  Changer  de  vêtements, /«nî/n/l.  Changer 
un  pagne  pour  un  aulve ,  J'ani  fali  ka  do  ta.  \\  Se  — ,fanijali. 

Chanson,  donkUi. 

Chanter,  v.  a.  donkili.  \\  — ,  v.  n.  donkiUfo. 

Chanteur,  donkdda.  donkdi-daran-ké  (Bel.),  dialy. 

Chanvre,  indigène,  ^/rf/b«,  fou,  ndadou. 

Chapeau,  dibiri,  dibri;  gaba,  gaban,  ngafa. 

Chapelet,  korosi,  korosou,  tasabia,  wanvaré. 

Chapelier,  dibiri-darala ,  gaban-dala. 

Cuxpoy ,  nounou,  sisé-kobo ,  kobo. 

Chaque,  se  traduit  en  re'pétant  le  nom  et  interposant  o  entre  les 
deux.  Chaque  homme,  moW-o-mokho.  Chaque  case,  boungo- 
boun.  Chaque  jour,  loungo-loun. 

Charron  de  bois  pour  forgerons,  fin-fin.  \\  — ,  pour  la  poudre, 
darsé.  ||  — ,  tison  enllammé,  braise,  ta-késé,  ta-kourou. 

Charge.  —  t.  Fardeau,  doni.  \\  —  d'àne,  fali  doni.  \\  9.  —  de 
poudre,  niaija  soni.  \\  3.  — ,  fonclion,  yoro.  La  charge  de  per- 
cepteur d'impôt,  salé  minala  yoro. 

Chargement,  doni. 

Charger.  —  i.  Mettre  une  charge,  nyou,  doni  sigi.  Charger  un 
àne,  fali-nyou.  Charger  sur  sa  lèie,  sigi  koun  kan.  \\  2.  —  un 
FUSIL,  maifa  soni.  Le  fusil  est  chargé,  marfa  bé  sonda.     ' 

Charitable,  sarakha-dda.  sara-dda. 


DICTIOMNAIRE   DE  LA    LANGUE   MANDÉ.  34i3 

Charité,  sarakha-dinija.  \\  Faire  la  — ,  sarakha  di. 

Charmant.  C'est  — ,  a  ka  niji  hou  sobé,  a  ka  niji  syania,  a  ka  mji 

hall. 
Charmer,  ka  di.  Ce  chant  me  charme,  niji  donkili  ka  di  n  yé  (ce 

chant  m'est  agréable). 
Charpentier,  yin  déséla. 
Cm KRPiE,  fani-kourou  mésèndi. 
Chasse,  donsomja.  [   Allkr  à  la  — ,  takha  ka  donsou,  takha  ka  sou- 

bou  faklia  (aller  tuer  des  animaux). 
Chasser  le  gibier,  donsou,  soubou  j'akha ;  gwé. 
Chasseur,  donsou,  doiinsou. 

Chat,  duangouma;  nijaro.  \\  —  tigre,  dyangouma-wara. 
Châtier,  doroya;  bèn;  gosi. 
Châtiment,  doroya;  gosi  (des  coups). 
Chatouiller,  tit/okholi,  nyokho-nyoklio. 
Châtrer,  kobo. 
Chaud.  C'est  — ,  gwin,  a  ka  goni;  gandi.  De  l'eau  cbaude,  dyi  ka 

gwin,  dyi  gandi.  \\  Avoir  — ,  gandi  bé.  J'ai  chaud,  gandi  béna. 

I]  Il  fait  — ,  a  ka  gwin. 
Chauffer,  gandi.  j|  Se  ^ — ,  dya.  Je  me  suis  cbaiiffé,  n  'dyara.  Je 

mecliaulFe  m'bédya.  Il  fait  bon  se  chauffer,  dyani  ka  gm  (l'ac- 
tion de  se  chauffer  est  bonne). 
Chaume,  Un;  tyi,  ti. 

Chausser.  Se  — ,  sabata  dou,  sabara  dou,  samara  dou. 
Chaussure,  sabata  (Ar.),  sabara,  samara.  |i  - — ,   bottes,   lyourou. 

Il  —  en  bois,  sokourouni,  sokourni. 
Chauve.  Il  est,  a  bé  koun  dyé  (il  est  tête  blanche);  si  nia  kouna 

(les  cheveux  ne  sont  pas  drus).  ]'  —  souris,  katourouni,  gan- 

touroiini;  korojîné;  lonso. 
Chavirer,  tounou.  La  pirogue  a  chaviré,  kouloun  tounouna.  La  pi- 
rogue chavirera,  koxdoim  bé  tounou.  La  pirogue  est  chavirée, 

kouloun  bé  tounouna. 
Chef,  koun-ligi.  ]■  —  de  famille,  lou-tigi.   \\    —  de  village,  dou- 

gou-tigi.  Il  —  de  guerre,  koun-tigi;  kélé-tigi;  boidou-tigi  (chef 

de  bande). 
CHEm\.  sila,  sira,  silo  [K.).  ||  — faisant,  h  En — .  |   Lelongdu — , 

silaro ,  silolo  (  K.  ).  Prendre  le  chemin  de  Kankau ,  Kankan  sila  dou. 

Le  chemin  de  Sanankoro,  Sanankorosila,  ou  mieux  Sanankorota 

sila.  Passe  ton  chemin!  lanhi!  Quel  est  le  chemin?  sila  dyoma? 

Laisse  le  cheuiin,  bo  silaro,  sila  boula. 
Ciikmisk.  Sorte  dk  — ,  (|ue  portent  les  indigènes,  doroké.  doloké, 

dourgi,  drogi. 
Chenille,  louniou.  toumbou.  touro.  tonbo. 
Cher.  -  i.  D'un  haut  prix.  !|  Ccai  chi'\\songo  ka  dyougou .  sdngo  ka 

boun.   Ce   n'osi    pas    cher,  snngo  ma  boun  :  smigo   sdurou:   songo 


Uà 


J.-B,    RAH1B\UD. 


nyouina.  \\  2.    Aimé,  di.    Mon   père  mest  cher,    m'  fa  ka    di 

n  \jé. 
Chercuer,   nijini.  Aller  chercher,  takha  nyini.   Envoie    chercher, 

ki  ka  nati.  Envoie  chercher  de  l'eau ,  wto/c/to  ki,  ka  dyi  nati  (qui 

porte  de  l'eau),  ka  dyi  ta  (qui  prenne  de  l'eau).  Envoie  cher- 
cher le  chef  du  village,  mokho  ki,  ka  dougou-iigi  kili  (qui  ap- 
pelle le  chef  du  village). 
Chère,  halou-fen,  doumou-Jen. 

CuÉTiF.  Il  est  — ,fanga  nta  koun  (sa  tête  n'a  pas  de  force). 
Cheval,   sou,   souo  (K.).  ||  —    blanc,  sou   béda.  ||  —  noir,  Jiti, 

alezan,  dyoubé-oidé.  ||  —  b.\i  clair,  dyoubé  moumou.  ||     brun; 

dyoubé.  \\  —  po3Imelé,  dafé  fin.  \\  —  gris  de  fer,  bon  g  ou  fin. 

il  —  KOUA\,   dyoubé.  \\  —    buvant    dans  son   blanc,   dafé  dyé. 

Il  —  bai  en  tête  et  balzanes,  tyadou.  \\  — Isabelle,  golèmbou. 

Il  —  À  deux  balzanes,  sou  dyé  foula.  ||  -^rose,  sou  goulouwoidé. 

Il  Monter  a  — ,  sou  ko  yélé.  ||  Aller  à  — ,  sou  ko  lakha.  \\  Etre 

À  — ,  sou  bé  yéléla.  \\  —  rétif,  sou  kourou. 
Chevelu,  siba,  sikasya. 
Chevelure,  si. 

Cheveu,  si.  \\  —  blanc,  si  dyé. 
Chèvre,  ba,  ba-mousou. 
Chevreau,  ba-din,  ba-dé. 
Chez,  bara;  lou;  yoro.  Va  chez  ton   père,  takha  i fa  bara.    Chez 

Ngolo,  Ngolo  bara,  Ngoïo  lou  (dans  les  cases  de  Agolo). 
Chien,  woulou.  \\  —  de  fusil,  kéréboudona,  kéix'dola;  maifa  woulou. 
Chier,  bail  ké. 
Chiffon, /ani  koro  (vieux  linge), //m  koro,fini  kolo ,  fanou  kkoio 

{K.);fani  kourou  (morceau  de  linge). 
Chiquer,  sira  douniou,  sira  donna. 
Choc  ,  gosi. 
Choisir,  .  .  .rotomo  (ramasser  dans);  sougandi.  Choisis!  ni  saga  ta 

(prends  si  tu  veux).  Choisis  un  fusil,  marfaro  tomo  (ramasse 

dans  les  fusils). 
Chose, fin,  fèngo  (K);  kou.  ||  Quelque  — ,  f en-si,  fengo.  |1  Toutes 

LES  — s,  feng'ofèn. 
Chute,   bita,   bira.  \\  Faire   une   — ,    bi.  \\  —  d'eau,    snuroundou; 

faraka. 
CicATRiCK,   non;  da-non;  dyoli-non.  ij  — -,  d'un  coup  de  couteau, 

sokholi-non ,  souali-non. 
Cicatriser.  Se  — ,  ka  kèndé;  ka  kéné. 
Ciel,  san,  san-kala;  vgala;  ngalo-koro.  Le  ciel  est  sans  nuage, 

san  dyéna.  Ciel  d'orage,  kola  fin.  Ciel  moutonné,  ton. 
Cigale,  kéré;  kéré-kéré. 
Cil,  nya  si,  nya  dougounia  si. 
Cime,   koun  (lêle);   kourou-koun,    iinli-koun,    toundo-koungo   (K.). 


DICTIONNAIRE   DE  LA    LANGUE   MANDÉ.  345 

Cimetière,  sou-don -ijnro  ((Midroit  ou  on  enterre  les  cadavres). 

Cinq,  loulou,  louvou,  doulou,  dourou. 

Cinquante,  ian  loulou;  débé,  débanta. 

Cinquantième,  tan  loulouna,  débéiia,  débantana. 

Cinquième,  loulouna,  lourouna,  doulouna,  douronna. 

Circoncire,  foro  tégé. 

Circoncis  II  est  — ,  a  bé  foro  tcgéla,  a  boloko-la ,  a  nijara-la. 

Cire,  kanija,    ii-kanija;  malé;  fan/a.  \\  —    en    rayons,    U-uijaha , 

dî-nijnka ,  linijakho  (K.). 
Ciseaux,  kémésou. 
Ciseler,  nijégé,  tégé. 

Citerne,  kolon.  |!  — ,  ])0ur  l'indigo,  gara  dahlia. 
Citron,  lémourou. 
Citronnier,  lémourou-ijiri. 
Citrouille,  dijé. 
Civière,  kara-kara,   kharan-kliaran  (K.);  gangéré;  sansara;  na- 

khara. 
Clair.  -  i.  Dtjé,  gé,  givé  (Ko.).  De  ieau  claire,  dt/i  dijé,  di/i  gé. 

Il  fait  clair,  a  bé  dijé.  Il  ne  fait  pas  encore  clair,  a  man  di/é Jhlo. 
"  —  DE  LUNE,  kalou  di/é,  karou  dijé.  \\  a.  C'est  —,  peu  épais, 

a  man  kouna.  ||  3.  C'est  — ,  facile  à  comprendre,  dijé,  a  man 

goulé. 
Clameur,  woj/o-ba. 

Clandestin.  C'est  — ,  a  bé  dougoula. 
Clarté,  dijé,  karou-dijé  (clair  comme  la  lune). 
Clavicule,  kama-kourou,  kama-kouhu ,  khamba-kourou  (K.)  (os  de 

l'épaule). 
Clef,  koundi;  kounégé. 
Clochette,   quadrangulaire,  employée  dans  les  tamtams,  lanan, 

tlan;  sébanou;  jj>gi-}jigi,  woijo-woijo. 
Clou,  négékourou,  négé-koulou  (os  de  fer),  pèmpé. 
Clov ER,  pèmpé. 
Cocotier  ,  nasarali. 
Coeur,  son,  so.  Il  a  bon  cœur,  a  son  ka  nyi.  C'est  un  mauvais 

cœur,  a  son  ka  dyougou.  De   bon  cœur,  sagolé.  Je  le  fais  de 

bon  cœur,  n'sagoléro.  Je  le  fais  à  contre-cœur,  n  ka  di/ougou 

nyé  (cela  m'est  pénible). 
Coffre,  kankéran;  wakhandé. 
Coffret,  bala,  bara. 
Cognée,  ijéné,  dijéné;  ymdé,  dijèndé. 
Coiffer,  koun  dara,  koun  data,  koun  du. 
Coiffeuse,  koun  darala,  koun  dnla;  kouméré  (Bel.). 
Coin,  noun-khan  (comme  le  nez)  (K.);  koun,  kouiio;  dogo-dogo, 

doukhou-doukhou . 


3A6  J.-B.    R.UIBAUD. 

Col.-  1.  Cou,  kan,  kango  (K.).  |1  a.  —  de  montagne,  dankari 
^  (passage).  ^^ 

Colère.  -  i.  Subsl.,  séli,  sarili.  ||  Etre  e\  — ,  séli ,  sari.  [\  Se 
METTRE  EN  — ,  séU ,  suri.  '|  9.  Adj.,  saiiUla ,  séliba. 

Colique,  kotio  dimi  (mal  au  ventre);  klwno  dimi  (K.). 

Colleter.  Se  — ,  kélé;  boula  nyokhonia. 

Collier,  kan  dyoulou  (lien  de  cou);  kan  kono,  kan  kono  dyoulou, 
kan  bin,  kan  kori. 

Colline,  thiti,  tindi,  toundi,  toundo. 

Colonne,  expédition,  kélé,  kélé-ba. 

Colporteur,  dyali,  dyoula. 

Combat,  kélé  bita;  kélé  bira;  nyokhon-boun. 

CosiBATTRE,  kéU  ké ,  nyokhon-boun  ké. 

Combien,  dyéli,  akhé.  Combien  d'hommes,  mokho  dyéli.  Combien 
de  bœufs,  nisi  dyéli,  ou  nisi  akhé.  ||  — ,  en  parlant  de  prix,  se 
tourne  par  le  mot  :  prix,  songo.  Combien  le  poulet?  i  sise 
songo  (le  prix  de  ton  poulet)?  Combien  vends-tu  le  bois? 
lokho  songo  (le  prix  du  bois?). 

Comble.  C'est  — ,  a  fara  (c'est  plein).  j|  De  fond  en  — .  kono  bé 
(tout  l'intérieur). 

Combler  un  trou,  dyoso. 

Comestible.  C'est  — ,  a  bé  douma.  Ce  n'est  pas  comestible,  a 
douman  té. 

Commander,  lyi,  to;  oka;  sogi. 

Comme.  -  i.  Iko.  Cet  homme  est  fort  comme  un  bœuf,  7iyi 
mokho  fanga  ka  boun  iko  nisi,  ou  iko  nisi  yé  (la  force  de  cet 
homme  est  grande  comme  est  un  bœuf).  |1  — ,  peut  se  tour- 
ner par  :  être  égal,  kan,  ou  être  le  même,  bé  kili.  Tu  es 
comme  ton  frère,  ité  ni  doro-ké  ka  kan  (toi  el  ton  frère  c'est 
égal),  ou  ité  ni  doro-ké  lé  kili  (toi  et  ton  frère  c'est  le  même). 
Cet  homme  est  fort  comme  un  bœuf,  nyi-mokho  fanga  ni  nisi 
ka  kan.  \\  — ,  cela,  nyi  nyokhon.  j|  2.  Pendant  que,  se  tourna 
par  :  dans  le  temps,  tourna.  Comme  j'arrivais,  il  partait,  nsi 
tourna  a  tara  (au  temps  de  mon  arrivée  il  est  parti).  ||  —  si, 
iko.  Vous  courez  comme  si  vous  aviez  vu  le  lion,  alou  bé  bori 
iko  alou  ka  wara  nyé. 

Commencer,  /o/o;  da-mouta,  da-mina;  dyou-ia;  dyou-tégé.  Le  vent 
commence  à  souïûev,  fonyo  Jolo  nara.  A-t-il  commencé  à  parler? 
a  ka  koumajolofo? 

Comment,  tyoukou  dyouia ,  tyoko  dyoma  (de  quelle  manière).  ||  — , 
se  tourne  par  :  quoi,  diou.  nioun.  Comment  t'appelles-lu?  i  tokho 
di  (ton  nom  est  quoi)?  Comment  vas-tu?  i  bé  dé?  Comment 
as-tu  fait  cela?  /  ka  nyi  ké  tyoukou  dyoma? 

Commerçant,  dyagn-kéla :  samba;  firi-kéla. 


DICTIONNAinE   DE  LA   LANGUE  MANDÉ.  3A7 

CoMMKRCE,  di/ago;  sani  Jh'i  (achetoi"  et  vendre),  ij  Faire  le  — , 
dyago-ké,  scuii  firi 

Commettre  une  faute,  khahè  hé,  jlUa  hé.  j  —  quelqu'un,  hi  (en- 
voyer). 

Commission,  hila.  \\  Faire  une  — ,  hila  hé.  ||  Donner  une — ,  hi. 

Commode,  agréable,  di.  \\  C'est  — ,  facile,  a  man  goulé,  a  haniji. 

Compact,  houiui.  La  brousse  est  compacte,  ton  ha  hoima. 

Compagnie.  En  —  de,  ani,  ni.  Je  pars  en  compagnie  de  mon 
frère,  ani  doro-hé  ni  bétahha.  ||  Tenir  — .  tahJia  nofî;  boida  nofi. 

Comparer,  hanya. 

Complet.  C'est  — ,  a  fara  (c'est  plein);  a  hé  mo«;»e  (c'est  tout  en- 
tier); hé  {iowi) \  fengo-fen  té  dahahé  (il  ne  manque  rien). 

Comprendre,  mé.  Comprends-tu  ?/ ^a  mé?  I  ya  mé?  J'ai  compris, 
je  comprends,  71  ha  mé,  n  ya  mé. 

Compresse,  fani-hourou-sirila. 

Comprimer,  digi. 

Compte,  dani.  \\  Rendre  — ,/o  (dire).  \\  Faire  un  — ,  dan. 

Compter.  1.  v.  a.,  dan.  ]  9.  — ,  v.  n.,  daniké.  \\  3.  —  sur  quel- 
qu'un, la. 

Concevoir,  woulou,  wolou. 

Concorde,  diya. 

Condamner,  se  rend  par  :  dire/o  (K.).  Condamner  un  homme  à 
l'amende,  salé Jo  mohho  yé. 

Condition.  1.  A  —  que,  se  tourne  par  :  si,  ni.  Je  te  donnerai  un 
cadeau,  à  condition  que  tu  partiras,  ni  hé  son  di'  ma  n  i  hé 
tahha.  Ij  9.  — ,  état,  yoro. 

Conduire,  nya  houla.  \\  — ,  guider,  siln  nya  boula,  li  —  À,  tahha 
.  .  .  fé.  Cette  route  conduit  à  Kanken,  nyi  sila  hé  hahha  Kuu- 
hanjé. 

Confectionner,  dara,  dala,  da. 

Confiance,  lali,  dali.  \  Avoir  — ,  /a,  da,  dali,  hé.  J'ai  confiance 
en  mon  frère,  ni  bé  dalin  doro-hé  yé,  ni  bé  la  n  doro-hé  yé.  \\ 
Homme  de  — ,  lana  mohho. 

Confier,  la,  da;  saouli;  halifa. 

Confondre.  1.  Mêler,  birisa.  I|    2.  — ,  se  tromper, ^/t. 

Confus,  maloida,  malouta. 

Confusion  ,  malou. 

Conjuration,  dyanfa. 

Conjuré,  dyanja-tigi. 

Connaître,  Ion,  don.  Je  le  connais,  n'  h'  a  Ion.  [j  S'y  — ,  hahili  bé, 
fnhili  bé;  si  (savoir  faire). 

Conquérir,  moula.  Conquérir  un  pays,  dyamani  monta. 

Conseil,  dégéli;  dyé.  \\  Donner  des  — s,  dégé. 

Conseiller,  v..  dégé;  gara. 

Conserver,  hanta:  hisi. 


3A8  .  J.-B.    lUWBAUD. 

CoNSiDKRABLK,  houn ,  boiiii-ba;  sijama,  a  ku  sija.  [j  Un  homme  — -,  mo- 
kho  a  ka  goule.  l]n  chef  pou  considérable,  koun-tigi  a  inan 
goulé. 

Considérer,  examiner,  fêlé  kon-sohé  (bien  regarder);  .  .  .t^o  yé 
(voir  dedans). 

Consolation,  dijala;  manili. 

Consoler,  dyala-ké;  mani. 

Conspirateur,  dyanfa-tigi. 

Conspiration,  ilyanfa. 

Conspirer,  dyanfa. 

Constat  ER,/e7e. 

(jONstipé.  Il  est  — ,  a  kono  diyara  (son  ventre  est  sec). 

Construire,  ké;  dara,  dala,  da.  |]  —  une  case,  boun  ké,  boun  da- 
ra.  Il  - —  une  pirogue,  kouloun  dara,  kouloun  si  (creuser  une  pi- 
rogue). 

Consulter,  dégé  nyininka. 

Consumer,  dyani.  \\  — ,  détruire,  /?',  iiiiya. 

Conte,  tali,  talé. 

Content.  Il  est  — ,  a  diyara;  a  bé  nyakhali. 

Contenter,  r%rt.  ||  Se  —  de,  se  tourne  par  :  seulement,  doron, 
ou  :  être  assez,  a  sira.  Il  se  contente  de  patates,  a  bé  ivonsoii 
doron  doiimou  (il  mange  seulement  des  patates).  11  s'est  con- 
tenté d'une  barre  de  sel,  kokho  fardé  kili  sim'  yé  (une  barre  de 
sel  a  été  assez  pour  lui). 

Conter,  tali  fo  (dire  un  conte).  !|  En  — ,  fanya  fo  (mentir),  ka- 
lon  fo. 

Conteur,  tali-dala,  lali-kownala. 

Continuel.  C'est  — ,  a  té  ban  (cela  ne  cesse  pas),  a  ma  ban  (cela 
n'a  pas  cessé). 

Continuellement,  touni -o-toumn  (toujours);  loungo-loun  (tous  les 
jours). 

Contraire,  i.  Pas  la  même  chose,  a  té  kili,  a  tékan.  \\  Au  — ,  wo- 
kouma,  wodou;  oyéré  ko.  Cet  homme  travaille;  toi,  au  con- 
traire tu  dors,  nyi  mokho  bé  bakha,  oyéré  ko  i  bé  sinokho.  j]  2. 
C'est  — ,  nuisible,  a  ka  dyougoii. 

Contre,  nyokho,  nyoklion.  11  se  bat  contre  son  frère,  a  bé  kélé  0 
doro-ké  nyoklion  ké. 

Contrefaire,  imiter  en  se  moquant,  doiigouya. 

Contribution,  impôt,  sara,  salé,  sakliali,  sagalé. 

Contusion,  gosi-dyogi,  gosi-non. 

Convenable,  nyima,  nyouma. 

Convenablement,  koii-nyouma. 

Convenir.  1.  être  convenable,  bé  la,  bé  té,  ma,  bé  na.  \\  2.  — , 
être  au  goût  de,  ka  di.  Cette  élolVe  me  convient,  nyifani  ka  di 
n  yé.  Il  3.  — ,  être  d'accord,  bé  nti. 


DICTIONNAIRE   DE  LA   LANGUE  MANDE.  3^9 

Conversation,  barouli.  \\  Faire  la  — ,  barou,  barouli  hé. 

Convertir.  Se  — ,  silnjali  (changer  la  religion). 

Convoiter,  ba Je;  sagn  (vouloir). 

Convoquer,  kaj'ou,  kili  (appeler  ensemble). 

Copeau,  yiri-kcsc;  yiri-féléma. 

Copieux,  a  ko  sya,  syama. 

Coq,  dountoun,  dounou,  dono. 

Coque  de  fruit, /«rn. 

Coquille,  koulou,  kolo;  kanko.  \\  —  d'œufs,  de  fruit ,/rtrrt. 

Corail,  diginé,  koboro. 

Coran,  aJkomtiou  (Ar.). 

Corbeille  en  joncs,  sagi,  ségé;  korsagi ,  féU-félé ,  fédé  (S). 

Corde,  dyoulou,  dyourou;  fou.  ||  — d'instruments  de  musique,  bi- 

nyou. 
Cordeau,  cordelle,  cordelette,  dyoulou-din,  dyoulou  dé  ;  fou-dé . 
Cordial,  khanouba;  di. 

CoRDiER,  dyoulou-fougala,  dyoulou-fougana ,  fou  farala. 
Cordon,  dyoulou,  dyala.  \\  —  de  pantalon,  A;oMrsi</yow/o«(.  ||  - —  de 

sabre,  masédou;  fan  dyoulou. 
Cordonnier,  garanké. 
Corne  d'animal,  blnyé,  biéné,  binyo;  gin.  \\  —  à  poudre,  gariia. 

Il  — ,  instrument  de  musique,  boudofo. 
Cornu,  binyé-tigi. 
Corps, /an'.  1|  —,  cadavre,  sou. 
Corriger  un  enfant,  htmo;  gosi  (frapper j. 
Corvée,  baklia. 

Cosse, /am  (écorce) :  goulou  (peau). 
CosuniE,  fini,  fini,  fnnou  (les  pagnes). 
Côte.  i.  Os,  galaka,  gasaba;  disi-kourou  (os  de  la  poitrine).  Il 

—  A  CÔTE,  bara.  \\  9.  — ,  coteau,  ïmfî,  tindi,  toundi,  toundo. 
Côté,  a  — ,  bara,   kéré,  dala;  koro.  A  côté  de  moi,  ni    bara.  \\ 

—  de  toi,  i  bara.  ||  —  de  lui,  o  bara.  Le  chemin  passe  à  côte 
du  fromager,  sila  bé  tambi  banan  dafé.  |i  Du  —  de,  fé,  fan-fé. 
Du  côté  de  l'orient,  koron-fé.  Du  côté  du  couchant,  tili-bi-fé.  il 
De  l'autre  —  DE,  ko,  kho,  ko  fé,  klwfé.  De  l'autre  côté  du 
fleuve,  ba  ko,  ba  kofé. 

Coteau,  iinti,  tindi,  toundi,  toundo. 

Coton,  kotoundi;  kotoundo  (K.),  koronti,  korandi,  kori. 

Cotonnier,  koloundi-yiri ,  kori-dyiri,  koloundi-kéla ,  kori-kéla. 

Cou,  kan,  kango  (K.). 

Couchant,  tili-bi  (chute  du  soleil). 

Couche,  lit,  lalan,   dalan.  lalango  (K.).  !|  Faire  ses  — s,  tvoulou, 

wolo. 
Coucher,   i.  et  Se  — ,  la,  da.    Il  est  couché,  a  laln .  a  bo  In.  \\ 

MÉM.   LliNG.    —     IX.  a3 


350 


J.-B.    RAMBAUD. 


— ,  siihst.  Coucher  du  soleil,  tiU-bita ,  tili-biro.  il  3.  Se  — ,  en 

parlant  du  soleil,  hi  (tomber). 
Coude,  non-kon-kouroii ,  non-kon-koulou ,  noun-koun-kourou ,  non-kon- 

kou;  kombéli. 
Coudée,  non-konya;  songogna.  Long  de  cinq  coudées,  a  ka  non- 

konya  loulou  fhjnn.   Cinq  coude'es  de   guinée,   hagi  non~komja 

loulou. 
Coudre,  kara,  kala,  kali-ké,  kalali-ké.  Il  coud  son  pagne,  a  héfani 

kara.  Que  fais-tu?  Je  couds,  i  hê  moun  ké?  M'bé  karali  ké. 
CouFFi\,yb(//bM. 
CouLAM,  ivoyo. 
Couler,  bouroii,  ivoyo.  L'eau  coule  dans  le  ruisseau,  dyi  bc  woyo 

koro.  Le  sang  a  coulé,  dyoli  bourouta.  ||  —  dans,  se  jeter,  en 

parlant  d'une  rivière, ^om/w.  Le  Milo  coule  dans  le  Niger,  Milo 

bé  boula  Dyalibaro, 
CovLEvn ,  f ara  ;  Jenkala.  Couleur   rouge,  fènkala  woulé.  Couleur 

d'indigo,  gara,  gala. 
Couleuvre,  sa  (serpent). 
Coup,  gosi;  bongo;  bousa.  \\  —  de  fusil,  ynar/a  gosi.  Fusil  à  deux 

— s,  da-Joula.  \\  Sur  le  — ,  sa-sa,  si-sa.  |l  Tout  d'un  — ,  sinya 

kili.  Il  A  TOUT  — ,  siny-o-simja.  ||  Tirer  ux  —  de  fusil,  imirfa 

gosi.  Il  Donner  u\  — ,  gosi,  bougo.  \\  Recevoir  un  — ,  gosi  soro. 
Il  Donner  un  —  de  main,  dénié  (aider). 
Couper,  tégé.  Il  a  coupé   un  arbre,  a  ki  yiri  kili  tégé.  Il   s'est 

coupé  avec  son  couteau,  a  tégcra  tnourouma. 
Couple.  Un  —  de, foula  (deux). 
Cour  de  cases,  lou-kono  (intérieur  d'un  groupe  de  cases).  Il  — 

d'un  village,  konola,  kénéma. 
Courage  ,  fariya ,  fatiya ,  fatiiiya. 
Courageux  , /an, /«h. 
Courant,  adj.,  ivoyo.  De  l'eau  courante,  dyi  woyo.  ||  En  — ,  borito. 

Il  vient, en  courant,  a  bé  na  borito. 
Courbe.  C'est — ,  a  man  tili,  a  man  iilin,  a  man  télé. 
Courber.  Se  — ,  digi.  Il  a  courbé  la  branche,  a  ka  yiri-boidou 

digi.  Il  s'est  courbé,  a  digira. 
Courge,  dyé.  \\  —  ronde,  soro. 
Courir,  bori,  boli,  bore.  Cours!  /  bori ! 
Courroie,  gouloii-dyoulou  (lien  en  cuir). 
Court,  sourou,  soulou,  soro  (petit).  Il  C'est  — ,  a  ma  dyan  (ce  n'est 

pas  long).  Ce  chemin  est  plus  court  que  l'autre,  nyi  sila  ka 

tarya  do  yé. 
Couscous,  basi;  fidi,  Jiri,  fouto  (K.).  |i  — ,  farine,  bouillie,  tau, 

to.  !1  Sauce  du  — ,  nadyi.  \\  Piler  le  — ,  sousou.  \\  Mortier   à 

— ,  kouloun.  I|  Pilon  a  — ,  kouloun-kala. 


DICTIONNAIRE   DE  LA   LANGUE   MANDE.  351 

Cousin,  i.  Parent,  bènké-din ,  hhiké-dé.  il  — -k,  hènké-inoitsou.  \\  - — , 

moustique,  souson. 
Coussin,  bito;  dofolo ; Jen-sigi. 
CoÙt,  songo ,  sara. 
Couteau,  mourou. 
Coûter,  dyaré.  Combien  coûte  ce  bœuf?  7uji  nisi  dyaréta  moun?  \\ 

— ,  se  tourne  par  :  le  prix,  songo.  Combien  coûte  ce  bœuf? 

nyi  nisi  songo?  (Le  prix  de  ce  bœuf?)  Ce  bœuf  coûte  trois 

pièces  de  guinée,  mji  nisi  dyaréta  pis  saba,  ou  bien  îiyi  nisi 

songo  pis  saba. 
Coûteux.  C'est  — ,  o  songo  ha  dyougou,  ha  boun. 
Coutume,  i.  Habitude,  dali,  délo  (K.),  délila,  déri;  houhé;  namou. 

il  Avoir  — ,  dali.  ||  — ,  impôt,  sora,  salé,  sahhali ,  sagaie ,  dya- 

hha. 
Couture,  harali,  halali. 
Couvée,  sise  botitounou. 
Couver,  biri  hili  kan  (couvrir  sur  les  œufs). 
Couverture,  biti-Jani,  biti-kan;  bonri-fani,   bouri-kan;   bagé,  ba- 

gyo  (K.).  Il  —  de  Ségou,  danpé,  danpa;  sirijéba.  \\  —  du  Ma- 

cina,  kasi,  kasa. 
Couvrir.  Se  — ,  biri,  biti,  bouri,  bouti.  Il  — ,  cacher,  tougou,  togo, 

dougou.  I!  Se  — ,Jani  dou  (mettre  des  pagnes). 
Crabe  de  terre,  bama  kéré-kéré. 
Crachat,  da-dyi  (eau  de  la  bourbe). 
Cracher,  v.  a.,  da-dyi  bo  (rejeter  de  Teau  de  la  bouche).  |i  — ,  v. 

a.,  bo,  bo  dala  (chasser  (ledans  la  bouche). 
Craindre,  sila  bé.  Ne  crains  rien,  i  kana Jengo-fèn  sila. 
Crainte,  sila,  sira,  siranba. 
Craintif,  silaba,  silana,  dyito. 
CrÀne.  1.  Os  de  la  ièle ,  koun-kourou ,  kou-koulou.  \\  9.  — ,  hardi, 

fari ,  fati. 
Crapaud,  tori,  loti,  Mo. 
Crasse,  nokho,  noua. 
Crasseux,  nokhola,  nokhoba ,  nouaya.  C'est  crasseux,  a  bé  nokhobé, 

a  bé  nokhola. 
Créancier,  se  tourne  par  le  mot  :  avoir  une  dette,  dyoulou  bé.  Cet 

homme  est  mon  créancier,  wj/i  lyé  dyoulou  béna(je  suis  endetté 

envers  cet  homme). 
Créateur,  darala,  dala. 
Crédit.  Prendre  à  — ,  dontoli. 
Créer,  dara,  dala,  da. 
Crénea u  ,  folon ,  folongo. 
Crépir,  no-koli. 
Crépuscule,  tili-bita ;  fitiri . 

îj3. 


352  J,-B.    RAMBAUD. 

Crète,  i .  D'une  montagne,  tinti-koun,  kourou-koun.  \\  2.  —  du  coq, 
fima. 

Creuser,  si.  Creuser  un  trou,  dinka  si.  Creuser  un  puits,  ko- 
lon  ^i. 

Creux.  1.  Subst.,  trou,  dinka,  dényé.  \\  —  de  la  main,  boulou- 
kono.  Il  9.  C'est  — -,  ndj.,  a  ka  doun. 

Cri,  kasi,  ivoyo.  Le  cri  d'un  animai,  kasi.  \\  Pousser  des  — s, 
kasi. 

Criard,  woyoba. 

Crier,  faire  du  bruit,  ivoyo.  \\  — ,  pousser  des  cris,  kasi. 

Crime,  faMa  li ,  Joli. 

Criminel  ,fakhala ,  faliba ,  falikéla. 

Crin,  si. 

Crinière,  fcan-sî  {crins  du  cou). 

Croassement,  tori  kasi. 

Croasser,  kasi. 

Croc.  1.  Crochet,  donli,  dondi ,  donti ,  dogini.  ||  2.  — ,  dent  d'ani- 
maux, 7iyi. 

Crochet,  donli,  dondi,  donti,  dogini. 

Crochu,  donlila,  doiidila,  dontila. 

Crocodile,  bama,batiba,  banbo  {K.);fa1ama  (K.). 

Croire,  da,  hakili  bé,fakili  bé.  Je  crois  qu'il  est  malade,  hakili  bé 
na  a  ma  kendé. 

Croître.  1.  Devenir  plus  grand,  bounyn.  \\  2.  — ,  pousser,  bo. 

Croquemitaine,  sou-bakha  (qui  travaille  la  nuit). 

Crosse  de  fusil,  marfa-dyou. 

Crotte.  1.  Boue,  boklio;  tiokho,  noua,  \\  2.  — ,  fiente,  bou. 

Crotter.  Se  — ,  nokho,  noua. 

Crottin,  sou-bou. 

Croupe  d'animal,  ko-koro,  ko-koun.  \\  —  de  montagne ^  tinti  di- 
ginda.  ||  Etre  en  — .  ||  Monter  en  — ,  bé  iyé  kofé  soula  (être 
sur  le  cheval  derrière  un  homme).  Monte  en  croupe  derrière 
moi ,  na  na  kofé  soula. 

Croupière,  ko-koro  dyouloii  (courroie  de  la  croupe). 

CROÙTE,/rtrrt. 

Croyance,  dali. 

Croyant,  dana. 

Cru.  C'est  — ,  a  ma  mo,  a  ma  nyo,  a  bé  kéné. 

Cruche,  daklia,  da;  dyi-da. 

Crue  d'une  rivière,  dyi-ba;  ba  fara  (la  rivière  a  été  remplie). 

Cruel, /en';  yaousé. 

Cueillir,  tégé. 

Cuiller  en  bois  pour  agiter  le  couscous,  sonkala;  dyosa;  girbé. 

Cuir,  goulou,  gourou,  golo. 


DICTIONNAIRE   DE   LA    LANGUE   MANDÉ.  353 

Cuire,  faire  cuire,  tabi,  tohi,  loubi.  il  —,  causer  de  la  douleur, 

dijani,  dimi. 
Cuisine.  Faire  la  — ,  tabili-lé,  toubili-ké.  .  ||  — ,  chambre  où  ron 

fait  la  cuisine ,  tabili-sou ,  tabili-hougou ;  gwa-hougou. 
CvisiyiE^,  tabili-kéla,  toubili-kéla. 

Cuisse,  wotou,  worou,  wotitou,  ivourou,  ivoudo;  toko,  tokho. 
Cuit.  C'est  — ,  a  mora,  amona;  fine. 
Cuivre,  soula,  saura,  sira;  damjo.  H  —  rouge,  soula-wouU.   ||  — 

jaune,  soida-dtjé,  soula-gé. 
Cul,  dyou. 

Culbute,  bito,  bira.  \\  Faire  la  — ,  bi. 
Culotte,  koursi,  kourousi,  kolosi,  kourti,  kourto  (K.). 
Cultivateur,  tyikéla;  sènèkéla,  sénéla. 

Cultiver,  v.  a.,  tiji;  séné  (semer),  il  — ,  v.  n.,  tyiké,  sénéké. 
CvLTVKY. ,  fourou ,  foutou ;  séné,  séné-ijoro. 
Curer,  dosi,  ...  ro  bo  (sortir  de  dedans). 
CuRE-DENTS,  nijiro  bo  (sorlir  de  dedans  les  dents). 
Cuvette, /rtA/jfl.  '!  Grande  —  en  bois,  koima. 


D 

Danger,  sda,  sira. 

Dangereux,  silaba,  siraba. 

Dans,  ro,  to,  la,  ma  (suffixe).  Dans  le  village,  doiigoiiro.  Dans  le 

chemin,  sdaro,  siloto  (K.).  Dans  la  case,  boungola.  \\  — ,  à  Tin- 

térieur  de,  kono,  khono  (K.).  Y-a-t-il  de  Teau  dans  le  canari? 

Dyi  bé  dakha  kono?  \\  — ,  espace  de  temps,  ne  se  traduit  pas. 

Je  reviendrai  dans  un  an,  san  kili  nibé  sagi. 
Danse,  don.  \\  —  des  Kassouké,  sinyah  (K.).  Il  Danser,  donké. 
Danseur,  danseuse,  don-kéla.  ||  —  des  Bambara,  ivara.  !|  —  des 

Malliuké,  kono;  koro  dyouga. 
Dard,  binyé,  byéné. 

Date,  lili  (jour).  ||  A  la  —  de,  tdi  (au  jour  de);  ni  (quand). 
Datte,  irtmaroM. 
Dattier,  lamarou-yiri. 
Davantage,  avec  un  nom,  do  (d'autres).  Donnes-en  davantage,  i 

ka  do  di^ma.  ||  — ,  avec  un  adjectif,  /<srt  (meilleur).  L'àne  est 

fort,  mais  le  bœuf  l'est  davantage, /«/</««§•«  ka  boun,  nklia  nisi 
fanga  kafisa. 
De,  signe  de  possession,  no  se  rend  pas.  Le  couteau  de  mon 

frère,  na  doro-ké  mourou.  \\  — ,  partitif,  ne   se   traduit    pas. 

Donne-moi  de  la  viande,  soubou  di  'ma.  \\  —  ...  l\,J'on,   .  .  . 

nni  .  .  .  tyé.   De  Saint-Louis  à  Sigiri,. /o/i  Ndara  ka  lakha  Si- 

giri,  ou  Ndarn  ni  Sigiri  tyé.  ||  — ,  marquant  la  dépendance. 


35/i  i.-B.  HAMBAUD. 

.  .  .  ta  (possession).  La  bande  de  Ngolo,  Ngolota  bouloti.  Le 
chemin  de  Sanakoro,  Sanankorota  sila.  \\  — ,  devant  un  infi- 
nitif, signifiant  :  que,  ne  se  rend  pas.  Dites-lui  de  venir,  afo 
ayéakana.  \\  — ,  marquant  l'extraction,  se  tourne  par  :  dans, 
ro.  Les  gens  du  village,  doiigouro  mokholou. 

Débarquer,  î/p'/e,  p/p  (monter). 
.Débile.  Il  est  — ■.ff^igc  ^^ta  houn  (sa  tête  n'a  pas  de  force). 

Débiteur,  dyoulou-bé.  Je  suis  son  débiteur,  dijoulou  hé  na  \jé. 

Déborder,  en  parlant  d'une  rivière,  afara  (elle  est  pleine). 

Déboucher  un  conduit,  ,  .  .  ro  ho  (enlever  ce  qui  est  dedans). 
Débouche  le  trou,  dinkaro  ho. 

Debout.  Il  est  — ,  a  woulita  (Il  s'est  levé).  ||  Se  mettre  — ,  wouli. 
Debout!  wouli!  (lève-toi). 

Débrider,  karafé  ho,  karjé  ho,  krahé  ho. 

Débris,  késé,  kourou. 

Deçà.  E\  — ,  nyato,  nyafé,  nyé.  En  deçà  de  la  rivière,  ha  nyé,  ha 
nyato. 

Décapiter,  kan  tégé;  koun  iégé. 

Décéder,  sa. 

Décence,  malou. 

Décent,  maloula. 

Décès,  saya. 

Décharge  d'arme  à  l'eu,  gosi.  ||  Faire  une  — ,  gosi. 

Décharger,  doni  ho  (ôter  le  fardeau).  Ii  —  un  fusil,  gosi. 

Déchausser.  Se  — ,  sabata  ho,  sahara  ho,  savtara  ho,  sainato  ho  (K.). 

Déchirer,  ti,  tinya,  dcnyé  ;  fakha.  Mon  pagne  est  déchiré,  né  fard 
hé  fakhala. 

Déchirure,  wo. 

Décidé.  Il  est  — ,  entreprenant,  a  kafanfati. 

Déclouer,  pèmpé  ho;  négé-koulou  ho. 

Découdre  ,  kari  ho. 

Découvrir,  i.  Oter  le  couvercle,  da-iougoula  ho.  11  2.  — ,  s'aperce- 
voir, yé,  nyé,  dyé. 

Dedans,  ro;  kono.  (Voir  Dans.) 

Défaite,  kélé-nyé,  kélé-rdowé. 

Défaut.  Faire  — .  (Voir  Manquer.)  I!  A  — ,  ni  .  .  .  té  {si  ne  pas). 
A  de'faut  de  perdrix  je  mangerai  une  poule,  ni  woidou  té,  inhé 
sise  dmimou. 

Défendre.  1.  Interdire,  ta  .  .  ./é  (ne  pas  vouloir),  bali.  Le  roi  a 
de'fendu  de  chanter,  mansa  ntafé  ka  donkili  ké.  \\  2.  — ,  prote'- 
ger,  démé  (aidei'),  kisi  (sauver). 

Défendu.  C'est  — ,  a  hé  balila. 

Défilé,  passage  e'troit,  dankari. 

Dégâts.  Faire  des  — ,  ti,  tinya.  dényé. 

\)ÉGR>iï»st.R.  touhu  bo.tlô  bo. 


DICTIONNAIRE    DE  LA    LANGUE   MANDÉ.  355 

Déguiser.  Se  —  EN,/a«t  dou  (mettre  les  vêtemenls  de).  Les  sol- 
dats se  déguisent  en  sofa,  soldasilou  bé  soj'alou J'ani  don  (les  sol- 
dats mettent  des  habits  de  sofa). 

Dehors,  ho,  kho  (K.),  kqfé,  kmia;  bana  ko.  Il  En  — ,  mêmes  mots. 

Déjà,  sa-sa,  si-sa;  kélé;  kélan. 

Delà.  Au  — ,  kqfé,  koma,  ko,  klw  (K.).  Au  delà  de  la  montagne, 
tmti  koma ,  tinti  koj'é. 

Délaisser,  boula.  Ma. 

Délasser.  Se  — ,  sigi. 

Délectable.  C'est  — ,  a  ka  di  hali;  a  ka  di  sijama. 

Délecter.  Se  —  de.  Je  me  de'lecte  de  bananes,  namasalou  ka  di 
hali  nyé  (les  bananes  sont  délectables  pour  moi). 

Délicat,  i.  Il  est  — ,  ïalhie , J'anga  nta  koun  (il  n'a  pas  de  force). 
Il  2.  — ,  difficile,  a  ka  goulé,  golé,  gwélé,  ||  3.  — ,  au  goût,  a 
ka  di. 

Délicieux.  C'est  — ,  a  ka  di  hali,  a  ka  di  sijama. 

Délier,  siri  bo;  dyoïdou  bo ;  Jiri ,  foni. 

DéLwnEîi ,  foron-ké ,  foré-ké .  févc-kc ,  horon~ké ,  foronija ,  horontja  ;  kisi 
(sauver). 

Demain,  sini,  \\  —  matin,  si)ii  sakhoma.  Il  —  soir,  sini  xvoiirala.  \\ 
Après  — ,  sini  kindi. 

Demander,  mjininka.  Je  ne  demande  pas  m\eu\,  iidiyara  (J'en  suis 
content). 

Démarche,  takhama. 

Démarrer,  siri  bo;  dijoulou  bo  ;  Jiri ,  foni. 

Démettre.  Se  —  de,  boida,  bla. 

Demeurer,  i.  Habiter,  sigila.  \\  9,  — ,  rester,  lo,  do. 

Demi,  tala.  Une  deini-journe'e,  tili  tala.  Il  Et  — e,  ani  lala.  Une 
journe'e  et  demie,  tili  kiti  ni  tala.  ||  A  — ,  lala.  L'arbre  est  à 
demi  coupé,  yiri  bé  tala  tégéla. 

Démolir,  ti,  iini/a,  dénijé. 

Dénombrer,  dan. 

Dense.  C'est  — ,  a  bé  kouna,  a  bé  dournou.  L'herbe  est  dense,  bin 
ba  kouna. 

Dent,  mji,  nyingo  (K.). 

Dépêcher,  v.  a.,  envoyer,  ki,  tyi.  ||  Se  — ,  térya,  tarya,  lalya. 

Dépendre,  détacher  ce  <|ui  est  pendu ,  s//7  io. 

Dépeupler,  sigilana  bo  (ùter  les  habitants).  Le  pays  est  dépeu- 
plé, moklio  nté  dyamani  kono  (il  n'y  a  pas  d'homme  dans  le 

Déplaire,  ma  mji;  ka  dyougou.  Le  bruit  me  déplaît,  woyo  ka  dyou- 

gou  n^yé. 
Déplumer,  si  bu. 
Déposer,  un  objet,  sigi:  ké.  \\  — ,  laisser  un  dépôt.  b(d,lio  boida. 


356  J.-B.    RAMBAUD. 

Dépôt,  ce  qui  se  dépose  dans  un  liquide,  bokho.  \\  Laisser  en  — , 
ton;  boula,  bla. 

Dépouille  mortelle,  sou. 

Dépouiller,  enlever  les  vêtements,  fard  ho.  \\  — ,  écorcher,  goulou 
ho. 

Depuis,  à  partir  d'un  point, /oh;  ka  bo  (en  partant  de).  Depuis 
Kita  jusqu'ici  je  n'ai  rien  mange',  ka  bo  Kita  ka  na  yan,  ^ma- 
Jengo-fcri  domnou  (En  partant  de  Kita,  en  venant  ici,  je  n'ai 
rien  mangé).  ||  — ,  à  partir  d'une  époque,  né  se  traduit  pas. 
Depuis  deux  jours  je  n'ai  rien  mangé,  tili  foula  ma  Jengo-Jen 
doumou.  Il  —  que,  tourna  ko  (après  le  temps).  Depuis  que  la 
pluie  est  venue,  les  bœufs  sont  malades,  tourna  ko  san-dyi  nara, 
îiisilou  ma  kendè.  I!  —  quand?  Tourna  <^/(/om«?  (A  quel  moment?) 
JJepuis  quand  es-tu  arrivé?  I nara  tourna  dyoma?  \\  —  peu,  a  ma 
mé  (il  y  a  pas  longtemps). 

Déraciner  un  arbre,  ijiri  ni  Uli  bo,  lili  désé. 

Dérisoire.  C'est  — ,  abé  dougouyala. 

Dernier,  kousan,  korala.  \\  En  —  lieu,  sa-sala  (actuel). 

Dernièrement,  a  ma  mé  (il  n'y  a  pas  longtemps);  domvo;  nyinano; 
kou  sata. 

Dérober,  sounya.  \\  — ,  cacher,  tougou. 

Déroute,  givé,  givcya.  ||  Etre  en  — ,  bori.  \\  Mettre  en  — ,  goué. 

Derrière,  i.  Subst.,  dyon.  ||  a.  — ,  adv.,  ko,  kho  {^K.),kofé,  koma. 
Marche  derrière  le  cheval,  lakhama  sou  ko.  Le  village  est  der- 
rière la  montagne,  dougou  bé  tinti  kojé. 

Dès  que,  ni  .  .  .  ikoro  (quand  .  .  .  tout  de  suite).  Dès  qu'il  vien- 
dra, tu  me  le  dir.is,  ni  nara,  ikoro  i  sa  J'o  n\jé  (quand  il  sera 
venu,  tu  me  le  diras  à  l'instant).  ||  —  l'aube,  dyouni-dyouni  (de 
très  bonne  heure). 

Désagréable.  C'est  — ,  a  ka  dyougou. 

Désaltérer.  Se  — ,  mi. 

Désarmer,  marama  bo,  marama  boula. 

Désastreux.  C'est  — ,  a  ka  dyougou. 

Descendre,  digi. 

Descente  d'une  penlo,  diginya.  \\  ^,  penle,  dlginda. 

Désert.  C'est  ■ — '^fengo-Jhi  té  (il  n'y  a  rien);  mokho-mokhon  té  (il 
n'y  a  pas  d'hommes). 

Déserter,  bori,  boli  (se  sauver). 

Déserteur,  borila,  boribn. 

Désespérer,  dyigihalito  bé  [èWc  d;ins  le  désespoir). 

Désespoir  ,  dyigibali. 

Déshabillé.  Il  est  — ,  a  ka  fani  bo  (il  a  ôlé  ses  vêtements) ;/(7h'- 
o-fani  nié  (il  n'y  a  pas  de  vêlements). 

Déshabiller.  Se  — -.fauibo. 


DICTIONNAIRE   DE  LA    LANGUE   MANDE.  357 

Déshabituer.  Se  — .  ma  ilali folo  (ne  plus  avoir  l'habitude);  daJi 

boula  (laisser  Thabitude). 
Désirer,  ba  .  .  .  fé;  sago;  nyini. 
Désormais,  fou  bi  (à  partir  d'aujourd'hui). 
Désosser,  kouroii  bo  (ôter  les  os). 

Dessécher,  ditja.  1|  Se  — ,  diya.  L'étang  est  desse'ché,  dala  diyara. 
Desseller,  kirfcé  bo  (ôter  la  selle),  khirkhé  bo  (K.). 
Desserrer,  siri  boula  dondi  (lâcher  le  lien). 
Dessous,  i.  Adv.,  koro.  11  Par  — .  |i  Au de,  koro.  Au-dessous 

du  fromager,  bannn  koro.  \\  En de,  koro.  Il  En  — -,  en   se- 
cret, kou  toiigoida.  \\  9.  Avoir  le  — ,/«"g"«  ^'«  sourou ,  fanga  ka 

boun  doni  (être  moins  fort). 
Dessus,   i,  San,   santo;  kan;  kanko.  \\  Par .  ||  En .  il  Au 

de,  sa7i,  santo;  kan;  kanko.  !|  2.  Avoir  le  —,  fanga  ka   boun 

(être  plus  fort). 
Détacher,  siri  bo  (ôter  le  lien). 
Détente  d'un  fusil,  kala. 
Détériorer,  ti.  tinija,  dêmjè. 

Déterrer,  dougouro  bo  (sortir  de  dedans  la  terre). 
Détestable.  C'est  — ,  a  ka  dijougou;  a  ma  nyi. 
Détester,  haïr,  ban. 
Détonation  d'arme  à  feu,  marfa  gosi. 
Détour.  Faire  un  — ,  takha  mini-mini. 
Détourner  quelqu'un  de  faire  quelque  chose,  dényé  a  ma  fm  ké, 

(conseiller  de  ne  pas  faire  la  chose).  Il  —  les  yeux,  la  fêle, 

nifc  i/élcma.  \\  Se  —  de  son  chemin,  sila  boula. 
Détresse,  daya. 
Détromper  quelqu'un,  tomja  fo  (dire  la  vérité'),  il  Se  — ,  tonija 

nijé  (voir  la  vérité). 
Détruire,  ti,  tinya,  dényé. 

Dette,  dyoulou,  dyourou.  \\  Avoir  une  — ,  dyoulou  bé. 
Devk,  foula,Jla.  \\  Tous  les  — , foulani ,  Jlani.  \\  Deux  à  — .  ||  Par 

— ,  foula -foula. 
Deuxième  ,  foulana ,  Jlana ,  fonlanyandou. 
Devant,  nya,  nyé,  nyato,  nyafé.  ||   Au .  ||  Par ,   nya.   nyc, 

nyato,  nyafé.  Marche  devant  le  cheval,  takhama  sou  nyato. 
Dévaster,  li,  tinya,  dényé. 
Devenir,  na.  TjC  lait  est  devenu  aigre,  nono  koumou  nara.   Il  est 

devenu  roi,  a  nara  mansa  yé. 
Devin,  kényélala. 
Devoir,  t.  V.  n.,  kan.  L'homme  doit  prier,  mnkho  ka  saliké  kan. 

Il  2.  — ,  dans  h;  sens  du  futur,  se  traduit  par  ce  temps.  Mon 

père  doit   venir,  mfa  bé  na   (mon   père   viendra),  il  — ,    en 

rom[>te,  dyoulou  bé.  Tu  me  dois  mille  kolas,  dynulou  bl  nyé 

n'ourou  wara  kili. 


358  J.-n,    RAMBAUD, 

Dévorer,  douinou,  domo,  dou. 

Dialecte,  kouma  (langage). 

Diadème, /«tara,-  koun-sin,  koun-dyoulou ,  koun-'dycda. 

Diarrhée,  kono-bori  (courir  du  venîre)^  khono-bori  (K.).  ||  Avoir 
LA  — ,  kono  bori. 

Diète,  doumoubali  (action  de  ne  pas  manger).  ||  Etre  à  la  — . 
Il  Faire  — ,  man  douinou  (ne  pas  manger). 

Dieu,  allah,  yallah. 

Diffamer,  dyala-ké. 

Différent.  C'est  — ,  a  té  kili,  a  té  kan  (ce  n'est  pas  la  même 
chose). 

Différer,  ié  kili,  lé  kan  (ne  pas  être  la  même  chose). 

Difficile.  C'est  — ,  a  ka  goûté,  a  ka  gwélé,  a  ka  golé. 

Difficilement,  kou-goulé. 

Digérer,  kono  bakha  (travailler  du  ventre). 

Digue,  dyoubé;  bili. 

Dimanche,  alhadi,  alakadi,  kari  [Xr.y 

Dimension,  bounya. 

Diminuer,  i.  Amoindrir,  souronya  (rendre  plus  petit);  do  bo  (ôtcr 
encore). 

Dire,  yb.  Que  dis-tu?  I/o  moun?  1  ko  di?  Ko  di?  Dis-lui  qu'il 
vienne,  a/o'  yé  a  ka  na.  Il  a  dit  que  tu  viennes,  a  ko  i  ya  tut. 
Il  dit,  a  béfo.  11  a  dit,  a  ko.  \\  Entendre  — ,  mé.  On  dit,  a  fora 
(il  est  dit).  En  disant  ces  mots,  iiyi  kouma  fo  tourna  (à  l'in- 
stant de  dire  cette  parole). 

Direct,  tili,  tilin,  télé,  lit,  lié. 

Direction,  boro.  Dans  quelle  direction  est  Kila?  Kita  bé  boro  dyo- 
manfé?  \\  — ,  se  tourne  par  la  pre'})osition  :  vers,/('.  Je  vais 
dans  la  direction  de  Sanankoro,  nibé  takha  Sanankorofè. 

Discussion,  kouma-kélé  (guerre  de  paroles);  sariya. 

Discuter,  kouma-kélé  (lutte  de  paroles);  sari. 

Disette,  konko  (faim),  konko  ba;  makou  (besoin). 

Disparaître,  takha  (s'en  aller);  mayélafolo  (no  plus  être  visible). 

Dispenser  quelqu'un  de  faire  quelque  chose,  ba  fé  a  mafen  ké 
(permettre  de  ne  pas  faire  la  chose).  Il  Se  — ,  ma  ké  (ne  pas 
faire).  Il  s'est  dispensé  de  faire  visite  au  roi,  a  ma  dounaya  ké 
mansa  yé  (il  n'a  pas  visité  le  loi). 

Disperser.  Se  '— ,  bori;  takha  (s'en  aller). 

Dispute,  kélé. 

Disputer.  Se  — ,  kélé  nyokhona,  boula  nyokhoma. 

Dissimuler,  cacher,  tougou,  togo,  dougou.  Il  — ,  ne  pas  dire, 
majo. 

Distance,  dyanya. 

Distant.  C'est  — ,  a  ka  dyan.  Le  premier  village  est  distant  de 
fleux  jours  de  marche,  dougou  folo  ka  dyan  tili  foula  lakhama. 


DICTIONNAIRE   DE  L\    LANGUE   MANDÉ.  359 

Distinguer,  bo  nijouaua,  ho  nijouanga  (ôter  d'ensemble). 
Distrait.  Il  est  — ,  «  hahilin  la  ro,  afakili  nta  ro  (il  ne  fait  pas 

attention). 
Distribuer,  tala,  tla. 
Divertir.  Se  — ,  toulon-ké. 
Diviser,  tala,  tla. 

Divorce  ,  fourou-iégéla ,  foiirou-boula. 
Divorcer, /oM/'OM  tégé,Jourou  boula. 
Dix,  tan;  bi  (Ko.). 
Dixième,  fana;  bina  (Ko.). 
Docile.  Il  est  — ,  a  hé  baroula. 
Docilité,  baron. 

Dodu.  Il  est  — ,  a  bé  toulouba,  a  bé  tloro. 

Doigt,  koni.  ||  —  de  la  main,  boulou-koni.  \\  —  du  pied,  sin-koni. 
Domestique,  serviteur,  koro-sigi  (qui  reste  à  coté). 
Domicile,  boun;  sou  (la  case).  Il  Au  —  de,  bara  (chez).  ||  Elire 

— ,  sigila  (habiter). 
Don  ,  son. 
Donner,  di.  Donne-moi  de  i'eau,  di  di  ma  (pour  dyi  i  ma).  Je  lui 

ai  donné  un  pagne,  iika  fani  di  ama.  Mon  père  a  donné  un 

bœuf  au  roi,  ni  fa  ka  nisi  kili  di  mansama.  \\  —  en  cadeau, 

son  di. 
Dorénavant, /on  bi  (d'aujourd'hui);  o  mja  (en  avant  de  ceci). 
Dormir,  sinokho,  sinoua  (Ko.),'  suno  (Ko.). 
Dos,  ko,  kho  (K.).  Il  Dans  le  — .  ||  A  — ,  par  derrière,  ko/é,  ko- 

ma. 
Dot,  yburoM  naj'oulou. 
Doter, /oMroit  nafoidou  di. 
Double,  deux  fois,  kou-foula,  kou-JIa.  Avoir  en  double, /ou/a  soro. 

Faire  double  emploi,  se  tourne  par  :  avoir  déjà  un,  kilifolo 

soro. 
Doubler,  mettre  le  Aouhle ,  foulany a  ké,  do  kou-foulana  ké  (mettre 

encore  une  seconde  fois). 
Doucement,  mounyo,  moumli ;  doni-doni  (peu  à  peu). 
Douleur,  dimi. 

Douloureux.  C'est  — ,  cela  fait  mal,  a  bé  dimi  ké;  a.bé  dimiba. 
Doute.  Mettre  en  —  les  paroles  de  ({uelqu'un,  ma  da  (ne  pas 

croire);  hakili  ba  ro  a  ka  fanya  fo  (croire  qu'il  a  dit  une  faus- 
seté). 
Doux.  C'est  — .  i.  Au  toucher,  a  ka  bala,  a  ka  souma.  Il  —  au 

goût,  a  ka  di. 
Douze,  lan  ni  foula,  tan  nijla. 
Douzième,  tan  ni  foulana,  tan  nijlana. 
Drapeau,  bandari  (kv.);  rayk  (Ar.);  povion  (Fr.). 
Drksser,  lever  en  Tair,  ivonli,  wouri. 


360 


J.-B.   RAMBAUD. 


Droit,  i.  Suhst.,  dyo,  ||  Avoir  le  — ,  dyo  soro,  dyo  ha  hoiihu.  Il 
1.  — ,  odj.,  tili,  tilin,  télé.  \\  3.  — ,  le  côté  droit,  kmi;  béré 
(Ko.),  Il  h.  — ,  impôt,  sara,saU;  sakali,  sagalé;  dyakha. 

Dune,  tinti,  tindi,  toundi,  toundo. 

Dupe,  dolé. 

Duper,  me'/ie. 

Dur.  C'est  — ,  a  ka  goulé,  golé,  gwélé,  a  kha  kholé  (K.).  La  terre 
est  bien  dure,  dougou  ka  goulé  wa. 

Durant,  pendant,  o  tourna. 

Durée,  tourna. 

DuRETi,  gouléya,  goléya,  gwéléya. 

Duvet,  kono  din  si  (plumes  d'un  petit  oiseau). 

Dynastie,  si  (graine,  race). 

Dysenterie,  kono-bori;  khono-bori  (K.). 


E 

Eau,  dyi,  gi,  dyio  (K.).  De  l'eau,  dyi.  De  l'eau  fraîche,  dyi  sou- 

ma.  De  l'eau  chaude,  dyi  gandi. 
Ébénier.  Faux  —,  goulé  yiri  (bois  lourd );/rtm-^o?//('  iri. 
Ébouler.  S' — ,  bi;  ivaya. 
Ebranler,  yigi-yigi- 
Écaille, /am. 
Écailler,  /flra  bo. 

Echafaudage  pour  palabres,  bana,  bènta;  kora. 
Échange,  /rt//.  ||  Faire  un  — ,  fali  ké.  Il  En  — ,  a  bé  une.  J'ai  pris 

du  mil  en  e'change  de  riz,  nka  nyon  ta,  a  bé  nyé  malouto. 
Échanger, /«/«.  J'ai  échange  mon  cheval  contre  un  bœuf,  nka  né 

souj'ali  nisi  yé. 
Échapper.  S' — ,  bori,  boli,  bouri  (se  sauver).  ||  —  à.  quelqu'un, 

dan-ké.  \\  — ,  sortir  de,  bo. 
Échelle,  grt/rt,  galan-gala. 
Échine,  ko,  kho  (K.). 
Echo,  nyini. 

Éclair,  san  minyako ; méké-méké ,  méléké. 
Eclairer  avec  un  flambeau,  dyé-ké  (faire  clair). 
Eclat,  dyé ,  karou-di/é. 

ÉcLOPÉ.  Il  est  — ,  a  sin  bé  dimi  (sa  jambe  est  malade). 
École,  kara-doula,  kara-yoro,  kala-yoro  (endroit  de  lecture).  [I 

Maître  d' — ,  kara-mokho. 
Écolier,  kara-mokho-din ,  kava-din. 
EcoRCE,  /rtra,  yiri-fara. 
ÈcoRCER./«ra  bo. 


DICTIONNAIRE  DE  LA   LANGUE  MANDE.  361 

EcoRCiiER,  enlever  la  ])eau ,  goulou  ho.  ||  — ,  e'gratigncr,  poro-poro; 
wosa. 

Ecouler.  S' — ,  en  parlant  de  l'eau,  woyo.  \\  — ,  en  pariant  du 
temps,  tanhi;  tami,  témé. 

Ecouter,  mé;  toulou  manto  (diriger  roreille).  |!  —  avec  attention, 
hakili  ha  ro  (être  dans  l'attention ). 

Ecraser,  )ufo-ni/o;  hounlé. 

Ecrire,  sébé,  séfé,  sabé,  safé.  J'e'cris  une  lettre,  ni  hé  balali  sabé. 

Ecrit.  C'est  — ,  a  séhéna.  \\  — ,  siibst.,  sébé,  séfé,  sabé,  safé;  nijé- 
nyé. 

Écriture,  sébé,  séfé,  sabé,  safé;  nyégé-tyoukou. 

Ecrivain,  sébélila,  séhénéla,  séfénéla;  kara-mokho  (savant);  itijé- 
géba. 

Ecrouler.  S' — ,  waya. 

Ecuelle  en  terre, /flr«.  |i  —  en  bois,  bonkou.  il  — ,  petite  cale- 
basse, galama,  kalaman;  konsoro. 

Ecume,  diji  kanka,  diji  kamja,  dakha  kan.  Il  —  d'animal,  da-dijt. 

Ecumer,  ôter  i'e'cume,  diji-kanka  ho.  \\  — ,  en  parlant  d'un  ani- 
mal, da-diji  ho. 

Écurie,  sou-boun,  sou-bougou  (case  de  cheval). 

Effet,  hardes, fani,  fui,  fanou[K.).  Il  En  — ,/yo. 

Effiler,  kari-ho  (ôter  les  fils). 

Efflanqué, /rtsfl//,  fasaya,  pasaya. 

Effort,  digi.  ||  Faire  —  svïi,digi.  \\  Sans  — ,  kou  man  goulé. 

Effrayant.  C'est  — ,  a  hé  silaha,  siraba. 

Effrayer,  bakha-haklia ;  sila-ké,  sira-ké.  !!  S' — ,  sila  ha  ro,  sira  ha 
ro,  sira,  sra. 

Effronté.  Il  est  — ,  malou-ié  (il  n'a  pas  honte). 

Effrot,  sila,  sira,  sra. 

Égal.  Etre  — ,  kan,  kaka)i ,  khan,  khakhan  (K.).  Ces  deux  chemins 
sont  égaux,  nyi  sUa  foula  hé  kakan.  \\  — ,  être  la  même  chose, 
hé  kili.  Cela  m'est  égal,  koun  ta  ro  (ma  tête  n'est  pas  là  de- 
dans). 

Égaler,  kan,  kakan,  khan  (K.),  khakhan  (K.). 

Égard,  bounya.  \\  Avoir  des  — s  pour,  bounya,  bounyada.  Il  A  l' — • 
de,  ...  dé.  A  l'égard  du  sofa,  tu  feras  ce  que  lu  voudras,  sofa 
dé ,  i  hé  ni  sago  ké. 

Égorger,  kan  sokho  (percer  le  cou). 

Egratigner,  poro-poro;  ivosa. 

Élancer.  S' — ,  pan;  hori  (courir). 

Élargir,  bounya. 

Éléphant,  sama.  samo  (K.),  sanha,  sinha;  marama  (K.);  kaféli, 
kafli. 

Élever  un  enfant ,  balou  (nourrir); /amo  (faire  murii). 


362  J.-B.   RAMBAUD. 

Elire,  choisir.  .  .  ro  tomo,  .  .  .roiotimo,  .  .  .ro  loumhou  (ramasser 
dans). 

Eloignement,  dijaniya. 

Eloigné.  Cest  — ,  a  ha  dijan. 

Eloigner,  mettre  plus  loin,  ké  dian. 

Éloquent.  Il  est  — ,  a  hé  kouma  kou  sobé  (il  parle  bien). 

Embarcation,  kouloim. 

Embarquer  quelqu'un,  «î^î  koulounto,  ké  kouloun  kono.  ||  S' — ,  digi 
koidoiinto  (descendre  dans  l'embarcation). 

Embellir  ,  nijégé. 

Emblée.  D' — ,  sa-sa,  si-sa. 

Embouchure  d'un  cours  d'eau,  boulinda. 

Embraser,  mettre  le  l'eu,  dijani. 

Eminence  de  terrain,  tinti^  tindi,  toiindi,  toundo. 

Emissaire,  kila,  ti/lln. 

Emparer.  S' — ,  prendre,  ta,  monta;  — ,  voler,  sounya. 

Empêchement,  baliya. 

Empêcher,  bali.  .  .  la.  Je  t'empêcherai  de  partir,  ni'b'i  bal!  i  lakha 
la.  il  Ne  pouvoir  pas  s' — de,  kan  (être  obligé).  Je  ne  peux  pas 
m'empêcher  de  pleurer,  ntbé  kan  n'ka  kasi. 

Emplacement,  doula  ;  yoro. 

Emplir, /rt.  Le  canari  s'est  empli,  dakha  fara.  Tu  as  rempli  le 
canari,  i  ka  dakha  Ja. 

Emploi,  yoro  (place). 

Employer,  se  servir  de,  digala. 

Empoigner,  monta. 

Empoisonner  un  objets  Jeu  kounaro  ké  (mettre  une  chose  dans  le 
poison).  Il  —  quelqu'un,  kouua  lami  (faire  boire  du  poison). 

Empoisonneur,  dabali-kéla. 

Emporter,  enlever  d'un  endroit,  tanaé.  Il  S' — ,  se  mettre  en  co- 
lère, séli  ba  ro  (la  colère  est  dans).  Je  me  suis  emporté,  sôli 
tomïi  ha  né  na. 

Empreinte,  non  (marque). 

Emprunt,  /oj/ma. 

Emprunter  ,/oM/Ha  ;  dyotdou-ké  (faire  une  dette). 

En,  signifiant  :  dans,  vers,  voir  ces  mots.  i|  — ,  de  ce  lieu,"  se 
traduit  par  là  :  yé  ou  é.  J'en  viens,  nibora  é.  \\  — ,  de  cela, 
ne  se  traduit  pas.  Vois-tu  des  oiseaux?  J'en  vois,  i  ka  konolou 
yé?  nka  yé.  Il  — ,  comme,  iko.  Il  a  agi  en  homme  de  bien,  a 
ka  ké  iko  mokho  sobé.  \\  — ,  pendant  que,  o  tourna,  tourna.  En 
arrivant,  si-touma  (au  moment  de  l'arrivée).  Il  — ,  de  lui,  de 
cela.  N'en  parlons  plus,  an  ka  o  boula  (laissons  cela).  ||  — ,  dans 
une  langue,  ro.  En  bambara,  banuma  konmaro. 

Enceinte,   subst.:  en    terre,   givin;    tata,    daudan ;  din  :   !'  —  en 


DICTIONNAIRE   DE  LA    LANGUE   MANDÉ.  363 

hoh^dyasa  ;  san-san  ;  \\  —  en  roseaux,  mjou-kala  (liges  de  mil) ; 

sé-kourou. 
Enchanté.  Il  est  — ,  a  diyara. 
Enclume,  houla;  gxvin. 
Encore.  —  i.  Sans  cesser,  a  ma  ban  (cela  n'a  pas  fini).  ||  i.  De 

nouveau ,  A'OM-toMm.  ||  3.  Davantage,r/o(autre).  Mets-en  encore, 
do  sigi.    il  /i.  Pas  — ,  ma.  .  .  Jolo.  Il  n'est  pas  encore  venu, 

a  ma  na/olo. 
Encre,  sélé-diji;  séfé-dyi,  sabédyi,  safé-dyi  (eau  à  écrire);  daa-dyi 

(Ar.  );  douha-dyi. 
Encrier,  sébé-dyl-dahha  (pot  à  encre);  sébénéla;  baréni. 
Endetté.  Il  est  — ,  dyoïdou  bc  a  yé  (des  dettes  sont  à  lui). 
Endetter.  S' — ,  dyoulou  hé. 
Endormir.  S' — ,  bé  sinohhola. 

Endormi.  Etre  — ,  sinoUio  (dormir).  " 

Endroit,  doula;  yoro,  yéro;fan  (direction).  L'endroit  du  crime, 

fali-yoro ,  fali-doula. 
Enduit  en  terre  pour  les  cases,  nohiio. 
Enfant,  din,  dingo  (K.),   dé.  Il  — ^,  garçon,   din-lcé.  !'  — ,  fille, 

din-mousou.  \\  Petit  — ,  din-méséni. 
Enfanter,  ivoulou,  wolo. 
Enfin,  sasala ;  alabano !  bishnillahi! 
Enflammer.  S' — ,  dyani,  dyéni. 

Enfoncer,  digi.  \\  —  un  clou,  pèmpé  digi,  il  —  en  terre,  tourou. 
Enfouir,  toiigou  dougou  ro  (cacher  en  terre). 
Enfourcher  un  cheval,  sou  ko  yélé  (monter  sur  le  dos  d'un  cheval). 
Enfuir.  S' — ,  bori,  boli,  bouri. 
Engloutir,  kounou,  khounou  (K.). 
Engraisser  et  s' — ,  toulouba  na;  toidou;  ba  kéra  (devenir  gras); 

toulou  ta  (prendre  de  la  graisse). 
Enjamber  un   objet,  Jèn   san  ko  tanbi   (passer   par -dessus   une 

chose). 
Enjoué.  Il  est  — ,  a  bé  toulonla,  a  bé  toidonba. 
Enlever,  ôter,  bo.  \\  — -,  emporter,  tanaé.  \\  — ,  soulever,  wouli, 

wouri. 
"Ennemi,  dyougou. 
Enorme,  bonn-ba. 
Enormément,  kou-dyoïigou. 

Enrichir  quelqu'un,  nafoulou  di.  ||  — ,  na  foulon  soro. 
Ensanglanté.  Il  est  — ,  dyoli  bé  bo  (le  sang  sort). 
Enseigner,  digi. 

Ensemble,  kajhu;  nyokhonjé,  nyounnfé.   \\  Mettre  — ,  kafon  ni  kili. 
Ensemencer,  séné,  séné-ké. 
Ensevelir  un  cadavre,  son  don. 


36^  J.-B.    RAMBAUD. 

Ensuite,  o  ko,  o  kho  [K. ]  (après  cela);  o  ko  sa,  o  kho  sa  (l'instant 
après  cela). 

Entailler,  tégé  (couper). 

Entasser  ,  touj'a  ;  kafou. 

Entendre,  mé.  |!  —  dire,  iné.  \\  S' —  avec  quelqu'un,  bé  na.  J'ai 
entendu  dire  que  Saniori  est  mort,  nka  me  Samori  sara.  J'en- 
tends ce  que  tu  dis,  nka  kouma  mé  i  safo.  Je  me  suis  entendu 
avec  mon  père ,  né  ani  m  fa  hé  na. 

Enterrement,  sou  dounya. 

Enterrer  un  cadavre,  sou  dou. 

Entier.  Tout  — ,  moumé. 

Entour.  a  l'— î-  de,  kéréfé. 

Entourer,  la  mini;  dyanpa. 

Entrailles,  nougou,  7iounkou. 

Entraîner  avec  soi,  sama,  sanba  (tirer). 

Entraves  d'un  cheval,  gara. 

Entre,  lijé.  Cet  arbre  est  entre  les  deux  cases,  mji  yiri  bé  houn  foula 
tyé. 

Entrée,  da.  ||  Case  d' — ,  boulon. 

Entrer,  dou.  Entre  !  i  dou  !  Fais-le  entrer,  afo  a  yé  a  ha  dou. 

Entretenir,  halou.  ||  S' — ,  barou,  barouli  ké ;  kouma. 

Entretien  d'une  personne,  halou,  halou-fen. 

Entrevue,  dounaya. 

Envie.  Avoir  —  de,  ha.  .  .fé;  sago.  J'ai  envie  de  dormir,  m'ha 
sinokhofé,  n'sago  n'ka  sinokho. 

Environ,  subst.,  se  tourne  par:  autour  de,  kéréfé.  Les  environs 
du  village  sont  cultive's,  dougou  kéréfé fouroulou  hé  (autour  du 
village  il  y  a  des  cultures).  ||  Aux  — s  de,  kér(fé,fanfé.  Il  y 
a  environ  trois  jours,  a  hé  tili  saha  nya  na  (il  paraît  trois  jours). 

Envoler.  S' — ,  pan.  11  s'est  envoie,  a  pana,  a  panara. 

Envoyé,  subst.,  kila,  tyila. 

Envoyer,  ki,  tyita. 

Épais,  dense,  kouna,  dournou. 

Epars.  Ils  sont  — -,  abé  kountourou,  kountourou-kountourou. 

Epaule,  kama,  kanba,  kaba,  khanba  (K.).  ||  La  pointe  de  l' — , 
kama-koun. 

Éperon  ,  sébéré  ( Ar.  ). 

Éperonner,  sokho  sébéréma. 

Epervier,  watasa,  waio  (K. ). 

J.-B.  Rambaud. 

(.4  suivre.) 


li^^DO-IRANlGA, 


I.  —  La  forme  ancienne  de  la  nasale  finale. 

Le  grec,  l'arménien,  le  ballique  et,  autant  qu'on  puisse  le 
discerner,  le  slave  et  le  germanique  ne  connaissent,  pour  la  na- 
sale finale  d'un  mot  indo-curope'en,  d'autre  point  d'articulation 
que  celui  de  la  dentale  ».  En  irlandais,  on  ne  trouve  que  n  de- 
vant une  voyelle  initiale  suivante  à  la  fin  des  nominatils  neutres, 
des  ge'nitifs  pluriels,  etc.;  la  particule  correspondant  à  lat.  cum 
a  deux  formes  :  l'une  atone  cow-,  devant  la  syllabe  tonique  qui 
marque  un  ve'ri table  commencement  de  mot,  l'autre  accentuée  com- 
qui  commence  elle-même  un  mot  et  dont  par  suite  l'm,  n'étant 
pas  finale,  ne  prouve  pas  contre  la  règle  générale.  Les  langues 
indo-européennes  s'accordent  donc  à  ne  présenter  que  l'articula- 
tion dentale  de  la  nasale  finale;  deux  groupes  seulement  font  ex- 
ception, l'italique  et  l'indo-iranien. 

En  italique,  on  sait  que  la  nasale  écrite  m  n'avait,  à  la  fin 
des  mots,  qu'une  articulation  labiale  à  peine  sensible  (Seelmann, 
Aussprache,  p.  357;  Lindsay,  The  latin  language,  $$  61  et  65). 
MM.  L.  Duvau  {Mém.  Soc.  limj.,  VIII,  262)  et  Hirt  (P.  11.  Br. 
beit.,  XVIII,  291)  ont  montré  de  plus  que  toute  -n  finale  latine 
qui  ne  repose  pas  sur  -nd  ou  sur  -n-  primitivement  suivie  d'une 
voyelle  peut  s'expli(|uer  par  rinlluencc  de  formes  voisines  :  ainsi 
iriguen  par  inguinem ,wguims ,  etc.;  nouem  en  regard  de  nfmus  rend 
probable  le  passage  de  l'ancienne  dentale  finale  à  la  labiale.  Du 
reste,  le  latin  présente  -m  finale  même  dans  certains  mots  qui  se 
terminaient  par  -inde  etoiî,  la  voyelle  c  étant  tombée,  le  d  n'a  pu 
subsister  :  cxim  en  regard  de  exinde;  illim  repose  sans  doute  sur 
*illinde:  cf.  inde,  unde  et  iitrinde  (d'oii  utrinqiie).  —  Sur  quonium 
v.  Birt,  Bhein.  mus.,  LI,  89  et  suiv. 

En  indo-iranien  comme  en  italique,  l'n  finale  n'existe  que  là 
oh  une  action  analogique  en  pouvait  assurer  la  conservation. 
Abstraction  faite  des  formes  telles  que  skr.  3''  plur.  àhharan  et  ace. 
plur.  âçmn  où  la  nasale  était  encore  suivie  d'une  autre  consonne 
à  l'époque  védique  au  moins  dans  une  j)artie  des  cas  (Oldenborg, 
Die  Injuntc)} ,  p.  /12A  et  suiv.),  on  tiouve  par  exemple  locat.  àr- 
luan  d'après  àçmani,   vorat.   yiivan   d'ajtrès   yuvdnain,   tjànas,   etc. 

