■^ !■■'■' ^
\J^
f.
\.
4
r
1^
O
— FI
UAILL
ANN AN
CRANN-CEUSAIDH CHRIOSD.
LEIS AN URRAIHIAIN MACLABHliAINN.
<>
GL0RYIN6 IN THE CROSS OF CHRIST.
Bev. JOHN MACLAURIN.
TEANSLATED BY DUGALD MACPHAIL.
EDINBURGH :
MACLACHLAN & STEWART, SOUÏH BRIDGE.
1877.
<^
i>
f
/
MEMOIRES
DE LA
SOCIÉTÉ DE LINGUISTIQUE
DE PARIS
u
MÉMOIRES
(de la j
f f
SOCIETE DE LINGUISTIQUE
DE PARIS
\
t. p,/^/ypf^/^^7 }
TOME NEUVIExME
PARIS
EMILE BOUILLON, LIBRAIRE-ÉDITEUR
G7, RUE DE rilCFIEUEU, 67
1896
Digitized by the Internet Archive
in 2010 with funding from
University of Ottawa
http://www.archive.org/details/mmoiresling09soci
LISTE DES MEMBRES
DE
LA SOCIÉTÉ DE LINGUISTIQUE DE PARIS
AU 20 DÉCEMBRE 1896
MM.
MEMBRES DONATEURS
MM. ASCOLI, PRINCE Alexandre BIBESCO, f James JACKSON'.
LISTE DES MEMBRES PERPÉTUELS.
AsCOLI.
Rarbelenet.
Baudouin de Courtenay.
Berger.
Bibesco (le prince).
Bonnardot.
Bréal.
COLINET.
Cousin.
Delaire.
Derenbourg.
Dur.\nd-Gréville.
Ernault.
Gonnet.
Guimet.
Haverfield.
Havet.
Henry.
Hériot-Bunoust (l'abbé).
Joret.
Kirste.
Laborde (le marquis de).
Laray.
Lecocq.
Léger.
Meillet.
MM. Melon.
Meyer (Paul).
Oltramare.
Paris.
Parmentier (le général).
Passy.
Penafiel.
Rhys.
Roger.
Rolland.
Rosapelly.
SACLEux(le R. P.).
Sayce.
schlumberger.
sébillot.
Senart.
Sénéchal.
Storm.
SUDRE.
Tegner.
Tholozan.
Thomsen.
VoGLÉ (le marquis de).
\VlLBOIS.
\VlMMER.
Le Brilish Muséum.
LISTE GENERALE.
MM.
ABBADiE(Antoine-T/;o»!Sor«D'), membre de l'Institut (Académie des Sciences),
120, rue du Bac, Paris. — Membre de la Société depuis l'origine et son
premier président.
Abeille (D' Lucien), Casilla del Correo, 1162, Buenos-Aires (République
Argentine). — Élu membre de la Société le 23 mai 1891.
Adam (Lucien), président de Chambre à la Cour d'appel. Rennes (Ille-et-
Vilaine). — Élu membre de la Sociélé le 7 février 1885,
_ vj —
Alexandrowski (Alexandre), licencié es lettres, 94, boulevard de Port-
Royal, Paris. — Élu membre de la Société le 28 mai 1892.
Aniart (Jules), agrégé de l'Université, professeur de rhétorique au lycée,
48, rue du Petit-Versailles, Saint-Pierre (Martinique). — Élu membre de
la Société le 7 mars 1885.
Arbois de Jubainville (Ma?'?e-Henry d'), membre de l'Institut (Académie des
inscriptions et belles-lettres), professeur de langues et littératures celti-
ques au Collège de France, directeur de la Revue celtique, 84, boulevard
Montparnasse, Paris. — Membre de la Société en 1867 ; vice-président en
1881 et 1882; président en 1883.
Arrô (Alessandro), professeur, 7, via Baille, Cagliari (Sardaigne). — Élu
membre de la Société le 18 janvier 1896.
AscoLi(Graziadio /.), associé étranger de l'Institut de France (Académie des
inscriptions et belles-lettres), sénateur du royaume d'Italie, professeur
à l'Institut royal. Milan (Italie). — Élu membre de la Société le 22 juillet
1876 ; membre perpétuel.
AuDOLiN (E.), maître de conférences à la Faculté des lettres, 14, rue Saint-
Cybard, Poitiers (Vienne). — Élu membre de la Société le 23 février
1889.
AvMONiER (Le commandant VAienne-François), directeur de l'École Colo-
niale, 46, rue du Général Foy, Paris. — Élu membre de la Société
le 4 février 1882 ; vice-président de 1892 à 1895.
Badareû (Le Prof. Alexandre), ancien élève de l'École pratique des hautes
études, 36, strada Pecurarï, Jassy (Roumanie). — Élu membre de la
Société le 26 avril 1884.
Bailly (Anatole), correspondant de l'Institut (Académie des inscriptions et
belles-lettres), professeur honoraire de l'Université, 91, rue Bannier,
Orléans (Loiret). — Admis dans la Société en 1868.
Baize (Louis), professeur au lycée Condorcet, 28, rue du Luxembourg,
Paris. — Élu membre de la Société le 22 janvier 1881 ; bibliothécaire de
1882 à 1888.
Barbelenet (Daniel), agrégé de l'Université, professeur au Lycée, Laon
(Aisne). — Élu membre de la Société le 17 décembre 1892; bibliothécaire
en 1893; membre perpétuel.
Barbier de Meynard, membre de l'Institut (Académie des inscriptions et
belles-lettres), professeur au Collège de France et à l'École spéciale des
langues orientales vivantes, 18, boulevard de Magenta, Paris. — Membre
de la Société depuis le 2 février 1884.
Baron (Charles), maître de conférences à la Faculté des lettres, Clermont-
Ferrand (Puy-de-Dôme). — Élu membre de la Société le 22 janvier 1887.
Barth (Auguste), membre de l'Institut (Académie des inscriptions et belles-
lettres), 6, rue du A'ieux-Colombier, Paris. — Élu membre de la Société
le 10 mars 1873.
Barthélémy (Adrien), drogman-chancelier du Consulat général de France,
Alep (Syrie). — Élu membre de la Société le 16 février 1884.
Basset (René), directeur de l'École supérieure des Lettres, rAgha49, rueMi-
chelet, Alger-Mustapha (Algérie). — Élu membre de laSociélé le 2 juin 1888.
Baudisch (Julius), docteur en philosophie, 111,2, Radetzkystrasse, 2, Vienne
(Autriche). — Élu membre de la Société le 3 décembre 1892.
Baudouin de Courtenav (.1.), membre de l'Académie des Sciences, 13, rue
— vij ~
Radziwill, Cracovie ^Autriche). — Élu membre de la Société le 3 décembre
1881 ; membre perpétuel.
Bauer (Alfred), 17, rue Tournefort, Paris. — Élu membre de la Société le
9 janvier 1875.
Baunack (Johannes), docteur en philosophie, 32, Hospitalstrasse, Leipzig
(Saxe). — Élu membre de la Société le 26 juin 1880.
Beuame (Alexandre), professeur-adjoint de langue et littérature anglaises
à la Faculté des lettres, 29, rue de Condé, Paris. — Membre de la
Société en 1867.
BENLœw (Louis), ancien doyen de faculté, 48, rue Copernic, Paris. — Membre
de la Société depuis 1868.
Berger (Philippe), membre de l'Institut (Académie des inscriptions et
belles-lettres), professeur au Collège de France, 3, quai Voltaire, Paris.
— Élu membre de la Société le l'='' juin 1872 ; trésorier depuis le
11 avril 1874 jusqu'au 31 décembre 1891 ; »vice-président en 1890 et
en 1891; président en 1892; membre perpétuel.
Bezso.nov (Pierre), professeur à l'Université, Kharkov (Russie). — Élu
membre de la Société le 23 novembre 1878.
Bianu (Le professeur Jean), bibliothécaire de l'Académie roumaine, 135,
calea Victoriei, Bucarest (Roumanie). — Elu membre de la Société le
3 mars 1883.
BiBESco (Le prince Alexandre), 69, rue de Courcelles, Paris. — Élu membre
de la Société le 6 juin 1874; vice-président en 1893, président en 1894;
membre perpétuel.
30. BiJVANCK (W. G. C), docteur es lettres, 37" Laarderweg, Hilversum, près
Amsterdam (Pays-Bas). — Élu menibre de la Société le 28 décembre 1889.
BiKÉLAS (D.), 4, rue de Babylone, Paris. — Élu membre de la Société le 5
juillet 1884.
Blanc (Alphonse), professeur au collège, Narbonne (Aude). — Élu membre
de la Société le 20 février 1875.
Blochet {Edgard-Gabriel- Joseph), élève diplômé de l'École des langues
orientales, attaché à la Bibliothèque Nationale, 35, rue de l'Arbalète,
Paris. — Élu membre de la Société le 30 juin 1894.
Blonay (Godefroy de), élève de l'École pratique des hautes études, 23, rue
Cassette, Paris. — Élu membre de la Société le 30 janvier 1892.
BoiSACQ (Emile), chargé de cours à l'Université, 40, rue du Bourgmestre,
Bruxelles (Belgique). — Élu membre de la Société le 13 février 1892.
BoissiER (Ma)ne-Loui'!-Antome-GaiSton), secrétaire perpétuel de l'Académie
française, membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, pro-
fesseur de littérature latine au Collège de France, maître de confé-
rences à l'École normale supérieure, 23, quai Conti, Paris. — Menibre
de la Société depuis le 8 mai 1869.
BoNNARDOT (François), archiviste paléographe, sous-inspecteur du service
des travaux historiques de la ville de Paris, 1, rue des Tournelles,
Arcueil (Seine). — Admis dans la Société en 1868; vice-président de 1887
à 1889 ; président en 1890 ; membre perpétuel.
BossERT (A.), inspecteur général de l'Instruction publique, 51, rue d'Assas,
Paris. — Élu membre de la Société le 2 décembre 1882.
BouciiEHiE (Adhéniar), chef de bataillon en retraite, 16, place Saint-Pierre.
Angoulème (Charente), — Élu membre de la Société le 12 mai 1883.
— viij —
BouTRouE (Alexandre), 241, rue du Faubourg-Saint-Honoré, Paris. — Élu
membre de la Société le 30 juin 1894 ; vice-président en 1896.
Bovier-Lapierre, professeur honoraire de l'Université, 8, rue Garancière,
Paris. — Trésenté pour être membre de la Société le 9 juin 1871 ; bibliothé-
caire du 25 mai 1878 au 1" janvier 1879.
BoYER (Paul), professeur de langue russe à l'École spéciale des langues
orientales vivantes, 86, rue de l'Université, Paris. — Élu membre de la
Société le 8 décembre 1888; trésorier de 1892 à 1894.
Bréal {Wiche\-Jules-Al fred), membre de l'Institut (Académie des inscrip-
tions et belles-lettres), inspecteur général de l'enseignement supé-
rieur, professeur de grammaire comparée au Collège de France, direc-
teur d'études à l'École pratique des hautes études, 70, rue d'Assas,
Paris. — Membre de la Société en 1867 ; secrétaire depuis 1868 ;
membre perpétuel.
Brun (Charles), agrégé de l'Université, 9, rue Blainville, Paris.— Élu membre
de la Société le 16 décembre 1893.
BuGGE (Sophus), professeur à l'Université, Christiania (Norvège). — Élu
membre de la Société le 5 janvier 1878.
Calloianu (Michel B. C), docteur es lettres, professeur au lycée, 30, maneu
Brutaru, strada Fantanei, 14, Bucarest (Roumanie). — Élu membre de
la Société le 8 mars 1879.
Carnel (L'abbé), aumônier de l'Hôpital militaire, Lille (Nord). — Élu
membre de la Société le 5 décembre 1891.
Carrière (Auguste), directeur d'études pour les langues hébraïque, chal-
daïque et syriaque à l'École pratique des hautes études, professeur de
langue arménienne à l'École spéciale des langues orientales vivantes,
35, rue de Lille, Paris. — Élu membre de la Société le 10 février 1873 ;
vice-président en 1875 et 1876.
Cart (Théophile), professeur au lycée Henri IV et à l'École des sciences
politiques, 12, rue Soufflot, Paris. — Élu membre de la Société le 17 dé-
cembre 1892 ; bibliothécaire depuis le 1" janvier 1894.
Chabaneau (Camille), chargé du cours de langues romanes à la Faculté des
lettres, Montpellier (Hérault). — Élu membre de la Société le 21 no-
vembre 1868.
Chabot (l'abbé J.-B.), 47, rue Claude-Bernard, Paris. — Élu membre de la
Société le 23 février 1895.
Charencey (C/iHrfe-Fe'/i'x-lIyacinthe Gouhier, comte de), membre du Con-
seil général de l'Orne, 25, rue Barbel-de-Jouy, Paris. — Membre de la
Société depuis l'origine et son premier secrétaire; bibliothécaire de 1868
à 1873; vice-président en 1874, 1883 et 1884 ; président en 1885.
Chilot (Narcisse), licencié es lettres, élève de l'École pratique des hautes
études et de l'École des langues orientales vivantes, 24, rue de Paris,
Villeneuve-Saint-Georges (Seine-et-Oise). — Élu membre de la Société le
14 janvier 1893.
CoLiNET (Ph.), professeur à l'Université, Louvain (Belgique). — Élu membre
de la Société le 25 juin 1892; membre perpétuel.
Comte (Charles), professeur au lycée Condercet, 83, boulevard jle la Reine,
Versailles (Seine-et-Oise). — Élu membre de la Société le 4 février 1882.
CoNROTTE (7o.?e/;/i-Edmond), docteur^en philosophie et lettres, professeur au
séminaire, Bastogne (Belgique). — Élu membre de la Société le 5 déc. 1896,
Cornu (Jules), professeur à l'Université, 9, Salmgasse, Prague (Bohême)
— Elu membre de la Société le 19 juillet 1873.
CoL'BRONNE (Louis), pTofcsseur au lycée, Nantes (Loire-Inférieure). — Élu
membre de la Société le 25 janvier 1879.
Cousin (Georges), maître de conférences à la Faculté des lettres, 59, boule-
vard Stanislas, Nancy (Meurthe-et-Moselle). — Élu membre de la Société
le 8 février 1890; membre perpétuel.
CuNY (Albert), licencié es lettres, chez M""" Legrand, Sainl-Calais (Sarthe).
— Élu membre de la Société le 9 mai 1891.
David (René), ingénieur, 60, rue des Écoles, Paris. — Élu membre de la
Société le 18 février 1882.
David-Beguiantz (Sergius), élève de l'École pratique des hautes études, 51,
rue Gay-Lussac, Paris. — Élu membre de la Société le 7 décembre 1895.
Delaire (Alexis), 238, boulevard Saint-Germain, Paris. — Élu membre de la
Société le 18 novembre 1876 ; membre perpétuel.
Delaplane (A.), chef de bureau au Ministère des travaux publics, 244, boule-
vard Saint-Germain, Paris.— Admis dans la Société en 1868.
Delondre (Gustave), 16, rue Mouton-Duvernet, Paris. — Membre de la So-
ciété en 1867.
Delphin (Gaétan), directeur de la Médersa, Alger (Algérie). — Élu membre
de la Société le 30 juin 1894.
Derenbourg (Hartwig), professeur d'arabe littéral à l'École spéciale des
langues orientales vivantes, directeur adjoint pour la langue arabe,
l'islamisme et les religions de l'Arabie à l'École pratique des hautes études,
professeur honoraire du Séminaire Israélite, 56, rue de la Victoire, Paris.
— Membre de la Société depuis 1866; secrétaire adjoint de 1866 à 1868 ;
membre perpétuel.
DiANU (Jean .Y.), licencié es lettres, professeur au séminaire central, Bu-
carest. — Élu membre de la Société le 7 février 1891.
DiHiGO (D' Juan M.), professeur de littérature grecque à l'Université, La
Havane (Cuba). — Élu membre de la Société le 15 décembre 1894.
Donner (0.), professeur de sanscrit et grammaire comparée à l'Université,
Helsingfors (Finlande). — Élu membre de la Société le 19 juin 1869.
DoTTLN (Georges), maître de conférences à la Faculté des lettres, 6, rue de
Belair, Rennes (lUe-et-Vilaine). — Élu membre de la Société le 6 dé-
cembre 1884; bibliothécaire de 1888 à 1891.
Durand-Gréville {Émi\e-Ahx),Hi, rue de Grenelle, Paris [de janvier à mars]
et Bois-Briou, Angers (Maine-et-Loire) [d'avril à décembre]. — Élu mem-
bre de la Société le l""' avril 1882 ; membre perpétuel.
DuTENS (Alfred), 12, rue Clément-Marot, Paris. — Élu membre de la Société
le 19 juillet 1879.
DuvAL (Paul-Rubans), professeur de langue et de littérature araméennes
au Collège de France, 11, rue de Sontay, Paris. — Élu membre de
la Société le 18 février 1882 ; vice-président en 1885 ; président
en 1886.
DuvAU (Louis), maître de conférences de grammaire comparée à l'École
pratique des hautes éludes, l'un des directeurs de la Revue de Philologie,
de Littérature et d'Histoire anciennes, 22, quai de Béthune, Paris. — Elu
membre de la Société le 6 décembre 1884; administrateur depuis le
1" janvi(>r 1802,
Kdon, professeur au lycée Henri IV, 21, rue de Vaugirard, Paris. — Élu
membre de la Société le 29 mai 1880.
Elliott (Richard-J.), professeur à Trinity collège, Melbourne (Australie).
— Élu membre de la Société le 24 novembre 1888.
Ernault (Émile-Jean-Marie), professeur à la Faculté des lettres, 2, rue
Saint-Maixent, Poitiers (Vienne). — Élu membre de la Société le 18 dé-
cembre 1875 ; administrateur de 1882 au 24 mai 1884 ; membre perpétuel.
EsTLANDER (Karl-G.), professeur à l'Université, llelsingfors (Finlande). —
Membre de la Société en 1867.
Etienne (E.), professeur au lycée, chargé de cours à la Faculté des lettres
de Nancy, 79, faubourg Saint-Sébastien, Maxeville, par Nancy (Meurthe-
et-Moselle). — Élu membre de la Société le 6 décembre 1890.
FAY(D"Ed\vin W.), professeur à Washington and Lee University, Lexington
(Virginie, États-Unis). — Élu membre de la Société le l.ô décembre 189i.
FÉCAMP (Albert), bibliothécaire de la Bibliothèque universitaire, 44, rue
Pitot, Montpellier (Hérault). — Élu membre de la Société le 13 janvier
1877.
FiNOT (Louis), sous-bibliothécaire à la Bibliothèque nationale, maître de
conférences de langue sanscrite à l'École pratique des hautes études, 49,
rue Claude-Bernard, Paris. — Élu membre de la Société le 25 juin 1892;
trésorier depuis le 1" janvier 1895.
FoiRNiER (Albert), professeur à l'École supérieure des Lettres, 9, rue de
Tanger, Alger. — Élu membre de la Société le 5 mai 1894.
Gaidoz (Henri), directeur d'études pour les langues et littératures celtiques
à l'École pratique des hautes études, professeur à l'École des sciences
politiques, l'un des directeurs de la revue Mélusine, 22, rue Servandoni,
Paris. — Membre de la Société en 1867 ; administrateur de 1870-1871 au
27 janvier 1877 ; vice-président en 1879 et 1880; président en 1881.
Gasc-Desfossés (Alfred), professeur au lycée Faidherbe, 5, square Jussieu,
Lille (Nord). — Élu membre de la Société le 9 mars 1889.
GiLLiÉRON (Jules), directeur adjoint pour les langues romanes à l'École
pratique des hautes études, 2, place de la République, Levallois-Perret
(Seine). — Élu membre de la Société le 28 avril 1877.
GoDEFROY (Frédéric), 20, rue de l'Abbé-Grégoire, Paris. — Élu membre de la
Société le 24 mai 1879.
GoHiN (Ferdinand), professeur agrégé de l'Université, 8, rue de Carentan,
Coutances (Manche). — ■ Élu membre de la Société le 30 janvier 1892.
GoNNET (L'abbé), maison Sainte-Catherine, PÎcully (Rhône). — Élu membre
de la Société le 12 juin 1875 ; membre perpétuel.
Graffin (L'abbé R.), professeur à l'Institut catholique, 47, rue d'Assas,
Paris. — Élu membre de la Société le 8 mars 1890.
Grammont (Maurice), maître de conférences à la Faculté des lettres, Mont-
pellier (Hérault). — Élu membre de la Société le 14 décembre 1889.
Grandgent (Charles), professeur à l'Université de Harvard, Cambridge
(Massachussets, États-Unis d'Amérique). — Élu membre de la Société le
29 mai 1886.
Granges (Ch. M. des), agrégé des lettres, professeur au Collège Stanislas,
13, rue Le Verrier, Paris. — Élu membre de la Société le 22 novembre
1890.
Grasserie (Raoul DE la), juge au Tribunal, correspondant du Ministère de
— ^J —
l'inslruction publique, 4, rue de Bourbon, Rennes (Ille-et-Vilaine). —
Élu membre de la Société le 14 mai 1887.
Gréard (U.), membre de l'Académie française et de l'Académie des sciences
morales et politiques, vice-recteur de l'Académie de Paris, à la Sorbonne.
— Membre de la Société depuis le 14 décembre 1889.
Grégoire (Antoine), docteur en philosophie et lettres, 40, rue des Wallons,
Liège (Belgique). — Élu membre de la Société le 15 février 1896.
GuiMET (Emile), place de la Miséricorde, Lyon (Rhône), et au Musée
Guimet, avenue d'Iéna, Paris. — Élu membre de la Société le 22 janvier
1881; membre perpétuel.
GusTAFSsoN (Docteur Fridolf-F/rtf/im»-)) professeur de littérature latine à
l'Université, 1, Andreeg, Ilelsingfors (Finlande). — Élu membre de la
Société le 16 mai 1885.
Halévv (Joseph), directeur adjoint pour les langues éthiopienne ethimya-
rite et les langues touraniennes à l'École pratique des hautes études, 26,
rue Aumaire, Paris. — Éki membre de la Société le 13 janvier 1872; vice-
président en 1886 et 1887; président en 1888.
Harlez (C. de), professeur à l'Université, Louvain (Belgique). — Élu
membre de la Société le 18 novembre 1876.
Hasdeïi {Bogda.n-Petriceicu), membre de l'Académie roumaine, de la So-
ciété littéraire serbe, etc., professeur de philologie comparée à l'Uni-
versité de Bucarest, directeur général des Archives royales, membre du
Conseil supérieur de l'instruction publique, directeur de la revue Co-
liimna lui Traïanû, rue Mihaïuvoda, Bucarest (Roumanie). — Élu
membre de la Société le 4 février 1882.
Hatzfeld (Adolphe), professeur au lycée Louis-le-Grand, ancien professeur à
la Faculté des lettres de Grenoble, 7, rue de l'Odéon, Paris.— Élu membre
de la Société le 1" février 1873.
Uauvion, 40, rue des Écoles, Paris. — Élu membre de la Société le
20 novembre 1886.
Haverfield (F.), professeur à Christ-Church, Oxford (Grande-Bretagne).
— Élu membre de la Société le 18 novembre 1882; membre perpétuel.
Havet {Pierre- Antoine-Louis), membre de l'Institut (Académie des inscrip-
tions et belles-lettres), professeur de philologie latine au Collège de
France, professeur de philologie latine à la Faculté des lettres, directeur
d'études pour la philologie latine à l'École pratique des hautes études,
5, avenue de l'Opéra, Paris. — Élu membre de la Société le 20 novembre
1869; secrétaire adjoint de 1870 à 1882; membre perpétuel.
Henry (Victor), professeur de sanscrit et de grammaire comparée à la
Faculté des lettres, 42, rue de Paris, Orsay (Seine-et-Oise). — Élu
membre de la Société le 22 janvier 1881 ; membre perpétuel.
ilÉiuoT-BuNOUST (L'abbé Étienne-Engène-Louis), 27, rue d'Assas, Paris. —
Élu membre de la Société le 19 novembre 1887; membre perpétuel.
IIermann (Eduard), 25, Spitalgasse, Cobourg (Allemagne). — Élu membre
de la Société le 3 décembre 1892.
, iloi.HAN (Michel G.), vice-consul de Roumanie, 2, rue Saint-Léger, Genève
Suisse). — Élu membre de la Société le l" décembre 189i.
IIoi.i.eaux (Maurice), professeur à la Faculté des lettres, 9, quai de la Guil-
lotière, Lyon (Rhône). — Élu membre de la Société le 30 avril 1892.
Hlszar (D' Guillaume), professeur, chez M. B. Fisch, Ungvàr (Hongrie). —
Élu membre de la Société le 2 mai 1896.
— XIJ —
Imbert, receveur de l'enregistrement et des domaines, Couiza(Aude). — Élu
membre de la Société le 14 décembre 1889.
Jedlicka (Jaromir), candid. prof., Vavrova tr., c. 25, I, Vinohrady, Prague
(Bohême). — Élu membre de la Société le 19 décembre 1891.
Job (Léon), docteur es lettres, professeur au lycée, 2, rue de la Hache, Nancy
(Meurthe-et-Moselle). — Élu membre de la Société le 21 novembre 1885.
JoRET (Charles), professeur à la Faculté des lettres, 5, rue Saint-Michel,
Aix (Bouches-du-Rhône). — Élu membre de la Société le 10 janvier 1874 ;
membre perpétuel.
Kelle-r (Otto), professeur à l'Université, 2, Kreuzherrenplatz, Prague
(Bohême). — Élu membre de la Société le 14 janvier 1893.
Kern, professeur de sanscrit à l'Université, 41, Noordeinde, Leyde (Pays-
Bas). — Élu membre de la Société le 15 mars 1873.
Kirste {Ferdinand-Otto-ied.n), professeur de philologie orientale à l'Univer-
sité, 2, Hafnerplatz, Graz (Styrie). — Élu membre de la Société le 7
janvier 1872 ; membre perpétuel.
KuGEiNER (M. -A.), docteur en philosophie et lettres, 5, rue des Carmes,
Paris. — Élu membre de la Société le 19 décembre 1896.
Laborde (Le marquis Joseph de), archiviste aux Archives nationales, 8, rue
d'Anjou, Paris. — Élu membre de la Société le 29 décembre 1873 ;
membre perpétuel.
Lambert (Charles), maître de conférences à la Faculté des lettres, 7, rue
de l'École de Droit, Dijon (Côte d'Or). — Élu membre de la Société le
3 mai 1890.
Lamouche (Le capitaine du génie), de l'état-major général, 18, rue Las-
Cases, Paris. — Élu membre de la Société le 29 février 1896.
Laray (Henri), capitaine d'infanterie de marine en retraite, 1, rue Sainte-
Geneviève, Versailles (Seine-et-Oise). — Élu membre de la Société le
31 mai 1890 ; membre perpétuel.
Laurent, professeur au Collège Stanislas, 9, rue du Mont-Parnasse, Paris.
— Élu membre de la Société le 14 avril 1883.
Lecocq (Gustave), 7, rue du Nouveau-Siècle, Lille (Nordj. — Élu membre de
la Société le 3 mai 1890; membre perpétuel.
Le Foyer (Henri), 252, rue de Rivoli, Paris. — Élu membre de la Société le
14 mai 1892.
Léger {hom?,- Paul), professeur honoraire à l'École spéciale des langues
orientales vivantes, professeur de langues et littératures slaves au Collège
de France, professeur à l'École de guerre, 43, rue de Boulainvilliers, Paris.
— Membre de la Société depuis l'origine, administrateur vice-président
de 1866 à 1869, vice-président en 1880 et en 1881 ; président en 1882;
membre perpétuel.
Lejay (L'abbé Paul), professeur à l'Institut catholique, 119, rue du Cherche-
Midi, Paris. — Élu membre de la Société le 17 mai 1890; vice président
en 1896.
Le Nestour (Paul), licencié es lettres, élève de l'École pratique des hautes
études, 4, rue Flatters, Paris. — Élu membre de la Société le 18 janvier
1896.
Lévi (Sylvain), professeur de sanscrit au Collège de F'rance, directeur ad-
joint pour la langue sanscrite à l'École pratique des hautes études, 9,
— Ml] —
rue Guy-de-Labrosse. Paris. — Élu membre de la Sociélé le 10 janvier
188b; vice-président en 1891 et en 1892; président en 1893.
LiÉTARD (Le docteur Alexandre), médecin inspecteur des eaux, correspon-
dant de l'Académie de médecine, Plombières (Vosges). — Membre de la
Société en 1867.
LiNDSAY C\V.-M.), fellow of Jésus collège, Oxford (Grande-Bretagne). — Élu
membre de la Société le 8 juin 1895.
LoTH (Joseph), doyen de la Faculté des lettres, Rennes (Ille-et-Yilainej. —
Élu membre de la Société le 25 mai 1878.
Mallet (Dominique), agrégé de l'Université, membre de la mission fran-
çaise, Le Caire (Egypte). — Élu membre de la Société le 1" décembre
1894.
Marissialx (Paul), agrégé de l'Université, professeur au lycée, Chàteauroux
(Indre). — Élu membre de la Société le 1*' décembre 1894.
Maspero (Camille-Charles-GaiS'lon), membre de l'Institut (Académie des
inscriptions et belles-lettres), professeur de philologie et archéologie
égyptiennes au Collège de France, directeur d'études pour la philologie
et les antiquités égyptiennes à l'École pratique des hautes éludes, 24,
avenue de l'Observatoire, Paris. — Membre de la Société en 1867; vice-
président en 1877 et 1879 ; président en 1880.
Massieu de Clerval, 113, boulevard de la Reine, Versailles (Seine-et-Oise).
— Membre de la Société depuis 1867.
Mathieu (E.), traducteur aux établissements Schneider, 126, route de
Couches, au Creusot (Saône-et-Loire). — Élu membre de la Société le
8 mars 1890.
Meillet (Antoine), maître de conférences de grammaire comparée et de langue
zende à l'École pratique des hautes études, 24, boulevard Saint-Michel,
Paris. — Élu membre de la Société le 23 février 1889 ; membre perpétuel.
MÉLÈSE (Albert), professeur agrégé de l'Université, 5, rue Corneille,
Paris. — Élu membre de la Société le 8 mars 1889.
Melon (Paul), 24, place Malesherbes, Paris. — Élu membre de la Société
le 19 novembre 1870; membre perpétuel.
Merwart (K.), docteur en philosophie, professeur à l'Académie Marie-
Thérèse et au collège du II" arrondissement, II, Taborstrasse, 28, Vienne
(Autriche). — Élu membre de la Société le 21 juin 1884.
Meyer (Alphonse), professeur au lycée, 43, rue des Facultés, Bordeaux
(Gironde). — Élu membre de la Société le 6 février 1875.
Meyer {Marie-Va.\i\-Hyacinthe), membre de l'Institut (Académie des inscrip-
tions et belles-lettres), professeur de langues et littératures de l'Europe
méridionale au Collège de France, directeur de l'École des Chartes, l'un
des directeurs de la Romania, 16, avenue de Labourdonnais, Paris. —
Membre de la Société en 1867; membre perpétuel.
Michel (Charles), professeur à l'Université, 110, avenue d'Avroy, Liège
(Belgique). — Élu membre de la Société le 16 février 1878.
MoHL (B.-Jifi), lecteur à l'Université, professeur à la Cesko-slovanskà
Akademie obchodni, I, konvitskà ulice, c. 24 a, Prague (Bohème). — Élu
membre de la Société le 21 novembre 1885; administrateur en 1890
et 1891.
MoNSEUR, professeur à l'Université, Bruxelles (Belgique).— Élu membre de
la Société le 9 janvier 1885.
— XIV —
MoNTAGUE, professeur à Amherst Collège, Amherst (Massachussets, États-
Unis d'Amérique). — Élu membre de la Société le 30 novembre 1889.
MoNTMiTONNET. — Élu membre de la Société le 2 décembre 1893.
MoRTEVEiLLE (Slaulslas), 15, rue Vineuse, Paris. — Élu membre de la So-
ciété le 11 janvier 1879.
MowAT (Robert), chef d'escadrons d'artillerie en retraite, 10, rue des Feuil-
lantines, Paris. — Membre de la Société depuis l'origine ; président en 1878.
Oltramare (Paul), professeur à l'Université, 32, chemin du Nant, Servelte,
Genève (Suisse). — Élu membre de la Société le 27 mai 1876 ; membre
perpétuel.
OsTHOFF (Hermann), professeur à l'Université, 25, Mônchhofstrasse, Hei-
delberg (Grand-Duché de Bade). — Élu membre de la Société le 8 juin 1895.
Paris {GaiSlon-Bruno-Pauhn), membre de l'Institut (Académie française et
Académie des inscriptions et belles-lettres), professeur de langue et litté-
rature françaises du moyen âge au Collège de France, administrateur du
Collège de France, président honoraire et directeur d'études pour la
philologie romane à l'École pratique des hautes études, l'un des directeurs
de la Romania, Collège de France, Paris. — Membre de la Société en 1867 ;
vice-président en 1869, en 1870-1871 et en 1872; président en 1873;
membre perpétuel.
Parmentier (Léon), professeur à l'Université, 47, rue Souverain-Pont, Liège
(Belgique). — Élu membre de la Société le 5 décembre 1885.
Parjientier (Le général de division Joseph-Charles-Théodore), président de
l'Alliance française, 5, rue du Cirque, Paris ; et Malzeville (Meurthe-et-
Moselle). — Élu membre de la Société le 17 mars 1883; membre perpétuel.
Pascal (Ch.), professeur au lycée, Versailles (Seine-et-Oise). — Admis dans
la Société en 1886.
Passy (Paul), docteur es lettres, maître de conférences de phonétique géné-
rale à l'École pratique des hautes études, 11,, rue de Fontenai, Bourg-
la-Reine (Seine). — Élu membre de la Société le 17 décembre 1892;
membre perpétuel.
Pauli (Cari), docteur en philosophie, professeur au Lycée cantonal, 94,
viale Carlo Cattaneo, Casa Monti, Lugano (Suisse). — Élu membre de la
Société le 3 mars 1883.
Penafiel (Docteur Antonio), professeur de médecine et de chirurgie à
l'Université, directeur général du Bureau de statistique, Mexico (Mexique).
— Élu membre de la Société le 11 mai 1889; membre perpétuel.
Pernot (Hubert), licencié es lettres, répétiteur à l'École spéciale des
langues orientales vivantes, 151 bis, rue Saint-Jacques, Paris. — Élu
membre de la Société le 1"'' décembre 1894.
PiERRET, conservateur du musée égyptien, au Louvre, Paris. — Était
membre de la Société le 1"'' février 1870.
Pognon (H.), consul de France, Alep (Syrie). — Élu membre de la Société
le 16 février 1884.
PoLiVKA (Jiri), professeur à l'Université, Prague (Bohême). — Élu membre
de la Société le 25 juin 1892.
PsiCHARi (.Jean), directeur adjoint pour la philologie byzantine à l'École
pratique des hautes études, 77, rue Claude-Bernard, Paris. — Élu membre
de la Société le 15 février 1884 ; administrateur de 1885 à 1889; président
en 1896.
Qlerry (Amédée), consul général de France en retraite, Ferry-keuï, Cons-
tantinople (Turquie). — Élu membre de la Société le 1" décembre 1894.
Raillard (Raoul), professeur au lycée Janson de Sailly, 37, rue de la Tour,
Paris. — Élu membre de la Société le 22 juin 1895.
Rambaud (le capitaine Jean-Baptiste-Jn<oi«e), professeur à l'École militaire
de l'artillerie et du génie, 40, avenue de Saint-Cloud, Versailles (Seine-
et-Oise). — Élu membre de la Société le 7 décembre 189.5.
170. Reinach (Salomon), membre de l'Institut (Académie des inscriptions et
belles-lettres), conservateur-adjoint des musées nationaux, 38, rue de
Lisbonne, Paris. — Élu membre de la Société le 21 février 1880.
Rhys (John), fellow de Jésus Collège, professeur de celtique à l'Université,
87, Banbury road, Oxford (Grande-Bretagne). — Élu membre de la Société
le 9 janvier 1875; membre perpétuel.
Riabinin (Michel), Nadezhdinskaya, 12, Odessa (Russie). — Élu membre de
la Société le 24 juin 1893.
Roger (Maurice), professeur au lycée Carnot, 2, rue Barye, Paris. — Élu
membre de la Société le 20 mars 1886; membre perpétuel.
Rolland (Eugène), château deGranlmont, àAunay-sous-Auneau,par Auneau
(Eure-et-Loir), et à Paris, 2, rue des Chantiers. — Admis dans la Société
en 1868 ; membre perpétuel.
Rosapelly (Le docteur), ancien interne des hôpitaux, 10, rue de Buci,
Paris. — Élu membre de la Société le 27 mai 1876 ; membre perpétuel.
Rousselot (L'abbé Pierre-Jea?i), docteur es lettres, 11, rue Littré, Paris. —
Élu membre de la Société le 17 avril 1886; vice-président en 1894, pré-
sident en 1895.
Sabbathier (Paul), agrégé de l'Université, 15, rue du Cardinal-Lemoine,
Paris. — Élu membre de la Société le 28 décembre 1889.
Sacleux (Le R. P.), missionnaire apostolique à Zanzibar (Côte orientale
d'Afrique, via Marseille). — Élu membre de la Société le 7 avril 1894;
membre perpétuel.
.Salnt-Djdier (Le baron de), 12, avenue de l'Aima, Paris. — Élu membre de
la Société le 7 mars 1891.
180. Sanchez Moguel (Antonio), membre de l'Académie royale d'histoire, pro-
fesseur à l'Université, Madrid (Espagne). — Élu membre de la Société le
5 février 1887.
Sausslre (Ferdinand de), professeur à l'Université de Genève, Malagny-
Versoix, près Genève (Suisse). — Élu membre de la Société le 13 mai
1876; secrétaire-adjoint de 1883 à 1891.
Sayce (Archibald-llenry), professeur à l'Université, Oxford (Grande-Bre-
tagne). — Élu membre de la Société le 5 janvier 1878; membre perpétuel.
Sayous (Edouard), professeur à la Faculté des lettres, Besançon (Doubs).
— Élu membre de la Société le 2 mai 1885.
ScHiLS (L'abbé G. -H.), curé de Fontenoille, par Sainte-Cécile (Belgique).
— Élu membre de la Société le 8 juin 1889.
Schlemmer de Banyavôlgy (Le chevalier Charles), directeur de la Chancel-
lerie des finances, consul de Perse, via Sauf Andréa, 573, Fiume (Hon-
grie). — Élu membre de la Société le 30 novembre 1889.
Schlumberger (Gustave-Léo«), membre de l'Institut (Académie des inscrip-
tions et belles-lettres), 27, avenue d'Anlin, Paris.— Membre de la Société
depuis le 3 décembre 1881; membre perpétuel.
— XV) —
ScHRiJNEN (Joseph), docteur en philosophie, professeur au collège, Rure-
monde (Pays-Bas). — Élu membre de la Société le 5 décembre 1891.
ScHWOB (Marcel), 26, rue Vaneau, Paris. — Élu membre de la Société le 9
février 1889; bibliothécaire en 1892.
Sébillot (Paul) , directeur de la Revue des Traditions populaires, 4, rue de
rOdéon, Paris. — Élu membre delà Société le 28 avril 1883; membre
perpétuel.
190. Senart (Emile), membre de l'Institut (Académie des inscriptions et belles-
lettres), château de la Pelice, près la Ferté-Bernard (Sarthe), et à Paris,
18, rue François P" — Admis dans la Société en 1868; membre perpétuel.
Sénéchal (Edmond), inspecteur des finances, 7, rue Cochin, Paris. — Élu
membre de la Société le 16 mai 1885 ; membre perpétuel.
SÉPET(Marius), bibliothécaire à la Bibliothèque nationale, 2, rue de l'Union,
Clamart (Seine). — Était membre de la Société le 1" février 1870.
Specht (Edouard), 195, rue du Faubourg-Saint-Honoré, Paris. — Membre
de la Société depuis 1867.
Speijer (J.-S.), professeur de philologie latine à l'Université, Groningue
(Pays-Bas). — Élu membre de la Société le 2 février 1878.
Spiegelberg, docteur en philosophie, 2, Kurze strasse, Hannover (Allemagne).
— Élu membre de la Société le 26 mars 1892.
Stokes (Whitley), associé étranger de l'Institut de France (Académie des
inscriptions et belles-lettres), ancien membre du Governor's Council à
Calcutta, 15, Grenville Place, S. W., Londres. — Élu membre de la So-
ciété le 5 novembre 1881.
Storm (Johan), professeur à l'Université, Christiania (Norvège). — Élu
membre de la Société le 23 novembre 1872; membre perpétuel.
Sturm (P.-V.), professeur à l'Athénée, Luxembourg (grand-duché de Luxem-
bourg).— Élu membre de la Société le 20 février 1875.
Sudre (Lèopold-Mauince-Pierre-Timothée), docteur es lettres, professeur au
collège Stanislas, 42, boulevard Montparnasse, Paris. — Élu membre de
^ la Société le 2 avril 1887 ; membre perpétuel,
soo. SvRLJUGA (Ivan Kr.), Osiek (Croatie). — Élu membre de la Société le
17 avril 1880.
Taverney (Adrien), villa Espérance, Chauderon, Lausanne (Suisse). — Élu
membre de la Société le 17 mars 1883.
Tchernitzky (M"^ Antoinette de), 9, rue Le Gofî, Paris. — lîlue membre de
la Société le 27 avril 1895.
Tegnér, professeur à l'Université, Lund (Suède). — Élu membre de la So-
ciété le 17 avril 1875; membre perpétuel.
Tholozan (D'), médecin principal de l'armée française, membre correspon-
dant de l'Académie de médecine, premier médecin de S. M. le Chah,
Téhéran (Perse), via Vienne-Tiflis. — Élu membre de la Société le 18
avril 1896; membre perpétuel.
Thomsen (Wilh.), professeur à l'Université, 150, Garnie Rongevei, Copen-
hague (Danemark). — Élu membre de la Société le 21 mai 1870; membre
perpétuel.
Tournier (Edouard), directeur d'études pour la philologie grecque à l'École
pratique des hautes études, maître de conférences à l'École normale su-
périeure, 16, rue de Tournon, Paris. — Membre de la Société depuis
l'origine; vice-président en 1872.
— ^vij —
TouRTOULON (Le baron Charles de), château de Valergues, par Lansargues
(Hérault). — Élu membre de la Société le 25 avril 1869.
VANDERVLiET(J.),professeuràrUniversité,Utrecht(Pays-Bas). — Élu membre
de la Société le 11 mars 1893.
Verrier (Paul), professeur au Lycée Carnot, Paris. — Élu membre de la
Société le 12 mars 1892.
210. VoGiJÉ (Le marquis C/(flr/es-Je««-Melchior de), membre de l'Institut (Aca-
démie des inscriptions et belles-lettres), ancien ambassadeur de France
à Vienne, 2, rue Fabert, Paris. — Membre de la Société depuis le 27 mars
1879 ; membre perpétuel.
Wackernagel (Jakob), professeur à l'Université, Niederschônthal, près
Bàle (Suisse). — Élu membre de la Société le 20 novembre 1886.
Watel, professeur au lycée Condorcet, 105, rue de Miromesnil, Paris. —
Élu membre de la Société le 13 janvier 1872.
Webster (M'" Hélène), 37, Nahont Street, Lynn (Massachussets, États-
Unis d'Amérique). — Élue membre de la Société le 28 décembre 1889.
WiLBOis, colonel de gendarmerie, 5, rue Stanislas, Paris. — Élu membre
de la Société le 15 avril 1876 ; membre perpétuel.
Wimmer (Ludvig-F.-^.), professeur à l'Université, 9, Norrebrogade, Copen-
hague (Danemark). — Élu membre de la Société le 29 mars 1873 ; membre
perpétuel.
WiNKLER (Docteur Henri), Garlenhaus 3i, Neudorfstrasse, Breslau (Silésie
Prussienne). — Élu membre de la Société le 30 novembre 1889.
WoTKE (Karl), docteur en philosophie, VII, Kirchberggasse, 35, Vienne
(Autriche). — Élu membre de la Société le 25 juin 1887.
Z.UBATY (Joseph), professeur de sanscrit et grammaire comparée à l'Uni-
versité, Smichov, Husova trida, 539, Prague (Bohême). — Élu membre
de la Société le 19 décembre 1891.
ZvETAiEV (Jean), professeur à l'Université, Moscou (Russie). — Élu membre
de la Société le 16 mai 1885.
220. Bibliothèque de l'École française d'Archéologie, Palais Farnèse,àRome. —
Admise dans la Société le 25 mai 1889.
Bibliothèque universitaire, Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). — Admise
dans la Société le 11 juin 1887.
Bibliothèque universitaire. Palais de l'Université, Montpellier (Hérault). —
Admise dans la Société le 24 juin 1893.
Briti-sh Museuji. — Admis dans la Société le 22 novembre 1890; membre
perpétuel. Adresser à M. Borrani, 9, rue des Saints-Pères, Paris.
h.
LISTE DES PRESIDENTS
DE LA SOCIfiTÉ DE LINGUISTIQUE DE PARIS
DEPUIS 1864.
MM.
MM.
186'.-
65.
D'ABBADIE.
1882.
LEGER.
1866.
f EGGER.
1883.
D'ARBOIS DE JUBAINVILLE
1867.
1 RENAN.
1884.
fGUYARD.
1868.
f BRUNET DE PRESLE.
1885.
DE CHARENGEY.
1869.
fBAUDRY.
1886.
RuBENS DUVAL.
1870-
71.
f EGGER.
1887.
t James DARMESTETER.
1872.
fTHUROT.
1888.
HALÉVY.
1873.
Gaston PARIS.
1889.
t PLOIX.
1874.
t PLOIX.
1890.
BONNARDOT.
1875.
t VAÏSSE.
1891.
fDE ROCHEMONTEIX.
1876.
t EGGER.
1892.
Philippe BERGER
1877.
t BENOIST.
1893.
Sylvain LÉVI,
1878.
MOWAT.
1894.
Prince Alexandre BIBESCO.
1879.
t BERGAIGNE.
1895.
Abbé ROUSSELOT.
1880.
MASPERO.
1896.
PSIGHARI.
1881.
GAIDOZ.
MEMBRES
ENLEVES PAR LA MORT A LA SOCIETE
Backer (Louis de), lauréat de l'Institut de France, membre de l'Académie
royale de Belgique. — Elu membre de la Société le 20 janvier 1894.
Décédé en février 1896.
Baissac (Charles), professeur de rhétorique au collège royal de Port-Louis
(Ile Maurice). — Élu membre de la Société le 20 juin 1891. Décédé
le 3 décembre 1892.
Baudry (Frédéric), membre de l'Institut (Académie des inscriptions et
belles-lettres), administrateur de la bibliothèque Mazarine. — Membre
de la Société en 1867 ; vice-président en 1868;- président en 1869. Dé-
cédé le 2 janvier 1885.
Benoist (LoMM-Eugène), membre de l'Institut (Académie des inscriptions
et belles-lettres), professeur de poésie latine à la Faculté des lettres de
Paris. — Membre de la Société depuis le 7 mai 1870; président en 1877.
Décédé le 22 mai 1887.
Bergaigne (Ahe\- Henri-Joseph), membre de l'Institut (Académie des
inscriptions et belles-lettres), directeur d'études à l'École pratique des
hautes études, professeur de sanscrit et de grammaire comparée à la
Faculté des lettres de Paris. — Membre de la Société en 1864; secré-
taire adjoint en 1868 et 1869; vice-président de 1873 à 1878; président
en 1879. Décédé le 6 août 1888.
Boucherie (A.), chargé du cours de langues romanes à la Faculté des
lettres de Montpellier. — Élu membre de la Société le 21 novembre
1868. Décès notifié à la Société le 14 avril 1883.
Bru.net de Presle, membre de l'Institut (.\^cadémie des inscriptions et
belles-lettres), professeur de grec moderne à l'I^cole spéciale des lan-
gues orientales vivantes. — Membre de la Société en 1867 ; président
en 1868. Décédé le 12 septembre 1875.
Chasles (Philarète), professeur au Collège de France. — Élu membre
de la Société le 15 février 1873. Décès notifié à la Société le 19 juillet
1873.
Chassang (A.), inspecteur général de l'Université. — Élu membre de la
Société le 12 novembre 1870. Décédé le 8 mars 1888.
Chodzko (Alexandre), ancien chargé de cours au Collège de France et à
l'École spéciale des langues orientales vivantes. — Membre de la So-
ciété depuis l'origine. Décès notifié à la Société le 16 janvier 1892.
— XX —
Darmesteter (Arsène), professeur de langue et littérature françaises du
moyen âge à la Faculté des lettres de Paris, professeur à l'École nor-
male déjeunes filles de Sèvres. — Membre de la Société en 1870.
Décédé le 16 novembre 1888.
Darmesteter (James), professeur de langues et littératures de la Perse
au Collège de France, directeur d'études pour la langue zende à l'École
pratique des hautes études, l'un des directeurs de la Revue de Paris.
— Élu membre de la Société le 20 décembre 1873; vice-président en
1884, 1885 et 1886; président en 1887. Décédé le 19 octobre 1894.
De la Berge, employé au cabinet des médailles de la Bibliothèque natio-
nale. — Élu membre de la Société le 3 décembre 1870. Décédé le
13 mars 1878.
Derenbourg (Joseph), membre de l'Institut (Académie des inscriptions
et belles-lettres), correcteur de la typographie orientale à l'Imprimerie
nationale, directeur d'études pour l'hébreu talmudique et rabbinique
à l'École pratique des hautes études. — Membre de la Société depuis
le 22 juillet 1871. Décédé le 28 juillet 1895.
Devic (Marcel), chargé du cours de langue et de littérature arabes à la Fa-
culté des lettres de Montpellier. — Élu membre de la Société le 19
février 1876; vice-président en 1878. Décédé en mai 1888.
Deville (Gustave), ancien membre de l'École française d'Athènes. —
Membre de la Société en 1867. Décédé en 1868.
DiDiON (Charles), inspecteur général des ponts et chaussées en retraite,
délégué général de la Compagnie d'Orléans. — Élu membre de la Société
le 26 avril 1873. Décédé le 26 janvier 1882.
DiDOT(Ambroise-Firmin). — Admis dans la Société en 1868. Décédé en 1876.
DossoN (S.), professeur à la Faculté des lettres de Clermont-Ferrand.
— Élu membre de la Société le 14 mai 1887. Décédé le 15 février 1893.
Egger (Emile), membre de l'Institut (Académie des inscriptions et
belles-lettres), professeur d'éloquence grecque à la Faculté des lettres
de Paris. — Président de la Société en 1866, en 1870-71, en 1876. Décédé
le 31 août 1885.
Eichthal (Gustave d'). — Membre de la Société depuis 1867. Décédé en
1886.
Fleury (Jean), lecteur à l'Université impériale de Saint-Pétersbourg. —
Élu membre de la Société le 21 décembre 1878. Décédé en juillet 1894.
Florent-Lefèvre. — Élu membre de la Société le 29 mars 1873. Décédé
en 1887.
FouRNiER (Eugène), docteur en médecine et es sciences naturelles. —
Membre de la Société depuis l'origine. Décédé le 10 juin 1885.
Georgian (Professeur D"" C.-D.) — Élu membre de la Société le 21 mars
1875. Décédé en 1888.
GoLDSCHMiDT (Siegfried), professeur de sanscrit à l'Université de Stras-
bourg.—Élu membre de la Société ie 8 mai 1869. Décédé le 31 janvier
• 1884.
Golllet.— Élu membre de la Société le 7 juin 1873. Décédé en 1887.
Grandgagnage (Charles), sénateur du royaume de Belgique. — Élu
membre de la Société le 24 avril 1869.
Graux (Charles-//e«n), maître de conférences de philologie grecque à
l'Ecole pratique des hautes études, maître de conférences d'histoire
grecque à la Faculté des lettres de Paris, bibliothécaire à la bibliothèque
de l'Université, l'un des directeurs de la Hevue de philologie^ de lilH-
— X\J —
rature et d'histoire anciennes. — Élu membre de la Société le 9 mai
1874. Décédé le 13 janvier 1882.
Grimblot (Paul), ancien consul de France à Ceylan. — Membre de la So-
ciété en 1867. Décès notifié à la Société le 4 juin 1870.
GuiEYSSE (Georges-E'M.ç'ène), élève de r?^cole pratique des hautes études.
— Élu membre de la Société le 11 février 1888. Décédé le 17 mai 1889.
GuYARD (Stanislas), professeur de langue arabe au Collège de France,
maître de conférences de langues arabe et persane à l'École pratique
des hautes études, correcteur de la typographie orientale à l'Impri-
merie nationale. — Élu membre de la Société le 13 avril 1878, vice-pré-
sident en 1882 et 1883 ; président en 1884. Décédé le 7 septembre 1884.
Halléguen (Le docteur). — Élu membre de la Société le 9 juin 1877. Dé-
cès notifié à la Société le 5 avril 1879.
Hanusz (Jean), professeur agrégé à l'Université de Vienne (Autriche). — Élu
membre de la Société le 2.5 juin 1887. Décédé le 26 juillet de la même année.
Hauvette-Besnault, directeur d'études honoraire à l'École pratique des
hautes études, conservateur adjoint de la bibliothèque de l'Université.
— Membre de la Société depuis 1870. Décédé le 28 juin 1888.
Heinrich (G. -A.), doyen de la Faculté des lettres de Lyon. — Membre
de la Société depuis 1867. Décédé en 1887.
Hervé (Camille). — Membre de la Société en 1867. Décédé le 30 août 1878.
HovELACQUE (Abel), professeur à l'École d'anthropologie. — Élu membre
de la Société le 4 décembre 1869. Décédé en février 1896.
Jackson (James), archiviste-bibliothécaire de la Société de Géographie.
— Élu membre de la Société le 22 juin J879; membre donateur. Décédé
le 17 juillet 1895.
Jaubert (Le comte), membre de l'Institut. — Membre de la Société de-
puis 1868. Décédé le 1" janvier 1875.
JozON, député. — Présenté pour être membre de la Société dans la
séance du 2 décembre 1879. Décès notifié à la Société le 9 juillet 1881.
Judas (Le docteur A. -C), ancien médecin principal de première classe.
— Membre de la Société depuis l'origine. Décédé le 17 janvier. 1873.
Lachaise (L'abbé Romain Czerkas). — Membre de la Société en 1867. Dé-
cès notifié à la Société le 26 avril 1873.
Lacouperie (Docteur Albert Terrien de), ancien professeur de philologie
indo-chinoise à l'University Collège de Londres, directeur du Babylo-
nian and Oriental Record. — Élu membre de la Société le 9 février 1889.
Décédé le 11 octobre 1894.
Lambrior, professeur à l'Université de Jassy (Roumanie). — Élu membre de
la Société le 26 mai 1877. Décès notifié à la Société le 17 novembre 1883.
Lenormant (CAar/es-François), membre de l'Institut (Académie des ins-
criptions et belles-lettres), professeur d'archéologie près laBibliothèque
nationale. — Membre de la Société en 1867. Décédé le 9 décembre 1883.
Le Saint (François), ancien officier. — Décédé en 1867.
Lévy (B.), inspecteur général de l'instruction publique. — Élu membre
de la Société le 2i janvier 1874. Décédé le 24 décembre 1884.
LiTTRÉ {Maximilieji-Paid-Kmi\e),' membre de l'Institut (Académie fran-
çaise et Académie des inscriptions et belles-lettres). — Membre de la
Société depuis 1868. Décédé en 1881.
LœB (Isidore), professeur au Séminaire Israélite, professeur libre à l'École
pratique des hautes études (section des sciences religieuses). — Élu
membre de la Société le 19 décembre 1885. Décédé le 2 juin 1892.
— XXI] —
LoTTNER (Le docteur Karl). — Membre de la Société en 1867. Décédé le
5 avril 1873.
LuTOS&AVSKi (Stanislas), élève de l'Université de Dorpat. — Élu membre
de la Société le 19 décembre 1885. Décès notifié à la Société le
18 février 1892.
Malvoisin (Edouard), agrégé de l'Université. — Membre de la Société
depuis 1867; bibliothécaire du 7 février 1880 au 31 décembre 1881.
Décédé le 5 janvier 1895.
Maury {Louis-Ferdinand-AUred), membre de l'Institut (Académie des ins-
criptions et belles-lettres), professeur d'histoire et morale au Collège de
France, directeur d'études à l'École pratique des hautes études, ancien
directeur des Archives nationales. — Membre de la Société en 1868.
Décédé le 12 février 1892.
Merlette (Auguste-Nicolas). — Élu membre de la Société le 20 novem-
bre 1886. Décédé le 13 mai 1889.
Meunier (toMW-Francis), docteur es lettres. — Membre de la Société en
1867 ; trésorier de 1872 à sa mort. Décédé le 11 mars 1874.
Meyer (Maurice), ancien suppléant au Collège de France, ancien pro-
fesseur à la Faculté des lettres de Poitiers, inspecteur de l'ensei-
gnement primaire. — Admis dans la Société en 1868. Décédé en 1870.
MoiSY (Henry). — Élu membre de la Société le 12 juin 1875. Décès notifié
à la Société le 18 décembre 1886.
MuiR (John), correspondant de l'Institut de France (Académie des inscrip-
tions et belles-lettres). — Élu membre delà Société le 21 novembre 1868.
Décédé le 15 mars 1882.
Nigoles (0.), professeur au lycée Janson de Sailly. — Élu membre de
la Société le 13 juillet 1878. Décès notifié à la Société le 22 décembre
1888.
Pannier (Léopold), attaché à la Bibliothèque nationale. — Était membre
de la Société le 1"'' février 1870. Décès notifié à la Société le 20 novembre
1875.
Paplonski (J.), directeur de l'Institut des sourds et muets, à Varsovie
(Pologne russe). — Élu membre de la Société le 27 février 1869.
Décédé le 28 novembre 1885.
Pedro II (S. M. dom), membre de l'Institut de France. — Membre de la
Société depuis le 12 mai 1877. Décédé le 5 décembre 1891.
Pellat, doyen de la Faculté de droit de Paris. — Était membre de la So-
ciété le 1" février 1870. Décès notifié à la Société le 18 novembre 1871.
PiERRON (Alexis), professeur au lycée Louis-le-Grand. — Admis dans la
Société en 1868. Décès notifié à la Société le 7 décembre 1878.
Ploix (Cha.rles-Marlin), ingénieur hydrographe. — Membre de la Société
en 1867 ; vice-président en 1873 et en 1888 ; président en 1874 et en 1889.
Décédé le 21 février 1895.
Ponton d'Amécourt (Le vicomte Gustave de). — Membre de la Société en
1867. Décès notifié à la Société le 28 janvier 1888.
Queux off Saint-Hilaire (Le marquis de). — Élu membre de la Société le
4 novembre 1882. Décédé en novembre 1889.
Renan (Joseph-Ernesi), membre de l'Institut (Académie française et
Académie des inscriptions et belles-lettres), administrateur du Collège
de France. — Membre de la Société depuis l'origine; président en
1867. Décédé le 2 octobre 1892.
Renier {Cfiarles-Alphonse-Lèon), membre de l'Institut (Académie des
— XXUJ -
inscriptions et belles-lettres), professeur d'épigraphie et antiquités
romaines au Collège de France, président de la section des sciences
historiques et philologiques à l'École pratique des hautes études,
conservateur de la Bibliothèque de l'Université. — Admis dans la
Société le 24 avril 1869. Décédé le 11 juin 1885.
Riant i^^wVÈdouard Didier, comte), membre de l'Institut (Académie des
inscriptions et belles-lettres). — Membre de la Société en 1867. Décédé
en décembre 1888.
RiEMANN (Othon), maître de conférences à l'École normale supérieure et
à l'École pratique des hautes éludes, l'un des directeurs de la Revue
de philologie, de littérature et d'histoire anciennes. — Élu membre de la
Société le 3 décembre 1881. Décédé le 16 août 1891.
RiEUTORD. — Élu membre de la Société le 15 mars 1873. écédé le
14 janvier 1884.
RocHEMONTEix {Frédéric-Joseph-^l&^QncQ-René de Chalvet, marquis de),
professeur libre à la Faculté des lettres de Paris. — Élu membre de la
Société le 7 juin 1873; vice-président en 1889 et 1890 ; président en
1891. Décédé le 30 décembre 1891.
Ronel (Charles), chef d'escadron de cavalerie en retraite. — Élu membre
de la Société le 8 janvier 1881. Décès notifié à la Société le 26 juin
1886.
RouGÉ (Le vicomte Emmanuel de), membre de l'Institut (Académie des
inscriptions et belles-lettres), professeur au Collège de France. — Membre
de la Société en 1867. Décès notifié à la Société le 4 janvier 1873.
RuDY (Charles). — Membre de la Société depuis l'origine. Décès notifié à
la Société le 10 juin 1893.
Schccbel (Ch.). — Membre de la Société depuis l'origine. Décès notifié
à la Société le 8 décembre 1888.
Seillière (Aimé). — Élu membre de la Société le 13 février 1869. Décès
notifié à la Société le 19 novembre 1870.
Thurot (F?'a«çow-Charles), membre de l'Institut (Académie des inscrip-
tions et belles-lettres), maître de conférences à l'École normale supé-
rieure, l'un des directeurs de la Revue de philologie, de littérature et
d'histoire anciennes. — Admis dans la Société en 1868 ; vice-président
en 1870-71 ; président en 1872. Décédé le 17 janvier 1882.
TODD (J. Henthorn), senior fellow of Trinity Collège, professeur d'hébreu
à Trinity Collège (Dublin), et conservateur de la bibliothèque. —
Admis dans la Société en 1868. Décédé le 28 juin 1869.
Vaïsse (Léon), directeur honoraire de l'École des sourds et muets. —
. Membre de la Société en 1867; président en 1875. Décédé le 10 juin 1884.
Vallentin (Ludovic-Lucien-Mathieu-Florinn), substitut du procureur de la
République à Monlélimar, directeur du Rulletin épigraphique de la
Gaule. —Élu membre de la Société le 21 janvier 1882. Décès notifié
à la Société le 9 juin 1883.
Wharton (Edward-Ross), Fellow and Lecturer of Jésus Collège, Oxford.
— Élu membre de la Société le 7 février 1891. Décédé le 4 juin 1896.
'.hartres. — Imprimerie Dlrand, me Fiilber:
LE DIALECTE GUERROUGL
La tribu des Guerroucis, branche de la grande famille kurde,
occupe, de temps immémorial, le district de Guerrous, entre la
province de Hamadan et le district de Soltanié en Irak persan.
Plusieurs hommes remarquables dans l'armée comme dans Tad-
ministration en sont issus. De nos jours, on a connu à Paris le
général Hassan Ali Khan qui de, 1^69 à 186/1, y a résidé en
qualité de minisire plénipotentiaii-e de Perse, et qui, par ses
brillantes qualités aussi bien que par rafl'abilité de ses manières,
s'est concilié la sympathie générale; après avoir rempli avec dis-
tinction de hauts emplois dans son pays, il est aujourd'hui gou-
verneur de Guerrous, fonction héréditaire dans sa famille.
Un des rameaux de la tribu des Guerroucis, celui des Khodjà-
vends, a émigré, il y a un peu plus d'un siècle, et a été établi
pai- Agha Mohammed Khàn , le fondateur de la dynastie actuel-
lement régnante, sur les territoires de Koudjour et de Kilardesht,
non loin des bords de la Caspienne, en Màzendéràn.
Les Guerroucis, comme les Khocljàvends, parlent un dialecte
particulier composé du pehlvi, du persan et du kurde avec l'ad-
jonction de vocables turks et arabes plus ou moins modifiés. Cette
peuplade prétend posséder des documents écrits dans son dialecte
et qui remonteraient à une époque reculée. Cette assertion est fort
douteuse; en tous cas, l'un de ceux qui l'émettent termine sa
notice par la formule habituelle : rDien seul possède la véritable
connaissance, n
Il y a quelques années, mon éminent ami, M. leD"' Tholozan,
premier médecin de S. M, Nasr ed-din Chah, a eu, à la suite de
ce souverain , l'occasion de parcourir le Màzendéràn et de visiter
les territoires habités pai'les Khodjàvends. Ce savant et infatigable
médecin ne se borne pas aux travaux spéciaux à sa profession , il sait
mettre à profit les avantages de sa haute situation pour étudier,
sous ses divers aspects, le pays qu'il habite depuis de longues
années; je ne parlerai ici que des notes qu'il a recueillies sur le
dialecte gueiiouci el (joi lui ont été fournies ])ar deux person-
nages éclairés et intelligents: le colonel Mirzà Moussa Khàn et le
général Issa Khàn, ancien élève de Saint-Cyr, tous deux neveux
MKM. U>G.
2 A. QUERRY.
du général Hassan Ali Khân et, par conséquent, membres de la
même tribu. M. le D"" Tbolozan a bien voulu mettre ces notes à
ma disposition et me confier le soin de les coordonner, d'en établir
la transcription et d'en publier les résultats.
Ces notes sont contenues dans deux cahiers, l'un: de soixante-
seize pages; le second, de douze feuillets. Le premier se compose
d'un petit vocabulaire et de nombreuses pbrases détachées sans
liaison entre elles; l'autre d'un vocabulaire restreint et du para-
digme de deux temps du verbe vétin. En parcourant ces pages,
on s'aperçoit que l'ordre de rédaction et l'esinit d'analyse sont
assez étrangers aux Orientaux; aussi m'a-t-il fallu m'armer de
patience pour copier chaque phrase sur une fiche particulière,
l'analyser pour y retrouver sous différentes formes les parties du
discours, les cas, les temps et les conjugaisons; puis, enfin, classer
le tout par ordre alphabétique. J'espère avoir réussi, du moins
en partie, car il est, par exemple, tel verbe dont je n'ai trouvé
qu'une seule personne d'un seul temps et il ne m'a pas toujours
été possible d'en reconstituer les temps primitifs.
Le texte occupe trois colonnes : la première contient le mot
persan; la seconde, le mot équivalent guerrouci, et la troisième
la tianscription en caractères latins.
Malgré des imperfections inévitables, cette transcription m'a
été d'une certaine utilité, car par suite d'une longue résidence
dans les États du Schah et de mes fréquents voyages en Kurdis-
tan, je crois pouvoir être en mesure d'apprécier la reproduction
plus ou moins exacte des vocables de ce langage et de la corriger
à l'occasion. On sait que, autant de transcripteurs, autant de
transcriptions différentes, par exemple, la transcription d'une
phrase persane faite par un Anglais est à peu près incompréhen-
sible pour une oreille française. Or, sans la transcription dont
je parle et mes longs rapports avec des individus des diverses
provinces de l'Iran , il m'eût été difficile de représenter la pronon-
ciation la plus approximative. Si, selon mon humble avis, l'alpha-
bet arabe est impropre aux langues turke et persane, il Test encore
davantage quant aux dialectes kurdes. Il est certaines émissions
de voix, et elles sont nombreuses, qu'on ne saurait représenter,
d'une manière satisfaisante, au moyen de cet alphabet; et le
guerrouci ne s'écrivant plus, il en résulte que le même mot est
transcrit en caractères persans avec une orthographe arbitraire et
capricieuse. Cette difficulté se fait particulièrement sentir à Tégard
du var qui représente lessonso,OM, â6,âou, vé,vn, etc. Comment
transcrire par un seul et même signe des émissions de voix aussi
différentes ?
Je n'ai, à ma disposition, dans un pays oii n'existe aucune
bibhothèque publique, aucun des ouvrages relatifs à la langue
LE DIALECTE GUERRODCI. O
kurde, tels que le Dictionnaire de Jaba, une étude sur le dialecte
de Tcikhté Soleymân par M. Scliindler et d'autres plus importants
et plus récents; je n'ai donc pu confronter les deux dialectes qui
différent sensiblement.
Ce travail m'ayant paru n'offrir quelque intérêt qu'aux orien-
talistes et les rapprochements d'origine des mots équivalents me
paraissant évidents, j'avais d'abord jugé inutile d'en signaler la
confrontation; mais d'après le conseil du regretté J. Darmesteter
dont la compétence en cette matière était si grande, je n'ai plus
hésité et j'ai refondu mon travail en ce sens. Je m'estimerai heu-
reux si, en quelque mesure, j'ai pu contribuer à fournir quelques
éléments d'une langue, d'un dialecte si l'on veut, qui ont, je le
crois, le mérite de la nouveauté et qui, ajoutés aux documents
peu nombreux que l'on possède sur ce sujet, ne seront peut-être
pas'sans utilité pour l'étude de la linguistique iranienne ^
Améde'e Querry,
Consul générai de France eu retrailc.
VOCABULAIRE.
•jl, cyt , Jl>\ it , iti, iùi\ autre. — »;>a*I*j:> x=>. t^S ili (shé doyishil,
qu'as-tu donc à dire? — y> y-« ^5^)^ ji\ itir vélâyi min tnéo, ne
parais plus devant moi. Persan Joi .
U) ârâ, pourquoi? oyçoL^ *XJ> ^1 M ârâ âô kad khacit , pourquoi es-lu
si beau? P. t-^.
^gM arâyi, pour. — »^uj ^iJ(^M aràiji evc héijâré, apporte-le, pour
lui. P. 4^!^.
»ujm\ aspé, cheval. P. ç-»-*«î.
liiywl écirig, rasoir. P. xaj.
S)âguer, feu. P. -C=w) , charbon incandescent.
oJî élei , poivre,
/oljj^ éldjârniiiii , pincer. P. ^j^Cio, pincemenl.
' L^ahréviation Ar. indique l'orifjine arabe, la loltre T rorijjint' lilikc et le
signe arch. , = archaïque, c'est-à-dire hors d'usage dans le langage actuel.
à A. QUERHY.
^^jJI cldiri» , fendre. -.,-*
ylx*iJi élicidn, se lever. y*Ji élis, lève-loi. — -L*m.!I_jjL té khâà éli-
ciam, je nie suis levé du sommeil (éveillé).
/^iUîJî élishtin, quitter, laisser. P. ^^yXviltXST
yoUJjiJ! élfiliknniii , presser avec les mains des fruits tels que le raisin;
tordre du linge mouillé pour en exprimer l'eau. P. ^•yj'iks^ .
/oU*53l élkishâiiin, soulever, élever. P. ^jJvà,-So (iib).
/jjJJl élkirtm. — (jr>.}^^ élvirin (même signification),
jjycî imrouj, aujourd'hui. P. j^y»! .
-jjjjsiî éngouyir, raisin. P. ^^il.
y
^t évh, il, lui, celui-là. — (j^^"!^ ^ ewè Mâs , celui-là est bon. P. ^1, ^.
^\ âô, cela. P. (jî .
^) âô, eau. P. t_>). — -i ^\ âô dèm, salive. P. (J^:> t_>L
^) âô, action d'ouvrir, (^^j ^i âô kiri, ouvre. P. ^L et !^ .
yî^î fliia/i, ils, eux, ceux-là. P. (jli).
<^î Ci//, ce, celui-ci, ceci. — iSy^ ^^ t5^ 1?^ '^^'^ ^^* '*'*''^ bikiri, il
faut que tu fasses ce travail-ci. — f^yi ^^î éyi bovin, regarde celui-
ci. — kiJI-sj t^î éyipiâk, cet horame-ci. — A^vî^i Pt'/Â;è. P. (^y5o ^1,
cet autre-ci.
(Ji.)} ish, mal, douleur. — ;J*Ji ^ ^^Lft «^ sîV/wt hàù vé is/i, ma tète
est allée au mal (j'ai mal à la tête).
/y/MM^I ishtin, laisser, abandonner. P. /vXilJs.^ .
A}\ , ^j£\ tm, imin , nous, pron, pers.
*^l, {jy?} ivè, iven, vous, id.
(j[) hâii , toit, teri-assp. P. -U.
»<XjU bâyidé, grand vase de métal. P. «îo^Ij.
liJ^lj bâouk, père. — liijlj ^^'^ irtoii/c bdouk, grand-père.
^ bidj , sauf, excepté. — i^U (^^^6 iJt, *^Vj bidjè lèmînkéci nât , ex-
cepté moi, personne n'est venu.
!-j èîr«, frère. P. >:>Lj.
LE DIALECTE GLERROUCl. {)
(ji-j bivdiit , porter. — :>^^ vird , il a porté. P. ^^.j. — ^^^i dcvi, il
porte. — '-:^.^^ ^ ^^éyi dovéit, que portes-tu? — u^U-* >'^vmUn,
infinitif ne'gatif, — iyy névird, il n'a pas porté.
(iOijy hirjang, cils. P. ylSj^, sing. yj^.
Aj-j hiriyé, sourcil. P. ^«jL
yy èîsJH, chèvre. P. vj.
(^ è/«, tronc d'arbre. P. ^*j.
jijjo bènèvsh, violette. P. ^uijLo .
»pj ièi'è, près, auprès.
viljKjs?^ boyitshik, petit.
j i/, coing. P. Aj.
yl^Lo biyavân, désert, plaine inculte. P. /jULj.
(<;_^ bouyi, odeur. — /<wo!\(<^ /»oi<j/«' zanistim, j'ai reconnu une odeur
(j'ai flairé, soupçonné). P-^.
Jou èîV, bêche. P. id.
^^b pârou, pelle en bois. P. t-'^^b.
i^Lj;j<îyt, pied. P. b.
(Jj>^. pètèyi, nu. — ^^ <_gL> pâyipètéyt, pieds nus.
A^ pèkhtchè, mouche. P. A-io, moustique, moucheron.
x«j^ péjmè, étonnemeiit.
j*o pès, mouton.
dLifcj ptshik, chat, en persan ce mot équivaut K l'anglais ^wsst/ et an
français /H^«e^
XA-»j pènitgh, coton. P. AjJo. — Tiirk ^k^Aju,
j«.^ pM«, peau. P. c^Aw^j.
(jJùi^ poiishiin, couvrir quelque chose. — iS^y!- P'>ii^iitéyi , il a cou-
vert. — is^j^}^ d/ipomlii , \] couvre. P. (j>Xjyi^.
^aSIj inhhtiho, [M'opiv. 1\ jJb.
•■
^L.j /;mA-, Ijoininc.
6 A. QUERRY.
1^', /y, Ci» ù, touH, ton, toi, pron. P-y».
Jb tâl, fil de coton. T. Jo. — P. ^.
/v*wb tâshîn, tailler, raser. P. ^tXx.wiLj,
Âjb tânè, blâme, reproche. — ^^ii Ajb «a/iè rftV/î, il frappe un blâme
(il blâme).
Aaj tèpè, bouse de vache sëchëe servant de combustible, argol. P. a3Lj.
»,sfli tayitshè, sac.
jS affixe comparatif. — -^.«oL:*» khastir, meilleur. P. -j.
iÔyi tirik, obscur. P. Jo^b.
j*o a'ss, vesse. P. (j^^s?-. arch. ^jio
dlouM-j ticinek, punaise.
/.jUj <eAa«, secouer. — icS^ bitekhn, secoue. P. «jOviLCi'.
Jy • T» ^^
wjjjo ténouyir, four de terre et brasero de même matière. P. jj^-Jw.
\y tévâ, particule nëcessilative. — ^b^ (j'^^ 1^ '^'^" ^sÂî'Wh rè WgA,
il faut aller au jardin.
Jjj" toûl, chien de petite taille. P. *Jy , chien d'arrêt.
fjLS toûn, vite, promptement, vif. P. JOL».
ookj touvéyit, mûre (fruit). P. cyyj.
^^5oo ?/Ae!/t, pièce, morceau. P. *i3.
Jj.aJ <«fc/, fi'ont.
IJ^A.. djigà, séparation. — »S^yi blX^ djighâyâ tou bikè, sépare-les 1
P. ÎJ^.
•)j.a». djôour, injustice, violence. Archaïque y*^.
j!y?^^ djâyirâô, bas (chaussure). P. c^î^ys^.
^^s^ (//ï, lieu, endroit. P. U». et sU^.
yl-A2^ djcyirân, antilope, gazelle. Turk.
_j^^ls=.. tsharshéô, drap de lit. P. <_^^àUfc.
t-»^ tshèp, gauche (côté). P. id.
(j^y^ tshirhi, chanter. — t^r^ ishiri, il a chanté. — (Sf^-^ ditsliiri,
il chante. P. ^J^y>^yjy:^, tinter, résonner?
LE DIALECTE GLERROUCI. 7
^ tshcnnigou, étamage (blanc?). — *5o ^C«-^ <»X*vUa Utsihè
tshermigou bikè, étame le bol. P. r^ Jsha,Àaw La»»L1s.
ov*i-&. tshisht , chose. P. jx:s» .
<jXs=. (shiguin , aller, partir. — '^^^ f-^^t^} il est allé. — 45^?-^ ditshi,
il va. — <syz^ tshovi, il était aile'.
dl^sx^ tshhntshik, cailler. P. A.A.»^ kemshè, cuiller à pot.
tshinèô, ainsi, de cette manière. P. ^J^.^^. .
y^ t-'ilioK, couverture de cheval. P. J^^.
ysa. tshoti, bâton. P. (-Jy^-
y^ tshâou, devant. — >^^ ^"^ ishôou , au devant de ... P. J^},.
y^ tsliéà, œil. P. j<<^==-.
yjy^ tshounci; betterave. P. ^JOubs...
(jpLk. , bon , bien. Ar. ^'r='^ •
j^U^ hhâijl , œuf. P. id. (archaïque).
^La*. khirâo, mal, mauvais. Ar. cjl-i^.
,^^1-ài. khiravi, destruction. Id.
kiG.:^ khèng, bouc.
^Vw»-^ ■ /jJOi-sw khistin, khishtiii , jeter. — o-w*iw khist , il a jelé. —
• , . . . "^
(^s^:>diklièyi, il jette. — Ais? i//.7(è, jelfc. P. ^JCà^ljoi.
/yXÀài. khiftîn, dormir. P. /JùL^.
LxU^ khèltiyâ, il a glisse', trébuché. — Lv^-^ -L p(»( khèllitjA, mon
pied a glissé. P. (jJs-^yAi .
A^ khoumè, jarre. Ar. *y^.
^j^ khaô, sommeil. P. <_>La»..
j
\y^ khovâ, sel.
j
^\ys>^ khovâr, bas (partie inférieure). — ;lP^ } ^'^ khovâr, en bas.
P. ^1^, avec le sens de vil, abject.
^J^yy^ kliovârdîn, manger. — ^^:>^\y£^ khovùrdi , il a mangé. — (Sy^^
dikiiovi, il mange. P. ^ji^jj.^.
O A. OIJKIÎRY.
■' ■ ■ ■' ■ 1
/j,AU*(t»isi^ lihovâslui, \ouloii'. — c>-«(|^^ khoiHtsl , il a vniiln. — ^0^=»-^
(Ulchâzi, il veut; auxiliaire du lulur. P. ^J/uJi^^^.
^\\y^ hkovàrâo , éveille'. — ^j i)^y^ khovarao hîn, apparaître.
.y /
jjifc. khèoèr, nouvelle. — ^jm ^ys^ hhèvèr niyinm, je n'ai pas de nou-
velles , j'ignore. Ar. j/j*. .
/> ■^ . ■'
\ys^ Ichôver, soleil. — toili yy^ khovèr élât, l'Est (soleil levant)
V. yLxAMJi. — LYti^' ^^ hhover nishùi, l'Ouest (soleil couchant).
P. ■)ys^ arch.
j)_j5^_j.a»> khoulèffour, cendre. P. yX*woU»^ .
f^ysfc., cyj-a>-, (<y^ ^^ U~^^' U^?^ ' (J^^J^ khovtm , khovit, khovi et
' y» • y
khovesh, khomân, khoyân, pron. refle'chis. P. i>ys^ et ses dérivés.
y^jji^ kJiovhi , il a lu. - — fi^y=^ khovinèkim, j'ai lu. P. ^j<Xji_j,àw.
di>i«.j^-:a- khovéyishik , sœur. P. ^ji^j^^, parent.
jjLAifc. khèyili, beaucoup , très. P. id.
:>,:>,:> de, didou, préfixe de l'indicatif absolu, équivaut au p. j^.
y! )i> dâân, bouche. P. yli^i.
^li dâr, arbre. P. arch. ne s'emploie aujourd'hui qu'avec le sens de po-
tence; comme Ton dit: crucis arhor.
/Jùili dâshtin, avoir. — ^^^i dii-i , il a. — ok*«ti dàsht , il avait.
P.(^b.
dJJIi ^a///i-, mère. — dUli (JJî:> dâlik dâlik, ffrand'mère.
yii dân, donner. — î:> dâ, il a donné. — -:> dm, je donne. — s^Xj
bidè, donne! — -ii dâm, j'ai donné. P. ^jili>.
^!i dân, grain, semence. P. Ajîi.
0*t:> daghîn, dispersé. Turk.
yljli dâvâii, pan de vêtement. P. 0-*îi.
^j^îi. dânimin, se courber. — ^}\:> dàiniii, conrbe-toi. — (^^^.^ dnnîim,
il se courbe.
-ii dtdiin, j'ai frappé. — »0o /y»/è, IVappo, — j, -^ii j,jL:i- Isliinoii
dân hi, ils l'ont tellemenl lrap|)é ! Il nie semble ([ue ce verbe n'est
LE DIALECTE GUERROUCl. 9
autre que yî:>, donner; la deuxième phrase équivaut à celle-ci : Ils lui
en ont tant donné que . . .
>:> dèr, dans, et parfois le sens contraire, de même qu'en persan; ex. :
»£ j:> {JS.^.. pakhtshèkân der kh, fais les mouches dehors (chasse les
mouches). P. id,
Ajl^i dérâné, porte de ville. P. «Stjni.
yV|^à derzîn, aiguille. P. '^^:> arch.
,j*i^i dourous, droit. — aj^ (0»0^ dourouci dikim , je fais droit (j'arrange).
P. OCiMji.
^^i dourou, mensonge. P. 9-^^^'
fji^yit dtrèouch, aiène.V. fj;^^:».
Jiji dirij, long. — ^.■'j;^ dirijia, longueur. P. 3|;i>, t^)!;^-
^jjAjojià dijmîn, injure. P. -UUii.
jj**i) dèss, main. P. o».A«i.
J»^ dikir, vexation. — /^^a- Ji:> dikir tshini, il a été vexé.
-i f?èm, bouche. P. arch. v. yMi.
y^ -i dhn fshêô, face, visage. P. j«i et aj^ arcli. et S^g.^*-.
^i f/oî<, lait de beurre. P. 9-^^.
(j*,^:> douss, ami. — (j*^^ douci, amiti(!. P. c:A*w^i>, (^^Uw^i.
^Liij:» doushdô, sirop de raisin. P. oUvyi.
Ax|^:> douinè, bouton de vêtement. P. *-«.Si.
J5«5:> dovvhguhl, hier. P. 3_5y.J^-
c:*;^^ douvéyit, fille, jeune fille. P. . v-^ ^^
jj^i domjir, loin. P. >^:>.
4^vji ffe/, pot de terre. P. id.
civij:» dei/ishl, dehors. — _^s2 o\i^:|i^ wc détjishl tnédjô , ne va pas de-
hors ! — ne sors pas !
(^vîoi dét/is/ti, il sou (fie. — <^y^.•?^ (•>*»' s/n»/ f//.s/(/. ma loi ii sou (Tro (j'ai
\w\\ \\ Il l<He). Voir ^jïxjÎ .
10 A. QUERRY.
oo:> dit, tu as vu. — oo^à doiwtt, lu vois. — ^jjyi bovin, vois 1 —
aâj^> douvtnim, je vois. P. u^,:», a^*-(;*.
cyb (i^aï, courage, viriiitë. Ar.
ovMttj rrtsi, droit, juste, P. id.
/yv«^ n««j corde, ficelle. P. (J-t^)-
/j-LmA rishnin, verser. P. QXà?j.
yy râôu, face. — iSjyj^^ ^^^ ve râoti rouyimu bikè, fais face à face
(mets-toi vis-à-vis).
ji^;^oM/Jour.P.)^;.
»J5; Wèj jeûne. P. S;^;.
lM^lJ^^^ rdoushinâs, e'clairé, lumineux. P. (j^^)-
/jj«j romjin, huile, beurre sale, graisse. P. (^«y •
^o^j rouvéyin, s'acheminer. — ^^^y rovéïji, il s'achemina. — (S)i^ ^''"
o?/rî, il s'achemine. — *^\ roûm, je m'achemine. — j-j i/mo, ache-
mine-toi! — a5o jl»A x»l î^è romni fttA;è, fais celui-ci acliemind
(mets-le en chemin). P. (^^, *j^^;-
/jjUj roumânîn, ddmolir, détruire. P. ? jj»XxiU^ , effrayer.
/.Lm riyân , aller à la selle. P. (j«>s?5 •
gs n'M, gravier, H. tiLM.
viCL?^ rishkg, barbe. P. ^i^^.
.iLiiw?j rishtg, racine. P. -îU^j.
'' ^
aja rîi/è, voie, chemin. P. iU.
5jK zârou, enfant.
/JCawJK zânistin , savoir. — (JjLmJU znuisti, il a su. — ^^l^à dizdni, il
sait. — /«^b^ (^^ bouyi dizâniin , je sais une odeur (je flaire quelque
chose, je soupçonne). P. ^^>wJi:>.
«-ÀÎ) ^i'^j feuilles de betterave , poirée.
y
fj^^\ zouvân, langue. — *^^^3 *-=?• ^^ iy^ f^^^ zouvanikel quelle est
cette langue ? P. yU^ .
f^^\ zouyi, vite, promptement. P. :>^\.
LE DIALECTE GlERROUCI. H
kXJLA ztnèguéo, \ivant. P. SOsj^.
{Jijjân, colique.
étsi^j jaklim , blessure. P. ^^')-
,j)jkn, femme. P. y),
^jcijj! ejniftin, entendre. — osÂijI èjnijt, il a entendu. — (J,yj^ ^V~
nivi, il entend. — f'y'j^ nôSjJi*^ tshishiguèlè dijnévim , que de choses
enlends-je ? P. ^Jj!À^Ji .
yj^jjovéyir, haut. — \yj^j jovéï/irâ , hauteur. P. grand (arch.).
y?jP^> sous, dessous. P. -A.
(^jji'h selle. P. (^3.
yj^U» mvîn, savon. Ar. ^j^jjU».
^L# sayin, frotter, porphyriser. P. (j»XxjL«.
[A^jift* stpirdin, confier, recommander. P. (ji-^.
<9Uaaw sèpiyè, pou. P. (ji*^ shèpish.
dl^yw stnH^ïA', jujube. P. tX^sUv.
>Là^ ^ -w s/r l'è khovâr, du haut eu bas, aval. P. -j^I-aw.
xi-w str/è, nappe. Ar. ayL*.
/y*»( st"», prends? reçois; dans le sens de l'allemand erhalten. — owJa
/yxtu (^t^ <esAf ^Aos ètcm, reçois (achète) un bon bol. P. ^jtXjbuw.
La».*»» souztâ, brûlé. — '^b**»' o6lCAài.j rékhtéganit souzia, tes vêtements
ont brûle'.
c.1^ soi"<^, pisé (peut-être du T. ^^y»o, enduit).
jlpM *éo«r, patience. Ar. -«-» .
j^ séouz, vert. P. jaam.
«xXmi séyyid, hirondelle.
v.jLuM si/", pomme. P. <-.*>^ .
t^Ui shâmi, pastèque, nom d'origine = stjrien.
yUi shân, peigne. P. xiLû.
^jUi shdn, épaule. P. AjUl.
12 A. QUERRY.
c:a^ sllk, lait. P. jAw.
\Jm shèlèm, rave. P. axX-w.
' j
S^LZ shikè, ébranle. P. Juil. -,
SjfcS A^u*^ shèmshèmè kouré, chauve-souris; composé de deux mots.
P. 5^; j'ignore le sens absolu du premier.
yjM shéo, nuit. P. <_A*i.
Jlyi; shouâl, culottes. P. jî^Xil.
yMy*)ià shèoséou, demain.
4^^ shouyi, époux, mari. P. arch.
(^ shî, fou. \
A>ii»jj-Mi shoyishé, flacon, fiole. P. Aii-yi.
IfSifJi shikia, brisé. P. AA,**Xi.
f^jjjlyjjit shorishtin , laver. — -yrty^ bishouyir, lave! P. (^a-»***!.
\)J» firiyê , hâblerie. P. arch., signifie aussi en abondance, ^Jl'^ \)_'ifi-
riyè zân, qui parle ou qui sait beaucoup (ironiquement).
^ hitsh, jambe, tibia.
&ù\» kèdè, quantité. Ar. «XJ».
tyJ» korik, gorge, gosier.
JùJA-wJ» korsèkoul, croltes d'âne. P. J^><->ik-j jmligutl, crottes de mou(on.
^-ï kours, dur, ferme, compact. Peut-être ar. (j*-**, raide.
•~«j.* kermiz, rouge. P.
^l^-j kourvân, sacrifice. — jl^-S ^ *jL*5^»/îî/«»wrt vè kourvâni, mon
âme à ton sacrifice (puissè-je donner ma vie pour toi !). P. (jIj*ï.
^A3 koyhi, action de porter en bas, de descendre. — îi> (s^ koyili dû,
il a avalé. P. ^ J pour le sens.
ç^Ji kiri, beaucoup. Peut-être corruption du P. (Joysw.
V
_j,jJ9 kèriv , étranger, pauvre. Ar. c-o-c.
(^_j..VJ kèrivi, l'état détre élrangei', de pauvreté. Ar. ^x,<y^-
(jl-Jj kazân, casserole, marmite. T. {J>^yi, chaudron.
LK DIALKCTE GUERROLCI. 13
t\s.va'} licciyc, parole. — aX^/o -J^wa'i ci».À>« /«j/i kéciyè inckè, ne dis pas
(le paroles inutiles. Ar. ^aa^S.
5\ï A-è/a, corbeau. P. i^A^.
^aXï kotilpèyi, cou-de-pied. P. <Xjo U.
dix* kèiig, podex.
j
Jy'i kol, manche de vêtement. T. même sens et bras.
Jx j koyil, profond. — jj^xi koyili, profondeur. P. :>yS, (^^^.
ëyf;'» kèyivè , robe d'homme. P. Ui.
dJ kè, affixe accusatif. — *5o (jjJ d)^U ynboukèjiu bikè, selle la rosse!
5jjUwkio kiiiî-Ts. tshèraghèkè bikoushnevè , lue (éteins) la lampe.
<3oU».^o kar khânh, cuisine. P. atelier.
vo k(h, dent. P. y^.>jS7 mordre ; ^o , ciseaux,
(_gjH«(l^ kacivi, métier, gagne-pain. Ar. cxawO; X. P. ^^j-upO.
viULS kalik, melon, P. melon non nuxr, de mauvaise qualité.
(JS kàn, affixe pluriel. — à^^P-S J^{j^)^^ darekàn gol k'mliyc , les
arbres ont fleuri. Cette forme est génértilement , sinon absolument,
employée au nominatif; l'affixe Joguèl Test plutôt à l'accusatif. Voir
ce mot.
J> ker, ane. r. jà». .
jp kcrâou, baudet.
(ji-^ kirdtn, faire. — :>S kird , il a fait. — ^i dikéyi, il fait.
dLS^ ker ffuèri'g, ânon. — P. -i^ »tS, poulain d'àne.
^J'^^■S konm, chemise. P. ,j*.b-S, toile de coton.
Jxjp kéjnij , coriandre. P. ja-U;o.
/yJLifc^ kouslitin , tuer. P. ^Jc^ .
/jjj^ kouviii, ])iler, battre. P. (jJy>.jj^.
^^yiLi^x^ kislaîn, tirer au propre et au figuré, comme en persan; i^^^ji
xAjij^, il a tiré (souffert) la misère. P. (j*Nx^.
^^^..i^ /.t's/f//, la totalilé; ivhole ai)g\.,gan: allcm. — ^j'j\jî> ^U:ci^^
là A. QUERRY.
kishtiyan hâtîn, tous sont venus (la totalité d'eux); on dit aussi :
(jaÀS kiftin, tomber. — o^À^ kift, il est tombé, — J^i dikifi, il
tombe. — oui JU yUJ fé ban è wja/ A:«/f , ii eist tombé de la terrasse
de la maison. P. y:>Uil .
^!^ hilào, bonnet, chapeau. P. »i4^.
viijJi hilih, doigt. P. le doigt auriculaire.
aJo koullé, sauterelle. P. js^.^.
-vyixîds kèlèshir, coq.
_^ koulou, motte de terre. P. ^•A^.
Lo kounâ, trou.
dJ^US konârig, coude. P. ^\) arch.
^Skèin, le rire.
qxo A'è^jm, rire. P. (j^XjJol:*. .
^ koù, OH? adv. inlerrog. — oas-^^ /.om ishil? où es-tu allé. P. id.
y> kèoû, perdrix. dU^.
_j^ /îèoîî, bleu. P. ij^.
-j^ kèoûter, pigeon. P. jJj-a^.
<^i^s /ro«f/î, courge. P. ^«X^.
^ kour, jeune garçon (kurde).
(Jj^S Ao?/rA-, duvet de chèvre, mohair. P. JJ^.
jji^ kèoush, soulier. P. yjia^.
«iUjO koumèk, aide, assistance. P. «W.
»j5 ÂY-yè, tête. P. ^d^.
»jjj^ koyizè,, pot de terre. P. «Sj.^.
^>^ kèvinvi, gratter, démanger. P. yvXjjlÀ..
^ kèyi, quand ? interrog. — (^=!..i^^ /-è^« f///.'j//«, (juand part-il? P. id.
»iJ^^ koyidjik, pierre.
if^é ^««/è, paille. P. »l^.
LE DIALECTE GUERROUCI. 15
iS'ffâ, bœuf. P. ^157
i^\i\S'gâfâvb , berceau. I*. 8>^[j,^57
fJ^^^lS^gâinisk , buffle. P. yibA^^lST
..aS'guksh , courbé, de travers. P. X.
iJc>i>JSguirdik(hi, noix. P., pluriel de^i^ST
ij:>JS^guir(ltn , prendre. P. /JCi-ST
yipS^guirdiyou , action de rassembler. P. i-57arcli,
fJLvé-S^guiristîn , pleurer. P. /jJCm.sjJST
SS^guèrik, balai.
yS^guezer, carotte. P. arch.
S--.jgmézek, estomac des ruminants.
jS^guel, affixe pluriel génëralement accusatif et (pie parfois, ainsi (jne
(jO , on trouve au nominatif. — a5o \J-^*i^\^yi J6»*>sjo hhndhgucl iiè-
mzishiân bike, aie soin dès serviteurs7Voir yO.
^£yi^ goulâvi , poire. P. ji^^ST
^^gnhlho, retour. — i>^îjÀ. _jX5-i^ /c shfer guclèo khovard , il a or-
donné le retour du voyage (il est de retour). P. ioiir^lyo jÀa« ^
jLtS'giicindl , cbien de forte taille, dogue, mâtin.
yJSgour, veau. P. onagre.
S^I^S^gucourè , grand.
\:ss^gouyilshè , prune noire. P. a=».^.
fjijSguiydii , âme. P. ^jls»- •
fj^-pguirfâii , poche. P. «-^s». .
lA^S'guèyik , chevreau. T. dLp, cerf.
(jÀ^S" guh'm , parvenir à, arriver à. — ^^xxS'»^^ »H/vè guiyèyi, les
fruits sont parvenus (à maturité). — 45-^!-^ J^j <'è ?//rt7 niguiyèyi, il
n'est pas arrivé à la maison. P. y^.*^^.
J le, préposition; de, pour, à, dans, à cause de. — Axj (^w*.^ JU /è
mal hcci niyè , il n'y a personne à la maison. — j*yv^ f^^) )v:«m /è
IG V. QUKKKY.
j/és, j'en suis satisfait. — jLtf> jÀm*.] lé .srjcr hâli, il est venu de
voyage, — jLo^<XÎ lé dir c mal, h la porte de ia maisou. — yS aJLj
j*p^ nâlé ton le tsliiss , quel est le sujet de les plaintes? (de quoi le
plains-tu?) /JL Ars? hilshe lé min, excepté (de) moi. — ^j^XJ S^jI
-eJLj^à ive lé àoyir dovmiin, je le vois de loiii. — »-jJ létrè, ici, eu ce
lieu. — ^Ù oJ (^j)_j>^ khcvèri le t niguiyi, aucune nouvelle de toi
n'est parvenue. — »jJ lé naô, de nouveau.
(j-f^^ Inntshin, grande jatte de terre. P. id. , dérivé du V. <Sj cuvette
de métal.
dXjù létek, ensemble, avec. — -Ljy> ijsjj ^ tni Ictck tou uiyâm, je ne
viens pas avec toi.
aaJ lèké, ruade, coup de pied. 1'. J^S^J .
yil lé nào, de nouveau. P._jj \! .
cy^, c>..jjj /o?/i, lowjh , nez. P. ^^xJ arch., joue, partie inlérieure du
visage.
^jAijO lilihérou, intestins. P. S^^r .
j^ /ï'tj, lèvre. P. t_J.
- /«e, particule prohibitive de l'impératif. P. id.
^ mi, pron. pers. première pei's. sing'. P. /Jt.
JU mal, maison; probabl. Ar. propriété, bien.
jU/»jL» marmilck, lézard, du P. jU, serpent; peut-être diminutif.
IxjLo manga, vache.
jA^ mil-, oiseau, poule. P. arch.
(ji-^ mmlin, mourir. P. rj^y>«.
A.>L«^^ mijmâye, plateau de mêlai. Ar. ajï^t.
ci^-ii.^ misht, poing, poignée. P. c:A>i^\
kiJ..:«^jA>« méloyidjik, passereau.
yy ^
jXjS mémch, mamelle. P. xtf , enfantin.
(j.« mtn, moi, pron. pos. et mon adj. pos. P. ,»,■».
^jioU minish, le mien, pron. pos.
LE DIALECTE GUERROUCI. I /
'\y^ iiiooii: , mouche, guêpe, toute espèce d'iusecles de celte famille.
P. jj*X« . — Ju**ff \^ moxtz acel, mouche à miel.
fj,yA mouyi, cheveu, poil. P.^.
•jj^/o mh, urine. P. arch.
iJ^'O inisli, rat, souris. P. jjij-«.
ooLy« niifl, vain, inutile, gratis. I*. ovjL».
^^ mhjooxi, vigne. P. y9.
Aa^ miyè, brebis. P. (ji*^.
(j ni, pre'fixe négatif; lie ... pas. — Ajo niyih, il n'est pas.
jjij.à».li nâkhovesh, malade. P. yijÀ.U.
Jlj iiàl, fer à cheval. Ar. Jxj.
^Li nâo, nom. P. -b.
^I^^li nâorâs, milieu. — (j**^^'^; ^^' nâorâs, au milieu; on dit aussi
(J^U nâouk, noyau, nombril. P. oL>, nombril.
AiSo^U naohalânè , rue, voie publique.
»^itf' nokhouve, pois chiche. P. ijitf'.
Kii^i-i nirviddii, échelle. P. yUi-i.
<^ijy^ "y^"y' > lentille.
(vjùio nishtîn , s'asseoir. ï* . /yiM*,,iiJ .
cijt^ Hem/, sucre candi. P. cj^Lo.
(jLo mijiân, poser, placer. P. y^LgJ.
_j ir,à, vers; prépos. de tendance. P. lj . — JU ^ y^ bon vé mal, va'à
la maison. — a^ /y« ^ vé min Islié, que m'importe! (à moi quoi?).
1^ vil, vent. P. ilj.
y^^j vâdjâo, urgent, obligatoire. Ar. <_.,c2^î^.
M^i^ vârin, pleuvoir. P. yjsj^b.
^^ vétiii, dire, parler. — c:^^ vol, il a dit. — t5w->i> doi/ishi , il dit.
Voir ce verbe à la suite du vocabulaire. P. (jJJO .
ç.1:^^ védjâgk, cheminée. T. (^L=>.^l .
18 A. QUERRY.
o^^ vcklil, temps. Ar. o^*^.
^^ ver; avec, pi-éposition.
liCij^ vivishg, affame, étal d'avoir faim ; l'anglais hungry.
»iGji5 ^'j^"êi' genou.
(jLuwj viciân, se tenir, [stare, stnnd, stehen). — AjU**'^ JL»^jJ lé dir
c mâlvicimjh, il s'est tenu à la porte de la maison. P. y^Lc^^jl .
uyUu^ vesttii , lier, attacher, fermer. — 4^>u»»5 vècèyi, il a attache. —
^^^i divècèyi, il attache. P. ^^jJu*o.
yi^^^ viskdrdin, presser, exprimer le jus, P. ^j:>-Aiij.
jJiMi^ vishtir, chameau. P. -X-iî.
/w£;^ vèshèn, pluie.
-55 t'é^r, neige. P. o-j.
(^iJ^ î)e7rt, devant, préposition. — ^^^ iS^^ y^ ^- 'jàhou véhujimin, Eh!
viens devant moi !
yi^^^vékk, feuille d'arbre. P. d)y.
Ajjj^ virhjh, au devant de.
S e, affixe du datif et de l'accusatif = P. 1^ .
(^Ufc hàùn, venir. — cyLc^ /tâ(, il est venu. — ^^p d'njâyi, il vient. —
yi héô, viens 1 — bLo biyata, s'il fût venu,
(j^yft /jer is/un, quoique, malgré. P. Jo^i.-A.
(^ yî, aflSxe de la 3' pers. sing.
fj\jt yân, maintenant, à présent. — (jLî lé tjân, autrefois. — y oc$
yi J3\ji\ fjLJi Jiimmèt é ton lé yan ziadtir hou, ton zèle autrefois (de
maintenant) était plus (vif).
^^Xj yèki, un. — -j ^^yhhi tir, un autre. P. ^^, -Ci ^^.
XjÇyeme, a présent.
yUjj^ji éyourghân, couverture de lit, courtepointe. T. M^;^.
Verbes dont je nai qu'un exemple et phrases détachées.
y-i^ owi^ mkht bivéshin , donne un coup de poing.
LE DIALECTE GUERROUCI. 19
/ w
^^ Ax! lékkh bilèyi, donne un coup de pied,
(^w bivori, qu'il coupe. — tSJL?^ '*^^-^ •■^>J^-*i*î?> rishiguit kliodâ bivori.
Que Dieu te coupe la barbe !
Sô\j ^c*'^^ (S^'f^ sézâyi vé dèct bidè, donne-lui ce qu'il nie'rile.
»j_jJo binourè, cherche.
{j)y^ hikhônn , rogne tes ongles,
i^M^y'i névici , il a écrit. P. {y^y> •
o«JU.^i dipècènit , tu approuves. P, yJo*X-U«*j.
aj yUiwAJ <x5x>r r?>/èAè uishdn bé , monlre-lui le chemin,
»o.i>^^\ zourdiyè, il a reçu des coups. P. A,jj)V.
^L:i^ U'^T^ (^ ^''^'^ kmlin kliarno^ exercer l'oppression est mal.
f^yi^^jS^^jAu sirim guij dikhovéïji, la tète me tourne.
LCii iJS^m:» dèsguèli shékiâ, ses bras sont casse's.
(j-ji^j.S'iLA (ilj^o (^î èyi ktlâcèkè ziad giiéourès, ces bonnets sont Irop
grands.
Sjis? et »^j liK:» dirèkè binèvè et bikhèvc, ferme la porle.
j (j^L:^ bljo i/yrtf« M«,s /»/, s'il fut venu, c'eût e'té bien. 11 eùl bien
fait de venir.
_j,-< Ajj riyèbilslio, passe ton chemin.
(j:yy}'> Ly^.^ <^y^ y^ Itcr Islti doyishlii nijnhvi, quoi qu'on lui dise, il
n'écoute pas.
(•*"* )^y^ sovar doum, j'ai om je suis monté à cheval. P. -^X-w )^y^ ■
oo-^v^j 1^ _jj /OM <éua bikoushirit, il faut te tuer.
REMARQUES SUR LE VERBE,
De même (pie les verbes persans, les verbes guerroiicis ont j)our lettre
finale de l'infinitif un y quiescent, avec cette différence que , dans les pre-
miers, la pénultième est affectée d'un/fl//*/?, tandis que, dans les derniers,
elle l'est d'un kcsra, sauf dans quelques verbes terminés en yl . — V. le
vocabulaire.
Les affixes pronominaux du verbe sont : pour les trois personnes du
20 A. QUERIIY.
singulier: ,., cy, 4^; et pour celles du pluriel: aj. ijJ. Ce dernier esl
commun la seconde et à la troisième personne, cependant pour les de'-
terminer on fait préce'der le verbe du pronom personnel _^l yvè, vous,
ou de Ajl^î, avânè, eux, selon le cas.
L'aoriste, en ge'nérai, n'est autre que le pre'térit pre'ce'dé de la lettre :>
afTecte'e de l'une des trois voyelles e'quivalent au ^ du pre'sent absolu du
verbe persan.
Le ne'gatif se forme par la suppression h l'aoriste du pre'fixe i qu'on
remplace par y : ^^^ nitshi , il up vient pas. — Au prohibitif, le i est
remplacé par un ^ : aS^ mékè, ne fais pas.
VeBBE ElISTEB. P. ^^yjiM*Jt> .
A^ htm, j'existe. P. m^Xm^J^ .
ovA^ hit, tu existes. P. ^M*Ji>.
fjuJt» hès, il existe. P. c>a«j&.
rçij^ hyim, nous sommes. P. fUjui^st .
/yiû hùi , vous êtes. P. ty^j^J».
Il ils sont. P. «XàXmJ^.
Verbe être. P. m^'
Prétérit ou imparfait.
*j btm, j'e'tais. P. r»:»^.
>jo bit, tu e'tais. P. ^5^^.
j bi, il était. P. ijj.
AJtyi bouyim, nous étions. P. *.j:>jj.
(j^ bin , vous étiez. P. «X.Ji^.
// ils étaient. P. *X3:>^.
Impératif.
oo_j,j,^ bon et bonyit , sois. P. (jilj.
Ajjj bouyim, soyons. P. /ojy*«lj.
^^ èoMM, soyez. P. J\>JiX).
(j^yi bovôn , qu'ils soient. P. ù^jJiXi.
Dans les phrases détachées de mou l'ecueil, je vois la seconde per-
sonne du singulier du prétérit employée dans le sens de devenir : ex, :
owo ^'jjyà«- khovéraô bit, P. ^^J^ î'*>H^i tu es devenu éveillé; ceci in-
diquerait qu'à ce temps ce verbe a le sens du persan ^j*Xi .
Dans les mêmes pages , je trouve aussi quelques exemples de laoriste
LE DIALECTE GL'ERROLCI. 21
du verbe devenir, dont l'infinitif (peut-être ^v^) 1"' sérail commun avec
le verbe être.
j.^i doiim , je deviens. P. -jJi.A/».
i.::^^:) (làijil , lu deviens. P. fj,yi*jf^ .
^i doit, il devient. P. ij-Ji-*^.
<oJ^i> douyîm, nous devenons. P. ^^yji*>^.
y^i dôun, vous devenez; ils deviennent. P. <>^yjitji^. iXj^^ioy*.
EXEMPLE D'UN FUTUR.
*yi f»3'>-=*- fil(Ovà:im boum, je serai ou deviendrai. P, ij,> J^lyiw .
cAJkJ o.jV|j^ l.hovâzit houijit , lu seras.
_jj (ojj^ lihovâti hou, il sera.
aj ki AjVLifc. khovâtim bouyiin , nous serons.
/wAj /o\!^^ khovât'ui hiii , vous serez.
y»jj /jjVLàfc. khovàzoun hovouii, ils seront.
Le conditionnel semble être forme par l'interposition ou l'adjonction
de bU yâtâ; ex. r
(«blj»j bouyâiâm, si j'eusse été.
oobl?^ bouyâlâyit , si tu eusses été.
bL?^ bouyâtâ, s'il eût été.
Négatif. P. /<wJ .
Aj (/('/«, je ne suis pas. j aa-» l'iyiin , nous ne sommes pas.
OAJ lût, tu n'es pas. ' iy*.i iiii/iii, vous n'êtes pas.
Aa) /»,(/p, il n'est pas. // ils ne sont pas.
Prétérit et inijifir/tiit. V. -^/.jl
-«j ///r//« , je ne fus |)as.
cio^ «/«(V, tu ne fus pas.
(_^yj nivi , il ne fut pas.
Aj^ iiiiiiii , nous ne fûmes pas.
(wj>j y//V/« , vous ne fûtes pas.
// iU ne furent pas.
22 A. (^iJKRny.
Impératif,
y nâo, ne sois pas.
AjfcO bénévîm, ne soyons pas.
joy wetJîH, ne soyez pas.
(j^y névôn, qu'ils ne soient pas.
CONJUGAISON DU VERBE qjj vêùn , dire, parler. P. ^jj^o.
,ci*Ji> doyishim, je dis.
oouioà doyishit, tu dis.
^^ji*ji> doyishi, il dit.
P«\Jiw.>à doyishyim, nous disons.
^wikJi 8^1 /t'è doyishin, vous dites.
/v*m.j:> Ail^î rtîîaHè doyshin, ils disent.
Prétérit et imparfait.
f^i^ votim, je disais ou dis.
o\AJ^ wo<î7, lu disais ou dis.
(^^ î;of, ii disait ou dit.
rÇiH^ votîm, nous disions ou disons.
/vjj »^l ro//« (?Vè), vous disiez ou dites.
fJS^ Aiîji vot'in (nvânè) ils disaient ou disent.
Impératif,
iji^y boyish , dis.
. is^y^ boyisJii, qu'il dise.
(<s->i»j>J boyi-shim , disons,
/y^iijfcj bnyishlu , dites.
I,E DIALECTK fiUERROIICI. 23
Négatif {((ovislc).
■' . . .
jCi->A3 noyishim, je ne dis pas.
-' . .
oyyioo noyishit, tu ne dis pas.
j
(^ji*X> noyishi , il ne dit pas.
/rf\>i^i noyishim, nous ne disons pas.
(w.i>-»j aip ivè noyiskin , vous ne dites pas
jv-iioo x>!ji avdnè noyiskin , ils ne disent pas.
Pronoms personnels.
Sing. : i"pers. -, fv>«, jh/, ?»/«.
a* pers, ci>,_^j, ?, /o«.
■ o. < • -
o pers. ^1 2ve.
Plur. : i"pers. ^jl yi7n.
a pers. SyA, ij^^.K y(-^e, yvoun.
3° pers. (j'^1 , AJ^jl, e'fvt», avânè.
Pronoms réfléchis.
*j^ hhovim; cyj^ khovit i i^^^ , (Jt?-^*' Ichovéyi, Ihovsh; (j'-^j-i^
khomân , ^j^j^ khoutân; ^jtj»^ khouyân.
ÉTYMOLOGIES.
Er / »/ _
On sait combien ce mot a exerco' depuis cinquante ans la sa-
gacité' des linguistes. La forme étrange du fe'mlnln, qui n\'i, à ce
(ju'il semble, aucune ressemblance avec le masculin et le neutre,
ni avec les noms de nombre des autres langues, de'route, à pre-
mière vue, les recherches. L'explication commune'ment adoptée
est de considérer (xia comme étant pour o-f/Za et de le rapporter
au thème pronominal sent, le même que nous avons en latin dans
sim-plex. Mais cette explication peut laisser quelques doutes : on
s'attendrait à trouver dans les composés quelque souvenir de la
double consonne a-fx. On voudrait avoir quelque chose comme
ovSe(xixia. Oi", nous n'en avons aucune trace. D'autre part, la
forme homérique' et lesbienne ïa n'est pas expliquée.
Je vais proposer une autre étymologle, qui aura le mérite de
rattacher étroitement le féminin au masculin et d'expliquer l'ori-
gine de la forme homérique.
.le crois que nous a\ons ici un exemple de l'influence exercée
par la locution négative, ovSsis, fjiriSets, sur la locution positive,
f e féminin a dû être d'abord ovSevia^ fxtjSevia. Il y a eu change-
ment de V en fx, £e qui a donné ovSsfxia, [iriSeyiia. De là a été
extrait le simple fz/a.
On objectera sans doute que ovSevia., selon les habitudes de
la langue grecque, serait devenu ovSeîva. JVIais celte habitude de
la langue grecque n'est pas très ancienne. Si le changement de v
en II a précédé, l'épenthèse de ïi devenait impossible.
Le changement d'un v intervocallque en fi est un fait qui n'est
encore constaté pour le grec dans aucun livre de phonétique.
Il a cependant pu exister dans certaines circonstances données,
comme nous l'avons en français poui- venimeux. Je vais montrer
un peu plus loin par un exemple que, non seulement ce change-
ment a pu exister, mais qu'il a existé réellement.
Mais nous devons d'abord dire un mot du féminin *a, si fré-
quemment employé dans Homère, et à côté duquel on trouve,
mais seulement .une fois (//., VI, 622), le masculin iôs. Je crois
que là aussi il faut partir de l'expression négative ; on trouve en
KTYMOLO-';iES. 25
lesbien ovS' ï'av^ fxti^è ïa (Alirens, I, 127). Un masculin ovSels a'
produit, dans le parier populaire, un féminin *ovSeîa.^ doat est
sorti, grâce à la logique instinctive du peuple, un féminin ïa.
signifiant rfune'". Il n'y a pas lieu de s'étonner si ces mots, étant
employés à toute heure du jour dans les nombreux dialectes de la
Grèce, ont donné naissance à des formations diverses.
Je viens maintenant à l'exemple que j'ai annoncé d'un v inter-
vocalique changé en jm. Il m'est fourni par le dialecte crétois.
Dans l'inscription de Gortyne, on lit plusieurs fois le dalif
OTIMI :
VI, 5i : olî S' èiriQclXkojv iir) sïrj, ras TSvXà? tô5v ahiSvToov
oTifJii xa Xïji oTtviéOai. tfS'il n'y a pas de parent, elle pourra
épouser parmi ceux de la tribu qui la demandent celui qu'elle
voudra, n
La même formule oTi^i ko. Xrji, avec la variante 6ti[xi xa w-
varai (pour Swarai)^ revient encore en quatre autres endroits
(VIII, 7, 12, 19, 32).
Les explications n'ont pas manqué pour ce 6711x1. On a encore
eu recours au pronom sanscrit sma, et l'on a dit qu'il fallait sup-
poser des formes '6-Ti-a-[jii, puis 6-ii-yi^i. Mais il est beaucouj)
plus simple et plus conforme au grec de penser que nous avons
ici le pronom wjivi. La première partie est devenue indéclinable,
comme cela est arrivé fréquemment pour les composés de cette
sorte. On peut comparer ce qui s'est passé en latin pour altemievK
La locution oti^li xa X^<, otiixi xa rwaTcii était devenue une
sorte de formule toute faite, qui n'empêche pas le pronom 'ôa-lis
de faire, dans la même inscription, au nominatif pluriel, 01-
TINEZ-.
Si maintenant l'on demande quelle est la cause particulière
qui a pu amener dans ces deux exemples la mutation de y en |^t,
je ferai remarquer que, dans l'un et l'autre, la nasale est suivie
d'un i, et que c'est peut-être là ce qui a produit le changement.
Mais il Y a encore une autre observation à faire relativement à
ovôsyLia.
Nous avons cité plus haut l'exemple français venimeux. Ce mot
vient de venin, où la nasale finale tient le milieu entre /* et m.
C'est précisément ce qui avait lieu en grec pour ovSév. Vn final
('tait une articulation assez faible, qui pouvait aboutir à une
sorte d'anousvàra. On ne s'expliquerait pas autrement la facilité
avec laquelle un v final se laissait assimiler par la consonne
suivante : rbp PoSiov, dbX Xéyovcri, èa (jlrjXst, êX Aup«T(Tâ5<, TÔJfx
' Lo (lalif OTINI se trouve on dialecle légéate. V. Cauer, Delertax, n" A57,
I. ;î8.
^ Il esl peul-èlre à propos de rap|)elpr qiio l'alplialjel do Goityiie n'emj)l()ie
pas respn'l iiido, coiiiino il ijfiioro aussi Vco.
26 M. BRÉAL.
•zsoiïjTÔjv, ovôefi tSïjfxot, èy yvvai^t, etc. M. Blass cite très à pro-
pos ie passage suivant de Marius Victorinus, qui s'applique égale-
ment au latin et au grec (VI, 16 Keil) : rrClari in studiis viri,
qui aliquid de orthographia scripserunt, omnes fere aiunt inter
m et n litteras mediam vocem, quœ non ahhorreat ah ufraque
littera, sed neutram proprie exprimat, tam nobis déesse quam
Graecis (il parle de l'alphahet écrit) : nam cum illi Sambyx scri-
bant, nec m exprimere nec n.v Cette observation nest pas vraie
seulement pour le milieu des mots, mais encore pour les nasales
finales. Le neutre ovSsv était donc avec ovSsfxia dans un rapport
analogue à celui de venin avec venimeux.
Ha?, xsâo-a^ TSàiv.
S'il est un mot d'origine pronominale, c'est bien celui-là. On
le fait ordinairement venir d'une racine çvâ tf se gonfler» , la même
qui a donné en grec Hvéco, en latin inciens pour incuens. Mais ni
la forme ni le sens ne conviennent.
Le -sr de -nra? nous indique une provenance de même sorte que
'isov^ 'zsoi., 'gj66sv, isÔTspos, 'zséaos, 'usoîos, etc. Il suppose im cor-
re'latif rà? qui manque, mais que, dans toutes les constructions
où l'on a -zaras, l'esprit doit supple'er. C'est ainsi qu'en vieux fran-
çais quant s'emploie souvent avec la même valeur que tout. Le
corre'latif sous-entendu est tant :
Et le roy me dit que je me teusse et il leur donrroit quant que je li
avois demandé.
Joinvilie.
N'est pas or quant qe reiuist.
Leroux de Lincy, Prov,, IF, ^179.
La volenté de Dieu a fait quanque elle a velu.
J. de Salis)).*
La même suppression s'est produite en latin pourfotws, lequel
suppose qn inusité quotas. Cette absence n'est pas fortuite : le
langage gagne en vitesse et en agilité à ces ellipses.
Dans TSa.v'ïci.'Kci.ai nous avons un redoublement de même espèce
que dans quoquo modo, quotquot.
Quant à la voyelle initiale de âWas, elle est de même nature
que la voyelle initiale de ottoios, ottoo-os.
Il resterait à déterminer au juste quelle était la forme primi-
tive de ces pronoms -zrràs, *t(xs. Je suppose qu'ils représentent un
ancien -nri-T?, tvts.
' Voir le Dictionnaire de Godefroy, au mot quant.
ÉTYMOLOGIES. 27
Il est possible qu'une certaine emphase de la prononciation ait
contribue à l'allongement de l'a. Comparez ce qui s'est passé en
allemand pour m et etji, en français pour noire et nôtre ^.
Apvéofxai, àvaivoixai.
Au lieu du grec classique fxdpTvs, [xaprupos tr témoin n, l'in-
scription de Gortyne a constamment (jlocïtvs, ^ahvpos. Le mot ne
revient pas moins de vingt et une fois. Ce changement remet en
mémoire une étymologie donnée autrefois par ÏEti/tnologicum ma-
gnum, et que les linguistes avaient unanimement repoussée.
Apvéo(i<xi signifie ffuierw et tf refuser n :
fi S' ovT àpvsîroLi alvyspov yâfiov.
0(1., 1,2^.
Èkùi)v ïjfxctpTOV' OÙH âpvyjaoïxai.
Esch. , Prom., 266.
D'autre part, nous avons le verbe dvaivopLai, qui veut dire
K refusera et trnierw :
Athecrdev fièv âvtjvacrdcti , hsTfrcuv S' vtiohéydai.
ii.,\n, 93.
Se S' àvaiveTOLi ^Sè aà Zàpa.
/?.,IX,679.
E{ 8s TSpàs yévovs §ô|av dvaivsi ^op^icovct xrjhscriijv, Ôpa p.r/ ysXotov
^ aè TaÙTa Xéyeiv.
Démosth., p. 904, 7.
Il est difificile de ne pas reconnaître la parenté de ces deux
verbes : àvaivaptat contient un redoublement, comme yoLpyaipco,
(SoLfxSoLivM , 'zsctp.Cpa.ivoô.f'aa'irlaivco. ApvéopLai, de son côté, a passé
dans la classe des verbes contractes. Mais l'identité du sens, ainsi
(|ue la ressemblance de certaines formes, comme àpvri(7op.ai et
àvaivrjdopLai , comme vvtjvdfiw et rjpvrja-dfxvv, décèlent la com-
munauté d'origine.
Entre àvalvoyiai et dpvéopiat l'inscription de Gortyne présente
une forme intermédiaire. On y trouve (I, ii) l'optatif àvvlono
et (III, 6) l'aoriste du subjonctif éKa-avvea-STai. Le p a été assi-
milé. Sous cette orthographe je suppose (|u'il se cache, à peu de
chose près, la même prononciation que nous avons dans àvaivo-
* Dans un tôcent mémoire intitulé Die Ausdriicke fiir den Begi-i£' der Tutali-
tàt (Leipzig, 189/i), M. Brugmann roproduil son étymologie de -sàs, dérivé de
xvéu). Nous regrettons de ne pouvoir partager sur ce point i'avis du savant lin-
guiste, non plus que pour totu» et oiiniis, dont il traite dans ie même travail.
28 M. BRÉAL.
fÀ(xi. C'est ainsi que xtéwci), 6(p£kXct), formes e'oiiennes, n'étaient
probablement séparés que par une légère nuance de xt£<W,
Comment Vt s'est-ii introduit dans [xaÏTvs et dvocivoixail C'est
probablement, ainsi que le suppose Brugmann, un i parasite qui
s'est développé d'abord devant le p. On a dit fxaîpjvs, aipvéofjLat;
puis il y a eu affaiblissement et extinction de Vr. Meyer-Lùbke
cite le même fait pour l'andalous ^ et donne les exemples jaoï^Mero,
laigo, seipenton, apaitate (^ pour porqiiero , largo, serpenton, aparlate).
tlVSpœÏQV.
Aux adverbes de lieu âvœ, xâiw, s^co, sotù), -zspoŒCi), bnta-ci),
l'on peut joindre un ancien *v'7Tépci), qui s'est conservé dans le
dérivé vTrepcfitov ff l'étage supérieur d'une maisons.
Nous avons ici le suffixe -<o emj)loyé comme sufiixe secondaire,
comme dans ^(Oovtoi, àéptos. Il s'est joint à l'adverbe VTrspco,
comme il s'est joint à l'adverbe 7(^1 travée forcent pour former l'ad-
jectif i'(p<o? tffort-o, à l'ancien locatif èfxoï pour faire ôixoiïos.
Pott et Curtius croient devoir rapporter la deinière partie de
vTrep'vïov à la racine vas rrhabitem. Mais, en ce cas, la seconde
syllabe serait longue à cause du v initiai.
iTrTTOTroTajuo?.
On a quelquefois cité ce mot grec comme un exemple de ren-
versement des deux termes. Mais je crois qu'il est plus simple d'y
voir un exemple de l'effacement du j après une nasale : Imros
À PROPOS DE LUDVERBE aVTCOS.
Notre confrère, M. Meillet, a récemment proposé une étymo-
logie ingénieuse de l'adverbe grec ayxw?, quand il est pris dans
le sens du iaim frustra. Mais, pour couper ainsi le mot en deux,
pour séparer avTcos tr frustra:? de olvtms ttita^, il faudrait quelque
nécessité extrême, telle (|ue l'impossibilité absolue de ramener
l'un des deux sens à l'autre. Ce n'est point, à ce qu'il semble,
le cas. On oublie trop souvent le fidèle compagnon du langage,
surtout aux époques primitives : je veux dire le geste. C'est le
geste qui donnait chaque fois à avTcos sa signification spéciale.
Remarquons, à ce sujet, que les exemples qu'on cite sont pour la
plupart empruntés, non au récit même du poète, mais au dis-
cours d'un personnage mis en scène.
' Phonétique romane, $ li'^b.
KTVMOLOGIES. 29
(iuiiimc liaiKsilioii d'une acception à l'auUe, on peut prendre
ce vers de Y Odyssée (Xl\, i5i) :
àXX' èyù) OVK aireas [i.vdrjao{iai , àXXà avv 6pxai,
es veTrat ÔSi/creûs.
«Je n'affirmerai pas au hasard, mais avec serment, qu'Ulvsse
reviendra, fl
Ou cet autre [Odyssée, XVII, 3 09) :
Il est question du chien d'Ulysse qui reconnaît son maître de'-
guisé. Ulysse, feignant de ne pas le connaître, demande : ff Est-ce
un chien de chasse, ou simplement un de ces chiens qu'on élève
pour le plaisir?^
H airws oiïoi ts Tpcnrsiifss Hvves àvhpœv
riyvovT . . .
L'analogue de ce txvTcos se trouve dans certaines locutions i'ran-
çaises familières : r Je lui ai dit ça comme car (c'est-à-dire rrau
hasard^). rrVous le supposez comme car (c'est-à-dire rsans
preuves).
Une autre nuance se trouve //. , X, 00, Agamemnon parle des
perles qu'Hector a fait subir aux Grecs, comme cela, sans secours
des dieux ni des déesses :
aiiTùûs, oire Q-eâs vios (pi\os ovre Q-eoto.
Le sens est commenté par l'adjectif dans le vers de ï Iliade,
XXI, Ix^lx:
vrjTtiitts , TÎ vv TÔ^ov s-)(sis àvefiùjkiov aî/Tws;
ff Insensé, pourquoi portes-tu comme cela un arc inutile'N
Od., XX, 879, il est question d'un mendiant, sans force, sans
savoir, mais comme cela une charge pour la terre :
ovhé Tt êpytov
éfjLTTCLiov ovhè ^iiis , àW a\)T005 o-y^os dpoiipyjs.
C'est ce passage et quelques autres semblables qui ont fait at-
tribuer à notre adverbe le sens de ploltïjv. Mais nous dirons une
fois de plus qu'il ne faut pas toujours chercher dans les mots ce
que la signification générale de la phrase y fait entrer : sans
compter que fiaTvv serait singulièrement déplacé dans quelques-
uns de ces exemples. Que signifierail-il dans se vers (//. , VI,
A 00) :
'srfiîh' èiri kô^-kcç éyova àza^^i^povct , vtJTriov at/TOJs.
Ernesti Iraduit infanlem adeo, et c'est en eflet quelque adverbe
à sens vague comme adeo qu'il faut chercher ici.
30 M. BRÉAL.
LA VOYELLE DU PARTICIPE PRESENT EX LATIN.
Un point par où le lalin s'écarte visiblement du grec, c'est en
ce qui concerne la voyelle du participe pre'sent : ferent- en latin,
(pspovT- en grec. Les seules exceptions sont les cas indirects de
iens et quiens, qui font euntis et queuntis.
On a cherche' à grossir le nombres des survivants de la forme en
ont. On cite ordinairement le substantif w/wMfrts, qu'on fait dé-
river de volunl-i-tas. Mais il y a à cela plusieurs objections. D'abord ,
la forme volens est la seule employée, la seule connue. Ensuite,
un participe volens ou voluns aurait fait, sans voyelle de liaison,
vokstas ou voluslos, comme on a egestas [^our egent-tas) e[ potes-tas
{Tpour potetit-tas). Enfin, le suffixe tas, qui se joint ordinairement
à des substantifs {tempes-tas, civi-tas) ou à des adjectifs (liber-tas,
nohili-tas), ne vient s'ajouter à un participe que si ce participe a
pris la valeur d'un adjectif : c'est précisément le cas pour potens
et e^ens^. J'ai expliqué autrefois voluntas comme dérivé du sub-
stantif volo [génilif volônis) et je crois devoir persévérer dans cette
explication.
Quant à voluntarius, c'est un dérivé de voluntas, inventé pour
faire pendant à necessarius.
Un autre prétendu survivant serait, s'il fallait en croire quel-
ques linguistes, l'adjectif sow5 rr coupable w. Sotis ne serait autre
chose que le participe présent du verbe ffétre:^. Il y faudrait donc
voir un doublet de setis, que nous avons dans ah-sens, prœ-sens,
[DU) consentes. Le coupable serait désigné comme étant ff celui
qui TestT). Il faut avouer que Tellipse est forte : la traduction
exacte serait d'ailleurs r celui qui estw. Nous ne croyons pas qu'il y
ait lieu de s'arrêter à celte fantaisie.
Les deux derniers exemples qu'on donne sont lucuns ^ sorte de
gâteau ^5 eijlexuntcs, l'ancien nom donné, selon Varron cité par
Servius^, aux cavaliers romains.
Il est difficile de rien dire dé certain sur l'origine de lucuns.
Curtius le rapproche de luxus (grec Xo^ôs), luxare, licinus; mais
c'est une pure hypothèse, qui ne prouverait encore rien pour
l'existence d'un verbe. On peut aussi bien le faire venir du grec
Xevxos, à cause de la couleur de la farine, ou mieux encore de
yXvKvs, yXvxôets.
Quant à Jlexuntes, il n'y a aucune raison de révoquer en
' Avec les participes, le latin emploie ordinairement le suffixe secondaire -ia :
beiievolentta , reverentia , negUgentia, scientia, igitorantia, tolerantia , etc. D'après
ce modèle, volens aurait fait volenlia, et non voluntas.
^ Servius, ad Mn., IX, 606 : ffEquiles apud veteres jl^xnntes vocabanlur,
sicut ait Varro.« Cf. Bechstein, dans les Studien de Curtius, VIII, p. Sig.
ÉTYMOLOGIES. 31
doute ie témoignage de riiistorien Granius Licinianus, qui dit :
'(Flexunles a génère pensilium corrigiarum vocabant veteres, quos
Homeri Nestor (Bosious î^dvTots dicit. « Ce n'est donc pas le par-
ticipe présent de quelque verbe primitif, mais le dérive' d'un
terme d'e'quipement. Celle explication est confirmée par la glose
d'Hésychius ; ^Xs^svtiïjs' î-mriKri id^i? Tsapà Vcofialois. Joignons-
y aussi le témoignage de Pline (XXXIII, 9), qui dit que les ca-
valiers à Rome s'appelaient d'abord celeres, plus tard Jtexutnines^.
Tels sont les seuls exemples qu'on a pu réunir. Comme on le
voit, après examen ils se réduisent à deux, eunt- et queunt-, où
ïu a sa raison d'être dans la voyelle dont il est précédé.
Je n'en veux pas conclure que le participe présent ne fût pas
primitivement terminé en ont. Je crois seulement que de bonne
heure, en latin et dans les autres langues italiques, la voyelle,
en cette position, est devenue indistincte. C'est ainsi que ferundiis ,
repetundus sont de\enus fer endus , repetendus. C'est ainsi qu'à sunt,
troisième personne du pluriel, correspond sent en osque.
Nn changé en nd.
Pendant <ju on cherche dans les dialectes italiques et dans les
langues germaniques des exemples de nni ou nn changé en nd,
on oublie de mentionner l'italien andar, dérivé de annar, amnar.
La genèse des différentes formes de ce verbe, que le fréquent
emploi a singulièrement altéré, se trouve fort bien indiquée par
M. Paul Marchot, dans l'un des derniers numéros de la Bevuc des
langues romanes (1898, p. i/i6). Je transcris ici ce tableau en
supprimant les formes purement supposées :
Ambulare
roum. îmbla, umbla ladin amnar
I
ital. et provençal annar, allar
I
andar
Le latin operandum est avec Tosque upsannum dans le même
rapport que andar avec annar.
' Dans ce dernier mot, qui ost prohabiemcnl altéré, je soiipçonno une lorniu
analogue à Picumnus, Pilumnun.
32
Manifestus.
Parmi les juxtaposés ayant pris de bonne heure en latin l'ap-
parence d'un composé, il faut placer manifestus, qui fait si bien
rimpression d'un ensemble inséparable qu'il a donné, dès l'épocjue
classique, un adverbe manifesto et un verbe manifestare.
La forme ancienne est mamifestus, lequel contient un ablatif
manu et un participe yj-stos (du \evhe fmdo) rr saisi à la main 71.
Fur manifeslus est le voleur pris la main sui' le fait.
On a des juxtaposés analogues dans manufactus, manumissus,
cl avec suppression de la voyelle, manceps, mansuetiis. C'est dans
la langue du droit que mamifestus a manifestement pris naissance.
i ersicolor, jluxipedus.
Les composés latins comme versicolor, versifonnis, versipellis , ou
comme Jlcxipes , Jlexanimus , ou encore comme Jluxipedus ont l'air
de contenir pour premier membre un participe passé. Mais je
crois que ces mots, qui sont évidemment d'origine savante, re-
présentent un effort l'ait par les poètes et les écrivains pour tra-
duire les compos(*s grecs tels que dixei>^i)(^poo5, npvi^îvooç^ (ptkn-
cr {(xo'Xttos , éAKeaiTTSTrXos, èp£i-^hoiyo5 , âXe^/xaxo?, Xvanekris,
(pdtcTifxëpoTOs, c'est-à-dire des composés oii le premier terme est
un noui abstrait en ais.
On sait que ces composés grecs ont beaucoup embarrassé les
linguistes. Tour à tour on a voulu y voir un verbe au présent,
un participe ou encore un nom d'agent. Mais c'est méconnaître
l'évidence (|ue de ne pas voir dans des mots comme Tsp^i^opos,
<p9i(Ti(x€poT05, les substantifs abstraits T£p\|/<?, (pOiais. L'explica-
tion de ces mots doit, selon moi, être cherchée dans une dis[)o-
sition particulière de l'esprit populaire. Le peuple aime à em-
ployer les grands mots, les mots abstraits, car ils ont quelque
chose qui, par son' étendue, plaît à l'imagination et amplifie
l'idée. Un lutteur s'appellera rda Terreur de Marseille; une es-
()èce particulière de rose ff le Triomphe de Dijomr. De même chez
les Grecs, une statue placée dans le cirque d'Olympie s'appelait
rapa^tTrTto? , c'est-à-dire ('Tépouvante des chevaux^. Le sauveur
d'une ville était ctcjûctitvoXis trie Salut de la citén.
\ ersicolor est donc une imitation littérale de à[xef^i)(^poos
Jlexipes traduit Kaii-i^îirovç^ Jluxipedus rappelle de loin éXxeai-
TlS.Tl'koS.
Mais il y a cette différence qu'en grec ces sortes de composés
ÉTYMOLOGIKS. 33
sonl d un emploi aiitiL'ii, (juils sont toujours restes en usa;;e,
jfràce surtout aux noms propres comme Aytja-lXaos, AXs^ntvSpos ,
\aixa.(Ti-mro5 , YlpaçneAtis , Ilsia-ialpaTOs , au lieu que les mots
latins pre'cile's sont demeure's à Tetat d'essais isolés et mal compris.
SUBSTANTIFS DEVENUS ADJECTIFS. Rudis.
ffll est un ^Qu fruste de manières. — Ce style /rmic, signe
d'une haute antiquité. 7> Ainsi parlons-nous aujourd'hui, ayant
fait du sul)stantif /n/s.^e rrdéhrisn [lalm frustum rr morceau^) un
adjectif. C'est des antiquaires et des numismates, prohahlemenl
par l'Italie, que l'expression nous est arrivée^. rrDiognète, dit La
Bruyère, sait d'une médaille le fruste, le feloux et la fleur de
coin.»
L'idée exprimée par notre irancais fruste est une de celles qu'on
indique volontiers au moyen d'une métaphore. Toutes les langues
possèdent leurs objets de comparaison pour exprimer les diff"é-
rents défauts de l'intelligence et du caractère. Si ces objets sont
l"rét[uemment cités, de substantifs ils deviennent adjectifs.
Rudis a été un substantif à l'origine. Il désignait la baguette
non dépouillée de son écorce. De là ruditas ff l'état brut du boisai,
erudire ft dégrossirai. Du substantif est sorti l'adjectif rwJî's ffbrut,
inculte"^. Lorsque nous disons familièrement d'un homme : f? C'est
une bûche, c'est une souche'", nous parlons comme les Latins.
Quand ia sémantique occupera dans nos études la place qu'elle
mérite, on pourra faire un travail intéressant en assemblant les
substantifs devenus adjectifs. Dans les ordres d'idées les plus di-
vers, ces substantifs nous révèlent les objets qui ont servi de type
pour dénommer une manière d'être ou une qualité. Nulle part
on ne verra mieux où va puiser de préférence l'esprit populaire.
L'ombrien arvia «les entrailles".
En relisant, à vingt ans de distance, un texte qui vous a oc-
cupé autrefois, plus d'un détail peut vous apparaître sous un jour
différent. C'est ce qui m'arrive en ce moinenl pour les Tables
Eugubines.
Ln mot dont je demande à reviser la traduction est le mot
' Le mol doil donc l'-lre classé parmi i(>s termes d'origine savante. Mais il y
avait déjà en vieux français un adjectif /cas; ou froiiKl , qui signifiait ff ruiné".
Kx. (rLne petite maison Irouste et gaste.^ — ff Moulin irosl.i — «Itéra une
vigne. . . laquelle est à présent frouste.i De \kfroutis dans le sens de «décombres,
ruinesn. (Voir le Dictionnaire de Godefroy, «. v.)
HKM. LINf.. IV. .'^
3A M. BRÉ.VL.
mma, mot important, car il revient quarante-quatre fois dans ce
rituel. Voici ce que j'écrivais en 1876 :
r Rien ne semble plus naturel que de rapprocher le lalin harn.. .
Mais il y a un passage qui s'oppose d'une façon inmicihle à cette
traduction. C'est II a 18, oii il est question des fournitures à
faire pour le sacrifice annuel d'un chien ... Or les deux premiers
objets mentionnés sont : Katlu (catulum), arvia. . .Ce passage
(ajoulais-je) est décisif. . . -n Devant cet obstacle, j'ai cru devoir
me tourner d'un autre côté, et proposer pour arvia une autre in-
terprétation.
L'obstacle a paru invincible aussi à M. Bûcheler, qui, faisant •
de arvia un dérivé de arvum, y a vu les productions des champs,
frumenta^. Il applique en passant l'adjectif ineptus à ceux qui
pourraient être tentés de penser aux entrailles de la victime.
J'en courrai le risque. Ce qui me paraissait impossible autre-
fois, ce qui parait encore impossible à M. Biicheler, s'explique
d'une façon très simple.
La Table 11 énumère les objets à fournir par l'adfertor ou pro-
curateur d,u sacrifice. Au lieu de dire qu'il a à fournir les entrailles
d'un chien, ce qui ne laisserait pas que d'être assez bizarre, le
texte emploie la construction parataclique. En français nous met-
trions une parenthèse :
«Un chien (les entrailles). ■«
Ces sortes de constructions ne sont pas sans exemple en lalin.
En voici un spécimen tiré de Tite-Live : fcQuod senatus juratus
maxima pars censeat. . . -^
Cette difficulté une fois écartée, le sens en question est celui
qui convient le mieux dans les quarante-quatre passages. L'abla-
tif ^rî^es est ordinairement associé à aâepes ^ aâipihm ff la graisse?).
Nous savons que la part offerte à la divinité dans les sacrifices
antiques, c'est la graisse et ce sont les entrailles de la victime.
D'autre part, la forme grammaticale ne s'explique pas moins na-
turellement : il y faut voir le pluriel de haru ou plutôt de harve.
'Lli est tombée comme dans arvina, arvilla, aruspox.
Il est juste d'ajouter qu'autrefois Otfried MûUer et Hnschke
n'avaient pas eu les mêmes scrupules et, guidés par le sens, avaient
traduit sans hésiter par tcexta^^. Aufrecht et KircbhofT, selon leur
méthode prudente, laissent le mot en blanc-.
Nous venons de parler de construction paratactique. Une con-
struction toute semblable se présente III, Sa. Nous y lisons : Vvem
pedaem pelsanu feitu. Il n'est pas nécessaire de faire rapporter pe/-
* Umhrica, p. 62»
MI, p. 175.
ÉTYMOLOGIES. 35
sanu à uvem, ce qui obligeait à conside'rer ce dernier comme un
masculin. C'est la même construction, c'est-à-dire le pluriel neutre
pelsami (les parties de la victime destine'es à être cuites) en ap-
position avec uvem pedaem.
L'étrusque vacl.
Sur un miroir étrusque souvent publié (Gerhard, III, 22,
tab. XXXVII; Fabretti, 9/18^) se trouvent deux figures mytholo-
giques accompagnées de deux noms. L'une des deux figures porte
le nom de Pl'^OMaitl, Menrva, c'est-à-dire Minerve. L'autre lé-
gende a été lue V>3'^fl^fl>), Lasa Vécu.
Je crois que la dernière lettre n'est pas un V, mais un J, en
sorte qu'il faut lire Lasa Vecl.
Si cette lecture est la vraie, il y aura lieu de rapprocher le
mot vacl, qui revient dix-neuf fois dans le manuscrit d'Agranr
Ainsi le caractère religieux de ce texte recevra une importanto
confirmation.
Le nom de Lasa est connu par différents monuments étrusques,
oiî il sert à désigner des êtres mythiques : Lasa Racuneta (Ger-
hard, t. CLXXXl), Lasa Silmica [ibid., CXV), Lasa Th'unrae
[ibid., CLXXXl). Il semble que ce soient des génies d'ordre infé-
rieur, placés sous les ordres des grands dieux, comme les ancvli
chez les Romains : ils portent à la main des objets de toilette,
ou un style pour écrire, ou, comme ici, une branche fleurie.
La plupart du temps, ils sont ailés, d'aspect tenant le milieu
entre le jeune homme et la jeune fille.
Le personnage appelé, selon nous, L^asa Vecl est une figure
ailée, vêtue jusqu'à mi-jambe, ayant l'apparence d'un génie. A la
main il tient une fleur, un épi ou une branche de feuillage qu'il
a l'air de présenter à Minerve.
Quand, dans le texte d'Agram, on examine les dix-neuf pas-
sages où vacl est employé, on voit qu'il est surtout accompagné
des mots suivants :
6ezivacl{m, ih):
vacl Qeznm (V, 16);
Qezin fer vacl ( VIII , 1 G ) ;
vacl arjlereri ( \ Itl , 10);
Bezi vacl an (III, i5);
vacl nunOeti Oesan (V, 19),
Le même mot vakl a été reconnu par Deecke dans une in-
scription funéraire. (Fabretti, 2o33 bis, 8 a, ligne 5.)
Connue Jler, Jlereri exprinif une idée de consécration (c'est
un des rares mots dont nous sachions le sens), Thypotlièse que
3.
36 M. lîUÉAL.
vacl est un mot de la langue religieuse gagne encore en vraisem-
blance.
Quant à Oezan , Besan, c'est un nom de divinité' féminine connu
depuis longtemps^ (Fabretti, 2097, 9Û77, 2oi3 6»s.)
A < Cl) X (W > poursuivre n .
Le rapport du verbe grec Si^ko) f poursuivre 15 et de Thomé-
rique SU^iai (même sens) n'a pas été expliqué jusqu'à présent.
Cependant il n'est pas douteux qu'ils soient apparentés.
Je crois qu'il n'est pas impossible d'en établir la filiation.
Parmi les diverses variétés du parfait grec en xa, il s'en trouve
une, peu nombreuse, mais comprenant des verbes importants,
(jui fait précéder la syllabe xa d'un u. Nous avons :
à(pîtjfxi dorien â<psvxix
dX 1(7X0 fjtai éotXcoxa
êOi%co lesbien evéO^oxa
TslTrloj "sréTrlcoxa
(pBeipw chez Sophron àXtCpôspcoxei
Or on sait que certains aoristes ou parfaits en xa ont produit,
par une sorte de bouture, toute une conjugaison nouvelle. C'est
ainsi qu'on a
de sScjxa Soôxv-
é'a-lijxa, arlrjxct)
SéSotxa. SeSoîxct), etc.
Ceci nous explique le rapport entre le verbe StSfxai et Sid^xa).
L'intermédiaire a été un aoriste *êSicoxa. ou un parlait ^SsSiooxot.,
formé coinme à(pécoxa, édXwxa..
UN EMPLOI PARTICULIER DU COMPARATIF.
Un effet assez extraordinaire que peut produire en grec le suf-
fixe du comparatif, c'est de changer un substantif en adjectif.
Ainsi le mot àypôs 'fchampi^ donne un adjectif àypÔTSpos
T agreste, sauvagew. C'est l'épithète donnée dans Homère à di-
vers animaux :
àypoiépas éXd(povs,
àypOTSpOl (TU£?,
alyas otyporépas ,
V[xi6vcov dypoTepdcov.
' Malgré la dilïérence de s et de 2 , nous croyons que Oesan est ie même mol
que deznin, dezi.
^ Cypriote êûxoie.
KTVMULOGIES. 37
De même , B-eos - dieu ^ a fait S-eo^repo? r divin ^^ : dans ï Odyssée
(XIII, 1 1 1), la grotte des Nymphes, à Ithaque, est de'crite comme
ayant deux portes. L'une est pour les hommes, l'autre est la porte
des dieux :
A/ (lèv 'zspos Bopéao xaTaj^araî àvOpùoTioiatv,
Ai 8' aw irrpôs Nôtou eiVi Q-scorspai.
ji
Opos cf montagne 75 a donné opscriepos mionticolan. OcL, X,
219 : AfxÇi] Se fJLiv XvKOi ^aav opsalspoi rjSè Asévres. IL, XXII,
93 : Apdxcov bpéalepos.
Oirkov frarmew a donne' biïXô'ztpos ren état de porter les
armes'', et par suite rrjeund. //., III, 108 : klû S' biTAoïépoûv
dvSp'ûJv (ppévss t]'spé6ovTat. La valeur du comparatif est encore
sentie quelquefois : //. , IV, 82 5. A/;^fzàs S' a/;^|^iao-<Toycrr vecoTS-
poi, o'iTrep è[J.£Îo OnXoTSpoi ysydeta-i, tssTTOidaaiv ye ^ir]<piv. Au
sens de tfjeune-^, l'adjectif peut aussi se rapporter à une femme.
Od., III, 665 : ^éalopos OTzXoTaTYj B-vyâTtjp.
AïjfjiOf ff peuple-^ a fait Sriiiô-zspos "pubiicus''. Antliol. Pal., IX,
698 : E^e/j^taTO, ovts ^ôXrjos^ Oîjts ti S^ixorépois yjprjyLaaiv,
àkV iSloii.
Eap rprintempsfl a donné éaprepos tf printaniem. Nicand.
Tlier., 38o : Hpocrds (3oïjs tstI tyos éaprépou.
Buttmann (S 69, rem. 8) ne croit pas que ce soit le suffixe du
comparatif. Mais il n'y a aucune raison d'admettre deux suffixes
Tspos. Le comparatif est à sa place toutes les fois qu'il y a une
idée de comparaison ou de dualité, soit exprimée, soit simple-
ment sous-entendue dans l'esprit. Mais aussitôt qu'il y a compa-
raison, le substantif prend quelque chose de la nature adjective.
Nous disons de même en français : Ce chapeau est plus campagne.
— Ce vêtement est plus cérémonie.
C'est d'après un principe analogue qu'ont été formés vfxérspos,
ùixérepos, a-ÇieTepos, et en latin noster, vester; car, à prendre les
choses dans leur rigueur, les mots signifiant r nous, vous-^ ne sont
pas susceptibles de comparatif.
Il s'est passé quelque chose de pareil pour le suffixe icov.
KépSos r gain 57 a donné l'adjectif neutre xépSiov, qui signifie
fplus ulile-^. Le superlatif^ «£p<5'<(T7o» a pris le sens de r-calli-
dissimusTi. //. , VI, i53 : "EvOa Se ^icrvÇios éVxer, à xépSialos
yév£T' dvSpôov.
De même xriSos rsoin, soucia a fait xtiSialos rcher». EXey;(^os
r opprobres a donné £kéyyj.(/io$ " le plus digne d'opprobre -1. Pour
expliquer ces comparatifs et superlatifs, on a supposé des positifs
sortis de Tusage. Pour explicjuer a.i(Tyjio)v. oCla-x^icrlos., Ton admet
que l'adjectif aîa-^pôs a perdu son p. C'est faire trop peu de cas
de la force Imaginative qui, chez tous les peuples et à tous les
38 M. BRÉAL.
à»cs, continue de renouveler et d'enrichir le langage. Ne lisons-
nous pas chez Racine :
Un exécrable Juif, l'opprobre des humains.
L'onidistique ou langue des injures invente tous les jours des
métaphores où le substantif devient adjectif.
Deux mots grecs qu'il n'est guère possible de séparer sont les
deux mots àyLCt^nôs tf route de chars i: et dTtxpTrnôs rr route de
piéton, sentier w. Quelle que soit l'élymologie adoptée, il faut que
l'analyse grammaticale donnée pour l'un convienne pour l'autre.
Or, s'il est possible à la rigueur d'expliquer le premier de ces
mots par a^a^a. 'fcbani et h6s^ participe du verbe £?f/< cr allern,
comme le fait Brugmann, cela ne se peut pour l'autre. On doit
donc renoncer à voir un composé dans àyLCt^nôs.
Des deux côtés nous devons voir des dérivés. On a d'ailleurs
dfxa^cuos ^ àfxa^iaïos, qui ont le même sens, et oii il est impos-
sible de chercher un verbe signifiant cr aller w.
/Egrotus.
On s'est demandé souvent d'oii venait l'ô de l'adjeclif latin
œgrolus : car la langue latine n'a pas de verbes en oo. Curlius a,
comme on sait, réuni les formes qui pourraient meltre sur la
piste d'une conjugaison de celte sorte; mais les traces qu'il a re-
levées sont peu nombreuses et incertaines. On sera sans doute
plus près de la vérité si on se rappelle que la langue de la méde-
cine, chez les Romains, est pleine de termes d'origine grecque,
soit arrivés directement à Rome, soit transmis de proche en
proche par divers intermédiaires. Or la médecine grecque fait
grand usage de mots oii Vœ est la voyelle figurative. Je mentionne-
rai, à titre de spécimens :
dyKvXôoa-is rr ankylose r» ,
ëXn'-jjais ff ulcérations,
vé>cpo)ari5 tf mortification -n ,
KoXoËcoa-is tf mulilatiomi,
TffrfpctXTts tf privation d'un membres,
vdpKcoais tf torpeurs,
■î«Tt;p(Wo-<? tf inflammation r> ,
crlpéëXcoa-is tf distorsion v ,
ruÇ>Xooa-t5 ft cécités.
Il y faut joindre les substantifs comme al péêX^oixa tt foulures,
ÉTYMOLOr.IES. 39
é'Xxcj(xa r ulcère w; les adjectifs comme vapxvSijs r engourdi w ,
'srvpœSvs -, -zsvpeTooSiis tr fiévreux t^.
C'est à rimitaliou de cette nombreuse famille qu'a été forgé,
à ce que je crois, le latin œgrôtus. Les malades, à Rome, avaient
donc cette consolation, dont jouissent encore nos névropathes et
nos hydarthriques , d'être désignés d'un nom quelque peu coloré
de grec. Peut-être y avait-il aussi, dans la langue des médecins,
un œgroma ou une œgrotio pour désigner la maladie.
La transmission savante ne s'est pas arrêtée là, car notre mé-
decine moderne s'est gardée de laisser éteindre cette formation.
Au contraire! à côté de la chlorose, de la névrose et d'autres noms
grecs plus ou moins authentiques, elle a créé la scrofulose et la
tuberculose. C'est l'analogie qui continue son action.
Stràges.
"La parenté de stringere et de strâges me paraît chose évidente.
Strâgem dure, c'est refaire un abatis?7. Stringo est l'expression
technique pour tailler et couper les arbres.
Rego, apx<o.
Sénèque, dans son traité de la Colère ^ cite un proverbe grec
dont le sens est que nul ne sait commander s'il n'a pas appris à
obéir :
Nemo regere potest , nisi qui el régi. .
La forme grecque de la même maxime est :
OvH ëaliv £v âpysiv rov [xr} àpyOévra.
Les deux verbes rego et apx<w se sont, dans les deux langues,
beaucoup écartés l'un de l'autre, tant pour les significations que
pour la forme. Mais ici le génie populaire les a employés dans le
même sens, de sorte qu'ils se retrouvent en présence, fidèles re-
présentants d'une même idée, comme ils sont fils d'une même
racine-.
Clandestinus.
Cet adjectif est évidemment un produit de l'analogie. Mais en-
core faut-il reconnaître sur quel modèle il a été fait.
Corssen rapproche vcspertinus et matutinus : mais, outre que l's
n'est pas bien expliqué, le mot en question exprime une idée de
qualité, et non une idée de temps.
' II, i5.
- Voir ces Mémoires, M, i 3G.
^lO
M. BKliAL.
Je crois (jue la l'oriuatiou e.-it un peu aulre. Jl a clé lait sur le
modèle de intestinus^, dont le sens est fort proche. Des troubles in-
testins et des mene'es clandestines, cela n'est pas loin Tun de
Tautre. Le primitif est probablement un Ad\erhe"clam-(hiin (comme
inter-dum) ou *clam-deiH (comme iti-dem).
Volvendus.
Le Tpartïci^e volvendus parait avoir conservé plus longtemps que
les autres participes en dus une signification exempte de toute
ide'e d'obligation :
Glans etiani iougo cursu volvenda liquescit.
Lucr. , VI, 179.
Que volvenda uiicant eeterni sidéra mundi.
IL, V, 5iG.
Turne , quod optanti Divuin promittere nemo
Auderet, volvenda dies en atlulit ullro.
/En., IX, 6.
Et même , en prose :
Venins volvendo puivere aciem ademit. (Liv.)
Si nous nous demandons quelle peut être la cause de cet ar-
chaïsme (car on sait que Tide'e d'obligation est venue seulement
plus tard), nous sommes amenés à supposer qu'il y a eu en an-
cien latin un verbe déponent volvor. Ce sont, en effet, les verbes
déponents qui ont gardé le plus longtemps le participe en dus
exempt de la nuance accessoire d'obligation ou de nécessité. C'est
ainsi qu'on a oriundus, secundus, et avec la rallonge du Wu du c,
populalmndiis , verecundus.
Du même coup, ceci nous explique certains emplois de volvens.
Volcens est le participe pi'ésenl de volvor (et non de volvo),
comme patiens, ariens sont les participes présents de patio 1% orior.
Lucrèce dit volventia lustra ('zssptTrXofj.svcov êvia.vT'^v) et Virgile
annus volvens.
Certe hinc Ronianos olini, volvenlibus annis,
Teucri.
/En., I, 23/i.
Hinc fore duclores l'evocalo a sanguine Teucri
Tardaque Eleusinœ niatris volventia plaustra.
Georg.,l, iG3.
' Au sujet de IV de inlestiuus, qui représente Y 11 de intn.t, cl', serins et sce-
leslus, Ifinjjits et loiiifjeslas.
ÉTYMOLOGIES. A 1
(îette particularité s'est étendue au fre'queutalif volutans :
Genibusque volutans
Hterebal.
/En., 111 , 607.
ANCIENS VERBES DEPONENTS LATINS.
Gignens.
Ceci peut nous amener à chercher ia trace d'autres déponents
en latin. En premier lieu, gignor rrnaîtreif.
Le participe gignens se trouve employé' dans le sens de « naître,
devenir-9. Il est alors le pendant exact du grec yiyvofxoLt.
Pars gigjientium, alia adulescentium, cetera occidentium vices sns-
tinent.
Ap. , De mundo, a 3.
Quelquefois il est employé au sens d'un suhstantif, et il si-
gnifie alors rrun être^.
Ikx. . . aucta in akitudinem, quo cuncta gignentium nalurafert.
Sali, Jug., 93, /i.
Locn niidn gigiieutium.
IhuL, Si.
Animans.
Nous pouvons tout de suite y joindre un autre mot signifiant
r l'être •«.
Du verbe anivw il a subsisté l'actif qui signifie rr animer, ev-
citerw. Mais un déponent animor ff vivre, respirer r> pouvait seul
donner animans. C'est ainsi qu'en grec, à côté de Tsvéuv, nous
avons le participe moyen nreirvvfÀévos.
Prœgnans.
Ce mot n'est pas, comme on l'explique d'ordinaire, un syno-
nyme de inciens. Son véritable sens est re imprégné •'i. Aussi le
voyons-nous employé en parlant des gencives. Le médecin Scri-
bonius Largus, qui vivait au temps de l'empereur Claude, dit
dans son livre des Conipositiones medicamentorum (Ci) :
Soient gingivee quorumdam Jliiore infestari : quas prœgtiantes vocant.
Il n'y a pas ici métaphore, mais terme technique conservant
le souvenir d'un archaïsme.
ii'i prœgnans avait d'abord été employé pour désigner une femme
enceinte ou une femelle grosse, on ne comprendrait pas la valeur
A2 M. BRÉAL.
deprœ. Cette particule a ici exactement le sens et le même emploi
que dans prœditus. H faut donc supposer un verbe déponent jj^œ-
gnor, prœgnari, signifiant cf impre'gnerw. Par une restriction dont
le langage offre d'innombrables exemples, le mot s'est ensuite
employé' pour désigner la femme imprégnée d'un germe.
La parenté avec genus et gigno ne fait d'ailleurs pas de doute.
Ingens.
En parlant de ce mol, j'ai dit dans mon Dictionnaire :
ffLa parenté avec gignere est proba])le. Mais le sens de m n'est
pas clair : peut-être correspond-il ici, non à êv, ni à els, ni à la
privatif, mais à àvx îf en haut^i.
Laissant la question du préfixe incerlaine, je crois que nous
avons ici le participe présent d'une très ancienne forme du verbe
déponent correspondant à yiyvofxai. Je rappelle que la même
racine a donné en latin une forme encore plus courte : indi-ges
{DU indigetes).
Evidens.
Un dernier exemple de déponent perdu, c'est evidens, qui sup-
pose un composé, non de video, mais de videor.
La particule latine cutn.
La préposition latine cum travée^ n'a pas toujours été préposi-
tion et elle n'a pas toujours signifié ravecw.
Elle a commencé par être postposition, ce qu'elle est restée,
comme on sait, dans les locutions niecum, nobiscum, qiiicum et
quelques autres. Un souvenir de la postposition s'est longtemps
maintenu cbez les écrivains; quand il y a deux mots, ils placent
volontiejs la préposition entre les deux ablatifs coordonnés :
summa cum laude, maximo cum clamorc.
En ombrien, cum est toujours postposition : verisco Treblanir .ta
la porte Trébulanew, testruku pedi rrau pied droite.
D'autre part, ce mot a commencé par exprimer d'une façon
générale une idée de relation. C'est le sens qu'il a en ombrien,
ainsi qu'on le voit par les exemples précédents. Les philologues,
qui , à l'exemple de Hand , ont étudié l'emploi des particules la-
tines, ont constaté ce sens de cttm chez les écrivains romains.
Mais ils l'ont expliqué par une déviation de l'acception originaire ,
au lieu que c'est au contraire le sens primitif. Il peut donc être
intéressant d'en assembler ici quelques exemples; ceux-ci se trou-
ETYMOLOGIES. 43
vent surtout, comme on pouvait s'y attendre, dans la langue de
la conversation, ainsi que dans les locutions toutes faites.
Que magis cogito ego cum meo animo.
Piaut. Most., III, -2, i3.
Alque haec ipse suc trisli cum corde volutat.
Virg., ^n., VI, i85.
Iliud hercle cum raalo fecit suc.
PL, Bacch., III, ^, Zi.
ff pour son malheur. «
Quo factiim est ut... Miltiades . . . Athenas magna cum offeimoiie civium
suorum rediret.
Corn. Nep., Mih., 7.
ff au grand scandale de ses concitoyens. »
A thenienses cum silenlio auditi sunt.
Liv. XXXVIIl, 10, A.
rr furent e'coutës eu silence. •»
Efliindit voces proprio cum pectore sanclo.
Enn. ap. Serv., Georg., II, /la'i.
Exiit cum nuittio Ciassus.
César, B. GalL, V, li6.
Il faut traduire : 'tA cette nouvelle, Crassus partit ^% et non,
comme on le fait : ff Crassus partit avec le messagerr).
Edifia prœtorum fuerunt ejusmodi, ut ne quis cum telo seirus e.ssel.
Cic. , in Yen:, V, 3, 7.
ff qu'il n'y ait pas d'esclave en armes, n
Ni gens crudelis madida cum veste gravatum . . .
Ferro invasisset.
Virg. /En., VI, 359.
ff alourdi en ses vêlements mouilles.»
démine cum imperio aut magistratu tendente quoquam , quin devcrlcvct
Wiodum.
Suet., Tib., 13.
"Pas de fonctionnaire ni de magistrat qui ne s'arrêtât à Rhodes. i
Pessuma ,
Egon' quidquam cum istis faclis tibi respondeam?
ïér. , Eun., I, 9 , 73.
"Perfido! ol que voulez-vous que je vous rt^ponde, en présenci^ de
tels procédés ?n
lik M. BRKAL.
C'est aussi avec une idée purement locale, et sans quil signifie
ffavecTî, que le préfixe cum figure en tète de quantité de verbes :
consistere, collocarc, convertere, cotnmovere , confivmare , condere, etc.
La même signification explique le sens de contra, où Tidée de
dualité ou d'opposition vient du suffixe.
Seplentrionalifi ejus , nnllis contra terris, vasto nique nperlo mari piil-
santur.
Tac. Agric, lo.
ff aucune terre ne se trouvant eu face, r,
L'idée sociative est probablement entrée dans la préposition
cum par l'influence de l'ablatif. On sait que parfois l'ablatif à lui
seul a le sens d'un sociatif sans le secours d'aucune'préposition :
Eçjressus omnibus copiis.
Liv. I, 1^1.
Decem navibus Romam rediit.
M. XXVItl, 38.
Tu m demum praeceps saltu sese omnibus arniis
In fluviuni dédit, llle suc cum gurgite flavo
Accepit venientem '.
Virg. , Mu., IX, 8i6.
.lup|)ilfr esse pium statuit quodcunque juvaret :
Et fus omne facit fratre mai'ita soror.
Ovide, Hé,:, IV, i3i.
Sur le congénère de cum en grec, voir ces Mémoires, t. VIII,
p. /i75.
INSCRIPTION PÉLIGINIENNE.
Les Notizie degU scnvi (mai 189^) nous apportent le texte
d'une nouvelle inscription dialectale trouvée sur le territoire des
Péligniens, à Pettorano sul Gizio. C'est une pierre grossièrement
travaillée et portant les lignes suivantes :
SALVTA -f MVSESA + PA
ANACETA + CERIA
ETJ-AISIS + SATO/
Le mot AISIS montre que nous avons affaire à une inscription
votive. Dans aisis, comme dans les mots qui prt'cèdent, il faut
Remarquez encore Temploi île cnm dans cet exemple
ÉTYMOLOGIES, â5
voir des dalils. Au singulier, ia désinence i est tombée; c'est ainsi
(|u'en latin on a (C. J. L. i, n" 177) : Matre Motuta dono dedro.
iNous avons donc une déesse Saluta, qui, comme le fait remar-
(|ucr M. le professeur A, de Ni no, est déjà connue par d'autres
inscriptions. Puis vient la de'esse Musesa, dont le nom paraît
pour la première fois. Il est difficile de rien dire de certain sur
ce nom : on pourrait penser à une finale -essa , comme dans 5/-
nuessa. Mais l'inscription e'tant d'e'poque assez moderne, ainsi
qu'on le verra plus loin, je préfère supposer une ïorme Musentia ,
devenue Musesa, par la même assiuiilation qui, du nom osquc
B'inlla, a fait Borna'. Ouant à la première partie, différentes con-
jectures se présentent à l'esprit. Mais aucune n'est assez certaine
pour que nous nous y arrêtions.
Du mot suivant il ne subsiste que les deux premières lettres.
Je passe donc tout de suite à Anaceta Ceria. On a ici une appel-
lation intéressante, en ce qu'elle rappelle les noms de divinités
donnés par la table d'Agnone, lesquels sont généralement suivis
de l'épithèteÀcm'rt. Il faut aussi rapprocher la Prestota Çerfia, la
Tarsa Çerfia et le Hondus Çerfus des tables Eugubines. Cet ad-
jectif ceria ou cerfa a l'air de jouer le même rôle que l'adjectif
saint en français, quand on dit sainte Geneviève, saint François,
Mais je crois que cette ressemblance est purement superficielle :
entre les êtres appelés cerii et le dieu Cenis ou Cerfus je suis porté
à croire qu'il y a un lien de subordination et de dépendance. Ce
sont des êtres inférieurs, consacrés au service d'un grand dieu,
ce que les Romains appelaient anci ou anculi.
Dans Anaceta il faut, avec M. de Xino, reconnaître \Anceta
Cevri déjà connue par une inscription de Corfinium. On a chez les
Homains une déesse Angitia, dont Virgile a insère' le nom dans
son poème (VII, 769) :
Te nennis Angiliae, vilrea te Fucinus unda,
Te liquidi flevere lacus.
DifTérenles inscriptions ont conservé son nom, qu'on trouve
aussi au pluriel. La forme osque Anaceta nous présente dans la
seconde syllabe cet a euphonique que nous avons reconnu aussi
dans anasahet ^
Il est intéressant de trouver dans celte inscription la conjonc-
tion et : on y peut voir la preuve d'une épo({ue récente et peut-
être une trace d'influence latine.
Aîsis, pour Aisois, est également une forme relativement
moderne. Quant à SATO, il faut peut-être le compléter en SATO-
' Voir ces Mémoirex. M . |i. .') i .
46 M. BRÉAL.
REIS, datif pluriel d'un adjectif satorius; cf. sororius, messorius,
tfLes divinite's des semaillesîi.
Cette pierre paraît donc avoir e'té un au tel élevé à des dieux
champêtres. On en peut rapprocher, quant au contenu et à la
destination, le monument de Scoppito.
Michel Bréal.
Quotiens, quoties.
Dans un ancien travail de notre regretté confrère James Dar-
mesteter, travail composé pendant qu'il était élève à FEcole des
hautes études, je retrouve une explication de quotiens, quoties,
dont je crois devoir faire part à la Société. Après vingt ans, elle
a, si je ne me trompe, tout le mérite de la nouveauté. Au lecteur
de choisir entre cette élymologie et celle que nous avons proposée
récemment (t. VIII, p. ^7/1). M. B.
wLe latin forme ses sous-multiples en prenant le participe de
dénominatifs issus des ordinaux; ex. : sextaiis wun sixièmeii, de
scxtus. Il est naturel de chercher un procédé analogue dans les
multiples. Pour dire k combien de fois?w on employa adverbiale-
ment le participe neutre d'un dénominatif de quoti (cf. sanscrit
kati, zend caiti), *quolïre, d'où quoti-ens «en faisant combien de
fois?n Pour l'emploi adverbial du participe neutre, cf. rec-ens.
De même ioti- donna toti-eus tfcn faisant autant de fois^:. C'est là
un procédé synthétique, mais absolument identique, i)our le sens,
aii procédé sanscrit et lituanien. De totiens, loties une fausse ab-
straction tira un suffixe abusif iens, qui, transporté dans le reste
de la numération, donna decies, sexies, etc.
«Cette hypothèse rendrait compte du suffixe ordinal ésimus. Vice-
simiis est forme; par le suffixe ordinal -imus de viciens, vicies
{yiciens-imus). L'i est tombé comme \i de ior dans min-or, comme
\i de his et de tri dans hessis, tressis. La chute était facilitée par
l'accent de la voyelle suivante et parla présence de IV suivant. 1:
James Darmestkter.
UN CALEMBOUR INTERESSANT
POUR
L'HISTOIRE DE LA PRONONCIATION DU GREC.
(Callimaqde, épigramme 99 ;
XII, 63 fJans l'Anlliologie Palatine.)
Celle ëpigranime a passe' longtemps pour inintelligible, au
moins au dernier distique, que personne, jusqu'à 0. Schneider,
n'avait, à ma connaissance, essaye' de corriger.
Ce n'est pas ici le lieu de discuter le texte des quatre premiers
vers. Je me bornerai à dire que si, eu deuv endroits, la leçon
en est ou m'en parait douteuse, l'ensemble est certainement digne
de Callimaque, et rappelle parfaitement son humeur, ses idées,
sa manière.
ff J'abhorre la poésie à l'usage de lout le monde, comme les
chemins qu'encombre le va-et-vient de la foule. Je hais de même
l'amour banal. Je ne bois pas aux fontaines; tout ce qui est pu-
blic me dégoûte. 'i
Quant au distique final, tout le monde a vu qu'il contenait,
ou, pour mieux dire, avait contenu un calembour. H s'agit seule-
ment de ramener à la lumière ce jeu de mots avéré, mais introu-
vable.
Voici la vulgate : Le commentaire de Dùbner sur l'Anthologie
(collection Didot), pas plus que l'édition de Callimaque due à
0. Schneider, ne signale aucune variante de manuscrit :
A.v(TOivlr], ait Se vul^i xaXos , xaXôs* fitXAà 'Vjpiv siireîv
ToÛTO (Tarais, ■ô'/ù) (^yjal ris • àtAAos é^^st-
C est-à-dire : rMais toi. Lysanias, oui, tu es beau, beau; mais
avant que j'aie nettement prononcé ces mots, un écho dit : «Un
r autre l'a.w
Comment, à une partie des mots av ^è valy;j, xaXb?, xaXô?, un
écho peut-il répondre aXkoç Ip^et? C'est ce qui a déroute' jus([u'à
ces derniers temps tous les critiques.
En écrivant au dernier vers riy^ob <Pï](t^ ris âXXov eysiv, autre-
ment dit, en substituant au style direct, qui exigerait la répéti-
tion exacte des mots prononcés, le style indirect, qui en repro-
duit seulement le sens sous une forme nécessairement modifiée,
0. Schneider a résolu la principale difficulté de la restitution»
a» KD. TOURNIKR.
Je dis la principale, et non la seule. Kn eli'et, tout d'abord
alyj. {='éyzi) xaXôs [=HaXko5) du premier vers lerait attendre
au second x.aXkov (= xai âXXov, plutôt que âXXov) e^siv. Rien
n'empêche d'écrire :
ffEcho proclame ceci, qu'un autre aussi te possède.^
En effet, K et IC (= «o") étant presque pareils dans récriture
onciale, un copiste a pu lire, au lieu de to hoXXov, to7s aXXov,
et remplacer conjecturalement par ris âXXov cette leçon, qui dé-
truisait à la fois le mètre et le sens.
Mais le calembour est loin encore de la perfection. Car, au
premier vers, à côté de s)(^et xaXXos, on attendrait le nom de Ly-
sanias à l'accusatif. Je propose :
Avaavltj, vaix^i xaXàs, eî xaXàs.
Ce qui, si l'on fait abstraction de l'accent du pi-emier xaXos,
équivaut, dans la prononciation des Grecs modernes, à :
Av(ravir}v éysi xâXXos- sî xaXàs.
La différence d'accentuation signalée peut être considérée
comme une licence imputable aux difficultés du genre. Quant à
l'intrusion, supposée par ma restitution, de av Se, et à la sup-
pression de si, on peut en voir la cause dans l'allongement, à la
césure, de la dernière syllabe de vai)(^i : licence encore, que Calli-
maque ne paraît s'être permise que devant une liquide, sauf en
un passage (Hymne IV à Déméter, vers 92), mais excusée ici,
comme la précédente, par le jeu de mots. Un reviseur peu intel-
ligent a cru devoir modifier le vers pour améliorer le mètre, sans
s'apercevoir qu'il détruisait le sens.
J'écris donc :
Arjaavir/, va/p^j «aAôs, sixcuXos' àXXà 'sspïv eÎTrstv
Tovro cra<pd>5, Hp^w (prjcri rè KaXXov éysiv.
ParToCro, entendez : fcCette dernière phrase [eï xoiX65).ri
Je ne vois maintenant aucune raison de contester l'authenticité
de l'épigramme, ni d'en retrancher (avec Saumaise, Haupt,Dûb-
ner) le dernier distique. Du calembour qu'elle renferme, je crois
donc pouvoir conclure que, dans la première moitié du m" siècle
avant notre ère, les Grecs d'Alexandrie prononçaient, à peu près
ou tout à fait, cti comme e, £i comme i, deux X comme un seul.
La quantité était facilement négligée (preuve: ot.i)(^i = s)(ei)\
et, d'autre part, rencontre qui peut surprendre, l'accentuation
(preuve : xaXXos = xaXos).
Ed. TOURNIER.
ÉTYMOLOGIES SLAVES.
l. — su.
Pour rendre compte de v. si. sf<(n), préfixe verbal dans siin-
viiati, sû-hîmti et préposition dans sû-n"-jimi, su toboja, Kretsch-
mer a cru devoir en rapprocher gr. ^vv, crvv et séparer le préfixe
nominal sa- : sa-logû, sa-sèdû (cf. skr. sam-sàd-), sa-dii (cf aw-
Q-tinrj); K. Z. XXXI, p. Zi 16 et suiv. Mais on ne peut songer à rien
de pareil pour Am(m) (cf. skr. kàm) dans hû-n-jemu, M tebe, ni
pour vû{n) (cf i.-e. *an, supposé par v. si. atri, ombr. ander?
Le v.pruss. an- à côté de en- ne prouve pas plus en faveur d'un
ancien a que ganna, sammai à côté de genna, semmai) dans vun-
iti,và-dati, vûn-atrï, m-n-jemï, vu tebé; a- se trouve dans a-sohka,
a-dolî, a-tûkû, etc. et on- dans on-uèta (cf lat. md-uô). Le paral-
lélisme de $û{n) : sa-, kû{n) : skr. kâm (i.-e. *A-.,om), vû{n) :
a-, on- est évident.
Si les formes slaves étaient seules à expliquer, on pourrait
partir dans tous les cas d'anciens: *som (cf skr. sam-, avec a issu
de 0 ou e, et v.pruss. sen), *k.^om, *an. Les composés nominaux
étaient dès le principe inséparables : de là sa-logû, on-iista avec
le traitement de lintérieur des mots; la préposition et le préfixe
verbal pouvaient au contraire être séparés en indo-européen du mot
qu'ils déterminaient; aussi, alors même que la particule ne forme
avec le substantif ou le verbe suivant qu'un seul mot phonétique ,
le traitement est-il parfois autre qu'à l'intérieur, sans pour cela
être entièrement identique à celui des finales. Ainsi en grec le t
final de xàr ne tombe pas, mais il subit des assimilations d'ailleurs
sans exemple : xoltIcISs, xolzdave, xàS Se, xoLKKtjai, Kœyyovv, xan-
TTeSiov, xdŒaXs, xappé^ai (la forme grecque de la racine est psy-
et non Fpey-), xdXXiTre, xavvevaas, xà^ /Ltif, «ai//'a^a<?(T s'assi-
mile à /■, puis, devant consonne, forme diphtongue avec la voyelle
précédente). I^n slave même, la consonne finale de*jîs, vus sub-
siste, mais avec un traitement -z devant voyelle, semblable à
celui de -s en indo-iranien dans la même situation. Il serait donc
permis de voir dans fu de sû{n) , ku[n) , vii[n) un traitement régu-
lier de 0 en syllabe finale et dans -n, qui subsiste partiellement,
l'anomalie propre aux particules. — Cette explication a contre
MKH. LI.NC. IX. l\
50 A. MEILLET.
elie le lait que les préfixes verbaux sont inséparables en slave, à
fie très rares exceptions près (par exemple y«znemo^a); de plus elle
ne peut s'appliquer au lituanien.
Les préfixes slaves, suivant qu'ils sont employés en composition
nominale ou verbale, ont souvent un vocalisme différent : v. si.
po-mtueli : pa-metî; po-giibiti : pa-guba; po-ziti : pa-iili (rapproché
par étymologie populaire de pasti (^ îaive paître ^i); ])o\on. po-toczic :
pa-toka; — v. si. pra-dëdû, pra-haba : pro-dati, etc. Or le sanskrit
a tout ensemble sam- : sâm-kseli et sa- : sa-ksù; le grec ne possède
que les formes sans e, d-, à[x- : a.-\o')(05, d-ita? (d'où a-vfx-Trois) ,
ol[x-aça; v. sL sa- de sa-Iogu rappelle skr. sam-; su- de su-bïrati
répond à skr. sa-, gr. d- avec le même traitement de m, n que
Ton trouve dans sûlo , vûtorû [cL gr. élrepos), chûtèti ; sûn- répond
à gr. dfjL- : cf. dûmg [hénxlii na-dymati) , giinati (v. pruss. gunnimai) ,
v. russe lûnûkû (mais polon. cienki), où °m, °n sont aussi rendus
par ûm, un. L'usage pour *sojh- et *sm- est inverse en slave de ce
qu'il est en indo-iranien; mais on sait que l'emploi comme pré-
fixes nominaux et verbaux ou comme prépositions et le voca-
lisme des particules de ce genre varient d'un dialecte indo-euro-
péen à l'autre. Parallèlement à su : sûn, les formes kti : kûn et
va : vûn reposent sur *kjn : /r.,°m et *« : °n. — En lituanien, san-
répond à v. si. sa- et s'emploie dans quelques composés nomi-
naux : sd-)w^ai, sd-:mè; su (ancien *su de *s)ii) est préposition
et préfixe verbal comme v. si. ««(») : sù-ne(3u, su-si-zinaù. La
forme lit. i (de i.-e. *«) s'oppose à v. si. vu exactement comme
f3iihias à stito, v. si. lïmaa \el\etumsi, v. si. grmeli (vusse gremèt',
|)olon. grzmiec') à lit. grumènn, v. i^russ. grumins. — Le gr. ^vv,
(tÙi; reste isolé; sans doute faut-il pensera quelque contamination
de *k.^m el*sin; le premier devait donner xv[v)-, déjà signalé par
Ahrens (K. Z. m, 166) dans xvvdyyjn : (Tvvdyyji, et qui se
trouve peut-être dans xvvtjyos (avec une intei'prétation populaire);
cf. d'autre part O/uev- chez Fick-Bechtel, Gr . pevsonennamen , p. /i63.
L'italo-celtique *kom, *kon tf avecw rappelle skr. kâm pour la forme,
mais pour le sens skr. sam-, cf. lat. contiô, conuentus et skr. sAmga-
mas , si'mgatis , zd hanjamanem ; il faut mettre à part les cas où con-
est à rapprocher de xaTa-(Bréal, dans ces Mémoires, VIII, ^75)-
— L'arm. {h)am- dans am-owsin te époux, épouser, cf. lat. uxor,
pgut être soit *som-, soit Vm-; dans la plupart des cas, arm.
haîi- est un emprunt iranien.
La particule su a un sens tout différent du précédent quand,
employée comme préposilion, elle est suivie du génitif (ancien
ablatif) : su nebese a le sens exact de vxctT ovpavov-n; le préfixe
verbal su a de même très souvent la valeur de l'indo-iranien ni-,
gr. ;^aTa-, «ax- : siirhodili r K(XTa^rjvai7>; suzekli k KOLTaxcaïa-OLi , lat.
combùrerc-^; sudèlati v HO.xaiipdc.a.i, lat. conjicerev; sûkrijti tfxara-
ÉTYMOLOGIES SLAVES. 51
xpijil^aff); supasti rsauverw, cf. skr. nx-'pnti, zd ni-pâiti [s do pasii
l'eprésonle k^^ cf. ë9ïi}ca, faciô, ou plutôt s, cf. skr. nvsati, v. si.
shimU)\sûhljusti, cf. skr. ni-hodhati, etc. Delbrûck essaye de tirer le
sens de ff du haut der de celui de tf avecn [Vergl. synt., I, p. 733);
c'est un développement peu vraiseuiblable et l'analogie invoquée
de zd haca ne prouve pas à cause de lat. secus [sequester), v. irl.
sech, V. gall. liep. — D'aulre part, dans quelques composés nomi-
naux, la forme du préfixe est su-; su- n'a rien que de très expli-
cable quand il y a un verbe voisin : sûmînèmje est dû à sûmïnèti
comme sammeti, usamînèti à samïnènîje, mais les noms suivants ne
sont accompagnés d'aucun verbe : sû-mrûtî (cf. xaTct-S-vria-fico) ,
sù-sgdû cf (TKevos ^ ( cf. Kazct-a-Kevïf) , su-dmvu ( cf. skr. ni-dhruvis) ; sû-
y vaut ni- et xona-; il y a donc pour séparer sj«- tr skr. sain--n de sû-
ffgr. xaT-Ti, outre le sens, une raison phonétique. Or, phonéti-
quement, sii répond bien à xaT: s = h; û=a. [i.-e.n, cf. v. irl.
cét-buid, v. gail. can-fod)\ la dentale finale tombe. La forme jcai
n'est ni moins répandue dans les dialectes ni moins ancienne dans
la langue que Ka7a.: cf. zd mat : gr. f/eTot,- gr. âv : àvà; Tsàp :
'srapà; â- : ây^a; -xa.5 dans àvSpaKdiç (v. en dernier lieu Bréal,
dans ces Mémoires, VIII, p. 5i et suiv.) repose sur *-«aT?; cf.
lal. dis- et gr. Sià; *prs (dans 'zs6pa--ct), ^spocr-co «loin ^ ^, cf. e^-co,
eïcr-dû , av-w , Kâ-T-oû, 'uspôcra-d) rren avant^i) et -srapà, etc. — On est
ainsi conduit à reconnaître que v. si. su-, gr. xar-, v. irl. cet-,
got. hand- (dans hand-ugs? , cf. bi-uhis), lat. co«- s'opposent en-
semble à indo-iranien nt- : gr. xolBsvSw, xixia^oLpBdvw , lat. co/i-
sôpj'ô, condormiscô en face de skr. ni-svap-; gr. xaTS7re(pvov (xara-
xTSivot}, lat. concldô) en face de skr. ni-hanti, zd ni-jalfiti; gr. xaÔt^w,
lat. coiisldô en face de skr. nî-sldati, zd ni-èan liasti , v. pers. m/^-
amdayam, pehlvi n{i)-sastan; dans ce dernier exemple l'anti-
quité plus grande de n{-, qui se retrouve dans arm. ;i»sî f: sièges,
nsimt ffje m'assiedsn, est attestée par lat. nidus, v. h. a. >?é'sf. En
slave *ni- n'a subsisté que dans les dérivés : iiicî, cf. skr. nicdt, et
nizû; cf. v.h.a. jnV/ar et skr. nitarâm.
Le rapprochement de su et xàr est appuyé par la simililude
d'emploi de ces deux prépositions avec l'accusatif. On trouve :
1° serbe s onu stranu, russe s onu storonu, polon. z o»e strone (avec
z devant voyelle au lieu de s par suite de la confusion phonétique
de sii. ei*jts), cf. gr. xar êvavTtov, xar êvôûira. — 2° su tri smokvi
rr environ trois figues 71 {SuprnsL, p. 990, 17); cf. Hérodote, VI,
1 1 7. El» TauT»? Tïj èv MapaBvvi p-ctyr} aTiéBavov lôiv (3a.p€a.pôjv xotrà
éçccxia^iXtovs xai tst paxoo' lovs àvSpa.s, Adïjvaiœv Se éxaTov évsvrf-
' Pour le traitement p;mhellénique de r après lal)iale , quand la syllabe siii-
vaiile contient nue voyelle de linihre 0, cf. ces Mémoires, Vit, p. f)!i, n. et
VIII, p. ago. On notera de plus PpoSov, pnrsan g-w/ (de *vrda-, cf. Teniprunt
arm. vard).
52 A. MEILLET.
xovTa xoà Svo. Le gr. xarà possède donc les deux sens que re-
connaît Miklosich au slave su suivi de Taccusatif ( Vergl. gr. , IV,
p. hU3).
Un de sû-n-itî 'tKaTa^ijvciin ^ sù-n-èsti n )ca,TaÇ)ays7vv , elc. est
analogique de sûn-îinati se trcrweXdeïw et s'explique aise'ment par
l'identité' phone'tique de su- tfskr. sam-v et de su- rfgr. xaT-75 de-
vant consonne. Du reste plusieurs verbes ont le préfixe su avec ses
deux valeurs : sûdruzati traduit e'galement ^ avay^/iv n et rfxaxa-
(T'/tiv 1) ; sûloiiti rr auvBeîvai r> et f xaïaêaXeîv -^ ; sûneti rr a-vXXa.€e7v ri
et t^ KaSsksîvri ., etc.
L'emploi cypriote de xàs comme conjonction ne semble pas
avoir de parallèle en slave.
IL — lue.
A l'adverbe lituanien ^flù rfdéjàii (cf. gol. jh) répond réguliè-
rement V. û.pi,ju<e, serbe ju-r, polon. jM-i; mais il y a un dou-
blet : v. si. H, \i-le; les deux formes coexistent dans les mêmes
textes; d'ailleurs il ne se produit de cbule de /- initial devant u
dans aucun autre mot vieux-slave : cL junii, Vit. jâwias; junïcî, lat.
iuuencus; jucha, lat. iûs; jugn; il en est tout autrement devant a;
dans celte position j- initial panslave tombe en vieux slave, qu'il
soit ancien, comme dans aky : jaky, ou développé phonétique-
ment devant a- (c.-à.-d. à), issu de i.-e. â ou ô, comme dans azû :
jazû; ave :javè, etc. ; au contraire \ej- de v. sl.ja-, issu de panslave
e-, subsiste dans tous les cas. Une contamination dejulro, dérivé
àeju, et de ustro [za ustra, Psalterium, édit. Geiller, p. ia4), cf.
lit. au(3rà, gr. avptos, skr. ?/sm, rend compte en partie du phéno-
mène pour utro : jutro. Do plus, à côté de u-bo, u-to, il n'existe
pas de *ju-bo, *ju-to; u- a donc ici une autre origine que dans
ju et représente la même particule indo-européenne que gr. atJ,
lat. au-t, got. au-k, cf. skr. Û, Miklosich, Vergl.gr., IV, 9 5; u-ze,
formé comme u-bo, a été rapproché de^M-^e dont il est devenu
un simple doublet.
HT. — za.
La préposition z-, la plus usitée de toutes en arménien, est
employée : i** Avec l'instrumental, au sens de rrautour, près^ :
z-iwrew rr -srepi avrôw, Math., VIII, 18; sowrj z-nokhawkh «'srep)
auTOu?T), Marc, IX, i3, et de frau delà^ : ançanen z-awandow-
tlieamb (t 'ZSapaSaîvovanriv ^apdSocrivri .^ Math., XV, 2. -^ 2° Avec
l'ablatif au sens de ftau sujet dei^ : z-Iovhannê rr-crep} Icodvvovn,
Math., XI, 7; z-mê [*z-imê, cf. ar imê) ft pourquoi?». On trouve
aussi : kaxel z-xaçê r suspendre à une croix»; kalaw z-jeranê nora
KTVMOLOGIF.S SLAVES. 53
Ksxpdrïfaev Trj? X^'P^^ otvTijs-^, Math., IX, 2 5. — 3° Avec l'ac-
cusatif pour indiquer la dure'e : z-kharasown tiw " pendant /lo jours 77,
Math., I\ , 9 4 ; et après khan et ibretv : laiv êkh khan z-bazoïvia cncAoœks
(tzsoaXùjv alpovdtcov Sia(pspsrs v(JLSi5ri^ Math., X, 3i; ibrew z-oç-
xars Kcôss] ^p6€ot.Ta.-n, Math., IX, 36; le sens littéral semble
être cf comme par rapport ài; la valeur prépositionnelle de z- est
Lien visible dans ces emplois, comme aussi dans: or z-phaphowks
z-[jeçeal en tfoi rà juaXaxà (popovvTssn, Math., XI, 8. Au reste,
le plus souvent, z- est un pre'fixe qui se place devant tout accu-
satif détermine et ne manque par suite jamais devant les dé-
monstratifs et les pronoms personnels; il nest pas probable que
cet usage ait été panarménien, car il est tout à fait inconnu à la
plupart des dialectes modernes, et en particulier à ceux de la
plaine de TArarat et du Karabagh, qui ont conservé les anciennes
formes anowm, lizoïv, au lieu des altérations de l'ancien arménien
anown, lezoïv. Peut-être y a-t-il ici une simple imitation de l'emploi
de z- dans les locutions composées d'un verbe et d'un substantif,
où la préposition signifiait rau sujet de^ : caXr arnein (ortho-
graphe des plus anciens manuscrits) z-na, Math., IX, 96; ihoyl
ioœkh z-nosa, Math., XV, ik (cf. avec le datif : thoyl towkk mank-
twoyd. Math., XIX, tZi); zi asxat arnêkh z-kind, Math., XXVI,
1 o , etc. ; les locutions de ce genre sont fréquentes en arménien
et ont pu fournir un point de départ à l'analogie, mais on n'y
trouve pas l'explication du fait singulier que z- est préfixé seule-
ment à un accusatif déterminé.
L'accusatif du pronom interrogatif /- rquoi?'i (cf. skr. cit, gr.
t/, lat. qiiid, v. si. ci-îo) est toujours précédé de z-; quand la pré-
j)osition a sa pleine valeur, z-i signifie tr pourquoi?»; si elle est le
simple préfixe de l'accusatif déterminé, le sens est frquoi?r). Sous
cette forme, zi a même passé au nominatif : zi ê khez zi las
f-qu'as-tu à pleurer?^, Rois, I, 1, 8. Quant à zi signifiant tr car 1
et rtquen, c'est i employé comme relatif et précédé de z-; cf. le
relatif or oii -r répond à pa (cf. liomér. os pot, et arm. ibr «comme»
de *iti-r en face de iw, iwikh^) et oij 0- ne diffère pas de l'inter-
rogalif 0, ov rqui?» (cf. skr. kàs, v. si. kii-to).
Comme préfixe verbal, 2- ne modifie guère le sens du simple
[hatanel: z-atanel " coupera) et sert surtout à tirer un verbe dérivé
d'un nom : z-angitel t craindre -^ de an-gêt, z-eteXil ^se placer»
de eteX; z-ovanal ftse rafraîchir» de hov (cf. zd aoW r froid», lit.
v-èsùs), z-arthnowl r s'éveiller» de arthoœn, etc.
