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Full text of "Mémoires pour sevir à l'état historique et géographique du diocèse de Bayeux. Publiés par G. Le Hardy"

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MÉMOIRES 

POUR  SERVIR  A  L'ÉTAT  HISTORIQUE  ET  GÉOGRAPHIQUE 
DU  DIOCÈSE  DE  BAVEUX 


TOME  III 


MÉMOIRES 


POUR  SERVIR 

A  UÉTAT  HISTORIQUE  ET  GEOGRAPHIQUE 

DU  DIOCèSE  DE  BATEUX 

Par   MICHEL   BÉZIERS 

PUBLIÉS  PAR  G.  LE  HARDY 


f^Hif    TOME  ni 
ÂRCmOIACONÉS  D'HYESMES  ET  DE  CAEN 


ROUEN 

A.  LESTRINGANT 

Libraire  de  la  Société  de   THistoire 
de  Normandie, 

U,  RUE  JEANNE-DARC,  11 


PARIS 

A.  PICARD  ET  Fils 

Libraire   de  la   Société  de  l'École 
des  Chartes, 

82,     RUE    BONAPARTE,    82 


1894 


THENEWYORK 
PUBLIC  LIBRARY 

ASfOH,  L"     (jX  and 
TIL06N    FO"-  DATlOJtS. 


EXTRAIT  DU  RÈGLEMENT 

Art.  16.  —  Aucun  volume  ou  fascicule  ne  peut  être  livré 
à  l'impression  qu*en  vertu  d*une  délibération  du  Conseil,  prise 
au  vu  de  la  déclaration  du  Gomm^saire  délégué,  et,  lorsqu'il 
y  a  lieU;  de  l'avis  du  Gomité  intéressé,  portant  que  le  travail 
est  digne  d'être  publié.  Cette  déclaration  est  imprimée  au 
verso  de  la  feuille  du  titre  du  premier  volume  de  chaque  ou- 
vrage. 


Le  Conseil,  vu  la  déclaration  de  M.  le  D'  CoutaN;  Corn- 
missaire-déléguéy  portant  que  Vëdition  des  MéiiomES  pour 
servir  à  l'état  historique  et  géographique  du  diocèse  de 
Bayeux,  de  I'Abbé  Béziers,  préparée  par  M.  G.  Le  Hardy^ 
lui  a  paru  digne  d*être  publiée  par  la  Société  de  l'Histoire 
DE  Normandie,  après  en  avoir  délibéré^  décide  que  cet 
ouvrage  sera  livré  à  l'impression. 

Fait  à  Houmj  le  ^•''  août  1893. 

Le  Secrétaire  de  la  Société, 
P.  LE  YERDIER. 


L'ARCHIDIACONÉ  D'HYESMES 


CONTENANT 


LES  DOYENNÉS  DE  CINGLAIS,  DE  TROARN 
ET  DE  VAUCELLES 


L'ARCHIDIACONÉ  D'HYESMES 


CONTENANT 


LES  DOYENNÉS  DE  CINGLAIS,  DE  TROARN 
ET  DE  VAUCELLES 


ARCHIDIACONÉ  d'HYESMES 


Cest  le  troisième  archidiacoîié  du  diocèse  de  Bayeux. 

Le  pays  d'Hyesmes,  Oximensis  ou  Oximisus  pagus, 
comprend  trois archidiaconés,  Pun  attribué  à  Séez,  l'autre 
à  Lisieux,  et  l'autre  à  Bayeux.  Ce  dernier  contient  tout  le 
pays  du  diocèse  de  Bayeux  qui  est  entre  les  rivières  d^Ome 
et  de  Dive.  Il  a  sous  son  resson  3  doyennés  qui  com- 
posent 1 34  paroisses. 


DOYENNÉ  DE  CINGLAIS 

Acqueville  (Saint- Aubin  d^).  Sergenterie  de  Tournebu, 
élection  de  Falaise,  84  feux,  notariat  de  Tournebu. 

Cette  paroisse  est  arrosée  par  un  ruisseau  qui  vient  des 
bois  du  Meslay,  appelé  la  rivière  de  Bactot.  L'abbé  de 
Fontenay  présente  à  la  cure  et  perçoit  les  dîmes.  Elle  est 
à  4  lieues  du  bourg  d'Argences  et  à  5  lieues  de  Caen.  La 
Motte  d'Acqueville  relève  de  la  baronnie  de  Tournebu. 
Seigneur  honoraire  :  M.  de  Baudrand,  ancien  capitaine 
de  cavalerie. 

Angoville  {Sainte- Anne  d').  Sergenterie  de  Thury, 
éleaion  de  Falaise,  28  feux. 


Son  nom  vient,  selon  M.  Huet,  de  Goton  Gody  qui  est 
le  nom  de  Dieu  parmi  les  Allemands.  Les  religieux  de 
Pabbaye  du  Val  Jouissent  du  patronage,  et  des  deux  tiers 
de  la  dîme.  Ils  les  tiennent  de  Gosselin  de  la  Pommeraye, 
qui  les  leur  aumôna  en  ii25,  en  fondant  cette  abbaye. 
Messire  Jean  Néel,  seigneur  de  Tierceville  est  seigneur 
d'Angoville. 

Elle  esta  3  lieues  de  Falaise,  une  lieueet  demie  du  bourg 
d'Harcourt,  et  trois  quarts  de  lieue  de  Bois-Halbout. 

Barbery  (Notre-Dame  de).  Barberium,  Sergenterie  de 
Tournebu,  élection  de  Caen,  90  feux,  notariat  de  Fresnay^ 
le-Puceux. 

Cette  paroisse  est  bordée  au  Levant  par  la  rivière  de 
Laize,  qui  la  sépare  d^avec  Bretteville.  La  cure  est  en 
règle,  et  à  la  nomination  alternative  des  abbés  de  Barbery 
et  de  Fontenay.  Il  y  a  dans  son  territoire  une  abbaye 
d'hommes  de  la  réforme  de  Citeaux,  qui  fut  commencée 
en  1 140  par  Robert  Marmion  et  érigée  en  1 176  par  Ro- 
bert Marmion  vicomte  de  Fontenay;  son  fils  Roger 
Marmion,  seigneur  de  Varaville,  chevalier  Banneret,  y  fit 
ausM  du  bien  en  i223. 

Elle  est  à  4  lieues  de  Caen  et  de  Falai^.  L^abbé  déci- 
mateur  est  seigneur. 

Bo  (Saint- Pierre  du).  Sergenterie  de  Thury,  élection 
de  Falaise,  73  feux. 

Cette  paroisse  est  environnée  d'un  côté  par  une  chaîne 
de  coteaux,  et  par  un  ruisseau  qui  la  partage  d'avec  Cos- 
sesseville,  et  de  l'autre  côté  par  la  rivière  d'Orne.  L'abbé 
du  Val  nomme  à  la  cure. 

Elle  est  à  7  lieues  de  Caen  et  2  lieues  de  Condé. 


Bonœuil  (Notre-Dame  de)  (i).  Sergenterîe  de  Thury, 
élection  de  Falaise,  40  feux. 

Cette  paroisse  a  près  de  trois  quarts  de  lieue  de  TOrient 
à  rOccident,  et  environ  autant  du  Midi  au  Nord.  Elle  est 
arrosée  par  deux  ruisseaux  qui  y  prennent  leur  source,  et 
qui  vont  se  perdre  dans  la  rivière  de  Laize.  Il  y  a  proche 
Téglise  une  fontaine  surnommée  Auprêtre  dont  «Peau 
cause  la  pierre  à  ceux  qui  en  boivent  avec  une  certaine 
continuité.  L'abbé  du  Val  présente  à  la  cure.  Les  religieux 
ont  les  deux  tiers  de  la  grosse  dîme,  le  curé  a  Pautre  tiers 
avec  les  verdages.  Messire  Pierre-Louis  Hélie  de  Donnay, 
conseiller  du  roi,  maire  de  la  ville  de  Falaise  est  seigneur 
et  patron  de  Bonœuil.  Il  y  possède  deux  fiefs,  la  verge  et 
prévôté  de  laPommeraye,  et  le  fief  de  Bonœuil.  Partie  de 
cette  paroisse  dépend  du  bailliage  de  Falaise;  Bonœuil  est 
à  une  lieue  du  Bois-Halbout  et  à  3  lieues  de  Caen. 

Bray-en^Cinglais  (Saint-Aubin  de).  Sergenterie  aux 
Bruns,  élection  de  Falaise,  20  feux,  notariat  de  Bretteville- 
sur-Laize. 

Cette  paroisse  est  arrosée  par  la  rivière  de  Laize.  Il  y  a 
les  bois  de  Bray,  du  Neufbourg  et  de  la  Roquette,  et 
deux  bruyères  ou  communes.  La  présentation  de  la  cure 
appartient  au  prieuré  de  Sainte-Barbe*en-Auge^  et  le  fief 
dominant  appelé  Pelville  à  messire  Philippe  Osmont, 
chevalier,  seigneur  et  patron  de  Bray-Saint- Aubin.  Il  y  a 
encore  le  fief  de  Livet  possédé  par  M.  Manoury  V..., 
lequel  relève  de  celui  de  Pelville. 

Bray  dépend  de  la  généralité  d^Alençon,  3  lieues  de 
Falaise,  5  lieues  de  Caen. 


(i)  Visa  du  x3  août  1470  à  Thomas  Lecomte,  prêtre,  docteur 
en  médecine  :  Boniolo. 


Bretteville-sur-Laiie  (Saint- Vigor  et  Saint-Roch  de). 
Bourg,  châtellenie,  chef-lieu  de  scrgenterie,  élection  de 
Caen,  i8o  feux,  700  communiants,  lieu  de  notariat. 

Le  bourg  est  décoré  d^une  haute  justice,  d^une  foire  le 
jour  des  trépassés  et  d^un  marché  tous  les  samedis.  Il  y 
avait  encore  tous  les  mercredis  un  autre  marché  qui  est 
aboli  présentement.  La  sergenterie  de  Bretteville  contient 
18  paroisses  (ij.  Le  territoire  de  cette  paroisse  est  arro^ 
dans  sa  longueur  par  la  rivière  de  Laize  qui  coule  de 
Torient  à  Toccident,  et  passe  au  pied  du  cimetière.  Il  y  a 
aussi  entre  le  midi  et  le  couchant  le  ruisseau  de  Valclair 
qui  vient  de  Pabbaye  de  Barbery.  Les  villages  du  Béfeux 
et  de  Jacobménil  en  dépendent.  On  n'y  voit  point  d'au- 
tres bois  que  celui  de  Corneville,  et  la  forêt  de  Cinglais 
qui  borde  la  paroisse.  L'abbé  de  Barbery  présente  à  la 
cure,  et  jouit  des  dîmes.  C'est  une  donation  de  Robert 
Marmion,  son  fondateur.  M.  le  marquis  de  Guerchy  est 
le  principal  seigneur  de  Bretteville.  Messiresde  Louraille 
et  de  Bretteville  y  ont  chacun  un  fief,  partie  de  la  haute 
justice  du  duché  d'Harcourt. 

Elle  est  à  une  lieue  de  Bois-Halbout,  2  lieues  et  demie 
de  Harcourt,  et  3  lieues  de  Falaise. 

Boulon  (Saint- Pierre  dej.  Sergenterie  de  Bretteville, 
élection  de  Caen,  i25  feux,  notariat  de,Clinchamp. 

Cette  paroisse  contient  environ  600  acres  de  terre  labou- 
rable, et  800  acres  en  bois,  dont  600  à  messire  de  Guerchy, 
plusieurs  à  messire  le  duc  de  Harcourt,  100  acres  à  Tab- 
baye  de  Saint-Evroult,  et  6  au  titulaire  de  la  chapelle  du 
Thuit.  Ce  bois  fait  partie  de  la  forêt  de  Cinglais,  et  est 
exempt  de  dîmes  comme  bois  du  roi.  La  nomination  de 

(i)  Ce  bourg,  sur  le  bord  de  Laize,  est  dans  le  fond  d'un  vallon 
très  profond.  Le  principal  commun  constete  en  filature  de  coton. 


la  curp  appartient  à  l'abbé  de  Fontenay,  la  dîme  à  ses 
religieux.  M.  le  duc  de  Gèvres,  comme  engagiste  du  roi, 
est  seigneur  de  Boulon.  II  y  a  deux  chapelles  ruinées  : 
Notre-Dame  du  Thuit,  et  Saint- Louis  du  Malpas  ou 
Maupas.  Elles  sont  à  la  nomination  du  roi. 

Ce  bourg  est  à.  une  lieue  et  demie  du  Bois-Halbout, 
3  lieues  de  Harcourt  et  de  Caen,  et  4  lieues  de  Falaise. 

CaumonUsur^Orne  (Saint-Sulpice  de).  Sergenterie  de 
Thury,  élertionde  Falaise,  19  feux. 

Celte  paroisse  n'est  composée  que  de  100  acres  de  terre, 
dont  il  y  en  a  20  en  bruyères  et  rochers  inhabitables, 
d^aucune  valeur.  Elle  est  séparée  de  la  paroisse  d'Esson  à 
Forient,  par  les  montagnes  de  Beauvoir  et  de  Bonne- 
Nouvelle,  et  au  couchant  de  celle  de  Saint-Rémy  par  une 
autre  montagne,  au  pied  de  laquelle  coule  le  ruisseau  des 
Vaux,  qui  prend  sa  source,  partie  à  Saint-Clair  de  la 
Pommeraye,  partie  au  bas  du  cimetière  de  Saint-Omer, 
et  vient  tomber  dans  POrne.  Le  patronage  de  la  cure  est 
attaché  à  la  sergenterie,  et  la  dîme  au  bénéfice.  La  sergen- 
terie est  une  franche  vavassorie  qui  relève  de  la  baronnie 
de  Tournebu,  M.  Pierre  du  Vey,  deuxième  seigneur  et  pa- 
tron de  Caumont  y  nomma  en  1 71 6.  Messieurs  ses  fils  lui 
ont  succédé.  Cette  paroisse,  bordée  d'un  côté  par  le  chemin 
de  Caen  à  Condé-sur-Noireau,  et  de  Tautre  par  celui 
d'Harcourt  au  Pont-à-la-Mousse  par  la  rivière  d'Orne 
est  à  6  lieues  de  Caen,  4  lieues  de  Falaise,  une  demi-lieue 
d'Harcoun,  une  de  Clécy,  et  3  lieues  de  Condé. 

Cesny^eti'Cinglais  (Notre-Dame  de  l'Assomption). 
Sergenterie  de  Tournebu,  élection  de  Falaise,  i  ï8  feux, 
notariat  de  Tournebu. 

Il  y  a  au-dessous  de  Téglise  le  petit  ruisseau  du  Cul- 


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doison,  et  plus  loin  la  mare  Gascoin,  qui  arrosent,  son 
territoire.  L'abbé  de  Fontenay  présente  à  la  cure.  La 
grosse  dîme  se  partage  entre  le  curé,  Tabbaye  de  Fontenay, 
et  le  titulaire  de  la  chapelle  Saint-Georges.  Cette  chapelle, 
située  dans  le  château  de  la  Motte-Cesny,  fut  abolie,  et 
son  titre  et  revenu  furent  réunis  en  1715  (i)  à  la  chapelle 
du  château  d^Harcourt.  La  chapelle  ou  prieuré  simple  de 
Saint-Nicolas  de  Buron,  est  aussi  de  la  paroisse  de  Cesny . 
Elle  déj^end  de  Tabbaye  de  Hambie;  lors  de  la  vacance 
d'icelle,  Tabbé  de  Hambie  doit  présenter  3  religieux  du 
dit  lieu  au  seigneur  de  la  Motte-Cesny,  qui  fait  le  choix 
d^un  d'entre  eux,  et  lui  donne  la  nomination  de  ce  béné- 
fice (2). 

La  baronnie  de  la  Motte  est  le  chef-lieu.  Le  vieux 
château  des  barons  de  la  Motte  est  situé  dans  le  hameau 
du  même  nom.  Cette  baronnie,  possédée  d^abord  par 
Raoul  Tesson,  fondateur  de  Tabbaye  de  Fontenay,  fut 
apportée  en  mariage  vers  i368  à  Philippe  d^Harcourt, 
baron  de  Bonnestable  par  Jeanne  de  Tilly,  héritière  du  chef 
de  sa  mère  et  de  ses  tantes,  Guillemene  et  Jeanne  de  Tour- 
nebu.  Elle  fut  érigée  en  marquisat  en  Tannée  iSg3  pour 
Pierre  d^Harcourt,  baron  de  Beuvron.  Elle  a  été  depuis 
incorporée  et  unie  en  1 709  au  duché  d'Harcourt. 

Il  y  a  six  hameaux  à  Cesny.  Le  plus  considérable  est  le 
Bois-Halbout,  où  il  y  a  un  bourg,  marché  tous  les  ven- 
dredis, et  6  foires  par  an,  les  vendredis  de  la  troisième 
semaine  de  carême,  de  la  deuxième  semaine  de  mai  et  de 
la  deuxième  semaine  de  juillet,  le  jour  Sainte-Anne,  et 
les  premiers  vendredis  de  septembre  et  de  novembre.  Il 
y  a  aussi  un  hôpital  régulier  sous  l'invocation  de  saint 

(i)  Le  2  juillet,  le  siège  vacant  en  faveur  du  maréchal  d'Harcourt. 
(2)  Hist,  généal,  de  la  maison  d'Harcourt^  par  G.  A.  de  La  Roque, 
Paris,  1672,  t.  I,  p.  785. 


Jacques,  érigé  Tan  i2oopar  Henry  11^  évéque  de  Bayeux, 
et  fondé  des  biens  de  Tesson,  baron  de  la  Motte-Cesny, 
pour  les  malades  de  17  paroisses  voisines.  L^abbé  du  Val 
est  chargé  du  soin  et  gouvernement  de  cet  hôpital,  et  le 
baron  de  la  Motte  en  est  l'administrateur  perpétuel  et  de 
toutes  ses  appartenances.  Les  religieuxdu  Val  sont  obligés, 
vacance  échéante,  de  présenter  deux  d^entre  eux  à  ce 
baron  pour  que  par  lui  il  en  soit  choisi  un  pour  gouverner 
cet  hôpital.  L'abbé  du  Val  et  ses  religieux  sont  tenus  de 
lui  donner  des  lettres  d'institution. 

M .  le  d  uc  d^Harcourt  en  est  seigneur  au  droit  des  barons 
de  la  Motte-Cesny.  Une  lieue  du  bourg  d'Harcourt. 

Cingal  (Notre-Dame  de  Nativité).  Sergenterie de  Tour- 
nebu,  éleaionde  Falaise,  12  feux  et  41  communiants, 
notariat  de  Tournebu. 

Cette  paroisse  a  environ  trois  quarts  de  lieue d^étendue, 
sans  hameaux,  mais  seulement  une  ferme,  une  baron  nie, 
et  le  fief  de  la  Meslière  appartenant  à  Fabbéde  Fontenay. 
L^abbé  de  Barbery  et  ses  religieux  présentent  à  la  cure  et 
en  sont  les  gros  décimateurs.  M'^®  de  Fresne  est  dame  de 
la  paroisse,  comme  possédant  le  fief  dominant  et  mouvant 
de  M.  de  Grainville  qui  en  a  aussi  un. 

Elle  est  à  3  lieues  de  Falaise,  4  lieues  de  Caen  et  2  lieues 
du  bourg  d^Harcourt. 

Clinchamps  (Notre-Dame et Saint-Quirin).  Sergenterie 
de  Brctteville,  élection  de  Caen,  1 5o  feux,  370  commu- 
niants, lieu  de  notariat. 

Cette  paroisse  est  partie  sur  la  rivière  d^Orne,  partie 
sur  celle  de  Laize.  Ellen^a  point  d^autres  hameaux  que 
ceux  de  Percoville  et  du  Val,  qui  sont  distants  Tun  de 
l'autre  d^un  quart  de  lieue.  Le  bénéfice,  qui  est  régulier. 


10 

est  à  la  pré$entation  du  prieur  et  chanoine  de  l'Hôtel-Dieu 
de  Caen.  La  grosse  dîme  appartient  en  totalité  aux  pauvres 
de  cet  Hôtel-Dieu.  Clinchamps  a  droit  de  marché  tous 
les  lundis,  et  de  foire  le  jeudi  d'après  les  Cendres,  le  jeudi 
d'après  Quasimodo,  le  4  de  juin,  jour  de  saint  Quirin  et 
le  4  de  novembre  ;  mais  il  ne  s'y  en  tient  plus  depuis  plus 
de  3o  ans.  II  y  a  3  fiefs  :  Qinchamps,  qui  appartient  à 
M.  de  Cauvigny,  Esson  au  même  par  acquêt,  et  Voismey 
dépendant  de  la  commanderie  de  ce  nom.  Les  vassaux  du 
fief  de  Clinchamps  relèvent  à  présent  du  bailliage  de 
Caen  depuis  la  réunion  de  celui  de  Saint-Silvin  ;  ceux 
d'Esson,  de  la  juridiction  d'Harcourt,  et  ceux  de  Voismay 
[Voismer],  de  Falaise.  C'est  la  patrie  de  Guillaume  le 
Pelletier,  jésuite  et  célèbre  prédicateur  mort  en  1668. 

Ceux  du  nom  de  Clinchamps,  si  connus  autrefois  en 
Normandie,  tirent  leur  nom  de  ce  lieu.  La  seigneurie  de 
Clinchamps  relève  du  roi,  et  lui  fait  hommage  d'une  livre 
de  poivre,  et  de  2  septiers  de  froment  mesure  du  grenier 
de  Thuit.  Gautier  de  Clinchamps  vivait  en  1098,  selon 
Orderic  Vital.  Hugues,  chevalier,  seigneur  de  Qinchamps 
et  des  Maizerets  fit  des  fondations  en  1 1 38  ;  un  autre 
Hugues,  seigneur  de  Clinchamps,  des  Maizerets  et  du 
Rozel  donna,  en  1227,  le  patronage  de  Clinchamps  et 
d^autres  biens  à  l'Hôtel-Dieu  de  Caen,  à  condition  qu'il 
y  serait  reçu  en  certains  jours  avec  son  train,  et  qu'il  dîne- 
rait à  la  table  du  prieur  (i).  Geoffroy  de  Qinchamps  est 
qualifié  monseigneur  et  chevalier  dans  le  rôle  de  1295, 
qui  contient  tous  ceux  qui  accompagnèrent  Jean  d'Har- 
court,  amiral  de  France,  au  voyage  de  la  mer.  Alain  de 
Clinchamps  fut  fait  chevalier  en  i3i3  par  le  roy  Philippe 
le  Bel.  La  branche  aînée  fondit  dans  la  maison  de  Bures. 

(i)  Hist.  Harc.y  p.  iSSg. 


II 


Guillaume,  seigneur  de  Bures,  rendit  aveu,  le  27  mars 
1 371,  de  la  seigneurie  de  Clinchamps,  à  cause  de  Jeanne 
de  Clînchamps  sa  femme.  De  lui  tenaientalors  par  partage, 
suivant  l'aveu  :  M.  Alain  de  Clinchamps,  le  fief  du  Rozel, 
et  Vigor  de  Clinchamps,  celui  des  Maizerets.  Jean  de 
Bures,  chevalier,  seigneur  de  Bures  et  de  Clinchamps,  de 
Jacqueline  de  Nollent  de  Saint-Contest  sa  femme,  avec 
laquelle  il  vivait  ès-années  1460-1470,  eut  Françoise  (Je 
Bures,  dame  desdits  lieux,  alliée  à  Guillaume  le  Hericy, 
seigneur  de  Pompîerre. 

Cette  paroisse  est  entre  Caen  et  le  bourg  d'Harcourt,  à 
2  lieues  et  demie  de  distance  de  Pun  et  Pautre. 

Combray  (Saint-Martin  de).  Sergenterie  de  Thury, 
élection  de  Falaise,  64  feux,  notariat  de  Tournebu. 

Cette  paroisse  est  séparée  de  celle  de  Donnay  par  un 
ruisseau  qui  va  se  perdre  dans  POrne,  près  d'Harcourt, 
et  de  celle  de  Caumont  par  le  chemin  de  Caen  à  Condé- 
sur-Noireau.  Le  seigneur  nomme  à  la  cure.  Le  curé  est 
décimateur.  Gabriel  de  Beauvoisin,  seigneur  et  patron  de 
Combray,  Douve,  CuUey-le-Patry,  Placy  et  la  Beauvoi- 
sinière  présenta  à  la  cure  de  Combray  en  1602.  M.  Hélyes 
de  Donnay  en  est  aujourd'hui  seigneur  et  patron. 

Elle  est  à  une  lieue  du  bourg  d'Harcourt,  3  lieues  de 
Condé-sur-Noireau  et  6  lieues  de  Caen. 

Condel  (Saint-Laurent  de).  Sergenterie  de  Bretteville, 
élâftion  de  Caen,  86  feux,  notariat  de  Clinchamps. 

Cette  paroisse  voisine  de  la  forêt  de  Cinglais,  est  sur  la 
rivière  d'Orne.  L'abbé  de  Fontenay  présente  à  la  cure. 
Elle  est  à  3  lieues  et  demie  de  Caen^  et  une  lieue  et  demie 
du  bourg  d^Evrecy.  * 


12 

Cossesseville  (Saint-Barthélemy  de).  Sergenterie  de 
Thury,  élection  de  Falaise,  5o  feux. 

Cette  paroisse,  située  sur  la  rivière  d^Orne,  contient 
5  villages  qui  sont  :  le  Jardin,  le  Manoir,  la  Sauvagerie, 
le  Foucq  et  le  Boudessou.  L'église,  placée  au  bas  de  la 
paroisse  du  côté  du  couchant  fut  transférée  en  1 729  au 
milieu  entre  le  presbytère  et  la  maison  du  seigneur.  L'abbé 
du  Val  présente  à  la  cure.  Ses  religieux  et  le  curé  partagent 
la  dîme.  La  seigneurie  relève  du  roi.  M.  Jean-Baptiste- 
François  Le  Lassœur  est  seigneur  et  patron  de  Cossesse- 
ville. 

Elle  est  à  3  lieues  de  Falaise,  2  lieues  de  Condé-sur- 
Noireau  et  du  bourg  d^Harcourt,  et  une  demi-lieue  du 
pont  d'OuîUy. 

Croisilles  (Saint-Martin  de).  Chef-lieu  de  sergenterie, 
élection  de  Caen,  98  feux,  notariat  de  Saint- Martin  de 
Sallen. 

Cette  paroisse  est  appelée  dans  les  vieux  titres  :  Croe^ 
silya,  Cruxiola  et  peut-être  Corilisum,  Elle  est  entre  les 
rivières  d^Orne  et  de  Laize.  Elle  a  une  basse  justice  qui 
s'étend  sur  Croisilles  et  les  Moustiers.  La  nomination  de 
la  cure  est  attachée  à  la  seigneurie.  Les  deux  tiers  de  la 
grosse  dîme  sont  perçus  par  les  boursiers  du  collège  de 
maître  Gervais,  de  Paris,  l'autre  tiers  par  le  curé. 

On  croit  que  c'est  de  là  qu^ont  tiré  leur  nom  Messieurs 
de  Croisilles,  ancienne  famille  de  Normandie  qui  porte  :  de 
sable  à  3  croisettes  d^or  recroisettées.  Demoiselle  Made« 
leine  Patry,  dame  et  patronne  de  Villcrey,  Courtemol, 
Croisilles,  Fescan,  Maletot,  Maisoncelles,  les  Granges- 
planés,  Montigny,  Launé,  le  Bodesne  et  le  Got,  fille 
de  Jacques  Patry,  chevalier,  seigneur  des  dits  lieux, 
et  de  Renée  de  Renty,  porta  toutes  ces  terres  en  mariage 


13 

à  M.  Jean- Antoine  de  Franquetot,  chevalier,  seigneur  et 
patron  de  Franquetot,  Cretteville,  Coigny,  Saint-Jores,  etc. , 
qu'elle  épousa  par  traité  passé  à  Villers-en-Bocage,  le  8  juin 
1634.  De  ce  mariage  vint  Robert-Jean- Antoine  de  Fran- 
quetot, chevalier,  comte  de  Coigny,  lieutenant-général 
des  armées  du  roi,  père,  par  demoiselle  Marie-Françoise 
de  Matignon,  mariée  le  5  d'octobre  1668,  de  François  de 
Franquetot,  duc  de  Coigny,  maréchal  de  France.  Ce  ma- 
réchal vendit  en  1782  les  terres  de  Croisilles,  Montigny, 
Villerey  à  M.  Ferrand  de  Saint-Dizan,  qui  les  laissa  à 
demoiselle  Marguerite  Ferrand  de  Saint-Dizan,  sa  fille, 
mariée  à  Raoul-Antoine  de  Saint-Simon,  comte  de  Cour- 
tomer,  lieutenant-général  des  armées  du  roi.  Jacques- 
Étienne-Antoine  de  Saint-Simon^  comte  de  Courtomer, 
brigadier  des  armées  du  roi,  capitaine  de  gendarmerie,  a 
succédé  à  son  père  dans  toutes  ces  seigneuries. 

Croisilles  est  à  4  lieues  de  Caen,  et  une  demi-lieue 
d'Harcourt. 

'Donnay  (Saînt-Vigor  de).  Sergenterie  de  Thury,  élec- 
tion de  Falaise,  intendance  d'Alençon,  72  feux,  notariat 
de  Tournebu. 

Le  seigneur  nomme  à  la  cure,  le  curé  perçoit  la  dime. 
C^est  la  patrie  de  François  Bertaud,  savant  dans  les 
belles-leures,  père  de  Jean  Bertaud,  évêque  de  Séez  en 
1606.  Jacques-Joseph  de  BcUemare  de  Valhébert,  cheva- 
lier, baron  de  Coulonces,  seigneur  et  patron  de  Donnay, 
nomma  à  la  cure  en  1689.  Joseph  de  Bellemare,  son  fils, 
chevalier,  baron  de  Coulonces,  seigneur  et  patron  d'As- 
nebec,  Estouvy,  Donnay,  Secqueville,  Canon  et  Valhébert 
y  nomma  par  procureur  en  1697,  et  personnellement  en 
1710,  M.  Hélyes,  écuyer,  receveur  des  tailles  à  Falaise, 
seigneur  et  patron  deCombray  et  de  Bonœuil,  est  posses- 


14 

seur  de  la  seigneurie  de  Donnay  par  l'acquisition  qu^il  en 
a  faite  de  M.  de  Bellemare. 
Elle  est  à  3  lieues  de  Falaise. 

Esson  {Notre-Damede  Nativité).  Sergenterie deThuiy, 
élection  de  Falaise,  87  feux,  notariat  de  Thury. 

Il  y  a  dans  cette  paroisse,  sur  une  montagne  très  élevée, 
«n  forme  de  pain  de  sucre,  une  chapelle  du'titre  de  Bonne- 
Nouvelle.  M.  Grimoult  présente  à  la  cure  et  perçoit  les 
deux  tiers  de  la  grosse  dîme  ;  Tautre  tiers  est  pour  le  curé. 
Le  fief  dominant  appartient  à  M.  le  duc  d'Harcourt  et  est 
incorporé  à  son  duché.  Elle  est  à  peu  de  distance  de  la 
rivière  d'Orne,  à  une  demi-lieue  du  bourg  d'Harcourt  et 
à  4  lieues  et  demie  de  Caen. 

Fontaine-Halbout  (Saint-Laurent  de).  Sergenterie  de 
Tournebu,  éleaion  de  Falaise,  20  feux,  notariat  de 
Tournebu. 

Elle  est  sur  un  ruisseau  qui  la  sépare  de  la  paroisse  de 
Tournebu.  En  i35o,  Robert  de  Fontaines,  chevalier, 
était  seigneur  et  patron  de  Fontaine-Halbout.  Pierre  de 
Reviers,  seigneur  de  Fontaine,  au  droit  de  Jeanne  de 
Fontaine,  dame  et  patronne  du  dit  lieu,  nomma  à  la  cure 
en  1466.  Jeanne  de  Monchy,  baronne  de  Rannes  et  d'As- 
nebec,  dame  de  Coulombiers  et  de  Moulines,  patronne 
de  la  terre  et  seigneurie  de  Fontaine-Halbout  y  présenta 
le  4  octobre  1 594.  La  présentation  de  la  cure  appartient  à 
présent  au  sieur  Pierre  Harel  de  Cretinière,  avocat  au 
Parlement  de  Rouen,  et  la  dîme  au  curé.  Le  fief  domi- 
nant est  la  baronnie  de  Tournebu,  qui  est  es  mains  de 
M.  Pierre-François-Jean-Baptiste  de  Bernîères,  chevalier, 
seigneur  de  Mondrainville,  Gavrus,  etc.,  comme  ayant 
épousé  demoiselle  Marie-Pierre  de  Tournebu. 


15 

Elle  est  à  3  lieu^  de  Falaise,  et  un  quart  de  lieue  du 
Bois-Halbout. 

Fontaine-le-Pin  (Saint-Pierre de).  SergenteriedeTour- 
nebu,  élection  de  Falaise^  46  feux,  notariat  de  Villers. 

Cette  paroisse  est  séparée  de  celle  de»Tournebu  par  la 
rivière  de  Laize  (  i  ) .  De  là  était  natif  Guillaume  le  Tellier, 
mort  le  i^  septembre  1484,  et  enterré  dans  Péglise  parois- 
siale de  Caudebec,  au  diocèse  de  Rouen.  Son  épitaphe 
porte  que  c^est  lui  qui  a  achevé  VO,  la  nef  et  les  sous-ailes 
de  cette  église.  L^O  n^est  autre  chose  qu'une  large  ouver- 
ture faite  à  la  voûte  de  la  nef  en  forme  circulaire.  La  com- 
manderie  de  Voismey,  de  Tordre  de  Malte,  est  dans  Fon- 
taine-le-Pin.  Le  commandeur  y  a  une  maison  et  une 
chapelle  domestique.  Il  présente  de  plein  droit  à  la  cure, 
et  nomme  aussi  à  celle  de  Saint-Julien  de  Caen.  Il  a  les 
deux  tiers  de  la  dîme;  le  curé  à  Tautre  tiers.  Elle  est  à 
2  lieues  et  demie  de  Falaise  et  une  lieue  de  Bois- 
Halbout  (2). 

Fresné'le-Pueeux  (Saint-Martin  de).  Sergenterie  de 
Bretteville,  élection  de  Caen,  44  feux.  Lieu  de  notariat  (3). 

La  nomination  de  la  cure  dépend  de  la  seigneurie.  La 
terre  de  Fresné  est  jointe  à  celle  de  Fontenay-l&-Marmion. 
Il  y  a  un  beau  château  pour  le  seigneur,  et  une  chapelle 
à  titre.  La  rivière  de  Laize  arrose  son  territoire.  Robert 
de  la  Planque,  qualifié  miles,  était  seigneur  et  patron  de 
Fresné-le-Puceux  en  i35o.  La  seigneurie  entra  depuis 


(i)  Décimateurs,  le  commandeur  et  le  curé. 
(3)  Seigneur,  M.  de  Vambès  de  Fleurimont. 
(3)  1000  1.  Estavauz,  Feuguerolles,  Maltot,  Cully,  Fontenay-le- 
Marmion,  Barbery  et  Gouvix. 


i6 

dans  la  maison  de  Tournebu,  ensuite  dans  celle  d^Har- 
court,  d^où  elle  passa  en  1643  à  Charles-Léon  de  Fiesque, 
comte  de  Lavagne,  par  son  mariage  avec  Gillone  d^Har- 
court,  fille  unique  de  Jacques,  marquis  de  Beuvron.  Elle 
appartient  aujourd'hui  à  M.  Claude-Louis-François  de 
Régnier,  comte  de  Guerchy,  lieutenant-général  des  armées 
du  roi,  chevalier  de  ses  ordres  (i).  ^ 

Cette  paroisse  a  donné  la  naissance  à  deux  personnes 
distinguées  dans  chacun  leur  genre  :  lo  à  François  d'Har- 
court,  marquis  de  Beuvron,  lieutenant-général  pour  le  roi 
en  Normandie,  qui  naquit  le  i5  octobre  1498.  C'était  un 
excellent  homme  de  guerre  dont  La  Roque  a  fait  Téloge 
dans  l'histoire  de  sa  maison  ;  2»  à  l'abbé  Guérin,  ancien 
secrétaire  des  sciences  de  l'Académie  de  Rouen,  qui  naquit 
le  19  juin  1692,  et  est  mort  à  Rouen  le  i3  avril  1759. 

Elle  est  à  3  lieues  de  Caen. 

Fresné'lC'Vieux  (Saint Jean-Baptiste  de).  Sergenterie 
de  Toumebu,  élection  de  Caen,  32  feux,  notariat  de 
Clinchamps. 

Cette  paroisse,  proche  de  la  forêt  de  Cinglais,  est  entre 
l'abbaye  de  Barbery  et  la  rivière  d'Orne.  L'abbé  de  Bar- 
bery  nomme  à  la  cure. 

Elle  est  à  une  demi-lieue  du  Bois-Halbout,  une  lieue 
du  bourg  d'Harcourt  et  3  lieues  de  Caen. 

Gouvis  (Notre-Dame  de).  Sergenterie  de  Bretteville, 
élection  de  Caen,  70  feux,  220  communiants,  notariat  de 
Fresné-le-Puceux. 


(i)  Le  cœur  de  Pierre  d'Harcourt,  baron  de  Beuvron,  chevalier  d« 
l'ordre  du  roi,  capitaine  de  5o  hommes  d'armes,  fut  enterré  le  18  août 
1627  à  Fresné-le-Puceux,  et  le  corps  à  Beuvron. 


17 

Cette  paroisse  est  située  sur  la  rivière  de  Laize  qui  la 
coupe  en  deux  parties  presque  égales.  Tune  à  Porient  et 
au  nord,  l'autre  au  sud-ouest,  c'est-à-dire  que  cette  rivière 
y  dirige  son  cours  comme  du  sud  à  Pouest  (i).  Il  y  a  sur 
cette  rivière  4  moulins  pour  M"*  de  Chambor  qui  y  pos- 
sède aussi  environ  1 20  acres  de  bois  taillis  ;  M.  de  Chan- 
telou  y  en  a  à  peu  près  20  acres.  Outre  le  gros  des  habita- 
tions aux  environs  de  Péglise,  il  y  a  2  hameaux,  le  pre- 
mîer  au  bout  du  territoire  du  côté  de  Cyntheaux  [Cin- 
teaux],  se  nomme  pour  cette  raison  hameau  de  Cyntheaux; 
il  est  près  d'une  demi-lieue  loin  de  Péglise.  Le  second  se 
nomme  le  Haut-Mesnil,  dont  plus  de  la  moitié  est  de  la 
paroisse  deCauvicourt;  il  est  éloigné  de  Péglise  de  Gouvis 
d^un  quart  de  lieue.  Gouvis  est  un  prieuré-cure  de  POrdre 
des  chanoines  réguliers  de  Saint- Augustin.  Il  est  à  la 
nomination  de  Tabbé  de  Barbery  par  échange  du  patro- 
nage et  dîmes  de  la  paroisse  de  Quetienville,  diocèse  de 
Séez,  consommé  le  3  avril  1664,  avec  les  chanoines  régu- 
liers de  Sainte-Barbe-en-Auge.  Par  le  même  échange, 
Fabbaye  de  Barbery  jouit  des  deux  tiers  de  la  dîme,  et  le 
prieur-curé  a  Pautre  tiers  avec  les  verdages.  Il  y  a  3  fiefs 
nobles  dans  cette  paroisse  qui  partagent  les  droits  honori- 
fiques de  Pégjise.  Le  fief  de  Gouvis  a  la  moitié  des  hon- 
neurs du  patronage  et  du  chœur,  du  côté  gauche;  le  fief 
d^Outrelaise  a  le  troisième  quart,  et  le  fief  de  Cahaignes  le 
quatrième;  les  2  derniers  partagent  Pautre  moitié  du 
chœur,  et  ont  chacun  un  banc.  Le  féal  fief  de  Gouvis  est 
de  haubert,  relevant  du  roi;  les  2  autres  dépendent  de 
différentes  seigneuries.  Les  2  premiers  sont  dans  la  main 

(i)  Située  dans  un  vallon  assez  profond  et  forme  un  gros  village. 
L'église  est  sur  un  cdteau  qui  domine  sur  le  village.  M**  de  Chambor, 
haute  dame  de  cette  paroisse  par  acquisition. 

2 


i8 

de  M«e  le  Petit  d^Aveisnes,  veuve  de  M.  de  Chambor  ;  le 
troisième  est  possédé  par  M.  de  Chantelou  Elle  est  à 
3  lieues  et  demie  de  Caen. 

Grainville^la-Campagne  (Saint-Étienne  de).  Sergen- 
terie  de  Tournebu>  élection  de  Falaise;  32  feux,  notariat 
de  Bretteville. 

Cette  paroisse,  en  latin  Grainivilla  ou  Graïnivilla, 
tire  apparemment  ce  nom  d^un  de  ses  principaux  habitants 
appelé  Guérin,  Guarinivilla,  d'oîi  s'est  formée  par  la 
suite  Grainvilla.  Elle  est  arrosée  par  le  ruisseau  de  la 
Manche  qui  prend  sa  source  proche  Téglise  paroissiale. 
L'abbé  d'Aulnay  présente  à  la  cure.  Il  y  possède  la  ferme 
de  Saint-Hilaire  et  les  deux  tiers  de  la  dîme  ;  le  curé  a 
Tautre  tiers.  II  n'y  a  qu'un  hameau  et  2  fiefs  qui  sont  : 
Grainville*fiilly  et  Grainvile-Theaux,  appartenant  à 
M.  de  Collet  de  Grainville. 

Elle  est  à  4  lieues  de  Caen,  5  lieues  de  Falaise  et 
2  lieues  de  Saint-Silvin. 

Grimboscq  (Saint- Pierre  de).  Sergenterie  de  Bretteville, 
éleaion  de  Caen,  45  feux,  200  habitants,  notariat  de 
Clinchamps. 

Cette  paroisse,  située  sur  la  rivière  d'Orne  qui  la  borne 
à  l'occident  et  au  midi,  est  composée  de  terres  maigres  et 
de  mauvais  rapport.  La  forêt  de  Cinglais  en  occupe  plus 
de  la  moitié.  Il  y  a  2  hameaux  :  Lasseret,  éloigné  de 
l'église  de  près  de  5oo  pas;  et  Hue,  qui  en  est  à  une 
demi-lieue  loin.  La  cure  est  à  la  présentation  de  l'abbé 
de  Fontenay,  qui  dîme  lui  seul  ce  qu'i)  y  a  de  la  forêt  de 
Cinglais  sur  Grinboscq.  Le  curé  dîme  ce  qu'il  y  a  de 
terres  avec  les  verdages,  à  charge  de  40  livres  de  rente 
qu^il  fait  au  susdit  abbé  pour  les  deux  tiers  de  la  dîme. 


19 

La  chapelle  ou  prieuré  simple  de  Saint-Anne-d'Olivet'est 
de  son  territoire.  C'est  un  petit  bénéfice  régulier,  dépen- 
dant de  Pabbaye  du  Val-Richer,  et  possédé  par  un  de  ses 
religieux  qui  doit  24  messes  basses  par  an.  On  7  voit 
aussL  les  vestiges  du  château  d'Olivet,  autrefois  consi- 
dérable. Il  était  situé  sur  une  éminence  fort  élevée  dont 
une  partie  est  de  la  paroisse  de  Mutrécy.  Le  hameau  du 
Vieux-Grinboscq,  qui  est  à  certaine  distance  de  là,  ne 
dépend  point  de  Grinboscq,  mais  bien  de  Saint-Laurent- 
de-€x)ndel,  autre  paroisse  voisine.  La  seigneurie  de 
Grinboscq,  membre  de  la  baronnie  et  marquisat  de  la 
Motte-Cesny,  est  unie  au  duché-pairie  d'Harcourt.  Elle 
ressortit  au  bailliage  de  Falaise  pour  le  civil. 

Elle  est  à  une  lieue  et  demie  du  bourg  d'Harcourt  et 
4  lieues  de  Caen. 

Harcourt  (Saint-Sauveur  et  Saint-Mathieu).  Duché- 
pairie,  bourg,  chef-lieu  de  sergenterie  sous  le  nom  de 
Thury,  élection  de  Falaise,  généralité  d'Alençon,  120 
feux,  600  habitants,  lieu  de  notariat. 

Ce  lieu,  connu  autrefois  sous  le  nom  de  Thury,  a  été 
pris  par  quelques-uns  pour  Yaugustodurum  des  tables  de 
Peutinger,  que  d'autres  ont  placé  au  bourg  de  Thorigny, 
et  qui  était  plus  vraisemblablement  au  village  de  Vieux, 
au-dessus  de  Caen. 

Le  bourg  d' Harcourt,  situé  sur  la  rivière  d'Orne,  est 
presque  environné  d'une  chaîne  de  montagnes  d^oti  Ton 
tire  de  l'ardoise  presque  aussi  estimée  que  celle  d'Anjou. 
Il  y  a  de  très  belles  halles,  un  poids-le-Roy,  et  une 
ancienne  haute  justice  ressortissante  par  appel  du  Parle- 
ment de  Rouen.  Le  marché  s'y  tient  tous  les  samedis,  et 
7  foires  par  an  ;  savoir  :  le  second  mardi  de  carême  et 
le  mardi  de  la  semaine  des  Rameaux^  les  premiers  mardis 


20 


de  mai  et  de  juillet,  le  22  septembre,  et  dure  2  jours,  le 
mardi  de  la  dernière  semaine  d^octobre  et  le  mardi  diaprés 
les  fêtes  de  Noël.  Les  habitants  ne  sont  sujets  qu^à  4  deniers 
de  coutume  pour  et  au  lieu  du  treizième.  Ils  tiennent 
en  franche  bourgeoisie,  n^  ayant  que  40  jours  de  retrait. 
Leur  principal  commerce  consiste  dans  la  tannerie  des 
cuirs.  A  trois  quarts  de  lieue  du  bourg,  il  y  a  de  très 
bonnes  mines  de  fer  et  en  assez  bonne  quantité,  et  dans 
les  environs,  plusieurs  fontaines  d^eaux  ^minérales  fort 
estimées. 

Le  château  de  M.  le  Duc  est  magnifique  ;  c^est  un 
mélange  de  goût  ancien  et  moderne  qui,  avec  ses 
beaux  dehors,  fixe  l'œil  des  curieux.  Il  y  a  une  chapelle 
,à  titre  de  Saint-Georges  à  la  présentation  du  Seigneur. 
Son  principal  revenu  consiste  dans  le  tiers  de  la  dîme  de 
Cesny-en-Cinglais.  La  nomination  de  la  cure  appartient 
à  Tabbé  de  Fontenay,  et  la  dîme  au  curé.  La  baronnie  de 
Thury,  possédée  d^abord  par  les  seigneurs  de  la  Roche- 
Tesson,  issus  des  comtes  d'Anjou,  fut  partagée  de  bonne 
heure,  et  portée  par  alliance  dans  les  maisons  de  Crespin, 
de  Préaux  et  de  Ferrières.  Anne  d^Aumont,  dame  de 
Thury,  du  chef  de  Françoise  de  Ferrières,  sa  mère, 
porta  sa  portion  avec  plusieurs  autres  seigneuries  à  son 
mari,  Claude  de  Montmorency,  seigneur  de  Fosseux, 
petit-fils  de  Jean  II,  baron  de  Montmorency,  grand 
chambellan  de  France.  Son  fils,  Pierre  de  Montmorency 
devint,  par  la  mort  du  comte  de  Homes,  décapité  en 
Espagne  au  mois  d^octobre  1570,  chef  du  nom  et  des 
armes  de  son  illustre  maison.  Ce  fut  en  sa  faveur  que  le 
roi  Henri  III  érigea  la  baronnie  de  Thury  en  marquisat 
par  lettres  de  septembre  1578.  Ce  marquisat  était  entré 
depuis  dans  la  maison  d^Harcourt,  qui  possédait  déjà  une 
partie  de  la  terre  de  Thury.  Louis  XIV  Térigea'en  duché 


21 


SOUS  le  nom  d'Harcourt  par  leitrçs  de  novembre  1 700, 
registrées  en  la  Chambre  des  Comptes  de  Rouen,  le 
2  août  1701,  puis  en  pairie  par  autre  lettre  de  septembre 
1709,  enregistrées  le  19  août  1 710,  en  considération  des 
services  d'Henri,  marquis  d'Harcourt  Beuvron,  chevalier 
des  ordres  du  roi  et  maréchal  de  France  (i).  Le  duché 
d^Harcourt  comprend  Pancien  marquisat  de  Thury,  les 
bois  et  francs  buissons  de  Cinglais,  le  fief  et  la  seigneurie 
de  Saint-Bénin,  la  terre  et  la  seigneurie  de  Pont-d'Ouîlly, 
la  fieferme  de  Croisilles,  unie  au  marquisat  de  Thury,  la 
terre,  seigneurie  et  marquisat  delà  Motte-Harcourt,  avec 
les  bois  de  la  Motte  et  de  Grinboscq  qui  en  dépendent, 
les  terres  et  seigneuries  de  Saint-Martin-de-Salon,  celles 
de  Beauvoir  et  de  Châtelier  avec  tous  les  droits,  préro- 
gatives et  mouvances  qui  leur  appartiennent.  Il  est  possédé 
aujourd'hui  par  Anne-Pierre  d'Harcourt,  duc  d'Har- 
court,  pair  de  France,  chevalier  des  ordres  du  roi,  lieu- 
tenant de  ses  armées  et  de  la  province  de  Normandie, 
gouverneur  du  vieux  Palais  de  Rouen  et  des  ville,  cita- 
delle et  souveraineté  de  Sedan,  garde  de  Toriflamme,  etc. 
Le  bourg  d'Harcoun  est  entre  les  2  villes  de  Caen 
et  de  Falaise,  à  5  lieues  de  distance  de  Tune  et  de  Tautre. 

Laise-la-Ville  (Notre-Dame  de).  Sergcnterie de Brette- 
ville,  élection  de  Caen,  5o  feux,  notariat  de  Qinchamps. 

Cette  paroisse  est  située  sur  la  rivière  de  Laise,  dont 
elle  a  emprunté  le  surnom  qui  s'écrit  en  différentes 
façons.  Laize,  Laise  ou  Lèze.  Outre  le  gros  delà  paroisse, 
il  y  a  6  hameaux,  savoir  :  le  bout  aux  Garniers,  le  bout 
Seline,  le  bout  aux  Paugers,  les  Hommais,  le  bout  de 
Gacey  et  la  Chesnée.  Le  chanoine  de  Laise,  fondé  en 

(i)  Histoire  des  grands  officiers  de  la  Cour,  t.  V,  p.  114. 


22 

réglise  métropolitaine  de  Rouen,  nomme  de  plein  droit 
à  la  cure.  Il  prétend  avoir  et  exerce  même  une  juridiction 
quasi  épiscopale  sur  cette  paroisse.  Il  y  a  son  of&cial  et 
son  promoteur.  Les  grosses  dîmes  appartiennent,  les  deux 
tiers  à  ce  chanoine,  le  surplus  au  curé.  Il  n^y  a  qu^un 
seul  fief  relevant  du  roi,  qui  est  ès-mains  du  chanoine  de 
Laise  qui,  pour  cette  raison,  se  dit  seigneur  temporel  et 
spirituel  du  lieu. 

Elle  est  à  2  lieues  un  quart  deCaen,  à  trois  quarts  de 
lieue  de  Bretteville-sur-Laise  et  à  3  lieues  d^Harcourt. 

Martainville  (Saint-Silvin  de).  Ser^enterie  de  Thury, 
élection  de  Falaise,  34  feux,  notariat  de  Thury. 

Cette  paroisse  contient  4  hameaux  :  le  haut  de 
Martaiaville,  les  Bouillons,  la  Rabotière  et  le  Parc. 
M.  Philippe  de  la  Haye,  écuyer,  seigneur  et  patron  de 
Martainville,  présente  à  la  cure.  Les  dîmes  sont  en  con- 
testation  entre  le  curé  et  une  abbaye. 

Elle  est  à  3  lieues  de  Falaise  et  à  une  petite  lieue  du 
Bois-Halbout. 

Meslay  (Saint-Celerin  de).  Sergenterie  de  Tournebu, 
élection  de  Falaise,  70  feux,  140  communiants,  notariat 
de  Tournebu. 

Elle  n^est  arrosée  que  par  un  petit  ruisseau  qui  prend 
sa  source  dans  les  bois  de  ce  lieu.  Le  terroir  en  est  très 
mauvais,  dont  environ  100  acres  de  mauvais  bois  et 
bruyères,  et  140  de  terres  labourables.  Elle  est  sur  le 
chemin  de  Harcourt  à  Falaise.  Les  hameaux  du  haut 
Meslay  et  le  fiisson  et  quelques  maisons  éparses  çà  et  là 
forment  la  demeure  de  ses  habitants.  Messire  Joseph 
Blessebois,  écuyer,  sieur  du  Veaugrou  en  est  seigneur  et 
présente  à  la  cure.  Il  a  une  chapelle  domestique  fondée  à 


23 

son  château.  Son  fief  dépend  suzerainement  du  duché 
d^Harcourt.  La  dîme  appartient  au  curé. 

Elle  est  à  3  lieues  de  Falaise  et  à  une  lieue  d^Har- 
court. 

Mesnit-Tou/ray  (Saint-Martin  de).  Sergentcrie  de 
Tournebu,  élection  de  Falaise,  33  feux,  notariat  de 
Bretteville. 

Elle  est  sur  la  rivière  de  Laize.  La  nomination  de  la 
cure  est  attachée  à  la  seigneurie,  et  la  dîme  à  la  cure.  Dé- 
cimateur,  le  curé. 

Robert  de  Fontenay,  seigneur  du  Mesnil-Tousfray,  est 
cité  dans  les  Échiquiers  de  Normandie  tenus  à  Rouen  es- 
années  1 336-1 344  et  1 347.  Il  bailla  aveu  le  27  mars  1 371 
pour  la  seigneurie  de  Mesnil-Tousfray  en  la  vicomte  de 
Falaise,  pour  le  fief  de  la  Charbonnière  en  la  vicomte  de 
Bayeux,  et  pour  le  fief  du  Buisson  en  la  vicomte  de  Caen. 
Ses  armes  sont  :  écartelé  d'or  et  de  gueules  et  endenté  de 
Tun  en  l'autre.  Jeanne  de  Fontenay,  dame  du  Mesnil- 
Tousfray,  épousa  Jean,  sire  de  Tournebu,  père  d'Alix, 
dame  et  baronne  de  Tournebu  et  du  Mesnil-Tousfray, 
mariée  en  1452  à  Jean  deThères  (i). 

Elle  est  à  3  lieues  et  demie  de  Falaise,  une  de  Bois*Hal- 
bout. 

M.  d'Angerville  d'Aurchy  [d'Orcher],  seigneur  et 
patron. 

Moulines  (Saint-Georges  de).  Sergenterie  de  Tournebu, 
élection  de  Falaise,  5o  feux,  notariat  de  Tournebu. 
Elle  est  arrosée  par  deux  ruisseaux  qui  se  réunissent  à 

(i)  La  terre  passa  à  M.  de  LaloDgny  d'Urville,  et  leur  droit  à 
M.  d'Orchey  d^Angerville,  beau-frère  de  M.  de  Mondrainville. 


24 

la  rivière  de  Laise  à  rextrémité  de  son  territoire.  La 
seigneurie  relève  de  la  baronnie  de  Tournebu.  La  présen- 
tation de  la  cure  appartient  à  Tabbé  de  Barbery. 
Elle  est  à  3  lieues  de  Falaise. 

Mousse  (Saint-Mathieu  de  la)^  villa  de  Mossa  ou  de 
Mossia.  Sergenterie  de  Thury,  élection  de  Falaise, 
lo  feux,  35  habitants,  notariat  de  Thury. 

Son  territoire  a  très  peu  d^étendue  ;  il  ne  contient  que 
90  arpents  de  terre  à  labour,  et  3o  de  vignons,  coteaux  et 
rochers.  Il  y  a  plusieurs  sources  d'eau  minérale  dont  les 
médecins  ont  fait  usage  avec  succès.  On  y  tire  de  la  mine 
de  fer  qu^on  transporte  à  la  grosse  forge  de  Damvou. 
L^abbé  du  Val  présente  à  la  cure,  et  le  curé  en  perçoit  les 
dîmes.  Le  chœur  de  Téglise,  à  en  juger  par  la  maçonnerie 
anglaise,  paraît  être  du  xi*  ou  du  xii^  siècle.  La  nef  a  été 
rebâtie  il  y  a  environ  24  ans,  et  diminuée  à  cause  de  Fin* 
suffisance  de  ses  habitants.  Il  n^  a  qu^une  petite  cloche 
pour  le  signal  de  l'office,  laquelle  ne  pèse  pas  plus  de 
60  livres  ;  elle  est  remarquable  par  son  antiquité  et  par 
un  son  si  clair  et  si  sonore  que  quelques-uns  m'ont 
assuré  Pavoir  entendue  de  plus  d'une  lieue.  M.  le  duc 
d'Harcourt  est  seul  seigneur  de  la  Mousse  ;  elle  dépend  de 
la  haute  justice  d'Harcourt.  On  dit  qu'on  y  a  tenu  les 
marchés,  foires  et  hautes  justices  de  ce  bourg,  alors  nommé 
Thury,  pendant  une  maladie  épidémique  qui  le  désolait. 

Elle  est  à  une  lieu  au  midi  d'Harcourt,  à  2  lieues  de 
G>ndé«sur*Noireau,  à  4  lieues  de  Falaise  et  à  6  lieues  de 
Caen. 

Moutiers  (Notre-Dame  et  SaintJean  des).  Sergenterie 
de  Croisilles,  élection  de  Caen,  60  feux,  notariat  de 
Clinchamps. 


25 

Cette  paroisse  est  bornée  au  levant  par  la  forêt  de  Cin* 
glais  et  au  couchant  par  la  rivière  d^Orne.  Les  Moutiers, 
monastérta,  a  pris  son  nom  sans  doute  de  plusieurs* 
églises  qui  étaient  autrefois  en  ce  lieu.  Le  livre  Pelut,  de 
rÉvéché,  rédigé  vers  1 35o,  en  distingue  deux  qui  existaient 
alors  :  Pune  desservie  par  un  religieux^  à  la  nomination 
de  Pabbé  et  ilu  couvent  du  Val  ;  l'autre,  à  celle  de  Pabbé 
de  Lonlay.  Aujourd'hui,  la  première  n^est  plus  qu^une 
chapelle  ou  prieuré  simple  sous  le  titre  de  la  sainte 
Vierge;  la  seconde  est  l'église  paroissiale  à  laquelle 
présente  l'abbé  de  Lonlay.  Elle  est  à  une  lieue  et  demie 
d'Harcourt,  et  à  4  lieues  de  Caen. 

Mutrécy  (Saint-Honorine  et  Saint-Clair  de).  Sergen- 
terie  de  Bretteville,  élection  de  Caen,  190  communiants, 
notariat  de  Clinchamps. 

Cette  paroisse  est  située  sur  la  rivière  d'Orne  qui  la 
baigne  l'espace  d^une  bonne  demi-lieue,  c'est-à-dire 
depuis  le  bac  du  Coudray  jusqu'au  ruisseau  de  Coupe- 
Gorge,  autrement  le  ruisseau  de  Saint«Anne,  à  cause  du 
voisinage  d'une  chapelle  du  même  nom.  Cette  chapelle, 
bâtie  dans  une  prairie,  entre  deux  coteaux,  sur  le  bord  de 
l'Orne,  était  &meuse  autrefois  par  une  assemblée.  Mu- 
trécy, dans  la  grande  largeur,  est  à  peu  près  d'une  demi- 
lieue,  sur  une  lieue  de  longueur  du  nord  au  sud.  Il  y  a 
2  hameaux  :  l'un  surnommé  des  Huets,  qui  la  sépare  de 
Saint-Laurent-de-Condel  ;  l'autre,  de  la  Vallée  qui  est 
dans  un  fond.  Cette  paroisse  en  général  forme  un  terri- 
toire peu  fécond  mais  charmant  pour  la  variété  de  la 
promenade.  On  y  trouve  une  belle  rivière,  des  prairies, 
des  bois  taillis,  des  coteaux  tantôt  rudes  et  affreux, 
untôt  nus  et  quelquefois  couverts  de  broussailles  ;  en  un 
mot,  il  n'est  guère  de  lieu  plus  agréable  en  été  et  moins 


26 

hideux  en  hiver.  L'église,  située  à  peu  près  aux  deux 
tiers  de  sa  longueur,  a  une  tour  octogone  en  pierres  de 
taille  qui  fut  bâtie  en  1756.  M.  Pierre-Louis-Augustin 
Hûe,  écuyer,  seigneur  et  patron  de  Mutrécy,  présente  à 
la  cure.  Toute  la  dîme  appartient  au  curé,  à  l'exception 
d'un  canton  nommé  les  Ruaudes  ou  Rioudes^  dont  les 
religieux  de  Fontenay  sont  décimateurs.  La  maison  du 
seigneur  est  environ  à  un  quart  de  lieue  de  l'église  ;  il  7  a 
une  chapelle  domestique.  Il  part  de  là  une  avenue  qui 
conduit  au  bac  du  Coudray,  ornée  de  bois  taillis  des 
deux  côtés.  Son  principal  fief  est  Mutrécy.  Il  en  a  en 
main  trois  autres  qui  en  dépendent  :  Bordeaux,  Chièvre 
et  d^Aumont,  et  deux  extensions,  Tune  dans  Grinboscq, 
l'autre  dans  Espins  ou  les  Pins.  La  seigneurie  est  selon 
quelques  titres,  un  fief  de  haubert,  et  selon  d'autres,  un 
demi-hauben  seulement. 
Elle  est  à  3  lieues  au  sud  de  Caen. 

Pierrejltte  (Saint-Pierre  de).  Sergenterie  de  Thury, 
élection  de  Falaise,  92  feux. 

Cette  paroisse  est  bordée  en  partie  par  des  rochers  et 
2  ruisseaux  qui  vont  de  là  se  perdre  dans  TOrne  (i). 
Il  y  a  une  manufacture  de  verre  dans  ce  lieu.  La  cure  est 
divisée  en  2  portions  qui  sont  à  la  nomination  du 
seigneur.  M.  Pierre-Claude*René-Henri  de  Mathan  est 
seul  seigneur  et  patron  des  2  cures  ;  l'une  au  droit  de 
ses  ancêtres,  Tautre  par  acquisition  faite,  il  y  a  plus  de 
60  ans,  de  Marc  de  Pierrefitte.  11  forme  la  branche 
aînée  de  la  maison  de  Mathan,  et  descend  au  2o«  degré  de 


(1)  Ce  village  et  celui  de  Villers-Canivet  sont  remarquables  par  la 
défaite  du  comte  de  Brissac,  général  de  la  ligue.  Hist  de  Norm-, 
t*  V,  p.  269.  Masseville. 


27 

filiation  de  Jean  de  Mathan,  chevalier  banneret,  qui 
suivit  le  duc  Robert  de  Normandie,  en  1 096,  à  la  conquête 
de  la  Terre  Sainte.  II  épousa,  en  17 5a,  Marie-Henriette 
Le  Berçeur  de  Fontenay,  fille  et  héritière  en  partie  de 
René  Le  Berçeur,  marquis  de  Fontenay,  et  de  Charlotte 
Henriette  de  Malherbe. 

Elle  est  à  une  lieue  et  demie  du  Pont-d^Ouilly  et  à 
3  lieues  de  Falaise. 

Pins  ou  Espins  (Saint-Pierre  des)  de  Espinis.  Sergen- 
terie  de  Tournebu,  élection  de  Falaise,  69  feux,  notariat 
de  Clinchamps. 

L^abbé  du  Val-Richer  nomme  à  la  cure.  Robert  Tesson, 
chevalier,  second  fils  d^Ernest,  donna  en  faveur  de  Saint- 
Bernard,  abbé  de  Qairvaux,  à  l'abbaye  du  Val-Richer  (  i  ) , 
le  patronage  de  Saint-Pierre-des-Pins,  excepté  la  troisième 
gerbe  de  la  dîme,  que  percevaient  déjà  les  lépreux  de 
Saint-Jacques  du  Bois-Halbout,  et  confirma  par  une 
chartre  de  1 199  ce  qu^Eudes,  son  oncle,  avait  aumône  au 
Val-Richer.  La  seigneurie  appartenait,  en  1 708,  à  Ber- 
nard-Baptiste Beaudoin,  écuyer,  seigneur  et  patron  des 
Pins  (2).  Pour  faire  recevoir  la  même  année,  à  Saint- 
Cyr,  Madeleine-Elisabeth  Beaudoindes  Pins,  qu^il  avait 
eue  de  son  mariage  avec  demoiselle  Marie-Anne  Belette, 
il  établit  par  titres  les  preuves  de  sa  noblesse  depuis 
Pierre  Beaudoin,  son  quatrième  aïeul,  seigneur  d^Aizi, 
qualifié  du  titre  de  noble  et  éctiyer  au  mois  d^avril  1 32 1 . 
Bernardin  Beaudoin  était  sieur  des  Pins  en  1726.  Ses 
armes  sont  :  d'azur,  au  chevron  d'argent  accompagné  en 
chef  de  2  roses  de  même,  et  en  pointe  de  3  trèfles  d'argent 

(i)  Hist,  Harc,^  t.  I,  p.  3a  1. 

(i)  Armoriai  général di  la  France.  Reg.  I,  \^  partie,  p.  5a. 


•   28 

posés  2  et  I,  et  une  fleur  de  lis  d^or  placée  au  milieu  de 
reçu. 

Elle  est  à  une  demi*lieue  du  Bois-Halbout,  une  lieue 
d^Harcourt  et  3  lieues  et  demie  de  Caen. 

Placy  (Saint-Martin  de).  Sergenterie  de  Tournebu, 
élection  de  Falaise,  42  feux,  127  habitants. 

Elle  n'est  arrosée  que  par  un  petit  ruisseau  qui  vient  de 
Cesny  et  des  Pins.  Il  y  a  5  hameaux,  la  Ville,  les  Hayes, 
Gournay,  Courgenét  et  les  Moulins.  Partie  de  la  paroisse 
dépend  du  siège  de  Falaise,  partie  de  la  haute  justice 
d^Harcourt.  L^abbé  du  Val  présente  à  la  cure.  La  moitié 
des  grosses  dîmes  appartient  à  ses  religieux,  Tautre  moitié 
est  possédée  par  quart  par  le  curé  et  le  trésor.  Montenay 
est  le  fief  dominant  de  la  paroisse  ;  il  relève  de  M.  le  duc 
d^Harcourt  ;  il  est  ès-mains  de  M.  Jacques-Charles-Siméon 
de  Thibout,  écuyer,  seigneur  de  Placy. 

Elle  est  à  une  lieue  du  bourg  d'Harcourt. 

Pommeraye  (Notre-Dame  de  la) .  Sergenterie  de  Thury, 
élection  de  Falaise,  34  feux. 

Cette  paroisse  est  appelée  dans  d^anciens  titres  Ecclesia 
de  Castro  Pommeriœ,  Plusieurs  ruisseaux  y  prennent  leur 
source.  Un  entre  autres  qui  va  se  perdre  dans  la  rivière 
d^Orne,  en  la  paroisse  de  Saint-Pierre-du-Bô.  Elle  est  dans 
un  fond,  au  pied  d'une  haute  montagne  sur  laquelle  il  y  a 
une  chapelle  de  Saint-Clair  fort  célèbre.  Il  s'y  tient  tous  les 
ans,  le  lendemain  de  ce  saint,  une  foire  dont  les  droits 
appartiennent  aux  religieux  du  Val.  Ils  y  disent  la  messe 
le  jour  de  la  fête  et  le  dimanche  précédent  seulement.  Le 
curé,  à  la  nomination  de  Pabbé  du  Val,  perçoit  les  dîmes 
de  sa  paroisse.  M.  Du  val,  bourgeois  de  Falaise,  en  est 
seigneur.  C'est  de  là  qu'était  Gosselin,  chevalier,  seigneur 


29 

de  la  Pommeraye,  baron  de  la  Motte-Cesny  en  Cinglais, 
que  l'historien  de  la  maison  d'Harcoun  qualifie  de  fon- 
dateur de  Tabbaye  du  Val,  du  prieuré  de  Saint-Nicolas- 
de-Buron,  et  de  Thôpital  du  Bois-Halbout  (i).  Sa  riche 
succession  entra  par  alliance  dans  les  maisons  de  Tour- 
nebu,  de  Tilly  et  d'Harcourt. 

Elle  est  à  3  lieues  de  Falaise  et  à  2  petites  lieues  du 
bourg  d^Harcourt. 

SainUChristophe-sur-Ome.  Sergenterie  de  Thury, 
élection  de  Falaise,  12  feux. 

Elle  est  située  sur  la  rivière  d^Orne,  qui  la  borne  au 
midi  et  au  couchant.  Elle  a  pour  limites,  entre  le  midi  et 
le  levant,  un  chemin  qui  va  du  Pont-d^Ouilly  à  Ouilly- 
le-Basset,  diocèse  de  Séez,  et  au  septentrion  le  ruisseau 
des  Vaux,  qui  la  partage  d'avec  Pierrefitte.  Le  curé  est  à 
la  présentation  du  prieur  commendataire  de  Saint-Nicolas 
de  la  Chesnaye,  près  Bayeux,  et  la  dîme  au  curé.  Parmi 
les  anciens  seigneurs  de  Saint-Christophe,  on  compte  le 
seigneur  de  Fontaine  (dominus  de  Fontibus]  en  1 35o  (2). 
Jean  de  Saint-Germain,  sieur  de  Rouverou,  d'Ouilly-'le- 
Basset  ès-années  1 587-1616.  Aujourd'hui,  M.  le  duc 
d^Hareourt  est  seigneur  de  presque  toute  la  paroisse. 

Elle  est  à  3  lieues  de  Falaise  et  à  un  quart  de  lieue  du 
Pont-d'Ouilly. 

Saint-Germain-Langot.  Sergenterie  de  Thury,  élection 
de  Falaise,  1 02  feux. 
La  rivière  de  Laize  prend  sa  source  dans  cette  paroisse 


(i)  Hist,  HarCf  1. 1,  p.  801. 

(a)  Lib.  Pelut.  —  Rég.  épisc.  Bajocensis. 


30 

et  après  un  cours  de  4  lieUes  elle  va  se  jeter  dans  l'Orne, 
au-dessus  de  Caen,  auprès  de  Fontenay-PAbbaye. 
L'abbesse  de  Villers-Canivet  nomme  à  la  cure. 

Pierre  d^Ar^ences,  seigneur  de  Saint-Germain-Langot, 
descendait  de  Richard,  seigneur  d^Argences  qui  présida 
à  TEchiquier  de  Rouen,  année  121 3,  avec  Henri  de 
Neubourg  et  autres  seigneurs  (i).  Lui  ou  quelqu^un  de 
sa  postérité  retint  le  nom  de  Saint-Germain,  qu'il  transmit 
à  ses  enfants.  Michel  de  Saint-Germain,  seigneur  de 
Saint-Germain-Langot,  n'eut  que  des  filles  de  Stévenotte 
Le  Veneur,  sa  femme  (2).  Marie,  Paînée,  dame  de  Saint- 
Laurent-en-Caux,  épousa  Gui  d'Harcourt,  baron  de 
Beuvron;  une  autre,  un  seigneur  d'OilIiançon  d'une 
maison  originaire  d'Ecosse,  auquel  elle  apporta,  au  milieu 
du  xvi^  siècle,  la  terre  Saint-Germain-Langot.  C'est  d'eux 
que  descendait  Tcnneguy  d'Oilliançon  (3),  seigneur  de 
Saint-Germain-Langot,  par  son  père,  et  de  Possé  par 
N.  Tiercelin,  sa  mère;  lequel  épousa,  vers  1600,  Renée 
de  Pellevé,  fille  de  Nicolas,  comte  de  Fiers,  et  d'isabeau 
de  Rohan,  vicomtesse  deCondé-sur-Noireau.  Ses  descen- 
dants possèdent  encore  la  terre  de  Saint-Germain  en  titre 
de  marquisat. 

Elle  est  à  2  lieues  de  Falaise  et  2  lieues  et  demie  du 
Pont^'Ouilly. 

Saint'Germain-le-Vasson.  Sergenterie  de  Tournebu, 
élection  de  Falaise,  74  feux,  notariat  de  Bretteville-sur- 
Laize. 

Cette  paroisse,  située  sur  la  rivière  de  Laize,  relève 


{i)Hist,Harc.,  1. 1,  p.  Sgi. 

(a)  Dict.  de  Moréri,va  mot  Harcourt. 

(3)  Hist,  des  grands  qffic,  t.  U,  p.  87. 


31 

partie  du  baillîagede  Falaise,  partie  du  duché  d^Hdrcourt. 
L'église  est  presque  au  milieu  de  son  territoire.  Saint- 
Germain,  évêque  d'Auxerre,  est  son  premier  patron, 
Saint-Marcoul,  abbé,  son  second.  La  cure  es;  à  la  nomi- 
nation de  M.  Bernard-Hector  de  Cauvigny  de  Bouton- 
villiers,  seigneur  de  Saint-Germain,  chevalier  de  Tordre 
militaire  de  Saint-Louis,  capitaine  de  cavalerie  au  régi- 
ment Dauphin-Étranger.  Guillaume  d'Argences  en  était 
seigneur  en  i35o  (i)  et  Richard  LeCloustier  en  1462. 
Les  religieux  de  Tabbaye  de  Saint*Evroult  ont  les  deux 
tiers  de  la  grosse  dîme,  Tautre  tiers  appartient  au  curé.  Il 
y  a  un  petit  canton  exempt  de  dîme  comme  étant  du 
domaine  du  Bois-Halbout.  Il  y  a  un  petit  village  aux 
environs  de  Péglise  qui  forme  environ  29  ou  3o  feux. 
Au  midi  est  le  hameau  de  Fontaine-les-Rochers,  avec 
un  fief,  séparé  de  Téglise  par  une  bruyère.  Une  belle  fon- 
taine qui  y  prend  sa  source  et  plusieurs  gros  rochers  lui 
donnent  le  nom.  Il  contient  environ  24  feux,. plus d^un 
tiers  de  la  paroisse,  et  la  meilleure  terre.  Au  nord,  est  le 
hameau  de  la  Londe  qui,  avec  le  village  d^Angoville,  et 
le  fief  du  Mesnil-Manicier  appartenant  à  M.  de  Mar- 
guérit,  écuyer,  composent  19  feux.  A  Poccident,  de 
Tautre  côté  de  la  rivière  de  Laize,  à  Textrémité  de  la 
paroisse,  sont  la  maison  et  le  fief  de  Livet,  avec  une  cha- 
pelle domestique,  appartenant  à  M.  Louis*Charles- 
François  de  Cauvigny  de vDaudement,  frère  du  seigneur 
de  Saint-Germain.  Le  côté  de  l'orient  n'est  composé  que 
de  terres  à  labour,  d'anciennes  carrières,  de  bruyères,  et 
de  3  maisons  détachées.  La  seigneurie  de  Saint-Germain* 
le-Vasson  est  un  fief  de  chevalier  relevant  du  roi. 


(i)  L.  Pdut  —  R.  du  Moustier. 


32 

Elle  es$  à  4  lieues  de  Caen,  à  3  lieues  de  Falaise,  et  à 
plus  d^une  lieue  du  marché  du  Bois-Halbout. 

SainUOmer.  Sergenterie  de  Tbury,  élection  de  Falaise, 
82  feux,  notariat  de  Thury. 

Cette  paroisse,  située  dans  un  fond,  est  limitrophe  de 
la  haute  butte  de  Saint-Clair-de^la-Pommeraye,  d'oti  part 
un  ruisseau  qui  traverse  son  territoire  et  va  se  perdre 
dans  rOrne.  Elle  est  décorée  d^une  abbaye  de  chanoines 
réguliers,  dont  je  vais  parler  d-aprës.  Son  abbé,  seigneur 
temporel,  présente  à  la  cure  qui  est  en  règle  ;  il  en  perçoit 
les  dîmes.  La  qualité  de  seigneur  de  Saint-Omer  fut  con- 
testée en  1439,  à  cette  abbaye,  par.  Jacques,  baron  de 
Tournebu  et  Pierre,  son  frère,  qui  représentaient  les 
fondateurs  (i).  Les  arbitres  nommés  donnèrent,  le  16  juil- 
let de  la  même  année,  une  sentence  à  Pavantage  de  ce 
monastère  ;  ils  lui  adjugèrent  le  revenu  entier  de  ce  fief 
tel  qu'il  avait  été  aumône  par  les  fondateurs.  Ce  qui  fut 
ratifié  en  même  temps  par  les  susdits  seigneurs. 

Elle  est  à  7  lieues  de  Caen  et  à  3  lieues  de  Condé-sur* 
Noireau. 

L^abbaye  de  Notre-Dame-du-Val,  de  Tordre  des  cha- 
noines réguliers  de  Saint- Augustin,  est  sur  la  paroisse  de 
Saint-Omer.  Arthur  du  Moustier  croit  qu'elle  fut  fondée 
en  II 55.  Il  se  trompe.  Richard  de  Douvres,  évêquede 
Bayeux,  en  ratifiant  dès  11 25  une  donation  faite  à  cène 
abbaye  par  Gosselin,  seigneur  de  la  Pommeraye,  dé- 
montre qu'elle  est  plus  ancienne.  .Ce  seigneur  de  la 
Pommeraye  est  qualifié  fondateur  dans  les  Chartres  de 
réglise  de  Bayeux  ;  Pétronille,  qui  était  peut-être  sa 
femme,  porte  la  même  qualité  dans  le  nécrologe  de 

(I)  Hist.  Harc,  t.  I,  p.  788. 


35 

Pabbaye  de  Silly.  Les  barons  de  Tournebu,  représentant 
le  seigneur  de  la  Pommeraye,  auquel  ils  avaient  succédé 
par  alliance,  ratifièrent  aussi  la  fondation  de  cette  abbaye 
et  lui  firent  du  bien  en  différents  temps.  Algaire,  évêque 
de  Coutances,  rédigea  la  règle  et  les  constitutions  pour  les 
chanoines  réguliers  qui  y  avaient  été  appelés.  Le  malheur 
des  temps  apporta  par  la  suite  un  grand  relâchement  dans 
la  discipline  et  les  moeurs  de  ces  religieux.  Le  célèbre 
abbé  de  la  Trappe,  Armand-Jean  LeBouthilierde  Rancé, 
qui  tenait  cette  abbaye  en  commande»  tenta  d^y  faire 
entrer  la  réforme  ;  les  difficultés  de  Touvrage  le  rebutèrent, 
il  s^en  démit  en  1662  en  faveur  de  Nicolas  Druel  qui  fut 
plus  heureux.  Celui-ci  ayant  embrassé  la  réforme  de  la 
congrégation  de  Friardel  en  1676,  sut  la  faire  prendre 
aussi  à  ses  religieux,  et  fit  changer  de  face  entièrement  à 
son  abbaye. 

L^àbbé  du  Val  nomme  à  19  bénéfices  cures,  dont  il  y 
en  a  12  qui  sont  en  règle. 

Saint'Rémy»sur'Orne  (parochia  Sancti  Remigii  4e 
Olina],  Sergenterie  de  Thury,  élection  de  Falaise, 
90  feux. 

Cette  paroisse  est  bornée  d'un  côté  par  la  rivière  d'Orne, 
et  de  Tautre  par  le  ruisseau  de  la  Planche-Goubout. 
C'est  là  où  est  le  bateau  de  Cantepie,  et  oti  viennent 
débarquer  celui  de  la  Landelle,  de  la  paroisse  de  Clécy, 
et  celui  du  Pont-de-la- Mousse,  de  la  paroisse  de  Culey-le- 
Patry.  Elle  relève  de  la  haute  justice  d'Harcourt  et  consiste 
presque  toute  en  buttes,  d'oii  Ton  tire  de  la  mine  de  fer. 
14  villages  partagent  son  territoire  :  la  Serverie,  les 
Bassets,  les  Bins,  la  rue  de  Bailly,  la  Méheudière,  la 
Bouriennière,  la  Muloisière,  la  Hercerie,  Delaunay,  la 
Maraudière,  le  Pont-de-la-Mousse,  le  Nid-de-Chien^  la 

3 


34 

Pivantière  et  la  Jenière.  Le  seigneur  de  Saint- Rémy 
présente  à  la  cure  de  laquelle  dépendent  toutes  les 
dîmes.  Philippes  de  Courcelles,  écuyer,  seigneur  de 
Saint-Rémy,  est  mentionné  en  un  contrat  de  Tan  1 5 1 3  (  i  ). 
.  Louis,  seigneur  de  Saint-Rémy,  son  fils,  épousa,  en 
i533,  Jacqueline  du  Val.  Jacques  de  Courcelles,  seigneur' 
de  Saini-Rémy,  et  Vincent  leurs  enfants  firent  des  par- 
tages en  i568.  L^aîné  fut  Claude,  seigneur  de  Saint- 
Rémy.  Nicolas  de  Vassy,  seigneur  et  patron  de  Saint- 
Rémy,  nomma  à  la  cure  en  1 576  ;  Guillemette  de  Vassy 
son  héritière  en  1612  (2).  Elle  était  alors  veuve  dq  Jean 
de  Saint-Germain,  seigneur  de  la  Selle^  gentilhomme 
ordinaire  de  la  chambre  du  roi.  Nicolas  de  Croisilles, 
conseiller  du  roi  en  son  Conseil  d^Etat  et  privé,  seigneur 
de  Moulines  et  de  Saint-Rémy  y  nomma  en  i63i  ;  Anne 
de  Tuffan,  sa  femme,  tutrice  de  ses  enfants,  en  i633.  Ces 
enfants  étaient  Nicolas  de  Croisilles,  conseiller,  au- 
mônier du  roi,  abbé  commendataire  de  Notre-Dame  de 
Fontaines-les-Blanches,  et  Simon  de  Croisilles,  qui 
succédèrent  en  1647  ^^^  biens  de  feu  leur  père.  Aujour- 
d'hui, le  seigneur  de  Saint-Rémy  est  M.  Pierre  François 
de  Lesdain,  chevalier,  seigneur  de  la  Chalerie,  chevalier 
de  rOrdre  militaire  de  Saint-Louis,  gouverneur  des 
ville  et  château  de  Domfront,  lieutenant  de  MM.  les 
maréchaux  de  France. 
Elle  est  à  une  lieue  et  demie  du  bourg  d'Harcourt. 

Tournebu  (Saint-Hilaire  de).  Bourg,  baronnie,  chef- 
lieu  de  sergenierie,  élection  de  Falaise,  109  feux, 
3oo  communiants,  lieu  de  notariat.  Les  paroisses  en 

(i)  Hist,  HarCf  t.  I,  p.  997. 
(2)  Reg.  du  sec.  de  l'Évêché. 


ÎS 

dépendantes  sont  :  Âcqueville,  Meslay»  Cingal,  Cesny, 
Fontaine-Halbout,  Moulines,  Martainville,  Combray  et 
Donnay. 

Elle  est  située  sur  la  rivière  de  Laize.  Les  maisons  qui 
sont  autour  de  Téglise  forment  le  bourg;  le  village  du 
Mesnil,  les  hameaux  des  Houles,  du  Val,  de  Clairtison, 
du  Boisfradel^  de  la  Haye-Percey  composent  son  terri» 
toire.  Il  y  a  un  très  ancien  château  entouré  de  fossés. 
L'abbé  du  Val  présente  à  la  cure  à  laquelle  appartiennent 
les  dîmes.  Le  curé  qui  est  chanoine  de  Tordre  de  Saint- 
Augustin,  prend  le  titre  de  prieur-<uré.  Le  patronage  et  la 
dîme  de  Tournebu  sont  une  aumône  faite  à  Tabbaye  du 
Val,  par  Guillaume  II,  seigneur  de  Tournebu  et  de  Mar- 
bœuf,  depuis  ratifiée  par  Jean  de  Tournebu,  son  fils, 
vers  1260.  La  sergenterie  de  Tournebu  contient  23  pa- 
roisses ;  20  sont  de  l'élection  de  Falaise,  généralité  d' Alen- 
çon,  les  3  autres  de  Téleaion  et  généralité  de  Caen  ; 
partie  de  ces  paroisses  dépend  de  l'évéché  de  Bayeuz, 
Tautre  partie  de  Tévêché  de  Séez. 