M  1-  \î        I   I  \ll       I  t  *1  !l 


366  A.  MEILLET. 

Les  locatifs  pronominaux  skr.  asiitin,  tûsmin,  etc.  n'admettent 
pas  de  justification  de  ce  genre,  mais,  loin  de  remonter  à  l'indo- 
européen,  ils  ne  sont  même  pas  indo-iraniens  :  cf.  zd  ahmi, 
alimya;  leur  -n  est  une  addition  proprement  sanskrite  et  provient 
peut-être  de  la  finale  des  locatifs  sans  de'sinence  de  thèmes  en 
-n-:  -an  et  -w. 

Du  reste,  toutes  les  finales  qui  n'ont  pas  subi  d'influences 
ctranijères  ont  en  sanskrit  -m  devant  voyelle  initiale  d'un  mot  sui- 
vant ou  à  la  pause,  et  en  iranien  -m  dans  tous  les  cas  :  skr.  àbha- 
ram,  gr.  s^epov;  idm,  tov,  yugdm,  ^vyov;  tasàm,  hom.  Tacov; 
bhdralam,  (pépsTov;  etc.  Le  traitement  -m  étant  constant,  rien 
n'empêche  d'admettre  que  -m  tienne  partout  la  place  d'une  an- 
cienne -n.  Peut-être  l'm  du  vocatif  zd  amum  (thème  asnvan-)  et 
de  quelques  autres  exemples  moins  clairs  (v.  W.  Jackson,  An 
Avesta  grammar,  $  198,  p.  69)  est-elle  un  reste  de  la  forme 
phone'tique  ordinairement  éliminée  par  l'analogie  et  conservée 
dans  le  cas  particulier  du  vocatif,  grâce  à  la  présence  d'autres  alté- 
rations phonétiques  qui  rompaient  la  régularité  du  paradigme. 
—  Il  y  a  donc  lieu  de  rechercher  si  la  prononciation  dentale  de 
la  nasale  finale,  attestée  par  toutes  les  autres  langues  indo- 
européennes, n'aurait  pas  laissé  de  traces  aussi  en  indo-iranien. 

En  face  de  idâm  cr  maintenant»  on  trouve  une  forme  à  voyelle 
longue  ayant  la  même  signification,  idâ,  avec  chute  déjà  indo-eu- 
ropéenne de  la  nasale  finale  (cf.  lat.  quandô;  gr.  iyoi  en  regard 
do  skr.  ahâin)  et  idan-ïm,  où  se  conserve  un  ancien  *iddn  qui  serait 
devenu  *iddm  s'il  avait  subsisté  à  l'état  isolé.  La  nasale  finale  du 
suffixe  est  aussi  conservée  dans  lit.  kadân-gi  (cf.  Meringer,  Zeit- 
schr.f.  oest.gijmn.,  1888,  p.  139).  Cet  exemple  n'est  pas  probant, 
puisque  le  sanskrit  n'a  pas  conservé  *{dân  sous  la  forme  attendue 
*idâm. 

Pour  expliquer  comment  le  génitif  pluriel  indo-iranien  *dai- 
Vàn,  cf.  lit.  dëvn,  a  été  remplacé  par  *daivânàm,  Hanusz  (SW 
AW.,  ex,  /i9  et  suiv.)  a  invoqué  l'influence  des  thèmes  en  -n-; 
mais  le  génitif  des  thèmes  en  -an-  et  en  -van-  est  en  -nàm-  (skr. 
âlinâm,  ndmnâin,  vhncim,  grâvnàm,  maghônàm,  etc.)  et  celui  des 
thèmes  en  -man-  est  en  -anâm  [mâtimauàm,  brahmdnâm)  :  nulle 
part  on  n'a  -main  dans  les  thèmes  eu  -n-.  Hanusz  admet  que  le 
génitif  mànmanûni  a  été  coupé  mdnma-nâm  d'après  mânma-bhis , 
rtumma-su;  mais  cette  coupe  est  peu  vraisemblable  en  regard  du 
génitif  singulier  mânman-as ,  etc.,  et  de  plus  on  ne  s'explique  pas 
alors  la  longue  de -ànâm.  On  a,  il  est  vrai,  supposé  une  forme 
^-ânàm;  mais  les  cinq  cas  où  M.  Lanman  veut  reconnaître  cette 
quantité  dans  le  Rgveda  (JAOS.,  X,  p.  352)  pour  des  raisons 


INDO-IRAMCA.  3G7 

de  iii(Un(|ue  sont  sans  valeur  parce  qu'ils  se  trouvent  dans  des 
hymnes  où  la  fin  _  ^  pour  des  pàdas  de  huit  syllabes  est  ad- 
mise. Quant  à  zd  -anam  (cf.  -inam,  -unam),  le  v.  pers.  -ânâvi 
montre  que  à  n'y  est  pas  ancien  et  qu'il  s'agit  d'un  de  ces  abrè- 
gements de  longues  dont  l'Avesta  offre  tant  d'exemples.  D'ordi- 
naire, une  longue  n'est  ainsi  abrégée  que  devant  une  fin  de  mot 
d'au  moins  deux  syllabes;  mais  pre'cisément  la  finale  -âm  de  l'indo- 
iranien  est  de  celles  qui  sont  le  plus  souvent  dissyllabiques,  tant 
dans  les  Gàthâs  que  dans  le  Ve'da;  on  a  de  même  le  génitif  fe'mi- 
nin  zd  -«//«  en  face  de  skr.  -âyâs^  v.  pers.  -âijà;  or  la  finale  -as 
du  génitif  féminin  est  aussi  l'une  de  celles  dont  la  longue  répond 
à  une  finale  grecque  périspomène.  —  D'ailleurs  iln'y  avait  pas 
entre  la  flexion  des  thèmes  en  -à-  et  celle  des  thèmes  en  -n-  de 
point  de  contact  assez  important  pour  déterminer  un  changement 
de  flexion  dans  le  type  en  -«-,  de  beaucoup  le  plus  largement 
représenté  des  deux.  Le  nominatif  pluriel  véd.  devâsas,  zd  daèvânhô 
suggère  une  explication  plus  satisfaisante,  déjà  proposée  par 
M.  Bezzenberger  dans  ses  Beitràge,  II,  i33. 

La  finale  indo-iranienne  *-ôsas  est  formée  de  l'ancienne  termi- 
naison -f«  =got. -os,  augmentée  de  la  désinence -as  des  nomina- 
tifs pluriels  (v.  Brugmann,  Grundr.,  II,  S  3i4,  p.  660  et  suiv.). 
La  généralisation  de  cette  finale  tient  en  partie  à  son  caractère 
dissyllabique  (cf.  dat.  -eblujas,  loc.  -esu)  et  à  sa  clarté,  mais  sur- 
tout au  fait  que  les  thèmes  eh  -à-  ont  été  rapprochés  de  ceux  en 
-ï-  et  -û-  parce  que  les  trois  types  forment  de  même  leur  nomi- 
natif et  leur  accusatif  singuliers  :  *-âsas  est  imité  de  *-mjas  et  *-avas. 
Or,  à  l'exception  du  type  rare  des  thèmes  à  vocalisme  prédési- 
nentiel  constamment  sans  a  dont  le  génitif  pluriel  est  conservé 
dans  zd  kaoyam,  hnsam,  rapivam,  yâpwam,  etc.,  le  génitif  plu- 
riel des  thèmes  en  -û-  et  -ï-  était  en  *-avàm  (cf.  v.  si.  -ovû,  got. 
-iwe,  gr.  -sfcjv)  et  *-ayàm  (zd  praygm,  cf.  v.  si.  -ïjî)  ;  en  partant  de 
la  forme  indo-iranienne  du  génitif  terminée  en  *-n  *daivân,  le 
génitif  formé  comme  le  nominatif  skr.  devâsas  est  *f/fliwmân ,  d'où 
*daii}unâm,  skr.  deminâm.  Cette  forme  réagit  à  son  tour  sur  les 
thèmes  normaux  en  -i-  et  -11-  dont  le  génitif  ancien  est  remplacé 
par  *-màm  et  *-ûnàm.  —  L'emploi  des  finales  *-àsas  et  *-ânàm  est 
le  résultat  d'une  tendance  générale  de  l'indo-iranien  à  rendre 
dissyllabi([ues  dans  les  thèmes  en  -à-  toutes  les  finales  où  la 
voyelle  thématique  -à-  et  une  désinence  employée  dans  les  thèmes 
en  -i-  et  -u-  se  sont  contractées  :  génit.  duel  skr.  -ayo^,  zd  -ayâ, 
cf.  V.  si.  -U  —  dat.  sing.  skr.  -«//«,  cf.  zd  -m,,  gr.  -œ,  —  instr. 
sing.  skr.  -enti,  cf.  zd  -a —  instr.  plur.  véd.  -ebhis  (dominant 
dans  les  adjectifs  seulement),  prâkr.  -chi,  zd  -aêibis,  cf.  skr,  -ais, 
zd  -àis  —  et  en  prâkril  loc.  sing.  -amlii  (pâli),  -ammi  (mâhâ- 
râstri),  cf.  skr.  -e.  Les  thèmes  en  -i-  et  -u-  et  ceux  en  -a-  ont 

36. 


368  A.  MEILLET. 

ainsi"  fini  par  avoir  des  (lexions  exactement  parallèles  en  prâkrit 
(v.  H.  Jacobi,  Ausgeivàhlte  erzàhlungen,  p.  xxxvi). 

Les  génitifs  en  *-ânâm  des  féminins  en  -à-  s'expliquent  aussi 
par  une  ancienne  finale  *-ân  augmentée  de  -âm.  L'hypothèse 
d'une  influence  des  thèmes  en  -n-  est  plus  gratuite  encore  que 
dans  le  cas  des  thèmes  en  -à-,  puisque  tous  les  thèmes  en  -n- 
sont  masculins  ou  neutres,  sauf  quelques  composés  possessifs. 
Hanusz  attribuait  une  grande  importance  au  fait  que  l'accusatif 
singulier  -âm  et  le  génitif  pluriel  *-âm  se  seraient  confondus;  mais 
il  ne  semble  pas  que  les  confusions  formelles  de  ce  genre  soient 
évitées  par  les  langues,  et  celle-ci  en  particulier  n'avait  évidem- 
ment rien  dé  choquant;  d'ailleurs  ici  la  confusion  n'est  que  gra- 
phique :  -âm  de  l'accusatif  répond  à  gr.  -dv  et  est  toujours  monosylla- 
bique; au  contraire,  le  génitif  -âm  répond  à  gr.  -ôjv  et  peut,  au 
point  de  vue  métrique,  compter  dans  le  Véda  et  l'Avesta  pour 
deux  syllabes:  la  prononciation  était  donc  différeiite.  Les  thèmes, 
non  radicaux,  en  -t-  et  -h-  ont  des  génitifs  en  *-~inâm  et  *-ïmàm 
imités  de  ceux  en  *-ânâm  des  thèmes  en  -à-;  mais,  inversement, 
c'est  le  génitif  ancien  en  *-iyân,  *-uvân  qui  a  déterminé  la  forme 
dissyllabique  *-ânâm  des  thèmes  en  -à-;  cf.  au  singulier  *-ttijâs, 
*-âijai  et  *-ayâ,  sans  doute  sous  l'influence  de  *-iijas,  *-iyai,  *-iyà; 
*-uvas,  *-uvai,  *-uvâ;  cette  action  est  parallèle  à  celle  des  thèmes 
en  -ï-  et  -û-  sur  les  thèmes  en -a-  et  se  produit  dans  les  mêmes 
conditions. 

Un  cas  certain  d'influence  des  thèmes  en  -n-  sur  ceux  en  -à- 
est  le  nominatif  accusatif  pluriel  neutre  skr.  yugdni  d'après  nâ- 
mâni.  Mais  la  coexistence  de  tidmâ  et  yugà  en  regard  de  nâmâni 
créait  pour  l'analogie  une  situation  très  favorable  dont  l'équiva- 
lent ne  se  retrouve  pas  dans  les  génitifs  pluriels;  de  plus, le  fait 
n'est  pas  indo-iranien,  mais  seulement  indien  et  récent  dans 
l'Inde  même,  puisque,  suivant  leur  date  plus  ou  moins  ancienne, 
les  textes  védiques  ont  de  préférence  yugâ  ou  yugâni;  le  génitif 
yugànâm  a  pu  même  contribuer  à  l'extension  de  yugâni. 

Dans  un  autre  cas  où  l'on  serait  aussi  tenté  de  supposer  une 
influence  analogique  des  thèmes  en  -n-,  il  y  a  en  réalité  emploi 
indo-européen  de  l'élargissement  -en-.  En  effet,  M.  J.  Schmidt  a 
rapproché  (K.  Z.,  XXV,  62,  et  XXVI,  17)  i'n  du  génitif  véd. 
drûms  (R.  V.,  I,  161,  1)  et  du  locatif  (Idruni  (avec  le  vocalisme 
du  nominatif)  de  Vn  de  gr.  SopFoLTOs;  le  génitif  véd.  drôs  (R.V. , 
X,  101,  10),  zd  draos  est  par  suite  une  forme  analogique.  On 
a  de  même  skr.  jtuuim,  jdnunos  (Lannian,  JAOS.,  X,  6i3  et 
61/1),  cf.  gr.  yôrFocTOS  —  sdnunas ,  sântmi  —  âyuni ,  cf.  gr.  aîFév 
—  dânunas.  Ces  mots  présentent  une  anomalie  commune  :  le 
mouvement  vocalique  de  la  syllabe  présuffixalk  :  dâru-:  dru-  (cl. 
V.  si.  drPvo  dnwa,  gr.  Sôpv  SpOs)  — jânu-  :  jfm sânu-  :  snu- 


INDO-IRAMCA. 


369 


—  (uju-  :  *?/«-  (dans  zd  yave,  yava,  yâiis  (cf.    F.   de  Saussure, 
Méin.  Soc.  Ving.,  VII,  89,  et  Danielsson,  Gr.  n.  et.  stud.,  I,  ^  el 
suiv.);  — *dnii-  seul  nest  pas  attesté  sans  doute  parce  que  dn-  ne 
pouvait  subsister  à  l'initiale.  Les  autres  thèmes  en  -u-  dont  les 
cas  obliques  ont  une  nasale  entre  \'u  du  suffixe  et   les  dési- 
nences doivent  cette  nasale  aux  précédents.  On  trouve  :  màdhu- 
nas  (10  fois  à  côté  du  génitif  ordinaire   mâdhvas  et  de  la  forme 
analogique  plus   rare  mâdhos),  màdhune  (une   fois),  —  vàsunn^ 
(toujours   neutre   en  regard  de   l'ordinaire  vàsvas  et  de  Tana- 
logi({ue  vùsos  qui  sont  masculins  et  neutres),  —  cârunas  (neutre 
dans  h  exemples;  masculin,  VIII,  5,  i/i;  dans  quatre  cas,  on  a 
câros).  Les  thèmes  màdhu-  et  vnsu-  nont  pas  l'a  prédésinenliel 
même  devant  les  désinences  à  initiale  vocalique  autres  que  celle 
du  locatif  singulier;  wiâ<//t»mas,  qu'on  lit  par  exemple  R.  V^,  VIII, 
5,  19  —  2à,  20  — 100,  2,  ne  peut  donc  être  dû  à  l'influence  de 
mâdhunâ,  forme  récente  {U  fois  mand.  X,  jamais  mand.  VIII)  qui 
a  remplacé  l'ancien  màdhvô  (2  fois  mand.  VIII,  2  fois  seulement 
mand.  X).  Le  fait  ([ue  l'extension  de  la  nasale  est  limitée  aux 
neutres  à  peu  près  exclusivement,  et  de  plus  parmi  les  neutres 
à  ceux   qui   ont  la  forme  anomale  de  génitif  mâdhvas,  vâsvas, 
montre    que  mùdhmas  et  vâsunas  sont  analogiques;  et  encore  le 
mouvement  vocalique  de  la  syllabe  pre'sutïixale  indiqué  par  lit. 
midùs  permet-il  d'expliquer  )H«r//tHnrt5  directement.  Quant  à  cârunas . 
quatre  des  cinq  exemples  se  trouvent  dans  un  petit  groupe  de 
textes  :  R.  V.,  IX,  70,  2  et  /i  — 108,  /i  — 110,  6,  et  dans  la 
même  expression  amhasija  cârunah  terminant  un  pâda  :  c'est  sans 
doute  une   forme  analogique  de  mâdhunas,  cf.  mâdhva  amrtasija 
R.  V.,X,  123,  3. —  On  retrouve  le  même  élargissement -f?j-  dans 
quelques  mots  exprimant  des  parties  du  corps  :  skr.  ciras,  çîrsnâs; 
cf.  gr.  aépas  et  xpaaTOS  (J.  Schmidt,  Pluralbild.,  366  et  suiv.)  — 
skr.  âksi,  aksnds  —  gr.  oJs,  ovaios  (cf.  got.  ausins).,  qui  présentent 
aussi  des  traces  de  mouvement  vocalique  dans  la  syllabe  présuffixale  : 
gr.  xépas  et  xpaaros;  hom.  ovaTOs'^  et  zd  usibya;  gr.  oanjs  (avec  0) 
et  arm.  akn,  açkh  (avec  a  issu  de  a  ou  de  a).  —  On  peut  rap- 
procher encore  le  suffixe  -on-  des  comparatifs  grecs  et  germa- 
niques (v.  Bull.  Soc.  ling.  n°  38  [VIII,  2],  p.  xcv;  séance  du 
si  juin  1893  —  Thurneysen,  K.  Z.,  XXXIU,  55i). 


'  Si  l'on  rapproche  liom.  ouotos,  got.  ausiiis  de  v.  si.  ucho  (wsexe),  v.  irl.  0 
(nue)  d'une  part  et  de  skr.  çi'ras  (au  lieu  de  ^rnras  ((u'on  attend),  çîrsnâs  de 
l'autre,  on  doit  supposer  que  l's  simple  de  ce  géuilif  résuite  de  la  simplification 
on  s  de  l'ancien  -ss-  d'une  forme  *  iis-s-n-''jj  ou  *  ns-s-en-s  (cf.  skr.  âsi  ff  lu  es» 
gr.  el).  Le  nominatif  got.  nnso  a  été  fait  sur  ansins  de  mt)me  que  le  thème  en  i 
du  hallicpic  (fit.  aiisis ,  v.  pruss.  ausins)  et  du  latin  (tiiris  a  été  fait  sur  !e  noini- 
nalif  diK'i  neutre  :  lit.  (tusi ,  v.  si.  uii ,  zd  nsi  (supposé  d'après  iisibyn).  où  -î 
est  la  désinence. 


370  A.    MKILLET. 

L'instrumenlal  des  noms  iiido-iraniens  en  -à-  était  en  -à  :  zd 
vdhrha  (cf.  skr.  yajnmjajnà)\  à  en  juger  par  l'opposition  de  zd 
ablat.  paskât  :  instr.  pasca  (v.  pers.  pasà,  skr.  paecd),  cet  -à  ne 
répond  pas  à  la  finale  de  lit.  vilkù,  v.  h.  a.  wolfu,  mais  à  Y-è  de 
got.  fiwe  et  des  adverbes  latins  en  -ê  (ancien -et/  avec -f?  emprunté 
à  l'ablatif).  L'instrumental  des  démonstratifs  indo-iraniens  était 
en  -ana:  v.  pers.  anâ,  gâth.  a7ià,  skr.  and  (conserve'  en  sanskrit 
seulement  comme  adverbe);  v.  pers.  tyanâ,  aniyanà;  gàtb.  kanà; 
la  finale  -mm  a  été  remplacée  en  zend  par  celle  des  noms  :  -à; 
en  sanskrit,  elle  est  devenue  -ena,  grâce  à  l'emprunt  de  l'e  de 
-ebhîs,  -ebhyas,  -esu  qui  est  ancien;  par  un  parallélisme  bizarre, 
l'instrumental  singulier  pronominal  tûmi  du  lituanien  doit  son  fi 
à  l'influence  des  noms,  et  celui  du  slave  ténu  a  pris  oi  à  terni, 
tëmû,  tëchû,  ce  qui  a  permis  d'éliminer  Ys  du  ioc.  tomî  (cf.  skr. 
tàsmin)  et  du  dat.  tomu  (cf.  v.  pruss.  slesniu).  C'est  sous  la  forme 
-ena  que  la  finale  de  l'instrumental  pronominal  a  été  élendue  à 
l'ensemble  des  noms  en  sanskrit  :  vfkma.  Ici  encore,  ceux  des 
thèmes  en  -i-  et  -u-  qui  ont  le  vocalisme  en  -n-  de  la  syllabe 
prédésinentielle  devant  les  désinences  à  initiale  vocalique  suivent 
l'analogie  des  thèmes  en  -a-  :  zd  -i  et  -u;  skr.  -inâ  et  -unà  (dans 
les  masculins,  les  féminins  sanskrits  ayant  -i  et  -{i)yâ-  -{n)vâ 
d'après  les  formes  des  thèmes  en  -à-  :  -à  et  -ayà). 

La  finale  -ana  est  restée  jusqu'à  présent  inexpliquée;  car  on  ne 
peut  aflirmer  d'aucun  des  adverbes  en  -na  cités  par  M.  Brug- 
mann,  Grunilr.,  II,  §  /i2i,  p.  782,  qu'il  soit  un  ancien  instru- 
mental. Couper  -a-na  et  tenir  -na  pour  une  particule  ne  conduit 
à  rien,  puisque  -à  n'est  pas  une  terminaison  d'instrumental  de 
thème  en  -a-\  voir  dans  -na  une  désinence  est  arbitraire, 
puisque  cette  désinence  ne  se  retrouve  nulle  part.  Si,  au  con- 
traire, on  coupe  -an-a  et  si  l'on  voit  dans  h  la  poslposition 
connue  de  l'indo-iranien  avec  sa  double  quantité,  on  obtient  une 
finale  -an  qui  peut  être  considérée  comme  celle  d'un  instrumental 
ayant  la  désinence  -n.  La  forme  ana  munie  de  la  postposition 
ayant  seule  subsisté  parce  qu'elle  était  dissyllabique  comme  asya, 
asmai,  asmin,  la  nasale  ne  s'est  jamais  trouvée  à  la  fin  du  groupe 
phonétique  et  par  suite  n'est  pas  devenue  -m.  La  désinence 
(pronominale?)  -n  d'instrumental,  supposée  dans*-rtM,  répond  à 
celle  des  instrumentaux  letto-slaves  des  thèmes  en  -à-  :  lit.  -a  (lit. 
orient,  -m),  v.  si.  -a  dans  -a-ja  des  adjectifs  déterminés  (Leskien, 
Handbuch^,  p.  90);  v.  Hirt,  Idg.  forsch,,  I,  i3  et  suiv.  (cf.  Mém. 
Soc.  ling.,  VIII,  2/12  et  suiv.).  L'indo-iranien  et  letlo-slave  -n  est 
à  lit.  -mi,  V.  si.  -mï  ce  que  le  Ioc.  skr.  àçman  est  à  àrmani  et  la 
désinence  secondaire  -t  à  la  désinence  primaire  -ti. 

On  pourrait  enfin,  mais  avec  beaucoup  plus  do  réserve,  (enter 


INDO-IRANICA.  371 

cFemployer  le  même  principe  de  la  prononciation  dentale  de  la 
nasale  finale  à  Téclaircissement  d'un  troisième  problème  de  la 
morphologie  indo-iranienne  :  celui  que  pose  la  finale  -âni  de  la 
première  personne  du  singulier  du  subjonctif.  Si  l'on  admet  une 
ancienne  première  personne  du  subjonctif  répondant  à  v.  si.  -a 
(à  la  fois  indicatif  et  subjonctif),  la  coexistence  des  de'slnences 
primaires  et  secondaires  aux  deux  autres  personnes  du  singulier 
suffisait  à  provoquer  la  formation  de  -âni  :  sur  le  modèle  de  skr. 
(isati,  gâth.  anhaiti  :  skr.  âsat,  zd  aiïhat  et  de  skr.  cârâti,  zd  ca- 
râiti  :  skr.  càrât,  zd  carùt ,  on  pouvait  de  *carân  tirer *carâ?«î.  C'est 
ainsi  que  de  la  de'sinence  de  première  personne  du  pluriel  -mas 
a  e'té  formé  -masi,  qui  n'a  de  correspondant  dans  aucune  langue 
(v.  irl.  -mi  repose  sur  *-mês,  forme  du  dialecte  indo-européen  le 
plus  voisin  :  v.  h,  a.  -mes,  v.  Lorentz,  I(lg.Jorsch.,\,  386). — 
Cette  interprétation  est  purement  hypothétique  puisque  la  pre- 
mière personne  du  singulier  *carân  n'est  que  supposée  et  que,  du 
reste ,  il  n'est  pas  impossible  d'imaginer  d'autres  théories  vraisem- 
blables (v.  P.  Persson,  Idg./orsch.,  II,  255). 

On  explique  d'ordinaire  l'accusatif  accentué  skr.  imâm,  zd 
imom,  par  l'accusatif  im  d'un  thème  i  suivi  de  la  particule  am  : 
cf.  t[n)v-(im,  vmj-àm,  svay-âm,  etc.;  dans  cette  hypothèse  on  au- 
rait une  m  finale  conservée ,  ce  qui  contredit  toutes  les  explica- 
tions précédentes.  Toutefois,  si  l'on  examine  l'ensemble  de  la 
flexion  dont  fait  partie  imâm,  on  constate  que  im- est  préfixé  à 
toutes  les  formes  accentuées  du  thème  a-  qui,  sans  cette  addition, 
seraient  monosyllabiques  :  nom.  plur.  skr.  im-é,  zd  m-ê;  ace.  plur. 
skr.  im-ân,  zd  im-a;  nom.  plur.  neutre  skr.  im-â,  zd  im-a,  etc.  ; 
il  est  arbitraire  d'admettre  que  toutes  ces  formes  soient  analo- 
giques du  seul  accusatif  singulier.  Du  reste,  dans  les  pronoms 
indo-européens,  si  le  nominatif  singulier  masculin  et  féminin  est 
emprunté  à  une  racine  ou  du  moins  à  un  thème  différent  de  ce- 
lui des  autres  cas,  l'accusatif  est  en  principe  emprunté  au  même 
thème  que  le  génitif,  le  datif,  etc.  :  nom.  skr.  sa,  gr.  o  :  ace.  skr. 
iâm,  gr,  Tov  —  v.  pers.  nom.  hâuv,  ace.  avam  —  zd  nom.  cis, 
ace.  k.mi  —  lat.  nom,  h-i-c,  ace.  h-im-c,  etc. 

Il  suit  de  là  que,  dans  imdm,  la  partie  fléchie  est  -àm  et  non 
im-  et  qu'il  n'y  a  nullement  lieu  de  voir  dans  im-  l'accusatif 
d'un  thème  i-,  cf.  skr.  aij-âm,  iij-âm,  id-àm  (neutre  analogique 
d'après  le  masculin  et  le  fémiAin  au  lieu  de  la  forme  attendue 
*im(it,  attestée  par  zd  imal).  De  même,  dans  amûm  trcclui-lài', 
l'élémenl  fléchi  et  significatif  est  -ûm  et  non  am-;  le  thème  u-  est 
bien  visible  dans  zd  niii  formé  comme  skr.  ûi\  les  formes  parentes 
V.  pers.  avam  «  celui-là  •"  et  v.  si.  nvû.  ..ovû. . .  cf  l'un .. .  l'autre. . .  n 
indi(|uent  nettement  l'objet  le  plus  éloigné.  Les  particules  im-  et 


372  A.   MEILT.KT. 

nm-  préposées  à  -àvi  cl  -uni  qui  sont  accentués  sont  procliiiqucs, 
et  leur  nasale  a  le  traitement  -m  des  fins  de  mots;  en  effet,  au 
point  de  vue  phonétique,  la  finale  des  proclitiques  semble  avoir 
été  traitée  comme  celle  de  tout  autre  mot;  ainsi  la  chuintante 
finale  de  zd  ijâs  «vous«  est  sonore  devant  la  particule  -àm  dans 
zd  t/ïâ-am  (cf.  skr.  yînj-àm).  Au  contraire,  devant  Taccusatif  en- 
clitique ~am  on  trouve  eii-  et  non  em-  dans  l'accusatif  atone  skr. 
en-am;  cf.  de  même  en-àm,  en-àn,  en-âs.  — •  Le  proclitique  am 
n'est  sans  doute  pas  difîe'rent  de  Tenclitique  am;  im-  rappelle 
îm  de  idàn-lm,  arm.  -in  dans  so-ijn  trie  mêmefl,  andên  (c.-à-d. 
*nnde-ïn  de  and)  ff là-même ii,  etc.,  et  peut-être  in-  dans  arm. 
in-khn  tf  lui-même  ii. 

Il  résulte  de  ce  qui  précède  que  l'articulation  dentale  de  toute 
nasale  finale  a  dominé  pendant  un  temps  en  indo-iranien  comme 
en  letto-slave,  en  grec,  etc.  et  que  l'articulation  labiale  lui  a  été 
substituée  postérieurement  à  des  innovations  morphologiques 
exclusivement  propres  à  ce  dialecte.  Dès  lors, aucun  témoignage 
ne  donne  plus  le  droit  d'attribuer  à  la  rr  langue  commune  une 
m  finale  et  le  passage  de  -m  à  -n  qui  a  eu  lieu  dans  les  premières 
personnes  secondaires  (cf.  la  désinence  primaire  -mi)  et  dans 
les  instrumentaux  singuliers  (cf.  -?i  et  -mi  en  letto-slave)  doit 
être  tenu  pour  antérieur  à  l'existence  séparée  des  dialectes  histo- 
riquement connus.  Bien  que  ce  changement  de  place  d'articula- 
tion ne  soit  pas  rare  (v.  Baudouin  de  Courtenay,  Arcli.  f.  si.  pliiL, 
X,  607),  il  convient  de  relever  cette  altération  subie  par  une 
consonne  finale  en  tant  que  finale  dès  l'e'poque  indo-européenne, 
et  de  la  rapprocher  des  autres  particularités  que  présentent  les 
consonnes  à  la  fin  des  mots^. 


II.  —  Trois  notes  sur  la  phonétique  des  gutturales. 

A.  —  Skr.  jmâs,  gmâs. 

Des  deux  formes  initiales  supposées,  Tune  par  gr.  yôcôv  x^Q^ôs, 

'  Il  suffira  de  rappeler  ici  le  caractère  sonore  des  sifflantes  —  et  sans  doute 
aussi  des  occlusives  —  finales  devant  voyelle  initiale  d'un  mot  suivant,  sûrement 
attesté  en  indo-iranien  et  en  slave  (v.  ces  Mémoires,  VIII,  296,  n.).  Le  -z  final 
du  germanique  est  une  conséquence  de  cet  usage.  On  a  invoqué  la  loi  de  Ver- 
ner  pour  explifjuer  cette  sonore.  Mais  de  ce  que  s,  f,  f,  y^  deviennent  sonores 
entre  deux  voyelles  dont  la  première  est  atone,  il  ne  suit  évidemment  pas  que  -s 
doive  devenir  -;  à  la  fin  du  mot,  lïit-ce  après  une  voyelle  non  accentuée.  Du 
reste,  il  ne  semble  pas  qu'on  ait  fourni  un  seul  exemple  probant  de  l'influence 
de  l'accent  sur  la  prononciation  de  -s  finale  en  germanique;  en  revanche,  il  est 
impossible  de  poursuivre  à  cette  place  l'application  de  la  loi  de  Verner  en  ger- 
manique occidental  (Slreitberg,  Urgermanisclœ  grammalik,  p.  325). 


IND0-1R\MC.\.  373 

yBayLoXô? ,  Tautre  par  gr.  yaixctl^  )(^afxd^s,  zd  zà  zdwo,  ial.  hu- 
mus et  got.  guma  \  —  v.  si.  zeinlja,  lit.  iem^,  v.  pruss.  scmiuô  -  (Hanl 
ambigus  —  le  sanskrit  n'a  que  la  première,  c'est-à-dire  un 
groupe  -sonore  aspirée  composé  d'une  occlusive  et  d'un  élément 
spirant  non  déterminé  (en  tout  cas  différent  de  y),  qui  est  re- 
présenté en  védique,  devant  voyelle,  par  hs-  :  sing.  nom.  ksâs, 
ace.  ksâm,  loc.  hsàmi\  duel  nom.  ksâmau,  ksâmà;  plur.  nom.  hd- 
mas.  Le  thème  est  de  ceux  qui,  eu  indo-iranien,  n'ont  pas  devant 
les  désinences  de  cas  obliques  —  même  commençant  par  une 
voyelle  —  Va  de  la  syllabe  préde'sinentielle,  sauf  au  locatif  sin- 
gulier: le  génitif  zd  zdmô  est  monosyllabique  (Y.,  XI,  17  —  Yl, 
X,  96).  On  troave,  il  est  vrai,  l'instrumental  skr.  ksamâ,  mais  avec 
valeur  de  locatif  et  en  parallèle  avec  divî  (R.  V.,  I,  103,  1),  ce 
qui  explique  l'emploi  du  vocalisme  du  locatif  Asrt//i2.  En  sanskrit, 
le  groupe  de  consonnes  initial  venait  donc  au  contact  de  m  au 
génitif,  à  l'instrumental,  etc.  Le  Is-  de  ksmàs,  ksinayà  pouvant 
être  emprunté  aux  cas  forts  n'est  pas  nécessairement  plione'tique; 
au  contraire ,ymrts  et  jmâ  sont  isole's;  ils  ne  peuvent  devoir  leur  j 
à  d'autres  formes;  ils  permettent  donc  de  déterminer  la  règle  : 
tandis  que  le  groupe  sourd  *ks  subsistait  devant  nasale  dans  le 
génitif  rt/.sHrts  par  exemple  et  dans  i/àk.smas  (si  l'on  admet  le  rap- 
prochement séduisant  avec  gr.  éxTiKos  tr  phtisique tî),  le  groupe 
sonore  a,  dans  les  mêmes. conditions,  perdu  sa  chuintante  et 
par  suite  le  h  qui,  suivant  l'observation  de  M.  Bartholomae,  fai- 
sait, dans  ce  groupe  comme  dans  tous  les  autres,  partie  inté- 
grante de  l'articulation  de  l'e'lément  final  [Grumlr.  deriran.phil.,  I, 
S  37,  p.  i5).  Il  reste  alors  à  la  forme  ordinaire  jj/ws  une  sonore 
simple  dont  l'articulation  palatale  ne  peut  surprendre,  puisque, 
dans  les  dialectes  du  moyen  indien  où  le  groupe  est  reste'  so- 
nore, on  trouve  à  l'initiale  j7t  devant  voyelle  en  regard  de  véd. 
ks-  (Wackernagel,  Altiud.  gr.,  I,  §  209,  p.  289). 

Le  doublet  ^wrts  n'apparaît  que  dans  la  locution  du  Rgveda  : 
divdçca  gmdçca;  or  le  groupe  r  sonore  aspiré n  représenté  en  vé- 
dique par  -ks-  dans  jdksat-  (rac.  skr.  lias-)  l'est  par  -ggh-  à 
l'intérieur  du  mot  dans  pâli  jagghali  ffil  rit^î,  et,  bien  qu'on  ne 
puisse  se  prononcer  sur  l'origine  ve'Iaire  ou  palatale  du  /i  de  skr. 
Iiâsali,  la  différence  des  traitements  jh  e{  gh  ne  peut  guère  être 


'  Il  y  a  plusieurs  exemples  de  doublets  de  ce  genre,  ninsi  gr.  •j(Bés  en  re- 
gard do  lat.  her'i^  skr.  hyâs^  el ,  pour  les  sourdes,  persan  .mr,  arm.  cnx  ffhranche» 
en  regard  de  skr.  ràkhâ,  lit.  /J«A-à  el  v.  si.  socha  étant  ambigus  —  gr.  xte/vw, 
skr.  ksotioti  et  gr.  xaivu  (K.  Z.,  3i,  439,  n.),  v.  pors.  visanâhy  ctu  détruis'»  — 
skr.  kmmale  rril  endure  patiemment -î  et  çâmyati  cril  est  lran(juille?)  —arm.  ri i 
«milan?),  gr.  iktïvos  et  zd  S(i('//«-,  skr.  ryends. 

*  Pour  V,  si.  -ja  en  regard  du  bail.  -S,  cf.  v.  si.  casa  on  regard  de  v.  pruss. 
liioii  «becbern  (Voc),  c'est-à-dire  balt.  ^kyûsè  ou  *kyô»ë. 


37â  •  \.   MEILLET. 

attribuée  qu'à  la  différence  des  positions  :  au  commencement 
ou  à  l'intérieur  du  mot;  le  g  de  gmàs  n'est  autre  chose  qu'un 
traitement  intérieur.  On  lit  de  même  R.  V.,  I,  36,  ^ ,  sûre  dithitd , 
avec  le  traitement  intérieur  de  *-azd-. 

Par  suite,  il  n'y  a  pas  lieu  de  recourir  avec  M,  Wackernagel 
(/,  c.  I.,  p.  169)  à  un  doublet  ancien  de  palatales  et  vélaires. 
Du  reste,  les  exemples  sûrs  de  doublets  de  ce  genre  se  trouvent  à 
l'intérieur  des  mots  :  v.  si.  legû,  lezati  :  v.  pruss.  lasinna —  v.  si. 
moga  :  v.  pruss.  massi —  skr.  dcgdhi,  digdhds,  persan  dêg  rfpoti^  : 
zd  daêza-,  v.  pers.  didà  —  (l'exemple  skr.  bhrâj-  :  bhfgn-  est  à 
écarter;  v.  F.  de  Saussure,  dans  ces  Mémoires,  ^1  il,  p.  77).  Toutes 
ces  racines  se  terminent  dans  les  dialectes  occidentaux  par  une 
gutturale  sans  appendice  labio-vélaire  :  gr.  )^é)(^os  —  got.  magan 
—  gr.  Tsîj^os;  c'est  sans  doute  par  pur  accident  qu'on  ne  ren- 
contre pas  en  face  de  gr.  r/lziyw  une  palatale  orientale  à  côté  de 
skr.  stigimute,  v.  si.  stigna.  Cf.  encore  par  exemple  skr.  ârmâ 
(ace.  âçmàHam),  lit.  aJcmû,g[\  âxfjLCov etles  suffixes  skr.  -ra- [yuvaçâs) 
et  -ka-  [sa7iakâs),  gr.  -xo-. 

A  l'initiale,  au  contraire,  on  ne  cite  pas  d'exemple  probant. 
L'appendice  labio-vélaire  attesté  dans  gr.  yvvï{,  got.  qens  inter- 
dirait de  rapporter  skr.  gnd,  jànis  à  la  racine  jani-,  alors  même 
que  le  sens  recommanderait  cette  étymologie.  —  Le  fc  de  lit. 
klousyti,y.  i^russ.  klauslton  s'explique  par  une  contamination  avec 
une  racine  synonyme  mais  différente  (Hùbschmann,  Idg.forsch. 
VI,  j4n2. ,  p.  33),  cf.  v.  pruss.  kirdlt  ff entendrez,  et  skr.  kàrnas 
ff  oreille  w,  zd  karona-,  ■ —  Le  ^  de  pol.  gwiazda  en  regard  de  lit. 
zvcdgzdô  résulte  d'une  modification  proprement  slave;  en  effet, 
alors  que  devant  w  la  palatale  est  de  règle  dans  les  dialectes 
orientaux  (v.  ces  Mémoires,  VIII,  p.  291),  on  trouve  non  seule- 
ment pol.  gwiazda,  mais  aussi  pol.  gwizd  et  v.  si.  gvozdï,  cf.  got. 
gazds,  lat.  hasta,  tandis  que  la  palatale  attendue  est  conservée 
dans  pol.  zwierz,  lit.  zvéris,  gr.  S-tip;  on  est  conduit  à  reconnaître 
que,  au  lieu  de  la  palatale,  le  slave  emploie  la  vélaire  lorsque 
le  mot  renferme  une  sifflante  :  gostï  en  regard  de  lat.  hostis  (et 
non  yostis),  gasï  en  regard  de  lit.  zus'is  n'attestent  donc  pas  une 
ancienne  vélaire,  mais  illustrent  simplement  une  loi  slave.  — 
L'exemple  le  plus  séduisant  qu'on  cite  de  l'alternance  ancienne 
à  l'initiale  du  mot  entre  les  palatales  etles  vélaires,  celui  delà 
racine  *ghel-,  n'est  pas  convaincant,  parce  que,  dans  les  langues 
qui  possèdent  à  la  fois  les  mots  à  initiale^j^-  et  ceux  à  initiale ^\,/t-, 
*gjiel-  signifie  exclusivement  ff jaune,  blond -i  :  en  regard  de  v.  si. 
zelenû  rfvertw,  lit.  zolê,  v.  pruss.  sâliji  crkrautw,  lat.  {Ji)olus  on 
a  V.  si.  zlitû  ffjaunew,  lit.  geîtas,  v.  pruss.  gelatynan  cfgelbw,  lat. 
fuluos ,  Jlàuos , Jlôrus ;  en  lituanien  les  intonations  mêmes  diffèrent; 
on  a  gettas  (cf.  l'oxytonaison  de  zut  en  serbe  :  iûta,  into) ,  getsvas , 


INDO-IRAMCA.  Ô J  ii 

getsti,  mais  zclti,  illti,  zélmemjs;  rintonatioii  et  le  sens  s'accordent 
pour  se'parer  V.  si.  zlato,  russ.  zôloto,  serb.  zlàtn  de  v.  si.  zeletiu, 
lit.  zàlias.  Les  deux  racines  *gyheh-  et  *gjiel-  semblent  du  reste 
avoir  été  confondues  de  bonne  beure,  et  le  sens  de  rr  jaune,  blond ii 
se  trouve  non  seulement  dans  skr.  hàri-,  zd  zairi-  mais  aussi 
dans  lit.  ialà  kârvè  freine  rothe  kuhw. 


B.   —  Skr.  cch,  zd  s. 

M.  Wackernagei  demande  [Altind.  gr.,  I,  p.  i56)  comment, 
dans  l'hypothèse  de  M.  Zubaty  que  skr.  cch  =  zd  s  est  le  traite- 
ment normal  de  l'indo-iranien  sJc  devant  voyelle  palatale,  on  peut 
rendre  compte  de  -çc-  de  skr.  parcâ,  -se-  de  zd  ascu-.  Ces  mots 
s'expliquent  par  analogie  :  Vs  ayant  été  préservée  de  toute  assi- 
milation à  c  par  une  forme  voisine  où  -sk-  était  devant  une 
voyelle  non  palatale,  le  groupe  *-sc-  a  subsisté  :  skr.  paçcâ,  zd 
pasca  sont  les  instrumentaux  d'un  mot  dont  l'ablatif  a  subsisté 
sous  sa  forme  ancienne  dans  zd  paskât,  tandis  que  le  sanskrit  en 
iaisaLii paçcât  d'après  jo^çm ;  v.  pers.  pasà  (et  pâli  pacchâl)  illustre 
encore  le  véritable  traitement  phonétique  —  zd  ascu-  est  le  ré- 
sultat de  la  contamination  des  deux  formes  *asku-  et  *ascav 

de  même  zd  frascimbana-  doit  la  conservation  de  son  s-  à  l'in- 
fluence de  sAamèff-.  Inversement,  c'est  lecde  candràs  qui  a  main- 
tenu c  et  par  suite  -çc-  dans  skr.  çcandràs  (toujours  après  voyelle) 
et  dans  l'intensif  càniccmlat,  si  l'on  accorde  quelque  valeur  à  cette 
graphie  çc  (v.  Zubaty,  K.  Z.,  xxxi,  p.  21).  —  Les  seuls  exemples 
de  skr.  -çc-,  zd  -se-  qui  prouveraient  contre  la  théorie  de  M.  Zu- 
baty sont  ceux  où  la  conservation  de  ces  groupes  ne  serait  ex- 
plicable par  aucune  analogie. 

Dans  tous  les  exemples  clairs,  skr.  cch,  zd  s  est  la  forme  palata- 
lisée  d'un  ancien  sk.  C'est  ce  qui  arrive  notamment  dans  les 
verbes  du  type  skr.  prcchâti,  zd  psrssaiti  et  skr.  icchàti,  zd  isaiti 
ainsi  que  l'attestent  le  substantif  zd  pardska  et  les  verbes  lit. 
ëfikôti,  V.  si.  jiskati;  les  substantifs  skr.  class.  icchà  et  prcchà  ont  été 
tirés  des  verbes  icchâti  elprcchàti  et  ne  sont  pas  anciens.  Le  skr.  tue- 
chijàs,  dont  lucchàs  est  une  forme  prâkritisée,  et  le  pehlvi  iuhik 
répondent  à  v.  si.  iûHï,  russe  tôUvij;  h;  skr.  àcchïï  sans  doute  à  v.  si 
jcste,  russe  jesëê;  la  racine  skr.  chid-  (cf.  zd  -hisidijâi)  est  à  rap- 
procher de  lit.  skëdiu;  le  skr.  châyd,  pers.  sàijah  de  v.  si.  sténî 
(ancien  *scèm).  Le  skr.  chijali,  cf.  zd  -sxjàt,  paraît  appartenir 
à  la  racine  conservée  dans  lat.  dê-sciscô,  secâre  et  v.  si.  seka, 
sekyra  (cf.  toutefois  V.  Henry,  Méin.  Soc.  ling.,  VIII,  367  n.);la 
formation  est  la  même  que  dans  skr.  yûdhyate,  tfpyati,  vidhyati, 
sidhyati,  etc.  —  Tant  que  tous  ces  exemples  n'auront  pas  été 
expliqués,  on  devra  reconnaître  que  skr.  cch,  zd  s  représentent 


37G  A.    MEILLET. 

un  indo-iryiiien  .s/.'  et  reposent  sur  un  groupe  oriental  sk, 
sans  ([u'on  doive  supposer  pour  cela  qu'il  s'agisse  dans  tous  les 
cas  d'un  sA\,  indo-européen,  c.-à-d.  de  sq"'  (v.  ces  Mémoires,  VIII, 
p.  296  et  suiv.) 

La  forme  sanskrite  -cch-  el  cli-  prise  par  5//  s'explique  aisé- 
ment au  point  de  vue  phonétique.  Devant  la  palatale  c,  la  sifflante 
dentale  s  a  déj)lacé  son  point  d'articulation  de  manière  à  être 
palatale  elle-même;  la  sifflante  palatale  ainsi  produite  est  alors 
devenue  occlusive,  comme  le  c  qu'elle  précédait,  dans  tous  les 
cas  oij  elle  n'a  pas  été  maintenue  par  l'analogie;  cette  assimila- 
tion, de  même  que  celle  de  -st-  en  -Uh-  du  moyen  indien, 
provient  de  ce  que,  dans  un  groupe  *-arca-  ou  -asta-,  la  première 
syllabe  ne  se  terminait  pas  par  la  sifflante,  mais  par  l'implosion 
de  l'occlusive  suivante  c  ou  t,  soit  -aç'ca-,  -as' ta-.  L'assimilation 
s'est  produite  plus  tôt  pour  -rc- que  pour  -st-  parce  que  la  pala- 
tale c  comprend  un  élément  spirant  et  que  par  suite  ç  était  plus 
voisin  de  c  que  s  ne  l'était  de  t.  Quant  à  l'aspiration,  M.  Zubaty 
(K.  Z.,  XXXI,  p.  9)  en  a  rendu  compte  par  le  rapprochement 
du  traitement  prâkrit  -kkli-  de  skr.  -sk-;  en  sanskrit  même,  le- 
groupe  -Ir-  ne  donne  pas  -ce-  mais  -cch-  (cf.  prâkr.  kkh  de  ks), 
bien  qu'aucun  des  deux  éléments  du  groupe  -te-  ne  renfermât 
d'aspiration.  Du  reste,  le  passage  de  -çc-  à  -cch-  a  un  parallèle 
exact  dans  celui  de  *-zj-  à  -jf}'-  (  Wackeinagel ,  A  Ituul.  gr.  I ,  S  1 3 9  a , 
p.  169):  skr.  màjjati,  cf.  mailgûs  et  lit.  mazgôju,  lat.  mergi  — 
skr.  majjàn-,  cL  zd  mazga-,\.  û.mozgû.  Le  traitement  skr.  cch  de 
l'indo-iranien  sk'  est  donc  celui  que  fait  prévoir  a  priori  le  paral- 
lélisme. 

En  iranien,  le  traitement  phonétique  de  se  se  confond  avec 
celui  de  A-,  ;  il  y  a  eu  comme  en  sanskrit  assimilation,  mais  dans  le 
sens  de  la  sifflante;  la  consonne  est  simple  parce  que  l'iranien 
n'admet  pas  de  consonnes  doubles.  On  ne  saurait,  en  l'absence 
de  tout  témoignage,  préciser  davantage  les  intermédiaires  entre 
*sf.  et  zd  s  (v.'pers.  ^  et  5). 


C.  —  Des  gutturales  devant  n,  m. 

Il  n'est  pas  évident  a  priori  que,  devant  a  (et  an)  issu  de  n, 
m,  rindo-iranien  doive  présenter  les  gutturales  k,  g,  gh  plutôt 
que  les  palatales  skr.  c,  j,  h,  zd  c,  j;  car  cet  a  peut  reposer  en 
indo-iranien  sur  la  dénasalisalion  d'une  ancienne  voyelle  nasale 
brève  de  timbre  e  (cf.  le  traitement  latin  en)  aussi  bien  que  d'une 
voyelle  nasale  de  timbre  0  (cf.  germ.  mh)  ou  a  (cf.  arm.  a,  an; 
gr.  a).  D'autre  part  on  ne  cite  pas  de  cas  complètement  isolé  qui 
détermine  sans  aucun  doute    possible  le   traitement;  tous  les 


i>"Do-in\MGA.  377 

exemples  se  trouvent  dans  des  familles  de  mois  et  sont  pai'  suite 
suspects  d'iniluences  analogiques. 

La  palatale  qu'on  trouve  dans  les  accusatifs  pluriels  lels  que 
skr.  vâcas,  zd  vacO  ou  les  troisièmes  personnes  du  pluriel  telles  que 
skr.  yinljàle  n'est  pas  probante,  parce  que,  dans  les  types  de 
flexion  auxcjuels  appartiennent  ces  formes,  la  gutturale  n'a  sub- 
siste' que  devant  les  de'sinences  à  initiale  consonantique  et  que 
la  palatale  à  été  généralisée  devant  toutes  les  désinences  à  initiale 
vocalique,  quelle  (jue  fût  l'origine  de  la  voyelle.  Si  la  palatale 
est  phonétique  devant  n,  skr.  vâcas  et  tjinljâle  contribuent  avec 
le  nominatif  pluriel  vâcas  et  la  3"  pers.  plur.  act.  ytinjânti  par 
exemple  à  rendre  compte  de  l'usage  exclusif  des  palatales  devant 
toutes  les  voyelles;  si  la  gutturale  est  le  traitement  régulier,  c  et 
j  sont  des  conséijuences  de  la  règle  générale. 

La  même  règle  s'applique  aux  formes  verbales  et  aux  noms 
verbaux  de  la  racine  indo-iranienne  *ghan-  tf frappera;  on  y 
trouve  skr.  h,  id  j  devant  a  issu  soit  de  e,  soit  de  n,  et  skr.  gh-, 
zd  g-  devant  n  consonne  seulement.  On  a  donc  3"  sing.  prés, 
skr.  hànli,  zd  jainli;  subj.  skr.  hànali,  zd  janaiti;  skr.  hàntar-,  zd 
janiar-;  accusalif  skr.  vrlrahânam  [a\ec  à  issu  de  c),  zd  vorapra- 
jaridin,  mais  aussi  skr.  hamnâs,  hathd,  liathâs,  hatâs;  optât,  skr. 
hanyâ-,  zd  jamjà-\  passif  skr.  Iiamj/ite;  impérat.  skr.  jalu,  zd  jaiSi; 
aoriste  skr.  ahnta,  v.  pers.  -fljatà\  et,  comme  formes  nominales, 
skr.  hatà-,  zdjata-;  skr.  hàtha-\  skr.  -hati-,  zd  -jaiti-.  A  part  les 
cas  où  n  est  consonne  (skr.  ghiànti)  et  les  formes  à  redouble- 
ment (parf.  »kv.  jaghâiia ,  ïniansiï  skr.  jaùghanti),  il  n'existe  plus 
dans  cette  racine  de  gh-  que  devant  à  issu  de  o  du  substantif  skr. 
ghanâs  et  encore  la  palatale  a-t-elle  été  introduite  par  l'influence 
du  verbe  dans  le  composé  skr.  suimnas  et  dans  zd  jana-,  L'oxytonai- 
son  de  ghanâs,  justifiée  par  le  sens  rtce  qui  sert  à  frapper, 
massuen,  ne  suffit  pas  à  légitimer  l'hypothèse  d'un  primitif 
*g.^h"no-  :  cf.  le  traitement  de  °n,  "m  dans  skr.  simâs,  got.  sums,  gr. 
àfxo-  et  skr.  munis,  got.  muns.  Par  suite,  le  gh  de  ghanâs,  étant 
contraire  à  la  règle  générale  de  l'emploi  de  la  palatale  devant 
voyelle  dans  cette  famille  de  mots,  établit  l'origine  ô  de  l'a-,  cet 
exemple  n'est  pas  moins  probant  contre  l'hypothèse  de  M.  Brug- 
mann  que  skr.  gâijas,  zd  gaijô,  cf.  serbe  gôj^. 

Mais  on  ne  saurait  conclure  de  la  conservation  de  gh  dans 
ghanâs  que  le  h  du  participe  halâs  soit  phonéti([ue;  en  elfet,  les 

'  Conire  la  tfloin  de  M.  Brufjmann  on  pont  noter  aussi  skr.  Ldraknii  frcruclioî', 
cf.  V.  si.  horylo,  eu  refjnrd  di"  skr.  cnn'ts,  v.  isl.  Iiitcrr.  —  De  plus,  dans  les  in- 
tensifs il  redonl)l(;nien(  dissyilahiepic,  nue  jpiUnrale  iniliale  est  redoublée  par 
une  jjullnraie  cL  nou  par  une  palulalc  :  skr.  jrliihnirliital-  en  face  Ac jàiinhuiiul-;  la 
voyelle  a  du  redonltlenuMil  y  représeule  donc  i.-e.  u\  cf.  jjr.  [JiopfjLi)pa} ,  -aotnvvù) 
(de  *' ■tsovTH'viju),  fxo/fivA/a>. 


378 


A.    MEILLET. 


adjectifs  eu  -ta-  ont  un  caractère  verbal  beaucoup  plus  prononcé 
que  les  thèmes  en  -a-  :  on  sait,  par  exemple,  que  la  palatale  des 
verbes  tels  que  skr.  çàcati  n'a  pas  pre'valu  —  au  moins  en  indo- 
iranien et  encore  en  ve'dique  —  contre  la  gutturale  phonétique 
dos  noms  tels  que  skr.  çôkas.  Quant  aux  formes  verbales  elles- 
mêmes  ,  comme  Tindo-iranien  a  dans  tous  les  cas  de  ce  genre  fait 
choix  soit  de  la  gutturale,  soit  de  la  palatale  dans  chaque  type 
de  flexion,  l'extension  du  h  de  hànti  à  hathà  serait  exactement 
semblable  à  celle  du  c  de  uvâca  à  ûcùs;  et  par  suite  hathà  est 
sans  aucune  valeur  probante,  d'autant  plus  que  l'indo-iranien 
tend  en  principe  à  généraliser  les  palatales  devant  les  voyelles 
dans  toute  la  flexion. 

En  sanskrit,  la  racine  gam-  présente  g  dans  toutes  ses  formes 
non  seulement  devant  m  consonne  ou  devant  a  issu  de  o  [ga- 
maijati,  -gama-),  mais  aussi  devant  a  issu  de  m  {gâcchati,  âgata, 
optât,  gamyât;  formes  nominales  gatâ-,  gàti-)  et  devant  a  issu  de  e 
[gmnanti,  âgan;  formes  nominales  :  gàntar-,  gàmistha-);  cette  ex- 
tension du  g  s'explique  par  l'influence  de  ^â-  =  dor.  /3â-  (skr. 
âgàt ,  cf.  gr.  £^>7)  sans  qu'il  soit  nécessaire  de  supposer  que  g- soit  pho- 
nétique devant  l'w*  de  gâcchati,  etc.  Et,  en  efîet,  on  trouve  en  zend, 
où ^â- est  en  voie  de  disparition,  non  seulement  jamaiti  et  i'impé- 
ratiï jantù,  mais  aussi  jasaiti  et  Y o])lalïï  jamijàt  à  côté  de  l'impératif 
gàth.  gaidi  k  viens  w  et  des  formes  nominales  gâta-  et  -gaiti-  :  le^ 
de  jasaiti  s'explique  bien  par  celui  de  jamaiti,  mais  le  g  de  gaidi 
peut  être  à  la  rigueur  tenu  pour  analogique  de  laorisle  gâth.  gât 
et  le  g  de  aiwigaiti-  pour  analogique  de  celui  de  aiwigàta-.  Ici 
encore,  aucune  forme  n'est  concluante,  bien  que  l'ensemble  pa- 
raisse témoigner  en  faveur  du  traitement  g  devant  m. 

Le  skr.  gabhîràs  peut  devoir  son  g  a  gambhlràs  (cf.  v.  si.  gl^- 
hokû).  Les  mots  iraniens  correspondants  n'ont  pas  à  la  fin  de  la 
racine  h ,  qui  répondrait  à  skr.  hh,  mais/^  sans  doute  issu  de  ph  : 
cf.  v.  pers.  hauj'a-  en  regard  de  skr.  kakûbh-  (cf.  J.  Leumann, 
Et.  wôrt.  der  sanskrit-sprache ,  p.  xi  et  suiv.).  L'a  de  zd  jafra- 
ff  profonde,  pehlvi  zafr  repose  sur  n,  comme  le  montre  le  sub- 
stantif zd  yo/ww-  ff  profondeur  w  ;  on  n'a  aucun  droit  de  poser  une 
racine  *g.^ebh-  (resp.  *gc^eph-)\  v.  isl.  kuefia,  A;»/"  suppose  *g^âbh-, 
^g.^obh-,  *g.y>bh-  en  regard  de  ^g.^embh  comme  v.  irL  bàidim  et  gr. 
fiïja-cra,  ^v66s  supposent  *g.^àdh,  *g^odh-  en  regard  de  *g.jendh- 
{(3év6os,  (Saôvs)-,  l'a  de  gr.  jSolttIco,  (3(x(pfivoii  est  ambigu;  le 
groupe  -Tri-  est  issu  de  -(pij-  (cf.  cra-,  tt  de  xv)  comme  dans 
B-dnlù)  [zaÇirivai),  xpvTzIco  [HpvÇ>ïivot.t) ,  èpé7r1œ  [spsÇiov),  axcmlco 
(crxa(pos,  cf. got. sA-rt6rt» ,  lit.  skabù)^  etc.  Quanta  (366 pos,  Qodvvos, 
on  y  a  reconnu  depuis  longtemps  une  déformation  de  ^^arôôpos, 
*'zs6Qvvos  (cf.  lat.  /o(/<ô,  fossa  :  lette  hedre  trgrube,  gruftw)  sous 
l'influence  de  (3(x9vs. 


i:sDO-iRAivicA.  379 

Le  j  de  jajnu-  siiHîl  à  expliqiïer  celui  de  j(ifra-;  toutetbis  ce 
dernier  mot  a  peut-être  un  peu  plus  de  force  probante  que  les 
autres;  il  semble  en  effet  que,  si  la  palatale  dejafnu-  a  réagi  sur 
l'initiale  des  mots  de  même  famille,  l'adjectif  dont  le  vocalisme 
re'pond  à  celui  de  skr.  gnmbhmis  aurait  dû  être  atteint  autant  et 
plus  que  celui  qui  re'pond  à  gabhlràs.  Or  on  trouve  en  zend  une 
forme  ""gafra-,  dissimulée  sous  la  fausse  graphie  gufm-.  —  En 
effet  Yu  de  gufra-  ne  peut  représenter  m,  comme  on  l'a  supposé 
(v.  à  ce  sujet  Grundr.  der  iran.  phil.,  I,  S  Gi  n.,  p.  26);  et  d'autre 
part  on  ne  saurait  douter  que,  au  moment  011  le  texte  de  l'Avesta 
a  été  transcrit  de  l'ancien  alphabet  pehlvi  dans  un  alphabet  plus 
complet  et  pourvu  de  voyelles,  de  nombreuses  erreurs  ont  été 
commises.  L'une  des  plus  graves  a  été  provoquée  par  l'identité 
des  signes  de  v  et  de  n,  pehlvi  \  :  les  rédacteurs  ont  été  conduits 
à  écrire  la  voyelle  >  là  où  ils  auraient  dû  employer  ^;  on  trouve 

ainsi  puxSa-  fr  cinquième  15  au  lieu  de  *pàxSa le  génitif  hh  en 

regard  de  gâth.  hvang  doit  être  lu  *hvçi  :  comme  dans  beaucoup 
d'autres  cas,  le  signe  1  signifiant  w  dans  l'ancienne  écriture  sans 
voyelles  a  été  confondu  avec  un  )  précédent  qui  notait  u  (ici  le  v 
du  groupe  hv-)  — framrâ  [ou  framrul)  est  à  Vire  fra7nniva,  ainsi 
qu'il  résulte  du  participe  \okin  jaiSija  :  Vd,  III,  1,  vaca  J'ramrR 
tnipramca  vourugaoïjaoitlm  jai^ya  (v.  les  variantes  dans  l'édition 
Gcldner);  la  tradition  a  reconnu  dans  les  deux  formes  des  parti- 
cipes symétriques  et  traduit/rrunrrt  par  ^0^)))^  etjaiSya  par^çy^"- 
L'accusatif  pluriel  j^j^I^J  ou  ^>^i\  renferme  de  même  un  e  ou  >^ 
que  les  transcriptcurs  ont  employé  par  erreur  au  lieu  de  ïn  de 
l'accusatif  pluriel. —  Ces  faits  justifient  la  lecture  *gafra-  au  lieu 
de  gufra-.  On  a  donc  jafnii-,  ^gafra-  et  jafra-,  et,  dans  cet  en- 
semble, la  ïorme  jafra-  parle  en  faveur  du  caractère  phonétique 
de  j  devant  a  issu  de  m.  —  Le  /  de  jaiivi-,  dans  jaiwivafra-  r  aux 
neiges  épaisses w  du  fragment  versifié  cité  Vd,  VII,  27,  serait  d'un 
grand  poids  si  l'on  pouvait  avoir  pleine  confiance  dans  cet  «TraÇ 
elpï](xévov. 

Le  k  de  skr.  skabhnàti,  skabhâyàti  peut  s'expliquer  par  celui  de 
càskâmbha,  skambhâthus  et  surtout  deskainbhâs,  cf.  lAskdmbô. 

En  revanche  le  ch-  du  skr.  ckadaijaii,  cî.  zd  sadayeiti,  v.  pers. 
fadaya-,  peut  être  dû  à  la  rigueur  à  des  formes  telles  que  skr. 
chantsi,  âcchân. 

Le  zd  jaiti-  qui  paraît  signifier  tr  famille ^^  dans  le  seul  passage 
où  oir  le  rencontre  (Yt,  XVIII,  3-i)  apptdlcrait  un  rapproche- 
ment avec  lit.  giininê ci  g'unùs  (?).  Mais,  d'un  autre  cùlé,  le  mot 
anomal  vâghàl-  ne  semble  explicable  ({ue  par  le  traitement  gut- 
tural devant  h;  car  rhy])othèsc  d'un  ancien  e  est  exclue  |)ar  le  gli 
et  celle  d'un  ancien  0  ne  se  concilie  pas  avec  la  brève  du  nomi- 


380  A.   MEILLET. 

natif  singulier  wï^Mf  el  du  noniinatiT  pluriel  vdgiûitas  (v.  Slreil- 
berg,  Jdg.  forsch.,  III,  36i,  el  cf.  ces  Mémoires,  IX,  1^7);  autre- 
ment il  faudrait  admettre  une  induence  des  participes,  que  la 
flexion  anomale  de  vnghât-  ne  rend  guère  vraisemblable. 

En  résume',  il  ne  semble  pas  exister  d'exemple  qui  permette 
de  déterminer  avec  certitude  le  traitement  des  gutturales  indo- 
iraniennes devant  a  (resp.  an,  am)  issu  de  n,  m. 

A.  Meillet. 


DE  L'ARTICLE. 

(MORPHOLOGIE   ET   SYNTAXE.) 


DEUXIEME    PARTIE. 


B.  —  Détermination  du  verbe,  de  l'adjectif,  de  l'adverbe. 

Nous  avons  peine  à  sortir  des  idées  étroites  qui  nous  ont  été 
inculquées  par  les  grammaires  empiriques  de  nos  langues  clas- 
siques indo-européennes.  Ce  phénomène,  au  fond  si  simple,  mais 
si  nouveau  pour  nous,  de  la  conjugaison  des  substantifs  nous  a 
été  révélé  par  des  langues  éloignées  sous  la  forme  possessive,  et 
sous  la  forme  prédicative  on  ne  le  trouve  nettement  que  dans 
leNama.  De  même,  l'article  ne  nous  semble  pas  devoir  sortir  du 
substantif.  Cependant,  quand  on  a  bien  constaté  son  origine  pro- 
nominale, on  n'a  pas  de  peine  à  découvrir  qu'il  accompagne  aussi 
le  verbe  prédicativement,  que  c'est  même  là  un  fait  presque  uni- 
versel; c'est  lui  qui  le  conjugue.  Presque  partout,  le  pronom  per- 
sonnel des  trois  personnes  se  préfixe  ou  se  suffixe  au  verbe  d'une 
manière  pléonastique,  puisque  le  substantif  sujet  est  exprimé  par 
ailleurs;  n'est-ce  pas  bien  là  le  caractère  de  l'article?  Dans  SîSco-(jlIj 
SiSv-s,  SlSoû-cn,  les  trois  pronoms  suJSixés,  celui  de  la  3^  personne' 
d'une  manière  plus  apparente,  sont  de  véritables  articles;  nous 
voyons,  sans  quitter  la  langue  grecque,  que  quelquefois  ils  de- 
viennent moins  apparents  (Xu-o),  Xu-e<?,  \v-£i)  ou  disparaissent, 
et  qu'à  côté  d'une  conjugaison  avec  article  on  en  a  une  autre 
sans  article;  à  côté  de  la  déterminée,  l'indéterminée.  Le  môme 
phénomène  apparaît  en  hongrois,  mais  seulement  l'idée  de  pro- 
nom-objet y  remplace  celle  de  pronom-sujet;  à  côté  doivar-om,  var- 
od ,  var-ja ,  on  trouve  varo-k ,  var-asz ,  var. 

Il  est  donc  certain  que  le  verbe  l'eçoit  l'article,  un  article  qui 
lui  est  propre,  le  pronom  personnel  suffixe. 

De  même,  la  conjonction  peut  se  conjuguer  de  la  môme  ma- 
nière, en  se  suffîxant  les  divers  pronoms  personnels  qui  y  jouent 
le  rôle  d'article;  par  exemple  en  lapon,  atja-p  crque  je^,  atja-t 
ffque  tuw,  atja-s  r qu'ils,  aija-pe  frque  nousw,  ap-ma-m  crque  je 
pasw,  ap-ma-la  reque  lu  pasw,  etc. 

De  même,  les  prépositions  se  conjuguent  dans  la  plupart  des 

MÉM.    LING.  IX.  2.5 


larKiauui 


382  RAOUL   DE  LA    GRASSERIE. 

langues  ouraliennes;  par  exemple  en  lapon,  conjugaison  posses- 
sive :  mo-kiim  te  avec  moivi,  to-kum  rravec  toiii,  so-kum  rravec 
soi  15,  etc. 

Mais  ce  n'est  pas  tout  :  quelquefois  le  verbe,  Tadjectif,  Tadverbe 
reçoivent  l'article  qui  leur  vient  du  substantif  pour  se  tenir  en 
parfaite  harmonie  avec  lui. 

Parmi  les  langues  indo-européennes,  le  tchèque  et  le  vieux 
siavon  ont  l'adjectif  de'terminé  et  l'adjectif  inde'termine'.  Le  dé- 
terminé se  distingue  de  l'autre,  en  suffixant  le  pronom  personnel 
de  la  3*  personne  à  titre  d'article. 

Lithuanien:  sing.  nom.yîs,  accus. ji,  gén.jô,  ôat.jam,  inslrum. 
jumi,  \oc.  jame.  On  ajoute  cet  article  à  l'adjectif  qui  se  décline 
ainsi  :  géras  trbon^  devient  nom.  géras-is  qui  se  contracte  en 
gérô-ji,  accus,  gera-ji  =  gérd-je,  gén.  gerô-jô  =gerôs-i6s,  datif 
géram-ja)ii=gérai-jci;  insiruuï.  géru-ju=^ géra-je ,  loc.  geramjame  =^ 
géro-joje. 

Nous  avons,  dans  les  langues  du  Caucase,  observé  que  l'article 
préfixé  au  substantif-sujet  se  répétait  sur  le  verbe  et  sur  l'ad- 
jectif; nous  devons  rappeler  ici  le  procédé  plus  complet  de  l'aware. 
L'adverbe  lui-même  est  atteint  dans  cette  langue,  ainsi  que  les 
prépositions;  ils  portent  la  marque  du  sujet  en  prenant  son 
article,  parce  qu'ils  ont  été  d'abord  les  locatifs  d'un  substantif: 
hani  signifie  ici,  et  subit  les  variations  hani-u,  hani-i,  hani-b,  hani- 
r,  suivant  la  classe  à  laquelle  le  sujet  appartient;  de  même  doa 
K]hr>  varie  suivant  le  même  système;  il  le  fait  même  d'une  ma- 
nière plus  curieuse,  puisque,  au  lieu  de  suffixer  les  articles,  il  les 
infixe  et  devient  do-iv-a,  do-j-a,  do-b-a,  do-r-a.  Le  même  système, 
apparaît  dans  les  compléments  circonstanciels.  On  dit  roqo-u, 
roqo-iv-e  tfdans  la  maison  à  luiw,  roqo-j-e  ccdans  la  maison  ellew, 
roqo-b-e  te  dans  la  maison  celais.  Les  participes  portent  deux  fois 
l'ai'ticle  du  sujet  :  izara  trcrééiî  donne  w-izara-u ,  j-izara-i ,  b-izara- 
b;  r-izara-l. 

Nous  avons  déjà  remarqué  en  liûrkan  watsha  crie  boisw,  wa- 
tsha-U-zi  crdans  le  boisw  qui  devient  ivalsha-li-zi-w,  watsha-li-zi-r, 
watsha-li'zi. 

Telle  est  la  morphologie  de  l'article  dans  sa  fonction  de  la 
détermination  et  de  la  classification,  et  dans  celle  de  la  liaison 
de  la  proposition.  Mais  ses  fonctions,  en  particulier  celles  de 
détermination,  ne  3ont-elles  pas  quelquefois  remplies  par  un  autre 
mot? 

DÉTERMINATION   MARQUEE   AUTREMENT   QUE  PAR    L'ARTICLE. 

Nous  avons  relevé  dans  les  diverses  langues  deux  autres  moyens 
de  marquer  l'indétermination  :  l'un  indirect,  l'état  emphatique  ou 


DF.    L'ARTICLE.  383 

ia  mise  en  relief,  ou  au  contraire  la  de'pression ;  l'autre  direct, 
la  re'duplication  avortée.  Nous  commencerons  par  le  second. 

La  re'duplication  avortée,  du  moins  c'est  ainsi  que  nous  inter- 
prétons le  phénomène,  est  un  processus  qui  ne  se  rencontre  que 
dans  le  woloff. 

Dans  cette  langue,  lorsque  le  substantif  doit  être  déterminé,  on  • 
suffixe  sa  première  syllabe,  ou  sa  première  consonne  initiale. 

Kar  crmaisomi,  kar-ga  «la  maison»,  gar  r homme w,  gnr-ga 
rfrhomme'5,  fas  rr cheval»,  fas-iva  wie  cheval»,  mbuule  ff écri- 
ture», mbinde-ma  ffTécriture»,  [Mh-a  (r couteau r>,paka-ba  ffle  cou- 
teau». 

Que  si,  dans  certains  cas,  on  veut  déterminer  davantage,  on 
répète  deux  lois  cette  initiale;  c'est  ce  qui  arrive  dans  l'exemple 
suivant  :  mer  u-m  xjalla  nui ,  ;rla  colère  de  Dieu»;  l'initiale  de  m  se 
trouve  répétée  après  le  conjonctif  génitif  m,  et  une  seconde  fois  à 
la  fin. 

Il  y  a  certainement  là  un  procédé  acrologique  ou  de  rédupli- 
cation partielle;  or  la  réduplication  partielle  n'est  qu'une  rédu- 
plication totale  avortée;  pour  déterminer,  on  aura  d'abord  répété 
deux  fois  le  substantif,  ce  qu'on  fait  dans  d'autres  langues  pour 
former  le  pluriel;  puis,  on  n'eu  aura  plus  répété  que  ia  première 
syllabe.  Dans  ces  conditions,  il  y  a  bien  un  article,  seulement  il 
ne  tire  plus  son  origine  du  pronom,  mais  des  entrailles  du  sub- 
stantif lui-même. 

Mais  il  faut  ajouter  cependant  que  ce  suffixe  n'est  pas  toujours 
l'initiale  du  substantif,  ce  qui  semble  faire  brèche  à  cette  théorie, 
Vx  appelle  quelquefois  le  suffixe  h,  —  Xng=^m,  ou  w;\&t  appelle 
h  ou  IV,  —  Wi  un  IV,  —  Z  et  r  un  a;  ou  un  h.  Comment  expliquer 
ces  anomalies?  Pour  certains  de  ces  phonèmes  il  y  a  affinité, 
par  exemple,  entre  ng  et  iv,  mais  il  n'y  en  a  pas  entre  t  et  b.  Il 
est  probable,  mais  cela  est  invérifiable,  que  toutes  les  initiales 
ont  été  reproduites  à  l'origine,  mais  qu'une  lutte  s'est  établie 
entre  elles,  que  quelques-unes  étaient  plus  emphatiques  et  que 
les  autres  ont  été  éliminées. 

Le  second  procédé  est  i'emphatisme  ou  la  dépression;  nous 
observons  l'un  et  l'autre  dans  les  langues  sémitiques  :  l'araméen 
exprime  la  détermination, non  point  parla  préfixation  de  l'article 
/,  mais  par  la  suffixation  d'à  qui  a  fini  par  se  cristalliser  et  de- 
meurer, même  lorsqu'il  n'y  a  pas  lieu  à  détermination  actuelle  : 
dehabk  ffor»,  dabha  ftl'or»,  melek  frroi»,  malk-a  «le  roi».  La 
même  forme  se  retrouve  en  assyrien.  Le  mot  sar,  sous  sa  forme 
déterminée,  donne  au  nominatif  ««rr-w,  accus.  sarr-a,^én.sarr-i. 

L'arabe  a,  au  contraire,  l'emploi  de  l'article  préposé,  mais 
dans  ce  cas  il  modifie  sa  déclinaison  et  emploie  pour  finale,  sui- 
vant les  cas,  M,  a,  i,  au  lieu  de  m»,  a»,  in;  en  d'autres  termes, 


38/i  RAOUL  DE   LA  GRASSERIE. 

il  se  dépouille  de  sa  nasale  finale,  il  y  a  là  une  question  de 
centre  de  gravité. 

Enfin  Thébreu,  lorsque  le  substantif  est  déterminé  par  un  autre 
substantif  employé  au  génitif,  le  met  à  fétat  construit,  c'est-à- 
dire  fabrège. 

•  En  nama ,  lorsqu'on  veut  obtenir  une  détermination  à  la  2^  puis- 
sance, on  ajoute  un  a  qui  rend  le  substantif  emphatique  et  marque 
ainsi  faccusatif  par  une  surdétermination. 

Tel  est  l'article  au  point  de  vue  morpbologique,  nous  venons 
de  donner  les  autres  moyens,  quelquefois  employés,  pour  exprimer 
f  indétermination.  Peut-être  y  aurait-il  possibilité  de  les  réduire 
en  dernière  analyse  à  l'article,  en  particulier  les  indices  de  fem- 
pliatique,  mais  nous  ne  voulons  pas  nous  livrer  à  des  hypothèses. 

Nous  avons  maintenant  à  entrer  dans  un  autre  ordre  d'idées, 
le  psychologique,  et  à  rechercher  :  1°  ce  qu'est  l'article  en  lui- 
même,  ainsi  que  l'idée  de  détermination  à  laquelle  il  répond 
principalement;  2°  quelles  sont  ses  diverses  fonctions. 

II.  —  De  l'article  au  point  de  vue  psychologique. 

A  ce  point  de  vue,  deux  objets  se  présentent  à  l'étude  :  1°  la 
nature  de  l'article  comme  concept,  et  celle  de  la  détermination 
elle-même  comme  catégorie  grammaticale;  2°  la  fonction  de 
l'article. 

1  °  De  la  nature  de  V article ,  de  la  détermination 
et  des  différents  degrés  de  celle-ci. 

Comme  nous  le  verrons,  la  détermination  est  loin  d'être  la  seule 
fonction  de  farticle,  mais  c'est  la  fonction  normale  et  principale.  Il 
importe  de  rechercher  ce  qu'est  au  juste  la  détermination,  s'il  y 
en  a  plusieurs,  quelle  est  son  affinité  avec  les  autres  concepts 
grammaticaux. 

La  détermination  est,  au  fond,  l'individualisation.  Or  celle-ci 
consiste  à  désigner  un  seul  être  au  regard  de  tous  les  autres,  ou 
au  moins  quelques-uns  vis-à-vis  de  tous  autres,  ou  une  classe 
d'êtres  entière  vis-à-vis  d'une  autre  classe.  Elle  est  plus  parfaite 
lorsqu'elle  ne  désigne  qu'un  seul  individu;  elle  est  plus  parfaite 
encore  lorsqu'elle  le  désigne  sous  un  nom  propre  complet. 

On  peut  noter  dans  la  détermination  les  degrés  suivants  que 
nous  rendrons  mieux  sensibles  par  des  exemples  : 

1°  Homme,  hommes,  àvOpcoTros,  dans  les  langues  oià  l'article 
tantôt  est  emplové,  tantôt  est  supprimé;  lorsque  ce  mot  est  em- 
ployé comme  attribut,  alors  il  devient  presque  un  adjectif;  par 
exemple,  dans  cette  proposition  en  français  :  il  est  homme.  C'est 


DE  L'ARTICLE.  385 

le  plus  grand  degré  d'indétermination.  L'être  devient  une  qualité 
et  une  qualité  est  essentiellement  générale;  c'est  comme  si  l'on 
disait  :  il  est  humain  ou  il  est  bleu. 

2°  Du  bœuf,  du  cheval.  L'indétermination  est  aussi  très  grande, 
quoique  moindre.  Il  s'agit  d'un  bœuf  quelconque,  d'un  cheval 
quelconque,  même  pas  dans  sa  généralité  par  opposition  à  un 
autre  animal  ou  dans  son  individualité.  C'est  le  cas  de  l'article 
partitif. 

3°  Un  homme,  des  hommes;  c'est  la  même  expression  au  singu- 
lier et  au  pluriel.  C'est  le  cas  d'indétermination  normale,  tandis 
que  les  précédents  sont  des  cas  de  surindétermination.  On  ignore 
absolument  de  quel  homme  il  s'agit.  En  grec  on  exprime  tantôt 
par  âvOpconos,  tantôt  par  âvOpcoTTOs  tz?.  On  sait  seulement  qu'il 
s'agit  de  l'individu  et  non  de  l'espèce. 

k°  Un  homme,  par  opposition  à  deux  hommes,  trois  hommes;  l'in- 
détermination est  la  même,  seulement  elle  est  un  peu  diminuée 
par  une  détermination  numérique. 

5°  Vhomme,  en  général  par  opposition  au  bœuf,  au  cheval ,  etc. , 
c'est  l'homme  zoologique;  l'opposition  peut  disparaître;  au  moins 
expresse.  Mais  alors  l'expression  s'applique  au  genre  entier.  Il  y 
a  donc  indétermination  dans  un  sens,  mais  détermination  dans 
l'autre,  indétermination  entre  les  individus  de  l'espèce,  mais  dé- 
termination parfaite  vis-à-vis  des  autres  espèces.  Aussi,  suivant 
les  langues,  tantôt  on  emploie  l'article,  tantôt  on  ne  l'emploie 
pas. 

6°  Lliomme  [aimable,  cruel,  bon,  etc.);  alors  l'homme  est  res- 
treint à  une  catégorie  d'hommes;  il  y  a  encore  indétermination, 
mais  restreinte. 

7°  L'homme  d'Europe;  voilà  encore  la  signification  d'homme 
restreinte,  et  par  conséquent  l'être  déterminé  davantage. 

8°  Le  fis  de  Primus;  si  Primus  n'a  qu'un  fils,  la  détermination 
est  parfaite;  s'il  y  en  a  plusieurs,  elle  est  imparfaite,  puisqu'elle 
peut  s'appliquer  à  un  individu  ou  à  tel  autre. 