Une particule qui joue dans la langue un aussi grand rôle
' En dehors de l'impératif présent (toujours prohibitif) mi berei' « ne porte pasn ,
d'où elle a passé à la seconde personne de l'imparfait et de l'aoriste (Bufjge,
Beitrâge, p. 6 A et suiv.), cettf particule se retrouve peut-être dans les {jénitifs :
oyr «lie qui?»), ër, fde quoi?'», iw-r «de soi?) (de *sewe-r ou *sew()-r), etc.
hh A. MEILLET.
doit y être ancienne. Tous les mots commençant par z- dont l'é-
tymologie est connue sont, il est vrai, des emprunts soit à l'ira-
nien (zawr, zên, etc.), soit àrarame'en(2a«, zoî/^, etc.), et aucune
consonne indo-européenne ne donne arm. z- initial; i. e. -g^h- de-
vient -z- entre voyelles : lezoïv, mez, hazowni, dêz, maisj- à
l'initiale : jiown (;^<<yj'), jmern, jei-n, jowkn, ji, jir trdon, faveurw
(de *gjiên-, cf. gr. xdpisj arm. jri triât, gratis vj^jayn cfvoixn (cf.
skr. hvâ-), joyl «fondun et jew reforme» (cf. xéfct), yoj^avoç),
jig traction de tirer» etjgel «tirer, lancer, attirer» (got. gagei-
gan?). Le traitement z au lieu de j s'expliquerait cependant de-
vant certaines consonnes : cf. geresçes de*gereaç[i)çes tttu prendras»;
même à l'intérieur du mot, j est devenu z devant n dans ozni
ff hérisson» (cf. èyjtvos, lit. etys, v. h. a. igil)^ o\\ la voyelle o
n'a coDservé son timbre que parce qu'elle était, dès le principe,
en syllabe fermée. La forme z-, ainsi produite devant les con-
sonnes, s'est étendue à tous les cas : cf. es, is, au lieu de *ec
(eyw), *ic [êfxéys).
Le z de arm. z- ayant toutes chances de représenter i.-e.g^^/j-,
le rapprochement avec v. si. za s'impose. Comme arm. 2-, la pré-
position za peut être suivie de l'accusatif, du génitif (ablatif) ou
de l'instrumental. La locution za nje « Sià là-n est formée comme
z-i; la phrase arm. kalaw z-jeranê nora est en v. slave jetu ja za
raka. Avec le génitif, v. si. za indique le temps : za niva rtle ma-
tin», et ce pour quoi une chose est faite; cf. arm. z-mê «pour-
quoi?» (v. Miklosich, Vergl. gr., IV, p. 627 et suiv.). Sur za
suivi de l'accusatif indiquant la durée de l'action, v. Miklosich,
ib., p. /iio et suiv. Avec l'instrumental, za signifie tt derrière»;
or en arménien on trouve z-hni tr derrière», qui semble formé
avec z- comme n-kown tt abaissé, vaincu» avec ni-; cf. z-het rtsur
la trace de, derrière» {het répond à skr. padàm tt trace»); gr. (xerà
et 'ZfféSa, cumulent de même les sens de tt avec, près de» et tt après».
Les emplois de v. si. za et arm. 2- sont aussi Aoisins que peuvent
l'être ceux d'une même préposition dans deux langues connues à
date relativement basse et déjà très altérées.
Le got. ga-, qu'on rapproche d'ordinaire de lat. cum, bien
qu'on n'y trouve trace ni de la nasale finale ni de h- dont g-
serait — on ne sait pourquoi — le doublet syntactique, est à rap-
procher de V. si. za-, arm. z-. Là où ga- a un sens propre, c'est
celui de ttprès de» qui est au fond des emplois variés du slave et de
l'arménien; le plus souvent, ga- n'a d'autre usage que de rendre
perfectif un verbe imperfectif comme parfois za- en slave; de
même en arménien, le préfixe verbal z- n'a guère qu'une valeur
grammaticale, naturellement difl'érente, puisque l'arménien ne
connaît pas la distinction letto-slave, germanicjue, celtique et ita-
lique des verbes perfectifset imperfectifs.
ÉTYMOLOGIES SLAVES. 55
En liliianien occidental, ni doit cire tenu pour ia contamination
de deux mots distincts : l'un *uz= v. si. vûz[û) rrsurw de *ûhz
(resp. *wp), cf. gr. v-\i05, v. irl. uasal et v. si. vi/soku (cf. v. h.-a.
nf, got. îup, etc.), l'autre azu, qui a subsiste en lituanien oriental
et dont le sens re'pond à celui de v. si. za, arm. z-. Le lette distingue
uz = V. si. vûz[â) tf sur^ et aiz tr derrière, à cause de, au delà den ^
qui traduit exactement v. si. za. — Le lit. azu ne saurait être
séparé de \. si. za; mais l'a- initial fait difficulté, et la diphtongue
ai- du lette est plus obscure encore.
Le sanskrit et le grec ne possèdent pas de forme correspon-
dante; en latin on pourrait citer à la rigueur l'/t- inexpliquée
do haurire, cf. v. isl. ausa , de hâlâre, cf. v. sL achati, et de hauêre
en face de ancre.
A. M
EILLET.
LATIN vEnârT.
La formation de cclâre, cf. v. irl. celim, v. h.-a. hëhtn, lat. oc-
culô, a été reconnue par Rozwadowski, Idg.forsch., IV, 4i i, pour
comparable à celle des itératifs tels que v. si. metad, lette mêlai,
cf. V. si. mêla, lette metu. Le latin semble posséder un autre verbe
de ce type, très rare hors du domaine letto-slave: ««ê/mritfchasson?
est en effet à skr. vdiinie cril désire, il accepte volontiers, il
cherche à acquérir n ce que mètati est à meta; le développement
de sens rappelle skr. lubdhahas tr chasseum et russe ochôta cr chasser;
l'ë se retrouve dans got. wens, weiijan. De même que cêlâre, vcnâri
est rarement employé avec un préfixe; l'itératif destiné à sup-
pléer au sens imperfectif qui manque naturellement à occulere est
occullâre; cette nouvelle formation (inceptâre, èdictàre, compiilsâre,
etc.) fournit des dérivés en nombre illimité, tandis que celle à
voyelle longue radicale ne subsiste que là où tout lien avec le
primitif est rompu.
L'( des substantifs suspiciô, conulciiim ne peut reposer que sur
un ancien ê devenu l en sijUahe inlérieure sous l'influence d'un i
suivant, cf. suhtlUs, manille, dêllniô, consluius. La conservation de
le des adjectifs en -élis, tels qnc Jidêlis, est due en partie à Vê du
primitif, ici /Idês, en paitie aux cas oi!i l'ê subsistait phonétique-
ment, ainsi Jidêlês. Ces formes rendent probable l'existence d'an-
ciens thèmes d'itératifs ^coniiêcâ- et *snspècâ-; cf. indkàre : ind)ciiint
et sujfrâgdri : sujfi'âgium. Le thème *sHspêcâ- aurait été remplacé par
*suspëcâ-, suspicâ- d'après speciô sur le modèle de consternere : con-
sternâre; cf. dicere : indîcàre; dûcere : êdûcâre; lâbi : làbàre, où la voyelle
5() A. MEILLET.
brève du déverbatit" en -à- en face de ta longue du piimilif fait
songer à lu forme des verbes en -à- à racine sans e : calàre, hiâre,
parure, cubâre et de ceux en o [uocàre, uotâre, rogàre, etc.) ou
en ê [necâre,precnrl). — Le mot oplniô te attente, croyance ^ peut
représenter phone'liqueinent *op-uêniô; cf. operiô de *opueriô ou
*opiiariô^. La racine serait la même (jue dans uènâri, le sens celui
de gol.wens, ags. wén, v. h.-a. wàn; mais il faut alors considérer
l'î de opinor et necopïnus comme emprunté à opinio, cf. conslua
d'après consiuia; l'étroite spécialisation de sens du simple uénân
rend cette action aisément intelligible; *-uèniô en face de germ.
*wêniz rappelle -tio en face de *-]>iz, par exemple : contiô : got.
gaquuips.
Le composé ind-âgàre [cï. amb-âgés, dérivé d'un verbe disparu)
montre l'allongement de l'a de ago en â. Le verbe siif-frâgâri doit
être aussi un itératif à voyelle longue radicale; mais, comme l'a
de frangô représente i.-e. à (cf. skr. bhiksale, gr. (payeTr?), cet â
est proprement latin, de même que l'î de v. si, naricati en face de
V. si. rïci, tch. rku, où ï est également issu de a; cf. \at. Jlàg- dans
Jlagrâre et lit. blizgù, v. si. blîsnati à côté de gr. (pX/yw; gr. é'kd)(^eta
«petiteii, V. si. Jïguku (formes sanse, en ablaut avec lat. leuis, et
qu'il convient de séparer de êXa<Pp6s cr rapide i:, v. h.-a. lungar,
skr. raghi'is, racine lengji-). Les itératifs en -à- à voyelle longue
radicale ont donc constitué en latin — ou du moins en italique
commun — une classe assez importante pour provoquer des for-
mations analogiques. — Malgré son sens causalif, ji^/âcâre en face
de placère (rac. *plek- tf plier i^, attestée par plectô, im-plicâre, du-
plex, ombr. tuplak) paraît être formé comme sujfrâgân; c'est ainsi
que sêdâre et lêgàre , qui ont la forme d'itératifs, ont le sens de
causalifs; cf. ïîqul : liquâre. — Il faut citer encore pâlâri (itératif
de *pàle-, ancien *p"le-) en face de gr. •nka.vixw, TrXdvrjs et TrdXvrjs
et peut-être aussi propâgâre, dont l'a est plutôt un allongement
latin de l'a de pango que l'a ancien de la racine *pàg^-.
L'a de contâgium, contàgiô en face de l'a de tango rappelle l'a
de svffràgium en face de à defrango et suppose un itératif *con-
tâgâ-. Le sens de contàgiô est nettement itératif et distinct de celui
de contactns, qui indique le fait de toucher une fois; du reste,
les abstraits en -ium, -io sont en principe d'origine verbale. —
La valeur propre du suffixe des adjectifs en -âc-, tels que dicàx,
suspicâx, est empruntée aux itératifs d'où quelques-uns sont
tirés; on attendrait donc *tâgàx plutôt que tàgàx, qui est attesté
chez Lucilius; cet à est dij à tango, tagam.
Si l'on rapproche solàrl de solère, on obtient un exemple de
' Oportêre est peut-être un ancien *op-uortê-si, cf. v. si. vnitî'ti; on aurait
ainsi -uortère en face de uorlëre comme pendêre en face de pemlUre.
LATIN VEWRl. 57
rallongement de o. On peut songer aussi h praestôïârï (rac. *steî-
r placer» ?).
L'identité de ces formations latines et letto-slaves est parlicu-
lièrement remarquable, parce que l'itératif supplée dans It^s
mêmes langues à Fimperfectif manquant des verbes précédés de
particule; ainsi assentârl, êducàre, indicâre, conspkârl, occupnre,
*surpâre (d'où UsUrpâre par étymologie populaire), compellâre
tiennent lieu d'imperfectifs à assentire, èdûcere , indîcere , conspicere ,
occipere, surripere, coiiipellere , bien loin que ce soient des perfectifs
comme le prétend à tort Brugmann, Grundnss, II, p. 967; si
même ces formes en -à- sont toutes des aoristes indo-européens,
il ne résulte pas de là qu'elles doivent avoir en latin la valeur
perfective qu'elles auraient on sanskrit, en arménien ou en grec;
en revanche l'addition d'un préfixe n'entraîne pas la valeur per-
fective en grec, comme elle le fait en slave, eu germanique et, en
latin, au moins chez les auteurs les plus anciens.
A. Meillf.t.
LES NOMS
DES MÉTAUX ET DES COULEURS
EN BERBÈRE.
Un des points les plus obscurs de la grammaiie berbère, c'est
la catégorie de verbes connus sous le nom de verbes d'état (ou plus
exactement verbes qualificatifs) dont la conjugaison, sans particule,
diffère de celle qui est seule employée dans les autres verbes ^
Scliéma du verbe ordinaire Schéma du ver])e d'élat,
conjugué sans particule conjugué sans particule
(zouaoua). (zouaoua).
Sing. t"pers. coni r' r'
•2' pers. coin, th . . . . dh dh
3" pers. masc. /
3' pers. fém. ili th
PInr. l'^pers. com. n ,
9° pers. masc. th .... m ï
9^ pers. fëm. th .... mth l .... ilh
3' pers. masc
n
3" pers. fém ni j
Employé avec une particule, le verbe d'état suit la conjugaison
générale :
Sing. i''pers. com. ad' r'
ù' pers. com. ats dh
3' pers. masc. ad' i
3' pers. fém. ats
Plur. i"pers. com. ati
2^ pers. masc. ats m
û' pers. fém. ats 7nth
3° pers. masc. ad' n
3' pers. fém. ad' 7it
' Pour les renseignements grammaticaux qu'il serait trop long de développer
ici, ainsi que pour les dialoctes qid sont mentionnés, je me contenterai de
renvoyer à mon Manuel de langue kabyle, Paris, 1887, in-ia, et àm^s Etudes
sur les dialectes berbères, Paris, 189^, in-8°, ouvrage couronné par l'Académie
des Inscriptions.
LES NOMS DES MÉTAU.V ET DES COULEURS EN BERBERE. 59
C'est l\ celle catégorie qu'appartiennent, entre autres, les serbes
exprimant les idées de couleur. Tout d'abord, il est à remarquer
qu'en général ce qu'on donne comme e'tat simple de ces verbes
n'est en réalite' qu'une forme de'rivée. Ex. : berrilc dU^, être noir
(Zouaoua), est une sixième forme (redoublement d'une lettre radi-
cale), d'une forme simple ebrel- <iljjî, qui s'est conservée à Bougie,
et même en Zouaoua dans la première forme (factitive) seberek
iJvAAw, noircir.
D"uu autre côte' les adjectifs exprimant les couleurs se pre'-
senlent : i°avec la terminaison an; 2" la terminaison ou; 3° sans
aucune de ces terminaisons. En rapprochant du touareg la décli-
naison du participe conside'ré comme invariable dans les dialectes
kabyles du Nord, on est amené aux conclusions suivantes :
1° Les adjectifs indiquant les couleurs sont des participes (ou
adjectifs verbaux) de la forme simple des verbes d'état ou quali-
ficatifs ^ ;
9° Ils sont formés suivant la règle analogue employée pour
les adjectifs verbaux en général - :
a. Préfixation de «m, suflGxation de ou, ex. : \/ZOUR =\ ZGR,
A. Khaifoun amezgarou ^JSjjo\ , ancien^.
b. Préfixation de a, suffixation de ou V GN, Dj. Nefousa agnaou
^U5l, noir.
c. Préfixation de a, suffixation de ah \'RZG, Zouaoua : arzagnn
yt^^î, amer.
(l. Le suffixe est tombé dans ces diverses formations : Zouaoua :
amerzagou ^y^y^ , amer; fîougie : amerzag 3)V^y<>\; Bougie : nzauin
yljî)!, lourd; Syouah : ami <^1)!; Zouaoua : aneggarou ij^\ der-
nier; Bougie : aneggar j^^ , dernier.
^ Cf. Hanotoau, Essai de gi-ammnire kahyle, Atger, in-S", s. d., p. 91, note.
Ainsi s'expliquent des anomalies apparentes, comme en Zouaoua : hcrrik Jj>..-
èlre noir, aherkan yl5j_'l, noir.
^ Le classement que je donne ici ne saurait passer pour absolument complet.
Une connaissance plus approfondie des dialectes et du mécanisme {jrammnticai
fournira l'occasion de constater de nouvelles catégories, comme on peut le voir
iléjà par la note suivante.
^ Des formes comme amousni (^y»\ , savant, (Zouaoua et Mzab), dérivé de
la racine v/S^ {isin ^j,;— o et pssen ^jj^\ , savoir) semblent indiquer l'existence
d'une catégorie où \'vu fmal est reuiplacé par i avec préfixation de awi. Cf. en
Aliaggar fl»ie.<ioui ^lOD buveur, du verbe soit tO, boire. On peut de même
leconnaitre dans le mot aneggarou }^\Sj\ dernier, du verbe gerou jj5, être on
arrière v^'iiH , un exemple d'inio formation par an préfixe.
60 RENÉ BASSET.
e. La formation du participe actuel (préfixation de i, suffixation
de en) déclinable en touareg, invariable dans les dialectes kabvles
du Nord est postérieure, au moins en ce qui concerne les verbes
d'état.
/. Les formes dérivées des verbes d'état ont donné naissance à
des adjectifs verbaux, dans lesquels la préformante a ou i est
tombée fréquemment. Ex.: Zouaoua: è^rn'Awi ^^5^^, noir; mellou-
len (jjJjXo, blanc. Taroudant : ouraren (j^'j^, jaune.
I
OR (jaune).
Les mots indigènes qui désignent dans les dialectes berbères
l'or et la couleur jaune dérivent de la racine V^RR', brûler, qui
présente les développements suivants ^ :
S 1. yRR : Zénaga err ^^t a. iourra ^^y. être chaud. Chellia,
K'çour, Mzab, Zouaoua, Ouargla, Cbaouia : err ^j!, brûler, a. ier-
ra Ijc^; Taïtoq, err :0, brûler. Bougie err ^^, brûler. A. Kbal-
foun, Mzabi, i"" forme sirr P-j-(^i faire brûler, allumer; Taïtoq,
serer :00; K'çour, Ouargla, Chelh'a seir 9-j-*i^\ Bougie esrer'
i^^î; Chaouia i-vii f. serar ^j^\ Touat, i-viii f. serir ^jm*
Bougie I VII f. serrai ^^U^. Mzab tirrit c:*^^" braise. Zouaoua :
ihimerriouth cb^jJt^.^' pi. thimerriouin jjjy*;ijJ: incendie, brûlure;
Bougie et Bot'ioua du Rif thirri tjj-^ chaleur, brûlure. Zénaga
tarrath i±>Ujj et tarr'atV i>ljè^', chaleur; Bot'ioua: thiarrel u>à^[j3
chaleur; Bougie aserri ^y>M^ incendie.
Le R est tombé dans les mots suivants'-: Gourara : sar ^L»,
allumer; Zouaoua, B. Menacer et Mzab : sir ^f-*»*, allumer; Zoua-
oua, i-x forme siri (J.>^. Taïtoq : ouroud FI: , brûlure,
S 9. V R K' (p^ï* renforcement du R')^ : Zouaoua , reh' ^^, brûler
habituellement; Mzab rak' (jj; et tarek' ^jyb".
§ 3. v^'RG'' : Bougie, thirgith i-i^A^', braise, pi. thirgin {j'i^'-,
Zouaoua : thirgin (j*^', charbons; Zénaga, tirgin et tirgéin {^yi^ .
î h. \/RJ^ : Zouaoua irrij ^^i braise, pi. irrijen. ijj?.y?. 0. Rir'
terjin {j?.jj^, braises. B. Menacer, thirjin {j?.jy^ braises, charbons.
' Cf. Broussais, Recherches sur la transformations du berber. Bulletin de Cor'
respondance africaine , i88^,p. ASa.
- Cf. Etudes sur les dialectes berbères, p. '71-78.
•'' Cf. Etudes sar les dialectes berbères, p. t\']-ti8.
* Cf. Etudes sur les dialectes berbères, p. 4a-i3.
^ Cf. Etudes sur les dialectes berbères, p. h-2 et 'iG,
LES NOMS DES METAUX ET DES COULEURS EN BERBERE. 61
Celle racine se rencontre encore en touareg; Ahaggar : arer'
:0 f. tarer et +:0+, jaune. Taïtoq : arar :0 être jaune; ieraren
\\0%. pi. ierarenen /l:0^ jaune. Le nom indigène du troisième
mois de l'année, correspondant à rabi' premier, est en Ahaggar
lallilt tarer et +:0++llll+ (ie mois jaune) ^ <|ui s'est alle're' chez
les ïaïtoq en talUt errât +:0+ll+.
Celte forme existait dans d'autres dialectes, car au xi^ siècle
de noire ère, le ge'ographe El-Bekri mentionnait à Achir, près
de risser (dans le de'parlement actuel d'Alger) deux sources, dont
l'une se nommait Tala n tiragh, la source de la couleur jaune-.
On peut rattacher à la même racine le mot Targhin (Tarr'in
^yxéjb) qui désigne, suivant le même auteur^, de hautes mon-
tagnes entre Aouderf et Tamerma, sur la route du Djebel Nefousa
dans le Fezzàn. Tarr'in peut être considéré comme le pluriel de
Tarr'ah, nom d'une ville située à deux journées de marche de
Sidjilmàsa et dépeuplée lors de la construction de sa rivale^.
Il n'est pas hors de propos de rapprocher de ce mot ieraren
l'arabe tj^. qui désigne enlre autres choses, la jaunisse^, comme
ou ie voit par un passage d'Ech Cherichi, dans le commentaire
des Séances de Hariri'^. Zamakhchàri, qui cite ce mot, le rattache
à une racine ^jjt qui aurait donné aussi (^jU ou ^^^J, bracelet
d'or". Cependant El Djaouàliqi prétend que ce mot, dans le sens
de bracelet, vient du persan âjL''^.
' Hanolenu, Essai de grniiiiDaire dp la langue tatnachek'. Paris, )8(io, in-S",
p. a 3 5.
■^ ^lj~ïj ^^- Description de l' Afrique septentrionalp, éd. deSlane, Alger, iSSy,
iu-S", p. 6o.
■' Description de l'Afrique septentrionale, texte araire, p. 10.
* *£»:•. El Rokri, Description de l'Afrique septentrionale, Icxte arabe, p. 148.
^ On appelle nurrar' c!<^ on zoiiaoua, une maladie qui attaque les fèves
{Hoinoleau , Poésies popjilaires de la Kabylie du Jurjura , Paris, 1867, in-S",
p. 398, note 3). CI. ce que dit Zamakhchàri de la maladie nommée en arabe
iarek'an, et s'atlaquant aux céréales {Asâs elbelâghah, Le Caire, 1399 hég.,
a vol. iu-8°, t. Il, p. 367).
■^ Boulaq, i3oo hég. , 2 vol. in-ti", t. I, p. 4i y! iJI ^j-^aJI i SjjLo (^I^ JU
' Asàs el heldghah , t. II, p. 867 (^y-J.) yLSrilI^ yU— Jl f;V"^ -^^r" V*-^'
ij-*;L,. '-JjAj i <^>^))} **j;^ *'^^ (ii)^3 diy^'* H' 0;'i
A l'appui de son dire, il cite ce vers du poète antéislamique El 'Acha.
Iwoàj ^Kioi vJvJo JuiaJ; yl3^L> t»ia«« c:>,xl3 131
' Al Mu'arrah, éd. Sachau, Leipzig, 18(37, '"-8", p. 167. ^g-;' — * 0>;W
Ci^i-» yli^LJI x<Xc^-cl ;-^~^w*l «_''o J^jLc (^làJ (Syt'^
62 RENÉ BASSET.
Cette même racine a fourni le nom du cuivre aux dialectes
suivants : Ghat : erar :0; Kel-Oui : iarer :0^.
L'addition d'un ou, soit au commencement, soit au milieu de
la racine, a donne' naissance à un nouveau thème, dont les dérive's
ont le sens de jaune et d'or.
yOURR' : Zouaoua ourir À)^^ être jaune, iv" f. tsiourir ^.^y •
Bougie et Zouaoua : saourar i^jy*» jaunisse.
En ge'nëral, l'adjectif verbal a perdu sa terminaison. B. Menacer,
A. Khalfoun, Mzab, B. Halima^B. Iznacen, Temsaman, Toual,
Tementit, Timimoun, Haraoua, Ouargla, Bot'ioua du Rif, Zoua-
oua, Chaouia, Bot'ioua d'Arzeu, Bougie aourar ^\^^\ jaune. Syouah :
aourar ^|;^', vert ^.
Taroudant ouraren (jj^î;> jaune.
Bougie : thiourerth ^ùj^s-^yii couleur jaune.
Peut-être faut-il rattacher à cette racine un certain nombre de
noms propres : Aourir', fils de Bernes, père de Hoouar, ancêtre
des Hoouàrah-; une fraction de celte dernière tribu s'appelait
Oucrgbali [iks-^^)^. Un fleuve du Rif, sur le territoire de Nokour,
qui avait donne' son nom au pays et formait la limite des do-
maines de ridrisite Yahya, fils d'Idris ir\ avait le même nom,
porte' également par une ville ^. Un fils de Mohammed ibn Ourziz,
aïeul des B. Merin, se nommait Ourar' (^'j^)*^- De nos jours,
une tribu du de'partement d'Oran, sur le territoire de laquelle
est bâti ^Ammi-Mousa, porte le nom des B. Ouràgh (B. Ourar') '^.
' De même en grec ;^Aû)pds a ie double sons de jaunâtre et de verddhe.
Cf. Curtius, Gniii(lznge der ffriechisrhru Etymologie, Leipzig, 1879, in-8",
p. 203.
- Cf. Ibn Klialdoun. Kitâb el 'Iber, Bouiaq, laSi hég., 7 vol., in-8^ t. VI,
p. 189, Cet Aourir^ d'après les généalogistes berbères, était aussi appelé Rir'.
p
(« — J;jl *--;-> J^. c5^l ^.^ c^iil ^J^ 3>^ ■^}9 3>'^ )y^^^ i^ (/^' «iJj '>"j
s^!^ J-jLo i:^.*^ 9Ju»f j^r? i^ Sur la langue des Hoouàrah marocains, qui
est encore fortement mélangée de berbère, cf. Socin et Stumme, Der arahischc
Dialekt der Hoawara des Wad Sus in Marokko, Leipzig, 1896, grand in-8°.
^ Ibn Khaldoun, Kitdb el 'Iber, t. VI, p. 1 4o.
'' El Bekri, Description de l'Afrique septentrionale, texte arabe, p. 90. Dans
sa traduction de ce dernier ouvrage (Paris, 1859, in~8"), de Slane explique
Ouprgbah par or (p. 910, note a); cf. aussi El Bekri, p. iii-ii/i; Ibn Khal-
domi, Kitâb el Iber, t. VI, p. i85; t. VII, p. 171, 3i^; t. VI, p. 9i3. Une
tribu berbère du Maroc, les Ourighah (*ij^^) est citée dans l'ouvrage d'Ahmed
ez Ziàni. Cf. Houdas, Le Maroc de i6âi à 181a, texte arabe, p. io3.
* Ibn Khaldoun, Kitdb el'Iher, t. VII, p. 3.56.
« Ibn Khaldoun, Kitâb el 'Iber, t. VII, p, 167.
' Ci. mes Dictons satiriques attribué.i à Sidi Ahmed ben Yousof, Paris, 1890,
in- 8°, p. a 6.
LES NOMS DES METAUX ET DES COULEURS EN BERBERE. 63
Enlin une liibu zouaoua, l'aisanl partie de la confe'de'ralioii des
Ailli Menguellet, s'appelle Aïtli Itsourar.
On peut rappeler en outre que le dialecte parle' par les Toua-
reg Kel-Oui qui habitent le massif de TAïr se nomme Aouragliié
(Aourar ie') ^; et une très puissante fraction touareg des Azger e t
appele'e louraren (pluriel de Aourary-.
Cette même racine a fourni le nom de for dans presque tous
les dialectes :
Ahaggar : ourer \0' or. Djerba ourer ^^3- Taroudant, B. Me-
nacer, B. Ouriaren, KVour, B. Halima, Bol'ioua dWrzeu, Chelb'a,
Temsaman, Gbdamès, Gourara, Touat. Mzab, Ouarsenis, Cba-
ouia : owrrtr' f |;3 • Gbat, oiirav \0', . Aouelinimiden, Sergou aou-
rar \0'\ Djerid, aourar P-^j^^; Taïtoq : ouror' :0. ^.
Le renforcement du r eu /L' a donne' la racine OURK' : Zoua-
oua iourak'en (^^^y^. brillant''; forme intensive : itserrik'en (j^^.
étincelaut'^.
Tementit, Timimoun : ourak' ^i^^ or.
Dans plusieurs dialectes, le r est tombé '^. Aoudjila et Ouargla :
ottra i^^ , or. Ze'naga eiivou ^j! et otiri ^^j^ ' .
En Chelh'a, le r est tombe' dans le mot ouir ^j^, poudre d'or.
Le son ou a e'té ajouté au milieu, et non au commencement
du mot en Taïtoq : aroiier l'.Q jaunir, être jaune; i'^^ L serouer
' Cf. mes }totes de lexicographie berbère, i" série, Paris, 1880, iu-S", p. 5i.
^ Cf. krause. Proben der Spraclie von Ghat, Leipzig, i88i, iu-8', p. 71-
83.
' On a songé à faire dériver le latin aitrum du mot ourar', mais, outre que
cette dérivation n'est pas justifiée au point de vue liistorique, on est généraie-
ment d'accord pour ratlaclier le mot auritin à une racine us, comme celui d'au-
rore. Déjà Pompéius Feslus {De signifcatione verborum, abrégé par Paul Diacre,
p. 9 M., s. v" atirunij avait fait ce rapproctiement : f Quidam ad similitudinem
auroraî coloris nomen traxisse existimantîi , à côté d'autres élymologies fantas-
tiques. Les Sabins (loc. laiid.) le nommaient ausum.
* Cf. ce vers d'une clianson populaire :
L'dlnm njdid' iouraïC en
"La bannière neuve est brillanfe:^. (Hanoteau, Poésies populaires de lu Kfi-
oylie du Jiirjura , p. 367.)
^ Cf. ce vers (Hanoteau, loc. laud.) :
.lj</i erhah itserrili'on
«(jens aux éperons étinceiants».
" (if. Etudes SHC les dialectes berbèi-es , p. 'ifi.
' C'est au Zénaga qu'est emprunté le mol diolof : louivtii va, l'or.
6à
RENK lUSSET.
::00 jaunir, rendre jaune. Il est devenu un o dans le Taïtoq
daror iOD cuivre.
Quoique le Zouaoua ait conserve' l'adjectif aourar\ jaune, il a
perdu ourar ^îj^, or, et Ta remplacé par d'eheh (arabe «r^-ifti).
Cependant le mot berbère s'est conserve' dans le nom du village
à'Agoiini hourar (plateau d'or) chez les Aith Oumalou, tribu de
la confe'dération des Aithen Irat. On donne en Zouaoua le nom
de d'eheh leçafeur {^x^)i\ t^JJ!, or jaune) au sulfure d'arsenic
(orpiment) dont on se sert pour faire la pommade épilatoirc ^
En Gue'lâia, on emploie aussi le mot d'eheh (<^i) pour l'or.
Le nom berbère de la sauterelle paraît devoir appartenir à la
racine RR'. B. Menacer et Taroudant, temourri ^^yJi pi. temoiir-
rin ij^ji^i; Mzab tmourr ^^^ (collectif); Ouargla et Dj. Nefousa
tmourri <J;i^, bande de sauterelles. K'çour : tmourr in (j^^yJi
(plur.). Touat : tmourr etch ^jyf pi. tmourr atin ^^\s■^yJi.
Eu Ze'naga le r est tombé : taoumrith civ^.*jj' pi. taoumri iSy^yi.
Les autres dialectes de l'Algérie ont emprunté le mot arabe
:>|;^. En touareg, on trouve les noms suivants qui s'appliquent
à des espèces différentes. Azger : tahoiialt +11 : j + ; Aouelimmiden :
(ijoual ||:X. Pour ce dernier dialecte, Barth- donne magédar
(OriTIl) pi. imgidaren (lOn'I'Il) et ngaraian (I^OT), petite
sauterelle noire.
II
ARGENT.
Le nom de l'argent est dérivé en berbère de deux racines dif-
férentes, dont l'une est certainement empruntée à l'arabe.
La première est la racine ZRF.
Zénaga : «zrotf/'ojji;!, argent. Ghat, azrouf "KO^ . C'est celle
forme qui a passé en haoussa : azouroufa.
Zénaga : azerfi ij))i.
B. Menacer, K'çour, Haraoua, Ouarsenis : azerf û>jy]. Il est à
remarquer que le cours supérieur d'un des principaux affluents
du Chélif, appelé Oued Fodbdha (iUiiÀJ! tgii^, rivière d'argent),
traverse la partie orientale de l'Ouarsenis, il se trouve, du reste,
dans cette région des gisemenis de plomb argentifère.
Cbaouia : azerf dj^S. Suivant El Bekri^, il existait à Medjânah
(y*XxXl ioLs2), prèsde la Meskianah, dans le département actuel
' Hanoteau et Lelourneux, îm Kahylie et les coutumes kabyles, l. 1, p. 507.
- Reisen und Entdeckungen in Nord-und Central-Africa , t. V, Goflia, i858,
p. 686.
' Description de l'Afri(jue, p. ii5.
LES .^OMS DES MÉTAIX ET DES COI LELRS EN P.ElUiÈKK. (')5
de Constantine, un grand nombre de raines, dont l'une appele'e
El Ouritçi appartenait à des Loouâta et fournissait de l'argent.
Aouelimmiden azeref llOtt .
On doit rattacher à cette racine le mot azarif\À^.j^\ (jui signifie
ff aiunn en zouaoua^ Azger : uzarlf ][0#; Ouargla, zarif ^J^.j^.
Toutefois, il a le sens d'argent dans le vers suivant :
Ass agi emuiougercr' thak'chichth
Em tha/.soumth thacheba azarif.
Aujourd'hui , j'ai rencontre' une jeune fille
A la chair blanche comme de l'argent '.
Le /est tombe' en Kel Oui : azer 0# argent.
Le z sest adouci en z : Taitoq az^ref ][OX- Ghat, az'rouf
]COl.
Cette racine ZRF n'est pas sans analogie avec l'arabe ci^, et
surtout avec ci^^ qui , d'après le Chems eVOloum, signifiait argent
en himyarite et se trouvait mentionné dans une inscription du
tombeau de Dzou Dounyan*. Le changement du ^j^ arabe en ^
dans les mots berbères est un phe'nomène très fre'quent : j'en
citerai quelques exemples :
Zouaoua ezdieli ^^)U tapage = arabe ^^J^*?.
Zouaoua tlmzaUith ^^^j'^', prière = arabe &^^.
Zouaoua ouzoum r»j3^, jeûner; Aouelimmiden et Ahaggar :
azoum I]tt, jeûne = arabe r»^^.
On rencontre quelquefois ce changement dans le même dia-
lecte :
Zouaoua ezzel J;î et ezçel J^^l étendre.
Zouaoua ezzou ^'^^ et ezçouy>o^^ planter.
Il existe aussi en arabe : (jV et (j-*^, cracher. Ech Clierichi,
dans son Commentaire des Ma qmnàt de Hariri, dit que le peuple
' Hanoteaii et Leloiirneiix, La Kahylie, t. I, p. 507.
^ Hanoleau {Poésies populaires de In Kabylie, p. Sao-Sûi) traduit r-comme
de l'alun-. Celte méprise s'explique, quand on considère qu'actuellement, azarif
a perdu le sens d'argent, pour ne conserver que celui d'alun. Le Zouaoua a
emprunté le mot arabe eljet'i'n (*jaiJI);à Bougie et au Touat, fodhdlia ; chez les
Beiboros de AIadjouia,_/è^'/V/ v:>Iai; à Qhdamès J'oddn. On appelle en zouaoua
chrnadjer eljet'l'a ( *ILlJ! v^U.i) le cblorliydrale d'ammoniaque dont on se
sort comme remède. (Hanoteau et Lclourneux, La Kahylie, 1. 1, p. .^07.)
^ Cf. yU»*s, plond), cuivre.
' Cf. D. H. Millier, Sùd-arahiscbe Studien, Vienne, 1H77, in-^"» P- ^1- ,
66 UEIVÉ BASSET.
prononçait ■y-j.-K.il la pâte de dattes et de beurre qu'on appelle
Mais le rapport entre le sémitique (himyarite et arabe) o^o-
et le berbère ZRF une fois admis, y a-t-il lieu de supposer un
emprunt ou une communauté' d'origine? Contre la première opi-
nion, on peut faire valoir que dans l'arabe parlé dans l'ouest,
on ne rencontre pas le mot o^ ou (J>ji^, employé dans le sens
d'argent, et il est difficile de supposer que les tribus berbères
qui ont conservé azrouf (et azerf) l'aient emprunté à la langue
écrite. Il faut en outre observer que l'emprunt n'explique pas la
vocalisation azroiif et azerf.
§ 2. Chez les Berbères du Maroc, au contraire, l'origine arabe
du mot qui désigne l'argent n'est pas douteuse. A Tementit et
dans le Gourara, nous trouvons nonk'ort cy^-ï^-j; en Guélâia :
amouk' ord :>^'iy>\ , annouk'arth ^y'iy'A et nouk^ar^y:, chez lesB. Ou-
riar'en annouknrd :>^sy\ \ à Taroudant nnouklcord ^yi>y^\ en Chelh'a
nok^k'ort c:j>«->; chez les Bot'ioua d'Arzeu (dont le dialecte se rat-
tache à ceux du Rif) et en Temsaman anoidi'orth ci>j»jjl.
Dans la liste de mots, assez mal orthographiés que Mouette a
mise à la suite de son livre, il traduit argent par mecora [=^a))ioii-
k'ord ^jiyo\ des Cuélàia^).
L'exploitation des mines d'argent au Maroc est signalée au
moyen âge pai' les auteurs arabes. Abd ol Ouabid el Marrâkochi"
cite, à trois étapes de Mekinès, à l'endroit' appelé la forteresse
de Ouarkannâs, une mine d'argent et une autre à Zodjondar,
dans le Sous. El Bakoui mentionne la ville de Rakandour, dans
le pays des Berbères, à six journées de Maroc où l'exploitation
d'une mine d'argent était permise à qui voulait l'entreprendre^.
Ce mot anouk'orth esl évidemment emprunté à l'arabe «yij qui
' T. I, p. 29 f\Çli 7->^ LU/oU iu<w.jj ti^Ji ^JJ, ^ Âii^s^. Par le mot
U.:;/»Lc, Ecli Chericlii , qui était Espagnol, désignait probablement les Arabes de
rOuest. C'est peut-être par l'analogie qu'on doit expliquer le changement du j«.
en 3 dans le mot Ut^ju» devenu ijl^cjj , dans le dialecte arabe de la Tunisie et
de la Tripolitaine, plutôt que par une action lénitive du ci final (Stumme, Tri-
politanisch-Tunisische Beduinenlieder, Leipzig, 189^, in-8°, p. 2, note li) ou
par une action de contact du - (Glermonl-Ganneau, dans la Revue critiquo , 189^,
n°5t, p. /i65-466). ^
^ Il est bien entendu que je considère dans cjj-o le mot himyarite, et non
l'arabe cJ>,jo qui sert à désigner dans le Maghreb la monnaie, mais jamais le
métal.
* Histoire des cotKjuestes de Mouleij Arcliy, Paris, i683, in-19.
*" History ofthe Almohades , éd. Dozy, Leiden, 1847, in-8°, p. aG'i.
•■' l\'otices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque du Roi, Paris, t. il,
lySg^in-i", p. ItSg.
LES NOMS DES METAUX ET DES COULEUnS EN BERBERE. 67
dosi|jne quelquefois, mais rarement, un lingot d'or et presque
touiours un linoot d'argent ou le métal lui-même ^
III
FER.
La racine ZL a fourni le nom du fer dans tous les dialectes.
Dj. Nefousa : zel J;, zil Jj^ fer. B. Menacer, K'çour, Gourara,
Ouargla, Ouarsenis, Chclli'a : ouzzaï Jj^. Sergou, Aoueiimniiden :
ouzzel ll#.
Ait Khalfoun, Djerid, Bougie'-, Zouaoua, Chaouia, Mzab,
Touat, Haraoua : oiizzal J'3j.
Chelh'a : azzal Jî)! ^.
Ghdamès : ouazal Jî^'j.
Dans les dialectes touaregs*, ce mot affecte la forme du fémi-
nin : Gliat et Ah^ggiw : taznuli •!!# + ; Azger iazholi •lli# + ^.
Kel Oui : tazali •!!#+ fer.
Le z s'e?t adouci en e' en Taïtoq : taz'oli •llX+ fer.
En vertu de règles phonétiques connues'', le / est devenu un r
dans les dialectes du Rif :
Temsaman "^5 B. Ouriaren, Guélàia et Bot'ioua : ouzzer ^'^^.
En Zénaga, il est devenu dj^ : izzedj ^j^..
En Bot'ioua du Vieil Arzeu^, il s'est transformé en j : ouzzaj
hi fer.
' Cf. ce qu'en dit Ecli Gherichi *_ji_i_Jij t^iJI ^^ i>Sy,^\\ iLsiaJL'l sJUJI
(^■jj^ L^J-jtiUvIj *<àjU! (W» J^jlxavwï Le! »_Llî!^ (^!s>>J! 14>L« *->Iaj y! Jo.5
LjyjLo L« i^Ji2 i_,<jâiJl j (Commenlaire dos Séances de Hariri, L I, p. 56).
- Au temps d"Ei Edrisi, on exploitait encore aux environs de Bougie des
mines de fer qui donnaient à bas prix de très bon minerai (Description de
l'Afrique et de l'I^^spai^ne, éd. Dozy et de Goeje, Leiden, i866, in-S", p. 91
du texte).
■* Abd et Ouùliid el Marrâlcochi mentionne entre Salé et Maroc, à une jour-
née ou deux de l'Atlantique, mais à l'écart de la route suivie, une mine de ter
à l'endroit appelé Isentar [History of the Almohades, éd. Dozy, Leiden, 18^17,
in-8", p. a64).
* Sur les gisements de fer en pays touareg, cf. Duveyrier, Les Touaregs du
Nord, Paris. i864, in-S", p. i/ia.
* Sur cette addition du ha ( j ), cf. Eludes sur les dialectes berbères , p. G8.
" Cf. Eludes sur les dialectes herbèrps, p. 2^.
' Abd el Ouàliid el Mairàkorlii cite la mine do fer qui existait chez les Teni-
saman , dans le Rif, entre Orau et Coûta [Hisiorij oftiie Almohades, p.. î?6i).
* Cf. Etudes sur les dialectes berbères, p. au.
' El Bekri signale une mine de mercure et une do fer, dans la colline près
du N'ieil Arzeu où s'élevait un cbàteau formant un ribal' (Description de l'Afrique,
p. 70).
5.
68 RKNÉ BASSET.
Ce mot était entré dans la composition de divers noms propres.
Ainsi, entre TO. Draà et le de'sert, El Bekri place la montagne
d'Oiidrar en Oiizzal, qui, dit-il, signifie en berbère la montagne
de fer^.
Les noms d'objets en fer sont emprunte's à cette racine. Ainsi,
au Mzab et à Ouargla louzzal Ji;^ anneaux, surtout anneaux de
jambe; en Zouaoua, ouzal J)^ pi. ouzlan ^J^)^ éperon, et aiozll
Jy;^5 qui désigne un peigne de fer dont on se sert dans le tissage
des étoffes de laine-; à'Taroudant, touzïan y^)y->, ciseaux.
C'est encore à cette racine qu'il faut rattacber le nom du sul-
fure d'antimoine dont on fabrique le kolieuJ :
Béni Menacer : thazoult oJ^jj.
Azger : tazolt + Il # + 3.
Le zouaoua le désigne par i*K_>*X_a»- liadidah, emprunté à
l'arabe JoO^aw. Il est à remarquer que le mot toutia U>jj' anti-
moine (en arabe d'Algérie : couperose) est employé cbez les Taï-
toqs [taotilia •:$+: + ) pour désigner le fer de mauvaise qualité.
En Taïtoq, le fer-blanc est appelé Wechmoun DO... II.
Le dialecte de Taroudant a seul conservé, pour désigner le
forgeron, un mot dérivé de la racine ZL amzil J^l. En Taïtoq :
inulh 31, pi. inadhan 131. Les dialectes du Nord se servent du
mot arabe Jiaddad ^i*X=». .
II est peu probable qu'on doive rapprocher ouzzal du phénicien
bî~i3. Quant au cf vieux mot phénicien ouzzaln signalé par M. Mas-
queray'S il ne s'est jamais, à ma connaissance, rencontré dans
aucun texte phénicien ou punique.
IV
CUIVRE.
Le cuivre n'a pas de nom spécial en berbère^. On le désigne :
1° Par un dérivé de la racine RR' : Ghat erar 0\. Kel Oui,
' ^.Ov:^ J-^-T»- ^yy*^ J'^>— ' ^'i'^' *:!rîT^-"-T cs<^*^ J^-^4^ J' '-6-^ (Description
de l'Afrique septentrionale, p. ) 63-1 64).
- Haiioteau et Letournenx, La Knhylie,t. I, p. hSo.
^ Cf. Duveyrier, Le.i Touaregs du Nord , p. lîa.
'' Comparaison d'un vocabulaire du dialecte des Zenaga avec les vocahulaires
correspondants des dialectes des Chawia et des B. Mznh (Archives des Missions
scientiji(]ues , 3' série, t. V, 1879, p. 5 11).
^ Abd o\ Oiiâhid el Marràkoclii rapporte qu'il existait dans le Sous deux
mines de cuivre (Jlislorij of the Almohades, p. 26^). El Edrisi (Description de
l'Afrique el de l'Espagne, p. ■j'i) ajoute qu'elles étaient à Daï, à quatre jour-
nées d'Aghniat, vers le N. E., au pied d'une montagne qui fait partie de la
chaîne de Daran. «Le cuivre est très pur, de qualité supérieure et de couleur
I.KS NOMS DES MÉTAIX ET DES COULEURS r.\ liERRlRE. 09
iarer :0^. Touat : ourar f|;^. Aliaggar et Aouelimmiden : darouv
:On. Azger et Taïtoq : davor «Ori;
1" Par lin emprunt au mol arabe j-t^:
Svouah, K'çour, nalias j-L^. Bougie et Zouaoua nelias {j^^ .
Zénaga nh'as (j-i^. Le ^ est tombé clans d'autres dialectes :
Taroudant et Chelh'a onas ,j*.Ui .
Ghdamès ounas ,j«b^.
Gourara amcnnas ,j«U— «î. En Aouelimmiden lematmas OD+
de'signe une tasse en cuivre. L's est devenu ch à Aoudjila : amcli
fj^'^. L'ace'tate de cmsvQ ^ azendjar ^\^)\ (de l'arabe zendjar J^'j),
vert de gris) et le sull'ate de cuivre {toutin ^y) sont em[)loyés
cbez les Zouaouas dans la composition dun remède contre Toph-
talmie^
V
ÉTAIN.
Le nom de Te'tain est emprunte' à Tarabe dans les dialectes oii
on le rencontre :
Svouah, Bougie, Zouaoua : W ezdir yipy»^ . Une des portes de
Mekinès porte le nom de Bàb el Qazdir (porte de Tétain), d'après
Ez Ziàni '^.
VI
PLOMB.
Le nom berbère du plomb est dérivé de la racine LUN. Zoua-
oua, Touat, K'çour, Ait Khalfoun, Haraoua, Ouarsenis, Zénaga :
Aldoxtn ^J^ù>^^ . Chaouia, Djerid : boiddoun (j^^^y-
Par assimilation du d au / on a en Azger alloun /IL Un des
torrents descendant du plateau de Tasili porte le nom de Ouadi
Alloun-^. C'est un des mots employés en Aouelimmiden pour
désigner le plomb : ahelloiim • Il • .
blanchâtre; il s';iliie faciieiiient à d'autres métaux, et on Teniploie dans la fabri-
cation des monnaies d'argent. Lorsqu'on le bat, sa qualité s'améliore, et il n'est
pas sujet à se fendr.» comme les autres cuivres. Plusieurs personnes su])posent
que les mines de cuivre dont il s'agit ne dépendent pas du Sous. n Sous le
règne de l'Almoliade El Maiisour, il y avait à Fas, dit l'auteur du lloudh el Qarias
(trad. Beanmier, I*aris, 1880, in-S", p. .58), douze établissements où l'on Ira-
vaillail le cuivre.
' Hanoleau el Letoiuiieux, Lu KuIujUp, t. I, p. 36o.
- Hondas, Le Maroc de i63i a 18 m, Paris, 1886, in-8", p. 60 du texte, (le
nom n'est pas dotmé par Mohammed ibn el Glià/.i ErOthmàni, dans sa Monih-
(ptiphie (le Meqninez, irad. Houdas, Paris, i885, in-8", p. 33.
' Duveyrier, Les Toiiavpfrs du î^ord, p. l'ia. Le nom araijc du plomb enlie
70
RENE BASSRT.
La plupart des autres dialectes ont emprunte' le mot arabe :
Bougie, Chelli'a,Ghdamès, Syouali : reçaç ^Usj. Chelli'a, terçaçt
A côté de ces noms, on trouve dans le dialecte de Syouah
igeri ^^JC», en Chelh'a ikîri (_^j_*-Cj, dans celui des Bot'ioua du
Vieil Arzeu : ikhfif ^.X>Sj^ et en Aouelimmiden : tesaouaten l+:0+.
Les chevrotines de plomb sont appelées en zouaoua et dans le
dialecte de TO. Sahel Boufaleb t-AjIîs^, du nom d'une montagne
au sud de Sétif qui renferme des mines de plomb autrefois ex-
ploitées par les indigènes ^
Au Mzab on emploie nzizao ^'\jj'^\ ^ bleu (voir plus loin)^.
VII
BLÂNG.
La racine MLL existe dans tous les dialectes berbères pour
exprimer l'idée de blanc;
Bougie, Ail Khalfoun et Zouaoua : melhul Jj-^, être blanc,
pi. melloulith <^^^^; i" 1". semeUel jA-«w, blanchir; i-viii" f. si-
mellonl JjA.^^*; Chelira meloid J^^, devenir blanc.
Un chef des Touaregs Mochcharen , qui lit aux Melli (Malinkhés)
une guerre acharnée et en 887 hég. (i433-i/i3i) leur enleva
Tonbouktou, se nommait Akil ag MellouP.
Le son ou est remplacé par le son i. B. Menacer mlil J^y^,
êtie blanc; Chelh'a melil S{Xo. Il n'existe pas à la première forme :
B. Menacer : semlaJ j!U-.ç>*<, blanchir. On trouve cependant au
Dj. Nefousa semlil J-aA^w.
Lé nom de Semlil était porté par un des ancêtres des Teikala,
tribu sanhadja'*.
Dj. Nefousa mdiel JX«; Tementit mrihd j!^, devenir blanc.
Dans les dialectes suivants, Vi et Vou sont remplacés par un e.
Taitoq : cnilel II III] blanchir, être blanc; i" f. simelel \\\\3Q
blanchir, rendre blanc. Mzab, 1" f. smell J«w, blanchir; Djerid,
amell J^î ? devenir blanc.
fréquemment dans la nomenclature géographique du ÏMaghreb : ainsi le Djebel
Ressas (^LojJi J^^) près de Tunis ; l'Oued er Ressas (^j^Lo^Jl <5>>!j) qui tra-
verse le massif de TOuarsenis.
' Cf. Hanoleau, Poésies populaires lahyles, p. 365, note 2.
- Mas(jueray, Comparaison d'un vocabulaire du dialecte des Zenaga, p. 5 9^1.
'' Cf. mon Essai sur le royaume et la langue de Tonbouktou, Louvain, 1888,
iu-8°, p. 26.
* Ibn Klialdoun , Kildb el'lber, t. VI, p. i53.
LES NOMS DES MÉTALX ET DES COULEURS E\ BERBERE. 71
Noms verbaux : Ahaggar et Taïtoq, limelJi •IG+, blancheur;
Zouaoua, themlel jX^r. Bougie, tliimkllh c^Ujf. Dj. Nel'ousa,
tesmelclli JcUw.ï, action de blanchir. Mzab, asmelli (J-«^««i, ici.
La vocalisation intérieure de l'adjectif verbal varie entre a, i
et e.
Taroudant : oumellil ^^^^ et oumlil J^y^5, blanc, fém. toumel-
lilt o»AaX*^'.
Un chef berbère, originaire de la tribu des Berghouata, se
nommait Hamuiàd (ou Hammou) ben Melil; il prit Sfax en ioSq
(/i5i he'g.) et en 1108 se retira à Gabès^. Un hameau des Aith
Chel)la, tribu de la confe'déralion des Aïlh Sedka en Kabylie, est
appelé Tlwumelilt (terre blanche).
Bien que la vocalisation ou paraisse avoir disparu aujour-
dhui, elle existait très fréquemment autrefois comme le montre
un certain nondjre de noms de lieu. Ainsi, au Maroc, Aman
imeUouUn ^J^|^^; u'-*^ ? les Eaux-blanches, théâtre d'uue expédi-
lion du Khalife almohade El Mortadlia en 6^9 hég. (isôi-
1252) contre les Benou ?>Ierin -. El Bekri cite, ('gaiement au
Maroc, un endroit appelé Fahs Iinelellou (_j-^ O^^) "'^ plaine
blanchei5^, sur la route d'Aghmat à Fas. De même El Edrisi fait
mention d'un Dar MeUoul^, f^la maison blancheT^, à l'est de
Tobna, entre celte ville et Mgaous, dans le déparlement actuel
de Conslantine.
Le mot (imelloitl J^-^î, pi. imellalm (^^, s'est d'ailleurs con-
servé à Ouargla pour désigner une sorte de melon blanchâtre,
et à Tementit. pour une pastèque.
La forme la plus répandue est aineUnl J^S, blanc; on la
trouve dans les dialectes suivants : Chaouia, Djerid, B. Haliina,
Gourara, Ouargla, Kibdana, Haraoua, Ouarsenis, Dj. Nefou.-a,
Mzab, K'çour, B. Iznacen, B. Menacer, A, khalfoun , Zouaoua,
Svouah, Bougie, Djerba, Chelh'a. — A Syouah ; amiJlal J^î;
Ghat et Kel Ouï ont imellal jJIID; Gbdamès mallel J^.
Cet adjectif entre dans la formation de plusieurs noms. En
Zouaoua : ahakoiir amelhd JSA.«! ^^j^M (fioU© précoce blanche)
sorte de figue; thameUalt oJli^-f (la blanche), id.; asrav mneUal
S^\ ^Ua».! (bois blanc) peuplier blanc; thaferrant thameUaU ci
"Ammàli (il^iî oJ^^i" 00 j^", raisin blanc d'el'Ammâli; azberhoiir
ameUal j!5L^I^^_jy, vigne vierge blanche; aberk'ouk' amellal
S^A)\ (^jjjyjl (prune blanche), sorte de prune; fir amelhd j-^
JSA^i (oiseau blanc), gHvda-hcpuï {bubulcus ibis).
' Ibn Klialdoun, Kildb et 'Iber, I. VI, p. 109.
2 Ibn KliHldoun, Kitdh el 'Iber, t. VII, p. 176.
' Description de l'Afrique, p. i i/i.
* Description de l'Afrique et dr l'Eapacne, p. Ç)3 du texte.
72
RENE BASSET.
C'est sans doute à cette racine qu'appartient le mot amelal
JU>«Î, en Zouaoua, chrysanthème. Il faut cependant observer
que cette fleur est aussi appele'e Chemlal Jl^Wî-i, d'où vient le
nom d'un village des 'Abid près de Tizi Ouzou.
Par analogie avec l'arabe (cf. À_Aiî_x_j, œuf, de la racine
^ (^ Lj, être blanc), le fe'minin de ce mot a servi à de'signer
rœuf'2."
Béni Menacer, Haraoua, Ouarsenis, Zouaoua, Bougie^ thaniel-
lalt oJ:^', œuf, pi. ihimellalm (^^<r; Beràber du S. E. du Ma-
roc'', Chaouia et Djerid, tamellalt (^"^^ pi. timellalm ^15^*;
Harakta, amellalt oJSUÎ avec la chute du th initiaP.
On retrouve ce mot dans la composition d'un grand nombre
de noms propres : en Kabylie : Ait Mêlai village des Imezdourai-,
fraction de la tribu des Ait Yahya; Ad'r'ar amellal (J5i«î t^^^ i
pierre blanche), village des louadhien, tribu de la confédération
des Ait Sedka; Thizi-Mellal ( J5U ^^^' col de la terre blanche)
hameau des Ait Chebla, tribu de la même confédération; Thala
Melhd (J^-< ^■^■, source de la terre blanche) hameau du village
d'Ir'il embil, tribu des Ait Mendes, de la confédération des
Igouchdal; Thizi en temellalt village des Aïth Zerara, confédéra-
tion des Iflissen el Bali'ar. Un village près de Tétouan porte aussi
le nom de Bou Semlal (j!5Ww^). A une étape de Ouargla, sur
la route du Mzab, on trouve Mellala , forme arabisée de thamellalt.
Quand le Mahdi Ibn Toumert, fondateur de l'empire des Almo-
hades, dut quitter Bougie en 5 12 (1118-1119), il se réfugia à
Melalla(ii)5A.«), chez les B. Ouriagol, tribu Sanhadja de la vallée
de Bougie*^. Un des bourgs du pays de Massât, dans le Soua, se
nomme encore Iinellalen yJ^ ^.
C'est encore à cette racine que se rattache le nom d'une frac-
tion du Hasan ben Ali, tribu de la subdivision de Médéah, éta-
blie entre cette dernière ville et Boghar^. Une légende populaire
' Cf. Hanoteau, Poésies populaires kahyles, p. /|/io, noie 9; sur l'addition du
fh à une racine, cf. Etudes sur les dialectes berhèi-es, p. 65. Cliemlal est aussi
employé comme nom d'iiomme.
2 Le nom berbère s'est conservé en Taitoq : tasedalt, +|inO+ œuf, pi.
tisedalin, ||inO+; Aouelimmiden : tesadalt , +|inO+, pi- tesednleu,
llinO+. Cf. au Touat tanzelt, c^Uj, œuf.
^ A Bougie, ce mot a aussi le sens de testicule.
* Quedenfeldt, Eintheilung und Verbreilung der Berberhevôlherung in Ma-
rokko, t. VU, Berlin, 1889 , in-8", p. 189.
^ Cf. Etudes sur les dialectes berbères, p. il .
" Ibn Khaldoun, Kildh el 'Hier, t. VI, p. 173, 227.
' Cf. ma traduction de la Relation de Sidi Brahiin, Paris, i883, in-8°,
p. 39.
8 FI. Pharaon, Notes sur les tribus de la subdivision de Médéah, les Hassan
lien Ali, Revue africaine, t. II, i8.')7-iS.58 , p. ''47-/18. Les Oulàd Métal étaient
frères des Oulàd Mendil , qui donnèrent des rois l)erbères à Alger.
LES NOMS DES METAUX ET DES COLLEURS E\ BERBERE. 73
s'est formée pour expliquer ce nom par une étymologie populaire
arabe. «On raconte qu'Ibu Zekour, chef des Oulad Amer du
Titeri (depuis nommés Ouiàd Melàl), s'e'tant fâche' avec son frère,
rassembla ses lentes et se mit en roule pour le territoire des
Hasan ben Ali où il devait s'e'tablir. Comme il passait devant la
tente de son frère, celui-ci lui dit pour le retenir : 0 Ben Zekour,
maudis Satan! — Non, re'pondit-il, je suis dégoûté (oyyU jl^,
mot à mot : je suis saturé) de vivre avec toi. Le frère aine cria
alors : Allez vous-en, enfants du dégoûté (J^ ^^3)'^) et 1<? nom
leur resta .-n
Cest d'une tribu des B. Amollal qu'était originaire un des
cheikhs vénérés par les Abadhites du Dj. Nefousa, Abou Moliam-
med l)en El Mata en Nefousi el Ainellali^, ainsi quAbou Hassan
khiàr el Fortàsi des B. Mellal (J5i« ^ ^) -; on peut y joindre
Oudjedlich Abou Yousof ei Amellali^, el Abou Isma'il el Basir
ihn Mellal el Mazali.
L'endroit le plus célèbre qui tira son nom de la racine M L L
est Tin-melel (JX^^aj, le puits blanc), appelé aussi Tanmalelt,
situé dans l'Atlas, sur le territoire de la tribu de ce nom'' au
sommet d'une montagne. Le sentier qui y donnait accès était si
ardu que quatre hommes pouvaient suffire à le défendre, 11 de-
vint le quartier général du Mahdi Ibu Toumert, le fondateur de
l'empire almohade,qui s'y établit après avoir massacré les habi-
tants^. Après la prise d'Oran ^, il fit transporter à Tinmelel les
trésors enleve's dans cette ville. Après sa mort, à Djebel el Ka-
ouàkib, son corps fut porté à Tinmelel et son tombeau devint un
lieu de pèlerinage". La prospérité de cette ville disparut avec la
dynastie almohade. Lors de l'apparition des Mérinides, le sultan
almohade Abou Debboiis ayant été tué sur les bords de lAgh-
fou (GG6 hég.), ses partisans se retirèrent à Tinmelel, où ila pro-
clamèrent Ishaq, frère d'El Mortedha^ et lui prêtèrent serment
en (ÎG9 hég. (1 a'yo-i 271). En 676 (octobre 1276), Mohammed
ben Ali, gouverneur mérinide de Maroc, s'empara de cette l'orti;-
resse, lit prisonnier le fantôme de Khalife qui eut la tète Iran-
' Ech Ctiemàlclii, Kitàb es-Siar, ie Qaire, s. d. , iu-8°, p. 3oo.
- Ecli Chemàlclii, Kitàb es-Siar, p. 543.
^ Ecli Cliemùlclù , Kitàb es-Siar, p. 6o3. Sa biograpliie existe aussi ttans lo
Kildb Tnhnfiàl el Mecliaihli il'Al)ou'l 'Abbàs Aiinied ed-Dei'djini. Cf. A. de (lalas-
saiiti-Molyliiislci, Les livres de In secte abadliite, yMger, i885, iu-H", p. 3-?.
'' Les Tinm.-lci d'tijii Klialdoiin, Kitàb el 'Iber, t. VU, p 267.
^ Et Edrisi, Description Je l' Aj'riqne et de l'Espagne, p. 56.
* Cf. mes Fastes chromÀogiques de la ville d'Oran, Paris et Oran, 189-?,
in-8", p. i5.
' El Edrisi, Description de l'Afrique et de l'Espagne, p. (îh.
" Iltn Klialdi)iiii , Kitàb el 'Iber, I. VU, p. 1 83. 11 faut corriger dans le texte
JL^-O en JJ^ï.
7A RENÉ BASSET.
chée. On ouvrit les tombeaux des souverains almohades et on
décapita les cadavres de Yousof et de Yaqoub el Mansour^
En Taïtoq et en Ahaggar, c'est la forme participiale qui sert
d'adjectif verbal : Ahaggar, imellen Mil], blanc, f. timellet +IID+;
Taïtoq, imellen IIIU et amellan, fe'm. mellat +111], pi. mellalenin
/iiiin.
Le nom de la tourterelle paraît devoir se rattacher aussi à la
même racine. Zouaoua, thamiUa ^', pi. thimiUiouin ^jjyjXï; Ouar-
senis et Haraoua, thmalla ^ff, pi. ihimillionin ^^^j^^-'; Ouargla,
tinaUa ^, pi. ùmallouin i^.^\ K'çour, tmallat i^':iKi, pi. timel-
lioim {jyfM; Gourara, timalla ^, pi. ùmallouin (^^J^; Syouah,
tamelli Juf . Le Zënaga a renforcé la lettre a du pre'iîxe : tdmeUitli
c>xX*j. colombe"^.
On trouve en Taïtoq les mots ilelli •INI, homme de race
blanche, homme libre, pi. ilellan /Mil, f. tilellit +IIII + , pi. iilel-
latin 1 + Il II + 3. Ils appartiennent, non à la racine iMLL, mais à
la racine LL qui a donné en Zouaoua lai J^, naitre \ Taïtoq :
ilellou :||||, liberté, condition libre; siellel Ilii^^O, mettre en li-
berté; alloul INI, être libre.
Le L de la racine est devenu D en Guélâia : ameddad :>l0v/»i,
blanc.
Le L non redoublé est devenu D.I en Zénaga : mollidj ^X^,
êlre blanc; iv* f. tmellidj ^Xi • On trouve aussi la forme Imelli
Chez les Bot'ioua d'Arzeu, les deux L sont devenus J, par Tin-
lermëdiaire de D, D', DJ^ : amejjid «Xv;^!, blanc.
Les Temsaman et les Bot'ioua expriment le mot blanc par
achemrar j\jjfi'\. Si Ton considère qu'en rifain**, le changement
d'L en R est constant, on sera naturellement tenté de ramener
achemrar à aine racine y MRR = \ MLL, avec l'addition d'un ch.
Cette addition a déjà été constatée en Zouaoua pour le mot
achemlal J^^U^'^ , synonyme de amelal JU«I, chrysanthème.
' Ibn Klialdoun, Kildb el 'Iber, t. VII, p. 19^. Le texte porte encore par
erreur Jl*sP 3u li^'i de J-l^^'.
- Cf. Etudes sur les dialectes berbères, p. 55-56.
^ Masquerav, Dictionnaire français-touareg , dialecte des Tattoqs, fasc. 1, Paris,
i893,iii-8°, p. 37-38.
* Cf. en latin la formation du mot ingenmis.
'- C'est sans doute ce dj qu'on rencontre au pluriel en Guélâia et en Temsa-
man : ihimdjarin, ^^_^^~^i œufs, provenant d'une racine y/M DJ R = y/M D R.
Cf. en Bot'ioua thimdirin, ^^.^jOof œuf.
'^ Cf. Études sur les dialectes berbères, p. a'i-ao.
LES NOMS DES METAUX ET DES COULEURS EN BERBERE. 75
VIII
On a vu plus haut (ch. I) que le jaune est de'signé en berbère
par un de'rive' de la racine RR'.
Dans le dialecte d'Aoudjiia, on trouve kamzar -^y*^ jaunir,
être jaune, qui ne se raltacbe à aucune racine connue.
En Cbclli a et à Syouali, le mol indigène s'est perdu et a e'té
remplacé par l'arabe ai^Jar •À^\ . Le ^j=> est devenu ^ à Djer-
bali : Uesfer jXuAi,. (L7 est le J de l'article arabe) : ainsi dans
un vers d'une chanson populaire :
Chem el kheddim dilesfer.
Toi , ta joue est jaune '.
IX
ROUGE.
La racine des mots exprimant l'ide'e de rouge se présente à
nous sous deux formes principales : Z OU R' et Z OU R : c'est
un des rares cas où le R' s'échange avec le R ^.
La racine Z OU R' se trouve dans les mots suivants : Bougie,
ezouer >j|)^, être rouge; Bougie et Zouaoua, sezouer /^V*»*,
rendre rouge, rougir; Zouaoua, i-viu^ f. sezouir Aj.jj-*»', rendre
tris rouge; iv-viii'" 1". isizouir ^.^, être habituellement rouge;
Bougie, iv-vni*' f. tsezouir' ^yy; Aoudjilah, ezouar' ^l^^' 5 ^^j. verb.
rouge; Zouaoua, thezouer f^', n. d'act., rougeur; Bougie, tha-
zouerlk e^i^^y'".
C'est à cette racine que l'on doit sans doute rattacher le nom
de la grande tribu berbère des Zouagha (cf. ^^^'), cf. chez les
Arabes le nom des Benou '1 Abniar^^i^!^^), correspondant aux
Zauèkcs (Zay'jjxe?) des anciens^; de même celui d'Imezouer'
(^^j.^, le terrain rouge), hameau du village de Thaourirt n Aïth
Ali , des Imezdourar, fraction des Aïth Itsourar', confédération
des Aïth Menguellat.
En Zénaga, ïoii redoublé s'est contracté en />*, le r final est
' A. fie Calassanli-Molyiinski, Chnmon berbère de Djerba, Bulletin de Corres-
pondance africaine , t. m, i885, fasc. v-vi.
^ Cf. Etudes sur les dialectes berbères, p. ^5.
^ Hécalée l'r. 207 (éd. Mullor); Hérodote, 1. IV, ch. 198.
* (1(. hludçs sur les dialectes berbères, p. 5; Broiissais, Recherches sïir les
transformations du berbère. Bulletin de Correspondance africaine, 188 It, p. iaS-
Itali.
76 RKNÉ BASSET.
tombé' et le z initiai est devenu j- : johba LjJ rouge, pi. joblum
(jwj; (ém. jobbatk ebljj, \\. jobbanaih i±>ijLij.
On s'attendrait à retrouver cette contraction de deux ou en b
en Zouaoua oià eiie est re'gulière; par exception, eile a lieu en
g^ : Zouaoua zouggouar ^Ij^), être rouge. Taroudanl : azoug-
garen ^j-cLS^^, rouge. Touat, Bougie : azeggar ^l-^K pi. iteg-
gar'en ^^ISj ^ B. Iznacen, Djerid, Zouaoua, Mzab, A. Kliaifoun,
Djerba, Bot'ioua du Vieil Arzeu, azouggar ^^^'^ rouge, ron-
geât re; Djerba, ('~oiigger\ ^'^\-, Dj. Nefousa, azeggouar f|j^^
Zouaoua, azouggouai il^S^y, pi. izoïiggouaren ^jJ-^^^S^-y^, .
En Zouaoua akelkoul azouggar' 9^^')^ J^X-oî linotte; thizoug-
garin ^j-A-it-Sj^-j (les rouges) est une espèce de raisin^; Bou-
Zouggar ^15^)^, sorte de parasite qui attaque la vigne '^; ubou-
^ouggar, ^Oy^^\ espèce de figue''. 11 en est de même de plusieurs
noms propres : Tagemmoumt Zouggaren (^^ISjjj ovjtfj^i" , le petit ma-
melon rouge), hameau du village de Tir"zert, tribu des Iferdiouen,
conféde'ration des Aïth Aïssi; houggaren (^^^15^, les rouges),
village des Aïth el Aziz; Iril Izouggaren (^15^ vj J^, la crête
rouge), hameau du village des Cheurla, tribu et coul'e'déralion
des Ma'atka.
C'est d'une formation analogue à celle de bou-zouggar que
sont de'rivés les féminins : thabouzeggar^th <i«il5^_j^" à Bougie, et
ihabouzzoHggouar th <^:^^^^'^y^ en Zouaoua, désignant la rougeole.
En Ahaggar, le z est devenu ch^ et le g s'est adouci en g' :
acheg'g"ariy^Zi rouge, pi. kheg'g'aren l:XO.
Chez les Azgers, on trouve une forme Ahaggar i'!':, par per-
mutation du z et du h dans le nom d'une des tribus vassales :
les Oui ihaggarenin /! :*!*:• (les rouges)^.
On peut rattacher à cette racine le mot azeggàbour ^yj^'^^^
pi. izeggàbar j^j^jS-j^ rouge-gorge (Zouaoua et Bougie). Le ^ est
' Cf. Etudes sur les dialectes berbères, p. A6.
^ Cf. Etudes sur les dialectes berbères, p. 3i, 36.
•* Cf. Etudes sur les dialectes berbères, p. 5.
'' A Badrian (Gouraia) et ctiez lesriuélàia, azeggar' a aussi le sens do jaune.
^ Hanoteau et Letourneux, La Kabijlie, t. I, p. tililt.
'' Hanoteau et Letourneux, La Kabylie, t. I, p. hliï).
~' Hanoteau et Letourneux, Ln Kabijlie, t. I, p. h'iU.
* Cf. Etudes sur les dialectes berbères, p. 36.
" Hanoteau, Essai de grammmre de la langue tauiachek, Paris, i86o, in-8",
p. 17.
LES NOMS DKS MRTAUX KT DES COULEURS EN BERBERE. 77
devenu ?'; quant à la syllabe bour, bar, c'est sans doute la même
que nous rencontrons dans un nom d'oiseau forme', comme celui-
ci, d'un adjectif indiquant la couleur (voir plus loin, chap. xi,
aberzigzaou'-).
Le r a été remplacé par un h dans le dialecte guanche de
Paima, autant qu'on en peut juger par la transcription : aziiqahé :
hrun -= azoïik' allé *lij)'; le k' (ou q) représentant le g provenant
de la contraction de deux ou. Il est devenu un g dans le Bo-
t'ioua : azzoïiag ^^^'^^ rouge.
De même qu'en Zénaga , il a disparu dans le dialecte de Syouah :
azgua 5^^ rouge.
§,.2. La racine ZGR se rencontre dans la plupart des dialectes
dont il vient d'être question :
Ouargla : azeggar jS^\ , rouge.
B. Iznacen, K'çour, B. H'alima, Zouaoua, Guélâia, B. Menacer,
Ouarsenis, Ouargla, CAxeWvdi : azouggar JS^'^^ ., rouge.
C'est de ce mot qu'est dérivé le nom d'une plante bien connue :
ihazouggarth ci>;l5^;j, zizypbus lotus (arabe »j«X«(), jujubier sau-
vage (Zouaoua^, B. Menacer, Guélàia, Temsaman, Haraoua); llia-
zouggorth \ùiSjy^ (Ouarsenis); iazouggart c:>jl5^" pi. iizouggariii.
(^^L5^j-j (K'çour). Haraoua, Chaouia, Guélàia, Kibdana : azom^-
gouar ^\j^^'^\\ Mzab, tazouggoiiart tiJtjî^S^". En Zouaoua, ihazoug-
garth houlroum -^_iJ^ c^j^lS^yj', jujubier de cbameau, désigne le
genista Iricuspi/Iata ^.
On a déjà remarqué la ressemblance qui existe entre un des
noms du bœuf: azger ^^ ou azgar ^^ (vZGR) dans quelques
dialectes berbères et la racine secondaire v^ZGR; azger signifierait
le rouge ou le roux : ce serait un qualificatif qui aurait remplacé
le nom réel ^. Du reste, si ce nom du bœuf se rapporte à une
' Cf. Etudes sur Ips dialfcfps herhhes, p. .55-56.
- Cf. Etudps sur Ips dinlrrtps bprlièrps , p. 66.
•' Les femmes zouaouas font enlror le jujiilner sauvage dans ]a coniposilion lics
filtres et des sortilèges. Cf. dans Hanolean, Popsips populaires knbylps, p. 3io,
une pièce de Moh'and Ou Masàoud de Tliak'erbouzt des Aith Kani.
* Hanoleau ef Lelouineux, La Kabylip, l. I, p. 82-83.
' Les noms du bœuf en berbère sont tirés des racines suivantes :
1° yS : Abaggar ésou «O, bœuf, zébu, pi. ésmtan lO* ; tps 0+ et tpsont
+0+ vacbe, pi. tisitn '+0+; Gbal , iésou •0^,!)œuf, tnsoul +0^+,
vacbe; Aouelinimiden, tas 0+ vaclio; Cbdanics, isi ^^wo bœuf; Zouaoua,
thistan yli^i et ihisitlia i.v-..».? , vacbes; Zénaga : tichi ^^i>J , vacbe, pi. chitan
78 RENÉ BASSET.
racine signifiant rouge, on peut s'en tenir à la racine berbère sans
recourir au mot arabe achk'er jX^\^ qui ne désigne jamais le
bœuf en arabe vulgaire du Maghreb. D'ailleurs, il n'est pas im-
possible que la racine arabe ;0>U^ ^^it à rapprocher de la racine
berbère (forme secondaire) CHGR.
Dans quelques dialectes touaregs, le Z est remplacé par H- :
Ghat et Kel Oui, ahaggar O'I'j pi. ihaggaren lO'l*: , rouge.
Comme dans la racine ZGR', le Z de la racine ZGR peut de-
venir un CH (CHGR). C'était sans doute une des particularite's
du dialecte berbère parlé au moyen âge aux environs de Coustan-
tine, car El Bekri, en décrivant la rivière qui passe près de cette
ville (le Roumel), dit qu'elle sortait d'un endroit appelé ^Oijoiui
achek'k'ar (^^= acheggar) ^ . Il en était de même du dialecte parlé
à Tétouan, car le même auteur nous rapporte que la montagne
sur le flanc de laquelle est bâtie cette ville se nomme Icheggar
(la rouge)*.
En Zénaga, achgar ^lS^\ désigne encore un chameau roux,
mais comme le nom signifiant rouge esl johha dans ce dialecte, il
est probable que flc/ig'rtrjliCii! est un emprunt fait àyùil. En arabe
y^ et à la ix^ forme vA-iî signifient être roux (en parlant des
hommes) et alezan, pour les chevaux. Zamakhchàri^ le donne
comme synonyme de *-^K La forme y-À-*« (pi. cyl*ji..t;«i, jLiui,
yîjXi, t^^*^) désignait l'anémone (yLyjJî ^^.Ai.ii)'^ et aussi le
cinabre^.
yLx^. On remarquera qu'à l'excoption d(i Zouaoua, tous ces dialectes sont
parlés dans io Sahara.
3° i/FNS : Mzab, Doubdon, Bot'ioua d'Arzeu , B. îMenacer, Gueiâia, K'çour,
B. Iznacon, B. Halima, Aoudjila, Dj. Nefousa, Djcrid, Kibdana, Tomsanian,
Bot'ioua, B. Ouriar'on : afounas j-Lj^il pi. ifnimnsm ^j*«ljyL), bœuf; Kel Oui,
afoiuws OUC: Syouab , founas ^y^'^^\ Djerid, Mzab, Syoïiah, tafoimaxl.
c>AwbyL>, vache, pi. tifounaspti jj^Uyb'; Bougie, Aïth Khalioun, Zouaoua,
fhnfowiastli , ^^kmIj^ pi. (Bougie et A. Khalfoun) tbifounnsiu ^J;^lj^. A part
le Sergou, on doit considérer que le mot afounas est employé dans les dialectes
berbères du Nord.
^ Belkasscm ben Sedira, Cours de langue kabyle, Alger, 1887, in-i^? p- 87,
note a.
^ Cf. Etudes sur les dialectes berbères , p. 33.
•^ Description de l'Afrique, texte arabe, p. 63 : y^-^_ji_j (^yx.'j yj^ ^^^ Z-T^'
^Liui!. Il est vrai qu'il explique acheggar parwoj'r (p^» 8j^j*»»i.i-) , mais c'est une
erreur qui a été relevée déjà par M. de Slane (trad. franc., p. i5i, note 1).
'' rlLii-)! ^J-^^ Description de l'Afrique, p. io6.
^ Asds elbeldgha, t. I, p. Saô. yJLiJl5 y^], cf. aussi Hommel, Die Naine n der
Siiugethiere bei den sûdsemitischen Vôlkern, Leipzig, 1879, in-S", p. 83-8i.
'^ Cf. Lôw, Araniàische Pflanzennanien , Leipzig, 1881, in-8°, p. 200 et suiv.
' Ainsi dans ce vers :
yJLiJ^-l>ù SfA ^^i »7— ^ ULi'j.^iJI il
LES NOMS DES METAUX ET DES COULEURS EN BERBERE. 79
En Ahaggar, le g s'est adouci et on a, à côté de \ CHG'R', la
racine secondaire \/CHG'R acheg'g'ar OXO, rouge, pi. icheg'-
g'eren IO>^3; fém. ûcheg' g' eret +0>^0+ pi. ticheg'g'ernin
/ioxa+.
Le mot arabe r-7-^ a du reste pe'nétre' en Zouaoua. Ainsi
eWamra 'r^ (la louge) désigne : i° le sulfure de mercure ou
cinabre, employé dans la fabrication des cbarmes pour les incan-
tations^; 2" une variété de froment plus estimée ({ne les antres,
comme on le voit dans une comparaison d'une cbanson popu-
laire kabyle : eW attira ntiderth c1»^*Xaj Îj*^-; 3° la couleur rouge;
ainsi dans ce vers
Netskhikk abou errich JCamra
Je t'en prie, (oiseau) aux plumes rouges'.
On rencontre aussi le verbe C-^ iiammer être très rouge :
j*.^ fjM>/j,:^y thdoujaithis thefiammer, sa joue est vermeille'.
Les guerriers s'abreuvent mutuellement d'une coupe amère, et tes clicvanx
vomissent te sang pareil au cinabre.
On connaît encore l'expression *!jJLiJ! (j« (.Lil, «plus fafal que le rougeri,
et la parole de Laqit ben Zoràrali à son cheval, le jour de la bataille de Clii'b
Djabala, parole devenue proverbe sous celte forme: ylj j— s? ^ùJLj ^I JLi:3'S
yjL& 7^^' «Comme le cheval alezan : quand il va en avant, il est blessé au cou,
quand il recule, il est blessé au jarret. n
(Meidàni, Proverbes, L II, p. 7.8, Boulaq, ia84, bég.). Il en est de même
de la comparaison du poète Aous :
ULii)l yUaJl JÇ-«U5 t_^jj jo.j£jv;_j a^LJs? L-i^J ^^^^^
«Jusqu'à ce qu'auloiu- de leurs paluiiers et de leurs moissons s'enroule une
llamme comme le toupet d'un cheval alezan. 'j (Meidàni, Proverbes, t. II, p. 1 .3.3.)
— On rencontre déjà ce mot chez les poètes arabes antéislamiques; ainsi dans
Imrou'l Qaïs :
\y-j—ii\ (j^ u^-v-^-s-" jy^i \->^ UJyi. J.i^Ji t_^-.s^ ,_^:^ vj^-'i
«El nous buvons jusqu'à croire qu'autour de nous les palmiers sont des mou-
tons, et à prendre un cheval noir pour un alezan. n
(Abiwardt, Six Diivans, Londres, 1870, in-8", p. 198. — Dans l'édilion de
Slane, p. aS, il faut corriger \yLii\ en \JLii].)
' Hanotcau et Letourneux, La Kahjilie, t. I, p. 5o8.
^ Hanoteau, Poésies populaires kabyles, p. ,3.'io. Cf. aussi le vers :
5..i, ;X> !^il
El It'aiiira ikerrez oucherh'i
«Le bœuf de l'Est laboure le froments (Hanoteau, fWsiVs poindairea kabyles,
p. 3A5).
* Hanoteau, Poésies pnpulaires kabyles, p. oa'i.
* Hanoteau, Poésies populaires kabyles, p. 357.
80 RENÉ BASSET.
(Uicz les Zcnaga, liimimrvli (»-a^j clési{>nc une .sorte de [joudie
rouge qui s'emploie pour les lèvres en guise de lard.
Le mot bek'em /^JL», qui est le nom du vermillon dans la Kabylie
du Jurjura, est emprunté à Tarabe.
Quant à (haroubia ^^, gai'ance {^rtibia pcregrina), c'est pro-
bablement le mot latin rubia.
X
BRUN.
Les mots signifiant trbrunw se rattachent à des racines diiïé-
rentes, pour la plupart empruntées à l'arabe:
1° v/RS Zouaoua : aros u-^^ pi. arasen (jj*«;i. Ainsi dans ce
vers
A Fat'ma emm amczour aras
0 Fatima aux bandeaux bruns
et dans celui-ci
Aï ak'chich aras
0 enfant brun '.
En Taïtoq et en Ahaggar, haras OOl"' signifie rrgris^ en par-
lant des animaux;
9" \/MZI : Zouaoua : amzi (sy>^ , brunir, devenir brun;
3° On rencontre aussi dans ce même dialecte lemmâ de l'arabe
^, brunir, iv-viu^ f. Iselemmiâ J^i^';
k° En Zouaoua azerdekhani (},[s^i>y^\ pi. {zerdekhaniin ^3Lii.i>jjj;
5° A Syouah asmar y^ de l'arabe ww.
XI
VIOLET.
Il est difficile de rattacher à deux racines connues les deux
mots employés pour désigner le violet dans les dialectes^ :
Zouaoua ademdam -tOv»:>l ;
B. Menacer addemb t-*t-<iî.
' Hanoteaii, Poésies populaires kahyles, p. 887.
- Sur celte addition du /* dans les dialectes fouaregs, cf. Etudes sur les dia-
lectes berbères, p. 69.
•' En arabe vulgaire d'Algérie, violet se dit itiuur ^^ et didi (^ù^..> ; ce dernier
mot a aussi le sens d'amaranthe.
LES NOiMS DES METAUX ET DES COULEURS E\ BERBERE. 81
XII
BLEU, VERT.
Les dialectes berbères, en général, confondent le bleu et le
vert et ne possèdent qu'une seule racine pour designer ces deux
couleurs ^
\/ZGZ Zouaoua zigzou ^y^)? être bleu, vert; iv-viii^ i. tsezig-
Zouaoua, A. Khaltouu, Bot'ioua : azigzaou ^5j^)l bleu, vert,
r. thazigzaonth ci>^î jJCjlJî. En Zouaoua, le pluriel tliizigznouin
^^^ijJCjvj désigne une espèce de raisin blanc '^. Ce mot entre
aussi dans la composition du nom de plusieurs oiseaux : akelkoul
azigzaou _5|^sC»^l Jj^^^K bruant; fir azigzaou ^Iji^^t-Ab, martin-
pécheur.
Par une dérivation du sens de vert, le mot azigzaou ^'jJv;' a
Uni par signifier /ra<s,- Zouaoua : aksoum azigzaou ^^^j^^ -_j-mOÎ,
viande fraîche.
A Bougie, une différence a été établie entre le double sens de
ce mot : zigzou ^'y-^-?.') signifie seulement être vert; Bougie et
Chelb'a : azeg:aou ^^'y)^ pi. izegzaoun ^i^yy. et izegzoun ij^y'-f.
vert. Zouaoua : thizigzouth cijj^jS', verdure; Bougie : thizegzouth
^^^■y>^ verdure.
Comme on Ta vu pour la racine ZGB\ la racine ZGZ peut se
combiner avec la particule aher pour former un nom d'oiseau et
de fruit; en Zouaoua, aherzigzaou ^'SJ^y>\ désigne la verdure^ et
une espèce de figue*.
y ou final est tombé dans plusieurs dialectes : Bougie, azegza
kS^i plur. izegzoua |^^J à côté de la forme azegzaou, vert, non
mûr. Aux environs d'Alger, une montagne porte le nom de Bou
Zegza ])^_^ (le père du vert).
Cette forme abrégée existe aussi en Zouaoua, dans l'expression
' Cf. une obser\ation très juste de Pompéius Festus : «Les anciens ne con-
naissaient qne deux couleurs naturelles, le l)lanc et le noir; entre les deux se
plaçait pourlant celle qui ne ressemble ni à l'une nia l'autre, de telle sorte né-
anmoins qu'elle lire sa propriété de l'une et de l'autre; ils ont donc, de préfé-
ronce, tire sa dénomination (^(/(oVms) de l'eau («//««), dont la couleur est in-
certaine. (De significaticinp rerhorum , f, 189,8. v" aquUus.)
'' Hanotcau et Letourneux, La Kabylie, t. I, p. abU.
^ Idem., ihid., p. 1 48.
* idem., ihid., p. /i36.
MKU. L1^G. IX. 6
82 RENÉ BASSET.
biâ ouzigza H^^ ^? (vente du veil), vente des ce'réaies avant la
récolte.
Les formes dérivées de \/ZiZ existent dans les dialectes de la
Zeuatia : B. Iznacen, Toual, Mzab, Ouargla, Kibdana, Guélàia,
Gourara : aziznou }\y?l)^ bleu, vert. C'est à cette racine que se rat-
tache le mot tizizout cyij^j—?^, chou (Ouargla). 0. Rir' azizaou
^ty, vert.
L'oM final est tombé : B. Menacer, B. H'alima, K'çour, Haraoua ,
Ouarsenis, Ghaouia, Borioua d'Arzeu : aziza j)— J)' bleu, vert;
pi. izizaoun b^j^^^.
Un passage d'El Bekri nous montre que les tribus berbères qui
habitaient les environs d'Oran parlaient un dialecte apparenté à
ceux-ci. Entre Oran et Qasr ibn Sinàn (Ain ïemouchent), il men-
tionne un marché du nom de Djeraouat tâzizou ^.
§ 2. On a vu qu'en Chelh'a et dans le dialecte de Bougie, les
dérivés de la racine ZGZ ont le sens de vert; celui de bleu a été
emprunté à l'arabe : Chelh'a azrak' (i))^, bleu. Bougie, azerh'ak'
i^U^y pi. izerk'ak'en (^Ujjjj; féin. tsazerk'ak'ts ooU^' pi, tsizer-
k'ak'tsin (^xJCJjUjjj.
On trouve quelquefois cette dernière forme en Zouaoua :
A Cir azerk'ak'
Inoud'an lesouak'
0 oiseau bleu,
Qui parcours les marchés ^
§ 3. A rOued Rir', le mot emprunté à l'arabe pour signifier
bleu est asmaoui ^^jU^*! (céleste, de l'arabe U*).
§ h. Bien que la racine ZGZ (ZIZ) paraisse être berbère,
elle ne se rencontre pas dans les dialectes sahariens :
v'DNK Aouelimmiden, tlennek «lin, bleu.
§ 5. V^R K^el Oui, arran \\0 vert; Ghat ciar'en l:0, blcu^
' »VJj*-' Sjlj-?- Jl W-'-*^ {Description de l'Afrique, p. 70). On remarquera le
e de âzizou. Si ce mot n'est pas une altération de l'arabe ^Jj*, et si El Bekri a
noté exactement la prononciation , nous avons un exemple du renforcement de !
en ^ {d. Etudes sur les dialectes berbères, p. 55-56). (rLes ruines de cet endroit
portent maintenant le nom de Medinet Aroun. Elles se voient sur la rive gauche
du Rio Salado, à 3 kilomètres au-dessus du pont que Ton Iravei^e en se ren-
dant d'Oran à TIemcenw. (El Bekri, Irad. de Siane, p. 168, note a.)
^ Hanoteau, Poésies populaires kabyles, p.. i23.
^ Peut-èlre est-ce la même racine (R R') qui a donné err' et oui-ar' gl;^t, et
qui signifie vert.
LES NOMS DES METAUX ET DES COULEURS EN BERBERE. 83
§ 6. \/DHL Taroudant : odhlai <^'^^^, f. todhlait o<->5A.AiiJ- ,
noir
\/DL AhaggaretTaîloq : idalin I II H, bleu, pi. nlaJatnin /l+liri;
MiQ^ygar tadalit +11 A+ couleur bleue; sedel IIFIO rendre bleu;
asdel linO action de rendre bleu. Djerid, idal Ji*X.j, vert; Mzab,
adali i}}:>\ , vert; taddalel ovîî*Xj', sorte de datte-.
§ 7. En Ze'naga : heïd'ek ciJjyo, vert; pi. beid^ega ISJsxj^.
§ 8. Ze'naga : modjich ijH-ff^, bleu; a aussi le sens de brim.
§ 9. Zénaga : barboth cUj-j, bleu.
§ 10. Bot'ioua : asouar f |^' , bleu.
§ 1 1. Le mot arabe i^^s. a fourni en Chelh'a le mot àoldj
<^i^, bleu de ciel^.
XIII
GRIS.
§ 1. Le Zouaoua, pour de'signer la couleur grise, a emprunté
l'arabe chib «-^-a—»*'? achiban yL^-A-il. Ainsi, dans ce vers d'une
chanson
Amr'ar d'ackiban
Isoumeth ir'ilim
Un vieillard grisonnant
Repose sur Ion bras \
§ 2. v^HOU. En taïtoq, on trouve ibahaouen jîj©, pi. iba-
hounin /\'.\(J), fôni. tibahoiiet +'.\(D+, pi. tibahounin /\'.\(S)+. En
Ahaggar abehaou : j0 signifie bleu et gris; tibehouit +'.\(J)+ cou-
leur blonde.
' C'est ainsi qu'à Syonaii, bleu est rendu par azot't'af <j>Ui:>-)\ (Caillaud,
Voyage à Méroé, Paris, d vol., in-8", 1836, t. J, p. 4 10, donne azclnj par
faute d'impression).
^ C'est peut-être à cette racine qu'il faut rattaclier le mot lailoq ederi ^OD,
f{ris pommelé.
^ En Taïtoq, beidedjen, Hfl^® signifie gris-blanc, en parlant de la
couleur particulière à certains chameaux.
' Cf. un passage du Kitâb pcli chelh'a (mss. de la Bibl. Nat., fonds berbère
n" h, fol. C'i : (jLSi ^j^llij,] j«^_«>« ^! yIjUw ^Û)! jjji j^Uiul )\y»\ ili-«j;
; ■!; -^ (jJUuj») ^y.L.e*' >il ^l;^l u'-"5l jT>.y^ y^^-»^^' {j"yf^ '^^ ^J<:^^^. y-y^ J-ry*^'
^ Hanoleau, Paexipx popiilnirp.t hnbijhs , p. SSB-SBç).
G.
84 UEi\É BASSKT.
2° yBNZ'R; T aïloq : ibanz'aren\OX\(D, giis (en parlant des
animaux).
Pour haras et ederi, voir s. v" brun et vert.
XIV
»
NOIR.
Les racines qui ont fourni les dérivés ayant le sens de noir et
de îiègre sont les suivantes :
i" vl^I^K. En Zouaoua, berrik viJo^j, être noir: i'" f. seberek
iJv^Aw, noircir; i-viu® f. seberik Ajj*^-, iv* f. tsebcrriJc lAjiyKj. Dans
l'argot des colporteurs zouaouas, l'expression itsberrik thif *il-Jv+Aj
laxj (l'œil devient noir) signifie s'endormir. Nom d'action, the-
berek dJ^v noirceur; Bou berrek ^yi ^, cauchemar. Bougie : ebrek
dJ^-ji, être noir; i" f. esberrek (i)*-A— *wl, noircir; i-vii" f. sberrak
lilî-A^; Yi' f. berrek liLj . Zouaoua, Bougie, A. Khalfoun, Chaouia,
Gutîlàia, aberkan ^Jc>J}\ ^ noir.
Sous celte dernière forme, la racine BRK a formé de nom-
breux noms propres d'bommes et de familles. Ainsi à Cherche!,
les Berkani chefs de la faction hostile à la France; sur les bords
du Sénégal, la tribu des Braknas. Un des maîtres du célèbre
Es Senousi, El Hasan b. Makhlouf b. Mas'oud b. Sa'ïd el Mozbili
ei- Kàchidi, moit en 85-7 hég. , était surnommé Abou Berkâti ou
Aberkàn'. En Kabylie, un hameau du village d'Ahora, tribu des
Imezdourar, confédération des Aith Idjar, est appelé Aïth Bev-
kath, et un autre chez les Aïth 'Arif, tribu de la confédération
des inissen Oumm el Lil, se nomme Iberkanen tries noirsn.
Cet adjectif sert aussi à désigner diverses variétés de figues et
de raisins chez les Zouaouas. Ainsi abakour aberkan, figue précoce
noire; aranim aberkan ^J^-f:^ ^'y-sS [roseau noir) figue noire tha-
berkant oviLs^-A-j (la noire) id; tliadoukkarth ihaberkanl ci>^Li^*X_j;
o»->o,-^j, caprifiguier noir-; thaferrant thaberkant o<3o-v ^^j'yÀj
(vigne noire), sorte de raisin noir; azberbour aberkan ^^iy->'^\
^Ojji (verjus noir), vigne vierge noire; aberk'onk' aberkan t^j^^
^jo^l (prune noire), variété de prune-'.
' Ahiiied Baba de Tonboulctou, ^L>_>o^JI i ^^ ^4, iiiytj, ~U^1 *jLi.5 (Mss.
de la Bibliothèque - - Musée d'Alger, i56 A, fol. 3o) dit dans l'article con-
sacré à ce personnage : yl5lj jLj L>y& j^-wi)| *j-.jj>.Jb 8Lix.«3 «Il était connu
sous le nom d'Abou Bcrhân, mol qui en berbère signifie noirn.
^ Ilanoteau et Letourneux, La Kabylie, I, 3i5.
^ Idem, ibid., i36.
LKS NOMS DES METAUX ET DES COULEURS EN BERBERE. 85
B. Menacer, iberkan ij^y^. être noir.
Le K est devenu ^^ : B. Menacer : aber^en (j^yj' être noir;
i" f. sberrayen fj^yj^*^^ noircir. Ce verbe est évidemment formé
de ladjectif verl)al abei-^an ij^y-^^ qui existe aussi en Haraoua,
Ouarsenis, B. Iznacen et Bot'ioua.
Le CH remplace le K^; Mzab, Kibdana, B. Halima, Bot'ioua
d'Arzeu : aberchan ij^y^^ f. tnberchant (.::^l^yJiJ . A celte racine se
rattache sans doute le mot mzabile : oberchi i£*^yi\ , carre' de boue,
pi. ibercha L<i->j. K'çour berchen (j^y^ être noir. Nous avons ici
une formation analogue à celle de abery^en chez les Béni Menacer.
En Mzabite, le CH et leTCH permutent souvent-^; aussi nous
trouvons les formes suivantes : i" f. fact. sbertch •^y-^ noircir:
adj. verbal aberîchan yLs--jî, noir, f. tabertchant ooU=-w>J à côté
de aberchan et taberchant; n. d'action de la f* forme : asebertchan
(jU- -»-<*) î , action de noircir, provenant d'un verbe sbertchm q^»>-ui
pour sbertch ^ -_>.-«( (cf. berchen pour berch); Ouargla, abertchan
yUs-yî , f. tabertchant ool=!i.-Aj .
Dans le dialecte du Gourara, l'r suivi d'une dentale est ren--
placé par le /i'* : abeKhan ybs>?l. noir.
§ 9. On vient de voir que la racine BRK et ses dérivées sont
employées dans les dialectes berbères de l'Algérie, du Maroc et
du Sahara du Nord, à l'exclusion du touareg. A côté de celte
racine, il en existe une autre qui, pour ne se rencontrer aujour-
d'hui que dans le Sahara, a dû cependant être employée dans
une région plus étendue, comme on le reconnaît par l'onomas-
tique géographique.
La forme la plus simple v^S D H F n'existe plus que dans le
mot asedhif ou^ii*»)!, employé très rarement en Zouaoua. Ainsi
dans un vers d'une chanson populaire
R'as em el oujah enni oiisedif
Sinon celle au visage noir ^
Dans plusieurs dialectes, la présence du DH a entraîné le
changement du S en Z.
Djerba : zedhdhof ^-Àj^o'^ être noir; i'* f. zezdhof v.-»^)), noircir;
nom d'action : tazodhfi ^^-^j-^ noirceui', couleur noire; Dj. No-
fousa, zodhfi <J-»;, couleur noire.
' Cf. Etudes sur tes dialectes herhèi-es, p. .3a.
' Ihid., p. 3t-5i.
^ Ilnd., p, 1 ^1.
* /ttW.,p. 57.
' Hanofoan, AWsiVx /;o/>K/rtiVM A-rt/yy/M. p. o.m.
86- RENÉ BASSET.
Le DH s'est transformé en T'^ : Ahaggar aset'fafMSO^ noir
f. taset't'efet +][30+; Djerbah : aset't'afC>^iaj^\ noir.
Cette forme doit avoir aussi existé en Kabylie comme le montre
le mot bouset'faf oUx^v^ désignant en Zouaoua une sorte de
parasite qui attaque la vigne'-. On doit y rattacher aussi le nom
tle Sétif, écrit v^Uk^w (Setlf) par les Arabes; il remonle à une
haute antiquité, puisque nous le trouvons déjà chez les Romains
60US la forme Sitifs, d'où vient le nom de la Maurétanie siti-
fienne'. Elle devait aussi être en usage chez les Benou Mozab,
dans le pays desquels vinrent s'établir les Abadhites chassés de
Ouargla et qui prirent le nom plus ou moins correct de Mzabites.
Dans le dialecte de ces derniers, comme nous l'avons vu, le mot
trnoirw s'exprime par un dérivé de la racine v'BRK (v'BRCH,
V^BRTCH); mais la racine \ ST'F s'est conservée dans le nom
de Y Oued Seù'afah i^Uxw ^^iî^ (la rivière noire) à une étape de
Berryàu , entre cette ville et Laghouat.
A Aoudjila, la sifflante S est devenue CH : ac/if' «/ oiixil , noir.
Les deux dialectes de Ghat et des Kel Oui adoucissent la lettre
emphatique f' en t : isettafen |][+0, noir.
De même qu'à côté de la forme «««/Ai/' (v SDHF on a aseCt'aJ
(ST'F), de même on a yZTF à côté de v^ZDHF.
Dj. Nefousa : azett'aJcJ^'^^ et par aphérèse, zef't'o/* oU»; , noir,
nègre, pi. izei't'afeti ^^Lb^,
A Syouah, fl2o('f'«/' oLby a le sensf de bleu\ toutefois Cail-
liaud^ donne azottafen {=^azeft'afen) avec le sens de nègre.
^ 2. ^GN. Pour désigner le mot rr noir 75, les Zénagas em-
ploient ed'egeti (j5iî, noir, nègre; ted'gen (Jj^'ï noircir. Ou serait
tenté de rapprocher ce mot de l'arabe (^yj^^', noir, brun foncé,
couleur intermédiaire entre le rouge et le noir*^, qu'on rencontre
déjà dans Lebid :
^ Cf. Études sur les dialectes berbères, p. 23.
^ Hanoleau et Letourneux , La Kabylie, I, 445.
' Cf., sur les vicissitudes de Sétif, Féraud , Histoire de Sétif, Constantine,
1872, in-8°.
* C'est ainsi que dans le dialecte chamitique du Khamir, en Abyssinie, le
bleu et le noir se rendent par un seul mot : niçir (Reiniscli, Die Chamirsprache ,
Vienne, i884, in-B", 9' partie, p. 1 17-1.81); de même en afar ou dankali, rfat
signifie à la fois bleu foncé et noir (Reinisch, Die Afarsprache, 3' fasc, in-8°,
Vienne, 1885-1887, p. 8, 3i).
^ Voyage à Méroé, t. 1, p. /ii5.
^ Zamakhchàri, Asâs el belâghah, t. 1 p. 180, fy^) ■>^y>v i^ y>' ><*;•
LES NOMS DES METAUX ET DES COULEURS EN BERBERE. 87
J'achetais à haut prix ie vin apporté dans une outre brune, ancienne,
ou dans une jarre qu'on vidait après en avoir brisé le cachet ;
dans El Hadirah -
Qui te fera savoir, Somaya , le plaisir que m'a maintes fois fait goiîter
le matin, avec des amis, ime outre brune remplie (de vin),
et dans un vers anonyme cité par Ibn ^Achour^
Elle a regardé ma fête et m'a dit : Gomment se fait-il qu'un voile briui
enveloppe les mèches de chaque côté?
Mais cette dérivation d'é-f/'eg-m n'est qu'apparente, car la racine
primitive paraît avoir été GN, comme on le voit par les expies-
sions suivantes :
Dj. Kcfousa : agnaoït ^LàSî, nègre, noir.
Egenoui iSy~*^ pi- ignaoun y^USo, nègre, est le nom donné
aux Wolofs par lesTrarzas. En Algérie, on appelle Gueniiaont/nhy
les langues nègres en général, et spécialement le Kanouri. Peut-
être est-ce à cette racine qu'il faut rattacher le nom de Guinée,
déjà cité dans El Edrisi.
Ce qui montre que le d' esl adventice dans le mot ed'egen et
que ce mot n'a qu'une ressemblance extérieure avec (j^^^, c'est
(jue le rf est remplacé quelquefois par un s également adventice;
ainsi on trouve en Chellfa aseggan ytsC^Î, noir.
On peut rattacher à cette racine le nom d'une espèce de dattes,
la plus renommée du Djebel Nefousa, cultivée à Tin-T'emzin.
dans le moudirieh de Lalout : Tagnanaà'*.
§ h. Dans ie Sahara du Nord et au Maroc, on emploie les dé-
rivés de la racine \/SMG.
Chelh'a et Taroudanl : ismeg «ïi-ewj, nègre, noir, pi. isemgan
' Mo'allaqah, v. Sg. Le commentaire de Zaouzeni (Alexandrie, 1292, hég.,
p. 91) explique ainsi ce mot : ^3^ JJIj MA ^J-'^^\ j=^^ *-^ **> ci'^-'l ij^^''
^^^>\; Arnold {St>ptem Mo'aUakât, p- 3), .il^-J! «3^ Vr^ (5*^' OJr" i:?^^'-
' Diwân, éd. Engelmann, Leyde, i858, in-8°, II, v. i5, p. '^.
' Commentaire de la Bordait d'EI Bousiri , Boulaq, 1292, hég.
* A. de Calassanli-Molylinski, Relation du Djebel ?iefousa, Algor, 1886,
pel. m-h", p. 33 : 00'-!^ j-Jl ^J^.
88 REAÉ BASSET.
Le G est devenu R' ' y/SMR' : Gue'lâia ismer («<vwo, nègre.
Il s'est adouci en J- y^SMJ Djerid, ismej J^y*/^ nègre; 0. Rir'
ismej j.e\*^. pi. isemjnn ij]j^^*^..
Le S est devenu CM : \/CH MJ : Mzab et Ouargla ichemj j-d^j
nègre, pi. ichemjan {j^J}di^.; Dj. Nefousa : achemji (^3^' nègre,
pi. ichemjan ylj^<\io.
Le J permute avec le D.P \/GHMDJ : Mzab, ichenulj ^^-*«-r!
nègre, pi. ichemdjan ^jLs^uSo; Dj. Nefou.=a : nchemdji ^^^^i nègre,
])1. îchemdjan yl^vio.
Le CH est remplace' par un J, yJMJ : Tementit, ijmejJ-^J^
noir, nègre.
Le J est devenu un DJ, v^DJMDJ : Syouah : adjmidj ^V-^T'
esclave.
Peut-être faut-il rattacher à cette racine la forme imonchchan
yUi^ qui existe en Chellfa.
§ 5. La racine SKI désigne plutôt le nègre que la couleur
noire en ge'néral. R. Menacer : ashiou _j.>-5L*»»î pi. iskouan ^jl_jX*«*j
nègre ; Ouarsenis : asekhimi y^SjJi . Ahaggar ashiou l • !0 pi. iskioam
|: • !0; f. tashioal +1 • IO+ pi. tiskiouin \'. • ;0+.
Sous l'influence de Vi, le k est devenu tch et Ys est tombé :
Djerba : atchiou ^:^\ nègre.
§ 6. La racine RGL paraît avoir disparu de presque tous les
dialectes : Djerid : arougal JlS^;! noir; 0. Rir arouggal Jt^;K A
Ouargla, areggal a le sens de brun. On en rencontre une trace
dans le Zouaoua. Ainsi dans ce vers :
Efki Fai'ima
Ëmm ergalen r'emnn
Donne-moi Fatima
Aux sourcils noirs ".
S 7. En Zouaoua, à Rougie et en Touareg, le nom des nègres
est de'rive' de la racine KL.
' Cf. Etudes sur les dialectes berbères, p. A9-A3.
* Ibid. , p. i 1 .
■^ Sur la permutation du DJ et du J dans le int'me dialecte, cf. Etudes sur les
dialectes berbères, p. 87.
'' Hanotcau, Poésies pnpafaires habi/les, p. .877. Ces exemples montrent que
c'est par erreur qu'on lit )'pg-/;e/ (HT: ) pour reggel II I O, liruu, dans le
Dictiounairefrançais-tamaheq (\e M. Cidkaom {Mger, 1H9/1, in-A°, p. i/i3).
LES >OMS LES MÉTAUX KT DES OOULKL'RS EN BURBKRE. 89
Ahaggar, Aouelimmiden , Taïtoq, Ghai :akli .ll'I nègre, es-
clave, pi. iklan /!!•:; Zoiiaoua , Bougie : akli jS\^ pi. aklan ^J^i\ .
Ce mot entre dans la formation d'un certain nombre de noms
propres de Kabylie : Agouni houaklan (j^X^j^ jj5t (plateau des
nègres), village de la tribu d'Alouch; Thala houaklan y!^|^j 5LS
(fontaine des nègres), village des Béni Tliour; ces deux endroits
sont situe's dans la conféde'ration des Aïth Ouagennoun. L'origine
de cette appellation est ainsi racontée par le ge'néral Hanoteau :
f Les Kabyles donnent le nom à' Aklan aux descendants de colonies
de noirs e'iablies par les Turks près de Dra'el Mizân et de Tizi
Ouzou. Nous les appelons ^Abid (*Xa-s£) comme les Arabes '.'^
En Kel Oui. TL a été redoublé : aklil II il* '. esclave.
Ahaggar, Taïtoq : <aA;/tY +11* !+ négresse, pi. tiklatin l+ll'I + ;
Zouaoua, Bougie : ihaklilh '^AS3 négresse, pi. thiklathin ^^!5AJ3',
Chez les Aïth Ouagennoun, on trouve dans la fraction des
Isser ed Djedian Azib en Taklifs <oyJiJ6 ^.^-^^ (ferme de la né-
gresse); c'est peut-être la mènie racine que nous trouvons dans
Tiklat, à 28 kilomètres de Bougie, bâtie sur les ruines de Tan-
cienne Tubusuctus, sur la rive gauche de la Soummani.
Les dérivés suivants peuvent être rattachés à la même racine :
Ahaggar, ikaouelen /Il • • ! noir, noirâtre; Taitoq : ikoualen /Il * * I ;
plur, ikaoualnin /Ml:*!; takkaoult +I|:'I+ noirceur; sekkonl
II* IQ noircir.
Il n'y a aucune vraisemblance que v^KL (ou KOIJL) soit dé-
rivé de l'arabe J^i, foncé, étant donnée la présence de ces ra-
cines en touareg.
§ 8. A Syouali, au Dj. Nefousa et au Mzab, on emploie le
mot taia Ia5 (\''I) pour signifier négresse. Taroudant iotmia Ijy.»
pi, touioinn (j^y^- Ce mot s'est conservé dans le nom d'un village
des environs d'Alger Aïn-Taya (l-is^ dr*^) ^^^ source de la né-
gresse.
* Poésies populaires kabyles, p, iia,note 1. Le mot arabe -aigérioii ourtf
vJLyoj pi. nucfau ylLoj s'emploie aussi en Itabyle :
Y> **...*.>< ' V Cl) .^^■^.'''■w
Si Tlemse7i ar Mâsker
loHouid taraioul louçif
(tDeTlemsenà Mascara
Il a amené des iirailleiirs noirs^'.
(Iliinoleau, Poésies populaires kabyles, p. !ilx.)
90 RENÉ BASSET.
APPENDICE.
Ce mëmoire était terminé quand j'ai reçu les deux travaux de feu
M. G. von der Gabelentz sur les rapports du basque et du berbère :
Bnskisch und Berberisch ' et Die Verwandtschajt des Baskischen mit der
Berberspmchen Nord-Africn's^, Ce dernier titre est exagéré, car, entre
tous les dialectes berbères, les recherches de M. von der Gabelentz portent
uniquement sur le kabyle (Zouaoua), le touareg (Ahaggar), le chelh'a
et le Ghdamsi : encore , pour ces deux derniers , n'a-tril consulté que le
lexique absolument incmiplet et souvent fautif de Newmann '. Mais
même pour ce qui concerne ces dialectes , une connaissance approfondie
manquait h l'auteur; aussi fait-il porter sa comparaison du basque, non
pas seulement sur des mots arabes (!), mais même sur des . mots /rrt?i-
çais (!!) passés en Kabyle; c'est ainsi que le basque burdi, voiture, est
comparé au kabyle dabruedt (forme inexacte pour dabniel = thabrouet' ,
(lu français brouette!)''. C'est sur une série d'exemples de ce genre que
reposent les règles de phonétique déduites par M. von der Gabelentz et
appUquées par lui au basque et au berbère en général. Il est , je crois ,
inutile d'insister sur la valeur des résultats ainsi obtenus; mais comme,
dans son second ouvrage, l'auteur a consacré deux sections aux métaux
et aux couleurs, je crois devoir reprendre et rectifier ici ses comparaisons
sur ce sujet.
[Die Venvandtschaft , p. 116-117, n° 98): Fer, kabyle wezzal [ouz-
zal), touareg azal, chelh'a wezzil; seuls cités, rapprochés du basque
burni et burdin ( ! ).
Argent : touareg azrej[sen\ cité) = basque zillar et zilhar !
Cuivre: touareg temanast coupe, Ghdamès wanâs (oMrtH«s) = basque
menast, métal. On a vu plus haut que le mot berbère est emprunté à
l'arabe j-l^.
Plomb : touareg tahlelt (?) = basque berun (!).
Etain : touareg tiheroast (?), coupe; Chelh'a ikiri , plomb = basque
zirraida, étain! {Die Verwandtschaft , p. 908-211.)
896, Kabyle tsulley être pâle (foime fautive poui' tsullex^ = tchoul-
/(?M) = basque zvri blanc (I). En revanche le mot basque signifiant pâle,
ubel est comparé au kabyle amellal et au touareg mel, amilel {sic), seuls
cités.
397, Kabyle berrth (faute pour berrik être noir), seul cité = basque
bel{t)z, baleh, baltz (!).
^ Sitzungsberichte der kôniglich-preustischen Akademie der Wissenschaften zu
Berlin, t. XXXI, 1898, p. 591-618.
^ Braunschweig, i89A,in-8''.
^ Libyan Vocabulary, Londres, 1882, in-19.
* Baskisch und Berberisch, p. 696.
LES NOMS DES METAUX ET DES COULEURS EN BERBERE. 91
898 a. Kabyle ilwy [ilour') trouble = basque iUuii, illiun. Le mot
kabyle paraît un emprunt à l'arabe ^i) ; ^^ , hâler.
Kabyle Ufai, sale (faute pour tljad, ?^rt <;?/«) = basque lik{h)iiz. La ra-
cine kabyle LFDH est un emprunt à l'arabe lixî,la^J, vomi; idàUJ
déjections, etc.
hoo. Le basque urdin bleu, est rapproche du touareg irtai (?!) sale,
et idâlen.
lxo\. Kabyle «M/*«7 (ao«rar') jaune = basque Aon et ori. La ressem-
blance peut n'être qu'extérieure comme on l'a vu pour ourar' et aurum.
ho'd h. Basque zohardidxei clair = kabyle azerqaq[aierh'ak') et touareg
segeni (!) indigo. On a vu (\\\azerk'ah' est une forme redoublée em-
pruntée à l'arabe (^<y\ .
4o3 d. Basque arre gris = kabyle aras brun, et touareg neggor (?)
brun. Pour ce dernier mot, l'auteur aurait pu citer la forme îiaras. L's
faisant partie de la racine devrait se retrouver en basque.
On voit combien sont inexactes et incomplètes les comparaisons de
M. von der (Jabelentz. Je n'ai d'ailleurs pas l'intention de combattre la
théorie qui fait du basque une langue parente du berbère; elle a déjà
été exposée par deux linguistes que n'a pas connus M. von der Gabe-
lentz, peu au courant de la question ' ; mais j'estime, au moins en ce qui
concerne le berbère, que de telles tentatives sont prématurées. Un jour
viendra où la grammaire et la lexicologie berbères étant dégagées de
tout élément étranger et coinmes dans leurs moindres détails , par l'étude
complète et la comparaison de tous les dialectes existant encore aujour-
d'hui, nous aurons une base sérieuse pour procédera une comparaison
générale. D'ici là, l'on doit se contenter d'amasser des matériaux en
procédant de temps à autre à une synthèse des résultats acquis.
René' Basset.
Addition au chapitre i. — Sur les racines OU R K' et R K' dans les langues
séniiliques, cf. Goidziher, Der Mylltos bei den Hehràeni, Leipzig, 187G, iii-8°,
p. 166-169.
' De quelques rapports entre les langues herhère et basque, Toulouse, i883,
in-i"; De Charencey, Des affinités de la langue basque avec divers idiomes des
deux continents, Paris, 1892 , in-8°.
92 RENÉ BASSKT.
TABLE
DES VERBES D'ETVT ET ADJECTIFS MARQUANT L\ COLLEUR.
Pnges.
I. Or Oo
II. Argent fi^4
III. Fer 67
IV. Cuivre G8
V. Étain O9
VI. Plomb ^ 69
VII. Blanc 70
VIII. Jaune 7^)
IX. Rouge 7-^)
X. Brun 80
XI. Violet 80
XII. Bleu, vert 81
XIII. (iris 83
XIV. Noir 8/j
Appendice 9^
VARIA.
L'allemand schlieszen = lalin excludere.
En leuillelant l'autre jour le Bulletin de notre Société', j'y ai
trouvé, à la date de l'année 1871, le souvenir des discussions
soutenues alors parmi nous au sujet du verbe nWemand schlieszen ,
que je rapprochais du latin excludere, non pas pour y voir deux
congénères, mais pour y voir un emprunt des langues germa-
niques. Le progrès de la science, depuis vingt ans, n'a fait que
me confirmer dans cette opinion. L'objection qui m'était opposée
alors, que schlieszen, en sa qualité de verbe fort, faisant au par-
lait schlosz et au supin geschloszen, ne pouvait être emprunté, ne
me serait sans doute plus faite aujourd'hui. Ni pour le verbe al-
lemand scAméen, ni ^our preisen, personne ne fait difficulté au-
jourd'hui d'admettre l'emprunt, quoique l'un et l'autre suivent
la conjugaison forte.
En ce qui concerne schlieszen, vieux haut- allemand sliozan,
néerlandais sluiten, ancien frison slûta, Kluge fait remarquer que
ni l'anglais, ni l'ancien norrois, ni le gothique ne connaissent
ce verbe, non plus que ses dérivés. Cela n'empêche pas Kluge de
poser une ff racine germanique sMt, prégermanique sklûdn.
Au lieu du prégermanique skiûd, il faut, je crois, mettre ie
verbe latin excludo, devenu dans la prononciation populaire scludo.
(l'est ainsi que ie latin expendere a produit l'allemand spenden
tf donnent. A une époque plus récente, le substantif féminin ex-
clusa, sclusa a donné pareillement Schleuse.
Le siibslanlK Schlûssel trclef^î, vieux haut-allemand sluzzil, est
un dérivé du verbe, formé d'après le même principe que Fliigel
dejliegen ou Dechel de decken.
Le substantif iS'cA/o5z rr serrure w et tr enceinte fermée, château 11,
vieux haut -allemand -S7o2, a été fait sur le même modèle que
Flosz venant dejlieszen ou Schosz repousse, rejeton n, de schieszen.
Pour ceux qui seraient, au point de vue du sens, inquiétés
par la préposition ex, je transcris, d'après Ducange, les pas-
sages suivants, où excludere signifie tr fermer, barrer?^ et où ex-
clusor est exactement l'allemand Schlosser r serrurier n :
Quœro ut novos Miiros Divionis {aux) destruat, quia abbalias noslrns
excludunt. (Jugement tle Tannée 1 153. Voir Ducange, s. v.)
94 M. BRÉAL.
In arte argentaria Exclusores vocantur qui de confusione massœ noverunt
formam vasis ea-primere. (S. Augustinus, Enarr. in Psabn. 67.)
Et cum conjlandifemitn locus esset aptissimus, et f abris , etferri exclu-
soribus maxime repkretur. (VitaS. Egwini Episc. Wigorn. cap. 3.)
Je ferai remarquer, en finissant, que celle ctymologie n'a ab-
solument rien de désobligeant pour la langue allemande, en
admettant que Tamour-propre national ait quelque chose à voir
à ces questions, ce qui m'a toujours paru enfantin. Au contraire,
rien n'empêche de supposer que les anciens Germains n'avaient
point besoin pour se garder de serrures, ni de verrous, ainsi que
les Suisses de Schiller :
Bald thât es Noth,
Wir hâtten Schlosz und Riegel an den Thiiren.
P. S. Cet article était re'dige', lu à la socie'té et imprimé, quand
l'idée m'est venue d'en envoyer une épreuve à M. Moriz Heyne,
professeur de littérature germanique à l'Université de Gottingue.
M. le professeur Heyne, germaniste éminent, est l'un des con-
tinuateurs du Dictionnaire de Grimm : je pensais qu'il devait, sur
cette question, avoir son opinion faite, puisqu'il est précisément
occupé de la lettre SCHL. Voici la réponse qu'il m'a faite :
Très honoré collègue ,
Par l'extrait ci-joint d'une épreuve du Dictionnaire de Grimm , vous
veiTez que notre o[)inion srv le verbe schlieszen est allée à mi-chemin à
la rencontre de la vôtre. La démonstration que vous m'avez fait lire a
achevé de me convaincre , et je regrette de ne l'avoir pas connue plus
tôt : notre article eût été absolument affirmatif , au lieu qu'à présent il
laisse encore place à quelques doutes . . .
Le cahier du Dictionnaire de Grimm qui contient l'article schlieszen
doit pai'aître sous peu . . .
Moriz Heyne.
Gottingue, 11 mai 1895.
Allemand schûrzen =^ latin excurtiare.
Je prolile de cette occasion pour ramener aussi à sa vraie ori-
gine le mot allemand schiirzen «trousser (une jupe, une robe)w,
d'oii le substantif (/le Schûrze rie tablier^.
Nous avons ici un dérivé du bas latin excurtiare (de curtus),
italien scorciare, français escorcier tf raccourcir ^n
Il existe dans notre vieille langue un substantif escorsure que
Godefroy traduit par ffretroussis, partie retroussécT).
VARIA. 9^
L'accusatif du gérondif en français.
On sait qu'en latin le gérondif avait sa déclinaison complète.
De cette déclinaison, il na guère survécu en français moderne
que l'ablatif.
Il s'en alla courant [currendo).
J'aurai, le revendant, de l'argent bel et bon (vmdendo).
Chemin faisant (iter furie)) do).
Humainemeiit parlant {parabolando).
Cependant, il existe une ou deux expressions qui nous ont
conservé l'accusatif : c'est d'abord la locution à son corps déjm-
dcDit. Par exemple dans cette phrase : rrll a tué son adversaire à
son corps défendantri. Il faut, parla pensée, rétablir la locution
latine : ad defendendu))i (pour défendre).
Celte tournure était, comme on sait, fréquente en ancien fran-
çais :
Ces qu'il laissa a la porte gardant (pour garder la porte). . .
Servi vos ai par mes armes portant (pe)' po-tmidiwi) \
Une autre expression de même sorte est la locution ca)-ê)))e-
pre)iant, qui était courante autrefois et qu'on trouve encore sur
quelques calendriers ecclésiastiques. On a dû commencer par
dire : rrNous touchons à carême prenant. . . Nous nous prépa-
rons à carême prenant. . . 7^ En latin : ad prendendum qxiadrage-
smam.
UN PRODUIT DE L'ANALOGIE.
Le mot anglais Colinderies.
M. Maurice Bloomfield, dans une communication à YA)))er)can
Philologieal Association-, cite le fait suivant, qui est un trop cu-
rieux exemple de formation analogique pour ne pas mériter
d'être reproduit. Il s'agit du suffixe -eries (le pluriel seulement),
pour désigner des objets d'exhibitions publiques.
Comme on avait eu d'abord à Londres (ou à Nevv-\ork) lajîshe-
ries exhibition, le mot the fisheiies tout court servit à désigner les
objets ayant rapport à la pêche. Puis vint une exposition de fleurs
qui suggéra tout naturellement </tey?oa'er/es. Une exposition dliy-
giène — health exhibitio)) — donna the healthoies. Enlin la Coh-
n) al and hidian exhibition s'étant, pour simplifier, appelée the Co-
^ E. Etienne, Grammaire de l'ancien fronçai», p. â5i.
» Juillet 1893.
96 M. BRÉAL.
lind, ii en sortit the CoUnderies, un terme, dit M. Bloomfield, qui
d'indignation ferait tourner au rouge l'encre d'un puriste.
Pour montrer à notre confrère de race anglo-saxonne que nous
ne sommes pas en reste, il suffit que nous rappelions qu'à côté
des magasins A'orjevrerie ou de mercerie, nous avons à Paris des
marchands de bondieuserie, qui tiennent dignement leur place
auprès des colinderies anglaises.
Michel Bréal.
VEDICA.
1 . Pûramdlti.
Le nom et l'interprétation de celte énigmatique entité divine
a déjà pique' tant de curiosite's, inspire tant de savantes et ingé-
nieuses recherches, qu'il peut sembler oiseux et quelque peu
ridicule d'y consacrer une nouvelle étude : les re'suitats obtenus
jusqu'à pre'sent sont entre les mains de tous les ve'disants, et
d'excellents juges s'en de'clarent satisfaits ^ ; si l'on ne partage
point leur avis, reste-t-il du moins l'espérance de trouver une
solution meilleure et de les en convaincre? Je le crois, pour ma
part, mais à condition de sortir si résolument des voies battues,
qu'on encoure le reproche de paradoxe et de bizarrerie. Je ne
compte pas y échapper; je demande seulement à mes confrères
de suivre ma longue argumentation, sinon avec le désir d'être
persuadés, du moins avec la sympathie que mérite toute tenta-
tive sincère.
Au double point de vue étymologique et naturaliste, la seule
explication aujourd'hui admise se heurte à quatre objections
fondamentales : i" en fait d'autorités anciennes, elle n'invoque
que l'autorité du texte pada, qui coupe pûram-dhi, et l'on con-
viendra que c'est peu pour nous éclairer; 2° cette analyse exi-
gerait impérieusement l'accentuation * puramdhi, dont il n'y a
point de trace; 3° elle n'aboutit qu'assez péniblement au sens de
ff plénitude, abondance, générosité, bénédiclionw, que l'on y
attache; k° ce sens lui-même enfin, admissible en tant que ré-
sultat d'une évolution postérieure, offre le grave inconvénient de
transporler une entité morale et vague dans la période du natu-
ralisme primitif. Cette dernière raison, je le sais, ne touchera
guère qu'une minorité, puisque l'école mythique est en défaveur;
mais peut-être la suite montrera-t-elle qu'on aurait tort de la
dédaigner dans le cas présent.
Ce qui demeure acquis, en tout cas, c'est qu'une recherche
dirigée dans ce sens peut braver les critiques mêmes des traditio-
' BlooniGeld, Contrih., V, p. 19; OI(Jenbor[T, Die Religion des Veda , p. (j.*)
•H 180.
MKM. L1>G. — IT. 7
98 V. ^^;^BY.
nalistes, même de ceux qui pensent qu'il faut expliquer tout le
passe' de l'Inde par son présent, et professent, ou peu s'en faut,
qu'un sectateur des Ve'das ne se trouverait pas de'place' dans une
pagode contemporaine; car ici la tradition n'a rien à nous ap-
prendre, par l'unique et bonne raison qu'elle ne sait rien de
plus que nous, rien que ne nous apprenne la simple lecture des
textes ve'diques. La Puramdhi est une puissance bienfaisante :
c'est probablement tout ce qu'en ont su les poètes et les prêtres
qui l'ont nomme'e, invoquée et célébrée, et nous en serions ré-
duits à la même ignorance s'ils ne nous avaient conservé quel-
ques fragments de formules antiques dont il faut essayer de pé-
nétrer le sens incompris d'eux.
Je débute par une constatation générale : le nom de piirarndhi
revient quarante-sept fois dans le R. V., pas une dans l'A. V.,
sauf en deux passages empruntés au R. V. Le contraste est trop
frappant pour n'être pas significatif : la fréquence du mot dans
la langue du livre qui est le rituel du sôma, son absence com-
plète dans un recueil védique étranger à ce culte, doivent faire
soupçonner une indubitable connexion entre la Déesse Purarndhi
et le Dieu Sôma. Disons tout de suite quel est ce rapport,
oublié des rédacteurs mêmes du Véda : la puramdhi est primi-
tivement la prison et le réservoir du sôma céleste, le réceptacle
de la pluie, bref tfla citadelle aveugle ii (pur andhâ), la nuée
noire qui tour à tour dérobe et épanche à l'homme ses trésors.
On verra plus loin que, de toute la phraséologie incolore oij
se noie la personnalité de Purarndhi, les seuls passages caracté-
ristiques qui surnagent sont précisément ceux qui la mettent en
relation avec ce fameux rapt de Sôma où récemment M. Rloom-
field a dégagé, avec une si rigoureuse netteté, le mythe de l'éclair
apportant la pluie. Etayons tout d'abord la base chancelante de
notre édifice étymologique.
La locution ptir andhâ est hautement possible, mais elle n'est
que possible, on ne la lit nulle part, et sûrement les Indous,
s'ils ont jamais pensé que puramdhi fût la nuée, auront inter-
prété son nom par frle réservoir de la plénitude. Cette res-
source, encore une fois, nous échappe : il n'y a pas de mol pur
ft plénitude 17 ; y en eût-il un, le composé serait *pûr-dht^ car la
formation par le premier terme à l'accusatif est sans exemple
avec -dhi, et le mot serait oxyton; sans compter ce qu'aurait de
flottant et d'abstrait celte désignation d'un objet concret. Mais,
que cette fausse étymologie ait pu influer d'une manière indi-
recte sur les altérations qui ont atteint le mot, c'est ce que je
VKDir.v. 99
suis loin de nier; bien au coulraire, je pense qu'il ne faut né-
gliger aucun des adjuvants qui sont susceptibles d'expliquer une
transformation à première vue aussi étrange : de pur andhd ou
pur anclhi tr forteresse obscure, ies Indous ont tiré d'autant plus
aise'ment pûraindhi quils ont vu dans ce dernier terme crie ré-
servoir de la ple'nitudew.
On s'est de'fait en théorie, mais on ne se départ point aussi
facilement dans la pratique, de Tillusion ancestraJe qui voyait
dans le sanscrit une sorte d'algèbre dérivative, rigoureuse et
impeccable, et qui le traitait en conse'quence, ramenant chaque
mot à une racine suivant une norme lixe'e une fois pour toutes.
Il faut s'iiabiluer à penser que, si le védique — je ne dis pas le
classique — a été incontestablement une langue vivante, s'il a
été parlé par des lèvres humaines et pensé par des cerveaux hu-
mains, il ne saurait plus qu'aucun autre idiome avoir échappe
aux confusions, aux lapsus, aux erreurs d'étymologie populaire
et de fausse analogie, aux formules toutes faites, qui partout ont
sévi.
Je pars donc d'une formule pur andkâ , où , bien entendu , Vn n'a
pas d'autre valeur phonétique ni même, dans certains systèmes,
d'autre expression graphique que \'m de pûramdhi. C'est là sans
doute la moindre des difficultés; car l'écriture est toute récente,
et, du jour où le mot fut analysé pûrnm-dhi, la graphie par l'anus-
vàra s'imposa. Quant à l'expression r citadelle sombre», si le Véda
ne nous en offre pas la lettre, au moins fourmille-t-il de méta-
phores analogues pour désigner le séjour mystérieux, ff caverne
close, cachette recluse, gouffre sans fond, citadelles crues(?),
citadelles noires» (H. V., IV, 16, i3), etc. : la juxtaposition est
d'excellent sanscrit; l'adjectif, étant de détermination et non de
simple ornement, devait suivre le substantif, tout comme dans
àkir budhnijhh oa popuhis Romamis; et enfin une formule semblable,
pour désigner le réservoir du sôraa céleste, se conçoit d'autant
mieux quelle prêtait au raffinement par calembour et pouvait à
la rigueur s'entendre comme pur àndhasah tria citadelle de la
plante» ou 'fdu suc végétal».
Je ne pense donc pas que mon postulat ait rien d'excessif : si
le mol pûramdhi n'est tombé du ciel avec l'objet qu'il représente,
il est aussi légitime d'en chercher l'origine dans la liaison de
deux mots que dans la composition mal venue d'un thème avec
un cas.
Toute la question se réduit à savoir s'il y a une voie pour
passer de l'un des termes à l'autre : de pur andlid, locution à
deux accent';, ou Vu est long, où la finale est a, dont enfin le
100 V. HENRY.
génitif serait pure anJhâyàli, et ainsi de suite, à pitramdhi, mot
à un seul accent invariable, oi!i Vit est bref, la finale i, et dont
le ge'nitif enfin est pitramîheh ou pih'amdhyâh. Au premier abord ,
rien né semble plus forcé; et pourtant, si Ton considère que le
vocatif primitif de la locution pur andliâ ne peut être que *pûr
andlie, avec û bref et un seul accent, tout s'aplanit d'un seul
coup; car piirandfie , à son tour, prononcé d'ensemble et envisagé
désormais comme un mot dont l'accent unique constitue l'unité,
sera pris fort légitimement pour le vocatif d'un mot dont le no-
minatif est pûramdhih, et il n'en faut pas davantage pour appeler
à la vie ce nominatif et subsidiairement toute la flexion qu'il
commande.
En grec, le type f/j/T/era a eu la vertu, on le sait, non pas
seulement de développer une flexion, mais de la remplacer tout
entière, et ce n'est là qu'un exemple entre cent de l'influence
exercée sur les noms ou les épithètes des êtres divins par l'ha-
bitude où l'on était de les prononcer au vocatif beaucoup plus
souvent qu'aux autres cas. Ce point n'est pas contesté; et, bien
qu'on ne lise pas, que je sache \ la locution eCpvona Zev au vo-
catif, nul presque ne doute que le nominatif svpvona ZeJ? n'en
procède. On ne voit donc pas pourquoi il serait nécessaire de
lire le vo<-t\['iï piiranulhe dans un texte védique, avant d'oser af-
firmer quil txistàlet fut usilé : fort antérieures aux chants sacrés
furent les simples invocations, aux hymnes composés les litanies
rudimenlaires, et l'on a pu, dans une de ces litanies pour la pluie,
prononcer à satiété le \oc-mW *pûr andhe, tout comme tels autres,
dhe budhnya , àjaikapût, etc. , dont les textes n'offrent pas la moindre
trace. On verra plus loin une application différente de la même
prémisse, et il n'est que licite de faire remonler l'emploi d'aussi
simples et courtes formules jusqu'à la phase linguistique et reli-
gieuse de l'indo-éranisme.
Nombre de ces mots factices, figés dans leur immobilité voca-
tive, ont pu cesser d'être pleinement entendus^ : en proférant le
crï pûratîdhe , on ne savait plus au juste de quoi l'on parlait; mais
on se souvenait vaguement qu'il était question d'un réservoir de
trésors. De là le sens général d'abondance qu'on attribua à l'en-
lité divine née d'une confusion grammaticale. Quant à la forme
de son nom, l'analogie eût pu tout aussi bien amener *pûran-
dhà. Mais il faut songer qu'un autre nominatif de la forme cor-
recte et complète était pur andhi, non moins régulier que pur
' Sauf seulement PI aii (contre vingt-deux emplois au nominatif ou à l'ac-
cusatif); car Hymn. xïin, 4, ne saurait compter.
* Quel est, par exemple, le sens du vocafif adi.rigo dans la formule Ait. Br.
II, 7, 1 1, où il ne se construit pas monii^ grammaticalement avec te verba qu'il
semble commander?
VEDICA. loi
andhà,et que dès lors le Ihbme ahévé piinandhi- apparaît coaimc
une sorte de compromis enlre les deux nominalifs normaux. Et
surtout il faut faire la part très larfje à Tinfluence de la fausse
étymologie ^^;/rrt/H-r//^/', qui a naturellement amené à la finale le
vocalisme de ni-dlu, pari-dhî, garbha-dhî, etc., tous mois dont
Taccentuation oxytonique révèle à première vue Torigine diffé-
rente.
Il resie à voir si les textes ne s'opposent pas à Tadmission du
sens de r forteresse sombre, prison i^, ou si même tel ou tel
d'entre eux n'en aurait point gardé quelque précieux vestige.
Dans toute discussion d'un mot aussi commun et devenu aussi
banal que pûramdhi, il y a nécessairement une énorme majorité
de passages à éliminer comme ne décidant ni pour ni contre.
En saine statistique ces cas sont à déduire de l'ensemble; mais
encore en faut-il faire le décompte. Je présenterai donc ainsi
qu'il suit, et par ordre d'imporlance, le classement brut des em-
plois de pûramdhi.
I. Le mot est au pluriel et il est impossible d'y voir rien de
plus précis que le sens f abondances, prospérités, bénédictions n,
ce dernier se rapprochant, si l'on veut, mais par un détour, de
celui de Bergaigne, qui voyait dans Purarndhi une incarnation
de la prière céleste ^ : I, 120, 6; 1 58, 2; IV, 92 , 10; 5o, 1 1 ;
VII, 66, 5; 67, 5; 97, 9, — en tout sept emplois aussi peu
caractérisés que possible.
II. Le mot est au singulier, et l'on peut hésiter enlre le sens
de ff abondance 15, en général et celui de la divinité F'urariidhi,
mais naturellement nous n'en apprenons pas davantage sur la na-
ture intime de celle-ci : I, 5, 3 ; i36, 3; III, 62, 1 1 ; V, 35, 8;
VII, 32 , 20; VIII, 92, i5; X, 65, 1 3 et 1/4 , — en tout huit cas,
dans plusieurs desquels Pûramdhi, en tant que divinité au moins
vaguement conçue, semble plutôt probable, mais mieux vaut ne
pas insister.
III. Purarndhi est sûrement nom propre, ainsi qu'il appert
de son intervention au milieu d'une énumération d'autres divi-
nités (Bhaga, Arnça, Indra, Agni, Savilar, etc.), mais il n'en
ressort aucune lumière sur sa personnalité : II, 1, 3; 38, 10;
' Interprétation que je ne crois pas avoir à discuter: si je parviens à établir
mon sens de rcaverne céleste", j'aurai par là même fait le départ de ce que
les vues de Bcrgaijjne avaient ^oil d'exact, soil de préconçu.
1 02 V. [lENIîY.
V, /i2, 5; VI, 21, 9; /19, l'i'; VH, 35, 2; 3G, 8; X, G/i, 7;
85, 36, — neuf cas.
IV. Il y faut joindre ceux on pùramdhi a pu être pris pour une
e'pithète du Dieu qu'elle accompagne (spe'cialemenl Pûsan),mais
où un examen plus altenlif y doit faire reconnaître un nom
propre et une divinité distincte-: I, 181, 9; II, 3i, h^ — deux
cas absolument similaires, dans l'un desquels les Açvins sont
compare's à Pûsan et Puramdhi, tandis que dans l'autre ils sont
e'nume'rés tous ensemble.
V. 11 conviendrait peut-être de compter à l'actif de notre hy-
pothèse les emplois de la piiramdlii en tant qu'associe'e au Dieu
Sôma : VIII, G9, 1; IX, 97, 3G; 110, 3; X, 112, 5. Mais,
comme ici elle ne paraît pas avoir avec lui un lien plus étroit
qu'avec les autres divinités ci-dessus mentionnées, il sera plus
prudent et plus loyal de ranger ces quatre cas parmi les pas-
sages incolores, qui ressortent ainsi au total de trente et un sur
quarante-sept emplois dans le R. V.^.
Reste à seize passages plus ou moins significatifs et utilisables.
VI. Une fois, mais une seule fois (IIl, Gi, 1), Puramdhi est
visiblement l'Aurore. Je n'en tirerai point argument en ma fa-
veur, mais je pense qu'on ne s'en pre'vaudra pas contre moi : la
ff forteresse 75 peut aussi bien épancher la lumière que tout autre
trésor; et, au pis aller, on conçoit fort bien que le nom d'une
divinité féminine et dispensatrice ait été transporté par méta-
phore à l'Aurore.
VII. Le caractère de tf forteresse -i commence à se dessiner. Les
pûramdhls ont des carquois [isudliynvah , V, /n. G) : pourquoi cette
épithète, évidemment traditionnelle et imcomprisedu poète, sinon
parce quelles sont pourvues d'armes de jet, qui ne sont autres, on
va le voir, que la llèche de Krçànu ou l'éclair? Je sais bien qu'on
traduit cet avraf par t: zélées, désireusesn, et le malheur veut
que ce faux sens s'appuie sur le voisinage de pàtnls. Mais, en
admettant que le rédacteur même l'ait entendu ainsi, c'est une
étrange façon de comprendre le Véda que de s'appliquer à ef-
• A noter qu'ici ctie est associée à Alii Bmllmya.
^ Il va de soi que mon inlerprétalion n'admet, pas plus que celle de Ber-
gaigne, la supposition, aibilraire, inutile cl contredite par Timmense majorilé/
des emplois, d'un pûramlln adjectif.
^ Je dis 3i, en y joignant X, 89, 9, également sans vatenr, binn que fi,']u-
rant dans le même morceau que X, 89, 7 infrn.
VEDICA. 103
facer et à éteindre tout ce qui peut encore e'nierger d'images et
de repre'sentations vivantes dans son inerte formulaire. Ailleurs,
quand nous voyons les Açvins tr lâcher la Puramdhiw (I, 180, 6),
nous pourrions, sans doute, la prendre pour la prisonnière;
mais, lorsqu'ils la brisent (l, 116, 7), et malgré la me'tonymie
védique connue cr fendre les vaches hors du rocher t), il y a beau-
coup de chances pour qu'elle soit la prison, une prison bénigne
au surplus et qui ne demande qu'à s'ouvrir.
VIIÏ. Ce dernier vers, en effet, va nous permettre d'en inter-
préter trois autres, où il est également question des exploits des
Açvins. Que ceux-ci aient pressuré le sôma pour Puramdhi (X,
89, 7), c'est un renseignement unique et par conséquent sus-
pect; mais yuvàm sûsutirn cakrathuh pûranidhaije peut parfaitement
s'interpréter par rà Puramdhi 15 en ce sens que ce serait elle qui
aurait fourni les éléments du pressurage, et dès lors s'accorde
sans peine, soit avec ce que nous savons des Açvins, déités plu-
vieuses, soit avec ce que nous supposons de Puramdhi. Cette
sûsuti, elle l'a fournie de son plein gré, car elle a appelé les Aç-
vins au passage (I, 116, i3; 117, 19), apparemment comme la
vache appelle son veau pour qu'il la débarrasse du lait qui lui
pèse (l, i6h, 28). Ces concepts, encore une fois, étaient perdus
pour le rédacteur des hymnes, qui semble simplement confondre
Puramdhi dans la foule anonvme et bigarrée des protégés des
Açvins; ce n'est que par le rapprochement patient des débris
conservés qu'on peut reconstituer la mosaïque ignorée de lui-
même dont il a utilisé çà et là un fragment dépareillé.
IX. La liaison entre la Puranidhi et le Sôma est évidente,
mais le rapport qui les unit manque de clarté. Il est tout à fait
indirect: VII, 9, 6; 89, 4; X, 80, 1 ; encore le dernier passage
est-il le seul d'où l'on puis,-c nettement inférer qu'Agni a pro-
curé aux hommes la Puramdhi, comme l'aigle qui est Agni leur
a apporté le sôma. Il se précise un peu : IV, 3/i, 2, où Purarndhi
accompagne les sucs enivrants; IX, 98, à, où, à propos de Pa-
vamâna, on invite Puranidhi à rrse laisser charrier de bon gré^;
et surtout IX, 90, 3, où l'on prie Sôma de se clarifier f^vers les
deux puramdhis conliguësn; quoi que dissimule cette mélaphore
isolée, — peut-être simplement les deux cuves ou les pierres du
pressoir, — il est impossible de ne pas la rapporter à une antique
conception de la puramdhi comme réservoir à sôma. Je ne dis
pas, encore une fois, que le poète se comprît parfaitement.
X. Restent enfin (rois passages décisifs : non que le vieil au^
leur, sans doute, les entendît davantage; mais le personnage de
Purarndhi lui était fourni par la tradition comme figurant dans
10/i V. HENRY.
le récil de reulèvement de Sôina; il 1 y a donc fait entrer, mais
à l'étal d'accessoire si vague que son intervention a jusqu'à pré-
sent exercé, lassé ou mis en défaut la patience de tous les com-
mentateurs indigènes ou orientaux. Tout s'explique au mieux si
la Purarndhi^ est la prison du Sonia : en forçant l'une, l'aigle
enlève l'autre; ou bien, dans une variante du conte, il les enlève
tous deux à la fois. IV, 26,7: cr L'aigle prit et emporta Sôma. . .
et alors Puramdhi quittai (ou ff trahit) les démons avares [qui
la gardaient]. . . w. De même IV, 27, 2 : « Là-haut^ Pu-
ramdhi quitta les aémons avares, et [l'aigle] traversa les vents
avec vigueur. w Et enfin, ib. 3 : ff . . . ou quand ils eurent em-
porté de là Puramdhi. . . n. On peut spéculer à l'infini sur ces
trois passages corroborés par les trois précédents, je ne crois pas
qu'on trouve rien de plus clair: la Purarndhi est la pur andhd^
<|ui emprisonnait le Sonia; puissance sombre à l'origine, elle est
devenue de ce jour puissance bienfaisante et tutélaire, d'autant
qu'elle est souvent censée s'être prêtée au rapi, ou même, dans
une cerlaine version, avoir invité les Açvins à ouvrir ses flancs.
En récapitulant, je trouve, sur les seize passages significatifs,
un seul qui semblerait contredire mon hypothèse, neuf qui, plus
ou moins sollicités, y rentrent sans difficulté et en tout cas ne
s'y opposent point, trois qui la confirment, et trois enfin qui,
avec tout le bon vouloir et le talent du monde, ne semblent pas
pouvoir s'expliquer autrement^.
J'ai prévu au début lobjection sous laquelle on pensera m'é-
craser, j'y reviens avant de conclure; elle saute si bien aux yeux
qu'elle est constante et inévitable — combien de fois ne l'ai-je
pas déjà essuyée! — mais recèle en même temps une si flagrante
antinomie qu'on s'étonne de la voir acceptée par d'autres que les
,ndora(eurs servîtes du sacrosainl ff documenta : c'est qu'on ne lit
nulle part ni * pur andhe, ni surtout pur andhd, Hé sans doute!
' C;ir, crinvonler pour ee cas unique un Piii-anidLi masculin, c't\''t, je pense,
un caprice d'exé|{èlo qui a lait son toinps.
- I.e sens de ïrmd n'est pas sûr, mais ce n'est qu'iin adverbe.
' l'eut-ètre celte certitude ne ressort-elle pas assez de mon aqjumenlation
parce que j'ai cru devoir ni'abstenir d'analyser par le menu un hynme déjà si
souvent traduit et interprète. Mais je prie le lecteur de s'y reporter, el de juger
lui-même si la façon dont Puramdhi est mentionnée au milieu de détails précis,
topiques, éblouissants de folklore, s'accorde avec la traduction par une vague,
entité d'abondance. Qu'il considère aussi que les ciladrlles (pi'iins) qui enferment
Sôma sont expressément nomméos. el lont juste dans les deux uior-ooux qui
contiennent les trois passages caraclérisliques : IV, ••(;, 3: l\'. ■>-, 1.
VEDICA. 105
iMais si on les lisait, le problème serait résolu depuis longtemps,
ou plutôt il n'y aurait jamais eu de problème.
Je conclus donc : le mot pûramdhi est une altération — j'ai
expliqué par quelle filière — d'une locution plus ancienne et
perdue pur andhâ «citadelle aveugle, prison obscurew, qui dési-
gnait la cachette du sôma, ou le nuage enfermant la pluie.
2. Nâsatyâ.
On sait que ce terme, aussi obscur que connu, est susceptible
de deux emplois distincts : au duel, dans les Védas, il désigne
les Açvins; le singulier, dans la littérature postérieure, est le nom
propre du second, tandis que le premier s'appelle Dasra. Encore
que les Védas n'offrent aucune trace du singulier, il existait sû-
rement aux temps védiques dans la littérature populaire sous-
jacenle, tout au moins dans le folk-lore d'où plus lard sont sortis
les Purànas; il n'en faut pour preuve que le nom du démon aves-
tique Naohhaityo, qui reporte cette individualité ambiguë jus-
qu'à la phase indo-éranienne.
Après examen de toutes les étymologies proposées pour ce
mot, — tiâ asatt/d cmon menteui'S" (Grassmann), — ■■ nâsa-tyâ
f nasutii7 (Bergaigne), — nà-satijà ff véridiquesw formé comme nà-
vedas fc instruit dcr) (Colinet), — je pense qu'il faut en revenir
résolument à la première \ mais en la modiliant suivant les exi-
gences de la morphologie sanscrite ou même indo-éranienne. Il
est bien clair, en effet, qu'il ne saurait s'agir d'un véritable com-
posé *nà-asatij(i , puisque na est une particule négative et jamais
un élément de composition. Il ne l'est pas moins qu'une simple
juxtaposition nà asatxjâ aurait pu se contracter, mais eut gardé
deux accents. C'est donc à la pbraséologie primitive cju'il nous
faut demander compte, soit de l'accent unique, soit de la créa-
tion du nom propre INàsatya au singulier.
Toute difficulté disparaît, si l'on admet, comme plus haut,
une invocation sanscrite ou présanscrite adressée aux Açvins,
dàsrà nà asaU/â trô miraculeux et non trompeurs 11^, parce qu'ici,
de même que laccent de dasrd remonte, la locution vocative to-
tale nd asatyà se prononce sous un seul accent, suivant une loi
cons'.ante et fiunilière. De celte formule ïine fois iïxée, les Indiens
' EWc n'avait (l'alilours jamais cessé il.? so rocoinmanJcr, à raison de la scan-
sion tclrasyllaliiqne iimKdlyâ , moins fréquente penl-élrn que ne le croit G ass-
inann, mais du moins inconleslalde.
' Celle invocalioii n'est pas pure plirascolofjie ; elle a un sens clair pour
tout vcdisanl : elli' sifjiiifie que livs Aevins font des miracles, et que leurs mi-
r;(cli's-ni' son! pas ilc vains |irrslif;'i'>-'. comnif ceux des sorciers inspirés par I 's
c{i-m.)tis.
106 V, HENnr.
et les Érauiens, ou même les Indo-Éianiens tiièrenl, par deux
Toies diffe'rentes, les noms propres qui nous occupent.
1 ° Etant donné l'ensemble ddsrû nâsaiijû , dont le premier terme
ddsrâ restait toujours significatif et intelligible, on en isola le
second terme nàsatyâ, qui, avec son accentuation vocative, fut
transféré de toutes pièces en fonction de nominatif^. Ainsi les
Açvins furent dénommés au duel ndsatyà.
2° D'autre part, le juxtaposé dàsrà nàsatyâ, étant faussement
analysé comme mitrâ-vàrunà ou tout autre copulatif, donna l'illu-
sion de deux personnages distincts dont l'un se serait nommé
Dasra et l'autre Nàsatyâ. Ainsi s'opéra le dédoublement en deux
noms propres de deux épithètes autrefois communes. Que sub-
sidiairement un dieu tulélaire des \ édas soit un démon de l'Avesta ,
c'est un fait trop banal pour s'y arrêter.
3. kanlnakéva (R. V., IV, 35, 2 3).
Dans cctle stance qui appartient à un hymne de facture visi-
blement moderne, les deux chevaux bruns d'Indra — en tant
que bondissant au devant de son char — paraissent être com-
parés à deux cariatides qui font saillie sur une poutre, une im-
poste ou un chambranle [drupadé). Mais cette interprétation,
qui encore n'aboutit qu'à une comparaison irrégulière, — deux
mâles assimilés à deux femmes, — ne va point sans une violente
torture infligée.au texte : il faut, d'abord, lire kaninaké iva, qui
fausserait le vers, à moins d'y substituer la très douteuse scan-
sion kanlnakéva (Grassmann), au lieu de la lecture irréprochable
du texte pada kanlnakâ-iva rr comme une jeune fille^^; puis il faut
supposer que vîWraf//ié (Grassmann) ou arhhaké (Ludwig) ou tous
deux sont des épithètes de ce kaninaké restitué, et conséquemment
les mettre au nominatif féminin duel, alors que le texte pada,
qui épelle avec scrupule hahhru iti et çobhete ûi, reste muet sur
vidradkéelarbhaké, impliquant par là que ce sont des locatifs (msc-
nt.) du singulier au même titre que drupadé. Et, au prix de tant
d'elîorts, on n'obtient entin qu'une image où la bizarrerie le dis-
pute à la platitude , r? comme deux jeunes filles nues sur un petit
poteau neufn, ou r comme deux petites poupées sur une grosse
poutre neuve, tes deux chevaux bais resplendissent dans leurs
courses '^75.
Je reprends un à un les termes de la comparaison, avant de
passer à kanlnakéva. L'expression nâve drupadé arhhaké , exactement
* Il va de soi qu'il n'en pouvait cire de même pour dàsrà, puisque les
autres cas de dasrà assuraient i'oxylon.
' La st .nre n'est pas visée, que je saclie, dans la Sijnlaxe des Comparaison»
]'ciliqnes de Bnrgaigne; je ne sais donc re qu'il en pensait.
ffsur une petite pièce de bois neuve *7, ne me semble pas devoir
faire difficulté ; nous ne sommes pas assez au courant des pro-
céde's d'ornementation de l'Inde ve'dique pour pouvoir affirmer,
avec M. Ludwig, qu elle exécutait ses motifs sur de grosses pou-
tres plutôt que sur de simples poutrelles; et, au surplus, de
ff petites 11 cariatides sur une grosse poutre feraient beaucoup plus
mauvais effet que crdes figures 75 sans e'pithète sur une petite.
Ainsi arbhaké reste locatif. Quant à vidradhé, il est beaucoup moins
clair, et f honnête Sâyana n'y sait soupçonner qu'un * vidradhé
faffermi'^ qui lui-même serait un barbarisme pour vidrdhe. Je
croirais volontiers que Grassmann a touche' juste dans sa divina-
tion, vidradhd r-sans vêtement'', par le rapprochement de drd-
dhas nt. à de'faut d'un ^ dradhd jusqu'ici introuvable. Peut-être
même, autant qu'il est licite en traitant d'un àWa^, réussirait-on
à serrer de plus près le sens de ce mot : dans le seul passage oià
il figure (T. S., III, 2, 2, 2), il est question des ffdeux drâdhas
réunis par un cordons — c'est du moins le sens le plus probable
de sa-ldli = ~ sa-tdnlï , autrement inintelligible; — et cette des-
cription ne saurait mieux convenir qu'à la pièce de devant et à la
pièce de dos d'un vêtement dont les deux parties se rattacheraient
le long du cou ou des épaules. Bref, le drâdhas serait une sorte
de pectoral, et le composé vidradhd équivaudrait à rla poitrine
nuew; comme, d'autre part, nous répugnons à en faire un duel
féminin contrairement à l'autorité du texte pada, rien ne nous
empêche d"y voir un adjectif neutre pris substantivement et de le
traduire par le locatif singulier, soit tren état de nudité de poi-
trine.-".
A ceux qu'intimiderait cette dernière série de conjectures un
peu en l'air, il suffit de faire observer qu'elle n'est qu'accessoire
et que notre déduction ultérieure peut s'en passer: on n'a qu'à
suivre la tradition, qui fait manifestement de vidradhé une épi-
thète de dntpadé, entendre cette épithète conformément à la tra-
dition, ou même ne point l'entendre du tout si on le préfère ^ Il
n'importe. L'essentiel et ce qui demeure, c'est qu'on n"a ni le
droit ni aucun motif de supposer un duel féminin dans vidradhé,
et que dès lors disparaît tout prétexte à en chercher un dans
kaiunakéva.
Revenus à ce terme, traduisons- le, lui aussi, en conformité
rigoureuse du texte pada, et nous obtenons : t Gomme une statue
de femme, la poitrine nue, sur une petite [)outre neuve, les deux
bruns resplendissent. . . -n A la terne rédaction de tout à Iheure
' El, on efTet, il poul êlre impliqué, sans que le poêle ait besoin de le pré-
ciser, que la slatiie d'une femme a les seins nns; le lableaii sugfféré plus lins
flovienl moins noi . mais np rhange pas.
108 V. IIENRÏ.
be snbslitue une image pilloresque double'e d'une rëlicenee pi-
quante : on voit saillir des veines du bois ries deux bruns res-
plendissants ti; en un mot, les deux chevaux bais d'Indra sont
comparés, non pas à deux statues, mais implicitement aux deux
seins que la statue découvre et semble projeter d'un élan fou-
gueux, et enfin — car la grammaire ne perd jamais ses droits —
peut-être n'cst-il pas indifférent de mettre ainsi mentalement en
parallèle avec un objet comparé masculin un terme de compa-
raison masculin (stdnau).
à. saptânrsânam (R. V., IH, 5, 5).
Le temps est passé d'exagérer la valeur littéraire des Védas;
mais on tombe dans l'excès contraire ; la platitude, on vient de
le voir, ne gît souvent que dans notre indigence de compréhen-
sion; le verbiage aussi, et j'espère le montrer. Là oij semble
couler un flux pâteux de métaphores traditionnelles et incohé-
rentes, se succédant sans aucun lien de pensée ni de composi-
tion, on découvrira la marque de l'œuvre d'art, souvent sobre et
distinguée, si l'on ne se laisse pas tromper à l'apparence jusqu'à
prendre pour un ornement banal le détail précis, topique et même
piltores(}ue. Bergaigne nous en a donné un curieux exemple, dans
sa traduction antithétique de R. V., Il, 35, 4 c d, oii il relève et
oppose Tune à l'autre les deux expressions asmé et apsû^\ j'en
voudrais indiquer un autre, moins remarquable, quoique sans
doute plus sûr, qui lui a échappé.
On lit, R. V., III, 5,5c d :
pâti nâbhà saptdçlrsânam agnih
pâti devànàm iipomddam rsvdh ||
Traduits littéralement, mais sans qu'aucun d'eux soit mis en
relief, ces mots ne laissent pas de fournir un sens : r Agni garde
sur son nombril celui qui a sept têtes; le haut garde le festin
des Dieux. ^ On aura beau toutefois s'ingénier: ce ne sont que
des mots, moins encore, un cliquetis de sons; on n'en tirera
jamais une conception, je ne dis pas positive, mais seulement
quelque peu intelligible'-.
Considérons-les avec plus d'attention : voici que se détachent
en vigueur, sur ce fond de phraséologie conventionnelle, les deux
expressions ndblià et rsvdh, en tant que formant un contraste
voulu et significatif, l'une synonyme de f-sur terre 17, l'autre de
' Beigaigne-Henrv, Man. Véd., p. (^7; Quarante hjmnes du Rig-Véda, p. 66-
(>-, = Mém. Sjc. ling., VIII, p. 356-357.
' Cf. Bergaigne-Henrv, Man. Véd.. p. 60; Quarante hijmnes du Jlig-Véda,
p. 8 = Wew. Snc. Ung.\ VIII, p. 8.
VEDICA. 109
rtau ciel''. Et alors lout s'éclaire: nous obtenons, par voie d allé-
gorie ou, si Ton veut, d'énigme antithétique, la glorification des
deux principes lumineux qui constituent les deux grandes incar-
nations d'Agni.
c. Sur le rrnombrihi, c'est à-dire plus précise'ment dans la
cavité de l'autel où l'on allume le feu, — dans XuUaravedinàhhi ,
c'est le terme technique, — Agni garde tf celui qui a sept têtes ti,
et qui n'est autre que le feu terrestre lui-même, avec ses ctsepti'
pointes de flammes, nombre hie'ratique et d'usage courant, quelle
que soit d'ailleurs la métaphore dont il s'accompagne ^ En tel
autre passage, par exemple (R. V. I, 166, 1 d = A. V. IX, q, 1 d),
Agni est un chef de clan qui a ffsept'î fils, et ainsi de suite.
d. Lorsqu'il est rsublimeri, au ciel par conséquent, Agni garde
c'ie festin des Dieux n, le plat d'or où on le leur sert, le calice
d'or du sacrifice divin, — se rappeler le saint Graal ■^, — tout ce
qui enfin peut symboliser, dans la conception primitive, la splen-
deur du disque solaire. Il est clair, que, dans la conception plus
spécialement indoue, le festin des Dieux serait bien plutôt la lune
assimilée au Sôma; mais, justement, rien ne nous oblige à croire
que le Véda ne renferme que des concepts indous^, ni non plus,
malgré l'autorité de M. Hillebrandt, que Whilney et M. Oldcn-
berg ont déjà déclinée sur ce point, de reporter aux temps védi-
ques l'identification absolue du Dieu-Lune et du Dieu-Sôma,
Ainsi notre verset revient à exprimer, pour la millième fois,
mais sous une forme à la fois poétique et élégamment concise,
une vérité qui nous est familière: Agni, sur terre, c'est le feu;
au ciel, le soleil.
Paris, i5 avril 1890.
V. Henry.
' Les deux autres emplois du saplàdrsan (R. V. VIII, fji, i ; X, 67, 1) sont
ia banalité même et ne décident rien.
* A. V. X, 8 (hymne tout entier en énigmes solaires), le soleil est voilé sous
l'allégorie de l'urne (1 4) et de la coupe renversée (9).
' Quoi qu'en pensent MM. Pischel et Geldner, Ved. Stitd., I, p. xxix; cf.
Rev.crit., XXIX (1890), p. 8..
LE
DIALECTE PERSAN DE nAYÎN.
La présente étude a pour base de nouvelles noies sur le langage
nâyînî que mon ami, M. le D''Tholozan, a bien voulu mettre à
ma disposition. Sur son invitation, un de ses élèves, Mirzà Gho-
iâra Ali, fils de Hosséin Kouli bey, a recueilli de Mirzâ abd ol
Hosséin de Nâyîn, qui se trouvait récemment de passage à Téhé-
ran, un certain nombre de mots et de phrases dont la transcrip-
tion en caractères shékèstè est accompagnée d'une traduction per-
sane ainsi que d'un exposé sommaire du pays.
Le territoire de Nàyîn fait partie du Kouhislan et de la province
de Yèzd; il relevait naguère de celle dlsfahàn dont il a été dé-
taché depuis quelques années. Il comprend un gros bourg du
même nom qui compte cinq ou six mille habitants, quatre bour-
gades avec environ cinq cents âmes chacune, et deux ou trois
cents villages et hameaux habités chacun par cinq ou dix familles.
En raison des nombreux et gras pâturages de la contrée, les Nâ-
yînîs se livrent principalement à l'élevage des chameaux et des
moutons, aussi jouissent-ils, pour la plupart, d'une certaine ai-
sance, mais ils ont la réputation d'être d'un caractère indépendant
et querelleur. Ils parlent un dialecte particulier dont les princi-
paux éléments appartiennent au langage que les Persans nomment
-»j«Xi (j*<**, Fours è hadlm et que je traduis littéralement par persan
archaïque. Le dictionnaire de ce langage, publié par feu Rizà Kouli
Khân, dit Hédàyet, sous le titre de Endjoumèn ârdyî, quoique
incomplet, m'a été fort utile pour l'identification de certains mots
obsolètes.
Ces notes ont été prises au hasard et sans ordre; j'ai donc dû
les coordonner, en extraire un vocabulaire par ordre alphabé-
tique, une série de phrases usuelles et le paradigme de la con-
jugaison de quelques verbes. Suivant le conseil de M. J. Darmes-
leter, en regard de la transcription en caractères latins du texte
nayînî, j'ai placé les équivalents persans modernes. Je n'ai pas
eu la prétention de tenter ici une analyse de ce dialecte, je me
suis borné à publier ces notes à simple titre de documents qui,
par leur nouveauté et leur rareté, apporteront peut-être un faible
concours aux études de grammaire comparée.
Amédée Querry.
Nota. P. = persan; P. arcli. — persan archaïque; Ar. = arabe; T. = lure.
LE. DIALECTE PEUSAN DE NÀvÎn. 1 l 1
VOCABULAIRE.
5! èr, moulin. P. j«!, meule.
/»- ■^ ^
*,) >\ èr âô, moulin à eau. P. c_jL*«I.
jj*.i>l krdks, manivelle du moulin à bras. P. y^U-u-i.
y^»jl èrvoûn, meunier. P. (jUL*»*!.
Ai^inî èrvounè, chamelle. P. arch.
^^\] èrôoû, aujom'd'hui. P. S^j-«'-
^^j^sm! o&mi, maintenant.
yùiî oûshloûr, chameau; nom générique. P. ^iUii.
kAMwol imshôoû, cette nuit; ce soir. P. <.^«^L
•^ y 'y
y^\ indjou, femme. P. yV
^\ âô, eau. P. <-)].
y*è^\ ozou, ablution avant la prière. Ar. ykày .
4^1 y, préfixe de l'impératif. P. injonction.
y y
(j_^j|, ^v*jl âyoun, ây'm, bouche.
w hèr. porte. P. arch.
'^ji birg, vermicelle.
y
»>j^ji bèrmebè, pleur.
^y» hérikh, aiguière. Ar. (^.^^ ■
ifJ.) bènè, arbre. P. arch.
»-^ bèhrè, écumoire.
^yi^^L) pdlâsk , passoire.
«j-j , AJ^vJ pèrnè, pèrounè, chemise. P. (>^ly*J .
112 AMÉDÉE QUERRY.
^^î^-j pèrvâyi, envie de; goût pour. P. I^-j.
jj^, »jj^ powr, pottrè, fils. P. -,1j.
^pi,péy{, père. P.^Oo.
Xib ?«pè, bouse de vache séchée; argol. P. *JUj.
iOjite.b thkhoune , chambre. P., T. ^^'■^^ •
Jg lil, cœur; ventre. P. Ji.
a3 toum, graine; œuf. P. /o^ .
iji^yi touvoush, action d'échauffer. P. <_jb .
j
^£y touyi, mûre, fruit. P. c:)^.
y ■* .
ij?.y touyirè, chacal. P. id.
y^^ djhnkhôou , couvertui'e de lit; literie. Ar. , P. <_>i_jj^ jtçr.
ys^ djôou, canal d'irrigation. P. id.
e-AÀr^ tshouft, morceau de métal percé d'un trou par lequel passe un
piton qui retient un cadenas. P. ooî^ .
A^s^o;» tshèmtshè, cuiller à pot. P. A:;^.
tiK^jjï». tshorok, moineau.
i^j^:>y[Xs=, tshinârdoûnè , gésier. P. yîi Ajuk=»-.
j^ tshéou , bois; bâton. P. <->j^.
Uy^ tshourâ, lampe. P. 9-^-f^-
(S^y^ tsiiouri poulet. P. Xz^y-y,.
,_|x5». tshil, grande jarre de teri-e cuite enfouie qui sert de four.
_yi*.s^ héçô, Hassan, n. pr. Ar. ^j»**-^ ■
^^aw hèvidj , herbes potagères. P. arch.
\[£^ khâz, bon; bien. Ar. ^_^Làh..
_jJL=w khâloû, oncle maternel. P. id.
JL=i^ -vb»" hhâyiè tshâl, testicules. P. *.jL^ œuf; testicules; peut-être
Jli!^ est un sulTixc pliu'iel?
LE DIALECTE PERSAN DE NÀYÎX. 113
yifc kher, gosier.
Jkii. hhol, cendre. P. deCA/mi.
ysi. khâou, sœur, P. yûî^j^.
viLjjÀ- khôouk, perdrix. P. liLo.
i<;ys^ khouyi, pr. réfl. lui-même. P. :>jà..
/jxà.. khtn, sang. P. (jyî»^-
«^^i, ^^> </oM<, doutou, fille. P. jjj^i.
jj«ii rfès , main. P. oc«»i . '^
Lf jj«.i </ès nomâ, ablution avant la prière. P. vLf oc*«i.
j|^> dtshvdr, difficile. P. i[y^-^-
jijxji délidj , vestibule. P.j-Uiûi.
i^-,yi dou, tou, pr. pers. , tu, toi. P. ^j-»-
cyîji rfeWf, encrier. Ar.
_j.À«ji doushào, sirop de raisin. P. t->L*i^i.
iil^i doulâgh, filmée. P. àji.
Aji, Aji «?«?«, dèyim, visage. P. arcli.
«,7j rahmo , n. pr. , Rabîm. Ar. («n^^i-j-
*^«j roudjè, jeune. P. »;^%.
j)^\ zrtVo, n. pr. , Zohrâ. Ar. *]v^3-
LoV zomà, gendre. P. iL«!i.
fj]^\ zôvân, langue. P. yL?).
yÇ y3\ ziryémôu, caleçon. P. x«U».j_jj.
(£Mi sèbi, blanc. P. «XaJUm.
-Ml ,str, tcte. P.j-w.
aCm séguè, ainsi, de cette manière. P. ^JLs?^.
^^ si-ou, pomme. P. c-xaaw.
tTU^ _j^ si-ou-khâki , pomme de terre. P. tilL^ teire.
ME«. LI>G.
in AMÉDÉE QUERRY.
\yM sèoûz, verl. P.j_».*«.
Xywi shèbè, anis. P. oo_^.
«wû shôroôu , vin. Ar. t_>ij*«.
^IjùLi shiflalou, pèche. P. id.
i^ shélîm , rave. P. M»jtkMi.
yiit shôou , mari, époux. P. ardi. P. niod. ^y**
yii shéou, nuit. P. (_^.
^1^^ Shèhrôou, n. pr. P.^b •^.
_j.*lfi àmou, oacle. paternel. Ar. ^.
A^lfi amè, tante paternelle. Ar. iCj.
(j*,jlff ârous , jeune mariée, bru. Ai'. ^J*<^*fi.
L-o .srtiffl, demain. Ar. ^Laas».
y>li FrtioM , n. pr. , Fatmè. Ar. iUisL» .
MifiUè, colostrum. P. arch. aujourd'hui ^^J.
ijlçwS kâzghân, chaudron. T.
5A3 koulâ, corbeau. P. «.io.
«jL* kavârè, quantité. Ar. «Xi, j»X3.
Lkï, »k3 kouhâ, kouvè , robe d'honune. P. Ui.
^ /tèî/j , clameur. P. (3^a>- •
a1^ kètschè. menton. P. *jl^.
J^ kour, membre viril. P. v^b.
cao Areri, poussière. P. .i-X
j
y^S Kouri, Koulçoum; n. pr. Ar. r»y^ ■
y.
SS khrk, poule. P. arch.
jj*o kh&, petit. P. arch. a.^.
^waJùo kèftin, bêche. P. arch. ^^o creuser.
jiS£, ^^ kélik, kèli , aire, foyer. P. arch.
LE DIALECTE PERSAN DE vÀyÎn. 115
y JJ ■'
»\_jAi koulouzé , baie du colon, p. V^jJo.
y^jyço koulidoftn, serrure de porte. P. v>yçO clef.
jji|^Ai lioulottsli , réponse. ' ?..<
a3 H?«, peu. P. aj.
yi^ koutou, livre. Ar. c_>Lo.
yCi^ honflèr, pigeon. P. y{j.>^-
\i^ koityè, chien.
aJ /.M, paille. P. sl^.
si^ hèkrè, chevreau. P. arch.
y
S kéyi, laitue romaine. P. «jèo.
*jp hhfe, maison.
.-^ Ârè/?, parole. P. arch. bouche.
y
y ■yS'gufzer, carotte. P. arch.
^>yjS goûmlo , blé. P. p»«Xo.
y_
IjJ^jS'gHendwa , oignons en vert. P. arch. aujourd'lnii SyS .
y
^Sgàdu, vache. P. *IST
6:>\yS^ gourde , rognon. P. arch. aujourd'hui Aa-o.
y^
h yfS^ guéyizh , chambre crépie.
-'y
J
^ loundj, nez. P. arch. joue; partie inférieure du visage.
ç_>^ loupe, bouchée. P. «_a.] .
yjf}i lij/ou , lèvre. P. ^.
tiljJ huk , chameau (mâle). P. aich. chameau de somme.
L«. UL», ^^U ma, mnmâ, mâyi , mère. P. jiL*.
_^L« Mnlo , n. pr. Ismaël. Ar. Jo^Uwi .
t^Lo màli , beaucoup, abondant. P. arch.
y
J ^
^ô>^ Médo, n. |)r. Méliémméd. Ar. «X^.
»w« mvè . hoiiinie, mari. P. arch, 5j-y» chef de famille.
1 16 AMÉDÉE QUERRY.
/wo mes, grand. P. arch. x«.
iS,mji mesguh, beurre frais. P. arch. crème.
j
tJim^ mishlâ, il est plein; se dit d'un vase quelconque.
^JU inélaô, chat.
<^ytf Mèmri, n. pr. Mariâm. Ar. *>?▼*.
i^yt moudjh, soulier. P. b'^y» botte.
^^ mî, pr. pers. ; je, moi. P. (j^.
yb nâr, grenade. P. ^Uî .
^^b 7iâyi, gosier. P. arch. gorge , tuyau , conduit.
eivAtJti^ nékhoust, premier. P. id. Les Nâynis n'emploient pas fréquem-
ment le mot arabe J^î .
(£^i^ nékhoûyt, pois chiche. P. ^j^ ■
^^ mou, pain. P. yb.
-jj noûvi, nom. P. -Li.
Le nomâ , prière de précepte. P. vLc .
^Lgj néhâli, coussin, oreiller. P. (^j^Jb. P. arch. (.xll-gj.
y^>î^ vâroûn, pluie. P. ^^^jb.
r>?b ^(iyoum, amande. P. -lib.
A^^ vètshè, enfant. P. »^.
'^b^^ vètshè gâô, veau. P. ^O <î^.
O^^ vèif, neige. P. ci^.
»^^ î;«Vè, agneau. P. sZj.
Xmi^ fèsAè, alTamé = angl. hungi~y.
ci)jjL>5, «iby^j viuouk, vinik , lentille.
iii fJtJb hish-shèoû, hier soir, la nuit dernière. P. cA*iio:>.
^s^JU^, ^^Aift houloudji, hili, pêche, abricot. 9. yjb.
«Ijl5Caj& hishhcmbe , tripes. P. XylCi.
LE DIALECTE PERSAN DE înÀyÎiV. 117
^ùJjb hindou, pastèque. P. xil^tXjLA.
himè, broussailles qui servent de combustible pour les bains.
V.^yfJb bois à brûler.
xiL yânè, mortier. — AjL ^J*»^ dès yânè, pilon. P. arch.
cyj^ yourt, chambre basse. (P. arch.?).
\y3 youz, noix. P. arch. Vji. Ar. j^j^.
^^ youmou, vêtements, lingerie.
*joî iyiè, orge.
EXEMPLES DE QUELQUES VERBES ET PHRASES DETACHEES.
yi bon P. hash, sois! *
/jjyy«_jj noumiyin, P. yJv^t venir. — j^ yowr, viens! — t^^ «^ w"
c^î, je. viens. — ♦N?j^ yourid, venez.
^^yfS'Sy (ou hhji gimjoumi , quand es-tu venu? — <^^ 5)' éro you-
mi, je suis venu aujourd'hui.
/jjuïo! yshîn. P. ^vXij , aller, partir. — (^>*>-?l yshi, va ! — f<v*oi yslnin ,
allons 1 — /iv-ioi-J hishhn, que nous allions. — (^vï»-jÎ 4^ mi yshi,
je vais. — j c5^' y^'^hryi, je suis pai'ti. — ^ji^l î/s/jî, il est parti.
— i»jj-J*jî yshoyim, nous sommes partis.
^j*.r ^ j«« j'ès. P. -jîi ov*»(ji, j'aime.
CiS^kird. P. i»5\ il a fait. — -'«iyy» 7rttA:è, j'ai fait. — «3s?^;^ Icirdid,
vous avez fait. — aJCo mikè, ne fais pas.
»P cyibj !«Xi. Khodâ ziâdht kirè! que Dieu te le rende avec usure!
(Cj^t 1*^ ^^ 7H< tomoum ykiri, j'ai achevé'. — a5 t$[j^ (•_^ «^ "" '«-
wio«M4 A7ia/u' A"è, j'achèverai. Ar. ^Ur.
eAJjj jjiJft /«'s/t ffuirift. P. ^j^i^oprendre. — osi^ <i^ i^ mi him (rtii-
rift, j'ai pris.
là aj t^ /H« pè/w dû. P. -ili ^jmj, j'ai rendu. — li ^jmj _jj tou pvs du,
tu as rendu.
1 18 AMÉDÉE QUERRY.
^jjùilxiis liingâshtin. P. ^jiV *^;^*- ■ parler. — ^\SjJi> ^^] yS ton èyi hm-
gâr, parle! — owilXJLift ^^ mi liingàsht, j'ai parlé. — c:aà»>IxJLc^ ^^
shi hingdsht , il a parlé.
j ■> )
^yi^^ oukhour. P. ^^jJs? mange! — »^jà.^! oukhourè , il mangeait. -^
Hsj^ya^yo moukhourtc , j'ai mangé. — /^^l^i». khovârtim. P. Ajij^j^.
nous avons mangé. — •>\^^yÀ. làiovârtid, vous avez mangé. —
»j_jifc>lj nâkhourè, il ne mangeait pas. — Lswyii shoukhâ,'i\ a mangé.
— '-=»'^5 oukhâ, j'ai mangé. — Là^^l ^S<^ koulékoum oukhâ. P. liLo
-àj^ih., j'ai mangé des coups (reçu des coups).
*XÀ^ t^ »h' mokhound. P. *«Xii^i». , j'ai lu.
j^l e^o?is. P. ^*Xj, cours! — (^-^^^ éyouci, j'ai coiu'u.
Ajjijj^ vépoushnè. P. probablement (j^t^j (j*^ , couvre. Le texte porte
(jLi^ de (j*>sjoUljj cailsalif de (j<XA.Ai^ . — ■ ^fjiy-}^^ oupoushm ,
il couvre.
jSjîi^^:^ dihèker. P. /jj »l5lj, regarde! v5C« ^i di makèr, ne regarde
pas !
(Jùii»5okiJiJ<S hcniguishtin. P. (j.<ùwo,AJ nishestcn, s'asseoir. — <iLfJ^ hénig ,
assieds-toi! — o^-iS^XAi^û héniguisht , il s'est assis. — Ms'À*i*.^.fJJÎ> hé-
niguishtim, nous nous sommes assis.
^^^ i)/rd. P. -.JÀ^, lève-toi! — '^*«>5 virost, qu'il se lève. - — Lu»j^
viroçâ, il s'est levé. — aooLum^ virocayim, nous nous sommes levés.
(11 est probable que o^*»(j^ est l'équivalent du P. (jJs^i c:aa«Îj ou
j«.^_ja» hèvous. P. t-jt^is? , dors. — jLwj^jj*. hevouçâyi, je suis endormi.
Xi\jM^ys^ hewuçâyh, il est endormi. — oo^_^a»» hévàft, il a dormi.
— tXiJCij^^. hévojlènd, ils ont dormi.
j^k-^J^^I î^fo. P. (jw^juLj, lèche. — L*^^ vcmliçâ, que je lèche. —
v:i«.«ioAX<*i^ vèshltsht, il a léché. — J^JUxiA,i shilishtcnd, ils ont léché.
P. arch. /jX»*fc-y«wuJ .
j
^^i^l oûdoûz. P. V^iXj, couds!
Là.#jû liimnâ. P. -iLgJ, j"ai posé. — *jLiè /«/'««è pose! (Le texte porte
LE DIALECTE PERSAN DE NÀYIV. 1 19
-i^lj^^qui a le même sens, mais la similitude avec ^:>l ^ .> ive me
paiail pas douteuse. )
iyS'y^ ver guirift. P. o^Sw, enlève. — oi»^ -j^ véronm guirifl ,
■ l'ai enlevé'. — c>j^j (jij^ vérousli giiirift , il a enlevé.
\:>y* moudà, P. -ili, j'ai donné. — xj\:> dâijè, il a donné. — /<sj ti»i,
(jue nous donaions. — <>uy tid, que vous donniez. — !:> çtxi,^ ve-
shouDi dâ. P. -ili /w* (jù;\ aj, à lui moi (j'ai) donné.
jfS-jifcji \^ yyj_ your t(î îshim. P. /oj%>j b L*j, viens, que nous allions
(et pai'tons).
y^^l (ji>A« siroush ouvoun, coupe sa tête. P-j-*J ijii>^'
^l^t ouvâdj. P,^^5o, dis! — t[j-* ntèvddj, ne dis pas!
«oUaw sliovât. P. oJiST il dit (prétérit). — <îOÎj,Ali shovâtè , il a dit. —
cyi^ movàt, jai dit. — j_j >iL»«( <îô (^|^, jai dit : fais de celte
manière. P. ^jj ^v^y^viû *5 jiviST
/tfv«^ <x.«jû /a'w(/ ijoxunîm , tous, nous sommes venus.
^wj^^^i yvin , vois! P. (j-a-j Xj. — i>JL,m*^ ^y^^ ^^ ^=rr (j^^t^^
yjmi tshé toour bé âiidjoué Ishèspayiè. P. oc»«»l g J^a.* .»>»■•>.., vois de quelle
manière il s'est attaché à cette femme !
»i ^^ <ju<J*Xju»( semléliijiè mi de, donne-moi une chaise.
S^ ij*s»^ khis kir. P. ^J^ ^j*^ , humecte (ceci)!
xàXs^ fjj.<*é.< khicish kharikè. P. o^*».i S^j^ji*- (j**^- ^ ^ P^'i^ (mangé)
l'humidité.
A^^5o U:> î^ Uw (^Vm*j yyi Liw L* Wfl 3/aza your bishim Sliâ Avâ dira bi-
kirhn. P. /iv^Xj j)ji àL) »Ui (fl^vJ ^^ ^^ ij^"^^^^ jiL«, 0 mère de
Ramazàn , viens , allons à Shâh-Abâd faire la moisson !
c^^^Xi sliikousht. P. civSfc$\ il a tué.
*XjLj^^i eybend. P. J^jLo, ferme (la porte).
aS^U^ 6<> <« /•:«, ferme la porte. (Du P. ^^p b . plier: la porte a
généralement deux vantaux.)
l!20 AMÉDÉE QUERRY.
/ja:^ j^ »wJU» sofre ver tshîn. P. /jx&. o, plie (enlève) la nappe.
y^jM^\ jjç^y] éro youmou oushour. P. ^^^wX-j j^-<^^j 3-2?^'' aujourd'hui,
lave mon linge 1
^j vishoum. P. o^*MJ^ -*JL»«^, j'ai faim = angl. /awi hungry. — o^^^
vishout, tu as faim.
JJftJ^^ verpitsh. P. -^SJv?i tresse (une corde).
«Kjîi (ji^y touvoush dâyè. P. os*»»! »ili (jiïob, il a fait chauffer, briller.
— rt(\j iji^y^ tj »X_j>^ yourid là touvoush tim. P. (jïi>jb' b «XjpLo
(<vtû»>o, venez que nous le fassions (faisons-le) chauffer.
jji^-S^! èykish, P. jîxXj, tire (verbe aiLxiliaire). — ^Ji^-jiu^ ^^ shi
kinhish , tire celui-là.
j^^^ vïrsèndj. P. arch. ^w;, pèse (à la balance).
-A (^] éyi zin. P. ^jjj, frappe. — ^jmj (ji-ii;:> dirishoush hès, il a frappé
celui-là. *
^o!à (J^j'^ «^ "** kharish ddri P. -j!à jijL:^, j'ai une démangeaison.
I^V^^^-âi. /«(V->i*-jt L> ^^ ^o«r ta tsAtm hévocim. P. /rfvîjis? /o..^;^ b Lo ,
viens afin que nous aUions (allons) dormfr (nous coucher).
AjI r»5%J^ t^ >nt khououm yik P. ♦>oLyo /»j|^j^, le sommeil me vient.
(J'ai envie de dormir.).
^^^ys^ 1^ ^^ miméva hévoci.P. /ojÇ^^? J^I^Js? , je veux (j'ai envie de)
dormir.
Le mot ]yA que je n'ai trouvé dans le dialecte guerrouci que sous
la foiTue Lj , avec le sens du nécessitatif il faut, semble indi(pier une
eonjugjiison, ce que je n'ose affirmer en absence de formes, autres
que ces deux : |^ je veux, \^ tu veux; c'est ainsi du moins que le
porte la traduction persane. Peut-être faut-il Texprimer par ; il me
faut, il te, faut. . .?
*uj -ko\ ç-O^t^î^v-j ^^-û-*l i^ mi imshéou pervâyi kèp zioum ne. P. ^J^
-.>ij^j M^3 ^^^^^ t^^ <_^-«i-«i. ce soir, je n'ai pas envie de parler.
LE DrALECTE PERSAN DE nÀyÎN. 121
cyîj Aa* tsht vât. P. ^JjJuiis^, qii'as-tu dit?
oÀÀoiJ ^^^ A:^ tshi viro téshnoufl. P. j^tXjyLi As». , qu'as-lu entendu ?
^j^vli nâzount. P. f},\ùKjji , tu ne sais pas.
^gili ?îasA/. P. tSîï^ ' tu ne pars pas I
(jc^j b nâ kiri. P. ^CuC, tu ne fais pas.
^o^^ ti nâ khouri. P. ^o^j^!^, tu ne manges pas.
cyljju nétévât. P. j_^5^, tu ne dis pas.
Aj oo net bè. P. tS^;^ , tu n'as pas porté.
/w>^î fJiùJ^lSJ^ hingâshtish yvïn. P. /O U^Ur (ji«*Ji3 ^T^" ' ^^^^ '^'^"'^
comme il pai'le !
joLXjLéûÎ JU >*XJ> Aia. rsAî kèdr mâli éhingâri. P. àlA Oy»* ^Oo A^
Aj.A^, combien (beaucoup) parles-tu? (Que de paroles 1)
(oL$Li_iû A-« >«X-5 ^i f/oM hedr mè hingari. P. ^^ij.jo 0*ah. ^*X'i /oî, ne
parle pas tant (cette quantité)! Ar. ^Jsi.
Xjuô &yxS ^ jj^^i A=s?os. (^i c/< Ishemtshè yhir tou kinzè hénè. P. /ot
>!4xXj (JjLtsjl t5_^' »>•:> (3^1*, enlève cette cuiller et place-la dans la
chambre. (»>>o peut-être de Xjji*. qui est sans doute le persan ^S^
- arabisé. )
)y^} iSiSy*y^. youmouyimi ishour. P. ^y^ iH^^-J ' ^^^^ "^*^" linge î
j*jL)\ yhlr. P. »-o, porte (verbe).
éger nâyi, mi noùm tou nàbiri. V.S] çoJ^ aj USij_>>Sj b Uo 3jjv«5
Pj-A A c *Xji jji^' -b /wo (jUjC, aujourd'hui viens, afin que nous
nous voyions; si tu ne viens pas, je ne prononcerai plus ton nom.
(Je ne veux plus entendi'e parler de toi.)
!^^ A^ (jj'^T?- u^'"^' *^ ^y^ <S^ ^)^ ^ '^^^^'^ vâzounk gô cro di
miré Islié acÂyjsh tsuÂk hé bourâ. P. ij— « /wol S^v- «î aj Jyçiî^XjyC
ij^l Lo ., ^ j jLj A-^ , vous ne savez pas ce que aujounriiui cet
homme nous a amené d'affaires (ce qu'il nous a causé de tracas).
Peut-èlre (jJ-jIm*) , qui signifie repos, tranquilliti-, est-il au lieu de
12!2 AMÉDÉE QUERRY.
l'arabe iuil avec le sens de Irouble. tourinenl, el employé en persan
dans le même cas. (J'ignoi'e la valeur aussi bien que la nature du
mot (jlss-.)
l.àwL jiiL« jLo -xXj (j«j^ o^^lSoLifcl jci-vjl^ A=^ -iû (^ mi kcr Ishi
khovâyishoûm élùiigdsht, houloush nèkè , mal màsh ydkhâ. P. --* ^^
i wiw UU JU> i Jj t^l^^ f»^) *-'t=»' u^^y=^ '^ *^ ' ^ **^"'' *"^ ^^'^'^
j'ai pai'lé avec lui, il n'a pas fait de réponse; il a mangé (dissipé) tout
notre bien.
^^y^Sy tou kêi guiyoumi. P. j^*X.«i S, quand es-tu venu?
i^y?. ^î' ^'"0 youmi. V. ^ù^) V^yoî, je suis venu (anivé) aujourd'hui.
Sa> jj bir hèkèr. P. fj£ ji>^, ^i . terme la porte !
j
Verbe c^'^ ^i/, dire. P. /jaàST
Impératif.
j
^i^î om^l/,, dis.
-* .. .
(<sa^!^! ovâdjim, disons.
«XA,2fc\^l ovndjûl, dites.
.lor/s^e.
^1^1 C5^ "" ovàclji , je dis.
^î^i ^ ''^" 'i^'àdji, tu dis.
3^1^! yV «tt ovâdjè , il dit.
(<>^î^î Lo ma ovâdjim , nous disons.
*XAa^!jl Uvi shomâ ovâdjid, vous dites.
/v:^î^l l^J è?//<â ovddjin, ils disent.
Imparfait.
cyl%^ C5^ "*' »iovât , je disais,
cytjj jj' /oj< <o(;d<;, tu disais,
(oî^jyii (jî «M sliivât, il disait.
LE DIALECTE PKIJSAN DE nÀyÎV. 123
c:>i^^ L« nid iiûvàl , nous disions.
eLjIjAj Uw slioinâ tivât , vous disiez.
cy|^*i Lg.jî èyliâ shivât, ils disaient.
ÉQUIVALKNT DU VEllBK PERSAN /jJl***^ //KSTJÏ.V , EMSTEK.
Piéseiit.
^ (^ mï Ai, je suis.
^^ ton ht, lu es.
yi> ^j) (hi hou, il est.
p<\;û U /«a him, nous sommes.
*X>jû U^ shomâ hîd, vous êtes.
(^ l^ji è?/rt Am, ils sont.
Verbe j, «;, équivalent du verbe persan {ji>yi, être.
Impératif.
yj bou, sois.
j<\.f Aem, soyons.
*Xaj bid, soyez.
Impaifait.
(3^ ^^ mi bouyi, j'étais.
(iy) yi ton bouyi, lu étais.
^3 ^J^ an bi, il était.
^jyj U ma bouyim, nous étions.
^Xaj^ U\ii shomâ bouyîd, vous étiez,
^j^ Lgj| èyha bouyîn, ils étaient.
Verbe ^^bS^ouiTARYi , devemr, équivalent du persan ^jOs-i.
Impératif.
^^S^ gxiirl , deviens.
çesjS^guirtim , devenons.
*y<~KSJj/>(iir(id, devenez.
\2à
AUBDEE QUERRY.
Aoriste.
J^<^ 7ni guirti, je deviens,
tjjj ijj tou y guirti, tu deviens.
*j^j î ij) an yguirth, il devient,
/fljjji L» ma yguirtim, nous devenons.
JsjojjÎ Uw shomâ yguirtid, vous devenez.
/yj^5) l^t èyjâ yguirtin, ils deviennent.
(^bjj t^ mi guirtâyi , je devenais.
(^hS^y) tou guirtâyi, tu devenais,
b^j y î «M guirlâ, il devenait.
/ftjb^j Lo ma guirtâyîm, nous devenions.
«>wyb^o U^ shomâ guirtâyid , vous deveniez.
(jxjbj5^l^î èyhâ guirtâyin , ils devenaient.
La prononciation emphatique du groupe nasal om« pour an qu'on
remarque dans le langage nâyini est en usage chez les hahitants du
Fai"s, principalement à Schu'âz et dans les villages environnants; ainsi :
noûn pom' nân, pain; hâlioUn poiu" haliân, pipe à eau; noûin pour nâm,
nom, etc.
NOTICE
SUR
LES DIALECTES NÉO-ARAMEENS.
La connaissance des dialectes ne'o-araméens ne date que de ia
seconde moitié' de notre siècle; mais l'importance de ces dialectes
pour rhistoire des langues se'miliques s'est manifeste'e d'une ma-
nière si évidente, que des travaux d'érudition se sont succédé
rapidement dans cette nouvelle branche de l'orientalisme- Nous
voudrions, par quelques exemples, montrer que l'intérêt linguis-
tique de ces dialectes n'est pas moindre. Cet article n'a aucune
prétention à l'originalité; il n'a d'autre objet que d'appeler sur ces
idiomes vulgaires l'attention des savants qui s'occupent spéciale-
ment de l'étude des lois de la phonétique.