La  seigneurie  est  un  fief  d^haubert  qualifié  d^ancienne 
baronnie,  relevant  immédiatement  du  roi,  et  dont  relè- 
vent aussi  plusieurs  paroisses,  entre  autres  :  Moulines, 
Fontaine-Halbout  et  Acqueville.  Elle  a  donné  le  nom  à 
la  maison  de  Tournebu,  Tune  des  plus  anciennes  et  des 
plus  illustres  de  la  Normandie,  dont  les  armes  sont:  d^ar- 
gentà  la  bande  d^azur.  On  remarque  que  Thomas,  baron 
de  Tournebu,  devait  service  au  duc  de  Normandie,  de 
3  chevaliers  en  chef,  et  de  17  autres  sous  lui,  à  cause  de 
20  fiefs  dont  était  composée  la  baronnie  de  Tournebu  (  r). 
Il  vivait  en  1 181.  Jean  de  Tournebu,  son  fils,  Pun  des 
chevaliers  bannerets  nommé  dans  la  liste  dressée  sous 

(1)  HisU  Harc.,  t.  I,  p.  178. 


36 

Philippe-Auguste,  vers  12 14,  devait  service  de  2  cheva- 
liers^ et  de  lui  relevaient  16  fiefs  qui  lui  devaient  service. 
Jean,  IV^du  nom,  baron  de  Tournebu  et  du  Béthomas, 
époux  de  Jeanne  de  Fontenai,  dame  du  Mesnil-Tousfrai, 
n^eut  qu^une  fille  unique  nommée  Alix,  mariée  Pan  1462 
à  Jean  de  Thère.  Ce  fut  elle  qui,  après  400  ans  de  posses- 
sion, fit  sortir  de  sa  maison  la  baronnie  de  Tournebu  (i), 
Jacques  Thesart,  II«  du  nom,  seigneur  des  Essarts  et  de 
Lasson,  chevalier  de  POrdre  du  roi,  acquit  la  baronnie  de 
Tournebu,  et  mourut  âgé  de  74  ans,  en  iSgS.  Jacques, 
III*  du  nom,  son  fils,  et  de  Renée  de  Mon  taigu,  sa  première 
femme,  fut  baron  de  Tournebu  après  son  père.  Il  laissa 
pour  fille  unique  Marguerite  Thésart,  baronne  de  Tour- 
nebu, dame  des  Essarts  et  de  Lasson,  qui  s*allia  de  Fré- 
déric Rbingrave,  puîné  des  princes  de  Salm,  mort  en 
1673  (2).  Pierre  de  Tournebu,  chevalier,  seigneur  de 
Bouges,  de  Livet  et  du  Mesnil-Eudes  (3),  réunit  à  sa 
maison  la  baronnie  de  Tournebu,  par  contrat  d'acquisi- 
tion passé  Tan  1701  avec  Guillaume-Florentin,  comte 
Rhingrave  de  Salm,  et  souverain  de  Fenestrange.  Il 
épousa,  Tan  1680,  Elisabeth  Le  Coûteux,  dont  il  eut  un 
fils,  Jean-Henri  de  Tournebu,  père  de  Marie-Pierre  de 
Tournebu,  baronne  de  Tournebu,  laquelle  est  mariée  à 
M.  Pierre-François-Jean-Baptiste  de  Bernières,  seigneur 
de  Mondrainville-Gavrus. 

Le  bourg  de  Tournebu  est  à  2  lieues  et  demie  de 
Falaise  et  4  lieues  de  Caen. 

Tréperel  (Saint-Aubin  de  Tréperel).   Sergenterie  de 
Thury,  élection  de  Falaise,  5o  feux. 

(i)  Hist.  des  grands  Offic.,  t.  II,  p.  36. 

(a)  Hist.  des  grands  Offic,,  p.  Sy. 

(3)  Dictionn.  de  Moreri,  au  mot  Tournebu. 


37 

Cette  paroisse  est  arrosée  par  le  ruisseau  des  Vaux  qui 
y  prend  sa  source  et  qui^  après  un  cours  de  cinq  quarts 
de  lieue,  va  se  perdre  dans  TOrne,  à  Saint-Christophe. 
La  nomination  de  la  cure  appartient  au  seigneur,  et  la 
dîme  au  curé.  Henri  Poret^  écuyer,  seigneur  et  patron  de 
Tréperel  et  de  Préaux,  y  présenta  en  171  o. 

Elle  est  à  2  lieues  de  Falaise  et  à  une  lieue  de  Tour- 
nebu. 

Vey  (Notre-Dame  du).  Sergenterîe  de  Thury,  élection 
de  Falaise,  49  feux. 

Cette  paroisse,  sur  la  rivière  d'Orne,  proche  Tabbaye 
du  Val  est  appelée  ecclesia  de  Vado  par  le  livre  Pclut  de 
révéché,  qui  lui  donne  pour  patrons  :  heredes  Guillelmi 
de  Mota.  Cette  terre  procédait  de  la  maison  de  Meullant, 
à  laquelle  succédèrent  ceux  de  Vassy,  à  la  représentation 
de  Jean  du  Vey,  nommé  en  un  titre  de  1379  (i).  Etienne 
du  Vey  fit  hommage  au  roi  de  sa  terre  du  Vey,  le  dernier 
mai  1398.  Il  se  trouve  une  filiation,  comme  Jean  du  Vey 
était  père  de  Guillaume,  qui  vérifia  sa  noblesse  avec 
Colin  du  Vey  son  collatéral,  seigneur  d'Esmiéville, 
en  1463,  dont  vint  Jean  du  Vey,  père  de  Christophe,  qui 
certifia  sa  qualité  devant  les  élus  de  Falaise,  en  1450.  De 
lui  vint  Jean  du  Vey,  écuyer,  licencié  ès-droits,  seigneur 
et  patron  de  l'église  paroissiale  de  Sainte-Marie-du-Vey, 
et  qui  nomma  en  cette  cure,  en  i58o.  Les  armes  de  cette 
famille  sont  :  de  sable  au  lion  la  queue  fourchue  d'argent, 
accompagné  de  3  molettes  d'or,  qui  est  de  Meullant, 
avec  la  marque  de  puinesse. 

Elle  est  à  7  lieues  et  demie  de  Caen. 


(1)  Hist.  Harc,  t.  I,  p.  1008. 


38 

Urville  (Notre-Dame  d').  Scrgentcrie  de  Tourncbu, 
élection  de  Falaise,  8i  feux,  280  communiants,  notariat 
de  Bretteville. 

Cette  paroisse  est  sur  la  rivière  de  Laize.  LMglisQ  n^est 
pas  ancienne.  L^ancienne  était  dans  Tenclos  du  château, 
à  peu  de  distance  de  là.  A  sa  place  est  une  chapelle  titu- 
laire de  Saint-Vigor,  à  la  nomination  du  seigneur.  On 
en  voit  encore  Tancîen  cimetière.  Il  y  a  contre  le  chœur 
de  la  nouvelle  une  chapelle  oti  Ton  voit  le  mausolée  et 
la  statue  du  fondateur -de  celle-ci,  lequel  est  à  genoux 
avec  ses  deux  femmes  derrière  lui.  Dans  le  même  endroit 
est  la  statue  d'un  prêtre  en  surplis,  à  genoux,  qu^on  dit 
être  le  frère  du  précédent.  La  nomination  de  la  cure  dé- 
pend de  la  seigneurie  qui  appartenait,  en  i35o,  à  Robert 
d'Urville,  qualifié  miles  par  le  livre  Pelut  de  Pévêché,  et 
la  dîme,  au  curé.  Le  même  pouillé  y  compte  deux  cha- 
pelles à  titre,  Capella  de  Brucrela,  tiCapelladeMotta- 
CerneyOy  et  les  met  à  la  nomination  du  sieur  curé, 
Rector  ecclesiœ  de  Urville.  Il  y  a  encore  une  autre  cha- 
pelle du  titre  de  Saint-Vigor  qui  fut  fondée  par  acte  du 
1 1  mai  1646,  selon  Parrét du  Parlen;ientde  Normandie  qui 
'  confirme  cette  fondation.  Aux  termes  de  Tarrét,  le  curé  et  le 
trésorier  en  charge  de  la  paroisse  d^  Urville  sont  tenus  et 
ont  droit  de  nommer  à  leur  seigneur,  patron  de  la 
chapelle,  deux  prêtres  sur  lesquels  il  en  choisit  un  pour 
le  présenter  à  M.  Pévêque  de  Bayeux  qui  lui  en  donne  le 
visa.  M.  Jean-René  Osmond,  marquis  d^Osmond,  est,  à 
cause  de  noble  dame  Marie-Anne-Thérèse  Turgot,  son 
épouse,  seigneur  et  patron  de  la  paroisse  d^Urville. 

Elle  est  à  4  lieues  et  demie  de  Caen  et  à  3  lieues  et  demie 
de  Falaise,  cinq  quarts  de  lieue  de  Saint-Silvin  et  une 
lieue  et  demie  de  Bois-Halbout. 


39 


DOYENNÉ  DE  TROARN 

An/reville  (Saint-Martin  d').  Sergenterie  de  Varaville, 
Élection  de  Caen,  90  feux,  notariat  d'Héville. 

Elle  est  sur  la  rivière  d'Orne  où  il  y  a  un  bac  qui  en 
porte  le  nom.  Sa  position  est  la  plus  charmante  par  les 
lointains,  et  les  points  de  vue  qu'on  y  découvre.  II  y  a 
7  autres  paroisses  de  même  nom  en  Normandie,  avec 
lesquelles  il  ne  faut  pas  la  confondre.  La  plus  considé- 
rable est  celle  qui  est  titrée  de  marquisat  ^d'Anfreville, 
élection  de  Carentan,  au  diocèse  de  Coutances,  et  que 
Tauteur  du  Dictionnaire  universel  de  la  France  a  placé 
par  erreur  dans  celui  de  Bayeux.  L'abbé  d'Aunay 
nomme  à  la  cure  d'Anfreville-sur-Ome.  Il  a  les  deux 
tiers  de  la  dîme  ;  le  curé  a  l'autre  tiers.  Messieurs  de 
Venoix  possèdent  depuis  un  temps  immémorial  la 
seigneurie  d'Anfreville.  Suivant  des  aveux  de  i382  et 
1387,  du  nombre  des  fiefs  relevant  de  la  baronnie  de 
Beaufou  il  y  en  avait  un  entier  de  chevalier  (i),  assis  aux 
paroisses  d'Anfreville,  Breville  et  Bavent,  duquel  fief 
Jean  de  Venoix,  écuyer  tenait  un  demi-fief  en  sa  main, 
Henri  de  Breville,  un  quart  à  Breville,  et  Raoul  Jour- 
dain, à  cause  de  sa  femme,  un  autre  quart  à  Bavent.  Par 
un  autre  aveu  de  1455,  il  est  dit  que  Jean  de  Venoix, 
écuyer,  relevait  de  la  baronnie  de  Beaufou,  ès-paroisse 
d'Anfrev^lle,  Breville  et  Bavent  (2).  Pierre  de  Venoix, 
évéque  de  Bayeux  en  i35o,  que  les  auteurs  du  nouveau 


(1)  Hist.  Harc,  t.  I,  p.  8o5. 
{2)Hist.Harc.,p.  85 1. 


40 

Gallia  Christiana  confondent  avec  Pierre  de  Villaines 
son  successeur,  était  de  la  branche  de  Veiioix  d'Anfreville, 
d^où  il  y  a  lieu  de  conjecturer  qu^il  était  originaire  du 
diocèse  de  Bayeux,  et  de  cette  paroisse  d^Anfréville,  et 
non  pas  de  Tévéché  de  Coutances,  comme  Pont  avancé 
MM.  Potier  et  Hermant,  curé  de  Maltot  (i).  Simon  de 
Venoix  fut  du  nombre  des  gentilshommes  à  qui  le  roi 
Jean  pardonna  en  1 36o  pour  avoir  tenu  le  parti  du  roi 
de  Navarre  (2).  La  seigneurie  d^Ânfréville  est  encore  dans 
la  maison  de  Venoix. 
Elle  est  à  3  lieues  de  Gien. 

Argences,  Argentiœy  Arum.  Bourg,  baronnie,  chef- 
lieu  de  sergenterie,  élection  de  Caen,  200  feux,  5 00  com- 
muniants, lieu  de  notariat. 

Le  bourg,  situé  sur  la  rivière  de  Manche  ou  Méance, 
a  deux  églises,  paroisses  Saint- Patrice  et  Saint-Jean.  Les 
prieurs  et  religieux  de  Pabbaye  de  Fécamp,  seigneurs, 
barons  et  hauts  justiciers  d*  Argences,  présentent  de  plein 
droit  à  ces  deux  cures  ;  ils  ont  les  deux  tiers  des  dîmes, 
Tautre  tiers  est  pour  le  curé  de  Saini-Patrice  ;  celui  de 
Saint-Jean  n^a  qu^une  pension  congrue.  Les  cures  sont 
de  Texemption  de  Fécamp.  Il  n^y  a  point  de  déports,  le 
prieur  de  cette  abbaye  fait  la  visite  tous  les  ans,  son  offi- 
cialité  fait  le  reste.  Entre  les  deux  églises,  distantes  Tune 
de  l'autre  d^environ  200  pas,  il  y  a  une  grande  place 
autour  de  laquelle  sont  toutes  les  maisons.  Cest  là  où  se 
tient  le  marché  tous  les  jeudis,  et  où  Ton  voit  deux 
grandes  halles,  l'une  à  blé  et  boucherie,  Pautre  pour  les 

(0  Potier,  Chron,  man,  des  iv,  de  Bayeux,  —  Hermant,  p.  180 
etaSi. 
(2)  Hist.  Harct  t  I  p.  387. 


41 

menus  grains.  La  foire  de  Saint-Luc  tient  dans  la  cam- 
pagne au  i8  d'octobre.  Argencesest  sur  le  grand  chemin 
de  Caen  à  Paris.  Cest  un  passage  pour  toutes  les  troupes 
qui  descendent  en  Basse-Normandie. 

Il  n^y  a  que  40  jours  de  clameur  dans  ce  bourg.  Les 
femmes  ont  moitié  en  propriété  aux  acquêts  faits  par  leurs 
maris  constant  leur  mariage,  suivant  Tart.  delà  coutume, 
art.  i*r  des  usages  locaux  de  la  vicomte  de  Caen.  Il  7  a 
un  siège  de  notariat  royal  et  des  bureaux  de  contrôle  et 
des  Aydes. 

Le  territoire  d'Argences  contient  environ  1450  acres 
de  terre,  en  figure  presque  ronde.  Ses  limites  sont  : 
Moult  au  midi,  Vimont  et  Saint-Pierre-Oursin  au  cou- 
chant, Rupierre  et  Cantelou  au  levant.  La  Meance  passe 
au  pied  et  le  long  d^un  coteau  qui  est  planté  de  vignobles, 
et  qui  s'étend  en  figure  d'S  dej^uis  Moult  jusqu'à  Rupierre. 
L'on  y  fait  du  vin  blanc  que  l'on  appelle  vin  Huet,  et  il 
se  vend  d'ordinaire  le  même  prix  que  le  cidre.  Quelques- 
uns  veulent  que  ce  soit  les  Anglais  qui  en  aient  apporté  le 
plant  de  Guyenne.  Cela  paraît  démenti  par  des  Chartres 
antérieures  aux  possessions  des  Anglais  en  Normandie, 
entre  autres  par  celles  de  l'abbaye  de  Cérisy  de  l'an  io32. 
On  rapporte  cette  raillerie  d'Henri  IV  sur  les  vignobles 
d'Argences  :  «  Croirait-on  que  de  si  beau  raisin,  il  en  vint 
de  si  mauvais  vin  (i).  Il  y  a  longtemps  qu'on  en  a  raillé 
la  première  fois,  comme  on  le  voit  par  ce  vieux  quatrain 
du  pays  : 


Le  vîn  trenche  bouyau  d^Avraaches, 
Et  rompt  ceinture  de  Laval, 
A  mandé  à  Regnault  d'Argences 


Et  rompt  ceinture  de  Laval, 
A  mandé  à  Regnault  d*A] 
Qiie  Collinhou  aura  le  G; 

c'est-à-dire  passera  pour  le  meilleur. 


(i)  Dict.  univ.  de  la  France,  t.  II,  col.  SSy,  au  mot  Normand. 


42 

Ce  vin  de  Collinhoirest,  dit-K>n,  celai  qui  se  faisait  dans 
le  pays  de  Caux,  du  raisin  de  vignes  attachées  aux  arbres, 
et  celui  de  Laval  était  du  côté  d^Avranches  (?). 

Il  y  en  a  qui  ont  pensé  qu^Argences^en  latin  Argentiœ, 
vient  de  quelque  mine  d^argent  qui  pouvait  être  en  ce 
lieui  mais  il  n*y  paraît  aucun  vestige  qui  justifie  cette 
opinion.  Il  y  avait,  dans  les  environs  du  bourg,  deux 
chapelles  qui  ne  subsistent  plus,  et  dont  les  matériaux 
ont  été  employés  à  la  réparation  de  Téglise  et  du  clocher 
de  Saint-Jean,  que  les  vents  renversèrent  pendant  les 
fêtes  de  Noël  de  Tannée  1705.  La  première,  sous  le  titre 
de  Notre-Dame-de-Toussaint,  était  située  sur  une  acre  de 
terre  qui  sert  de  cimetière  commun  aux  deux  paroisses  ; 
Tautre,  sous  Tinvocation  de  Saint-Maur,  était  au  nord  sur 
une  acre  déterre  qui  appartient  aux  obitsde  Saint- Patrice. 
Il  y  avait  aussi,  au  midi  et  près  des  maisons,  un  petit 
Hôtel-Dieu,  dont  le' modique  revenu  a  été  réuni  à  celui 
de  Caen.  Les  administrateurs  de  celui-ci  y  acquirent  en 
même  temps  une  ferme  du  sieur  et  dame  Guillard,  par 
contrat  du  29  novembre  1 71 3,  pour  laquelle  ils  payèrent 
3,000  [ou  9,000]  livres  de  principal,  38o  livres,  à  Tab- 
baye  de  Fécamp,  et  800  livres  au  sieur  Neuville-Margue- 
rie  pour  les  treizièmes  et  droits  d'indemnités  dus  à  ce 
seigneur. 

Les  religieux  de  Fécamp  possèdent  Argences  en  titre  de 
baronnie  (i),  au  droit  de  la  donation  que  Richard  I^rleur 
en  fit,  et  que  Richard  II,  son  fils,  duc  de  Normandie, 
confirma  en  T027.  Philippe- Auguste,  roi  de  France,  y 
ajouta  la  haute  justice  en  1 2 1 1 ,  et  saint  Louis  la  lui  con- 
firma en  1267,  au  mois  de  décembre  (2).  Ces  religieux 

(i)  Neust,  Pia,  208  et  2x6. 

(2)  Orig,  de  Caen,  par  M.  Huet,  p.  168. 


4i 

ont  droit  de  police,  de  voirie,  de  tabellionnage  et  de  ser- 
genterie  qu'ils  font  exercer.  La  juridiction  est  ressortis- 
sante au  Parlement  de  Normandie.  Elle  a  deux  sièges 
pour  les  paroisses  qui  en  dépendent,  et  tient  tous  les 
vendredis,  2  heures  après  midi  ;  Pun  aété  transféré  il  y  a 
bien  j5  ans,  d'Argences  à  Sainte-Paix,  près  Caen,  où  il  se 
tient  à  présent;  Tautre  est  à  Saint-Gabriel,  près  Bayeux. 
Le  juge  prend  le  titre  de  bailly  vicomtal  d^Ârgences. 

Il  se  trouve  au-delà  du  vignoble,  au  bout  d^une  grande 
bruyère,  un  hameau  de  20  feux,  nommé  le  Mesnil-d'Ar- 
gences.  Il  est  décoré  d^un  fief  relevant  de  la  baronnie 
d^Argences.  Il  appartient  à  M.  de  Rénéville,  au  droit  de 
la  dame  Marguerite  son  épouse.  Il  y  possède  plusieurs  bois- 
taillis,  divisés  en  10  portions,  un  château  ou  manoir 
seigneurial,  et  une  chapelle  du  titre  de  Saint-Gilles-du- 
Vivier,  à  laquelle  il  présente. 

Ce  lieu  a  donné  le  nom  à  la  maison  d^Argences,  une 
'des  plus  anciennes  de  Normandie.  Le  poète  Wace,  dans 
son  roman  des  ducs  de  Normandie  (i),  fait  mention  d'un 
Guillaume  d'Argences,  qui  se  trouva  à  la  bataille  des 
Dunes,  en  1047,  pour  le  duc  Guillaume-le-Bastard.  En 
décrivant  la  position  de  l'armée  de  ce  prince,  composée 
de  Normands  et  de  Français,  il  s^exprime  ainsi  : 

Entre  Argences  et  Mésodon 
Sur  la  rivière  de  Loson 
Hébergèrent  ceux  de  France 
Et  jouxte  l'eau  de  Meance 
Qjuii  par  Argences  va  courant. 
Se  hébergèrent  li  normand 
Qui  o  Guillaume  se  tenaient 
Et  en  sa  besogne  venaient  (2). 

(i)  Du  Moulin,  Hitt.  de  Norm.,  p.  140. 
(2)  Du  Moulin,  Hist,  de  Norm.,  p.  iSg. 


44 

MM.  Nicolas,  Pierre  et  Robert  d'Argences  se  croi- 
sèrent pour  la  Terre-Sainte,  selon  Dumoulin,  en  1096  [?]. 
Le  premier  portait  :  d^azur  à  3  fermants  d*or  grennetés 
d^or  ;  le  deuxième  :  de  sable  à  2  fasces  d^argent,  et  i  quar- 
tier de  Dammartin  ;  le  troisième  :  de  gueules  à  une  fleur 
de  lis  d^argent. 

Richard  d'Argences  est  compris  parmi  les  seigneurs  et 
chevaliers  qui  portaient  bannière  sous  Philippe-Au- 
guste (  I  ).  Il  présida  à  TÉchiquier  tenu  à  Rouen  en  1 2 1 3, 
avec  Henri  de  Neufbourg  et  autres  seigneurs.  Gillette 
d'Argences,  dame  d'Argences  et  du  Bosc-Roger,  fut 
mariée  à  Jean  Murdrac^  seigneur  de  Treilly,  de  Con- 
trière  et  de  la  Vendelée,  lequel  fut  reçu  à  Carentan  avec 
5  autres  écuyers^  pour  faire  montre  le  i^'  août  i383. 
Ils  eurent  pour  fils  Robert  de  Murdral:,  seigneur  du 
Treilly,  vivant  en  141 1  {2). 

Roger  LeCIoustier^  seigneur  du  Mesnil-d'Argences,  de 
Saint-Germain-le-Vasson  et  de  Montigny,  était  d'une 
riche  et  ancienne  famille  de  Caen.  Il  fonda  en  TUniver- 
sité  de  Caen  le  collège  du  Cloustier,  les  14  mai  et  3  juin 
1452.  Marguerite  de  Tilly,  sa  veuve,  épousa  en  secondes 
noces,  Lucas  de  Vauville,  écuyer,  et  en  troisièmes,  Jean 
Ruault.  Le  collège  du  Qoustier  étant  entièrement  tombé, 
Mgr  de  Luynes,  évéque  de  Bayeux,  en  fit  réunir 
les  revenus  à  PUniversité,  en  1732,  pour  servir  d'ho- 
noraire au  bibliothécaire. 

Le  bourg  d'Argences  a  donné  la  naissance  à  3  abbés 
de  Fécamp  :  Robert,  selon  les  uns,  Roger,  selon  d'au- 
tres, succéda  à  Guillaume-Ia-Pucelle,  dans  cette  abbaye, 
et  après  l'avoir  gouvernée  l'espace  de  3 1  ans^  il  y  mourut 


(x)  Hist.  Harc,  t.  I,  p.  Sgi. 
(a)  Hist.  Harc,  t.  II,  p.  1993. 


45 

en  1 1 38  (  1  ) .  Il  s'était  trouvé  aux  conciles  tenus  à  Rouen, 
ès-années  1 1 18  et  i  laS. 

Radulphe  d'Argences,  élu  après  Henri  de  Sully,  vers 
1 190,  acheva  la  nef  de  son  église  abbatiale.  Son  gouver- 
nement fut  de  3o  ans,  étant  mort  en  1 2 1 9. 

Âigard  de  Baxeto,  neveu  du  précédent,  Ipi  succéda 
daûs  la  dignité  d^abbé  de  Fécamp.  Il  ne  la  tint  que  2  ans 
et  demi  et  mourut  en  1222. 

La  sergenterie  d^Argences  contient  :  Allemagne,  Ar- 
gences,  Belleiigreville,  Billy,  Bourguebus,  Bras,  Cante- 
lou,  Cléville,  Colombelles,  Conteville,  Croissanville, 
Grenteville,  Hubert-Follic,  Ifs,  Mery-Corbon,  Mondeville, 
Poucy,  Soliers,  Tilly-la-Campagne  et  Valmeray. 

Argences  est  situé  à  4  lieues  de  Caen,  à  une  lieue  et 
demie  du  bourg  de  Troarn  et  de  Saint-Silvin,  et  à  2  lieues 
de  celui  de  Mézidon,  au  diocèse  de  Séez. 

Bavent  (Saint-Hilaire  de).  Sergenterie  de  VaravîUe, 
élection  de  Caen,  118  feux,  notariat  de  Héville. 

Cette  paroisse,  située  dans  une  vallée,  est  à  peu  de  dis- 
tance de  la  rivière  de  Dive.  Elle  est  fort  connue  dans 
rhistoirede  Normandie.  Ce  fut  là  que  se  rendirent  les 
Bessins  et  les  Cotentinois,  en  944,  pour  se  joindre  aux 
troupes  qu^Aigrold,  roi  de  Danemarck,  avait  amenées  au 
secours  de  Richard,  premier  du  nom,  attaqué  par  Louis 
d'Outremer  {2).  Le  roi  de  Danemarck  y  logea  même,  et 
ses  troupes  dans  les  viDages  d^alentour.  Ce  fut  encore  là 
que  le  duc  Guillaume-le-Bastard  se  cacha  avec  un  corps 
de  10,000  hommes,  Normands  et  Bretons,  la  nuit  qui 


(i)  Nùva  Gallia  Christ.,  t.  IX,  col.  aoft-iog 
a)  Du  MouKn,  Hist.  deNorm,,  p.  67-68. 


48 

en  avaient  chacun  une  moitié,  et  ils  présentaient  Tun  et 
Tautre  à  la  cure.  Le  château  du  seigneur,  proche  Téglise 
est  agréablement  situé,  environné  de  belles  avenues, 
promenades,  bosquets,  parterres  et  pièces  d'eau.  Il  y  a  un 
chapelain  domestique  qui,  outre  les  charges  de  la  chapelle, 
est  tenu  à  la  première  messe  tous  les  dimanches,  à  assis- 
ter et  à  aider  à  Pofïice,  et  à  tenir  les  petites  écoles.  G)mme 
il  y  a  plusieurs  paroisses  de  ce  nom,  en  Normandie,  je 
n'oserais  assurer  que  M.  Jean  de  Baneville,  ou  Ben- 
neville  comme  on  orthographiait  autrefois,  qui  se  croisa 
pour  la  Terre-Sainte  en  1096,  fut  seigneur  de  celle-ci  (1). 
Il  portait  pour  armes  :  pallé  d'argent  et  de  gueules  de 
6  pièces.  Guillaume  Morin,  écuyer,  devint  seigneur  de 
Baneville,  par  le  mariage  qu'il  contracta,  en  1468,  avec 
Guillemette  Poquet,  héritière  de  beaucoup  de  biens,  à 
Cachet  aux  environs.  Il  mourut  en  i5o4.  Sa  famille 
était  originaire  du  pays  du  Maine,  oîi  M.  Geoffroy 
Morin,  chevalier,  seigneur  de  Loudon  et  du  Tronchet, 
qui  portait  pour  armes  :  d'or  à  une  face  de  sinople  de 
3  pièces,  s'allia,  vers  1298,  d'Alix  de  Loudon,  dame  du 
dit  lieu  (2).  Il  décéda  en  i355,  et  laissa  pour  âls  Guil- 
laume Morin,  chevalier,  seigneur  de  Loudon  et  du  Tron- 
chet,  tué  en  1364,  au  service  du  roi,  à  la  bataille  de 
Cocherel,  qui,  par  Jeanne  de  Pezal  sa  femme,  fut  père 
d'un  autre  Guillaume,  chevalier,  seigneur  des  dits  lieux, 
qui  eut  plusieurs  enfants  de  Marie  de  Dreux.  Jean 
Morin,  son  âls  puîné,  fut  nourri  page  auprès  de  Mon- 
seigneur Simon  de  Dreux,  seigneur  de  Bru,  bailli  de 
Chartres,  son  oncle  maternel.  Son  bien  fut  confisqué 
pour  avoir  tenu  le  parti  des  Anglais.  Il  se  retira  au  châ- 

(i)  Hist.  de  Norm,,  par  Dumoulin. 

(a)  Généalog.  man.  de  la  maison  de  Morin. 


49 

teau  de  Caen,  qu'ils  occupaient  alors,  et  y  épousa,  en 
143 1,  Marie  de  Vaulx,  du  pays  de  Normandie,  décédée 
en  1449,  et  lui,  en  1450,  laissant  pour  fils  unique,  Guil- 
laume, seigneur  de  Banevitle,  mentionné  ci-devant. 

De  ce  Guillaume,  vinrent  Pierre  Morin,  officiai  de 
Caen,  et  Robert,  seigneur  et  patron  de  Baneville,  décédé 
en  T  5 54.  Il  avait  épousé,  en  i5ii,  Jeanne  Le  Fournier, 
petite  nièce  de  la  Pucelle  d'Orléans,  dont  Jacques  Morin, 
seigneur  et  patron  de  Baneville,  marié  çn  1 547,  à  Marie 
du  Bosc,  d'auprès  de  Rouen.  Il  décéda  en  i56i  et  eut 
Charles  Morin,  seigneur.et  patron  de  Baneville,  allié  en 
i58i,  à  Jeanne  Vauquelin  des  Yveteaux  ;  il  décéda  en 
1 610  et  fut  père  de  Guillaume  Morin,  seigneur  et  patron 
de  Banneville,  que  M.  Huet  a  mis  au  rang  des  illustres 
citoyens  de  Caen  (i),  pour  avoir  donné  des  éloges  à  la 
mémoire  de  plusieurs  illustres  Français,  et  laissé  d'autres 
écrits  qui  n'ont  point  paru.  Il  mourut  le  i^^  de  mars 
1660,  laissant  de  Hélène-Salomé  de  la  Ménardière,  qu'il 
avait  ipousée  en  16 12,  Etienne  Morin,  sieur  de  Beauval, 
seigneur  et  patron  de  Baneville,  conseiller  du  roi,  tréso- 
rier de  France  et  général  de  ses  finances  à  Caen,  qui  fut 
marié,  en  1644,  à  Marguerite  Gislin  de  Barneville; 
Adrien  Morin,  son  fils,  seigneur  de  Baneville,  épousa  : 
lo  en  1673,  Elisabeth  Le  Fournier  ;20  en  1708,  Jeanne- 
Armande  Cadot.  Du  deuxièmeJit  sortit  Bernard  in- Adrien, 
écuyer,  sieur  de  Vaulaville,  seigneur  de  Tour;  du  pre- 
mier :  Etienne-Antoine  Morin,  seigneur  de  Baneville, 
mort  en  1769.  De  sa  femme,  Marie  de  SafiFray,  mariée 
en  1701,  est  venu  Joseph  Morin,  seigneur  de  Baneville, 
allié  en  1738  à  Marie-Louise  de  Heudé  de  Pomainville. 


(i)  Orig,  de  Caen,  p.  341. 


50 

Elle  est  à  trois  quarts  de  lieue  du  bourg  de  Troarn,  et 
2  lieues  et  un  quart  de  Caen. 

Breville  (Saint-Pierre  de).  Sergenterie  de  Varaville, 
élection  de  Caen,  50  feux,  lieu  de  notariat,  i,5oo  livres 
pour  Escoville,  Anfreville,  Bavent,  Sallenelles,  Ranville, 
Longueval,  Le  Buisson  et  Hérouvillette. 

Le  vieux  Fouillé  de  Tévéché  rédigé  vers  i35o,  met  la 
cure  à  la  nomination  du  seigneur,  auquel  elle  appartient 
encore  aujourd'hui,  et  la  dîme  au  curé.  Cette  paroisse 
située  en  rase  campagne  est  un  peu  au-dessus  d'Anfre- 
ville,  à  3  lieues  de  Caen. 

Breville,  composé  de  3  fiefs  érigés  en  marquisat  sous  le 
nom  de  Venoix,  par  lettres  patentes  de  septembre  1764, 
registre  aux  comptes  le  5  juin  1765,  pour  Jean  de  Venoix 
d'Anfreville. 

Buisson  (Notre-Dame  du).  Sergenterie  de  Varaville, 
élection  de  Caen,  17  feux,  notariat  de  Héville. 

Cette  paroisse,  limitrophe  de  Merville,  au  levant,  est 
bernée  par  la  mer  au  nord.  Le  Fouillé  de  Tévêché 
marque  qu'elle  est  à  la  nomination  de  Guillaume  Guil- 
lain  ;  une  main  du  xv«  siècle  a  ajouté  à  la  marge,  |7r^- 
sentaf  abbas  Sancti-Sthephani  Cadom.  Le  Seigneur 
nomme  à  la  cure,  Pabbé  de  Caen  donne  la  collation  (i) 
La  chartre  de  Henri  II,  évéque  de  Bayeux,  expédiée 
en  1772,  la  met  au  nombre  des  églises  comprises  dans 
rexemption  de  l'abbaye  Saint-Etienne  de  Caen. 

Elle  est  à  3  lieues  de  cette  ville. 

Bures  (Saint-Ouen  de).  Sergenterie  de  Varaville,  élec- 
tion de  Caen,  64  feux,  notariat  de  Troarn. 

(i)  Neust.  Pia,  p.  644. 


51 

Cette  paroisse^  située  sur  la  rivière  de  Dive,  est  de 
Texemption  de  Fabbaye  de  Troarn  qui  en  est  tout  proche, 
et  la  cure  à  la  pleine  collation  de  son  abbé  Roger  de 
Montgommery,  fondateur  de  Tabbaye  de  Troarn,  avait 
un  château  à  Bures,  lequel  était  environné  de  murailles 
d'une  épaisseur  prodigieuse,  et  dont  on  voit  encore  des 
vestiges.  II  donna,  vers  io5g,  aux  religieux  de  Tordre  de 
Saint- Benoît  nouvellement  établis  à  Troarn,  son  église 
de  Bures  avec  la  terre,  excepté  la  portion  de  sa  mère  qui 
vivait  encore.  Ce  fut  là  que  Mabille  de  Belcsme,  sa  femme, 
une  des  plus  méchantes  de  son  siècle,  périt  en  1082  d'une 
mort  triste  et  violente  (1).  On  voit  à  Troarn  le  tombeau 
que  l'abbé  Durand  lui  dressa,  avec  une  épitaphe  oti  elle 
est  bien  caractérisée.  Ce  château  rentra  au  pouvoir  de  nos 
ducs  de  Normandie,  rois  d'Angleterre,  qui  le  firent  forti- 
fier et  y  mirent  garnison.  Henri  I  et  Henri  II  y  tenaient 
leurs  cours  de  temps  en  temps,  et  y  passaient  les  grandes 
fêtes  (2).  Le  dernier  y  était  aux  fêtes  de  Noël  de  1170, 
lorsque  lui  échappèrent  ces  fatales  paroles  qui  donnèrent 
occasion  à  Tassassinat  de  saint  Thomas,  archevêque  de 
Cantorbéry.  Dumoulin  a  remarqué  que  comme  il  y 
était  encore  2  ans  après,  pendant  la  même  fête,  il  y  fut 
fait  un  repas  de  seigneurs  seuls  dans  une  salle,  au 
nombre  de  1 10  Guillaumes,  sans  comprendre  les  simples 
écuyers  et  serviteurs  qui  'portaient  le  même  nom  (3).  Le 
château  de  Bures  est  détruit  à  présent.  Suivant  une  an- 
cienne tradition  il  devait  être  dans  les  bois  de  Troarn,  à 
Bures,  dans  un  endroit  qui  s'appelle  la  cour  des  châteaux, 
où  Ton  voit  encore  d'anciens  fossés. 


(i)  Ord.  Vital,  lib.  7,  anno  X082. 

(2)  Hist.  ifAnglet,,  par  T.  Smollett,  t.  ÏII,  p.  325. 

(3)  Hist.  de  Normand,,  p.  392. 


52 

L^abbé  de  Troarn  est  seigneur  honoraire  de  Bures. 
Toutes  les  dîmes  lui  appartiennent. 
Elle  est  à  3  lieues  de  Caen» 

Cd^oi/r^  (Saint-Michel  et  Saint-Nicolas  de].  Sergen- 
terie  de  Varaville,  élection  de  Caen,  44  feux,  1 3o  com- 
muniants, notariat  de 'Varaville. 

Cette  paroisse,  appelée  dans  les  vieilles  Chartres  Cad' 
burgus,    Caburgus,  Cathburgus,  est  à  Textrémité  du 
diocèse  de  Bayeux,  du  côté  de  Test.  Elle  est  bornée  au 
nord  parla  mer,  proche  laquelle  il  .y  a  une  garenne  qui 
sMtend  depuis  Pembouchure  de  la  Dive  jusqu'au  corps- 
de-garde  de  Varaville,  et  au  levant  par  la  rivière  de  Dive, 
qui,  près  de  son  embouchure,  porte  un  pont  de  bois  de 
1 9  arches,  pourpasser au  bourg  de  Dive,diocèse  de  Lisieux. 
Son  territoire  consiste  presque  tout  en  herbages,  n'y  ayant 
que  25  ou  3o  acres  de  terres  à  labour.  La  plus  grande 
partie  des  habitants  sont  pécheurs.  Leurs  maisons,  situées 
sur  le  bord  de  la  route  de  Caen  à  Dives,  et  près  de  la 
grande  rivière,  forment  une  espèce  d'équerre  ;  au  milieu 
des  terres  qui  se  trouvent  entre  ces  maisons,  on  voit 
Téglise  qui  est  à  4  ou  6  portées  de  fusil  loin  d^elles.  Elle 
est  de  Texemption  de  Tabbaye  Saint- Etienne  de  Caen. 
M.  Doublet,  marquis  de  Persan,  seigneur  de  Cabourg^ 
de  Monts,  Cantelou,  etc.,  conseiller  du  roi  en  sesconseils, 
maître  des  requêtes  ordinaires  de  son  hôtel,  intendant  du 
commerce^  présente  à  la  cure;  Pabbé  de  Caen  donne  la 
collation;  -lecuré  perçoit  la  dîme  en  intégrité.  On  dis- 
tingue dans  cette  paroisse  deux  villages  qu^on  appelle  le 
Bas-Ca bourg,  et  le  Petit-Ca bourg.  Le  premier,  composé 
de  plusieurs  maisons,  est  au  bout  d'une  grande  commune 
du  côté  de  Caen.  L^autre  n^a  que  deux  maisons,  et  se 
trouve  sur  le  bord  de  la  rivière  neuve  du  côté  de  Vara- 


53 

ville.  Cette  rivière  neuve,  après  avoir  arrosé  les  marais 
qui  sont  au  même  endroit,  va  se  décharger  dans  la  Dive. 

Les  lapins  de  Cabourg  sont  fort  estimés. 

Elle  est  à  un  quart  de  lieue  du  bourg  de  Dive,  et  à  4 
lieues  de  Caen. 

Cagnjr  (Saint-Germain  de).  Sergenterie  de  Troarn, 
élection  de  Caen,  25  feux,  notariat  de  Troarn. 

Cette  paroisse  est  sur  le  grand  chemin  de  Caen  à  Paris. 
Il  y  a  un  prieuré  sous  le  titre  de  Notre-Dame  de  Cagny, 
du  côté  de  Manneville.  Il  fut  aumône,  Pan  1 100,  par  les 
seigneurs  de  Cagny.  Uabbé  de  Troarn  nomme  à  la  cure 
et  au  prieuré.  Il  partage  les  dîmes  avec  ce  prieur.  On 
voit  à  côté  du  grand  chemin^  au  midi  de  Péglise,  les 
ruines  de  la  chapelle  Sainte-Madeleine  ;  c^était  une  lépro- 
serie qui  appartient  actuellement  à  l'Hôtel-Dieu  de  Caen. 
Il  y  a  2  fiefs  de  hautber  relevant  du  roi;  le  premier 
est  un  fief  de  régale,  le  second,  un  fief  de  comté.  Ils  ap- 
partiennent à  M.  Gabriel-François  Mesnage  de  Cagny, 
chevalier,  seigneur  et  patron  du  dit  lieu,  qui  a  son  château 
à  peu  de  distance  et  au  nord  de  Péglise.  M.  Jacques 
Mesnage,  né  à  Bayeux,  docteur  en  droit,  conseiller  au 
Parlement  de  Rouen  en  i53i,  maître  des  requêtes,  am- 
bassadeur en  Suisse  et  en  Angleterre  sous  François  V^, 
acquit  la  terre  et  seigneurie  de  Cagny  de  la  maison  de 
Varignies.  De  sa  femme  N.  de  Croismare,  mariée  en 
1 547,  il  eut  Nicolas  Mesnage,  seigneur  de  Cagny,  qui 
fut  père  de  Christophe,  allié  à  une  demoiselle  de  Hérissy, 
dont  vint  Nicolas  Mesnage,  deuxième  du  nom,  seigneur 
de  Cagny,  qui,  d^une  fille  de  M.  Tobie  Barberie,  sei- 
gneur de  Saint-Contest,  a  laissé  Philippe  Mesnage,  sei- 
gneur de  Cagny  en  1657  et  aïeul  du  seigneur  d^aujour- 


54 

d'hui.  Ses  armes  sont  :  d  azur,  au  lion  dbr,  au  chef 
d^argent  chargé  de  trois  coquilles  de  sable. 
Elle  est  à  2  lieues  de  Caen  et  du  bourg  d^Argences. 

Cantelou  {Saint-Jean-Baptiste  de).  Sergenterie  d'Ar- 
gences,  élection  de  Caen,  25  feux,  8o  communiants, 
notarikt  d'Argences. 

Ses  limites  sont  :  Oéville  au  levant,  Airanet  Moult  au 
midi,  Argences  au  couchant  et  Héritot  au  nord.  Elle 
contient  dans  son  territoire,  le  hameau  de  la  Croix  au 
midi,  le  hameau  Duplein  et  celui  du  Camp-Roger  au 
nord,  et  le  hameau  du  Douet  au  levant.  Ce  dernier  est 
situé  le  long  d'un  ruisseau  nommé  le  Vey-de-Cléry,  qui 
le  sépare  de  la  paroisse  de  Clé  ville.  L'église  est  placée 
dans  une  petite  bruyère  qui  porte  le  nom  du  Plain,  et  le 
donne  au  hameau  qui  en  est  tout  proche.  M.  Doublet, 
marquis  de  Persan,  seigneur  et  patron  de  Cabourg,  Can- 
telou, présente  à  la  cure.  Le  curé  a  toute  la  dîme.  La 
seigneurie  de  Cantelou,  le  seul  fief  de  la  paroisse,  est  un 
fief  d'hautber.  Elle  relève  de  la  baronnie  de  Beuvron,  et 
doit  au  baron  une  journée  de  charrette  au  mois  d'août,  et 
un  mouton  né  de  Tannée  aux  Rogations.  Il  y  a  près  de 
l'église,  pour  le  seigneur,  un  château  bâti  à  l'antique  et 
environné  de  fossés,  et  à  l'extrémité  de  la  paroisse  un 
bois  taillis  d'environ  20  acres.  Cantelou  ou  Chantelou 
est  le  nom  de  plusieurs  familles  nobles  de  Normandie, 
qui  ne  se  discernent  que  par  les  armes  (i).  M.  Robert  de 
Cantelou  ou  Chantelou,  chevalier,  portait  :  lozangé  d'or  et 
de  sable;  M.  Fouques  de  Cantelou  portait  de  même, 
brisant  de  l'écusson  d'Aubigny.  Ils  vivaient  sous  le 
règne  de  Charles  VII.  M.  Jean  de  Cantelou,  chevalier, 
blasonnait  ses  armes  :  d^'or  à  la  bande  de  sable,  brisées 

(i)  Hist.  Harc,  t.  II,  p.  1979. 


55 

d^un  lambel  de  gueules;  les  derniers  portaient  :  d'argent 
au  loup  de  sable  et  à  Torle  de  tourteaux  d^azur. 

Elle  est  à  4  lieues  de  Caen,  à  une  lieue  et  demie  de 
Troarnet  à  une  demi-lieue  d'Argences. 

Cléville  (Notre-Dame  de).  Sergenterie  d'Argences, 
élection  de  Caen,  60  feux,  notariat  de  Mery-Corbon. 

Elle  est  située  sur  la  rivière  de  Dive  au  nord,  et  sur 
celle  du  Laison au  midi,  à  l'est  et  au  nord.  L'abbéde 
Troarn  présente  à  la  cure.  Ses  religieux  ont  les  deux 
tiers  de  toutes  les  dîmes,  le  curé  a  Pautre  tiers.  Cette  pa- 
roisse est  composée  de  quatre  hameaux  qui  sont  :  la 
Bonde,  la  Venénière,  le  Moutier  et  le  Pont  ;  de  2  fer- 
mes détachées  :  Glatignj  et  les  Ferreux,  et  de  2  vil- 
lages qui  sont  :  le  haut  et  le  bas  Ferreux.  La  principale 
hôtellerie  du  bourg  de  Croissanville,  grande  route  de 
Faris,'est  sur  Cléville.  Ily  a  2  maisons  distinguées  :  celle 
de  M.  le  marquis  de  CroissanvUle,  et  celle  de  M.  le  mar- 
quis de  Boisroger,  qui  a  une  chapelle  titulaire  de  Saint- 
Sauveur,  à  laquelle  il  nomme.  On  y  compte  plusieurs 
fiefs  :  le  fief  de  Cléville,  pour  M.  Desmarest  du  Doûet, 
avocat  à  Caen;  le  fief  de  la  baronnie  de  Cléville,  pour 
M.  le  comte  d^Harcourt.  Ils  sont  tous  les  deux  en  con- 
testation pour  le  fief  dominant.  M.  de  Croissanville  en 
a  3  et  M.  de  Boisroger  i.  Far  permission  de  Mgr  de 
Nesmond,  évéque  de  Bayeux,  le  curé  de  Cagny,  doyen 
de  Troarn,  bénit  le  12  août  171 3,  une  chapelle  domes- 
tique à  Cléville,  dans  la  maison  de  noble  dame  Jeanne- 
Gabrielle  Ruault,  dame  de  Cléville,  veuve  de  Jules 
d^Arnauphin,  comte  de  Magnac,  lieutenant  général  des 
armées  du  roi  (i). 

(i)  Reg.  du  secrétariat  derévêché. 


Elle  est  à  4  lieues  et  demie  de  Caen  et  à  cinq  quarts  de 
lieues  du  bourg  d'Argences. 

Colombelles  (Saint-Manin  de).  Sergenterie d' Argences, 
élection  de  Caen,  38  feux^  notariat  de  Caen. 

Cette  paroisse  est  située  au  couchant,  sur  la  rivière 
d^Orne,  sur  laquelle  il  y  a  un  bac  pour  aller  à  Caen.  Il 
y  a  un  coteau  planté  de  vignes.  Le  bénéfice  est  régulier. 
Il  est  desservi  par  un  chanoine  de  Tordre  de  Saint-Au- 
gustin, à  la  présentation  du  prieur  commendataire  du 
Plessis.  Le  prieur  curé  a  les  dîmes,  sur  quoi  il  fait  une 
rente  foncière  de  10  livres  en  échange  d^un  petit  trait  de 
dîme  que  le  chapitre  de  Bayeuz  lui  a  cédé,  et  auquel  il 
avait  été  donné  en  1 269  par  Tévéque  Bon  de  Lorris. 

Elle  est  à  une  petite  lieue  de  Caen. 

Cuverville ou  la  Grosse-^Tour  (Notre-Dame  de).  Ser- 
genterie  de  Troarn,  élection  de  Caen,  a  20  feux  et  80 
communiants,  notariat  de  Troarn. 

Cette  paroisse  est  plus  connue  à  présent  par  le  surnom 
de  la  Grosse-Tour.  Il  lui  a  été  donné  à  cause  de  Ténorme 
grosseur  de  son  clocher,  qui  est  une  très  belle  et  très  haute 
tour  carrée,  terminée  en  plate-forme.  Son  territoire,  i51acé 
au  milieu  des  terres,  est  fort  petit  et  très  resserré.  Il  n'a  ni 
hameaux  ni  rivière.  La  nomination  de  la  cure  appartient, 
aux  dames  religieuses  de  la  Charité  de  Caen,  par  Tacquét 
qu^elles  en  firent  en  17 16,  et  toute  la  dîme  au  curé,  sous 
la  charge  de  payer  2  muaisons  de  grains.  Tune  à  Tab- 
bayede  Troarn,  l'autre  à  THôtel-Dieu  de  Caen.  Jean 
Benoît,  écuyer,  acquit  au  commencement  du  xvi«  siècle 
la  terre  de  Cuverville  (i)  et  la  laissa  à  Françoise  Benoît, 

(i)Généal.  manusc.  de  la  maison  de  la  Ménardière. 


57 

sa  fille  unique,  qu'il  avait  eue  de  N.  de  Saffray,  sa  femme. 
Elle  lui  avait  été  vendue  par  le  seigneur  d'Escoville- 
Beauvoisin.  Françoise  Benoît,  dame  de  Cuverville, 
épousa  par  traité  du  lo  janvier  1 532,  Girard  Ménard  IV, 
fils  de  Bertrand  Ménard,  seigneur  de  la  Ménardière, 
lieutenant,  puis  gouverneur  du  château  de  Caen.  La 
maison  de  Ménard  de  la  Ménardière,  originaire  du  Berry, 
est  très  ancienne.  Ses  armes  sont  :  d'argent  au  lion  ram- 
pant de  gueules.  Girard  Ménard,  seigneur  de  Cuverville, 
à  cause  de  sa  femme,  vivait  en  1 552,  et  fut  enterré  dans 
réglisedu  dit  lieu.  Il  eut  pour  fils  Louis  de  la  Ménar- 
dière, noyé  à  3  lieues  de  Caen,  en  ï588,  lequel,  par 
Françoise  de  la  Fresnaye  de  Cramesnil,  sa  femme,  fut 
père  de  Marc  de  la  Ménardière,  seigneur  de  Cuverville, 
décédé  à  Forges  en  1642.  Celui-K:!  avait  épousé  Jeanne 
de  la  Serre,  dont  il  eut  pour  héritière  Hélène  de  la  Mé- 
nardière, dame  de  Cuverville,  de  Fontenay-le-Pesnel,  des 
Cots,  du  Fresne,  de  Mondeville,  la  Graverie,  Bény, 
Houllebec,  mariée  le  5  septembre  i63o  à  Jean  d'Acher, 
seigneur  du  Mesnil-Vitté,  la  Chapelle,  Montreuil,  Moon- 
et  Cartigny,  Jean  d'Acher,  leur  fils,  écuyer,  seigneur  et 
patron  de  Cuverville^  nomma  à  la  cure  en  166  5.  Ses 
héritiers  en  vendirent  le  patronage  aux  religieuses  de  la 
Charité  de  Caen. 

Elle  est  à  une  lieue  et  demie  de  Caen  et  du  bourg  de 
Troarn. 

Démouville  (Notre-Dame  et  Sainte-Anne).  Sergenterie 
de  Troarn,  élection  de  Caen,  80  feux,"3oo  personnes, 
notariat  de  Troarn. 

L^église  est  un  assez  beau  vaisseau  et  très  bien  décoré. 
Il  y  a  dans  le  chœur  une  épitaphe  de  M"«  Godard  de 
Bérigny,  épouse  de  M.  Bonnet,  écuyer.  Elle  est  en  pos- 


58 

session,  par  une  dévotion  immémoriale,  de  ne  solenniser, 
comme  patronne,  que  Sainte-Anne.  L'abbé  de  Troarn 
nomme  à  la  cure.  La  grosse  dîme  se  partage  entre  le  curé, 
le  trésor  de  son  église,  et  Tabbé  de  Troarn.  La  seigneurie 
appartient  au  domaine  du  roi.  Il  la  donne  en  fieferme. 

Elle  est  à  une  lieue  et  demie  de  Caen  et  du  bourg  de 
Troarn. 

Ernetot  ou  Hernetot  (Saint- Laurent  d').  Sergenterie 
du  Verrier,  élection  de  Caen,  7  feux,  notariat  de  Méry- 
•G)rbon. 

Elle  est  sur  la  rivière  de  Dive  qui  partage  son  terri- 
toire en  deux  parties  presque  égales.  La  présentation  de 
la  cure  est  attachée  à  la  seigneurie  d*Ernetot,  et  cette 
seigneurie  ne  compose  qu'une  seule  et  même  avec  celle 
d'Héritot,  paroisse  limitrophe  dont  il  est  parlé  ci-après. 
Le  chapitre  de  Séez  y  possède  deux  traits  de  dîme,  qui 
lui  furent  aumônes,  suivant  l'acte  du  21  juin  1416(1), 
par  nobles  et  puissantes  personnes  Guillaume  de  Meur- 
drac,  seigneur  de  Treilly  et  de  Heuditot,  et  M""*  Jeanne 
de  Brîosne,  sa  femme.  Robert  de  Vestreville  (?), 
prêtre,  seigneur  de  Heuditot,  nomma^  en  1490,  Guil- 
laume du  Moutier  à  la  cure  d'Ernetot.  Le  premier  trait 
avait  appartenu  à  titre  d'acquisition  à  feu  M.  Morel  de 
Briosne,  chevalier,  père  de  la  donatrice  ;  Tautrre  trait  au 
seigneur  de  Meurdrac  par  échange  fait  avec  le  sieur  de 
Carville. 

Elle  est  à  4  lieues  et  demie  de  Caen  et  à  une  lieue  et 
demie  des  bourgs  d'Argences  et  de  Troarn. 

Escoville  (Saint-Samson  d')..  Sergenterie  de  Troarn, 
élection  de  Caen,  60  feux,  notariat  de  Héville. 

(i)  Hist,  Harc.t  t.  II,  p.  1989. 


59 

Elle  est  sur  la  petite  rivière  d'Aiguillon  qui  va.  se 
perdre  dans  TOrne.  Cette  terre,  en  titre  de  châtellenie, 
est  une  des  plus  agréables  de  la  campagne  de  Caen.  Le 
prieur  de  Douville,  prés  Rouen,  ordre  des  Feuillants,  y 
perçoit  la  grosse  dîme,  et  nomme  à  la  cure.  Guillaume- 
Militis  Chance^  de  Bayeux,  fut  nommé  à  cette  cure  en  1490 
par  le  prieur  de  Douville.  Selon  la  Roque,  les  gentils- 
hommes du  nom  de  Candalle,  de  race  anglaise,  et  habi- 
tués en  Normandie,  prirent  conjointement  le  nom 
d^Escoville  avec  le  leur  ;  ils  descendaient  des  seigneurs  du 
nom  d'Escoville,  et  avaient  pour  prédécesseur  maternel 
Robert  d'Escoville,  écuyer,  seigneur  d'Escoville,  demeu- 
rant en  la  paroisse  d^Escoville,  et  qui  contracta  devant  les 
tabellions  de  Caen  en  1 371.  Ils  portaient  :  écartelé  au  i  et 
4  d'azur  à  la  bande  d^argent  chargée  de  3  vols  de  co- 
lombe de  sable,  qui  est  de  Landalle,  aux  2  et  3  d'azur  à 
3  coquilles  d^argent,  qui  est  d'Escoville  (1). 

Jean  Le  Valois,  seigneur  d'Escoville  et  du  Mesnil-Guil- 
laume,  suivant  un  certificat  donné  le  24  mai  1 5 1 1  par 
Hugues  Bureau,  lieutenant  général  du  bailli  de  Caen^ 
comparut  le  môme  jour  en  habillement  de  brigandineetde 
salade  à  la  montre  des  nobles  du  bailliage  de  Caen.  Il  fut 
pèrede  Nicolas  LeValois,  seigneur  d'Escovilleet  du  Mesnil- 
Guillaume,  que  Cahagnes  a  mis  au  nombre  des  illustres 
citoyens  de  Caen  (2).  C'était  uq  des  plus  riches  seigneurs 
de  cette  ville.  Il  fit  bâtir  au  carrefour  de  Saint-Pierre 
rhôtel  nommé  le  Grand  cheval,  à  cause  de  l'image  de 
pierre  en  bas-relief  qui  est  àù-dessus  de  la  porte,  repré- 
sentant le  Fidèle  et  le  Véritable  de  V Apocalypse  monté 
sur  un  cheval;  les  fondements  en  furent  jetés  en  iSSj* 

(i)  Armor.  génial,  de  la  France  y  rcg.  I«',  2C  part.,  p.  99  et  100. 
(3)  Elogia  civium  Cadom,,  centuria  prima,  p.  i  et  a. 


Il  mourut  subitement  Tannée  d'après,  lorsqu'il  se  met- 
tait à  table  pour  dîner.  Cum  mùltis  modis  gloria  compa- 
retur,  hic  eam  œdificiorum  substructione,  multarum 
clientelarum  possessione,  splendoris  laude  in  re  do^ 
mestica,  et  libérait  filiorum   ad  virtutem  educatione 
quœsivit.  Louis  et  Louis  Le  Valois,  seigneurs  d'Escovîlle> 
ses  fils,  du  consentement  de  Marie  Duval,  leur  mère, 
firent  un  partage  noble  le  19  juin  [56i  des  biens  qui 
leur  étaient  échus  par  sa  mort.  Ils  laissèrent  tous  deux 
une  nombreuse  postérité.   Le  premier,  né   à    Caen   le 
18  septembre  1536,  successivement  conseiller  secrétaire 
du  roi,  et  reçu  le  8  mai  i556,  vicomte  de  Caen,  par  la 
mort  de  François  d'Harcourt,  baron  de  Beuvron  (i)  eut 
7  fils  et  1 1  filles  de  sa  femme  Catherine  Bourdin,  nièce 
du  célèbre  Gilles  Bourdin^  procureur  général  au  Parle- 
ment de  Paris.  Robert  Le  Valois,  chevalier,  seigneur  et 
châtelain  d^Escoville^  de  Beauvoisin,  conseiller  du  roi 
en  tous  ses  conseils,  et  capitaine  de  5o  hommes  d'armes 
des  ordres  de  Sa  Majesté,  est  enterré  dans  Téglise  des 
Bénédictines  de  Bayeux,  qu'il  avait  fondée   en  1649. 
Madeleine  de  Boivin,  dame  de  Canouville,  son  épouse, 
lui  érigea  le  magnifique  mausolée  qu'on  y  voit,  avec  son 
épîtaphe.  Il  portait  pour  armes  :  d'azur  au  chevron  d'or, 
accompagné  de  3  croissants  d'argent  posés  2  en  chef, 
l'autre  en  pointe  ,et  un  chef  d'argent  chargé  de  3  roses  de 
gueules.  Son  fils,  Louis  Le  Valois,  seigneur  et  patron 
d'Escoville,    Saînt-Germain-le-Vasson,    Livet,  chevalier 
des  ordres  du  roi,  gentilhomme  ordinaire  servant  de  sa 
chambre,  maréchal  des  camps  et  armées  de  Sa  Majesté, 
ne  laissa  qu'une  fille  héritière,  mariée  à  M.  de  Cauvigny, 
seigneur  de  Boutonvilliers,  dont  est  sorti  entre  autres 

(i)  Armorialy  supra-dtato,  p.  599. 


6i 

Messire  Antoine-Charles  de  Cauvigny,  chevalier,  sei- 
gneur d^Escoville,  chevalier  de  Tordre  militaire  de 
Saint-Louis,  qui  a  demeuré  quelque  temps  auprès  du 
roi  de  Prusse  en  qualité  de  son  chambellan.  Ce  fut  lui 
qui  fut  chargé  par  ce  prince,  en  1744,  pour  porter  au  roi 
de  France,  qui  était  alors  à  Metz,  la  nouvelle  de  la  prise 
de  Prague  (i),  et  le  féliciter  de  sa  part  sur  Theureux  réta- 
blissement de  sa  santé. 
Elle  est  à  3  lieues  de  Caen. 

Esmièville  (Notre-Dame-de-Nativité  d').  Sergenterie 
de  Troarn,  élection  de  Caen,  3j  feux,  notariat  de 
Troarn. 

Cette  paroisse  est  voisine  du  marais  des  Terriers,  et  une 
partie  des  eaux  qui  composent  le  canal  de  dessèchement 
y  prennent  leur  source.  Son  église  n'a  rien  de  curieux.  La 
tour,  bâtie  en  forme  de  fuye,  mérite  cependant  quelque  at- 
tention, malgré  sa  simplicité,  en  ce  qu^elle  est  très  élevée, 
très  bien  proponionnée  et  très  solide.  La  pierre  dont  elle 
est  faite,  ainsi  que  celle  des  maisons,  se  tire  dans  la  pa- 
roisse même.  L^argile  qu'on  y  tire  aussi  à  certains  en- 
droits fait  un  monier,  à  la  propreté  près,  qui  équivaut  au 
mortier  de  chaux.  L'âbbé.de  Saint-Evroult  présente  à  la 
cure.  lia  les  deux  tiers  de  la  dîme,  le  curé  a  Tautre 
tiers.  Tous  les  fiefs  de  la  paroisse  appartiennent  à 
M.  Abraham-Charles-Claude  le  Boucher,  écuyer,  sei- 
gneur et  patron  honoraire  d^Esmièville. 

Elle  est  à  2  lieues  à  Touest  de  Caen,  à  trois  quarts  de 
lieue  au  nord  du  bourg  de  Troarn,  et  à  cinq  quarts  de 
lieue  à  Test-sud-est  du  bourg  d' Argences. 


(i)  Joum.  de  Verdun,  nov.  1744,  p.  368. 


62 

Giberville  (Saint-Martin  de).  Sergenterie  de  Troarn, 
élection  de  Caen,  42  feux^  i38  communiants,  notariat  de 
Caen. 

Cette  paroisse  est  située  au  pied  d^un  coteau  oîi  est 
bâtie  l'église,  et  consiste  dans  une  rue  qui  forme  un 
demi-cercle.  Elle  a  un  marais  ou  commune  oti  se  trouvent 
7  fontaines,  qui  entretiennent  la  petite  rivière  de  Sone, 
qui  coule  de  là  à  Mondeville,  paroisse  voisine.  La  cure^ 
depuis  la  réunion  des  deux  ponions,  est  à  la  nomi- 
nation des  religieuses  de  la  Charité  de  Caen,  et  de 
Villers-Canivet,  diocèse  de  Séez,  qui  y  présentent  alter- 
nativement. En  i35o,  la  grande  portion  était  à  la  pré- 
sentation de  dont.  Radulphus  de  Guibervilla,  Tautre  à 
celle  de  Pabbesse  de  Villers  (i).  La  dîme  se  partage 
entre  le  trésor  de  Téglise  et  le  titulaire  de  la 
chapelle  Sainte- Agathe,  près  Caen.  Il  y  a  dans  cette  pa- 
roisse, en  la  maison  du  sieur  Gauthier,  bourgeois  de 
Caen,  une  chapelle  du  titre  de  Sainte-Madeleine,  à  la- 
quelle il  présente.  Il  y  en  a  encore  une  autre  dont  il  ne 
reste  plus  que  le  titre,  appelée  la  chapelle  du  Pardon,  et  à 
la  nomination  de  Tabbesse  de  Caen.  Le  titulaire  est 
chargé  de  6  messes  par  an,  et  a  270  livres  de  rente,  dont 
1 5o  livres  en  terre  à  Saint-Pierre-d'Arquenay,  le  reste 
à  Giberville.  Jacqueline  de  Fontenay,  fille  aînée  de 
Lancelot,  chevalier,  seigneur  de  Fontenay-le-Marmion, 
Cabourg,  Renémênisl,  Giberville,  fut  dotée  de  cette  terre 
à  cause  de  son  mariage  avec  Hugues  Bureau,  seigneur 
de  Grentheville  et  Venoix,  lieutenant  général  du  bailli 
de  Caen  (2).  11  en  sortit  pour  fille  unique  Françoise 
bureau,  épouse  de  Bertrand  Ménard,  seigneur  de  la 

(i)  Liber,  Pelut,  episc. 

(a)  Hist  Harc.,  t.  II,  p.  1499  et  i5oo. 


6î 

Ménardière,  lieutenant  au  château  de  Caen,  sous  le  sei- 
gneur de  la  Rochepot-Montmorency  (t).  Leurs  fils,  au 
nombre  de  9,  partagèrent  la  succession  paternelle  çt  ma- 
ternelle par  acte  passé  devant  les  tabellions  de  Caen,  en 
i55i.  Louis  de  la  Ménardière,  seigneur  de  Cuverville, 
ayant  la  garde  noble  des  enfants  sous  âge  de  feu  François 
de  la  Ménardière,  seigneur  et  patron  de  Giberville, 
nomma  à  la  première  portion  eh  1 579  (2)  ;  François  de 
la  Ménardière,  seigneur  et  patron  de  Formigny  et  de 
Giberville,  en  1 699  ;  Guillaume  de  la  Ménardière,  sei- 
gneur et  patron  de  Giberville,  le  5  avril  i656.  Il  dépensa 
son  bien.  Sa  terre  de  Giberville  fut  saisie  et  décrétée,  en 
1664,  à  Nicolas  Doublet  seigneur  de  Persan,  secrétaire 
du  roi,  receveur  général  des  finances  de  la  généralité  de 
Caen,  qui  nomma  à  la  cure  le  12  juillet  1688.  Nicolas 
Doublet,  chevalier,  seigneur  de  Persan  et  de  Giberville, 
conseiller  au  Parlement  de  Paris  y  présenta  aussi  le  4  dé- 
cembre 1698.  Il  portait  pour  armes  :  d^azur  à  3  mouches 
d^OT  2  et  I .  La  seigneurie  et  le  patronage  de  la  première 
portion  de  cette  paroisse  ont  été  aliénés  depuis,  et.  vendus 
aux  dames  religieuses  de  la  Charité  de  Caen. 

Elle  est  à  une  lieue  de  Caen  et  à  2  petites  lieues  du 
bourg  de  Troarn. 

Guillerville  (Saint-Martin  de).  Sergenterie  de  Troarn, 
élection  de  Caen,  23  feux,  notariat  de  Troarn. 

Cette  paroisse  est  voisine  du  marais  des  Terriers,  sur 
lequel  ses  habitants  ont  des  droits  communs.  La  cure,  à 
la  nomination  de  Tabbé  de  Troarn,  est  appelée  Ecclesxa 
de  Gîsnervilla  dans  la  bulle  que  le  pape  Innocent  III 

(i)  Généalog.  manusc.  de  la  maison  de  la  Ménardière. 
(a)  Reg.  des  GoUat.  de  rEvêché. 


64 

accorda  en  1 2  lo  à  cette  abbaye  ( i ),  et  Ecclesia  de  Guil' 
lervilla  par  le  livre  Pelut  de  révéché^ 

Elle  est  à  une  lieue  du  bourg  de  Troarn  et  à  2  lieues 
et  demie  de  Caen. 

r 

Héritot,  autrefois  Heuditot  (Notre-Dame  de).  Sergen- 
terie  du  Verrier,  élection  de  Caen,  24  feux,  notariat  de 
Méry-Corbon. 

Cette  paroisse  est  assise  sur  la  rivière  de  Dive,  qui  en 
partage  même  une  portion  qui  va  s^étendre  vers  Tévéché 
de  Lisieux.  Le  curé,  seul  décimateur,  est  à  la  nomination 
du  seigneur.  Le  fief  seigneurial  portait  autrefois  le  nom 
d'Heuditot.  C^est  sous  cette  dénomination  que  la  paroisse 
se  trouve  employée  dans  le  vieux  Fouillé  de  Tévécbé,  qui 
n^et  la  cure  à  la  présentation  de  l'abbé  de  Fécamp,  qui 
Ta  apparemment  rétrocédée  au  seigneur.  Ce  fief  auquel 
celui  de  la  paroisse  d^Ernetot  est  uni  a  de  beaux  droits, 
et  plusieurs  fiefs  qui  relèvent  de  lui,  tels  que  sont  :  i®  un 
fief  de  haubert  situé  paroisse  de  Garcelles  ;  2»  un  huitième 
de  fief  de  haubert  situé  paroisse  de  Vimont;  3^  un  tiers 
de  fief  de  chevalier  situé  paroisse  de  Rupierre,  et  un  autre 
fief  noble  dans  la  même  paroisse  ;  40  un  fief  de  haubert 
situé  paroisse  de  Saint-Pierre-du-Jonquay,  et  un  fief 
noble  dans  la  même  paroisse  ;  S^^  un  plein  fief  de  haubert, 
paroisse  de  Manneville-la-Campagne;  6<>  un  demi-fief  de 
haubert,  paroisse  d^Escoville;  70  un  fief  noble,  paroisse 
de  Beneauville  ;  8®  un  fief  nommé  le  fief  de  Madrilly, 
paroisse  de  Gacé,  vicomte  d'Orbec;  9*  un  demi-fief 
d^haubert,  paroisse  des  Astelles,  châtellenie  d^Hyesmes, 
duché  d^Alençon  ;  io<>  un  autre  fief  noble,  paroisse  de 
Canapville,  vicomte  d^Orbec.  Cette  seigneurie  d^Héritot, 

(i)  Neust.  Pia,  p.  563. 


fief  d^haubert^  relève  du  roi.  Vaultier  de  Briosne,  sei- 
gneur d'Heuditot,  fils  de  Guillaume  d^Harcourt  (i)  prit 
le  nom  de  Briosne  à  la  place  de  celui  de  son  père,  en  re- 
tenant seulement  les  armes  d^Harcourt  qui  sont  :  de  gueule 
à  2  faces  d*or,  qu^il  brisa  de  3  besans  d'or  en  chef.  Il 
s'allia  de  Perronelle  de  Boissay.  Richard  de  Briosne,  pre- 
mier du  nom,  son  fils,  seigneur  d'Heuditot-Ernetot  fut 
fait  chevalier  en  1 3 1 3  par  le  roi  Philippe  le  Bel  pour 
lequel  il  porta  les  armes.  Il  prit  alliance  avec  Alix  de 
Rupierre,  héritière  de  Rupièrre,  petite-nièce  de  Guil- 
laume de  Rupierre,  ëvéque  de  Lisieux  en  f  193.  Richard 
deuxième  du  nom,  seigneur  d'Heuditot,  Ernetot,  Ru- 
pierre, Manneville,  chevalier,  est  compris  entre  les  che- 
valiers bacheliers  de  Tan  i338,  prenant  la  qualité  de  : 
monseigneur.  Il  est  dit  seigneur  et  patron  de  Manneville 
dans  les  archives  de  Bayeux,  à  cause  de  Jeanne  de  Man- 
neville, sa  femme.  Bertrand  de  Briosne,  seigneur  d'Heu- 
ditot,  porte  la  qualité  de  chevalier  dans  les  registres  de  la 
chambre  des  comptes  de  l'an  1347.  Il  épousa  Jeanne  de 
Cantelou  ou  Cbantelou.  Richard  troisième  du  nom,  sei* 
gneur  d'Euditot,  est  employé  dans  la  liste  des  chevaliers 
bannerets  et  bacheliers  qui  fut  faite  par  les  hérauts  sous 
le  règne  dé  Charles  VI.  Raul-Morel  de  Briosne,  son 
frère,  est  qualifié  chevalier,  seigneur  d'Heuditot,  Ru- 
pierre, Cantelou,  Ernetot  (2).  Il  fit  une  acquisition  d'une 
ponion  de  dîme  dans  la  paroisse  d'Ernetot,  selon  l'acte 
du  21  juin  1416.  Il  fut  marié  à  Perronelle  d'Auvrecher 
d'Angerville.  Lambert  de  Briosne,  son  fils,  mon  sans 
alliance,  laissa  pour  héritières  Jeanne  et  Perronelle  de 
Briosne,  ses  sœurs.  De  Taînée,  mariée  successivement  à 


(i)  Hist.  Harc,  t.  II,  p.  1973. 

(2)  Hist,  Harcy  t.  II,  p.  1976  à  1981. 


G6 

Jacques,  chevalieri  sire  de  la  Heuse,  et  à  Guillaume 
Murdrac,  seigneur  du  Treilly,  vinrent  3  filles  qui  parta- 
gèrent la  riche  succession  de  leur  mère  le  3  octobre  1452. 
Marguerite  de  la  Heuse,  sortie  du  premier  lit,  dame  de 
Heuditot  et  de  la  vavassorerie  de  Cantelou,  est  qualifiée, 
dit  la  Roque,  dame  de  Mous  (Moult)  en  un  arrêt  du 
Parlement  de  Tan  1441/à  cause  de  son  mari  Colard,  sire 
de  Mous,  capitaine  de  Ribemont  (i).  Sa  seigneurie 
d^Heuditot  passa,  sous  le  nom  d'Héritot,  dans  la  maison 
de  Betheville.  Jean  de  Betheville,  seigneur  de  Betheville 
et  d'Héritot,  épousa  Jeanne  Vipart.  Guillaume^  seigneur 
de  Betheville  et  d^Héritot,  Blanche  d^Harcourt.  Jacques, 
seigneur  desdits  lieux,  Marguerite  Le  Veneur,  petite  nièce 
du  cardinal  Jean  Le  Veneur,  grand  aumônier  de  France. 
Il  est  dit  dans  un  rolle  de  l'an  i5o3,  que  Jacques  de  Be- 
theville tenait  le  fief  entier  d'Héritot  avec  droit  de  pa- 
tronage du  duché  d^Alençon,  en  la  vicomte  de  Saint- 
Silvin  ;  qu'il  tenait  pareillement  les  fiefs  de  Clinchamps, 
Cantelou,  Manneville,  Soumoville,  Torps  et  Garsalles, 
assis  en  divers  ressorts  (2),  Robert  de  Betheville,  seigneur 
du  lieu  et  d'Héritot,  s'allia  de  Françoise  de  Fours.  Il 
avait  pour  armes  :  de  gueules  à  la  croix  d'argent  accom- 
pagnée de  12  quintesfeuilles  d'or.  Françoise  de  Bethe- 
ville, dame  desdits  lieux,  sa  fille  unique  nomma  à  la  cure 
d'Héritoten  1 596  et  161 1  (3).  Elle  se  qualifie  dans  les 
présentations  de  veuve  de  M.  Jacques  de  Mouy,  sei- 
gneur de  Pierrecourt,  chevalier  des  ordres  du  roi,  con- 
seiller en  son  conseil  d'Etat,  capitaine  de  5o  hommes 
d'armes,  lieutenant  général  de  Sa  Majesté  en  Norman- 

(1)  Hist.  Harc,  t.  U,  p.  igSS  à  1987. 

(2)  Hist.  Harc,  t.  II,  p.  1540  à  1547. 

(3)  Registre  du  secret,  de  révêchc. 


6? 

die  (i),  Il  était  frère  puîné  de  Jean  de  Mouy,  seigneur  de 
la  Mailleraye,  chevalier  des  ordres  du  roi,  vice-amiral  de 
France. .Antoine  de  Moqï,  leur  fils,  seigneur  d'Héritot  et 
de  Fours,  gouverneur  d^Honfleur,  s'allia  de  Madeleine 
de  Mage,  dame  de  Tourmeauville.  Louis  de  Bretel  de 
Grimouville,  chevalier,  seigneur  et  marquis  de  la  Mail- 
leraye,  seigneur  et  patron  d'Héritot,  Ernetot,  nomma  à 
cure  le  12  octobre  i65o  (2).  Elle  dépend  aujourd'hui  de 
messire  Jean-François  PiedoCke,  écuyer,  seigneur  d'Hé- 
ritot,  Ernetot.  J.-B.  Piédoûe  de  Charsigné,  seigneur  de 
Héritot,  Ernetot,  procureur  général  du  roi  au  bureau  des 
finances  à  Caen  vivait  en  1725  avec  Catherine  deCau- 
vîgny,  sa  femme. 

'  Elle  est  à  une  lieue  du  bourg  d'Argences,  trois  quarts 
de  lieue  de  Troarn,  4  lieues  et  demie  de  Caen. 

Herouvillette  (Notre-Dame  d').  Sergenterie  de  Vara- 
ville,  élection  de  Caen,  84  feux,  notariat  de  Bréville. 

Cette  paroisse  est  arrosée  au  levant  par  le  ruisseau 
d'Aiguillon,  et  au  nord  par  la  rivière  d'Orne.  Le  grand 
chemin  de  Caen  à  Dive,  au  Pont-l'Evêque,  le  Havre, 
Rouen,  passe  au  travers  de  son  territoire.  De  ses  ha- 
meaux, le  principal  est  celui  de  Sainte-Honorine,  où  il  y 
a  une  chapelle  annexe  de  la  paroisse,  desservie  par  un 
vicaire  commis  par  le  curé.  C'est  de  cette  chapelle,  assez 
écartée  de  l'église  paroissiale,  que  le  hameau  a  pris  son 
nom.  Herouvillette  est  un  démembrement  de  la  paroisse 
de  Ranville;  l'abbé  d'Aunay  présente  à  la  cure;  leurs 
terroirs  ont  toujours  été  indivis  pour  les  dîmes,  et  les 
granges  sont  sur  la  dernière  ;  mais  on  les  a  panagés  de- 

(i)  Hist,  Harc,  t.  II,  p.  1547. 
(a)  Reg.  du  secret,  de  l'érêché. 


68 

puis  quelques  années  quant  aux  tailles,  pour  lesquelles 
on  fait  deux  rôles  aujourd'hui.  L'abbé  d^Aunay  perçoit 
les  deux  tiers  des  grosses  dîmes,  et  tous  les  verdages 
d^HérouvIUette,  le  curé  n'ayant  qu'une  pension  congrue, 
l'autre  tiers  se  partage  entre  Tabbesse  de  Préaux  et  le  curé 
.  de  Ranville,  qui  a  les  verdages  de  sa  paroisse.  Le  pa- 
tronage et  les  dîmes  de  cette  paroisse  furent  aumônées 
avec  tous  droits  à  l'abbaye  d'Aunay,  vers  ii3iy  par 
Jourdain  de  Say,  son  fondateur  (i). 

Elle  est  à  2  petites  lieues  au  nord  de  Caen  et  à  une 
lieue  et  demie  de  Troarn. 

Janville  (Notre-Dame  de).  JoannisviUa.  Sergenterie 
de  Troarn,  élection  de  Caen,  45  feux,  notariat  de  Troarn. 

Cette  paroisse,  voisine  du  marais  des  Terriers  est  située 
au  confluent  du  cours  de  Semillon,  et  de  la  petite  rivière 
de  Meance.  Nous  apprenons  de  la  bulle  coniirmative  du 
pape  Innocent  III,  de  l'année  12 10,  que  son  église  est 
exempte  de  la  juridiction  épiscopale,  et  soumise  à  celle  de 
l'abbé  de  Troarn,  qtii  nomme  à  la  cure  de  plein  droit. 
L'abbé  de  Troarn  a  les  deux  tiers  de  la  dîme,  le  curé 
l'autre  tiers. 

Elle  est  à  trois  quarts  de  lieue  de  cette  abbaye  et  à 
4  lieues  de  Caen. 

Jonquay  (Saint-Pierre  du).  Sergenterie  au  Verrier, 
élection  de  Caen,  24  feux,  notariat  de  Méry-Corbon. 

Elle  est  arrosée  au  nord  par  la  rivière  de  Dive  qui  la 
sépare  du  diocèse  de  Lisieux,  bornée  au  midi  par  les  pa- 
roisses de  Rupierre  et  de  Héritot,  à  l'orient  par  un  ruis- 
seau d'avec  le  Mesnil-Oger,  et  au  couchant  par  la  petite 

(i)  Neust.  Pia,  p.  758. 


rivière  deTroarn.  L'église  est  neuve  et  fut  finie  en  1743, 
autour  de  laquelle  est  le  village  du  Jonquay.  Il  y  a  encore 
à  une  petite  distance  un  autre  hameau  appelé  TOmulée, 
séparé  de  celui  du  Jonquay  par  le  ruisseau  ou  le  gué  de 
PAumône.  Il  y  avait  2  portions  de  cure  qui  ont  été  réu- 
nies; on  voit  par  le  livre  Pelut  que  vers  i35o,  le  prieur 
de  Deux- Amants  était  présentateur  de  la  première,  et  Jean 
de  Rupierre  de  la  seconde.  Charles  d^Auberville,  cheva- 
lier, baron  de  Verbosc,  seigneur  de  Caux,  Mesnil-Oger, 
Cantelou  et  Saint-Pierre  du  Jonquay  ,y  nomma  ès-années 
\5ji  et  iSyS  à  la  seconde  portion.  Aujourd'hui,  M.  le 
marquis  de  La  Ferté,  y  possédant  les  fiefs  de  Saint-Pierre 
et  de  Saint-Denis,  est  seigneur  patron  présentateur  de  la 
cure.  M"«  la  maréchale  de  Montesquiou  y  tient  un  troi- 
sième fief  nommé  Meïzi.  Les  dîmes  appartiennent  au 
curé,  conjointement  avec  le  curé  de  Hotot-en-Auge,  dio- 
cèse de  Lisieux,  les  religieuses  de  Villers-Canivet  et  les 
chanoines  de  Croissanville. 

Elle  est  à  4  lieues  de  Caen  et  à  une  lieue  des  bourgs 
d^Argenceset  de  Troarn. 

Lirose  (Saint-Germain  de).  Sergenterie  de  Troarn, 
élection  de  Caen,  a  un  feu,  notariat  de  Troarn. 

Cette  petite  paroisse  est  située  sur  la  route  de  Caen  au 
Pont-PÉvéque  par  Troarn  et  Darnestal.  L'abbé  de  Troarn 
nomme  à  la  cure  de  plein  droit  ;  c'est  une  des  églises  qui 
composent  l'exemption  de  cette  abbaye,  suivant  la  bulle 
d'Innocent  III,  en  1210. 

Elle  est  à  2  lieues  de  Caen  et  à  une  lieue  du  bourg  de 
Troarn, 

Matmeville  (Saint-Frambault  de).  Sergenterie  de 
Troarn,  élection  de  Caen,  14  feux,  notariat  de  Troarn. 


70 

Cette  paroisse,  située  en  pleiae  campagne,  est  sur  la 
droite  du  chemin  de  Caen  au  bourg  de  Troarn.  Messire 
Jean-Robert  Gosselin,  seigneur  et  patron  de  Manneville, 
chevalier  de  Tordre  militaire  de  Saint-Louis  nomma  à  la 
cure  de  qui  dépend  la  dîme,  et  à  la  chapelle  de  Sainte- 
Trinité,  qui  par  décret  de  TOrdinairedu  i«  janvier  1 746, 
a  été  transférée  de  la  basse-cour  dans  Taile  gauche  de  la 
maison  seigneuriale,  en  un'  lieu  plus  décent.  La  paroisse 
de  Manneville  appartenait  autrefois  à  une  famille  noble 
qui  en  avait  emprunté  le  nom,  et  qui  portait  pour  armes  : 
d^or  au  lion  de  gueules.  GeoflTroy  de  Manneville,  écuyer, 
et  monseigneur  Guillaume  de  Manneville,  chevalier,  sont 
représentés  dans  les  registres  de  la  Chambre  des  Comptes 
de  Tan  iSôg.  M.  Geffroy  de  Manneville,  chevalier,  fut 
employé  dans  la  liste  des  chevaliers-bacheliers  sous  le 
règne  de  Charles  VI.  Cette  famille  forma  plusieurs 
branches  comme  on  le  voit  par  la  recherche  de  Montfauq, 
année  1463,  où  Ton  trouve  Philippe  de  Manneville,  sei- 
gneur de  Secqueville,  Jean  de  Manneville,  seigneur  de 
Lanteuil.  Guillaume  de  Manneville,  seigneur  de  Livry, 
et  Jean  de  Manneville,  seigneur  de  Cahagnes.  Guillaume 
de  Manneville,  chevalier,  seigneur  de  Manneville  vivait 
vers  1260.  Jean  de  Manneville  fut  du  nombre  des  gentils- 
hommes à  qui  le  roi  Jean  pardonna  en  1 36o  pour  avoir 
pris  le  parti  du  roi  de  Navarre.  Richard  de  Briosne, 
II*  du  nom,  chevalier,  seigneur  d^Heuditot  (Héritot), 
Ernetot,  est  dit  dans  les  archives  de  Péglise  de  Bayeux, 
année  i35o,  seigneur  et  patron  de  Manneville,  à  cause  de 
Jeanne  de  Manneville,  sa  femme.  Jean  de  Briosne,  che- 
valier, tenait  un  quart  de  fief  avec  une  vavassorie  de 
36  acres  en  la  paroisse  de  Mannevillle,  suivant  Paveu 
qu^il  en  rendit  au  roi  le  dernier  mars  1372.  De  Jeanne  de 
Briosne  et  de  Guillaume  de  Murdrac,  seigneur  du  Treilly, 


71 

son  second  mari,  sortirent  pour  héritières  Jeanne  et 
Catherine  de  Murdrac,  qui,  avec  Marguerite  de  la  Heuse, 
leur  soeur  utérine,  partagea  la  succession  de  leur  mère 
le  3  octobre  1452.  Jeanne,  épouse  de  Robert  dWnger- 
ville,  seigneur  de  Grainville,  eut  la  seigneurie  de  Manne- 
ville  avec  les  patronages  d'églises,  et  les  rentes  foncières 
assignées  aux  paroisses  de  Mesnil-Oger  et  d^Argences. 