9°  V homme  qui  est  venu  chez  moi  hier;  voilà  une  détermination  , 
puisqu'il  ne  s'agit  que  d'un  seul  individu;  mais  l'auditeur  ne 
sait  pas  encore  duquel. 

lo"  Cet  homme  ou  lliomme  celui-ci;  il  ne  peut  plus  y  avoir  de 
doute  sur  l'identité,  la  désignation  est  parfaite,  l'expression  sup- 
pose qu'on  montre  en  même  temps  l'individu  d'un  geste. 

1 1"  Homme-moi,  homme-toi,  homme-il;  la  détermination  est  plus 
grande,  mais  en  même  temps  anormale;  elle  ramène  la  désigna- 


386  RAOUL  DE  LA  GRASSERIE. 

tion  à  la  personnalité,  elle  est  subjective  et  pre'dicative.  On  com- 
pare tout  au  moi,  mais  il  reste  une  obscurité'  quand  il  s'agit  de 
la  3"  personne;  on  ne  sait  de  quel  individu  il  s'agit;  aussi  corro- 
bore-t-on  la  de'signatiou  en  disant  à  quelle  classe  l'individu  ap- 
partient. Dans  les  deux  cas,  il  y  a  système  subjectif  et  concret  : 
le  premier  a  e'té  relevé  par  nous  chez  les  Namas,  le  second  chez 
les  Gaires. 

19°  Son  fils,  son  père;  lorsque  le  mol  Jih,  le  mot  père  ne 
peuvent  s'employer  seuls.  Alors  il  y  a  encore  détermination  anor- 
male, surdétermination.  On  ne  peut  exprimer  un  être  si  on  ne 
l'individualise  pas. 

1 3°  Primus,  Secundus;  alors  la  détermination  est  non  seulement 
complète,  mais  elle  est  absolue;  en  ajoutant  les  noms  patro- 
nymiques et  les  prénoms,  on  arrive  à  l'indication  d'un  individu 
unique. 

Tous  ces  degrés  de  détermination  ou  d'indétermination  ne  sont 
pas  fournis  par  l'article,  mais  il  en  produit  un  grand  nombre  et 
concourt  souvent  à  exprimer  les  autres.  Dans  la  détermination 
absolue  (n"  i3),  aucun  adjuvant  n'est  nécessaire.  Dans  celle 
du  n°  10,  l'article  est  remplacé  par  l'adjectif  démonstratif,  mais 
cet  article  n'est  souvent  que  la  réduplication  de  l'article.  Dans  le 
cas  n"  9  [Vhomme  qui),  la  détermination  est  donnée  par  le  pro- 
nom conjonctif,  mais  dans  beaucoup  de  langues  l'article  sert 
d'adjuvant,  et  dans  d'autres  le  pronom  relatif  n'est  que  la  répé- 
tition de  l'article  :  on  peut  citer  l'allemand,  der  mann  der,  die 
frau  die .  .  . 

Dans  les  autres  cas,  à  moins  d'indétermination  absolue  (alors 
il  n'y  a  pas  besoin  d'indice),  l'article  apparaît  sous  une  double 
forme  :  celle  d'indétermination  nn,  des ,  et  celle  de  détermination 
le.  Nous  avons  vu  que  dans  certaines  langues,  l'article  perd  son 
sens  primitif  et  accompagne  tous  les  substantifs,  mais  alors  on 
y  joint  un  article  de  détermination  actuelle. 

Telle  est  la  nature  psychologique  de  l'article,  c'est  un  mot  qui 
sert  principalement  à  exprimer  la  détermination. 

Quant  à  la  détermination  dont  le  domaine  est  plus  vaste,  elle 
forme  avec  le  genre,  le  nombre,  une  troisième  catégorie  gram- 
maticale affectant  le  substantif.  Los  concepts  substantifs  accessoires 
sont  le  genre,  le  nombre,  la  détermination.  Los  cas  n'appar- 
tiennent plus  au  même  ordre  d'idées,  ils  ne  s'appliquent  pas  aux 
êtres  pris  isolément,  mais  à  ceux  en  relation  logique  avec  les 
autres  de  la  pioposition. 

Pour  mieux  faire  connaître  la  nature  de  l'article,  il  importe 
d'indiquer  cpielle  est  son  origine  logique,  c'est-à-dire  de  quelle 
autre  partie  du  discours  il  procède  et  quelle  est  sa  ressemblance 


DE  L'ARTICLE.  387 

OU  ses  (lifîërenccs,  enfin  ses  affinités,  avec  les  catégories  du  genre, 
du  nombre  et  des  cas. 

L'origine  morphologique  de  l'article  est,  comme  nous  croyons 
l'avoir  démontré,  le  pronom  personnel.  Il  en  est  de  même  de 
sa  source  psychologique.  On  a  dit  homme  celui-ci  ou  homme -il 
avant  de  dire  l'homme  et  dans  le  même  sens.  Le  pronom  personnel 
est  devenu  adjectif  pronominal  ,  puis  article.  Du  reste,  l'origine 
morphologique  est  ici  un  sûr  révélateur  de  l'origine  psycholo- 
gique. Une  preuve  plus  certaine  est  le  système  de  la  langue 
nama;  on  y  dit  :  homme-moi,  homme-toi,  homme-il,  et  cette  der- 
nière expression  est  identique  à  il-homme  et  à  l'homme.  L'idée  ré- 
pond ici  complètement  à  la  forme.  Le  pronom  n'est  qu'une  dé- 
rivation d'un  adverbe  de  lieu,  ici,  là,  plus  loin;  le  plus  proche, 
correspondant  au  moi,  est  ici,  le  moins  proche,  correspondant 
au  toi,  est  là,  le  plus  éloigné,  correspondant  à  lui,  est  Ih-has.  De 
même,  l'article  est  une  désignation  du  lieu.  La  locativité  domine 
toute  la  genèse  de  l'expression  grammaticale. 

L'adverbe  de  lieu  est  un  grand  générateur  de  formes,  il  donne 
d'abord  naissance  au  pronom,  à  celui  des  trois  personnes,  sur- 
tout celui  de  la  troisième,  essentiellement  démonstratif. 

Le  pronom,  à  son  tour,  a  les  fonctions  les  plus  mulliples  et 
les  plus  délicates  à  la  fois.  Ce  qui  nous  intéresse  ici,  il  devient 
soit  adjectif  démonstratif  (cei /io»ime),  soit  article  (l'homme);  mais 
il  a  d'autres  transformations,  il  joue  le  rôle  de  pronom  relatif; 
celui-ci,  quand  il  n'est  pas  emprunté  au  pronom  interrogatif, 
l'est  presque  toujours  à  l'article  :  nous  venons  d'en  citer  un  exemple 
tiré  de  l'allemand;  en  outre,  il  remplace  le  verbe  abstrait,  le  verbe 
être;  celui-ci  est  exprimé  par  un  pronom-article. 

Telle  est  l'origine  de  l'article.  Quelles  sont  maintenant  ses  affi- 
nités avec  les  autres  concepts  accessoires  du  substantif:  le  genre, 
le  nombre  et  le  cas,  ou  avec  leurs  modes  d'expression? 

L'affinité  de  l'article  ou  de  la  détermination,  en  général,  avec 
le  genre  est  sensible  d'après  les  exemples  que  nous  avons  em- 
pruntés aux  langues  bantou  et  à  celles  du  Caucase.  Les  différents 
genres  ne  sont  pas  exprimés  parles  substantifs  eux-mêmes,  mais 
par  les  pronoms,  devenus  articles,  qui  y  sont  préposés.  Ces 
genres,  par  leur  quantité,  sont  d'ailleurs  des  désignations  de  ca- 
tégories, des  classificateurs.  En  cafre,  il  y  a  autant  d'articles  dif- 
férents que  de  catégories  d'objets,  et  la  détermination  se  confond 
entièrement  avec  le  genre. 

L'alfinité  de  la  détermination  avec  le  nombre  existe  dans  les 
langues  oij  le  pluriel  pai'  définition  est  considéré  comme  indé- 
terminé, et  au  contraire,  le  singulier  comme  déterminé  :  de  telle 
sorte  (jue,  contre  l'idée  ordinaire,  c'est  le  singulier  qui  dérive 
du   pluriel,  ou  bien,  au  contraire,  c'est  le  pluriel  qui  est  dé- 


388  RAOUL  DE  LA  GRASSERIE, 

terminé;  en  tous  cas,  la  de'termination  et  rindétermination  se  lient 
avec  la  différence  des  nombres.  Le  premier  cas  a  lieu  dans  la 
langue  bari  où  le  pluriel  est  le  point  de  départ,  et  par  conséquent 
l'indéterminé,  et  où  le  singulier  qui  est  déterminé,  adjoint,  comme 
tel,  un  préfixe.  Au  contraire,  en  bullom  et  en  temné,  c'est  le 
singulier  qui  est  considéré  comme  un  collectif,  par  conséquent, 
comme  indéterminé,  tandis  que  le  pluriel  est  considéré  comme 
individuel,  et  comme  tel,  muni  d'un  préfixe. 

De  même,  dans  les  langues  de  l'Oural  (sauf  dans  le  mordouin 
qui  a  les  deux  déclinaisons  complètes)  la  détermination  apparaît 
pour  la  première  fois  avec  le  pluriel  et  se  confond  avec  lui. 

•  L'affinité  de  la  détermination  avec  les  cas  existe  d'une  manière 
certaine  dans  plusieurs  langues,  en  particulier,  dans  les  langues 
ouraliennes.  Comme  nous  l'avons  vu  à  l'origine,  en  finnois,  l'ac- 
cusatif n'a  pas  d'indice;  on  l'exprime  plus  tard  par  le  signe  de 
la  détermination. 

Puisqu'il  y  a  eu  autrefois  dans  ces  langues  des  paradigmes 
complets  de  déterminé  et  d'indéterminé,  c'est  plutôt  de  la  sur- 
vivance du  déterminé  à  l'accusatif  qu'il  s'agit. 

Ce  ne  sont  pas  là  de  purs  accidents  morphologiques.  La  déter- 
mination emporte  celle  par  classes  et  par  genres,  aussi  bien  que 
celle  par  individus;  ce  ne  sont  que  des  degrés  différents  de  la 
même  idée.  De  même,  le  pluriel  est  plutôt  indéterminé,  puisqu'il 
n'individualise  pas.  Enfin,  l'accusatif,  qui  représente  le  patient, 
a  besoin  d'une  individualité  moins  nette  que  l'agent,  ce  qui  est 
d'autant  plus  juste  que  l'agent  lui-même,  quand  le  verbe  est  in- 
transitif, ne  porte  pas,  lui  non  plus,  le  signe  de  détermination. 

Il  y  a  entre  les  divers  concepts  accessoires  un  lien  psychique, 
naturel  et  nécessaire,  dont  la  morphologie  que  nous  avons  ob- 
servée plus  haut  est  le  révélateur. 

a"  Fonctions  psijchologiques  de  l'article. 

Nous  avons  dit  que  la  fonction  psychologique  de  l'article  est 
la  détermination,  mais  que  ce  n'est  pas  la  seule;  il  faut  ajouter 
que  ce  n'est  pas  l'originaire,  ni  non  plus  l'hystérogène  :  ce  n'est 
qu  une  foîiction  intermédiaire  dans  Vévolution. 

Les  fonctions  de  l'article  sont  au  nombre  de  quatre  chrono- 
logiquement dans  l'ordre  suivant  :  i°  fonction  de  concrétisme  ou  de 
surdétermination;  9°  fonction  de  détermination  normale;  3°  fonction 
d'auxiliaire;  k°  fonction  de  relation. 

a.  —  Fonction  de  concrétisme. 
L'homme  dans  son  premier  état  d'esprit  ne  conçoit  que  l'indi- 


DE  L'ARTICLE.  389 

viduel;  rabstraction ,  la  systématisation  lui  est  étrangère;  si  un 
être  non  individuel  veut  être  exprimé,  il  doit  d'abord,  par  des 
artifices,  le  convertir  en  individuel.  Dans  ce  but,  il  emploie  di- 
vers procédés.  Tantôt  il  exprime  par  des  racines  entièrement  dif- 
férentes des  idées  cependant  rapprochées  :  c'est  le  procédé  le  plus 
énergique.  Tantôt  il  approche  fortement  l'idée  objective  de  sa 
personnalité  et  la  rend  subjective,  sensible,  rapprochée  dans  l'es- 
pace de  celui  qui  parle.  C'est  dans  ce  but  qu'il  emploie  le  pronom 
et  l'article.  Les  expressions  du  nama  homme-moi,  homme-toi,  homme- 
lui,  celles  du  cafre  homme-  (objet  de  i''''  clas?e),  chêne  (objet  de 
2^  classe),  etc.,  chaque  classe  étant  désignée  par  un  article  diffé- 
rent, rentrent  dans  ce  système.  Quelquefois,  ce  n'est  pas  d'une 
mamere  prédicative ,  mais  d'une  mamhre  possessive,  qu'il  y  a  con- 
créîisme.  Le  sauvage  algonquin  ne  peut  dire  oncle,  mais  doit  dire 
oncle  de  moi  ou  de  loi  ou  de  lui  ;  c'est  le  pronom  possessif  qui  sert 
à  individualiser;  c'est  toujours  le  pronom  transformé,  mais  ce 
n'est  pas  l'article;  celui-ci  est  un  déterminant  subjectif  concret 
prédicatif.  C'est  dans  ce  seul  but  de  concrélisme  que  l'article  a 
d'abord  été  employé.  On  ne  songeait  pas  à  déterminer;  ce  qui  le 
prouve,  c'est  qu'on  n'alternait  pas  entre  la  détermination  et  l'in- 
détermination; on  déterminait  toujours,  ce  qui  est  la  négation 
de  la  détermination  actuelle.  La  détermination  peut  manquer  et 
elle  manque  en  effet  dans  beaucoup  de  langues,  même  très  cul- 
tivées; le  latin  en  est  un  éclatant  exemple.  Elle  a  donc  pu  faire 
défaut  à  l'origine.  Le  genre  aussi  manque  souvent  totalement.  Ce 
qui,  au  contraire,  semble  nécessaire  à  l'esprit  des  premiers 
hommes,  c'est  une  idée  concrète,  les  idées  abstraites  leur  étant 
inabordables.  D'ailleurs,  l'idée  concrète  conduit  à  lade'termination 
précisément  par  la  surdétermination  que  le  concrétisme  entraîne. 
Quand,  au  lieu  de  dire  ïhomme,  on  àil  homme-loi ,  voilà  l'homme 
devenu  concret,  attaché  à  la  réalité,  mais  en  même  temps  le  voilà 
surdéterminé,  complètement  individualisé;  si  au  lieu  de  dire  la 
lèvre,  je  dis  sa  lèvre,  le  niême  résultat  a  lieu  par  le  pronom  pos- 
sessif. L'expression  concrète  et  la  surdétermination  coïncident 
ainsi.  Mais  ce  qui  a  été  d'abord  en  vue  a  été  le  concrétisme,  la 
détermination  n'est  que  le  résultat  indirect  et  plus  conscient. 

Nous  avons,  dans  des  études  spéciales,  relevé  le  phénomène 
du  concrétisme  et  ses  divers  modes  d'expression,  en  particulier, 
par  le  pronom  et  par  l'article. 

b.  FOXCTIONS  DE  DÉTERMINATION. 

Nous  ne  rappelons  ici  ces  fonctions  que  pour  ordre;  ce  sont 
celles  qui  dominent  dans  l'histoire  de  l'article,  et  ([ue  montrent 
tous  les  exemples  morpliologi(jues  que  nous  avons  cités. 


390  RAOUL   DE  LA   GRASSERIK. 

li  ne  s'agit  plus  là  d'ailleurs  de  surdc'termination,  mais  de  dé- 
termination simple. 

Rappelons  que  cette  de'termination  peut  être  à  une  foule  de 
degre's  dont  nous  avons  e'tabli  la  progressiou.  Elle  semble  être 
parfois  une  indétermination,  de  sorte  que  l'article  aurait  à  la  fois 
une  fonction  d'indétermination  et  une  de  détermination  :  par 
exemple,  lors([u'il  s'agit  de  l'article  un  ou  de  l'arlicle  le.  En  réalité, 
ce  sont  des  degrés  de  détermination;  l'absence  totale  de  celle-ci 
s'exprime  par  l'absence  d'indices.  Ce  qu'il  faut  admirer,  c'est 
l'application  ici  d'un  principe  que  nous  avons  souvent  énoncé,  à 
savoir  que  ce  qui  a  été  plus  tard  fonctionnel,  instinctif  ou  volon- 
taire, a  été  d'abord  purement  mécanique;  il  faut  y  ajouter  que 
les  fonctions  cbangent  souvent  aussi,  qu'il  y  a  virement  de  l'une 
à  l'autre;  celle  de  concrétisme  s'est  convertie  en  fonction  de  dé- 
termination. 

c.  —  Fonction  d'auxiliaire. 

Ici  nous  pouvons  observer  un  nouveau  virement  de  fondions.  Celle 
de  détermination  s'est  changée  en  fonction  d'auxibaire.  Voici 
comment.  D'ailleurs,  la  fonction  d'auxiliaire  elle-même  a  eu  deux 
moments  successifs. 

Lorsque  le  pronom  devenu  article  s'est  agglutiné  au  substantif, 
il  n'en  a  pas  moins,  dans  les  langues  à  flexions,  continué  à  se  dé- 
cliner comme  pronom ,  et  comme  le  substantif  continuait  à  aussi  se 
décliner,  il  en  est  résulté  que  la  même  relation  et  les  mêmes  con- 
cepts du  genre  et  du  nombre  se  sont  exprimés  deux  fois  pléona's- 
tiquement.  C'est  ce  qui  a  lieu  en  grec  :  b  âvôpooTTOS,  tov  âvOpoûTTOv, 
ol  a.v9pconoi\  de  sorte  que  l'article  corrobore  l'expression  de  tous 
ces  concepts.  Il  en  résulte  un  peu  de  monotonie,  mais  de  grands 
avantages.  C'est  comme  si  l'on  frappait  deux  fois  de  suite  une 
note.  D'autant  plus  que,  les  moyens  morphologiques  de  décli- 
naison étant  les  mêmes,  on  obtient,  "en  outre,  une  sorte  de 
rime  :  Toh  dvôpojTTOis,  tous  àvOpôoTrovs.  Il  y  a  là  une  déclinaison 
pléonastique. 

C'est  une  première  manière  d'être  auxiliaire;  en  voici  une 
seconde. 

On  s'aperçoit  qu'il  n'y  a  pas  besoin  d'exprimer  le  genre,  le 
nombre,  le  cas,  deux  fois;  une  seule  suffît,  ou  plutôt  on  ne  fait 
pas  ce  raisonnement,  car  on  ne  raisonne  jamais  en  grammaire; 
le  mécanisme  du  langage,  l'instinct  fait  tout.  Mais  d'elles-mêmes 
les  formes  inutiles  s'éliminent.  Des  causes  purement  phonétiques 
concourent  aussi.  Dans  les  substantifs,  l'accent,  quand  il  n'est  pas 
oxyton,  tend  à  faire  tomber  la  voyelle  finale.  Sous  cet  efTort  con- 
tinu, celte  voyelle  finit  par  succomber,  et  voici  la  finale  détruite; 


DE   L'ARTICLE.  391 

au  contraire,  rarlicle  dépourvu  d'accent  tonique  et  enclitique  se 
conserve  à  cause  de  son  rôle  grammatical  et  aussi  précise'ment 
pour  reme'dier  à  la  chute  des  de'sinences  du  substantif. 

Dans  les  langues  comme  le  latin,  où  il  n'y  a  pas  d'article, 
lorsque  les  désinences  du  substantif  s'effacent  par  instinct  de 
conservation,  un  pronom  de'monstratif  avec  ses  de'sinences  plus 
facilement  conservées  à  cause  du  manque  d'accent  tonique  vient 
se  préposer  au  substantif  et  exprime  pour  lui  le  genre,  le  nombre 
et  le  cas;  c'est  ce  qui  arrive  dans  les  langues  romanes. 

Voilà  désormais  un  substantif  inerte,  le  substantif  français 
n'exprimant  d'une  manière  nette  ni  le  genre,  ni  le  nombre,  ni 
le  cas;  mais  l'article  qui  le  précède  exprime  tout  cela.  C'est  un 
mot  devenu  tout  à  fait  auxiliaire;  il  ne  tend  plus  seulement  à 
corroborer  le  substantif  et  à  l'aider  à  porter  les  concepts  acces- 
soires, il  le  remplace  tout  à  fait  dans  cette  tâche.  La  force  auxi- 
liaire est  encore  plus  grande,  si  l'on  ne  tient  pas  compte  des 
sons  figurés  dans  l'écriture,  mais  qui  ne  se  prononcent  pas;  par 
exemple,  dans  r homme,  les  hommes,  la  prononciation  du  mot  homme 
est  la  même,  à  moins  que  le  mot  suivant  commençant  par  une 
voyelle  ne  fasse  réapparaître  l's  final  d'hommes. 

Le  même  phénomène  a  lieu  dans  le  verbe  par  la  perte  de 
ses  désinences  et  l'apparition  devant  lui  du  pronom  personnel  : 
faime,  tu  aimes,  ils  aiment;  partout  le  verbe  se  prononce  de  la 
même  manière,  et  le  pronom  exprime  seul  la  personne,  le  genre 
et  le  nombre.  Il  est  auxiliaire. 

Enfin  des  verbes  eux-mêmes  sont  auxiliaires  :  être,  avoir.  Ils 
expriment  seuls  les  temps  et  les  modes,  et  débarrassent  de  ces 
concepts  accessoires  la  racine  verbale.  H  en  est  de  même  de 
l'auxiliaire /fliVe  en  anglais  et  en  celtique,  des  auxiliaires  être  et 
avoir  en  basque,  qui  sont  auxiliaires  à  un  plus  fort  degré,  puis- 
que eux  seuls  se  chargent  d'exprimer  les  concepts  de  personne, 
de  nombre,  de  mode  et  de  temps. 

On  pourrait  donc  définir  dans  certaines  langues,  en  français 
par  exemple,  l'article  aussi  bien  :  mot  auxiliaire  que  mot  déter- 
minant. Cette  fonction  plus  ample  le  caractériserait  même  mieux. 

Le  résultat  de  cette  fonction  d'auxiliaire  mérite  d'être  remarqué. 
Il  conduit  à  une  analyse  plus  grande  et  à  un  caractère  plus  abs- 
trait du  langage. 

Les  concepts  accessoires  de  nombre,  de  genre,  de  relation  étant 
détachés  du  substantif  se  trouvent  exprimés  avant  lui  et  à  part. 
C'est  comme  si,  avant  de  prononcer  le  mot  homme,  hommes,  de 
l'homme,  on  disait  génitif,  masculin,  siiigidier,  hommes,  prenant 
d'abord  à  part  tous  les  concepts  accessoires.  Quoi  de  plus  abstrait 
qu'un  pareil  ordre!  (^cci  nous  conduit  à  une  autre  fonction  de 
l'article,  à  sa  fonction  d'abstraction. 


392  RAOUL  DE  LA  GRASSERIE. 


d.  —  Fonction  d'abstraction. 

C'est  la  résultante  de  la  fonction  d'auxiliaire  que  nous  avons 
décrite.  Le  substantif  apparaît  nu ,  tous  ses  vêtements  ont  e'td  re- 
vêtus par  l'article;  or  ces  vêtements,  c'est  préciso'ment  le  nombre, 
le  genre,  le  cas;  ces  concepts  sont  des  concepts  abstraits;  si  on 
les  fond  avec  le  substantif  lui-même,  cette  abstraction  ne  paraîtra 
plus;  le  substantif  les  absorbera  dans  sa  masse;  mais  si  on  les  dé- 
tache, si  on  les  met  en  vedette,  avant  le  substantif,  l'abstraction 
éclatera,  l'élément  formel  et  grammatical  viendra  isolé  avant 
l'élément  ontologique.  Ce  rôle  de  l'article  contribue  beaucoup  à 
donner  ce  caractère  aux  langues  civilisées  modernes,  en  particu- 
lier à  la  nôtre;  elle  lui  apporte  cette  précision  que  désire  l'écri- 
vain, surtout  en  matière  scientifique.  L'article  est  l'àme  des  langues 
dérivées,  privées  d'ailleurs  de  flexions,  comme  le  pronom  a  été 
l'âme  des  langues  primitives,  tandis  que  celles  des  langues  chrono- 
logiquement moyennes,  des  langues  à  flexion,  ont  pu  s'en  passer. 
On  ne  saurait  trop  mettre  en  relief  cette  fonction  de  l'article, 
tout  à  fait  directe,  mais  !a  plus  importante. 

Ce  rôle  est  d'ailleurs  partagé  par  lui  avec  le  pronom;  on  peut 
dire  que  les  deux  concourent  à  la  clarté  de  la  langue  et  en  même 
temps  à  sa  vitesse. 

S'il  fallait  répéter  tous  les  substantifs  que  le  pronom  remplace, 
on  obtiendrait  le  style  le  plus  lourd;  de  même,  s'il  fallait  suppri- 
mer l'article  et  le  rem])lacer  par  des  désinences  du  substantif  bien 
marquées  et  suivant  l'accent,  le  langage  serait  entravé  dans  sa 
marche;  l'article  le  dégage  à  son  tour,  décharge  les  mots  de  sub- 
stance de  leur  poids,  et  comme  il  est  très  léger,  il  le  porte  allè- 
grement et  sans  fatigue.  L'article  est  un  des  ressorts  les  plus 
souples  du  langage,  et  l'on  ne  saurait  le  supprimer  sans  en  altérer 
l'économie  et  en  retarder  la  vitesse. 

e.  —  Fonction  de  relation. 

Exceptionnellement  et  dans  certaines  langues  seulement,  l'ar- 
ticle joue  un  rôle  beaucoup  plus  élevé  :  il  accomplit  à  lui  seul  ou 
avec  le  concours  du  pronom  les  fonctions  de  relation. 

Non  seulement  il  exprime,  au  lieu  et  place  du  substantif,  les 
catégories  du  nombre  etdu  genre,  non  seulement  il  détermine  et 
classifie,  mais  il  exprime  seul  la  relation  génitive  et  adjective 
et  celle  du  pronom  relatif,  et  dans  sa  forme  pronominale,  celle  de 
l'accusatif,  du  nominatif  et  du  datif.  11  serait  trop  long  de  décrire 
ici  ce  procédé.  Il  suffît  d'ailleurs  de  se  référer  à  ce  que  nous 
avons  dit  dans  la  partie  morphologique  de  la  présente  étude  re- 


DE   L^ARTICLE.  393 

lativement  au  système  des  langues  bantou  et  de  celles  du  Cau- 
case. 

L'article  qui  marque ,  préfixé  au  substantif,  le  genre  et  le  nombre 
de  celui-ci,  se  répète,  plein  ou  abrégé,  sur  le  substantif  en 
dépendant  et  en  relation  génitive;  il  se  répète  aussi  sur  Tadjectif 
qui  qualifie,  et  ainsi  le  lien  se  trouve  établi  par  un  moyen  tout  à 
fait  inconnu  de  nos  langues  européennes;  par  la  même  répétition 
il  exprime,  mais  celte  fois  sans  s'affixer  à  aucun  substantif,  le  pro- 
nom relatif  et  les  divers  cas  obliques.  De  telle  sorte  que  les  cas 
locatifs  sont  seuls  exprimés  par  des  mots  vides,  les  cas  logiques 
le  sont  tous  par  un  moyen  uniforme  :  la  répétition  de  Tarticle.  On 
voit  quelque  chose  d'analogue  à  cette  répétition  en  allemand,  en 
ce  qui  concerne  le  pronom  relatif. 

Il  y  a  dans  ce  cas  souvent  superposition  de  deux  articles.  C'est 
même  cette  superposition  qui  sert  à  expliquer  le  procédé. 

Dans  la  relation  génitive,  par  exemple,  le  mot  qui  dans  nos 
langues  serait  au  génitif  se  trouve  affecté  d'abord  de  l'article  pré- 
dicatif  qui  lui  convient  d'après  son  genre  et  son  nombre;  mais 
ce  substantif  n'étant  pas  indépendant  doit  porter  aussi  l'article 
qui  convient  au  substantif  principal  dont  il  dépend,  il  aura  donc 
deux  articles  et  deux  différents  :  le  plus  proche,  le  sien;  le  plus 
éloigné,  celui  du  substantif  dominant.  L'adjectif  n'a  pas  d'article 
propre,  il  revêtira  celui  du  substantif  dominant  seul.  C'est  le 
système  qui  a  pour  point  de  dépari  le  double  article  :  in-kosi  i-aba- 
ntu  cf  le  capitaine  du  peuple î^;!  est  l'article  du  premier  substantif, 
aba  celui  du  second;  mais  l'article  du  premier  se  répète  d'abord 
sur  le  second  dans  la  forme  i. 

Telle  est  la  nature,  telles  sont  les  diverses  fonctions  de  l'ar- 
ticle au  point  de  vue  psychologique. 

Tant  à  ce  point  de  vue  qu'au  point  de  vue  morphologique,  ce 
petit  mot,  rejeton  du  pronom  personnel,  qui  lui-même  est  issu 
de  l'adverbe  à  la  fois  locatif  et  subjectif,  est  très  remarquable,  il 
donne  à  un  langage,  suivant  l'extension  de  son  emploi,  un  aspect 
tout  particulier;  il  se  développe  avec  la  civilisation  elle-même, 
domine  les  langues  dérivées,  est  un  des  plus  puissants  instruments 
d'analyse,  d'abstraction  et  de  clarté  tout  à  la  fois.  Cependant 
on  le  trouve  dans  les  langues  qui  semblent  les  plus  anciennes  y 
jouant  un  tout  autre  rôle,  celui  de  concrétisme,  et  le  jouant  avec 
autant  de  force,  quoique  ce  rôle  soit  contraire. 

A  toute  épo({ue,  snuf  dans  les  temps  intermédiaires  où  il  s'est 
affaibli,  il  pénètre  la  grammaire.  Il  domine  aussi  la  stylistique 
et  la  phonétique,  créant  entre  les  mots  des  écarts  nécessaires 
qui  en  assurent  l'équilibre,  contrebalançant  par  des  enclitiques 
la  puissance  trop  pressante  des  accents  toniques,  permettant  à  la 
pensée  de  se  former  entre  les  moments  d'expression  des  idées 


39^  RAOUL   DE  LA  GRASSERIE. 

d'action  et  de  substance.  Il  triomphe  par  sa  faiblesse  même,  et 
il  a  pousse'  dans  les  interstices  de  la  phrase,  comme  un  lierre 
vivace,  mais  au  lieu  de  l'ébranler,  il  la  remplit  et  la  soutient. 

Nous  avons  essayé  d'en  de'crire  le  caractère  au  moyen  d'exemples 
partout  recueillis,  et  d'en  raconter  l'évolution. 

Raoul  DE  LA  Grasserie. 


LA  LINGUISTIQUE  HONGROISE. 


Dans  le  tome  III  de  ces  Mémoires  \  M.  0.  Donner,  professeur  à 
l'université  de  Helsingfors,  a  rendu  compte  des  recherches  faites 
dans  le  domaine  des  langues  ougriennes  et  mentionne'  les  prin- 
cipaux ouvrages  ante'rieurs  à  1876.  Depuis,  en  Hongrie,  la  lin- 
guistique a  fait  beaucoup  de  progrès.  Le  mouvement  intellectuel 
qui  se  manifeste  dans  toutes  les  branches  de  notre  litte'rature 
n'est  peut-être  nulle  part  plus  vif  que  dans  cette  science  et  dans 
son  annexe,  la  philologie  finno-ougrienne.  Je  vais  tâcher  de 
donner  un  aperçu  des  productions  des  dernières  anne'es,  com- 
plétant ainsi  l'article  de  M.  Donner,  et  me  bornant  à  signaler  les 
principaux  ouvrages  qui  traitent  spécialement  du  magyar. 

Je  commence  par  rappeler  que  l'importante  question  de  la  pa- 
renté de  la  langue  hongroise  qui  a  occupé  longtemps  une  foule  de 
savants  hongrois  et  étrangers,  peut  être  considérée  comme  résolue. 
La  théorie  dite  turque,  représentée  surtout  par  M.  Vambéry,  pro- 
fesseur à  l'université  de  Budapest,  théorie  d'après  laquelle  la 
plus  étroite  affinité  unirait  le  magyar  aux  dialectes  turcs,  a  été 
complètement  supplantée  par  la  théorie  dite fnno-ougrietine ,  qui 
considère  les  langues  ougro-fînnoises  (c'est-à-dire  le  vogoul-os- 
tiak,  le  syriène-votiak,  le  tchérémisse,  le  mordvine,  le  finnois- 
esthonien  et  le  lapon)  comme  les  proches  parentes  du  hongrois, 
tout  en  reconnaissant  l'influence  turque  sur  le  magyar  dans  sa  pé- 
riode la  plus  ancienne.  Cette  théorie  a  eu  pour  principal  défenseur 
Joseph  Budenz  (f  1898),  puis  a  été  définitivement  établie  par  les 
linguistes  groupés  autour  de  lui.  Leurs  travaux  nombreux  ont  fait 
accomplir  une  évolution  rapide  à  la  philologie  hongroise,  et  les 
résultats  de  leurs  recherches  viennent  d'être  utilisés  dans  des  ou- 
vrages remarquables  publiés  pour  la  plupart  par  l'Académie  des 
sciences  de  Budapest. 

C'est  à  J.  Budenz  surtout  qu'il  faut,  avec  M.  Donner,  rendre 
hommage  du  développcnient  des  études  de  linguistique  en  Hon- 
grie. C'est  lui  qui,  devenu  professeur  à  l'université  de  Budapest, 


'  Revue  de  la  philologie  ougro-finnoise ,  années  1878-1875  {Mém.  Soc.  Ling., 
l.  m,  p.  81). 


396  G.   HUSZAR. 

a  éveillé  chez  les  philologues,  par  ses  ouvrages  sur  la  linguis- 
tique ougrienne,  le  goût  de  la  comparaison  des  langues  ougro- 
finnoiscs.  Parmi  ses  écrits,  je  ne  mentionne  que  son  Dictmmaire 
comparatif  hongrois-oîigrien^  et  sa  Grammaire  comparée  des  langues 
ougriennes  -,  qui  serviront  encore  longtemps  de  guide  dans  les 
études  d'étymologie  magyare-ougrienne. 

L'œuvre  laborieuse cominencée  par  Budenz,  d'autres  linguistes, 
dignes  de  lui  par  leur  ardeur  infatigable,  l'ont  continuée  et  com- 
plétée. Citons  Gabriel  Szarvas  (f  1895)  qui  a  beaucoup  contribué 
aux  progrès  de  la  philologie  hongroise  par  ses  travaux  conscien- 
cieux et  surtout  par  sa  revue  bi-mensuelle  Le  gardien  de  la  langue 
hongroise^.  Szarvas  s'est  attaché  à  enrichir  la  langue  littéraire  en 
mettant  à  profit  les  trésors  du  parler  populaire,  et  à  la  purifier 
des  tournures  étranges,  des  mots  de  formation  irrégulière,  des 
nombreux  germanismes  et  latinismes  introduits  par  certains  écri- 
vains novateurs. 

M.  Bernard  Munkacsi  et  M.  Ignace  Halasz,  professeur  à  l'uni- 
versité de  Kolosvar,  se  sont  fait  connaître  par  leurs  nombreux  tra- 
vaux dans  le  domaine  des  langues  ougriennes  et  de  la  linguistique 
altaïque.  M.  Joseph  Szinnyei,  professeur  à  l'université  de  Buda- 
pest, outre  des  ouvrages  sur  la  langue  et  le  peuple  finnois,  a 
publié  des  études  approfondies  sur  des  questions  de  philologie 
magyare.  Il  dirige  la  publication  du  Dictionnaire  des  dialectes  hon- 
grois'^ et  des  Communications  linguistiques^. 

Nous  ne  devons  pas  oublier  le  Nestor  des  savants  hongrois, 
M.  Samuel  Brassai,  qui  s'est  acquis,  comme  philologue,  un  re- 
nom mérité,  surtout  par  ses  articles  sur  l'ordre  des  mots,  question 
qui  a  été  et  qui  est  encore  lobjet  de  beaucoup  de  controverses. 
M.  Georges  Volf  s'est  signalé  par  l'édition  la  plus  soigneuse  des 
monuments  manuscrits  de  la  langue  hongroise^  et  par  des  études 
sur  l'histoire  de  l'orthographe  hongroise,  et  M.  Aron  Szilady  par 
une  édition  complète,  avec  commentaire,  des  anciens  poètes  hon- 
grois. 

Parmi  les  jeunes  adeptes  de  la  linguistique,  je  ne  cite  que 
M.  Joseph  Balassa,  dont  je  reparierai,  et  M.  Jules  Zolnai,  qui 
récemment  encore  a  écrit  un  volume  de  grande  valeur,  intitulé  : 
Nos  monuments  linguistiques  jusqu'à  l'époque  de  l' imprimerie''. 

'  Magyar-Ugor  Osszehasonlîtô  Szôtâr  (Budapest,  1881). 
-  Az  Ugor  Nyeheh  Osszehasonh'to  Alaktana  (Budapest,  i88i). 
^  Magyar  Nijplvâr;  depuis  1872;  rédijjéo  à  présent  par  M.  S.Simonyi,  dont 
je  parle  plus  loin. 

*  Magyar  Tâjszolâr,  édité  sous  les  auspices  de  l'Acadéinie. 

^  Nyeivtudomdiiyi  Kozleiuéuyek,  dirigées  d'abord  par  Budenz,  puis,  jus- 
qu'en 1890,  par  M.  Simonyi. 

*  Nyelvemléktàr  {Budapest,  18'] 3,  1 3  volumes). 

'  Nyelvemlékeiiik  a  kônyvnyomtatâs  ko7-(iig  (Budapest,  189^). 


LA   LINGUISTIQUE   HONGROISE.  397 

J'ai  omis  jusqu'à  présent,  à  dessein,  le  nom  du  premier  lin- 
guiste hongrois  contemporain,  celui  de  M.  Sig>smond  Simon^i, 
professeur  à  l'université  de  Budapesi,  On  ne  sait  vraiment,  en 
appréciant  son  labeur  immense,  ce  qu'on  doit  admirer  le  plus, 
de  sa  fécondité,  de  sa  vaste  ec  profonde  érudition  ou  de  l'excei- 
lence  de  sa  méthode.  On  Irouversit  difficilement  une  quesiion  de 
linguistique  qu'il  n'ait  point  traitée. 

11  s'est  beaucoup  occupé  des  monuments  anciens  de  nol^e 
langue,  mais  son  principal  titre  de  gloire,  ce  sont  ses  recherches 
grammaticales.  Il  a  publié,  pour  ne  citer  que  ses  œuvres  les  plus 
remarquables,  deux  grands  volumes:  l'un  sur  Les  conjonclions  en 
magyar^,  l'autre  sur  Les  adverbes  maoyavs '^;  il  a  rédigé  avec 
Szarvas  le  Dictionnaire  historique  de  la  langue  hongroise^,  ouvrage 
indispensable  à  quiconque  étudie  notre  idiome. 

Nous  devons  une  mention  spéciale  à  son  livre  intila'é  :  La 
langue  hongroise'^  (en  deux  volumes.  Tome  P''  :  La  vie  de  la  longue 
hongroise;  tome  II  :  Le  système  de  la  langue  hongroise).  Ce  t-'avail, 
qui  jouit  d'une  grande  popularité  dans  notre  pays  et  dont  une 
traduction  allemande  se  prépare,  est  un  véritable  chef-d'œuvre  de 
linguistique.  La  clarté  et  l'élégance  du  style  en  rendent  la  lecture 
attrayante  même  à  des  profanes.  Si  cet  ouvrage  modèle  était  tra- 
duit en  français,  il  pousserait,  je  crois,  beaucoup  de  philologues 
français  à  l'étude  de  notre  langue,  surtout  si  l'on  adaptait  con- 
curremment une  des  grammaires  du  même  auteur. 

Je  mentionne  encore  ses  Locutions  allemandes  et  hongroises ^^ 
ouvrage  couronné  par  l'Académie  des  scie^ices  de  Budapest,  et 
"qui  sert  de  complément  aux  dictionnaires  allemands-hongrois,  et 
je  passe  à  son  œuvre  capitale,  la  Grammaire  hongroise  déiailUe^, 
en  cours  de  publication.  Cette  grande  entreprise  dont  les  débuts 
ont  été  très  favorablement  accueillis  en  Hongrie  et  à  l'élranger  "^^ 
a  pour  objet  d'ordonner  en  système,  d'après  une  méthode  histo- 
rique rigoureuse,  les  résultats  des  recherches  grammai.icales  faites 
sur  les  documents  littéraires  et  sur  le  parler  populaire. 

Le  volume  (p.  78/1,  gr.  in-8°)  qui  vient  de  paraître,  contient 
la  phonétique  et  la  morphologie  du  hongrois;  deux  autres  tomes 
traiteront  de  la  sémantique  et  de  la  syntaxe.  La  partie  relative  à 
la  phonétique,  comprenant  la  description  exacte  des  sons  du 


'  Magyar  Kôtôxzok  ( Budapest ,  1881-1883). 

'  Mfigiiar  Hnlârovik  {iSHS-iSqo). 

'  Magjjnr  Njelvtôrléneli  6Vj(«r  (iSgo-J.SgS). 

*  A  Magyar  Nyolv  (1889). 

'  Némei  es  Magyar  Szolàsoh  (1895). 

"  Tiizeles  Magyar  Nyelvian  (189.5). 

'  Voir   Tarlicle    de    M.   II.    Scliuciiardt,   Lilterarlfches    Centralblalt ,    iSgG, 

5i. 

UKM.  Lli\G.  - —    W.  26 


398  G.   UU8ZÂR. 

hongrois  et  l'histoire  des  changements  phonétiques  survenus  en 
celte  langue,  a  e'te'  élabore'e  par  M.  Joseph  Balassa,  linguiste 
fort  distingué,  qui  s'est  fait  connaître  surtout  par  des  travaux 
sur  la  phonétique  et  par  son  ouvrage  intitulé  :  Les  dialectes  hon- 
grois^. 

La  morphologie  renferme  l'histoire  détaillée  des  racines  des 
noms  et  du  verhe,  un  long  chapitre  sur  la  composition  des  mots 
(par  M.  J.  Balassa),  une  étude  très  minutieuse  sur  la  formation 
des  mois;  enliu  l'exposé  de  la  conjugaison  et  de  la  déclinaison. 
Chaque  règle  est  accompagnée  de  nombreu'i  exemples  tirés  des 
classiques  et  du  langage  du  peuple;  la  littérature  linguistique 
est  partout  mentionnée  et  mise  à  profit.  Un  style  net  et  concis 
distingue  la  Grammaire,  couime  du  reste  tous  les  ouvrages  de 
M.  Simonyi, 

Résumant  mon  appréciation,  je  crois  pouvoir  afiirmer,  sans 
exagérer,  que  la  Grammaire  hongroise  détaillée  marquera  une  é()oque 
dans  l'hisioire  de  la  linguistique.  Nous  ne  devons  pas  oublier 
cependant  que  M.  Simouyi  a  eu  uu  précurseur  :  je  veux  parler  de 
Nicolas  Rêvai  qui  fit  paraître,  eu  180G,  sa  Grammatica  elaborar- 
tior,  oh  il  devança  l'Allemand  Gv:mm  dans  l'emploi  de  la  mé- 
thode historique,  Mais  son  Iravoil  était  resté  incomplet.  Ce  n'est 
que  de  nos  jours  que  le  savant  Simauyi  a  pu  enfin,  tout  en 
utilisant  l'œuvra  de  ses  prédécesseurs,  doter  la  Hongrie  et  la 
science  d'un  ouvrage  où  l'on  trouve  une  image  fidèle  et  com- 
plète de  la  langue  magyare,  depuis  ses  commencements  jusqu'à 
nos  jours, 

Paris,  avril  1896. 

Guillaume  Huszar. 


'  A  Magyar  Nyelvjàrdsok  Osztàlyozâsa  é»  jellemzése  (iSgj). 


SUR 
UNE  FORMULE  MAGIQUE  DE  GUÉRISON, 


Dans  les  Anecdo^M  grœco-by:aniina\  de  A.  Vassiliev,  se  trouve 
un  texte  curieux  suv  lequel  mon  atteaiion  a  été  appelée  par 
M.  R.  Basset.  Les  observations  que  Ion  va  li]'e  eussent  sans  doute 
beaucoup  gagné  à  è[re  présentées  par  le  savant  orientaliste  lui- 
même,  qui  en  a  conçu  la  première  idée.  Il  en  est  plusieurs  que 
je  dois  à  l'obligeance  de  M.  H,  l'ernot. 

Le  fragment,  que  Ton  voit  à  la  page  336  des  Auecdota,  con- 
tient des  formules  magiques  qui  doivent  amener  la  guérison 
d'une  ceriaine  maladie.  11  est,  pour  la  plus  grande  partie,  rédigé  en 
un  grec  de  basse  époque  (le  manuscrit  est  de  l'an  i/jg-y'-^),  tan- 
dis que  certains  membres  de  phrase  le  sont  en  latin  à  l'aide  de 
caractères  grecs. 

Cette  anomalie  n'est  pas  sans  exemple.  La  Tabelld  dei-otionis, 
découverte  en  1889  par  M.  Hannezo  dans  un  des  cimetières  an- 
tiques d'Hadrumèie  et  transcrite  par  M.  BréaP  en  fait  foi  : 

AS(«oupo  Ts .  .  .  )  'zsep  fX(}.yvo\)[x  oeovfx .  .  . 
Ad(juro  te)        par  m?gnum  deum .  .  . 

Quelquefois  c'est  finverse  qui  a  lieu  :  des  mots  grecs  sont  fi- 
gurés par  des  caractères  latins  : 

HORCIZO  SE  DAEMONION  PNEVMA... 

'  Anecdota  ffreeco-byzantina,  pars  prior  coUejfil  A.  Vassiliev.  Mosquac,  1898. 
-  «Ex  egregio  codice  Barl)eri!i.  lil.  3  aiini  1 '197.7)  Auecdota,  p.  lxix. 
'  Voir  Bibl.  égyploL,  par  G.  Maspero.  Paris,  1898,  p.  297. 
"  Id.,  p.  -doU. 


ad. 


^00 


A.   FOURNIER. 


Voici  d'abord  la  reproduction  intégrale  du  manuscrit  d'après 
les  indications  de  Vassiliev  : 

(i)   <,S'.   Hep]  TOv  dSeX(dixov  oiav  ■zsidarj  lov  âvôpooTrov. 

(li)  Ll(pscXsis  'zsoisîv  eh  tyjv  avTrjv  Sio'Totqiv  Xenoopyiais  s 
els  Xe7-^iv  a-eXjfvt]?  T)7  e  }ca]  tùj  aa^^oLiw  (m)  naX  va.  to  Xéyri 
eh '^ûy.aa.v  XeiTOvpyiav  à'ndvu)  eh  rou  tsdcryovzoç  (iv)  nrCi  va.  tov 
piif^y]  eh  Ta  aV<a  ko.]  eh  irjv  oXov  i<^-jalepivÇjv  Xei70vpyîav  [y)  va 
TO  ycd^pïj  eh  yjxpia.  SeSpiy.i'ûjv  xa)  va  to  Sévij  eh  tov  avyéva  tov 
'csâcyovTOi  TavTa. 

(vi)  '^Czîovop.  (7a(ptX.  fxoSôy^.  )(^o^o:iX.  ^oXoToép.  à^idX.  Sovaé. 
GKOTioôp.  yoXyôX.  dTîSidO.  voaozO'jp.  fxoSoôp.  éx-XiâS.  d{Xï]vdd. 
Qovo^ôX.  B-avaëlX.  tov  TpaixSp^ovu  xaï  So-jxa[x0^t6G.  (pafiovX. 
(pafxovX.  §è  ijyofxet.  (vn)  Kdo^rap,  ^eX^^iûpi,  Ba^Tao-op,  dyo 
B-ebsy  lay^vpof,  dyios  dôdvaTO?,  d):70ivvd,  ^oucxavd  dya9ï},  AaT- 
^lanos,  Mevéd,  Aaatxvbs ,  A.î'va,  ^kzXito'js,  T^iTtpidvovs. 

(viii)  ASfxivs  T^ecoi/fx  Ko  l'aie,  (piXixovs  SexpiaXTrja-yjfx  Tovfx. 

(ix)  XiTïépa.  Se  io-1oixopS'jp  zJep[xe'pTi  (XTréa  TacépTOvs  èyXv- 


GOMMENTAIRE. 

II.  0(psiXsi5  —  XeiTovpyias,  ou  Xsnovfiyies ,  accusatif  pluriel  en  grec 
moderne.  Voir  J.  Psichari,  Essais  de  ^ram.  hislor.  néo  -  grecque ,  I,  83 
sqq.  —  Eu  grec  classique  é-^Xei-^iiv.  Voir  Sopliocles,  Greek  Lexiconofthe 
roman  and  hyz.  Periodsfrom  B.  C.  iâ6  to  a.  d.  iioo. 

m.  ïvct  —  TÔ  =  a'jT(i,  ea  passant  par  1  intermédiaire  «to.  Cf.  «tos, 
âvo-j,  etc.  Meister'iaus  p.  /i8,  S  i8,  3;  p.  lai,  S  69,  5i,  note  1097; 
p.  i9ï!,§09,c.  11  —  àTiâvco  =  èTàvù)  =  STri,  âvco.  Le  premier  a  s'ex- 
plique soit  par  l'influence  de  «7:6,  soit  par  une  assimilation  avec  l'a  de 
la  deuxième  syllabe  :  cf.  Les  hiscripiions  de  Paros,  par  H.  Pernot,  dans 
J.  Psicbari,  Études  dephUologie  néo-grecque,  1892 ,  p.  iy  —  eîs  tàv  tscta- 
ypvra.. 

IV.  Tov  =  axi-70j  —  pir.zï]  =  piinrj ,  cf.  Thumb,  Handbuch  der  neugr. 
VolLsspr.,  %  202,  1  —  Tz/v  bkov  è^valepivïfv  Ç—valépav),  cf.  Vassiliev, 
notes. 

V.  Xdépra  =  -/^ipT'.jv.  Vass'Uev  :  yj.prc{y)  ^sSpaivov,  cf.  Dyz.  zeitschr., 
Bsûd  I,  p.  557  sqq.  àeSpian'ùv  =  hvf  ^picapàv  (?),  un  papier  fort,  so- 
lide, uo  parcbemin, 

VI.  Uvàp-Si  de  rôfjio?  ? 

vu.  M£X)(^ioûpt.  Vassiliev  :  MeX^iœp.  Vassiliev  :  dy(i)o(s) ,  B-eàs , 
(à'vjos)  iayvpos,  ^o-jaa.v{v)i.  Vassiliev  :  Tlncpiivovs  =  ffCiprianus" 
ilalo-jal.  Vassiliev.  £•(6')  =  et. 

VIII.  ffDominen  —  rrJesomn  (p.  Jcsu)  —  rrCbristen  —  ftfilius"  (?)  pour 
fili—  ffdecorio  altissiauimn  (/7  =  j). 

IX.  ff Libéra  de  isto  morbum» ,  pour  movho  —  icrlo  p.op^op  =  lalo  p.op- 
ëovfxl  —  rrper  mérita  beata  viriuosa  et  gloriosa«  —  H.  Pernot  frper  Ma- 


SUR  UNE   FORMULE   MAGIQUE    DE  GUERISON.  ZiOl 

piov^ix  ê9  Tsépaov  (ppayo  diroa-l oXpovv  TffSTpb  s6  lïraî/Ta  eOav  tov 
SôvaTï],  dXXà  èSûyi,  «f/er. 

(x)  ÀTrpaofjfz,  A7Tpdo(.[x,  ko.]  dirpay^xavs  (pdxsi,  crocKei,  [xiviixxsi, 
xa.)  TO  isdtep  r)[i.ôûv  y'  (popds.  êSvSv,  é^apoÔT,  ê^apér. 

(xi)  Hpialé,  éXéï}(70v.  Kvpts,  sXé-naov  tgv  Sov'Xôv  aov  bSeîva. 
àiro  10  SatyLOviciKov  ctkiov  o-nov  £)c^i.  Kix)  sItts  olvtôj  eis  to  Se^ibv 

aVTOV  OJTIOV. 


ria^)  (?)  —  Basset  :  ffliberate  istum  morbum  per  roatrem  beatam,  vir- 
tuosam  et  gloriosamn  (?)  Apocryph.  éthiopiens,  p.  6  —  crper  suffragium 
apostolorura  Petro  (p.  Pétri)  et  Paulo  (p.PauIi)  »  (?)  —  Vassil.  :  è6  -crauA&j 
éd  dvTOvhôvart  ^  el  Tsavroxi  (p.  'crarTÔs)  §ui'aTOô(?)  ffdu  Tout-Puissant» 
—  ffcdoma  (morbum)  (?)  amen». 

X.  A.TTpayfj.oxjs  crAbraamus»;  cràxej  fflsaac»? 

XI.  T>)v  h(xifxoviaxy)v  crutiv  (?)  —  àheiva  accusatif.  Cf.  Prodrome 
(xii°  siècie)  dans  Legrand,  Biblioth.  gr.  viilg.,  I. 

On  peut  essayer  de  restituer  le  texte  primitif  de  ia  façon  sui- 
vante^ : 

(i)    t€\  Ilsp]  Tov  dSsX(p:xov,  Stolv  'aidarj  rov  âvOpciOTrov. 

(il)  D.(pei\£i5  zsoisîv  £15  zrjv  aJT))i'  Stoizaqiv  Xsnovpyiotis  s.  sis 
Xs^i^/iv  aeXïfvïjs,  Tfj  e  xa)  rœ  .aaŒocTfjj  •  (m)  xoà  va  to  Xéyv  sis 
tsa.(jixv  Xsnoupyiav  d'ndvw  s)s  tov  tsduyovios'  (iv)  xau  vd  tov 
piXTïj  sis  Ta  dyioc  xa)  sis  t>)v  oXov  é^Vfrlspivrjv  Xstiovpyiav  • 
(v)  vd  TO  ypctÇ>r]  sis  ydpia.  Sri  (3piapov,  xat  vd  to  Sévr)  sis  tov 
avyéva.  tov  'UsdayovTOs  TavTa. 

(vi) —  —  vo(7oSo6p 

TOV  Tpaçxôpëovix  xai Srj  tjvé(xst. 

(vu)  Kacrnap,  MsX)(^ict)pt,  BaXTao-ap,  dycos  S-sbs,  dyios  icr)(y- 
pbs,  dyios  dddvaTOS,  dxjavvd,  'Siovcravd  dyaOrf ,  AaT^iaxos ,  Ms- 
vs9,  A.ix[J.iavbs ,  A /l'a,  ^xsXTrov? ,  sB  T^cv^ptavovs. 

(vin)  ASixivs  T^saovfx  Kpicjls,  ÇitXixovs.  Ssxvpio  dXTrfo-rjixovçjL 
(ix)  Xnrspa.  Se  ïcrio  {xop€ov[x  zyèp  pispiTO.  inrsaTci  ^spTuova-a  sO 
yXvpiov^a  eO  Tssp  crovÇipayiovfJL  dnoaloXopovix  zrsTpo  sB  tsolvXo 
ëB  'zstxvTOv  TOV  SvvaTOv,  dXXd  sScôfÀU,  d[/.sv. 

(x)  A7rpda[Xy  h.-npdoiix,  xcù  divpd.ayLOvs  — ,  ia-aaxsi,  —  xa)  to 
'crdTsp  Tjfxôjv  y   Çiopds. . 

(xi)  épiais,  sXstfcrov.  Kypre,  sXérjcrov  tov  SovXôv  crou  oSs'îva 
œnb  TO  SaifjLOviaxbv  axîov  o-kov  s)(^si,  K<xï  siirè  az/TÔS  sis  to  Ss^ibv 

aVTOV  rjjilov. 


'  Chaque  mot  qui,  figurant  dans  le  manuscrit,  est  omis  ici  comme  ininld- 
lifjible,  est  remplacé  par  un  trait  (  —  ). 


^02  A.   rOURNIER. 

Les  incorrections  et  les  aîfe'raiioné  du  manuscrit  doivent  êlre 
atlribuées  à  deux  causes  :  l'icnorance  du  pur  idiome  gcec,  de  ia 
part  de  Tauleur,  et  Ja  ne'gl'gence  ou  i'ininîelligence  de  ia  part 
des  copistes.  On  s'est  applique',  dans  les  noies  qui  pre'cèdent  et 
dans  les  remarques  qui  suivent,  à  relever  toutes  les  fautes,  qu'elles 
soient  impuiables  aux  scribes  ou  à  Fauteur.  Mais^  en  essayant  de 
restituer  Je  texte  primitif  et  authentique,  ii  a  paru  bon  de  faire 
une  difîe'rence  entre  ces  deux  sources  d'imperfection.  Ramener  le 
texte  à  une  forme  aussi  correcte  que  possible,  c'eut  été  le  défi- 
gurer encore,  puisque  l'auteur,  e'tant  de  l'époque  byzantine  (ii 
était  d'une  époque  antérieure  nécessairement,  et  peut-être  anté^ 
rieure  de  beaucoup,  à  la  date  du  manuscrit,  qui  est  de  1^97) 
et  écrivant  des  formules  populaires  d'incantation,  devait  être 
étranger  à  la  connaissance  du  grec  classique  et  accoutumé  ftux 
locutions  vicieuses  qui  étaient  en  usage  de' son  temps.  11  s'est 
donc  agi,  dans  notre  essai  de  restitution,  de  supprimer  seule- 
ment les  leçons  fautives  et  les  altérations  que  les  copistes  avaient 
pu  introduire  dans  le  le-cte  parce  qu'ils  étaient  distraits  ou  qu'ils 
ne  comprenaient  pas.  Tout  le  reste,  correct  ou  incorrect,  devait 
être  respecté.  En  général,  les  fautes  de  langue  proprement  dites, 
les  formes  et  locutions  byzantines  ont  été  considérées  comme  ve- 
nant de  l'auteur  et  maintenues;  les  défigurations,  les  démem- 
brements et  les  sutures  des  mots  ou  du  texte  ont  paru  êtie  du 
fait  des  copistes  et  ont  été  autant  que  possible  réparés*  Encore  se 
peut-il  fort  bien  que,  dans  ce  choi\  à  faire  entre  les  taches  à  con- 
server et  celles  à  effacer,  nous  en  ayons  par  erreur  enlevé  qui 
étaient  de  l'auteur  et  laissé  subsister  qui  émanaient  des  copistes. 

AoeXÇitKOv  (i)  étant  un  adjeclif  qui  signifie  fraternel,  doit  se 
rapporte)'  à  un  substantif  sous-entendu,  peut-être  'Zûaôovs.  11  s'agi- 
rait alors  d'une  atfcclion  physique  ou  morale,  d'une  maladie  ou 
d'une  mauvaise  passion  —  (u)  rfj  e=T/i  -nrsjUTrTJ)  Vfjépa.  Dans 
p;;iT/7  (voir  iv)  il  convient  de  voir  une  forme  de  piTilœ  [phlri) 
je  porte  à,  je  pousse  à.  Cf.  Plutarquc  :  piiilstv  e,h  êA7ï{Sa5  à%Q- 
povs,  CI',  la  grammaire  de  Simon  PorLius,  éd.  W.  Meyer,  p.  187. 
Quant  à  è^va-lepivrjv  (iv),  ce  mot  semble  être  une  forme  dérivée 
à  la  basse  époque  de  vclépav. 

Dans  Séi"(}  (v)  de  Sévc»),  tfje  lid,  en  g^ec  moderne  (en  grec 
classique  ^£w),  le  v  est  analogique,  cf.  ÇOd-v-co.  La  coutume 
d'altacber  onde  suspendre  au  cou  des  amulettes,  des  médailles, 
des  scapuloires,  ou  un  objet  quelconque  de  piété  n'a  rien  qui 
doive  étonner. 

Les  mots  magiques  CZoSovop,  a-y.<piX,  fnoSôx,  etc.,  voir  vi) 
n'appartiennent  ni  à  la  langue  grecque  ni  à  ia  langue  latine^  ni, 


/ 

/  ^ 

SUR  UNE   FORMULE   MAGIQUE   DE   GUÉRISON.  403 

suivant  toute  apparence,  à  aucune  lanoue.  Leur  chercher  un 
Fens,  ce  serait  sans  doute  peine  perdue.  L'un  d'euv  cependant, 
vo(7c€o6p,  est  peul-êtie  le  mot  véa-os  (v()  suivi  d'un  suffixe  de 
fantaisie,  et  TpyixSp^oufx  (vi)  pourrait  êîre  un  composé  de  mots 
latins  trans  et  morbum. 

Ces  mots,  qui  doivent  agir  sur  la  volonté'  de  la  divinité',  pre'^ 
sentent  certains  artifices  de  son  et  certaines  similitudes  de  lettres, 
sans  doute  afin  de  frapper  davantage  l'oreilie  et  l'esprit,  ffLeS 
syllabes,  dit  M.  Maspero,  (dans  les  mots  magiques)  sont  choisies 
de  manière  à  faire  sonner  la  voix  qui  les  e'nouce  et  à  la  porLer 
au  loin.  .  ,  Leâ  mots  magiques  sont  composés.  .  .  sur  un  plan 
tel  que  les  intonations  successives,  au  lieu  de  se  contrarier,  s'ap- 
puient et  se  développent  progressivement,  jusqu'à  donner  à  la 
voix  du  magicien  son  maximum  d'intensité  et  de  puissance,  jus^ 
qu'à  la  porter  à  travers  l'espace  anx  êtres  qu'elle  doii  évoquera» 
C'est  ainsi  que  l'on  peut  noter  le  reloUr  persistant  dans  un  petit 
nombre  de  lignes,  des  sons  o  et  op  qui  sont  sonores  :  aoSovôo.  .  . 
fxo^o^.  ^0)(6rjX.  jSoAoTpop  .  .  .  a-xoTTOop,  yokyôï.  i  .  .  voao^oôp. 
fxo9o6p.^  etci  (voir  vi);  la  tendance  à  répéter  la  même  lettre  au 
commencement  de  deux  s\llabes  consécutives  :  p^^o^o»;},^  ycX- 
y6\  (vi)<  èovSv  (x);  à  reprendre  le  même  mot  sans  changement 
ou  bien  avec  un  léger  changement,  dans  les  voyelles  de  préférence  2 
(^^afXOVA,  0y.fxo\jX  (vi);  ayics  répété  par  trois  fois  (yh);  AnpaafÀ^ 
Att pdapL  ATrpctcuovs  (x);  B-ovo^oA,  B-ava^îX  (vi);  slaccÔT.  ê'ia- 
p£T  (x);  à  juxtaposer  des  mots  de  LerminaJsons  semblables  :  (^a- 
xsj,  i(7a.ciKei,  {xivtdKSt  (x);  à  produire  des  allitérations  ou  des  pdro- 
noniases  :  cbcravva.^  '^ovaavà  (vu). 

D'autre  part,  ces  similitudes  et  ces  analogies  de  sons  et  de 
mots  obligeaient  celui  qui  prononçait  la  formule  à  une  minutieuse 
attention  pour  qu'aucune  erreur  de  pronouciation  ne  se  produi-^ 
sît.  La  moindre  interversion,  la  moindre  oUi'ssion  détruisaient  le 
charme,  qui,  sans  ces  manquements,  eut  été  irrésistible  pour  la 
divinité.  CL  Bihl.  égypiolog,,  p.  299.  C'est  ce  qui  fournissait  tou- 
jours une  explication  plausible  aux  magiciens  toutes  les  fois 
qu'urte  incantation  était  restée  sans  effet. 

Les  mots  ^ofxive  Tlsa-ovfi  Kpiale  (vjii)  et  suivants,  selon  toute 
apparence,  sont  des  mots  latins  écrits  ert  caractères grecs;  Kpiale 
par  un  K  répond  au  latin  Christe  et  non  au  grec  y^pi^c/lé  (ji). 
Il  faut  noter  l'accusatif  incorrect  hsum  (T^Sfro^/:/)  avec  le  vocatif 
Christe  i  et  si  l'on  admet  la  leçon  decurio  altissimUm,  l'accusatif  ou 
le  vocatif  neutre  du  superlatif  qui  se  rapporte  au  vocatif  du  sub- 
stantif masculin  decurio.  Si  SeicpiaXrvo-rîix  rovix  doit  se  lire  decurïo 
altissimum,  decurio  sera  devenu  Sexpi  par  la  disparition  (suppres- 

'   Bibl.  égyptiil.,  p.  Ho3. 


àOà  A.  FOURNIER. 

S'on  ou  bien  oubli)  de  l\i  et  l'diision  de  Vo,  devant  Va  de 
aUissimvm.  Ce  qui  milite  en  faveur  de  cette  explication,  c'est 
que  le  mot  decurio  qui  semble  assez  bien  révélé  par  Sskoi 
donne  uti  sens  acceptable.  Ce  nom  de  decurio  était  parfois 
attribué  à  un  dieu,  comme  le  prouve  le  texte  suivant  de  Ter- 
tdllicu  :  tfSalis  rideo  etiam  Deos  dccuriones  cujusque  municipii, 
qujbus  boDor  intea  muros  suos  determinatur. i5  Tert.  2  ad  Nat. 
8.,  V.  Forcellini,  decurio.  Quelquefois  certains  mots  ont  été  sé- 
parés en  deux  tronçons  dont  le  pï-emier  a  été  soudé  tant  bien 
que  mal  au  mot  p>'écédeat,  tandis  que  l'autre  est  resté  isolé.  Des 
sections  et  des  soudures  de  ce  genre  ainsi  que  des  suppressions 
ou  des  interversions  de  lettres  ont  été  opérées  sur  les  mots  : 
'Sîp^éç/ii  [XTTsa  ra^épzovs  êyXvpiov^a  (  ix  )  =  -crep  (jLspiT{a) 
fXTieocTa  (isp7(v)ova{o'.)  s{6)  yAvpiov^(y.  =  per  menta  beata  virluosa  et 
gloiiosa.  Le  tt  et  le  /S  grecs  représentent  le  i  et  le  v  latins.  De 
même  'TsépGOv  (ppcf.yo  (ix)  =  'nrsp  acv(ppa.y[i)oi,{fJL)=per  suffra- 
g'iom.  KinépoL  èè  IcrloixopSop  semble  bien  mis  pour  libéra  de  isto 
morbo  ou  :  libéra  de  isto  morbiim  pour  morbo.  Si  dXXà  êoùjfjt,  âfxsv  (ix), 
peut  être  transcrit  par  âXXâ  edom(a),  amen,  en  sous-entendant 
moibum  avec  edoma  (ce  qui  n'est  nullement  certain),  on  a  un 
enU'elacement  et  comme  une  guirlande  de  mots  grecs,  latins, 
hébreux.  La  dernière  partie  du  mo'xeau  (voir  xi)  est,  comme  la 
première,  écrite  en  un  grec  peu  correct,  mais  à  peu  près  intel- 
ligible. 

Voici,  sous  toutes  réserves,  la  traduction  française  des  parties 
qui  semblent  de  nature  à  être  traduites  : 

(i)  12.  Pour  le  mal  fraternel  (?),  lorsqu'il  tourmente  le  pa- 
tient. 

(11)  Tu  dois  faire  dans  le  même  ordre  des  prières  au  nombre 
de  cinq  à  l'époque  d'une  éclipse  de  lune,  le  cinquième  jour  et  le 
jour  du  Sabbat;  (m)  et  fais  en  sorte  pour  chaque  prière  de  par- 
ler au-dessus  du  patient,  (iv)  et  de  porter  son  esprit  aux  choses 
saintes  et  à  ces  prières,  jusqu'à  la  toute  dernière,  (v)  et  d'écrire 
ces  paroles  sur  parchemin,  et  de  les  attacher  au  cou  de  celui 
qui  est  atteint  de  ce  mal. 

(VI) 

(vu)  Kaspar,  Melchior,  Baltasar,  Dieu  saint,  saint  et  fort, 
saint  et  immortel,  hosanna,  Susanne  la  bonne,  Lajiacos,  Meneth, 
Damianos,  Lina,Skelpos  et  Ciprianos. 

(vi(i)  Seigneur  Jésus-Christ,  le  Fils,  chef  suprême  (ix),  dé- 
livre (-le)  de  cette  maladie  par  tes  mérites  bienheureux,  vertueux 
et  glorieux  et  par  le  suffrage  des  Apôtres  Pierre  et  Paul  et  du 
Tout-Puissant,  mais  dompte  (la  maladie),  amen. 


SUR  UNE  FORMULE   MAGIQUE  DE   GUÉRISON.  605 

^  (x)  Abraatn,  Abraam  et  Abraam Isaac et  le  tr  notre 

pèrew  trois  fois.  .  . 

(xi)  Christ,  aie  pitié,  maître,  aie  pitié  de  ton  esclave,  un 
tel,  pour  le  tirer  de  ces  ténèbres  diaboliques  où  il  est;  et  parle- 
lui  dans  l'oreille  droite. 

A.   FOURNIER. 


DICTIONNAIRE 
DE  LA   LANGUE  MANDÉ. 

(fin.) 


Épi,  kourou  (pierre),  kotilou. 

Epiderme,  gotiloii,  gourou,  golo. 

Epier,  bélémî. 

EpiNe,  woni.  il  — ,  pointe  de  bois,  yin  misé. 

Epoque,  tourna.    ||  A  l' — ,  o  tourna. 

Epouse  ,  mousou  ;fouroula. 

Epouser, /oMroM.  ||  S' — ,fourou  ké. 

Epouvantable.  C'est  — ,  a  ka  dyougou  hali. 

Epoux  ,  ké  ;  fouioula. 

Ergot,  dountonn  kourouni. 

Esclavage,  dyonya.  \\  Emmener  en  — ,  tanaé  dyo7i  yé.  \\  Etre  en  — , 

dyon  hé. 
Esclave,  dyon.  ||  Etre  — ,  dyon  hé. 
Espérer,  dyigi  hé.  .  .  ro;  kono  (attendre). 
Espion  ,  d^Jay^fa-tigi;  galadida  ;  tégéré. 
Espionnage,  g-fl/fl,  dodoJi. 

Espoir,  dyigi.  ||  Avoir  l' — ,  dyigi  béro;  kono  (attendre). 
Esprit,  âme,  ni.  \\  — ,  habileté',  finesse,  hakili  (kr.),fakili. 
Essaim,  li-haya,  di-haya. 
Est,  koron.  \\  A  l' — ,  koronfé,  koronamafa,  korona,  korono.  Je  vais 

à  TÉst,  ni  bé  takha  koronamafa.  Kankan  est  à  l'est  de  Kouroussa, 

Kankan  bé  Kouroussa  koronfé. 
Estomac,  dousou,  dcusou-àisi. 
Et,  ani,  ni,  i.  Mon  père  et  mon  frère,  mya  ni  ndoro-ké.  \\  — ,  entre 

deux  phrases  ne  se  traduit  pas.  Il  m'a  vu  et  il  s'est  sauvé,  a  ka 

nyé  a  borita. 
Et  AELE,  wéré,  ivoré. 
Etalon,  sou-nké,  sou-ké. 
État,  empire,  dyamani.  \\  — ,  métier.  Quel  est  l'état  de  ton  père? 

ifa  bé  bakha  moun  ké  (quel  travail  fait  ton  père)? 
Éteindre  du  feu,  tasoumafakha  (tirer  le  feu);  tasoumafa. 
Éteint.  Le  feu  est  — ,  tasouma  sara  (le  feu  est  mort)  ;  a  béfakhala. 


DICTIONNAIRE   DE   LA    LANGUE  MAXDÉ.  407 

Étendre,  allonger, /e'ne,/om.  ||  — ,  agrandir,  bounya;  du  linge, 
(lobé. 

Eternel.  C'est  — ,  a  té  ban  (cela  ne  finira  pas). 

Étingelie,  hara. 

EiOFFE^/ani,  fini,  fanon  {K.),fono  (K.),  gisé. 

Étoile,  lolo,  dolo,  (h H.  \\  — ,  filanle,  lolo  borila. 
TONNÉ.  Etre  — ,  béjîli. 

Etonner.  S' — ,  bèfili. 

Etoupe  ,  fou ,  fou-mougou. 

Étranger,  donna,  dounan-hé;  nabado;  nvuana^  ngana  (Bel.). 

Étrangler,  ka7i  slri,  kan  sama  (serrer  le  cou). 

Etre.  —  i .  Se  trouver,  hé.  Oh  es-tu  ?  i  bé  mi.  Au  passé ,  on  emploie 
tourna  (autrefois)  abre'gé  en  iouni'  ou  toii7i\  ïu  étais  là,  i  toiini 
bé  yé.  Il  n'est  pas  là,  a  nié  yé.  Il  n'était  pas  là^  a  toiinté  yé.  \\ 
2.  — ,  auxiliaire,  bé  ou  Ica,  kha  (K.)  ;  ou  le  prétérit  des  verbes 
neutres  ou  réfléchis.  11  est  mort,  a  sara.  ||  3.  — ,  comme  verbe 
ayant  un  nom  pour  attribut,  yé,  .  ,  yé.  Je  suis  foi,  n'yé  fama 
yé.  Il  II.  C'est,  dé,  don,  lé  mou,  dé  ce,  C'est  moi,  né  don.  C'est 
toi  qui  es  le  cbef?  i  kcim-tigi  dé.  \\  5.  Ne  pas  -^,  té,  nié,  N'est-ce 
pas?  ko  f?t(qu  as-tu  dit)?  Qu'est-ce  que  c'est?  nwnn  la?  Qui  est 
là?  dyoman  bé  yan?  \\  6.  Appartenir,  bé.  .  .  fé;.  .  i  ta  (pos- 
session). Ce  clieval  est  à  moi,  gni  sou  n'ta  lé  mou  (ce  cheval 
c'est  mA  possession)  ou  nyi  sou  bé  né  fé. 

Etrier,  négé-sin,  négé-sé,  néçê-singo  (K.). 

ÉTRiviÈfiE,  négé-sin -dyoKÎou  (courroie  d'étrier). 

Etroit.  C'est  — ,  a  man  dyan,  a  ma  houn  (ce  n'est  pas  large)  ;  a 
kafara;  a  ka  doua,  a  ka  doro. 

Européen,  toubabou ,  fara-dyé  (couleur  blanche )i 

Évader.  S'' — ,  bori,  boli. 

Éveiller,  lawcuH.  \\  S' — -,  ivculi,  man  sinokho  folo  (ne  plus  dor- 
mir). 

Exact,  vrai,  ionya,  iléna; 

Examiner,  .  .  .ro  dyé,  .  ,  éVoyé,  .  i  .  ro  nyé  (voir  dedans). 

Excepté, /ow,-  ttméninkho ;  famaké. 

Excrément,  bou. 

Excuse,  daro,  golnja. 

Excuser.  S' — ,  bakhaiou. 

Expirer,  sa  (mourir). 

Exprès.  Faire  — ,  karaba.  Qui  est  fait  exprès,  karbalé. 

Extrémité,  koun  (tête)  ;  dytu  (derrière). 


uos 


J.-B.    RAMBAUD. 


Fable,  tali;  nsiri. 

Fabriquer,  dara,  dala,  da.  Fabrique-moi  un  sabre,  i  ha  fan  dara 
nyé. 

Face,  figure,  nya,  nyé-da,  nyénéno.  \\  En  —  de,  nya. 

FÂCHÉ.  Il  est  — ,  a  ka  séli. 

FÂCHER.  Se  — ,  séli  hé,  séli. 

Facile.  C'est  — ^a  ha  nyi,  nyouma,  a  man  goulé  (ce  n'est  pas  dif- 
ficile). 

Façon.  De  cette  — ,  nyi,  nyohhon.  \\  En  aucune  — ,  se  tourne 
par  :  pas  du  tout.  Voir  Tout. 

Façonner,  dara,  dala,  da. 

Factionnaire  ,  sahélala. 

Fagot,  lokho  siri,  lohho  doni,  nyonso. 

Faible.  Il  est  — ,  a  manfanya  (il  n'est  pas  forl) ;fanga  nté  houn 
(la  force  n'est  pas  en  lui);  a  ha  finyé. 

Faim,  honhho,  hhonhho  (K.).  J'ai  faim,  honho  hé,  na  (la  faim  est  en 
moi). 

Fainéant,  salaba. 

Faire.  —  i,  hé.  ||  2.  Devant  un  verbe  se  traduit  par  le  préfixe 
la.  Il  a  fait  tuer,  a  la/a.  ||  3.  —  ses  besoins,  bon  kè.  \\  h.  Se 
— ,  hh.  Comment  se  fait-il  que?  moun  héra  (qu'est-ce  qui  s'est 
fait)?  Il  5.  —  beau,  mauvais  temps,  a  hémji,  amanyi.  ||  6.  Fi- 
nir, han.  C'est  fait,  a  bana,  a  hanta  (K.). 

Falaise,  mana. 

Falloir,  se  tourne  par  :  être  oblige',  han.  Il  faut  que  tu  partes, 
i  hé  ban  ha  tahha.  \\  S'en  — ,  se  tourne  par  :  ne.  .  .  pas  encore. 
Il  s'en  faut  que  tu  aies  fini,  i  ma  hanfolo.  Il  s'en  faut  de  peu 
que,  se  tourne  par  :  presque.  Voir  ce  mot. 

Famille,  haléma,  badéma,  badélou,  badéoudou;  lou  (case).  H  — , 
race,  si.  \\  Nom  de  — ,  dyamou;  si-tohho. 

Famine,  honho;  mahou. 

Fange  ,  bohho  ;  nohho ,  noua. 

Fangeux,  bohhoha;  nohhoba,  nouabà. 

Fantassin,  sinama. 

Faon,  sina-din,  sina-dé. 

Fardeau,  do7ii. 

Farine,  mougou.  ||  —  de  mil,  nyon  mougou. 

Fatigant.  C'est  — ,  a  hé  ségéha. 

Fatigue,  ségéli. 

Fatiguer,  ségé.  Je  suis  fatigué,  nségéna,  nségéra. 

Faucille,  woloso. 

Faute,  tonyo;  hhahé;  Jlila. 


DICTIONNAIRE   DE   LA  LANGUE   MANDE.  â09 

Faux,  adj.,  fanga;  tomja  nté  (pas  vrai),  il  — ,  pas  sincère,  kalon- 
tlgî,  halon-J'oia. 

Favori.  —  i.  koro-sigi.  ||    2.  Barbe,  tamo-si  (poils  de  la  joue). 

Fécond,  douma. 

FÊLER ,/rtA7««,/fl.  Il  a  fêle'  le  canari,  a  ka  dakha  fa.  Le  canari  est 
fêlé,  dakha f ah. 

Femelle,  moiisou,  mouso  (K.). 

Femme,  ïnoMsoM,  moîwo  (K.).  ||  — mariée,  mousou  four  oui  a.  ||  Jeune 
— ,  sina  mousou. 

Fendre,  ?e^e  (couper);  atiji. 

Fente,  wo;folo. 

Fer,  négé,  négo  (K.). 

Fermer,  tougou,  toutoro;  dyoso  (Be'l.).  Ferme  ta  porte,  da  tougou; 
koun  tougou. 

Fesse,  dijou-kouna.  il  Les  — s.  dijou. 

Fessée,  dyou-gosi.  \\  donner  une  — ,  dyou  gosi. 

Fête,  sali,  sali-ha. 

Fétu  de  paille,  hin  krsi. 

Feu,  tasouma,  taséma,  ta.  il  —  de  cuisine,  gamii,  gadi,  goni.  Al- 
lumer du  feu,  tasouma  mana.  Eteindre  le,  tasouma  faklia  (tuer 
le  feu).  Le  feu  est  éteint,  tasouma  sara  (le  feu  est  mort);  ta- 
souma hé fakhala  (le  feu  a  été  tué). 

Feuille  ,  fra ,  fita. 

Feuillu  ,  firaha ,  ftaba. 

Fi  !  tijia. 

Ficher  en  terre,  tourou. 

Ficus  à  gros  fruits,  tourou,  toro ;  à  petits  fruits  ronds  et  à  feuilles 
peu  charnues,  douhalin,  douhaU. 

Fiel,  kounou,  kono,  kouna. 

Fiente,  bou. 

Fièvre,  gwin ,  fari-gwin  (chaleur  du  corps );/aroM^a;  mbalou. 

Figue,  tourou  dm. 

Figure,  nyénéno,  néno,  nano. 

Fil.  —  1.  kari,  gari,  gara,  garo  (K.).  ||  2.  Le  —  de  l'eau,  dyi  di- 
ginda. 

Filament  de  végétaux  que  Ton  tresse, /ou. 

Filer,  wourindi. 

Filet  pour  la  pêche,  dyou,  dyo.  il  —  pour  transporter  les  effets, 
yélo,  yéton. 