Les dialectes néo-araméens se divisent en trois groupes prin-
cipaux : le néo-araméen occidental, le néo-araméen mésopotamien
et le néo-araméen oriental.
Le néo-araméen occidental, l'ancienne langue vulgaire de la
Syrie, n'est plus parié que dans l'Anti-Liban, à Ma'loula et dans
deux villages voisins de Ma'Ioula. M. Nœideke a soumis à un
examen critique et grammatical, dans la Zeitschrift dei^ deiUscheii
morgenl. Gesellschaft , I. XXI, p. 1 83-200, le peu de mots et de
phrases que le missionnaire anglais Ferrette avait publiés dans
ce dialecte, en i8G3, dans le Journal of tlw Royal Asiatic Society.
J'ai, de mon côté, fait un travail analogue dans le Journal asia-
tique, 7" série, t. XIII, p. 45 6-/17 5, sur les notes que M. Clément
Huart avait prises à Ma'loula et qu'il avait insérées dans le volume
précédent du Journal asiatique. MM. Prym et Socin ont recueilli,
pendant leur voyage en Syrie, une certaine quantité de textes
dans cet idiome; malheureusement ces textes, qui auraient com-
plété notre connaissance imparfaite de la langue vulgaire de la
Syrie, n'ont pas vu le jour.
Le néo-araméen mésopotamien, ou syriaque de la Mésopotamie,
est parlé par les Jacobites qui habitent le plateau duïour-Abdin ,
au nord de Alardin et de Nisibe. MM. l'rym et Socin ont Aiit con-
naître ce dialecte par de nombreux textes, «'dilés suivant les prin-
1-2G
RUBENS DUVAL.
cipes philologiques, voir Der neu-aramœiscln' Dialehl des Tur-^Ab-
(lin, Gœtlingpii, 1881; comparer NœlHoke. /. D. M. G., XXXV,
218-93.").
Le néo-araméen orieiilal, qui est en usage dans le Kurdistan
turc et persan depuis le Tigre jusqu'au lac Ourmia, comprend
une assez grande variété de dialectes |)arlés par les Nestoriens et
les Juifs de cette région. Grâce aux publications dont ces dialectes
ont élé l'objet dans ces derniers temps, il nous est facile de les
connaître et de les comparer dans leurs traits principaux.
Le premier dont l'existence nous ait été révélée est le dialecte
des chrétiens d'Ourmia, auquel le missionnaire américain Slod-
dard consacra la grammaire qui parut en i855 dans le tome V
de V American oriental Society sous le titre de Grammar of the modem
sijriac langHage as spoketi in Oroomiah. Versia and in Koordistan.
€omme le titre l'indique, celte grammaire fournit, en dehors de
l'idiome d'Ourmia, des notices sur les dialectes voisins, ([ue le
long séjour de l'auleur dans le pays lui avait |)ermis de re-
cueillir.
M. Nœldeke reprit l'étude du i-ameau araméen oriental en uti-
lisant la grammaire de Stoddard tît (|uelques livres que les mis-
sionnaires avaient fait imprimer pour les besoins de leurs prosé-
lytes. Il publia eu 1868 sa Grammatik der neusyrischen Spraclie am
Urntia See und in Kurdistan, (jui donna une nou\elle impulsion
flux recherches dirigées de ce coté-là.
En 1882, M. Socin faisait paraître de nouveaux textes rédigés
suivant la méthode qu'il avait adoptée pour le Tour Abdin. La
majeure partie de ces textes sont dans le dialecte des chrétiens
d'Ourmia; mais (piel(|uesuns d'entre eux sont dans le dialecte
de Djélu au centre du Kurdistan turc, dans le dialecte Fellihi parlé
au nord de Mossoul, et dans le dialecte juif de Zacho auprès du
Chabor; voir Die neu-aramœisclum Dialekte von Unnia bis Mosul;
comparer Nœldeke dans la Z. D. M. G., XXXVl, p. 669-682.
En i883, un missionnaire catholiqui* originaire de Salamas
au nord d'Ouimia me fournissait des textes de la langue parlée
par les chrétiens de son pays. Par un heureux concours di; cir-
constances, j'entrais en relations, à la même époque, avec un
Israélite de Salamas, de passage à Paris, qui me dictait des contes
dans son dialecte sensiblement différent de l'idiome chrétien;
voir Les dialectes néo-araméens de Salamas, Paris, i883; comparer
Nœldeke dans la Z. D. M. G., XXXVII, p. ^98-609. *
La même année, M. Guidi étudiait, dans la Z. I). M. G.,
XXXVIl, p. 993-318, le dialecte Fellihi et ajoutait de nouveaux
textes à ceux publiés par iVI. Socin.
M. Albert Lœwy a donné un petit conte dans le dialecte juif
de Basch Kala, t. VI des Transactions of the Societij of biblical ar-
NOTICK SUR LES DIALECTES NÉO-ARA.MÉRNS. 1 27
chœologtj, [). Ooi. Ce dialecte ne clilîère en rien, à en juger pnr
l'échantillon édité par Lœwy, du dialecte jnif de Salamas.
M. Richard Goltheii a apporlé quelques coniributions au dia-
lecte Felli/n et au dialecte du Tour Abdin dans le Journal of the
American oriental Society, 1898, t. X.V, p. 297-800,
Enfin M. Lidzbarski a consacré une étude aux dialectes du
kurdistan turc et principalement au dialecte de Tiàri dans la
Zeitschr. fiir Assi/riologie , t. IX, p. 9 2 4-2 63.
Nous avons rappelé ces diverses publications non seulement
pour montrer quel intérêt les orientalistes avaient pris à l'étude
de ces dialectes, mais aussi pour faciliter l'intelligence des réfé-
rences que nous ferons dans le cours de cet article. Nous dési-
gnerons par PS les textes du Tour Abdin publi<''s par \I.M. Prvm
et Socin; par S les textes d'Ourmia, de Djélu et de Zacho, ainsi
que les textes Fellihi publiés par M. Socin; par D les textes de
Salamas, chrétiens et juifs, publiés par moi; par G létude de
M. Guidi sur le Fellibi; par RG le travail de M. Richard Gott-
heil; et par L l'article de M. Litzbarski.
1
REMARQUES SUR QUELQUES r0\S0iN\ES. /
On sait qu'il est de règle en hébreu et en araméen que les
muettes b g dhp t, iJil 2 •:! r\, deviennent aspirées sous l'influence
d'une voyelle qui précède (voyelle pleine ou demi-voyelle répon-
dant à noiri! P ouvert), quand elles ne sont pas redoublées. Dans
ce cas3==èA ou v; ^=gh (^ arabe); ~=dh (i arabe, ih doux
anglais); 2 = kli (^ arabe, ch dur allemand); D =/; n = //t
(ci> arabe. S- grec, th dur anglais).
Celte règle n'a plus qu'une application très restreinte dans les
dialectes néo-araméens; mais elle a occasionné, dans de nom-
breux cas, des altérations et des modifications de ces consonnes
qu'il importe de connaître au point de vue de la phonétique.
L'examen de tous ces cas nous entraînerait trop loin et dépasse-
rait le but que nous nous sommes proposé. Un tableau complet
de la phonétique des dialectes néo-araméens fait partie de la
grammaire comparée. Le temps est venu d'écrire la grammaire
critique et comparée de ces dialectes, qui mettrait à la disposi-
tion des linguistes d'utiles éléments épars dans les divei'ses pu-
blications que nous avons citées plus haut. Nous nous bornerons
ici au tav aspiré, th.
Dans le dialecte mésopotamien du Tour Abdin, l'aspiration de
cette lettre sVst conservée d'une manière ri'gulière. Nous laisse-
rons donc ce dialecte en dehors de notre f'tude. Dans le dialecte
128 RUBENS DUVAL.
syrien de Ma'Ioula, le tav est encore aspiré, th, ou devient chuin-
tant, ch ou tch, sans qu'il soit possible, dans Tëtat actuel de nos
connaissances, d'établir aucune règle à ce sujet. Nous laisserons
donc aussi de côté ce dialecte.
Dans le groupe oriental, la prononciation du tav aspiré varie.
En Fellihi, l'aspiration subsiste, th; à Ourmia, l'aspiration dis-
paraît et l'on prononce t; à Salamas chrétien et à Djélu, th est élidé
souvent; mais, dans certains mots, il se prononce dur, t; à Sala-
mas juif (et aussi à Basch-Kala), il se change en /, sauf excep-
tions; à Zacho juif, il passe en *; à Tiàri chrétien, il a un son
chuintant, s [ch français).
Quelques exemples, pris dans chacun de ces dialectes, rendront
sensibles ces diverses prononciations.
Fellihi : beitha^ (G 3o9, 5), ND^a tr maisom^; pàtha (S i33, 3),
KriND rrfacer); bathœr [G 3o3, 96; S ia8, 9), "inn tfaprèsw; hai-
manoulha (G 307, 8), Nn"iJD\"n cffoiii-, slotha (G 30^, i3), nd*'??
trprièren; malkoulha (G 309, 22; S 1 48, 9), nd^dVd ff royaumes.
Ourmia : bêta (S 25, 7), xn";? ff maison a; pâta (S 11, 20),
xnXD 'ffaceii; mata (S 17, 18), NriD frvillagew; bar (avec élision
du /A, S 7, 5, etc.), -iri2 «après T^; haimonouta[S 53, 19), NniJDin
fffoifl; slouta (S 17, 5), NDibs ff prière n; maJcihouta (S 19, 19),
î<ni3''3D tf humilité n.
Salamas chrétien : biya (D 3, 9), Nn";3 rf maisonn; pâ (D 29,
5 ) , NnXD tf face n ; ma ( D 7 1 , 1 5 ) , xriD « village v ; bar (D 3 1 , 21),
*iri3 ff après n; marouva (D 28, 12), nd^iD «propriétén; slouva
(D hli, 3), HD^b'i «prière 77; malkouva (D 26, 18), KniD^D
«royaumeii; mais mota (D 8G, 20), NniD «la mort^; mât (D 63,
2), nxp «il meurtw; œutra (D 29, G), Ninx «lieuw; laudita
(D 79, 10), Nn'^nin «foi^^; ptàha (D ûi, 18), Nfidd «ouvrirai;
htàva (D \h^ 19), xnnp «écrire^; p«</)rt (D G7, 17), xnriD «elle
ouvres; kalvih (D G8, 20), pnnD «ils écrivent 17.
Djélu : buja (S 12/1, i3-i/i), Nrii3 «maison::; pàha (S t23,
18), NDND «facex; màha (S i25, 18), xriD « village w; «/«m
(S 123, iG), Nn'i'?^: «prières; ïyâ (S 122, 18), nin'n\v «il y
' Dans le Tour Abdin, on prononce hako (PS 1, 3, etc.) avec t dur, comme
dans le syriaque ancien , à cause de la diphtongue ai. Dans le rameau oriental ,
la diphtongue n'a plus que la valeur d'une voyelle et le tav subit l'aspiralion.
NOTICE SUR LES DIALECTES NÉO-ARAMÉENS. 129'
avait 15; mais mepâtat [S 12 h, io),T NnXD |p f depuis la face de 15;
bnitha (S 126, i5). Nn"»:? ff construite w.
Salamas juif: bêla (D 96, 16), xn^n fc maison»; màla (D 109,
1), xnD ffviUagei;; bara ou Wtra (D 111, 1; 1/12, 21), Nina
cf après 75; qamsanoula (D 107, 10), NniJîjpp cr avarice»; peshanoula
(Dg9,2), xrn jni'D tf joie»; herivoula(D 180,9), Nninnn trtort»;
spiroula (D i3o, 9), NniTiÇÇ^ «r bonté'»; visoula (D 126, 10),
Nnv^*"*?"; «continent»; belâné (D io5, 10) pour benàlé, xni?
t: filles»; mèlen (D 126, 3), XJN riN'D ffje'meurs»; mcllé (D 120,
1^), riV IT'P ffil mourut»; peloiih (D 116, 5, niDD «ouvre»;
pelehla (Dm, i3), n*? WDl^ «elle^ ouvrit»; kehuv (D 102, 6),
3"inp «écris»; kelevlé (D 102, 9), n'? 2"'rip «il écrivit»; qema'el
(D loi, 2), rr'NDni^ «auparavant».
Zacho juif: bêsa (S 169, i5) ou bêtha (S 169, 22), Nri^2
«maison»; pâsa (S 16/i, 20), KnND «face»; bœser (S i64, 5),
TrQ «après»; bœsra (S i65, i), NiDD «après, derrière»; sousa-
vàsa (S 162, 18), NmoiD «chevaux»; bnâsa (S 16/i, 1), Nfiin
(t filles»; qoràsa (S 169, 22), Nm^i^ «tombeaux»; isva (S 169,
9), mn n\N* «il y avait»; âsé (S 160, 19), N'riN «il vient»;
psihlé (S 161, 11), nh n^ip «il ouvrit»; mais kthâva (S 166, h),
Nnnp «livre»; sinlha (S 166, 12), HD!!^ «sommeil»; lêlavàtha
(S 160, 3), xmb''.'? «nuits».
Tiàri^ : bêsa, Nn^3 «maison»; mâsa, kdD «village»; asra,
NTnN «lieu»; ksàva, N^np «livre»; hesna, Ninn «fiancé»; esva,
mn n"'N ^fil y avait»; les ou tes, n\S* n'? «il n'y a pas»; sensa,
arti^ «sommeil»; malkousa, NniD^D «royaume»; qamêsa, Nri"»D"iî?
«première»; âsé atyàsé, xnx «il vient»; sa, xn «viens».
Ces exemples suffisent pour indiquer la prononciation ordinaire
du tav aspiré dans chacun de cesjdialectes. La cause des différentes
altérations de cette lettre n'apparaît pas d'une manière évidente;
quelques observations à ce sujet ne seront pas hors de propos.
' Les mots du diaiecle de Tiàri sont empruntés au travail de M. LidzbarskI ,
p. 286, 987 et 947. Dans l'ori(jinal, ces mots sont écrits en caractère-! sy-
riaques; pour faciliter la comparaison avec les autres dialectes, nous les trans-
crivons en caractères latins. L'inconvénient de ce procédé n'est pas grand ici,
puisqu'il ne s'agit pour nous que du th, dont la prononciation chuiulantc dans
ce dialecle'cst conûrmée par la grammaire de Stoddard, p. 7^-
MKM. LING. — U- <)
130 RUBENS DUVAL.
Le dialecte Fellihi a conservé intacte, on le voit, Tancienne
prononciation du tav aspire'.
C'est sans doute par réaction contre la tendance à e'iider celte*
lettre et pour e'viter la confusion qui serait résulte'e de cette éli-
sion que, dans le dialecte d'Ourmia, le tav a été prononcé dur.
Le mot très usité bar pour bathar «après» est un indice de la fai-
blesse de cette consonne; nous en verrons plus loin d'autres
exemples.
Dans les dialectes chrétiens de Salamas et de Djélu, l'élision
s'est produite dans les mots oii elle a pu s'effectuer sans que le
langage devînt inintelligible. Elle a été vraisemblablement l'effet
d'un niouillement analogue au mouillement de l double en fran-
çais, dans le mot Jamille, par exemple. Ce phénomène linguistique
est encore sensible dans biya (de bêtha) et malkouva (de tnalkoutha),
oh y et V se sont produits sous l'influence des voyelles précé-
dentes, i et ou. Entre deux voyelles de même nature, l'élision est
complète et les deux voyelles se contractent à Salamas : ma (de
mâthâ), pâ {àepàthà); mais à Djélu les deux voyelles sont main-
tenues au moyen d'une légère aspiration : màha , pàha. Un mouille-
ment se fait souvent sentir en néo-araméen après les palatales g
ou k, qui, dans ce cas, se prononcent gui, ki; ex. : g^'âna (S 3,
5; D 10, 7), x:N3 trame, personne w ; j?a/^'"oM (S 3i, 9), îjSd «à
moitié w; k'oumi (S5, 2;D ki, 1), nçid, syr. jLvaâol ff noirs 77;
douk'àni (D ik, U), NJDn tr lieux»; kema (D h'], 19), XDp
ff comme»; tik'a (S 17, 8; D 3/i, 8), KDn « morceau». M. Merx a
déjà observé ce mouillement des consonnes dans les dialectes
araméens vulgaires, et même dans le syriaque ancien, comparer
iJ^i^o;, pluriel de jN>o;; voir Z. D. M. G., XXII, p. 273 et
suiv.
N'est-ce pas aussi par suite d'un mouillement que th est de-
venu / dans le dialecte juif de Salamas? On peut admettre une
double mutation : th aura d'abord passé en dh, la dentale aspirée
la plus proche, et ensuite en L Le changement de th en d se pro-
duit dans ce dialecte dans toute la conjugaison du verbe ndx
«venir», comme nous le verrons plus loin, et dans le mot senda
(D 112, 7) de ntijC; ff sommeil». Cependant t?/i lui-même n'y de-
vient que très rarement /, cette consonne étant généralement
élidée. Voici les quelques exemples de cette mutation que nous
ayons constatés : kiel (D 119, 8), :?-"' nd «il sait»; kielva (D 97,
k), mn i?"!'' ND «il savait»; yellé (D 126, 16), nS Vl"^ «il sut»
(comparer me//e', D 120, i^,n'7 rfÇtf il mourut»); e'/âvê (RG 209,
18), xnny «fêtes».
NOTICE SUR LES DIALECTES NÉO-AR AMÉENS. 131
Daus le dialecte juif de Zaclio, tav aspiré se prononces, mais
quelquefois encore th. Cette double prononciation montre avec
quelle facilité th peut devenir s. On sait, du reste, que les Juifs
polonais prononcent s le tav hébreu aspiré. Dans ce dialecte, dh
se prononce z; c'est une permutation qui correspond à celle de
th en s.
Enfin, dans le dialecte de Tiâri, tav aspiré devient chuintant,
ch. Nous avons dit plus haut que le dialecte de MaMoula offrait
des exemples de cette prononciation chuintante, qui d'ailleurs
n'était pas inconnue des anciens Sémites. Un groupe assez impor-
tant de mots ont en hébreu un schin, o*, auquel correspond en
araméen un tav, n, et en arabe un tha, <ù>; ex. : hébr. ^*'ih^
«trois», aram. riVri, arabe <±>!^'. Le tav araméen représentait,
dans ce cas, un t chuintant.
La règle ordinaire étant établie pour le tav aspiré dans chacun
de ces dialectes, il y a lieu de voir les exceptions que cette règle
comporte dans quelques-uns d'entre eux. Ces exceptions se ren-
contrent dans les désinences du pluriel féminin des noms et dans
le verbe NDN « venir :5.
On sait qu'en araméen la désinence du pluriel féminin empha-
tique est âthâ, quelquefois avàthâ et yâlhâ; ainsi malkâthâ, ntidVd,
pi. de maJkethà, Nnj'pD Kreinei^; athravàthâ, xnnnN, pi. de athrà,
NnriN tr lieu 17; doukyâthà, Nn''D'n, pi. de doukethà rr endroits.
A Ourmia, cette désinence est âti, avâti, yâti; quelquefois, par
élision du t primitivement aspiré, ai, avai, yai, ex. : batvâti
(S 1 1, 6), pi. de Nn^3 f maisom^; somavàli (S i5, 1 1) ou sousa-
vai (S 87, 3 et h), pi. de KD1D frchevaln; natyâti (S ii, i), pi.
de nd: ff oreille tî; smlyâti (S 1 1, 3), pi. de arh^'p fr chaînette 15;
g'"ânàti (S 5, 19), pi. de NJN3 f^ personne ii ; mâvai (S 79, 6),
pi. de NriD ft village»; bahtâ'i (S 83, 19), pi. de Nnp3 cf femme»;
saravà'i (S 77, 19), pi. de NTH^y rffête».
A Salamas chrétien , la contraction est constante et conforme
à la règle de l'élision du tav aspiré dans ce dialecte : souhsavaih
(D 5i, 17) ft chevaux»; mâvaih (D 36, 7) ft villages»; baljtaih
(D 5o, 4) r femmes», etc. Sur l'aspiration finale A voir plus loin.
Les courts textes du dialecte de Djélu ne fournissent pas
d'exemples pour ce cas.
A Salamas juif, le tav est élidé et ne se change pas en l : you-
mâvé (D io5, 3), pi. de xp'"' «jour»; lélâvé (RG 299, 18), pi.
de nS^S «nuit»; sousâvé {DnU, i5), pL de kod f cheval»; ^«r-
inàvé (D i2i, 12), pi. de XTpip «os»; yammâvé (RG 299, 10),
9-
132 RUBEXS DUVAL.
pî. de iil2\ trmer»; mais avec t : haivanâté (D i^h, lo), pi. de
|rn tt animal u.
Les autres dialectes ne donnent lieu à aucune exception.
Le verbe xnx ff venir n pre'sente une anomalie dans les deux
dialectes de Salamas.
Dans le dialecte chrétien, ih devient t dur après à dans une
syllabe ouverte; dans les autres cas, il se change en une aspira-
tion semblable au ch doux allemand dans ich. Nous transcrivons
cette aspiration par h. Les exemples ci-après sont tirés de nos
Dialectes néo-araméens de Salamas.
. kiâté (35, 6; 87, 3), xriN* xp f^il vient".
âtê (38, 7; 52, 8), "^na ttils viennentTî.
kiatêvâ (53, 2), NID ""riN ND ffils venaient^.
ahya (36, 21) ou aiha (5, 9; 77, 8), N^DN felle vient».
ahyàna (7, 8), Nj^nx ^un arrivante.
hilouh (5, i5), "j*? 1I1N' tftu es venuw.
hilé (88, 8), i"? inx «ils sont venus w.
hilèla (80, 3), n"? N"'nN ffelle est venue».
ihiva (i3, h), n^r^ \^x «fils étaient venus».
hyà (25, 9; 3o, 12), NTIN avenir».
Dans le dialecte juif, le th, dans ce cas, se change constamment
end :
adé (102, lù), xnx ffil vient».
adet (102, 16), riJN KriN fftu viens».
aJew (139, 18) ou adyen (109, 20, avec mouillement du d)^
nia xrx «je viens».
ida (102, i5), xnx, syr. jl cr viens», etc.
Le verbe 2n"' crs'asseoiv» conserve \etav qui n'est plus aspiré, t,
aussi bien dans ces dialectes que dans les autres.
Le mot xn'pri ff trois» est prononcé tlâtha seulement dans le dia-
lecte Fellihi. Ailleurs il devient th [tla'a^ à Salamas juif, D 107,
20; i32, 17; i38, 7, etc.; tlaha à Zacho, S 168, 22), avec un t
emphatique analogue au têt.
Il serait intéressant de poursuivre cette étude et de rechercher
les différentes altérations que subissent dans chacun de ces dia-
1 La forme talha, que donne RG 299, 16, est cerfalnement erronée, et l'on
doit iire tlaha.
NOTICE SUR LES DIALECTES NÉO-ARAMÉENS. 133
lectes les autres muettes, lorsqu'elles s'aspirent sous rinfluence
de la voyelle pre'cédenle. Les consonnes b p d sont aussi laibles
que ( et présentent des plie'nomènes dignes d'être signalés. Mais
un tel travail nous conduirait trop loin; nous terminerons par
quelques remarques sur les voyelles.
II
REMARQUES SUR QUELQUES VOYELLES.
Le dialecte d'Ourmia et le dialecte chrétien de Salamas font
suivre i long et naturel, à la fin d'un mot, d'une aspiration sem-
blable au ch doux allemand, que nous transcrivons par h et que
nous avons déjà constatée plus haut dans certaines formes du
verbe NnX à Salamas. On prononce : odili (S 3, /i; D 19, 19),
l'inny rrilsfontw; tlih (D 83, 1), j'^ribri cftrenteii; mindih (S h'], 9)
ou mendîh^ (D 19, 16), nip cr quelque choses, targ. n-D, syr.
lo«.âo; doqilih (S 69, 5), ib ]''p3T ^ils me saisissent^?; ahounih
(D 9, 3), "ijinx ttmon frères; broimih (D 9, 3), "'jnn cfmon
fils 11, etc. Celle aspiration est également sensible après la diph-
tongue ai, à la fin des mots, voir les exemples du pluriel féminin
en aih cités plus haut pour le dialecte de Salamas. A Ourmia,
elle se fait également entendre, mais d'une manière moins con-
slante : mavaih (S 79, 10) et mavai (S 79, 6), pi. de NnD te vil-
lage», etc.
Une aspiration de même nature, mais plus forte, h , correspon-
dant au ch dur allemand et au ^ arabe, est sensible après la
voyelle ou dans le dialecte chrétien de Salamas. Elle se rencontre
non seulement à la fin des mots, mais aussi dans l'intérieur après
une syllabe ouverte. Dans ce dernier cas, la gutturale peut être
moins forte que h et correspondre au son de g [9- arabe) sous
l'influence de la consonne suivante. Voici quelques exemples tirés
de mes Dialectes néo-araméetis de Salamas : pousouh (5, 5), 1D*"13
fr demeurez w; mouttouh (^2, 2t) tt établissez r, du verbe 3riÇ; mé-
mouh (87, 1 5 ) ff apportez r> , du verbe iVri'^p ; voudouh (79,3), may
refaites 15; ahtouh (79, 2), irinx tfvousr; hlougla (3, 3), x'^i'jn
ff noce 75; yougla (8, 20), Nbnv^cl^J*^'^*^^'^^''^ tougman (i3, 18)
wtomanT) (nomd'unejmonnaie); nougna (12, 6), n:u ff poisson»;
* A Salamas juif, medih avec /i = cJi dur allemand et ^ arabe (D 127, i5;
199, 1/4; 1^19, 9). C'est le seul exemple de ce genre que nous ayons constaté
dans le dialecte juif de Salamas.
134 RUBENS DUVAL.
tougna (i5, a), Njan tf paille hachée 15; tyohta (10, 3), Nnan''
tf action de s'asseoirw; ktouhta (69, 4), Nr3"»rip ffc'critew; yoljta
(/i4, 11), Nnnni tfaction de donnent; touhti (i/i, 9), xrnn
te mûres (fruits) w, etc.
Est-ce aussi un prolongement de la voyelle qui a occasionne'
la forme singulière des suffixes pronominaux singuliers dans le
dialecte juif de Salamas? Ces suffixes sont, pour le masculin des
noms et pour les prépositions, ev ou ef; pour le féminin, av. Les
exemples suivants sont empruntés au même livre : a^a'eu (98,
i5) et fl^fl'e/" (128, 3) rrson maître (à lui) 15; berounef [nS, 20)
frson fils (à lui):?; berounav (98, i3) ffson fils (à elle) 11; bàbcf
(118,17) ^^son père (à lui)??; bâbav [lUi, 21) k son père (à elle)w;
avec une préposition : alev (1 15, 6) et alef[^i , 10) trà lui??; alav
(1 15 , 2) tf à elle??; èa'ei; (i43, 6) et /»a'e/"(95, 16) tt chez lui??;
ham (120, 9) ftchez elle??; didef[^'], 7) ttde lui-même??; didav
(162, 9) tr d'elle-même??.
Les suffixes correspondants des autres dialectes ont les formes
suivantes : le dialecte Fellihi et les dialectes de Tiâri et de Zacho ,
e pour le masculin, a pour le féminin, comme dans Taraméen
ancien; le dialecte d'Ourmia et le dialecte chrétien de Salamas,
ou pour le masculin, 0 pour le féminin; le dialecte deDjélu,
{ pour le masculin, 0 pour le féminin.
La comparaison de ces différentes formes ne semble pas con-
firmer l'hypothèse, admise jusqu'ici, que les suffixes ou et 0
d'Ourmia et de Salamas chrétien seraient venus de l'ancien suf-
.. f^
fixe au du pluriel des noms (««aJi^io). Cette hypothèse est fondée
sur ce fait que, dans ces dialectes, le singulier et le pluriel des
noms avec les suffixes ne se distinguent plus, malkou signifiant
trson roi?? ou tf ses rois??. Nous rapprocherions plutôt les suffixes
ou et 0 des suffixes ev et av de Salamas juif. Dans ces dialectes,
ev ou iv devient généralement ou par l'intermédiaire de eu; com-
parer parmi les exemples cités plus haut, p. i33-i34, tougna de
Xj^D tt paille??, yougla de x'??'; tt chiendent??, etc.; au passe en 0
par l'intermédiaire de au: gara (passim) de K"I33 tt homme??; ôdih
(voir ci-dessus) de ]'>ii^ ft ils font?? , etc. Les suffixes i et 0 de Djélu
peuvent s'expliquer de la même manière.
Doit-on voir dans le v (ou/) des suffixes de Salamas juif une
altération du hé qui, dans l'ancien araméen, était écrit à la fin
du suffixe singulier n.., n^ (avec mappiq dans l'araméen biblique,
n.., n,)?Une raison qui porte à le penser, c'est que, dans le Fel-
lihi, le hé est quelquefois encore articulé. Ce suffixe, en effet, est
é ou éh pour le masculin singulier, a ou ah pour le féminin sin-
NOTICE SUR LES DIALECTES NÉO-ARAMÉENS. 135
guiier (G, p. 299). Il n'y a pas, il est vrai, d'exemple en sémi-
tique du changement de h en v ou/; mais une telle permutation
n'aurait rien d'insolite en soi, à en juger par le digamma grec et
d'autres phe'nomènes analogues.
Ces quelques remarques sufTiront, je l'espère, à faire ressortir
l'intérêt linguistique qu'offrent les dialectes néo-arame'ens.
Rubens Duval.
VARIA.
I. — I
TTTTOS.
M. de Saussure considère 'itttzos comme un traitement phoné-
tique de l'ancien *ék^wos (skr. àrvas, zd aspô, lit. afivà, ags. eoh,
V. irl. ech, lat. equos), mais ne justifie pas en détail cette expli-
cation (dans ces Mémoires, VJI, 79). Le cas de elireîv qu'il rap-
proche est différent, et aussi celui de Xoiyôs (cf. ibid., Vil, Go,
et VIII, 281). Néanmoins le principe est juste, ainsi que le montre
la discussion de l'histoire phonétique du mot.
Comme l'indiquait déjà M. L. Havet [Mém. Soc. ling., IV, 25),
dans *éh^wos le h^ et le w appartiennent à deux syllabes diffé-
rentes. En grec le point d'articulation de Aj devant w a été reporté
à la place de hj et le traitement hellénique est le même au point
de vue de l'articulation que celui des vélaires; pour préciser, on
peut dire que *ék^wos se prononçait ék^-''\wos en indo-européen
et qu'il est devenu *éq-'>wos en grec. Mais, devant -q- fermant la
syllabe, -e- et -0- deviennent en grec -v- : vv^, fopTv^ {skr. var-
tàkas), ovv^^, xvxXos, xvxvos, *v\jyv6s = skr. nagnàs{^KiV\ yvfxvSs
pour une raison inconnue); *éq-iwos devait donc àonnQv*ûq-iivos
ou plutôt *hi(q-''wos, puisque tout u- initial est précédé de l'esprit
rude. Dans les exemples cités plus haut, la transformation de e
et de 0 en M entraîne la perte de l'élément vélo-labial de la gut-
turale suivante; mais le w de *hiiq-iwos, qui était un ancien -w-
et non pas seulement une partie d'un autre phonème comme
l'élément ^ de q'^ issu de i.-e. k.^, a subsisté; Yu de *hûq-iwos a
donc été dissimilé en -i- comme celui de aiTrvs {*av7Tvs., cf. vil/ti-
Xôs), de ÈXeidvKt cf. ÈXevO^ (J. Schmidt, K. Z., XXXII, 35o
et G. Schulze, Quaest. epicae, p. 269 sqq.) et de siTreiv; de là *h{q-
iwos, 'iTTiros. Un -v- intérieur ne reçoit pas d'aspiration; c'est ce
qui explique le t et le x dans les noms propres connus Apialnr-
7T0S, TLdrpiTnros, Asvxittttos, formés suivant un type ancien fixé;
' La fin do xa'AvI «gaine de la fleur ou de la semence» semble reposer sur
*-efc.,s ou *-ofc.,s,- la racine *k°l- est la même que celle de ««A-vw-tw (avec -vit-
sans doute d'après xpvTi7co); cf. v. h.-a. hulsn : hèlan. Le sens et la forme pho-
nétique obligent à séparer xaAo| de xiiX/Ç (ancien *k,°lik-), KvXn, cf. skr. ka-
lâras (rac. *k,el- au degré 0), comme l'a bien vu Darbishire, Cambr. phil.
transact. III, 196.
VARIA. 137
au contraire, dans les compose's où 'ÎTnros était senti nettement,
on trouve l'aspiration : Téôpm-Tios, et de même^dans ceux où le
premier terme est une préposition : "EÇninros, AvOmnos (d'après
è(^ 'hircf) , dv6"Î7r7iov). L'esprit rude de iWos, qui semblait une
énigme, fournit un témoignage précieux du passage de l'ancien e-
par v- pour aboutir à î-. La forme Ikxos, attestée à Tarente et
Epidaure, présente deux difierences avec 'îttttos : chute de w
après k et absence de l'esprit rude (cf. Thumb, Spiritus asper,
p. i3), sur lesquelles il est difficile de se prononcer.
On doit conclure de ce qui précède que la prothèse panhellé-
nique de h- devant u- initial en grec est antérieure à la dissimi-
lation de -v- en -i-; par suite le rapprochement de att. invôs et
got. auhns, qui a le grave défaut de supposer la conservation
d'une vélaire après un ancien u- en grec sans aucune interven-
tion possible de l'analogie, est définitivement écarté : en effet,
si l'interprétation qu'a donnée M. Brugmanu, K. Z., XXV, 3o6
et suiv., était exacte, l'exemple de att. imros montre que l'esprit
rude de l'tJ- initial aurait subsisté. Got. auhns ne doit du reste pas
être séparé de skr. ukhâ, ce qui exclut tout rapprochement avec
tTTvés, puisque i.-e. kh est représenté en grec par )(^.
IL — V. si. zêja.
Le rapprochement établi par M. Zubaty, Archiv XIII, 623,
entre v. sL zéja et lit. ziôju, cf. lat. hiâre, est si frappant qu'il ne
peut être nié; mais il semble au premier abord impossible, car
zj- donne en slave ij-, et l'on ne connaît pas de loi phonétique
en vertu de laquelle -à- soit devenu -è-. Les observations qui
suivent ont pour but d'en fournir la justification phonétique.
En slave, les voyelles brèves et les longues non issues de di-
phtongues se classent naturellement en deux sériesçarallMes, sui-
vant qu'elles sont prononcées veis la partie antérieure du palais
et précédées des consonnes dites molles, c'est-à-dire jodisées
(mais non mouillées), ou prononcées plus en arrière et précédées
des consonnes dites dures :
i. ë e i ï
2. a 0 y û
Toutes les consonnes sont capables des deux prononciatirms,
molle et dure, suivant la voyelle (ju'elles introduisent, sauf: i"k,ff,
ch lemplacéspar è, di, s devant toute voyelle palatale ancienne et
parc,r/z, s devant eeti secondaires (issus de-oj-); 2"jqui ne peut
perdre son caractère palatal sans cesser d'être j et qui par suite, au
138 A. MEILLET.
lieu de se modifier lui-même, altère la voyelle suivante : après j les
voyelles o, y, û n'existent pas en slave; elles sont remplacées par
e, i, ï; au contraire, je- ne se trouve nulle part, mais seulement
ja-. Comme toute rupture du parallélisme des changements pho-
nétiques, cet emploi de ja- appelle une explication; il y a ici
deux problèmes : i° Pourquoi l'ancien je- devient-il ja-? —
2° Pourquoi *yâ- ne devient-ii pas/e-? Le second disparaît si Ton
admet qu'un ancien *jà- est devenu *jé-, et que la loi de trans-
Ibrmation de *jë- enja- est postérieure à la paiatalisation de *jâ- eu
*jë-, de même que la transformation de ce- en ca- est posle'rieure à
l'alte'ration de k en c devante. Or, en effet, le passage de *jé- à *ja-
rappelle celui de je- (ou-'e-) eajo- (Jo-), qui peut n'être pas pan-
slave, mais dont les traces, différentes les unes des autres, se
retrouvent du moins dans la plupart des dialectes russes et occiden-
taux (voir Jagic, Archiv, V, ôSy et suiv. , etSakhmatov. Hscj-fe^oBaHi»
B-b o6.iacTn pyccKOH ^oHCTiiKH, p. 3 ct suiv. ) ; il est donc probable
que ce passage est récent. On voit en même temps qu'il fait partie
d'une nouvelle série de faits parallèles, et, pour résoudre la pre-
mière question, on doit seulement trouver pourquoi il est pan-
slave et général , tandis que celui de -je- en -jo- est dialectal et
limité à des cas définis. La raison de cette particularité ne peut
être cherchée que dans une prononciation très ouverte de ê. En
effet ë est en panslave un ë plus ouvert que e de la même langue
et, par suite, plus voisin de à que e ne l'est de o. Plusieurs faits
dénotent cette prononciation :
1° La graphie glagolitique indique parle même signe e (c'est-
à-dire /e) elja, confondant ainsi la voyelle palatale, essentielle-
ment précédée en slave d'une jodisation, et^-f- a; pour e, où le
même signe sert à noter ■'e et je, les timbres des voyelles étaient
identiques; dans le cas de è ils ne pouvaient qu'être très voisins,
et, par suite, ë était •'e long très ouvert.
9° Le passage de ë (c.-à-d. U) initial à ja dans le vieux slave
des manuscrits cyrilliques.
3° Le parallélisme suivant : l'ancien ô devient à, c'est-à-dire
une voyelle plus ouverte queô; l'ancien ê doit donc donner aussi
une voyelle plus ouverte que è.
h° L'emploi de ë pour a grec dans des mots empruntés : ala-
vëstrû, akdSaalpos (Zographensis) — skandëlû, axdvSaXov (Psal-
terium).
La prononciation très ouverte de ë panslave ^ n'exclut pas un
^ Notre confrère M. P. Boyer me signale à ce propos que M. Miklcoia reconnaît
le caractère ouvert à l'ancien è du russe dans ses Slavische lehnwnrter in den
west-Jinnischen sprachen.
VARIA. 139
changement ultérieur en ê fermé qui s'est réalisé dialectalement
(Miklosich, Vergl. gr., P, p. hi).
Une fois le fait posé que *jà- s'est changé en*jé-, on voit
qu'un thème ancien *zjâje- est devenu ^zjéje-; postérieurement à
la palatalisation des voyelles précédées de/, le; combiné de *z/'e-
a été dissimilé par le -j- intervocalique de -je- (cf. Grammont,
La dissmilation consonantique) et a disparu; il n'est donc resté
que zèje- oiî 2 et e ont nécessairement subsisté puisque le / qui
est la cause du passage de ë h a n'existait plus. De même
rèja, lèja, smèja s'expliquent par des thèmes *r{j)éje-, *l{j)éje-,
*sm(J)eje-, issus de *rjâje-, *ljâje-, *smjâje-; cf. peut-être aussi
caje- de *cèje-, *cjâje-. Ces formations ne se trouvant que dans les
racines terminées en i, il semble que ce soit l'impossibilité de
distinguer autrement le type simple lîj-a du type à suffixe -je-
lî-ja qui aura conduit à étendre le à de l'infinitif *(/«- au présent,
d'où *ljâje-, lëje-, — L's du démonstratif si, très naturelle dans s?
= lit. B'is, si = lit. ISi, si (nominatif pluriel neutre) == ags. hi,
mais qui semble anomale partout ailleurs, est justifiée dans seje,
seji, seja, seju si l'on part d'anciens *s{j)ej-, issus de *sjoj-, avec
la même dissimilation que dans zéja, etc. Lej qui subsiste dans
sjujî (Malh., XXVIII, 38, texte du Zographensis) n'est pas un vé-
ritable/, ce n'est que la trace de la jodisation qui précédait l'e
de la diphtongue -eu- comme tout e panslave et qui a subsisté
après même que cet e fut passé à 0 et se fut confondu avec le
second élément de la diphtongue; l'opposition de sujî ff gauche ^
(cf. skr, savyâs, ï.-e.*sewyos) et de sujî avide'? (cf. lat. cauos de -
*k^owos) répond à celle de bljudetû (cf. 'SïsvôeTai) : buditû. Le j de
la première syllabe de pljuja, sjuja peut donc provenir de l'e de
la diphtongue (cf. lit. spiâuju) et n'avoir rien de commun avec
le ij indo-européen de la racine de ces mots.
L'hypothèse qui rend compte de zéja permet d'expliquer aussi
le comparatif novéji. M. Streitberg a proposé de voir dans le suf-
fixe -éjîs- d'une partie des comparatifs slaves la forme forte de
skr. -njas-, gr. -lo[h)- [Zur germ. sprachgeschichte , p. 22); mais
cette supposition est inconciliable avec le fait que -èjïs- est propre
aux comparatifs' tirés à date récente des adjectifs munis de leur
suffixe (ainsi dobrèji, silînèjî, mekûcajî) et que tous les comparatifs
de forme sûrement archaïque et tirés directement de la racine
ont -jîs- : vysîjî, glabljijï, etc. Le nominatif neutre en -ye = skr.
-yas, lat. -ius suppose un nominatif masculin en *-jôs; mais en
fait on trouve d'une part novè-jî, de l'autre shzdï-jî; le -jî final
de ces deux formes est récent et rappelle celui de rata-jï, prija-
tel-jî, mytar-jî, elc. ; le premier -jî de slazdîjî ne fournit aucun
traitement de nominatif et ne peut qu'être emprunté à d'autres
formes; mais un ancien *novjâ-jï, sorti de *novyOs, devait donner
\hO A. MEILLET.
novèjî après transformalion de à eu ë et chute duj par dissimirà-
tion. On est ainsi amené à reconnaître qu'une flexion novëji,*nov-
jîsa et *sladejï, slazdïsa a e'to normalisée en novejî, novêjUa et
slazdîjï, slazdïsa, les types en -e)"î dominant dans les cas où une
différence profonde sépare le positif du comparatif et -jïjî là oii
les deux formes sont restées voisines.
On peut citer une autre trace de la prononciation */e- de Tan-
cien *jà- :
Le *jà attesté par lit. jôti, skr. yâti apparaît en slave sous
deux formes contradictoires : ë- dans *éda (v. si. vûzëdi, Luc, V,
/i; russe jef/w, etc.), ^èzditl [serbe jezditi) elja- dans jachati (serbe
jahati). On ne peut s'étonner que \ej- initial dejachati ait subsisté,
puisque rien ne tendait à l'altérer. Au contraire, la jodisalion
développée devant le i- initial de *îda ffje vaisw a conduit à rem-
placer le j- initial de *jëda (ancien thème *jâde-) par la simple
jodisation qui précède tout è, d'où *Jéda; le ë de ^ëda, n'étant plus
précédé de j, n'est pas devenu a, comme celui de *jëchati (ancien
*jâchà(i). LeJ développé devant a, ë, e, i, i différait à l'origine
de l'ancien y, comme le "" développé devant o ,ij,û différait de v
(cf. Idg. forsch. , V, 822).
Il y a donc eu une altération de l'ancien *jà- en *jë-, effacée
par une loi postérieure, et le parallélisme de *ië, je, ji, jî au lieu
de *jâ, *jo, *jy, *jû est parfait. La conservation de ju et jà n'a
rien de surprenant; il s'agit ici d'anciennes diphtongues, et c'est
un cas tout différent. Le passage de *joi- à ji- ne contredit pas la
loi générale de conservation, même après j, du timbre 0 dans les
diphtongues. En effet, de même que Ve de eu a été changé en 0 sous
l'iufluence du second élément u, l'o de oi a été changé en e sous
l'influence de i; cette nouvelle diphtongue prend d'ordinaire la
forme ë en slave; mais la succession y -|- ^ H" *^ a été réduite kjl.
Ici encore il n'y a pas rupture du parallélisme phonétique. Quant
à l'influence de j sur la diphtongue finale dans konje, zemlje,
znaje, elle tient à la nature toute particulière de cette diphtongue,
qui apparaît comme voyelle simple -e en polonais et en russe
(Fortunalov, Archiv, XI, b'jh).
Remarque. — Certains adjectifs ont les deux formes du com-
paratif, par exemple : unje et unëje (les deux dans le Marianus
et ailleurs) d'un simple *uno-, ancien *ausno- (cf. Idg. forsch. V,
66), dérivé d'un substantif répondant à skr. âvas, zd avô (cf. skr.
téjas : tlksnâs; zend raocô : raoysnô; gr. (^aos : (pas iv6ç).\)e même
on trouve sidjïjî et sulëjt tirés d'un simple *sulo- (cf. sVy. çàmras,
pol. sowity). Les formes unëjï, sulëjî sont conformes à la règle,
puisque ces comparatifs sont tirés non de la racine, mais d'ad-
jectifs comprenant un suffixe; unjïjî el suljïjî sont par suite très
VARIA. Ul
remarquables, et l'existence de la double forme est une intéres-
sante confirmation de l'hypothèse qui a e'té proposée plus haut,
puisqu'on peut trouver ici à la fois les nominatifs unëji, sulëjî et
les accusatifs unjïsï, suljîsî.
III. — Lat. auonculus.
Le latin màtertera trsœur du pèrew renferme visiblement le
suffixe -tero-; mais l'interprétation tdike a mothem, donnée par
M. Lindsay ( The latin langiiage, p. 6o5) sans doute d'après Ascoli,
Arch. glott. it., suppl. I, p. 58 et suiv., ne semble pas rendre
exactement compte du sens.
En effet, le suffixe secondaire *-tero- sert en principe à marquer
l'opposition de deux notions : dexter et sinister, noster et uester. etc. ,
mais d'une manière telle que dexter soit tfce qui est à droite et
non à gauche n, noster, t? ce qui est à nous et non à vousw, bpécr-
lepos crce qui est de la montagne et non de la plaine 17 (Bréal,
dans ces Mémoires, IX, 3 G et suiv.). Au contraire, dans quel-
ques mots sanskrits bien connus, le suffixe -tara- indique l'oppo-
sition précisément inverse : vatsatarâs tfveau sevrée, c'est-à-
dire ce qui n'est plus un veau, s'oppose au veau qui tette encore,
vatsâs, et açvataràs rr muletw (persan astar), c'est-à-dire ce qui n'est
pas un cheval, s'oppose au cheval âçvas; la raison de cet emploi
divergent du suffixe *-tero- est qu'il n'y a lieu de marquer une
opposition dans ces deux cas qu'autant qu'il est question du
frveau sevrée et du ff mulet 7?. Le latin màtertera se distingue de
mater, comme skr. açvataràs de àçvas; cf. P. Persson, Stud. etym.,
p. 1 ili.
Le nom de Ter oncle maternels ne saurait être tiré de celui de
la mère par le même procédé, mais bien plutôt de celui de l'aïeul
maternel; cf. patruos r? frère du pèrew et amita rsceur du père^i,
v. isl. amma cr grand'mère 17 ; le double sens connu de i.-e.*nepot-
rrpetit-filsw et cr neveu n prouve que les deux formes de parenté
non immédiate étaient aisément rapprochées. Or, en effet, le
latin auonculus est dérivé de *awon-, cf. v. isl. de. La finale -cidus
est celle des diminutifs, et l'on ne peut, au point de vue latin,
interpréter autrement que trie petit aïeul :i (V. Henry, Gramm.
comp. du gr. et du lat., $ 157). Mais màtertera engage à recher-
cher dans auonculus le suffixe secondaire marquant opposition :
*-tero-; ce suffixe a une forme *-tro- : lit. katràs, lat. nter, titra;
dexter, dextra (avec syncope de i intérieur, cf. Se^nspos); sinister,
siimtra; cf. aussi lat. sê-mes-tr-is et gr. <xkX6-Tp-tos avec un
second suffixe. On conçoit aisément que *awontros soit devenu
*awontlos [auonculus) sous l'influence du suffixe des diminutifs
142 A. MEILLET.
que le latin s'est crée's. Or le mot correspondant des langues brit-
toniques renferme un suffixe en -r- et non en -l-, et, d'après une
communication de notre confrère M. Dottin, rien ne semble
s'opposer à ce que l'on considère *awontros comme le primitif de
bret. euontr, gall. ewythr; cf. d'Arbois de Jubainville, Mém.Soc. ling.
IV, 3 08. On est donc bien autorisé à poser un italo-celtique
*awontro-.
Cette conclusion est confirmée par la formation analogue du
nom de l'tf oncle maternelle en letto -slave : v. pruss. awis, v. si.
ujï; ce mot est tiré de *awo- (lat. auos, cf. arm. haw) au moyen du
suffixe secondaire *-i/o-, qui comme *-tero- marque une opposi-
tion, mais sans indiquer qu'il s'agit de deux choses : cf. alius et
alter, skr. pûrvyâs et gr. -crporepo?, etc. (v. Brugmann, Grundriss
II, p. 195 oij il est un peu improprement parlé de cf comparaison 77);
en sanskrit nàvya- est le contraire de sânyas-. Ce même suffixe
se trouve dans skr. pitrvy as , et sans doute dans v. si. stryjî; on en
peut même supposer l'existence à date ancienne dans lat. jjatruos ,
cf. pour le traitement phonétique de -owy- en syllabe intérieure
laline hiduom en face de binoctimn, biennium; induô en face de
ombr. anovihmu. — Le lit. avynas rappelle la finale -yji àejaunyn
eîti (J. Schmidt, K. Z., XXYI, /loo).
IV. — Le traitement de i.-e. 0 en indo-iranien.
L'hypothèse de M. Brugmann que i.-e. 0, ablaut de e, don-
nerait à en syllabe intérieure ouverte indo-iranienne, qui a été
récemment encore critiquée par M. Bechtel {Hauptprobkme, p, 46
et suiv.) et qui est absolu ment repoussée par M. Bartholomae (Grura-
driss der iran. phil. I, p. 27), a été défendue par M. Streitberg {Idg.
forsch. III, p. 366 et suiv.) et n'est pas abandonnée par son au-
teur. Il n'est donc pas inutile de la discuter à nouveau; il n'y a
pas à revenir sur les difficultés que soulève a priori la thèse de
M. Brugmann : la substitution d'une différence de quantité à une
différence de timbre et la nécessité oii l'on se trouve de poser une
prononciation tout autre de 0 ablaut de e etde ïo de 'zsôcris, skr.
pâtis et des exemples analogues, alors que rien n'indique par ail-
leurs cette distinction. M. Collitz, M. Schmidt et M. Bechtel ont
aussi montré suffisamment que beaucoup d'étymologies irrépro-
chables contredisent la loi de M. Brugmann : damas = gr. SSfxos;
rasa = v. si. rosa ; vratàm , cf. v. si. rota ^ ; dharû-nas , cf. v. si. dravû
(russe -dorov); skr. bhàgas v. perse baga=\. si. bogû (cf. arm. be-
' Pour V, si. r- en regard de skr. vr-. cf. rèzn, pol. rzup (de *rïzna) en face
de /"pnyrtifxi , JFf,r^aaa), sppâyr\v\ -razû en face de Fpé^.
VAKIA. 1A3
kanel cf briser w; Ta de gr. (payeïv sort de i.-e. a); vàmiti = lat.
uomit; skr. sarvâtât- zd haurvatât- = gr. oXotïjt--, dlrghatâ = \. si.
lUïgota; skr. sâhu-ris, gr. o)(v-pés, oyj (en face de ôp^^u- comme
Ta;^a en face de Ta;;^t;s) ; etc. Les exemples où le timbre o est attesté
ea indo-iranien par la forme de la gutturale sont particulière-
ment inte'ressauts (À'. Z., XXV, gS), ainsi :
skr. katarâs, gr. 'Zffôrepos^ got. hwapar
skr. -haras, zd -karô^, cf. v. perse caiianaîy, gâtli. fora/
skr. Art/4 ftfragment:^ (vocalisme o de la racine comme v. si.
raka, got. staiga, lat. toga), cf. lit. skaln, skeliù
skr.-kàsati, lit. teù, v. si. aor. kose, cf. v. si. cesa
skr. galati, pre'sent en o en regard de arc. SsXXm
skr. maghdvan-=zd mayavan- (peu probant).
Mais cette critique négative n'entraînera la conviction com-
plète que si toutes les longues indo-iraniennes admettent une expli-
cation.
M. Bechtel a déjà rendu compte de la longue des causatifs en
rapprochant skr. plâvayati de v. si. plaviti et svàpmjati de lat. sôpirc,
cf. aussi V. suéd. sova (d'après Noreen, Abriss, p. Zia); M. Streit-
berg [Idg./orsch., III, 386) fait au rapprochement de svàpchjati,
sôpîre l'objection que les causatifs latins ont une autre forme;
mais en réalité monêre, docêre , fouêre , nocêre, etc. sont des ité-
ratifs, et d'autre part le sens des dénominatifs tels que ûnire, im-
pedire, saepire s'explique seulement par l'existence de ces causatifs
en -i- dont sôpire est le reste le plus clair. — Le germanique fournit
aussi des traces de l'existence des causatifs en ô : v. h.-a. /uorew,
skr. pâràyaù en face defaran présent en o. — M. Delbrûck a si-
gnalé un fait d'une importance décisive [Idg./orsch. IV, 182 et
suiv.) : les itératifs indo-iraniens ont a à la racine : skr. patâyati,
mais les causatifs ont à : skr. pàlàyati. Ceci posé, il suffit de com-
parer le slave pour reconnaître que l'a de patâyati est un 0 bref
indo-européen et l'a de patâyati un ô long. En regard des ité-
ratifs voditi, voziti, voliti, goniti, choditi, nositi, oriti, prositi, on
trouve en effet les causatifs :
gasiti, cf. lit. gesù; il est tout à fait arbitraire d'attribuer l'a de
gasiti à l'itératif -gasati;
grabiti, cf. skr. grâhayati;
paliti, cf. poléti, planati, pepelû et lit. pelenaî;
' Le k- de -kara- est peu probant, parce que la racine indo-iranienne Aar-
ff faire» tend à généraliser k- par opposition à car- trse niouvoirn qui tend à
généraliser c- : cf. skr. anucaràs etgr. i\t<plito)^os , lat. anculus.
1^-^ A. MEILLET.
jiz-baviti, cf. skr. bhàvâyati; il n'y a pas de raison de voir ici un
dénominatil" de jizbava;
slaviti, cf. skr. çràvàyati, zd sràvaijeiti; la longue du substantif
slava, comme celle de jizbava, n'a peut-être e'te' conserve'e que par
l'influence du causatif;
plavîti, cf. skr. plâvaijati; le sens «faire coulera du verbe slave
ne permet pas d'y voir un dénominatif de plavï ce bateau ii;
valiti, cf. skr. vârâyati et arm. glel cr tournent (de *gowlel, issu
de *woleye-)\'valki ne peut être tiré de valu tf vaguer;
traviti, d.Jrova; peut-être de trava; mais cf. ce qui a été dit de
sïava slaviti;
kaziti, cf. -cezna; peut-être dénominatif de kaza;
daviti, cf. go t. diwan.
D'autres exemples tels que vabiti, vaditi, variti, kaditi, kaniti, sla-
viti sont plus douteux; saditi répond bien à skr. sâdâyati, mais le
slave a généralisé dans cetle racine le degré long sèd-; sad- est donc
la forme de degré long attendue en face de sëd-; cf. rëza, -razû;
lèza, -lazû, etc. Les prétendus causatifs slaves à o radical sont
des dénominatifs et ont par suite l'accent sur le suffixe au pré-
sent, tandis que les itératifs et causatifs ont plutôt l'accent sur
la présuffîxalc : serbe vodi = russe vôdit, gcisl = russe gàsit; mais
moriti est tiré de morû (serbe morl = russe morit)^ tociti de tokû
(serbe toci), loziti de -logû (serbe lozi), pojiti de -pojî [serbe pdji =
russe pojù), topiti de toplâ (serbe topi) cf. vysiti de vysokû. L'ac-
centuation sur -i- dans les infinitifs tels que serbe nositi=msse
nosiï en face du présent nosi=n6sit résulte du déplacement du
ton de 0 sur i d'intonation rude ^ (serbe -îti, cf. lit. -î/fi) ; c'est ce
que prouve l'opposition de serbe gâsiti, gasi; pâliti, pîili; daviti,
dîivl oij ft a l'intonation douce, et de grâbiti, grâbî; bàviti; slaviti;
plàviti; valiti; vaditi où a a l'intonation rude. L'hésitation du russe
entre l'ancien gàsit et gasû provient de l'influence de la pre-
mière personne gasiî et de l'infinitif gasù' =serhe gâsiti; pâlit en
face de serbe pah est sans doute d'après paljà et jya/îV= serbe
pàliti. Le lituanien n'a pas de causatifs correspondants, mais les
thèmes d'itératifs sont aussi paroxytons, sauf déplacement résul-
tant de la loi de M. de Saussure : làuzyti, làuzo; daryti, dâro;
leurs participes présents ont l'accent sur la racine : duras, sâkas,
imânas, etc. Les thèmes d'itératifs et sans doute aussi ceux de
causatifs primaires étaient donc paroxytonés en letto-slave.
' Voir P. Boyer, De l'accentuation du verbe russe, Centenaire de l'Ecole des
Langues orientales, tSgS, p. ^56. — Note de corrcclion.
VARU. \àb
La confusion des itératifs et des causatifs qui s"est produite
en germanique par e'iimination du vocalisme ô provient de l'iden-
tité' des deux types dans les racines terminées par une sonanle
suivie de consonne : skr, vartaijati, v. si. vratiti, got. -warâjan; la
longue n'a guère subsisté que dans quelques cas exceptionnels
où le présent non causatif avait ie vocalisme o de la racine :
V. h.-di.fiioren
got. goljan
far an ( prêt. /wor)
V. isl. gala (prêt, gél)
et encore l'ô ne tient-il pas essentiellement au sens causatif et se
retrouve-t-il dans un verbe sûrement itératif, v. h.-a./wo/en r tâter,
sentira, cf. lat. pellô. — En grec aussi, les causatifs ont disparu;
l'exemple ùdsoj en face du présent 66o[xai à vocalisme o est douteux :
mais le vocalisme co a subsisté dans deux itératifs : iscoXsofjiai et
-crAw/^o); pour le suffixe -i%e- cf. KOiiéo) et KOfiilco, tous deux ité-
ratifs de la racine *k\emd-, cf. skr. çamâyâte.
Les noms indo-iraniens en -a- qui ont le degré -â- de la ra-
cine ne peuvent être invoqués en faveur de la loi de M. Brug-
mann, parce qu'ils s'opposent souvent à des mots tirés de la même
racine au degré -à-, présentent la plupart du temps un sens
particulier et sont oxytoués alors même qu'ils sont abstraits [dâvàs,
nâdàs, nàvâs, vâkâs, vâsàs, sâdâs, sâvds, etc.); on trouve en
sanskrit :
bhàras (v. perse -iara-) traction
de porter n (cf. (popos)
gràhhas fraction de saisira (cf.
lette grahas)
taras traction de passer» (cf.
TOpO?)
bhàgas trfait d'avoir une bonne
part,fl (cf. V. si. u-bogu)
nâj/rts tr conduites
sâhas fraction de vaincre w (cf.
vàhas rt ce qui sert à tirer le cbar -o
(cf. 0)(^05, V. si. vozû)
svanâs trson-o (cf. v. si. zvonû)
suçâkas
dharûnahvaras , hvalà
-çraya-
prabhavàs
gantas tr marche tî, samgamàs
vin, LING. IX.
bhârâs (pers. bâr) rr fardeau»
gràbhâs tr poignée, celui qui
saisit» (cf. lit. grobê)
taras rrce qui passe» (cf. Topô?
au lieu de *Twpo5)
bhâgas rrpart» (accent d'après
bhàgas; pour la longue cf. v.
h.-a. bruoh, ags. brôk)
nâyâs rr conducteur»
sâhâs rr vainqueur»
vàhàs tr animal de trait» (cf. lit.
pravoia)
svânàs rc bruyant » (cf. lat. persOna )
çâkâs tr fort»
hvârâs rr serpent»
çrâyâs tr pourvu de»
bhàvàs trétat» (cf. v. s\. jizbava)
zd gâmô rrpas» (cf. gr. /Sw/i/os)
JO
IMtftlMftUB KATIUVALB.
1^6 A. MEILLET.
amâras, pehlvi mar (cf. v. si. Màras, pehlvi pers. màr rrser-
morii, lit. màras) pentw
praghasas ghâsàs tf pâture, fourrageai.
Les mots de la colonne de gauche répondent pour la forme,
pour le sens et pour l'accent au type grec Xoyos, ttIoxos, tokos, etc. ;
ceux de la seconde rappellent plutôt v. si. nagû (fe'rainin serbe
7iàga = russe nagâ, neutre serbe nâgo; russe 7iâgo avec de'place-
ment d'accent) = lit. nïïgas, v. si. malû (cf. gr. (xôoXvs), lit. romùs
(cf. skr. rûmâs), gr. x.co(pés (cf. lat. hebes), yoSkà?^ crjiôjXos, kw^los
cr banquet religieux )5 (cf. skr. faml), yjopo? X^P^ (^^- ^^''' hàrati
tf il prends, haras tf collier de perles i?, lit. iefti ttscharrenw), c'est-
à-dire des adjectifs et des noms d'objets ou d'agents; cf. du
reste :
V. si. godû tf moment conve- got. gods tfbonw
nable^i (génit. russe goda)
V. h. -a. grab v. h.-a. gruoba
V. si. -wn<(cf. letteafwrtrstf tour- russe var fteau bouillante ^i,
nant d'eau 75) povar tt cuisiniers, lette wârs
tf soupe 77
skr. çràvas tt action d'entendrew v. si. slava ttgloireii (collectif de
*kjôw6-)
lat. modas (cf. gâth. mada-) v. isl. mât tr forme, manière -o
gr. (26Xo5 ^dkrj ^Y. ^ôûXos tr motte de terre -n
gr. Xôyos V. h.-a. luog tt tanières
V. si. stogû, V. isl. pak lit. stôgas tt toits
gr. <7op6s gr. cTwpôç tramas s
zd hunara- lit. nôras tt volonté -n
gr. tsôQos lit. godas ft désir r,
V. h.-a. lam lette làms, lit. loma
^r. (ppoupÔ5,(ppovpd, got. wars, gr. (ScÔpoi' bÇ)6aXfxoi\ âpâ, zd
V. b,-a. wara hàrô tt maîtres;
D'autres longues indo-iraniennes peuvent rentrer dans la série
des longues de deuxièmes termes de composés signalées par
M. F. de Saussure [Mém. Soc. ling., VII, 80, n.) : skr. supârâs, cf.
TaXotiTTôûpos — dîmàças, cf. lit. smiofiai — nidâghâs (pers. dày),
cf. v. si. jizgaga — vivâhàs, cf. lit. jvoda. — La longue de skr.
dvâram tt portes est empruntée à dvâr-, et c'est zd dvara-, v. pers.
duvara- qui répondent à v. si. dvorû, \i\t. forum. — La longue de
certains thèmes en -i- skr. grâhis, dhrâjis, râjîs, v. pers. bâjis
répond à celle de v. si. tvarï, udarï, rrcï, zalï, non à l'ô de Tpo^ts,
TpoTvis, lat. scobis; cf. aussi gr. xpir^is, Sfipis. — L'a de skr. chàyâ,
pehlvi sâyak est un ancien é, comme l'attestent skr. ch-, iran. s-;
cf. v. si. veja en face de skr. vayà tt branche s. — D'une manière
VARIA. \àl
générale Tindo-iranien, qui a perdu la distinction des timbres e
eto, si importante dans la flexion indo-européenne, a conservé
et développé les oppositions quantitatives, loin de tendre à les
éliminer comme le grec.
M. Streitberg attribue une grande valeur kjânu, yôvv et dâru,
Sopv. Mais Tarm. cownr cr genou w suppose ô et non ô; de plus,
les neutres anomaux de ce genre ont possédé au nominatif une
voyelle longue dont il reste de nombreuses traces tantôt dans une
langue, tantôt dans une autre : l'ë de Jj-Trap, elotp ne se retrouve
pas dans skr. yàkrt, âsi'k;Yô de skr. ntima, lat. nômen, ann. anown
s'oppose à \ô de got, namo, gr. ovojua; mais le grec connaît Sôûyia;
il y a hésitation à Tintérieur même de Tindo-iranien : skr. vâri,
mais zd vairi-; skr. yàhrl, mais zd yàkara. La longue àejdnu, ddru,
sânu, etc. est donc dénuée de toute valeur probante (cf. K. Z.,
XXV, 9 3).
L'a de skr. bhâràmas{i) représente une ancienne brève, cL (pé-
pofxes', mais le fait n'est pas phonétique comme le montre la com-
paraison de hhàramânas, gr. (pep6(xevo5, v. si. nesomii, lat. 1er-
tumnus. On notera que Ta du suffixe skr. -màna- est imité de celui
de -âna- (=arm. -oivn) des verbes athématiques. L'analogie de la
première personne bhàràmi en face de bhàrasi a pu conduire à
opposer bhàrâmas à bhàratha. Le succès de cette formule analogique
a été déterminé par le fait que, l'indo-iranien distinguant -a,
issu de i.-e. e, et a, issu de i.-e. o [Mém. Soc. ling., VIII, 286),
on avait : *-âmi, *-yasi, *-^ati, *-amas,*-yathya,*-anti : les formes
où a non précédé de y se trouvait en syllabe ouverte ont été rap-
prochées. Ce n'est donc pas par hasard que l'indo-iranien a un à
répondant à i.-e. 0. La même raison phonétique a provoqué l'ex-
tension de à dans les temps secondaires et au moyen, grâce
peut-être à l'identité de l'injonctif et du subjonctif bhârcmia. Il y
faut joindre une raison rythmique : à en juger par la métrique vé-
dique, le rythme de l'indo-iranien était iambique; or *bhàrà-
màsi, *bhàràmàdhai et *[d)bhuràma, *{a)bhàràmàdhi présentaient des
successions de brèves que l'introduction de la longue de *bha-
râmi avait l'avantage d'éliminer; cf. àjîjanat, àbuhudhat en face de
àçiçvitat, acucyavlt; voir Oldenberg, Die hymnen, p. 898 et suiv.
Mais un point de départ analogique est indispensable, et, là oiî
il fait défaut, c'est à qui répond à i.-e. 0, ainsi à l'optatif zend
3'' pers. plur. act. -ayan, i^sing. moy. -aya.
La même différence de a et ■« explique l'extension de l'a de
svdsfi (cf. lat. soror, arm. Ihoyr, lit. sesn) à l'accusatif svàsâram
(ancien *sivésorn), par opposition au 'a de svàsari (ancien 'siveseri,
cf. lit. seseryjè); çvânam doit son â à çvâ [cïAït. I^â , gr. kvcov, arm.
soivn); usdsam à usas (cf. gr. rjcios, lat. aurôra), etc. Cette raison pho-
nétique de l'extension de la longue du nominatif manquait là oiî
1A8 A. MEILLET.
le vocalisme est e : pkàmm ('sraTspa), vfsanam [dpaevot), -çravasam
{-xXsFéa), etc. ont doue conservé leur à et la brève du ge'nitifzd
vacô (cf. bnos) en face de vâ^s = lat. uôx suppose un thème *wek-,
de tout point comparable à lat. ped- en regard de gr. ttoS-. La
re'partition des longues et des brèves en sanskrit de'pend ici
du timbre des voyelles indo-europe'ennes, comme Ta bien montré
M. Streitberg, Idg. forsch. III, 36 1 et suiv., mais ne favorise
pas ne'anmoins Tliypothèse de M. Brugmann. Car on ne trouve
que à pour repre'senler i.-e. ô là oij aucune action analogique n'est
intervenue : ge'nit. duel skr. tâyos = v. si. toju; skr. kadâ, gâth.
hadâ, cf. lit. kadà, got. hwan, gr. -nrore.
Il reste à résoudre une grosse difficulté : skr. jajâna, gr. ys-
yove. Après les observations qui précèdent, on ne saurait y voir
une identité phonétique. La quantité étant le seul élément qui dis-
tingue jajàna yéyova de jajâna ysyove, il eût suffi au sanskrit
d'un point de départ très étroit pour généraliser une différence
qui permettait de caractériser les deux personnes; mais ce point
de départ n'est pas connu. Toutefois le grec fournit quelques exem-
ples de ô : yéyœve, eïwQe (cf. 'édojv^ edos; skr. svadliâ, got. sidus).
D'autre part, la brève de yéyove ne prouve pas que la longue
de jajâna ne soit pas ancienne (cf. ces Mémoires, VIII, 2/i5); car
cette brève peut être due à l'influence de yéyovct, d'après l'iden-
tité du vocalisme de 'XéXonra, XéXonrs et de sppcoya., êppojye', et,
en vertu de la constance des actions analogiques, si la substitu-
tion de 0 à w à la S'' personne s'est produite dans un cas unique-
ment en vertu de causes générales, elle s'est produite dans tous,
sauf circonstances particulières : opposition de yéycovs et yéyove,
isolément de sïtJoOe. D'ailleurs, le grec tend en général à éliminer
le degré long des racines : si le slave manquait pour l'aoriste sigma-
tique comme il manque pour le parfait, la longue de avàf. (cf.
v. si. vc'sû) ne serait pas moins isolée que ne l'est celle de uvâlia.
L'opposition de la brève et de la longue de la i*^® et de la 3^ per-
sonne du parfait est si peu stable que, même en sanskrit et en
zend, elle n'est régulièrement conservée que dans les textes védiques
et gâthiques. Il n'y a donc pas de chance d'en trouver de traces
dans des langues o\j tout le système des formes a été transformé,
comme le germanique ou l'irlandais; le latin est hors de cause,
puisqu'il n'a conservé au parfait que les formes moyennes à voca-
lisme radical sans e ni o. Quoi qu'il en soit, jajâna yéyove ne
prouve pas plus en faveur du traitement à que jàjana yéyova. en
faveur du traitement à; en effet, si la seconde supposition oblige
à admettre une 3^ personne indo-européenne *giCgiône (ou *gie-
g^ène?) qui n'est pas démontrée par ailleurs, l'hypothèse de à
oblige à poser une première personne à vocalisme radical e qui
est au moins aussi gratuite. Une méthode rigoureuse ne permet
VARIA. 1/19
d'utiliser ces formes en aucun sens et Ton doit conclure qu'au-
cune des preuves alle'guées en faveur du traitement à de i.-e. ô ne
re'siste à une critique exacte.
V. — Position dialectale de Tarme'nien.
La conservation ou le changement des articulations et des as-
sociations grammaticales que la grammaire historique étudie et
exprime par les lois phone'tiques et les formules analogiques
s'opèrent dans le village d'une manière inde'pendante chez chacun
des enfants qui apprend à parler, et, à l'inte'rieur d'un groupe
linguistique e'tendu, dans chacun des dialectes isole'ment. Il
résulte de là deux conséquences bien connues : i° les limites
d'action de deux lois ou de deux formules ne coïncident pas;
2° un même changement se fait à des dates différentes suivant
les dialectes. Il y a donc lieu de rechercher dans quelle mesure
les particularités phonétiques ou morphologiques des diverses
langues indo-européennes coïncident avec celles des langues voi-
sines pour déterminer ce qui peut remonter à des tendances dia-
lectales indo-européennes, et parla même quelles sont les affinités
de chacune avec celles qui sont géographiquement le plus rap-
prochées.
Cette détermination est spécialement difficile dans les langues
qui ont subi des altérations profondes, comme l'arménien, parce
qu'on court le risque de reporter à la période indo-européenne
ou du moins à des tendances anciennes des faits récents. Si la
transformation de arm. y- initial en h- était un peu plus ancienne
qu'elle ne l'est, on serait tenté par exemple de la rapprocher du
fait correspondant du grec. Il importe donc de s'en tenir aux
divergences communes à plusieurs langues indo-européennes, et
l'on en trouve assez pour établir avec précision que la situation dia-
lectale de l'arménien est intermédiaire entre l'indo-iranieu, le
lelto-slave et le grec.
On négligera en général les coïncidences de vocabulaire
comme ne fournissant pas de preuves certaines; on ne saurait
rien conclure, par exemple, de la répartition de skr. pràîi, v. si.
protivû, ion. 'SpoTi et Tupos (de ^-crpoT?) et iran. pati, lit. pas (de
*pats; à séparer ào pâskiii), dor. ^ssoti et arc. 'zsos (de *'croT?). Il
convient néanmoins de rappeler que l'arménien possède certains
termes importants qui ne sont pas ou ne sont plus connus de
l'indo-iranien : arawr=]a[. arâtnim; «X, cf. v. si. soli; a\t ffsel,
saline i', cf. got. sait. D'autre part, si les rapprochements avec le
letto-slave étaient recherchés aussi méthodiquement que l'ont été
ceux avec le grec et l'indo-iranien, leur nombre serait aisémen'
1:60 A. MEILLET.
accru, ainsi arm. bowth fcémousséii, cf. lit. bttîcùs; arm. der « en-
core w, cf. lit. dàr; kornçim rrje- péris ", cf. v. si. gorjtjï ['l) \ dn-
klnowm tfje m'enfonce w, aor. an-klay, cf. lit. gllùs, gelme; erk-
ayn, erlc-ar (dongn, cf. peut-être lit. efdvas; gakt t'en secret w,
goX fc voleur, xXéTrrrjsv (cf. indo-iran. tâyu-, v. si. tatï; "krjcrlrj? est
traduit ])av awazah), cf. lette ivilt «tromperie; art rr dehors '5 lo-
catif de art ff champ 17 (avec t énigmatique au lieu de c, cf. àypSs)
comme lit. laiikè locatif de laukas; hardam tfje crien, cf. v. pruss.
gerdaut cf dire r> ; le thème gorti- k grenouille n (instr. gortiw psaume
77, /i5) répond à lette warde même pour l'ê final; il est donc
légitime de conclure que le vocabulaire ne fournit pas de raisons
de rapprocher Tarménien de i'indo-iranien et du grec plutôt
que du letto-slave.
Le traitement des gutturales est trop connu pour devoir être
rappelé [Mém. Soc. ling. VIII, 298). La voyelle 0, qui tend à
devenir plus ouverte et à se confondre avec a en indo-iranien,
letto-slave et germanique et qui subsiste bien distincte en grec et
en italo-celtique, garde son timbre 0 en arménien dans certains
cas définis et devient a dans les autres, tandis que ô reste tou-
jours dilïerent de à; la confusion de 0 et a, qui résulte d'une
tendance ancienne, n'est arrivée à son terme que dans le dévelop-
pement particulier de chaque langue; elle n'a pu aboutir pour ô
et à , parce que les voyelles longues avaient pris en arménien une
prononciation fermée qui a transformé ê en i et ô en u; en litua-
nien ô n'est resté distinct de à qu'autant qu'il n'est pas en ablaut
avec e, ê, a : on a donc stôgas, stegiu avec 0 comme jôti, mais diïti;
une trace de la distinction de 0 et a en lituanien paraît se trouver
dans venas (cf. oïvtj) avec v- (cf. déjà à ce sujet G. Mahfow, Die
hngen vocale â ë ô, p. 9) en face de éfikau (cf. arm. ayc) et
ëfimas (cf. gr. (xi)(^(xtf) ; cf. vâfias (lat. uncus) en face de asà (iat.
ansa). L'opposition letto-slave, germanique et italo-celtique du
perfectif et de l'imperfectif ne semble pas apparaître en armé-
nien, où les préfixes verbaux sont rares, presque exceptionnels;
mais on y trouve en revanche une opposition du présent et de
l'aoriste qui rappelle beaucoup celle de l'indo-iranien et du grec
(cf. l'impératif présent mi berer v yLrj (pépe-n et l'impératif aoriste
ber ffsvsyxen). L'augment a en arménien un rôle délerminé par
une circonstance phonétique, ce qui permet de conclure à l'exis-
tence antérieure d'un emploi libre comparable à celui du même
préfixe en indo-iranien et en grec homérique. Le parfait est
remplacé comme en slave par un participe en -la- avec le verbe
ccêtrei^; les noms d'agents ont une forme en -/- [cnawXkh cf pa-
rentes w, où -awX- repos esur -âtl-), cf. v. si. -tel- en face de *-ter-
supposé par le grec et le latin, l'indo-iranien ne permettant pas de
TARI A. 151
décision^. Un i.-e. 9 en première syllabe devient a (hayr) comme
en grec, italo-cellique et germanique, tandis qu'il devient i en
indo-iranien et ietto-slave;mais la même voyelle tombe en seconde
syllabe comme en iranien, en lelto-slave et en germanique
(arm. dowstr, gàtb. diigadâ, v. si. dûsti, lit. duhté, got. dauhtar), tan-
dis qu'elle subsiste en sanskrit, en grec et en italo-celtique (skr.
duhità, gr. B-vyctTvp)-
Le traitement de s pre'sente un intérêt tout particulier. An
commencement de la syllabe, s devient /* en arme'nien de même
qu'en iranien et en grec (le même passage en celtique fait partie
d'un ensemble de phe'nomènes proprement celtiques et ne doit
pas être cité ici, comme l'a fait M. Hirt, Idg.forsch., IV, kk); le
passage de s as, qui a lieu en indo-iranien et en slave après r et
aussi après k, i et u, ne se trouve eu arménien qu'après r; on a
donc now comme vv6s en face de skr. snusâ, v. si. snûcha; lovcay,
cf. lit. klaiisaù; nist, skr. tûîàs; mais après r on a s (cf. de même
s dans lit. virfiùs, v. si. vriïchû) : garkl (cf. \\\. garfius [?]), kharsel
[Mém. Soc. ling., VIII, 280). Cette loi phonétique de l'arménien
ne permet pas de maintenir le rapprochement de arm. ayr « uirw
et zd arsan- ffmàlew; rien n'empêche du reste d'identifier ayr à
àvifp comme hayr à TSaTrlp et axvr ajoura à *âmôr; le génitif ar/i
peut sortir de *anr''l„s (gr. àvSpôs) comme khirtn de *swidr-; de
même le datif-locatif arn de ^anrai ou *anri, etc.; l'instrumental
aramb, le génitif-datif pluriel ara/iç sont simplement imités du
type à nasale gain r agneau w; l'accusatif pluriel ars reproduit
*anr)js, et le nominatif pluriel arkh en est tiré : cf. harkh, hars;
kltorkh, khors. — Au point de vue des parentés dialectales, il n'est
pas sans intérêt de noter que l'arménien a le même mot que le
grec et sous la même forme (avec la prothèse a-), tandis que
le lituanien, le germanique et le celtique expriment la même
idée par un autre terme, lit. vyras, got. wairs,y. irl./er, et que
le sanskrit a les deux : nàr- et vlrâ-, de même que l'italique. Pour
l'idée générale de ^bommen, l'arménien s'accorde aussi avec le
grec et lindo-iranien : l'homme est le tr mortels par opposition
aux dieux ff immortelsi? : skr. màrtas, pers. mard, arm. mard
(serait *j«arf, s'il était emprunté), gr. (Spores; les autres langues
généralisent au contraire Tépithète de tr terrestre 15 par opposition
aux dieux r célestes ^5 : lit. zmogùs, got. guma, lat. homo. —
Pour Va- prothétique de ayr, cf. ayçanem d'accord avec v. si.
jiska, lit. éfkau, v. h. -a. eiskôn contre skr. ichàd, zd isaiti.
Le traitement du groupe intérieur i.-e -ivy- est remarquable;
dans une partie des langues le u; devient le second élément d'une
' On sait que les noms crinstriimcnls en *-tlo- qui sont sûrement indo-euro-
péens mettenl iiors de doute le caractère ancien du sullixe -tel-.
152 A. MEILLET.
diphtongue, tandis que dans les autres w reste consonne explosive;
cf. skr. nâvyas, gaul. novio-, mais lit. naûjas, got. niiijis etskr. sa-
vyàs, mais zd haoya-, v. si. sujï; l'arménien est ici d'accord avec
le sanskrit et le grec : kogi tfljeurrei^ repose sur *gow]io- avec w
consonne, comme ûx. gàvxja- etgr. -(3oio- (c'esî-à-dire *-(3oFyo-);
ogi (et hogi) tr souffle, esprit» sort sans doute de *owyo-, et", gr.
avpâ, oCpos, âFskXa.. — Cette différence dialectale repose au
fond sur un détail d'articulation très mince; on sait qu'à l'in-
térieur du mot, après un élément bref, une jconsonne placée
devant une sonante se prononçait double en indo-européen; on
avait donc *-ow-"'yo- et non *-ow-yo-; le sanskrit divyà- était div^ya-
et donne pâli dibba-. Le groupe *-ow'^yo- posait un problème;
en effet un w terminant une syllabe forme en principe diphtongue
avec la voyelle précédente, mais alors, le w implosif disparaissant
en tant que w consonne, le w explosif tombait par là même :
de là *-ouyo- en iranien, letto- slave et germanique; les autres
dialectes ont conservé la valeur w au w implosif final de syllabe,
et l'explosion suivante a pu subsister : c'est ce qui s'est passé en
indien, arménien, grec et italo-celtique.
Il existe en arménien moderne un accent secondaire sur l'ini-
tiale, en dehors de l'accent principal sur la syllabe finale du mot.
Cet accent est fort ancien; en effet : i° Dans les dialectes modernes
toute voyelle en syllabe intérieure est tombée : arm. mod. tesnel
de tesanel, etc.; cette loi est commune à tous les dialectes. Une
preuve curieuse de son caractère ancien ressort du fait suivant :
le mot Astowac ff Dieu» fait au génitif singulier Astowcoy, contre la
règle générale, puisque seuls i et u tombent en arménien ancien
dans les syllabes qui précèdent l'accent, mais non e, o, a; en
fait, Astowac et Astowcoy sont toujours écrits en abrégé dans les
anciens manuscrits : «/S-, ui^y., le génûii *Astowacoy n'étant pas
protégé par l'orthographe a subi l'action de la loi phonétique ré-
cente; au contraire, le génitif pluriel astowacoç désignant les frfaux
dieux 15 est écrit en toutes lettres; aussi son a intérieur n'est-il pas
tombé. — 2" A l'initiale, i et ow terminant la syllabe subsistent,
comme l'a montré M. Bartholomae : imê, owtem; cette particula-
rité semble indiquer l'existence de l'accent sur l'initiale déjà en
ancien arménien; mais, comme la chute de i\ ow et l'altération
de ë, oy, ea se produisent du reste même en première syllabe, il
est clair que cet accent secondaire n'avait pas encore en ancien
arménien l'importance qu'il a acquise plus tard ; il est en voie
de développement; et par suite on n'a pas le droit de le rapprocher
de l'accent d'intensité sur l'initiale du germanique, de l'irlandais
et de l'italique.
Une s initiale a été assimilée au ^j intérieur devenu une sif-
flante dans arm. shesowr, cf. skr. çvarrûs'et Vit. fiefiuras; la même
VARIA. 153
assimilation paraît s'être produite dans shajiim (^sHsmihn) rje
commence*^, skizbn r commencement-, qui doit être rapproché
de gr. t>cù), ixdvo), îxvéo[iOLi (sans F), v. irl. rosiacht ril a atteint-?
et skr. viçàti, qui supposent la racine *siveik\-, atteste'e par arm.
*skis-. Le zd hvasura-monire que le passage de *sv- à hv- est anté-
rieur à l'action de cette loi, qui se trouve par suite n'être pas
représentée en iranien.
Les masculins en -à- du slave (sluga), du grec ('SîaiSoTpiër]?,
opviOoOrjpôis) et du latin [indigena, incola, auriga) reproduisent
sans doute un type indo-européen e'iiminé d'ailleurs parce que
la forme en-â-étaitspe'cifiquementfe'minine;le type des masculins
en -î- ne s'est conservé en dehors du slave (sgdiji) qu'en sanskrit
d'une manière isolée : rathïs. La conservation de ce type en -â-
en arménien n'a donc rien de bien probant au point de vue des
affinités de dialectes; encore convient-il de noter que son emploi
pour former des noms d'agents est remarquablement pareil aux
emplois grecs et latins : an-ker "compagnons, gén. dnheri, instr.
ankeraiv — thag-a-ivor "porteur de couronne, roii, gén. -wori,
instr. -woraw [-wor n'est donc pas identique à -Çopos ) — an-
g-ëf r ignorant 75, gén. an-giti. instr. an-gitaw, etc. Ces mots sont
pour la plupart de création récente, et même beaucoup ont été
formés sur l'aoriste en -aç- des verbes en -a-; d'après and-hat,
cf. l'aoriste ehat — srt-a-bek, cf. ehek — amen-a-kaJ , cf. kalaw
— inkhn-a-boys , cf. bowsaw (cf. gr. isé(pvKa1) — etc. on a formé
tnkhi-a-kaç sur ekaç aoriste de kal — an-moraç sur moraçaw
aoriste de moi-anal — kam-a-gnaç sur gnaç aoriste de gnal — etc.
Ces mêmes verbes tirent leur participe passé de Taoriste en ç :
kaçeal, movaçeal. gnaçeal , à la différence de ceux en e, par exemple
gorcel, gocceaç , participe ^orcefl/.
La sourde aspirée i.-e. kh est en arménien une spirante comme
en slave : arm. x et v. si. ch sont deux transcriptions différentes
du même phonème. Le v. si. chosta, chûtèti r: vouloir r?, et le pol.
chec ff désir "n rappellent arm. xind -joien, xnd^l rse réjouira,
xndir r question ~, xfl/i^f ^sentiment vif et violent-? (cf. Pedersen,
Idg.forsch. \ , 5o).
En somme, l'arménien est fort éloigné du germanique presque
à tous les points de vue indiqués; il faut encore ajouter que son
instrumental repose sur une forme en -6A- comme celui de l'indo-
iranien et du grec et non sur une forme en -m-, comme celui du
letlo-sla\c et du germanique — et de plus que les dizaines sont
exprimées par -sown qui répond au gr. -xovry. et non par le
nom de nombre -dixn lui-même comme en letto-slave et en ger-
manique. Le parallélisme de la laiitverschiebung germanique et de
celle de l'arménien est fortuit; car, si la confusion des sonores et
des ff sonores aspirées r> ne s'est pas produite en arménien et en
154 A. MEILLET.
germanique comme en iranien, en lelto-slave et en celtique, c'est
que les sonores simples 'avaient perdu leur sonorité : kin a l'emme v ,
V. si. zena — tew « durée t^, cf. dor. Soàv, lat. dîidum, dîtrâre, v. si.
davè (Meillet, Revue bourguignonne, 1896, p. 933 et Ostholf , Wg-.
forsch. V, 280) — siêp rc presse, hâtew, cf. crlsî^co (pour le déve-
loppement du sens, voir Bugge, K. Z., XXXII, 61). Ces sourdes
nouvelles se seraient confondues avec les anciennes, si celles-ci
n'étaient devenues en germanique des spirantes, en arménien
des aspii'ées : p est représenté par arm. ph et h, k par kh et h et
t par f/t^ Toute la ressemblance du germanique et de l'arménien
à ce point de vue se réduit ainsi au seul fait de la perte de la
sonorité de b, d, g^, gc,\ caria persistance de la distinction de g
et de gh, etc. est une simple conséquence du traitement des so-
nores, l'altération de k, t, etc. n'est pas exactement la même
dans les deux langues, et la quantité de souffle plus grande em-
ployée à la prononciation de la spiranle )(^ ou de l'aspirée kh a
pour effet de mieux marquer l'opposition de la sourde forte an-
cienne k et de la sourde douce récente issue de g; la même cause a
produit des phénomènes semblables dans les deux langues; les
observations de M. Hirt [Idg. Jorsch. IV, /i5) ne sont donc pas
' En dehors des exemples connus, thekhem, thai)jr, thai-ëam, le traitement
th de i.-e. t initial en arménien est élabli par les rapprochements suivants :
Arm. the (ancienne orthographe) «que, sin, cf. v. sax. the, ags. ^ë (accen-
tué) et fe (atone), lit. te et -< dans be-t, uz-io-t; noter Math., XXll, 17 part
ë harks tal kayser the oç crè'IecrVir êoUvai xrjvaov Ka/o-ap* rj oi-n, cf. Heliand,
36 1 4, is il relit the nis? — Math., II, i, harcanèr i nocanè the owr cnanici
Khristosn rxèiivvdâvsTo -oap' aCrûv isov à ^pialos jsvvStouv; cf. l'emploi prin-
cipal de ^e en anglo-saxon et en vieux saxon — arm. oc the «non seulement»,
cf. lit. te chez Kur/Jat, Gramm. S h&o. Le slave te dans serbe «er,>pol. tez signifie
plutôt (t aussi». — La différence de the et ethe rappelle celle de xtivos, BKCÎvoi;
ethe aurait conservé son e final et son th grâce à l'influence de the.
Arm. thoyl «mou, sans énergie», thoyl tal «rdonner permission», cf. pol. tulic'
«apaiser», serbe tuliti «éteindre», skr. tûsntrn «en silence», v. pruss. titsnan
«stilie», V. si. tunje «en vain, gratis», skr. tuchyds, v, si. tûstt.
Arm. t/ioAow/ «laisser» , dont le A est dû à l'impératif très employé t/ioA «laisse» ,
cf. V. si. u-toUti «apaiser», lit. tîlti «être silencieux», v. irl. tuilim «je dors»;
l'étymologie proposée dans ces Mémoires, VIII, i63 est fausse.
Arm. thanal «mouiller», cf. v. si. tajati «Trjxsffôai», talû «liquide», dor.
Ta«w «je fonds». Ce verbe est à séparer de thathawel «tremper» que M. Fr.
Millier a rapproché avec raison de v. si. topiti. {Anneniaca, Vl, p. a, volume
CXXII des Sitzber. de l'Académie de Vienne, Phil. hist. cl.)
Arm. thndal «palpiter», thndel «sauter, trembler», thndowmn «pulsus, stre-
pitus»; ces mots ne sauraient être séparés de la grande famille de lat. tundere,
stiidêre, skr. tudâti, got. stautan — gr. TtiwToi, lat. slirpëre — skr. tunjati, lit.
tuzgiù (de *tuzgu, *tug-skô, cf. blizgù de * bhbg-skô) ; mais le d (issu de l)
fait difficulté; cf. phoyth «diligence», en regard de crwouiîrf. — Arm. thmbir
«boisson stupéfiante» rappelle aussi lat. stupêre; noter le dénominatif t/im6re/
«obstupefieri».
Les exemples du traitement t-, proposés par M. Bugge, K. Z. xxxn, 67 et
suiv. , sont tous à écarter pour diverses raisons.
VARIA. 155
convaincantes. C'est en indo-iranien (et spe'cialement en iranien),
en ietto- slave et en grec que les anciens phénomènes phone'tiques
de Tarménien ont leurs analogues, sans que rien permette de rat-
tacher Tarrae'nien d'une manière particulièrement e'troite à l'un de
ces trois dialectes.
VI. — Arm. dnd.
Le rapprochement de arm. dnd et gr. svtÔs, signalé comme
possible Mém. Soc. ling. VII, 1 65, n'est pas appuyé par le sens;
il convient plutôt de comparer skr. âdlii, got. a7id et und, ags.
6d, V. h. -a. U7it, lit. ant (cf. de Lagarde, Arm. sf. n°' 826 et 829),
comme le montre l'analyse suivante des emplois de dnd :
i° Avec le locatil", sens de travecn : and nma «avec luiw, and
nosa rr avec eux -n , dnd is rc avec moi w , etc. ; cf. skr. àdhi ft sur n , mais
aussi Tprès de 75, (/? F, I, 4 7, 7 chez Delbriick, Ved. synt. , p. ù/ia).
Ce même sens de rravecn est celui de la particule ond dans en-her
ffCompagnouTî (qui mange avec, cf. got. gahlaiba, fr. compain,
compagnon, v. Duvau, Mém. Soc. ling. VIII, 192), an-tani rrfa-
milien7 (de la maison), etc.
2° Avec le génitif : Math., V, 38, atamn dnd ataman, cf. got.
tunpu und tunpau pour le sens, et grec abSôvTa àvr) oSovrosv
au point de vue du cas: de mêmeRois, III, 8, A3, thagaworeaç...
dnd nora ffe/Sao-ZAsuo-e... âvr] avrovn. Lemploi du génitif dans
les cas suivants est plus isolé : Luc, V, 36, ond hnoijn çmiahani or
i normjn ktôÎ zsaXoLiœ où av(Ji<poovïj(jei io £7r//SX>7jtxa lo àtto lou
xaivovv;dnd-êr tt pourquoi? w.
3° Avec l'accusatif, sens de tfle long dew et «vers a : Luc, I,
65, dnd amenayn lemakoXmn rèv okrj 7ï} bpeivfjr), cf. Luc, I, lA,
gôt. and ail gawi (arm. dnd amenayn koXmans), et en sanskrit R V,
VII, 36, 1 :
prlhû prâtlkam âdliy edlie agnih.
La signification de dnd semble voisine dans dndownel (aor. dn-
kalay) rrecevoirw de ownel (aor. kalay) fravoir^i; peut-être même
dans ompem de *dnd-hipem{l) ffje boisn, cf. skr. pibati. Avec l'ac-
cusatif 3«(/ signifie aussi ftà traversin : Luc, II, 35, dnd kho isk anjn
anççê sowr ^<tov Se avTrjs Trfv "^^v^vv Sis.Xsvasta.i po(x(paiar).
[1° Avec l'ablatif, sens de cfdu côté de 75 : dnd ajmê tfdu côté
droit-^, dnd harawoy koXmanê trdu côté du sud^; cf. skr. àdhi avec
l'ablatif crdu haut den et lit. ant avec le génitif ffsurw. L'emjdoi
de àdhi dans rtàd àdhi « pour le rta--n et de ant dans ant gëro r? pour
le bienn rappelle arm. dnd-êr ffpourquoiîn; cf. plus haut sous 2°.
156 A. MEILLET.
5° Avec rinslrumental, sens de ff sous 15 : Luc, VII, 6, çiçetn ba-
wakan ethe dnd yarhaw imov mtaniçes «ov yàp Ikclvos el^ii 'iva.
VTTO Tïjv aléyrjv fxov eiiréXOrjsn-, de même ib., 8. — Cf. skr. adhâs
rrsous55; àdhi signifie plutôt tfsun^ et n'est suivi de l'instru-
mental que du seul mot sânu : àdhi snûnà, àdhi sniibhis.
Au point de vue phonétique, il n'y a pas de difiîcultés.
Le d final de snd répond à dh de àdhi, adhâs. Le t de lit. afd
est sans doute th et s'oppose à dh de àdhi ; comme dans les exemples
connus: skr. àdha, àlha; v. si. vogûtî, skr. nakhàs; skr. nâbhis,
pers. nôf; skr. kakûbh- kakuhàs, v. pers. kaofa; etc. Le â de ags.
6d a cetle même origine th\ \q d de got. and et und est ambigu.
Le groupe arm. an- initial pourrait reposer sur n- (skr. àdhi,
adhàs, got. und, lit. int) ou sur an- (lit. ant, got. and). Ces deux
formes n- et an- représentent le même degré vocalique; sur la
prothèse de a, cf. de Saussure, Mémoire, p. 276 : l'exemple le
plus comparable est germ. *umbi, v. si. 0-^ (avec le traitement
de n qu'on trouve dans ognjï, chostelû), ob- (avec 0 d'après la
forme 0- employée devant les consonnes), skr. abhitas en face de
arm. amh-o\j, gr. à(x(pi, lat. amb-, celt. amb-. L'ancien arm. *and
aurait dans cette hypothèse subi le traitement des finales de
mots, comme oç atone dans çê tril n'est pas 15, c'est-à-dire *oçé;
cf. aussi la préposition arm. c, skr. àcha; car un a prétonique ne
tombe pas en ancien arménien, mais toute voyelle placée en syl-
labe finale disparait.
Le degré en- permettrait mieux encore d'expliquer arm. dnd :
arm. e devant -n- devient i, qui tombe en syllabe non accentuée
même initiale, pourvu que dans ce dernier cas il ne termine pas
la syllabe; cf. dnderkh, gr. êWepa. Or ce vocalisme est celui de
lat. endo.
C'est en effet ici qu'il convient de citer cette particule qu'on
rattache souvent à m, cf. gr. sv. Les premiers poètes dactyliques em-
ploient mr/o- comme substitut de in-, pour faire entrer dans leurs
vers des mots tels que imperàlor, impedlre, indicàre [soïl induperàlor,
iiidupedlre , etc.); c'est un pur artifice et il n'y a pas lieu de con-
clure de là que endo soit synonyme de in. Les exemples datant
d'un temps où endo n'était pas sorti de l'usage attestent le sens
de «vers, sum, ainsi marium endo iacito dans la Loi des Xtl tables;
cette valeur de endo est celle qu'il a dans les composés oiî il a
subsisté devant voyelle initiale : ind-àgàre, ind-ipiscl, ind-audî7'e,
ind-igëre, ind-ulgêre (de algêre, si l'on admet que ce verbe a si-
gnifié d'abord w souffrira, cf. aXyos, et a été spécialisé plus tard
dans le sens de ff souffrir du froid n), ind-uere (cf. skr. àdhivaste),
' V. si. 0- est la fonne employée devant consonne, par exemple dans v, si.
o-strovû, cf. l'éplthèle homérique rriffco éi» oft(p<puTr? (a, 5o).
r
VARIA. 157
ind-olës,ind-ûtiae; cf. le sens tout diffe'rentcle in- dans inire, inigere;
devant consonne initiale d'un verbe la voyelle finale de endo- est
tombe'e suivant la règle ge'ne'rale des fins de mots, tandis qu'elle
subsiste naturellement en composition nominale dans indigena de
'endo-gena; le -d- n a pu se maintenir par suite, et endo- s'est con-
fondu avec in-; le sens seul permet de distinguer les deux pre'-
fixes dans instâre, insisîere (cf. skr. adhislhâ-), insternere, imminêre,
inicere, implôrâre (^endo-plôràre) , etc. et inserere, inspicere, etc. Le
plus souvent le pre'fîxe in- devant consonne est l'ancien endo-;
ainsi dans inicere, c'est-à-dire injicere, le sens indique le préfixe
endo : d est tombe' devant j- comme -b- de *amhi- (cf. amb-ire) dans
amiclre; seulement dans amicirela voyelle radicale a e'te' syncope'e,
tandis que dans injicere elle a subsisté. — Beaucoup des emplois
de la préposition in sortent aussi de endo.
La particule *endh-, *ndh-, *andh- est une forme élargie de
skr. anu, zd ana, onu, v. si. na, nadii [*nôdhn, cf. gr. -0a), lit.
nu, nù-, got. ana, gr. dva, olvcm) (cf. aussi indo-iranien ni-, nis-),
comme le montre le sens de ces mots. Le mot *an-ti (skr. ànti,
gr. dvTi^ lat. ante) est formé avec un autre suffixe.
VIL — Arm. hngetasan, çorekhtasan.
Parmi les exemples les plus remarquables de i.-e. e en armé-
nien il convient de signaler hige-tasan cr quinze tî (cf. ves-tasan
cr seize ^^) ; hnge-est un ancien *Am^e- eiréipondkskr. pânca, gr. tsévte,
lat. qninqiie, v. irl. côic; la gutturale est restée inaltérée devant e
comme dans la particule indiquant r généralité ti -kh {o-kh, i-kh)
= skr.-m, gr. re, lat. -que, parce que ,seul, ^j/t est rendu spirant
par un e suivant [jerm^^S-epixSs). — Le même e se trouve dans
hingerord [si\ec i restitué d'après Am^) tr cinquièmes, tiré dehinger-
comme errord t troisième? de erir, et qui a fourni sa voyelle à
tous les ordinaux suivants : vererord, ewthnerord, etc. Le suffixe -r,
qui est dans eri-r, hinge-r-, rappelle les collectifs de l'irlandais :
triar rr collection de trois w, côicer fr collection de cinqw, qui ont
exactement la même formation, ceux du slave (russe pjâtero),
mais surtout ^oL fggrs, v.b.-a. fingar, v. isl. jingr ff doigt tj,
c'est-à-dire le cinquième de la main; ce mot s'oppose à v. h. -a.
fû$t, cf. skr. panktis, v. si. pestî, lit. kiimste' (de Saussure, Mém.
Soc. ling., VII, 98), qui désigne l'ensemble des cinq doigts; tel
1 La cimintanto de ves-tasan en face de vec rsixn rappelle le traitement indo-
iranien de -k^t- : on sait que, l'ancien -tsl- s'étant dissimilc en -st-, la chuin-
tante a subsisté non seulement en sanskrit mais aussi en iranien : skr. astàu ,
zd asta; la forme vcstasan porte témoignage de la prononciation chuintante de
arm. c dans une période préhistorique.
158 A. MEILLET.
était le sens de i.-e. ^pénk^e lui-même, qui a parmi les noms de
nombre une place à part, puisqu'il est le premier des inde'clinables
(cf. en slave le premier des abstraits : petî, etc.). — La chute de
la voyelle intérieure dans yisown rrcinquantei' s'explique en par-
tant de l'ê intérieur de gr. 'zssvTrfKOVTct , skr. pancàçàt-, zd pan-
câsat- : cet ê donne en arménien i qui tombe à l'intérieur du mot,
soit *hingisown, *hisown (orthographié yisown).
La conservation de e dans çoreMi-tasan tt quatorze ^^ est exacte-
ment comparable à celle de hnge-tasan; on a de plus çorekh-ha-
rkvr cf quatre cents r- et çorekh-ean tf tous les quatre ti. L'élément -ore-
de çorekh -répond à -opes de dor. rsTopes, -or de lat. q^iatluor
{*k.,3twores) ^ cf. v. irl. cethir, \. h, -a. for; la chute de l'e dans le
simple çorkh atteste que le signe du pluriel -kh n'était suivi d'au-
cune voyelle; cette conclusion concorde avec celle que l'on peut
tirer de nokh~a, aynokh-ik : aijnkh [de*aynokh), cf. nor-a, aynor-ik :
aynr (de *aynor); nos-a, aynos-ik : ayns (de *aynos)\ aynç au lieu
de *aynoç est analogique, comme le montre getoc. L'opposition de
la forme fléchie çorekh- et de l'invariable *hinge- répond à celle
de gr. TSTopes : 'aévre, skr. catvuras : pâfica, etc. : le -kh qui ca-
ractérise en arménien le nominatif pluriel a donc été ajouté en
un temps où l'ancienne désinence du nominatif pluriel subsistait
encore , et antérieurement à la chute de toute voyelle en syllabe
finale.
L'initiale ç- de çorekh- fait difficulté. Il ne peut s'agir de ^2-
devante, puisque, dans cette position, k^ donne kh et non c; du
reste un e initial ou intérieur ne tombe pas en ancien arménien;
il faut donc admettre que ç repose ici sur *kt- ou *ktw- et par
suite que çorkh répond aux formes sans e qui sont attestées en
indo-européen sous deux aspects : *ktwer-, dans zd âytmnjo^ gr.
TpaVe^a (c'est ici que prend place arm. çorkh) et *k^9twer- dans
lat. qunttuor, slave *cîttjre (tch. clyri), gr. hom. zria-vpss; au point
de vue du vocalisme , cf. arm. tasn « dix n , si. *dïset- (russe dvàdcat',
Iridcat' et dvênàdcat', pol. dwanascie) en face de *k^into- trcentn
de *dk^nito- et de Séxot, skr. dâça, etc. — skr. dàhati, lit. degii,
V. si. hgçi, lat./oMêre (avec o subsistant régulièrement devant w
issu de gji) et v. si. ztgg, lai. fauilla — v. si. dîbrï, gr. TciÇipos
(féminin comme le mot slave) — etc.
La forme hom. 'Tslcrvpe? appelle une explication; -avp- est le
traitement régulier de *-tw°r- intérieur; le -o-- simple s'accorde
bien avec la forme connue de yrjdoavvos, yrjdoa-vvt] ., 'zsiavvos
où -avv- repose sur *-tw°n-. Quant au i de la première syllabe
'ai-, on n'a pas le droit d'y voir un traitement normal de i.-e. a;
le seul cas comparable, celui du type verbal 'zskvotfxai : •crerao-cra,
cf. lat. patëre, peut être dû à l'imitation de (TxlSvtiyn : crxéScKJo-oi ,
où se sont confondues deux racines indo-européennes *sked- et
VARIA. 159
*skeid- (cf. *skheid-). En revanche, il est admissible que *k^3- ait
donné xv-, comme *kc^''l- a donne' xvX- dans xvXico et *^<>°n- yuv-
dans yvvï]; cet y a e'té dissimile' en * par Yv de -(xvpes d'après
la loi connue (ainsi déjà J. Schmidt, K. Z. XXV, 68). Quant au ■cr
initiai, il est probable que Tancien *k.,3- est devenu *ku-, *ki-, et
que c'est *ki- qui a repassé à *A-"'î- (d'où -cr^-) sous l'influence
du k"- des autres formes du nom de nombre tfquatreu en grec.
A. Meillet.
ÉTYMOLOGIES GRECQUES ET LATINES.
Tv(xv6s.
De même qu'une femme qui ne met rien sur sa têle dit qu'elle
est ften cheveux ii, de même les Grecs disaient d'un homme qui
n'a rien sur le corps qu'il est yv/ivos, c'est-à-dire cren membres w.
La parenté de yuixvos et de yv7a était probablement encore sen-
sible aux Grecs.
Il n'y a donc pas à chercher de rapport avec le sanscrit nagna
ni avec le latin nudus.
Comme exemple du suffixe fivo ainsi employé en qualité de
suffixe secondaire, je citerai (3éXs[xvov (de (2éXos).
H âfÂTreXos.
En lisant la Syntaxe de Delbrûck, il m'est venu une idée que
je soumets aux botanistes de la Société,
Delbrûck fait remarquer qu'en sanscrit les noms d'arbres sont
généralement du masculin, tandis qu'en grec et en latin la ten-
dance à leur donner le genre féminin est visible, alors même
que, par leur désinence en os, ils sembleraient devoir appartenir
au masculin. Il suffit de rappeler les noms comme âfXTreXos,
aTTios, /SaTOs, a-vJtd[xivos , et en latin malus, pomus, ficus, cera-
sus, etc.
Je me suis demandé si ce n'est pas la greffe, venue d'Asie Mi-
neure, qui, par une association d'idées facile à comprendre, a
suggéré le genre féminin aux premiers pépiniéristes.
Semantica.
Homère {Od., XVII, 66) emploie le verbe (SvaaoSofxevetv, qui
signifie littéralement «inlus œdificaren, dans le sens de tf mé-
diter, complotera. Il est question des prétendants qui accueillent
Télémaque avec de belles paroles, mais qui en dedans méditent
le mal :
EctdX' âyop&iovTSs , Haxà Se (ppe^i ^v(T<joh6uevov.
ÉTYMOLOGIES GRECQUES ET LATI.\ES. 161
Et ailleurs :
ÀAA' dxéœv xlvi](7s xâptj , xaxà ^vaaohonsùœv.
Od.,X\U, /i65.
Sauf la nuance péjorative, nous avons ici exactement la même
expression que dans le latin industrius, qui vient, comme Corssen
Ta montré, de indu et struere.
La même métaphore a fourni le verbe yiriyjxvdo}.
Bâtir est donc ici l'image employée. Ailleurs c'est tisser (et nous
disons encore r tramer un complot»).
Une métaphore non moins usitée est planter. Télémaque dit
{Od., XVII, 82) : tfSi je réussis à leur planter mort et trépas» :
£{ hé a' èyœ tovtokti (pàvov holi K>;pa (pvTeùffdo.
Il est un mot français qui, par le son comme par Tétymologie
dernière , rappelle ce (pvrsvco. Le peuple , malgré les siècles écoulés ,
malgré les progrès plus ou moins rapides de la civilisation, va en-
core chercher ses métaphores aux mêmes sources naturelles.
/ parasite devant un r en grec.
Il n'est pas nécessaire de supposer que ;^e/p soit pour x^po-.
Le grec développe quelquefois un i parasite devant le p. Il peut
même arriver que le p disparaisse et que Yi parasite subsiste.
C'est ainsi que àpvvpLai cr prendre» est devenu atvvfxai', que dp-
véofxoLi r nier, refuser» a donné àva.ivo(iai\ que (lapTvs ff témoin»
a donné en crétois yLCthus. Il n'est pas non plus nécessaire de
supposer que la préposition v-nsip représente une forme plus
complète vTrépi; il se pourrait que ce fùl une simple variante de
prononciation pour Cirép. Ainsi s'expliquent aussi les formes
eipos tr laine -^ à côté de epiov; elpvco retirer» à côté de e'puo;.
Pour revenir à x^'P' nous avons la forme pure dans xtpai^
yspoîv^ dans l'ionien X^p<>?, àdiUS, yépvf^^ ^spoTr'XvxTOS , etc.
La parenté que nous avons conjecturée entre ^ép et y^pdoiiat
s'en trouve encore confirmée.
ToXjMaw.
Nous avons l'habitude de distinguer entre le courage actif, qui
va au-devant du danger, et le courage passif, qui consiste à sup-
porter la mauvaise fortune avec égalité d'àme. Quoique })Ouvant
exister chez le même homme, ce sont, au fond, deux sentiments
différents, comme on peut le voir en observant où conduit l'exa-
gération de l'un et de l'autre. Poussé trop loin, le courage actif
MKM. LING. — IV. 1 »
162 M. BRÉAL.
aboutit à ia témérité; ie courage passif, porté au delà de la juste
mesure, dégénère en apathie.
On s'allenàrait à voir le langage reproduire dès les plus an-
ciens temps une distinction si naturelle; mais il n'en est rien.
Dans la langue d'Homère, les deux idées ont l'air de se confondre,
et le même verbe TOÀfxan), qui veut dire «oserw, signifie aussi
'f supporter T).
Au dixième chant de Y Iliade, Dioraède, qui veut tenter une
expédition contre lesTroyens, fait appel à ses compagnons. Ulysse
se déclare prêt à le suivre :
ffLe courageux Ulysse consentait aussi à se jeter parmi les rangs des
Troyens : car il avait toujours eu en lui une âme audacieuse.»
\l6eXe S' à rX^j^xcov OSuceùs Ka.ra.Ziivixi ÔixiXov
Tpwwv aiei yàp oi èvi (ppeai ^-vf/ôs èrôX^a.
Ici ToXfxctM, avec son congénère tXïJ^wv, marque le courage
actif. Mais c'est le courage passif qu'exprime le même verbe dans
le passage suivant, où Ulysse s'exhorte à la patience (XX, 19) :
ff Souffre-le, ô mon cœur : tu eu as souffert de pires quand l'invincible
Cyclope dévorait mes nobles compagnons. Tu l'as cependant supporté
(èT(JAfxas), jusqu'à ce que la ruse m'ait fait sortir de l'antre où je pen-
sais mourii'.n
TsrAaÇj §j), xpatirj' «ai KÛvrepov àXXo Tsor' érXyjs,
HjuaTj TM, ÔTS (j.ot fiévos aays'ros i^adie KvxXoûip
iÇ'difJiOvs eTâpovs' «rù S' èràAfjias, Ô(pp(t ae p-fjTts
È^âyoLy' el âvrpoio, àïô(isvov ^avéecrÔat.
C'est ce second sens qui, chez Homère, est de beaucoup le
plus fréquent. L'audace, sans la patience, serait une arme in-
suffisante; de même que le courage du montagnard ou du marin,
celui des héros d'Homère est fait en grande partie d'endurance.
C'est ce qu'exprime le verbe ToXixdo).
Le même sens s'est conservé dans la poésie gnomique. Théo-
gnis (v. 691) dit : ''
ffU faut supporter ce que les dieux envoient aux mortels.»
ToAfxav ^prf rà hi^ovm Q-soi dvrjToTai ^ponoïaiv,
et ailleurs (v. 1029) :
tfSois endurante, ô mon âme, dans le malheur, alors même que tu
souffres ce qui ne peut être enduré. »
TéAfxa, .S-vf/è, HaHot(Tiv, 6fx&)s àrXijTa TSSTvovOcbs.
Mais, dans la langue ordinaire, on sait que TÔXfi-n et "voXyLoio
ont changé de sens. Ils sont devenus les termes consacrés pour
ÉTYMOLOGIES GRECQUES ET LATINES. 163
désigner l'audace, et une fois colorés de cette nuance, ils ont pu
marquer un défaut aussi bien qu'une qualité.
fîll n'y a personne qui soit aussi audacieux et aussi éhonté»,
ovSéva. ovt' àvala-yywov ovts ToXixrjpov ovtoos elvoii, dit Démo-
sthène, en associant les adjectifs dvai(7)(yvT05 et ToXfxrjpos , comme
ailleurs ToXfxa, est associé par lui à l'impudeur, âvaioeia.
Nous avons donc ici un exemple du chemin parcouru par un
mot, puisque la même racine à laquelle le français doit la tolé-
rance, et l'allemand die Geduld, donne en grec des mots signifiant
tf témérité fl et cf effronterie 75.
Materie.s.
Dans un récent travail , M. Osthoff fait venir le latin materies
de la racine dmà trbâtinî. Il trouve cr presque ridicule:^ [fastspass-
haft) l'explication donnée par nous, qui rattache materies au mot
tnater rla mèrew.
Ridicule? cela est bientôt dit. Notre savant collègue paraît avoir
le rire facile. 11 semble qu'il fasse ici bon marché d'une source
importante du vocabulaire, savoir la métaphore.
En toutes les langues, le mot cr mèrew a fourni des images aux
différentes professions. Je rappellerai en allemand :
Mutterast « mère-branche -n ,
Mutterharz rgalbanumu,
Mutterlauge n eau-mère v ,
Mutterstock r ruche-mère ^ ,
Perlmutter rla nacre n, etc.
En anglais, mother-of-pearl , inother-water, mother-lye, etc.
En français, le même mot est employé par les mouleurs pour
désigner le moule destiné à donner de nouveaux modèles, par
les vinaigriers pour la membrane qui se forme à la surface et
sert à la fermentation, etc.
Columelle explique très bien que c'est le bois nouveau qui se
produit après la greffe. C'est en ce sens que Pline (XVI, 98, 5i)
dit : Tarde senescunt quorum crispa materies, ut acer,palma, populus.
Et Columelle lui-même (V, 1 1) : Itesecta arbor inter libnim et ma-
teriam semina admittit.
M. l'abbé Housselot me fait remarquer que la nuance primitive
s'est conservée dans le français merrain [= materiamen) , qui dé-
signe, non seulement le bois pour faire les planches, mais en-
core, en terme de vénerie, la matière dont sont faits les bois du
cerf.
16d
M. BREAL.
Virago.
Le latin avait une provision de mots en âgo, îgo, îigo signifiant
ffune production, un amoncellement, un amas 77. C'est ainsi
qu'il a :
plunibago ,
carrago ,
farrago ,
rubigo ,
fuligo,
œrugo ,
salsugo.
C'est peut-être dans les mines que les premières formations de
ce genre sont écloses; car je ne suis pas e'ioigné de croire que
earrago a désigné d'abord rune cliarrete'en et que plumbago a si-
gnifie' ffune poussée de plomb:? (du verbe agere)^.
Le suffixe -âgo a pris un sens péjoratif, qui vient précisément
de celte idée d'amas et d'amoncellement. Virago, c'est toute une
cargaison de femme. Ailleurs, le même suffixe, en vertu de son
sens péjoratif, a servi à nommer des maladies : lumbago, impétigo,
aurugo. Avec des noms de plantes [citrago trie persil ti, trixago
et la germandréer)), il marque la mulliplication rapide.
Imago.
Ceci nous permet de noter un trait de psychologie populaire.
Le mot d'image éveille en nous, hommes modernes et civilisés,
un cortège d'idées gracieuses et agréables. Mais il n'en a pas tou-
jours été a'msi. Imiter s'est pris à l'origine en un sens défavorable.
Imiter, c'était tracer quelque chose qui n'avait point de réalité,
par suite, une œuvre de mensonge; ou bien encore, c'était contre-
faire, c'était créer quelque ressemblance, peut-être dans une in-
tention hostile. Les peuples barbares ont encore aujourd'hui celte
défiance à l'égard du crayon ou du pinceau.
Ainsi s'explique, à la suite de la syllabe im, empruntée à im-
it-ari, la présence d'un suffixe péjoratif.
ENCORE LE PASSIF LATIN.
On se souvient que Cicéron, dans son Dé Legibus, se donne le
plaisir de supposer d'anciens textes de loi conçus dans l'esprit
' C'est ainsi qu'on dit agcre foUa rr pousser dos feuilles 55, agere spumas
«écumer».
ÉTTMOLOGIES GRECQUES ET LATINES. 165
de sa République idéale. Il a soin, en les imaginant, de leur
donner une forme archaïque.
■ Parmi ces textes de loi, il en est un ainsi libellé :
Regio imperio duo sunto : iique prœeiindo jiidicando, consulendo
prœtores , judices , consules appellantor.
Cic. , De Leg., III, 3.
Dans la longue liste d'impératifs que Cicéron fait défiler sous
nos yeux, appellantor est le seul qu'il ait terminé en ior. Partout
ailleurs il emploie la terminaison -to : il met, par exemple, txiento,
patiunto. C'est qu'ici IV du passif était indispensable; appellanto
aurait donné un faux sens.
Il ne faut donc pas traiter l'addition de cette lettre comme une
sorte de legs du passé, explicable par d'anciennes formes san-
scrites. Cet r est une addition de fraîche date, qui change totale-
ment la signification du verbe.
Ce qui prouve encore que l'addition est récente, c'est que le d
des vieilles formes est déjà tombé.
Amare.
Le premier verbe latin qu'on apprend au collège est le verbe
amo. On aimerait d'en connaître le sens primitif. Je crois qu'il
signifiait à l'origine a fréquentera ou fcapprocherw. Virgile, qui
est la source la plus précieuse en matière de sémantique latine,
l'emploie encore en ce sens :
Litlus ama . . .
ce qui veut dire : tr Tiens-toi près du rivage:?. Horace a dit de
même :
amatque
Janua limen ,
c'est-à-dire tria porte tient contre le seuil n.
T/adjectif amicMs, dont la formation a quelque chose d'insolite,
s'explique si l'on y voit un dérivé comme antlcus, posiicus. Nous
sommes amenés à supposer pour une époque plus ancienne
quelque adverbe signifiant f auprès n, qui plus tard a été évincé
par prope.
On comprend aisément comment de l'idée d'approcher on a
passé à celle de fréquenter, puis d'aimer. Il faut encore remar-
quer le composé adamare, dans lequel le préfixe ad rappelle le sens
originaire.
Il y a sans doute lieu de rappeler qu'en sanscrit il existe un
adverbe amà rauprès^, d'où amâ Ir r prendre auprès de soi^,
amàlja r compagnon n, amàvasjâ «conjonction de deux astres w.
166 M. BRÉ\L.
Candida me docuit nigras odisse puellas.
Scripsii Venus Fisica Pompeiana.
Cette inscription a beaucoup occupé tous ceux qui, à des points
de vue divers, ont traité de Pompéi et de ses graffiti. Je me sou-
viens pai'ticulièrement de certaines considérations morales aux-
quelles le savant et regretté Beulé s'était livré à l'occasion de la
tf Vénus physique" adorée par les habitants de cette ville de
plaisir. . .
Je ne rechercherai pas si une épithète de ce genre — une Vé-
nus physique opposée à quelque Vénus intellectuelle ou morale
— est d'accord avec les idées des anciens. Une distinction qui
peut n'être point déplacée dans un dialogue de Platon semble-
rait bien extraordinaire à l'endroit où on l'a trouvée, Mais je crois
qu'il faut rapporter l'adjectif à un tout autre ordre d'idées, qui
réhabilitera peut-être quelque peu la malheureuse cité.
On connaissait à Iguviuni un dieu nommé Fisus Sancius ou Fiso-
vius Sancius. Or une des particularités les plus curieuses des vieux
cultes italiques, c'est que le nom d'une divinité se retrouve ail-
leurs appliqué à quelque autre dieu , avec ce changement que de
substantif il est devenu adjectif. Ainsi, à côté du dieu Çerfus on
connaît à Iguvium une Prestota Çerfia et une Tursa Çerfia.
A Rome, à côté de Jupiter on honore un Hercule Jovius et une
Vénus Jovia. Est-ce un rapport de paternité, de mariage, ou sim-
plement la cohabitation sous le toit du môme sanctuaire? Nous
ne savons; mais le fait est constant. Or le dieu Fisus a pareille-
ment donné naissance à un adjectif Fisius, qui, à Iguvium, est
donné à la colline [ocris Fisius) où est placé le temple, et qui
pouvait très bien devenir aussi l'épithète de quelque dieu. De
même qu'on honorait à Rome une Venus Jovia, de même une Venus
Fisia, à Pompéi, n'a rien d'impossible. La seule difficulté est qu'on
a Fisica au lieu de Fisia; mais on a cœlicus dans le sens de cœlestis.
Peut-être aussi y a-t-il faute de lecture, pour Fisiia.
Quant à cette formule étrange : Scripsit Venus Fisica, je crois
qu'elle se rapporte à la coutume des anciens de mettre sous la
garde des temples les contrats dont on voulait assurer l'exécution.
Par une plaisanterie facile à comprendre, ce contrat amoureux
reçoit la garantie do Vénus Fisienne.
Un sens spécial du \ crhe J'acio.
On sait que la ville de Pompéi fut engloutie en pleine période
électorale. Nous devons à cette circonstance un certain nombre
ÉTYSIOLOGIES GRECQUES ET LATINES. 167
de renseignements sur les mœurs et le langage des e'iections ^
Entre autres, un sens spécial du verbe /acio.
On connaît ces inscriptions parie'taires :
Caupones , facite . . .
Pomari , facile . . .
Lignari , facite . . .
Unguentari , facite . . .
Et ailleurs :
Oro vosfaciatis.
Le sens qui ressort de ces inscriptions est clair. Facite veut
dire, non pas cf votez -o, ce qui donnerait un sens insuffisant et
faible, mais r tenez-vous bien, groupez-vous w. En langage mo-
derne : Pas de division ! pas d'abstention -!
On comprend dès lors la force du moi factio. Ce qui caracte'rise
la faction, c'est le lien, c'est le pacte qui rattache entre eux tous
les adhe'rents.
L'adhe'sion d'un seul pouvait s'exprimer par ce terme. Plusieurs
électeurs de Pompéi ont cru utile d'e'crire sur les murs : N. N.
gaudens facit , cupidus facit , cupidissimus facit.
On peut rapprocher certains passages de Cicéron, d'Ovide, de
Quintilien, oiî facio incline vers cette signification. Je citerai
seulement ces mots de Cicéron, parlant du parti recruté par Cé-
sar : ff Omnes damnatos, omnes ignominia affectos illac facere-'w.
On voit déjà quel est le composé qui exprime le contraire :
c'est deficio. Le mot est encore usité chez nous. Ce qu'une faction
ou un parti est le moins disposé à pardonner, c'est la défection de
l'un des siens.
Si l'on demande maintenant comment /«cere a pu arriver à ce
sens, je crois que la réponse doit être cherchée dans quelque an-
cienne locution plus complète, qui s'est abrégée par l'usage.
C'est l'explication de beaucoup de problèmes de sémantique.
Agere, par exemple, a pris le sens de frjouern, parce qu'il est
pour agere partes.
Michel Bré\l.
' De Nad.'jiiinc, La dernière élection municipale à Pompéi, 1893.
- Anglais to hold together, allemand zusammenhalten.
' Ad Alt., VII, 3 {c.irca med.).
168 MÉLANGES.
MÉLANGES.
Français Madré.
Los métaphores font partie de la psychologie populaire. Elles
méritent donc d'être étudiées avec soin. Mais il ne faut pas nous
attendre à de grandes découvertes. Le langage nous apprend gé-
néralement ce que nous savions déjà. Quand il a l'air d'énoncer
un paradoxe, ou simplement une nouveauté, c'est nous probable-
ment qui ne le comprenons pas.
Mais les métaphores du langage ont besoin d'être encadrées,
c'est-à-dire qu'il faut restituer pour chacune le milieu dans le-
quel elle a pris naissance.
C'est chez l'ouvrier en bois qu'a pris naissance Tépithète de
madré.
On tiavaille le bois pour en tirer toute sorte d'ouvrage ■;. Le
bois peut être plus ou moins dur, plus ou moins noueux : quelque-
fois il oppose une résistance tenace, c'est quand il ei^t madré, c'est-
à-dire formé du cœur ou de la racine de l'arbre. Ce cœur ou cette
racine, reconnaissable à certaines veines, bigarrures ou taches,
c'est ce qu'on appelle le madré. Créer des difficultés, résister à ce
que d'autres demandent légitimement, fatiguer par la longueur
de ses délais et la dureté de son naturel, ne sont-ce pas là les
vrais caractères de l'homme madré?
Bernard Palissy l'emploie encore dans son sens primitif, ffll
faut, dit-il, que tu me confesses que le bois d'érable est plus ma-
dère, figuré et damasquiné que nul autre bois.r»
La même idée se retrouve dans l'adjectif retors.
Michel Bréal.
DE LA SURVIVANCE DE L'ACCUSATIF DU GERONDIF EN FRANÇAIS.
Dans le dernier numéro de ces Mémoires, tome IX, fascicule i,
page 95, M. Bréal cite un certain nombre d'exemples de la sur-
vivance en français du gérondif latin et ajoute que cette tournure
était fréquente en ancien français.
MÉLANGES. 169
Je crois, en effet, que Ton peut encore citer comme survivance
de l'accusatif du gérondif en français, la mention cite'e par Henri
Estienne dans son traité de la Conformité du langage français avec
le grec, pages i85 et 186 de l'édition publiée par Léon Feugère,
Paris, Delalain, i853, in-12, il gèle à pierre fehdarit , c'est-à-dire
jusqu'à fendre la pierre, tisque ad petram Jindendum.
Au reste, cette locution avait déjà frappé Henri Estienne, car
il ajoute à la page 186 de l'édition précitée : r Quant à cette fa-
çon de parler, il gèle à pierre fendant (en laquelle aussi nous
devons observer une application estrange de ce participe /e/u/rtHî),
il ne me souvient pas bonnement en quel auteur grec je l'ai
leue. . . w, etc.
Henri Le Foyer.
Fr. fous fol = lat. follis follem.
On a essayé de diverses façons de passer du sens de rr souffleta
à celui de «fou^ : l'intermédiaire de Darmesteter rrqui grimace
en gonflant la boucher n'est guère vraisemblable, et celui de
Diez tf qui n'est gonflé que de vent 11 est bien psychologique. Peut-
être est-il plus simple de rappeler que \c follis est le gros ballon
de jeu, d'usage courant à Rome à partir de Pompée [Athénée, I,
p. i/i f). 11 va et vient d'une course insensée; souvent il dévie
hors de la piste et va se buter au premier obstacle venu; il n'a
point de direction propre et marche au gré de qui le pousse; il
sert de jouet à ceux qui se le renvoient : autant de traits qui
conviennent parfaitement à la physionomie du w foun.
V. Henry.
L'INDICATIF PRESENT DU VERBE ETRE
EN NÉO-GREC.
Parmi les phénomènes divers que pre'sente la conjugaison néo-
grecque, ceux de i'indicalif présent du verbe ce être w méritent de
fixer spécialement Tattention du linguiste. En regard des formes
anciennes :
Singulier: i. elfxî, Pluriel: i. éa-fjiév,
2. s7, 2. écris,
3. £0-7/, * 3. siaî^,
la xoivtf moderne offre comme paradigme :
Singulier: i. eifxoLi, Pluriel: i. eïfjtacrls,
2. siaaiy 2. elale,
3. eivoLi, 3. eiva.1.
Nous allons" examiner ces formes séparément en nous efforçant
de dégager les différentes phases de leur développement histo-
rique. Pour les abréviations et les renseignements bibliogra-
phiques, cf., sauf indication contraire, Et. ng. -, p. cxxi sqq.,
et Essais, I, p. ^ sqq.
I. PREMIÈRE ET DEUXIEME PERSONNES.
S l""". — Singulier.
Une des premières modiGcations au paradigme ancien a porté
sur la deuxième personne du singulier. Deux équivalents rem-
placent, chez Constantin Porphyrogénète, la forme classique et :
ce sont eïs^ et daat'^.
' Pour les formes dialectales, cf. Kiihner '', II, p. aaS et suiv.
- Etudes de philologie néo-grecque, publiées par Jean Psicbari. Paris, Bouil-
lon, 1892.
3 ETsGeds, I, 348, a3; eh 0 0eds, 1,348, i5; 35o, 5, 8, 10, 12, i4,
16, 19, 24; 35i, 19, 23; 355, 12; 366, 19.
* Elae tsciTplxtos , I, 25o, 10; elae ôSslva, I, 253, 3 (3); cf. 253, 4 (a);
a64, 21, 22 (2); 266, 22 (4), 23.
L'INDICATIF PRÉSENT DU VERBE ETRE EN NEO-GREC. 171
Comment expliquer e7s? On trouve déjà cette deuxième per-
sonne chez Homère et chez He'rodote ^ ; mais les conditions dans
lesquelles elle se présente ici excluent l'hypothèse d'une imita-
tion savante, déjà peu vraisemblable en elle-même: l'auteur, en
effet, ne parle pas en son nom, il rapporte seulement les cris de
la foule. Sommes-nous en présence d'un dialectisme conservé par
tradition orale ? De telles explications cadrent mal avec ce qu'on
sait par ailleurs du développement du grec ; je persiste à croire
qu'il est logique de n'y recourir qu'avec une extrême circonspec-
tion, en s'entourant de toutes les garanties possibles et seulement
lorsque toute autre explication normale fait défaut. Or ce n'est
pas ici le cas; on conçoit facilement que ef soit devenu sis par
analogie des deuxièmes personnes de l'actif : ypdÇisis, eypaC^es,
êypai^/as, etc. L'ionien sis, auquel il vient d'être fait allusion,
les formes (prfs, sh ^ tu vas 17 , les deuxièmes personnes elles-mêmes
ypdÇ:si5, ti9ï]s, etc. (au lieu de *yp(xÇ>si, *ri6tj et, d'après eypa-
(pes, STiôi]?^-^) ne sont pas autre chose que les diverses mani-
festatifins du même principe analogique, dont il est intéressant
d'observer ainsi, à travers les âges, la constante application-'.
Quant à eJa-ai, cest une deuxième personne créée sur le mo-
dèle des verbes à désinences passives, par un procédé susceptible
de se formuler ainsi : êKSifxrjv : tjfÀVv * = xeiao^ai : eaofxai =
xeîacti : slcrcti. Son apparition semble postérieure à celle de e?is; :
l'analogie du passif était en effet plus lointaine que celle de ypd-
(peis, eypaÇiss; de plus, la fortune ultérieure des désinences
passives permet de croire que, si la forme sJaai avait été la pre-
mière créée, sïs ne se serait sans doute pas produit. On remar-
quera, d'autre part, que l'apparition de elaai n'implique pas
nécessairement, au moment où elle a lieu, la disparition de et
et l'existence exclusive de sis; le résultat de la proportion établie
plus haut restait le même, quelle que fût, de eJ ou de eJs, la
forme alors en usage.
Quoi qu'il en soit de ce dernier point, un fait paraît certain :
' Cf. Kùhner^, II, p. 22 4 et 226.
•' Cf. Kûhner\ II, p. i/i.
^ V. Henry, Gr. Comp., S 2^9. — Est-il besoin de dire que jo ne date pas
du x" siècle l'apparition de els dans le domaine néo-grec? Il y aurait à cela de
sérieux obstacles : l'insuflisance forcée des données chronologiques qui ont be-
soin, en ce qui concerne les deux premières personnes du singulier, d'acquérir
en extension ce qui leur manque en fréquence; le nombre restieint des textes
dépouillés ici; enfln, le caractère même de l'analogie en question, qui dut se
produire d'autant plus tôt qu'elle s'offrait très naturellement à l'esprit.
'' Cf Kùhner,II,p. 229, S. Port., p. 207, Chron. Pascb. , 3 , 189, g.Const.
Porph., III, i3i, 21 ; iiaOa Matth., 26, 69, Marc, i4, 67; ijfieOa. Sept. Ba-
ruch., 1 , 19, Ma\a\.,holi, 6, Mosch., 8096 D (corriger Sopboclcs, s. v, e/fx/),
etc. Dans Podrome, le paradigme de l'imparfait, est: sing. 1, -^firiv, viiovv,
3. ■fiaovv, 3. ^Tov; plur. 1. absent, a. absent, 3. fiaa.v.
172 HUBERT PERNOT.
la coexistence, vers le x® siècle, de sis et de ela-ai et la rapide
extinction de s7$, que nous ne retrouverons plus désormais. On
verra l'analogie qui a cre'é eïa-txi s'étendre progressivement à cha-
cune des autres personnes et niveler ainsi tout le présent de Tin-
dicalif. La forme eifxi sera maintenant la première atteinte et de-
viendra slixai. Il semble bien, en effet, que, de ces deux créa-
tions nouvelles, sla-ai et stycai^ celle-là ait été la première en
date. Le fait tient peut-être à ce que les formes de la deuxième
personne, antérieures à eïcrai, étaient monosyllabiques et, par
conséquent, s'éloignaient plus que eîyii du reste du paradigme.
€ette antériorité de eïarai est confirmée par les textes que j'ai
dépouillés, par Spanéas I notamment ^
Span. I, eïa-ai, constant : 2Ù, 28, 62, 97 (2), 98, 11^,
i35, 1^9 "•^. £i(iî : 2 56; eJfxcti, absent.
G/«/fc. , e/o- a/, constant : 216, 3o4, 538. sîfjii, absent; e//!/a<
(pour la première fois) : bài, 5^7.
Prodr.^^ elcrai, constant : I (G), 66, 70, i/i2, 161, 196;
in,6i=^IVib. igCS), 96=1V ib. (^GS), 97-IV ib. (^GS),
io6 = IVib.(^GS),io8 {g), /i73=lVib. (^GS), 475 = lVib.
(^GS); IV, 60 (GS), 61 a (GS), 62 (GS), 487 (GS); VI, 2/i3 {g,
édit. elfxai), 277 (^GS), 278 (S). — eJfxai : I (G), ikh; III,
i5o=lVib. (g-GS), 333=IVib.(^GS); VI,2i3(d'après^seu-
lement et par conjecture; ms. eiaoLi), 287 [g siçi', GS siixott).
eifxi : III {g) 20. G ne contient pas le vers par suite de la dis-
position d'un feuillet, mais S le donne de la même façon que g;
la leçon paraît donc bonne. Il ne faudrait pas conclure de là
que elfxi et el(x(xi coexistaient au temps de Prodrome : e//^tj'est,
pour l'auteur, une forme savante; quatre vers plus haut, il a déjà
employé uaiv [S<^ai), qui constitue chez lui un aTraf et contre-
' Eî[tl : Malal., 19, i3;29, i3;96, 10; 111, i3;254, 7, ii;3i4,aa;
Consl. Porph. , III, i3i, 21.
- Je n'ai pas tenu compte, dans le cours de ce travail, de l'orthographe
des manuscrits, souvent incohérente. Je n'ai pas non plus distingué les formes
de l'indicatif de celles du subjonctif; l'identité phonétique de ces deux modes,
au singulier, a amené une fusion {S. Port., i8a-i83) qui rend ici toute dis-
tinction inutile.
^ Dans la désignation des différents manuscrits de Prodrome,
G = Gr.396,
g = Gr. i3io,
C = Coislin382,
S = Suppl. io3i.
Ce dernier manuscrit, qui m'a été signalé par M. Emile Legrand, est de
i36i. Il renferme exactement les mêmes poèmes que C, avec lequel il est ma-
nifestement apparenté et qu'il complète ou corrige en plusieurs endroits. J'en
donnerai la collation en publiant l'index de Prodrome.
L'INDICATIF PRÉSENT DU VERBE ETBE EN NEO-GREC. 173
dit sa morphologie et sa syntaxe ordinaires; ohives, au même
vers, n'est pas non plus pour lui une forme courante.
C'est que, en effet, les poèmes de Prodrome ne présentent
pas, au point de vue du style et de la langue, une parfaite unité;
par endroits, les mots sont plus reclierche's , la morphologie et
la syntaxe visent à Tarchaïsme, le vers lui-même est plus soigné
et renferme moins d'hiatus. C'est le cas pour le passage qui nous
occupe; les cinquante-cinq premiers vers de VI offrent aussi, à
ces diffe'rents points de vue, un contraste frappant avec ceux qui
suivent. 11 semble bien que Prodrome solennise parfois, surtout
au de'but et à la fin de chaque poème; d'une manière générale,
lorsqu'il s'adresse plus particulièrement à l'empereur. 11 est, du
reste, facile d'en donner des preuves.
On rencontre environ 1 1 5 emplois du datif dans les poèmes de
Prodrome tels qu'ils sont publiés^; ce qui, à raison de i/iûS
vers environ-, donne une moyenne de 8 datifs par loo vers.
Or, à eux seuls, les 55 premiers vers cTe VI [supra) en con-
tiennent i/i ^ et les i8 derniers en contiennent U * : soit, dans
les deux cas, presque les deux tiers de plus que la moyenne.
De même, dans IV, les 29 derniers vers renferment 10 datifs^.
En revanche, les vers 5o-62o n'en renferment que ik ''. L'affec-
tation est ici d'autant plus visible qu'elle s'exerce précisément
sur un cas dont l'existence dans le langage courant devait être
des plus précaires ''. L'empereur, d'autre part, est si bien la raison
d'être de ces formes solennelles, que, 28 fois sur 2G, l'article tc5
est employé en s'adressant à lui*^ et que le mot xpaTOs entre, à
1 J'ai natureHement donné te coefficient 1 à des exemples comme ceux-ri :
avv tsioan àpjvaiais ttl, 076 = 1V ib.; Kaï 'B5£iaQy\-ci yspovTucoJs xal TSatpiKols
aov ïôyots V, i3 = VI, -yS; tîÎ ipiauparialù) xpciTet (g) = tv (^fj Q-eoal£<Z>i)f.
(C) Vf, 397; etc. Mais, pour no pas trop étendre le cercle de la discussion, j'ai
compté comme valables tous les cas où j'ai constaté l'emploi du datif; ainsi :
7o7s àS£X<poTs (lov lit, 278 {g; lo passage n'existe pas dans C); Sos vTfiav toU
'matpaaiv lit, 111 {g; xcù vi-^ov tous 'ssatépas IV il). C); Xé-yopil (iot IV, A/17
(C; e: As}'£« lis III ib. g-). Le cliitFre de 1 15 est donc un maximum par rapport
au texte primitif.
- Dédpction faite des poèmes IV et V qui se confondent respectivement avec
III et VI. On est forcé de s'en tenir à des nombres approximatifs, mais les ré-
sultats n'en sont pas sensiblement modifiés.
^ Et même i5, si l'on compte êv àviyKo.is VI, 6 (g) : cf. VI, 3 (var. lect.)
5, 11, 17, 19, 95, 28, 99, 3i, 34, 37, hk, 49, 5i; tous ces exemples sont
de 0.
^ VI, 383 (g), 386 (gC), 396 (gC), 397 (g-C).
5 IV (G), 626, 698, 631,63.5.639 (a), 6/10(9), 6/17, 6/18.
« IV (G), 117a, 190, i36, i55, 993, 3/i], 357 b, 4/17, /199 , 5i6, 56i,
676, 678 a, 6o3.
' Span. I, 77, 219 (cf. 919), 919, sur 283 vers; — Soluin., 96, sur
i48 vers.
" I, 7; II, 9.5 (2); 111, 1, 2, 1.55 =1V ib., 56i =IV ib., 6o3 (-0,622,
\lh HUBERT PEBNOT.
lui seul, pour le chiffre de 9 dans le contingent des datifs (11 5);
cela, sur 19 fois oià il se présente^.
On pourrait multiplier les preuves et faire voir, par exemple ,
que lorsque deux formes, telles que ov{x) et ovSèv (gr, mod. Sèv)
sont en lutte, la plus vulgaire se trouve d'ordinaire dans le con-
texte le plus familier -; mais il suffit ici d'avoir montré que elfjLi
a, chez Prodrome, toute les apparences d'une forme savante et
d'en avoir indiqué les raisons.
Solonu, eïaai : 54 (2), 68 (2), 76 (2), 8ù, 108, 111, 126.
— slfxat : 77.
Span. H , ela-at : 85 (V)— G 28 3, 159 = G 98, 180 = G
iiZi, i97(2),25i=G i35, 282 = G 1/19, 3io, 891, 5o6 (V),
564(V),588(V),597(V),62i(V),638(V). — £/f/a<:22(B),
ûi.
Quadrup., sla-ai : 176, 200, 285, 466, 687, 681, 801,
8^1 (V), vdcrai 685 (Pj. — e/^a, : 157 (P), i58, 575, 69^,
764, 816, 861, 870; si[xi 157 (V),P : slixoti.
Nous ne poursuivrons pas plus loin ce relevé; les textes pos-
térieurs, Vind.pop., Const. capt.'^, Georg. Rhod., Imb. III, Xenit.,
Ceph., et les grammaires de Sophianos et de S. Portius ne con-
naissent plus d'autres formes que elaai et sl[xoii.
S 2. — Pluriel
Les formes anciennes èa-fxév, èalé faisaient obstacle à la ten-
dance nettement marquée vers l'analogie passive. Lorsque le peuple
voulait dire nous sommes, vous êtes, les désinences -fxsda et -ade se
présentaient naturellement à son esprit : il créa tout d'abord
si'ixsôa. et slaôe^. Ces formes ne se rattachent pas à êcrfxév, sais;
6o5, 635=IVib., 6i8 = IVib.; VI, 17 (2), 19 (9), 25(9), 3i, 5i, 268,
397. Cf. I, 2i5 (9); IV, 5i6.
1 Kpd-ret, I, 7; m, i55=IVib.,56i =IV ib., 6o3 = IV ib.,622, 635 =
IV ib., 6/18 = IV ib., VI,5i,397. — Kpa'Tous, I, i; III, 55o = IVib., 659;
IV, 63o, VI, 19. — KpaTos, VI, 16, 90, liZ, 2^8, 38i.
■' III, (g), 90 (var. CS), 101, 2o4=lV ib. (^CS), hbli =IVib.(gCS),
53i=IV ib. (g-CS); IV, 86 (CS); V, i38 = VI, 235 (Gg-CS); VI, 63 (gCS),
137 (g), 319 (g), 393 (g), 368 (g). La forme êèv est particulière à g [III,
i52, 234, 2Ù5; Vl, 71 (C o'jx), 276, 278 (C ovk)] et semble avoir été étran-
gère à la langue de Prodrome.
^ La lettre G désigne les leçons du Gr. 396 = 5pan. /.
* Const. capt.=^Geoi-g. Co«sf.; cf. Hadzidakis, BZ, t. III, 3-i,p. ôSi-agS.
^ La forme étale, aujourd'hui courante, vient de eTcrôe par l'application de
la loi bien connue : quand deux continues sourdes se trouvent côte à côte, la
seconde se change en l'instantanée sourde correspondante (cf. Jean Psichari,
OseiT. phonét. = Mr'tti. Soc. ling. , VI, 3o5 et suiv.). Il va de soi que la pro-
nonciation al n'est pas toujours notée dans l'écriture.
L'INDICATIF PRÉSENT DU VERBE ETRE EN NEO-GREC. 175
leur syllabe initiale montre assez qu'on a affaire à des cre'ations
entièrement nouvelles, dues à l'influence du singulier.
Voici quels sont, en ce qui concerne ces deux premières pei-
sonnes du pluriel, les renseignements positifs que j'ai pu re-
cueillir 1 :
Span. I, sïixeôa. 20/1 (^ Span. II, rJixsOsv ki-j, V).
Qiiadrup., êa-fjiév -yi, — sicrie io33.
Vinci, pop., ïjixecrlsv 3, loi.
Const. capt., sïa-1s 926; vàcrBs 961.
Georg. RhocL, slo-le : birova-de 19, ocroi 'cris 620.
Sophianos, eïfxeôa. 71, etfisOsv ihid., eï^saBev 6G et 69.
— sla-l s 66, 69, 71.
S. Port., eïfxsadsv hi. — slcrOe ibid.
Un double problème s'offre alors à nous. Il s'agit d'établir les
rapports chronologiques qui unissent dy.sBix, sia-ls à sia-ai,
sî^ai et d'expliquer, d'autre part , l'apparition de formes telles
que si'ixsSsv et sifxsalsv. Les deux questions sont embarrassantes.
Si, pour la première, on généralise les données de Span. I,
qui sont celles-ci :
Sing. 1. e/f//(i fois), 2. ela-ai (9 fois);
Piur. 1. £Ï[jLe6<x (1 fois), 2. néant,
il semble naturel d'admettre que la progression analogique,
aux deux premières personnes du singulier et du pluriel, a été
la suivante : ela-at, [slaBe], sïfjLsOct, eîyLCti. On suppose ainsi, il
est vrai, l'existence de sîcrOs à une époque où elle n'est pas
encore prouvée; mais Thypotlièse est des plus justifiées, puisque,
d'une part, nous avons perdu la trace de plur. 2 entre Comt.
Porph. {èc/lé, III, 2/17, 19) et Quadrup. [eJals, io33) et que,
d'autre part, on ne voit pas très bien l'analogie passant brus-
quement de sing. 2 slcrai à plur. 1 sifieda. Cette hypothèse fùt-
elle vérifiée, nous n'aurions pas encore cependant le droit d'ad-
mettre sans réserve la progression précédente. En effet, elle
repose tout entière sur une généralisation dont la base est un
«Tra^, la forme elfxî du Spanéas. Or il se peut que cet sifii soït dû
ici à des circonstances particulières (supra, Prodr. III, 20; cl.
p. 182) et qu'il ne prouve rien en faveur de la non-existence de
elixai à l'époque du Spanéas '-. Une autre supposition se présente
' Sojitiodes (s. V. eifii, à la fin) cite à lort loann. Mosch., ."^096 D ijfisOa
èay-év. Il s'agit d'un imparlail et non d'un présent.
2 Cf., p. 172, à Glyk.
176 HUBERT PERNOT.
donc à Tesprit : eJçxai aurait immëdiatement suivi slaoLt, et les
formes du pluriel ne seraient venues qu'en dernier lieu.
Quoi qu'il en soit de ces deux hypothèses, dont la première
me semble cependant préférable , il s'en de'gage d'ailleurs une
conclusion identique : elcrai une fois créé, l'analogie passive a
précipité sa marche, et nous pouvons affirmer en somme, avec
beaucoup de vraisemblance, malgré l'absence de renseignements
positifs en ce qui concerne elcrOs, que, dès le xii* siècle, les
formes passives s'étaient implantées aux deux premières personnes.
Mais, avec le temps, les désinences passives subirent elles-
mêmes des modifications; à côté de ypaCpô^tBa^ par exemple, ap-
parurent des types comme ypa(pôixs9sv, ypa(pôfxe(Tlev, etc. Le
verbe rr être 11 en ressentit naturellement l'influence, et c'est dans
des créations de ce genre que nous devons chercher l'origine de
formes telles que ei/xe^ev \ eï'ijisalsv-, eïixea-la, elfxaale, eï'a-aals
{plur. 2)^, pour ne nous en tenir qu'aux plus connues. Malheu-
reusement, l'histoire de ces désinences passives est encore très
obscure; l'absence de données chronologiques un peu complètes
ne permet, pour l'instant, que de vagues hypothèses'*. Il semble
que la désinence -(xeOev ait été la première en date, après -fxsôa;
la finale -ev est due sans doute à l'analogie des premières per-
sonnes ypdÇioixev, êypd(p6ï]fx£v, etc. — Dans ypaCpôyLeaBsv, on
voit qu'on a affaire à une désinence de plur. 2 , sans pourtant
qu'on puisse dire exactement si l'analogie s'est opérée sur ypa.-
Çiôfxsôsv ou sur ypdÇ)0[jia.i. — Il est possible que ypaÇiôfieala
repose sur ypa(p6^zale{y) et soit dû à l'influence de ypx<p6yLeBa.
— Quant à la désinence -aals, elle ofl^re d'assez grandes diffi-
cultés, à cause de l'alternance vocalique a-£. Il est très probable
qu'elle est venue de l'imparfait, à la faveur de la confusion qu'a
amenée, aux deux premières personnes du pluriel des deux temps,
la disparition de l'augment^; mais, même à l'imparfait, son origine
est obscure. Selon Hadzidakis [Einleit.^, 69-60), cette alternance vo-
calique a-e serait due à l'action de plur. 3; en d'autres termes,
c'est sur le modèle de formes comme [s)€ps)(^6vTave , èpyôvia.vz
qu'on aurait dit {è)€pe)(^6(xaa1e, {è)€ps^écraa1 s , èpyô\i.a(j\t , ^PX^~
aaaie: dans cerlaines régions, en effet, l'imparfait tout entier se
conjugue de la manière suivante : {ê)ëpe)(6[xavs , [è)ëp£)(ô(7<xv£ ,
* Span. II , supra.
- Voir Sophianos et 5. Port., supra; cf. yeAoûfxeff^ef, Sophiaiws, 68; ypa-
Çovfieadev , S. Port., 35; tsateiovyLeaQev, ibid., 38; àjaTcovyieaOsv, ibid. , h\.
^ Dans la langue commune, ety.a.a1e est plus usité que £ÎiJ.e6a; ctaaale l'ait
une concurrence sérieuse à elala.
* Cf. 5. Port., 197.
* Des imparfaits comme {è)ypap6fisda, {è)ypâ<^ea6e s'identiGent, en effet,
avec des présents comme ypo^dfxeOa, ypâ^eaBe.
* Einleitung in die neugr. Grammatik, Leipz. , 1898, xvi-Aôi p.,in-8°.
L'INDICATIF PRÉSENT DU VERBE ETRE EN NEO-GREC. 177
{ê)SpsXÔrctvs , {ê)^psxô(xa(Tls, {ê)Gps)c6craa1e,{i)Spsx6vTave\ êp^ô-
(xave, êpyjjo-avs, etc. L'influence de plur. 3 me parait ici évi-
dente, aux trois personnes du singulier; en ce qui concerne
plur. 1 et 2, pie'site un peu à admettre cette analogie incomplète
où le sujet pariant ferait en quelque sorte abstraction du groupe
-al-, mais je ne vois aucune explication plus satisfaisante; une
influence de Taoriste moyen [-np^aa-de^, £<5~£6zo"^e"~) parait assez
problématique, puisque ce temps n'existe plus de nos jours et
(|ue ypa(p6^a(Tle, y py.(p6a-acrl e , sïfxaa-ls, eïaacrls. semblent être
des formes plutôt re'centes.
II. TROISliîWE PERS0N^E.
s \". - — Singulier.
Si le peuple avait pensé à éa-1i\ la troisième personne du sin-
gulier aurait été ^salai, d'après l'analogie de sifiat et de eJcrat,
ou bien ^slalai, en admettant l'unification des syllabes initiales.
Si, au contraire, la troisième personne avait été tout simplement
créée d'après la deuxième, sur le modèle des verbes passifs, on
aurait eu *sïrai. Or la forme généralement employée est sivai.
Elvai n'a rien de commun avec l'infinitif ancien; l'identifica-
tion des deux formes cadrerait mal d'ailleurs avec ce que nous
apprennent les textes médiévaux où l'on trouve comme troisième
personne evi-^. C'est précisément l'histoire de cette forme qui
nous donnera l'explication de eivai.
Ftvi apparaît déjà chez Homère. On le trouve également à
l'époque classique. Dans quels rapports sont entre elles ces trois
formes, homérique, classique et médiévale?
Ëvt se présente riiez Homère sous l'aspect d'un doublet de la
préposition sv\ cela non seulement dans sa forme*, mais encore
dans sa signification et dans ses attributions syntaxiques^. Il
n'est pas rigoureusement exact de considérer, chez Homère, svi
comme un équivalent de 'éveali ou de svstcri; à cette époque, la
forme svt a encore toute sa valeur prépositive ou adverbiale. Le
' Cf. Prod,:, I (G), jgo, a.n; IV, 'îo8 = III ihul. {gCS); V, 7/1 = VI,
16.} (G^CS); VI, -iSe igCS), agi (gCS), .336 (g).
- Cf. Ha(lzidali.is , EinL, 19^ ot isuiv.
■' Cf. aussi etadat, infinilif; Hesseling , dans Et. ng., p. 35.
•'* Brujjmann, p. 219. On trouve très frequemmi-nt ivi sous sa forme alone
èv\ (i'accenl fjrave équivaut ici à l'absence d'accent tonique, Henry, Gr. comp.,
S 81); l'Iliade contient environ 1 fois évi contre G fois êvi: dans l'Odyssée, la
proportion est de 1 à 9.
^ Ev el ëvt sont souvent employés côte à côte: A 3o, B 90:!, M :iii, N
aSA, II .5i/i, 63o, P -Si, X 216, 5o3, S 6o3, A /jâg. Le dépouillement
complet montre que ces deux formes sont dans le rapport de 3 (er) à i (éVi,
éri) pour l'Iliade et de 2 à 1 pour l'Odyssée.
MÉM. U^G. — I\. 12
178 HUBERT PERNOT.
fait n'est pas douteux pour des exemples tels que 6(ppix 'oupriv
oparjTS xctrfusvai , j? ^vi KSiTai | XidTpoxXos ("^ 210), TvSei^t), issp)
[ikv Tsokéfxct) ëvi HapTspos serai (I 53), ot tôt' âpialot 1 ^cav èv\
TpoiY] épiSciÔAaxi (Loih ), rpels Se o'i slai B-vyajpes év) pLeyocpù)
svTTijxTCf) {l 286), etc., où svt se construit avec des verbes. Il
prête, il est vrai, à discussion dans des vers comme ceux-ci : d)
tsâ-noi, )7 poL iU sœIi koÏ eiv AiSao S6ixoio-iv\ ^'t»;^)) xoà eïSojkov
diàp (ppévss OVH evi Tsdintav {^ \oo), crlpeTrlrj Se y'kcôaa-' êaTi
(SpoTMv, tsoXéss S' ëvi fjLvôot | tsctvToloi (Y 2 68) , etc. , oii èvi tend à
se détacher du verbe. Même, il semble ouvertement contredit par
les nombreux exemples où evi a une existence nettement inde'pen-
dante : 6(^p^ êv Tffdaai | eiSsr' ocKOvova-ai , 6(7' êfxôj svi xrfSea B-vfxôj
(2 62), êns) ov ol evi (ppéves ovS' tjGaioii (S 1 6 1), a-vyoip 'cseSioio
àvcta-aeiç j evpéoSj S) evi [xèv Xwtos rsokv? , [S 602 )^ En réalité, il
n'y a pas là autre chose qu'une ellipse pure et simple du verbe
r être V : on sait combien sont fréquentes chez Homère des phrases
comme xpehaoûv yàp [3a<TiXev5, oie )(OûaeTa.i àvSpï x^P^' (A. 80),
TÎ[xe7s S' ov vîi 11 Toïoi dfxvvéfxev (/S 60), etc. Une telle construc-
tion n'est pas particulière à evr^ on la trouve aussi avec êv (O
632, i 21, i32, n 63o), OT< (E 178), (xerà {<p 93), isapà {y
326), vTTb (e^636), etc.'-'.
L'étude de l'emploi de ëvt, chez les Attiques, montrera mieux
encore la forme homérique sous son véritable jour. On ne trouve
plus, à cette époque, ëvi accompagné du verbe être. D'autre part,
une construction nouvelle apparaît: ëvi, qui, chez Homère,
était exclusivement accompagné du datif, est maintenant suscep-
tible de se construire avec la préposition e'v-^. Enfin, tandis
qu'Homère sous- entendait avec ëvi aussi bien éa-Ti (S lAi,
2 53, S 6o3, V 3oG) que eia] [S 8/16, i 126, A 367, s 355,
Ç 288)'', les Attiques emploient seulement cette forme, là où la
phrase demande le singulier de l'indicatif présent. Que conclure
de là, sinon (|ue ëvi a chez eux une valeur veibale et n'est plus,
pour le sujet parlant, un doublet de êv, mais bien l'équivalent
pur et simple de ëvecxli'l E(t7} une fois évincé, grâce à l'ellipse,
ia préposition en a pris les fondions syntaxiques, tout en gardant
sa signification propre.
Dans Sophocle, ëvi et ëveali se couvrent entièrement : El.,
1 Cf. n 63o, Cl 77/1, è 60.3, 8/16, t 12G, ;. 367, V 3o6, s 35ri, (? 988.
' Cf. Brugmaiin etDelbrùck, Grundriss, vol. 3, Synt. I, S 269, p. 659.
3 Sopli. 0. T., i'239; E.ir. fyh. T., 673 ; Ar. P/tt<., 3i8; Plat. Tkeaet., 186
D (186, 27); etc. La construction lioniérique est, du reste, encore en pleine
vigueur: Escli. Agam., 78; Soph. 0. C. , 11 33; Eur. Hip., 966; Ar.Eq., 17;
Plat. Crat., liiaC (ii3, 4); Thuc. 9, ho, 9.
* Cf. même S 916, où pourtant la proximité de résvHTo ne permet pas de
se prononcer sur l'ellipse d'une façon catégorique.
L'INDIC\TIF PRÉSENT DU VERBE Jîri?E EN NEO-GREC. 179
io3i, ATTsXSe' cro) yàp à}(pé\r}cris ovk 'évi\ l'interlocuteur re'pond
aussitôt : "Evscrliv. De uièuie, Eui'. Ov., 701, ÏIvsœIi S' oIktos,
ëvi Se Ha\ Ovixbs fxsya.s\ et, Ar. Nub., hSO-hS'j^ svecrli Sîjto. aot
Xéyetv év xj? (pvasi; Xéyeiv [xèv ovk sveaT ànoaispeïv S' evi (Cf.
Meisterlians, lôS, 12). On a soulevé \ en s'appuyaiit sur l'état
du {[rec postérieur, la question de savoir si evt et eveali présen-
taient pour les tragiques une identité absolue, et Ton s'est demandé
si de ces deux formes en lutte, lu dernière, dont il ne reste rien
en grec moderne, n'était pas, à cette époque déjà , une forme lit-
téraire analogue au français «il est 15 par rapport à. rril \ an (il
est des gens, il y a des gens). Le fait paraît discutable. Evealt,
en elfet, est relativement peu fréquent cliez Homère; je n'en ai
trouvé aucun exemple dans les cinq premiers chants de l'Iliade;
le poète emploie de [)rérérence eV ou Irt, avec ellipse du verbe-.
En revanche, d'Hoiuère aux tragiques, ce composé ^semble avoir
suivi une marche ascendante. Selon toute vraisemblance, ëveali
n'est devenu une forme littéraire que postérieurement à Tépocjuc
attique; cliez les tragiques, svi et svscrli ])araissent plutôt deux
formes également vulgaires.
Cette valeur vei'bale de svi^ <|ue nous avons constatée chez les
Atliques, nous rapproche du grec byzantin, où nous trouvons
svt comme équivalent de êa-li. Il suHira maintenant, ])our établir
la filiation de ces deux formes, de montrer comun'iit svi a pu
passer du sens composé au sens simple.
Le fait s'est produit, dès l'épocjne classique, dans les locutions
èviOTS et è'vioi, naturellement inconnues à Homère, dont la pre-
mière, seule, apparaît dans la langue dramatique (Eur. , Hel.,
19 1.3, Ar. , Plut., 1195), mais qui toutes deux se rencontrent
fréquemment en prose (cf. H. S., s. v.). Ce sont là des avant-
coureurs: On peut dire, d'autre pari, que l'évolution sémantique
était déjà en geime dans rem|)loi homérique de evt, en tant
qu'adverbe : alps-nlri Se y'k''^(T<r' scrTi (BpoTÔiv, TSoXées S' evi fxvôoi
TSCLv-zoïot (Y 2^8), 'U) -zsrjTTOi. ^ pd T (S sctI i Ky.) sîv AîSao Sô^oiuiv
''l^vy^r} Kcù eïSwkov • drap (ppéves ovk evi Tsdfxrcy.v [^ 10/1). Cette
faculté de construire svi avec ou sans régime ])ersista lorsque
£vi prit le sens verbal. On lit, par exemple, dans Eschyle [Pers.,
788) : Na/" Xoyos npcLTei (Ta(prjvï}S rovio kovk evi a-lda-is, et
M. Weil-' traduit ainsi ce vers : tfOui, quant à ce pofnt, une
relation précise domine et // ny a pas d'hésitation. w L'idée êv
TÔî -crpa^iuaTi, qui compléterait le sens de ëvi et lui donnerait
toute la valeur du comjxisé, n'est pas exprimée. L'expression
' Psicliari, l:t. ng., p. 871.
■ Cepoiidant oÏkos êvcali joos (Qa'if)), ooaoi Tt; -/^pvaôs tî xai ùp-)tjpo>.
àaicv ëverrliv (k /i.")); cf. êvsaav , Z 1 /i '1 , 0 1 •? , (jo.
' lui. llarlroKe, ii)-i<3.
180 HUBEKT PERNOT,
française il y a me semble ici un juste équivalent; placée dans le
même contexte que svi, elle en rend exactement le sens; bien
plus, elle nous présente dans son histoire un développement
parallèle à celui de evt. On conçoit facilement quelle dut être,
dans If s deux cas, Te'volution psychologique : dans une phrase
comme ff il y a huit jours que je ne l'ai vu w , le sens de inest a
complètement disparu.
Mais pourquoi le passage du composé au simple s'est-il opéré
sur êvi et non sur svsc/li'] Ces formes sont en apparence iden-
tiques; elles ont comme sens, chez les Attiques, le sens premier
du français il y a; il semble donc qu'elles aient été également
susceptibles de se substituer à sait. En j-e'alilé, cette identité
parfaite de en et de êveali est illusoire, et l'on peut aflirmer,
sans paradoxe, que la différence qui sépare virtuellement ces
deux foi'mes atteint son maximum, pour l'observalour prévenu,
au moment même où elles se confondent dans l'usage de la ma-
nière la plus complète. En effet, la marche de ëvt vers le sens
verbal correspond nécessairement, dans la conscience du sujet
parlant, à un affaiblissement graduel de l'élément prépositif du
mol. Du moment où svi s identifie tellement avec svecrli qu'il en
arrive, lui aussi, à se construire avec êv, la bataille est gagnée
pour lui : la juxtaposition de êvi et de êv auia pour conséquence
nécessaire l'anéantissement des derniers vestiges homériques que
peut encore receler svi et l'équivalence pure et simple de evi
et de êalt; svecrli, au contraire, est retardé dans son évolution,
à cause de la persistance par ailleurs des deux éléments qui le
composent, êv et sait. Les phénomènes linguistiques ont de ces
racines profondes; ce sont, je ci'ois, les constructions elliptiques
d'Homère qui renferment les premiers germes du sens médiéval
de êvi.
La question se pose maintenant de savoir à quelle époque
l'identité de svt et de sait ])eut être considérée comme un fait
accompli. Hadzidakis [Einleit., 207) l'admet déjà pour le Nou-
veau Testament; mais les exemples qu'il cite prêtent à discus-
sion; nulle part svi n'ap])araît nettement dans le sens de il est :
Jac, 1,17, 'zsap' w ovx svt '7SapcLk\oiyri\ Cor., I, G, 5, oyx svt
êv Vfxtv ovSs]? aoÇios; Gai., 3, 28, ovk sv.t lovSaïos oôSè EXX);i',
ovx svt SovAos ov^è êXsvÔepos , ovk svt apasv xa) ^-rjXv airavTes
yèip vp.s'î? sh êals êv Xpialôj Irjaov; Coloss., 3, 11, ottov ovx svt
LàXXïjv xa] louSalos, 'nrspiTOfxrj xtxï dxpoSvalia, . . . dXXà rà
zsdvTa xai êv 'adaiv ^ptalos^. Cf. Method., (Patr. gr. XVIII;A.
D. 3i2j /io5 C, lïjaovs ijiôvos êv d^vaaoj 'zssptsnaTïjasv chs êXsv-
ôspcs, 'Ôttov ïyvï] zssptTrarovvrùov ovx svt; Epiph., (ïbid. XLl; A.
' Voir V. T. Sm., S'], 1, et cl. Psicliari, hJI. 111^., 869.
L'INDICATIF PRÉSENT DU VERBE ETRE EN NEO-GREC. 181
D. /io2) ypaxpor TÔ) àyysk(p Tris ExKÀjja-/as toj êv Svarsîpois,
xa] ovH £vi èxeî j^xnXiiaia )(^picr1iavr2v êv &vaT£Îpïj. Evidem-
ment, £vi s'éloigne do plus en plus du sens de evecrit, mais les
prépositions et les adverbes qui raccompagnent, év, ottov, wapà,
ne nous permettent pas encore de Tidentilier rigoureusement
avec êcrii. Nous sommes en quel(|ue sorte sur un terrain neutre
entre le sens composé et le sens simple.
11 semble cependant que svi se confonde avec éaVi cbez Polem. ,
270 ' (A. D. -2 00 =h) : Msrct(pp£vov icr/ypbv, dpialov è'vi dvSpos.
Enfin, le doute n'est plus j)ossible dans des exemples comme
ceux-ci : Xéycov' èirei svi aÀÀo> vîô?' out'jûs ànéAvasv iîfxàs'- —
Sià (70V 77 bpSoSo^îct éSeëai'jjOij , ^ly- o-è oùk svi aiptais^ — t/s
ëvi ^£(j1ôpi05, èyo) ovx. oiSa. ^ — o (SctaiXeùs bp96So^05 écrit. . .
'^Esvijpos H.ai rierpo? Ma^'<;)^a^o< daîv, rj a-CynXinos opSô^o^os
êvr^ (Sopliodrs, s. v. é'vi). Cf. à fz»; Xoca'-^v ovk é'vi -aialos, Mansi,
VIII, io83 C, 108G C, 1090 A, mais ô ixrj XaXûJv Mavi^aîos
sœIi io58 c — ô (3oi(TiXsiiî opOoSo^os svt io83 E, 1086 B —
OVK £ct1iv Avaa1a<Tioç, lovai tvos (2a.<7tXeîei, opOo^o^os svi' ovk
écrit Mavi)(^0L7os^ bpBoSo^os 'évi io()0 B — 0 V(t)yLaiKos Sokios evi
1086 A — fjLty. zsialis yéyovev, ovk svt àra^ta io8() D. On a
aussi (Sopliocles, s. v. svt) : svt ixSTdvoia., àê'^à'^,- — êàv ovk écrit
oaîfxov, ovk evi 'cso'kv • êàv Se evi, tsoXv èaliv ' — T/er»*, à^^a.
Tiwcn^e ; à-néfia.vev 0 àSeA(p65^; Notons en passant, cliez Moscbus
aussi (3o66 B), la forme êv' -{- consonne que nous retrouverons
plus loin^; Tédition porte t/ ev to ey^ets, xvpie Môa^s; ce qui
n'offre aucun sens.
La fortune de ëvi va croissant. Des textes comme Malalas et
Consl. Porph. ne connaissent, il est vrai, ([ue ècr1î\ mais cet em-
ploi exclusif de la forme ancienne est tout littéraire. Au xi^ siècle,
le Spanéas fournit les renseignements suivants :
Span., {, êvi : i3, li, 1 5, 97, 81, 85, 93, i56, 2 i/i , 2 5o,
30-, aOi. 26/4, 970, 283 (2), 2SU. écrit: ih. Ce dernier vers
est ainsi conçu : -apô^Xvo'ts é'ul lyàp Ssov^y^pKjlos evt Kvpi'ov. Span.,
Il (66) exprime la même idée sous la forme 'cspô^At^cris evi tov
' Vrawi , Scvipiorex phijaiognomki , Allenbuqj, l'yHu.
- ColcU, lit, (j'^'î [i = Mansi (Sacronim concilionmi cdilio novissiiiia,
.3i vol. in-r, Florence, i']'^)Ç). — Venise, 1798), iV, 1 lo.j B ((Jonr. d'I^phèse,
an /).3i).
•^ Coleli, IV, i.")o8 C = M(insi, Vil, 1731; (Clialceci., an 'l'u).
" Coleli, V, 1 1.53 \ = Mansi, VIII, 1062 D (Conslant., 5.S6).
^ Coleti , it)id., i j 1 a ^ = Mansi, ihid. , iiaaA.
'* Apophth., 317 I) (Palrol.gr., LXV, A. D., 5oo ±) = Johann. (Jolob. , 60.
' Ihid. , 3 1 9 C = Xoius , j .
« Jornin. Moschus, igH.T I) (l'alrol. j;r. . LXWVII, 3 A. I). 610 ±).
' Il est d'ailleurs possible que la forme év soil due iri an copisie et nort à
Tauleur.
18*2 IILRKRT PKR-NOT. -^
B-sov 0 jSacriXevs, zraiSiv fjLOv. Dans la première version, Taccen-
tuation sait surprend un peu, mais éal), à cette place, rom-
prait le mètre. On se demande s'il ne faudrait pas lire zsp6^\ri~
cris êvi yàp Q-sov, -/^pialôs ê(7li xvpiov. Il semble bien d'ailleurs
que cette l'orme éa-1i\ isolée dans le poème, soit due ici à des
circonstances particulières (cf. p. 173) et que, dès cette époque,
svi ait e'té dans le langage courant la seule forme usitée.
Disons tout de suite que la iroisièine personue devait, elle
aussi, lout comme la première et la deuxième, subir l'action
analogique du passif: svi devine par conséquent svai; puis elvai^
par nivellement des syllabes initiales. Voici, d'autre part, les don-
nées des textes que j'ai dépouillés.
Glijk., svi : 79, 117, 13/4, 190, 27.3, 3o3; sv' : 273, hk-\\
'évai : 167.
Nous retrouvons ici la forme Iv-f- consonne (|ue nous avons déjà
constatée cbez Moschus {36o^i B). On pourrait songer à expli(|uer
ev, en regard de ert, par l'amuissement de \i inlerconsonan-
tique; cf. gr. mod. 'TSep-rtaTHû = 'aepnraTS) , (7(ji.£pv6s = <7ï][xspiv6s
{Observ. phonét., 3o/i). W. Meyer (S. Port., 85) cite déjà -nrep-
7raT£Î'>, (jlijk., i55 (ms. 'zsepi7Tone75 , mais la forme sans i est
exigée par le mè(re) ^. iNéaumoins celle bypolbèse ne se présente
pas avec des garanties suffisantes; êv semble plutôt un doublet
syntactique de svt : on aura dit svi sis, ou même svt~\-\o\e\\e
quelcon(|ue; i, dans cette position, se sera contracté avec la
voyelle suivante, d'oii la forme êv qu'on aura ensuite employée
devant les consonnes"^. Le même phénomène se reproduira du
reste avec svai.
Pmh., ë<Tliv\n, 1/19 — êvi : I ((i), 957; II (G), 6, i4,
79; III (g), 101 3; IV (CS), 61 b, 78, 3i/i (9), 3i5, 3i5 a,
3i5 b, 368, 379, 693, 5i9, 5i8; V (G), 48 (2)=VI (CS),
116 (2); VI(CS), 59, 79, 978, 28/1, 987 — êv' (éd. seule-
ment; mss svt) : I (G), 196; IV (CS) 69, 60, 61 , 61a, 63,
601 — sv' (éd. et mss) : III (g), 69, 60, 61, 63, /loi; IV (CS),
62, ^73; VI (g-), 317 — sva.1, III (g), 3i/i, 3i5, 368, 379,
/193, 5i9, 5i8; VI {g), 116 (9) — ëvdiv, III (g), 78.
Un f;dl est certain dès maintenant, en ce qui concerne les
manuscrits de Prodrome : le i3io {g) ne reproduit pas fidèle-
ment le texte primitif ^ Ce manuscrit contient des formes intro-
' Prodrome : zsepnâiei, lîl, Saâ = IV ib. (g-C; S •sepiTtaxe»); ■^spTtnToùv,
II, 90 (G); ■BrepwaTw, III, 555 = IV ib. (gCS) — ainiiissemont de l'i dans les
([iiatre mss. — Cf. 'aspinâjet-, III, 95 = IV ib. (g-CS), VI, 3 35 (g-CS); zsept-
waTe?, IV, 9/18 (CS); -crepiwaTwi;, V, ii3=Vl, 189 (GgCS), V, 12/1 = VI,
aoo (GgCS) • — - mainlien de l'i dans les quatre mss.
* Cf. Fitt. comp. , p. 39 et suiv.
' Le vers manque dans IV ib. (>S, njais semble devoir y être rétabli.
* J. Pslchari, Essais, I, 66 et suiv., to3 cl suiv.
L'INDICATIP PRÉSENT DU VERBE ETRE EN îiÉO-GREC. 183
duites après coup et datant do 1 époque où il a été écrit ' : oi,
nom pf. fe'm.; — es, ace pi., dans les noms tels que : tjfj.spss-,
T£s=Tàs. (Quelles sont, dès lors, les leçons originales, parmi toutes
celles qu'on a citées plus haut? Ealiv (devant consonne) est
douteux; C et S donnent le vers autrement. Êvt fait d'autant moins
difficulté que c'est une forme attendue et (jue GCS sont flac-
cord là où ils peuvent Tètre : V, 68 (G)=VI, 116 (GS). Ëvai,
au contraire, n'est donné que par g; aux passages correspon-
dants, GCS ont svt. De même CS (IV, 78) svi; mais ^(111, 78),
evaiv. Cela revient à dire que le remanieur, dont g nous trans-
met le travail, a partout (sauf à lll, 101, cf. p. 182, note 3)
rajeuni le texte primitif-. L auteur n'avait employé que svi.
11 existe une le'gère divergence entre les deux textes contem-
porains Gli/fc. et Prodv.; mais le fait n'a rien de surj)renant si
l'on songe combien la forme svai apparaît timidement dans Ghjk.
(i ëvai, 7 svij, et qu'elle n'a pas encore plus de consistance dans
le texte suivant :
Sohm., £r<: 1 1, 2 5, 87, 112, 1 28, 16G ■'. — ■^'^ : 9- — evai: 'lo.
Span. II, èaliv : i55 (V), cf. G yS. — svi: 66, cf. (i i/j; 78
(B) = G i5; 83; 167 (B, N. C); cf. G 81; 168 (V)=G85;
i5d (B)==G o3; 170 (V); 191 (V); 900 (B); 910 (V); 256
(B);29i=G t56; 36o (V); 36i (V);/io/i; /i27 = G 216;
^7/1; /i79 (B)=G 25o; 5oo=G 961; 5o3 (V)=G 266; 5o8
(B) = G 270. — êvai : ihS (B); 200 (V); 5i8. (.9o/om., p
ért); 537; 586; 612; 665; onco 've 663. — êv [êvi ou svai'^) :
167 (B, N. C); 686 (B, N. C); 5o3 (B); 5i6; 623.
Quadmp., êal î : 67, 557, 610 (V), 878, 882. — svi: 72,
362 (V), 682 (V), 773 (V), 1012 (V). — êvai : 57, 176,
199, 283, 286, 3oi, 3ii (éd. V), 369 (P), 666 (V), 53o,
566, 589, 773 (P), 775 (P), 837 (P)^ 987 (V). 988, 991
(P), 1012, 1012 (P), 1016^; vàvai 689 (P). — sv : 192,
399, 610, 666 (P), 665, 685 (P), 775 (V).
La réapparition de ê<7Tt est à noter. Déjà Quadrup. nous a
donné eifjii, êcrfxév, alors que nous avions constaté par ailleurs
l'extinction de ces formes.
Vind. pop., êcrVi : 1, 17 (tjrA^y (xs'yixA'jJTSpov êcrTi vnèp lijs
yfjs ih zsXâ.zos). — 'évi : néant. — evai : 9, 98; 6, 7; 19, 5;
' V\n (lu xï' sièrie, peut-être môme commencement du \vi'; ihul., 19, noie i .
^ Et» sut)siste nalureliemeni dans ce niannscril, parce que le remanieur y \o\i
ivat et non ëvi.
' Aux vers i 1 et 87, éd. et»'; au vers i'?3, ht, leçon du ms. , a été reiian-
rtic par i'édilcur.
184 HIBERT PERNOT.
20, i; 26, i5; 27, 3 (éd. ëv'); 38, 11 (9), i3, 17; 4i, 6;
45, 2 (éd. èV), 3 (éd. ev'; peut-être phir.?). — ev : 9, 85;
20, 3, II, 7; 38, 7.
Const. capt., êvi: 19, 20 (éd. éV), i3o, 1^1, 26^ (éd. êV),
34o, 3/4^, /17G, 5/17, 637, 736 (2), 772, 773, 778, 783,
8o3, 836, 839, 894, 902, 906, 9^6, io33, io36, io38. —
svai : 12 5,665. — £ f a i r : 7 2 6 , 735,922; 'ai^vonv : 373. —
elvai : 699, 662, Soi, 863; oirovvai : 273. — siv' : 73, 76
(9), 5i2, 625. — • 'Sfoijvaiv : 3i3, 370. — vdvai : 700. —
vâvaiv : 383, kkS, 856, 1012, 1016.
Georg. Hhod., ivi : 367, 6o9, 5o3, 5o5. — evai : 4i3,
/i25. — vÀyat : i38, 255, 692, 58i, 599; vàv' : 139, 391,
636; Wi 139, 196, 625, 632; voivaiv 32, 396, 586; 'vaiv\
636; -nroJv : 233.
Prodr. (g-), £(t7/ : 111, 162 {ovk ëaliv Toa-rj [xoi (ppovrîs, 'ôcrri
t67£ ivy/jxvei). Partout ailleurs 'évai, ëvaiv ou éV; voir ci-dessus.
Ces quatre derniers textes présentent une contradiclion inté-
ressante à relever; Vind. pop. et Prodr. [g) ne connaissent plus
svi, qui poui-lanl se retrouve dans Const. capt. et dans Georg.
Rhod., le plus récent de ces poèmes. Il est possible que ëvi soit
déjà dans ces deux derniers textes une forme lilléraire et que,
seuls, Vind. pop. et Prodr. (g) nous donnent Tétat exact de la
langue parlée. On remarquera aussi l'existence de la foruie eivai
dans Const. capt. C'est la première fois que nous la rencontrons.
Imb. Ul, ëvoti : i3o, 178 \ 269, 277, 386, 667, 612, 666,
768. — ëv : 11, i3i, 56i. — elvai: 259. — vàvai : 2 19,
23i; ^voLi [àXkd 'voLi) 189.
Xenit., écriîv : 5o8; Tinlluence littéraire est visible dans tout
le vers : ovk ëcriiv âWos (3ot}dbs ovTe TSairjp, où {/.rj^tjp-. — ëvat :
176, 377 (éd. ëv), 681 (9), 697 (9). — ëv : 216, 63i,.cf. N.
C. — slvcti : 382. — 'vai : 287 (éd. V), 287, 5i5 (éd. V);
vàvai : 393.
Sophianos, ëvat : p. 71.
S. Port., eivott : p. 61.
Ceph., slvai : p. 336, 1. 3 , 7, 26 , 28 , 33; ànovvotr. p. 332,
1. 2; p. 336, 1. 6; p. 335, 1. 10.
' Ms. Haive; édit. xai slve. Le vers est incompréhensible; peut-être faut-il
lire x' évat yopyôv, êv é!Tot(iov.
' Cf. V. 287, ^éve, zsoii 'v' ô isaiépas aov xai viov 'vs v jiyiTspa.
L'INDICATIF PRÉSENT DU VERBE ETRE EN NEO-GREC. 185
§ 2. — Pluriel
Malal. et Const. Porph. ne connaissent que ei(7i. Cette forme
se retrouve encore dans Span. I, v. 76, 83.
Glyk., ëvi: 619 [lOVTa xsaiyvîàia. ovx ëvi).
Prodr., ivai. Kl {g) ^ôi, trouvera sa place à une e'poque ul-
te'rieure. sIvcli : H (G) 98; III, r)oo==IV ibid. (^C^); V 128 =
VI,20.^G^).
Sohm.. sivcti : 9, 72.
âS/>«;/. II. slvai : 2 1 ô (\ ), 2o3 (\ ).
Qitadntp., V : er/ : N. C. au titre, 3/17. — P : elvai : ^98. —
PV : eïvai : 968. — P : êvai : 367.
Vind. pop. , elvcti : 7, 6; 26, i4; s*»'' : 6, i3; 11; 21, 20, 1;
26, i3. — êvai : txh , 3.
Const. capt., svi : 707, 98^,996. ^ sJvac : 706; s7v' : iû4,
1/17, 2/10(2), 3i3,882;£7ya<i;: 993. — êvat : 'ja'i ; êvaiv :
100. — voivai : 3i8, 91^; bitovvaiv : 989; zxovvotiv : 3i6.
Georg. Rliod., evt : 606. — e/f': 2/i3, 590. — svai : 202;
£va<r : .jO, 235 (éd. éV). — 'vat : 187, 188, 56G; vav' : 269;
— vâvaiv : 71, 58 û.
Prodr. (o), tivat, forme employée par Prodrome; ei'at III,
25l.
/mi. III, sivai: 757, 758; £<V: 719.
Xenit., sivai [otinoi've) : 55, tsovvai 288.
Sophianos, eivat p. 7 1 •
.S'. Port. , elvài p. A 1 .
Ceph., eivat p. 335, 1. i3.
Pour plur. 3, les faits se présentent donc à nous dans Tordre
suivant : slcri, tout d'abord, est remplacé par evt. A côté de svi
surgit bientôt une autre forme eJvoci, qui, pendant un certain
temps ( Prodr. -Quadrup.) , parait être seule usitée. Puis s'ouvre
une nouvelle période marquée par la réapparition de ivi et l'appa-
rition d'une troisième forme evat; on a alors simultanément elvai,
svi et svat. Enfin eivai finit par évincer ses deux concurrents.
Ce sont là, dans leurs lignes générales, les données que nous
fournissent les textes envisagés ici. Il nous reste à les expliquer
et à les discuter.
De toutes les formes du paradigme ancien, c'est elai qui,
sembk'-t-il, a subsisté le plus longtemps. Si nous nous en l'ap-
portons à Span. I, cette forme n'aurait disparu de la langue que
186 HUBERT PERNOT.
vers 1p xi" siècle. Quant à iexislence de svi en fonclion de pïur.
3 dans des phrases comme Tovra 'sxatyvtS ta. ovKevi (G/;//.. , 5i 9),
ce sérail une erreur de croire qu'elle remonte direclement à
remploi homérique de cette même forme dans, par exemple,
hre) ou oi evi (ppévsî ovS' ij^ataî [E. i^'i); nous^avons vu que,
dès i'e'poque allique, svt s'était localisé au singulier. Il ne sau-
rait donc être question ici que d'un passage ultérieur du singu-
lier au pluriel. On pourrait songer, pour rexpli(|uer. à une in-
fluence des jduriels neutres. La règle du verbe au singulier avec
un sujet neutre pluriel n'existe plus aujourd'hui; on a donc dit
indiiréreniment , à un moment donné, rà ^cDa rpé^ei et rà ^-wa
ipéypvv. Grâce à celte dernière construction, on aurait pris svi
comme un pluriel dans rà ^cwa 'évi. doù oï avdpcjJTTOi evi. Mais
celle hypotlièse est inadmissible chronolo;jiquement '.
Il semble plutôt qu'on doive chercher l'origine du phénomène
en question dans des phrases comme : rovro svi ^eûfxctTa rceci,
ce sont des mensonges'?, t/ ëvt tol ypâ(p£i5\ rrqu'osl-ce que lu
écris? 55 Le sujet ne renferme pas ici l'idée principale, qui est
exprimée par \f/£U|uaTa et par rà ypcK^eis ; on conçoit alors que
ces pluriels aient exercé une attraction sur le veibe et l'aient-
fait changer de nombre. Pareil fait s'est d'ailleurs reproduit à
l'imparfait, où. de nos jours, il \ a identité complète entre sing.
3 et pluv. 3, rfrai» ou ^ravs^ et l'indicatif présent nous fournira
encore tout \\ l'heure, toujours à la troisième personne du plu-
riel, un exemple identique du même phénomène.
La forme eïvai donne lieu à quelques observations intéres-
santes. Dans quels i-apporls se trouve-t-elle avec sîvai^ sing. 3?
Au pluriel, eïvai nous est apparu pour la première fois chez
Prodrome; au singulier, le plus ancien exemple que j'en con-
naisse remonte à Const. capt. Un intervalle d'environ trois siècles
sépare donc ces deux formes. Avons-nous alors affaire au phé-
nomène inverse de celui que nous venons de constater, c'est-à-
dire à un ])assage du pluriel au singulier? Evidenmient non;
au singulier, il ne saurait être question dun emprunt, puisque
nous y avons observé le développement normal evim — »■ evcti » — >
elvai. Nous sommes ainsi amenés à considérer ces deux formes
comme théoriquement indépendantes l'une de l'autre. Seule-
ment, elles ont été créées en vertu des mêmes lois analogiques
et dans des conditions pareilles; de là vient leur identité.
Le schéma suivant figure, je crois, exactement la genèse de
de slvai. plur. 3 :
' Span. t, verbe au pluriel : 69, 76, 102 , i 53 , lâg, 288; mais i3i : ws
yàp 7» ^vXa. Toîi 'jmipos ir)v Ç>X6yav éirav|ar£«; cf. 76-77 : at/îoc état zsXovtos
à.Xr\Br,s , i5d|a fz^ Tt/.ripcofiévri , \ aCià tov éyavia tsoieï èiiaivfcôv èv xoa^iù). Glyk.
niel toujours le verbe an pluriel : 280, 368, 872. 38o, ioo.
L'INDICATIF PRÉSENT DU VERBE ETRE EN NEO-GREC. 187
Sing. £vi = Plu)\ evt » — > ^evai » — >■ slvai.
On remarquera que evai s'y trouve marqué d'un astérisque.
En effet, cette forme ne m'est pas connue entre plur. 3 svi et
plur. 3 shoLi; mais comme elvoti suppose un double phénomène
analogique, à la désinence et à l'initiale, on est forcé de la res-
tituer. Elle peut d'ailleurs se vérifier d'un jour à l'autre. Ici encore,
il importe d'établir des distinctions et de ne pas confondre cet
svai avec celui qu'on retrouve plus tard, également au pluriel,
mais postérieurement à sivai. Ce deuxième svài se présente
dans des conditions bien différentes : tandis que le premier se
place à une époque où svat singulier n'est pas encore attesté,
comme le prouve suffisamment Prodrome, où l'on a plur. elvai,
sing. ht, le second est au contraire contemporain de evai sing.;
même il lui est, par son apparition, quelque peu postérieur,
puisque des textes comme Solom. et Span., II, ignorent encore
êvai plur, et ne connaissent que la concordance : sing. svai,
plur. dvai. Tout porte donc à croire qu'il s'agit, une fois de
plus, d'un passage du singulier au pluriel; evai suit la même
route qu'a déjà parcourue svi, avant sa transformation en eivai.
On se demande même si 'évi ne l'a pas parcourue deux fois, à
des époques différentes; c'est du moins ce que peut faire suppo-
ser, dans une certaine mesure, l'existence exclusive de plur. 3
eîvcti dans Prodr. , Ghjk. et Span., II, et la réapparition de plur. 3
êvi dans Quadrup. , Georg. Const. et Georg. Rhod.
Les données de nos textes s'éclairent ainsi peu à peu. Ce sont,
en somme, les diverses manifestations de deux lois assez simples,
Tune analogique, l'autre syntaxique, qui s'entrecroisent et dont
l'action se fait sentir avec une régularité parfaite sur un espace
d'environ huit siècles. Vers l'époque de Span., I, le singulier êvi
passe au pluriel et, au pluriel seulement, donne *£vai m — >- el-
vai. On se trouve alors en présence de la concordance chrono-
logique : sing. £vi, plur. éïvixi [Prodr,). Mais evi, au singulier,
se développe à son tour et devient evai; ces deux formes subsis-
tent longtemps côte à côte. On a dès lors, au pluriel, les trois
formes slvai, evi, svcti [Quadrup., etc.), dont, à coup sûr, la der-
nière et peut-être aussi l'avant-dernière sont des emprunts di-
rects au singulier. Enfin, de sing. 3 svai sort un sing. 3 slvat,
et c'est peut-être seulement grâce à ce nouvel appoint venu du
singulier, toujours en vertu de la même loi syntaxique, que
plur. 3 eivixi parvient à triompher de ses deux concurrents plur.
3 êvi et svai.
On a remarqué que le nivellement des syllabes initiales s'est
fait au pluriel beaucoup plus tôt qu'au singulier. 11 semble qu'ici
la marche de l'analogie ait été retardée par un besoin de clarté
plus ou moins conscient; on voulait éviter la confusion des formes
Igg HUBERT PERNOT.
aux deux nombres. Elle ne sVst pas encore produite en chy-
priote, où Ton ne connaît, de nos jours, que sing. 3 ëvi, hai en
regard de plur. 3 £7va/(Mondry Beaudoin, p. 79-80); et le para-
digme tsakonien, sur lequel je reviendrai plus tard, en
fournit, je crois, un autre exemple dans sing. 3 svi comparé à
plur. S eïvi.
Paris, 1895.
Hubert Fernot.
LES NOMS HYPOCORISTIQUES
D'HOMME ET DE LIEU
EN CELTIQUE.
Tous les ëriidits qui s'occupent rronomastique connaissent le
savant mémoire que M. Fr.inz Slark a publié, en 18G6, dans les
tomes LU et LUI dos Silzungsbevichte de TAcadémie impériale des
sciences de Vienne, classe de philosophie et d'histoire, sous ce
titre : Die Kosenumcn der Germanen. Tout récemment, dans le
tome XXXII de la Revue de Riihii , 1898, M. H. Zimmer a fait
application aux langues celtiques des principes posés par
M. Franz Sfark; le n° 10 des Keltische Studien de M. H. Zimmer,
])ubliées dans le volume précité, pages 168-197, est intitulé:
Zur PersonenennamenhUdung , et traite surtout les noms hvpoco-
ristiques ou familiers, Kosenamen.
A la page 189, M. Zimmer signale, comme un des sufïixes ser-
vant à former dans le monde celtique des noms hypocoristiques,
le suHixe -âco-, qui, suivant lui, est rare en Irlande avec cet em-
ploi. Il n'en cite que deux exemples : Bitadach et Berach, et il dit,
page 190, queBuadachse trouve dans le britannique du vi^ siècle
sous la forme Budoc. Ce nom hypocorisfcique, dit-il, est la forme
familière dun nom solennel tel que Bôdio-gnâtus. On pourrait
aussi proposer, avec M. Holder : " Bôdio-vellaunos , en vieux gallois
Bud-Gualan; *Bôdw-màros, en gallois Budd-fanr; * Bôdio-voretos ,
en breton Bud-uuoret.