Elle  est  à  2  lieues  de  Caen  et  à  une  lieue  du  bourg  de 
Troam  (i). 

Merville  et  Gonneville.  Sergenterie  de  Varaville,  élec- 
tion de  Caen,  notariat  de  Varaville. 

Ces  deux  paroisses  ne  sont  unies  que  quant  au  titre  de 
bénéfice  seulement.  Dans  le  reste  elles  n^ont  rien  de  com- 
mun. Merville,  sous  Tinvocation  de  Saint-Germain 
d^Auxerre  son  premier  patron,  et  de  la  Nativité  de  la 
Sainte-Vierge  son  second,  est  Péglise  matrice,  40  feux^ 
160  communiants. 

Gonneville,  sous  le  titre  de  TExaltation  de  Sainte-Croix, 
est  Tannexe  ou  succursale,  90  feux,  3oo  communiants. 

Chaque  église  a  son  office,  ses  fonts  baptismaux,  ses 
registres  en  particulier,  comme  chaque  paroisse  a  son  sel, 
sa  taille,  et  autres  impositions  séparément.  Le  curé  de 
Merville,  à  la  pleine  collation  du  chanoine  de  ce  nom, 
dessert  les  deux  cures  par  lui-même  et  par  un  vicaire  à 
son  choix.  Les  dîmes  sont  communes;  le  chanoine  de 
Merville  et  les  boursiers  du  collège  de  M«  Gervais  de 
Paris,  en  perçoivent  la  plus  grande  partie,  en  sorte  qu^on 
n'en  excepte  que  les  deux  tiers  des  grosses  qui  sont  recueil- 
lies par  Tabbesse  de  Caen  sur  son  fief  d'Escanneville,  et 
par  M«e  de  Hautemare  de  Caen  sur  Textension  de  son 

(i)  Hist.  éTHarcourt,  1. 1,  p.  387,  et  t.  II,  p.  1978  à  ioo5. 


72 

fief  du  Homme,  à  cause  de  sa  chapelle  de  Saint-Chris- 
tophe, située  à  Varaville,  au  hameau  du  Homme. 

Merville  est  situé  à  l'embouchure  de  TOme  et  a  au  nord 
la  mer,  dont  la  plage  porte  le  nom  de  la  Pointe  du  Siège 
dans  les  anciennes  cartes,  et  de  Merville  dans  la  carte 
nouvelle  de  Bayeux.  II  y  a  le  long  cie  la  côte  une  excel- 
lente garenne,  qui  appartient  au  seigneur  du  lieu.  Son 
terroir  est  un  pays  plat  qui  consiste  en  terres  à  labour  et 
en  herbages.  Il  n^a  point  de  rivières,  TOrne  en  étant  à  un 
bon  quart  de  lieue  loin  ;  il  n^  a  que  quelques  rigolles 
ou  coulants  pour  égoater  les  terres.  Ses  hameaux  sont 
celui  de  Merville,  près  de  Péglise,  celui  d'Escanneville,  et 
quelques  maisons  écartées  du  côté  du  Buisson,  et  celui  du 
Homme  sur  le  grand  chemin  de  Caen  à  Rouen,  lequel 
est  en  partie  sur  Varaville  au  levant.  La  seigneurie  de 
Merville,  fief  de  châtelain  relevant  du  roi,  est  aux  mains 
de  Messire  Charles- Adrien  d'Anisy,  écuyer,  seigneur- 
châtelain  et  honoraire  de  Merville,  trésorier  au  bureau 
des  finances  à  Caen,  il  Ta  acquise  des  enfants  de  Messire 
Nicolas  de  Cairon,  seigneur  du  dit  lieu.  Anciennement 
elle  appartenait  à  la  maison  de  Vaux-sur-Aure.  François 
de  Vaux,  chevalier,  seigneur«cbâtelain  de  Merville,  de 
Fontaine-Étoupefour,  vivant  en  1490,  ne  laissa  que 
3  filles,  dont  l'une  épousa  un  Bateste;  Tautre,  nommée 
Jeanne,  Jean  de  Beuzeville,  seigneur  d^Huberville  ;  la 
troisième,  le  seigneur  des  Moustiers  (i).  Le  seigneur  de 
Merville  a  2  terres  considérables  dans  cette  paroisse.  Tune 
quHI  a  achetée  avec  la  seigneurie,  Tautre,  dont  il  a  hérité 
de  son  oncle,  M.  de  Lousouf,  trésorier  de  France  à  Caen. 
Son  château,  entouré  de  mottes  de  toutes  parts,  n'est 
remarquable  que  par  son  ancienneté. 

(i)Hi8t,  Harc,  t.  Il,  p.  aoo2  et  aoo3. 


73 

Merville  est  à  3  fortes  lieues  de  Caen,  et  à  2,  lieues  de 
Troarn. 

Gonneville,  placé  au  midi  de  Merville,  est,  comme 
celle-ci,  entre  les  rivières  d'Orne  et  de  Dive,  à  trois  quarts 
de  lieue  de  distance  de  Tune  et  de  Pautre.  Il  y  a  3  ha- 
meaux :  Beauvoir,  qui  est  le  plus  grand  et  le  plus  peuplé, 
proche  te  terroir  de  Bavent,  du  côté  de  Beneauville;  Gon- 
neville,  au  septentrion  près  de  Merville  ;  et  Eschenvilïe 
qui  est  au  milieu  desdeux.  Le  curé  et  le  vicaire  demeurent 
à  Gonneville.  Ils  y  ont  toujours  demeuré,  même  avant 
que  Péglise  de  cette  annexe  fût  construite.  11  parait  que 
cette  église,  suivant  une  inscription  qu'on  y  voit,  a  été 
consacrée  par  Tévéque  de  Damas  le  20  d'avril  1609.  Le 
fief  dominant  de  ce  lieu  est  la  baronnie  de  Varaville  ;  le 
même  seigneur  y  possède  aussi  le  fief  de  Boudevillain, 
dont  la  glèbe  est  à  Varaville.  Il  y  a  encore  d'autres  fiefs, 
comme  :  Gonneville  tenu  par  Anne-Charlotte  des  Jardins, 
veuve  de  François  Turpin,  écuyer,  sieur  de  Cailloûet  ; 
des  Gipuls,  par  Pierre-Alexandre  Ernault,  écuyer,  sieur 
des  Capuls;  et  Beauvoir  ou  Beauvais,  par  M»*  PAbbesse 
de  Caen.  Les  d^cimateurs  sont  les  mêmes  pour  Gonne- 
ville  et  pour  Merville,  comme  je  Faî  déjà  observé.  Il  faut 
pourtant  remarquer  que  dans  Gonneville,  le  chapelain  de 
PHôtel-Dleu  de  Varaville  et  un  des  religieux  de  Troarn 
prennent  la  moitié  de  la  grosse  d!me  qui  vient  sur  le  fief 
de  Boudevillain,  et  que  le  trésbr  de  Gonneville  a  les  deux 
tiers  d'une  petite  portion,  qui  est  prise  à  un  autre 
endroit. 

Gonneville  est  aussi  à  3  lieues  de  Caen  et  à  2  lieues  de 
Troarn. 

Méry  (Saint-Martin  de).  Sergenterie  d'Argenccs,  élec- 
tion de  Caen,  1 19  feux,  en  y  comprenant  l'extension  de 


74 

Corbon  qui  est  de  l'autre  côté  de  la  Dive,  qui  arrose  son 
territoire  à  Torient.  Lieu  de  notariat. 

La  nomination  de  la  cure  appartient  à  Tabbé  du  Bec. 
Il  y  a  4  décimateurs,  le  curé,  qui  est  décimateur  ecclé- 
siastique, et  l'abbé  de  Troarn  qui,  conjointement  avec  les 
boursiersdu  collège  de  M^GervaisChrétien,  et  les  chanoines 
de  Croissanville,  possèdent  les  dîmes  inféodées^  lesquelles 
reviennent  aux  deux  tiers  de  toutes  les  grosses  (  i  ).  Il  parait, 
par  le  titre  de  Tabbaye  de  Troarn  du  12  septembre  i366, 
par  celui  des  chanoines  du  25  août  1376,  et  par  le  contrat 
d^échangedu  collège  de  M^Gervais  du  8  juillet  1 379,  que 
cette  dîme  inféodée  est  provenue  de  Jean  Le  François  ; 
qu^elle  a  été  partagée  entre  Jeanne  et  Agnès  Le  François; 
qu^elle  consiste  aux>  deux  tiers  des  grosses  dîmes  ;  que 
Jeanne  Le  François  aînée,  mère  de  Jean  Bonenfant,  dona* 
teur  des  chanoines  de  Croissanville,  n^a  eu  que  la  dîme 
de  Tancien  domaine  du  fief  de  Méry  qui  lui  est  échu  en 
partage,  et  que  pour  le  reste  des  dimes  inféodées,  il  est 
échu  à  Agnès  Le  François  puînée,  laquelle,  avec  Guillaume 
de  Manourry  son  mari,  a  vendu  la  moitié  de  sa  portion 
aux  religieux  de  Troarn,  et  après  son  décès,  Jean  de  Ma- 
nourry, fils  de  la  dite  Agnès,  a  délaissé,  à  titre  d^échange, 
l'autre  moitié  à  M*  Gervais  Chrétien»  fondateur  du  dit 
coUège.Méry  est  aux  confins  de  Tarchidiaconéd'Hyesmes, 
proche  le*  pont  de  Dive,  à  4  lieues  et  demie  de  Caen  et  à 
une  lieue  et  demie  du  bourg  de  Troarn. 

Mesnil-Frémantel  (Saint-Barthélémy).  Sergenterie  de 
Troarn,  élection  de  Caen,  10  feux,  35  ou  40  habitants, 
notariat  de  Troarn. 

Cette  paroisse,  sur  le  grand  chemin  de  Caen  à  Paris, 

(i)  Ext.  d'un  fact.  impr. 


75 

relève  delà  juridiction  d'Argcnces,  dont  elle  est  une  exten- 
sion du  fief.  Les  prieur  et  religieux  de  Fécamp  en  sont  les 
seigneurs^  comme  aussi  les  présentateurs  et  collateurs  de 
la  cure.  Toutes  les  dîmes,  grosses  et  menues  leur  appar- 
tiennent. Elle  s^appelle  Mesni-Frémantel, 'quoique  le 
hameau  du  Mesni  ne  subsiste  plus,  mais  seulement  la 
paroisse  de  Frémantel,  en  latin  de  Frigido-Mantello. 

Elle  est  à  cinq  quarts  de  lieue  du  faubourg  de  Sainte- 
Paîx-lès-Caen. 

Mesnii^Oger\Saint'Outndé\,  Sergenterie  de  Brethevil, 
élection  de  Falaise,  1 9  feux,  5o  à  60  communiants,  nota- 
riat de  Méry-Corbon. 

Cette  paroisse  est  située  sur  le  bord  de  la  rivière  de 
Dive.  Elle  dépend  de  l'élection  de  Caen  pour  le  sel  et  la 
taille,  et  de  celle  de  Falaise  pour  le  civil  et  autres  affaires. 
La  sergenterie  de  Brethevil  contient  4  paroisses  dans 
rélection  de  Falaise.  Cétait  autrefois  un  petit  monastère 
composé  de  3  à  4  religieux  bénédictins,  dépendants  de 
Tabbaye  de  Saint-Ouen  de  Rouen,  lesquels  y  avaient  un 
vicaire  perpétuel  pour  administrer  les  paroissiens.  Les 
religieux  de  Saint-Ouen,  seigneurs  et  patrons  firent  un 
échange  il  y  a  environ  200  ans,  et  cédèrent  les  préroga- 
tives de  la  seigneurie  et  du  patronage  à  une  dame  de  la 
Ferté.  En  conséquence  de  <jet  échange,  M.  de  La  Ferté- 
Senneterre  est  seigneur  du  Mesnil-Oger  et  présente  à  la 
cure,  et  Pabbé  de  Saint-Ouen  en  est  le  collateur.  Le  curé 
jouit  de  toute  la  dîme. 

Elle  est  entre  les  bourgs  de  Troarn  et  d'Ârgences,  à 
une  lieue  de  distance  de  l'une  et  die  Tautre. 

Mondeville  (Notre-Dame  de).  Sergenterie  d'Argences, 
élection  de  Caen,  100  feux,  notariat  de  Caen. 


1^ 

Cette  paroisse,  qui  est  arrosée  par  un  ruisseau  produit 
par  une  fontaine  delà  paroisse  de  GiberviUe,  a  3  hameaux 
principaux  sans  compter  la  rue   principale-:  Le  Vast, 
Beimest  et  les  Roques;  dans  son  entier,  elle  forme  une 
espèce  de  fer  à  cheval  qui  dans  son  enceinte  renferme  une 
plage  de  terre  infiniment  basse,  et  souvent  submergée,  et 
qui  n'est  plantée  qu'en  mon-bois,on  Pappelle  les  Eguerres. 
Le  ruisseau  qui  la  traverse  s'appelle  les  Bieux.  On  y  voit 
plusieurs  gouffres  sans  fond.  11  y  a  dans  l'église  une  con- 
frérie de  la  Sainte- Vierge,  on  y  célèbre  toutes  les  fêtes 
avec  solennité,  sermon  et  bénédiction  du  Saint-Sacrement. 
Les  religieux  de  Pabbaye  de  Fécamp  sont  seigneurs  tem- 
porels de  Mondeville  ;  ils  présentent  de  plein  droit  à  la 
cure,  et  en  perçoivent  les  dîmes.  H  y  avait  un  prieuré 
simple  sous  le  titre  de  Saint-Denis,  qu'on  dit  avoir  été 
une  abbaye  de  Bénédictins,  et  dont  il  ne  reste  plus  que  le 
revenu  qui  appartient  à  Fécamp,  et  une  léproserie  de 
Sainte- Madeleine,  pareillement  détruite,  et  dont  les  biens 
ont  été  donnés  à  THôtel-Dieu  et  à  THôpital-Général  de 
Caen.  On  trouve^  ce  qui  est  assez  rare,  jusqu'à  5  cha- 
pelles domestiques  dans  cette  paroisse.  Il  y  a  plusieurs 
belles  maisons  de  plaisance  pour  des  particuliers  de  Caen  ; 
la  plus  charmante  est  celle  de  feu  Messire  Julien  de  Gou- 
pillère,  direaeur  de  la  monnaie  à  Caen.  Sa  position,  qui 
domine  sur  cette  ville,  et  sur  les  prairies  des  environs, 
forme  l'aspect  le  plus  riant.  Tout  y  est  dans  l'ordre,  beaux 
jardins,  belles  promenades,  belles  terrasses.  La  paroisse 
de  Mondeville  relève  de  la  haute  justice  et  bailliage  d'Ar- 
gences,  dont  le  siège  esta  Sainte-Paix-lès-Caen,  et  ressortit 
uniment  du  Parlement  de  Rouen.  Son  terroir  parait  res- 
treint du  côté  de  Giberville  et  de  Colombelles,  mais  il 
s'étend  infiniment  pour  la  terre  à  labour  vers  le  Mesnil  et 
Grentheville;  si  Sainte-Paix  parait  le  resserrer,  en  récom- 


77 

pense,  il  se  dilate  sur  une  belle  prairie  qui,  depuis  les 
moulins  de  Qopée  jusqu^à  la  Goublinière.  renferme  tout 
le  terrain  que  la  rivière  arrose  par  une  infinité  de  détours. 
Le  roi  Charles  IX,  après  s'être  fait  déclarer  majeur  dans 
un  lit  de  justice,  tenu  à  Rouen  le  17  d^août  i563,  des- 
cendit en  Basse-Normandie  pour  visiter  cette  partie  de  la 
province.  Le  mardi  24  du  dit  mois,  arriva  le  roi,  environ 
10  heures  du  matin,  au  village  de  Mondeville,  chez  le 
sieur  du  lieu  surnommé  Morin.  Après  son  dîner,  fait  son 
entrée  à  Caen  avec  les  cérémonies  qu'on  peut  voir  dans 
les  antiquités  de  cette  ville,  par  M.  de  Bras  (i). 

Elle  est  à  une  demie-lieue  de  Caen,  sur  la  route  de 
Rouen  et  de  Paris. 

Petiville  (Saint-Biaise  de).  Sergenterîe  de  Varaville, 
éleaion  de  Caen,  89  feux,  notariat  de  Varaville. 

Cette  paroisse  est  située  dans  un  long  et  large  marais 
bordé  par  la'rivière  de  Dive.  La  dîme  appartient  au  curé 
et  la  nomination  de  la  cure  au  seigneur.  Le  vieux  pouillé 
de  révêché,  rédigé  vers  i35o,  marque  que  son  patronage 
appartenait  alors  aux  héritiers  de  M.  Guillaume  de  Luc. 
Depuis  il  passa  à  Messire  d'Angerville  (2)  ;  ainsi,  noble 
homme,  Jean  d'Angerville,  seigneur  de  Petiville  y  nomma 
en  i5o8,  et  Louis  d'Angerville  son  fils  en  i535  (3).  Ils 
étaient  de  la  même  famille  que  les  d'Angerville,  seigneurs 
de  GrainviUe. 

Elle  est  à  3  lieues  et  demie  de  Caen. 

Ranville  (Notre-Dame  et  Saint-Roch  de).  Sergenterie 


(i)  Ant,  de  Caen,  p.  187. 

(2)  Hist.  Harcourt,  t.  U,  p.  1982. 

(3)  Reg.  du  secret,  de  Tévêché. 


78 

de  Varaville,  élection  de  Caen,    loo  feux,  notariat  de 
Brëville. 

Cette  paroisse,  dans  toute  sa  longueur^  est  baignée  à 
Toccident  par  la  rivière  d*Orne  ;  celle  d'Eguillon  la  tra- 
verse du  sud-est  au  nord,  et  le  grand  chemin  de  Caen  au 
Havre  et  à  Rouen,  du  sud-ouest  au  nord«est.  La  cure  est 
à  la  présentation  de  messire  Pierre*Antoine-Barnabé  de 
Guemon,  écuyer,  seigneur  et  patron  de  Ranville,  et  cela 
depuis  Tarrét  du  Parlement  qui  a  fait  cesser  le  litige  entre 
ce  seigneur  et  Tabbesse  de  Préaux.  Les  décimateurs  sont 
les  mêmes  qu*à  Hérouvillette  (voyez  son  article  ci-devant). 
On  y  compte  7  hameaux  :  Longval,  la  haute  et  basse 
Ranville,  le  Mariquet,  Coutanville,  le  Home,  Longue- 
ville  et  TEcarde.  Il  y  a  dans  le  hameau  de  Longval,  qui 
est  à  trois  quarts  de  lieue  loin  de  l'église,  une  (ihapelle  de 
Saint- Léonard,  sans  fond  ni  revenu;  ses  habitants,  en 
vertu  d'un  arrêt  qu'ils  ont  obtenu  du  Parlement,  obligent 
le  curé  d'y  faire  dire  la  première  messe  les  dimanches  et 
les  fêtes  pour  leur  commodité.  La  seigneurie  de  Ranville 
relève  directement  du  roi.  Elle  a  des  extensions  dans  plu- 
sieurs paroisses  voisines,  et  notamment  dans  celle  de 
Hérouvillette.  D^elle  relève  noblement  le  fief  d^Escageulle 
qui  est  ès-mainsdeM.  de  Ranville.  En  général,  le  terroir 
de  cette  paroisse  est  pierreux  et  mélangé  de  bonnes  et 
mauvaises  terres  ;  les  pommiers  croissent  assez  bien  dans 
les  bonnes;  il  est  assez  uni  depuis  POme  jusqu'aux 
bruyères  de  Troarn,  si  on  en  excepte  les  petits  coteaux  qui 
sont  des  deux  côtés  de  la  rivière  d'Eguillon.  Il  y  a  sur  le 
bord  un  rocher  qui  renferme  un  trou  de  2  pieds  de  dia- 
mètre, par  lequel,  lorsque  la  rivière  est  haute,  il  s^écoule 
une  quantité  d'eaux  qui  vont  apparemment  se  perdre  à 
la  mer  à  une  lieue  de  là.  Ce  rocher  est  tout  composé 
d^écailles  et  autres  pétrifications  qu^on  détache  aisément 


79 

du  sable  qui. les  enveloppe.  On  trouve  de  ces  fossiles  à 
plusieurs  autres  endroits,  particulièrement  dans  les  car- 
rières qui  sont  du  côté  de  l'Orne.  On  en  tire  journelle- 
ment de  la  pierre  de  taille  qu^on  transporte  au  Havre, 
Honfleur,  Saint- Valéry,  Dieppe,  pour  les  ouvrages  du 
roi.  Cette  pierre  est  grise,  fort  dure  et  à  l'épreuve  des 
gelées.  La  mer  couvre  deux  fois  par  mois,  à  la  nouvelle  et 
pleine  lune,  le  marais  de  Ranville  et  ceux  de  Sallenelles 
et  d'Anfreville.  Après  la  retraite  des  eaux,  on  y  met  à 
paluder  les  moutons,  dont  souvent  plusieurs  meurent  pour 
avoir  bu  de  l'eau  salée  qui  leur  forme  dans  le  corps  une 
petite  bourse  d'eau  ;  cette  maladie  est  sans  remède.  L'air 
est  fort  sain  à  Ranville  quoique  proche  de  la  mer,  et  voisin 
de  beaucoup  de  marais.   Il   n'en  est  pas  de  même  des 
paroisses  qui  sont  de  Pautrc  côté  de  la  rivière.  On  croit 
que  la  cause  de  cette  différence  vient  de  ce  que  le  soleil  en 
se  levant,  jette  toutes  les  vapeurs  qui  y  naissent  vers  les 
paroisses  qui  sont  à  l'occident  de  Ranville.  Autrefois,  les 
habitants  de  Caen  ont  été  obligés  d'entretenir  un  bac  au 
profit  de  ceux  de  Ranville  et  de  Longval  pour  passer  leurs 
bestiaux  dans  leurs  communes  qui  restèrent  de  l'autre 
côté  de  la  rivière,  lorsqu'on  fit  la  saignée  de  Longval  (i). 
Elle  est  à  2  petites  lieues  de  Caen  et  une  lieue  et  demie 
de  Troam. 

Robehomme  (Notre-Dame  de).  Sergenterie  de  Varaville, 
élection  de  Caen,  45  feux,  1 70  habitants,  notariat  de  Va- 
raville. 

Cette  paroisse  contient  dans  son  territoire  environ 
400  acres  de  terre,  du  nombre  desquelles  il  n'y  en  a  pas 
plus  de  40  en  labour  ;  les  autres  sont  en  herbages.  Elle 

(1)  Voyez  sur  cela  M.  de  Bras,  Antiq,  de  Caen,  page 


8o 

forme  une  butte  ou  éminence  en  ovale  qui  a  trois  quarts 
de  lieue  de  circonférence  et  un  quart  de  lieue  de  traverse. 
LMglise  est  située  à  peu  près  au  milieu  de  la  plate-forme 
de  cette  butte;  les  maisons  sont  presque  toutes  placées 
aux  deux  extrémités  de  Téminence  tant  au  midi  qu'au 
nord.  La  partie  qui  est  au  midi  s'appelle  improprement 
le  hameau  de  Bricqueville  ;  Pautre^  qui  est  au  nord,  porte 
le  nom  du  Homme  ;  il  n^y  a  qu'une  ferme  détachée  de  la 
buue,  on  la  nomme  la  ferme  de  la  Londe.  Cette  singulière 
paroisse  est  située  sur  la  rivière  de  Dive  qui  coule  le  long 
d'icelle  au  levant,  en  serpentant  beaucoup  entre  les  her- 
bages de  Robehomme,  et  ceux  de  Saint-Clair-en- Auge,  et 
sépare  le' diocèse  de  Bayeux  de  celui  de  Lisieux.  Au  cou- 
chant, elle  est  située  sur  le  bord  d^un  long  et  large  marais 
commun  entre  elle  et  les  paroisses  de  Bavent  et  de  Petiville. 
Elle  est  bornée  d^un  bout,  vers  le  midi,  par  le  fossé  ou 
fled  de  la  Grippe  qui  partage  les  herbages  et  marais  de 
Robehomme  d^avec  ceux  de  Bures,  et  de  l'autre  bout  par 
\tfled  de  la  Londe  qui  partage  les  herbages  de  Petiville 
et  de  Varaville  d'avec  les  marais  et  herbages  de  Robe- 
homme.  Pour  mieux  concevoir  l'idée  de  la  butte  de  Robe- 
homme  qu'on  a  érigée  en  paroisse,  on  n'a  qu'à  se  reprép 
senter  une  grosse  taupinière  un  peu  en  ovale  au  milieu 
d'un  pré,  et  qui,  pour  les  trois  quarts  de  l'année  est  une 
île  entourée  d'eau  d'un  quart  de  lieue,  et  à  perte  de  vue 
par  les  deux  bouts,  dont  on  ne  peut  sortir  qu'avec  de 
petits  bateaux  qu'on  appelle  au  terme  du  pays  :  Ecaudes. 
L'église  est  si  simple  qu'il  n'y  a  point  de  chœur  :  les 
2  cloches  sont  dans  des  fenêtres.  L'abbé  de  Troarn,  sei- 
gneur de  Robehomme  présente  à  la  cure.  La  grosse  dîme 
appartient,  moitié  à  ses  religieux,  moitié  au  curé.  J'ou- 
bliais à  remarquer  que  la  butte  est  entourée  d'un  fossé 
plein  d'eau  d'environ  1 5  pieds  de  largeur.  Il  n'y  a  dans 


8i 


ce  lieu  qu^une  belle  maison  qui  s^appelle  le  manoir  de 
M.  TAbbé.  Il  en  est  fait  mention  dans  la  bulle  du  pape  (  i  ) 
de  Tannée  12 lo  pour  Tabbaye  de  Troarn  :  Maneria  de 
Raimbhomme  cum  tota  insula. 

Elle  est  à  3'  lieues  et  demie  du  bourg  de  Troarn  et  une 
lieueetdemiedela  mer. 

Ruppierre  (Notre-Dame  d'Assomption  de).  Sergenterie 
au  Verrier,  élection  de  Caen,  20  feux  et  75  communiants, 
notariat  d^Argences. 

La  Manche  coule  tout  le  long  de  cette  paroisse  et  la 
sépare  de  Janville,  à  une  langue  de  terre  près  en  prairies, 
qui  s^en  écarte  en  deçà  des  moulins  du  Fresne  vers  Ar- 
gences.  Elle  dépend  du  bailliage  de  Caen  depuis  la  réu- 
nion de  Saint-Silvin  au  présidial  de  cette  ville.  Son  terri- 
toire consiste  en  terres  à  labour,  prés,  bruyères  et  bois 
taillis.  La  nomination  de  la  cure  appartient  à  M.  Pierre 
Foucques  de  Belleville,  écuyer,  seigneur  et  patron  de 
Rupierre,  porte-manteau  de  S.  A.  Mgr  le  duc  d'Orléans, 
et  la  dîme  au  curé,  en  vertu  d'un  arrêt  obtenu  en  1722 
du  Parlement  de  Normandie  par  Charles-François  Eudes 
de  Meseray,  titulaire  de  ce  bénéfice,  contre  M"^  de  Mont- 
gommery,  abbesse  de  Villers-Canivet  qui  la  prétendait  en 
tout  ou  partie.  Cette  cure  était  autrefois  divisée  en  deux 
portions;  la  division  existait  dès  i35o  (2).  Le  prieur  des 
Deux-Amants  près  Rouen  nommait  à  la  première,  et  Jean 
de  Rupierre  à  la  seconde.  Elle  subsistait  encore  en  i5o5. 
J^ignore  le  temps  oti  ces  portions  ont  été  réunies.  Le  livre 
Pelut  de  révéché  nous  apprend  qu^il  y  avait  trois  cha- 


(1)  Innocent  ni.  Neust.  Pia.,  p.  563. 
(a)  Ex  Ub.  Pdut. 


82 

pelles  titulaires  à  Ruppierre  dans  le  xiv«  siècle,  voici 
comme  il  les  marque  : 

Capelîa  Sancti  Eustachii  de  Rupetra,  dominus  de 
Maereyo,  et  Johannes  de  Rupetra  alternat.  VIII^,  lit. 

Capella  Sancti  Dionisii  de  Rupetra^  Johannes^  de 
Rupetra,  XI.  lib. 

Capella  B.  M.  de  Ortis  de  Rupetra  :  dominus  de 
Maereyo. 

Les  deux  dernières  sont  détruites  depuis  longtemps  ;  il 
ne  subsiste  plus  que  celle  de  Saint-Eustache,  martyr,  située 
à  Textrémité  de  la  paroisse,  dont  la  présentation  dépend  du 
seigneur,  patron  de  Ruppierre;  la  seigneurie  de  Rup- 
pierre a  tous  les  honneurs.  Il  y  a  une  extension  de  fief 
assez  considérable  sous  la  dénomination  de  Méry-Ru- 
pierre.  Le  chef-lieu  en  est  à  Saint-Pierre  du  Jonquay, 
paroisse  limitrophe,  oti  M°*'la  maréchale  de  Montesquiou 
qui  la  possède  fait 'tenir  ses  plays.  Cest  la  patrie  de  Guil- 
laume de  Rupierre,  élu  évéque  de  Lisieûx  en  1191  ou 
1 192.  Il  mourut  en  1202.  L^obituaire  de  son  église  cathé- 
drale marque  un  obi t  le  19  d^octobre  pour  lui,  et  Roger 
seigneur  de  Ruppierre,  son  père  (i).  Il  avait  pour  armes  : 
pallé  d'or  et  d^azur  de  6  pièces  (2).  Alix  de  Ruppierre,  sa 
sa  petite  nièce,  héritière  de  sa  branche,  épousa  Richard  de 
Briosne,  I^r  du  nom,  seigneur  de  Heuditot  (Héritot)  Er- 
netot,  qui  fut  fait  chevalier  en  1 3 1 3  par  le  roi  Philippe  le 
Bel  ;  Jeanne  de  Briosne  qui  en  descendait  au  cinquième 
degré,  hérita  conjointement  avec  Péronelle,  sa  sœur,  de 
Raoul  Morel,  seigneur  d'Heuditot  et  de  Perronelle  d'Au- 
vrecher,  leur  père  et  mère  (3).  Guillaume  de  Murdrac, 


(1)  No».  Gallia  Christ.,  t.  XI,  col.  780. 
(a)  Hist.  Harc,  t.  II,  p.  1976. 
(3)  Hist.  Harc,  t.  II,  p.  198a. 


83 

seigneur  du  Treilly,  son  second  mari,  rendit  aveu  au^roi 
en  1428  des  seigneuries  quMl  tenait  du  fief  de  Jeanne  de 
Briosne,  sa  femme;  d^eux  sortirent  2  filles,  Jeanne  Mur- 
drac,  femme  de  Robert  d^Angerville,  et  Catherine,  alliée 
à  Raoul  du  Bois,  père  et  mèrede  Perrette  du  Bois,  femme 
de  Raoul  Pèlerin,  seigneur  de  Sainte- Croix-Granthonne, 
qui  en  eut  2  filles  (i).  Guillemette  Pèlerin,  l'aînée,  dame 
de  Ruppierre,  épousa  Guillaume  de  Bricqueville,  sire  de 
Coulombières  qui  en  eut  Jacqueline  de  Bricqueville,  dame 
de  Ruppierre,  femme  d'Arthur  de  Vierville,  baron  de 
Creuilly,  et  les  seigneuries  de  Ruppierre  et  Boisroger  (2). 
Cest  à  leur  droit  qu'André  de  Sillans,  un  de  leurs  petits- 
fils,  chevalier,  seigneur  de  Boisroger,  seigneur  et  patron 
de  Ruppierre,  Saint-Pélerin  et  du  Mesnil-Hubert  nomma 
à  la  cure  en  i632  (3).  La  présentation  est  datée  de  son 
manoir  sieurial  du  Boisroger,  paroisse  de  Cléville.  Cest 
au  même  droit  que  Charles  de  Sillans,  fils  d'André,  sei- 
gneur des  dits  lieux  y  nomma  aussi  en  1672  le  26  juin. 
Sébastien  de  La  Rûe,  seigneur  de  -Bernières,  Ruppierre, 
Boisroger  et  de  Jort,  épousa  le  19  juillet  171 2,  Charlotte- 
Victoire  Osmond. 

Elle  est  à  3  bonnes  lieues  de  Caen,  entre  les  bourgs 
d'Argcnces  et  de  Trôam. 

SainUPaix  ou  Saint-Paterne.  Sergenterie  de  Troarn, 
élection  de  Caen,  29  feux,  notariat  de  Troarn. 

Cette  paroisse  est  arrosée  par  la  petite  rivière  ou  ruis- 
seau de  Semillon,  qui  vient  du  côté  d'Argences,  et  va  se 
perdre  dans  la  Dive  à  Troarn  dont  elle  est  limitrophe. 


(i)  Hist.  Harc.y  t.  II,  p.  1995. 
(a)  Hist.  Harc,  t.  II,  p.  1990. 
(3)  Regist.  de  l'évêché. 


'     84 

Elleest  exempte  de  la  juridiction  épiscopale,  et  soumise 
à  celle  de  Tabbé  de  Troarn,  comme  on  le  voit  par  la  bulle 
de  confirmation  du  pape  Innocent  III, derannéei2io  (i). 
Cet  abbé  nomme  à  la  cure  de  plein  droit  et  en  perçoit  la 
plupart  des  dîmes. 
Elle  est  à  3  lieues  de  Caenet  à  une  lieue  d'Argences. 

Sainte^Paix,  prèsCaen,  sergentcried'Argences,  élection 
de  Caen,  38  feux,  notariat  de  Caen. 

Cette  petite  paroisse  est  située  proche  le  faubourg  de 
Vaucelles,  de  Caen,  et  arrosée  au  couchant  par  la  rivière 
d*Ome.  C^est  un  démembremeht  de  la  paroisse  de  Mon- 
deville,  à  laquelle  elle  servait  d^annexe  ou  de  succursale. 
Nous  ignorons  le  temps  de  la  séparation  et  de  l'érection 
de  Sainte- Paix  en  paroisse.  Uéglise,  sous  le  titre  de  la 
'  Sainte-Vierge,  est  appelée  dans  les  titres,  Notre-Dame  de 
la  Fontaine  et  Notre-Dame  de  Sainte-Paix.  Le  surnom 
de  la  Fontaine  lui  vient  à  cause  d^une  très  belle  fontaine 
dont  la  source  vient  de  dessous  Téglise  ;  le  surnom  de 
Sainte-Paix  lui  a  été  donné  à  raison  de  ce  qui  suit.  Pour 
perpétuer  la  mémoire  d^un  concile  que  le  duc  Guillaume 
convoqua  à  Caen  en  io6i,  il  fit  bâtir  une  église  (2)..  Il 
choisit  pour  cela  la  place  oii  avaient  reposé  les  saintes 
reliques  qu^il  avait  fait  apporter  pour  solenniser  la  célé- 
bration de  ce  concile,  et  parce  que  pendant  ce  temps-là  le 
duc  prit  soin  de  prévenir  et  de  faire  cesser  toutes  sortes  de 
troubles,  et  d'observer  ce  qu'on  appelait  la  trêve  de  Dieu, 
il  voulut  aussi  que  cette  nouvelle  église  fut  nommée 
Sainte-Paix  de  Toussaint.  C'est  la  même  qui  s'appelle 
Saint-Marc,  et  qui  fut  ruinée  en  1 562  par  les  Protestants. 

(OATeurt.PiVi,  p.  563. 

(a)  Orig.  de  Caen,  par  M.  Huet^  p.  195-196. 


Mais  le  surnom  de  Sainte-Paix  fut  donné  à  Péglise  qui 
servait  de  paroisse  aux  habitants  du  lieu,  et  qu^eile  a  tou- 
jours porté  depuis.  Elle  est  soumise  à  la  juridiction  des 
abbés  et  religieux  de  Fécamp.  Ils  présentent  de  plein  droit 
à  la  cure,  et  perçoivent  toutes  les  dîmes  qui  sont  encore 
confondues  avec  celles  de  Monde  ville,  sa  paroisse  primitive. 
Sainte-Paix,  comme  Mondeville,  dépend  de  la  baronnie 
d'Argences,  appartenant  à  la  dite  abbaye  qui  la  possède 
par  la  libéralité  des  ducs  de  Normandie.  Cest  à  Sainte- 
Paix  que  se  tient  la  juridiction  de  cette  baronnie,  comme 
étant  située  au  milieu  des  fiefs  qui  en  dépendent.  Elle 
tenait  auparavant  à  Argences  ;  la  translation  est  depuis 
environ  y  S  ans. 

Saint-Pierre-Oursin.  Sergenterie  de  Troarn,  élection 
de  Caen,  8  feux,  notariat  de  Troam. 

Remplacement  de  cette  nouvelle  paroisse  est  ce  qui  est 
appelé  le  marais  djcs  Terriers  dans  les  cartes  du  diocèse 
de  Bayeux.  Il  est  situé  entre  les  paroisses  de  Bellengre- 
ville,  Vimont,  Argences,  Saint-Pair,  Guillerville  et  Es- 
miéville.  Cétait  un  grand  lac  d^une  lieue  d^étendue  sur 
tous  sens,  d^aucune  valeur,  ne  produisant  que  des  roseaux 
et  beaucoup  de  maladies,  par  les  mauvaises  vapeurs  quMl 
répandait.  Le  dessèchement  de  ce  marais  fut  arrêté  en 
1699  P^^  ^^  traité  passé  à  Paris  entre  M.  Louis  de 
Sourches,  abbé  de  Troarn^  seigneur  tréfoncier  du  marais^ 
et  Rémy  Maquard,  ingénieur  pour  les  dessèchements.  Il 
ne  fut  cependant  entrepris  qu'en  171 1,  en  conséquence 
d^un  arrêt  du  conseil  du  9  juin.  Le  sieur  Maquard  et 
deux  de  ses  associés,  rebutés  par  la  dépense  excessive  de 
cet  ouvrage,  cédèrent  tout  leur  droit  au  sieur  Jean  Our- 
sin père,  qui  faisait  le  quatrième,  et  qui  s^en  chargea 
seul  à  ses  frais.  Jacques  Oursin,  sieur  Dumesnil,  ancien 


8^ 

payeur  de  rente  de  la  ville  de  Paris^  acquit  de  Gilles  Qé- 
ment/ sieur  de  Bourgeauville,  par  acte  du  16  mars  1718, 
Toffice  de  conseiller  trésorier  de  France  et  général  des 
finances  en  la  généralité  de  Caen;  les  lettres  patentes 
du  7  avril  1718  furent  vérifiées  aux  comptes  le  21  mai 
suivant.  L^arpentage  du  marais,  ordonné  par  M.  Guinet, 
intendant  de  Caen^  fut  fait  en  1714;  on  le  fixa  à  1,732 
arpents.  On  en  accorda  à  Tabbaye  de  Troarn,  pour  son 
droit  de  triage,  3 1 3  arpents  66  perches,  70  à  la  paroisse 
de  Saint- Pair;  78  à  Guillerville,  98  a  Esmiéville,  98  à 
Bellengreville,  78  arpents  34  perches  à  Vimont  et  i3o  à 
Argences^  pour  leur  droit  d^<usage  par  indivis.  Le  reste, 
qui  se  montait  à  866  arpents,  fut  abandonné  en  toute 
propriété  aux  sieurs  Oursin  père  et  fils  pour  les  frais  du 
dessèchement.  Le  sieur  Oursin  fils,  seigneur  de  Digoville, 
acquit  encore  de  Tabbaye  de  Troarn  307  arpents  du 
nombre  des  3 j  3  qui  lui  avaient  été  cédés  moyennant 
41 5  livres  de  rente  foncière  et  seigneuriale  dont  il  se 
chargea  envers  cette  abbaye,  et  par  là  il  se  fit  propriétaire 
de  1,173  arpents  dans  le  marais  des  Terriers.  Avec  le 
consentement  de  Tabbé  et  des  religieuses  de  Troarn,  il  y 
en  eut  973  arpents  érigés  en  plein  fief  d^haubert  pour  le 
seigneur  de  Digoville,  sous  la  dénomination  de  fief 
Oursin,  à  charge  de  relever  immédiatement  de  cette 
abbaye;  les  200  qui  restaient  furent  érigés  en  plein  fief 
de  chevalier,  sous  le  nom  de  fief  des  Terriers,  relevant 
du  fief  Oursin.  Après  le  dessèchement  entier  de  ce  vaste 
terrain,  dont  la  dépense  fut  évaluée  à  près  de  1,200,000  fr., 
M.  de  Digoville  obtint  qu^ii  fut  érigé  en  paroisse  sous  le 
nom  de  Saint-Pierre-Oursin.  Le  décret  de  Mgr  Tévêque 
de  Bayeux  donné  à  cet  effet,  est  daté  de  Versailles  le  i"  de 
juillet  1752.  Les  lettres  patentes  de  Sa  Majesté  sont  du 
même  mois,  datées  de  Compiègne  et  registrées  au  Parle- 


87 

ment  de  Rouen.  L'église  et  le  presbytère  ont  été  construits 
à  ses  frais  ;  il  Ta  dotée,  fournie  de  cloches,  vases  sacrés  et 
ornements  nécessaires.  Il  y  a  affecté  un  fonds  de  600  livres 
de  rente  pour  le  curé  qui  demeure  à  sa  nomination,  et  à 
celle  de  ses  successeurs.  Enfin  M.  Pierre  Oursin,  sei- 
'  gneur  et  patron  de  Dîgoville  et  de  Saint-Pierre-Oursin, 
nomma  pour  la  première  fois  à  cette  chapelle,  par  acte  du 
12  septembre  1753,  Antoine  Gouye,  prêtre,  originaire 
de  Saint- Laurent-sur-Ia- Mer. 

Ce  seigneur  a  déjà  5  grosses  fermes  dans  cette  pa- 
roisse^ qui  est  à  une  lieue  du  bourg  de  Troarn  et  à  3  lieues 
de  Caen. 

Sallenelles  (Saint-Germain  de).  Sergenterie  de  Vara- 
ville,  élection  de  Caen,  3o  feux,  80  communiants,  nota- 
riat de  Bréville. 

Cette  paroisse  est  appelée  Salinellœ  dans  une  vieille 
ch2LTXtt,ecclesia  de  Saline  l  lis  dans  le  livre  Pelut,  et  S  au» 
lenelles  hoc  est,  Nigellœ  salices  dans  Cenalis  (1).  Le 
peuple  ne  la  nomme  communément  que  par  le  mot  cor- 
rompu de  Savenelles.  Elle  est  située  au  nord  d^un  coteau 
appelé  la  Perruque^  qui  donne  sur  la  rivière  d'Orne  près 
de  son  embouchure.  Il  y  a  dans  le  même  endroit  des 
pieux  attachés  au  bas  d^une  petite  éminence,  où  Ton 
tend,  sur  des  rochers  que  la  mer  submerge,  des  filets  pour 
prendre  du  poisson.  C^est  là  que  vient  se  perdre  dans 
rOrne,  la  petite  rivière  d'Aiguillon,  qui  prend  sa  source 
au  pied  des  bruyères  de  Troarn.  La  paroisse  de  Salle- 
nelles, bornée  .à  Touest  par  l'Orne,  à  Test  par  le  Bisso|i 
et  au  midi  par  Anfreville^  a  tellement  souffert  du  voisi- 
nage de  la  mer,  qu41  n'y  reste  plus  que  le  quart  du 

(I)  Cen.  de  Re  Gallic.y  llv.  II,  p.  i53. 


88 

terrain  qu^elle  avait  autrefois.  Lors<)u'on  y  rebâtit  une 
église  al^lieu  de  celle  qui  fut  ensevelie  sous  les  sables  en 
1732,  on  arpenta  le  terrain  qui  ne  se  trouva  monter  qu'à 
80  acres  de  terre.  Les  vents  continuent  encore  à  Tendom- 
mager  en  couvrant  les  maisons  de  sable.  La  nouvelle 
église  est  située  au  tiers  du  coteau  de  la  Perruque,  et  au  . 
milieu  de  la  paroisse,  eu  égard  à  sa  longueur.  Les  mai- 
sons des  habitants  sont  sur  la  longueur  d^environ  -Soo  pas 
des  deux  côtés  des  chemins  de  Caen  à  Dive.  Suivant  une 
collation  de  i663,  la  chapelle  titulaire  de  Saint-Ouen  et 
de  Saint-Barthélémy  est  sur  cette  paroisse  et  sur  celle  du 
Buisson.  Le  curé  est  décimateur.  Le  sieur  Pierre  Gau- 
thier, banquier  à  Caen,  nomme  à  la  cure,  à  cause  de  sa 
seigneurie  de  Sallenelles  qu^il  a  acquise  des  héritiers  de 
M.  Alexandre  Bigot,  sieur  de  Monville,  président  du 
Parlement  de  Rouen.  Du  fief  de  Sallenelles  relèvent  les  fiefs 
de  Fontenay-Eperville,  la  Chapelle  et  d'Eschaufour,  sis  à 
Bavent,  et  lui-même  relève  noblement  de  la  baronnie  de 
Beuvron  et  de  Beauffou-en- Auge, appartenant  à  M.  le  duc 
d^Harcourt. 

Jacques  d^Achey,  seigneur  de  Beusevaletde  Sallenelles, 
était  fils  aîné  de  Jacques,  premier  du  nom,  et  de  Jacque- 
line d^Anfreville,  et  petit-fils  de  Jean  d'Achey,  seigneur 
de  Cerquigny,  et  de  Louise  de  Dreux,  <}e  la  maison 
royale  de  France  (i).  De  lui  descendit  Marguerite 
d*Achey,  dame  de  Beuseval  et  de  Sallenelles,  qui  vivait 
en  i53o  avec  son  mari,  Jean  le  Brun  ,seigneur  de  Salle- 
nelles, fils  de  Louis,  vice-amiral  de  France.  Il  accom- 
pagna le  roi  Louis  XII  en  la  guerre  d^Italie,  se  trouva  à 
la  bataille  que  les  Français  gagnèrent  sur  les  Génois  en 
1 507,  et  à  la  prise  de  Gênes,  et  fut  fait  capitaine  des  lé- 

(i)HUt.Harc.,  t.  IIp  1871. 


89 

gionnaire?  du  bailliage  de  Caen  en  i534(i),  Henri  le 
Brun,  son  fils,  seigneur  de  Sallenelles,  et  de  Beuseval, 
épousa  Anne  de  Venoix,  dame  de  Bréville.  Jacques  le 
Brun,  chevalier,  seigneur  et  patron  de  Sàllenelles,  gen- 
tilhomme delà  chambre  du  roi,  nomma  à  la  cure  du  dit 
lieu  en  1628  (2).  Gabriel  de  Maillot,  seigneur  de  Sàlle- 
nelles, y  nomma  aussi  en  1664. 

Les  affiches  du  14  septembre  (3)  1757  annoncèrent 
la  construction  de  2  frégates  à  Sàllenelles.  Ces  frégates, 
nommées  le  Comte  et  la  Comtesse-JCHar court,  étaient 
destinées  pour  faire  la  course  sur  les  Anglais:  La  première 
de  i5o  pieds  de  longueur  de  tête  en  tête,  devait  être 
montée  de  3o  pièces  de  canon  de  12  livres  de  balles  en 
batterie,  de  4  pièces  de  18  dans  son  entrepont,  de  14  pièces 
de  6  sur  ses  gaillards,  et  de  60  pierriers,  bordant  40  avirons. 
La  seconde  de  145  pieds  de  longueur  de  tête  en  tête,  devait 
être  armée  de  28  pièces  de  canon  de  12  livres  de  balles 
en  batterie^  de  4  pièces  de  18  dans  son  entrepont,  de 
8  pièces  de  6  sur  ses  gaillards  et  de  40  pierriers,  bordant 
36  rames.  Ces  deux  frégates,  ajoute-t-on,  auront  1,000 
à  1,100  hommes  d'équipage,  et  Parmement  en  total 
pourra  monter  à  600,000  livres  ou  environ. 

Elle  est  à  3  lieues  de  Caen  et  à  2  lieues  du  bourg  de 
Dive. 

Sannerville  (Notre-Dame  de).  Sergenterie  de  Troam, 
élection  de  Caen,  jb  feux,  400  communiants,  notariat 
de  Troarn. 

Cette  paroisse,  située  sur  la  gauche  de  la  grande  route 


(i)  Hist,  de  Norm,,  par  Masseville,  t.  VI,  p.  58»  Sg,  87. 

(a)  Reg.  de  l'éveché. 

(3)  Ann.  et  Affiches,  $0^  fieuil.,  p.  197. 


90 

de  Caen  au  Pont-l'Évêque  est  de  Texemption  de  Tabbayc 
de  Troarn,  suivant  la  bulle  d'Innocent  III,  de  Tannée 
12 10,  qui  rappelle  Salnervilla  (i).  L^abbé  de  Troarn 
nomme  à  la  cure  de  plein  droit.  Les  deux  tiers  de  la 
grosse  dîme  appartiennent  à  cette  abbaye,  Tautre  tiers  au 
curé. 

Elle  est  à  2  lieues  et  demie  de  Caen  et  à  une  lieue  trois 
quarts  du  bourg  d^Argeiices. 

Touffireville  (Saint-Pierre  de).  Tufrevilla  et  Toffre- 
villa,  Sergenterie  de  Troarn,  élection  de  Caen,  52  feux. 

Le  fief  dominant  est  une#baronnie  qui  appartient  à 
Tabbé  de  Troarn,  et  duquel  dépendent  tous  les  habitants. 
Cet  abbé  est  présentateur  et  collecteur  de  la  cure.  Il  perçoit 
les  deux  tiers  de  la  grosse  dîme  ;  Tautre  tiers  avec  les  ver- 
dages  est  pour  le  curé.  C^est  une  des  cures  de  Texemption 
de  Troarn.  Son  territoire  est  d^une  fort  petite  étendue.  Il 
est  borné  vers  l'orient  par  le  grand  bois  de  Troarn,  vers 
le  midi  par  la  paroisse  de  Sannerville,  vers  Toccident  par 
celles  de  Cuverville  et  d'Esco ville,  chacune  en  partie,  et 
vers  lé  septentrîon.par  le  territoire  d'Escoville,  et  aussi  en 
partie  par  une  autre  portion  de  Sannerville,  à  cause  d'une 
extension  de  terre  de  cette  dernière  paroisse. 

Elle  est  à  2  lieues  sud-ouest  de  Caen,  et  à  trois  quarts 
de  lieue  sud-est  du  bourg  de  Troarn. 

Troarn  (Saint-Croix  de).  Bourg,  baronnie,  chef-lieu 
de  doyenné  rural  et  de  sergenterie,  1 1 5  feux,  lieu  de  no- 
tariat. 

Ce  lieu,  appelé  Troarnum  en  latin,  est  situé  au  con- 


{i)Neust.Pia,  p.  563. 


fluent  de  la  rivière  de  Manche  ou  Meance  avec  la  Dive, 
qui  la  borde  à  Test  dans  toute  sa  longueur.  Il  avait  d^abord 
été  du  domaine  des  ducs  de  Normandie.  Richard  II  le 
donna  en  1027  à  ses  fils  Richard  III  et  Robert  (1).  Uun 
d^eux,  selon  toutes  les  apparences^  en  gratifia'  Roger  de 
Montgommery,  qui  avait  tout  proche  un  château  à  Bures. 
C'était  un  des  plus  puissants  seigneurs  de  son  siècle  (2). 
Il  était  fils  de  Hugues,  sire  et  baron  de  Montgommery 
seigneur  de  Trun  et  de  Thuît,  et  de  Joceline  de  Ponteau- 
demer,  fille  de  Throude  du  Ponteaudemer  et  de  Euve  de 
Crépon.  Il  s'allia  de  Mabille,  dame  de  Belesme,  de  Séez, 
d^Almenèches,  comtesse  d^Alençon,  qui  surpassa  toutes 
les  femmes  de  son  temps  par  ses  méchancetés  ;  aussi  pé- 
rit-elle en  1081  d^une' triste  mort  dans  son  château  de 
Bures  par  les  mains  des  gens  d^un  seigneur  qu'elle  avait 
fait  assassiner  (3).  Il  épousa  en  secondes  noces  Adèle  de 
Puissaye  (du  Puiset),  fille  d^Ebrard,  seigneur  de  Puis- 
saye,  et  laissa  plusieurs  enfants  de  ses  deux  femmes,  en 
mourant  en  1093  (4).  Outre  tous  les  biens  qu'il  tenait  de 
ses  pères,  il  eut  encore  les  comtés  de  Scrobesbury, 
d^Arondel,  de  Cestre  et  de  Saiope,  en  Angleterre,  pour 
récompenser  des  service^  qu'il  avait  rendus  au  duc  Guil- 
laume dans  la  conquête  d'Angleterre.  Plusieurs  années 
avant  cette  conquête,  il  fonda  trois  abbayes  sur  ses  do- 
maines, dont  celle  de  Troarn  est  la  principale  (5).  Il  se 
dépouilla  de  tous  les  droits  seigneuriaux  et  émoluments 
du  bourg  de  Troarn  et  de  ses  dépendances,  et  en  revêtit 
les  religieux  qu'il  avait  appelés.  Il  y  avait  alors  2  églises 

(i)  Moreri,  à  la  fin  du  X*  volume,  au  supplém. 
i2)Hist.  Harc,,t.  I,  p.  292. 

(3)  Hût.  Harc,  p.  293. 

(4)  Ord..' Vital,  lib.  VIII,  an  1094. 

(5)  Neust.  Pia,  p.  558. 


92 

paroissiales,  Saintc-Croîx  et  Saint-Gilles  ;  il  obtint  qu^elles 
seraient  exemptes,  avec  plusieurs  autres,  de  la  juridiction 
de  révêque,  et  soumise  à  celle  de  Tabbé,  comme  on  le 
voit  par  la  bulle  de  confirmation  que  le  pape  Innocent  III 
donna  en  1210  à  cette  abbaye  (i).  De  ces  deux  églises  il 
ne  subsiste  plus  que  celle  de  Sainte-Croix,  qui  s^est  main- 
tenue régulière;  elle  est  attachée  à  Toffice  du  sacristain  de 
Tabbaye,  et  à  la  pleine  collation  de  l'abbé. 

On  tient  à  Troarn  un  marché  tous  les  samedis  et  quel- 
ques foires  par  an.  Le  doyenné  rural  est  de  44  paroisses, 
et  la  sergenterie  de  17.  Son  territoire  contient  un  bois 
d^une  assez  grande  étendue,  qui  est  au  nord  du  bourg  ;  il 
y  a  aussi  une  grande  bruyère  au  pied  de  laquelle  est  une 
source  qui  donne  Torigine  à  la  petite  rivière  d^Éguillon. 
Cette  riviève  ou  gros  ruisseau,  après  un  cours  de  près  de 
2  lieues,  va  se  perdre  dans  POrne  à  la  roche  de  Sallenelles. 
Il  reste  à  sec  une  partie  de  Tannée,  n'étant  formé  que  par 
quelques  sources  très  faibles,  et  par  les  eaux  de  pluie. 

Troarn  est  à  3  lieues  de  Caen  et  à  2  petites  lieues  de  Di ve. 

Les]domaines  dece  bourg  et  du  monastère  ressortissaient 
du  comté  d^Alençon;  en  1171  ils  passèrent  dans  la  dé- 
pendance de  Henri  II,  roi  d'Angleterre  et  du  duc  de  Nor- 
mandie, et  depuis  ce  temps  ils  ont  toujours  été  soumis  au 
bailliage  de  Caen  {2).  Pierre  l*',  comte  d'Alençon,  re- 
vendiqua ses  anciens  droits,  et  voulut,  en  conséqueqçe,  y 
faire  exercer  sa  juridiction.  L'affaire,  portée  au  Parle- 
ment de  Paris,  intervint  un  arrêt  en  1280,  ^qui  Tobligea 
de  se  désister.  En  i32o,  le  comte  de  la  Marche,  vicomte 
d^Auge,  renouvela  avec  aussi  peu  de  succès  de  semblables 
prétentions. 

(i)Neust.Pia,p.  363. 

(a)  Nouveau  Morerîf  au  suppl.  du  Xe  tome. 


93 

Dès  Tan  1022,  Roger  de  Montgommery,  I^^  du 
nom,  vicomte  de  Hjremes  (i)^  bâtit  à  Troarn  une  église 
sous  rinvocation  de  Saint-Martin,  où  il  plaça  douze 
chanoines  réguliers  pour  y  chanter  FofRce  divin  (2).  La 
dépravation  de  leurs  mœurs  les  en  fit  chasser  quelque 
temps  après,  et  le  lieu  de  Troarn  fut  donné  par  Ri- 
chard II,  duc  de  Normandie,  à  Tabbaye  de  Fécamp  (3). 
Il  ne  dut  pas  rester  beaucoup  de  temps  à  cette  abbaye, 
qui  le  remit  sans  doute,  du  consentement  de  nos  ducs, 
aux  seigneurs  de  Montgommery.  Roger  de  Montgom- 
mery,  11^  du  nom,  résolut  d*y  fonder  une  abbaye, 
appela,  en  io5o,  des  religieux  de  Saint-Benoît,  que  les  sei- 
gneurs de  Grentemesnil  avaient  fait  venir  de  Conches  à 
Norrey,  pour  y  en  établir  un  aussi,  et  où  Gislebert,  leur 
abbé,  n'avait  pas  voulu  qu^ils  demeurassent.  Il  les  mit  en 
possession  de  l'église  de  Saint-Martin,  et  les  combla  de 
biens  tantqu^il  vécut.  On  rapporte  qu^afin  qu^on  se  sou- 
vint mieux  des  limites  des  terres  quMl  leur  donnait,  il 
jeta  dans  un  grand  marais  son  fils  aîné  Robert  de  Be- 
lesme,  juste  à  Tendroit  qu^il  voulait  qui  servit  de  bornes. 
Odon  de  Conteville,  évéque  de  Bayeux  dédia  solennelle- 
ment cette  abbaye  le  1 3  de  n^ai  loSg,  et  à  la  prière  de  son 
fondateur,  il  en  confia  le  gouvernement  aucélèbre  Durand, 
dont  le  vertus  et  le  profond  savoir,  selon  le  témoignage 
de  Guillaume  de  Jumièges,  ont  volé  jusqu'aux  extrémités 
de  la  terre  (4).  Il  s^en  fallut  beaucoup  que  les  religieux 
de  Troarn  retrouvassent  Tafifection  bienfaisante  de  leur 
illustre  fondateur  dans  Robert  de  Belesme  son  fils.  Ce 
tyran,  qui  ne  se  signalait  que  par  des  crimes,  semblait 

(i)  Nov.  Gai.  Christ,  t.  XI,  col.  416. 

(a)  Nou»,  Dict,  de  Moreri  au  supp.  du  X«  tome. 

{3)NeuMt.  Pw,  p.  558. 

(4)  Nov.  GaL,  XVI,  col.  354. 


94 

par  ses  persécutions  continuelles  n^avoir  en  vue  que  de 
renverser  le  monastère  de  Troam,  et  les  autres  fondés  par 
son  père.  Les  entreprises  qu^il  forma  contre  ses  souverains 
lui  attirèrent  le  châtiment  qu^il  méritait.  Il  fut  arrêté  et 
mis  aux  fers  par  ordre  de  Henri  I«^  roi  d^Angleterre,  duc 
de  Normandie,  où  il  périt  misérablement  d^une  mort 
triste  et  violente  en  iii3  (i).  Quem  postea  filii  GuaU 
teris  Sorij  securibus  apud  Balaum  in  carcere  ut  por^ 
cum  mactaverunt. 

Les  religieux  de  Troarn  sont  agrégés  à  l'Université  de 
Caen,  dans  les  cas  oti  elle  ordonne  des  prières.  Si  c^est 
une  messe  solennelle  ou  les  obsèques  du  recteur,  l'abbé 
de  Saint-Etienne  comme  chapelain  né,  officie,  et  celui  de 
Troarn  est  tenu  de  faire  les  fonctions  de  diacre.  L'église 
de  cette  abbaye  est  grande  et  belle.  On  y  voit  dans  le 
chœur  le  tombeau  de  Mabille  de  Bellesme,  femme  du 
fondateur,  avec  Tëpitaphe  que  l'abbé  Durand  lui  dressa. 
Ce  même  abbé  fit  bâtir  le  chapitre,  qui  est  remarquable 
par  sa  grandeur  et  son  élévation.  Il  y  a  été  inhumé.  On 
ne  sait  ni  Tannée  lii  le  lieu  de  sa  naissance,  dit  un  mo- 
derne ;  où  M.  Le  Brasseur  a-t-il  donc  pris  qu^il  était  né  au 
Neufbourg,  diocèse  d'Évreux  (2)  ?  II  n'a  pas  daigné  citer 
la  source  où  il  avait  puisé  ce  qu'il  avance  (3). 

Il  y  a  à  Troarn  plusieurs  ofiices  claustraux  d'un  revenu 
considérable.  Du  nombre  des  ofiices  claustraux  est  laxha- 
pclle  du  Closvas.  L^abbé  y  nomme  ainsi  qu'à  tous  les 
bénéfices  qui  en  dépendent.  Sa  manse  est  d'environ 
5o,ooo  livres  ;  il  paye  pour  ses  bulles  2,000  florins.*  Les 
religieux  ne  sont  d'aucune  congrégation  et  dépendent 


(i)  Ord.  Vidal,  lib.  XII,  ad.  an.  iii3. 

(1)  D.  Boudin,  abbé  de  Séez,  nov.  Moreri,  au  supp.  du  Xe  tome. 

(3)  Hist.  ecclés.  du  diocèse  d^ÉvreuXj  p.  108. 


95 

immédiatement  de  Pévéque,  qui  a  toute  juridiction  sur 
eux.  Les  armes  de  cette  abbaye  sont  :  de  France  eu  plein, 
à  la  bordure  de  gueules,  chargée  de  huit  bezans  d^argent. 

Varaville  (Saint-Germain  de),  Varenvilla,  Variavilla 
et  Varavillapagus,  Chef-lieu  de  sergenterie,  élection  de 
Caen,  69  feux,  25o  communiants,  lieu  de  notariat. 
1,200  livres  Petiville,  Merville,  Cabourg,  Gonneville  et 
Robehomme. 

Cette  paroisse  a  près  d^une  lieue  d^étendue  sur  tous 
sens.  Elle  est  bornée  au  levant  par  la  rivière  de  Dive,  oîi 
il  y  a  un  bac  pour  passer  dans  le  diocèse  de  Lisieux,  par 
les  paroisses  de  Petiville  et  de  Robehomme  au  midi,  par 
celles  de  Merville  et  de  Gonneville  au  couchant,  et  par 
les  falaises  de  la  mer  et  Cabourg  au  nord.  La  Divette, 
petite  rivière  faite  pour  Pécoulement  des  eaux  qui  inondent 
souvent  les  bas-fonds,  commence  à  se  former  à  Bavent, 
aux  dépens  de  la  Dive,  et  après  avoir  parcouru  les  marais 
de  plusieurs  paroisses,  elle  vient  à  Varaville  rentrer  en 
deçà  Al  pont  de  Dive  dans  la  rivière  qu^elle  avait  aban- 
donnée. Il  y  avait  là  des  portes  de  flot  qui  sont  détruites 
depuis  peu,  faute  d'entretien.  On  assure  qu'il  y  a  eu  un 
gros  bourg  et  marché  à  Varaville,  avec  un  petit  havre  et 
des  salines.  L'abbaye  de  Jumiéges  avait  droit  d'y  prendre 
7  septîers  de  sel,  et  ce  droit  lui  a  été  confirmé  par  une 
chartre  de  Henri  II,  roi  d'Angleterre,  avec  les  autres 
biens  qu'elle  possédait  (i). 

Plusieurs  événements  arrivés  en  ce  lieu  l'ont  rendu 
célèbre  sous  nos  premiers  ducs  de  Normandie.  Louis 
d'Outremer  et  Hûe  de  Laon,  veulent  s'emparer  des  États 
du  jeune  duc  Richard  1er  (2).  Bernard  le  Danois,  tuteur 

{i)Neust.  Pia,  p.  3a3. 

(a)  Chron.  de  Norm,^  p.  33-34. 


96 

de  ce  prince,  appelle  Aigrold,  roi  de  Danemark,  à  son 
secours.   Il  vient  en  Normandie  avec  22  gros  navires 
équipés  de  gens  de  guerre;  une  partie  aborde  au  port 
de  Cherbourg,  Tautre  partie  au  port  de  Varaville  près 
.    Dive  (i).  Le  rendez-vous  marqué  au  même  endroit,  les 
Danois  viennent  y  camper  et  s^  fortifient,  et  se  retirèrent 
avec  eux  les  habitants  du  pays  et  des  environs  qui 
pouvaient  porter  armes.  Le  roi  de  France  campa  aussi 
avec  ses  troupes  peu  loin  de  là.   Le  comte  de  Pon* 
thieu,  Hellouin  et  plusieurs  Français  passent  la  rivière 
pour  voir  Tarmée  des  Danois.  Il  est  reconnu  et  tué  par 
un  chevalier  danois,  et  de  sa  compagnie  il  y  en  eut  18  de 
tués  et  plusieurs  noyés  dans  la  rivière.  Dans  ce  désordre 
qui  devint  général,  le  roi  de  France  fut  pris  lui-même  ; 
ceci  arriva  en  944  (2).  On  rapporte  encore  un  échec  que 
le  roi  Henri  de  France  reçut  en  1060,  en  repassant  la 
Dive  à  Varaville,  où  son  arrière-garde  fut  totalement  dér 
faite  par  le  duc  Guillaume  (3).  Wace  en  fait  mention 
expressément  dans  son  poème  du  Roman  de  Rou  et  des 
Normands  (4).  Cependant  un  savant  écrivain  moderne 
assure  que  cette  relation  est  fausse  dans  tous  les  détails 
qui  supposent  la  présence  de  ce  prince  (5)  ;  c^est  le  duc 
lui-même,  ^joute-t-il,  qui  rend  témoignage  dans  les  frag- 
ments qui  nous  restent  d^un  de  ses  discours,  que  la  guerre 
de  Mortemer  fut  la  dernière  qu^il  eut  à  soutenir  contre 
Henri. 
La  plus  grande  partie  des  terres  de  cette  paroisse  sont 


(i)  Hist.  de  Normand. t  par  Dumoulin,  p.  67. 
(a)  Chron.  de  Normand,,  p.  89-90. 

(3)  Ant,  de  Caen,  par  de  Bras,  p.  18. 

(4)  Waielm.  Gcmet.,  lib.  VI,  ch.  XXVH. 

(5)  Hist.  de  Guillaume  leConq..,  par  Tabbé  Le  Prévost,  1 1,  p.  124. 


^7 

en  prairies,  herbages  et  marais;  il  y  en  a  peu  de  labou- 
rées. On  n^y  compte  que  deux  hameaux  qui  sont  du  côté 
de  la  mer  :  le  Homme  et  le  Surhomme.  "Le  décimateur 
n'a  dans  ces  deux  endroits  qu'un  tiers  de  dîme  à  la  tren- 
tième gerbe  ;  les  2  autres  tiers  sont  entre  les  mains  du 
seigneur  de  ces  deux  fiefs  ou  de  ses  vassaux,  comme  dîme 
inféodée.  L'abbé  de  Troarn  présente  à  la  cure;  il  perce- 
vait une  partie  des  dîmes^  il  les  a  cédées  au  curé  moyen- 
nant 16  livres  de  rente  qu^on  lui  fait  pour  cette  cession. 
Le  curé  fait  encore  25  livres  de  rente  au  chapelain  de 
Saint-Jean  TÉvangéliste,  et  autant  à  un  religieux  de 
Pabbaye  de  Dive,  pour  deux  traits  de  dîme  qu'ils  ont  à 
prendre  dans  sa  paroisse.  La  portion  du  dernier  consiste 
dans  la  sixième  gerbe  du  nombre  de  celles  qu'on  re- 
cueille sur  les  fiefs:  Main,  Marguerin  et  Boutevillain. 
Ces  3  fiefs  appartiennent  à  Messire  Louis  Le  Cordier  qui, 
à  cause  du  dernier,  prend  la  qualité  de  seigneur  et  patron 
honoraire  de  Péglise.  Il  en  a  encore  deux  autres  :  le  fief 
de  Jumiéges,  et  le  fief  de  la  baronnie  de  Varaville.  Celui- 
ci  est  une  fieferme  qui  s^étend  dans  les  paroisses  voisines, 
et  qui  lui  a  été  engagée  par  le  roi. 

L'Hôtel-Dieu  de  Varaville,  sous  le  tigre  de  Saint-Jean- 
PÉvangéliste,  n^est  plus  qu*une  chapelle  titulaire  située 
dans  le  château  du  seigneur,  qui  sVst  fait  maintenir  en 
possession  d^  *présenter  comme  chapelle  domestique. 
Dans  une  présentation  du  i3  juin  i5g2  pour  cette  cha- 
pelle, le  seigneur  patron  dit  que  cette  chapelle  et  oratoire 
a  été  fondée  de  Saint-Jean  par  ses  prédécesseurs,  meus  de 
dévotion,  dans  l'étendue  et  enclos  du  manoir  sieurial  de 
Varaville,  et  quMcelle  chapelle  en  forme  d'hôpital,  est 
pour  recevoir  le  grand  nombre  de  pauvres  pèlerins  et 
voyageurs  allant  tant  à  Saint-Main  qu^au  mont  Saint- 
Michel,  et  autres  pèlerinages,  logeant  ordinairement  en 

7 


9» 

ladite  maison  (i).  Par  un  aveu  du  i5  février  i5o3, 
Jacques  de  Marguerye  déclare  tenir  le  fief  de  Varaville 
par  un  quart  de  chevalier  de  la  baronnie  de  Beuvron  et 
de  Beauffou,  dont  le  chef,  assis  à  Varaville,  a  basse  juri- 
diction, avec  droit  de  présenter  à  Téglise  de  Thôpital  de 
Saint-Jean  dudit  Varaville  (2). 

La  chapelle  de  Saint-Marcoul,  adjacente  au  chœur 
de  réglise  vers  le  nord,  était  autrefois  célèbre  par  sa 
confrérie,  et  un  grand  nombre  de  pèlerins.  Etant  mal 
entretenue  et  mal  décorée,  elle  fut  abattue  en  1 735,  et  les 
matériaux  en  furent  vendus  par  le  propriétaire  aux  pa- 
roissiens qui  faisaient  réédifier  alors  la  nef  de  leur  église, 
à  charge  de  le  décharger  de  4  livres  de  rente  quMl  faisait 
au  trésor  et  de  beaucoup  d'arrérages. 

La  chapelle  de  Saint-Christophe,  située  au  hameau  du 
Homme,  est  abandonnée  depuis  plus  de  5o  ans,  on  n^ 
dit  plus  la  messe  faute  d'entretien  et  de  revenus,  desquels 
se  sont  emparés,  dit-on,  les  anciens  possesseurs  du  lieu 
oU  elle  était,  et  qui  étaient  protestants. 

Pierre  de  Saffrey  rendit  aveu  en  iSSg  à  Messire^  Phi- 
lippe d^Harcourt,  seigneur  de  Bonnétable  et  baron  de 
Beauffou,  pour  la  seigneurie  de  Varaville,  tenue  par  un 
demi-fief  de  la  dite  baronnie  (3).  Les  tuteurs  des  enfants 
sous  âgé  de  Raoul  Saffrey,  fils  du  précédent  étaient  en 
procès  à  rÉchiquier  de  1484  avec  la  ^ame  de  Beauffou, 
pour  la  seigneurie  de  Varaville  (4) .  Le  procès  continuait 
encore  en  1497  entre  la  dite  dame  et  Jean  Saffrey,  seigneur 
de  Varaville.  Jacques  de  Saffrey,  seigneur  de  Varaville, 
présenta  à  la  chapelle  de  Saint-Jean  le  1 5  juin  1 592.  Jean 

(i)  Reg.  du  secret,  de  Tévêché. 

(2)  Recueil  d^andens  aveux  de  la  vicomte  de  Caen. 

(3)  Hist.  Harc,  t.  I,  p.  819. 

(4)  Hist.  Harc,  p.  819. 


99 

de  Saffrey,  seigneur  du  dit  lieu,  épousa  Marie  de  Sillans 
d'Hermanville.  Marie  de  SafTrey,  dame  de  Varaville,  leur 
fille  unique,  futallîéeà  Henri  d'Acher,  seigneur  et  vicomte 
de  Fontenay-le-Marmion  qui,  à  cause  d'elle)  nomma  à  la 
chapelle  de  Saint-Jean  en  1626  (i).  Anne  Le  Cordier, 
veuve  de  Nicolas  Le  Cordier»  chevalier,  seigneur  et  patron 
de  la  Pille,  fille  héritière  de  feu  Louis  Le  Cordier,  cheva- 
lier^ seigneur  et  marquis  du  Tronc,  dame  et  patronne, 
baronne  et  marquise  de  Varaville,  nomme  à  la  chapelle 
Saint-Jean  de  cette  paroisse  en  171 5. 

Elle  est  à  4  lieues  de  Caen  et  à  une  lieue  du  bourg  de 
Dive. 

Vimont  (NotreTDame  de),  Sergenterie  au  Verrier,  élec- 
tion de  Caen,  i5  feux,  5o  communiants,  notariat  d'Ar- 
gences. 

Le  cours  deSemillon  passe  au  milieu  de  son  territoire, 
qui  est  extrêmement  petit,  et  bordé  par  le  grand  chemin 
de  Caen  à  Paris.  Il  n'y  a  qu'une  ferme  appartenante  au 
seigneur,  une  auberge  sur  le  bord  du  chemin,  quelques 
petites  prairies  d^environ  2  jicres,  et  un  bois  taillis  de 
2  arpents  de  terre.  Les  lapins  de  Vimont  sont  fort  esti- 
més, dit  M.  Petite  dans  la  carte  topographique  du  diocèse 
de  Bayeux.  Le  seigneur  présente  à  la  cure,  laquelle  jouit 
des  dîmes.  Il  y  possède  3  fiefs  :  le  fief  de  Vimont,  qui  est 
le  principal,  et  les  fiefs  de  Maizy  et  d'Escovilie  qui  lui 
sont  réunis.  La  seigneurie  de  Vimont  est  possédée  depuis 
plusieurs  siècles  par  la  maison  de  Saffrey.  M.  de  la 
Roque,  dans  son  Traité  de  la  noblesse,  dit  que  Pierre 
Saffrey,  fils  de  Pierre,  Normand  de  nation,  fut  annobli 

(i)  Hervé  d*Aché,  seigneur  de  Fontenay  et  VaraviUe,  et  Marie 
de   Saflré,  sa  femme,  i63i. 


lOO 

par  Charles,  fils  aîné  de  France,  duc  de  Normandie,  ré- 
gent du  royaume  durant  la  prison  du  roi  Jean  son  père, 
que  les  lettres  en  furent  données  â  Paris  au  mois  d^août 
i358  en  présence  de  Guillaume  de  Dormans^  chancelier 
de  France,  et  de  Philippe  de  Troîsmonts,  maître  des  re- 
quêtes; et  que  le  roi  Jean  la  lui  confirma  au  retour  de  sa 
prison.  Cependant  une  personne  digne  de  foi  et  savante 
dans  cette  matière,  m^a  affirmé  qu^elle  a  lu  dans  le  char- 
trier  de  M.  Saffrey,  seigneur  d*Engranville,  un  titre  en 
parchemin  très  ancien  par  lequel  il  est  attesté  que  Pierre 
Saffrey  était  originaire  de  Bretagne,  noble  de  nom  et 
d'armes,  et  qu'il  fut  fait  chevalier  en  i358  par  le  régent 
du  royaume.  RaouUin  de  Saffrey,  écuyer,  seigneur  de 
Vimont,  femme  :  Marie  de  Tournebu,  fille  de  Jean,  sire 
deTournebu  et  d'Alix  Poignant,  justifié  par  un  contrat 
du  27  juin  1424  (i).  Guillaume  de  Saffrey,  écuyer,  sei- 
gneur de  Vimont;  femme  :  Françoise  de  la  Fresnaye. 
Guillaume  II  de  Saffray,  seigneur  de  Vimont;  femme  (2): 
Françoise  de  Launey.  Odet  de  Saffrey,  seigneur  de  Vi- 
mont en  i63o;  femme:  Anne  Thibout,  dame  de  Danne- 
ville  et  de  Bray-la-Champàgne.  Jean  de  Saffrey,  seigneur 
et  patron  de  Vimont;  femme  :*  Marie  de  Cauvigny,  de- 
puis remariée  à  René  Le  Chevalier,  chevalier,  seigneur  et 
patron  d'Engranville,  Port,  Saint-Vast,  conseiller  au  Par- 
lement de  Rouen  qui,  à  cause  d'elle,  nomma  à  la  cure  de 
Vimont  en  1681.  Ce  seigneur  d'Engranville  est  le  même 
qui,  conjointement  avec  M.  de  Lasson,  eut  contre  le  fa- 
meux abbé  de  Saint-Martin  tous  ces  démêlés  dont  on  a 
donné  rhistoire  à  la  suite  delaMsndarinade,  imprimée  à 
la  Haye  (à  Caen)en  17Î9.  Alexandre  de  Saffrey,  cheva- 

{i)Hist.Harc.,t.  I,  p.  282.  « 

(2)  Hist.  Harc,  t.  II,  p.  1546. 


ICI 

lier,  seigneur  et  patron  de  Vimont  et  d'Engranville, 
nomma  à  la  cure  de  Vimont  en  1694;  femme  :  Suzanne 
Gislain>  nièce  et  héritière  de  René  Le  Chevalier,  seigneur 
d'Engranville.  Etienne  de  Saffrey,  chevalier,  seigneur  et 
patron  de  Vimont,  Maisy,  Escoville,  capitaine  d'infan- 
terie, major  de  la  capitainerie  garde<6te  de  Caen  en 
1762. 

Elle  est  à  un  quart  de  lieue  du  bourg  d'Ârgences,  et  à 
3  lieues  de  Caen. 


DOYENNE  DE  VAUCELLES. 


Vaucelles,  un  des  principaux  faubourgs  de  Caen,  prête 
son  nom  au  III«  doyenné  rural  de  Parchidiaconé 
d'Hyesmes,  et  en  est  regardé  comme  le  chef-lieu.  Son 
église  paroissiale,  sous  le  titre  de  Saint-Michel,  n'est  point 
cependant  comprise  parmi  les  paroisses  de  ce  doyenné, 
mais  bien  parmi  celles  de  la  chrétienté  de  Caen,  oti  Ton 
peut  consulter  son  article. 


Airan  (Saint-Germain  d').  Sergenterie  de  Jumel,  élec- 
tion de  Falaise,  104  feux,  notariat  de  Mezidon. 

Le  Dictionnaire  universel  de  la  France  y  compte 
469  habitants  et  l'appelle  Eran.  Le  livre  Pelut  de  l'évé- 
ché,  ecclesia  de  Airan,  et  la  bulle  d'Innocent  III  pour 


Î02 

Tabbaye  de  Troarn,  en  1210,  Ecclesia  de  Airani  (1). 
Cette  paroisse,  située  sur  la  rivière  de  Meaiice,  est  appelée 
en  IsLim  Heidranum,  que  M.  Huet  soupçonne  être  dé- 
rivé de  VHeidra,  village  de  VOtlingua  Saxonica,  dont 
il  est  fait  mention  dans  les  capitulaires  d^  Charles  le 
Chauve  (2).  Mais  Tabbé  le  Bœuf  combat  cette  opinion  en 
faisant  voir  qu*Heidra  ne  peut  appartenir  qu^à  Estréham- 
le-Perreur  dans  le  Bessin,  à  2  lieues  de  Bayeux  (3). 
M.  Hermant  écrit  fram^  et  remarque,  diaprés  quelques 
auteurs  quMl  cite  en  marge,  et  qui  n'^en  parlent  point, 
que  ce  fut  là  que  saint  Évremont  de  Bayeux  se  retira 
d'abord  pour  se  consacrer  à  Dieu,  après  avoir  renoncé  au 
monde.  Le  désert  oti  il  alla  se  cacher  est  appelé  dans  ces 
auteurs  Excurias  ou  Excunicas  (4).  Quelle  analogie  ces 
deux  noms  ont-ils  avec  Âiran  ou  Eran  plutôt  qu'avec 
tout  autre  ? 

i^'abbé  de  Troarn  présente  au  bénéfice  et  possède  toutes 
les  dîmes.  Le  curé  d' Airan  prétendit,  il  y  a  quelques  an- 
nées, réclamer  les  grosses  et  menues  dîmes  de  sa  paroisse, 
sous  prétexte  de  Tabandonnement  qu^il  faisait  de  sa  pen- 
sion congrue  (5).  Il  fut  débouté  de  cette  demande  par  sen- 
tence du  bailliage  de  Saint-Silvin,  faute  par  lui  de  prouver 
qu'avant  Poption  de  la  pension,  ses  prédécesseurs  eussent 
eu  part  à  la  grosse  dîme,  et  quelle  part  ils  avaient  eu  aux 
menues.  Le  curé  se  porta  pour  appelant,  et  la  sentence  fut 
confirmée  par  arrêt  de  la  cour.  La  maison  et  le  fief  de 
Coupigny  sont  sur  cette  paroisse,  où  il  y  a  une  chapelle 

(i)  Neust.Pia,  p.  563. 

(2)  Orig.  de  Caen^  p.  6  et  7. 

(3)  Hist.  du  diocèse  de  Bayeux^  p.  68. 

(4)  Hist,  eccl.  de  Normand.,  t.  I,  p.  317. 

(5)  Addit.  au  mém.  de  M.  le  doyen  de  Bayeux  contre  le  curé  du 
Fresne^  p.  4,  1746. 


103 

titulaire  de  la  Sainte-Vierge,  qui  est  à  la  nomination  du 
possesseur  de  ce  fief.  Airan  relevait  du  bailliage  de  Saint- 
Silvin  avant  la  réunion  de  ce  bailliage  à  celui  de  Caen. 

Il  est  à  3  lieues  de  cette  ville,  et  à  peu  de  distance  du 
bourg  d' Argences. 

Allemagne  (Saint-Martin  d^).  Baronnie,  sergenterie 
d^Argences,  élection  de  Caen,  80  feux,  notariat  de 
Caen. 