Fille,  din-mou sou,  dé-mousou ,  dingo-mouso  (K.).  ||  Jeune  — ,  soun- 

kourou. 
Fils,  din-ké,  dé-nké,  dingo-khé  (K.).  Il  Arrière-petit ,  mo-din, 

mo-dé. 
Fin.  —  1.  Subsl.,  laban;  tlara;  c'est  la  fin,  a  bana.  il  2.  Adj., 

mésé,  misé,  miséma,  méséui.  \\  3.  Spirituel,  niba. 


à\0  J.-B.   RAMBAUD. 

Finir,  ban.  Il  a  fiai  de  travailler,  a  ka  bakha  ban.  C'est  fmi,  a 

bana,  a  bnnta.  Ce  n'est  pas  fini,  a  ma  ban. 
Flageller,  g-osi  dyoulouma  (frapper  avec  une  corde). 
Flageolet,  yb«/t,  Jli. 
Flairer,  souma;  dayiké. 

Flèche,  binyé,  byéné,  byen.  Lancer  une  flèche,  binyé  bo. 
Fimm,  f ri,  f y éi'é,  yirifou-dyé.  \\  Bouton  de — ,Jîrikoun.  11  En  — , 

Jînba. 
Flelve,  ba.  11  Bras  d'un  — ,  ba-boulou. 
Flotter  ,  féléfala. 
YhVTE,  foulé,  Jlé.  Il  —  en  bambou  avec  deux  calebasses  aux  bouts, 

f obéré  soro. 
Foie,  bhiyé,  byéné,  byen. 
Foin,  Un,  Un  a  clyara  (de  Therbe  sèche). 
Fois,  sinya.  Combien  de  fo"s?  sinya  déli?  Deux  fois,  sinya  foula. 

Une  autre  fois,  ùnya  dola.  Toutes  les  fois  que,  siyni-o-sinya. 

La  première  fois,  sinya  folo.  La  dernière  fois,  sinya  kourala.  A 

la  fois,  nyokJionfé,  nyouanfé  (ensemble). 
FoLiB ,  fatoyé ,  faé. 

Fond,  dyou,  dyou-houma.  Au  fond  du  fleuve,  dyi  dyouro. 
Fonder,  dou. 

Force,  sanba,  sanbé;  barké,  barka,fanga,fanya. 
Forcé.  Il  est  — ,  a  bé  kan. 
Forcément,  nifanga,  ni  fanya. 
Forcer  quelqu'un  à  faire  quelque  chose,  digi;  diakouya ,  fanya , 

fékha. 
Forêt,  kone;  tou,  tou-ba. 
Forge  ,  noumou-yoro. 
Forger,  dara,  dala,  da;  nêgé,  dara. 
Forgeron,  noumou,  noumou-ké;  négé-darala,  négé^dala. 
FoRT,/fmj/fl,-  sanbé-iigi;  barké-tigi. 
Fortune,  nafoulou,  nafo,  nafourou. 
Fosse,  fossé,  dinka,  démjé;  xvourou-wàurou. 
Fossoyeur,  salé-dinka-sina  (celui  qui  creuse  les  fosses  des  morte). 
Fou ,  fato. 

Foudre,  san-ta  (le  feu  du  ciel). 
Fouet,  bwéné;  gényé,  ganya;  bisa. 
Fouetter  ,  dxjou  gosi. 
Fouine  pour  la  pêche,  tuasaka. 
Foule  ,  mokho  syama. 
Fouler,  tnkhama. 

Fourbe,  kalon-tigi,  kalonla,  kalon-fola. 
Fourche,  darama,  touroutna,  soroma. 
Fourmi,  méné-méné,  dougou-méné ;  gololi.  11 cadavre,  kélé-kélc. 


DICTIONNAIRE  DE  LA  LANGUE  MANDÉ.  411 

Il  Petite  —  rouge,  manyaa  ivoulé.  \\  Petite  —  noire,  manyan. 

Il  Grande  —  rouge,  îiimjo. 
Fourmilière,  dougoii-méné-boun ,  méné-boun. 
Fourneau  è  fer,  gwansou,  ganso;  banbé. 
Fourreau,  tan, fan-tan;  gwa,  gwana. 
Foyer,  gandi-yoro.  \\  —  de  forge,  banbé. 
Fracas,  woyo-ba. 

Fragile.  C'est  - — ,  a  béfakhala  kou  man  goulé  (cela  se  casse  faci- 
lement). 
Frais.  C'est  — ,  a  ka  fyé;  souma.  De  l'eau  fraîche,  dyi  souma, 
Fraivg,  —  1.  Adj.,  tomja;  sobélé.  ||  a.  Subst.,  tama  (K.  B.),  Cinq 

francs,  dalési.  daléslna  (B.). 
Fnii^CHm,  pan  kofé,  koma. 

Frapper,  gosi,  bougon,  bogo ; fenta.  ||  —  à  la  porte, /o  ka  dou. 
Frèhe  aîné,    koro,  koto,  koron-ké,  koto-ké,   baîima,  balimé.  Il  — 

cadet,  doro,  doré-ké,  doua,  douani. 
Froid,  adj,,  souma;  nénéba.  J'ai  froid,  néné  bé  na.  ||  Saison  — e, 

fou  néné. 
Fromager,  arbre,  banan,  banian. 
Fronde,  dyokourou,  ioufaran,  tou  fran. 
Front,  fon ,  fon-da ,  fon-koun. 
Frotter,  sousou. 

Fruit,  yiri-din,  yiri-dé  (enfant  d'arbre). 
Fuir,  bori,  boli,  bouri. 
Fumée,  sisi.  siso  (K.). 
Fumer,   i.  Faire  de  la  fume'e,  sisi  ké;  mina.  ||  2.  -^  du  tabac, 

dyamba  mi.  Tabac  à  fumer,  dyamba.  ||  3.  Mettre  du  fumier, 

dyangi  sigi. 
Fumier,  dyangi;  bou. 
Furieux.  Il  est  — ,  a  bé  séli  kou-dyougou. 
Fuseau,  genda.  ||  Lest  du  — ,  gènda-koro ,  gènda-koto  (K. )• 
Fusil,  marfa,  morifa  (Ko.),  mouifa  (Kour);  gidi;  négé  (Ségou); 

founkaro  (Ko.).  Il  —  à  pierre,  kérébou  marfa.  Il  Pierre  à  — ^, 

kéi-ébou,  kerbo.  \\  —  à  deux  coups,  da foula.  ||  Coup  m   t^^, 

marfa  gosi. 
Fusiller,  marfa  gosi,  marfa  tyala. 
Futur,  a  bè  na  (qui  arrivera). 


Gage.  —  1.  Solde,  sara.  \\  2.  Garantie,  kérésa. 
Gagner,  soro  (recevoir).  ||  —  au  jeu  ,  wo. 
Gai.  Il  est  — ,  toulouba,  llonba. 
Gale,  manya,  nganya;  mporo. 


Zil2  J.-B.   RAMBAUD. 

Galette  de  larine,  nyomi,  nkomi,  ngoumi. 

Galeux,  manya-tigi,  manyaba. 

Galoper,  sou-bori,  poroko-poroko. 

Gkhçoy,din-ké.  \\  Petit  — ,  diti-misé ,  di-misé ;  tyé-gana.  \\  Jeune — , 

bila-koro.  ||  Bon  — ,  kamarin,  kamaU. 
Garde.  —  Subst.  fém.,  saké,  il  2.  Subst.  masc,  sakélala.  ||  Avoir 

LA  —  de,  kanta,  dodo. 
Garder  de,  veiller  sur,  kanta,  dodo,  kolési.  ||  — ,  monter  la  garde, 

sakéla ,  sakéla-ké. 
Gardien,  kantalila,  dodolila,  kaninala,  sakélala. 
Gauche,  nouma.  La  main  gauche,  nouman-boulou,  boulou  nouma 

(Ko.). 
Gencive,  yéli-nyi. 

Gendre,  bita,  bira,  bitan-ké,  biran-ké. 
Gêné  ,  fêlé. 

Généreux,  saraka-dila  (qui  donne  Taumône). 
Génisse,  nisi-din-mousou ,  nisi-dé-mousou ,  nisi-yéré ,  nisi-gré. 
Genou,  kambarin-koun ,  kimbré-koun ,  koumbélé.  \\  Se  mettre  X  — , 

nyonki.  Il  est  à  genoux,  a  nyonkira. 
Gens,  mokholou;  maou  (B.). 
Gentil.  Il  est  — ,  aka  mji. 
Gerbe,  bin-siri. 
Geste,  boulouta,  bolota. 

Gibier,  soubou,  souboii  mé  hé  woulo  to,  sougou,  sogo. 
Gigot,  ivoutou,  woro,  sa-woro. 
Girofle,  banafousi,  banafountyé,  koranpolé. 
Glace,  miroir,  doungaré,  dounkaro  (K. ),  yayéla  (Ko.). 
Gland,  ornement  en  cuir,  toundou. 
Glapir,  kasi. 
Glisser,  kombo. 
Gloire,  dyaya. 
Glorieux,  dyayala. 
Goitre,  kan-fourou. 
Goitreux  ,  kan-foiiroula. 
GoMBO,  plante,  gan,  khandyo  (K.). 
Gomme,  kamhari,  mana. 
Gommier,  barakaté. 
Gonfle,  fonyéta. 
Gonfler, /ounoM. 

Gorge,  kan,  kango  (K.),  kouni.  \\  —  de  montagnes,  kourou-wou. 
Gosier,  kan. 

Gourde,  bolé,  bodin,foroko  dingo  (K.). 
Gourmand,  domoliba. 

GOURMANDER,   laiHO. 

Gourmette,  boumou. 


DICTIONNAIRE  DE    LA  LANGUE   MANDE.  A13 

Gracieux,  douaba. 

Grain,  graine,  si,  khési. 

Graisse,  toulou,  th. 

Grand.  —  de  taille,  dyan.  ||  —  dans  toutes  les  dimensions,  ha 
(suffixe),  houn. 

Grandir,  boumja.  Il  a  grandi,  a  boumjana. 

Gras,  toulouba,  tloba. 

Grave.  Maladie  — ,  goulé. 

Gravier,  béré,  bêlé. 

Gravir,  yélé,  élé. 

Gré.  Bon  gré,  mal  — ,  ni  bafé;fé  i  nia  Je. 

Grêle  ,  fasalin ,  fasalé. 

Grenier  en  paille,  dijoiiginé.  \\  —  en  forme  de  case,  boutou. 
boimou,  bano.  !'  —  monté  sur  des  pierres,  kourou-koro  bounou. 

Grenouille,  tori,  loti,  toto  (K.). 

Grenu,  késéba. 

Griffe,  soni;  wasa. 

Griller,  dyani. 

Grillon,  kéré. 

Grimper,  yélé,  élé. 

Griot,  dyali,  dyali-ké,  dyali-mousou. 

Gris,  si-dyé  (poils  blancs),  si-gé,  sé-gé. 

Gris-gris,  basi.  boJi  (de  fétichistes);  safé,  séfé  (écrit).  ||  —  tait 
avec  une  queue  de  cheval ,  toura-kou. 

Grogner  ,  kasi. 

Gronder,  kélé;  la-mo. 

Gros.  Il  est  — ,  a  ka  boun.  \\  — ,  ba  (suffixe). 

Grossesse,  konoma. 

Grossir,  boiinya. 

Grotte,  kolou-boun  ;  fan/an. 

Grue  couronnée,  kouma-kono  (1  oiseau  qui  parle). 

Gué,  dyoubé ;  dankari. 

Guéarle,  tégéba  (quon  peut  traverser). 

GvzMLhE ,  fani-koro , fano  khoto  (K.). 

Guenon,  gon-mousou.  \ 

Guépard,  dyokholon-din. 

Guêpe,  dounou  kérenté. 

Guérir.  Il  est  guéri  :  a  ka  kèndé;  il  guérira,  a  bé  kendé.  Le  mé- 
decin te  guérira,  basikéla  h'i  kendé-ké. 

Guerre,  kélé. 

Guerrier,  kélébakka,  kéléla;  sofa. 

Guetter  ,  fêlé ,  jlé. 

Gueule,  da.  1;  —  Tapée  (lézard),  kanan,  kana-kana. 

Guide,  sila  nya-boalala. 

Guider,  sila  nya-boula. 


à\à  J.-B.  RAMBAUD. 

Guinée  (étoffe  bleue),  hagi-fin. 

Guitare  à  une  ou  trois  cordes,  honi,  goni;  hountingo  (K.)    Il  —  à 

quatre  cordes,  kora,  dijali-koni,  koni-bakha-ba.  Il  —  à  six  cordes, 

donba  (B.),  dan  (M.). 


H 

Habile,  hakilila,  fakilila,  khakilila. 

Habiller.  S' — ,/mii  dou  (mettre  un  pagne). 

Habitant,  sigila  mokho,  sigila  maou  (B.).  Les  habitants  du  vil- 
lage, souro  mokholou,  dougouro  maou  (B.). 

Habitation,  sigi-yoro;  boun  (case);  hara  (chez). 

Habiter,  sigi,  sigila. 

Habitude,  dali,  délo,  délila,  déri,  mamou.  \\  Prendre  l' —  DE.,folo 
daim.  Il  Perdre  l' —  de,  ma  dalili  filo.  \\  Avoir  l' —  de,  dalili. 

Habituel,  dalila,  dérila  ;  namoula: 

Habituer,  dalita.  Etre  habitué,  dalili,  delà. 

Hache,  dyèndé,  yèndé,  yéné;  dyélé;  tégéla.  \\  —  de  forgeron,  pour 
travailler  le  bois,  léséli,  déséli. 

Haie  ,  sansan ,  sinsan. 

Haine,  ténéya;  bana,  bano  (K.). 

Haïr,  téné,  ban. 

Haleine,  da-fonyo,  da-fyen. 

Haler,  tirer,  sama. 

Halte  !  i  lo  ! 

Hamac,  dyou,  dyo  (filet). 

Hameçon,  doli,  doni,  dondi;  kori. 

Hanche,  toko;  solo. 

Hangar  pour  palabres,  ^wa;  boulon;  banan;  béra. 

l[k^m,fari,fati,féré. 

HkRmESSE ,  fariya ,  fatiya. 

Haricot,  soso.  \\  Gros  — ,  so-ba. 

Harpe  à  vingt  et  une  cordes,  kora;  sorombala;  sitnbi. 

Harpon,  soula. 

Haut.  —  i.  Adj.,  df^/an  (long);  san-dyan.  ||  2.  Adv.  (En  — ), 
santa ,  sanro  ,  sano. 

Hauteur,  san-dyana. 

Hé!  0.'  (suffixe)  Hé!  Samba,  Samba  0!  Hé  rhomme  !  tyéo! 

Hélas!  waï! 

Henné,  dyabé  woulé. 

Hennir,  kasi. 

Herbe,  bin.  \\  — s  hautes,  bin-kala. 

Hérisson,  bala;  dyougouni;  kouroumi,  kouloukari. 

Héritage,  tinyé,  tyéné,  tyen. 


DICTIONNAIRE   DE  LA   LANGUE   MANDÉ.  ^15 

Hériter  ,  tinyé  ta. 

Héritier,  timjé  taba;  mjalio. 

Herménette,  satipé;  kobili  ;  kosi. 

Hernie,  kérén-kéré,  kéyé-kéijé. 

Heure.  De  bonne  — ,  dxjouni,  dyono  (K.).  Il  Toux  a  l' — ,   tara- 

linyan.  ||  Sur  h — ,  sa-sa,  si-sa.  2  heures,  sali-fana. 
Heureux.  Il  est  — ,  n  hé  ivordi.  d  C'est  — ,  a  ka  di. 
Heurter  ,  gosi. 

Hier,  kounou.  \\  Avant ,  kounou-ko;  khounou-ko  (K.). 

Hippopotame,  mali,  mani. 

Hirondelle,  nokho-nokhoUn ,  nakha-nakhano  [K.),nanano. 

Histoire,  tali. 

Hivernage,  saninya,  sénya.  ||  Pendant  l' — ,  saninyaro.  Il  Fin  de 

l' — ,  wou. 
Homicide.  —    1.   Crime,    mok}io-fakhali ,  ma-fali.  \\  2.  Auteur  du 

crime,  mokho-fakhala ,  ma-falikéla. 
Homme,  ma  (B.)  ;  mokho  (K.  M.).  Il  —  adulte,  tyé,  ké,  khé.  ||  Jeune 

— ,  kamarin,  kamaréba ;  ga.  \\  —  âgé,  tyé-mokho.  \\  —  blanc, 

toubabou,  toubalé,  mokho-dyé ;  fara  gwé,  fata  dyé.  ||  —    noir, 

mokho  fin.  \\  —  libre, /oro,  horon. 
Honnête,  7iyi,  nyima,  nyouma. 
Honte,  malou. 
Honteux,  maloula,  malouta. 
Hoquet,  yégéré,  yigirou;  sokouti. 
Horreur,  dyougouya. 
Horrible.  C'est  — ,  a  ka  dyougou  hali. 
Hospitalité,  diya,  diya-tigi.  ||  Donner  l' — ,  dylgi  (accueillir).  Ii 

Recevoir  l' — ,  diya  monta,  diya  soro. 
Hôte,  qui  reçoit,  diya-tigi.  Il  — ,  qui  est  reçu,  diya-moutaia. 
Houe,  daba. 
Huile,  toulou,  th. 
Huit,  ségi. 
Huitième,  ségina. 

Huître  d'eau  douce,  gonala;  kaya;  kiba. 
Humble,  maloula,  malouta. 
Humide.   C'est  — ,  dyi  ba  ro  (il  y  a  de  l'eau);  a  nyigira  (c'est 

mouillé)  ;  a  soumara. 
Humilité,  malou. 
Huppe  (oiseau),  tourou,  th. 
Hurler,  kasi. 

Hyène,  nama,  nama-koro,  souroukou. 
Hypocrite  ,yî/pwfl. 


37, 


à\6 


J.-B.   BAMBAUD 


I 


Ici,  yan,  yanfé,  dijanfé.  Viens  ici,  nayan,  na  dyan;  dyani.  yano. 

Il  a  passe  par  ici,  a  ha  tanhi  yan.  Sors  d'ici,  ho  yano. 
lmoT,fato. 
Igname,  kou. 

Ignorance,  lonhaliya,  donbaliya. 
lofiORS-yT,  fasani,fasané,  lon-balila,  don-balila. 
Ignorer,  ma  Ion  (ne  pas  savoir).  Je  l'ignore,  ma  Ion;  'ma  nyi  Ion 

(pour  né  ma  Ion,  je  ne  sais  pas). 
Iguane  d'eau,  hana.  !|  —  de  terre,  kouto. 
Il,  a.  Il  est  venu,  a  nara.  !l  — s,  alou,  nyimbé  (^K.). 
Ile,  gongo;  dise. 
Ilot,  gongo  din  ;  gongo  misé. 
Image,  tnimi. 
Imbécile.  C'est  un  — ,  a  ka  fou  yé  Ion  (il  ne  sait  rien).  Imbe'cile! 

fou  yé  Ion  (tu  ne  sais  rien)  ! 
Imiter,  adou. 
Immaculé,  nadali. 
Immédiatement,  sa-sa,  sa-yéré.  11  va  venir  immédiatemenl,  a  bé  na 

sa- sa. 
Immense,  boun-ba. 

Immerger,  boula  dyiro  (mettre  dans  l'eau). 
Imminent,  a  bé  na  sa-sa  (qui  va  arriver  tout  de  suite). 
Immobile.  Il  est  — ,  a  ka  mounyo. 

Immortel.  Il  est  — ,  a  nté  sa  (il  ne  mourra  pas);  sabali. 
Impatient.  Il  est  — ,  a  ma  mounyo  (il  n'est  pas  calme). 
Impénétrable.  C'est  — ,  mokho  nté  dou  (l'homme  n'y  entrera  pas). 
Imperceptible.  C'est — ,  mokho  nté  yé  (l'homme  ne  le  voit  pas). 
Imperméable.  C'est  — ,  dyi  nté  don  (l'eau  n'entre  pas). 
Impertinent.  Il  est  — ,  a  bé  néniba. 
Impie,  kafri  (Ar.). 

Impitoyable.  Il  est  — ,  makari  ntaro  (la  pitié  n'est  pas  en  lui). 
Impoli.  Il  est  — ,  a  ma  lébélé. 
Important.  C'est  — ,  boun-ba,  a  ka  golé.  ||  Un  chef  — ,  koun-tigi 

a  ka  golé. 
Importer;  cela  m'importe,  ^^e  koim  a  ro  (ma  tête  est  là-dedans); 

cela  ne  m'importe  pas,  né  koun  ta  ro  (ma  tête  n'est  pas  là- 
dedans). 
Impossible.  Cela  m'est  impossible,  ma  se  (je  ne  puis  pas). 
Impôt,  sara,  salé. 

Imprudent.  Il  est  — ,  malo  taro  (la  honte  n'est  pas  en  lui). 
Inanimé.  Il  est  — ,  a  sara,  a  sale. 
Incandescent.  Il  est  — ,  tasouma  aro  (le  feu  y  est). 


DICTIONNAIRE   DE  LA   LANGUE   MANDE.  /l  1  7 

Incessant.  C'est  — ,  a  nté  ban  (cela  ne  finit  pas). 

Incompréhensible.  C'est  — ;  on  tourne  par  :  ma  mé  (ne  pas  com- 
prendre). 

Incrédule,  dabalila,  danabalila. 

Indécis.  Il  est  — ,  a  ma  Ion  a  ka  moun  ké  (il  ne  sait  que  faire). 

Indifférent.  C'est  — ;  cela  m'est  — ,  'koun  ta  ro  (ma  tête  n'est 
pas  là-dedans). 

Indiquer,  7ion  ;  manto. 

Indulgence,  toli. 

Indulgent.  Il  est  — ,  a  bé  toliba. 

Industrieux,  dabari-tigi ;  héou  (habile). 

Inégal.  Ces  cases  sont  inégales,  niji  boun  té  han. 

Inexact,  faux.  C'est  — ,  tomja  nté  (ce  n'est  pas  \ra\),famja  dou. 

Infaillible.  Il  est  — ,  a  nté  fui  (il  ne  se  trompe  ipas);JiU-baUla. 

Infini.  C'est  — ,  a  nté  ban  (cela  ne  finira  pas). 

Infirme  ,y(/e»/;m ,  fyentala. 

Inhabité,  sigila  nté  yé  (il  n'y  a  pas  d'habitant). 

Inhumain.  Il  est  — ,  a  kafén. 

Inhumer  un  cadavre,  salé  dou. 

Inique.  Il  est  — ,  a  man  kiti:  a  man  hém/é. 

Injure,  néni;  dijala,  nijani. 

Injurier  ,  néniba  ;  dyala-kéba  ;  nyani-kéla. 

Injurieux,  néniba;  dyaJa-kéba;  nyani-h'Ia. 

Innomhrable,  dan  balila. 

Inondation,  dyi-ba. 

Inonder,  dafidi. 

Inquiet.  Il  est  — ,  aha  nyani. 

Insecte,  dyenbéré. 

Insolence,  néni,  nyani;  dyala. 

Insolent.  Il  est  — ,  néniba,  nyaniba,  dyala-héla. 

Instant,  sa;  ita.  li  A  l' — ,  sa-sa,  sa-yéné. 

Insulte,  7iéni,  nyani;  dyala. 

Insulter,  neni-ké,  nya-ké;  dyala  ké. 

Insulteur,  néni-kéla,  ni/ani-kéla  ;  dyala-kéla. 

Intelligence,  hakili.J'akili  khakili;  ni  (esprit). 

Intelligent,  hakilila ,  fakilila  khakilila.  a  ka  kéou. 

Intérieur,  adj.,  konn  (dans).  ||  A  l" — ,  kono,  ro  (dans).  A  l'inté- 
rieur de  la  case,  boun  kono. 

Interprète,  dalaminala. 

Interpréter,  dalamina. 

Interroger,  nyininka  (demander). 

Intestins.  Les  — ,  nougou. 

Intrépide.  Il  est  — ,  a  ka  fari. 

Irrité.  Il  est  — ,  a  ka  séli,  a  ka  sari. 

IsLxmsMR,  Mohamadou  sila. 


418  J.-B.    RAMBAUD. 

Isolé.  Il  est  — ,  a  bé  kili. 

Ivoire,  sama  nyi,  kaflé  nyi  (dent  d'éléphant);  sama  nijingo  (K. 

Ivre.  Il  est  — ,  a  béfonyoto;  a  bé  dolo-miba. 

Ivrogne,  dolo-miba  (qui  boit  du  dolo);  dlo-miba;  dlo-bélaba. 


Jadis ,/o/o,-  tourna  foîo;  tourna. 

Jaillir,  bo. 

Jalousie,  nangouya. 

Jaloux.  Il  est  — ,  a  bé  nangouyaba;  a  bé  nangouya  hé. 

Jamais,  abada  (Ar.),  abara.  Je  ne  Tai  jamais  vu,  'ma  o  toiim-o- 
touma  yé. 

Jambe,  sin-koiilou,  sin-kourou,  sana-koulou,  singo-kourou  (K.).  || 
Croiser  les  — s,  sin-gwasi. 

Japper,  kasi  (crier). 

Jardin,  nyokho,  nafé.  \\  —  au  bord  d'un  ruisseau,  nako. 

Jardinier,  nafé-tigi,  nafé-tyikéla  (rhomme  qui  travaille  au  jar- 
din). 

Jarre,  canari  à  eau,  dyi-dakha-ba ;  grand  vase  en  terre,  fnyé. 

Jarret,  nambiri,  toukoulou. 

Jatte  en  bois,  koiina. 

Jaune,  basi-gé  (M.),  basi-khoi  (M.).  |l  —  brun,  sisi-gé  (couleur 
de  fumée),  sisi-basi. 

Javelot,  tama,  tanba,  tanbo  (K.);  narama. 

Je,  nté,  né,  ti ,  m\ 

h.TEVi,  fili,  faïlo  (K.),  ti.  ||  — ,  laisser  de  côté,  boula,  Ma  (B.), 
ton.    Il  —  des  pierres,  kourou  sin. 

Jeu,  toulon,  tlon,  dlon,  tlo  (B.). 

Jeudi,  alkhamsa,  alakamésa  (Ar.). 

Jeun.  Etre  en  — ,  souna. 

Jeûne,  subst.,  souna  (jeûne  des  Musulmans);  souna-kalou  (le  mois 
du  jeûne). 

Jeune,  adj.,  koura,  kouta.  \\  —  homme,  ga,  kamalé,  kamarlin. 

Jeunesse,  kamarinya. 

Joie,  nyakhali;  dika,  ditia. 

Joli.  Il  est  — ,  a  ka  nyi,  a  ka  di. 

Joue,  tama,  da-fourgou  (le  sac  de  la  bouche);  da-goulou  (la  peau 
de  la  bouche);  tya. 

Jouer,  toulon-ké;  dlon-ké.  \\  —  d'un  instrument, /o  (parler). 

Joueur,  toulonba,  toulonkéla,  tlonba,  tloba. 

Jour,  tilif  télé,  tlé  (soleil);  loun,  Ion,  don,  doo  (espace  de  vingt- 
quatre  heures).  Il  Un  — ,  loungo.  \\  L'autre  — ,  loungo.  \\  Tous 


DICTIONNAIRE  DE  LA    LANGUE   MANDE.  /l  1  9 

LES  — S,  loimgo-hun.  \\  Faire  — ,  dougou-gé;  il  fait  jour,  a 
dougou-géra. 

Journellement,  loungo-loun. 

Joyeux,  nyakhali;  dikaha,  dinaU. 

Juge,  kélé-tégéla,  kiri-tégala,  kiti-tégélo  (K. );  sarya-tégéla. 

Juger,  kélé  tégé,  kiri  tégé,  kiti-tégé;  saria  tégé. 

Jumeaux.  Des  — ,  foulani ,  Jlanyou. 

Jument,  sou-mousou^souo-mouso  (K.). 

Jurer,  kali-fo. 

Jusqu'à,  hé;  ka  takha,  ka  ta;  to.  Jusqu'où  vas-tu"?  i  bé  îakha  fo  mi? 
De  Kankan  à  Kita,  ka  ho  Kankan  ka  takha  Kita.  Jusqu'à  demain, 
bé  sini.  \\  —  ce  que,  ne  se  traduit  pas.  Attends  jusqu'à  ce  que 
je  vienne,  a  kono  m  hé  na  (attends,  je  vais  venir). 

Juste,  kiti-kéla;  kévyé  (droit).  Il  — ,  pre'ciséinent,  adv.,  tonya. 


K 

Karité  (mot  wolof),  se.  Beurre  de  — ,  sé-toulou,  sé-tïo,  sé-dhu. 
Kola  (mot  woiof),  wourou,  woro. 


La,  adv.,  yé,  yanfé,  dé,  dyanfé.  \\  De  — ,fonfé,  yani,  yano.  jj  Au 
DE — ,  se  tourne  par  :  plus  loin,  dyan.  Il  y  a  un  village  au  delà 
de  la  montagne,  doiigou  a  ka  dyan  kourouyé,  ou  kourou  la.  || 

bas,  dyanfé.  jl dessus,  kango,  1  De  — ,  de  cette  chose, 

nyi  kou  lé  ka  ké  (c'est  ce  qui  a  lait).  Il  Ce.  .  .  — ,  nyi.  Cet 
homme-là,  nyi  tyé ;  tyé  dénia. 

Lac,  dala,  dla,  dala-ba. 

Lâche,  peureux,  dyito,  silana,  sirana.  \\  — ,  pas  tendu,  a  man 
tili;  lié.  Il  Avoir  le  ventre  — -,  kono  bon,  boli. 

LÂCHER,  laisser  aller,  boula,  bla  (B.).  ||  — ,  àétenâvc ,  Jlli  dondi , 
boula  dondi;  digi.  \\  —  pied,  bi  (tomber);  bori  (s'enfuir).  || 
—  la  bride  à  un  cheval,  karfé  digi. 

LÂCHETÉ,  dyitoya. 

Ladre,  dyougou. 

Ladrerie,  dyougouya. 

Laid.  Il  est  — ,  a  ma  nyi,  a  ka  dyougou. 

Laie,  lé-mousou. 

Laine,  sakha-si,  sa-si.  \\  —  du  Dyenné,  kasa. 

Laisser,  boula,  bla  (B.);  tou.  \\  — ,  léguer,  honla;  ton.  Laisse-moi 
passer,  a  tou  n'ka  tanbi.  Laisse-moi  tranquille,  ni  bla;  a  tou. 

Lait,  nono.  Il  —  de  vache,  nisi-nono.  \\  —  de  chèvre,  ha-non  . 
Il  —  de  brebis,  sakha-nono,  sa-nono.  ||  —  frais,  nono  khndé. 


420  J.-B.  RAMBAUD. 

nono  héné.  \\  —  caille,  nono  koumou,   nono  koumo  (Kli.j.  il  — 

de  la  veille,  nono  mé sinokhota  (du  lait  qui  a  dormi).  j|  Petit  — , 

tiono-cbji  (l'eau  du  lait).  ||  Frère  de  — ,  balou-din.  Il  Cochon  de 

— ,/a/î  din. 
Laiton,  soula  gé. 
Lambeau,  hourou,  koulou,  krou.  \\  Mettre  en  — ^  Jakha.  ||  Etre  en 

— ,  béfakhala. 
Lame,  késé.  ||  —  de  couteau,  mourou  késé. 
Lamentation,  mountoya. 
Lamenter  (Se),  kasi,  mounto. 
Lamentin,  ma. 

LxMP^ ,  firina ,  firiné.  \\  —  godet  en  fer  avec  manche,  goni. 
LAMPER,mî  7iko  woulou  (boire  comme  un  chien). 
Lance,  tanha,  tama,  tanbo  (Kh.). 
Lancer, //î, /ai'/o  (Kh.);  ti.  \\  —  des  pierres,  koiirou  sin,  fdi.  Il 

m'a  lancé  des  pierres,  a  ka  kouroujdï  n'kan. 
Langage,  kouma,  kan. 
Langue,  né,nen.  ||  Mauvaise  — ,  mokhoa  ka  dyougou.  Il  — ,  idiome, 

kouma.  \\  Tirer  la  — ,  dawakha,  né  ho  (sortir  la  langue). 
Languissant.  Il  est  — ,  a  mjouna. 
Lanière,  goulou-dyoulou. 
Lapin,  gelé. 
Larcin,  sounyali. 

Large.  Il  est  — ,  a  ka  boun.  Celte  case  est  large,  nyi  boun  a  ka 
boun.  Cette  rivière  est  large  de  cent  coude'es,  nyi  ha  kono  ka 
nonkonya  kémé  ho.  \\  — ,  boim-ha. 
Largeur,  boiinya. 
Larme,  nya-dyi,  nyé-dyi,  l'eau  des  yeux.  ||  Verser  des  — ,  kasi, 

pleurer. 
Larron,  sounyalila,  sounyalikéla. 
Las.  Il  est  — ,  a  ségéra,  a  ségéla. 
Lasser,  ségé.  !|  Se  — ,  ségé,  o.  n. 
Lassitude,  ségé. 

Latrine,  bou-yoro,  houkédoula. 
Laver,  koii,  ko.  \\  Se  — ,  kou,  ko,  v.  n. 
Laxatif,  kono-boii-kéla  (qui  l'ait  fuir  le  ventre). 
Le,  la,  les,  nyi;  a,  alou;  nyilou. 
Léger.  Il  est  — ,  a  ka ,  féri ,  Jéré ,  a  man  goulé. 
Légèrement,  doni,  dondi. 

Légitime.  Enfant — ,  fourou  din  (enfant  du  mariage). 
Léguer,  tou  (laisser);  tou.  .  .  boulou  (laisser  dans  la  main). 
Lent.  Il  est  — ,  a  ka  souma,  a  ka  mounyo. 

Lentement,  souma;  mounyo;  mounyo-mounyo ,  moundi ;  moundi-moundi. 
Lenteur,  soumaya. 
Lèpre,  kaba;  kouna,  kouni. 


DICTIONNAIRE   DE   LA  LWfiUE   MANDE.  '  /|21 

Lépreux,  haha-tigi;  kouna-tigi. 

Leqlel,  laquelle,  p\  relatif,  mé,  mÙK  \o\i' qui.  —  Pr.  interrogatif, 

dkjon?  (Ujoma?  dijoman? 
Leste.  Il  est  — ,  a  kaféa,  a  Jéata. 
Lettre,  sp7n',   safé,    séj'é;   bataki,   bataké.  !|  Ecrire  u.\e  — ,  bataki 

sébi.   ;  Lire  une  — ,  bataki  kara. 
Lettré,  kara-mokho  (un  homme  qui  lit). 
Levant,  tiîi-ivouHta  (le  lever  du  soleil);  tili-bo[[e  soleil  sort);  koron. 

Il  Au  — ,  korona,  koronjé. 
Lever,  soulever,  koro  ta.  ||  Se  — ,  wouli.  j|  —  subs..  ivoulita.  !  Le 

moment  du    lever,  wouli  tourna.  \\  —   du  soleil,   tili-woulita. 

Levez-vous!  ivouli!  alon  ivoiili!  Le  vent  se  lève,yi/e?i  bé  na  folo 

(le  vent  vient  en  commençant). 
Lèvre,  da-goulou,  da-goulo,  da-wolo. 
Lézard,  basa,  lasa;  moulonkou. 
Liane,  nnnbo,  nonfon.  li  —  à  caoutchouc,  snba. 
Liberté, yèroj/fl,  horonya. 
Lirre  (un  homme),  mokho  foro,  horon. 
Licov ,  falamou ,  kalamoit. 
Lien,  sirila;  dijoulou;  dt/ala;  lUfama. 
Lier,  siri. 
Lieu,  yoro;  doula.    \\  Au  —  de,  a  bé  mjé.  .  .  to.  J'ai  pris  du  mil  au 

lieu  du  riz,  7Î  ka  nijon  ta  a'  bé  m/é  malou  to.  |î  Au  —  de  avec 

un  verbe,  hali,  sani.  Au  lieu  de  courir,  il  s'assied,  hali  a  ka 

bori  a  bé  sigi.  !;  Au  —  que,  d  tourna  (pendant  ce  temps). 
Lièvre,  somisan. 

Ligne  à  pèche,  dolin-dyoulou  (ficelle  à  hameçon). 
Limaçon,  koto;  koto-koto;  kourou-kotoba. 
Lime,  kaka,  khaklia  (K.).  • 

Limer,  kaka,  khakha  (K.). 
Limon,  boklw;  dengaïno  (K.). 
Linge,  fani,  fanou,  fano  (K.).  1|  Un  morceau  de  —,  fani-kourou, 

fani-késé. 
Lion,  wara-ba,  waran-ba,  dyara. 
Lionceau,  wara-ba-din. 
Lionne,  wnra-ba-mousou . 
Lire,  kara,  kala,  kran  (B.),  krango  (K.). 
Lisse.  C'est  — ,  a  ka  nouga. 

Lit,  lala,  lalan;  tara,  talon,  kalaka.  ||  —  d'une  rivière,  ba  dinka. 
Livrer,  remettre,  di  (donner),  li  — ,  trahir,  dyanfa-ké. 
Local,  yoro;  doula. 

Localité,  yoro;  doula.  ||  — ,  village,  dougou  (B.);  sou  (^L). 
Logement,  sigi-yoro. 
Loger,  sigila. 
Loi,  namou. 


A22  J,-B.    R\MBAUD, 

Loisir,  dyen,  nyen.  \\  Avoir  le  — ,  dijen  soro. 

Loin.  C'est  — ,  a  ha  dijan.  Y  a-t-il  loin  d'ici  à  Bafoulabé?  Ka  bo 
yano,  ka  takha  Bafoulabé  a  ka  dyan?  Ani  Bafoulabé  tyé  a  ka  dyan? 
Cest  très  loin,  a  ka  dyanhali;  a  ka  dyan  kou  dyougou.  Ce  n'est 
pas  loin,  a  ma  dyan.  \\  Bien  —  de,  hali.  Bien  loin  de  courir, 
il  s'arrête,  hali  a  ka  bori,  a  bé  lo. 

Long.  Il  est  — ,  a  ka  dyan.  ||  Tout  le  — .,frrou. 

Longtemps,  touma-ba.  Il  y  a  longtemps,  a  mena.  Il  n'y  a  pas  long- 
temps, a  ma  mé. 

Longueur,  dyanya. 

Loque,  fani-kour ou.  \\  Mettre  en  — s,/akha.  \\  Etre  en  — s,  bè 
fakhala. 

Lors  de,  se  tourne  par:  lorsque,  avec  le  verbe. 

Lorsque,  ni,  avec  le  subjonctif.  Lorsqu'il  partit,  il  pleura,  ni  a 
tara ,  a  ka  kasi. 

Louange,  dyaya. 

Loucher,  nyépéri. 

Louer,  faire  rëloge,/oMma;  dyaya  ké. 

Loup,  namakoro. 

Lourd.  Il  est  — ,  a  ka  gotdé,  golé,  gwélé,  khoiiti. 

Louve,  nama-koro-mousou. 

Louveteau,  nama-koro-din. 

Lueur,  nokho-woulé,  noua-woulé  (tache  rouge). 

Lui,  a.  \\ même,  a-fan. 

Lumière,  kalou-gé,  clair  de  lune. 

Lumineux,  kalou-gé. 

Lunaison,  karou,  kalou,  kalo. 

Lundi,  tiné,  téné  [Xr.). 

Lune,  karou,  kalou,  kalo.  ||  Clair  de  — ,  karou-gé.  ||  Nouvelle  — , 
karou-dibé.  ||  Pleine  — ,  karou-gé.  ||  Lever  de  — ,  karou  woulita. 
Il  Coucher  de  — ,  karou  bita. 


M 

Mâcher,  nyi-mi. 

Mâchoire,  da-koro-kourou  (l'os  de  sous  la  bouche). 
Maçon,  banko-dala  (l'homme  qui  travaille  avec  la  terre). 
Magasin,  sani-doula,  sani-yoro  (endroit  de  vente). 
Mahométan,  mori. 
M  AIGRE, /«sa,  pasa,fasalé. 
M  KiGREUR,  fasay  a. 

Maillet,  pour  battre  le  linge,  koutoundo. 

Main,  boulon,  bolo,  blo  (B.).  ||  Battre  des  — s,  sokho  ka  fo,  tégé 
kafo.  Il  Serrer  la  — ,  boulou  mina.  \\  Tendre  la  — ,  boulon  ma- 


DICTIONNAIRE   DE  LA   LANGUE  MANDE.  4l23 

khana.  \\  Lever  la  —  sdr,  boulou  ta  ka  gosi.  \\  Croiser  les — s, 

boulou  biri  nyohhona.  \\  Le  dos  de  la  — ,  boulou  ko.  \\  La  paume 

DE  LA  — ,  boulou  kono.  Il  En  venir  aux  — s,  boula  mjokhonjé. 
Maintenant,  sa-sa;  sa-iva  (à  la  fin  de  la  phrase). 
Mais,  bari,  nka,  nkha  (K.). 
Maïs,  kaba  (M.),   manyo,  moka  (B.).  Il  Galette  de  — ,  ngoini, 

nyomi. 
Maison,  boun,  boungo,  sou. 
Maître,   se  traduit  par   :  père, /a.    ||  —   d'esclave,    dijou-tigi; 

mari-tigi.  \\  —   d'e'cole,  kara-mokho,   karalila;   dijakatala.  ||  — 

professeur,  digiha. 
Mal,  subst.  dùni.  \\  Faire  — ,  dimi.  Mon  ventre  me  fait  mal,  n 

kono  bé  dimi.  !|  Adv.  C'est  mal,  a  ma  niji,  a  man  bêlé. 
Malade.  Il  est  — ,  a  ma  kendé  (il  n'est  pas  bien  portant),  a  ma 

kéné;  a  gwana. 
Maladie,  gwa,  nso,  dimi. 
Malaisé.  C'est  — ,  a  ka  gaulé,  golé,  gwélé. 
Malédiction,  dangala. 
Malgré,  bana.  il  —  lui,  banama. 
Malheur,  daija,  gaké,  nxjemba. 
Malheureux.  Il  est  — ,  a  bé  dayato  (il  est  dans  le  malheur),  a  bé 

nyèmbato. 
Malicieux.  Il  est  — ,  a  ka  kéou. 
Malle,  kankéran  (W.). 

Malpropre,  nokhoba,  Jiokholé ,. nouaba ,  noiialé. 
Malpropreté,  nokho,  noua. 
Maman,  ba. 
Mamelle,  sin. 
Mamelon,  pointe  de  la  mamelle,  taté.  \\  — ,  petite  colline,  tinti, 

toundi,  toundo. 
Manche  d'outil,  kala,  koun  (tête).  ||  —  de  couteau,  mourou-koun. 
Mandihule,  nya-sin. 
Manger,  doumou,  don,  domo;  domoli-ké;  mi,  boire.  ||  Se  — ,  être 

bon  à  manger,  a  ka  di,  ka  doumou.  J'ai  mangé  mon  couscous, 

n'ka  basi  dou.  J'ai  mange'  ce  matin,  n'ka  domoli-ké  bi  sakhoma. 
Manière,  tyoko;  nyami.  A  la  manière  des  Blancs,  toubabou  tyoko. 
Manioc,  bananinkou,  banankou;  amer,  bara. 
Manquer,  faire  défaut,  téyan,  té dy an  [n'être  t^rs  la);  dobobé.  \\  — 

ne  pas  atteindre,  dadyé.  ||  —  de,  ne  pas  faire,//*  (oublier),  ij 

— ,  être  fini,  a  bana  (il  est  fini),  a  banta.  \\  —  de  parole,  kou- 

ma  bo  (retirer  sa  parole). 
Marabout,  mon.  ||  — ,  oiseau,  douba,  doubon. 
Marais,  dala,  dla,fara;  lé. 
Marchand,  dyoula,  jirikéla. 
Marchandises,  nafoulou,  najlou,  nafourou. 


li^lX  J.-B.    RAMBAUD. 

Marché,  déha;  sani-yoro,  san-i-firi-yoro;  lokho,  lokhofé.  \\  Bon  — , 
songo  man  di/ougou. 

Marcher,  takhama. 

Marcheur  ,  takhamala. 

Mardi,  talata,  data  (Ar.). 

Mare,  lé. 

Marécage,  bokho-dala,  bokho-lé. 

Marécageux,  bokhoba,  dènga'mo  (K.). 

Margouillat,  lasa,  basa. 

Mari,  tyé,  ké,  khé  (K.). 

Mari  AGE, /oîiroM.  ' 

Marier.  Se  — ,  four  ou. 

Marmite,  négé-dakha,  da  (vase  en  fer). 

Marque,  non;  sijen. 

Marquer,  nonké,  nono,  mjomjo;  sijcn  boula.  .  .  ro. 

Marteau,  matitarké;  foulouma.  \\  —  de  forgeron,  toli;  négé-gosila. 

Martin-pêcheur,  djjiro  kono  (Toiseau  qui  est  dans  Teau). 

Massacrer  ,yrtA7trt , /rt. 

Massue,  béré-koun-ba  (grosse  tête  de  bâton);  gérégiké. 

Matelassure  de  la  selie,  dijou  bougou  (emplacement  des  fesses). 

Matin,  sakhoma,  sokhoma,  soukhouma;  kona.  De  2  à  3  heures, 
dijouni-dijouni ,  dyouna-di/ouna ,  dyouno-dyouno {]L.).  Au  chant  du 
coq,  dountoun  kouma;  douno  kouina  (K.).  Le  lever  du  soleil,  tili 
woidita.  A  9  heures,  tilitléma  (le  soleil  est  au  milieu).  Entre  6 
heures  et  midi,  ni  tili  nara  koun  tléma  (quand  le  soleil  sera  venu 
à  moilie'  du  ze'nith).  il  Ce  — ,  bi  sakhoma.  \\  Tous  les  — s, 
sakhom'-o-sakhoma. 

Matinée,  sakhoma,  sokhoma,  soukhouma. 

Matrice,  din-sou  (la  maison  des  enfants). 

Maturité,  moya.  ij  Epoque  de  la  — ,  moya  toiima.  On  commence  à 
faire  les  cultures  à  la  maturité  du  dougoura,  mokholou  bé  séné- 
kéfolo  dougoura  moya  toiima  la. 

Maudire,  daiiga,  dagna;falaki. 

Maudit,  danyato;  bokho-bona  (celui  qui  est  sorti  du  foyer). 

Maure,  soulan-ké  (l'homme  de  cuivre),  sourakha,  souraka,  sou- 
rako(^K.).  j 

Mauvais.  Il  est  — ,  a  man  bété;  a  ka  dyougou. 

Méchant.  Il  est  — ,  a  ka  dyougou. 

Mèche  de  LkMï>E,firina. 

Médecin,  basi-kéla;  basi-tigi. 

Médecine,  basi.  ||  Prendre  une  — ,  basi  mi. 
Médicament,  basi. 

Médius,  troisième  doigt,  bantan. 

Meilleur.  Il  est  — ,  a  kajisa. 

Mêler,  birisa. 


DICTIONNAIRE  DE   LA  LANGUE   MANDE.  /l25 

Melon,  sara. 

Même,  après  uuprouoiii ,/««,/«««,•  yéré.  ||  C'est  la  —  chose,  a  hé 
hélé,  a  hé  han.  ||  Quand  — ,  koni. 

Mémoire,  mindaya. 

Menacer,  dougou. 

Mendiant,  sara-minala;  nyiniha. 

Mener,  nya  boula  (marcher  devant). 

Mensonge,  houma  fanya  (parole  fausse);  fcaiow. 

Menteur,  kalon-tigi,  kahn-fola. 

Mentir  ,  fanya  fo ;  kalon  fo. 

Menton,  hon,  honho,  bomo. 

Mépriser,  dyolé,  tigéri. 

Merci,  barka,  abarka,  borka  (Ar.),  hmégé,  inisé;  mbà. 

Mercredi,  arba,  alaba  (Ar.). 

Merde,  bou,  ho. 

Mère,  ha. 

Mériter,  no. 

Merle,  morane. 

Mesure  pour  les  grains,  tnouro,  mouré,  d'où  :  moule  =2  kilo- 
grammes de  mil;  souina. 

Mesurer,  souma,  sama,  sibira.  ||  —  à  la  coude'e,  notikona  dyan 
(compter  les  coude'es).  Ii  —  au  moule,  mouré  dan  (compter  les 
moules). 

Mettre,  ké  (faire);  ségi;  boula,  bla.  \\  —  un  vêlement,  dou.  !!  — 
BAS,  woulo. 

Meurtre  ,  fakhali ,  fali. 

Meurtrier  ,  fakhala ,  fala ,  fakhali-kéla ,  fa-kéla. 

Miauler,  kasi  (crier). 

Midi.  Il  est  — ,  tili  sira  koun  (le  soleil  est  arrive'  au  ze'nith).  Ii  A 
— ,  ni  tili  sira  koun  (quand  le  soleil  sera  arrive'  au  ze'nith).  il 
Après  — ,  wourala  (dans  la  soire'e). 

Miel,  Ii,  di,  lio  (K.). 

Mien.  Le  — ,  nta. 

MiETTK,  késé;  kourou. 

Mieux.  C'est  — ,  Cela  vaut  — ,  a  ka  ftsa.  \\  Tant  — ,  a  ka  Jisa, 
a  he  na. 

Migraine,  koun  dimi.  J'ai  la  migraine,  n'koun  hé  dimi. 

Mil,  nyon,  nyo.  \\  Petit  — ,  sanyo  souma.  \\  Gros  — ,  rouge,  bim- 
hiri;  kindi;  gédi;  doroko.  \\  Gros  — ,  blanc,  nyoli  fin.  \\  Gros 
— ,  donnant  des  cendres  alcalines,  gadyaba.  \\  Mortier  à  — , 
kouloun    I  Pilon  à  — ,  kouloun-kala.  \\  Piler  le  — ,  nifon  sousou. 

Milieu,  tala,  lia,  iéma.  I!  Au  — ,  talan  tyé,  lalan  tycro,  tlan  tyéro,   ■ 
témoto. 

Mille,  ha  (M.),  bakémé  ni  kéméfoula  ni  débé  (B.). 

Millet,  Jini ,  Jouni ,  Jounyn. 


426  J.-B.  RAMBAUD. 

Mince,  misé,  mésé,  miséma. 

Mine,  dinka;  danba,  kolon  (puits). 

Minuit,  soutléma{\e  milieu  de  la  nuit),  sou  tala,  sou  térna.  Il  A  — , 
sou  talala. 

Miroir,  doungari,  douabé;  ymjéla  (Ko,). 

Modération,  soumaya. 

Modeste.  Il  est  — ,  nyouma,  nyhna;  fimjé;  souma. 

Moelle,  semé.  ||  Qui  a  de  la  — ,  séméba. 

Moi,  7ité,  né,  n',  m  .  || même,  né  fana. 

Moineau,  gérèn-kono. 

Moins,  se  traduit  par  un  comparatif;  —  ou  se  tourne  par  :  pas 
autant,  nié  iko  (pas  comme).  ||  Au  — ,  této. 

Mois,  karou  (lune),  kalou,  kalo. 

Moisir,  koumou. 

Moisson,  nyon  tégé.  ||  Faire  la  — ,  tégé  (couper). 

Moissonner,  tégé  (couper). 

Moitié,  iala,  tla,  téma.    ||  A  — ,  taJan  tyé,  tlan  tyé,  témaio. 

Mollet,  sin-kala  (le  manche  du  pied). 

Moment,  sa;  tourna.  ||  Au  — ,  ;tî  (quand);  tourna.  |i  Dans  un — ,  sa- 
sa;  taralinyan. 

Monde,  aldyouni[kv.).  \\  Venir  au — ,  ivoulou.  ||  Tout  le — ,  mokho 
hé  (tous  les  hommes),  mokK-o-mokho. 

Monnaie  en  fer  usitée  dans  le  Sud,  genzé. 

Montagne,  kourou,  krou;  tinti,  tinti-ba.  \\  Le  sommet  de  la  — ,  tinti 
koun.  il  Le  pied  de  la  — ,  tinti  sin. 

Monter,  yélé,  élé.  \\  —  à  cheval,  sou-ko  yélé,  sou  yélé. 

Montrer,  non,- ^/<//m,  dyiri.  \\  Se  — ,  paraître,  bwa.  Il  —  du  doigt, 
bouloulo. 

Moquer.  Se  — ,  dougouya;  ladégé.  Je  m'en  moque,  n'koun  ta  ro 
(ma  tête  n'est  pas  là-dedans). 

Moquerie,  ladégéli. 

Moqueur,  ladégéla. 

Morceau,  késé;  kourou.  Un  morceau  de  bois,  iri-kourou.  Un  mor- 
ceau d'étoffe, /fl/u'-AoMroM. 

Mordre,  kin,kimji,  kini/iké. 

Mors,  karafé,  karabé,  krahé,  karbé;  bomo  négé.  Il  Faire  sentir  le 
— ,  karajé  meta.  Il  Mettre  le  — ,  karafé  dou.  Il  Oter  le  — ,  ka- 
rafé bo. 

Morsure,  kinyi. 

Mort,  subst.,  saya.  ||  Il  est  — ,  a  sara,  a  salé.  Un  homme  mort, 
mokho  salé. 

Mortel. 

Mortier,  de  terre,  banko.  ||  —  à  mil,  koidoun.  ||  Enduire  de  — , 
nokho  bankoma. 

Morve,  noun-dyi  (l'eau  du  nez).  ||  —  Maladie  des  animaux. 


DICTIONNAIRE  DE   LA   LANGUE   MANDÉ.  A27 

Mosquée,  misvri  (Ar.),  mousiré;  sali-yoro. 

Mot,  kouma. 

Motif,  dijo.  \\  Avoir  un  — ,  dyo  soro. 

Mou,  wourilé,  ma.  \\  —  de  caractère,  mounyo,  moundi. 

Mouche,  limokho,  dimokho;  gelé,  glé,  blé.  \\  —  à  miel,  li-késé. 

Moucher.  Se  — ,  noMn/ye  (nettoyer  le  nez). 

Mouillé.  Il  est  — ,  a  nyigira. 

Mouiller.  Se  — ,  nijigi. 

Mourant.  Il  est  — ,  a  hé  sayato. 

Mourir,  sa.  11  est  inorl,  a  sara,  a  salé. 

Mousse,  herbe,  kannya.  — ,  e'cume,  dyi  kanka,  dyi  kanya. 

Mousseline,  sasi,  sangé. 

Moustache,  da-si{\Q?>  poils  de  la  bouche). 

Moustique,  sousou. 

Mouton,  sakha,  sakho,  sa;  kolosé.  li  —  châtré,  kolobo,  kobo sakha; 

sakha  mouno. 
Mouvoir.  Se  — ,  lotna. 
Moyen,  kékouda;  damali;  dabali.  ||  Au  —  de,    ...  ma,  daharyaro. 

Il  Trouver  le  —  de,  damaliké,  dabaliké. 
Muet,  boubou,  bobo. 
Mugir,  kasi,  (crier). 
Mulet,  sou-fali,  faliba. 
Multitude,  dyama,  dyamadyé. 

Mur,  gwiïi.  Il  —  dun  village,  dandan,  tata;  dm;  koubé,  koubéla. 
Mûr.  C'est  — ,  a  mora,  a  mona.  Ce  n'est  pas  mûr,  a  ma  mo.  il 

Age  — ,  kamarinya. 
Mûrir,  mo. 

Murmure,  da  koro  kouma  (parole  de  dans  la  bouche);  sousou. 
Musc,  sounka. 
Muscle  ,  fasa ,  pasa. 

Musicien,  dyali;  bouroufola;  boudofola;  kounti/ola. 
MvsiQVE ,  Joli.  Il  Faire  de  la  — ,fo. 
Musulman,  mari,  moriké. 


N 

Nabot,  sourou-mani,  soutou-mani  (un  petit  homme  petit). 

Nage,  néouli.  \\  Etre  en  — ,  wosi. 

Nageoire,  dyégé  sin  (pied  de  poisson). 

Nager,  néou,  néon,  néouliké. 

Nageur,  we'oM  sila  (celui  qui  sait  nager),  néouba,  néonba. 

Naguères,  0  tourna  (autrefois);  o  loun  (un  jour),  o  doo;  loungo, 

donwo. 
Nain,  sourou-mani,  soutou-mani  (un  petit  homme  petit). 


A28  J.-B.   RAMBAUD. 

Naître,  wolo,  wolola. 

Narine,  noxm-da  (Touverture  du  nez). 

Narration,  tali. 

Narrer,  talifo. 

Naseau,  noun  (nez);  da  (visage). 

Nasse,  dyon  (filet). 

Natal.  Pays  — ,  wolo  dougou. 

Natte,  bilali,  blnli;  gourali,  guéradé;  delà;  tnjantan;  baran,  balan. 

Naufrage,  hoiihun  filila ,  kouloun firéla ;  tounouma.  ||  Faire  — ,  tou- 

nou.  La  pirogue  a  fait  naufrage,  kouloun  tounouna. 
Navette,  de  tisserand,  kouloun,  kouloun-din. 
Ne.  .  .  PAS,  té,  nté  (au  pre'sent  et  au  futur);  ma  (au  passe'). 
Né.  Il  est  — ,  a  ivolota.  i  Premier  — ,  dinfolo. 
Néanmoins,  bari;  nklia. 
Nécessité,  makou,  woulou. 
Négliger,  Jîli,  Jli. 
Négoce,  dyago. 

Nègre,  mohho  fin,  tyé fin , fara fin. 
Nerf,  fasa,  pasa. 
Net,  dyé,  gé. 
Nettoyer,  avec  de  l'eau,  kou,  ko  (laver).  ||  —  avec  un  balai, /m, 

fita  (balayer).  ||  —  en  ge'ne'ral,  dyéké,  géké. 
Neuf,  adj.,  koura,  kouta.  Nom  de  nombre,  kononto,  khononlo. 
Neuvième,  konontona. 
Neveu,  bari-din,  baréni,  bènké-din. 
Nez,  noun,  noungo  (K.). 
Nid,  kono-sou,  kono-boun  (case d'oiseau),  nya. 
Nier,  ladyé. 

Noble ,  fama-si  (race  de  roi);  tnansa-si. 
Noce  ,  foiirou. 

Nocturne,  sou  ro,  sou  to  (de  nuit). 
Noeud,  kourou;  sirila.  \\  —  du  bois. 
Noir  ,  fin ,  finma. 

Noix  de  Kola,  ivourou,  woro;  gourou. 
Nom,  tokfio,  twa.  \\  —  de  famille,  dyamou.  Avoir  nom,  o   toklio 

(son  nom). 
Nombre  ,  dana. 

Nombreux,  syama;  a  ka  sya;  kika  (K.). 
Nombril,  bava. 
Non,  en-en,  nté. 
Nord  ,  kokho-dougou  ;  sakhelL 
Notre,  an;  ntélou  (K.);  oun. 
Nourrir,  balou,  labalou. 
Nourrisson,  balou-din;  sin-miba. 
Nourriture,  balou J^n. 


DICTIONNAIRE   DE   LA  LANGUE  MANDE.  429 

Nous,  an,  oun;  ntélou  (K.). 

Nouveau,  koura,  koiita. 

Noyau,  kuurou,  koulou. 

Noyer.  Se  — ,  digi  dyi  kono. 

Nu,  bala,fétoto. 

Nuage,  kaba-koun,  kaba;  nokho;  san-fin  (ciel  noir). 

Nubile  ,fouroulé. 

Nuire,  tyen. 

Nuisible.  Il  est  — ,  a  ka  dijougou. 

Nuit,  sou.  \\  De  — ,  souro,  souto.  \\  La   —    prochaine,   bi  souro. 

Il  La  —  passée,  koiinou  souro,  sou  tambi  bara. 
Nuitamment,  souro,  souto. 
Nul,  aucun,  mokho  lé;  mokho  ma,  etc.  Voir  i4MCM?i. 


0 

Obéir,  balou,  naro;  kouma  monta  (prendre  la  parole). 

Obéissance,  batouya,  baroya. 

Obéissant,  batoubn,  baroba. 

Objet,  féri. 

Obliger,  forcer,  kan;  digi;  dyakouya ;  famja  fékha ;  aider,  dénié. 
Je  suis  oblige'  de  partir,  nka  kan  ka  takha. 

Obscurité,  dibi. 

Obtenir,  soro. 

Occident,  tilibi {chute  du  soleil),  tlibi,  tilibita,  térébi. 

Odeur,  souma;  wousoula.  il  Une  bonne  — ,  souma  ka  di.  \\  Une  mau- 
vaise — ,  souma  bala;  souma  ka  dyougou. 

Odorant,  soumaba. 

Œil,  nya,  nyé.  S'essuyer  les  yeux,  salon nyé  la.  Fermer  les  yeux, 
sinyi. 

OEuF,  kili.  Œuf  de  poule,  sisé-kili. 

Offense,  bakha;  tonyo. 

Offenser,  bakhaké;  tonyo. 

Offrir,  dyé. 

Oignon.  Petit  — ,  dyaba. 

Oiseau,  kono,  khono  (K.).  ||  —  pêcheur,  tintati. 

Oiseleur,  kono-moutala  (celui  qui  prend  les  oiseaux). 

Oisif,  koké. 

Ombrage,  souma. 

Ombre,  souma;  loulc .  doulé,  dlé.  ||  A  l'  — ,  souma  la. 

On,  se  traduit  par  :  les  hommes,  mokholou. 

Oncle  paternel,    barinké,  bènké.  \\  —  maternel,  dokhoni,  divani. 

Ongle,  soni,  sani. 

Onze,  tan  ni  kili. 

MÉM.   LING.  I\.  S8 


A30  J.-B.   RAMBAUD. 

Opposer.  S'  — ,  sine. 

Opule:nce,  nafoulou,  najlou. 

Opulent,  nafoulou-tigi. 

Or,  sanou,  sano  (K.).  ||  Puits  d'  — ,  sanou  holon.  ||  Un  gros  d' — . 

Orage,  sanjîn  (ciel  noir),  dougou-dougano. 

Orageux,  san  fimna  (ciel  noir). 

Orange,  lémouroii-ba. 

Oranger,  lémourou-yiri. 

Orbite  de  Toeil,  nya-kourou,  nyé-hotdou  (os  de  l'œil). 

Ordonner,  tyi,  io;  sogi;  oka. 

Ordre,  commandement,  déné.  ||  — ,  arrangement. 

Ordure,  hoti,  ho;  nokho,  noua;  nyaina.  \\  Faire  des  —  s,  bou  hé. 

Oreille,  touloii,  tolo,  tlo  (B.).  ||  Se  curer  l'  — ,  toulouto  ho  (ôter 

ce  qui  est  dans  Toreille).  ||  Boucle  d'  — ,  toulou  géré,  tonhu- 

sanou  (or  d'oreille),  i!  Prêter  l'  — ,  kouma  monta.  [I  Perce  — , 

sa7ii  mélé-mélé. 
Oreiller,  biti;  koun-doiisila ,  koimgoro  doima  [où  l'on  entre  sa  tète). 
Orgueil,  mafa,  dyago,  finyéya. 

Orgueilleux,  mafalé;  dyagoba,  Jinyé,  Jinyéto;  gana-gana. 
Orient,  koron;  tili-ho  (où  le  soleil  sort).  ||  A  l'  — ,  koronfé,  korona- 

mofa,  korona,  korono.  Kankan  est  à  l'Est  de  Kouroussa,  Kan- 

kan  bé  Kouroussa  koronfé. 
Originaire.  Il  est  —  de,  abanti.  Se  tourne  par  :  le  lieu  de  nais- 
sance, ivoulo-yoro.  Il  est  originaire  de  Sankaran,  se  tourne  :  le 

Sankaran  est  son  lieu  de  naissance,  o  woulo-yoro  Sankaran  lé 

mou. 
Origine,  se  rend  par  :  race,  si;  lieu  de  naissance,  woulo-yoro  ;  ou 

par  :  sortir,  bo.  Il  est  d'origine  royale,  afama-si  dé. 
Ornement,  nyégéli ,  iyénna,kénya. 
Orner,  nyégé,  tyénya,  kénya. 
Orphelin  ,  Jerita ,  falalé ,  falalin. 
Orteil,  sin-koni,  sé-koni. 
Os,  kourou,  koulou,  kolo. 
Oseille.  Sorte  d'  —  indigène,  da. 
Otage,  nomada. 

Oter,  ho  (sortir);  ta  (prendre). 
Ou,  ou  bien,  fo;  wala.  Est-ce  un  rat  ou  un  iguane?  nyima  dé  fa 

koiiti  ? 
Où  ?,  tni,  minto,  mintqfé.  Oii  vas-tu  ?  i  hé  takha  mi?  Oià  est-il  parti  ? 

a  tara  mintofé.  D'où  viens-tu  ?  ihora  mi?  \\  Par — ,  mi,  mintofé, 

minfé.  Par  où  a-t-il  passe'  1  a  ka  tanbi  mintofé. 
Oublier,  nyényéma,  nyima,  fdi. 
Ouest,  tili-hi,  tili-bita  (la  chute  du  soleil)  tlè-bi,  téré-bi  ||  A  l'' — , 

tili-bi-fé. 
Oui,  yo. 


DICTIONNAIRE   DE   LA  LANGUE  MANDÉ.  A31 

Outarde,  fo^a,  tonka. 

Outil,  tijakéla,  Ujéhélou,  sakéla. 

Outrage,  dijala. 

Outrager,  dijdaké. 

OvTKE,  subsl,fourgou,fourgo,fouroukou  \\  En — ,  wako,ivokho  [k) -, 

ni  (et). 
Ouverture,  da. 
Ouvrier,  Ujaké,  saké. 
Ouvrir,  yéU,  élé.  Ouvre  la  porte,  da  yéU,  koun  yélé.  Sa  porte  est 

ouverte ,  da  hé  yéléta ,  da  hé  yéléla. 
Ovipare,  kdiha. 


Pacifique,  se  tourne  par  :  qui  ne  fait  pas  la  guerre.  Ce  roi  est  paci- 
fique, nyi  mansa  nié  kéléké.  Ce  fut  un  chef  pacifique,  a  ma 
kéléké. 

Pagaye,  dyakala,  dyagandé,  dyégala;  dyoubalila,  dyoufi. 

V KGyE ,  fani ,  fanon ,  fano  (K.)  !l  Bandes  de  — ,fani-mougou. 

Paiement,  sara. 

Paillasson,  karta,  baloiidéla.  —  pour  les  portes,  soloungo. 

Paille,  hin  \\  Grosse — ,  tyi,  ti.  Il  Tiges  de  — ,  hin-kala,  ti-kala, 
kala.  —  d'arachide,  tiga-nyara  ||  Brin  de  — ,  hin  késé. 

Paillette  d'or,  sanou-mongou. 

Pain  de  froment,  honrou.  (W).  I!  —  de  singe,  sita-mougou ;  sita- 
din.  Il  —  de  sucre,  soukrou-koun.  il  Sorte  de  — ,  fait  avec  du 
miel  ou  maïs  en  boules,  dégé. 

Paire,  se  rend  par  :  deux,  foula,  Jla  (K.). 

Paître,  doumou ,  domoliké ,  don;  géli. 

Paix,  dya,  héra.  Paix!  idé!  (tais-toi);  ma&ou.' 

Pal,  koloma. 

Palabre,  korofa. 

Palanquement,  dyasa. 

Pâlir,  éléma.  Il  a  pâli,  a  élémata. 

Palissade,  en  Lois,  san-san,  sin-sin,  sin-san;  dyasa,  sayné.  (W.). 
Il  —  en  roseau,  siii-sin,  san-san. 

Palmier,  ban,  hango.  (K.).  ||  —  dattier,  tamarou,  tamaro.  (K.).  || 
—  à  vin,  toulou.  \\  —  à  huile,  nté.  Vin  de  palme,  hwin. 

Panier,  sagi,  ségé;  siso;félé-félé.  \\  —  rond  en  feuilles, /oif/bw. 

Panse,  kono,khono.[K.), 

Pansement,  dyarali. 

Panser,  dyara. 

Pansu,  kono-ba,  khono-ba  (K.). 

Pantalon,  koursi,  kourti,  kourto;  sarahon. 

Panthère,  warani,  wara-kala,  warani-kala ;  dyokholo, 

28. 


^32  J.-B.  RAMBAUD. 

Pantoufle,  sabata  (Ar.),  sabara,  samata,  samara,  samalo  (K. );  || 
—  avec  dessus ,  mouké. 

Papaye  ,  mandyé,  manandyé. 

Papier,  sabé,  sébé,safé,  séfé,  kartas  [kr.)-,  \\  Feuille  de  — ,  sébé- 

fira,  sébé-fita. 
Papillon,  féré-féré ,  péré-péré  ;  férini. 

Paquet,  doni;  siri  ;  fou/ou.  Faire  un  paquet,  donisiri,  donidara. 
Par,  se  traduit  par  une  tournure.  ||  —  ce  que,  moun  ha  ton,  mé- 

mou.  Il  —  Dieu,  billahi.  Il  a  fait  cela  par  crainte,  a  la  yé  hé  a 

dyito.  Il  a  un  franc  par  jour,  a  bé  tama  hili  soro  tilila.  Ranger 

par  cate'gories,  dara  hilin-hilina  ma.  Il  Ta  pris  parle  pied,  a  la 

mina  a  sinma.  En  t'en  allant,  passe  par  Kita,  {  taro,  i  ha  bo 

Kitala;  i  bila,  i  ha  tanbi  Kitala.  Cette  lettre  est  venue  par  un 

courrier,  nyi  barahi  nala  courrier-boulou. 
Parallèle,  douo  heréfé. 
Paralytique,  nabara. 

Parasol,  libiri-ba,  dibiri-ba.  Un  grand  chapeau , ^anrfoMroM. 
Parc  à  besliaux,  woré,  wcré,  ivadé,  wouréla  (W.), 
Parce  que,  moun  ha  ton,  ha  tougou,  ha  touga;  homa.  Je  ne  suis 

pas  venu  parce  que  je  n'ai  pas  entendu,  '/««  na  ha  touga  'ma 

mé. 
.  Pardon,  ioubi;  hhahétoya. 
Pardonner,  Ioubi  ta;  hhahéto. 
Pareil.  Il  est  — ,  a  bé  hili,  a  bé  han,  a  bé  hahan,  a  bé  hahhan 

(K.). 
Parent,  balinia. 
Paresse,  salaya. 
Paresseux,  salabato,  sala. 
Parp'Ois,  doni  sa. 

Parfum,  souma,  sounha,  wousoula. 
Parfumer,  sounhaba;  ousoulaba. 
Parjure  ,  sosoli. 
Parleh,  houma ;  houmafo ,  ho,  hho  (K.).  Les  gens  de  Kita  parlent 

malinké,  Kita  mohholou  bé  malinha  houmafo.  \\  Parle!  ajo. 
Parmi,  se  tourne  par  :  dans.  .  .  ro;  hono. 
Parole,  houma. 
Part,  tala,  tla.    ||  Quelque  — ,  yoro-fo.  \\  Autre  — ,  yoro  dola.  \\ 

Nulle  — ,  yorosi,  yor-o-yoro  nié.  Il  coupa  la  papaye  en  Irois 

parts,  a  ha  mandé  tégyé  tala  sabala. 
Partager,  tala,  tla. 
Partir,  tahha;  bo.  Quand  pars-lu?  /  bé  tahha  tourna  dyoma?  Allons! 

partons  !  an  ha  tahha .'  ||  A  —  de,  ha  bo.  A  partir  d'ici  jusqu'à 

Siguiri ,  ha  bo  yan ,  ha  tahha  Sigiri. 


DICTIOWAIRE    DE  LA  LANGUE   MANDE.  ^33 

Partout,  doula-o-doula;  yoro-bé ;  fan-o-fan. 

Parvenir,  dafa. 

Pas.  Il  Ae  — ,  au  présent  et  au  futur,  té,  nté;  au  passe',  ma  || 

Encore  — ,  ma.  .  .  folo.  Il  n'est  pas  encore  venu,  a  ma  nafolo. 

Il  —  subst.,  sago,  sin,  se.  \\  Faire  un  faux — ,  bi.  \\    Revenir 

SUR  SES  — ,  sagi,  sagi  ko.  \\  a  —  de  loup,  strounyo,  mounyo.  \\ 

Aller  au  — ,  en  parlant  d'un  cheval,  takhama. 
Passage,  tanbi-yoro,  tanbi-doida. 
Passer,  tajibi,  témé,  tami.  Par  où  as-tu  passé?  {  ka  tanbi  sila  dyo- 

mana.  I|    Pour  — ,féléla,  fêla.  ||  Se  — ,  arriver,  na.  \\  Se  — , 

n'avoir  pas  besoin  de  mil,  nyoti  makou  nté  n'yé.  \\  — traverser, 

tégé. 
Patate,  wousou,  wisé;  konkyo. 
Patient.  Il  est  — ,  a  ka  mounyo. 
Pâtir,  dimi. 
V kiME ,fa-doiigou  (pays  du  père);  woulo-yoro  (lieu  de  naissance); 

dinbaya. 
Patte,  sin.  se. 
Pâturage,  gwéni-yoro. 
PÂTURER,  gwéni. 

Paume  de  la  main,  boulou-kono,  boulou-tége;  blo-togo  [B.). 
Paupière,  nya-goidou  (la  peau  de  l'œil),  nya-wonlou;  bawa. 
Pause,  en  marche,  sara.  Le  campement  est  à  deux  pauses  d'ici, 

dakha  ka  sara  foula  dian. 
Pauvre,  nyéni,  nyénibato. 
Païen,  kafri,  sama-din;  toun-tigi. 
Payer,  sara. 

Pays,  dyamani  (B.M.),  dyamano  (K.);  dongou  (W.  kour.). 
Vekv,  goulou,  goido,  woulo,  wolo.  Il  —  de  houe ,  soumalo  ;  fourgon , 

four  go  (K.). 
Pêche,  moli. 

Pêcher,  mo,  moliké;  dyégé-moiita  (prendre  du  poisson). 
Pêcheur,  somoiin  (B.);  molikéla,  molila,  yégé-moutala  (qui  prend 

du  poisson). 
Pédale  ,  sin-kalama. 
Peigne,  sanila ,  koun-sanïla. 
Peigner,  sani,  soni. 
Peine,  dimi. 

Pêle-mêle,  nyougou,  ni/ougo. 
Pelote  de  fil  de  tisserand,  dourou. 
Pelure  ,  fara. 
Pendant,  o  tourna.  \\  —  que,  o  tourna,  a  bé.  Pendant  que  je  parlais 

tu  dormais,  o  tourna  n'kakouna,  i  toum  bé  sinokholé. 
Pendre,  siri,  siti,  sti  (K.).  ||  — ,  v.  neutre,  dolon,  dlon. 
Pensée,  miri;  kono  tasé;  nourou. 


^34l  J.-B.  RAMBAUD. 

Penser,  miri;  konoto  miri;  yili;  nina.  \\  —  croire,  da.  \\  — •  ré- 
fléchir, tasi. 

Peme,  diginda.  La  pente  de  la  montagne,  hourou  diginda.  Le 
terrain  va  en  pente,  doitgou  hé  digi. 

Pépin,  koiirou,  koulou;  si. 

Percer,  sokho,  soua,  sya.  Perce-oreille,  sani  mélé-mélé. 

Perche,  gaule,  sembéré. 

Percher,  sigi  xjin  kan  (être  sur  un  arbre). 

V ERDR^,  f.li;  tounou;  tounounda; sankouran;  bono.  \\  — au  jeu,  ||  Se 
—  s'égarer. 

Perdrix,  woulo,  woulo-sisé. 

Père,  fa.  \\  Grand ,  marna,  bèmba. 

Perle,  kono. 

Permettre,  bafé  (vouloir);  tou,  to  (laisser). 

Permission.  ||  Donner  la  — ,  bafé  (vouloir);  tou,  to  (laisser). 

Perroquet,  souloun-ba;  kyoro;  koidé. 

Perruche,  souloun,  solo. 

Personne,  (,subst.)  mokho.  \\  Adj.  indéf.,  mokho  té  ou  ma.  Personne 
n'est  venu,  mokK-o-mokho  ma  na.  Je  ne  vois  personne,  ma  mo- 
kho rjé. 

Pervers,  yaousé. 

Pesant.  C'est  — ,  a  ka  goidé,  golé,  gelé. 

Peser,  v.  actif,  dya,  souma  dya;  v.  n. ,  se  tourne  par  être  pesant. 

Pet,  toné,  toni. 

Peter,  toné  toni. 

Petit,  mésé,  méséni;  doromandi.  \\  — ,  se  rend  par  les  diminutifs  : 
.  .  .ni,  .  .  .lé,  .  .  .lin.  ||  Il  est  — ,  a  ka  sourou,  soutou.  \\  — , 
d'un  animal,  din,  dé.  Un  petit  enfant,  din  mésé.  Un  petit 
homme,  tyéni,  kéni. 

Peu,  doni,  dondi;  mon  sya  (pas  beaucoup).  Il  Un  — ,  doni,  dondi.  \\ 
A  —  près,  a  bé  nyanya,  a  doro.  Attends  un  peu,  a  kono  dondi. 

Peur,  sila,  sira,  sran.  \\  Faire  — ,  silanya.  \\  Avoir  — ,  bé  sïlana; 
sila  bé  na  (être  dans  la  peur;  la  peur  est  dans  lui).  L'homme 
a  peur  du  lion,  mokho  hé  wara-ba  silana.  Le  lion  fait  peur  au 
lièvre,  wara-ba  bé  sounsan  silanya. 

Peureux,  sïlana,  silaba,  siraba. 

Peut-être,  a  doro. 

Pièce  de  guinée,  pis,  hagipis.  (Fr.)  |i  —  de  5  francs,  doromé,  do- 
roma(W.).  ||  —  de  i  franc,  tama.  ||  La  — ,  chacun,  kilin- 
kili.  Les  kolas  coûtent  deux  sous  pièce,  woro  koparo  kilin-kili 
songo. 

Pied,  sin,  se,  singo  (K.).  Il  Plante  du  — ,  sin-tégé.  \\  Fouler  aux 
— ,  sin  daka.  \\  Aller  a  — ,  sin  takhama.  \\  Trace  de  — ,  sin, 
se,  singo.  Il  — ,  mesure,  sabiri,  sibiri.  \\  — ,  d'une  montagne, 
kourou  sin. 


DICTIONNAIRE   DE  LA  LANGUE   MANDE.  435 

Piège,  hofé,  pouro.  \\  —  à  oiseaux,  san-san,  hono-minala  (ce  qui 

prend  les  oiseaux).  ||  —  à  poissons,  yégé-iuinala  (ce  qui  prend 

les  poissons).  ||  — ,  filet,  dyou. 
Pierre,  A-oî/roM,  Atow,  koulou.  \\  — ,  gros  cailloux ,  Artèa.  ||  — petits 

cailloux  ferrugineux,  béré,  bêlé.  \\  —  à  fusil,  kérébou. 
Pierreux,  kourouba;  kababa. 

Pieu,  boh;  tourou,  trou;  koloma.  ||  Enfoncer  un  — ,  koloma  tourou. 
Pieux,  dali,  dalila. 
Pigeon,  biti;  dyéné-touba,  dyéné-toufa.  \\  —  vert,  boro-boro,  péré- 

péré. 
Piler,  sousou. 
PiLEUR,  sousouUla. 
Pillage,  tégéréya,  téféréya. 
Pillard,  tégéréla,  téjeréla. 
Piller,  tégéré,  téféré. 
Pilon,  koidoun-kala ,  yiri-kala. 
Piment,  foronto ,  fourondo. 
Pince,  bala,  baran,  balan. 
Pincer, /of^i;  nyogi. 
Pintade,  kami,  kéin é ,  kha mo  (  K .  ) . 
Pioche  indigène,  daba. 
Pipe,  dyamba-dakha  (pot  à  tabac);  dyama-dakha ,  dyama-da,   di- 

dakha,  di-da,  di-ra. 
Piquer,  sokho,  soua;  mbou.  \\  Se  — ,  sokho,  soua.  Je  me  suis  pique' 

la  main,  mbi  boulou  sokho. 
Piquet,  bolo;  koloma. 
Piqdre,  soua-da,  sokho-da. 
Pirogue,  kouloun. 
PiROGUER ,  kouloun-tigi. 
Pis,  subst.,  taté;  sin-noun.  \\  Adv.  Tant  — ,  né  koun  ta  ro  (ina  tète 

n'est  pas  là-dedans). 
Pisser,  souna,  nyényégé. 
Pistache  de  terre  (arachide),  tiga. 
Pistolet,  kabousi  (Ar.). 
Pitié,  makan.  \\  Avoir  — ,  makari. 
Place,  doula;  yoro  (lieu);  lo,  no.  A  ta  place,  i  noro.  ||  A  la  — , 

DE,  au  lieu  de,  a  bé  gé.  Il  Faire  — ,  sila  boida. 
Placer,  ké.  ||  Faire  — ,  sigi;  boula.  Il  Laisser  — .  . 
Place,  dijogi-da;  da. 
Plaindre.  Se  — ,  nyouna. 