Aux exemples irlandais donnés par M. Zimmer, on pourrait
en ajouter d'autres; tels sont : Camulacus et Senachus, noms
d'évêques ordonnés par saint Patrice, suivant les noies de Tire-
clian K
Le nom de Camulacus apparaît sous une forme légèrement al-
térée, Camclams, dans VAnllpfionaire de Bangor, dont nous devons
au Rév. F. E. Warren une récente et précieuse édition. C'est la
forme hypocorislique de noms d'homme tels que : Camido-genus ,
' Wliitley Slolccs, The triparhte Life, t. II, p. 3oi. Hogan, Vita sancd Va-
Iricii, p. Co, 66 el 80.
mÎM. LIKG. — IX. *i3
Î90 n. D'ARBOIS DE JUBAl.X VILLE.
chez César, De bello gaUico, *Camulo-gnatiis, au féminin Camulo-
gnala, dans une inscription du trésor de Bernay à la Bibliothèque
nationale, Camulo-rix dans deux inscriptions, l'une de Pont-les-
Bonfays, Vosges, et Tautre d'Anglesey.
Senachus, avec un ch conformément à la prononciation irlan-
daise, est identique à Scnacus, nom d homme, inscription chré-
tienne de Grande-Bretagne, Hûhner, n" ikk, et c'est la forme
hypocoristique de noms solennels complets tels que : Seno-condus ,
Musée de Mayence, cf. C. I. L. XII, 8029; Seno-gnatus, inscrip-
tion de Melun; Seno-maglus, inscription chrétienne de Grande-
Bretagne, n" 99; Seno-iirus, C. I. L. XII, .G1686, 81 G; Seno-viros,
îbid., 358/i, Lejay, Inscriptions antiques de la Càte-d'Or, n" 98.
Citons encore Tigernach, nom d'un célèbre chroniqueur irlan-
dais du xi" siècle, écrit plus anciennement Tegemncns dans deux
ins(^'iplions chrétiennes de Grande-Bretagne, n"' 35, 58, en gal-
lois Teyrnoc, en vieux breton Tiarnoc. On peut lui comparer le
nom complet *T{genio-maglos : Tiarn-mael dans le Cartulaire de
Redon, Tegevno-malus dans une inscription chrétienne de (Grande-
Bretagne, n° 12.
^ous pouvons dire aussi que ce genre de formation a existé
en gaulois. Ainsi Dumnacus, chef des Andes, ou mieux Andecavi,
chez Hirtius, De bello gallico, VIII, ch. 2G et suiv., porte un nom
hypocoristique correspondant à un nom solennel tel que : Duinno-
rix, nom d'un Eduen, frère de Diviciacus, chez César, De bello
gallico; Duinno-vellaunus , ou Dubno-vcllaunus , nom d'un roi breton
contemporain d'Auguste, et connu tant par les monnaies que par
la célèbre inscription d'Ancyre; Diunno- talus , C. 1. L. III., io5i6,
écrit Dubno-talus dans une inscription du musée d'Épinal.
Nous terminerons par une dernière observation nos additions
au mémoire de M. Zimmer.
La théorie des noms hypocorisliques donne la solution d'une
difliculté à laquelle se sont jusqu'ici heurtés les géographes. Ils
n'ont pas compris pourquoi la ville d'x\rras, a^pelfie Nemeto-cenna
chez Hirtius, De bello gallico, VIIl, h6 ^ 62, est désignée par le
nom de Nemetacum dans l'Itinéraire d'Antonin. Nemetacnm n'est pas
autre chose que la forme hypocoristique de Nemeto-cenna. Le cel-
tique avait un substantif ou adjectif au masculin cennos , dont un
exemple est le second terme du nom composé Cuno-cennos, au
génitif Cuno-cenni, dans une inscription chrétienne de Grande-
Bretagne, Hùbner, n" kS, en gallois Con-cen; au féminin, c'est le
second terme de Sumelo-cenna, aujourd'hui Rottenburg, Wur-
temberg.
On a déjà fait la remarque qu'en Gaule les noms terminés en
-acus apparaissent pour la première fois sous l'empire romain. Ils
sont très rares en Espagne, très communs en Gaule et dans
LES NOMS HYPOCORISTIQUES D''HOMMR ET DE LIEU EN CELTIQUE. 191
l'Italie du Nord. On n'en trouve pas chez Ce'sar. Ils sont proba-
blement une formation hypocoristique.
Ainsi Condaciis, Condac (Charente), paraît être la forme hypo-
coristique correspondant à un nom solennel, tel que Condo-
magus, Condom (Gers).
Il doit y avoir la même relation entre :
Turnacus, Tournai (Belgique), Tpurnay-sur-Dive (Orne),Ter-
nay (Loir-et-Cher); — et Tximo-durus , Tonnerre (Yonne), Tunio-
magus, Tournon (Indre-et-Loire);
Nnviacus, Neuvy-en-Champagne (Sarthe), Neuvy-au-Houlmc
(Orne), Neuvy-le-Roi (Indre-et-Loire); — et Novio-magus , Nimè-
gue (Pays-Bas), Noyon (Ofse), Neumagen (Prusse rhénane), etc.;
Novio-diinum (César, De bellogallico, VII, 12, ville des Bituriges,
à distinguer du Novio-dunum de Belgique, De bello gallico, II, 12,
et du Novio-dunum de Pannonie, aujourd'hui Novi-grad, enfin
du Novio-dunum situé à l'embouchure du Danube, aujourd'hui
Isaatcha);
Eburacus, York (Angleterre); — et Eburo-dunum, Yverdun
(Suisse) [Eburo-briga, xivrolles (Yonne), a pris cette forme nou-
velle par l'intermédiaire d'un autre suffixe et suppose *Eburo-ia-
lum);
Flaviacus, Saint-Germer-de-Fly (Oise), — et Flaviobriga (Es-
pagne);
Juliacm, Juliers, en allemand Jûlich (Prusse rhénane), en
Fi'ance les nombreux .luilly, JuUy, Juillé, Juillac; — et Julio-bona,
Lillebonne (Seine-Inférieure).
L'épithète « hypocoristique -o est inexacte quand on l'applique
à des "noms de lieu; l'épilhèle k abréger) serait plus appropriée.
Je me conforme dans celte note à l'usage reçu; je le fais sans
être bien convaincu que, même lorsqu'il s'agit des noms de per-
sonne, la théorie dont le mot rc hypocoristique^ est l'expression
puisse expliquer tous les phénomènes habituellement groupés
sous cette étiquette traditionnelle; le moindre effort ou, pour
parler plus clairement, la paresse est la véritable explication de
bien des faits que notre vanité colore d'une façon plus flatteuse
— non pour la personne à laquelle nous nous adressons, —
mais pour notre amour-propre à nous.
H. d'ArBOIS DE JlBAlNVlLLE.
i3.
UNE ÉPITAPHE LYCIENNE
(MYRi 4).
J'ai donné au début de mon pre'cédent me'nioire un alphabet
lycien, avec les transcriptions latines qui me paraissent devoir
être adoptées \ mais je me suis dispensé d'accompagner ce ta-
bleau d'un commentaire justificatif. Les observations que plu-
sieurs de mes confrères ont bien voulu me communiquer sur
mes lectures me prouvent la nécessité d'entrer à ce sujet dans
quelques développements : c'est ce que je vais faire, retardant de
quelques pages seulement l'examen du texte lycien mentionné au
titre du présent essai.
I
Et d'abord se pose une question préjudicielle : est-il si né-
cessaire de transcrire dans notre caractère lalin un alphabet
aussi simple, aussi clair, borné à un nombre raisonnable de
lettres, grecques pour la plupart, et dont les autres sont d'un
dessin fort peu compliqué? Evidemment le lecteur, à qui est
proposée la solution des problèmes autrement difficiles de l'inter-
prétation des textes , est capable du léger effort de la ff transcrip-
tion n mentale. Il n'a pas manqué de s'initier au déchiffrement;
il en sait les lacunes, les décisions précaires, et il estime qu'à
s'en servir on se condamne à donner des citations qui refléteront
ces erreurs. — Telle est l'objection.
Je réponds qu'il s'en faut bien que l'erreur soit éliminée par le
seul fait d'une citation en belles lettres lyciennes! non seulement
elle n'est pas éliminée, mais encore l'emploi du caractère indi-
gène l'aggrave dans ses conséquences, en entretenant l'illusion.
Vous produisez un nom propre que vous m'assurez avoir tiré de
tel texte, et je constate à l'épreuve que la pierre est détériorée,
le passage peu lisible, enfin qne vous avez été bien forcé de
ff restaurera cetle mention, mais votre déguisement lycien n'en
' Mém. Soc. Ling., VIII, p. liai.
UNE ÉPITAPHE LYCIE.NNE. 193
dit rien. Le monument — Limyra i 9 , pour citer un exemple ', —
avait, lui, inscrit le nom PoBA || A'î*|'^, que transcrit plus bas
le grec PYBIAAHI, mais vous, vous lisez ^**E'^ | A'M'^ -, d'où
vous tirez comme conséquence la valeur w u assignée au caractère
4^. Vienne ensuite Antiphellus 3, avec son verbe *^STTO :
vous m'imposez la lecture wasttu, et vous fondez là-dessus une
relation avec le latin iiastare, Tallemand Wûste!^ Le prestige
d'une citation en caractères indigènes est ici trop funeste.
Je demande en outre aux adversaires de la transcription s'ils
ne seront pas forcés eux-mêmes, étant donné les variantes gra-
phiques des voyelles e et 0, d'user d'une convention pour écrire
les deux premiers mots d'une épitaphe : ebë''në qupo? Pousseront-
ils le scrupule jusqu'au décalque des mots'^?
A l'alphabet lycien et même à l'alphabet grec si peu commode,
substituons donc sans crainte notre écriture latine, pour qu'il
s'opère un premier travail d'assimilalion, d'autant plus fécond en
résultats que la transcription sera plus régulière. Nous surpren-
drons les suffixes, les flexions; les lois phonétiques nous appa-
raîtront. Voyez, par exemple, combien est facilitée par une
transcription correcte l'intelligence de l'épitaphe désignée dans le
recueil de Schoenborn sous le nom de Limyra 6 ^ :
L. 1 ehë^në : qupo : mené : pr^navalë : tebursseli
L. 2 zzayaah : ddedi : luso^trah" : zetineri : se q^laburah"
L. 3 ënë pencleh q^tavata :
Luso" Irak" ei Q^taburah" sonl des génitifs, tout comme Z2ayfla/t(?)
' Feliows, Lycia, pi. XXXVl, n. 3; Daniel! et Spratt, pi. 1, u" 1; Cl. G.,
III, n° /i3o6; Schm'dt, The Lyctan Inscriptions , pi. Il; Savelsberg, I, p. ai;
Petersen, n° 1 si.
* Schmidt {Essay on the Alphabet of thc Lycians, en tête du recueil de textes,
p. V, IX ) et Savelsberg (I, p. 38) affirmaient ceUe lecture, que j'ai contestée
dans le Bab. and Or. Record, vol. V, p. 106 : j'avais raison de soupçonner que
4s était une gullurale; l'ex-volo bilingue esl venu avec son exemple Urta 4^ iyah"
= ùp-raxta m'apporler une agréable confirmation.
^ Les auleurs se copient sans défiance; les mêmes rappiocliemenls se trouvent
dans'e mémoire dcLassen, Z. D. M. G., i856, p. 354, chez Savelsberg, I, p. 5f! ,
et Deecke, Lykische Sludien, III, p. a8i. — Anlipbellus 3 a été publiée par
Daniell et SpraU, n" 3; Texicr, Asie Mineure, vol. III, pi. CIC; Scbmidl,
pi. 111; Savelsberg, I, p. l\6; H, p. i.to, et Pelcrson, n° 122. Voir encore,
pour le grec, inléressanl à cause du verbe èixnpi^et qui termine l'inscription,
CL G., III, p.iiSo, n° 43oo/<.
* U esl probable que les organisateurs de l'écrilure lycienne trouvèrent un
cerl^iin nombre de caractères qu'ils exclurent en principe, mais que quelques
monuments retinrent à titre de vaiianies grapiiiques. L'inscription de Limyra 6 ,
que je vais citer, emploie même deux soi-disnnt variantes de 0, dans qnpo et
dans Lim/lrali" ; et cet exemple n'est pas raie. Nous ne pouvons passer notre
temps à dessiner des caractères.
' Daniell, pi. I, n" ai; Schmidt, pi. I: Savelsberg, II, p. 36. J'ai pu con-
19^ J. IMBERT.
et Perichh. Le premier de ces mots est le nom propre de Lysan-
dre, le second celui de Kindaburis; la lettre" découvre l'accu-
satif^ : il faut traduire tov KvadvSpov, tbv KtvSaSupios, à sa-
voir l'homme nomme' Zetmeri''. Ce que Zelineri est à Lysandre
et à Kindaburis, nous le devinons sans peine; il est \e fils du
premier, le neveu {tiilies") du second : ainsi l'e'tablissent de
nombreuses é[)ilaphes. Le verbe est omis comme ces avyysvixd;
mais nous savons comment supple'er la lacune, sei ''tepitoti =
ff [lui-viéme, il ensevelit [ici)] Zetineri(fîls) de Lysandre et ( neveu)
de Kindaburis, seigneur (qui e'tait) hyparque de Péridès^.n
Quand une transcription laisse ainsi péne'lrcr le sens d'un
texte , sa cause est gagne'e.
Certes on n'est pas arrivé du premier bond à cette transcrip-
tion, mais après bien des tâtonnements, en faisant autant que
possible abstraction d'ide'es pre'conçues, et d'heureuses décou-
vertes d'inscriptions bilingues aidant.
C'est à Moriz Schmidt '^ que revient l'honneur d'avoir e'crit les
sulter tes copies inédites de MM. Benndorf et Arkwright. Voir, sur ce monu-
ment, situé dans la nécropole ouest de la ville de Limyra, mes articles The
Lycian Tebursselis et On Iwo Lycian Inscriptions dans le D. 0. R., février et
décembre 1898.
' Sur le génitif-accusalif, voir Termes de parenté, p. /i56. Ce génitif sur-
vécut à la langue, comme le montrent les formes TpoKovSiv dans la pîirase M.
Aup. OvdêaSais TpoKovSiv d'une inscription d'Isaiirie publiée par Headlara,
J. H. S., n° 2 , 1899 .p. 3o, et — Q-alâfjietv citée par Ranisay, K. Z., 1886,
p. 386. Il est vrai que cette désinence est appliquée indifféremment au génitif
du sujet comme à celui du régime : bien mieux, on aurait le dalit Apaxaiv à
Xanlhus, d'après la copie de Fellows du n° 4278 li, C. I. G. Voir Hill, /. //. S.,
1895, p. laS, n° 16.
■^ Ce nom peut être comparé à hiatvapis (C. /. G., n° i3i5</), Nap«s {J. H.
S., 1895, p. IJ9, n° 3) et Enéhineri, fondateur d'une rock toinb de Limyra,
dont Petersen a publié l'inscription, p. 67, n° i33.
•' L'homonyme du grand bomme d'Etat d'Athènes, le roi Périclès, qui régnait
sur les Lyciens antérieurement à 36o avant notre ère, est mentionné par Théo-
pompe dans Photius, Dihl., 176, et par Polyen, Stratag. , V, ha (cf. Deecke,
Lyk. Stnd., IV, 189); il a signé des monnaies d'argent et de cuivre (Fellows,
Lycian Coins, i855, pi. IV, 9; V, i-to; VI, 1-10; Six, Monnaies lyciennes,
1887, n°' a6/i à 27^; Babelon, Perses Achéménides, 1898, p. ex, et n" 53i ,
536, 537, 539); les inscriptions qui le citent sont Limyra 6 que nous avons
vue, Limyra 16, 38, ho, h\ et l'inédite, découverte à Arneœ.
* Dans le Biographisches Jahrbuch fur Alterthumskunde d'Iwan von Mùller
(] 890), le D' Paul Kœtschau a consacré à Moriz Schmidt, décédé le 8 octobre
1888, une nécrologie d'une lecture très attachante et qui se termine par la bi-
bliographie des travaux de l'éminent helléniste d'Iéna. Je ne puis qu'y renvoyer
le lecteur : les travaux de Schmidt intéressent pour la plus large part la philo-
logie grecque et latine , mais l'actixilé de ce savant a dépassé ces frontières et a
marqué sa trace dans les domaines plus restreints de l'épigraphie lycienne et des
inscriptions cypriotes. Schmidt mérite qu'on examine de près les solutions qu'il
donne des problèmes posés par les monuments lyciens et qu'on étudie sa mé-
thode vraiment géniale.
L\E ÉPITAPHE LYCIENNE. 195
premières pages vraiment scientifiques sur l'alphabet lycien.
Voici dans quelles circonstances :
Au dire des anciens, il y avait eu — dans un lointain passe'
sans doute — (nous dirions aujourd'hui : à Te'poque myce'nienne),
enire Mace'doniens et Phrygiens, Arcadiensde Te'gée et Cypriotes
de Paphos, Cretois et une partie des Lyciens, relation de me'-
tropole à colonie. La précision de ces données montre qu'elles
reposaient sur des traditions locales et vivaces, et s'il ne nous
est plus permis de contrôler par des documents historiques la
véracité de ces traditions, nous pouvons du moins espérer ar-
river par la philologie comparée à certaines conclusions qui con-
firment ces indications. Le dialecte ciétois, pour ne parler que
de la troisième proposition, piésente des particularités qui obli-
gent de supposer Tinfluence d'un idiome rf barbares, et par
conséquent son existence. Moriz Schmidt l'avait compris quand,
rendant compte en i863 d'une thèse d'un de ses compatriotes,
il s'essayait à des comparaisons entre le crétois du document
étudié par cette thèse et l'idiome énigmatique des inscriptions
lyciennes. Les comparaisons (qui dénotent plus de bon vouloir
que d'expérience) devaient, dans la pensée de Schmidt, tracer
la route à d'autres savants jaloux de se faire un nom ^
Après avoir attendu quelque temps, Schmidt n'hésita plus,
vers 1866, à tenter l'expérience qu'il conseillait aux autres.
Mais quel ne fut pas son étonncment quand il découvrit que
même l'alphabet lycien n'était pas déchiffré ! A la place du dé-
chiffrement, il y avait cinq à six lectures différentes, autant que
de savants qui avaient traité ex professo de cette malheureuse
épigraphie '-.
' Préface de.VEssay on the alphabet and the language of the Lyctans, qui sert
(l'inlrodiiction an recueil des inscriptions d'après Scliaenborn, léna, 1868. La
Ihèsf* étudiée par Schmidt dans K. Z., XII, p. 319-233, a pour titre De in-
scripttojie Cretemi qua conlinettir Lyliiorum etBolœntiorumfœdus sc7: Henr. Beinh.
Vcvetzsch. (Halle, 1 863 , 33 pages.) — L'origine Cretoise d'une partie des Lyciens
est affirmée par Hérodote : oi ëè Xvxiot êie KprÎTrjs tdipyalov yeyôvaai [ti^v yàp
Kpr?Tr?i' él'j^ov to zsaXaiov 'zsâaav ^âpêapoi"). . ., I, i'y3. Suit l'histoire de I'én)i-
gration des partisans de Sarpédon, frère et compétitenr de Minos, puis d'une
plus récente colonisation, athénienne cotte fois. Le (oui est rappelé plus briève-
ment en CCS termes : A'ûxioi Se TepitiXoi èHaXeUvTo ex Kp■/|^ns jeyovÔTts , è-nl
Se Xiixoii loxj ^ctvSiovos àvSpài kdnvctiov êa-^ov tï\v iiteovvfMÎriv, Vit, 93.
^ Voici leurs noms : Saint-Marlin, i8ai; Grotefend, i83i (1835) et 1869;
Daniel Sharpe, président de la Société géologique de Londres, 18/11 et i8.'i3
(18/17); Chodzlio, i8/i/i[?] (inconnu à Schmidt); Lassen, i856; Blau, i863;
Friedrich Muller, i8G3 et 186/1. Voir Savcisberg, I, p. 1-7. Ces savanis de
premier ordre ne purent que distraire en faveur de nos inscriptions quelques
heures de leur temps consacre à des œuvres bien autrement sérieuses. La niiniis-
malique lycienue n'était pas plus avancée que le déchilVrement dos lexles lapi-
daires, quoiqu'elle fût abordée par des lionunes tels que Fellows, l'auteur du
Coi-pus des monnaies (i855), Sharpe, Longpérier, Konor et Brandis (1 8GG).
196 J. IMBERT.
Il fallait donc laisser là les études, ne connaître que les textes.
C'est ce que fit le professeur d'Ie'na ^
Les épitaphes bilingues commencèrent par lui livrer quelques
noms propres-; les unilingues le renseignèrent, elles aussi, sur
les noms de Pe'riclès Perîc/e, d'Harpagus Arppaquh^ (ge'nitif), de
la ville de Xanthus, Apva d'Etienne de Byzance, Ar^na des monu-
ments'' : il lut la correspondante exacte Tr'"mili de la de'nomina-
tion TeppitXa.1 par laquelle, au rapport d'Hérodote, les Lyciens
e'taient désigne's dans leur propre pays^. L'alphabet fut peu à peu
comple'té : Schmidt sut que k e'tait th et + h. Il e'prouva quelques
surprises : î n'était pas 0, X n'était pas )(^, E n'était pas e,
O était souvent donné comme correspondant à ïupsilon.
Désormais le déchiffrement était réalisé : on pouvait encore
l'amender sur quelques points de détail, le tenir pour non avenu
non. Deecke qui affecta de décrier au nom de l'étymologie (!) "^
l'œuvre de Scboiidt, lui rendit pourtant un précieux hommage
Pour donner une idée des préjugés qui régnaient alors, il suffira de dire que
l'on avait édifié une géographie fantastique rien qu'avec les légendes moné-
taires des rois Peridès, Trbbënimi, Qeriga, Cuprlli, voire mémo Mithrapala ,
lue Mechrapala et qui devait désigiier le port de iVlacri, représentant actuel de
l'antique Telmessus! De telles sottises s'impriment encore aujourd'hui dans des
ouvrages réputés sérieux.
' Vorstudien zur Entzijfei-ung der Lykischen Sprachdenkmdler dans lesBeitràge
de Kuhii et Schleicher, V. p. 357-3o5, et Essay on the Alphabet, p. iii-x du
Corpus de Schœnborn , lena , 1 868. L'auteur s'est souvenu de ses études Cretoises,
Essay, p. IV (emploi de x au lieu de 7); p. v (emploi de 66; prédilection pour
la voyelle 0; le nom de Minos retrouvé en Lycie); p. vu ( AAHNA et TTHNA =
Zrjvct; formes Cretoises jloijjLla, Tlœyioç et tléva - Cr?fx/a, Çwf,idï et Cwi'l); p- iv
et p. VIII (chute de s au nominatif des noms masculins).
* Il ne connaissait que Limyra iQ, Antiphellus 3, Tlos 2 (Daniell, n" d),
Levissi (Daniell, n° 2) et le nécrodipnon de Cadyanda, Fellows, Lycia p. 116-
ii'j = C. I. G., III, n" 42 23.
^ Harpagus est face nord de la stèle Xanlhienne, 1. 25, APFArOTIOS
(cf. C. I. G., n° ^269); ibid., 1. 58-59 : Arppaqus , mal à propos regardé comme
un nominatif à cause de s; [Arppa]quh, Arppaquh, face sud, 1. 9 et 1. 25 (des
éditions, mais en réahté 1. 3o). On trouve ailleurs Arrppaquhe (texte inédit).
Voyez, face nord, 1, 19, si paqa ne serait pas le reste d'un nom Arppaqa, au
datif? ou à l'accusatif?
* Ar^na répond à Zavdiois sur le décret de Pixodare (= Savelsberg, 1, p. 60);
il en est parlp sur la grande stèle, face sud, 1. 29; est, 1. 3o, ^9, 53-5^; face
nord, 1. 10; sur le tombeau de Payava, 1. 10 (= Savelsb. , II, p. 195). Voici le
texte d'Etienne de Byzance, au mot Apva. (édition Meineke, Berlin, 1869,
p. 123) : Apva, •cidAis Aux/as' oiltea ri Edvdos e'xaAeTro ctwè kpvov tov xaxa-
■jroAefirjffarTos ïiputôyovov. To èOvtxov Apvaïos xai Aprews. «APNA, a Pe-
lasgic name found in many parts of Greece and in Italy . . . -n (Leake: Transac-
tions nf the Royal Society of Literalure, second séries, Volume II, page 35,
note 9).
' Schmidt lisait Arina et Trâmili. On a vu plus haut que, d'après Hérodote,
les Lyciens se nommaient Termites. Notre inscription de M}ra ^, que nous
tenterons de traduire, livrera la mention Tr'"mili,
* Lyk. Stud. , I , p. 1 2 'i - 1 2 5.
UNE ÉPITAPHE LYCIENNE. 197
en ne réussissant à repousser qu'une seule lecture ^ Son rejet des
lectures u et o des caractères 0 et >f atteint , non pas le ve'ritable
cre'ateur de Te'pigraphie lycienne , mais son successeur Savels-
berg. Plus tard, il est vrai, Deecke rectifia les transcriptions
schmidtiennes met àm de î et X, mais du moins en les prenant
pour point de départ de sa théorie des sonnantes nasales '-.
Que E soit, malgré Tavis de Deecke, la \oyelle i, de très
nombreux exemples le garantissent : ce sont des noms grecs
écrits en lycien, des noms lyciens écrits en grec, et des noms
perses écrits en lycien.
Les premiers, HepixXrjs, IcnpOKXfjs^ Icovss , EwaTaros, sont do-
venus Pericle^, lyetruqle, Iijoms" , Eqetehja^, avec E qui correspond
à I. Deecke en est réduit à orthographier ces divers noms Pdreklà,
Eiàtroyld, Eninesn, Ayatma, où il découvre le perso-phrygien
AxaT>7?^; on croirait lire Knôtel*^.
Les noms lyciens écrits en grec sont très nombreux : citons
Iqita, et Ixras, Sidenija et 'EtSdpios, Purihimelehe et Tlvpifidrios ,
' E qu'il se refuse à transcrire i. Je sais bien que l'idenlité de forme de la
lettre avec la voyelle gréco-laline causera le premier, que dis-je! le seul obstacle
à l'adoption immédiate de la lecture schmidiienne; mais X et î ne sont pas non
plus le ;^ et le I de»; Hellènes, et d'ailleurs ne voyons-nous pas P cbez les Grecs
exprimer »• et chez les Latins p? La similitude de forme ne constitue qu'une
simple présomption qui doit être écartée devant un fait démontré.
^ trNasale Sonanlen im Lykischen55 dans les Beitràge de Bezzeober^jer, XIII,
p. 1 Sa-iSg.
^ Pour Périclès, voir note 3, page 19^.
* lalroclès, A^an(/ius 3 (= Savelslierg, II, p. 186; cf. Schmidt, iVrae lyk.Stud.,
p. ig); les Ioniens, Stèle Xanthieune , face est, I. 37 (cf. Savelsberg, I, p. 9);
Hécatée, Liinyra q6 , non reproduite par Savelsberg, qui a, à son premier vo-
lume, p. 8, identifié les formes lycienne et grecque = Petersen, n° ia6.
' Lyk. Stud., I, p. i3i, 1 38. Il n'y a pas A-x^àte'ia , mais Ay^atàe'ui, soit
quatre lettres après le t : cela étant, le rapprochement avec À;^aTr?î est encore
moins acceptable. La seule objection qu'on pourrait élever contre l'équation
Eqele iija, ixaia-Tos , c'est que la forme lycienne devrait avoir h comme première
lettre; mais les Lyciens n'ont pas non plus écrit Harppaquh pour kpt:iyov.
* Knôtel nous met en présence de Jobatès, de Bellérophon , de Lxjkus , des So-
lymes, des Teucrieus, de Chypre et de la Crète par les mots suivants tirés, dilil,
de la grande stèle Xanthienne : 0/âte, Valorunakd , Leku, Salomovn, Tdkare ,
Kopre, Kriidà, etc. Ses traduclions valent ses transcriptions et identifications.
Le bonhomme Ddavasa nous dit, à la fin de l'inscription de Myra li , selon
Knotel : tT.Moin Flucli treffe die leere Kiste. Bewahre die Kiste darin hellig. Ein
freier termifischer Hiirger, ein Adliger und Troer biti ich und hiiclist adiig. ■"
C'est qu'il n'avait pas lu les inscriptions grecques du pays. — Cet article de
haute fantaisie parut en feuilleton dans la très obscure Breslauer Zeitunjr , iH'jH,
n"' hai et /t'J2. Chatjue science a ses curiosités; nous avons les pxcursns de ce
savant de Glogau sur trDieletzten Trojaner und ihr Gedenksleim (la stèle d.>
Xanthus). — Que M. Deecke me pardonne ma réflexion fort injuste à son égard
A la prendre au pied de la lettre, ce n'est qu'une boutade contre son dogm.i-
lisme.
198 J. IMBERT.
Ptirihim, . . el TlvpiSaTOVs, Priijenubeh" et Tlpidvo^a, Urtakiyah"
et OpTax/a, Ticeucëprë ei Ticrsvasfjiëpav, Sbicaza et ^Tziydaa des
bilingues \ justifiant l'équation E = l. A peine si Ton parvient à
de'couvrir quelques exemples dissidents; ainsi les noms cariens
ISiéaKws, Méa-os sont écrits Ziskka, Mizu, tandis qu Idazzala est
écrit E/^acTo-aAa '^ ; ces exceptions ne prouvent pas plus que
rorlhographc suivie par Plutarque^ pour désigner le frère de Mau-
sole, Pixodare , en lycien Piqedare, avec E comme deuxième
lettre'.
Le troisième groupe, celui des noms perses cite's sur la
grande stèle xanthienne, n'est pas moins instructif : nous avons
là Mithrapata, le MiTpoSaTïjs de Xenophon ^, Vizttasppaz" qui
fait songer imme'dialement à Vishiarpa (Hystaspe) '^, Biyamona, le
même qu'Hiéraniénès beau-frère de Darius II, probablement
Ariyamana^, Vîdryia ou Hydaniès, Vidarna^, enfin Chzapr"na on
Tt(7(7a(pépvï]5, *C{ssapama'\]\ est bien entendu qu'on ne soup-
' Antiphellus 3, Limyra 19, Levissi, ex-voto de Porpax {=Mém. de la Soc. de
liiig., VIII, p. i5o), Cyaneae (Petersen, p. 21, n° 26).
- Nécrodipnon de Cadyanda = C. I. G., n" /i2 25, et Pelersen, 11° 2(55. Il ne
fil ut pas transcrire zizlcka, avec un second z, attendu que la troisième lettre revêt
la lorme du s archaïque, c'est'à-dire d'une sorte do M avec son jambage de
gauche plus long, et celui de droite coupé d'un petit trait horizontal.
^ Jlri^oSupos , Vie d'Alexandre, ch. x. Encore n'est-il pas sûr que la leçon
ni^6êù)pos ne soit préférable : comparez le xanlhien ni^aiScopov (C. /. G., ^2766,
|l. 1195).
* Décret bilingue de Pixodare, 1. 1. Ce monument malheureusement incom-
plet, et illisible dans sa partie grecque, fut publié par Moriz Schmidt et W.
Perlsch dans le volume qui complète le recueil des inscriptions et qui porte pour
iilre: NeuelykischeStudienund das Décret, des Pixodaros,léna , 1869, a planches.
On peut consulter au sujet de ce monument Savelsberg, 1, p. 60; Deecke,
Lyk. Stttd., III, p. 282, et Judeich, Kleinasiatische Studien, Marburg, 1892,
p. 262 , note 2.
^ Hellen. , I, 3, 1 2. Ce satrape est mentionné à la face est de la grande stèle,
1. 16. Nous avons de lui diverses monnaies (Fellows, Coins, pi. III, 6-10; Six,
Monnaies Lyc., n°' 933-2^6; Babelon, Perses Act.ém., p. cix el n"' 629 et 53o).
Voir, sur ce nom, Savelsberg, I, 9; II, 201, et Deecke , LyA-. Stud., I, p. i33.
" Stèle, face nord, iç). «Erinnert an VistaspaTi, Schmidt, Neue lyk. Slud.,
p. 20. Cf. Savelsberg, I, p. 17; Deecke, Nasale Sonatiten, p. 187.
' Thucydide, VIII, 58. L'identilication de {E)riyamona , stèle nord 12, avec
Hiéraménès est due à Arkwrigbt : voir mon article Phurnabazus and Tissaphernes
ventioned on the great stela ofXanthus, dans le Bab. and Or. Hecord, juin 1890.
* Cizzapr"na : Vidr\"nnh : = Tissapherne [fils] d'Hydarnès, slèle de Xan-
ihus, face nord, 1. 11-19. On ne savait pas jusqu'ici le num du père du célèbre
^alrape de Darius II. Cf. le mémoire précité sur Pharnabaze et Tissaplieime.
" La brillante découveite du nom de Tissapherne (nord, 1. 11, là, i5) est
l'œuvre de Deecke; il y a été conduit par des considéralions historiques, on peut
dire malgré sa transcription trKezzaprnna?:. Annoncée par son auteur dans Lyk.
Slud., IV, p. 192, elle a été exposée dans l'article, si bienveillant pour moi,
Zur Deulvng der Stela Xanthica (Berl. pliilol. VVoch. , 3o juin 1888, col. 827-
8a 8). Mais il faut lire par un C correspondant au Tch perse.
UNE ÉPITAPHE LYCIENNE. 199
çonne de telles identifications qu'à la condition de transcrire,
ainsi que je fais, les syllabes ME, FE, KE, PE.
L'objection que les doubles transcriptions appartiennent à un
âge moins ancien que la cre'alion de Talpbabet asiatique^ n au-
rait quelque valeur que si le lycien primitif nous e'iait connu :
or, de ce premier stage de la langue, nous ne possédons encore
que ce que M. Six appelle les hie'roglyphes cre'tois: mais alors il
nous faut repasser la mer et entreprendre le de'cbill'rement cent
fois plus pe'nible de ces idéogrammes lermiles si patiemment re-
cueillis par le docteur Evans'-. Nous ne réussirions qu'à retrouver
' crLeider habe ich micli nicht entscliliessen konnen, der Schmidt'schen Um-
sehreibung dos lykischen Alpliabols zu folgen, da sie ein zu irriges Bild der
elymologischeii Geslaltung der Spraclie gieht. Mag aiich in der ïliat im Lyki-
schen, wie die griecliisclie Umschreibung iykischer, die iykische Wiedergabe
iranischer Worter zeigt, allmahlich eine Trùbung der Vocale und eine theilweise
Verschiebung der Consonanten stattgefunden haben , so war dièse docb keines-
wegs ursprùngiich, und zur Zeil der Annaliine des griechisclien Alphabets sicher-
lich noch nicht durchgedrungen, nuiss vielmehr als eine spàlere Entartung
gelten; und ebensowenig wie wir das griecliische a< iind ot durch ae und oe
wiedergeben , weil die Romer dièse Diphtiionge so umschrioben und die Grie-
chen ihrerseits rômischcs ae und oe durch ai und oi ausdriickten , oder wie grie-
ciiisches t? uns als i gilt, wcil die Neugriechen es so aussprechen, ebensowenig
diirfen wir z. B. auch die durch enllchntes griechisches e und o ausgedriicklen
lykischen Vocale als i und u bezeichnen, weil sie in einigen lykischen Namen
griechisch durch « und u wiedergegeben werden. Geschieht dies doch keines-
wegs Conséquent, und die spatesten uns erhaltenen Inschrifton verratben durch
den Wechsel der Schreibung noch haufig das Schwanken der Aussprache und
den Riickfall in die alte Geltung.n (Deecke, Lyk. Stud. , I, p. laû-iaS.)
- Cretan jnclographs and prœ-phœniciaii script. . . by Arthur J. Evans, Keeper
of Ihe Ashmolean Muséum, London, iHç)5, in-S". L'auleur passe en revue
.qnatre-vingt-de.uY symboles dans son paragrapiie 6 ( Classification and Compari-
son of the Syinhols , p. Zi-h'^). Table I, p. 80 (comparaison de trenle-deux signes
avec des caractères «œgéensT) trouvés en Egypte et des syllabiques cypriotes);
table II, p. 8i (groupe de symboles linéaires de Crète, Mycènes et Siphnos);
lablo III, p. 96 (signes pictographiques et linéaires, i-iaa, laê et i3, com-
parés à des signes béotiens, mycéniens, cypriotes et sémitiques). M. Six a bien
voulu me faire part de ses remarques touchant les lettres lyciennes qui ne sont
pas dérivées de l'aiphabot grec : frJ'ai reirouvé, m'écrit-il, toute la bande parmi
les hiéroglyphes crétois. Ainsi la double hache (Evans, n" 10) est Taucètre d'une
variante graphique de votre e; le n° 5ij est Te régulier; le n° 71 le/; le n" 3i
voire h; le 11° 5/i, q; le n° ^3 une forme de m dans une inscription de Pinara;
le n" 68 le m du I)"^ Deecke; le n" 8 une forme de n inscrite dans Y ex-voto de
Tlos; le n° 3 A la lettre 0, qui, sur certaines monnaies, a un point au centre;
le n" 38 la troisième lettre du nom des Ioniens en lycien. n C'est très beau;
mais cela n'éclaire pas la lecture du lycien. Voir aussi, dans le magnifique vo-
Iun)e de M. Evans, p. 8(3, la photographie de l'inscription frétéocrèle?» de
IVaîsos; l'inscription déjà publiée par .MM. Compareiti et Ilalblierr est (racée
en lettres grecques archaïques, en boustrophédon, quatre lignes; mais le texte
n'est pas grec. Comme il est mal déchiilré, je ne me peinicts pas de la rap-
procluT des inscriptions lyciennes.
200 J. TMBERT.
les ancêtres des lettres non grecques de l'alphabet lycien : mais
leur lecture, qui la livrerait?
Admettons un instant que Deecke ait raison de tenir la voyelle E
pour un epsilon devenu , avec le temps, une correspondante assuré-
ment curieuse de V iota, he son i manquait donc à la langue lycienne?
Et, surprise plus grande encore, Viota des Grecs fut emprunté,
non pour figurer la nouvelle voyelle i venue avec les derniers
colons d'Athènes et de Corinthe, mais pour la semi-voyelle y !
Mieux vaut tenir compte des faits, même en confessant notre
impuissance à les expliquer : les nier est une œuvre mauvaise.
Le caractère I occupe la seconde place, et non la première, dans
le nom lyetruqle = IrjTpox'krjs , et je ne vois pas de motif de faire
des deux lettres El la diphtongue si : dans les inscriptions
cypriotes, îcnpôs n'est pas transcrit eialros, mais bien, comme
dans ma transcription du nom propre, iyatros, avec y entre deux
voyelles.
Les seules diphtongues en i sont '^E, ^E, si-E, non pas EE
ni lE. E ne souffre pas son propre voisinage; il appelle la semi-
voyelle I , c'est-à-dire y. Aussi trouverez-vous non pas Muliiseh
ou Mulliyiseh, mais Mulliyeseh = MoXXiaios , avec e concourant à
la prolongation de i, absolument comme dans notre mot pairie.
Telle est la cause de mon refus d'orthographier MoUeiasàh ^
Cet à m'est particulièrement désagréable. Sans doute c'est là
une des valeurs de '^, mais ce n'est pas la seule. Le e franf;ais a
des aptitudes plus diverses, qui semblent correspondre aux nom-
breuses valeurs de ^, puisque, comme lui, il est tantôt muet,
tantôt rt [exemple, femme) , tantôt é; {^ e.^t mêmeo) : Sideriya =^i-
Sdpios, Priyeimbeh" =^ Ilptavoêa; Ticeucëprë =T laevcréfxëpav, Pi-
qedare^nt^cûSapos {\a forme lycienne-grecque était Ilia-éSapos-). ■
' I et non E esl j]ravc avant A dans le nom d'ApoUonidas sons son ortliographc
lycienne, l'tilenyda. Ici il ne remplit pas apparemment le rôle de la lettre do
liaison. De même dans le mot hrppiy suivi d'une consonne, hrppiy pr^nezi
(Xanthus 8), hrppiy mci (Limyra ii). On pourrait donc soupçonner à 1 une va-
leur ï. D'aulro paît, la seconde voyelle e de ta désinence eye esl muette probable-
ment, de sorte que Publleye de Limyra 19 vaut Poublef, ce qui est un écho par-
fait du grec DvëiXl-nt, avec perte de Viota au milieu du nom. La désinence
lycienne semble être purement artificielle, c'est le datif grec transposé parles
scribes. Mais on n'hellénisait pas toujours; car, à côté des noms Publleye, Ese-
dpplemeye , Quvntaye (féminin), Pkzziyeheye (féminin) (cf. Petersen, n°' i5o
et i5^4), à côté de ces noms, dis-je, on a des noms inertes, qui doivent repen-
dant se traduire par le datif; ainsi H"'proma = [pour] Embromas (Xanlhus 2),
Hl'"midevp Mleyouai Mur^na (Petersen, n° iF)5) = KAp(5aua« xaJ M^aatitre» kolÏ
Mdpra» (C. /. G., n" k^ihb). — On avait lu tout d'abord Mulliheseh à Le-
vissi; mais le sixième caractère est bien y, comme on peut s'en convaincre par
la copie autrichienne (Pelersen, n° 6).
^ A Pinara une épilaphe donne cette forme : to (tvv(iSîov AvTtiroirpov êie roù
ïlicjéSapov X. T. A. {€. I, G., n° /i253).
UNE ÉPITAPHE LYCIENNE. 201
La voyelle à n'a pas été' adopte'e non plus par Schmidt\ il laut
l'en féliciter.
Schmidt transcrit o la lettre 0, tandis que Savelsberg accu-
mule les preuves en faveur delà lecture m, notre ou-. A Levissi,
éavTcov est écrit éaoTcov, etsur d'autres points du littoral asiatique
on prenait Vo pour Vupsilon: raoTo,, (pséyeiv, Xsokois, EôêcJXo,
ces façons d'écrire étaient courantes. Les organisateurs de l'écri-
ture lycienne admirent donc ce caractère et refusèrent droit de
cité à Y. D'autre part, o et ou sont des sons très voisins : on fut
amené très vite à les confondre, et nous avons Puriliim[etehe]
= HvpiSixTOvs et Crup[sseh] = 0pu\(/<o?, à côté de Priyenubeh"
= Upiavo^a, et de Urtakiyah" = Ôprax/a ^.
En proposant de lire m et dm les lettres î et X, le grand ini-
tiateur Schmidt était presque dans le vrai : au moins il faisait
justice de la théorie de Grotefend qui invente des caractères
spéciaux pour les voyelles longues'. Le lycien a-t-il connu la
quantité vocalique, nous l'ignorons; en tous cas, son écriture
n'en montre pas trace ^. Disparureut donc l'a et l'e de Grotefend.
' Dans sa Commentalio de nonnullis inscrtptionibus lyciis (Leipzijj, Drujjulin,
1876) et sa Commeiitatio de Columna Xanthica (léna, 1881), il fait usage de la
transcription latine a u e u i 0 j h : h (m) p f : k (g) y g : d t tli z : l r : à
(= am) m t (= m) n : s ( — ), en substituant dans son second travail 0 à u,
u à 0, ûà y. l\ transcrit qss, qzz par xs, xz et kk par ûv.
* Savelsberg, I, p. 9 et suivantes.
' Ex-voto bilingue. — On a aussi Mur''na (et Mur"nah : Petersen, n" i55
et iSa) = Môpvai (Petersen, n" 196) et Uvpvos {C. I. Sem. , n" 45). Je ne crois
pas impossible de comparer à ce nom celui du dieu Marnas, adoré à Gaza d'après
Elienne de Byzance. Chacun sait que les Philistins et les Tei miles de Lycic avaient
un berceau commun, Pile de Crète : reste l'objection d'un même nom propre porté
par une divinité et par un homme ; mais en Lycie des citoyens s'appelaient Kpfxrjs
comme le dieu du commerce. (Voir dans Petersen, le second Index de noms
propres.)
' «The value of ihe two signs î and X till now bas been entirely mislaken,
for neither is the former an expression of e or i , nor is the laller a or ai, but
both the lelters express the nasalisation of the vowels t and a, which we design
after the Polish manner by j and n. . .v Après avoir cite plusieurs exemples,
Schmidt constate combien ces exemples tr support our statement, as well as af-
ford an argument against Ihe value of v attributcd to ï by Grotefend and Blaun
{Essay, p. v et vi). Grotefend transcrivait une inscription ainsi : âwûênû gôpû
mute prênàfâlû N. irppë lâdë aiivë su tedàëmd. {Zeilsclir. f. K. des Morg., IV,
1862, p. 398). C'est sans doule celte transcription de mots que l'on dirait ex-
traits de quelque Gradus ad Parnasxum , qui a fait qualifier le système vocalique
du Lycien , de délicat et compliqué.
* «The long and short vowels we:e designed by the sime letters. . . 1 (Essay,
p. VI, 1" colonne). Schmidt aurait pu montrer les scribes grecs du même pays
inatlenlifs parfois à la quantité vocali(]ue, traçant par exemple e>ô, vofio, o^ci-
AéCTe(<), l-apn-nSov, àpx,iepéos , etc. {C. 1. G., 4278», /j266c, /itîGA, ligne i4;
Itioik, ligne 9; ^253, ligne 9()-a7).
202 J. IMBERT.
'' ' .
^PîNP , VApva d'Etienne de Byzance, n e'tait pas plus Aréna que
TPXMEAE, le TepfxiXijs d'Hérodote, n'était Trâmele. Que le son
de -n ou de -m affectât ces lettres, c'est ce que Schmidt dé-
montra aisément par le nom propre Q^tenuheh = KtvSavvëov ^;
il aurait pu ajouter Arttu"'para = ApiSfx^a.pyjs ~. J'anticipe sur
les faits par ces deux transcriptions, Schmidt ayant transcrit
non pas " et "" mais in et âm, ce qui dut faire plaisir aux éra-
nistes, puisque le zend possède des voyelles nasales analogues.
Deeckc a revisé ces lectures^; il a constaté que les sons voca-
liques étaient l'accessoire très variable : Arma , Artlompara ,
Trnimele lui paraissent plus voisins de Apva., ApTSix^dprjs ,
Tsp^iAtjs ou TpsfxiXïjs *, que Arma, Arttoâmpara , Trâmili.
J'en dirai autant de Milaso'Hro = MsXrfcravSpov , que je ne recon-
nais plus dans le MeJasôantrô du major Conder^. Mais j'éprouve
' Tewiracrov toù KtvSavCëov (Petersen, p. 68, n" 187). Le nom de Q^tenubeh
et Q"tanubeh se lit à Xanlhiis U (Savelsb. , II, p. 187) et à Yaghu ou Cyaneae
(Petersen, n" 26).
- ArUvJ"para est mentionné à Pinara 2 (= Savelsb., II, p. hli, et Benndorf,
p. 54, n° 9o) à Limyra 16 (Saveisberg, II, p. lio) et sur la stèle (inédite)
d'Icuvetis découverte dans le voisinage de TIos par M. Arkwiight. Limyra i6
nous apprend qa'A'>'ttu"'])ara fut battu par le roi Périclès. Cf. Deecke, Lyk. Stiid.,
IV, p. 186, n°î. Cette découverte est due à Scbmidt, Konig Perikks, dans À^ Z. ,
XXV, p. 45 1; la stèle d'Icuvetis désigne Artembarès comme Mède : Arturpara
Medese. Sur ses monnaies, on voit la télé de ce prince en satrape perse.
' Nasale Sonanten im Lykischen, p. iSa-iSg. Avant lui, Hùbschmann trans-
crivait ï et X pai" N et M en majuscules, [lenaer Literaturzeitung , 1" février
1879-)
* Hérodote (I, 173; VII, 92) orthographie TepulXai. Dans le premier pas-
sage, il dit du peuple qui avait suivi Sarpédon en Asie, oi êè èxaAewTo to
•crep TE vveiKavTo oivoyia hoi vvv éit xotAevrTai vtto tùv iseptoixciiv ol Avxioi
TepfiiXat. Plus tard, Lykos, fils de Pandion et frère d'Egée, expulsé d'Athènes,
se réfugia chez les Termiles (Tepfx/Aas) près de Sarpédon. — Etienne de By-
zance donne Tp£y.iXv au lieu de Tepfi/Aj) comme nom de la Lycie, sous-entendez
■y-îj; les Lyciens étaient TpeyitXeïe, et il cite des vers de Panyasis qui déroulent
une généalogie mythique des premiers Lyciens. L'historien national Ménécrate
appelait aussi le pays Tp«fi(A/s {yv) dans Anionin Libéral, 35. Voir Deecke,
Lyk. Stud. , I , p. 1 5 1 .
' The Lycian Langtiage [J. R. A. S., 1891, p. 664; stèle, face sud, 1. 4o) :
Meldsôanlrô fddunaka = Mele^ander the Bithynian (!). Ce Mélésandre n'était ni
Bithynion ni sculpteur, mais un navarque athénien chargé, en 43o, d'exiger le
payement du tribut refusé par les Lyciens depuis quelque temps; à cet eflet, il
lit voile pour l'Asie à la tête de six vaisseaux, débarqua (à Palara probablement)
et marcha contre les rebelles; mais il fut battu et tué. Ainsi le raconte Thucy-
dide, II, 69. Quand nous saurons comprendre le texte lycien de la grande stèle,
nous entendrons le témoignage des adversaires de Mélésandre; déjà le nom du
chef victorieux nous est connu, Trbbénimi (forme grécisée Tap&rjfifiis?). Ce
Trbbënimi a laissé de très belles monnaies d'argent. (Six, Monnaies lyciennes,
n"" 254-2o6; Babelon, Perses Ache'm., p. cix.) — On demande des dates qui
fixent l'époque de la stèle : en voilà une! La lecture du nom de Mélésandre est
due à Deecke {Lyk. Stud., IV, p. 187), encore qu'il n'ait pas songé à l'anecdote
de Thucydide.
UNE ÉPITAPHE LYCIENNE. 203
quelque hésitation à accepter les graphies n, m de Deecke,
qui ont le grave lort de constituer un anachronisme, en rap-
pelant les notations des linguistes modernes. Pour me montrer
tout à fait impartial, je répudie mes propres transcriptions n, m,
qui n'expriment rien, le liait supérieur n'ayant qu'une valeur
(iiacri tique.
Est-il vrai que nous devons désespérer de rien savoir de la
nature des deux lettres en cause ? Observons attentivement les
faits. î, plus accessible que X, grâce à son incessante interven-
tion, semble avoir été figuré ou non, au gré de l'écrivain. Nous
aurions, je crois, ici une nunnaiion comme dans l'arabe. Prenons,
par exemple, le mot kanuveti qui est certainement un verbe : la
troisième lettre tend à disparaître dans les formes contractées
du même mot oij elle cède la place à ï, ka"li, ko"ti ; je dis bien
tend à disparaître, car voici maintenant Jcoti, sans ï ^.
Autre exemple que ma ti'anscription par " s'efl'orce d'interpré-
ter; il s'agit cette fois d'un nom propre étranger :
l''"' ÉTAT 9' ÉTAT. 3'ÉTAT.
(avant PeiDpriinl).
AvŒOivSpou Luscytrah" Lusolrah" -.
Si î est une nunnation, X ne marquerait-il pas la mimmalion ?
citons un autre nom propre :
t" ÉTAT. 12° ÉTAT. 3* ETAT.
Ifxëpaixos, l^fx^pofxtxs H'"proma Hëpruma^.
Xous ne connaissons le nom de Tiseusembrè qu'à son dernier
' Kanuveti , Limera 1 a (Savolsb., II, 75) ; ka"ti, Myra (Pelersen, n" 45);
ko''U, Rbodiapolîs, lexfe à droite, Ii<jii3 5 (Saveisb.., II, pi. II, et Petersen,
n" 171)) Limyra li-2, Myra G; hoti, Myra 5, ligne 3, d'apiès Arkwrighl; le
texte de Saveisberg est mutilé, II, p. lai = Petersen, m° /17.
- Le nom de Lijsandre est porté à l'époque impériale par le père de Sarpé-
doiiis, la mém!^ qu'Hci-pidasè [ÈfjiitSoian 1) xni ^'xpnrjSovii AvaâvSpov A-nepa-
e?T«s, -yejovvïa ipyfjitpita iv tço éOvst KvaavSpov . . . 6'. /. G., AaSg-'iago, Pa-
tara; li'iooq, p. 11 3a, ApcrUc aujourd'hui Evàssari). Los formes lyciennes se
lisent à Limyra G et h. Myra G.
^ Èixëpoixos ou KfiëpG(iois (on n'en a que le génitif EfxSpof^ou) est dans une
inscription reproduite dans Petersen, p. loG. Scbniidl, Saveisberg et Deecke
auraient |)u relever cette mention dans le C. I. G., n° /i333, 1. a/i : Mévttcraa ri
Kai TepTia Evëpô;jiorj <I)at7t)Aï('T(s . . . — H'^pyoma se lit à Xanthus a , au datif; à
Xanthus 1. nous le voyons au génitif: H"'proineh <i«/(es = trle neveu d'Embro-
masn. — Hépritina enfin est la légende du sUilère n° igS^de M. Six; juscprici le
nom avait été mal décbilFré; M. Hill a publié cette monnaie à la plancbe II,
lig. G, de son intéressant article Tlic coinajie of Lijcia ta the tiine of Alexander
the Great, paru dans le Nnmism. Cbroiticle de iSgS. Voir la notice (ï Uo{m)hnima ,
p. 33, de cette dissertation. Hill a songé à rapprocbcr la leçon ifiSpanos (cf. I(x-
Spivoi, Benndorf, n" Ko) de notre ÉfzSpouots.
20A J. IMBERT.
état, Ticeucëprë pour T{ceiicë["')prè\ a* état; peul-être même le
scribe aurait pu écrire Ticeucé'''prë ,a\ec î?
Cette dernière forme ne seiait pas inadmissible, quoique ac-
cidentelle. M, G. F Hill, du British Muséum, qui prépare le cata-
logue des monnaies lyciennes, pisidiennes et pampbvliennes
de ce grand établissement, m'a récemment communiqué deux
documents inédits, qu'il m'autorise à publier ici. Le premier est
une épitapbe xanthienne copiée par Cbarles Fellows et que le
voyageur découvrit — je reproduis sa pbrase, — ffinside of a
Lycian tombi? ^. Celte copie est à la page li%U du manuscrit de
Birch déposé au Brilish Muséum. En voici la transcription latine :
ebehi : isbazi : miiyeshjcni : ft^APIMP^ : cumaza : meii/ene pemati
tice^ . . yi hrppitone :
J'avoue qu'au premier moment je fus tenté d'accuser la mal-
adresse de Fellows pour sa leçon Pf^APIi^^, et de substituer à
î si malencontreux devant M, son acolyte X. Comme on ne
manque jamais d'excellentes raisons pour se justifier, j'appelais
en témoignage une autre tombe xantbicnnc, voire même une
pinaréenne, qui mentionnent un certain Padr'"nia, avec X cette
l'ois. Il est vrai que nous avons encore le nom au troisième état
Padroma, sur le premier de ces monuments '-.
Mais s'il m'était loisible de suspecter la sûreté de main de
l'explorateur Fellows, la même attitude ne m'est plus permise
devant un document numismatique communiqué peu après par
M. Hill : c'est la légende rétrograde d'un second statère du sa-
liape Artembarès : là le X de l'ancienne légende et des inscrip-
tions lapidaires a fait place à ï; on a [A]rtu"parP, ce qui s'ex-
plique après tout si nmmat'ton et mimmation se valent.
Ces lettres ï, X, les organisateurs de l'écriture lycienne ne
les ont pas inventées. Tandis qu'ils écrivaient deux b, deux p,
deux s, deux f , deux //«, deux q, deux^*-, deux h, deuxz, deux/,
' Ce rensei{;nement vaut qu'on lo souligne. C'est, je crois, la seule exception
à ta règle qui l'ait inscrire les épitaplies sur la façade extérieure d'une lombe.
* Padr"'mahc et Padr"'ma («Xanthusn = l'etcrson, p. 5 , n" ii); Padroma
(ibid., cf. Termes de parenté, p. 46/i). On lit à Pinary 2 Padr"'mah (= Savets-
berg, II, p. y I ; Benndorf, p. 5^, n" 20).
•' Le nom est écrit avec un seul t sur la monnaie inédite et sur le slalère dé-
crit par Six, Monnaies Lyciennes, n° 331, et Babelou, Perses Achéménides , p. cvi,
fig. 59. Les autres monumenis mentionnés dans une précédente note (p. aoa),
donnent deux t. Saveisberg (I, p. 18) paraît avoir élé le premier (jui ait songé
à comparer ce nom au perse Af>T£f/Çap77s. Voir aussi Deecke, Lyk. Stiid., 1,
i;î7, et Nasale Sonanten , p. i33, qui a pensé à cette forme, ainsi qu'à ÀpTa-
Sapios. La désinence ), qui est possible, mais incertaine, dans la légende du pre-
mier statère, est très nette sur le second; i'ai enfermé entre crocbels la première
Ictlre un peu fruste, mais qui était Yalplia grec.
UNE ÉPITAPHE LYCIENNE, '205
ils ont systématiquement écarté les combinaisons analogues mm,
un, et remplacé le premier m et le premier n de tels groupes
nar X et î, qu'évidemment ils possédaient ^
Le redoublement des consonnes, y compris "'m, "n pour mm
et nn, a élé exposé par Schmidt avec un rare bonheur- : fai-
sons toutefois des réserves sur Texplication de ce fait et jusqu'à
nouvel ordre prenons cette mode d'écrire comme une pure af-
faire d'orthographe. En QÏÏet Sppartazi , c'est 27rapT<aT>7? ^, Zrppe-
duni ^apTTvSovi?, Parzza «Pàrçà-n'^^ de même Ar'^na Apva. La
consonne a été redoublée à cause de s ou de r, mais il est dou-
teux que la prononciation Tait redoublée. Souvent r ou l, qui
provoque le redoublement, suit une autre consonne : on pro-
nonçait une voyelle avant ce r ou /; hrppi se lisait rherpi-n\
tr^mili f Tenniliv. Le premier de ces mots, qui n'est autre que la
• Après avoir admis l'existence de la mention de Smynie dans le texte de la
grande stèle, face nord, ligne 5o, sous la forme 'xSmrnnaziv (Essay, p. V b),
Schmidt semble disposé à en douter, K. Z. XXV, p. h6i. Savelsberg et Deecke
n'ont pas de ces hésitations {Beitràge, I, i5; II, 2i3; Nasale sonanten , 187,
i3q.) Or, il n'y a pas plus Smninnz" que nn-mindipe et mrmmna — , même face
nord; 1. 33, 38, àh. Ce que ces savants prennent pour mie sorte de zêta ayant
la forme d'un C retourné, est la lettre dégradée 0, et leurs nn et mm sont, en
réalité, deux g et deux sh. Au lieu de Smrnnaz", nous devons lire Umrggaz" ;
c'est le nom du satrape Amorgès en milyen : le lycien, face sud, 1. 5o donnait
Hnmrqqo (accus.), avec doux g correspondant à nos gg.
- Essay, p. ïi-vii, et les deux tableaux de la planche B. Une consonne de la
classe des dentales se redouble souvent au commencement d'un mot ou entre
deux voyelles. Le redoublement a lieu après R pour b , p , k, g , q, t, th, z, l, m
(■"m), n ("»)' *' *'''■ ap'ès P pour d, l , l; après Q pour/?, t, th, z, s, m, n.
On trouve II après c ; "n après r, p ,q, k; ""m après r, l , p , c , q , et après / ou s ,
"m , tt et pp.
■^ Stèle de Xaijlhus, face est, 1. 37. La même face se termine par le mot in-
complet Sppart. . . dont il faut chercher la fin au début de la face nord, mal-
heureusement mutilé. La ligne 27 inscrit à la suite les uns des autres les eth-
niques -is" : iyotiis" : spparlazi : at')iiaz[i , et la ligne a6 parle de satrapes se qssa-
drapahi : tr"'mUi. Savelsberg traduit : -und Satrapen (besiegten?) ein lykisches,
-^, ionisches, spartanisches, athenisches, — grosses Heer — r; (II, p. 217). Pour
Deecke, il s'agit des satrapes de ces rliverscs nations; il traduit : rnini von den
Satrapen den lykischen, . . .ischen, jonischen, spartanischpn, alhenischen. . . -^i
ce qu'il commente ainsi : frDass Sparfa und Athen hier auch als persische De-
pendenzen erscheinen, entspricht derorientalischenPrahlerei: s. in der Inschrift
von Bisutun , col. 1 , 1 5 , unter den abhangigen Landschaften : Sparda , Jnnâ . .. 1
{Lyk.Slud., II, p. 327).
* Zrppeduni, stèle Xanth. face ouest, i. 6. Ce mot du texte milyen me parait
correspondre à Zrppudeine du lycien, face est, 1. i6. Les inscriptions grecques
du pays mentionnent des hommes nommés ^apnnSûv; ainsi à Sura (C /. G.,
n" ^3o3 i), SapTTTîcôr ô xai Etïo^oï, 1. g, à Tlos, C. 1. G., li-ïh-2, MeJSi Satp-
Trrjoof os, . . Tei(ÂOLp-^oi xai Hap-nnSùv o'i (VepeKkéons ... ; il y a aussi des femmes
nommées Sar;;eV/o«i« (C. /. G., ^289, '«290, '129.') Add.) — Parzza est à la
lace nord, I. 2, se parzza qbide =1 fret rois Persesn. Le nom a plusieurs va-
riantes : Parza, Przis, Przze, Pi-zé, l'i-zzidi.
206 J. IMBERT.
proposition en) et qui gouverne ic datifs, est un des éle'ments du
nom propre Hrppidubeh (génitif); si nous n'avons pas encore re-
trouve' la transcription grecque de ce nom, nous ne saurions
douter du moins qu'elle n'eût été EpTn^u^oi», à cause du nom
de femme Èp7riSaa-t] dont nous avons sépare'ment les deux élé-
ments dans l'écriture lycienne Hi-ppi — et — daza ~.
Un autre exemple qui nous ramène à XM == '"m, est Hl^mideve,
nom propre qui nous a été conservé en même temps que sa
transcription grecque EAMIAAYAI, avec un seul f/, mais en
revanche la voyelle intercalée £-\
Passons à la lettre î1/ que Schmidt confondit avec ^. Quelle
en est la lecture? Est-ce o, comme le voulait Savelsberg'*, ou m
comme le propose, sans dire ses motifs, M. Deecke ? Ne pourrait-
on pas plutôt transporter sur ;^ et *f les voyelles nasalisées de
Schmidt? Je me hâte de dire que ce dernier parti ne se justifie-
rait nullement. Sans doute *• est très souvent écrit avant N, M et
T, et la légende monétaire Aruvoliyesi^ fait songer à une forme
grécisée Apoa,vSia.<7i5 : sans doute nous avons Qadavoti pour Ka-
SvctvSa, cité au nord-est de Telmessus^. Mais la syllabe ot répond
' Comme le prouve Levissi, L. a, hrppi lada cpUehe se tideime = \. /i-5 , ewt
Toïs yiivat^iv "lah éaoTwt» xai 7o7s èyyovois.
- Hrppidubeh esl sur une épilapiie inédilo (rAnlipliellus; nous avons eu
l'occasiou (!(■ naiis rélércr au monument grec d'Herpidasè (p. 2o3, note 2). Au
tombeau de Sàret, l'inscription mentionne un Lycien nommé Hanadaza (15onn-
dorf, n" lot).
3 Je relève dans les intéressantes inscriptions grecques de Lycie puldiécs en
iSgT) par M. Ilill {J. IL S., p. 119, n" i{) le nom d'Iiomme au génitil' SaAa'fxow.
N'aurions-nous pas là une forme grécisée du nom de Sr>neve (i^inara 3)? Si
oui, notez bien cette voyelle qui, dans la transcription bellénique, précède le A.
* Savelsbcrg, I, p. 9. Son critique Hiibscbmann préfère transcrire 0 (lenaer
Literalurieitiing , 1" février 1879): il écrit IijùnisN et Ozzu^azdh. Je n'ai pas
le courage de le blâmer, ayant moi-même quelque temps employé la même trans-
cription, notamment dans mon Tissaphenies and Pharnabaziis vientioned on the
great stcla of Xanlhus.
^ Stèle Xanthiemie, face esl, 18, ai, et monnaies (Six, n"" aSi et 382,
pl.X, i3).
^ Le Décret de Pixodare porte : [eb]e"né' piqedar' ecat[amlalt] ar^na se ilava
se pi\nalp] se qndnvoti me"na que traduisait la partie grecque éScaHev Ilt^el)§apos
iiKaj[6(iv(i) Z(x]vdloi5 TXcotT[o]ts ['^KaêvivSaoïs] [«ai ïlivapéois^]. — Finale,
c'est-à-dire Pinara, se lit sur la stèle Xanlhienne, à côté des autres noms de
villes, face est, I. 3o, [/!]»•"/(« : Finale : Tlava : vedre probablement, «aux cités
{vedre) de Xanthus, Pinara, Tlos.n Dans le Décret, il est employé, au lieu de
vedre, le mot tne''iia qui pourrait signifier (?aux gensn = ligne 1 1 du grec :
-eois dvSpdaiv «ai [^■yvvai^iv]. Quoi qu'il en soit, qadavoti esi-il, ainsi que le
pense le D' Deecke, le verbe éSwKev^ (Lyk. Slud., III, 282.) Une longue in-
scription inédile, découverte par Benndorf à Tlos, la même à laquelle il fait
allusion dans l'/lHre/g-ei- du ao jiuUet 1892, p. 12, où il annonce sa découverte
de l'ex-voto bilingue , s'est chargée de répondre : nous revoyons, en efl'ot, 1. 91,
le nom de Pinara et celui de Gadyanda, entre eux la cité encore à déterminer
U\E ÉPITAPIIE LYGIEXNE. 207
à avS^ à cause de la présence virtuelle de n, nullement à cause
de la lecture 4' = ar : la preuve, c'est que le nom de Lysandre
est e'crit Ltiso^trah" à Limyra 6, c'est-à-dire avec " devant i. Mais
ce qui démontrera victorieusement que 4/ n'est pas une voyelle
nasalisée, c'est le nom Tlo^na = TXcosvs de l'ex-voto de Porpax :
les trois dernières lettres -"na, -evs sont celles d'un suffixe ad-
jectival (cf. ebe et thë^në, vedri et vedrë^ni, etc.); le radical est
Tlo, — ou si l'on tient à plus de précision Tlà — , forme con-
tractée de TIava (= TXcoos, TAôî?) qui désigne la ville de Tlos
dans les inscriptions lyciennes ^
Cette lecture av n'expliquerait point d'ailleurs, l'échange de
;^ avec 0 dans les mots lado, variante Indu-; 7nnhoi, variante
muhoi; pr"navo, variantes pr^navu et pr^novu. Choisissons au con-
traire 0, et mieux â^, et reconnaissons que u (== ou) est pure-
ment et simplement substitué à 4/ et joue son personnage. Que
se passera-t-il ? u, représentant de â, correspondra avec l'alpha
des Grecs dans les norns Humrqqa {^"Hâmrqqa-n) = KyLopyris \
Urss"'mi [k ârss"'mi -n) = Ap(Tafjt>75(?) *; Upazi [rtâpazir)) = A€d-
qiii n'était oieutionnée que sur des monnaies à côlé du nom d'homme Erbbina
= kpêtvvas (Benndorf, p. 7/1, n° 52, 1. i5). Voici cette petite e'numeration :
pinale : telehehi : qadavoti : udreci : meite ...
' Pour les mentions lyciennes de Tios, voir la note précédente. Etienne de
Byzance donne cette notice (p. 697, édit. Meineke) : TÂôjs, 'ssoXts At;«(as, octtô
TAw TOI) Tp£ft/A»7Tos liai npa|«5/xr7S vvix(pns. To èOvixov èt-^Ôii huI TAoisis K3.1
TAw/tijs. E(t7< «ai TAws TXàioi to èOvtxov , àAAa xai TXwios. Pour le géogi-aphe ,
TA«s se dirait de l'habitant; l'homme de ce^nom, réputé l'ancêtre clos Tloïtes,
figure dans les vers de Panyasis extraits par Etienne, notice de Tpefx/A»? :
hvOa S' évaie (léyas Tpsp»Ao? nal éyin^s Q-vyaipix,
VvyiÇivv Ùyvyivv, riv Hp^^iSiHvv naXéovGt ,
'Siëpcft èit' ipyvpéù), ■raoTaft&i 'mapà êivrjevTf
TTJs ^' oXooi 'snxiSsi, TAcôos, Edvdos , Hivapôs te,
KCtî Kpâyos , o; Hparéwv 'zsâaae Anif^eT' ipovpa?.
Tlo3 était, d'après Artémidorc, l'une des six plus grandes villes de la Lycie.
(Strabon, livre XIV, chap. m.)
^ A Limyra 5, il n'y a pas lada se tideimis ehbts , comme je l'ai transcrit dans
mes Termes de parenté, p. Û53, mais bien ladu ehbi se tideimis ehbi[s]. Page 4.54 ,
II, /ac/a, accusatif singulier, est tout à fait douteux. On fera sagement de ne
conserver que les formes lado et ladu.
■■' Uniquement pour les besoins de la démonstration; mais la transcription
proposée par Savelsberg 0 est plus commode et équivaut presque en fait à â.
C'est pourquoi je ne crois pas devoir l'abandonner. La physionomie des mots
lyciens est déjà assez rébarbative pour que nous évitions d'accentuer cette étran-
gelc par une notation Scandinave dont l'urgence ne s'impose nullement.
* [Vss'"mî, Limyra i5 (Savelsb. , II, p. 90). Dans mes Termes de parenté,
p. 458, je prends la fin de la première ligne d'ailleurs mal transcrite (il y a
Urss"m[i1] pr"naziyelii icezi) pour a de la maison de Icezi.ij Comme nous retrou-
vons icezi isolé dans l'inscription de Xantlius (Pelersen, n" 10), telle que l'a
relue Arkwriglit, mèti pr''navaté Hura icezi lirppi ladi ehbi, il vaudrait mieux
interpréter icezi comme un titre désignant une l'onction, intendant, par exemple.
i4.
208 J. IMBERT.
(715^. Cette correspondance, en effet, ;!/ la pratique, ainsi que le
montrent les exemples Ulâna ^= OtoIvï]? -, Milasâ'Hra = MeXjj'o-af-
Spos, Rhjaniâna = Ariyamana, lepafzer)??, bien qu'on ne puisse
pas dire que cette lettre soit un a, à cause des mots Crzzonase
[Xepaôvna-os), lyonis" (Icoves), H'^proma ( EjU^pOjua? ) , Tlo^na et
'TXcosvs, etc.
^ Le dialecte cre'tois, lui aussi , employait un a où le grec ordinaire
inscrit un o, dans âvaipos pour oveipos, âvap pour ovap, àfu^ai
pour bfx7^(xi, àÇ>eXixa pour o(p£À|!/a, et inversement un o pour un
a dans àponija-ai =^ àpaSrja-ai, dëXoTrés = âSXaSés , yiéaa-OTia =
ixécra-a^os '^\ Il est clair qu'il s'agit d'une lettre particulière que les
Grecs ont rendue tantôt a, tantôt o, un peu comme les auteurs
espagnols transcrivant tantôt m tantôt o, ou tantôt i tantôt e,deux
mêmes voyelles du quechua.
Deecke a transcrit ^f , ii; je pre'fère c. En tous cas, Triyëtezi n'est
TpiévSa(Tis'\ Ticeucëprë Ti(7SV(TSix€pav, Hëpruina E/!x€pOfza?, que
parce qu'il faut suppléer î ou X avant la dentale ou la labiale.
Nous ne devons pas nous y tromper et attribuer à "^ la lecture en.
Aussi bien l'analogie entre ^ et 4^ est curieuse : ë s'échange habi-
tuellement avec e ('^), comme «l» avec ^ («); on a sëne elsene,
mené et mené; ese(le"nevï et ese(lë"tievi. M. Arkwright, frappe' du
fait, a établi qu'il y avait le groupe de voyelles fortes a, o, au-
quel fait pendant le groupe de voyelles faibles e, ë, chaque
groupe occupant à l'exclusion de l'autre le radical d'un mot^. On
a Mrbbanada[h"] et Mrbhëncdi , mais non pas Mrbbënodi ou Mrbba-
nedi. Quelques noms étrangers sans doute font cependant excep-
tion, tel est le nom de la ville d'Iasos orthographié à Xantlius
' Z/prtzi est le fondateur du tombeau de Myra (Petersen, n'/i-S) ; Sclimidt, réduit
au seul Upaziyé'nc de Cadyanda , comparait à la première partie de ce nom propre
këdGti d'une inscription grecque, C. I. G., /i3i5</ {Essay, p. v, 9° colonne).
Deecke a eu le malheur de prendre cet Upaziyé'ne pour un subslantif connnim
évoquant la tombe, tandis que l'omission du mot mené et l'emploi du verbe
pr"navate par un e auraient dû le détourner de ce parti {Lyk. Stud., IV, p. 196,
n" 9). L'inscription de Cadyanda, d'ailleurs complète, a été mal restaurée par
le savant allemand.
^ Stèle de Xantlius, face nord, 1. 5 (Savelsb., II, p. 210; Deecke, Lyk. Stud.,
I,i34).
•'' J'emprunte ces exemples à Scbmidt, la première série à son étude de la
thèse de Voretzsch, K. Z., XII, p. 212-322, et la seconde à YEssay, p. v,
2^ colonne.
'' Triyëtezi est le fondateur do deux tombes près de Levissi, à Kechiler.
Les inscriptions sont inédites. La forme grécisée TptévSams se lit sur l'inscription
publiée par Benndorf , p. 98 , n° 8A. Nous connaissons encore nn nom oîi figure e ,
savoir: Esedeplé'mi (Myra 1), (iiiûH Esodcplctneye (Limyra 17), forme grécisée
2e^£TrA£fi(s (Petersen, n° 57). Le son e appartient bien à notre lettre.
^ Vocalic Imrmony in Lycian, dans le Babyl, and Or. Record, mars 1891,
p. h^-^li.
UNE ÉPITAPIIE LYCIENNE. 209
lyaeusns : la bizarrerie de ce concours de Aoyelles avait fait cor-
riger celte leçon en hjalusas = laXuo-o?^; mais j'ai vu le monu-
ment et la voyelle e est très nette. Cette mention corrobore par-
faitement d'ailleurs ma découverte du nom d'Amorgès, ce sa-
trape rebelle dont ce fut la ville -.
Ma transcription ë du caractère "^ a pour but de rappeler l'affi-
nité de >f et de '^ : quant à la prononciation de cette voyelle, je
rignore; une variante ferait croire que mai se lisait meî'tî^.
Les diphtongues ei, ëi existent, mais surtout à la fin de cer-
tains mots : ainsi les noms d'hommes Qerëi, Tevinezëi (génitif
grec Tsvivda-ov) , MuÛëi'K Les noms en ë, ëi, i forment leur gé-
nitif en eh; les finales ih, ëh, oh n'existent pas. L'exemple Qerëhe
de la phrase triyerë Qerëhe = la 'f trière de Qerëi -^ est, je crois,
^ Saveisberg, II, p. 921 (il corrige aussi hnmrqqo en humaqqo à cause du
zend Iniliagha, comme s'il avait prouvé l'équation zd 6 = lyc. vi, et quand même!
II, p. 169, nolfr h). Schmidt a admis la correction de Saveisberg, seulement
en ce qui regarde lyaeusas ^ lynlusas , K.Z., XXV, p. /i5o.
^ La défaite d'Amorgès (Tbucydide, VIII, 28), qui eut lieu en lii^/liii,est
relatée sur la stèle Xauthieitne , face sud, I. /ly-ao; la mention du satrape est à
l'accusatif, Humrqqo (1. 5o), de même que celle d'Artembarès à Limyra 16. Ce
qui a éveillé mes soupçons, après les mentions assez pariantes de iyono, iyaeusas,
crzzonase et miicale, c'a été le rapprocbemeut tenté par Moriz Schmidt, A'. Z. ,
XXV, p. ^5i, avec Tîle d'Amorgos. L'assonance nous a joué d'assez méchants
tours pour qu'on doive lui réclamer quelques compensations. VAmorgos de
Schmidt me tit évoquer l'ombre d^Amorgès. Pour Schmidt, les nombreux eth-
niques de ce passage fixèrent exclusivement son attention : wln Ijano (je remplace
les mots écrits en lettres lyciennes par des mots transcrits selon sa dernière ma-
nière) hat man làngst lojva erkannt, was liier, S. 48, ebenso mit den èSviKols
krzzonase : ]iotahe : muhale , à. i. dem knidischen Ghersones und Mykale in Ver-
bindung Irilt, wio eiii andrer Casus des Worles 0. 26-97 *^ gssadrnpahi . . .
isî : ijonisi : sppartazi : alonaz- mit den Ethnika von Sparta und Athen. Es dûrfte
daher kaum zu kuhn s'in, humrggo mit der ohnfernen Sporadeninsel (?) Afiop-
yos (àol. TyLopjo;) zu identiliciren. Wie dem sei, an unseren Stellen S. A7-
/18 wo taboiia erscheint, haben wir die Accusalive zweier êSvixà vor uns, einen
Volksiind einen Inseinamen; ob;Mi Sud 89 (0. 11) \vo tehete stand, resp. resti-
tuirt wurde, wenigstens einen sichern Mannesnamen (remplacé S. 63 par le
nom do Qerëi que Schmidt ne sait pas encore avoir désigné le fds d'Harpagus
l.iné par i'épigranimatisle xanthien). t Voir, sur la question Amovgès, l'article
de M. Deecke déjà cité Zur De.aung der Slela Xanthka, dans la Bm-l. Phihil.
Wct.hensclirift , n" du 3o juin 1888, col. 837-828.
^ Les épitaphes de Limyra 8 (= Saveisb. , II, p. /17; Petersen, n" 189) et
de Limyra 9 (=Savelsb., II, p. 62; Petersen, n°i'i5) débutent, la première
par les mots l'helii qupn inciti slyé'ni Sbicnza, la seconde par les mots ebeli méïi
siyëni Tele.
* Qi'rëi est mentionné à la face sud de sa grande stèle, 1. i3, 4a, 43, et
face est (au génitif), I. 2 3. Il a laissé de très i)eHes monnaies. Voir mes Termes
de parenté, p. 46o. De Mittléi nous avons la légende monétaire (Six, n" 8.')) el
la forme génilive, à Rhodiapolis (Petersen, n" 172). T'ptJinc'^ei est à Telmessus 3.
Une inscription, C. L G., 43 1 5 /i = Petersen, p. 68, n" 187, livre Teuivaaou.
210 J. IMBERT.
unique. Il y a aussi Teiebehihe ^, mais sans doute lie est-il le gé-
nitif des noms en hi, car nous lisons le nom de cette cité au no-
minatif, Telehehi; voyez un autj'e nom en hi dans Mereln^. Quant
au génitif d'un nom en oi, forme très rare, nous aurions pu le
savoir si le scribe du tombeau du fils de Tlioi avait cru devoir
décliner ce dernier nom propre ^.
+, c'est-à-dire h, comme l'avait entrevu Sharpe avant que
Scbmidt ne déterminât scientifiquement cette lecture, dispute aux
voyelles ainsi qu'aux consonnes /, r, le rang de lettre initiale :
parfois elle l'emporte et exclut ses rivales, exemples : Htmideve
= "EXfxiSavai , *Hrppi(laza = KpTriSacry] ; parfois elle est éliminée
par la voyelle, exemples : Eqeteiija = "Èxaraïos ; Arppaquh = Ap-
TTotyov; Urlliya = TpTios; parfois une réconciliation les réunit,
mais h précède : exemples, Hura (Xantlius, Petersen, n" lo)
= Opa.5 (Termessus, /. H. S., iSgB. p. 12, TptévSaais Kovcovos
xoà Opa.5 TpievSd(7ect)s); Humrqqa = Afxopyrjs; Helediye; Hurtluveti
et HuiHtuveteh'^ . Le texte milyen des faces nord et ouest de la
grande stèle et du sarcophage dit de Pigrès à Antipliellus rejette
les caractères -f- (= h) et k (= th) ^.
Je me suis laissé entraîner par le sujet loin des limites que je
m'étais proposées : aussi me faut-il renoncer à poursuivre l'étude,
non certes de toutes les consonnes (pour la plupart de ces lettres,
il n'y aurait qu'à reproduire purement et simplement le texte si
' Légende monétaire (Six, n" 295; Babelon, p. eu; HiH, p. 38).
- Merehi est menlionné dans Xantlius 8 (voir Termes de parenté, p. A70 ). Tele-
hehi est une légende monétaire abrégée Teleb- sur la monnaie du dynasle Erbbina
(Six, n" 227 ; Babelon, p. eu, fig. 54); le nom se retrouve entier dans l'inscrip-
tion inédite de Tlos, dont j'ai parlé à propos de qadavoli, 1. ai, p. 906, note 6.
' Encore une inscription inédite! Le fondateur du saicophage de style ogival
découvert par Diamandai'as est ainsi désigné : "turigaqo tlioi lideimi , et il est
rappelé qu'il était hyparque d'Harpagus : ëné Arrppuquhe (sic) fflavata. Harpa-
gus, père de Qerëi, ou du moins un homonyme, a donc régné sur les Lyciens;
jusqu'ici nous n'avons pas encore lu son nom sur une monnaie; mais il existe
peut-élre des monnaies de ce prince.
'' Une des formes de /( la fait ressembler presque à "', mais la confusion est
facile à éviter : on lira nii''t(iha, Qadaitihe et non pas mi''ta"'a, et comme M. Ba-
belon {Perses Achéménides , n" 617) Khcidritime. Le '" demande devant une voyelle
à être soutenu parwi,
' Deecke transcrit K par â; Scbmidt qui, le premier, a lu ME^cPt^Pf^T^
(stèle Xantbienne, Est, I. 16): Millirapaln , inaugura celle transcription grecque
(Essay, p. v). Mais quoi l •)c = 6 non employé dans les mentions lyciennes d'Àôrj-
vaToe [Atoiinzi) et de &pv^is {*Crnpssi)l Tenons-nous en donc simplement à
th : le résultat conquis sur un exemple unique est encore assez important. A pro-
pos de )CK , un confrère qui a sans doute perdu de vue la mention Mithrapata ,
m'avise qu'il préférerai! y voir plutôt deux w que deux th. Je m'empresse de
lui faire connaître l'existence d'un mot punomadi (Tlos inédile de Benndorf,
ligne 6), simple variante de Levissi, punama KÎCE. Notre K est donc bien à
ranger dans le groupe des dentales.
UNE ÉPITAPHE LYCIENNE. 211
lumineux de YEssaij), mais de quelques caractères, tels que k
garanti par iJrtakiyah" = OpTax/a; c qui a le son sifflant devant
i et e (exemples : Ticeucëprë = TicrevasfjiËpav, Ciijezë^^ \laHOv,
forme moderne usitée à Castellorizzo 2«o|!/^); enfin ^, gutturale
plus ferme, bien que Qeriga et Qezigah correspondent à Kapinas-
et KoacriKo. : Téchange de^, de cet de k n'a, après tout, rien de
surprenant, et un monument nous livre Sbicaza tout à côté de
'Stiriydact "'; la stèle de Xanthus donne zrigali et zrikali^.
II
Les inscriptions grecques de la région paraissent être composées
sur un même canevas : le thème est d'abord un avis que le mo-
nument est la tombe construite par Tordre d'un tel pour son
usage personnel et celui des membres de sa famille; ensuite une
interdiction conçue en termes précis d'apporter là d'autres morts;
' A(i fiè Tov ■zsdpris, vij-ave fioii , TpeTs •jupons aè yapi^a)
Tpsts ywpais taai tpti '/oopiè. taaii jptà (ivvaalrîpia.
Taal rijv Kiiialavrivo-noXifi fiè to (lapyapnâpi.
(Diamandaras, dans le Syllogos do Constantinople, t. XXI, p. 3^7-398.)
Ciyezé' se lit sur la stèle, face est, 1. 22; c'est Savelsberg qui le premier a
identifié ce mot avec XiaKov (II, p. 217). Sa proposition est adoptée par
Sciimidt (K. Z., XXV, p, /log-itio), qui conjecture que ze est une désinence
au génitif pluriel, et traduit Iriyerë Ciyezé, Tptrtpwv Itécov, el la légende moné-
taire Ptlarazé, UaTapéuv. ÎNatureliemenl l'hypotlièse de Schniidt ne pouvait être
agréée par Deecke, simplement parce que, pour ce dernier, hi est la caractéris-
tique du génitif pluriel; mais il admet que treijirô Keiazo signifie tf trière von
Chiosn {Lyh. Slud., II, p. 828). On aurait un accusatif singulier féminin, no-
minatif conjecturé tveijird, keijizd, masculin keiâze. Mais s'il en est ainsi, pour-
quoi les légendes monétaires (jeriga veW'tezi et qeriga v(ih''tez<;? — Un méfait de
l'assonance à signaler : le major Condor a vu du cr repos -^ dans keiazii, puisque
saiLskrit si-, zend çt = r'ètre tranquille?! , latin quics. [J. R. A. S., 1891, p. 678.)
* Kapixas, stèle Xanthienne, face nord, 1. 82 (Ka[p](«a yévos èaleÇâvwaev).
Cf. mon article sur VEpigraiiune grecque de la stèle de Xantlie, dans la Hevue des
études grecques , i8gh , p. 207-273.
•■' Petersen, n° 26, à Yaghu, l'anlique Cyaneœ. Les leçons 'Zirfyâaa et Sbicaza
nous rendent un autre service, en montrant la relation d'ailleurs naturelle,
de b avec w; l'équation ^j = jS est justifiée par Upazi répondant à la forme
grécisée Aëdcrts (cf. Tiaevfféfxé'pav et Ticeucëprë). Il faut de toute nécessité que
j3 et le /; des textes lyciens aient été purement et simplement notre labiale h.
La grande erreur des prédécesseurs de Sciimidt, c'est d'avoir admis que le jS
antique se prononçait w, en sorte que le B iycien fut entraîné dans le gouffre
avec son sosie grec, el, rommc on écrivait aussi 4^ par w, sans compter qu'il
fallait transcrire à peu près de mémo F, qui est le digamma, la confusion était
au comble: Trkkas devenait Trivwas el Trbhënimi , Trwivunemc! B = (3 dans
Priyenuhch" et tlpiâvoêa de l'ex-voto bilingue, ci Public y e et ITuê/ÀAT/f de Li-
myra 1 9.
* Slèle Xantliicnne, face ouest, 1. 82 (zrikali); face nord, 1. 5i-52 (zrigali),
mal à propos écrit zrinali par Schmidt, Neue Lyk. Stud., p. 28.
212 J. IMBERT.
puis, au cas où il serait passé outre à cette défense, une phrase
rigide énonçant que ie sacrilège sera mené devant les magistrats
et subira une peine pécuniaire : assez souvent le chiffre des
rr drachmes sacrées^ est indiqué.
Si maintenant nous examinons les épitaphes directement ly-
ciennes, nous sommes forcés de constater que rien n'est changé
à ce formulaire, que la langue. Aussi Moriz Schmidt, encouragé
par les solides résultats en matière de déchiffrement de l'écriture
lycienne dus. comme j'ai tâché de le montrer, à sa méthode
comparative, s'appliqua^ à déterminer la traduction des mots à
l'aide non de raj)prochements illusoires avec ie zend, le sanscrit
ou l'albanais, mais d'une incessante confrontation des textes grecs,
pour ainsi dire, innombrables, de l'époque impériale relevés
depuis le commencement de ce siècle en Lycie.
Ce n'est pas moi qui critiquerais cette méthode. L'idée est des
plus heureuses; elle est féconde, à la condition de ne pas perdre
de vue la différence du ge'nie des deux langues. Prenons l'ex-voto
de Porpax -. Là, le contexte lycien présente tout de suite des
mots au régime direct, ebeis tucedris. . . et ne mentionne qu'après
le verbe tuvetë le nom propre au nominatif. La regrettable lacune
de la fin de la première ligne a supprimé un mot, mais ce mot
(d'après une règle constante) ne peut avoir été autre que mené,
c'est-à-dire le pronom personnel il dans sa fonction de sujet
abstrait. Reste une seule lettre pour compléter le mot énigma-
tique qi : supposons qi[s] afin de donner aux trois mois du début
la même désinence ebeis tucedris qi[s] el admettons que cela signifie
TotvTa àyaX(jiaTa. xaXkicrla. C'est une conjecture très giatuite à la
vérité, ^/s ne se retrouvant plus ailleurs, mais elle doit être préférée
à celle que j'émettais très légèrement^, et qui, contre toutes les
données, consistait à méconnaître le pronom mené pour appeler
le nom d'Apollon au datif, et un nom commençant par Qi. . .'M
' Dans sa Comvientatio de nonnulUs inscriplionibus f.yciis, publiée à Leipzijf,
cliez Druguiin, en 1876. J'ai, page 9.01, note 1, rappelé l'alphabet que Scbmidl
a suivi pour ses transci-iptions.
- Voir mon fac-similé dans ces Mémoires, VIII, p. i.ôo.
^ Termes de parenté, p. A52.
* H y a des inscriptions grecques de Smyrne qui mentionuent Apollon Ktaa-
XavSrivos et KtaavXoSSvvôs (cf. Contoléon dans les Mittlieihuigen de l'Institut alle-
mand d'Athènes, t. XIV, p. 96). Mais c'est un nom interminable, et rien n'au-
torise des transplantations de ce genre en Lycie. Tout porto à croire que le nom
connu des Grecs était aussi usité chez les Lyciens ; en Paniphylie, le mot était
Àwe'Aov (inscription barbare d'Assarkevi, 1. 3o, AIIEAONAnTT = C. I. G.,
n" /|3iac", Addenda). Que si l'on veut absolument un nom indigène, on n'a
qu'à lire le renseignement suivant fourni par Hesychius et que je découvre dans
les Neue lykische Studien de Scbmidl , l'éditeur du lexicographe byzantin, p. ag :
Èpedvutos' 6 KitôXkwv -aapd XvkIois, xal èopTn EpeW/xia. .. Mais les monuments
sont restés muets au sujet du dieu Erethymios.
UNE ÉPITAPHE LYCIENNE. 213
Donc, à traduire mot à mot les deux premières lignes, il fau-
drait :
Taî/Ta âyaXfxaTot xd[XXiŒla. avios] xaSiepoja-ev Oa-avëas. . .
Le scribe s'exprimant en grec ne se croit plus obligé de ramper
sur son texte lycien : son début est un petit coup d'Etat, il traduit
(et ne transcrit pas) le nom du dédicateur\ cite son père, sup-
prime le mot fcfilsw ainsi que la conjonction qui donnerait un
tour traînant à la phrase, englobe dans une même expression
{éoiVTbv) les mots atru et ehbi qu'il eût bien pu traduire par rb
aôjyict avTOv, omet le possessif après yvvoiîxa, trouve à YlivctpelSoi
un équivalent moins disgracieux, et compense le uon-emploi du
verbe par le nom KTrôXAoovi qui, rejeté à la fin, éclaire tout de
sa flèche d'or. La langue grecque, même sous le style d'un mé-
chant scribe de Lycie traçant une inscription banale, ne savait
pas être inélégante.
J'insiste moins sur une circonstance de fait intéressant Anti-
phellus 3 et Levissi : dans l'une et l'autre version ■; de ces épi-
taphes bilingues, nous relevons presque le même libellé, l'attes-
tation de propriété du fondateur du monument et la menace
d'uue peine pour toute atteinte à ce droit de propriété. J'ai dit
presque, car, s'adressant à un public différent, chaque rédaction
adopte quant à la peine un dispositif différent. A Antiphellus-,
Iktas menace ses propres compatriotes sans doute, ceux qui com-
prennent le lycien, de payer l'amende rcau chef de ce peuple
ainsi qu'à la ville d'Anliphellusii '^'\ parlant aux Grecs, qui n'ont
ni domicile ni bien dans la cité, il les dévoue à la colère de
Latone [rj Ajjtw aCnov èTrnpi^si !) — Même altitude des construc-
teurs de la tombe de Levissi : d'après la rédaction lycienne, on
payera telle amende (5 adas)\ d'après le grec, le sacrilège est
désigné à la vindicte publique : e^'JXea kou zsavjoXea. si'yj àoTwi
'TsdvTcov ! '' De telles variantes n'ont pas pour cause la différence
du génie des deux langues, mais il faut tout de même en tenir
compte. Au reste je conviens très volontiers que Schmidt a raison
^ Voir sur ce nom , outre mes Termes de parente', p. A 53 , note i , Savelsberjj,
1, p. 9. qui iisail, Ozzubàzdh, et Deecke, Lyk. Slud., I, qui donne ■/^zzohazuh ,
(Pinara A), l'inscrit dans ta liste des noms en e (= i) et repousse la comparaison
avec OaaxiSai (p. lA'y, S 17). Mais le nom peut être décapilé, comme l'itlcnyila,
Hiyamona ; Qsshezë ^= [0)qzzbezé', d'oùÔ^ûSas, plus lard Ôtro-vêofs?
-' Anliplielliis 3.
•* Voir mes Tenues de parenté , p. 460 et 667.
* Voici la traduction de Deecke {Lyk. Slud., IV, p. 206 : «Diesen Grabraum
hier bauten sic!) Apolànida, des Mollease (Solin) und Lapara, des Apolanida
(Sohn), der Hiiusler des Porehemàtete, (jeder) fur Gatlin sciiier selbst und
Sbline. Wer immer etwas herausihun sollte etwa aus dem Grabraum derselbeu,
der immer moge fjeben zur Strafe der gesammtgemeinde Ada b.rr
214 J- IMBERT.
de ne pas cesser de consulter les e'pilaphes grecques du pays;
elles lui ont permis de donner de plusieurs de ces petites inscrip-
tions lyciennes une version qui n'est pas indigne des scribes des
documents bilingues. Je mentionnerai surtout sa traduction
grecque de Myra U.
Me voici enfin arrivé à cette inscription tant de fois copiée \
et que je transcris sur l'excellente épreuve autricliienne dont je
dois la communication à M. le professeur Benndorf - :
ebë"nëpr"navo mené pr'')tavatë ddakasa $ttuleh
tideimi hrpi ladi ehbi se tideime : se' ëce lati ddakasa
mené "tepi-toti "lipatezise lado ehbi : cbi tice meinipe "tepi-tatu
tibei nipe hl'"mi tuvetu : hl'"mi mei tuveti tice tibei
"tepi-tadi tice mené illehi tubeiti tr"'mili huvedri
se trhkas se mohoi huvedri.
Schmidt proposait la traduction suivante ' :
TovTO fivïffjLa &Ss xaTe(Txeva.a-ono Aavoiaas 'SiivSvmos
vies in) ywoiiK] avTOv x.a] tskvois : xa) (xôvovs ? jSovXejai Aavaaas
êvTavSa Ta(pi]va.i IvSncd-Tza-iv koï yvvaÏKa avrov : sTepos tis ëvOa
l^t^7T£ èyKricievari
rj [XïjTS ovofXOtTa èyypd-\/rf : bvôiicna ëvOa. èyypd'^a.s iivà. ij
éyKïjSevaas tivol êvTaîiOa, — b^eikéico TepixiAscov hoivoj
xa\ Tp. . . xa,\ M. . . ^>7V^ (deestmulla, e. c. àSctlcov . .
Ji
' L'inscription de cette tombe, qni appartient h la nécropole du sud-ouest de
Myra, est reproduite dans six auteurs : Fellows, Lycla, pi. XXXVI, n° 18; Da-
niel! et Spratt, Traveh in Lycia, MUijas and the Cihyraûs , pi. I, n" \h\ Texier,
Description de l'Asie Mineure, vol. III, p. 989; le recueil de Schônborn, pi. III,
trMyra h-n ; Savelsberg, II, p. 116; Pelersen, n° /12. On peut bien penser qu'avec
tant de secours, et l'inscription étant l'une des plus parfaites de l'épiijrapliie ly-
cienne, le texte est regardé comme entièrement sûr; c'est surtout après la copie
autricliienne qu'il mérite cette confiance qu'on lui a toujours accordée.
- Formes de certaines lettres : ;j = la seconde variante de mon alpliabet,
p. ^i5i, note 4; 0 la première variante, note 2 ; e la seconde variante, note 3;
mais un petit intervalle sépare le trait inférieur et l'angle, comme si l'on avait
voulu écrire 0 avec iota souscrit.
^ Commentatio de nonnullis, p. 29. Savelsberg, qui l'a connue, aurait bien
fait de s'en inspirer; sa version (II, 128) est plus dillicile à comprendre que
l'original même. Je la livre à la curiosité du lecte;ur : fp Dièses (Grab)gebaudc
baute Dawasa, Sindubi's Sobn, lïir seine Fran uud (seine) Kinder. Und den
Hausherrn schreibt der Schreiber ein, auch seine Frau (scbreibt er ein). Wer
elwa gegen frùher Gescbriebenes oder fruher zum Befelil Erhobenes einen Be-
fehl gegenerliebt oder (ein) scbreibt etwa, der sei den Landesgottern schuldig,
den lykiscben, woblloblicben und beiligen, und den Avobllôblichen Himmels-
gottern.n Deecke n'a traduit que les deux dernières lignes, où, par une heureuse
inconséquence, il rend tndnà par der, au lieu de hier {Lyk. Slud., III, p. 278;
IV, p. 22t).
* On lisait s^tupeh le nom du père de Ddakasa. Pour Schmidt et Savelsberg,
I
UNE ÉPITAPIIE LYCIENNE, 215
Il y a dans notre inscription un certain nombre de mots inter-
prétés par les bilingues^ : le dfmionstratif e/>ë"ne = tovto, rovr)
To; le substantif p"Hai;o qui, sous la forme pr"tiovu est traduit
par fjivïjfjia; le verbe pr"navntë rendu par tjpydcraTO. Comme, à
Levissi, le mol pr''neziyeJii a pour correspondant dans la partie
grecque oixsïoi, et qu il existe un mol p>"nezi dont la si'jnification
paraît être analogue-, le ladical de ces différents exemples se
découvre comme exprimant l'idée d'ff édifier 17, de tr construire n ,
de cf bâtir une maison w. Pour lesLyciens, la ff maisons par excel-
lence, c'est la tombe : on Téievait de son vivant, on ne laissait
pas ce soin aux autres, et volontiers on eût dit : frmes arrière-
neveux me devront cet ombrage w. La leçon êpyda-aTO, celle èTvoîtj-
GCL-ïo'^ révèlent que construire cette tombe était un noble travail
dont on s'bonorait particulièrement. A cotte traduction trop peu
précise, Scbmidt substitue le verbe KaLia.(jKZ\jéZ,w et il l'emploie
à la voix moyenne, pour que l'on ne prenne pas Dakasas comme
l'architecte, mais comme un Lycien opulent ayant commandé
qu'on lui construise ce mausolée*. Le scribe des épitapbes grecques
a adopté lui aussi ce verbe, mais à la voix active; ainsi à Tel-
messus, nous lisons : ÈA/v»; >? kcli AÇÇiiov Ida-ovos tov Aïoyévovs,
TeXjUjjo-o-}?, T& fxvï]fxs7ov «axeo-^euWev éavTfj (C. I. G., /i2o6);
xaTeaKSvdaev to fÀVi][jie7ov tovto IhvÇipôcrvvos . . . (C. I. G., 6209 );
TOVTO Tù (xvïjixoc KaTe(TKeva(7er Ida-œv tov Ispoxkéovs , TeXixrjcra-évs
(C. L G., Aaii). Le verbe est parfois défiguré : on trouve à
Cadyanda xaTsa-xsva^sv (C. l. G., /i23o), à Tlos x(XTS(Txevaa-a.v
(C. L G., ^282-4266], à Pinara HaTSCTKevaxsv (C. i. G., kab^).
le nominatif aurait été s'iiipi; Deecive le rangeait , à cause do sa partie finale
vpeh , qui lui rappelait les mois terminés en opd, dans la liste des noms en à,
dont fait partie Pnreklâ; puis il voyait dans le premier élément du nom sita
= sanscrit frt/a-m, lithuanien szimtus, ancien s]a\e su lo Foxprossion loo, à
quoi il comparait le nom d'ÉxaidfXfaï, en lycien Akatamia [Lyk. Slud., I,
p. 189). Toute cette fumée s'évanouit. Le nom est Sttuleh.
> 11 ne s'agit que d'Antipliellus 3 et Levissi; Limyra ig, Tlos 2 el l'ex-voto
de Tlos ne peuvent nous servir.
^ Xanthus 1 et 8, dans Saveisberg, II, pi. III; Pinara <? = Sav., Il, lilx, et
Benndorf, n" ao. Sclimidt, Saveisberg et Deecko étaient persuadés, à cause de
la syllabe finale qui est celle des ethniques AUmazi, Spjjartazi, Surezi, que ce
mot désignait un domestique, un otxeïos. (Scbmidt, K. Z., XXV, p. /161 ; Sa-
velsb., 1, p! 3.5; Deecke, Lijk. Slud., I, p. 1A8; III, p. aBg.)
•* Employée par Limyra ig.
* Saveisberg avait proposé de compléter ainsi la première ligne de la face
nord de la stèle : Olozisa prina[va((ï\. . . et traduit ;fOtozisa (architecte) con-
struite (II, p. 310); il est critiqué vivement par Scbmidt dans sa dernière
Commenlatio, celle de Columna Xnnthica (p. 3 el k) : «Audarter , etc.
Denique qnis uncpiam audivil verlium prinajatc, de cujus vi ac polestate ex in-
scriptionibus l)ilinguiltus salis constat, non lam de eo diclum esse, qui architecti
opéra ulcietur (a.'diticandum curavil), quam de ijjso archileclo (exslruxit)???
— Deecke traduit toujours mànd prnnavatô par «hier haute siclm.
216 J. riMBERT.
Les termes de parenté tideimi, datif pluriei tideime, laili dalif
singulier, lado accusatif singulier, sont de vieilles connaissances.
Au lieu de hrppi, il y a hrpi, c'est-à-dire le même mot que Levissi
traduit par ot/, et qui se préfixe au verbe toti, tadi, de même que
"tepi, apparemment une autre préposition marquant soit la posi-
tion auprès d'une chose, soit la direction vers cette chose ^. A la
fin est un verbe iubeiti inscrit à Levissi, mais malheureusement
non traduit : il doit dire la même chose que àitoTsia-ei (C. L
G., A299), oÇ'st'krfa-si (C. L G. ^2^6).
La note de Schmidt qu'il manque quelque chose après huvedri
est erronée, car si, à Levissi, on a cru devoir indiquer le
nombre desffadas^: ou drachmes saintes'^, il n'est pas toujours
ajouté un tel renseignement à la phrase mené tubeiti itlehi tr'"mili
huvedri. Une autre épilaphe de Myra, inconnue de Schmidt,
suit pas à pas notre inscription et s'arrête comme elle à muhoi
huvedri^. Celle d'Arneae ' fait de même, ses derniers mots étant :
mené hibidi trkkas se itlehi tr"'mili huvedri.
Revenons au début de notre texte : un mot que les inscriptions
bilingues ne traduisent pas non plus est mené, variante mei. Ici
les épitaphes grecques nous refusent leur secours et, bon gvi'i
mal gré, il faut trancher la question. Mais prenons bien garde de
' Sclmiiclt, De nonnullis, p. ao; Savelsberg, II, -jg; Doecko, Lijli. Slud. ,
III, p. ayo. Ces savnnts lisent mal les textes : tantôt ils décIiifTrent h-ppisemei-
ladi , avec un s qu'ils substituent (rollice à y, lanlôt ils accumulent les impossi-
bilités, par exemple, quand ils transcrivent Limyra 5, ligne 3, tilw "lepi In-ppi-
tadi, deux prépositions! où il y a tibe "le li (= substantif au régime direct suivi
du mot inexpliqué ti qui pourrait bien signilier «ici») hrppitadi (verbe au par-
ticipe présont).» Sur la stèle, nous lisons, face nord I. i5 : "lepi Cizznpr''no
^(f?vers, ?chez Tlssapbei'ne».
- On ne s'est pas encore entendu sur le mot ada si fréquent à la fin de nos
inscriptions. Savclsherg donne ce renseignement : p-Das letzte Wort ada ist der
Name der ans Strabo (p. 667) bekannten Konigin von Karien und bedwitet hier
eine mit ihreni Namen bezeichnete Miinze, nach der sichern Erklai'ung. wclche
mir M. Schmidt am 28. Nov. iiSyo brieflich mitgelheilt hatn (I, ia). (If.
Schmidl , De nonnullis , 1876, p. ai, vers le bas : nadaja, nummorum quos
Ada Cariae regina cudi jussit». Deecke se livre à toutes sortes de calculs très
compliqués, et soupçonne que Vada valait 10 mines {Lijk. Stud., IV, p. aSS);
mais parfois le chillre des adas n'est pas rappelé; parfois on a des chiffres et
pas le mot. Jusqu'à nouvel ordre, je penserai que ada et arrj (voir M. Hréal ,
Mém. de la Soc. de ling., VIII, p. ^78) sont la même expression consacrée dans
un ordre d'idées particulier. Dans le commerce, il n'était probablement pas
question d'«rffls,mais d'oboles, de drachmes, de statères, de sicles.
' Petersen, n° /i3, et p. 33 , note 1. Voici ce texte :
\ehe^në qupo mé'ti pi" navale upazi mu[v]oqah tuleimi. . . hrppi ladi ehhi se ti-
deime I sttatiti m. . . . ezi se ladu elibi (:) chi lice mei nipe "l[e]pilotu libei iiipe
hl"'mi tiive \ [tu : hl"'mi m]ei tuveti tice libei "tepitadi tice mène trkas tiibidi se
muhoi huvedri.
" Inédite.
UNE ÉPITAPIIE LYCIEXNE. 217
nous tromper, car ce mot est l'un des plus fréquents, et une iu-
terpi-étaliou errone'e aura de la re'percussion partout. Schmidt le
traduit par œSe, évTavôa, evOct., de sorte que dans une grande
partie des épitaphes, nous serions avertis que le tombeau est
bâti ici-tnéme, et dans d'autres inscriptions on n'e'noncerait pas
une circonstance aussi insignifiante. L'insertion ou l'omission
du mot n'est nullement fortuite : toutes les fois que le nom du
fondateur est e'crit après le verbe, i° ce verbe est terminé par ë
et non par e : pr^navaië est de rigueur; 2° non moins fatalement,
mené ou l'une de ses nombreuses variantes orthograpiiiques meli,
mëti, me, mène, surgit immédiatement avant le verbe. Quand,
au contraire, on a jugé convenable d'inscrire le nom du fon-
dateur avant le verbe qui alors dexient pr"navate avec e, disparaît
le mot mené. C'est une loi qui ne souffre aucune exception^.
N'est-il pas dès lors évident que mené n'est pas l'adverbe de lieu?
Une chose' est certaine, c'est que le sujet (nom propre ou mené)
est inscrit toujours avant le verbe; le ou les attributs dont, dans
un cas, le nom-propre du fondateur du monument, se tiennent
à une distance respectueuse et viennent après le verbe.
Pour un esprit non préparé, la phrase ehë^në pr"navo mené
pr^navatë ddakasa stluleh fideimi hrpi ladi ehbi se tideime peut pa-
raître foncièrement différente de celle-ci : Pizziti pr"navate ( — ^)
Ddep^neveh tideimi hrppi ladi ehbi se tideime '; en réalité il y a moins
de dissemblance entre elles que n'importe quel début d'épitaphe
grecque qui leur serait comparé, par exemple : to vpœov xaxe-
(7HSva.(TSv Xuj(7i(X05 ^siKr]TiKOv /S' ToO Avaav lov, TXcoevs"', oii on
ne lit pas de pronom personnel à la place du nom propre, où le
sujet est escorté d'une nombreuse suite d'attributs, sans qu'un
verbe vienne s'interposer entre cette escorte et le sujet de la
phrase.
Je traduis donc : tfCe monument il a construit, (l'homme
appelé) Dakasas fils de Stoulis pour sa femme et (ses) fils. ^5
Ce n'est pas tout! mené est de tous les genres et de tous les
nombres. Pareillement le verbe pr"navatë. Supprimez la phrase
qui mentionne l'attribut, et rien ne viendra vous éclairer sur
cette chose si simple, que le grec vous dirait tout de suite, le
nombre! A Levissi, sans doute, le scribe fait usage du verbe
tant soit peu modifié, pr"nacotë, que, sur la garantie de la tra-
duction êpyd(7a.vT0 , Deecke et ses devanciers ont considéré
' Deecke, inoins préoccupé du projet de retioiiver la conjiijjaison lycieniie
(Lyh. Sdul., III), l'aurait constalcc comme moi, au lion de faire de i)r"ii(iv(ila
oixi^etai et de pr" navale ÙKÎ^eto (j). aG3 et aGA).
- Limyra 1 dans Saveisberjj, H, p. h.
218 J. IMBERT.
comme la 3" personne du pluriel ^, Ils ne songent plus que a et
0 s'échangent'-; ainsi j9r"nouîf d'Antiphellus, est^r"/mOM à Xanthus^,
pr'^navo à Myra'^, sans aucune modification de sens. A Pinara U
pr^navetë est le lait d'un seuP; il est vrai qu'à Pinara 3, Sl^meve
et ses parents ont construit mené pr'^nevotë^. Par contre à Limyra
11, 19, 2 3 Uvëmi, Medemudi, Er'"menëni et leurs épouses re-
latent que leurs tombes sont e'rigées à frais communs : ici le
verbe, malgré la pluralité du sujet, est pfnavaté"^ .
Lignes 2 et 3 : retour du nom propre Ddakasa. Scbmidt y voit,
avec raison, un nominatif comme précédemment; l'accusatif
des noms en a ayant ordinairement o pour caractéristique. L'ab-
sence de cette voyelle o ne prouverait rien; et précisément je
signale un nom d'homme au régime direct terminé par a, le mot
^'lipa. Comparez au membre de phrase mené "tepi-toli "tlpa. . .
se lado elibi^, les passages suivants :
Limyra h^.
me ''tepi-toti Zahomo se lado se tideimis èhbis.
' «Dièse Endung ( Accusa tiv o) fiihren wir oline ailes Bedenken auf die iiido-
gernianisclie Grundlorin -am ziinick, wenii auth im Lykischen keine Spiir von m
sicli erlialten hat, und slellcn damit eine anaiogo Laulbezeicliiiung ziisammen,
die uns in einer Verbalendung -oto fiir -onto begegnel : namlicli prinnvoto im
Lewisû V. 1 mil der Uebersetzung èpydaavro v. U kann als diillo Person Plura-
lis lïiglich niclit ander-i aïs veimitteist der indogermanischeii Grundform anta
aus einer î\Iittelform auto erklàrt werdea. . . n (Savelsberg, E.rposé de la théorie
de l'cranisme du lycieti fait aux philologues allemands, 29" congrès, Innsbruck,
187/1 [Leipzig, 1875]), p. 302. — Deecke institue d'abord à pr''navaté' et à
pr"navotë un augmeiit, qu'aucun exemple ne donne, et ensuite il compare à la
conjugaison indo-européenne les formes [à) prnnavatô , {d)pynnaviïtô. Suivant lui,
«beslàljgt wird die Endung -litô dnrch eine Reihe audrer Verbalfonnen auf -iito
und -olo, die als Piuralia zu deuten sind; entstanden ist sie aus -aiôntô, wie
gr. -ùvTo aus -diovro. . .n {Lyk. Stad.,l]l, p. 262.)
- Deecke, Lyk. Stud., II, p. 826 : «Dieser im Lykischen nicht seltene
VVeclisel von a und il {= 0) . . . r>
^ Xanlhus h, dans Savelsberg, II, p. 187.
'* Notre inscription.
' cbëne qxipo mené | pr"navetë Pddoq"ta \ Qtihezeh lideimi | hrppi ladi ehbi
se tide \ ime ehbiye (Fellows, Lycia, pi. XXXVI, n" 91, et Schmidt, pi. V).
Cette rock-tomb de l'acropole inférieure de Pinara est détruite aujourd'hui.
" e'/p["]ne qupo [m]e[n]e pr"iievotë | Srmeve F'nuteh tidei7ni se huve té'ne
(Schmidt, pi. V, copie défectueuse; Benndorf, n" 21, p. 55; revisée par Ark-
wright ).
' Limyra 11 dans Savelsberg, II, p. 68; Limyra 12 dans Savelsberg, 11,
p. 75; Limyra aS manque dans Savelsberg = Schmidt, pi. II, et Petersen ,
n° j 53.
* 3° ligue de notre inscription.
' Savelsberg, II, p. 7; Petersen, n" ihU,
UNE ÉPITAPHB LYCIENNE. 219
Myra 6 K
me "lepi-toli Hriq"'mo seij m Lusotrah" seij' e[sede"nevi énelii
Lusotjrah"'.
Limyra ^.
mei "tepi-toti Rio se tid\eimis\.
Ces trois noms ont été une première fois présentés, quand il
s'est agi d'avertir de la construction des tombes; ce qui nous a
valu de connaître les nominatifs Zahama, Hriq'"ma, Hla. Les pas-
sages cités exposent clairement que tron ensevelira [lesdites per-
sonnes] avec leurs femmes ou leurs parents 'î.
Le pronom me, mei de ces textes nest, on le voit, autre que
le mot mené de Myra h. A Limyra 5, il y a une quatrième forme :
mené "tepi-toti Sqqntrazi se ladu ehbi se tideimis ehbis'*. En même
temps, notre scribe, pour ne pas se répéter d'une façon fati-
gante, a employé tantôt mené, tantôt mei, comme Sqqntrazi qui
fait usage du pronom mène, après avoir inscrit la variante mëti,
au sujet abstrait (= mëti pfnavatë). Le sens commandé par le
contexte est celui du pronom indéfini rron^.
Sclimidt a traduit les quatre mots précédents : Koi [xôvovs
(SovXsTat Aavdaas. Limyra i 'à ^ donne les mêmes termes : me "ce
lati M^nuhe. Ce \I°nuhe (le nom est bien au nominatif) a été
nommé auparavant, comme tant d'autres fondateurs de tombes,
Sqqntrazi, Hriq™ma, Hla, notre Ddakasa : ce qu'il veut lui aussi,
c'est : mené "teipi-tëti. . .; le reste est obscur. Toujours est-il que
' Savelsberg, II, p. 198: Petersen, n" /j8.
- Je n'avais pas été assez lian.Ii dans ma restitution ( Termes de parenté, p. ^67);
on efiet, M. Arkwright m'assure que la lacune a fait perdre environ vingt lettres,
et si je me reporte à iMyra 5. qui est sur une tombe construite par le même,
mais pour ses sœurs el divers parenls ou amis, je découvre, ligne 9 de la copie
prise par Arkwriglit , la même expression énehi Hriq"'nMh['' ese] de'^ncvë. Une
phrase nouvelle débute par les deux mots adi [:) meye, le premier verbe, le
second relatif. Ailleurs on a mcyade, soit mcy ade. Je m'excuse d'avoir traduit
ces deux mots par un nom propre pAdimeyèsn.
^ Découverte par les savants autrichiens, inédite.
* Savelsberg, II, p. 96, et Petersen, n" i3o. Deecke (Li/t. Stnd., III,
p. 970) rend les deux exemples par "hier». Savelsberg est toujours alambiqué;
il flotte entre les sens de préposition et de pronom, ce qui est un sûr moyen
de contenter quelqu'un : « Mond ist mil dom haufigern Pronomen mdnr'i bei an-
ders gefàrbtem Vocal doch identisch : gleichwie nàmlich monn zweimal Pronomen
(in Kyanoa; 9,1, und Xanthos 9,9) und nurhier Lim. 5, 1, Praposition ist, 80
kommt mdnn wohi achtzehnmal als Pronomen und uur dreimal als Praposition
vor in mà)id : ilàiiit'jli Lim. i/i, 9; 3G, 1, und Myia ti , 3 treinschreiben sie». —
II, p. 97.
* Savelsberg, II, p. 80, et Petersen, a" i/ia.
220 J. IMBERT.
ëcecl "ce sont un même vocabie, dont nous ne pouvons que de-
viner la signification : la version (jlovovs a pour elle qu'à Limyra
i/i, M"nuhe n'admet nul autre que son propre fils déjà men-
tionné au débuta
Se est très connu , en tant que conjonction : pourtant nous
n'avons pas affaire à elle, dans ce passage, mais à une forme
tout à fait abrégc'e du relatif seiye"^. A Antiphellus U, seiye est
représente' par sei pris également pour la conjonction xa.\ par
Moriz Sclimidt'^. A Kecbilor, on a sene. Ces deux passages s'éclai-
reront mutuellement :
Antiphellus k.
sei piyè'të piyatu mi''ti ëtri qupa siqli aladehqqone.
Kecliiler.
sene piyeië nëue ehbiye se tuhe III.
Je voudrais traduire cette dernière phrase :
ff Lui-même (Triendasis) a élabli (cette tombe) [pourj ses
sœurs et [ses] 3 neveux:? '.
L'autre phrase, rendue assez mal parSchmidt, xa) 'urpocréra^e
[iSaixd^aç) tolkiov 7ip6a1i(xov iw kcLto) a-rjKy aîyXovs, pourrait
' L. 3 : se tideimi ehbi Adam"naye.
- Seiye esta Telmessus (inédile, I. 5), Cadyanda, I. 3 (= Savelsb. U,
p. ilx); Tios (inédite), I. lo; Xantlius i, I. 3 (= Savelsb. II, pj. i); Xanthus
3, i. 7 (= Sav., II, p. i86), Xaulhus ^,1-7 (= Sav. , II, p. 187); Xanthus
7, 1. a et /i (= Sav., II, p. 906) et à la grande sfèle, face est, 1. 20. Deecke
(Lyk. Stud. , IV, p. 18a) admet que scie (notre sei) est le pronom «wer»,
tandis que sa est la conjonction; «sie sind verwandt, wie lat. -que uud ffm;
und ilire bedeulung durch die biiinguen gesichertn.
•'' Sclmiidt, De nonindlis p. 22. Antiphellus i est donnée par Savelsberg II,
p. i5.5 et Petorsen, n° i2 3.
* Kechiler est dans la plaine de Levissi : découverte récemment par M. Ark-
wright, cette inscription est inédite. Le (Tvyyevtxàv né'ne = sororibus est déter-
miné par cette circonstance que, à côté de cette tombe, est celle que le même
Triendasis a construite spécialement pour safemme et sesjils, ou plutôt qu'ayant
construite, il leur destine, sene ptyeté ladi ehbi se (ideime. Le parallélisme
yvvaiKi avrov nal ténvois et [àès\<paii) aiÎTOv Ka\ àê£}.<ptSoTi y , est saisissant.
Aussi je retire à zzimazi le sens de trsœur?? que, du reste, je ne conjecturais
qu'avec timidité [Termes de parenté, p. ^62). Que zzimazi devienne ce qu'il
pourra ! A Chukur Bagh , un nommé Qudaliyë fait précéder sa qualité do lils
de Muroza, des mots Abuveteit zzimazi : ainsi ce dernier mot n'est pas stric-
tement féminin, peut-être signi6e-t-il cr affranchie ? Je laisse ce point. Cf. Benn-
dorf, p. lAi, n° io3.
UNE ÉPITAPHE LYCIENNE. 221
signifier : r Lui-même établit comme (amende) affectée à la
mindis, quant au caveau inférieur (s'il est violé), (un) sicle. . .-n^.
Je remarque que seiije, seiyeti, seiijene, sene, sé'ne, sei, se, se fait
le pendant de meiije, meiyene, mené, mène, mëti, meti, mei, me'-.
La traduction de lati par (3ovXsrai n'a rien d'inadmissible :
ce verbe est fréquent dans les épitaphes grecques de Lycie (C.
I. G. Û253, /429/1 c. /i2i6 b. Zi325 c.)^. Malheureusement il
nest pas encore permis de faire des conjectures étymologiques,
sans quoi Ton confronterait le verbe lati au grec Xaco, dorien Xô!
= S-Aw. Cf. Xfi(7ts'^.
Il veut donc, Ddakasa, que seuls encore on ensevelisse dans
ce tombeau de famille Aniipas et sa femme. Si je donne à tezi
que j'isole de "tipa la traduction r tombeaux, c'est, moins parce
que je constate entre les deux mots un léger intervalle qui aurait
pu avoir pour cause l'e'tat de la pierre, que par la rencontre que
' Ma Iraducllon de mi"ti par mindis semblera trop naïve à force de simpli-
cité; elle est pourtant autorisée par l'inscription suivante, découverte à Cyaneae
par les Autrichiens, et publiée dans Petersen, n" 97 :
Tàv ■fâ<pov TOVTOV KaTzaxzviasv toi» te é.v'j3 xai tov «axw Yiepi:évy)vt5 | Att-
TidSios éavTW «ai tt? yvvaiKi • xai [xr/âerî i^éalco ivoï^at tvv aopbv oZ v [yvvn] ? |
èaViv, Tote ci /.ontoTs tà<pois toïs t£ avo) xaJ toïs xaTj) -^pridoviai T:àv\j£i\ | ot
avyyeveîs' firi è^éaloi Se ivoiytiv (iriOevi aveu tvs fiivêios , d/.Xà auvactpa^ivérco-
aav ovTovs , ei Se (xt?, xipioi éolcoaav xwAworTSS xa< ^rjfiiouvTes avrovs.
Je suis informé de la découverte d'autres inscriptions faisant allusion à la
mindis et à des persomiages de la mindis.
- Dans une note précédente, sont rappelés les textes qui inscrivent seiye,
avec le sens probable de r;quiconque?5 ou rr quelconque 75 , ainsi rrle spoliateur
quelconque du tonibeaun ou peut-être r^l'ensevelisseur quelconque» {seiye "ta-
totë; seiye ntatete; seiye "latade). On relève seiyeli à Limyra 36 (Sav. , II,
p. 100) et à Antiphellus 3 qui le rend par tis; seiyene à Limyra 12 (Sav.,
II, p. 7.5), à Antiphellus li , 1. 5, et à Myra (Petersen, n" Ixd); seiyeni, à
Myra (Petersen, n" 00); seisene, à moins que ce ne soit seiyeiip, à Rhodiapolis
(Petersen, n° 179); sene à Limyra /i3 (Sav., II, p. 108), à Assar (Petersen,
n° 100), à Kechiler (déjà citées) et sur la {jrande stèle, face sud, I. 2 (de l'édi-
tion de Schmidt, en réalité la ligne 7); sene à Rhodiapolis, b., l. 5 (Savelsb. ,
II, pi. II; Petersen, n" 171) et Xanlhus 5 6 1. 5 (Sav., II, p. igo; il faut
lire Miv'/e : teri [ : s]e[?ie :] |!i/e?<'); .se Sidek (Benndorf, n" 100 sepiyelë), texte
revisé.
•* (îitées dans la Commentatin de nonnuUis, p. 20.
* Schmidt lisait déjà Inli , ce qui est tout à fait exact. Savelsberg (II, 116)
et Deecke {l^yk. StiuL, III, p. 985) convertissent le A très net do notre mol
en p (!) et ne font qu'un seul mot de ëce et du prétendu pâli. Cela leur donne
okàpati = ffHausherrn et fikà-pate = éxÇ)vcyi, cdicit : cette dernière soluliou
n'empêche pas son auteur, Deecke, de traduire okd par oTxos à sièle, lace sud.
I. l\b, et Limyra lO {Lyk. Stud., IV, p. 188), en se basant sur la correspon-
dance 6 = grec ot (?).
MÉM. L1.\C. — IX. i5
222 J. IMBERT.
je fais de ce mot au début de Tépitaphe de Cyaneae I , laquelle
porte :
ebë^në : tezi : mené pr"navatë : Qupruja . . . ^
= Ce tombeau, il a construit, Aphrodisios
Après avoir rappelé les noms du fondateur et de ses parents
et amis qui recevront dans cette tombe les honneurs de la sé-
pulture, le scribe accentue le caractère de propriété privée et
exclusive de ce monument. La mention de l'étranger à la famille
doit se trouver immanquablement dans son texte; sur cet état
d'esprit les épitaphes grecques nous renseignent admirablement:
â'XXo) Je fxrjSsi'] èc.e.'îvai êv tôj Tsupyia-Hoj "zeOrivai (xerà to èvra-
(pfjvai avirjv [EiXévnv) C. I. G. /laoy;
STépù) Se ovSsv] riyLÔJv è^éalai (jvvjcûp-naoLi C. I. C. ùaAG.
aXkos Se ovSs)? êvxïjSevSïfcreTai si [//))] fxôvov oï zspoyeypoipL-
fxévoi C. I. G. /i3oo.
xaï fxrjSeh xvpieveTco toîj fxvyifxeiov Tovrov àXXos el fir] avTrj
HOt) Ta TSKva xai ol yaii^poï canrjs. C. 1. G. /i3o3.
Schinidt a pensé que chi, par lequel s'ouvre un nouveau para-
graphe, était le correspondant de aXkos et de STspos'. Ce mot
est assez fréquent; un texte qui le livre, une fois cbi comme
Myra û, et, dans la même ligne, sous la forme cbiyehi, confirme
parfaitement la version du savant professeur; voici ce passage :
Limyra h.
cbi ticc ti "tepi-tadi atlahi tibe cbiyehi j tibete alahadi ti, mené mo-
lioi tubeiîi | [ue]É?r[e]''nî ^.
La fin ne peut s'interpréter qu'ainsi : «il payera au sénat de
la ville w : qui il? l'étranger qui, au mépris des droits de la pa-
renté de Zahama formellement réservés par ce dernier à l'exclu-
^ Je possède de celle inscription la copie très soignée qu'en a prise M. Ark-
wright. Voir Savelsb., II, p. 98 et Petersen, n" 33. La localité où cette crrock-
tonib» est située s'appelle Tiissa cl ce n'est qu'à huit kilomètres de là que se
trouve îagu, la vraie Cyaneae. — Le mot tezi est encore inscrit sur la grande
stèle de Xanthus, face sud, 1. 20 et face est, 1. lit. Malheureusement cette
majestueuse inscription garde jalousement son secret, aidée en cela par ses
incroyables lacunes.
* Commentatio denonnullis, p. ig-ao.
^ Il est très fiicheux que la cinquième ligne, qui ne renferme qu'un mot, soit
en partie fruste; sur la copie de Petersen , n° xhli, on parvient à rétablir, d'une
façon certaine le mot vedre^ni : seulement il y a encore un petit intervalle de
deux lettres avant le t), et la forme adjectivale lmvedre''ni eût été très impor-
tante à connaître. Schmidt conjecturait [/m]ve[d'»7] (p. 19).
UNE ÉPITAPHB LYCIENNE, 223
sion de toute autre personne, s'est permis de donner la sépul-
ture, "tepi-tadi, à des membres de a sa propres (famille), atlahi,
ou à des gens a d'une autres (famille), tibe cbiyehi. L'opposition
entre cbiyehi et atïahi est manifeste. Pour servir les intérêts
d'autrui au lieu des siens, on n'en commet pas moins un préju-
dice à l'égard de la lignée de Zahama; la punition atteindra
maître et serviteurs. Je m'e'tonne que ce sens si simple n ait pas
frappé tout le monde, Le suffixe hi a dérouté et Schmidt et Sa-
velsberg et Deecke. Maintenant que nous commençons à attacher
plus d'importance à la position des mots dans la phrase qu'à
l'incomplète et timide déclinaison iycienne, noUS isolons par la
pensée la syllabe finale hi, quitte à rechercher le rôle qu'elle
joue. A Levissi, les mots Purihimetehe pr^neziyehi sont traduits
HvpiixaTios olxuoi^ uniquement en raison des deux fondateurs
«Daparan et ctPulenydaw : mais supposez que le seul fDaparan
ait construit, l'expression n'aurait pas perdu une seule lettre.
C'est qu'il faut entendre pr^neziyehi comme cfétant-de la mai-
son 75, en bon français et de la maison de Purimatisw. Le suffixe
hi marque la possession ^ A Xanthus 1, pour dire sa maison
pr^neziehbi, Ahkkadi inscrit ^;r"ne2t atlahi, littéralement cà la mai-
son de-sa-personneii '-. Le mot athihi tout seul exige à Limyra h,
qu'on sous-entende un substantif, n'importe à quel nombre; donc
il en est de même de cbiyehi ^.
Que peut bien signifier le mot suivant, ticel II figure 5o fois
dans les inscriptions lyciennes, et une fois sous les formes ticeiti,
ticete, ticeye. Il paraît être une locution invariable. Ordinairement
^ Ainsi que l'a parfaitement établi M. Arkwright dans son article Some
Lycian suffixes, public dans le n" d'août 1891 du Bah. ànd Or. Record, p. t85-
igi : «In Sura , atlahi occurs agairt in an imintelligible coUtext, but in Limyra A
the meaning is clear onougli : another if s h ail bury [anyone) belonging-to-liim-
$elf or belonging-to-aiwtlw. Hère it is almost unaroidable (ajoute le savant an-
glais) to take atlahi and kbiyâhi as possessive adjectives : and tbis vîew is 1
think proved to correct in tlie case of atlahi by the otcurence of the dâtive
plural atkhà on tlie Xanthian stèle, S. 18, and in the case of khiyàhi by the
accusative (plural?) kbiyàhis, Xanthus 4, and by kbiyàhàdi, decree of Pixo-
darus. v
* Voir Tenues de parenté , p. iôg.
^ Deecke a traduit le passage de Limyra A, en grec {Lyk. Stud., Il, p. 338)
el en allemand (Lyk. Stud., II, p. 33 1); voici ses traductions : 6s iv tiva.
eiaxofjitari éavTôôv f\ {dXXav) tivccv . , , «Wer ctwa Jemand hineinlbun soilte
von den eigenen pereonen oder irgenawelchen (se. andern) oder irgendwie be-
schadigen soilte etwas, der...r) Que ditos-voiis de ce génitif pluriel éavicov
appliqué à ô's? el de la correspondance tivûv, 6s attribuée à cbiyehi et à
cbi, et qui n'a aucun fondement que l'assonance (Lyk. Stud., I, i/ia; IV,
216) entre cbi et le latin aquisn? — Au reste, Schmidt n'est pas plus sage,
avec sa traduction, dont le moindre tort osl de ne pas rendre de la mémo façon
le hi de atlahi et lo ht de vbiyehi : i'tspos ris éè èv6eis a-hov (!) 7) èrépovt r) xai
àvoi^as avfà. . . (p. 91).
i5.
22i J. IMBERT.
on le trouve dans le voisinage immédiat d'un verbe, soit avant,
soit après. Ce verbe est traduit dans les bilingues par le condi-
tionnel , exemples :
Antiphellus 3.
seiyeti edi tice mëtë = êàv Se ris àStxrfcriit r} àyopda-rii to [j.vfi[xa.
Levissi.
seiyeti 'seriiadi tice Hato ebehi = xoù àv ris dSiKrfcni)i to nv^ixa.
toîjio.
edi, [e]seritadi (non pas escpitadi, comme le veut Deecke)^ ont la
même terminaison que "tepi-tadi, et Schmidt les regarde comme
au participe présent. La conjecture est tout à fait plausible; que
nos verbes ne soient pas au conditionnel, en écartant le mot tice,
c'est démontré parMyra li inscrivant tuveti où Ton eut attendu en
ce cas, tuvedi. Ailleurs nous relevons tubidi à la place de tubeiti
= il payera, et ttlidi à la place de ttleiti = il comptera, c'est-à-dire
dans un membre de phrase ne comportant aucun doute.
Arneae.
mené tubidi trhkas se itlehi tf"mHi huvedri.
Limyra ^.
mène tubidi hpp'^ter[us] mohoi se maraziya mi'^taha^
= il (sera) payant au sénat et aux patrons (?) de la mindis
Hl'"mideve Mleyeusi Mur^na
Helmidavas, Mlaausis, Mornas.
' Lyk. Slud.. I, p. lis, au mot àsàdàplôme; 111, p. 265, S 2, 266, 267,
268 {àsàpe comparé à ntàpe), 970, 271, a85; IV, p. ao6, 207, 2i5 : mais,
pour être répétée souvent, une inexactitude n'acquiert pas plus do valeur.
' «Rock-tombn de la nécropole ouest; Petersen, n° i55. J'ai déjà rappelé en
note 1, p. 200 , que les mêmes personnages (des divinités peut-être) sont mention-
nés dans une inscription grecque depuis longtemps connue (G. I. G. , n° A3i5 b,
Petersen, n" ia6).
' Mi'taha, c'est mi''li au datif pluriel garanti par la mention des trois pro-
tecteurs; le suffixe hi à sens possessif a échangé sa voyelle contre celle du datif
pluriel a de mt"tfl (Cadyanda, ligne h tasa mi"ta = tesi mi''ti, Xantbus 3 et
autres). Voir aussi Limyra 20, ligne 3 : mené itlehi tubeiti tr"^mili huvedri se
maraziya mi^taha et Assai-, dans Petersen, n° 100 mène tubidi Ma ebe se maliya
se tasa mï'tdha. Sur la stèle, on lit maraza, Nord A, et maroz, Ouest 63.
UNE ÉPITAPHE LYCIENNE. 225
Limyra i3 ^.
me Ulidi cbi^lotas o'"moma[s\ kîebi cert . . .
se ttlidi trzzubi o'"moma cbis^tota uva.
Myra -.
mène trkas tubidi se miihoi hiivedri.
En procédant par élimination, nous n'avons plus qu'un mot
à expliquer dans la phrase de Levissi seiyeti [e]seritadi tice "Mo
ebehi, le mot tice : rendu par âv [àSixri)a"iii^ il marque l'éven-
tualité redoutée ^.
Le miracle, c'est de le rencontrer dans un paragraphe on
Ddakasa énonce une prohibition nette, précise : trQue nul
étranger ne soit enseveli icil^^ On se demande la raison de la
présence de la conjonction conditionnelle. Y a-t-il lieu d'hésiter?
Après avoir longtemps réiléchi à ce curieux problème, je crois
l'avoir résolu : en effet tice n'accompagne pas le verbe "tepitotu,
ni le verbe tuvetu. Il se rapporte à l'ensemble du paragraphe,
c'est-à-dire non à Yacte même de rendre les honneurs funèbres
à un défunt, mais au mode d'ensevelissement. L'étranger pourrait,
s'il est Lycien, déposer le corps sur la banquette; s'il est Grec,
apporter l'urne renfermant les cendres chères, et prétendre par
cette installation ne causer nul dommage, puisqu'il ne touche
ni aux inscriptions ni à la disposition des lieux. Qu'il sache
bien, cet intrus, que son entrée dans cette chambre est un crime
d'impiété aussi condamnable que la dépossession brutale. En un
mot, Ddakasa défend toute sépulture d'étranger, sons quelque
forme quelle se produise , et l'ignorance où il est du mode de pro-
fanation, si celle-ci s'accomplissait un jour, nécessite l'emploi de
la particule tice. Je traduis :
cbi tice mei nipe "tepi-totu tibei nipe
= Un autre d'aventure il pas soit enseveli, ou pas
hl'^mi tuvetu ^
(son) urne soit consacrée!
' Dans la même nécropole (Savelsb., II, p. 78, Petersen, n" i5i, revisée
par Arkwright), ligne 1, il n'y a pas lieu d'admettre la zzimaza (fille) de
Sciimidf , ni la Zénobie de Deecko, mais les mots >iié'ti pr^navatë Erzesinube
cumaza rzzi\voti. . . Le nom propre Zénobie n'était, d'ailleurs, pas inventé à
cette époque.
* Petersen, n" 63 : c'est l'épitaphe d'Upazi fils de Muvoqa, que j'ai re-
produite entièrement dans une précédente note.
' Savelsberg (I, 87 ; II, 1 G) et Deecke {Lyk. Slud. , II, 33 1) prennent tice
comme la correspondante de dv et la traduisent par «etwa».
* Le mot Jiipe que Schmidt traduit par la né{;alion, se lit uniquement sur
226 i. IMBERT.
Puis les derniers mots sopt repris au paragraphe qui suit :
hl"'mi mei tuveti tice
= L'urne , qui consacrera d'aventure
A Antipheilus Zi , il y a une répétition de mots qui rappelle
celle-ci : Idomaxas fixe le chiffre des sommes à payer à la mindis,
savoir, pour la violation de la division inférieure de sa tombe un
sicle, et pour violation de la partie supe'rieure un double sicle.
^e hrzzi tup'"me siqla
= et pour la supérieure [construction] un double sicle.
Et pourquoi un double sicle? Il va au devant de la demande,
en reprenant les mots hrzzi pr^navi : c'est que dans cette partie
de la tombe, Idomaxas et sa femme doivent reposer un jour. Nous
ajouterions au texte, mais non à la pensée du scribe, en tradui-
sant ! «et pour la violation de la partie supérieure un double sicle,
[car] dans cette partie supérieure on ensevelira Idomaxas et sa
femme n; sans cela la phrase, mei "tepi-toti idomaqzzo se ladu, eût-
elle été inscrite si tard ^ ?
A Myra h , la pensée de Ddakasa se porte spécialement sur
l'acte d'introduire une urne avec les rites prescrits qui la met-
tront sous la garde des dieux :
tf L'urne [dont il vient d'être question], quiconque la consa-
crera d'aventure , ou l'ensevelisseur d'aventure, celui-là payera ...»
Cette fois tice est répété après chaque verbe; en revanche "tepi-
Myra li et sur l'épitaphe publiée dans Petersen, n" li3 , et transcrite dans une
frécédente note. A Limyra i/i (= Sav., II, 86 et Petersen, n° ii2),il y a
3 sele nepe alahadi lice. A Limyra 36, recopiée par M. Arkwright, on lit
1. 4 se niyepi zalatu. Probablement wîpe, nepe , niyepi sont le même mot. Savels-
berg (II, p. 11 8) fait de nipe une préposition = tryorber» — et la réunit â
"tepitotu = 'ispoyeypayméva. Deecke ne s'aperçoit pas que nipe est répétée
après tihei; aussi prend-il màenepà pour un seul mot, qui serait une variante de
mànà {Lyh. Stud., III, p. 269).
' La première fois le mot j9r"nflt'î étant omis, Schmidt, au lieu de reconnaîfie
rdlipsc, chercbe dans le groupe do lettres qui suit, un mot qui se rapprocbe de
qupa, et il oppose à éïri qiipn les mots hrzzi tiip'", en lisant topg, le dernier vo-
cable (Comment, de nonmdlia inacrip. Lyciis, p. 92). Savelsberg a eu le mérite
de maintenir le mot tup"'me qui a la même pbysiouomie que map"^me de Rho-
diapolis h, 9. Cela fait, il s'est souvenu que wtt en arménien signifie seins»;
il lui a semblé convenable d'interpréter mup'"me par «einfachr et tup'^me par
Sfzweifachn (II, i56-i57). M. Deecke a ratifié ces conclusions (Lyk. Stud.,
IV, p. 210). J'accepte seulement la traduction par «double», à cause du sens
général.
UNE ÉPITAPHE LYCIENNE. 227
tadi est traité comme un substantif, et mei nest plus exprimé.
Qu'on ne m'objecte pas que l'incinération n'étant pas prati-
quée en Lycie, il n'est guère vraisemblable que Ddakasa ait
pensé à une urne ! Ce serait argumenter sur un fait contestable.
Que certains Lyciens aient réellement fait usage de la crémation,
on ne saurait le nier en présence de l'exiguïté de quelques
tombes incapables de renfermer même un seul corps. A Kechiler
une tombe, d'après son épitaphe lycienne, est affectée à plusieurs
sœurs et à trois neveux de Triendasis : on attendrait donc plu-
sieurs banquettes, il n'y en a qu'une ! Le même Triendasis s'est
fait construire tout à côté une cbambre où il doit reposer avec sa
femme et ses fils : deux banquettes ! Cette circonstance a frappé
Arkwright, qui, dans son journal encore inédit, la commente en
ces termes : cran additional proof that thèse couches are only
intended for the ashes of tlie dead in urns, not for bodies : some
tombs could not contain even one body.^
Du reste, le mot hl"'mi est très rare : on ne le lit que sur
notre monument, sur une autre tombe de Myra appartenant à
Upazi fils de Muvoqa , et sur la stèle du Tloïte Icuveti fils d'Ipre-
sida. L'inscription d'Upazi a le même contexte que celle de Dda-
kasa ; la Tloïte donne le mot dans des passages presque illisibles ^ :
nous ne pouvons donc émettre qu'une conjecture.
J'ai été amené par la mention de tuvetë avec le sens de
t: dédier, consacrera qu'il a sur les ex-voto de Tlos, à abandonner
les traductions de Schmidt êyypd-i^t], syypd-^oi.s'^ : la remarque
d' Arkwright a brisé le dernier lien qui me retenait à ces traduc-
tions. On ne consacre pas plus des noms qu'une tombe, mais
on peut avoir mis sous la garde des dieux, moyennant certains
rites, des urnes contenant des cendres chères : hl"'mi signifiant
ffurnew se révélait tout naturellement, sans qu'il fût nécessaire
d'évoquer le grec oXfxos, toute induction par l'assonance devant
être tenue pour suspecte ^. Si les deux mots sont fondamentale-
' Cette inscription est inédite, — Il ne serait pas impossible que, de même
que nous avons les formes alla et atru (= personne), le mot hi"7ni ait eu pour
variante hr"'mo (Rhodiapolis, b, 1. 8; Sura, I. 4 et 5); ce mot est dans un
contexte peu inlelliijibie. Savelsberg a siiygéré ce rapprochement (II, p. 119)
en l'agrémentant d'hypothèses vraiment étourdissantes.
^ Il faut tenir pour non avenue ma traduction trop peu étudiée, que je livrais
p. i56, note 3, de mes Termes de parenté.
•* Je soupçonne que la Irafluclion de hi"mi par ovàfiata chez Schmidt pro-
vient de la transcription lilâini qui aura paru identique au mot grec, vu l'éfjua-
tion / = grec v : cf. Ecafanda — hKitTàfivas ; Cuprlli = Cuprini , texte n)ilyen de
la stèle. Ouest iG, et Kvêepvts dans Hérodote, VII, 98 : . , .««< AvHtoe KvSep-
vis KoaaiKa. . .). Voir Babelon, Perses Acliéinénides , p. xcin; mais je n'admets
plus (|ue Koaaixa (il faut ainsi lire = Qeztifah) désigne une fonnne; on aurait
eu en ce cas le génitif féminin KocFalHas; de plus, tous les personnages men-
tionnés à Sud, 1. 25-a6, sont des hommes.
228 J. IMBERT,
ment le même terme, c'est ce que j'ignore et ce qui ne me tour-
mente nullement.
Lignes 5 et 6 : le dernier paragraphe, après avoir décrit l'acte
sacrilège, le frappe en ces termes : mené itlehi tiibeiti tr'^mili hu-
vedri se trkkas se nwhoi huvedri.
Schmidt attribue mené au premier membre de phrase et lui
assigne la traduction êvTavda, que j'ai réfutée^ : illehi, trkkas,
mohoi sont inexpliqués; le seul huvedri répété deux fois, d'abord
après l'ethnique Tr'"mili^ il s'aventure à le rendre par xoivcp.
Le verbe est tuheiti et il doit, ainsi que je l'ai dit, signifier
ff payer l'amende w : les mots itlehi tr"'mHi huvedri, -|- trkkas -\-
mohoi huvedri sont des datifs. Une première question (tranchée
par Schmidt), c'est de savoir si itlehi et mohoi sont les substan-
tifs, ou si c'est huvedri?
Lorsque le verbe vient séparer de ses attributs le substantif au
régime indirect, la règle veut que ce soit le substantif qui pré-
cède le verbe. Voici, par exemple, le sort réservé au violateur de
la tombe de Medemudi :
met' é'ni kanuveti j klahi \ ebiyehi"^
= il au seigneur payera du peuple celui-ci
Mais ordinairement é'ni et ses attributs sont ensemble, après
le verbe :
' Savelsberg et Deecke sont ici d'accord avec moi, ils traduisent par «dern.
Aussi Schmidt, dans le compte rendu du i"' volume de Savelsberg {Jenâer Lit-
tm-aturzediing du lo octobre 187^, p. Gi^i-Giô), publie-l-il, d'après l'autour,
le mot-à-mot grec d'Antiphellus 3, soit la fin : outoî àvvp (= mené) ê^ehXvs
d-noXono (= kasttii) aùv (= eni) téxvois [klahi) aJroù «ai ÇiXoTs èyyôvois.
^ Liniyra 19, dans Savelsberg II, p. 75. Cette «rock-tombr, est dans la
nécropole ouest: au-dessus de i'inscripllon, dont les lettres sont allernativeinent
bleues et rouges, est un bas-relief. L'inscription a cinq lignes d'une longueur
inégale, et les deux dernières, très complètes pourtant, ne renferment, la qua-
trième que le mot klahi, la suivante que le mot eliy\e}d\ Le recueil de Schmidt
porte detèni; la tentation d'en faire Leteni qui serait le nom de Latone, était
trop forte, et Savelsberg n'y sut pas résister (II, p. 77) : même parti chez
Deecke, assez imprudent pour ne pas citer son devancier {Lyk. StuiL, IV,
p. 998, n° 54). Le premier traduit : tr . . .so schlàgt Latona sein Gescbiecht»;
le second : «. . .Latona nimmt weg nachkommenschafl seine.» M. Arkwriglit,
qui s'était donné la tâche de reviser sur place les inscriptions, et qui était in-
différent par rôle à toute théorie, a consiaté l'existence, non de detëni, ni de
leté'ni, mais de meté'ni, avec un m ccfairly certain»; du resie, il ne s'expliquait
pas un pareil mot, se contentant d'en attester la gravui'e. Probablement une
crase a éliminé Vi de meti devant e de èni. A Antiphellus 3 , le scribe allait
écrire kastti, mais plutôt que de mettre kastli èni ou kastl' é'ni, il a préféré se
servir du passif fca.s<tM.
UNE ÉPITAPHE LYCIENNE. 229
Antiphellus 3.
mené kasttu ëni klahi ebiyehi
= il sera payé (de ses biens) au seigneur du peuple celui-ci
se vedri vek'tezi
et à la ville d'Antiphellus ^
Limyra 5.
me ttleiti puva aitota a"'moma kebeliya ëni klahi
= il comptera ? ? ? ? au seigneur du peuple
ebiyehi p"tre"ni
celui-ci Pandare'en (?)'-.
Myra.
me ttiti ahazat' adin ëni klahi ebiyehi p"tre"nehi ^.
De même, notre itlehi est réuni aux autres mots dans les textes
suivants :
Rhodiapolis ' :
mené kastti maliya vedrë^ni se itlehi tf"mili huvedri
= il payera aux anciens? de la ville et à? Lycien ?
' Voir sur vedri VeJi''tezi, mes Tenues de parenlé, p. ^166-467 : Vah" tezé
est le même mot que VehJ'tezi, et comme lui ii est réuni au nom du dynasto
Qei-iga sur le slatère (inédit, je crois) qui donne le portrait du satrape, assez
semblable à Ddenevele et à Artembarès.
* tf Limyra 5n est sur une rock-tomb de la nécropole orientale. Schmidt l'a
publiée deux fois, pi. 1 et pi. V (comme Antiphellus 5). Voir Savelsberg, II,
p. 26 et Petersen, n" i3o. Deecke rend p"tre''ni par trdem schatzmeistern
{Lyk. Slud., IV, p. 311-212) : «In pntrànne, hergestellt nach Lim. 5, 3; 11,
6, erkenne ich den dat. sg. eines ml. substantivs, abgeleitet durch-7i/(e von
einem nom. ag. *pn-tr — , das wohl zur wurzel lat. pen-d — nanhàngen, abwii-
gen, zahlenu gehort, so dass es doin gr. Tafiias entsprochon konnte, s. in lyk.
griecb. Tafx(£('a)(Hirscbfcld , p. 100 fl'.)» — Deecke, Lî/fe. i'fwrf., IV, p. 3ii,n"2i.
Mais depuis que je connais les formes Tlo''na et PiUe''m de l'ex voto bilingue,
je soupçonne ici un nom ethnique ; toutefois je n'ai aucune garantie. L'inter-
prétation de Deecke est inadmissible, si j'ai raison de traduire par «au seigneur
de ce peuple'', car on ne supposera pas ([uc c'est lui qui tient la caisse.
^ Petersen, n° lih. Voilà, non plus à Limyra, mais à Myra, notre mot
I''tre''ni devenu, grâce à l'attraction des désinences des mots précédents,
F'lre"neln, ce qui n'en dénaturait pas le sons. Le héros Pandaros était fort vé-
néré en Lycie, on montrait son tombeau à Pinara; son nom a pu être celui
de tribus lyciennes. — Le mot adin' est peut-être pour adini; en tous cas, néiii
signifiant «sœur 75 est sans objet ici.
* Petersen, n" 172. (Tombeau de Xanthias, Qssè^ziya).
230 J. IMBKRT,
Arneae.
«nem tubidi trkkas se itlehi tr'"mili huvedri
== il (sera) payant à ? et à ? I^ycien ?
Antiphellus ti.
mené tubeiti mohoi huvedri se itlehi tr^mili
= ii payera à ? ? et à ? Lycien. (Pas de mot hmedri
après Tr"'mili.)
A Limyra /i3 \ itlehi précède le verbe ko''ti, mais après le
verbe il n'y a plus que tr"'mili. Le texte e'tant complet, on voit
que huvedri n'est pas un mot essentiel; le substantif est certaine-
ment itlehi ou mohoi.
Pour mohoi, je suis tente de le traduire par ffSe'natw; nous
avons de ce mot les formes mahinaza et tnahanahi.
Limyra 61-.
q"tlapone pf navale, periclehe mahinaza ep^tihazah
= Kindalpones a construit, de Périclès sénateur, d'Apendibasos
tidexmi
fils.
Limyra hi.
ëni mahanahi
= au seigneur qui est du Sénat.
Tlos 1 '.
hriqttbili mahanahi uvehi
= Riqttbili de sénatoriale race,
Une chose curieuse, c'est que le nom national des Lyciens,
qui n'accompagne jamais le solitaire trkkas, ne se trouve pas non
plus une seule fois à la suite de mohoi.
Deecke a, comme je le fais, vu le substantif au régime in-
direct dans le mot itlehi qu'il transcrit etlahe; puis, dupe de
cette transcription, il traduit ce mot par êdvsi, se rappelant que
' Sur une rock-tomb de la nécropole ouest. Voir Savelsberg, II, p. io5 et
Petersen, n° i5(i,
^ Sur une rock-tomb de la nécropole orientale. Voir Savelsberg. II, p. ici,
' Non loin de la célèbre tombe dite de Bellérophon : Schniidt, pi. V. Voir
mes Tei-mes de parenté, T^. 47a.
UNE ÉPITAPHE LYCIENNE. 231
parfois / et n s'échangent ^ J'aime mieux interpre'ter ce mol par
ToifieÎM : le radical de itkhi paraît être itU, il- et se trouver dans
le verbe itleiti, ttlidi. Deecke lui-même a fait un rapprochement
entre ce radical et la racine de TÀaw, téXa.wa impliquant Tide'e de
•peser, puis compter'^. On comprendrait alors quon ait constam-
ment joint à itlehi de'signant une grande administration charge'e
d'encaisser le montant des amendes, l'ethnique Tr"'mili: l'expres-
sion itlehi Tr"'mili, = au Trésor lycien, était complète; on pou-
vait y ajouter ou non le mot huvedri.
D'autre part, on ne disait pas «au Sénatn tout simplement; il
fallait ce mot huvedri. J'ai cru autrefois que huvedri signifiait
fftrès sainte; une telle épithète ne fut donnée à un pouvoir
politique qu'à l'époque romaine, c'est une importation d'Italie.
Renonçons-y.
Donc itlehi tr"'mili est analogue à mohoi huvedri : quel sens
se cache sous ce dernier mot? vedri signifie r ville w-' : peut-
être huvedri a-t-il même origine et désigne- 1- il un groupe de
villes? une svmpolitie ? une confédération? la confédération ly-
cienne? Si oui, la singulière expression mohoi huvedri équivalant
à mohoi tr^mili s'explique. Je me risque à refaire la version de
Schmidt, où-ïos tô» Tafieioj bCpeikticrei rfjs Avxicov cxvfJiTroXneias
xa) T&i Tap^w xa) rf} yspova-iot irjç avfXTToXneias.
' La première apparition de ptlàhe est à ia suite 'de la mention mentdhe
{Lyk. Stud., II. p. 3.39, ? 9, infne) : (fetlàhe ist dat. s{j. vom gleichlautenden
nominativ, vielleicbi verwandt mit gr. ëdvos. . . r>. Quelques lignes après, Deecke
donne comme correctif à sa théorie que -hi est la désinence du génitil' pluriel , pré-
cisément notre mot : «Dass nicht aile formen a\xï -âhe gen. pi. sind, zeigt das
eben erwàlinte etlàhe = édvei-n. Dans sa troisième étude, il interprète encore
ellàhe par ëBvos et assigne aux mots mûhùe et hovddre les correspondances
jSouAri et eCyeviôs (p. 278) : il fait état des mentions 17 f'Ov>ri xaî à Sfiiios
xairj yspovalrt C. I. G. n° i3l5 n,ri xpaiialv ^ovXri C. I. G. iaSS.
* crDer stamm (lia- = tAô- geht zurûck auf tel- = griech. teA-, schwach
tA-, TttA- trheben, wagen , zahlen-, s. TeAeTr, râXaviov •= lat. tel- (voraus
-gesetzt durch tettdi, tollo u. s. \v). Lyk. Stvd., II, p. 826; IV, p. 219. Au
début, ou entre une consonne elune voyelle, ou entre deux voyelles, la dentale
t peut être redoublée, mais pas entre une voyfile et une consonne : ainsi
s'explique l'apparente différence des mots itlehi (substantif au datif) et tlleiti,
ttlidi (veibe).
' Le passage le plus probant en faveur de celle interprétation est, stèle, face
Est, 3o Ar"7ia : Finale: Tlava : vcdre. D'autre part, Velt"tez>, quelle que soit
l'origine de ce nom, désignant une cité sur les monnaies de Qeriga au nom
duquel sa mention est ajoutée comme celle d'^r";(a/.e = de Xanthus, quand
sur le tombeau d'Iktas J'Antiphellile nous rencontrons et le mot vedri (au datif
d'après le contexte) et l'ethnique Velt"tezi, comment éviter de traduire rret îi la
ville d'Antiphellusrt ? Même si j'ai tort d'adopter l'identification de Six et de
Deecke (Hill, The Co'mage of Lycia, Nitm. Chron., 1890, p. 19), le sens de
ville pour vedri n'en reste pas moins debout. C'est là l'essentiel. Nous devions
trouver de ce terme une forme adjectivale; les monuments nous donnent l'e-
dre'ni et vcdre"nebi. (Voir Arkwright, So)ne Lycian suffixes, dans le Bah. and
Or. Rec, août 1891, p. 186-187.)
232 J. IMBERT.
Le second datif serait le nom d'un dieu, le dieu Trkkas ou
Tarchos : Arneae le mentionne avant àlehi; à Tlos, ce nom
se trouve dans la petite phrase punomadi inëne Trhkas; sur le
tombeau d'Upazi, Trkas est cité non seulement le premier, mais
encore avant le verbe que suit le second re'gime indirect se mu-
hoi hîwedri. Le nom est invariable, jamais suivi d'une e'pitliète;
c'est bien là une divinité' protectrice des se'pultures^
Quant à huvedri, de ce qu'une inscription renferme ce mot, il
ne faut pas en conclure qu'elle soit postérieure à l'époque des
dynastes lyciens et la rapporter au temps où florissait, sous la
protection de Rome, la confédération décrite par Strabon; on
recevrait un cruel démenti des monuments : en effet, Arneae qui
se termine, ainsi que je l'ai rappelé, par les mots itlehi tr^mili
huvedri, renferme un lambeau de phrase assez déconcertant au
point de vue où nous nous plaçons :
Lignes 5-6 : ënë péri ^q^tavala.
Très probablement à compléter ënë Peri[clehe] q^tavata = le
maître (est) hyparque de Périclès.
Je m'arrête à ce renseignement, la question relevant unique-
ment de l'histoire, et celle-ci nous étant encore si mal connue !
J. Imbert.
' Voici la réponse de M. Diamandaras que j'avais consulté à ce sujet : Uplv r)
éfxws èniÇiépa) TauT)?»» {Xé^iv) fii^ f^e HOLKiarj^s, -srapaxatAô), Siôji ei ÉAXni' SXa
^à jSAÉTrii) éAATjwxa ! kXXus ie Se xai 'tiJ.eTs aXXoTS fioi èypi-\ia-vs oti v ispoxst-
Hévv Xé^ts zTtdavov va ê-/£i Tira cr^éaiv -crpés tiiv éXXrjviKvv Xé^iv Tapjj^e/a.
Tapi^eïov ar)y.alvei tov làiiov évda (pvXaTlovTai Tct TeTapt^ev[téva awfxara,
r? év6a Q-âi:1ovTat oi vexpol, vsxpoTa<PeTov. Tap;^u« XéyeTOLi iSiws èiti èv-
raÇt<x(7(iov xal xv^eias, onp-ctivei Sî)Xa ^rf, èvTaÇxà^ù) , x-nSsvco, Q-d-nT cû.
Sippa £ ■tapyyaùiCTi xdpv xoyLouvTSS K-)(jiioi,
ari(ii té oî •^svaaiv èiti 'zsXaTeï hX^nairôvrci).
iA., H, 85.
eîs â xe Sii Xvxîrjs evpeirjs Sfjftov l'xcovTai ,
ëvda c lapyiaovai xaalyvtjtot re é-rat re
TV(i€œ TE <T7rfArjTe" to yâp yépas èaVt Q-avovrav,
lA., n, 455.
Éx TovTou 'usctpdystai ri As'Ijs tâpy^os , Tap;^ea = XTjJei'a, xai tsap" Hdt/p^/çt)
7rip^avov = ssévdos , xrjSos, iiiferiae, exsequme.
VEDICA.
(2° SÉRIE.)
5. R. V. I. 191.
L'hymne bizarre qui clôt le livre I" du Rig-Véda est dans ce
recueil un morceau unique : non que les formules magiques et
les incantations populaires lui soient entièrement e'trangères ;
mais elles affectent en général une forme plus releve'e et ne
s'abaissent nulle part à un objet aussi infime que la destruction
de la vermine. L'Atharva-Véda, au contraire, plus rapproché par
ses origines des humbles nécessités de la vie quotidienne, nous a
conservé un bon nombre de conjurations contre les insectes nui-
sibles, et peut-être sa phraséologie accoutumée éclairera-t-elle
celle de notre hymne, d'autant plus obscure que le texte mal
compris et sans usage a dû subir de fortes corruptions. Mais,
avant de passer à l'analyse du détail, il ne paraîtra point déplacé
de résumer en quelques idées claires l'ensemble des données
confuses dont pouvait se composer la «science 17 des conjura-
teurs védiques au sujet des organismes inférieurs et de leur rela-
tion avec le reste de l'univers. On y reconnaîtra, à y regarder
de près, quatre thèmes de folk-lore, qui presque partout s'entre-
croisent et se confondent.
A (mythique) : «le soleil et les êtres invisibles w. Les invi-
sibles, ce sont à l'origine les ténèbres de la nuit : personnifiés,
ce sont des démons qui rendent tout invisible et le sont eux-
mêmes. Quand le soleil apparaît, son action sur eux peut être
envisagée sous deux aspects : ou bien il les éclaire de ses rayons,
les rend visibles, et alors ceux-ci épouvantés s'enfuient, regagnent
leurs trous, se terrent jus(|u'au soir; ou bien il les perce de ses
flèches, les brûle de ses feux, les anéantit jusqu'au dernier. (î'est
pourquoi on prie le Dieu lumineux, — essentiellement Agni sou-
vent associé à Indra, — tantôt de « manifesterai le démon, le sor-
cier, le conjurateur ini[)ie', — car c'est déjà avoir barre sur lui
' Cl'. A. V. I. 7,1. 8, etc.
23â V. HENRY.
que de le connaître pour rompre ses maléfices, — tantôt de le
consumer, de le transpercer, de le tuer, lui et toute sa postérité \.
B (légendaire). H y a d'autres ff invisibles n que les ténèbres,
les incubes et les cauchemars : il y a les reptiles et les gros in-
sectes, rarement visibles, toujours tapis au fond d'une retraite
d'oii leur morsure nous guette ; il y a la vermine plus menue
qu'à peine les yeux découvrent; enfin il y a sans doute la masse
des infiniment petits ou invisibles qui causent la fièvre, la con-
somption, la mort, ou dévorent le cadavre. Or, contre la pre-
mière au moins de ces sortes d'ennemis, l'homme a un auxi-
liaire précieux, les oiseaux carnassiers ou insectivores. D'autre
part, ffle soleil est un oiseaux, un grand aigle qui plane au
sommet du ciel : d'oij cette conséquence que c'est à titre d'oiseau
qu'il menace sans cesse la création impure et invisible, ser-
pents-, scorpions, mouches, vers et microbes. Ceci à la lettre, à
ce point que, si les découvertes récentes de l'action meurtrière
de la lumière solaire sur les micro-organismes venaient à la
connaissance de quelque fervent du brahmanisme, il ne pourrait
manquer d'y voir une éclatante confirmation par la science mo-
derne de l'éternelle infaillibilité des Védas. De tueur des êtres
nocturnes, le soleil devient donc « tueur de monstres w tout court,
plus particulièrement de cette engeance infime que l'œil ni la
main de l'homme ne saurait atteindre, et les oiseaux auxquels
on voit dévolu le même office pourront au besoin intervenir, à
titre de substituts ou de symboles, pour l'assister dans son œuvre
bienfaisante.
G (déductif). Qui peut détruire la causé en peut annuler
l'effet : le soleil sera donc le guérisseur par excellence. Ce thème,
si largement développé dans la mythologie grecque (Apollon,
Esculape, Machaon), est relativement rare dans les parties pro-
prement religieuses des Védas, oii le rôle de Dieu guérisseur est
dévolu à Rudra, d'ailleurs lui aussi, par certains côtés, person-
nalité solaire. Il n'en est que plus intéressant à retrouver çà et
là dans les fragments qui confinent au folk-lore ou en relèvent.
D (inductif). Il est reconnu par la pratique que certaines
plantes, en application ou en infusion, exercent une action salu-
taire contre les maladies et surtout contre les morsures veni-
meuses : en utilisant ces propriétés, on ne manquera donc point
de les rapporter à l'être céleste qui seul les possède en idéalité et
1 Cf. R. V. X. 87 = A. V. VIII. 3, R. V. VII. io4 = A. V. VIII. 4, etc.
^ li est superflu de rappeler le mythe de Garuda.
VEDICA. 235
de qui seul elles les peuvent tenir par voie de délégation ou plutôt
de descendance.
Tels sont les concepts élémentaires, familiers à quiconque a
tant soit peu pratiqué TAtharva-Véda, que nous devons nous at-
tendre à retrouver, mais plus ou moins déguisés sous le verbiage
usuel et sous laitération du texte, à la base de la composition
qui nous occupe, et qui peut-être nous aideront à la restituer
sous une forme relativement intelligible.
1. La première stance est tout à fait désespérée. Sâyana lui-
même n'y entend rien; ou, s'il l'entend, au moins ne se fait-il
pas entendre. La corruption saute aux yeux, ne fût-ce que dans
le premier pâcla, trop court d'une syllabe : il faut, ainsi que je
l'ai dit ailleurs \ lire kdnkato nâ ca kdnkato, ou, si on le préfère, afin
de maintenir la riche assonance avec le deuxième, caractère spé-
cifique de ces formules charlatanesques, kànkato ha nd kdnkato.
Peu importe, au surplus, pour le sens, qui se déduira d'une façon
assez satisfaisante de la considération de l'ensemble, pourvu
qu'on se décide à s'affrancbir de la tyrannie du scoliasle.
a. Le mot kânkata n'a nulle part et jamais un autre sens que
celui de ff peigne ^i. Le plus récent lexique publié ne porte, lui
aussi, que kankatah keçamàrjanain'-. Si donc Sàyana imagine celui
dV insecte nuisible 77, on voit trop d'où il l'a tiré : il a substitué
le sens général de la pièce à l'acception technique du mot. Il se
peut bien, d'ailleurs, qu'un annelé muni de crocs ou d'appendices
de locomotion ait été métaphoriquement désigné sous le nom de
tf peigne w ; mais c'est pour nous une raison de plus de ne pas ef-
facer la métaphore qui fait tout le piquant de cette formule am-
phigourique. Nous traduirons donc à la lettre : ^ C'est un peigne
et ce n'est pas un peigne. 75 Le conjurateur s'expliquera plus bas-^.
b. Le mot satlndkankata ne se lit qu'en cet endroit, et, indé-
pendamment de cette considération qui déjà le rend suspect, la
simple symétrie avec le pàda a inviterait à restituer en fin de
vers les deux mots rià kankatah. On commence ainsi à entrevoir
un sens possible : ffEt le satùi non plus n'est pas un peigne. 77
Mais le satin, qu'est-ce à dire? La correction d's en c n'est pas si
rare ni si exorbitante qu'on doive se l'interdire en pareille occur-
rence; et, si çatt n'est pas, lui non plus, un nom d'insecte à notre
» A. V., Vil, p. 8a (sous riiymnc VII. 56).
' Unâdiuanasîitra de Heinacandra (Kirsto), -joy.
^ Pcut-èlrc ce vers n'esl-il que le débris d'une deviiielle populaire passée eu
proverbe : (^ Quel est le peigne qui ne peut pas servir à peigner ? — Un scor-
pion, un mille-pieds, etc.»
236 V. HENRY.
connaissance, du moins signifie-t-ii fc centupler ou r^qui possède
cent (pieds, crocs, articulations, etc.)n, signalement qui cadre
à merveille avec la donnée d'un insecte nuisible assez semblable
à un peigne pour qu'on soit obligé d'avertir qu'il n'en est pas un.
Supposons que le mot çatin serve , dans la pensée de notre conjura-
teur, à désigner quelque myriapode : au prix de deux accents
en plus et d'un insignifiant changement de lettre ^, nous aurons
obtenu une idée qui s'enchaîne avec la précédente, soit ffet la
scolopendre non plus n'est pas un peigne 75.
Si la restitution proposée n'a rien de choquant, encore esl-il
moins aisé de comprendre comment un texte aussi clair a pu finir
par s'agglutiner en un long mot, et comment on en est venu à
imaginer pour ce mot la singulière glose «hydre (peigne d'eau) n.
Toutefois, si çatî n'était guère, comme je le pense, qu'une méta-
phore due à la fantaisie isolée d'un conjurateur, rien ne le pro-
tégeait contre une faute très courante de prononciation, ni à
plus forte raison l'incompréhensible *sati contre la réunion sous
un seul accent avec nn kânkntah. Une fois créé ce mot d'une
toise, on s'ingénia à lui faire un sort; il le fallut bien, et les
commentateurs védiques ne s'embarrassent point pour si peu. On
y découvrait le mot sât, ffbon, réelw, dont on n'avait que faire
comme épilhète du kdnkata lui-même, visiblement une mauvaise
bête : on pensa donc à son habitat, à l'eau qui est la bonté par
excellence, et ainsi naquit la glose satlnam ity udakanàma, que
Sàyana nous a pieusement transmise.
c. Ce qui rend extrêmement vraisemblable l'interprétation de
la demi-stance telle à peu près que je la conjecture, c'est qu'on
ne saurait concevoir un meilleur préambule à la formule très
claire et catégorique qui la suit. Pourquoi, en effet, le conjura-
teur insisterait-il par deux fois [ûi) sur ce que les êtres dont il
s'agit sont deux (dimâ), deux races d'insectes (plûsi), si les phrases
précédentes n'avaient impliqué dans sa pensée une amphibologie
possible sur le nombre et la nature des objets qu'il visait. — kHs
sont doux 11 dis-je (ffsi je parlais d'un kànkata, d'un peigne, cela
ne ferait qu'un seul objet n). cf C'est de la vermine w, dis-je, (tfct
non point un peigne, comme le nom vous le ferait croire 11). —
Tel est, si je ne me trompe, le sens intime de cet épiphonème,
étrange si l'on veut, mais non pas plus étrange que maint autre
spécimen du langage des sorciers conservé par l'Atharva-Yéda ou
par un manuel quelconque de magie plus moderne. L'énigme ne
commence que si la phrase est détachée du contexte qui l'explique
et la prépare.
^ âtho cati nd kàiikatah.
, VEDIGA. 237
d. «Les invisibles se sont évanouis», refrain répété en /i et 3
(var.), application des thèmes A et B,
2. tfEUe tue les invisibles en arrivant, et elle les tue en s'en
allant, et elle les tue en les précipitant vers le bas, et elle les
broie en les broyant. w Ou encore : tf Celle qui vient les tue, et
celle qui s'en va les tue, et celle qui expulse les tue, et celle qui
broie les broie. 75
A peu près sans difficulté. Sàyaria nous apprend qu'il s'agit
de la plante magique ; et en effet la mention du va-et-vient
pourrait bien être une vague allusion aux frictions et aux sima-
grées auxquelles se livrent les conjurateurs sur le patient mordu
par un serpent, en même temps que l'expression avaghnatî rap-
pellerait que leur procédé curatif est censé consister à faire
partir le venin rpar le basii (par la plante du pied)^ Mais, à y
regarder de plus près, il est difficile de ne pas reconnaître une
importance encore plus grande et un double sens aux mots
àijatî et parâijaiî, si couramment employés pour décrire les faits
et gestes d'une autre entité féminine, l'Aurore-. C'est l'aurore,
en effet, qui, en arrivant, et à plus forte raison en disparaissant
(dans les rayons du soleil), tue les invisibles (les monstres noc-
turnes), et nous avons ici incontestablement le thème D, mais
avec rappel en sourdine du thème A.
3. Ici l'obscurité s'épand de plus belle : nous avons une énumé-
ration de plantes, au nominatif pluriel, parmi lesquelles se glisse,
au même cas, le mot adhtâ, et tout cela semble régir le verbe
final qui signifie cfse sont évanouis». Comme il est difficile de
supposer que les plantes soient des tf invisibles» et qu'on adjure
les plantes de s'évanouir, on se tire d'affaire en admettant que
ces termes botaniques ne sont point ici des substantifs, mais des
adjectifs, et signifient respectivement rr[les insectes parasites]
qui vivent sur le cara, le darbha, etc.». Cet expédient ne laisse
pas de soulever quelques graves objections. — 1° Sans nier l'op-
portunité pratique d'exorciser la vermine qui ronge les végétaux
utiles, on doit constater que pas une autre stance de l'hymne
n'en évoque l'idée : il n'y est question, d'un bout à l'autre, que
des parasites ou ennemis de l'homme ou du bétail; et, si l'on
objecte que le morceau est fait de pièces rapportées, encore
n'est-il pas mauvais que ces pièces se raccordent tant bien que
mal. Or la stance précédente appelle évidemment comme suite
la mention de plantes curatives, et non celle de cultures à dé-
Cf. A. V., X-Xll, p. Gi (sur X. tt. a6).
Cf. R. V. I. 11.3. 8, Ole.
MÉM. LING. IX. 16
238 V. HENRY.
fendre des insectes, — 2° Si telle était l'intention du rédacteur,
il devait, sans difficulté, la formuler ainsi : çarésu kûçaresu yé
darbhésu sairiésu va. . . le reste pouvant demeurer tel quel. —
3° En effet, le sens tr parasites du munja» va très bien pour
maiinjâs (et vairinâs), qui est sûrement un adjectif; mais, en sup-
posant qu'on x'ecule devant la facile correction mihljôs, il y a
encore, ce semble, une moindre objection jjrammaticale à tra-
duire maunjàs par ff touffes de munjaw , qu'à faire , pour les besoins
de la cause, des substantifs çarâ, darbhâ, des adjectifs signifiant
t: issus du çara, du darbbaw, alors qu'une règle élémentaire exi-
gerait la vrddbi de la première syllabe. — ^° Il y a une cho-
quante contradiction à prendre ici pour réceptacles du parasi-
tisme les vége'taux dont pre'cise'ment nous savons d'autre part
qu'ils constituent la de'fense la plus énergique do l'homme contre
la vermine et son venin : ainsi, je l'ai déjà dit \ darbhésu A. V.
X. ^. i3 ne peut signifier tfgîté sous le darbhan, puisqu'un peu
plus haut (st. 2) (fie darbba est brûlure 75 pour le serpent ou sa
morsure; le kuça, — voir plus bas, — plante sacrée de même
nature et substitut fréquent du darbha, doit participer à ses pro-
priétés ; le çara et le muilja figurent ailleurs comme plantes cura-
tives, A. V. I. 2-3 et Kauç.-S. 26. 6. — Par toutes ces raisons,
il paraît indiqué de corriger adhtâ en adhtàn ace. , et de suppléer,
comme régi par les noms de plantes, le verbe que suggèrent à la
fois leurs propriétés connues et la teneur de la stance 2 , eoit
ghnanti, pinisanti, etc. : tries plantes tuent les invisibles, et tous
ensemble ils se sont évanouis. »
Notre nomenclature comprend, dès lors, six végétaux, dont
trois nous sont déjà connus pour leurs effets salutaires. Les sai-
ryâs te issus de la charrue :i ne peuvent être que tt l'orge et le rizn,
si fréquemment invoqués dans la conjuration des maléfices, cf,
A. V. VIll. 7. 20, XI. 6. i5, etc. Restent le vairina, dérivation
de virina (andropogon muricatus P. W.), et le kuçara, inconnu,
dont on ne sait trop que dire; mais il manque une syllabe au
pâda a, et on la lui rétablit en lisant kuçàçarâso altéré par haplo-
graphie. Le kuçaçara peut fort bien être une variété ou un autre
nom du kuça, plante bien connue. Soit donc, au total, en dé-
doublant les sairyds, sept plantes curatives, ici désignées par leurs
noms masculins, mais qui, sous leur incarnation féminine en
tant qu ésadhis, doivent bien correspondre aux ttsept vierges
sœurs» de la stance 1^. Au lecteur déjuger si la cohésion ainsi
obtenue du début à la fin de l'hynme est purement artificielle.
' Cf. A. V., X-XII, p. 59. — Je profile de l'occasion pour confesser le
contresens qu'un lapsus de lecture m'a lait conimellre sur la slance a du même
hymne : c'est de la fibre de roseau {parusàsya) qu'on applique sur la plaie.
VEDICA. 239
Que si pourtant Ton répugne aux remaniements sugge're's, et
si l'on tient, en de'pit de l'usage et sur la foi de Sàyana, à ac-
cepter çarâ et similaires pour des adjectifs, il y a encore un
moyen de concilier la lettre même du texte avec Timpe'rieux pos-
tulat de bon sens qui exige que les plantes interviennent ici en
tant que préservatifs et remèdes. Après tout, maunjâ et vairinà ne
signifient autre chose que rr relatif au mûnja, au vlrinav, par con-
séquent, si l'on veut, ttqui en est sujet, qui en dépend, qui rentre
dans le ressort de ces plantes»; bref, les inaufijd adfstàs peuvent
être frles invisibles que détruit le munja», et ainsi du reste. On
traduira alors littéralement les « invisibles que tue le çara . . .
tous se sont évanouis w, et l'on rentrera encore dans la donnée
du thème D.
Le dernier pâda contient une faute de métrique védique , d'ail-
leurs fréquente dans la versification des bas temps, et il n'y aurait
pas même lieu de la relever, si en général notre texte ne proscri-
vait rigoureusement la synizèse d't final et voyelle initiale. Il est
d'ailleurs bien aisé de la faire disparaître en lisant m lipsata,
forme qu'un arrière-scrupule grammatical a surchargée de l'aug-
ment à une époque postérieure oii la synizèse, devenue de règle,
no gênait plus personne.
^ = A. V. VI. 52. 2 var. (cf. 1=9 infra). La traduction va de
soi de part et d'autre, à cela près que le pâda c suppose ici pro-
bablement l'ellipse de alipsata (rrles lumières se sont éteintes 75),
tandis que dans l'A. V. , c'est plutôt aviksata qu'il convient de sous-
entendre^ Quant au fond, il est étrange, à première vue, que
les invisibles soient censés s'évanouir alors que tout dort, c'est-à-
dire au moment même oiî ils régnent seuls sur l'univers; mais il
faut ici faire abstraction du thème A (démons nocturnes) et ne
songer qu'aux invisibles de la seconde catégorie. Les insectes, qui
peut-être voltigeaient ou rampaient à la brune (infra 5), ont
gagné leurs repaires, et c'est pour cela qu'hommes et bêtes
peuvent goûter la paix du sommeil.
5. — ab (pràti drçran^ : cries voilà qui se sont montrés, à la
brune, comme des voleurs w. C'est alors que s'élèvent, dans les
vapeurs du soir, les essaims de moustiques. — • cd {c = ù c) : il
manque une syllabe , dont la restitution serait aisée , mais arbitraire.
On ne voit pas au juste pourquoi Roth et Grassmann s'accordent
à repousser pour viçvâdrsta le sens «qui voit toutw, donné par
' On pourrait se demander à quel propos «les flots des rivières cessent de
coulcrn ; mais ce n'est pas le texte de l'A. V. que nous avons en vue. H y faut
voir sans doute un simple cliché descriptif du calme de la nature endormie.
16.
2A0 V. HENRY.
Sâyana {viçvam drstarn yais), et s'en tiennent à cfvu de tous 15.
L'un et l'autre à la fois conviennent à la forme du mot et à ses
emplois. Plus bas, en 8 6 et 9 c?, le soleil est sûrement l'être
ffvu de tousi5 ; mais c'est sûrement aussi parce qu'il cfvoit tous les
êtresw qu'il peut rctuer les invisiblesn. En somme, tout tend à
faire soupçonner que ce mot à double entente a été employé par
un raffinement calculé d'expression et qu'il faudrait pouvoir lui
assijjner sa double valeur. Ici, mis au vocatif, on le traduirait
difficilement par tfô vus de tousw : c'est bien plutôt un hom-
mage à la vue perçante des invisibles ; mais en même temps il
prépare en quelque sorte le revirement marqué par pràtibuddhâs ,
et, autant qu'il est licite d'insister sur un calembouj", on interpré-
terait volontiers : rf 0 invisibles qui voyez lout, [tout le monde
aussi vous voit el] vous êtes devenus visibles, w Sur la semi-défaite
encourue par l'invisible qui se laisse voir, on se reportera à l'une
des données accessoires du thème A.
0. — Les deux demi-stances s'adressent respectivement aux
plantes curatives ^ et aux insectes nuisibles. — a. Généalogie des
plantes, cf. A. V. VIll. 7. 2, etc. Une syllabe en trop, mais vah
n'est pas indispensable. — b. Soma-plante est naturellement le
roi ou le frère [aîné] des plantes; mais la mention du ciel et de
la terre ne va pas sans un rappel lointain de Sôma-lune. Quant
à Aditi, sœur des plantes, c'est pur verbiage. — c == 5 c var. —
d. Adjuration qui devrait précéder le résultat constaté en U d.
7. — On exècre les invisibles, un à un, suivant leur habitat
et leur signalement : — a. ceux qui se fixent sur les membres, sur
le tronc (les épaules) de l'homme; — b. les sïidkàs, rr aiguilles r»,
c'est-à-dire ceux qui sont pourvus d'une trompe acérée, comme
les moustiques; les prakankatàs sont moins faciles à identifier;
cependant, si kânkata veut dire tr peigne n, si pradaksinâ et pra~
mukha impliquent trie côté droit du corps n ou crie visage tourné
vers l'avantw, etc., on voit que prakankaià'^ revient à cf tournant
son peigne en avant" ; il s'agit d'un insecte qui attaque avec l'ap-
pendice en forme de peigne dont la nature l'a armé, cf. supra 1 ;
— c. kim canehâ vah, cf n'importe quoi de vous» ; — d=^3 d var. ;
nijasyata , n succombez ! ».
8-9. — On décrit l'effet que produit sur les invisibles le so-
leil qui s'élève à l'orient (thème A), l'oiseau céleste qui prend son
' Croirait-on que Sâyana les applique toutes deux aux trserpents55? Car, à
partir de 5, c'est de serpents qu'il a affaire, et son commentaire devient à peu
près sans valeur. Voit-on le sôma frère des serpents ?
"^ Remarquer l'acceiituatiou , et cf. ddksina : pradaksinâ.
VEDICA. 241
essor (thème B). Sur viçv/idrsta , voir sous 5. Au lieu de viçvâni,
on lirait \o\oni\ers visâni , dont Sày. suppose l'ellipse. La scansion
jûriian est assez surprenante et de'nonce un raffinement d'ar-
chaïsme. Le sens du mot est vague, mais ne fait point doute : il
s'agit de fr détruire en masse toutes choses [nuisibles] n ou de
ff détruire quantité de venins 75; cf. la suite ^.
10. — ab. Ici apparaît enfin le thème C, l'évocation du so-
leil guérisseur, mais accompagnée d'une image déconcertante
dans sa plate et concise vulgarité, exactement ff j'attache le venin
au soleil, [comme une] outre dans la maison du liquorisleii. Que
peut-on bien tirer de là? Sàyana comprend que, de même qu'il
est licite de suspendre une outre chez le liquoriste, ce n'est pas
un péché de faire passer le venin dans le soleil. Il y a quelque
chose de cela, sans doute, et même le principe essentiel de la
physique védique justifie la comparaison latente du soleil fabri-
cant de poisons avec le liquoriste désigné au commentaire par
siirânirmàtar ; car, puisque les sucs venimeux existent comme les
salutaires dans la nature, il faut bien que le Dieu solaire ait
également distillé les uns et les autres -. Mais la comparaison est
plus implicite et la pensée plus enveloppée que la glose ne le
ferait supposer ; car on ne lit aucune particule signifiant f comme v ,
et en traduction rigoureuse c'est le venin actuellement conjuré
qui doit être pour le soleil une outre chez le liquoriste : il y a
beaucoup d'outrés chez le liquoriste, une de plus ou de moins
ne fait rien à l'affaire; et de même, il y a quantité de poison dans
le soleil depuis le temps qu'il en absorbe, car c'est là son office,
une dose de plus ou de moins n'y changera rien, il en a vu bien
d'autres, et par conséquent (c) il n'en mourra pas. . . Telle me
paraît incontestablement la suite des idées.
cdef. Séquence de petites phrases de prose hachée et ca-
dencée, qui est tout à fait dans le ton ordinaire des conjurations
magiques et se répète en lefrain de 1 1 à i3. — rfll n'en mourra
pas 55, c'est entendu. — « Ni nous non plusw, puisqu'il nous aura
guéris : tf nous^ désignant le patient. — ff Le conducteur des che-
vaux bais [a écarté] r) ou ff [puisse-t-il écarter] au loin l'attelage
de celui-ci fl : très énigmatique dans sa concision apprêtée. Le
verbe manque, mais ne peut être autre que le suggère ôrP. La
mention de l'attelage du Soleil ou d'Indra appelle allégorique-
ment celle du char de l'ennemi qu'il combat : or cet ennemi,
' 8 = A. V. V. 23. 6 var. ; 9 = A. V. VI. 53. 1 var. (respectivement i"et
9* demi-stance).
' Cf. Henry,/!. V., X-XII, p. 61.
^ li n'y a même plus d'ellipse si l'on fait remonter cakâra du pada/, comme
le propose fort sensément Sàyana.
2/12 V. HENRY.
ici, c'est fr l'invisible 75 ou trie venin», ou tous deux; et voilà par
quel abus de me'taphores le venin se trouve pourvu d'un attelage.
— cfLa [plante] douce t'a changé en douceurs, cf. A. V. VU. 56. 2
et V. i5. L'adjuration s'adresse au venin ^ : la douce est presque
sûrement le çara (canne à sucre), dont l'application doit méta-
morphoser en douce liqueur le suc venimeux absorbé par la plaie;
cf. les stances 3 et i^.
11. — ab. Pour l'expression , la tournure et le rythme sau-
tillant, rapprocher la jolie stance A. V. X. i. i6. Le diminutif
iyattakâ est formé comme lat. tantulus. 11 s'agit des petits insecti-
vores, et le conjurateur feint de traiter la morsure par le mé-
pris : comment craindre un poison que les oisillons mêmes ab-
sorbent sans façon en dévorant celui qui le porte?
12. — a b. La fin est irrémédiablement fausse : peut-être
visapiispam ajighasan, d'abord glosé, puis remplacé par visàsxja
pû§y(im aksan. On démêle l'intention générale : ff trois fois sept
petits vispulingas ont dévoré la floraison (la fleur, l'essence) du
venin». Mais pourquoi cf trois fois sept»? n'est-ce qu'un nombre
consacré et conventionnel? Et qui sont ces \ingt et un? des trjets
de flamme» ou des «passereaux»? Sâyana nous laisse le choix,
et il est probable que l'une et l'autre interprétation se réclame
d'une tradition autorisée. La seconde s'accommoderait mieux du
contexte et du rôle assigné en 1 1 à l'oisillon ; mais la première
est nettement étymologique (ff projetant des étincelles»), et pré-
sente l'incontestable avantage de nous ramener sur le terrain des
faits par l'allusion qu'elle implique à une médication réelle dont
les Védas offrent d'autres indices'-. 11 est difficile de croire que
les sorciers guérisseurs n'aient pas connu le procédé de cautéri-
sation de la morsure par application d'un tison, d'un fer rouge
ou de langues de feu : sept langues de feu, appliquées trois fois
chacune, sont donc censées dévorer l'essence active du venin; et,
comme d'autre part l'on vient de constater que les oiseaux dé-
vorent le poison, comme aussi rien ne semble plus naturel que
de comparer les flammes vives et frétillantes à des oisillons alertes^,
les deux métaphores se fondent en une seule, toujours dominée
sans doute par les données fondamentales des thèmes A et C ;
car, si c'est à leur nature solaire que les plantes (thème D)
doivent leur vertu curative, à plus forte raison cela doit-il être vrai
des flammes, visibles émanations du soleil. Plus bas (i^ a), où
' En suppléant visa avant ou après tvâ , ou obtient un pâda de tristubh.
= Cf. A. V. X. II. 26.
s R. V. V. 1. 1. = A. V. XIII. 2. AG, etc.
nous retrouvons encore des oiseaux en même nombre et même
distribution que nos vispulingakas, il semble que Téclair rapide
et chatoyant des aigrettes des paons avides à picorer leur proie
représente à merveille le frétillement des langues de feu occu-
pe'es à de'vorer le poison. Ainsi, malgré le laconisme de l'expres-
sion, les deux allégories se confirment et se complètent Tune
l'autre, et il ne semble pas douteux que nous n'ayons ici, comme
d'ailleurs dans la plupart des pièces de même genre, l'indication
d'un traitement médical réel, accompagné de cérémonies et de
paroles magiques qui en exaltent et en accentuent la puissance ^
1 3. — ab. Les finales des génitifs sont à prononcer en diérèse.
La stance n'est qu'un verbi;ige insignifiant : les rrnonanle-neuf
femelles qui délruis^nt le poison r> peuvent être les rivières (Sây.),
mais aussi les plantes salutaires, ou même des femelles d'oiseaux
insectivores. Au fond, tout cela revient au même.
ili. — a. Manque une syllabe, mais le vers se termine par-
faitement par mayûnah. Les tf femelles du paonw apparaissent ail-
leurs encore (A. V. VIL 56. 7), non pas, il est vrai, comme
tf emportant le venins, mais comme cr déchirant la bête veni-
meuse iî : nous avons vu que l'une et l'autre fonction relève du
même principe. D'autre part, le plumage du paon en fait un
excellent symbole de l'oiseau solaire (thème B); et enfin le
nombre des paonnes concorde avec celui des langues de feu men-
tionnées en 19. — h. Sur l'identité probable des trsept vierges
sœurs» et des sept plantes curatives, voir la stance 3. — cd. Le
reste est sans difÊculté.
i5. — ah. Il est bien difficile de comprendre pourquoi Grass-
mann et M. Zimmer- contestent à Sàyana le sens de rrichneu-
monw [nakulA) qu'il attribue à kusumbhakâ. La structure de la
proposition, sans doute, n'est pas d'une limpidité parfaite; mais,
telle qu'ils la traduisent, elle ne s'explique pas le moins du
monde; car, si le kusumbhakâ était l'animal venimeux que la
pi£rre dût fendre, la syntaxe et la logique exigeraient njattakàrn
kusumbhakdm au même cas que takdm. Tout indi(]ue que takâ seul
désigne la vermine et que le kusumbhakâ joue un tout autre rôle,
' Ou l)ien les visptilingakâs seraienl-ils des pointes de métal roiigies à lilanc,
ce qui s'accorderait également bien avec i'étyniologie «lançant des élinccllesn
el avec leur représentation comme de fins becs d'oiseaux venant l)ec(|ueter le
venin dans la plaie? On voit cjue les diverses bypotbèses cjue sufjgéreiit les
termes de notre morceau se meuvent, somme toute, dans un cercle très étroit
de vraisemblances.
' H. K,, II, p. /iôa ; Altindisches Leben, p. 99.
m
V. HENRY.
un rôle bienfaisant et auxiliaire de l'homme, comme on le verra
en 16. Qu'en fait il soit ou non l'iclineumon, il est bien certain
que cet office convient sans réserve à l'ichneumon, grand des-
tructeur de vermine et gardien le'gendaire d'un remède végétai
(A. V. VIII. 7. 28), et qu'en conséquence l'identification portée
au commentaire est des plus plausibles. Quant à la construction
grammaticale, il y a deux façons de la concevoir. Ou l'on isolera
le pàda a: tr l'ichneumon est tout petite, ou revoici le tout petit
ichneumonii ; après quoi, le conjuraleur passe à une autre idée,
et cette introduction parenthétique de l'animal n'est qu'une pré-
paration au rôle prédominant qu'on lui fera jouer dans la stance 1 6
et la conclusion du morceau. Ou bien — ce que je préférerais
de beaucoup — l'ichneumon est le sujet de la phrase, et c'est lui
qui parle, puisque le verbe est à la première personne : au pied
de la lettre, la cf pierre w dont il fend la bète nuisible, c'est sa
dent aiguë; mais, métaphoriquement, c'est le dard du Dieu so-
laire ou la foudre d'Indra [âçman) dont il apparaît ici comme
l'allié ou le substitut ^ — c d. Et par conséquent, tuant la ver-
mine [et fournissant le remède], il est censé aussi emporter ou
chasser le venin.