Cette  paroisse,  située  au  nord  de  Caen,  est  arrosée  par 
la  rivière  d'Orne  qui  coule  le  long  d'une  prairie  en 
marais,  de  200  acres  de  terre,  laquelle  commence  à  Esta- 
vaux^  et  finit  aux  moulins  de  Bourbillon-sur- Allemagne. 
Elle  a,  au  midi,  la  paroisse  de  Saint-Martin-de-Fon- 
tenay,  au  soleil  de  2  heures,  celle  de  Saint-André^le- 
Fontenay,  au  soleil  de  3  heures,  celle  d'Estavaux,  au 
soleil  couchant,  celle  d'Athis,  où  il  y  a  sur  POrne  un  bac 
qui  passe  à  Allemagne,  et  dont  les  droits  sont  perçus  par 
Pabbé  de  Caen,  et  au  même  soleil  et  au  nord,  celle  de 
Louvigny.  Cette  paroisse^  divisée  en  2  parties,  a  2  églises 
paroissiales  desservies  par  un  même  curé  :  Saint-Martin 
pour  le  village  de  la  Haute-Allemagne,  Notre-Dame 
pour  celui  de  la  Basse- Allemagne.  Ces  deux  villages  ne 
sont  pas  écartés  car,  de  la  première  maison  de  la  Haute- 
Allemagne  à  la  dernière  de  la  basse,  il  n^  a  qu'un  petit 
quart  de  lieue  de  distance.  L'abbé  de  Saint-Étienne  de 
-Caen,  seigneur  et  baron  d'Allemagne,  nomme  de  plein 
droit  à  la  cure  et  en  perçoit  toutes  les  dîmes.  Il  y  a  dans 
la  Haute-Allemagne  une  commune  de  70  acres  de  terre, 
qui  la  sépare  en  partie  de  la  paroisse  d'Ifs,  située  à  son 
soleil  de  10  heures,  et  de  celle  de  Vaucelles  de  Caen,  oîi 
se  font  les  grandes  revues  des  troupes  du  roi.  C'est  là  où 
Ton  trouve  ces  belles  carrières  de  carreau  fin,  d'où  l'on 


u 


104 

tira  celui  qui  servit  à  bâtir  Tabbaye  de  Saint-Étieune  de 
Caen,  en  1066.  On  y  prend  encore  beaucoup  de  pavé 
pour  les  appartements,  que  Ton  transporte  par  mer  dans 
les  royaumes  voisins,  et  même  jusque  dans  le  Levant. 
La  baronnie  d^ Allemagne  avec  ses  membres,  qui  sont  : 
Estaveaux,  Ifs,  Hubert-FoUie,  Bray  et  Bourguébus,  fut 
aumônée  à  Saint-Ëtienne  deCaen,  par  le  duc  Guillaume, 
lorsqu'il  fonda  cette  abbaye  (1).  Il  obtint  d^Odon  de 
Conteville,  son  frère  utérin,  évéque  de  Bayeux,  que  ces 
paroisses  seraient  exemptes  du  sinode,  et  de  la  juridiction 
épiscopale,  et  qu^elles  ne  relèveraient  plus  dorénavant 
pour  le  spirituel,  que  de  l'abbé  de  Caen.  Ces  exemptions 
furent  confirmées  depuis  par  Henri  II,  évéque  de 
Bayeux.  Il  est  parlé  de  cette  paroisse  par  occasion,  dans 
V Histoire  de  Normandie  (2).  Après  la  bataille  donnée 
en  1046,  au  Val-des-Dunes,  près  d'Argences,  les  capi- 
taines ligués  voyant  le  champ  tout  jonché  de  Bessins  et 
de  Cotentinois,  se  débandèrent  par  découragement  et  se 
retirèrent  entre  Allemagne  et  Fontenay,  d'où  ne  pouvant 
soutenir  la  fureur  des  Français  et  des  Normands,  ils 
furent  encore  contraints  de  décamper  avec  précipitation 
pour  conserver  leur  vie. 
Cette  paroisse  est  à  une  petite  lieue  de  Caen. 

Bellengreville  (Notre-Dame  de).  Autrefois  Berenger- 
ville,  Berengreville,  Berengavilla,  sergenterie  d'Argences, 
élection  de  Caen,  72  feux,  notariat  d'Argences. 

Cette  paroisse  n'est  point  de  ces  lieux  distingués  par 
la  dignité  de  ses  fiefs,  ou  la  magnificence  de  ses  châteaux. 
La  rivière  ou  cours  de  Semillon,  qui  en  arrose  une  par* 

(i)  Neust,  Pia,  p.  628,  63 1,  644  et  645. 
(2)  Dumoulin,  p.  140. 


105 

ûCy  coule  sur  un  sable  noir  et  bourbeux,  sans  produire 
aucun  poisson.  Son  terroir  ne  renferme  que  du  sable  et 
de  mauvais  moellon.  La  surface  à  peine  produit  quelque 
blé,  orge  et  avoine,  et  dans  les  années  de  sécheresse,  elle 
devient  presque  stérile.  Le  grand  chemin  de  Caen  à 
Paris  passe  au  milieu  de  la  paroisse,  et  Téglise  en  est 
éloignée  d^environ  400  pas  au  midi.  Outre  la  Sainte- 
Vierge,  qui  est  sa  première  patronne,  elle  reconnaît 
encore  saint  Pierre  et  saint  Laurent  pour  second  et  troi- 
sième patrons.  Le  seigneur  de  Bellengreville  présente  à 
la  cure  ;  le  curé  a  toutes  les  dîmes,  à  Pezception  de  2  traits 
dont  Pun  appanient  à  Thôpital  de  la  Madeleine  de 
Rouen,  et  Tautre  à  la  fabrique  de  i'église.  Il  y  a  2 
marais  ou  communes  aux  2  côtés  de  la  paroisse.  Celui  qui 
est  au  nord,  et  qui  contient  98  arpents,  est  une  portion  du 
marais  des  Terriers  accordée  par  le  roi  aux  habitants  de 
Bellengreville  dans  le  temps  du  dessèchement  du  dernier. 
Il  a  toujours  été  relevant  des  seigneurs  de  Bellengreville 
et  de  Franqueville  ;  cequi  a  été  encore  confirmé  en  1757, 
par  un  arrêt  du  conseil^  en  faveur  du  seigneur  de  Bellen- 
greville contre  le  sieur  Oursin  de  Digoville,  seigneur  du 
marais  des  Terriers.  L^autre  marais  ou  commune  est  situé 
au  sud  de  la  paroisse;  il  est  appelé  le  marais  de  Chiche- 
boville,  parce  qu^il  relève  des  seigneurs  de  ce  nom.  11  est 
cependant  commun  entre  les  deux  paroisses.  Le  marais 
est  arrosé  des  deux  côtés  par  les  cours  de  Semillon,  petite 
rivière,  dont  l'un  prend  sa  source  à  Navarre,  proche 
Billy,  et  Tautre  à  Chicheboville.  Le  terrain  qui  compose 
aujourd'hui  la  paroisse  de  Bellengreville  était  partagé 
anciennement  en  2  paroisses  distinctes  de  nom  et  de 
patron  ;  Tune,  sous  le  nom  de  Notre-Dame  de  Bellen- 
greville, l'autre  sous  celui  de  Saint-Pierre  de  Franque- 
ville. Les  2  seigneurs  qui  étaient  frères,  et  de  Tillustre 


io6 

maison  de  Bailleul,  obtinrent  la  réunidn  des  2  cures, 
en  faveur  d'un  de  leurs  neveux  qui  en  avait  été  pourvu, 
et  la  réunion,  dont  les  titres  doivent  être  parmi  ceux  de  la 
maison  seigneuriale  de  Franqueville,  a  toujours  subsisté 
depuis  ce  temps-là.  On  voit  encore  proche  la  principale 
porte  du  château  de  ce  Heu,  lesjnurs  et  décombres  de 
l'ancienne  église  de  Saint-Pierre.  L'infortuné  Jean  de 
Baiileul,  roi  d'Ecosse,  chassé  de  ses  états  en  1 299,  était  de 
cette  maison.  La  tradition  du  pays  est  qu'il  se  réfugia 
dans  sa  terre  de  Franqueville,  oti  il  avait  un  château 
entouré  de  fossés  avec  pont-levis,  et  qu'il  fut  enterré  dans 
son  église  paroissiale.  Cependant  on  n'a  trouvé  aucunes 
marques  de  distinction  dans  ce  qui  a  été  démoli  jusqu'à 
présent.  La  tradition  paraît  même  démentie  par  le  tom- 
beau dece  prince,  qu'on  voit  à  Saint- Vaast  de  Bailleul-sur- 
Eaulne,  diocèse  de  Rouen,  et  sur  lequel  on  assure  qu'il 
était  représenté,  lui  et  sa  femme,  en  gravure  (i).  Depuis  la 
réunion  des  2  paroisses,  Franqueville  est  devenu  un 
simple  hameau,  qui  contient  à  peu  près  la  moitié  de  la 
paroisse  de  Bellengreville,  puisque  Ton  compte  34  feux 
dans  celle-ci,  et  38  dans  le  hameau.  On  prétend  encore 
qu'il  y  avait  anciennement  à  Bellengreville  un  petit 
hôpital  bâti  sur  le  bord  du  grand  chemin  de  Caen  à  Paris. 
La  preuve  qu'on  en  a,  avec  la  tradition,  se  tire  de  cette 
remarque  :  Rex  concessit  Petro  Verrier  capellano 
quoddam  hospitium  intra  villam  de  Cadotno  et  parvum 
feodum  de  parochia  de  Berengavilla.  Il  faut  observer 
qu'un  petit  chemin  qui  traverse  l'héritage  contigu  au  lieu 
où  l'on  croit  qu'était  bâti  le  petit  hospice,  se  nomme 
encore  la  sente  à  l'abbé  ou  la  sente  aux  prêtres,  ce  qui 
ferait  conjecturer  qu'il  y  avait  un  ou  plusieurs  prêtres 
pour  les  desservir, 
(i)  Norm.,  Dict,  de  Moreri,  au  mot  Bailleul. 


107' 

Le  lieu  du  Val  des  Dunes,  si  célèbre  par  la  bataille 
que  le  roi  Henri  et  le  duc  de  Normandie,  son  vassal,  y 
remportèrent,  en  1047,  ^^^  ^  seigneurs  rebelles  de 
ce  duché,  fait  partie  de  la  paroisse  de  Bellengreville. 
Il  est  connu  aujourd'hui  sous  le  nom  de  campagne 
Saint-Laurent.  Cette  victoire  manqua  d'être  fatale  au 
roi,  car  dans  le  fort  du  combat  il  fut  frappé  d'un  coup 
de  lance  qui  le  renversa  et  lui  fit  vider  les  arçons  ;  le  lieu 
où  cela  arriva  fut  nommé  Mal-à-la-G)uronne,  et  par  cor- 
ruption, les  habitants  nomment  encore  la  Mal-Qouronne 
oti  Mau-Couronne,  cette  pièce  de  terre  qui  peut  contenir 
5o  acres.  En  reconnaissance  de  cette  victoire,  le  duc  Guil- 
laume fit  bâtir  aussitôt  sur  le  champ  de  bataille  une  cha- 
pelle sous  le  titre  de  Saint-Laurent,  où  furent  inhumés 
les  principaux  officiers  qui  y  avaient  péri.  Les  Protes* 
tants  la  démolirent  en  1 562.  On  trouve  encore  aux  envi- 
rons des  masures  et  des  souterrains  voûtés.  Sur  la  même 
ligne  où  était  cette  église  est  un  endroit  fort  élevé,  qu'on 
appelle  la  butte  Saint-Laurent.  Il  y  vient  tous  les  ans 
un  fauconnier  du  roi  tendre  aux  oiseaux  de  proie,  ainsi 
que  sur  une  autre  élévation,  nommée  le  Mont-Tausy, 
qui  est  un  peu  plus  éloignée.  On  y  prend  des  oiseaux  de 
toute  espèce,  jusqu'à  des  aigles  dans  les  hivers  rudes. 

La  paroisse  de  Bellengreville  est  partagée  en  deux  fiefs  ; 
Tun  qui  porte  son  nom  est  un  quart  de  fief  de  chevalier, 
auquel  est  attaché  la  seigneurie  et  le  patronage  de  la  cure. 
La  directe  de  ce  fief  est  réclamée  depuis  plus  de  100  ans 
par  le  roi  et  le  seigneur  de  Chicheboville.  Le  litige  sub- 
siste encore.  Il  a  été  possédé  par  les  familles  de  la  Ma- 
riouze,  de  NoUent  et  de  Bailleul.  Les  héritiers  de  Gilles 
de  Bailleul,  seigneur  de  Bellengreville,  le  vendirent  au 
commencement  de  ce  siècle,  à  M.  Michel-Alphonse  Sub- 
til, écuyer,  sieur  de  Beauhamel,  dont  les  enfants  lepossè- 


io8 

dent  aujourd'hui.  L'autre  fief,  appelé  Franqueville, 
auquel  était  aussi  attaché  le  patronage  de  Saint-Pierre, 
réuni  à  Notre-Dame,  comme  on  l'a  vu  ci-dessus,  relève 
du  roi  à  cause  de  sa  vicomte  de  Caen,  par  un  quart  de 
fief  de  haubert.  On  voit  par  les  vieux  titres  qu'il  a  été 
possédé  par  des  seigneurs  du  nom  d'Harcourt;  ensuite 
par  les  Bailleul,  qui  le  vendirent  il  y  a  bien  75  ans,  à 
messire  des  Asnières  des  Fontenelles,  dont  l'une  des 
filles  héritières,  Marianne,  le  porta  par  son  mariage  à 
M.  Subtil  de  Beauhamel,  seigneur  de  Bellengreville. 
Michel-Alphonse,  son  fils  aîné,  François-Michel  Subtil, 
chevalier,  seigneur  de  Bellengreville,  capitaine  d'infan- 
terie au  régiment  de  Bourgogne,  épousa,  à  Saint-Sauveur 
de  Bayeux,  le  29  juin  1754,  Marie-Jeanne  Perrette  de 
TEscalley,  fille  d'Etienne  Cheval  et  de  Suzanne-Augus- 
line-Marie  Le  Hoger. 

Elle  est  à  9  lieues  de  Bayeux,  3  lieues  de  Caen,  une 
demi-lieue  à  l'ouest  du  bourg  d'Argences,  et  une  lieue 
et  demie  nord-est  du  bourg  de  Troarn. 

Beneauville  (Notre-Dame  de).  Sergenterie  au  Verrier, 
élection  de  Caen,  notariat  de  Saint-Silvin,  32  feux. 

Cette  paroisse  est  assise  dans  des  marais  qui  environ- 
nent une  partie  de  son  territbire,  et  arrosée  par  le  cours 
de  la  petite  rivière  de  Semillon,  qui  prend  sa  source  à  son 
extrémité  méridionale  dans  le  village  de  Navarre,  proche 
Billy.  Le  seigneur  de  Beneauville  nomme  à  la  cure,  et  le 
curé  perçoit  les  dîmes.  Le  fief  seigneurial  de  Beneauville, 
procédant  de  la  maison  de  Briosne  en  ligne  directe,  fut  porté 
par  Jeanne  de  Briosne  dans  le  xv^  siècle,  dans  les  mai- 
sons de  la  Heuze-Baudrand,  et  de  Meurdrac  du  Treilly, 
otielle  contracta  successivement  2  mariages  (i).  Ce  fief 

(i)  Hist.  Harc.,t.  II,  p.  1988* 


109 

passa  depuis  par  aliénation  à  M.  Pierre  Le  Bourgeois, 
écuyer  ;  de  lui  descendait  Jacques  Le  Bourgeois,  sieur  de 
fieneauville,  conseiller  au  bailliage  de  Caen,  que 
M.  Huet  qualifie  d'homme  d^un  esprit  poli,  d'une  con- 
versation enjouée  et  de  mœurs  élégantes.  Jean-Louis  Le 
Bourgeois,  son  fils,  sieur  de  Torp,  a  mérité  par  ses  talents 
pour  réloquence  et  la  poésie  d^étre  mis  au  nombre  des 
illustres  citoyens  de  Caen  (i).  Ses  vers  ont  un' tour  noble 
et  harmonieux,  dit  M.  Huet,  quoiquHl  en  fit  peu  et  seu- 
lement par  boutade.  Il  mourut  le  premier  jour  de  Tan- 
née 1662,  âgé  de  44  ans.  Il  laissa  pour  filles  héritières 
Elisabeth  et  Marie  Le  Bourgeois,  dames  de  Béneauville, 
qui  furent  mariées  aux  2  frères,  François  de  Fribois,  che- 
valier, seigneur  et  patron  des  Autieux,  baron  de  Jangue, 
de  Frévilie  et  du  Val,  et  Louis  de  Fribois,  seigneur  des 
Cours  la  Harile.  Ces  deux  seigoeurs,  à  cause  de  leurs 
femmes,  nommèrent  conjointement  à  la  cure  de  Beneau- 
ville,  le  18  avril  1662  (2).  Il  ne  faut  pas.  confondre  cette 
paroisse  avec  le  hameau  de  Beneau  ville  qui  est  du  ressort 
de  Bavent,  et  qui  a  été  lui-même  autrefois  une  paroisse. 
Elle  est  à  une  demi-lieue  du  bourg  d'Argences  et  à 
3  lieues  de  Caen. 

Billf  (Saint-Symphorien  de).  Sergenterie  d'Argences, 
élection  de  Caen,  notariat  de  Saint-Silvin,  40  feux. 

Le  seigneur  du  lieu  nomme  à  la  cure  et  jouit  des 
deux  tiers  de  la  grosse  dîme,  en  vertu  d'un  échange  fait 
avec  Pabbesse  de  Préaux  qui  possédait  auparavant  ce 
patronage  et  cette  dîme  ;  l'autre  tiers  est  pour  le  curé.  Il 
y  a  deux  marais  ou  communes,  le  marais  de  Billy  et  le 

(1)  Orig.  de  Caen,  p.  SjS  et  379. 
(a)  Registre  du  secret,  de  Téviché. 


110 

marais  du  Torp  ;  ce  dernier  est  placé  dans  le  village  dont 
il  porte  le  nom.  Il  y  a  aussi  deux  hameaux  :  le  Torp  dont 
je  viens  de  parler,  et  le  hameau  de  Navarre,  dont  une 
petite  partie  dépend  de  Beneauville.  On  y  compte  1 20 
communiants. 

Elle  est  à  3  lieues  et  demie  de  Caen,  une  lieue  du  bourg 
d'Argences  et  trois  quarts  de  lieue  du  bourg  de  Saint- 
Silvin. 

Bîssières  (Sainte-Croix  de).  Sergenterie  d^Argences, 
élection  de  Caen,  notariat  de  Méry-Corbon,  36  feux. 

Cest  une  petite  paroisse  située  sur  le  bord  du  nouveau . 
grand  chemin  de  Caen  à  Lisieux.  L^église  a  pour  pre- 
mier patron  PExaltatiôn  de  Sainte-Croix,  et  pour  seconds 
saint  Côme  et  saint  Damien.  Lés  P.  P.  Jésuites  de  Caen 
présentent  à  la  cure,  au  droit  du  prieur  de  Sainte-Barbe 
en  Auge.  M.  de  Bailleul,  marquis  de  Croissan ville,  en 
est  seigneur  honoraire.  La  dîme  appartient  au  curé.  Les 
paroissiens  jouissent  en  commun  d'une  bruyère  qu'ils 
tiennent  à  fief  du  domaine. 

Elle  est  à  une  lièuedes  bourgs  d*Ar^ences,  et  de  celui 
du  Mézidon  au  diocèse  de  Séez. 

Bourguébus  (Saint- Vigor  de).  Sergenterie  d^Argences, 
élection  de  Caen,  notariat  de  Cramesnil,  45  feux. 

Cette  paroisse  est  sur  le  chemin  de  Saint-Silvin  à  Caen  ; 
la  grande  route  de  Falaise  qui  y  passait  autrefQis,  a  été 
transférée  sur  un  autre  territoire.  On  prononce  Bour- 
guébu.  Il  vient  de  Pancien  mot  qui  signifie  village,  ce  qui 
vaut  autant  dire  que  village  de  Bourgaise.  M.  Huet 
remarque  à  ce  sujet  que  quelques  familles  nobles  et  rotu- 
rières de  Caen  ont  porté  le  notp  de  Bourgaise  ou  Bour- 
goise.  De  la  première  famille  étaient  Pierre  Bourgoise, 


III 

pannetiei*  du  roîen  1870, et  Pierre  II* du  nom,  ditBour- 
goise,  aussi  pannetier  du  roi,  en  i38o,  et  Aymar  Bour- 
goise,  commissaire,  avec  Guillaume  Porte  et  Jean  Ma- 
lerbes,  chevalier,  pour  la  levée  d^un  subside  octroyé  en  la 
vicomte  de  Caen,  en  1 347,  par  le  duc  de  Normandie  (  i  )  ; 
leurs  armes  étaient  un  sceau  chargé  d^n  aigle,  brisé  d^un 
bâton  brochant  sur  le  tout,  supports  deux  lions.  Une 
chartre  de  Henri  II,  roi  d^Angleterre  fait  mention  d'un 
héritage  de  Roger  de  Bourguebu  (2),  sur  lequel  il  avait 
une  maison  et  un  entretenant,  et  de  six  arpents  d'un 
autre  héritage  situé  au  même  lieu,  lesquels  appartiennent 
à  son  frère.  Robert  d^Aumondeville  (3)  fit  donation  à 
l'Hôtel-Dieu  de  Caen,  de  quelque  terre  quUl  avait  à 
Bourguebu,  suivant  la  chartre  d'Innocent  III,  de  Tan- 
née 12 10.  Bourguebu  donna  le  titre  à  une  des  prébendes 
du  Saint-Sépulcre  de  Caen,  lorsqu'elle  fut  fondée  en 
1220,  par  Robert  de  Villevey.  Le  prieur  commanda- 
taire  de  Saint-Nicolas  de  la  Chesnaye  nomme  à  la  cure, 
et  ses  religieux  perçoivent  les  deux  tiers  des  grosses  dîmes. 
Il  y  a  dans  son  territoire  un  hameau  nommé  la  Hogue, 
distant  de  Téglise  paroissiale  d'un  quart  de  lieue,  dans 
lequel  il  y  avait  une  chapelle  de  saint  Jean-Baptiste,  à  la 
nomination,  à  ce  qu'on  dit,  du  prieur  de  Saint-Nicolas  ; 
il  n'en  reste  plus  que  la  place  sans  aucuns  vestiges.  On 
assure  qu'il  y  avait  encore  dans  la  même  paroisse  une 
chapelle,  ou  prieuré  simple,  sous  le  titre  de  Saint-Ger- 
main  de  Criquetot,  et  à  la  nomination  du  prieur  de  Deux- 
Amants,  près  Rouen  (4).  Il  paraît  une  présentation  du 
dernier  juillet  1602,  faite  par  Nicolas  Tiercelin,  aumô- 

(i)  Hist^des  gr,  ojic,  de  la  couronne,  t.  VIII,  p.  619. 
(a)  Neustria  Pia,p,  62g, 
{^)Hist.Harc.,t.  I,  p.  314. 
(4)  Secrétariat  de  Tévéché. 


112 


nier  du  roi,  abbé  de  Valricher  et  prieur  de  Deux-Amaats» 
qui  le  marque  expressément.  Les  fiefs  de  cette  paroisse 
sont  partagés,  et  de  peu  de  conséquence.  Jean  Anzerey, 
écuyer,  seigneur  de  Bourguébus,  est  cité  dans  des  con- 
trats de  1446- 1447.  Nicolas  Anzerey  est  dit  tenant  un 
quart  de  fief  assis  à  Bourguébus,  dans  le  dénombrement 
des  fiefs  du  bailliage  de  Caen,  année  1675  (i).  Aveu 
rendu  par  Jean  Anzerey,  seigneur  de  Bourguébus  et  de 
la  Hogue,  fils  de  Nicolas,  daté  du  16  octobre  1571  (2). 
Il  était  trisateul  d'un  autre  Jean  Anzerey,  seigneur  de 
la  Hogue,  Achey  et  Bourguébus,  conseiller  au  siège  pré- 
sidial  de  Caen. 

Elle  est  à  2  petites  lieues  de  Caen  et  du  bourg  d'Ar- 
gences. 

Bray-la-Campagne  (Saint-Aubin  et  Saint-Jean-Bap- 
tiste de).  Sergenterie  de  Bre^uil,  élection  de  Falaise, 
notariat  de  Condé,  3i  feux. 

On  écrivait  autrefois  Braîeau  lieu  de  Bray  (3).  Il  vient, 
dit  M.  Huet,  du  mot  Braîa,  qui  en  langue  gauloise  signi- 
fiait de  la  Boue.  On  la  surnomme  :  la  Campagne,  parce 
qu^elle  est  dans  la  Campagne  de  Caen,  et  pour  la  distin- 
guer d'une  autre  paroisse  du  même  nom  qui  est  dans  le 
même  canton,  au  doyenné  de  Cinglais'.  Cette  paroisse, 
assise  sur  k  rivière  de  Méance,  est  la  dernière  de  ce  côté 
là  du  diocèse  de  Bayeux.  La  cure  est  en  règle,  et  à  la 
présentation  du  prieuré  de  Sainte-Barbe-en-Auge,  de 
Tordre  de  Saint-Augustin.  On  ne  saurait  dire  que  cette 
paroisse,  plutôt  que  les  autres  de  même  nom  qui  sont  en 


(i)  Hist.  Harc.,t,  I,  p.  992-993. 
(a)  Hist.  Harc,  p.  994. 
Q)  Orig.de  Ctfew,p.  3i3. 


1^3 

Normandie,  ait  été  le  berceau  et  le  lieu  d^origine  de  Pan- 
cienne  famille  noble  de  Bray,  qui  porte  :  d^argent  au  chef 
de  gueules  chargé  d*un  léopard  d'or. 

Elle  est  à  une  lieue  du  bourg  de  Saint-Silvin  et  à 
4  lieues  de  Caen. 

BretteviÙe-'le'-Rabet  (Saint-Lô  de).  Sergenterie  de 
Tournebu,  éleaion  de  Falaise,  notariat  de  Bretteville- 
sur- Laize,  3i  feux,  41  habitants. 

Cette  paroisse,  située  sur  la  rivière  de  Manche  ou 
Mance,  est  traversée  par  le  grand  chemin  de  Caen  à 
Falaise.  Son  terroir  est  sec  et  pierreux.  Le  hameau  de  la 
Fredelle  en  dépend.  Le  bénéfice  est  en  règle,  et  à  la  nomi- 
nation du  Prieuré  du  Plessis,  à  qui  appartiennent  les 
dîmes.  Son  fief  dominant  et  de  hautber  est  possédé  par  le 
sieur  Jean-François  Langlois,  bourgeois  de  Caen.  Il 
avait  appartenu  à  messire  Robert  de  Fontenay,  chevalier, 
duquel  Isabelle  de  Gaillon  prend  la  qualité  de  veuve, 
dans  un  contrat  passé  à  Caen  en  1436  (i).  Il  fut  père 
d^Antoine  de  Fontenay,  écuyer,  seigneur  de  Bretteville- 
la-Rabet  et  de  Renémesnil  qui,  suivant  un  acte  passé  au 
tabellionage  de  Caen,  le  3  juillet  14569  eut  pour  fils 
Lanceloc  de  Fontenay,  seigneur  de  Cabourg,  Renémes- 
nil et  Giberville.  Son  fils  Robert  de  Fontenay,  seigneur 
de  Bretteville,  capitaine  au  château  de  Caen,  fut  employé 
par  Henri  VII,  roi  d'Angleterre,  sous  le  commandemeqt 
du  duc  de  Suffolk,  ainsi  que  le  décrit  M.  de  Bras.  II  eut 
pour  fils  Robert  de  Fontenay,  seigneur  de  Rouvrou  et  de 
Bretteville  qui,  selon  un  rôle  de  1 640,  épousa  Catherine 
de  Harcourt,  fille  de  Charles,  baron  de  Beuvron,  et  de 
Jacqueline  de  Vierville  de  CreuUy. 

{i)Hift.  Harc,  t.  II,  p.  1499. 


114 

Il  y  a  dans  cette  pafoisse  uae  vieille  chapelle  de  Tordre 
de  Malte,  qui  est  annexée  à  la  commanderie  de  Voisiner, 
paroisse  de  Fontaine-le-Pin.  On  trouve  parmi  ses  titu- 
laires Nicolas  du  Bar,  qualifié  commandeur  de  Brette- 
ville-le-Rabet  et  de  Voismey,  dans  une  provision  pour  la 
cure  de  Fontaine-le-Pin,  en  147 1  (i),  Jean  Fouqué  de 
La  Motte,  commandeur  de  Bretteville-le-Rabet,  est  men- 
tionné en  un  arrêt  de  la  cour  des  Aides  de  Normandie  de 
Pan  1480  (2).  Il  portait  pour  armes  :  d'azur  à  une  fasce 
d^or.  Jacques  Doublet  prend  la  qualité  de  commandeur 
de  Bretteville  et  de  Voismey,  en  un  titre  de  1 594  (3). 

Elle  esta  une  lieue  du  bourg  de  Saint-Silvin,  3  lieues 
de  Falaise  et  7  lieues  de  Caen. 

Cauvicourt  (Saint-Germain  de).  Sergenterie  de  Bret- 
teville, élection  de  Caen,  notariat  de  Saint-Silvin,  jj  feux, 
38o  habitants. 

Cette  paroisse  dépend  des  élections  de  Caen  et  de  Fa- 
laise par  moitié.  Il  y  a  deux  hameaux  :  le  bourg  de  Cau- 
vicourt, proche  Péglise,  et  le  hameau  de  Hautménil,  près 
le  grand  chemin  de  Falaise  à  Caen,  à  un  quart  de  lieue 
loin  de  Téglise.  Les  P.  P.  Jésuites  de  Caen  présentent  au 
bénéfice,  et  en  possèdent  les  dîmes,  au  droit  du  prieur  de 
Sainte-Barbe-en-Auge.  Il  n^y  a  que  le  fief  de  Cauvicourt, 
lequel  est  à  M'^''  la  marquise  de  Chambor,  dame  hono- 
raire, et  à  M.  du  Moncel  de  Lourailles,  président  à  mor- 
tier au  Parlement  de  Rouen. 

Elle  est  à  3  lieues  de  Caen. 


(i)  Regitt.  du  secrétariat  de  révêché. 

(2)  Hist.  Harc.,  1. 1,  p.  89. 

(3)  Regîst.  du  secrétariat  de  l'évêché. 


IÎ5 

Cesni-aux- Vignes  (Saint- Pierre  et  Saint-Paul  de). 
Sergenterie  de  Jumel,  élection  de  Falaise,  notariat  de 
Mézidon,  47  feux^  120  communiants.  « 

Cette  paroisse,  arrosée  par  la  rivière  de  Laison,  a  3  fiefs 
qui  sont  :  les  Prés,  fief  de  hautber,  les  Morteaux  et  Cesni. 
Ils  appartiennent  à  messire  Antoine>Augustin  de  Matha- 
rcl,  chevalier,  seigneur  et  patron  de  Montreuil  et  de 
Saint-Ouen,  maître  de  camp  de  cavalerie,  sous-lieutenant 
de  chevau-légers  d^Orléans,  et  lieutenant  du  roi  au  gou- 
vernement d'Honfleur.  Il  les  possède  au  droit  de  noble 
dame  Marie-Henriette-Armande  de  Malfilastre,  seule 
héritière  de  Henri  de  Malfilastre,  seigneur  et  patron  de 
Cesni-aux- Vignes.  La  nomination  de  la  cure  lui  appar- 
tient en  cette  qualité,  et  la  dîme  au  curé.  Il  y  a  dans  cette 
paroisse  plusieurs  carrières  de  pierres  plates,  et  environ 
600  acres  de  terre  en  labour,  bruyères,  prés  et  marais. 

Elle  est  à  4  lieues  et  demie  de  Caen,  5  lieues  de  Falaise, 
2  lieues  des  bourg  de  Troarn  et  de  Saint-Pierre-sur- 
Dives,  et  à  une  lieue  de  Mézidon  du  diocèse  de  Séez. 

Chicheboville  (Saint-Martin  de).  Sergenterie  au  Ver- 
rier, éleaion  de  Caen,  notariat  de  Saint-Silvin,  32  feux. 

Cette  paroisse  est  sur  le  cours  ou  petite  rivière  de  Se- 
millon  qui  y  prend  sa  source  en  partie.  Le  seigneur  du 
lieu  présente  à  la  cure,  les  dîmes  sont  au  curé.  Charles 
Desmares,  écûyer,  sieur  de  Chicheboville,  nomma  à  cette 
cure,  en  1 583,  et  Charles  de  Noiret,  écuyer,  seigneur  de 
la  dite  paroisse,  en  1 602. 

Elle  est  à  2  lieues  et  demie  de  Caen  et  à  une  lieue 
d'Argences. 

Cinq- Autels  (Notre-Dame  de).  Sergenterie  au  Verrier, 
élection  de  Caen^  notariat  de  Saint-Silvin,  12  feux. 


ii6 

La  cure  est  à  la  nomination  de  Tabbesse  d^Alme* 
nèches. 

Elle  est  située  sur  la  rivière  de  Manche,  à  une  lieue  du 
bourg  de  Saint-Silvin. 

Conteville  (les  Saints-Innocents  de).  Sergenterie  d'Ar- 
gences,  élection  deCaen,  notariat  de  Cramesnil,  22  feux. 

Vabbé  du  Bec  est  seigneur  et  baron  de  G}nteville  ; 
toute  la  paroisse  relève  de  lui.  Il  nomme  à  la  cure  et  ses 
religieux  jouissent  des  deux  tiers  des  dîmes  ;  Tautre  tiers 
est  pour  le  curé.  Il  y  a  des  carrières  sous  terre  oti  vont 
les  charrettes.  On  a  commencé  à  les  découvrir  depuis  6  à 
7  ans  ;  mais  on  ne  peut  en  tirer  la  pierrç  que  par  Tan-^ 
cien  chemin  qui  est  sous  terre.  Les  carrières  appartien- 
nent à  M.  de  Poignavant,  avocat  de  Caen. 

Elle  est  à  3  lieues  de  cette  ville  et  à  une  forte  lieue  du 
bourg  de  Saint-Silvin. 

Cormeilles-la-Roïdl  (Saint-Martin  etSaint-Roch  de). 
Sergenterie  et  élection  de  Caen,  notariat  de  Caen,  1 5  feux, 
1 10  habitants. 

Cette  paroisse  est  en  franc-alleu  du  roi,  exempte  de 
payer  aucun  treizième,  et  il  n'y  a  que  40  jours  pour  la 
clameur.  Ce  sont  ces  petites  prérogatives  sans  doute  qui 
lui  ont  fait  donner  le  nom  de  roîal.  II  n'y  a  aucun  fief 
dans  cette  paroisse  dont  le  roi  est  seigneur  et  non  patron. 
Les  deux  portions  de  cure  furent  réunies  en  un  seul 
bénéfice,  Tan  iSyo,  lequel  est  à  la  présentation  alterna- 
tive de  M.Morin,  seigneur  de  Banneville,.  de  M.  Pierre 
Fouque,  sieur  de  Belleville.  Le  collège  de  maître  Gervais 
Chrétien,  de  Paris,  et  le  curé,  possèdent  la  dîme  par  moi- 
tié. Le  curé  prend  la  première  gerbe,  le  collège  la  seconde, 
et  ainsi  successivement.  Il  n^y  a  que  le  seul  hameau  joi- 


117 

gnant  l'église  et  le  presbytère,  le  tout  dans  le  centre  de  la 
paroisse.  Elle  a  eu  un  curé  distingué  dans  les  belles-let- 
tres, je  veux  dire  Jean  Bardou,  né  à  Paris  en  162 1  et 
mort  en  1668.  Il  a  donné  plusieurs  ouvrages  de  poésie. 
Cest  la  patrie  de  Gilles-André  de  la  Roque,  qui  s'est 
acquis  tant  de  réputation  par  une  quantité  d'ouvrages  qui 
ont  tous  rapport  à  la  noblesse.  Il  mourut  à  Paris  Tan 
1686,  âgé  de  88  ans.  Les  plaines  de  Cormeilles,  autrefois 
incultes,  sont  maiiitenant  couvertes  de  moissons  par  les 
soins  de  M.  Fontette,  intendant  de  Caen.  Le  sieur  de  la 
Guérinière,  directeur  de  l'académie,  y  a  fait  bâtir  de  fort 
beaux  manèges.  Dans  l'angle  d'une  porte  on  lit  cette  ins- 
cription :  Le  22  novembre  iy53,  cette  pierre  a  été  pla- 
cée par  M,  Orceau  de  Fontete,  intendant  de  cette  pro- 
vince. Cest  par  la  protection  qu'il  accorde  aux  sciences 
et  aux  arts,  que  le  sieur  de  la  Guérinière,  écujrer  du 
roi,  a  obtenu  Finféodation  de  ce  terrain  à  son  aca- 
démie. 

Cette  paroisse  est  située  à  trois  quarts  de  lieue  de  Caen, 
directement  entre  les  2  grandes  routes  de  cette  ville,  à 
Paris  et  à  Falaise,  au  soleil  de  8  à  9  heures. 

Cramesnil  et  Rocancour.  Sergenterie  de  Bretteville, 
élection  de  Caen,  lieu  de  notariat. 

Il  y  a  dans  cette  paroisse  2  églises  éloignées  Tune  de 
l'autre  d'une  lieue,  arpentée  exprès  pour  la  décision  d'un 
procès  qui  a  occasionné,  au  commencement  de  ce  siècle, 
la  résidence  d'un  des  2  curés  au  hameau  de  Rocancour  ; 
le  sort  est  tombé  sur  le  curé  de  la  première  portion  qui 
y  demeure.  La  première  église,  ou  Péglise  matrice,  sous 
le  titre  de  Saint-Aignan,  évéque  d'Orléans,  est  dans  le 
territoire  de  Cramesnil,  et  à  un  quart  de  lieue  du  hameau 
de  ce  nom.  La  seconde,  sous  le  titre  de  Saint-Martin, 


ii8 

archevêque  de  Tours,  est  dans  le  hameau  de  Rocancour. 
Celle-ci,  citée  dans  les  titres  comme  chapelle  succursale, 
a  ses  offices  et  ses  fonctions  curiales,  comme  dans  Téglise 
matrice.  Non  seulement  elle  en  est  distinguée  pour  le 
spirituel,  mais  ses  habitants  ont  aussi  leul-s  rôles  à  sel  et 
à  taille  particuliers.  Les  2  curés  sont  présentés  à  Tune  et 
Tautre  église  par  leurs  patrons,  et  y  prennent  possession. 
Le  chapitre  du  Sépulcre  de  Caen  nomme  à  la  première 
portion.  Cest  une  donation  qui  lui  fut  faite  de  ce  patro- 
nage, avec  un  trait  de  la  dîme  par  Guillaume  de  Trie, 
évéque  de  Bayeux,  en  i3i5.  Le  seigneur,  pdtron  de 
Craménil  et  de  Rocancour  présente  à  celle  qu^un  ancien 
usage  appelle  :  seconde  portion.  La  dîme  des  verdages 
dans  l'un  et  l'autre  lieu  appartient  aux  curés  qui  la  par- 
tagent par  moitié.  Il  n'en  est  pas  de  même  des  grosses 
dîmes.  L^abbaye  de  Fontenay  a  une  neuvième  gerbe  à 
Saint-Aignan,  à  cause  de  son  aumônerie,  sur  laquelle  le 
cyiré  de  la  première  ponion  prend  un  sixième.  Lesurplus 
de  cette  grosse  dîme  se  partage  par  moitié:  une  moitié 
pour  le  curé  de  la  seconde  portion,  deux  tiers  de  Pautre 
moitié  pour  messieurs  du  Sépulcre,  et  le  tijcrs  restant  pour 
le  curé  de  la  première  portion,  ce  qui  fait  son  droit  en 
entier  d^un  sixième  sur  le  total  de  la  dimé.  La  grosse 
dîme  de  Rocancour  se  partage  par  tiers,  dont  un  appar- 
tient à  Pabbaye  de  Barbery,  un  autre  au  curé  de  la 
deuxième  portion,  deux  tiers  du  troisième  tiers  à  messieurs 
du  Sépulcre,  et  le  tiers  de  celui-ci  au  curé  de  la  première 
portion,  c'est-à-dire  qu'il  lui  revient  un  neuvième  du 
total.  La  paroisse  de  Saint-Aignan  comprend  3  hameaux  : 
Cramesnil,  de  17  feux;  Rocancour,  de  5o,  et  Gournay, 
autrefois  plus  peuplé  qu'il  n'est  aujourd'hui,  n'a  que 
4  familles. 
Il  y  a  au  hameau  de  Cramesnil  un  ancien  château 


119 

pour  le  seigneur;  il  est  remarquable  par  sa  structure 
et  répaisseur  de  ses  murs,  qui  ont  au  moins  6  pieds 
d^épaisseur,  avec  un  parapet  pour  se  promener  tout  au- 
tour de  la  couverture  ;  d'un  côté  même  dans  la  cave, 
au-dessous  du  rez-de-chaussde,  le  mur  a  17  pieds 
dMpaisseUr.  Ce  château  est  accompagné  de  deux  massifs 
de  haut  bois,  et  quelques  pièces  de  bois  taillis.  Il  renferme 
dans  la  cour  une  chapelle  domestique,  de  très  ancienne 
fondation,  sous  le  titre  de  Notre-Dame  de  la  Boessaye, 
dont  la  nomina^tion  est  au  seigneur.  Ce  hameau  est  à  un 
quart  de  lieue  loin  de  Péglise  de  Saint-Aignan,  du  côté 
du  couchant;  à  pareille  distance,  vers  le  levant,  est  le 
hameau  de  Gournay,  situé  au  bord  d^un  vallon,  où  il  y 
avait  autrefois  plusieurs  maisons.  En  1 7 1 1  une  chaussée, 
qui  fait  partie  du  chemin  de  Saint- Aignan  à  Saint-Silvin, 
ayant  crevé  dans  une  fonte  de  neige,  il  arriva  que  Peau 
renversa  les  murs  d^une  maison  de  ce  hameau,  qui  était 
dans  le  vallon,  et  mît  le  feu  à  la  couverture  qu'elle 
entraîna  avec  la  couverture  toute  flambante  ;  la  cause  de 
cet  événement,  qui  parut  d'abord  extraordinaire,  fut  que 
le  plancher  de  bois  et  chargé  de  beaucoup  de  paille,  fut 
approché  par  une  chandelle  allumée,  qui  était  sur  un  petit 
coffre  que  Peau  souleva,  et  qui  y  mit  le  feu.  La  paroisse 
de  Cramesnil  et  Rocancour  dépend  partie  du  bailliage 
de  Falaise,  partie  de  celui  de  Caen,  depuis  la  réunion  de 
la  juridiction  de  Saint-Silvin. 

La  seigneurie  porte  le  nom  de  fief  de  Saint-Aignan  de 
Cramesnil,  lequel,  avec  plusieurs  autres  dé  cette  paroisse 
qui  lui  sont  réunis,  forme  un  plein  fief  d'hautbert.  Il 
appartient  à  messire  Nicolas-Alexandre-François  de  La 
Fresnaye,  écuyer,  qui,  en  qualité  de  seigneur-patron  de 
Saint-Aignan  et  de  Rocancour,  a  les  droits  honorifiques 
des  deux  églises.  On  apprend  de  Taveu  que  Zanon  Cas- 


120 

tiglione,  évéque  de  Bayeux^  rendit  au  roi  le  4  avril  1453, 
du  temporel  de  son  évéché,  que  Jean  de  La  Fresnaye, 
écuyer,  au  lieu  des  hoirs  de  Jean  des  Jardins,  tenait 
alors  de  la  baronnie  de  Douvres,  par  foi  et  hommage,  un 
quart  de  fief  de  chevalier  assis  à  Cramesnil,  et  que  Roger 
de  La  Vallette  y  tenait  aussi  de  la  même  baronnie,  deux 
fiefs  à  foi  et  hommage,  dont  Tun,  qualifié  demi-fief  de 
chevalier,  qui  fut  jadis  à  Jean  Fleury,  a  la  tierce  partie 
de  réglise  de  Cramesnil,  et  doit  10  livres  de  rente  à  Tévé- 
ché  à  la  Saint-Michel  ;  et  Tautre;  possédé  par  lui  au  lieu 
des  hoirs  de  Guillaume  Bacon,  est  un  quart  de  fief. 

Elle  est  à  2  lieues  et  demie  de  Caen,  et  à  4  lieues  et 
demie  de  Falaise. 

Croissanville  (Saint- Lubin  de).  Sergenterie  d'Ar- 
gences,  élection  de  Caen,  notariat  de  Méry-Corbon, 
40  feux,  1 20  communiants. 

Cette  paroisse  est  arrosée  par  la  petite  rivière  de  Laizon 
qui  partage  le  diocèse  de  Bayeux  de  celui  de  Séez.  C'est 
la  grande  route  de  Caen  à  Lisieux.  L^église  est  proche  de 
ce  chemin  et  de  la  rivière,  qui  passe  à  1 2  ou  1 5  pieds  du 
gable  du  chœur.  Il  y  a  dans  cette  église  une  collégiale 
qui  fut  fondée  par  Jean  de  Ponteaudemer,  chevalier, 
seigneur  du  Quesnay,  et  érigée  le  19  mai  i354  par  Guil- 
laume, évéque  de  Séez,  commissaire  délégué  du  Saint- 
Siège.  II  y  avait  i  trésorier,  i  chantre,  4  chanoines, 
2  chapelains,  i  clerc  ou  sacristain,  et  1  vicaire  perpétuel 
pour  desservir  la  paroisse.  Ils  étaient  obligés  à  TofBce 
canonial.  Ils  sont  réduits  aujourd'hui  à  3,  qui  perçoivent 
les  revenus.  Le  seigneur  de  Croissanville  nomme  à  la 
cure  ou  vicairie  perpétuelle,  et  aux  canonicats.  Le  curé 
jouit  des  dîmes  de  sa  paroisse  en  intégrité  ;  elles  lui  ont 
été  cédées  par  le  chapitre  pour  et  au  lieu  de  la  pension 


121 

congrQe.  Cette  collégiale,  sous  Pinvocation  de  la  Sainte- 
Vierge,  n^a  point  d^autre  église  que  celle  de  la  paroisse. 
Il  y  SL,  au  bas  du  chœur,  une  petite  tour  où  est  la  cloche 
du  chapitre,  et  au  bout  de  la  nef  une  autre  tour  en  flèche 
pour  mettre  les  cloches  de  la  paroisse.  Voici  les  noms  de 
quelques-uns  des  trésoriers  de  Croissanville,  et  le  temps 
qu^iis  ont  possédé  cette  dignité  : 

Jean  Quesnel,  prêtre,  se  démit  de  la  trésorerie  en  1470. 

Jacques  de  Pelvey,  docteur  ès-droits,  en  fut  pourvu  le 
9  novembre  1470. 

Robert  Hamcl,  prêtre,  en  fut  pourvu  le  29  août  1479, 
à  la  place  du  précédent. 

Guillaume  de  Perrières,  docteur  ès-droits,  reçut  le 
25  février  i5oi  des  provisions  pour  la  trésorerie  de 
Croissanville,  sur  la  nomination  de  Vénérable  Homme 
Georges  d'Amboise,  cardinal  légat  a  latere. 

Jacques  d'Harcourt,  baron  de  la  Motte-Cesny,  prêtre. 
Protonotaire  du  Saint-Siège,  abbé  de  Belle-Étoile,  était 
aussi  trésorier  et  chanoine  de  Croissanville,  suivant  un 
acte  de  iS36  (i). 

Le  territoire  de  Croissanville,  qui  a  environ  un  quart 
de  lieue  de  longueur  sur  un  demi-quart  au  plus  de 
largeur,  est  limitrophe  des  paroisses  de  Cléville  et  de 
Méry.  Il  n^a  point  d^autres  hameaux  que  celui  du 
Coudray,  composé  de  5  chaumières  et  autant  de  familles. 
Ce  hameau  est  sur  le  bord  de  la  bruyère  de  100  acres  de 
terre,  qui  appartient  au  seigneur  de  Croissanville,  et  est 
attenante  à  celle  d^Airan  sur  le  grand  chemin.  La 
seigneurie  est  un  fief  d'hautber,  qui  était  anciennement 
titré  de  marquisat, /et  en  porte  encore  le  nom,  quoiqu^il 
n^ait  pas  été,  dit-on,  réhabilité.  Marguerite  d*Harcourt, 

(i)  Hist,  Harc.f  t.  II,  p.  147 1-1478. 


122 

dame  de  Croissanville,  dernière  fille  de  Jacques,  seigneur 
de  Franquerille  et  de  Madeleine  d'Assé,  porta  cette  terre 
à  son  mari  YvesdeBailleul,  seigneur  d^AnvîlIe,  mcu-échal 
des  logis  de  la  compagnie  des  gendarmes  du  roi,  avec 
lequel  elle  vivait  en  îSyS  (i).  De  ce  mariage  naquit 
François  de  Bailleul,  seigneur  de  Croissanville,  qui 
épousa  Léonor  de  la  Morissière,  fille  de  François,  seigneur 
de  Viques  et  de  Jeanne  de  Quesnel^  dame  d'Avoise  ;  d'eux 
est  descendu  par  degré  messire  François-Toussaint 
Amable  de  Bailleul,  seigneur  et  patron  de  Croissanville 
et  de  Viques,  qui  a  des  enfants  de  dame  N.  Subtil  de 
Bellengreville,  son  épouse.  Croissanville  est  célèbre  par 
l'entrevue  que  Richard  I«,  duc  de  Normandie,  y  eut 
avec  Louis  d'Outremer,  roi  de  France  en  944,  et  où  ce 
dernier  perdit  la  liberté  dans  le  désordre  que  causa  la 
mort  de  Helloin,  comte  de  Montreuil,  tué  d'un  coup  de 
hache  par  un  Danois. 
Elle  est  à  5  lieues  de  Caen. 

Cyntheaux  (Saint-Germain  de).  Sergenterie  de  Brette- 
ville,  élection  de  Caen,  notariat  de  Cramesnil,  40  feux, 
1 5o  communiants. 

Quelques-uns  écrivent  le  nom  de  cette  paroisse  par 
Sainteaux  ou  Synteaux,  mais  c'est  contre  l'usage  d'au- 
jourd'hui. Les  titres  de  l'abbaye  de  Barbery  l'appellent 
ecclesiam  de  Saintellis,  et  ceux  du  chapitre  de  Bayeux, 
de  Cyntellis.  Le  sieur  Haribel,  curé  du  lieu,  marque 
dans  son  mémoire  que  le  nom  vient  de  deux  mots  grecs  : 
cin  et  theos,  qui  signifie  ctimD^o,  avec  Dieu.  L'interpréta- 
tion *est  ingénieuse.  Son  territoire  est  élevé  et  dans  une 
situation  riante  et  agréable.  Le  grand  chemin  de  Caen  à 

(i)  HistHarc,  t.  II,  p.  143-1490. 


12$ 

Falaise  '  passe  au  travers  ;  c'est  un  lieu  de  relais  pour  la 
poste  à  cheval.  Les  paroisses  limitrophes  sont  Cauvicourt 
au  levant,  Gouvis  au  midi,  Quilly  au  couchant,  et 
Saint-Aignan  de  Cramesnil  du  même  côté.  Uéglise  est 
située  jusqu^à  l'extrémité  du  village  de  Cyntheaux,  oti  il 
y  a  encore  trois  autres  hameaux.  Gomesnil,  immédiate- 
ment sur  le  grand  chemin,  vers  le  nord  et  à  demi-quart  de 
lieue  du  village  :  Robertmesnil;au  levant  esta  un  quart  et 
demi  de  lieue  de  là  ;  et  Donmesnil,  pareillement  au  levant 
et  limitrophe  de  celui  de  Robertmesnil.  Les  abbés  et  reli- 
gieux de  Barbery  sont  présentateurs  de  la  cureetjouissentN 
de  toutes  les  dîmes,  par  la  donation  qui  leur  en  fut  faite 
en  1181  par  Robert  le  Marmion  leur  fondateur.  Denis, 
évéque  d'Abello,  abbé  de  Barbery,  a  possédé  la  cure  de 
Cyntheaux,  à  laquelle  il  fut  nommé  j)ar  Jacques  Le 
Chevalier,  son  grand  vicaire,  et  par  ses  religieux  ;  le  visa 
des  grands  vicaires  de  Bayeux,  le  siège  vacant  est  du 
20  avril,  après  Pâques  de  Tannée  1548  (i).  Masseville 
met  Cyntheaux  au  rang  des  marquisats  de  Normandie, 
et  dit  qu'il  appartenait  aux  héritiers  de  M.  le  président 
Carrel.  Cette  seigneurie  esta  présent  aux  mains  de  M.  du 
Moncel  de  Lourailles,  président  à  mortier  au  Parlement 
de  Rouen.  On  trouve  dans  Thistoire  de  la  province,  que 
Henri  !«%  roi  d'Angleterre,  duc  de  Normandie,  eut  une 
entrevue  à  Cyntheaux  avec  Philippe,  roi  de  France,  vers 
Tan  1 104,  pour  aviser  aux  moyens  de  terminer  la  guerre 
qui  troublait  leurs  États. 

On  connaît  les  petits  gâteaux  nommés  galettes  deCyn* 
theaux,  dont  la  réputation  est  étendue  fort  au  loin.  Ces 
sortes  de  gâteaux  passent  pour  très  bons,  depuis  66  ans 


(i)  Rcg.  de  rÉvêché  de  Bayeux. 


124 

qu'ils  pnt  été  inventés  par  le  sieur  Bellecroix  ;  on  les  fait 
au  hameau  de  Gomesnil. 

Elle  est  a  3  lieues  de  Caen,  4  de  Falaise,  trois  quarts 
du  bourg  de  Bretteville-sur-Laize,  et  une  lieue  du  bourg 
de  Saint-Silvain  à  Torient. 

Etavaux  ou  Estavaux  (Notre-Dame).  Sergenterie  de 
Bretteville,  élection  de  Caen,  notariat  de  Fresné-lc-Pu- 
ceux^  12  feux. 

Cest  une  petite  paroisse  située  sur  l'Orne,  le  long  de 
laquelle  régne  une  chaîne  de  rochers  qui  recèle  du  marbre, 
à  ce  que  Ton  dit.  Elle  est  appelée  de  Stavellis  dans  les 
Chartres  des  abbayes  de  Saint-Étienne  de  Caen  et  de 
Fontenay.  Or  Stavellœ  semble  être  un  diminutif  de 
Stabuldy  des  étables.  Elle  faisait  partie  de  la  ba>onnie 
»  d'Allemagne,  qui  appartient  à  Tabbaye  de  Saint-Étienne. 
Cest  de  son  église  dont  parle  Henri  II,  roi  d^ Angleterre, 
dans  sa  charte  de  confirmation  pour  cette  abbaye,  quand 
il  dit  :  Mater  ecclesia  abbatis  eadem  Alemania  non 
amittat  quiçquam  in  itinere  de  parœchianis  suis,  nec 
de  decimis,  nec  de  oblationibus,  nec  de  aliis  rébus 
ecclesiœ  pertinentibus,  propter  dedicationem  capellœ 
de  Stavelis,  quœ  in  parochia  prcedictœ  ecclesiœ  dedi- 
caia  est  [\].  La  juridiction  de  cette  paroisse  pour  le  civil 
est  le  bailliage  de  Falaise  ;  son  seigneur  et  patron,  l'abbé 
de  Fontenay.  Les  dîmes,  qui  appartenaient  ci-devant  à 
cette  abbaye,  sont  à  présent,  par  échange,  ès-mains  de 
l'abbé  de  Saint-Etienne  de  Caen.  Il  n'y  a  qu'un  seul 
hameau  et  deux  maisons  enclavées  dans  le  territoire  d'Al- 
lemagne. 

Elle  est  distante  de  Caen  de  cinq  quarts  de  lieue. 

(i)  Neustria  Pia^  p.  661. 


125 

Fierville-la-Campagne  (Saint- Pierre  et  Saint-Paul). 
Sergenterie  de  Saint-Silvin,  élection  de  Caen,  notariat  de 
Saint-Silvin^  3o  feux. 

Cette  paroisse  est  arrosée  par  la  rivière  de  Manche.  Il 
y  a  2  portions  de  cure  :  la  première  à  la  nomination  du 
Seigneur,  l'autre  à  celle  de  l'abbé  de  Saint-Ouen  de 
Rouen.  Parmi  les  présentateurs  de  la  première  portion, 
les  registres  de  TÉvéché  font  mention  de  Richard  du' 
Châtel,  seigneur  de  Fierville  en  1466;  de  Jacques  Piel, 
seigneur  de  la  Bryère,  homme  d'armes  de  la  compagnie 
de  M.  de  Fervaques  eh  1468  ;  d'Odet  de  Saffray,  sieur  de 
Vimont,  Bray,  Fierville-la-Campagne,  Escoville,  en 
1498  et  1622  ;  et  de  Pierre  de  Saffray,  écuyer,  seigneur 
et  patron  de  Fierville  en  1 646. 

Elle  esta  une  demie-lieue  du  bourg  de  Saint-Silvin  et 
à  4  lieues  de  Falaise. 

Fontenay-la-Marmion  (Saint- Herme  de).  Sergenterie 
de  Bretteville,  élection  de  Caen,  notariat  de  Fresné-le- 
Puceux^  120  feux,  700  habitants. 

Cette  paroisse,  située  au  bas  d'un  coteau  qui  regarde 
le  midi,  vers  lequel  règne  une  vaste  campagne,  est  sur  la 
rivière  de  Laise  qui  la  partage  de  celle  de  Laise-la-Ville. 
Le  hameau  du  Val-de-Laise  la  ferme  joignant  la  paroisse 
de  Rocancourt,  le  presbytère  de  cette  dernière  paroisse, 
et  un  autre  village  du  côté  de  Laise-Ia-Ville,  sont  du 
territoire  de  Fontenay-le-Marmion.  Ce  presbytère  et  ce 
dernier  village  sont  à  une  demi-lieue  de  Téglise.  Fonte- 
nay-le-Marmion  relève  de  la  haute  justice  de  Bretteville- 
sur-Laise.  C'est  une  très  ancienne  vicomte,  dont  dépendent 
plus  de  40  tant  fiefs  que  arrières-fiefs.  Elle  donnait  droit 
de  préséance  sur  les  barons  du  bailliage  de  Caen,  au 
temps  de  FÉchiquier  de  Normandie.    Le  surnom  de 


I2<5 

Marmion  lui  a  été  donné  pour  avoir  été  longtemps 
possédée  par  i^ancienne  famille  de  ce  nom,  et  pour  être 
distinguée  des  autres  paroisses  du  nom  de  Fontenay.  Elle 
est  à  présent  jointe  à  la  paroisse  de  Fresné-le-Puceux,  qui 
en  est  limitrophe.  LVglise  paroissiale,  sous  le  tin-e  de 
Saint-Herme,  martyr  (sa  fête  tombe  au  28  d^août),  notait 
autrefois  qu'une  chapelle,  et  la  principale  église  était  au- 
delà  du  Chemin  Haussé  vers  le  couchant,  sous  l'invoca- 
tion de  Saint-Germain,  que  la  carte  de  messine  Outhier 
appelle  :  Saint-Germain-du-Chemin.  Celle-ci  ayant  été 
détruite  en  1449  par  les  Anglais,  ainsi  que  toutes  les 
maisons  qui  Tenvironnaient,  ce  fut  alors  que  la  chapelle 
de  Saint-Herme  servit  de  retraite  aux  habitants  de  Saint* 
Germain  qui  en  firent  leur  église  paroissiale.  La  cure  est 
à  la  nomination  de  Tabbé  de  Barbery  qui  en  perçoit  les 
dîmes.  On  voit  encore,  dans  cette  paroisse,  les  vestiges  du 
Chemin  Haussé  qui  fut  fait,  non  par  ordre  du  duc  Guil- 
laume, comme  on  Tavait  cru,  mais  par  les  Romains^  dans 
le  temps  qu^ils  étaient  maîtres  des  Gaules.  Le  château  de 
Fontenay,  bâti  sur  le  fief  du  Vivier,  ne  subsiste  plus.  La 
chapelle  titulaire  de  Notre-Dame  du  Vivier,  qui  était 
'  située  dans  le  château,  a  été  transférée,  depuis  quelques 
années,  dans  celui  de  Fresné-le-Puceux. 

Robert  le  Marmion,  chevalier,  seigneur  et  vicomte  de 
Fontenay-le-Marmlon,  vivait  sous  Guillaume  le  Bâtard, 
duc  de  Normandie.  Il  suivit  ce  prince  à  la  conquête 
d'Angleterre  en  1 066  (  i  ) . 

Roben  Marmion,  II*  du  nom,  vicomte  de  Fontenay, 
vivait  sous  Henri  I»',  roi  d'Angleterre  et  duc  de  Norman- 
die. Il  mourut  la  deuxième  année  du  règne  de  ce  prince, 
laissant  de  Mélisés,  son  épouse  : 

(i)  Hist.  Hare.f  t.  Il,  p.  1964. 


127 

Robert  de  Marmion,  III«  du  nom,  vicomte  de  Fon- 
ttenay,  qui  soutint  vigoureusement  le  parti  d'Etienne  de 
Blois  contre  Geoffroy,  comte  d'Anjou,  prétendant  tous 
deux  à  la  couronne.  Ne  voulant  pas  rendre  au  dernier  la 
ville  de  Falaise  quMI  tenait,  et  qui  était  alors  une  place 
des  plus  fortes  de  Normandie,  tant  par  la  natqre  que  par 
Tart,  le  comte  d^Anjou  alla  mettre  le  siège  devant  son 
château  de  Fontenay,  le  prit  en  1 1  Sg  et  le  fit  détruire  (i  ). 
Il  donna,  en  1140,  à  Tabbé  de  Savigny,  tout  ce  qu'il 
avait  de  terres  à  Barbery,  pour  y  fonder  une  abbaye  (2). 
Il  fut  tué,  en  1 14.3,  en  Angleterre  dans  Tabbaye  de  Co- 
ventry  (3)  ;  une  partie  de  son  corps  y  fut  enterré,  l'autre 
partie  fut  apportée  en  Normandie,  et  déposée  à  Barbery  {4) . 
De  Philippe,  sa  femme,  il  eut  3  fils  :  Robert  qui  suit, 
Robert  dit  le  Jeune  qui  a  laissé  postérité,  et  Guillaume. 

Robert  Marmion,  dit  le  Vieux,  IV*  du  nom,  vicomte 
de  Fontenay,  acheva  de  fonder  Tabbaye  de  Barbery  que 
son  père  avait  commencée  (5).  Il  donna,  en  1181,  le 
terrain  nécessaire  pour  bâtir  Téglise  et  le  monastère,  et  y 
appella  des  religieux  de  Tordre  de  Citeaux.  Il  eut  pour 
enfants  Robert  qui  suit,  et  Gersende. 

Roberf  Marmion,  V«  du  nom,  vicomte  de  Fontenay 
est  compté  au  nombre  des  chevaliers  bannerets  qui  vi- 
vaient en  12T0,  sous  Philippe-Auguste  (6).  Il  céda,  en 
1223,  à  Robert  des  Ablèges,  évéquede  Bayeux,  tout  ce 
qu'il  avait  de  bien  à  Neuilly  (7).  Il  paraît  qu'il  ne  laissa 
pas  de  postérité,  car  : 

(i)  Hist.  de  Nonn.,  P.  Dumoul.,  p.  355. 
(a)  Man.  d'Eusèbe,  p.  196. 
(?)  Hist.  Harc,  ut  supra. 

(4)  Nw.  GalU  Christ,,  t.  XI,  col.  452. 

(5)  Nw.  GalL  Christ.,  t.  XI. 

(6)  Hist.  Harc,  t.  I,  p.  317. 

(7)  Hist.  Harc.,  t.  XI,  p.  367. 


12$ 

Gersende  Marmion,  sa  sœur,  hérita  de  la  vicomte  de 
Fontenay  et  des  autres  terres  de  sa  branche,  et  les  porta  à 
son  mari  Robert  Tesson,  II«  du  nom»  qui  était  fils  de 
Robert  l^'  du  nom  et  petit-fils  d^Ernest  Tesson,  qui, 
conjointement  avec  Raoul  Tesson  son  frère,  fonda 
Tabbaye  de  Fontenay  (i).  De  Robert  Tesson  et  de  Ger- 
trude  Marmion  vint  le  suivant 

Robert  Tesson,  III«  du  nom,  chevalier,  vicomte  de 
Fontenay-le-Marmion,  qui  fut  tué  dans  la  paroisse 
d^Audrieu,  laissant  Robert,  qui  ne  laissa  qu^une  fille,  et 
Jourdain  qui  forma  une  autre  branche. 

Guillaume  Bertrand,  vicomte  de  Fauguernon,  devint 
aussi  vicomte  de  Fontenay-le-Marmion,  par  son  alliance 
avecPhéritière  (2)  deRobertTesson,qui  lui  apporta  encore 
les  seigneuries  du  Mesnil-Patry,  de  Savenay,  de  Q>ur- 
vaudon,  de  FeugueroUes,  de  Venoix,  d^Ifs  et  de  Placy. 
Il  était  cousin  germain  de  Robert  Bertrand,  seigneur  de 
Briquebec,  maréchal  de  France.  Il  eut  pour  fils  : 

Robert  Bertrand,  vicomte  de  Fauguernonet  de  Fonte- 
nay-le-Marmion,  et  seigneur  des  terres  mentionnées  ci- 
dessus,  qui  eut  pour  fille  héritière  Marie  Bertrand,  qui, 
de  son  mariage  avec  Yon,  baron  de  Garencières,  ne  laissa 
aussi  que  des  héritières  de  plusieurs  enfants  qu^ils  eu- 
rent (3). 

Jeanne  de  Garencières,  qui  était  Taînée,  fut  vicomtesse 
de  Fontenay-le-Marmion,  dame  de  Mesnil-Patry,  de 
Savenay,  de  Feuguerolles  et  de  Venoix  (4).  Elle  épousa  : 
lo  Benrand  Paisnel,  baron  du  Hambie;  2»  Jean,  sire  de 
Montenay  ;  3^  Jean,  sire  de  La  Ferté  et  du  Neufbourg. 

(i)  Hist,  Harc,  t.  I,  p.  32i. 

(2)  Hist.  Harc,  t.  I,  p.  148. 

(3)  Hist,  Harc.f  t.  I,  p.  142-150. 

(4)  Hist,  Harc,,  t.  I,  p.  i5o. 


129 

Dans  un  drrét  de  PÉchiquier  de  Tannée  1 398,  il  est  dit 
que  ce  dernier,  et  M™«  Jeanne  de  Garencières,  sa  femme, 
étaient  héritiers  aînés  de  messire  Pierre  de  Garencières, 
qui  était  son  frère. 

Hungueslot,  chevalier  anglais,  usurpa  la  vicomte  de 
Fontenay-Ie-Marmion,  en  1407,  et  en  jouit  jusqu'en 
1449.  En  quittant  le  pays,  il  enleva  tous  les  titres,  ce  qui 
répand  beaucoup  d^obscurité  sur  ce  qui  regarde  cette 
seigneurie  (i). 

Jean  Bureau,  évéque  de  Béziers,  est  qualifié  seigneur 
de  Fontenay-le-Marmiondans  une  présentation  de  Girard 
Bureau,  son  procureur,  de  Tannée  1474,  pour  la  cure 
d'Urville  (2). 

Marguerite  de  Vassy,  fille  de  Philippe,  vicomte  héré- 
diiai  de  Fontenay-le-Marmion,  seigneur  de  la  Quièze,  et 
de  Jeanne  de  Ruppierre,  en  épousant,  le  22  avril  1524, 
Charles  d^Achey,  seigneur  de  Serquigny  et  de  Marbœuf, 
pannetier  du  roi  François  I«^  lui  porta  ces  deux  terres. 
De  ce  mariage  vint  Jean  d^Achey,  III^  du  nom,  seigneur 
de  Serquigny,  écuyer  ordinaire  de  Técurie  du  roi,  capi- 
taine du  château  de  Tancarville  en  1 590,  père,  par  Renée 
le  Q>nte  de  Nonant  sa  femme,  de  Gilles  d^Aché,  vicomte 
de  Fontenay-le-Marmion,  lieutenant  de  la  compagnie  des 
gendarmes  du  seigneur  de  Fervaques  en  i583,  qui 
épousa,  en  i583,  Madeleine  de  Mailloc,  dame  du  Mont- 
de-la- Vigne,  dont  3  fils,  auxquels,  par  acte  du  1 9  mars 
1617,  leur  mère  donna  le  partage  dans  les  biens  qui  leur 
étaient  échus  par  la  mon  de  leur  père.  Hervé  d'Aché, 
seigneur  de  Fontenay-le-Marmion,  châtelain  de  Brette- 
ville-sur- Laize  nomma,  le  3o  avril  161 9,  comme  seigneur 
de  Fontenay,  à  la  chapelle  de  Notre-Dame-du-Vivier  (2). 

(i)  Hist,  Harc,^  p.  142. 

(a)  Ex.  secret,  épisc.  bajocen. 


I30 

Un  seigneur  du  nomd'Harcourt,  qui  devint  propriétaire 
de  Fontenay-Ie-Marmion,  quitta,  cette  paroisse  pour  faire 
bâtir  sur  un  de  ses  arrière-fiefs,  qui  en  relève,  situé  dans 
la  paroisse  de  Fresné-le-Puceux,  le  château  qui  subsiste 
aujourd'hui.  Elle  fut  portée,  en  1643,  dans  la  maison  de 
Fiesque  par  le  mariage  de  Gillone  d'Harcourt,  fille 
unique  de  Jacques,  marquis  de  Beuvron,  avec  Charles- 
Léon  de  Fiesque,  comte  de  Lavagne,  dont  est  sorti 
Jean-Louis-Mariot,  comte  de  Fiesque.  C^est  à  son  droit 
qu*est  devenu  vicomte  de  Fontenay-le-Marmion,  châtelain 
de  Brette ville-su r-Laize,  seigneur  et  patron  de  Fontenay- 
ie-Puceux,  messire  Claude-Louis-François  de  Régnier, 
comte  de  Guerchy,  marquis  de  Nangis,  lieutenant- 
général  des  armées  du  roi,  chevalier  de  ses  ordres,  colonel- 
lieutenant  et  inspecteur  de  son  régiment. 

Elle  est  à  une  lieue  de  Bretteville-sur-Laise  et  à  3  lieues 
de  Caen. 

Fontenai'V Abbaye.  Sergenterie  de  Bretteville,  élection 
de  Caen,  notariat  de  Caen,  est  décoré  de  2  paroisses, 
2  églises  et  une  abbaye  de  bénédiains  de  la  réforme  de 
Saint-Maur.  Il  y  a  plusieurs  offices  claustraux. 

Les  églises  paroissiales  sont  sous  le  vocable  de  Saint- 
André,  et  de  Saint-Mahin,  archevêques  de  Tours.  Les 
habitants  et  leurs  territoires  sont  distincts  et  séparés. 
Saint-André  a  80  feux,  Saint-Martin  en  a  90.  L'abbé  de 
Fontenay  présente  aux  2  cures,  et  son  abbaye  perçoit  les 
grosses  dîmes.  Il  n'y  a  qu'une  grange  dîmeresse  pour 
l'une  et  pour  l'autre  paroisse.  Elle  est  bâtie  proche 
Saint-Andréj  dans  l'enceinte  du  manoir  abbatial,  et  là 
sont  reportées  toutes  les  dîmes  de  Tun  et  l'autre  territoire  ; 
Fontenay,  en  général,  dépend  de  l'élection  de  Caen  pour 
les  tailles,  et  du  bailliage  de  Falaise  pour  le  civil.  Il  y  en 


131 

avait  une  petite  portion  relevante  du  siège  de  Saint- 
Silvin,  qui  dépend  aujourd'hui  de  Caen  parla  réunion 
de  Saint-Silvin.  II  est  bordé  par  la  rivière  d^Orne,  sur 
laquelle  il  y  a  un  bac,  assez  près  de  Tabbaye,  pour  passer 
de  Pautre  côté.  II  ne  sera  pas  difficile  de  deviner  Pétymo- 
logie  de  Fontenay,  quand  on  saura  que  ces  sortes  de 
lieux  tirent  leur  dénomination  des  fontaines  qui  y 
prennent  leur  source  et  qui  les  arrosent.  C'est  là  l'expli- 
cation qu'en  donne  M.  de  Valois  dans  sa  notice  des 
Gaules.  Quoique  nous  n^osions  garantir  une  étymologie 
si  générale,  nous  pouvons  pourtant  assurer  qu^elIe  est 
véritable  à  Tégard  de  Fontenay-P Abbaye.  En  effet,  à  une 
portée  de  mousquet  loin  de  Péglise  de  Saint-Martin,  au 
nord,  il  y  a  plusieurs  sources  dont  est  formée  une  belle 
fontaine  qui  sert  de  lavoir.  Après  avoir  traversé  le  grand 
chemin,  de  Tautre  côté  duquel  on  trouve  un  petit  pont 
d^une  seule  pierre,  ses  eaux  coulent  vers  la  paroisse  de 
Saint-André,  et  reçoivent,  en  chemin  faisant^  plusieurs 
autres  petites  fontaines  qui  forment  un  canal  assez  fort 
pour  faire  moudre  deux  moulins,  Tun  pour  Tabbaye, 
Pautre  pour  M.  de  Calmesnil.  Pareillement  à  une  dis- 
tance un  peu  plus  grande  de  la  même  église  de  Saint- 
Martin,  vers  le  couchant,  il  y  a  encore  une  autre  fontaine 
fermée  de  pierre,  dont  Pécoulement  des  eaux  se  fait  par 
des  canaux  ou  pots  souterrains,  qui  en  fournissent  à  tous 
les  dedans  et  dehors  de  Tabbaye.  Elles  servent  aussi  à 
faire  des  jets  d^eau  dans  le  jardin  de  l'abbatiale,  dans 
ceux  de  la  communauté  et  dans  les  cours,  oti  il  y  en 
avait  un  qui  montait  à  plus  de  1 5  pieds  de  haut. 

Fontenay  est  à  une  lieue  et  demie  de  la  ville  de  Caen. 

Il  est  constant  que  ces  2  paroisses  existaient  auparavant 
la  fondation  de  Tabbaye,  puisque  les  Tessons,  lorsqu'ils 
la  fondèrent,  lui  aumonèrent  ces  églises  avec  leurs  dimes. 


132 

La  paroisse  de  Saint- André  est  assez  ensemble,  excepté 
un  endroit  un  peu  détaché  qu'on  appelle  le  Hamel.  La 
maison  la  plus  notable  de  ce  lieu,  après  Tabbaye,  est  celle 
de  M.  de  Calmesnil,  qu'il  a  eue  par  son  mariage  avec 
M^^  de  Carbonnel.  Elle  est  àituée  au  pied  d'un  coteau,  et 
tire  beaucoup  d'agrément  des  avenues  et  des  jardins  qui 
Tenvironnent.  Son  territoire  est  arrosé  au  septentrion  par 
la  rivière  d*Ome,  sur  laquelle  est  le  bac  dont  je  viens  de 
parler,  et  qui  sert  à  passer  les  hommes  et  les  voitures  dans 
la  paroisse  de  Feuguerolles. 

Dans  la  paroisse  de  Saint-Martin  il  y  a,  à  une  demi- 
lieue  loin  de  Féglise  à  E.  E.  S.,  un  hameau  nommé  Ver- 
rières, avec  une  chapelle  sous  Pinvocation  de  Saint- 
Jacques  ;  à  la  même  distance  et  presque  du  même  côté,  il 
y  avait  une  autre  chapelle  du  titre  de  Sainte-Marguerite, 
dans  la  cour  d'une  maison  considérable  nommée  Troteval 
(Torteval).  Elle  n^existe  plus  depuis  plus  de  ioo  ans.  Les 
abbés  et  religieux  de  Fontenay  sont  en  possession  des 
biens  et  des  dîmes  de  ces  2  chapelles.  Le  curé  de  Saint- 
Martin  a  pension  congrue,  comme  celui  de  Saint-André, 
est  titulaire  des  2  chapelles,  et  les  verdages  n'ont  été 
cédés  à  ses  prédécesseurs,  qu^à  charge  par  eux  et  lui,  de 
faire  acquitter  la  messe  tous  les  dimanches  dans  la  cha- 
pelle de  Verrières.  L'abbaye  de  ce  lieu  possède,  dans  le 
territoire  de  Saint-Martin,  tant  en  fond  qu'en  dîmes, 
10,000  livres  de  rente.  Elle  y  a  entre  autres  une  ferme 
considérable  appelée  Beauvais,  qui  est  entre  l'église  et 
la  maison  de  Troteval.  Cette  abbaye  a  la  seigneurie  de 
2  paroisses  comme  ayant  en  mains  le  fief  dominant.  Les 
droits  honorifiques  lui  ont  été  cependant  contestés,  il  y  a 
quelques  années,  par  un  sieur  de  Baillehache,  seigneur 
du  fief,  terre  et  seigneurie  de  Fontenay,  assis  ès-paroisse 
deSaint-Martin-de-Fontenay.  J  ignore  le  succès  du  procès. 


133 

L^abbaye  de  Fontcnay,  de  Tordre  de  Saint-Benoît,  est 
située  sur  le  territoire  de  Saint-André^  proche  la  rivière 
d'Orne.  Si  ce  qu'on  trouve  d'un  monastère  de  Fontenay, 
fondé  par  saint  Évremond,  regardait  celui-ci^  il  serait 
connu  dès  le  xvn<  siècle,  auquel  vivait  ce  saint  abbé.  Le 
ressemblance  du  Fontenay  dont  il  est  parlé  dans  les  actes 
de  saint  Évremond,  avec  le  Fontenay-sur-Orne,  qui  est 
celui  dont  il  s'agit,  a  jeté  dans  l'erreur  l'auteur  de  Neus-* 
triaPia,  et  le  savant  père  Mabillon.  Hermant  a  fait  plus 
dans  son  Histoire  du  diocèse  de  Bayeux  ;  il  fait  honneur 
à  saint  Évremond  de  la  fondation  de  2  monastères  :  l'un 
au  diocèse  de  Séez,  l'autre  dans  celui  de  Bayeux.  Mais 
il  est  aisé  de  voir,  par  les  actes  de  ce  saint,  qu'il  ne  s'y 
est  jamais  agi  de  Fontenay-sur-Orne,  car,  comme  l'a  très 
bien  prouvé  l'auteur  du  Dictionnaire  universel  de 
France  (i),  le  monastère  de  Fontenai,  fondé  par  saint 
Évremond  dans  le  diocèse  de  Séez,  était  situé  dans  la 
paroisse  de  Fontenai-le-Louvet,  à  2  lieues  et  demie 
d'Alençon,  lequel  fot  détruit  par  les  Normands  et  n'a 
jamais  été  rétabli.  Quant  à  l'abbaye  de  Fontenai-sur- 
Orne,  elle  n'a  été  bâtie  qu'au  milieu  du  xi«  siècle  et  ne 
reconnaît  point  d'autre  fondateur  que  Raoul  Tesson  et 
son  frère,  qui  la  dotèrent  de  biens  considérables.  L'année 
de  cet  établissement  est  assez  incertaine,  les  uns  le 
mettent  en  l'année  1 070,  et  l'historien  de  la  maison  d'Har- 
court,  en  1076  (2).  Il  observe  en  même  temps  que  les 
Tessons  avaient  alors  un  si  grand  nombre  de  seigneuries, 
que  le  troisième  pied  de  la  terre  de  Normandie  leur 
appanenait,  et  que  le  chemin  qu'on  appelle  Cauché,  qui 
commence  au   Vez  de  Saint-Clément   et  qui   finît   à 

(i)  Dict.  univ,,  t.  1,  col.  247. 
(2)  Hist,  Harc.,  t.  I,  p.  32o. 


134 

Hyesmes^  avait  été  entièrement  fait  sur  leurs  terres. 
Guillaume-le-G)nquérant,  roi  d^ Angleterre  et  duc  de 
Normandie;  Mathilde^  son  épouse;  Odon^  évéque  de 
Bayeux  ;  Robert,  comte  de  Mortain,  son  frère  ;  Roger, 
comte  de  Montgommery  ;  Roger  de  Beaumont,  écuyer, 
figurèrent  à  la  chartre  de  fondation. 

Le  premier  abbé  de  Fontenay  fut  Geoffroy,  moine  de 
Fontenelle  ou  de  Saint- Wandrille.  Le  roi  nomme  à  cette 
abbaye  en  vertu  du  concordat.  Le  marquis  de  Beuvron 
lui  en  contesta  la  nomination,  sur  ce  qu^il  représentait  les 
fondateurs,  et  qu'il  avait  des  droits  daiis  Tabbaye;  il  en 
fut  évincé  par  arrêt  du  grand  conseil  en  1618.  L^abbé  de 
Fontenay  nomme  aux  prieurés  simples  de  Rouvrou  et -de 
CuUey,  et  à  28  bénéfices-cures.  Cette  abbaye  embrassa  la 
réforme  de  Saint-Maur  en  1754;  elle  y  fut  introduite  par 
les  soins  de  M.  Gabriel  Piédoûe  de  Charsigné,  abbécom- 
mandataire,  neveu  du  célèbre  M.  Huet,  évéque  d^Avran- 
ches,  qui  la  lui  avait  résignée  en  1721,  par  la  permission 
du  roi. 

FrenouvUle  (Saint-Martin  de).  SergenteriedeTroarn, 
élection  de  Caen,  notariat  de  Saint-Silvin,  45  feux. 

Il  y  a  2  curés  qui  sont  à  la  nomination  :  Pun  dû 
seigneur  du  lieu,  Tautre  des  PP.  Jésuites  de  Rouen,  au 
droit  du  prieuré  des  Deux- Amants  unis  à  leur  collège. 
Robert  d'Ollendon,  écuyer,  seigneur  de  Frenouville, 
vendit  plusieurs  héritages  à  Qaudin  de  Harenvilliers, 
chevalier,  châtelain  et  capitaine  du  château  de  Caen,  par 
contrat  du  18  mai  1379  (i). 

Cette  paroisse  est  sur  la  grande  route  de  Caen  à  Lisieux, 
à  trois  quarts  de  lieue  du  bourg  d'Argences,  et  à  3  lieues 
de  Caen. 

{i)Hist.Harc.,p,  1895. 


135 

Garcelles  (Saint-Martin  de).  Sergenterie  au  Verrier, 
élection  de  Caen,  notariat  de  Cramesnil,  55  feux. 

.Cette  paroisse  forme  un  petit  carré  long  de  Test  à  Touest, 
et  contient  au  milieu  un  village  qui  compose  tout  le  corps 
de  la  paroisse,  avec  un  château  accompagné  d^avenues.Jl 
y  a  aussi  quelques  petits  bois  taillis,  mais  sans  étendue. 
M.  Gosselin,  écuyer,  seigneur  de  Garselles,  jouit  des 
droits  honorifiques.  L^abbé  de  Caen  nomme  à  la  cure. 

Elle  est  sur  le  chemin  de  Falaise,  à  2  lieues  de  Caen. 

Grenteville  (Saint-Rémy  de).  Sergenterie  d'Argences, 
élection  de  Caen,  notariat  d'Argences,  3o  feux,  80  com- 
muniants. 

Les  anciens  titres  portent  Grentheville,  et  les  récents 
Grenteville,  Grentavilla.  L^abbé  de  Troam  est  présen- 
tateur de  la  cure.  M.  Morin  de  Banneville  est  seigneur 
honoraire.  M"«  de  Mont-Canisy,  dame  aujourd'hui.  Son 
fief  de  Grenteville  est  un  quart  de  hautber  qui  relève  du 
roi.  Les  grosses  dîmes  se  partagent  en  3  lots  égaux 
entre  le  curé,  Tabbé  de  Troarn  et  Tabbesse  de  Caen. 

Cette  paroisse,  qui  ne  forme  qu^n  seul  village  sans 
hameaux,  est  distante  de  rentrée  de  Caen  d'une  lieue. 

Hubert-Follie  (Notre-Dame-de-Nativité),  Sergenterie 
d'Argences,  élection  de  Caen,  notariat  d^Argences,  1 6 feux. 

Cette  paroisse  renferme  toutes  ses  maisons  dans  un  seul 
hameau.  Le  livre  Pelutde  Pévêché,  rédigé  vers  x  3 5o,  l'ap- 
pelle ccctoia  de  Fàulbert'Folie,  et  met  la  cure  à  la  nomi- 
nation de  Guillaume  de  Brucourt.  Une  provision  du 
patriarche  Louis  d'Harcourt,  évéque  de  Bayeux,  en  date 
du  17  avril  1469,  la  qualifie  :  ecclesia  parochialis  de 
Fouber-Follia.  Ce  sont  les  prieurs  et  religieux  de  Saint- 
Etienne  de  Caen  qui  y  présentent  aujourd'hui.  Elle  est 


136 

de  l^exemption  de  leur  abbaye.  Leur  abbé  perçoit  les  deux 
tiers  de  la  dîme,  l'autre  tiers  est  pour  le  curé.  L'abbàye 
présente  à  la  cure  de  Hubert-FoUie,  et  à  la  chapelle  du 
manoir  du  fief  de  Brucourt,  à  cause  de  leur  fief  de  Bru- 
court  qui  est  situé  à  Saint-Ouen  de  Caen,  et  s'étend  à 
Hubert-FoUie,  Bourguebus  et  la  .Blanche-Herbe.  Son 
principal  fief  porte  le  nom  de  Brucourt.  Il  appartient  à 
ces  religieux.  L'abbé  de  Fontenay  y  possède  le  fief  de 
TAlouette,  et  M.  de  Malherbe  y  a  une  autre  petite  exten- 
sion. M.  de  Clacy,  gentilhomme  fort  i^iche,  et  allié  à  la 
maison  de  Montgommery,  a  une  terre  et  une  maison 
considérable  en  cette  paroisse.  Son  avenue  va  buter  sur 
le  grand  chemin  de  Qien  à  Falaise,  au  bout  de  laquelle 
est  une  bruyère  d'environ  60  acres,  oti  il  y  a  quantité  de 
carrières.  Il  n'y  a  qu'un  puits  dans  ce  lieu.  René  Louet, 
ancien  professeur  de  rhétorique  au  collège  du  Bois,  et 
ancien  r^teur  de  l'Université  de  Caen,  mourut  en  cette 
paroisse  Tan  1 7 .  • ,  et  fut  enterré  dans  le  chœur  de  l'église 
où  l'on  voit  son  épitaphe. 
Elle  est  à  une  lieue  et  demie  de  Caen. 