V L\iyE ,  fouka .  foka ,  fougou ,  fonkha  ;  kéna:fara;  sokn. 
Plaire,  déa.  Se  rend  par  :  èlie  agréable,  ka  di,  nyima,  nyouma. 
Plaisanter,  toulon,  tlon;Jlila;  ladi. 
Plaisir,  diya.  Il  Prendre  —  a,  se  tourne  par  :  être  agréable,  a 

ka  di.  Il  Faire  — ,  ka  di.  Cela  me  fait  plaisir,  a  ka  di  nyé. 


436  J.-B.   RAMBAUD, 

Planche,  hoiin,  koun-koiiroii. 

Vlx^te.  fr a,  fita;  totiroii.  \\  —  du  pied,  sin-tégé,  singo-togo. 

Planter  grain  à  grain,  dan.  \\  —  une  branche,  un  pieu,  lourou, 

trou. 
Planteur,  sénékala;  tyihéla;  syakéla. 
VhkT,  subst.,fakha.  ||    Adj . ,  fa  ;  wouyou. 
Plateau  d'osier,  mjoroko. 
Plein, /fl/e.  il  Etre  — ,/«.  C'est  plein,  a  far  a.  ||  —  e  lune,  ka- 

roii  gé,  kalou  gé. 
Pleur,  mja-dyi,  mjé-diji  (Teau    des    yeux).  ||  Etre  en  —  s,  ||  s, 

VERSER   DES  ,  kusi. 

Pleurer,  kasi,  kasé,  kisi. 

Pleuvoir.  Il  pleut,  san-dyi  hé  hi  (Teau  du  ciel  tombe);  san-dyi  hé 

na  (Teau  du  ciel  vient). 
Plomb,  négé-kèndé,  wori-kendé.  ||  —  de  chasse,  miriso,  mirson. 
Plongeon,  tournou.  ||  — ,  oiseau,  ha-kono. 
Plonger,  tournou,  lounou. 
Ployer,  v.  n.  digi. 
Pluie,  san-dyi  (Teau  du  ciel);  walaka,  \\  —  qui  dure  toute   la 

journée,  toutou.  \\  Fin  de  la  — ,  ou.  ||  Saison  des  —  s,  saninya, 

sénya. 
Plume  d'oiseau,  si. 
Plumer,  si  ho  (enlever  les  plumes). 
Plus,  do  (autre).  ||  De  — ,  en  plus,  fsa-o-fisa.  ||  Ne  — ,  té,  nté. 

11  ne  viendra  plus,  a  nté  na. 
Plusieurs,  syama;  a  ka  sya;  kika  (K.). 
Plutôt,  o  kafisa.  Plutôt  la  mort  que  l'esclavage,  saya  kafisa  dyonya 

yé. 
Poche,  difa;  giha. 
Poids,  souma. 

Poignard,  tama-mourou;  mourou-ba  (grand  couteau). 
Poignée  d'objets,  koun,  koungo  (tête);  kala  (manche).  ||  —  de 

fusil,  marfa  kan  (cou  du  fusil). 
Poignet,  boulou-kala  (manche  de  la  main),  blo-kana;boulou-kourou, 

kouroîi. 
Poil,  si. 
Poilu,  siha. 
Poinçon,  sono. 

Poing,  houlou-koiirou;  kourou. 
Pointe,  né;  sokho,  soua;  misé,  mésé;  noun. 
Pointu,  nésa;  misé,  mésé. 
Point.  Etre  sur  le  — ,  de,  se  tourne  par  :  tout  de  suite,  sa-sa. 

Je  suis  sur  le  point  de  partir,  ni    hé  takha  sa-sa.  \\  Le  —  du 

jour,  dyoïina  (de  bonne  heure). 
Pois.  Sorte  de  —  rond,  tiga  goulé  (grosse  arachide). 


DICTIONNAIRE   DE  LA   LANGUE   MANDÉ.  "  A37 

Poison,  dabali,  donkono;  hoiina,  bara. 

Poisson,  yégé,  dyégé,  nyégo  (K.). 

Poitrine,  disi. 

Poivre, /p/e.  il  —  de  Ségou,  huni  fin,  khani  fingo. 

Polir,  noiigouija;  tilinké. 

Polisson,  kakala. 

Poltron,  dijito,  sUaha. 

Pommeau  de  selle,  nijé-touloii  (oreille  de  devant).  ||  —  de  sabre, 
fan-koun. 

Pondre,  kili  ké  (faire  un  œuf). 

Pont,  sin,  singo;  sala;  bile. 

Porc, Jali;  lé-fali.  \\  —  e'pic,  bala. 

Porte,  ouverture,  da.  \\  — ,  ce  qui  sert  à  fermer  Touverturo, 
koun.  Il  Fermer  la  — ,  da  toiigou.  ||  Ouvrir  la  — ,  da  yélé. 

Porter,  doni-ta;  tanaé{B.);  nanl.  I|  Se  - — •  bien,  ka  kèndé.  \\  Se  — 
MAL,  ma  kèndé. 

Porteur,  doni-tala;  tanaéba. 

Poser,  ké,  sigi;  boula. 

Postérité,  bouson. 

Pot,  dakha ,  da;  barma. 

Poteau,  koloma. 

Potier,  dakha-kéla;  dakha- darala ,  da-darala. 

Potiron,  dyé. 

Pou,  nyimi,  nyamou ; folé . 

Pouce,  doigt,  boidou-kotii-ba  [le.iyros  doigt),  bnuhu-koun-ba. 

Poudre,  mougou;  moumé;  bouna. 

Poulailler,  kouloit-koidou ;  sisé-sou;  sisé-boun;  sisé-sansan. 

Poulain,  sou-din,  sou-dé. 

Poule,  sise,  syé.  \\  —  de  rocher,  kourou-sisé. 

Poulet,  sisé-din,  syé-dé. 

VoiJMoy,  fougou,  nila,  nilé. 

Pour,  mémo.  En  général,  ne  se  traduit  pas.  Donne-moi  de  Teau 
pour  boire  ;  tournez  :  donne-moi  de  l'eau  que  je  boive ,  dyi  di  ma, 
w'  ka  mi.  Je  te  donne  ce  pagne  pour  ta  femme  ;  tournez  :  je 
donne  ce  pagne  à  ta  femme,  m'bé  nyifani  di  i  moiisou  ma. 

Pourpier,  sérindi,  kounbali;  meskoubélé. 

Pourquoi?  se  tourne  par  :  qu'est-ce  qui  fait?,  inoun  la  ké,  moiin 
ka  ton,  moun  kéra  (qu'y  a-t-il  eu?);  mou  na  (pour  quoi?).  Pour- 
quoi n'es-tu  pas  venu?  moun  la  ké  i  ma  na?  Pourquoi  es-tu 
venu?  t  nara  mou  na?  I|  C'est  — ,  o  dé  kaké^cestce  qui  a  fait). 

Poursuivre,  boriko  (courir  derrière). 

Pourtant,  katougou.  Voir  Cependant. 

Pourtour,  kéré;  kéréfé. 

Pourvu  que,  dyakha;  ni  (si). 

Pousser,  nyoï-i  {K..);  digi,falé.  11  l'a  poussé  dans  l'eau,  a  ka  o 


4l38  J.-B,  RAMBAUD. 

falé  dyiro.  Pousse!  digî.  ||  — ,  croître,  modya,  nyoni.  \\  —  du 

pied ,  digi  sinma. 
Poussière,  bougoiiri,  bougouni.  Il  fait  de  la  poussière,  bougouré  ivou- 

lita. 
Poussif,  nila  kili  (qui  n'a  qu'un  poumon). 
Poussin,  sise  din. 

Poutre,  tourouma ,  toulouma ,  toloma ;  boimgo-yiri  [arhve  pour  case). 
Pouvoir,  né,  se.  Je  ne  peux  pas,  ii'té  se  ou  'ma  se.  Je  ne  peux  pas 

marcher,  n  té  se  ka  takhama.    \\  — ,   subst. ,  sema.  ||  JN'eiv  — 

ségé  bé  na  (la  fatigue  est  dans). 
Précéder,  takhama  nyé,  boula  nya,  nyé  bo.  Précède-moi  sur  le 

chemin,  i  ka  sila  nya  boula. 
Précipice,  dinka-ba  (grand  trou);  dimé-ba. 
Précipiter, ^/?'  (jeter);  digi  (pousser). 
Prédiction,  bago-foya. 
Prédire,  bago-fo;  nyinyi. 
Préférer,  se  tourne  par  :  gansa,  valoir  mieux.  Je  préfère  le  riz, 

tournez  :  le  riz  vaut  mieux  pour  moi,  malo  bé  gansa  nyé. 
Premier,  ybfo,  kilina. 

Prendre ,  ta ,  monta ,  mina.  Prends l  a  ta! a  mina  J 
Préparer,  débé;  siri-ké;  dura,  dala,  da. 
Prépuce  ,  foro-noun ,  foro-da  ;  foto-noun  (  K.  )  ;  foto-da. 
Présence.  En  —  de,  nya,  nyé,fé. 
Près.  C'est  — ,  a  ma  dyan  (ce  n'est  pas  loin);  a  ka  sourou  (B.)  ; 

soutou  (K.);  nyokhonfé. 
Présent.  Il  est  — ,  a  bé  yé  (il  est  là).  ||  A  — ,  sa-sa,  si-sa.  \\  — , 

cadeau,  son.  Donner  en  présent,  son-di. 
Presque,  doni  sa. 

Presser,  bisi;  sousou.  \\  Se  — ,  tarya,  térya  ,  talya. 
Prêt.  C'est  — ,a  béna;  a  bana  (c'est  fini).  !l  Subst.,  do7wli. 
Prêter, /owma,  sinka,  dono  (K.),  donoli-ké.  \\  —  serment,  khali. 
'Prêteur,  donoba,  donolila. 
Prévenir,  yb?«^a. 

Prier,  sali,  sali-ké;  dali,  déli,  dali-ké. 
Prière,  sali;  dali,    déli.  ||  L'heure   de   la    — ,   salifana.  \\  —    de 

2  heures  chez  les  Musulmans,  sali.  ||  —  de  k  heures,  lànsana. 
Prix,  songo.  Quel  est  le  prix  de  ceci?  o  songo  ? 
Proche.  C'est  — ,  a  ma  dyan  (ce  n'est  pas  loin)  ;  a  ka  sourou,  soutou 

(K.);  a  souryara. 
Prodigalité,  tyana. 
Prodigue,  naj'oulou-tyana. 
Produire,  se  tourne  par  :  sortir  de,  bo  nya.  La  plaine  produit  du 

riz,  tournez  :  le  riz  sort  de  la  plaine,  wm/o  bé  bojoka  nya. 
Professeur,  kara-mokho,  digiba. 


DICTIONNAIRE  DE  LA  LANGUE  MANDE.  439 

Profond.  C'est  — ,  a  ka  doun,  dino.  Le  puits  est  profond  de  vingt 

coudées,  holon  ka  dounnonkonya  mouga. 
Profondeur,  doiniija. 
Promenade,  takhama;  yala. 
Promener.  Se  — ,  takhama;  yala.  Je  vais  me  promener,  m'bé  takha 

lakhamala  ou  takha  ka  takhama. 
Promettre,  dégé;  fo  (dire). 
Prompt,  ténja. 
Promptement,  ténja. 
Prophète,  kila  (envoyé). 

Propre,  dijé,  gé;  sénoiia.  L'eau  est-elle  propre?  dyi  ka  sénoua. 
Propreté,  dyéli;Ji. 
Prosterner.  Se  — ,  nyowiki. 
Prostituée.  Femme  — ,  dyado  mousou. 
Protecteur,  déméba,  démélila. 
Protection,  démé  [aide). 
Protéger,  démé;  mage;  tanga. 

Provisions  de  bouche, yhm/rt.  ||  —  pour  la  route,  sila-fanda. 
Prunelle  de  l'œil,  nya-din,nyé-din. 
Puanteur,  sotima  hala  (odeur  mauvaise). 
Puberté, /oMroM-toM/na  (le  moment  du  mariage). 
Puce,  gara. 

Pucelle  ,  mousou  a  ma  dyou-ké  folo. 
Pudeur,  malo,  maloya. 
Puer,  souma  hala  (sentir  mauvais);  sema. 
Puis,  oko,  o  kho  (K.)  (après  cela). 
Puiser,  sori. 
Puissance,  sanba,  sanbé. 
Puissant,  sanba-tigi;  séba. 

Puits,  kolon,  kolongo.  \\  Creuser  un  — ,  kolon  si. 
Pulpe, /ourow. 
Punaise,  tinifé;  samakourou. 
Punir  par  des  coups,  gosi,  hou^a. 
Pur,  dyé,  gé,  gwé^Ko.);  délé;  dama. 
Purge,  basi;  kono  bori  basi. 
Purger.  Se  — ,  basi  mi. 
Pustule,  gounou,  sourinya  (S.). 
Putois,  sisé-mitia-wara  (la  bête  qui  prend  les  poules);  dyankouna 

(chat). 

Q 

Quadruple,  se  tourne  par  quatre  fois,  kou  nani,  sinya  nani. 
Quand,  m;  touma  (au  moment  de).  Tu   n'es  pas   venu  quand  je 
t'ai  appelé,  i  ma  na  ni  nkakdi.  Quand  tu  es  venu,  il  est  sorti, 


hhO  J.-B.  RAMBAUD. 

i  na  tourna  a  hora.  ||  —  ?  interrog.,  tourna  mé,  tourna  mena? 
Quand  es-tu  parti ?,î  tara  tourna  mena,  il  —  même,  korii;  hali 
(quoique).  Les  Sofas  prirent  le  village,  il  s'e'chappa  quand 
même,  a  horita,  halisofalou  ha  dougou  monta. 

Quantité.  Une  grande  — .  Il  En  grande  — ,  syama,  a  ka  sya;  hika 
(K.)  ;  hélé-hélé,  H  y  a  une  grande  quantité'  de  mil  dans  le  grenier, 
mjon  syama  hé  bounou  kono. 

Quarante,  débé,  tan  nani. 

Quarantième  ,  débéna. 

Quart,  naninya,  talata  tala. 

Quartier,  morceau,  késé  \\  —  de  la  selle,  léfa. 

Quatorze,  tan  ni  nani. 

Quatorzième,  tann  irianina. 

Quatre,  nani. 

Que,  entre  deux  verbes,  ne  se  traduit  pas;  on  emploie  le  sub- 
jonctif. Dis-lui  qu'il  vienne,  afo  a  yé,  a  ka  na.  Donne-moi  de 
l'eau  que  je  boive,  dyi  di  \na,  n'ka  mi.  \\  —  devant  le  com- 
plément d'un  comparatif,  se  traduit  par  la  pre'position  yé.  Le 
lait  est  meilleur  que  l'eau,  nono  ka  jlsa  dyi  yé.  Samba  est 
plus  grand  que  Kali ,  Samba  ka  dyan  Kali  yé. 

Quel?  dyoma,  dyoman,  dyomana'?  Quel  bomme  est  venu?  mokho 
dyoma  nara?  Par  quel  chemin  es-tu  venu  ?  i  nara  sila  dyomana. 

Quelconque,  mokli -o-tnokho ,  mokho  bé  (tous  les  hommes). 

Quelque,  nouno;  do.  \\  —  'un,  mokho,  ma  (B.)  un  homme.  ||  — 
part,  yoro  kili;  doula  kili.  \\  —  fois,  mounya  do;  sinya  do;  doun 
do. 

Quenouille,  dyéné,  dyéné-konlou ,  dyéné-kolo;  wènda  (W.). 

Querelle,  hélé,  kiri;  xvoyo  (du  bruit). 

Quereller.  Se  — ,  kélé. 

Querelleur,  kéléla,  kiriba. 

Question,  nxjinika. 

Questionner,  nyinika. 

Queue,  kou. 

Qui,  relatif,  mé,  min;  ou  ne  se  traduit  pas.  J'ai  vu  un  homme 
qui  a  volé  du  riz,  n'ka  mokho  yé,  a  ka  malou  sounya.  Le  père 
qui  corrige  son  fils  est  bon,yfl  mé  bé  din  lamo,  a  ka  nyi.  La 
poule  que  tu  as  prise  est  petite,  i  ka  sise  mé  monta  ka  sourou. 
Il  —  ?  interrogatif,  dyon,  dyoma,  dyomanl  Qui  est  là?  dyon  bé 
y  an?  dyoman  bé  y  an?  Qui  es-tu?  i  dyon  dou?  Qui  est-ce?  dyon 
don?  Avec  qui  es-tu?  i  bé  dyon  fé? 

QvmzE ,  tan  ni  loulou. 

Quinzième  ,  tan  ni  loulouna. 

Quitter,  ton,  to,  boula,  bla  (laisser);  bo  (sortir  de). 


DICTIONNAIRE  DE  LA   LANGUE  MANDE.  àà\ 

Quoi?  mou,  moun;  di.  Que  dit-il?  a  ko  mou?  a  ko  di?  Qu'y  a-t-il? 

moun  la?  Que  fais-tu ■?.^  hé  moun  ké? 
Quoique  ,  hali. 

R 

Raboteux,  nyiningo  (K.). 

Race,  si  (graine);  baléma  (famille);  dijala. 

Racine,  lili ,  dUi ,  déli ,  rf/t  (  B .  ) . 

Raconter,  taîifo,  tali  bo;  da. 

Rafraîchir,  yé-ké. 

Rage,  maiRàïe,  géné-géné.  \\  — ,  fureur,  sili,  sali,  sari. 

Raison.  Ii  a  — ,  tonya  ha  boulon  (la  ve'rité  est  lui).  ||  — ,  motif. 

dyo.  Avoir  une  raison,  un  motif,  dyo  soro. 
Raisonnable,  hakili,  hakilina ,  J'aktH ,  khakili. 
Ralenti,  souma,  moundi,  mounya. 
Ralentir,  soumaya;  mounya. 
Ramasser,  toumbo,  tomba,  tomo,  tyé. 
Ramener  ,  yeléna. 

\\ kUPER ., fofo ,  fori ;  sougati,  sougato  (K.). 
Rançon,  koun-sara  (le  rachat  de  la  tète). 
Rancune,  sana. 
Rancunier,  sanaba. 
Rapide.  Il  est  — ,  a  ka  tari. 
Rapidité,  tarya. 
Rappeler,  kili  ka  sagi  (appeler  pour  qu'il  revienne).  ||  Se  — , 

hakili  sigi. 
Rapporter,  sagi. 

Rare.  C'est  — ,  a  ka  goulé,  golé,  gelé,  kholé;  doni,  dondi. 
Raser,  si  tégé  (couper  les  poils). 
Rasoir,  sirijé. 
Rassasié.  Il  est  — ,  a/ara,  a  J'ata  (il  est  plein)  konofara,  khono 

fata  (K.)  (le  ventre  est  plein). 
Rassasier,  et  Se  — ,  fa  (remplir). 
Rassembler,  kafou;  ladyé;  lédé;  kafou  nyokhonfé,  kafou  nyorkhona. 

Il  Se  — ,  ladyé;  kafou;  kafou  nyokhonfé. 
Rat,  gina,  giné.  \\  —    sauvage,    kansoli.  \\  — ,    palmiste,   géré, 

kérin,  kérango  (K.  ). 
l{KTE,faranyéré. 

Ratière,  nyina  dyon  (filet  à  rats). 
Ravager,  ti,  tinya,  dényé;  légère. 
^K\m,foxdou;  dinka;  tind-dinka. 
Rayon  de  miel,  U-nyakho,  li-wa. 

Rebelle.  Il  est  — ,  a  ka koungo-golé  (il  est  dur  de  tète). 
Receler,  dougou,  tougou  (cacher);  logo. 


h^'2  J.-B.  RAMBAUD. 

Receleur,  tougouba,  togoba,  dougoiiba. 

Récemment,  tourna  ma  mé  (il  n  y  a  pas  lopgtemps). 

Récent.  C'est  — ,  a  7na  mé. 

Recevoir,  soro,  soio,  sota.  ||  — ,  accueillir,  dijigi. 

Réclamer,  déli. 

Récolte,  se  forme  par  :  coupe,  prise,  tégé,  ta.  La  récolte  du 

mil,  mjon-tégé,  nyon-ta.  \\  —  d'arachide,  tigalido. 
Récolter,   tégé   (couper);  ta  (ramasser).  On  a  récolté  tout  le 

mil,  nyon  bé  tégéla. 
Récompense,  sara;  bounya;  lédilé. 
Récompenser,  sara;  saradi;  lédi. 
Reconnaissant,  barakala,  harikala. 
Réconcilier  et  Se  — ,  sourou  nya  (rapprocher);  hé  siga  (faire  la 

paix). 
Recoudre,  kara  kou-houra  (coudre  une  nouvelle  fois). 
Recuire,  dyani  kou-koura  (cuire  une  nouvelle  fois). 
Reculer,  sagi  ko;  takha  koj'é,  ko  loma. 
Réel,  tonya. 
Réfléchir,  tasi. 
Réfugier.  Se  — ,  téroii. 
Refuser,  tafé  (ne  pas  vouloir);  bali  (empêcher).  Il  a  refusé  de 

me  recevoir,  a  ntafé  ka  ?*'  dyigi. 
Regard  ,  féléli ,  Jléli. 
Regarder, /t'/e',_y?e.  ||  —  fixement,  nya  h fé.  \\  —  çÀ  et  là, 

nya  nakala. 
Règne  , /rtHirtï/fl ,  mansaya.   Sous  le  règne  de  Mahmadi,  o  tourna 

Mahmadi  touni   béfama  yé 
Rein,  souroun. 
Reine, /ama  moiisou;  mansa  moiisou. 

Rejoindre,   na fé  (venir  vers).  Il  —  deux  choses,   ké  gé. 

Réjouir.  Se  — ,  bé  nyakhali. 

Réjouissant,  nyakhaliba. 

Religion,  sila;  sî'm  (chemin),  La  religion  musulmane,  moriké  sila. 

La  religion  chrétienne,  Aïssata  sila. 
Remarier.  Se  — ,  foiirou  kou-koura ,  kou-foula,  kou-Jla. 
Remarquer  ,  fêlé ,  fié. 
Remiède,  basi. 
Remercier,  iando,  tatiou. 
Remettre  à  sa  place,  syé. 
Remplacer,  gononta. 
Rempli.  Il  est  — ,  afara,  a  béfalé. 
Remplir, /rt. 
Remuer,  loma.  \\  —  le  couscous  dans  le  canari,  mourou,  namou- 

rou. 
Renard,  mitia. 


DICTIONNAIRE  DE   LA   LANGUE  MANDÉ.  hàZ 

Rencontrer,  na  nyokhonfé. 

Remdre,  sagi,  syc.  ||  —  la  bride,  karfé  digi. 

Rêne,  harfé-dyoïdou ,  karbé-dyala. 

Renoncer,  soso;  boula,  Ma;  ton. 

Rentrer,  dou,  sagi  ko.  Rentre  dans  la  case,  i  ha  houn  doit. 

Renverser,  bona. 

Repas  ,  fanda ,  fana  ;  kotina. 

Repasser  le  linge,  témina. 

Repentir.  Se  — ,  toubi;  mounto. 

Répéter,  kouma,fo  kou-foidana;  khouma  khan. 

Replacer,  syé;  sagi  o  nota  (remettre  à  sa  place). 

Replier,  mini. 

Répondre,  dyabi. 

Réponse,  la  mena. 

Repos,  sigila.  ||  — ,   à  Tombre  d'un    arbre,  yiri-fonyo,   yiro-fyen 

(K.)  (au  vent  de  Tarbre). 
Reposer.  Se  — ,  nyonyo;  sigi. 
Réprimandé,  lamoli;  dyala. 
Réprimander,  lamo;  dyala-ké;  nafounou. 
Réserve  d'arme'e,  dyon-koro-boidou. 
Résidence,  sigi-yoro. 
Résider,  sigi.  Se  tourne  par  :  être  habitant.  Il  re'side  à  Kankan, 

a  'bé  kankan-ta  sigila. 
Résister,  ban. 

Résolution,  giri;  (prendre  une)  giri. 
Respect,  bounya,  héra,  héré. 
Respecter,  bounya. 
Respirer,  nila  kili  (appeler  avec  les  poumons),  nyo. 

Ressemrler,  boua,  bo fé. 

Reste,  dorako,  dodo,  toto. 

Rester,  ton  (laisser),  sigi  (être  assis);  kojio  (altendre).  11  reste 

du  tabac,  siratoura.  \\  — .  Reste  ici,  sigi yan. 
Retentir,  y)/e'. 
Rétif,  kéré. 
Retirer,    bo  (sortir).  ||  Se  — ,   takha    (s'en    aller);    bo  (sortir); 

sagi  (retourner). 
Retour,  sagi,  ségé. 

Retourner,  sagi,  sagi  ko,  ségé.  ||  Se  — ,  yéléna,  dyéléma. 
Réunir,  ladyé,  lédé;  kafou,  kafou  nyokhona.  \\  Se  — ,  ladyé,  lédé; 

kafou  nyokhona ,  kafou  ni  kili. 
Réussir,  ban  bêlé  (finir  bien);  ka  di. 
Révéler  ,  bakhi. 
Revenir,  sagi,  sagi  ko,  ségé. 
Rêve,  sinokhora,  sokhora,  songo. 
Rêver,  sinokhora,  sokhora,  songo. 


A/44  J.-B.   RAMBAUD. 

Revêtir,  et  Se  — ,  clou,  do. 

Révolter.  Se  — ,  woulé,  woiiri  (se  lever). 

Rhume,  moula,  moura.  J'ai  un  rhume,  moula  hé  'na. 

Riche,  nafoulou-tigi. 

Richesse,  nafoulou,  najlou. 

Ricin,  sou-bakha-banan ;  sou-bakha-mana  (l'arbre  du  croque-mi- 
taine). 

Ride,  sama.  \\  —  du  FRom,  fonda  sama. 

Rien,  se  traduit  par  :  pas  une  c\ïOs,e,  Jen  té,Jèn  ma.  \\  — du  tout, 
fengo-fen  té,Jengo  fèn  ma.  Il  ne  dit  rien,  afengo-Jhi  téfo.  Je  n'ai 
rien  vu  ^ ma  fengo-fen  yé. 

Rieur,  yéléla,  dijéléla. 

Rincer,  kou  (laver);  dyi  si,  dyio  si  (K.). 

Rire,  subst.,  yélé,  dyélé,  dyélo  (K.);  v.,  yélé,  dyélé,  dyélo  (K.). 
Il  Se  —  DE,  dougouya  (se  moquer  de). 

Rivage,  ba  da  (bord  du  fleuve);  da  (bord). 

Rival,  sina. 

Rive,  da,  ba  da  (bord  du  fleuve). 

Rivière,  ba,  dyi-ba,  koba  (grand  ruisseau). 

Riz,  malou,  malo  (Wolof),  mano. 

Rizière,  malou  fourou,  malo  foutou. 

Roche,  kourou,  krou  (K.).  ||  —  vlme. ,  fara ,  fata ,  fala.  ||  —  fer- 
rugineuse, béré,  bêlé.  Le  ruisseau  aux  roches  plates , /flrrt-Ao , 
fata-ko. 

Rocher,  kourou  \\  — ,  grosse  pierre,  kaba. 

Rognon,  ko-kili. 

Woi,fama,  mansa,  masa. 

Rond,  kori,  korindi,  korini,  koni,  goni,  godi. 

Ronfler,  koron,  khoron  (K.). 

Ronger,  nyi-mi  (manger  avec  les  dents). 

RÔNiER,  sibi,  sibo  (K.). 

Roseau,  kala  (lige);  wa,  wo.  \\  — ,  pour  écrire,  kalam,  khalam 
(Ar.).  Il  — ,  pour  les  nattes,  solingo.  !l  Enceinte  en  — ,  sé- 
kourou 

Rosée,  kombi,  komi,  kliombo  (K.). 

Rotin,  tambi. 

Rôtir,  dyani,  dyéni. 

Rouge,  woulé,  blé  (R.),  wouléma. 

Rougir,  woulé  na  (devenir  rouge).  ||  — ,  avoir  honte,  malou. 
Il  Faire  — ,  malouya. 

Rouille,  nokho,  noua. 

Rouillé,  nokhola,  nokhoba. 

Rouiller.  Se  — ,  nokho. 

Rouler,  la  »a'«î(ètre  couché  tout  le  tour);  koulo-koulo. 


DICTIONNAIRE  DE  L\   LANGUE   MANDÉ.  A4l5 

Route,  sila,  sira,  siro  (K.).  \\  En  — ,  silaro,  siloto  (K.).  i|  Faire 
— ,  takha  (aller),  tahhama  (marcher). 

Royaume,  dyamani,  dyamano  (K.)  (pays);  «fow^oM  (Ko. )  (pays). 

Rugir,  hasi  (crier). 

Rugissement,  wara  kasi,  wara-ha  kasi. 

Ruine,  toiimbo,  tombo;  bono. 

Ruiner,  bono. 

Ruisseau,  ko.  \\  — ,  à  fond  de  sable,  kényé-ko;  à  fond  de  roches 
plates,  fara-ko,  fata-ko.  ||  —  vaseux,  bokho-ko.  \\  —  embar- 
rassé DE  racines,  lilin-ko,  lin-ko.  ||  —  torrentueux,  tvasa-ko. 
Il  Petit  — ,  koU,  koni.  \\  Grand  — ,  koba. 

Ruisselet,  kolé,  koni,  ko-din,  ko-dingo. 

Ruminer,  doumou koii-koura ,  doumoii  kou-foula  (manger  deux  l'ois). 

Rusé,  kékou,  kéou;  khabi-khali. 


Sable,  kényé,  kyen,  tyen;  ruisseau  à  fond  de  sable,  kényé-ko,  tyen-ko. 

Sabre, /«M,  fan,  fango  (K.);  mourou-ba  (grand  couteau).  ||  Cor- 
don DE  — ,  masédou. 

Sac,  boro,  boio,  bouéré. 

Sage,  mouma,  moimyo,  tnanyou,  moundi;  naloma. 

Saigner,  dioli  hé  ho  (le  sang  sort). 

Sain.  Il  est  — ,  a  ka  kendé,  a  ka  kéné. 

Saison  %Iiç\iq ,  fou-néné ,  tdima,  iléma.  1|  —  des  pluies,  taratili;  sa- 
niîiya. 

Sale.  Il  est  — -,  a  ka  nokho,  a  bé  nokhoba,  a  hénouaba. 

Saler,  kokho  ké,  sigi  kokhoto. 

Saleté,  nokho,  noua. 

Salive,  da-dyi  (l'eau  de  la  bouche). 

Saluer, /o?i;  khonto  (K.). 

Salut, /oi<.  Salut!  Iniségé!  inisé!  anisé!  anityé!  anïké! 

Samedi,  sibiri,  sibdi.  • 

Sandales,  sabata  (Ar.),  sabara,  samara,  samato  (K.).  li  —  cou- 
vertes, mouké. 

Sang,  dyoli,  dyélou. 

Sanglant,  dyolita,  dyéloula. 

Sangler,  siri  (lier).  ||  —  un  cheval,  kirké  siri  (attacher  la  selle). 

Sanglier,  lé,  dé. 

Sangsue,  7iouli,  nori. 

Sans,  ntan;  a  man  ta  (il  n'a  pas  pris);  a  ka  ton  (il  a  laissé).  Il 
est  parti  sans  ses  kolas,  a  tara  a  man  wourou  ta  |l  — ,  devant 
un  infinitif,  se  traduit  par  la  négation.  H  est  sorti  sans  mettre 
ses  savates,  a  hora,  a  ma  samara  dou. 

UÉU.    LINC.    IV.  !U) 


4  A  G  J.-B.   RAMBALD. 

Santé,  hém,  héré.  Comment  est  votre  santé?  i  bé  di  (comment 
es-tu)?  Il  Etre  en  bonne  — ,  ha  lèndé,  La  kéné.  ||  En  mauvaise 
— ,  7na  kèndé,  ma  kéné. 

Sarakholé,  marka. 

Sauce,  na-dyi. 

SkVTER,  pan. 

Sauterelle,  ton,  to. 

Sauvage  (bête),  soubou;  wara;  tvoido-saklia. 

Sauver.,  kisi.  ||  Se  — ,  bori,  boli,  bnuri. 

Sauveur,  kisila. 

Savant,  kéou;  kara-mokho  (qui  sait  lire);  mori  (marabout). 

Savate,  sabata  (Ar.),  sabara,  samara,  samato  (K.). 

Savoir,  Ion.  \\  Faire  — ,  se  (pouvoii-).  Je  ne  sais  pas  faire, 
n  'te  se. 

Savon,  safouna  (Fr.).  safina,  saféné. 

Scie,  kaka,  kakéîa. 

Scier,  tégé  kakama  (couper  avec  une  scie). 

Sciure  de  bois,  yiri-mougou  (poussière  de  bois). 

Scorpion,  bountani. 

Seau,  dakha;  dijourou,  satalé. 

Sec.  C'est  — ,  a  dijara.  Saison  sècbe,  tilima,  tlaminija. 

Sécher,  dija. 

Second  ,  foidana ,  jlana  ( B.  ) ,  foulanijandou. 

Seconder,  démé  (aider). 

Secouer  ,  goudi/ou-goudyou. 

Secourir,  démé  (aider). 

Secours,  déméli  (aide). 

Secret.  En  — -,  dougouro.  \\  — ,  subst. ,  dougou-kouma  (parole 
cacbée);  moun  téjo  (ce  qu'on  ne  dit  pas.) 

Séditieux,  dijanfala. 

Sédition,  dijanfa. 

Seize,  tan  ni  woro. 

Seizième,  tan  ni  woiona. 

Sel,  kokho,  koua  (B.). 

Selle,  kirké;  khirkhé  (K.). 

Seller,  kirké  la  sou  ko  (mettre  la  selle  sur  le  dos  du  cheval). 

Sellier,  gara/i-/.e. 

Semaine,  lokho,  lokho-koun,  loua-koun,  doua-koim. 

Semblable.  Il  est  — ,  a  bé  mjokhon.  Semblable  à  cela,  niji  mjp- 
khon. 

Semblant.  Faire  — ,  se  tourne  par  :  paraître,  yé.  11  a  fait  sem- 
blant de  s'enfuir,  a  yéra  bori  (il  a  paru  fuir). 

Semence,  si;  dani. 

Semer  graine  à  graine,  dan.  Il  —  à  la  vole'e,  sari. 


DICTIONNAIRE  DE  LA   LANGUE   MANDÉ.  ààl 

Sensé,  naloma. 

Sentier,  sali  ka  doro  (un  chemin  étroit),  sila  ka  doua  (B.),  sihi 

doromandi. 
Sentinelle  ,  sakéhla. 

Sentir,  souma,  soumbou.    \i  — ,  au  moral,  miri,  moiuou. 
Séparer,  ho  nyokhona,  honyouana  (B.)  (sortir  d'ensemble). 
Sept,  woron  woula,  ivoro-gla  (B,). 
Septième,  ivoron-woulana . 

Serment,  khali,  sijénc.  Prêter  serment,  kJialifo. 
Serpent,  sa,  dougouma-si ,  dougouma-Jen. 
Serré,  dense,  kouna;  dournou. 
Serrure,  da-nyi   (dent   de  la  porte);    kankéran-niji  (dent  de  la 

caisse);  da-koun-négé  (fer  de  la  porte). 
Serviable  ,  dêméha. 

Service.  Rendre  — ,  démé  (aider);  A-m  (sauver). 
Seul,  kéli. 
Si,  ni.  S'il  y  a  des  bananes  j'en  apporterai,  ni  n  'ka  namasalou 

yé,  m  'bé  nali. 
Siège  pour  s'asseoir,   sigila.  ||  — ,  taillé    dans   un   morceau  de 

bois,  kourou,  koutou;  en  côtes  de  feuilles  de  palmier,  ban. 
Siffler  ,  foulé,  Jlé. 
Sifflet,  foulé,  Jlé. 

Signe,  ti;  syen;  non.  ||  Faire  — ,  tiga. 
Silence.  Faire  — ,  dé,  ma  kou,  da  monta.  Silence!  i  dé!  ma  kou! 

da  mouta! 
Singe,  gon,  gongo  (K.).  I!  —  vert,  wara.  \\  —  noir,  gongo. 
Sinon,  ni  o  nté,  n  'onté  (si  cela  n'est  pas).  Travaille,  sinon  tu  ne 

mangeras  pas,  i  ka  bakha  ké,  ni  o  nté  i  nié  domoliké. 
Situé.  Etre  — ,  bé  (être).  Où  est  situe'  le  village,  sou  bé  mi. 
Six,  vcoro. 
Sixième,  ivorona. 

Sobre.  Il  est  — ,  a  nté  mi  (il  ne  boit  pas). 
Sobriété,  moya. 

Soeur,  haUuia-mousou;  tata;  ma-mousou. 
Soie,  hariri;  handiki;  nasara;  serki. 
Soif,  dyi-hkho  (besoin  d'eau).  J'ai  soif,  dyi-lokho  bé  'na,  ou  m  'bé 

dyi  lokholo  (je  suis  dans  la  soif). 
Soir,  vvoura, woula.  \\  Le — ,woura  la.  \\  Demain  — ,  sini  woura  la. 
Soirée,  woura  wotda.  ||  Dans  la  — ,  wourala;  sou  koro  (vers  l;i 

nuit);  soumala  (au  frais). 
Soixante,   tan   woro,   mantémé.  \\  —  dix,   tan   ivoro -woula.      — 

dixième,  tan  woron-woulano. 
Soixantième,  tan  worona. 

29. 


àll8  J--B-  RAMBAUD. 

Sol,  dongou.  ])  —  d'une  case,  doiigou-lcourou ,  dougou-koidou ;  hou- 

gou-sou. 
Soleil,  tUi,  tU  (B.),  tilo  (K.). 
Solide,  goule,  golé,  gelé. 
Solidité,  gotdéi/a. 
Solliciter,  nyininka. 
Sombre,  dibi. 
Sommeil,  sinnlho,  suno  (Kour.).  J'ai  sommeil,  sinokho  hé  'na,  ou 

m  'hé  sinokhoto. 
Sommet,  koiin  (tête). 
Son  du  mii,  mjon-hou. 
Songe,  sinokhora,  sokhora,  songo. 
Sonner,  yigi-yigi- 
Sonnette,  talan,  îlan;  yigi-yigi- 
Sorcier,  sou-bakha  (qui  travîiille  la  nuit);  marna. 
Sorte.  Faire  en  —  que,  dahali-ké;  dahari-ké;  damali-ké. 
Sortir,  ho;wa  (s'en  aller). 
Sot,  fato ;  fali  ( âne ) ;  fah'iro. 
Sottise  ,  faloya. 
Soudain,  sanyi,  sa-sa. 
Souffle,  fonyo ,  /yen. 
Souffler , /owyo  ké;  boun;fyen,fyé. 
Soufflet  de  forge,  fan.  \\  Peau  du  — ,  fan-goulou.  Il  — ,  coup, 

tyaro  tégé  (couper  la  joue). 
Souffleter,  tyaro  tégé. 
Souffrir,  ségé,  dimi.  \\  Faire  — ,  dimi. 
Soufre,  timbiriti. 
Souiller,  nokho,  noua. 
Souillure,  nokho,  noua. 
Soulever,  korota. 

Soulier,  sahata  (Ar.),  sahara,  samara,  samato  (K.). 
Soupçon,  yili. 
Soupçonner,  yili. 
Souper,  subst.,  sonro  fanda,  soulo  fanda  (K.);  v.,  souro  domoli- 

ké  (manger  pendant  la  nuil). 
Soupirer,  nilé  kili  (appeler  du  poumon). 
Source,  dyi-dinka  (trou  d'eau);  ba-koun  (têtedc  rivière).  Il  —  d'un 

cours  d'eau,  koun  (tête). 
Sourcil,  nya-si  (poils  des  yeux). 
Sourd.  Etre   —,   toulou  ma  mé  (l'oreille  n'entend  pas),   toidou 

goulé  (oreille  dure),  toulou  golé,  ilo  golé. 
Souris,  nyina  din,  nyiné  din,  nyina  dé. 

Sous,  koro,  koio,  kholo  (K.).  Sousl  es  fromagers,  banan  koro. 
Soutenir,  korota. 


DICTIO\!VAIRB  DE   LA    LANGUE  MAMDÉ.  ^^1) 

Souvenir,  mindoxja.  Il  Se  — ,  manda;  hak'di  ha  ro. 

Souvent,  simja  syama,  koii  syama. 

Squelette,  sou-Lourou,  sou-kouîou  (os  de  cadavre). 

Stagnant,  sigda,  sigi-yoro. 

Stérile,  bork. 

Sucer,  bosi,  soiisou. 

Succéder,  tijen. 

SucRK,  soukra,  soukro  (Fr.). 

Sud,  woro-dougoa  {\g  pays  des  Koias)  ;  hamjaga ,  ganyaka ,  hauyaka. 

!l  Au  -^,  woro-dougoujé. 
Suer,  wosi. 
Sueur,  wosi. 

Suffire,  se  tourne  par  :  assez.  Cela  suffit,  a  sira,  a  lou  té;  wasa. 
Suffisamment,  kou  wasala. 
Suffisant,  ivasala. 
Suite.  A  la  — ,  ko,  ko  Je,  kho  (K.)  |  après],  il  Tout  de  — ,  sa-sa, 

sa-yéré;  si-sa.  Il  va  venir  tout  de  suile,  a  bé  na  sa-sa. 
Suivre,  takhama.  .  .ko  (marcher  derrière),  divano  ké;  nométia. 
Supérieur.  C'est  — ,  a  ka  fisa  (c'est  meilleur),  a  bé  sigi  sanlo 

(c'est  situe'  plus  haut). 
Sur,  kan,  kanlo;  koun,  ro,  to,  la  na  (dans).  Sur  la  montagne, 

tinli  kan.  Sur  la  rive  du  fleuve,  ba  dala. 
SUR,  dont  on  est  certain,  tonya. 
Surnager,  dyi  kan  la  (rester  sur  l'eau). 
Surnom,  tokhoma. 
Surpasser,  tanbi;  tami,  lémi. 
Surprendre  à  l'improviste,  léléna. 
Surtout,  o  bé  ko  (tout  derrière  cela).  Surtout  ne  le  tue  pas,  i  ka 

nafakha  o  bé  ko. 
Surveillant,  gela,  génda. 
Surveiller,  kanta,  gé,  géni. 
Survenir  par  hasard,  na;  dou. 
Suspendre,  donli  dou;  siri. 
Syphilis,  da;  mporo. 


Tadac,  plante,  sira,  sara.  ||  —  à  priser,  sira,  sara.  \\  — à  l'umer, 

dyaniba,  dyama. 
Tabatière,  sira-bata,  sira-bara. 
Tablette  pour  écrire,  walaka. 
Tabouret,  sigda.  1|  —  taillé  dans  un  bloc  de  bois,  ^oz/row,  koutou. 

Il  —  fait  en  côtes  de  palmier,  ban. 


àbO  J.-B.    KAMBALD. 

Tache,  nokho,  noua. 

Taché.  Il  est  — ,  a  nohhota,  7iohholé,  nouaba. 

Tacher,  nohho,  noua. 

Taille,  dijamja. 

Tailler  du  bois,  tégé,  désué,  dise. 

Tailleur,  karaii-hé,  garan-hé  (l'homme  au  fil);  dijéné-ké. 

Taire.  Se  — ,  dé,  da  monta  (tenir  sa  bouche);  ma  hou  (ne  pas 
parler).  Tais-toi,  i  dé,  ma  hou,  da  monta. 

Talon,  siti-noun  (le  nez  du  pied),  sin-tioungo;  tonto,  sin-tonto, 
tontoli. 

Talus,  honko. 

Tamarinier,  tonhi,  tonba,  timhiugo  (fruit),  taiiha  koun. 

Tambour,  dounou,  dnou.  Il  —  de  guerre  portatif,  tabala.  \\  —  de 
danse  portatif,  tan-tan,  tan-tango.  \\  —  à  cordes,  tania.  \\  —  à 
pied  pour  dames,  tabala,  tabonlo  (K.). 

Tamis  en  osier,  nyoroho. 

T KM-iKM. \oiv  Tambour.  \\  Faire — ,/o  (dire,  chanter).  !1  — ,fête, 
foli. 

Tandis  que  ,  o  tourna  kono  ;  o  yéré  sa. 

Tant  que,  ni  (quand). 

Tante,  nandi;  mama.  il  —  paternelle,  ben-monsou.  \\  —  mater- 
nelle, doua-mousou. 

Tantôt,  tout  à  l'heure,  taralimjan,  sa-sa.  Il  — ,  auparavant,  folono. 
Il  — ,  re'pété,  tourna  dola. 

Taon,  niti,  noto,  noro. 

Tapade,  saman,  sin-sin;  désa;  sé-kourou. 

Tapage,  woyo. 

Tapageur,  woyaba. 

Taquiner,  toro;  ganya. 

Tard.  C'est  — ,  le  soir,  souro  (pendant  la  nuit),  souto,  son  koro, 
sou  koto,  sou  khoto. 

Tarder.  Il  tarde  à  venir,  a  nté  na,  a  bc  na  souma. 

Tas,  toufa;  ton;  kabalé. 

Tata,  din;  dan-dan;  givin. 

Tater,  lama. 

Tatouage,  ténénon;  tamanki. 

Taureau,  nisi-nké;  tour  a. 

Teindre,  souké.  Il  —  à  findigo,  gara. 

Teinture  brune,  kérkéto  []L.) ,  basala.  Il  —  rouge,  dyabé.  Il  —  d'in- 
digo, gara,  gala. 

Teinturier,  garaba,  galaba. 

Téméraire,  fa  ri ,  fati. 

Témérité  ,  fariya ,  fatiya. 

Témoignage,  doli-ké ;  scdé,  séré. 


DlCTiONN.unE  Di;  LA  laxgle  m.vndk.  Zj  5 1 

Témoigner,  ihli;  sciléli.  séréli. 
Témoin,  dolila,  sctléla,  scri'la. 
Temps,  tourna.  \\  — ,   température,  san.  Il   fait  l)oa:i  temps,  san 

ha  wji.  Il  fait  mauvais  temps,  san  ha  dijougou.   ,  De  —  en  — , 

(Ionisa.   ;  — ,  loisir,  dijen.  Avoir  le  temps,  dycn  soro. 
Tenailles,  hala. 
Tendre,  adj.  C'est  — ,  a  hafinyé,  a  ha  souma.  I!  —,  v.  lill  soma 

(tirer  droit). 
Ténèbres,  dibi. 

Ténébreux.  C'est  — ,  a  dé  dilnha. 
Tenir,  monta;  mouna;  ta.  Tiens!  a  ta! 
Terminer,  ban.  laban. 
Termite,  bahha-bahha. 
Termitière,  bahha-bahha  boun .  son. 
Terre,  dou^ou;  banho,  bnmo.  \\  —  glaise,  banho.  "\  A  — ,  par  — , 

dougouma.  il  —  ferme,  ^m-'. 

TESTICLLE,/orO-A///,/ofO-A-î7i. 

Tète,  honn.  houngo. 

Teter.  sin-mi;  sousori 

Teton,  sin-noun  (le  nez  du  sein);  taté. 

Tiers,  sahana  lala,  sabana  ta. 

Tige,  hala,  hhala  (K. ). 

Timide.  Il  est  — ,  a  bé  maloiita .  a  bé  sdana. 

Tirer,  sama,  saba.  j;  —  un  coup  de  fusil,  marja  gosi. 

Tison  ,  ta-honron ,  ta-hésé. 

Tisser  ,  gisé  dara .  gisé  da. 

Tisserand,  gisé  darala,  gisé.dala. 

Toile  de  coton  indigène,  gisé.  li  —   des  VosfTcs,  bngi  dijé. 

Toit  de  case,  ti,  ti-ba,  boun-li. 

Tomate.  Petite- — .  hnijo. 

Tombe,  dinha,  sou-dinha;  salé,  sari. 

Tomber,  bi,  bouton. 

Tondre,  si  tégé  (couper  les  poils). 

Tonner,  géni;  giri-giri. 

Tonnerre,  san-houroa,  san-halima. 

Tordre,  bisi;  mosi. 

Tornade,  san-fontjo-ba  (grand  vent),  san  fui  (ciel  noir),  dougou- 

dougano. 
Torrent,  xcasa. 
Tortu.  C'est  — ,  a  bé  la  mini. 
ToRTLE,  hountja,  houla.  Il  Petite  — .  solda,  soda. 
Tôt,  dans  peu  de  temps,  taria,  téria. 
ToLCiiER,  mara,  mala. 
TovF¥L,firaba  (feuillu). 


A52  J.-B.   RAMBALD. 

Toujours,  touin-o-touma ,  loiuifro-loun  (lous  les  jours),  don-o-don. 

Tour.  Tout  le  — ,  rroii.  \\  Faire  le  — ,  takha  mini-mini. 

Tourmenter,  toro;  ganija. 

Tourner.  Se  — ,  yéléma,  dijéléina.  \\  — ,  en  parlant  du  lait,  koumou. 

Tourterelle,  toiifn,  louna,  louha. 

Tousser,  sokho-sokho. 

Tout,  bé,  après  le  nom;  ou  bien  on  répète  1(!  nom  en  interca- 
lant 0.  Tous  les  hommes  sont  là,  mokho  hé  bé  yé.  Tous  les  jouis, 
loimgo-loun.  Tous  les  villages,  sou-o-son. 

Tout,  sokho-sokho. 

Trace,  non.  \\  —  de  pas,  sin,  singo,  sin-non,  sé-non.  |i  Suivre  les 
— s,  sin-non  bo. 

Traducteur,  dala-minalu. 

Traduire,  dala-mina. 

Trahir,  dijaiija  ké. 

Trahison,  dijanj'a. 

Traîner,  sama,  saba. 

Traité,  snnti;  Inhadi. 

Traître,  dyaiifa-ligi. 

Tranquille.  Il  est  — -,  à  ka  mountjo.  \\  Etre  — ,  moiinya. 

Transpercer, sokho,  soua,  sya. 

Transpirer,  wosi. 

Travail,  bnkha,  bakhn  (K.),  tya. 

Travailler,  bakha  ké;  lya  ké,  sya  ké. 

Travailleur,  bakha-kéla ;  tya-kéla,  sya-kéla. 

Travers.  En  — ,  sya.  ||  A  — ,  sya;  dyala. 

Traverser,  tanbi,  tami,  Icmé.  ||  —  une  rivière,  légé. 

Treize,  tan;  saba. 

Treizième,  tani  sabana. 

Trembler,  yéré-yéré,  dyan-dyari. 

Tremper,  nyigi  (mouiller). 

Trente  ,  tan  saba  ;  moiiga  ni  tan. 

Trentième,  tan  sabana. 

Très,  hali;  iva;  kou-sobé,  kou-dyougou;  a  ka  sya.  Voir  Beaucoup. 

Tresse  en  paille,  tourou;  saraba;fouga. 

Tresser, ybî/^fl.  ||  —  une  corde,  dyouloufouga. 

Tribu,  si  (race)  ;  géri. 

Tripes,  nougou. 

Triple,  kou  saba. 

Triste,  dosisila.  \\  Il  est  — ,  a  ka  /yen,  afyèna;  a  ka  nyani;  nyé 
tougoura  (les  yeux  sont  fermés). 

Trompe  d'éléphant,  sama  boulon,  kajli  bolo.  il  —  de  guerre,  bourou. 

Trois,  saba. 

Troisième,  sabana.  ' 


DICTIONNAIRE  DE   LA    LANGUE  MANDÉ.  ^(53 

Tromper,  nén^,  7iégé;  fli.  ||  Se  . — ,  fiU.  Il  Etre  — .  hé  fdilé,  hé 
Jlilé. 

Trompette  en  corne,  hourou. 

Tronc,  hou.  ||  —  darbre,  yiri-Ji-aJa. 

Trop.  C'est  — -,  a  s'njara,  a  siijata.  !i  — ,  avec  nn  adjectif,  se  rend 
par  le  verbe  neutre  en  ajoutant  yn  à  l'adjectiT,  au  passé.  C'est 
trop  loin,  n  (hjayara.  C'est  trop  petit,  a  snurmnjava. 

Troqler, /«/<. 

Trou,  dinka,  dényé;  ivo.  \]  —  dans  une  selle  :  les  six  des  pan- 
neaux .  téfc  siri-yoro  ;  les  deux  gvos ,  touwaro.  f\  — ,  ouverture ,  dn. 

Troupe,  kélé,  héU-houlou. 

Troupeau,  woré. 

Troussequin,  JiO-touloii  (l'oreille  de  derrière). 

Trouver,  apercevoir,  yé,  nyé,  dyé.  \\  — ,  ramasser,  tonbo.  tomo. 
Il  Se  — ,  bé;  sigi. 

Tuer  ,  fakha ,  fa ,  fakhali-ké ,  fali-ké. 

Tumeur,  saïua. 

Turbulent,  woijoba. 

TuïÈRE  de  forge,  tondo. 


u 


Ulcère,  dyoli-késc  (boulon  de  sang).    % 

Un,  kili,  kili. 

Unanime,  se  tourne  par  :  tous,  bé. 

Unir,  réunir,  sin  nyokhnnfé ,  siri  nyohhonn .  nyouana. 

Urine,  nyégén  é-dy  i. 

Uriner,  nyégéné;  souna;  sounou. 

Utile,  nafalé. 

Utilité,  naja. 


Vache,  nisi-mousnu ,  nisi-monso. 

Vacher,  visi-géla ;  nisi-gwéla. 

Vagin,  byé. 

Vaillance,  fnriya ,  faiiya. 

Vaillant,  fu  ri ,  fnlé. 

Vaincre,  gwé. 

Valeur,  prix,  songo,  srmgnn. 

Vallée,  kniirnu-da,  kourn-vuo. 

Valoir.  .\e  —  rien,  a  ma  nyi.  |l  —  mieux,  gaula. 


A54  j.-n.  RXMnACD. 

Van,  mjonro-hou  (on  y  lave  le  niiol);  séfrrré;  Jfiffi,  hujd,  (h'fr. 

Van.neau  ,  témé-téiné. 

Vanner,  la/a,  lotifa,  d(fé. 

Vanmlu,  sagi-darala. 

Vantard  ,  fé,  fémn. 

Vapeur,  sisi,  siso. 

Vase,  pot,  dakha,  da.  \\  — ,l)Oue,  hohlm. 

Vaseux,  hokhola,  hoklwlî,  hohhoba. 

Vaste,  houn,  hoiin-ha. 

Vautour,  douga. 

Veau,  nisi-din,  nisi-dingo,  nisi-dé. 

Vedette,  sakékda. 

Véhément,  sali,  séli,  siri  (en  colcro). 

Veille.  La  —  d'un  jour,  soli,  sole. 

Veiller,  sinyana,    s'myéna:  dolo,  donn.  i  —  sur  quelque  chose, 

sakéla. 
Veilleur  ,  sùujanala  ;  doloha  ;  dololila. 
Veine, /flsa,  j)asa. 
Velu,  si  ha  sya,  si  sijama. 
Vendeur,  y?n7fl. 

VENDRE,yi!'r7,-  sa)).  Il  A  — ,  a  hé  sa)ia. 
Vendredi,  ardijo)i))ia  (Ar. ). 
Vénéneux,  ho)inaba. 

Vengeance,  ta-nyokho,  ta-ui/oim,  sa)m)ja. 
Venger.  Se  — ,  sara;  la-))yohlio;  ta-)))joua. 
Venin,  kowia;  dai)g(dn. 
Venir,  un.  \\  —  de,  ho.  D'où  viens-tu?  ?"  ho)-a  mi?  Viens,  na;  i  ha 

na;  Ici  ha  na.  ||  —  de,  sa-sri.  11  vient  de  partir,  à  iahhala  sa-sa. 

Il  A  — ,  a  k'  lia. 
\mt,Jo)ii/o,fije)i,j:)iyé. 
Ventre,  ko7)o,  khoiio  (K.). 
Ver,   tomnhou,   to)wiou.  \\  —  de    Guine'e,  ségêlé.  \\  —   solitaire, 

torogé. 
Verge,  l)a<fuelte,  ho)isa.  \\  Passer  par  les — s,bo)isa.  \\  — ,  partie 

génitale  de  V homme,  fo)'o,foto. 
Véritable,  ionya. 
Vérité,  to))ya. 
Verrue,  so)nn)iya. 

VERS,/c',/fln/(''. 

Verser,  /?/i,-  ho.  1|  —  des  pleurs,  hasi. 

Vert,  sxséholosi;  nyongou  diji.  ||  — ,  pas  mûr,  a  )nn  i))n. 

Vestige,  no));  tou. 

Vêtement,  fa)ii,Ja))ou ,  fa)io. 

Vêtir  et  se  — ,/''»'  dou;  hiri  (rouvrir),  hiié. 


DICTIONNAIRE    DE   LV  LANGUE  MANDÉ.  A55 

Velf,  daùkéla. 

Veuve,  kosaba. 

Viande,  soiibou,  soubo,  sogo. 

Victoire  ,  givé. 

\iDE.  C'est  — ,Jen  iakono  (il  n'y  a  lien  dedans). 

Vider,  bo  (sortir).  Vide  l'eau  de  ia  cruche,  dyi  bo  clakha  ko)io. 

Vie,  baloii.  \\  Etre  e.\  — ,  baloii.  \\  Sauver  la  — ,  kisi. 

Vieillard,  iyé-koi'o. 

Vierge.  Elle  est  — -,  a  ma  dt/ou-kéfolo. 

Vieux,  koro,  koto,  khoio  (K.). 

Vif,  kéré. 

Vilain.  C'est  — ,  a  ka  dyougou. 

Village,  dougou  (B.),  sou  [M.),galo  (K..).   Les  habitants  du  \il- 

lage,  dougou  maou  (B.),  sou  mokholou  (M.  R.).  ||  Petit  — ,  bou~ 

gou;  dougouni.  ||  —  de  culture,  tougouda  (M.);  konko-sou  (B.). 
Vin  de  palme,  ban-dyi. 
Vingt,  tan  foula,  mouga  (M.  K.);  lan  j'oxda  ni  foula  (B.).  il un. 

tan  fouîani  kUi.  1  Quatre s,  ian  ségi   (M,  A.),   kémé ,  tyémé 

•  (B.).  Il  Quatre dix,  tankononio  (M.  K.);  kémenla  (B.). 

Visage,  nya. 

Vis-À-vis,  nyato. 

Viser,  souma  nyé. 

Visières.  Les  — ,  nougou. 

Visite,  doundya. 

Visiter,  konto,  khonto;  dounayaké.  \\  — ,  examiner,  ro  nyv. 

Vite,  tarya,  tcrya. 

Vitesse,  tariya. 

Vivant,  baloida. 

Vivre,  6rt/oM.  |l  — ^  subst.,  fanda,fana. 

Voici ,/c7e  (vois). 

Voie,  sila,  sira. 

Voilà, /e7e  (vois). 

Voile  de  femme,  kounfani. 

Voir,  yé,  dyé,  nyé.  J'ai  vu  un  homme,  n'ka  viokho  yé.  Il  Aller  — . 

takha  yé. 
Voisin,  nyokho  sig'dala. 
Vol,  sounyali. 

Volaille,  sise  (des  poules). 
Voler  ,  sounya ,  sounyali  ké. 
Voleur,  souriyaba,  sounyalila. 
Volonté,  sokho. 


WLONïiKRS,  diya  a  ro  (il  y  a  du  plaisir 

Voî 


Vomir  ,/o»//rj ,  fono. 
VoRACE ,  doniolila-ba. 


450  J.-B.    RAMBAID. 

Vouloir,  bafé;  sago;  mjini.  Je  veux  bien,  m'hafê. 
Voyage,  takhama,  tama. 
Voyageur,  takhamala,  tamala. 
Vrai,  tonya. 


Y,  yé,  yan,  yanfé. 
Youyou,  smiloun. 


J.-B.  Rambaud. 


LES  ETYMOLOGIES 

DU   PHILOSOPHE   NIETZSCHE. 


Pour  faire  dire  aux  mots  ce  qu'ils  contiennent,  pour  en  tirer 
les  renseignements  que  nous  de'sirons,  il  faut,  comme  en  toute 
chose,  quelque  précaution  et  quelque  méthode.  Ce  n'est  pas  une 
source  qui  s'ouvre  au  premier  appel;  surtout  il  n'y  faut  pas  venir 
avec  des  idées  préconçues.  A  toute  époque,  philosophes,  mora- 
listes, politiques  ont  voulu  mettre  le  langage  dans  leur  parti,  de 
leur  côté.  Mais  presque  toujours,  leur  siège  étant  fait  à  l'avance, 
ils  n'ont  emporté  de  ces  consultations  que  Fécho  de  leur  propre 
pensée. 

Un  des  derniers  exemples  qui  nous  montrent,  en  ce  genre,  le 
même  homme  faisant  à  la  fois  la  question  et  la  réponse,  nous  est 
fourni  par  le  philosophe  allemand  Nietzsclie,  lequel  a  jugé  bon 
de  trouver  dans  des  étymologies  la  preuve  de  son  système  de 
morale  ^  Malheureusement  ses  étymologies  sont  fausses  —  non  pas 
plus,  mais  autant  que  le  système. 

On  sait  quelles  sont  ses  idées.  La  morale  est  une  imposture  : 
il  n'y  a  ni  bien  ni  mal.  Ce  que  nous  appelons  bien,  vertu,  droit, 
est  une  invention  malicieuse  des  petits,  des  faibles,  des  humbles, 
qui  ont  su,  par  ruse,  persuader  des  billevesées  aux  grands  et  aux 
forts.  Les  grands  et  les  forts  n'avaient  originairement  aucune  idée 
de  cette  soi-disant  morale.  Us  appelaient  bien  (gut)  ce  qui  était 
à  leur  convenance,  tout  ce  qui  ajoutait  quel(|ue  chose  à  la  pléni- 
tude de  leur  existence;  ils  appelaient  7nal  (schlecht)  ce  qui  répu- 
gnait à  leur  instinct  de  noblesse,  ce  qui  leur  déplaisait.  En  quoi 
ils  étaient  dans  le  vrai. 

De  tout  ceci,  le  langage  fournit  la  preuve.  En  elfet,  le  mot 
schlecht  n'implique  aucune  idée  morale.  Il  désigne  ce  qui  est 
simple  [schlicht),  ce  qui  est  ordinaire,  ce  qui  est  vulgaire  :  autre- 
ment dit,  ce  qui  vient  de  la  plèbe.  Au  contraire,  le  mot  gut  pour- 
rail  bien  être  parent  de  Gott,  car  les  grands  se  considéraient,  non 
sans  une  apparence  de  raison,  comme  ([uelque  chose  de  divin, 
comme  des  dieux  sur  la  terre.  Il  se  pourrait  même  que  le  nom 

'  Généalogie  de)-  Moral.  Leipzig,  Naumanii,  iSyi. 

UtM.   LING.  —   IX.  3o 

iMramaaii  tiTiuiiLft* 


iS58  M.  BRÉAL. 

des  Goths,  ces  purs  représentants  de  !a  famille  aryenne,  fût 
identique  avec  gut. 

Mais  la  race  astucieuse  des  petits,  des  prêtres,  des  dévots,  est 
venue  changer  tout  cela.  Elle  a  inventé  un  autre  bien  qu  elle 
a  prétendu  être  le  bien  moral;  tout  ce  qui  y  était  opposé,  elle  Ta 
appelé  mal  (hos).  Ainsi  ces  deux  mots  qu'on  pourrait  croire  à  peu 
près  synonymes  —  hos  et  schlecht  —  sont  les  résidus  de  deux 
systèmes  contraires.  Tandis  que  schlecht  révèle  encore,  par  son 
sens  originaire,  de  quelle  noble  manière  les  grands  envisageaient 
autrefois  le  monde  et  ses  œuvres,  bas  est  dû  à  la  cuisine  infernale 
de  la  haine. 

Les  autres  langues  confirment  ce  que  nous  apprend  l'allemand. 
Le  sanscrit  ârya  désigne  les  riches,  ceux  qui  possèdent.  Le  gr£c 
èaOXos  signifie  proprement  celui  qui  est,  car  le  puissant  seul  a 
une  existence  réelle;  celle  du  peuple  n'est  qu'un  semblant  et  un 
mensonge.  Les  mots  xaxos  et  SsiXôs  désignent  le  peuple  par  sa 
lâcheté,  au  lieu  que  dyaOôs  réunit  en  un  seul  terme  la  noblesse 
de  naissance  et  le  courage.  Le  latin  malus  est  apparenté  au  grec 
[/.ekas  :  l'homme  du  peuple  a  le  teint  foncé,  les  cheveux  noirs,  à 
la  différence  du  conquérant  aux  cheveux  blonds  et  au  teint  clair. 
C'est  ce  que  nous  voyons  aussi  par  le  gaélique  Jtn  (par  exemple 
dans  le  nom  propre  Fin-Gai),  qui  signifie  à  la  fois  r blond»  et 
r  noble '1.  Car  les  Celtes  étaient  blonds;  les  populations  allemandes 
chez  lesquelles  on  trouve  des  cheveux  noirs  ne  sont  pas,  comme 
on  le  dit,  des  Celtes,  mais  les  restes  d'une  race  d'esclaves  anlé- 
rieurs  aux  Aryens.  Cette  race  a  fini  par  prendre  le  dessus,  non 
pas  seulement  pour  la  couleur,  pour  la  forme  du  crâne,  mais 
aussi  pour  les  instincts  intellectuels  et  sociaux.  Qui  nous  dit 
que  la  démocratie  moderne  n'est  pas  due  à  l'atavisme?  La  race 
aryenne  serait-elle  en  dangei'  de  disparaître? 

Le  latin  n'est  pas  moins  instructif  à  cet  égard  que  l'allemand. 
Bonus  se  disait  anciennement  duomis,  comme  hélium  se  disait 
duellum.  Duonus  et  duellum,  ce  sont  deux  mots  apparentés  : 
l'homme  de  bien,  c'est  l'homme  du  duel,  l'homme  du  combat. 
On  voit  ce  qui  constituait  la  bonté  dans  la  vieille  Rome.  Nous 
sommes  loin  de  cette  misérable  et  ignoble  bonté  inventée  par  des 
malheureux  [SetXos,  SeiXaios,  tsovripôs,  (lo^Stipés),  qui  prêche 
le  pardon  des  injures,  mais  qui  au  fond  n'est  que  venin  et  per- 
fidie. 

Telles  sont  les  étymologies  qui  servent  à  élayer  le  nouveau 
système  de  morale.  L'auteur  en  paraît  si  satisfait,  que  dans  une 
note  il  propose  qu'une  Faculté  de' philosophie  mette  au  concours 
cette  question  :  <f  Quelles  indications  la  linguistique,  et  en  parti- 
culier l'élymologie,  donne-t-elle  sur  l'histoire  du  développement 


LES  ÉTYMOLOGIES  DU   PHILOSOPHE   METZSCHE.  A59 

des  idées  morales?  n  Probablement  pour  donner  un  spe'ciraen  des 
découvertes  qu'on  peut  faire  en  ce  geni'e,  il  donne  Tétymologie 
du  mot  et  hommes.  Manas  cr l'homme-^  (sîc)  vient  de  la  racine  ma 
«mesurer'',  parce  que  l'homme  est  Têlre  qui  mesure  les  choses 
[Das  abschàtzende  Thier  an  sich).  La  morale  et  le  droit  ne  sont  que 
des  questions  d'offre  et  de  demande.  Toute  chose  a  son  prix, 
tout  peut  se  payer.  Les  idées  de  faute  et  de  peine  se  ramènent  à 
des  dommages  et  des  réparations. 

Les  rapprochements  que  nous  venons  de  résumer  laissent 
entrevoir  que  Nietzsche,  avant  de  s'adonner  à  la  philosophie,  avait 
été  quelque  peu  linguiste.  C'est  ce  que  révèle  aussi  le  titre  d'un 
autre  de  ses  ouvrages  :  Ainsi  parla  Zarathîistm.  Malheureusement 
il  ne  paraît  pas  avoir  poussé  bien  loin  ses  études  en  ce  genre, 
car  ses  étymologies  sont  vraiment  un  peu  faibles.  Je  craindrais  de 
faire  perdre  leur  temps  à  mes  confrères  en  m'arrêtant  à  les  dis- 
cuter. Il  est  certain  que  le  changement  de  sens  qui  a  eu  lieu  en 
Allemagne  au  xvii"  siècle  pour  le  mot  schlecht  mérite  d'être  re- 
marqué; il  ne  donne  pas,  à  notre  avis,  une  idée  favorable  de  la 
société  allemande  au  temps  de  la  guerre  de  Trente  ans  :  toutefois , 
comme  les  fondements  de  la  morale  étaient  déjà  posés  à  cette 
époque,  nous  ne  voyons  pas  ce  que  peut  démontrer,  pour  la  thèse 
de  l'auteur,  cet  exemple  tardif.  C'est  ainsi  qu'en  français  bonhomme 
est  devenu  quelquefois  synonyme  de  r  niaise  ou  de  rdupew,  sans 
(|u'ou  ait  le  droit  d'en  rien  conclure  au  sujet  des  bases  de  la  mo- 
rale. Quant  aux  autres  étymologies,  il  vaut  mieux  n'en  point 
parler.  Sans  doute  Nietzsche  a  bien  fait  de  renoncer  à  la  philo- 
logie :  il  n'avait  pas  la  vocation.  Avec  une  virtuosité  de  style  rare 
chez  nos  voisins,  avec  des  idées  à  rebrousse-poil  des  idées  reçues, 
une  rare  puissance  d'invective,  des  vues  géniales  sur  l'avenir  et 
sur  le  passé,  il  avait  ce  qu'il  faut  pour  réussir  dans  la  carrière 
de  philosophe-pamphlétaire  qu'il  a  si  brillamment  parcourue. 
Mais  ses  souvenirs  du  latin,  du  grec,  du  sanscrit  et  du  zend 
sont  d'un  écolier  de  première  année,  et  ne  peuvent  en  imposer 
([u'à  un  public  crédule  ou  convaincu  d'avance. 

Michel  Bréal. 


io. 


LA  LANGUE  MANDÉ. 


I 

Dans  Ylnfi'odiidion  de  noire  DictiowKiirc  (Mém.  Soc.  Liiig.,  t.  IX, 
p.  963),  nous  avons  indicjué  les  limites  goo[jra[jhiques  de  la 
langue  mande'  et  les  caractères  principaux  de  ses  dialectes.  Nous 
nous  proposons,  dans  le  pnîseiil  travail,  d'e'ludier  le  de'tail  de  la 
structure  du  mande'. 

Nous  nous  bornerons  à  la  langue  mande  proprement  dite, 
comprenant  les  dialectes  des  Bambara,  des  Malinké  et  des  Kba- 
sonke'.  Nous  n'aurons  recours  aux  dialectes  des  Souinké,  des  Soso 
et  des  Vaï  que  dans  certains  cas,  quand  nous  rencontrerons  chez 
ces  tribus  des  analogies  plionologiques  avec  le  mandé.  Notre 
e'tude  portera  donc  sur  les  dialectes  : 

des  Kliasonke'; 

des  Bambara,  de  Nyoro,  Se'gou  et  Kong; 
des  Malinké  du  Banbouk  (très  voisin  de  celui  du  Khaso); 
des  Malinké  de  kila,  de  Sigiri; 

des  Peuls  (métis  de  Malinké  et  de  Peuls)  du  Wasoulou,  du 
Sankaran,  du  Konyan  et  du  Kouranko. 

Nous  les  grouperons  par  régions,  de  la  façon  suivante  : 

Le  groupe  du  Nord  :  Kbaso,  Banbouk,  Kaarta  (Nyoro),  lan- 
gage dur; 

Les  groupes  du  Centre  :  régions  de  Kita,  Sigiri,  Ségou,  Wa- 
soulou, Sankaran,  langage  adouci; 

Le  groupe  du  Sud  :  Konyan,  Kouranko,  pays  de  Kong,  langage 
très  doux. 

Les  abréviations  employées  dans  cette  esquisse  de  la  gram- 
maire mandé  ont  été  expliquées  dans  ïhitrodiictiou  à  laquelle 
nous  renvoyons  phis  haut. 


L\    LANGUE   MANDÉ.  /l61 

II 

BIBLIOGRAPHIE. 

Les  ouvrages  linguistiques  sur  la  langue  mande'  sont  assez  peu 
nombreux.  Les  principaux  sont,  par  ordre  chronologique  : 

Dard,  Dictionnaire  wolof  et  hambam ,  Paris,  1825,  Imp.  royale,  in-S"; 

et  Dakar,  i8o5. 
African  lessons ,  mmidiiigo  and  englisli ,  Londres,  1827,  in-S";  07  pages. 
DwiGHT,  Reniarks  on  the  Screcukhs  {American  Annah  of  éducation,  Oct. 

i83o,  p.  45i). 
WiLSON,  Comparative  vocahularies  of  the  negro  dialects  of  Africa  {Journal 

oftiip  American  Oriental  Society,  t.  I,  p.  887,  1849). 
Koi.i.E,  Polyglolla  Africana ,  Londres,  i85/i,  in-folio. 
Bartu,  Collection  de  vocabulaires  des  langues  de  l' Afrique  centrale ,  Gotha, 

i8Ga-i866.  3  parties  '\n-k",  cccxxxiv  et  290  pages. 
Stei\thal,  Die  Mande  Neger  Sprache,  gr.  in-8"  de  xxiv  et  344  pages. 

Berhn,  Diunniler,  1867. 
CisT,  Les  langues  d' Afrique ,  in-iti,  Paris,  Leroux,  i885. 
BiNGER,  Essai  sur  la  langue  hambara,  in-8°,  i33  pages.  Maisonneuve , 

t886. 
G^'  Faidherbe,  Langues  sénégalaises,  in-12.  26G  pages.  Paris,  Leroux, 

1887. 
D'  Tadtai\,  ?iOtcs  sur  les  langues  soninhé,  banmana  et  mallinhé  {Revue  de 

linguistique  et  de  philologie  comparées,  1887,  p.  i3o). 
Mac  Brair,  .1  Grammar  of  the  mandingo  language,  in-8°,  Londres,  s.d. 
Missions  africaines,   Grammaire  de  la  langue  hambara,  111-8"  de  vu  et 

218  pages,  Saint-Joseph  de  Ngazohil,  impr.  de  la  mission,  1887. 
Capif^  Péroz,  Vocabulaire  de  la  langue  mandingue ,  iu-iG,  1890. 

De  ces  ouvrages,  plusieurs  ne  se  trouvent  plus  dans  le  com- 
merce. Ceux  qu'il  y  aurait  intérêt  à  consulter,  à  raison  de  leur 
date  ancienne,  ne  présentent  que  des  vocabulaires  arides.  Le  seul 
(jui  oiïre  une  élude  réellement  scientifique  de  la  langue  est  celui 
de  Steinthal.  Mais  l'auteur  n'a  jamais  connu  par  lui-même  la 
langue  qu'il  étudie.  Les  sources  aux(|uelles  il  se  reporte  sont  : 
Dard,  op.  cil.,  1896;  —  African  Lessons,  1837;  —  Mac  Brair, 
s.d;  —  Kolle,  i854,  puis  des  traductions  d'évangiles  faites  par 
les  missionnaires. 

Le  premier  Européen  qui  ait  pénétré  au  cœur  du  domaine  de 
la  langue  mandé  est  René  Caillié,  après  lui  le  major  Laing;  les 
autres  n'ont  parcouru  que  la  région  le  long  de  la  côte;  en  parti- 
culier, Kolle,  ({ui  fut  évèque  à  Freetowu.  Steinthal  na  donc  pu 
avoir  que  fort  peu  de  renseignements  sur  la  langue  mandé  pro- 


462  J.-B.   RAMBAUD. 

prement  dite.  Il  n'a  été  bien  renseigné  que  sur  les  dialectes  vaï, 
soso  et  le  malinké  de  la  côte. 

Depuis  lors,  le  Soudan  a  été  parcouru  dans  tous  les  sens,  et  le 
domaine  de  la  langue  mandé  est  actuellement  parfaitement  connu. 
Mais  la  plupart  des  travaux  récents  consistent  uniquement  en 
vocabulaires;  tels  sont  les  ouvrages  du  capitaine  Péroz  (presque 
exclusivement  le  dialecte  du  Khaso);  —  de  M.  Binger  (presque 
exclusivement  le  dialecte  du  Kaarta  et  de  Bélédougou);  —  du 
général  Faidberbe  (très  peu  de  renseignements).  Presque  partout 
la  partie  grammaticale  est  négligée;  la  Grammaire  des  missions  ne 
se  rapporte  qu'au  pays  de  Kila.  Il  nous  a  donc  paru  bon  de  re- 
prendre l'œuvre  de  Steintbal,  d'après  les  résultats  des  derniers 
voyages  et  nos  propres  études  faites  dans  le  pays. 


III 

SONS  ÉLÉMENTAIRES. 

L'alphabet  français  est  celui  qui  convient  le  mieux  à  la  tran- 
scription de  la  langue  mandé.  Le  français  possède  tous  les  sons 
du  mandé,  sauf  la  gutturale  kh  et  les  sons  yodisés. 

L'arabe,  dont  les  indigènes  se  servent  pour  écrire  leur  langue, 
ne  leur  fournit  ni  les  sons  yodisés,  ni  le  g  dur,  ni  les  voyelles 
nasales,  ni  le  son  é  fermé.  Quant  à  l'anglais,  la  transcription 
des  voyelles  y  est  très  difficile  :  ainsi  Forbes  écrit  ah-ivoo  pour 
a-oUy  et  ai-ee  pour  èï. 

Nous  adopterons  donc,  dans  la  transcription  du  mandé,  l'al- 
phabet français,  en  le  complétant,  mais  en  le  compliquant  le 
moins  possible  :  nous  renvoyons  sur  ce  point  encore  à  {Introduc- 
tion de  notre  Dictionnaire. 

SI.  —  Voyelles  et  diphtongues. 
Les  sons  vocaliques  sont  les  suivants  : 

Voyelles  simples  :  a,  i,  ou;  é,  o,  n; 

Voyelles  nasales  :  an ,  en ,  on. 

Les  sons  représentés  par  a,  i,  ou,  u  sont  les  mêmes  qu'en 
français.  Le  son  é  est  fermé;  on  trouve  quelquefois  Vè  ouvert, 
quelquefois  aussi  un  son  eu  très  faible  (fr.  je).  Le  son  n  est  plus 
souvent  fermé;  dans  le  Sud,  il  est  souvent  pris  pour  ou;  il  est 
alors  très  ouvert. 

Les  voyelles  simples  et  les  voyelles  nasales  se  remplacent  sou- 
vent entre  elles.  Il  arrive  par  exemple  que,  dans  les  finales  des 
mots,  on  entende  a  ou  an,  o  ou  on.  Les  voyelles  nasales  sont 


L\  LANGUE  MANDÉ.  /l63 

représentées  par  an,  on,  prononcées  comme  en  français  {pan, 
bon)  et  par  en  prononcé  comme  en  français  bien. 

A  côté  des  voyelles  nasales  on  trouve  les  sons  :  m,  qui  repré- 
sente le  son  i  suivi  de  n  et  se  prononce  comme  ine  du  mot  t?  cui- 
sine w,  ou  mieux  le  son  ing  final  des  participes  présents  en  anglais; 
et  oiin  qui  représente  le  son  ung  final  de  certains  mots  allemands. 
Ces  sons  se  trouvent  parfois  eu  finale  des  mots. 

Les  diphtongues  sont  peu  fréquentes. 

8  2.  —  Consonnes. 

Les  sons  consonnantiques  peuvent  se  classer  de  la  façon  sui- 
vante : 

OCCLUSIVES  FRICATIVES 

sourdes       sonores    sourdes  sonores 

gutturales k  g  kh 

dentales t ,  Uf         d.  dij         s  z 

labiales />  h  f  v 

liquides l,  r; 

nasales m,  n,  ny^; 

spirantes ^  (et  kh). 

On  remarquera  l'absence  de  sons  correspondant  à  ceux  de  nos 
lettres  g  doux,  j,  ch. 

Dans  les  mots  étrangers  qu'ils  ont  adoptés,  les  Mandé  ont 
remplacé  le  ch  par  s.  Il  n'existe  qu'un  mot  oii  il  semble  se  ren- 
contrer le  son  ch  :  c'est  le  mot  siti  rr attachera  que  les  Khasonké 
abrègent  en  sti  et  prononcent  chti. 

Gutturales.  —  La  notation  kh  représente  un  son  analogue  au 
ch  dur,  allemand  (bach).  Nous  avons  adopté  le  groupement  kh 
pour  représenter  ce  son,  parce  qu'il  a  déjà  été  employé  par  les 
orientalistes. 

Le  son  kh  est  très  fréquent  dans  le  groupe  mandé  du  Nord.  On 
n'y  entend  presque  jamais  l'occlusive  sourde  k,  mais  bien  la  spi- 
rante  kh.  Les  gens  du  Sud  emploient  plutôt  le  k. 

L'occlusive  sourde  k  est  très  fréquente  dans  le  groupe  du  Centre. 