16. — Les conjurations du goût de celle-ci se terminent en
général par une formule qu'on s'eftbrce de rendre aussi affirma-
tive et péremptoire que possible, dût le mèlre final en souffrir
(d) : cfle venin est parti. . . le serpent est mort. . . l'homme est
guéri. . . 75, ici tfle venin a perdu sa sèvew. Mais la particularité
de notre clausule, c'est qu'elle est mise dans la bouche du ku-
sumbhaka lui-même, comme ailleurs dans celle du paidva, c'est-à-
dire du cheval de Pêdu, grand tueur de serpents'-; et je ne
pense pas, dès lors, qu'il puisse encore planer le moindre doute
sur le caractère bienfaisant et tutélaire du kusumbhaka. Je vais
plus loin, — je sais que bien peu me suivront, mais il me pa-
raît de loyauté élémentaire de dire toute ma pensée : — de même
que Paidva, le cheval blanc trqui sort de l'onde 15, représente in-
contestablement le soleil levant, de même ici je crois voir dans
tf l'ichneumon qui revient de la montagne ^^ l'image du soleil qui
descend le long des pentes du cieP. Et ainsi la pièce se termine
trioniplialement sur le rappel du thème A, qui est le motif essen-
tiel et dominant de toute cette singulière poésie.
' Ne pas oublier que ce petit reptile a, dans la mythologie védique, des
attaches solaires très accusées, dénoncées dans la légende postérieure par la
filiation de Nakula, frère jumeau de Sahadôva, issu des Açvins, et l'un des cinq
Pàndavas.
^ A. V. X. 4. i ; cf. Henry, A. V., X-XII, p. 12 et 56 sq.
^ Cf. supra 8-9 (pârvatebhias) et le refrain de 10-1 3.
VEDICA. 2^5
A titre de conclusion et de commentaire re'sume', je donne ici
la traduction suivie du morceau tout entier.
1. Un peigne. . . mais non, ce n'est pas un peigne. . . Et un
centuple. . . ce n'est pas un peigne non plus. . . «Ils sont deux a,
dis-je, -rdeux vermines», dis-je. Les invisibles ont disparu. —
2. Celle qui vient tue les invisibles, et elle les tue en s'en allant,
et elle les tue en les faisant rouler en bas, et elle les broie, la
broyeuse. — 3. Le çara, le kuçara, le darbha, l'orge, le riz, le
munja et le vîrina ont raison des invisibles : tous tant qu'ils sont,
ils ont disparu. — 4. Les vaches ont regagné l'étable, les fauves
se sont gîte's, les lumières des hommes se sont e'teintes, les invi-
sibles ont disparu. — 5. Mais les voici : on les a vus rôder, à la
brune, comme des voleurs; ô invisibles qui voyez tout, on vous
a vus et vous êtes de'couverts. — 6. 0 plantes, le Ciel est votre
père, la Terre votre mère, Sôma votre frère, Aditi votre sœur. 0
invisibles qui voyez tout, on vous a vus : tenez-vous cois; chut!
— 7. Fixe's à demeure sur le tronc ou sur les membres, dardant
un fin aiguillon ou un peigne menaçant, ô invisibles, tous tant
que vous êtes ici, tous tant que vous êtes, soyez ane'antis! —
8. Le soleil se lève à l'orient : vu de tous, il voit tout, il tue les
invisibles, oui, il broie tous les invisibles et toutes les sorcières.
— 9. Il a pris son essor, ce soleil sublime, lui qui sait de'truire
les venins en masse, lui l'Aditya qui du haut des montagnes, vu
de tous, voit tout et tue les invisibles. — 10. Ce venin, je l'at-
tache aux flancs du soleil, comme une outre aux murs du liquo-
riste. Et il n'en mourra pas ; et nous serons sauvés. Le Dieu aux
chevaux bais a chassé le char du venin. La douce plante, ô venin ,
t'a changé en douceur. — 11. Le tout petit oisillon, c'est lui qui
a dévoré ton venin. Et il n'eu mourra pas ; et nous serons sauvés . . .
— 12. Trois fois sept oisillons de feu ont dévoré l'essence du
venin. Et ils n'en mourront pas; et nous serons sauvés
— i3. Les nonante-neuf femelles qui détruisent le venin, j'ai
invoqué leur nom à toutes. Le Dieu aux chevaux bais a chassé le
char du venin. La douce plante, ô venin, l'a changé en douceur.
— 16. Trois fois sept femelles de paon, sept vierges sœurs ont
emporté ton venin, comme l'eau que puisent des porteuses d'urnes.
— i5. ffMoi, le petit ichneumon, je fends avec la pierre celte
vermine, et le venin l'a quittée, s'en allant aux contrées loin-
taines.» — 16. C'est l'ichneumon c[ui l'a dit en revenant de la
montagne : crLe venin du scorpion est impuissant; impuissant,
ô scorpion, est ton venin.»
'2à6 V. HENRY.
6. çihia àntrâni pece.
Dans son ensemble, la stancc où se lisent ces mots (R. V. IV.
18. i3) peut se traduire à peu près ainsi : trDans ma détresse je
cuisis les entrailles du chien, je ne trouvai pas un Dieu qui prît
pitié de moi; je vis mon épouse tombée en défaillance, et alors
le faucon m'apporta la liqueur, w
Cette stance sert de clausule à un hymne attribué à Vâma-
dêva, qui célèbre, sous une forme assez crue bien que très ob-
scure, la naissance et les premiers exploits d'Indra. Selon Sâyana,
elle se rapporte à une fâcheuse aventure arrivée à Vâmadêva,
tandis que M. Pischel préfère l'entendre d'Indra lui-même. De
cette dernière interprétation je ne dirai rien ici : l'analyse de
M. Pischel est aussi ingénieuse que profonde quant au reste de
l'hymne; mais, sur ce point particulier, il me paraît n'avoir dé-
montré que l'impossibilité absolue d'appliquer à Indra, soit la
cuisson des entrailles du chien, soit même la donnée moins in-
solite de ff l'épouse abaissée »^
C'est ce dernier mot seulement qui peut laisser prise à quelque
doute de traduction : le sens de âmaJilyamâna est tout simplement
wnon loué, non exaltée, soit donc tfsans gloires: ou ff sans joie^i ;
mais la comparaison avec àvartià frpar détresse n doit suffire à
faire entrevoir dans cette expression exceptionnelle un euphé-
misme qu'on traduirait assez exactement en français, à la vulga-
rité près, par rrqui n'en menait pas larges. Si même l'on s'en
fiait à une valeur étymologique malheureusement quelque peu
lointaine, il serait fort séduisant de rapprocher âmahlyamâna de
l'allemand ohnmachtig, et l'on dépasserait ainsi les sens un peu
ternes et vagues r erniedrigtw (Pischel) ou tr freudeulosw (P. W.),
pour sauter d'un bond à l'idée de tr défaillance» que je viens de
hasarder dans ma propre traduction.
Quoi qu'il en soit, écartons pour l'instant les éléments indécis
et par présomption adventices, qui ne s'expliquent pas d'eux-
mêmes et ne sauraient rien nous apprendre. Il y a dans le mythe
deux traits caractéristiques : le premier et le dernier. Si nous ne
possédions que le premier et le dernier vers de la stance, mis
bout à bout, peut-être ne serions-nous point trop empêchés de
savoir qu'en faire. Sachant désormais avec certitude, grâce à
M. Bloomfield -, que l'aigle qui apporte la liqueur est l'éclair qui
précipite les eaux de la nue, nous soupçonnerions dans la cuisson
un préliminaire indispensable à la chute de la pluie, et alors
» Ved. Stud., 11, p. 5i.
* Contrib., \ = J. of the Am. Or. Soc, XVI, p. 1 sq.
VEDICA. 2A7
nous ne pourrions manquer de nous souvenir de la stance R. V.
I. i64. 63 = A. V. IX. 10. 25, où sont de'crites en ces termes les
approches de l'orage : p J'ai vu se répandre entre ciel et terre une
épaisse fumée : ce sont les héros (les Maruts?) qui ont fait cuire
le taureau tacheté. . . ^.v Le tacheté, on le sait, c'est toujours le
nuage, et la fumée que dégage sa cuisson, c'est la nuée noire
d'où tout à l'heure jailliront le feu et l'eau du ciel. L'allégorie
est transparente, et nos deux devinettes rentrent parfaitement
l'une dans l'autre en se complétant réciproquement. Mais il y a
quelque chose de plus dans celle qui nous occupe en ce moment :
il y a des circonstances accessoires et, si je ne me trompe, sur-
ajoutées, qui me paraissent des mieux propres à illustrer la ma-
nière dont je conçois le développement, la transformation en
récit, d'une énigme naturaliste et primitive. 11 va sans dire que
les intermédiaires que j'imagine pourraient être multipliés.
i" stade : la devinette toute nue. — rOn cuit le chien; la
fumée monte; puis descend un grand oiseau qui apporte de la
liqueur : qu'est-ce que c'est?»
On conviendra qu'un pareil jeu d'esprit n'est hors de la portée
d'aucune intelligence. Cependant, pourquoi la fumée est-elle
censée procéder d'une cuisson? parce que, dans la vie sauvage
ou la vie rustique, on n'active guère le feu que pour cuire les
aliments. Et pourquoi est-ce un chien que l'on cuit, plutôt que
tout autre animal, ou même des légumes? Le choix est-il tout à
fait arhitraire? 11 ne semble pas : le chien hurle et le nuage
tonne ; voilà le trait d'union entre les deux idées. Dira-t-on que
lorsqu'on fait cuire le chien .il ne hurle plus? A la bonne heure;
mais, lorsque le bœuf est au feu, il a également cessé de mugir;
et pourtant il est bien certain que c'est à raison de ses mugisse-
ments que le nuage a été surnommé cf taureau». La vérité est que
deux concepts différents se sont rencontrés et ont joué ensemble :
le nuage qui monte est fumée ; le nuage qui gronde est chien ou
taureau; cela posé, il a paru piquant de dire que la fumée venait
de la cuisson du taureau ou du chien. La seule objection que je
prévoie, c'est que, si dans le Véda les nuées sont souvent des
vaches, on ne les y trouve jamais déguisées sous la forme de
chiennes-; mais ce serait vraiment trop exiger d'un livre relati-
vement aussi récent, que de vouloir qu'il nous eût conservé dans
leur nudité première tous les thèmes de folk-lore qui se sont
insinués dans sa trame multicolore.
2* stade : ébauche de récit. — crUn jour, un homme cuisit un
' Cf. Henry, A. V., VIII-IX, p. 1 1 4 et i56.
• Et toutefois, qu'est-ce au juste que la chienne Saramâ?
2/il8 V. HENRY.
chien ; alors il vint un aigle qui lui apporta à boire. ■" Cest le
conte populaire, tel quon le recueille encore de la bouche de
certains illettrés, dans toute son absurdité transcendante et brute.
3* stade : vague légende pieuse. — Mais cette absurdité ne
satisfait pas tous les esprits. Tel réfléchit et se demande quel
rapport il peut y avoir entre la cuisson du chien et l'arrivée de la
liqueur. La magie est de toutes les époques : Topéralion ne serait-
elle pas un sortilège? Enire temps, un culte est né, dont les rites
sont sanglants : la cuisson du chien ne serait-elle pas un sacri-
fice? Entre temps aussi, des idées religieuses se sont développées :
les Maruts, simples génies des tempêtes, sont devenus les com-
pagnons d'un Dieu vénérable, et eux-mêmes des sacrificateurs
divins : s'ils cuisent le taureau , ce doit être en holocauste, comme
l'implique la clausule de la stance qui les concerne ^ Ainsi nous
dit-on explicitement que ffles Dieux offrirent le chien en sacri-
ficen-; et ainsi sommes-nous irrésistiblement amenés à penser
que ff la cuisson du chiens est un sacrifice oflert par un suppliant
en détresse, comme l'implique d'ailleurs le développement ulté-
rieur de la légende.
U" stade : récit complet et organisé. — L'imagination d'un ou
plusieurs conteurs brode sur cette double donnée : un sacrifice
et une prière exaucée. On enjolive et l'on dramatise la légende
primitive : on donne une épouse au suppliant, on feint que les
Dieux ont tardé à répondre à son appel, et le tout enfin aboutit
à un conte d'une parfaite cohésion, tel qu'il semble permis de le
restituer dans les grandes lignes d'après le canevas que nous
fournit notre stance. rr Un homme nommé Vàmadêva et son
épouse étaient perdus dans le désert et en danger de mourir de
soif. Il invo(jua les Dieux; mais il n'avait rien à leur sacrifier.
Dans celte détresse, sa foi et sa piété l'inspirèrent : il prit le
chien qui l'accompagnait, et, l'ayant tué, il en fit cuire les en-
trailles en holocauste. Tandis que la fumée montait, il interro-
geait le ciel; mais ie ciel demeurait sourd à sa prière. Déjà le
malheureux se désespérait; déjà son épouse défaillait sur le
sol . . . Tout à coup, un aigle fendit la nue et leur apporta la
douce liqueur qui les ranima. ti
Il serait évidemment intéressant et probant de retrouver ce
récit, sous une forme quelconque, dans la littérature postérieuriî;
mais à tous risques j'avouerai que j'en suis à peu près aussi sûr
que si je l'y avais lu ^.
' ff Telles furent les lois premières» R. V. I. i64. hS d.
■' A. V. VII. 5. 5 ; cf. Henry, A. V., VII, p. 5o.
^ La meilleure preuve, en somme, que Vàmadêva ne cuit pas le chien pour
VEDICA. 249
7. sômo nà (R, V. V. 36, 2).
La comparaison, au premier abord, semble assez incohérente :
ffO héros aux chevaux bais, puisse le sôma monter jus(ju'à tes
mâchoires et à la jointure de ton casque ' comme sur le flanc
d'une montagne !r> Mais on a déjà fait observer ici- que Tincohé-
rence du Véda ne dépend en grande partie que de la façon dont
nous le traduisons.
Ainsi que Ta fait observer Bergaigne ^, la place de nà indique que
sômo appartient à la fois à la proposition principale et à la com-
paraison : rr puisse Sôma monter. . . . comme il gravit la mon-
tagne ! 17 Si dès lors on tient compte des rapports fréquents établis
par la versification védique entre le sôma et la montagne, — -
soit parce que le sôma céleste découle de la montagne du ciel
(le nuage), soit à raison de l'origine montagneuse de la plante
à sôma elle-même, — on entrevoit d'une idée à l'autre un rap-
port admissible, quoique encore extrêmement factice. On le com-
plétera en se souvenant de l'identification de Sôma et de la lune :
sômo, en tant c[ue terme de comparaison fait double sens,
•r comme la lune émerge sur le sommet de la montagnes.
On voit les rayons d'or en illuminer le faîte, comme la jaune
liqueur inonde le visage d'Indra : tableau pittoresque, compa-
raison juste et peu banale, dont le piquant, pour le poète vé-
dique, se double d'un jeu de mots imphcite.
8. çipre'^.
Le sens de «mâchoires (ham), joues, lèvres w pour çipre duel,
indiqué par les commentaires indigènes, est, comme on le verra
dans un instant, partout inutile, et ([uelquefois même gênant.
L'origine de cette interprétation doit sans doute être cherchée
dans le fait que la mention des çipre d'Indra accompagne souvent
celle de ses orgies de sôma; mais cette association de termes
s'explique aisément dans un tout autre ordre d'idées.
Pour i'ipràs pluriel, le sens de cf coiffures [umlsamayijah) ou
mieux ff armure de tête 17 s'impose absolument : R. V. V. 5û. 11;
le manger, c'est qu'ensuite on lui apporte à Ivoire : il meurt donc de soif, et
non de faim.
' Voir plus 1)0S l'article çtpre.
^ Vedica, 1" série, p. 10 = Mém. Soc. Ling., IX, p. 106.
^ Syntaxe des comparaisons védiques = Mcl. Reniei', p. 79.
* Celte note n'est jjuère que li; (Ic'voloppement et peut-être la ronlirnialion
étymologique d'une suggestion de Hergaigne {Mém. Soc. Ling., Vlil, p. a.^,
n. i3 = Quarante Jlytnnes , ibid.). Je la publie uéanmoiiis parce qu'elle a été
conçue et rédigée indépendamment de la sienne.
250 V. HENRY.
VIII. 7. 2 5. Il est d'ailleurs traditionnel, et probablement étymo-
logique; car, en mettant à part x£(pixXïj et kapàla, dont on ne
sait trop que penser en dehors de ce qu'en a dit M. Meillet
[Mém. Soc. Ling., VIII, p. 281), on voit que çip-rà et cap-ut pa-
raissent coïncider rigoureusement, soit pour le vocalisme, soit
pour le consonantisme de la racine ^ On doit donc présumer que
la çiprà est une pièce d'armure de tête. Le casque peut se com-
poser de deux pièces qu'on rabat l'une sur l'autre par devant les
lèvres : ce sont les çîpre. Ou bien il en comprend plusieurs, qui
s'ajustent et s'emboîtent les unes dans les autres au sommet de
la tête [çtrsdsu, çlrsân), et ce sont les çipràs. Mais, quel qu'en
soit le nombre, le mot ne signifie jamais que fr casque a, ce qu'un
court examen permettra de démontrer.
A commencer par les dérivés, YaiTot^ çipmvàn, dont la forme
supposerait un *çipra neutre, — observer que le duel çipre s'en
accommoderait également, — et le très fréquent çiprin, presque
toujours épithète d'Indra, donnent un sens excellent si on les
traduit par frarmé d'un casque w. Au contraire, si l'on part de
çipre hanîi nàsike va (Sây.), on n'aboutira jamais qu'à rr pourvu
de lèvres w ou trde nezi^, et l'on conviendra que cela est un peu
terne. C'est en forçant et relevant artificiellement l'expression que
le commentaire obtient çobhanahanûyiiktah frayant de belles mâ-
choires75 ou trde belles joues 15; et, même en y souscrivant, on
peut à bon droit se demander si ces joues « brillantes w (çobhana-)
ne sont pas précisément les lames de métal qui couvrent ie visage
du Dieu.
A plus forte raison, en dira-t-on autant de VaTra^ çiprûiivàn. Car
de ce dérivé quaternaire on ne saurait tirer le sens de k joufflu w.
Quoi que signifie çiprin, rayant des joues n, ou rr composé de
pièces de casque '7, il est clair que son féminin employé' substan-
tivement *çiprmi ne peut avoir une autre signification que celle
de tr casque w : d'oii, çiprinlvân tr casqué n. Et cette interprétation
sûre confirme, s'il en est besoin, l'idée que nous nous faisons de
la valeur de çiprin tout court.
Passons aux composés : âyah-çipra et htranya-çipra signifient
respectivement ffau casque d'airain w ou cr d'or 55, et les lèvres en
métal sont, je pense, hors de question-; hiri-çiprâ ne diffère
' II est remarquable que, sous suçiprd R. V. II. 12. 6, Sây. glose suçîrsako va.
■^ Qu'on n'oljjecte pas âiio-hntm tfà la mâchoire de fer»; car ie pendant *hî-
ranya-lianu n'existe pas; en d'autres termes, la nature métallique, en tant
qu'elle s'applique aux çipràs, doit être prise à la lettre, tandis quelle est pu-
rement métaphorique dans àyohanu comme dans âyndamstra. On remarquera,
au surplus, que ces deux épitliètes appartiennent spécifiquement à Agni, ie
formidable dévorant, alors quàyah-çiprâs se dit des Rbhavas, qui n'ont jamais
passé pour rr mordre» qui que ce fût.
VEDICA. 251
point de celui-ci pour le sens, et à peine pour la forme; suçiprà,
cran beau casque i?, fournit certainement un sens plus topique
qu'avec l'acception de rt lèvres » , et dâça-çipra (nom propre) semble
l'exclure sans restriction possible; enfin, vrsa-çiprà, épitbète du
Dàsa, ne signifie point rrau mufle de taureau», mais frqui porte
un casque en forme de mufle de taureau », genre de décoration
animale trop commune partout, et particulièrement dans les
peuplades barbares et demi-sauvages, pour provoquer la moindre
surprise. Restent viçipriya rsans anses» (épitbète d'un vase à
sôma) et viriçiprà (nom propre d'un démon), termes trop peu
clairs pour décider soit dans un sens soit dans l'autre.
Nous passons enfin aux emplois du mot çiprà isolé, au duel
seulement, puisque le sens du pluriel n'est pas contesté.
1° R. V. 1. 101. 10 : tf Viens t'enivrer avec tes chevaux bais,
ô Indra, [et à cet effet] vi sijasva çipre-n, non pas ff dénoue tes
lèvres -^j mais « dénoue les deux pièces de ton armure de tête,
ouvre ou défais ton casque», comme Don Quichotte pour boire
le baume de Fierabras, ou le macabre Fritz du Souper des Ar-
mures (Th. Gauthier).
2° R. V. m. 32. 1 : tcO Indra, viens boire le sôma que voici,
le pressurage de midi que tu aimes : [praprûthya çi'pre) écartant
d'un souffle puissant les deux pièces de ton casque, enivre-toi ...»
Même idée : nul n'a besoin de souffler pour ouvrir les lèvres;
elles s'ouvrent bien toutes seules; mais écarter les lames du
casque en soufflant dessus , c'est un tour de force bien digne de
l'haleine d'un Dieu.
3° R. V. V. 36. 9 : traduit sous l'article précédent. Avec le
sens de «lèvres» çîpre ne serait qu'une redondance fort plate.
U° R. V. VIII. 76. 10 : crEn te dressant dans ta force, ô Indra,
en buvant le sôma pressuré dans la cuve, tu as fait trembler les
bajoues de ton casque ^^ [çi'pye avepayah). S'il n'avait fiiit trembler
que ses propres mâchoires, il n'y aurait rien là d'étonnant ni
d'exceptionnel, et le tableau serait plutôt grotesque.
5° R. V. X. 96. 9 : rrLui dont les cavales d'or ont pris leur
essor comme deux torrents, lui dont le casque d'or se rue en
avant, pour [conquérir] le butin. . . » Le sens de la seconde épi-
tbète harini est précisé par le parallélisme de harint désignant les
deux chevaux bais, et précise par là même celui de çtpre, qui
d'ailleurs, dans une phrase de ce genre, ne peut s'entendre ni
des lèvres, ni des narines, ni des mâchoires.
6" R. V. X. io5. 5 : ffLui qui monte les deux chevelus. . .
[vanôli çipràhhyâm çiprinlvàn) le casqué qui conquiert au moyen de
252 V. HENRY.
son casque 15 ou «le conquérant casqué d'un casques, avec un
pléonasme dont les Védas offrent maint exemple Le sens de
çiprinivàn une fois fixé comme on l'a vu plus haut, celui du cor-
rélatif fî/;r«Wi^â/w s'impose; et, même en le faisant dépendre de
vanôti, on doit convenir que tr conquérir avec un casque t^ est une
expression autrement claire que ff désirer avec les lèvres».
En résumé, pas un cas qui ne s'ajuste au sens de tr casque»,
et plusieurs qui répugnent à celui de «lèvres». Qu'on y joigne
l'étymologie probable : la démonstration paraît suffisante ^
9. jagmivân (R. V. X, 10, 1).
Bien que M. Geldner n'attache point à la rigoureuse concor-
dance des formes grammaticales en védique la même importance
que moi, il a bien vu^ que ce masculin ne peut tenir lieu d'un
féminin, ni par conséquent s'appliquer à Yamî. Il l'applique
donc à Yama, et avec grande raison; car c'est Yama qui tf fran-
chit les vastes pentes» (R. V. X. 1/-1. 1). Seulement il traduit le
participe en verbe fini et l'incise comme une proposition princi-
pale. Ce n'est pas ainsi que j'avais envisagé la question, il y a
longtemps, lorsque la même idée m'était venue sans que je la
publiasse. Les cas sont assez nombreux dans le Véda où il y a
lieu d'admettre l'enjambement d'un pâda pair sur le pàda im-
pair suivant, et nous en avons ici un exemple, soit donc :
ff Puissé-je me concilier l'amitié de mon ami ! Fi'anchissant maint
océan [pour me rejoindre], || daigne le sage divin procurer un
petit-fils à son père et songer à se perpétuer sur la terre!»
V, Henry.
' A ce sujet, mon obligeant confrère M. Meitlet veut bien m'écrire : «L'élymo-
iogie de véd. nprâ dont vous me partiez me plaît beaucoup. Quant à kapâla,
caput, j'avais des doutes sur ce rapprocl)cment depuis longtemps : 1° parce que
je ne crois pas à sk. k en face de lat. c (et non qu) hors de certaines conditions
définies; 2° parce que les exemples de la voyelle i.-e. a en sk. sont infiniment
rares ailleurs qu'au commencement des mots; 3" parce que, pour le sens, lat.
caput et ags. hênfod répondent à sk. ciras, et indiquent miiquement l'idée de
tftète, partie supérieure n, non celle d'ttécuelle» qui est primitive dans kapâla,
ni même celle de rc crâne n v
^ Guriipùjdkaumudt, p. 19 sq.
ETYMOLOGIES.
Le verbe SoKéw.
Il existe chez Homère un verbe irrégulier et de'feclif qui a beau-
coup occupé les grammairiens et sur lequel Buttmann a e'crit,
dans son LexUogus, un de ses meilleurs articles^. C'est le verbe
qui fait à Taoriste Sôcno ou Séa^o (les manuscrits ne sont pas
d'accord sur la voyelle). Le sens de ce verbe n'est pas douteux :
il signifie r: paraître , sembler, avoir l'airw.
JlpOGdsv fxèv yàp hij fj.oi isméXios Séar' etvcci,
NOr §£ ^-sotcrtv éoiKS. . .
{Od., VI, 2/19.)
ff Avant il me semblait d'aspect méprisable. Maintenant il est pareil
aux dieux.»
Ce SéaTO ou SoaTO est un ana^ Xsyoïxevov chez Homère. Mais
dans les Recueils d'Hésychius et de VEtijmologicum Magnum^ nous
trouvons deux formes apparentées :
AéaTai • (paiveTat, hoKSi.
Aeà[tr}v ' èhoxifici^ov, èhô^a^ov.
( Hésychius. )
On aurait [)u néaninoins rester dans le doute sur ce SéocTO si,
par une heureuse rencontre, une inscription trouvée par M.Fou-
cart eu 1869, à Tégée, ne nous l'avait pas représenté jusqu'à
trois fois :
Eï xâv SsoLTOi cr(psis 'sfoXsfxos ^vcci à xwXvoov crsi la guerre leur
paraît être l'empêchement w;
^afxiovTO) oî êcrSoTrfps? oaott âv SéaTOi (7(^815 ^aj^/at rrque les
magistrats chargés de l'adjudication punissent de l'amende qu'il
leur semblera bon«;
et S' av Tis Tùjv èpywvdv rj tôjv èpya.t^oiiévwv éwripsid^sv Séaroi
îv Ta ipya.. . . «si quelqu'un des entrepreneurs ou des ouvriers
semble faire obstacle au travail-^.
' II, p. 101.
* Cauer, Delectus, n" ^157.
MÉM. UNO. — -IX. 17
25/i M. BRÉAL.
Le sens de Séoaoi dans ces trois passages n est pas douteux :
c'est celui du latin videri.
Mais ce même vers reparaît encore chez Homère sous une autre
forme. Il a pris la de'sinence -a^o), -a^Ojua*, si usitée plus tard,
déjà fréquente aux temps homériques, comme on le voit par les
verbes comme fxtydlofioti ffse mêler r», dsKix'(o(x(xt refaire quelque
chose à contre-cœur. T) On a eu de cette façon un verbe Soa^ofxai
tr semblera, qui revient régulièrement toutes les fois que le poète
veut nous dire qu'une résolution a semblé la meilleure :
whs hé oi (ppovéovTi Soào-ffaTO xéphiov etvai^.
Les commentateurs expliquent par êSo^e.
En dehors de ce vers qui revient souvent sans changement,
nous en avons un autre où paraît le futur Soaa-a-STai. C'est Nestor
qui donne des conseils à sou fds Antilochus pour la course des
chars {Iliade, XXIII, 33 9). Il doit tourner le but de si près qu'il
ait l'air de le frôler :
èv vvatjr} Si roi ÏTfito? àpialepos èy')(jpi\i(pdr)f(ti,
œs âv TOI T^rXrjfxvY) ye hoàaaeroii ânpov inéadai
xiHkov 'zroirjTOio.
Le scoliaste explique SodcrosTOii par (pavTaa-dtj, voiiicrBr).
A côté de Sod^oixoLi il y a dû avoir aussi une forme Sed^ofiai
ou Seid^oixai. C'est ce qui ressort de la glose d'Hésychius :
hictcrOev èhàxovv^.
Ce verbe dérivé Socc^oijuxt, Ssid^Ofxai a donc remplacé un verbe
plus ancien auquel appartiennent les formes comme SéoLio, Séa-
701, fîeaf/ar. Quant au sens, il est toujours le même, c'est repa-
raître, sembler n.
Ce verbe a-t-il disparu de la langue grecque ?
Je ne le crois pas. Il serait étrange qu'un verbe si nécessaire
eût succombé. Je crois qu'au contraire il est très employé en grec.
Une chose a dû frapper le lecteur : c'est la persistance avec
laquelle, dans les commentaires des scoliastes, nous voyons re-
paraître le verbe Soxéoo. Cette synonymie est déjà un avertissement
pour l'observateur.
Le X n'a rien qui doive nous étonner. On a un assez grand
nombre de verbes pour lesquels il existe deux formes, avec ou
sans X. Nous citerons seulement :
oXXvfxi et oXéxco
êpvco êpvxco
1 Voir par exemple IL, XIII, A 58, Od., ^^h^h.
* Les manuscritsdonnent^/affôev, mais l'ordre alphabétique réclame ^e/atrôei;.
ÉTYMOLOGIES.
•255
/Sop- Gt
(2pvxM
Scôxcj (cypriote)
enlaxov
SéSlCL
SéSoixa.
Une des plus belles observations de George Curtius a e'ië de
montrer que ce x est le même que nous avons dans les parfaits
comme 'oséTtlcûxa, léXvxa, ainsi* que dans les aoristes é'Scoxcc,
ëdvxa, srjxa..
Aoxéo appartient à cette même formation. On sait que Soxéo)
n'est pas un verbe contracte ordinaire : il fait au futur Sg^co^ à
l'aoriste iJ'o^a, au parfait passif SéSoxTai. Il a donné naissance
à des dérive's comme Sôyçjta, Sô^a, qui s'écartent de l'analogie
des mots tirés de' verbes contractes. Je suppose que l'intermé-
diaire entre Soxéco et SéctTcti est un ancien parfait ^ei^oxe <•? il semble r, ,
qui n'a pas survécu, mais qui a laissé un héritier très vivant dans
le verbe Soxéw^.
C'est ainsi que le langage ne laisse rien perdre de ce qui lui
est utile; mais il remplace les anciennes formations, devenues
trop irrégulières et trop malaisées, par des formations plus mo-
dernes et plus commodes.
Il resterait à trouver l'étymologie de cette famille de mots.
Mais, en l'absence du témoignage des langues congénères, il est
difficile de rien dire de certain. M'étant d'ailleurs renfermé jus-
qu'à présent dans la langue grecque, j'aime mieux ne pas en sortir.
Arrivé à cette antique période de l'histoire du verbe Séarai, je
crois qu'il faut mettre cette ligne de points par lesquels les géo-
graphes marquaient autrefois les terres inconnues^.
K.a.7Tpa.tvoL, Xvxaiva.
Le grec forme le féminin d'un certain nombre de noms d'ani-
maux au moyen du suffixe -aiva :
xaTTpos
Xvxos
xct.'Kpaiva
Xvxaiva
Zs
vaiva
Spaxwv
Spaxo-iva.
Xsaiva.
Il est clair qu'il doit se trouver un chef de file. Je crois , en outre,
' A ceux qui sont familiers avec les observations de la {jrammairc comparée ,
il n'échappera pas que c'est tout à fait l'histoire dos varhasfacioeljacio en latin.
Comparez aussi en grec SetSherofmt tr craindre» (pour SeiSiH.jofji.oii), dérivés du
parfait SeiSoixa.
- J'ai indiqué, dans mon Dictionnaire latin, la parenté probable avec decet,
decus.
17.
256 M. BRÉAL.
que ce chef de file qui a entraîné à sa suite ces divers noms d'a-
nimaux, doit être lui-même un nom d'animal.
On sait que l'extension des suffixes est soumise à certaines
règles se'man tiques. L'esprit populaire, lui non plus, ne procède
point par sauts : il va de proche en proche, d'après certaines as-
sociations d'idées faciles à comprendre pour tout le monde.
Je n'ai pas besoin de dire que le point de départ ne peut être
un nom comme XeW, Spdx^ov. Ces mots, au féminin, auraient
produit Xéovaa, Spdxova-a.
Il n'y a, à ma connaissance, qu'un seul mot grec qui réponde,
pour le sens comme pour la forme, au desideratum que nous
cherchons. C'est xvcov vie chien w. Kvoov a dû avoir anciennement
un féminin nvaiva, comme Xctxcov, TéfiToov ont fait Xdxaiva, tsk-
Le grec classique a abandonné ce féminin. Il dit ri kvcov, ou
bien xwicrxr). Mais la formation, comme on voit, avait eu le temps
de se propager.
La linguistique parvient donc ici à reconstituer (si je ne me
trompe), avec une grande vraisemblance, un vocable qui ne s'est
conservé nulle part.
KvSpa.'KoSov.
Ce composé ne s'explique que si on le replace dans la série
dont il fait partie.
Le grec avait un vocable pour désigner le sol : Sd-TreSov. Ce fut
une première forme de la propriété. Une autre sorte de propriété,
ce que nous appelons aujourd'liui la ff propriété bâties, c'est oIkS-
TreSov. Enfin l'esclavage étant dans l'antiquité une troisième
forme de la propriété, l'esclave s'appela àvSpdiio^ov. Il ne fau-
drait donc pas expliquer ce mot en le séparant de ses compa-
gnons, comme on a fait quand on a supposé que l'esclave était
ainsi nommé : œno lov d7:oS6crdat (à cause de la vente) ou : dna
7ïjs zféSï]? (à cause des chaînes aux pieds ^).
Il ressort de ces composés que tssSov ou ^aôSov doit être en-
tendu au sens de trbienw, comme quand nous disons cries biens
meubles et immeubles w. Il ne s'est conservé qu'à la fin des com-
posés, à peu près comme les syllabes -tum, -heit, -schaj't, en alle-
mand.
' Je cite, à titre de curiosité, l'étymologie de Prellwitz. ffDer mit menschli-
cbeu Fùssen versehene Teii des Tspô^onov. n
ÉTVMOLOGIES. 257
Sc>}prj(7(7Sa-9ai^ Annare.
Quand j'ai fait dériver armure de armm tf e'paule ^ ii , j'aurais dû
mentionner un fait absolument semblable en grec. Le substantif
Q-côptj^f: poitrine n a donné B-ooprja-crea-doti ^ (]ui , déjà dans la langue
homérique, signifie 'fs'armen: :
MJ7Tep s(xr). Ta fièv buXa. S-eôs Tsàpsv, oî' èirieixès
Èpy' énsv ddaviriov, (xri^è jSpoTov âvhpa. xeXéaaai,
Nûv S'^TOt [Lsv èyw Q-copyj^onat. . .
{Il, XIX, ai.)
OvTS -nroT es -crdXsfxov âp.a Xaù> B-ci3prj)(dyjvai,
Ot/TS Xè^ovh' iévai crvv dpi(7lije<T(7iv Ap^atwv
{U., I, 326.)
La divergence entre les deux langues est qu'en latin armare a
ensuite donné naissance au substantif dérivé arma, au lieu qu'en
grec, par un procédé un peu différent, le verbe a communiqué
sa signification au primitif S-aJprjf, qui, dès lors, a voulu dire,
non seulement rr poitrine w, mais encore cr cuirasse tî.
H èSôs.
Parmi les mots en os qui, contrairement à leur désinence, sont
du genre féminin, il y a >? oSos, v xsXevOos, >) oipios, rj TpiSos,
qui tous quatre expriment l'idée de chemin ou de route.
Peut-être avons-nous ici un reste de ce qu'on pourrait appeler
la tendance anthropomorphique de la langue. Le même tour
d'esprit qui fait qu'encore aujourd'hui nous disons f embrasser
une profession, une opinion, un parti i', et qui faisait dire aux
Latins amplecti dignitates, artem, virlutem, ce même tour d'esprit
a pu suggérer l'idée du féminin pour une voie ou une route qu'on
choisit. Cf. en allemand : einen Weg ergreifen.
On demandera peut-être pourquoi les Grecs, pendant qu'ils y
étaient, n'ont pas dit : rj oSrj, r? oïfxr]. Mais c'est que l'imagination
a plus vite fait de changer l'idée que le langage de changer la
forme. C'est ainsi que se produisent les anomalies. Quand les
Romains ont commencé de se représenter l'Amour sous l'appa-
rence d'un jeune garçon armé d'un arc et de flèches et ayant les
traits de Œpus grec, ils ont changé le genre du mot latin Cu-
pido. Mais ils n'en ont pas modifié le suffixe, qui est celui des
mots féminins comme libido, dulcedo.
' Mémoires, IV, 89.
258 M. BRÉAL.
Fabulœ mânes.
Il existe en grec deux verbes qui se ressemblent par leur forme,
mais qui diffèrent notablement par le sens, l'un signifiant repar-
ler», l'autre ftparaîtren. L'un est le verbe (prjixi, l'autre le verbe
(paivcà. Le verbe (pvfJiî a une racine Çirj ou (pa, qui se retrouve
dans (pt{(j.i] te la renommée tj, Çxxtis tla rumeur 77, (pdais cda pa-
roles, etc. D'autre part, le verbe (palvw a une racine (pav ou (pa
que nous avons, par exemple, dans <pav6i tr clair w, (^dcryca cr ap-
parition w, (pavTd^ct) refaire paraître i^, etc.
Si nous cherchons en latin les repre'sentants de ces deux ra-
cines, nous trouvons bien que la racine reparlera est repre'sentée
T^diV fan , fàma , fâium , fabula , etc. Mais il semble que l'autre ra-
cine., celle qui signifie reparaître, n'ait rien donne'.
Je crois qu'il y a en latin un survivant de cette racine : mais
il a e'te' absorbé parla famille du verbe y^n, dans laquelle il a
rencontré précisément un homonyme. Je veux parler du mot /a-
hula «apparition», qu'on a amalgamé avQcfabiiIa re parole, fable».
Je rappellerai d'abord les vers d'une ode bien connue d'Ho-
race:
0 béate Sesti,
Vilœ summa brevis spem no^ vetat inchoare longam :
Jam te premet nox , fabulaeque mânes ,
Et domus exiUs Plutonia . . .
Ce fabulœ mânes ft bien embarrassé traducteurs et commenta-
teurs* On a généralement fait da fabulœ un génitif: reLes mânes
de la fable.» Un commentaire latin fexplique de cette façon :
Fabulosi inferi, de quitus et poetœ et philosophi tam multafabulantur.
Mais pour qui lit d'une venue les vers d'Horace, cette interpréta-
tion n'est pas acceptable. Le poète, qu'il soit réellement croyant
ou non, admet en ce moment comme vraie la donnée mytho-
logique : il parle des mânes, il va parler de la triste demeure de
Pluton, ce n'est pas le moment d'intercaler un mot qui infirme-
rait ce qui précède et qui détruirait tout le mouvement de sa
pensée. D'autre part, la symétrie réclame un nominatif de pré-
férence à ce génitif d'une latinité douteuse. Orelli suppose en
effet que fabulœ est un nominatif; il met en note : Mânes fabulosi ,
id est humes. ^Ims fahnlœ ne peut se mettre à la place do fabulosi.
Fabidœ mânes était, à ce que je crois, une expression toute
faite, qui nous a conservé le vieux mot fabida^ signifiant «ap-
parition». La racine est ici la même que dans le grec (paivw,
d'où les substantifs (pdaixa, (pdvTaafjux. La racine sanscrite est
bhâ reparaître», d'où bhàma-s re apparence», bhânu-s (même
ÉTYMOLOGIES. 259
sens). Le suflBxe est ie même que dans siibida, pabiilum, concilia-
bulum ^.
Le même mot reparait chez Perse (V, lôa); le poète donne
des conseils à un ami qui ne sait pas jouir de la vie :
Inddge genio ; carpamus dulcia ; nostrum est
Quod Aivis : cinis et mânes et fabula fies.
On a traduit, en forçant un peu les choses : «Tu deviendras
une fable n, c'est-à-dire mn mot, un vain souvenir rj. Mais ici
Perse, soit qu'il ait connu les deux mois fabula, soit qu'il ait été
simplement guidé par l'usage, a voulu dire : «Tu deviendras
une ombre, un fantôme. t^
La pensée — et même l'expression — sont à peu près les
mêmes que dans les vers de Ronsard :
Je serai sous la terre, et fantôme sans os
Par les ombres rayrteux je prendrai mon repos . . .
Il y a, si je ne me trompe, un troisième exemple, antérieur
aux deux précédents, âe fabula employé dans ce sens. Il est dans
VHécyre de Te'rence.
Lâchés et Sostrate, ces deux vieux époux, si attachés à leur
fils, si pleins de désintéressement pour eux-mêmes, croient qu'ils
sont la cause du trouble survenu dans le jeune ménage de leur
enfant. Pour y mettre fin ils se décident à se retirer à la cam-
pagne. Mais le fils, touché de cette abnégation, insiste pour
qu'ils restent.
Pamphile.
tr Quelle idée, ma mère. Quoi! Pour complaire à un caprice
vous iriez vous confiner à la campagne'?... Renoncer à vos amis,
à vos parents, aux jours de fête passés en commun, le tout pour
l'amour de moi ? Non , il n'en sera rien, v
Sostrate.
«Les plaisirs, mon fils, ne sont plus de mon âge. .l'ai eu mon
temps, j'en ai joui; le moment de la satiété est venu... A notre
âge, on ne fraye pas avec la j(;unesse. R est sage de se tenir à
l'écart. Nous ne sommes plus, pour tout dire, que des omhres
(fabulœ), un vieillard et une vieille femme.'»
E medio œquum excedere est : postronio nos jani Aibulaî
Sumus, Pamphile, seuex atque anus ".
{llccyre, v. 6ao.)
' Cf. io suffixe diminutif que nous avons dans niostellum r apparition n, ve-
nant de inonslnim.
^ Ces mois : postremo nos jam fnlmlœ sumus, ont été quelquefois traduits
260 M. BRÉAL.
Cette métaphore est familière aux anciens. Elle est exprimée
ailleurs par les mots umhra ou effigies^.
Je crois donc que dans les dictionnaires on fera bien à l'avenir
d'avoir deux articles /rtèw/rt. Toutefois, comme il arrive assez sou-
vent, il semble que l'un des deux mots ait réagi sur l'autre, et
de même que le second fabula désigne une apparition sans réalité,
le premiei", qui voulait dire rf parole w, en est venu à marquer un
discours en l'air, une invention, une fable.
Sterilis.
On rapproche généralement l'adjectif latin sterilis du substantif
grec crIsTpa, qui désigne une femelle n'ayant pas encore eu de
petit. Mais il y a loin de la virginité à la siérilité. En outre c'est
tenir peu de cas du sufBxe -ilis, qui ne doit pas être sans signifi-
cation. Ce suffi)^e a ordinairement le sens jiassif et marque qu'une
chose peut ou doit être faite (facilis, fragilis, docilis).
Sterilis est, selon moi, dérivé de sternere, et désigne proprement
ce qui est bon à répandre en litière.
Sterilitas est donc un ancien synonyme de calamitas.
Ce dernier, comme me l'a suggéré notre confrère M. d'Arbois
de Jubainville, a d'abord marqué la récolte qui, au lieu de venir
en épis, vient en chaume et en paille. Sierilitas appartient, selon
toute apparence, au même ordre d'idées. Le substantif, ainsi qu'il
arrive souvent, a ensuite réagi sur l'adjectif. Virgile a employé
le mot dans le sens propre, quand il a dit :
Infeiix iohum , et stériles dominantur avenœ.
Et Ovide ;
Gères steriiem vanescit in herbam.
Sterilis herba, c'est de l'herbe borme à donner en litière.
Aufero , aufugio.
Parmi les formes dialectales du latin, je serais tenté de mettre
les deux verbes aufero et aufugio, puisque ce n'est pas l'habitude
«Nous sommes au bout de la comédien Mais postremo esse n'est pas plus latin
que ne le serait, d'autre part, posiremo fahulee. Il y a donc là une double im-
possibilité. Il (aut voir dans posiremo un adverbe signifiant «enfin, au reste, au
résumé». — Cet adverbe appartient particulièrement à la langue de la comédie.
fEnfin, laissez-moi conduire cette aflaire». Postremo id da milii negoti, dit dans
VAndrieiiiie (v. Bai) un personnage de Téronce. — «Au reste, ceci me re-
garde. 15 Postremo, edepol , ego istam rem ad me attinere intellego, dit un person-
nage de Plante [Trinummus, v. Sgi).
' Plaute, Miles, 622. — Liv. XXI, io, etc.
ÉTYMOLOGIES. 261
du latin classique de changer h enu. La prononciation e'trusque,
au contraire, tend visiblement à confondre le F et le V. On peut
donc supposer que aufero et aufugio ont été' emprunte's à quelque
idiome italique voisin de la Toscane. Il y avait inte'rèt ici à ac-
cueillir les variantes dialectales pour éviter la confusion avec af-
fero. Un autre moyen est celui qui nous est atteste' par le se'natus-
consulte des Bacchanales : arfucrunl. arfuisse.
L'INSCRIPTION OSQUE D'ANTINO.
PA-VI-PACVIES-MEDIS
VESVNEDVNOMDED
CACVMNIOS-CETVP
Cette inscription, de'couverte à Antinum, aujourd'hui Civilà
d'Antino, se trouve chez Mommsen, Unteritalische DiaJekte. p. 32 i,
et chez Zvetaiefi, Insa-iptmies Italiœ mediœ, n° Ai. Elle a e'teTobjel
de diverses interpre'tations, sur lesquelles il est inutile de revenir.
Je crois qu'on s'est beaucoup e'ioigne' de la ve'rité, qui avait été
entrevue par Garrucci.
Il s'agit, comme il est aisé de le voir, d'une dedicalio. La pre-
mière ligne donne le nom du magistrat {médis) : Pa{quius) Pacu-
vius, fils de Vibius.
Puis vient la divinité à laquelle est offert l'objet sur lequel
était fixée la tablette de bronze; la déesse Vesiina, bien connue
par les tables Eugubines.
Contrairement à toute bonne phonétique, on a voulu voir dans
cetur le nom de nombre quatuor. L'un des premiers interprètes,
Garrucci, était plus près de la vérité quand il traduisait par CEN-
TVRIO, Je crois qu'en réalité il faut lire CENTVRIA.
Dans CVMNiOSon avait prétendu reconnaître le nom des objets
consacrés à la déesse : mais Cumnios (pour Cumniosum) est, non
pas un accusatif, mais un génitif pluriel. C'est le nom des Comi-
nii ou anciens habitants de la ville de Cominium. Cette ville
était, située à peu de distance d'Antinum : détruite pendant la
guerre des Samnites, elle n'a pourtant pas disparu entièrement,
car Pline l'Ancien cite les Comimi parmi les populations de l'Italie
cenlrale. Il n'y a donc rien d'étonnant à trouver à Antinum une
centurie qui porte leur nom. Il existe encore aujourdhui un lieu
appelé Val di Cominio (près San Donalo).
Reste la syllabe CA. Mais elle doit être jointe à DED, ce qui
nous donne DEDCA : dedicat. Le t manque, comme il arrive assez
souvent dans les dialectes italiques. Nous y reviendrons tout à
l'heure.
262 U. BRÉÂL.
Le sens de Tinscription est donc :Paquius Pacuvius,Vibiifilius,
magistratus. Vesunae donom dedicat Cominiorum centuria.
La langue de cette inscription est intéressante en ce qu'elle
tient le milieu entre l'osque et le latin. A Tosque appartient en
particulier le nominatif Pacuies. Au latin, le ge'nitif pluriel en oriim
(Tosque a partout le génitif pluriel en um). On peut s'e'tonner de
trouver ositm, au lieu de orum, dans une inscription qui, à en
juger par la forme des caractères, n'est pas de date très ancienne;
mais il faut tenir compte de celte circonstance que l'expression
CVMNIOS-CETVR e'tait probablement une expression toute faite,
comme l'est par exemple en latin apud œdem Costorus. C'est dans
ces expressions officielles que les archaïsmes se conservent le plus
longtemps, surtout si elles sont écrites en abrégé.
La chute du t de dedical s'explique par cette circonstance que
le mot suivant commence par une consonne : dans les inscriptions
pariétaires de Pompéi on a peria, habia, valia. En falisque : cupa.
En ombrien : habe, dida.
Quant à l'omission de l'n devant t (cetur), on en a aussi bien
des exemples en latin que dans les dialectes du nord ou du sud
de l'Italie; latin : bene mei^eti, monumetum; osque : set pour sent,
arogetud pour aragentud; ombrien : persiitru ipouT persontro,furfat
ipour fur/'ant.
Michel Bréal.
DICTIONNAIRE
DE LA LANGUE MANDÉ.
INTRODUCTION.
DOMAINE DE LA LANGUE MANDE.
CARACTÈBES DISTINCTIFS DE CETTE LANGUE ET DE SES DIVERS DIALECTES.
La région soumise à l'influence française dans l'Afrique occi-
dentale est divise'e en trois zones bien distinctes, habite'es par
des peuplades de races et de langues tout à fait différentes. Le
long de la côte de l'océan Atlantique, ce sont d'abord les pays
du Cayor et du Baol. Leurs vastes plaines sablonneuses s'étendent,
au nord, jusqu'au Sénégal; au sud, jusqu'à la Gambie. Celte
région est habitée par les Wolof et les Sérèr.
En seconde ligne, une bande de terrain d'un caractère diffé-
rent est constituée, au sud, par le massif montagneux qui forme
le nœud principal du partage des eaux dans cette partie de
l'Afrique, et s'étend, au nord, ju?;qu"au cours du Sénégal, paral-
lèlement à la cote. La partie nord est ce qu'on appelle le Fouta
sénégalais; la partie montagneuse est le Fouta Dyalon. De là
descendent, au nord, la rivière Blanche (Bakhoï), qui devient
ensuite le Sénégal, et son affluent, la Falémé; à l'est, le Tankiso,
le principal affluent de gauche du -Niger; à l'ouest, enfin, la
Gambie, la Cazamance, les Scarcies. Cette région fui le berceau
de la puissance africaine moderne de la race peule. C'est de là
et du Masina que sont pailies, dans les dernières années du
siècle dernier, les bandes musulmanes qui ont pénétré dans les
pays Haousa jusqu'aux bords du lac Tchad et dans le Baghirmi
et l'Adamawa.
Au delà des montagnes de la Falémé et du massif du Fouta
Dyalon, le terrain s'ouvre en de larges plaines, où le sol est
absolument uniforme. Composé partout des mêmes grès et de la
même argile feriUjgineuse, il se ravine profondément au passage
des eaux. De temps à autre, des blocs épars se dressent, témoins
persistants des bouleversements géologiques antérieurs. C'est là,
264
.I.-B. RAMBMID.
sur une vaste étendue de pays, que s'est de'veloppée la race
mande'.
Entre les Wolof et les peuples mande', les Peuls, gagnant du
terrain chez les nations voisines, ont formé de nombreuses tribus
métisses. Sans chercher à résoudre la question controversée si
les Woiof sont des produits croisés de Sérèrs et de Peuls, on
peut affirmer qu'il existe des métis tout autour de l'îlot peul. Le
Foula sénégalais est habité par des croisés de Peuls et de Nègres,
que l'on appelle Toucouleurs. Ce nom est le même que celui de
Tekroui", par lequel on désignait autrefois la région nord-est du
Soudan. D'après le général Faidherbe , ce mot veut dire : convertis^.
Ces peuples ont été, en effet, les premiers convertis à l'islamisme.
Les Toucouleurs ont la peau noire, mais leurs traits, beaucoup
plus fins que ceux des Nègres , décèlent en eux le sang d'une race
supérieure.
Vers l'est, dans le Wasoulou, qui borde la rive droite du
Niger, de Sigiri à Kangaba; dans le Sankaran, le Kouranko, et
tout le bassin du Milo, il existe une race d'hommes qui se disent
Peuls, mais chez qui les traits, les mœurs révèlent une forte
proportion de sang mandé, et qui parlent un dialecte mandé.
Au contraire, leurs noms de famille, le grand critérium de la
race en Afrique, sont des noms peuls, tout comme ceux des Tou-
couleurs. Ces hommes ont, d'ailleurs, gardé le souvenir des
migrations de leurs ancêtres, qui se seraient effectuées par les
routes Kourousa-Kankan et Dingiraï-Sigiri.
Au nord-est enfin, les environs du Sénégal, de Kayes à Ba-
doumbé, sont babités par des métis de Peuls. On appelle cette
région le Khaso. Ses habitants sont les Khasonké (hommes du
Khaso).
De tous ces descendants de Peuls, Toucouleurs, Khasonké,
Wasoulounké, Sànkaranké, etc., les premiers seuls ont gardé la
langue peule avec de légères modifications. Les Wolof ont une
langue à part, qui a de grandes parentés avec le sérèr, d'où
elle tire probablement son origine. Les autres ont adopté la
langue mandé.
Nous venons de reconnaître, dans la région au sud de la ligne
du Sénégal et du Niger, l'existence de trois zones distinctes, où
régnent trois familles de langues bien caractérisées. La première,
la plus occidentale, est la famille sérèr, avec un dialecte très
important, le wolof, et quelques autres moins connus, le sine, le
notie, le dyoba. Cette famille a encore quelques représentants
* Ce mot se trouve actuellement en égyptien où il veut dire : «marabout
soudanienn. On trouve, en arabe d'Algérie, v'^j «coquille servant d'amuletteTi ,
et jj.j«j' «déclaration arrachée par écriln.
DICTIONNAIRE DE LA LANGUE MANDE. 265
dans les rivières du Sud, où les peuplades qui parlent ces
idiomes ont subi les invasions des Peuls et des Mandé.
Les langues de la famille peuk ont pour base le pouhir, tel
qu'en le parle au Fouta Dyalon et au Masina. Elles comprennent,
en outre, le toucouleur et le laobé. Le toucouleur se parle dans le
Fouta se'ne'galais , pays d'origine 'de la race toucouleure, d'où il
s'est répandu, grâce aux conquêtes d'El hadj Omar jusque dans
le royaume de Se'gou. Le laobé est parlé au Fouta Dyalon, par
une famille de gens de race non encore déterminée, dont la spé-
cialité est de travailler le bois, pour faire des écuelles.
Quant à la langue mandé, elle régnait, au temps de la splen-
deur des rois bambara, des confins du désert jusqu'au bord de
la zone boisée qubabitent les gens de race amji, le long de la
côte du golfe de Guinée, et du cours de la Falémé jusqu'au Ma-
sina. Depuis lors, les Bambara ont été soumis par les Toucou-
leurs; mais la langue mandé subsiste encore dans les territoires
conquis, où elle se parle concurremment avec la langue des
conquérants.
De même que les familles sérèr et peule, la famille mandé a
ses dialectes particuliers. Il y a lieu, pour bien saisir la classifi-
cation de ces dialectes, de distinguer d'abord les divers groupe-
ments ethniques des peuples de race mandé.
Au xiii'' siècle, la région du Niger paraît avoir été divisée entre
trois grands royaumes : ceux du Songhaï, de Mail, des Soso.
Le royaume de Mali occupait le nord de l'emplacement actuel de
Ségou. A l'est, s'étendait le royaume songbaï; à l'ouest, celui des
Soso. Dès cette époque, la tribu des Mandé paraît avoir pris nue
grande prépondérance dans le royaume songbaï. fLes Mandé,
ou Wangara, avaient sous leur autorité le pays jusqu'à Tirka et
Kougha (versBouroum); seule. Gogo est ville indépendante ^.15 Les
Mandé ont même fourni plusieurs rois. Il y eut de longues luttes
entre les trois royaumes, dont les capitales, et notamment Ga-
nata et Tombouctou, furent plusieurs fois bouleversées. Vers la
fin du XV* siècle, le dernier roi songbaï, Soni Ali, s'affranchit
de l'autorité du royaume de Mali. Son successeur fut un usurpa-
teur songhaï qui prit le nom de Mohammed Askya. Il persé-
cuta, naturellement, les partisans de son prédécesseur, que l'on
désigna sous le nom de Soninké (homme de Soni). Ceux-ci se
retirèrent dans diverses directions, et notamment dans l'ouest,
où on les retrouve aujourd'liui, aux environs de Bakel, sous le
nom de Soninlê ou Sarahholé (hommes rouges).
Mohammed Askya, ayant assuré son pouvoir, acheva le dé-
membrement du royaume de Mali, qui fut partagé entre les dif-
' Binger, Du Nigei' au golfe de Guinée.
2G6 J.-B. RAMBAUD.
férentes tribus songhaï et les Soso. On garda aux habitants dis-
perse's le nom de Malmké (hommes de Mah).
A Tavènement de Mohammed Askya, beaucoup de petites
peuplades se se'pai'èrent du royaume songhaï; entre autres, les
Se'nou et les Bobo. A la fin du xvi* siècle, le sultan du Maroc
envoya une expédition contre le royaume songhaï. Les Mandé,
profitant de Toccasion, voulurent reprendre rautorité. La tribu
des Bambara se mit à la tête du mouvement et poussa ses con-
quêtes jusqu'au bord du désert. Ainsi furent créés les royaumes
bambara de Ségou et de Nyoro. Les Soso, refoulés par les Mandé,
les Soninké, les Malinké et les Bambara, se retirèrent dans le
sud-ouest. On retrouve aujourd'hui leur nom sur les bords de la
côte, dans la Guinée française.
Bien entendu, des mélanges de races eurent lieu. Les Soninké
furent croisés de Peuls et de Maures; les Soso et les Bambara,
les Peuls et les Malinké, se mélangèrent également, pour donner
les différentes peuplades que nous connaissons aujourd'hui. De
plus, les Mandé s'étaient étendus vers le sud et avaient pénétré
jusque dans la zone boisée. Là, ils avaient trouvé un grand
nombre de petites tribus auxquelles ils s'étaient mêlés : les Toma,
les Kisinké, etc. A l'est, vers la fin du xyin*" siècle, des Mandé
avaient fondé la ville de Kong.
Nous allons trouver, en conséquence, la langue mandé par-
tagée en un grand nombre de dialectes qui out chacun leur do-
maine particulier.
Au nord, le dialecte des Soninké, avec mélange de peul et de
maure (arabe hasanya);
— des Khasonké;
— des Bambara de Nyoro ;
— des Malinké du Bambouk.
Au centre, le dialecte des Malinké de Kita;
— des Malinké de Sigiri;
— des Bambara de Ségou.
Au sud, le dialecte des Peuls du Sankaran;
— des Peuls de Wasoulou;
— des Peuls du Konyan;
— des Bambara de Kong.
Au sud-ouest, le dialecte des Peuls du Kouranko;
— des habitants du Kisi;
— des Soso;
— des Vaï.
Les peuplades du nord ont un langage beaucoup plus dur que
celles du sud. Tout le groupe septentrional abonde en gutturales
et en dentales; on y remarque tout de suite la fréquence de la
DICTIONNAIRE DE LA LAXGUE MANDE, 267
gutturale kh. Déjà le groupe du centre a des sons plus adoucis
et une bonne partie des gutturales ne sont pas aspire'es. Plus au
sud, les sons s'adoucissent encore. Le M n'y existe pas; les den-
tales sont reniplace'es par des liquides; les gutturales par des
labiales. Enfin, le dernier groupe continue radoucissement des
sons et Ton y trouve les sons v, z, u, inconnus plus au nord.
Cependant, il y a une exception importante à ce phe'nomène.
Le dialecte soso a conservé toute la rudesse que l'on rencontre
dans la région septrionale. Il faut se rappeler que ces pays du
nord ont autrefois appartenu aux Soso et il est possible que la
dureté du langage des Khasonké et des Malinké du Bambouk pro-
vienne des mêmes causes que celle du langage des Soso.
ORTHOGRAPHE.
Nous avons adopté en principe, dans notre dictionnaire, l'ortho-
graphe française. Voici les seuls points sur lesquels un lecteur
français pourrait éprouver quelque doute :
g, devant e ou i, a le même son que devant a,o,n. Prononcer ^î comme
fr, gui et non comme dans fr. givre.
h représente une aspiration très légère, moins forte que celle de l'alle-
mand ou de l'anglais.
hli = allemand ck dur («cA, Nacht).
s n'a jamais le son de z, mais se prononce toujours comme dans fr.
saint , ou comme ss dans fr. passer,
w a le même son qu'en anglais (français ou dans oui, nouer),
y se prononce toujours comme dans fr. yeux, ou comme Yi de fi*. Dieu.
Remarque sur les groupes an, en, on, in. — Les groupes an,
en, on se lisent comme en français, c'est-à-dire que l'jt, quand
elle est finale du mot, ou, à l'intérieur, placée devant une con-
sonne, indique seulement la prononciation nasale de la voyelle
{en, dans ce cas, se prononce comme dans fr. bien); si Vn est
devant une voyelle, elle se prononce comme en français dans le
même cas (tenir). — Le groupe in, par contre, se prononce tou-
jours comme dans le français /ne, nwie.
ABREVIATIONS.
Ar.
= Arabe.
Kour. = Kouranko.
B.
= Bambara.
M. = Malinké.
Bel.
= Bélédougou.
S. = Soso.
Fr.
= Français.
T. = Toma.
K.
= Khaso.
V. = Vaï.
Kg.
= Kong.
W. = Wasoulou
Ko.
= Kenyan.
268 J.-B. RAMBAUD.
A. Préposition. - i. Marquant l'attribut, yé, ma (suffixes). Donne
cela à Samba, nyi di Samhama. Dis-lui, a fo a yé. — 2. Mar-
quant le lieu, se rendpar/e (suffixe) ou ne se traduit pas.
Je vais à Me'dine, m' hé takha Madinije ou Madini. Je demeure
à Sanankoro, m' bi sigila Sanankoro. — 3. Signifiant : du côté
de, se traduit par. . . mafa (suffixe). Ce chemin va à Kita,
nyi sila hé takha Kitama/a. - k. Marquant rextrémité d'un par-
cours, d'une distance, se tourne par : pour aller, et se rend
par : ka takha ou ka ta. De Médine à Kita , il y a loin , ka ho
Madini, ka takha Kita, a ka dyan. On peut dire simplement :
Madini ni Kita tyé, a ka dyan (entre Me'dine et Kita, il y a
loin). - 5. Signifiant : pour, ne se traduit pas. Donne-moi
de l'eau à boire, dyi di 'ma, n 'ka mi. Voir Potir. - 6. Indi-
quant la possession, se rend par les pronoms possessifs. Ces
bœufs sont à moi, nyi nisi n 'ta lé mou. — 7. Signifiant : dans,
se traduit par ro, ta, la (suffixes). Va chercher de Teau au
ruisseau, takha dyi ta koro. Voir Dans. - 8. Forme diverses
locutions que l'on trouve aux mots correspondants.
Abaissement, digili.
Abaisser. || S' — , digi.
Abandon, boula, Ma.
Abandonner, hoida, hla; tou. Les hommes du village ont aban-
donné leurs bœufs, doitgou ma, alou ka nisiloii tou yé.
Abattre. — 1. Démolir, ti, tinya, dényé. Il a abattu la case, a ka
bountinya. - 2. Couper, tégé. Le vent a abattu l'arbre , /o«(/o
ka t/iri tégé. - 3. Tuer, fakha, fa. Le chasseur a abattu un lièvre,
donsou ka sounsanjakha. i h. Faire cesser, ké han. Petite pluie
abat grand veut, san-dyi doromandi lé ké fonyo ha han. — 5.
Il S' — , 6i (tomber). Le cheval s'est abattu, sou hlra, sou hila.
Abcès, dyoli-késé (bouton de sang).
kBviqvER , fama-yoro boula, hla (abandonner la place de roi).
Abdomen, khono (K.), kono.
Abdominal. C'est — , a hé kononto (c'est dans le ventre).
Abeille, li-késé (graine de miel), di~késé, li-késo (K.).
Abîme, dinkaha, diméha (grand trou); dinka doun, dimé doun (trou
profond).
Abîmer, tinya, ti, dényé. La pluie a abîmé ma selle, san-dyi ka
na kirké tinya. \\ S' — , ti7iya, ti, dényé. Ma selle s'est abîmée
à la pluie, na kirké tinyara san-dyiro.
Abjurer, boida, hla. Abjurer l'islamisme, mori-ké sila boula.
DICTIONNAIRE DE LA LANGUE MANDE. 269
Aboiement, ivoulou-koiima (parole de chien); woulou-kasi [cri de
chien).
Abolir, ké ban (faire cesser).
Abominable. C'est — , a ka dyougou ka sya , a ka dijougou kou-dyougou.
Abondance. Voir Abonder. \\ En — , syama, a ka sya; kou-dyougou ,
en mauvaise part.
Abondant. C'est — , a ka sya; se tourne par : beaucoup, syama.
L'eau est abondante , dyi ka sya , dyi syama bé.
Abonder, se tourne par : être en abondance, syama, a ka sya.
L'eau abonde dans le pays, dyi ka sya dyamani kono, ou dyi
syama bé dyamani kono.
Abord, || — s (les), accès, environs, kéréfé. H y a des cultures
aux abords des villages, dougoulou kéréfé , fourou bé yé. !| D' — ,
folo (premièrement); orna, onyéro, sa nyéro (auparavant). Va
d'abord chercher de l'eau, takhafoh dyi la.
Aborder, v. a., taklia nyokhonfé (aller au côté de); v. n., venir
au bord, takha dafé. Aborder sur la l'ive du fleuve, takha ba
dafé.
Aboutir, aller finir à, takha fanfé, takha. . . . ma/a. Ce chemin
aboutit à Sanankoro, nyi sila bé takha Sanankorofanfé , ou Sanan-
koromafa.
Aboykr, kasi (crier).
Abréger, sourou-kv (faire court); tégé (couper).
Abreuver, lami (faire boire). |1 S' — , mi. Le cheval s'abreuve, sou
bé mi.
Abri, gwa, dougou-doula , dougou-yoro (cachette). |j Etre à l' — ,
bé dougou. Il Se mettre à l' — , takha dougou, ho. . .koro (sortir
de sous). Mets-toi à l'abri de la pluie, bn san-dyi koro.
Abriter, dougou (cacher). || S' — , takha dougou, bo. . .koro (sor-
tir de sous). Je m'abrite du soleil, ?n' hé dougou tiliro.
Abruti, inintelligent, hakilinté, fakilinté. Sot , J'ato , fali ; koulou;
fourouli.
Absent. Il est — , an lé y an (il n'est pas ici); a tara (il est
parti); a ma na (il n'est pas venu).
Absenter. S' — , takha (partir); ma na (ne pas venir).
Abstinence, doumoubali (action de ne pas manger).
Absorber, pomper, mi. La terre absorbe l'eau, dougou bé dyi mi.
Engloutir, khounou (K.), kounou.
Absurde, falo.
XBiiVRi)ni,fatoya.
Abuser, se tourne par l'adverbe : trop. Il abuse de l'alcool, a bé
dolo mi a syara (il boit trop d'alcool). || — , tromper, 7iéné.
\\S'—,fli.
Acariâtre, songnra dyougou [de caractère difficile).
Accabler, faligucr. ségé. Je suis accable de fatigue, »' ségéra kou-
MÉM. LlN(i. IV. 18
270 J.-B. RAMBAUD.
dyougou. I! — , surcliargei", doni a syara sigi (mettre un far-
deau trop lourd). Il a accabie' son âne sous le fardeau, a ka
faliijé doni a syara sigi. ho.
Accéder, s'approcher de, na. . . fé, na nyokhonfé, takha nyo-
khonfé.
Accepter, mina; monta; soro, sota (K.); son-ta, sona (recevoir
en cadeau).
Accès, kéréfé. |( — de fièvre, /«roî/g-aji gosi; bongo (K.).
Accident, ségé; khé haré (K.); bono.
Accoler, kafou siri, kafou sigi (attacher, placer ensemble).
Accompagner, na nofi, takha nofi (venir avec, aller avec); boula
noji.
Accord. Etre d' — , bé na. Je suis d'accord avec mon père, ni
wi' fa m' bé na.
Accorder, di (donner); ba fé (permettre). Accorder une fiHe en
mariage, mousou-din ka fourou di. \\ S — , avec quelqu'un,
ni. . . bé na.
Accoucher, woulou, wolo.
Accoupler, V. Accoler. || S' — , dyouké.
Accourir, borito na (venir en courant). Il est accouru, a borilo
nara. Il accourt, a bé borito na.
Accoutumé. Etre — , dali, déri, delà.
Accoutumer. S' — , dali, déri, delà.
Accrocher, suspendre à un crochet, den, dou, donlito sigi. j| Faire
UN ACCROC, et S' — , monta, mouna (prendre). L'arbre a accro-
ché mon pagne; mon pagne s'est accroché à l'arbre, yiri ka
n fani mouna.
Accroître. S' — , bounya.
Accroupir. S' — -. Il Etre — , dyon-koro bé; sounouri; nyoungi. Il
est accroupi, a nyoungira.
Accueil, dyigiya. \\ Faire bon — , dyigi kou-nyima. \\ Faire mau-
vais — , di/igi kou-dyougou.
Accueillir, dyigi, monta (recevoir).
Accuser, souda; se traduit souvent par : dire,/o. Il accuse son
frère de vol, a béfo doro-ké bé sounya ké.
Acéré, tnisé, niésé, méséni.
Achat, san, sama, sani.
Acheminer. S' — , takhama.
Acheter, san, sama, saniké. J'ai acheté du mil à cet homme-là,
n ka nyon sani tyé dénia.
Acheteur, sanba, sanïna, sani-kéla.
Achevé. C'est — , a bana, a banta.
Achever, ban.
Acide, koumou.
Acquérir, acheter, san; recevoir, soro.
y
DICTIONNAIRE DE LA L,\NGLE MANDE. "271
A
Acre, koumou.
Actif, kamalé, kamarin; sobé; sifakéla (qui travaille), tyakéla.
A.G7i0îi , Jen , fèngo (K.) (chose); boko. \\ Une bonne — , fèn-nyima.
Il Une mauvaise • — , Jen-dijougou. || L' — de, kouroda. L'acliou
de parler,/o kouroda.
Adhérent. C'est — , a minata.
Adhérer, mina.
Adieu, Allah i kisi (Dieu te garde); iniségé, inisé, inityé, iniké.
Administrer, makha.
Admirer, kamja.
Adoucir, lamoundi (faire doux). || Au goût, diké.
kDî^ESsi, hakdi, fakilikhakili.
Adroit, hakUila , fakUila khakUila; télé.
Adulateur, donkiUla.
Adulation , donkili.
Aduler, donkiliké.
Adulte. Homme — -, tijé, ké, klié (K.), kamalé, kamarin.
Adultère. Homme — , dijado, di/anka, dijaro. \\ Femme — , dijado
mousou, dyaro-mousou. \\ Subst. abstrait, dyadoya, dyaroya. \\
Commettre un — , dyaroya ké.
Adultérin. Enfant — , nyafourou rfm (enfant d'avant le mariage);
dyanka din, diankalimé.
Adversité, daya.
Affable. Il est — , a ka di; nyima.
Affaiblir, d'igi. do bo.
AFFkinE, Jeu, fèngo (K.) (chose). J'ai affaire avec toi, n'i né ha
ké. Il Querelle, combat, kélé.
Affaisser. S' — , digi; bi (tomber).
Affamé. Il est — , a hé konko, khonkho (Kh.), || Je suis — , konko
bé^ na (la faim est en moi).
Affection, kanouya (K.); kina.
Affectueux, kanoxiha; nyima.
Affermir, goléké, goléya.
Affiler , miséké.
Affirmer , /o.
Affligé. Il est — , à bé dimi.
Affluence. Voir Abonder.
Affluent d'une rivière, ba-bouhu (bras de fleuve).
Affluer, arriver en abondance, na sijama; bé syama.
Affranchi, yôron, horon , foré , féré , horoni/ola.
Affranchir un esclave, fororh-ké, foroiiya, horonya (K.); foré;
féré; klioronké.
Affreux. C'est — , a ka dyongou.
Affront, nénila. \\ Faire un — , néniké.
AffÙt, à la chasse, dougou.
18.
!272 J.-B. RAMBAUD.
Affûter , miséké.
Afin que. - i. Se tourne par : ou bien,/o, wala. Appelle Moussa
afin qu'il vienne, Mousa kili, fo a ma na (appelle Moussa
ou il ne viendra pas). Attache-le afin qu'il ne s'en aille pas,
a siri, wala a hé takha (attache-le ou il s'en ira). - 2. Souvent
il ne se traduit pas. Donne-moi de l'eau pour boire, dyi di ' ma
n' ka mi (que je boive).
Age,, se tourne par : anne'es. Quel âge as-tu? i ka san dyéli soro?
moun san i ka soto? On demande encore : depuis combien de
temps as-tu pris le pantalon? i ka koursi ta tourna bé ani hi;
san dyéli lé mou? || En bas — , din, dé (B.), dingo (K.).
Il — MÛR, kamarinya. || — nubile, /ourow/a.
Agé, vieux, koro, koto, khoto (K. ).
Agenouiller. S' — , nyoïmgi, nyonkiri.
Agenouillé. Il est — , a nyoungira.
Agile. Il est — , a kaféa, aféaia.
Agir, ké (faire), khé (K.). || — • en, ké iko (l'aire comme). Il a agi
en homme de bien, a lé ké iko kamarin, ou bien, a lé kamariya
/pe (il a fait l'action d'un homme de bien). || S' — , se tourne
par : il faut, nyanta, ou le verbe : devoir, kan. Il s'agit de
sortir d'ici, nyanta alou ka ho yé, ou alou hé kan ka ho yé.
Agiter, lamakha.
Agneau, sakha-din, sakiio-dé, (K.), sa-dé (fils du bélier) (B.),
sa-kalima.
Agrandir, bounya.
Agréable. C'est — , a ka di; tiyima, nyouma; béré, bété.
Agréer, accepter, mina, soro. || — , plaire à, ka di.
Agrément, plaisir, diya.
Agresseur, kélékéla.
Agression, kélé.
Agricole, tyiba; sénéna.
Agriculteur, tyikéla (cultivateur), smc'-Ma (semeur), sénola{K.).
Agriculture, tyiké (culture); séné, séno (K.).
Ah! bisimilahi! la ilah! ivaï! eh!
Ahuri. Il est — , a fdita, a filina.
Aide, déméli; l'homme qui aide, démélilo.
Aider, dénié.
Aïe! waïl
AïEVL, faha ( grand-père );/afcoto( vieux père ); mrtwfl. || Aïeux (Les),
si (race), khabilo (K. ).
Aigle,, brun, watassa, wato (K. ), iiyingindyo (K.); à tête
blanche, si gé kono (oiseaux aux plumes blanches), sé-gélo.
Aigre, koumou. \\ Lait — , nono koumou.
Aigrette, plumet, tyo. \\ — , oiseau qui suit les bœufs, koulangi;
koulankhi (K.), gounani dyé.
DICTIONNAIRE DE LA LANGUE MANDÉ. 273
Aigrir, koiimou, koumoukc. || S' — , koumou. Le lait est aigri, iiono
koumoiita.
Aigu, misé, 7niséno; néné; holo (K.).
Aiguille, miséli (objet aigu); misilo (K.); harali (objet pour
coudre); ségéla; gwé (Bel.).
Aiguillon, d'un insecte, hinyé, byéné.
Aiguiser, misé-ké.
Aile, kama, kamba, khamba (K.) (e'paule).
Ailleurs, doula do, ijovo do, yoro géré, yoro wérélo (Be'l.) (en un
autre endroit).
Aimable, di; khanouba (K.).
Aimer, kfianou (K.). Les Bambara tournent ce verbe de deux fa-
çons : vouloir et être agre'able. J'aime mon père, m' bafafé
(je veux mon père); ni fa bé di n' yé (mon père m'est
agréable). I| — mieux, se tourne par être plus agréable, ou :
valoir mieux, gansa. J'aime mieux le lait que l'eau, m bé no-
nqfé dyi yé (je veux le lait plus que l'eau); nono ka di dyiyé (le
lait m'est plus agréable que l'eau); nono gansa dyi n' yé [\e
lait vaut mieux pour moi que l'eau).
Aine, kono koro (sous le ventre); koiirsi dyala yoro (place de la cein-
ture du pantalon); kéné-khoto (K.).
AÎNÉ, fils, din folo (le premier fils), dé Jlo (B.). || — , frère,
koto-ké, koro-ké (le vieux bomme), khoton-khé (K.). || — e,
fille, din-mousou folo. j| — , sœur, koto-motisou, mousou-koro ,
mousou-klioto (K.).
Ainsi, par ce moyen, ikoro. Il est ainsi arrive' à être riche, ikoro
a ka nafoidou soro (ainsi il a reçu la fortune). [I — que, ton.
Ainsi que je te l'ai dit, il est venu, n' ton kafo, a nara.
Il — de cette façon, té; o nya. Il faut toujours agir ainsi, i
bé ké té 0 nya; il ne faut pas agir ainsi, in ta ké té o nya. Ne
fais pas ainsi, i ka na ké té.
Air, élément, kénébo. || — , \eQt,fonyo,fyen. Il fait de l'air au-
jourd'hui, bi fonyo bé. || Avoir l' — , bo iko; nya. . .bé (pa-
raître être). Cet homme a l'air bon, mokho nya ka di; ou mji
mokho bé bo iko mokho ka di. \\ — , chanson, donkili.
Aire, doula nonori.
Aise. Etre à l' — ,féré; il est à l'aise, a férenta. || Il est bien — ,
a bé nyakhali; a diyara. Se tourne par : cela est agre'able. J'en
suis bien aise, mji kou ka di n yé.
Aisé, facile (c'est), a mati goulé (ce n'est pas difiiciie), a mari
golé, a man goulé, a man kitolé (Kh.).
Aisselle, kabakoro, kamakoto, khambakhoto (Kh.) (le dessous de
l'e'pa u le ) ; kamakorola .
Ajouter, se touine par l'adverbe : davantage : do di (donner
274 J.-B. RAMBAUD.
davantage); /orflAfl (Bel.). Ajoute encore un franc, i ka tama
kili do di ' ma (donne-moi un autre franc). || — foi, da.
Ajuster, ké nyi, hé a hé na (faire aller bien ensemble). Ajuste
ces deux morceaux de fer, i ha hé nyi négé foula alou hé na.
Alarme, houlon. \\ Donner l' — , hotdon hasi.
Alarmer. S' — , dtjito hé; bi sda, bi silana.
Albinos , founé , fourné.
Alêne, hinyé, hyéné; nagi.
Alentour, héréfé; fanante. \\ — s (Les), se tourne par : autour de.
Les alentours du village sont cultive's, doiigou héréfé foiirou hé
(autour du village, il y a des cultures).
AijErte, subs., houlon. \\ — , adj., a ha féa; a haféala.
kLiém,fato.
Alezan (cbeval) [sou] dyouhé-oulé.
Aligner, tUin-hé; hé nyi.
Aliment, halou-fèn, domo-Jen (chose à manger); hisi.
Alimentaire, baloula.
Alimenter, balou.
Aliter, mettre dans le lit, lalanto sigi, lalangoro sigi. || S' — , la
(se coucher).
Allaiter, nono sini mi (faire boire au sein).
Alléger, doni ho (ôter le fardeau).
Aller. - i. Tahha, ta. Je vais à Kita, w' hé takha Kita. Où vas-
tu? / hé tahha mil Où est-il aile'? A tara mi ou a lahhata mi?
Va voir s'il est venu, tahha fêlé ni a nara. Va, tahha, ta. Va
chercher de Teau, la dyi ta. - 9. Etre sur le point de,
. . .to; hé. . . la. H va partir, a tahhato sa-sa (B^.), a hé lahhala
sa-sa (K.). — 3. Etre en santé, hé. Comment vas-tu? / bé di?
Il — bien, hé hérato (être en santé); ha hendé. || — mal,
ma hendé. || h. convenir, hhnta. Ce pantalon te va bien, nyi
hoursi hcnta ' ma, ou simplement, o hoursi hé ' ma. j| 5. — X la
SELLE, hou hé. Il 6. DU VENTRE, hoUO horî. Il 7. À PIED,
tahhama. \\ — À cheval, soti-ho yélé. || — au trot, sou hori.
Il — AU GALOP, poroho-poroho. || — lentement, tahha mouni-
mouni. || — vite, hori, tariya. || 8. — S'en-, tahha; wa. Va-
t'en! tahha! a iva! hi A' iva (B.).
Alliance, amitié, tériya. \\ — , mariage, /oMrot<.|| Faire — , dégé
mi (boire le dégué).
Allié, ami, téri, téri-hé; parent, /oMroM-A'C.
Allier, mélanger, hafou nyohhoma (l'assembler ensemble), ij — ,
murier, foiirou-hé. \\ S' — , dégé mi.
Allonger, dyanya, hounya.
Allumer, mana.
Allumette, gandi; haraho.
Allure, tahhama.
DICTIONNAIRE DE LA LANGUE MANDÉ. 275
Alors, — i. En ce temps-là, o tourna, o tourna kotio; o ro; o ro sa
(à l'instant dans ceci). Alors Omar se leva et dit, o tourna
Oumar ouUta, a ko. :| 2. — donc, par conse'quent, iiyi hou a lé
Icé (cette chose a fait que) || 3. — que, quand, mî, tourna. Alors
qu'Omar faisait la guerre avec les Bambara, tourna Oumar ka
ni Bamana kvU. || h. — , en cette circonstance. Qu'as-tu fait
alors? / ka moun ké kou nalé? (Qu'as-tu fait, cette chose ar-
rive'e?)
Alouette , ivouléni.
Alourdir, gouJéija, géîéya, kholéta (K.).
Altéré. Il est — , a bé ihji-hkho, a hé diji-loua.
Altérer, i. Donner soif, diji-lokho ké, (h/i-loua. \\ 9. Changer, fali.
Il S'— ,./«.//.
Amaigrir. S'-— ,/flsrt.
Amande, kourou, koulou (os, noyau).
Amant, khanou (K.), dyado-ké, dyaro-ké, dyalo-ké; gala-ké. || — e,
les mêmes mots avec mousou an lieu de ké.
Amarre, siri; di/oulou.
Amarrer, siri, siti (K.).
Amas, dyouméU; dyoukhouma (K.); dtfogn.
Amasser, dyoumé, dyogo-ké.
Ambassadeur, kila (envoyé).
Ambitieux, dinyé; sonyola , sonyolila.
Ambition, dinyé, sonyo.
Amble. Aller à l' — , soudé. Ce cheval va à Tamble, nyi son bé
soudéJa.
Ambre, loid)ané; limbiri, lambiri, lamri, lambourou; (Fr. l'ambre;
Ar. ). Il Boule d' — , limbiri -késé , limbiri -kountarou. \\ Collier
d' — , limhiri-dyoulou.
Ame, ni. || Rendre l' — -, sa (mourir).
Améliorer, ké a kajisa (rendre meilleur).
Amende, sara, salé; kityé; khakéla (K.). Condamner à l'amende,
fo a bé salé sara. Payer l'amende, salé sara. Une amende de
deux barres de sel , fardé foula salé.
Amener, nati, nanaé. Amène le cheval, sou nati. Causer, gwa. La
guerre a amené la mort de beaucoup d'hommes, kalé givara,
mokho si/ama sara.
Amer. C'est — , a ka kouna.
Ami, téri, téri-ké, téri-tyé, khanou (K.). C'est mon ami, n téri-ké
dou, khanou n ta dou (K.), || Bonne — e, dimiséri; souu kourou.
Amical, téri ba.
Amincir, misé-ké.
Amitié, tériya.
Amollir, wourili-ké. \\ S' — , wourili na.
276
J.-B. RAMBAUD.
Amokgeler, (lyogo hé, dyoïihlunma khé (K.); dijogo sigi (mettre en
tas).
Amorce de fusil, kérébo, toulaniini morso (Fr. amorce); ta gido (K.).
Amour, khanou (K. ), diya.
Ample. C'est —, a ka boim.
Amplifier, hoiinya.
kmp ou LE , J'onyéta.
Amputer, ïPg-e (couper).
Amusement, toulon, tlon.
Amuser. S' — , touloti, toiûonla, toulonké, tlonké.
Amulette, sébé, séfé, safé; basi.
A\, san. L'an passé, salon, sanfolo tambira, son tambira. L'an pro-
chain, san ivoré, dyari; san nié bé na. Dans deux ans. san foula
bé na; dyari ko. Il y a cinq ans, san loulou a kéra.
Ananas, dyabibi.
Ancêtres (Voir Aïeux).
Ancien, koro, koto, klioto (K.). Les anciens du village, dongouro
ma koro (B.), dongouro mokholou koto (M.). Dans rancien temps,
korolou.
Ancre, landoumé,
k^E,fali,falo (K.).
Anecdote, tali.
Angle, noun; noungo (K.) [nez]; koun, koungo (K.) [tête].
Anguille, dtji-sa (serpent d'eau).
k^\En, fali-tigi.
Aml, gara-yiri, gara-dyin.
Animal, soubou, sougou, sobo, sogo.
Anneau, au bras, boulou-kori boidou-koni, boulou-godi, boidou-
godo (K.). Il — au pied, sma-fcon, sina-koni; sina-godi, sina-
godo (K.). Il — au doigt, deroman (B.), doromé, dorona (K.).
Année. (Voir An.)
Annjel. C'est — , san-o-san a bé nalé (cela revient tous les ans).
Anon ,/fl?î-rfm ,fali-dé.
Anse d'un vase, kala.
Antérieur. C'est — , a narafolo (c'est arrive' avant).
Antilope à poils rouges, cornes en lyre, sisi. || — à poil rouge,
sans cornes, makaran. || — à cornes fuyantes, dagé. \\ — à
cornes peu écartées, mina. \\ — à bosse, tankho (K.).
Antipathie, ténéya, dyougouya.
Antipathique, téné, dyongou.
Antique, fouma/o/o (d'autrefois), koro.
Antiquité, koroya.
Anus, dyou-da; bou-da , bo-da.
Apaiser, diya-ké.
Apercevoir. S' — , yé, nyé, dyé (K.).
DICTIONNAIRE DE LA LANGUE MANDÉ. 277
Aplomb. D' — , télé, tili.
Apparaître, bo (sortir), loua, boé [K.).
Apparence. En — , se tourne par w avoir Tairw, 7iya . . . hé. (Voir
air.)
Appartenir, se tourne par le verbe posse'der. A qui appartient ce
fusil? (hion mé ha marfa yé soro? (Qui possède ce fusil?), ou
bien dyoti ta marfa yé? (De qui ce fusil est-il la possession?)
Il m'appartient, né ta dou (c'est ma possession).
Appât, mana.
Appel, kili.
Appeler, kili. \\ S' — , se tourne par le mot nom. Comment t'ap-
pelles-tu? / tokho di? (Ton nom est quoi ?), ou i tokho? (Ton
nom?)
Appétissant. C'est — , a downou ka di.
Appétit, konko, khonkho (K.). Il Avoir —, ko7ïko hé. J'ai appétit,
konko bé' na.
Appliquer, jeter contre,//! ...fé. \\ S' — , bé hakili boulala (aban-
donner son esprit).
Apporter, nati, nanaé. Apporte le fusil, marfa nati. — Sama (tirer).
Apporte-moi cela , nyi a sama 'ma.
Apprécier, dire le prix, songofo.
Apprendre, i. S'instruire, kakha (lire); bé ta. Les enfants
apprennent le Coran, din misélou alou bé al koranou kakha. J'ap-
prends à e'crire, m' bé safé ta. — 2. Enseigner, digi. Le mara-
bout apprend le Coran aux enfants, mori-ké bé al koranou digi
din misélouma. — 3. Entendre dire, me. J'ai appris que l'al-
mamv e'iait malade, »' ka nié almamima kèndé.
Apprêter.. S'^ — , débéri, bé ... fia.
Approcher, 7ia . . . fé (venir près); wa . . . nyokhon, na . . . nyo~
khonfé. Etre prochain, a hé na. a nato.
Approfondir, si a ka doun (creuser plus profond).
Appuyer. 1. Faire effort sur, digi. — 9. Poser contre, tintana, shnbé,
simi. Appuie ton fusil contre le mur, i marfa sèmbé kouhéma. —
3. aider, démé. \\ k. S' — , digi, shnbé (sur, . . . ma).
Après, ko, kho ( K.). Après la pluie vient le beau temps, san-dy'i ko, a
bé nyi. || — cela, 0 ko. \\ — que, ko. Après que la colonne fut
partie, les sofas sont venus, ko kélé takhata, sofalou nara. ii —
demain, sini kindi.
Apte. Il est — , a bé si hou nyoïima (il sait bien faire).
Aqueux, dyiba.
Arachide, tiga. tigo (K.). || Paille d' — ,tiganyara. Ij Coqie d' — ,
tiga-fara, iigo-fata (K.).
Araignée, limoklio-mouta (attrape-mouche); tali ; sousané ; sabé; ni/a-
mankoro (K.).
Arbrk, yiri, yiro (K.), dyiri, dyéri, dijiro (K.).
278
J.-B. RVMBAUD.
Arbuste, yiri-din, i/iri-dé, \jlri-(loromaniltni>a (K.).
Arc, tou; khala (K.). |] — — en-ciel, san-Uiala (K.), doubou kolngi.
Archer, khala-tigi (K.); khalan-hhé (K.), tou-kélé-bahha.
Arde.\t, gwin.
Ardu, goulé, gwélé, Mo/e'(K.).
Arête de poisson, yégé-houron, yégé-kotdon, dyégé-linnhu.
Argent, métal, ivori, xvoro (K..). || — , monnaie, wori; Ihalis (wo-
lof); hhansara (K.). || Pièce d'- — , wori-késé, wori-inisé, khalis
méshigo (K.); dalési.
Argile, banko, bankho [K.).
Argileux, banhoba.
Aride. C'est - — , ajen-o-fm té na (il ne vionl rien du tout).
Arme, îtégé; marania, marama-Jen.
Armée, b'ié, lélé-ba, kélo (K.).
Armer quelqu'un, marama di (donner une arme). || — un fusil,
toulouro hé, tloro hé.
Arracher, se, désé, dyaga (K.).
Arranger, ^/rtm, dala, dla, déné; bé, lobé (K.).
Arrêter, la marche de quelqu'un, sigi-la, monta (K.). |i S' — , h,
do (B.). Arrète-toi, i lo.
Arrière, ho, hofé, homa, hho (K.). |1 En — , hofé, homa. || — -,
poupe d'un bateau, ho. En arrière de la montagne, tinti hofé,
tinti homa.
Arriver, na. \\ — de, bo (sortir de). D'oii arrives-tu? i bora mi?
J'arrive de Siguiri, m' bé na, in bora Sigivi (je viens, je suis
sorti de Siguiri). Il est arrive' à Kita, a nara Kita. \\ — • par ha-
sard, na; don.
Arrondir, hon hé, moro-moro.
Arroser, son; dyi bo fourou hono (verser de l'eau dans le champ).
Artère, /fls«, bigo (K.).
Assaillir, hélé.
Assassin ,fahhala ,fâlihéla.
Assassinat, fahhali , fali.
A SSASSINER , fahha , fa ; dyara.
Assemblée, ladyéli, lédéli, dyénia (Ai'.).
Assembler, ladyé, lédé. \\ S' — , ha/ou , ha/ou nyohhoma , kafou ni kili ,
hhafou nyohhohhan [K.).
Asseoir. S' — , sigi. Il s'est assis, a sigira. Il est assis, a bé sigila.
Assez, a tou té (laisse cela ainsi); a bana, a banla (c'est fini); a
sira (c'est arrive'). J'ai assez d'eau, dyi sira 7i'yé. || Pas — , a
man sya; a té bo; a man sifoîo (ce n'est pas encore arrivé). Je
n'ai pas assez de lait, 7iono man sya.
Assiéger, sigi . . . fé.
Assistance, aide, démé. || — , assemblée, ladyéli, lédélé.
DICTIONNAIUE DE LA LAXfilïE MANDÉ. 279
Assister aider, démé. — , èlro presoni V^/c', va (voiiir); s?^/ (èlre
assis).
Atroce , dyougou a La sya.
Attacher, siri, siti, sti (K.).
Attaque, houn-hhan. giri-giriba.
Attaquer, kébé.
Atteindre, monta, mina.
Attendre, kono, khono (K.), khnnon (K.). Attonds que je rovionno,
a kono n ka na, \\ — , s'arrêter, lo, dn. Attends ici, lo yan. \\
S' — , da (croire), hakili ha ro (penser).
Attention, hakili , fakili , fakli (Ar.). || Faire —, hakili ha ro, hakili
ton, hakili lo; don; mouiidi (K.).
Attirer, sama, samba, saha.
Attraper, mina, monta, ta. Attrape! A ta!
Aube, dyouni-dyouni (de tW s bonne heure), dyonnou-dyounou (K.);
doiinioun-kouma , dounlonu'-khasi to (K.) (au chant du coq); douno-
koumo (Be'l.).
Aubergine, sorte d'- — rouge, ressemblant à la tomate de France,
dyakhatou.
Aucun, personne, mokho té. \\ - — -, avec un nom de chose, se tra-
duit par la re'pétition du nom et la négation. 11 n'y a aucun
arbre dans le pays, yir'-o-yiri nté dyamani kono. jj — peut se
tourner par : pas un. Aucun grain de mil n'est tombé, ani nyon
késé km ma houtou dougouma.
Audace , Jariya , fatiya.
AvD kciEiix, Jari, fati.
Auge , fakha.
Augmenter, bonnya; do di (donner d'autre).
Aujourd'hui, bi. \\ — , à l'époque actuelle, sa nyokho ionma (au
temps à côté de cet instant).
Aumône, sarakha, sakha; karandi. || Faire l' — , sarakha di.
Auparavant, tourna J'olo, om/éro.
Auprès de, nyokhon. nyokhonjé, nyokhoti kofé.
Aurore, tili otdila, lili ouléla, lilo oh/c7o(K.) (le lever du soleil).
Aussi, i. Et, avec, en même temps, ani, ni, i; a hé; o hé. - 2.
C'est pour(|uoi, 0 dé ka ké (c'est cela qui a l'ait que). Tu n'as
pas travailb', aussi je te punirai, i man h(d,ha ké, 0 dé ka ké
m' i' i gosi. — 0. Devant un adjectif, comparatif d'égiililé, se
tourne par w commet, iko. Je suis aussi grand que mon père,
n ka dyun iko m\fa. - h. Après un pronom , /««a. Moi aussi,
né fana.
Aussitôt, oro, ikoro, ni . . . ikoiv ni; . . . toiuna mena. Aussitôt
qu'il viendra, je l'attacherai, ni a nara, ikoro ni b" a siri, ou
ni a nara tourna mena, m' // a siri (^au moment où il sera venu
je l'attacherai).
280 J.-B. RAMB.VUD.
Autant, comparatif d'égalité, se tourno par : c'est égal, o hé kili,
a hé kakha7i. y a'imc autant mon père que ma mère, m fa ka di
n' yé ani m ha, a hé kakhan (j'aime mon père et manière, c'est
la même chose).
Autorisation, dalili. \\ Avoir l' — , dalili soro.
Autoriser, bafé (vouloir); dalila.
Autour de, kéréfé, bokhofé (K.). Autour de la case, boim kéréfé.
Autre, do, to. Un autre arbre yiri do; guère, wéré (Bel.). || L'un
l' — , ni/okhon. \\ Une — fois, sinya foulana , sinya dola, doro. ||
Les — s, mokholoii do, maou do (B.). || Vous — , nyi. Vous autres
blancs, nifi touhahou.
Autrefois, yb/o doro.
Autrement, pas de la même façon, a té kili, a té kakhan. \\ — -, si-
non, ni 0 té (si ce n'est pas cela). Va-t'en, autrement je te
bats, takha, ni o té ni h'igosi.
Autruche, soM^oMMï, kono-sougoiiti , sogonto (K.);
Avaler, kounou, khounou (K.).
Avance, prêt, fouma; donna (K.); dyoulou-doutia (K.).
Avancer, takha; ma lo, ma do (ne pas s'arrêter); goré.
Avant, mja, nyato. Il est parti avant moi, a tara nté nya. \\ —
QUE, kahini, kamini; sadi, sani, sado (K.). Avant de venir, lave
tes mains, sadi i hé na, i ka houlou kou. |] En — , da nyé, nya-
lo. Il hier, kounou ko. \\ — , proue d'un bateau, koun.
Avare, sonyoh; ka^itéla (K.).
Avarice, sonyo.
Avarié. C'est — , a tinyara, a tita.
Avarie, tinya, tita.
Avec, ani, ini, ni, i, iningo (K.); nof. Viens avec moi, na nofi.
Va avec lui, takha nofi. \\ — , au moyen de, ma, na, la. Il a
cassé la porte avec une hache, a ka da ti yèndéma.
Avenir. A l' — , tourna béna, o nya, o nyéro.
Aveugle, nya té; fyen té,fyon to (K.).
Aveugler, nya monta (prendre les yeux).
Avide, sonyola, korosyé.
Avidité, sonyo. ^
Avis, yili. \\ Donner son — , dali. \\ Etre de l' — de, hé ... na,
hé . . . kakhan. \\ A l' — de , yili ko.
Avoir, posséder, ha houlou. J'ai une femme, monsou ha m' houlou
(une femme est dans ma main); soro, soto (recevoir). J'ai
deux enfants, w' ka din foida soro. \\ — faim, konko hé. \\ —
SOIF, min-lokho hé. || — raison, tonya ha houlon, tonya hé; dyo
soro. Il — TORT, tonya té, tonya té houlou; dyo man soro. \\ —
PEUR, hi sira, silana hé, dyito hé. \\ — besoin, makou hé. J'ai be-
soin d'eau, dyi makou hé n yé. \\ — chaud, a ka givin. \\ —
FROID, a ka néné, néno hé (K.). || — le temps, dyen soro. \\ —
DICTIONNAIRE DE LA LANGIE MANDÉ. 281
À, se tourne par ie futur. J'ai à te parier, m hé hoiima fo ijé
(je te dirai une parole). || Il y a, hé. Il y a des villages, dou-
gou hé yé. || Il n'y a pas, té. Il u\ a pas de puits, kolon té yé.
Avorter, sigiko, hokhogé.
Aventure, Dire la bonne — , kényéla. \\ Diseur de bonne — , ké-
nyélala.
B
Babiller, barou.
Badigeon , pour les caves , nokho.
Badigeonner, nokholi.
Bafouer, dougouya.
Bagage, mina, mina-koulou, minanou; doni (fardeau). || Plier — ,
fanifourgouro ké (mettre son linge dans sa peau de bouc).
Bagarre, kélé.
Bagatelle, /en sobé nté,Jen gansan.
Bague, doroman, doromé, doroma (K.).
Baguette, botisa. \\ — de fusil, bayéti (Fr.).
Bai, cheval, sou dyoubé, sou dyouhéjîn, sou dyibé. |] - — brun, di/ou-
bé. Il — GLAiR, dyoubé inoumov. \\ — en tète et biilzanes, tyadou.
Baie, golfe, ba dogi. \\ — , fruit, yiri-dm, yiri-dé, yiro-dingo (K.).
Baigner, tremper dans l'eau, dyito sigi, dyiro sigi. || — , v. n.,
être trempé dans l'eau, dyou hé dyiro (être le derrière dans
Teau), Ij Se — , kou. H s'est baigne' dans le fleuve, a koura
haro.
Bailler, yala. kliakha (K.).
Bâillon, da siri, garou.
Bâillonner, da siri (attacher la bouche), gnrou-ké.
Bain, kou dyi, dyi iné hé kou kono (l'eau où on se baigne).
Baiser, subst., oulila, da-sousou (murmure de la bouche). || — ,
V., embrasser, ouliln ké, da-sousou ké.
Baisser. Se — , digi.
Bajoue, tama (joue), da-fourgou (sac de la bouche).
Balafre, nya-dyogi (blessure de la figure), nya-non (cicatrice de
la figure).
Balai , firali . Jitala , fit(do ( K. ).
Balance, dya, souma-dya, soumalin-Jhi.
Balancer, lanui, bito (K.). || — , hésiter, mén ké kouina Ion (ne pas
savoir qut; faire).
Balayer , jira , fita.
Balbutier, da-gara.
Balle, de fusil, marfa-négé ; négé-din, négé-dé.
Ballot, doni. \\ — , en forme de boule, en feuilles, ^oîii/oa.
282
J.-B. RAMBAUD.
Balzane, djié. Cheval à une, deux, trois, quatre balzaoes, sou dyé
kili, foula, snba, nani.
Bambou, ho.
Banane, namasa, némésa; hanaïui, haranda (K.).
Bananier, wrtH/asrt ?/în'.
Banc, sigila (siège).
Bande à bandage, smVr/. || — d'e'toiFe de coton pour les pagnes,
fani-mougou. \\ — -, troupe, boulon; hélé; kélé-bouloii.
Bk^oEkv, fani-sirila. \\ — sur la figure, nya fani sirila, m/ana
siri.
Bander, siri, || — les yeux, nya siri.
Bannette, s agi.
Baobab, sira, sita, sila, sito, (K.). || Pulpe du fruit du — , sira-
mougou.
Barbe, bon-si (poils du menton). || — , favoris, dyéméné; tamasi
(poils de joues). || — blanche, si-dijé, si-gé, sé-gwé.
Baril de poudre, kolonto; mougou doun-doun.
Barque, koidoun.
Barrage, dyoubé.
Barre de bois, yiri-kourou, yiri-koulou, yiri-koutou. \\ — de fer,
négé-kourou. \\ — de sel, fardi, fardé; bafal, bafé (Be'l.).
Barrer, yiri-kourou ké, négé-kourou ké. Empêcher de passer, bali
ka tambi.
Barrière, sansan, sinsin.
Bas, adj., dougouma; sourou (petit). || En — , dougouma. |] LÀ ,
yé, yéfé. || A — prix, songo man dyougou. \\ Faire main — se,
monta; sounya. \\ Mettre — , woulou, wolo.
Bassin, négé-ba, négé-kouna.
Bastonnade, bousa. \\ Donner la — , bousa, gosi bousama.
Bit, kirké,khirkhé [K.).
I^ATÀILLE, kélé, nyokhon-boun.
Bâtard, nya-fourou-din , dyanka-din, dyankalimé.
Bateau, kouloun. \\ — à vapeur, sisi-kouloun.
Bâtir une case, boun ké, boun dara.
Baton, béré, bêlé, bré, blé.
Battre, gosi; hougo. || — , vaincre, goulé. || Se — , kélé ké ny»-
khon-boun ké.
Bavard, koumala, kouma-tinyala , haroula, baroulikéla.
Bavardage, harouli.
Bavarder, barou, barouli ké.
Bave, da-dyi (eau de la bouche).
Baver, da-dyi bo.
Beau. C'est — , a ka nyi; nyima, nyounia. \\ — père, bira, bita. \\
Belle-mère, bira-mousou, bita-mousou. \\ — frère, ni-mokho. |)
DICTIONN VIRK DE LA LANGUE M VNDÉ. 283
Belle-soelr. »/-»/oMso». Belle-fille, i(Vrt-/»OH$OM. || — temps,
Hiji, mjouma. Il lait beau, a ha nijouma. \\ U.n — ■ jour, loungo.
Beaucoup, on comptant, a ka si/a, sijama, tijania; kika (K.); bélé-
bélé. Il — , sans compter, a ka sija, a ka tya, syama, ti/ama; hali;
wa. Il y a beaucoup de bœufs, nisi ka si/a, nisi sijama hé yé. 11
y a beaucoup dVau, di/i sjjania hé. j] — , devant un adjeclil",
mjima, mjouma, kou-sohé. \\ — , dans le sens de grand, hoan-
ba. Il —, sans complément, kou-sohé, kou-nyima, kou-dyougoïc
(en mauvaise part); hélé, hélé.
Beauté, (Uya. diyé.
Bec, d'oiseau, kono da.
Bêche, indigène, daha.
Becqueter, sokho, soua.
Bégayer, da gara.
Bêler, kasi (crier).
Bélier, srtAVta, sakha-ké, sakha-tigi, sa-ké, sa-tigi, sakhon-klié {¥l.) ;
sakho-tigi (K.).
Bénédiction, haraka (Ar.), harké, aharka (K,).
Bénéfice, gain, tonou.
Bém , harkéla.
Bénir, haraka. harké.
Berger, gela, givéla (Ko.), gé, givé (Ko.). |i — de bœufs, nisi-gé,
nisi-géla. \\ — de moutons, sakha-géla. On dit aussi woré-géla
(gardien de troupeau).
Bergerie, sakha-xvoré , sa-woré (parc de moutons).
Bergeronnette, nisi-kono (oiseau des bœufs), nisi-gonyori , nisi-
gonyoro (K. Bel.).
Besoin, makou. J'ai besoin, inakou hé »' yé. L'homme a besoin du
mil, moklio makou hé nifon la.
Bestiaux, nisi (des bœufs). |j Parc à — , nisi-ivoré.
Bétail, mst (des boni fs). i| Troupeau oe — ,nisi-woré.
Bète, sakha, saklio (K.), soubou; sogo, sougou (S.).
Beurre, de lait, naré (K.); nisi-toulou. |j — , de karite', sé-toidou,
sé-tlou.
Biche, kouloun, konloungo (K.). || Grande — , sine. \\ — à cornes
en lyre, mina.
Bien, nyi, nyima, nyouma; héré, hété; c esi bien, a ka nyi, a klia.
hélé (K.); a bé n ta. \\ — , beaucoup, syamn, a ka sya. (Voir
Beaucoup.) il — , devant un adjectif, kou-sohé. kou nyima. J'ai
bien dormi, n ka sinoklu) kou-sohé. Travaille bien, i ka bakha
kou sohé. il — QUE, bari (cependant). Bien que tu l'aies aidé
il ne t'as pas iécomj)ensé, tournez : tu l'as aide', copcudaiit il
ne t'a pas récompense, i k' a démé, bari a man sara di ' ma. ||
— s, riclicsses, nafoulou, naflou.
Bienfait, sara k lia.
28d
J.-B. RAMBAUD.
Bienfaiteur, sarakha-dila.
BiemÔt, sa-sa (K,), si-sa (tout de suite); tourna doron (dans uu
petit temps), doron (dans peu), yétia.
Bifurcation, s da foula, sdajla, sira foula ; fara , sUa-fara, sdo-fara
doula.
Bijou, masiri, masili.
Bijoutier, sawa-ké[K.), noumou-ké (forgeron).
Bivouac, digi-doula; dakha.
Blâmer, lamo. Je l'ai blâmé d'avoir volé, n k' a lamo katougou a
ka sounyali ké (parce qu'il a volé).
Blanc, khot (K.); dyé, gé, gwé (Ko.). || Homme — , ionbabou;
fara gé,fata goé (Bel.). || Cheval — , sou bé dyé, sou bé da. \\
Cheval qui boit dans son — , sou dajé dyé.
Blanchir, v. n., devenir blanc, dyé na. Ses cheveux ont blanchi,
a si dyé nara. \\ — , v. a., rendre blanc, dyé ké. \\ — le linge,
kou.
Blessé. Il est — , a dyogira.
Blesser, dyogi. \\ — à coups de couteau, sokho, soua (piquer).
Blessure, da; souali-da, souaré-da (à coups de couteau); dyogi,
dimi (douleur).
Bleu, adj., tigéla; Jln-ma (noir); fomé; gara (indigo). i| — ,
boule pour le blanchissage, boula (Fr.). || — et blanc, j)agnes
rayés de ces deux couleurs, fanijènkhala (pagne de couleur). ||
— ET BLANC, couvertures rayées de ces deux couleurs venant
de Ségou, danpé, kosonkholo.
Blottir. Se — , dougou.
Boa, maninya, mininya, maninyan, mininya, méninga
Boeuf, nisi, niso (K.). || — , à bosse, sigi. \\ — porteur, tamé,
témé.
Boire, mi. Va faire boire le cheval, iakha ka sou mi.
Bois, perches, troncs, yiri. \\ — , branches d'arbre, yiri-boulou. ||
— à brûler, lokho, loua, douo. || — à construire, kisé. \\ — ,
forêt, woulo, tou-ba. Ceci est fait en bois, nyi bakha yiri lé mou.
Boisson, mi-Jen, mi-Jeugo (K.).
Boîte, bâta, bara (Fr. ).
Boiteux, sin-kilé, sin kili.
Bon, nyi, nyima. nyouma, béré, bété [K.). \\ — À manger, di, bété
(K.); doumou-fèn; nyima; douma. C'est bon, a ka nyi, a ka di
(au goût), a kha bété (K.); a bé nta (cela me convient); douma
don (c'est bon à manger). Ce n'est pas bon, a ma nyi, a man
bêlé (K.), douma nté (ce n'est pas bon à manger).
J.-B. Rambaud.
(.4 suivre.)
DE L'ARTICLE.
(MORPHOLOGIE ET SYNTAXE.)
La plus petite des parties du discours, celle (jui semble être la
moins importante et jouer le rôle le plus humble, c'est, sans con-
tredit, Tarticle; nous verrons qu'il en est tout autrement en re'a-
lité et qu'il remplit, au contraire, précise'ment la fonction essen-
tielle qu'ont les infiniment petits dans le monde biologique. H
imprime pour sa part à tel langage son caractère propre; il vient
en aide aux autres parties du discours, e'tant un mot auxiliaire
d'une grande puissance; il leur donne la pre'cision de concept et
la détermination qui leur manquent; il les renforce s'ils en ont
besoin, les de'charge de leurs concepts accessoires trop lourds,
e'vite les heurts que les mots principaux pourraient avoir entre
eux, leur me'nagc l'espace et permet à la lumière logique de cir-
culer. Il me'rite donc toute notre attention. Nous allons essayer ici
très brièvement de retracer son origine et son évolution première,
sa fonction mécanique au point de vue morphologique et ses di-
vers emplois fonctionnels au point de vue psychologique et syn-
tactique.
Remarquons, avant de commencer, que l'article n'est pas
commun à toutes les langues, qu'il est seulement le privilège de
quelques-unes, tantôt des plus anciennes, tantôt, au contraire, des
plus développées et des plus parfaites; mais que souvent il fait
défaut, que ce n'est pas, par conséquent, un organe indispen-
sable du langage, mais un organe complémentaire qui s'ajoule
en présence de certains besoins psychiques d'expression, les-
quels sinon le créent, du moins le développent et lui donnent
seuls une existence personnelle autonome.
1°. — De l'article au point de vue morphologique,
de son origine pronominale, de son evolution.
Les diverses parties du discours se sont développées les unes
des autres. Dans les langues qui ne connaissent pas encore le
pronom prédicalif, mais qui conjuguent le verbe possessivement,
MKM. LIWG. IX. 19
286 RAOUL DE LA GRASSERIE.
]e verbe n'est, en re'alité, encore qu'un substanlif; le participe
conserve toujours les attaches verbales; l'adverbe n'est qu'un ad-
jectif sm'^enens; la conjonction n'est qu'une transformation de la
préposition. C'est ainsi que l'article, à son tour et plus étroite-
ment, tire son origine des pronoms personnels, et parmi eux, du
pronom de la 3" personne.
Seulement, tandis que le pronom personnel de cette personne
remplace le substantif et le rappelle, de manière à éviter sa ré-
pétition, l'article se joint au substantif et, au lieu de le remplacer,
le corrobore désormais.
De cette origine, on peut apporter des preuves nombreuses.
Pour citer d'abord les langues connues, qui ne constaterait en
grec l'étroite parenté entre le pronom relatif, d'abord personnel,
et l'article, et en français la dérivation de l'article du pronom la-
tin ille? Maïs dans des langues beaucoup plus antiques d'allure,
le pronom est encore plus frappant. Il faut citer parmi elles le
nama et les langues bantou. En nama, le pronom des trois per-
sonnes se joint au substantif en s'y suffisant. Ce n'est plus seule-
ment celui de la 3° personne qui devient un article, ce sont ceux
aussi de la i""^ et de la 2^
Le processus devient ainsi plus transparent et l'origine pro-
nominale plus évidente. On dit : hyy-ta tf seigneur- moi w, au-ts
ftliomnie-toi:5, gu-h cf père- lui ii; les suffixes ta, ts, h signifient
«moi, toi 17 et fflui»; ce sont de vrais pronoms, et à la 3* per-
sonne on emploie de la même manière les expressions de tous les
genres; masculin, féminin et neutre, h, s q\, i, qui sont aussi des
pronoms.
De même, dans les langues bantou, on ne suffixe plus, mais
on préfixe au substantif les pronoms, non plus des trois per-
sonnes, mais de la 3"; mais ces pronoms sont très variés : k,t, d,
l, n, p, h, m, suivis de différentes voyelles et se rapportant à
différentes classes d'objets; eh bien, chacun de ces pronoms se
préfixe au substantif et sert d'article ; en cafre : um-tu'^ il-homme -n ,
ili-zwi fcil-motii, m-;^^/^ rrelle-maison^, u-dode rr elle-sœuni , pour
Yhomme, le mot, la maison-, il n'y a aucune différence entre le pro-
nom et l'article, sinon la position.
. L'origine pronominale de l'article est indéniable, nous allons
avoir l'occasion d'en fournir de nombreux exemples en parcou-
rant tout à l'heure les diverses langues, et nous l'expliquerons
plus loin lorsqu'il s'agira du point de vue psychologique.
Mais bientôt la sensation de cette origine se perd, quelquefois
même la forme pronominale qui avait été empruntée ne fait plus
fonction de pronoms, n'est plus usitée comme tel, et l'article
survit seul avec sa fonction propre.
L'article ainsi dérivé du pronom est désormais destiné à dé-
DE L'ARTICLE. 287
terminer, c'est-à-dire à individualiser; quoiqu'il ait d'autres fonc-
tions, comme nous le verrons plus loin, c'est là celle normale.
Le substantif, par exemple, a une signification indétermine'e;
Vhomme en possède trois bien distinctes; il signifie un homme
quelconque, individuel, mais non de'signé, dans le sens de àvOpck)-
TTos Tis; ou bien il désigne Ihomme en général, tout homme,
l'homme par opposition à d'autres êtres, ou enfin il signifie un
seul homme qu'on veut indiquer à l'exclusion de tous autres.
Comment distingue-t-on ces différents concepts? Beaucoup de
langues, la plupart,' seront hors d'état de le faire: ce ne sera
que le contexte qui décidera. D'autres, au contraire, distingue-
ront soigneusement ces cas; il y aura une forme, ou plutôt un
mot spécial pour la détermination. Ce mot, ce sera l'article.
Mais toutes, pour cette expression, ne procéderont pas de la
même manière. Les unes, par exemple, auront un indice pour
marquer la détermination et un autre pour marquer l'indétermi-
nation. C'est ce qui arrive en français oii l'on dit tantôt un
homme, et tantôt Vhomme. Mais cela se produit rarement, d'ail-
leurs ce n'est pas nécessaire; il suffit qu'on marque une de ces
deux situations. Si, par exemple, la détermination a un indice,
il suffira que cet indice soit absent pour qu'on sache qu'on se
trouve dans un cas d'indétermination; et en français au lieu de
dire Vhomme, et par opposition un homme, on aurait pu, si tout
n'était pas involontaire et inconscient dans le langage, dire
Vhomme et par opposition homme. C'est à ce dernier parti que
presque toute les langues se sont arrêtées, de sorte que l'article
n'y marque que la détermination seule, et qu'il n'y a qu'un seul
article.
Certaines autres emploient l'article, le même, quil y ait dé-
termination ou indétermination: tous les substantifs en sont tou-
jours munis; l'article devient, à ce point de vue, indifférent. 11
est probable qu'il a marqué d'abord la détermination, puis, que
la sensation de son rôle s'est oblitérée et qu'il s'est ensuite étendu
par analogie à tous les substantifs.
Lorsque l'on veut marquer non point tel homme individuel,
mais ïhomme collectif, on se sert de l'article déterminé, ce qui
peut paraître singulier au premier abord, mais ce qui s'explique
très logiquement.
En effet, l'homme collectif devient individuel vis-à-vis de telle
autre espèce zoologi(jue. Lorsqu'on dit par exemple : r? L'homme
et le cheval'^, il s'ajfit, non il est vrai, de deux individus, mais
de deux genres respectivement individualisés.
Si c'est le substantif, l'être, qu'il y a lieu de déterminer, et si
l'article est employé à cet usage, quelquefois cependant , anorma-
lement, il y a lieu de déterminer une autre partie du discours,
19.
288 RAOUL DE LA GRASSERIE.
el c'est alors l'article qui est encore employé' dans ce but. C'est
de cette manière, comme nous le verrons, qu'il de'termine quelque-
fois l'adjectif.
Quoique l'article soit le principal et presque exclusif instru-
ment de détermination, nous verrons qu'il existe des anomalies;
quelquefois la de'termination se fait par d'autres moyens. Par
exemple, la racine du substantif s'amplifie quand une forme
empbatique met en relief, et c'est ce relief qui exprime la déter-
mination. D'autres fois, cette racine se dédouble en partie, et c'est
ce dédoublement qui remplit cette fonction. Quoique alors il ne
s'agisse pas de l'article (quelquefois ce n'est qu'une apparence),
et que ce soit un liors-d'œuvre d'en traiter ici, nous le faisons
cependant pour être complet, parce qu'il y a là une anomalie
et un fait tout exceptionnel.
Nous rencontrerons dans l'étude de l'article quelques difficulte's.
Si presque toujours son origine pronominale est claire, quelque-
fois elle semble un peu cache'e, nous devons avec since'rité relever
ces éclipses, et chercher à retrouver le fil qui peut nous man-
quer tout à coup.
D'autres fois, l'article disparaît complètement, et cette éclipse
est plus obscure. Un substantif, au cas normal, au nominatif
par exemple, et au singulier, n'en est pas accompagne'. On l'ap-
pelle, il est absent. Mais il apparaît tout à coup sous le re'actil
d'une autre cate'gorie grammatical-e, par exemple, du pluriel,
du féminin, de l'accusatif, pour exprimer une de ces cate'gories
qui n'a pas ou qui a perdu le mode ordinaire d'expression.
Ce cas est très curieux. La de'termination fait fonction de
nombre, de cas, de genre. Quelquefois ce résultat n'est que l'efl'et
de la chute de l'article dans les autres situations.
C'est ce que nous appellerons Varticle latent.
Que si nous revenons à l'article proprement dit, celui qui
suit la formation et remplit la fonction ordinaire, nous remar-
querons qu'il peut occuper auprès du substantif deux positions
bien dilférentes.
Comme tous les autres affixes grammaticaux ou lexicologiques.
il se prépose ou se suffixe. L'article suffixe est plus rare, il perd
dans cette situation un peu de son caractère , et on a peine quelque-
fois à le dégager. Il est ordinairement préposé, quelquefois
préfixé, gardant mieux ainsi son indépendance, et plus prêt à
remplir à cette place les fonctions diverses qui peuvent lui être
données.
D'ailleurs qu'il soit préposé ou suffixe, l'article tantôt reste
invariable et toujours le même; c'est le cas, entre autres, de
l'article arabe al, el; tantôt, et le plus souvent, il varie, suivant
DE L'ARTICLE. 289
le genre, le nombre, le cas, ou suivant les trois à la fois; c'est ce
qu'on peut observer dans Tarlicle grec.
Dans les langues qui comptent, non deux genres ou même
trois, mais un grand nombre do genres, comme les langues
bantou, l'article varie suivant qu'il s'agit de diverses catégories
d'objets. Cela n'a rien d'étonnant, l'article n'étant que le pronom
personnel qui a préalablement suivi toutes ces variations. Nous
allons maintenant, passant de ces i-emarqués générales à une ob-
servation concrète, examiner l'article et, plus en général, l'ex-
pression morphologique de la détermination dans les divers
groupes de langues. Nous établissons dans cet examen les divi-
sions suivantes :
1° DETERMINATmX MARQUEE PAR L'ARTICLE.
A. — Détermination du substantif.
1° De la détermination et de l'indétermination par deux ar-
licles différents;
a" Un seul article s'applique à la fois au cas d'indétermina-
tion et à celui de détermination;
3° L'article marque seulement la détermination.
a. — Article patent.
1° L'article est préposé.
a. Il reste toujours invariable.
b. 11 varie suivant les genres.
c. Il varie suivant les cas.
d. Il varie suivant la classe des objets.
2° L'article est postposé.
a. 11 est invariable.
b. H varie suivant les genres.
c. 11 varie suivant les personnes.
b. — Article latent.
Il apparaît sous le réactif du genre, du nombre, du cas.
11 sert à les marquer.
B. — Détermination de l adjectif, du verbe, de V adverbe.
2" DÉTERMINATION MARQUEE AUTREMENT QUE PAR L'ARTICLE.
a. État emphatique;
b. Réduplication partielle.
290 RAOUL DE LA GRASSERIE.
En ce qui concerne Tarticle , nous distinguerons le cas où il
dérive morphologiquement du pronom et celui où il semble avoir
une autre origine.
1° DETERMINATION MARQUEE PAR L'ARTICLE.
Comme nous Tavons dit, c'est le proce'dé ordinairement em-
ployé' quand on marque la de'termination. Mais la plupart des
langues ne la marquent pas, et cela, en effet, nest pas nécessaire
le plus souvent: si le substantif est suivi d'un autre au génitif,
cela le détermine suffisamment.
Dire : livre de Primus serait aussi clair que de dire: le livre de
Primus, et ce livre n'en serait pas moins individualisé. Il en est
de même, quand on dit : livre que vous tenez à la main. Que si
ces circonstances manquent, l'emploi d'un adjectif démonstratif
ou même d'un adverbe locatif, ou même un simple geste, peu-
vent suffire: livre celui-ci, ou livre ici, ou livre, en le montrant du
doigt. Telle est d'ailleurs l'origine de l'article, puisqu'il dérive du
pronom.
On a dû dire d'abord par pléonasme : ceci-livre, le désignant
ainsi de deux façons-, plus anciennement, on disait sans doute
ceci, puis, pour plus de clarté, on a ajouté livre. Nous verrons
plus loin dans la partie psychologique que tel est l'ordre qu'on
a dû suivre.
Livre-ceci ou plutôt ceci-livre est devenu ce livre, puis le livre.
L'article est donc un luxe, mais nous verrons que c'est un luxe
très utile. Le premier article a été un geste; on sait quel supplé-
ment celui-ci apporte au langage chez les peuples primitifs; les
plus civilisés l'atténuant ont besoin de le remplacer et le rem-
placent souvent par l'article.
l*]ncore moins est-il nécessaire d'avoir deux articles, l'un pour
la détermination, l'autre pour l'indétermination. Encore moins
surtout est-il utile de voir déterminer l'adjectif, ce sont pourtant
des phénomènes que nous allons constater.
A. — Détermination du substantif.
Cette détermination a lieu au moyen de l'emploi de l'article,
ou par d'autres procédés.
Étudions d'abord, et cela seul est notre sujet direct, l'emploi
de l'article.
1° Article double.
L'article est double, il y en a un pour la détermination et un
autre pour l'indétermination dans les langues suivantes :
DE L'ARTICLE, 291
Tout d'abord , dans les langues indo-européennes dérivées où
il existe, l'article est généralement double, par exemple, en
français et en allemand. Chez nous, il se marque par un pour
l'indétermination, par le, la, les pour la détermination. L'origine
de ces deux articles est évidente : le premier n'est que le mot
de nombre non modifié; le second est le pronom latin ilk, illa,
illos, ainsi syncopés : il{le), il(la), ill{o)s. Il en est de même en
italien, en portugais, en espagnol.
Même processus en allemand, oij l'on trouve à la fois ein etdas,
avec même origine; en hollandais, on danois et en suédois. En
anglais l'article indéterminé est le mot de nombre iiiodifié: a au
lieu de one; le déterminé est the, dérivé du pronom. Il en est de
même en celtique où l'on rencontre eiir et an, ar, et en grec où, à
côté de ô , V, t6, on rencontre tis, et aussi le substantif sans
aucun article.
Le roumain marque très nettement la différence entre le dé-
terminé et l'indéterminé. Dans le premier cas, l'article qui n'est
autre que le pronom se suffixe au substantif et se décline seul.
Oni-nl ff l'homme w, om-ului tfde l'homme tî; dans le second, le
nom de nombre un se décline seul aussi, mais se prépose: un
pork rrun porcw, iinid pork rrd'un porcr», etc. Il faut noter que
cette langue peut obtenir un indice de détermination renforcée
en préposant îchel.
L'adjectif se suffixe aussi l'article de détermination : bun-ut
fbonr).
En dehors de la famille indo-européenne, nous trouvons le
double article nettement formé dans le vieil égyptien et dans le
copte.
Dans la première de ces langues, le déterminé est pa, fémin.
ta, plur. 7ia, d'origine pronominale; nous le retrouverons plus
loin; l'indéterminé est de forme invariable, et n'est autre que le mot
du nombre tia ^ un v : pa miter cfle dieuw, ua atef «un pèrew. En
copte, le déterminé est pe, fémin. te, plur. ne; l'indéterminé
eslu , l'origine est la même :pi-kahi rc la terre n , u-rômi cr un homme »;
au pluriel, l'indéterminé est han, qui signifie tf quelques-uns w.
Au contraire, les autres langues de la même famille, ou ne
possèdent pas d'article, ou n'ont que l'article déterminé.
Parmi les autres langues de l'Afrique, le grebo possède aussi
les deux articles. Le déterminé consiste dans le pronom de la
3* personne suffixe et redoublé nono [le pronom est no\; l'indé-
terminé consiste dans le pronom simple no.
Parmi les langues du Caucase, l'abchaze possède aussi le double
article. Celui de détermination a est préfixé, c'est un pronom
démonstratif; celui d'indétermination k, est suffixe: a~pha ffle
fils ^ , pha-k ff un fils ri.
292 RAOUL DE LA GRASSERIE.
Les langues polynésiennes et les malaisiennes ont aussi les
deu.v articles.
Dans les premières, tandis que l'article de détermination est
te, le, suivant les langues, celui d'inde'lermination est se, he;
se tangata ffun homme '■>, le iangata «WiovAuve-n; sa n'est autre
que le mot du nombre rfunw. Dans les secondes, en dayak, par
exemple, l'article de détermination est ta, tandis que celui d'in-
détermination est idji, mot de nombre.
Dans une langue mélanésienne, le nengoné, même état. L'ar-
licle de détermination est re, donc un pronom; celui d'indéter-
mination est se, le nombre tfun^: re ngome cr l'homme w, se n^ome
ff un homnid. Il faut remarquer que les noms propres ont une
particule spéciale : hei.
Sans doute, quelques autres langues possèdent l'article d'in-
détermination, mais ce fait est rare.
Il faut remarquer d'ailleurs qu'il peut exister, entre le cas qui
appelle l'article de détermination le et celui qui appelle l'ar-
ticle d'indétermination un, un troisième cas, moyen entre les
deux, qui appelle, même souvent dans les langues qui possèdent
les deux articles, l'absence d'article ou une modification de l'un
des deux. C'est ce qui arrive en français plus difficilement, parce
que l'article y est devenu comme indispensable dans ce cas; l'ar-
ticle est conservé, mais modifié au partitif.
On peut citer les exemples suivants: un lièvre, le lièvre, {que),
du lièvre.
Ce dernier cas est même celui de la véritable indétermination;
un lièvre est individuel, comme le lièvre, et représente plutôt l'in-
défini. A ce point de vue, les deux articles seraient tous les deux
de détermination.
9* Article simple, mais marquant à la fois la détermination
ET l'indétermination.
On ne conçoit guère qu'un tel processus puisse être réel. A quoi
bon l'article, instrument de détermination, s'il s'agit d'un sub-
stantif qu'on veut, au contraire, indéterminer? C'est agir au re-
bours de la fonction.
Cependant l'explication historique en est simple. L'article de
détermination, surtout lorsqu'il s'est fortement agglutiné au
substantif, perd de vue bientôt sa raison d'être; il devient comme
un suffixe lexicologique; il s'est cristallisé et est désormais indif-
férent au point de vue de la détermination. Mais il ne l'a pas tou-
jours été. Ce qui prouve que ce processus est exact, c'est qu'il se
produit surtout lorsque l'article est suffixe ou incorporé et a
perdu son autonomie.
DE L'ARTICLE. 293
Un tel ^rocess?<s s'observe d'abord dans les langues dravidiennes.
Dans ces langues, le nominatif, lorsqu'il s'agit d'êtres animés, se
forme en suffîxant les pronoms de la 3* personne qui jouent exac-
tement le rôle d'un article : avan, fe'min. aval, sous la forme
abre'ge'e on, an, cil.
Dans la langue nahuatl, la terminaison substantive en tli
n'est point un suffixe de dérivation, mais un indice de détermi-
nation dont la fonction a disparu. Ce qui le prouve, c'est que ce
suffixe disparaît encore dans les cas indirects d'indétermination,
c'est-à-dire au pluriel : siœa-tl ffla femme 11, plur. siwâ. Il en est
de même quand le substantif est accompagné d'un suffixe pos-
sessif qui l'individualise suffisamment : teo-tl r dieu v , no-teû tr mon
dieun.
Parmi les langues européennes, le nordique suffixe l'article
au substantif, et il semblerait qu'il en résulte une déclinaison
de détermination; mais cette fonction s'est oblitérée, et l'on peut
signaler là un phénomène du même genre que ceux que nous
venons de décrire; nous y reviendrons.
3" Article simple ne marquant que la détermination.
C'est le cas le plus commun; il nous retiendra quelque temps.
Nous reprendrons ici les langues que nous avons envisagées
plus haut comme possédant les deux articles, l'un de détermi-
nation, l'autre d'indétermination, qu'on peut considérer tous deux
à un certain point de vue comme de détermination, en les étu-
diant relativement à la détermination marquée par des articles
et à l'indétermination absolue restant sans indices.
Au point de vue morphologique, il faut distinguer principale-
ment l'article prt.'posé et l'article postposé.
1" Article préposé.
L'article préposé forme la règle; ce n'est qu'exceptionnelle-
ment et par une certaine anomalie que l'article postposé appa-
raît; dans cette dernière situation il ne peut, en effet, bien rem-
plir ses fonctions, si ce n'est celles de détermination. Il est et
doit rester naturellement l'avant-coureur du substantif.
Il faut distinguer l'article restant invariable et celui qui varie
suivant les diverses autres catégories grammaticales. C'est l'ar-
ticle variable qui est le plus normal. En effet, l'article n'est
qu'un pronom détourné de ses applications ordinaires; or, le
pronom varie et très énergiquemont suivant le genre et le nombre.
C'est donc par lui (|ue nous commencerons.
29^ RAOUL DE LA GRASSERIE.
Article préposé variable.
Le pronom préfixé varie suivant ie genre principaiement, puis
suivant le nombre, le cas et la classe d'objets; cette dernière
n'est d'ailleurs qu'un genre sui generis. Dans cette première ca-
tégorie rentrent plusieurs langues indo-européennes, parmi les
langues chamitiques : l'égyptien, le copte, le bedza, le somali et
le galla; une langue américaine, ie maya; une langue de l'Asie
orientale, le khassia.
Parmi les langues indo-européennes, toutes ou presque toutes
celles dérivées ont l'article variant suivant le genre et le nombre
à la fois, quelquefois un second article d'indétermination variant
de ta même manière, et enfin, l'indétermination plus absolue.
Commençons par observer le français actuel.
L'article de détermination parfaite est le, lequel devient sui-
vant le genre et le nombre, la ou les; nous en avons indiqué
l'origine pronominale. Cette langue possède aussi l'article de dé-
termination imparfaite, au singulier, un, lequel devient au plu-
riel des, en empruntant ici le génitif du premier : Vhomme, les
hommes; un homme, des hommes. Il possède enfin l'indéterminé
absolu, sous la forme de partitif: du bœuf, du mouton, en em-
pruntant cette fois le génitif singulier du premier article. En
vieux français, le substantif indéterminé dépouillé de tout article
était très usité; on disait homme, ce qu'il ne serait plus permis
de dire aujourd'hui.
En allemand moderne, et dans toutes les autres langues ger-
maniques modernes, on suit le système du français. L'allemand,
par exemple, a l'article déterminé der, die, das, l'article d'indé-
termination einer, eine, eines, et.fabsence de toute détermination.
Les langues romanes, autres que le français, ont, à l'excep-
tion de l'albanais et du roumain qui suffîxent l'article, les deux
articles préposés et variant avec le substantif : il, la, gli; el, los,
las; l'absence d'article y est inconnue, comme en français.
Les langues néo-celtiques possèdent aussi l'article , mais, comme
nous le verrons, il est devenu invariable.
Les langues néo-slaves ignorent complètement farticle, sauf le
bulgaie qui le postpose et que nous rencontrerons dans une autre
classe. Cette exclusion est très remarquable.
Les langues néo-indiennes et néo-éraniennes ignorent l'ar-
ticle.
Parmi les langues indo-européennes primitives, l'article n'est
bien développé qu'en grec. Là il acrompagne toujours le sub-
stantif lorsqu'on veut le déterminer, ce qui est le cas le plus fré-
quent: ô, >;, To, et suit toutes les variations de genre, du nombre
DE L'ARTICLE. 295
et du cas. On le supprime lorsqu'on veut exprimer Tindétermi-
nation absolue, et l'on emploie ris pour la détermination inde'-
finie. Le développement est complet.
Au contraire, le latin ignore d'une manière absolue l'article.
Ce n'est que dans la basse latinité' qu'on prépose au substantif
ille, qui donna plus tard naissance à l'article français.
Il est bien remarquable que de deux langues aussi étroite-
ment apparentées que le grec et le latin, l'une ait donné à
l'article un tel développement, tandis que l'autre l'a complète-
ment ignoré.
Le gotbique employait, au contraire, l'article, et il l'a trans-
mis aux langues germaniques; mais cet emploi y est peu fréquent
et n'a lieu que dans des situations particulières, par exemple,
lorsque le substantif est déjà déterminé par un pronom relatif
ou un adjectif, ou dans le cas d'apposition, ou lorsqu'il s'agit
de personnes déjà connues ou mentionnées; son emploi n'est pas
général comme dans les langues dérivées. Il en est de même en
noidique, oij nous trouvons d'ailleurs le concours d'un article
sufïjxé, mais cristallisé à la fin des mots; beaucoup de substan-
tifs sont employés sans article.
Les langues celtiques primitives possédaient aussi l'article pré-
fixé, mais cet article est invariable.
Dans le vieil indien se trouvent des traces de l'article variable:
sa blmah, the hâsah; cet article ne s'est pas maintenu dans le san-
scrit.
Dans le zend on trouve aussi l'emploi restreint de l'article :
tam kehrpen, lâin wanâm, ho merego; et dans le persan cunéiforme,
le pronom mva sort souvent d'article.
L'emploi de l'article est donc loin d'être universel dans la
famille indo-européenne. Outre son absence totale dans le groupe
lithuano-slave et en latin, et, en sens contraire, sa pleine efflores-
cence en grec, on doit remarquer qu'il s'est partout ailleurs
lentement développé, et qu'il n'a atteint son apogée que dans
des langues très dérivées. Ces dernières tendent à l'universaliser
et à en faire la règle, tandis qu'il ne fut d'abord que l'exception;
il faut qu'il y ait indétermination accentuée pour qu'alors on
écarte l'article. D'ailleurs, partout ici l'origine pronominale de
l'article est indéniable.
La famille chamitique est celle qui offre, en ce qui concerne
l'article préposé et variable, les plus riches exemplaires. Tout
d'abord l'égyptien ancien. Nous en avons fait mention en ce qu'il
possède le double article.
Nous n'examinerons ici que celui de plus grande détermina-
tion; il est d'origine pronominale certaine, cesl pa,pe; féminin
ta, te; pluriel commun, na, ne, nan, nen : pa-nuter rie dieu»,
296 RAOUL DE LA GRASSERIE.
ta-nuter-t-a tt la déesse n , na-nw ler-u frles dieux w, na-mi ter-t-u rrles
de'essesw. Les pronoms personnels sont au masculin :/-, p- et
au féminin s -i.
Le copte reproduit le même système: article masculin,pe, pi;
féminin, te, ti; pluriel, ne-ni: fi hahi «la terre 15, ti shime cria
femme, ne-taû rrles montagnes^. Il en est de même du bedja,
dans le groupe éthiopien; Tarticle y varie à la fois suivant le
genre, le nombre et le cas : nominatif îi; féminin t-û; pluriel
masculin, à; pluriel féminin, t-à; accusatif masculin, ô; accusatif
féminin, t-ô; pluriel masculin, ê; pluriel féminin, t-é.
L'origine est pronominale; le pronom est en effet conforme.
L'u de l'article et du pronom est la transformation du p égyp-
tien; on peut cependant prétendre que cet u se rattache à Yua,
second pronom de la même langue. Un phénomène très curieux
est celui-ci : l'indice de la terminaison suffit dans cette langue
pour exprimer le cas accusatif, ce cas étant, comme nous venons
de le voir, différent de l'article du nominatif.
Le somali et le galla ont aussi l'article variable, mais postposé.
— Au contraire, le tamascheq le prépose, mais il faut ajouter
qu'il ne possède pas de véritable article, ou plutôt qu'il n'en a
gardé que des débris; les noms féminins non seulement sont
suivis d'un t qui est l'indice de ce genre, mais ils sont précédés
en même temps d'un autre t qui cette fois est l'article : t-amgar-t
cfla vieilles, qui répond exactement à l'égyptien tu-nu-ter-t fia
déesse»; c'est un article défectif et atrophié.
11 faut observer surtout dans le groupe chamilique, oii nous
letrouverons plusieurs autres langues : le somali, le galla, le
saho, le bilin et le chamir, à propos de l'article suffixe, que l'in-
dice de l'article se confond avec celui du masculin et du fémi-
nin, du féminin surtout dont / est la caractéristique. Cela est si
vrai que souvent, comme en tamasheq, le t se trouve répété deux
fois, au commencement et à la fin du mot. C'est que l'indice des
genres a été pris au pronom lui-même, aussi bien que l'article;
c'est le pronom qui est la source commune.
Parmi les langues américaines, le maya n'a pas d'article pro-
prement dit, mais l'animé et l'inanimé sont exprimés en prépo-
sant : fl^' X. ^t is, s, dont l'origine n'est pas bien connue et ne
semble pas pronominale; on pourrait y voir peut-être un article,
mais cette interprétation est hypothétique.
Dans le langage khassia, de l'Asie orientale, l'article est, au
contraire, bien caractérisé, et son origine pronominale certaine,
il supporte même seul l'expression du genre et du nombre, le
substantif restant invariable. La forme est : u pour le masculin,
ka pour le féminin, et ki pour le pluriel des deux genres :
briû ff l'homme», ka um cria maison», ki kun tfle fils».
DE L'AKTICLE. 1?97
Le genre des substanlifs se re'duit ordinairement à deux :
lantôt le masculin et le lëminin, tantôt et le plus souvent, l'anime
et l'inanimé.
Mais dans certaines langues, les êtres se re'partissent en caté-
gories beaucoup plus nombreuses, et chacune d'elles forme un
genre différent, qui n'est ni sexuel, ni vitaliste, mais beaucoup
plus ramifié.
On peut citer, comme suivant ce concept, deux groupes de
langues importants : celui des langues banlou, celui des langues
caucasiques; puis sporadiquement, le serer, le poul et le malla-
sinke; il faut noter, au moins dans les deux premiers groupes,
que les diverses classes d'êtres affectent d'abord le pronom de la
!■■* personne, puis c'est en préfixant ce pronom aux subslanlifs
qu'on obtient des catégories variées.
C'est dans les langues bantou que le processus est le plus
marqué.
Ces langues qui régnent dans la plus grande partie de l'Afrique
australe ont un grand nombre de formes, pour le pronom de la
3* personne, formes qui varient au pluriel. Quoiqu'on ne soif
pas encore bien fixé sur le sens de ces différences pour plu-
sieurs de ces formes, on retrouve nettement le sens de classes
d'objets. En ne tenant compte que de la consonne radicale :
t" k: ka, ki, ku, ko; 2" t: lu (/o), tin [zin, sin); 3° d et l, di (li),
lu; U" n : n, m; 5° /; ; pa, pi; 6° b : ha, bu; 7° m : ma, mi, mu,
mu, mo. Dans la langue cafre prise comme exemple, voici com-
ment la répartition se fait. Le pronom mu donne, au pluriel, aba;
le pronom ili, ama; les pronoms im, isi, ulu ont pour pluriel
commun isi et isim; le pronom um. a pour pluriel imi; en dehors
se trouvent les deux formes collectives, c'est-à-dire toujours plu-
rielles, sans correspondance avec un singulier, tibu et uku. Quelles
catégories représente chacune de ces formes?
Suivant M. Torrend,la classe mu-bu serait celle des personnes
capables déposition verticale et des animaux qui peuvent prendre
à peu près cette posture; la classe mu-mi est celle des objets lé-
gers, mobiles, qui peuvent se transformer, grandir, produire;
la classe li-ma comprendrait : 1° les personnes ou les animaux
improductifs, nuisibles, au corps nu, rigide; 9° les fruits ou les
parties du corps dures, nues ou plates; 3° les outils de même
nature; la classe ma comprendrait les choses fluides; la classe
bu, les objets qui fermentent ou qui sont couvés, etc. Ces ex-
plications sont encore incertaines dans l'état actuel de la science.
Le pronom personnel de la 3" personne se préfixe ensuite au
nom, et dans cette situation devient un article. C'est ainsi qu'on
dit : um-fazi k la femme •? , i-hashc 7. le cheval 1 , ubu-so •? le visage -^ ,
aba-nlu rr les hommes^ (d'où banlou) , ili-zwi " la parole ^i, u-bambo
298 RAOUL DE L\ GRASSERIE.
tf la côtew. Jamais un substantif n'apparaît sans qu'il soit précédé
de son article sulTixé et variable suivant la catégorie du nombre.
Dans une autre langue africaine, le serer, on distingue Tar-
ticle d'indétermination et celui de détermination, le second déri-
vant morphologiquement du premier. Il n'y a que deux classes
primitives caractérisées par ^ et/, mais qui se sont développées
en six classes : ga , go, gi,fa,fo,fu; dans les formes en ^, le ^
disparaît souvent. La répartition en est faite ainsi pour l'article
indéterminé : i° o, plur. a; 2" a, plur. a; 'i°/(i; lx° gi, plur. a;
ïi^fo; 6° 0, plur./w,- exemples a lex «pieuii, plur. a tex; gi yoy^
fftêle^, plur. akoy^\ il faut noter que l'c pluriel se trouve ainsi
marqué par l'article seul, le substantif restant invariable. L'article
de détermination se forme de l'autre en ce sens qu'après avoir
préfixé l'article, on le répète une seconde fois en le suffixantet
on le fait suivre d'un pronom démonstratif: ha, ;^o, na, la; l'ar-
ticle gi disparaît; exemples : 0 yal o^a rfle seigneurs, plur. yal
wa; 0 fud o-la fde ventre ■«, plur. a pud a-ka; fo sis o-la cde
lait douxw. Les démonstratifs suffixes sont des pronoms et leur
importance n'est pas moindre pour la détermination que celle
de l'article. Selon que l'on emploie l'un ou l'autre, on peut
changer la signification du mot. Exemples : hàk na, plur. : hak
ka, signifie: ffle baobab )7, tandis que bôk la, plur. : a hàk, si-
gnifie : 'f pain d'orge 11.
Dans la langue américaine matlatsinke, l'article suit aussi
diverses catégories d'idées, et s'exprime par wcta quand il s'agit
de noms propres masculins, par ma pour les noms propres fémi-
nins, par we pour les substantifs et les adjectifs communs, par
i, in, ni, pi, pu, pour des catégories mal déterminées. Enfin l'ar-
ticle devient au duel te et au pluriel ne. Un moyen d'exprimer le
génitif consiste même à préposer cet article à l'un des noms; ici
l'origine pronominale est incertaine.
Le second groupe de langues qui emploient largement ce pro-
cédé est celui des langues caucasiques, quoiqu'il ne soit pas
commun à toutes, et que dans quelques-unes que nous retrou-
verons plus loin, cet article n'apparaisse que sous le réactif d'une
autre partie du discours, ou l'adjectif ou le verbe, ou d'une
autre catégorie, le cas génitif.
Nous ne retenons en ce moment que celles de ces langues qui
préposent directement l'article au substantif qu'il affecte.
■ Mais il peut l'affecter de deux sortes : prédicativement ou pos-
sessivement. Nous verrons plus loin, dans la partie syntactique,
que la détermination peut, en effet, avoir lieu de deux manières.
Le véritable article est d'ailleurs le pronom prédicatif.
L'article prédicatif variant suivant de nombreuses catégories
existe en aware, en tchentcbenze.
DE L'ARTICLE. 299
En aware, les articles sont u, i et b pour le masculin, le fé-
minin et le neutre, et r pour le pluriel. Il semble donc qu'il ne
s'agisse ici que des trois genres, mais par la comparaison avec
les autres langues du Caucase, on voit qu'il s'agit en re'alite'
du re'sidu de catégories beaucoup plus nombreuses. Voici des
exemples: iv-nts frle frère n,y—afs ffla sœurr». Cet emploi s'étend :
betshedâ-u, betsheda-i, belsheda-b f riche n. Mais cette langue com-
prend aussi la détermination possessive, dont nous allons parler
tout à l'heure.
En tchentchenze on dit de la même façon :w-asho rrle frères,
j-asho ffla sœun^, w-oh crie gnvçon-n, j-oh tfla jeune fdlei?; on
serait tenté de croire à l'existence des genres seulement, si sous
d'autres rapports il n'y avait une catégorie complète que voici :
CATÉGORIES DU TUSCH.
1 '1 3 li
Singulier iv j j h
Pluriel h d J d
CATÉGORIES DU TCIIETCHENZK.
1 5 3 /(
Singulier n" j j h
piur. . i ^"^^'^' p^''^ • ^^ ^^ y ^^
' ' I 3" personne . . /* b j d
Ce qu'il faut remarquer et ce qui a une grande importance,
car nous retrouverons ce procédé ailleurs, c'est que, du moins
au pluriel, l'article n'est pas seulement de la 3* personne, mais
aussi de la i" et de la 9* : le pronom apparaît complet. Un homme
dit : suo-w-u rfje %\x\?, n ^ t yxio-d-ti mous sommes -o, sha-d-u 'rvous
êtesTi, izuzh b-u f'ûs sontw. La femme dit: suo-j-u trje suis a;
l'enfant : suo d-u trje suis 75. Cet exemple n'est donné ici par nous
que par anticipation, car cette distinction n'est marquée que sur
le verbe et sur l'adjectif.
La seconde détermination est possessive; elle se marque d'oi'-
dinaire sur le verbe et l'adjectif, et alors appartient à une autre
division de notre travail, ou sur le substantif suivant au génitif
et nous le reti-ouverons aussi ailleurs ; mais dans la langue hûrkanc ,
nous le rencontrons sur le substantif indépendant, où il forme
ainsi un phénomène très curieux. Les différentes classes sont
marquées par « pour les êtres masculins doués de raison, par
d{r) pour les féminins, et par k pour les êtres inanimés; au plu-
riel, on emploie d pour les êtres masculins et féminins à la
i""" et à la 9* personne, et pour tous les êtres sans distinction à la
3* personne v. Remarquons encore ici cette distinction entre les
5
G
7
d
b
b
d
b
J
5
0
d
d
d
b
d
b
300 RAOUL DE LA GRASSERIE.
diverses personnes, distinction essentiellement pronominale. Mais
ce sur quoi nous voulons appeler rattenlion, c'est sur Temploi
non point prédicalif, mais possessif de Tartide. Dans w-àh rrle
visagei5, w ne signifie point que visage appartient au genre mas-
culin, mais bien qu'il s'agit du visage d'un homme; d-àh, qu'il
s'agit du visage d'une femme; v-àh, qu'il s'agit du visage d'un
animal. La détermination est donc possessive, mais elle se dis-
tingue de celle ordinaire que nous décrirons plus loin, et qui
existe dans les langues bantou, lorsqu'il y a pre'position au gé-
nitif, en ce que le substantif auquel se rapporte celui ainsi
affecté n'a peut-être jamais encore été prononcé dans la phrase,
de sorte qu'on ne peut traduire par rrson visage 17. 11 importe de
faire sentir cette différence. Lorsque le Gafre dit : in-kosi y-aba-
ntu fcle capitaine du peuple 1:, qui est au génitif, on cumule l'ar-
ticle de détermination prédicative qui est uhu et l'article de
détermination possessive se rapportant au premier nom, i (abré-
viation de m); de sorte que la traduction exacte serait: crle-ca-
pitaine-son-le-peuple^. Au contraire, lorsque l'Hùrkan A\i:w-àh,
le w représente l'idée d'homme, mais le mot Jiomme n'est ni dans
la phrase en cours, ni dans la phrase précédente; on ne peut
donc traduire w par trsoniî.
En aware, à côté de la détermination prédicative se trouve
aussi celle possessive. Par exemple : w-atshi est l'arrivée d'un
homme; j-asthi, l'arrivée d'une femme; b-asthi, l'arrivée d'une
chose, r-atshi, l'arrivée de plusieurs; mais, dans cette langue,
l'expression n'est pas seulement possessive, elle est aussi objec-
tive; vo-olu exprime l'amour dont l'objet est un homme; j-o/m,
celui dont l'objet est une femme; b-olu, l'aipour dont l'objet est
une chose; r-olu, l'amour s'étendant sur plusieurs.
Tels sont les cas où l'article préfixé diffère suivant les classes
des objets auxquels il se rapporte. Comme on le voit, la détermi-
nation qu'il apporte est ianiol prédicative , tantôt possessive, tantôt
objective.
Mais l'article préposé ne varie pas seulement suivant le nombre,
le genre et la classe des objets; dans une langue, il varie suivant
le cas : c'est en japonais. Cette langue distingue l'article indéter-
miné de l'article déterminé. Le déterminé se marque au nomi-
natif par wa [iva, ba)\ au contraire, l'indétermination n'y porte
pas d'indice; il en est de même aux cas obliques, mais l'article
s'exprime alors par wo. Quant à l'indéterminé, il ne distingue
pas l'accusatif du nominatif; il n'y a plus d'article, d'où la décli-
naison de fto tthommen est la suivante: nominatif indéterminé,
fto; nominatif déterminé, ^/o-m,* accusatif indéterminé,/^»; ac-
cusatif déterminé, /fo-ivo; mais nous nous apercevons que nous
DE L'ARTICLE. 301
avons anticipé et qu'il s'agit ici non de Tarlicle préfixé, mais de
larticlé sullixé.
Tel est Tarlicle préposé et variable, d'origine pronominale;
nous passons à l'article toujours préposé, mais devenu inva-
riable. Il n'a. pu l'être, comme nous l'avons déjà i-emarqué, que
par une cristallisation, par une sclérose; dérivant du pronom,
il a retenu d'abord sa nature mobile et variable suivant les per-
sonnes qu'il reflète; plus tard, la mobilité s'est retirée de lui : il
détermine seulement, mais ne représente plus.
Une autre cristallisation bien dilférente a eu lieu, et il importe
de la noter, car elle nous mène à l'existence d'un article double.
Dans les langues caucasiques que nous avons observées, le
pronom préfixé aux substantifs, et qui joue le rôle d'article, l'est
à tous; s'il varie donc de forme, c'est suivant leurs classes, mais
il n'est jamais absent dans les langues de cette fauiille ci-dessus
décrites. Il en résulte quil ne sert plus à distinguer le déter-
miné de l'indéterminé et qu'il marque simplement le genre et le
nombre, quelquefois la personne.
Comme nous le verrons, l'article a diverses fonctions psycho-
logiques; il ne détermine pas seulement, il subjectivise; en outre,
il est auxiliaire, quand il ne sert qu'à marquer le genre et le
nombre sans donner l'idée de détermination : c'est qu'il ne rem-
plit pas son premier rôle, voilà tout. Il en est de même dans les
langues bantou. De sorte que dans des groupes importants l'ex-
pression de la détermination va manquer. Faisait-elle défaut dès
l'origine, ou bien dans les langues caucasiques et dans les langues
bantou le pronom préfixé ne- s'appliquaif-il d'abord qu'au sub-
stantif déterminé, tandis que l'indéterminé conservait le radical
nu? C'est ce qu'il est impossible de savoir. En tout cas, le besoin
de déterinination vint à se manifester dans un de ces groupes :
celui du bantou. Lorsqu'on voulut qu'un substantif fût actuelle-
ment délermine'^il fallait faire appel non point au pronom soudé
au commencement de tout substantif et devenu rigide, mais à
un pronom actuel et mobile, de manière à en obtenir un second
article. Ce n'est guère là le processus des langues, car il suppose
une intention, un fait volontaire : or ce qui les dirige, c'est
l'inconscient. Aussi n'eut-oo point recours à ce procédé; on n'ap-
pela point de second article; on demanda au premier de se dé-
velopper par un nouvel effort et de |)arveuii' à rex[)ression de la
détermination. L'article pi-emier s'accrut par bourgeonnement
lorsqu'il s'agit d'exprimer ci' concept, tandis (ju'il restait dans
sa forme ancienne lorsque rindi-lcrniiiialinn était présente. Nous
empruntons la description de ce procédi' à la (Irammnirc compara-
tive des langues banlou de ïorrend.
Un des classificateurs es! ma. m; si l'on veut (pic le substantif
MKM. l.INC. IV. 20
302 RAOUL DE LA GRASSERIE.
soit déterminé, on répète la voyelle finale au commencement :
umu; de même, dans ce cas, li devient ili; ha devient aba; c'est
ce qui est arrivé, en particulier, en cafre. Dans le bas congolais,
les articles sont aussi o, €,a; ici il y a donc une légère modifi-
cation vocalique ; il y a même des exceptions à cette assimilation;
l'article est o et e devant les classificateurs ua, u et m, tandis
qu'il devrait être a; en ganda l'article est aussi o et «, suivant
que le classifîcateur est u, i ou a. En herero, la seule des formes
de l'article est o, excepté devant le classifîcateur li, où il de-
vient e.
En angola, il ny a plus qu'une seule forme d'article : o. L'évo-
lution est facile à suivre; d'abord il y a autant d'articles diffé-
rents que de classificateurs, puisque les premiers ne sont que la
répétition vocalique des seconds; puis leur nombre se réduit cl
finit par se borner à un seul dans certaines langues; alors leur
origine morphologique se trouve masquée. Quelquefois, comme
en ganda, il disparait à peu près.
L'évolution psychologique s'accomplit de la même manière.
D'abord, ce second article n'est employé que quand on veut déter-
miner actuellement, puis il s'habitue à vivre sur le premier ar-
ticle, ne peut plus se détacher, et ainsi l'expression de la déter-
mination actuelle se perd. Cependant généralement la distinction
se conserve. Le cafre emploie ou laisse l'article suivant les cas;
il le laisse rarement, à savoir x au vocatif, après les particules
négatives, après les pronoms démonstratifs; l'expression de dé-
termination s'est trop étendue et son idée nette s'est affaiblie.
En herero, on omet l'article dans les deux premiers cas. En
somme, on l'emploie presque toujours et ce nouveau mode de dé-
termination tend à perdre son efficacité.
Mais le procédé est curieux; on voit combien facilement les
formes endorment leur activité et confondent leur sens avec celui
du mot auquel elles s'agglutinaient.
Le même phénomène, cette superfétation d'un article sur un
article, se remarque aussi dans une des langues caucasiques : fab-
chaze. Cette langue connaît deux articles, l'un déterminé, exprimé
par la préfixation d'à, l'autre d'indétermination, exprimé par le
suffixe A;. L'origine morphologique de l'article indéterminé est in-
connue, on ne le retrouve pas dans les autres langues du même
pays; mais son emploi vient de ce que les indices anciens, étant
toujours employés, ne suffisaient plus pour déterminer. Quant au
déterminé, il est d'origine pronominale.
Un autre procédé est inverse et non moins fréquent; nous
pouvons l'observer à la même occasion. Ce n'est pas le sens de
la forme qui disparaît, c'est Celle-ci qui , l'ayant gardé fidèlement,
DE I/ARTICLE. 303
disparait elle-même, non sans avoir laissé sa trace- inde'iébiie sur
quelque autre mot.
Parmi les langues du Caucase, nous n avons pu en citer jus-
qu'ici que deux qui pre'posent un pronom personnel au substantif
et se cre'ent ainsi un article, lequel, variant suivant les classes et
le nombre, peut exprimer ceux-ci. Cependant il y en a un bien
plus grand nombre, et le proce'dé est géne'ral dans toute la famille.
Mais Tarticle pre'posé a disparu complètement dans les autres
langues. Cependant, maigre' cette disparition, le système na pas
été' sérieusement entamé et Ton peut en suivre la trace. Dans cette
famille, comme dans celle bantou, le procédé de l'accord est
dominant : il se réalise en préposant, en tout ou en partie, à l'ad-
jectif, au génitif ou au verbe l'article du substantif au nominatif
et dominant. Lorsque le substantif dominant, le sujet, a conservé
son article, le procédé peut se contempler dans son plein déve-
loppement. En voici un exemple :
En langue tusch : w-asho ma rrle frère est-n , j-asho-ja rrla sœur
estTi, w-asho ivatlishi «\e frère lourd'', j-asho jathshi tfla sœur
lourde 11.
En langue avvare : tsheera-u, tsheere-i, tsheera-h ff noir 75, sui-
vant les classes; seulement il s'agit ici de suffixation.
S'il s'agit d'exprimer le génitif, on se sert de l'article, non plus
dans son sens prédicatif, mais dans son sens possessif, et il est
préfixé une seule fois au substantif régissant qui suit l'autre;
c'est ainsi que l'on dit dans la langue tchetchenze : tsu-steg-ing-
w-àlar ff cet-homme-de son-avancerw, ts -zuda-tshu-ng j-àlar (rceite
femme de son-avancerw; les' préfixes w etj se rapportant alors à
homme et h femme. Le sens pronominal est évident ici.
Dans la plupart des autres langues caucasiques, l'article pré-
fixé a disparu du substantif directement déterminé, mais il s'est
conservé sur les mots qui dépendent de ce subslantif, soit sur
l'autre substantif au génitif, soit sur les adjectifs, soit sur le
verbe, quelquefois, comme nous le verrons plus loin, même sur
les adverbes. 11 nous faut indiquer les langues qui présentent ce
phénomène.
C'est d'abord le kazikumiik; il divise les noms en (|uatre caté-
gories : 1" êtres raisonnables masculins; 9° êtres raisonnables
féminins; 3" êtres animés non raisonnables (animaux et objets
regardés fictivement comme animés comme les corps célestes,
la mer, la forêt); U" objets inanimés, phénomènes et êtres intel-
ligents y assimilés fictivement. Les articles de ces catégories sont,
pour la première : b, au pluriel; poui- la seconde : (L au singu-
lier, b, au pluriel; pour la troisième: b, aux deux nombres;
pour la quatrième : (L aux deux nombres; mais cet article ne se
préfixe point au mot qu'il détermine, quoicjue son sens soit nette-
30A RAOUL DE L\ GRASSERIE.
ment prtklicatit' et non possessil", il ne se préfixe qnaux mois
qui dépendent du premier. Voici deux exemples : aranlal b-uri
frles hommes sonti-/, tiinù d-iiri «la mère est^», iiinii ^lii b-uri tfles
mères sonti^, tshara-d-un trie cheveu estii, tsharardu d-iiri ries che-
veux sontn. Il s'agit dans tous ces cas du verbe, être; maintenant
voici le verbe auxiliaire: ai ff faire ^; même flexion, i'® personne :
ara, d-ara, b-âra, au pluriel : aisara, d-aisara; 2" personne : ai-d-ai,
ai-b-ai; 3* personne : aisari, d-aisari^ b-aisari.
En aware, quand l'aiticle a un sens pre'dicatif, la plupart du
temps, son indice fait de'faut sur le substantif directement affecté,
mais apparaît sur le verbe : watsas b-osilu tshu «frère-par il-achelé
chevalw; le b préposé au verbe représente le substantif tshu; de
même : do-s b-ithana hayat flui-par elle fut envoyée lettres.
Allah-as hah-una dunial ffl)ieu-par il-fut créé monde n; kal-alda
dzhani-blin Ishaij tshuayole-b b-ugu ff fleuve-dans dans-lui eau très
coulante-elle elle-estw, 011 l'on voit que l'article b est tantôt pré-
fixé, tantôt suffixe, et alFecle à la fois le complément circonstan-
ciel, Tadjeclif et le verbe, mais non le sujet, quoiqu'il s'accom-
mode à la classe de celui-ci.
En artshi. le processus est le même; les noms se divisent aussi
en quatre catégories, mais leurs indices sont marqués non sur le
substantif lui-même , mais sur le verbe : dia-u-ri rr père il estw , bua-
d-i crmère elle est^i, nosh-b-i tr cheval il est'', dia-tlu bi cr pères ils
sontw; l'adjeclif les porte aussi : dozii-u azdu ffgrand-il frère r,
dozii-r doshdiir tf grand-elle sœur 75; de même, le pronom possessif:
M-îs lo ff mon-le fils'i, b-is nosh tf mon-le cheval ii; alors il y a suf-
fixation; il en est de même du verbe zarish : leneturlo do-)(pr ff moi-
par fille elle est donnée'', zarish doshou bo-)(or frmoi-par filles
elles sont données"; la marque s'étend jusqu'au régime indirect
du verbe : dia-mii nosh bo-yo b-ez ff père-par cheval il-fut-donné il-
à-moiw.
En hurkan, c'est aussi exclusivement sur les mots subordonnés
que l'article du mot dominant se préfixe, et cela explique le sens
purement possessif de l'article qu'on trouve préposé sur le sub-
stanlif : cela signifie que l'article se prépose non seulement à
l'adjectif et au verbe, au complément du verbe, mais aussi à
l'objet possédé. Dans ce sens, w-àtsh signifie ffle visage d'un
homme", et d-iih ffle visage d'une femme", v-lih ffle visage d'un
animal". Gela suppose un mot précédent exprimé ou sous-entendu :
homme , femme , qui ne porte pas l'indice, mais qui le fait porter
par le mot visage. On peut suivre dans toute proposition l'exé-
cution de la même idée : ^(idi-w ffdans la maison-lui", y^uli-r
ffdans la maison-elle", iv-dhul rr froid en parlant d'un homme",
d-dhul ff froid en parlant d'une femme". Pour la formation des cas
obliques, on peut noter dans plusieurs d'entre eux la suffixation
DE L'ARTICLE. 305
de rindice du genre du sujet; il y a ià un fait extrêmement cu-
rieux; il s'agit non des cas obliques logiques, mais des cas obli-
ques locatifs, par exemple, de ce qui est exprimé en français par
les prépositions dans, vers ou chez, autour, et aussi du compa-
ratif. Quoiqu'il y ait alors non prsfixalion, mais suffixation, nous
en traitons ici pour ne pas briser Tordre d'ide'es qui nous occupe;
le comparatif est : u'astha-ishi-iv, wastha-ishi-r, xvastha-ishi-v ff comme
la forêt n, suivant le genre du sujet de la proposition; de même
au pluriel : ivasîh-ur-vi-ishi-w , watsii-ur-vi-isin-r, watsii-ur-vi-ishi-v.
Le cas d'intériorité' comprend les sous-cas de tr mouvement vers^ ,
de ff mouvement hors de ^, de f? mouvement le long den , de r mou-
vement hors de et en haut-', de r mouvement hors de et en
basw; enfin ffl'absence de mouvement-5. Chacun de ces sous-cas
suffixe ou même infixe les indices iv, r, v, suivant le genre du
sujet; cas de suffixation : walsha li-:i-tv, walsha-li-zi-r, ivatsha-U-
zi-v rdans le bois, sans mouvement ''; cas d'infixation : ivatsha-
li-zi-w-sad, walsha-U-zi-r-sad , watsha-Ii-zi-v-sad ffhors du boisi'.
Ces exemples suffisent pour faire comprendre le système. Le
pronom réfléchi, lequel fait fonction de verbe être, infixe les ar-
ticles TV, r, V au milieu de sa racine, el sai devient ainsi, à la
3" personne : sa-i, sa-r-i, sa-v-i. Voici une proposition entière :
r-urshi d-ishi d-istheli sa-r-i ava-ishi-r ft fille elle-petite elle-est
raère-avec-comparée-elle^la fille est plus petite (jue la mère^.
Ici, par exception, le genre est marqué aussi sur le sujet dans le
sens prédicatif. On voit qu'il y a dans cet!e langue à la fois pré-
fixation, infixation el suffixation de l'article.
Ainsi, dans la ])lupart des langues caucasiques, le substantif-
sujet est précédé d'un article, lequel n'est autre qu'un pronom
personnel de la 3" personne, variant suivant la classe de l'objet
(article prédicatif) ou suivant le substantif exprimé ou sous-en-
tendu qui domine le sujet (article possessif); et cet article se
trouse répété sur les autres mots en dépendance (adjectif quali-
ficatif ou attribut, verbe, complément circonstanciel), tantôt par
préfixation, tantôt par suffixation ou infixalion.
Mais quelquefois l'article manque sur le sujet el ne se retrouve
que sur les mois en dépendance dont il exprime la relation. Ce
dernier cas est plus rare.
On peut inlerpréler l'absence de l'article sur le sujet de deux
inanières. Ou bien l'article qui est un pronom s'est d'abord ex-
])rimé sur le verbe et a ensuite gagn(! l'adjectif attribut, les com-
|)lémcnls circonstanciels et enfin le sujet, ce qui répondrait à
sa nature pronominale; ou bien l'article aurait existé sur le sub-
staiitil'-sujct, puis se serait étendu sur les autres mots pour les
subordonner.
Nous croyons (jue c'est ce (\v\\i\{'v processus qui est le vrai; ce
306 RAOUL DE LA GRASSERIE.
qui le prouve, c'est que rémission de l'article sur le sujet est ex-
ceptionnelle, et d'ailleurs l'analogie de ce qui se passe dans les
langues banlou est en ce sens; enfin, pour que l'article se soit ap-
pliqué à l'adjectif qualificatif, il faut qu'il vienne à celui-ci du
substantif et non du verbe.
En effet, les langues bantou présentent dans certains substantifs
l'absence de l'article préfixé sur le sujet, et cet article ne se pré-
fixe pas moins alors sur les mots en dépendance.
Celte idée est assez naturelle d'omettre l'expression du genre
et du nombre, du genre surtout, sur le substantif directement
affecté, et de l'indiquer seulement sur les mois qui en dépendent
ou qui le représentent.
C'est ce qui a lieu en anglais où l'article est invariable et oii,
en règle générale, il n'y a aucun genre marqué sur le substantif.
Le genre est indiqué sur le pronom personnel et il l'est aussi sur
le possessif: lie, she, it, his, her, ils.
En comparant ce qui se produit dans la langue nama, comme
nous le verrons plus loin, où l'on suffixe au substantif, à titre
d'article, non seulement le pronom de la 3* personne, mais aussi
ceux prédicatifs de la i" et de la 2% avec le système caucasique,
on peut se demander si c'est un même pbénomène auquel on a
affaire. On y rencontre cette préposition, mais au possessif, et,
en outre, celle du pronom de la 3* personne au prédicatif; il est
probable que deux des autres personnes ont dû aussi être prépo-
sées prédicativement.
Quant a l'origine pronominale de l'article, si elle est quel-
quefois obscure, en raison de la connaissance imparfaite des
langues considérées, elle est le plus souvent très nette. Cette ori-
gine est si naturelle que nous la voyons reparaître d'une manière
byslérogène dans nos langues dérivées, sinon dans la fonction de
détermination, au moins dans celle d indice du genre. C'est ainsi
que d ordinaire l'anglais ne marque pas le genre sur le substantif,
mais que, lorsqu'il veut le faire, il lui prépose volontiers le pro-
nom : a he goot, a site goat t-une chèvre i, lorsqu'il ne marque
pas par un changement de racine : a horse, a mare.
Article invariable.
L'article est invariable dans quelques langues : nous avons
placé cet article en second lieu parce que nous croyons que son
invariabilité est la conséquence d'une cristallisation et est hystéro-
gène; cependant ce n'est qu'une supposition, il faut observer que
l'article préposé invariable a un caractère de détermination plus
direct encore que celui variable.
Parmi les langues indo-européennes qui possèdent l'article et
DE LWRTICLE. 307
qui le préposent, nous ne trouvons celui invariable quen anglais
et en hollandais. Dans le premier c est unilorniément the. 11 est
bien certain que c'est l'article anglo-saxon se, seo, dhœt, et qu'il se
rattache à l'article gothique sa, so, thata, variables comme ceux
du grec, ce qui est à l'appui de nqtre hypothèse. L'article anglais
n'est donc plus un auxiliaire, il ne sert plus à porter le genre et
le nombre, il est seulement un instrument de de'termination. 11
eu faut dire autant de l'article nëo-celtiquo ar ou an, qui ne dis-
tingue plus les genres; mais dans les langues celtiques anciennes
il était variable.
Dans les langues se'mitiques primitives ou dérive'es, sauf la
forme emphatique que nous trouverons plus loin, nous ne ren-
controns plus que l'article pre'posé invariable al, el, l, plus exac-
tement al, hal, c'est-à-dire la syllabe al pre'céde'e dune aspi-
ration. Lorsqu'il y a lieu à l'inde'termination, cet article se
supprime. L'origine pronominale en parait certaine; il suffit de
rapprocher le pronom de'monstratif arabe eleh, et l'éthiopien élu , ela.
Les langues polynésiennes, mélanésiennes et malaisiennes of-
frent aussi l'article préposé invariable. En polynésien, c'est te,
tandis que l'article indéterminé a pour indice le nom de nombre
sa Kuan, comme nous l'avons dit. Te devient, suivant les dia-
lectes, par de simples changements phonétiques: se et le; te tan-
frata tfun homme t>. On l'emploie absolument, comme l'anglais
the. C'est le pronom démonstratif te-nee, te-na, te-ra, suivant le
degré d'éloignement. Dans les langues mélanésiennes l'article est
na, abrégé souvent en «, ou quand il s'agit d'un nom propre, ko
qui s'abrège en o. Quoiqu'il soit d'origine pronominale, on le
corrobore souvent en le faisant accompagner de ya, pronom à la
3'' personne.
Dans les langues malaisiennes, l'article de détermination est
en dayak ta, en tagala ong, en iloco ti; il y a un article spé-
cial pour les noms propres : si, qui se réduit à i. Cette dualité
de l'article déterminé suivant qu'il s'agit de noms propres ou de
noms communs est remarquable; on se demande pourquoi le
nom propre veut un article de détermination, puisqu'il est déter-
miné par lui-même, et, en ce cas, [)Ourquoi son indice est dis-
tinct. Peut-être a-t-on voulu précisément le distinguer de peur de
confusion; on est parti de ce principe qu il fallait niai'quer sa
surdétermination.
La langue de Nicobar semble, au premier abord, sui\re le
même processus, mais nous verrons plus loin qu'elle emploie un
autre procédé : la mise en relief.
Nous avons remarqué plus haut que la langue abchaze possède
un article, tantôt préfixé, mais toujours invariable et (jui se pré-
pose à l'article ordinaire.
308 RAOUL DE LA GUASSERIE,
Parmi les langues ouralienncs, la langue magyare seule, sous
l'influence peul-élre des langues germaniques voisines, s'est créé
un article déterminé qui n'est autre que le pronom démonstratif
m, celui-là, autiuel sert de contre-partie l'article d'indétermina-
tion : egij et un», az ember « l'homme n, éfftj embcr ffun homme tî.
Les autres langues finnoises ne connaissent la détermination qu'au
moyen d'un suffixe.
Tel est le bilan des langues à article préfixe et invariable. On
voit qu'elles forment l'exception.
Nous passons à l'article suflixé.
Article suffixe.
L'article suffixe est, comme celui préposé, tantôt variable,
tantôt invariable. Le premier varie suivant le genre, le nombre
et les cas, quelquefois suivant les personnes.
Article suffixe variable.
Le plus remarquable est celui du nama, parce qu'il est la
suffixation du pronom personnel et qu'il varie à la fois suivant
le genre, le nombre, le cas et la personne; ces variations sont
même pratiquement assez difficiles à appliquer; d'ailleurs, elles
ne sont souvent qu'apparentes et le simple résultat de crases
phonétiques.
Toutes ces variations se produisent d'ailleurs dans le pronom
indépendant, puis avec celui-ci viennent aflecter le substantif.
Comme ce sujet est d'une extrême importance pour la théorie,
nous devons en donner ici un tableau :
SUBSTANTIF MASCDLIN.
1 " personne.
Singulier: au-ta rrhounne-moi ; accusatif: aii-te.
Duel: aU'Ickum rr homme- nous-deux"; accusatif: au-khum-a.
Pluriel: uu-gi/e frhoniines-nous'); accusatif: nu-glfc.
NI'
2 personne.
Singulier: au-ls tthomme-loin.
Duel: au-kho n-hommes-vous".
Pluriel: au-go ffhommes-vousi.
5' personne.
Singulier : «M-è nhomme-luim; accusatif: ati-b-a.
Duel : au-kha (rhommes-eux-deuxr).
Pluriel: mt-gn frhommes-enx«^; accusatif: au-gu-gû.
DE L'ARTICLE. 309
SUBSTANTIF FKMININ.
î""' personne.
Singulier: tara-la rr femme-moi 11 ; accusatif: tara-te.
Duel: lara-im (rfemmes-UGUS-deuxTi ; accusatif: tara-vna.
Pluriel: tara-si frfemmes-nousi; accusatif; laru-se.
3" personne.
Singulier: taras fffemmc-toin ; accusatif : tara-s-a.
Duel : tara-ro fffem m es- vo us-deux n.
Plui'iel : tara-so fffemuies-vousfl; accusatif: tara-sô.
3' personne.
Singulier: taras crfemme-ellefl; accusatif: taras-a.
Duel: lara-ra fffemmes-ell es-deux a; accusatif: tara-râ.
Pluriel : tara-ti cffemmes-elles»; accusatif: tara-te.
SUBSTANTIF COMMUN.
i" personne.
Singulier: tsc-ta ff jour-moi a; accusatif: tse-te.
Duel: tsé-rum frjours-nous-deux n ; accusatif: tsé-rum-a.
Pluriel: tsé-da rrjours-nousi; accusatif: tsé-da.
2' personne.
Singidier : tsé-ts «r jour-toi n ; accusatif : tse-tsa.
Duel : tsé-liho ffjours-vous-deux.
Pluriel: tsé-da ffjour-vousi; accusatif: tsc-dâ.
3" personne.
Singulier : tsé-i ff jour-il » ; accusatif : tsé-é.
Duel : tsé-kha rr jours, eux-deux»; accusatif: Isé-khâ.
Pluriel : tse-n ffjours-eux « ; accusatif: tse-n-a.
On voit que le pronom se suffixe, sous une forme abrc'gée,
aux substantifs; que ceux-ci restent invariables et que le pronom-
article supporte seul tous i(!s indices.
Ce système nama semble marquer un état très ancien du lan-
gage où le substiinlif se serait conjugué comme le verbe et de la
même manière.
On entend par conjugaison le procédé de faire varier une caté-
gorie grammaticale, non suivant les genres, les nombres, les cas,
mais suivant les personnes. Un verbe peut c^lre à la i"", à la
9* personne; de même un substantif.
Mais la personne qui se trouve ainsi affecter soit un substantif,
310 RAOUL DE LA GRASSERIE.
soil un pronom, peut être, soit au predicalif, soit au possessif.
Envisageons d'abord le verbe oii le procède' est bien connu.
La conjugaison consiste à le faire varier en accompagnant d'un
pronom-sujet des diverses personnes; ce pronom lui est tantôt
suffixe, tantôt pre'fixe'. Ce qui nous est mieux connu et ce qui do-
mine les langues indo-européennes, c'est le pronom-prédicatif-
suffîxé au verbe : dada-mi, dada-si, dada-ti; ame-m, ame-s, ame-l,
dido-mi, dido-si, dido~ti.
Mais les verbes, au lieu de se conjuguer avec le pronom pré-
dicatif, se conjuguent quelquefois avec le pronom possessif. Ce
processus nous paraît singulier, vu nos liabitudes; mais c'est un
fait constant que clans la plupart des langues, et dans les plus
anciennes, c'est la conjugaison possessive qui l'emporte, le pro-
nom-sujet se met au ge'nitif, ou mieux au possessif. Ce n'est que
plus tard que la conjugaison pre'dicative se de'gage. On peut citer
comme se conjuguant possessivement les langues ouraliennes, les
langues allaïques et les samoyèdes.
Mais à côté de la conjugaison des verbes existe celle des
substantifs; dans certaines langues, on doit même relever cette
anomalie qu'on peut conjuguer les prépositions (toutes les langues
ouraliennes) et même quelquefois les conjonctions (langue la-
ponne). Cette conjugaison des substantifs nous déroute un peu;
c'est une association d'idées inconnue dans nos gramnmires. Ce-
pendant elle existe, et sous une double forme : la prédicative et
l'objective.
Tout à l'heure nous avons vu que la conjugaison normale des
verbes est la prédicative, que c'est seulement dans les langues
anciennes et à formes rudimeolaires que la conjugaison posses-
sive dominait. Dans les substantifs, c'est l'inverse; parmi ceux qui
se conjuguent, c'est la conjugaison possessive qui domine, celle
prédicative est extrêmement rare, du moins sous sa forme visible;
car, sous une forme latente, elle est, au contraire, très fréquente.
Dans beaucoup de langues, les substantifs se conjuguent pos-
sessivement suivant des paradigmes très développés; parfois
même, comme en nahuatl, ils ne peuvent exister sans ce renfort.
Dans les langues ouraliennes on ne va pas jusque-là, mais la
conjugaison possessive du substantif est usuelle. Il suffit de citer
le magyare : immha cf travail w; i" munka-m, 9°munha-d, 'è°munka-
ja; pluriel : i" minik~unk, 2° munka-tok, 3° munkajok.
Dans le nama, le substantif se conjugue aussi, mais prédicati-
vement, suivant le paradigme que nous avons donné; il n'y a plus
relation génitive, mais apposition. Nous avons déjà relevé dans
une langue du Caucase l'amorce de ce système. Mais ailleurs les
pronoms des deux premières personnes ont disparu de cette con-
jugaison prédicative: il ne reste plus que celui de la 3% c'est
DE L'ARTICLE. 311
notre arlicle. Il est heureux que nous ayons conserve' la présence
du nama pour nous relracer ïanûqnG processus.
A côte' de la conjugaison prédicalive et de la conjugaison pos-
sessive, le verbe en possède une troisième, celle objective, dans
laquelle le comple'nient direct se trouve agglutine' sous une forme
spe'ciale de pronom. Le substantif ne semble pas posse'der cette
conjugaison, si ce n'est dans le cas très rare du nomen agentis. Il
s'agit du sujet qui se trouve en face du comple'ment direct, celui-
ci ne'cessite la position devant le sujet d'un suffixe, qui marque
celte relation. Nous avons de'crit ailleurs ce phe'nomène très cu-
rieux.
Nous croyons pouvoir conclure du cas du nama que ce sont
les pronoms des trois personnes , et non seulement celui de la 3%
qui se sont affixés au substantif, et qu'il y avait ainsi un arlicle
de la r% un de la 2^ et un de la 3^ personne, puis, que les deux
premiers ont disparu au cours de l'évolution, que l'article actuel
n'est que fragmentaire; nous reconnaissons cependant que, pour
bien appuyer cette induction, il faudrait avoir d'autres exemples
que celui du nama.
L'article suffixe' variable se rencontre dans plusieurs langues
chamitiques, en somali et en galla. En somali, cet article est k
pour le masculin et t pour le féminin; on y joint des voyelles
pour obtenir le re'sultat de surde'lerminer davantage, a quand
l'objet est pre'sent, i quand il est absent, 0 quand il est invi-
sible; nin-ka, nin-ki ^ ïhomme -n ., faras-ka, faras-ki «le cheval n,
hur-ia tria colline n, on-dà frla femme n. En galla, on emploie
tsha pour le masculin, tti pour le fe'minin : garba tr esclave w , garbi-
tslia f l'esclave T), garbi-ui «la femme esclave'?. En saho, l'affixe
est, pour le masculin, ta, to, et pour le féminin, là, tô, avec
accent; au pluriel, fit.
Au moyen d'une suffixation d'article, le bilin distingue non
point le déterminé de l'indéterminé, mais l'individuel du col-
lectif; par exemple «un seul chatTi ou «des chals^î, dans le
premier cas, dimmu-râ; plur. dimmû-t; dans le second, dimmUm;
plur. dimûmu. La même distinction est faite en saho. Encore un
comcept particulier à ajouter à ceux que les divers peuples ont
eu de la détermination.
Le thibétain a une très remarquable série d'articles suffixes;
ce sont: pa, p6, pho, bo, pour le masculin; ma, mo, pour le
féminin; bod-po «un Thibétain», bod-mo «une ïhibétainei. mi-
bo «un homme w, mi-mo «une femme ^i. Cet arlicle est d'origine
pronominale. Les êtres inanimés sont tantôt masculins, tantôt
féminins, de sorte que leur caractère de sexualité est douteux;
ce qui est certain, c'est qu'on divise les substantifs en catégories
312 RAOUL DE LA GRASSERIE.
qui forment opposition entre elles. Mais la variation n'a pas lieu
suivant les dilFe'renls nombres.
Le souhrai possède un véritable article pour Taninié : cli; pour
Vinanimé : ni; )ii-yu-di crton-cbameau-lcn.
Mais c'est dans les langues indo-européennes dérivées que la
préposition de l'article est plus à noter, en ce sens que le carac-
tère d'article ne peut lui être contesté; en effet, c'est le même
que celui qui dans d'autres langues de la même famille se trouve
préposé.
C'est ce qu'on remarquera d'abord en roumain. Dans toutes
les autres langues romanes, l'article dérivé du latin ille se trouve
préposé. Dans le roumain le même se postpose. D'oiJ vient cette
interversion? 11 est difficile de l'expliquer, mais elle existe. Le
substantif reste invariable, l'artit^le posiposé se décline seul : otn-
ul cfThommc; gén. om-ul-ui, dat. om-id-iii, accus, pre-om-ul,
voc. om-ul-e, abl. de la om-ul; plur. oameni-i, gén. a ôameni-lor,
ôameni-lor ;Sih\. de la ôameni-lor; nom féminin : turture-oa rr la tour-
terelle 75, gén. a-turUtre-kt , dat. iurturc-le'i , accus. pre-turUtre-oa;
pi. turturele-le , gén. a-tiirturel-lor, dat. turturele-lor, accus, pre-tur-
turele-le. Cette déclinaison avec article suffixe, chose curieuse,
s'applique même à l'adjectif: bim-id, bon, gén. a bun-ul-ui, dat. bun-
nl-ui, accus, pre-bun-ul, voc. bitn-ul-e, ablat. de la bun-ul; plur.
biini-i, gén. a-btini-lor, dat. buni-lor, accus, pre buni-i, voc. buni-
lor, abl. de la buni-i. Il y a une oscillation quand il y a déter-
mination : c'est le substantif ou l'adjectif qui prennent l'article;
ils ne le prennent pas tous les deux à la fois, ce serait une sur-
détermination inutile.
Nous avons observé plus haut que le roumain possède aussi
l'autre article un, qui répond au français un; un : gén. a un-ui,'
dat. un-ui, etc.; il possède, en outre, l'article surdélerminé qui
répond au cet français; tchel, gén. tchel-ui; enfin il emploie le
substantif sans aucun article, c'est lorsque l'article est joint à
l'adjectif.
En albanais, la déclinaison a deux aspects: le déterminé et l'm-
déterminé : mïk framiw, mik-oii w l'ami t), auquel il faut ajouter
îiamik ffun ami^î. L'indéterminé s'emploie dans les locutions ana-
logues aux suivantes : cfde la neigea, «il y avait un homme 15,
ffil mendiait du painn, rr oiseau de fleuve'^, ffà travers bois 17,
ff après le soir venui^; par un autre motif et parce que la déter-
mination est sulfisamment faite par ailleurs, on emploie l'indé-
terminé après un mot de nombre, après l'adjectif possessif et le
pronom démonstratif. Au point do vue morphologique, c'est le t
qui est l'indice de détermination, mais ce / devient n et s.
Il faut mettre sous les yeux le paradigme :
DE I/AIÎTICLE. 313
Nom féminin : blyelœ ffl'aheillei.
INDBTERHINÉ. DETERMIM:.
Noniiiialif : bliétœ hhjel-a.
Vocatif: oblyetœ o b/yèta.
(lénilif ablatif: blyet-e blyelœ-sœ.
Datif: blyel-e blyetœ-sœ.
Accusatif: blyet-œ blyetœ-nœ.
Locatif (remplacé par l'accusatif). . . . mlœ,mby,mblycUc-l.
Pluriel.
Nominatif: blyelœ. . hlyelœ-tœ.
Vocatif: o blyelœ o blyclœ-l.
Génitif : blyelœ-ve blyelœ-ve-l.
Datif: blyetœ-ve blyclœ-ve-t.
Accusatif: blyelœ blyclœ-tœ.
Ablatif: blyetœ-c blyelœ-ç.
Locatif (remplacé par l'accusalif).
Nom masculin : hyên frchienn.
Nominatif: kyêii kyën-i.
(jénilif : kyen-i kyen-i-l.
Accusatif: kyêii kyëa-i-nœ.
Locatif: kyeii-l.
Ablatif: kyen-œ.
Pluriel.
Nominatif: hyen kyen-tœ.
(Jénilif: kyen-œ-ve ' kyen-œ-opl.
Accusatif: kyeu-et.
Locatif :
Ablatif: kyen-ç kyen-ç.
Ce ne sont pas les substantifs seuls qui sont soumis à Taspect
détermine', mais aussi les adjectifs lorsqu'ils sont placés avant
le substantif, et lorsqu'ils sont employés substantivement : alors
ils empruntent les désinences du substantif déterminé.
Ce qui est très curieux, c'est que l'article de détermination, qui
suit le substantif d'ordinaire, le précède quelquefois, mais alors
il est souvent répété deux fois; il précède et suit en même temps.
Ce phénomène ne se produit que dans des cas particuliers : i° dans
les noms de parenté; 2° dans l'adjectif employé comme attribut;
3" dans le même employé substantivement; h° devant certains
adjectifs pronominaux ou indéfinis; 5° devant le comparatif et le
superlatif; G" devant les noms des jouis et de certaines fêtes;
7° devant les nombres cardinaux employés isolément; 8" devant
les noms abstraits dérivés d'adjectifs ou de participes; enfin, et
31 /l RAOUL DE LE GRASSERIE.
c'est le cas le plus remarquable, devant le substantif de posses-
sion au génitif, lequel suit le nom au nominatif; par exemple:
û à ve e poulge-sœ cfun œuf de la pouler. Cet article pre'posé
anormal prend le nom de prépositif.
Voici sa morphologie :
MASCULIS. FBMININ. OTDTRE.
Singulier nominatif. . . i c tœ
Ge'nitif-dalif tœ sœ (pour tous les geures)
Accusatif. tœ
Pluriel (pour les cas et les genres) : tœ.
Singulier.
MiSCULIX. FEMIIim.
Nominatif i çokyi ffj'ëponx» e çohya.
Génitif datif. tœ çolcyi-t tœ çohie-sœ.
Accusatif.. tœ çokyî-nœ tœ çohye-nœ.
Pluriel.
Nominatif accusatif. . . . tœ byi-ta n\e ûhri tœ-çohye-ta.
Génitif comparatif. ... tœ byi-vet tœ-çokye ve-t.
On doit remarquer l'identité de l'article postposé et de Tarlicle
préposé; l'indice est le même : t, tœ. Et l'article préposé n'est
autre que le pronom démonstratif attributif qui reproduit les
mêmes formes.
Nous ne pouvons quitter ce sujet sans observer un des emplois
de l'article préposé, ou prépositif; on s'en sert entre deux sub-
stantifs, mais dans ce cas le prépositif, au lieu de prendre le
genre du substantif qu'il détermine, prend, au contraire, celui
du substantif précédent qu'il ne détermine pas. Singulière ano-
malie I Par exemple, dans l'exemple déjà cité, nœ ve e poulgœsœ
ff l'œuf de la poules, le prépositif e s'accorde non avec ve ff œufi7,
mais avec poulge-sœ ff poule rî, et, comme il s'analyse en démons-
tratif, nous pourrions traduire exactement ffœuf celui poule-
la^. De même, ndœ vœnt tœ tiij ffdans place elle-lui''=^ff dans
place de luiii = «dans sa place n, et ndœ vœnt tœ say tf dans placé
elle-ellen. Nous pouvons peut-être y découvrir l'origine de la suf-
fixation de l'article, il suffit d'écrire ndœ vent-tœ-tiy à la place de
ndœ vent tœ ty. Le nom dominant le génitif était suivi de l'article
relatif au nom au génitif, mais s'accordant avec le premier; dès
lors, il semble que cet article ne faisait qu'un avec celui-ci, l'ar-
ticle préfixé à un nom semble suflixé à un autre, efc une fois
l'habitude prise, on put supprimer le nom au génitif, et le suffixe
resta à sa place. Tel est le processus curieux de l'albanais.
On peut à ce sujet et dans le même sens signaler ce qui a
DE L'ARTICLE. 315
lieu dans le pronom possessif; nomin : Uihn-im niion chien 15,
ge'n. dat. hienit t-hn. Pourquoi ce t apparaît-il au génitif devant
im, on ne le retrouve à aucun autre cas? C'est quil a e'té évoqué
par le t final de hjenit. De même, Tarlicle préposé au génitif s'est
trouvé attiré vers le nominatif.
Parmi les langues slaves, le bulgare est la seule qui fasse
usage de l'article et, comme le roumain et l'albanais, elle le
suffixe. Mais le substantif et l'article postposé se déclinent tous
les deux; il est t au masculin, ta au féminin, io au neutre, et txi
à l'accusatif féminin; au pluriel ti, Uj et ta, accusatif/^ : ce n'est
autre chose que le pronom de le 3" personne.