Ifs  (Saint-André  d')  Iffi  ou  Taxi.  Sergenterie  d'Ar- 
gences,  élection  de  Caen,  notariat  de  Caen,  49  feux. 

Cette  paroisse  est  sur  le  grand  chemin  de  Caen  à  Falaise. 
L'abbé  de  Caen  présente  à  la  cure  de  plein  droit.  Il  per- 
çoit la  plupart  de  ses^  dîmes,  par  la  donation  du  duc 
Guillaume,  fondateur  de  cette  abbaye,  confirmée  en  1 1 72 
par  Henri  II,  évéque  de  Bayeux.  Ce  prélat  déclare  dans 
sa  chane  que  l'église  d'Ifs  et  la  chapelle  de  Bras  [ecclesia 
de  Icio,  cum  cape  lia  de  Brachto),  et  toute  la  dîme  de 
cette  paroisse  avec  ses  appartenances,  sont  exemptes  des 
droits  du  synode,  de  visite  et  autres  dus  à  l'évéque  (1). 

(i)  Neust,  Pia,  p.  644. 


137 

Le  hameau  de  Bras,  situé  au-delà  du  grand  chemin,  est 
du  territoire  d*  Ifs.  Seshabitants  ont  un  rôle  à  taille  parti- 
culier qui,  en  1 722,  y  comptait  40  feux.  Il  y  avait  une 
ancienne  chapelle  qui  est  tombée  en  ruines.  Il  est  décoré 
d^un  fief  qui  a  été  illustré  par  Charles  de  Bourgueville, 
écuyer,  sieur  de  Bras,  auteur  de  quelques  ouvrages  en 
faveur  de  Caen,  sa  patrie.  Anne  de  Pretonville,  fille  unique 
et  héritière  de  Jean  de  Pretonville,  écuyer,  seigneur  d* Ifs, 
et  de  Marie  Duval,  fut  accordée  en  mariage,  le  20  avril 
1 529,  à  Nicolas  de  Moges,  écuyer,  seigneur  de  Buron  (  i  ). 
Les  parents  de  la  dame  s^obligent  d'accoustrer  leur  fille 
selon  le  lieu  d^oti  elle  partait  et  le  lieu  où  elle  allait.  Jean 
Le  Valois,  seigneur  d^Ifs-sur-Laise,  fils  de  Thomas  e\  de 
Guillemette  Safrey,  épousa  Jeanne  de  Warignies,  sœur 
de  Jacques,  seigneur  de  Blainville.  M.  d^Ifs  est  auteur  de 
deux  lettres  qu'on  trouve  dans  le  Mercure  de  France, 
juin  1 737  et  janvier  1738,  au  sujet  des  ouvrages  de  M. de 
Thou,  par  lesquelles  il  prétend  que  la  plupart  ont  été 
traduits  par  monsieur  son  père. 
La  paroisse  d'Ifs  est  à  cinq  quarts  de  lieues  de  Caen. 

Magny-le-Freule  (Saint-Germain).  Sergenterie  de 
Jumel,  élection  de  Falaise,  notariat  de  Mézidon,  88  feux. 

Cette  paroisse  est  située  entre  les  rivières  de  Dive  et  de 
Laison,  qui  arrosent  son  territoire  au  levant  et  au  cou- 
chant. La  nomination  de  la  cure  dépend  du  seigneur 
du  lieu.  Guillaume  Néel,  écuyer,  seigneur  et  patron  de 
Magny-la-Freule,  fils  et  héritier  en  partie  de  Olivier 
Néel,  seigneur  dudit  lieu,  nomma  à  cette  cure  en  1473  (2). 
Richard  Néel,  prêtre,  et  le  patriarche  Louis  d'Harcourt, 

(1)  Arm.gén.  de  la  France,  reg.  1er,  !'•  p.,  p.  387. 
(a)  RtSf .  du  secret,  de  Tévêché. 


138 

évéquede  Bayeux,  en  expédia  le  visa  le  29  décembre.  La 
seigneurie  appartient  aujourd'hui  à  M.  Pierre*François 
de  Courcy,  seigneur  et  patron  de  Magny-le-Freule,  ancien 
capitaine  de  cavalerie  au  régiment  de  Bourgogne^  cheva- 
lier de  Tordre  militaire  de  Saint-Louis. 

Elle  est  à  peu  de  distance  du  bourg  de  Mézidon,  au 
.  diocèse  de  Séez,  et  à  .  lieues  de  Falaise. 

May  (Notre-Dame  de).  Scrgenteriede  Bretteville,  élec- 
tion de  Caen,  notariat  de  Qinchamps,  45  feux. 

L'abbé  de  Fontenay  présente  à  la  cure,  et  partage  les 
dîmes  avec  le  curé.  Cette  paroisse  est  bornée  au  midi  par 
la  petite  rivière  de  Laise,  et  au  couchant  par  celle  de  TOrne, 
sur  laquelle  domine  une  chaîne  de  coteaux  fort  élevés, 
d'où  Ton  découvre  les  perspectives  les  plus  charmantes 
par  la  variété  des  objets  qui  s'offrent  à  la  vue.  C'est  de  là 
qu^on  aperçoit  en  même  temps  les  clochers  de  5  abbayes: 
de  Saint- Etienne  et  de  Sainte-THnité  de  Caen,  d^Ardenne, 
de  Fontenay  et  de  Barbery.  Il  y  a  à  May,  entre  autres 
singularités  de  la  nature,  une  fontaine  d^eau  vive  qui, 
dans  une  sécheresse  arrivée  il  y  a  quelques  années,  oti 
tous  les  puits  des  environs  tarirent  entièrement,  fournit 
de  Peau  à  tous  les  habitants,  quoiqu'on  en  tirât  plus  de 
20  muids  par  jour. 

Outre  le  corps  du  village,  il  y  a  le  hameau  du  Val- 
de-Laise,  qui  est  à  un  qtiart  de  lieue  de  Péglise.  Le  che- 
min de  Caen  à  Qinchamps  passe  au  milieu.  Il  contient 

10  à   12  maisons,  et  est  très  voisin  d^un  autre  hameau 
d«  même  nom,  qui  dépend  de  Clinchamps. 

On  tire  de  May  la  plus  grande  partie  du  pavé  pour  les 
rues  de  Caen.  Il  y  en  a  différentes  carrières,  notam- 
ment au  couchant  de  Téglise,  du  côté  de  la  rivière  d'Orne. 

11  y  en  a  une  proche  le  hameau  du  Val-Kle^Laise,  d'où 


139 

Ton  tire  du  marbre,  veiné  de  rouge  foncé,  et  une  autre 
sur  le  chemin  de  Fontenay,  laquelle  produit  de  la  pierre 
à  bâtir  fon  dure,  et  qui  résiste  aux  plus  fortes  gelées.  Cette 
pierre,  en  terme  du  pays,  s'appelle  du  voisdry. 

Le  grand  chemin  de  Caen  à  Harcourt  passe  par  cette 
paroisse  à  peu  de  distance  de  l'église.  On  y  voit  les  restes 
du  Chemin-Hausse,  qui  est  certainement  une  chaussée 
faite  du  temps  des  Romains.  Il  est  ferré  et  élevé  d'environ 
3  pieds  du  niveau  de  la  terre,  sur  une  bonne  partie  de 
son  terroir.  Il  part  du  Val-de-Laise,  et  se  rend  immé- 
diatement au  haut  de  la  roche  de  Laise  en  ligne  très  di- 
recte. 

La  seigneurie  de  May  a  appanenu  à  la  maison  d^An- 
25eray.  VHistoire  d'Harcourt,  p.  992,  fait  mention  de 
Pierre  Anzeray,  écuyer,  seigneur  de  May,  en  1453;  de 
Jean  Anzeray,  écuyer,  seigneur  de  May,  en  1456  et  57  ; 
et  d'Alexandre,  seigneur  de  May,  en  1459,  qui  avait  pour 
fils  François,  écuyer,  seigneur  des  Hommets. 

M.  Tournier,  mort  curé  de  May  en  1758,  a  laissé  une 
très  belle  carte  historique  du  diocèse  de  Bayeux  en  manus- 
crit, qu'il  avait  composée. 

Cène  paroisse  est  à  2  lieues  de  Caen  et  à  upe  demi- 
lieue  de  l'abbaye  de  Fontenay. 

M.  de  Calmesnil,  seigneur  de  May. 

Moult  (Sainte-Anne  de).  Scrgenterie  au  Verrier,  élec- 
tion de  Caen,  notariat  à  d'Argences,  82  feux. 

Cette  paroisse,  sise  sur  la  rivière  de  Manche,  qui  passe 
au  milieu  de  son  terroir,  parait  dans  les  titres  sous  le  nom 
de  Mool;  on  prononce  Mou.  Ce  mot,  dit  M.  Huet,  semble 
venir  de  l'anglo-saxon  Molde,  d'oti  s'est  formé  l'anglais 
moulde  et  molde  qui  signifie  sable  et  poussière,  à  cause 
du  terrain  sablonneux  de  ce  lieu.  Il  y  a  deux  hameaux  : 


140 

Iflgouville  et  les  Bédouses;  la  moitié  de  celui-ci  dépend 
d^Airan,  paroisse  voisine.  Le  grand  chemin  de  Caen  à 
Lisieux  passe  par  Moult,  où  il  y  a  un  relais  de  poste  à 
cheval,  et  sur  le  bord  duquel  est  une  butte  élevée  qu'on 
voit  de  fort  loin.  Messire  François-Gabriel  Daniel,  sei- 
gneur et  patron  de  Moult,  chevalier  de  Tordre  militaire 
de  Saint-Louis,  aide-major  du  régiment  de  la  Générale 
des  dragons,  présente  à  la  cure.  Le  curé  est  gros  décima- 
teur.  Cette  paroisse,  par  son  territoire,  borne  celles  de 
Cantelou,  d'Argences,  de  Vimont,  Beneauvîlle,  Valmeray 
et  Airan.  Elle  prête  son  nom  à  une  prébende  qui  fut 
fondée  en  i223  dans  la  collégiale  de  Saint-Sépulcre  de 
Caen,  par  Guillaume  de  Moult. 

Elle  est  à  4  lieues  de  Caen,  2  lieues  du  bourg  de  Saint- 
Silvin,  et  à  un  quart  de  lieue  du  bourg  d^Argences. 

Poirier  ou  Perier  (Notre-Dame  du).  Sergenterie  au 
Verrier,  élection  de  Caen,  notariat  d^Argences,  14  feux, 
70  communiants. 

Elle  a  pour  paroisses  limitrophes  :  Frenouville,  Bour- 
guéBus,  Soliers  et  Cagny.  L'abbé  de  Troam  présente  à  la 
cure.  Le  curé  décimateur. 

Elle  est  à  cinq  quarts  de  lieue  de  Caen. 

Poussy  (Saint-Ouen  et  Sainte-Apolline  de).  Sergen- 
terie d^Argences,  élection  de  Caen,  notariat  de  Saint- 
Silvin,  43  feux,  120  communiants. 

L'abbé  de  Barbery  présente  à  la  cure.  Les  PP.  Jésuites 
de  Caen  ont  les  deux  tiers  de  Ja  grosse  dîme,  le  curé  a 
Tautre  tiers  avec  les  verdages.  Messire  Pierre-Jacques  de 
Bruiiville,  écuyer,  seigneur  de  Poussy,  y  possède  le  fief  le 
plus  considérable,  qui  est  un  quart  de  haubert.  Le  roi, 
qui  se  prétend  seigneur  et  patron  de  cette  paroisse,  y  a 


141 

aussi  plusieurs  vavassories  considérables,  et  35  acres  de 
terre  à  labour  dépendantes  de  la  baronnie  de  Soliers.  Il 
y  a  encore  une  vergée  du  fief  de  Gouvis,  et  un  autre  fief 
surnommé  :  de  Crux.  Uéglîse  paraît  d^une  architecture 
fort  ancienne.  On  voit  dans  la  nef,  au  milieu  de  la  cô- 
tière,  vers  le  nord,  et  à  la  hauteur  de  lo  pieds,  une  ins- 
cription gravée  sur  un  morceau  de  carreau  de  la  longueur 
d^un  pied  sur  2  pieds  4  pouces  de  largeur.  Cette  inscrip* 
tion,  dont  les  lettres  sont  majuscules,  paraît  être  du 
viu^  ou  du  ix«  siècle  ;  il  n'y  a  ni  date  ni  nom  de  famille. 
Voici  ce  qu^elle  contient  : 

IN  NOMINE  PATRIS  :  ET  FILII  '.  ET  SPVS  SCÎ  aTT.  O  FRATRES 
SACERDOS  :  QVI  ISTAS  LITERAS  LEGIS  :  FAC  ORARE  PRO  ADSO  : 
ET  PRO  VXORE  SVA  ALBERICA  :  QVI  ISTV  MONASTERIVM  HABENT 
FACTVM  :  IN  HONORE  DO  ET  SCO  VEDASTO  :  SCS  VEDASTVS 
INTERCEDAT  PRO  EIS  AD  NVIf  VT  ANIM^  EORVM  :  HABEANT 
VrTAM  ETERNAM  :  AM  :  ORATE  FRATER  :  PATER  NOSTER  PRO 
EIS  QVI  IN  ISTU  MONASTERJV  ADIVTORIVM  DEDERVNT  l  ADCAR- 
DVS  SARDOS  ISTAS  LITERAS  FECrT  '.  ET  RICARDUS  KTV  LOCV 
HBDIFICAVIT. 

Il  faut  observer  que  la  pierre  sur  laquelle  est  gravée  cette 
inscription  étant  renversée,  on  est  obligé  de  la  lire  par  le 
bas.  Nous  voyons  par  cette  inscription  qu^il  y  avait  là, 
autrefois,  un  monastère  sous  Tinvocation  de  saint  Yast. 

Elle  est  à  une  demi-lieue  de  Saint-Silvin. 

Quatre^Puits  (Saint- Paterne  de).  Sergenterie  deJu- 
mel,  élection  de  Falaise,  notariat  de  Coudé,  i5  feux, 
60  habitants. 

Cette  paroisse  est  appelée  en  latin  Ecclesia  de  quatuor 
Puteis.  Elle  est  en  pleine  campagne,  et  n'a  qu'une  très 
petite  étendue  ;  encore  son  terroir  est*il  assez  mauvais. 


142 

Son  patron,  Saint-Paterne,  est  appelé  indifféremment  : 
Saint-Pair,  Saint-Poix  et  Sainte-Paix  ;  le  premier  est  plus 
d*usage.  Les  religieux  bénédictins  de  Tabbaye  de  Saint- 
Pierre-sur-Dives  nomment  à  la  cure  (i).  On  trouve 
néanmoins  que  le  seigneur  de  Quatre-Puits  y  a  nommé 
aussi,  tels  que  Jean  de  Quatre-Puits,  écuyer,  seigneur  et 
patron  de  Quatre- Puits,  et  seigneur  en  partie  de  Cesny- 
aux-Vignes  et  du  Perrinet,  conseiller  du  roi,  lieutenant 
civil  et  criminel  de  M.  le  bailli  d^Alençon,  en  la  vicomte 
de  Saint-Silvin,  les  8  juin  1600,  et  5  janvier  1620,  et 
noble  homme  Philippes  de  Quatre-Puits,  écuyer,  sei- 
gneur et  patron  de  Quatre-Puits  et  de  Valmeray,  plu- 
sieurs années  après.  Il  n*y  a  qu^un  fief,  qu^on  dit  relevant 
du  roi,  et  dont  le  chef-lieu  est  dans  le  manoir  presbytéral. 
Le  curé  est  seul  décimateur  de  sa  paroisse. 

Elle  est  à  5  lieues  des  villes  de  Caen  et  de  Falaise,  et  à 
une  lieue  du  bourg  de  Mézidon. 

Quilly  (Notre-Dame  et  Saint-Clair  de) .  Sergeriterie 
de  Bretteville,  élection  de  Caen,  notariat  de  Cramesnil, 
So  feux. 

Cette  paroisse  devait  être  constamment  un  lieu  célèbre 
dans  les  temps  du  paganisme.  La  tradition  porte  qu^il  y 
avait  là  un  temple  d^idoles  renommé  ;  mais  cette  tradition, 
quoique  perpétuée  de  siècle  en  siècle  jusqu^à  nos  jours, 
eût  été  un  faible  argument  pour  en  convaincre,  si  le  fait 
n^avait  pas  été  vérifié  réellement  en  1 748,  lors  de  la 
nouvelle  bâtisse  de  la  nef  de  Téglise  paroissiale  ;  car  on 
trouva  dans  les  anciens  fondements  quantité  de  mor- 
ceaux de  sculpture  en  pierre,  relatives  à  la  religion 
payenne.  Parmi  les  différentes  figures  brisées,  il  fut  dé- 

(i)  Secret,  de  ré?êché  de  Bayeuz. 


143 

couvert  en  entier,  en  bas-relief,  un  Baccbus  couvert  et 
couronné  de  feuillages,  un  Hercule  appuyé  sur  une 
massue,  et  une  Vénus  toute  nue,  le  tout  sans  aucun  mal. 
Les  matériaux  étant  cédés  à  Tentrepreneur,  il  eut  Pim* 
prudence  de  casser  ses  figures,  qui  avec  les  autres  pierres 
de  toutes  façons,  mais  mutilées,  faisaient  un  composé  de 
90  à  loo  pieds  de  carreau.  Il  paraît  par  là  que  Téglise 
avait  été  bâtie  sur  les  ruines  de  ce  temple,  suivant  l'an- 
cienne coutume  des  premiers  chrétiens,  d'élever  au  vrai 
Dieu  des  monuments  de  piété  sur  les  ruines  des  temples 
qui  avaient  été  consacrés  au  démon. 

Le  territoire  de  Quilly  renferme  des  carrières  fameuses 
par  la  bonté  et  la  beauté  du  carreau  qu^on  y  tire.  Il  y  en 
a  6  bancs  de  différentes  espèces;  on  en  peut  tirer  des 
colonnes  de  telle  longueur  qu^on  veut,  des  pressoirs  en 
pierre  d^un  genre  particulier  qu^on  appelle  rougelier,  et 
des  auges  de  la  contenance  de  i  ,000  pots  et  plus. 

Le  bameau  de  Cailloué,  pour  la  plus  grande  partie,  est 
de  la  dépendance  de  Quilly,  à  une  demi-lieue  loin  de 
Péglise.  Il  compose  3o  feux  au  moins,  le  surplus  est  sur 
Fresney-le-Puceux.  Il  y  a  encore  pour  cette  paroisse 
4  maisons  détachées  à  Cinteaux  et  S  autres  enclavées 
parmi  celles  de  Bretteville-sur-Laîze.  L'abbé  de  Barbery 
nomme  à  la  cure.  Les  dîmes  en  entier,  même  les  novalles, 
appartiennent  à  son  abbaye,  à  titre  de  privilèges  à  elle 
accordés,  comme  étant  de  Tordre  de  Citeaux.  Elle  les  pos- 
sède par  la  donation  qui  lui  fut  faite  de  Péglise  de  Quilly 
aVec  ses  appanenances,  en  1 181,  par  Robert  le  Marmion, 
seigneur  de  Fonteney,  son  fondateur  (i).  Comme  Mathieu 
de  Saint-Germain  avait  un  droit  sur  cette  église,  le  dona- 
teur lui  céda  20  acres  de  terre  par  dédommagement,  et 

(I)  Now.  Gall.  christ.,  t.  XI,  p.  85. 


144 

pour  d^autres  prétentions  mentionnées  dans  la  chartre  de 
fondation  de  Barbery. 

L^égllse  de  Quilly  est  u  ne  des  plus  anciennes  du  diocèse  ; 
on  y  garde  2  chandeliers  de  fonte  pesant  20  livres  chacun, 
sur  lesquels  est  écrit  en  lettres  gothiques  :  c  Robert  Agnes 
a  donné  ces  chandeliers  à  Téglise  Notre-Dame  de  Quilly 
Pan  cccGXxvni.  >  On  assure  qu^il  y  avait  anciennement 
7acresdecimetièreattachésàcetteéglise,  ce  qui  paraît  fondé, 
en  ce  qubn  trouve  encore  dans  une  grande  pièce  de  terre 
à  labour,  qui  butte  sur  le  cimetière  actuellement  existant, 
beaucoup  de  cercueils  de  carreau.  Le  cimetière  en  est  si 
rempli,  qu'à  peine  on  y  peut  avoir  une  place  pour  faire 
une  fosse.  On  prétend  qu^autrefois  les  mourants  des  lieux 
voisins  requéraient  d'être  inhumés  à  Quilly  à  cause  de 
l'ancienneté  du  lieu.  Il  y  a  un  acte  de  près  de  3oo  ans, 
en  forme  de  transaction,  qui  fait  mention  de  6  prêtres 
signant  avec  le  curé,  faisant  fort  pour  les  absents, 
pour  une  rente  de  quelques  boisseaux  dbrge,  dont 
ils  disaient  les  titres  perdus. 

Cette  paroisse  dépend  du  bailliage  de  Falaise.  La  sei- 
gneurie appartient  à  Messire  Jacques-Alexandre-Henri 
du  Moncel  de  Lourailles,  chevalier,  seigneur  de  Quilly, 
etc.,  présidente  mortier  au  Parlement  de  Normandie.  Du 
nombre  des  anciens  seigneurs  de  cette  paroisse,  je  n^ai 
pu  découvrir  que  ceux-ci  :  Philippe  Bateste,  chevalier, 
seigneur  d'Hautbervilliers  et  d'Outrelaise,  rendit  aveu 
du  fief  de  Quilly  le  samedi  1 8  janvier  1 392. 11  avait  épousé 
Perrette  de  Briosne,  sœur  puînée  de  Jeanne,  dame  de 
Héritot  ( I ).  Il  portait  :  d^azur  à  2  faces d^argent.  Henri  V, 
roi  d'Angleterre,  confisqua  les  biens  de  feue  Perrenelle 
de  Briosne,  dame  de  Quilly  et  d^Outrelaise,  et  ceux  de 

(i)  Hist,  HarCf  t.  U,  p.  2001. 


145 

Jeanne  de  Briosne,  sa  sœur,  veuve  de  Guillaume  Mur- 
drac.  Depuis,  il  rétablit  Philippe  de  Bateste  et  Jeanne 
de  Briosne  dans  tous'  leurs  biens,  par  lettres  données  au 
château  de  Rouen,  le  8  avril.  Tan  VIII  de  son  règne 
(1420)^  se  réservant  la  haute  et  souveraine  justice,  et  les 
terres  qui  seraient  près  la  ville  de  Falaise  et  celle  de 
Caen,  dont  il  prétendait  faire  tirer  des  pierres  pour 
bâtir  un  palais  en  la  ville  de  Rouen.  Bertrand  Bateste, 
seigneur  de  Quilly,  élection  de  Bretteville,  sergenterie 
de  Falaise,  fit  preuve  d'ancienne  noblesse  en  1463. 
Christine  Bateste,  dame  de  Quilly,  épousa  Guillaume 
Girard,  père  de  Jeanne  Girard  qui,  par  mariage,  en 
i52o,  apporta  la  seigneurie  de  Quilly  à  François  de 
Sainte-Marie,  seigneur  du  Mesnil-Gondouin  et  de  Sainte- 
Honorine.  Il  était  fils  de  Philippe,  seigneur  de  Bernières, 
à  Sainte-Marie-Laumont,  et  de  Perrette  de  Taillebois.  11 
fit,  suivant  un  titre  du  2  octobre  i522,  service  de  ban  et 
arrière-ban,  ayant  pour  aide  M*  Léonor  Gasse.  De  cette 
alliance  naquit  Henri  de  Sainte-Marie,  seigneur  de 
Quilly,  qui  s^allia  à  Jeanne  Le  Bacheler,  fille  de  Jean, 
écuyer,  seigneur  de  Saon,  et  d'Olive  d'Escajeul  de  La 
Ramée.  Georges  Salet,  seigneur  de  Quilly,  ancien  et 
fameux  avocat  fut  reçu  procureur  général  au  Parlement 
de  Rouen  le  17  novembre  i632  (i).  Le  roi  le  chargea  de 
payer  5o,ooo  livres  à  la  veuve  et  enfants  de  François  de 
Bretignières,  qui  avait  été  son  prédécesseur  dans  cette 
charge.  Il  eut  deux  fils  :  Georges  Salet,  mort  en  1641, 
abbé  commendataire  d^Ardenne,  et  Alexandre  Salet, 
conseiller  clerc  et  archidiacre  du  Vexin  normand  à 
Rouen  (2).  Ce  conseiller,  décédé  en  1681,  était  seigneur 

(i)  Hist.  de  Rouen,  V  II,  p.  aSg. 
(2)  Hist.  de  Rouen,  t.  II,  p.  2o5. 

10 


146 

de  Quiily,  Cynteaoïx,  Jacobmesnil,  Cauvicourt,  Locart 
et  la  Hérourdière. 

La  paroisse  de  Quiily  est  à  un  quart  de  lieue  du  bourg 
de  Bretteville-sur-Laise  et  à  3  lieues  de  Caen. 

René'Mesnil  (Saint- Pierre  de).  Sergenterie  de  Saint- 
Silvin,  élection  de  Caen,  notariat  de  Saint-Silvin,  6  feux. 

Cette  paroisse,  située  sur  la  rivière  de  Manche,  a  pour 
bornes  au  midi  Bretteville-Ie-Rabet,  et  au  nord  Saint- 
Silvin.  Elle  est  de  l'exemption  de  Pabbayede  Troarn. 
Son  abbé  présente  de  plein  droit  à  la  cure.  La  bulle  du 
pape  Innocent  IV  (sic),  de  Tannée  12 10,  pour  cette 
abbaye,  déclare  que  les  chapelles  de  Renémesnil  [capellas 
de  Rainovii  manillo]  ne  sont  point  sujettes  à  la  juridic- 
tion épiscopale  (i). 

Elle  est  à  .  lieues  de  Caen  et  «  lieues  de  Troarn. 

Saint'Martin-^UrBois,  ecclesia  Sancti-Martini-de- 
Bosco.  Sergenterie  des  Bruns,  élection  de  Falaise,  nota- 
riat de  Condé,  35  feux  et  100  habitants. 

Elle  est  située  à  Torient  par  rapport  à  Saint-Silvin,  au 
midi  de  la  paroisse  de  Poussy,  et  au  nord  de  celle  de 
Fierville-la-Campagne.  L'abbé  de  Saint-Ouen  de  Rouen 
est  seul  seigneur  de  cette  paroisse,  dont  il  prend  la  qualité 
de  baron.  La  plus  grande  partie  du  territoire,  qui  est 
d'une  assez  petite  étendue,  lui  paye  par  an  5  livres  de 
rente  seigneuriale  par  acre  de  terre.  Il  présente  à  la  cure, 
et  perçoit  les  grosses  et  menues  dîmes.  L'église  est  remar- 
quable par  sa  grande  pauvreté,  étant  presque  dénuée  de 
tout,  et  n'ayant  pas  un  sol  de  trésor.  Ce  qu'il  y  a  de  mai- 
sons ne  forme  qu'une  seule  rue  qui  paraît  commencer 

(i)  Neust.  pia,p.  563. 


147 

dans  Saint-Sylvin  même,  et  vient  se  terminer  contre 
l'église  située  à  l'extrémité,  en  sorte  qu'il  n'y  a  ni  hameaux 
ni  maisons  écartées. 

Elle  est  à  3  lieues  et  demie  de  Caen,  et  à  4  lieues  de 
Falaise. 

Saint-Silvin.  Chef-lieu  de  sergenterie,  élection  de 
Caen,  126  feux,  lieu  de  notariat. 

Il  y  a  un  bourg  qui  avait  un  marché  et  un  bailliage 
particulier,  et  une  vicomte  relevant  du  duché  d' Alençon . 
Mais  le  marché  a  été  supprimé  depuis  quelques  années, 
et  la  juridiction  réunie  au  bailliage  de  Caen.  Cette  juri- 
diction avait  des  extensions  jusqu'au  faubourg  de  Vau- 
celles  de  Caen,  de  Vaucelles  au-delà  de  Bayeux,  et  sous 
la  porte  de  Saint-André  de  Bayeux  môme,  avec  droit  de 
sceau  et  de  tabellioanage. 

V Histoire  de  la  maison  d'Harcourt  [  i  )  fait  mention 
de  Jean  Anzeray,  vicomte  de  Saint-Silvin  et  du  Thuit  en 
1453  et  autres  suivantes.  Un  mémoire  particulier  parle 
de  noble  homme  Maître  Michel  de  Surirey,  vicomte  de 
Saint-Silvin  en  i563.  Sa  sergenterie  ne  contient  que 
3  paroisses  seulement.  Son  territoire  est  arrosé  par  la 
petite  rivière  de  Manche,  qui  y  prend  sa  source  dans 
un  lieu  nommé  le  Becquet,  à  200  toises  loin  de  l'église, 
et  cette  rivière  sert  de  limites  à  Saint-Silvin  et  à  Saint- 
Martin-des-Bois.  L'abbesse  d'Almenèches  est  dame  dn 
bourg  ;  l'abbé  de  Troarn  présente  à  la  cure.  La  seigneurie 
a  appartenu  à  la  maison  de  Montgommery,  comte  d'Alen- 
çon  et  de  Bellesme.  Il  est  fait  mention,  dans  un  registre 
de  l'évêché,  27  janvier  1469,  d^une  chapelle  hospitalière 
ou  léproserie  sous  le  nom  de  Notre-Dame-de-la-Prelle, 

(i)T.  I,p.  993. 


143 

sise  en  la  paroisse  de  Saint-Silvin,  à  laquelle  Jean  de 
Sarcilly,  seigneur  du  fief  et  terre  de  Pantou  avait  droit. 

Les  Calvinistes  y  ont  eu  un  prêche,  qui  fut  conservé 
par  arrêt  du  conseil,  donné  à  Saint-Germain-Ten-Laye 
le  II  décembre  iSyg.  Le  savant  Etienne  Morin  fut  fait 
ministre  de  ce  prêche,  et  de  celui  de  Saint-Pierre-sur- 
Dive,  es  années  1679- 1652.  Il  y  épousa  Hélène  le 
Paulmier,  nièce  de  Jacques  le  Paulmîer  de  Grentemes- 
nil,  et  en  1664,  il  en  fut  tiré  pour  exercer  le  ministère 
à  Caen.  Il  mourut  à  Amsterdam  le  5  mai  1700,  âgé 
de  75  ans.  En  1643,  les  Calvinistes  entreprirent  d'avoir 
des  écoles  au  bourg  de  Saint-Silvin.  La  chambre  de 
Pédit  de  Rouen,  sur  la  plainte  de  Fabbesse  d'Almenè- 
ches,  leur  en  interdit  l'exercice  par  arrêt  du  20  juillet 
1645  (i).  Le  conseil,  par  arrêt  du  19  janvier  de  Tannée 
suivante,  le  leur  permit  sur  une  requête.  Il  donna  un 
autre  arrêt  le  1 2  mars  suivant,  par  lequel  les  agents  du 
clergé  furent  reçus  opposants,  que  les  parties  seraient 
assignées,  et  que  cependant  Tarrêt  contradictoire  de  la 
Chambre  de  PÉdit  de  Rouen  serait  exécuté;  autre  arrêt 
du  Conseil  du  10  décembre  1648;  autre  du  20  juillet 
1660  de  la  Chambre  de  PÉdit  deRouen,  qui  ne  firent  que 
prolonger  les  contestations  sans  les  terminer.  Enfin, 
elles  prirent  fin  à  PÉdit  de  Nantes  qui  abolit  entièrement 
ces  exercices. 

Le  roi  Charles  VII,  après  la  prise  de  Caen,  en  1450, 
partit  de  cette  ville  le  8  de  juillet  et  alla  coucher  à  Saint-  . 
Silvin  (2),d'oîi  il  s'en  alla  le  lendemain  à  Fala^e^  que 
ses  généraux  assiégeaient. 

(i)  Factum  pour  M.  Tévêque  de  Bayeux  et  le  syndic  du  clergé, 
(a)  Chron,  de  Normandie,  p,  2o5. 


149 

Pendant  le  roi  partit  de  Caen 
Pour  venir  auprès  de  Falaise 
A  Saint-Sylvin  près  Argentan 
En  ung  lieu  où  il  fut  très  aise  (i). 

Le  bourg  de  Saînt-Silvin  esta  3  lieues  et  demi  S.-S.-E. 
de  Caen  et  4  lieues  (jT.-N.-O.  de  Falaise. 

Secqueville-la-Campagne  (Saint-Gerbold  de).  Sergen- 
genterie  du  Verrier,  élection  de  Caen,  notariat  de  Cra- 
mesnil,  3o  feux. 

Le  corps  de  cette  paroisse  consiste  dans  une  seule  rue 
sans  hameau.  Il  n^y  a  qu^un  seul  puits  pour  tous  les 
habitants,  et  une  mare  beaucoup  plus  élevée  que  le  vil- 
lage, appelée  la  mare  de  Magne.  C'est  un  réceptacle  de 
pluies  et  de  neiges  fondues  qui  donne  de  belle  eau  en 
hiver,  et  qui  sèche  en  été.  MM.  de  Gavrus,  de  Louvigny, 
de  Benouville,  de  Fribois  et  de  Jurques  ont  quelques 
droits  seigneuriaux  à  cette  mare.On  n'y  trouve  aucune  bête 
venimeuse,  ce  qui  prouve  un  mauvais  terrain^  à  cause 
de  son  aridité.  Les  Jacobins  de  Caen  viennent  de  rentrer 
en  possession  de  1 2  acres  de  terre  qu'ils  donnaient 
à  20  livres  Pacre.  Qu'on  juge  de  là  de  ce  que  vaut 
le  maigre  terrain  de  Secqueville.  La  présentation  de  la 
cure  est  attachée  à  la  seigneurie,  qui  appartenait,  en 
iSgi,  à  Charles  Le  Bigot,  écuyer,  et  en  161 2,  à  Georges 
de  La  Fresnaye,  seigneur  et  patron  de  Saint-Aignan-de- 
Cramesnil  et  de  Rocancourt,  dont  les  armes  paraissent 
encore  à  Tarcade  de  la  tour.  Ses  descendants  ont  vendu 
la  seigneurie  et  le  patronage.  M.  Hellouin  de  Cam- 
plaine,  colonel  de  la  bourgeoisie  de  Caen,  en  est  seigneur 
aujourd'hui.  Le  curé  est  seul  décimateur.  Cette  paroisse 

(I)  Vigil.  de  Charles  VU,  p.  84. 


I50 

relevait  de  la  juridiaion  de  Saint-Silvin,  avant  sa  réunion 
au  bailliage  de  Caen. 

Elle  est  à  2  lieues  de  Caen  et  à  2  lieues  des  bourgs 
de  Troarn  et  d'Argences. 

Soliers  (Saînt-Vigor  de).  Sergenterie  d'Argences,  élec- 
tion de  Caen,  notariat  d'Argences,  5o  feux,  200  com- 
muniants. 

Cette  paroisse  a  titre  de  baronie.  Le  chapitre  de  la  Col- 
légiale de  Caen  présente  à  la  cure.  Il  en  perçoit  lès 
grosses  dîmes,  excepté  un  très  petit  tiers  qui  appartient 
au  curé,  d'autant  que  le  doyen  de  cette  collégiale,  par 
droit  de  préciput,  en  emporte  la  meilleure  partie.  La 
plaine  de  Nerval,  qui  compose  environ  40  acresde  terre  en 
bruyères,  et  Pécart  ou  hameau  du  Four,  sont  de  cette  pa- 
roisse. Cet  écart  n'a  que  2  maisons  avec  une  chapelle  sous 
le  vocable  de  Saint-Julien^  à  la  nomination  du  chapitre 
du  Sépulcre  de  Caen.  Le  titulaire  y  doit  1 2  messes  par  an., 
La  baronie  de  Soliers  est  du  domaine  du  roi,  à  qui  elle  est 
avenue  par  forfaiture.  Bien  des  gens  prétendent  qu^elle  a 
été  confisquée  sur  un  seigneur  normand  nommé  La  Co- 
lombe. Les  vestiges  du  château  de  La  Colombe  subsistent 
encore.  Le  roi  a  dans  la  paroisse  de  Poussy,  limitrophe 
deSoliers,  plusieurs  fiefs  qui  font  partie  de  cette  baronie. 
Elle  fut  engagée  comme  un  bien  domanial  au  sieur  Jean 
Plantier  par  adjudication  faite  par  les  commissaires  de 
Sa  Majesté,  le  19  septembre  171 1.  Elle  a  passé]depuis  à 
M.  Turgot,  et  après,  à  M»«  la  comtesse  de  Chabannes,  à 
qui  elle  appartient  aujourd'hui.  Suivant  la  bulle  d'Inno- 
cent III,  de  Tan  12 10,  Roger,  fils  de  Robert  Thioud, 
donna  à  THôtel-Dieu  dé  Caen  quelque  bien  qu'il  avait 
dans  la  paroisse  de  Soliers  (  i). 

Elle  est  à  2  lieues  de  cette  ville. 
<i)  Hist.  Harc.,  t.  I.  p.  314, 


151 

Tilly-la-Campagne  (Saint-Denis  de)  •  Sergenterie 
d^Argences,  élection  de  Caen,  notariat  de  Cramesnil^ 
i8  feux. 

Cette  paroisse  est.  située  sur  la  grande  route  d^  Caen  à 
Falaise.  Le  roi  en  est  seigneur,  et  présente  à  la  cure.  Ses 
fiefs  sont  détenus  par  M.  de  La  Mare  Julien,  de  Caen. 
Les  religieuses  de  Villers-Canivet  perçoivent  les  deux 
tiers  des  grosses  dîmes,  et  le  curé  a  Tautre  tiers  avec  les 
verdages. 

Elle  est  à  2  lieues  de  Caen,  et  à  2  lieues  du  bourg  d^Ar-* 
gences. 

Valmeray  (Saint-Brice  de).  Sergenterie  d'Argences, 
élection  de  Caen,  notariat  d^Argences,  10  feux. 

Cette  paroisse  est  sur  la  rivière  de  Manche  qui  la  par- 
tage de  celle  d'Airan.  Elle  est  petite.  Une  partie  est  à  mi- 
côte  et  l'autre  en  pays  plat.  Son  territoire  en  est  très  mau- 
vais, pierreux  et  sableux.  Le  curé,  à  la  nomination  de 
Tabbé  de  Fontenay,  perçoit  toute  la  dîme.  Cet  abbé  en 
est  regardé  comme  le  seigneur,  quoique  le  commandeur 
de  Voismer  y  ait  quelques  rentes.  Elle  est  appelée  Eccle^ 
sia  de  Vaumeray,  dans  tous  les  anciens  titres  et  le  vieux 
pouillé  de  Tévêché.  C'était  là,  selon  la  Chronique  de  Nor- 
mandiey  que  le  roi  de  France  et  le  duc  Guillaume  enten- 
dirent la  messe  avant  la  bataille  du  Val-des-Dunes,  qu'ils 
remportèrent  en  1046,  sur  Néel  vicomte  de  Cotentin, 
Regnauld  du  Bessin  et  leurs  associés.  De  là,  après  avoir 
bu  un.  coup,  dit-elle,  ils  se  mirent  en  chemin  pour  aller 
à  la  rencontre  de  Tennemi  (t  ). 

Elle  est  à  trois  quarts  de  lieues  du  bourg  d'Argences  et 
à  4  lieues  de  Caen. 

/  (1)  Chron,  de  Norm.,  p.  jS. 


IS2 


EXEMPTION  DE  CAMBREMER 


On  appelle  exemption  de  Cambremer  (de  Caméra 
Osmarii]  un  district  de  9  paroisses  situées  dans  le  diocèse 
de  Lisieux,  lesquelles,  pour  le  spirituel,  dépendent  de 
Mgr  Pévéque  de  Bayeux.  Cette  exemption  est  surnom- 
mée :  de  Cambremer,  par  rapporta  la  paroisse  de  ce  nom, 
qui  est  la  principale  du  canton.  C'est  un  chef-lieu  de 
sergenterie  qui  dépend  de  Télectîon  du  Pont-l'Évéque, 
sous  la  généralité  de  Rouen.  De  19  paroisses  qui  compo- 
sent la  sergenterie,  9  sont  reconnues  pour  être  du  diocèse 
de  Bayeux,  savoir  :  Cambremer,  "Saint-Vigor  de  Crève- 
cœur,  Saint-Pair-du-Mont,  Saint-Laurent-du-Mont, 
Montreuil,  Grandouet,  Saint-Ouen-le-Paingt,  Man- 
herbe  et  Prédauge,  avec  l'abbaye  du  Val-Richer,  de  Tor- 
dre de  Citeaux.  Or,  comme  cette  exemption  est  voisine 
de  Parchidîaconné  d'Hyesmes,  il  m'a  paru  que  c'est  ici  le 
lieu  de  donner  le  détail  des  paroisses  qui  la  composent. 
Mais  il  faut  observer  auparavant  que  le  chanoine  de 
Cambremer,  fondé  en  Téglise  cathédrale  de  Bayeux, 
jouit  depuis  un  temps  immémorial  de  la  juridiction 
archidiaconale,  des  droits  de  visite,  et  de  la  troisième  par- 
tie des  déports  dans  toute  Texemption.  Son  fief  seigneu- 
rial est  assis  dans  la  paroisse  de  Cambremer,  et  il  a  une 
extension  dans  celle  de  Vaubadon,  vicomte  de  Bayeux, 
auquel  lieu  est  le  fief  de  Quiry,  mouvant  et  relevant  par 
foi  et  hommage  de  celui  de  Cambremer. 


Cambremer  (Saint-Denis  de).  Bourg,  5  feux  privilé- 
giés, 160  feux  taillables,  700  habitants. 


153 

Il  y  a  un  marché  qui,  au  lieu  du  samedi,  tient  à  pré- 
sent le  dimanche.  Mgr  Tévêque  de  Bayeux  est  seigneur 
et  baron  de  Cambreiçer.  Dans  Taveu  que  TévêqueZanon 
Castiglione  rendit  au  roi,  le  4  avril  1453,  du  temporel  de 
son  évéché,  il  déclare  que  les  fiefs  relevant  de  sa  baronie 
de  Cambremer  sont  :  la  terre  et  seigneurie  de  Crèvecœur, 
le  fief  de  Manherbe,  le  fief  de  Saînt-Laurent-du-Mont,-et 
le  fief  de  Montreuil.  Le  chanoine  de  Cambremer  présente 
de  plein  droit  à  la  cure,  et  perçoit  les  grossjBs  et  menues 
dîmes.  Le  fief  du  Baye,  ancien  château  dont  M.  de  Man- 
herbe est  seigneur  suzerain,  le  fief  de  Fresnay,  le  fief  de 
Catillon,  le  fief  de  Trouarn,  le  village  d'Englesqueville, 
et  les  Ormes-de-Candepie  sont  de  la  dépendance  et  du 
territoire  de  Cambremer.  Il  y  a  aussi  le  prieuré  simple 
de  Saint-Antonin-de-Montargis,  à  la  nomination  des 
moines  de  Tiron,  situé  dans  une  ferme  à  eux  apparte- 
nant. De  plusieurs  chapelles  fondées  dans  cette  paroisse, 
et  qui  ne  subsistent  plus,  on  distiguait  celle  de  Saint- 
Jean-Baptiste,  dans  l'église  paroissiale^  à  laquelle  nomma, 
au  mois  de  février  1629,  Guillaume  Le  Bienvenu,  écuyer, 
sieur  de  Saint-Laurent,  comme  propriétaire  de  la  terre  et 
franche  vavassorie  de  Cambremer,  et  celle  de  Saint- 
Jacques-du-Candepie,  dont  Alexandre  Sales,  conseiller 
clerc  au  Parlement  de  Rouen,  fut  pourvu  le  i«'mai  1664. 

Le  bourg  de  Cambremer  est  &  7  lieues  de  Caen,  3  de 
Lisieux  et  4  du  Pont-rÉvêque. 

Crève^Cœur  (Crepicordium).  Bourg,  2  feux  privilé- 
giés, 5o  feux  taillables,  çt  1 5o  communiants. 

Il  est  situé  partie  sur  la  paroisse  de  Saint-Vigor,  au 
diocèse  de  Bayeux,  partie  sur  la  paroisse  de  Saint-Loup- 
de-Fribois,  au  diocèse  de  Lisieux.  Le  marché  y  tient 
tous  les  mercredis  ;  il  est  très  renommé  par  la  bonne 


154 

volaille  qu^on  y  apporte  ea  quantité.  Cest  une  ancienne 
châtellenie,  qui  appartient  à  M.  Charles-François  de 
Montmorency,  duc  de  Luxembourg.  Il  nomme  à  la  cure 
de  Saint- Vigor,  et  à  la  chapelle  du  titre  de  Saint- Yigor, 
fondée  anciennement  dans  Téglise  paroissiale,  par  Jean* 
Baptiste  Le  Gentil.  Il  n'a  droit  de  nommer  à  cette  cha- 
pelle que  dans  les  a  mois  du  jour  de  la  vacance,  et  sUl 
laisse  écouler  ce  temps,  c^est  à  M.  de  Clinchamp  à  y  nom- 
mer. Il  y  a  dans  le  bourg,  sur  Texemption  de  Bayeux, 
une  autre  chapelle  sous  Tinvocation  de  la  Visitation  de  la 
Sainte-Vierge,  qui  appartient  à  la  famille  de  MM.  Man- 
chon. Le  curé  de  Saint- Vigor  de  Crèvecœur,  est  gros 
dédmateur  de  sa  paroisse.  Elle  contient  3  principaux 
villages  :  la  Vignerie,  la  Bouquetière  et  la  Duponterie,  et 
un  ancien  château  pour  M.  le  doc  de  Luxembourg.  Ce 
fut  dans  ce  château  que  mourut,  en  iSgi,  Claude  de 
Saintes,  évéque  d^Évreux,  qui  y  était  détenu  depuis  2  ans 
pour  crime  de  lèse-majesté  (i).  Il  avait  été  condamné  à 
mort  pour  avoir  justifié,  par  un  écrit  de  sa  main,  Tassas- 
sinat  du  roi  Henri  III  ;  mais  Henri  IV,  à  la  prière  du 
vieux  cardinal  de  Bourbon,  commua  son  supplice  en  une 
prison  perpétuelle,  et  le  fit  enfermer  pour  le  reste  de  ses 
jours  dans  le  château  de  Crèvecœur. 

Noble  dame  Jeanne  de  Thibouville,  dame  de  Thibou- 
ville,  veuve  de  messire  J^an  de  Tilly,  chevalier,  seigneur 
de  Boissey-le-Châtel  tenait,  en  1453,  de  la  baronie  de 
Cambremer,  en  foi  et  hommage  noblement  et  franche- 
ment par  deux  fiefs  de  chevalier  entiers,  le  fief,  terre  et  sei- 
gneurie de  Crèvecœur-en-Auge,  que  tenaient  d'elle  alors 
en  parage  au  premier  degré,  messire  Jacques  Painel,  che- 
valier, et  dame  Perronnelle  de  Thibouville  sa  femme, 

(I)  Hist,  cip.  et  ecclés.  du  diocèse  d'Évreux,  p.  36i-362. 


15) 

sœur  de  la  dite  Jeanne  (i).  Outre  les  revenus,  dignités, 
patronages,  libertés  et  prérogatives  attachées  à  ce  fief,  il 
est  déclaré  qu^en  étaient  tenus  :  i»  le  fief  entier  delà  Ven- 
durequi  fut  à  feu  M.  Jean  de  Villiers,  chevalier,  et. de 
présent  à  Jean  de  Colombières^  écuyer,  son  héritier; 
2^  le  fief  noble  entier  de  Coucbu  appartenant  aux  héri- 
tiers de  feu  Girard  d^Esquay  et  de  demoiselle  Marie  de 
Breucourt  sa  femme;  3°  le  tennement  de  Feumechon 
IX«  de  fief  assis  à  Saint-Pair-du-Mont  et  à  Saint-Aubin, 
qui  fut  à  messire  Jean  de  Preulay,  chevalier,  et  de  pré- 
sent à  Jean  Travers,  écuyer  ;  4^  le  quart  de  fief  Lorice,  dit 
de  Castillon,  assis  à  Cambremer,  appartenant  «ux  hoirs 
de  feu  Raoul  de  Beuzeville  ;  5°  certains  tenements  nobles 
à  court  et  usage,  possédés  par  Henri  Malnoury,  écuyer, 
et  à  demoiselle  Alix  Guérin,  sa  femme,  A  Cambremer, 
Saint- Laurent  et  Saint-Paîx-du-Mont,  et  qui  furent  don- 
nés à  leurs  prédécesseurs  en  don  de  mariage  pour  5o  li- 
vres de  rente  ;  6*^  le  quart  du  fief  du  Pont  assis  au  dit  lieu, 
par  les  hoirs  de  Jean  du  Pont,  écuyer  ;  70  le  fief  de  Bique- 
tot,  sixième  de  fief,  assis  au  dit  lieu,  par  Thiboult  du 
Bois,  écuyer.  Le  seigneur  châtelain  de  Crèvecœur  doit  à 
révéque  de  Bayeux,  pour  sa  décharge,  le  service  de 
3  chevaliers  en  l'ost  du  prince  de  Normandie  quand  il  est 
mandé. 

Ce  bourg  est  à  7  lieues  de  Caen,  et  à  4  lieues  de 
Lisieux. 

Grandoùet  (Saint-Martin  de).  3  feux  privilégiés, 
3o  taillables,  120  communiants. 

L'abbaye  du  Val-Richer  perçoit  les  dîmes  et  nomme  à 
la  cure.  M.  de  Grieu  de  Caen  est  seigneur  temporel. 

(i)  Av.  de  M.  révéque  de  Bayeux,  rendu  au  roi  le  4  av.  1453. 


Cest  le  lieu  natal  de  Simon  de  la  Vigne,  bachelier  en 
théologie,  curé  de  Saint-Pierre  de  Caen,  recommandable 
par  sa  rare  piété,  et  par  la  conversion  d^un  grand  nombre 
d^hérétiques,  qu^il  gagna  à  Téglise.  Il  mourut  le  2  juin 
1684,  âgé  de  64  ans.  Son  éloge  a  été  imprimé  à  Caen. 
Elle  est  à  7  lieues  de  Caen  et  3  lieues  de  Lisieux. 

Manherbe  (Saint-Jean-Baptiste  de).  9  feux  privilégiés, 
1 10  taillables. 

Mgr  révoque  de  Bayeux  présentait  autrefois  à  la  cure 
ou  vicairie  de  ce  lieu.  Le  droit,  selon  Phistoirien  de 
Bayeux,  fut  confirmé  par  arrêt  de  TÉchiquier,  en  1296, 
à  iSierre  de  Benais,  successeur  de  Tévéque  Odon  qui 
l'avait  acquis.  Il  lui  était  contesté  par  Adam  Le  Servain, 
seigneur  tempoAl  de  Manherbe.  Les  successeurs  de  ce 
seigneur  en  sont  rentrés  depuis  en  possession.  Voici  com- 
ment ils  nomment  à  la  cure  :  A  chaque  vacance,  le  sei- 
gneur de  Manherbe  présente  trois  sujets  originaires  du 
diocèse  de  Bayeux;  Pévêque  en  choisit  un  pour  remplir 
le  bénéfice.  Cette  paroisse  avait  autrefois  plusieurs  titres 
de  bénéfices,  qu'on  trouve  ainsi  spécifiés,  avec  leurs  pré- 
sentateurs, dans  le  vieux  pouillé  de  Tévéché  .'  Personatus 
de  Manerbia  :  Episcopus  Bajocensis  ecclesia  de  Maner- 
bia  vel  vicaria,  —  Idem,  ecclesia  seu  capella  sancti  Sal- 
vatoris,  dominus^gidius  deVenoixveldominus  G.Ser- 
vain,  etsolebatesse  curata.  —  Capella  deDumo  in  par o- 
chia  de  Manerbia:  dominus  Guill"^ Servain,  sicutdici^ 
tur  quod  XXX*  anni  sunt  elapsi,  episcopus  Bajocensis 
contulit  pleno  :  dicitur  etiam  quod  solebat  esse  curata, 
et  quod  habebat  quatuor  parochianos.  Le  personnat  de 
Manherbe  n'existe  plus.  Le  titre  et  le  revenu  ont  été  réu- 
nis aux  lazaristes,  qui,  à  ce  droit,  perçoivent  la  grosse 
dîme  de  la  paroisse.  Les  chapelles  de  Saint-Sauveur  et  de 


•157 

Notre-Dame-du-Bisson,  subsistent  encore.  Elles  avaient 
anciennement  chacune  un  territoire  et  des  paroissiens. 
Cest  le  seigneur  de  Manherbe  qui  y  présente.  On  pré- 
tend qu^41  y  en  avait  encore  une,  du  titre  de  Saint -Eus- 
tache^  à  sa  nomination,  mais  dont  il  n'existait  plus  depuis 
longtemps  aucun  revenu^  supposé  qu'il  y  en  eut  eu  (i). 
Ce  fut  pour  le  recouvrer  que  Jacques- Pierre  de  Borel, 
chevalier,  seigneur,  baron  et  châtelain  de  l'honneur  de 
Manherbe,  grand  maître  des  eaux  et  forêts  du  duché  de 
Longueville^Tancarville,  Gournay  et  Etrépagny,  nomma 
le  8  avril  1682,  à  cette  chapelle,  vacante,  dit-il,  depuis  un 
très  long  temps,  en  sorte  qu^on  n^  voit  ni  marques  ni 
vestiges,  mais  seulement  existante  par  ouï  dire,  et  par 
lettres  qui  en  font  foi.  Il  ne  paraît  pas  que  cette  nomina- 
tion ait  eu  d^effet.  Il  y  a  dans  cette  paroisse  une  terre  sei- 
gneuriale appelée  Argentelles,  éloignée  d^une  demi-lieue 
au  moins  de  Péglise.  Le  motif  de  Téloignement,  joint  à 
la  difficulté  du  chemin,  qui  est  très  mauvais  en  tous 
temps,  porta  Mgr  de  Luynes,  évâque  de  Bayeux,  à  per- 
mettre à  M.  le  Prévost,  écuyer,  seigneur  et  patron  de 
Cremanville,  son  possesseur,  par  lettres  du  mois  de  juil- 
let 1753,  dMtablir  une  chapelle  domestique  dans  sa 
maison.  M.  Hébert  est  seigneur  de  Manherbe,  seigneur 
suzerain  du  Baye,  ancien  château  de  Cambremer,  et  sei- 
gneur en  partie  du  Prédauge.  Les  héritiers  de  feu  mes- 
sire  Girard  Servain,  chevalier,  tenaient  noblement  par 
hommage  de  la  baronie  de  Cambremer,  en  1453,  la 
noble  tenure  nommée  Phonneur  de  Manherbe,  dont  le 
chef  est  assis  dans  la  paroisse  de  ce  nom,  et  dont  le 
tenant  est  obligé  de  faire  40  jours  de  service  au  châtel  de 
Neuilly,  appartenant  à  Tévéque  de  Bayeux,  quand  il  en 

(i)  Reg.  du  secret,  de  Tévéché. 


158 

est  sommé  en  tempp  de  guerre  (i).  On  ne  trouve  pas 
qu^il  soit  tenu  de  faire  le  service  d^un  chevalier  en  Post  du 
prince  quand  il  est  mandé.  De  Thonneur  de  Manherbe 
sont  :  lo  en  paroisse  du  Prédauge^  le  fief  entier  de  PÉpée, 
qui  fut  à  feu  Guillaume  d'Asnières  et  Jean-Louis  ;  2^  au 
même  lieu  du  Prédauge,  le  Mont-Roty,  quart  de  fief  qui 
fut  à  défunt  Olivier  de  Semilly  ;  3»  en  paroisse  d^Ostier, 
le  fief  entier  de  la  Planque  qui  fut  à  messire  de  la  Plan* 
que,  chevalier  ;  49  à  Cambremer,  le  Bays  ou  Sert,  quart 
de  fief;  5^  à  Maigny»  vicomte  d^Auge,  le  fief  entier  de  la 
Breae^  qui  fiit  à  Guillaume  Louvet  ;  6^  à  Grandouet, 
I  quart  de  fief  qui  fut  à  Jean  Servain. 

Cette  naroisse  est  à  une  lieue  de  Lisieux,  et  à  2  lieues  du 
Pont-révéque. 

Montreuil  (Notre-Dame-d^ Annonciation).  2  feux  pri- 
vilégiés'» 36  taillables,  1 3o  communiants. 

Cette  paroisse  est  arrosée  par  une  petite  rivière  qui  vient 
du  Prédauge,  et  contient  quelques  bois  qui  portent  son 
nom.  Les  abbé,  prieur  et  religieux  du  Val-Richer  sont 
gros  décimateurs,  et  présentateurs  de  la  cure.  La  fête 
patronale,  qui  était  ci^devant  la  Nativité  de  la  Sainte- 
Vierge  fut,  sur  la  requête  du  curé  et  des  paroissiens,  en 
date  du  4  avril  1666,  commuée  en  celle  dePAnnoncia- 
tionparfeu  M.  de  Nesmond,  d^heureuse  mémoire  (2). 
La  seigneurie  de  Montreuil,  fief  entier  de  chevalier,  avec 
extension  à  Cambremer,  Saint-Ouen-le-Paing  et  ailleurs, 
relève  noblement  par  foi  et  hommage  de  la  baronie  de 
Cambremer.  Elle  était  tenue,  en  1453,  par  les  hoirs  ou 
ayant  cause  de  Jean  de  Montreuil,  écuyer.  Antoine* Au- 


(1)  Aveu  de  Tév.  Zanon  Castigl.,  du  4  av.  1453. 
(a)  Regist.  du  secret,  de  l'évéché. 


159 

gustin  de  Matharel,  seigneur  et  patron  de  Cesny  et  de 
Montreuîl,  gouverneur  pour  le  roi,  des  villes  et  châteaux 
d'Honfleur,  Pont  l'Évêque,  et  Pays  d'Auge,  mourur  le 
12  mars  1722.  Marie-Joseph  de  Matharel,  sou  fils,  né  en 
1720,  seigneur  et  gouverneur  des  mêmes  lieux,  épousa, 
le  25  mai  1752,  Adélaïde-Félicité  de  Fiennes,  sœur  de  la 
comtesse  de  Maulévrier. 

Elle  est  à  8  lieues  de  Caen,  4  lieues  du  Pont-l'Évéque, 
et  3  lieues  de  Lisieux. 

Pr^ifau^e  (Saint-Ouen  du).  3  feux  privilégiés,  lootail- 
lables,  5oo  communiants. 

Le  curé,  qui  est  gros  décimateur  de  sa  paroisse,  reçoit 
la  nomination  de  Tabbaye  du  Val-Richer.  MM.  Hébert 
sont  seigneurs  et  patrons  honoraires.  Il  y  a  dans  le  village 
de  Rome  une  chapelle  surnommée  de  PÉpée,  dépendante 
de  Tabbaye  du  Val-Richer.  Le  célèbre  M.  Georges, 
depuis  abbé  régulier  de  cette  abbaye,  a  été  curé  de  cette 
paroisse  pendant  plusieurs  années.  Ce  fut  là  qu'il  institua 
les  conférences  ecclésiastiques,  qui  se  sont  tant  muhipliées, 
et  sur  qui  les  autres  diocèses  ont  établi  les  leurs.  Il  mou- 
rut en  1693. 

Elle  est  à  une  lieue  de  Lisieux  et  à  9  lieues  de  Caen. 

Saint'Laurent-du-Mont.  3  feux  privilégiés,  35  tail- 
labiés,  1 3o  communiants. 

Les  P.  P.  Jésuites  de  Caen,  au  droit  du  prieur  com- 
mendataire  de  Sainte- Barbe-en-Auge,  présentent  *à  la 
cure,  et  perçoivent  les  grosses  dîmes.  Cette  paroisse  est 
divisée  en  2  fiefs,  et  renferme  le  bois  du  Haut-Parc,  dont 
une  partie  est  sur  Saint- Vigor-de-Crèvecœur.  Il  y  a  une 
'hauteur  considérable  nommée  la  butte  de  Saint-Laurent. 
Dans  Taveu  de  Zanon  Castiglione,  évéque  de  Bayeux,  de 


i6o 

Tannée  1453,  il  est  dit  :  «  Les  hoirs  de  feu  Robert  de 
Fontaines,  écuyer,  tiennens  noblement  de  la  baronie  de 
Gimbremer,  par  foi  et  hommage,  un  demi-fief  de  baut- 
ber  assis  à  Saint-Laurent-du-Mont,  vicomte  d'Auge,  du- 
quel est  tenu  un  quart  de  fief  qui  fut  à  Jean  Gasie  (?)  à 
cause  de  demoiselle  Michelle  de  May,  sa  femme,  et  un 
huitième  de  fief  qui  fut  à  Denis  Guérin.  Le  seigneur 
de  Saint-Laurent  doit  20  jours  de  service  au  château  de; 
Neuilly,  en  temps  de  guerre.  » 
Elle  est  à  7  lieues  de  Caen  et  à  3  lieues  de  Lisieux. 

SainUOuen-le-Paingt.  i  feu  privilégié,  44  taillables, 
200  communiants. 

L'abbaye  du  Val-Richer,  dont  nous  allons  parler,  est 
située  sur  cette  paroisse.  Les  abbés  et  religieux  en  sont 
seigneurs,  et  patrons  présentateurs  de  la  cure.  Ils  en  per- 
çoivent les  dîmes.  Il  y  a  dès  bois  vulgairement  appelés 
les  bois  de  Bayeux,  parce  qu'ils  appartiennent  à 
M.  révêque  de  Bayeux. 

Elle  est  à  8  lieues  de  Caen,  2  lieues  de  Lisieux,  et  à 
2  lieues  de  Saint-Pierre-sur-Dive. 

L'abbaye^de-Notre-Dame^du-  Val-Richer  [de  Valle 
Richerii),  fille  de  Qairvaux,  est  de  Tordre  de  Citeaux. 
Elle  avait  été  fondée  d'abord  entre  Vire  et  Thorigny, 
dans  un  lieu  appelé  les  Vaux-de-Souleuvre,  par  les  soins 
de  saint  Bernard,  abbé  de  Qairvaux,  qui  en  avait  reçu 
la  session  par  les  mains  du  bienheureux  Nivard^  son 
frère;  mais  Philippe  d'Harcourt,  évêque  de  Bayeux, 
voyant  que  ce  lieu  était  ingrat  et  stérile,  et  aidé  de  Simon 
de  Bosville,  la  transféra,  ou  plutôt  la  fonda  de  nouveau 
dans  l'exemption  de  Cambremer,  dans  le  lieu  où  elle  esta 
présent,  qui  appartenait  à  Téglise  de  Bayeux.  Il  donna  ce 


i6i 

lieu  aux  religieux,  de  Citeaux  de  la  même  façon  qu^il  avait 
été  fait,  à  Adam,  abbé  de  Mortemer,  qui  n^avait  pu  se 
résoudre  à  y  laisser  aller  de  ses  religieux  (i).  L^abbé  de 
Citeaux  remit  en  même  temps  les  Vaux-de-Souleuvre  et 
les  dîmes  à  Pévéque  de  Bayeux,  par  une  espèce  d^échange 
qui  fut  approuvé  en  1 1 5o,  par  Hugues  archevêque  de 
Rouen.  Cette  abbaye  ne  fut  point  occupée  par  des  reli- 
gieux avant  Tannée  1167.  LVvêque  Robert  des  Ablèges 
consacra  leur  église  le  21  avril  1210.  Robert  de  Bru- 
court,  évêque  de  Lisieux,  y  fit  de  grands  biens,  et  lui 
donna,  en  i365,  sa  terre  de  Rumesnil.  L^abbayedu  Val- 
Richer  est  très  bien  bâtie.  Jean-Baptiste  de  La  Place,  son 
abbé  commendataire,  gagné  par  les  instructions  et  les 
exemples  de  piété  du  célèbre  M.  Georges^  depuis  son  suc- 
cesseur^  y  mit  des  religieux  réformés  de  Citeaux,  et  s*en- 
gagea  lui-même  à  prendre  Thabit  en  1645.  M.  Georges 
prit  aussi  le  même  parti,  à  Tâge  de  40  ans,  et  fut  pourvu 
de  Pabbaye  en  règle,  après  la  mort  de  Tabbé  de  La  Place. 
Au  retour  d^un  voyage  qu^il  était  allé  faire  à  Rome,  avec 
Tabbé  de  la  Trappe,  pour  solliciter  la  réforme  générale 
de  Tordre  de  Citeaux,  il  établit  cette  réforme  dans  le  Val- 
Richer,  mais  plus  par  ses  actions  que  par  ses  paroles.  II 
se  réduisit  à  ne  point  manger  de  poisson,  et  à  se  priver 
entièrement  de  Tusage  du  vin.  La  plupart  des  religieux 
voulurent  imiter  son  genre  de  vie;  mais  les  maladies  et 
même  la  mort  de  quelques-uns  le  portèrent  à  modérer 
cette  trop  grande  austérité.  Il  mourut  en  odeur  de  sainteté, 
en  1693,  âgé  de  80  ans. 

L^abbaye  du  Val-Richer  est  taxée  à  100  florins,  à  la 
Chambre  apostolique,  pour  ses  annates. 

L'abbé  du  Val-Richer  présente  aux  cures  de  Gran- 

[i)N€HSt.  Via,  p.  773-774- 

II 


I62 

douetf  les  Pins,  Saiat-Ouen-le-Paiogti  Montreuil,  Pré- 
dauge. 

Saint-Pair-du^Mont,  ou  Saint*Paterne.  2  feux  privi- 
légiés, 5S  taillables,  1 5o  communiants. 

M.  le  duc  de  Luxembourg  présente  à  la  cure  et  le  curé 
perçoit  toutes  les  dîmes.  Elle  est  à  7  lieues  de  Caen  et  à 
4  lieues  de  Lisieux. 


L'ARCHIDIACONÉ  DE  CAEN 


CONTENANT 


LES  DOYENNÉS  DE  LA  CHRÉTIENTÉ, 
DE  CAEN,  DE  DOUVRE,  DE  MALTOT  ET  DE  CREULLY 


ARCHIDIACONÉ  DE  CAEN 


C'est  le  second  archidiaconé  du  diocèse  de  Bayeuz.  Il 
a  pris  son  nom  de  la  ville  de  Caen  qui  est  dans  son 
endave. 

Il  comprend  4  doyennés  et  io8  paroisses. 


DOYENNÉ  DE  LA  CHRÉTIENTÉ  DE  CAEN 


Caen,  ville  capitale  de  Basse-Normandie,  est  comptée 
parmi  les  principales  de  France.  Située  dans  un  vallon, 
entre  deux  grandes  prairies,  et  au  confluent  de  POdon,  et 
de  rOrne  qui  porte  bateau  jusqu'à  la  mer,  elle  entretient 
le  commerce  avec  les  autres  parties  du  royaume  et  les 
pays  étrangers.  Remplie  de  belles  églises  et  de  magnifiques  , 
édifices,  elle  présente  le  coup  d'œil  le  plus  charmant  et  le 
plus  agréable  ;  enfin,  décorée  d'une  Université  célèbre, 
elle  fournit  un  asile  assuré  pour  les  sciences,  et  quantité 
de  beaux  esprits  pour  les  cultiver.  Dans  tous  les  temps, 
nos  rois  lui  ont  donné  des  preuves  non  équivoques  de 
leur  affection  par  les  privilèges  et  les  prérogatives  qu'ils 
ont  accordé  à  ses  habitants. 


i66 

Elle  est  au  49*  degré  1 1  minutes  de  latitude,  à  3  lieues 
de  la  mer,  26  de  Rouen,  5 1  de  Paris.  Il  y  a  34  églises, 
savoir  :  12  paroisses,  et  22  communautés.  Entre  ces  defw 
nières,  les  plus  remarquables  sont  :  TAbbaye-auz-Hommes 
et  TAbbaye-aux-Dames,  de  Tordre  de  Saint-Benoit.  Elle 
est  le  siège  d^une  Généralité,  d^un  Présidial  et  d'un 
Grand  Bailliage  auquel  on  a  uni  la  vicomte.  Elle  a 
des  juridictions  d^officialité,  d^eaux  et  forêts,  d^amirauté, 
d^élection,  des  monnaies,  des  consuls,  de  mairie,  de 
gabelle,  et  des  sénéchaussées  de  plusieurs  abbayes.  On  y 
compte  So^ooo  habitants.  Elle  est  du  ressort  de  Tévéché 
de  Bayeuz  pour  le  spirituel,  et  du  Parlement  de  Rouen 
pour  le  civil.  Son  nom  latin  est  Cadomus,  et  autrefois, 
suivant  les  titres,  on  rappelait  Cathim,  Catheim,  Cathem 
et  Cathom. 

Cette  ville,  aujourd'hui  si  belle  et  si  florissante,  n^exis- 
tait  pas  encore  dans  le  iv«  siècle.  Il  n^en  est  fait  mention  . 
ni  dans  la  Notice  de  PEmpire,  ni  dans  les  Anciens 
itinéraires  qu'on  croit  être  du  temps  des  empereurs 
Tbéodose  et  Honorius.  Que  penser  donc  de  ces  étymolo* 
gies  ridicules  à  la  faveur  desquelles  des  écrivains  lui  ont 
donné  pour  fondateurs  ou  Cadmus,  roi  de  Phénicie,  ou 
Gains  César,  premier  empereur  romain  ?  Cadomus 
vient,  au  sentiment  des  meilleurs  critiques,  de  Cadom, 
ancien  mot  gaulois  qui  signifie  demeure  de  guerre,  ou 
d'un  mot  saxon  qu^on  explique  par  ceux<i  :  finis  rupis, 
extrémité  de  la  roche, 

Caen  est  situé  au  pied  d'une  éminence  où  Ton  a  bâti 
depuis  le  château.  Il  est  à  Textrémité  de  Tancien  comté 
du  Bessin.  C'est  donc  avec  plus  de  vraisemblance  que 
M.  de  Brieux,  citoyen  et  poète  célèbre  de  Caen,  pense  que 
ses  fondateurs  sont  les  Sax<ms  qui  s'établirent  à  la  fin  du 
iv«  siècle  sur  les  côtes  du  Bessin,  d*oii  ils  firent  disparaître 


'       1^7 

Tautorité  des  Romains.  Ce  notait  encore  qu'un  gros 
bourg  dans  le  xi«  siècle^  et  il  n^  avait  alors  aucune  for- 
teresse, ni  èhâteau  suivant  le  poète  Waace,  auteur  con- 
temporain. L^auteur  de  la  Chronique  de  Normandie 
parle  à  la  vérité  de  Caen  sous  Tannée  945,  comme  d'une 
ville  déjà  considérable,  mais  cet  écrivain^  bien  postérieur 
à  cette  époque,  n^a  pu  en  parler  ainsi  quVn  la  représentant 
telle  qu^elle  était  de  son  temps,  ce  qui  est  absurde*  Guil- 
laume le  Conquérant  en  aimait  le  séjour.  Il  y  fit  bâtir,  à 
la  fin  du  XI»  siècle,  deux  grandes  abbayes,  et  un  château 
qui  fut  fort  augmenté  par  le  roi  Henri  !«',  son  fils.  Voilà 
la  cause  de  Télévation  de  Caen  ;  mais,  n^est-il  pas  étonnant 
que  cette  ville,  si  faible  dans  ses  commencements,  si  lente 
dans  ses  prc^ès,  semblable  à  un  torrent  qui  rompt  la 
digue  par  laquelle  ses  eaux  ont  été  retenues  longtemps, 
s'élève  dans  l'espace  d^un  siècle  au  point  de  pouvoir  être 
comparée  en  quelque  sorte  à  Paris. 

Villa  potens,  opulenta 

Ut  se  Parisiis  vix  annuat  esse  minorem  (i). 

Cette  ville,  environnée  de  hautes  murailles  et  de  larges 
fossés,  est  encore  défendue  par  grand  nombre  de  tours, 
qui  ont  été  bâties  de  distance  en  distance,  et  en  différents 
temps.  Elle  est  accompagnée  de  4  faubourgs  qui  sont 
considérables,  savoir  :  le  Faubourg- Labbé  et  les  feubourgs 
de  Vaucelles,  Saint-Gîlles  et  Saint-Julien.  On  la  divise  en 
2  parties  :  l'ancienne  ville,  et  la  nouvelle  ou  Tlsle  Saint- 
Jean.  Ces  parties,  séparées  par  les  rivières  d'Orne  et  de 
rOdon  communiquent  ensemble  par  le  pont  Saint-Pierre 
et  le  pont  Saint-Jacques.  C'est  sur  le  premier  pont 
qu'était  situé  le  Gros-Horloge,  ce  gros  édifice  élevé  de 

(i)  GuilL  Brito.y  laoo. 


i68 

quatre  étages  et  flanqué,  de  quatre  grosses  tours,  oU  il  y 
avait  une  excellente  horloge,  et  où  se  tenaient  les  assem- 
blées de  ville.  Il  fut  abattu  en  1755  pour  ouvrir  la  grande 
rue.  Les  rues  en  sont  la  plupart  larges  et  bien  pavées. 
Les  principales  sont  les  rues  de  Saint- Pierre,  Saint-Jean 
et  de  Fontafrique,  laquelle  a  pris  sa  dénomination  de 
M.  de  Fontette,  intendant,  et  Dom  Sainte-Afrique,  prieur 
de  la  grande  abbaye,  qui  en  procurèrent  Touvenure  il  y 
a  quelques  années.  Elle  part  de  la  rue  de  Bayeux,  et  va 
directement  à  la  place  du  Vïeux-Marché,  vis-à-vis  Téglise 
de  Saint-Sauveur.  Le  Cours,  cette  agréable  promenade 
garnie  d^arbres  sur  le  bord  de  la  rivière  d^Orne,  la  place 
Royale,  le  Château,  THôtel-de-Ville,  le  collège  de  TUni- 
versité,  les  casernes,  et  d^autres  hôtels  publics,  forment 
les  principaux  ornements  de  Caen;  quantité  de  bâtiments 
particuliers  élevés  comme  à  Penvi,  par  les  citoyens,  ne 
contribuent  pas  moins  à  sa  décoration.  Il  serait  trop  long 
d'en  faire  le  détail;  bornons-nous  à  quelques-uns  des 
principaux  :  commençons  par  le  château. 

Le  Château^  «  ^1  durement  grand  et  plantureux,  selon 
Froissard  »  (i),  fut  bâti  par  Guillaume  le  Conquérant. 
Cela  est  évident  par  Pendroit  où  Robert,  abbé  du  Mont 
Saint-Michel,  continuateur  de  Sigebert,  dit  que  Henri  I«r, 
roi  d^  Angleterre,  exhaussa  les  murs  du  château  de  Caen, 
que  son  père  avait  fait  faire,  et  qu*il  y  ajouta  une  haute 
tour.  Cette  tour  est  ce  qu^on  appelle  le  donjon.  La  cein- 
ture de  murailles  qui  environne  ce  donjon,  et  les  quatre 
tours  dont  elle  est  flanquée,  paraissent  être  un  ouvrage 
des  Anglais,  qui  en  ont  fait  faire  de  semblables  en 
plusieurs  lieux  quHls  ont  occupés,  et  le  donjon  et  le 

(i)  Orig.  de  Caen,  p.  39  et  suiv. 


'  i69 

château  furent  réparés  sous'  Louis  XII,  et  encore  mieux 
sous  François  I"  ;  il  était  couvert  en  tuiles.  François  de 
Silly,  gouverneur  et  bailli  de  Caen,  le  fit  réduire  en 
plate-forme,  et  fit  dresser  les  embrasures  qui  y  sont 
maintenant  pour  le  service  de  Tartillerie.  Ce  fut  lui  qui 
fit  faire  les  boulevards  devant  les  portes,  et  principalement 
l'ouvrage  qu'on  appelle  la  lunette^  qui  est  devant  la 
porte,  et  où  Ton  voit  les  salamandres  que  François  !«' 
avait  prises  pour  sa  devise,  les  fausses  brayes  au  bas  des 
fossés  à  l'entrée  du  château,  la  muraille  qui  regarde  la 
rue  de  Geôle,  et  les  remparts,  tant  des  autres  murailles 
que  de  la  Roquette.  Sous  Henri  III,  le  seigneur  d^O, 
gouverneur  de  Caen  et  lieutenant  du  Roi  en  Basse-Nor- 
mandie, y  fit  faire  de  grandes  fortifications. 

Le  gouverneur  du  château,  qui  Pétait  aussi  de  Caen, 
recevait  annuellement  de  la  ville  3oo  livres  pour  ses 
gages.  Il  ne  prenait  autrefois  que  le  titre  de  capitaine  et 
de  châtelain.  Vers  Tannée  1433,  lorsque  le  duc  de 
Bedford,  régent  du  royaume,  était  capitaine  de  Caen,  et 
Jean  FalstofF,  son  lieutenant,  le  duc  se  qualifiait  gou- 
verneur des  chastel  et  ville  de  Caen.  Et  le  château,  outre 
'  un  lieutenant,  avait  encore  un  connétable,  suivant  Pusage 
d'Angleterre. 

La  Place  Royale  est  grande,  régulière,  bien  pavée  et 
décorée  de  maisons  de  trois  côtés.  De  Tautre  côté,  Téglise 
des  P.  P.  de  la  Mission,  avec  le  beau  ^minaire  quMls 
gouvernent,  la  ferme  au  midî,  et  laisse  voir  le  beau 
portail  des  jésuites.  Au  milieu  de  cette  place,  il  y  a  une 
statue  en  pied  du  roi  Louis  XIV,  vêtu  à  la  romaine,  haute 
de  8  pieds,  élevée  sur  un  piédestal  de  12  pieds,  avec  des 
inscriptions  sur  des  tables  de  marbre  que  nous  allons 
rapporter  ci-après.  C'est  Touvrage  de  Postel,  sculpteur  de 


170 

Caen.  Quatre  petites  figures  y  tenaient  autrdbis  sur  la 
corniche  les  armes  et  la  devise  da  Roi,  mêlées  de  diffé- 
rents trophées  ;  mais  elles  ont  été  abattues  par  le  laps  du 
temps.  Cette  grande  place  a  été  ornée  depuis  quelques 
années  d'une  ceinture  de  tilleuls^  et  d^une  balustrade  de 
carreau  avec  des  parterres  sablés. 

La  ville  de  Caen  fit  ériger  ce  monument  Tan  i685,  le 
5  de  septembre,  jour  de  la  naissance  du  roi.  Jean  Regnaud 
de  Segrais,  étant  pour  lors  premier  échevin,  M.  de  Mo- 
rangis,  intendant  de  la  généralité,  en  avait  conçu  le  dessin 
le  premier,  et  le  fit  agréer  à  S.  M.  La  fête  fut  célébrée 
avec  toute  la  magnificence  possible.  M.  de  Nesmond, 
chancelier  de  TUniversité,  officia  pontificalement  à  la 
messe  du  Saint-Esprit,  qui  fut  chantée  dans  Téglise  des 
Cordeliers,  ornée  superbement,  et  où  toutes  sortes  de 
personnes  se  rendirent  en  foule.  Au  milieu  de  la  messe, 
M.  Malouin,  doaeur,  prononça  le  panégyrique,  en  latin, 
du  Roi.  M.  rintendant  traita  la  Maison  de  ville  et  la 
Noblesse  qui  avait  assisté  à  la  fête.  L^après-midi,  on  se 
rendit  aux  Jacobins,  où  le  P.  Fijacq,  prieur,  fit  un  éloge 
français  du  Roi,  après  le  chant  d^un  motet;  à  la  fin  du 
Te  Deum  on  alluma,  sur  la  place  Royale,  un  feu  de  joie, 
qui  fut  accompagné  de  plusieurs  salves  de  r^artillerie  du 
château.  Cette  fête  fut  terminée  par  un  feu  d^artifice,  et 
des  illuminations  par  toute  la  ville. 

Sur  la  première  face  du  piédestal  on  lit  ce  madrigal  qui 
est  de  M.  de  Segrais  : 

A  cette  auguste  majesté, 
A  cette  héroïque  fierté 
Reconnaisses,  races  futures, 
Louis  Roy  juste  et  conquérant. 
L'histoire  vous  dira  par  quelles  avantures, 
U  mérita  le  pom  de  Grand. 


171 

Sur  la  seconde»  à  la  droite  : 

Magnus  Caeune  Lodo!x  jure  inférât  urbi 
Fortuna,  factis»  pectore  César  adest. 

Sur  là  tnnsième  : 

Civis  opus,  patruis  que  lapis  stat  regia  magni 
Principis  effigies  :  publica  cura  fuit. 
Sic  memori  saxo,  Lodoix,  tua  credimus  ora 
Duret  ut  aeternum  conditus  urbis  amor. 

Sur  la  quatrième  &ce  est  cette  inscription  à  l'antique, 
faite  par  M.  du  Tot-Ferrare,  conseiller  au  Parlement  de 
Rouen  : 

Ludovîto 
Triumphatis  hostibus,  aucto  imperio, 
Pacato  orbe,  vectigalibus  remisais, 
Pio,  felid,  semper  augusto. 
Régis  maximi 
Deyota  meritia,  secura  victoriis 

Eterns  fîdei  monumentum 
Uno  corde,  muItîpHci  nomine 
Civitas  CadoRiensit 
Pos.  i6S5. 

L'Université,  une  des  plus  célèbres  du  royaume,  est 
composée  de  3  facultés  qui  sont  :  la  Théologie,  le  Droit 
Canon,  le  Droit  Civil,  la  Médecine  et  les  Arts.  Le  duc  de 
Bedford,  régent  en  France  pendant  la  minorité  d^Henri  VI^ 
roi  d^Angletèrre,  Térigea  par  lettres  de  143 1.  Il  fit  choix 
de  la  ville  de  Caen  comme  d^un  lieu  surabondant,  tran- 
quille, orné  de  monastères  et  de  religions,  et  peu  distant 
de  ta  mer.  Il  n'y  établit  d'abord  que  les  facultés  de  Droit 
Canon  et  Civil  ;  mais  Henri,  devenu  majeur,  Taugmenta 
des  facultés  de  Théologie  et  des  Arts,  par  lettres  données 
à  Rouen  le  i3  février  1436  et  renouvelées  au  manoir  de 


172 

Kingston  près  Londres,  le  19  mars  1437,01  par  ce  renou- 
vellement, il  y  ajouta  la  faculté  de  Médecine. 

Après  le  recouvrement  de  la  Normandie,  le  roi 
Charles  VII  créa  de  nouveau  la  même  Université  par  ses 
lettres  données  à  Ecouché,  le  3o  juillet  1450,  et  con- 
firmées à  Pommereuil-en-Forêt,  le  3o  octobre  1452.  Il 
confirma  aussi  le  bailli  de  Caen  dans  la  charge  de  con- 
servateur des  privilèges  royaux  de  TUniversîté  en  res- 
treignant toutefois  les  droits  accordés  par  les  Anglais. 
Après  cela,  les  trois  états  de  la  province  se  pourvurent 
auprès  du  Pape  Eugène  IV,  et  en  obtinrent  des  bulles 
datées  du  3o  mai  1467  et  du  19  mai  1459,  par  lesquelles 
ce  Pontife,  sans  égard  à  Tautorité  séculière,  créa  de 
nouveau  TUniversité  avec  les  cinq  facultés^  lui  accorda 
quantité  de  privilèges,  et  institua  les  évéques  de  Cou- 
tances  et  d^Avranches  protecteurs  et  conservateurs,  et 
Tévéque  de  Bayeux  chancelier  perpétuel. 

Cependant  cette  Université,  établie  par  les  vœux  de  la 
province,  et  le  concours  de  tant  de  puissances,  n*a  point 
eu  de  demeure  propriétaire  avant  le  don  que  lui  fit 
Marie  de  Clèves,  duchesse  d^Orléans,  mère  du  roi 
Louis  XII,  des  maisons  quMle  avait  à  Caen,oti  se  tiennent 
à  présent  les  Grandes-Écoles,  et  où  se  font  les  lectures  et 
actes  publics.  Ce  don  est  du  mois  de  mars  1476.  Les 
Grandes- Écoles  sont  très  belles  ;  on  en  est  redevable  aux 
frais  et  aux  soins  de  M.  Michel  de  Saint-Martin,  docteur 
en  théologie. 