L'occlusive  sonore  g  se  rencontre  aussi  très  souvent  dans  les 
pays  de  langue  mandé.  Vers  le  Sud,  les  sons  g  et  k  sont  peu 
employés.  On  trouve  à  leur  place  les  sons  gw  et  kw. 

Le  g  devra  toujours  se  prononcer  dur. 

Dentales.  —  Les  sons  t,  d,  s,  sont  fréquents. 


464  J.-B.  RAMBAUD. 

Le  son  z  no  se  trouve  que  tout  à  fait  dans  le  Sud.  La  langue 
des  Toma  en  fournit  de  fre'quents  exemples. 

Les  notations  dy,  ty,  repre'sentenl  un  d  et  un  t  mouille's.  On 
repre'sente  souvent  ce  son  par  dj  dans  les  transcriptions  europé- 
ennes; mais  cette  manière  d'écrire  donne  lieu  à  une  erreur  fré- 
quente. Les  mots  Fouta  Djalon  etDjenné,  par  exemple,  ne  doivent 
pas  se  prononcer  comme  ils  sont  écrits  et  comme  on  le  fait  sou- 
vent, mais  bien  Foula  Dyalon,  Dyené.  Les  indigènes,  quand 
ils  écrivent,  emploient  le  djim  arabe;  mais  nous  avons  déjà  eu 
occasion  de  dire  que  le  son  du  j  français  et,  par  suite,  celui  du 
dj  arabe  n'existent  pas  en  mandé. 

La  prononciation  est  celle  de  f?  et  t  suivis  de  yod.  Pour  tran- 
scrire cette  prononciation,  deux  manières  se  présentent.  On  peut 
écrire  d-ya,  î-yé,  on  aura  alors  les  sons  d,  t,  que  Ton  connaît, 
puis  des  vovelles  yodisées  ya,  yé,  analogues  à  celles  que  Ton  ren- 
contre en  russe.  Nous  préférons  écrire  dy-a,  ty-é,  avec  d  et  t 
mouillés,  parce  que  ces  consonnes  permutent  avec  d'autres  et 
paraissent  ainsi  avoir  une  existence  propre.  On  trouve,  par 
exemple,  tyé  ou  ké  k  homme -n ,  dyi  ou  gi  cr  eau  ».  Dans  ces  deux  cas , 
les  sons  k  et  g  ont  permuté  avec  les  sons  ty  et  dy;  la  niouillure 
paraît  donc  devoir  être  rattachée  à  la  consonne,  non  à  la  voyelle. 

Labiales.  —  L'occlusive  sonore  b  et  la  fricative  sourde/  sont 
fréquentes. 

L'occlusive  sourde  p  ne  se  rencontre  que  dans  le  groupe  du  Sud. 

La  fricative  sonore  v  ne  se  rencontre  que  dans  l'Extrême-Sud 
(Toma,  Vaï). 

Liquides.  —  Les  sons  représentés  par  /  et  r  se  confondent  dans 
la  plupart  des  cas.  On  peut  remarquer  que  le  son  r  n'est  jamais 
initial,  sauf  dans  une  particule  qui  joue  le  rôle  de  suffixe,  ro 
ftdansn,  et  qui  par  suite  ne  commence  jamais  un  mot. 

Nasales.  —  Les  sons  m  et  n  se  rencontrent  très  souvent.  La 
notation  ny  représente  la  nasale  7i  mouillée,  c'est  l'équivalent  de 
notre  son^n  dans  le  mot  rogner.  Nous  l'écrivons  ny  au  lieu  de  gn, 
par  analogie  avec  les  consonnes  dy,  ty. 

Spirantes.  —  Les  spirantes  sont  h,  f,  kh.  Nous  reviendrons 
sur  ces  sons  à  propos  des  mutations  de  consonnes  ; 

h  représente  une  aspiration  très  faible  ; 

y  représente  le  yod,  soit  seul  devant  une  voyelle,  soit  après 
une  consonne; 

w  a  le  son  du  w  anglais. 


LA   LANGUE  MANDÉ.  465 

Consonnes  doubles.  —  JNous  n'appelons  pas  ainsi  les  consonnes 
di/,  Uj,  711J,  qui  sont  des  consonnes  simples  mouillées,  ni  kh  qui 
repre'sente  un  seul  son  bien  défini. 

Quelques  auteurs  ont  voulu  voir  des  consonnes  doubles  en 
bambara,  dans  certains  mots.  Bingor  cite,  par  exemple,  banba  ou 
bainina  r  caïman n,  et  il  dit  que  l'on  doit  mettre  deux  m  parce  que 
le  b  de  banba  se  change  en  iit.  Cela  nest  aucunement  justifié  dans 
la  prononciation,  où  Ion  eutend  parfaitement  ba-ma  et  non  bam- 
ma.  C'est  accorder  une  existence  propre  à  la  lettre  n  de  banba  qui. 
?n  réalité,  n'en  a  pas.  Le  jnot  banba  n'est  pas  autre  chose  que 
le  mot  bama  où  le  son  a  est  nasalisé  et  devient  an  et  le  son  m  de- 
vient b.  Ces  deux  mots  s'expliquent  donc  ainsi  : 

b-a-m-a  ' — >■  b-an-b-a; 

et  non  : 

bam-ba  > — ^  bam-ma. 

On  peut  donc  alïîrmer  que  la  langue  mandé  ne  -présente  pas  de 
consonne  double.  Quelques  exceptions  apparentes  à  celte  règle  se- 
ront expliquées  dans  la  suite. 

IV 

CONSTITUTION  DES.  SYLLABES  ET  DES  MOTS. 

Les  mots  de  la  langue  mandé  ont  une,  deux  ou  plusieurs  syl- 
labes, mais  les  monosyllabes  et  les  dissyllabes  sont  de  beaucoup 
les  plus  fréquents. 

En  mandé,  toute  syllabe  est  formée  d'une  consonne  suivie  d'une 
voj/elle.  La  consonne  peut  être  : 

1"  Une  consonne  simple; 
2"  Une  consonne  yodisée; 
3"  La  spiraute  /*. 

La  voyelle  peut  être  : 

i"  Unç  voyelle  simple; 
9°  Une  diphtongue  (rare); 
3°  Une  voyelle  nasale. 

Exemples  :  ba-ma  tr  caïman  t),  ban-ko  t  argile  r',  tijé  «  homme  w, 
dtji  «eau'",  ijé-gé  r  poisson w,  bou-lou  rmainr». 

(ietle  règle  est  absolument  générale  et  ne  présente  que  deux 
exceptions. 

La  première  est  un  démonstratif  :  o  r  celui-ci «. 


Zj66 


J.-B.  RAMBAUD. 


La  deuxiî'iiie  est  faite  par  les  vocables  qui  désignent  les  per- 
sonnes, correspondant  à  un  pronom  personnel  de  la  2*  et  3*  per- 
sonne : 

2*  personne,  i  frtoi»; 
3*  personne  a,  0  trluiw, 
et  leur  pluriel  alou  ffvous,  euw,  an  rmousi^. 

Nous  verrons  même  plus  loin  que  ces  exceptions  gênent  sou- 
vent les  Noirs,  qui  y  remédient  en  ajoutant  une  consonne  devant 
ces  voyelles  isolées. 

On  trouve  encore  quelques  cas  où  cette  règle  semble  tomber 
en  défaut.  Ce  sont  des  mots  dans  lesquels  on  trouve  deux  con- 
sonnes de  suite,  comme  sra  tf  avoir  peuni,  bla  «  laissera,  sti  tf  at- 
tachera, y/a  tfdeuxTî,  etc.  Il  ne  faut  y  avoir,  en  réalité,  que  des 
produits  de  Télision  d'une  voyelle  située  entre  deux  consonnes, 
ainsi  que  le  prouvent  les  mots  complets  qui  existent  parallèlement 
à  ceux-là.  Les  dialectes  bambara  surtout  font  grand  usage  de  ces 
élisions,  assez  peu  usitées  dans  les  autres. 

Exemples  : 

siti,  sti  frattacherw; 
boula,  bla  tt laisserai. 
boulou,  blo  frmain»; 
foula ,  fia  rf  deux  n  ; 
sira,  sran  tr avoir  peur». 

Ces  élisions  ont  lieu  surtout  quand  la  seconde  consonne  est 
une  liquide  ou  un  t. 

De  la  règle  indiquée  plus  haut,  il  résulte  : 

1°  Que  la  syllabe,  en  mandé,  est  toujours  fermée  ; 

9°  Quil  n'y  a  jamais  deux  consonnes  de  suite  dans  un  mot; 

3°  Qu'un  mot  est  toujours  terminé  par  une  voyelle. 

Cette  voyelle  est  surtout  0  dans  les  dialectes  du  Nord,  i  ou  ou 
dans  ceux  du  Centre  et  du  Sud. 

Exemples  : 

K pagne»,  Nord fano;  Centre  fanou;  Sud fani; 
rmain»,      —   boulo;     —    boulon;  — boulou; 
K  femme»,   —   mouso;    —    mousou;  —  momou. 

Cependant,  dans  quelques  pays  du  Sud,  mais  non  du  Sud- 
Ouest,  on  trouve  le  son  final  0  au  lieu  de  ou,  particulièrement 


LA   LANGUE  MANDÉ.  \61 

dans  le  Nalana.  Mais  c'est  alors  un  o  ouvert  et  bien  différent  de 
l'o  fermé  des  Khasonké. 

Les  Noirs  obéissent  à  cette  règle,  imposée  par  leurs  organes, 
lorsqu'ils  adaptent  en  leur  langue  des  mots  étrangers.  Ils  ter- 
minent toujours  par  une  voyelle  un  mot  terminé  en  français  par 
une  consonne  ou  un  e  muet,  et  ils  intercalent  une  voyelle  entre 
deux  consonnes  consécutives. 

Par  exemple,  le  mot  soupe  devient  so«juo  ou  soupi;  bouteille  =bou- 
tèi/o  ou  boutèifi;  table  =^  iabalo;  plume  ^pilimo. 

Une  autre  exception  paraît  être  formée  par  la  lettre  n  initiale 
servant  à  indiquer  la  i"^"  personne.  Mais  ce  pronom ,  dans  sa  forme 
simple,  est  né,  et  \n  isolée  provient  d'une  élision. 

V 

PHONÉTIQUE. 

Les  principaux  modes  de  transformation  du  langage  mandé 
sont  : 

1°  La  nasalisation  des  sons; 

2°  La  répétition  des  consonnes; 

3"  La  suppression  des  sons; 

h"  La  mutation  des  sons. 

SI.  —  Nasnlisahon. 

Nous  avons  déjà  parlé  de  la  nasalisation  des  voyelles  et  de 
l'alternance  fréquente  de  a  et  an,  o  et  on. 

Quand  un  mot  commence  par^^,  k,  hh,  d,  t  (c'est-à-dire  par 
une  dentale  ou  une  gutturale)  la  voyelle  qui  termine  le  mot  pré- 
cédent se  nasalise  presque  toujours.  Cela  a  lieu,"  mais  moins 
fréquemment  avec  les  mots  commençant  par  b,  p,f.  Par  exemple 
on  dit  garan-hê  pour  gara-hé  t  teinturier  en  indigo,  cordonnier; 
Toman-hé  pour  Toma-ké  crbomme  du  pays  de  TomaT»;  Khason-ké 
r homme  du  Khasow;  nouman-boulou  pour  tiouma-boulou  «main 
gauche w;  kinin-boulou  pour  kini  ou  kéné-boulou  trmain  droite t). 

La  consonne  y  se  nasalise  souvent  quand  elle  est  initiale,  et 
devient  nij;  mais  la  nasalisation  ne  se  porte  jamais  sur  la  voyelle 
précédente.  Exemples  :  i/égé  ou  nyégé  k  poisson  -n  ;  ba-nijégé  r  le 
poisson  de  la  rivières  et  non  ban-yégé. 

S  2.  —  Répétition  des  consonnes. 
Nous  avons  vu  que  le  vocable  qui  correspond  à  notre  pronom 


A68 


J.-B.   RAMBAUD. 


personnel  de  la  2"  personne  est  i.  Ce  son  isolé  constitue  une  diffi- 
culté pour  les  indigènes  dans  certains  cas. 

Nous  verrons,  par  exemple,  que  Tidée  de  commandement  se 
rend  par  l'addition  d'une  particule  kn  devant  le  mot  qui  rond 
ridée  du  verbe  :  r  viens n  se  traduira  donc  par  i-ka-mi.  Mais  il 
arrive  souvent  que  le  Noir  répèle  devant  la  première  syllabe  la 
gutturale  de  la  seconde,  et  l'on  entend  très  souvent  li-ha-na. 

De  même  :  hi  ka  na  r- va- t'en  ^;  hi  la  lo  rarrète-toiii;  ki  ka  doit 
ft  entrer. 

Notons  tout  de  suite  que,  dans  le  Nord,  la  particule  est  klia 
et  que  les  pbrases  précédentes  sont  :  khi  kha  na,  khi  kha  h,  khi 
kha  (I0U.  etc. 

8  3.  —  Suppression  de  sons. 

Les  suppressions  de  voyelles  (élisions)  peuvent  porter  sur  des 
voyelles  finales  ou  sur  des  voyelles  dans  le  corps  d'un  mot.  Nous 
avons  déjà  vu  que  certains  dialectes  laissent  tomber  la  première 
Aoyelle  d'un  mot  de  deux  syllabes.  Ce  phénomène  s'observe  sur- 
tout quand  la  consonne  de  la  seconde  syllabe  est  une  liquide  et 
celle  de  la  première  syllabe  une  labiale. 

Une  voyelle  finale  peut  s'élider  devant  une  autre  voyelle.  Cela 
arrive  quand  le  mot  suivant  est  un  pronom  personnel.  On  dit 
ainsi  :  mb'  i  gosi  t  je  te  frapperai,  pour  m  hé  i  gosi;-  n  k'  i  kili 
et  je  t'ai  appelé  17  pour  n'ka  i  kili.  Cette  élision  se  produit  presque 
toujours  avec  le  pronom  /,  mais  elle  n'est  pas  nécessaire  avec  le 
pronom  a.  On  entend  très  bien  a  fo  a-i/é  rr  dis-lui 'i. 

L'élision  de  la  voyelle  finale  se  produit  aussi  avec  le  pronom 
de  la  i"^*  personne,  né  tmioin.  Cela  a  lieu  très  fréquemment. 
Devant  les  labiales,  on  entend  alors  m  au  lieu  de  n.  Exemples  : 
m"  //  i  gosi  pour  »*'  hé  i  gosi:  n  tokho  rmon  nom  75  ^our  né  tokho ; 
m  fa  ^mon  pèren  pour  né  fa;  n  kono  «mon  ventre  t  pour  nékono. 

La  consonne  kh  tombe  quelquefois  quand  elle  est  placée  entre 
deux  voyelles  identiques.  Ces  voyelles  peuvent  alors  se  modifier  ou 
se  contracter  en  une  seule.  Par  exemple,  le  mot  hkho  des  dialectes 
dii  Nord  et  de  l'Ouest,  se  trouve,  chez  les  Bambara,  modihé  de  la 
façon  suivante  : 

lokho  =  {lo-o)  =lou-a  rrbois  à  brûler  n; 
tokho  =  (^to-o)  =  tou-a  a  nom  ri  ; 
kokho  =  (A'o-o)  =  hou-a  rr  sel  ri. 

Dans  les  mots  suivants,  il  y  a  contraction  des  deux  voyelles  : 

takha  =  [ta-a)=^ta  k aller ??; 
fakha  =  (Ja-a)=fa  rftuern; 
sakha  =  [sa-a)  =  sa  ff moulons. 


LA  LANGUE  MANDE.  ^69 

Mais  il  peut  y  avoir  lieu  de  considérer  plutôt  dans  ces  mots 
les  syllabes  klia,  kho  comme  des  sortes  de  suffixes  qui  tombent 
dans  certains  dialectes.  Si  les  Bambara  disent  AoM-a,  lou-a.  toti-a, 
au  lieu  de  kokho,  hkho,  tokho,  U'9.  Mandé  du  Sud  prononcent  sim- 
plement 1.0,  lo.  to.  Ils  disent  encore  ino  pour  mokho  -  homme  ■^,  et 
ce  mot  se  retrouve  en  soso  sous  la  l'orme  moa-klié. 

De  même,  dans  d'autres  cas,  il  semble  que  la  particule  addi- 
tionnelle soit  tombée  : 

(loiigou  crpaysw,  dans  le  Sud  =  </oM; 

sigi  T s'asseoir  1,  en  ynï=si; 

sinokho  cr dormira,  dans  le  Kouranko  =  .swho,  en  \a^i  =  sino; 

eu  soso  dyigé  teauT),  en  mandé  =  c?//i,* 

thjougon.  tout  ce  qui  est  rr désagréable 'i,  en  soso  =  (lya. 

Celte  racine  f///«  se  relrou\e  dans  les  autres  dialectes  sous  la 
l'orme  dijanfa  k  tiabison-.  Il  semble  donc  quil  y  ait  là  chute  d'un 
alTixc. 

%  li.  —  Mutations. 

On  retrouve  souvent  le  même  mot  a\ec  des  voyelles  différentes, 
surtout  la  voyelle  finale,  d'après  l'euphonie.  Le  plus  souvent,  cette 
voyelle  s'assimile  à  la  suivante. 

La  voyelle  qui  est  le  plus  souvent  changée  est  é.  Elle  s'affaiblit 
en  i  devant  les  syllabes  dont  la  voyelle  est  /,  et  est  remplacée  or- 
dinairement par  a  avant  les  syllabes  en  a  ou  o.  Ce  qui  est  dit  ici 
des  voyelles  doit  s'entendre  également  des  voyelles  nasalisées. 

On  dira,  par  exemple  : 

m  M  sigi  pour  in   hé  sigi  ~je  suis  assise; 
na  Ion  pour  né  hn  ffje  saisw; 
na  lo  pour  né  lo  rrje  suis  arrêtée. 

Les  consonnes  présentent,  suivant  les  régions,  ou  suivant  les 
individus,  plusicuis  alternances,  dont  les  principales  sont  les 
suivantes,  avec  leurs  réciproques. 

1.  Les  liquides  entre  elles,  /et  r;  l,  m.  n,  r  entre  elles; 

'2.  Les  continues  entre  elles,  kh,  h  et/; 

.'}.  Les  dentales  fricatives  entre  elles,  s  et  z: 

^1.  Les  gutturales  avec  les  labiales,  g  et  h,  k  et  /j,  kh  et/; 

5.  Les  fricatives  sourdes  et  les  occlusives  sourdes,  kh  et  k,  f 
elp; 

6.  Les  liquides  et  les  dentales,  l  el  d ,  r  et  t; 

7.  Les  dentales  mouillées  et  les  gutturales,  dy  et  g,  ty  el  k; 


àlO  J.-B.  RAMBAUD. 

8.  La  uasale  jnouillée  ny  et  la  dentale  mouillée  dy  et  la  gut- 
turale nasalisée  ng: 

9.  La  dentale  dy  et  la  dentale  sifflante  s. 

i°  Les  sons  /  et  r  sont  tellement  peu  distincts  qu'on  les  con- 
fond souvent.  Le  son  r  cependant  n'est  jamais  initiale 

On  trouve  encore  fréquemment  les  sons  n  et  r  à  la  place  l'un 
de  l'autre,  surtout  dans  les  suffixes  verbaux.  De  même,  m  pour  / 
ou  r. 

2°  Le  remplacement  des  spirantes  entre  elles  a  le  plus  souvent 
lieu  au  commencement  des  mois.  Le  mot  qui  signifie  cr habile, 
attentif  1^  possède  les  trois  formes  :  khalili  {'S  or  à) ,  fakili  (Centre  et 
Est),  hakili  (Sud). 

3°  Le  son  z  ne  se  trouve  que  tout  à  fait  dans  le  Sud,  à  hauteur 
de  Mousadougou  et  des  pays  Toma.  Il  équivaut  à  un  son  s  dans  les 
dialectes  du  Nord.  Mandé  :  sou  cr  case  17,  T.  zo;  sa  rr  instante,  T.za. 

h"  Les  guttui-ales  sont  difficiles  à  prononcer  pour  les  gens  du 
Sud.  Aussi  on  entend  les  sons/,  p,  b,  tandis  que  dans  le  Nord 
les  mêmes  mots  sont  articulés  avec  /.7t,  k,  g.  M.  Binger  a  déjà 
fait  remarquer  que  le  nom  de  la  ville  de  Kong'^  se  prononce, 
dans  le  pays,  Pong.  On  peut  citer  d'autres  exemples  :  gé,  hé 
ffblancT);  goulou,  bouJou  rrpeau,  cuir?!;  khoU,  golé,  gwélé,  boulé, 
bolé  tf  lourd 7?.  Le  pays  de  Sanaukoio  s'appelle  Gonon  ou  Bonon. 

Dans  quelques  régions,  le  Konyan  par  exemple,  tantôt  on 
trouve  les  mêmes  mots  prononcés  avec  p  et  b,  tantôt  les  guttu- 
rales s'accompagnent  du  son  w.  Ce  son  s'intercale  soit  après  les 
labiales;  soit  après  les  gutturales.  M.  Binger  écrit  Pabya,  un  nom 
de  village  que  d'autres  voyageurs  avaient  entendu  Kivabya.  On 
trouve  encore  :  kili  tr  appeler  r  et  giviro  (T.)  «  chanter  n;  gé  rr  blanc 
et  gwé  (Ko.). 

5°  Le  kh  n'existe  guère  que  dans  les  dialectes  du  Nord.  A  hau- 
teur de  Kita  et  surtout  de  Sigiri,  on  ne  l'entend  presque  plus; 
on  n'entend  plus  que  le  son  k.  Quant  à  la  spirante/,  elle  alterne 
avec  p.  Cette  dernière  forme  se  trouve  dans  le  Sud.  Exemples  : 
J'éréféré  ou  peripéri  r.  papillon  r). 


'  La  grammaire  de  Binger  donne  quelques  mots  qui  semblent  faire  exception. 
On  y  voit,  entre  autres,  rotomo  voulant  dire  rrchoisir,  élire«,  et  robo  «nettoyer, 
curer«.  C'est  le  résultat  d'une  analyse  inexacte  de  la  phrase.  On  dit  :  «choisir 
un  fusiln  marafarotiimo ,  «se  neltoyer  les^entsw  nijirobo,  que  Binger  divise  en  : 
vuirafa  rotomo  «fusil  choisira,  ityi  robo  «dents  neltoyer ??,  tandis  qu'il  faut  ana- 
lyser ainsi  :  majo/àro  <omo  «fusil-dans  prendre,  prendre  parmi  les  fusils  n;  nyvo 
bo  «dent  dans  sortir,  ôter  de  dans  les  dents '\ 

'^  Ce  nom  est,  dans  le  pays,  kongo,  le  0  final  très  bref. 


LA   LANGUE  MANDE. 


àl{ 


6°  Les  liquides  /  et  r  e'quivalent  aussi  k  d  ai  l.  Les  dentales 
sont  plus  usite'es  dans  le  Nord  et  le  Centre;  les  liquides  se  ren- 
contrent plus  fréquemment  dans  les  dialectes  du  Sud.  Les  exemples 
sont  nombreux  : 

lo,  do  «s'arrêter-  (gbe'ze',  to); 

sounkourou.  sounkoutou  r  jeune  fille  r»; 

koro,  koto,  Jchoto  (Kh.)  ffàge'ri; 

koitra,  kouta  rjeuue-^; 

le  suflSxe  ro,  to  «dans^^; 

le  suffixe  verbal  ra.  ta: 

un,  dili,  dli  (B.)  tr racine ?i; 

le  mot  arabe  sadaqa  rr aumône^  donne  (M.)  saraka,  (K.  S.) 
sarnkha ,  (  V.  )  sara  -  aumône  r>  ; 

le  mot  français  r- boitera  donne  buta,  bava; 

siri,  siti,  su  t  attacher 75; 

le  mot  arabe  sahala  r  pantoufle  » ,  donne  sabato  (K.),  samalo  (M) , 
sahara,  samara  (B.). 

7°  Les  dentales  mouilie'es  alternent  avec  les  gutturales.  Ce 
changement  est  également  un  des  plus  fréquents,  mais  il  n'a  lieu 
que  devant  é  ou  i,  jamais  devant  a,  0,  ou  : 

diji,  gi  freau^; 

Ujé,  ké,  khé  (K.)  tf homme»; 

kényé,  tijen  (B.)  cr sable n.     . 

8"  Le  son  y  initial  se  nasalise  souvent.  Il  alterne  avec  la  den- 
tale mouillée  dtj  :  yégé,  di/égé,  nyégo  (K.)  ff poisson -7;  ijin,  di/iri 
r  arbre  75. 

A  son  tour  la  dentale  dy  alterne  avec  g-,  comme  il  a  été  expliqué; 
la  nasalisation  reste  et  le  son  entendu  est  ng.  Un  nom  de  village 
qu'Anderson  écrit  Binya  (c'est-à-dire  Baïnya)  se  prononce  aussi 
bien  Baïnga. 

9"  On  rencontre  quelques  exemples  d'équivalence  de  dy^  ty  en 
s.  La  forme  s  se  trouve;  surtout  dans  le  Sud.  Comme  ty  et  k  sont 
équivalentes,  on  trouve  aussi  des  exemples  d'équivalence  de  k  et 
de  s  et,  dans  certains  dialectes,  de  z.  Quelquefois  l'*  est  mouillée  : 

dyi  fteaur ,  zi  (T.); 

lyiké  ftli-availlen:,  on  entend  fréquemment  syaké,  sokc  (V.  ); 

lya  ff beaucoup ^7  (rare);  sya  (fréquent); 

.«'.se,  syé  k  poule  77  ;  tyé  (V.  )  ; 

10"  La  labiale  h  équivaut  encore  à  mi,  surtout  dans  un  mot 


472  J.-B.   RAMBALD. 

dissyllabe  où  les  deux  voyelles  sont  les  mêmes.  De  même  t  et  n; 
la  première  voyelle  est  alors  nasalisée  : 

hama ,  banba  n  caïman  -n  ; 

(ama,  lanha,  tanbo  (Kh.)  rlame^; 

kama,  konba,  khanba  (Kh.)  rre'paulc». 


VI 


VOCABULAIRE. 

Pour  éclairer  par  des  exemples  ce  qui  a  été  dit  du  paragraphe 
précédent,  nous  réunissons  ici  un  certain  nombre  de  mots  dont 
la  parenté  ne  fait  pas  de  doute  : 

(M.)  kili  rœuf^;  (V.)  kéri;  (S.)  khilé; 

(M. )g-ou/ow  [Nord]  tr  peau,  cuirn;(i\l.)  [Sud]  boulo ;  [S .) gbouro ; 
(S.)  gboiini; 

(  M .  )  sigi  tf  s'asseoir ^  ;  (  V .  )  si;  ( S . )  sikhi ; 

(M.)  sise,  syé  rpoulew,  (V.)  tyé;  (S.)  ttjokhé; 

(M.)  siri,  siti,  sti  '•attacherr;  (V.)  kiri,  (S.)  kiti.  A  rapporter 
encore  à  cette  racine  le  mot  mandé  dijouloii  p-lien,  corde i^,  par 
changement  de  s  en  dij  et  addition  de  particule  Ion; 

(V.)  <li/a  '.•  tout  ce  qui  est  mauvais 75  ;  de  là,  di/ougou  r  mauvais:?  ; 
dijaufa  tf trahisons; 

(M.)/rt  rremplirw;  (V.)/a;  [9).)foukha; 

{M.)Jolo  f- premier  n;  (V.)  péné; 

[M.)  boulon  rfmainr»;  (B.)  blo;  (V.)  boro; 

(M.)  soklioma,  sakhoma  r-matin^^;  (Kour.)  soma;  (V.)  sama; 

(M.)  koroudi  '•colon':;  (Kour.)  kodomîi;  (\.)  koijondi; 

(M.)  t(nd)i  "passer^;  (B.)  léinr; 

(M.)  dountoun  rcoq^,  (B.)  doiino. 


MASDK. 

Peau goitlou,  boulon 

Tète Icouu 

Glieveu kounsi 

Cou kan 

Epaule kama,  kamha 

Bras boulon ,  blo  (B) 

Main boulon,  blo  (B) 

Coude munkoun 

Fesses dyou 

Cuisse ivoro 

Genou kamarinkouu , 

kounbéré 


faleï,  kiri 

gbourou 

II 

koun 

koun 

vioun 

kounsakhé 

koundi 

moundé 

II 

II 

kivagi 

fatigé 
bclakhc 

II 
bouro 

n 
II 

bclakhc 

bouro 

II 

II 

II 

II 

«   // 

II 

II 

// 

II 

II 

khimbi 

kounbéré 

II 

LA    LA.\(iUE 

MANDÉ 

473 

MANUK. 

soso. 

VAÏ. 

lOMA. 

Pied. .  .  . 

siii 

sait 

hcn 

V 

Veines.  . 

Jasa 

fusa 

■  y 

II 

Cœur.  .  . 

sov 

II 

II 

:i 

OEil. .  .  . 
Oreille.  . 

ijé,  nyé,  dijc 

tOuloH 

nya 
louli 

dya 
loro 

II 

II 

Bouche. . 

(la 

dé 

da 

II 

Dent  .  .  . 

mji 

nyi 

nyi 

ningé 

Langue  . 

lira 

lien 

né 

né 

Visage.  . 
Doigt.  .  . 
Os 

n>/é,  iifjn 
koni ,  koundi 
hourou,  kouloH 

nya 

hdè ,  ivari 

dya 

1 
lîourou , 

soulou 

II 
II 
II 

MI 

FORMATION   DES  MOTS. 

On  lrou\(j  en  mande'  des  (Me'nients  auxiliaires  ayant  gardé  leur 
sens  [jropre  et  agissant  d autre  part  comme  ('lémenls  principaux, 
et  d'autres  qui  n'ont  aucun  sens  par  eux-mêmes  et  ne  s'emploient 
qu'en  juxtaposition  avec  des  éléments  principaux.  Par  exemple, 
le  mot  kono  veul  dire  r  ventre  et  s'emploie  comme  élément  auxi- 
liaire dans  le  sens  de  ff  «  Vintérienr  de^.  On  dira  ba-kono  rdans  la 
rivière 5?.  Mais,  d'autre  part,  on  dit  aussi  baro,  où  lélément  ro  n'a 
aucun  sens  propre  et  s'emploie  seulement  en  composition  avec 
un  sens  correspondant  à  celui  de  la  préposition  fdans'i. 

^■ous  avons  vu  que  le  plus  giaud  nombre  des  éléments  de  la 
langue  mandé  sont  dissyllabiques  ou  monosyllabiques.  Mais  beau- 
coup d'éléments  monosyllabiques  proviennent  de  contraction  de 
dissyllabes,  et  beaucoup  d'éléments  di.ssyllabiques  sont  déjà  en 
eux-mêmes  des  composés. 

La  langue  mandé  présente  un  grand  nombre  d'homonymes. 
Les  uns  sont  réellement  des  homonymes  ayant  un  sens  différent; 
d'autres  proviennent  de  contractions.  Dans  le  premier  groupe, 
nous  rangerons  : 

ha  "mère,  chèvre,  grand,  rivière^;  —  ko  "j'uisseau,  dos?»; 
—  fé  :- calebasse,  vers''. 

D'autre  part,  on  a  : 

/«r  prendre^  et /a,  contraction  de  taklia  "allers  ; — da  r  bouche i 
et  du,  contraction  de  dakha  r  potr»;  - — fa  w père,  plein -^  et/fl,  con- 
traction ait  fakha  r  tuerai;  —  ko  •? ruisseau,  dosr>  et  ko,  contrac- 
tion de  kokho  f-sel^;  —  bé  f'ètre«,  particule  de  l'aoriste,  et  hé 

Vl'.M.    I.ING.    —    l\.  3l 


474  J.-B.  RAMBAUD. 

trtousw,  qui  est  la  contraction  d'une  racine  que  l'on  retrouve  en 
vai  sous  la  forme  péné,  et  en  soso  sous  la  forme  biri. 

Une  méthode  de  composition  fréquente  est  le  redoublement 
de  Téle'ment  simple.  Ce  phe'nomène  se  rencontre  dans  un  certain 
nombre  de  noms  d'animaux  :  kosokoso  ff  vipère  n;  donntoun  crcoq»; 
ménéméné  «  fourmi  n;  banba  f  caïman  75;  manimja  frboa^i. 

Ce  redoublement  sert  encore  à  rendre  les  onomatopées  :  dandan 
:f  tambour  71;  taïantalan  «  cloche,  cymbale  w;  sousou  tf  moustique 75  ; 
dondon  c bourdonnement,  guêpe». 

Avec  les  éléments  ayant  le  sens  d'adjectifs,  le  redoublement 
exprime  la  qualité  à  un  haut, degré.  Bérébéré  tftrès  bien,  beau- 
coup 75;  dindin  ctlout  petit»;  dondidondi  cftrès  lentement»;  moundi- 
moundi  tr tout  doucement»;  sasa  rrà  l'instant»,  du  mot  arabe  sa 
tr  heure». 

Du  mécanisme  grammatical  du  mandé,  il  suit  que  le  même 
radical  a  plusieurs  significations  se  rapportant  toutes  à  la  même 
idée,  lesquelles  se  distinguent  dans  les  langues  plus  avancées  par 
des  phénomènes  différents.  Ainsi  la  racine  si  veut  dire  rr  arriver, 
arrivée,  lieu  d'arrivée»;  folo  signifie  ff premier,  d'abord,  com- 
mencer, commencement»;  kélé  a  guerre,  rixe,  se  battre,  combat, 
troupe»;  smecf champ,  culture,  semer». 

D'autres  fois,  au  contraire,  la  modification  de  la  racine  se  fait 
par  juxtaposition  d'un  élément  auxiliaire,  comme  nous  le  verrons 
plus  loin.  Ces  éléments  auxiliaires  ont  tout  à  fait  l'allure  de  nos 
préfixes  et  suflSxes.  En  examinant  de  près  certains  mots,  on 
s'aperroit  qu'une  partie  ne  fait  pas  réellement  partie  intégrante 
de  la  racine,  mais  paraît  être  un  sufExe  qui  y  a  été  incorporé. 
Par  exemple,  kouma  cr parler,  parole»  provient  de  l'adjonction 
d'une  particule  ma  à  la  racine  kou  que  l'on  retrouve  dans  ko  cr  dire  »  ; 
dotigoiima  rrbas,  par  terre»,  de  la  même  particule  ajoutée  à  dougoii 
ff terre,  sol»;  doroma  tf petit»  provient  également  d'un  élément 
primaire  que  l'on  retrouve  en  vaï  sous  la  forme  dori  r petit»;  lu- 
khama  r  marcher,  marche»,  de  taklia  fr aller». 

D'autres  éléments  paraissent  a\oir  perdu  un  sulfixe.  On  j)eut 
rapprocher  le  mandé  boulon  rr  bras  »  du  soso  balaklm ,  balaklié;  rr  eau  » 
se  dit,  en  mandé,  dyi,  en  soso ,  tjigé ;  rr  poisson»  [M .)  i/égé ,  {V .)  7itié , 
en  enlevant  le  suffixe  gé,  (S.)  ijaklié;  rr  poule»  (S.)  louklié,  (V.)  li/é, 
(M.)  stjé,  sise. 


LA   LANGUE   MANDE. 


475 


VIII 

NOMS 

DE  NOMBRE. 

Les  noms  de  nombre  sont  les  suivants  : 

MA»DÉ. 

soso. 

VAÏ. 

TOMA- 

BÉRÉSÉ. 

1 . 

kilt 

kiri 

dotido 

htla 

tant 

0 

foula 
mba 

firi 
sékoun 

fera 
^agba 

firi 
saba 

firé 
dzaba 

h. 

nnni 

nani 

nani 

nani 

nani 

5  . 

loulou 

souni 

sotou 

loulou 

loulou 

g'. 

woro 

séni 

soun  dondo 

dosita 

méhita 

7. 

8  . 

ivoron  woula 
sêgi 

soulifri 
sotdimasékoun 

sounféra 
soun  sagba 

dofira 
dosaba 

méhiré 
mé-saba 

9. 

konoulo 

soulimanani 

soun  nani 

tavou 

menait 

0. 
0. 
0. 

tan 

tan  foula  manga 

tan  saba 

fou 

makiionya 
tonga  sékoun 

tan 

mo  bandé 

mo  bandé  akotan 

pou 

poufourougo 
pou  saba 

pou 

pou  firé 
pou  dzaba 

0. 
0  . 

tan  nani 

tan  boulon ,  débè 

tonga  nani 
tonga  souli 

moféra  bandé 
II 

pou  nani 
pou  loulou 

pou  nani 
pou  loulou 

0. 

kémé 

kémé 

mo  sourou  bandé 

viougiré 

ivourou 

Parmi  les  mots  qui  expriment  le  nombre  ff  un»,  les  trois  formes 
km,  kiri,  hila  sont  identiques,  aux  changements  phonétiques  près. 
Il  reste  les  trois  formes  :  kili,  dondo,  tani. 

Les  nombres  trdeux,  trois  et  quatre  ^^  ont  la  même  forme 
partout. 

Le  mot  nani  «  quatre  ^  est  à  rapprocher  du  wolof  nyanenti  et 
du  poular  nahi,  qui  ont  la  même  signification. 

Le  mot  «cinq»  a  deux  formes  :  loulou  et  sali. 

Dans  le  groupe  mande',  le  bérése'  et  le  toma  comptent  par 
cinq.  En  soso,  trsixn  se  dit  séni;  cela  peut  être  pour  souli-ni,  r  cinq 
et.  .  .  »  En  toma,  trneufn  se  dit  tavou.  Le  mandé  paraît  faire  ex- 
ception. Mais  il  faut  remar(|uer  que  les  mots  ségi  et  kononto  ont 
évidemment  été  inventés  après  coup.  Kononto  veut  dire  frdans  le 
ventre».  Il  se  pourrait  que  ce  mot  ait  été  adopté  par  allusion  au 
nombre  de  mois  que  dure  la  grossesse. 

Pour  «dix»,  les  noms  se  réduisent  à  deux  :  tan  et  pou.  Au  pre- 
mier se  rapporte  le  mot  soninké  tamou,  et  au  second  le  mot  wolof 
fouka  avec  la  particule  ka.  Il  faut  y  ajouter  un  mot  employé  dans 
les  pays  nialinké  pour  indiquer  les  dizaines  :  bi. 

Les  dizaines  s'expriment  par  des  composés  du  mot  dix.  Trente 
se  dit  :  '^  trois  dizaines»  tan  saba,  etc.  Il  faut  remarquer  quel(|ues 

Si. 


47,6  J.-B.   RAMBVUD. 

mots  paii'iculiers.  Le  vaï  dit,  pour  r  vingts,  tno  bandé  «  un  homme 
entier-",  c'est-à-dire  à  qui  on  a  compté  les  doigts  aux  pieds  et 
aux  mains,  rr  Quarante ^^  s'y  dû  ma  fera  bandé  rdeux  liommes  en- 
tiers, rr  Centn ,  nio  sorou  bandé  "  cinq  hommes  entiers i^.  On  peut  ex- 
pliquer d'une  façon  analogue  le  mot  soso  makhomja  rr  vingt  17,  en  y 
de'gageanl  la  racine  mohho  "hommes.  Il  faut  en  rapprocher  le 
mande'  mouga,  moukha.  Le  mot  mande'  débé  veut  proprement  dire 
f  natte -n.  Ou  l'a  pris  pour  signifier  r-ciuarantc?  parce  que  les 
nègres  s'assoient  à  deux  sur  une  natte.  Le  mot  débé  rend  donc  la 
même  idée  rdeux  hoinnVes-"  (|ue  le  vaï  :  mofoida  bandé. 

Les  Bam])ara  comptent  comme  les  autres  Mande',  jns(|u'à 
80.  Mais  ils  emploient  le  mot  hhné  dont  la  signification  gé- 
ne'rale  est  tr centra  pour  dire  r quatre-vingts^.  Ils  continuent  en- 
suite, de  sorte  que  kémé  ni  tan  veut  dire  r- quatre-vingt-dix  n,  kémé 
ni  tan  foula  r-ceutr,  lénié  ni  tan  saba  rcent  dixr,  etc. 

Les  Mandé  seuls  ont  des  mots  pour  rendre  l'idde  du  nomhre 
ordinal.  Ils  l'expriment  par  la  particule  na  ajoutée  au  nombre 
cardinal.  Fotdana  veut  dire  '•second'-',  sabana  rr troisième i?,  etc. 
Ils  emploient  aussi  le  sutïîxe  ni/an  ou  même  ni/andou,  et  ils  disent  : 
foidanjian.  foulan nandou;  sabamja,  fiabunijandou. 

Les  multiplicatifs  se  rendent  par  le  mot  siwja  rfois^.  rrDeux 
fois?i.  sinya  foula;  f  trois  fois-",  sinf/a  saba. 

Pour  indiquer  la  distribution,  on  re'pètc  le  radical  numéral  : 
ffDeux  à  deux  17  se  i\\[J'oula-foula,  r  trois  par  trois^^  saba-soba. 


l'ROi\OMS. 
Les  pronoms  sont  les  suivants  : 


Sing.  1"  pers. 


Plur.   1  "  pers. 


a 

an 
aloH 
al  ou 


II 

n 

na 

i 

i 

i/nvé 

a 

a 

a 

nioukou 

mou 

II 

IVO 

won 

II 

i 

a  ,  anou 

II 

En  juandé,  lou  est  la  marque  du  pluriel.  Donc  alou  est  je  plu- 
riel de  a  et,  par  mutation  de  voyelle,  remplace  aussi  ilon,  qui 
serait  le  pluriel  de  /.  Le  mot  môukou  ne  diffère  de  mou  que  par 
l'adjonction  delà  particule  kou.  Enfin  le  mot  \aï  anou  est  le  même 
que  le  mandé  alou. 

Il  faut  remarquer  que  le  on  final  de  ces  pluriels  s'altère  en  1 


LA   LANGIE   MANDE.  Ml 

tlevaiil  le  y  du  siifiixe  //c'.  On  dit  :  ^  dis-leur-^  afo  aliyv,  et  non  afo 
alouyé. 

La  personnalité  s'indique  par  le  suffixe/an, yijnff  ou  béré;  rAo'i- 
mème^  ifatia,  ibéré.  Ces  suffixes  sont,  en  soso,  kan;  en  vaï,  ivanga. 

(ïes  mots  servent  à  rendre  les  pronoms  et  adjectifs  possessifs. 
Pour  les  pronoms  possessifs  on  emploie  le  suffixe  la,  dont  le  sens 
propre  est  ^partn,  et  Ton  dit:  n'tarm^  pari,  le  mien^^;  ita,  etc. 

Les  de'monstratifë  sont  : 


Pour  une  chose  rapprochée o  iia  hé 

Vowv  une  chose  éloignée nyi  i,  yi  mé 

Les  démonstratifs  mé  et  ké,  en  vaï,  s'emploient  isolés  ou  ac- 
colés, Deuiiné,  demméké  rcet  enfant  ?i. 

H  va  d'autres  démonstratifs  indiquant  le  lieu  :  "ici-^  (M.)^an, 
(V.)  nyé:  -là-  (M.)  yé,  (V.)  mu. 

Dans  tous  ces  démonstratifs,  la  consonne  dominante  est  \e'y, 
avec  ses  modifications  :  ny,  dy.  ly  =  h. 


ELEMENTS  AUXILIAIRES. 

Nous  avons  dit  que  certains  de  ces  éléments  existent  réellement 
et  expriment  des  idées  propres;  les  autres,  au  contraire,  ont  perdu 
leur  sens  primitif  et  servent  seulement  à  indiquer  les  rapports 
de  l'idée  principale  avec  les  autres  idées  de  la  phrase,  rapports 
qui  sont  indiqués  dans  d'autres  langues  par  les  terminaisons  de 
la  déclinaison  et  de  la  conjugaison,  par  les  prépositions,  etc. 
La  plupart  de  ces  éléments  auxiliaires  sont  employés  comme  suf- 
fixes. Quelques-uns  seulement  sont  préfixés. 

.S    l.     PARTICULES  AYANT  UNE  EXISTENCE  PROPRE. 

1.  Parmi  ces  mots  sont  ceux  ([ui  servent  à  indiquer  le  genre. 
La  distinction  ne  se  fait  que  pour  les  animaux.  On  indique  leur 
sexe  en  faisant  suivre  le  nom  de  l'espèce  du  mot  qui  sijjuifie 
"homme,  mâle-,  ou  de  celui  qui  signifie  fr femme,  femelle'^.  Ce 
sont  : 

(  M.  )  i(f .  (  S. )  kamé ,  (  V. )  haima ,  (  T.)  zouni  ".  mâle ,  homme  n  ;  ( M.) 

mnxisou,  (S.)  ^i7é,  (V.)  mousouma,  (T.)  hanzani  rr  femme,  femelle-^. 

Par  exemple  -fils  ou  fille ^-  se  dit  a-u  moven  du  mot  r enfant ''. 


478  J.-B.    RAIWBAVID. 

/     (  M. )  dinkp  «  filsw ,  dinmomou  t:  fille  r»;  —  ( S. )  dikamé,  digilé;  — 

Y.)  dènkaïma,  dmmousouma. 

^     La  racine  pour  l'un  des  mots  est  la  même  dans  tous  les  dia- 
cectes  :  hé,  ha,  hai.  Pour  l'autre,  le  soso  giU  diffère  de  la  racine 

ommune  aux  deux  autres  :  mousou. 

2.  D'autres  mots  servent  à  indiquer  les  rapports  d'ide'es  que 
nous  rendons  par  les  noms  d'agents,  noms  d'actions,  noms  d'in- 
struments, etc.  Les  plus  employés  sont  : 

(M.)  mohho,  (S.)  mouhhé,  (V.)  mo  rf hommes; —  {M.)Jen,  (S.) 
fé,  se;  (V.)/m  ctchosew;  —  (M.)  hou,  (V.)  ho  rr choses;  —  (M.) 
hakha  w travailler,  celui  qui  travaille «;  —  (M.)  tigi  rr maître 75; 
—  (M.)  hé  tf  hommes. 

Les  racines  bahha,  mohho,  hé  indiquent  les  noms  d'agents.  On 
dit  :  hélé  r^  guerre  v ,  héUbahha ,  hélémohho  rr  guerrier  »  ;  —  gara  v^\v, 
garanhé  k  bourrelier  15  ;  — noumou  tf  forger  w,  noumouhé  rf  forgeron  î^. 

La  racine  hé  s'ajoute  notamment  aux  noms  de  pays  pour  in- 
diquer leurs  habitants. 

La  racine  tigi  indique  l'homme  qui  a  la  qualité'  indique'e  par 
la  racine  principale.  Le  mot  tigi  veut  dire  proprement  rr  maître  n. 
C'est  l'analogue  du  bou  de  l'arabe  vulgaire.  Doiigou  rr  village  w ,  <^m- 
goutigi  r  chef  de  village  w  ;  —  lou  rr  case  r> ,  loutigi  v  chef  de  case  -n  ;  — 
dyanfa  r'  trahison  v ,  dyanfatigi  rr  traître  v>  ;  —  samba  rr  force  n ,  samba- 
tigi  rr  fort  17. 

La  racine  Jen  indique  la  chose  qui  sert  à  l'action  du  verbe. 
Balou  r  nourrir  V,  baloujen  r  nourriture  v. 

La  racine  hou  s'emploie  en  pre'fixe.  Elle  indique  le  rapport 
d'idée  exprimé  par  nos  adverbes.  5o6é  rrbonw,  honsobé  rr  bienw;  — 
dyougou  crdésagre'able»,  houdyougou  rrmalr. 

3.  Le  mot  din  rrenfantw,  sert  à  former  des  diminutifs.  Il  sert 
aussi,  avec  les  noms  d'arbres,  à  indiquer  les  fruits.  Yiri  rr  arbres, 
yiridin  «  fruiti^  ;  —  tamarou  rr  dattier» ,  tamarovÂin  rr  datte  i^  ;  —  honho 
rr  talus»,  konhodin  rr  petit  talus». 

à.  Certains  adverbes  de  lieu  et  de  position  expriment  des 
rapports  qui  sont  rendus  en  mandé  au  moyen  de  noms  de  par- 
ties du  corps.  Ainsi  han  veut  dire  rrcou»  et  rren  haut»;  —  ko 
rrdos»  et  rr  derrière,  en  arrière  de»;  kono  rr  ventre,  à  l'intérieur 
de,  dans»;  —  nya  rrœil,  visage»  et  rr  devant». 

Tinti  rr  montagne»,  tintikan  rrén  haut  de  la  montagne»;  — 
ba  rr  rivière»,  bako  rr  derrière  la  rivière,  de  l'autre  côté  de  la  ri- 
vière »  ;  —  boun  k  case  » ,  bounhono  k  dans  la  case  »  ;  —  sou  rr  cheval  » , 
sdunya  rr  devant  le  cheval». 


LA   LANGUE  MANDÉ.  .  ^79 

Dans  le  même,  sens  de  trsur,  au-dessus  de»,  on  trouve  em- 
ployé le  mot  s(ni  trciel^  et  santo  frdans  le  ciel»  pour  signifier 
ff  dessus  11. 

Enfin  le  mot  ijé  fflàr»  sert  à  préciser  le  démonstratif.  Niji 
mousou  yé  ff cette  femme-là»;  nyi  yiri  yé  crcet  arbre-là». 

5.  Une  autre  racine  ké,  dont  le  sens  propre  est  cf faire»,  sert 
à  construire  des  verbes  neutres.  Séné  r?  cbamp  » ,  sénéké  k  cultiver»  ; 
—  don  tf danse»,  donké  r danser»;  —  domoU  k repas»,  donioliké 
r  manger»  (faire  son  repas). 

S  '2..    PARTICULES  N'AYANT  PAS  UNE  EXISTENCE  PROPRE. 

A.  —  Particules  nominales. 

1.  On  trouve  certaines  particules  fréquentes  dans  les  noms 
et  qui  n'ajoutent  pas  une  idée  particulière  à  la  racine  princi- 
pale. Ce  sont  :  klia,  khé,  kho,  ga,  gé,  gi,  go.  M.  mokho,  S.  moukhé, 
V.  mo  ff  homme»;  élément  principal,  mo.  S.  toukhé,  V.  thyé,  M.  sise, 
syé  K  poule  »  ;  —  S.  yigé,  V.  M.  yi,  dyi  rr  eau  »  ;  —  dougou ,  dou  ff  vil- 
lage». 

La  particule^o  s'ajoute  souvent  par  euphonie  à  certains  mots  ter- 
minés en  voyelle  nasalisée.  Bonn  «  case» ,  houngola  rr  dans  la  case»  ; 
loun  rrjour»,  loungo  loun  rrtous  les  jours»;  —  lalan  rrlit»;  K.  la- 
hngo;  —  dm  (M.),  dingo  (K.),"  dé  (B.)  tf  enfant». 

La  particule  ma  est  également  très  fréquente.  Ko  «dire», 
kouma  f  parole,  parler»;  taMa  t: aller»,  takhama  cr marche,  mar- 
cher-^. Elle  se  trouve  dans  les  mots  vaï  :  kaïma  r  homme»,  mou- 
soMmat femme»;  —  dou  w entrer»,  doumo  «faire  entrer,  manger». 
Il  semble  subsister  là  un  reste  d'un  mot  ma  ft  faire  » ,  qui  se  re- 
trouve avec  ce  sens  en  vaï,  mais  perdu  en  mandé, 

2.  Le  suflSxe  lou  indique  l'idée  de  pluriel.  Nisï  rrbœuf»,  ni- 
.si/ou  ff  des  bœufs».  Il  ne  s'emploie  jamais  avec  un  nom  de  nombre. 
Il  semble  venir  du  mot  lou,  qui  veut  dire  tr réunion  de  cases  où 
habite  une  famille».  Nisilou  voudrait  dire  tf  famille  de  bœufs». 

Cette  particule  s'ajoute  également  à  un  certain  nombre  de 
mots  dont  le  sens  correspond  non  à  celui  de  nos  substantifs,  mais 
à  celui  de  nos  adjectifs.  Dans  ce  cas,  le  mot  qui  correspond  au 
nom  ne  prend  pas  le  pluriel.  Ces  mots  sont  ceux  qui  s'emploient 
seuls,  sans  aucune  |)articule  en  préfixe.  Ils  sont  en  petit  nombre 
et  expriment  les  couleurs,  les  sensations  principalement.  A!b  rr  ruis- 
seau», kolou  frdes  ruisseaux»,  ko  woyo  «run  ruisseau  rapide», 
ko  woyolou  ffdes  ruisseaux  i-apides». 

Elle  s'ajoute  également   aux   démonstratifs  employés   seuls. 


''iSO  .    J.-i!.  nuiP.AUi). 

c'est-à-dire  correspondant  à  nos  pronoms.  Nyi  r celui-ci,  7iyiloi( 
K  ceux-ci^. 

3.  La  particule  la  (et  na)  indique  le  nom  d'auteur.  Nisigida 
ffle  gardien  de  bœufs i:,  de  nisi  tthœu^n,  et  gé  ffsoigner-o;  saké- 
lala  rla  sentinelle -o,  de  sakéla  cf  garde  s;  —  takhama  rr  marchera. 
lalhamnla  r  voyageur '■;  —  .sénékala  ff  cultivateur n,  de  sénéla  rr cul- 
tiver n;  —  donkili  r  chanter  w,  doiikUila  r  chanteur  r- ;/fl^Art  rtuer^. 
fakhala  ff  celui  qui  tue'?.  Elle  indique  également  l'instrunjent  : 
sig'i  ff  s'asseoira ,  sig-j/fl  «  siège  «.  —  La  trêtre  couché»,  laJa  r[\[n\ 
tégé  ff  couper  15,  tégéîa  -f  hache  n. 

On  trouve  aussi  le  suffixe  ba  pour  indiquer  le  nom  d'auteur, 
("est  probablement  un  abrégé  de  hakha. 

h.  Deux  racines  auxiliaires  rendent  l'idée  de  nos  noms  abstraits 
et  de  nos  noms  d'action.  Ce  sont  //  et  ya  ou  nya.  Domo  r  manger-', 
tlowoli  fie  repasTi;  —  di  "ce  ({ui   est  agréable»,  diya  rplaisir--. 

5.  La  racine  nda  indique  les  accidents  de  terrain.  Digi  r  des- 
cendre», diginda  rla  descente,  la  pente»;  —  iégè  ff  traverser», 
tégénda  ffle  passage»;  —  boula  ffllnir»  (en  parlant  d'une  rivière); 
boulanda  ffle  confluent--;  —  yéU  ff  monter»,  yélénda  ffla  montée, 
la  rampe». 

B.  —  Particules  adjef^tives. 

1.  Nous  indiquerons  d'abord  celles  qui  servent  à  formel-  des 
augmentatifs  et  des  diminutifs. 

Augmentatifs  :  ba. 

Diminutifs:  di  [din  ff  enfant»),  lé,  ni. 

Nous  avons  déjà  signalé  l'emploi  du  mo\  din  ffenfant».  comme 
diminutif  : 

Kono  K  ventre»,  konoba  ffgros  ventre»;  —  tinti  ff  colline»,  tin- 
tiba  ff  montagne»;  —  ba  tf  rivière»,  balé,  bali,  bani  ff])etite  ri- 
vière»;—  boim  "ample»,  bounba  rtgrand,  spacieux,  beaucoup»; 
—  mésr  ff  petit-,  wésétii  ou  méséndi  fftout  petit»;  — Je  "  cale- 
basse», féli  ff  petite  calebasse»;  — f/orowrtHr// ff  petit»,  de  la  racine 
do  avec  les  particules  ro,  ma.  di. 

2.  Nos  participes  passés  et  présents  se  rendent  |)ar  les  suffixes 
ro,  ta,  la,  qui  ont  le  sens  de  ffdans»,  pour  le  participe  présent, 
et  la,  lé,  pour  le  participe  pas'sé  ou  l'adjectif  verbal.  MinlokJio 
ravoir  soif»,  minlokhoto  w ayant  soif»  (dans  la  soif). 

Tfl/«/>/ -passer»,  iambitn  ffen  passant-. 

Fakha  '-hA^ev^ ,  fakhala .  Jhkltalr  r- brisé,  mort-. 


LA    LANGUE   MANDE.  A81 

H.  Beaucoup  d'adjectifs  se  rendent  par  les  racines  rin ,  ri>,  h- 
el  ha,  placées  eu  suffixes.  Fusa  '■\e[iie-^,  fasalé  tuuiigreri;  kama 
" épaule -^ ,  kamarin  "  homme  lait  v  ;  domoli "  repas -^ ,  domoliba  r  uiaji- 
geablerî. 

à.  La  racine  ta,  qui  a  le  sens  de  rpartr^  et  d'où  vient  talo 
f  partager^,  sert  à  rendre  les  pronoms  possessifs,  ainsi  (]ue  nous 
l'avons  vu. 

5.  Un  grand  nombre  de  racines  se  combinent  avec  la  pai- 
ticule  ko  ou  kha  en  préfixe  et  prennent  des  sens  correspondant 
à  ceux  de  nos  adjectifs  qualificatifs./)/,  idée  de  "chose  agréable-, 
a  ka  di  r  c'est  agréable  •';  di/an.  idée  d'téloignementiî,  a  ka  dtjnu 
(t  éloigné  s;  sourou,  idée  de  r  petitesse  r?,  a  ka  sourou  r  petit  •^. 

H  est  à  remarquer  ([ue  ces  racines  ne  s'emploient  jamais  iso- 
lées. Pour  dire  ffun  homme  bon  11,  on  dit  -un  homme  il  est 
bon-)  mokho  a  ka  nifi  :  —  trie  village  éloigné 'i  dougou  a  ka  di/ai\ 
ffje  village  il  est  éloigné ->;  —  r-la  rivière  large-"  ha  a  ka  honn. 


C  —  Particules  circonstancielles. 

Elles  répondent  à  peu  près  à  nos  |ir(''positions.  Les  j)rincipales 
sont  : 

Fan .  fana  -  à  côté  de n ,  chez •?  ;  /c  -  vers •^•,ro,lo,  la .  ma  r.  dans n  ; 
ma  r  avec -^  ;  tyé  r  entre r<  ;  ye  t;  à t». 

Tinti  -  montagne  - ,  iintifé  -  vers  la  montagne  -^  ;  —  ha  r  rivière  -n , 
haro  fdans  la  rivière-';  hada  rrla  rive'^.  hadala  -sur  la  riveti;  — 
kfèndi'  r  hache 7^,  yendéma  ravec  la  hache "^;  —  tala  f  partage  «, 
lalantyé  r  au  milieu^,  tiféma  rie  milieu-",  ti/émolo  -au  milieu -i;  — 
ajh  ;noMsoM(/c  ~  dis  à  la  femme  ■«. 

Le  suffixe  yé  s'emploie  ordinairement  dans  le  même  sens  que 
notre  datif.  Mais,  avec  le  verbe  di  rdonner^.  on  emploie  ma: 
adi  mousouma  adonne  à  la  femme 77. 

Les  particules  ro,  to.  ma  s'ajoutent  également  aux  mots  <[ui 
expriuient  les  mêmes  rapports  que  nos  adverbes,  et  dont  nous 
avons  parlé  plus  haut.  Ko  r derrière 77  donne  koro,  koto  ffdei- 
rière77,  et  par  extension,  r sous 77;  kofé  '^ derrière^,  avec  mouve- 
ment, et  koma  rde  derrière  77;  —  bankoro  ffsous  les  palmiers  77 
lintikofé  •? derrière  la  montagne^,  tintikoma  rde  derrière  la  mon- 
tagne 75. 

De  même,  san  et  dessus 77  donne  santo  r  su  1-7;  —  nya  "devant-' 
donne  nyatn  -en  avant  dei^;  —  dougou  ''teri'e-7  l'ait  dougnuma 
Tcn   bas-. 


'|82  J.-B.   RAMBAUD. 

Fé  forme  un  certain  nombre  de  locutions  ayant  l'idée  de  cf  di- 
rection-". Ko  ff derrière T),  kofé  cr derrières;  — fan  tf direction rt , 
fatifé  tfdu  côté  den;  —  kéré  rrtout  le  tour  75,  kéréfé  «autour  de  ri. 

D.  —  Particules  verbales. 

Les  particules  verbales  sont  les  suivantes  :  bé,  ka  ou  kha;  ra 
ou  ta.  Les  deux  premières  se  placent  en  avant  du  corps  de  la 
racine  verbale;  la  dernière  se  place  en  suffixe. 

1.  Bé.  La  particule  bé  s'emploie  dans  les  mêmes  cas  que  notre 
présent  et  notre  futur.  Elle  caractérise  donc  l'analogue  du  temps 
aoriste  de  l'arabe.  Devant  cette  particule,  le  pronom  de  la  i"  per- 
sonne s'élide  et  devient  m'.  Devant  le  pronom  de  la  2^  ou  de  la 
3"  personne,  cette  particule  s'élide.  Il  arrive  que  sa  voyelle  se 
modifie  euphoniquement,  en  rapport  avec  celle  de  la  1"  syllabe 
de  la  racine  principale.  On  a  alors  les  formes  ba  ou  bi.  Na  rr  ve- 
nir t»,  a  bé  na  cril  vient •«•,  —  gosi  «battre  15,  nibé  gosi  «je  bats-^ 
ou  ffje  battrais,  m'b'i  gosi  «je  te  battrai ^5;  —  sigi  «être  assise, 
inbi  sigi  «je  suis  assise. 

Bé  s'emploie  avec  les  mots  formés  avec  le  suffixe  la,  lé,  ba, 
et  ayant  un  sens  analogue  à  nos  participes  ou  à  nos  adjectifs 
qualificatifs.  Domoliba  «gloutons,  a  bé  domoliba  «il  est  glouton  15; 
—  fakha  k casser 'n,fakhala  «cassée,  a  béfakhala  «il  est  cassée. 
On  retrouve  là  le  feens  propre  de  bé,  qui  veut  dire  «être,  se 
trouver  T). 

2.  Ka  ou  kha.  Cette  particule  a  des  usages  très  différents. 
Elle  répond  d'abord  à  l'idée  de  passé  dans  les  verbes  transitifs. 
Si  «  creuser  w,  a  ka  si  «il  a  creusée;  . —  tégé  «coupent,  a  ka  tégé 
«il  a  coupé  15. 

En  second  lieu,  elle  rend  l'idée  de  commandement.  L'impé- 
ratif peut  s'exprimer,  d'ailleurs,  en  énonçant  simplement  l'élé- 
ment principal,  quand  il  s'agit  d'une  seule  personne.  Dans  ce 
cas,  cette  racine  est  précédée  souvent  du  pronom  de  la  9*  per- 
sonne, qui  se  change  fréquemment  en  a.  Quand  on  s'adresse  à 
j)lusieurs  personnes,  on  emploie  ka  ou  non,  mais  on  fait  tou- 
jours usage  du  pronom  alou.  Na  «  venir  r>,na,  a  na ,  i  ka  na  «  viens  -n  ; 
alou  ka  na  «venez»;  —  bori  «  courir  r»,  ibori  «cours». 

Cette  même  forme  sert  à  la  première  personne  du  pluriel.  An 
ka  takha  «allons»,  de  takha  «aller-". 

Enfin  la  même  parlicule  ka  marque  la  subordination  de  deux 
actions.  Afo  a  yé  a  ka  na  r  dis-lui  qu'il  vienne». 

3.  Ba,  ta,  se  place  en  suffixe  et  rend  l'idée  du  passé  dans  les 


LA   LANGUE   MANDÉ.  483 

verbes  intransiMfs.  ]\a  ffvenirw,  a  nata  cfil  est  venuw;  —  sigi 
rt  s'asseoir»;  a  sigita  ffil  s'est  assis»;  —  takha  ou  ta  te  s'en  aller», 
a  takhata  ou  a  tara  rf  il  s'en  est  allé». 

Quand  la  dernière  voyelle  de  la  racine  principale  est  nasa- 
lisée, il  s'introduit  un  a  euphonique.  —  Pan  fr voler»  (en  par- 
lant des  oiseaux);  a  panara  c'\\  s'est  envolé».  Ou  bien  ra  se 
change  en  na  par  mutation  de  liquide,  et  la  voyelle  nasalisée 
devient  simple.  Bmi  r finir»,  a  hania,  abana  «il  a  fini».  Mo 
f  cuire,  mûrir»;  a  mona  ril  a  mûri,  il  est  mûr». 

La  distinction  entre  les  verbes  actifs  et  neutres  au  point  de 
vue  de  l'emploi  de  ka  et  ra  est  rendue  sensible  par  le  rappro- 
chement que  l'on  peut  faire  d'une  même  racine  employée  dans 
les  deux  sens.  Ainsi,  on  dit  : 

Kou  ff laver»,  a  kafani  kou  ail  a  lavé  son  pagne»,  a  koura  tril 
s'est  lavé»; 

Bo  cr  sortir  n,aka  diji  bo  :r  il  a  vidé  Teau  » ,  a  bnra  rr  il  est  sorti  »  ; 

Fa  rr remplir»,  a  ka  dakha  fa  cfil  a  rempli  la  cruche»;  dakha 
fara  rrla  cruche  a  été  remplie». 


E.  —  Particules  négatives. 

Les  particules* négatives  verbales  sont:  té,  ma  ou  man  et  kana. 
Té  s'emploie  dans  les  cas  oîi  l'on  emploierait  bé  s'il  n'y  avait  j)as 
de  négation.  Ma  s'emploie  dans  les  cas  oii  l'on  emploierait  ka  ou 
ra.  Il  y  a  exception  pour  l'impératif,  dont  la  particule  négative 
est  ka)ia. 

Ainsi,'  on  dit: 

Takha  "s'en  aller»,  mbé  takha  rt je  m'en  vais»,  nté  takha  r  je 
ne  pars  pas»,  a  takhata  rfij  est  jiarti»,  a  man  takha  rril  n'esl  pas 
parti»,  i  kana  Iakhn  r  ne  pars  pas^. 

Kou  'flaver»,  a  bé  kou  r il  lave»  ou  r'i\  lavera»,  an  té  kou  "il 
ne  lave  pas»  ou  rr  il  ne  lavera  j)as»,  a  ka  kou  ce  il  a  lavé»,  a  koura 
ffil  s'est  lavé»,  a  ma  kou  rril  n'a  pas  lavé,  il  ne  s'est  pas  lavé», 
i  kana  kou  rue  lave  pas». 

La  particule  ma  s'emploie  comme  correspondante  de  Ây/ comme 
racine  auxiliaire  d'adjectif.  A  ka  niji  cr  c'est  bon»,  a  ma  ni/i  crée 
n'est  pas  hon»;  a  ka  golé  ce  c'est  difficile»,  a  man  goU  "c'est 
facile». 

La  particule  hali  ou  bari  rend  l'idée  de  c privation»  et  corres- 
pond à  des  adjectifs.  Elle  traduit  également  notre  préposition 
sans  avec  un  nom.  Lon  cr  savoir»,  lonbalt  ce  ignorant,  sans  science». 


^i8/i 


.I,-B.    lUMBVUD. 


F.  —  Diverses. 


0;  s'emploie  avec  un  mol  répété  pour  7'ciidre  l'idée  de  tota- 
lité absolue.  Mokho  f  homme i^,  donne  vioklio-mohho  rrlout  le 
monde»;  dougou  tr village n,  dougou-o-dougou  rtous  les  villages-^; 
tourna  ff  temps w,  toumo-tounm  rrtout  le  temps 7?. 

Cette  idée  se  rend  encore  par  le  mot  bé  :  mokho  hé  f  tons  les 
hommes»;  (don  hé  ha  na  r\enez  tousr. 

Lé,  lémou,  don;  ces  particules  servent  à  insister  sur  Tidée.  Par 
exemple,  on  dit:  c:je  suis  roi»  néfama;  mais  on  dira  :  né  fama 
don  tr c'est  moi  qui  suis  le  roi»;  —  rr c'est  à  moi  ces  bœufs»  nyi 
iiisi  nta  lémou;  —  crcjui  est-ce?  (qui  est-là»?)  dijon  la? 

lé;  cette  particule  a  le  sens  de  rà,  vers»;  elle  rend  une  idée 
qui  correspond  à  notre  datif.  rJe  lui  ai  dit»  nkafo  aijé.  Elle 
s'em])loie  aussi  dans  un  sens  assez  rapproché  de  celui-là  conte- 
nant l'idée  de  n-parvenir^^  frje  suis  roi»  néfama  ijé,  ou  même 
ntjé  fama  yé  rje  suis  devenu  roi». 

Pour  exprimer  la  même  idée  au  passé,  on  emploie  le  mol 
touma  r'tem|)S»,  abn'gé  en  Umm'.  ".T'ai  été»  iiloiim"  bé;  cfj'ai  été 
roi'!  iitoum'bé  fama  i/é:  —  "qui  était  là?»  dyon  lé  iouma? 

Quand  lidée  se  rapporte  à  un  état  futur,  on  emploie  le  mot 
ké,  dont  le  sens  propre  est  r faire,  devenir».  «Je  se'rai  roi»  né 
fama  ké,  ou  n^ké  fama  yé. 

XI 

DE  L'ORDRE  DES  MOTS. 

Nous  avons  vu  <|ue  les  éléments  auxiliaires  ])ermetlent  d'in- 
diquer un  certain  nombre  de  nuances  de  la  pensée,  notamment  : 

Les  rapports  de  lieu  ou  de  position; 

Les  rapports  de  temps  ou  de  cause; 

L'imminence  ou  l'accomplissement  de  l'action. 

Il  n'y  a  pas  de  racines  exprimant  les  rapports  des  idées  dans 
la  phrase.  On  trouve  bien  quelques  démonstratifs  et  pronoms  et 
aussi  la  racine  ta  qui  sert  à  former  les  pi'onoms  possessifs  et  pa- 
raît un  premier  pas  >ers  le  jfénitif.  Mais  il  n'y  a  rien  qui  dis- 
tingue nettement  dans  une  phrase  le  sujet  et  le  complément. 
On  ne  peut  les  reconnaître  qu'à  leurs  places  dans  la  phrase.  La 
construction  est  tout  pour  le  sens. 

La  phrase  se  construit  de  la  façon  suivante  : 

1°  En  premier  lieu,  le  sujet; 

2"  Les  particules  verbales  profixes; 


LA    LANGLE    MANDE.  Z|Oi) 

3"  Le  coinplémput  diroct; 

fi°  Le  verbe  avec  les  particules  verbales  suffixes; 

5°  Les  comple'ments  circonstanciels. 

Exemples  : 

r-La  mère  \R\e-^  ba  bé  kou; 

r:La  mère  lave  le  pagne ^  ha  bé  faui  hou; 

r-La  mère  s'est  lavée 'î  ba  koura : 

rLa  mère  lave  le  pagne  dans  Toan'i  ba  bé  fani  kou  di/iro. 

Quand  il  y  a  plusieurs  sujets,  on  en  met  un  au  début  de  la 
pbrase,  les  autres  à  la  fin.  rLe  père,  la  mère  et  l'enfant  vien- 
dront i /a  bé  na  ani  ha  ani  din  rie  père  viendra  et  la  mère  et  Ten- 
tant-. 

Les  mots  (jui  correspondent  à  nos  adjectifs  qualificatifs  se  pla- 
cent après  ceux  qui  correspondent  à  nos  substantifs.  Mais  il  faut 
remarquer  qu'ils  se  rendent  par  une  phrase  tout  entière  :  mokho 
ka  Di/i  -un  homme  bon-?  (un  homme  qui  est  bon).  Ceux  qui 
modifient  lidc^e  du  verbe  (adverbes)  se  placent  après  le  verbe. 
trLa  vieille  mère  lave  le  pagne '^  ha  koro  bé  fani  kou.  rLa  vieille 
mère  lave  le  pagne  rouget  ba  koro  bé  fani  ivoulé  kou.  rLa  vieille 
mère  lave  bien  le  pagne  rouge  dans  l'eau -^  ba  koro  hé  fani  ivoulé 
kou  kousobé  di/iro. 

Il  y  a  exception  pour  les  particules  négatives  qui  se  placent  en 
j)re'fixes  et  pour  les  démonstratifs  qui  précèdent  le  nom. 

Le  nom  qui  modifie  un  autre  nom  se  mettra  imme'diament 
après  lui.  "Le  parc  à  bœufs -^  nisi  woré  (bœuf  parc).  rLa  pioche 
du  cultivateurn  sénékéh  daba  (cultivateur  pioche).  rLe  chef  de 
village'^  dougnu  tigi.  De  même,  les  pronoms  personnels,  dans  le 
cas  où  ils  indiquent  des  sujets  de  possession,  se  placent  avant 
le  noju  de  Tobjet  possédé.  Mfa  rnion  père*:  (le  père  de  moi); 
i  ba  rta  mèrew  (la  mère  de  toi);  né  boun  kono  rdans  ma  case-). 

Cela  explique  pourquoi  les  mots  qui  expriment  les  rapports 
de  position,  comme  kan ,  ko,  konn,  ni/a,  se  placent  en  suffixe;  et 
aussi  les  pai'ticules  sans  signification  propre  indiquant  des  ra[)- 
ports  de  circonstance. 

Le  complément  direct  se  distingue  simplement  par  sa  posi- 
tion dans  la  phrase;  il  n'est  accompagné  d'aucune  particule.  Les 
particules,  au  contraire,  distinguent  les  compléments  circon- 
stanciels. 

Le  rapport  d'attribut  se  marque  de  différentes  façons  :  quand 
l'attribut  est  un  substantif,  il  est  joint  an  sujet,  en  g(''néral,  par 
simple  apposition  :  n'toklio  Mahmadou  "  mon  nom  est  Mahiiiadou", 
i  mokho  héré  rtu  es  un  boinnie  bonr. 


^86  J.-B.  RAMBAUD. 

Quand  l'attribut  n'est  pas  un  substantif,  il  est  accompagné 
des  particules  bé  ou  ka.  tf  L'eau  courante  r^  dyi  woyo,  re  l'eau  est 
courante  55,  dyi  bé  woyo. 

Le  plus  souvent,  les  ide'es  correspondant  à  nos  adjectifs  quali- 
ficatifs sont  rendues  par  des  mots  liés  au  substantif  par  le  rapport 
d'attribut.  Nyi  't  bon  55,  mokho  nyhna  ram  homme  bon  55,  mokho  a 
ka  nyi  crun  homme  bon 55,  littéralement  trun  homme  il  est  bon  5». 
ffLa  cruche  est  cassée  55  dakha  béfakhala,  frmon  pagne  est  sali  55 
nfani  bé  nokhoba ,  cr  une  grande  montagne 55  tinli  ka  botm,  fr  un  vil- 
lage éloigné  55  dougou  ka  dyan. 

En  règle  générale,  la  particule  bé  s'emploie: 

1°  Pour  signifier  erse  trouver 55;  a  bé  yan  fcil  est  làw  ; 
•2°  Avec  les  mots  formés  par  l'adjonction  des  suffixes  ba,  la, 
jouant  le  rôle  de  nos  participes; 
3"  Comme  paiticule  de  l'aoriste. 

La  particule  ka  s'emploie  : 

1"  Comme  particule  du  passé  et  du  subjonctif; 

2°  Comme  particule  attributive  dans  la  plupart  des  cas. 

Le  verbe  fait,  comme  nous  l'avons  vu,  des  distinctions  pour 
l'aoriste ,  le  passé ,  le  subjonctif,  l'infinitif. 

XII 

RELATIONS  DE  LA  LANGUE  MANDÉ 
AVEC  LES  LANGUES  VOISINES. 

La  langue  mandé,  avec  ses  ramifications,  forme  un  idiome 
bien  nettement  séparé  des  langues  voisines.  On  y  reconnaît  un 
très  petit  nombre  d'emprunts,  qui  viennent,  le  plus  souvent,  de 
l'arabe  et  du  poular.  A  l'arabe,  le  mandé  a  pris  les  mots  qui  indi- 
quent une  certaine  civilisation  :  les  noms  des  jours  de  la  semaine, 
certains  noms  d'objets  importés,  de  harnachement,  de  culture 
intellectuelle.  Du  poular  viennent  des  noms  d'animaux  dont  les 
Pouls  font  l'élevage  et  qu'ils  exportent  chez  les  Mandés.  On  ne 
trouve  pas  d'emprunts  faits  aux  langues  orientales,  telles  que  le 
haoussa. 

Parmi  toutes  ces  langues ,  on  peut  remarquer  la  pauvreté  du 
mandé.  Les  animaux  se  désignent  par  le  nom  de  l'espèce,  auquel 
on  ajoute  rmâleii,  rffemelle55  ou  cfpetit75  suivant  l'individu  que 
l'on  veut  désigner.  Le  poular,  au  contraire,  et  le  wolof  ont  des 
mots  spéciaux  pour  chacun  d'eux.  De  même,  les  fruits  n'ont  pas 


LA  LANGUE  MANDÉ.  Zi87 

de  noms  particuliers;  on  les  désigne  par  le  nom  de  Tarbrc  qui 
les  produit.  Et  ainsi  de  suite.  On  ne  remarque  guère  de  richesse 
dans  la  langue  des  Mande  que  pour  de'signer  les  différentes  cale- 
basses dont  se  compose  leur  batterie  de  cuisine  et  surtout  pour 
les  diverses  espèces  de  mil,  qui  constituent  leur  aliment  prin- 
cipal, 

J.-B.  Rambaud. 


NOUVELLES  RECHERCHES 

SUR 

LE  ROLE  DU  LARYNX 

DANS  LES  CONSOiWES  SOURDES  ET  SONORES. 

(V0l\    HAUTE,    \OI.V   CllUCIlOTÉK,  \  01\   RESPIRATOIRE.) 


Javais  inoiiUr  autrefois,  au  nioven  do  li\'\rés  graphiques  ^ 
(|U('  ic  bruit  qui  accompagne  les  consonnes  sonores  est  produit 
par  des  Anbrations  du  larynx  identiques  aux  vibrations  des  voyelles, 
et  j'en  avais  conclu  que  la  présence  ou  Tabsence  de  ces  vibrations 
constitue  le  caractère  distinctif  des  sourdes  et  des  sonores. 

Mais  on  avait  objecté  à  cette  manière  de  voir  que  les  sonores 
se  distinguent  aussi  des  sourdes  dans  la  voix  chuchotée,  dans  la- 
(jiielle  les  vibrations  laiyngiennes  font  ce|)endant  défaut;  de  là 
une  certaine  bésilation  à  accepter  Faction  du  larynx,  même  dans 
la  parole  à  haute  voix,  qui  m'avait  engagé  à  entreprendre  des 
observations  et  des  expéiiences  plus  concluantes. 

Ces  recherches  ont  mis  en  évidence  les  faits  suivants: 

1"  Dans  la  voix  haute,  non  seulement  le  lar\nx  fournil  des 
vibrations  pendant  h's  consonnes  sonores  comme  pendant  les 
voyelles,  mais  ces  vibrations  comme  dans  les  voyelles  peuvent  se 
produire  à  différentes  hauteurs  de  l'échelle  musicale.  La  glotte 
garde  la  même  disposition  pendant  les  consonnes  sonores  (pie 
pendant  les  ^oyelles:  elle  change  au  contraire  d'aspect  pour  les 
consonnes  sourdes; 

9°  Dans  le  chuchotement,  les  vibrations  laiyngiennes  sont 
remplacées  par  un  bruit  d'une  autre  nature,  mais  également 
d'origine  laryngienne,  et  qui,  comme  les  \ibrations  de  la  pai-ole 
à  haute  voix,  reste  identique  à  Ini-même  dans  les  consonnes  so- 
nores et  dans  les  voyelles; 


'   Rosapclly,    htscripion  des  iiiunveineiits  phoiu'lirjiifs,  (  Trncau.r  du  Inhunifuire 
de  M.  Mfireif.  Pari'i .  Massoii ,  187G.) 


LE  RÔLE  DU  LARYNX  DANS  LES  CONSONNES  SOURDES  ET  SONORES.   Zi89 

3°  Enfin  il  existe  un  troisième  type  de  parole  qu'on  peut 
appeler  parole  respiratoire  ou  voix  respiratoire.  Dans  celte  ma- 
nière de  parler,  d'ailleurs  exceptionnelle ,  la  glotte  garde  toujours 
le  même  aspect,  et  toute  différence  entre  les  sourdes  et  les  sonores 
est  effacée. 

§    1.     VOIX  HAUTE. 

A.   Comparaison  entre  les  vibrations  des  consonnes  sonores 
et  celles  des  voyelles. 

Deux  trace's  simultanés  sont  nécessaires  pour  e'tudier  celte 
question:  le  tracé  des  mouvements  des  lèvres,  et  celui  des  vi- 
brations laryngiennes.  Le  tracé  inférieur  indique  les  mouvements 
des  lèvres;  sa  ligne  descend  au  moment  de  l'occlusion  buccale, 
reste  abaissée  tant  que  cette  occlusion  persiste,  et  se  relève  quand 
les  lèvres  se  rouvrent:  elle  marque  par  conséquent  le  commen- 
cement, la  durée  et  la  fin  de  la  consonne.  Le  tracé  supérieur 
donne  les  vibrations  du  larynx  inscrites  au  moyen  de  l'instrument 
actionné  par  l'organe  lui-même.  Les  tracés  originaux  ont  été  re- 
produits après  agrandissement  photographique  de  y?  de  sorte 
qu'une  seconde  est  représentée  par  une  longueur  de  8  centi- 
mètres de  Iracé. 