En voici quelques exemples : toi iè vidicl tsor-t i Isarltsii-tu
ffil a vu l'empereur et l'impératrice ^5, gdie su kalcvrij-tij iia dete-to
«où sont les souliers de l'enfant?-», oré'l-t ie tsar-t-na-ytitsit-tie
«l'aigle est le roi des oiseaux 1^.
Lorsqu'il y a un adjectif et un substantif, c'est à l'adjectif que
l'article se postpose : tchisti-t talar rr l'assiette propre t), golenii-t
mu syn «mon fils aîné^.
Quant à l'emploi, l'article est mis devant les noms propres,
ceux de parenté, ceux abstraits. Enfin l'article indéterminé odhi
ffua-n est aussi en usage. Cet article postposé donne au bulgare
une physionomie particulière parmi les langues slaves.
Il est remarquable que dans le bassin du Danube et dans les
légions voisines, trois langues de famille différentes, le roumain,
le bulgare, l'albanais ont un article suffixe. Y a-t-il là un effet du
voisinage et cet article s'est-il étendu de l'un à l'autre?
Remarquons aussi que dans le bulgare et l'albanais l'indice de
la détermination est t et que nous allons le retrouver dans les
langues ouraliennes.
Dans les langues germaniques l'article est partout préfixé;
pourtant en nordique, à côté de l'article préfixé, nous en trou-
vons souvent un autre (un pronom suffixe); dans ce cas le sub-
stantif et l'article se déclinent à la fois. Cet article est identique
au pronom.
Voici un paradigme de la déclinaison solidaire des deux:
Substantif: dagr fflejour^.
Nominatif. dagr-inn.
Génitif dags-ins ;
Datif deg-inum.
Accusatif dag-inn.
Nominatif. dagar.
pjupjgl ; Génitif. dagan-na.
Datif dôgv-num.
Accusatif daga-iKi.
Singulier.
316 RAOUL DE LA GRASSERIE.
Dans tous ces cas il existe un article pronominal bien carac-
téristique. Mais n'y a-t-il pas clans l'ensemble des langues indo-
européennes un article plus général, suffixe aussi, et dont Texis-
tence devenue cachée explique l'absence ordinaire d'article dans
plusieurs branches de cette famille.
Si l'on prend pour type le sanscrit, on trouve ia désinence du
nominatif singulier et pluriel du masculin : s, as, sa, qui n'est
autre que le pronom démonstratif; à l'accusatif on se sert du
pronom m qui est le pronom neutre am; le même sert au nomi-
natif neutre; le féminin seul présente le thème nu, dont il allonge
la finale et semble hystérogène. Il en est de même en grec ou les
suffixes $, V jouent le même rôle, en gothique s, en nordique r,
en un mot, dans toutes les langues. Cet article s, m, suffixe,
l'ayant été à tous les substantifs, sa fonction de détermination
actuelle n'est plus remplie; c'est pour cela que le grec, quand il
veut y atteindre, prépose de nouveau ô, n, to, qui n'est que la
répétition de l'article final. Il y a là des articles de deux couches
différentes, comme nous l'avons observé en langues bantou. Nous
rappelons ce que nous avons dit plus haut, que les substantifs
se conjuguent comme les verbes, même prédicativemenl: c'est ce
qui a lieu dans xvpto-s, Vs est la conjugaison prédicative, le
substantif à la 3" personne.
Dans une langue, l'article est suffixe, mais il ne varie que sui-
vant les cas, nous en avons parlé plus haut par anticipation:,
c'est le japonais.
Il est très remarquable dans le groupe ouralien, où pourtant
il n'a son plein développement que dans une seule langue, le
mordwin.
Celle-ci a un paradigme complet des deux déclinaisons : la
déterminée et V indéterminée.
L'indice de la détermination est partout t, plur. nà.
Paradigme: ava tr femme''.
SitiguUer.
Nominatif.
Génitif. . .
Incessif. . .
Élatif. . .
lllalif. . . .
Ablatif.. .
Allatif. . . .
Abessif. . .
Translatif.
INDETERMINE.
DETEliMIKE.
ava
ava-sli.
ava-vg
ava-t.
ava-sa
ava-le-sa.
ava-sia
nva-lc-sUi.
ava-s
ava-t-s.
ava-da
ava-te-tzda.
a va-Il
ava-te-n.
nva-flima
ava-le-Jlima.
a va-La
ava- te-ks.
DE L\\RTir,LK.
:m
Pluriel.
Noiiiinatif. nva-t ava-t-nœ.
Génitif avn-t-nen ava-le-iien.
lacessif ava-sa-t ava-te-nene-sa.
Elalif ava-sta-t am-le-mne-sla.
IHalif nva-s-t ava-t-neue-s.
Ablatif ava-t-da aim-t-»pne-z(la.
Allafif. ava-to-u
Abessif. ma-to-ftima
Translatif am-ks-t
L'indico nà, pliir. nœ, nest autre que le pronom de'monsfralif
à forme identique. Il faut remarquer qu'il varie au pluriel, sans
sortir de la dentale. D'autre part, il se redouble souvent : ne-ne.
Le substantif indéterminé' emprunte ses formes au génitif plu-
riel nen. Enfin, ce qui e-t plus essentiel, Tindéterminé au plu-
riel prend le t de de'termination du déterminé singulier. Il n'y a
pas, d'ailleurs, d'accusatif.
Les autres langues ouraliennes ne présentent pas ce dévelop-
pement; elles ont conservé seulement la déclinaison d'indétermi-
nation, mais l'autre a laissé des vestiges qu'il est intéressant de
rechercher.
D'abord, l'indice du pluriel est parlout L tandis que celui du
duel, et probablement aussi du pluriel, était /.-. Il est permis de
supposer que ce t est le signe de la détermination transporté au
pluriel; on le trouve aussi en mordwiu, en ostyake, en wogul et
enfin en finnois, mais seulement au nominatif.
Mais la survivance de la détermination à l'accusatif est beau-
coup plus certaine. Tout d'abord, -le féminin, au nominatifmêrae,
possède à la fois les deux formes, et celle indéterminée est mar-
quée par In ta: silma : silmâ-li. pour sthnii-tà t œil ri. Puis il faut
obsei'ver que dans presque toutes les langues ouraliennes l'accu-
satif man(]ue; elles ne rem[)Iissenl cette lacune que quand il
s'agit du déterminé au singulier, en employant un indice spécial;
que si le substantif est indéterminé, elles expriment l'accusatif
par le signe du yjarlilif ou le laissent sans expression. En finnois.
ce déterminé existe aussi bien au nominatif f[u'à l'accusatif et
.sonne de même manière : xvpI-Up junksee -do Ifau coule 75, \>epsi
JHoksép "l'eau coule ^j.
En magyare, l'indice a disparu au nominatif de lindéfini; t est
employi' [)our marquer l'accusatif : kpzp-l r-la main-. Pour l'ac-
cusatif déterminé, au contraire, les langues ouraliennes emjloient
l'indicée, m, me; quelquefois on se sert du génitif.
Le phénomène est donc gj'uéral dans cegroiqu': s'ulenifiil on
UKM. MM.. — IX. 2 1
318 RAOUL DE L\ GR.iSSERIE.
peut s'étonner que l'arlicle suffixe' t, ta, qui est dans le mordwin
un article de détermina lion, soit dans toutes les autres langues
un article d'indétermination.
C'est certainement le point de vue de la langue qui présente
le système complet, celui du mordwin, qui doit l'emporter. Le
pronom ta, ta est bien l'article de détermination. Comment ail-
leurs a-l-il passé à l'expression contraire? Nous avons vu que,
même en mordwin, il a envahi le pluriel du déterminé. Or le
pluriel a un caractère d'indiUermination. Il a pu ensuite envahir
le singulier. Ce serait une cause de virement. S'il avait pénétré le
singulier entier, il y aurait eu confusion : mais il n'a atteint que
l'accusatif. Le processus serait : l'eau, les eaux, de Veau (à l'accu-
satif). Nous ne donnons cette idée que comme une hypothèse.
Il faut signaler maintenant l'article basque. Il a pour forme ar
qui devient a et est un pronom démonstratif qu'on retrouve en-
core comme tel dans le dialecte biscaïen. Il est suffixe et porte
seul l'indice des différents nombres et des différents cas, tandis
que le substantif reste invariable; au contraire, lorsqu'il n'y a
pas d'article, c'est le substantif lui-même qui se décline. Au plu-
riel, on n'a plus le choix d'employer ou de supprimer l'article;
celui-ci est toujours présent. C'est ce phénomène que nous avons
déjà constaté. Il y a donc entre la détermination et le pluriel une
certaine affinité. L'indice du pluriel k se fondant avec ar donne
la forme ak pour ark : gizon-en ff d'un hommes, gison-ar-en crde
l'homme fl, gison-i rrà un homme t', gison-ar-a-i th l'homme a.
S'il y a un substantif suivi d'un adjectif, c'est à l'adjectif que
l'article basque est suffixe: ur-garbi creau pure^i, ur-garbi-a tr l'eau
purew, ur-garbi-ar-en «de l'eau purew, ur- garbi-a -h , t^omv garbi-
ar-k ries eaux pures -o.
La langue poul présente une grande variété de suffixes pour
marquer le singulier, et ces suffixes sont des pronoms démons-
tratifs, ainsi que le remarque M. Frédéric Mùller, ils sont nom-
breux et ont certainement désigné à l'origine des catégories dif-
férentes d'objets, comme dans les langues bantou. Ce sont : ka,
ke, ko, gai, ngal, ngel, ngol, al, lel, dol, ong, djo. de, nie, do,
ndo, du, ndu, na, ne, nu, ngo, ra , re, ri, ru, ba, bi, bo, wo, wo;
ils disparaissent au pluriel : gor-ko fr l'homme r', dem-bo ftla
femmes, lam-do trie ro\n. Au pluriel apparaissent de nouveaux
suffixes qui sont des pluriels de pronoms personnels: be, qui est
le pluriel do, et qui est encore usité comme tel; de, di, dje,
djë, le, li, e, i. Le plus souvent le pluriel se forme par le rejet
de l'article de détermination du singulier : bodare ff l'étoile i?,
plur. kode. C'est donc ici le singulier qui est déterminé.
Mais tous les noms étant pourvus de suffixes classifiants, il
n'en résulte pas de détermination véritable; pour l'obtenir, on a
DE L ARTICLE. 319
eu recours à un second «irlicie hystérogène, préfixé celle fois; de
là, une distinclion entre les deux formes : le déterminé et l'indé-
terminé. Au pluriel, le procédé est aussi simple qu'ingénieux; il
consiste à redoubler le suffixe du pluriel : sagatn-be ff jeunes gens^^ ,
sagaia-be be t les jeunes gensri, dawà-de r chiens •'i, daiva-de-de
ffles chiens 1^. Au singulier, c'est le même système en principe: •
it-ng-î tf poisson n, li-ngi-ngi «le poissons, hetà-ne r année n, helà-
nde-nde ff l'année, ho7idu-ko " bouche n, hondu-ko-ko ffla boucher.
On ne peut ne pas être frappé de l'analogie qui existe entre ce
procédé et celui des langues bantou pour se créer un second ar-
ticle, il s'agit toujours de la réduplication; en bantou, bu devient
ubu, ku devient uku; de même, en poul, nde devient nde-nde; etc.
C'est au même système de détermination par un article pro-
nominal suffixe qu'il faudrait rattacher celui de la langue woloff.
si certains cas particuliers ne semblaient démontrer qu'à l'origine
ces particules ont pris naissance du substantif lui-même, et n'en
sont qu'une réduplication avorte'e.
Article poslposé invariable.
Tandis que le nama suit un système tout particulier et ori-
ginal de suffixation des pronoms personnels à titre d'article, la
langue des Bushman s'esl formé un article dans les termes ordi-
naires, en suffixant la particule invariable gen : koari-gen foi-
seau-\e V, goro gen fie cheval w. Cette détermination semble rentrer
dans le système d'expression' de la détermination par l'emphase,
car elle se suffixe aux verbes pour mettre en relief l'action, et au
pronom lui-même pour faire ressortir la personne.
Parmi les langues africaines, le basa et le grebo possèdent un
article suffixe invariable. En basa, c'est le pronom de la 3" per-
sonne 0 : goi-o fflbommew. Le grebo a, en outre, un article
d'indétermination n-pondant au français : un, c'est no, no, le
pronom démonstratif, en profonde connexion, comme en égyp-
tien , avec le verbe ètre = ne : ngbive-nô r un hommes; le déterminé
est nono, neno, pronom démonstratif.
En dinka, l'article est sutfixé aussi sous la forme nde, et il
n'est autre <jue le pronom démonstratif: f/fcf femmes : tik nde
tfla femme Ti.
Parmi les langues américaines, le nahuall présente certaine-
ment un article déterminé dans la suffixation de il, tli, lequel
disparaît au pluriel ou après un possessil. Frédéric Muller re-
connaît qu'il s'agit d'un suffixe d'individualisation : koa-tl r ser-
pent 11; ko-koa . kalli pour ka-lU fr la maison^, no-kal rune mai-
son •n.
Les langues dravidionn^'s l'onuenl . on gém'-ral, jciiis divers cas
320 RAOUL DE LA GKASSKRIE.
par la suflîxation à la racine nominale de divers indices casuels;
mais souvent elles intercalent entre les deux certains éléments
d'origine pronominale quijouent le rôle d'articles; ce sont : in (ni),
adu, arii, ti, atiu , a. C'est ainsi qu'en telugu, fammadu r frère
cadet w devient à Taccusatif tammadu-ni, en prenant ce signe de dé-
• termination, puis ce signe se rencontre aux autres cas obliques
en ajoutant les suffixes casuels proprement dits : dat. tammu~ni-
ki, instr. tamniu-ni-tsheia , soc. iammu-ni-to , locat. îammu-ni-lo. Le
suffixe d'e'largissement dilïère au pluriel.
Dans la langue kazikumûk, ce suffixe d'élargissement existe
aussi : c'est lu au singulier, ru au pluriel : x^ta cf maison i:, gén.
)(al-luï, dat. yat-lu-n, adess. yat-lu--^.
En abchaze, nous avons déjà remarqué que, si l'article déter-
miné se forme par la préfixation de a, l'indéterminé s'exprime
par la suffixation de /.-.
Dans la langue jagane, la détermination se marque par la
suffixation de hi : ùa te homme ti, ûa-ki tr l'homme fl, lià-pei wdeux
hommes r5, ûà-pi-ki 'fies deux hommesv ^ joshôla tr chiens, jos-
hjla-ki ffle chien n.
Tels sont les divers cas de présence continue de l'article, en
cas de détermination, soit qu'il se préflxe, soit' qu'il se suffixe,
soit qu'il varie suivant le genre, le nombre, le cas, la personne,
ou qu'il reste invariable; nous devons étudier maintenant l'ar-
ticle latent, c'est-à-dire celui, caché d'ordinaire, qui n'apparaît
que sous l'action de divers réactifs.
Article latent.
Cetarticle n'apparaîtqu'en présence de certains réactifs restreints .
C'est ainsi que, dans une langue américaine, l'abipone, le plu-
riel présente la racine nue, parce qu'il est indéterminé par sa
nature; le singulier s'en forme en ajoutant l'article de détermi-
nation k: xjiiiha ff bœufs w, yûiha-k tfbœufn, ahopega tr chevaux w,
aluipega-k rf cheval'-. ;
De là, cette anomalie que le pluriel semble préexister au sin-
gulier; c'est, en réalité, l'indéterminé qui préexiste au déter-
miné; cependant ce n'est qu'une exception, même dans cette
langue; quand la détermination n'est plus en jeu, c'est le plu-
riel qui dérive du singulier par une addition. Cela prouve que
le k marque la détermination d'une manière directe, et indirec-
tement seulement, le singulier.
Nous avons observé plus haut que dans les langues de l'oural,
le déterminé et son suffixe apparaissent avec le pluriel probable-
ment, et certainement avec ['accusatif; dans le mordwin seul la
déclinaison déterminée est parfaite; sans doute, c'est que dans
DE L-ARTICLE. 321
ces langues il ne reste plus que des vestiges du détermine', mais
dans l'e'tat pre'sent il faut un certain cas, l'accusatif, et quelque-
fois un certain nombre, le pluriel, pour faire apparaître le dé-
terminé.
Dans les langues turques, Taccusalif indéterminé s'exprime
par la racine pure. S'il est déterminé, au contraire, on lexprime
par le suffixe ni {ntj, nu, nii), lequel devient y (//, (/, u) : balyg
tr poisson-», bahjg-i "Aq poisson n: agha Tpèren, aglia-ni crie père 71.
C'est le réactif de l'accusatif qui fait seul apparaître le déter-
miné.
En tamasheq, le masculin a perdu son article préfixé p, b\
mais le féminin a retenu le sien, t. La détermination oblitérée
apparaît ici sous le réactif du genre.
En bari, lorsque le radical est considéré comme collectif, le
singulier se forme (et alors son idée se confond avec celle de la
détermination) au moyen de la suffixation de certains indices
([ui peuvent se réduire à l'indice t [et, te, ti, tat, tôt, tijo, le, li).
D'autres fois, au contraire, on considère la racine comme
déterminée par elle-même, et alors le pluriel (répondant à
ridée d'indétermination) s'en forme en ajoutant des suffixes
variés; re rferr^, adu ferr, tries fersn; re-af (déterminé) rr le ferw,
morin r doigts t?, sing. morin-et trie doigta.
En bullom et en temné, le contraste entre le singulier et le
pluriel, dit M. Frédéric Mûller, tient à l'idée de celui du col-
lectif à l'individuel; c'est le singulier qui est ici considéré comme
un collectif, comme un indéterminé, tandis qu'au contraire le
pluriel est regardé comme un individuel et, comme tel, est
muni d'un préfixe qui se perd au singulier: a-pnhan r les hommes^ ,
pokan r l'iiomme ■'5 , i-rum tries arbres ■« , runi r arbre-». Cependant
ces langues ont dégagé un autre article plus semblable au nôtre
et qu'il faut ranger sous la rubti(]ue de l'ailicle postposé, c'est le
mot tre : pokam-tre "riionimer, plur. a-pokam-tre r\es liommesw.
En haussa, l'expression du déterminé se trouve en relation
étroite avec celle du génitif. Au lieu de dire, comme d'habitude,
maison, quand ce mot est suivi d'un génitif, on doit dire : maison-
le père =rr la- maison-du-\)hre-n. Le démonstratif qui joue ce rôle
est na; c'est si bien un arlicle se rapportant à maison qu'il en
prend le genre et le nombre, et non celui de père : kwara-na
shinakajfa trie grain de rizw, magana-la bnkhmi trie discours de
sa boucheiî.
Dans plusieurs langues du Caucase que nous avons déjà ob-
servées, entre autres. Tabchaze, le kazi'iumùk, l'artschi, l'indice
de la détermination est absent sur le substantif détermine' lui-
même; mais il apparaît sui' le verbe, sur ladjeclif, ([uelijuelois
même sur le com[)lém('nt ciironstanciél; il en est de même pour
322 RAOUL DE LA GRA.SSERIE.
certains mots dans les langues bantou. Nous nous rélérons à ce
qui a élë dit plus haut sur ce point.
Comment se fait-il que la détermination soit ainsi de'fective et
ne se produise qu'en présence de certains genres, de certains
nombres, de certains cas, ou sur des mots autres que ceux qu'elle
devrait directement alFecter? Il faut, pour répondre, faire une
distinction.
La détermination apparaît au pluriel, par opposition au singu-
lier, ou au singulier par opposition au pluriel; c'est qu'il y a con-
fusion, dans l'esprit de tel peuple, tantôt de l'idée de pluriel et
de celle de détermination, tantôt au contraire de celle de cette
dernière et de celle du singulier. En effet, on peut penser que
le pluriel désignant plusieurs êtres d'un seul coup, l'individuali-
sation y devient plus difficile. Mais un nouvel embarras survient.
Ce n'est pas toujours le singulier qui se confond avec la déter-
mination, mais quelquefois le pluriel, au contraire. C'est que le
concept d'un autre peuple a été différent et que la liaison de
ses idées est autre : il a pensé, par exemple, que Aommes désigne
des individus, tandis que homme pourrait bien désigner l'espèce
collective.
Lorsque le réactif n'est pas le nombre, ou lorsque la détermi-
nation apparaît seulement sur les mots subordonnés à celui à dé-
terminer, alors deux interprétations sont possibles. C'est que le
pronom, devenu plus tard article, s'est attaché d'abord au verbe
ou à l'attribut, puis, plus tard seulement, devenu article, au sub-
stantif, mais qu'il n'a pas toujours atteint ce point d'arrivée; ou
bien c'est que l'article, parti du substantif pour envahir les autres
mots, a perdu le souvenir de son point de dépari et s'y est obli-
téré. Nous préférons la seconde interprétation.
Que si le réactif est le genre ou la classe, c'est cette dernière
interprétation qui devient certaine. Le tamasheq nous en offre
un exemple frappant.
Raoul de la Grasserie.
{A suivre.)
DIX QUATRAINS
DE MIRZi ABOLX HASSAN DJEADÀfcl
DIT YÉGHMA,
EN DIALECTE SÉMNANI.
Parmi les noies que je possède sur la Perse, se trouvent
dix quatrains en dialecte sémnàni composés par un poète con-
temporain, Mirzâ Aboul Hassan, de son surnom poétique
Yéghmà , recueillis par Mirzà Kérim , médecin sanitaire de Sémnàn
et de Damghàn, et qui m'ont été transmis par M. le D"^ Tho-
lozan. Ce dialecte a certaines affinités avec ceux du Guilàn, du
Mazendéràn et de Reï, mais certaines variations m'ont paru assez
sensibles pour que j'aie cru devoir ajouter ce court document à
ceux qui ont déjà été publiés dans les Mémoires de la Société de
linguistique [[orne W, ^. i et iio).
Le texte original est accompagné d'une traduction persane
interlinéaire faite par Mirzâ Kérim, qu'il m'a semblé inutile de
transcrire intégralement; je me suis borné à reproduire, à la
suite de la traduction française, les expressions idiomatiques
avec, en regard de chacune d'elles, son équivalent persan.
Dans ses remarquables éludes sur certains dialectes iraniens
qu'il range sous la dénomination d'idiomes péhlévi-tniisuhnans ^ ^
M. Clément Huart s'est amplement étendu sur leurs principales
particularite's; mais, je le répète, je ne me suis proposé que de
présenter une modeste contribution aux documents, trop rares
encore, que l'on a recueillis sur les patois persans, laissant à
d'autres plus compétents la tâche d'en dégager les éléments
d'une étude de philologie comparée.
Mirzà Aboul Hassan, originaire de Djendàk, dans le district
de Sémnàn, dépendance du Tàbàiistàn, sur la route de Téhéran
àMéshèd, était recherché pour l'élégance de sa rédaction; il a,
auprès de divers personnages, entre autres de Hadji Molla Ahmed
Nérâki, occupé les fondions de mounshi (secrétaire); pour se
' \a\T Journal asiatique, 1886, 1888. 1 88<j , 1895.
32A AMÉDÉE QUERRY.
venger de ce dernier qui l'avait maltraité, il a composé un
poème épigramma tique sanglant; il a écrit de nombreux
ghazals, mais son divan na pas e'té publié; on n'en connaît au-
jourd'bui que des morceaux de'tachés. J'ignore si, outre les qua-
trains qui font l'objet de cette étude, il existe d'autres écrits dans
le même dialecte, mais, jusqu'à présent du moins, ce sont les
seuls dont j'ai eu connaissance; c'est peu de chose, il est vrai,
mais peut-être ne seront- ils pas sans quelque utilité relative
aux recherches sur les transformations du langage iranien.
Amédée Querry.
U*— ^-^ y^ y^r-* (s^^ ^ uUil^ -j
IjLa_J A.,A.,AW| /jI ^^% lyjfi fi^^ '''^<^' ^
Gomment pourrait-on. Ali, décrire tes perfections; ta bonté est
évidente; partout on je cours h ta recherche, ô lion de Dieu, je voudrais
être ton cliien, mais je n'en suis pas digne.
aj, û= îjy>, tes (possessif), t^-», wjèsAi = y|j.AA< , peut, ^^<voaj,
bébitshi = »<X*i, est devenu. yJjH^, météjon = -^«Xjyo, je cours.
*A*«i, èspè = iiUn, chien. ^J^ '^S^ mckhn bîn = /^U J^i^ity», je
veux être. {J^'>, niyân ^= ^t^jf^ ^ je ne suis pas.
II
.>-+-*-^ jrÇ^ i^-^*^; i' .? LT^^ a
Il n'est point de cœur sans peine et sans honte (remords); il n'est
point de service sans faute et sans erreur; il n'est point de cœur sans
soupirs et sans pleurs; i! n'est point d'existence sans feu et sans eau.
DIX QUATRAINS EN DIALKCTE SÉMNÀNI. 325
j-y>-*, mènèbou ^ iyA-^ , il n'est pas. ^u^, mènèshô, même
sens que le précédent. *-<rJ, bourmè = Aj^, pleurs. ^î, àà^ u>î,
eau.
III
■ j»<wifc-> iw» -"fc ^^ y~i^ ^^~^^ ^ ""fc ^-.Aw Lj
Moi sans ami, et toi, tu es l'ami; moi sans ami, que ferais-je? tant
que fleurira la rose; des broussailles, que ferais-je? En pre'sence de
ces traits, de cette chevelure ondulëe, de ces yeux voluptueux dont tu es
douëe, de fleurs, je ne veux point; de jacinthes et de narcisses, que
ferais-je?
j
), rt = ^, moi. tj^^t kobévoun = -^L» ass-, que ferais-je?
Aà^j^yu» , sourkhè = ^j*m , rouge. *J^ , vèlè = JS\ fleur, jji , débou =
4>Jmli et ^J, soit pour sera. (jJ*^, tshèsh =^ ^m*^^ œil. ^!à dâr =
^^ii, tu as. (♦^'ji-*, menehem r^ JrSyg^ ^ je ne veux pas.
IV
aJS Uû j,L J j_y-5<-J* y— ^L-:^ ^ Q..» k.* xi
XJ Ij ^^_J y-AW _j-.« "^k-i ^) ^;^u_«J»^ (J«^ [j^
0 ma maîtresse, lire ton poignard; si lu le veux, accomplis une
œuvre pie; frappe et tue mon rival, délivre-moi de peine: je sais
qu'avec le charme que je vois en toi , tu rendras malheureux par tes
agaceries, par la passion que tu lui inspireras, celui que tu rencontreras,
y»^ mou = (jj», possessif; ma. ^*^, bèhindj = iJSj, tire. (^^ -,
mèA-èwi:=^ j^î^aty». lu veux. a^L;£», A<7À;è = (jjXj, fais! I^Xj, békoiiâ
326 AMÉDÉE QUERRY.
= c_>jXj, bats, frappe, pile, ^^l èiji=^., un. ^ j*m_j^, mou ser
pèyi = y^ -iJ ^ := ^ jw ^i, loin de moi [litt. de ma tête), ^j
appartient au persan archaïque et a cette particularité dans le dialecte
de Shnnân d'être placé après le mot dont il indique le rapport, aj !j ,
wâ hé =■ (J^'"^.-, de'iivre.A5CAJj,ÀA, lmioûniké^= A5JLsSa^, de même
que. ^yuço, meymoun = rA^A^y», je vois, {jy^^y^i mezounoun ^=
Aji*X>yo, je sais, ^pjo, béy{ni= ^^y^, tu vois. jj,joii = Ijj^l, lui-
Qu'as-tu donc vu en moi, que chaque fois que je me présente tu dé-
tournes le visage; ne me traite pas avec ce dédain, je t'adjure par ta
tête, jette un regard sur moi; qu'importe si, à cause du chagrin que tu
lui infhges, Yeglimâ ne déchire pas le col de son vêtement?' Que son*
col soit déchiré on non, qu'importe! sa poitrine n'est-elle pas déjà mise
en pièces à cause de toi ?
Le premier vers est évidemment altéré, mais cela importe peu
quant au dialecte. t=*j^, diyet = i^^p ., tu as vu. ^j^, moupéy
= (j^3i (voir la note du quatrain pre'cédent). ^jU-j«, méréçân =
/o^vA.*, j'arrive, ^jijlxo, mèkârdèn = jli^iÇw*, tu détournes.
*i>à, dm = (^^), visage. IjXi, nèkèvâ = u^, ne fais pas. ijj^,
hénoûn = (^jjU^^, tant de, tel. <5u x», èè /è = i^_jj', à toi.y» y^ aj,
formule persane d'adjuration = par ta téte.yo^ wom = ly«, moi
accusatif. Ai Lj, niyâ hé = ^^ »lxi, regarde. (J^ a^, tshé hèvèyi
= ijjLvA^, qu'importe! (voir la note du quatrain 111 au mot
} , / y y .V» . . }
\jy~>). (S^y-i nèvlèvi = :>^*>>>j , qu'il ne déchire pas. yj, bou =
iyi et ♦XXIilj, qu'il soit. ^Ji, jOM =^l y, de ou par lui. *jI^,
fsMA;è == o«-»wî cîJI.^, mis en pièces.
' AHusion à la coutume de décliirer le col du vêtement en signe de douleur.
DIX QUATRAINS EN DIALECTE SÉMNÀM. S27
VI
Dis-moi, quel jour s'est passé sans que je n'aie souffert pour toi?
Par quelles épreuves do tout genre n'ai-je point passé? On m'avait dit
jadis que tu étais une coquette inconstante , mais on ne ma pas dit et
moi-même je n'ai pas cru que c'était à ce point.
*i_j^, nxoîi f/è= (jj^, à moi. Ij =^ dis! ^5^^?, bilshi= «^,
fut. ^^^i>i^ , nédertshèm = /^wijsj, je n'ai pas eu. '), zi ^ '^\, de.
^^, ci = tX*», cent. (jSo, pèsh = (j^, derrière. tj|^, pérâri =
yiuo, devant, (jyi*^ <^U, bât bishoûn = *>^^^ xxàS\ ils avaient
dit. jXj\yj^ pérânter, comparatif de y!jj = yoifcAj, autrefois, aupa-
ravant. ^1 , hfeyi = (s-***^ tu es. ^j^j-ioîy , jiévâtéshoihi = AaÀx»
•Xii^, ils n'avaient pas dit. yo, 7/jom = (j^, moi.
VII
yj^^J i^^LS ^LaJ y^jb x^ ^ «5
A K y -.l^ y ■» J <X-*-* '.;^*»'^^ iO Ji ji&
V -' '^^ ^ ''''■ ^ '' V.M r
Mon bras, mon cœur, ma foi, ma vie, ma douleur, h elle tout je
donne; moi, tout ce que je possède, je le donne en mémoire d'elle; le
cœur sans ami n'en est pas plus heureux; à la prochaine fetc, je lui
donnerai cet œuf brisé.
.y
5Ji,70M = ^Lj, à elle ou à lui. \jà^^ médoitn = ^»Xa.#, je donne.
»l . d=~^JA, moi. *ça>, tshér=y(^, chose. uJi;'^' f/rtro?m = -j!à ,
328 ASIËDÉE QUERRY.
j'ai. AiS*, »u</è = <ca^m»*a3 , n'est pas. aj-aj^, déyithiyè, Jùj.à-, plus
heureux. ^aJ, neiojî = :>^, ne peut être. -^>U««X-ii, eshkèstè =
A^'^-»»**"'*, brise'. »J>Âyj>, imurghono = ç-y* ^is^ ^ œul".
VIII
^J*— J ^'^'^ l3)-.A© j.^ AO Jt^^yJS
Le jour où la caravane prendra l'âme en charge, quelle se hâte dans
la voie de Tane'antissement ! Je ne suis qu'un faible chameau, ma charge
est trop pesante; je crains (ju'elle ne m'empêche de passer le Sirath.
fj^ ^, bâr kèrèn = *XxjOjLj, ils chargent. ^j^J^, âbvâr=i>^'^,
promptement. jJC.^!, oslUoùr = yJiH», chameau, ^jj*^^, lâghéroûn
=^y, maigre, faible. «^, père = iL»), trop, excessif? {Je ne
saurais affirmer V exactitude de la traduction de ce mol ; cest ainsi que
la donne le traducteur indigène.) (»**y, tersoûm = ^y-i je crains,
^îi'j, vâdâr=^\>'^i), obstacle, action d'empêcher, d'arrêter.
IX
\' ".. ' ^ " " <"" ^
• 7^ r3"**>*-^ "^-T"^ ^^^ i>^
J'ai parcouru le monde entier à la recherche de l'or el de l'argent;
j'ai chuchote' mes plaintes à l'oreille des sourds; j'ai fait du feu, il s'est
éteint : le bois était vert, et de chagrin je joue avec la cendre.
qjXj Aj, bététoûn = f»<y>j>.^:>. j'ai couru. 2»), ré, aflixe qui, au
premier vers, a le sens de <^IjJ, à cause de; ij^y^ pour, à la re-
c^ercAe rfe /'or; au second, celui de aj, «, ^y^.y->t à des sourds; au
DIX QUATRAINS K\ DIALECTK SKJINÀM. 329
quatrième, celui de U, avec; sl,JL*^U^, avec la cendre. ^^x.i^5\-l,
ser goùshègui ^=- ^JJJy^yM, chuchotement. /»JV, />'«ièm= |*U5, j'ai
d'il. ^ ker est persan. /oJ^j^, ^/t'W^''m = pi>3'j'^' ^^''TP*- (^'^"™^)- ^'^
«iîï m persan ^:i'^ ij*^^ , battre {allumer) du feu; dérivation probable
de Vusage du briquet. i^X , bémerd= ^vC , il est mort (s'est e'teint).
L>, hâ == i^, il était, c^;'^, t'art = t5;ij, jeu. p^-*, mèkèrem =
<<vCy», je tais {employé comme auxiliaire), je joue = j»*x« ^^y.
jX*0 U»., hhâkster est persan.
/-jçj jliLi^ >Lj wj Aj A-J" Vl i»Â.A.J^
C'est grand"pilit'. mais (u n'es pas une amante fidèle; lu ravis le cœur,
puis lu le l'ebules; non, tu ne sais pas jiimer; chaque lois (pie tu parais,
lu ravis tous les cœurs; tu n'es satisfaite que si tu es sans cesse eu mou-
vement.
^^ , m'j/cyi = 4^CN»*xi , tu n'es pas. jp U, maguir = (£yS^ , tu
saisis. (^♦^^ Y-w, ser mèdétji= ^ô<^ y^ tu éloignes. Ix^, miyâ =
^Lajo, tu viens. »v», mèhèr = t^T^iV», tu emportes. ^ ^^, alem
péyi = yù\s.-^\, de l'univers (voir la note du quatrain IV, au mot
^). A.ii^, i7/osA^ = o**«ij.Ju*jÀ»., il est satisfait.
LA CONTRACTION
EN GREC MODERNE.
On a déjà fait observer (Psichari, Essais, II, lxix et suiv. ;
Hadzidakis, Einleit., 3i2 et suiv.) qu'en grec moderne, lorsque
deux vovelles dissemblables se contractent, elles prédominent
l'une sur l'autre dans l'ordre suivant: a, o, ov, s, <, sans que,
d'ordinaire, l'accent paraisse influer sur la contraction. Ex. : to
âKOuaa m — > râttovcra., tov àpviov » — > Tàpviov, 3-à ê)(Ci) » — >-
B-a^Ct}, va eiyss » — *■ vayss , ^où bp(pavov ■ — *■ Top(pavov, yjpzdic/lS)
» — >• ^pcocrlfùj, 10 eiTTS » — > totts, tov ëScoa-a » — *■ rovScocra,^ fxoîi
sJtts » — > fxovTre^ Xsînei êx.e7vos » — >■ Xein' êxeivos, etc.
Mais on n'a pas encore, que je sache, donné l'explication de
cette prédominance des voyelles l'une sur l'autre.
Elle se dégage, je crois, assez facilement du schéma que voici :
* ^ ^ ov
Ce schéma représente, comme on sait, les mouvements de la
langue dans la production des diverses voyelles. La langue, re-
levée à la base pour ov, s'abaisse insensiblement jusqu'à l'a;
puis, du son a au son z, elle se relève par sa partie antérieure,
en même temps qu'elle avance dans la direction des incisives.
Dire que les voyelles prédominent l'une sur l'autre dans
Tordre a, o, oy, e, t, c'est donc dire que :
1° lorsque les deux voyelles qui se contractent sont de même
nature (toutes deux postérieures ou toutes deux antérieures, a
étant considéré comme une voyelle neutre), la contiaction se fait
en faveur de celle qui exige la moindre élévation de la langue;
9° lorsqu'elles sont, l'une antérieure, l'autre postérieure, la
contraction se fait en faveur de cette dernière.
En d'autres termes, quand on contiacte deux voyelles, on
évite à la langue, dabord, le mouvement d'élévation, en second
lieu , le mouvement en avant.
Bemarque. — Dans certaines ])arties de la Grèce ov -{- s se
contracte en o; ex. : tov sSoûna» — > ToScofca (au lieu de TovSci)xa).
Il y a donc ici, semble-t-il, une attraction exercée sur ïov par Vs
(Hadzidakis, Einleil., Sig-Sao). Il est possible aussi que, dans
les régions en question, ïov ait un son plus ouvert "qu'ailleurs.
Hubert Pernot.
LES EMPHATIQUES ARABES.
I
L'alphabet arabe se compose de 28 consonnes sans voyelles,
ces dernières ne syndiquant que par des signes accessoires au-
dessus ou au-dessous des consonnes.
Si Ton veut bien considérer que l'alphabet {{rec, de'falcation
laite de ses 7 voyelles, ne comporte que 17 consonnes, et que
l'alphabet latin en renferme 19, on voit que l'alphabet arabe
pre'sente une grande richesse d'articulations, qui se manifeste sur-
tout dans de nombreuses nuances : il possède en elFet le t, ïs et
r^ à deux degrés, et outre le k un q guttural, sans compter
quelques lettres gutturales qui n'ont point d'analogues dans noH
langues occidentales, telles que le aïn (9) et \e ghnùi (è-). En re-
vanche, les Arabes ne connaissent pas quelques-unes de nos con-
sonnes : \e p, le V et notre j. ou g- doux leur sont inconnus, et
la cinquième lettre de leur alphabet répondant au guimel hé-
braïque, c'est-à-dire à notre g devant a, 0, u, a pris dans les
Etats barbaresques la valeur du g italien devant e, i, ou du j
anglais [dj français).
Les Arabes ont tout particulièrement développé la famille des
dentales, dont ils distinguent beaucoup de nuances.
Leur alphabet renferme les 7 dentales suivantes :.
le to cy ) , ^ i
un autre /« ]^ , --^ nuances de <.
le dal :> } . ,
le dad j. \ ^ ""^"•^«« d« ^-
le Srt/ i / 9 nuances du S grec ou du 5" islandais (th anglais doux
le ha ]è \ (Jo rarlicle tlie).
. , r. . ( é([tiivalent an & grec ou au p islandais (th anglais fort
) (In mot tliing).
Ces 7 lettres n'ont que deux représentants en français.
Pour dislingiu'r les degrés de force de deux lettres analogues,
les grammairiens modernes, à l'exemple d'Erpénius, si je ne me
lrom|)e, donnent le nom A'eniplinùquvix celle des deux (jui se pro-
332 G*' PARMENTIER.
nonce le plus dur.emenl. Ils disent que le La est un ( emphatique,
le dad ^J:y un d emphatique, le d:a là un dz (c'est-à-dire S) ou
parfois un z emphatique.
Le même mot leur sert pour distinguer les deux s et les deux ^•
de l'alphabet arabe :
le sin iw=-s ooninie i's initiale française :
et le Cad , ^( * emphatique (ss, ou c très dur);
le/te/J=A';
et le qnfow qof (^, qu'on considère comme un k emphatique , ce qui n'est
pas bien exact, car c'est un k ou q guttural qui n'a point d'analogue
dans les langues européennes, mais que les poules pondeuses pro-
noncent fort bien quand elles crient, non ga-ga comme on dit, mais
bien qa-qa avec le q oriental. i
Je dirai en passant que les Occidentaux (|ui ont emprunté leurs
alphabets à une source phe'nicienne, ne distinguant pas les deux
articulations du kef et du qof, n'en ont conservé quune : les Grecs
ont adopté le k, les Latins le q. Les (irecs, à la vérité, avaient
commencé par les admettre toutes deux sous la forme du kappa-
(x) et sous celle du koppa (O) qu'ils n'ont pas tardé à supprimer
comme faisant double emploi, mais qu'on retrouve dans leur sys-
tème de numération oii il représente le nombre 90.
Je signalerai encore les deux h de l'alphabet arabe, le hé (»)
et le ha (^) :
le hé («) qui est une h aspirée analogue à l'/t des langues gennaniques,
mais toujours perceptible niènic à la fin des mots, comme dans Allah
AMI';
et le ha (^) qui peut, à bon droit, être dit emphatique, car les Arabes
le prononcent beaucoup plus durement que cela n'a lieu dans aucune
langue européenne : ils disent, par exemple, Mohammed J^ avec
un h analogue à celui qu'on entend dans le haii des bûcherons.
Je vous demande pardon de ces préliminaires un peu longs
avant d'en arriver au véritable objet de ma communication :
Comment doit-on représenter et transcrire les lettres empha-
tiques pour les distinguer de leurs analogues?
Je ne me propose pas ici de donner un système de transcrip-
tion des lettres arabes en caractères latins. Je l'ai fait dans une
brochure qu'on trouvera à la bibliothèque de la Soei('té-. C'est
' Ce qui fail (juo los (irecs modernes éciivent ÀAAa';^, dépassant ainsi sensi-
blement le bnt.
- Transcription pratique, au point de vue françaii , des noms arabes en carac-
tères latins (Mémone présenté au (lonfjrès de 1879 d;- \' Association française
pour l'avancement des sciences).
LES EMPHATIQUES ARABES. 333
d'ailleurs une question diUicile sur laquelle on n'est pas encoi-e
parvenu à s'entendre complètement, comme on peut le voir sur
les difierenles cartes de TAlriquedu iNord. Je dirai seulement que
si l'on tient à distinguer les deux sifflantes, on peut les transcrire
par s et ç; les deux gutturales peuvent être e'crites k et q; pour
les deux h, on a souvent double' la plus aspirée. Quant aux den-
tales, il est naturel de repre'seuter le 6' et le ^ grecs par th et dh.
Mais, je le re'pète, je ne viens pas vous entretenir de la tran-
scription d'articulations qui sont bien connues et sur la nature
desquelles on est d'accord si on ne l'est pas sur la façon de les
rendre en caractères latins.
Mon but est de vous pre'senter quel([ues considérations de
nature à de'frôner le lo de sa prétention à être l'emphatique du l
européen. r
Tous les grammairiens disent que la S*" lettre de l'alphabet
arabe, le ta cy, est l'équivalent du t européen. Ceci admis, le Is
qui se prononce plus durement a été appelé un t emphatique, et
dans les ouvrages didactiques on représente cette lettre de bien
des manières : Glaire, dans ses Principes de grammaire de l'arabe
littéral, Caussin de Perceval, dans sa Grammaire d'arabe vulgaire
pour les dialectes d Orient et de Barbarie, Bellemare qui a écrit la
première grammaire de l'arabe vulgaire de l'Algérie, Hélot, au-
teur du premier dictionnaire de l'idiome algérien, rendent le Is
par th, ce qui nie paraît peu judicieux, car il n'y a pas trace d'as-
piration dons cette articulation. Garcin de ïassy et Duveyrier
dans sa belle Etude sur les Touareg du Nord ne distinguent pas
les deux t; d'autres auteurs qui se sont occupes de l'arabe parlé
dans notre colonie ont écrit f (par exemple Pihan et Bresnier)
ou / (comme Chcrbonneau et Gorguos). Mais tous ils ont admis
que cy = f, et que ^ est une nuance qui nous est inconnue. Or
je pense qu'il y a là une véritable erreur. Le Ls n'est autre chose
que le t de la plupart des langues européennes, notamment de
toutes les langues romanes, et le cy est un t adouci, analogue
au t des Allemands. Au point de vue arabe, on peut bien dire
que Id est un <^ emphatique, mais non un t européen ])rononc(''
avec emphase, car cela conduit à eu exagérer l'articulation.
Avant (h; vous donner les raisons de cotte assci'iion, permettez-
moi encore une digression, puisque je viens de parlei' du / alle-
mand.
En France on s'i'ionne souvent de ce (|ue beaucoup d'Alle-
mands (et surtout les Alsaciens) (\n\ pourtant possèdcnl le</el le^
II' h cl le p, le g cl le /. i\n\\< If'iir alpIiaJM'l les roiilondcnl sans
334 g"' PARMEMIER.
cesse en parlant français, ou semblent même les intervertir à
plaisir. Pourquoi disent-ils : voici une pelle belle au lieu d'une
belle pelle? Il y a là une erreur : ils n'intervertissent pas les lettres ,
mais ils les prononcent, à bien peu de cbose près, Tune comme
l'autre, d'une façon intermédiaire entre b e\ p, d et t, g et k. Le
Français qui entend un b ou un d un peu trop dur croit qu'on a
prononcé un p ou un t; et quand il entend un p ou un t un peu
adouci, il croit entendre un/» ou un d. — Les poètes allemands font
rimer Tod ou Brod avec Notli ou rolh; dans les écoles primaires,
le maître dira à un élève : ce mot s'écrit par un delta ou un
weichcs d, ou bien cela s'écrit par un hartes t [un d doux, un t
dur) et il prononce les deux lettres à peu près de la même ma-
nière.
Une dame de nos amies demeurant rue de In Boétie, étant allée
à Strasbourg, a donné son adresse de vive voix à un monsieur
qui devait lui envoyer un renseignement à Paris. Ce monsieur,
qui sans doute ne connaissait pas l'ami de Montaigne, lui adressa
sa lettre rue de la Poésie: elle la reçut, ce qui fait honneur à la
perspicacité des employés de la poste. Le même personnage pourra
prendre la rue de Ponthieu pour le chemin du ciel. Dernièrement
un Alsacien pauvre m'écrivit qu'il ne savait comment payer les
tèles qu'il a contractées pendant sa maladie.
Mais voici qui est probant pour la prononciation des lettres en
question chez les Allemands. Dans une excellente grammaire des
langues rhétoromanes ', l'Allemand Gartner dit que le b e[\e d
rhétoromans, qui se prononcent comme en français, en italien
et en tchèque, sont des lettres qu'on n'entend articuler parmi les
Allemands ni au commencement ni à la fin des mots, mais seu-
lement en certaines contrées dans l'intérieur des mots après /, r
ou n (par exemple les mots Erbe, Ende), et que le t et h p rhé-
toromans sont équivalents h d et b allemands.
D'après M. Bréal, la même particularité existait dans l'étrusque
qui distinguait mal les douces et les fortes qu'il rendait sans
doute par un son intermédiaire entre b et p, d et t, g et k'~.
Eh bien , pour en revenir aux lettres arabes, je pense que lelo
prétendu t emphatifiue n'est autre chose que notre simple (, et
que le ea est un t adouci, intermédiaire entre d et t.
' C'esl-à-diifi lo frioulan, les dialectes romans du Tyrol el le romanclie des
Grisons.
^ Mcmoireu de la Sorirfp do UnginaliniK' . I. VU, p. 180.
LKS EMPIÎVTIQUES ARABES. 335
III
Mais il est temps que je vous donne les raisons qui me portent
à me séparer de l'opinion généralement admise par les gram-
mairiens arabisants.
S'il ne s'agissait que de l'arabe vulgaire de l'Alge'rie, je crois
que le fait en question ne pourrait guère être conteste'. Le v:i>
est toujours prononce' d'une façon bien plus douce que notre t;
à Constantine on lui donne même souvent la valeur de ts. Dans
toutes les transcriptions de mots français, les Arabes rendent
notre t par io et non par cy. Ils écrivent :
»Xj\ia tabla " table » ;
iclsllaj batâta «• pomme de terre n ;
ijiliao hatâch rrpatachen;
-Jaj notïr rr notaire n ;
-^la-çLy» milîlïr ff militaire"; transcription barbare avec trois longues
(comme font les Anglais qui emploient ce, oo pour / et ou,
brefs ou longs, dans beaucoup de transcriptions, notamment
dans les noms de lieu de l'Inde).
Constantine s'écrit «»»W *.»»>.», Qoscntina. De l'italien /antosm,
les Arabes de l'Algérie ont fait le verbe (j^i^laiÀï, tfanûs ff faire des
embarras^, où l'on voit les deux l, le premier qui est une flexion
verbale régulière, le second remplaçant comme toujours le / eu-
ropéen.
Mais dans l'arabe ancien et oriental, c'est (également le plus
souvent par k» qu'on a rendu le t grec ou latin. En voici des
exemples :
UXâTwv est transcrit par ^j^S^iî, Ajlàloun; les Arabes n'ayant pas le
ji n'ont pu le remplacer que par b oaf;
Plolémée est devenu j*j,A^Jaj, Ulolmious; ici lo p est remplacé par h et
la tî'rminaison tous répond à os grec;
La Palestine s'appelle ^jA3.M*Xi, FilasCm; de alàXos on a fait Jjlooî ,
(istoûl; dalpoXàëos est devenu oil-IûAsI. Islarlàb: alipx^ irsoito de
résiner), est deveiui dlJa-ol, istoiirali , de alvirt) frétoupe» on a fait
XaIia»! . nslouba; de slabuliim trétablci vient Jl^Lsa»' , istabl.
Les aslrononics arabes ont transcrit le grec kyjtos «baleinc^i pai- jxJajç»,
qiloiis, el au x' siècle, fasironoine Abd-er-llahman-es-Sr)ùli a lianscrit
|)ar la \e r (pii désigne une étoile de la jambe gauche d'Andromède.
Enfui lo mol ^^sfc.!5\La.*s>! , istalnhi . ([uon |)Ouf Iradiiiif par frcycliquc'^ ,
336
PARMEMIER.
vient certainement rie tylùXos; il désigne la manière rép-nlière de
compler les mois musulmans alternativement de 3o et 29 jours, au
lieu de la manière populaire par l'observation du croissant qui alterne
moins régulièrement entre 3o et 29 jours.
Dans tous ces exemples, c'est le ^ et non le <^ qui répond au
grec ou européen ^
Je ne prétends pas d'ailleurs qu'on ne puisse trouver des exem-
ples où le t grec aurait été transcrit par un «-'; mais ils doivent
être rares. Pour moi, je n'en connais qu'un: c'est le mot ^^i:**^!,
Almadjisti. C'est sous le nom dWlmageste que nous a été révélé le
célèbre traite' de Ptolémée iiaSïjyiaTixi) avvTa^is, auquel on avait
sans doute, dans les écoles, accolé le mot (xeyia-li] pour le dis-
tinguer d'autres traités de mathématique pure : les Arabes n'ont
relenu que ce dernier mot précédé de leur article Al. Ce qu'il y
a de singulier, c'est que l'épitbète fjisyicrlti ne se rencontre dans
aucun des manuscrits grecs connus.
En résumé, je crois avoir e'tabli que le ^ arabe équivaut sim-
plement à notre t, et que c'est plutôt le cy qu'on devrait distin-
guer, au besoin, par un signe diacritique.
Si je ne craignais de n'avoir que trop abusé de votre bienveil-
lante attention, j'ajouterais que Richebé, savant professeur
d'arabe classique, qui a le premier atliré mon attention sur la
valeur respective des deux t de l'alphabet arabe, pensait que le
çad {{j=>) n'était emphatique que par rapport au shi (,j*») et que
ce dernier est plutôt un adoucissement du a grec et de Ys des
langues romanes. Mais je crois que cela n'est pas exact. Dans les
exemples cités ci-dessus, l's finale de tjaiitès, Blohnious, Qitous est
le siw,- on le retrouve dans Qosentma el ànns Almadjisti. Ce qui
est vrai, c'est que le ^J*l {ïs doux) s'associe avec le e:» (î doux), et
le (jo (s dur) avec le l£> (f dur) dans la combinaison si (**« ou
ia^) : cela est d'ailleurs tout naturel.
G"' Parmentier.
' Les Persans el les Turks en adoptant l'alpliabel aral)e y ont trouvé beau-
coup de lettres dont ils n'avaient que faire et qu'ils auraiejil simplement pu sup-
primer; mais l'arabe étant la langue sacrée de l'islamisme, ils ont strictement
conservé l'orlbofjraphe des mots arabes qu'ils ont adoptés; mais dans le langage
ils ne font aucune dififérence entre b et c:>, entre ^j- et ^, ils prononcent le
>i> (6) comme s cl donnent au d emphatifjue {^) ainsi qu'au ^ et à son empha-
tique (i et t) le mèm'î son qu'au :;. Or les Turks écrivent les motsl^Li (Fiiràl)
Kuphrate, et bl-L* {Sokrât) Socrato, avec le b; il en élait donc cerlainemenl
de même chez les Arabes.
DICTIONNAIRE
DE LA LANGUE MANDÉ,
(suite.)
Bondir, jtJrt»,- ion" Ay/u (courir sur), bori san (courir en haut), fl a
bondi , a panara , a pana.
Bonheur, kouna, diya.
Bonjour, «useg-e, inisé, iniU/é, iiiiké; anisé, aniké. \\ — le matin,
iui-sakhoma. On répond: ijaouri (K.), ni héra ha (je suis en
santé), ma har ha, m' hâ; on-on (Ko.).
Bonnet, fougoula; hama-da (en gueule de crocodile); kamantyé-
koiira (nom du chef de Bouzé qui portait un bonnet spécial).
Bord, da. \\ Au — -, dala. Au bord de la rivière, ha dala.
Borgne, nija-kili, nyé-kili.
Bosse, dyounou, dyanto, dyounyo, dyougo.
Bossu, dyoïino-tigi, dyanto-tigi; krouino (Be'l.).
Botte, ti/ourou, sourou. \\ — ■ de paille, bin-siri, bin-doni.
Bouc, ba-koro, ba-koto, ba-khoto (K.) (vieux bouc); ba-ké.
Bouche, da.
Boucher, v. a. tougou; da toagou; suhst. falikéla, nisi-Jakhala.
Bouchon, tougoida, da-tougoida , da-tougouna.
Boucle, d'une corde, wéro , ivérango (K..), wéren. \\ — d'oreille,
toulou-doroma ; toalou-sanou (or d'oreille).
Boue, bokho; nokho , noua.
Boueux, boklioba.
Bouger, loma.
Bouillie de farine, lou, lo.
Bouillir, xvouli, xvouri. L'eau bout, dyi bé ivouli. L'eau a bouilli,
dyi ivoidita.
Bouilloire, que les Noirs emportent avec eux, satala, tasala.
Boule, koroti, koti; kourou, koiilou (morceau).
Bourgeon, boulouta.
Bourre (b; lïisil, sotora ; loiipo {Vi\).
Bf)URREAu , fakhala , faUkéla , faliba.
Bourrelier , garan-ké.
Bourrer, sousou.
.338 J.-B. KAMBAUD.
Bourse, petit sac en cuir, nyaki, mjaga; kourhaho.
Bout, koim; dijou. \\ Au — de, koungo, \\ Bout à — , koun hé.
Boutique , firi-daula , fri-yoro ; sani doula.
Bouton, sur le corps, késé, soumo-din, sourinya (S.).
Bouvier, nisi-gé. nisi-géla, givéla (Ko.).
Boyau, nougou, noiuikou. nono.
Bracelet, houlou-kauo , boulouia won (argent de bras); hoidou-négé
(fer de bras); g-of/o (K.); ijufendou.
Braire, kusi (crier).
Branche, ijin- boidou .
Bras, boidou, bolo, bln. \\ — de rivière, ba-bouloii.
Brasser, sousou.
HiA^yE, fari, fnii.
Br:^voijrr , Jarijia, J'atiya , fatinya.
Brebis, sakha-mousou , sakho-mouso (K.).
Bride, karafé - dyouîou (rêne de mors). La bride complète avec
le mors s'appelle simplement, karafé, karfé. krabé (mors).
IIBendrela — , karafé digi.
Brillant, dyé; péré; doungaré-kan (semblable à un miroir), dou-
nyaré.
Briller, dyé; nahjégé.
Briquet, ta-négé (fer pour le feu), ta-sindyi (mamelle du feu).
\^ïi\SK , fonyo , f yen (vent); /bwj/o doromandi (petit vent).
Briser, ti, tinya; kari.
Broder, nyégé.
Broderie, «t/(^p; loma, lomansa.
Brodeur, nyégélo, nyégéba.
Bronze, soula, saura, sira (cuivre).
Brouillard, bougou; nkomi; moura , mourangué, mounaki, mounta,
mhito.
Brouiller, mélanger, bérisa, brisa.
Broussailles, yiri-méséni, yiri doromandi.
Brousse, ivoulo, wonla; birsa, boursa. |î — épaisse, ton.
Bru, bira-mousou.
Bruit, woyo.
Brûlant, giviu, goni; dyani.
Brûler, dyani, dyéni. Faire cbaiid, a ku gwin. Le soleil brûle,
tili ka gwin. Le feu brûle la case, tasouma bé boun dyani.
Brûlure, dyani-da.
Brun, basala.
Bruyant, ivoyolila.
Bûche, yiri-kourow, nyonso; falima.
Bûcheron, satyé, saké.
Bitte, petite hauteur, linù . lindi . toundo.
DICTIONNAIRE DE LA LANGUE MANDÉ, 339
c
Ça, ici, ijan, dijan; ijan-fé, avec inouvenienl. Viens çà, na ijan,
na dijan , ha ijan-fé. || — et la , yani-ijano.
Cabrer. Se — , /ya«. Le cheval s'est cabre', sou pana.
Cacher, tougou, dougou, dogo. L'enfant s'est caché, dm tougouta.
Le soleil s'est caché, tili bé toiigoula.
Cachette, tougou-douîa , tougou-ijoro.
Cadavre, sou. | — d'homme, molho-sou, hé-^ou.
Cadeau, son, sounija. \\ Faire un —, son di. j Recevoir, accepter
Va — , son soro.
Cadenas, kokrani.
Cage, sou (case). || — À poule, en forme d'ogive, koulou-kou-
loi..
Cahiir, haïl, kaïti (Fr. et Wolof.).
Cail-Cédra, dijala, dyalo (K.); bono.
Caillk, poro-poro.
Cailler, hownouna, koumou. Lait caille', nono koumou. Le lait s'est
caille', nono koumotita ou koumouna.
Caill3u, kourou, krou. \\ Gros — , kaba. \\ Petits — x lerrugi-
nejx, béré, hélé, bré.
Caïm.n, bama, banba, banbo ; Jatama (K.).
Caisse, kankéran; wakhandé.
Calcul ,V/rt>«.
Calculer, dani ké.
Calebasse, yè', /f7«, /e'/c', fclou[K.)\ féloungo (K.). l| Gra?<de — ,
félé-ba. ji Petite — , félé-din, Jelou-dé (K. ); bala. j| — en bois,
irès grande, kouna, kounaïuH; félin go (K.). || — À manche, g-fl-
lamo, kalautan; konsoro. || — À long col, diba. ji — toute pe-
tite , koutouroutou.
Caleçon, koursi, koulousi.
Calicot, bagi-dijé, bagi-khoï (K.); sanou-dijé bagi; tolou dijé (Fr.);
ninkina (Fr. ).
Callosité, baklia-non (mar(|ue de travail).
Calme, subsl., mounija, viouni/o (K.). [j Adj., mounijaba, niounijé-
Ida, nioundé. \\ Etre —, moumja. Il est cahue, a bé mounya; a
nié sari (il n'est pas en colère). || Avec — , niounifa. moimdi-
moundi. |j — , dans la température, yÔM«/o lé.fijen lé (il ny a
pas de veut).
Calmer. Se — , mounya. \\ — , eu parlant du \eul, ban (cesser).
Calomnie, calomnier, dyalaki, dyalaké.
( 1 \ lotte , bon net ^ fougoula.
CuiARADE, /('';•/. léri-lyé. léri , ké-khanou [k.). C'est mou caïua rade ,
«' léri don.
uo
-n. RVAIBAUD.
Caméléon, uoiisi.
Camp, dakha , kélé dakha.
Campvgne, rvoula, woulo; birsa, hoursa.
Campement, digi-doulo; dakha (campement de longue date).
Camper, digi.
Canaille, mokho dijoiigou.
Canard sauvage, bourou; wandalo (K.).
Canari, grand vase en terre pour Teau, dyi-dakha, dakha, da.
Canne, bcrè, bété; koloma (K.).
Canon, goubé.
C \ov7Cuovc, folè-dyi; saba-dyi, goï-diji. || Arbre À — ,/o/e. |1 L/ane
À — , saba, goï, sabn-go'i.
Capitaine, poisson de Sénégal, baboré.
CxpiTXLE, fama-dougon, fa ma- sou, mansa-dougou , mansa-soii (vil-
lage de roi).
Capsule, dégé.
Captik, dyon. || — de guerre, kélé-dyon. \} — de commerce, san-
dyon. Il — DE CASE, woulosou, vuolosou.
Captivité, dyonya. \\ Emmener en —, dyon tanaé. || Etre emmené
EN — , dyon takha, takha dyon yé. \\ Etre en — , dyon hé, bé
dyon yé.
Car, katoiigou, katouga Je te récompense,' car tu travailles, nibé
saradi, ma, katoiigou i ka bakha. Je Taime car lu es mon frère,
m' V ifé, katougou n' doro dé yé.
Caractère, songora. \\ Bon — , songora ka di. \\ Mauvais — , son-
gora ka dyougou.
Carapace, /«rrt, kouna-fara, kounya.
Caravane, sété, dyaraou.
Carême, soun, soun-karoii.
Carnassier, soubnu-domo. soubou-domolda.
Carpe, baloukala: koluisa.
Carquois, tau, toungo (K.).
Cartouche, késé.
Cascade, souronndou ; faraka.
Case, boun, sou, bougou. \\ — d'entrée, botdou. \\ Groupe de — s,
appartenant à un chef, lou. Dans la case, boungola. Toutes
les cases, boung-o-boung. Va dans ma case, takha na boungola.
Il est dans sa case, a bé boiin . a bé boun kono. i^'. vais dans ma
case, m' bé takha boun.
Casser, ti, tinya; kari; fakha, fa. J'ai cassé mon canari, n ka na
dakha tini/a. fakha. Mon canari est cassé, na dakha tinyara,
tita.
(iASTRER, kabali.
Cauri, kourou (en moyenne 2,000 cauns valent 5 francs).
Cause, katovgala. \\ Etre — que, ko.
DICTIONNAIRE DE LA LA.NGLE MANDÉ. 3^1
Causer, être la cause, hé. La guerre a causé la mort de beaucou[>
d'hommes, kété ka ké mokho sjjmna sara (la guerre a tait beau-
coup d'Iiommes sont morts). |l — , faire la conversation,
kouma . baron, harouli ké. Nous allons causer, an ka kouma.
Cavalier, so u-tigi.
Cavité, dinka. |i - — dans l'N arbre, iimi.
Ce, cet, cette, ces, mji. Cet enfant, mji din. Cette femme, nyi
niomou. Ces bœufs, 7iyi nisilou. | — que, se tourne par le
nom correspondant ou par /HO«m, quoi. Jai entendu ce que tu
as dit, kouma, moiin kafo, n'ka mé (j'ai entendu. la parole que tu
as dite). Vois ce que tu as fait, a fêlé i ka moun ké (vois tu as
fait quoi). '' — qui, moun (quoi). Je ne sais pas ce qui arri-
vera, ma Ion moun hé na.
Ceci, mji, nyimfé.
Céder, boula. \\ — , laisser à quelqu'un, boulo tou.
Ceinture, tijé-sirila; tijé-sirilo {K.}; dyoïdou . dijala; fala-fala; || —
de PAJiXALO.N, koursi-dyouloii, koursi-dyala.
Cela, nyi, nyimba. Prends cela, nyi ta. Prends ceci et laisse
cela, nyimfé ta, nyimba tou yé. \\ — nha., fan -fait. C'est cela
même , fan-fan don. C'est cela, a té (cela ainsi).
Célibataire, pas marié, kamarin. \\ — , marié sans sa -femme,
tyé gana.
Celui-ci, mji; au plur. . mjilou. Quels hommes sont venus?
Ceux-ci. Dyon mokholoii nara? nyilou. Quel homme a crié?
Celui-ci, Dyon ka kasi? nyi don. || — la, nyi. \\ — qui, mé,
min, méuo; au plur., mé, méou. Celui qu'ils ont attaché s'est
sauvé, alou ka mé siri, a borita. Celui qui prie ira au ciel, mé
ka sali ké a hé dou aldyana ro. Celui qui a tué l'éléphant a
vendu fivoire, mé ka sama fakba . a ka nyi f ri.
Cendre, bougouri . bougouti, bougouni, boiiri j — blanche, bou-
gouri dyé. j — alcaline de certains végétaux [nélé,ma\s, pour
guère, etc.), ségué.
Cent, kémé. kamé, tyémé; kémé ni'tan foida (B.). Deux — s, kémé
foula, kémé foula ni' déhé (6.). jj Huit. — s, kémé ségi, ba-
kémé (B.) (Les Bambaras comptent loo au lieu de 80).
Centième, kéména, kaména, kémé ni tan foulana (B.); kéményandon.
Centre, tala, tla. tania. témo. \\ Au — , talan tyé, tuman tyéro,
talan tyéro, témo to (K.).
Cependant, bari; nkha. Je te paye, cependant tu n'as pas travaillé,
n ka sara di ' ma , bari i ma hakha ké.
Cercle, kori. koti; goni;flo.
Cercueil, sou-douli.
Certain, assuré, dyé. dyéli, nyé. Cela esl certain, /f?» hé dyr./èn
hé dyéli , nyé.
Certainement. i/6ô.
3A2 J.-B. RAMBAUD.
Cervkau, knuH-né.
Cesse. Sans —, touiti -o-touma , hung-o-lowig.
Cesser, bcm; boula. Cesse de faire du bi'uil, woyo boula (laisse le
bruit). Cesse de l"rapi)er, gosi boula.
Chacal, kankoulou; nasi; ivoulo-ivoidoto.
Chacun, tout homme, mokho bé, moklio-mokho. Chacun sait (ju'il
l'aut prier, mokho bé ka Ion nt/aiila sali ké. \\ — , par lèle, la
Y>ihcc , kilin-kili. Ces bœufs valent deux captifs chacun, mjl ni-
silou songo kilm-kîli, dyon foula.
Chaîne, négé -clyoulou (lien en fer); di/oloko.
Chair, soubou, sougou, sogo.
Chaise, sigila, sigilo (K.).
Chaleur, du feu, gonimja. j] — du soleil, Jountani, Jounlomii,
jounti. !! Etre en — , woul'da.
Chambre, boun, boa, bongo. || — de devant, baj'é. \\ — de der-
rière,6om?i dyou. Il Anti — , gwa.
Chameau, nyogoma, nyégémé, nyokhonui, uyamou.
Champ, fouroti, foutou; séné (Ko.), séné-yoro (endroit de se-
mailles). Il Faire u\ — , J'ourou ké, séné ké.
Champignon, bountéré, bountré.
Chance.- Avoir de la — , bé diyalo, bé diyaro.
Chancre, poro.
Changer, /«//,/fl/('', /(?/(''. Changer de vêtements, /«nî/n/l. Changer
un pagne pour un aulve , J'ani fali ka do ta. \\ Se — ,fanijali.
Chanson, donkUi.
Chanter, v. a. donkili. \\ — , v. n. donkiUfo.
Chanteur, donkdda. donkdi-daran-ké (Bel.), dialy.
Chanvre, indigène, ^/rf/b«, fou, ndadou.
Chapeau, dibiri, dibri; gaba, gaban, ngafa.
Chapelet, korosi, korosou, tasabia, wanvaré.
Chapelier, dibiri-darala , gaban-dala.
Cuxpoy , nounou, sisé-kobo , kobo.
Chaque, se traduit en re'pétant le nom et interposant o entre les
deux. Chaque homme, moW-o-mokho. Chaque case, boungo-
boun. Chaque jour, loungo-loun.
Charron de bois pour forgerons, fin-fin. \\ — , pour la poudre,
darsé. || — , tison enllammé, braise, ta-késé, ta-kourou.
Charge. — t. Fardeau, doni. \\ — d'àne, fali doni. \\ 9. — de
poudre, niaija soni. \\ 3. — , fonclion, yoro. La charge de per-
cepteur d'impôt, salé minala yoro.
Chargement, doni.
Charger. — i. Mettre une charge, nyou, doni sigi. Charger un
àne, fali-nyou. Charger sur sa lèie, sigi koun kan. \\ 2. — un
FUSIL, maifa soni. Le fusil est chargé, marfa bé sonda. '
Charitable, sarakha-dda. sara-dda.
DICTIOMNAIRE DE LA LANGUE MANDÉ. 34i3
Charité, sarakha-dinija. \\ Faire la — , sarakha di.
Charmant. C'est — , a ka niji hou sobé, a ka niji syania, a ka mji
hall.
Charmer, ka di. Ce chant me charme, niji donkili ka di n yé (ce
chant m'est agréable).
Charpentier, yin déséla.
Cm KRPiE, fani-kourou mésèndi.
Chasse, donsomja. [ Allkr à la — , takha ka donsou, takha ka sou-
bou faklia (aller tuer des animaux).
Chasser le gibier, donsou, soubou j'akha ; gwé.
Chasseur, donsou, doiinsou.
Chat, duangouma; nijaro. \\ — tigre, dyangouma-wara.
Châtier, doroya; bèn; gosi.
Châtiment, doroya; gosi (des coups).
Chatouiller, tit/okholi, nyokho-nyoklio.
Châtrer, kobo.
Chaud. C'est — , gwin, a ka goni; gandi. De l'eau cbaude, dyi ka
gwin, dyi gandi. \\ Avoir — , gandi bé. J'ai chaud, gandi béna.
I] Il fait — , a ka gwin.
Chauffer, gandi. j| Se ^ — , dya. Je me suis cbaiiffé, n 'dyara. Je
mecliaulFe m'bédya. Il fait bon se chauffer, dyani ka gm (l'ac-
tion de se chauffer est bonne).
Chaume, Un; tyi, ti.
Chausser. Se — , sabata dou, sabara dou, samara dou.
Chaussure, sabata (Ar.), sabara, samara. |i - — , bottes, lyourou.
Il — en bois, sokourouni, sokourni.
Chauve. Il est, a bé koun dyé (il est tête blanche); si nia kouna
(les cheveux ne sont pas drus). ]' — souris, katourouni, gan-
touroiini; korojîné; lonso.
Chavirer, tounou. La pirogue a chaviré, kouloun tounouna. La pi-
rogue chavirera, koxdoim bé tounou. La pirogue est chavirée,
kouloun bé tounouna.
Chef, koun-ligi. ]■ — de famille, lou-tigi. \\ — de village, dou-
gou-tigi. Il — de guerre, koun-tigi; kélé-tigi; boidou-tigi (chef
de bande).
CHEm\. sila, sira, silo [K.). || — faisant, h En — . | Lelongdu — ,
silaro , silolo ( K. ). Prendre le chemin de Kankau , Kankan sila dou.
Le chemin de Sanankoro, Sanankorosila, ou mieux Sanankorota
sila. Passe ton chemin! lanhi! Quel est le chemin? sila dyoma?
Laisse le cheuiin, bo silaro, sila boula.
Ciikmisk. Sorte dk — , (|ue portent les indigènes, doroké. doloké,
dourgi, drogi.
Chenille, louniou. toumbou. touro. tonbo.
Cher. - i. D'un haut prix. !| Ccai chi'\\songo ka dyougou . sdngo ka
boun. Ce n'osi pas cher, snngo ma boun : smigo sdurou: songo
Uà
J.-B, RAH1B\UD.
nyouina. \\ 2. Aimé, di. Mon père mest cher, m' fa ka di
n \jé.
Chercuer, nijini. Aller chercher, takha nyini. Envoie chercher,
ki ka nati. Envoie chercher de l'eau , wto/c/to ki, ka dyi nati (qui
porte de l'eau), ka dyi ta (qui prenne de l'eau). Envoie cher-
cher le chef du village, mokho ki, ka dougou-iigi kili (qui ap-
pelle le chef du village).
Chère, halou-fen, doumou-Jen.
CuÉTiF. Il est — ,fanga nta koun (sa tête n'a pas de force).
Cheval, sou, souo (K.). || — blanc, sou béda. || — noir, Jiti,
alezan, dyoubé-oidé. || — b.\i clair, dyoubé moumou. || brun;
dyoubé. \\ — po3Imelé, dafé fin. \\ — gris de fer, bon g ou fin.
il — KOUA\, dyoubé. \\ — buvant dans son blanc, dafé dyé.
Il — bai en tête et balzanes, tyadou. \\ — Isabelle, golèmbou.
Il — À deux balzanes, sou dyé foula. || -^rose, sou goulouwoidé.
Il Monter a — , sou ko yélé. || Aller à — , sou ko lakha. \\ Etre
À — , sou bé yéléla. \\ — rétif, sou kourou.
Chevelu, siba, sikasya.
Chevelure, si.
Cheveu, si. \\ — blanc, si dyé.
Chèvre, ba, ba-mousou.
Chevreau, ba-din, ba-dé.
Chez, bara; lou; yoro. Va chez ton père, takha i fa bara. Chez
Ngolo, Ngolo bara, Ngoïo lou (dans les cases de Agolo).
Chien, woulou. \\ — de fusil, kéréboudona, kéix'dola; maifa woulou.
Chier, bail ké.
Chiffon, /ani koro (vieux linge), //m koro,fini kolo , fanou kkoio
{K.);fani kourou (morceau de linge).
Chiquer, sira douniou, sira donna.
Choc , gosi.
Choisir, . . .rotomo (ramasser dans); sougandi. Choisis! ni saga ta
(prends si tu veux). Choisis un fusil, marfaro tomo (ramasse
dans les fusils).
Chose, fin, fèngo (K); kou. || Quelque — , f en-si, fengo. |1 Toutes
LES — s, feng'ofèn.
Chute, bita, bira. \\ Faire une — , bi. \\ — d'eau, snuroundou;
faraka.
CicATRiCK, non; da-non; dyoli-non. ij — -, d'un coup de couteau,
sokholi-non , souali-non.
Cicatriser. Se — , ka kèndé; ka kéné.
Ciel, san, san-kala; vgala; ngalo-koro. Le ciel est sans nuage,
san dyéna. Ciel d'orage, kola fin. Ciel moutonné, ton.
Cigale, kéré; kéré-kéré.
Cil, nya si, nya dougounia si.
Cime, koun (lêle); kourou-koun, iinli-koun, toundo-koungo (K.).
DICTIONNAIRE DE LA LANGUE MANDÉ. 345
Cimetière, sou-don -ijnro ((Midroit ou on enterre les cadavres).
Cinq, loulou, louvou, doulou, dourou.
Cinquante, ian loulou; débé, débanta.
Cinquantième, tan loulouna, débéiia, débantana.
Cinquième, loulouna, lourouna, doulouna, douronna.
Circoncire, foro tégé.
Circoncis II est — , a bé foro tcgéla, a boloko-la , a nijara-la.
Cire, kanija, ii-kanija; malé; fan/a. \\ — en rayons, U-uijaha ,
dî-nijnka , linijakho (K.).
Ciseaux, kémésou.
Ciseler, nijégé, tégé.
Citerne, kolon. |! — , ])0ur l'indigo, gara dahlia.
Citron, lémourou.
Citronnier, lémourou-ijiri.
Citrouille, dijé.
Civière, kara-kara, kharan-kliaran (K.); gangéré; sansara; na-
khara.
Clair. - i. Dtjé, gé, givé (Ko.). De ieau claire, dt/i dijé, di/i gé.
Il fait clair, a bé dijé. Il ne fait pas encore clair, a man di/é Jhlo.
" — DE LUNE, kalou di/é, karou dijé. \\ a. C'est —, peu épais,
a man kouna. || 3. C'est — , facile à comprendre, dijé, a man
goulé.
Clameur, woj/o-ba.
Clandestin. C'est — , a bé dougoula.
Clarté, dijé, karou-dijé (clair comme la lune).
Clavicule, kama-kourou, kama-kouhu , khamba-kourou (K.) (os de
l'épaule).
Clef, koundi; kounégé.
Clochette, quadrangulaire, employée dans les tamtams, lanan,
tlan; sébanou; jj>gi-}jigi, woijo-woijo.
Clou, négékourou, négé-koulou (os de fer), pèmpé.
Clov ER, pèmpé.
Cocotier , nasarali.
Coeur, son, so. Il a bon cœur, a son ka nyi. C'est un mauvais
cœur, a son ka dyougou. De bon cœur, sagolé. Je le fais de
bon cœur, n'sagoléro. Je le fais à contre-cœur, n ka di/ougou
nyé (cela m'est pénible).
Coffre, kankéran; wakhandé.
Coffret, bala, bara.
Cognée, ijéné, dijéné; ymdé, dijèndé.
Coiffer, koun dara, koun data, koun du.
Coiffeuse, koun darala, koun dnla; kouméré (Bel.).
Coin, noun-khan (comme le nez) (K.); koun, kouiio; dogo-dogo,
doukhou-doukhou .
3A6 J.-B. R.UIBAUD.
Col.- 1. Cou, kan, kango (K.). |1 a. — de montagne, dankari
^ (passage). ^^
Colère. - i. Subsl., séli, sarili. || Etre e\ — , séli , sari. [\ Se
METTRE EN — , séU , suri. '| 9. Adj., saiiUla , séliba.
Colique, kotio dimi (mal au ventre); klwno dimi (K.).
Colleter. Se — , kélé; boula nyokhonia.
Collier, kan dyoulou (lien de cou); kan kono, kan kono dyoulou,
kan bin, kan kori.
Colline, thiti, tindi, toundi, toundo.
Colonne, expédition, kélé, kélé-ba.
Colporteur, dyali, dyoula.
Combat, kélé bita; kélé bira; nyokhon-boun.
CosiBATTRE, kéU ké , nyokhon-boun ké.
Combien, dyéli, akhé. Combien d'hommes, mokho dyéli. Combien
de bœufs, nisi dyéli, ou nisi akhé. || — , en parlant de prix, se
tourne par le mot : prix, songo. Combien le poulet? i sise
songo (le prix de ton poulet)? Combien vends-tu le bois?
lokho songo (le prix du bois?).
Comble. C'est — , a fara (c'est plein). j| De fond en — . kono bé
(tout l'intérieur).
Combler un trou, dyoso.
Comestible. C'est — , a bé douma. Ce n'est pas comestible, a
douman té.
Commander, lyi, to; oka; sogi.
Comme. - i. Iko. Cet homme est fort comme un bœuf, 7iyi
mokho fanga ka boun iko nisi, ou iko nisi yé (la force de cet
homme est grande comme est un bœuf). |1 — , peut se tour-
ner par : être égal, kan, ou être le même, bé kili. Tu es
comme ton frère, ité ni doro-ké ka kan (toi el ton frère c'est
égal), ou ité ni doro-ké lé kili (toi et ton frère c'est le même).
Cet homme est fort comme un bœuf, nyi-mokho fanga ni nisi
ka kan. \\ — , cela, nyi nyokhon. j| 2. Pendant que, se tourna
par : dans le temps, tourna. Comme j'arrivais, il partait, nsi
tourna a tara (au temps de mon arrivée il est parti). || — si,
iko. Vous courez comme si vous aviez vu le lion, alou bé bori
iko alou ka wara nyé.
Commencer, /o/o; da-mouta, da-mina; dyou-ia; dyou-tégé. Le vent
commence à souïûev, fonyo Jolo nara. A-t-il commencé à parler?
a ka koumajolofo?
Comment, tyoukou dyouia , tyoko dyoma (de quelle manière). || — ,
se tourne par : quoi, diou. nioun. Comment t'appelles-lu? i tokho
di (ton nom est quoi)? Comment vas-tu? i bé dé? Comment
as-tu fait cela? / ka nyi ké tyoukou dyoma?
Commerçant, dyagn-kéla : samba; firi-kéla.
DICTIONNAinE DE LA LANGUE MANDÉ. 3A7
CoMMKRCE, di/ago; sani Jh'i (achetoi" et vendre), ij Faire le — ,
dyago-ké, scuii firi
Commettre une faute, khahè hé, jlUa hé. j — quelqu'un, hi (en-
voyer).
Commission, hila. \\ Faire une — , hila hé. || Donner une — , hi.
Commode, agréable, di. \\ C'est — , facile, a man goulé, a haniji.
Compact, houiui. La brousse est compacte, ton ha hoima.
Compagnie. En — de, ani, ni. Je pars en compagnie de mon
frère, ani doro-hé ni bétahha. || Tenir — . tahJia nofî; boida nofi.
Comparer, hanya.
Complet. C'est — , a fara (c'est plein); a hé mo«;»e (c'est tout en-
tier); hé {iowi) \ fengo-fen té dahahé (il ne manque rien).
Comprendre, mé. Comprends-tu ?/ ^a mé? I ya mé? J'ai compris,
je comprends, 71 ha mé, n ya mé.
Compresse, fani-hourou-sirila.
Comprimer, digi.
Compte, dani. \\ Rendre — ,/o (dire). \\ Faire un — , dan.
Compter. 1. v. a., dan. ] 9. — , v. n., daniké. \\ 3. — sur quel-
qu'un, la.
Concevoir, woulou, wolou.
Concorde, diya.
Condamner, se rend par : dire/o (K.). Condamner un homme à
l'amende, salé Jo mohho yé.
Condition. 1. A — que, se tourne par : si, ni. Je te donnerai un
cadeau, à condition que tu partiras, ni hé son di' ma n i hé
tahha. Ij 9. — , état, yoro.
Conduire, nya houla. \\ — , guider, siln nya boula, li — À, tahha
. . . fé. Cette route conduit à Kanken, nyi sila hé hahha Kuu-
hanjé.
Confectionner, dara, dala, da.
Confiance, lali, dali. \ Avoir — , /a, da, dali, hé. J'ai confiance
en mon frère, ni bé dalin doro-hé yé, ni bé la n doro-hé yé. \\
Homme de — , lana mohho.
Confier, la, da; saouli; halifa.
Confondre. 1. Mêler, birisa. I| 2. — , se tromper, ^/t.
Confus, maloida, malouta.
Confusion , malou.
Conjuration, dyanfa.
Conjuré, dyanja-tigi.
Connaître, Ion, don. Je le connais, n' h' a Ion. [j S'y — , hahili bé,
fnhili bé; si (savoir faire).
Conquérir, moula. Conquérir un pays, dyamani monta.
Conseil, dégéli; dyé. \\ Donner des — s, dégé.
Conseiller, v.. dégé; gara.
Conserver, hanta: hisi.
3A8 . J.-B. lUWBAUD.
CoNSiDKRABLK, houn , boiiii-ba; sijama, a ku sija. [j Un homme — -, mo-
kho a ka goule. l]n chef pou considérable, koun-tigi a inan
goulé.
Considérer, examiner, fêlé kon-sohé (bien regarder); . . .t^o yé
(voir dedans).
Consolation, dijala; manili.
Consoler, dyala-ké; mani.
Conspirateur, dyanfa-tigi.
Conspiration, ilyanfa.
Conspirer, dyanfa.
Constat ER,/e7e.
(jONstipé. Il est — , a kono diyara (son ventre est sec).
Construire, ké; dara, dala, da. |] — une case, boun ké, boun da-
ra. Il - — une pirogue, kouloun dara, kouloun si (creuser une pi-
rogue).
Consulter, dégé nyininka.
Consumer, dyani. \\ — , détruire, /?', iiiiya.
Conte, tali, talé.
Content. Il est — , a diyara; a bé nyakhali.
Contenter, r%rt. || Se — de, se tourne par : seulement, doron,
ou : être assez, a sira. Il se contente de patates, a bé ivonsoii
doron doiimou (il mange seulement des patates). 11 s'est con-
tenté d'une barre de sel, kokho fardé kili sim' yé (une barre de
sel a été assez pour lui).
Conter, tali fo (dire un conte). !| En — , fanya fo (mentir), ka-
lon fo.
Conteur, tali-dala, lali-kownala.
Continuel. C'est — , a té ban (cela ne cesse pas), a ma ban (cela
n'a pas cessé).
Continuellement, touni -o-toumn (toujours); loungo-loun (tous les
jours).
Contraire, i. Pas la même chose, a té kili, a tékan. \\ Au — , wo-
kouma, wodou; oyéré ko. Cet homme travaille; toi, au con-
traire tu dors, nyi mokho bé bakha, oyéré ko i bé sinokho. j] 2.
C'est — , nuisible, a ka dyougoii.
Contre, nyokho, nyoklion. 11 se bat contre son frère, a bé kélé 0
doro-ké nyoklion ké.
Contrefaire, imiter en se moquant, doiigouya.
Contribution, impôt, sara, salé, sakliali, sagalé.
Contusion, gosi-dyogi, gosi-non.
Convenable, nyima, nyouma.
Convenablement, koii-nyouma.
Convenir. 1. être convenable, bé la, bé té, ma, bé na. \\ 2. — ,
être au goût de, ka di. Cette élolVe me convient, nyifani ka di
n yé. Il 3. — , être d'accord, bé nti.
DICTIONNAIRE DE LA LANGUE MANDE. 3^9
Conversation, barouli. \\ Faire la — , barou, barouli hé.
Convertir. Se — , silnjali (changer la religion).
Convoiter, ba Je; sagn (vouloir).
Convoquer, kaj'ou, kili (appeler ensemble).
Copeau, yiri-kcsc; yiri-féléma.
Copieux, a ko sya, syama.
Coq, dountoun, dounou, dono.
Coque de fruit, /«rn.
Coquille, koulou, kolo; kanko. \\ — d'œufs, de fruit ,/rtrrt.
Corail, diginé, koboro.
Coran, aJkomtiou (Ar.).
Corbeille en joncs, sagi, ségé; korsagi , féU-félé , fédé (S).
Corde, dyoulou, dyourou; fou. || — d'instruments de musique, bi-
nyou.
Cordeau, cordelle, cordelette, dyoulou-din, dyoulou dé ; fou-dé .
Cordial, khanouba; di.
CoRDiER, dyoulou-fougala, dyoulou-fougana , fou farala.
Cordon, dyoulou, dyala. \\ — de pantalon, A;oMrsi</yow/o«(. || - — de
sabre, masédou; fan dyoulou.
Cordonnier, garanké.
Corne d'animal, blnyé, biéné, binyo; gin. \\ — à poudre, gariia.
Il — , instrument de musique, boudofo.
Cornu, binyé-tigi.
Corps, /an'. 1| —, cadavre, sou.
Corriger un enfant, htmo; gosi (frapper j.
Corvée, baklia.
Cosse, /am (écorce) : goulou (peau).
CosuniE, fini, fini, fnnou (les pagnes).
Côte. i. Os, galaka, gasaba; disi-kourou (os de la poitrine). Il
— A CÔTE, bara. \\ 9. — , coteau, ïmfî, tindi, toundi, toundo.
Côté, a — , bara, kéré, dala; koro. A côté de moi, ni bara. \\
— de toi, i bara. || — de lui, o bara. Le chemin passe à côte
du fromager, sila bé tambi banan dafé. |i Du — de, fé, fan-fé.
Du côté de l'orient, koron-fé. Du côté du couchant, tili-bi-fé. il
De l'autre — DE, ko, kho, ko fé, klwfé. De l'autre côté du
fleuve, ba ko, ba kofé.
Coteau, iinti, tindi, toundi, toundo.
Coton, kotoundi; kotoundo (K.), koronti, korandi, kori.
Cotonnier, koloundi-yiri , kori-dyiri, koloundi-kéla , kori-kéla.
Cou, kan, kango (K.).
Couchant, tili-bi (chute du soleil).
Couche, lit, lalan, dalan. lalango (K.). !| Faire ses — s, tvoulou,
wolo.
Coucher, i. et Se — , la, da. Il est couché, a laln . a bo In. \\
MÉM. LliNG. — IX. a3
350
J.-B. RAMBAUD.
— , siihst. Coucher du soleil, tiU-bita , tili-biro. il 3. Se — , en
parlant du soleil, hi (tomber).
Coude, non-kon-kouroii , non-kon-koulou , noun-koun-kourou , non-kon-
kou; kombéli.
Coudée, non-konya; songogna. Long de cinq coudées, a ka non-
konya loulou fhjnn. Cinq coude'es de guinée, hagi non~komja
loulou.
Coudre, kara, kala, kali-ké, kalali-ké. Il coud son pagne, a héfani
kara. Que fais-tu? Je couds, i hê moun ké? M'bé karali ké.
CouFFi\,yb(//bM.
CouLAM, ivoyo.
Couler, bouroii, ivoyo. L'eau coule dans le ruisseau, dyi bc woyo
koro. Le sang a coulé, dyoli bourouta. || — dans, se jeter, en
parlant d'une rivière, ^om/w. Le Milo coule dans le Niger, Milo
bé boula Dyalibaro,
CovLEvn , f ara ; Jenkala. Couleur rouge, fènkala woulé. Couleur
d'indigo, gara, gala.
Couleuvre, sa (serpent).
Coup, gosi; bongo; bousa. \\ — de fusil, ynar/a gosi. Fusil à deux
— s, da-Joula. \\ Sur le — , sa-sa, si-sa. |l Tout d'un — , sinya
kili. Il A TOUT — , siny-o-simja. || Tirer ux — de fusil, imirfa
gosi. Il Donner u\ — , gosi, bougo. \\ Recevoir un — , gosi soro.
Il Donner un — de main, dénié (aider).
Couper, tégé. Il a coupé un arbre, a ki yiri kili tégé. Il s'est
coupé avec son couteau, a tégcra tnourouma.
Couple. Un — de, foula (deux).
Cour de cases, lou-kono (intérieur d'un groupe de cases). Il —
d'un village, konola, kénéma.
Courage , fariya , fatiya , fatiiiya.
Courageux , /an, /«h.
Courant, adj., ivoyo. De l'eau courante, dyi woyo. || En — , borito.
Il vient, en courant, a bé na borito.
Courbe. C'est — , a man tili, a man iilin, a man télé.
Courber. Se — , digi. Il a courbé la branche, a ka yiri-boidou
digi. Il s'est courbé, a digira.
Courge, dyé. \\ — ronde, soro.
Courir, bori, boli, bore. Cours! / bori !
Courroie, gouloii-dyoulou (lien en cuir).
Court, sourou, soulou, soro (petit). Il C'est — , a ma dyan (ce n'est
pas long). Ce chemin est plus court que l'autre, nyi sila ka
tarya do yé.
Couscous, basi; fidi, Jiri, fouto (K.). |i — , farine, bouillie, tau,
to. !1 Sauce du — , nadyi. \\ Piler le — , sousou. \\ Mortier à
— , kouloun. I| Pilon a — , kouloun-kala.
DICTIONNAIRE DE LA LANGUE MANDE. 351
Cousin, i. Parent, bènké-din , hhiké-dé. il — -k, hènké-inoitsou. \\ - — ,
moustique, souson.
Coussin, bito; dofolo ; Jen-sigi.
CoÙt, songo , sara.
Couteau, mourou.
Coûter, dyaré. Combien coûte ce bœuf? 7uji nisi dyaréta moun? \\
— , se tourne par : le prix, songo. Combien coûte ce bœuf?
nyi nisi songo? (Le prix de ce bœuf?) Ce bœuf coûte trois
pièces de guinée, mji nisi dyaréta pis saba, ou bien îiyi nisi
songo pis saba.
Coûteux. C'est — , o songo ha dyougou, ha boun.
Coutume, i. Habitude, dali, délo (K.), délila, déri; houhé; namou.
il Avoir — , dali. || — , impôt, sora, salé, sahhali , sagaie , dya-
hha.
Couture, harali, halali.
Couvée, sise botitounou.
Couver, biri hili kan (couvrir sur les œufs).
Couverture, biti-Jani, biti-kan; bonri-fani, bouri-kan; bagé, ba-
gyo (K.). Il — de Ségou, danpé, danpa; sirijéba. \\ — du Ma-
cina, kasi, kasa.
Couvrir. Se — , biri, biti, bouri, bouti. Il — , cacher, tougou, togo,
dougou. I! Se — ,Jani dou (mettre des pagnes).
Crabe de terre, bama kéré-kéré.
Crachat, da-dyi (eau de la bourbe).
Cracher, v. a., da-dyi bo (rejeter de Teau de la bouche). |i — , v.
a., bo, bo dala (chasser (ledans la bouche).
Craindre, sila bé. Ne crains rien, i kana Jengo-fèn sila.
Crainte, sila, sira, siranba.
Craintif, silaba, silana, dyito.
CrÀne. 1. Os de la ièle , koun-kourou , kou-koulou. \\ 9. — , hardi,
fari , fati.
Crapaud, tori, loti, Mo.
Crasse, nokho, noua.
Crasseux, nokhola, nokhoba , nouaya. C'est crasseux, a bé nokhobé,
a bé nokhola.
Créancier, se tourne par le mot : avoir une dette, dyoulou bé. Cet
homme est mon créancier, wj/i lyé dyoulou béna(je suis endetté
envers cet homme).
Créateur, darala, dala.
Crédit. Prendre à — , dontoli.
Créer, dara, dala, da.
Crénea u , folon , folongo.
Crépir, no-koli.
Crépuscule, tili-bita ; fitiri .
îj3.
352 J,-B. RAMBAUD.
Crète, i . D'une montagne, tinti-koun, kourou-koun. \\ 2. — du coq,
fima.
Creuser, si. Creuser un trou, dinka si. Creuser un puits, ko-
lon ^i.
Creux. 1. Subst., trou, dinka, dényé. \\ — de la main, boulou-
kono. Il 9. C'est — -, ndj., a ka doun.
Cri, kasi, ivoyo. Le cri d'un animai, kasi. \\ Pousser des — s,
kasi.
Criard, woyoba.
Crier, faire du bruit, ivoyo. \\ — , pousser des cris, kasi.
Crime, faMa li , Joli.
Criminel ,fakhala , faliba , falikéla.
Crin, si.
Crinière, fcan-sî {crins du cou).
Croassement, tori kasi.
Croasser, kasi.
Croc. 1. Crochet, donli, dondi , donti , dogini. || 2. — , dent d'ani-
maux, 7iyi.
Crochet, donli, dondi, donti, dogini.
Crochu, donlila, doiidila, dontila.
Crocodile, bama,batiba, banbo {K.);fa1ama (K.).
Croire, da, hakili bé,fakili bé. Je crois qu'il est malade, hakili bé
na a ma kendé.
Croître. 1. Devenir plus grand, bounyn. \\ 2. — , pousser, bo.
Croquemitaine, sou-bakha (qui travaille la nuit).
Crosse de fusil, marfa-dyou.
Crotte. 1. Boue, boklio; tiokho, noua, \\ 2. — , fiente, bou.
Crotter. Se — , nokho, noua.
Crottin, sou-bou.
Croupe d'animal, ko-koro, ko-koun. \\ — de montagne ^ tinti di-
ginda. || Etre en — . || Monter en — , bé iyé kofé soula (être
sur le cheval derrière un homme). Monte en croupe derrière
moi , na na kofé soula.
Croupière, ko-koro dyouloii (courroie de la croupe).
CROÙTE,/rtrrt.
Croyance, dali.
Croyant, dana.
Cru. C'est — , a ma mo, a ma nyo, a bé kéné.
Cruche, daklia, da; dyi-da.
Crue d'une rivière, dyi-ba; ba fara (la rivière a été remplie).
Cruel, /en'; yaousé.
Cueillir, tégé.
Cuiller en bois pour agiter le couscous, sonkala; dyosa; girbé.
Cuir, goulou, gourou, golo.
DICTIONNAIRE DE LA LANGUE MANDÉ. 353
Cuire, faire cuire, tabi, tohi, loubi. il —, causer de la douleur,
dijani, dimi.
Cuisine. Faire la — , tabili-lé, toubili-ké. . || — , chambre où ron
fait la cuisine , tabili-sou , tabili-hougou ; gwa-hougou.
CvisiyiE^, tabili-kéla, toubili-kéla.
Cuisse, wotou, worou, wotitou, ivourou, ivoudo; toko, tokho.
Cuit. C'est — , a mora, amona; fine.
Cuivre, soula, saura, sira; damjo. H — rouge, soula-wouU. || —
jaune, soida-dtjé, soula-gé.
Cul, dyou.
Culbute, bito, bira. \\ Faire la — , bi.
Culotte, koursi, kourousi, kolosi, kourti, kourto (K.).
Cultivateur, tyikéla; sènèkéla, sénéla.
Cultiver, v. a., tiji; séné (semer), il — , v. n., tyiké, sénéké.
CvLTVKY. , fourou , foutou ; séné, séné-ijoro.
Curer, dosi, ... ro bo (sortir de dedans).
CuRE-DENTS, nijiro bo (sorlir de dedans les dents).
Cuvette, /rtA/jfl. '! Grande — en bois, koima.
D
Danger, sda, sira.
Dangereux, silaba, siraba.
Dans, ro, to, la, ma (suffixe). Dans le village, doiigoiiro. Dans le
chemin, sdaro, siloto (K.). Dans la case, boungola. \\ — , à Tin-
térieur de, kono, khono (K.). Y-a-t-il de Teau dans le canari?
Dyi bé dakha kono? \\ — , espace de temps, ne se traduit pas.
Je reviendrai dans un an, san kili nibé sagi.
Danse, don. \\ — des Kassouké, sinyah (K.). Il Danser, donké.
Danseur, danseuse, don-kéla. || — des Bambara, ivara. !| — des
Malliuké, kono; koro dyouga.
Dard, binyé, byéné.
Date, lili (jour). || A la — de, tdi (au jour de); ni (quand).
Datte, irtmaroM.
Dattier, lamarou-yiri.
Davantage, avec un nom, do (d'autres). Donnes-en davantage, i
ka do di^ma. || — , avec un adjectif, /<srt (meilleur). L'àne est
fort, mais le bœuf l'est davantage, /«/</««§•« ka boun, nklia nisi
fanga kafisa.
De, signe de possession, no se rend pas. Le couteau de mon
frère, na doro-ké mourou. \\ — , partitif, ne se traduit pas.
Donne-moi de la viande, soubou di 'ma. \\ — ... l\,J'on, . . .
nni . . . tyé. De Saint-Louis à Sigiri,. /o/i Ndara ka lakha Si-
giri, ou Ndarn ni Sigiri tyé. || — , marquant la dépendance.
35/i i.-B. HAMBAUD.
. . . ta (possession). La bande de Ngolo, Ngolota bouloti. Le
chemin de Sanakoro, Sanankorota sila. \\ — , devant un infi-
nitif, signifiant : que, ne se rend pas. Dites-lui de venir, afo
ayéakana. \\ — , marquant l'extraction, se tourne par : dans,
ro. Les gens du village, doiigouro mokholou.
Débarquer, î/p'/e, p/p (monter).
.Débile. Il est — ■.ff^igc ^^ta houn (sa tête n'a pas de force).
Débiteur, dyoulou-bé. Je suis son débiteur, dijoulou hé na \jé.
Déborder, en parlant d'une rivière, afara (elle est pleine).
Déboucher un conduit, , . . ro ho (enlever ce qui est dedans).
Débouche le trou, dinkaro ho.
Debout. Il est — , a woulita (Il s'est levé). || Se mettre — , wouli.
Debout! wouli! (lève-toi).
Débrider, karafé ho, karjé ho, krahé ho.
Débris, késé, kourou.
Deçà. E\ — , nyato, nyafé, nyé. En deçà de la rivière, ha nyé, ha
nyato.
Décapiter, kan tégé; koun iégé.
Décéder, sa.
Décence, malou.
Décent, maloula.
Décès, saya.
Décharge d'arme à l'eu, gosi. || Faire une — , gosi.
Décharger, doni ho (ôter le fardeau). Ii — un fusil, gosi.
Déchausser. Se — , sabata ho, sahara ho, savtara ho, sainato ho (K.).
Déchirer, ti, tinya, dcnyé ; fakha. Mon pagne est déchiré, né fard
hé fakhala.
Déchirure, wo.
Décidé. Il est — , entreprenant, a kafanfati.
Déclouer, pèmpé ho; négé-koulou ho.
Découdre , kari ho.
Découvrir, i. Oter le couvercle, da-iougoula ho. 11 2. — , s'aperce-
voir, yé, nyé, dyé.
Dedans, ro; kono. (Voir Dans.)
Défaite, kélé-nyé, kélé-rdowé.
Défaut. Faire — . (Voir Manquer.) I! A — , ni . . . té {si ne pas).
A de'faut de perdrix je mangerai une poule, ni woidou té, inhé
sise dmimou.
Défendre. 1. Interdire, ta . . ./é (ne pas vouloir), bali. Le roi a
de'fendu de chanter, mansa ntafé ka donkili ké. \\ 2. — , prote'-
ger, démé (aidei'), kisi (sauver).
Défendu. C'est — , a hé balila.
Défilé, passage e'troit, dankari.
Dégâts. Faire des — , ti, tinya. dényé.
\)ÉGR>iï»st.R. touhu bo.tlô bo.
DICTIONNAIRE DE LA LANGUE MANDÉ. 355
Déguiser. Se — EN,/a«t dou (mettre les vêtemenls de). Les sol-
dats se déguisent en sofa, soldasilou bé soj'alou J'ani don (les sol-
dats mettent des habits de sofa).
Dehors, ho, kho (K.), kqfé, kmia; bana ko. Il En — , mêmes mots.
Déjà, sa-sa, si-sa; kélé; kélan.
Delà. Au — , kqfé, koma, ko, klw (K.). Au delà de la montagne,
tmti koma , tinti koj'é.
Délaisser, boula. Ma.
Délasser. Se — , sigi.
Délectable. C'est — , a ka di hali; a ka di sijama.
Délecter. Se — de. Je me de'lecte de bananes, namasalou ka di
hali nyé (les bananes sont délectables pour moi).
Délicat, i. Il est — , ïalhie , J'anga nta koun (il n'a pas de force).
Il 2. — , difficile, a ka goulé, golé, gwélé, || 3. — , au goût, a
ka di.
Délicieux. C'est — , a ka di hali, a ka di sijama.
Délier, siri bo; dyoïdou bo ; Jiri , foni.
DéLwnEîi , foron-ké , foré-ké . févc-kc , horon~ké , foronija , horontja ; kisi
(sauver).
Demain, sini, \\ — matin, si)ii sakhoma. Il — soir, sini xvoiirala. \\
Après — , sini kindi.
Demander, mjininka. Je ne demande pas m\eu\, iidiyara (J'en suis
content).
Démarche, takhama.
Démarrer, siri bo; dijoulou bo ; Jiri , foni.
Démettre. Se — de, boida, bla.
Demeurer, i. Habiter, sigila. \\ 9, — , rester, lo, do.
Demi, tala. Une deini-journe'e, tili tala. Il Et — e, ani lala. Une
journe'e et demie, tili kiti ni tala. || A — , lala. L'arbre est à
demi coupé, yiri bé tala tégéla.
Démolir, ti, iini/a, dénijé.
Dénombrer, dan.
Dense. C'est — , a bé kouna, a bé dournou. L'herbe est dense, bin
ba kouna.
Dent, mji, nyingo (K.).
Dépêcher, v. a., envoyer, ki, tyi. || Se — , térya, tarya, lalya.
Dépendre, détacher ce <|ui est pendu , s//7 io.
Dépeupler, sigilana bo (ùter les habitants). Le pays est dépeu-
plé, moklio nté dyamani kono (il n'y a pas d'homme dans le
Déplaire, ma mji; ka dyougou. Le bruit me déplaît, woyo ka dyou-
gou n^yé.
Déplumer, si bu.
Déposer, un objet, sigi: ké. \\ — , laisser un dépôt. b(d,lio boida.
356 J.-B. RAMBAUD.
Dépôt, ce qui se dépose dans un liquide, bokho. \\ Laisser en — ,
ton; boula, bla.
Dépouille mortelle, sou.
Dépouiller, enlever les vêtements, fard ho. \\ — , écorcher, goulou
ho.
Depuis, à partir d'un point, /oh; ka bo (en partant de). Depuis
Kita jusqu'ici je n'ai rien mange', ka bo Kita ka na yan, ^ma-
Jengo-fcri domnou (En partant de Kita, en venant ici, je n'ai
rien mangé). || — , à partir d'une époque, né se traduit pas.
Depuis deux jours je n'ai rien mangé, tili foula ma Jengo-Jen
doumou. Il — que, tourna ko (après le temps). Depuis que la
pluie est venue, les bœufs sont malades, tourna ko san-dyi nara,
îiisilou ma kendè. I! — quand? Tourna <^/(/om«? (A quel moment?)
JJepuis quand es-tu arrivé? I nara tourna dyoma? \\ — peu, a ma
mé (il y a pas longtemps).
Déraciner un arbre, ijiri ni Uli bo, lili désé.
Dérisoire. C'est — , abé dougouyala.
Dernier, kousan, korala. \\ En — lieu, sa-sala (actuel).
Dernièrement, a ma mé (il n'y a pas longtemps); domvo; nyinano;
kou sata.
Dérober, sounya. \\ — , cacher, tougou.
Déroute, givé, givcya. || Etre en — , bori. \\ Mettre en — , goué.
Derrière, i. Subst., dyon. || a. — , adv., ko, kho {^K.),kofé, koma.
Marche derrière le cheval, lakhama sou ko. Le village est der-
rière la montagne, dougou bé tinti kojé.
Dès que, ni . . . ikoro (quand . . . tout de suite). Dès qu'il vien-
dra, tu me le dir.is, ni nara, ikoro i sa J'o n\jé (quand il sera
venu, tu me le diras à l'instant). || — l'aube, dyouni-dyouni (de
très bonne heure).
Désagréable. C'est — , a ka dyougou.
Désaltérer. Se — , mi.
Désarmer, marama bo, marama boula.
Désastreux. C'est — , a ka dyougou.
Descendre, digi.
Descente d'une penlo, diginya. \\ ^, penle, dlginda.
Désert. C'est ■ — '^fengo-Jhi té (il n'y a rien); mokho-mokhon té (il
n'y a pas d'hommes).
Déserter, bori, boli (se sauver).
Déserteur, borila, boribn.
Désespérer, dyigihalito bé [èWc d;ins le désespoir).
Désespoir , dyigibali.
Déshabillé. Il est — , a ka fani bo (il a ôlé ses vêtements) ;/(7h'-
o-fani nié (il n'y a pas de vêlements).
Déshabiller. Se — -.fauibo.
DICTIONNAIRE DE LA LANGUE MANDE. 357
Déshabituer. Se — . ma ilali folo (ne plus avoir l'habitude); daJi
boula (laisser Thabitude).
Désirer, ba . . . fé; sago; nyini.
Désormais, fou bi (à partir d'aujourd'hui).
Désosser, kouroii bo (ôter les os).
Dessécher, ditja. 1| Se — , diya. L'étang est desse'ché, dala diyara.
Desseller, kirfcé bo (ôter la selle), khirkhé bo (K.).
Desserrer, siri boula dondi (lâcher le lien).
Dessous, i. Adv., koro. 11 Par — . |i Au de, koro. Au-dessous
du fromager, bannn koro. \\ En de, koro. Il En — -, en se-
cret, kou toiigoida. \\ 9. Avoir le — ,/«"g"« ^'« sourou , fanga ka
boun doni (être moins fort).
Dessus, i, San, santo; kan; kanko. \\ Par . || En . il Au
de, sa7i, santo; kan; kanko. !| 2. Avoir le —, fanga ka boun
(être plus fort).
Détacher, siri bo (ôter le lien).
Détente d'un fusil, kala.
Détériorer, ti. tinija, dêmjè.
Déterrer, dougouro bo (sortir de dedans la terre).
Détestable. C'est — , a ka dijougou; a ma nyi.
Détester, haïr, ban.
Détonation d'arme à feu, marfa gosi.
Détour. Faire un — , takha mini-mini.
Détourner quelqu'un de faire quelque chose, dényé a ma fm ké,
(conseiller de ne pas faire la chose). Il — les yeux, la fêle,
nifc i/élcma. \\ Se — de son chemin, sila boula.
Détresse, daya.
Détromper quelqu'un, tomja fo (dire la vérité'), il Se — , tonija
nijé (voir la vérité).
Détruire, ti, tinya, dényé.
Dette, dyoulou, dyourou. \\ Avoir une — , dyoulou bé.
Devk, foula,Jla. \\ Tous les — , foulani , Jlani. \\ Deux à — . || Par
— , foula -foula.
Deuxième , foulana , Jlana , fonlanyandou.
Devant, nya, nyé, nyato, nyafé. || Au . || Par , nya. nyc,
nyato, nyafé. Marche devant le cheval, takhama sou nyato.
Dévaster, li, tinya, dényé.
Devenir, na. TjC lait est devenu aigre, nono koumou nara. Il est
devenu roi, a nara mansa yé.
Devin, kényélala.
Devoir, t. V. n., kan. L'homme doit prier, mnkho ka saliké kan.
Il 2. — , dans h; sens du futur, se traduit par ce temps. Mon
père doit venir, mfa bé na (mon père viendra), il — , en
rom[>te, dyoulou bé. Tu me dois mille kolas, dynulou bl nyé
n'ourou wara kili.
358 J.-n, RAMBAUD,
Dévorer, douinou, domo, dou.
Dialecte, kouma (langage).
Diadème, /«tara,- koun-sin, koun-dyoulou , koun-'dycda.
Diarrhée, kono-bori (courir du venîre)^ khono-bori (K.). || Avoir
LA — , kono bori.
Diète, doumoubali (action de ne pas manger). || Etre à la — .
Il Faire — , man douinou (ne pas manger).
Dieu, allah, yallah.
Diffamer, dyala-ké.
Différent. C'est — , a té kili, a té kan (ce n'est pas la même
chose).
Différer, ié kili, lé kan (ne pas être la même chose).
Difficile. C'est — , a ka goûté, a ka gwélé, a ka golé.
Difficilement, kou-goulé.
Digérer, kono bakha (travailler du ventre).
Digue, dyoubé; bili.
Dimanche, alhadi, alakadi, kari [Xr.y
Dimension, bounya.
Diminuer, i. Amoindrir, souronya (rendre plus petit); do bo (ôtcr
encore).
Dire, yb. Que dis-tu? I/o moun? 1 ko di? Ko di? Dis-lui qu'il
vienne, a/o' yé a ka na. Il a dit que tu viennes, a ko i ya tut.
Il dit, a béfo. 11 a dit, a ko. \\ Entendre — , mé. On dit, a fora
(il est dit). En disant ces mots, iiyi kouma fo tourna (à l'in-
stant de dire cette parole).
Direct, tili, tilin, télé, lit, lié.
Direction, boro. Dans quelle direction est Kila? Kita bé boro dyo-
manfé? \\ — , se tourne par la pre'})osition : vers,/('. Je vais
dans la direction de Sanankoro, nibé takha Sanankorofè.
Discussion, kouma-kélé (guerre de paroles); sariya.
Discuter, kouma-kélé (lutte de paroles); sari.
Disette, konko (faim), konko ba; makou (besoin).
Disparaître, takha (s'en aller); mayélafolo (no plus être visible).
Dispenser quelqu'un de faire quelque chose, ba fé a mafen ké
(permettre de ne pas faire la chose). Il Se — , ma ké (ne pas
faire). Il s'est dispensé de faire visite au roi, a ma dounaya ké
mansa yé (il n'a pas visité le loi).
Disperser. Se '— , bori; takha (s'en aller).
Dispute, kélé.
Disputer. Se — , kélé nyokhona, boula nyokhoma.
Dissimuler, cacher, tougou, togo, dougou. Il — , ne pas dire,
majo.
Distance, dyanya.
Distant. C'est — , a ka dyan. Le premier village est distant de
fleux jours de marche, dougou folo ka dyan tili foula lakhama.
DICTIONNAIRE DE L\ LANGUE MANDÉ. 359
Distinguer, bo nijouaua, ho nijouanga (ôter d'ensemble).
Distrait. Il est — , « hahilin la ro, afakili nta ro (il ne fait pas
attention).
Distribuer, tala, tla.
Divertir. Se — , toulon-ké.
Diviser, tala, tla.
Divorce , fourou-iégéla , foiirou-boula.
Divorcer, /oM/'OM tégé,Jourou boula.
Dix, tan; bi (Ko.).
Dixième, fana; bina (Ko.).
Docile. Il est — , a hé baroula.
Docilité, baron.
Dodu. Il est — , a bé toulouba, a bé tloro.
Doigt, koni. || — de la main, boulou-koni. \\ — du pied, sin-koni.
Domestique, serviteur, koro-sigi (qui reste à coté).
Domicile, boun; sou (la case). Il Au — de, bara (chez). || Elire
— , sigila (habiter).
Don , son.
Donner, di. Donne-moi de i'eau, di di ma (pour dyi i ma). Je lui
ai donné un pagne, iika fani di ama. Mon père a donné un
bœuf au roi, ni fa ka nisi kili di mansama. \\ — en cadeau,
son di.
Dorénavant, /on bi (d'aujourd'hui); o mja (en avant de ceci).
Dormir, sinokho, sinoua (Ko.),' suno (Ko.).
Dos, ko, kho (K.). Il Dans le — . || A — , par derrière, ko/é, ko-
ma.
Dot, yburoM naj'oulou.
Doter, /oMroit nafoidou di.
Double, deux fois, kou-foula, kou-JIa. Avoir en double, /ou/a soro.
Faire double emploi, se tourne par : avoir déjà un, kilifolo
soro.
Doubler, mettre le Aouhle , foulany a ké, do kou-foulana ké (mettre
encore une seconde fois).
Doucement, mounyo, moumli ; doni-doni (peu à peu).
Douleur, dimi.
Douloureux. C'est — , cela fait mal, a bé dimi ké; a.bé dimiba.
Doute. Mettre en — les paroles de ({uelqu'un, ma da (ne pas
croire); hakili ba ro a ka fanya fo (croire qu'il a dit une faus-
seté).
Doux. C'est — . i. Au toucher, a ka bala, a ka souma. Il — au
goût, a ka di.
Douze, lan ni foula, tan nijla.
Douzième, tan ni foulana, tan nijlana.
Drapeau, bandari (kv.); rayk (Ar.); povion (Fr.).
Drksser, lever en Tair, ivonli, wouri.
360
J.-B. RAMBAUD.
Droit, i. Suhst., dyo, || Avoir le — , dyo soro, dyo ha hoiihu. Il
1. — , odj., tili, tilin, télé. \\ 3. — , le côté droit, kmi; béré
(Ko.), Il h. — , impôt, sara,saU; sakali, sagalé; dyakha.
Dune, tinti, tindi, toundi, toundo.
Dupe, dolé.
Duper, me'/ie.
Dur. C'est — , a ka goulé, golé, gwélé, a kha kholé (K.). La terre
est bien dure, dougou ka goulé wa.
Durant, pendant, o tourna.
Durée, tourna.
DuRETi, gouléya, goléya, gwéléya.
Duvet, kono din si (plumes d'un petit oiseau).
Dynastie, si (graine, race).
Dysenterie, kono-bori; khono-bori (K.).
E
Eau, dyi, gi, dyio (K.). De l'eau, dyi. De l'eau fraîche, dyi sou-
ma. De l'eau chaude, dyi gandi.
Ébénier. Faux —, goulé yiri (bois lourd );/rtm-^o?//(' iri.
Ébouler. S' — , bi; ivaya.
Ebranler, yigi-yigi-
Écaille, /am.
Écailler, /flra bo.
Echafaudage pour palabres, bana, bènta; kora.
Échange, /rt//. || Faire un — , fali ké. Il En — , a bé une. J'ai pris
du mil en e'change de riz, nka nyon ta, a bé nyé malouto.
Échanger, /«/«. J'ai échange mon cheval contre un bœuf, nka né
souj'ali nisi yé.
Échapper. S' — , bori, boli, bouri (se sauver). || — à. quelqu'un,
dan-ké. \\ — , sortir de, bo.
Échelle, grt/rt, galan-gala.
Échine, ko, kho (K.).
Echo, nyini.
Éclair, san minyako ; méké-méké , méléké.
Eclairer avec un flambeau, dyé-ké (faire clair).
Eclat, dyé , karou-di/é.
ÉcLOPÉ. Il est — , a sin bé dimi (sa jambe est malade).
École, kara-doula, kara-yoro, kala-yoro (endroit de lecture). [I
Maître d' — , kara-mokho.
Écolier, kara-mokho-din , kava-din.
EcoRCE, /rtra, yiri-fara.
ÈcoRCER./«ra bo.
DICTIONNAIRE DE LA LANGUE MANDE. 361
EcoRCiiER, enlever la ])eau , goulou ho. || — , e'gratigncr, poro-poro;
wosa.
Ecouler. S' — , en parlant de l'eau, woyo. \\ — , en pariant du
temps, tanhi; tami, témé.
Ecouter, mé; toulou manto (diriger roreille). |! — avec attention,
hakili ha ro (être dans l'attention ).
Ecraser, )ufo-ni/o; hounlé.
Ecrire, sébé, séfé, sabé, safé. J'e'cris une lettre, ni hé balali sabé.
Ecrit. C'est — , a séhéna. \\ — , siibst., sébé, séfé, sabé, safé; nijé-
nyé.
Écriture, sébé, séfé, sabé, safé; nyégé-tyoukou.
Ecrivain, sébélila, séhénéla, séfénéla; kara-mokho (savant); itijé-
géba.
Ecrouler. S' — , waya.
Ecuelle en terre, /flr«. |i — en bois, bonkou. il — , petite cale-
basse, galama, kalaman; konsoro.
Ecume, diji kanka, diji kamja, dakha kan. Il — d'animal, da-dijt.
Ecumer, ôter i'e'cume, diji-kanka ho. \\ — , en parlant d'un ani-
mal, da-diji ho.
Écurie, sou-boun, sou-bougou (case de cheval).
Effet, hardes, fani, fui, fanou[K.). Il En — ,/yo.
Effiler, kari-ho (ôter les fils).
Efflanqué, /rtsfl//, fasaya, pasaya.
Effort, digi. || Faire — svïi,digi. \\ Sans — , kou man goulé.
Effrayant. C'est — , a hé silaha, siraba.
Effrayer, bakha-haklia ; sila-ké, sira-ké. !! S' — , sila ha ro, sira ha
ro, sira, sra.
Effronté. Il est — , malou-ié (il n'a pas honte).
Effrot, sila, sira, sra.
Égal. Etre — , kan, kaka)i , khan, khakhan (K.). Ces deux chemins
sont égaux, nyi sUa foula hé kakan. \\ — , être la même chose,
hé kili. Cela m'est égal, koun ta ro (ma tête n'est pas là de-
dans).
Égaler, kan, kakan, khan (K.), khakhan (K.).
Égard, bounya. \\ Avoir des — s pour, bounya, bounyada. Il A l' — •
de, ... dé. A l'égard du sofa, tu feras ce que lu voudras, sofa
dé , i hé ni sago ké.
Égorger, kan sokho (percer le cou).
Egratigner, poro-poro; ivosa.
Élancer. S' — , pan; hori (courir).
Élargir, bounya.
Éléphant, sama. samo (K.), sanha, sinha; marama (K.); kaféli,
kafli.
Élever un enfant , balou (nourrir); /amo (faire murii).
362 J.-B. RAMBAUD.
Elire, choisir. . . ro tomo, . . .roiotimo, . . .ro loumhou (ramasser
dans).
Eloignement, dijaniya.
Eloigné. Cest — , a ha dijan.
Eloigner, mettre plus loin, ké dian.
Éloquent. Il est — , a hé kouma kou sobé (il parle bien).
Embarcation, kouloim.
Embarquer quelqu'un, «î^î koulounto, ké kouloun kono. || S' — , digi
koidoiinto (descendre dans l'embarcation).
Embellir , nijégé.
Emblée. D' — , sa-sa, si-sa.
Embouchure d'un cours d'eau, boulinda.
Embraser, mettre le l'eu, dijani.
Eminence de terrain, tinti^ tindi, toiindi, toundo.
Emissaire, kila, ti/lln.
Emparer. S' — , prendre, ta, monta; — , voler, sounya.
Empêchement, baliya.
Empêcher, bali. . . la. Je t'empêcherai de partir, ni'b'i bal! i lakha
la. il Ne pouvoir pas s' — de, kan (être obligé). Je ne peux pas
m'empêcher de pleurer, ntbé kan n'ka kasi.
Emplacement, doula ; yoro.
Emplir, /rt. Le canari s'est empli, dakha fara. Tu as rempli le
canari, i ka dakha Ja.
Emploi, yoro (place).
Employer, se servir de, digala.
Empoigner, monta.
Empoisonner un objets Jeu kounaro ké (mettre une chose dans le
poison). Il — quelqu'un, kouua lami (faire boire du poison).
Empoisonneur, dabali-kéla.
Emporter, enlever d'un endroit, tanaé. Il S' — , se mettre en co-
lère, séli ba ro (la colère est dans). Je me suis emporté, sôli
tomïi ha né na.
Empreinte, non (marque).
Emprunt, /oj/ma.
Emprunter ,/oM/Ha ; dyotdou-ké (faire une dette).
En, signifiant : dans, vers, voir ces mots. i| — , de ce lieu," se
traduit par là : yé ou é. J'en viens, nibora é. \\ — , de cela,
ne se traduit pas. Vois-tu des oiseaux? J'en vois, i ka konolou
yé? nka yé. Il — , comme, iko. Il a agi en homme de bien, a
ka ké iko mokho sobé. \\ — , pendant que, o tourna, tourna. En
arrivant, si-touma (au moment de l'arrivée). Il — , de lui, de
cela. N'en parlons plus, an ka o boula (laissons cela). || — , dans
une langue, ro. En bambara, banuma konmaro.
Enceinte, subst.: en terre, givin; tata, daudan ; din : !' — en
DICTIONNAIRE DE LA LANGUE MANDÉ. 363
hoh^dyasa ; san-san ; \\ — en roseaux, mjou-kala (liges de mil) ;
sé-kourou.
Enchanté. Il est — , a diyara.
Enclume, houla; gxvin.
Encore. — i. Sans cesser, a ma ban (cela n'a pas fini). || i. De
nouveau , A'OM-toMm. || 3. Davantage,r/o(autre). Mets-en encore,
do sigi. il /i. Pas — , ma. . . Jolo. Il n'est pas encore venu,
a ma na/olo.
Encre, sélé-diji; séfé-dyi, sabédyi, safé-dyi (eau à écrire); daa-dyi
(Ar. ); douha-dyi.
Encrier, sébé-dyl-dahha (pot à encre); sébénéla; baréni.
Endetté. Il est — , dyoïdou bc a yé (des dettes sont à lui).
Endetter. S' — , dyoulou hé.
Endormir. S' — , bé sinohhola.
Endormi. Etre — , sinoUio (dormir). "
Endroit, doula; yoro, yéro;fan (direction). L'endroit du crime,
fali-yoro , fali-doula.
Enduit en terre pour les cases, nohiio.
Enfant, din, dingo (K.), dé. Il — ^, garçon, din-lcé. !' — , fille,
din-mousou. \\ Petit — , din-méséni.
Enfanter, ivoulou, wolo.
Enfin, sasala ; alabano ! bishnillahi!
Enflammer. S' — , dyani, dyéni.
Enfoncer, digi. \\ — un clou, pèmpé digi, il — en terre, tourou.
Enfouir, toiigou dougou ro (cacher en terre).
Enfourcher un cheval, sou ko yélé (monter sur le dos d'un cheval).
Enfuir. S' — , bori, boli, bouri.
Engloutir, kounou, khounou (K.).
Engraisser et s' — , toulouba na; toidou; ba kéra (devenir gras);
toulou ta (prendre de la graisse).
Enjamber un objet, Jèn san ko tanbi (passer par -dessus une
chose).
Enjoué. Il est — , a bé toulonla, a bé toidonba.
Enlever, ôter, bo. \\ — -, emporter, tanaé. \\ — , soulever, wouli,
wouri.
"Ennemi, dyougou.
Enorme, bonn-ba.
Enormément, kou-dyoïigou.
Enrichir quelqu'un, nafoulou di. || — , na foulon soro.
Ensanglanté. Il est — , dyoli bé bo (le sang sort).
Enseigner, digi.
Ensemble, kajhu; nyokhonjé, nyounnfé. \\ Mettre — , kafon ni kili.
Ensemencer, séné, séné-ké.
Ensevelir un cadavre, son don.
36^ J.-B. RAMBAUD.
Ensuite, o ko, o kho [K. ] (après cela); o ko sa, o kho sa (l'instant
après cela).
Entailler, tégé (couper).
Entasser , touj'a ; kafou.
Entendre, mé. |! — dire, iné. \\ S' — avec quelqu'un, bé na. J'ai
entendu dire que Saniori est mort, nka me Samori sara. J'en-
tends ce que tu dis, nka kouma mé i safo. Je me suis entendu
avec mon père , né ani m fa hé na.
Enterrement, sou dounya.
Enterrer un cadavre, sou dou.
Entier. Tout — , moumé.
Entour. a l'— î- de, kéréfé.
Entourer, la mini; dyanpa.
Entrailles, nougou, 7iounkou.
Entraîner avec soi, sama, sanba (tirer).
Entraves d'un cheval, gara.
Entre, lijé. Cet arbre est entre les deux cases, mji yiri bé houn foula
tyé.
Entrée, da. || Case d' — , boulon.
Entrer, dou. Entre ! i dou ! Fais-le entrer, afo a yé a ha dou.
Entretenir, halou. || S' — , barou, barouli ké ; kouma.
Entretien d'une personne, halou, halou-fen.
Entrevue, dounaya.
Envie. Avoir — de, ha. . .fé; sago. J'ai envie de dormir, m'ha
sinokhofé, n'sago n'ka sinokho.
Environ, subst., se tourne par: autour de, kéréfé. Les environs
du village sont cultive's, dougou kéréfé fouroulou hé (autour du
village il y a des cultures). || Aux — s de, kér(fé,fanfé. Il y
a environ trois jours, a hé tili saha nya na (il paraît trois jours).
Envoler. S' — , pan. 11 s'est envoie, a pana, a panara.
Envoyé, subst., kila, tyila.
Envoyer, ki, tyita.
Épais, dense, kouna, dournou.
Epars. Ils sont — -, abé kountourou, kountourou-kountourou.
Epaule, kama, kanba, kaba, khanba (K.). || La pointe de l' — ,
kama-koun.
Éperon , sébéré ( Ar. ).
Éperonner, sokho sébéréma.
Epervier, watasa, waio (K. ).
J.-B. Rambaud.
(.4 suivre.)
li^^DO-IRANlGA,
I. — La forme ancienne de la nasale finale.
Le grec, l'arménien, le ballique et, autant qu'on puisse le
discerner, le slave et le germanique ne connaissent, pour la na-
sale finale d'un mot indo-curope'en, d'autre point d'articulation
que celui de la dentale ». En irlandais, on ne trouve que n de-
vant une voyelle initiale suivante à la fin des nominatils neutres,
des ge'nitifs pluriels, etc.; la particule correspondant à lat. cum
a deux formes : l'une atone cow-, devant la syllabe tonique qui
marque un ve'ri table commencement de mot, l'autre accentuée com-
qui commence elle-même un mot et dont par suite l'm, n'étant
pas finale, ne prouve pas contre la règle générale. Les langues
indo-européennes s'accordent donc à ne présenter que l'articula-
tion dentale de la nasale finale; deux groupes seulement font ex-
ception, l'italique et l'indo-iranien.
En italique, on sait que la nasale écrite m n'avait, à la fin
des mots, qu'une articulation labiale à peine sensible (Seelmann,
Aussprache, p. 357; Lindsay, The latin language, $$ 61 et 65).
MM. L. Duvau {Mém. Soc. limj., VIII, 262) et Hirt (P. 11. Br.
beit., XVIII, 291) ont montré de plus que toute -n finale latine
qui ne repose pas sur -nd ou sur -n- primitivement suivie d'une
voyelle peut s'expli(|uer par rinlluencc de formes voisines : ainsi
iriguen par inguinem ,wguims , etc.; nouem en regard de nfmus rend
probable le passage de l'ancienne dentale finale à la labiale. Du
reste, le latin présente -m finale même dans certains mots qui se
terminaient par -inde etoiî, la voyelle c étant tombée, le d n'a pu
subsister : cxim en regard de exinde; illim repose sans doute sur
*illinde: cf. inde, unde et iitrinde (d'oii utrinqiie). — Sur quonium
v. Birt, Bhein. mus., LI, 89 et suiv.
En indo-iranien comme en italique, l'n finale n'existe que là
oh une action analogique en pouvait assurer la conservation.
Abstraction faite des formes telles que skr. 3'' plur. àhharan et ace.
plur. âçmn où la nasale était encore suivie d'une autre consonne
à l'époque védique au moins dans une j)artie des cas (Oldenborg,
Die Injuntc)} , p. /12A et suiv.), on tiouve par exemple locat. àr-
luan d'après àçmani, vorat. yiivan d'ajtrès yuvdnain, tjànas, etc.
M 1- \î I I \ll I t *1 !l
366 A. MEILLET.
Les locatifs pronominaux skr. asiitin, tûsmin, etc. n'admettent
pas de justification de ce genre, mais, loin de remonter à l'indo-
européen, ils ne sont même pas indo-iraniens : cf. zd ahmi,
alimya; leur -n est une addition proprement sanskrite et provient
peut-être de la finale des locatifs sans de'sinence de thèmes en
-n-: -an et -w.
Du reste, toutes les finales qui n'ont pas subi d'influences
ctranijères ont en sanskrit -m devant voyelle initiale d'un mot sui-
vant ou à la pause, et en iranien -m dans tous les cas : skr. àbha-
ram, gr. s^epov; idm, tov, yugdm, ^vyov; tasàm, hom. Tacov;
bhdralam, (pépsTov; etc. Le traitement -m étant constant, rien
n'empêche d'admettre que -m tienne partout la place d'une an-
cienne -n. Peut-être l'm du vocatif zd amum (thème asnvan-) et
de quelques autres exemples moins clairs (v. W. Jackson, An
Avesta grammar, $ 198, p. 69) est-elle un reste de la forme
phone'tique ordinairement éliminée par l'analogie et conservée
dans le cas particulier du vocatif, grâce à la présence d'autres alté-
rations phonétiques qui rompaient la régularité du paradigme.
— Il y a donc lieu de rechercher si la prononciation dentale de
la nasale finale, attestée par toutes les autres langues indo-
européennes, n'aurait pas laissé de traces aussi en indo-iranien.
En face de idâm cr maintenant» on trouve une forme à voyelle
longue ayant la même signification, idâ, avec chute déjà indo-eu-
ropéenne de la nasale finale (cf. lat. quandô; gr. iyoi en regard
do skr. ahâin) et idan-ïm, où se conserve un ancien *iddn qui serait
devenu *iddm s'il avait subsisté à l'état isolé. La nasale finale du
suffixe est aussi conservée dans lit. kadân-gi (cf. Meringer, Zeit-
schr.f. oest.gijmn., 1888, p. 139). Cet exemple n'est pas probant,
puisque le sanskrit n'a pas conservé *{dân sous la forme attendue
*idâm.
Pour expliquer comment le génitif pluriel indo-iranien *dai-
Vàn, cf. lit. dëvn, a été remplacé par *daivânàm, Hanusz (SW
AW., ex, /i9 et suiv.) a invoqué l'influence des thèmes en -n-;
mais le génitif des thèmes en -an- et en -van- est en -nàm- (skr.
âlinâm, ndmnâin, vhncim, grâvnàm, maghônàm, etc.) et celui des
thèmes en -man- est en -anâm [mâtimauàm, brahmdnâm) : nulle
part on n'a -main dans les thèmes eu -n-. Hanusz admet que le
génitif mànmanûni a été coupé mdnma-nâm d'après mânma-bhis ,
rtumma-su; mais cette coupe est peu vraisemblable en regard du
génitif singulier mânman-as , etc., et de plus on ne s'explique pas
alors la longue de -ànâm. On a, il est vrai, supposé une forme
^-ânàm; mais les cinq cas où M. Lanman veut reconnaître cette
quantité dans le Rgveda (JAOS., X, p. 352) pour des raisons
INDO-IRAMCA. 3G7
de iii(Un(|ue sont sans valeur parce qu'ils se trouvent dans des
hymnes où la fin _ ^ pour des pàdas de huit syllabes est ad-
mise. Quant à zd -anam (cf. -inam, -unam), le v. pers. -ânâvi
montre que à n'y est pas ancien et qu'il s'agit d'un de ces abrè-
gements de longues dont l'Avesta offre tant d'exemples. D'ordi-
naire, une longue n'est ainsi abrégée que devant une fin de mot
d'au moins deux syllabes; mais pre'cisément la finale -âm de l'indo-
iranien est de celles qui sont le plus souvent dissyllabiques, tant
dans les Gàthâs que dans le Ve'da; on a de même le génitif fe'mi-
nin zd -«//« en face de skr. -âyâs^ v. pers. -âijà; or la finale -as
du génitif féminin est aussi l'une de celles dont la longue répond
à une finale grecque périspomène. — D'ailleurs iln'y avait pas
entre la flexion des thèmes en -à- et celle des thèmes en -n- de
point de contact assez important pour déterminer un changement
de flexion dans le type en -«-, de beaucoup le plus largement
représenté des deux. Le nominatif pluriel véd. devâsas, zd daèvânhô
suggère une explication plus satisfaisante, déjà proposée par
M. Bezzenberger dans ses Beitràge, II, i33.
La finale indo-iranienne *-ôsas est formée de l'ancienne termi-
naison -f« =got. -os, augmentée de la désinence -as des nomina-
tifs pluriels (v. Brugmann, Grundr., II, S 3i4, p. 660 et suiv.).
La généralisation de cette finale tient en partie à son caractère
dissyllabique (cf. dat. -eblujas, loc. -esu) et à sa clarté, mais sur-
tout au fait que les thèmes eh -à- ont été rapprochés de ceux en
-ï- et -û- parce que les trois types forment de même leur nomi-
natif et leur accusatif singuliers : *-âsas est imité de *-mjas et *-avas.
Or, à l'exception du type rare des thèmes à vocalisme prédési-
nentiel constamment sans a dont le génitif pluriel est conservé
dans zd kaoyam, hnsam, rapivam, yâpwam, etc., le génitif plu-
riel des thèmes en -û- et -ï- était en *-avàm (cf. v. si. -ovû, got.
-iwe, gr. -sfcjv) et *-ayàm (zd praygm, cf. v. si. -ïjî) ; en partant de
la forme indo-iranienne du génitif terminée en *-n *daivân, le
génitif formé comme le nominatif skr. devâsas est *f/fliwmân , d'où
*daii}unâm, skr. deminâm. Cette forme réagit à son tour sur les
thèmes normaux en -i- et -11- dont le génitif ancien est remplacé
par *-màm et *-ûnàm. — L'emploi des finales *-àsas et *-ânàm est
le résultat d'une tendance générale de l'indo-iranien à rendre
dissyllabi([ues dans les thèmes en -à- toutes les finales où la
voyelle thématique -à- et une désinence employée dans les thèmes
en -i- et -u- se sont contractées : génit. duel skr. -ayo^, zd -ayâ,
cf. V. si. -U — dat. sing. skr. -«//«, cf. zd -m,, gr. -œ, — instr.
sing. skr. -enti, cf. zd -a — instr. plur. véd. -ebhis (dominant
dans les adjectifs seulement), prâkr. -chi, zd -aêibis, cf. skr, -ais,
zd -àis — et en prâkril loc. sing. -amlii (pâli), -ammi (mâhâ-
râstri), cf. skr. -e. Les thèmes en -i- et -u- et ceux en -a- ont
36.
368 A. MEILLET.
ainsi" fini par avoir des (lexions exactement parallèles en prâkrit
(v. H. Jacobi, Ausgeivàhlte erzàhlungen, p. xxxvi).
Les génitifs en *-ânâm des féminins en -à- s'expliquent aussi
par une ancienne finale *-ân augmentée de -âm. L'hypothèse
d'une influence des thèmes en -n- est plus gratuite encore que
dans le cas des thèmes en -à-, puisque tous les thèmes en -n-
sont masculins ou neutres, sauf quelques composés possessifs.
Hanusz attribuait une grande importance au fait que l'accusatif
singulier -âm et le génitif pluriel *-âm se seraient confondus; mais
il ne semble pas que les confusions formelles de ce genre soient
évitées par les langues, et celle-ci en particulier n'avait évidem-
ment rien dé choquant; d'ailleurs ici la confusion n'est que gra-
phique : -âm de l'accusatif répond à gr. -dv et est toujours monosylla-
bique; au contraire, le génitif -âm répond à gr. -ôjv et peut, au
point de vue métrique, compter dans le Véda et l'Avesta pour
deux syllabes: la prononciation était donc différeiite. Les thèmes,
non radicaux, en -t- et -h- ont des génitifs en *-~inâm et *-ïmàm
imités de ceux en *-ânâm des thèmes en -à-; mais, inversement,
c'est le génitif ancien en *-iyân, *-uvân qui a déterminé la forme
dissyllabique *-ânâm des thèmes en -à-; cf. au singulier *-ttijâs,
*-âijai et *-ayâ, sans doute sous l'influence de *-iijas, *-iyai, *-iyà;
*-uvas, *-uvai, *-uvâ; cette action est parallèle à celle des thèmes
en -ï- et -û- sur les thèmes en -a- et se produit dans les mêmes
conditions.
Un cas certain d'influence des thèmes en -n- sur ceux en -à-
est le nominatif accusatif pluriel neutre skr. yugdni d'après nâ-
mâni. Mais la coexistence de tidmâ et yugà en regard de nâmâni
créait pour l'analogie une situation très favorable dont l'équiva-
lent ne se retrouve pas dans les génitifs pluriels; de plus, le fait
n'est pas indo-iranien, mais seulement indien et récent dans
l'Inde même, puisque, suivant leur date plus ou moins ancienne,
les textes védiques ont de préférence yugâ ou yugâni; le génitif
yugànâm a pu même contribuer à l'extension de yugâni.
Dans un autre cas où l'on serait aussi tenté de supposer une
influence analogique des thèmes en -n-, il y a en réalité emploi
indo-européen de l'élargissement -en-. En effet, M. J. Schmidt a
rapproché (K. Z., XXV, 62, et XXVI, 17) i'n du génitif véd.
drûms (R. V., I, 161, 1) et du locatif (Idruni (avec le vocalisme
du nominatif) de Vn de gr. SopFoLTOs; le génitif véd. drôs (R.V. ,
X, 101, 10), zd draos est par suite une forme analogique. On
a de même skr. jtuuim, jdnunos (Lannian, JAOS., X, 6i3 et
61/1), cf. gr. yôrFocTOS — sdnunas , sântmi — âyuni , cf. gr. aîFév
— dânunas. Ces mots présentent une anomalie commune : le
mouvement vocalique de la syllabe présuffixalk : dâru-: dru- (cl.
V. si. drPvo dnwa, gr. Sôpv SpOs) — jânu- : jfm sânu- : snu-
INDO-IRAMCA.
369
— (uju- : *?/«- (dans zd yave, yava, yâiis (cf. F. de Saussure,
Méin. Soc. Ving., VII, 89, et Danielsson, Gr. n. et. stud., I, ^ el
suiv.); — *dnii- seul nest pas attesté sans doute parce que dn- ne
pouvait subsister à l'initiale. Les autres thèmes en -u- dont les
cas obliques ont une nasale entre \'u du suffixe et les dési-
nences doivent cette nasale aux précédents. On trouve : màdhu-
nas (10 fois à côté du génitif ordinaire mâdhvas et de la forme
analogique plus rare mâdhos), màdhune (une fois), — vàsunn^
(toujours neutre en regard de l'ordinaire vàsvas et de Tana-
logi({ue vùsos qui sont masculins et neutres), — cârunas (neutre
dans h exemples; masculin, VIII, 5, i/i; dans quatre cas, on a
câros). Les thèmes màdhu- et vnsu- nont pas l'a prédésinenliel
même devant les désinences à initiale vocalique autres que celle
du locatif singulier; wiâ<//t»mas, qu'on lit par exemple R. V^, VIII,
5, 19 — 2à, 20 — 100, 2, ne peut donc être dû à l'influence de
mâdhunâ, forme récente {U fois mand. X, jamais mand. VIII) qui
a remplacé l'ancien màdhvô (2 fois mand. VIII, 2 fois seulement
mand. X). Le fait ([ue l'extension de la nasale est limitée aux
neutres à peu près exclusivement, et de plus parmi les neutres
à ceux qui ont la forme anomale de génitif mâdhvas, vâsvas,
montre que mùdhmas et vâsunas sont analogiques; et encore le
mouvement vocalique de la syllabe pre'sutïixale indiqué par lit.
midùs permet-il d'expliquer )H«r//tHnrt5 directement. Quant à cârunas .
quatre des cinq exemples se trouvent dans un petit groupe de
textes : R. V., IX, 70, 2 et /i — 108, /i — 110, 6, et dans la
même expression amhasija cârunah terminant un pâda : c'est sans
doute une forme analogique de mâdhunas, cf. mâdhva amrtasija
R. V.,X, 123, 3. — On retrouve le même élargissement -f?j- dans
quelques mots exprimant des parties du corps : skr. ciras, çîrsnâs;
cf. gr. aépas et xpaaTOS (J. Schmidt, Pluralbild., 366 et suiv.) —
skr. âksi, aksnds — gr. oJs, ovaios (cf. got. ausins)., qui présentent
aussi des traces de mouvement vocalique dans la syllabe présuffixale :
gr. xépas et xpaaros; hom. ovaTOs'^ et zd usibya; gr. oanjs (avec 0)
et arm. akn, açkh (avec a issu de a ou de a). — On peut rap-
procher encore le suffixe -on- des comparatifs grecs et germa-
niques (v. Bull. Soc. ling. n° 38 [VIII, 2], p. xcv; séance du
si juin 1893 — Thurneysen, K. Z., XXXIU, 55i).
' Si l'on rapproche liom. ouotos, got. ausiiis de v. si. ucho (wsexe), v. irl. 0
(nue) d'une part et de skr. çi'ras (au lieu de ^rnras ((u'on attend), çîrsnâs de
l'autre, on doit supposer que l's simple de ce géuilif résuite de la simplification
on s de l'ancien -ss- d'une forme * iis-s-n-''jj ou * ns-s-en-s (cf. skr. âsi ff lu es»
gr. el). Le nominatif got. nnso a été fait sur ansins de mt)me que le thème en i
du hallicpic (fit. aiisis , v. pruss. ausins) et du latin (tiiris a été fait sur !e noini-
nalif diK'i neutre : lit. (tusi , v. si. uii , zd nsi (supposé d'après iisibyn). où -î
est la désinence.
370 A. MKILLET.
L'instrumenlal des noms iiido-iraniens en -à- était en -à : zd
vdhrha (cf. skr. yajnmjajnà)\ à en juger par l'opposition de zd
ablat. paskât : instr. pasca (v. pers. pasà, skr. paecd), cet -à ne
répond pas à la finale de lit. vilkù, v. h. a. wolfu, mais à Y-è de
got. fiwe et des adverbes latins en -ê (ancien -et/ avec -f? emprunté
à l'ablatif). L'instrumental des démonstratifs indo-iraniens était
en -ana: v. pers. anâ, gâth. a7ià, skr. and (conserve' en sanskrit
seulement comme adverbe); v. pers. tyanâ, aniyanà; gàtb. kanà;
la finale -mm a été remplacée en zend par celle des noms : -à;
en sanskrit, elle est devenue -ena, grâce à l'emprunt de l'e de
-ebhîs, -ebhyas, -esu qui est ancien; par un parallélisme bizarre,
l'instrumental singulier pronominal tûmi du lituanien doit son fi
à l'influence des noms, et celui du slave ténu a pris oi à terni,
tëmû, tëchû, ce qui a permis d'éliminer Ys du ioc. tomî (cf. skr.
tàsmin) et du dat. tomu (cf. v. pruss. slesniu). C'est sous la forme
-ena que la finale de l'instrumental pronominal a été élendue à
l'ensemble des noms en sanskrit : vfkma. Ici encore, ceux des
thèmes en -i- et -u- qui ont le vocalisme en -n- de la syllabe
prédésinentielle devant les désinences à initiale vocalique suivent
l'analogie des thèmes en -a- : zd -i et -u; skr. -inâ et -unà (dans
les masculins, les féminins sanskrits ayant -i et -{i)yâ- -{n)vâ
d'après les formes des thèmes en -à- : -à et -ayà).
La finale -ana est restée jusqu'à présent inexpliquée; car on ne
peut aflirmer d'aucun des adverbes en -na cités par M. Brug-
mann, Grunilr., II, § /i2i, p. 782, qu'il soit un ancien instru-
mental. Couper -a-na et tenir -na pour une particule ne conduit
à rien, puisque -à n'est pas une terminaison d'instrumental de
thème en -a-\ voir dans -na une désinence est arbitraire,
puisque cette désinence ne se retrouve nulle part. Si, au con-
traire, on coupe -an-a et si l'on voit dans h la poslposition
connue de l'indo-iranien avec sa double quantité, on obtient une
finale -an qui peut être considérée comme celle d'un instrumental
ayant la désinence -n. La forme ana munie de la postposition
ayant seule subsisté parce qu'elle était dissyllabique comme asya,
asmai, asmin, la nasale ne s'est jamais trouvée à la fin du groupe
phonétique et par suite n'est pas devenue -m. La désinence
(pronominale?) -n d'instrumental, supposée dans*-rtM, répond à
celle des instrumentaux letto-slaves des thèmes en -à- : lit. -a (lit.
orient, -m), v. si. -a dans -a-ja des adjectifs déterminés (Leskien,
Handbuch^, p. 90); v. Hirt, Idg. forsch,, I, i3 et suiv. (cf. Mém.
Soc. ling., VIII, 2/12 et suiv.). L'indo-iranien et letlo-slave -n est
à lit. -mi, V. si. -mï ce que le Ioc. skr. àçman est à àrmani et la
désinence secondaire -t à la désinence primaire -ti.
On pourrait enfin, mais avec beaucoup plus do réserve, (enter
INDO-IRANICA. 371
cFemployer le même principe de la prononciation dentale de la
nasale finale à Téclaircissement d'un troisième problème de la
morphologie indo-iranienne : celui que pose la finale -âni de la
première personne du singulier du subjonctif. Si l'on admet une
ancienne première personne du subjonctif répondant à v. si. -a
(à la fois indicatif et subjonctif), la coexistence des de'slnences
primaires et secondaires aux deux autres personnes du singulier
suffisait à provoquer la formation de -âni : sur le modèle de skr.
(isati, gâth. anhaiti : skr. âsat, zd aiïhat et de skr. cârâti, zd ca-
râiti : skr. càrât, zd carùt , on pouvait de *carân tirer *carâ?«î. C'est
ainsi que de la de'sinence de première personne du pluriel -mas
a e'té formé -masi, qui n'a de correspondant dans aucune langue
(v. irl. -mi repose sur *-mês, forme du dialecte indo-européen le
plus voisin : v. h, a. -mes, v. Lorentz, I(lg.Jorsch.,\, 386). —
Cette interprétation est purement hypothétique puisque la pre-
mière personne du singulier *carân n'est que supposée et que, du
reste , il n'est pas impossible d'imaginer d'autres théories vraisem-
blables (v. P. Persson, Idg./orsch., II, 255).
On explique d'ordinaire l'accusatif accentué skr. imâm, zd
imom, par l'accusatif im d'un thème i suivi de la particule am :
cf. t[n)v-(im, vmj-àm, svay-âm, etc.; dans cette hypothèse on au-
rait une m finale conservée , ce qui contredit toutes les explica-
tions précédentes. Toutefois, si l'on examine l'ensemble de la
flexion dont fait partie imâm, on constate que im- est préfixé à
toutes les formes accentuées du thème a- qui, sans cette addition,
seraient monosyllabiques : nom. plur. skr. im-é, zd m-ê; ace. plur.
skr. im-ân, zd im-a; nom. plur. neutre skr. im-â, zd im-a, etc. ;
il est arbitraire d'admettre que toutes ces formes soient analo-
giques du seul accusatif singulier. Du reste, dans les pronoms
indo-européens, si le nominatif singulier masculin et féminin est
emprunté à une racine ou du moins à un thème différent de ce-
lui des autres cas, l'accusatif est en principe emprunté au même
thème que le génitif, le datif, etc. : nom. skr. sa, gr. o : ace. skr.
iâm, gr, Tov — v. pers. nom. hâuv, ace. avam — zd nom. cis,
ace. k.mi — lat. nom, h-i-c, ace. h-im-c, etc.
Il suit de là que, dans imdm, la partie fléchie est -àm et non
im- et qu'il n'y a nullement lieu de voir dans im- l'accusatif
d'un thème i-, cf. skr. aij-âm, iij-âm, id-àm (neutre analogique
d'après le masculin et le fémiAin au lieu de la forme attendue
*im(it, attestée par zd imal). De même, dans amûm trcclui-lài',
l'élémenl fléchi et significatif est -ûm et non am-; le thème u- est
bien visible dans zd niii formé comme skr. ûi\ les formes parentes
V. pers. avam « celui-là •" et v. si. nvû. ..ovû. . . cf l'un .. . l'autre. . . n
indi(|uent nettement l'objet le plus éloigné. Les particules im- et
372 A. MEILT.KT.
nm- préposées à -àvi cl -uni qui sont accentués sont procliiiqucs,
et leur nasale a le traitement -m des fins de mots; en effet, au
point de vue phonétique, la finale des proclitiques semble avoir
été traitée comme celle de tout autre mot; ainsi la chuintante
finale de zd ijâs «vous« est sonore devant la particule -àm dans
zd t/ïâ-am (cf. skr. yînj-àm). Au contraire, devant Taccusatif en-
clitique ~am on trouve eii- et non em- dans l'accusatif atone skr.
en-am; cf. de même en-àm, en-àn, en-âs. — • Le proclitique am
n'est sans doute pas difîe'rent de Tenclitique am; im- rappelle
îm de idàn-lm, arm. -in dans so-ijn trie mêmefl, andên (c.-à-d.
*nnde-ïn de and) ff là-même ii, etc., et peut-être in- dans arm.
in-khn tf lui-même ii.
Il résulte de ce qui précède que l'articulation dentale de toute
nasale finale a dominé pendant un temps en indo-iranien comme
en letto-slave, en grec, etc. et que l'articulation labiale lui a été
substituée postérieurement à des innovations morphologiques
exclusivement propres à ce dialecte. Dès lors, aucun témoignage
ne donne plus le droit d'attribuer à la rr langue commune une
m finale et le passage de -m à -n qui a eu lieu dans les premières
personnes secondaires (cf. la désinence primaire -mi) et dans
les instrumentaux singuliers (cf. -?i et -mi en letto-slave) doit
être tenu pour antérieur à l'existence séparée des dialectes histo-
riquement connus. Bien que ce changement de place d'articula-
tion ne soit pas rare (v. Baudouin de Courtenay, Arcli. f. si. pliiL,
X, 607), il convient de relever cette altération subie par une
consonne finale en tant que finale dès l'e'poque indo-européenne,
et de la rapprocher des autres particularités que présentent les
consonnes à la fin des mots^.
II. — Trois notes sur la phonétique des gutturales.
A. — Skr. jmâs, gmâs.
Des deux formes initiales supposées, Tune par gr. yôcôv x^Q^ôs,
' Il suffira de rappeler ici le caractère sonore des sifflantes — et sans doute
aussi des occlusives — finales devant voyelle initiale d'un mot suivant, sûrement
attesté en indo-iranien et en slave (v. ces Mémoires, VIII, 296, n.). Le -z final
du germanique est une conséquence de cet usage. On a invoqué la loi de Ver-
ner pour explifjuer cette sonore. Mais de ce que s, f, f, y^ deviennent sonores
entre deux voyelles dont la première est atone, il ne suit évidemment pas que -s
doive devenir -; à la fin du mot, lïit-ce après une voyelle non accentuée. Du
reste, il ne semble pas qu'on ait fourni un seul exemple probant de l'influence
de l'accent sur la prononciation de -s finale en germanique; en revanche, il est
impossible de poursuivre à cette place l'application de la loi de Verner en ger-
manique occidental (Slreitberg, Urgermanisclœ grammalik, p. 325).
IND0-1R\MC.\. 373
yBayLoXô? , Tautre par gr. yaixctl^ )(^afxd^s, zd zà zdwo, ial. hu-
mus et got. guma \ — v. si. zeinlja, lit. iem^, v. pruss. scmiuô - (Hanl
ambigus — le sanskrit n'a que la première, c'est-à-dire un
groupe -sonore aspirée composé d'une occlusive et d'un élément
spirant non déterminé (en tout cas différent de y), qui est re-
présenté en védique, devant voyelle, par hs- : sing. nom. ksâs,
ace. ksâm, loc. hsàmi\ duel nom. ksâmau, ksâmà; plur. nom. hd-
mas. Le thème est de ceux qui, eu indo-iranien, n'ont pas devant
les désinences de cas obliques — même commençant par une
voyelle — Va de la syllabe préde'sinentielle, sauf au locatif sin-
gulier: le génitif zd zdmô est monosyllabique (Y., XI, 17 — Yl,
X, 96). On troave, il est vrai, l'instrumental skr. ksamâ, mais avec
valeur de locatif et en parallèle avec divî (R. V., I, 103, 1), ce
qui explique l'emploi du vocalisme du locatif Asrt//i2. En sanskrit,
le groupe de consonnes initial venait donc au contact de m au
génitif, à l'instrumental, etc. Le Is- de ksmàs, ksinayà pouvant
être emprunté aux cas forts n'est pas nécessairement plione'tique;
au contraire ,ymrts et jmâ sont isole's; ils ne peuvent devoir leur j
à d'autres formes; ils permettent donc de déterminer la règle :
tandis que le groupe sourd *ks subsistait devant nasale dans le
génitif rt/.sHrts par exemple et dans i/àk.smas (si l'on admet le rap-
prochement séduisant avec gr. éxTiKos tr phtisique tî), le groupe
sonore a, dans les mêmes. conditions, perdu sa chuintante et
par suite le h qui, suivant l'observation de M. Bartholomae, fai-
sait, dans ce groupe comme dans tous les autres, partie inté-
grante de l'articulation de l'e'lément final [Grumlr. deriran.phil., I,
S 37, p. i5). Il reste alors à la forme ordinaire jj/ws une sonore
simple dont l'articulation palatale ne peut surprendre, puisque,
dans les dialectes du moyen indien où le groupe est reste' so-
nore, on trouve à l'initiale j7t devant voyelle en regard de véd.
ks- (Wackernagel, Altiud. gr., I, § 209, p. 289).
Le doublet ^wrts n'apparaît que dans la locution du Rgveda :
divdçca gmdçca; or le groupe r sonore aspiré n représenté en vé-
dique par -ks- dans jdksat- (rac. skr. lias-) l'est par -ggh- à
l'intérieur du mot dans pâli jagghali ffil rit^î, et, bien qu'on ne
puisse se prononcer sur l'origine ve'Iaire ou palatale du /i de skr.
Iiâsali, la différence des traitements jh e{ gh ne peut guère être
' Il y a plusieurs exemples de doublets de ce genre, ninsi gr. •j(Bés en re-
gard do lat. her'i^ skr. hyâs^ el , pour les sourdes, persan .mr, arm. cnx ffhranche»
en regard de skr. ràkhâ, lit. /J«A-à el v. si. socha étant ambigus — gr. xte/vw,
skr. ksotioti et gr. xaivu (K. Z., 3i, 439, n.), v. pors. visanâhy ctu détruis'» —
skr. kmmale rril endure patiemment -î et çâmyati cril est lran(juille?) —arm. ri i
«milan?), gr. iktïvos et zd S(i('//«-, skr. ryends.
* Pour V, si. -ja en regard du bail. -S, cf. v. si. casa on regard de v. pruss.
liioii «becbern (Voc), c'est-à-dire balt. ^kyûsè ou *kyô»ë.
37â • \. MEILLET.
attribuée qu'à la différence des positions : au commencement
ou à l'intérieur du mot; le g de gmàs n'est autre chose qu'un
traitement intérieur. On lit de même R. V., I, 36, ^ , sûre dithitd ,
avec le traitement intérieur de *-azd-.
Par suite, il n'y a pas lieu de recourir avec M, Wackernagel
(/, c. I., p. 169) à un doublet ancien de palatales et vélaires.
Du reste, les exemples sûrs de doublets de ce genre se trouvent à
l'intérieur des mots : v. si. legû, lezati : v. pruss. lasinna — v. si.
moga : v. pruss. massi — skr. dcgdhi, digdhds, persan dêg rfpoti^ :
zd daêza-, v. pers. didà — (l'exemple skr. bhrâj- : bhfgn- est à
écarter; v. F. de Saussure, dans ces Mémoires, ^1 il, p. 77). Toutes
ces racines se terminent dans les dialectes occidentaux par une
gutturale sans appendice labio-vélaire : gr. )^é)(^os — got. magan
— gr. Tsîj^os; c'est sans doute par pur accident qu'on ne ren-
contre pas en face de gr. r/lziyw une palatale orientale à côté de
skr. stigimute, v. si. stigna. Cf. encore par exemple skr. ârmâ
(ace. âçmàHam), lit. aJcmû,g[\ âxfjLCov etles suffixes skr. -ra- [yuvaçâs)
et -ka- [sa7iakâs), gr. -xo-.
A l'initiale, au contraire, on ne cite pas d'exemple probant.
L'appendice labio-vélaire attesté dans gr. yvvï{, got. qens inter-
dirait de rapporter skr. gnd, jànis à la racine jani-, alors même
que le sens recommanderait cette étymologie. — Le fc de lit.
klousyti,y. i^russ. klauslton s'explique par une contamination avec
une racine synonyme mais différente (Hùbschmann, Idg.forsch.
VI, j4n2. , p. 33), cf. v. pruss. kirdlt ff entendrez, et skr. kàrnas
ff oreille w, zd karona-, ■ — Le ^ de pol. gwiazda en regard de lit.
zvcdgzdô résulte d'une modification proprement slave; en effet,
alors que devant w la palatale est de règle dans les dialectes
orientaux (v. ces Mémoires, VIII, p. 291), on trouve non seule-
ment pol. gwiazda, mais aussi pol. gwizd et v. si. gvozdï, cf. got.
gazds, lat. hasta, tandis que la palatale attendue est conservée
dans pol. zwierz, lit. zvéris, gr. S-tip; on est conduit à reconnaître
que, au lieu de la palatale, le slave emploie la vélaire lorsque
le mot renferme une sifflante : gostï en regard de lat. hostis (et
non yostis), gasï en regard de lit. zus'is n'attestent donc pas une
ancienne vélaire, mais illustrent simplement une loi slave. —
L'exemple le plus séduisant qu'on cite de l'alternance ancienne
à l'initiale du mot entre les palatales etles vélaires, celui delà
racine *ghel-, n'est pas convaincant, parce que, dans les langues
qui possèdent à la fois les mots à initiale^j^- et ceux à initiale ^\,/t-,
*gjiel- signifie exclusivement ff jaune, blond -i : en regard de v. si.
zelenû rfvertw, lit. zolê, v. pruss. sâliji crkrautw, lat. {Ji)olus on
a V. si. zlitû ffjaunew, lit. geîtas, v. pruss. gelatynan cfgelbw, lat.
fuluos , Jlàuos , Jlôrus ; en lituanien les intonations mêmes diffèrent;
on a gettas (cf. l'oxytonaison de zut en serbe : iûta, into) , getsvas ,
INDO-IRAMCA. Ô J ii
getsti, mais zclti, illti, zélmemjs; rintonatioii et le sens s'accordent
pour se'parer V. si. zlato, russ. zôloto, serb. zlàtn de v. si. zeletiu,
lit. zàlias. Les deux racines *gyheh- et *gjiel- semblent du reste
avoir été confondues de bonne beure, et le sens de rr jaune, blond ii
se trouve non seulement dans skr. hàri-, zd zairi- mais aussi
dans lit. ialà kârvè freine rothe kuhw.
B. — Skr. cch, zd s.
M. Wackernagei demande [Altind. gr., I, p. i56) comment,
dans l'hypothèse de M. Zubaty que skr. cch = zd s est le traite-
ment normal de l'indo-iranien sJc devant voyelle palatale, on peut
rendre compte de -çc- de skr. parcâ, -se- de zd ascu-. Ces mots
s'expliquent par analogie : Vs ayant été préservée de toute assi-
milation à c par une forme voisine où -sk- était devant une
voyelle non palatale, le groupe *-sc- a subsisté : skr. paçcâ, zd
pasca sont les instrumentaux d'un mot dont l'ablatif a subsisté
sous sa forme ancienne dans zd paskât, tandis que le sanskrit en
iaisaLii paçcât d'après jo^çm ; v. pers. pasà (et pâli pacchâl) illustre
encore le véritable traitement phonétique — zd ascu- est le ré-
sultat de la contamination des deux formes *asku- et *ascav
de même zd frascimbana- doit la conservation de son s- à l'in-
fluence de sAamèff-. Inversement, c'est lecde candràs qui a main-
tenu c et par suite -çc- dans skr. çcandràs (toujours après voyelle)
et dans l'intensif càniccmlat, si l'on accorde quelque valeur à cette
graphie çc (v. Zubaty, K. Z., xxxi, p. 21). — Les seuls exemples
de skr. -çc-, zd -se- qui prouveraient contre la théorie de M. Zu-
baty sont ceux où la conservation de ces groupes ne serait ex-
plicable par aucune analogie.
Dans tous les exemples clairs, skr. cch, zd s est la forme palata-
lisée d'un ancien sk. C'est ce qui arrive notamment dans les
verbes du type skr. prcchâti, zd psrssaiti et skr. icchàti, zd isaiti
ainsi que l'attestent le substantif zd pardska et les verbes lit.
ëfikôti, V. si. jiskati; les substantifs skr. class. icchà et prcchà ont été
tirés des verbes icchâti elprcchàti et ne sont pas anciens. Le skr. tue-
chijàs, dont lucchàs est une forme prâkritisée, et le pehlvi iuhik
répondent à v. si. iûHï, russe tôUvij; h; skr. àcchïï sans doute à v. si
jcste, russe jesëê; la racine skr. chid- (cf. zd -hisidijâi) est à rap-
procher de lit. skëdiu; le skr. châyd, pers. sàijah de v. si. sténî
(ancien *scèm). Le skr. chijali, cf. zd -sxjàt, paraît appartenir
à la racine conservée dans lat. dê-sciscô, secâre et v. si. seka,
sekyra (cf. toutefois V. Henry, Méin. Soc. ling., VIII, 367 n.);la
formation est la même que dans skr. yûdhyate, tfpyati, vidhyati,
sidhyati, etc. — Tant que tous ces exemples n'auront pas été
expliqués, on devra reconnaître que skr. cch, zd s représentent
37G A. MEILLET.
un indo-iryiiien .s/.' et reposent sur un groupe oriental sk,
sans ([u'on doive supposer pour cela qu'il s'agisse dans tous les
cas d'un sA\, indo-européen, c.-à-d. de sq"' (v. ces Mémoires, VIII,
p. 296 et suiv.)
La forme sanskrite -cch- el cli- prise par 5// s'explique aisé-
ment au point de vue phonétique. Devant la palatale c, la sifflante
dentale s a déj)lacé son point d'articulation de manière à être
palatale elle-même; la sifflante palatale ainsi produite est alors
devenue occlusive, comme le c qu'elle précédait, dans tous les
cas oij elle n'a pas été maintenue par l'analogie; cette assimila-
tion, de même que celle de -st- en -Uh- du moyen indien,
provient de ce que, dans un groupe *-arca- ou -asta-, la première
syllabe ne se terminait pas par la sifflante, mais par l'implosion
de l'occlusive suivante c ou t, soit -aç'ca-, -as' ta-. L'assimilation
s'est produite plus tôt pour -rc- que pour -st- parce que la pala-
tale c comprend un élément spirant et que par suite ç était plus
voisin de c que s ne l'était de t. Quant à l'aspiration, M. Zubaty
(K. Z., XXXI, p. 9) en a rendu compte par le rapprochement
du traitement prâkrit -kkli- de skr. -sk-; en sanskrit même, le-
groupe -Ir- ne donne pas -ce- mais -cch- (cf. prâkr. kkh de ks),
bien qu'aucun des deux éléments du groupe -te- ne renfermât
d'aspiration. Du reste, le passage de -çc- à -cch- a un parallèle
exact dans celui de *-zj- à -jf}'- ( Wackeinagel , A Ituul. gr. I , S 1 3 9 a ,
p. 169): skr. màjjati, cf. mailgûs et lit. mazgôju, lat. mergi —
skr. majjàn-, cL zd mazga-,\. û.mozgû. Le traitement skr. cch de
l'indo-iranien sk' est donc celui que fait prévoir a priori le paral-
lélisme.
En iranien, le traitement phonétique de se se confond avec
celui de A-, ; il y a eu comme en sanskrit assimilation, mais dans le
sens de la sifflante; la consonne est simple parce que l'iranien
n'admet pas de consonnes doubles. On ne saurait, en l'absence
de tout témoignage, préciser davantage les intermédiaires entre
*sf. et zd s (v.'pers. ^ et 5).
C. — Des gutturales devant n, m.
Il n'est pas évident a priori que, devant a (et an) issu de n,
m, rindo-iranien doive présenter les gutturales k, g, gh plutôt
que les palatales skr. c, j, h, zd c, j; car cet a peut reposer en
indo-iranien sur la dénasalisalion d'une ancienne voyelle nasale
brève de timbre e (cf. le traitement latin en) aussi bien que d'une
voyelle nasale de timbre 0 (cf. germ. mh) ou a (cf. arm. a, an;
gr. a). D'autre part on ne cite pas de cas complètement isolé qui
détermine sans aucun doute possible le traitement; tous les
i>"Do-in\MGA. 377
exemples se trouvent dans des familles de mois et sont pai' suite
suspects d'iniluences analogiques.
La palatale qu'on trouve dans les accusatifs pluriels lels que
skr. vâcas, zd vacO ou les troisièmes personnes du pluriel telles que
skr. yinljàle n'est pas probante, parce que, dans les types de
flexion auxcjuels appartiennent ces formes, la gutturale n'a sub-
siste' que devant les de'sinences à initiale consonantique et que
la palatale à été généralisée devant toutes les désinences à initiale
vocalique, quelle (jue fût l'origine de la voyelle. Si la palatale
est phonétique devant n, skr. vâcas et tjinljâle contribuent avec
le nominatif pluriel vâcas et la 3" pers. plur. act. ytinjânti par
exemple à rendre compte de l'usage exclusif des palatales devant
toutes les voyelles; si la gutturale est le traitement régulier, c et
j sont des conséijuences de la règle générale.
La même règle s'applique aux formes verbales et aux noms
verbaux de la racine indo-iranienne *ghan- tf frappera; on y
trouve skr. h, id j devant a issu soit de e, soit de n, et skr. gh-,
zd g- devant n consonne seulement. On a donc 3" sing. prés,
skr. hànli, zd jainli; subj. skr. hànali, zd janaiti; skr. hàntar-, zd
janiar-; accusalif skr. vrlrahânam [a\ec à issu de c), zd vorapra-
jaridin, mais aussi skr. hamnâs, hathd, liathâs, hatâs; optât, skr.
hanyâ-, zd jamjà-\ passif skr. Iiamj/ite; impérat. skr. jalu, zd jaiSi;
aoriste skr. ahnta, v. pers. -fljatà\ et, comme formes nominales,
skr. hatà-, zdjata-; skr. hàtha-\ skr. -hati-, zd -jaiti-. A part les
cas où n est consonne (skr. ghiànti) et les formes à redouble-
ment (parf. »kv. jaghâiia , ïniansiï skr. jaùghanti), il n'existe plus
dans cette racine de gh- que devant à issu de o du substantif skr.
ghanâs et encore la palatale a-t-elle été introduite par l'influence
du verbe dans le composé skr. suimnas et dans zd jana-, L'oxytonai-
son de ghanâs, justifiée par le sens rtce qui sert à frapper,
massuen, ne suffit pas à légitimer l'hypothèse d'un primitif
*g.^h"no- : cf. le traitement de °n, "m dans skr. simâs, got. sums, gr.
àfxo- et skr. munis, got. muns. Par suite, le gh de ghanâs, étant
contraire à la règle générale de l'emploi de la palatale devant
voyelle dans cette famille de mots, établit l'origine ô de l'a-, cet
exemple n'est pas moins probant contre l'hypothèse de M. Brug-
mann que skr. gâijas, zd gaijô, cf. serbe gôj^.
Mais on ne saurait conclure de la conservation de gh dans
ghanâs que le h du participe halâs soit phonéti([ue; en elfet, les
' Conire la tfloin de M. Brufjmann on pont noter aussi skr. Ldraknii frcruclioî',
cf. V. si. horylo, eu refjnrd di" skr. cnn'ts, v. isl. Iiitcrr. — De plus, dans les in-
tensifs il redonl)l(;nien( dissyilahiepic, nue jpiUnrale iniliale est redoublée par
une jjullnraie cL nou par une palulalc : skr. jrliihnirliital- en face Ac jàiinhuiiul-; la
voyelle a du redonltlenuMil y représeule donc i.-e. u\ cf. jjr. [JiopfjLi)pa} , -aotnvvù)
(de *' ■tsovTH'viju), fxo/fivA/a>.
378
A. MEILLET.
adjectifs eu -ta- ont un caractère verbal beaucoup plus prononcé
que les thèmes en -a- : on sait, par exemple, que la palatale des
verbes tels que skr. çàcati n'a pas pre'valu — au moins en indo-
iranien et encore en ve'dique — contre la gutturale phonétique
dos noms tels que skr. çôkas. Quant aux formes verbales elles-
mêmes , comme Tindo-iranien a dans tous les cas de ce genre fait
choix soit de la gutturale, soit de la palatale dans chaque type
de flexion, l'extension du h de hànti à hathà serait exactement
semblable à celle du c de uvâca à ûcùs; et par suite hathà est
sans aucune valeur probante, d'autant plus que l'indo-iranien
tend en principe à généraliser les palatales devant les voyelles
dans toute la flexion.
En sanskrit, la racine gam- présente g dans toutes ses formes
non seulement devant m consonne ou devant a issu de o [ga-
maijati, -gama-), mais aussi devant a issu de m {gâcchati, âgata,
optât, gamyât; formes nominales gatâ-, gàti-) et devant a issu de e
[gmnanti, âgan; formes nominales : gàntar-, gàmistha-); cette ex-
tension du g s'explique par l'influence de ^â- = dor. /3â- (skr.
âgàt , cf. gr. £^>7) sans qu'il soit nécessaire de supposer que g- soit pho-
nétique devant l'w* de gâcchati, etc. Et, en efîet, on trouve en zend,
où ^â- est en voie de disparition, non seulement jamaiti et i'impé-
ratiï jantù, mais aussi jasaiti et Y o])lalïï jamijàt à côté de l'impératif
gàth. gaidi k viens w et des formes nominales gâta- et -gaiti- : le^
de jasaiti s'explique bien par celui de jamaiti, mais le g de gaidi
peut être à la rigueur tenu pour analogique de laorisle gâth. gât
et le g de aiwigaiti- pour analogique de celui de aiwigàta-. Ici
encore, aucune forme n'est concluante, bien que l'ensemble pa-
raisse témoigner en faveur du traitement g devant m.
Le skr. gabhîràs peut devoir son g a gambhlràs (cf. v. si. gl^-
hokû). Les mots iraniens correspondants n'ont pas à la fin de la
racine h , qui répondrait à skr. hh, mais/^ sans doute issu de ph :
cf. v. pers. hauj'a- en regard de skr. kakûbh- (cf. J. Leumann,
Et. wôrt. der sanskrit-sprache , p. xi et suiv.). L'a de zd jafra-
ff profonde, pehlvi zafr repose sur n, comme le montre le sub-
stantif zd yo/ww- ff profondeur w ; on n'a aucun droit de poser une
racine *g.^ebh- (resp. *gc^eph-)\ v. isl. kuefia, A;»/" suppose *g^âbh-,
^g.^obh-, *g.y>bh- en regard de ^g.^embh comme v. irL bàidim et gr.
fiïja-cra, ^v66s supposent *g.^àdh, *g^odh- en regard de *g.jendh-
{(3év6os, (Saôvs)-, l'a de gr. jSolttIco, (3(x(pfivoii est ambigu; le
groupe -Tri- est issu de -(pij- (cf. cra-, tt de xv) comme dans
B-dnlù) [zaÇirivai), xpvTzIco [HpvÇ>ïivot.t) , èpé7r1œ [spsÇiov), axcmlco
(crxa(pos, cf. got. sA-rt6rt» , lit. skabù)^ etc. Quanta (366 pos, Qodvvos,
on y a reconnu depuis longtemps une déformation de ^^arôôpos,
*'zs6Qvvos (cf. lat. /o(/<ô, fossa : lette hedre trgrube, gruftw) sous
l'influence de (3(x9vs.
i:sDO-iRAivicA. 379
Le j de jajnu- siiHîl à expliqiïer celui de j(ifra-; toutetbis ce
dernier mot a peut-être un peu plus de force probante que les
autres; il semble en effet que, si la palatale dejafnu- a réagi sur
l'initiale des mots de même famille, l'adjectif dont le vocalisme
re'pond à celui de skr. gnmbhmis aurait dû être atteint autant et
plus que celui qui re'pond à gabhlràs. Or on trouve en zend une
forme ""gafra-, dissimulée sous la fausse graphie gufm-. — En
effet Yu de gufra- ne peut représenter m, comme on l'a supposé
(v. à ce sujet Grundr. der iran. phil., I, S Gi n., p. 26); et d'autre
part on ne saurait douter que, au moment 011 le texte de l'Avesta
a été transcrit de l'ancien alphabet pehlvi dans un alphabet plus
complet et pourvu de voyelles, de nombreuses erreurs ont été
commises. L'une des plus graves a été provoquée par l'identité
des signes de v et de n, pehlvi \ : les rédacteurs ont été conduits
à écrire la voyelle > là où ils auraient dû employer ^; on trouve
ainsi puxSa- fr cinquième 15 au lieu de *pàxSa le génitif hh en
regard de gâth. hvang doit être lu *hvçi : comme dans beaucoup
d'autres cas, le signe 1 signifiant w dans l'ancienne écriture sans
voyelles a été confondu avec un ) précédent qui notait u (ici le v
du groupe hv-) — framrâ [ou framrul) est à Vire fra7nniva, ainsi
qu'il résulte du participe \okin jaiSija : Vd, III, 1, vaca J'ramrR
tnipramca vourugaoïjaoitlm jai^ya (v. les variantes dans l'édition
Gcldner); la tradition a reconnu dans les deux formes des parti-
cipes symétriques et traduit/rrunrrt par ^0^)))^ etjaiSya par^çy^"-
L'accusatif pluriel j^j^I^J ou ^>^i\ renferme de même un e ou >^
que les transcriptcurs ont employé par erreur au lieu de ïn de
l'accusatif pluriel. — Ces faits justifient la lecture *gafra- au lieu
de gufra-. On a donc jafnii-, ^gafra- et jafra-, et, dans cet en-
semble, la ïorme jafra- parle en faveur du caractère phonétique
de j devant a issu de m. — Le / de jaiivi-, dans jaiwivafra- r aux
neiges épaisses w du fragment versifié cité Vd, VII, 27, serait d'un
grand poids si l'on pouvait avoir pleine confiance dans cet «TraÇ
elpï](xévov.
Le k de skr. skabhnàti, skabhâyàti peut s'expliquer par celui de
càskâmbha, skambhâthus et surtout deskainbhâs, cf. lAskdmbô.
En revanche le ch- du skr. ckadaijaii, cî. zd sadayeiti, v. pers.
fadaya-, peut être dû à la rigueur à des formes telles que skr.
chantsi, âcchân.
Le zd jaiti- qui paraît signifier tr famille ^^ dans le seul passage
où oir le rencontre (Yt, XVIII, 3-i) apptdlcrait un rapproche-
ment avec lit. giininê ci g'unùs (?). Mais, d'un autre cùlé, le mot
anomal vâghàl- ne semble explicable ({ue par le traitement gut-
tural devant h; car rhy])othèsc d'un ancien e est exclue |)ar le gli
et celle d'un ancien 0 ne se concilie pas avec la brève du nomi-
380 A. MEILLET.
natif singulier wï^Mf el du noniinatiT pluriel vdgiûitas (v. Slreil-
berg, Jdg. forsch., III, 36i, el cf. ces Mémoires, IX, 1^7); autre-
ment il faudrait admettre une induence des participes, que la
flexion anomale de vnghât- ne rend guère vraisemblable.
En résume', il ne semble pas exister d'exemple qui permette
de déterminer avec certitude le traitement des gutturales indo-
iraniennes devant a (resp. an, am) issu de n, m.
A. Meillet.
DE L'ARTICLE.
(MORPHOLOGIE ET SYNTAXE.)
DEUXIEME PARTIE.
B. — Détermination du verbe, de l'adjectif, de l'adverbe.
Nous avons peine à sortir des idées étroites qui nous ont été
inculquées par les grammaires empiriques de nos langues clas-
siques indo-européennes. Ce phénomène, au fond si simple, mais
si nouveau pour nous, de la conjugaison des substantifs nous a
été révélé par des langues éloignées sous la forme possessive, et
sous la forme prédicative on ne le trouve nettement que dans
leNama. De même, l'article ne nous semble pas devoir sortir du
substantif. Cependant, quand on a bien constaté son origine pro-
nominale, on n'a pas de peine à découvrir qu'il accompagne aussi
le verbe prédicativement, que c'est même là un fait presque uni-
versel; c'est lui qui le conjugue. Presque partout, le pronom per-
sonnel des trois personnes se préfixe ou se suffixe au verbe d'une
manière pléonastique, puisque le substantif sujet est exprimé par
ailleurs; n'est-ce pas bien là le caractère de l'article? Dans SîSco-(jlIj
SiSv-s, SlSoû-cn, les trois pronoms suJSixés, celui de la 3^ personne'
d'une manière plus apparente, sont de véritables articles; nous
voyons, sans quitter la langue grecque, que quelquefois ils de-
viennent moins apparents (Xu-o), Xu-e<?, \v-£i) ou disparaissent,
et qu'à côté d'une conjugaison avec article on en a une autre
sans article; à côté de la déterminée, l'indéterminée. Le môme
phénomène apparaît en hongrois, mais seulement l'idée de pro-
nom-objet y remplace celle de pronom-sujet; à côté doivar-om, var-
od , var-ja , on trouve varo-k , var-asz , var.
Il est donc certain que le verbe l'eçoit l'article, un article qui
lui est propre, le pronom personnel suffixe.
De même, la conjonction peut se conjuguer de la môme ma-
nière, en se suffîxant les divers pronoms personnels qui y jouent
le rôle d'article; par exemple en lapon, atja-p crque je^, atja-t
ffque tuw, atja-s r qu'ils, aija-pe frque nousw, ap-ma-m crque je
pasw, ap-ma-la reque lu pasw, etc.
De même, les prépositions se conjuguent dans la plupart des
MÉM. LING. IX. 2.5
larKiauui
382 RAOUL DE LA GRASSERIE.
langues ouraliennes; par exemple en lapon, conjugaison posses-
sive : mo-kiim te avec moivi, to-kum rravec toiii, so-kum rravec
soi 15, etc.
Mais ce n'est pas tout : quelquefois le verbe, Tadjectif, Tadverbe
reçoivent l'article qui leur vient du substantif pour se tenir en
parfaite harmonie avec lui.
Parmi les langues indo-européennes, le tchèque et le vieux
siavon ont l'adjectif de'terminé et l'adjectif inde'termine'. Le dé-
terminé se distingue de l'autre, en suffixant le pronom personnel
de la 3* personne à titre d'article.
Lithuanien: sing. nom.yîs, accus. ji, gén.jô, ôat.jam, inslrum.
jumi, \oc. jame. On ajoute cet article à l'adjectif qui se décline
ainsi : géras trbon^ devient nom. géras-is qui se contracte en
gérô-ji, accus, gera-ji = gérd-je, gén. gerô-jô =gerôs-i6s, datif
géram-ja)ii=gérai-jci; insiruuï. géru-ju=^ géra-je , loc. geramjame =^
géro-joje.
Nous avons, dans les langues du Caucase, observé que l'article
préfixé au substantif-sujet se répétait sur le verbe et sur l'ad-
jectif; nous devons rappeler ici le procédé plus complet de l'aware.
L'adverbe lui-même est atteint dans cette langue, ainsi que les
prépositions; ils portent la marque du sujet en prenant son
article, parce qu'ils ont été d'abord les locatifs d'un substantif:
hani signifie ici, et subit les variations hani-u, hani-i, hani-b, hani-
r, suivant la classe à laquelle le sujet appartient; de même doa
K]hr> varie suivant le même système; il le fait même d'une ma-
nière plus curieuse, puisque, au lieu de suffixer les articles, il les
infixe et devient do-iv-a, do-j-a, do-b-a, do-r-a. Le même système,
apparaît dans les compléments circonstanciels. On dit roqo-u,
roqo-iv-e tfdans la maison à luiw, roqo-j-e ccdans la maison ellew,
roqo-b-e te dans la maison celais. Les participes portent deux fois
l'ai'ticle du sujet : izara trcrééiî donne w-izara-u , j-izara-i , b-izara-
b; r-izara-l.
Nous avons déjà remarqué en liûrkan watsha crie boisw, wa-
tsha-U-zi crdans le boisw qui devient ivalsha-li-zi-w, watsha-li-zi-r,
watsha-li'zi.
Telle est la morphologie de l'article dans sa fonction de la
détermination et de la classification, et dans celle de la liaison
de la proposition. Mais ses fonctions, en particulier celles de
détermination, ne 3ont-elles pas quelquefois remplies par un autre
mot?
DÉTERMINATION MARQUEE AUTREMENT QUE PAR L'ARTICLE.
Nous avons relevé dans les diverses langues deux autres moyens
de marquer l'indétermination : l'un indirect, l'état emphatique ou
DF. L'ARTICLE. 383
ia mise en relief, ou au contraire la de'pression ; l'autre direct,
la re'duplication avortée. Nous commencerons par le second.
La re'duplication avortée, du moins c'est ainsi que nous inter-
prétons le phénomène, est un processus qui ne se rencontre que
dans le woloff.
Dans cette langue, lorsque le substantif doit être déterminé, on •
suffixe sa première syllabe, ou sa première consonne initiale.
Kar crmaisomi, kar-ga «la maison», gar r homme w, gnr-ga
rfrhomme'5, fas rr cheval», fas-iva wie cheval», mbuule ff écri-
ture», mbinde-ma ffTécriture», [Mh-a (r couteau r>,paka-ba ffle cou-
teau».
Que si, dans certains cas, on veut déterminer davantage, on
répète deux lois cette initiale; c'est ce qui arrive dans l'exemple
suivant : mer u-m xjalla nui , ;rla colère de Dieu»; l'initiale de m se
trouve répétée après le conjonctif génitif m, et une seconde fois à
la fin.
Il y a certainement là un procédé acrologique ou de rédupli-
cation partielle; or la réduplication partielle n'est qu'une rédu-
plication totale avortée; pour déterminer, on aura d'abord répété
deux fois le substantif, ce qu'on fait dans d'autres langues pour
former le pluriel; puis, on n'eu aura plus répété que ia première
syllabe. Dans ces conditions, il y a bien un article, seulement il
ne tire plus son origine du pronom, mais des entrailles du sub-
stantif lui-même.
Mais il faut ajouter cependant que ce suffixe n'est pas toujours
l'initiale du substantif, ce qui semble faire brèche à cette théorie,
Vx appelle quelquefois le suffixe h, — Xng=^m, ou w;\&t appelle
h ou IV, — Wi un IV, — Z et r un a; ou un h. Comment expliquer
ces anomalies? Pour certains de ces phonèmes il y a affinité,
par exemple, entre ng et iv, mais il n'y en a pas entre t et b. Il
est probable, mais cela est invérifiable, que toutes les initiales
ont été reproduites à l'origine, mais qu'une lutte s'est établie
entre elles, que quelques-unes étaient plus emphatiques et que
les autres ont été éliminées.
Le second procédé est i'emphatisme ou la dépression; nous
observons l'un et l'autre dans les langues sémitiques : l'araméen
exprime la détermination, non point parla préfixation de l'article
/, mais par la suffixation d'à qui a fini par se cristalliser et de-
meurer, même lorsqu'il n'y a pas lieu à détermination actuelle :
dehabk ffor», dabha ftl'or», melek frroi», malk-a «le roi». La
même forme se retrouve en assyrien. Le mot sar, sous sa forme
déterminée, donne au nominatif ««rr-w, accus. sarr-a,^én.sarr-i.
L'arabe a, au contraire, l'emploi de l'article préposé, mais
dans ce cas il modifie sa déclinaison et emploie pour finale, sui-
vant les cas, M, a, i, au lieu de m», a», in; en d'autres termes,
38/i RAOUL DE LA GRASSERIE.
il se dépouille de sa nasale finale, il y a là une question de
centre de gravité.
Enfin Thébreu, lorsque le substantif est déterminé par un autre
substantif employé au génitif, le met à fétat construit, c'est-à-
dire fabrège.
• En nama , lorsqu'on veut obtenir une détermination à la 2^ puis-
sance, on ajoute un a qui rend le substantif emphatique et marque
ainsi faccusatif par une surdétermination.
Tel est l'article au point de vue morpbologique, nous venons
de donner les autres moyens, quelquefois employés, pour exprimer
f indétermination. Peut-être y aurait-il possibilité de les réduire
en dernière analyse à l'article, en particulier les indices de fem-
pliatique, mais nous ne voulons pas nous livrer à des hypothèses.
Nous avons maintenant à entrer dans un autre ordre d'idées,
le psychologique, et à rechercher : 1° ce qu'est l'article en lui-
même, ainsi que l'idée de détermination à laquelle il répond
principalement; 2° quelles sont ses diverses fonctions.
II. — De l'article au point de vue psychologique.
A ce point de vue, deux objets se présentent à l'étude : 1° la
nature de l'article comme concept, et celle de la détermination
elle-même comme catégorie grammaticale; 2° la fonction de
l'article.
1 ° De la nature de V article , de la détermination
et des différents degrés de celle-ci.
Comme nous le verrons, la détermination est loin d'être la seule
fonction de farticle, mais c'est la fonction normale et principale. Il
importe de rechercher ce qu'est au juste la détermination, s'il y
en a plusieurs, quelle est son affinité avec les autres concepts
grammaticaux.
La détermination est, au fond, l'individualisation. Or celle-ci
consiste à désigner un seul être au regard de tous les autres, ou
au moins quelques-uns vis-à-vis de tous autres, ou une classe
d'êtres entière vis-à-vis d'une autre classe. Elle est plus parfaite
lorsqu'elle ne désigne qu'un seul individu; elle est plus parfaite
encore lorsqu'elle le désigne sous un nom propre complet.
On peut noter dans la détermination les degrés suivants que
nous rendrons mieux sensibles par des exemples :
1° Homme, hommes, àvOpcoTros, dans les langues oià l'article
tantôt est emplové, tantôt est supprimé; lorsque ce mot est em-
ployé comme attribut, alors il devient presque un adjectif; par
exemple, dans cette proposition en français : il est homme. C'est
DE L'ARTICLE. 385
le plus grand degré d'indétermination. L'être devient une qualité
et une qualité est essentiellement générale; c'est comme si l'on
disait : il est humain ou il est bleu.
2° Du bœuf, du cheval. L'indétermination est aussi très grande,
quoique moindre. Il s'agit d'un bœuf quelconque, d'un cheval
quelconque, même pas dans sa généralité par opposition à un
autre animal ou dans son individualité. C'est le cas de l'article
partitif.
3° Un homme, des hommes; c'est la même expression au singu-
lier et au pluriel. C'est le cas d'indétermination normale, tandis
que les précédents sont des cas de surindétermination. On ignore
absolument de quel homme il s'agit. En grec on exprime tantôt
par âvOpconos, tantôt par âvOpcoTTOs tz?. On sait seulement qu'il
s'agit de l'individu et non de l'espèce.
k° Un homme, par opposition à deux hommes, trois hommes; l'in-
détermination est la même, seulement elle est un peu diminuée
par une détermination numérique.
5° Vhomme, en général par opposition au bœuf, au cheval , etc. ,
c'est l'homme zoologique; l'opposition peut disparaître; au moins
expresse. Mais alors l'expression s'applique au genre entier. Il y
a donc indétermination dans un sens, mais détermination dans
l'autre, indétermination entre les individus de l'espèce, mais dé-
termination parfaite vis-à-vis des autres espèces. Aussi, suivant
les langues, tantôt on emploie l'article, tantôt on ne l'emploie
pas.
6° Lliomme [aimable, cruel, bon, etc.); alors l'homme est res-
treint à une catégorie d'hommes; il y a encore indétermination,
mais restreinte.
7° L'homme d'Europe; voilà encore la signification d'homme
restreinte, et par conséquent l'être déterminé davantage.
8° Le fis de Primus; si Primus n'a qu'un fils, la détermination
est parfaite; s'il y en a plusieurs, elle est imparfaite, puisqu'elle
peut s'appliquer à un individu ou à tel autre.
9° V homme qui est venu chez moi hier; voilà une détermination ,
puisqu'il ne s'agit que d'un seul individu; mais l'auditeur ne
sait pas encore duquel.
lo" Cet homme ou lliomme celui-ci; il ne peut plus y avoir de
doute sur l'identité, la désignation est parfaite, l'expression sup-
pose qu'on montre en même temps l'individu d'un geste.
1 1" Homme-moi, homme-toi, homme-il; la détermination est plus
grande, mais en même temps anormale; elle ramène la désigna-
386 RAOUL DE LA GRASSERIE.
tion à la personnalité, elle est subjective et pre'dicative. On com-
pare tout au moi, mais il reste une obscurité' quand il s'agit de
la 3" personne; on ne sait de quel individu il s'agit; aussi corro-
bore-t-on la de'signatiou en disant à quelle classe l'individu ap-
partient. Dans les deux cas, il y a système subjectif et concret :
le premier a e'té relevé par nous chez les Namas, le second chez
les Gaires.
19° Son fils, son père; lorsque le mol Jih, le mot père ne
peuvent s'employer seuls. Alors il y a encore détermination anor-
male, surdétermination. On ne peut exprimer un être si on ne
l'individualise pas.