,On  y  a  établi  depuis  quelques  années  une  bibliothèque. 
Dès  1722,  M.  Crevel,  alors  recteur,  avait  proposé  d'en 
former  une;  mais  l'Université,  eu  égard  à  ses  charges, 
avait  des  revenus  trop  modiques  pour  fournir  à  l'entretien 
d^un  bibliothécaire,  sans  lequel  les  livres  ne  pouvaient 
être  conservés,  ni  la  bibliothèque  rendue  publique.  Le 


173 

collège  du  Qoûtier  n^avaît  plus  d^exercice  ;  on  sollicita  la 
réunion  de  ses  revenus  qui  sont  d^environ  3oo  livres. 
Cétait  sous  le  reaorat  de  M.  de  Than,  professeur  de 
philosophie  au  collée  du  Bois.  Le  Roi^  après  les  infor- 
mations nécessaires,  accorda  la  demande  de  TUniversité, 
et  lui  réunit,  en  faveur  de  sa  bibliothèque,  les  revenus  du 
collège  du  Cloûtîer,  par  lettres  patentés  du  mois  d^avril 
1731,  registrées  au  Parlement  de  Rouen  le  10  mai  sui- 
vant. 

Cette  bibliothèque  naissante  a  encore  été  enrichie  de 
celle  du  célèbre  Boschard,  donnée  par  M.  de  CoUeville  ; 
de  2,000  livres  par  Antoine  le  Cavelier,  imprimeur  ;  et 
encQre  de  sommes  considérables  dont  feu  M.  le  cardinal 
de  Fleury  lui  a  fait  présent.  L^ouverture  s^en  fit  le  mardi 
12  juin  1731.  Le  bibliothécaire  a  200  livres  de  gages;  il 
est  obligé  de  la  tenir  ouverte  les  mardi  et  vendredi  de 
chaque .  semaine  pour  le  public,  et  le  jeudi  pour  les 
membres  de  P Université  en  particulier.  Elle  n^ouvre 
point  depuis  la  Saint-Jean  jusqu^au  mois  d^octobre. 

Avant  Pérection  de  PUniversité  il  y  avait  déjà  des 
collèges  à  Caen  pour  Pinstruction  de  la  jeunesse  ;  mais 
ceux  qui  furent  fondés  depuis  effacèrent  et  détruisirent 
ceux-là.  Entre  ceux  qui  subsistent  aujourd'hui,  on 
compte  :  les  Grandes- Écoles,  oCi  Pon  enseigne  la  théologie, 
le  droit  et  la  médecine  ;  le  collège  du  Mont,  ci-devant 
occupé  par  les  P.  P.  Jésuites,  où  ils  enseignent  la  philo- 
sophie, les  mathémathiques  et  les  humanités;  le  collège 
des  Arts  et  le  collège  du  Bois  pour  la  philosophie  et  les 
humanités.  Je  ne  parle  pas  des  maisons  des  Carmes,  des 
Jacobins,  des  Croisiers  et  des  Cordeliers  qui,  étant  agrégés 
à  PUniversité,  ont  des  collèges  pour  leurs  religieux. 

V Académie  des  belles-lettres  fut  établie  en  1 652  et  fut 


174 

fameuse,  dès  sa  aaissanœ,  par  le  grand  nombre  de  savants 
dont  ell^ était  composée  ;  mais  comme  elle  avait  besoin  de 
rautorité  du  Roi  pour  être  solidement  établie,  son  insti- 
tution fut  confirmée  par  lettres  patentes  que  M.  Foucauk, 
conseiller  d'État  tt  intendant  de  Basse-Normandie, 
obtint  de  S.  M.  en  1705.  Ces  lettres  portent  que  le  Roi 
approuve  lés  conférences  de  cette  Académie  pour  exciter 
de  pins  en  plus  dans  la  irilJe  de  Gaen  cet  amour  des 
sciences  qui  Ta  rendue  si  célèbre. 

Les  conférences  se  tenaient  tous  les  lundis  chez  M.  le 
pfésident  de  Croisilles,  qui  en  était  direaeur  ;  depuis, 
dans  une  salle  de  rÉvdché,  où  M.  de  Lujnes,  évéque  de 
Bayeux,  depuis  cardinal  archevêque  de  Sens,  son  pro- 
tecteur, les  reçut.  Enfin,  MM.  les  académiciens  s^as- 
semblent  aujourd'hui  tous  les  jeudis  de  chaque  semaine 
depuis  la  Saint-Martin  jusqu^à  la  fin  du  mois  de  juillet, 
dans  la  salle  de  THôtel-de- Ville.  Leurs  séances  sont 
publiques  les  premiers  jeudis  de  chaque  mois.  Cette 
Académie  est  composée  de  3o  personnes  tirées  de  tous  les 
ordres  de  k  ville,  et  de  6  surnuméraires  choisis  dans  les 
communaulés  ecclésiastiques  <et  régulières. 

La  XSénir alité  de  Caen  est  la  seconde  des  trois  qui  sont 
tm  Normandie  ;  les  deux  autres  sont  :  Rouen  et  Alençon. 
Neuf  élections  en  dépendent  :  Caen,  Bayeux,  Vire, 
Avranches,  Mortain,  Coutances,  Saint-Lô,  Carentan  et 
Valognes.  Elle  comprend  dans  son  district  presque  toute 
la  Basse-Normandie,  c'e^-à-dire  les  diocèses  de  Bayeux, 
Coutances  et  Avranches.  Ses  bornes  au  nord  et  à.  Toccident 
sont  :  la  mer  océane  ou  la  Manche,  à  Forient  la  rivière  de 
Dive  et  Ul  généralité  d^Alençon,  et  mu  midi  une  partie  de 
la  même  généralité  et  le  Maine.  Il  y  a  aussi  une  petite 
portion  de  la  Bretagne,  ven  Tocckkat,  qui  doit  entrer 


175 

dans  ses  bornes.  Sa  longueur,  depuis  Dive  jusqu^au 
Mbnt  Saint-Michel  est  d'environ  40  lieues,  et  sa  largeur 
de  1 5  lieues^  non  compris  le  cap  de  G>tentin. 

Suivant  le  Code-Michaut,  publié  en  1629,  le  chancelier 
fut  chargé  d^envoyer  par  chacun  an,  dans  les  provinces, 
des  maîtres  des  requêtes  pour  y  faire  à  peu  près  les 
fonctions  dont  autrefois  étaient  chargés  les  commissaires 
de  nos  Rois  appelés  missi  dominiçi;  en  sorte  que  les 
maîtres  des  requêtes  semblent,  par  cet  édit,  être  les  seuls 
destinés  à  remplir  les  places  d'intendant.  Cestla  remarque 
du  savant  président  Gaynant. 

Etienne  d'Aligre,  maître  des  requêtes,  intendant  de 
Caen,  fit,  en  1634,  la  recherche  des  nobles  de  la  géné- 
ralité. Il  fut  fait  chancelier  de  France  Tannée  suivante. 

Charles  Le  Roy  de  la  Poterie,  maître  des  requihes, 
intendant  de  Caen,  fut  départi  commissaift  pour  Texé- 
cution  d'une  déclaration  du  Roi,  et  d^un  arrêt  du  Conseil 
des  derniers  jours  de  février  et  de  mars  1640,  conceriuint 
le  recouvrement  des  droits  des  francs-fiefs,  lettres  du  Roi, 
données  à  Paris  le  9  mai  1 642,  adressées  au  sieur  de  la 
Poterie,  conseiller  du  Conseil  d'État,  intendant  de  Caen, 
pour  procéder  contre  les  auteurs  de  plusieurs  aliénations 
et  usurpations  faites  des  biens  de  l'abbaye  de  Saint- 
Étienne  de  Caen,  en  faveur  de  son  abbé,  le  cardinal  de 
Lyon.  Il  exerçait  encore  en  1644. 

Guy  Chamillart,  conseiller  du  Roi  en  ses  conseils, 
commissaire  départi  pour  Inexécution  des  ordres  de  S.  M. 
dans  la  province  de  Normandie,  généralité  de  Caen,  en- 
semble pour  la  reformation  des  eaux  et  forêts  de  ladite 
généralité.  Il  fit  es  années  1666  et  1667  la  recherche  des 
usurpateurs  de  la  noblesse  du  bailliage  de  Caen,  dans 
laquelle  il  a  mis  des  notes  qui  ne  sont  pas  honorables  à 


176 

plusieurs  familles.  Il  acquit  par  décret  la  terre  de  Magny, 
proche  Bayeux,  laquelle  fut  vendue  depuis  à  M.  Foucault. 
II  demeurait  assez  souvent  à  Bayeux,  et  il  mourut  à 
Caen  au  mois  de  septembre  lô/S.  De  sa  femme  Catherine 
Compaing,  il  laissa  Michel  Chamillart,  chevalier  des 
ordres  du  Roi,  marquis  de  Cany,  seigneur  de  Courcelles, 
né  à  Bayeux  le  6  janvier  i652,  conseiller  au  Parlement 
en  1676,  intendant  à  Rouen  en  1689,  ministre  d^État  en 
1 700,  grand  trésorier  des  ordres  du  Roi  en  1 706,  retiré 
du  ministère  en  1708  avec  une  pension  de  60,000  livres 
du  Roi,  mort  à  Paris  le  14  avril  172 1.  Il  fut  père  de 
Michel,  II«  du  nom,  marquis  deCany,  qui,  de  sa  femme, 
Marie- Françoise  de  Rochechouart  de  Mortemart,  a  laissé 
des  enfants,  entre  autres  Louis,  prêtre,  docteur  de  Sor- 
bonne,  vicaire  général  du  diocèse  de  Bayeux. 

Philippe  Dreux,  chevalier,  seigneur  du  Plessis  et  de 
Vaugandry,  conseiller  du  Roi,  maître  des  requêtes,  inten- 
dant de  Caen,  suivant  une  ordonnance  de  lui  du  26  oc- 
tobre 1676. 

François  Basin,  chevalier,  seigneur  de  Bandeville, 
Saint-Cyr,  Morsan,  intendant  de  Caen,  suivant  une 
ordonnance  de  lui  du  12  décembre  1676,  et  selon  un 
arrêt  du  Conseil  de  168. . . 

Claude  Meliand,  chevalier,  conseiller  du  Roi,  maître 
des  requêtes,  intendant  de  Caen  en  1677,  ^^^  ^^°^  ^^ 
arrêt  du  Conseil  de  1680. 

Antoine  de  Barillon  de  Morangis,  seigneur  de  Mon- 
tigny,  maître  des  requêtes  ordinaires  de  Phôtel  du  Roi, 
intendant  à  Metz,  à  Alençon,  à  Caen  et  à  Orléans,  mourut 
le  18  mai  1686.  Il  avait  épousé  Catherine-Marie  de  Bou- 
cherat,  fille  d'Antoine,  chancelier  de  France,  décédée 
le  1 5  mfirs  1 733,  âgée  de  plus  de  80  ans. 


177 

Jacques-Armand  de  Gourgues,  marquis  de  Vayres, 
lieutenant-général  de  Bordeaux,  maître  des  requêtes  en 
1679,  intendant  de  Limoges  en  1684,  et  de  Caen  en  1686. 
Il  était  petit-fils  de  Marie-Antoine  de  Gourgues,  premier 
président  au  Parlement  de  Bordeaux^  et  de  Marie  Seguier, 
sœur  de  Pierre,  chancelier  de  France,  et  fils  de  Jean, 
marquis  de  Vayres,  président  à  mortier  à  Bordeaux.  De 
son  épouse  Marie-Elisabeth  Le  Qerc  de  Cottier,  fille 
unique  de  Louis,  marquis  d^Aunay,  décédée  le  1 1  mars 
1709.  Il  laissa  deux  fils  conseillers  au  Parlement. 

Nicolas-Joseph  Foucault,  fils  de  M.  Foucault,  secré-, 
taire  du  Conseil  d^Etat,  et  de  Marie  Métezeau,  fille  du 
célèbre  Métezeau,  intendant  des  bâtiments  du  Roi,  qui 
imagina  et  fit  exécuter  la  fameuse  digue  de  la  Rochelle, 
naquit  à  Paris  le  8  janvier  1643  ;  né  avec  un  esprit  vif  et 
brillant  que  Ton  cultiva  avec  soin,  il  parut  au  barreau 
avec  tant  dMclat  que,  par  son  éloquence,  il  mérita  d'être 
mis  en  parallèle  avec  les  plus  célèbres  avocats  de  ce  temps- 
là.  Un  mérite  si  éclatant  Péleva  successivement  aux 
charges  de  procureur  général  aux  requêtes  de  Thôtel, 
d^avocat  général  au  grand  Conseil,  de  maître  des  requêtes, 
et  enfin  de  chef  du  Cpnseil  de  S.  A.  R.  Madame.  Pendant 
qu^il  notait  encore  que  procureur  général  aux  requêtes  de 
Phôtel,  le  roi  lui  donna  la  commission  extraordinaire 
de  procureur  général  de  la  commission  établie  pour  la 
recherche  de  la  noblesse.  Etant  maître  des  requêtes,  il  eut 
celle  de  Pau  et  celle  de  Caen,  et  dans  toutes  les  trois  il 
laissa  dMclatantes  marques  de  son  zèle,  de  sa  prudence  et 
de  sa  fermeté.  Ce  fut  lui  qui,  en  1 704,  fit  la  découverte 
de  l'ancienne  ville  des  Viducassiens,  à  deux  lieues  de 
Caen,  et  qui  en  envoya  à  TAcadémie  une  relation  exacte 
et  savante,  avec  quantité  d'inscriptions,  et  le  dessin  d'un 


12 


17» 

gymnase  complet  (i).  Cet  homme  célèbre  fut  récompensé 
par  une  place  de  conseiller  d'Etat  qui  le  rappela  à  Paris. 
Il  se  fit  un  plaisir  de  son  assiduité  à  TAcadémie,  où  il 
avait  été  reçu  honoraire  dès  1 701,  lors  du  renouvellement 
de  cette  Compagnie.  Il  mourut  le  7  février  1721^  âgé  de 
plus  de  80  ans. 

Pierre  Amault  de  la  Briffe}  marquis  de  Ferrières, 
maître  des  requêtes,  fut  intendant  de  Caen  en  1706,  et 
passa  depuis  à  Pintendance  de  Dijon. 

Nicolas  Foucault,  fils  du  précédent,  maître  des  re- 
quêtes, marquis  de  Magny,  a  été  intendant  de  Caen  trois 
ou  quatre  ans.  Il  fut  révoqué,  ensuite  obligé  de  sortir  de 
France,  pour  avoir  entré  dans  le  complot  formé  contre 
M.  le  Régent.  Il  passa  en  Espagne,  où  il  est  devenu  chan- 
celier de  la  Toison  d^Or,  et  lieutenant  général  des  armées 
de  S.  M.  Il  vit  encore. 

Guinet,  maître  des  requêtes,  intendant  de  Caen. 

François  Richer,  chevalier,  seigneurd^Aube,  conseiller 
du  Roi  en  ses  conseils,  fut  reçu  conseiller  au  Parlement 
de  Rouen  en  17 10;  maître  des  requêtes  ordinaires  de 
rhôtel  du  Roi,  et  intendant  de  la  généralité  de  Caen  en 
1725,  d'où  il  passa  à  Soissons  en  1727.  Il  mourut  en 
1752.  M.  d'Aube  était  haut,  dur,  colère,  contredisant, 
pédant;  bonhomme  néanmoins,  officieux  même  et  géné- 
reux (2).  II  était  neveu  à  la  mode  de  Bretagne  du  célèbre 
M.  de  Fontenelle,  lequel  disait  de  lui  que  s'il  était  difficile 
à  commercer  il  était  facile  à  vivre.  Cet  intendant  est  auteur 
du  livre  intitulé  (3)  :  Essai  sur  les  principes  du  droit  et 
de  la  morale,  à  Paris,  1743,  in-40. 

(1)  Hist.  litt.  du  règne  de  Louis  XIV,  t.  I,  p.  3918. 

(2)  Journal  de  Verdun,  1727,  t.  I,  p.  228. 

(3)  Mémoires  de  Fran.,  mars  1768,  p.  36  et  40. 


179 

Félix  Aubery  de  Vastan,  fils  de  Jean  Aubery,  marquis 
de  Vastan,  conseiller  au  grand  Conseil,  et  de  Madeleine- 
Louise  de  Baiileul,  fut  intendant  de  Hainaut,  depuis  de 
Caen  en  1727,  et  ensuite  prévôt  des  marchands  de  Paris 
en  J738.  Il  épousa  :  1®  N.  Fontaine,  dont  une  fille 
unique;  2^  N.  Foucault,  morte  à  Caen  en  1782  (i). 

François 'Dominique  Barberie  de  Saint*  Contest, 
maître  des  requêtes,  fut  intendant  de  Caen  deux  ou  trois 
mois,  d^oQ  il  passa  à  l'intendance  du  duché  de  Bour- 
gogne (2).  Son  épouse,  Jeanne  Monique  des  Vieux, 
mourut  à  Paris  le  i«r  mars  1746,  âgée  de  28  ans.  Il  était 
fils  de  Dominique  Barberie  de  Saint-Contest,  conseiller 
d^Etat  ordinaire,  décédé  le  22  juin  1780,  âgé  de  62  ans  (3). 
Il  avait  été  ambassadeur  extraordinaire  et  plénipotentiaire 
du  Roi  au  Congrès  de  Bade  et  de  Cambrai.  Il  était  petit- 
fils  de  Michel  Barberie  de  Saint-Contest,  reçu  conseiller 
au  Parlement  de  Rouen  en  1657,  depuis  maître  des 
requêtes  (4).  Il  était  arrière-petit-fils  deTobie  Barberie, 
acquéreur  de  la  terre  de  Saint-Contest,  trésorier  des 
guerres,  et  annobli  en  i635. 

Louis  Arnaud  de  la  Briffe  de  Ferrières,  fils  du  pré- 
cédent, maître  des  requêtes,  intendant  de  la  généralité  de 
Caen,  mourut  à  Caen,  le  28  juillet  1762,  âgé  de  47  ans, 
et  fut  enterré  dans  le  chœur  de  Péglise  paroissiale  de  Saint- 
Jean.  Sa  mort,  dît  un  mémoire,  a  affligé  toute  la  géné- 
ralité. On  louait  ses  mœurs,  le  désintéressement,  Pimpar- 
tîalité  et  l'application  de  ce  magistrat. 

FranqoiS'Jean  Orceau,  chevalier,  baron  de  Fontette, 

(1)  Hist.  des  grands  offic.,  t.  I,  p.  809-810. 

(2)  Journal  de  Verdun,  1746,  p.  Sog. 

(3)  Mém.  de  Fran.,  juin  1730, 1. 1,  p.  ia56. 

(4)  Hist».  de  la  ville  de  Rùuen,  1. 11,  p.  212. 


i8o 

châtelain  de  Tilly,  seigneur  d'Essoyer,  Verpillières  et  do 
grand  et  petit  Noé,  conseiller  du  Roi  en  ses  conseils, 
maître  des  requêtes  ordinaires  de  son  hôtel,  Tice-protecteur 
de  FAcadémie  des  belles-lettres  de  Caen,  a  succédé  au 
précédent  dans  la  généralité  de  Caen.  Il  épousa  à  Paris, 
le  4  février  1763,  dame  de  Lignières,  veuve  de  M.  de 
Saint-Sauveur  de  la  Ménardière  de  Caen,  et  reçut  la 
bénédiction  nuptiale  de  M.  de  Rochechouart,  évéque  de 
Bayeox. 

Le  21  octobre  ijyS,  M.  Esmengart,  intendant  de 
Caen,  vint  à  Caen  pour  la  première  fois. 

Le  Bailliage  de  Caen  tient  le  cinquième  rang  parmi 
les  sept  qui  sont  en  Normandie.  Il  a  la  même  andquité 
que  les  autres  grands  bailliages  de  France.  Le  temps  de 
la  création  des  baillis  est  assez  incertain.  Quelques-uns 
la  rapportent  à  Hugues  Capet,  vers  la  fin  du  x*  siècle, 
mais  il  est  certain  qu'ils  ne  sont  pas  plus  anciens  en 
Normandie  que  du  temps  de  Philippe-Auguste,  qui 
réunit  ce  duché  à  la  couronne  en  1204.  L^histoire  fondée 
sur  les  anciens  titres  a  conservé  les  noms  des  baillis  de 
Caen  depuis  le  commencement  du  xiii*  siècle.  Ces  chefs 
étaient  originairement  des  officiers  militaires,  conduisant 
les  nobles  à  la  guerre.  Ils  terminaient  leurs  différends 
par  exclusion  des  roturiers,  et  jugeaient  leurs  procès.  Ils 
étaient  aux  gages  des  villes  de  leurs  sièges.  La  cha^  de 
bailli  de  Caen,  comme  celle  des  autres  villes,  est  tellement 
réduite  aujourd'hui  qu'on  ne  lui  a  laissé  d'autres  fonc- 
tions que  celle  de  commander  Parrière-ban,  et  de  laisser 
intituler  les  actes  publics  de  son  nom.  Le  bailliage  de 
Caen  est  composé  d'un  bailli  d'épée,  qui  est  toujours  gou- 
verneur de  la  ville  et  citadelle^  d'un  lieutenant-général, et 
des  autres  officiers  du  présidial.  La  juridiction  du  bail- 


i8i 

liage  s^étend  sur  quatre  anciennes  vicomtes  :  de  Caen,  de 
Bayeux,  de  Falaise  et  de  Vire,  dont  quelques-unes  ont 
été  démembrées. 

La  Vicomte  de  Caen  est  plus  ancienne  que  le  bailliage. 
Les  vicomtes  succédèrent  aux  comtes  dans  la  connaissance 
des  affaires  tant  civiles  que  criminelles.  Par  l'établissement 
des  baillis,  les  vicomtes  ne  connurent  plus  que  des  procès 
des  roturiers.  La  charge  de  vicomte  de  Caen,  ainsi  que 
celle  des  vicomtes  d'Evrécy  et  de  Saint-Silvin,  furent 
réunies,  par  lettres  patentes  du  Roi  de  Tannée  1741,  au 
bailliage  de  cette  ville. 

Le  Présidial  de  Caen  fut  établi  au  mois  de  septembre 
1 552,  un  an  après  que  les  présidiaux  eurent  été  érigés  en 
France  par  Henri  IL  On  lui  attribua  3  lieutenants  : 
général,  criminel  et  particulier;  des  gens  du  Roi,  au 
nombre  de  2;  10  conseillers.  Le  nombre  en  fut  depuis 
augmenté  par  divers  édits  ;  les  charges  de  Président 
vinrent  ensuite.  Ils  furent  incontinent  supprimés,  et  ont 
été  depuis  rétablis.  Le  présidial  de  G>tentin,  séant  à 
Saint-Lô,  fut  réuni  au  présidial  de  Caen,  par  un  édit 
donné  à  Caen  au  mois  d*août  1 563.  Il  a  été  depuis  uni  à 
Coutances  en  i58o.  Cette  Cour  juge  en  dernier  ressort 
jusqu^à  la  concurrence  de  25o  livres.  Le  Roi  a  accordé 
aux  juges  en  chef,  conseillers  et  gens  du  Roi,  Phonneur 
de  porter  la  robe  rouge. 

Le  Bureau  des  Trésoriers  de  France  a  succédé,  à 
Caen  comme  dans  les  autres  provinces  du  royaume,  à  la 
juridiction  du  Trésorier  et  du  général  des  finances.  Avant 
le  règne  de  François  I"  il  n*y  avait  que  4  trésoriers,  et 
autant  de  généraux,  pour  toutes  les  finances,  mais  ce  prince 


l82 

les  mit  au  nombre  de  34  :  2  en  chacun  des  17  bureaux 
qu^il  établit.  Celui  de  Caen  est  aujourd'hui  composé  d'un 
président  et  de  19  trésoriers,  avec  un  procureur  du  Roi 
et  ses  substituts.  Le  bureau  d'AIençon  est  un  démembre- 
ment de  celui  de  Caen. 

L'Election  de  Caen  est  une  des  g  qui  composent  la 
généralité  dudit  lieu.  Ces  juridictions  furent  créées  en 
1 597  par  Henri  IV.  Il  ne  paraît  point  qu'il  y  eut  de  pré- 
sident en  titre  d'office  en  cette  juridiction  avant  l'année 
1597.  Le  premier  fut  Jean  Le  Paulmier,  sieur  de  Saint- 
Louêt.  Son  district  a  la  même  étendue  qu'avait  la  vicomte 
avant  son  extinction.  Il  est  borné  à  l'est  par  la  rivière  de 
Dive,  à  l'ouest  par  celle  de  Seulles. 

Son  climat  est  assez  tempéré,  malgré  le  voisinage  de  la 
mer,  qui  amène  des  brouillards,  des  vents  et  des  pluies. 
Le  terrain  en  est  plat^  propre  aux  labourages,  et  rapporte 
de  très  bon  blé  et  autres  grains.  FI  y  a  quelques  cantons 
d'herbages  et  de  prairies,  et  partout  beaucoup  de  plants 
en  pommiers  et  poiriers,  d'ailleurs  très  peu  de  bois.  Il 
comprend  la  seule  ville  de  Caen  et  sept  gros  bourgs,  oti  il 
y  a  foire  et  marché  :  Troarn,  Argences,  Aunay,  Evrecy, 
Villers,  Cheux  et  CreuUy. 

Le  Consulat  commença  à  être  exercé  à  Caen  le  mer- 
credi 17  février  171 2.  C'est  une  juridiction  établie  pour 
terminer  les  différends  qui  s'élèvent  entre  les  marchands 
par  rapport  au  commerce.  Le  commerce  de  Caen  consiste 
principalement  aux  beaux  draps  que  Ton  y  fabrique,  aux 
serges,  aux  toiles  et  aux  cuirs  que  l'on  y  transporte  en 
divers  pays. 

Les  foires  que  l'on  y  tient  contribuent  beaucoup  à  ce 
grand  et  utile  n^oce.  Il  y  en  a  six  :  celle  des  Innocents 


'  i83 

devant  Tabbaye  de  Saint-Etienne,  celle  de  Saint-Simon  et 
Saint-Jude  à  la  Maladrerie,  celle  de  Saint-Michel  au 
Bourg-l'Abbé,  celle  de  la  Trinité  devant  PAbbaye-aux* 
Dames,  celle  du  premier  lundi  de  Carême,  et  celle  de 
Quasimodo;  cette  dernière,  qu^on  appelle  communément 
la  Foire  Franche,  est  la  plus  renommée  de  toutes,  et  dure 
i5  jours.  Henri  IV  l'érigea  pour  gratifier  les  habitants,  et 
laisser  à  la  postérité  un  monument  perpétuel  de  leur 
obéissance,  de  leurs  services  et  de  leur  fidélité.  Les  lettres 
qui  en  furent  expédiées  portent  date  du  mois  de  mai 
i594,  et  contiennent  :  lo  la  concession  en  faveur  des 
habitants;  20  la  franchise  qui  est  accordée  à  toutes  per- 
sonnes sans  distinction,  tant  régnicoles  qu*étrangers  ; 
30  une  exception  pour  les  deniers  d^octroi,  que  S.  M. 
entend  être  levés  et  perçus  en  entier  et  sans  diminution 
sur  les  marchandises  qui  seront  descendues  en  la  ville  de 
Caen;  40  enfin,  la  juridiaion  de  cette  foire,  qui  est  attri- 
buée au  bailli,  maire,  ses  lieutenants  et  échevins.  Cette 
foire  fut  tenue  d^abord  au  mois  de  juillet;  mais,  pour 
diverses  raisons,  elle  fut  mise  à  la  semaine  d'après  Quasi- 
modo en  1599,  et  enfin  reculée  encore  de  8  jours,  et  fixée 
au  lundi  d'après  la  huitaine  de  Quasimodo.  Elle  dure 
8  jours  entiers,  et,  en  outre,  les  marchands  forains  ont 
3  jours  avant  Touverture'pour  faire  entrer  leurs  marchan- 
dise^, et  3  après  pour  les  faire  sortir.  > 

Il  y  a  à  Caen,  pour  les  affaires  de  la  ville,  une  juri- 
diction composée  d^un  maire,  de  6  échevins  gouverneurs 
jurés  dont  les  2  premiers  sont  gentilshommes,  d^un  pro- 
cureur-syndic, d'un  greffier  et  d'un  sergent.  A  cette 
juridiction  préside  le  maire  ou  son  lieutenant,  et  à  son 
absence,  Tancien  des  échevins.  Le  maire  ou  son  lieu- 
tenant, les  6  gouverneurs  échevins  et  le  syndic  ont  seuls 


184 

le  droit,  à  rexclusion  des  gens  du  Roi  du  bailliage,  de 
recevoir  les  comptes  des  administrateurs  de  THôtei-Dieu, 
de  gouverner  le  patrimoine  de  la  ville,  de  nommer  aux 
offices  dépendant  de  la  ville,  etaux  places  vacantes  parmi 
les  religieuses  de  FHôtel-Dieu.  La  juridiction  de  Toctroi 
leur  est  pareillement  attribuée,  à  l'exclusion  des  gens  du 
Roi.  Les  officiers  de  ville  sont  nommés  de  trois  ans  en 
trois  ans  par  les  bourgeois.  Nos  rois  ont  quelquefois 
dérogé  à  ce  privilège. 

Les  habitants  de  Caen  vantent  avec  raison  leur  fidélité 
envers  nos  rois.  Charles  VII,  après  avoir  repris  cette  ville 
sur  les  Anglais  en  1450,  et  par  reconnaissance  du  zèle 
qu^elle  avait  témoigné  pour  son  service,  changea  ses 
armes  qui  étaient  :  de  gueules  au  château  don jonné  d^or,  et 
lui  fit  prendre  :  coupé  d^azur  et  de  gueules,  aux  trois  fleurs 
de  lis  d*or,  deux  en  chef  et  une  en  pointe.  Ils  obtinrent, 
en  1484,  de  Charles  VIII  son  abonnement  pour  la  levée 
de  la  taille  par  tarif,  et  ce,  par  le  crédit  d* Alain  Goion, 
grand  écuyer  de  France  et  bailli  de  CaeA,  privilège  qui 
s^accordait  rarement  dans  ce  siècle. 

Mais  ce  qui  relève  davantage  la  réputation  de  Caen, 
c^est  le  caractère  d'esprit  et  de  politesse  qui  règne  parmi 
ses  habitants.  On  a  remarqué  qulls  sont  naturellement 
industrieux  et  studieux.  Il  en  est  sorti  en  effet  dans  ces 
siècles  passés  plusieurs  personnages  célèbres  parleur  éru- 
dition et  leurs  ouvrages  qui  ont  fait  honneur  à  la  France, 
et  aujourd'hui  on  en  pourrait  encore  trouver  qui  ne 
dégénèrent  point  des  premiers. 

L'Abbaye  de  Saint-Etienne  de  Caen  est  située  dans 
le  faubourg  qui,  à  cause  d'elle,  est  appelé  le  Faubourg- 
PAbbé  (i).  Le  duc  Guillaume,  surnommé  depuis  :  le 

(1)  Il  7  a  plusieurs  offices  à  titre  dans  cette  abbaye. 


i8s 

Conquérant,  avait  épousé  Mathilde  de  Flandres  sans 
dispense,  quoique  sa  cousine  dans  un  degré  prohibé. 
Le  pape  Nicolas  II,  auquel  ils  eurent  recours,  réhabilita 
leur  mariage  aux  conditions  qu^ils  fonderaient  deux 
abbayes.  Ce  prince  et  son  épouse  choisirent  Caen,  et  y 
bâtirent  chacun  une  abbaye  de  Tordre  de  saint  Benoit, 
et  pour  les  deux  sexes.  Celle  de  Saint-Étienne  fut  achevée 
de  bâtir  en  1064,  dédiée  en  1077,  ou  même  1080,  et 
dotée  en  1082. 

L'église  a  Pair  d'aune  cathédrale,  ayant  17  piliers  de 
chaque  côté,  à  doubles  voûtes;  et  16  chapelles  autour  du 
chœur.  Le  portail  est  tout  uni,  mais  il  est  orné  de  2  grosses 
tours  qui  portent  chacune  une  pyramide  de  pierre  fort 
haute.  Il  y  avait  une  autre  pyramide  au  milieu  dé  la 
croisée,  laquelle  fiit  détruite  avec  les  bâtiments  claustraux 
par  les  Protestants,  qui  nMpargnèrent  que  le  palais  du 
Duc.  Cette  église  a  été  décorée  depuis  plusieurs  années 
d^un  magnifique  orgue,  de  belles  balustrades  autour  du 
chœur,  d^ornements  et  d^argenterie  qui  méritent  d^étre 
vus. 

Le  fondateur  de  cette  abbaye  avait  pour  elle  une  sin- 
gulière affection.  Il  y  fit  bâtir  pour  lui  un  palais,  et  y 
demeurait  assez  souvent  (r).  Se  voyant  prêt  de  mourir, 
il  lui  fit  présent  de  la  couronne  qti^il  portait  à  la  messe 
dans  les  grandes  fêtes,  avec  son  sceptre  et  sa  verge  de 
justice;  d^un  calice  fait  d'une  pierre  précieuse,  de  ses 
chandeliers  d*or,  et  autres  ornements  (2).  Mais  le  roi 
Guillaume,  son  fils  et  son  successeur,  par  le  conseil  de 
ses  grands,  retira  les  ornements  de  la  royauté,  et  donna 
par  échange  à  cette  abbaye  plusieurs  terres  et  apaisons 

(0  Neust.  Pia,  p.  638-639. 
(%)  Hùt.  Harc,  1. 1,  p.  5a. 


lS6 

situées  en  Angleterre,  saivant  Tacte  fait  en  1088.  Il  y 
choisit  aussi  sa  sépulture,  et  avant  les  ravages  des  Calvi- 
nistes en  1 562,  on  y  voyait  son  tombeau  de  marbre  noir, 
et  décoré  de  plusieurs  vers  en  son  honneuf .  Non  contents 
de  briser  ce  tombeau,  ils  déterrèrent  encore  les  ossements 
de  ce  prince,  dans  Fespérance  d'y  trouver  des  richesses 
qu^ils  ny  trouvèrent  pas.  On  montre  encore  son  portrait 
au  naturel,  peint  sur  du  bois  dans  une  des  salles  de  la 
maison.  Ce  tombeau  fut  rétabli  en  1642  par  Dom  Jean 
Bailhache  et  Dom  Mathieu  de  la  Dangie,  religieux  de 
cette  maison.  Il  a  été  encore  6té  de  là  il  y  a  près  de  20  ans, 
pour  dégager  le  choeur  0(1  il  éuit  placé.  En  vertu  d^une 
permission  de  la  Cour,  le  seul  os  tibia  qui  restait  de  ce 
prince,  fut  levé  et  placé  dans  le  Sancta  Sanctorum,  sous 
une  grande  pierre  de  marbre  noir,  sur  laquelle  fut  gravée 
en  lettres  d'or  son  ancienne  épitaphe. 

On  y  conservait,  avant  les  ravages  des  Protestants,  des 
reliques  de  saint  Etienne  et  de  bien  d^autres  saints.  On 
ne  sera  peut-être  pas  fâché  de  lire  comment  ces  reliques 
étaient  venues  à  Caen.  Voici  comment  un  religieux  de 
cette  abbaye  rapporte  le  fait  :  Lorsque  le  duc  Guillaume 
bâtissait  cette  abbaye,  il  fit  faire  la  recherche  du  corps  de 
saint  Etienne,  sous  l'invocation  duquel  il  voulait  la  dédier. 
Il  envoya  à  cet  effet  dans  la  Palestine,  des  religieux  qui 
achetèrent  ces  reliques  à  grand  prix.  En  revenant  en 
France,  ils  rencontrèrent  des  troupes  d^ Arabes  qui  vou- 
laient  les  leur  ravir;  mais  les  religieux  s'étant  mis  en 
prière,  et  ayant  prononcé  le  verset  17  du  XV«  chapitre  de 
TExode,  les  Infidèles  demeurèrent  immobiles,  et  les  reli- 
gieux passèrent  librement.  A^rrivés  à  Caen,  ils  voulurent 
prouver  l'authenticité  de  la  relique  qu^ils  portaient  par 
répreuve  du  feu.  Ils  en  firent  donc  allumer  un  sur  le 
pont  de  Tabbaye,  ils  y  passèrent  au  milieu  des  flammes, 


i87 

revêtus  de  leurs  ornements  sacerdotaux^  sans  aucune  lé- 
sion, le  feu  ayant  paru  évidemment  sMcarter,  et  se  sépa- 
rer des  deux  côtés  du  pont  en  forme  de  hayes  pour  ne  les 
point  blesser.  On  institua  en  mémoire  une  fête  de  la 
translation  de  ces  reliques  au  huitième  d*octobre. 

Dans  les  calamités  publiques,  on  s'adressait  au  chapitre 
des  religieux  pour  obtenir  la  descente  de  \^  fierté,  qu'on 
portait  processionnellement  dans  la  ville.  Ces  reliques 
consistaient  en  une  partie  du  bras  de  saint  Etienne,  une 
ampoule  du  sang  qui  avait  coulé  de  son  crâne,  grand 
nombre  de  ses  cheveux,  une  des  pierres  dont  il  avait  été 
lapidé  ;  et,  ce  qui  est  fort  admirable,  disent  les  Chartres  de 
Fabbaye,  cVst  que  tout  cela  était  blanc:  capiti  albi... 
lapis  al  bus.,,  vas  album,,,  magnam  faciunt  admiratio- 
nem.  Elles  furent  dérobées  et  pillées  par  les  Protestan^. 
Mathieu  de  la^Dangie,  auteur  de  ce  récit^  remarque  qu'en 
cela  les  Calvinistes  firent  grand  tort  à  T Abbaye;  car,  au 
moyen  de  ces  reliques,  ajoute-t-il,  les  religieux  de  l'Ab- 
baye de  Caen  y  dotaient,  avec  grande  aisance,  plusieurs 
offices  claustraux,  augmentaient  le  revenu  de  leur  sacré 
patrimoine,  y  ajoutaient  nombre  indicible  de  rares  édifices 
et  augmentations,  tant  dans  Tenclos  et  pourpris  d'icelle 
abbaye,  qu'au  sujet  des  seigneuries  et  dépendances. 

Avant  les  ravages  des  Protestants^  on  voyait  dans  la 
chapelle  de  Notre-Dame,  derrière  le  chœur,  un  somp- 
tueux tombeau  de  marbre  noir  et  blanc,  enrichi  d^his- 
toires  et  figures  en  relief^  et  érigé  en  faveur  de  Charles  de 
Martigny,  évêque  de  Castres  et  abbé  de  Caen,  par  Pierre 
de  Martigny,  son  neveu,  évéque  de  Bayeux,  et  son  suc- 
cesseur dans  cette  abbaye.  Son  épitaphe  était  ainsi 
conçue  : 

In  obitum  Révère ndi  in  Christo  patris  Caroli  episcopi  Castrensis, 
abbatis  Cadomensis. 


i88 

Hoftpes,  siite  gradum,  et  morare  qucso;  tantisper  tibi  lecta  du  m 
tabella  paucoa  continet  absoluta  venus.  Pnesul  Carolus  hoc  lacet 
sepulchro,  is  qui  consilio  potens,  potens  que  cuits  viiibus  et  lepore 
lingus,  pnestans  ingenioque  singulari,  fido  pectore,  liberali  dextra, 
rane  dotibus  omnibuaque  meatis.  Dùm  vixit  tibi  gratiam  acamo- 
rem  trium  concilia  vit  usque  Regum.  Gratus  obsequtis,  fidelitate, 
renim  cognitione  publicarum,  mentis  dexteritate  providentis,  atque 
hoc  nomine  regii  perennem  Legati  subit  honorem,  onus  que  :  pro- 
fectus  varias  subinde  ad  oras  versatus  varias,  et  inter  urbes  gratus 
interea  omnibusque  carus.  (luis  eum  vivere  et  esse  contigisset  tum 
quos  non  tulit  impiger  labores  dum  servat  patriam  pius  salutem, 
quos  non  sustinuit  subîre  sutnptus  dùm  regale  decus  suumque 
servat  ;  hune  vîvum  attoniti  audiere  s«pe  summi  pontifices,  duces 
que  summi.  Hune  saepe  et  Veneti  patres  loquentem  mirati  obstu 
puere.  Eumdem  que  Hibemus,  Germanus  simul,  et  Britannus  una 
dicentem  tadti,  auribus  que  victis  exstupuere,  et  hoc  de  repente,  in 
vocem  et  verba  diserts  coUoquentis. 

Hanc  tandem  Venio  ingruente  ad  aedem  defectus  nimio  labore 
adivit,  vitae  reliquias  ubi  peregit  :  opes  interea  suas  benignus 
quantas  magne  habet  erogans  amicis,  pupillis,  viduisque,  cateris 
que  mulds,  id  genus  indigis  beats  si  qux  prsemia  sempitema  vitae 
mereri  queat  :  id  solum  agentem  curantemqne  animée  sus  salutem 
spretis  omnibus  hinc  et  indè  mundi  hujus  deliciis,  tamen  severa 
raptum  condidit  Atropos  sub  urna  hac.  Hoc  te  scire  volebam.  Abi, 
viâtor. 

Charles  de  Martigny  était  représenté  à  son  naturel  au 
tombeau.  Obiit  anno  Domini  millesimo  quinquentesimo 
duodecimoseptimoj dus  Juin.  Pater  noster.  Ave  Maria, 

Il  avait  été  évéque  d^Eaulne  (Eaulneou  Elne,  était  un 
évéché  situé  dans  le  Roussillon,  réuni  après  le  Concile 
de  Trente  à  rarchevêchédeTerragone),  et  en  cette  qualité, 
il  présida,  avec  M«  Christophe  de  Carmont,  à  l'Echiquier 
de  Normandie  tenu  à  Rouen  au  terme  de  Saint-Michel 
1484.  11  se  trouva  aussi  à  celui  de  1497.  Etant  venu*de- 

(i)  Hirt,  Harc,  t.  III,  p.  8. 


i89 

meurer  dans  son  abbaye  de  Caen,  il  y  fit  bâtir,  en  i  S07, 
le  corps  de  logis  et  'la  galerie  dorée  qui  donnait  sur  le 
jardin  et  la  prairie.  II  fit  fondre  une  grosse  clocheappelée 
le  Gros-Charles^  que  M.  de  Bras  assure  avoir  été  plus 
grosse  que  celle  de  Georges  d^Amboise  de  Rouen.  Elle 
fut  cassée  en  1 562  par  les  Protestants. 

Cet  évéque-abbé  eut  pour  successeur  de  ses  deux  di- 
gnités, Pierre  de  Martigny,  religieux  bénédictin^  son 
neveu,  lequel  devint  aussi  évéque'de  Bayeux,  et  en  prit 
possession,  par  procureur,  le  27  mai  i53(.  Il  nomma, 
pour  son  vicaire  général,  Charles  Cailleteau,  prêtre,  cha- 
noine de  Bayeux,  dont  les  lettres  furent  lues  et  vérifiées  à 
Tofficialité,  le  9  juin  suivant.  Ce  prélat,  étant  en  son 
abbaye,  expédia  le  1 1  août  de  la  même  année  deux  colla- 
tions pour  la  chapelle  de  Saint-Vigor-de-Justice  (ij,  et 
pour  la  cure  du  château  de  Bayeux.  Il  fut  pris  de  mal 
peu  de  jours  après,  et  en  mourut  lorsqu^il  se  disposait  à 
prendre  possesion  en  personne  de  son  évédié.  Anno  D"* 
iS3i,  die  li  mensis  7*^*%  horaferme  undecimdde  mane 
in  abbatia  5*  Stephani  de  Cadomo,  idem  /?•«»••«  m  -ï* 
pater  et  D.  D.  Petrus  de  Martigny  E^  B'^i^.  diem 
suum  clausit  extremum  ;  pro  patris  cujus  obitu  sedes 
EP^^vacavitj  et  auctoritate  dominorum  de  Capitula 
ecclesiœ  Bajocensis  Juerunt  instituti  officiarii  ad  exer^- 
citium  vicariatus  et  secretariatus  in  Capitula  die  14, 
prœdicti  mensis  horafere  nona  de  mane. 

Son  corps  fut  inhumé  dans  son  abbaye,  son  cœur  fut 
apponé  à  Bayeux,  et  enterré  dans  la  chapelle  Notre- 
Dame-defrière-le-Chœur.  En  ouvrant  une  fosse  dans  cette 
chapelle  pour  M.  le  duc  de  Monemart,  le  17  janvier 
1757,  on  retrouva  ce  cœur  enfermé  dans  une  boîte  de 

(I)  Rogist.  de  VéTêché,  i53i. 


190 

plomb,  laquelle  ne  portait  ai  armes  ni  inscription.  On  la 
remit  au  pied  du  cercueil  de  ce  duc.  Cest  ce  prélat  qui 
avait  £siit  ouvrir  la  sépulture  de  Guillaume  le  G>nquéraat 
dans  son  abbaye. 

L^abbaye  de  Saint-Etienne  est  exempte  de  la  juridic- 
tion épiscopale,  et  en  a  une  particulière  sur  12  paroisses 
qui  lui  appartiennent.  Ses  religieux  venaient  ancienne- 
ment tous  les  ans  en  procession  en  Péglise  cathédrale  de 
Bayeux  pendant  les  fêtes  de  la  Pentecôte  (i  ).  Cétait  une 
espèce  de  vassalité  que  les  communautés  devaient  à 
réglise  matrice.  Ils  embrassèrent  la  réforme  de  Saint- 
Maur  en  i663.  Les  bâtiments  qu^ils  y  ont  fait  élever 
sont  magnifiques.  ' 

L^abbé  de  Caen  avait  séance  à  TEchiquier  de  Nor- 
mitndie,  et  avant  que  Tabbaye  eut  été  mise  en  commende, 
il  avait  droit  d*of&cier  pontificalement  dans  son  église, 
par  la  concession  que  le  S.  P.  en  avait  fait  à  l'abbé  Robert 
de  Chan>bray. 

Il  est  sorti  de  cette  communauté  plusieurs  religieux 
distingués  par  leur  mérite,  et  élevés  aux  premières  di- 
gnités de  TEglise. 

Ses  armes  sont  de  gueules  à  deux  léopards  d'or. 

L*abbaye  présente  à  un  grand  nombre  de  bénéfices, 
tant  cures  que  chapelles.  Les  chapelles  à  titre  de  cette 
abbaye  sont  :  Notre-Dame  de  Halbout,  qui  a  4  titulaires 
à  la  pleine  collation  de  Tabbé  ;  Saint-Martin  de  Cheux, 
qui  en  a  pareillement  4  à  la  collation  du  même,  et  les 
chapelles  de  Castres,  ainsi  appelées  pour  avoir  été  fondées 
par  Charles  de  Martigny,  évéque  de  Castres,  dont  j'ai 
parlé  ci-devant  ;  lesquelles  sont  au  nombre  de  8,  à  la  pré- 
sentation  du  prieur,  et  possédées  par  les  religieux. 

(i)  Manuscrit  de  Pottier. 


191 

Vabbaye  de  Sainte-Trinité,  -  dite  communément 
TA bbaye-aux-Dames,  est  située  dans  le  faubourg  Saint- 
Gilles,  au  nord  de  Caen.  Elle  fût  bâtie  et  dotée  la  même 
année  que  celle  de  Saint-Etienne,  par  Mathilde,  femme 
du  duc  Guillaume,  et  pour  la  même  intention.  Son 
église  est  grande  et  bien  décorée.  On  y  voit  le  tombeau 
delà  fondatrice,  morte  en  io83.  Il  avait  été  démoli  en 
1 562  par  les  Protestants.  M™*^  de  Froullay,  la  première 
abbessede  ce  nom,  le  fit  rebâtir,  ainsi  qu^une  magnifique 
maison  pour  y  loger  sa  communauté,  qui  est  nombreuse. 
L'église  avait  deux  pyramides  élevées  au-dessus  de  son 
ponail  comme  la  grande  abbaye.  Elles  furent  abattues  en 
i369  par  Charles,  roi  de  Navarre,  dans  la  pensée  qu'on 
pourrait  s'en  servir  pour  observer  la  marche  de  ses  troupes. 

L'abbesse  s'appelle  :  Madame  de  Caen,  non  pour  au- 
cune raison  paniculière,  mais  parce  que  c'est  un  usage 
fréquent  de  donner  aux  abbesses  le  nom  des  lieux  oti  elles 
sont  établies.  Il  est  à  remarquer  que  d'anciennes  Chartres 
nomment  Tabbesse  et  les  religieuses  de  ce  monastère  : 
rObitière,  et  les  obitières  de  Sainte-Trinité  de  Caen. 

Cette  abbaye  embrassa,  au  commencement  du  dernier 
siècle,  une  réforme  et  une  observance  plus  étroite.  Elle 
manquait  depuis  longtemps  de  constitutions  en  bonne 
forme,  et  ne  suivait  que  d'anciennes  pratiques  mal  digé- 
rées. M°*«  de  Budos  qui  en  était  abbesse,  engagea 
l'évêque  d'Agde,  son  frère,  à  rédiger  celles  qui. s'y  ob- 
servent à  présent;  elles  furent  approuvées  en  1626  par 
M.  d'Angennes,  et  en  1695  par  M.  de  Nesmond,  dans 
une  visite  qu'il  fit  en  cette  maison  au  mois  de  décembre. 

Laurence  de  Budos,  d'une  maison  illustre,  avait  été 
nommée  par  Henri  IV  en  1 598  à  cette  abbaye.  Le  P.  Jean 
Eudes,  prêtre  de  l'Oratoire,  depuis  instituteur  de  la  con- 
grégation des  Eudistes,  lui  dédia  le  livre  intitulé  :  La 


192 

* 

vie  et  le  Royaume  de  Jésus  dans  les  âmes  chrétiennes, 
lequel  parut  à  Caen,  en  1637,  en  i  vol.  in-12.  Elle 
mourut  en  i65o,  le  2  3  juin. 

L'abbesse  qui  lui  succéda  fut  Marie-Eléonore  de 
Rohan,  dont  le  mérite  fut  encore  plus  distingué  que  la 
naissance.  Cette  dame  illustre,  fille  de  Hercule,  duc  de 
Montbazon,  grand  veneur  de  France,  et  de  Marie  d^  Avau- 
gour  de  Bretagne,  reçut  la  bénédiction  le  1 1  décembre 
i65o.  Elle  passa  depuis  au  prieuré  de  Notre-Dame  de 
Consolation,  rue  Cherche-Midi,  à  Paris,  qu'elle  établit, 
et  auquel  elle  donna  des  constitutions  dressées  par  elle- 
même.  Ce  fut  le  10  oaobre  1664  que  Monseigneur  lui 
donna  permission,  et  à  3  religieuses  qui  raccompa- 
gnèrent, de  sortir  de  l'Abbaye  de  Caen.  On  a  d'elle  une 
paraphrase  sur  tous  les  ouvrages  de  Salomon,  qui  passe 
pour  un  des  meilleurs  commentaires  qui  aient  été  faits 
sur  cette  matière.  Elle  mourut  le  8  d'avril  1682,  en  sa 
53«  année.  Sœur  Françoise  de  Longaunay,  première 
prieure  de  Cherche-Midi,  lui  dressa  dans  son  monastère 
répitaphe  suivante  : 

Ici  repose  très  illustre  et  très  vertueuse  princesse  Marie*Eléonore 
de  Rohan. 

Premièrement  abbesse  de  Caen,  puis  de  Malnoûe,  seconde  fonda- 
trice de  ce  prieuré  qu*elle  redonna  à  Dieu,  et  où  elle  voulut  finir 
ses  jours,  plus  révérée  par  ses  grandes  qualités,  que  par  sa  haute 
naissance. 

Le  sang  des  Rois  trouva  en  elle  une  ftme  royale. 

En  sa  personne,  en  son  esprit,  en  toutes  ses  actions  éclata  tout 
ce  qui  peut  rendre  la  piété  et  la  vertu  plus  aimables.  Sa  profession 
fut  son  choix,  et  non  pas  celui  de  ses  parents.  Elle  leur  fit  violence 
pour  ravir  le  royaume  des  cieux.  Capable  de  gouverner  des  Etats 
autant  que  de  grandes  communautés,  elle  se  réduisit  volontairement 
à  une  petite  pour  y  servir,  avec  le  droit  d'y  commander. 

Douce  aux  autres,  sévère  à  elle-même,  ce  ne  fut  qu'humanité  au 
dehors,  qu^austérité  au  dedans.   Elle  joignit  à  la  modestie  de  son 


193 

lexe  le  sçavoir  du  ndtre  :  au  siècle  de  Louis  le  Grand,  rien  ne  fut  ni 
plus  poli,  ni  plus  élevé  que  ses  écrits  :  Salomon  y  vit,  y  parle,  y 
règne  encore,  et  Salomon  en  toute  sa  gloire. 

Les  constitutions  qu'elle  fit  pour  ce  monastère  serviront  de  mo- 
dèle pour  tous  les  autres.  Comme  si  elle  n'eut  vécu  que  pour  sa 
sainte  postérité,  le  même  jour  qu'elle  acheva  son  travail,  elle  tomba 
dans  une  maladie  courte  et  mortelle,  et  y  succomba  le  8e  d'avril 
1681,  en  la  53e  année  de  son  âge. 

Jusqu'en  ses  derniers  moments  et  dans  la  mort  même,  bonne, 
4  tendre,  vive  et  ardente  pour  tout  ce  qu'elle  aimait,  et  surtout  pour 
son  Dieu. 

Tant  que  cette  maison  aura  des  vierges,  épouses  d'un  seul  époux, 
tant  que  le  monde  aura  des  chrétiens,  et  l'Eglise  des  fidèles,  sa  mé- 
moire y  sera  en  bénédiction. 

Ceux  qui  l'ont  vue  n'y  pensent  point  sans  douleur,  et  n'en  parlent 
point  sans  larmes. 

Qui  que  vous  soyez,  priez  pour  elle,  encore  qu'il  soit  plus  vrai- 
semblable que  c'est,  maintenant  à  elle  de  prier  pour  nous,  et  ne  vous 
contentez  pas  de  la  regretter  ou  de  l'admirer,  mais  tâchez  de  l'imiter 
et  de  la  suivre. 

Soeur  Françoise  de  Longaunay,  première  prieure  de  cette  maison, 
sa  plus  chère  fille,  l'autre  moitié  d'elle-même,  dans  l'espérance  de 
rejoindre  bientôt,  lui  fit  élever  ce  tombeau. 

Le  moindre  et  le  plus  affligé  de  ses  serviteurs  eut  l'honneur  et  le 
déplaisir  de  lui  fiiire  cette  épitaphe,  où  il  supprima»  contre  la  cou- 
tume, beaucoup  de  justes  louanges,  et  n'ajouta  rien  à  la  vérité. 


Les  religieuses  de  Tabbaye  de  Sainte-Trinité  portaient 
des  robes  blanches,  et  des  surplis  de  toile  fine  et  bien  em- 
pesée; mais  depuis  Jeur  réforme,  et  même  quelque  temps 
auparavant,  elles  ont  pris  Tbabit  de  chanoinesses. 

Cette  abbaye,  comme  celle  de  Saint-Etienne,  a  sa  séné- 
chaussée et  son  siège  de  moyenne  justice,  dont  le  ressort 
s'étend  sur  les  vassaux  de  ses  seigneuries.  Elle  est 
exempte  de  la  juridiction  épiscopale,  et  a  une  officialité 
avec  juridiction  particulière,  qui  sMtend  sur  4  paroisses,. 

X3 


194 

dont  Tabbesse  est  dame  et  baronne.  Ces  paroisses  *  sont  : 
•   Ouistrcham,  Colleville,  Saint- Aubin-d'Arquen^y  et  Bé- 
nouville. 

Il  y  a,  dans  Tenclos  de  Fabbaye,  4  chapelles  qui  sont 
à  la  nomination  de  Tabbesse  :  Saint-Martin-de-la-Tour^ 
Sainte-Trinité,  Saint-Laurent,  et  Sainte-Marie-Made- 
leine, et  une  cinquième,  Notre-Dame-du-Pardon,  à:  sa 
pleine  collation. 

La  Collégiale  du  Saint^Sépulchre  fut  fondée,  Tan 
1219,  par  Guillaun)e  Acarin,  orignaire  de  la  paroisse  de 
Grainville.  Cet  homme  était  fort  riche.  Dans  son  voyage 
de  la  Terre-Sainte,  il  fit  vœu  de  bâtir  à  Caen  une  église 

.  semblable  à  celle  du  Sépulchre  de  Jérusalem.  A  son 
retour  il  s'acquitta  de  son  vœu,  et  fit  bâtir  cette  belle 
église  que  le  duc  de  Bouillon  fit  abattre  en  i562,  sous 
prétexte  qu'elle  pouvait  incommoder,  en  cas  de  siège,  le 
château  sur  lequel  elle  commandait. 

Acarin  fonda  aussi  la  mansercapitulaire  et  le  revenu  du 
Doyenné.  La  ferveur  était  grande  alors  ;  d^autres,  à  son 
exemple,  contribuèrent  au  succès  d^une  si  pieuse  fon- 
dation, et  Robert  des  Ablèges,  évéque  de  Bayeux,  Tappuya 
de  son  autorité,  suivant  sa  chartre  du  3  juin  i23o.  Elle 
avait  déjà  été  confirmée  en  i223  par  Tbibaud,  arche- 
vêque de  Rouen,  et  par  le  pape  Honoré  III  en  1226; 
enfin,  le  droit  d'amortissement  en  fut  payé  par  le  Chapitre 
à  Philippe-le-Hardî  dn  1278,  et  à  Philippe-le-Bel  en 
1295. 

Les  chanoines  avaient  commencé  leur  office  dans  la 
chapelle  de  Sainte-Anne,  située  proche  cette  église,  en 
attendant  qu'elle  fut  bâtie.  Ils  furent  contraints,  lors  de 
la  destruction,  d'y  repasser,  et  ils  y  sont  demeurés.  Cette 

.chapelle  est  régulièrement  bâtie;  elle  est  fort  ornée  en 


195 

dedans  et  très  propre.  L^autel,  en  forme  de  tombeau^  est 
de  marbre;  le  chœur  est  environné  d'une  belle  me- 
nuiserie; la  sacrifie  est  magniiSque;  on  Ta  augmentée 
depuis  peu  de  deux  petites  chapelles,  et  d'une  tour  assez 
élevée. 

On  voit  dans  la  nef  un  tableau  qui  représente  le  plan 
élevé  de  l'ancienne  église..  Il  fut  fait^  peu  de  jours  avant 
sa  destruction,  par  les  soins  de  M.  de  Bras,  comme  il  le 
marque  lui-même  dans  ses  Antiquités  de  là  ville  de 
Caen. 

Le  chapitre  est  composé  d'un  doyen  et  de  lo  canonicats, 
dont  il  y  en  a  un  affecté  au  doyenné.  Ces  canonicats  sont  : 
La  Mar'e,  Anzerey,  Anîsy,  PEscrivain,  Bourguébu,  le 
,Perrier,  Moult,  Quatre-Puits,  Varaville  et  Urville.  Mon- 
sieur révêque  de  Bayeux  nomme  seul  au  doyenné,  et 
alternativement  avec  le  doyen,  aux  prébendes. 

Il  y  a  encore  6  chapelains,  un  cusios,  un  maître  de 
musique,  4  enfants  de  chœur  et  un  bedeau. 

•  Le  doyen  présente  à  Brouay,  à  Épron,  à  la  première 
portion  de  Cramesnil,  et  à  Soliers. 

Sous  lepiscopat  de  M.  d'Angen nés,  les  chanoines  du 
Sépulchre  eurent  une  contestation  avec  les  curés  de  la 
ville,  touchant  le  pas  dans  les  processions  publiques  et 
dans  les  autres  cérémonies  publiques.  Pour  empêcher  le 
procès  prêt  à  s'élever  entre  eux,  M.  d'Angenncs  fit,  par 
provision,  un  statut  le  16  juin  1645,  par  lequel  il  fut 
réglé  que  dans  les  actions  publiques  oti  tout  le  clergé  est 
obligé  de  se  trouver  en  corps,  les  chanoines,  suivant  la 
coutume,  iront  derrière,  distingués  des  autres  ecclésias- 
tiques, et  que  dans  l'église  ils  prendront  le  côté  droit  du 
chœur,  et  les  curés  le  côté  gauche,  ce  qui  subsiste  encore. 


1^6 

LISTE   DES  DOYENS  DU  SÉPULCHRE 

I.  —  Guillaume  Acarin,  clerc,  originaire  de  la  paroisse 
de  Grainvîlle,  après  avoir  fondé  cette  collégiale,  en  fut 
nommé  le  doyen  par  Tévéque  de  Bayeux,  suivant  une 
chartre  de  i23o.  Il  vivait  encore  en  i238  (i). 

II.  —  Jean  le  Moine,  cardinal  fondateur  du  collège  de 
son  nom  à  Paris,  doyen  de  Téglise  de  Bayeux  et  du 
Saint-Sépulchre  de  Caen.  Il  mourut  à  Avignon  en  i3i3, 
et  son  corps,  reporté  à  Paris,  a  été  enterré  dans  Téglise  de 
son  collège.  Il  était  doyen  du  Sépulchre  en  i3o3. 

III.  —  Pierre  Le  Certain,  doyen  en  Tannée  1372,  fit 
un  traité  avec  Pierre  Pinchar,  général  de  Tordre  des 
Croisiers,  par  lequel  ce  dernier  obligea  les  religieux  de 
son  ordre,  nouvellement  établis  à  Caen,  de  faire  tous  les 
ans  deux  processions  de  leur  église  à  celle  du  Saint-Sé- 
pulchre,  aux  fêtes  de  TInvention  et  de  T Exaltation  de  la 
Sainte-Croix  (2). 

IV.  —  Roger  d'Estampes,  doyen  du  Sépulchre,  oflScial 
de  Bayeux  au  siège  de  Caen  en  1465.  II  assista  à  TÉchi* 
quier  de  Normandie  en  1474.  Il  fut  nommé  arbitre  avec 
le  patriarche  d'Harcourt,  évêquede  Bayeux,  pour  terminer 
la  même  année  le  procès  entre  May  d^Houllefort,  bailli 
de  Caen,  et  Pierre  et  Guillaume  de  Brieux  père  et  fils, 
touchant  la  seigneurie  de  Maisoncelles-sur-Ajonc  (3). 

V.  —  Guillaume  Michel,  doyen  en  i5oo. 

VI.  —  Léon  Conseil,  doyen  du  Sépulchre,  chancelier 
de  Péglise  de  Bayeux,  vicaire  général  du  diocèse  (4). 

(i)  Orig,  de  Caen,  p.  Sag,  225  et  233. 

(2)  Jean  de  Villers,  IV»  Doyen.  G.  Villers. 

(3)  liist.  Harc,  t.  II,  p.  1998  et  t.  I,  p.  908. 

(4)  Reg.  du  secrétariat  de  Bayeux. 


197 

Anno  D**  i523  die  20  mensis  februarii  V*  magtster 
Léo  Conseil  cancellarius  Bajoc,  ac  Decanus  ecçlesiœ 
collegiatœ  5"  Sepulchri  de  Cadomo,  consentit,  ac  con- 
sensumprœhuit  resignationi  faciendœ  de  canonicatu  et 
prcebenda  in  eadem  ecclesia  collegiata,  etc.  Il  mourut 
en  i528. 

VII.  —  Jean  Conseil,  neveu  du  précédent,  fut  d'abord 
chanoine  de  Castilly  en  l'église  de  Bayeux,  puis  chanoine 
de  la  Haye,  scholastique  en  la  même  église,  et  doyen  du 
Saint-Sépulchre  de  Caen.  Il  avait  remis  le  canonicat  de 
Castilly  en  i523.  Il  mourut  en  1543. 

VIII.  — Jean-Baptiste  Péchion,  clerc  du  diocèse  de 
Milan,  fut  amené  en  France  par  le  cardinal  de  Trivulce, 
évéquede  Bayeux,  qui  en  fit  son  vicaire  général  (i),  et  lui 
donna  un  canonicat  dans  son  église.  Il  succéda  à  Jean 
Conseil  dans  le  doyenné  du  Sépulchre  en  i543. 

IX.  —  Henri  C lutin,  doyen,  mourut  en  i553. 

X.  —  Geojffroy  Duval^  clerc  du  diocèse  de  Paris  (2), 
conseiller  au  grand  Conseil,  archidiacre  de  Bayeux  par 
collation  du  20  juillet  i552,  doyen  du  Sépulchre  par 
collation  du  16  novembre  i553,  et  chanoine  de  Cartigny 
à  Bayeux  ;  résigna  Tannée  diaprés  son  doyenné  au  sui- 
vant, et  sa  prébende  de  Cartigny  à  Jean  d'Aussenville, 
clerc  de  Rouen.  On  lit  encore  que  Germain  Du  val,  clerc 
du  diocèse  de  Paris,  prit  un  visa  le  29  septembre  i556, 
pour  le  canonicat  de  Cartigny,  vacant  par  le  décès  de  Jean 
d'Aussenville,  que  Nicolas  Duval,  clerc  du  même  diocèse, 
en  prit  un  pour  le  canonicat  de  Bernesq  le  27  dé- 
cembre 1570;  et  que  François  Duval,  clerc  du  même 

(i)  Reg.  de  l*ÉYêché. 
(2)  Reg.  de  l'Évêché. 


198 

diocèse,  en  prit  un  aussi  en  1 5  7 1   pour  la  prébende  de 
Saint-Patrice. 

XI.  —  Philippe  Rémon,  conseiller  clerc  au  Parlement 
de  Rouen  en  i  S46,  fut  pourvu,  sur  la  résignation  du 
précédent,  du  doyenné  du  Sépulchre  par  un  visa  du 
3  mai  1 554,  ^^  ^"  P'^^  posssession  le  29  août  suivant.  On 

'le  voit  revêtu  de  la  prêtrise  en  1557. 

XII.  —  Geoffroy  Rémon,  clerc,  prit  possession  du 
doyenné  le  5  mars  i56oy  et  il  fut  reçu  en  qualité  de  doyen 
et  de  confrère  par  le  chapitre,  in  decanum  et  confra^em 
receperunt  (1).  Il  eut  la  douleur  de  voir  abattre  sa 
superbe  église  du  Saint-Sépulchre  par  ordre  du  gouver- 
neur de  Normandie. 

XIII.  —  Claude  de  Chanleu  fut  nommé  doyen  le 
28  décembre  t562  (2),  sur  la  résignation  du  précédent. 
Les  registres  de  TÉvêché  font  ifoi  qu'il  avait  été  pourvu 
d'une  prébende  au  Sépulchre  par  collation  du  20  sep- 
tembre i552,  d'une  autre  au  même  lieu  le  29  juillet  i554, 
de  Tarchidiaconé  de  Bayeux  par  dévolut  en  i557.  Ils 
marquent  encore  qu'étant  docteur  en  droit  et  curé  d'Her- 
manville,  il  permuta  cette  cure  pour  la  prébende  d' Albray 
en  réglise  de  Bayeux,  dont  il  prit  le  visa  le  14  dé- 
cembre 1577,  ^t  4^^  1^  même  année  il  résigna  son 
doyenné  au  suivant.  En  ce  cas  là,  M.  Huet  se  serait 
trompé  (3)  quand  il  dit  qu'il  fit  faire  en  i58o,  comme 
doyen,  les  chaires  du  Sépulchre  de  Caen.  II  le  qualifie 
docteur  aux  droits,  abbé  de  Bucilly,  ordre  de  Prémontré, 
diocèse  de  Laon,  préfet  de  Péroaneet  officiai  de  Bayeux. 


(i)  Reg.  du  Sépulchre. 
(a)  Reg.  du  Sépulchre. 
(3)  Orig,  de  Caen,  p.  2»5. 


>I99 

XIV.  —  Antoine  de  Atelier,  docteur  ès-droits,  diacre 
du  diocèse  d^Embrun^  et  promoteur  de  Tévéché  de 
Bayeux  au  siège  de  Caen,  fut  pourvu,  par  collation  du 
28  septembre  iSjy,  du  doyenné,  sur  la  démission  de 
Claude  de  Chanleu.  Il  accompagna  M.  de  Saint-François, 
èvêque  de  Bayeux,  dans  la  visite  qu'il  fit  en  i58i  à 
l'abbaye  de  Troarn. 

XV.  —  Philippe  Le  Vavasseur  était  doyen  du  Se- 
pulchre  et  officiai  de  Bayeux  au  siège  de  Caen  en  1600. 

XVI.  —  Thomas  Blanchard,  clerc,  prit  possession  du 
doyenné  le  11  novembre  161 1.  Il  est  qualifié,  dans  son 
acte  de  possession  :  nobflis  et  bonœ  spei  adolescens.  Il 
fut  promu  au  sons-diaconat  le  18  avril  161 5,  et  à  celui 
de  diacre  le  2  avril  1616.  Il  ne  paraît  pas  qu'il  ait  avancé 
davantage  (i).  Il  demanda  le  6  mai  161 5  au  chapitre 
d'avoir  séance  tant  au  chapitre  .qu'au  chœur,  selon  sa 
qualité  de  doyen,  et  ordre  de  sous-diacre  ;  sur  quoi  les 
capitulants  ayant  mûrement  délibéré,  et  vu  et  lu  les 
statuts  de  la  dite  église,  ordonnèrent,  suivant  iceux,  qu'il 
n'aura  séance  au  chœur  de  la  dite  église  que  celle  qu'il  a 
prise  ci-devant,  jusqu'à  ce  qu^il  soit  promu  à  l'ordre  de 
diacre.  Il  n'obtint  l'effet  de  sa  demande  que  le  6  avril  1 6 1 6, 
jour  auquel  il  présenta  au  chapitre  sa  lettre  de  diacre. 

XYII.  —  Isaac  le  Comté,  prêtre,  licencié  aux  droits, 
vicaire  gérant  en  l'officialité  de  Caen,  doyen  par  permu- 
tation avec  le  précèdent  le  8  février  1618,  en  eut  la  colla- 
tion de  M.  l'Évêque  le  14  février  suivant.  Il  était  aupa- 
ravant curé  de  Ronfiigeray.  Il  eut  beaucoup  de  part  aux 
controverses  qui  furent  tenues  de  son  temps  à  Caen  contre 
les  Calvinistes.  Il  servit  de  second  à  François  Véron, 

(i)  Reg.  du  Sépulchre. 


200 

controversiste,  dans  celle  qu^il  eut  avec  le  fameux  mi- 
nistre Samuel  Bochard.  Leurs  actes  furent  imprimés  de 
part  et  d'^autre,  et  la  victoire  fut  réclamée  par  les  deux 
partis.  Les  actes  de  Bochard  parurent  à  Saumur,  en 
2  volumes  in-8<>,en  1 63o.  M.  le  Comte  résigna  son  doyenné 
au  suivant.  On  trouve  dans  les  registres  de  Tévéché,  un 
Isaac  le  Comte,  prêtre,  mort  curé  d^Athis,  proche  Condé, 
en  1 648  ;  mais  je  n'oserais  assurer  que  ce  soit  le  même. 

XVIII.  —  Nicolas  le  Comtes  prêtre,  docteur  ès- 
droits,  chanoine  de  la  Mare  en  Téglise  du  Sépulchre,  fut 
nommé  doyen  dudit  lieu  par  permutation  avec  Isaac  le 
Comte,  son  oncle.  LMvêque  de  Bayeux  ratifia,  le  10  juil- 
let 1637,  la  permutation,  et  la  provision  de  Rome.  Il  fut 
nommé  député  du  clergé  à  la  place  de  Tévéque  de 
Lisieux,  en  lôSo^pour  rassemblée  des  États-Généraux 
qui  furent  tenus  à  Tours  la  même  année.  Il  tenait  en 
commende  le  prieuré  de  Notre-Dame-des*Moutiers.  Il  fut 
établi  officiai  de  Bayeux  au  siège  de  Caen  par  lettres 
données  à  Caen  le  3  juillet  i655  (1). 

XIX.  —  Alexandre  le  Comte,  doyen,  obtint,  le 
8  juin  t685,  du  Parlement  de  Rouen,  un  arrêt  qui  or- 
donnait qu^en  sa  qualité  de  doyen  il  fera  Toffice  préfé- 
rablement  aux  autres  chanoines  dans  les  jours  marqués 
au  dit  arrêt,  et  que  les  chanoines  ne  pourront  faire 
aucunes  fonctions  ecclésiastiques  sans  sa  permission 
expresse,  ou  qu^en  cas  d^absence  de  sa  pai:t.  Les  chanoines 
vinrent  en  opposition,  et  en  obtinrent  un  autre  du  même 
Parlement  en  date  du  27  février  1687  qui,  après  les 
avoir  reçus  opposants  xau  précédent  arrêta  ordonne  qu^il 
sera  rapporté  comme  surpris,  et  néanmoins,  du  consen- 

(i)  Reg.  de  TÉvéché,  i655,  p.  i  et  a. 


201 

tement  des  parties,  a  ordonné  que  le  doyen  officiera  les 
fôtes  de  Pâques,  du  Saint-Sacrement  et  du  Jeudi-Saint, 
préférablement  aux  chanoines  de  la  dite  église,  sans  pré- 
judice du  tour  du  dit  doyen  dans  les  autres  jours  de 
fête  de  Tannée,  et  à  Tégard  de  ses  autres  prétentions,  en 
useront  les  parties  comme  par  le  passé  (  i  ). 

XX.  —  Guillaume  Renouf,  obtint  le  doyenné  du  Sé- 
pulchre  en  1693,  sur  la  résignation  du  précédent.  Il  était 
extrêmement  entreprenant.  Il  tâcha  de  se  faire  déclarer 
pasteur  et  curé  des  chanoines  ;  il  fut  débouté  de  sa  pré- 
tention comme  son  prédécesseur,  par  sentence  contra- 
diaoire  du  bailliage  de  Caen  du£  février  1 704.  Il  mourut 
en  1718. 

XXI.  —  François  Suhard  de  Loucelles,  bachelier  en 
théologie,  ancien  curé  de  Saint-Jean  de  Caen,  prieur  de 
Ponthiou  et  syndic  du  clergé  ;  doyen  par  la  résignation 
du  précédent  du  25  mars  171 5,  obtint  ses  provisions  de 
Rome  au  mois  d'avrilsuivant.  Son  résignant  s^opposa  à 
sa  possession,  en  ce  qu^il  rétracta  sa  démission  par  acte 
du  16  juin,  et  puis  il  révoqua  sa  rétractation  le  3  juillet 
suivant,  de  sorte  que  par  là  les  provisions  du  pape 
étaient  caduques,  parce  que  M.  de  Nesmond  était  mort 
au  mois  de  juin  171 5.  Le  droit  de  régal  étant  donc 
ouvert  avant  que  M.  Suhard  eut  pris  possession,  il  fut 
obligé  de  s^adresser  au  Roi  pour  obtenir  une  nouvelle 
collation  qui  lui  fut  accordée  le  14  février  171 6,  et  il  prit 
possession  le  24  du  mois  de  mars  suivant.  Il  a  contribué 
à  Tédiiication  de  la  belle  sacristie  de  son  église,  comme 
on  le  voit  par^ses  armes  qui  sont  sur  la  porte.  Il  mourut, 
en  1743,  le  18  décembre. 

(i)Reg.  du  Sépulchre. 


ao2 

XXII.  — '  Louis^François  Poignavant,  docteur  en 
théologie,  doyen  du  Sépulchre,  mourut  le  ii  jan- 
vier 1760.  Il  est  enterré  dans  son  église,  vis-à-vis  de 
Pautel  de  la  Vierge  où  Ton  voit,  sur  une  médaille  de 
marbre  placée  sur  le  pavé,  cette  épitaphe  :  HicjacetLudo^ 
vicus^Franciscus  Poignavant,  sacrœ  theologiœ  Doctor, 
hujusce  ecclesiœ  Decanus,  qui  eam  virtute  et  beneficiis 
ornaifit,  adauxit,  et  mœrentem  cœlo  victurus  reliquit 
die  II  januarii  anno  lyôo. 

XXIII.  —  Jean-Jacques-François  Godard,  prêtre, 
ancien  professeur  royal  d^éloquence,  et  auparavant  de 
rhétorique  en  TUniversité  de  Caeh,  principal  du  collège 
des  Arts,  a  requis  le  doyenné  comme  gradué  et  professeur 
vétéran  ;  à  quoi  s^est  opposé  Bernardin  Housset,  prêtre, 
chapelain  fondé  en  Téglise  de  Saint- Pierre  de  Caen. 
L^affaire  est  actuellement  pendante  au  Parlement. 


PAROISSES  DE  LA  VILLE  ET  FAUBOURGS  DE  CAEN 


Saint-Étienne  est,  sans  contredit,  une  des  plus  an- 
ciennes paroisses  de  Caen,  et  les  vieux  titres  l'appellent 
ordinairement  Saint-Étienne-le-Vieil.  M.  de  Bras  dit 
qu'elle  fut  dédiée  en  35o  par  saint  Régnobert,  évoque  de 
Bayeux.  Cette  opinion  est  rejetée  avec  justice  par 
M.  Huet.  Néanmoins,  en  suivant  le  sentiment  de  nos 
savants  antiquaires,  qui  font  descendre  Tépiscopat  de 
saint  Régnobert  au  milieu  du  vn«  siècle,  il  paraîtrait 
assez  vraisemblable  que  ce  saint  évéque  aurait  pu  fonder 
cette  église»  ainsi  que  les  autres  dont  on  lui  attribue  la 
fondation,  puisqu'alors  la  ville  de  Caen  devait  se  former 


203 

constamment.  Je  ne  serais  pas  éloigné  de  penser  de 
même. 

'  L'on  fait  aussi  divers  jugements  sur  Pantiquité  du 
bâtiment  de  son  église.  Uopinion  la  plus  commune  est 
que  le  chœur  avec  le  clocher,  la  croisée  et  la  nef  ont  été 
faits  à  divers  temps,  et  la  diversité  de  la  construction  fait 
voir  que  la  nef  est  plus  récente  que  le  reste.  On  doit  con- 
clure de  là  que  cette  église  n^est  point  le  vieux  monastère 
de  Saint-Étienne,  dont  il  est  parlé  dans  la  chartre  de 
Tabbaye  de  môme  nom,  d'autant  plua  que  Tarchitecture 
est  moins  ancienne  que  celle  de  Tabbaye.  Elle  paraît 
pourtant  précéder  le  siècle  de  Hugues  Bureau,  seigneur 
de  Giberville,  lieutenant  général  du  bailli,  à  qui  Ton  en 
attribue  la  construction.  Il  vivait  à  la  fin  du  xv«  siècle. 
On  lui  fait  cette  attribution  par  rapport  à  ses  armes  qu'on 
voit  à  la  voûte  de  la  nef,  et  dans  une  des  vitres  du  côté 
du  midi.  / 

La  cure  est  à  la  présentation  de  Pabbesse  de  Sainte- 
Trinité.  Cest  \în  échange  fait  avec  Téglise  cathédrale  de 
Bayeux,  comme  on  Tapprend  de  la  chartre  de  fondation 
de  l'abbaye  de  Sainte-Trinité. 

Saint'Georges-dU'Chdteau.  Cette  paroisse  est  plus 
ancienne  que  le  château  dans  lequel  elle  est  située.  Le 
duc  Guillaume,  en  faisant  bâtir  le  château,  détruisît  une 
partie  des  maisons  qui  couvraient  cette  montagne  sur 
lequel  il  est  placé.  On  en  trouve  encore  des  ruines 
lorsqu'on  creuse  le  terrain  de  la  place  d'Armes.  Il  con- 
serva seulement  Téglise  qui  servait  de  paroisse  aux 
habitants.  Le  '  patronage  appartenait  alors  à  Téglise  de 
Notre-Dame  de  Bayeux.  Il  fut  échangé  avec  Tabbaye  de 
Sainte-Trinité  un  peu  après  sa  fondation. 

Il  y  a  deux  chapelles  dans  cette  église,  Saint-Gabriel  et 


204 

Sanit-Aignan.  Elles  ne  sont  point  annexées  à  la  cure. 
On  voit  néanmoins,  par  d^anciens  mémoires,  que  depuis 
près  de  200  ans,  les  curés  en  ont  toujours  joui  par  diffé- 
rents titres.  On  ignore  le  temps  et  le  nom  de  leurs  fon- 
dateurs. La  première  n'a  que  2 1  livres  de  revenu,  payé 
par  le  domaine  sur  les  fiefs  et  aumônes  du  Roi  ;  l'autre  a 
37  livres  10  s.,  pris  sur  THôtel-de- Ville.  Quelques-uns 
croient  que  la  dernière  a  été  fondée  par  la  maison  d'Or- 
léans, d'autres  par  un  doyen  de  l'église  de  Saint- Aignan 
d'Orléans. 

On  voit  plusieurs  épitaphes  dans  cette  église  ;  voici  les 
principales.  Dans  le  sanctuaire,  du  côté  de  l'Évangile,  il 
y  a  un  mausolée  de  carreau  sur  lequel  on  voit  une  statue 
d'homme  à  genoux,  armé  de  toutes  pièces,  la  tête  décou- 
verte et  les  mains  jointes»  avec  ces  inscriptions  : 

Cy-gist  le  corps  de  M'*  Jaques  de  Courcy,  chr.  Sgr.  de  Vieux - 
fumé,  pourvu  par  le  Roy  l'an  1666  de  la  charge  de  major  et 
commandant  des  ville  et  château  de  Caen,  et  le  S»*  juin  1668  a 
remis  la  dite  charge  à  S.  M.,  laquelle  en  a  disposé  le  5^*  de 
juillet  en  faveur  de  M^  Jaques  de  Courcy  son  fils  aîné,  après  quoy 
le  dit  sieur  du  Vieux-fumé  est  décédé  le  ,10  d'aoust  1688,  figé  viron 
de  79  ans. 

Cy-devànt  gtst  aussi  le  corps  de  Mr«  Jacques  de  Courcy,  chr. 
Sgr  de  Courcy,  colonel  du  Rs^  des  Gardes  d'infanterie  de  S.  A.  E. 
de  Cologne,  major  et  commandant  des  ville  et  château  de  Caen, 
lequel  décéda  le  i5  may  1701  âgé  de  61  ans. 

Et  cy-devant  gist  encore  le  corps  de  noble  dame  Charlotte  de 
St  Clair,  fille  de  M^»  François  de  St  Qair,  chevalier,  Sgr  de  Baucbe, 
d'Érangeville  et  de  Ceneteux  son  épouse  laqle  décéda  le  6  jan- 
vier 1701  âgée  de  38  ans. 

De  l'autre  côté  du  chœur,  on  lit  en  latin  cette  épitaphe 
de  messire  Benjamin  de  Combes,  seigneur  et  patron  de 
Terceville,  chevalier  de  l'ordre  royal  et  militaire  de  Saint- 


203 

Louis,  capitaine  de  vaisseau,  ingénieur,  directeur  des 
fortifications  de  Normandie  et  capitaine  d'infanterie, 
décédé  le  12  juillet  1710. 

Hic  jacet 

Benjaminus  de  Combes 

eques,  dominus  de  Terceville 

in  quo 

Vinim  habuit  inclytum  Gallia,  et  raptum  luget 

militia  Ducem 

domus    patrem 

Ecdesia  patronum 

*  Neustria  primarium  urbibus  muniendia  pnefectum 

Populus  tutorem. 

Hune 

fortitudo  nobîlitate  et  gloria  intignem 

fortuna  affinem  vins  Gallis  primatibua 

Religio  pium 

justitia  squi  ténacem, 

bellica  virtus    heroem 

fecit. 

Audiit  terrentem  ConatantinopoHs, 

Creta  imimpentem,  senait  et  vtncentem» 

Littora  timuerunt  fùlminantem  Africana, 

vidit  Ludovicus  pugnantem  et  Laudavit 

plus  vice  simplici. 

oui 

sua  munimenta  Dunkerqua,  suas  arces, 

suos  Nova-Francia  portuSi 

hostilis  incursus  securos 

débet. 

Dignus 

qui  maximi  Regum  steculo  nasceretur 

qui  tardiori  eriperetur  fato, 

qui  in  natorum  memoria  vivat, 

qui  in  munificentis  viduae  nobilis  et  pue 

verendis  sacris  mjrsteriis  sternum 

hic  commendetur. 