Fig.  1.  —  ABA.  Vibrations  laryngiennes  pendant  la  durée  de  la  consonne. 


['i,r.  2.  —  A  l'A.   Itilcrniptioii  des  \ibratioiis  laryngienne,-;  pendant  la  consonne. 

Non  seulement  on  voit  que  ces  vibrations  persistent  pendant 
la  consonne  sonore  :  aba,  tandis  qu'elles  s'interrompent  pen- 
dant la  durée  d'une  sourde  :  apa;  mais,  si  à  l'aide  d'une  loupe ,  on 

«i'.M.    LI.NG.   lù  •  ^'^ 


à90  d'  rosapelly. 

compte  combien  il  y  en  a  dans  a  centimètres  de  longueur  (ce 
qui,  avec  la  vitesse  de  rotation  du  cylindre  enregistreur  et  l'agran- 
dissement des  images,  correspond  à  un  quart  de  seconde),  on 
voit  que  ces  vibrations  ne  sont  pendant  les  consonnes  ni  plus  ni 
moins  fréquentes  que  pendant  la  voyelle  associe'e  :  elles  corres- 
pondent à  la  môme  hauteur  de  son. 


Fig.  li.  —  ABBA.   120  vibrations  doubles  à  la  seconde. 


Fig.  5.  —  ABBA.   liA  vibrations  doubles  à  la  seconde. 


Fig.  G.  —  ABBA.  iG8  vibrations  doubles  à  la  seconde. 


LE  RÔLE  DU  LARYNX  DANS  LES  CONSONNES  SOURDES  ET  SONORES.   h9\ 

J'ai  prononcé  les  groupes  syllabiques  abba,  obbo  (c  est-à-dire 
composés  d'une  consonne  redouble'e  sonore  entre  deux  voyelles) 
successivement  sur  quatre  notes  auxquelles^j'ai  cherché  à  don- 


Fig.  7.  —  OBBO.  80  vibrations  doubles  à  la  seconde. 


Fig.  8.  —  OBBO.    1  la  vibralious  doubles  à  la  secoude. 

BMBIlliiiHililililii^^ 


Fig.  9.  —  OBBO.   laH  vibr^  lions  doubles  à  la  seconde. 


Fig.  10.  —  OBBO.    17G  vibrations  doubles  ù  la  seconde. 

ncr  la  liautiur  des  (jualre  notes    d'un  accord  parlait;  et,  si  je 
compte  à  la  loupe  le  nombre   de  vibrations  ainsi  produites,  je 

32. 


d92  P""  ROSAPELLY. 

trouve  pour  abba  les  chiffres  de  22,  3o,  36,  ^2  vibrations  par 
quart  de  seconde;  l'accord  parfait  demanderait  les  chiffres  29, 
27,5 ,  33,  kU,  qui  auraient  été  obtenus  avec  une  voix  plus  juste 
que  la  mienne;  mais  le  point  important  est  que  le  nombre  des 
vibrations  a  toujours  été  le  même  pendant  une  consonne  que 
pendant  la  voyelle  associe'e  :  le  larynx  chante  pendant  les  con- 
sonnes sonores  comme  pendant  les  voyelles. 

Quant  à  l'amplitude  des  vibrations,  elle  nest  pas  moindre 
pendant  les  consonnes  sonores  que  pendant  les  voyelles.  Il  est 
même  remarquable  que  sur  beaucoup  de  tracés  les  vibrations  des 
consonnes  sont  très  nettement  inscrites,  tandis  que  celles  des 
voyelles  font  défaut.  Cela  ne  veut  pas  dire  que  le  larynx  vibre 
plus  fort  pendant  la  consonne;  ses  vibrations  se  transmettent 
seulement  mieux  aux  parois  du  cou,  et  par  elles  aux  instruments 
inscripteurs,  quand  la  masse  d'air  en  vibration  est  enfermée  que 
quand  elle  communique  librement  avec  l'extérieur.  Il  n'en  est 
pas  moins  intéressant  de  constater  que  c'est  pendant  la  consonne, 
oij  leur  présence  a  été  contestée,  que  les  vibrations  laryngiennes 
s'inscrivent  le  mieux. 

Mon  explorateur  du  larynx  ne  donnant  pas  les  différences 
d'amplitude  des  vibrations,  j'ai  essayé  de  prendre  les  vibrations 
venant  du  larynx  en  introduisant  dans  la  bouche  l'extrémité  ou- 
verte d'un  tube  fin  de  caoutchouc,  muni  à  son  autre  extrémité 
du  tambour  à  levier  enregistreur,  j'ai  obtenu  pour  ac?f/rt,  chanté 
successivement  sur  les  notes  de  Taccord  parfait  le  tracé  suivant 
qui  montre  que  l'amplitude  est  généralement  plus  grande  pen- 
dant la  consonne.  J'ai  fait  la  même  expérience  avec  î66î,  rWc?i,  oub- 
bou,  etc.,  et  j'ai  été  amené  à  choisir,  pour  les  expériences  ulté- 
rieures au  moyen  de  cet  appareil ,  des  voyelles  à  diamètre  ou  à 
orifice  rétréci,  de  préférence  aux  voyelles  ouvertes  qui  n'impres- 
sionnent pas  aussi  facilement  les  instruments  graphiques,  la  vi- 
tesse de  translation  de  l'air  étant  d'autant  plus  grande  que  les 
points  traversés  par  lui  sont  plus  rétrécis. 


^^^aMMW.v^^V^^^^^ 


Fig.  11.  —  ADDA.   88  vibrations  doubles  à  la  seconde. 


I.K  nor.E  DL  L\RY\X  DANS  LES  CONSONNES  SOURDES  ET  SONORES. 


493 


Fig.  12.  —  ADDA.   lo/i  vibrations  doubles  a  la  seconde. 


Fig.  i3.  —  ADDA.  128  vibrations  doubloj  à  la  secoade 


Fig.  l'i.  —  ADDA,   160  vibrations  doubles  à  la  sjconde. 

Je  pense  que  ces  expériences  plusieurs  fois  re'pëtées,  toujours 
avec  ie  même  résultat,  ne  laissent  subsister  aucun  doute  sur  la 
nature  du  bruit  des  consonnes  sonores  à  haute  voix:  il  est  le  ré- 
sultat de  vibrations  laryngiennes  identiques  à  celles  des  voyelles. 


B.  Identité  à^ aspect  de  la  glotte  pendant  les  voyelles 
et  pendant  les  consonnes  sonores. 

A  cette  identité  d'action  du  larynx  correspond  une  identité 
d'aspect. 

11  n'est  pas  aiséde  voirie  larynx  pendant  les  consonnes  puisque 
celles-ci  exigent  l'occlusion  plus  ou  moins  complète  de  la  bouche. 
J'ai  pu  toutefois  y  réussir,  en  usant  d'un  subterfuge.  Si  l'on  com- 
mande à  une  personne  un  mouvement  d'ensemble  dont  on  em- 
pêche parliollement  l'exécution,  les  parties  du  mouvement  aux- 
([uelles  on  ne  fait  pas  obstacle  s'exécutent  néanmoins;  si,  par 
exemple,  on  commande  de  fermer  la  main  tout  en  retenant  un 
doigt,  les  doigts  rcste's  libres  se  fermeront. 


A9A  d""  rosapelly. 

Chez  plusieurs  sujets  dont  je  voulais  examiner  la  glotte  au 
laryngoscope^,  j'ai  placé  entre  les  mâchoires  des  bouchons  de 
liège  destinés  à  les  empêcher  de  se  rapprocher  ;  en  même  temps 
je  maintenais  leur  langue  comme  pour  Texamen  laryngoscopique 
ordinaire.  Puis  je  leur  commandais  de  prononcer  des  groupes 
phonétiques  tels  quèbè,  eph,  etc.,  c'est-à-dire  composés  d'une  con- 
sonne entre  deux  voyelles.  L'occlusion  de  la  bouche  étant  empêche'e, 
la  consonne  était  assure'ment  fort  altérée,  remplacée  par  un  son 
inarticulé;  mais  les  sujets  faisaient  effort  pour  la  prononcer,  et 
rien  ne  s'opposait  à  ce  que  leur  larynx  s'acquittât  alors  comme 
dans  les  circonstances  normales  du  rôle  qui  lui  incombe  dans  la 
prononciation  de  chaque  consonne. 

En  effet,  dans  les  groupes  à  consonnes  sourdes,  comme  âpâ, 
êpê,  entre  deux  voyelles,  pour  lesquelles  la  glotte  se  réduit  à 
une  fente  linéaire,  j'ai  vu  les  cordes  vocales  s'écarter  largement 
pendant  la  consonne  comme  pour  la  respiration  silencieuse. 

Fig.  i5. 


Au  contraire,  dans  les  groupes  à  consonnes  sonores,  comme 
aha,  ébé,  la  glotte  reste,  pendant  la  consonne,  exactement  sem- 
blable à  ce  qu'elle  est  pendant  la  voyelle  antécédente  et  la  voyelle 
suivante. 

Fig.  1 6. 


On  constate  facilement  par  l'oreille,  dans  ces  expériences,  le 
bruit  des  sonores  et  le  silence  des  sourdes. 


S  2.     VOIX   CHUCHOTÉE. 

Râle  du  larynx  dans  la  voix  chitchotée. 

Le  larynx  fournit  à  la  voix  chuchotée  un  souffle  qui  y  joue 
exactement  le  même  rôle  que  les  vibrations  musicales  dans  la 
voix  haute.  Je  croyais  avoir  été  le  premier  à  observer  ce  fait, 

1  Ces  expériences  ont  été  faites  en  coHaboration  avec  mon  ami  le  D' Conpard. 


LE  RÔLE  DU  LARYNX  D\\«:  LES  CONSONNES  SOURDES  ET  SONORES.   /l95 

mais  notre  président,  M.  Psichari,  a  bien  voulu  me  signaler  le 
travail  de  Brûcke  ^  oiî  il  est  déjà  constaté.  Notre  confrère 
M.  Railiard  a  eu  l'obligeance  de  me  communiquer  cet  ouvrage. 

Voici  la  traduction  in  extenso  de  ce  que  dit  Brûcke  {loc.  cit,, 
p.  5)  :  ttll  est  aussi  en  notre  pouvoir  de  ne  donner  à  la  fente  vo- 
cale ni  l'étroitesse  nécessaire  pour  produire  des  sons  musicaux, 
ni  une  ouverture  assez  large  pour  que  l'air  s'en  échappe  tout  à 
fait  librement.  Xous  pouvons  la  rétrécir  de  telle  sorte,  qu'à  la 
vérité  les  cordes  vocales  n'entrent  pas  en  vibrations  musicales, 
mais  que  l'air  en  les  franchissant  produise  un  bruit  de  frottement 
léger,  mais  appréciable.  C'est  ce  bruit  par  lequel  nous  remplaçons , 
dans  le  chuchotement,  le  son  musical  de  la  voix,  de  façon  à  dis- 
tinguer, même  dans  la  voix  basse  et  tout  à  fait  dépourvue  de  son 
musical,  les  lettres  qui,  dans  la  voix  haute,  possèdent  ce  son  de 
celles  où  il  n'existe  pas;  car,  même  dans  le  chuchotement,  nous 
distinguons  s  dur  et  s  doux. /et  iv,j  et  ch,  etc.'' 

Cette  description  est  exacte^;  mais,  en  la  confirmant,  je  crois 
pouvoir  ajouter  quelques  détails  intéressants  aux  observations 
laryngoscopiques  de  Brûcke,  et  aussi  indiquer  des  moyens  de 
contrôle  d'un  emploi  plus  facile  que  le  laryngoscope. 

A.   Examen  hrijngoscopiqiie. 

Bien  que  Brûcke  afiSrme  que  c'est  le  souffle  produit  dans  la 
glotte  semi-ouverte  qui  permet  de  distinguer  des  sourdes  les  con- 
sonnes sonores,  il  paraît  n'avoir  observé  le  souffle  et  examiné  le  la- 
rynx que  dans  l'émission  des  voyelles,  et  n'avoir  conclu  que  par 
induction  à  son  existence  dans  les  consonnes.  Grâce  à  l'artifice 
décrit  plus  haut,  j"ai  pu  observer  le  larynx  pendant  l'émission 
des  consonnes  elles-mêmes. 

La  figure  17  représente  ce  que  l'on  voit  sur  un  sujet  qui  pro- 

Fig.  t^. 


a  p  a 

nonce  apa  eu  voix  chuchotée  :  pendant  les  a.  la  glotte  forme  non 

'  Grumhuge  dpr  Physiologie  und  Systematik  der  Sprachïdufe ,  von  Ernst  Brûcke , 
2' Auflage.  \Vi''n,  Cari  Gerold's  Sohn,  1876. 

'  Certains  ol)servafeurs  disent  avoir  vu  la  glotte  largement  ouverte  dans  le 
churliotenienl.  C'est  évidemment  qu'à  leur  insu  et  au  sien  le  sujet  observé  a  fait 
usage  non  de  la  voix  chuchotée,  mais  de  ce  qui  sera  décrit  plus  loia  sous  le 
nom  de  voix  respiratoire. 


^ 


496  n'^   ROSAPELLY. 

plus  une  simple  fente  line'aire,  comme  clans  la  voix  haute,  mais 
un  triangle  à  base  e'troite;  pendant  la  consonne  sourde  p,  elle 
s'ouvre  complètement  et  prend  le  même  aspect  que  pendant  la 
même  consonne  prononcée  à  haute  voix.  La  comparaison  de  cette 
figure  avec  la  figure  i5  (p.  h^U)  montre  que  la  glotte  en  triangle 
e'iroit  tient,  dans  le  chuchotement,  la  même  place  que  la. glotte 
linéaire  dans  la  voix  haute. 

La  figure  18,  qui  devra  être  compare'e  avec  la  figure  16  (p.  /ig^), 
repre'sente  ce  que  Ton  voit  quand  la  consonne  du  mot  chuchote' 

Fig.  ,8. 


est  sonore.  Alors,  au  lieu  de  former  comme  dans  la  voix  haute 
une  fente  line'aire,  elle  forme  le  triangle  étroit  ci-dessus  décrit 
comme  caractéristique  du  chuchotement,  c'est-à-dire  que,  comme 
dans  la  voix  haute,  elle  garde  pendant  la  consonne  sonore  exacte- 
ment le  même  aspect  que  pendant  les  voyelles  antécédente  et 
suivante. 

B.   Observation  au  moyen  de  V oreille,  nue  ou  aidée  du  stéthoscope . 

Le  soufile  du  chuchotement  pendant  les  consonnes  sonores 
peut  être  entendu  par  la  personne  même  qui  l'émet,  pourvu 
qu'il  règne  autour  d'elle  un  silence  parfait.  Si  elle  est  entourée 
de  bruit,  il  devient  utile  qu'elle  se  bouche  avec  soin  les  oreilles. 
Elle  peut  le  faire  avec  les  doigts,  mais  le  frémissement  des 
muscles  de  Tavant-bras  et  des  mains  peut  troubler  l'observation  ; 
on  se  place  dans  de  meilleures  conditions  en  fermant  les  oreilles 
avec  du  coton,  et  surtout  avec  delà  cire.  Si,  dans  ces  conditiotis, 
on  prononce  successivement  appa  et  abha,  atta  et  adda,  akka  et 
agga,  on  entend  pour  les  consonnes  sourdes  les  deux  bruits  im- 
plosif  et  explosif  séparés  par  un  silence;  pour  les  consonnes  so- 
nores, les  deux  mêmes  bruits  réunis  par  un  bruit  soufflant. 

Un  autre  moyen  d'observer  le  souffle  laryngien  est  d'ausculter, 
pendant  la  parole  chuchotée,  soit  son  propre  larynx,  soit  celui 
d'une  autre  personne.  Dans  ce  dernier  cas,  le  stéthoscope  ordi- 
naire suffit;  pour  ausculter  son  propre  larynx,  le  meilleur  instru- 
ment est  le  stéthoscope  bi-auriculaire,  composé  d'un  entonnoir 
très  petit  dont  on  applique  sur  la  région  à  ausculter  l'extrémité 
évasée;  de  l'extrémité  effilée  partent  deux  tubes  de  caoutchouc 


LE    nOLF.   Dl    L\RY\\    DA>'S  LES  CONSONNES  SOURDES  ET  SONORES.        /t97 

dont  on  introduit  l'autre  bout  dans  les  oreilles.  On  peut  n'adapter 
à  Tentonnoir  qu'un  seul  caoutchouc;  alors  on  bouche  l'oreille 
inutile. 

Quand  la  personne  dont  on  ausculte  le  larynx  respire  sans 
parler,  on  entend  un  souffle  très  net,  mais  peu  intense,  à  moins 
qu'elle  ne  respire  fortement.  Si  elle  se  met  à  parler  en  voixchu- 
chote'e,  le  souffle  prend  une  intensité  plus  grande;  il  est  plus 
rude  et  semble  plus  près  de  l'oreille.  Dans  les  deux  cas,  le  maxi- 
mum d'intensité  du  souffle  se  trouve  au  niveau  du  cartilage 
cricoïde,  c'est-à-dire  au  niveau  même  des  cordes  vocales. 

Le  souffle  du  chuchotement  s'entend  dans  les  voyelles  et  dans 
les  consonnes  sonores;  il  ne  s'entend  pas  dans  les  sourdes.  Il  est 
aisé  à  percevoir  dans  les  sonores  occlusives;  dans  les  semi-oc- 
clusives, il  faut  quelque  attention  pour  les  distinguer  du  souffle 
buccal  qui  s'y  surajoute,  mais  on  arrive  à  faire  cette  distinction 
en  comparant  affa  avec  avva,  assa  avec  azza,  etc.,  c'est-à-dire  la 
sourde  qui  n'a  que  le  souffle  buccal  avec  la  sonore  correspon- 
dante qui  a  ce  même  souffle  et  le  souffle  laryngien. 


C.   Sevsffùon  du  travail  laryngien  pendant  V émission  du  soiijjle 
du  chuchotement. 

Comme  le  son  vibratoire  de  la  voix  haute,  le  souffle  du  chu- 
chotement s'accompagne  d'une  sensation  de  travail  laryngien  qui 
n'existe  pas  dans  la  respiration  silencieuse,  ni  dans  ce  qui  sera 
décrit  plus  loin  sous  le  nom  ôe  parole  respiratoire. 


D.  Monotonie  du  soujfle  du  chuchotement. 

Le  souffle  du  chuchotement  estmonotone,  au  sens  étymologique 
du  mot:  il  n'a  qu'une  note,  et  par  conséquent  ne  se  prête- ni  au 
chant  ni  à  la  vocalise. 

Il  n'est  cependant  pas  impossible  de  donner,  en  chuchotant, 
des  notes  variant  dans  une  certaine  étendue;  mais  une  observa- 
tion attentive  montre  que  ces  modiGcalions  sont  dues  non  au 
larynx,  mais  à  la  langue,  dont  les  mouvements  modifient  la  forme 
du  résonnatcur  buccal,  et  par  conséquent  la  résonnance.  ou,  en 
d'autres  termes,  la  voyelle  émise. 

Qjant  au  larynx,  tout  au  plus  peut-on,  en  poussant  l'air  plus 
i'orlement,  lui  faire  rendre  une  note  un  peu  plus  élevée. 

Confusion.  —  Enfin  on  peut  résumer  toutes  les  données  pré- 
cédentes en  disant  qu'une  phrase,  qu'elle  soit  prononcée  à  voix 
chuchotée  ou  qu'elle  soit  prononcée  à  haute  voix,  s'exécute  par 


Zi98  D'   ROSAPELLY. 

des  mouvements  identiques  des  organes  phonétiques;  la  seule 
différence  réside  dans  le  rapprochement  des  cordes  vocales,  plus 
complet  à  haute  voix,  moins  complet  dans  la  parole  chucholée. 

Au  point  de  vue  des  consonnes,  qui  nous  intéressent  particu- 
lièrement dans  ce  travail,  les  sonores  possèdent,  dans  la  voix  cliu- 
chotée  comme  dans  la  voix  haute,  un  bruit  laryngien  identique 
à  celui  des  voyelles;  et  les  sourdes,  dans  la  voix  chuchotée  comme 
dans  la  voix  haute,  sont  dépourvues  de  ce  bruit. 

Pajoute  pourtant  que,  si  Toreille  dislingue  ces  deux  ordres  de 
consonnes,  c'est,  surtout  dans  la  voix  chuchotée,  moins  à  cause 
de  la  présence  du  souffle  laryngien  dans  les  sonores,  qu'à  cause 
de  la  plus  grande  intensité  du  souffle  buccal  dans  les  sourdes: 
plus  grande  intensité  qui  a  fait  donner  aux  sourdes  ie  nom  de 
consonnes  dures,  et  qui  est  due  à  ce  qu'alors  la  glotte  est  large- 
ment ouverte  et  laisse  passer  une  plus  grande  quantité  d'air. 


,S  3.     voix    RESPIRATOIRE. 

Quand  la  glotte  est  ouverte,  comme  lorsque  l'on  respire  sans 
parler,  l'air  la  traverse  généralement  sans  produire  de  souffle 
appréciable,  si  ce  n'est  à  l'aide  du  stéthoscope  appliqué  sur  le 
larynx.  Toutefois,  si  la  respiration  est  énergique,  comme  lors- 
qu'elle prend  le  type  haletant,  le  souffle  respiratoire  devient  per- 
ceptible à  l'oreille. 

A  la  vérité,  ce  bruit  n'est  pas  exclusivement  laryngien.  Il  ré- 
sulte du  frôlement  de  l'air  sur  toute  l'étendue  des  voies  respira- 
toires, ainsi  qu'on  peut  le  vérifier  en  appliquant  successivement 
le  stéthoscope  depuis  la  base  des  poumons  jusque  sur  la  paroi  de 
la  bouche  et  du  nez;  mais  la  glotte  qui,  même  ouverte,  constitue 
un  rétrécissement  auquel  fait  suite  une  partie  plus  large,  est 
l'endroit  où  ce  souffle  complexe  se  produit  principalement. 

Les  cavités  supérieures  lui  impriment  les  mêmes  modifications 
qu'au  son  laryngien  musical  de  la  haute  voix  et  au  souille  du 
chuchotement;  elles  en  font  des  phonèmes.  Il  existe  donc  une 
manière  de  parler  qui  mérite  le  nom  de  voix  respiratoire. 

Mais  cette  manière  de  parler  est  à  peu  près  inusitée.  Elle  s'en- 
tendrait fort  mal  et  fatiguerait  très  vite,  à  cause  de  l'énorme 
quantité  d'air  qu'elle  dépenserait^.  On  la  rencontre  pourtant,  à 
l'état  exceptionnel  et  pour  de  courtes  phrases,  chez  des  personnes 
essoufflées,  c'est-à-dire  chez  celles  qu'un  état  maladif  ou  un  tra- 
vail musculaire  exagéré  obligent  à  accélérer  leur  respiration  et 
à  tenir  leur  glotte  largement  ouverte.  C'est  quelquefois  de  cette 
parole  respiratoire  que  font  usage,  à  la  fin  des  phrases,  les  per- 


LE  ROLE  DU  LARYNX  DANS  LES  CONSONNES  SOURDES  ET  SONORES.   ^99 

sonnes  qui  laissent  tomber  les  finales.  Enfin  i'emuet  terminal  est 
souvent  purement  respiratoire. 

Dans  la  voix  respiratoire,  les  consonnes  sonores  ne  se  dis- 
tinguent pas  des  sourdes.  En  re'alite',  dans  cette  manière  de  parler, 
tous  les  phonèmes  sont  sourds,  sans  excepter  les  voyelles. 


D""   RoSAPELLY. 


INDEX. 


GE>EKALlTiiS. 

Caractère  inconscient  des  phe'nomènes  du  langage,  •:!87,  ooi,  890.  — 
Le  geste,  son  importance  cliez  les  peuples  primiliis,  y 8,  990.  — 
Discours  direct  ou  indirect,  q8,  99.  —  Les  idées  changent  pins  vite 
(pie  la  langue,  de  là  les  anomalies,  aSy.  —  Archaïsmes  conservc^s 
dans  le  langage  technique ,  ai  ;  dans  des  expressions  ollîcielles ,  surtout 
écrites  en  abrégé,  268.  —  Rajeunissement  des  éléments  du  langage, 
955.  —  Langues  littéraires,  179.  —  Le  peuple  aime  les  grands 
mots,  les  termes  abstraits,  89.  —  Grimoire  magique,  aSG;  ses  ca- 
ractères physiques  et  moraux,  hoo-kod. 

Le  rôle  du  larynx  dans  les  consonnes  sourdeset  sonores,  ^88-/199:  voix 
haute,  488,  A89;  chuchotement,  488,  ^9^;  monotonie  du  souffle  du 
chuchotement,  488,  ^97;  voix  respiratoire,  489,  498;  comparaison 
entre  les  vibrations  des  consonnes  sonores  et  celles  des  voyelles,  488, 
489;  identité  d'aspect  de  la  glolte  pendant  les  voyelles  et  pendant  les 
consonnes  sonores,  498. 

Mode  d'action  des  faits  de  phonétique  et  d'analogie,  149.  —  Assonances 
fortnites,  909,  911,  219,  9i4,  2i5,  998,  996,  227,  999.  —  Al- 
térations amenées  par  la  fréquence  d'emploi,  95,  3i.  —  Emphase 
contribuant  à  allonger  les  sons,  97.  —  Mots  hypocoristiques  ou  abré- 
gés, par  le  moindre  effort,  ou  la  paresse,  191.  —  Ellipse,  ses 
avantages,  26;  p3ut  changer  une  préposition  en  verba,  178-180; 
donner  lieu  à  des  acceptions  nouvelles,  167  ;  son  abus  en  étymologie, 
3o.  —  Utilisation  des  variantes  dialectales,  961. 

Constance  des  actions  analogiques,  1 48;  leurs  applications  succes- 
sives, 171 .  —  L'esprit  populaire  ne  procède  point  par  sauts,  256.  — 
Analogie  dans  la  dérivation,  88,  89.  —  Nuances  de  sens  ajoutées 
par  le  contexte,  99.  —  Réaction  mutuelle  des  homonymes,  260, 

L'étymologie  ne  doit  pas  être  interrogée  sans  méthode,  ni  sollicitée  en 
faveur  d'un  système  préconçu,  457,  459. 

Sémantique,  i4i,  257,  457-459;  son  importance  pour  l'histoire  du 
langage  el'des  modes  populaires  de  la  pensée,  38.  —  Tendance  an- 
thropomorphique  de  la  langue,  160,  957.  —  Liaison  ou  confusion 
il'idées,  8(3,  161-168,  i65.  —  Opposition,  i5i.  —  Restriction, 
49.  —  Sens  péjoratif,  i64.  —  Métaphore,  source  importante  du 
vocabulaire ,  1 68  ;  cf.  160, 161  ,  1 69 ,  2  35 ,  260  ;  métaphores  d'origine 


INDEX.  501 

leclinique,   168.  —  Mt'tapliores  injurieuses,  produisant  le^  change- 
ment du  substantif  en  adjectif,  33,  ây,  38. 

L'honneur  national  et  les  emprunts  linguistiques,  96.  —  La  détermi- 
nation, sa  de'fmition,  38à\  ses  degre's,  38i-38G;  ses  différents 
modes,  287,  288;  son  affinité  avec  le  genre,  387;  avec  le  nombre, 
822,  387,  388;  avec  les  cas,  388.  —  Détermination  spéciale  des 
noms  propres  dans  les  langues  malaisiennes,  307.  —  Détermination 
marquée  autrement  que  par  l'article,  382-38/i  ;  par  l'emphase,  dans 
les  verbes  et  pronoms  de  la  langue  des  Bushman  ,319;  par  réduplication 
avortée,  ou  redoublement  brisé,  en  wolof,  383:  par  suffixation,  en 
araméen,  383;  par  dépression  :  l'état  construit,  en  hébreu,  386.  — 
Détermination  prédicative,  possessive,  objective,  999,  3oo. 

Catégories  diverses  formant  des  genres  dans  les  langues  bantou ,  cauca- 
siques,  en  serer,  en  matlalsinke,  etc.,  297-300. 

Adverbe  de  lieu,  son  importance  comme  générateur  de  formes,  387. 

Pronom,  son  origine,  ses  fonctions,  ses  transformations,  387;  son  im- 
portance, 392. 

Article,  son  origine  psychologique  et  morphologique,  387:  remplace  le 
geste  des  peuples  primitifs,  290.  —  Identique  aux  pronoms  des  trois 
personnes,  en  nama,  286,  3ii;  aux  pronoms  de  la  3^  personne, 
sauf  sa  place,  en  bantou,  286;  eon  origine  pronominale  en  grec,  en 
français,  etc.,  286,  286.  —  Ses  fonctions  diverses,  286,  287,  3oi, 
393,  396;  leur  importance  dans  le  langage,  2  85;  fonctions  psycho- 
logiques: de  concrélisme,  388,  SSg  :  de  détermination,  ^89,  Sgo; 
d'auxihaire,  390  ,  091  ;  d'abstraction,  392  ;  de  relation  ,  399  ,  390,  — 
Est  un  luxe  utile,  290;  fait  souvent  défaut  plus  ou  moins  ccmplèle- 
ment  (latin;  langues  letto-slaves ,  sauf  le  bulgare;  langues  néo-in- 
diennes et  néo-iraniennes,  etc.),  285,  288,  291,  296,  295.  — 
Divisions  d'une  étude  générale  sur  l'article,  290. 

Article' double,  de  détermination  et  d'indétermination,  dans  la  plupart 
des  langues  indo-européennes  dérivées:  français,  allemand,  ilalien. 
espagnol,  portugais,  hollandais,  danois,  suédois,  anglais,  breton, 
grec,  290,  291;  particularités  des  articles  roumains,  291;  double 
article  en  égyptien,  en  copte,  en  grebo,  en  abchaze,  dans  les  langues 
polynésiennes  et  malaisiennes,  en  nengoné,  etc.,  291,  292. 

Cas  intermédiaire  entre  la  détermination  et  l'indétermination,  292.  — 
Dédoublement  de  l'article,  en  bantou,  3oi,  3o2;  en  abchaze,  3o2. 
—  Réduction  du  nombre  des  arlicles,  3o2.  —  Article  méconnu, 
ayant  perdu  son  économie  et  sa  fonction  (langues  dravidienncs,  na- 
huatl,  nordique),  292,  293;  article  latent,  en  abipone,  en  turc, 
etc.,  32  1  ;  traces  d'arlicle  dis[)aru,  dans  les  langues  du  Caucase  et  en 
bantou  ,  3o2-3oG.  —  Omission  de  l'article,  3o2. 

Places  de  l'article,  288;  normalement,  il  est  préfixé  et  variable  (|)hi- 
sieurs  langues  indo-européeimes  et  chamitiques;  rn  maya,  en  kluis- 
sia),  293,  296;  divers  degrés  de  variation,  287,  288.  —  Article 


502  INDEX. 

préfixé  invariable  (anglais,  hollandais,  néo-celtique,  langues  sémi- 
tiques,  polynésiennes ,  mélanésiennes , malaisiennes ,  etc.),  288,  3oô, 
807.  —  Article  suffixe  variable  en  nama,  3o8,  Sog;  dans  plusieurs 
langues  chamitiques,  3ii;  avec  déterminations  diverses,  en  somali, 
en  bilin ,  en  thibétain ,  etc. ,  3 1 1 ,  3 1  q.  —  Article  postposé  invariable 
en  langage  des  Bushman  et  autres  idiomes  d'Afrique,  en  nahuatl, 
dans  les  langues  dravidiennes,  etc.,  319,  3^0. 

Article  en  français,  2 9 A,  295;  allemand,  albanais,  roumain,  néo-cel- 
tique, bulgare,  29^;  grec,  294,  295,  3i6;  bas  latin,  gotique,  nor- 
dique, celtique,  vieil  indien,  zend,  vieux  persan,  296;  famille 
chamitique ,  maya ,  khassia ,  295,  296;  japonais,  3oo,  3oi,  3i6; 
magyar,  3o8;  roumain,  3i2,  3i5;  albanais,  3i2-3i5;  bulgare,  lan- 
gues ouraliennes,  nordique,  3i5  ;  dans  la  déclinaison  indo-européenne, 
3i6;  en  bantou,  3i6,  819;  dans  les  langues  ouraliennes,  3 16, 
3 1 8  ;  en  basque ,  3 1 8  ;  poul ,  3 1 8 ,  3 1 9  ;  wolof ,  319. 

Article  reçu  du  substantif  par  l'adjectif,  le  verbe,  l'adverbe,  382;  ar- 
ticle avec  l'adjectif  en  tcnè;pie,  vieux  slave,  lituanien,  382;  avec  le 
verbe  (grec,  magyar),  38i;  avec  la  conjonction  (lapon),  38i;  avec 
la  préposition  (langues  ouraliennes),  38 1,  882;  avec  l'adverbe ,  etc., 
(aware),  382. 

Conjugaison  prédicative  (langues  indo-européennes),  et  possessive  (lan- 
gues ouraliennes,  altaïques,  samoyèdes)  du  verbe,  3 10;  conjugaison 
objective  du  verbe  et  du  nom,  3ii;  conjugaison  possessive  et  prédi- 
cative du  nom  (nama,  nahuatl,  langues  ouraliennes),  3o8-3ii, 
081;  conjugaison  des  prépositions  (langues  ouraliennes);  des  con- 
jonctions (lapon),  3 10. 


A.  —  LANGUES  I>DO-ELROPfc:i:>NES. 

Vocalisme,  i5o,  i5i;  la  quantité  et  le  timbre,  1^2.  —  Gutturales, 

872-880;  M,  1 58.  —  5,  i5i;  de  -5s-,  869. wy-,  1 5i,  162.  — 

Assimilation  de  consonnes,  162,  108.  —  Consonnes  finales,  872; 
naside  finale,  366-872.  —  Accent,  162. 

Masculins  en  -«-  et  en  -î-,  10 3.  —  Neutres  ayant  au  nominatif  une 
loiigue,  1/17.  —  Influence  du  vocatif  sur  les  noms  ou  les  épithèles 
des  êtres  divins,  100.  —  Insti'ùmental ,  i53. 

Comparatifs  en  -on-,  869.  —  Pronoms,  871.  —  Le  nombre  quatre, 
i58;  le  nombre  cv'/k/,  167,  i58. 

Verbes  perfectifs  et  imperfeclifs,  i5o.  —  Disinence  primaire  -mi,  se- 
condaire -n,  872.  —  Augment,  i5o.  —  Aoriste,  67.  —  Vocalisme 
du  parfait,  1  h8. 

Suffixe -c«- 368,  869; -<ero-, -/ro-,  lii,  \k'i;-tlo-,  i5i;  -yo- ,  162. 

Composés  sfîparabks  et  iniéparubles ,  /19.  —  Confusion  dej racines  ghclj- 
el  g  hel-  ,  875. 


INDEX.  503 


GREC  AiNClEN. 

Alphabet  de  Gortyne,  26;  écriture  onciale,  68;  quantité  négligée,  en 
Lycie,  201;  caractères  latins,  899. 

Nuances  de  prononciation,  27  ,  28;  calemboui"  du  iif  siècle  avant  notre 
ère ,  supposant  ai  —  e,  ei  =  i,  AA  =  A ,  quantité  et  accentuation  négli- 
gées, 67.  68;  (3,  211;  son  intermédiaire  entre  n  et  m,  26,  26. 

Epenthèse  de  1'/,  26;  t  parasite  devant  p,  28,  161;  effacement  de  y 
après  une  nasale,  28.  —  ti  de  s  et  0  devant  q  fermant  la  syllabe, 
i36,  187;  dissimilatiou  de  i»  en  i,  186,  187,  159;  moins  ancienne 
(pie  l'aspiration  d\i  initial,  18G,  187.  —  Traitement  de  r  après  la- 
biale, quand  la  syllabe  suivante  a  une  voyelle  de  timbre  0,  5i. 

K,  do  K^  devant  w,  18G.  —  Traitement  du  t  final  de  préposition,  dans 

les  composés,  69. •cr?-  de  ^?/,  878.  —  fi  de  v  intervocalique, 

•ili,  95.  —  Assimilation  du  v  final  à  la  consonne  suivante,  20,  26; 
de  p  à  un  v  suivant,  27,  28. 

Première  partie  d'un  juxtaposé  devenue  indéclinable,  26;  vocatif- reni- 
])larant  une  flexion  entière,  100.  —  Féminins  e;i  -os,  160,  257.  — 
Datif -w,  867.  —  Gén.  plur.  -é[F)cov,  867. 

Sullixes  de  comparaison  -repos,  87;  -10-,  189;  -iav,  87;  changement 
dun  nom  en  adjectif  par  le  conipanitif  86  ,  87  ;  superl.  -lalos,  87.  — 
Le  nombre  quatre,  i.58,  159.  —  Répétition  de  mots  pronominaux, 
26. 

Préfixe  dans  les  verbes,  57.  —  Itératifs,  i/io.  —  Conjugaison,  57.  — 
Redoublement  avec  voyelle  a,  27.  —  Voyelle  0  du  participe  présen' 
3a,  81.  —  -n-  dans  la  conjugaison,  204,  255;  conjugaison  nou 
velle  issue  d'aoristes  ou  de  parfaits  en  -xa,  86;  parfaits  en  -w-ny. 
80.  —  Indicatif  du  xerbo  être,  170;  elbpse  de  ce  verbe,  178,  17  j 

Sullixes  -â|&),  âlofjtat,  20^;  -ajva,  255,  956;  -da.,  lô-j  ;  -i^s-,   i''i5 
-10-,  28;  -1-Z03,   88;  -HO-,  876;  -uro- ,   160;  -&)-,  88,  89;  -wv, 
256;  -wais ,  88,  8(j. 

Tendance  à  éliminer  le  degré  long  des  racines,  168.  —  Composés  de 
termes  abstraits  en  -o-«s,  3a,  33.  —  Analogie,  26;  étymologie  po- 
pulaire, 5o. 

Mégance,  qualité  essentielle  de  la  langue  grecque,  218.  —  Civlcis, 
196,  200;  a  subi  l'influence  d'un  idiome  barbare,  190;  son  particu- 
lier, rendu  tantôt  a,  tantôt  0,  208.  —  Le  mol  xaTSo-KeOao-er  déii- 
guré  en  Lycie,  21 5.  —  Mots  grecs  passés  en  orjbe,  385 ,  886. 


à-,  àyi-,  50,  f)! .' 

à)  pas,  i5o. 

dépiof,  -.iH. 

àyaBoi,  /|5H. 

àypôtspos ,  30. 

aîév ,  368. 

kynoiXaos ,  33. 

àoioiiofjLai ,  gy'i. 

ai'wiKxi,  i()i . 

àyxûÀ<àan ,  38. 

aeAAa,  iSa. 

«('ttûs,   130. 

50^ 


INDEX. 


ata)(^ial os ,  87. 
oiîayjiaiv,  87. 
xia^pof ,  87. 
a/Xf^rf,  i5o. 
aKyiuv,  S'] II. 
dXyos,    i56. 
KXé^avèpos,  33. 
àXs^tKaKos,  32. 
iXt^depénsi,  36. 
dXXoTpios,  tlii. 
akoyos,  5o. 
â'fxa ,  5 1 . 
à'fxa^o,  38,  5o. 
àixa^aîos,   38. 
dua^ialos,  38. 
tiua^nos,  38. 
dnsf^iii^poos ,  3a. 
ofxo-,  377. 
A(iopyos,  209. 
d'fXTreXos,  iGo. 
àfjiipt-,  i56. 
dnÇ>li:o}.os ,  ii3. 
d'v,  5i. 

cf'va,  /la  ,  5i ,  167. 
dvaivofiai,  27,   28,   161, 
dvêpands ,  5 1 . 
dvèpditoèov ,  206. 
dvèpôs,  l5i. 
a'frfp,  i5l. 
ÀrOiTTTios,  187. 
dvviotTO,  27. 
àrr/,  107. 
lirw,  28,  5l ,  107. 
ŒTras,  26,  5o. 
uTTios,  160. 
ditoèôaOït,  2  06. 
kpialmitoi,  i3G. 
dpvéoytat,  97,  iGi. 
dpvvfxai,  161. 
apaevoL,  ih'j. 

iiapTtnos,  38. 
UTepos,  5o. 
«T»,  216. 
a5,  52. 
«tï/sa,  i5a. 
ailpios,  52. 
«lÏTws,  28,  29. 
dipéuKa,  86. 

iSaSt^î,  378. 
^oi(jL§alvù} ,  27. 
jSaTrV^i,  878. 
^àjos,  160. 
^aÇirjvat,  878. 
^éXefivov,   160. 


/SéAos,  160. 
^évdos,  878. 
jSrîffcra,  878. 
^odpos,  878. 
^odvvos,  378. 

-^OtO-,    l52. 

/2oArf,  iii6. 
^6X0;,  iZi6. 
^po76s,  i5i. 

^pVXù),    2  55. 

|St;0cis,  878. 

PvaaoSo(j.evii),  160,  161, 
^ùXos,  iti6. 
^ùiyios^   l45. 

^àjpot,    1/16. 

yapyaipcc,  27. 
jeyora,  lis. 
yéjovE,  ii8. 
yeyûjve,  1/18. 
■)'rj6o(Tvvri ,  i58. 
yrjOoavvos,  108. 
yiyvofjLat,  lii ,  ia. 
yAuxoeis,  80. 
yAwxtîs,  3o. 

yoitvatoi,  868. 
ypa^eis,  171. 
j'wîa,  160. 
yvfjLvôs,  i36,  iGo. 
>vrrf,   1  59,  87^. 

AafxacyiTTîîos ,  83. 
Sd-neSov,  2  56. 
Ssâfitiv,  2  53. 
êéaTai,  203-255. 
(JsaTO  ou  Sotjo,  953,  aô'i. 
êéarot,  2  58 ,   254. 
SéêfOL,    2  55. 

SéSotKa,  36,  255. 
êsSolKù),  36. 
êéêoKTat,  2  55. 
<5(e)/aff9£v,  2  5/1. 
Seiêiaaonai,  2  55. 
êeiSoïKa,  255. 
SsiXatos,  /|58. 
Sst/.ôs,  458. 
<5£«a,  i58. 
SéX'Xa),  1/1 3. 
^sluepoï,  1/11. 
êrjiios ,  87. 
êfjpts,   l46. 
<î«a,  5i. 
êiêùJflt,   38  1. 

SiScûs,  881. 
SiS{i}(ji ,  3  8 1 . 


êΣ(ixi,  36. 
êldxci},  86. 
§oâloii.at,  a 54. 
^tia'r,   i54. 
èodaaetat,  254. 
Soyiia,  2  55. 
Soxéù},  258-255. 
S6(ios,  lits. 
So^a,  2  55. 

èo^ù),  2  55. 

(îopti,  147,  868. 

êoùpcuTOS,  3(J8. 
èpinctiva,  a^ia. 

êpdllùûV ,    2  55,    256. 

<îp£is,  868. 
SùJKoie,  86,  255. 

édÀcoKa,  36. 
éaoTWj»,  201. 
êaprepoi,  87. 
^grj,  878. 
éy  paires ,  171. 
ejw,  866. 
ëêo^a,  2  55. 
êêuna,  36,  2  55. 
ërjxa,  255. 
è'ârjxa,  5i,  255. 
êOvos,  280,  aSi . 
è'9os,  i48. 
eOwr,  i48. 

£?,    170,    171,  06!]. 

erap,   147. 
e7ra«,  177. 
eheîv,  i36. 
elpos,  161. 
e/pww ,  161. 
els,  171. 
efs,  ai. 

ej(j/,  178,  i8d. 
e<crû>,  5i. 
eiods,  i48. 
ènelvos,  i54. 
èHaa.vvsaéja.t,  y  7. 
éxTiHos,  878. 
êXn(pp6s,  56. 
èXày^etct,  56. 
èXéy^jalos,  .87. 
éXîy^os,   87. 
I<;Ae/5v;a,  i36. 
ÈXsvSoo,  i36. 
éXxeaiitenXos,  82. 
er,  i56,  177-181. 
êveiat,  177. 
Sveaav,  179. 
i-vsali,  177-180. 


£VI,    177. 

ëvi,  177-181. 
êvioi,  179. 

évioTE,  17  g. 
évrepoL,  i56. 
ivTos,  i55. 
elw,  38,  5j. 
EoSûXo,  301 . 
e'ff/,  178. 

éttllHOV,    205. 

èpzf^hotyos ,  3a. 
êpénlci},  878. 
ëpeÇov,  878. 
sptov,  161. 

tpfZTJS,   201. 

eppa'jTîr,  lia. 
êppùiya,  1  i8. 
epv'xw,  a 5^. 
eVÔ/os,  /ioS. 
êpvù),  161. 
iafiév ,  l'jli. 
èalé,  17Â. 
ëal-nxa,  36. 
eff?/,  177-181. 
^<rw,  28. 
sTÎ6-ne,  171. 
evsôwxa,  36. 

sCp'JOTlX,    100. 

é^epov,  366. 
Y,<^iifTsos,  187. 
i)(îvoi,  h  II. 

^vyov,  366. 

■fiiiéTspos,  87. 


riTotp  ■ 


i/i 


ïjws,  1^7. 


Q-ânlùi ,  878. 
S-epfxds,  107. 
3-esoTepos,  87. 
a-Tip,  874. 
3-wjaT77p,   loi. 
ô-wpT?|,  257. 
Q-wpiôaoeadai ,  ùî)']. 

ïa,  2'» ,  25. 
ixdvù),  i58. 
(xt>éofza<,  108. 
Ixxo;,  187. 
îxtlvos,  878. 
/"xw,  i53. 
i<is,  o/i. 
hvés,  187. 
«TTWowoTafios ,  28. 
iitnos,  i36,  187. 

UF.U.  Lise.  IX. 


INDEX. 

/■(P»,  28. 
i^jos,  a 8. 

xajj'dry,  ^y. 
xà<î  oe,  /iq. 
xadiio) ,  5 1 . 
xaivû),  878. 
xaxds,  458. 
xdXv^,  186. 
xaAv7r7«,  186. 
xàfx  fzéf ,  /19. 
xafixf'/irovs ,  82. 
xaTsmSîov,  ig. 
xinpiivoL,  2  55. 
xappé^at,  A(). 
xaV,  52. 
-xas,  5l. 
XŒT-,  Zig-Si. 
xarâ.,  ^g-Sa. 
xaTa7î7riTr7»' ,  2  05. 
xonldêe,  4 9. 
xa'TO) ,  28,  5 1 . 
xa<jFâ^ais.  /tg. 
xzivos,  1  j/i. 
xe'AeuÔos,  207. 
xépas,  36g. 
xépSiov,  87. 
xépêicr'loi,  87. 
xépaos,  87. 
x£(^aArf,  260. 
xyfètalos,  87. 
KfjSos,  87. 
-x/.séa,  iliS. 
xofiév,  ^ll7). 
xofii^ù),  liô. 
-xoi'Ta,   i58. 
xpâaTos,  36g. 
xpmtls,  i!\Q. 
XpVTtld),   i36,  87  J 
xpu^7)i^a<,  878. 
xpvil/lvoos ,  82. 
XTeivù),  28,  878. 
xrévvù),  28. 
xi/éw,  26,  37. 
xu'xAos,  i36. 
Hiixvoî,   186. 
«ÛA?7,    186. 
xuA/^,  i36. 
x'jXiu,  159. 
xvvdy^ri ,  5o. 
«Wfn^ôs,  5o. 
Kvviaxn ,  a 5 6. 
xûcoi',    1  A7  ,  2  56, 
xviioi,   1 '16. 
xw^ds,  1  '16. 


•  05 


AixitvoL,  a56. 
Aa'o) ,  221. 
Asaji»a,  255. 
AsAoïira,  1Z18. 
AeAuxa,  255. 
/•eoxois,  201 . 
AevxiTTwos,  ]  86. 
Aevxds,  3o. 
A^;^os,  87^. 
Aesov,  255,  256. 
AritCT/s ,  3  31. 
Adyos,  i46. 
Xoiyôs,  i36. 
Xo^ds,  80. 
Xoy^oe,  1I16. 
Atie<,  38 1. 
Au'ejj,  38 1. 
Ai/'x3<»»a,  355. 
Ati<TiTeA77s,  3a. 
Av'w ,  3  8 1 . 

fioà-js ,  97,  28,   161. 
fiâpjvs ,  27,  161. 
f/îAas,  Zi58. 
fX£Ta,  5i ,  5i4,  178. 
fJLnSeis,  2^. 
fXTT^Sfxj'a,  ai. 
fiflT/eTa,  100. 
[Lr}-j(a.voi'jû ,   161. 
(x/a,  2/1. 
ftjya^oixai ,  2  5'i. 
(loifivXXci),  877. 
[lopfivpu,  877. 
(io-j(dTipôs .  458. 
fxwAus,  i46. 

fu|,  186. 
rodî,  i5i. 

Itir,  49,  5o. 

d,  871 . 
d<îds,  357. 
oBoftat,  i45. 
oïxoiteèov,  2  56. 
oJfios,  357. 
ofrr;,  i5o. 
0ITINE2,  35. 
oAéxûi),  254. 
àT^fjtos,  337,  228. 
ôAdTws,  i43. 
ôftolïos,  38. 
<!ii»o(ita,  147. 
divul,  i36. 

dwiCTO),   28. 
ottAoi»,  87. 

83 


IMrUlItUI    BiTIORAt». 


506 

ÔTrAoTotTr?,  3  7. 
éitXôrepos,  87. 
èitoïos,   a6. 
oitôs,  i48- 
oTsoaos,  36. 
ôpéalepos,  87,  i4i. 
opviOodr^pas,  i53. 
opTv^,  i36. 
os  pa,  53. 
oaoE,  369. 
ô'ff7»s,  3  5. 
OTIMI,  9  5. 
OTINI,  3  5. 
oictTOS,  369. 
ovSeis,  36 ,  95. 
oùSefxia,  96-26. 
oCêév,  35,  26. 
oZpos,  ib-2. 
o5s,  369. 
oÇieiXd),  38. 
d^^A/w,  38. 

oy,  1^3. 

1.  <5;t<'*'  i''»^' 
o)(ypàs,  i43. 

'BaiSoTpl€ris ,  1 53. 
•sra'Avrjs,  56. 
'aoLfi(palvci} ,  27. 
'CTai'Tû/TraOT ,  36. 
ziaul aivù) ,  27. 
•srap,  5i. 
■arapa,  5i ,  178. 
•srâs,  96,  27. 
•vsoLiépa,  1/17. 
•îjaTi^p ,  1 5 1 . 

naTpJTTTTOS,    l36. 

■aéSa,  ï>li. 
'aéSn,  9  56. 
-'zseSov,  9  56. 
ïlsialal patos ,  33. 
-crérTe,  157,  i58. 
'dsi'TiixorTa,  i58. 
'zscTzvvfiévos ,  hi. 
■zasTiTC/ûxa,  36,  9  55. 
'ssé-Taaaa,  i58. 
-cretiôera»,   139. 
iséÇivKa,  i53. 
Tuiavvos,  i58. 
islmipes,  i58,  159. 
'zshvayiat,  i58. 
•wAafa'iw,  56. 
-srAa'rrjff,  56. 
tsXôxos,  i46. 
•etA&k'^co,  lis. 
xsoè-,  168. 


INDEX. 

iffoôer,  96. 
laôdos,  i46. 
•crCTr,  26. 
'Zjoîoe  ^  96. 
-arocJTi't^w ,  877. 
'aovvpàs,  658. 
'tsopaco,  5i. 
■cjos,   169. 
■crdo-fs,  1Z12. 
•Erdffos,  36. 
•croTe,  168. 
■croTepos,  26,  i/i3. 
«tôt/,  169. 
-croi?,  96. 
npa|jTi/r/s,  33. 

ISpôSoLTOV,    256. 

-vrpos,  169. 
'apoaaco,  5i. 
■apoaù},  28,  5l. 
TSpo-repos,  lis. 
tspoti,  1/19. 
•cTwAeofxa» ,  iZi5. 

pa,  53. 
pT^ywiit,  162. 
pïiffffw,  lis. 
pôSov,  5i . 
p&'l,   163. 

axditlu,  878. 

(TK(i(PoS,   878. 

aKsSaaaa,  1  58. 
<TKlSvrj(tt,  i58. 
ffxwAos,  ii6. 
aopés,  i46. 
ffTTou^rj,  i5i. 
aleiSùû,  loi. 
aleïpa.,  260. 
a1si')(jM,  87 i. 
aliftHù},  36. 
(jIîiXos,  336. 
(7vxâ(iivos,  160. 
axi[fnas,  5o. 
fftîr,  69,  5o. 
(Tui'ay;^»j,  5o. 
a\JvBriKy) ,  69. 
aÇsTepos,  87. 
acûpôs,   ii6. 
auaiTiohs,  Su. 

TOtXW,   i5i. 
Tci.XaÎT!ù}pos ,  ii6. 
Ta'Aai/Toi»,  981. 
xaoTa ,901. 
rapd^iTcitos,  83. 
rapt^eTov,  982. 


■tdpyavov,  389'. 
Tap^evû),  383. 
Tapx^os,  282. 
Ta^rjiva*,  878. 
tâ<ppos,  i58. 
TŒj^a ,  1  i  3 . 
Ta-/(jjs ,  I  i 3 . 
Ta'(i)r,  366. 
TE,  167. 
TéQpncnos,  187. 
TEÎj^os,  87 i. 
T£XTa«ra,  2  56. 
■répits,  39. 
Tep^'t)(opos,  89. 
TÉTopss,   i58. 
t/,  53. 
T«0ns,  171- 

tAkû),   93  1. 
TArfft&r,  163. 
ràxos,  ii6. 
ToAfza,  i63. 
ToAfiaw,  161-163. 
ToAfin,  162. 
ToXjxvpôs,  168. 
To'r,  366,  871. 
repos,  ii5. 
Topàs,  ii5. 
Tpawe?a,  i58. 
Tpiêos,  267. 
Tpôitis,  ii6. 
Tpà^ts,  1  i6. 

TVTTTW,     l5i. 

ilaiva,  255. 
tSfie»'-,  5o. 
vfiéTepos,  87. 
vwe/p ,  161. 
t5wép ,  161. 
iitspdïov,  98. 
t5ird,  178. 
v\//r7Ads,  i36. 
ù'i^os,  55. 

(poLyeîv,  56,  1  i3. 
(Pae<rds,  lio. 
(paîvu,  2  58. 
(pavés,  358. 
(^ai/Ta^w,  9  58. 
(pdvra(7(x.a ,  9  58. 
Çiâos,  lio. 
<Pa'(T<s,  9  58. 
<pâa[ia,  9  58. 
(parts,  9  58. 
^edyeiv,  201. 
tpépcTov,  366. 
Çepôfievos,  167. 


(P»f/xj;,   258. 

Çvi^î,  3  58. 
Çvs,  171. 

Çdl(TlfJ.ëpû70S ,   3-2. 

<p6iais,  .82. 
(pilr)(Ti[jiokiios ,  .Sa. 
<p/~£yci),  56. 
(pSpos,  160. 
-(^époî,   i.").3. 
(ppovpd,  i/i6. 
(Ppovpos,  1U6. 

^UTEVO),    161. 


INDEX. 

j^afzà^e.  .873. 
X^fo"'.  373. 
;^ap<s,  54. 
;(^e/p,   t6i. 
^épvi-ip,  161. 
y^epoTv,  161. 
^epoirXnxros ,  161. 
X^pos ,   161. 
)(^£pai,  161. 
;^£a>,  54. 

x«^,«>  373. 

'^Oôvtos,  28. 
yjiovoi^  872. 


507 


;t&wi',  372. 
;^i«i;,  54. 
'^Xcopos,  63. 
;^oai'Of,  54. 
)(_pcl.o[j.(xi ,  161. 
;^(uAos,  i46. 
;^wpa,   i46. 
yJUpoi,  i46. 

côôew,  i45. 
(UTjr»,  9  5. 

wpa,  i46. 


GREC   MODERNE. 

Hypothèse  de  survivances  dialectales,  171.  —  Formes  savantes  et  ar- 
chaïques, 17-2,  178,  181,  i84;  style  solennel,  173.  —  Versifi- 
cation, 178. 

Lois  de  la  contraction  des  voyelles;  leur  explication,  33o.  —  Chute  d'< 
entre  consonnes,  18a.  —  Phonétique  des  consonnes,  176. 

Datif,  178;  accus,  pliir.  -es.  i83. 

Analogie  dans  le  verbe ,  171,  176-177,  182,  186-188,  /loa  ;  syntaxe, 
186,  187.  —  Indicatif  présent  du  verbe  êire,  170-188.  —  Termi- 
naisons -acjls,  -fxeda,-(xsd£v,  176.  —  Augment,  176,  177. 

Texte,  lioo,  ioi ,  traduction,  /io4,  ^o5. 


iya-Kovy-eaBev,  176. 
àSeXÇiKov ,  4 00-4 09. 
ÀAAa';^,  339. 

yeAovfieffôer,  176. 
ypd<pzis ,   171. 
■ypâ(p£(7de,  176. 
'ypd<pofia(,    176. 
ypaÇôfiatrle ,   177- 
ypa.(pôix£da,  176. 
ypoLp6fi£6£v,  176. 
ypâ!^ofJL£v,   176. 
ypa.<p6(j.£a0£v,  17(3. 
ypa.Ç!6fi£f7la,  176. 
ypa<p6fi£al£v,  176. 
ypa<Poaaal£,  177. 
ypa(po'6fJL£ad£v,  17G. 

^è»»,  174. 
^^rr;,  4oo-4o2. 

(sljSpe;^rJfiai»e,  17G. 
{£)^p£-/o>^aal£,  17(),  177. 
(e)€pe;^t>f  Tare ,  176,  177. 


(e)êpe;^offaf  e ,   176. 
(è)^p£yoaaa'l£,  176,  177. 
(e)^pe;^0Tai;e ,   177. 
ëypa<p£S,  171. 
{è)ypà(p£ad£,  17G. 
eypai^ÔTjfzer ,  176. 
(e)7pa<Pof;t£Ôa,   176. 
éypa-^ai,  171. 
êSé^aadE,  177. 
eFfxa»,  170,  179, 174-177. 
£Ïfiaal£,  170,  176,  177. 
e/fxeôa,  174-176. 
e/fxeôer,  175,  176. 
£i(i£(Td£v,  175. 
£{(/£(j1a,  176. 
£Ïyt£al£v,  175,   1  76. 
e/fz/,  170,  174,  175,  i83. 
erva»,     170 ,    177,    182  , 

i84-i88. 
eTKajy,  i85. 
elr»,  188. 
e7s,  170-172. 
£laat,  170-172,  1  74-177. 
£Ï(TaaT£,  17(),  177. 


£ladat ,  177. 
eFff^e,  17  4-1 76. 
e/o-/,  i85,  186. 
£1(776,  170,  174-176. 

£H£lfJLÏ)V,   171. 

^r,   i8l-l84. 
ér',   181,   182,  i84. 
^rct<,   182-188. 
^raji;,   182-1 85. 
^r»,  177,  181-188. 

è^UCfl£plVTljv,  400-402. 

epxoftave,  177. 
ip)(^6(iacTTe,  176. 
èp-)(6vjave,  176. 
ip/^oaave,  177- 
IpyôrraolE,  176. 
èayiév,  175,  i83. 
éaoyiai ,   171. 
eff7^,  175. 
e<77/,  i8i-i84. 

rffieôa,  171,  170. 
rf/iieôer,  175. 
rifM£p£S,    i83. 


33. 


508 


INDEX. 


ijftealev,  175. 
9j(inv,  171. 
^{jLovv,  171. 
irfp|ao-6e,  177. 
^aav,  171. 
^ffôa,  171. 
^(Tovv,  171. 
^TŒv,  186. 
T^rave,  186. 
■fJTOv,  171. 

xalve,  iHli. 
xeïerai,  171. 
xelaofJLai,  171. 
xpaTos,  178,  17^. 

'rai,  18/i,  i85. 


rarai,  1  83-1 85. 
vdvatv,  18/1,  l85. 
raffar,  17/1. 
vàade,  175. 
'i»e,  18/1,  i85. 

o<,  i8;i 
ohives,  173. 
ÔTToSrai,  i8i. 
oTioi/vaiv,  i85. 
oTioZaBe,   176. 
oTTSô've,  i83. 
oaoi  'CT7e,  175. 
ovêév,  174. 
oiî(«),  17/1. 

isaT£io'Jii£a9ev,  17(5. 
'Zjspnimeï,  189. 


tscpitaiet,  18:?. 
■nrouf,  186. 
■EroffDa/,  ]85. 
'Woiïi'aiv,  i85. 
■jffovraHf,  i84. 
■vrcovaiv,   18  II. 

ptKtrj,  Aoo-io'J. 

2)<id|x,  211. 

(Tyiepvàs,  182. 

T£S,   i83. 
To<5!i)xa,  33o. 
ToiSuxa,  33o. 

TW,    173. 


LANGUES  ITALIQUES. 

o  indistinct  devant  n  +  dentale,  3i . 

dde  n,  après  n,  3i.  —  m  final  peu  sensible,  365.  —  n  omis  devant  t, 
962.  —  t  final  tombé  devant  consonne,  262. 


OSQUE. 


Mélangé  au  latin,  261,  262. 


anasakcl,  A  .5. 
Baosa,  A .5. 
cetur,  961. 
Cumnios,  2G1. 


dedca  ,261. 
dunom  ,961. 
médis,  361. 
Pacuies,  961. 


sent,  3i. 
iipï^arininn,  3i, 
Vesiina,  261. 


OMBRIEN. 


h  initial  tombé,  oit. 

Postpositions,  A7.  —  Construction  paratactiqiic,  3/i,  35. 


ander,  Ag. 
anovihimu,  1A9. 
arves,  3i. 


arvia,  33,  36. 
-co,  A 9.     • 
Çerfia,  A  5. 


polsanu,  3A ,  35. 
luplak,  56. 


SABliN. 


ausum,  03. 


INDEX. 


509 


PELIGMEN. 


aisis,  lili,  Itb. 
Anacela,  lil\,  AT). 
Ceria,  A  5. 


-essa,  A5. 
et,  A 5. 
Musesa,  Mt ,  A 5. 


Saluta,  AA,  A5. 
sato-,  AA-A6. 


LATIN. 


Transcription  grecque,  Sgg-ioi,  ^o3,  4oA.  —  Chute  de  Vi,  ^6;  ide 

ê  en  syliabe  intérieure  sous  l'influence  d'un  /  suivant,  55. «s  et 

-es-t-,  ho.  —  Prononciation  intermédiaire  entre  n  et  ?«,  26;  m  flnai 
rétabli  par  analogie,  365.  —  Chute  de  y  dans  -owy-.,  ihù:  de  h-, 
.'] A;  syncope,  i4i,  167.  — Foi'mes  dialectales,  260,  961. 

Noms  féminins  en  -us,  160.  —  Datif  sans  t,  l\5.  —  Ablatif  avec  sens 
d(3  sociatif,  hfi.  —  Comparatif  neutre  en  -nis,  189.  —  Première  par- 
tie d'un  juxtaposé  devenue  invariable,  -25;  juxtaposés  pris  pour  des 
composés,  et  donnant  lieu  à  des  dérivés,  Sa.  —  Répétition  de  mots 
pronominaux,  26. 

Verbes  déponents ,  /îo-ia;  dénominatifs,  i63;  causatifs,  1  A3;  itératifs, 
SS-Sy,  i/t3;  perfectifs  et  imperfectifs,  54,  55,  57.  —  Préfixe  dans 
les  verbes,  57.  —  Impératif  en  -lor,  i65.  —  Participe  présent,  3o, 
3i,  Ao-Aa,  46;  participe  en  -dus,  3i,  4o;  participes  devenus  adjec- 
tifs, 3  G. 

Suffixes:  -âc-,  56;  -ago,  ~igo,  -.ugo,  i64;  -antia,  -entia,  3o;  -arius, 
3o;  -bula,  -butum,  958,  959;  -culiis,  lAi;  -é,  -ëd,  870;  -élis,  55; 
-esimus,  46;  -ia,  3o;  -îcus,  166;  -mis,  t65;-iens,  -tes,  46;  -ib's, 
960;  -io,  -ium,  56,  i42;  -ius,  166;  -or-ius ,  46;  -tare,  55;  -tas, 
3o;  -ter,  i4i;  -tio ,  56;  -uiiinus,  3i.  —  Analogie  dans  la  dériva- 
tion, 39,  4o,  46,  55,  i4i,  i42. 

Poslpositions,  42.  —  Construction  paratactique,  34,  35.  —  Etymo- 
logie  populaire,  57.  —  Trois  anciennes  couleurs,  81. 

Langue  du  droit,  Sa.  —  Langue  médicale,  pleine  de  termes  d'origine 
grecque,  38,  89.  —  Composés  savants,  imités  du  grec,  82 ,  33. 


absens,  3o. 
adamare,  i65. 
œgrotus,  38,  09. 
œnigo,  16  A. 
nfTero,  261. 
agere,  56,  16A ,  1G7. 
algerc,  i50. 
alius,  iAq. 
aller,  lAa. 
allerutec,  9  5. 
amare,  i65. 
amb-,  i56. 
ambages,  50. 


ambire,  157. 
anibuiare,  3i. 
aiuicire,  157. 
amicus,  i65. 
amita ,  1 A 1 . 
amplecli,  937. 
anculus,  35,  A5,  1  A3. 
Angilia,  A  5. 
aaimans.  Ai. 
ansa,  i5o. 
ante,  157. 
anlicus,  lOn. 
;ippellanlor,  i65. 


aquilus,  81. 
aratrum,  1A9. 
arfuisse,  261. 
arma,  207. 
armare,  957. 
armus,  957. 
aruspex,  3A. 
arvilla  ,  3A. 
arvina,  SA. 
arvum,  3 A. 
assentari,  57. 
assentire,  57. 
anfero,  a6o,  a6i. 


510 

aufugio,  260,  261. 
auriga,  i53. 
auris,  869. 
aurora,  1/17. 
auriigo,  16/i. 
aurum ,  63  ,  9 1 . 
aut,  5a. 
avère,  55. 
avonciilus,  i4i. 
avos,  i42. 

beUum,  /i58, 
bessis,  46. 
bidiioni,  1^2. 
bienniiim,  1^2. 
binoctiutn,  1Z12. 
bonus,  /i58. 

caelicus,  166. 
calamitas,  260. 
calare,  56. 
caput,  95o,  952. 
carrago  ,i64. 
Castoriis,  262. 
cavos,  189. 
ceiare,  55. 
cerasus,  160. 
citrago,  16/1. 
civitas,  3o. 
clandestinus,  89,  4o. 
com-,  ton-,  hh,  5o,  5i, 
coinburere,  00. 
compellare,  57. 
compellere,  Ô7. 
compulsare,  55. 
conciiiabulmn,  259. 
conficere,  ôo. 
conseilles  (Dii),  3o. 
considère,  5i. 
consiva,  56. 
consivia,  56. 
consivins,  55. 
conspicari,  57. 
conspicere,  57. 
consternare,  55. 
consternoro,  55. 
contaclus,  56. 
contagio,  56. 
conlagium,  56. 
contio,  5o,  56. 
conventus,  5o. 
conviciiini,  55. 
cubare,  56. 
cinn,  h9,-hh  ,  5n,  5i. 
Cupido,  257. 


INDEX. 

decet,  955. 
decies,  46. 
décurie,  /io3 ,  Ixoh. 
decus,  255. 
deficere,  167. 
delinire,  55. 
desciscere,  875. 
dexter,  t^i. 
dicax,  56. 
dicere,  55. 
dis-,  5i. 
docere,  i48. 
dociiis,  960. 
ducere,  55. 
dudum,  1  5A. 
duellum,  458. 
dulcedo,  957. 
duplex,  56. 
durare,  i5/i. 

educare,  55,  57. 
educere,  57. 
egens,  3o. 
egestas,  3o. 
endo,  i56, 157. 
equos,  i36. 
orudire ,  33. 
el,  45. 

eunlis,  3o,  3i. 
evidens,  42. 
excludere,  gS,  94. 
exclusa,  98. 
exclusor,  98. 
excurtiare  (bas  iat.),  94. 
exim,  365. 
exinde,  365. 
expendere,  98. 

1.  fabula,  258-960. 

2.  fabula,  259,  260. 
fabulœ  mânes,  958-360. 
facere,    5i,    166,   167, 

255. 
faciiis,  960. 
factio,  167. 
fama,  9  58. 
fari,  9  58. 
farrago,  16  4. 
fatum,  2  58. 
faviila,  i58.  • 
fendere,  82. 
ferundus,  3i. 
ficus,  160. 
fidelis,  55. 
fides,  55. 
Fisica  (Venus),  166. 


flagrare,  56. 
flavos,  874. 
ilexanimus,  82. 
^AelejJTojs ,  3i. 
flexipes,  82. 
flexumines,  3i. 
flexuntes,  3o,  3i. 
florus,  874. 
fluxipedus ,  3^. 
fodere,  878. 
foUis,  169. 
forum,  i46. 
fossa,  878. 
fovere,  i43,  i58. 
fragilis,  260. 
frangere,  56. 
frustum,  33. 
fulvos,  874. 

genus,  42. 
gignens,  4i. 
gignere,  42. 
gratis,  54. 

halare,  55. 
haru,  34. 
hasta,  874. 
haurire,  55. 
ha  vers,  55.. 
hebes,  i46. 
heri,  878. 
hiare,  56,  187. 
hic,  871. 
(h)olus,  874. 
homo,  i5i. 
hostis,  874. 
humus,  878. 
hune,  871. 

iens,  3o. 
illim,  865. 
imago,  i64. 
imitari,  i64. 
imminere,  157. 
impedire,  i48 ,  i56. 
imperator,  i56. 
impétigo,  i64. 
implicare,  56. 
implorare,  167. 
in,  42,  i56,  157. 
inciens,  26. 
incola,  i53. 
indagare,  56,  i5.6. 
indaudire,  i56. 
inde,  865. 
indicare,  55,  67,  i56. 


INDEX. 


511 


indicere,  57. 
indicium,  55. 
indigena,  i53,  1  57. 
indigere,  i56. 
Indigetes  (Dii),  li-2. 
indipisci,  i56. 
indoles,  157. 
indu,  161. 

induere,  49,  1/43,  i56. 
indulgere,  i56. 
indupedire,  i5(5. 
induperator,  i56. 
industrius,  161. 
indutiœ,  157. 
ingens,  Us. 
ingenuus,  7^. 
inguen,  365. 
inicere,  167. 
inigere,  157. 
inire,  157. 
injicere,  157. 
inserere,  157. 
insistere,  167. 
inspicere,  157. 
instare,  107. 
insternere,  157. 
interdum,  Uo. 
intestinus,  lio. 
intus,  ^0. 
itidem,  lio. 

jacere,  255. 
Jovia,  Jovius,  166. 
jus,  5a. 
juvencus,  52. 

labare,  55. 
labi,  55. 
legare  ,56. 
ievis,  56. 
libellas,  3o. 
libido,  257. 
licinus,  3o. 
liquare,  56. 
liqui,  56. 
lucuns,  3o. 
lumbago,  16/1. 
luxare,  3o. 
luxus,  3o. 

mâlus,  458. 
mâlus,  160. 
manceps,  39. 
manifeslare ,  39. 
manifesto,  39. 
manifeslus,  33. 


mansuetus,  39. 
mantile,  55. 
manu,  39. 
manufactus,  33. 
manufestus,  32. 
manumissus,  32. 
mater,  lAi,  i63. 
maferies,  i63. 
matertera,  i4i. 
Matuta,  65. 
niatutinus,  39. 
mergi,  376. 
minor,  46. 
modus,  i46. 
monere,  i/i3. 
monstrum,  259. 
mostellum,  269. 

necare,  56. 
necessarius,  3o. 
necopinus,  56. 
nidus,  5i. 
nobilitas,  3o. 
nocere,  i43. 
nomen,  ih'j. 
nonus,  365. 
nosler,  37,  i4i, 
novem,  365. 
nudus,  160. 

occipere,  57. 
occulere,  55, 
occultare,  55. 
occupare,  57. 
omnis,  37. 
operandum,  3i. 
operire,  56. 
opinari,  56. 
opinio,  56. 
oportere,  56. 
oriundus,  Ao. 

pabulum,  959. 
palari,  56. 
pangere,  56. 
parare,  56. 
patere,  i58. 
patiunto,  i65. 
patruos,  iZii,  lAs 
ped-,  1/18. 
pellere,  th5. 
pendëre,  56. 
pendêre,  56. 
persona,  i45. 
Picumnus,  3i. 
Pilumnus,  3i. 


piacare,  56. 
placere,  56. 
plectere,  56. 
piumbago,  i64. 
pomus,  160. 
populabundus ,  /io. 
posticus,  i65. 
postremo,  259,  960. 
potens,  3o. 
potestas,  3o. 
prae,  ha. 
prœditus,  àû. 
praegnans,  4i,  /I2. 
prœsens,  3o. 
praestolari,  57. 
precari,  56. 
propagare,  56. 

quando,  366. 
quattuor,  i58. 
-que,  157. 
queuntis,  3o,  3i. 
quid,  53. 
quiens,  3o. 
quinque,  157. 
quoniam,  365. 
quoquo  modo,  96. 
quotiens,  quoties,  46. 
quotquot,  96. 

recens,  46. 
rego,  39. 
repetundus,  3i. 
rogare,  56. 
rubia,  80. 
rubigo,  i64. 
1.  nidis,  33. 
9.  rudis,  33. 
ruditas,  33. 

sœpiie,  i43. 
salsugo,  i64. 
scelestus,  4o. 
scobis,  i46. 
secare,  375. 
secundus,  4o. 
secus,  5i. 
sedare,  56. 
semestris,  i4i. 
-sens,  3o. 
sequester,  5i. 
sextans,  46. 
simplex,  2  4. 
sinister,  i4i. 
solari,  56. 
soiere,  56. 


512 

sons,  3o. 
sopire,  i43. 
soror,  147. 
stabulum,  335. 
slerilis,  960. 
sterilitas,  a 60. 
sternere,  îî6o, 
slrages,  39. 
stringere,  Sg. 
struere  ,161. 
studere ,  156. 
stupere,  i5A. 
subtilis,  55. 
siibiila,  359. 
sulTragari,  55,  56. 
suH'ragium ,  55,  56. 
sunt,  3i. 
surripere ,  ô^. 
siispicaii,  55. 
suspicax,  56. 
suspicere,  55. 


tagani,  56. 
lagax,  56. 
tangere,  56. 
fantuliis,  aia. 
(empestas,  3o ,  /io. 
tetuli,  a3i. 
toga,  i/i3. 
toilo,  93 1. 
totiens,  liC). 
totiis,  96,  97. 
Iressis,  /i6. 
Irixago,  16/1. 
luenio,  i65. 
tundere,  i5A. 

iiucus,  1  5o. 
unire,  iliii. 
usurpare,  57. 
uter,  I  /(  1 . 
utrinde,  365. 
utrinqiio,  365. 
iixor,  5o. 


venari,  55,  56. 
verecundus,  60. 
versicolor,  39. 
vorsiformis ,  39. 
versipellis.  Sa. 
Vertumnus,  147. 
vesperlinus,  39. 
vester,  37,  i4i. 
vicesimus,  46. 
virago,  i64. 
vocare,  56. 
volare,  56. 
volcns,  3o. 
volo,  volonis,  3o. 
voluntariiis,  3o. 
volunlas,  3o. 
volutans,  4t. 
volvendus,  4o. 
\olvens,  4o. 
vomit,  i43. 
vortere,  56. 
vox,  i48. 


LANGUES  ROMAINES. 

ROUMAIN. 

îmlila,  iimbla,  .'}  1 . 

ANDALOUS. 

Chulo  (1(>  l'r  (levant  /parasite,  28. 


ITALIEN. 

andar,  annar,  3i.  fantasia,  335. 


scorciaro,  9  4. 


PROVENÇAL. 

allar,  3i. 


FRANÇAIS. 

Substantifs  changes  en  adjectifs  aii^  comparatif ,  87.  —  Survivance  du 
gérondif  à  i'ablatif  et  à  i' accusatif,  96,  168,  169. 

Formations  analogiques  en  -en'e,  96:  sufïixe  -ose,  89. 

Comparaisons  familières,  33;  surnoms  emphatiques,  32.  —  Termes  mé- 
dicaux, grecs  ou  colorés  de  grec,  89.  —  Voir  276,  276,  281,  28^, 
337,  339,  359,  A3/»,  hti&,  A/19,  l^6l^,  h68. 


513 


Avi'oHes,  191. 
bondieuserie,  96. 
honliomme,  hbg. 
brouette,  90. 
carême-prenant,  90. 
cheveux  (en  — ),  160. 
comme  ça,  99, 
compagnon ,       compain , 

Condac,  191. 
Condom,  191. 
défection,  167. 
défendant    (à    son    corps 

-),  95. 
embrasser,  307. 
escorcier  (v.  fr.  ),  9/1. 
escorsure  (v.  fr. ),  9^. 
fable,  960. 
faisant  (chemin  — ),  9.5. 


fendant,'  169. 

fou,  169. 

IVosI .  froust  (v.  fr.),  33. 

froufis  (v.  fr. ),  33. 

fruste  (n.  et  adj.),  33. 

gardant,  90. 

il  est,  1  79. 

il  y  a,  179,  180. 

image,  i6i. 

imiter,  16^. 

Juiilac,  191. 

Juilié,  191. 

Juilly,  191. 

Juliers,  191. 

Jully,  191. 

large,  2^6. 

madré,  168. 

madré,  168. 

mercerie,  96. 


mère,  i63. 
merrain,  i63, 
Neuvy,  191. 
Nimègue,  191. 
notre,  nôtre,  27. 
Noyon,  191. 
orfèvrerie,  96. 
quant  (v.  fr. ),  96. 
rétors,  168. 
saint,  ^5. 
Ternay,  191. 
tolérance,  i63. 
Tonnerre,  191. 
Tournai ,  Tournay,  191, 
Tournon,  191. 
tramer,  161. 
venimeux,  9^-96. 
venin,  95,  96. 
Yverdun,  191. 


LADIN. 

amnar,  3i. 

LANGUES  CELTIQUES. 

Traitement  de  s,  1.^1.  —  Noms  hypocoristiques,  189-191.  —  Siillixe 
-âco-,  189-191. 

La  i"  pers.  pi.  -mi,  en  vieil  irlandais,  871. 


GAULOIS  OU  VIEUX  CELTIQUE. 


amb-,  i56. 
Andecavi,  190. 
Andes,  190. 
Bodiognalus,  189. 
Camulogenus,  189. 
Camulognata,  190 
Camulorix,  190. 
-cennos,  190. 
Condacus,  191. 
(londomagus,  19  t. 
Cunocenni,  190. 
Dubnntalus,  190. 
Dubnoveliaunus,  190. 
Dumnacus,  190. 


Dumnorix,  190. 
Dumnotahis,  190. 
Dumnovellaunus,  190. 
Ebiiracus,  191. 
Eburobriga,  191. 
Eburoduimm,  tgi. 
Flaviacus,  191. 
Flaviobriga,  191. 
Juliacus,  191. 
Juliobona,  191. 
Nemetacum,  190. 
Nemetoconna,  190. 
Noviacus ,  191. 
novio-,  109. 


Noviodunum,  191. 
Noviomagus,  191. 
Senacus,  190. 
Senocondus,  190. 
Senognatus,  190. 
Senomaglus,  190. 
Senourus,  190. 
Senoviros,  190. 
Siimelocenna,  190. 
Tegernacus,  190. 
Tegernomalus ,  190. 
Turnacus,  191. 
Turnodurus,  191. 
Turnomagus,  191. 


aue,  369. 
bâidim,  378. 
Berach,  189. 


VIEIL   IRLANDAIS. 

Buadach,  189. 
Camr'lacus,  189. 
Camuiacus,  189. 


celim,  55. 
cétbuid,  5i. 
celhir,  i58. 


5U 


INDEX. 


coic,  1.57. 
coicer,  167. 
corn-,  365. 
con-,  .365. 
ech,  i36. 


fer,  1 5 1 . 
finn,  /i58. 
ô,  369. 
rosîaclit,  i53. 
sech,  5i. 


Senachus,  189,  190. 
Tigernach,  190. 
triar,  157. 
tuilim,  i5i. 
nasal,  55. 


Buddfawr,  189. 
Bud-Gualan ,  1  89. 
Biidoc,  189. 


GALLOIS. 

canfod,  5i. 
Concen,  190. 
ewylhr,  lia. 


hep,  5i. 
Teyrnoc,  190. 


V1EU\  BRETON. 


Buduuoret,  189. 
euontr,  iZia. 


Tiarnmael,  190. 
Tiarnoc,  190. 


LANGUES  GERMANIQUES. 