1 3° Primus, Secundus; alors la détermination est non seulement
complète, mais elle est absolue; en ajoutant les noms patro-
nymiques et les prénoms, on arrive à l'indication d'un individu
unique.
Tous ces degrés de détermination ou d'indétermination ne sont
pas fournis par l'article, mais il en produit un grand nombre et
concourt souvent à exprimer les autres. Dans la détermination
absolue (n" i3), aucun adjuvant n'est nécessaire. Dans celle
du n° 10, l'article est remplacé par l'adjectif démonstratif, mais
cet article n'est souvent que la réduplication de l'article. Dans le
cas n" 9 [Vhomme qui), la détermination est donnée par le pro-
nom conjonctif, mais dans beaucoup de langues l'article sert
d'adjuvant, et dans d'autres le pronom relatif n'est que la répé-
tition de l'article : on peut citer l'allemand, der mann der, die
frau die . . .
Dans les autres cas, à moins d'indétermination absolue (alors
il n'y a pas besoin d'indice), l'article apparaît sous une double
forme : celle d'indétermination nn, des , et celle de détermination
le. Nous avons vu que dans certaines langues, l'article perd son
sens primitif et accompagne tous les substantifs, mais alors on
y joint un article de détermination actuelle.
Telle est la nature psychologique de l'article, c'est un mot qui
sert principalement à exprimer la détermination.
Quant à la détermination dont le domaine est plus vaste, elle
forme avec le genre, le nombre, une troisième catégorie gram-
maticale affectant le substantif. Los concepts substantifs accessoires
sont le genre, le nombre, la détermination. Los cas n'appar-
tiennent plus au même ordre d'idées, ils ne s'appliquent pas aux
êtres pris isolément, mais à ceux en relation logique avec les
autres de la pioposition.
Pour mieux faire connaître la nature de l'article, il importe
d'indiquer cpielle est son origine logique, c'est-à-dire de quelle
autre partie du discours il procède et quelle est sa ressemblance
DE L'ARTICLE. 387
OU ses (lifîërenccs, enfin ses affinités, avec les catégories du genre,
du nombre et des cas.
L'origine morphologique de l'article est, comme nous croyons
l'avoir démontré, le pronom personnel. Il en est de même de
sa source psychologique. On a dit homme celui-ci ou homme -il
avant de dire l'homme et dans le même sens. Le pronom personnel
est devenu adjectif pronominal , puis article. Du reste, l'origine
morphologique est ici un sûr révélateur de l'origine psycholo-
gique. Une preuve plus certaine est le système de la langue
nama; on y dit : homme-moi, homme-toi, homme-il, et cette der-
nière expression est identique à il-homme et à l'homme. L'idée ré-
pond ici complètement à la forme. Le pronom n'est qu'une dé-
rivation d'un adverbe de lieu, ici, là, plus loin; le plus proche,
correspondant au moi, est ici, le moins proche, correspondant
au toi, est là, le plus éloigné, correspondant à lui, est Ih-has. De
même, l'article est une désignation du lieu. La locativité domine
toute la genèse de l'expression grammaticale.
L'adverbe de lieu est un grand générateur de formes, il donne
d'abord naissance au pronom, à celui des trois personnes, sur-
tout celui de la troisième, essentiellement démonstratif.
Le pronom, à son tour, a les fonctions les plus mulliples et
les plus délicates à la fois. Ce qui nous intéresse ici, il devient
soit adjectif démonstratif (cei /io»ime), soit article (l'homme); mais
il a d'autres transformations, il joue le rôle de pronom relatif;
celui-ci, quand il n'est pas emprunté au pronom interrogatif,
l'est presque toujours à l'article : nous venons d'en citer un exemple
tiré de l'allemand; en outre, il remplace le verbe abstrait, le verbe
être; celui-ci est exprimé par un pronom-article.
Telle est l'origine de l'article. Quelles sont maintenant ses affi-
nités avec les autres concepts accessoires du substantif: le genre,
le nombre et le cas, ou avec leurs modes d'expression?
L'affinité de l'article ou de la détermination, en général, avec
le genre est sensible d'après les exemples que nous avons em-
pruntés aux langues bantou et à celles du Caucase. Les différents
genres ne sont pas exprimés parles substantifs eux-mêmes, mais
par les pronoms, devenus articles, qui y sont préposés. Ces
genres, par leur quantité, sont d'ailleurs des désignations de ca-
tégories, des classificateurs. En cafre, il y a autant d'articles dif-
férents que de catégories d'objets, et la détermination se confond
entièrement avec le genre.
L'alfinité de la détermination avec le nombre existe dans les
langues oij le pluriel pai' définition est considéré comme indé-
terminé, et au contraire, le singulier comme déterminé : de telle
sorte (jue, contre l'idée ordinaire, c'est le singulier qui dérive
du pluriel, ou bien, au contraire, c'est le pluriel qui est dé-
388 RAOUL DE LA GRASSERIE,
terminé; en tous cas, la de'termination et rindétermination se lient
avec la différence des nombres. Le premier cas a lieu dans la
langue bari où le pluriel est le point de départ, et par conséquent
l'indéterminé, et où le singulier qui est déterminé, adjoint, comme
tel, un préfixe. Au contraire, en bullom et en temné, c'est le
singulier qui est considéré comme un collectif, par conséquent,
comme indéterminé, tandis que le pluriel est considéré comme
individuel, et comme tel, muni d'un préfixe.
De même, dans les langues de l'Oural (sauf dans le mordouin
qui a les deux déclinaisons complètes) la détermination apparaît
pour la première fois avec le pluriel et se confond avec lui.
• L'affinité de la détermination avec les cas existe d'une manière
certaine dans plusieurs langues, en particulier, dans les langues
ouraliennes. Comme nous l'avons vu à l'origine, en finnois, l'ac-
cusatif n'a pas d'indice; on l'exprime plus tard par le signe de
la détermination.
Puisqu'il y a eu autrefois dans ces langues des paradigmes
complets de déterminé et d'indéterminé, c'est plutôt de la sur-
vivance du déterminé à l'accusatif qu'il s'agit.
Ce ne sont pas là de purs accidents morphologiques. La déter-
mination emporte celle par classes et par genres, aussi bien que
celle par individus; ce ne sont que des degrés différents de la
même idée. De même, le pluriel est plutôt indéterminé, puisqu'il
n'individualise pas. Enfin, l'accusatif, qui représente le patient,
a besoin d'une individualité moins nette que l'agent, ce qui est
d'autant plus juste que l'agent lui-même, quand le verbe est in-
transitif, ne porte pas, lui non plus, le signe de détermination.
Il y a entre les divers concepts accessoires un lien psychique,
naturel et nécessaire, dont la morphologie que nous avons ob-
servée plus haut est le révélateur.
a" Fonctions psijchologiques de l'article.
Nous avons dit que la fonction psychologique de l'article est
la détermination, mais que ce n'est pas la seule; il faut ajouter
que ce n'est pas l'originaire, ni non plus l'hystérogène : ce n'est
qu une foîiction intermédiaire dans Vévolution.
Les fonctions de l'article sont au nombre de quatre chrono-
logiquement dans l'ordre suivant : i° fonction de concrétisme ou de
surdétermination; 9° fonction de détermination normale; 3° fonction
d'auxiliaire; k° fonction de relation.
a. — Fonction de concrétisme.
L'homme dans son premier état d'esprit ne conçoit que l'indi-
DE L'ARTICLE. 389
viduel; rabstraction , la systématisation lui est étrangère; si un
être non individuel veut être exprimé, il doit d'abord, par des
artifices, le convertir en individuel. Dans ce but, il emploie di-
vers procédés. Tantôt il exprime par des racines entièrement dif-
férentes des idées cependant rapprochées : c'est le procédé le plus
énergique. Tantôt il approche fortement l'idée objective de sa
personnalité et la rend subjective, sensible, rapprochée dans l'es-
pace de celui qui parle. C'est dans ce but qu'il emploie le pronom
et l'article. Les expressions du nama homme-moi, homme-toi, homme-
lui, celles du cafre homme- (objet de i'''' clas?e), chêne (objet de
2^ classe), etc., chaque classe étant désignée par un article diffé-
rent, rentrent dans ce système. Quelquefois, ce n'est pas d'une
mamere prédicative , mais d'une mamhre possessive, qu'il y a con-
créîisme. Le sauvage algonquin ne peut dire oncle, mais doit dire
oncle de moi ou de loi ou de lui ; c'est le pronom possessif qui sert
à individualiser; c'est toujours le pronom transformé, mais ce
n'est pas l'article; celui-ci est un déterminant subjectif concret
prédicatif. C'est dans ce seul but de concrélisme que l'article a
d'abord été employé. On ne songeait pas à déterminer; ce qui le
prouve, c'est qu'on n'alternait pas entre la détermination et l'in-
détermination; on déterminait toujours, ce qui est la négation
de la détermination actuelle. La détermination peut manquer et
elle manque en effet dans beaucoup de langues, même très cul-
tivées; le latin en est un éclatant exemple. Elle a donc pu faire
défaut à l'origine. Le genre aussi manque souvent totalement. Ce
qui, au contraire, semble nécessaire à l'esprit des premiers
hommes, c'est une idée concrète, les idées abstraites leur étant
inabordables. D'ailleurs, l'idée concrète conduit à lade'termination
précisément par la surdétermination que le concrétisme entraîne.
Quand, au lieu de dire ïhomme, on àil homme-loi , voilà l'homme
devenu concret, attaché à la réalité, mais en même temps le voilà
surdéterminé, complètement individualisé; si au lieu de dire la
lèvre, je dis sa lèvre, le niême résultat a lieu par le pronom pos-
sessif. L'expression concrète et la surdétermination coïncident
ainsi. Mais ce qui a été d'abord en vue a été le concrétisme, la
détermination n'est que le résultat indirect et plus conscient.
Nous avons, dans des études spéciales, relevé le phénomène
du concrétisme et ses divers modes d'expression, en particulier,
par le pronom et par l'article.
b. FOXCTIONS DE DÉTERMINATION.
Nous ne rappelons ici ces fonctions que pour ordre; ce sont
celles qui dominent dans l'histoire de l'article, et ([ue montrent
tous les exemples morpliologi(jues que nous avons cités.
390 RAOUL DE LA GRASSERIK.
li ne s'agit plus là d'ailleurs de surdc'termination, mais de dé-
termination simple.
Rappelons que cette de'termination peut être à une foule de
degre's dont nous avons e'tabli la progressiou. Elle semble être
parfois une indétermination, de sorte que l'article aurait à la fois
une fonction d'indétermination et une de détermination : par
exemple, lors([u'il s'agit de l'article un ou de l'arlicle le. En réalité,
ce sont des degrés de détermination; l'absence totale de celle-ci
s'exprime par l'absence d'indices. Ce qu'il faut admirer, c'est
l'application ici d'un principe que nous avons souvent énoncé, à
savoir que ce qui a été plus tard fonctionnel, instinctif ou volon-
taire, a été d'abord purement mécanique; il faut y ajouter que
les fonctions cbangent souvent aussi, qu'il y a virement de l'une
à l'autre; celle de concrétisme s'est convertie en fonction de dé-
termination.
c. — Fonction d'auxiliaire.
Ici nous pouvons observer un nouveau virement de fondions. Celle
de détermination s'est changée en fonction d'auxibaire. Voici
comment. D'ailleurs, la fonction d'auxiliaire elle-même a eu deux
moments successifs.
Lorsque le pronom devenu article s'est agglutiné au substantif,
il n'en a pas moins, dans les langues à flexions, continué à se dé-
cliner comme pronom , et comme le substantif continuait à aussi se
décliner, il en est résulté que la même relation et les mêmes con-
cepts du genre et du nombre se sont exprimés deux fois pléona's-
tiquement. C'est ce qui a lieu en grec : b âvôpooTTOS, tov âvOpoûTTOv,
ol a.v9pconoi\ de sorte que l'article corrobore l'expression de tous
ces concepts. Il en résulte un peu de monotonie, mais de grands
avantages. C'est comme si l'on frappait deux fois de suite une
note. D'autant plus que, les moyens morphologiques de décli-
naison étant les mêmes, on obtient, "en outre, une sorte de
rime : Toh dvôpojTTOis, tous àvOpôoTrovs. Il y a là une déclinaison
pléonastique.
C'est une première manière d'être auxiliaire; en voici une
seconde.
On s'aperçoit qu'il n'y a pas besoin d'exprimer le genre, le
nombre, le cas, deux fois; une seule suffît, ou plutôt on ne fait
pas ce raisonnement, car on ne raisonne jamais en grammaire;
le mécanisme du langage, l'instinct fait tout. Mais d'elles-mêmes
les formes inutiles s'éliminent. Des causes purement phonétiques
concourent aussi. Dans les substantifs, l'accent, quand il n'est pas
oxyton, tend à faire tomber la voyelle finale. Sous cet efTort con-
tinu, celte voyelle finit par succomber, et voici la finale détruite;
DE L'ARTICLE. 391
au contraire, rarlicle dépourvu d'accent tonique et enclitique se
conserve à cause de son rôle grammatical et aussi précise'ment
pour reme'dier à la chute des de'sinences du substantif.
Dans les langues comme le latin, où il n'y a pas d'article,
lorsque les désinences du substantif s'effacent par instinct de
conservation, un pronom de'monstratif avec ses de'sinences plus
facilement conservées à cause du manque d'accent tonique vient
se préposer au substantif et exprime pour lui le genre, le nombre
et le cas; c'est ce qui arrive dans les langues romanes.
Voilà désormais un substantif inerte, le substantif français
n'exprimant d'une manière nette ni le genre, ni le nombre, ni
le cas; mais l'article qui le précède exprime tout cela. C'est un
mot devenu tout à fait auxiliaire; il ne tend plus seulement à
corroborer le substantif et à l'aider à porter les concepts acces-
soires, il le remplace tout à fait dans cette tâche. La force auxi-
liaire est encore plus grande, si l'on ne tient pas compte des
sons figurés dans l'écriture, mais qui ne se prononcent pas; par
exemple, dans r homme, les hommes, la prononciation du mot homme
est la même, à moins que le mot suivant commençant par une
voyelle ne fasse réapparaître l's final d'hommes.
Le même phénomène a lieu dans le verbe par la perte de
ses désinences et l'apparition devant lui du pronom personnel :
faime, tu aimes, ils aiment; partout le verbe se prononce de la
même manière, et le pronom exprime seul la personne, le genre
et le nombre. Il est auxiliaire.
Enfin des verbes eux-mêmes sont auxiliaires : être, avoir. Ils
expriment seuls les temps et les modes, et débarrassent de ces
concepts accessoires la racine verbale. H en est de même de
l'auxiliaire /fliVe en anglais et en celtique, des auxiliaires être et
avoir en basque, qui sont auxiliaires à un plus fort degré, puis-
que eux seuls se chargent d'exprimer les concepts de personne,
de nombre, de mode et de temps.
On pourrait donc définir dans certaines langues, en français
par exemple, l'article aussi bien : mot auxiliaire que mot déter-
minant. Cette fonction plus ample le caractériserait même mieux.
Le résultat de cette fonction d'auxiliaire mérite d'être remarqué.
Il conduit à une analyse plus grande et à un caractère plus abs-
trait du langage.
Les concepts accessoires de nombre, de genre, de relation étant
détachés du substantif se trouvent exprimés avant lui et à part.
C'est comme si, avant de prononcer le mot homme, hommes, de
l'homme, on disait génitif, masculin, siiigidier, hommes, prenant
d'abord à part tous les concepts accessoires. Quoi de plus abstrait
qu'un pareil ordre! (^cci nous conduit à une autre fonction de
l'article, à sa fonction d'abstraction.
392 RAOUL DE LA GRASSERIE.
d. — Fonction d'abstraction.
C'est la résultante de la fonction d'auxiliaire que nous avons
décrite. Le substantif apparaît nu , tous ses vêtements ont e'td re-
vêtus par l'article; or ces vêtements, c'est préciso'ment le nombre,
le genre, le cas; ces concepts sont des concepts abstraits; si on
les fond avec le substantif lui-même, cette abstraction ne paraîtra
plus; le substantif les absorbera dans sa masse; mais si on les dé-
tache, si on les met en vedette, avant le substantif, l'abstraction
éclatera, l'élément formel et grammatical viendra isolé avant
l'élément ontologique. Ce rôle de l'article contribue beaucoup à
donner ce caractère aux langues civilisées modernes, en particu-
lier à la nôtre; elle lui apporte cette précision que désire l'écri-
vain, surtout en matière scientifique. L'article est l'àme des langues
dérivées, privées d'ailleurs de flexions, comme le pronom a été
l'âme des langues primitives, tandis que celles des langues chrono-
logiquement moyennes, des langues à flexion, ont pu s'en passer.
On ne saurait trop mettre en relief cette fonction de l'article,
tout à fait directe, mais !a plus importante.
Ce rôle est d'ailleurs partagé par lui avec le pronom; on peut
dire que les deux concourent à la clarté de la langue et en même
temps à sa vitesse.
S'il fallait répéter tous les substantifs que le pronom remplace,
on obtiendrait le style le plus lourd; de même, s'il fallait suppri-
mer l'article et le rem])lacer par des désinences du substantif bien
marquées et suivant l'accent, le langage serait entravé dans sa
marche; l'article le dégage à son tour, décharge les mots de sub-
stance de leur poids, et comme il est très léger, il le porte allè-
grement et sans fatigue. L'article est un des ressorts les plus
souples du langage, et l'on ne saurait le supprimer sans en altérer
l'économie et en retarder la vitesse.
e. — Fonction de relation.
Exceptionnellement et dans certaines langues seulement, l'ar-
ticle joue un rôle beaucoup plus élevé : il accomplit à lui seul ou
avec le concours du pronom les fonctions de relation.
Non seulement il exprime, au lieu et place du substantif, les
catégories du nombre etdu genre, non seulement il détermine et
classifie, mais il exprime seul la relation génitive et adjective
et celle du pronom relatif, et dans sa forme pronominale, celle de
l'accusatif, du nominatif et du datif. 11 serait trop long de décrire
ici ce procédé. Il suffît d'ailleurs de se référer à ce que nous
avons dit dans la partie morphologique de la présente étude re-
DE L^ARTICLE. 393
lativement au système des langues bantou et de celles du Cau-
case.
L'article qui marque , préfixé au substantif, le genre et le nombre
de celui-ci, se répète, plein ou abrégé, sur le substantif en
dépendant et en relation génitive; il se répète aussi sur Tadjectif
qui qualifie, et ainsi le lien se trouve établi par un moyen tout à
fait inconnu de nos langues européennes; par la même répétition
il exprime, mais celte fois sans s'affixer à aucun substantif, le pro-
nom relatif et les divers cas obliques. De telle sorte que les cas
locatifs sont seuls exprimés par des mots vides, les cas logiques
le sont tous par un moyen uniforme : la répétition de Tarticle. On
voit quelque chose d'analogue à cette répétition en allemand, en
ce qui concerne le pronom relatif.
Il y a dans ce cas souvent superposition de deux articles. C'est
même cette superposition qui sert à expliquer le procédé.
Dans la relation génitive, par exemple, le mot qui dans nos
langues serait au génitif se trouve affecté d'abord de l'article pré-
dicatif qui lui convient d'après son genre et son nombre; mais
ce substantif n'étant pas indépendant doit porter aussi l'article
qui convient au substantif principal dont il dépend, il aura donc
deux articles et deux différents : le plus proche, le sien; le plus
éloigné, celui du substantif dominant. L'adjectif n'a pas d'article
propre, il revêtira celui du substantif dominant seul. C'est le
système qui a pour point de dépari le double article : in-kosi i-aba-
ntu cf le capitaine du peuple î^;! est l'article du premier substantif,
aba celui du second; mais l'article du premier se répète d'abord
sur le second dans la forme i.
Telle est la nature, telles sont les diverses fonctions de l'ar-
ticle au point de vue psychologique.
Tant à ce point de vue qu'au point de vue morphologique, ce
petit mot, rejeton du pronom personnel, qui lui-même est issu
de l'adverbe à la fois locatif et subjectif, est très remarquable, il
donne à un langage, suivant l'extension de son emploi, un aspect
tout particulier; il se développe avec la civilisation elle-même,
domine les langues dérivées, est un des plus puissants instruments
d'analyse, d'abstraction et de clarté tout à la fois. Cependant
on le trouve dans les langues qui semblent les plus anciennes y
jouant un tout autre rôle, celui de concrétisme, et le jouant avec
autant de force, quoique ce rôle soit contraire.
A toute épo({ue, snuf dans les temps intermédiaires où il s'est
affaibli, il pénètre la grammaire. Il domine aussi la stylistique
et la phonétique, créant entre les mots des écarts nécessaires
qui en assurent l'équilibre, contrebalançant par des enclitiques
la puissance trop pressante des accents toniques, permettant à la
pensée de se former entre les moments d'expression des idées
39^ RAOUL DE LA GRASSERIE.
d'action et de substance. Il triomphe par sa faiblesse même, et
il a pousse' dans les interstices de la phrase, comme un lierre
vivace, mais au lieu de l'ébranler, il la remplit et la soutient.
Nous avons essayé d'en de'crire le caractère au moyen d'exemples
partout recueillis, et d'en raconter l'évolution.
Raoul DE LA Grasserie.
LA LINGUISTIQUE HONGROISE.
Dans le tome III de ces Mémoires \ M. 0. Donner, professeur à
l'université de Helsingfors, a rendu compte des recherches faites
dans le domaine des langues ougriennes et mentionne' les prin-
cipaux ouvrages ante'rieurs à 1876. Depuis, en Hongrie, la lin-
guistique a fait beaucoup de progrès. Le mouvement intellectuel
qui se manifeste dans toutes les branches de notre litte'rature
n'est peut-être nulle part plus vif que dans cette science et dans
son annexe, la philologie finno-ougrienne. Je vais tâcher de
donner un aperçu des productions des dernières anne'es, com-
plétant ainsi l'article de M. Donner, et me bornant à signaler les
principaux ouvrages qui traitent spécialement du magyar.
Je commence par rappeler que l'importante question de la pa-
renté de la langue hongroise qui a occupé longtemps une foule de
savants hongrois et étrangers, peut être considérée comme résolue.
La théorie dite turque, représentée surtout par M. Vambéry, pro-
fesseur à l'université de Budapest, théorie d'après laquelle la
plus étroite affinité unirait le magyar aux dialectes turcs, a été
complètement supplantée par la théorie dite fnno-ougrietine , qui
considère les langues ougro-fînnoises (c'est-à-dire le vogoul-os-
tiak, le syriène-votiak, le tchérémisse, le mordvine, le finnois-
esthonien et le lapon) comme les proches parentes du hongrois,
tout en reconnaissant l'influence turque sur le magyar dans sa pé-
riode la plus ancienne. Cette théorie a eu pour principal défenseur
Joseph Budenz (f 1898), puis a été définitivement établie par les
linguistes groupés autour de lui. Leurs travaux nombreux ont fait
accomplir une évolution rapide à la philologie hongroise, et les
résultats de leurs recherches viennent d'être utilisés dans des ou-
vrages remarquables publiés pour la plupart par l'Académie des
sciences de Budapest.
C'est à J. Budenz surtout qu'il faut, avec M. Donner, rendre
hommage du développcnient des études de linguistique en Hon-
grie. C'est lui qui, devenu professeur à l'université de Budapest,
' Revue de la philologie ougro-finnoise , années 1878-1875 {Mém. Soc. Ling.,
l. m, p. 81).
396 G. HUSZAR.
a éveillé chez les philologues, par ses ouvrages sur la linguis-
tique ougrienne, le goût de la comparaison des langues ougro-
finnoiscs. Parmi ses écrits, je ne mentionne que son Dictmmaire
comparatif hongrois-oîigrien^ et sa Grammaire comparée des langues
ougriennes -, qui serviront encore longtemps de guide dans les
études d'étymologie magyare-ougrienne.
L'œuvre laborieuse cominencée par Budenz, d'autres linguistes,
dignes de lui par leur ardeur infatigable, l'ont continuée et com-
plétée. Citons Gabriel Szarvas (f 1895) qui a beaucoup contribué
aux progrès de la philologie hongroise par ses travaux conscien-
cieux et surtout par sa revue bi-mensuelle Le gardien de la langue
hongroise^. Szarvas s'est attaché à enrichir la langue littéraire en
mettant à profit les trésors du parler populaire, et à la purifier
des tournures étranges, des mots de formation irrégulière, des
nombreux germanismes et latinismes introduits par certains écri-
vains novateurs.
M. Bernard Munkacsi et M. Ignace Halasz, professeur à l'uni-
versité de Kolosvar, se sont fait connaître par leurs nombreux tra-
vaux dans le domaine des langues ougriennes et de la linguistique
altaïque. M. Joseph Szinnyei, professeur à l'université de Buda-
pest, outre des ouvrages sur la langue et le peuple finnois, a
publié des études approfondies sur des questions de philologie
magyare. Il dirige la publication du Dictionnaire des dialectes hon-
grois'^ et des Communications linguistiques^.
Nous ne devons pas oublier le Nestor des savants hongrois,
M. Samuel Brassai, qui s'est acquis, comme philologue, un re-
nom mérité, surtout par ses articles sur l'ordre des mots, question
qui a été et qui est encore lobjet de beaucoup de controverses.
M. Georges Volf s'est signalé par l'édition la plus soigneuse des
monuments manuscrits de la langue hongroise^ et par des études
sur l'histoire de l'orthographe hongroise, et M. Aron Szilady par
une édition complète, avec commentaire, des anciens poètes hon-
grois.
Parmi les jeunes adeptes de la linguistique, je ne cite que
M. Joseph Balassa, dont je reparierai, et M. Jules Zolnai, qui
récemment encore a écrit un volume de grande valeur, intitulé :
Nos monuments linguistiques jusqu'à l'époque de l' imprimerie''.
' Magyar-Ugor Osszehasonlîtô Szôtâr (Budapest, 1881).
- Az Ugor Nyeheh Osszehasonh'to Alaktana (Budapest, i88i).
^ Magyar Nijplvâr; depuis 1872; rédijjéo à présent par M. S.Simonyi, dont
je parle plus loin.
* Magyar Tâjszolâr, édité sous les auspices de l'Acadéinie.
^ Nyeivtudomdiiyi Kozleiuéuyek, dirigées d'abord par Budenz, puis, jus-
qu'en 1890, par M. Simonyi.
* Nyelvemléktàr {Budapest, 18'] 3, 1 3 volumes).
' Nyelvemlékeiiik a kônyvnyomtatâs ko7-(iig (Budapest, 189^).
LA LINGUISTIQUE HONGROISE. 397
J'ai omis jusqu'à présent, à dessein, le nom du premier lin-
guiste hongrois contemporain, celui de M. Sig>smond Simon^i,
professeur à l'université de Budapesi, On ne sait vraiment, en
appréciant son labeur immense, ce qu'on doit admirer le plus,
de sa fécondité, de sa vaste ec profonde érudition ou de l'excei-
lence de sa méthode. On Irouversit difficilement une quesiion de
linguistique qu'il n'ait point traitée.
11 s'est beaucoup occupé des monuments anciens de nol^e
langue, mais son principal titre de gloire, ce sont ses recherches
grammaticales. Il a publié, pour ne citer que ses œuvres les plus
remarquables, deux grands volumes: l'un sur Les conjonclions en
magyar^, l'autre sur Les adverbes maoyavs '^; il a rédigé avec
Szarvas le Dictionnaire historique de la langue hongroise^, ouvrage
indispensable à quiconque étudie notre idiome.
Nous devons une mention spéciale à son livre intila'é : La
langue hongroise'^ (en deux volumes. Tome P'' : La vie de la longue
hongroise; tome II : Le système de la langue hongroise). Ce t-'avail,
qui jouit d'une grande popularité dans notre pays et dont une
traduction allemande se prépare, est un véritable chef-d'œuvre de
linguistique. La clarté et l'élégance du style en rendent la lecture
attrayante même à des profanes. Si cet ouvrage modèle était tra-
duit en français, il pousserait, je crois, beaucoup de philologues
français à l'étude de notre langue, surtout si l'on adaptait con-
curremment une des grammaires du même auteur.
Je mentionne encore ses Locutions allemandes et hongroises ^^
ouvrage couronné par l'Académie des scie^ices de Budapest, et
"qui sert de complément aux dictionnaires allemands-hongrois, et
je passe à son œuvre capitale, la Grammaire hongroise déiailUe^,
en cours de publication. Cette grande entreprise dont les débuts
ont été très favorablement accueillis en Hongrie et à l'élranger "^^
a pour objet d'ordonner en système, d'après une méthode histo-
rique rigoureuse, les résultats des recherches grammai.icales faites
sur les documents littéraires et sur le parler populaire.
Le volume (p. 78/1, gr. in-8°) qui vient de paraître, contient
la phonétique et la morphologie du hongrois; deux autres tomes
traiteront de la sémantique et de la syntaxe. La partie relative à
la phonétique, comprenant la description exacte des sons du
' Magyar Kôtôxzok ( Budapest , 1881-1883).
' Mfigiiar Hnlârovik {iSHS-iSqo).
' Magjjnr Njelvtôrléneli 6Vj(«r (iSgo-J.SgS).
* A Magyar Nyolv (1889).
' Némei es Magyar Szolàsoh (1895).
" Tiizeles Magyar Nyelvian (189.5).
' Voir Tarlicle de M. II. Scliuciiardt, Lilterarlfches Centralblalt , iSgG,
5i.
UKM. Lli\G. - — W. 26
398 G. UU8ZÂR.
hongrois et l'histoire des changements phonétiques survenus en
celte langue, a e'te' élabore'e par M. Joseph Balassa, linguiste
fort distingué, qui s'est fait connaître surtout par des travaux
sur la phonétique et par son ouvrage intitulé : Les dialectes hon-
grois^.
La morphologie renferme l'histoire détaillée des racines des
noms et du verhe, un long chapitre sur la composition des mots
(par M. J. Balassa), une étude très minutieuse sur la formation
des mois; enliu l'exposé de la conjugaison et de la déclinaison.
Chaque règle est accompagnée de nombreu'i exemples tirés des
classiques et du langage du peuple; la littérature linguistique
est partout mentionnée et mise à profit. Un style net et concis
distingue la Grammaire, couime du reste tous les ouvrages de
M. Simonyi,
Résumant mon appréciation, je crois pouvoir afiirmer, sans
exagérer, que la Grammaire hongroise détaillée marquera une é()oque
dans l'hisioire de la linguistique. Nous ne devons pas oublier
cependant que M. Simouyi a eu uu précurseur : je veux parler de
Nicolas Rêvai qui fit paraître, eu 180G, sa Grammatica elaborar-
tior, oh il devança l'Allemand Gv:mm dans l'emploi de la mé-
thode historique, Mais son Iravoil était resté incomplet. Ce n'est
que de nos jours que le savant Simauyi a pu enfin, tout en
utilisant l'œuvra de ses prédécesseurs, doter la Hongrie et la
science d'un ouvrage où l'on trouve une image fidèle et com-
plète de la langue magyare, depuis ses commencements jusqu'à
nos jours,
Paris, avril 1896.
Guillaume Huszar.
' A Magyar Nyelvjàrdsok Osztàlyozâsa é» jellemzése (iSgj).
SUR
UNE FORMULE MAGIQUE DE GUÉRISON,
Dans les Anecdo^M grœco-by:aniina\ de A. Vassiliev, se trouve
un texte curieux suv lequel mon atteaiion a été appelée par
M. R. Basset. Les observations que Ion va li]'e eussent sans doute
beaucoup gagné à è[re présentées par le savant orientaliste lui-
même, qui en a conçu la première idée. Il en est plusieurs que
je dois à l'obligeance de M. H, l'ernot.
Le fragment, que Ton voit à la page 336 des Auecdota, con-
tient des formules magiques qui doivent amener la guérison
d'une ceriaine maladie. 11 est, pour la plus grande partie, rédigé en
un grec de basse époque (le manuscrit est de l'an i/jg-y'-^), tan-
dis que certains membres de phrase le sont en latin à l'aide de
caractères grecs.
Cette anomalie n'est pas sans exemple. La Tabelld dei-otionis,
découverte en 1889 par M. Hannezo dans un des cimetières an-
tiques d'Hadrumèie et transcrite par M. BréaP en fait foi :
AS(«oupo Ts . . . ) 'zsep fX(}.yvo\)[x oeovfx . . .
Ad(juro te) par m?gnum deum . . .
Quelquefois c'est finverse qui a lieu : des mots grecs sont fi-
gurés par des caractères latins :
HORCIZO SE DAEMONION PNEVMA...
' Anecdota ffreeco-byzantina, pars prior coUejfil A. Vassiliev. Mosquac, 1898.
- «Ex egregio codice Barl)eri!i. lil. 3 aiini 1 '197.7) Auecdota, p. lxix.
' Voir Bibl. égyploL, par G. Maspero. Paris, 1898, p. 297.
" Id., p. -doU.
ad.
^00
A. FOURNIER.
Voici d'abord la reproduction intégrale du manuscrit d'après
les indications de Vassiliev :
(i) <,S'. Hep] TOv dSeX(dixov oiav ■zsidarj lov âvôpooTrov.
(li) Ll(pscXsis 'zsoisîv eh tyjv avTrjv Sio'Totqiv Xenoopyiais s
els Xe7-^iv a-eXjfvt]? T)7 e }ca] tùj aa^^oLiw (m) naX va. to Xéyri
eh '^ûy.aa.v XeiTOvpyiav à'ndvu) eh rou tsdcryovzoç (iv) nrCi va. tov
piif^y] eh Ta aV<a ko.] eh irjv oXov i<^-jalepivÇjv Xei70vpyîav [y) va
TO ycd^pïj eh yjxpia. SeSpiy.i'ûjv xa) va to Sévij eh tov avyéva tov
'csâcyovTOi TavTa.
(vi) '^Czîovop. (7a(ptX. fxoSôy^. )(^o^o:iX. ^oXoToép. à^idX. Sovaé.
GKOTioôp. yoXyôX. dTîSidO. voaozO'jp. fxoSoôp. éx-XiâS. d{Xï]vdd.
Qovo^ôX. B-avaëlX. tov TpaixSp^ovu xaï So-jxa[x0^t6G. (pafiovX.
(pafxovX. §è ijyofxet. (vn) Kdo^rap, ^eX^^iûpi, Ba^Tao-op, dyo
B-ebsy lay^vpof, dyios dôdvaTO?, d):70ivvd, ^oucxavd dya9ï}, AaT-
^lanos, Mevéd, Aaatxvbs , A.î'va, ^kzXito'js, T^iTtpidvovs.
(viii) ASfxivs T^ecoi/fx Ko l'aie, (piXixovs SexpiaXTrja-yjfx Tovfx.
(ix) XiTïépa. Se io-1oixopS'jp zJep[xe'pTi (XTréa TacépTOvs èyXv-
GOMMENTAIRE.
II. 0(psiXsi5 — XeiTovpyias, ou Xsnovfiyies , accusatif pluriel en grec
moderne. Voir J. Psichari, Essais de ^ram. hislor. néo - grecque , I, 83
sqq. — Eu grec classique é-^Xei-^iiv. Voir Sopliocles, Greek Lexiconofthe
roman and hyz. Periodsfrom B. C. iâ6 to a. d. iioo.
m. ïvct — TÔ = a'jT(i, ea passant par 1 intermédiaire «to. Cf. «tos,
âvo-j, etc. Meister'iaus p. /i8, S i8, 3; p. lai, S 69, 5i, note 1097;
p. i9ï!,§09,c. 11 — àTiâvco = èTàvù) = STri, âvco. Le premier a s'ex-
plique soit par l'influence de «7:6, soit par une assimilation avec l'a de
la deuxième syllabe : cf. Les hiscripiions de Paros, par H. Pernot, dans
J. Psicbari, Études dephUologie néo-grecque, 1892 , p. iy — eîs tàv tscta-
ypvra..
IV. Tov = axi-70j — pir.zï] = piinrj , cf. Thumb, Handbuch der neugr.
VolLsspr., % 202, 1 — Tz/v bkov è^valepivïfv Ç—valépav), cf. Vassiliev,
notes.
V. Xdépra = -/^ipT'.jv. Vass'Uev : yj.prc{y) ^sSpaivov, cf. Dyz. zeitschr.,
Bsûd I, p. 557 sqq. àeSpian'ùv = hvf ^picapàv (?), un papier fort, so-
lide, uo parcbemin,
VI. Uvàp-Si de rôfjio? ?
vu. M£X)(^ioûpt. Vassiliev : MeX^iœp. Vassiliev : dy(i)o(s) , B-eàs ,
(à'vjos) iayvpos, ^o-jaa.v{v)i. Vassiliev : Tlncpiivovs = ffCiprianus"
ilalo-jal. Vassiliev. £•(6') = et.
VIII. ffDominen — rrJesomn (p. Jcsu) — rrCbristen — ftfilius" (?) pour
fili— ffdecorio altissiauimn (/7 = j).
IX. ff Libéra de isto morbum» , pour movho — icrlo p.op^op = lalo p.op-
ëovfxl — rrper mérita beata viriuosa et gloriosa« — H. Pernot frper Ma-
SUR UNE FORMULE MAGIQUE DE GUERISON. ZiOl
piov^ix ê9 Tsépaov (ppayo diroa-l oXpovv TffSTpb s6 lïraî/Ta eOav tov
SôvaTï], dXXà èSûyi, «f/er.
(x) ÀTrpaofjfz, A7Tpdo(.[x, ko.] dirpay^xavs (pdxsi, crocKei, [xiviixxsi,
xa.) TO isdtep r)[i.ôûv y' (popds. êSvSv, é^apoÔT, ê^apér.
(xi) Hpialé, éXéï}(70v. Kvpts, sXé-naov tgv Sov'Xôv aov bSeîva.
àiro 10 SatyLOviciKov ctkiov o-nov £)c^i. Kix) sItts olvtôj eis to Se^ibv
aVTOV OJTIOV.
ria^) (?) — Basset : ffliberate istum morbum per roatrem beatam, vir-
tuosam et gloriosamn (?) Apocryph. éthiopiens, p. 6 — crper suffragium
apostolorura Petro (p. Pétri) et Paulo (p.PauIi) » (?) — Vassil. : è6 -crauA&j
éd dvTOvhôvart ^ el Tsavroxi (p. 'crarTÔs) §ui'aTOô(?) ffdu Tout-Puissant»
— ffcdoma (morbum) (?) amen».
X. A.TTpayfj.oxjs crAbraamus»; cràxej fflsaac»?
XI. T>)v h(xifxoviaxy)v crutiv (?) — àheiva accusatif. Cf. Prodrome
(xii° siècie) dans Legrand, Biblioth. gr. viilg., I.
On peut essayer de restituer le texte primitif de ia façon sui-
vante^ :
(i) t€\ Ilsp] Tov dSsX(p:xov, Stolv 'aidarj rov âvOpciOTrov.
(il) D.(pei\£i5 zsoisîv £15 zrjv aJT))i' Stoizaqiv Xsnovpyiotis s. sis
Xs^i^/iv aeXïfvïjs, Tfj e xa) rœ .aaŒocTfjj • (m) xoà va to Xéyv sis
tsa.(jixv Xsnoupyiav d'ndvw s)s tov tsduyovios' (iv) xau vd tov
piXTïj sis Ta dyioc xa) sis t>)v oXov é^Vfrlspivrjv Xstiovpyiav •
(v) vd TO ypctÇ>r] sis ydpia. Sri (3piapov, xat vd to Sévr) sis tov
avyéva. tov 'UsdayovTOs TavTa.
(vi) — — vo(7oSo6p
TOV Tpaçxôpëovix xai Srj tjvé(xst.
(vu) Kacrnap, MsX)(^ict)pt, BaXTao-ap, dycos S-sbs, dyios icr)(y-
pbs, dyios dddvaTOS, dxjavvd, 'Siovcravd dyaOrf , AaT^iaxos , Ms-
vs9, A.ix[J.iavbs , A /l'a, ^xsXTrov? , sB T^cv^ptavovs.
(vin) ASixivs T^saovfx Kpicjls, ÇitXixovs. Ssxvpio dXTrfo-rjixovçjL
(ix) Xnrspa. Se ïcrio {xop€ov[x zyèp pispiTO. inrsaTci ^spTuova-a sO
yXvpiov^a eO Tssp crovÇipayiovfJL dnoaloXopovix zrsTpo sB tsolvXo
ëB 'zstxvTOv TOV SvvaTOv, dXXd sScôfÀU, d[/.sv.
(x) A7rpda[Xy h.-npdoiix, xcù divpd.ayLOvs — , ia-aaxsi, — xa) to
'crdTsp Tjfxôjv y Çiopds. .
(xi) épiais, sXstfcrov. Kypre, sXérjcrov tov SovXôv crou oSs'îva
œnb TO SaifjLOviaxbv axîov o-kov s)(^si, K<xï siirè az/TÔS sis to Ss^ibv
aVTOV rjjilov.
' Chaque mot qui, figurant dans le manuscrit, est omis ici comme ininld-
lifjible, est remplacé par un trait ( — ).
^02 A. rOURNIER.
Les incorrections et les aîfe'raiioné du manuscrit doivent êlre
atlribuées à deux causes : l'icnorance du pur idiome gcec, de ia
part de Tauleur, et Ja ne'gl'gence ou i'ininîelligence de ia part
des copistes. On s'est applique', dans les noies qui pre'cèdent et
dans les remarques qui suivent, à relever toutes les fautes, qu'elles
soient impuiables aux scribes ou à Fauteur. Mais^ en essayant de
restituer Je texte primitif et authentique, ii a paru bon de faire
une difîe'rence entre ces deux sources d'imperfection. Ramener le
texte à une forme aussi correcte que possible, c'eut été le défi-
gurer encore, puisque l'auteur, e'tant de l'époque byzantine (ii
était d'une époque antérieure nécessairement, et peut-être anté^
rieure de beaucoup, à la date du manuscrit, qui est de 1^97)
et écrivant des formules populaires d'incantation, devait être
étranger à la connaissance du grec classique et accoutumé ftux
locutions vicieuses qui étaient en usage de' son temps. 11 s'est
donc agi, dans notre essai de restitution, de supprimer seule-
ment les leçons fautives et les altérations que les copistes avaient
pu introduire dans le le-cte parce qu'ils étaient distraits ou qu'ils
ne comprenaient pas. Tout le reste, correct ou incorrect, devait
être respecté. En général, les fautes de langue proprement dites,
les formes et locutions byzantines ont été considérées comme ve-
nant de l'auteur et maintenues; les défigurations, les démem-
brements et les sutures des mots ou du texte ont paru êtie du
fait des copistes et ont été autant que possible réparés* Encore se
peut-il fort bien que, dans ce choi\ à faire entre les taches à con-
server et celles à effacer, nous en ayons par erreur enlevé qui
étaient de l'auteur et laissé subsister qui émanaient des copistes.
AoeXÇitKOv (i) étant un adjeclif qui signifie fraternel, doit se
rapporte)' à un substantif sous-entendu, peut-être 'Zûaôovs. 11 s'agi-
rait alors d'une atfcclion physique ou morale, d'une maladie ou
d'une mauvaise passion — (u) rfj e=T/i -nrsjUTrTJ) Vfjépa. Dans
p;;iT/7 (voir iv) il convient de voir une forme de piTilœ [phlri)
je porte à, je pousse à. Cf. Plutarquc : piiilstv e,h êA7ï{Sa5 à%Q-
povs, CI', la grammaire de Simon PorLius, éd. W. Meyer, p. 187.
Quant à è^va-lepivrjv (iv), ce mot semble être une forme dérivée
à la basse époque de vclépav.
Dans Séi"(} (v) de Sévc»), tfje lid, en g^ec moderne (en grec
classique ^£w), le v est analogique, cf. ÇOd-v-co. La coutume
d'altacber onde suspendre au cou des amulettes, des médailles,
des scapuloires, ou un objet quelconque de piété n'a rien qui
doive étonner.
Les mots magiques CZoSovop, a-y.<piX, fnoSôx, etc., voir vi)
n'appartiennent ni à la langue grecque ni à ia langue latine^ ni,
/
/ ^
SUR UNE FORMULE MAGIQUE DE GUÉRISON. 403
suivant toute apparence, à aucune lanoue. Leur chercher un
Fens, ce serait sans doute peine perdue. L'un d'euv cependant,
vo(7c€o6p, est peul-êtie le mot véa-os (v() suivi d'un suffixe de
fantaisie, et TpyixSp^oufx (vi) pourrait êîre un composé de mots
latins trans et morbum.
Ces mots, qui doivent agir sur la volonté' de la divinité', pre'^
sentent certains artifices de son et certaines similitudes de lettres,
sans doute afin de frapper davantage l'oreilie et l'esprit, ffLeS
syllabes, dit M. Maspero, (dans les mots magiques) sont choisies
de manière à faire sonner la voix qui les e'nouce et à la porLer
au loin. . , Leâ mots magiques sont composés. . . sur un plan
tel que les intonations successives, au lieu de se contrarier, s'ap-
puient et se développent progressivement, jusqu'à donner à la
voix du magicien son maximum d'intensité et de puissance, jus^
qu'à la porter à travers l'espace anx êtres qu'elle doii évoquera»
C'est ainsi que l'on peut noter le reloUr persistant dans un petit
nombre de lignes, des sons o et op qui sont sonores : aoSovôo. . .
fxo^o^. ^0)(6rjX. jSoAoTpop . . . a-xoTTOop, yokyôï. i . . voao^oôp.
fxo9o6p.^ etci (voir vi); la tendance à répéter la même lettre au
commencement de deux s\llabes consécutives : p^^o^o»;},^ ycX-
y6\ (vi)< èovSv (x); à reprendre le même mot sans changement
ou bien avec un léger changement, dans les voyelles de préférence 2
(^^afXOVA, 0y.fxo\jX (vi); ayics répété par trois fois (yh); AnpaafÀ^
Att pdapL ATrpctcuovs (x); B-ovo^oA, B-ava^îX (vi); slaccÔT. ê'ia-
p£T (x); à juxtaposer des mots de LerminaJsons semblables : (^a-
xsj, i(7a.ciKei, {xivtdKSt (x); à produire des allitérations ou des pdro-
noniases : cbcravva.^ '^ovaavà (vu).
D'autre part, ces similitudes et ces analogies de sons et de
mots obligeaient celui qui prononçait la formule à une minutieuse
attention pour qu'aucune erreur de pronouciation ne se produi-^
sît. La moindre interversion, la moindre oUi'ssion détruisaient le
charme, qui, sans ces manquements, eut été irrésistible pour la
divinité. CL Bihl. égypiolog,, p. 299. C'est ce qui fournissait tou-
jours une explication plausible aux magiciens toutes les fois
qu'urte incantation était restée sans effet.
Les mots ^ofxive Tlsa-ovfi Kpiale (vjii) et suivants, selon toute
apparence, sont des mots latins écrits ert caractères grecs; Kpiale
par un K répond au latin Christe et non au grec y^pi^c/lé (ji).
Il faut noter l'accusatif incorrect hsum (T^Sfro^/:/) avec le vocatif
Christe i et si l'on admet la leçon decurio altissimUm, l'accusatif ou
le vocatif neutre du superlatif qui se rapporte au vocatif du sub-
stantif masculin decurio. Si SeicpiaXrvo-rîix rovix doit se lire decurïo
altissimum, decurio sera devenu Sexpi par la disparition (suppres-
' Bibl. égyptiil., p. Ho3.
àOà A. FOURNIER.
S'on ou bien oubli) de l\i et l'diision de Vo, devant Va de
aUissimvm. Ce qui milite en faveur de cette explication, c'est
que le mot decurio qui semble assez bien révélé par Sskoi
donne uti sens acceptable. Ce nom de decurio était parfois
attribué à un dieu, comme le prouve le texte suivant de Ter-
tdllicu : tfSalis rideo etiam Deos dccuriones cujusque municipii,
qujbus boDor intea muros suos determinatur. i5 Tert. 2 ad Nat.
8., V. Forcellini, decurio. Quelquefois certains mots ont été sé-
parés en deux tronçons dont le pï-emier a été soudé tant bien
que mal au mot p>'écédeat, tandis que l'autre est resté isolé. Des
sections et des soudures de ce genre ainsi que des suppressions
ou des interversions de lettres ont été opérées sur les mots :
'Sîp^éç/ii [XTTsa ra^épzovs êyXvpiov^a ( ix ) = -crep (jLspiT{a)
fXTieocTa (isp7(v)ova{o'.) s{6) yAvpiov^(y. = per menta beata virluosa et
gloiiosa. Le tt et le /S grecs représentent le i et le v latins. De
même 'TsépGOv (ppcf.yo (ix) = 'nrsp acv(ppa.y[i)oi,{fJL)=per suffra-
g'iom. KinépoL èè IcrloixopSop semble bien mis pour libéra de isto
morbo ou : libéra de isto morbiim pour morbo. Si dXXà êoùjfjt, âfxsv (ix),
peut être transcrit par âXXâ edom(a), amen, en sous-entendant
moibum avec edoma (ce qui n'est nullement certain), on a un
enU'elacement et comme une guirlande de mots grecs, latins,
hébreux. La dernière partie du mo'xeau (voir xi) est, comme la
première, écrite en un grec peu correct, mais à peu près intel-
ligible.
Voici, sous toutes réserves, la traduction française des parties
qui semblent de nature à être traduites :
(i) 12. Pour le mal fraternel (?), lorsqu'il tourmente le pa-
tient.
(11) Tu dois faire dans le même ordre des prières au nombre
de cinq à l'époque d'une éclipse de lune, le cinquième jour et le
jour du Sabbat; (m) et fais en sorte pour chaque prière de par-
ler au-dessus du patient, (iv) et de porter son esprit aux choses
saintes et à ces prières, jusqu'à la toute dernière, (v) et d'écrire
ces paroles sur parchemin, et de les attacher au cou de celui
qui est atteint de ce mal.
(VI)
(vu) Kaspar, Melchior, Baltasar, Dieu saint, saint et fort,
saint et immortel, hosanna, Susanne la bonne, Lajiacos, Meneth,
Damianos, Lina,Skelpos et Ciprianos.
(vi(i) Seigneur Jésus-Christ, le Fils, chef suprême (ix), dé-
livre (-le) de cette maladie par tes mérites bienheureux, vertueux
et glorieux et par le suffrage des Apôtres Pierre et Paul et du
Tout-Puissant, mais dompte (la maladie), amen.
SUR UNE FORMULE MAGIQUE DE GUÉRISON. 605
^ (x) Abraatn, Abraam et Abraam Isaac et le tr notre
pèrew trois fois. . .
(xi) Christ, aie pitié, maître, aie pitié de ton esclave, un
tel, pour le tirer de ces ténèbres diaboliques où il est; et parle-
lui dans l'oreille droite.
A. FOURNIER.
DICTIONNAIRE
DE LA LANGUE MANDÉ.
(fin.)
Épi, kourou (pierre), kotilou.
Epiderme, gotiloii, gourou, golo.
Epier, bélémî.
EpiNe, woni. il — , pointe de bois, yin misé.
Epoque, tourna. || A l' — , o tourna.
Epouse , mousou ;fouroula.
Epouser, /oMroM. || S' — ,fourou ké.
Epouvantable. C'est — , a ka dyougou hali.
Epoux , ké ; fouioula.
Ergot, dountonn kourouni.
Esclavage, dyonya. \\ Emmener en — , tanaé dyo7i yé. \\ Etre en — ,
dyon hé.
Esclave, dyon. || Etre — , dyon hé.
Espérer, dyigi hé. . . ro; kono (attendre).
Espion , d^Jay^fa-tigi; galadida ; tégéré.
Espionnage, g-fl/fl, dodoJi.
Espoir, dyigi. || Avoir l' — , dyigi béro; kono (attendre).
Esprit, âme, ni. \\ — , habileté', finesse, hakili (kr.),fakili.
Essaim, li-haya, di-haya.
Est, koron. \\ A l' — , koronfé, koronamafa, korona, korono. Je vais
à TÉst, ni bé takha koronamafa. Kankan est à l'est de Kouroussa,
Kankan bé Kouroussa koronfé.
Estomac, dousou, dcusou-àisi.
Et, ani, ni, i. Mon père et mon frère, mya ni ndoro-ké. \\ — , entre
deux phrases ne se traduit pas. Il m'a vu et il s'est sauvé, a ka
nyé a borita.
Et AELE, wéré, ivoré.
Etalon, sou-nké, sou-ké.
État, empire, dyamani. \\ — , métier. Quel est l'état de ton père?
ifa bé bakha moun ké (quel travail fait ton père)?
Éteindre du feu, tasoumafakha (tirer le feu); tasoumafa.
Éteint. Le feu est — , tasouma sara (le feu est mort) ; a béfakhala.
DICTIONNAIRE DE LA LANGUE MAXDÉ. 407
Étendre, allonger, /e'ne,/om. || — , agrandir, bounya; du linge,
(lobé.
Eternel. C'est — , a té ban (cela ne finira pas).
Étingelie, hara.
EiOFFE^/ani, fini, fanon {K.),fono (K.), gisé.
Étoile, lolo, dolo, (h H. \\ — , filanle, lolo borila.
TONNÉ. Etre — , béjîli.
Etonner. S' — , bèfili.
Etoupe , fou , fou-mougou.
Étranger, donna, dounan-hé; nabado; nvuana^ ngana (Bel.).
Étrangler, ka7i slri, kan sama (serrer le cou).
Etre. — i . Se trouver, hé. Oh es-tu ? i bé mi. Au passé , on emploie
tourna (autrefois) abre'gé en iouni' ou toii7i\ ïu étais là, i toiini
bé yé. Il n'est pas là, a nié yé. Il n'était pas là^ a toiinté yé. \\
2. — , auxiliaire, bé ou Ica, kha (K.) ; ou le prétérit des verbes
neutres ou réfléchis. 11 est mort, a sara. || 3. — , comme verbe
ayant un nom pour attribut, yé, . , yé. Je suis foi, n'yé fama
yé. Il II. C'est, dé, don, lé mou, dé ce, C'est moi, né don. C'est
toi qui es le cbef? i kcim-tigi dé. \\ 5. Ne pas -^, té, nié, N'est-ce
pas? ko f?t(qu as-tu dit)? Qu'est-ce que c'est? nwnn la? Qui est
là? dyoman bé yan? \\ 6. Appartenir, bé. . . fé;. . i ta (pos-
session). Ce clieval est à moi, gni sou n'ta lé mou (ce cheval
c'est mA possession) ou nyi sou bé né fé.
Etrier, négé-sin, négé-sé, néçê-singo (K.).
ÉTRiviÈfiE, négé-sin -dyoKÎou (courroie d'étrier).
Etroit. C'est — , a man dyan, a ma houn (ce n'est pas large) ; a
kafara; a ka doua, a ka doro.
Européen, toubabou , fara-dyé (couleur blanche )i
Évader. S'' — , bori, boli.
Éveiller, lawcuH. \\ S' — -, ivculi, man sinokho folo (ne plus dor-
mir).
Exact, vrai, ionya, iléna;
Examiner, . . .ro dyé, . , éVoyé, . i . ro nyé (voir dedans).
Excepté, /ow,- ttméninkho ; famaké.
Excrément, bou.
Excuse, daro, golnja.
Excuser. S' — , bakhaiou.
Expirer, sa (mourir).
Exprès. Faire — , karaba. Qui est fait exprès, karbalé.
Extrémité, koun (tête) ; dytu (derrière).
uos
J.-B. RAMBAUD.
Fable, tali; nsiri.
Fabriquer, dara, dala, da. Fabrique-moi un sabre, i ha fan dara
nyé.
Face, figure, nya, nyé-da, nyénéno. \\ En — de, nya.
FÂCHÉ. Il est — , a ka séli.
FÂCHER. Se — , séli hé, séli.
Facile. C'est — ^a ha nyi, nyouma, a man goulé (ce n'est pas dif-
ficile).
Façon. De cette — , nyi, nyohhon. \\ En aucune — , se tourne
par : pas du tout. Voir Tout.
Façonner, dara, dala, da.
Factionnaire , sahélala.
Fagot, lokho siri, lohho doni, nyonso.
Faible. Il est — , a manfanya (il n'est pas forl) ;fanga nté houn
(la force n'est pas en lui); a ha finyé.
Faim, honhho, hhonhho (K.). J'ai faim, honho hé, na (la faim est en
moi).
Fainéant, salaba.
Faire. — i, hé. || 2. Devant un verbe se traduit par le préfixe
la. Il a fait tuer, a la/a. || 3. — ses besoins, bon kè. \\ h. Se
— , hh. Comment se fait-il que? moun héra (qu'est-ce qui s'est
fait)? Il 5. — beau, mauvais temps, a hémji, amanyi. || 6. Fi-
nir, han. C'est fait, a bana, a hanta (K.).
Falaise, mana.
Falloir, se tourne par : être oblige', han. Il faut que tu partes,
i hé ban ha tahha. \\ S'en — , se tourne par : ne. . . pas encore.
Il s'en faut que tu aies fini, i ma hanfolo. Il s'en faut de peu
que, se tourne par : presque. Voir ce mot.
Famille, haléma, badéma, badélou, badéoudou; lou (case). H — ,
race, si. \\ Nom de — , dyamou; si-tohho.
Famine, honho; mahou.
Fange , bohho ; nohho , noua.
Fangeux, bohhoha; nohhoba, nouabà.
Fantassin, sinama.
Faon, sina-din, sina-dé.
Fardeau, do7ii.
Farine, mougou. || — de mil, nyon mougou.
Fatigant. C'est — , a hé ségéha.
Fatigue, ségéli.
Fatiguer, ségé. Je suis fatigué, nségéna, nségéra.
Faucille, woloso.
Faute, tonyo; hhahé; Jlila.
DICTIONNAIRE DE LA LANGUE MANDE. â09
Faux, adj., fanga; tomja nté (pas vrai), il — , pas sincère, kalon-
tlgî, halon-J'oia.
Favori. — i. koro-sigi. || 2. Barbe, tamo-si (poils de la joue).
Fécond, douma.
FÊLER ,/rtA7««,/fl. Il a fêle' le canari, a ka dakha fa. Le canari est
fêlé, dakha f ah.
Femelle, moiisou, mouso (K.).
Femme, ïnoMsoM, moîwo (K.). || — mariée, mousou four oui a. || Jeune
— , sina mousou.
Fendre, ?e^e (couper); atiji.
Fente, wo;folo.
Fer, négé, négo (K.).
Fermer, tougou, toutoro; dyoso (Be'l.). Ferme ta porte, da tougou;
koun tougou.
Fesse, dijou-kouna. il Les — s. dijou.
Fessée, dyou-gosi. \\ donner une — , dyou gosi.
Fête, sali, sali-ha.
Fétu de paille, hin krsi.
Feu, tasouma, taséma, ta. il — de cuisine, gamii, gadi, goni. Al-
lumer du feu, tasouma mana. Eteindre le, tasouma faklia (tuer
le feu). Le feu est éteint, tasouma sara (le feu est mort); ta-
souma hé fakhala (le feu a été tué).
Feuille , fra , fita.
Feuillu , firaha , ftaba.
Fi ! tijia.
Ficher en terre, tourou.
Ficus à gros fruits, tourou, toro ; à petits fruits ronds et à feuilles
peu charnues, douhalin, douhaU.
Fiel, kounou, kono, kouna.
Fiente, bou.
Fièvre, gwin , fari-gwin (chaleur du corps );/aroM^a; mbalou.
Figue, tourou dm.
Figure, nyénéno, néno, nano.
Fil. — 1. kari, gari, gara, garo (K.). || 2. Le — de l'eau, dyi di-
ginda.
Filament de végétaux que Ton tresse, /ou.
Filer, wourindi.
Filet pour la pêche, dyou, dyo. il — pour transporter les effets,
yélo, yéton.
Fille, din-mou sou, dé-mousou , dingo-mouso (K.). || Jeune — , soun-
kourou.
Fils, din-ké, dé-nké, dingo-khé (K.). Il Arrière-petit , mo-din,
mo-dé.
Fin. — 1. Subsl., laban; tlara; c'est la fin, a bana. il 2. Adj.,
mésé, misé, miséma, méséui. \\ 3. Spirituel, niba.
à\0 J.-B. RAMBAUD.
Finir, ban. Il a fiai de travailler, a ka bakha ban. C'est fmi, a
bana, a bnnta. Ce n'est pas fini, a ma ban.
Flageller, g-osi dyoulouma (frapper avec une corde).
Flageolet, yb«/t, Jli.
Flairer, souma; dayiké.
Flèche, binyé, byéné, byen. Lancer une flèche, binyé bo.
Fimm, f ri, f y éi'é, yirifou-dyé. \\ Bouton de — ,Jîrikoun. 11 En — ,
Jînba.
Flelve, ba. 11 Bras d'un — , ba-boulou.
Flotter , féléfala.
YhVTE, foulé, Jlé. Il — en bambou avec deux calebasses aux bouts,
f obéré soro.
Foie, bhiyé, byéné, byen.
Foin, Un, Un a clyara (de Therbe sèche).
Fois, sinya. Combien de fo"s? sinya déli? Deux fois, sinya foula.
Une autre fois, ùnya dola. Toutes les fois que, siyni-o-sinya.
La première fois, sinya folo. La dernière fois, sinya kourala. A
la fois, nyokJionfé, nyouanfé (ensemble).
FoLiB , fatoyé , faé.
Fond, dyou, dyou-houma. Au fond du fleuve, dyi dyouro.
Fonder, dou.
Force, sanba, sanbé; barké, barka,fanga,fanya.
Forcé. Il est — , a bé kan.
Forcément, nifanga, ni fanya.
Forcer quelqu'un à faire quelque chose, digi; diakouya , fanya ,
fékha.
Forêt, kone; tou, tou-ba.
Forge , noumou-yoro.
Forger, dara, dala, da; nêgé, dara.
Forgeron, noumou, noumou-ké; négé-darala, négé^dala.
FoRT,/fmj/fl,- sanbé-iigi; barké-tigi.
Fortune, nafoulou, nafo, nafourou.
Fosse, fossé, dinka, démjé; xvourou-wàurou.
Fossoyeur, salé-dinka-sina (celui qui creuse les fosses des morte).
Fou , fato.
Foudre, san-ta (le feu du ciel).
Fouet, bwéné; gényé, ganya; bisa.
Fouetter , dxjou gosi.
Fouine pour la pêche, tuasaka.
Foule , mokho syama.
Fouler, tnkhama.
Fourbe, kalon-tigi, kalonla, kalon-fola.
Fourche, darama, touroutna, soroma.
Fourmi, méné-méné, dougou-méné ; gololi. 11 cadavre, kélé-kélc.
DICTIONNAIRE DE LA LANGUE MANDÉ. 411
Il Petite — rouge, manyaa ivoulé. \\ Petite — noire, manyan.
Il Grande — rouge, îiimjo.
Fourmilière, dougoii-méné-boun , méné-boun.
Fourneau è fer, gwansou, ganso; banbé.
Fourreau, tan, fan-tan; gwa, gwana.
Foyer, gandi-yoro. \\ — de forge, banbé.
Fracas, woyo-ba.
Fragile. C'est - — , a béfakhala kou man goulé (cela se casse faci-
lement).
Frais. C'est — , a ka fyé; souma. De l'eau fraîche, dyi souma,
Fraivg, — 1. Adj., tomja; sobélé. || a. Subst., tama (K. B.), Cinq
francs, dalési. daléslna (B.).
Fnii^CHm, pan kofé, koma.
Frapper, gosi, bougon, bogo ; fenta. || — à la porte, /o ka dou.
Frèhe aîné, koro, koto, koron-ké, koto-ké, baîima, balimé. Il —
cadet, doro, doré-ké, doua, douani.
Froid, adj,, souma; nénéba. J'ai froid, néné bé na. || Saison — e,
fou néné.
Fromager, arbre, banan, banian.
Fronde, dyokourou, ioufaran, tou fran.
Front, fon , fon-da , fon-koun.
Frotter, sousou.
Fruit, yiri-din, yiri-dé (enfant d'arbre).
Fuir, bori, boli, bouri.
Fumée, sisi. siso (K.).
Fumer, i. Faire de la fume'e, sisi ké; mina. || 2. -^ du tabac,
dyamba mi. Tabac à fumer, dyamba. || 3. Mettre du fumier,
dyangi sigi.
Fumier, dyangi; bou.
Furieux. Il est — , a bé séli kou-dyougou.
Fuseau, genda. || Lest du — , gènda-koro , gènda-koto (K. )•
Fusil, marfa, morifa (Ko.), mouifa (Kour); gidi; négé (Ségou);
founkaro (Ko.). Il — à pierre, kérébou marfa. Il Pierre à — ^,
kéi-ébou, kerbo. \\ — à deux coups, da foula. || Coup m t^^,
marfa gosi.
Fusiller, marfa gosi, marfa tyala.
Futur, a bè na (qui arrivera).
Gage. — 1. Solde, sara. \\ 2. Garantie, kérésa.
Gagner, soro (recevoir). || — au jeu , wo.
Gai. Il est — , toulouba, llonba.
Gale, manya, nganya; mporo.
Zil2 J.-B. RAMBAUD.
Galette de larine, nyomi, nkomi, ngoumi.
Galeux, manya-tigi, manyaba.
Galoper, sou-bori, poroko-poroko.
Gkhçoy,din-ké. \\ Petit — , diti-misé , di-misé ; tyé-gana. \\ Jeune — ,
bila-koro. || Bon — , kamarin, kamaU.
Garde. — Subst. fém., saké, il 2. Subst. masc, sakélala. || Avoir
LA — de, kanta, dodo.
Garder de, veiller sur, kanta, dodo, kolési. || — , monter la garde,
sakéla , sakéla-ké.
Gardien, kantalila, dodolila, kaninala, sakélala.
Gauche, nouma. La main gauche, nouman-boulou, boulou nouma
(Ko.).
Gencive, yéli-nyi.
Gendre, bita, bira, bitan-ké, biran-ké.
Gêné , fêlé.
Généreux, saraka-dila (qui donne Taumône).
Génisse, nisi-din-mousou , nisi-dé-mousou , nisi-yéré , nisi-gré.
Genou, kambarin-koun , kimbré-koun , koumbélé. \\ Se mettre X — ,
nyonki. Il est à genoux, a nyonkira.
Gens, mokholou; maou (B.).
Gentil. Il est — , aka mji.
Gerbe, bin-siri.
Geste, boulouta, bolota.
Gibier, soubou, souboii mé hé woulo to, sougou, sogo.
Gigot, ivoutou, woro, sa-woro.
Girofle, banafousi, banafountyé, koranpolé.
Glace, miroir, doungaré, dounkaro (K. ), yayéla (Ko.).
Gland, ornement en cuir, toundou.
Glapir, kasi.
Glisser, kombo.
Gloire, dyaya.
Glorieux, dyayala.
Goitre, kan-fourou.
Goitreux , kan-foiiroula.
GoMBO, plante, gan, khandyo (K.).
Gomme, kamhari, mana.
Gommier, barakaté.
Gonfle, fonyéta.
Gonfler, /ounoM.
Gorge, kan, kango (K.), kouni. \\ — de montagnes, kourou-wou.
Gosier, kan.
Gourde, bolé, bodin,foroko dingo (K.).
Gourmand, domoliba.
GOURMANDER, laiHO.
Gourmette, boumou.
DICTIONNAIRE DE LA LANGUE MANDE. A13
Gracieux, douaba.
Grain, graine, si, khési.
Graisse, toulou, th.
Grand. — de taille, dyan. || — dans toutes les dimensions, ha
(suffixe), houn.
Grandir, boumja. Il a grandi, a boumjana.
Gras, toulouba, tloba.
Grave. Maladie — , goulé.
Gravier, béré, bêlé.
Gravir, yélé, élé.
Gré. Bon gré, mal — , ni bafé;fé i nia Je.
Grêle , fasalin , fasalé.
Grenier en paille, dijoiiginé. \\ — en forme de case, boutou.
boimou, bano. !' — monté sur des pierres, kourou-koro bounou.
Grenouille, tori, loti, toto (K.).
Grenu, késéba.
Griffe, soni; wasa.
Griller, dyani.
Grillon, kéré.
Grimper, yélé, élé.
Griot, dyali, dyali-ké, dyali-mousou.
Gris, si-dyé (poils blancs), si-gé, sé-gé.
Gris-gris, basi. boJi (de fétichistes); safé, séfé (écrit). || — tait
avec une queue de cheval , toura-kou.
Grogner , kasi.
Gronder, kélé; la-mo.
Gros. Il est — , a ka boun. \\ — , ba (suffixe).
Grossesse, konoma.
Grossir, boiinya.
Grotte, kolou-boun ; fan/an.
Grue couronnée, kouma-kono (1 oiseau qui parle).
Gué, dyoubé ; dankari.
Guéarle, tégéba (quon peut traverser).
GvzMLhE , fani-koro , fano khoto (K.).
Guenon, gon-mousou. \
Guépard, dyokholon-din.
Guêpe, dounou kérenté.
Guérir. Il est guéri : a ka kèndé; il guérira, a bé kendé. Le mé-
decin te guérira, basikéla h'i kendé-ké.
Guerre, kélé.
Guerrier, kélébakka, kéléla; sofa.
Guetter , fêlé , jlé.
Gueule, da. 1; — Tapée (lézard), kanan, kana-kana.
Guide, sila nya-boalala.
Guider, sila nya-boula.
à\à J.-B. RAMBAUD.
Guinée (étoffe bleue), hagi-fin.
Guitare à une ou trois cordes, honi, goni; hountingo (K.) Il — à
quatre cordes, kora, dijali-koni, koni-bakha-ba. Il — à six cordes,
donba (B.), dan (M.).
H
Habile, hakilila, fakilila, khakilila.
Habiller. S' — ,/mii dou (mettre un pagne).
Habitant, sigila mokho, sigila maou (B.). Les habitants du vil-
lage, souro mokholou, dougouro maou (B.).
Habitation, sigi-yoro; boun (case); hara (chez).
Habiter, sigi, sigila.
Habitude, dali, délo, délila, déri, mamou. \\ Prendre l' — DE.,folo
daim. Il Perdre l' — de, ma dalili filo. \\ Avoir l' — de, dalili.
Habituel, dalila, dérila ; namoula:
Habituer, dalita. Etre habitué, dalili, delà.
Hache, dyèndé, yèndé, yéné; dyélé; tégéla. \\ — de forgeron, pour
travailler le bois, léséli, déséli.
Haie , sansan , sinsan.
Haine, ténéya; bana, bano (K.).
Haïr, téné, ban.
Haleine, da-fonyo, da-fyen.
Haler, tirer, sama.
Halte ! i lo !
Hamac, dyou, dyo (filet).
Hameçon, doli, doni, dondi; kori.
Hanche, toko; solo.
Hangar pour palabres, ^wa; boulon; banan; béra.
l[k^m,fari,fati,féré.
HkRmESSE , fariya , fatiya.
Haricot, soso. \\ Gros — , so-ba.
Harpe à vingt et une cordes, kora; sorombala; sitnbi.
Harpon, soula.
Haut. — i. Adj., df^/an (long); san-dyan. || 2. Adv. (En — ),
santa , sanro , sano.
Hauteur, san-dyana.
Hé! 0.' (suffixe) Hé! Samba, Samba 0! Hé rhomme ! tyéo!
Hélas! waï!
Henné, dyabé woulé.
Hennir, kasi.
Herbe, bin. \\ — s hautes, bin-kala.
Hérisson, bala; dyougouni; kouroumi, kouloukari.
Héritage, tinyé, tyéné, tyen.
DICTIONNAIRE DE LA LANGUE MANDÉ. ^15
Hériter , tinyé ta.
Héritier, timjé taba; mjalio.
Herménette, satipé; kobili ; kosi.
Hernie, kérén-kéré, kéyé-kéijé.
Heure. De bonne — , dxjouni, dyono (K.). Il Toux a l' — , tara-
linyan. || Sur h — , sa-sa, si-sa. 2 heures, sali-fana.
Heureux. Il est — , n hé ivordi. d C'est — , a ka di.
Heurter , gosi.
Hier, kounou. \\ Avant , kounou-ko; khounou-ko (K.).
Hippopotame, mali, mani.
Hirondelle, nokho-nokhoUn , nakha-nakhano [K.),nanano.
Histoire, tali.
Hivernage, saninya, sénya. || Pendant l' — , saninyaro. Il Fin de
l' — , wou.
Homicide. — 1. Crime, mok}io-fakhali , ma-fali. \\ 2. Auteur du
crime, mokho-fakhala , ma-falikéla.
Homme, ma (B.) ; mokho (K. M.). Il — adulte, tyé, ké, khé. || Jeune
— , kamarin, kamaréba ; ga. \\ — âgé, tyé-mokho. \\ — blanc,
toubabou, toubalé, mokho-dyé ; fara gwé, fata dyé. || — noir,
mokho fin. \\ — libre, /oro, horon.
Honnête, 7iyi, nyima, nyouma.
Honte, malou.
Honteux, maloula, malouta.
Hoquet, yégéré, yigirou; sokouti.
Horreur, dyougouya.
Horrible. C'est — , a ka dyougou hali.
Hospitalité, diya, diya-tigi. || Donner l' — , dylgi (accueillir). Ii
Recevoir l' — , diya monta, diya soro.
Hôte, qui reçoit, diya-tigi. Il — , qui est reçu, diya-moutaia.
Houe, daba.
Huile, toulou, th.
Huit, ségi.
Huitième, ségina.
Huître d'eau douce, gonala; kaya; kiba.
Humble, maloula, malouta.
Humide. C'est — , dyi ba ro (il y a de l'eau); a nyigira (c'est
mouillé) ; a soumara.
Humilité, malou.
Huppe (oiseau), tourou, th.
Hurler, kasi.
Hyène, nama, nama-koro, souroukou.
Hypocrite ,yî/pwfl.
37,
à\6
J.-B. BAMBAUD
I
Ici, yan, yanfé, dijanfé. Viens ici, nayan, na dyan; dyani. yano.
Il a passe par ici, a ha tanhi yan. Sors d'ici, ho yano.
lmoT,fato.
Igname, kou.
Ignorance, lonhaliya, donbaliya.
lofiORS-yT, fasani,fasané, lon-balila, don-balila.
Ignorer, ma Ion (ne pas savoir). Je l'ignore, ma Ion; 'ma nyi Ion
(pour né ma Ion, je ne sais pas).
Iguane d'eau, hana. !| — de terre, kouto.
Il, a. Il est venu, a nara. !l — s, alou, nyimbé (^K.).
Ile, gongo; dise.
Ilot, gongo din ; gongo misé.
Image, tnimi.
Imbécile. C'est un — , a ka fou yé Ion (il ne sait rien). Imbe'cile!
fou yé Ion (tu ne sais rien) !
Imiter, adou.
Immaculé, nadali.
Immédiatement, sa-sa, sa-yéré. 11 va venir immédiatemenl, a bé na
sa- sa.
Immense, boun-ba.
Immerger, boula dyiro (mettre dans l'eau).
Imminent, a bé na sa-sa (qui va arriver tout de suite).
Immobile. Il est — , a ka mounyo.
Immortel. Il est — , a nté sa (il ne mourra pas); sabali.
Impatient. Il est — , a ma mounyo (il n'est pas calme).
Impénétrable. C'est — , mokho nté dou (l'homme n'y entrera pas).
Imperceptible. C'est — , mokho nté yé (l'homme ne le voit pas).
Imperméable. C'est — , dyi nté don (l'eau n'entre pas).
Impertinent. Il est — , a bé néniba.
Impie, kafri (Ar.).
Impitoyable. Il est — , makari ntaro (la pitié n'est pas en lui).
Impoli. Il est — , a ma lébélé.
Important. C'est — , boun-ba, a ka golé. || Un chef — , koun-tigi
a ka golé.
Importer; cela m'importe, ^^e koim a ro (ma tête est là-dedans);
cela ne m'importe pas, né koun ta ro (ma tête n'est pas là-
dedans).
Impossible. Cela m'est impossible, ma se (je ne puis pas).
Impôt, sara, salé.
Imprudent. Il est — , malo taro (la honte n'est pas en lui).
Inanimé. Il est — , a sara, a sale.
Incandescent. Il est — , tasouma aro (le feu y est).
DICTIONNAIRE DE LA LANGUE MANDE. /l 1 7
Incessant. C'est — , a nté ban (cela ne finit pas).
Incompréhensible. C'est — ; on tourne par : ma mé (ne pas com-
prendre).
Incrédule, dabalila, danabalila.
Indécis. Il est — , a ma Ion a ka moun ké (il ne sait que faire).
Indifférent. C'est — ; cela m'est — , 'koun ta ro (ma tête n'est
pas là-dedans).
Indiquer, 7ion ; manto.
Indulgence, toli.
Indulgent. Il est — , a bé toliba.
Industrieux, dabari-tigi ; héou (habile).
Inégal. Ces cases sont inégales, niji boun té han.
Inexact, faux. C'est — , tomja nté (ce n'est pas \ra\),famja dou.
Infaillible. Il est — , a nté fui (il ne se trompe ipas);JiU-baUla.
Infini. C'est — , a nté ban (cela ne finira pas).
Infirme ,y(/e»/;m , fyentala.
Inhabité, sigila nté yé (il n'y a pas d'habitant).
Inhumain. Il est — , a kafén.
Inhumer un cadavre, salé dou.
Inique. Il est — , a man kiti: a man hém/é.
Injure, néni; dijala, nijani.
Injurier , néniba ; dyala-kéba ; nyani-kéla.
Injurieux, néniba; dyaJa-kéba; nyani-h'Ia.
Innomhrable, dan balila.
Inondation, dyi-ba.
Inonder, dafidi.
Inquiet. Il est — , aha nyani.
Insecte, dyenbéré.
Insolence, néni, nyani; dyala.
Insolent. Il est — , néniba, nyaniba, dyala-héla.
Instant, sa; ita. li A l' — , sa-sa, sa-yéné.
Insulte, 7iéni, nyani; dyala.
Insulter, neni-ké, nya-ké; dyala ké.
Insulteur, néni-kéla, ni/ani-kéla ; dyala-kéla.
Intelligence, hakili.J'akili khakili; ni (esprit).
Intelligent, hakilila , fakilila khakilila. a ka kéou.
Intérieur, adj., konn (dans). || A l" — , kono, ro (dans). A l'inté-
rieur de la case, boun kono.
Interprète, dalaminala.
Interpréter, dalamina.
Interroger, nyininka (demander).
Intestins. Les — , nougou.
Intrépide. Il est — , a ka fari.
Irrité. Il est — , a ka séli, a ka sari.
IsLxmsMR, Mohamadou sila.
418 J.-B. RAMBAUD.
Isolé. Il est — , a bé kili.
Ivoire, sama nyi, kaflé nyi (dent d'éléphant); sama nijingo (K.
Ivre. Il est — , a béfonyoto; a bé dolo-miba.
Ivrogne, dolo-miba (qui boit du dolo); dlo-miba; dlo-bélaba.
Jadis ,/o/o,- tourna foîo; tourna.
Jaillir, bo.
Jalousie, nangouya.
Jaloux. Il est — , a bé nangouyaba; a bé nangouya hé.
Jamais, abada (Ar.), abara. Je ne Tai jamais vu, 'ma o toiim-o-
touma yé.
Jambe, sin-koiilou, sin-kourou, sana-koulou, singo-kourou (K.). ||
Croiser les — s, sin-gwasi.
Japper, kasi (crier).
Jardin, nyokho, nafé. \\ — au bord d'un ruisseau, nako.
Jardinier, nafé-tigi, nafé-tyikéla (rhomme qui travaille au jar-
din).
Jarre, canari à eau, dyi-dakha-ba ; grand vase en terre, fnyé.
Jarret, nambiri, toukoulou.
Jatte en bois, koiina.
Jaune, basi-gé (M.), basi-khoi (M.). |l — brun, sisi-gé (couleur
de fumée), sisi-basi.
Javelot, tama, tanba, tanbo (K.); narama.
Je, nté, né, ti , m\
h.TEVi, fili, faïlo (K.), ti. || — , laisser de côté, boula, Ma (B.),
ton. Il — des pierres, kourou sin.
Jeu, toulon, tlon, dlon, tlo (B.).
Jeudi, alkhamsa, alakamésa (Ar.).
Jeun. Etre en — , souna.
Jeûne, subst., souna (jeûne des Musulmans); souna-kalou (le mois
du jeûne).
Jeune, adj., koura, kouta. \\ — homme, ga, kamalé, kamarlin.
Jeunesse, kamarinya.
Joie, nyakhali; dika, ditia.
Joli. Il est — , a ka nyi, a ka di.
Joue, tama, da-fourgou (le sac de la bouche); da-goulou (la peau
de la bouche); tya.
Jouer, toulon-ké; dlon-ké. \\ — d'un instrument, /o (parler).
Joueur, toulonba, toulonkéla, tlonba, tloba.
Jour, tilif télé, tlé (soleil); loun, Ion, don, doo (espace de vingt-
quatre heures). Il Un — , loungo. \\ L'autre — , loungo. \\ Tous
DICTIONNAIRE DE LA LANGUE MANDE. /l 1 9
LES — S, loimgo-hun. \\ Faire — , dougou-gé; il fait jour, a
dougou-géra.
Journellement, loungo-loun.
Joyeux, nyakhali; dikaha, dinaU.
Juge, kélé-tégéla, kiri-tégala, kiti-tégélo (K. ); sarya-tégéla.
Juger, kélé tégé, kiri tégé, kiti-tégé; saria tégé.
Jumeaux. Des — , foulani , Jlanyou.
Jument, sou-mousou^souo-mouso (K.).
Jurer, kali-fo.
Jusqu'à, hé; ka takha, ka ta; to. Jusqu'où vas-tu"? i bé îakha fo mi?
De Kankan à Kita, ka ho Kankan ka takha Kita. Jusqu'à demain,
bé sini. \\ — ce que, ne se traduit pas. Attends jusqu'à ce que
je vienne, a kono m hé na (attends, je vais venir).
Juste, kiti-kéla; kévyé (droit). Il — , pre'ciséinent, adv., tonya.
K
Karité (mot wolof), se. Beurre de — , sé-toulou, sé-tïo, sé-dhu.
Kola (mot woiof), wourou, woro.
La, adv., yé, yanfé, dé, dyanfé. \\ De — ,fonfé, yani, yano. jj Au
DE — , se tourne par : plus loin, dyan. Il y a un village au delà
de la montagne, doiigou a ka dyan kourouyé, ou kourou la. ||
bas, dyanfé. jl dessus, kango, 1 De — , de cette chose,
nyi kou lé ka ké (c'est ce qui a lait). Il Ce. . . — , nyi. Cet
homme-là, nyi tyé ; tyé dénia.
Lac, dala, dla, dala-ba.
Lâche, peureux, dyito, silana, sirana. \\ — , pas tendu, a man
tili; lié. Il Avoir le ventre — -, kono bon, boli.
LÂCHER, laisser aller, boula, bla (B.). || — , àétenâvc , Jlli dondi ,
boula dondi; digi. \\ — pied, bi (tomber); bori (s'enfuir). ||
— la bride à un cheval, karfé digi.
LÂCHETÉ, dyitoya.
Ladre, dyougou.
Ladrerie, dyougouya.
Laid. Il est — , a ma nyi, a ka dyougou.
Laie, lé-mousou.
Laine, sakha-si, sa-si. \\ — du Dyenné, kasa.
Laisser, boula, bla (B.); tou. \\ — , léguer, honla; ton. Laisse-moi
passer, a tou n'ka tanbi. Laisse-moi tranquille, ni bla; a tou.
Lait, nono. Il — de vache, nisi-nono. \\ — de chèvre, ha-non .
Il — de brebis, sakha-nono, sa-nono. || — frais, nono khndé.
420 J.-B. RAMBAUD.
nono héné. \\ — caille, nono koumou, nono koumo (Kli.j. il —
de la veille, nono mé sinokhota (du lait qui a dormi). j| Petit — ,
tiono-cbji (l'eau du lait). || Frère de — , balou-din. Il Cochon de
— ,/a/î din.
Laiton, soula gé.
Lambeau, hourou, koulou, krou. \\ Mettre en — ^ Jakha. || Etre en
— , béfakhala.
Lame, késé. || — de couteau, mourou késé.
Lamentation, mountoya.
Lamenter (Se), kasi, mounto.
Lamentin, ma.
LxMP^ , firina , firiné. \\ — godet en fer avec manche, goni.
LAMPER,mî 7iko woulou (boire comme un chien).
Lance, tanha, tama, tanbo (Kh.).
Lancer, //î, /ai'/o (Kh.); ti. \\ — des pierres, koiirou sin, fdi. Il
m'a lancé des pierres, a ka kouroujdï n'kan.
Langage, kouma, kan.
Langue, né,nen. || Mauvaise — , mokhoa ka dyougou. Il — , idiome,
kouma. \\ Tirer la — , dawakha, né ho (sortir la langue).
Languissant. Il est — , a mjouna.
Lanière, goulou-dyoulou.
Lapin, gelé.
Larcin, sounyali.
Large. Il est — , a ka boun. Celte case est large, nyi boun a ka
boun. Cette rivière est large de cent coude'es, nyi ha kono ka
nonkonya kémé ho. \\ — , boim-ha.
Largeur, boiinya.
Larme, nya-dyi, nyé-dyi, l'eau des yeux. || Verser des — , kasi,
pleurer.
Larron, sounyalila, sounyalikéla.
Las. Il est — , a ségéra, a ségéla.
Lasser, ségé. !| Se — , ségé, o. n.
Lassitude, ségé.
Latrine, bou-yoro, houkédoula.
Laver, koii, ko. \\ Se — , kou, ko, v. n.
Laxatif, kono-boii-kéla (qui l'ait fuir le ventre).
Le, la, les, nyi; a, alou; nyilou.
Léger. Il est — , a ka , féri , Jéré , a man goulé.
Légèrement, doni, dondi.
Légitime. Enfant — , fourou din (enfant du mariage).
Léguer, tou (laisser); tou. . . boulou (laisser dans la main).
Lent. Il est — , a ka souma, a ka mounyo.
Lentement, souma; mounyo; mounyo-mounyo , moundi ; moundi-moundi.
Lenteur, soumaya.
Lèpre, kaba; kouna, kouni.
DICTIONNAIRE DE LA LWfiUE MANDE. ' /|21
Lépreux, haha-tigi; kouna-tigi.
Leqlel, laquelle, p\ relatif, mé, mÙK \o\i' qui. — Pr. interrogatif,
dkjon? (Ujoma? dijoman?
Leste. Il est — , a kaféa, a Jéata.
Lettre, sp7n', safé, séj'é; bataki, bataké. !| Ecrire u.\e — , bataki
sébi. ; Lire une — , bataki kara.
Lettré, kara-mokho (un homme qui lit).
Levant, tiîi-ivouHta (le lever du soleil); tili-bo[[e soleil sort); koron.
Il Au — , korona, koronjé.
Lever, soulever, koro ta. || Se — , wouli. j| — subs.. ivoulita. ! Le
moment du lever, wouli tourna. \\ — du soleil, tili-woulita.
Levez-vous! ivouli! alon ivoiili! Le vent se lève,yi/e?i bé na folo
(le vent vient en commençant).
Lèvre, da-goulou, da-goulo, da-wolo.
Lézard, basa, lasa; moulonkou.
Liane, nnnbo, nonfon. li — à caoutchouc, snba.
Liberté, yèroj/fl, horonya.
Lirre (un homme), mokho foro, horon.
Licov , falamou , kalamoit.
Lien, sirila; dijoulou; dt/ala; lUfama.
Lier, siri.
Lieu, yoro; doula. \\ Au — de, a bé mjé. . . to. J'ai pris du mil au
lieu du riz, 7Î ka nijon ta a' bé m/é malou to. |î Au — de avec
un verbe, hali, sani. Au lieu de courir, il s'assied, hali a ka
bori a bé sigi. !; Au — que, d tourna (pendant ce temps).
Lièvre, somisan.
Ligne à pèche, dolin-dyoulou (ficelle à hameçon).
Limaçon, koto; koto-koto; kourou-kotoba.
Lime, kaka, khaklia (K.). •
Limer, kaka, khakha (K.).
Limon, boklw; dengaïno (K.).
Linge, fani, fanou, fano (K.). 1| Un morceau de —, fani-kourou,
fani-késé.
Lion, wara-ba, waran-ba, dyara.
Lionceau, wara-ba-din.
Lionne, wnra-ba-mousou .
Lire, kara, kala, kran (B.), krango (K.).
Lisse. C'est — , a ka nouga.
Lit, lala, lalan; tara, talon, kalaka. || — d'une rivière, ba dinka.
Livrer, remettre, di (donner), li — , trahir, dyanfa-ké.
Local, yoro; doula.
Localité, yoro; doula. || — , village, dougou (B.); sou (^L).
Logement, sigi-yoro.
Loger, sigila.
Loi, namou.
A22 J,-B. R\MBAUD,
Loisir, dyen, nyen. \\ Avoir le — , dijen soro.
Loin. C'est — , a ha dijan. Y a-t-il loin d'ici à Bafoulabé? Ka bo
yano, ka takha Bafoulabé a ka dyan? Ani Bafoulabé tyé a ka dyan?
Cest très loin, a ka dyanhali; a ka dyan kou dyougou. Ce n'est
pas loin, a ma dyan. \\ Bien — de, hali. Bien loin de courir,
il s'arrête, hali a ka bori, a bé lo.
Long. Il est — , a ka dyan. || Tout le — .,frrou.
Longtemps, touma-ba. Il y a longtemps, a mena. Il n'y a pas long-
temps, a ma mé.
Longueur, dyanya.
Loque, fani-kour ou. \\ Mettre en — s,/akha. \\ Etre en — s, bè
fakhala.
Lors de, se tourne par: lorsque, avec le verbe.
Lorsque, ni, avec le subjonctif. Lorsqu'il partit, il pleura, ni a
tara , a ka kasi.
Louange, dyaya.
Loucher, nyépéri.
Louer, faire rëloge,/oMma; dyaya ké.
Loup, namakoro.
Lourd. Il est — , a ka gotdé, golé, gwélé, khoiiti.
Louve, nama-koro-mousou.
Louveteau, nama-koro-din.
Lueur, nokho-woulé, noua-woulé (tache rouge).
Lui, a. \\ même, a-fan.
Lumière, kalou-gé, clair de lune.
Lumineux, kalou-gé.
Lunaison, karou, kalou, kalo.
Lundi, tiné, téné [Xr.).
Lune, karou, kalou, kalo. || Clair de — , karou-gé. || Nouvelle — ,
karou-dibé. || Pleine — , karou-gé. || Lever de — , karou woulita.
Il Coucher de — , karou bita.
M
Mâcher, nyi-mi.
Mâchoire, da-koro-kourou (l'os de sous la bouche).
Maçon, banko-dala (l'homme qui travaille avec la terre).
Magasin, sani-doula, sani-yoro (endroit de vente).
Mahométan, mori.
M AIGRE, /«sa, pasa,fasalé.
M KiGREUR, fasay a.
Maillet, pour battre le linge, koutoundo.
Main, boulon, bolo, blo (B.). || Battre des — s, sokho ka fo, tégé
kafo. Il Serrer la — , boulou mina. \\ Tendre la — , boulon ma-
DICTIONNAIRE DE LA LANGUE MANDE. 4l23
khana. \\ Lever la — sdr, boulou ta ka gosi. \\ Croiser les — s,
boulou biri nyohhona. \\ Le dos de la — , boulou ko. \\ La paume
DE LA — , boulou kono. Il En venir aux — s, boula mjokhonjé.
Maintenant, sa-sa; sa-iva (à la fin de la phrase).
Mais, bari, nka, nkha (K.).
Maïs, kaba (M.), manyo, moka (B.). Il Galette de — , ngoini,
nyomi.
Maison, boun, boungo, sou.
Maître, se traduit par : père, /a. || — d'esclave, dijou-tigi;
mari-tigi. \\ — d'e'cole, kara-mokho, karalila; dijakatala. || —
professeur, digiha.
Mal, subst. dùni. \\ Faire — , dimi. Mon ventre me fait mal, n
kono bé dimi. !| Adv. C'est mal, a ma niji, a man bêlé.
Malade. Il est — , a ma kendé (il n'est pas bien portant), a ma
kéné; a gwana.
Maladie, gwa, nso, dimi.
Malaisé. C'est — , a ka gaulé, golé, gwélé.
Malédiction, dangala.
Malgré, bana. il — lui, banama.
Malheur, daija, gaké, nxjemba.
Malheureux. Il est — , a bé dayato (il est dans le malheur), a bé
nyèmbato.
Malicieux. Il est — , a ka kéou.
Malle, kankéran (W.).
Malpropre, nokhoba, Jiokholé ,. nouaba , noiialé.
Malpropreté, nokho, noua.
Maman, ba.
Mamelle, sin.
Mamelon, pointe de la mamelle, taté. \\ — , petite colline, tinti,
toundi, toundo.
Manche d'outil, kala, koun (tête). || — de couteau, mourou-koun.
Mandihule, nya-sin.
Manger, doumou, don, domo; domoli-ké; mi, boire. || Se — , être
bon à manger, a ka di, ka doumou. J'ai mangé mon couscous,
n'ka basi dou. J'ai mange' ce matin, n'ka domoli-ké bi sakhoma.
Manière, tyoko; nyami. A la manière des Blancs, toubabou tyoko.
Manioc, bananinkou, banankou; amer, bara.
Manquer, faire défaut, téyan, té dy an [n'être t^rs la); dobobé. \\ —
ne pas atteindre, dadyé. || — de, ne pas faire,//* (oublier), ij
— , être fini, a bana (il est fini), a banta. \\ — de parole, kou-
ma bo (retirer sa parole).
Marabout, mon. || — , oiseau, douba, doubon.
Marais, dala, dla,fara; lé.
Marchand, dyoula, jirikéla.
Marchandises, nafoulou, najlou, nafourou.
li^lX J.-B. RAMBAUD.
Marché, déha; sani-yoro, san-i-firi-yoro; lokho, lokhofé. \\ Bon — ,
songo man di/ougou.
Marcher, takhama.
Marcheur , takhamala.
Mardi, talata, data (Ar.).
Mare, lé.
Marécage, bokho-dala, bokho-lé.
Marécageux, bokhoba, dènga'mo (K.).
Margouillat, lasa, basa.
Mari, tyé, ké, khé (K.).
Mari AGE, /oîiroM. '
Marier. Se — , four ou.
Marmite, négé-dakha, da (vase en fer).
Marque, non; sijen.
Marquer, nonké, nono, mjomjo; sijcn boula. . . ro.
Marteau, matitarké; foulouma. \\ — de forgeron, toli; négé-gosila.
Martin-pêcheur, djjiro kono (Toiseau qui est dans Teau).
Massacrer ,yrtA7trt , /rt.
Massue, béré-koun-ba (grosse tête de bâton); gérégiké.
Matelassure de la selie, dijou bougou (emplacement des fesses).
Matin, sakhoma, sokhoma, soukhouma; kona. De 2 à 3 heures,
dijouni-dijouni , dyouna-di/ouna , dyouno-dyouno {]L.). Au chant du
coq, dountoun kouma; douno kouina (K.). Le lever du soleil, tili
woidita. A 9 heures, tilitléma (le soleil est au milieu). Entre 6
heures et midi, ni tili nara koun tléma (quand le soleil sera venu
à moilie' du ze'nith). il Ce — , bi sakhoma. \\ Tous les — s,
sakhom'-o-sakhoma.
Matinée, sakhoma, sokhoma, soukhouma.
Matrice, din-sou (la maison des enfants).
Maturité, moya. ij Epoque de la — , moya toiima. On commence à
faire les cultures à la maturité du dougoura, mokholou bé séné-
kéfolo dougoura moya toiima la.
Maudire, daiiga, dagna;falaki.
Maudit, danyato; bokho-bona (celui qui est sorti du foyer).
Maure, soulan-ké (l'homme de cuivre), sourakha, souraka, sou-
rako(^K.). j
Mauvais. Il est — , a man bété; a ka dyougou.
Méchant. Il est — , a ka dyougou.
Mèche de LkMï>E,firina.
Médecin, basi-kéla; basi-tigi.
Médecine, basi. || Prendre une — , basi mi.
Médicament, basi.
Médius, troisième doigt, bantan.
Meilleur. Il est — , a kajisa.
Mêler, birisa.
DICTIONNAIRE DE LA LANGUE MANDE. /l25
Melon, sara.
Même, après uuprouoiii ,/««,/«««,• yéré. || C'est la — chose, a hé
hélé, a hé han. || Quand — , koni.
Mémoire, mindaya.
Menacer, dougou.
Mendiant, sara-minala; nyiniha.
Mener, nya boula (marcher devant).
Mensonge, houma fanya (parole fausse); fcaiow.
Menteur, kalon-tigi, kahn-fola.
Mentir , fanya fo ; kalon fo.
Menton, hon, honho, bomo.
Mépriser, dyolé, tigéri.
Merci, barka, abarka, borka (Ar.), hmégé, inisé; mbà.
Mercredi, arba, alaba (Ar.).
Merde, bou, ho.
Mère, ha.
Mériter, no.
Merle, morane.
Mesure pour les grains, tnouro, mouré, d'où : moule =2 kilo-
grammes de mil; souina.
Mesurer, souma, sama, sibira. || — à la coude'e, notikona dyan
(compter les coude'es). Ii — au moule, mouré dan (compter les
moules).
Mettre, ké (faire); ségi; boula, bla. \\ — un vêlement, dou. !! —
BAS, woulo.
Meurtre , fakhali , fali.
Meurtrier , fakhala , fala , fakhali-kéla , fa-kéla.
Miauler, kasi (crier).
Midi. Il est — , tili sira koun (le soleil est arrive' au ze'nith). Ii A
— , ni tili sira koun (quand le soleil sera arrive' au ze'nith). il
Après — , wourala (dans la soire'e).
Miel, Ii, di, lio (K.).
Mien. Le — , nta.
MiETTK, késé; kourou.
Mieux. C'est — , Cela vaut — , a ka ftsa. \\ Tant — , a ka Jisa,
a he na.
Migraine, koun dimi. J'ai la migraine, n'koun hé dimi.
Mil, nyon, nyo. \\ Petit — , sanyo souma. \\ Gros — , rouge, bim-
hiri; kindi; gédi; doroko. \\ Gros — , blanc, nyoli fin. \\ Gros
— , donnant des cendres alcalines, gadyaba. \\ Mortier à — ,
kouloun I Pilon à — , kouloun-kala. \\ Piler le — , nifon sousou.
Milieu, tala, lia, iéma. I! Au — , talan tyé, lalan tycro, tlan tyéro, ■
témoto.
Mille, ha (M.), bakémé ni kéméfoula ni débé (B.).
Millet, Jini , Jouni , Jounyn.
426 J.-B. RAMBAUD.
Mince, misé, mésé, miséma.
Mine, dinka; danba, kolon (puits).
Minuit, soutléma{\e milieu de la nuit), sou tala, sou térna. Il A — ,
sou talala.
Miroir, doungari, douabé; ymjéla (Ko,).
Modération, soumaya.
Modeste. Il est — , nyouma, nyhna; fimjé; souma.
Moelle, semé. || Qui a de la — , séméba.
Moi, 7ité, né, n', m . || même, né fana.
Moineau, gérèn-kono.
Moins, se traduit par un comparatif; — ou se tourne par : pas
autant, nié iko (pas comme). || Au — , této.
Mois, karou (lune), kalou, kalo.
Moisir, koumou.
Moisson, nyon tégé. || Faire la — , tégé (couper).
Moissonner, tégé (couper).
Moitié, iala, tla, téma. || A — , taJan tyé, tlan tyé, témaio.
Mollet, sin-kala (le manche du pied).
Moment, sa; tourna. || Au — , ;tî (quand); tourna. |i Dans un — , sa-
sa; taralinyan.
Monde, aldyouni[kv.). \\ Venir au — , ivoulou. || Tout le — , mokho
hé (tous les hommes), mokK-o-mokho.
Monnaie en fer usitée dans le Sud, genzé.
Montagne, kourou, krou; tinti, tinti-ba. \\ Le sommet de la — , tinti
koun. il Le pied de la — , tinti sin.
Monter, yélé, élé. \\ — à cheval, sou-ko yélé, sou yélé.
Montrer, non,- ^/<//m, dyiri. \\ Se — , paraître, bwa. Il — du doigt,
bouloulo.
Moquer. Se — , dougouya; ladégé. Je m'en moque, n'koun ta ro
(ma tête n'est pas là-dedans).
Moquerie, ladégéli.
Moqueur, ladégéla.
Morceau, késé; kourou. Un morceau de bois, iri-kourou. Un mor-
ceau d'étoffe, /fl/u'-AoMroM.
Mordre, kin,kimji, kini/iké.
Mors, karafé, karabé, krahé, karbé; bomo négé. Il Faire sentir le
— , karajé meta. Il Mettre le — , karafé dou. Il Oter le — , ka-
rafé bo.
Morsure, kinyi.
Mort, subst., saya. || Il est — , a sara, a salé. Un homme mort,
mokho salé.
Mortel.
Mortier, de terre, banko. || — à mil, koidoun. || Enduire de — ,
nokho bankoma.
Morve, noun-dyi (l'eau du nez). || — Maladie des animaux.
DICTIONNAIRE DE LA LANGUE MANDÉ. A27
Mosquée, misvri (Ar.), mousiré; sali-yoro.
Mot, kouma.
Motif, dijo. \\ Avoir un — , dyo soro.
Mou, wourilé, ma. \\ — de caractère, mounyo, moundi.
Mouche, limokho, dimokho; gelé, glé, blé. \\ — à miel, li-késé.
Moucher. Se — , noMn/ye (nettoyer le nez).
Mouillé. Il est — , a nyigira.
Mouiller. Se — , nijigi.
Mourant. Il est — , a hé sayato.
Mourir, sa. 11 est inorl, a sara, a salé.
Mousse, herbe, kannya. — , e'cume, dyi kanka, dyi kanya.
Mousseline, sasi, sangé.
Moustache, da-si{\Q?> poils de la bouche).
Moustique, sousou.
Mouton, sakha, sakho, sa; kolosé. li — châtré, kolobo, kobo sakha;
sakha mouno.
Mouvoir. Se — , lotna.
Moyen, kékouda; damali; dabali. || Au — de, ... ma, daharyaro.
Il Trouver le — de, damaliké, dabaliké.
Muet, boubou, bobo.
Mugir, kasi, (crier).
Mulet, sou-fali, faliba.
Multitude, dyama, dyamadyé.
Mur, gwiïi. Il — dun village, dandan, tata; dm; koubé, koubéla.
Mûr. C'est — , a mora, a mona. Ce n'est pas mûr, a ma mo. il
Age — , kamarinya.
Mûrir, mo.
Murmure, da koro kouma (parole de dans la bouche); sousou.
Musc, sounka.
Muscle , fasa , pasa.
Musicien, dyali; bouroufola; boudofola; kounti/ola.
MvsiQVE , Joli. Il Faire de la — ,fo.
Musulman, mari, moriké.
N
Nabot, sourou-mani, soutou-mani (un petit homme petit).
Nage, néouli. \\ Etre en — , wosi.
Nageoire, dyégé sin (pied de poisson).
Nager, néou, néon, néouliké.
Nageur, we'oM sila (celui qui sait nager), néouba, néonba.
Naguères, 0 tourna (autrefois); o loun (un jour), o doo; loungo,
donwo.
Nain, sourou-mani, soutou-mani (un petit homme petit).
A28 J.-B. RAMBAUD.
Naître, wolo, wolola.
Narine, noxm-da (Touverture du nez).
Narration, tali.
Narrer, talifo.
Naseau, noun (nez); da (visage).
Nasse, dyon (filet).
Natal. Pays — , wolo dougou.
Natte, bilali, blnli; gourali, guéradé; delà; tnjantan; baran, balan.
Naufrage, hoiihun filila , kouloun firéla ; tounouma. || Faire — , tou-
nou. La pirogue a fait naufrage, kouloun tounouna.
Navette, de tisserand, kouloun, kouloun-din.
Ne. . . PAS, té, nté (au pre'sent et au futur); ma (au passe').
Né. Il est — , a ivolota. i Premier — , dinfolo.
Néanmoins, bari; nklia.
Nécessité, makou, woulou.
Négliger, Jîli, Jli.
Négoce, dyago.
Nègre, mohho fin, tyé fin , fara fin.
Nerf, fasa, pasa.
Net, dyé, gé.
Nettoyer, avec de l'eau, kou, ko (laver). || — avec un balai, /m,
fita (balayer). || — en ge'ne'ral, dyéké, géké.
Neuf, adj., koura, kouta. Nom de nombre, kononto, khononlo.
Neuvième, konontona.
Neveu, bari-din, baréni, bènké-din.
Nez, noun, noungo (K.).
Nid, kono-sou, kono-boun (case d'oiseau), nya.
Nier, ladyé.
Noble , fama-si (race de roi); tnansa-si.
Noce , foiirou.
Nocturne, sou ro, sou to (de nuit).
Noeud, kourou; sirila. \\ — du bois.
Noir , fin , finma.
Noix de Kola, ivourou, woro; gourou.
Nom, tokfio, twa. \\ — de famille, dyamou. Avoir nom, o toklio
(son nom).
Nombre , dana.
Nombreux, syama; a ka sya; kika (K.).
Nombril, bava.
Non, en-en, nté.
Nord , kokho-dougou ; sakhelL
Notre, an; ntélou (K.); oun.
Nourrir, balou, labalou.
Nourrisson, balou-din; sin-miba.
Nourriture, balou J^n.
DICTIONNAIRE DE LA LANGUE MANDE. 429
Nous, an, oun; ntélou (K.).
Nouveau, koura, koiita.
Noyau, kuurou, koulou.
Noyer. Se — , digi dyi kono.
Nu, bala,fétoto.
Nuage, kaba-koun, kaba; nokho; san-fin (ciel noir).
Nubile ,fouroulé.
Nuire, tyen.
Nuisible. Il est — , a ka dijougou.
Nuit, sou. \\ De — , souro, souto. \\ La — prochaine, bi souro.
Il La — passée, koiinou souro, sou tambi bara.
Nuitamment, souro, souto.
Nul, aucun, mokho lé; mokho ma, etc. Voir i4MCM?i.
0
Obéir, balou, naro; kouma monta (prendre la parole).
Obéissance, batouya, baroya.
Obéissant, batoubn, baroba.
Objet, féri.
Obliger, forcer, kan; digi; dyakouya ; famja fékha ; aider, dénié.
Je suis oblige' de partir, nka kan ka takha.
Obscurité, dibi.
Obtenir, soro.
Occident, tilibi {chute du soleil), tlibi, tilibita, térébi.
Odeur, souma; wousoula. il Une bonne — , souma ka di. \\ Une mau-
vaise — , souma bala; souma ka dyougou.
Odorant, soumaba.
Œil, nya, nyé. S'essuyer les yeux, salon nyé la. Fermer les yeux,
sinyi.
OEuF, kili. Œuf de poule, sisé-kili.
Offense, bakha; tonyo.
Offenser, bakhaké; tonyo.
Offrir, dyé.
Oignon. Petit — , dyaba.
Oiseau, kono, khono (K.). || — pêcheur, tintati.
Oiseleur, kono-moutala (celui qui prend les oiseaux).
Oisif, koké.
Ombrage, souma.
Ombre, souma; loulc . doulé, dlé. || A l' — , souma la.
On, se traduit par : les hommes, mokholou.
Oncle paternel, barinké, bènké. \\ — maternel, dokhoni, divani.
Ongle, soni, sani.
Onze, tan ni kili.
MÉM. LING. I\. S8
A30 J.-B. RAMBAUD.
Opposer. S' — , sine.
Opule:nce, nafoulou, najlou.
Opulent, nafoulou-tigi.
Or, sanou, sano (K.). || Puits d' — , sanou holon. || Un gros d' — .
Orage, sanjîn (ciel noir), dougou-dougano.
Orageux, san fimna (ciel noir).
Orange, lémouroii-ba.
Oranger, lémourou-yiri.
Orbite de Toeil, nya-kourou, nyé-hotdou (os de l'œil).
Ordonner, tyi, io; sogi; oka.
Ordre, commandement, déné. || — , arrangement.
Ordure, hoti, ho; nokho, noua; nyaina. \\ Faire des — s, bou hé.
Oreille, touloii, tolo, tlo (B.). || Se curer l' — , toulouto ho (ôter
ce qui est dans Toreille). || Boucle d' — , toulou géré, tonhu-
sanou (or d'oreille), i! Prêter l' — , kouma monta. [I Perce — ,
sa7ii mélé-mélé.
Oreiller, biti; koun-doiisila , koimgoro doima [où l'on entre sa tète).
Orgueil, mafa, dyago, finyéya.
Orgueilleux, mafalé; dyagoba, Jinyé, Jinyéto; gana-gana.
Orient, koron; tili-ho (où le soleil sort). || A l' — , koronfé, korona-
mofa, korona, korono. Kankan est à l'Est de Kouroussa, Kan-
kan bé Kouroussa koronfé.
Originaire. Il est — de, abanti. Se tourne par : le lieu de nais-
sance, ivoulo-yoro. Il est originaire de Sankaran, se tourne : le
Sankaran est son lieu de naissance, o woulo-yoro Sankaran lé
mou.
Origine, se rend par : race, si; lieu de naissance, woulo-yoro ; ou
par : sortir, bo. Il est d'origine royale, afama-si dé.
Ornement, nyégéli , iyénna,kénya.
Orner, nyégé, tyénya, kénya.
Orphelin , Jerita , falalé , falalin.
Orteil, sin-koni, sé-koni.
Os, kourou, koulou, kolo.
Oseille. Sorte d' — indigène, da.
Otage, nomada.
Oter, ho (sortir); ta (prendre).
Ou, ou bien, fo; wala. Est-ce un rat ou un iguane? nyima dé fa
koiiti ?
Où ?, tni, minto, mintqfé. Oii vas-tu ? i hé takha mi? Oià est-il parti ?
a tara mintofé. D'où viens-tu ? ihora mi? \\ Par — , mi, mintofé,
minfé. Par où a-t-il passe' 1 a ka tanbi mintofé.
Oublier, nyényéma, nyima, fdi.
Ouest, tili-hi, tili-bita (la chute du soleil) tlè-bi, téré-bi || A l'' — ,
tili-bi-fé.
Oui, yo.
DICTIONNAIRE DE LA LANGUE MANDÉ. A31
Outarde, fo^a, tonka.
Outil, tijakéla, Ujéhélou, sakéla.
Outrage, dijala.
Outrager, dijdaké.
OvTKE, subsl,fourgou,fourgo,fouroukou \\ En — , wako,ivokho [k) -,
ni (et).
Ouverture, da.
Ouvrier, Ujaké, saké.
Ouvrir, yéU, élé. Ouvre la porte, da yéU, koun yélé. Sa porte est
ouverte , da hé yéléta , da hé yéléla.
Ovipare, kdiha.
Pacifique, se tourne par : qui ne fait pas la guerre. Ce roi est paci-
fique, nyi mansa nié kéléké. Ce fut un chef pacifique, a ma
kéléké.
Pagaye, dyakala, dyagandé, dyégala; dyoubalila, dyoufi.
V KGyE , fani , fanon , fano (K.) !l Bandes de — ,fani-mougou.
Paiement, sara.
Paillasson, karta, baloiidéla. — pour les portes, soloungo.
Paille, hin \\ Grosse — , tyi, ti. Il Tiges de — , hin-kala, ti-kala,
kala. — d'arachide, tiga-nyara || Brin de — , hin késé.
Paillette d'or, sanou-mongou.
Pain de froment, honrou. (W). I! — de singe, sita-mougou ; sita-
din. Il — de sucre, soukrou-koun. il Sorte de — , fait avec du
miel ou maïs en boules, dégé.
Paire, se rend par : deux, foula, Jla (K.).
Paître, doumou , domoliké , don; géli.
Paix, dya, héra. Paix! idé! (tais-toi); ma&ou.'
Pal, koloma.
Palabre, korofa.
Palanquement, dyasa.
Pâlir, éléma. Il a pâli, a élémata.
Palissade, en Lois, san-san, sin-sin, sin-san; dyasa, sayné. (W.).
Il — en roseau, siii-sin, san-san.
Palmier, ban, hango. (K.). || — dattier, tamarou, tamaro. (K.). ||
— à vin, toulou. \\ — à huile, nté. Vin de palme, hwin.
Panier, sagi, ségé; siso;félé-félé. \\ — rond en feuilles, /oif/bw.
Panse, kono,khono.[K.),
Pansement, dyarali.
Panser, dyara.
Pansu, kono-ba, khono-ba (K.).
Pantalon, koursi, kourti, kourto; sarahon.
Panthère, warani, wara-kala, warani-kala ; dyokholo,
28.
^32 J.-B. RAMBAUD.
Pantoufle, sabata (Ar.), sabara, samata, samara, samalo (K. ); ||
— avec dessus , mouké.
Papaye , mandyé, manandyé.
Papier, sabé, sébé,safé, séfé, kartas [kr.)-, \\ Feuille de — , sébé-
fira, sébé-fita.
Papillon, féré-féré , péré-péré ; férini.
Paquet, doni; siri ; fou/ou. Faire un paquet, donisiri, donidara.
Par, se traduit par une tournure. || — ce que, moun ha ton, mé-
mou. Il — Dieu, billahi. Il a fait cela par crainte, a la yé hé a
dyito. Il a un franc par jour, a bé tama hili soro tilila. Ranger
par cate'gories, dara hilin-hilina ma. Il Ta pris parle pied, a la
mina a sinma. En t'en allant, passe par Kita, { taro, i ha bo
Kitala; i bila, i ha tanbi Kitala. Cette lettre est venue par un
courrier, nyi barahi nala courrier-boulou.
Parallèle, douo heréfé.
Paralytique, nabara.
Parasol, libiri-ba, dibiri-ba. Un grand chapeau , ^anrfoMroM.
Parc à besliaux, woré, wcré, ivadé, wouréla (W.),
Parce que, moun ha ton, ha tougou, ha touga; homa. Je ne suis
pas venu parce que je n'ai pas entendu, '/«« na ha touga 'ma
mé.
. Pardon, ioubi; hhahétoya.
Pardonner, Ioubi ta; hhahéto.
Pareil. Il est — , a bé hili, a bé han, a bé hahan, a bé hahhan
(K.).
Parent, balinia.
Paresse, salaya.
Paresseux, salabato, sala.
Parp'Ois, doni sa.
Parfum, souma, sounha, wousoula.
Parfumer, sounhaba; ousoulaba.
Parjure , sosoli.
Parleh, houma ; houmafo , ho, hho (K.). Les gens de Kita parlent
malinké, Kita mohholou bé malinha houmafo. \\ Parle! ajo.
Parmi, se tourne par : dans. . . ro; hono.
Parole, houma.
Part, tala, tla. || Quelque — , yoro-fo. \\ Autre — , yoro dola. \\
Nulle — , yorosi, yor-o-yoro nié. Il coupa la papaye en Irois
parts, a ha mandé tégyé tala sabala.
Partager, tala, tla.
Partir, tahha; bo. Quand pars-lu? / bé tahha tourna dyoma? Allons!
partons ! an ha tahha .' || A — de, ha bo. A partir d'ici jusqu'à
Siguiri , ha bo yan , ha tahha Sigiri.
DICTIOWAIRE DE LA LANGUE MANDE. ^33
Partout, doula-o-doula; yoro-bé ; fan-o-fan.
Parvenir, dafa.
Pas. Il Ae — , au présent et au futur, té, nté; au passe', ma ||
Encore — , ma. . . folo. Il n'est pas encore venu, a ma nafolo.
Il — subst., sago, sin, se. \\ Faire un faux — , bi. \\ Revenir
SUR SES — , sagi, sagi ko. \\ a — de loup, strounyo, mounyo. \\
Aller au — , en parlant d'un cheval, takhama.
Passage, tanbi-yoro, tanbi-doida.
Passer, tajibi, témé, tami. Par où as-tu passé? { ka tanbi sila dyo-
mana. I| Pour — ,féléla, fêla. || Se — , arriver, na. \\ Se — ,
n'avoir pas besoin de mil, nyoti makou nté n'yé. \\ — traverser,
tégé.
Patate, wousou, wisé; konkyo.
Patient. Il est — , a ka mounyo.
Pâtir, dimi.
V kiME ,fa-doiigou (pays du père); woulo-yoro (lieu de naissance);
dinbaya.
Patte, sin. se.
Pâturage, gwéni-yoro.
PÂTURER, gwéni.
Paume de la main, boulou-kono, boulou-tége; blo-togo [B.).
Paupière, nya-goidou (la peau de l'œil), nya-wonlou; bawa.
Pause, en marche, sara. Le campement est à deux pauses d'ici,
dakha ka sara foula dian.
Pauvre, nyéni, nyénibato.
Païen, kafri, sama-din; toun-tigi.
Payer, sara.
Pays, dyamani (B.M.), dyamano (K.); dongou (W. kour.).
Vekv, goulou, goido, woulo, wolo. Il — de houe , soumalo ; fourgon ,
four go (K.).
Pêche, moli.
Pêcher, mo, moliké; dyégé-moiita (prendre du poisson).
Pêcheur, somoiin (B.); molikéla, molila, yégé-moutala (qui prend
du poisson).
Pédale , sin-kalama.
Peigne, sanila , koun-sanïla.
Peigner, sani, soni.
Peine, dimi.
Pêle-mêle, nyougou, ni/ougo.
Pelote de fil de tisserand, dourou.
Pelure , fara.
Pendant, o tourna. \\ — que, o tourna, a bé. Pendant que je parlais
tu dormais, o tourna n'kakouna, i toum bé sinokholé.
Pendre, siri, siti, sti (K.). || — , v. neutre, dolon, dlon.
Pensée, miri; kono tasé; nourou.
^34l J.-B. RAMBAUD.
Penser, miri; konoto miri; yili; nina. \\ — croire, da. \\ — • ré-
fléchir, tasi.
Peme, diginda. La pente de la montagne, hourou diginda. Le
terrain va en pente, doitgou hé digi.
Pépin, koiirou, koulou; si.
Percer, sokho, soua, sya. Perce-oreille, sani mélé-mélé.
Perche, gaule, sembéré.
Percher, sigi xjin kan (être sur un arbre).
V ERDR^, f.li; tounou; tounounda; sankouran; bono. \\ — au jeu, || Se
— s'égarer.
Perdrix, woulo, woulo-sisé.
Père, fa. \\ Grand , marna, bèmba.
Perle, kono.
Permettre, bafé (vouloir); tou, to (laisser).
Permission. || Donner la — , bafé (vouloir); tou, to (laisser).
Perroquet, souloun-ba; kyoro; koidé.
Perruche, souloun, solo.
Personne, (,subst.) mokho. \\ Adj. indéf., mokho té ou ma. Personne
n'est venu, mokK-o-mokho ma na. Je ne vois personne, ma mo-
kho rjé.
Pervers, yaousé.
Pesant. C'est — , a ka goidé, golé, gelé.
Peser, v. actif, dya, souma dya; v. n. , se tourne par être pesant.
Pet, toné, toni.
Peter, toné toni.
Petit, mésé, méséni; doromandi. \\ — , se rend par les diminutifs :
. . .ni, . . .lé, . . .lin. || Il est — , a ka sourou, soutou. \\ — ,
d'un animal, din, dé. Un petit enfant, din mésé. Un petit
homme, tyéni, kéni.
Peu, doni, dondi; mon sya (pas beaucoup). Il Un — , doni, dondi. \\
A — près, a bé nyanya, a doro. Attends un peu, a kono dondi.
Peur, sila, sira, sran. \\ Faire — , silanya. \\ Avoir — , bé sïlana;
sila bé na (être dans la peur; la peur est dans lui). L'homme
a peur du lion, mokho hé wara-ba silana. Le lion fait peur au
lièvre, wara-ba bé sounsan silanya.
Peureux, sïlana, silaba, siraba.
Peut-être, a doro.
Pièce de guinée, pis, hagipis. (Fr.) |i — de 5 francs, doromé, do-
roma(W.). || — de i franc, tama. || La — , chacun, kilin-
kili. Les kolas coûtent deux sous pièce, woro koparo kilin-kili
songo.
Pied, sin, se, singo (K.). Il Plante du — , sin-tégé. \\ Fouler aux
— , sin daka. \\ Aller a — , sin takhama. \\ Trace de — , sin,
se, singo. Il — , mesure, sabiri, sibiri. \\ — , d'une montagne,
kourou sin.
DICTIONNAIRE DE LA LANGUE MANDE. 435
Piège, hofé, pouro. \\ — à oiseaux, san-san, hono-minala (ce qui
prend les oiseaux). || — à poissons, yégé-iuinala (ce qui prend
les poissons). || — , filet, dyou.
Pierre, A-oî/roM, Atow, koulou. \\ — , gros cailloux , Artèa. || — petits
cailloux ferrugineux, béré, bêlé. \\ — à fusil, kérébou.
Pierreux, kourouba; kababa.
Pieu, boh; tourou, trou; koloma. || Enfoncer un — , koloma tourou.
Pieux, dali, dalila.
Pigeon, biti; dyéné-touba, dyéné-toufa. \\ — vert, boro-boro, péré-
péré.
Piler, sousou.
PiLEUR, sousouUla.
Pillage, tégéréya, téféréya.
Pillard, tégéréla, téjeréla.
Piller, tégéré, téféré.
Pilon, koidoun-kala , yiri-kala.
Piment, foronto , fourondo.
Pince, bala, baran, balan.
Pincer, /of^i; nyogi.
Pintade, kami, kéin é , kha mo ( K . ) .
Pioche indigène, daba.
Pipe, dyamba-dakha (pot à tabac); dyama-dakha , dyama-da, di-
dakha, di-da, di-ra.
Piquer, sokho, soua; mbou. \\ Se — , sokho, soua. Je me suis pique'
la main, mbi boulou sokho.
Piquet, bolo; koloma.
Piqdre, soua-da, sokho-da.
Pirogue, kouloun.
PiROGUER , kouloun-tigi.
Pis, subst., taté; sin-noun. \\ Adv. Tant — , né koun ta ro (ina tète
n'est pas là-dedans).
Pisser, souna, nyényégé.
Pistache de terre (arachide), tiga.
Pistolet, kabousi (Ar.).
Pitié, makan. \\ Avoir — , makari.
Place, doula; yoro (lieu); lo, no. A ta place, i noro. || A la — ,
DE, au lieu de, a bé gé. Il Faire — , sila boida.
Placer, ké. || Faire — , sigi; boula. Il Laisser — . .
Place, dijogi-da; da.
Plaindre. Se — , nyouna.
V L\iyE , fouka . foka , fougou , fonkha ; kéna:fara; sokn.
Plaire, déa. Se rend par : èlie agréable, ka di, nyima, nyouma.
Plaisanter, toulon, tlon;Jlila; ladi.
Plaisir, diya. Il Prendre — a, se tourne par : être agréable, a
ka di. Il Faire — , ka di. Cela me fait plaisir, a ka di nyé.
436 J.-B. RAMBAUD,
Planche, hoiin, koun-koiiroii.
Vlx^te. fr a, fita; totiroii. \\ — du pied, sin-tégé, singo-togo.
Planter grain à grain, dan. \\ — une branche, un pieu, lourou,
trou.
Planteur, sénékala; tyihéla; syakéla.
VhkT, subst.,fakha. || Adj . , fa ; wouyou.
Plateau d'osier, mjoroko.
Plein, /fl/e. il Etre — ,/«. C'est plein, a far a. || — e lune, ka-
roii gé, kalou gé.
Pleur, mja-dyi, mjé-diji (Teau des yeux). || Etre en — s, || s,
VERSER DES , kusi.
Pleurer, kasi, kasé, kisi.
Pleuvoir. Il pleut, san-dyi hé hi (Teau du ciel tombe); san-dyi hé
na (Teau du ciel vient).
Plomb, négé-kèndé, wori-kendé. || — de chasse, miriso, mirson.
Plongeon, tournou. || — , oiseau, ha-kono.
Plonger, tournou, lounou.
Ployer, v. n. digi.
Pluie, san-dyi (Teau du ciel); walaka, \\ — qui dure toute la
journée, toutou. \\ Fin de la — , ou. || Saison des — s, saninya,
sénya.
Plume d'oiseau, si.
Plumer, si ho (enlever les plumes).
Plus, do (autre). || De — , en plus, fsa-o-fisa. || Ne — , té, nté.
11 ne viendra plus, a nté na.
Plusieurs, syama; a ka sya; kika (K.).
Plutôt, o kafisa. Plutôt la mort que l'esclavage, saya kafisa dyonya
yé.
Poche, difa; giha.
Poids, souma.
Poignard, tama-mourou; mourou-ba (grand couteau).
Poignée d'objets, koun, koungo (tête); kala (manche). || — de
fusil, marfa kan (cou du fusil).
Poignet, boulou-kala (manche de la main), blo-kana;boulou-kourou,
kouroîi.
Poil, si.
Poilu, siha.
Poinçon, sono.
Poing, houlou-koiirou; kourou.
Pointe, né; sokho, soua; misé, mésé; noun.
Pointu, nésa; misé, mésé.
Point. Etre sur le — , de, se tourne par : tout de suite, sa-sa.
Je suis sur le point de partir, ni hé takha sa-sa. \\ Le — du
jour, dyoïina (de bonne heure).
Pois. Sorte de — rond, tiga goulé (grosse arachide).
DICTIONNAIRE DE LA LANGUE MANDÉ. " A37
Poison, dabali, donkono; hoiina, bara.
Poisson, yégé, dyégé, nyégo (K.).
Poitrine, disi.
Poivre, /p/e. il — de Ségou, huni fin, khani fingo.
Polir, noiigouija; tilinké.
Polisson, kakala.
Poltron, dijito, sUaha.
Pommeau de selle, nijé-touloii (oreille de devant). || — de sabre,
fan-koun.
Pondre, kili ké (faire un œuf).
Pont, sin, singo; sala; bile.
Porc, Jali; lé-fali. \\ — e'pic, bala.
Porte, ouverture, da. \\ — , ce qui sert à fermer Touverturo,
koun. Il Fermer la — , da toiigou. || Ouvrir la — , da yélé.
Porter, doni-ta; tanaé{B.); nanl. I| Se - — • bien, ka kèndé. \\ Se —
MAL, ma kèndé.
Porteur, doni-tala; tanaéba.
Poser, ké, sigi; boula.
Postérité, bouson.
Pot, dakha , da; barma.
Poteau, koloma.
Potier, dakha-kéla; dakha- darala , da-darala.
Potiron, dyé.
Pou, nyimi, nyamou ; folé .
Pouce, doigt, boidou-kotii-ba [le.iyros doigt), bnuhu-koun-ba.
Poudre, mougou; moumé; bouna.
Poulailler, kouloit-koidou ; sisé-sou; sisé-boun; sisé-sansan.
Poulain, sou-din, sou-dé.
Poule, sise, syé. \\ — de rocher, kourou-sisé.
Poulet, sisé-din, syé-dé.
VoiJMoy, fougou, nila, nilé.
Pour, mémo. En général, ne se traduit pas. Donne-moi de Teau
pour boire ; tournez : donne-moi de l'eau que je boive , dyi di ma,
w' ka mi. Je te donne ce pagne pour ta femme ; tournez : je
donne ce pagne à ta femme, m'bé nyifani di i moiisou ma.
Pourpier, sérindi, kounbali; meskoubélé.
Pourquoi? se tourne par : qu'est-ce qui fait?, inoun la ké, moiin
ka ton, moun kéra (qu'y a-t-il eu?); mou na (pour quoi?). Pour-
quoi n'es-tu pas venu? moun la ké i ma na? Pourquoi es-tu
venu? t nara mou na? I| C'est — , o dé kaké^cestce qui a fait).
Poursuivre, boriko (courir derrière).
Pourtant, katougou. Voir Cependant.
Pourtour, kéré; kéréfé.
Pourvu que, dyakha; ni (si).
Pousser, nyoï-i {K..); digi,falé. 11 l'a poussé dans l'eau, a ka o
4l38 J.-B, RAMBAUD.
falé dyiro. Pousse! digî. || — , croître, modya, nyoni. \\ — du
pied , digi sinma.
Poussière, bougoiiri, bougouni. Il fait de la poussière, bougouré ivou-
lita.
Poussif, nila kili (qui n'a qu'un poumon).
Poussin, sise din.
Poutre, tourouma , toulouma , toloma ; boimgo-yiri [arhve pour case).
Pouvoir, né, se. Je ne peux pas, ii'té se ou 'ma se. Je ne peux pas
marcher, n té se ka takhama. \\ — , subst. , sema. || JN'eiv —
ségé bé na (la fatigue est dans).
Précéder, takhama nyé, boula nya, nyé bo. Précède-moi sur le
chemin, i ka sila nya boula.
Précipice, dinka-ba (grand trou); dimé-ba.
Précipiter, ^/?' (jeter); digi (pousser).
Prédiction, bago-foya.
Prédire, bago-fo; nyinyi.
Préférer, se tourne par : gansa, valoir mieux. Je préfère le riz,
tournez : le riz vaut mieux pour moi, malo bé gansa nyé.
Premier, ybfo, kilina.
Prendre , ta , monta , mina. Prends l a ta! a mina J
Préparer, débé; siri-ké; dura, dala, da.
Prépuce , foro-noun , foro-da ; foto-noun ( K. ) ; foto-da.
Présence. En — de, nya, nyé,fé.
Près. C'est — , a ma dyan (ce n'est pas loin); a ka sourou (B.) ;
soutou (K.); nyokhonfé.
Présent. Il est — , a bé yé (il est là). || A — , sa-sa, si-sa. \\ — ,
cadeau, son. Donner en présent, son-di.
Presque, doni sa.
Presser, bisi; sousou. \\ Se — , tarya, térya , talya.
Prêt. C'est — ,a béna; a bana (c'est fini). !l Subst., do7wli.
Prêter, /owma, sinka, dono (K.), donoli-ké. \\ — serment, khali.
'Prêteur, donoba, donolila.
Prévenir, yb?«^a.
Prier, sali, sali-ké; dali, déli, dali-ké.
Prière, sali; dali, déli. || L'heure de la — , salifana. \\ — de
2 heures chez les Musulmans, sali. || — de k heures, lànsana.
Prix, songo. Quel est le prix de ceci? o songo ?
Proche. C'est — , a ma dyan (ce n'est pas loin) ; a ka sourou, soutou
(K.); a souryara.
Prodigalité, tyana.
Prodigue, naj'oulou-tyana.
Produire, se tourne par : sortir de, bo nya. La plaine produit du
riz, tournez : le riz sort de la plaine, wm/o bé bojoka nya.
Professeur, kara-mokho, digiba.
DICTIONNAIRE DE LA LANGUE MANDE. 439
Profond. C'est — , a ka doun, dino. Le puits est profond de vingt
coudées, holon ka dounnonkonya mouga.
Profondeur, doiniija.
Promenade, takhama; yala.
Promener. Se — , takhama; yala. Je vais me promener, m'bé takha
lakhamala ou takha ka takhama.
Promettre, dégé; fo (dire).
Prompt, ténja.
Promptement, ténja.
Prophète, kila (envoyé).
Propre, dijé, gé; sénoiia. L'eau est-elle propre? dyi ka sénoua.
Propreté, dyéli;Ji.
Prosterner. Se — , nyowiki.
Prostituée. Femme — , dyado mousou.
Protecteur, déméba, démélila.
Protection, démé [aide).
Protéger, démé; mage; tanga.
Provisions de bouche, yhm/rt. || — pour la route, sila-fanda.
Prunelle de l'œil, nya-din,nyé-din.
Puanteur, sotima hala (odeur mauvaise).
Puberté, /oMroM-toM/na (le moment du mariage).
Puce, gara.
Pucelle , mousou a ma dyou-ké folo.
Pudeur, malo, maloya.
Puer, souma hala (sentir mauvais); sema.
Puis, oko, o kho (K.) (après cela).
Puiser, sori.
Puissance, sanba, sanbé.
Puissant, sanba-tigi; séba.
Puits, kolon, kolongo. \\ Creuser un — , kolon si.
Pulpe, /ourow.
Punaise, tinifé; samakourou.
Punir par des coups, gosi, hou^a.
Pur, dyé, gé, gwé^Ko.); délé; dama.
Purge, basi; kono bori basi.
Purger. Se — , basi mi.
Pustule, gounou, sourinya (S.).
Putois, sisé-mitia-wara (la bête qui prend les poules); dyankouna
(chat).
Q
Quadruple, se tourne par quatre fois, kou nani, sinya nani.
Quand, m; touma (au moment de). Tu n'es pas venu quand je
t'ai appelé, i ma na ni nkakdi. Quand tu es venu, il est sorti,
hhO J.-B. RAMBAUD.
i na tourna a hora. || — ? interrog., tourna mé, tourna mena?
Quand es-tu parti ?,î tara tourna mena, il — même, korii; hali
(quoique). Les Sofas prirent le village, il s'e'chappa quand
même, a horita, halisofalou ha dougou monta.
Quantité. Une grande — . Il En grande — , syama, a ka sya; hika
(K.) ; hélé-hélé, H y a une grande quantité' de mil dans le grenier,
mjon syama hé bounou kono.
Quarante, débé, tan nani.
Quarantième , débéna.
Quart, naninya, talata tala.
Quartier, morceau, késé \\ — de la selle, léfa.
Quatorze, tan ni nani.
Quatorzième, tann irianina.
Quatre, nani.
Que, entre deux verbes, ne se traduit pas; on emploie le sub-
jonctif. Dis-lui qu'il vienne, afo a yé, a ka na. Donne-moi de
l'eau que je boive, dyi di \na, n'ka mi. \\ — devant le com-
plément d'un comparatif, se traduit par la pre'position yé. Le
lait est meilleur que l'eau, nono ka jlsa dyi yé. Samba est
plus grand que Kali , Samba ka dyan Kali yé.
Quel? dyoma, dyoman, dyomana'? Quel bomme est venu? mokho
dyoma nara? Par quel chemin es-tu venu ? i nara sila dyomana.
Quelconque, mokli -o-tnokho , mokho bé (tous les hommes).
Quelque, nouno; do. \\ — 'un, mokho, ma (B.) un homme. || —
part, yoro kili; doula kili. \\ — fois, mounya do; sinya do; doun
do.
Quenouille, dyéné, dyéné-konlou , dyéné-kolo; wènda (W.).
Querelle, hélé, kiri; xvoyo (du bruit).
Quereller. Se — , kélé.
Querelleur, kéléla, kiriba.
Question, nxjinika.
Questionner, nyinika.
Queue, kou.
Qui, relatif, mé, min; ou ne se traduit pas. J'ai vu un homme
qui a volé du riz, n'ka mokho yé, a ka malou sounya. Le père
qui corrige son fils est bon,yfl mé bé din lamo, a ka nyi. La
poule que tu as prise est petite, i ka sise mé monta ka sourou.
Il — ? interrogatif, dyon, dyoma, dyomanl Qui est là? dyon bé
y an? dyoman bé y an? Qui es-tu? i dyon dou? Qui est-ce? dyon
don? Avec qui es-tu? i bé dyon fé?
QvmzE , tan ni loulou.
Quinzième , tan ni loulouna.
Quitter, ton, to, boula, bla (laisser); bo (sortir de).
DICTIONNAIRE DE LA LANGUE MANDE. àà\
Quoi? mou, moun; di. Que dit-il? a ko mou? a ko di? Qu'y a-t-il?
moun la? Que fais-tu ■?.^ hé moun ké?
Quoique , hali.
R
Raboteux, nyiningo (K.).
Race, si (graine); baléma (famille); dijala.
Racine, lili , dUi , déli , rf/t ( B . ) .
Raconter, taîifo, tali bo; da.
Rafraîchir, yé-ké.
Rage, maiRàïe, géné-géné. \\ — , fureur, sili, sali, sari.
Raison. Ii a — , tonya ha boulon (la ve'rité est lui). || — , motif.
dyo. Avoir une raison, un motif, dyo soro.
Raisonnable, hakili, hakilina , J'aktH , khakili.
Ralenti, souma, moundi, mounya.
Ralentir, soumaya; mounya.
Ramasser, toumbo, tomba, tomo, tyé.
Ramener , yeléna.
\\ kUPER ., fofo , fori ; sougati, sougato (K.).
Rançon, koun-sara (le rachat de la tète).
Rancune, sana.
Rancunier, sanaba.
Rapide. Il est — , a ka tari.
Rapidité, tarya.
Rappeler, kili ka sagi (appeler pour qu'il revienne). || Se — ,
hakili sigi.
Rapporter, sagi.
Rare. C'est — , a ka goulé, golé, gelé, kholé; doni, dondi.
Raser, si tégé (couper les poils).
Rasoir, sirijé.
Rassasié. Il est — , a/ara, a J'ata (il est plein) konofara, khono
fata (K.) (le ventre est plein).
Rassasier, et Se — , fa (remplir).
Rassembler, kafou; ladyé; lédé; kafou nyokhonfé, kafou nyorkhona.
Il Se — , ladyé; kafou; kafou nyokhonfé.
Rat, gina, giné. \\ — sauvage, kansoli. \\ — , palmiste, géré,
kérin, kérango (K. ).
l{KTE,faranyéré.
Ratière, nyina dyon (filet à rats).
Ravager, ti, tinya, dényé; légère.
^K\m,foxdou; dinka; tind-dinka.
Rayon de miel, U-nyakho, li-wa.
Rebelle. Il est — , a ka koungo-golé (il est dur de tète).
Receler, dougou, tougou (cacher); logo.
h^'2 J.-B. RAMBAUD.
Receleur, tougouba, togoba, dougoiiba.
Récemment, tourna ma mé (il n y a pas lopgtemps).
Récent. C'est — , a 7na mé.
Recevoir, soro, soio, sota. || — , accueillir, dijigi.
Réclamer, déli.
Récolte, se forme par : coupe, prise, tégé, ta. La récolte du
mil, mjon-tégé, nyon-ta. \\ — d'arachide, tigalido.
Récolter, tégé (couper); ta (ramasser). On a récolté tout le
mil, nyon bé tégéla.
Récompense, sara; bounya; lédilé.
Récompenser, sara; saradi; lédi.
Reconnaissant, barakala, harikala.
Réconcilier et Se — , sourou nya (rapprocher); hé siga (faire la
paix).
Recoudre, kara kou-houra (coudre une nouvelle fois).
Recuire, dyani kou-koura (cuire une nouvelle fois).
Reculer, sagi ko; takha koj'é, ko loma.
Réel, tonya.
Réfléchir, tasi.
Réfugier. Se — , téroii.
Refuser, tafé (ne pas vouloir); bali (empêcher). Il a refusé de
me recevoir, a ntafé ka ?*' dyigi.
Regard , féléli , Jléli.
Regarder, /t'/e',_y?e. || — fixement, nya h fé. \\ — çÀ et là,
nya nakala.
Règne , /rtHirtï/fl , mansaya. Sous le règne de Mahmadi, o tourna
Mahmadi touni béfama yé
Rein, souroun.
Reine, /ama moiisou; mansa moiisou.
Rejoindre, na fé (venir vers). Il — deux choses, ké gé.
Réjouir. Se — , bé nyakhali.
Réjouissant, nyakhaliba.
Religion, sila; sî'm (chemin), La religion musulmane, moriké sila.
La religion chrétienne, Aïssata sila.
Remarier. Se — , foiirou kou-koura , kou-foula, kou-Jla.
Remarquer , fêlé , fié.
Remiède, basi.
Remercier, iando, tatiou.
Remettre à sa place, syé.
Remplacer, gononta.
Rempli. Il est — , afara, a béfalé.
Remplir, /rt.
Remuer, loma. \\ — le couscous dans le canari, mourou, namou-
rou.
Renard, mitia.
DICTIONNAIRE DE LA LANGUE MANDÉ. hàZ
Rencontrer, na nyokhonfé.
Remdre, sagi, syc. || — la bride, karfé digi.
Rêne, harfé-dyoïdou , karbé-dyala.
Renoncer, soso; boula, Ma; ton.
Rentrer, dou, sagi ko. Rentre dans la case, i ha houn doit.
Renverser, bona.
Repas , fanda , fana ; kotina.
Repasser le linge, témina.
Repentir. Se — , toubi; mounto.
Répéter, kouma,fo kou-foidana; khouma khan.
Replacer, syé; sagi o nota (remettre à sa place).
Replier, mini.
Répondre, dyabi.
Réponse, la mena.
Repos, sigila. || — , à Tombre d'un arbre, yiri-fonyo, yiro-fyen
(K.) (au vent de Tarbre).
Reposer. Se — , nyonyo; sigi.
Réprimandé, lamoli; dyala.
Réprimander, lamo; dyala-ké; nafounou.
Réserve d'arme'e, dyon-koro-boidou.
Résidence, sigi-yoro.
Résider, sigi. Se tourne par : être habitant. Il re'side à Kankan,
a 'bé kankan-ta sigila.
Résister, ban.
Résolution, giri; (prendre une) giri.
Respect, bounya, héra, héré.
Respecter, bounya.
Respirer, nila kili (appeler avec les poumons), nyo.
Ressemrler, boua, bo fé.
Reste, dorako, dodo, toto.
Rester, ton (laisser), sigi (être assis); kojio (altendre). 11 reste
du tabac, siratoura. \\ — . Reste ici, sigi yan.
Retentir, y)/e'.
Rétif, kéré.
Retirer, bo (sortir). || Se — , takha (s'en aller); bo (sortir);
sagi (retourner).
Retour, sagi, ségé.
Retourner, sagi, sagi ko, ségé. || Se — , yéléna, dyéléma.
Réunir, ladyé, lédé; kafou, kafou nyokhona. \\ Se — , ladyé, lédé;
kafou nyokhona , kafou ni kili.
Réussir, ban bêlé (finir bien); ka di.
Révéler , bakhi.
Revenir, sagi, sagi ko, ségé.
Rêve, sinokhora, sokhora, songo.
Rêver, sinokhora, sokhora, songo.
A/44 J.-B. RAMBAUD.
Revêtir, et Se — , clou, do.
Révolter. Se — , woulé, woiiri (se lever).
Rhume, moula, moura. J'ai un rhume, moula hé 'na.
Riche, nafoulou-tigi.
Richesse, nafoulou, najlou.
Ricin, sou-bakha-banan ; sou-bakha-mana (l'arbre du croque-mi-
taine).
Ride, sama. \\ — du FRom, fonda sama.
Rien, se traduit par : pas une c\ïOs,e, Jen té,Jèn ma. \\ — du tout,
fengo-fen té,Jengo fèn ma. Il ne dit rien, afengo-Jhi téfo. Je n'ai
rien vu ^ ma fengo-fen yé.
Rieur, yéléla, dijéléla.
Rincer, kou (laver); dyi si, dyio si (K.).
Rire, subst., yélé, dyélé, dyélo (K.); v., yélé, dyélé, dyélo (K.).
Il Se — DE, dougouya (se moquer de).
Rivage, ba da (bord du fleuve); da (bord).
Rival, sina.
Rive, da, ba da (bord du fleuve).
Rivière, ba, dyi-ba, koba (grand ruisseau).
Riz, malou, malo (Wolof), mano.
Rizière, malou fourou, malo foutou.
Roche, kourou, krou (K.). || — vlme. , fara , fata , fala. || — fer-
rugineuse, béré, bêlé. Le ruisseau aux roches plates , /flrrt-Ao ,
fata-ko.
Rocher, kourou \\ — , grosse pierre, kaba.
Rognon, ko-kili.
Woi,fama, mansa, masa.
Rond, kori, korindi, korini, koni, goni, godi.
Ronfler, koron, khoron (K.).
Ronger, nyi-mi (manger avec les dents).
RÔNiER, sibi, sibo (K.).
Roseau, kala (lige); wa, wo. \\ — , pour écrire, kalam, khalam
(Ar.). Il — , pour les nattes, solingo. !l Enceinte en — , sé-
kourou
Rosée, kombi, komi, kliombo (K.).
Rotin, tambi.
Rôtir, dyani, dyéni.
Rouge, woulé, blé (R.), wouléma.
Rougir, woulé na (devenir rouge). || — , avoir honte, malou.
Il Faire — , malouya.
Rouille, nokho, noua.
Rouillé, nokhola, nokhoba.
Rouiller. Se — , nokho.
Rouler, la »a'«î(ètre couché tout le tour); koulo-koulo.
DICTIONNAIRE DE L\ LANGUE MANDÉ. A4l5
Route, sila, sira, siro (K.). \\ En — , silaro, siloto (K.). i| Faire
— , takha (aller), tahhama (marcher).
Royaume, dyamani, dyamano (K.) (pays); «fow^oM (Ko. ) (pays).
Rugir, hasi (crier).
Rugissement, wara kasi, wara-ha kasi.
Ruine, toiimbo, tombo; bono.
Ruiner, bono.
Ruisseau, ko. \\ — , à fond de sable, kényé-ko; à fond de roches
plates, fara-ko, fata-ko. || — vaseux, bokho-ko. \\ — embar-
rassé DE racines, lilin-ko, lin-ko. || — torrentueux, tvasa-ko.
Il Petit — , koU, koni. \\ Grand — , koba.
Ruisselet, kolé, koni, ko-din, ko-dingo.
Ruminer, doumou koii-koura , doumoii kou-foula (manger deux l'ois).
Rusé, kékou, kéou; khabi-khali.
Sable, kényé, kyen, tyen; ruisseau à fond de sable, kényé-ko, tyen-ko.
Sabre, /«M, fan, fango (K.); mourou-ba (grand couteau). || Cor-
don DE — , masédou.
Sac, boro, boio, bouéré.
Sage, mouma, moimyo, tnanyou, moundi; naloma.
Saigner, dioli hé ho (le sang sort).
Sain. Il est — , a ka kendé, a ka kéné.
Saison %Iiç\iq , fou-néné , tdima, iléma. 1| — des pluies, taratili; sa-
niîiya.
Sale. Il est — -, a ka nokho, a bé nokhoba, a hénouaba.
Saler, kokho ké, sigi kokhoto.
Saleté, nokho, noua.
Salive, da-dyi (l'eau de la bouche).
Saluer, /o?i; khonto (K.).
Salut, /oi<. Salut! Iniségé! inisé! anisé! anityé! anïké!
Samedi, sibiri, sibdi. •
Sandales, sabata (Ar.), sabara, samara, samato (K.). li — cou-
vertes, mouké.
Sang, dyoli, dyélou.
Sanglant, dyolita, dyéloula.
Sangler, siri (lier). || — un cheval, kirké siri (attacher la selle).
Sanglier, lé, dé.
Sangsue, 7iouli, nori.
Sans, ntan; a man ta (il n'a pas pris); a ka ton (il a laissé). Il
est parti sans ses kolas, a tara a man wourou ta |l — , devant
un infinitif, se traduit par la négation. H est sorti sans mettre
ses savates, a hora, a ma samara dou.
UÉU. LINC. IV. !U)
4 A G J.-B. RAMBALD.
Santé, hém, héré. Comment est votre santé? i bé di (comment
es-tu)? Il Etre en bonne — , ha lèndé, La kéné. || En mauvaise
— , 7na kèndé, ma kéné.
Sarakholé, marka.
Sauce, na-dyi.
SkVTER, pan.
Sauterelle, ton, to.
Sauvage (bête), soubou; wara; tvoido-saklia.
Sauver., kisi. || Se — , bori, boli, bnuri.
Sauveur, kisila.
Savant, kéou; kara-mokho (qui sait lire); mori (marabout).
Savate, sabata (Ar.), sabara, samara, samato (K.).
Savoir, Ion. \\ Faire — , se (pouvoii-). Je ne sais pas faire,
n 'te se.
Savon, safouna (Fr.). safina, saféné.
Scie, kaka, kakéîa.
Scier, tégé kakama (couper avec une scie).
Sciure de bois, yiri-mougou (poussière de bois).
Scorpion, bountani.
Seau, dakha; dijourou, satalé.
Sec. C'est — , a dijara. Saison sècbe, tilima, tlaminija.
Sécher, dija.
Second , foidana , jlana ( B. ) , foulanijandou.
Seconder, démé (aider).
Secouer , goudi/ou-goudyou.
Secourir, démé (aider).
Secours, déméli (aide).
Secret. En — -, dougouro. \\ — , subst. , dougou-kouma (parole
cacbée); moun téjo (ce qu'on ne dit pas.)
Séditieux, dijanfala.
Sédition, dijanfa.
Seize, tan ni woro.
Seizième, tan ni woiona.
Sel, kokho, koua (B.).
Selle, kirké; khirkhé (K.).
Seller, kirké la sou ko (mettre la selle sur le dos du cheval).
Sellier, gara/i-/.e.
Semaine, lokho, lokho-koun, loua-koun, doua-koim.
Semblable. Il est — , a bé mjokhon. Semblable à cela, niji mjp-
khon.
Semblant. Faire — , se tourne par : paraître, yé. 11 a fait sem-
blant de s'enfuir, a yéra bori (il a paru fuir).
Semence, si; dani.
Semer graine à graine, dan. Il — à la vole'e, sari.
DICTIONNAIRE DE LA LANGUE MANDÉ. ààl
Sensé, naloma.
Sentier, sali ka doro (un chemin étroit), sila ka doua (B.), sihi
doromandi.
Sentinelle , sakéhla.
Sentir, souma, soumbou. \i — , au moral, miri, moiuou.
Séparer, ho nyokhona, honyouana (B.) (sortir d'ensemble).
Sept, woron woula, ivoro-gla (B,).
Septième, ivoron-woulana .
Serment, khali, sijénc. Prêter serment, kJialifo.
Serpent, sa, dougouma-si , dougouma-Jen.
Serré, dense, kouna; dournou.
Serrure, da-nyi (dent de la porte); kankéran-niji (dent de la
caisse); da-koun-négé (fer de la porte).
Serviable , dêméha.
Service. Rendre — , démé (aider); A-m (sauver).
Seul, kéli.
Si, ni. S'il y a des bananes j'en apporterai, ni n 'ka namasalou
yé, m 'bé nali.
Siège pour s'asseoir, sigila. || — , taillé dans un morceau de
bois, kourou, koutou; en côtes de feuilles de palmier, ban.
Siffler , foulé, Jlé.
Sifflet, foulé, Jlé.
Signe, ti; syen; non. || Faire — , tiga.
Silence. Faire — , dé, ma kou, da monta. Silence! i dé! ma kou!
da mouta!
Singe, gon, gongo (K.). I! — vert, wara. \\ — noir, gongo.
Sinon, ni o nté, n 'onté (si cela n'est pas). Travaille, sinon tu ne
mangeras pas, i ka bakha ké, ni o nté i nié domoliké.
Situé. Etre — , bé (être). Où est situe' le village, sou bé mi.
Six, vcoro.
Sixième, ivorona.
Sobre. Il est — , a nté mi (il ne boit pas).
Sobriété, moya.
Soeur, haUuia-mousou; tata; ma-mousou.
Soie, hariri; handiki; nasara; serki.
Soif, dyi-hkho (besoin d'eau). J'ai soif, dyi-lokho bé 'na, ou m 'bé
dyi lokholo (je suis dans la soif).
Soir, vvoura, woula. \\ Le — ,woura la. \\ Demain — , sini woura la.
Soirée, woura wotda. || Dans la — , wourala; sou koro (vers l;i
nuit); soumala (au frais).
Soixante, tan woro, mantémé. \\ — dix, tan ivoro -woula. —
dixième, tan woron-woulano.
Soixantième, tan worona.
29.
àll8 J--B- RAMBAUD.
Sol, dongou. ]) — d'une case, doiigou-lcourou , dougou-koidou ; hou-
gou-sou.
Soleil, tUi, tU (B.), tilo (K.).
Solide, goule, golé, gelé.
Solidité, gotdéi/a.
Solliciter, nyininka.
Sombre, dibi.
Sommeil, sinnlho, suno (Kour.). J'ai sommeil, sinokho hé 'na, ou
m 'hé sinokhoto.
Sommet, koiin (tête).
Son du mii, mjon-hou.
Songe, sinokhora, sokhora, songo.
Sonner, yigi-yigi-
Sonnette, talan, îlan; yigi-yigi-
Sorcier, sou-bakha (qui travîiille la nuit); marna.
Sorte. Faire en — que, dahali-ké; dahari-ké; damali-ké.
Sortir, ho;wa (s'en aller).
Sot, fato ; fali ( âne ) ; fah'iro.
Sottise , faloya.
Soudain, sanyi, sa-sa.
Souffle, fonyo , /yen.
Souffler , /owyo ké; boun;fyen,fyé.
Soufflet de forge, fan. \\ Peau du — , fan-goulou. Il — , coup,
tyaro tégé (couper la joue).
Souffleter, tyaro tégé.
Souffrir, ségé, dimi. \\ Faire — , dimi.
Soufre, timbiriti.
Souiller, nokho, noua.
Souillure, nokho, noua.
Soulever, korota.
Soulier, sahata (Ar.), sahara, samara, samato (K.).
Soupçon, yili.
Soupçonner, yili.
Souper, subst., sonro fanda, soulo fanda (K.); v., souro domoli-
ké (manger pendant la nuil).
Soupirer, nilé kili (appeler du poumon).
Source, dyi-dinka (trou d'eau); ba-koun (têtedc rivière). Il — d'un
cours d'eau, koun (tête).
Sourcil, nya-si (poils des yeux).
Sourd. Etre —, toulou ma mé (l'oreille n'entend pas), toidou
goulé (oreille dure), toulou golé, ilo golé.
Souris, nyina din, nyiné din, nyina dé.
Sous, koro, koio, kholo (K.). Sousl es fromagers, banan koro.
Soutenir, korota.
DICTIO\!VAIRB DE LA LANGUE MAMDÉ. ^^1)
Souvenir, mindoxja. Il Se — , manda; hak'di ha ro.
Souvent, simja syama, koii syama.
Squelette, sou-Lourou, sou-kouîou (os de cadavre).
Stagnant, sigda, sigi-yoro.
Stérile, bork.
Sucer, bosi, soiisou.
Succéder, tijen.
SucRK, soukra, soukro (Fr.).
Sud, woro-dougoa {\g pays des Koias) ; hamjaga , ganyaka , hauyaka.
!l Au -^, woro-dougoujé.
Suer, wosi.
Sueur, wosi.
Suffire, se tourne par : assez. Cela suffit, a sira, a lou té; wasa.
Suffisamment, kou wasala.
Suffisant, ivasala.
Suite. A la — , ko, ko Je, kho (K.) | après], il Tout de — , sa-sa,
sa-yéré; si-sa. Il va venir tout de suile, a bé na sa-sa.
Suivre, takhama. . .ko (marcher derrière), divano ké; nométia.
Supérieur. C'est — , a ka fisa (c'est meilleur), a bé sigi sanlo
(c'est situe' plus haut).
Sur, kan, kanlo; koun, ro, to, la na (dans). Sur la montagne,
tinli kan. Sur la rive du fleuve, ba dala.
SUR, dont on est certain, tonya.
Surnager, dyi kan la (rester sur l'eau).
Surnom, tokhoma.
Surpasser, tanbi; tami, lémi.
Surprendre à l'improviste, léléna.
Surtout, o bé ko (tout derrière cela). Surtout ne le tue pas, i ka
nafakha o bé ko.
Surveillant, gela, génda.
Surveiller, kanta, gé, géni.
Survenir par hasard, na; dou.
Suspendre, donli dou; siri.
Syphilis, da; mporo.
Tadac, plante, sira, sara. || — à priser, sira, sara. \\ — à l'umer,
dyaniba, dyama.
Tabatière, sira-bata, sira-bara.
Tablette pour écrire, walaka.
Tabouret, sigda. 1| — taillé dans un bloc de bois, ^oz/row, koutou.
Il — fait en côtes de palmier, ban.
àbO J.-B. KAMBALD.
Tache, nokho, noua.
Taché. Il est — , a nohhota, 7iohholé, nouaba.
Tacher, nohho, noua.
Taille, dijamja.
Tailler du bois, tégé, désué, dise.
Tailleur, karaii-hé, garan-hé (l'homme au fil); dijéné-ké.
Taire. Se — , dé, da monta (tenir sa bouche); ma hou (ne pas
parler). Tais-toi, i dé, ma hou, da monta.
Talon, siti-noun (le nez du pied), sin-tioungo; tonto, sin-tonto,
tontoli.
Talus, honko.
Tamarinier, tonhi, tonba, timhiugo (fruit), taiiha koun.
Tambour, dounou, dnou. Il — de guerre portatif, tabala. \\ — de
danse portatif, tan-tan, tan-tango. \\ — à cordes, tania. \\ — à
pied pour dames, tabala, tabonlo (K.).
Tamis en osier, nyoroho.
T KM-iKM. \oiv Tambour. \\ Faire — ,/o (dire, chanter). !1 — ,fête,
foli.
Tandis que , o tourna kono ; o yéré sa.
Tant que, ni (quand).
Tante, nandi; mama. il — paternelle, ben-monsou. \\ — mater-
nelle, doua-mousou.
Tantôt, tout à l'heure, taralimjan, sa-sa. Il — , auparavant, folono.
Il — , re'pété, tourna dola.
Taon, niti, noto, noro.
Tapade, saman, sin-sin; désa; sé-kourou.
Tapage, woyo.
Tapageur, woyaba.
Taquiner, toro; ganya.
Tard. C'est — , le soir, souro (pendant la nuit), souto, son koro,
sou koto, sou khoto.
Tarder. Il tarde à venir, a nté na, a bc na souma.
Tas, toufa; ton; kabalé.
Tata, din; dan-dan; givin.
Tater, lama.
Tatouage, ténénon; tamanki.
Taureau, nisi-nké; tour a.
Teindre, souké. Il — à findigo, gara.
Teinture brune, kérkéto []L.) , basala. Il — rouge, dyabé. Il — d'in-
digo, gara, gala.
Teinturier, garaba, galaba.
Téméraire, fa ri , fati.
Témérité , fariya , fatiya.
Témoignage, doli-ké ; scdé, séré.
DlCTiONN.unE Di; LA laxgle m.vndk. Zj 5 1
Témoigner, ihli; sciléli. séréli.
Témoin, dolila, sctléla, scri'la.
Temps, tourna. \\ — , température, san. Il fait l)oa:i temps, san
ha wji. Il fait mauvais temps, san ha dijougou. , De — en — ,
(Ionisa. ; — , loisir, dijen. Avoir le temps, dycn soro.
Tenailles, hala.
Tendre, adj. C'est — , a hafinyé, a ha souma. I! —, v. lill soma
(tirer droit).
Ténèbres, dibi.
Ténébreux. C'est — , a dé dilnha.
Tenir, monta; mouna; ta. Tiens! a ta!
Terminer, ban. laban.
Termite, bahha-bahha.
Termitière, bahha-bahha boun . son.
Terre, dou^ou; banho, bnmo. \\ — glaise, banho. "\ A — , par — ,
dougouma. il — ferme, ^m-'.
TESTICLLE,/orO-A///,/ofO-A-î7i.
Tète, honn. houngo.
Teter. sin-mi; sousori
Teton, sin-noun (le nez du sein); taté.
Tiers, sahana lala, sabana ta.
Tige, hala, hhala (K. ).
Timide. Il est — , a bé maloiita . a bé sdana.
Tirer, sama, saba. j; — un coup de fusil, marja gosi.
Tison , ta-honron , ta-hésé.
Tisser , gisé dara . gisé da.
Tisserand, gisé darala, gisé.dala.
Toile de coton indigène, gisé. li — des VosfTcs, bngi dijé.
Toit de case, ti, ti-ba, boun-li.
Tomate. Petite- — . hnijo.
Tombe, dinha, sou-dinha; salé, sari.
Tomber, bi, bouton.
Tondre, si tégé (couper les poils).
Tonner, géni; giri-giri.
Tonnerre, san-houroa, san-halima.
Tordre, bisi; mosi.
Tornade, san-fontjo-ba (grand vent), san fui (ciel noir), dougou-
dougano.
Torrent, xcasa.
Tortu. C'est — , a bé la mini.
ToRTLE, hountja, houla. Il Petite — . solda, soda.
Tôt, dans peu de temps, taria, téria.
ToLCiiER, mara, mala.
TovF¥L,firaba (feuillu).
A52 J.-B. RAMBALD.
Toujours, touin-o-touma , loiuifro-loun (lous les jours), don-o-don.
Tour. Tout le — , rroii. \\ Faire le — , takha mini-mini.
Tourmenter, toro; ganija.
Tourner. Se — , yéléma, dijéléina. \\ — , en parlant du lait, koumou.
Tourterelle, toiifn, louna, louha.
Tousser, sokho-sokho.
Tout, bé, après le nom; ou bien on répète 1(! nom en interca-
lant 0. Tous les hommes sont là, mokho hé bé yé. Tous les jouis,
loimgo-loun. Tous les villages, sou-o-son.
Tout, sokho-sokho.
Trace, non. \\ — de pas, sin, singo, sin-non, sé-non. |i Suivre les
— s, sin-non bo.
Traducteur, dala-minalu.
Traduire, dala-mina.
Trahir, dijaiija ké.
Trahison, dijanj'a.
Traîner, sama, saba.
Traité, snnti; Inhadi.
Traître, dyaiifa-ligi.
Tranquille. Il est — -, à ka mountjo. \\ Etre — , moiinya.
Transpercer, sokho, soua, sya.
Transpirer, wosi.
Travail, bnkha, bakhn (K.), tya.
Travailler, bakha ké; lya ké, sya ké.
Travailleur, bakha-kéla ; tya-kéla, sya-kéla.
Travers. En — , sya. || A — , sya; dyala.
Traverser, tanbi, tami, Icmé. || — une rivière, légé.
Treize, tan; saba.
Treizième, tani sabana.
Trembler, yéré-yéré, dyan-dyari.
Tremper, nyigi (mouiller).
Trente , tan saba ; moiiga ni tan.
Trentième, tan sabana.
Très, hali; iva; kou-sobé, kou-dyougou; a ka sya. Voir Beaucoup.
Tresse en paille, tourou; saraba;fouga.
Tresser, ybî/^fl. || — une corde, dyouloufouga.
Tribu, si (race) ; géri.
Tripes, nougou.
Triple, kou saba.
Triste, dosisila. \\ Il est — , a ka /yen, afyèna; a ka nyani; nyé
tougoura (les yeux sont fermés).
Trompe d'éléphant, sama boulon, kajli bolo. il — de guerre, bourou.
Trois, saba.
Troisième, sabana. '
DICTIONNAIRE DE LA LANGUE MANDÉ. ^(53
Tromper, nén^, 7iégé; fli. || Se . — , fiU. Il Etre — . hé fdilé, hé
Jlilé.
Trompette en corne, hourou.
Tronc, hou. || — darbre, yiri-Ji-aJa.
Trop. C'est — -, a s'njara, a siijata. !i — , avec nn adjectif, se rend
par le verbe neutre en ajoutant yn à l'adjectiT, au passé. C'est
trop loin, n (hjayara. C'est trop petit, a snurmnjava.
Troqler, /«/<.
Trou, dinka, dényé; ivo. \] — dans une selle : les six des pan-
neaux . téfc siri-yoro ; les deux gvos , touwaro. f\ — , ouverture , dn.
Troupe, kélé, héU-houlou.
Troupeau, woré.
Troussequin, JiO-touloii (l'oreille de derrière).
Trouver, apercevoir, yé, nyé, dyé. \\ — , ramasser, tonbo. tomo.
Il Se — , bé; sigi.
Tuer , fakha , fa , fakhali-ké , fali-ké.
Tumeur, saïua.
Turbulent, woijoba.
TuïÈRE de forge, tondo.
u
Ulcère, dyoli-késc (boulon de sang). %
Un, kili, kili.
Unanime, se tourne par : tous, bé.
Unir, réunir, sin nyokhnnfé , siri nyohhonn . nyouana.
Urine, nyégén é-dy i.
Uriner, nyégéné; souna; sounou.
Utile, nafalé.
Utilité, naja.
Vache, nisi-mousnu , nisi-monso.
Vacher, visi-géla ; nisi-gwéla.
Vagin, byé.
Vaillance, fnriya , faiiya.
Vaillant, fu ri , fnlé.
Vaincre, gwé.
Valeur, prix, songo, srmgnn.
Vallée, kniirnu-da, kourn-vuo.
Valoir. .\e — rien, a ma nyi. |l — mieux, gaula.
A54 j.-n. RXMnACD.
Van, mjonro-hou (on y lave le niiol); séfrrré; Jfiffi, hujd, (h'fr.
Van.neau , témé-téiné.
Vanner, la/a, lotifa, d(fé.
Vanmlu, sagi-darala.
Vantard , fé, fémn.
Vapeur, sisi, siso.
Vase, pot, dakha, da. \\ — ,l)Oue, hohlm.
Vaseux, hokhola, hoklwlî, hohhoba.
Vaste, houn, hoiin-ha.
Vautour, douga.
Veau, nisi-din, nisi-dingo, nisi-dé.
Vedette, sakékda.
Véhément, sali, séli, siri (en colcro).
Veille. La — d'un jour, soli, sole.
Veiller, sinyana, s'myéna: dolo, donn. i — sur quelque chose,
sakéla.
Veilleur , sùujanala ; doloha ; dololila.
Veine, /flsa, j)asa.
Velu, si ha sya, si sijama.
Vendeur, y?n7fl.
VENDRE,yi!'r7,- sa)). Il A — , a hé sa)ia.
Vendredi, ardijo)i))ia (Ar. ).
Vénéneux, ho)inaba.
Vengeance, ta-nyokho, ta-ui/oim, sa)m)ja.
Venger. Se — , sara; la-))yohlio; ta-)))joua.
Venin, kowia; dai)g(dn.
Venir, un. \\ — de, ho. D'où viens-tu? ?" ho)-a mi? Viens, na; i ha
na; Ici ha na. || — de, sa-sri. 11 vient de partir, à iahhala sa-sa.
Il A — , a k' lia.
\mt,Jo)ii/o,fije)i,j:)iyé.
Ventre, ko7)o, khoiio (K.).
Ver, tomnhou, to)wiou. \\ — de Guine'e, ségêlé. \\ — solitaire,
torogé.
Verge, l)a<fuelte, ho)isa. \\ Passer par les — s,bo)isa. \\ — , partie
génitale de V homme, fo)'o,foto.
Véritable, ionya.
Vérité, to))ya.
Verrue, so)nn)iya.
VERS,/c',/fln/(''.
Verser, /?/i,- ho. 1| — des pleurs, hasi.
Vert, sxséholosi; nyongou diji. || — , pas mûr, a )nn i))n.
Vestige, no)); tou.
Vêtement, fa)ii,Ja))ou , fa)io.
Vêtir et se — ,/''»' dou; hiri (rouvrir), hiié.
DICTIONNAIRE DE LV LANGUE MANDÉ. A55
Velf, daùkéla.
Veuve, kosaba.
Viande, soiibou, soubo, sogo.
Victoire , givé.
\iDE. C'est — ,Jen iakono (il n'y a lien dedans).
Vider, bo (sortir). Vide l'eau de ia cruche, dyi bo clakha ko)io.
Vie, baloii. \\ Etre e.\ — , baloii. \\ Sauver la — , kisi.
Vieillard, iyé-koi'o.
Vierge. Elle est — -, a ma dt/ou-kéfolo.
Vieux, koro, koto, khoio (K.).
Vif, kéré.
Vilain. C'est — , a ka dyougou.
Village, dougou (B.), sou [M.),galo (K..). Les habitants du \il-
lage, dougou maou (B.), sou mokholou (M. R.). || Petit — , bou~
gou; dougouni. || — de culture, tougouda (M.); konko-sou (B.).
Vin de palme, ban-dyi.
Vingt, tan foula, mouga (M. K.); lan j'oxda ni foula (B.). il un.
tan fouîani kUi. 1 Quatre s, ian ségi (M, A.), kémé , tyémé
• (B.). Il Quatre dix, tankononio (M. K.); kémenla (B.).
Visage, nya.
Vis-À-vis, nyato.
Viser, souma nyé.
Visières. Les — , nougou.
Visite, doundya.
Visiter, konto, khonto; dounayaké. \\ — , examiner, ro nyv.
Vite, tarya, tcrya.
Vitesse, tariya.
Vivant, baloida.
Vivre, 6rt/oM. |l — ^ subst., fanda,fana.
Voici ,/c7e (vois).
Voie, sila, sira.
Voilà, /e7e (vois).
Voile de femme, kounfani.
Voir, yé, dyé, nyé. J'ai vu un homme, n'ka viokho yé. Il Aller — .
takha yé.
Voisin, nyokho sig'dala.
Vol, sounyali.
Volaille, sise (des poules).
Voler , sounya , sounyali ké.
Voleur, souriyaba, sounyalila.
Volonté, sokho.
WLONïiKRS, diya a ro (il y a du plaisir
Voî
Vomir ,/o»//rj , fono.
VoRACE , doniolila-ba.
450 J.-B. RAMBAID.
Vouloir, bafé; sago; mjini. Je veux bien, m'hafê.
Voyage, takhama, tama.
Voyageur, takhamala, tamala.
Vrai, tonya.
Y, yé, yan, yanfé.
Youyou, smiloun.
J.-B. Rambaud.
LES ETYMOLOGIES
DU PHILOSOPHE NIETZSCHE.
Pour faire dire aux mots ce qu'ils contiennent, pour en tirer
les renseignements que nous de'sirons, il faut, comme en toute
chose, quelque précaution et quelque méthode. Ce n'est pas une
source qui s'ouvre au premier appel; surtout il n'y faut pas venir
avec des idées préconçues. A toute époque, philosophes, mora-
listes, politiques ont voulu mettre le langage dans leur parti, de
leur côté. Mais presque toujours, leur siège étant fait à l'avance,
ils n'ont emporté de ces consultations que Fécho de leur propre
pensée.
Un des derniers exemples qui nous montrent, en ce genre, le
même homme faisant à la fois la question et la réponse, nous est
fourni par le philosophe allemand Nietzsclie, lequel a jugé bon
de trouver dans des étymologies la preuve de son système de
morale ^ Malheureusement ses étymologies sont fausses — non pas
plus, mais autant que le système.
On sait quelles sont ses idées. La morale est une imposture :
il n'y a ni bien ni mal. Ce que nous appelons bien, vertu, droit,
est une invention malicieuse des petits, des faibles, des humbles,
qui ont su, par ruse, persuader des billevesées aux grands et aux
forts. Les grands et les forts n'avaient originairement aucune idée
de cette soi-disant morale. Us appelaient bien (gut) ce qui était
à leur convenance, tout ce qui ajoutait quel(|ue chose à la pléni-
tude de leur existence; ils appelaient 7nal (schlecht) ce qui répu-
gnait à leur instinct de noblesse, ce qui leur déplaisait. En quoi
ils étaient dans le vrai.
De tout ceci, le langage fournit la preuve. En elfet, le mot
schlecht n'implique aucune idée morale. Il désigne ce qui est
simple [schlicht), ce qui est ordinaire, ce qui est vulgaire : autre-
ment dit, ce qui vient de la plèbe. Au contraire, le mot gut pour-
rail bien être parent de Gott, car les grands se considéraient, non
sans une apparence de raison, comme ([uelque chose de divin,
comme des dieux sur la terre. Il se pourrait même que le nom
' Généalogie de)- Moral. Leipzig, Naumanii, iSyi.
UtM. LING. — IX. 3o
iMramaaii tiTiuiiLft*
iS58 M. BRÉAL.
des Goths, ces purs représentants de !a famille aryenne, fût
identique avec gut.
Mais la race astucieuse des petits, des prêtres, des dévots, est
venue changer tout cela. Elle a inventé un autre bien qu elle
a prétendu être le bien moral; tout ce qui y était opposé, elle Ta
appelé mal (hos). Ainsi ces deux mots qu'on pourrait croire à peu
près synonymes — hos et schlecht — sont les résidus de deux
systèmes contraires. Tandis que schlecht révèle encore, par son
sens originaire, de quelle noble manière les grands envisageaient
autrefois le monde et ses œuvres, bas est dû à la cuisine infernale
de la haine.
Les autres langues confirment ce que nous apprend l'allemand.
Le sanscrit ârya désigne les riches, ceux qui possèdent. Le gr£c
èaOXos signifie proprement celui qui est, car le puissant seul a
une existence réelle; celle du peuple n'est qu'un semblant et un
mensonge. Les mots xaxos et SsiXôs désignent le peuple par sa
lâcheté, au lieu que dyaOôs réunit en un seul terme la noblesse
de naissance et le courage. Le latin malus est apparenté au grec
[/.ekas : l'homme du peuple a le teint foncé, les cheveux noirs, à
la différence du conquérant aux cheveux blonds et au teint clair.
C'est ce que nous voyons aussi par le gaélique Jtn (par exemple
dans le nom propre Fin-Gai), qui signifie à la fois r blond» et
r noble '1. Car les Celtes étaient blonds; les populations allemandes
chez lesquelles on trouve des cheveux noirs ne sont pas, comme
on le dit, des Celtes, mais les restes d'une race d'esclaves anlé-
rieurs aux Aryens. Cette race a fini par prendre le dessus, non
pas seulement pour la couleur, pour la forme du crâne, mais
aussi pour les instincts intellectuels et sociaux. Qui nous dit
que la démocratie moderne n'est pas due à l'atavisme? La race
aryenne serait-elle en dangei' de disparaître?
Le latin n'est pas moins instructif à cet égard que l'allemand.
Bonus se disait anciennement duomis, comme hélium se disait
duellum. Duonus et duellum, ce sont deux mots apparentés :
l'homme de bien, c'est l'homme du duel, l'homme du combat.
On voit ce qui constituait la bonté dans la vieille Rome. Nous
sommes loin de cette misérable et ignoble bonté inventée par des
malheureux [SetXos, SeiXaios, tsovripôs, (lo^Stipés), qui prêche
le pardon des injures, mais qui au fond n'est que venin et per-
fidie.
Telles sont les étymologies qui servent à élayer le nouveau
système de morale. L'auteur en paraît si satisfait, que dans une
note il propose qu'une Faculté de' philosophie mette au concours
cette question : <f Quelles indications la linguistique, et en parti-
culier l'élymologie, donne-t-elle sur l'histoire du développement
LES ÉTYMOLOGIES DU PHILOSOPHE METZSCHE. A59
des idées morales? n Probablement pour donner un spe'ciraen des
découvertes qu'on peut faire en ce geni'e, il donne Tétymologie
du mot et hommes. Manas cr l'homme-^ (sîc) vient de la racine ma
«mesurer'', parce que l'homme est Têlre qui mesure les choses
[Das abschàtzende Thier an sich). La morale et le droit ne sont que
des questions d'offre et de demande. Toute chose a son prix,
tout peut se payer. Les idées de faute et de peine se ramènent à
des dommages et des réparations.
Les rapprochements que nous venons de résumer laissent
entrevoir que Nietzsche, avant de s'adonner à la philosophie, avait
été quelque peu linguiste. C'est ce que révèle aussi le titre d'un
autre de ses ouvrages : Ainsi parla Zarathîistm. Malheureusement
il ne paraît pas avoir poussé bien loin ses études en ce genre,
car ses étymologies sont vraiment un peu faibles. Je craindrais de
faire perdre leur temps à mes confrères en m'arrêtant à les dis-
cuter. Il est certain que le changement de sens qui a eu lieu en
Allemagne au xvii" siècle pour le mot schlecht mérite d'être re-
marqué; il ne donne pas, à notre avis, une idée favorable de la
société allemande au temps de la guerre de Trente ans : toutefois ,
comme les fondements de la morale étaient déjà posés à cette
époque, nous ne voyons pas ce que peut démontrer, pour la thèse
de l'auteur, cet exemple tardif. C'est ainsi qu'en français bonhomme
est devenu quelquefois synonyme de r niaise ou de rdupew, sans
(|u'ou ait le droit d'en rien conclure au sujet des bases de la mo-
rale. Quant aux autres étymologies, il vaut mieux n'en point
parler. Sans doute Nietzsche a bien fait de renoncer à la philo-
logie : il n'avait pas la vocation. Avec une virtuosité de style rare
chez nos voisins, avec des idées à rebrousse-poil des idées reçues,
une rare puissance d'invective, des vues géniales sur l'avenir et
sur le passé, il avait ce qu'il faut pour réussir dans la carrière
de philosophe-pamphlétaire qu'il a si brillamment parcourue.
Mais ses souvenirs du latin, du grec, du sanscrit et du zend
sont d'un écolier de première année, et ne peuvent en imposer
([u'à un public crédule ou convaincu d'avance.
Michel Bréal.
io.
LA LANGUE MANDÉ.
I
Dans Ylnfi'odiidion de noire DictiowKiirc (Mém. Soc. Liiig., t. IX,
p. 963), nous avons indicjué les limites goo[jra[jhiques de la
langue mande' et les caractères principaux de ses dialectes. Nous
nous proposons, dans le pnîseiil travail, d'e'ludier le de'tail de la
structure du mande'.
Nous nous bornerons à la langue mande proprement dite,
comprenant les dialectes des Bambara, des Malinké et des Kba-
sonke'. Nous n'aurons recours aux dialectes des Souinké, des Soso
et des Vaï que dans certains cas, quand nous rencontrerons chez
ces tribus des analogies plionologiques avec le mandé. Notre
e'tude portera donc sur les dialectes :
des Kliasonke';
des Bambara, de Nyoro, Se'gou et Kong;
des Malinké du Banbouk (très voisin de celui du Khaso);
des Malinké de kila, de Sigiri;
des Peuls (métis de Malinké et de Peuls) du Wasoulou, du
Sankaran, du Konyan et du Kouranko.
Nous les grouperons par régions, de la façon suivante :
Le groupe du Nord : Kbaso, Banbouk, Kaarta (Nyoro), lan-
gage dur;
Les groupes du Centre : régions de Kita, Sigiri, Ségou, Wa-
soulou, Sankaran, langage adouci;
Le groupe du Sud : Konyan, Kouranko, pays de Kong, langage
très doux.
Les abréviations employées dans cette esquisse de la gram-
maire mandé ont été expliquées dans ïhitrodiictiou à laquelle
nous renvoyons phis haut.
L\ LANGUE MANDÉ. /l61
II
BIBLIOGRAPHIE.
Les ouvrages linguistiques sur la langue mande' sont assez peu
nombreux. Les principaux sont, par ordre chronologique :
Dard, Dictionnaire wolof et hambam , Paris, 1825, Imp. royale, in-S";
et Dakar, i8o5.
African lessons , mmidiiigo and englisli , Londres, 1827, in-S"; 07 pages.
DwiGHT, Reniarks on the Screcukhs {American Annah of éducation, Oct.
i83o, p. 45i).
WiLSON, Comparative vocahularies of the negro dialects of Africa {Journal
oftiip American Oriental Society, t. I, p. 887, 1849).
Koi.i.E, Polyglolla Africana , Londres, i85/i, in-folio.
Bartu, Collection de vocabulaires des langues de l' Afrique centrale , Gotha,
i8Ga-i866. 3 parties '\n-k", cccxxxiv et 290 pages.
Stei\thal, Die Mande Neger Sprache, gr. in-8" de xxiv et 344 pages.
Berhn, Diunniler, 1867.
CisT, Les langues d' Afrique , in-iti, Paris, Leroux, i885.
BiNGER, Essai sur la langue hambara, in-8°, i33 pages. Maisonneuve ,
t886.
G^' Faidherbe, Langues sénégalaises, in-12. 26G pages. Paris, Leroux,
1887.
D' Tadtai\, ?iOtcs sur les langues soninhé, banmana et mallinhé {Revue de
linguistique et de philologie comparées, 1887, p. i3o).
Mac Brair, .1 Grammar of the mandingo language, in-8°, Londres, s.d.
Missions africaines, Grammaire de la langue hambara, 111-8" de vu et
218 pages, Saint-Joseph de Ngazohil, impr. de la mission, 1887.
Capif^ Péroz, Vocabulaire de la langue mandingue , iu-iG, 1890.
De ces ouvrages, plusieurs ne se trouvent plus dans le com-
merce. Ceux qu'il y aurait intérêt à consulter, à raison de leur
date ancienne, ne présentent que des vocabulaires arides. Le seul
(jui oiïre une élude réellement scientifique de la langue est celui
de Steinthal. Mais l'auteur n'a jamais connu par lui-même la
langue qu'il étudie. Les sources aux(|uelles il se reporte sont :
Dard, op. cil., 1896; — African Lessons, 1837; — Mac Brair,
s.d; — Kolle, i854, puis des traductions d'évangiles faites par
les missionnaires.
Le premier Européen qui ait pénétré au cœur du domaine de
la langue mandé est René Caillié, après lui le major Laing; les
autres n'ont parcouru que la région le long de la côte; en parti-
culier, Kolle, ({ui fut évèque à Freetowu. Steinthal na donc pu
avoir que fort peu de renseignements sur la langue mandé pro-
462 J.-B. RAMBAUD.
prement dite. Il n'a été bien renseigné que sur les dialectes vaï,
soso et le malinké de la côte.
Depuis lors, le Soudan a été parcouru dans tous les sens, et le
domaine de la langue mandé est actuellement parfaitement connu.
Mais la plupart des travaux récents consistent uniquement en
vocabulaires; tels sont les ouvrages du capitaine Péroz (presque
exclusivement le dialecte du Khaso); — de M. Binger (presque
exclusivement le dialecte du Kaarta et de Bélédougou); — du
général Faidberbe (très peu de renseignements). Presque partout
la partie grammaticale est négligée; la Grammaire des missions ne
se rapporte qu'au pays de Kila. Il nous a donc paru bon de re-
prendre l'œuvre de Steintbal, d'après les résultats des derniers
voyages et nos propres études faites dans le pays.
III
SONS ÉLÉMENTAIRES.
L'alphabet français est celui qui convient le mieux à la tran-
scription de la langue mandé. Le français possède tous les sons
du mandé, sauf la gutturale kh et les sons yodisés.
L'arabe, dont les indigènes se servent pour écrire leur langue,
ne leur fournit ni les sons yodisés, ni le g dur, ni les voyelles
nasales, ni le son é fermé. Quant à l'anglais, la transcription
des voyelles y est très difficile : ainsi Forbes écrit ah-ivoo pour
a-oUy et ai-ee pour èï.
Nous adopterons donc, dans la transcription du mandé, l'al-
phabet français, en le complétant, mais en le compliquant le
moins possible : nous renvoyons sur ce point encore à {Introduc-
tion de notre Dictionnaire.
SI. — Voyelles et diphtongues.
Les sons vocaliques sont les suivants :
Voyelles simples : a, i, ou; é, o, n;
Voyelles nasales : an , en , on.
Les sons représentés par a, i, ou, u sont les mêmes qu'en
français. Le son é est fermé; on trouve quelquefois Vè ouvert,
quelquefois aussi un son eu très faible (fr. je). Le son n est plus
souvent fermé; dans le Sud, il est souvent pris pour ou; il est
alors très ouvert.
Les voyelles simples et les voyelles nasales se remplacent sou-
vent entre elles. Il arrive par exemple que, dans les finales des
mots, on entende a ou an, o ou on. Les voyelles nasales sont
L\ LANGUE MANDÉ. /l63
représentées par an, on, prononcées comme en français {pan,
bon) et par en prononcé comme en français bien.
A côté des voyelles nasales on trouve les sons : m, qui repré-
sente le son i suivi de n et se prononce comme ine du mot t? cui-
sine w, ou mieux le son ing final des participes présents en anglais;
et oiin qui représente le son ung final de certains mots allemands.
Ces sons se trouvent parfois eu finale des mots.
Les diphtongues sont peu fréquentes.
8 2. — Consonnes.
Les sons consonnantiques peuvent se classer de la façon sui-
vante :
OCCLUSIVES FRICATIVES
sourdes sonores sourdes sonores
gutturales k g kh
dentales t , Uf d. dij s z
labiales /> h f v
liquides l, r;
nasales m, n, ny^;
spirantes ^ (et kh).
On remarquera l'absence de sons correspondant à ceux de nos
lettres g doux, j, ch.
Dans les mots étrangers qu'ils ont adoptés, les Mandé ont
remplacé le ch par s. Il n'existe qu'un mot oii il semble se ren-
contrer le son ch : c'est le mot siti rr attachera que les Khasonké
abrègent en sti et prononcent chti.
Gutturales. — La notation kh représente un son analogue au
ch dur, allemand (bach). Nous avons adopté le groupement kh
pour représenter ce son, parce qu'il a déjà été employé par les
orientalistes.
Le son kh est très fréquent dans le groupe mandé du Nord. On
n'y entend presque jamais l'occlusive sourde k, mais bien la spi-
rante kh. Les gens du Sud emploient plutôt le k.
L'occlusive sourde k est très fréquente dans le groupe du Centre.
L'occlusive sonore g se rencontre aussi très souvent dans les
pays de langue mandé. Vers le Sud, les sons g et k sont peu
employés. On trouve à leur place les sons gw et kw.
Le g devra toujours se prononcer dur.
Dentales. — Les sons t, d, s, sont fréquents.
464 J.-B. RAMBAUD.
Le son z no se trouve que tout à fait dans le Sud. La langue
des Toma en fournit de fre'quents exemples.
Les notations dy, ty, repre'sentenl un d et un t mouille's. On
repre'sente souvent ce son par dj dans les transcriptions europé-
ennes; mais cette manière d'écrire donne lieu à une erreur fré-
quente. Les mots Fouta Djalon etDjenné, par exemple, ne doivent
pas se prononcer comme ils sont écrits et comme on le fait sou-
vent, mais bien Foula Dyalon, Dyené. Les indigènes, quand
ils écrivent, emploient le djim arabe; mais nous avons déjà eu
occasion de dire que le son du j français et, par suite, celui du
dj arabe n'existent pas en mandé.
La prononciation est celle de f? et t suivis de yod. Pour tran-
scrire cette prononciation, deux manières se présentent. On peut
écrire d-ya, î-yé, on aura alors les sons d, t, que Ton connaît,
puis des vovelles yodisées ya, yé, analogues à celles que Ton ren-
contre en russe. Nous préférons écrire dy-a, ty-é, avec d et t
mouillés, parce que ces consonnes permutent avec d'autres et
paraissent ainsi avoir une existence propre. On trouve, par
exemple, tyé ou ké k homme -n , dyi ou gi cr eau ». Dans ces deux cas ,
les sons k et g ont permuté avec les sons ty et dy; la niouillure
paraît donc devoir être rattachée à la consonne, non à la voyelle.
Labiales. — L'occlusive sonore b et la fricative sourde/ sont
fréquentes.
L'occlusive sourde p ne se rencontre que dans le groupe du Sud.
La fricative sonore v ne se rencontre que dans l'Extrême-Sud
(Toma, Vaï).
Liquides. — Les sons représentés par / et r se confondent dans
la plupart des cas. On peut remarquer que le son r n'est jamais
initial, sauf dans une particule qui joue le rôle de suffixe, ro
ftdansn, et qui par suite ne commence jamais un mot.
Nasales. — Les sons m et n se rencontrent très souvent. La
notation ny représente la nasale 7i mouillée, c'est l'équivalent de
notre son^n dans le mot rogner. Nous l'écrivons ny au lieu de gn,
par analogie avec les consonnes dy, ty.
Spirantes. — Les spirantes sont h, f, kh. Nous reviendrons
sur ces sons à propos des mutations de consonnes ;
h représente une aspiration très faible ;
y représente le yod, soit seul devant une voyelle, soit après
une consonne;
w a le son du w anglais.
LA LANGUE MANDÉ. 465
Consonnes doubles. — JNous n'appelons pas ainsi les consonnes
di/, Uj, 711J, qui sont des consonnes simples mouillées, ni kh qui
repre'sente un seul son bien défini.
Quelques auteurs ont voulu voir des consonnes doubles en
bambara, dans certains mots. Bingor cite, par exemple, banba ou
bainina r caïman n, et il dit que l'on doit mettre deux m parce que
le b de banba se change en iit. Cela nest aucunement justifié dans
la prononciation, où Ion eutend parfaitement ba-ma et non bam-
ma. C'est accorder une existence propre à la lettre n de banba qui.
?n réalité, n'en a pas. Le jnot banba n'est pas autre chose que
le mot bama où le son a est nasalisé et devient an et le son m de-
vient b. Ces deux mots s'expliquent donc ainsi :
b-a-m-a ' — >■ b-an-b-a;
et non :
bam-ba > — ^ bam-ma.
On peut donc alïîrmer que la langue mandé ne -présente pas de
consonne double. Quelques exceptions apparentes à celte règle se-
ront expliquées dans la suite.
IV
CONSTITUTION DES. SYLLABES ET DES MOTS.
Les mots de la langue mandé ont une, deux ou plusieurs syl-
labes, mais les monosyllabes et les dissyllabes sont de beaucoup
les plus fréquents.
En mandé, toute syllabe est formée d'une consonne suivie d'une
voj/elle. La consonne peut être :
1" Une consonne simple;
2" Une consonne yodisée;
3" La spiraute /*.
La voyelle peut être :
i" Unç voyelle simple;
9° Une diphtongue (rare);
3° Une voyelle nasale.
Exemples : ba-ma tr caïman t), ban-ko t argile r', tijé « homme w,
dtji «eau'", ijé-gé r poisson w, bou-lou rmainr».
(ietle règle est absolument générale et ne présente que deux
exceptions.
La première est un démonstratif : o r celui-ci «.
Zj66
J.-B. RAMBAUD.
La deuxiî'iiie est faite par les vocables qui désignent les per-
sonnes, correspondant à un pronom personnel de la 2* et 3* per-
sonne :
2* personne, i frtoi»;
3* personne a, 0 trluiw,
et leur pluriel alou ffvous, euw, an rmousi^.
Nous verrons même plus loin que ces exceptions gênent sou-
vent les Noirs, qui y remédient en ajoutant une consonne devant
ces voyelles isolées.
On trouve encore quelques cas où cette règle semble tomber
en défaut. Ce sont des mots dans lesquels on trouve deux con-
sonnes de suite, comme sra tf avoir peuni, bla « laissera, sti tf at-
tachera, y/a tfdeuxTî, etc. Il ne faut y avoir, en réalité, que des
produits de Télision d'une voyelle située entre deux consonnes,
ainsi que le prouvent les mots complets qui existent parallèlement
à ceux-là. Les dialectes bambara surtout font grand usage de ces
élisions, assez peu usitées dans les autres.
Exemples :
siti, sti frattacherw;
boula, bla tt laisserai.
boulou, blo frmain»;
foula , fia rf deux n ;
sira, sran tr avoir peur».