Obiit  anno  post  Christum  natum  MDCCX 

m  jdus  julii,  statis  LXI. 


206 


On  voit  encore  celles!  au  même  endroit  : 

Icy  repose 
Le  corps  de  noble  Dame  Geneviève  de  Villette,  veuve  de  Mre  Ber- 
nardin François  le  Bas,  Sgr  et  Patron  de  Cambes,  du  Molay  et  autres 
lieux,  dame  et  patronne  d'Avenay,  U<iuelle  est  décédée  le  1 1  avril 
I . . .  ornée  des  vertus  morales  et  chrétiennes  dans  la  5o"*  année  de 
son  ftge. 

Priés  pour  elle. 

SainUGilles,  Cette  paroisse  est  située  à  Textrémité  d^un 
faubourg  auquel  elle  donne  son  nom.  On  Ta  surnommée 
Saint-Gilles  de  Couvrechef,  paoce  que  le  hameau  de  même 
nom,  comme  ceux  de  Calix  et  de  Calibourg,  sont  de  son 
territoire.  Le  portail  de  Téglise^d^une  savante  architecture, 
estimé  par  les  connaisseurs,  est  Pouvrage  d^un  prêtre  de 
Caen  nommé  Biaise,  qui  a  mérité  d'avoir  son  éloge  parmi 
les  illustres  citoyens  de  Caen.  La  cure  est  à  la  présentation 
de  Tabbesse  de  Sainte-Trinité,  dame  et  patronne  de  Saint- 
Gilles. 

L^abbaye  de  Sainte-Trinité,  la  collégiale  du  Saint- 
Sépulchre,  et  les  chapelles  de  Saint-Thomas  TAbatm  et 
de  Sainte- Agathe  sont  du  district  de  cette  paroisse.  (Déci- 
siçn  de  M.  Pévéque  de  Bayeux.) 

La  chapelle  de  Saint-Thomas  avait  été  bâtie  de  temps 
immémorial.  Elle  fut  réédîfiée  en  1483  par  Jean  Le  Che- 
valier, curé  d^Hérouville  et  chanoine  de  Bayeux.  Il  fonda 
un  autel  dans  la  nef,  du  côté  droit,  sous  te  titre  de  Saint- 
Quentin,  y  assigna  des  revenus  considérables,  et  se  réserva 
le  droit  de  présentation,  et  après  lui  à  son  frère  Enguer- 
rand  Le  Chevalier,  écuyer,  sieur  de  Bernières,  et  à  ses 
hoirs.  Il  en  fonda  un  autre  en  1487  dans  la  même  nef, 
au  c0té  gauche,  sous  Tinvocation  de  saint  Sébastien, 
dont  il  se  réserva  pareillement  le  droit  de  présentation  et 


207 

à  Roger  Le  Chevalier,  son  neveu.  Uabbesse  de  Caen  con- 
sentit à  ces  deux  fondations,  moyennant  que  le  droit  dé 
collation  lui  appartiendrait. 

La  chapelle  de  Sainte- Agathe  prend  ses  revenus  sur 
les  dîmes  de  la  paroisse  de  Oiberville.  Elle  est  à  la  présen- 
tation de  Tabbesse  de  Caen,  et  à  la  collation  de  Tévéque 
diocésain. 

Saint^ean,  Cette  paroisse  est  située  dans  une  île  que 
forme  la  rivière  d^Orne.  Elle  donne  son  nom  à  une  des 
prébendes  de  la  cathédrale  de  Bayeux  qui,  avec  celles  de 
Saint- Pierre  et  de  Notre-Dame  de  Froide- Rue,  fut  fondée 
vers  Tan  ii53  par  l'évêque  Philippe  d^Harcourt.  Il  suit 
de  là  que  Texistence  de  cette  paroisse  a  précédé  cette  fon- 
dation. 

Mais  la  structure  de  son  église  est  bien  postérieure.  La 
tour  qui  est  au  bout  fut  bâtie  en  1434;  celle  du  milieu, 
qui  est  demeurée  imparfaite,  ne  fut  commencée  que  le 
siècle  après,  du  temps  de  M.  de  Bras.  Celle-ci  est  ouverte 
en  lanterne,  et  regardée  des  architectes  comme  un  ouvrage 
de  distinction. 

Elle  fut  pillée  par  les  Protestants  en  i562  ;  ils  démo- 
lirent et  brisèrent  une  haute  et  belle  croix  qui  était  devant 
le  portail,  et  ils  emportèrent  le  cuivre  doré  dont  ^lle  était 
faite  (i). 

Cette  riche  croix  enrichie  de  personnages  et  de  fleurs 
de  lys  aux  aboutissements,  avait  plus  de  16  pieds  de  hau- 
teur, et  était  grosse  comme  la  cuisse  d'un  homme.  C'était 
un  présent  de  Pierre  Blondel,  docteur  ès-droits,  chanoine 
de  Coutances,  officiai  à  Saint- Lô,  et  natifdeceue  paroisse 
Saint-Jean.  Ils  enlevèrent  aussi  du  milieu  du  chœur  un 

(i)  M.  de  Bras,  p.  179. 


208 

grand  candélabre  à  i6  branches  qui  avait  été  donné  par 
Jacques  Avoyne,  secrétaire  et  doyen  de  la  Faculté  de 
Théologie,  et  principal  de  Fancien  collège  d^Avoyn^. 

On  a  réparé  tous  ces  dommages  par  un  grand  autel 
enrichi  de  6  grandes  colonnes  et  autres  ornements,  lequel 
est  isolé  et  a  deux  faces.  Le  tableau  représente  le  baptême 
de  Jésus-Christ;  cVst  un  des  beaux  morceaux  du  célèbre 
M.  Le  Brun,  que  M.  Huet,  évêque  d'Avranches,  s'ap- 
plaudit d'avoir  obtenu  de  lui  pour  en  faire  un  présent  à 
cette  église  oii  il  avait  été  baptisé.  Ce  peintre  en  faisait 
tant  de  cas  qu^il  offrit,  peu  de  temps  avant  que  de  mourir, 
une  somme  considérable  pour  qu^on  le  lui  remît. 

Suivant  d^anciens  statuts  renouvelés  en  ï53j,  le  clergé 
de  cette  église  doit  être  composé  du  curé  et  de  6  chape- 
lains fondés,  aveC/ obligation  d'assister  à  Tofficè  en  surplis 
et  aumusse.  Le  curé  est  à  la  pleine  collation  du  chanoine 
de  Saint-Jean,  qui  a  droit  de  visite  et  de  déport  sur  cette 
église,  et  les  chapelains  sont  à  la  nomination  des  parois- 
siens. 

SainUJulien.  Cette  paroisse  subsistait  dès  Tan  1289, 
comme  on  rapprend  des  registres  de  Tévêché  de  Bayeux. 
Sa  juridiction  sMtend  dans  la  campagne  et  dans  la  ville 
jusqu'à  la  rue  des  Cordeliers,  au  puits  de  TEpinette^  et 
au  carrefour  Guérin  (i),  d'oti  il  s'en  suit  qu'elle  est  bien 
plus  ancienne  que  les  murs  qui  ferment  la  ville  de  ce 
côté-là.  L'église  est  fort  simple  et  bâtie  au  pied  d'un  ter- 
rain élevé,  qui  rend  sa  position  désagréable  du  côté  du 
cimetière.  Les  anciens  curés  prenaient  la  qualité  de  prieurs, 
parce  que  la  cure  est  à  la  pleine  collation  du  commandeur 
de  Voismer,  près  Falaise,  de  l'ordre  de  Malte. 

(1)  Décision  de  Tévêque  de  Bayeux. 


209 

La  chapelle  de  Notre-Dame-des-Champs  est  sur  cette 
paroisse.  Son  origine  est  si  ancienne  qu'on  ne  la  connaît 
point.  On  y  voit  des  tombeaux  de  près  de  600  ans  d'anti- 
quité. Elle  doit  3  messes  par  semaine.  Le  seigneur  du 
iief  de  Beauregard  y  présente.  Ce  fief  est  situé  dans  la 
paroisse  de  Saint-Gilles,  derrière  le  parc  de  Tabbaye  des 
Dames. 

Saint-Martin.  Cette  paroisse  s^appelait  autrefois  Saint- 
Martin-de*la-Tannerie,  parce  que  plusieurs  de  ses  habi- 
tants exerçaient  le  métier  de  tanneur  sur  le  nouveau  cours 
de  rOdon.  Elle  s^étend  d'un  côté  dans  la  campagne  jus- 
qu'au hameau  de  la  FoUie  qui  en  dépend,  et  de  l'autre 
dans  la' ville  jusqu'à  la  place  du  Pilori.  Ce  qui  fait  voir 
qu'elle  est  plus  ancienne  que  les  murs  de  la  ville  qui  la 
partagent. 

L'église  n'a  rien  de  remarquable.  Le  patronage  appar- 
tient à  Pabbaye  de  Sainte-Trinité  par  réchange  qu'elle  en 
a  fait  avec  Téglise  cathédrale  de  Bayeux,  Mgr  l'évéque 
de  Bayeux,  décimateur. 

Saint'Michel  de  Vaucelles.  Vaucelles  est  un  des  plus 
grands  faubourgs  de  Caen.  C'est  le  titre  d'un  des  doyennés 
ruraux  de  Tarchidiaconé  d'Yesmes.  L'église  paroissiale 
de  ce  faubourg  est  sous  l'invocation  de  Saint-Michel 
archange  ;  mais  elle  est  de  la  juridiction  et  du  doyenné 
de  la  Chrétienté  de  Caen.  Ce  faubourg  est  séparé  de  la 
ville  par  la  rivière  d'Orne,  et  la  juridiction  s'étend  jusque 
dans  la  rue  Exmoisine,  au-delà  de  l'ancienne  porte  Millet. 
M.  Huet  estime  que  le  pont  de  Vaucelles  a  été  l'origine 
du  bourg,  car,  comme  c'était,  dit-il,  l'entrée  du  Bessin^  et 
un  des  principaux  lieux  de  communication  entre  la  Haute 

14 


210 


et  la  Basse  Normandie,  ritnportance  de  ce  passage  y  attira 
des  habitants  qui  formèrent  enfin  une  paroisse. 

Nous  apprenons  de  la  chartre  de  fondation  de  Tabbaye 
de  Saint-Étienne  que  ce  fut  Guillaume,  duc  de  Nor- 
mandie^ son  fondateur,  qui  aumôna  le  patronage  et  les 
dîmes  de  Vaucelles  qui  en  dépendent.  L^abbé  de  Caen 
présente  depuis  ce  temps-là  à  la  cure. 

La  chapelle  du  Reclus,  ou  Notre-Dame  des  Cheveux,* 
est  du  district  de  cette  paroisse.  Elle  est  situép  dans  la  rue 
d^Auge,  près  du  gros  orme.  On  la  nomme  Notre-Dame 
des  Cheveux  à  cause  de  son  ancien  tableau,  où  la  Sainte 
Vierge  est  représentée  avec  des  cheveux  fort  longs  et  épars 
sur  les  épaules,  et  :  du  Reclus,  par  rapport  aux  religieux 
qui  Pont  autrefois  habitée.  Elle  appartient  à  la  fabrique 
de  Téglise  de  Saint-Michel  de  Vaucelles,  et  on  n^y  dit 
qu^une  messe  par  an,  à  un  des  jours  des  Rogations. 

Saint-Nicolas.  On  ne  saurait  douter  que  cette  paroisse 
ne  soit  ancienne,  puisqu^il  en  est  fait  mention  comme  d^une 
paroisse  déjà  érigée  dans  la  chartre  de  confirmation  de 
Pabbaye  de  Sainte-Trinité.  Son  église  est  grande,  belle  et 
complète  dans  son  dessin  qui  est  fort  dégagé,  avec  une 
tour  sur  son  portail.  L^abbé  de  Saint-Etienne  de  Caen 
présente  de  plein  droit  à  la  cure.  Le  temps  et  les  nouvelles 
fortifications  ont  fort  changé  Jes  bornes  de  cette  paroisse, 
car  elle  s'étendait  autrefois  jusqu^à  Tîle  Renaud,  hors 
Tenclos  de  la  ville,  derrière  Tabbaye  de  Saint-Étienne. 

On  trouve  3  chapelles  sur  son  territoire  :  Saint-Biaise, 
proche  Péglise  paroissiale,  Notre-Dame  de  Beaulieu  et  le 
Nombril-Dieu,  dans  le  quartier  de  la  Maladrerie. 

La  chapelle  de  Saint-Biaise  n^est  point  érigée  en  titre. 
Elle  dépend  de  Tabbaye  de  Saint-Etienne.  On  y  fait 


211 

l'office  le  jour  de  saint  Biaise  qui  est  son  patron  ;  c^est  le 
seul  office  qu^on  j  fasse  pendant  Tannée. 

Notre<rDame  de  Beaulieu  était  une  paroisse  dans  le 
temps  que  la  lèpre  était  une  maladie  populaire,  et  que 
cet  hôpital  était  plein  dé  lépreux  qui  avaient  besoin  d^as- 
sistance  spirituelle.  Les  fonds  baptismaux,  que  Ton  j  voit 
encore,  sont  une  preuve  de  ce  qu^elle  a  été  ;  mais  lorsque 
la  lèpre  a  cessé,  elle  a  été  réduite  à  une  simple  chapelle. 
On  y  dit  la  messe  tous  les  dimanches.  Les  Echevins  de 
Caen  en  sont  les  patrons. 

La  chapelle  du  Nombril-Dieu,  sous  le  titre  de  la  Sainte- 
Trinité,  est  comme  la  précédente  dans  le  quartier  de  la 
Maladrerie.  Elle  n'a  qu'un  revenu  médiocre.  L'abbé  de 
Saint-Etienne  de  Caen  la  confère  de  plein  droit. 

Notre-Dame'de-Froide'Ruee&x^irm  surnommée  parce 
qu'elle  est  située  dans  la  rue  qui  porte  le  même  nom.  Elle 
est  très  ancienne.  On  croit  à  Caen  que  saint  Regnobert, 
évéque  de  Bayeux,  a  bâti  autrefois  une  chapelle  au  lieu 
oîi  est  à  présent  l'église  de  Notre-Dame,  et  Ton  y  voit  une 
inscription  contre  un  des  piliers  qui  marque  que  saint 
Ouen,  transférant  les  reliques  de  saint  Marconi,  se  reposa 
dans  ce  même  lieu  ;  mais  l'inscription,  dit  M.  Huet,  étant 
plus  récente  que  l'église,  et  l'église  plus  récente  de  plu- 
sieurs siècles  que  saint  Regnoben,  cette  tradition,  à 
laquelle  on  fait  percer  tant  de  siècles,  devient  fort  dou- 
teuse. On  dit  aussi  qu'elle  a  été  premièrement  fondée 
sous  rinvocation  de  saint  Léonard.  Cette  paroisse  donne 
le  titre  à  une  des  prébendes  de  la  cathédrale  de  Bayeux, 
et  son  titulaire  nomme  à  la  cure  de  plein  droit.  Le  gros 
de  la  prébende  de  Froide-Rue  consiste  en  21  acres  et 
3  vergées  de  terre  situées  à  Douvres,  en  plusieurs  pièces. 

Il  y  a  plusieurs  confréries  dans  cette  église,  entre  autres 


212 

celle  de  Saint- Eastachç,  érigée  le  lo  mai  1443,  et  celle  de 
la  Charité  de  Notre-Dame,  le  1 2  août  1448  et  5  août  1454. 
Mgr  de  Nesmond,  sur  la  requête  de  Jacques  de  Guerville, 
curé  de  Notre-Dame,  confirma  ces  deux  confréries  par 
actes  du  4  août  1664  (i),  mais  il  réduisit  les  charges  de 
la  première  qui  étaient  de  deux  messes  par  jour  à  une,  et 
il  changea  la  fête  principale  de  la  seconde  qui  était  PAs- 
somption^  à  celle  de  la  Nativité  de  la  Sainte  Vierge. 

Jacques  de  Guerville,  curé  de  Notre-Dame  de  Caen,  a 
mérité  un  éloge  particulier  parmi  les  illustres  citoyens  de 
Caen,  par  sa  piété  et  sa  science  (2).  M.  de  Saint- Martin 
en  a  composé  aussi  une  courte  histoire,  qui  est  un  ouvrage 
ridicule.  Ce  curé  a  composé  quelques  ouvrages  de  piété 
en  faveur  de  ses  paroissiens  :  Pratiques  de  piété  pour 
passer  chrétiennement  la  semaine  sainte  conformément 
à  r esprit  et  à  la  doctrine  de  Péglise  catholique,  dres- 
sées par  noble  et  discrète  personne  M^  Jacques  de  Guer^ 
ville,  prêtre,  curé  de  N.-D,  de  Caen,  en  faveur  de 
Vdme fidèle,  laquelle  désireuse  de  sa  perfection  veut 
adorer  Dieu  en  esprit  et  en  vérité.  Cet  ouvrage,  dont  le 
titre  est  assez  long,  n^est  qu^un  in- 16  de  120  pages,  im- 
primé à  Caen  chez  Morin  Yvon,  en  1688  et  1716.  Il  fut 
approuvé  par  deux  actes  particuliers,  le  12  mars  1674,  ^^ 
Messire  Delauney-Hue,  docteur  de  Sorbonne,  et  Le  Nor- 
mand, docteur  en  théologie,  curé  de  Louvigny^  M<  de 
Guerville  mourut  âgé  de  46  ans,  le  18  juin  1676,  et  fut 
enterré  dans  son  église,  oti  Ton  voit  son  éloge. 

Saint'Ouen.  Cette  paroisse  a  été  dédiée  sous  Pinvo- 
cation  dé  saint  Ouen  et  de  saint  Barthélémy,  et  ces  deux 

(i)  Reg.  du  secret,  de  Tévêcké,  an  1664,  p.  22  et  a3. 
(a)  Orig,  de  Caen,  de  M.  Huet,  p.  392. 


213 

saints  sont  ses  patrons.  Il  n*en  faut  pas  chercher  d^autre 
raison;  dit  M.  Huet,  que  la  rencontre  de  ces  deux  fêtes 
dans  un  même  jour.  Sa  situation  sur  TOdon  la  fait 
appeler  Saint-Ouen-sur-rOdon.  L^aocien  et  le  véritable 
nom  de  cette  paroisse  est  Villers,  qui  est  encore  demeuré 
à  sa  principale  place.  L'abbé  de  Saint-Etienne  de  Caen  y 
présente  de  plein  droit. 

Saint-Pierre.  Cette  paroisse,  par  rapport  à  sa  situation 
au  cœur  de  la  ville,  commode  pour  les  cérémonies  pu- 
bliques, est  regardée  comme  la  première  et  principale 
paroisse  de  Caen.  C^est  là  en  effet  que  s^assemblent  les 
processions  générales,  et  où  se  font  tous  les  autres  actes 
solennels.  LMglise,  bâtie  en  croix,  est  magnifique.  Elle  a 
12  piliers  dans  sa  longueur  de  chaque  côté,  et  un  rang  de 
chapelles  règne  tout  autour,  avec  un  corridor  fort  bien 
voûté.  Le  grand  cul-de-Iampe  de  pierre  de  1 1  pieds  en 
saillie  au  dessus  du  grand  autel  est  un  ouvrage  hardi,  et 
on  en  voitd^autres  assez  beaux  dans  les  chapelles  derrière 
le  chœur. 

Cette  église  est  couverte  en  plomb.  Elle  a  un  grand 
portail  orné  d'une  tour  qui  porte  une  superbe  pyramide 
de  pierre  percée  à  jour  et  ouVerte  en  roses.  C'est  là  où 
sont  les  plus  belles  cloches  de  la  ville.  Son  bâtiment  a  été 
fait  à  diverses  reprises.  M.  de  Bras  en  a  marqué  quelques 
dates  :  le  clocher  en  1 3o8,  Taile  du  côté  du  carrefour  en 
1410,  l'autre  aile,  quelque  temps  après,  le  rond-point  et 
les  voûtes  du  chœur  et  des  ailes  en  i52i,  par  Hector 
Sohier,  célèbre  architecte  de  Caen. 

Son  clergé  est  composé  d'un  curé,  2  vicaires  et  1 2  prêtres 
titrés,  qui  ponent  l'aumusse  sans  former  ni  collège  ni 
chapitre.  Le  curé  est  à  la  nomination  de  plein  droit  de 


214 

Mgr  révéque  de  Bayeux,  et  les  prêtres  habitués  à  celle  des 
officiers  et  députés  de  la  paroisse. 

Cette  église  donne  le  titre  à  une  des  prébendes  de  la 
cathédrale  de  Bayeux,  laquelle  fut,  avec  celles  de  Notre- 
Dame  et  de  Saint-Jean,  fondée  le  7  mars  1 1 53,  selon  les 
registres  de  Tévêché,  par  Philippe  d'Harcourt,  évêque  de 
Bayeux,  d^où  Ton  infère  que  Texistence  de  cette  paroisse 
est  antérieure  à  Tépoque  de  cette  fondation. 

Il  y'a  une  confrérie  célèbre  de  Sainte-Cécile,  qui  fut 
fondée  et  érigée  dans  cette  église  le  25  d^octobre  1 564,  et 
confirmée  en  même  temps  par  Qaude  de  Chaulieu,  doc- 
teur aux  droits,  doyen  de  Péglise  collégiale  du  Saint- 
Sépulchre  de  Caen,  et  officiai  au  dit  lieu,  vicaire  général 
au  spirituel  et  temporel  de  M.  d^Humières,  évêque  de 
Bayeux.  Mgr  de  Nesmond  confirma,  le  21  octobre  1680^ 
les  statuts  au  nombre  de  2 1  articles,  qui  furent  imprimés 
la  même  année. 

Jean  du  Bec,  curé  de  Saint-Pierre  de  Caen,  permuta  ce 
bénéfice  le  26  sept.  1462  avec  Philippe  de  la  Rose  (i) 
pour  la  dignité  de  Trésorier  de  Rouen  (2).  Il  résigna^  en 
1 5oo,  cette  dignité  à  son  oncle  Charles  du  Bec,  conseiller 
au  PaHement  de  Paris.  Il  fut  aussi  archidiacre  de  Caen,  et 
chanoine  de  Cully  à  Bayeux.  Il  f)ermuta  ce  canonicat 
pour  celui  de  Cambremer  au  dit  lieu  avec  Jacques  de 
Pellevé,  qui  en  reçut  le  visa  le  18  décembre  1471  (3).  Il 
fonda  son  obit  à  Bayeux.  Obitus  Johannis  du  Bec^  the- 
saurarii  Rhotomagensis,  archidiaconi  et  canonici  Bajo- 
censis  sacerdotis. 

Saint-Sauveur.  Cette  église  est  située  devant  la  place 

(1)  Hist,  des  gr,  qffic.,  t.  a,  p.  85. 

(a)  Hist.  de  la  cathéd,  de  Rouen^  p.  35i-35a. 

(3)  Rcg.  de  révêché. 


215 

du  Marché,  vis-à-vis  duquel  on  ouvrit,  en  1767,  la  belle 
rue  qui  conduit  à  Tabbaye  et  au  Bourg-PAbbé.  Cestune 
de  ces  églises  dont  la  fondation  a  été  attribuée  à  saint 
Regnobert  contre  toutes  sortes  d'apparences.  Son  origine 
n^est  pas  plus  certaine  que  celle  des  autres  paroisses  de 
Caen.  On  sait  seulement  par  les  registres  de  Pévéché  et 
du  chapitre  de  Bayeux  qu^elle  était  déjà  érigée  en  l'année 
1288.  Le  chapitre  de  Bayeux  présente  de  plein  droit  k 
cette  cure. 


^,  LES  COMMUNAUTÉS  DE  CAEN 

Le  Prieuré  de  VHôteUDieu  fut  fondé  dans  lexii«  siècle 
sous  rinvocation  de  saint  Thomas,  martyr,  et  de  saint 
Antoine,  abbé.  On  y  établit  des  chanoines  réguliers  de 
Tordre  de  saint  Augustin  au  nombre  de  10,  y  compris  le 
prieur  et  un  novice.  La  bulle  du  pape  Innocent  III,  du 
mois  d^avril  12 10,  apprend  que  le  fond  où  est  située  cette 
maison  fut  aumône  par  Guillaume  comte  de  Magneville. 
Plusieurs  seigneurs,  à  son  exemple,  y  firent  des  fonda- 
tions dont  on  voit  le  détail  dans  cette  bulle.  Mais  la  ville 
de  Caen  ayant  plus  contribué  à  cet  établissement  que  tous 
les  autres,  Thonneur  et  les  droits  de  la  fondation  lui  sont 
demeurés.  Le  droit  de  présenter  à  cette  administration  ùt 
à  celle  de  la  Maladrerie  est  un  des  privilèges  accordés  par 
les  rois  aux  bourgeois  de  Caen.  Ils  élisent  le  prieur  dans 
une  assemblée  de  ville  qui  se  tient  devant  le  bailli  ou  son 
lieutenant,  et  les  échevins.  Ils  présentent  Télu  à  Tévéque 
de  Bayeux  qui  lui  donne  sa  collation,  et  il  est  mis  en 
possession  par  le  bailli.  Les  places  des  religieux  sont 
remplies  par  le  choix  des  échevins. 


2l6 

La  grande  salle  où  sont  les  pauvres  est  d'une  ancienne 
structure  (i).  Elle  a  120  mètres  de  long  sur  3i  de  large« 
18  gros  piliers  en  soutiennent  les  voûtes.  L'église  est 
placée  à  un  des  côtés  de  la  salle  :  c'est  là  où  le  prieur  et 
les  religieux  font  l'office  divin.  Ils  portaient  autrefois  des 
surplis  dans  leur  maison  et  par  la  ville.  Ils  ont  pris, 
depuis  i562,  le  rochet  blanc.  Le  prieur  porte  un  bâton 
pastoral  d^argent  doré  en  faiisant  son  office. 

Ces  religieux  sont  tenus  de  présenter  quatre  prêtres  à 
Pabbé  et  à  Tabbesse  de  Caen,  qui  en  choisissent  un  pour 
le  service  de  la  chapelle  et  des  pauvres,  et  le  présentent  à 
Mgr  Pévéque  de  Bayeux  pour  recevoir  de  lui  son  institu- 
tion. 

Il  présente  à  Basly,  à  Venoiit,  à  Clinchamps. 

USTE  DES  PRIEURS. 

Ranulphe  est  cité  dans  la  bulle  que  Innocent  III  donna 
le  8  des  ides  d^avrîl  12 10,  pour  la  confirmation  des  biens 
aumônes  à  THôtel-Dieu. 

Jean  le  Routier,  prieur,  acte  du  21  janvier  1420 
(Tabell.  de  Caen,  f"  16  verso). 

Hugues  An\eray,  prieur,  est  mentionné  dans  des 
contrats  de  1440  et  1444  (Hist.  Harc,  t.  I,  p.  997). 

Simon  Anquetil,  prieur,  et  ses  religieux,  achetèrent  de 
noble  homme  Jean  Anzeray,  écuyer,  seigneur  de  Buron, 
5o  livres  de  rente,  le  3  janvier  1449  (Ibid.f  f<>  121,  recto). 
Il  fait  une  donation  de  5o  écus  d^or  au  dit  prieuré  pour 
dire  des  prières  le  1 5  octobre  1462  (Ibid,,  f«  reao). 

Louis  An\ef\iy,  prieur,  est  cité  dans  un  acte  de  1464 
[Ibid, y  p.  993,  i3  registre,  1464,  f»  2  recto). 

(i)  M.  de  Braft,  Ant.  de  Caen. 


217 

Jean  de  Bourbon,  protonotaire  du  Saînt-Siége,  prieur, 
résigna  par  son  procureur  Jean  Lyrondel,  docteur  en 
droit,  au  suivant. 

Jean  Le  Tardif,  licencié  en  droif,  religieux  de  Tordre 
de  saint  Benoit,  prieur  par  la  résignation  du  précédent, 
reçut  son  institution  de  Pévéque,  le  20  mai  1490  (Reg. 
de  révôché). 

Guillaume  Malherbe,  chanoine  du  Saint-Sépulchre, 
et  prieur  de  PHôtel-Dieu,  est  au  rang  des  illustres  ci- 
toyens de  Caen  dans  Cahaignes  (Éloge  IV),  Collegii  S^ 
Sepulchriflamenfuit  Guillelmus  Malherbeus  quiy  licet 
ad  spem  attingendœ  reipublicœ  enutritus  fuisset, 
tamen  naturœ  suœ^  cui  repugnare  difficilimum  est, 
jussis  obtemperans^  sacris  sese  addixit,  etprœter  illud 
flaminium,  prioratum  xenodochii  Cadomei  cum  sacer- 
dotio  non  ignobili  possedit . .  .facilis  erat  ad  coHvictum 
quorumlibet  hominuniy  lepidus  congerro  facetiarum, 
sale  perurbanus,  non  nimis  tamen  ad  séria  quam  ad 
jocos  appositus,  sed  ubi  séria  per/ecerat,  animi  deleo' 
tamenta  quœrebat,.,  summa  Dei  gratia  vitam  nullis 
fortunes  ventis  agitatam  egit,  ad  felicem  senectutem 
progressas,  quod  eafuerit  morborum  et  animi  passionum 
expers,  magnoque  propinquorum  et  amicorum  numéro 
stipata,  quam  tandem  mors  sine  sensu  doloris  excepit. 

Il  fut  chanoine  du  Sépulchre  (V.  les  Doyens). 

Gaspard  Vavasseur,  chanoine  régulier,  et  Croisier, 
fut  élu  unanimement  pour  succéder  à  Guill.  Malherbe 
dans  le  prieuré  de  THôtel-Dieu.  Cahaignes  Ta  mis  aussi 
au  rang  des  illustres  citoyens  de  Caen  (Éloge  XCXVII)  : 
«  Virfuit  apertus,  dit-il,  ab  omnifuco  alienus,  et  sic  a 
naturafactus  ut  tacitos  animijsensus  prompte  detegeretj 
qui  licet  non  ita  compti,  validi  tamen  erant.  Insuper 


2l8 

bonis  ecclesiasticis  fionestè  usus,  mensamjfro  ratione 
facultatum  quotidiè  instructam  patere  hospitibus  vo- 
luit,  ad  quant  etiam  primores  civitatis  interdum  acce- 
debant  ». 

Il  fut  obligé,  à  la  fin,  de  satisfaire  à  Tarrét  irrévocable 
de  la  nature.  Sa  mort  attira  bien  des  troubles  et  des 
divisions,  lorsqu'il  s^agît  de  lui  donner  un  successeur. 
Ces  troubles  n'étaient  pas  encore  finis  vers  i6oS,  temps 
auquel  M.  Cahaignes  faisait  Péloge  de  ce  prieur. 

Laurent  Le  Haguais,  prieur,  mourut  en  1674. 

Jean  Bouvet,  prêtre^  prieur  de  la  Carneilie,  fut  mis 
par  visa  du  24  avril  1674  (Registre  de  TÉvêché)^  en 
possession  du  prieuré  de  THôtel-Dieu  de  Caen,  dont  il 
était  chanoine  profis. 

Pierre  de  Gouville  de  Pontoger,  prieur,  décédé 
en  1 710. 

Louis  Odet  de  Clinchamps,  prieur,  curé  de  Gray,  fut 
nommé,  le  13  mars  1710,  prieur  de  THôtcl-Dicu  dont  il 
était  profès. 

François  Bobehier,  prieur  et  profès  de  l'Hôtel- Dieu, 
mort  en  1758. 

Marin  Amiel,  profès  du  dit  lieu,  prieur  en  1758,  cy- 
devant  prieur  de  Dozulay,  s^est  acquis  un  nom  par  les 
oraisons  funèbres  qu^il  a  prononcées  ;  décédé  le  1 5  sep- 
tembre 1776,  âgé  de  75  ans,  et  ancien  conservateur  de  la 
confrérie  de  Sainte-Cécile. 


Les  Carmes  tiennent  le  premier  rang  parmi  les 
religieux  de  Caen  des  ordres  mendiants,  et  les  précèdent 
dans  les  cérémonies  publiques,  parce  qu^ils  sont  les  seuls 
qui  puissent  justifier  par  titres  leur  première  fondation. 


219 

Jean  Pillette,  bourgeois  de  Caen,  fut  leur  fondateur.  II 
leur  donna  le  lieu  où  est  situé  leur  couvent,  dans  la 
paroisse  de  Saint-Pierre,  sur  la  rivière  d'Orne.  Cette 
donation  se  fit  au  mois  de  juin  en  Tannée  1278,  parla 
permission  de  Pierre  de  Benais,  évéque  de  Bayeux,  et  du 
consentement  de  Guillaume  Pouchin,  curé  de  Saint- 
Pierre,  qui  fut  indemnisé  par  une  rente  de  10  livres,  que 
ce»  pères  payent  encore  au  curé  de  Saint-Pierre. 

Leur  église  fut  établie  dans  la  chapelle  Sainte-Anne. 
Ils  se  sont«  depuis,  accru  par  diverses  acquisitions  et 
donations  qui  leur  ont  été  faites.  Ce  couvent  fut  exposé  à 
tous  les  pillages  des  Protestants,  qui  brisèrent  les  décora- 
tions magnifiques  de  leur  église.  M.  de  Bras,  dans  ses 
Antiquités  de  Caen,  p.  175,  en  parle  avec  une  espèce 
d'enthousiasme  :  <t  J^ay  été,  dit-il,  en  la  plus  grande  part 
des  plus  fameuses  villes  de  ce  Royaume,  mais  je  n*ai  veu 
aucun  plus  beau  et  singulier  contre-autel  que  celuy  des 
Carmes  de  cette  ville,  iqui  était  à  petits  personnages 
eslevez,  peints  et  dorez  de  fin  or  battu,  oti  les  mistères  de 
rincarnation,  Nativité,  Passion,  Résurrection,  Ascension, 
mission  du  Saint-^Esprit,  et  le  Dernier  Jugement  étoient 
représentés,  voire  de  tant  exquis  anifices,  quHl  estoit 
réputé  entre  les  plus  somptueux,  invitoit  ceux  qui  le 
contemploient  en  grande  dévotion.  Comme  aussi  un 
trépassement  Notre-Dame,  près  et  9u-<lessous  du  pulpitre, 
eslevez  à  grands  personnages  de  la  vierge  Marie  et  des 
Douze-Apôtres,  selon  le  naturel,  et  si  bien  représentez 
qu^ils  sembloient  déplorer  le  trépas  de  cette  Vierge  Mère, 
au  devant  duquel  il  n^y  avait  aucun  autel  eslevez,  mais 
servoit  seulement  d'unç  belle  représentation  d'histoire.  » 
Ces  dommages  ont  été  réparés  depuis,  et  les  décorations 
qu'on  voit  aujourd'hui  dans  cette  église  ne  font  presque 


220 

plus  r^retter  Içs  anciennes.  Leur  cloître,  tel  qu^il  est, 
fut  fait  en  1612  (i). 

«  Ordinatio  inter  curatum  Cadomensem,  et  fratres 
B'  Mariœ  de  Monte^Carmeli  ejusdem  loci,  quœordi" 
natio  tangit  aliquantulum  dominum  Bajocensem. 

«  Universis  présentes  litteras  inspecturis,  officialis 
Bajocensis^  salutem  in  Domino.  Noveritis  quod  cum 
quœdam  compositio  facta  exstitisset  inter  magistrum 
Guillelmum  dictum  Pouchin  rectorem  ecclesiœ  5'» 
Pétri  de  Cadomo  ex  parte  und,  et  Priorem  et  Fratres 
B*  Mariœ  de  Monte-Carmeli  ex  alterd,  pro  adventu 
ipsorum^  et  remanentid,  in  parochia  S^  Pétri' de  Ca^ 
domo  super  ripam  Orgnœ^  inter  masuram  Radulphi 
dicti  Beaugendre  ex  unâ  parte^  et  masuram  Simeonis 
de  Sarragosse  ex  altéra,  de  assensu  et  voluntate  Rêve- 
rendi  in  X^  Patris  per  Dei  gratiam  Baj.  Episcopi,  ita, 
quod  prœdicti  prior  et  patres  in  pradicto  loco  suant 
faciant  mansionem,  et  quod  ibidem,  ad  honorem  Dei 
et  Suœ  gloriosœ  Matris  ecclesiam  construant  in  qud 
valeant  divina  officia  celebrare,  et  campanam  habere, 
et  canneterium  ibidem/acere,  secundum  quod  in  litteris 
ipsius  reverendi  patris  per  Dei  gratiam  Bajocensis 
Episcopi^  cum  aliis  articulis  ibidem  contentis  plenius 
continentur.  Quœ  quidem  sic  incipiunt  : 

«  Universis  présentes  litteras  inspecturis,  misera-^ 
tione  divina  Bajoc.  ecclesiœ  ministerindignus,  salutem 
in  D^.  Noverit  universitas  vestra  quàd  nos  qui  cultum 
divinum  volumus  ampliare,  subscripta  forma  conce- 
dimus  fratribus  de  ordine  B.  Mariœ  de  Monte-Carmeli 
Cadomensis,  in  parochia  S'* "Pétri,  in  loco  qui  sibi 

(t)  Cartulaire  en  bois  des  chart  de  rÉvéché  de  Bayeux,  ^110 
et  suivants. 


221 

datus  seu  eleemosynatus  in  perpetuum  donum  a 
Johanne  dicto  Pilet  burgense  Cadomensi,  sito  supra 
riipam  Orgnœ,  inter  masuram  Radulphi  dicti  Beau- 
gendre  ex  parte  una,  et  masuram  Simonis  de  Sarra- 
gosse  ex  altéra,  suam  faciant  mansionem,  et  quod 
ibidem  ad  honorem  Ûei  et  suœ  gloriosœ  Matris  eccle- 
siam  construant  in  qud  valeant  divina  officia  solemniter 
celebrare  ;  Concedimus  etiam  eisdem  ut  campanam 
prout  decet  religiosos,  habeant  qud  uti' valeant  pul» 
sando^  prout  more  solito,  etiam  debito  servato,  sibi 
videbitur  expedere;  Volumus  insuper  et  concedimus  ut 
dicti  fratres  cymeterum  adsuampropriam  sepulturam, 
et  etiam  aliorum  omnium  fidelium  quitus  apud  ipsos 
suam  eligere  placuerit  sepulturam^  servato  jure  rec- 
toriœ  S^- Pétri  etclesiœ,  si  quem  de  suis  parochianis 
eligere  contigerit  sepulturam,  Ordinamus  etiam  et 
concedimus  ut  dicti  Fratres  à  Christi  fidelibus  obla- 
tiones  quœ  ad  manum  sacerdotis  factœ  fuerint  reci- 
piant,  et  easdem  ad  ususproprios  teneantet  conservant ^ 
njsi  corpus  ajticujus  parrochiani  dicti  rectoris,  vel 
alieni,  transeuntis  quocunque  modo  in  dicta parrochia 
commorantis,  contigerit,..  Tune  dictus  Recjtor  lumi- 
naris  facti  pro  corpore  et  oblationem  pênes  dictos 
Fratres  mediam  percipiant  portionem,  et  nisi  ex  con- 
sensu  dicti  rectoris  de  parrochianis  suis  in  ecclesia 
dictorum  fratrum  contingat  benedictionem  fieri  nup' 
tialem,  quo  casu  ad  dictum  rectorem  omnes  oblationes 
nunc/actas,  de  consensu  eorum  ordinamus  et  volumus 
intègre  pertinere,  quod  observari  prœcipimus^  si  de 
parrochianis  alterius  vel  alicujus  ecclesiœ  vel  cujus» 
cunque  apud  prœdictos  Fratres  benedictionem  nup' 
tialem  celebrandam  contingat;  si  vero  aliquis  parro- 
chianus   alterius  ecclesiœ   Cadomensis,  seu  aliarum 


222 

quarumlibet  aliunde,  suant  apud  fratres  elegerit 
sepulturam,  non  aliter  sepeliendum  apud  se  recipiant, 
donec  ecclesia  parrochialis  in  qua  ecclesiastica  sacra-' 
menta  defunctus  recepit  de  omni  parrochiali  jure 
plenarie  fuerit  satis/actum,  quitus  etiam  ecclesiis  in 
omnibus  aliis  casibus  jus  suum  illœsum  volumus,  et  in 
omnibus  illibatum  servari.  Ordinamus  etiam  de  con- 
sensu  et  voluntate  Prioris  et  Fratrum,' quia  ipse  Prior 
et  successores  sut  a  majoribus  suis  missi  fuerunt,  ad 
dictum  rectorem,  et  ad  quemlibet  ejusdem  successorem 
veniant^  et  bona  fide  promittant  quod  pactiones  inter 
ipsos  et  dictum  rectorem  initas,  tam  super  luminaribus 
et  oblationibus  quam  aliis  juribus  superius  expressis, 
et  seqûentibus,  fideliter  observabunt  ;  ne  eadem  in  aliis 
multis  pro  adventu  et  remanentiâ,  dictum  fratrem  in 
dicta  parrochia  dictum  rectorem  et  successores  ejusdem 
contraveniri  contingat^  Prior  dictorum  Fratrum,  et 
ipsi  Fratres  et  successores  eorumdem  dicto  Rectori 
nostrœ  ecclesia?  Beati  Pétri  et  ejusdem  succcessoribus 
recompensationem  decem  librarum  Turonensium  annui 
redditus  se  facere  promiserint.  Si  vero  prœdictos 
Fratres  contra  ordinationem  nostram  seu  conventiones 
prœdict/is  in  aliqua  ventre  contingent,  volumus  ad  tune 
quod  consensus  noster  super  hoc  adhibitus  nullus  sit, 
seu  authoritas  superimpertita,  volumus  nihilominus 
quod  sive  prœsbyteros  alterius,  sive  ex  tune  eorum 
organa  sive  suspensa  hac  eadem  ordinata  sunt  a  nobis, 
salvasubjectioney  obedientia,  reverentia  nobis  et  succès- 
soribus  nostris  et  ecclesiœ  Bajocensi  débita  quam 
prœdicti  Fratres  promiserunt  se  in  perpetuum  impen- 
suros,  proqud  etiam  perficienda  singuli  priores  qui  pro 
tempore  succèdent,  in  primo  adventu  suo,  ad  nos 
venient,    et  ad  quemlibet    successorem   nostrum   in 


223 

ecclesia  Bajocensi  promiserinty  insuper  quod  nostras 
excommunicationes,  suspensiones,  vel  interdicta,  quœ 
à  nobis  vel  officialibus  nostris  vel  successoribus  nos- 
tris  seu  officiariis  eorumdem  in  ipsos  ver  ecclesiam 
suam  vel  in  alias  ecclesias  latœ/uerint,  inviolabiliter 
observabunt.  Quœ  eadem  ordinata  sunt  per  nos  cum 
prœdicto  Priore  et  Fratribus  prœdictis,  Prior  generalis 
dictorum  fratrum  intra  annum  per  suas  patentes 
litieras,  quœ  de  verbo  ad  verbum  omnia  prœdicta  et 
singula  contineant  approbare  et  ratificare  tenetur, 
alioquin  quidquid  eisdem  concedimus  ex  tune  irritetur, 
et  nullius  sit  momenti.  Pron/iiserunt  etiam  Prior  et 
dicti  Fratres  pro  se  suisque  successoribus  supra  dicta 
omnia  et  singula,  de  bona  fide  fideliter  servaturos,  et 
contra  de  cœtero  facto  vel  dicto  nos  venturos  fecimus 
roborari.  In  cujus  rei  testimonium  et  memoriam  prœ- 
sentent  litteram  sigilli  nostri  munimine fecimus.  Datum 
anno  i>»  i2jS,  octavo  mensejunii. 

«  Prœdictus  magister  Guillelmus  Pouchin  rector 
ecclesiœ  5**'  -Pétri  Cadomensis  coram  nobis  personaliter 
constitutus,  spontaneus  non  coactus,  confessus  fuit  se 
habuisse  et  récépissé  in  bona  moneta  a  prœdictis  Priore 
etFratribusBeatœ  Mariœde  Monte-Carmeli  centumet 
quindecim  lîbras  turonenses  pro  quittando  dictum  Prio- 
rem,  Fratres,  et  successores  suos  supra  dictis.  Decem 
libris  prœdicti  Fratres  tenebuntur  dicto  Rectori,  prout 
in  composisione  superius  dicta  aut  scripta  continetur, 
super  quibus  decem  libris  turonensibus  annui  redditus 
dictus  magister  Guillelmus  nomine  suo,  suœ  ecclesiœ 
prœdictœ,  et  successorum  suorum  prœdictos  Priorem 
et  Fratres  et  successores  eorum  quittavit,..  in  solidum 
et  expresse  pro  pecunia  ante  dicta,  asserendo  dictam 
pecuniam  in  utilitatem  ipsius  et  commodum  ecclesiœ 


224 

suœ  et  successorum  suorum  fuisse  conversam,  etpro^ 
tnisit  idem  Rector  bona  fide  quod  ipsum  prœdictum 
Priorem  et  Fratres  vel  successores  eorum  superdictis 
decem  libris  turonenses   omnino  non  molestabit  nec 
molestari  faciet  per^  se  vel  per  alium  in  fuiurum,  et 
quod  dicti  fratres  vel  successores  eorum  super  dictis 
decem  libris  turonensibus  de  cœtero  serv . . .  (sic)  in- 
damnes,  asseruit  etiam  idem  Rector  quod  de  prœdictis 
denariis  quos  receperat  et  habuerat  a  dictis  Fratribus, 
emerat  redditus  ad  valorem  decem  librarum  turonen^ 
sium  annui  redditus  eorum  nomine^  suo^  et  ecclesiœ 
suœ,  et  successorum  suorum,  dictos  Fratres  de  prœdic- 
tis decem  libris  turonentibus  annui  redditus  secundum 
quod  in  compositione  tenetur  pœnitus  quittandi  sicut 
superius  est  expressum,  videlicet  in  istis  locis  inferius 
notatis  :  primo  apud  Comon  a  Michaele  dicto  Pouchin 
prœsbytero  pro  vigenti  libris  turonensibus  unam  deci- 
mam  quce  est  de  feodo  Guillelmi  de  Comon  armigeri, 
et  valet  eadem  décima  per  œstimationem,  quolibet  anno, 
quinque  sextarios  hordei  ad  mensuram  de  Cadomo  ;  — 
item  quinque  solidos  turonenses  annui  redditus  quos 
débet  Dionisius  Ruel  de  quodam  clauso,  sito  juxta  do- 
mum  ejusdem  Dionisii  pro  sexaginta  solidis  turonen- 
sibus ;-~item,  apud  5"*»  Crucem  de  Grandtonne  a  Petro 
filio  magistri  Stephani  pro  novem  libris  turonensibus  ; 
—  ï7em,  duos  Sextarios  frumenti  ad  mensuram  dictœ 
villce^  duas  gallinas,  et  viginti  ova  annuatim  per  ma^ 
num  Colini  dicti   Thomassin;  —  item,  apud  Sicca- 
villam,   a  Richardo  Asnel  pro  quatuordecim   libris 
turonensibus   duos  Sextarios  frumenti  ad  mensuam 
de  Cadomo,  percipiendis  in  tribus  acris  terrœ  sitis  in 
délia  quœ  vocatur  Le  Sablon;  —  item  apud  villam 
dictam  de  Siccavilla  ex  venditione   Guillelmi  dicti 


225 

Eufa,  pro  s^ptem  libris  et  dimidia  turonensibus,  duos 
\  sextarios  frumenti  annualis  redditus  ;  *-  item  a  Basilia 
sorore  Richardi  Asnel,  duos  cappones  pro  duodecim 
solidis  turonensibus;  —  item  a  Petro  de  Cuille,  duos 
capones  et  unum  denarium  turonensem  pro  tredecim 
solidis  turonensibus  percipiendis  annuatim  in  domo 
quœ  fuit  quondam  Richardi  Gruel  ;  —  item  apud 
Agnemerium  a  venditione  Petronillœ  de  Agnernerio, 
viduce,  pro  triginta  libris  turonensibus  quatuor  sexta^ 
rios  frumenti  ad  mensuram  de  Cadomo,  percipiendos 
in  duabus  peciis  terrce  sitis  in  délia  quœ  vocatur  Sub 
Vico,  juxta  Hamelin  Girardi  ;  —  item  apud  Plumetot, 
,  a  Richardo  dicti  VÉvèque  pro  novem  libris  turonen- 
sibus septem  quartas  et  unum  bucellum  frumenti^  ad 
mensuram  de  Hermanvilla,  percipiendum  in  quadam 
pecia  terrœ  sita  juxta  terram  Mathœi  dicti  Mabou  ; 
—  item  apud  Cadomum  a  Jacobo  dicto  Vorle,  pro 
viginti  sex  libris  turonensibus  scilicet  quadraginta 
solidos  turonenses  percipiendos  annuatim  in  quadam 
domo  sita  in  Moncella  dicti  Petri^  juxta  domum  quam 
dictus  Petrus  capellanus  dicta?  ecclesiœ  S** "Pétri 
emeràt  a  Thoma  Regihardi  ;  —  item  duos  capones 
annui  redditus  de  venditione  magistri  Pétri  Garde-en^ 
bas,  pro  decem  et  septem  solidis  turonensibus.  Quod 
universis  et  singulis  quorum  interest  aut  interesse 
potest  per  prœsentes  litteras  sigillo  curiœ  nostrœ  una 
cum  sigillo  dicti  magistri  Guillelmi  Pouchin  rectoris 
dictœ  ecclesiœ  5"  -Pétri  Cadomensis  sigillatas  signifia 
camus.  Actum  et  datum  de  consensu  partium  anno  />"' 
127g,  die  lunœ  antefestum  beati  Andrœœ  apostoli. 

Les  Croisiers  étaient  établis  à  Caen  avant  Tannée  1 290. 
Leur  premier  établissement  fut  au  Bourg-PAbbé,  dans  la 

15 


226 

paroisse  de  Saint*Martiny  mais  lorsque  la  ville  fut  murée 
et  fortifiée  sous  le  roi  Philippe  de  Valois,  en  Tannée  1 346, 
le  couvent  de  ces  Pères  se  trouva  dans  Talignement  des 
nouvelles  fortifications,  et  au  nombre  des  maisons  qui 
devaient  être  rasées.  Charles,  duc  de  Normandie,  dauphin 
de  Viennois,  leur  donna  le  couvent  des  Béguines,  dans 
la  rue  Franche,  paroisse  Saint-Sauveur,  par  les  lettres 
patentes  du  3  août  1 346,  confirmées  par  d'autres  lettres 
du  même  prince,  en  Tannée  1 349.  Le  pape  Grégoire  XI 
donna  à  ce  couvent  le  titre  de  prieuré  dans  une  bulle  de 
Tannée  1373.  L'acte  d*une  ancienne  fondation  les  qua- 
lifie :  frères  orateurs  de  Sainte-Croix,  et  ils  se  qualifient 
eux-mêmes  chanoines  de  Sainte-Croix. 

Cette  maison  eut  pour  prieur,  vers  i355,  Pierre 
Pinchar  que  son  mérite  éleva  aux  premières  dignités  (  i ). 
Il  était  de  Caen  même.  Il  se  fit  recevoir  docteur  de 
Lourain,  et  s'acquit  beaucoup  de  réputation  par  Télo- 
quence  de  ses  prédications.  Il  fut  élu  général  de  Tordre 
de  Sainte-Croix  en  i363,  et  depuis  évéque  de  Spire, 
dont  il  ne  put  prendre  possession,  étant  mort  dans  le 
monastère  de  Sainte- Agathe  en  Brabant,  en  1 382. 

Les  Jacobins  veulent  avoir  été  fondés  à  Caen  par 
saint  Louis.  Ils  s'appuient  principalement  sur  la  figure 
d'un  roi  de  France  qu'on  voit  dans  les  vitres  derrière  le 
maitre--autel  de  leur  église,  tenant  une  église  dans  sa 
main,  et  sur  celle  de  Guillaume  Acarin,  peint  dans  la 
même  vitre,  offrant  à  la  sainte  Vierge  la  porte  de  ce 
monastère,  pour  exprimer,  disent-ils,  le  soin  qu'avait 
pris  Acarin,  par  les  ordres  de  ce  prince,  de  la  structure  de 
cette  maison.  Or,  Acarin  étant  mort  en  1246,  il  faudrait 

(1)  Orig.  de  Caen,  p.  333. 


227 

qu^elle  eût  été  bâtie  auparavant,  et  partai^t,  qu'elle  fût 
beaucoup  plus  ancienne  que  celle  des  Carmes  et  des 
Croisiers  ;  mais  il  faut  bien  qu'on  n'ait  pas  eu  d'égard  à 
une  preuve  aussi  équivoque,  puisque  les  Jacobins  cèdent 
à  ces  pères  le  pas  et  le  rang  dans  les  cérémonies  ;  en  effet, 
ils  n'ont  pas  la  première  chartre  de  leur  fondation,  et  ils 
en  ignorent  l'année,  les  Protestants  ayant  consumé  tous 
les  anciens  titres  dans  la  funeste  année  de  i562.  Ces 
ennemis  de  la  Religion  brisèrent  la  chapelle  de  N.-D.  de 
Pitié  oii  étaient,  dit  M.  de  Bras,  de  singulières  images  (  i  ). 
Il  y  a  dans  leur  église,  au  bas  de  l'aile  vers  la  porte, 
une  chapelle  de  Sainte-Catherine,  qui  a  été  fondée  par 
Enguerrand  Signard,  religieux  de  ce  couvent,  confesseur 
de  Charles,  duc  de  Bourgogne  et  évéque  d'Auxerre.  On 
voit  ce  duc  représenté  dans  une  de  ces  vitres. 

Les  Cordeliers  ne  savent  quand  et  par  qui  ils  ont  été 
établis  à  Caen,  parce  que  leurs  titres  furent  brûlés  et  leur 
maison  démolie  en  1 562.  M.  de  Bras  dit  que  leur  couvent 
fut  fondé  en  i236  par  un  surnommé  Guesdon,  sieur  de 
la  Guesdonniére,  près  d'Aunay;  mais  ce  témoignage  ne 
s'accorde  pas  avec  l'inscription  qu'on  voit  dans  le  cha- 
pitre,  laquelle  semble  en  attribuer  la  fondation  à  une 
famille  de  Caen  du  nom  de  Beleth  en  1262.  Ce  qui  est 
cenain,  c'est  que  cette  maison  a  eu  plusieurs  fondateurs, 
et  en  divers  temps. 

Elle  fiit  entièrement  ruinée  dans  le  xvi«  siècle,  mais  en 
1 6o3  on  commença  à  la  rétablir  par  la  charité  de  plusieurs 
personnes  pieuses  dont  les  noms  sont  écrits  dans  les 
r^istres,  et  dont  les  armes  se  voient  en  relief  au  lambris 
de  la  voûte  du  chœur.  Celui  de  la  nef  fut  refait  en  1606. 

(i)  Ant.  de  Caen,  p.  176. 


228 

Henri  IV  donna  la  grande  vitre  qui  fait  face  au  chœur; 
le  cardinal  de  Bourbon  et  le  duc  de  Montpensier  en  don- 
nèrent d^autres.  Le  grand  autel  est  un  beau  dessin  d'ar- 
chitecture et  de  menuiserie  peinte  en  marbre  ;  il  fut  bâti 
en  i633.  Il  est  du  dessin  de  Gilles  Macé,  professeur  aux 
mathématiques  en  TUniversité,  et  fut  exécuté  par  Michel 
Brodon,  architecte. 

Un  des  principaux  ornements  de  cette  église  est  la  cha- 
pelle des  Deux- Amis,  fondée  et  Éâtie  par  Pierre  Le 
Marchand,  sieur  de  Saint-Manvieu,  et  François  le  Révé- 
rend, en  1619.  Ils  voulurent  qu'elle  leur  servit  de  com- 
mune sépulture  après  leur  mort.  En  Tan  1 67 1 ,  le  P.  Pierre 
Le  Pelletier,  religieux  de  son  couvent,  à  son  retour  de  la 
Terre-Sainte,  où  il  avait  été  gardien,  fit  bâtir  la  chapelle 
du  Saint -Sépulchre,  suivant  le  modèle  du  Saint- Se - 
pulchrè  de  Jérusalem  ;  mais  cette  chapelle  ^obscurcissant 
la  nef  de  cette  église  et  affaiblissant  la  structure,  fut  trans- 
férée en  1695  là  où  elle  est  présentement.  Le  fameux 
Michel  de  Saint-Martin/  docteur  en  théologie,  y  fit  bâtir 
aussi  une  magnifique  chapelle  qu41  dota,  et  y  fut  enterré 
en  1687. 

A  propos  de  M.  de  Saint-Martin,  on  trouve  à  la  Biblio- 
thèque des  PP.  Cordeliers  de  Bayeux,  un  ouvrage  qui 
regarde  ce  docteur  en  théologie.  C^est  un  recueil  de  tous 
les  éloges  qui  lui  furent  adressés  de  son  temps.  Il  fut  im- 
primé in-4<>  de  52  pages,  à  Caen,  chez  Adam  le  Cavelier 
en  i653.  Le  Cavelier,  qui  en  est  Péditeur,  ou  plutôt 
M.  de  Saint-Martin  lui-même,  Ta  dédié  à  M^c  de  Mati- 
gnon, marquise  de  Lonray,  comtesse  de  Thorigny,  ba- 
ronne de  Saint-Lô.  Ces  éloges  sont  en  vers  grecs,  latins 
et  français.  En  voici  les  auteurs  et  le  nombre  de  leurs 
pièces  : 


229 

Grcd. 

Pièces  I .  Petrus  Vengeons  in  Sylvano  professer. 

—  s.  Carolus  Le  Bidois. 

—  3.  Joannes  Corbetius  doctor  theologus^  canonicus  vêtus ,  ac 

vicarius  generalis  Constantiensis. 

—  4.  Augustinus  Le  Haguais  in  sacro  régis  consistorio  con- 

siUarius, 

—  i,  La  Lwçeme, 

Latini. 

•—     2.  Joannes  le  Grand  consiliarius  et  advocatus  regius  Cons- 
tantiensis. 

—  I .  Antonius  Halley  regius  eloquentiœ  professor  et  Sylvani 

gymnasiarcha  in  academia  Cadomensi, 

—  i,  J,  Baptista  Baudry  ex-rector  collegii  Silvani  Cado- 

mensis  academia,  ex-rector  et  parochius  ecclesia  de 
Maupertuis. 

—  3.  Emmanuel  Feuillet  in  SUva^io  rector, 

—  a.  Julianus  Dufour  humaniarum  litterarum  professor  in 

Silvano, 

—  I .  Joannes  Franciscus  Le  Haguais^  Augustini  filius, 

—  I .  Jacobus  Martin,  Parisinus^  doctor  medicus, 

—  I .  Bamabas  Le  Guay  in  parlamento  Parisiensi  causarum 

patronus. 

—  I .  G.  Boisteau  causarum  patronus. 

— •     I.  iV.  Rogier  Sanlaudunensis  in  Neustriœ  parlamento  pa^ 
tronus. 

—  I .  Lucas  À  5te  Croix,  Sanlaudunensis. 

—  I .  Guillelmus,  Marcellus,  ex  Parisiensi  nuper  redore,  Basi- 

liensis  parœkus  et  rector, 

Gallid. 

—  i.  De  la  Crette  Bellenger, 

—  2.  Idem. 

—  I .  Jacobus  Acante  doctor  medicus* 

—  i.  De  Villenewe, 

Au  mois  de  juillet  i556  fut  tenu  à  Caen  le  chapitre 
général  des  Cordeliers  de  France.  Dans  la  procession  que 


230  > 

les  Pères  firent  le  dimanche  2  du  même  mois,  et  oti  fut 
porté  le  Saint-Sacrement,  il  s^  trouva  plus  de  600  reli- 
gieux au  rapport  de  M.  de  Bras  (  i  ).  Le  chapitre  dura  huit 
jours;  le  matin  il  y  avait  sermon  dans  Téglise,  et  Taprès- 
midi  des  disputes  de  théologie.  De  tous  les  docteurs,  celui 
qui  brilla  davantage  fut  maître  Gilles  Bigot,  alors  recteur, 
lequel  les  préféra  tous  en  latinité  plus  leste  et  plus  élé- 
gante. 

Cahagnes  le  mit  au  rang  des  illustres  citoyens  de 
Caen  (2).  j£gidius  Bigot,  dit-il,  in  obscure agri  Viriaci 
pago  rudimenta  lucis  accepit,  sed  amore  theologiœ 
captuSy  cum  ad  eam,  ut  ad  dominam  eut  cor  suum  dede^- 
rat,  cupide  perger et,  artes  libérales^  ejus  ancillas  pri- 
mum  sibi  conciliare  studuit,  suisque  obsequiis  evieit,  ut 
apertis  Gyneeei  foribus  ipsatn  dominam  arte  sit  com* 
plexus,  et  ad  interiorem  ejus  amicitiam  complexus. 
Hic  in  eloquentiœ  et philosophiœ  studiis  consummatus, 
cum  esset  ad  summum  theologiœ  gradum,  Roberti  Cœ- 
nalis,  Episcopi  Abrincensis  liberalitate  provectus, 
doctissimi  et  subtillissimi  theologi  famam  tulit,  quœ 
non  in  hac  provincia  substitit,  sed  totum  orbtm  chris- 
tianum,  ore  Franciscanonorum  qui  ex  singulis  Europœ 
regionibus  Cadomum  anno  1SS6,  confluxere,peragra- 
vit.  In  eo  namque  generali  totius  ordinis  Francisca- 
norum  conventu  cum  abstrusœ  perplexœque  de  divini§ 
rébus  disputationes  per  novem  continues  agitarentur, 
ille  et  eruditœfacundiœ^  sic  solertiœ  in  argumentando 
palmam  unà  tam  provincialium  quàm  extemorum  voce 
meruit.  Fixer at  in  hanc  urbem  rerum  suarum  domi* 
cilium,  sed  Henricus  Robertus  a  Marka,  Dux  Buil- 

(i)  Ant  de  Caen,  p.  341-242. 
(2)  Elog.  IX, 


251 

lonii,  qui  Normanniam  legati  régit  nomine  gubemabat, 
eumjam  senem  sacerdotio  donatunzy  incomitatum  suum 
ad  concionandi  tnunus  ascivit;  nempe  senectus  eorum 
qui  adolescentiam  in  litteris  traduxerunt,  œtate  doc^ 
tior,  usu  certior  et  sapientiory  litterariorum  laborum 
uberimmam  messem  metit. 

Bernard  Chancerel,  après  avpir  été  provincial^  et  neuf 
ans  gardien  du  couvent  de  Caen,  à  la  décoration  duquel 
il  travailla  utilement,  mourut  à  Rouen  le  3  nov.  1671  (i). 
Il  était  de  Caen  même,  docteur  en  théologie  de  la  Faculté 
de  Paris,  et  avait  été  employé  dans  le  gouvernement  de 
son  ordre.  Il  a  laissé  quelques  écrits.  M.  Huet  Pa  mis 
parmi  les  illustres  citoyens  de  Caen. 

f 

Les  Capucins  ont  à  Caen  une  maison,  qui  est  la  troi- 
sième de  leur  ordre  en  France.  Ce  fut  à  la  sollicitation  de 
M.  de  la  Vérune,  gouverneur  de  Caen,  que  les  habitants 
leur  permirent  en  1575  de  s'y  établir.  Il  en  vînt  six,  et, 
par  une  assemblée  de  ville  et  par  la  libéralité  des  religieux 
de  Pabbaye  de  Saint-Etienne,  ils  obtinrent  le  lieu  qu'ils 
occupent,  nommé  le  prieuré  du  fief  Brucourt. 

Le  couvent  fut  bâti  en  1576,  et  Péglise  commencée  en 
1634,  achevée  en  i635,  fut  dédiée  Tannée  diaprés  sous 
Pinvocation  de  Saint-Michel  et  de  Saint  Jacques.  Cahagnes 
dit  que  Jean  Lefèvre,  frère  de  celui  qui  fit  les  stalles  de 
Bayeux  en  1 589,  est  auteur  du  tabernacle  des  Capucins. 
Il  écrivait  en  1608.  Il  faut  donc  que  ce  tabernacle  ait  été 
fait  longtemps  avant  Péglise  (2).  En  parlant  des  différents 
ouvrages  de  ce  Lefèvre,  Cahagnes  ajoute  :  His  adde  taber* 
naculum  quod  in  œde  Capucinorum  conspicitur,  oma'^ 

(1)  Orig,  de  Caen^  p.  388. 

(a)  Eîogia  civium  Cadomensium,  LXXXVII. 


2)2 

mentis  architecturœ pariter  quœ  cœlatura  nobilitatum. 

Le  premier  gardien  était  italien  et  s'appelait  Gaspard 
de  Pavie.  Il  y  avait  dans  ce  fief  de  Bnicourt  une  chapelle 
sous  rinvocation  des  mêmes  saints  que  ci-dessus,  et  des- 
servie par  un  chapelain  titulaire.  Le  tout  dépendait  de 
Tabbaye  de  Saint-Etienne.  L^abbé  et  les  religieux,  en 
donnant  cette  place  aux  Capucins,  se  réservèrent  le  droit 
de  présenter  à  cette  chapelle  un  chapelain  qui  pût  en 
titre  posséder  les  terres  et  revenus  qui  en  dépendaient. 
Les  Capucins,  après  quelques  réparations,  s'en  servirent 
assez  longtefnps  pour  leur  usage.  Ils  la  démolirent,  et  en 
bâtirent,en  i6o5,  une  autre  qu'ils  convertirent  depuis  en 
infirmerie,  en  édifiant  leur  ^lise.  Le  chapelain  avait 
autrefois  une  maison  tout  proche.  11  y  en  avait  aussi 
plusieurs  autres  appartenant'à  une  ancienne  famille  noble 
du  nom  de  Bnicourt  qui  avait  donné  son  nom,  ou  qui 
Pavait  pris  de  ce  fief  :  d'où  il  y  a  lieu  de  conjecturer  que 
le  fief  et  le  patronage  de  cette  chapellei  furent  aumônes  à 
l'abbaye  de  Saint- Etienne  par  cette  famille. 

L'on  apprend  des  registres  de  Pévécbé  de  Bayeux  qu'il 
y  avait  encore  dans  le  même  fief  de  Brucourt  une  chapelle 
dédiée  à  saint  Louis,  et  de  patronage  laïque.  Les  Capu- 
cins, néanmoins,  ni  les  Bénédictins  de  Saint- Etienne 
n^ont  aucuns  titres  qui  en  fassent  mention. 

Les  Jésuites,  par  lettres  patentes  de  Henri  IV,  du  mois 
de  septembre  1 608,  eurent  permission  de  s'établir  à  Caen. 
On  leur  donna  le  collège  du  Mont  dont  ils  prirent  pos- 
session le  dernier  août  1609,  à  charge  que  ce  collège 
serait  nommé  le  Collège  Royal,  et  que  les  chaires  seraient 
remplies  par  la  nomination  du  Roi.  Robert  de  la  Ménar- 
dière,  abbé  de  Sainte-Colombe  et  prieur  de  Sainte-Barbe- 
en-Auge,  pour  assurer  un  fond  à  ces  pères,  leur  résigna 


23Î 

son  prieuré  avec  le  consentement  de  ses  religieux,  qui 
reconnurent  le  collège  de  Caen  pour  prieur  perpétuel. 
Cette  résignation  confirmée  par  les  bulles  du  pape 
Paul  V  fut  enregistrée  au  Parlement  de  Rouen  le  16  avril 
1610.  Les  PP.  Jésuites  acquirent  encore  en  1625  le  prieuré 
de  la  Cochére  au  diocèse  de  Séez,  ancienne  dépendance 
du  prieuré  de  Sainte- Barbe-en- Auge^  par  la  démission 
volontaire  de  Victor  Bouteille^  évêque  d^Aire,  et  cette 
acquisition  fut  confirmée  par  lettres  patentes  du  roi 
Louis  XIII  du  .1 3  mai  1626. 

On  ne  tint  d^abord  dans  ce  collège  que  les  écoles  de 
philosophie  et  d^humanités  ;  mais  le  12  mars  1664,  M.  de 
Saint-Martin,  docteur  en  théologie,  y  fonda  la  chaire  de 
théologie,  et  ce  collège,  par  un  acte  authentique  de  1* Uni- 
versité, fut  agrégé  et  immatriculé  depuis  à  son  corps. 
Leur  église  est  magnifique.  Ce  fut  M.  de  Segrais,  premier 
échevin,  qui  leur  fit  donner  remplacement  par  la  ville, 
et  qui  y  mit  la  première  pierre.  Elle  fut  commencée  en 
1 684  et  consacrée  le  3 1  juillet  1 689.  Cette  église  a  été  bâtie 
sur  le  modèle  de  celle  du  noviciat  de  Paris;  mais  elle  est 
plus  grande  et  a  plus  d^apparence.  Elle  a  cependant  peu 
coûté  à  bâtir  par  l'économie  d^un  de  leurs  procureurs, 
très  habile,  qui  Pentreprit  sans  le  secours  d^aucun  archi- 
tecte. 

On  sait  Tétrange  révolution  arrivée  à  la  Société  des 
Jésuites  en  France,  en  Tannée  176. . .  Ils  furent  obligés 
de  sortir  de  leur  collège  de  Caen  par  arrêt  du  Parlement 

de  Normandie  donné  en On  y  a  mis  à  leur 

place  des  profiesseurs  séculiers,  en  vertu  d'un  autre  arrêt 
du...  (sic). 

Le  P.  Yver-Marie  André,  ancien  professeur  de  mathé- 
matiques à  Caen,  y  mourut  le  27  février  1 764,  âgé  de 


«34 

89  ans  (  I  ).  Il  est  auteur  du  Traité  du  Beau^  ouvrage  fort 
estimé,  qui  fut  imprimé  à  Paris  en  1741,  réimprimé  à 
Amsterdam  en  1759,  et  redonné  par  Tauteur  même  avec 
des  augmentations  considérables,  en  a  volumes  in- 12, 
Paris,  1763.  Le  P.  André  laisse  quelques  ouvrages  prêts 
à  être  imprimés,  comme  :  les  Merveilles  du  corps 
humain,  —  les  Merveilles  de  Punion  de  l'âme  avec  le 
corps. 

Les  Carmélites  s^établirent  à  Caen  en  16 16.  Une  sainte 
fille,  depuis  carmélite  elle-même,  fut  la  première  fonda- 
trice. Huit  religieuses  de  cet  ordre,  du  couvent  de  Rouen, 
arrivèrent  ici  le  14  juillet.  Elles  y  furent  autorisées  par 
lettres  patentes  du  mois  de  novembre  suivant.  Leur  pre- 
mière demeure  fut  dans  la  rue  Guillebert,  d'où  elles  pas- 
sèrent au  logis  qu^elles  occupent  maintenant,  situé  dans 
la  rue  Saint-Jean;  il  leur  fut  vendu  par  Corboran  Jacques 
de  Morel,  sieur  de  Brucourt,  et  par  Valentine  de  Luxe, 
son  épouse.  Mais  leur  charité  les  porta  à  remettre  à  cette 
communauté  une  partie  du  prix  de  la  vente,  et  s^acquirent 
par  cette  libéralité  le  titre  de  fondateurs.  Ils  ont  été  inhu- 
més dans  l'église  oh  on  voit  leur  épitaphe.  Ces  filles 
bâtirent  ensuite  leur  église,  qui  fut  consacrée  le  18  mai 
1626. 

Les  Pères  de  l'Oratoire  demeurèrent  d'abord  en  la 
rue  Guillebert,  dans  une  maison  qui  leur  avait  été  donnée 
par  MM.  de  Repichon.  Le  contrat,  passé  à  Paris  le  10  juin 
1622  entre  ces  Messieurs  et  les  PP.  de  BéruUe  et  de 
Harlay,  fut  insinué  au  Châtelet  le  16  du  même  mois,  et 
à  Caen  le  26  juillet  suivant.  Le  Roi  leur  accorda  des 

(i)  Qfic.  de  Norm.,  mars  1764,  p.  168. 


^35 

lettres  patentes  le  7  septembre  de  la  même  annéç,  enre*- 
gistrées  au  bailliage  de  Caen  le  16  janvier  1623  ;  mais 
en  l'année  i653  ils  achetèrent,  du  sieur  Patris,  la  maison 
oti  ils  demeurent  présentement,  et  qui  est  beaucoup  plus 
propre  à  leur  usage.  Cependant,  leurs  lettres  patentes 
n^ayant  point  été  vérifiées  au  Parlement  de  Rouen,  ils 
furent  obligés  d'en  obtenir  d^autres  datées  du  mois 
d'avril  i685,  et  vérifiées  à  Rouen  le  16  juin  1688. 

Pierre  Fleury,  prêtre  de  TOratoire  de  Caen,  docteur  en 
théologie  et  en  Pun  et  Pautre  droit,  est  auteur  d'un  poème 
latin  de  325  vers  sur  la  promotion  de  M.  de  Nesmond  à 
Févéché  de  Bayeux,  imprimé  in-4<^  à  Caen  en  1661. 

Les  Ursulines  furent  fondées  à  Caen  en  1624  par  Jour- 
daine  de  Bernières,  qui  amena  de  Paris  trois  religieuses 
de  cette  congr^atlon.  Les  lettres  patentes  qui  autorisent 
cet  établissement  sont  du  mois  de  mai  1624,  et  la  véri- 
fication est  du  3  août  suivant.  L'évêque  de  Bayeux,  le 
maire  et  les  échevins,  tous  les  corps  des  habitants  de  la 
ville  et  toutes  les  communautés  religieuses  donnèrent  leur 
consentement  par  des  actes  authentiques.  Leur  première 
demeure  fut  dans  la  rue  Guillebjsrt.  Elles  y  firent  leur 
entrée  le  21  novembre  1624,  et  y  établirent  la  clôture 
le  14  décembre  suivant.  Jourdaine  de  Bernières  fit  sa  pro- 
fession cette  même  année,  et  y  ayant  été  élue  supérieure 
quatre  ans  après;  elle  fit  travailler  au  magnifique  bâti- 
ment qu'elles  occupent  présentement,  et  où  elles  pas- 
sèrent le  i3  juillet  i636.  La  petite  maison  dans  le  même 
endroit,  qu'on  nomme  VHermitage,  est  devenue  célèbre 
par  l'éminente  piété  de  Jean  de  Bernières,  firère  de  la 
fondatrice,  qui,  en  s'éloignant  du  monde,  y  choisit  sa 
retraite,  et  de  plusieurs  saintes  personnes  qu'il  y  avait 


2i6 

attirées.  Elle  fut  achevée  de  bâtir,  et  on  commença  de 
rhabiter  en  1648. 

Les  religieuses  de  la  Visitation  de  Sainte^Marie,  au 
nombre  de  cinq,  tirées  du  grand  couvent  de  Paris,  furent 
d^abord  établies  à  Dol,  en  Bretagne,  à  la  sollicitation 
d^ Antoine  de  Revbl,  évéque  de  cette  ville;  mais  le  mau- 
vais air  les  rendant  malades,  elles  préférèrent  la  demeure 
de  Caen,  et  vinrent  s'y  établir  le  16  juillet  i63i.  Elles 
amenèrent  avec  elles  six  filles  qu'elles  avaient  reçues  à  la 
profession  à  Dol.  Leur  première  demeure  fut  dans  la  rue 
Saint-Jean,  prés  le  pont  Saint-Pierre;  mais  elles  pas- 
sèrent de  là,  le  21  novembre  i632,  au  Faubourg-PAbbé, 
dans  une  maison  qu^elles  achetèrent  du  sieur  Le  Fau- 
connier. Ayant  obtenu  des  lettres  patentes  au  mois  d'avril 
i633,  elles  se  sont  depuis  fort  étendues  par  plusieurs 
grandes  acquisitions,  et  y  ont  enfin  bâti  une  belle  maison, 
et  Téglise  que  Ton  y  voit  présentement.  Cette  église  mé- 
rite une  description  particulière. 

Précédé  d^un  parvis  découvert  où  Ton  monte  par  un 
perron  d'équerre  d'un  grand  dégagement,  sMlève  un 
temple  en  forme  de  croix.  Il  est  d^une  agréable  structure 
et  d^ordre  composite  ou  romain.  Le  corps  de  Téglise  dan» 
son  œuvre  est  de  80  pieds  de  longueur,  et  la  largeur  qui 
forme  la  croix  est  de  5  7  pieds.  L'église  entière  est  de 
pierre  de  taille,  dMne  blancheur  qui  la  rend  préférable 
au  marbre  commun;  du  pavé  à  la  corniche  elle  a  27  pieds 
et  demi.  Au-dessus  de  la  corniche  naissent  les  voûtes  qui 
sont  également  de  pierre  de  taille.  Dans  le  milieu  s'élève 
un  dôme  de  25  pieds  de  diamètre  et  d'autant  de  hauteur; 
il  est  surmonté  d'une  lanterne  d'un  vitrage  fort  clair.  Ce 
dôme  est  encore  éclairé  par  quatre  grandes  fenêtres  cin- 
trées à  la  moderne.  Quatre  grandes  niches  en  cintres 


237 

symétrisent  avec  les  fenêtres  et  attendent  des  statues  pour 
les  remplir  ;  sur  rentablement  régne  une  balustrade,  les 
balustres  sont  peints  en  marbre  rouge  veiné  en  blanc, 
Tappui  est  peint  en  marbre  noir.  La  balustrade  qui  régne 
sur  la  corniche  ou  entablement  du  corps  de  Téglise  est 
d^une  forme  semblable.  Ces  balustrades  simples  et  légères 
forment  des  aspects  de  galerie  oii  la  vue  se  repose  agréable- 
ment. Le  portail  est  dorique  et  ionique  ;  le  premier  ordre 
supporte  le  second,  terminé  par  un  fronton  cintré,  avec 
une  croix  en  amortissement.  Sur  le  tympan  est  le  mono- 
gramme du  nom  de  Jésus  dans  un  cercle  de  cordons 
tortillés.  Dans  la  frise  dorique,  entre  les  triglyphes,  sont 
sculptés  les  instruments  de  la  Passion  de  N.  S.     ^ 

Le  grand  autel  ne  fixe  pas  moins  l'attention.  Il  est 
enrichi  de  grandes  colonnes  et  autres  ouvrages  de  marbre. 
Le  tabernacle  peut  passer  pour  un  trône  de  cristal  ouvragé 
avec  beaucoup  de  dépense  ;  on  y  voit  des  colonnes  torses, 
des  miroirs,  des  panaches  de  cristal  qui  accompagnent  le 
corps  de  ce  bel  ouvrage  et  forment  pn  coup  d^œil  char- 
mant. 

Les  Bénédictines  ont  une  maison  dans  le  quartier 
appelé  les  Tours-des-terres,  et  au  lieu  même  où  était 
l'ancien  collège  de  Loraille.  Leur  premier  établissement 
fut  au  Pont-rÉvêque,  le  i8  septembre  i638.  Elles  furent 
transférées  à  Caen  le  20  janvier  1643,  par  la  libéralité  de 
Madeleine  de  Moges,  veuve  de  messire  Antoine,  marquis 
de  Moûy.  Leurs  lettres  patentes  sont  du  18  janvier  1644. 
Elles  sont  gouvernées  par  des  Prieures  triennales,  suivant 
les  bulles  du  pape  Innocent  X,  du  24  novembre  1682. 
Elles  donnèrent  à  leur  maison  le  titre  de  prieuré  de  Bon- 
Secours. 

On  voit  dans  leur  église  un  bel  éloge,  en  forme  d^pi- 


238 

taphe,  de  leur  fondatrice.  Il  est  de  la  composition  du 
célèbre  Antoine  Halley,  professeur  royal  d'éloquence  à 
Caen,  et  il  se  trouve  parmi  ses  Œuvres  mélées,pagc  401 . 
Cette  dame  demeura  parmi  ses  religieuses  les  25  der- 
nières années  de  sa  vie,  et  mourut,  âgée  de  56  ans,  le 
5  janvier  i665. 

Les  Pères  de  la'  Mission ^  autrement  les  Eudistes, 
doivent  leur  institution  au  P.  Jean  Eudes,  prêtre  de 
rOratoire.  En  1642,  étant  encore  dans  la  congrégation, 
il  avait  obtenu  des  lettres  patentes  par  lesquelles  il  lui  est 
permis,  ou  plutôt  à  M.  d'Angennes,  évéque  de  Bayeux, 
dUnstituer  dans  la  ville  de  Caen  une  communauté  de 
prêtres  sous  le  nom  et  titre  de  prêtres  du  séminaire  de 
Jésus-et-Marie,  avec  la  permission  de  jouir  de  tous  les 
droits  et  privil^es  dont  jouissent  les  autres  maisons  et 
communautés  fondées  dans  le  royaume.  Le  P.  Eudes  en 
commença  rétablissement  à  Caen  le  25  mars  1643,  et 
obtint  des  lettres  d'approbation  de  M.  i'évêque  de  Bayeux 
le  14  janvier  1644.  M.  Mole,  successeur  de  M.  d^An- 
gennes,  prévenu  contre  Cette  nouvelle  congrégation,  lui 
fit  fermer  la  chapelle  qu^elle  avait  ouvert  par  permission 
de  son  prédécesseur,  dans  Tintention  de  la  détruire;  mais 
sa  mort  arrêta  le  coup.  Ces  prêtres  furent  rétablis  comme 
auparavant  par  Pabbé  de  Sainte-Croix,  qui  fut  nommé  à 
sa  place,  et  rouvrirent  leur  chapelle  en  16 5-3,  après  Pâques. 
M.  Servien,  successeur  de  M.  Tabbé  de  Sainte-Croix,  les 
approuva  également  ;  il  établit  même  un  séminaire  chez 
eux,  en  1657,  à  charge  de  s^em ployer  aux  missions,  et 
obtint  pour  cet  établissement  de  nouvelles  lettres  patentes, 
vérifiées  à  Rouen  le  17  novembre  de  la  même  année. 
Sous  la  faveur  du  duc  de  Longueville,  gouverneur  de  la 
province,  il  leur  ménagea,  en  i658,  la  fieffé  de  la  place 


239 

des  Petits-Prés,  depuis  appelée  Place-Royale,  qu'ils 
tiennent  de  la  ville,  moyennant  la  redevance  d^une  rente 
qu'ils  acquittèrent  peu  de  temps  après. 

Le  26  mai  1664,  M.  de  Nesmond,  évéque  de  Bayeux, 
jeta  la  première  pierre  de  Péglise  du  séminaire,  sous 
rinvocation  de  la  Sainte-Vierge,  et  la  duchesse  de  Guise, 
par  contrat  passé  à  Paris  le  3  juin  1673,  leur  donna  la 
somme  de  12,000  fr.  pour  l'achever^  Le  principal  bien<- 
faiteur  de  cette  maison  est  M.  Nicolas  Bloûet  de  Than, 
docteur  de  Sorbonne,  prêtre  de.  cette  congrégation.  Il  est 
enterré  dans  cette  église  devant  la  porte  du  chœur,  où  on 
lit  sur  le  pavé  :  Hic  jacet  nobilis  vir  Nicolaus  Blouet 
de  Than  doctor  sorboniq.  Sacerdos  congregationis 
Jesu  Mariœ,  seminarii  hujusfondator.  Obtit  die  17  ja." 
nuarii,  anno  i6j3,  œtatis  suœ  54. 

Jacques  de  Matignon,  ancien  évéque.  de  Condom,'a 
signalé  son  zèle  pour  le  bien  du  diocèse  de  Bayeux,  en 
fondant  dans  ce  séminaire  18  places  pour  y  former  au- 
tant de  jeunes  clercs  au  service  de  TEglise.  Le  contrat  est 
du  2  janvier  1702. 

LISTE  DBS  SUPàUBUKS  GéNiEADX  DES  EUDISTES. 

I.  —  Jean  Eudes,  prêtre,  instituteur  et  premier  supé- 
rieur général  de  la  congrégation  des  Eudistes,  a  un  long 
éloge  dans  les  Origines  de  Caen,  par  M.  Huet  (p.  429 
et  suiv.).  Il  mourut  en  cette  ville,  et  fut  enterré  dans  le 
chœur  de  son  église  avec  cette  simple  épitaphe  qu'on  voit 
sur  son  tombeau  :  Hicjacet  venerabilis  sacerdos  Joannes 
Eudes  seminariorium  congregationis  Jesu^et-Mariœ 
institutor  ac  Rector.  Obiit  ig  augusti  1680,  œtatis 
suœ  7^. 