Les  finales  et  la  loi  de  \eruer,  872.  —  D  pour  n  après  11,  3i.  —  Cau- 
satifs,  1^3;  confusion  avec  les  itéralifs ,  ihS. 

Colique  :  nom.  plur.  -os,  867;  gén.  -iwe,  867. 

Anglais  :  le  genre,  3o6.  —  Formations  analogiques,  le  suff.  -eries,  gB, 
96. 

Vieux  haut-allemand  :  1"  pers.  plur.  -mës^  371. 
Allemand  :  confusion  des  sonores  et  des  sourdes,  333,  334.  —  Verbes 
forts  d'origine  latine,  98.  —  Anciens  composés  devenus  dérivés,  966. 


ana,  167. 
and,  i55,  i56. 
auhns,  187. 
auk,  59. 
ausins,  369. 
auso,  369. 
biuhts,  5i. 
dauhtar,  i5i. 
diwan,  i4i. 
figgrs,  107. 
ga-,  5/1. 
gageigan,  oh. 
gahlaiba,  i55. 
gaqumljs,  56. 


GOTIQUE. 

gazds,  874. 
gods,  ii6. 
goijan,  1  A5. 
guma,  i5i,  3/3. 
liandugs,  5i. 
hwan,  148. 
hwajjar,  i/i3. 
liwe,  370. 
iup,  55. 
ju,  53. 
magan,  87^. 
muiis,  377. 
namo,  1^7. 
niujis,  i53. 


qeiis,  874. 
sait,  1^9. 
sidus,  i48. 
skaban,  878. 
staiga,  i48. 
stautan,  i56. 
sums,  877. 
uiid,  1  55,  i56. 
wairs,  i5] . 
-wardjan,  i45. 
wars,  i46. 
wenjan,  55. 
wens,  55,  56. 


âe ,  1 4 1 . 
amma,  i4i. 
ausa,  55. 
6ngr,  157. 


VIEIL  ISLANDAIS. 

gala,  i45. 
gôl,  i45. 
huerr,  877. 
k6f,  878. 


kuefia,  878. 
mol,  i46. 
Tjak,  i46. 


INDEX. 


515 


VIEUX   SUEDOIS, 
sova,  1^3. 

ANCIEN  FRISON. 

slûta,  98. 

NÉERLANDAIS, 
sluiten,  98. 

VIEUX  SAXON. 

tlie,  i5/i. 


brok,  iAr>. 
eoli,  i36. 
hêafod,  a  Sa. 


ANGLO-SAXON. 

hi,  189. 

oct,  i55,  1 56. 

hé,  he,  ibl\. 


wén,  5G. 


Colinderips,  96,  9<). 
fislieiies,  96. 


ANGLAIS. 

floweries,  9 5. 
heaitheries,  96. 


mother,  i63. 
York,  191. 


VIEUX  HAUT-ALLEMAND. 

braol),i45.     .  grab,  1/16.  nidar,  .5i. 

eiskôn,  i5i.  {jriioba,  1/16.  sliozan,  98. 

faran,  i48,  iii5.  hëlaii,  55,  i36.  slôz,  98. 

fingar,  157.  bnisa,  i8().  sluzzil,  98. 

fior,  i58.  igel,  5i.  Tif,  55. 

fuolen,  i/i5.  lam,  i46.  iint,  i55. 

fiior,  i/i5.  iuiigar,  56.  wân,  56. 

fuoren,  1^8,  i/i5.  'uog,  i46.  wara,  i46. 

fiisl,   157.  nëst,  5i.  woHii,  870. 


bos,  /j58. 
Deckel,  98. 
ein,  ei'n,  97. 
ergreifen,  957. 
Fiosz,  98. 
Fliigel,  98. 
Geduld,  i63. 
Golho,  ^58. 
Gott,  /)57. 
gui,  457,  /i58. 


ALLEMAND   MODERNE. 

Jiilicb,  191. 
Mann, ^59. 
Wutler,  168. 
Neutnagpn,  191. 
ohnmiicblig,  a  Ad. 
preisen ,  98. 
sclilechf ,  /457-/159. 
Sclil.iuso,  98. 
schlicbt,  /157. 
scbiieszen,  98,  9/1. 


Schlosser,  98. 
Sciilosz,  9.8. 
Schlùssel,  98. 
Schosz,  98. 
schreiben,  98. 
Schùrze,  96. 
schiirzen,  9/1. 
spendcn,  98. 


516 


INDEX. 


LANGUES  LETTO-SLAVES. 

Instrumental,  870,  3'] -2.  —  Itératif,  56,  67;  accent  des  ile'ratifs  et  des 
causatifs  primaires ,  1  ^i . 

I.    LANGUES  LETTO-PRUSSIENNES. 
lituanien  :  accent,  li/i.  —  Instrumental,  870. 


an-,  lig. 
ausins,  '.H]g. 
awis,  lia. 
en-,  !ig. 
ganna,  lig. 
gelatynan ,  87  A. 
gerdaul,  ifjo. 


VIEUX  PRUSSIEN. 

grumins,  oo. 
gunnimai,  5o. 
kiosi,  37.3. 
kirdït,  37^. 
klausîlon,  37/1. 
lasinna,  37/i. 
massi,  87/1. 


salin,  37 i. 
sanimai,  49. 
semmê,  373. 
sen,  hg. 
stesmii,  370. 
lusnan,  ibfi. 


akmû,  37/i. 
ant,  i55,  i56. 
asà,  i5o. 
asznà,  137. 
ausi,  869. 
ausis,  369. 
auszrà,  Sa. 
avynas,  itta. 
azu,  55. 

bet,  i54. 
blizgù,  56,  iS'j. 
bukùs,  i5o. 

dâr,  1 5o. 
dâras,  i44. 
daryti,  idli. 
dâro,  i4A, 
degù,  i58. 
dëvû,  3C6. 
duklé,  i5i. 
duti,  i5o. 
erdvas,  i5o. 
^szkaij,  i5o,  i5i. 
ëszkôli,  375. 
ëszraas,  1  5o. 
ezys,  S/j. 

garszus ,  1 5 1 . 
geime,  i5o. 


LITDA.MEN. 

geîsli,  875. 
gelsvas,  37/). 
gel  tas,  374. 
gesù,  i43. 
gilùs,  i5o. 
gimine,  879. 
gimlîs,  879. 
gî5das,  i46. 
grobé,  i/j5. 
grumi'na,  5o. 

i,  5o. 

imânas ,  1  A  4 . 
int,  i56. 
ivoda,  i/j6. 

jaû,  52. 
jâunas,  59. 
jaunyn  eïti,  lia. 
joti,  i4o,  i5o. 

kadangi,  366. 
kasîi,  i43. 
katràs,  lAi.» 
klausaû,  i5i. 
klausyli,  87 4. 
kiinisté,  157. 

lailkas,  i5o. 
laukè,  i5o. 


lâuzyli,  ihlt. 
lâuzo,  iMi. 
lomà,  i46. 

mâras,  i46. 
mazgoju,  876. 
midùs,  869. 

naiijas,  i5a. 
noras,  i46. 
où-,  167. 
nû,  157. 
nugas,  i/j6. 

pas,  1/19. 
pâskui,  ihg. 
pelenaî,  i/i3. 
pravoza,  i/j5. 

romùs,  I '(6. 

sâkas,  i/i/j. 
san-,  5o. 

sânoszai,  5o,  i46. 
sâziné,  5o. 
seseryjè,  1^7. 
sesû,  147. 
skabù,  878. 
skalà,  i43. 
skedzu,  875. 


INDEX. 


517 


skeliù,  i/i3. 

-t,  i54. 

zalà  kârvê,  875, 

spiâuju,  189. 

te,  i54. 

zâlias,  875. 

slî'giu,  i5o. 

lîlti,  loi. 

zasis,  87 i. 

sUlgas,  166,  i5o. 

Iiiz  :;,   1 

zélmenys,  876. 

su,  5o. 

liimi,  870. 

zélli,  870. 

sùneszu,  5o. 

zeme,  878. 

susizinaû,  5o. 

uz,  55. 

zerti,  166. 

szakà,  878. 

uziot,  i54. 

ziiti,  870. 

szeszuras,  i5a. 

ziôju,  187. 

szi,  189. 

vàszas,  i5o. 

zmogùs,  i5i. 

szinitas,  5o. 

vc'nas,  i5o. 

zole,  87^. 

szis,  189. 

viikii,  870. 

zvaigzd?,  87/1. 

szû,  1/17. 

virszùs,  i5i. 

zvèris,  8 7 4. 

vvras,  lai. 


LETTE. 


aiz,  55. 
atwars,  i4G. 
bedre,  878. 
grabas,  1  ^i5. 


lâms,  ili6. 
mêtât,  55. 
metu,  55. 
lumst,  5o. 


uz,  55. 
warde,  i5o. 
wârs,  1/16. 
wilt,  i5o. 


II.    LANGUES   SLAVES. 


Vocalisme,  iBy-i/io;  jotlisation,  i.'jy-tio.  —  Palatales  et  vélaires, 
37/1,375. 

Vieux  slave  :  è,  i38,  iSg;  pour  a  dans  «les  emprunts  au  grec,  i38:  ja 
=  balt.  e,  373;  de^è,  i38;y  tombé  devant  a,  02.  —  c  de  s  devant 
voyelle,  69.  —  r-  de  vr-,  lA'î.  —  Accent,  ifih.  —  Dissiniilalion, 
139,  1^0.  —  Instrumental,  370;  gén.  plur.,  367;  gén.  duel,  9.67. 
—  Comparatifs,  iSg-iAi.  —  Préfixes  verbaux,  4g,  00.  —  1"  pers. 
-a,  à  l'indicatif  et  au  subjonctif,  37  t.  —  Itératifs  et  cansatifs,  1/1 3, 
144;  dénominatifs,  i44. —  SulT.  -tel-,  100,  i5i.  —  Contamina- 
tion, 5i,  5>^. 

Serbe  :  -îti,  i44. 


VIEUX  SLAVE. 

aky,  59. 
alavèstrû,  188. 

caje-,  189. 
casa,  878. 

dlïgola,  i43. 
dobrejï,  i3g. 

ave,  53. 

cesa,  i48. 

dravii,  i'i3. 

azu,  5a. 

-cezna,  i4i. 

dr.'vo,  308. 

a-  49. 

cïlo,  58. 

drûva,  368. 

achati,  55. 

chodili,  i48. 

dûma,  5o. 

alrï,  49. 

chosla,  1  53. 

dusti,  i5i. 

chosielù,  i5G. 

dvoru,  i46. 

blïsnati,  56. 

chûtrli,  5o,  1 

58. 

bljudetii,  189. 
bogù,  ilx-2. 

davt'',  i5/li. 

-gasali,  1  'i3. 
gasili,  i43. 

buditù,  189. 

davili,  \!iti. 
dïbiii,  i58. 

gasi,  874. 
glaboku,  878 

518 

godû,  i46. 
goniti,  i43. 
gorjïjï,  i5o. 
goslï,  374. 
grabili,  i43. 
grîmèti,  5o. 
gûnati,  5o. 
gvozdï,  374. 

jaky,  52. 
javè,  59. 
jazii,  5-2. 
jeste,  375. 
jiskati,  375. 
jiska,  i5i. 
jizgaga,  146. 
jizbava,  i4'j,  i45. 
jizbaviti,  ittU. 
jizueinoga,  5o. 
ju,  juze,  59. 
jucha,  52. 
jugù,  53. 
junïcï,  52. 
junû,  52. 
jutro,  52. 

kaditi,  iMi. 
kaniti,  16/1. 
kaza,  iMi. 
kaziti,  lUli. 
konje,  i4o. 
koryto,  377. 
kose,  i43. 
kû,  kûn,  69,  5o. 
kùlo,  53. 

-lazii,  i44. 
legîi,  37/i. 
lezati,  376. 
leja,  139. 
leza,  i44. 
lïgùkû,  56. 
lïja,  139. 
-logu,  itltl. 
loziti,  ilili. 

maliî,  ih6. 
meta,  55. 
mt'kncajï,  189. 
mètali,  55. 
nioga,  374. 
moriti,  ihli. 
morii,  i44,  i46. 
mozgù,  376. 
mylarjï,  139. 


INDEX. 

na,  157. 
nadrt,  157. 
nadymali,  5o. 
nagù,  i46. 
naricati,  56. 
nesomù,  147. 
nid,  5i. 
nizû,  5i. 
nogùtï,  i56. 
îiositi,  i43. 
novejï,  139,  i4o. 
iiovèjïsa,  i4o. 

o-,  i56. 
ob-,  i56. 
ognjï,  i56. 
on-,  49. 
onusta,  49. 
oriti,  i43. 
ostrovù,  i56. 
ovii,  371. 

pa-,  5o. 
jialili,  i43. 
pasti,  5o. 
pazilï,  5o. 
pepeiu,  i43. 
pestï,  157. 
pèiï,  i58. 
planali,  i43. 
plavili,  i43,  i44. 
plavï,  i44. 

pîji'J2'  139. 
po-,  5o. 
pojiti,  i44. 
-pojï,  i44. 
polèll,  i43. 
pra-,  5o. 
prijateljï,  189. 
pro-,  5o. 
prositi,  i43. 
protivù,  149. 

ratajï,  iSg. 
-razu,  i42,  i44. 
raka,  i43. 
rècï,  i46. 
rèja,  139. 
rèza ,  1 4  9 ,  1 4  4 . 
rïci,  56.       • 
rosa,  i4a. 
rota,  1  49. 

saditi,  i44. 
sa-,  49,  5o. 
sadiji,  i53. 


asdû,  49. 
salogiî,  49,  5o. 
samïnènïje,  5i. 
samïnèti,  5i. 
sasedû,  49. 
sèje,  139. 
sekyra,  375. 
soka,  875. 
si,  189. 
sï,  189. 
skandèiu,  i38. 
slava,  i44,  i46. 
slaviti,  i44. 
slazdïjï,  189,  i4o. 
slazdïsa,  i4o. 
sluga,  i53. 
slysali,  5i. 
smpja,  189. 
snïicha,  i5i. 
socha,  878. 
solï,  149. 
staviti,  i44. 
sti^nï,  375. 
stigna,  874. 
stogù,  i46. 
stryjï ,  1  4  9 . 
sujï,  189. 
sulèjï,  i4o,  i4i. 
suljïjï,  i4o. 
suljïsï,  i4i. 
su,  sùn,  5o,  59. 
su-,  Sun-,  49-51. 
subira ti,  49,  5o. 
sùbljusli,  5i. 
sûchoditi,  5o. 
sûdeiati,  5o. 
sûdravù,  5i. 
sudruzati,  52. 
sûkryti,  5o. 
sùloziti,  59. 
sùmïnmïje,  5i. 
sûmïneti,  5i. 
sûmrutï,  5i. 
sùneti,  52. 
sûn&ti,  5a. 
sùniti,  59. 
sùnïmali  se,  Sa. 
sùpasti,  5i. 
sûsadù,  5i. 
sûto,  5o. 
sùzesti,  5o. 
sjujï,  189. 
sujï,   189,  l59. 

lajati,  i54. 
talù,  i54. 


tatï,  i5o. 
lechû,  870. 
terni,  870. 
tèmï,  870. 
lèmù,  870. 
tïma,  5o. 
locili,  iMi. 
toju,  1A8. 
lokû,  i44. 
lomï,  870. 
tomu,  870. 
topiti,  ihà,  154. 
toplû,  ilih. 
trava,  ilili. 
traviti,  i44. 
trova,  i44. 
tuDJe,  ibti. 
lustï,  i54,  875. 
Ivarï,  1  46. 

u,  uze,  53. 
ubo,  52. 
ubogu,  145. 
ucho,  869. 


INDEX. 

udarï,  i46. 
ujï,  ihs. 
uneje,  i4o,  i4t. 
unje,  i4o. 
unjïsï,  i4i. 
ustro,  59. 
usesc,  869. 
usi,  869. 
uto,  5q. 
uloliti,  i5/i. 

vabiti,  i44. 
vaditi,  i44. 
valiti,  i44. 
valu,  i44. 
variti,  i44. 
veja,  i46. 
vèsîi,  i48, 
voditi,  i43. 
volili,  i43. 
-vorû,  i46. 
voziti,  i48. 
vozû,  i45. 
vratiti,  i45. 


519 


vr fichu,  i5i. 
vrùtèti,  56. 
vu,  vùn,  49,  5o. 
vùtorû,  5o. 
vùzèdi,  i4o. 
vfiz(ù),  55. 
vysiti,  i44. 
vysokû,  55,  i44. 
vysïjï,  189. 

za,  Sa,  54,  55. 
za-,  54. 

zelenû,  874 ,  875. 
zemlja,  878. 
zeralje,  i4o. 
zeja,*i87,  189. 
zlato,  875. 
znaje,  i4o. 
zvonû,  i45. 
zalï,  i46. 
zega,  108. 
zena,  i54. 
zïga,  i58. 
zlïtû,  874. 


SERBE. 


bâviti,  i44. 
daviti,  i44. 
dâvî,  i44. 
gâsiti,  i44. 
gâsî,  i44. 

gôj,  3.7 7- 
grâbiti,  i44. 
grâbï,  i44. 
jabali,  i4o. 
jezditi,  i4o. 
jur,  53. 
lôzî,  i44. 


môrî,  i44. 
nâga,  i46. 
nâgo,  i46. 
DÔsiti,  i44. 
nosî,  i4'4. 
pâliti,  i44. 
pâlï,  i44. 
plâvili,  i44. 
pôjï,  i44. 
s,  5i. 
slâvili,  t44. 
1er,  1 54. 


tôcî ,  1 4  4 . 
tôpï,  i44. 
tuHti,  i54. 
vâdili,  i44. 
vâliti,  i44. 
vodî ,  1  4  4 . 
zlâ(o,  875. 
zût,  874. 
ziita,  874. 
ziito,  874. 


TCHEQUE. 

ctyri,  i58.  î-ku,  56. 


POLONAIS. 


cienki,  5o. 
cbcc,  1  58. 
dwauas'cie,  i5{ 
grzmiec,  5o. 
gwiazda,  874. 


gwizd,  874. 
juz,  52. 
pa-,  5o. 
po-,  5o. 
rzne,  14-.?. 


sowity,  i4o. 
tez,  i54. 
tulic,  i54. 
z,  5i. 
zwierz,  474. 


var,  i46. 
vôdil,  i44. 


RUSSE. 


gâsit,  i44. 
gasi't,  i44. 


gasit',  i44. 
gasd,  i44. 


520 


INDEX. 


goda,  16 G. 
gremêr,  5o. 
dv;idcat',  i58. 
dvènâdcat',  i58. 
-dorov ,  1 4  3 , 
zôloto,  375. 
jescé,  37.5. 
jèdu,  ilio. 


IllOll'l,    l'i'l. 

najjâ,  1^6. 
ii;i{{0,  i/ifi. 
inJsit,  ilili. 
nosi't",  ihlt. 
ocliôta,  55. 
pali'l,  ilili. 
pâlit',  ilid. 


paljû ,  \lit\. 
povar,  146. 
pojit,  iMi. 
pjâtero,  î  57. 
s,  5i. 

tôsclj,  376. 
tiidcaf,  i58. 
tiinûkû,  5o. 


LAÎSGUE  ARMEMEl»E. 

Vocalisme,  i5o-i59,  i56.  —  Prollièse  de  a-,  i5i.  — e  conservé, 
187,  i58;  0  conservé,  0/1.  —  Accent,  iSa.  —  Consonnes,  i53, 
1 5 i  ;  traitement  de  -tt'?/- ,  1 5 1 ,  ibo.;  z  de  gji ,  5 4  ;  de  « ,  1 5 1  ;  f A  de  /, 
i54.  —  Analogie,  5'i. 

Nomin.  plur.  -hh,  i58. 

Conjugaison,  53,  5/j,  100;  aoriste,  i5o,  i53. 

Suflixes,  -oivn,  i/jy;  -/-,  i5o;  -r ,  167. 

A  subi  des  altérations  profondes,  1/19.  —  Sa  position  dialectale,  l'ig- 
i55.  —  Alfinités  du  vocabulaire,  1 69-16 1.  —  Emprunts  à  l'iranien 
et  à  l'araméen,  hk. 

Arménien  moderne,  53,  i5î!. 


aA,  1  49. 
aAt,  1^9. 
aku,  369. 
aml)oAj,  i5(). 
amenakal,  i53. 
amowsin,  5o. 
aynosik,  i58. 
ayiiorik,  1  38. 
aynokhik,  i58. 
ayns,  i58. 
aynr,  i58. 
aynr,  i58. 
aynkh,  i58. 
ayr,  i5i. 
ayç,  i5o. 
ayçanem,  101. 
angët,  53,  i53. 
angitaw,  i53. 
angili,  i53. 
and,  379. 
andên,  37-2. 
anmoraç,  i53. 
anown,  53,  167. 
açkh,  369. 
Aslowac,  102. 
astowacoç,  iSa. 
Asfowcoy,  i59. 
awazak,  i5o. 


a\\r,  i.)i. 
aramh,  i5i. 
aranr,  i5i. 
arawr,  lig. 
artlinovvn,  53. 
ars ,  1 5 1 . 
art,  i5o. 
atkli,  101. 
ar  iinë,  5a. 
arn ,  1  5 1 . 

hazowm,  5 A. 
bekanel,  lâa,  1  43. 
ber,  i5o. 
bowth,  i5o. 
bowsaw,  i53. 

gaAt,  1  5o. 
garsel,  i5i. 
gafn,  i5t. 
getoç,  i58. 
gerosçes,  hlf. 
glel,  lUh. 
gnal,  i53. 
gnar-,  i53. 
gnaçeal,  i53. 
goA,  i5o. 
gorceal,  i53. 


gorcoa<;,  i53. 
gorcel,  i53. 
gorliw,  i5o. 

der,  i5o. 
dêz,  54. 
dowstr,  1 5 1 . 

fbek,  1  53. 
elhe,  i54. 
ekar,  i53. 
ébat,  i53. 
es,  54. 

ewtlinerord ,  157. 
eleA,  53. 
erir,  157. 
crkayn,  i5o. 
erkar,  i5o. 
orrord,  157. 
Cr,  53. 
ompem,  i55. 
and,  i55-i57. 
anderkh,  i56. 
andër,  i55. 
andhat,  i53. 
ondownel,  i55. 

ankalay,  i55. 


5L>1 


onker,  i53 ,  lof). 
onkeraw,  i53. 
onkeri,  i53. 
onklay,  loo. 
onklnowm,  i5o. 
anlani,  i55. 

z-,  52-55. 
zan,  5/). 
zangitel,  53. 
zawT,  5i. 
zafanel,  53. 
zarihnoAvI,  53. 
zeteAil,  53. 
zên,  bit. 
zi,  53,  5/i. 
zkni»  o!x. 
zhet,  5i. 
zmë,  52 ,  5/i. 
zovanal,  53. 
zoyg,  5i. 

lhaf»a\vor,  i53. 
ihalhawel,  i5/i. 
ihanal,  i5^i. 
thanjr,  iS^i. 
Iharsam,  i5i. 
Ihe,  i5^. 
tliekhom,  i56. 
Ilimbir,  i  5i. 
Ihmbrel ,  i  bli. 
tbndal,  i  5/i. 
ihndel,  i5/i. 
tbndowinn,  i5A. 
tboA,  i5^. 
thoAowl,  i5'i. 
Ihoyl,  i5/i. 

i-,  53. 
ibr,  53. 
imê,  lôa. 
inkbn,  372. 
inkhnaboys,  i53. 
inkhnakar,  i53. 
is,  56. 
iw,  53. 
iwikli,  53. 
iwr,  53. 
ikh,  157. 

lezow,  53,  ô'i. 
loway,  1 5 1 . 

\and,  1  53. 
xjnd ,  1  53. 


xndal,  1  53. 
xndir,  1  53. 

cnawAkIi,  i5o. 
cownr,  167. 

kal,  i53. 
kalay,  i55. 
kalaw,  i53. 
kamagnaç,  i53. 
kardam,  i5o. 
kaçeal,  i53. 
kin ,  1  5  '1 . 
kogi,  i52. 
kornçim,  i5o. 

bayr,  1 5 1 . 
ban-,  5o. 
bavv,  i/i9. 
hatanel,  53. 
hars ,  1 5 1 . 
narkh ,  1 5 1 . 
het,  56. 
binjf,  157. 
hingpr-  ,157. 
bingerord,  157. 
bngelasan,  1  57  ,  1  58. 
hov,  53. 

jayn,  5 h. 
jgel,  5/1. 
jew,  56.  ■ 
jern,  5'i; 
ji,  56. 

jiown,  56. 
jir,  56. 
jmern,  56. 
joyl,  56. 
jovvkn,  56. 
jri,  56. 

mard ,  1 5 1 . 
mez,  54. 
nii  berer,  i5o. 
mofanal,  i53. 
mnraraw,  i53. 
morareal,  i53. 

yisown,  i58. 

nlsl,,  5i    1  5i . 
iikowii,  5'i. 
Il  osa,  i58. 
iiow,  i5i. 


iiora,  i58. 
nokha,  i58. 
nslim ,  5 1 . 
sowii,  167. 

0,  ov,  53. 
ogi,  hogi,  iSa. 
ozni,  56. 
oyr,  53. 
oç,  i56. 
ownel,  i55. 
owtem,  i59. 
or,  53. 
okh,  157. 

çë,  i56. 
çorekhean,  i58. 
çorekb-hariwr,  i58. 
çorokbtasan,  i58. 
çorkb,  i58. 

jerm ,  157. 

skesowr,  iSa. 
skizbn,  i53. 
sksanim,  i53. 
soyii,  872. 
-sown,  1  53. 
sIGp,  i56. 
srlabek,  i53. 

vard ,  5 1 . 
vestasan,  157. 
veç,  157. 
veçerord,  157. 

lasii,  i58. 
tcsanei,  i5'.>.. 
tew ,  I  5  6 . 

-r,  53. 

ç,  i56. 
çax,  373. 
(in,  873. 

phoylh,  i56. 

-kb,  157. 
kbarsel ,  1  5 1 . 
kbiiln  ,  1  5i . 
kboyr,  1/17. 
kbors,  1  5i . 
kborkb,  i5i. 


Mi 


522  INDEX. 


LANGUES  INDO-IRANIENNES. 

L'indo-ii-anien  distinguait  J  a  (de  e),  pt  «  (de  o),  1/17;  a  dëveloppié  les 
oppositions  quantitatives,  167.  — Traitement  de  0,  \k<î-\ko).  —  à, 
liS-iig.  ^ —  -âm  dissyllabique,  867,  368.  —  Le  rythme  de  la 
langue  était  iarabique,  1  k'j. 

Gutturales  devant  0,  i^3;  devant  h,  ?n,  876-380.  —  Traitement  de 
A-,?,  167;  de  -a,  69;  sk' ,  876,  876;  -n,  365,  366. 

Thèmes  en  a,  i,  u,  867,  368.  —  Tendance  à  rendre  dissyllabiques  les 
désinences  des  thèmes  en  a,  867,  870.  —  Instrumental  en  -ana, 
870;  en  -n,  870;  gén.  plur. ,  366-368.  —  Noms  ayant  «  et  à,  i45, 
146. 

Causatifs  et  itératifs^  ih3.  —  1'"  pers,  du  subj.  -âiii,  871.  —  Analogie 
dans  la  conjugaison,  878. 

Proclitiques,  870,  871.  —  Postpositioii  «,  870.  —  Longues  des 
deuxièmes  termes  de  composés,  i46.  —  Généralisation  de  k  et  de  c 
dans  les  deux  racines  Icar  et  car,  i/i3. 

Mythologie,  io5,  lod. 

ni-,  nis-,  167;  tnyu-,  i5o. 

Le  védique  ayant  été  une  langue  vivante  était,  comme  les  autres,  su- 
jet aux  méprises,  99.  —  Le  Véda  peut  renfermer  autre  chose  que 
des  concepts  indous,  109.  —  Traduction  d'un  texte,  a  45.  —  Les 
Védas  considérés  au  point  de  vue  littéraire,  106-109  ;  systèmes  d'in- 
terprétation, 97,  98.  —  Associations  d'idées,  269;  antithèses,  108, 
109;  allégorie,  énigme  naturaliste,  266,  2^7;  figures  de  rhéto- 
rique, 102,  108;  métaphores,  24i-248;  ellipse,  289,  24i.  — 
Folklore,  loi,  io5;  conte  populaire,  247,  248;  étymologie  popu- 
laire, 98,  99,  toi  ;  calembour,  99,  2  4o.  —  Le  nombre  sept,  2  42  , 
243.  —  Médication,  242,  243;  le  soleil  guérisseur,  233-235,  94i  ; 
conjurations  contre  la  vermine,  2  33.  ■ —  Assonance  dans  les  formules 
de  conjuration ,  280;  métrique,  289,  24o,  866,  867 ;  enjambement, 
262.  —  Place  de  l'adjectif  de  détermination,  99. 

Sanscrit  :  extension  de  l'a  de  svàsâ,  etc.,  pour  une  raison  phonétique, 
147;  accent,  i45,  94o;  k,  252;  cch,  876,  876;  palatales,  876; 
assimilation,  876;  aspiration,  876. 

Analogie  dans  la  déclinaison,  867,  868,  870;  thèmes  en  â,  »,  870; 
en  M,  869;  en-n-,  .366-868.  —  Vocatif,  son  accentuation ,  io5,  106; 
donnant  lieu  à  une  flexion  nouvelle,  100.  —  Gén.  fém. ,  867;  dat. 
sing. ,  867  ;  locatifs,  866 ,  867  ;  instrum. ,  867  ,  870  ;  gén.  duel,  867  ; 
plur.,  866,  867;  dat.,  867,  870:  locat.,  867,  870;  instrum.,  867, 
870.  —  Suff.  "-lyas-,  -yas,  189;  -tara-,  i4i  ;  pronom  sina,  25.  — 
Participes  -âiia-  et  -mâna-,  ili'j. 

Analogie  dans  la  conjugaison,  147. — -  Gausatifs,  1  48.  —  Désinences 
-//et  -t,  870:  1"  pers.  plur.,  147,  871. 


INDEX.  523 

Suff.  -ka-  el  -ça-,  87/1. 

l'râcril  :  kkh.  ^76;  locat.  sing. ,  867;  instr.  pliir. ,  367.  —  Voir  370. 

Iranion  :  Irailement  (le  sk,  075,  876.  —  Pâli,  i/ig. 

Zend  :  fautes  provenant  de  l'ancienne  transcription  de  l'Avesta,  879.  — 
Palatales,  376;  s,  870,  376. 

Génitif  fém.,  367:  dat.  sing.  867;  instrumental,  867,  870:  gén.  duel, 
367:  plur. ,  307;  instnim.,  867.  —  Optatif,  1^7. 

Vieux  perse  :  transcription  de  noms  en  lycien  et  en  grec,  198.  —  Gén. 
fém.,  867;  gén.  pi.,  867. 

Persan  :  prononciation  dialectale  oûn  pour  «h,  12A.  —  Voir  3-'j3,  61 . 

Dialecte  de  Nâyîn,  1 10-1  2^  ;  conjugaison,  122-12/1. 

Dialecte  sémnâni,  textes  traduits,  avec  relevé  des  expressions  idioma- 
tiques, 828-829. 

Dialecte  guerrouci,  éléments  divers  qui  le  composent,  1;  pronoms,  28: 
aflixes  pronominaux  du  verbe,  19,  20:  conjugaisons,  20-28;  aoriste, 
20;  conditionnel,  ai;  infinitif,  19:  négation  et  défense,  20.  —  Voir 
8-28,  120. 

Kurde ,  voir  1 1\ . 


àksi,  36ç). 
aksnâs,  869,  ?>']'i. 
âgata,  878. 
âgan,  378. 
yjjat,  378. 
aciicyavlt,  1/17. 
ciccliâ,  375. 
âcchân,  379. 
âcliïï,  i56. 
àjïjannt,  167. 
iitha,  i56. 
adi'slâ,  237-;3  39. 
iltilia,  1.56. 
adhâs,  ]56. 
iidlii,  1  5.5,  i5<). 
iidhivaste,  1  50. 
adhisdiâ-,  1.57. 
adhrijjo,  1  00. 
anu,  157. 
anucarâs,  ih'S. 
iinti,  157. 
iibûbiullial,  1^7. 
i'ibliaraii,  3G5. 
iibliaram,  36(). 
abinlas,  i50. 
am-,  870,  871. 
-am,  871  ,  87'?. 
amâras,  i'i(>. 


SANSCRIT. 

âinahïyamâria,  à^iO. 
amâ,  i65. 
amïï  kr,  i65. 
amâtja,  i65. 
arnâvasjâ,  160. 
aniûm,  871. 
ayam,  871. 
âyabripra,  960. 
âyodaimtra,  a5o. 
âyohariu,  aSo. 
arbhaké,  loG,  1  07. 
avan;l)nalT,  287. 
avarlia,  a '4(5. 
âvas,  1  ho. 
aval,  1/18. 
açiçvitat,  i'i7. 
açman,  9.hh,  30."),  870. 
i'içmani,  30o,  870. 
açrnâ,  87/1. 
açniânam,  87/1. 
açvataras,  i /i  1 . 
f'rçvas,  18O. 
açvân,  805. 
i'isfâu,  157. 
asat,  871. 
asati,  871 . 
asi,  8O9. 
;'isik,  1  '17. 


asmin,  360. 
ahala,  877. 
ahâm ,  306. 
ahnâiii,  800. 
âyalT,  887. 
âyu-,  808,  3O9. 
âyuni.  308. 
âpya,  Zi58. 
icchati,  875. 
iccliâ,  876. 
ichati,  i5i. 
ili,  871. 

idam,  300,  871. 
idâ,  366. 

idânîm,  866,  879. 
im-,  871 ,  87  a. 
imam,  871 . 
ima,  871 . 
imân,  871 . 
inif',  871. 
iyatlaka,  9.h9.. 
iyam,  871 . 
îrmâ,   10  A. 

u,  5a. 
iikbii,  187. 
iiUaravedinâbhi. 
iivacn,  878. 


0(). 


52/1 


uvalia,  lis. 
usas,  1  'ly. 
usâsatii,  167. 
usra,  5-^. 
ûcùs,  378. 

rsvah,  108,  109. 

enam,  379. 
eiiân,  37a. 
enâm,  379. 
enâs,  372. 
osadhïs,  a 38. 

kakûbh-,  i5f),  378. 
kakiihas,  1  56. 
kankatn,  ^.Sb,  aSO,  2/10. 
kalaras,  i  /i3. 
kati  ,  /ifi. 
karlS,  1/18. 

kanïnakeva,  ioG-108. 
kapâla,  aoo,  909. 
kam,  liQ,  5o. 
kanikas,  377. 
-karas,  ii3. 
karnns,  37^1. 
kalacas,  i3K. 
kalâ',  1/1 3. 
kas,  53. 
-ka.sati,  \li3. 
kuraçarâso,  938. 
kiisumbhaka,  9/i3,  ^(Ji. 
ksanôti,  373. 
ksainato,  373. 
ksaini,  373. 
ksama,  373. 
ksam,  373. 
ksamas,  373. 
ksâmâ,  373, 
ksàman.  373. 
kiâs,  373. 
ksmaya,  373. 
ksmas,  373. 

Ifilcchati,  378. 
/■nia-,  378. 
gâti-,  378. 
ganlar-,  378. 
fjaliliïras,   378,  379. 
-gama-,  378. 
«jHmanli,  378. 
gjmayali,  378. 
jjamas,  i/i5. 
gami^lha-,  378. 
î;amblnras,  378.  3-o. 
gainy'at ,  378. 


jjayas,  377. 
gnlali,  1  hli. 
gâvya-,  i5î. 
gnS,  37/1. 
gmas,  379-374. 
grabhas,  1  Ub. 
grâbbas,  1/45. 
jjravnâm,  366. 
grâhayati,  i43. 
grahis,  lit 6. 
ghanâs,  377. 
ghanighnat-,  377. 
gbâsas,  iti6. 
gbnanli,  377. 

-ca,^i57. 
catvâras,  108. 
câniçcadat,  375. 
candras,  370. 
carat,  871 . 
carâti,  871 . 
carûï,  377. 
.  câros,  369. 
rariinas,  369. 
câskambba.  379. 
cil,  53. 

cbadayali,  379. 
cbantsi,  879. 
rbâyâ,  i46,  875. 
cbid-,  875. 
(byali,  875. 

jaksat-  ,  873. 
jagnnvân,  95*?. 
jagliana.  877. 
jiiiigbanat-,  877. 
jaiigbanli,  877. 
jajana,  ihS. 
jajSna,  168. 
jani-,  876. 
janis,  874. 
)abî,  877. 
janii,  ili-j. 
janiini,  368. 
jâiiunos,  368. 
jûrdan.  9/11 . 
jnu-,  368. 
jmâs,  872,  878. 
jmâ,  873. 

laka,  2  43. 
lam,  366,  871. 
layos,  1  48. 
laras,  1  45. 
tasmin,  866 ,  370. 
'iïr;is,   1  'i5. 


lâsâm,  866. 
tïksnas,  i4o. 
(ucchya.s,  875. 
Uicbyas,  i54. 
tunjati,  i54. 
tudafi,  i54. 
trisiiTm,  i54. 
tfpyati,  875. 
léjas,  i4o. 
Ivam,  871. 

daksiiia,  960. 
damas ,  i49. 
darbhâ ,  a38. 
darbbé>u,  9  38. 
daça,  i58. 
Daçaçip:a,  35 1 . 
dasrâ,  1  o5,  1  n(). 
daliali,  1  58. 
dânunas,  368. 
dâru,  1  47. 
darinii,  368. 
«lavas,  i45. 
digdbas,  874. 
divya-,  i59. 
dïrghalâ,  i43. 
diihilâ,  i5i. 
dûiiaças,  i46. 
dogdlii,  874. 
devânâm,  867. 
d évasas,  867. 
drâdlias,  107. 
driinas,  868. 
dnipadc",  106,   107. 
drns,  368. 
dvâr-,  i46. 
dvaram,  i46. 
dbariiiias,  i49. 
dbariinahvaras ,  1 4  5. 
-dbi,  98,  101. 
dbiajis,  i46. 

na,  100. 
nakhâs,  106. 
nngnas,  i36 ,  160. 
nayas,  i45. 
nar- ,  1 5 1 . 
navedas,  io5. 
iiavyas,  1  49  ,   1  59. 
iiâdas,  1  45. 
nâbbâ,  108. 
nabliis,  i56. 
nàma ,147. 
namâ,  368. 
iiamâni,  368. 
namnïïin.  366. 


nayas,  iZi5. 
nâvas,  i  Itb. 
nasalya,  io5,  i  oC. 
ni-,  f)!. 
nilarani ,  5 1 . 
nidâjjliâs,  1/16. 
iiîdliruvis,  5i . 
ni'pïïli,  5i. 
nîbndliati,  ôi. 
iiïcâl,  5i. 
iiHas ,  1 5 1 . 

paiikh's,  157. 
paçra,  870,  'd-jô. 
pjiçtat,  370. 
pânca,  157,  1  58. 
pancâçal-,  i58. 
patavali,  1  A3, 
pati-,  1  lis. 
padam,  5 A. 
parâyalT,  237. 
parusasya,  238. 
pâlayali,  iA3. 
pilaram,  iliH. 
pi'lrvyas,  162. 
pi'biili,  1.55. 
piiranullii ,  97-1  o5. 
Puramdiji,  ioi-io3. 
piiras,   106. 
pur  aiidliâ,  98-100,  10/1, 

io5. 
pur  andhï,  99-101 . 
pûrvNas,  1^9. 
prccliâli,  375. 
prccliâ,  375. 
prakiiiikafa,  2A0. 
piajflu.sas,  1  'iG. 
prali,  1  A9. 
piatilniddliâs,  2A0. 
pradaksina,  9/I0. 
praljha\as,  i45. 
praniiiklia,  ado. 
plâvayali,  1/43,  ilili. 

bliagas,  ili9.,  i/i5. 
bhâralam,  366. 
bliaralha,  1/47. 
liliaïainâtias,  1/17. 
bbaras,  ihh. 
l)barasi,  1A7. 
bliarâma,  167. 
bl)arïïii)as(i),  1  A  7. 
bbarâmi ,  1  /J7. 
I)lia/jas,  i/)5. 
bbâiiii.s,  aôS. 
bbûnias,  2  5S. 


INDEX. 

bbâras,  iZiô. 
I)li5vayati,  i/i/i. 
idiâvas,  i/i5. 
I>bi'ksate,  56. 
bhi'ijii-,  37^. 
iibrahmanâiB,  366. 
blii-âj-,  37^. 

iiiagliâvan-,  i/j3. 
magliônâin,  366. 
ma'jali,  876. 
majjen-,  376. 
niadgiis,  376. 
mâdliuiias,  369. 
màdhunâ,  369. 
madhune,  369. 
inadbos,  369. 
inâiilivas,  369. 
madiivâ,  369. 
maninabliis  366. 
mânnianas,  366. 
nianmanâiii,  366. 
nianniasu,  366. 
marias,  lOi. 
ma-,  libg. 
Mâras,  iltQ. 
iiiiinjas,  238,  239. 
mi'iiiis  ,  377. 
mauiïjas,  2  38  ,  239. 

yakrl,  1/17. 
yaksrnas,  373. 
yajfiâyajnâ,  370. 
yâli,  lÂo. 
yugam,  366. 
yuga,  368, 
yiigaiiâm,  368. 
yugani,  368. 
yiifijâle,  377. 
yiifijaiiti,  377. 
\iîdbyate,  375. 
\uvan ,  365. 
Mjvaçâs,  37'!. 
yuvaaam,  365. 
yunas,  365. 
yîiyam,  372. 

raffbiii,  50. 
ralliîs,  i53. 
ra.-â,  1^2. 
rïïjis,  1Z16. 
râmas,  166. 

lubdbakas,  55. 

valsalaras,   l 'i  1 . 


525 


valsas,  ilii. 
vaiiate,  55. 
vamili,  1  A3. 
vayâm,  371. 
vayâ.   1A6. 
vartâkas,  i36. 
varfayati,  iA5. 
vas-, '2  8. 
vasunas,  369. 
vases,  369. 
vasvas,  369. 
vabas,  iA5. 
vâkàs,  iA5. 
vâgbat-,  379,  3 80. 
vâgbatas,  38o. 
vacas,  377. 
vârayati,  lAA. 
vari,  1A7. 
vâsâs,  iÂ5. 
vâhas,  iA5. 
vidradbé,  106,  107. 
vi'dbyati,  375. 
vivâbas,  1A6. 
vjçati,  i53. 
vîcipriya,  25 1. 
Viçiçiprâ,  25 1. 
viçvadrsta,  239-2A1. 
visâni  ,2^1. 
vispuliiigakSs,  2  A  3. 
vira- ,  1 5 1 . 
vîrina,  238,  239. 
vairinâs,  238,  23(1. 
vrkena ,  070. 
vrlrabanam,  077. 
vfsanam ,  1  A8. 
vrsaçipra,  25 1. 
vrsnâin,  366. 
vratam,  1A2. 

çalT,  235  ,  236. 
çamâyate,  iA5. 
rdmï,  1A6. 
çarâ,  938,  239. 
çavïras,  i  Ao. 
çïïkas,  iA5. 
çâkhâ,  373. 
çâmyali,  373. 
fi'pravân,  2  5o. 
çi'prâ,  2  5o-259.    ' 
ri'prâs,  2A9,  25o. 
çipriii,  9  5o. 
çiprinïvân ,  2  5 0 ,  2  53. 
ci'pre,  9 A 9-9 59. 
(iras,  369. 
firsrtâs,  369. 


526 


I.VDKX. 


çôkas,  378, 
çécali,  878. 
çcandras,  875. 
çyenas,  378. 
-çraya-,  i45. 
çravas,  i46. 
-çravasam,  1^8. 
çrâyas,  ilib. 
rrâvayali ,  ilfh. 
(TÔsali,  5i. 
çvaçrfis,  loa. 
çvâ,  1/17. 
fvaiiam,  1  '17. 

sa,  871. 
sa-,  5o. 
saksît,  5o. 
sat,  a86. 
saliilî,  107. 
sanakâs,  87/1. 
sânyas-,  i/i-i. 
saplaçIrsâiKuii,  108,  loy. 
sam-,  /19-59, 
sarvalat-,  ilt'S, 
savyas,  189,  t5a. 
sahas,  1  /if). 
sahuris,  i/»3. 
samkseti,  5o. 
sârpgalis,  5o. 


saiii|famas.  5o,  1  hô. 
saipsad-,  /19. 
sïïdayali,  ii/|. 
sâdas,  ji.'). 
sanu,  1A7,  1  5fi, 
sânmias,  368. 
sanuni,  368. 
sâvas,  1^5. 
sâhas,  i/i3. 
sîdhyali,  875. 
simâs,  877. 
supâras,  1/16. 
suiâniriiiïilar,  '2U1. 
suçakas,  i/j5. 
suçipra,  -iSo,  25 1. 
suhnnas,  877. 
SMâkas,  2^10. 
sûre  dnhila,  87^1. 
soma ,  2/J9. 
sairyas,  988. 
skalihïïyali,  879. 
skabhnSti,  879. 
skamhliallius,  879. 
skanibhâs,  879. 
slifjlnuile,  87^. 
snu-,  868. 
snusa ,  1 5 1 . 
svadhS,  i/j8. 
svanas,  i45. 


svayani,  871 . 
svasari,   1/17. 
svasâ,  itf]. 
svasâram,   1/17. 
svanas,  i/i5. 
svâpayali,  ili3. 

Iialas,  877. 

-liali-,  877. 

liatha,  877,  878. 

halha-,  877. 

lialhas,  877. 

lianali,  877. 

Iianlar-,  877. 

liânli,  877,  878. 

liainnas,  877. 

hnnyalc,  877. 

lianyS-,  877. 

liai-ali,  1  ^16. 

hâri-,  875. 
u  ■  -  r- 
naiini,  201. 

hasati,  878. 

haras,  1^6. 

hi'ranyaçipra,  aSo. 

hiriçiprâ,  2 50. 

hyâs,  878. 

hvalâ,  lis. 

Iivïï,  bit. 

hvâras,  1/1 5. 


jngghali,  873. 


PALI, 

dibba-,  162. 


pacchâ,  875. 


ana,  1  07. 
aiiu,  1  67. 
afd)al ,  871. 
arsan-,  i5i. 
avô,  1  Irb. 
asâum,  866. 
asta,  1.57. 
asru-,  87.'!. 
aspô,  i8|i. 
ahmi,  366. 
ahmya,  366. 
5;^inityn,  ir)8. 
aolô,  53. 
ima,  871. 
imat,  871. 
ima,  871. 
imom,  871 . 
imë,  871. 
isaiti,  i5i,  870. 


ZKND. 

uili.  871. 
usibya,  869. 
kaoyam,  867. 
karana-,  87^. 
-karô,  i48. 
kam,  871. 
-gaiti-,  878. 
gayô,  877. 
gala-,  878. 
gâmô,  i65. 
gufra-,  879. 
yal)vvam ,  867. 
yava,  869. 
yave,  869. 
yâus,  369. 
yâkara,  1A7. 
vus,  872. 
yûzam,  872. 
caili,  /i6. 


caiâl ,  871. 
carïïili,  .871. 
cis,  871 . 
jata-,  877. 
jafra-,  878,879. 
jana  ,  877. 
janaili,  377. 
janyâ-,  877. 
janlar-,  877. 
jantû,  878. 
jamaili,  878. 
jamyât,  878- 
jasaiti,  878. 
jafnii-,  878,  879. 
jaiti-,  879. 
-jaili-,  377. 
jai-îi,  877. 
jai^ya,  879. 
jainli,  877. 


jajwivalra-,  371). 
(laëvanhil,  3(17. 
daëza-,  37^. 
draos,  36H. 
dvara-,  iliG. 
pancasat-,  i5S. 
paskât ,  870,  375. 
pasca,  370,  875. 
perosaill,  875. 
paraska,  875. 
pux<îa-,  879. 
Irauiru,  879. 
irascimbaiia-,  875. 
Naonliiiityo,  iq5. 
ni-,  5 1. 
nipâili,  5i. 


INDEX. 

mat,  5i. 
maj^avan-,  i/j3. 
inazga-,  876. 
raTjwam,  867. 
raù;^siin,  i4o. 
raocô,  i4o. 
\ÎIcô,  i/)8,  877. 

vdi'obrajanoni,  877. 
vjlirka,  870. 
vaji'i,  1/17. 
sadayeili,  879. 
saëna-,  878. 
skamba-,  870. 
skambô,  879. 
-syât,  875. 


527 


srâvayeiti,  il* If. 
îa,  878. 
zairi-,  875. 
zamô,  878. 
baca,  5i. 
banjanianoni ,  5o. 
hasam,  31)7. 
haurvalât-,  ii3. 
baoya-,  if) 3. 
bârô,  1/16. 
-hisidyât,  875. 
bunara-,  lAG. 

jivasura-,  i58. 


aiihaill,  871. 
kadâ,  1  txH. 
kanâ,  870. 


GATHIQLE. 


gât,  878. 
gaidï,  878. 
Corot,  1^8. 


dugada,  lâi. 
inada  ,  tliC. 
bvang,  879. 


-ajalâ,  877. 
aniyanâ,  870. 
avam,  871. 
kaufa-,  i56,  878. 
cartanaiy,  ii8. 
tyanâ,  870. 


VIEUX   PERSE. 

^adaya-,  879. 
didâ,  874. 
duvara-,  ii6. 
niyasâdayam  ,  5 1 . 
pasâ,  870,  875. 
baga,  ili'2. 


-bara-,  i/i5. 
bâjis,  1A6. 
visanâby,  878. 
bâuv,  871. 


PEhSA^  MODERNE. 


aslar,  1^1. 
bar,  145. 
pisik,  5. 
sâyah,  875. 

dây,  1/16. 
dëg,  874. 
nâf,  i5(i. 
sâx,  878. 

PEHLVI. 

{ful,  5i.^ 
inard,  i5i 
mâr,  166. 

tuhîk,  875. 
n(i)sastan,  5i. 

niar,  i46. 
sâyak,  1/46. 

zalr,  878. 

B.  LANGUES  NON  INDOELROPEENNES. 


LANGUES  SEMITIQUES. 

Ancienne  [)roiioiicialion  cliuintaiile,  i3i.  —  Racines  OUlik',  Uk.\  ()i 
Arabe  :  alphabet,  -i,  33 1  ;  IranscripUon ,  33 1 ,  332;  adaplalion  au  per- 


528  INDEX. 

San,  au  turc,  etc.,  9,  336:  sons  exprimés  parle  vdv,  2:  lettres  em- 
phatiques, 33 1-336;  prononciation  des  deux  t,  333-336;  des  sif- 
flanles,  336;  z  de  p,  en  aralie  et  en  berbère,  65,  66.  —  Elyniologie 
populaire  arabe  d'un  mot  berbère,  72,  73.  —  Mots  venus  du  fran- 
çais, 335.  —  Voir  7,8,  10-1 3,  16-19,  6/i,  66-70,  79,  75,  77-80, 
89,  83,  86,  87,  89-91,  111-117,  121,  129,  964,  966,  975, 
978,  979,  307,  3^9,  358,  359,  363,  366,  io6,  4i8,  /i9  9,  49/j- 
/127,  /132,  hhà,  lihQ,  hliS,  454,468,  471,475,  483. 

Dialectes  néo-araméens,  leur  importance;  leur  division  en  trois  g-roupes, 
195;  sources,  195-197.  —  \'ocalisme,  i33,  i34.  —  Mouillement 
des  consonnes,  i3o;  aspiration  des  muettes,  197;  f  et  th,  197-130; 
ch,  tch  de  t,  198;  th  élidé,  198,  1  3o;  /de  lh,  198,  199:  s,  s  do 
th,  128,  iQr\;  d  de  th,  1 3o ;  .s- ,  ch  de  th,  1 3 1  ;  /  de  dh ,  1 3o ;  pro- 
nonciation du  th,  i3i,  i39;  h  de  th,  i3i,  i39;  addition  do  h  (inal, 
1 33 ;  de  h  final  et  intérieur,  1  33 ;  de  g,  1 33 ,  1 34 ;  v,  /de  h?  1  34  , 
i35.  —  Suffixes  pronominaux.  i34. 

Phénicien  :  voir  68. 

Himyarite  :  voir  65,  66. 


Abid,  89. 
Adàtoun,  '■i'Sb. 
astouba,  .335. 
istabi,  335. 
isfarlâb,  335. 
istourak,  335. 
istalâhi,  335. 
asloûl,  335. 
achk'er  78. 


açfar,  75. 
al,  33G. 
ollel'l'a,  65. 
Allab,  332. 
Alniadjisli,  330. 
lUolmious,  335,  3.36. 
Benou'l  Abtnar,  75. 
Ifanlès,  335,  336. 
tontia,  68,  69. 


didi,  80. 
zendjar,  69. 
I*"ii.nslïii,  335. 
(josenlina,  335,  336. 
(|ïloi].s,  335,  336. 
Mobaiiiiiied,  332. 
moiu-,  80. 
oufif,  89. 
iarek'an,  61. 


-av,  i3/i,  i35. 
bar,  128,  i3o. 
bailo,  128. 
biya,  128,  i3o. 
-ev,  -ef,  \3!i ,  i3&. 


!VEO-ARAMEE.\. 

nialkoiiva,   i3o. 
niâ,  128,  i3o. 
iriâha,  128,  1  3(>. 
iiiedib ,  1  33. 
-o,  tSli. 


-on,  i3^. 
pâ,  128,  i3o. 
pàba,  1  28,  i3o. 
senda,  i3o. 
tlaha,  iSs. 


DIALECTES  BERBERES. 


Ou  redoublé  devenant  /»,  70,  76;^,  76,  77.  —  K  changé  ei^;^,  ch,  85; 
tch,  85,  88;^'-en^',  76;  /,  r,  HS.  —  Ch  changé  en 7,  88; y  en  dj , 
88;  p  en  z,  65;  .s  en  z,  85,  ch,  86,  88;  z,  en  j,  75,  76,  ch,  h, 
76,78;  t'  on  t,  86  ;  dh  en  i',  86.  —  Echange  de  r  et  r',  75  ;  r  changé 
en  h',  85;  r  en  /*,  77;  /  en  /■,  d,  dj ,  j,  74.  —  Chute  de  ou,  81, 
89;  de  r',  75,  76;  de  .s,  88;  suHixcs  (ondjés,  59.  —  Addition  de 
ch-,  79,  74:  de  h-,  80;  de  d'.  s,  87. 


l.NDBX. 


529 


Adjeclifs  et  verbes  exprimant  les  couleurs,  69 ;  verbes  d'élat,  ou  quali- 
licalifs,  58-6o.  —  Prélixes  et  suQixes,  59. 

Confusion  du  bleu  et  du  vert,  81.  —  Parente'  hypothétique  avec  le 
basque,  90,  91. 

Arg-ot  des  colporteurs  zouaouas,  voir  84.  —  Voir  90-92. 


n  lier  cl  il,  85. 
nherzigzaon ,  77,  81, 
acliejjgar,  78. 
aciieiiirar,  7/1. 
aclijjar,  78. 
aclilemb,  80. 
ademdani,  80. 
Aïlh  Berkalh,  Si. 
Aith  Islonrar',  63. 
Aklan,  89. 
alloua,  6g. 
Aman  imolloiilin,  71, 
amelal,  73 ,  7^. 
aniellal,  71 ,  78,  90. 
anouk'orlh,  66. 
aourar',  91 . 
Aourir',  62. 
asedhif,  85. 
asmaoui,  82. 
asinar,  80. 
asoiiar',  83. 
azeggàbour,  76,  77. 
azendjar,  69. 
azerdekhani,  80. 
azerk'ak',  91. 
az/jer,  77. 
azigzaou,  81. 
azizao,  70. 
azot't'af,  83,86. 
azref,  90. 
àoldj  ,83. 
àzizou,  8a. 

barhotii,  83. 
beidedjen,  83. 
beïd'ek ,  83. 
bok'en),  80. 
IJeikani,  8/1. 
Ilorkàn,  Hli. 
bpnik,  90. 
HHOU,  83. 
B.NZ'H,  ait. 
boiiselTaf,  86. 
Hoiit'aleb,  70. 
Bon  Zcgza,  81 . 
IJraknas,  8i. 
BHK,  8/1-86. 


cbcmlal,  73 ,  ']li. 
cbib,  83. 

DHL,  83. 
DL,  83. 
DNK,  83. 

ederi,  83. 
elhamra,  79. 

P'ahs  Imelellou  ,71. 
FNS,  78. 

GN,  59,86,  87. 
GR,  59. 
Guinée,  87. 

haras,  91. 
h'addad,  68. 
h'adidab,  68. 
b'auimer,  79. 
h'immireh,  80. 

1,89. 

iberkanon,  86. 
Icbeggar,  78. 
'ierar'en,  61. 
igeri,  70. 
ikaouelen,  89. 
ikiri,  70,  90. 
ikbfil,  70. 
ilfadli  ,91. 
ilour',  91. 
iiiii'lleu,  7^. 
Imczouer',  70. 
imoucbcban,  88. 
inidb,  68. 

jobba,  78. 

kamzar,  76. 
KL,  88,  89. 

LDN,  69. 
louurià,  80. 
IkV'rhuKiun ,  68. 
JkV'zdir,  69. 


LL,  7i. 

Melil,  71. 
Mellal,  73. 
Mellala,  7a. 
nielloul,  70,  71. 
MLL,  7 0-7 A. 
modjich,  83. 
MZl,  80. 

nah'as,  69. 

Oiirar',  63. 
Ourighab,  62. 
OUBk',  63. 
ourrar',  61. 
OURB',  62  6i. 
ouzzal,  67,  68,  90. 

rcçaç,  70. 

reggel,  88. 

RG,  60. 

RGL,  88. 

RJ,  60. 

RK\  60. 

RR',  60-6/i,  68,69,  7-'), 

89. 
RS,  80. 
RZG,  59. 

8,77.78. 
SDH  F,  85,  86. 
semlil,  76. 
Sétif,  86. 
Silifis,  86. 
SK[,  88. 
SMG,  87,88. 
SN,59. 

Tagnanaïl,  87. 
taia,  89. 
laklit,  89. 
laoulia,  68. 
Tarr'ab,  61 . 
Tairiu,  61 . 
la-'Oiiall,  73. 
Irlioiillekb,  90. 


530 

temanast,  90. 
(osaouaten,  70. 
Tikiat,  89. 
Tiiimeicl,  78, 
thabrouet',  90. 
Ihaïueilalt,  79. 
Ihamilla,  7/1. 
lharoiibia,  80. 


Ihazoufjgarth,  77. 
thimcljariii,  7/1. 
Thoumelilt,  71. 

ZavrjKss,  75. 
ZGR,  59,  77-79. 
ZGR',  78,  81. 
ZGZ,  81,  89. 


ZIZ,  8a. 
ZL,  67,  (}8. 
Zotiagha,   75. 
ZOUR,  59,  75-77. 

zouir,  7.-,-77. 
ZRF,  Gi-66. 


LANGUE  LYCIENNE. 

Alphabet  lycien,  histoire  de  son  déchiffrement,  19/1-197;  ressemblances 
de  certaines  lettres  avec  des  caractères  g'recs,  197.  —  Lycien  primi- 
tif; les  hiéroglyphes  cre'tois,  199.  —  Transcription,  199-ig/i,  aoo- 
9o3,  2o()-9ii,  ai/i.  —  Noms  transcrits  du  grec,  208,  210;  du 
perse,  198,  q 08,  ai o:  du  carien,  198.  —  Méthode  d'interprétation, 
219.  —  Texte  inédit,  20/i;  textes,  ai^i,  216-290,  229,  926-93G, 

2  98-9  3o. 

Vocahsme,  918;  voyelle  inlercalée  dans  la  prononciation,  2o5;  liarmpr 
nie  vocalique,  908,  909.  —  Lettres  initiales,  210;  consonnes,  ajo, 
211;  leur  redoublement,  9o4,  9o5,  a3i.  r:—  Equivalence  de  "  et"', 
ûoli. 

Déclinaison,  2  23;  nominatif,  918,  919;  génitif,  209,  210;  génitif-ac^ 
cusatif,  193,  19/1;  datif,  998,  93i;  (Jatif  hellénisant,  900;  accusa- 
tif, 218;  datif  pluriel,  296;  sulTixe -//«,  923,  926,  23i.  — r-  Conju- 
gaison, 9  9^. 

Numismatique,  196,  196,  202-20^,  9otJ,  207,  209,  2J0,  93 1. 

Origine  Cretoise  des  Termiles  de  Lycie  et  des  Philistins,  901. 

Noms  d'Apollon  en  Asie  Mineure,  212. 

Milyen  :  voir  900,  910,  227. 


Aëctais,  207,  308,   911. 

ada,  9i3,  9 16. 

adi  meyë,  919. 

adin\  929. 

aiadehqqone,  990. 

ApShvas,  207. 

Ar°na,   196,  20.^,    9o(), 

23l. 

Ar°nahe,  981. 

ApvOL,    196,  909,    905. 

ApoavêloLati ,  a  06. 
Arppaquli.      196,     197, 

210. 
Arrppaqnhe,  210. 
Àpo-afirjs,  207. 
hpaaaiv,  igi. 
Arttu"para,  20a. 
[AJrtirpari,  90 â. 


Ariivoliyesi ,  aoO. 
alla,  927. 
allahi,  999 ,  228. 
Alonazi,  9o5,  aïo,  9i5. 
atru,  2i3,  397. 

B««7<rap/s,  19/1. 

cbi,  299  ,  993  ,  220. 
cbiyelii,  292 ,  aaâ. 
Ciyezë,  211.» 
Cizzapr"na,  198. 
Cizzapr''no,  9  16. 
Crup[sseh],  901 . 
Crzzonase,  208,  209. 
Cuprili,  297. 

Ddakasa,  217,  918. 


cbe,  907. 

ebeis,  212. 

[eb]e"në,  906. 

ebë"né,  207,   21 5,  217, 

2  9  9. 

ebiyehi,  228.  aag. 
Ecalamia,  227. 
Ecal[amlah],  206. 
edi,  226. 
ehbi,    2i3,    217,    a  18, 

223. 

ehbis,  218. 
ehbiye,  220. 
Ètiëpofiov,  2o3,  208. 
ÈvSpo[iov,  ao3. 
Ep"tibazah,  aSo, 
Eqeieiya,  197,  310. 
Erbbina,  207,  aïo. 


Èpedvftioi ,  a  ta. 
Erzesinube,  390. 
esede"nevi,  308. 
Esedeplemeye,  aoo,  ao8. 
Esedeplëmi,  308. 
esedë"nevi,  308. 
(e)seritadi,  aai. 

ëce ,   3  9  0,  331. 

ënë,  3  39. 
Enëhineri,  19^. 
ëni,  338-980. 
ëiri,  390,  99  1. 

Hanadaza,  ao(i. 
Helediye,  310. 
hjX[iiêavat ,     900,     ao(), 

3  10. 

Èpntêaan,  906,  910. 
Hëpruma,  9o3 ,  908. 
HIa,  919. 
hl"'nii,  395-937. 
Hl^mideve,    300,   906, 

910,  99/». 
H'"proma,  900,  9o3,  908. 
Opas,  9  10. 
l)pp°(er[iis],  93^. 
Hriq^ma,  919. 
Hriqllbili,  sSo. 
hr"'mo,  927. 
hrpi,  216,  317. 
lirppi ,  9  0.5,  9 06,  91  G. 
Hrppidnlieh,  90  (5. 
hrppiladi ,  9i6. 
hrppiy,  300. 
hrzzi,  936. 
Humrqqa,  307,  31  0. 
Humrqqo,  9o5,  909. 
Hura,  910. 
Hurttuveleh,  910. 
Hurltuveti,  910. 
huvcdri,  siO,  998-933. 

icezi,  207. 
Idazzala,  198. 
Idomaqzzo,  aad. 
Imas,  197. 
Ifx^pafios,  9o3. 
îftÊ'pavos,  9o3. 
Iq((a,  197. 
illehi,  328-931. 
lyaeusas,  908,  209. 
lyelrukle,  197,  900. 
lyonis",  197,  90."),  908. 
iyono,  908. 

KaSvotvS/x,  9o(i. 


kanuveli,  9o3,  338. 
ka°li,  3o3. 
kaslti,  998,  339. 
kasttu,  398,  399. 
KivSâviiSov ,  909. 
kiahi,  938,  999. 
ko"li,  ao3,  q3o. 
KocTff/xa,  397. 
koli,  2o3. 
KvSepvts,  937. 

ladi,  916,  917. 

iado,  907,  9  1  (3. 

ladu,  307, 

lati,  921. 

Luso"trah",     198,    9o3, 

907. 
Liisotrali",  aoo. 

mahanahi,  33o. 
niahinaza,  33o. 
maiiya,  939. 
maraza,  33/1. 
maraziya,  sa^i. 
raaroz,  29 i. 

me,  917,  319,  221,  929. 
mei,  216,  217,  219,  991, 

925-997. 
meiti,  909. 
meiyo,  221. 
meiyenc,  921. 
mené,  208,  312,    916- 

919,  221,  29  9,  998- 

93o. 
me"na,  906. 
Merelii,  216. 
met',  328. 
metëni,  928. 
meti,  917,  291,  298. 
mey  adë,  919. 
mené,    908,    917,    9jg, 

391,  39/1. 
mëti,  909,  9  17,  219,  99  1. 
Milaso"lra,  208. 
iyiilaso"lro,  202. 
IttvSts,  221. 
mi°ta,  2  3^1. 
mi'taha,  910,  9 ai. 

mi"li,  390,   391,   99^. 

.Millirapata,  198,  310. 
.Mizu,  198. 
M/aau(j£«,  200. 
Mleyeusi,  900,  326. 
M"nnlie,  319. 
molioi,  907,  323,  29/1, 
298,  93o, 93 1 . 


5ât 


MoAA/a«os,  200. 
yiopvat ,  900 ,301. 
Mrbbanada[h"],  90 
Mrbbënedi,  908, 
mucale,  909. 
muhoi,  207. 
MiiHiyeseh,  900. 
mup'"me,  936. 
Mvpvos,  201. 
Mur°na,  200,  201. 
Mullëi,  909. 


8. 


22/1. 


Nap<s,  19Z1, 
nepe,  335,  326. 
nëne,  330, 
nipe,  935,  936. 
niyepi,  395,  226. 

"ce,   9  30. 

-"na,  907. 

"laladë,  921. 

"latetë,  99  1. 

"lalolë,  221. 

"le,  9  1 6. 

"tepi  ,916. 

"tepiladi,  99 2-92 i,  996, 

997. 
"(epiloti,  19^,  218,  919. 
"tepitoluj,  9  95,  996. 
"tipa,  918,  99  1. 

OpjaKta ,  193,  198,  201, 

911. 

0(T<T!;êas,  9  1 3. 

Padr"'ma,  ^oi. 
Padroma,  aoi. 
Parza,  9o5. 
Parzza,  2o5. 
Poricle,  196,  197. 
Pericleb,  19^. 
Peiiclehe,  23o,  2  39. 
Pille"ni,  299. 
Pinale,  906,  907,  23  1 . 
ïlivapoi,  907. 
Pi(|edar',  20G. 
Piqedare,  198,  900. 
Wiaéêxpoi ,  900. 
ni^dûêapos,  200,  20(i. 
ïït^uScopov,  198. 
piyalu,  220,  221. 
piyelë,  930,  99i. 
piyëtë,  9  90  ,  99  1 . 
Plczziyobt-ye,  900. 
P"lrc"nchi,  999. 
P"trc"ni,  229. 


532 


INDEX. 


ïlptdvoëa,  i  c)8,  9  00,  901 , 

211. 
Priyenubeli,  201. 
Priyenuheh",   198,  200, 

911. 

pr"navale,  91  7,  980. 
pr"navalë,  215,917,218, 

299. 

pr"navetë,  218. 

pr"navi,  296. 

pr"navo,  207,  91  5,  917, 

918. 
pr''navotë,  217. 
pr"navu,  907,  2  18. 
pr"nevolë,  918. 
pr"nezi,  21 5,  228. 
pr"neziYehi,  21 5,  2  9  3. 
pr"novu,  907,  91 5,  218. 
Przë,  9o5. 
Przis,  9o5. 
Przze,  9  0 5. 
Przzidi,  9o5. 
PUarazë,  911. 
IlxjSiXXrit,  19.3,  900,  211. 
Piiblieye,  a 00,  911. 
Pnienyda,  900,  21 3. 
punania,  210. 
pnnoniadi,  910. 

UvpiêiX-loi/S,   198,   901. 

Punliimelelie,  197,  198, 

201,    3  2  3. 

HvpifidTios ,  197. 

Qidaitibe,  210. 
Qadavoti,  206,  907,  910. 
Qerëhe,  209. 
Qerëi,  209. 
Qerifja,  211,  229. 
Qezigab,  911,  927. 
qi.  .  .,  919. 
Q"liiburali",  198. 
q"lavala,  910,  932. 
(J"(enubeb,  909. 
Q"tlapone,  93o. 
qssadrapalii ,  9o5. 
Qs^bezë,  91 3. 
qiipa,  220,  29  1. 
qiipo,  193. 
(Jiipriya,  222. 
Quvalayo,  900. 

Riyamoiia  ,     1  98  ,    208  , 

2l3. 

Ha'/.oifÀOV ,  906. 


l-apiiriSùiv,  9o5. 

Sbicaza,  198,  911. 

se,  2o5, 906, 917, 2&0, 

291 ,  22i  ,226,  999, 

93o. 
Se^sTsAsf/fs ,  908. 
sei,   19^,  220  ,  99  1 . 
seiye,  220,  921. 
seiypne,  990. 
sciyeni,  221. 
seiyeli,  221. 
sene,  208,  220,  22  1. 

se,    921. 

sëne,  208,  221. 
'EiSâpios,  i97>  9  00. 
Sideriya,  197,  200. 
slqla,  296. 

siqli,  290,   921. 

Sr"meve,  20  (5. 
'Eiztydaa,  198 ,  211. 
Spparlazi,  9o5,  91 5. 
Slluleh,  21/1 ,  215,217. 
Surezi ,  9  1 5. 

tadi,  916. 

Teiehebi,  907,  a  10. 
Telebehihe,  9  1  o. 
lepiiiXat,  195,  196,  902. 
TspuiXrjs,  9  09. 
Tspnùfjs,  909. 
Tevivâaov ,  909. 
ïevinezëi,  909. 

tezi,    29  1,   2  99. 

Q-aÀâfieiv,  19'!. 
Tboi,  9  10. 
li,  9 16. 

tibe,  216,  993. 
tibei,  226,  996. 
lice,  928-996. 
licoili ,  228,  22/1. 
licele,  228,  22^. 
Ticeurëprë ,    198,    200. 

903,    90i  ,    908,    911. 

liceye,  998,  226. 
lidoime,  916,  917. 
lideimi,  9iC,  917,  980. 
Tt(T£y(jé(iëpav,  198,  900 , 

908,   911. 
Tiava,  206,  20>7,  981. 
Tlo°na,  907,  208,  999. 
TA4?et;s,  907,  908. 
T/ws,  206,  207. 
toti,  916. 

Til)b('ninn,  902 ,  211. 
Tpeixùeîi.  902. 


TpEfx/Arj,  909. 
TpeiiD.Vi,  207. 
TpéfjLiXos ,  907. 
Tpiévêoicns,  908. 
TptfjLiXis,  202. 
triyerë,  909,  9  1 1. 
Triyëlezi,  908. 
Trkas,  981,  982. 
Ti'kkas,  211,  928,  280- 

982. 
Tr°'miii,  196,905,998- 

280. 
TpoHovSiv,  19'!. 
tlleiti,  299,  281. 
tllidi,  996 ,  281. 
lubeiti,  216,  92  9,  998, 

280. 
lubidi,  99/1 ,  280. 
(ncedris,  919. 
(uhe,  990. 
luhes",  196. 
tiip^nie,  92G. 
tuvetë,  919,  997. 
liiveli,  22  4,  926. 
luvetu,  2  95. 

Upazi,  207,  208,  211. 
Ui'ss"'mi,  207. 
Uriakiyab",     198, 

2(11,  911. 

Lrltiya,  91  0. 
Utona,  208. 
lîvehi,  280. 

Vali"lezë,  au,  929. 
vedre,  206,  281. 
vedre"nebi,  281. 
vedie"ni,  999  ,  281 . 
vedrë"ni,  207,  999. 
vedri,  907,  999,  381 . 
Veb"lezi,  91 1,  229,  981. 
Vidt''na,  198. 
Yizltasppaz",  198. 

Zabama,  919. 
Zetineri,  19/1. 
Zis'kka,  198. 
zrijjali  ,911. 
zrikab,  911. 
Zrppeduni,  2o5. 
Zrppiideine,  2o5. 
Zzayaab,  198. 
zzimazi,  2r>o. 


5H3 


LANGUE  ÉTRUSQUE. 

Confusion  des  sonores  et  des  sourdes,  aOi,  336. 

flcr,  35.  a-ezi,  35,  36.  vacl,  35,  36. 

flereri,  35.  S-eznin,  35,  30.  V('e!,35. 

ô-esan,  35,  36.  Lasa,  35. 

ôezan,  35,  36.  Menrva,  35. 

i 

LANGUE  BASQUE. 


.'irre,  91. 

Iiori,  91. 

urdin,  91. 

Iii'ltz,  90. 

illiin,  91. 

zillai-,  f)o. 

berun,  90. 

iikiiilz,  91. 

zirraida,  90 

burdi,  90. 

menast,  90. 

zobardi,  91 

biirdin,  90. 

ubel,  90. 

zuri,  90. 

LANGUE  TURQUE. 

\  oir  5 ,  6  ,  H ,  1 1  - 1 3 ,  1 5  ,  17,  î  1 5  ,  11  h. 

LANGUE  MAGYARE. 

Protrrès  de  son  e'tude  linguisticjue ;  derniers  travaux  à  ce  sujet,  3()5- 
098.  —  Ses  affinités,  3 9 F.. 

LANGUE  MANDÉ. 

Son  domaine,  263-365  ;  dialectes,  265-967 ,  ^60  ;  vocabulaire  compare', 
^72,  U"]^;  dictionnaire  français-mandé,  268-28^;  337-36^;  ^06- 
A56.  —  Pauvreté  du  mandé;  ses  relations  avec  les  langues  voisines, 
/i86,  687. 

Bibliographie,  /161,  662;  transcription,  ^62;  prononciation,  267.  — 
Voyelles  et  diphtongues,  662,  i63;  consonnes.  663-665;  constitu- 
tion des  syllabes,  665-667.  —  Nasalisation,  667;  .répétition  des  con- 
sonnes, 667,  ^468;  suppression  de  sons,  /J68;  mutations,  669-^72. 

Formation  des  mots ,  ^73;  homonymes,  ^78,  ^7^;  redoublement,  d'jli, 
h-j(]\  pluralité  de  sens,  à'jfi;  éléments  auxiliaires,  h'jli,  677-/18/1.  — 
Noms  de  nombre,  li-]5,  li'jCi.  —  Ordre  des  mots,  liS!i-liS6. 

LAXJUE  0(  ECIIUA. 
Ti'ansf'riplion  espagnole,  208. 


TABLE   DES    AUTEURS. 


». 


Arbois  de  JiîBAiNviLLE   (H.   d').   —  Lcs   iioms  liypocorisliques 

criiomme  et  de  lieu  en  celtique 189 

Basset  (René).  —  Les  noms  des  métaux  et  des  couleurs  en  ber- 
bère          58 

Bréal  (Michel).  —  Étyniologies  :  1.  Eïs,  fxîct,  ëv.  2.  lias,  'zsà&a, 
'ssàv.  3.  ApvéoyLat,  àvaivofiat.  U.  TTrepwj'or.  5.  iTiTTOTrÔTa- 
(105.  6,  A  propos  de  l'adverbe  aijTws.  7.  La  voyelle  du  par- 
ticipe présent  en  latin.  8.  Nn  changé  en  nd.  9.  Manifestus. 
10.  Versicolor,  jliixipedus.  11.  Substantifs  devenus  adjectifs  : 
rudis.  12.  Lombrien  arvia  rrles  entraillesn.  13.  Létrusque 
vacl.  1/i.  Atwxù)  rr poursuivre,  15.  Un  emploi  particulier 
du  comparatif.  16.  Àfxix^iTÔs.  17.  Mgroius.  18.  Slrages. 
19.  liego,  oipyjM.  20.  fJandestinus.  21.  Volvendus.  22,  An- 
ciens verbes  déponents  latins  :  gignens,  animans ,  prœgimiis, 
ingens,  evidens.  23.  La  particule  latine  cum.  2^.  Inscription 
pélignienne 2/1 

Varia  :  1.  L'allemand  sc/*//es.sert  =  latin  excludere.  2.  Alle- 
mand schûrzen  —  lalin  cxcurtiare.  3.  L'accusatif  du  gérondif 
en  fiançais,  h.  Un  produit  de  l'analogie  :  le  mot  anglais  Co- 
Underics 3 

Etymologies  grecques  et  latines  :  1 .  Tupivô».  2.  H  âfx-its- 
Xos.  6.  Seuiantica.  h.  I  parasite  devant  un  r  en  grec.  5.  ToA- 
fxâw.  6.  Malerics.  7.  I  imgo.  8.  Imago.  9.  Encore  le  passif 
latin.  10.  Amare.  11.  Venus  fisica.  12.  Ufi  sens  spécial  du 
verbe  /rtc/o 1 60 

Le  français  madré 1  ()8 

l'itymologies  :  1.  Le  verbe  hoxéco.  2.  Kâ.itpatva,  Xîixaîra. 
3.  ÀrSpâTToSoi'.  II.  Qœprjareacfdpti.  5.  Il  ôSos.  6.  Fabulœ  mâ- 
nes. 7.  Ster'dis.   8.  Aufero,  aufugio.  9.  L'inscription  osque 

d'Antino 253 

Les  etymologies  du  philosophe  Nietzsche Uh"] 

Darmesteter  (James).  —  Quotiens,  quoties /i6 

DuvAL  (Rubens).  —  Notice  sur  les  dialectes  néo-arâméens 190 

FoiiRNiER  (A.).  —  Sur  une  formule  magique  de  guérison 399 

(ÎRASSERiE  (Raoul  DE  la).  —  Do  l'articlc  (morphologie  et  syn- 
taxe)       5(85,  38i 


TABLE   DES    AUTEURS.  53.") 

Henry  (V.).  —  Vetlica  :  l.  Piiramdld.  2.  Ncisatyâ.  .3.  Kammkem. 

h  Saplâçirsânain qn 

{-2°  série)  :  5.  R.  V.  i,  ic)i.  O.çûnn  ântràni pece.  7.  sômo 
nà  (R.  V.  V,  36.2).  8.  çipre.  9.  jaganvàn  (R.  V.  x,  10.2).  .      288 

Fv. fous ,  fol  =laL  follis ,  follem 169 

HuszAR  (Guillaume).  —  La  linguistique  hongroise SgB 

hiBERT  (J.).  —  Une  épitaphe  lycienue  (Myra  k) 192 

Le  Foyer  (Henri).  —  De  la  survivance  du  gérondif  en  français. .      168 

Meillet  (A.).  —  Elymologies  slaves  :  1.  su.  2.  uie.  3.  sa 4 g 

Latin  uenari 55 

Varia  :  1.  liriros.  2.  V.  si.  zi'cij.  3.  Latin  auonculus.  k.  Le 
traitement  de  i.-e.  0  en  indo-iranien.  5.  Position  dialectale 
de  l'arménien.  G.  Arm.  ond.  7.  Arm.  hngetasan,  corekhlasau.      i3() 

Lido-iranica.  L  La  forme  ancienne  de  la  nasale  finale. 
H.  Trois  notes  sur  la  phonétique  des  gutturales  :  A.  skr. 
jmds,  gmàs.  B.  skr.  cch,  zd  s.  C.  Des  gutturales  devant  n, 
m 365 

Parmentier  (Général).  —  Les  emphatiques  arabes 33i 

Pernot  (Hubert).  —  I/indicatif  présent  du  verbe  ffêlren  en  néo- 
grec        170 

La  contraction  en  grec  moderne 33o 

Querry  (Amédée).  —  Le  dialecte  guerrouci •.  .  1 

Le  dialecte  persan  de  Nâyîn 110 

Dix  quatrains  de  Mirzâ  Abou'l  Hassan  Djendâki,  dit  Yé- 

ghmà,  ea  dialecte  sémnàni .*.  .  .  828 

Rambaud  (J.-R.).  —  Dictionnaire  de  la  langue  mandé..    268,  887,  /i()6 
La  langue  mandé hùo 

Rosapelly  (D').  —  Nouvelles  recherches  sur  le  rôle  du  larynx  dans 

les  consonnes  sourdes  et  sonores /i88 

Tourmer  (Ed.).  —  Un  calembour  inlérossant  pour  l'histoire  de  la 

prononciation  du  grec A7 


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