Ces élisions ont lieu surtout quand la seconde consonne est
une liquide ou un t.
De la règle indiquée plus haut, il résulte :
1° Que la syllabe, en mandé, est toujours fermée ;
9° Quil n'y a jamais deux consonnes de suite dans un mot;
3° Qu'un mot est toujours terminé par une voyelle.
Cette voyelle est surtout 0 dans les dialectes du Nord, i ou ou
dans ceux du Centre et du Sud.
Exemples :
K pagne», Nord fano; Centre fanou; Sud fani;
rmain», — boulo; — boulon; — boulou;
K femme», — mouso; — mousou; — momou.
Cependant, dans quelques pays du Sud, mais non du Sud-
Ouest, on trouve le son final 0 au lieu de ou, particulièrement
LA LANGUE MANDÉ. \61
dans le Nalana. Mais c'est alors un o ouvert et bien différent de
l'o fermé des Khasonké.
Les Noirs obéissent à cette règle, imposée par leurs organes,
lorsqu'ils adaptent en leur langue des mots étrangers. Ils ter-
minent toujours par une voyelle un mot terminé en français par
une consonne ou un e muet, et ils intercalent une voyelle entre
deux consonnes consécutives.
Par exemple, le mot soupe devient so«juo ou soupi; bouteille =bou-
tèi/o ou boutèifi; table =^ iabalo; plume ^pilimo.
Une autre exception paraît être formée par la lettre n initiale
servant à indiquer la i"^" personne. Mais ce pronom , dans sa forme
simple, est né, et \n isolée provient d'une élision.
V
PHONÉTIQUE.
Les principaux modes de transformation du langage mandé
sont :
1° La nasalisation des sons;
2° La répétition des consonnes;
3" La suppression des sons;
h" La mutation des sons.
SI. — Nasnlisahon.
Nous avons déjà parlé de la nasalisation des voyelles et de
l'alternance fréquente de a et an, o et on.
Quand un mot commence par^^, k, hh, d, t (c'est-à-dire par
une dentale ou une gutturale) la voyelle qui termine le mot pré-
cédent se nasalise presque toujours. Cela a lieu," mais moins
fréquemment avec les mots commençant par b, p,f. Par exemple
on dit garan-hê pour gara-hé t teinturier en indigo, cordonnier;
Toman-hé pour Toma-ké crbomme du pays de TomaT»; Khason-ké
r homme du Khasow; nouman-boulou pour tiouma-boulou «main
gauche w; kinin-boulou pour kini ou kéné-boulou trmain droite t).
La consonne y se nasalise souvent quand elle est initiale, et
devient nij; mais la nasalisation ne se porte jamais sur la voyelle
précédente. Exemples : i/égé ou nyégé k poisson -n ; ba-nijégé r le
poisson de la rivières et non ban-yégé.
S 2. — Répétition des consonnes.
Nous avons vu que le vocable qui correspond à notre pronom
A68
J.-B. RAMBAUD.
personnel de la 2" personne est i. Ce son isolé constitue une diffi-
culté pour les indigènes dans certains cas.
Nous verrons, par exemple, que Tidée de commandement se
rend par l'addition d'une particule kn devant le mot qui rond
ridée du verbe : r viens n se traduira donc par i-ka-mi. Mais il
arrive souvent que le Noir répèle devant la première syllabe la
gutturale de la seconde, et l'on entend très souvent li-ha-na.
De même : hi ka na r- va- t'en ^; hi la lo rarrète-toiii; ki ka doit
ft entrer.
Notons tout de suite que, dans le Nord, la particule est klia
et que les pbrases précédentes sont : khi kha na, khi kha h, khi
kha (I0U. etc.
8 3. — Suppression de sons.
Les suppressions de voyelles (élisions) peuvent porter sur des
voyelles finales ou sur des voyelles dans le corps d'un mot. Nous
avons déjà vu que certains dialectes laissent tomber la première
Aoyelle d'un mot de deux syllabes. Ce phénomène s'observe sur-
tout quand la consonne de la seconde syllabe est une liquide et
celle de la première syllabe une labiale.
Une voyelle finale peut s'élider devant une autre voyelle. Cela
arrive quand le mot suivant est un pronom personnel. On dit
ainsi : mb' i gosi t je te frapperai, pour m hé i gosi;- n k' i kili
et je t'ai appelé 17 pour n'ka i kili. Cette élision se produit presque
toujours avec le pronom /, mais elle n'est pas nécessaire avec le
pronom a. On entend très bien a fo a-i/é rr dis-lui 'i.
L'élision de la voyelle finale se produit aussi avec le pronom
de la i"^* personne, né tmioin. Cela a lieu très fréquemment.
Devant les labiales, on entend alors m au lieu de n. Exemples :
m" // i gosi pour »*' hé i gosi: n tokho rmon nom 75 ^our né tokho ;
m fa ^mon pèren pour né fa; n kono «mon ventre t pour nékono.
La consonne kh tombe quelquefois quand elle est placée entre
deux voyelles identiques. Ces voyelles peuvent alors se modifier ou
se contracter en une seule. Par exemple, le mot hkho des dialectes
dii Nord et de l'Ouest, se trouve, chez les Bambara, modihé de la
façon suivante :
lokho = {lo-o) =lou-a rrbois à brûler n;
tokho = (^to-o) = tou-a a nom ri ;
kokho = (A'o-o) = hou-a rr sel ri.
Dans les mots suivants, il y a contraction des deux voyelles :
takha = [ta-a)=^ta k aller ??;
fakha = (Ja-a)=fa rftuern;
sakha = [sa-a) = sa ff moulons.
LA LANGUE MANDE. ^69
Mais il peut y avoir lieu de considérer plutôt dans ces mots
les syllabes klia, kho comme des sortes de suffixes qui tombent
dans certains dialectes. Si les Bambara disent AoM-a, lou-a. toti-a,
au lieu de kokho, hkho, tokho, U'9. Mandé du Sud prononcent sim-
plement 1.0, lo. to. Ils disent encore ino pour mokho - homme ■^, et
ce mot se retrouve en soso sous la l'orme moa-klié.
De même, dans d'autres cas, il semble que la particule addi-
tionnelle soit tombée :
(loiigou crpaysw, dans le Sud = </oM;
sigi T s'asseoir 1, en ynï=si;
sinokho cr dormira, dans le Kouranko = .swho, en \a^i = sino;
eu soso dyigé teauT), en mandé = c?//i,*
thjougon. tout ce qui est rr désagréable 'i, en soso = (lya.
Celte racine f///« se relrou\e dans les autres dialectes sous la
l'orme dijanfa k tiabison-. Il semble donc quil y ait là chute d'un
alTixc.
% li. — Mutations.
On retrouve souvent le même mot a\ec des voyelles différentes,
surtout la voyelle finale, d'après l'euphonie. Le plus souvent, cette
voyelle s'assimile à la suivante.
La voyelle qui est le plus souvent changée est é. Elle s'affaiblit
en i devant les syllabes dont la voyelle est /, et est remplacée or-
dinairement par a avant les syllabes en a ou o. Ce qui est dit ici
des voyelles doit s'entendre également des voyelles nasalisées.
On dira, par exemple :
m M sigi pour in hé sigi ~je suis assise;
na Ion pour né hn ffje saisw;
na lo pour né lo rrje suis arrêtée.
Les consonnes présentent, suivant les régions, ou suivant les
individus, plusicuis alternances, dont les principales sont les
suivantes, avec leurs réciproques.
1. Les liquides entre elles, /et r; l, m. n, r entre elles;
'2. Les continues entre elles, kh, h et/;
.'}. Les dentales fricatives entre elles, s et z:
^1. Les gutturales avec les labiales, g et h, k et /j, kh et/;
5. Les fricatives sourdes et les occlusives sourdes, kh et k, f
elp;
6. Les liquides et les dentales, l el d , r et t;
7. Les dentales mouillées et les gutturales, dy et g, ty el k;
àlO J.-B. RAMBAUD.
8. La uasale jnouillée ny et la dentale mouillée dy et la gut-
turale nasalisée ng:
9. La dentale dy et la dentale sifflante s.
i° Les sons / et r sont tellement peu distincts qu'on les con-
fond souvent. Le son r cependant n'est jamais initiale
On trouve encore fréquemment les sons n et r à la place l'un
de l'autre, surtout dans les suffixes verbaux. De même, m pour /
ou r.
2° Le remplacement des spirantes entre elles a le plus souvent
lieu au commencement des mois. Le mot qui signifie cr habile,
attentif 1^ possède les trois formes : khalili {'S or à) , fakili (Centre et
Est), hakili (Sud).
3° Le son z ne se trouve que tout à fait dans le Sud, à hauteur
de Mousadougou et des pays Toma. Il équivaut à un son s dans les
dialectes du Nord. Mandé : sou cr case 17, T. zo; sa rr instante, T.za.
h" Les guttui-ales sont difficiles à prononcer pour les gens du
Sud. Aussi on entend les sons/, p, b, tandis que dans le Nord
les mêmes mots sont articulés avec /.7t, k, g. M. Binger a déjà
fait remarquer que le nom de la ville de Kong'^ se prononce,
dans le pays, Pong. On peut citer d'autres exemples : gé, hé
ffblancT); goulou, bouJou rrpeau, cuir?!; khoU, golé, gwélé, boulé,
bolé tf lourd 7?. Le pays de Sanaukoio s'appelle Gonon ou Bonon.
Dans quelques régions, le Konyan par exemple, tantôt on
trouve les mêmes mots prononcés avec p et b, tantôt les guttu-
rales s'accompagnent du son w. Ce son s'intercale soit après les
labiales; soit après les gutturales. M. Binger écrit Pabya, un nom
de village que d'autres voyageurs avaient entendu Kivabya. On
trouve encore : kili tr appeler r et giviro (T.) « chanter n; gé rr blanc
et gwé (Ko.).
5° Le kh n'existe guère que dans les dialectes du Nord. A hau-
teur de Kita et surtout de Sigiri, on ne l'entend presque plus;
on n'entend plus que le son k. Quant à la spirante/, elle alterne
avec p. Cette dernière forme se trouve dans le Sud. Exemples :
J'éréféré ou peripéri r. papillon r).
' La grammaire de Binger donne quelques mots qui semblent faire exception.
On y voit, entre autres, rotomo voulant dire rrchoisir, élire«, et robo «nettoyer,
curer«. C'est le résultat d'une analyse inexacte de la phrase. On dit : «choisir
un fusiln marafarotiimo , «se neltoyer les^entsw nijirobo, que Binger divise en :
vuirafa rotomo «fusil choisira, ityi robo «dents neltoyer ??, tandis qu'il faut ana-
lyser ainsi : majo/àro <omo «fusil-dans prendre, prendre parmi les fusils n; nyvo
bo «dent dans sortir, ôter de dans les dents '\
'^ Ce nom est, dans le pays, kongo, le 0 final très bref.
LA LANGUE MANDE.
àl{
6° Les liquides / et r e'quivalent aussi k d ai l. Les dentales
sont plus usite'es dans le Nord et le Centre; les liquides se ren-
contrent plus fréquemment dans les dialectes du Sud. Les exemples
sont nombreux :
lo, do «s'arrêter- (gbe'ze', to);
sounkourou. sounkoutou r jeune fille r»;
koro, koto, Jchoto (Kh.) ffàge'ri;
koitra, kouta rjeuue-^;
le suflSxe ro, to «dans^^;
le suffixe verbal ra. ta:
un, dili, dli (B.) tr racine ?i;
le mot arabe sadaqa rr aumône^ donne (M.) saraka, (K. S.)
sarnkha , ( V. ) sara - aumône r> ;
le mot français r- boitera donne buta, bava;
siri, siti, su t attacher 75;
le mot arabe sahala r pantoufle » , donne sabato (K.), samalo (M) ,
sahara, samara (B.).
7° Les dentales mouilie'es alternent avec les gutturales. Ce
changement est également un des plus fréquents, mais il n'a lieu
que devant é ou i, jamais devant a, 0, ou :
diji, gi freau^;
Ujé, ké, khé (K.) tf homme»;
kényé, tijen (B.) cr sable n. .
8" Le son y initial se nasalise souvent. Il alterne avec la den-
tale mouillée dtj : yégé, di/égé, nyégo (K.) ff poisson -7; ijin, di/iri
r arbre 75.
A son tour la dentale dy alterne avec g-, comme il a été expliqué;
la nasalisation reste et le son entendu est ng. Un nom de village
qu'Anderson écrit Binya (c'est-à-dire Baïnya) se prononce aussi
bien Baïnga.
9" On rencontre quelques exemples d'équivalence de dy^ ty en
s. La forme s se trouve; surtout dans le Sud. Comme ty et k sont
équivalentes, on trouve aussi des exemples d'équivalence de k et
de s et, dans certains dialectes, de z. Quelquefois l'* est mouillée :
dyi fteaur , zi (T.);
lyiké ftli-availlen:, on entend fréquemment syaké, sokc (V. );
lya ff beaucoup ^7 (rare); sya (fréquent);
.«'.se, syé k poule 77 ; tyé (V. ) ;
10" La labiale h équivaut encore à mi, surtout dans un mot
472 J.-B. RAMBALD.
dissyllabe où les deux voyelles sont les mêmes. De même t et n;
la première voyelle est alors nasalisée :
hama , banba n caïman -n ;
(ama, lanha, tanbo (Kh.) rlame^;
kama, konba, khanba (Kh.) rre'paulc».
VI
VOCABULAIRE.
Pour éclairer par des exemples ce qui a été dit du paragraphe
précédent, nous réunissons ici un certain nombre de mots dont
la parenté ne fait pas de doute :
(M.) kili rœuf^; (V.) kéri; (S.) khilé;
(M. )g-ou/ow [Nord] tr peau, cuirn;(i\l.) [Sud] boulo ; [S .) gbouro ;
(S.) gboiini;
( M . ) sigi tf s'asseoir ^ ; ( V . ) si; ( S . ) sikhi ;
(M.) sise, syé rpoulew, (V.) tyé; (S.) ttjokhé;
(M.) siri, siti, sti '•attacherr; (V.) kiri, (S.) kiti. A rapporter
encore à cette racine le mot mandé dijouloii p-lien, corde i^, par
changement de s en dij et addition de particule Ion;
(V.) <li/a '.• tout ce qui est mauvais 75 ; de là, di/ougou r mauvais:? ;
dijaufa tf trahisons;
(M.)/rt rremplirw; (V.)/a; [9).)foukha;
{M.)Jolo f- premier n; (V.) péné;
[M.) boulon rfmainr»; (B.) blo; (V.) boro;
(M.) soklioma, sakhoma r-matin^^; (Kour.) soma; (V.) sama;
(M.) koroudi '•colon':; (Kour.) kodomîi; (\.) koijondi;
(M.) t(nd)i "passer^; (B.) léinr;
(M.) dountoun rcoq^, (B.) doiino.
MASDK.
Peau goitlou, boulon
Tète Icouu
Glieveu kounsi
Cou kan
Epaule kama, kamha
Bras boulon , blo (B)
Main boulon, blo (B)
Coude munkoun
Fesses dyou
Cuisse ivoro
Genou kamarinkouu ,
kounbéré
faleï, kiri
gbourou
II
koun
koun
vioun
kounsakhé
koundi
moundé
II
II
kivagi
fatigé
bclakhc
II
bouro
n
II
bclakhc
bouro
II
II
II
II
« //
II
II
//
II
II
khimbi
kounbéré
II
LA LA.\(iUE
MANDÉ
473
MANUK.
soso.
VAÏ.
lOMA.
Pied. . . .
siii
sait
hcn
V
Veines. .
Jasa
fusa
■ y
II
Cœur. . .
sov
II
II
:i
OEil. . . .
Oreille. .
ijé, nyé, dijc
tOuloH
nya
louli
dya
loro
II
II
Bouche. .
(la
dé
da
II
Dent . . .
mji
nyi
nyi
ningé
Langue .
lira
lien
né
né
Visage. .
Doigt. . .
Os
n>/é, iifjn
koni , koundi
hourou, kouloH
nya
hdè , ivari
dya
1
lîourou ,
soulou
II
II
II
MI
FORMATION DES MOTS.
On lrou\(j en mande' des (Me'nients auxiliaires ayant gardé leur
sens [jropre et agissant d autre part comme ('lémenls principaux,
et d'autres qui n'ont aucun sens par eux-mêmes et ne s'emploient
qu'en juxtaposition avec des éléments principaux. Par exemple,
le mot kono veul dire r ventre et s'emploie comme élément auxi-
liaire dans le sens de ff « Vintérienr de^. On dira ba-kono rdans la
rivière 5?. Mais, d'autre part, on dit aussi baro, où lélément ro n'a
aucun sens propre et s'emploie seulement en composition avec
un sens correspondant à celui de la préposition fdans'i.
^■ous avons vu que le plus giaud nombre des éléments de la
langue mandé sont dissyllabiques ou monosyllabiques. Mais beau-
coup d'éléments monosyllabiques proviennent de contraction de
dissyllabes, et beaucoup d'éléments di.ssyllabiques sont déjà en
eux-mêmes des composés.
La langue mandé présente un grand nombre d'homonymes.
Les uns sont réellement des homonymes ayant un sens différent;
d'autres proviennent de contractions. Dans le premier groupe,
nous rangerons :
ha "mère, chèvre, grand, rivière^; — ko "j'uisseau, dos?»;
— fé :- calebasse, vers''.
D'autre part, on a :
/«r prendre^ et /a, contraction de taklia "allers ; — da r bouche i
et du, contraction de dakha r potr»; - — fa w père, plein -^ et/fl, con-
traction ait fakha r tuerai; — ko •? ruisseau, dosr> et ko, contrac-
tion de kokho f-sel^; — bé f'ètre«, particule de l'aoriste, et hé
Vl'.M. I.ING. — l\. 3l
474 J.-B. RAMBAUD.
trtousw, qui est la contraction d'une racine que l'on retrouve en
vai sous la forme péné, et en soso sous la forme biri.
Une méthode de composition fréquente est le redoublement
de Téle'ment simple. Ce phe'nomène se rencontre dans un certain
nombre de noms d'animaux : kosokoso ff vipère n; donntoun crcoq»;
ménéméné « fourmi n; banba f caïman 75; manimja frboa^i.
Ce redoublement sert encore à rendre les onomatopées : dandan
:f tambour 71; taïantalan « cloche, cymbale w; sousou tf moustique 75 ;
dondon c bourdonnement, guêpe».
Avec les éléments ayant le sens d'adjectifs, le redoublement
exprime la qualité à un haut, degré. Bérébéré tftrès bien, beau-
coup 75; dindin ctlout petit»; dondidondi cftrès lentement»; moundi-
moundi tr tout doucement»; sasa rrà l'instant», du mot arabe sa
tr heure».
Du mécanisme grammatical du mandé, il suit que le même
radical a plusieurs significations se rapportant toutes à la même
idée, lesquelles se distinguent dans les langues plus avancées par
des phénomènes différents. Ainsi la racine si veut dire rr arriver,
arrivée, lieu d'arrivée»; folo signifie ff premier, d'abord, com-
mencer, commencement»; kélé a guerre, rixe, se battre, combat,
troupe»; smecf champ, culture, semer».
D'autres fois, au contraire, la modification de la racine se fait
par juxtaposition d'un élément auxiliaire, comme nous le verrons
plus loin. Ces éléments auxiliaires ont tout à fait l'allure de nos
préfixes et suflSxes. En examinant de près certains mots, on
s'aperroit qu'une partie ne fait pas réellement partie intégrante
de la racine, mais paraît être un sufExe qui y a été incorporé.
Par exemple, kouma cr parler, parole» provient de l'adjonction
d'une particule ma à la racine kou que l'on retrouve dans ko cr dire » ;
dotigoiima rrbas, par terre», de la même particule ajoutée à dougoii
ff terre, sol»; doroma tf petit» provient également d'un élément
primaire que l'on retrouve en vaï sous la forme dori r petit»; lu-
khama r marcher, marche», de taklia fr aller».
D'autres éléments paraissent a\oir perdu un sulfixe. On j)eut
rapprocher le mandé boulon rr bras » du soso balaklm , balaklié; rr eau »
se dit, en mandé, dyi, en soso , tjigé ; rr poisson» [M .) i/égé , {V .) 7itié ,
en enlevant le suffixe gé, (S.) ijaklié; rr poule» (S.) louklié, (V.) li/é,
(M.) stjé, sise.
LA LANGUE MANDE.
475
VIII
NOMS
DE NOMBRE.
Les noms de nombre sont les suivants :
MA»DÉ.
soso.
VAÏ.
TOMA-
BÉRÉSÉ.
1 .
kilt
kiri
dotido
htla
tant
0
foula
mba
firi
sékoun
fera
^agba
firi
saba
firé
dzaba
h.
nnni
nani
nani
nani
nani
5 .
loulou
souni
sotou
loulou
loulou
g'.
woro
séni
soun dondo
dosita
méhita
7.
8 .
ivoron woula
sêgi
soulifri
sotdimasékoun
sounféra
soun sagba
dofira
dosaba
méhiré
mé-saba
9.
konoulo
soulimanani
soun nani
tavou
menait
0.
0.
0.
tan
tan foula manga
tan saba
fou
makiionya
tonga sékoun
tan
mo bandé
mo bandé akotan
pou
poufourougo
pou saba
pou
pou firé
pou dzaba
0.
0 .
tan nani
tan boulon , débè
tonga nani
tonga souli
moféra bandé
II
pou nani
pou loulou
pou nani
pou loulou
0.
kémé
kémé
mo sourou bandé
viougiré
ivourou
Parmi les mots qui expriment le nombre ff un», les trois formes
km, kiri, hila sont identiques, aux changements phonétiques près.
Il reste les trois formes : kili, dondo, tani.
Les nombres trdeux, trois et quatre ^^ ont la même forme
partout.
Le mot nani « quatre ^ est à rapprocher du wolof nyanenti et
du poular nahi, qui ont la même signification.
Le mot «cinq» a deux formes : loulou et sali.
Dans le groupe mande', le bérése' et le toma comptent par
cinq. En soso, trsixn se dit séni; cela peut être pour souli-ni, r cinq
et. . . » En toma, trneufn se dit tavou. Le mandé paraît faire ex-
ception. Mais il faut remar(|uer que les mots ségi et kononto ont
évidemment été inventés après coup. Kononto veut dire frdans le
ventre». Il se pourrait que ce mot ait été adopté par allusion au
nombre de mois que dure la grossesse.
Pour «dix», les noms se réduisent à deux : tan et pou. Au pre-
mier se rapporte le mot soninké tamou, et au second le mot wolof
fouka avec la particule ka. Il faut y ajouter un mot employé dans
les pays nialinké pour indiquer les dizaines : bi.
Les dizaines s'expriment par des composés du mot dix. Trente
se dit : '^ trois dizaines» tan saba, etc. Il faut remarquer quel(|ues
Si.
47,6 J.-B. RAMBVUD.
mots paii'iculiers. Le vaï dit, pour r vingts, tno bandé « un homme
entier-", c'est-à-dire à qui on a compté les doigts aux pieds et
aux mains, rr Quarante ^^ s'y dû ma fera bandé rdeux liommes en-
tiers, rr Centn , nio sorou bandé " cinq hommes entiers i^. On peut ex-
pliquer d'une façon analogue le mot soso makhomja rr vingt 17, en y
de'gageanl la racine mohho "hommes. Il faut en rapprocher le
mande' mouga, moukha. Le mot mande' débé veut proprement dire
f natte -n. Ou l'a pris pour signifier r-ciuarantc? parce que les
nègres s'assoient à deux sur une natte. Le mot débé rend donc la
même idée rdeux hoinnVes-" (|ue le vaï : mofoida bandé.
Les Bam])ara comptent comme les autres Mande', jns(|u'à
80. Mais ils emploient le mot hhné dont la signification gé-
ne'rale est tr centra pour dire r quatre-vingts^. Ils continuent en-
suite, de sorte que kémé ni tan veut dire r- quatre-vingt-dix n, kémé
ni tan foula r-ceutr, lénié ni tan saba rcent dixr, etc.
Les Mandé seuls ont des mots pour rendre l'idde du nomhre
ordinal. Ils l'expriment par la particule na ajoutée au nombre
cardinal. Fotdana veut dire '•second'-', sabana rr troisième i?, etc.
Ils emploient aussi le sutïîxe ni/an ou même ni/andou, et ils disent :
foidanjian. foulan nandou; sabamja, fiabunijandou.
Les multiplicatifs se rendent par le mot siwja rfois^. rrDeux
fois?i. sinya foula; f trois fois-", sinf/a saba.
Pour indiquer la distribution, on re'pètc le radical numéral :
ffDeux à deux 17 se i\\[J'oula-foula, r trois par trois^^ saba-soba.
l'ROi\OMS.
Les pronoms sont les suivants :
Sing. 1" pers.
Plur. 1 " pers.
a
an
aloH
al ou
II
n
na
i
i
i/nvé
a
a
a
nioukou
mou
II
IVO
won
II
i
a , anou
II
En juandé, lou est la marque du pluriel. Donc alou est je plu-
riel de a et, par mutation de voyelle, remplace aussi ilon, qui
serait le pluriel de /. Le mot môukou ne diffère de mou que par
l'adjonction delà particule kou. Enfin le mot \aï anou est le même
que le mandé alou.
Il faut remarquer que le on final de ces pluriels s'altère en 1
LA LANGIE MANDE. Ml
tlevaiil le y du siifiixe //c'. On dit : ^ dis-leur-^ afo aliyv, et non afo
alouyé.
La personnalité s'indique par le suffixe/an, yijnff ou béré; rAo'i-
mème^ ifatia, ibéré. Ces suffixes sont, en soso, kan; en vaï, ivanga.
(ïes mots servent à rendre les pronoms et adjectifs possessifs.
Pour les pronoms possessifs on emploie le suffixe la, dont le sens
propre est ^partn, et Ton dit: n'tarm^ pari, le mien^^; ita, etc.
Les de'monstratifë sont :
Pour une chose rapprochée o iia hé
Vowv une chose éloignée nyi i, yi mé
Les démonstratifs mé et ké, en vaï, s'emploient isolés ou ac-
colés, Deuiiné, demméké rcet enfant ?i.
H va d'autres démonstratifs indiquant le lieu : "ici-^ (M.)^an,
(V.) nyé: -là- (M.) yé, (V.) mu.
Dans tous ces démonstratifs, la consonne dominante est \e'y,
avec ses modifications : ny, dy. ly = h.
ELEMENTS AUXILIAIRES.
Nous avons dit que certains de ces éléments existent réellement
et expriment des idées propres; les autres, au contraire, ont perdu
leur sens primitif et servent seulement à indiquer les rapports
de l'idée principale avec les autres idées de la phrase, rapports
qui sont indiqués dans d'autres langues par les terminaisons de
la déclinaison et de la conjugaison, par les prépositions, etc.
La plupart de ces éléments auxiliaires sont employés comme suf-
fixes. Quelques-uns seulement sont préfixés.
.S l. PARTICULES AYANT UNE EXISTENCE PROPRE.
1. Parmi ces mots sont ceux ([ui servent à indiquer le genre.
La distinction ne se fait que pour les animaux. On indique leur
sexe en faisant suivre le nom de l'espèce du mot qui sijjuifie
"homme, mâle-, ou de celui qui signifie fr femme, femelle'^. Ce
sont :
( M. ) i(f . ( S. ) kamé , ( V. ) haima , ( T.) zouni ". mâle , homme n ; ( M.)
mnxisou, (S.) ^i7é, (V.) mousouma, (T.) hanzani rr femme, femelle-^.
Par exemple -fils ou fille ^- se dit a-u moven du mot r enfant ''.
478 J.-B. RAIWBAVID.
/ ( M. ) dinkp « filsw , dinmomou t: fille r»; — ( S. ) dikamé, digilé; —
Y.) dènkaïma, dmmousouma.
^ La racine pour l'un des mots est la même dans tous les dia-
cectes : hé, ha, hai. Pour l'autre, le soso giU diffère de la racine
ommune aux deux autres : mousou.
2. D'autres mots servent à indiquer les rapports d'ide'es que
nous rendons par les noms d'agents, noms d'actions, noms d'in-
struments, etc. Les plus employés sont :
(M.) mohho, (S.) mouhhé, (V.) mo rf hommes; — {M.)Jen, (S.)
fé, se; (V.)/m ctchosew; — (M.) hou, (V.) ho rr choses; — (M.)
hakha w travailler, celui qui travaille «; — (M.) tigi rr maître 75;
— (M.) hé tf hommes.
Les racines bahha, mohho, hé indiquent les noms d'agents. On
dit : hélé r^ guerre v , héUbahha , hélémohho rr guerrier » ; — gara v^\v,
garanhé k bourrelier 15 ; — noumou tf forger w, noumouhé rf forgeron î^.
La racine hé s'ajoute notamment aux noms de pays pour in-
diquer leurs habitants.
La racine tigi indique l'homme qui a la qualité' indique'e par
la racine principale. Le mot tigi veut dire proprement rr maître n.
C'est l'analogue du bou de l'arabe vulgaire. Doiigou rr village w , <^m-
goutigi r chef de village w ; — lou rr case r> , loutigi v chef de case -n ; —
dyanfa r' trahison v , dyanfatigi rr traître v> ; — samba rr force n , samba-
tigi rr fort 17.
La racine Jen indique la chose qui sert à l'action du verbe.
Balou r nourrir V, baloujen r nourriture v.
La racine hou s'emploie en pre'fixe. Elle indique le rapport
d'idée exprimé par nos adverbes. 5o6é rrbonw, honsobé rr bienw; —
dyougou crdésagre'able», houdyougou rrmalr.
3. Le mot din rrenfantw, sert à former des diminutifs. Il sert
aussi, avec les noms d'arbres, à indiquer les fruits. Yiri rr arbres,
yiridin « fruiti^ ; — tamarou rr dattier» , tamarovÂin rr datte i^ ; — honho
rr talus», konhodin rr petit talus».
à. Certains adverbes de lieu et de position expriment des
rapports qui sont rendus en mandé au moyen de noms de par-
ties du corps. Ainsi han veut dire rrcou» et rren haut»; — ko
rrdos» et rr derrière, en arrière de»; kono rr ventre, à l'intérieur
de, dans»; — nya rrœil, visage» et rr devant».
Tinti rr montagne», tintikan rrén haut de la montagne»; —
ba rr rivière», bako rr derrière la rivière, de l'autre côté de la ri-
vière » ; — boun k case » , bounhono k dans la case » ; — sou rr cheval » ,
sdunya rr devant le cheval».
LA LANGUE MANDÉ. . ^79
Dans le même, sens de trsur, au-dessus de», on trouve em-
ployé le mot s(ni trciel^ et santo frdans le ciel» pour signifier
ff dessus 11.
Enfin le mot ijé fflàr» sert à préciser le démonstratif. Niji
mousou yé ff cette femme-là»; nyi yiri yé crcet arbre-là».
5. Une autre racine ké, dont le sens propre est cf faire», sert
à construire des verbes neutres. Séné r? cbamp » , sénéké k cultiver» ;
— don tf danse», donké r danser»; — domoU k repas», donioliké
r manger» (faire son repas).
S '2.. PARTICULES N'AYANT PAS UNE EXISTENCE PROPRE.
A. — Particules nominales.
1. On trouve certaines particules fréquentes dans les noms
et qui n'ajoutent pas une idée particulière à la racine princi-
pale. Ce sont : klia, khé, kho, ga, gé, gi, go. M. mokho, S. moukhé,
V. mo ff homme»; élément principal, mo. S. toukhé, V. thyé, M. sise,
syé K poule » ; — S. yigé, V. M. yi, dyi rr eau » ; — dougou , dou ff vil-
lage».
La particule^o s'ajoute souvent par euphonie à certains mots ter-
minés en voyelle nasalisée. Bonn « case» , houngola rr dans la case» ;
loun rrjour», loungo loun rrtous les jours»; — lalan rrlit»; K. la-
hngo; — dm (M.), dingo (K.)," dé (B.) tf enfant».
La particule ma est également très fréquente. Ko «dire»,
kouma f parole, parler»; taMa t: aller», takhama cr marche, mar-
cher-^. Elle se trouve dans les mots vaï : kaïma r homme», mou-
soMmat femme»; — dou w entrer», doumo «faire entrer, manger».
Il semble subsister là un reste d'un mot ma ft faire » , qui se re-
trouve avec ce sens en vaï, mais perdu en mandé,
2. Le suflSxe lou indique l'idée de pluriel. Nisï rrbœuf», ni-
.si/ou ff des bœufs». Il ne s'emploie jamais avec un nom de nombre.
Il semble venir du mot lou, qui veut dire tr réunion de cases où
habite une famille». Nisilou voudrait dire tf famille de bœufs».
Cette particule s'ajoute également à un certain nombre de
mots dont le sens correspond non à celui de nos substantifs, mais
à celui de nos adjectifs. Dans ce cas, le mot qui correspond au
nom ne prend pas le pluriel. Ces mots sont ceux qui s'emploient
seuls, sans aucune |)articule en préfixe. Ils sont en petit nombre
et expriment les couleurs, les sensations principalement. A!b rr ruis-
seau», kolou frdes ruisseaux», ko woyo «run ruisseau rapide»,
ko woyolou ffdes ruisseaux i-apides».
Elle s'ajoute également aux démonstratifs employés seuls.
''iSO . J.-i!. nuiP.AUi).
c'est-à-dire correspondant à nos pronoms. Nyi r celui-ci, 7iyiloi(
K ceux-ci^.
3. La particule la (et na) indique le nom d'auteur. Nisigida
ffle gardien de bœufs i:, de nisi tthœu^n, et gé ffsoigner-o; saké-
lala rla sentinelle -o, de sakéla cf garde s; — takhama rr marchera.
lalhamnla r voyageur '■; — .sénékala ff cultivateur n, de sénéla rr cul-
tiver n; — donkili r chanter w, doiikUila r chanteur r- ;/fl^Art rtuer^.
fakhala ff celui qui tue'?. Elle indique également l'instrunjent :
sig'i ff s'asseoira , sig-j/fl « siège «. — La trêtre couché», laJa r[\[n\
tégé ff couper 15, tégéîa -f hache n.
On trouve aussi le suffixe ba pour indiquer le nom d'auteur,
("est probablement un abrégé de hakha.
h. Deux racines auxiliaires rendent l'idée de nos noms abstraits
et de nos noms d'action. Ce sont // et ya ou nya. Domo r manger-',
tlowoli fie repasTi; — di "ce ({ui est agréable», diya rplaisir--.
5. La racine nda indique les accidents de terrain. Digi r des-
cendre», diginda rla descente, la pente»; — iégè ff traverser»,
tégénda ffle passage»; — boula ffllnir» (en parlant d'une rivière);
boulanda ffle confluent--; — yéU ff monter», yélénda ffla montée,
la rampe».
B. — Particules adjef^tives.
1. Nous indiquerons d'abord celles qui servent à formel- des
augmentatifs et des diminutifs.
Augmentatifs : ba.
Diminutifs: di [din ff enfant»), lé, ni.
Nous avons déjà signalé l'emploi du mo\ din ffenfant». comme
diminutif :
Kono K ventre», konoba ffgros ventre»; — tinti ff colline», tin-
tiba ff montagne»; — ba tf rivière», balé, bali, bani ff])etite ri-
vière»;— boim "ample», bounba rtgrand, spacieux, beaucoup»;
— mésr ff petit-, wésétii ou méséndi fftout petit»; — Je " cale-
basse», féli ff petite calebasse»; — f/orowrtHr// ff petit», de la racine
do avec les particules ro, ma. di.
2. Nos participes passés et présents se rendent |)ar les suffixes
ro, ta, la, qui ont le sens de ffdans», pour le participe présent,
et la, lé, pour le participe pas'sé ou l'adjectif verbal. MinlokJio
ravoir soif», minlokhoto w ayant soif» (dans la soif).
Tfl/«/>/ -passer», iambitn ffen passant-.
Fakha '-hA^ev^ , fakhala . Jhkltalr r- brisé, mort-.
LA LANGUE MANDE. A81
H. Beaucoup d'adjectifs se rendent par les racines rin , ri>, h-
el ha, placées eu suffixes. Fusa '■\e[iie-^, fasalé tuuiigreri; kama
" épaule -^ , kamarin " homme lait v ; domoli " repas -^ , domoliba r uiaji-
geablerî.
à. La racine ta, qui a le sens de rpartr^ et d'où vient talo
f partager^, sert à rendre les pronoms possessifs, ainsi (]ue nous
l'avons vu.
5. Un grand nombre de racines se combinent avec la pai-
ticule ko ou kha en préfixe et prennent des sens correspondant
à ceux de nos adjectifs qualificatifs./)/, idée de "chose agréable-,
a ka di r c'est agréable •'; di/an. idée d'téloignementiî, a ka dtjnu
(t éloigné s; sourou, idée de r petitesse r?, a ka sourou r petit •^.
H est à remarquer ([ue ces racines ne s'emploient jamais iso-
lées. Pour dire ffun homme bon 11, on dit -un homme il est
bon-) mokho a ka nifi : — trie village éloigné 'i dougou a ka di/ai\
ffje village il est éloigné ->; — r-la rivière large-" ha a ka honn.
C — Particules circonstancielles.
Elles répondent à peu près à nos |ir(''positions. Les j)rincipales
sont :
Fan . fana - à côté de n , chez •? ; /c - vers •^•,ro,lo, la . ma r. dans n ;
ma r avec -^ ; tyé r entre r< ; ye t; à t».
Tinti - montagne - , iintifé - vers la montagne -^ ; — ha r rivière -n ,
haro fdans la rivière-'; hada rrla rive'^. hadala -sur la riveti; —
kfèndi' r hache 7^, yendéma ravec la hache "^; — tala f partage «,
lalantyé r au milieu^, tiféma rie milieu-", ti/émolo -au milieu -i; —
ajh ;noMsoM(/c ~ dis à la femme ■«.
Le suffixe yé s'emploie ordinairement dans le même sens que
notre datif. Mais, avec le verbe di rdonner^. on emploie ma:
adi mousouma adonne à la femme 77.
Les particules ro, to. ma s'ajoutent également aux mots <[ui
expriuient les mêmes rapports que nos adverbes, et dont nous
avons parlé plus haut. Ko r derrière 77 donne koro, koto ffdei-
rière77, et par extension, r sous 77; kofé '^ derrière^, avec mouve-
ment, et koma rde derrière 77; — bankoro ffsous les palmiers 77
lintikofé •? derrière la montagne^, tintikoma rde derrière la mon-
tagne 75.
De même, san et dessus 77 donne santo r su 1-7; — nya "devant-'
donne nyatn -en avant dei^; — dougou ''teri'e-7 l'ait dougnuma
Tcn bas-.
'|82 J.-B. RAMBAUD.
Fé forme un certain nombre de locutions ayant l'idée de cf di-
rection-". Ko ff derrière T), kofé cr derrières; — fan tf direction rt ,
fatifé tfdu côté den; — kéré rrtout le tour 75, kéréfé «autour de ri.
D. — Particules verbales.
Les particules verbales sont les suivantes : bé, ka ou kha; ra
ou ta. Les deux premières se placent en avant du corps de la
racine verbale; la dernière se place en suffixe.
1. Bé. La particule bé s'emploie dans les mêmes cas que notre
présent et notre futur. Elle caractérise donc l'analogue du temps
aoriste de l'arabe. Devant cette particule, le pronom de la i" per-
sonne s'élide et devient m'. Devant le pronom de la 2^ ou de la
3" personne, cette particule s'élide. Il arrive que sa voyelle se
modifie euphoniquement, en rapport avec celle de la 1" syllabe
de la racine principale. On a alors les formes ba ou bi. Na rr ve-
nir t», a bé na cril vient •«•, — gosi «battre 15, nibé gosi «je bats-^
ou ffje battrais, m'b'i gosi «je te battrai ^5; — sigi «être assise,
inbi sigi «je suis assise.
Bé s'emploie avec les mots formés avec le suffixe la, lé, ba,
et ayant un sens analogue à nos participes ou à nos adjectifs
qualificatifs. Domoliba «gloutons, a bé domoliba «il est glouton 15;
— fakha k casser 'n,fakhala «cassée, a béfakhala «il est cassée.
On retrouve là le feens propre de bé, qui veut dire «être, se
trouver T).
2. Ka ou kha. Cette particule a des usages très différents.
Elle répond d'abord à l'idée de passé dans les verbes transitifs.
Si « creuser w, a ka si «il a creusée; . — tégé «coupent, a ka tégé
«il a coupé 15.
En second lieu, elle rend l'idée de commandement. L'impé-
ratif peut s'exprimer, d'ailleurs, en énonçant simplement l'élé-
ment principal, quand il s'agit d'une seule personne. Dans ce
cas, cette racine est précédée souvent du pronom de la 9* per-
sonne, qui se change fréquemment en a. Quand on s'adresse à
j)lusieurs personnes, on emploie ka ou non, mais on fait tou-
jours usage du pronom alou. Na « venir r>,na, a na , i ka na « viens -n ;
alou ka na «venez»; — bori « courir r», ibori «cours».
Cette même forme sert à la première personne du pluriel. An
ka takha «allons», de takha «aller-".
Enfin la même parlicule ka marque la subordination de deux
actions. Afo a yé a ka na r dis-lui qu'il vienne».
3. Ba, ta, se place en suffixe et rend l'idée du passé dans les
LA LANGUE MANDÉ. 483
verbes intransiMfs. ]\a ffvenirw, a nata cfil est venuw; — sigi
rt s'asseoir»; a sigita ffil s'est assis»; — takha ou ta te s'en aller»,
a takhata ou a tara rf il s'en est allé».
Quand la dernière voyelle de la racine principale est nasa-
lisée, il s'introduit un a euphonique. — Pan fr voler» (en par-
lant des oiseaux); a panara c'\\ s'est envolé». Ou bien ra se
change en na par mutation de liquide, et la voyelle nasalisée
devient simple. Bmi r finir», a hania, abana «il a fini». Mo
f cuire, mûrir»; a mona ril a mûri, il est mûr».
La distinction entre les verbes actifs et neutres au point de
vue de l'emploi de ka et ra est rendue sensible par le rappro-
chement que l'on peut faire d'une même racine employée dans
les deux sens. Ainsi, on dit :
Kou ff laver», a kafani kou ail a lavé son pagne», a koura tril
s'est lavé»;
Bo cr sortir n,aka diji bo :r il a vidé Teau » , a bnra rr il est sorti » ;
Fa rr remplir», a ka dakha fa cfil a rempli la cruche»; dakha
fara rrla cruche a été remplie».
E. — Particules négatives.
Les particules* négatives verbales sont: té, ma ou man et kana.
Té s'emploie dans les cas oîi l'on emploierait bé s'il n'y avait j)as
de négation. Ma s'emploie dans les cas oii l'on emploierait ka ou
ra. Il y a exception pour l'impératif, dont la particule négative
est ka)ia.
Ainsi,' on dit:
Takha "s'en aller», mbé takha rt je m'en vais», nté takha r je
ne pars pas», a takhata rfij est jiarti», a man takha rril n'esl pas
parti», i kana Iakhn r ne pars pas^.
Kou 'flaver», a bé kou r il lave» ou r'i\ lavera», an té kou "il
ne lave pas» ou rr il ne lavera j)as», a ka kou ce il a lavé», a koura
ffil s'est lavé», a ma kou rril n'a pas lavé, il ne s'est pas lavé»,
i kana kou rue lave pas».
La particule ma s'emploie comme correspondante de Ây/ comme
racine auxiliaire d'adjectif. A ka niji cr c'est bon», a ma ni/i crée
n'est pas hon»; a ka golé ce c'est difficile», a man goU "c'est
facile».
La particule hali ou bari rend l'idée de c privation» et corres-
pond à des adjectifs. Elle traduit également notre préposition
sans avec un nom. Lon cr savoir», lonbalt ce ignorant, sans science».
^i8/i
.I,-B. lUMBVUD.
F. — Diverses.
0; s'emploie avec un mol répété pour 7'ciidre l'idée de tota-
lité absolue. Mokho f homme i^, donne vioklio-mohho rrlout le
monde»; dougou tr village n, dougou-o-dougou rtous les villages-^;
tourna ff temps w, toumo-tounm rrtout le temps 7?.
Cette idée se rend encore par le mot bé : mokho hé f tons les
hommes»; (don hé ha na r\enez tousr.
Lé, lémou, don; ces particules servent à insister sur Tidée. Par
exemple, on dit: c:je suis roi» néfama; mais on dira : né fama
don tr c'est moi qui suis le roi»; — rr c'est à moi ces bœufs» nyi
iiisi nta lémou; — crcjui est-ce? (qui est-là»?) dijon la?
lé; cette particule a le sens de rà, vers»; elle rend une idée
qui correspond à notre datif. rJe lui ai dit» nkafo aijé. Elle
s'em])loie aussi dans un sens assez rapproché de celui-là conte-
nant l'idée de n-parvenir^^ frje suis roi» néfama ijé, ou même
ntjé fama yé rje suis devenu roi».
Pour exprimer la même idée au passé, on emploie le mol
touma r'tem|)S», abn'gé en Umm'. ".T'ai été» iiloiim" bé; cfj'ai été
roi'! iitoum'bé fama i/é: — "qui était là?» dyon lé iouma?
Quand lidée se rapporte à un état futur, on emploie le mot
ké, dont le sens propre est r faire, devenir». «Je se'rai roi» né
fama ké, ou n^ké fama yé.
XI
DE L'ORDRE DES MOTS.
Nous avons vu <|ue les éléments auxiliaires ])ermetlent d'in-
diquer un certain nombre de nuances de la pensée, notamment :
Les rapports de lieu ou de position;
Les rapports de temps ou de cause;
L'imminence ou l'accomplissement de l'action.
Il n'y a pas de racines exprimant les rapports des idées dans
la phrase. On trouve bien quelques démonstratifs et pronoms et
aussi la racine ta qui sert à former les pi'onoms possessifs et pa-
raît un premier pas >ers le jfénitif. Mais il n'y a rien qui dis-
tingue nettement dans une phrase le sujet et le complément.
On ne peut les reconnaître qu'à leurs places dans la phrase. La
construction est tout pour le sens.
La phrase se construit de la façon suivante :
1° En premier lieu, le sujet;
2" Les particules verbales profixes;
LA LANGLE MANDE. Z|Oi)
3" Le coinplémput diroct;
fi° Le verbe avec les particules verbales suffixes;
5° Les comple'ments circonstanciels.
Exemples :
r-La mère \R\e-^ ba bé kou;
r:La mère lave le pagne ^ ha bé faui hou;
r-La mère s'est lavée 'î ba koura :
rLa mère lave le pagne dans Toan'i ba bé fani kou di/iro.
Quand il y a plusieurs sujets, on en met un au début de la
pbrase, les autres à la fin. rLe père, la mère et l'enfant vien-
dront i /a bé na ani ha ani din rie père viendra et la mère et Ten-
tant-.
Les mots (jui correspondent à nos adjectifs qualificatifs se pla-
cent après ceux qui correspondent à nos substantifs. Mais il faut
remarquer qu'ils se rendent par une phrase tout entière : mokho
ka Di/i -un homme bon-? (un homme qui est bon). Ceux qui
modifient lidc^e du verbe (adverbes) se placent après le verbe.
trLa vieille mère lave le pagne '^ ha koro bé fani kou. rLa vieille
mère lave le pagne rouget ba koro bé fani ivoulé kou. rLa vieille
mère lave bien le pagne rouge dans l'eau -^ ba koro hé fani ivoulé
kou kousobé di/iro.
Il y a exception pour les particules négatives qui se placent en
j)re'fixes et pour les démonstratifs qui précèdent le nom.
Le nom qui modifie un autre nom se mettra imme'diament
après lui. "Le parc à bœufs -^ nisi woré (bœuf parc). rLa pioche
du cultivateurn sénékéh daba (cultivateur pioche). rLe chef de
village'^ dougnu tigi. De même, les pronoms personnels, dans le
cas où ils indiquent des sujets de possession, se placent avant
le noju de Tobjet possédé. Mfa rnion père*: (le père de moi);
i ba rta mèrew (la mère de toi); né boun kono rdans ma case-).
Cela explique pourquoi les mots qui expriment les rapports
de position, comme kan , ko, konn, ni/a, se placent en suffixe; et
aussi les pai'ticules sans signification propre indiquant des ra[)-
ports de circonstance.
Le complément direct se distingue simplement par sa posi-
tion dans la phrase; il n'est accompagné d'aucune particule. Les
particules, au contraire, distinguent les compléments circon-
stanciels.
Le rapport d'attribut se marque de différentes façons : quand
l'attribut est un substantif, il est joint an sujet, en g(''néral, par
simple apposition : n'toklio Mahmadou " mon nom est Mahiiiadou",
i mokho héré rtu es un boinnie bonr.
^86 J.-B. RAMBAUD.
Quand l'attribut n'est pas un substantif, il est accompagné
des particules bé ou ka. tf L'eau courante r^ dyi woyo, re l'eau est
courante 55, dyi bé woyo.
Le plus souvent, les ide'es correspondant à nos adjectifs quali-
ficatifs sont rendues par des mots liés au substantif par le rapport
d'attribut. Nyi 't bon 55, mokho nyhna ram homme bon 55, mokho a
ka nyi crun homme bon 55, littéralement trun homme il est bon 5».
ffLa cruche est cassée 55 dakha béfakhala, frmon pagne est sali 55
nfani bé nokhoba , cr une grande montagne 55 tinli ka botm, fr un vil-
lage éloigné 55 dougou ka dyan.
En règle générale, la particule bé s'emploie:
1° Pour signifier erse trouver 55; a bé yan fcil est làw ;
•2° Avec les mots formés par l'adjonction des suffixes ba, la,
jouant le rôle de nos participes;
3" Comme paiticule de l'aoriste.
La particule ka s'emploie :
1" Comme particule du passé et du subjonctif;
2° Comme particule attributive dans la plupart des cas.
Le verbe fait, comme nous l'avons vu, des distinctions pour
l'aoriste , le passé , le subjonctif, l'infinitif.
XII
RELATIONS DE LA LANGUE MANDÉ
AVEC LES LANGUES VOISINES.
La langue mandé, avec ses ramifications, forme un idiome
bien nettement séparé des langues voisines. On y reconnaît un
très petit nombre d'emprunts, qui viennent, le plus souvent, de
l'arabe et du poular. A l'arabe, le mandé a pris les mots qui indi-
quent une certaine civilisation : les noms des jours de la semaine,
certains noms d'objets importés, de harnachement, de culture
intellectuelle. Du poular viennent des noms d'animaux dont les
Pouls font l'élevage et qu'ils exportent chez les Mandés. On ne
trouve pas d'emprunts faits aux langues orientales, telles que le
haoussa.
Parmi toutes ces langues , on peut remarquer la pauvreté du
mandé. Les animaux se désignent par le nom de l'espèce, auquel
on ajoute rmâleii, rffemelle55 ou cfpetit75 suivant l'individu que
l'on veut désigner. Le poular, au contraire, et le wolof ont des
mots spéciaux pour chacun d'eux. De même, les fruits n'ont pas
LA LANGUE MANDÉ. Zi87
de noms particuliers; on les désigne par le nom de Tarbrc qui
les produit. Et ainsi de suite. On ne remarque guère de richesse
dans la langue des Mande que pour de'signer les différentes cale-
basses dont se compose leur batterie de cuisine et surtout pour
les diverses espèces de mil, qui constituent leur aliment prin-
cipal,
J.-B. Rambaud.
NOUVELLES RECHERCHES
SUR
LE ROLE DU LARYNX
DANS LES CONSOiWES SOURDES ET SONORES.
(V0l\ HAUTE, \OI.V CllUCIlOTÉK, \ 01\ RESPIRATOIRE.)
Javais inoiiUr autrefois, au nioven do li\'\rés graphiques ^
(|U(' ic bruit qui accompagne les consonnes sonores est produit
par des Anbrations du larynx identiques aux vibrations des voyelles,
et j'en avais conclu que la présence ou Tabsence de ces vibrations
constitue le caractère distinctif des sourdes et des sonores.
Mais on avait objecté à cette manière de voir que les sonores
se distinguent aussi des sourdes dans la voix chuchotée, dans la-
(jiielle les vibrations laiyngiennes font ce|)endant défaut; de là
une certaine bésilation à accepter Faction du larynx, même dans
la parole à haute voix, qui m'avait engagé à entreprendre des
observations et des expéiiences plus concluantes.
Ces recherches ont mis en évidence les faits suivants:
1" Dans la voix haute, non seulement le lar\nx fournil des
vibrations pendant h's consonnes sonores comme pendant les
voyelles, mais ces vibrations comme dans les voyelles peuvent se
produire à différentes hauteurs de l'échelle musicale. La glotte
garde la même disposition pendant les consonnes sonores (pie
pendant les ^oyelles: elle change au contraire d'aspect pour les
consonnes sourdes;
9° Dans le chuchotement, les vibrations laiyngiennes sont
remplacées par un bruit d'une autre nature, mais également
d'origine laryngienne, et qui, comme les \ibrations de la pai-ole
à haute voix, reste identique à Ini-même dans les consonnes so-
nores et dans les voyelles;
' Rosapclly, htscripion des iiiunveineiits phoiu'lirjiifs, ( Trncau.r du Inhunifuire
de M. Mfireif. Pari'i . Massoii , 187G.)
LE RÔLE DU LARYNX DANS LES CONSONNES SOURDES ET SONORES. Zi89
3° Enfin il existe un troisième type de parole qu'on peut
appeler parole respiratoire ou voix respiratoire. Dans celte ma-
nière de parler, d'ailleurs exceptionnelle , la glotte garde toujours
le même aspect, et toute différence entre les sourdes et les sonores
est effacée.
§ 1. VOIX HAUTE.
A. Comparaison entre les vibrations des consonnes sonores
et celles des voyelles.
Deux trace's simultanés sont nécessaires pour e'tudier celte
question: le tracé des mouvements des lèvres, et celui des vi-
brations laryngiennes. Le tracé inférieur indique les mouvements
des lèvres; sa ligne descend au moment de l'occlusion buccale,
reste abaissée tant que cette occlusion persiste, et se relève quand
les lèvres se rouvrent: elle marque par conséquent le commen-
cement, la durée et la fin de la consonne. Le tracé supérieur
donne les vibrations du larynx inscrites au moyen de l'instrument
actionné par l'organe lui-même. Les tracés originaux ont été re-
produits après agrandissement photographique de y? de sorte
qu'une seconde est représentée par une longueur de 8 centi-
mètres de Iracé.
Fig. 1. — ABA. Vibrations laryngiennes pendant la durée de la consonne.
['i,r. 2. — A l'A. Itilcrniptioii des \ibratioiis laryngienne,-; pendant la consonne.
Non seulement on voit que ces vibrations persistent pendant
la consonne sonore : aba, tandis qu'elles s'interrompent pen-
dant la durée d'une sourde : apa; mais, si à l'aide d'une loupe , on
«i'.M. LI.NG. lù • ^'^
à90 d' rosapelly.
compte combien il y en a dans a centimètres de longueur (ce
qui, avec la vitesse de rotation du cylindre enregistreur et l'agran-
dissement des images, correspond à un quart de seconde), on
voit que ces vibrations ne sont pendant les consonnes ni plus ni
moins fréquentes que pendant la voyelle associe'e : elles corres-
pondent à la môme hauteur de son.
Fig. li. — ABBA. 120 vibrations doubles à la seconde.
Fig. 5. — ABBA. liA vibrations doubles à la seconde.
Fig. G. — ABBA. iG8 vibrations doubles à la seconde.
LE RÔLE DU LARYNX DANS LES CONSONNES SOURDES ET SONORES. h9\
J'ai prononcé les groupes syllabiques abba, obbo (c est-à-dire
composés d'une consonne redouble'e sonore entre deux voyelles)
successivement sur quatre notes auxquelles^j'ai cherché à don-
Fig. 7. — OBBO. 80 vibrations doubles à la seconde.
Fig. 8. — OBBO. 1 la vibralious doubles à la secoude.
BMBIlliiiHililililii^^
Fig. 9. — OBBO. laH vibr^ lions doubles à la seconde.
Fig. 10. — OBBO. 17G vibrations doubles ù la seconde.
ncr la liautiur des (jualre notes d'un accord parlait; et, si je
compte à la loupe le nombre de vibrations ainsi produites, je
32.
d92 P"" ROSAPELLY.
trouve pour abba les chiffres de 22, 3o, 36, ^2 vibrations par
quart de seconde; l'accord parfait demanderait les chiffres 29,
27,5 , 33, kU, qui auraient été obtenus avec une voix plus juste
que la mienne; mais le point important est que le nombre des
vibrations a toujours été le même pendant une consonne que
pendant la voyelle associe'e : le larynx chante pendant les con-
sonnes sonores comme pendant les voyelles.
Quant à l'amplitude des vibrations, elle nest pas moindre
pendant les consonnes sonores que pendant les voyelles. Il est
même remarquable que sur beaucoup de tracés les vibrations des
consonnes sont très nettement inscrites, tandis que celles des
voyelles font défaut. Cela ne veut pas dire que le larynx vibre
plus fort pendant la consonne; ses vibrations se transmettent
seulement mieux aux parois du cou, et par elles aux instruments
inscripteurs, quand la masse d'air en vibration est enfermée que
quand elle communique librement avec l'extérieur. Il n'en est
pas moins intéressant de constater que c'est pendant la consonne,
oij leur présence a été contestée, que les vibrations laryngiennes
s'inscrivent le mieux.
Mon explorateur du larynx ne donnant pas les différences
d'amplitude des vibrations, j'ai essayé de prendre les vibrations
venant du larynx en introduisant dans la bouche l'extrémité ou-
verte d'un tube fin de caoutchouc, muni à son autre extrémité
du tambour à levier enregistreur, j'ai obtenu pour ac?f/rt, chanté
successivement sur les notes de Taccord parfait le tracé suivant
qui montre que l'amplitude est généralement plus grande pen-
dant la consonne. J'ai fait la même expérience avec î66î, rWc?i, oub-
bou, etc., et j'ai été amené à choisir, pour les expériences ulté-
rieures au moyen de cet appareil , des voyelles à diamètre ou à
orifice rétréci, de préférence aux voyelles ouvertes qui n'impres-
sionnent pas aussi facilement les instruments graphiques, la vi-
tesse de translation de l'air étant d'autant plus grande que les
points traversés par lui sont plus rétrécis.
^^^aMMW.v^^V^^^^^
Fig. 11. — ADDA. 88 vibrations doubles à la seconde.
I.K nor.E DL L\RY\X DANS LES CONSONNES SOURDES ET SONORES.
493
Fig. 12. — ADDA. lo/i vibrations doubles a la seconde.
Fig. i3. — ADDA. 128 vibrations doubloj à la secoade
Fig. l'i. — ADDA, 160 vibrations doubles à la sjconde.
Je pense que ces expériences plusieurs fois re'pëtées, toujours
avec ie même résultat, ne laissent subsister aucun doute sur la
nature du bruit des consonnes sonores à haute voix: il est le ré-
sultat de vibrations laryngiennes identiques à celles des voyelles.
B. Identité à^ aspect de la glotte pendant les voyelles
et pendant les consonnes sonores.
A cette identité d'action du larynx correspond une identité
d'aspect.
11 n'est pas aiséde voirie larynx pendant les consonnes puisque
celles-ci exigent l'occlusion plus ou moins complète de la bouche.
J'ai pu toutefois y réussir, en usant d'un subterfuge. Si l'on com-
mande à une personne un mouvement d'ensemble dont on em-
pêche parliollement l'exécution, les parties du mouvement aux-
([uelles on ne fait pas obstacle s'exécutent néanmoins; si, par
exemple, on commande de fermer la main tout en retenant un
doigt, les doigts rcste's libres se fermeront.
A9A d"" rosapelly.
Chez plusieurs sujets dont je voulais examiner la glotte au
laryngoscope^, j'ai placé entre les mâchoires des bouchons de
liège destinés à les empêcher de se rapprocher ; en même temps
je maintenais leur langue comme pour Texamen laryngoscopique
ordinaire. Puis je leur commandais de prononcer des groupes
phonétiques tels quèbè, eph, etc., c'est-à-dire composés d'une con-
sonne entre deux voyelles. L'occlusion de la bouche étant empêche'e,
la consonne était assure'ment fort altérée, remplacée par un son
inarticulé; mais les sujets faisaient effort pour la prononcer, et
rien ne s'opposait à ce que leur larynx s'acquittât alors comme
dans les circonstances normales du rôle qui lui incombe dans la
prononciation de chaque consonne.
En effet, dans les groupes à consonnes sourdes, comme âpâ,
êpê, entre deux voyelles, pour lesquelles la glotte se réduit à
une fente linéaire, j'ai vu les cordes vocales s'écarter largement
pendant la consonne comme pour la respiration silencieuse.
Fig. i5.
Au contraire, dans les groupes à consonnes sonores, comme
aha, ébé, la glotte reste, pendant la consonne, exactement sem-
blable à ce qu'elle est pendant la voyelle antécédente et la voyelle
suivante.
Fig. 1 6.
On constate facilement par l'oreille, dans ces expériences, le
bruit des sonores et le silence des sourdes.
S 2. VOIX CHUCHOTÉE.
Râle du larynx dans la voix chitchotée.
Le larynx fournit à la voix chuchotée un souffle qui y joue
exactement le même rôle que les vibrations musicales dans la
voix haute. Je croyais avoir été le premier à observer ce fait,
1 Ces expériences ont été faites en coHaboration avec mon ami le D' Conpard.
LE RÔLE DU LARYNX D\\«: LES CONSONNES SOURDES ET SONORES. /l95
mais notre président, M. Psichari, a bien voulu me signaler le
travail de Brûcke ^ oiî il est déjà constaté. Notre confrère
M. Railiard a eu l'obligeance de me communiquer cet ouvrage.
Voici la traduction in extenso de ce que dit Brûcke {loc. cit,,
p. 5) : ttll est aussi en notre pouvoir de ne donner à la fente vo-
cale ni l'étroitesse nécessaire pour produire des sons musicaux,
ni une ouverture assez large pour que l'air s'en échappe tout à
fait librement. Xous pouvons la rétrécir de telle sorte, qu'à la
vérité les cordes vocales n'entrent pas en vibrations musicales,
mais que l'air en les franchissant produise un bruit de frottement
léger, mais appréciable. C'est ce bruit par lequel nous remplaçons ,
dans le chuchotement, le son musical de la voix, de façon à dis-
tinguer, même dans la voix basse et tout à fait dépourvue de son
musical, les lettres qui, dans la voix haute, possèdent ce son de
celles où il n'existe pas; car, même dans le chuchotement, nous
distinguons s dur et s doux. /et iv,j et ch, etc.''
Cette description est exacte^; mais, en la confirmant, je crois
pouvoir ajouter quelques détails intéressants aux observations
laryngoscopiques de Brûcke, et aussi indiquer des moyens de
contrôle d'un emploi plus facile que le laryngoscope.
A. Examen hrijngoscopiqiie.
Bien que Brûcke afiSrme que c'est le souffle produit dans la
glotte semi-ouverte qui permet de distinguer des sourdes les con-
sonnes sonores, il paraît n'avoir observé le souffle et examiné le la-
rynx que dans l'émission des voyelles, et n'avoir conclu que par
induction à son existence dans les consonnes. Grâce à l'artifice
décrit plus haut, j"ai pu observer le larynx pendant l'émission
des consonnes elles-mêmes.
La figure 17 représente ce que l'on voit sur un sujet qui pro-
Fig. t^.
a p a
nonce apa eu voix chuchotée : pendant les a. la glotte forme non
' Grumhuge dpr Physiologie und Systematik der Sprachïdufe , von Ernst Brûcke ,
2' Auflage. \Vi''n, Cari Gerold's Sohn, 1876.
' Certains ol)servafeurs disent avoir vu la glotte largement ouverte dans le
churliotenienl. C'est évidemment qu'à leur insu et au sien le sujet observé a fait
usage non de la voix chuchotée, mais de ce qui sera décrit plus loia sous le
nom de voix respiratoire.
^
496 n'^ ROSAPELLY.
plus une simple fente line'aire, comme clans la voix haute, mais
un triangle à base e'troite; pendant la consonne sourde p, elle
s'ouvre complètement et prend le même aspect que pendant la
même consonne prononcée à haute voix. La comparaison de cette
figure avec la figure i5 (p. h^U) montre que la glotte en triangle
e'iroit tient, dans le chuchotement, la même place que la. glotte
linéaire dans la voix haute.
La figure 18, qui devra être compare'e avec la figure 16 (p. /ig^),
repre'sente ce que Ton voit quand la consonne du mot chuchote'
Fig. ,8.
est sonore. Alors, au lieu de former comme dans la voix haute
une fente line'aire, elle forme le triangle étroit ci-dessus décrit
comme caractéristique du chuchotement, c'est-à-dire que, comme
dans la voix haute, elle garde pendant la consonne sonore exacte-
ment le même aspect que pendant les voyelles antécédente et
suivante.
B. Observation au moyen de V oreille, nue ou aidée du stéthoscope .
Le soufile du chuchotement pendant les consonnes sonores
peut être entendu par la personne même qui l'émet, pourvu
qu'il règne autour d'elle un silence parfait. Si elle est entourée
de bruit, il devient utile qu'elle se bouche avec soin les oreilles.
Elle peut le faire avec les doigts, mais le frémissement des
muscles de Tavant-bras et des mains peut troubler l'observation ;
on se place dans de meilleures conditions en fermant les oreilles
avec du coton, et surtout avec delà cire. Si, dans ces conditiotis,
on prononce successivement appa et abha, atta et adda, akka et
agga, on entend pour les consonnes sourdes les deux bruits im-
plosif et explosif séparés par un silence; pour les consonnes so-
nores, les deux mêmes bruits réunis par un bruit soufflant.
Un autre moyen d'observer le souffle laryngien est d'ausculter,
pendant la parole chuchotée, soit son propre larynx, soit celui
d'une autre personne. Dans ce dernier cas, le stéthoscope ordi-
naire suffit; pour ausculter son propre larynx, le meilleur instru-
ment est le stéthoscope bi-auriculaire, composé d'un entonnoir
très petit dont on applique sur la région à ausculter l'extrémité
évasée; de l'extrémité effilée partent deux tubes de caoutchouc
LE nOLF. Dl L\RY\\ DA>'S LES CONSONNES SOURDES ET SONORES. /t97
dont on introduit l'autre bout dans les oreilles. On peut n'adapter
à Tentonnoir qu'un seul caoutchouc; alors on bouche l'oreille
inutile.
Quand la personne dont on ausculte le larynx respire sans
parler, on entend un souffle très net, mais peu intense, à moins
qu'elle ne respire fortement. Si elle se met à parler en voixchu-
chote'e, le souffle prend une intensité plus grande; il est plus
rude et semble plus près de l'oreille. Dans les deux cas, le maxi-
mum d'intensité du souffle se trouve au niveau du cartilage
cricoïde, c'est-à-dire au niveau même des cordes vocales.
Le souffle du chuchotement s'entend dans les voyelles et dans
les consonnes sonores; il ne s'entend pas dans les sourdes. Il est
aisé à percevoir dans les sonores occlusives; dans les semi-oc-
clusives, il faut quelque attention pour les distinguer du souffle
buccal qui s'y surajoute, mais on arrive à faire cette distinction
en comparant affa avec avva, assa avec azza, etc., c'est-à-dire la
sourde qui n'a que le souffle buccal avec la sonore correspon-
dante qui a ce même souffle et le souffle laryngien.
C. Sevsffùon du travail laryngien pendant V émission du soiijjle
du chuchotement.
Comme le son vibratoire de la voix haute, le souffle du chu-
chotement s'accompagne d'une sensation de travail laryngien qui
n'existe pas dans la respiration silencieuse, ni dans ce qui sera
décrit plus loin sous le nom ôe parole respiratoire.
D. Monotonie du soujfle du chuchotement.
Le souffle du chuchotement estmonotone, au sens étymologique
du mot: il n'a qu'une note, et par conséquent ne se prête- ni au
chant ni à la vocalise.
Il n'est cependant pas impossible de donner, en chuchotant,
des notes variant dans une certaine étendue; mais une observa-
tion attentive montre que ces modiGcalions sont dues non au
larynx, mais à la langue, dont les mouvements modifient la forme
du résonnatcur buccal, et par conséquent la résonnance. ou, en
d'autres termes, la voyelle émise.
Qjant au larynx, tout au plus peut-on, en poussant l'air plus
i'orlement, lui faire rendre une note un peu plus élevée.
Confusion. — Enfin on peut résumer toutes les données pré-
cédentes en disant qu'une phrase, qu'elle soit prononcée à voix
chuchotée ou qu'elle soit prononcée à haute voix, s'exécute par
Zi98 D' ROSAPELLY.
des mouvements identiques des organes phonétiques; la seule
différence réside dans le rapprochement des cordes vocales, plus
complet à haute voix, moins complet dans la parole chucholée.
Au point de vue des consonnes, qui nous intéressent particu-
lièrement dans ce travail, les sonores possèdent, dans la voix cliu-
chotée comme dans la voix haute, un bruit laryngien identique
à celui des voyelles; et les sourdes, dans la voix chuchotée comme
dans la voix haute, sont dépourvues de ce bruit.
Pajoute pourtant que, si Toreille dislingue ces deux ordres de
consonnes, c'est, surtout dans la voix chuchotée, moins à cause
de la présence du souffle laryngien dans les sonores, qu'à cause
de la plus grande intensité du souffle buccal dans les sourdes:
plus grande intensité qui a fait donner aux sourdes ie nom de
consonnes dures, et qui est due à ce qu'alors la glotte est large-
ment ouverte et laisse passer une plus grande quantité d'air.
,S 3. voix RESPIRATOIRE.
Quand la glotte est ouverte, comme lorsque l'on respire sans
parler, l'air la traverse généralement sans produire de souffle
appréciable, si ce n'est à l'aide du stéthoscope appliqué sur le
larynx. Toutefois, si la respiration est énergique, comme lors-
qu'elle prend le type haletant, le souffle respiratoire devient per-
ceptible à l'oreille.
A la vérité, ce bruit n'est pas exclusivement laryngien. Il ré-
sulte du frôlement de l'air sur toute l'étendue des voies respira-
toires, ainsi qu'on peut le vérifier en appliquant successivement
le stéthoscope depuis la base des poumons jusque sur la paroi de
la bouche et du nez; mais la glotte qui, même ouverte, constitue
un rétrécissement auquel fait suite une partie plus large, est
l'endroit où ce souffle complexe se produit principalement.
Les cavités supérieures lui impriment les mêmes modifications
qu'au son laryngien musical de la haute voix et au souille du
chuchotement; elles en font des phonèmes. Il existe donc une
manière de parler qui mérite le nom de voix respiratoire.
Mais cette manière de parler est à peu près inusitée. Elle s'en-
tendrait fort mal et fatiguerait très vite, à cause de l'énorme
quantité d'air qu'elle dépenserait^. On la rencontre pourtant, à
l'état exceptionnel et pour de courtes phrases, chez des personnes
essoufflées, c'est-à-dire chez celles qu'un état maladif ou un tra-
vail musculaire exagéré obligent à accélérer leur respiration et
à tenir leur glotte largement ouverte. C'est quelquefois de cette
parole respiratoire que font usage, à la fin des phrases, les per-
LE ROLE DU LARYNX DANS LES CONSONNES SOURDES ET SONORES. ^99
sonnes qui laissent tomber les finales. Enfin i'emuet terminal est
souvent purement respiratoire.
Dans la voix respiratoire, les consonnes sonores ne se dis-
tinguent pas des sourdes. En re'alite', dans cette manière de parler,
tous les phonèmes sont sourds, sans excepter les voyelles.
D"" RoSAPELLY.
INDEX.
GE>EKALlTiiS.
Caractère inconscient des phe'nomènes du langage, •:!87, ooi, 890. —
Le geste, son importance cliez les peuples primiliis, y 8, 990. —
Discours direct ou indirect, q8, 99. — Les idées changent pins vite
(pie la langue, de là les anomalies, aSy. — Archaïsmes conservc^s
dans le langage technique , ai ; dans des expressions ollîcielles , surtout
écrites en abrégé, 268. — Rajeunissement des éléments du langage,
955. — Langues littéraires, 179. — Le peuple aime les grands
mots, les termes abstraits, 89. — Grimoire magique, aSG; ses ca-
ractères physiques et moraux, hoo-kod.
Le rôle du larynx dans les consonnes sourdeset sonores, ^88-/199: voix
haute, 488, A89; chuchotement, 488, ^9^; monotonie du souffle du
chuchotement, 488, ^97; voix respiratoire, 489, 498; comparaison
entre les vibrations des consonnes sonores et celles des voyelles, 488,
489; identité d'aspect de la glolte pendant les voyelles et pendant les
consonnes sonores, 498.
Mode d'action des faits de phonétique et d'analogie, 149. — Assonances
fortnites, 909, 911, 219, 9i4, 2i5, 998, 996, 227, 999. — Al-
térations amenées par la fréquence d'emploi, 95, 3i. — Emphase
contribuant à allonger les sons, 97. — Mots hypocoristiques ou abré-
gés, par le moindre effort, ou la paresse, 191. — Ellipse, ses
avantages, 26; p3ut changer une préposition en verba, 178-180;
donner lieu à des acceptions nouvelles, 167 ; son abus en étymologie,
3o. — Utilisation des variantes dialectales, 961.
Constance des actions analogiques, 1 48; leurs applications succes-
sives, 171 . — L'esprit populaire ne procède point par sauts, 256. —
Analogie dans la dérivation, 88, 89. — Nuances de sens ajoutées
par le contexte, 99. — Réaction mutuelle des homonymes, 260,
L'étymologie ne doit pas être interrogée sans méthode, ni sollicitée en
faveur d'un système préconçu, 457, 459.
Sémantique, i4i, 257, 457-459; son importance pour l'histoire du
langage el'des modes populaires de la pensée, 38. — Tendance an-
thropomorphique de la langue, 160, 957. — Liaison ou confusion
il'idées, 8(3, 161-168, i65. — Opposition, i5i. — Restriction,
49. — Sens péjoratif, i64. — Métaphore, source importante du
vocabulaire , 1 68 ; cf. 160, 161 , 1 69 , 2 35 , 260 ; métaphores d'origine
INDEX. 501
leclinique, 168. — Mt'tapliores injurieuses, produisant le^ change-
ment du substantif en adjectif, 33, ây, 38.
L'honneur national et les emprunts linguistiques, 96. — La détermi-
nation, sa de'fmition, 38à\ ses degre's, 38i-38G; ses différents
modes, 287, 288; son affinité avec le genre, 387; avec le nombre,
822, 387, 388; avec les cas, 388. — Détermination spéciale des
noms propres dans les langues malaisiennes, 307. — Détermination
marquée autrement que par l'article, 382-38/i ; par l'emphase, dans
les verbes et pronoms de la langue des Bushman ,319; par réduplication
avortée, ou redoublement brisé, en wolof, 383: par suffixation, en
araméen, 383; par dépression : l'état construit, en hébreu, 386. —
Détermination prédicative, possessive, objective, 999, 3oo.
Catégories diverses formant des genres dans les langues bantou , cauca-
siques, en serer, en matlalsinke, etc., 297-300.
Adverbe de lieu, son importance comme générateur de formes, 387.
Pronom, son origine, ses fonctions, ses transformations, 387; son im-
portance, 392.
Article, son origine psychologique et morphologique, 387: remplace le
geste des peuples primitifs, 290. — Identique aux pronoms des trois
personnes, en nama, 286, 3ii; aux pronoms de la 3^ personne,
sauf sa place, en bantou, 286; eon origine pronominale en grec, en
français, etc., 286, 286. — Ses fonctions diverses, 286, 287, 3oi,
393, 396; leur importance dans le langage, 2 85; fonctions psycho-
logiques: de concrélisme, 388, SSg : de détermination, ^89, Sgo;
d'auxihaire, 390 , 091 ; d'abstraction, 392 ; de relation , 399 , 390, —
Est un luxe utile, 290; fait souvent défaut plus ou moins ccmplèle-
ment (latin; langues letto-slaves , sauf le bulgare; langues néo-in-
diennes et néo-iraniennes, etc.), 285, 288, 291, 296, 295. —
Divisions d'une étude générale sur l'article, 290.
Article' double, de détermination et d'indétermination, dans la plupart
des langues indo-européennes dérivées: français, allemand, ilalien.
espagnol, portugais, hollandais, danois, suédois, anglais, breton,
grec, 290, 291; particularités des articles roumains, 291; double
article en égyptien, en copte, en grebo, en abchaze, dans les langues
polynésiennes et malaisiennes, en nengoné, etc., 291, 292.
Cas intermédiaire entre la détermination et l'indétermination, 292. —
Dédoublement de l'article, en bantou, 3oi, 3o2; en abchaze, 3o2.
— Réduction du nombre des arlicles, 3o2. — Article méconnu,
ayant perdu son économie et sa fonction (langues dravidienncs, na-
huatl, nordique), 292, 293; article latent, en abipone, en turc,
etc., 32 1 ; traces d'arlicle dis[)aru, dans les langues du Caucase et en
bantou , 3o2-3oG. — Omission de l'article, 3o2.
Places de l'article, 288; normalement, il est préfixé et variable (|)hi-
sieurs langues indo-européeimes et chamitiques; rn maya, en kluis-
sia), 293, 296; divers degrés de variation, 287, 288. — Article
502 INDEX.
préfixé invariable (anglais, hollandais, néo-celtique, langues sémi-
tiques, polynésiennes , mélanésiennes , malaisiennes , etc.), 288, 3oô,
807. — Article suffixe variable en nama, 3o8, Sog; dans plusieurs
langues chamitiques, 3ii; avec déterminations diverses, en somali,
en bilin , en thibétain , etc. , 3 1 1 , 3 1 q. — Article postposé invariable
en langage des Bushman et autres idiomes d'Afrique, en nahuatl,
dans les langues dravidiennes, etc., 319, 3^0.
Article en français, 2 9 A, 295; allemand, albanais, roumain, néo-cel-
tique, bulgare, 29^; grec, 294, 295, 3i6; bas latin, gotique, nor-
dique, celtique, vieil indien, zend, vieux persan, 296; famille
chamitique , maya , khassia , 295, 296; japonais, 3oo, 3oi, 3i6;
magyar, 3o8; roumain, 3i2, 3i5; albanais, 3i2-3i5; bulgare, lan-
gues ouraliennes, nordique, 3i5 ; dans la déclinaison indo-européenne,
3i6; en bantou, 3i6, 819; dans les langues ouraliennes, 3 16,
3 1 8 ; en basque , 3 1 8 ; poul , 3 1 8 , 3 1 9 ; wolof , 319.
Article reçu du substantif par l'adjectif, le verbe, l'adverbe, 382; ar-
ticle avec l'adjectif en tcnè;pie, vieux slave, lituanien, 382; avec le
verbe (grec, magyar), 38i; avec la conjonction (lapon), 38i; avec
la préposition (langues ouraliennes), 38 1, 882; avec l'adverbe , etc.,
(aware), 382.
Conjugaison prédicative (langues indo-européennes), et possessive (lan-
gues ouraliennes, altaïques, samoyèdes) du verbe, 3 10; conjugaison
objective du verbe et du nom, 3ii; conjugaison possessive et prédi-
cative du nom (nama, nahuatl, langues ouraliennes), 3o8-3ii,
081; conjugaison des prépositions (langues ouraliennes); des con-
jonctions (lapon), 3 10.
A. — LANGUES I>DO-ELROPfc:i:>NES.
Vocalisme, i5o, i5i; la quantité et le timbre, 1^2. — Gutturales,
872-880; M, 1 58. — 5, i5i; de -5s-, 869. wy-, 1 5i, 162. —
Assimilation de consonnes, 162, 108. — Consonnes finales, 872;
naside finale, 366-872. — Accent, 162.
Masculins en -«- et en -î-, 10 3. — Neutres ayant au nominatif une
loiigue, 1/17. — Influence du vocatif sur les noms ou les épithèles
des êtres divins, 100. — Insti'ùmental , i53.
Comparatifs en -on-, 869. — Pronoms, 871. — Le nombre quatre,
i58; le nombre cv'/k/, 167, i58.
Verbes perfectifs et imperfeclifs, i5o. — Disinence primaire -mi, se-
condaire -n, 872. — Augment, i5o. — Aoriste, 67. — Vocalisme
du parfait, 1 h8.
Suffixe -c«- 368, 869; -<ero-, -/ro-, lii, \k'i;-tlo-, i5i; -yo- , 162.
Composés sfîparabks et iniéparubles , /19. — Confusion dej racines ghclj-
el g hel- , 875.
INDEX. 503
GREC AiNClEN.
Alphabet de Gortyne, 26; écriture onciale, 68; quantité négligée, en
Lycie, 201; caractères latins, 899.
Nuances de prononciation, 27 , 28; calemboui" du iif siècle avant notre
ère , supposant ai — e, ei = i, AA = A , quantité et accentuation négli-
gées, 67. 68; (3, 211; son intermédiaire entre n et m, 26, 26.
Epenthèse de 1'/, 26; t parasite devant p, 28, 161; effacement de y
après une nasale, 28. — ti de s et 0 devant q fermant la syllabe,
i36, 187; dissimilatiou de i» en i, 186, 187, 159; moins ancienne
(pie l'aspiration d\i initial, 18G, 187. — Traitement de r après la-
biale, quand la syllabe suivante a une voyelle de timbre 0, 5i.
K, do K^ devant w, 18G. — Traitement du t final de préposition, dans
les composés, 69. •cr?- de ^?/, 878. — fi de v intervocalique,
•ili, 95. — Assimilation du v final à la consonne suivante, 20, 26;
de p à un v suivant, 27, 28.
Première partie d'un juxtaposé devenue indéclinable, 26; vocatif- reni-
])larant une flexion entière, 100. — Féminins e;i -os, 160, 257. —
Datif -w, 867. — Gén. plur. -é[F)cov, 867.
Sullixes de comparaison -repos, 87; -10-, 189; -iav, 87; changement
dun nom en adjectif par le conipanitif 86 , 87 ; superl. -lalos, 87. —
Le nombre quatre, i.58, 159. — Répétition de mots pronominaux,
26.
Préfixe dans les verbes, 57. — Itératifs, i/io. — Conjugaison, 57. —
Redoublement avec voyelle a, 27. — Voyelle 0 du participe présen'
3a, 81. — -n- dans la conjugaison, 204, 255; conjugaison nou
velle issue d'aoristes ou de parfaits en -xa, 86; parfaits en -w-ny.
80. — Indicatif du xerbo être, 170; elbpse de ce verbe, 178, 17 j
Sullixes -â|&), âlofjtat, 20^; -ajva, 255, 956; -da., lô-j ; -i^s-, i''i5
-10-, 28; -1-Z03, 88; -HO-, 876; -uro- , 160; -&)-, 88, 89; -wv,
256; -wais , 88, 8(j.
Tendance à éliminer le degré long des racines, 168. — Composés de
termes abstraits en -o-«s, 3a, 33. — Analogie, 26; étymologie po-
pulaire, 5o.
Mégance, qualité essentielle de la langue grecque, 218. — Civlcis,
196, 200; a subi l'influence d'un idiome barbare, 190; son particu-
lier, rendu tantôt a, tantôt 0, 208. — Le mol xaTSo-KeOao-er déii-
guré en Lycie, 21 5. — Mots grecs passés en orjbe, 385 , 886.
à-, àyi-, 50, f)! .'
à) pas, i5o.
dépiof, -.iH.
àyaBoi, /|5H.
àypôtspos , 30.
aîév , 368.
kynoiXaos , 33.
àoioiiofjLai , gy'i.
ai'wiKxi, i()i .
àyxûÀ<àan , 38.
aeAAa, iSa.
«('ttûs, 130.
50^
INDEX.
ata)(^ial os , 87.
oiîayjiaiv, 87.
xia^pof , 87.
a/Xf^rf, i5o.
aKyiuv, S'] II.
dXyos, i56.
KXé^avèpos, 33.
àXs^tKaKos, 32.
iXt^depénsi, 36.
dXXoTpios, tlii.
akoyos, 5o.
â'fxa , 5 1 .
à'fxa^o, 38, 5o.
àixa^aîos, 38.
dua^ialos, 38.
tiua^nos, 38.
dnsf^iii^poos , 3a.
ofxo-, 377.
A(iopyos, 209.
d'fXTreXos, iGo.
àfjiipt-, i56.
dnÇ>li:o}.os , ii3.
d'v, 5i.
cf'va, /la , 5i , 167.
dvaivofiai, 27, 28, 161,
dvêpands , 5 1 .
dvèpditoèov , 206.
dvèpôs, l5i.
a'frfp, i5l.
ÀrOiTTTios, 187.
dvviotTO, 27.
àrr/, 107.
lirw, 28, 5l , 107.
ŒTras, 26, 5o.
uTTios, 160.
ditoèôaOït, 2 06.
kpialmitoi, i3G.
dpvéoytat, 97, iGi.
dpvvfxai, 161.
apaevoL, ih'j.
iiapTtnos, 38.
UTepos, 5o.
«T», 216.
a5, 52.
«tï/sa, i5a.
ailpios, 52.
«lÏTws, 28, 29.
dipéuKa, 86.
iSaSt^î, 378.
^oi(jL§alvù} , 27.
jSaTrV^i, 878.
^àjos, 160.
^aÇirjvat, 878.
^éXefivov, 160.
/SéAos, 160.
^évdos, 878.
jSrîffcra, 878.
^odpos, 878.
^odvvos, 378.
-^OtO-, l52.
/2oArf, iii6.
^6X0;, iZi6.
^po76s, i5i.
^pVXù), 2 55.
|St;0cis, 878.
PvaaoSo(j.evii), 160, 161,
^ùXos, iti6.
^ùiyios^ l45.
^àjpot, 1/16.
yapyaipcc, 27.
jeyora, lis.
yéjovE, ii8.
yeyûjve, 1/18.
■)'rj6o(Tvvri , i58.
yrjOoavvos, 108.
yiyvofjLat, lii , ia.
yAuxoeis, 80.
yAwxtîs, 3o.
yoitvatoi, 868.
ypa^eis, 171.
j'wîa, 160.
yvfjLvôs, i36, iGo.
>vrrf, 1 59, 87^.
AafxacyiTTîîos , 83.
Sd-neSov, 2 56.
Ssâfitiv, 2 53.
êéaTai, 203-255.
(JsaTO ou Sotjo, 953, aô'i.
êéarot, 2 58 , 254.
SéêfOL, 2 55.
SéSotKa, 36, 255.
êsSolKù), 36.
êéêoKTat, 2 55.
<5(e)/aff9£v, 2 5/1.
Seiêiaaonai, 2 55.
êeiSoïKa, 255.
SsiXatos, /|58.
Sst/.ôs, 458.
<5£«a, i58.
SéX'Xa), 1/1 3.
^sluepoï, 1/11.
êrjiios , 87.
êfjpts, l46.
<î«a, 5i.
êiêùJflt, 38 1.
SiScûs, 881.
SiS{i}(ji , 3 8 1 .
êΣ(ixi, 36.
êldxci}, 86.
§oâloii.at, a 54.
^tia'r, i54.
èodaaetat, 254.
Soyiia, 2 55.
Soxéù}, 258-255.
S6(ios, lits.
So^a, 2 55.
èo^ù), 2 55.
(îopti, 147, 868.
êoùpcuTOS, 3(J8.
èpinctiva, a^ia.
êpdllùûV , 2 55, 256.
<îp£is, 868.
SùJKoie, 86, 255.
édÀcoKa, 36.
éaoTWj», 201.
êaprepoi, 87.
^grj, 878.
éy paires , 171.
ejw, 866.
ëêo^a, 2 55.
êêuna, 36, 2 55.
ërjxa, 255.
è'ârjxa, 5i, 255.
êOvos, 280, aSi .
è'9os, i48.
eOwr, i48.
£?, 170, 171, 06!].
erap, 147.
e7ra«, 177.
eheîv, i36.
elpos, 161.
e/pww , 161.
els, 171.
efs, ai.
ej(j/, 178, i8d.
e<crû>, 5i.
eiods, i48.
ènelvos, i54.
èHaa.vvsaéja.t, y 7.
éxTiHos, 878.
êXn(pp6s, 56.
èXày^etct, 56.
èXéy^jalos, .87.
éXîy^os, 87.
I<;Ae/5v;a, i36.
ÈXsvSoo, i36.
éXxeaiitenXos, 82.
er, i56, 177-181.
êveiat, 177.
Sveaav, 179.
i-vsali, 177-180.
£VI, 177.
ëvi, 177-181.
êvioi, 179.
évioTE, 17 g.
évrepoL, i56.
ivTos, i55.
elw, 38, 5j.
EoSûXo, 301 .
e'ff/, 178.
éttllHOV, 205.
èpzf^hotyos , 3a.
êpénlci}, 878.
ëpeÇov, 878.
sptov, 161.
tpfZTJS, 201.
eppa'jTîr, lia.
êppùiya, 1 i8.
epv'xw, a 5^.
eVÔ/os, /ioS.
êpvù), 161.
iafiév , l'jli.
èalé, 17Â.
ëal-nxa, 36.
eff?/, 177-181.
^<rw, 28.
sTÎ6-ne, 171.
evsôwxa, 36.
sCp'JOTlX, 100.
é^epov, 366.
Y,<^iifTsos, 187.
i)(îvoi, h II.
^vyov, 366.
■fiiiéTspos, 87.
riTotp ■
i/i
ïjws, 1^7.
Q-ânlùi , 878.
S-epfxds, 107.
3-esoTepos, 87.
a-Tip, 874.
3-wjaT77p, loi.
ô-wpT?|, 257.
Q-wpiôaoeadai , ùî)'].
ïa, 2'» , 25.
ixdvù), i58.
(xt>éofza<, 108.
Ixxo;, 187.
îxtlvos, 878.
/"xw, i53.
i<is, o/i.
hvés, 187.
«TTWowoTafios , 28.
iitnos, i36, 187.
UF.U. Lise. IX.
INDEX.
/■(P», 28.
i^jos, a 8.
xajj'dry, ^y.
xà<î oe, /iq.
xadiio) , 5 1 .
xaivû), 878.
xaxds, 458.
xdXv^, 186.
xaAv7r7«, 186.
xàfx fzéf , /19.
xafixf'/irovs , 82.
xaTsmSîov, ig.
xinpiivoL, 2 55.
xappé^at, A().
xaV, 52.
-xas, 5l.
XŒT-, Zig-Si.
xarâ., ^g-Sa.
xaTa7î7riTr7»' , 2 05.
xonldêe, 4 9.
xa'TO) , 28, 5 1 .
xa<jFâ^ais. /tg.
xzivos, 1 j/i.
xe'AeuÔos, 207.
xépas, 36g.
xépSiov, 87.
xépêicr'loi, 87.
xépaos, 87.
x£(^aArf, 260.
xyfètalos, 87.
KfjSos, 87.
-x/.séa, iliS.
xofiév, ^ll7).
xofii^ù), liô.
-xoi'Ta, i58.
xpâaTos, 36g.
xpmtls, i!\Q.
XpVTtld), i36, 87 J
xpu^7)i^a<, 878.
xpvil/lvoos , 82.
XTeivù), 28, 878.
xrévvù), 28.
xi/éw, 26, 37.
xu'xAos, i36.
Hiixvoî, 186.
«ÛA?7, 186.
xuA/^, i36.
x'jXiu, 159.
xvvdy^ri , 5o.
«Wfn^ôs, 5o.
Kvviaxn , a 5 6.
xûcoi', 1 A7 , 2 56,
xviioi, 1 '16.
xw^ds, 1 '16.
• 05
AixitvoL, a56.
Aa'o) , 221.
Asaji»a, 255.
AsAoïira, 1Z18.
AeAuxa, 255.
/•eoxois, 201 .
AevxiTTwos, ] 86.
Aevxds, 3o.
A^;^os, 87^.
Aesov, 255, 256.
AritCT/s , 3 31.
Adyos, i46.
Xoiyôs, i36.
Xo^ds, 80.
Xoy^oe, 1I16.
Atie<, 38 1.
Au'ejj, 38 1.
Ai/'x3<»»a, 355.
Ati<TiTeA77s, 3a.
Av'w , 3 8 1 .
fioà-js , 97, 28, 161.
fiâpjvs , 27, 161.
f/îAas, Zi58.
fX£Ta, 5i , 5i4, 178.
fJLnSeis, 2^.
fXTT^Sfxj'a, ai.
fiflT/eTa, 100.
[Lr}-j(a.voi'jû , 161.
(x/a, 2/1.
ftjya^oixai , 2 5'i.
(loifivXXci), 877.
[lopfivpu, 877.
(io-j(dTipôs . 458.
fxwAus, i46.
fu|, 186.
rodî, i5i.
Itir, 49, 5o.
d, 871 .
d<îds, 357.
oBoftat, i45.
oïxoiteèov, 2 56.
oJfios, 357.
ofrr;, i5o.
0ITINE2, 35.
oAéxûi), 254.
àT^fjtos, 337, 228.
ôAdTws, i43.
ôftolïos, 38.
<!ii»o(ita, 147.
divul, i36.
dwiCTO), 28.
ottAoi», 87.
83
IMrUlItUI BiTIORAt».
506
ÔTrAoTotTr?, 3 7.
éitXôrepos, 87.
èitoïos, a6.
oitôs, i48-
oTsoaos, 36.
ôpéalepos, 87, i4i.
opviOodr^pas, i53.
opTv^, i36.
os pa, 53.
oaoE, 369.
ô'ff7»s, 3 5.
OTIMI, 9 5.
OTINI, 3 5.
oictTOS, 369.
ovSeis, 36 , 95.
oùSefxia, 96-26.
oCêév, 35, 26.
oZpos, ib-2.
o5s, 369.
oÇieiXd), 38.
d^^A/w, 38.
oy, 1^3.
1. <5;t<'*' i''»^'
o)(ypàs, i43.
'BaiSoTpl€ris , 1 53.
•sra'Avrjs, 56.
'aoLfi(palvci} , 27.
'CTai'Tû/TraOT , 36.
ziaul aivù) , 27.
•srap, 5i.
■arapa, 5i , 178.
•srâs, 96, 27.
•vsoLiépa, 1/17.
•îjaTi^p , 1 5 1 .
naTpJTTTTOS, l36.
■aéSa, ï>li.
'aéSn, 9 56.
-'zseSov, 9 56.
ïlsialal patos , 33.
-crérTe, 157, i58.
'dsi'TiixorTa, i58.
'zscTzvvfiévos , hi.
■zasTiTC/ûxa, 36, 9 55.
'ssé-Taaaa, i58.
-cretiôera», 139.
iséÇivKa, i53.
Tuiavvos, i58.
islmipes, i58, 159.
'zshvayiat, i58.
•wAafa'iw, 56.
-srAa'rrjff, 56.
tsXôxos, i46.
•etA&k'^co, lis.
xsoè-, 168.
INDEX.
iffoôer, 96.
laôdos, i46.
•crCTr, 26.
'Zjoîoe ^ 96.
-arocJTi't^w , 877.
'aovvpàs, 658.
'tsopaco, 5i.
■cjos, 169.
■crdo-fs, 1Z12.
•Erdffos, 36.
•croTe, 168.
■croTepos, 26, i/i3.
«tôt/, 169.
-croi?, 96.
npa|jTi/r/s, 33.
ISpôSoLTOV, 256.
-vrpos, 169.
'apoaaco, 5i.
■apoaù}, 28, 5l.
TSpo-repos, lis.
tspoti, 1/19.
•cTwAeofxa» , iZi5.
pa, 53.
pT^ywiit, 162.
pïiffffw, lis.
pôSov, 5i .
p&'l, 163.
axditlu, 878.
(TK(i(PoS, 878.
aKsSaaaa, 1 58.
<TKlSvrj(tt, i58.
ffxwAos, ii6.
aopés, i46.
ffTTou^rj, i5i.
aleiSùû, loi.
aleïpa., 260.
a1si')(jM, 87 i.
aliftHù}, 36.
(jIîiXos, 336.
(7vxâ(iivos, 160.
axi[fnas, 5o.
fftîr, 69, 5o.
(Tui'ay;^»j, 5o.
a\JvBriKy) , 69.
aÇsTepos, 87.
acûpôs, ii6.
auaiTiohs, Su.
TOtXW, i5i.
Tci.XaÎT!ù}pos , ii6.
Ta'Aai/Toi», 981.
xaoTa ,901.
rapd^iTcitos, 83.
rapt^eTov, 982.
■tdpyavov, 389'.
Tap^evû), 383.
Tapx^os, 282.
Ta^rjiva*, 878.
tâ<ppos, i58.
TŒj^a , 1 i 3 .
Ta-/(jjs , I i 3 .
Ta'(i)r, 366.
TE, 167.
TéQpncnos, 187.
TEÎj^os, 87 i.
T£XTa«ra, 2 56.
■répits, 39.
Tep^'t)(opos, 89.
TÉTopss, i58.
t/, 53.
T«0ns, 171-
tAkû), 93 1.
TArfft&r, 163.
ràxos, ii6.
ToAfza, i63.
ToAfiaw, 161-163.
ToAfin, 162.
ToXjxvpôs, 168.
To'r, 366, 871.
repos, ii5.
Topàs, ii5.
Tpawe?a, i58.
Tpiêos, 267.
Tpôitis, ii6.
Tpà^ts, 1 i6.
TVTTTW, l5i.
ilaiva, 255.
tSfie»'-, 5o.
vfiéTepos, 87.
vwe/p , 161.
t5wép , 161.
iitspdïov, 98.
t5ird, 178.
v\//r7Ads, i36.
ù'i^os, 55.
(poLyeîv, 56, 1 i3.
(Pae<rds, lio.
(paîvu, 2 58.
(pavés, 358.
(^ai/Ta^w, 9 58.
(pdvra(7(x.a , 9 58.
Çiâos, lio.
<Pa'(T<s, 9 58.
<pâa[ia, 9 58.
(parts, 9 58.
^edyeiv, 201.
tpépcTov, 366.
Çepôfievos, 167.
(P»f/xj;, 258.
Çvi^î, 3 58.
Çvs, 171.
Çdl(TlfJ.ëpû70S , 3-2.
<p6iais, .82.
(pilr)(Ti[jiokiios , .Sa.
<p/~£yci), 56.
(pSpos, 160.
-(^époî, i.").3.
(ppovpd, i/i6.
(Ppovpos, 1U6.
^UTEVO), 161.
INDEX.
j^afzà^e. .873.
X^fo"'. 373.
;^ap<s, 54.
;(^e/p, t6i.
^épvi-ip, 161.
y^epoTv, 161.
^epoirXnxros , 161.
X^pos , 161.
)(^£pai, 161.
;^£a>, 54.
x«^,«> 373.
'^Oôvtos, 28.
yjiovoi^ 872.
507
;t&wi', 372.
;^i«i;, 54.
'^Xcopos, 63.
;^oai'Of, 54.
)(_pcl.o[j.(xi , 161.
;^(uAos, i46.
;^wpa, i46.
yJUpoi, i46.
côôew, i45.
(UTjr», 9 5.
wpa, i46.
GREC MODERNE.
Hypothèse de survivances dialectales, 171. — Formes savantes et ar-
chaïques, 17-2, 178, 181, i84; style solennel, 173. — Versifi-
cation, 178.
Lois de la contraction des voyelles; leur explication, 33o. — Chute d'<
entre consonnes, 18a. — Phonétique des consonnes, 176.
Datif, 178; accus, pliir. -es. i83.
Analogie dans le verbe , 171, 176-177, 182, 186-188, /loa ; syntaxe,
186, 187. — Indicatif présent du verbe êire, 170-188. — Termi-
naisons -acjls, -fxeda,-(xsd£v, 176. — Augment, 176, 177.
Texte, lioo, ioi , traduction, /io4, ^o5.
iya-Kovy-eaBev, 176.
àSeXÇiKov , 4 00-4 09.
ÀAAa';^, 339.
yeAovfieffôer, 176.
ypd<pzis , 171.
■ypâ(p£(7de, 176.
'ypd<pofia(, 176.
ypaÇôfiatrle , 177-
ypa.(pôix£da, 176.
ypoLp6fi£6£v, 176.
ypâ!^ofJL£v, 176.
ypa.<p6(j.£a0£v, 17(3.
ypa.Ç!6fi£f7la, 176.
ypa<p6fi£al£v, 176.
ypa<Poaaal£, 177.
ypa(po'6fJL£ad£v, 17G.
^è»», 174.
^^rr;, 4oo-4o2.
(sljSpe;^rJfiai»e, 17G.
{£)^p£-/o>^aal£, 17(), 177.
(e)€pe;^t>f Tare , 176, 177.
(e)êpe;^offaf e , 176.
(è)^p£yoaaa'l£, 176, 177.
(e)^pe;^0Tai;e , 177.
ëypa<p£S, 171.
{è)ypà(p£ad£, 17G.
eypai^ÔTjfzer , 176.
(e)7pa<Pof;t£Ôa, 176.
éypa-^ai, 171.
êSé^aadE, 177.
eFfxa», 170, 179, 174-177.
£Ïfiaal£, 170, 176, 177.
e/fxeôa, 174-176.
e/fxeôer, 175, 176.
£i(i£(Td£v, 175.
£{(/£(j1a, 176.
£Ïyt£al£v, 175, 1 76.
e/fz/, 170, 174, 175, i83.
erva», 170 , 177, 182 ,
i84-i88.
eTKajy, i85.
elr», 188.
e7s, 170-172.
£laat, 170-172, 1 74-177.
£Ï(TaaT£, 17(), 177.
£ladat , 177.
eFff^e, 17 4-1 76.
e/o-/, i85, 186.
£1(776, 170, 174-176.
£H£lfJLÏ)V, 171.
^r, i8l-l84.
ér', 181, 182, i84.
^rct<, 182-188.
^raji;, 182-1 85.
^r», 177, 181-188.
è^UCfl£plVTljv, 400-402.
epxoftave, 177.
ip)(^6(iacTTe, 176.
èp-)(6vjave, 176.
ip/^oaave, 177-
IpyôrraolE, 176.
èayiév, 175, i83.
éaoyiai , 171.
eff7^, 175.
e<77/, i8i-i84.
rffieôa, 171, 170.
rf/iieôer, 175.
rifM£p£S, i83.
33.
508
INDEX.
ijftealev, 175.
9j(inv, 171.
^{jLovv, 171.
irfp|ao-6e, 177.
^aav, 171.
^ffôa, 171.
^(Tovv, 171.
^TŒv, 186.
T^rave, 186.
■fJTOv, 171.
xalve, iHli.
xeïerai, 171.
xelaofJLai, 171.
xpaTos, 178, 17^.
'rai, 18/i, i85.
rarai, 1 83-1 85.
vdvatv, 18/1, l85.
raffar, 17/1.
vàade, 175.
'i»e, 18/1, i85.
o<, i8;i
ohives, 173.
ÔTToSrai, i8i.
oTioi/vaiv, i85.
oTioZaBe, 176.
oTTSô've, i83.
oaoi 'CT7e, 175.
ovêév, 174.
oiî(«), 17/1.
isaT£io'Jii£a9ev, 17(5.
'Zjspnimeï, 189.
tscpitaiet, 18:?.
■nrouf, 186.
■EroffDa/, ]85.
'Woiïi'aiv, i85.
■jffovraHf, i84.
■vrcovaiv, 18 II.
ptKtrj, Aoo-io'J.
2)<id|x, 211.
(Tyiepvàs, 182.
T£S, i83.
To<5!i)xa, 33o.
ToiSuxa, 33o.
TW, 173.
LANGUES ITALIQUES.
o indistinct devant n + dentale, 3i .
dde n, après n, 3i. — m final peu sensible, 365. — n omis devant t,
962. — t final tombé devant consonne, 262.
OSQUE.
Mélangé au latin, 261, 262.
anasakcl, A .5.
Baosa, A .5.
cetur, 961.
Cumnios, 2G1.
dedca ,261.
dunom ,961.
médis, 361.
Pacuies, 961.
sent, 3i.
iipï^arininn, 3i,
Vesiina, 261.
OMBRIEN.
h initial tombé, oit.
Postpositions, A7. — Construction paratactiqiic, 3/i, 35.
ander, Ag.
anovihimu, 1A9.
arves, 3i.
arvia, 33, 36.
-co, A 9. •
Çerfia, A 5.
polsanu, 3A , 35.
luplak, 56.
SABliN.
ausum, 03.
INDEX.
509
PELIGMEN.
aisis, lili, Itb.
Anacela, lil\, AT).
Ceria, A 5.
-essa, A5.
et, A 5.
Musesa, Mt , A 5.
Saluta, AA, A5.
sato-, AA-A6.
LATIN.
Transcription grecque, Sgg-ioi, ^o3, 4oA. — Chute de Vi, ^6; ide
ê en syliabe intérieure sous l'influence d'un / suivant, 55. «s et
-es-t-, ho. — Prononciation intermédiaire entre n et ?«, 26; m flnai
rétabli par analogie, 365. — Chute de y dans -owy-., ihù: de h-,
.'] A; syncope, i4i, 167. — Foi'mes dialectales, 260, 961.
Noms féminins en -us, 160. — Datif sans t, l\5. — Ablatif avec sens
d(3 sociatif, hfi. — Comparatif neutre en -nis, 189. — Première par-
tie d'un juxtaposé devenue invariable, -25; juxtaposés pris pour des
composés, et donnant lieu à des dérivés, Sa. — Répétition de mots
pronominaux, 26.
Verbes déponents , /îo-ia; dénominatifs, i63; causatifs, 1 A3; itératifs,
SS-Sy, i/t3; perfectifs et imperfectifs, 54, 55, 57. — Préfixe dans
les verbes, 57. — Impératif en -lor, i65. — Participe présent, 3o,
3i, Ao-Aa, 46; participe en -dus, 3i, 4o; participes devenus adjec-
tifs, 3 G.
Suffixes: -âc-, 56; -ago, ~igo, -.ugo, i64; -antia, -entia, 3o; -arius,
3o; -bula, -butum, 958, 959; -culiis, lAi; -é, -ëd, 870; -élis, 55;
-esimus, 46; -ia, 3o; -îcus, 166; -mis, t65;-iens, -tes, 46; -ib's,
960; -io, -ium, 56, i42; -ius, 166; -or-ius , 46; -tare, 55; -tas,
3o; -ter, i4i; -tio , 56; -uiiinus, 3i. — Analogie dans la dériva-
tion, 39, 4o, 46, 55, i4i, i42.
Poslpositions, 42. — Construction paratactique, 34, 35. — Etymo-
logie populaire, 57. — Trois anciennes couleurs, 81.
Langue du droit, Sa. — Langue médicale, pleine de termes d'origine
grecque, 38, 89. — Composés savants, imités du grec, 82 , 33.
absens, 3o.
adamare, i65.
œgrotus, 38, 09.
œnigo, 16 A.
nfTero, 261.
agere, 56, 16A , 1G7.
algerc, i50.
alius, iAq.
aller, lAa.
allerutec, 9 5.
amare, i65.
amb-, i56.
ambages, 50.
ambire, 157.
anibuiare, 3i.
aiuicire, 157.
amicus, i65.
amita , 1 A 1 .
amplecli, 937.
anculus, 35, A5, 1 A3.
Angilia, A 5.
aaimans. Ai.
ansa, i5o.
ante, 157.
anlicus, lOn.
;ippellanlor, i65.
aquilus, 81.
aratrum, 1A9.
arfuisse, 261.
arma, 207.
armare, 957.
armus, 957.
aruspex, 3A.
arvilla , 3A.
arvina, SA.
arvum, 3 A.
assentari, 57.
assentire, 57.
anfero, a6o, a6i.
510
aufugio, 260, 261.
auriga, i53.
auris, 869.
aurora, 1/17.
auriigo, 16/i.
aurum , 63 , 9 1 .
aut, 5a.
avère, 55.
avonciilus, i4i.
avos, i42.
beUum, /i58,
bessis, 46.
bidiioni, 1^2.
bienniiim, 1^2.
binoctiutn, 1Z12.
bonus, /i58.
caelicus, 166.
calamitas, 260.
calare, 56.
caput, 95o, 952.
carrago ,i64.
Castoriis, 262.
cavos, 189.
ceiare, 55.
cerasus, 160.
citrago, 16/1.
civitas, 3o.
clandestinus, 89, 4o.
com-, ton-, hh, 5o, 5i,
coinburere, 00.
compellare, 57.
compellere, Ô7.
compulsare, 55.
conciiiabulmn, 259.
conficere, ôo.
conseilles (Dii), 3o.
considère, 5i.
consiva, 56.
consivia, 56.
consivins, 55.
conspicari, 57.
conspicere, 57.
consternare, 55.
consternoro, 55.
contaclus, 56.
contagio, 56.
conlagium, 56.
contio, 5o, 56.
conventus, 5o.
conviciiini, 55.
cubare, 56.
cinn, h9,-hh , 5n, 5i.
Cupido, 257.
INDEX.
decet, 955.
decies, 46.
décurie, /io3 , Ixoh.
decus, 255.
deficere, 167.
delinire, 55.
desciscere, 875.
dexter, t^i.
dicax, 56.
dicere, 55.
dis-, 5i.
docere, i48.
dociiis, 960.
ducere, 55.
dudum, 1 5A.
duellum, 458.
dulcedo, 957.
duplex, 56.
durare, i5/i.
educare, 55, 57.
educere, 57.
egens, 3o.
egestas, 3o.
endo, i56, 157.
equos, i36.
orudire , 33.
el, 45.
eunlis, 3o, 3i.
evidens, 42.
excludere, gS, 94.
exclusa, 98.
exclusor, 98.
excurtiare (bas iat.), 94.
exim, 365.
exinde, 365.
expendere, 98.
1. fabula, 258-960.
2. fabula, 259, 260.
fabulœ mânes, 958-360.
facere, 5i, 166, 167,
255.
faciiis, 960.
factio, 167.
fama, 9 58.
fari, 9 58.
farrago, 16 4.
fatum, 2 58.
faviila, i58. •
fendere, 82.
ferundus, 3i.
ficus, 160.
fidelis, 55.
fides, 55.
Fisica (Venus), 166.
flagrare, 56.
flavos, 874.
ilexanimus, 82.
^AelejJTojs , 3i.
flexipes, 82.
flexumines, 3i.
flexuntes, 3o, 3i.
florus, 874.
fluxipedus , 3^.
fodere, 878.
foUis, 169.
forum, i46.
fossa, 878.
fovere, i43, i58.
fragilis, 260.
frangere, 56.
frustum, 33.
fulvos, 874.
genus, 42.
gignens, 4i.
gignere, 42.
gratis, 54.
halare, 55.
haru, 34.
hasta, 874.
haurire, 55.
ha vers, 55..
hebes, i46.
heri, 878.
hiare, 56, 187.
hic, 871.
(h)olus, 874.
homo, i5i.
hostis, 874.
humus, 878.
hune, 871.
iens, 3o.
illim, 865.
imago, i64.
imitari, i64.
imminere, 157.
impedire, i48 , i56.
imperator, i56.
impétigo, i64.
implicare, 56.
implorare, 167.
in, 42, i56, 157.
inciens, 26.
incola, i53.
indagare, 56, i5.6.
indaudire, i56.
inde, 865.
indicare, 55, 67, i56.
INDEX.
511
indicere, 57.
indicium, 55.
indigena, i53, 1 57.
indigere, i56.
Indigetes (Dii), li-2.
indipisci, i56.
indoles, 157.
indu, 161.
induere, 49, 1/43, i56.
indulgere, i56.
indupedire, i5(5.
induperator, i56.
industrius, 161.
indutiœ, 157.
ingens, Us.
ingenuus, 7^.
inguen, 365.
inicere, 167.
inigere, 157.
inire, 157.
injicere, 157.
inserere, 157.
insistere, 167.
inspicere, 157.
instare, 107.
insternere, 157.
interdum, Uo.
intestinus, lio.
intus, ^0.
itidem, lio.
jacere, 255.
Jovia, Jovius, 166.
jus, 5a.
juvencus, 52.
labare, 55.
labi, 55.
legare ,56.
ievis, 56.
libellas, 3o.
libido, 257.
licinus, 3o.
liquare, 56.
liqui, 56.
lucuns, 3o.
lumbago, 16/1.
luxare, 3o.
luxus, 3o.
mâlus, 458.
mâlus, 160.
manceps, 39.
manifeslare , 39.
manifesto, 39.
manifeslus, 33.
mansuetus, 39.
mantile, 55.
manu, 39.
manufactus, 33.
manufestus, 32.
manumissus, 32.
mater, lAi, i63.
maferies, i63.
matertera, i4i.
Matuta, 65.
niatutinus, 39.
mergi, 376.
minor, 46.
modus, i46.
monere, i/i3.
monstrum, 259.
mostellum, 269.
necare, 56.
necessarius, 3o.
necopinus, 56.
nidus, 5i.
nobilitas, 3o.
nocere, i43.
nomen, ih'j.
nonus, 365.
nosler, 37, i4i,
novem, 365.
nudus, 160.
occipere, 57.
occulere, 55,
occultare, 55.
occupare, 57.
omnis, 37.
operandum, 3i.
operire, 56.
opinari, 56.
opinio, 56.
oportere, 56.
oriundus, Ao.
pabulum, 959.
palari, 56.
pangere, 56.
parare, 56.
patere, i58.
patiunto, i65.
patruos, iZii, lAs
ped-, 1/18.
pellere, th5.
pendëre, 56.
pendêre, 56.
persona, i45.
Picumnus, 3i.
Pilumnus, 3i.
piacare, 56.
placere, 56.
plectere, 56.
piumbago, i64.
pomus, 160.
populabundus , /io.
posticus, i65.
postremo, 259, 960.
potens, 3o.
potestas, 3o.
prae, ha.
prœditus, àû.
praegnans, 4i, /I2.
prœsens, 3o.
praestolari, 57.
precari, 56.
propagare, 56.
quando, 366.
quattuor, i58.
-que, 157.
queuntis, 3o, 3i.
quid, 53.
quiens, 3o.
quinque, 157.
quoniam, 365.
quoquo modo, 96.
quotiens, quoties, 46.
quotquot, 96.
recens, 46.
rego, 39.
repetundus, 3i.
rogare, 56.
rubia, 80.
rubigo, i64.
1. nidis, 33.
9. rudis, 33.
ruditas, 33.
sœpiie, i43.
salsugo, i64.
scelestus, 4o.
scobis, i46.
secare, 375.
secundus, 4o.
secus, 5i.
sedare, 56.
semestris, i4i.
-sens, 3o.
sequester, 5i.
sextans, 46.
simplex, 2 4.
sinister, i4i.
solari, 56.
soiere, 56.
512
sons, 3o.
sopire, i43.
soror, 147.
stabulum, 335.
slerilis, 960.
sterilitas, a 60.
sternere, îî6o,
slrages, 39.
stringere, Sg.
struere ,161.
studere , 156.
stupere, i5A.
subtilis, 55.
siibiila, 359.
sulTragari, 55, 56.
suH'ragium , 55, 56.
sunt, 3i.
surripere , ô^.
siispicaii, 55.
suspicax, 56.
suspicere, 55.
tagani, 56.
lagax, 56.
tangere, 56.
fantuliis, aia.
(empestas, 3o , /io.
tetuli, a3i.
toga, i/i3.
toilo, 93 1.
totiens, liC).
totiis, 96, 97.
Iressis, /i6.
Irixago, 16/1.
luenio, i65.
tundere, i5A.
iiucus, 1 5o.
unire, iliii.
usurpare, 57.
uter, I /( 1 .
utrinde, 365.
utrinqiio, 365.
iixor, 5o.
venari, 55, 56.
verecundus, 60.
versicolor, 39.
vorsiformis , 39.
versipellis. Sa.
Vertumnus, 147.
vesperlinus, 39.
vester, 37, i4i.
vicesimus, 46.
virago, i64.
vocare, 56.
volare, 56.
volcns, 3o.
volo, volonis, 3o.
voluntariiis, 3o.
volunlas, 3o.
volutans, 4t.
volvendus, 4o.
\olvens, 4o.
vomit, i43.
vortere, 56.
vox, i48.
LANGUES ROMAINES.
ROUMAIN.
îmlila, iimbla, .'} 1 .
ANDALOUS.
Chulo (1(> l'r (levant /parasite, 28.
ITALIEN.
andar, annar, 3i. fantasia, 335.
scorciaro, 9 4.
PROVENÇAL.
allar, 3i.
FRANÇAIS.
Substantifs changes en adjectifs aii^ comparatif , 87. — Survivance du
gérondif à i'ablatif et à i' accusatif, 96, 168, 169.
Formations analogiques en -en'e, 96: sufïixe -ose, 89.
Comparaisons familières, 33; surnoms emphatiques, 32. — Termes mé-
dicaux, grecs ou colorés de grec, 89. — Voir 276, 276, 281, 28^,
337, 339, 359, A3/», hti&, A/19, l^6l^, h68.
513
Avi'oHes, 191.
bondieuserie, 96.
honliomme, hbg.
brouette, 90.
carême-prenant, 90.
cheveux (en — ), 160.
comme ça, 99,
compagnon , compain ,
Condac, 191.
Condom, 191.
défection, 167.
défendant (à son corps
-), 95.
embrasser, 307.
escorcier (v. fr. ), 9/1.
escorsure (v. fr. ), 9^.
fable, 960.
faisant (chemin — ), 9.5.
fendant,' 169.
fou, 169.
IVosI . froust (v. fr.), 33.
froufis (v. fr. ), 33.
fruste (n. et adj.), 33.
gardant, 90.
il est, 1 79.
il y a, 179, 180.
image, i6i.
imiter, 16^.
Juiilac, 191.
Juilié, 191.
Juilly, 191.
Juliers, 191.
Jully, 191.
large, 2^6.
madré, 168.
madré, 168.
mercerie, 96.
mère, i63.
merrain, i63,
Neuvy, 191.
Nimègue, 191.
notre, nôtre, 27.
Noyon, 191.
orfèvrerie, 96.
quant (v. fr. ), 96.
rétors, 168.
saint, ^5.
Ternay, 191.
tolérance, i63.
Tonnerre, 191.
Tournai , Tournay, 191,
Tournon, 191.
tramer, 161.
venimeux, 9^-96.
venin, 95, 96.
Yverdun, 191.
LADIN.
amnar, 3i.
LANGUES CELTIQUES.
Traitement de s, 1.^1. — Noms hypocoristiques, 189-191. — Siillixe
-âco-, 189-191.
La i" pers. pi. -mi, en vieil irlandais, 871.
GAULOIS OU VIEUX CELTIQUE.
amb-, i56.
Andecavi, 190.
Andes, 190.
Bodiognalus, 189.
Camulogenus, 189.
Camulognata, 190
Camulorix, 190.
-cennos, 190.
Condacus, 191.
(londomagus, 19 t.
Cunocenni, 190.
Dubnntalus, 190.
Dubnoveliaunus, 190.
Dumnacus, 190.
Dumnorix, 190.
Dumnotahis, 190.
Dumnovellaunus, 190.
Ebiiracus, 191.
Eburobriga, 191.
Eburoduimm, tgi.
Flaviacus, 191.
Flaviobriga, 191.
Juliacus, 191.
Juliobona, 191.
Nemetacum, 190.
Nemetoconna, 190.
Noviacus , 191.
novio-, 109.
Noviodunum, 191.
Noviomagus, 191.
Senacus, 190.
Senocondus, 190.
Senognatus, 190.
Senomaglus, 190.
Senourus, 190.
Senoviros, 190.
Siimelocenna, 190.
Tegernacus, 190.
Tegernomalus , 190.
Turnacus, 191.
Turnodurus, 191.
Turnomagus, 191.
aue, 369.
bâidim, 378.
Berach, 189.
VIEIL IRLANDAIS.
Buadach, 189.
Camr'lacus, 189.
Camuiacus, 189.
celim, 55.
cétbuid, 5i.
celhir, i58.
5U
INDEX.
coic, 1.57.
coicer, 167.
corn-, 365.
con-, .365.
ech, i36.
fer, 1 5 1 .
finn, /i58.
ô, 369.
rosîaclit, i53.
sech, 5i.
Senachus, 189, 190.
Tigernach, 190.
triar, 157.
tuilim, i5i.
nasal, 55.
Buddfawr, 189.
Bud-Gualan , 1 89.
Biidoc, 189.
GALLOIS.
canfod, 5i.
Concen, 190.
ewylhr, lia.
hep, 5i.
Teyrnoc, 190.
V1EU\ BRETON.
Buduuoret, 189.
euontr, iZia.
Tiarnmael, 190.
Tiarnoc, 190.
LANGUES GERMANIQUES.
Les finales et la loi de \eruer, 872. — D pour n après 11, 3i. — Cau-
satifs, 1^3; confusion avec les itéralifs , ihS.
Colique : nom. plur. -os, 867; gén. -iwe, 867.
Anglais : le genre, 3o6. — Formations analogiques, le suff. -eries, gB,
96.
Vieux haut-allemand : 1" pers. plur. -mës^ 371.
Allemand : confusion des sonores et des sourdes, 333, 334. — Verbes
forts d'origine latine, 98. — Anciens composés devenus dérivés, 966.
ana, 167.
and, i55, i56.
auhns, 187.
auk, 59.
ausins, 369.
auso, 369.
biuhts, 5i.
dauhtar, i5i.
diwan, i4i.
figgrs, 107.
ga-, 5/1.
gageigan, oh.
gahlaiba, i55.
gaqumljs, 56.
GOTIQUE.
gazds, 874.
gods, ii6.
goijan, 1 A5.
guma, i5i, 3/3.
liandugs, 5i.
hwan, 148.
hwajjar, i/i3.
liwe, 370.
iup, 55.
ju, 53.
magan, 87^.
muiis, 377.
namo, 1^7.
niujis, i53.
qeiis, 874.
sait, 1^9.
sidus, i48.
skaban, 878.
staiga, i48.
stautan, i56.
sums, 877.
uiid, 1 55, i56.
wairs, i5] .
-wardjan, i45.
wars, i46.
wenjan, 55.
wens, 55, 56.
âe , 1 4 1 .
amma, i4i.
ausa, 55.
6ngr, 157.
VIEIL ISLANDAIS.
gala, i45.
gôl, i45.
huerr, 877.
k6f, 878.
kuefia, 878.
mol, i46.
Tjak, i46.
INDEX.
515
VIEUX SUEDOIS,
sova, 1^3.
ANCIEN FRISON.
slûta, 98.
NÉERLANDAIS,
sluiten, 98.
VIEUX SAXON.
tlie, i5/i.
brok, iAr>.
eoli, i36.
hêafod, a Sa.
ANGLO-SAXON.
hi, 189.
oct, i55, 1 56.
hé, he, ibl\.
wén, 5G.
Colinderips, 96, 9<).
fislieiies, 96.
ANGLAIS.
floweries, 9 5.
heaitheries, 96.
mother, i63.
York, 191.
VIEUX HAUT-ALLEMAND.
braol),i45. . grab, 1/16. nidar, .5i.
eiskôn, i5i. {jriioba, 1/16. sliozan, 98.
faran, i48, iii5. hëlaii, 55, i36. slôz, 98.
fingar, 157. bnisa, i8(). sluzzil, 98.
fior, i58. igel, 5i. Tif, 55.
fuolen, i/i5. lam, i46. iint, i55.
fiior, i/i5. iuiigar, 56. wân, 56.
fuoren, 1^8, i/i5. 'uog, i46. wara, i46.
fiisl, 157. nëst, 5i. woHii, 870.
bos, /j58.
Deckel, 98.
ein, ei'n, 97.
ergreifen, 957.
Fiosz, 98.
Fliigel, 98.
Geduld, i63.
Golho, ^58.
Gott, /)57.
gui, 457, /i58.
ALLEMAND MODERNE.
Jiilicb, 191.
Mann, ^59.
Wutler, 168.
Neutnagpn, 191.
ohnmiicblig, a Ad.
preisen , 98.
sclilechf , /457-/159.
Sclil.iuso, 98.
schlicbt, /157.
scbiieszen, 98, 9/1.
Schlosser, 98.
Sciilosz, 9.8.
Schlùssel, 98.
Schosz, 98.
schreiben, 98.
Schùrze, 96.
schiirzen, 9/1.
spendcn, 98.
516
INDEX.
LANGUES LETTO-SLAVES.
Instrumental, 870, 3'] -2. — Itératif, 56, 67; accent des ile'ratifs et des
causatifs primaires , 1 ^i .
I. LANGUES LETTO-PRUSSIENNES.
lituanien : accent, li/i. — Instrumental, 870.
an-, lig.
ausins, '.H]g.
awis, lia.
en-, !ig.
ganna, lig.
gelatynan , 87 A.
gerdaul, ifjo.
VIEUX PRUSSIEN.
grumins, oo.
gunnimai, 5o.
kiosi, 37.3.
kirdït, 37^.
klausîlon, 37/1.
lasinna, 37/i.
massi, 87/1.
salin, 37 i.
sanimai, 49.
semmê, 373.
sen, hg.
stesmii, 370.
lusnan, ibfi.
akmû, 37/i.
ant, i55, i56.
asà, i5o.
asznà, 137.
ausi, 869.
ausis, 369.
auszrà, Sa.
avynas, itta.
azu, 55.
bet, i54.
blizgù, 56, iS'j.
bukùs, i5o.
dâr, 1 5o.
dâras, i44.
daryti, idli.
dâro, i4A,
degù, i58.
dëvû, 3C6.
duklé, i5i.
duti, i5o.
erdvas, i5o.
^szkaij, i5o, i5i.
ëszkôli, 375.
ëszraas, 1 5o.
ezys, S/j.
garszus , 1 5 1 .
geime, i5o.
LITDA.MEN.
geîsli, 875.
gelsvas, 37/).
gel tas, 374.
gesù, i43.
gilùs, i5o.
gimine, 879.
gimlîs, 879.
gî5das, i46.
grobé, i/j5.
grumi'na, 5o.
i, 5o.
imânas , 1 A 4 .
int, i56.
ivoda, i/j6.
jaû, 52.
jâunas, 59.
jaunyn eïti, lia.
joti, i4o, i5o.
kadangi, 366.
kasîi, i43.
katràs, lAi.»
klausaû, i5i.
klausyli, 87 4.
kiinisté, 157.
lailkas, i5o.
laukè, i5o.
lâuzyli, ihlt.
lâuzo, iMi.
lomà, i46.
mâras, i46.
mazgoju, 876.
midùs, 869.
naiijas, i5a.
noras, i46.
où-, 167.
nû, 157.
nugas, i/j6.
pas, 1/19.
pâskui, ihg.
pelenaî, i/i3.
pravoza, i/j5.
romùs, I '(6.
sâkas, i/i/j.
san-, 5o.
sânoszai, 5o, i46.
sâziné, 5o.
seseryjè, 1^7.
sesû, 147.
skabù, 878.
skalà, i43.
skedzu, 875.
INDEX.
517
skeliù, i/i3.
-t, i54.
zalà kârvê, 875,
spiâuju, 189.
te, i54.
zâlias, 875.
slî'giu, i5o.
lîlti, loi.
zasis, 87 i.
sUlgas, 166, i5o.
Iiiz :;, 1
zélmenys, 876.
su, 5o.
liimi, 870.
zélli, 870.
sùneszu, 5o.
zeme, 878.
susizinaû, 5o.
uz, 55.
zerti, 166.
szakà, 878.
uziot, i54.
ziiti, 870.
szeszuras, i5a.
ziôju, 187.
szi, 189.
vàszas, i5o.
zmogùs, i5i.
szinitas, 5o.
vc'nas, i5o.
zole, 87^.
szis, 189.
viikii, 870.
zvaigzd?, 87/1.
szû, 1/17.
virszùs, i5i.
zvèris, 8 7 4.
vvras, lai.
LETTE.
aiz, 55.
atwars, i4G.
bedre, 878.
grabas, 1 ^i5.
lâms, ili6.
mêtât, 55.
metu, 55.
lumst, 5o.
uz, 55.
warde, i5o.
wârs, 1/16.
wilt, i5o.
II. LANGUES SLAVES.
Vocalisme, iBy-i/io; jotlisation, i.'jy-tio. — Palatales et vélaires,
37/1,375.
Vieux slave : è, i38, iSg; pour a dans «les emprunts au grec, i38: ja
= balt. e, 373; de^è, i38;y tombé devant a, 02. — c de s devant
voyelle, 69. — r- de vr-, lA'î. — Accent, ifih. — Dissiniilalion,
139, 1^0. — Instrumental, 370; gén. plur., 367; gén. duel, 9.67.
— Comparatifs, iSg-iAi. — Préfixes verbaux, 4g, 00. — 1" pers.
-a, à l'indicatif et au subjonctif, 37 t. — Itératifs et cansatifs, 1/1 3,
144; dénominatifs, i44. — SulT. -tel-, 100, i5i. — Contamina-
tion, 5i, 5>^.
Serbe : -îti, i44.
VIEUX SLAVE.
aky, 59.
alavèstrû, 188.
caje-, 189.
casa, 878.
dlïgola, i43.
dobrejï, i3g.
ave, 53.
cesa, i48.
dravii, i'i3.
azu, 5a.
-cezna, i4i.
dr.'vo, 308.
a- 49.
cïlo, 58.
drûva, 368.
achati, 55.
chodili, i48.
dûma, 5o.
alrï, 49.
chosla, 1 53.
dusti, i5i.
chosielù, i5G.
dvoru, i46.
blïsnati, 56.
chûtrli, 5o, 1
58.
bljudetii, 189.
bogù, ilx-2.
davt'', i5/li.
-gasali, 1 'i3.
gasili, i43.
buditù, 189.
davili, \!iti.
dïbiii, i58.
gasi, 874.
glaboku, 878
518
godû, i46.
goniti, i43.
gorjïjï, i5o.
goslï, 374.
grabili, i43.
grîmèti, 5o.
gûnati, 5o.
gvozdï, 374.
jaky, 52.
javè, 59.
jazii, 5-2.
jeste, 375.
jiskati, 375.
jiska, i5i.
jizgaga, 146.
jizbava, i4'j, i45.
jizbaviti, ittU.
jizueinoga, 5o.
ju, juze, 59.
jucha, 52.
jugù, 53.
junïcï, 52.
junû, 52.
jutro, 52.
kaditi, iMi.
kaniti, 16/1.
kaza, iMi.
kaziti, lUli.
konje, i4o.
koryto, 377.
kose, i43.
kû, kûn, 69, 5o.
kùlo, 53.
-lazii, i44.
legîi, 37/i.
lezati, 376.
leja, 139.
leza, i44.
lïgùkû, 56.
lïja, 139.
-logu, itltl.
loziti, ilili.
maliî, ih6.
meta, 55.
mt'kncajï, 189.
mètali, 55.
nioga, 374.
moriti, ihli.
morii, i44, i46.
mozgù, 376.
mylarjï, 139.
INDEX.
na, 157.
nadrt, 157.
nadymali, 5o.
nagù, i46.
naricati, 56.
nesomù, 147.
nid, 5i.
nizû, 5i.
nogùtï, i56.
îiositi, i43.
novejï, 139, i4o.
iiovèjïsa, i4o.
o-, i56.
ob-, i56.
ognjï, i56.
on-, 49.
onusta, 49.
oriti, i43.
ostrovù, i56.
ovii, 371.
pa-, 5o.
jialili, i43.
pasti, 5o.
pazilï, 5o.
pepeiu, i43.
pestï, 157.
pèiï, i58.
planali, i43.
plavili, i43, i44.
plavï, i44.
pîji'J2' 139.
po-, 5o.
pojiti, i44.
-pojï, i44.
polèll, i43.
pra-, 5o.
prijateljï, 189.
pro-, 5o.
prositi, i43.
protivù, 149.
ratajï, iSg.
-razu, i42, i44.
raka, i43.
rècï, i46.
rèja, 139.
rèza , 1 4 9 , 1 4 4 .
rïci, 56. •
rosa, i4a.
rota, 1 49.
saditi, i44.
sa-, 49, 5o.
sadiji, i53.
asdû, 49.
salogiî, 49, 5o.
samïnènïje, 5i.
samïnèti, 5i.
sasedû, 49.
sèje, 139.
sekyra, 375.
soka, 875.
si, 189.
sï, 189.
skandèiu, i38.
slava, i44, i46.
slaviti, i44.
slazdïjï, 189, i4o.
slazdïsa, i4o.
sluga, i53.
slysali, 5i.
smpja, 189.
snïicha, i5i.
socha, 878.
solï, 149.
staviti, i44.
sti^nï, 375.
stigna, 874.
stogù, i46.
stryjï , 1 4 9 .
sujï, 189.
sulèjï, i4o, i4i.
suljïjï, i4o.
suljïsï, i4i.
su, sùn, 5o, 59.
su-, Sun-, 49-51.
subira ti, 49, 5o.
sùbljusli, 5i.
sûchoditi, 5o.
sûdeiati, 5o.
sûdravù, 5i.
sudruzati, 52.
sûkryti, 5o.
sùloziti, 59.
sùmïnmïje, 5i.
sûmïneti, 5i.
sûmrutï, 5i.
sùneti, 52.
sûn&ti, 5a.
sùniti, 59.
sùnïmali se, Sa.
sùpasti, 5i.
sûsadù, 5i.
sûto, 5o.
sùzesti, 5o.
sjujï, 189.
sujï, 189, l59.
lajati, i54.
talù, i54.
tatï, i5o.
lechû, 870.
terni, 870.
tèmï, 870.
lèmù, 870.
tïma, 5o.
locili, iMi.
toju, 1A8.
lokû, i44.
lomï, 870.
tomu, 870.
topiti, ihà, 154.
toplû, ilih.
trava, ilili.
traviti, i44.
trova, i44.
tuDJe, ibti.
lustï, i54, 875.
Ivarï, 1 46.
u, uze, 53.
ubo, 52.
ubogu, 145.
ucho, 869.
INDEX.
udarï, i46.
ujï, ihs.
uneje, i4o, i4t.
unje, i4o.
unjïsï, i4i.
ustro, 59.
usesc, 869.
usi, 869.
uto, 5q.
uloliti, i5/i.
vabiti, i44.
vaditi, i44.
valiti, i44.
valu, i44.
variti, i44.
veja, i46.
vèsîi, i48,
voditi, i43.
volili, i43.
-vorû, i46.
voziti, i48.
vozû, i45.
vratiti, i45.
519
vr fichu, i5i.
vrùtèti, 56.
vu, vùn, 49, 5o.
vùtorû, 5o.
vùzèdi, i4o.
vfiz(ù), 55.
vysiti, i44.
vysokû, 55, i44.
vysïjï, 189.
za, Sa, 54, 55.
za-, 54.
zelenû, 874 , 875.
zemlja, 878.
zeralje, i4o.
zeja,*i87, 189.
zlato, 875.
znaje, i4o.
zvonû, i45.
zalï, i46.
zega, 108.
zena, i54.
zïga, i58.
zlïtû, 874.
SERBE.
bâviti, i44.
daviti, i44.
dâvî, i44.
gâsiti, i44.
gâsî, i44.
gôj, 3.7 7-
grâbiti, i44.
grâbï, i44.
jabali, i4o.
jezditi, i4o.
jur, 53.
lôzî, i44.
môrî, i44.
nâga, i46.
nâgo, i46.
DÔsiti, i44.
nosî, i4'4.
pâliti, i44.
pâlï, i44.
plâvili, i44.
pôjï, i44.
s, 5i.
slâvili, t44.
1er, 1 54.
tôcî , 1 4 4 .
tôpï, i44.
tuHti, i54.
vâdili, i44.
vâliti, i44.
vodî , 1 4 4 .
zlâ(o, 875.
zût, 874.
ziita, 874.
ziito, 874.
TCHEQUE.
ctyri, i58. î-ku, 56.
POLONAIS.
cienki, 5o.
cbcc, 1 58.
dwauas'cie, i5{
grzmiec, 5o.
gwiazda, 874.
gwizd, 874.
juz, 52.
pa-, 5o.
po-, 5o.
rzne, 14-.?.
sowity, i4o.
tez, i54.
tulic, i54.
z, 5i.
zwierz, 474.
var, i46.
vôdil, i44.
RUSSE.
gâsit, i44.
gasi't, i44.
gasit', i44.
gasd, i44.
520
INDEX.
goda, 16 G.
gremêr, 5o.
dv;idcat', i58.
dvènâdcat', i58.
-dorov , 1 4 3 ,
zôloto, 375.
jescé, 37.5.
jèdu, ilio.
IllOll'l, l'i'l.
najjâ, 1^6.
ii;i{{0, i/ifi.
inJsit, ilili.
nosi't", ihlt.
ocliôta, 55.
pali'l, ilili.
pâlit', ilid.
paljû , \lit\.
povar, 146.
pojit, iMi.
pjâtero, î 57.
s, 5i.
tôsclj, 376.
tiidcaf, i58.
tiinûkû, 5o.
LAÎSGUE ARMEMEl»E.
Vocalisme, i5o-i59, i56. — Prollièse de a-, i5i. — e conservé,
187, i58; 0 conservé, 0/1. — Accent, iSa. — Consonnes, i53,
1 5 i ; traitement de -tt'?/- , 1 5 1 , ibo.; z de gji , 5 4 ; de « , 1 5 1 ; f A de /,
i54. — Analogie, 5'i.
Nomin. plur. -hh, i58.
Conjugaison, 53, 5/j, 100; aoriste, i5o, i53.
Suflixes, -oivn, i/jy; -/-, i5o; -r , 167.
A subi des altérations profondes, 1/19. — Sa position dialectale, l'ig-
i55. — Alfinités du vocabulaire, 1 69-16 1. — Emprunts à l'iranien
et à l'araméen, hk.
Arménien moderne, 53, i5î!.
aA, 1 49.
aAt, 1^9.
aku, 369.
aml)oAj, i5().
amenakal, i53.
amowsin, 5o.
aynosik, i58.
ayiiorik, 1 38.
aynokhik, i58.
ayns, i58.
aynr, i58.
aynr, i58.
aynkh, i58.
ayr, i5i.
ayç, i5o.
ayçanem, 101.
angët, 53, i53.
angitaw, i53.
angili, i53.
and, 379.
andên, 37-2.
anmoraç, i53.
anown, 53, 167.
açkh, 369.
Aslowac, 102.
astowacoç, iSa.
Asfowcoy, i59.
awazak, i5o.
a\\r, i.)i.
aramh, i5i.
aranr, i5i.
arawr, lig.
artlinovvn, 53.
ars , 1 5 1 .
art, i5o.
atkli, 101.
ar iinë, 5a.
arn , 1 5 1 .
hazowm, 5 A.
bekanel, lâa, 1 43.
ber, i5o.
bowth, i5o.
bowsaw, i53.
gaAt, 1 5o.
garsel, i5i.
gafn, i5t.
getoç, i58.
gerosçes, hlf.
glel, lUh.
gnal, i53.
gnar-, i53.
gnaçeal, i53.
goA, i5o.
gorceal, i53.
gorcoa<;, i53.
gorcel, i53.
gorliw, i5o.
der, i5o.
dêz, 54.
dowstr, 1 5 1 .
fbek, 1 53.
elhe, i54.
ekar, i53.
ébat, i53.
es, 54.
ewtlinerord , 157.
eleA, 53.
erir, 157.
crkayn, i5o.
erkar, i5o.
orrord, 157.
Cr, 53.
ompem, i55.
and, i55-i57.
anderkh, i56.
andër, i55.
andhat, i53.
ondownel, i55.
ankalay, i55.
5L>1
onker, i53 , lof).
onkeraw, i53.
onkeri, i53.
onklay, loo.
onklnowm, i5o.
anlani, i55.
z-, 52-55.
zan, 5/).
zangitel, 53.
zawT, 5i.
zafanel, 53.
zarihnoAvI, 53.
zeteAil, 53.
zên, bit.
zi, 53, 5/i.
zkni» o!x.
zhet, 5i.
zmë, 52 , 5/i.
zovanal, 53.
zoyg, 5i.
lhaf»a\vor, i53.
ihalhawel, i5/i.
ihanal, i5^i.
thanjr, iS^i.
Iharsam, i5i.
Ihe, i5^.
tliekhom, i56.
Ilimbir, i 5i.
Ihmbrel , i bli.
tbndal, i 5/i.
ihndel, i5/i.
tbndowinn, i5A.
tboA, i5^.
thoAowl, i5'i.
Ihoyl, i5/i.
i-, 53.
ibr, 53.
imê, lôa.
inkbn, 372.
inkhnaboys, i53.
inkhnakar, i53.
is, 56.
iw, 53.
iwikli, 53.
iwr, 53.
ikh, 157.
lezow, 53, ô'i.
loway, 1 5 1 .
\and, 1 53.
xjnd , 1 53.
xndal, 1 53.
xndir, 1 53.
cnawAkIi, i5o.
cownr, 167.
kal, i53.
kalay, i55.
kalaw, i53.
kamagnaç, i53.
kardam, i5o.
kaçeal, i53.
kin , 1 5 '1 .
kogi, i52.
kornçim, i5o.
bayr, 1 5 1 .
ban-, 5o.
bavv, i/i9.
hatanel, 53.
hars , 1 5 1 .
narkh , 1 5 1 .
het, 56.
binjf, 157.
hingpr- ,157.
bingerord, 157.
bngelasan, 1 57 , 1 58.
hov, 53.
jayn, 5 h.
jgel, 5/1.
jew, 56. ■
jern, 5'i;
ji, 56.
jiown, 56.
jir, 56.
jmern, 56.
joyl, 56.
jovvkn, 56.
jri, 56.
mard , 1 5 1 .
mez, 54.
nii berer, i5o.
mofanal, i53.
mnraraw, i53.
morareal, i53.
yisown, i58.
nlsl,, 5i 1 5i .
iikowii, 5'i.
Il osa, i58.
iiow, i5i.
iiora, i58.
nokha, i58.
nslim , 5 1 .
sowii, 167.
0, ov, 53.
ogi, hogi, iSa.
ozni, 56.
oyr, 53.
oç, i56.
ownel, i55.
owtem, i59.
or, 53.
okh, 157.
çë, i56.
çorekhean, i58.
çorekb-hariwr, i58.
çorokbtasan, i58.
çorkb, i58.
jerm , 157.
skesowr, iSa.
skizbn, i53.
sksanim, i53.
soyii, 872.
-sown, 1 53.
sIGp, i56.
srlabek, i53.
vard , 5 1 .
vestasan, 157.
veç, 157.
veçerord, 157.
lasii, i58.
tcsanei, i5'.>..
tew , I 5 6 .
-r, 53.
ç, i56.
çax, 373.
(in, 873.
phoylh, i56.
-kb, 157.
kbarsel , 1 5 1 .
kbiiln , 1 5i .
kboyr, 1/17.
kbors, 1 5i .
kborkb, i5i.
Mi
522 INDEX.
LANGUES INDO-IRANIENNES.
L'indo-ii-anien distinguait J a (de e), pt « (de o), 1/17; a dëveloppié les
oppositions quantitatives, 167. — Traitement de 0, \k<î-\ko). — à,
liS-iig. ^ — -âm dissyllabique, 867, 368. — Le rythme de la
langue était iarabique, 1 k'j.
Gutturales devant 0, i^3; devant h, ?n, 876-380. — Traitement de
A-,?, 167; de -a, 69; sk' , 876, 876; -n, 365, 366.
Thèmes en a, i, u, 867, 368. — Tendance à rendre dissyllabiques les
désinences des thèmes en a, 867, 870. — Instrumental en -ana,
870; en -n, 870; gén. plur. , 366-368. — Noms ayant « et à, i45,
146.
Causatifs et itératifs^ ih3. — 1'" pers, du subj. -âiii, 871. — Analogie
dans la conjugaison, 878.
Proclitiques, 870, 871. — Postpositioii «, 870. — Longues des
deuxièmes termes de composés, i46. — Généralisation de k et de c
dans les deux racines Icar et car, i/i3.
Mythologie, io5, lod.
ni-, nis-, 167; tnyu-, i5o.
Le védique ayant été une langue vivante était, comme les autres, su-
jet aux méprises, 99. — Le Véda peut renfermer autre chose que
des concepts indous, 109. — Traduction d'un texte, a 45. — Les
Védas considérés au point de vue littéraire, 106-109 ; systèmes d'in-
terprétation, 97, 98. — Associations d'idées, 269; antithèses, 108,
109; allégorie, énigme naturaliste, 266, 2^7; figures de rhéto-
rique, 102, 108; métaphores, 24i-248; ellipse, 289, 24i. —
Folklore, loi, io5; conte populaire, 247, 248; étymologie popu-
laire, 98, 99, toi ; calembour, 99, 2 4o. — Le nombre sept, 2 42 ,
243. — Médication, 242, 243; le soleil guérisseur, 233-235, 94i ;
conjurations contre la vermine, 2 33. ■ — Assonance dans les formules
de conjuration , 280; métrique, 289, 24o, 866, 867 ; enjambement,
262. — Place de l'adjectif de détermination, 99.
Sanscrit : extension de l'a de svàsâ, etc., pour une raison phonétique,
147; accent, i45, 94o; k, 252; cch, 876, 876; palatales, 876;
assimilation, 876; aspiration, 876.
Analogie dans la déclinaison, 867, 868, 870; thèmes en â, », 870;
en M, 869; en-n-, .366-868. — Vocatif, son accentuation , io5, 106;
donnant lieu à une flexion nouvelle, 100. — Gén. fém. , 867; dat.
sing. , 867 ; locatifs, 866 , 867 ; instrum. , 867 , 870 ; gén. duel, 867 ;
plur., 866, 867; dat., 867, 870: locat., 867, 870; instrum., 867,
870. — Suff. "-lyas-, -yas, 189; -tara-, i4i ; pronom sina, 25. —
Participes -âiia- et -mâna-, ili'j.
Analogie dans la conjugaison, 147. — - Gausatifs, 1 48. — Désinences
-//et -t, 870: 1" pers. plur., 147, 871.
INDEX. 523
Suff. -ka- el -ça-, 87/1.
l'râcril : kkh. ^76; locat. sing. , 867; instr. pliir. , 367. — Voir 370.
Iranion : Irailement (le sk, 075, 876. — Pâli, i/ig.
Zend : fautes provenant de l'ancienne transcription de l'Avesta, 879. —
Palatales, 376; s, 870, 376.
Génitif fém., 367: dat. sing. 867; instrumental, 867, 870: gén. duel,
367: plur. , 307; instnim., 867. — Optatif, 1^7.
Vieux perse : transcription de noms en lycien et en grec, 198. — Gén.
fém., 867; gén. pi., 867.
Persan : prononciation dialectale oûn pour «h, 12A. — Voir 3-'j3, 61 .
Dialecte de Nâyîn, 1 10-1 2^ ; conjugaison, 122-12/1.
Dialecte sémnâni, textes traduits, avec relevé des expressions idioma-
tiques, 828-829.
Dialecte guerrouci, éléments divers qui le composent, 1; pronoms, 28:
aflixes pronominaux du verbe, 19, 20: conjugaisons, 20-28; aoriste,
20; conditionnel, ai; infinitif, 19: négation et défense, 20. — Voir
8-28, 120.
Kurde , voir 1 1\ .
àksi, 36ç).
aksnâs, 869, ?>']'i.
âgata, 878.
âgan, 378.
yjjat, 378.
aciicyavlt, 1/17.
ciccliâ, 375.
âcchân, 379.
âcliïï, i56.
àjïjannt, 167.
iitha, i56.
adi'slâ, 237-;3 39.
iltilia, 1.56.
adhâs, ]56.
iidlii, 1 5.5, i5<).
iidhivaste, 1 50.
adhisdiâ-, 1.57.
adhrijjo, 1 00.
anu, 157.
anucarâs, ih'S.
iinti, 157.
iibûbiullial, 1^7.
i'ibliaraii, 3G5.
iibliaram, 36().
abinlas, i50.
am-, 870, 871.
-am, 871 , 87'?.
amâras, i'i(>.
SANSCRIT.
âinahïyamâria, à^iO.
amâ, i65.
amïï kr, i65.
amâtja, i65.
arnâvasjâ, 160.
aniûm, 871.
ayam, 871.
âyabripra, 960.
âyodaimtra, a5o.
âyohariu, aSo.
arbhaké, loG, 1 07.
avan;l)nalT, 287.
avarlia, a '4(5.
âvas, 1 ho.
aval, 1/18.
açiçvitat, i'i7.
açman, 9.hh, 30."), 870.
i'içmani, 30o, 870.
açrnâ, 87/1.
açniânam, 87/1.
açvataras, i /i 1 .
f'rçvas, 18O.
açvân, 805.
i'isfâu, 157.
asat, 871.
asati, 871 .
asi, 8O9.
;'isik, 1 '17.
asmin, 360.
ahala, 877.
ahâm , 306.
ahnâiii, 800.
âyalT, 887.
âyu-, 808, 3O9.
âyuni. 308.
âpya, Zi58.
icchati, 875.
iccliâ, 876.
ichati, i5i.
ili, 871.
idam, 300, 871.
idâ, 366.
idânîm, 866, 879.
im-, 871 , 87 a.
imam, 871 .
ima, 871 .
imân, 871 .
inif', 871.
iyatlaka, 9.h9..
iyam, 871 .
îrmâ, 10 A.
u, 5a.
iikbii, 187.
iiUaravedinâbhi.
iivacn, 878.
0().
52/1
uvalia, lis.
usas, 1 'ly.
usâsatii, 167.
usra, 5-^.
ûcùs, 378.
rsvah, 108, 109.
enam, 379.
eiiân, 37a.
enâm, 379.
enâs, 372.
osadhïs, a 38.
kakûbh-, i5f), 378.
kakiihas, 1 56.
kankatn, ^.Sb, aSO, 2/10.
kalaras, i /i3.
kati , /ifi.
karlS, 1/18.
kanïnakeva, ioG-108.
kapâla, aoo, 909.
kam, liQ, 5o.
kanikas, 377.
-karas, ii3.
karnns, 37^1.
kalacas, i3K.
kalâ', 1/1 3.
kas, 53.
-ka.sati, \li3.
kuraçarâso, 938.
kiisumbhaka, 9/i3, ^(Ji.
ksanôti, 373.
ksainato, 373.
ksaini, 373.
ksama, 373.
ksam, 373.
ksamas, 373.
ksâmâ, 373,
ksàman. 373.
kiâs, 373.
ksmaya, 373.
ksmas, 373.
Ifilcchati, 378.
/■nia-, 378.
gâti-, 378.
ganlar-, 378.
fjaliliïras, 378, 379.
-gama-, 378.
«jHmanli, 378.
gjmayali, 378.
jjamas, i/i5.
gami^lha-, 378.
î;amblnras, 378. 3-o.
gainy'at , 378.
jjayas, 377.
gnlali, 1 hli.
gâvya-, i5î.
gnS, 37/1.
gmas, 379-374.
grabhas, 1 Ub.
grâbbas, 1/45.
jjravnâm, 366.
grâhayati, i43.
grahis, lit 6.
ghanâs, 377.
ghanighnat-, 377.
gbâsas, iti6.
gbnanli, 377.
-ca,^i57.
catvâras, 108.
câniçcadat, 375.
candras, 370.
carat, 871 .
carâti, 871 .
carûï, 377.
. câros, 369.
rariinas, 369.
câskambba. 379.
cil, 53.
cbadayali, 379.
cbantsi, 879.
rbâyâ, i46, 875.
cbid-, 875.
(byali, 875.
jaksat- , 873.
jagnnvân, 95*?.
jagliana. 877.
jiiiigbanat-, 877.
jaiigbanli, 877.
jajana, ihS.
jajSna, 168.
jani-, 876.
janis, 874.
)abî, 877.
janii, ili-j.
janiini, 368.
jâiiunos, 368.
jûrdan. 9/11 .
jnu-, 368.
jmâs, 872, 878.
jmâ, 873.
laka, 2 43.
lam, 366, 871.
layos, 1 48.
laras, 1 45.
tasmin, 866 , 370.
'iïr;is, 1 'i5.
lâsâm, 866.
tïksnas, i4o.
(ucchya.s, 875.
Uicbyas, i54.
tunjati, i54.
tudafi, i54.
trisiiTm, i54.
tfpyati, 875.
léjas, i4o.
Ivam, 871.
daksiiia, 960.
damas , i49.
darbhâ , a38.
darbbé>u, 9 38.
daça, i58.
Daçaçip:a, 35 1 .
dasrâ, 1 o5, 1 n().
daliali, 1 58.
dânunas, 368.
dâru, 1 47.
darinii, 368.
«lavas, i45.
digdbas, 874.
divya-, i59.
dïrghalâ, i43.
diihilâ, i5i.
dûiiaças, i46.
dogdlii, 874.
devânâm, 867.
d évasas, 867.
drâdlias, 107.
driinas, 868.
dnipadc", 106, 107.
drns, 368.
dvâr-, i46.
dvaram, i46.
dbariiiias, i49.
dbariinahvaras , 1 4 5.
-dbi, 98, 101.
dbiajis, i46.
na, 100.
nakhâs, 106.
nngnas, i36 , 160.
nayas, i45.
nar- , 1 5 1 .
navedas, io5.
iiavyas, 1 49 , 1 59.
iiâdas, 1 45.
nâbbâ, 108.
nabliis, i56.
nàma ,147.
namâ, 368.
iiamâni, 368.
namnïïin. 366.
nayas, iZi5.
nâvas, i Itb.
nasalya, io5, i oC.
ni-, f)!.
nilarani , 5 1 .
nidâjjliâs, 1/16.
iiîdliruvis, 5i .
ni'pïïli, 5i.
nîbndliati, ôi.
iiïcâl, 5i.
iiHas , 1 5 1 .
paiikh's, 157.
paçra, 870, 'd-jô.
pjiçtat, 370.
pânca, 157, 1 58.
pancâçal-, i58.
patavali, 1 A3,
pati-, 1 lis.
padam, 5 A.
parâyalT, 237.
parusasya, 238.
pâlayali, iA3.
pilaram, iliH.
pi'lrvyas, 162.
pi'biili, 1.55.
piiranullii , 97-1 o5.
Puramdiji, ioi-io3.
piiras, 106.
pur aiidliâ, 98-100, 10/1,
io5.
pur andhï, 99-101 .
pûrvNas, 1^9.
prccliâli, 375.
prccliâ, 375.
prakiiiikafa, 2A0.
piajflu.sas, 1 'iG.
prali, 1 A9.
piatilniddliâs, 2A0.
pradaksina, 9/I0.
praljha\as, i45.
praniiiklia, ado.
plâvayali, 1/43, ilili.
bliagas, ili9., i/i5.
bhâralam, 366.
bliaralha, 1/47.
liliaïainâtias, 1/17.
bbaras, ihh.
l)barasi, 1A7.
bliarâma, 167.
bl)arïïii)as(i), 1 A 7.
bbarâmi , 1 /J7.
I)lia/jas, i/)5.
bbâiiii.s, aôS.
bbûnias, 2 5S.
INDEX.
bbâras, iZiô.
I)li5vayati, i/i/i.
idiâvas, i/i5.
I>bi'ksate, 56.
bhi'ijii-, 37^.
iibrahmanâiB, 366.
blii-âj-, 37^.
iiiagliâvan-, i/j3.
magliônâin, 366.
ma'jali, 876.
majjen-, 376.
niadgiis, 376.
mâdliuiias, 369.
màdhunâ, 369.
madhune, 369.
inadbos, 369.
inâiilivas, 369.
madiivâ, 369.
maninabliis 366.
mânnianas, 366.
nianmanâiii, 366.
nianniasu, 366.
marias, lOi.
ma-, libg.
Mâras, iltQ.
iiiiinjas, 238, 239.
mi'iiiis , 377.
mauiïjas, 2 38 , 239.
yakrl, 1/17.
yaksrnas, 373.
yajfiâyajnâ, 370.
yâli, lÂo.
yugam, 366.
yuga, 368,
yiigaiiâm, 368.
yugani, 368.
yiifijâle, 377.
yiifijaiiti, 377.
\iîdbyate, 375.
\uvan , 365.
Mjvaçâs, 37'!.
yuvaaam, 365.
yunas, 365.
yîiyam, 372.
raffbiii, 50.
ralliîs, i53.
ra.-â, 1^2.
rïïjis, 1Z16.
râmas, 166.
lubdbakas, 55.
valsalaras, l 'i 1 .
525
valsas, ilii.
vaiiate, 55.
vamili, 1 A3.
vayâm, 371.
vayâ. 1A6.
vartâkas, i36.
varfayati, iA5.
vas-, '2 8.
vasunas, 369.
vases, 369.
vasvas, 369.
vabas, iA5.
vâkàs, iA5.
vâgbat-, 379, 3 80.
vâgbatas, 38o.
vacas, 377.
vârayati, lAA.
vari, 1A7.
vâsâs, iÂ5.
vâhas, iA5.
vidradbé, 106, 107.
vi'dbyati, 375.
vivâbas, 1A6.
vjçati, i53.
vîcipriya, 25 1.
Viçiçiprâ, 25 1.
viçvadrsta, 239-2A1.
visâni ,2^1.
vispuliiigakSs, 2 A 3.
vira- , 1 5 1 .
vîrina, 238, 239.
vairinâs, 238, 23(1.
vrkena , 070.
vrlrabanam, 077.
vfsanam , 1 A8.
vrsaçipra, 25 1.
vrsnâin, 366.
vratam, 1A2.
çalT, 235 , 236.
çamâyate, iA5.
rdmï, 1A6.
çarâ, 938, 239.
çavïras, i Ao.
çïïkas, iA5.
çâkhâ, 373.
çâmyali, 373.
fi'pravân, 2 5o.
çi'prâ, 2 5o-259. '
ri'prâs, 2A9, 25o.
çipriii, 9 5o.
çiprinïvân , 2 5 0 , 2 53.
ci'pre, 9 A 9-9 59.
(iras, 369.
firsrtâs, 369.
526
I.VDKX.
çôkas, 378,
çécali, 878.
çcandras, 875.
çyenas, 378.
-çraya-, i45.
çravas, i46.
-çravasam, 1^8.
çrâyas, ilib.
rrâvayali , ilfh.
(TÔsali, 5i.
çvaçrfis, loa.
çvâ, 1/17.
fvaiiam, 1 '17.
sa, 871.
sa-, 5o.
saksît, 5o.
sat, a86.
saliilî, 107.
sanakâs, 87/1.
sânyas-, i/i-i.
saplaçIrsâiKuii, 108, loy.
sam-, /19-59,
sarvalat-, ilt'S,
savyas, 189, t5a.
sahas, 1 /if).
sahuris, i/»3.
samkseti, 5o.
sârpgalis, 5o.
saiii|famas. 5o, 1 hô.
saipsad-, /19.
sïïdayali, ii/|.
sâdas, ji.').
sanu, 1A7, 1 5fi,
sânmias, 368.
sanuni, 368.
sâvas, 1^5.
sâhas, i/i3.
sîdhyali, 875.
simâs, 877.
supâras, 1/16.
suiâniriiiïilar, '2U1.
suçakas, i/j5.
suçipra, -iSo, 25 1.
suhnnas, 877.
SMâkas, 2^10.
sûre dnhila, 87^1.
soma , 2/J9.
sairyas, 988.
skalihïïyali, 879.
skabhnSti, 879.
skamhliallius, 879.
skanibhâs, 879.
slifjlnuile, 87^.
snu-, 868.
snusa , 1 5 1 .
svadhS, i/j8.
svanas, i45.
svayani, 871 .
svasari, 1/17.
svasâ, itf].
svasâram, 1/17.
svanas, i/i5.
svâpayali, ili3.
Iialas, 877.
-liali-, 877.
liatha, 877, 878.
halha-, 877.
lialhas, 877.
lianali, 877.
Iianlar-, 877.
liânli, 877, 878.
liainnas, 877.
hnnyalc, 877.
lianyS-, 877.
liai-ali, 1 ^16.
hâri-, 875.
u ■ - r-
naiini, 201.
hasati, 878.
haras, 1^6.
hi'ranyaçipra, aSo.
hiriçiprâ, 2 50.
hyâs, 878.
hvalâ, lis.
Iivïï, bit.
hvâras, 1/1 5.
jngghali, 873.
PALI,
dibba-, 162.
pacchâ, 875.
ana, 1 07.
aiiu, 1 67.
afd)al , 871.
arsan-, i5i.
avô, 1 Irb.
asâum, 866.
asta, 1.57.
asru-, 87.'!.
aspô, i8|i.
ahmi, 366.
ahmya, 366.
5;^inityn, ir)8.
aolô, 53.
ima, 871.
imat, 871.
ima, 871.
imom, 871 .
imë, 871.
isaiti, i5i, 870.
ZKND.
uili. 871.
usibya, 869.
kaoyam, 867.
karana-, 87^.
-karô, i48.
kam, 871.
-gaiti-, 878.
gayô, 877.
gala-, 878.
gâmô, i65.
gufra-, 879.
yal)vvam , 867.
yava, 869.
yave, 869.
yâus, 369.
yâkara, 1A7.
vus, 872.
yûzam, 872.
caili, /i6.
caiâl , 871.
carïïili, .871.
cis, 871 .
jata-, 877.
jafra-, 878,879.
jana , 877.
janaili, 377.
janyâ-, 877.
janlar-, 877.
jantû, 878.
jamaili, 878.
jamyât, 878-
jasaiti, 878.
jafnii-, 878, 879.
jaiti-, 879.
-jaili-, 377.
jai-îi, 877.
jai^ya, 879.
jainli, 877.
jajwivalra-, 371).
(laëvanhil, 3(17.
daëza-, 37^.
draos, 36H.
dvara-, iliG.
pancasat-, i5S.
paskât , 870, 375.
pasca, 370, 875.
perosaill, 875.
paraska, 875.
pux<îa-, 879.
Irauiru, 879.
irascimbaiia-, 875.
Naonliiiityo, iq5.
ni-, 5 1.
nipâili, 5i.
INDEX.
mat, 5i.
maj^avan-, i/j3.
inazga-, 876.
raTjwam, 867.
raù;^siin, i4o.
raocô, i4o.
\ÎIcô, i/)8, 877.
vdi'obrajanoni, 877.
vjlirka, 870.
vaji'i, 1/17.
sadayeili, 879.
saëna-, 878.
skamba-, 870.
skambô, 879.
-syât, 875.
527
srâvayeiti, il* If.
îa, 878.
zairi-, 875.
zamô, 878.
baca, 5i.
banjanianoni , 5o.
hasam, 31)7.
haurvalât-, ii3.
baoya-, if) 3.
bârô, 1/16.
-hisidyât, 875.
bunara-, lAG.
jivasura-, i58.
aiihaill, 871.
kadâ, 1 txH.
kanâ, 870.
GATHIQLE.
gât, 878.
gaidï, 878.
Corot, 1^8.
dugada, lâi.
inada , tliC.
bvang, 879.
-ajalâ, 877.
aniyanâ, 870.
avam, 871.
kaufa-, i56, 878.
cartanaiy, ii8.
tyanâ, 870.
VIEUX PERSE.
^adaya-, 879.
didâ, 874.
duvara-, ii6.
niyasâdayam , 5 1 .
pasâ, 870, 875.
baga, ili'2.
-bara-, i/i5.
bâjis, 1A6.
visanâby, 878.
bâuv, 871.
PEhSA^ MODERNE.
aslar, 1^1.
bar, 145.
pisik, 5.
sâyah, 875.
dây, 1/16.
dëg, 874.
nâf, i5(i.
sâx, 878.
PEHLVI.
{ful, 5i.^
inard, i5i
mâr, 166.
tuhîk, 875.
n(i)sastan, 5i.
niar, i46.
sâyak, 1/46.
zalr, 878.
B. LANGUES NON INDOELROPEENNES.
LANGUES SEMITIQUES.
Ancienne [)roiioiicialion cliuintaiile, i3i. — Racines OUlik', Uk.\ ()i
Arabe : alphabet, -i, 33 1 ; IranscripUon , 33 1 , 332; adaplalion au per-
528 INDEX.
San, au turc, etc., 9, 336: sons exprimés parle vdv, 2: lettres em-
phatiques, 33 1-336; prononciation des deux t, 333-336; des sif-
flanles, 336; z de p, en aralie et en berbère, 65, 66. — Elyniologie
populaire arabe d'un mot berbère, 72, 73. — Mots venus du fran-
çais, 335. — Voir 7,8, 10-1 3, 16-19, 6/i, 66-70, 79, 75, 77-80,
89, 83, 86, 87, 89-91, 111-117, 121, 129, 964, 966, 975,
978, 979, 307, 3^9, 358, 359, 363, 366, io6, 4i8, /i9 9, 49/j-
/127, /132, hhà, lihQ, hliS, 454,468, 471,475, 483.
Dialectes néo-araméens, leur importance; leur division en trois g-roupes,
195; sources, 195-197. — \'ocalisme, i33, i34. — Mouillement
des consonnes, i3o; aspiration des muettes, 197; f et th, 197-130;
ch, tch de t, 198; th élidé, 198, 1 3o; /de lh, 198, 199: s, s do
th, 128, iQr\; d de th, 1 3o ; .s- , ch de th, 1 3 1 ; / de dh , 1 3o ; pro-
nonciation du th, i3i, i39; h de th, i3i, i39; addition do h (inal,
1 33 ; de h final et intérieur, 1 33 ; de g, 1 33 , 1 34 ; v, /de h? 1 34 ,
i35. — Suffixes pronominaux. i34.
Phénicien : voir 68.
Himyarite : voir 65, 66.
Abid, 89.
Adàtoun, '■i'Sb.
astouba, .335.
istabi, 335.
isfarlâb, 335.
istourak, 335.
istalâhi, 335.
asloûl, 335.
achk'er 78.
açfar, 75.
al, 33G.
ollel'l'a, 65.
Allab, 332.
Alniadjisli, 330.
lUolmious, 335, 3.36.
Benou'l Abtnar, 75.
Ifanlès, 335, 336.
tontia, 68, 69.
didi, 80.
zendjar, 69.
I*"ii.nslïii, 335.
(josenlina, 335, 336.
(|ïloi].s, 335, 336.
Mobaiiiiiied, 332.
moiu-, 80.
oufif, 89.
iarek'an, 61.
-av, i3/i, i35.
bar, 128, i3o.
bailo, 128.
biya, 128, i3o.
-ev, -ef, \3!i , i3&.
!VEO-ARAMEE.\.
nialkoiiva, i3o.
niâ, 128, i3o.
iriâha, 128, 1 3(>.
iiiedib , 1 33.
-o, tSli.
-on, i3^.
pâ, 128, i3o.
pàba, 1 28, i3o.
senda, i3o.
tlaha, iSs.
DIALECTES BERBERES.
Ou redoublé devenant /», 70, 76;^, 76, 77. — K changé ei^;^, ch, 85;
tch, 85, 88;^'-en^', 76; /, r, HS. — Ch changé en 7, 88; y en dj ,
88; p en z, 65; .s en z, 85, ch, 86, 88; z, en j, 75, 76, ch, h,
76,78; t' on t, 86 ; dh en i', 86. — Echange de r et r', 75 ; r changé
en h', 85; r en /*, 77; / en /■, d, dj , j, 74. — Chute de ou, 81,
89; de r', 75, 76; de .s, 88; suHixcs (ondjés, 59. — Addition de
ch-, 79, 74: de h-, 80; de d'. s, 87.
l.NDBX.
529
Adjeclifs et verbes exprimant les couleurs, 69 ; verbes d'élat, ou quali-
licalifs, 58-6o. — Prélixes et suQixes, 59.
Confusion du bleu et du vert, 81. — Parente' hypothétique avec le
basque, 90, 91.
Arg-ot des colporteurs zouaouas, voir 84. — Voir 90-92.
n lier cl il, 85.
nherzigzaon , 77, 81,
acliejjgar, 78.
aciieiiirar, 7/1.
aclijjar, 78.
aclilemb, 80.
ademdani, 80.
Aïlh Berkalh, Si.
Aith Islonrar', 63.
Aklan, 89.
alloua, 6g.
Aman imolloiilin, 71,
amelal, 73 , 7^.
aniellal, 71 , 78, 90.
anouk'orlh, 66.
aourar', 91 .
Aourir', 62.
asedhif, 85.
asmaoui, 82.
asinar, 80.
asoiiar', 83.
azeggàbour, 76, 77.
azendjar, 69.
azerdekhani, 80.
azerk'ak', 91.
az/jer, 77.
azigzaou, 81.
azizao, 70.
azot't'af, 83,86.
azref, 90.
àoldj ,83.
àzizou, 8a.
barhotii, 83.
beidedjen, 83.
beïd'ek , 83.
bok'en), 80.
IJeikani, 8/1.
Ilorkàn, Hli.
bpnik, 90.
HHOU, 83.
B.NZ'H, ait.
boiiselTaf, 86.
Hoiit'aleb, 70.
Bon Zcgza, 81 .
IJraknas, 8i.
BHK, 8/1-86.
cbcmlal, 73 , ']li.
cbib, 83.
DHL, 83.
DL, 83.
DNK, 83.
ederi, 83.
elhamra, 79.
P'ahs Imelellou ,71.
FNS, 78.
GN, 59,86, 87.
GR, 59.
Guinée, 87.
haras, 91.
h'addad, 68.
h'adidab, 68.
b'auimer, 79.
h'immireh, 80.
1,89.
iberkanon, 86.
Icbeggar, 78.
'ierar'en, 61.
igeri, 70.
ikaouelen, 89.
ikiri, 70, 90.
ikbfil, 70.
ilfadli ,91.
ilour', 91.
iiiii'lleu, 7^.
Imczouer', 70.
imoucbcban, 88.
inidb, 68.
jobba, 78.
kamzar, 76.
KL, 88, 89.
LDN, 69.
louurià, 80.
IkV'rhuKiun , 68.
JkV'zdir, 69.
LL, 7i.
Melil, 71.
Mellal, 73.
Mellala, 7a.
nielloul, 70, 71.
MLL, 7 0-7 A.
modjich, 83.
MZl, 80.
nah'as, 69.
Oiirar', 63.
Ourighab, 62.
OUBk', 63.
ourrar', 61.
OURB', 62 6i.
ouzzal, 67, 68, 90.
rcçaç, 70.
reggel, 88.
RG, 60.
RGL, 88.
RJ, 60.
RK\ 60.
RR', 60-6/i, 68,69, 7-'),
89.
RS, 80.
RZG, 59.
8,77.78.
SDH F, 85, 86.
semlil, 76.
Sétif, 86.
Silifis, 86.
SK[, 88.
SMG, 87,88.
SN,59.
Tagnanaïl, 87.
taia, 89.
laklit, 89.
laoulia, 68.
Tarr'ab, 61 .
Tairiu, 61 .
la-'Oiiall, 73.
Irlioiillekb, 90.
530
temanast, 90.
(osaouaten, 70.
Tikiat, 89.
Tiiimeicl, 78,
thabrouet', 90.
Ihaïueilalt, 79.
Ihamilla, 7/1.
lharoiibia, 80.
Ihazoufjgarth, 77.
thimcljariii, 7/1.
Thoumelilt, 71.
ZavrjKss, 75.
ZGR, 59, 77-79.
ZGR', 78, 81.
ZGZ, 81, 89.
ZIZ, 8a.
ZL, 67, (}8.
Zotiagha, 75.
ZOUR, 59, 75-77.
zouir, 7.-,-77.
ZRF, Gi-66.
LANGUE LYCIENNE.
Alphabet lycien, histoire de son déchiffrement, 19/1-197; ressemblances
de certaines lettres avec des caractères g'recs, 197. — Lycien primi-
tif; les hiéroglyphes cre'tois, 199. — Transcription, 199-ig/i, aoo-
9o3, 2o()-9ii, ai/i. — Noms transcrits du grec, 208, 210; du
perse, 198, q 08, ai o: du carien, 198. — Méthode d'interprétation,
219. — Texte inédit, 20/i; textes, ai^i, 216-290, 229, 926-93G,
2 98-9 3o.
Vocahsme, 918; voyelle inlercalée dans la prononciation, 2o5; liarmpr
nie vocalique, 908, 909. — Lettres initiales, 210; consonnes, ajo,
211; leur redoublement, 9o4, 9o5, a3i. r:— Equivalence de " et"',
ûoli.
Déclinaison, 2 23; nominatif, 918, 919; génitif, 209, 210; génitif-ac^
cusatif, 193, 19/1; datif, 998, 93i; (Jatif hellénisant, 900; accusa-
tif, 218; datif pluriel, 296; sulTixe -//«, 923, 926, 23i. — r- Conju-
gaison, 9 9^.
Numismatique, 196, 196, 202-20^, 9otJ, 207, 209, 2J0, 93 1.
Origine Cretoise des Termiles de Lycie et des Philistins, 901.
Noms d'Apollon en Asie Mineure, 212.
Milyen : voir 900, 910, 227.
Aëctais, 207, 308, 911.
ada, 9i3, 9 16.
adi meyë, 919.
adin\ 929.
aiadehqqone, 990.
ApShvas, 207.
Ar°na, 196, 20.^, 9o(),
23l.
Ar°nahe, 981.
ApvOL, 196, 909, 905.
ApoavêloLati , a 06.
Arppaquli. 196, 197,
210.
Arrppaqnhe, 210.
Àpo-afirjs, 207.
hpaaaiv, igi.
Arttu"para, 20a.
[AJrtirpari, 90 â.
Ariivoliyesi , aoO.
alla, 927.
allahi, 999 , 228.
Alonazi, 9o5, aïo, 9i5.
atru, 2i3, 397.
B««7<rap/s, 19/1.
cbi, 299 , 993 , 220.
cbiyelii, 292 , aaâ.
Ciyezë, 211.»
Cizzapr"na, 198.
Cizzapr''no, 9 16.
Crup[sseh], 901 .
Crzzonase, 208, 209.
Cuprili, 297.
Ddakasa, 217, 918.
cbe, 907.
ebeis, 212.
[eb]e"në, 906.
ebë"né, 207, 21 5, 217,
2 9 9.
ebiyehi, 228. aag.
Ecalamia, 227.
Ecal[amlah], 206.
edi, 226.
ehbi, 2i3, 217, a 18,
223.
ehbis, 218.
ehbiye, 220.
Ètiëpofiov, 2o3, 208.
ÈvSpo[iov, ao3.
Ep"tibazah, aSo,
Eqeieiya, 197, 310.
Erbbina, 207, aïo.
Èpedvftioi , a ta.
Erzesinube, 390.
esede"nevi, 308.
Esedeplemeye, aoo, ao8.
Esedeplëmi, 308.
esedë"nevi, 308.
(e)seritadi, aai.
ëce , 3 9 0, 331.
ënë, 3 39.
Enëhineri, 19^.
ëni, 338-980.
ëiri, 390, 99 1.
Hanadaza, ao(i.
Helediye, 310.
hjX[iiêavat , 900, ao(),
3 10.
Èpntêaan, 906, 910.
Hëpruma, 9o3 , 908.
HIa, 919.
hl"'nii, 395-937.
Hl^mideve, 300, 906,
910, 99/».
H'"proma, 900, 9o3, 908.
Opas, 9 10.
l)pp°(er[iis], 93^.
Hriq^ma, 919.
Hriqllbili, sSo.
hr"'mo, 927.
hrpi, 216, 317.
lirppi , 9 0.5, 9 06, 91 G.
Hrppidnlieh, 90 (5.
hrppiladi , 9i6.
hrppiy, 300.
hrzzi, 936.
Humrqqa, 307, 31 0.
Humrqqo, 9o5, 909.
Hura, 910.
Hurttuveleh, 910.
Hurltuveti, 910.
huvcdri, siO, 998-933.
icezi, 207.
Idazzala, 198.
Idomaqzzo, aad.
Imas, 197.
Ifx^pafios, 9o3.
îftÊ'pavos, 9o3.
Iq((a, 197.
illehi, 328-931.
lyaeusas, 908, 209.
lyelrukle, 197, 900.
lyonis", 197, 90."), 908.
iyono, 908.
KaSvotvS/x, 9o(i.
kanuveli, 9o3, 338.
ka°li, 3o3.
kaslti, 998, 339.
kasttu, 398, 399.
KivSâviiSov , 909.
kiahi, 938, 999.
ko"li, ao3, q3o.
KocTff/xa, 397.
koli, 2o3.
KvSepvts, 937.
ladi, 916, 917.
iado, 907, 9 1 (3.
ladu, 307,
lati, 921.
Luso"trah", 198, 9o3,
907.
Liisotrali", aoo.
mahanahi, 33o.
niahinaza, 33o.
maiiya, 939.
maraza, 33/1.
maraziya, sa^i.
raaroz, 29 i.
me, 917, 319, 221, 929.
mei, 216, 217, 219, 991,
925-997.
meiti, 909.
meiyo, 221.
meiyenc, 921.
mené, 208, 312, 916-
919, 221, 29 9, 998-
93o.
me"na, 906.
Merelii, 216.
met', 328.
metëni, 928.
meti, 917, 291, 298.
mey adë, 919.
mené, 908, 917, 9jg,
391, 39/1.
mëti, 909, 9 17, 219, 99 1.
Milaso"lra, 208.
iyiilaso"lro, 202.
IttvSts, 221.
mi°ta, 2 3^1.
mi'taha, 910, 9 ai.
mi"li, 390, 391, 99^.
.Millirapata, 198, 310.
.Mizu, 198.
M/aau(j£«, 200.
Mleyeusi, 900, 326.
M"nnlie, 319.
molioi, 907, 323, 29/1,
298, 93o, 93 1 .
5ât
MoAA/a«os, 200.
yiopvat , 900 ,301.
Mrbbanada[h"], 90
Mrbbënedi, 908,
mucale, 909.
muhoi, 207.
MiiHiyeseh, 900.
mup'"me, 936.
Mvpvos, 201.
Mur°na, 200, 201.
Mullëi, 909.
8.
22/1.
Nap<s, 19Z1,
nepe, 335, 326.
nëne, 330,
nipe, 935, 936.
niyepi, 395, 226.
"ce, 9 30.
-"na, 907.
"laladë, 921.
"latetë, 99 1.
"lalolë, 221.
"le, 9 1 6.
"tepi ,916.
"tepiladi, 99 2-92 i, 996,
997.
"(epiloti, 19^, 218, 919.
"tepitoluj, 9 95, 996.
"tipa, 918, 99 1.
OpjaKta , 193, 198, 201,
911.
0(T<T!;êas, 9 1 3.
Padr"'ma, ^oi.
Padroma, aoi.
Parza, 9o5.
Parzza, 2o5.
Poricle, 196, 197.
Pericleb, 19^.
Peiiclehe, 23o, 2 39.
Pille"ni, 299.
Pinale, 906, 907, 23 1 .
ïlivapoi, 907.
Pi(|edar', 20G.
Piqedare, 198, 900.
Wiaéêxpoi , 900.
ni^dûêapos, 200, 20(i.
ïït^uScopov, 198.
piyalu, 220, 221.
piyelë, 930, 99i.
piyëtë, 9 90 , 99 1 .
Plczziyobt-ye, 900.
P"lrc"nchi, 999.
P"trc"ni, 229.
532
INDEX.
ïlptdvoëa, i c)8, 9 00, 901 ,
211.
Priyenubeli, 201.
Priyenuheh", 198, 200,
911.
pr"navale, 91 7, 980.
pr"navalë, 215,917,218,
299.
pr"navetë, 218.
pr"navi, 296.
pr"navo, 207, 91 5, 917,
918.
pr''navotë, 217.
pr"navu, 907, 2 18.
pr"nevolë, 918.
pr"nezi, 21 5, 228.
pr"neziYehi, 21 5, 2 9 3.
pr"novu, 907, 91 5, 218.
Przë, 9o5.
Przis, 9o5.
Przze, 9 0 5.
Przzidi, 9o5.
PUarazë, 911.
IlxjSiXXrit, 19.3, 900, 211.
Piiblieye, a 00, 911.
Pnienyda, 900, 21 3.
punania, 210.
pnnoniadi, 910.
UvpiêiX-loi/S, 198, 901.
Punliimelelie, 197, 198,
201, 3 2 3.
HvpifidTios , 197.
Qidaitibe, 210.
Qadavoti, 206, 907, 910.
Qerëhe, 209.
Qerëi, 209.
Qerifja, 211, 229.
Qezigab, 911, 927.
qi. . ., 919.
Q"liiburali", 198.
q"lavala, 910, 932.
(J"(enubeb, 909.
Q"tlapone, 93o.
qssadrapalii , 9o5.
Qs^bezë, 91 3.
qiipa, 220, 29 1.
qiipo, 193.
(Jiipriya, 222.
Quvalayo, 900.
Riyamoiia , 1 98 , 208 ,
2l3.
Ha'/.oifÀOV , 906.
l-apiiriSùiv, 9o5.
Sbicaza, 198, 911.
se, 2o5, 906, 917, 2&0,
291 , 22i ,226, 999,
93o.
Se^sTsAsf/fs , 908.
sei, 19^, 220 , 99 1 .
seiye, 220, 921.
seiypne, 990.
sciyeni, 221.
seiyeli, 221.
sene, 208, 220, 22 1.
se, 921.
sëne, 208, 221.
'EiSâpios, i97> 9 00.
Sideriya, 197, 200.
slqla, 296.
siqli, 290, 921.
Sr"meve, 20 (5.
'Eiztydaa, 198 , 211.
Spparlazi, 9o5, 91 5.
Slluleh, 21/1 , 215,217.
Surezi , 9 1 5.
tadi, 916.
Teiehebi, 907, a 10.
Telebehihe, 9 1 o.
lepiiiXat, 195, 196, 902.
TspuiXrjs, 9 09.
Tspnùfjs, 909.
Tevivâaov , 909.
ïevinezëi, 909.
tezi, 29 1, 2 99.
Q-aÀâfieiv, 19'!.
Tboi, 9 10.
li, 9 16.
tibe, 216, 993.
tibei, 226, 996.
lice, 928-996.
licoili , 228, 22/1.
licele, 228, 22^.
Ticeurëprë , 198, 200.
903, 90i , 908, 911.
liceye, 998, 226.
lidoime, 916, 917.
lideimi, 9iC, 917, 980.
Tt(T£y(jé(iëpav, 198, 900 ,
908, 911.
Tiava, 206, 20>7, 981.
Tlo°na, 907, 208, 999.
TA4?et;s, 907, 908.
T/ws, 206, 207.
toti, 916.
Til)b('ninn, 902 , 211.
Tpeixùeîi. 902.
TpEfx/Arj, 909.
TpeiiD.Vi, 207.
TpéfjLiXos , 907.
Tpiévêoicns, 908.
TptfjLiXis, 202.
triyerë, 909, 9 1 1.
Triyëlezi, 908.
Trkas, 981, 982.
Ti'kkas, 211, 928, 280-
982.
Tr°'miii, 196,905,998-
280.
TpoHovSiv, 19'!.
tlleiti, 299, 281.
tllidi, 996 , 281.
lubeiti, 216, 92 9, 998,
280.
lubidi, 99/1 , 280.
(ncedris, 919.
(uhe, 990.
luhes", 196.
tiip^nie, 92G.
tuvetë, 919, 997.
liiveli, 22 4, 926.
luvetu, 2 95.
Upazi, 207, 208, 211.
Ui'ss"'mi, 207.
Uriakiyab", 198,
2(11, 911.
Lrltiya, 91 0.
Utona, 208.
lîvehi, 280.
Vali"lezë, au, 929.
vedre, 206, 281.
vedre"nebi, 281.
vedie"ni, 999 , 281 .
vedrë"ni, 207, 999.
vedri, 907, 999, 381 .
Veb"lezi, 91 1, 229, 981.
Vidt''na, 198.
Yizltasppaz", 198.
Zabama, 919.
Zetineri, 19/1.
Zis'kka, 198.
zrijjali ,911.
zrikab, 911.
Zrppeduni, 2o5.
Zrppiideine, 2o5.
Zzayaab, 198.
zzimazi, 2r>o.
5H3
LANGUE ÉTRUSQUE.
Confusion des sonores et des sourdes, aOi, 336.
flcr, 35. a-ezi, 35, 36. vacl, 35, 36.
flereri, 35. S-eznin, 35, 30. V('e!,35.
ô-esan, 35, 36. Lasa, 35.
ôezan, 35, 36. Menrva, 35.
i
LANGUE BASQUE.
.'irre, 91.
Iiori, 91.
urdin, 91.
Iii'ltz, 90.
illiin, 91.
zillai-, f)o.
berun, 90.
iikiiilz, 91.
zirraida, 90
burdi, 90.
menast, 90.
zobardi, 91
biirdin, 90.
ubel, 90.
zuri, 90.
LANGUE TURQUE.
\ oir 5 , 6 , H , 1 1 - 1 3 , 1 5 , 17, î 1 5 , 11 h.
LANGUE MAGYARE.
Protrrès de son e'tude linguisticjue ; derniers travaux à ce sujet, 3()5-
098. — Ses affinités, 3 9 F..
LANGUE MANDÉ.
Son domaine, 263-365 ; dialectes, 265-967 , ^60 ; vocabulaire compare',
^72, U"]^; dictionnaire français-mandé, 268-28^; 337-36^; ^06-
A56. — Pauvreté du mandé; ses relations avec les langues voisines,
/i86, 687.
Bibliographie, /161, 662; transcription, ^62; prononciation, 267. —
Voyelles et diphtongues, 662, i63; consonnes. 663-665; constitu-
tion des syllabes, 665-667. — Nasalisation, 667; .répétition des con-
sonnes, 667, ^468; suppression de sons, /J68; mutations, 669-^72.
Formation des mots , ^73; homonymes, ^78, ^7^; redoublement, d'jli,
h-j(]\ pluralité de sens, à'jfi; éléments auxiliaires, h'jli, 677-/18/1. —
Noms de nombre, li-]5, li'jCi. — Ordre des mots, liS!i-liS6.
LAXJUE 0( ECIIUA.
Ti'ansf'riplion espagnole, 208.
TABLE DES AUTEURS.
».
Arbois de JiîBAiNviLLE (H. d'). — Lcs iioms liypocorisliques
criiomme et de lieu en celtique 189
Basset (René). — Les noms des métaux et des couleurs en ber-
bère 58
Bréal (Michel). — Étyniologies : 1. Eïs, fxîct, ëv. 2. lias, 'zsà&a,
'ssàv. 3. ApvéoyLat, àvaivofiat. U. TTrepwj'or. 5. iTiTTOTrÔTa-
(105. 6, A propos de l'adverbe aijTws. 7. La voyelle du par-
ticipe présent en latin. 8. Nn changé en nd. 9. Manifestus.
10. Versicolor, jliixipedus. 11. Substantifs devenus adjectifs :
rudis. 12. Lombrien arvia rrles entraillesn. 13. Létrusque
vacl. 1/i. Atwxù) rr poursuivre, 15. Un emploi particulier
du comparatif. 16. Àfxix^iTÔs. 17. Mgroius. 18. Slrages.
19. liego, oipyjM. 20. fJandestinus. 21. Volvendus. 22, An-
ciens verbes déponents latins : gignens, animans , prœgimiis,
ingens, evidens. 23. La particule latine cum. 2^. Inscription
pélignienne 2/1
Varia : 1. L'allemand sc/*//es.sert = latin excludere. 2. Alle-
mand schûrzen — lalin cxcurtiare. 3. L'accusatif du gérondif
en fiançais, h. Un produit de l'analogie : le mot anglais Co-
Underics 3
Etymologies grecques et latines : 1 . Tupivô». 2. H âfx-its-
Xos. 6. Seuiantica. h. I parasite devant un r en grec. 5. ToA-
fxâw. 6. Malerics. 7. I imgo. 8. Imago. 9. Encore le passif
latin. 10. Amare. 11. Venus fisica. 12. Ufi sens spécial du
verbe /rtc/o 1 60
Le français madré 1 ()8
l'itymologies : 1. Le verbe hoxéco. 2. Kâ.itpatva, Xîixaîra.
3. ÀrSpâTToSoi'. II. Qœprjareacfdpti. 5. Il ôSos. 6. Fabulœ mâ-
nes. 7. Ster'dis. 8. Aufero, aufugio. 9. L'inscription osque
d'Antino 253
Les etymologies du philosophe Nietzsche Uh"]
Darmesteter (James). — Quotiens, quoties /i6
DuvAL (Rubens). — Notice sur les dialectes néo-arâméens 190
FoiiRNiER (A.). — Sur une formule magique de guérison 399
(ÎRASSERiE (Raoul DE la). — Do l'articlc (morphologie et syn-
taxe) 5(85, 38i
TABLE DES AUTEURS. 53.")
Henry (V.). — Vetlica : l. Piiramdld. 2. Ncisatyâ. .3. Kammkem.
h Saplâçirsânain qn
{-2° série) : 5. R. V. i, ic)i. O.çûnn ântràni pece. 7. sômo
nà (R. V. V, 36.2). 8. çipre. 9. jaganvàn (R. V. x, 10.2). . 288
Fv. fous , fol =laL follis , follem 169
HuszAR (Guillaume). — La linguistique hongroise SgB
hiBERT (J.). — Une épitaphe lycienue (Myra k) 192
Le Foyer (Henri). — De la survivance du gérondif en français. . 168
Meillet (A.). — Elymologies slaves : 1. su. 2. uie. 3. sa 4 g
Latin uenari 55
Varia : 1. liriros. 2. V. si. zi'cij. 3. Latin auonculus. k. Le
traitement de i.-e. 0 en indo-iranien. 5. Position dialectale
de l'arménien. G. Arm. ond. 7. Arm. hngetasan, corekhlasau. i3()
Lido-iranica. L La forme ancienne de la nasale finale.
H. Trois notes sur la phonétique des gutturales : A. skr.
jmds, gmàs. B. skr. cch, zd s. C. Des gutturales devant n,
m 365
Parmentier (Général). — Les emphatiques arabes 33i
Pernot (Hubert). — I/indicatif présent du verbe ffêlren en néo-
grec 170
La contraction en grec moderne 33o
Querry (Amédée). — Le dialecte guerrouci •. . 1
Le dialecte persan de Nâyîn 110
Dix quatrains de Mirzâ Abou'l Hassan Djendâki, dit Yé-
ghmà, ea dialecte sémnàni .*. . . 828
Rambaud (J.-R.). — Dictionnaire de la langue mandé.. 268, 887, /i()6
La langue mandé hùo
Rosapelly (D'). — Nouvelles recherches sur le rôle du larynx dans
les consonnes sourdes et sonores /i88
Tourmer (Ed.). — Un calembour inlérossant pour l'histoire de la
prononciation du grec A7
p
\
\'
:^
'■:/.^
A
<
/
/