II.  —  JeanrJacques  Blouet  de  Camilly  fut  le  second 


240 

supérieur  général  des  Eudistes.  II  mourut  à  Coutances. 
Son  cœur  fut  apporté  à  Caen,  et  déposé  dans  le  séminaire 
oîi  on  lit  ces  mots  :  Hicjacet  cor  venerabilis  viri  £>.  D. 
Joannis  Jacobi  Blouet  de  Camilly  révérend,  prœpositi 
Congregationis  Jesu-euMariœ^  nec  non  canonici  theo^ 
logalis,  archidiaconi  et  vicarii  generalis  ecclesiœ 
Constantiensis.  Obiit  Constantiis anno  iji i,die  xi  au* 
gusti. 

III.  —  Guy  de  Fontaines  de  Neuilly^  troisième  supé- 
rieur général  des  Eudistes,  était  d'une  des  douze  familles 
qui  furent  annoblies  par  le  fameux  édit  du  Canada,  en 
1628.  Il  eut  pour  père  Simon  de  Fontaines,  écuyer, 
seigneur  de  Neuilly-le-Malherbe,  viconte  de  Caen.  Il 
étudia  en  droit,  et  se  fit  recevoir  docteur  en  droit  civil  et 
canonique.  Son  frère  Claude  de  Fontaines,  viconte  de 
Caen  après  son  père,  étant  venu  à  mourir,  il  demeura 
quelque  temps  dans  Tincertitude  ou  de  prendre  cette 
charge,  ou  d'embrasser  Tétat  ecclésiastique,  pour  qui  il  se' 
sentait  beaucoup  de  penchant.  Après  bien  des  réflexions, 
il  se  détermina  pour  le  dernier,  et  entra  au  séminaire  de 
Caen  où  il  fut  ordonné  prêtre.  Le  fait  suivant  m'a  été 
conté  par  un  de  ses  amis  particuliers  qui  Tavait  appris  de 
lui-même.  Etant  en  route,  lors  de  la  mort  de  son  frère, 
qu^il  ne  savait  pas  être  malade,  il  se  sentit  frappé  tout 
d^un  coup,  comme  si  il  Teût  vu  mourir.  Cette  impression 
lui  fit  avancer  son  chemin,  et  il  apprit,  en  arrivant  à 
Caen,  que  le  malheur  était  arrivé  au  moment  même  qu'il 
avait  été  frappé  de  cette  pensée. 

Les  Eudistes  l'envoyèrent  à  Paris  pour  gouverner  la 
cure  de  Saint-Joseph,  dont  on  avait  confié  le  gouverne- 
ment à  leur  congrégation.  Au  bout  de  quelque  temps, 
des  raisons  paniculières  lui  firent  quitter  la  cure  et  les 
Eudistes.  Il  revint  à  Caen  et  on  lui  donna  la  cure  de 


241 

Meré  proche  Condé-sur-Noireau.  Là,  il  s^appliqua  avec 
une  ardeur  particulière  aux  fonctions  de  son  ministère, 
qu'il  partagea  avec  Pétude  de  TEcriture-Sainte,  de  la 
morale  et  du  droit  canon.  Mgr  de  Nesmond,  évéque  de 
Bayeux,  si  connaisseur  en  bons  sujets,  l'appela  auprès  de 
lui,  et  en  fit  son  grand  vicaire  en  1710.  Il  fut  nommé 
Tannée  suivante  à  la  prébende  de  Vaucelles,  dont  il  prit 
possession  le  1 1  de  février.  M.  Blouet  de  Camilly  s'étant 
démis  en  même  temps,  à  cause  de  son  grand  âge,  de  la 
supériorité  des  Eudistes,  Messire  de  Fontaines  fut  élu  à  sa 
place  datis  une  assemblée  qui  fut  tenue  à  Caen.  Il  gou- 
verna cette  congrégation  Pespace  de  1 7  ans,  avec  autant 
de  sagesse  que  de  piété.  Elle  doit  même  le  regarder  comme 
son  second  instituteur^  ayant  fait  approuver  ses  règle- 
ments par  le  conseil  royal,  et  confirmer  Tunion  des 
séminaires  qu^elle  a  en  diverses  provinces  du  royaume, 
par  des  lettres  patentes  qu^il  obtint  de  M.  le  Régent,  en 
1722.  Sa  grande  capacité  dans  les  affaires  lui  attira  une 
grande  considération;  mais  ce  qui  le  rendit  encore  plus 
respectable,  fut  son  humilité,  et  son  excessive  charité  pour 
les  pauvres. 

Il  fut  mis  au  nombre  des  grands  vicaires  que  le  cha- 
pitre choisit  en  171 5  pour  gouverner  le  diocèse  pendant 
la  vacance  du  siège.  Il  fut  continué  dans  la  même  fonc- 
tion par  M.  le  cardinal  de  la  Trémouille,  qui  fut  nommé 
à  Pévéché  de  Bayeux  après  M.  de  Nesmond,  et  que  les 
affaires  de  France  dont  il  était  chargé,  retenaient  à  Rome. 
En  1722,  les  pouvoirs  lui  furent  ôtés  par  M.  de  Lorraine, 
que  M.  le  Régent  avait  nommé  à  la  place  du  cardinal  de  la 
Trémouille;  la  raison  venait  de  Téloignement  que  ce 
grand  vicaire  avait  pourFAppel  de  la  bulle  Unigenitus^ 
à  laquelle  le  nouvel  évéque  avait  pris  part.  Les  Eudistes 
eurent  part  à  la  disgrâce  de  leur  général  ;  on  défendit  aux 

16 


.242 

ordinants  de  faire  leur  séminaire  dans  la  maison  deCaen; 
on  en  fit  sortir  aussi  les  Condomistes,  qu^un  particulier, 
par  adresse  et  par  autorité  fit  transférer  au  séminaire  de 
Bayeux.  M.  de  Fontaines  soutint  cette  épreuve  avec  fer- 
meté. Il  demeura  toujours  attaché  à  la  Constitution 
jusqu'à  sa  mort,  qui  arriva  à  Bayeux  le  lo  janvier  1727. 
Son  cœur,  poné  à  Caen,  fut  enterré  dans  Téglise  de  son 
séminaire,  et  son  corps  dans  la  nef  de  la  cathédrale, 
proche  la  pone  du  chœur.  Il  avait  fait  son  testament 
quelques  années  avant  son  décès.  En  vo^ci  la  copie  : 

c  Au  nom  du  Père,  et  du  Fils,  et  du  Saint-Esprit. 
Après  avoir  considéré  Fincertitude  du  moment  de  la  mort, 
j'ai  fait  mon  testament  et  acte  de  ma  dernière  volonté, 
comme  il  en  suit,  que  je  veux  et  entends  être  exécuté 
immédiatement  après  ma  mort  selon  sa  forme  et  teneur, 
révoquant  tous  autres  testaments,  codiciles  et  actes  de 
dernière  volonté  que  j'aurais  et  pourrais  avoir  fait  ci- 
devant. 

«  lo  Je  veux  vivre  et  mourir  dans  la*  foi  Catholique, 
Apostolique  et  Romaine  ; 

a  2^  Je  demande  pardon  à  Dieu  de  tous  les  péchés  de 
ma  vie,  et  j'espère  qu'il  me  fera  miséricorde; 

c  30  Je  pardonne  de  tout  mon  cœur  à  ceux  qui  m'au- 
raient offensé,  et  je  demande  très  humblement  pardon  à 
tous  ceux  que  j'aurais  offensé  en  quelque  manière  que  ce 
soit,  et  déclare  que  depuis  quelques  années  que  la  divi- 
sion s'est  introduite  dans  notre  chapitre  par  rapport  à  la 
Constitution  Unigenitus,  si  je  n'ai  pas  marqué  la  cor- 
dialité à  quelqu'uns  de  ma  compagnie,  ça  été  contre  mon 
inclination,  mais  j'ai  cru  que  je  devais  en  user  ainsi  pour 
me  conformer  à  l'esprit  des  Saints  Canons,  considérant 
souvent  que,  n'espérant  point  les  engager  à  la  soumission 
due  à  la  Constitution   reçue  par  l'Église  Universelle, 


243 

recommandée  et  ordonnée  par  les  puissances,  peut-être 
aurais-je  mérité  moi-même  de  perdre  cette  soumission  en 
les  fréquentant  et  communiquant  trop  avec  eux; 

«  4<>  J^ai  une  grande  confiance  à  Pintercession  des 
fidèles,  c'est  pourquoi  je  me  recommande  aux  prières  de 
de  ceux  qui  m'auront  connu  et  avec  qui  j'aurai  eu 
quelque  relation  ; 

«  5<>  Je  donne  à  la  fabrique  de  l'église  cathédrale  de 
Bayeux  tout  ce  qui  me  sera  dû  lors  de  mon  décès,  tant 
par  la  commune  que  les  fermiers,  rentiers  ou  autrement, 
à  raison  de  mon  canonicat,  à  la  réserve  de  ce  qui  me  sera 
dû  par  la  prébende  d'Esquay>  consistant  en  plusieurs 
années  d'un  retour  d'échange  pour  lequel  faire  annuler 
j'ai  commencé  procès,  à  condition  que  MM.  du  Chapitre 
me  feront  enterrer  dans  le  milieu  de  la  nef^  près  ou  loin 
du  choeur,  et  qu'ils  feront  apposer  sur  ma  fosse  une  tombe 
sur  laquelle  il  sera  gravé  en  français  mon  nom,  celui  de 
mon  canonîcat  et  ces  paroles  :  Prie:(^  pour  le  repos  de 
son  âme.  Et  la  fabrique  payera  aussi  les  rentes,  droits 
royaux,  contributions  au  chœur,  et  la  part  de  la  pension 
due  à  la  cure  de  Ranchy,  et  généralement  toutes  les 
charges  annuelles  du  canonicat  et  prébende,  en  tant  qu'il 
en  pourra  être  dû  de  l'année  lors  de  mon  décès,  soit  que 
le  terme  soit  échu  ou  à  échoir  sur  l'année  gagnée  et  non 
perçue,  ou  dont  les  termes  ne  seront  pas  échus,  ce  qui 
sera  aussi  au  profit  de  la  dite  fabrique,  voulant  que  le 
bien  d'Eglise,  après  avoir  porté  les  charges,  aille  à  l'Eglise, 
et  d'autant  que  je  dois  des  contributions  aux  réparations 
des  chœurs  des  églises  de  Saint-Patrice,  de  Vaucelles  et 
de  Ranchy,  et  le  total  des  réparations  de  ma  maison  pré- 
bendale.  Je  déclare  avoir  Sait  beaucoup  pour  tout  cela, 
néanmoins  comme  il  a  pu  échapper  quelque  chose  au 
soin  que  j'en  ai  pris,  et  que  les  revenus  d'Eglise  que  j'ai 


244 

touché  y  sont  afiectés,  étant  censés  être  parmi  mes  effets^ 
mes  héritiers  payeront  ce  que  MM.  les  commissaires 
du  Chapitre  auront  réglée  en  cas  qu^il  en  soit  nommé  à 
cette  fin,  et  qu'ils  trouvent  quelque  chose  à  faire  ; 

«  6^  Je  veux  et  entends  qu'à  mon  enterrement  il  soit 
fait  une  distribution  de  pain  de  lo  livres  à  24  pauvres 
du  Bureau,  et  à  6  autres  qui  seront  choisis  par  mon 
exécuteur  testamentaire  (M.  Pierre-Damien  PiedoUe, 
prêtre  chanoine  de  Saint-Martin)^  auxquels  3o  on  don- 
nera en  outre  chacun  20  sols  ; 

c  7^  Je  veux  et  entends  qu^avant  mon  enterrement  on 
sépare  mon  cœur  pour  être  enterré  dans  la  cave  de  Féglise 
du  séminaire  de  Caen; 

c  80  Je  veux  et  entends  que  ce  qui  me  sera  dû  d^années 
par  M.  Tabbé  de  Coulons,  à  cause  de  la  prébende  d^Es- 
quay  dont  il  est  fait  ci-devant  réservation,  soit  partagé 
aux  pauvres  des  paroisses  de  Saint-Patrice,  remettant  la 
somme  aux  mains  de  M.  le  curé  de  Saint-Jean  de  Bayeux, 
aux  mains  de  M™«  de  Berrolles,  de  M"e  de  Fontenailles, 
aux  mains  de  M.  le  curé  de  Neuilly-le-Malherbe,  aux 
mains  de  M.  et  de  M^^  de  Montfort  ;  en  outre  je  donne 
pour  grossir  la  somme,  mes  cueilliers  fsicj  et  mes  four- 
chettes d^argent  aux  pauvres  des  mêmes  paroisses,  et  on 
les  avertira  de  prier  Dieu  pour  moi  ; 

€  90  Je  donne  à  M°»«  de  Neuilly,  ma  belle-sœqr,  mon 
écuelle  d'argent,  et  Rodrigue:^  en  4  vol.  in-8®,  à  cause 
qu'elle  aime  la  lecture.  C^est  seulement  afin  qu^elle  se 
souvienne  de  moi  dans  ses  prières  ; 

€  1 0°  Je  donne  à  M .  Le  Poil,  curé  de  Vaucelles,  Pontas, 
en  3  tomes  in-foL,  et  les  autres  livres  que  je  lui  aurai 
prêté,  et  dont  il  sera  saisi  lors  de  ma  mort  en  cas  qu^il  y 
en  ait; 

c  11°  Je  nomme  M.  Piedoûe,   chanoine  de  Saint- 


245 

Martin  en  Téglise  cathédrale  de  Bayeux,  pour  mon 
exécuteur  testamentaire,  entre  les  mains  duquel  je  me 
démets  de  tous  mes  biens  meubles  et  immeubles,  raisons 
et  actions,  aux  fins  de  la  pleine  et  entière  exécution  du 
présent.  Je  le  supplie  de  m'accorder  cette  grâce,  et  d'ac- 
cepter aussi  les  ouvrages  de  saint  Jean  Chrisostôme  en 
5  vol.  in-fol.,  afin  seulement  de  se  souvenir  de  moi. 

c  12^  Je  donne  le  surplus  de  tous  mes  livres  aux 
prêtres  du  Séminaire  de  Caen,  pour  avoir  part  à  tous  les 
biens  qui  se  font  et  qui  se  feront  dans  leur  maison,  et 
leur  rends  ce  témoignage,  et  à  toute  la  Congrégation,  qu'ils 
ont  Tesprit  de  leur  état,  qu'ils  sont  doués  de  bonnes 
mceursf  et  capables  de  leur  emploi  ;  c'est  pourquoi  j^ose 
supplier  Nos  Seigneurs  les  Prélats  de  leur  accorder  leur 
bienveillance  et  protection  tant  qu^ils  ne  changeront  pas 
de  conduite  ; 

€  1 3o  Je  donne  3,ooo  livres  sur  la  première  année  de 
mon  revenu  après  mon  décès,  et  sur  le  reste  de  mes 
meubles  pour,  par  mon  exécuteur,  en  être  distribué 
700  livres  à  mon  ancien  domestique  Jean  Baratte,  et 
800  livres  à  mes  autres  domestiques  à  gages,  à  chacun  à 
raison  du  temps  qu'il  m^aura  servi,  et  s'il  y  a  quelques 
difficultés,  M.  de  Montfort  en  sera  le  juge;  à  Tégard  des 
i,5oo  livres  restantes,  elles  seront  employées  par  mon 
exécuteur  à  des  messes  pour  moi  qui  seront  dites  dans 
six  mois  du  jour  de  mon  décès  à  raison  de  10  sols  par 
messe,  le  tout  selon  que  je  lui  ai  marqué  de  vive  voix  ; 

c  140  Je  veux  et  entends  que  les  gages  de  mes  servi- 
teurs dus  à  mon  décès  leur  soient  payés,  aussi  bien  que 
tout  ce  que  je  pourrais  devoir,  le  tout  sans  retardement; 

c  1 5^  Depuis  ce  que  dessus  écrit,  on  m^a  dit  qu^on 
croyait  que  la  nef  est  destinée  pour  enterrer  les  dignités, 
pour  peu  que  Tarticle  cinquième  déroge  aux  usages  et 


246 

règlements  de  la  Compagnie,  il  n'y  aura  qu'à  m'emerrer 
dans  Taile  droite,  vis-à-vis  la  chapelle  Saint-Julien  ou 
Saint-Sébastien. 

«  Fait  à  Bayeux,  double,  dont  Tautre  est  resté  entre 
mes  mains,  ce  1 7  novembre  1724.  Signé  :  de  Fontaines.  » 

IV.  —  Pierre  Cousin,  prêtre  du  diocèse  de  Coutances, 
fut  élu  supérieur  général  en  1724.  Il  mourut  à  Caen,  et 
fut  enterré  dans  Téglise  du  séminaire  où  on  lit  cette  épi- 
taphe  :  Hicjacet  corpus  D,  Z).  Pétri  Cousin^  prœpositi 
generalis  quarti  Congre gationi  J,  et  M.  Obiit  die 
14  martii  anno  ij5i.  jEtatis  sùœ  g6. 

V.  —  Jean-Prosper  Auvrqy  de  Saint- André,  né  en  la 
paroisse  de  Couvains,  au  quartier  de  Saint-André,  fut 
élu  supérieur  général  dans  une  assemblée  générale  tenue 
à  Caen  au  mois  de  juin  1731.  11  mourut  à  Caen,  dont  il 
était  supérieur,  le  20  janvier  1770.  Son  "esprit  s'était 
affaibli  du  chagrin  qu'il  eut  de  la  monde  i5  ou  16  ordi- 
nands  empoisonnés  le  carême  précédent. 

VI.  —  MicheFLe  Fèvre,  prêtre  du  diocèse  de  Bayeux , 
supérieur  du  séminaire  de  Caen,  et  supérieur  général  des 
Eudistes,^  mourut  au  grand  séminaire  de  Rennes  le 
6  septembre  1775,  âgé  d'environ  58  ans. 

Le  6  octobre  1775,  Pierre  Le  Coq,  prêtre  de  la  paroisse 
d^Ifs  près  Caen,  fut  élu  supérieur  de  la  Congrégation  de 
la  Mission,  mort  le  i»  septembre  1777,  âgé  de  49  ans. 

Les  Religieuses  de  Notre-Dame  de  la  Charité  pré- 
sentent à  Cuverville  et  à  Giberville  alternativement.  Outre 
les  trois  vœux  ordinaires  des  religieuses,  elles  s'engagent 
par  un  quatrième  à  recevoir  des  filles  et  des  femmes  de 
mauvaise  vie,  qui  veulent  se  retirer  de  leurs  débauches, 
et  même  celles  qui  désirent  en  éviter  les  occasions.  Cet 


247 

institut  fut  un  fruit  du  zèle  et  des  prédications  du  Père 
Eudes.  Plusieurs  filles  et  femmes  engagées  dans  des 
commerces  dangereux,  et  touchées  de  ses  remontrances, 
lui  demandèrent  une  retraite.  11  les  assembla,  et  les  mit 
sous  la  conduite  de  quelques  femmes  dévotes,  le  25  no- 
vembre 1641,  et  elles  furent  logées  vers  la  porte  Millet, 
devant  la  chapelle  de  Saint-Gratien.  Ces.  bonnes  dames 
qui  les  gouvernaient  s^étant  lassées  de  cet  emploi,  le 
P.  Eudes  s'adressa  aux  religieuses  de  la  Visitation  du 
couvent  de  Caen,  en  Tannée  1 644,  et  les  engagea  à  s'en 
charger  avec  l'approbation  des  supérieurs.  Cette  maison 
prît  d'abord  le  titre  de  Notre-Dame-du-Refuge. 

En  Tannée  i65o,  le  22  décembre,  M.  Le  Roux  de 
Langrie,  président  au  Parlement  de  Rouen,  et  la  dame 
son  épouse,  se  déclarèrent  fondateurs  de  ce  couvent.  Alors 
on  reçut  pour  religieuses  des  filles  de  bonnes  mœurs,  qui 
donnèrent  le  commencement  à  un' nouvel  institut  sous  le 
titre  de  Notre-Dame-de-Charîté.  Dès  Tannée  1642,  quatre 
de  ces  filles  pieuses,  qui  désiraient  d'être  religieuses  dans 
cet  institut  nouveau,  présentèrent  requête  au  Roi,  pour 
obtenir  les  lettres  patentes  qui  étaient  nécessaires  à  Içur 
dessein.  Le  P.  Eudes  y  donna  ses  soins,  et  elles  furent 
accordées  au  mois  de  novembre  1642.  On  en  obtint  de 
nouvelles  au  mois  de  décembre  1647;  enfin  le  Parlement 
de  Rouen  vérifia  ces  lettres  en  i658,  et  le  pape  Alexan- 
dre VII  leur  accorda,  le  2  janvier  1666,  une  bulle  de 
confirmation,  à  laquelle  accéda  Tapprobation  de  M.  de 
Nesmond,  évéque  de  Bayeux,  au  mois  de  juin  suivant, 
telle  que  Tavait  donnée  M.  d'Angennes  en  février  de 
Tannée  i65i. 

Ces  religieuses  pratiquent  la  règle  de  saint  Augustin, 
mais  elles  ont  leurs  constitutions.  Elles  se  sont  accrues 
avec  le  temps  en  terrain  et  en  logement,  et  par  la  struc- 


24S 

ture  de  leur 'église^  après  avoir  changé  plusieurs  fois  de 
demeures.  Car  de  leur  première  maison,  elles  passèrent 
dans  la  rue  des  Jacobins,  et  ensuite  dans  la  Neuve- Rue, 
et  acquirent  enfin  en  t 656  celle  où  elles  se  sont  fixées. 
Les  Pénitentes  ont  leur  logement  séparé;  elles  ne  sont 
jamais  reçues  religieuses  dans  cette  communauté,  et 
demeurent  sous  la  conduite  de  quelqu^unes  des  reli- 
gieuses destinées  à  cet  emploi. 

Les  Nouvelles  Converties,  ou  les  Filles  de  la  Propa- 
gation, doivent  leur  établissement  à  Caen  à  M.  Servien, 
évéque  de  Bayeux.  Cest  de  lui  qu^elles  tiennent  leur 
maison  dans  la  rue  Guilleberty-et  une  fondation  de  mille 
livres  de  rente.  L'acte  de  cette  fondation  est  du  \^  nov. 
i658.  Cet  institut  a  été  établi  pour  un  asile  contre  l'hé- 
résie aux  filles  qui,  s^  trouvant  malheureusement  enga- 
gées par  leur  naissance,  voudraient  s^affranchir  de  la 
contrainte  de  leurs  parents. 

L Hôpital-Général,  Son  établissement  fut  résolu  dans 
une  assemblée  générale  de  la  ville  tenue  devant  M.  le  duc 
de  Longueville,  gouverneur  et  bailli  de  Caen,  le  10  mars 
i655.  Les  lettres  patentes  furent  expédiées  le  1 5  mars  de 
Tannée  suivante,  vérifiées  tant  au  Parlement  qu^à  la 
Chambre  des  comptes  quelques  mois  après.  Le  temps 
ayant  fait  mieux  connaître  les  besoins  de  cet  établisse- 
ment, les  administrateurs  y  pourvurent  par  de  nouvelles 
lettres  patentes  du  5  juin  lôSg,  vérifiées  au  grand  conseil 
le  17  juillet  1669,  au  Parlement  de  Rouen,  mais  avec 
quelques  modifications  le  1 2  mars  1 674,  à  la  Chambre 
des  comptes  le'25  juin  suivant,  et  au  bailliage  de  Caen 
le  3  juin  précédent,  ainsi  qu'aux  vicomtes  de  Caen  et 
d'Évrecy. 


249 

Cet  hôpital  subsiste  des  aumônes  que  la  cotnmunauté 
de  la  ville  et  les  particuliers  lui  ont  fait,  de  la  vente  des 
manufactures  des  pauvres  qui  y  sont  renfermés,  et  de 
quelques  droits  sur  les  entrées  des  boissons  dans  la  ville, 
qui  leur  ont  été  accordées  par  un  arrêt  du  Conseil  du 
14  septembre  1676.  On  dit  qu'il  y  a  20,000  livres  de 
revenu,  dont  il  y  en  a  1 2,000  livres  payé  sur  les  deniers 
de  la  ville;  le  surplus  est  fourni  par  Timposition  de 
20  sous  d^entrée  sur  chaque  tonneau  de  cidre. 

La  connaissance  des  causes  de  Thôpital  est  attribuée, 
tant  au  demandant  qu^au  défendant,  au  bailli  deCaenen 
première  instance,  et  par  appel  au  Parlement  de  Rouen  ; 
et  par  la  déclaration  du  Roi  du  mois  d^octobre  1676,  il 
est  entièrement  soustrait  à  la  juridiaion  du  grand 
aumônier  de  France.  Les  pauvres  y  furent  transférés  du 
lieu  de  la  Gobelinière,  oti  on  les  avait  enfermés  dès  que 
cet  établissement  fut  résolu.  Les  bâtiments  se  sont  accrus 
ensuite,  à  quoi  ont  servi  les  matériaux  du  Temple  des 
Huguenots,  lorsqu'il  fut  démoli.  Celui  de  Téglise  fut 
achevé  en  l'année  1690,  et  Ton  y  célébra  la  première 
messe  le  12  mars  de  la  même  année.  Cette  église,  dit-on, 
a  été  bâtie  sur  le  .même  modèle  que  le  Temple.  Personne 
n^a  plus  contribué  à  Inexécution  de  cet  ouvrage  que  feu 
messire  de  Gavrus-Bernières,  trésorier  de  France  àCaen, 
par  ses  soins  et  ses  aumônes  se  montrant  digne  héritier 
de  la  vertu  et  de  la  piété  de  la  famille  dont  il  était  sorti. 

11  mourut  il  y  a  quelques  années  dans  cet  hôpital  un 
citoyen  de  Bayeux,  qui  mérite  que  j^en  fasse  mention  ici 
à  cause  de  son  éclatante  piété.  Richard  Néel,  sieur  de 
Bapaulme,  est  celui  dont  je  veux  parler.  Né  sur  la  pa- 
roisse de  Saint- André,  il  naquit  de  Richard  Néel,  sieur 
des  Longsparcs,  maître  des  requêtes  de  la  reine,  conseiller 
assesseur  à  Bayeux,  et  de  demoiselle  Anne  Chéradame, 


250 

qui  avaient  été  mariés  le  3  octobre  1 667;  il  coula  ses  pre- 
mières années  dans  le  plaisir  et  la  volupté  ;  rien  ne  lui 
paraissait  moins  digne  d^attentlon  que  Taffaire  de  son 
salut.  Un  jeune  homme  de  ses  amis  demande  une  des 
sœurs  du  sieur  de  Bapaulme  en  mariage,  on  la  lui 
accorde.  Déjà  les  arrangements  sont  pris  pour  célébrer 
les  noces  ;  mais  un  accident  frappant  renverse  toutes  les 
mesures  la  veille  du  mariage.  Ce  jeune  homme  fut  trouvé 
mort  le  matin,  couché  auprès  du  ^eur  de  Bapaulme. 
Celui-ci,  frappé  d^un  pareil  coup,  ouvre  les  yeux  sur  son 
état  ;  il  considère  ses  désordres  passés,  et  en  est  saisi  d^effroi. 
Il  se  retire  à  sa  terre  de  Bellezaise,  paroisse  de  Sully,  et 
là,  enfermé  dans  une  petite  serre  au  bout  du  jardin, 
n^ayant  pour  tout  meuble  qu^un  lit  de  planches,  un  cru- 
cifix et  quelques  livres  de  piété,  il  se  livra  totalement  aux 
exercices  de  la  pénitence.  Au  bout  de  quelque  temps,  il  ^ 
alla  se  cacher  dans  Tabbaye  de  la  Trappe,  d^où  il  fut 
obligé  de  sortir  à  cause  de  la  rigueur  de  la  règle  à  laquelle 
son  tempérament  ne  put  pas  s'accoutumer.  Il  se  retira  enfin 
à  Caen  dans  Thôpital  général.  Il  donna  aux  pauvres  mille 
écus  en  entrant,  et  une  pareille  somme  qu^il  exigea  de 
son  frère  aîné  au  lieu  de  ce  quHl  pouvait  prétendre  sur 
la  succession  de  ses  parents.  Il  y  passa  le  reste  de  ses  jours, 
occupé  sans  cesse  de  la  prière  et  de  la  mortificationi  et  y 
est  mort  en  odeur  de  sainteté. 

Les  frères  de  Saint^Yon,  communément  appelés  les 
Grands^Chapeaux,  à  cause  de  la  grandeur  de  leurs 
chapeaux.  M.  de  Luynes,  évéque  de  Bayeux,  permit  et 
t  ratifia,  le  6  mars  17^0,  rétablissement  des  frères  de 
Saint- Yon  à  Caen.  Quelque  temps  auparavant,  il  y  avait 
eu  en  cette  ville  cinq  frères  de  la  Providence  qui  y  avaient 
été  mis  aux  gages  de  M.  le  cardinal  de  Fleury,  abbé  de 


251* 

Caen,  pour  Thistruction  de  la  jeunesse;  s'étant  trouvés 
réduits  à  deux,  et  ceux-ci  n'étant  point  approuvés  par 
Sa  Majesté,  ils  obtinrent  de  M.  l'évéque  la  permission  de 
s'unir  à  l'Institut  des  Frères  des  Écoles  chrétiennes  de 
Saint- Yon  de  Rouen,  ainsi  que  la  maison  qu'ils  possé- 
daient à  Caen  ;  ce  qui  fut  aussi  appibuvé  par  le  frère 
Timothée,  supérieur  général  de  cet  institut.  * 


DOYENNÉ  DE  DOUVRES. 


Aguerny  (Saint-Martin  d*).  Sergenterie  de  Bemières, 
notariat  de  Bény.  Election  de  Caen,  55  feux  et  200  habi- 
tants. 

Cette  paroisse,  située  sur  une  hauteur,  est  divisée 
en  deux  hameaux,  Aguerny  et  la  Mare.  Il  paraît  que  le 
nom  de  cette  paroisse  est  unique  en  France,  par  le  DiV- 
tionnaire  universel  de  ce  royaume  qui  l'appelle  An- 
guerny,  et  y  marque  221  habitants.  Elle  a -deux  fiefs  :  la 
Varangère  et  Aguerny,  possédés  par  messirc  Pierre  Fran- 
çois de  Fresnel,  seigneur  de  cette  paroisse.  Son  château 
est  à  demi-lieue  dans  la  paroisse  de  Mathieu. 

Guillaume  de  Fresnel,  écuyer,  sieur  de  Saint-Germain, 
Mathieu,  Aguerny  et  Periers,  gentilhomme  ordinaire  de 
S.  A.  R.  fit  un  échange  de  terre  le  24  novembre  1646 
avec  Michel  Criquet. 

La  nomination  de  la  cure  et  la  moitié  des  grosses 
dîmes  appartiennent  au    chapitre  de  Bayeux;   l'autre 


252 

moitié  est  panagée  entre  les  religieux  de  la  Trappe  et  le 
curé,  qui  a  aussi  les  verdages.  Le  patronage  et  les  dîmes, 
possédés  par  le  chapitre,  lui  furent  aumônes  par  Philippe 
d'Harcourt,  un  de  ses  évéques  dans  le  xu«  siècle  (i). 

Elle  est  à  deux  lieues  de  Caen,  une  lieue  de  la  Déli- 
vrande,  et  une  lieue  et  demie  de  la  mer. 

Anisy  (Saint-Pierre  d^).  Sergenterie  de  Berniëres, 
notariat  de  Bény,  élection  de  Caen,  70  feux^  280  com- 
muniants. 

Elle  n^est  arrosée  que  par  Teau  d^un  étang  d'oti  se 
forme  le  ruisseau  qui  traverse  les  paroisses  de  Mathieu  et 
de  Périers,  et  va  se  perdre  dans  la  petite  rivière  de  Beu- 
ville.  Il  y  a  quatre  grands  fiefs,  et  Pextension  d^un  autre, 
situé  à  Villons;  le  dominant,  situé  à  Anisy,  donne  le 
droit  de  nommer  à  la  cure.  Messire  Louis-Gabriel  de 
Clinchamps  est  seigneur  et  patron  présentateur  d^ Anisy. 
Le  curé  n^a  que  le  tiers  de  toute  la  dîme,  et  les  autres 
deux  tiers  appartiennent  à  M.  Tévéque  de  Bayeux,  en 
défalquant  deux  petits  traits  pour  le  chapitre  de  Bayeux 
et  pour  Tabbaye  d^Aulnay. 

Cest  là  Porigine  de  la  maison  d^ Anisy,  dont  un  sei- 
gneur accompagna  le  duc  Guillaume  à  la  conquête  de 
r Angleterre  en  1066,  et  un  autre,  le  duc  Robert,  à  la 
Terre-Sainte  en  1096.  Ses  armes  sont  :  d^argent  billeté  de 
sable,  au  lion  de  même,  armé  et  lampassé  de  gueules. 
Raoul  d'Anisy  fonda  en  i223  la  prébende  d^Anisy  dans 
la  collégiale  du  Saint-Sépulchre,  à  Caen.  Messire  Ferry 
d'Anisy  est  compris  entre  les  bannerets  et  écuyers  de 
Normandie,  selon  les  registres  de  la  Chambre  des  comptes 
de  1337.  Jean  d' Anisy,  écuyer,  sieur  d' Anisy,  reconnut 

(1)  HisL  du  dioc,  de  Bayeux^  p.  172. 


en  14 10  avoir  donné  17  septiers  de  froment  de  rente  à 
Gaillemette,  sa  fille,  qu'il  avait  mariée  à  Guillaume  de 
Gravèrent,  seigneur  de  Coulomby.  Gérard  d'Anisy  fit 
transport  de  son  fief  d^Anisy  en  1476  ;  un  aveu  de  1463 
dit  qu^il  est  situé  en  la  vicomte  de  Caen,  et  qu^il  s'étend 
es  paroisses  d'Engranville,  Saint-Laurent-sur-la-Mer,  et 
à  Clouey,  vicomte  de  Bayeux.  Richard  d'Anisy,  de  la 
paroisse  de  Ver  en  l'élection  de  Bayeux,  fit  preuve  d'an- 
cienne noblesse  en  1463.(1).  Gilles  et  Guion  d'Anisy, 
demeurant  au  dit  lieu^  en  firent  autant  en  1 540  ;  le  dit 
Gilles,  par  contrat  de  1 533,  avait  pris  en  fief  du  doyen  et 
chapitre  de  Bayeux,  demi-vergée  de  terre  au  dit  lieu  pour 
1 00  sous  tournois  de  rente. 

On  trouve  une  paroisse  d'Anisy  dans  le  diocèse  et 
élection  de  Laon,  et  une  autre  de  même  nom  dans  le  dio- 
cèse et  élection  de  Nevers. 

Celle  du  diocèse  de  Bayeux  est  à  une  lieue  et  demie  de 
Caen,  et  à  une  lieue  de  la  Délivranc|e. 

Arquenay  (Saint- Aubin  d').  Sergenterie  d'Ouistreham, 
notariat  de  Ouistreham,  élection  de  Caen,  42  feux,  i25 
communiants. 

Cette  paroisse  a  environ  un  quart  de  lieue  dans  sa  lar- 
geur, et  trois  quans  dans  sa  longueur.  Elle  fait  partie  de 
la  baronnie  d'Ouistreham,  et  relève  de  la  juridiction  de 
Fabbaye  de  Sainte-Trinité  de  Caen.  Elle  a  deux  fiefs  ;  le 
grand  et  le  principal  appanient  à  M"*«  TAbbesse  de  Caen, 
avec  la  nomination  de  la  cure  ;  Tautre  appelé  d'Esquay, 
qui  ne  comprend  pas  tout-à-fait  le  quart  de  la  paroisse, 
mais  qui  a  une  petite  extension  dans  Ouistreham,  appar- 
tient à  M.  de  Benouville.  Il  y  a  encore  quelques  terres  et 

(i)  Histoire  d^Harcourt^  t.  I,  p.  996-997. 


254 

maisons  qui  relèvent  du  Roi,  mais  en  très  petite  quan- 
tité, puisque  ce  domaine  ne  vaut  que  340  livres  de  rente 
par  an.  L^abbesse  de  Caen,  dame  et  patronne  de  Saint- 
Aubin*d'Arquenay,  perçoit  toutes  les  dîmes  sans  nulle 
exception,  et  fait  une  pension  au  curé.  Son  territoire 
approche  de  la  rivière  d'Orne,  mais  il  ne  la  borde  pas, 
parce  que  la  paroisse  d^Ouistreham  sMtend  le  long  de 
cette  rivière-et  va  joindre  celle  de  Bénouville. 

Elle  est  à  deux  lieues  de  Caen,  à  une  lieue  et  demie  de 
la  Délivrande  et  demie  lieue  d^Ouistrebam. 

Basly  (Saint-Georges  de).  Sergenterie  de  Bemières, 
notariat  de  Bény,  élection  de  Caen,  60  feux  et  t  80  habi- 
tants. 

Elle  est  arrosée  par  un  ruisseau  qui  y  prend  naissance 
et  qui  se  perd  dans  la  rivière  de  Mue  à  peu  de  distance  de 
là.  Son  territoire  est  de  25o  acres  de  terre,  dont  il  y  en  a 
48  en  bruyères.  La  cure  est  à  la  nomination  du  prieur  de 
THôtel-Dieu  de  Caen.  Le  curé  a  la  moitié  de  la  dîme; 
Pautre  moitié  appartient  quant  aux  deux  tiers  à  Tabbaye 
de  Saint- Wandrille,  et  Pautre  tiers  au  chapitre  de  Bayeux. 
La  seigneurie  honoraire  est  en  litige  entre  M.  Jolivet,  de 
Caen,  seigneur  de  Basly,  (son  père,  avocat  à  Caen,  avait 
acheté  la  seigneurie,  vers  1744,  de  M.  le  Duc,  seigneur  de 
Basiy),  et  THôiel-Dieu  de  cette  ville. 

Les  Calvinistes  ont  eu  un  prêche  à  Basly,  lequel  fut 
abattu  en  168 5,  en  conséquence  de  Tédit  de  Nantes.  Ce 
prêche,  situé  auparavant  à  Laîsson,  doyenné  de  Maltot, 
n'avait  été  transféré  à  Basly  que  parce  que  le  seigneur  de 
Lasson  s'étant  fait  catholique  ne  voulut  plus  souffrir  de 
pareil  exercice  chez  lui. 

Deux  personnes  distinguées  par  leur  mérite  ont  donné 
du  renom  à  cette  paroisse.  Jean  Le  Mière,  sieur  de  Basly, 


255 

est  auteur  d'un  recueil  d'épigrammes  quUl  intitula  Séria 
etjoci.  Il  fut  imprimé  en  1664  (i).  Guillaume  Marcel, 
curé  de  Basly,  après  avoir  longtemps  professé  la  rhéto- 
rique dans  les  collèges  de  Rouen,  du  Plessis-Sorbonne  et 
de  Bayeux,  se  retira  dans  sa  cure,  oîi  il  composa  un 
grand  nombre  d'ouvrages  de  divers  genres,  mais  parti- 
culièrement de  controverse  et  de  poésie.  Il  y  mourut 
le  10  avril  1702,  âgé  de  90  ans.  Il  s'y  était  formé  une 
assez  jolie  terre  de  plusieurs  acquisitions  quUl  avait 
faites  des  Protestants  de  ce  lieu  ;  un  paysan  dit  à  ce  sujet  : 
«  Notre  curé  est  rempli  d*un  grand  zèle;  il  détache  tant 
quHl  sait  nos  frères  de  la  terre  pour  les  attacher  au  ciel.  » 
Cette  paroisse  est  à  trois  quarts  de  lieue  de  la  Déli- 
vrande,  trois  lieues  et  demie  de  Caen,  et  quatre  lieues  de 
Bayeux. 

B^nowviV/e  (Notre-Dame  de).  Sergenterie  d'Ouistre- 
ham,  notariat  d^Ouistreham,  élection  de  Caen,  70  feux, 
140  habitants. 

Cette  paroisse,  qui  est  dans  une  situation  charmante 
sur  la  mer  et  la  rivière  d^Orne,  se  trouve  divisée  en  deux 
parties,  dont  Tune  s'appelle  Bcnouyille,  et  l'autre  le  Port. 
Ce  dernier  a  été  son  nom  principal  et  primitif.  Le  Livre 
Pelut  de  révêché,  rédigé  vers  i356,  la  nomme  Ecclesia 
B*  Af*  de  Portu,  et  une  main  du  siècle  suivant  a  mis  au- 
dessus  le  mot  de  :  Burnouvilla,  pour  Benouville  qu'elle 
pone  à  présent.  C'est  pourquoi  les  titres  qui  en  font 
mention  l'appellent  tantôt  Notre-Dame  de  Benouville  du 
Port,  et  tantôt  Notre-Dame  de  l'Ascencion  du  Port,  la 
fête  de  l'Ascencion  étant  la  première  fête  patronale  à 
laquelle  a  succédé  celle  de  la  Nativité  de  la  Sainte  Vierge. 

(i)  Orig.  de  Caen,  p.  390. 


256 

La  cure  est  à  la  nomination  de  Tabbesse  de  Caen^  et  la 
dîme  en  est  partagée  en  trois  lots  :  le  curé  a  le  choix, 
l'abbesse  a  le  second,  et  le  troisième  est  subdivisé  en  trois 
autres  lots,  dont  les  deux  premiers  pour  le  curé,  et  le 
troisième  pour  Tabbesse.  Ainsi,  sur  neuf  gerbes  le  curé 
en  a  cinq  et  Tabbesse  quatre,  qui  lui  ont  été  aumônées 
avec  le  patronage  par,  les  anciens  seigneurs  de  cette 
paroisse.  Bertrand  de  Canville  en  était  seigneur  en  i35o. 
Aujourd'hui,  c^est  messire  Antoine  Gislain,  chevalier  de 
Tordre  militaire  de  Saint* Louis,  dit  le  marquis  de  Benou- 
ville,  fils  de  messire  François-Antoine,  seigneur  de  Be- 
nouville  et  du  Port,  et  de  dame  Hélène  de  Marguerit, 
morte  à  Caen  le  24  avril  1738,  âgée  de  72  ans. 

Il  en  possède  tous  les  fiefs,  savoir  :  Benouville  et  De- 
launey,  mouvant  du  roi  directement,  le  Port  et  Manne- 
ville.  Il  j  fait  sa  demeure  dans  un  château  bâti  vers  1 5oo, 
auquel  ses  prédécesseurs  ont  fait  beaucoup  d^embellisse- 
ments  et  de  dépenses.  Les  auteurs  de  ce  château  y  fon- 
dèrent une  chapelle  à  laquelle  ils  affectèrent  les  deux 
gerbes  du  troisième  lot  que  perçoivent  à  présent  les  curés 
au  droit  de  ces  seigneurs,  à  condition  quMls  auront  un 
vicaire  et  feront  tenir  les  écoles.  Le  terroir  de  Benouville 
consiste  en  herbages  et  terres  à  labour.  Il  y  a  dans  le 
hameau  de  Port,  sur  le  bord  de  TOrne,  un  bac  qui  com- 
munique à  Amfréville,  et  donne  facilité  pour  commercer 
vers  Troarn  et  les  autres  marchés  voisins. 

Elle  est  à  deux  petites  lieues  de  Caen  et  à  une  lieue 
de  la  mer. 

Bény  (Notre-Dame  d^Assomption  de).  Lieu  de  nota- 
riat (800  livres),  Cairon,  les  Buissons,  Villons^  Aguerny, 
Reviers,  Anisy,    Moulineaux,    Fontaine-Henry,   Basly 


257 

et  Than.  Sergenterie  de  Bernières,  élection  de  Caen, 
1 5o  feux,  320  ou  400  communiants. 

Cette  paroisse,  située  sur  une  éminence,  est  arrosée  par 
la  rivière  de  Mue  qui  la  sépare  de  Fontaine-le-Henry  et 
de  Moulineaux.  Son  territoire  peut  contenir  environ 
1,000  acres  de  terre,  dont  la  partie  du  nord-est  et  du  sud- 
ouest  est  une  bruyère,  et  Tautre  partie  représente  PArabie- 
Pétrée,  étant  bordée  d^une  chaîne  de  carrières  de  pierres. 
Malgré  cela,  les  terres  sont  fertiles  en  froment,  orge  et 
autres  grains;  on  y  voit  peu  de  bois  et  de  pommiers. 
Le  hameau  de  Bragueville  en  dépend.  La  cure  est  divisée 
en  deux  portions.  La  première  est  à  la  nomination  de 
Pabbé  de  Montmorel,  Pautre  à  celle  du  seigneur  de  Mou- 
lineaux; mais  sa  dîme  est  tiercée  :  un  tiers  pour  le  susdit 
abbé,  et  les  deuï  autres  pour  les  curés. 

La  seigneurie  de  ce  lieu,  qui  dans  un  titre  du  xv«  siècle 
est  appelé  Bény-le-Port  (i),  était  ès-mains  de  Jean 
Gougeul,  seigneur  de  Moulineaux  en  i35o  (2).  Elle 
entra  ensuite  dans  les  maisons  de  Husson  et  de  Meullant. 
Elle  échut  en  partage  à  Perrine  de  Meullant,  fille  cadette 
de  Thomas,  sire  de  CourseuUes,  laquelle  la  porta  en 
mariage,  avec  celles  de  Bernières  et  de  Caynet,  à  messire 
Guillaume  de  Rosenyvinan  (3).  Elle  passa  depuis  à 
Jean  d'Harcourt,  seigneur  de  Fontaine-le-Henry,  par  son 
mariage  avec  Jeanne  de  Saint-Germain,  héritière  des 
baronnies  d^Asnebec,  de  Briouse,  et  des  seigneuries  de 
Bény  et  de  Moulineaux. 

Jean  du  Thon,  écuyer,  sieur  et  châtelain  de  Mouli- 
neaux, et  Bény,  patron  principal  en  la  dite  paroisse  de 

(i)  Hist,  Harc,  t.     ,  p.  5a. 

(3)  Ex  lib.  Pelut. 

{3)  Hist.  Harc,,  t,  II,  p.  i5o8, 

17 


2S8 

Moulineaux,  et  patron  en  la  seconde  portion  de  Notre- 
Dame  du  Bény,  nomma  à  la  cure  en  1618  (i).  Jean  le 
Paulmier^  sieur  de  Saint-Louét,  président  en  Télection 
de  Caen,  ayant  la  garde  noble  des  enfants  mineurs  de 
Germain  du  Thon,  sieur  de  Bény  et  de  Moulineaux,  y 
nomma  aussi  le  i^^  mars  1628. 

Aujourd'hui,  elle  est  possédée  conjointement  par  :  M.  le 
marquis  de  Vassy-Marguerye  (M.  de  Vassy-Marguerye, 
seigneur  et  patron  honoraire  de  Moulineaux  et  de  Bény, 
M.  du  Londel,  patron  de  Moulineaux,  et  de  la  deuxième 
portion,  à  cause  de  M^^*de  Moulineaux),  par  Jacques  du 
Touchet,  seigneur  et  patron  de  Moulineaux,  et  par 
M.  Durand  de  Missy,  évéque  d'Avranches,  co-seigneur 
de  Moulineaux. 

Cette  paroisse  est  à  3  lieues  de  Caen,  2  lieues  du  bourg 
de  Creully,  et  à  une  lieue  de  la  Délivrande. 

BernièreS'Sur-la^Mer  ( Notre-Dame-d'Assomption). 
Chef-lieu  de  sergenterie,  notariat  de  Douvreâ,  élection  de 
Caen,  180  feux,  900  habitants. 

Ce  lieu,  situé  sur  la  mer,  avait  anciennement  un  petit 
port  formé  par  l'embouchure  de  la  SeuUes,  avant  qu'on 
en  eût  détourné  le  cours  par  CourseuUes,  paroisse  limi- 
trophe. M.  de  Bras  observe  qu'on  y  avait  pris  longtemps 
avant  lui  une  grande  baleine  qui  avait  été  jetée  sur  le 
sable,  d'où  l'on  fit  ce  distique  : 

.    A  Bernières  sur  la  mer  fut  prinse  la  grand  baleine, 
De  cinquante  pieds  de  lay,  la  longueur  n'est  vilaine. 

Il  remarque  aussi  qu'on  y  avait  bâti  une  haute  pyra- 
mide pour  l'adresse  des  vaisseaux,  à  Tembouchure  du 
fleuve  de  la  Seine.  Le  seigneur  de  CourseuUes,  dont  la 

(I)  Reg.  de  l'Évêché. 


259 

seigneurie  sMtend  dans  la  mer,  avait  le  septième  poisson 
qu*on  prenait  dans  ce  port,  et  les  droits  du  marché  qui 
tenait  proche  Téglise  (  i  ). 

L^échiquier  de  Normandie,  tenu  en  i336  à  Caen  pour 
le  terme  de  Pâques,  fait  mention  d^un  procès  entre  le 
procureur  du  roi  et  Raoul  de  Meullant,  seigneur  de 
Courseulles,  au  sujet  des  halles  et  du  port  de  Berniéres. 
Ce  procès  ne  fut  terminé  qu'en  iSgo,  à  l'échiquier  de 
Caen,  où  il  intervint  arrêt  en  faveur  du  seigneur  de 
Courseulles.  Les  halles,  soutenues  par  trois  rangs  de 
piliers,  étaient  contre  le  cimetière.  'On  en  voit  encore 
quelques-uns  qui  ont  été  conservés.  Il  y  avait  un  siège 
d*amirauté  qui  a  été  transféré  depuis  à  Lahgrune.  La 
sergenterie  est  composée  de  22  paroisses. 

Berniéres  vient  de  l'anglo-saxon  Barn,  qui  veut  dire 
grenier  (2),  et  la  fertilité  de  son  terroir  démontre  assez 
la  justesse  de  cette  étymologie.  On  prononçait  autrefois 
Barrières,  comme  il  paraît  par  une  bulle  adressée  au 
prieur  de  l'hôpital  de  Caen,  oti  il  fait  mention  de  Raoul 
de  Barnères.  Il  s'appelle  en  latin  Bameriœ  ou  Bar^ 
nîerœ.  L'église,  accompagnée  de  bas-côtés,  est  grande  et 
bien  décorée.  C'est  une  tradition  constante  dans  le  pays 
qu'elle  a  appartenu  aux  Templiers  qui  j  avaient  un 
couvent.  Il  paraît,  par  une  chartre  de  Guillaume  duc  de 
Normandie,  qu'il  donna  à  Odon,  évéque  de  Baycux,  son 
frère  utérin,  la  terre  de  &on  fief  de  Berniéres  (3),  qu'Odon 
avait  acheté  de  Guillaume  de  Courselles,  avec  le  patro- 
nage des  églises,  les  dîmes  et  toutes  les  coutumes  qui 
proviennent  de  la  terre,  et  des  vasseaux  qui  7  demeurent. 


(1)  Hist.  Harc,  1. 1,  p.  88. 

(a)  M.  Huet,  Orig,  de  Caen,  p.  394. 

(3)  Mém.  impr. 


26o 

Depuis,  le  prélat  uait  le  patronage  et  les  dîmes  à  la 
trésorerie  de  son  église.  Le  grand  trésorier  de  Bayeux  est 
seigneur  et  patron  collateur  de  la  cure,  et  en  perçoit  les 
dîmes.  Il  y  possède  le  premier  et  le  principal  fief  qui 
relève  immédiatement  du  Roi.  Il  fut  maintenu  dans  la 
qualité  de  seigneur  et  patron  de  Bernières  par  sentence 
du  bailli  de  Caen,  au  mois  de  mars  1687,  contre  le 
seigneur  de  Courseulleset  un  autre  seigneur  qui  y  possé- 
daient chacun  deux  petits  fiefs  dépendant  de  Tévéché  de 
Bayeux,  sous  la  baronnie  de  Douvres. 

Il  y  a  plusieurs  fiefs  dont  le  plus  considérable  est  celui 
de  la  Luzerne  mouvant  de  la  baronnie  de  Douvres.  Le 
seigneur  de  ce  fief  (M.  de  RocqueviUe),  et  les  Réformés 
de  Bernières  y  ont  eu  un  temple,  qui  fut  abattu  par  la 
révocation  de  Tédit  de  Nantes.  Le  Roi  y  possède  une 
fiéferme  dont  les  terres  sont  rotures. 

Charles  de  Hermanville,  seigneur  d^Hermanville, 
tenait  anciennement  en  foi  et  hommage  de  la  baronnie 
de  Douvres  un  membre  de  fief  d^hautbert,  pour  un  quart 
de  fief  assis  à  Bernières-sur-la-Mer  et  G>urseulles,  par 
une  quotité  de  service  d'ost  quand  il  est  mandé  (i). 

Raoul  du  Bois,  écuyer,  tenait  de  la  dite  baronnie,  par 
foi  et  hommage,  un  quan  de  fief  de  chevalier  à  lui  venu 
de  la  succession  de  ses  prédécesseurs  assis  à  Bemières- 
sur-la-Mer,  lequel  anciennement  fut  à  messire  Hue  du 
Bois,  chevdier,  et  depuis  à  messire  Jean  du  Bois,  che- 
valier, seigneur  de  Saint-Manvieu,  et  à  dame  Catherine 
de  la  Luzerne,  sa  femme,  à  cause  d^elle  (2). 

Guillaume  le  Grand  tient  nuement  de  la  baronnie  de 
Douvres,  par  foi  et  hommage,  un  quart  de  fief  de  che- 

(i)  Ext.  de  Taveu  de  TÉvêq.  de  Bay.,  du  4  avril  1453. 
(3)  Ext.  de  Taveu  de  l'Évêq.  de  Bay.,  du  4  avril  1453. 


26l 

valier  par  succession  de  ses  prédécesseurs  assis  à  Ber- 
nières  (  i  ),  lequel  fut  à  Raoul  de  Moulineaux,  et  en  doit 
200  d^allouettes  par  chacun  an  au  terme  de  Toussaint. 

Pierre  Le  Chevalier,  écuyer,  tient  de  la  dite  baronnie, 
nuement  par  foi  et  hommage,  un  quart  de  fief  de 
chevalier  acquis  par  lui  de  messire  Charles  de  Herman- 
yille,  chevalier,  assis  à  Bernières. 

Jean  Marguerye,  écuyer,  fils  et  héritier  de  feu  Michel 
Marguerye,  tient  de  la  dite  baronnie  par  foi  et  hommage, 
un  quart  de  fief  de  chevalier,  assis  à  Bernières,  et  s^étend 
à  Hérouville,  que  le  dit  feu  Marguerye  acquit  de  Jean 
de  Beauvannet  et  sa  femme.  Les  5  fiefs  ci-dessus,  selon 
anciennes  écritures,  sont  sujets  à  faire  le  service  d^un 
chevalier  en  Tostdu  prince  quand  il  est  mandé. 

Bernières  est  à  un  quart  de  lieue  de  la  Délivrande, 
3  lieues  de  Caen  et  5  lieues  et  demie  de  Bayeux. 

Beuville  (Saint- Pierre  de).  Beusvilla.  Sergenterie 
d^Ouistreham^  notariat  de  Caen,  élection  de  Caen,  80  feux, 
188  habitants. 

Quelques  anciennes  Chartres  la  nomment  BosviUe, 
d^autres,  mal  à  propos,  Beuseville. 

Cette  paroisse  est  située  sur  le  ruisseau  du  Doit  qui  y 
prend  sa  source  au  nord,  et  qui,  grossi  par  celui  de 
Périers,  coule  au  midi  jusqu^à  Blainville  oti  il  se  perd 
dans  rOrne.  La  moitié  des  habitants  professent  le  Calvi- 
nisme. L^église,  sans  trésor  ni  revenu,  est  pauvre  et 
petite.  La  plupart  ayant  embrassé  la  Réforme  dans  (2)  le 
xvic  siècle,  abattirent  et  ruinèrent  la  nef.  Gaspard  Erard 
Le  Grix,  baron  d^Eschaufibu,  seigneur  de  Beuville,  la  fit 

(1)  Bernières,  Sémilly. 

(3)  Reg.  des  collât,  de  l'évêch.,  i665,  p.  39  et  40. 


262 

rebâtir  en  1 66 5,  et  comme  il  y  avait  peu  de  Catholiques, 
il  ne  lui  donna  que  3o  pieds  dé  long  sur  30  de  large. 
Cest  ce  qu'on  apprend  de  la  permission  de  M.  TÉvéque, 
du  21  avril,  au  dit  an.  Le  chœur  n'était  pas,  à  beaucoup 
près,  dans  un  meilleur  état  ;  par  le  laps  des  temps,  il  fut 
réparé,  en  i686,  par  les  gros  décimateurs,  et  réduit  à 
28  pieds  de  longueur  sur  18  de  largeur.  La  permission 
de  M.  rÉvéque  est  du  12  mars. 

M.  Huet  remarque, d'après  M.  d'Anisy-Clinchamps  (  i  ), 
qu'ion  voit  dans  cette  église  les  armes  de  Mathan  ;  ils  ont 
été  trompés  par  la  ressemblance  de  ces  armes  avec  celles 
des  messieurs  de  Grosparmy,  qui  ont  possédé  longtemps  la 
seigneurie  de  Beuville.  Grosparmy  portait  :  de  gueules  à 
2  jumelles  d^or  surmontées  d^un  lion  léopardé  d'argent 
hermine  en  chef,  et  Mathan  porte  les  mêmes  pièces  et 
métaux  à  l'exception  du  lipn  qui  est  d^or.  Cette  ressem- 
blance d'armes  m'a  toujours  fait  conjecturer  que  les  deux 
familles  ont  la  ménle  origine. 

La  cure  est  à  la  nomination  du  seigneur  temporel  ; 
anciennement,  elle  était  à  Tabbé  du  Val-Richer,  qui  la 
rétrocéda  dans  le  xv«  siècle.  C'est  ce  qu'on  apprend  d^une 
note  marginale  insérée  dans  le  Livre  Pelut  de  l'évéché,  à 
l'article  de  cette  paroisse  :  Ecclesia  de  Beusvilla\  abbas 
de  Valle  Richerii,  et  à  la  marge  :  pro  nunc  dominus 
temporalis  de  Beuvilla  juxta  concordiam  exhihitam 
domino  vicario  Bajocensi,  passatam  coramJoh.Le  Viter 
et  Joh.  Godefroy,  tabellar.  regiis  apud  Rothomagium. 
anno  D^  M.  quadringentesimo  octogesimo  quarto  die 
XXIX  mensis  octobris.  Les  dîmes,  quant  aux  deux 
tiers,  appartiennent  à  l'abbaye  de  Saint-Étienne,  de 
Caen,  et  pour  l'autre  tiers  au  curé. 

(i)  Orig,  de  Caen,  p.  336-337. 


263 

Proche  la  maison  du  seigneur,  il  y  avait  une  chapelle 
de  Saint-Martin  qui  ne  subsiste  plus  depuis  longtemps. 
Il  en  est  fait  mention  dans  le  Livre  Pelut.  Capella  Sti  ' 
Martini  de  Besvilla  cum  cura  XX  liv.,  dominus  dictœ 
villce  in  cujus  manerio  consistit  valet  communi  XX  lib. 
Plusieurs  anciens  habitants  y  ont  encore  vu  des  fonts 
baptismaux,  et  il  tfy  a  que  quelques  années  qu'en  creu- 
sant au  même  endroit  pour  faire  le  fondement  d^un  mur, 
on  y  découvrit  grand  nombre  de  cercueils  de  pierre  sans 
aucune  inscription,  mais  pleins  d^ossements  qui  s'en 
allaient  en  poussière  à  Pair. 

Uabbayedu  Val-Richer  possède  à  Beuville  la  ferme  de 
Beauvais,  placée  entre  Beuville,  au  nord,  et  Colleville- 
sur-Orne.  Cette  ferme  dépend  de  Tune  et  Tautre  paroisse 
quant  aux  territoires  et  aux  maisons,  et  est  à  égale 
distance,  c^est-à-dire  un  quart  de  lieue  et  demi  des  deux 
églises. 

Outre  le  fief  de  la  seigneurie,  on  compte  les  fiefs  de 
Than  et  Feuguerolles  (  i  )  qui,  par  rapport  à  la  mouvance 
de  celui  de  Beuville,  ne  sont  pas  estimés  à  loo  fr.  de 
rente,  et  le  fief  de  Montreuil  dont  il  n^existe  pas  le  plus 
petit  vestige. 

Cette  paroisse  a  donné  le  nom  à  la  maison  de  Beuville 
qui  porte  :  pallé  d^argent  et  de  gueules  de  six  pièces. 
Thomas  de  Beuville  fit  don  à  THôtel-Dieu  de  Caen,  de 
quelques  rentes  sises  à  Beuville,  selon  la  bulle  d'Inno- 
cent III,  de  Tan  12  lo.  Mgr  NicoUe  de  Beuville,  chevalier, 
se  trouva  pour  le  service  du  roi  Philippe  VI  aux  guerres 
de  Gascogne  et  de  Languedoc  suivant  les  registres  de  la 
Chambre  des  Comptes  des  années  i338  et  iSSg.  Jean, 
seigneur  de  Beuville,  est  cité  entre  les  chevaliers,  bache- 

(i)  Mém.  par  M.  le  Coq  de  Beuville,  47,  p.  4  et  6. 


2^4 

liers,  dans  les  livres  des  rois  de  Normandie.  Il  fut  père 
de  Huë  de  Beuville,  chevalier,  seigneur  de  Beuville, 
Sarqueux,  et  autres  fiefs,  cité  dans  un  arrêt  de  TÉchiquier 
de  Pan  i  Sgo.  De  ce  Huê  et  de  Jeanne  d'Harcourt  vint 
Huet  de  Beuville,  seigneur  de  Beuville,  et  depuis  de 
Fontenay-r Abbaye  comme  héritier  de  dame  Marie 
Pesnel  (i),  lequel  est  cité  comme  sous-âge  dans  un  arrêt 
de  Tan  1403. 

Jean  deGrosparmy  en  hérita.  Il  tenait,  en  i453,  de  la 
baronnie  de  Douvres,  par  foi  et  hommage  noblement  et 
franchement  un  fief  de  chevalier  entier  assis  à  Beuville, 
et  en  doit  i5  livres  tournois  de  rente  par  chacun  an  (2). 
Il  nomma  à  la  cure  de  Beuville  en  1465. 

Jean  de  Grosparmy,  seigneur  de  Beuville,  était  capi- 
taine des  francs-archers  du  bailliage  de  Caen,  comme  il 
paraît  par  la  quittance  du  9  mars  1 471,  de  140  livres  pour 
ses  gages  et  chevauchées  de  Tannée  précédente  (3).  Du 
consentement  de  noble  et  excellent  homme  Guillaume  de 
Grosparmy,  seigneur  de  Beuville  et  de  Fontenay- 
TAbbaye,  Guillaume  Carrey,  chanoine  de  Lisieux, 
résigna  à  Aymar  de  Grosparmy,  au  mois  d'avril  1497,  la 
cure  de  Beuville  dont  il  éuit  titulaire  (4).  Guillaume  de 
Grosparmy  vivait  encore  en  i5o2.  B.  de  Grosparmy, 
seigneur  de  Beuville  et  de  Fontenay-l'Abbaye,  présenta 
à  la  cure  de  Beuville  en  i53i.  Stévenot  de  Grosparmy, 
prêtre,  à  la  place  d^Aymard  de  Grosparmy,  bachelier,  et 
ensuite  Pierre  de  Grosparmy,  clerc. 

La  seigneurie  de  Beuville  passa  de  là  successivement 
aux  maisons  de  Hellenvilliers  et  de  Mainbeville,  vicomtes 

(i)  Mém.  par  M.  le  Coq  de  Beuville,  47,  p.  4  et  6. 
(a)  Av.  de  Tévêq.  de  Bayeux,  4  avril  1453. 

(3)  Hist.  des  gr,  off.^  t.  VI,  p.  17a. 

(4)  Reg.  de  Tévéché. 


i«5 

d^Esquay  (i]/d^où  Jourdaine  de  Mainbeville  la  porta  à 
son  mari  Gaspard  Erard-Le-Grix,  seigneur  et  baron 
d^Eschauffou  et  de  Montreuii^  desquels  vint  pour  fille 
unique  Marie-Anne  Dorothée  Erard-Le-Grix,  qui,  selon 
la  généalogie  de  RoncheroUes,  eut  pour  mère  Ânne- 
Dorothée  du  Buat  (2),  et  fut  mariée  par  contrat  du  24 fé- 
vrier 1702,  à  Michel  de  Roncherolles^  marquis  du  Pont- 
Saint- Pierre. 

Par  contrat  sous  seing  du  5  mai  171 1,  déposé  au  no- 
tariat de  Caen  le  10  novembre  suivant,  M.  Le  Gx],  avocat 
à  Caen,  prit  à  fief  pour  400  livres  de  rente  foncière,  le  fief 
de  Beu ville  de  M.  et  M"»  du  Pont-Saînt-Pierre.  Le  dernier 
décembre  1712,  il  fit  le  retrait  féodalement  de  cette  rente 
qui  avait  été  vendue  par  les  mêmes  au  sieur  de  Saint- 
Ouen-Fresnel,  pour  la  somme  de  8,000  livres.  Il  a  fait 
bâtir  la  maison  seigneurale  qui  lui  a  coûté  plus  de 
100,000  livres.  Il  a  laissé  pour  fils  Nicolas-François  Le 
Coq,  écuyer,  seigneur  et  patron  de  Beuville,  conseiller- 
secrétaire  du  Roi,  maison  et  couronne  de  France  et  de 
ses  finances. 

Cette  paroisse  est  entre  Caen  et  la  mer,  à  cinq  quarts 
de  lieue  de  Tune  et  de  Tautre. 

Biéville  (Notre-Dame  de).  Sergenterie  d^Ouistreham, 
notariat  de  Caen,  élection  de  Caen,  70  feux,  25o  ou 
280  communiants. 

Cette  paroisse  est  située  entre  Caen  et  la  Mer,  sur  un 
bieu  ou  ruisseau  que  les  habitants  appellent  Doit,  du 
mot  latin  Ductus,  et  qui  sépare  son  territoire  de  Blain- 
ville. 


(x)  Hist.  Harc,  t.  I,  p.  988. 
(3)  Moreri. 


26^ 

Elle  contient  deux  hameaux,  le  Londel  à  Pouest,  et  la 
Londe  à  Test,  qui  ont  chacun  une  maison  principale 
accompagnée  d'avenues.  L^égliseest  propre,  passablement 
grande  et  bien  décorée,  avec  un  clocher  de  figure  carrée. 

La  présentation  de  la  cure  et  les  dîmes  en  totalité 
appartiennent  à  Tabbé  de  Saint-Étienne  de  Caen.  Le  fief 
dominant  est  une  fiéferme  du  ddmaine  dont  M.  de  Bé- 
nouville  est  engagiste.  II  y  a  en  outre  les  fiefs  d^Outreval 
et  de  Rubercy,  appartenant  à  M.  de  Beuville  Le  Coq,  et 
un  troisième  qui  a  été  érigé,  depuis  22  ou  23  ans,  sous  le 
nom  du  Londek  On  y  trouve  à  plusteu*rs  endroits  des 
carrières  d^une  pierre  extrêmement  dure. 

Elle  est  à  une  lieue  demi-quart  de  Caen,  à  une  lieue  et 
demie  de  la  mer,  et  à  demi-lieue  à  l'est  de  la  rivière 
d'Orne. 

Blainville  (Saint-Gerbold  de).  Sergenterie  d^Ouistre- 
ham,  notariat  de  Caen,  élection  de  Caen,  41  feux. 

Cette  paroisse  est  située  sur  POrne.  Elle  a  Hérouville 
au  midi  et  Benouville  au  nord.  Quelques-uns  font  venir 
son  nom  de  Belenus,  TApoUon  des  Gaulois,  pourquoi 
on  dit  Belenx-villa  (i).  Dans  les  vieux  titres  il  est  appelé 
Bledvilla  et  Blevilla,  Belainville  et  Blévilie.  Ce  qui  fait 
croire  à  M.  Huet  qu^il  pourrait  être  dérivé  du  mot  latin 
bladum,  qui  en  basse  latine  signifie  du  blé. 

II  y  a  deux  autres  lieux  de  même  nom  en  Normandie 
dans  les  diocèses  de  Rouen  et  de  Coutances  ;  ainsi  je 
n^oserais  dire  duquel  de  ces  lieux  était  le  sire  de  Blain- 
ville qui  alla,  en  1096,  à  la  conquête  de  Jérusalem.  Il 
portait  :  d^azur  à  une  croix  d^argent  à  croisettes  d^or  recroi- 
settées. 

(i)  Orig.  de  Caen^  p.  243. 


267 

La  seigneurie  qualifiée  de  chfttellenie  donne  le  droit  de 
présenter  à  là  cure.  Le  curé  est  décimateur. 

Roger  Bâton  ou  Bacon  était  seigneur  châtelain  et  patron 
présentateur  de  cette  cure  en  i356  (i).  Après  lui  parait 
Robert  de  Warignies,  II<  du  nom,  seigneur  de  Blain- 
viile,  qui  avait  pour  aïeul  Robert,  chevalier,  bailli  et 
capitaine  de  Caen,  suivant  des  Chartres  de  1364  (2).  Ce 
bailli  est  le  Robert  de  Warignies  qui,  en  1346,  sauva  le 
château  de  Caen  (3),  et  Edouard,  roi  d'Angleterre, 
quoique  maître  de*  la  ville  ne  put  le  prendre.  Le  seigneur 
de  Blainville  s'allia  de  Marie  Bourgeoise,  fille  aînée  de 
Louis  seigneur  de  Cagny,  et  laissa  pour  fils  : 

Robert  de  Warignies  III«  du  nom,  seigneur  de  Blain- 
ville et  de  Cagny,  qui  rendis  foi  et  hommage  de  son  fief 
d'Aignerville,  le  20  juillet  1450,  au  roi  Charles  VIL  Sa 
femme,  Catherine  Desmarets,  dame  de  la  Potherie,  qu'il 
avait  épousée  avec  le  consentement  de  Mouton  de  Blain- 
ville, maréchal  de  France,  le  14  août  1437  (4),  le  fit  père 
de  plusieurs  enfants;  l'aîné  : 

Stévenot  de  Warignies,  seigneur  de  Blainville  et  de 
Cagny,  fut  marié  par  contrat  du  18  février  1 5o5  à  demoi- 
selle Jeanne  Le  Veneur  du  Homme.  Son  fils,  Jean  de 
Warignies,  chevalier,  seigneur  de  Blainville,  fut  père  de 
Jacques,  seigneur  de  Blainville  et  de  la  Poterie,  chev^ier 
de  Tordre  du  Roi,  gentilhomme  ordinaire  de  sa  chambre, 
capitaine  de  Touques  et  du  Ponteaudemer,  qui  mourut  le 
10  septembre  1589,  laissant  de  son  épouse  Âdrienne 
Martel  de  Bacqueville,  Tenneguy  et  Jean  de  Warignies. 
Le  premier  se  qualifiait  seigneur  de  Blainville,  baron 

(i)  Ex.  Lib.  Pelut. 

(1)  Hist.  HarCy  t.  Il,  p.  954. 

(3)  Hist.  Uarc.,  1. 1,  p.  364. 

(4)  Hist.  Harc.,  t.  I,  p.  953. 


268 

des  Biars,  lieutenant  du  Roi  en  Normandie,  gouverneur 
de  Lectoure,  puis  de  Pontorson.  Le  second,  né  le 
2  juin  i58i,  fut  aussi  seigneur  de  Blainville-sur-Ome, 
Cabourg  et  la  Poterie,  chevalier  de  Tordre,  conseiller 
d^État,  premier  gentilhomme  de  la  chambre  du  Roi, 
maître  de  sa  garde-robe,  lieutenant  au  gouvernement  et 
bailliage  de  Caen,  ambassadeur  en  Angleterre  (i).  Il 
portait  :  de  gueules  à  3  chevrons  d'argent  à  la  bordure 
d^azur.  Après  sa  mort  sans  enfants,  arrivée  à  Issy,  prés 
Paris,  le  26  février  1628,  la  terre  deBiainville  fut  acquise 
par  Jean-Baptiste  Colbert,  marquis  de  Seignelay,  ministre 
et  secrétaire  d'État  qui,  dans  une  présentation  de  Pan 
1680  pour  la  cure  de  ce  lieu,  prend  la  qualité  de  chevalier, 
seigneur  et  châtelain  de  Blainville. 

Jules-Armand  G)lbert,  son  I V^  fils,  lieutenant  général 
des  armées  du  Roi,  fut  marquis  de  Blainville.  Il  mourut 
des  blessures  quMl  reçut  à  la  bataille  d^Hochstaedt,  le 
i3  août  1704,  laissant  pour  fille  unique  Madeleine 
G)lbert,  mariée  en  1706  à  Jean-Baptiste  de  Rochechouart, 
comte  de  Maure,  son  cousin  germain.  M.  de  Roche- 
chouan  de  Mortemart  a  vendu  cette  terre  il  y  a  quelques 
années  à  M.  Gislain,  nîarquis  de  Benouville. 

Elle  est  à  cinq  quarts  de  lieue  de  Caen. 

Cambes  (Saint-Martin  de).  Sergenterie  de  Bernières, 
notariat  de  Caen,  élection  de  Caen,  47  feux. 

Cette  paroisse  ne  contient  que  3oo  acres  de  terre,  tant 
à  labour  que  autrement.  Elle  a  pour  limites  BiéviUe  à 
Torient,  Saint-Contest  au  midi,  Villons  au  couchant, 
Anisy  et  Mathieu  au  septentrion.  Du  nombre  des 
47  feux,  il  y  en  a  8  qui  forment  le  hameau  de  la  petite 

(i)  Hist.  deigr.  ofi.,  t.  IX,  p.  148. 


269 

Londe  sur  le  chemin  de  Caen  à  la  Délivraade.  L^église 
est  accompagnée  d^une  grosse  tour  carrée,  et  terminée  en 
plate-forme.  On  y  célèbre  la  fête  de  l'Annonciation  et  de 
la  Sainte  Vierge  avec  grande  solennité.  Il  y  a  une  indul- 
gence plénière.  La  nomination  de  la  cure  appanient  à 
Tabbaye  d'Aunay,  et  les  deux  tiers  des  grosses  dîmes  à 
.  Tabbaye  de  Saint-Étienne  ae  Caen,  à  qui  elles  ont  été 
cédées  par  échange  par  Tabbaye  d^Aunay.  Il  en  faut 
excepter  la  dîme  de  27  acres  de  terre  relevantes  du  fief  de 
Cornet,  qui,  avec  le  fief,  dépend  de  Pabbaye  de  Sainte- 
Trinité  de  Caen.  L'autre  tiers  est  pour  le  curé. 

Il  y  a  trois  autres  fiefs  dont  ceux  de  Cambes  et  du 
MoUey  sont  les  principaux,  lesquels  sont  ès-mains  de 
M.  Bernardin,  marquis  de  Mathan,  au  droit  de  Npble 
Dame  Elisabeth  Le  Bas,  dame  de  Cambes  et  de  Fierville, 
décédée  vers  1 758,  et  veuve  de  messire  Pierre  de  Mathan, 
seigneur  de  Mathan,  Longvillers  et  Trousseauville. 

Elle  est  à  cinq  quarts  de  lieu  de  Caen. 

Colleville-sur-Ome  (Saint-Vigor  et  Saint- Rîquier de). 
Sergenteried^Ouistreham,  notariatd^Ouistreham,  élection 
de  Caen,  1 3o  feux  et  5oo  habitants. 

Cette  paroisse,  limitrophe  d'Ouistreham,  est  près  Pem- 
bouchure  de  POrne.  Il  y  a  dans  la  mer  qui  la  borde  au 
nord,  à  trois  quarts  de  lieue  de  la  dune,  une  fosse  nommée 
la  fosse  de  Colleville,  qui  a  une  lieue  et  demie  de  gran- 
deur. M.  Corneille,  en  parlant  de  cette  fosse,  dit  qu'elle 
paraît,  par  rapport  à  la  côte,  comme  un  lac  profond,  et 
quHl  semble  qu^on  en  pourrait  faire  un  port  de  mer.  Le 
grand  chemin  de  Caen  à  la  mer  passe  par  le  milieu  de 
son  territoire  à  un  quart  de  lieue  de  l'église  vers  la  mer. 
Il  partage  ce  qu'on  appelle  le  grand  et  le  petit  marais  de 
Colleville.  Au  bout,  il  y  a  une  dune  où  on  a  bâti  un 


270 

corps  de  g^arde  et  une  plate-forme,  pour  7  placer  deux 
grosses  pièces  de  canon. 

La  cure  est  à  la  présentation  alternative  du  chapitre  de 
Bayeux  et  de  Tabbesse  de  Caen.  Ce  patronage  apparte- 
nant au  chapitre  avec  le  trait  de  dime  qu^il  y  possédait, 
lui  fut  aumône  en  1 269  par  Guy,  son  évéque.  Les  registres 
de  révéché  font  mention  d*une  chapelle  fondée  dans  son 
église  sous  le  titre  de  Notre-Dame-des-Cheveux  :  Capella 
B^  M' de  Capillis. 

Les  dîmes  sont  partagées  en  7  lots  et  demi.  Un  demi 
lot  pour  M.  Tévéque  de  Bayeux,  un  pour  le  chapitre, 
3  pour  Tabbesse  de  Caen,  2  pour  le  curé,  un  demi  pour 
le  chapitre  du  Sépulchre  de  Caen,  et  un  demi  pour  les 
religieux  de  Val-Richer.  Le  fief  dominant,  un  simple 
fief  d'hautbert,  qui  appartenait  ci-devant  au  Roi,  et  qui 
est  à  présent  possédé  par  messire  Guillaume  Le  Sueur, 
écuyer,  seigneur  de  CoUeville. 

Guillaume  de  CoUeville,  dont  le  père  était  Galeran 
Louvet  de  CoUeville,  chevalier,  donna  à  Guillot  de 
Macello  de  Caen  pro  servitio  et  homagio  suo,  un  tène- 
ment  que  Michel  Thomas  tenait  de  lui  Guillaume  à 
Colleville-sur-Orne,  et  d^autres  ténements  au  même  lieu, 
à  telle  charge  qu^il  les  possédera  lui  et  ses  enfants,  s^il  en 
a  de  Nicolasse  sa  femme,  et  que  s'il  meurt  sans  lignée 
issue  d^elle,  les  dits  biens  passerontaux  mains  du  chapitre 
de  Caen,  qui  en  feront  la  rente  à  la  dite  veuve  tant  qu'elle 
vivra.  Cet  acte  de  l'an  i238,  a  pour  témoins  :  Guillaume 
Herfrey,  Guillaume  Baormant,  Michel  Quarrd,  Robert 
de  Ponteaudemer,  Robert  de  Villeray,  Guillaume  TEs- 
crîvain,  Richer,  Guillaume  d'Anisy,  Luc  Ad  Testant, 
Mathieu  de  Londe,  chanoines  du  Sépulchre, 

P*«  d'Escorcheville  de  CoUeville,  derc,  du  consente- 
ment de  tous  ses  participants,  vendit  à  Denis  Hébert, 


271 

chanoine  du  Sépulchre,  pour  loo  livres  tournois,  toute 
la  partie  des  dîmes  que  lui,  prêtre,  et  ses  participants, 
avaient  à  prendre  dans  la  paroisse  de  Colleville  supra 
mare,  par  acte  de  1281,  au  mois  d^août. 

Denis  Hébert,  chanoine  du  Sépulchre,  en  fit  présent  à 
la  collégiale,  à  charge  de  lui  faire  20  septiers  d^orge  en 
forme  de  pension  tant  qu'il  vivrait,  par  acte  de  1 284,  au 
mois  de  juillet. 

Ce  Denis  Hébert,  aussi  curé  de  Cairon,  fit  dans  le 
même  temps  beaucoup  d^acquisitions  dans  cette  paroisse 
de  Cairon,  lesquelles  il  donna  au  chapitre  du  Sépulchre 
après  sa  mort.  M*  Raoul  Fagus  et  M^  Jehan  Gaydre, 
chanoines  du  Saint-Sépulchre,  au  nom  du  doyen  et 
chapitre  du  dit  lieu,  furent  mis  en  possession  des  susdites 
acquisitions  par  acte  passé  devant  Renaut  Mellon,  ser- 
gent de  Caen,  au  lieu  du  vicomte,  le  jour  Sainte-Cécile 
1296. 

^  Elle  est  à  2  lieues  et  demie  de  Caen  et  âf  un  quart  de 
lieue  de  la  mer. 

Coulomby-sur-Than  (Saint- Vîgor  de).  Sergenterie  de 
Bernières,  notariat  de  Douvres,  élection  de  Caen,  37  feux 
et  1 70  habitants. 

Cette  paroisse  est  située  en  rase  campagne,  limitrophe 
de  celle  de  Than.  La  cure  est  à  la  nomination  du  seigneur 
de  Coulomby.  La  grosse  dîme  appartient  à  Tabbesse  de 
Caen  pour  deux  tiers  et  au  curé  pour  un  tiers. 

G.  Bertrand,  bourgeois  de  Caen,  était  seigneur  de 
Coulomby  en  i356  (i).  Guillaume  Baudart,  écuyer, 
seigneur  de  Coulomby-sur-Than,  est  cité  dans  un  contrat 
de  la  vicomte  d^ Auge  du  6  aoflt  1457.   Il  portait  pour 

(x)  Ex.  Lib.  Pelut. 


272 

armes:  d^azur  fascé  et  onde  de  trois  pièces  d'or  (i). 
Thomas  Baudart  son  fils  est  qualifié  seigneur  de  G>u- 
lomby,  Perrierset  Boaneval  dans  un  acte  de  i5oi.  Il  fut 
père  de  Guillaume  Baudart,  seigneur  de  Coulomby,  qui 
eut  aussi  des  enfants. 

Jacques  de  Cauvigny,  seigneur  et  patron  de  Coulomby, 
nomma  à  la  cure  en  1602  (2).  Il  était  conseiller  du  roi  en 
Télection  de  Caen,  et  laissa  six  fils,  dont  le  quatrième, 
François  de  Cauvigny,  seigneur  de  G)ulomby,  de  PAca- 
démie  française,  s*est  distingué  par  plusieurs  ouvrages. 
M.  Jolivet,  seigneur  de  Basly,  est  aussi  seigneur  de 
G>ulomby  ;  c'est  une  acquisition  de  M«  Jolivet  son  père, 
avocat  et  professeur  en  droit  à  Caen. 

Elle  est  à  3  lieues  de  Caen  et  à  2  lieues  de  CreuUy. 

Courseule  (Saint*Germain  de).  Sergenterie  de  Ber- 
nières,  notariat  de  Douvres,  élection  de  Caen,  1 80  feux 
et  5  00  habitants. 

Les  anciens  titres  et  le  livre  Pelut  de  Tévéché  l'appellent 
Courcelle,  et  Cenalis,  parlant  des  rivières  de  Seulies  et  de 
Seuline,  qui  se  réunissent  au  pont  de  FeugueroUes, 
doyenné  de  Villers,  ajoute  :  dein  vero  in  mare  seseprœ^ 
cipitant  apud  Courcelles,  nisi  malis  Jicere  Curticulas, 
alveo  ad  milliaria  sex  décima  pr or ogato.  Cette  paroisse 
consiste  en  un  gros  village  avec  un  petit  havre  formé  par 
Tembouchure  de  la  rivière  de  Seulies. 

La  Seulies,  à  l'orient  de  cette  paroisse,  se  divise  en  deux 
bras,  dont  Tun  la  sépare  d'avec  Gray.  A  5o  ou  60  perches 
de  là,  ces  deux  cours  se  réunissent  et  forment  ensuite  le 
petit  port  qui  contient  environ  3o  bateaux  pécheurs  de 

(i)  Hist.  HarCt  t.  l,  p.  487  et  tuiv. 
(a)  Registre  de  l'évêché. 


273 

i6  à  i8  tonneaux  chacun*  Tout  proche  on  voit  au  milieu 
d'une  commune  à  Test  Tancien  cours  qui  se  rendait,  il  y 
bien  200  ans^  dans  la  mer  à  Berniëres. 

Le  château  du  seigneur  est  à  Touest  du  village.  Cest 
un  ouvrage  antique  auquel  on  a  ajouté  des  embellisse- 
ments à  la  moderne.  Il  est  fortifié  en  partie  et  environné 
de  fossés.  La  principale  entrée  a  une  grande  tour  carrée 
haute  d^environ  100  pieds  et  terminée  en  plate-forme.  Il 
y  a  une  chapelle  domestique  qui  fut  fondée  Pan  1471,  par 
Guillaume  de  Rosenivinan,  chevalier,  baron  de  Cour- 
seulles,  à  charge  de  deux  messes  par  semaine,  et  d^ 
nommer  lui  et  ses  successeurs. 

L^église  paroissiale  n^est  qu'à  -une  perche  de  distance 
du  château.  Il  y  a  une  chapelle  que  le  grand-vicaire  de 
M.  rÉvêque  permit  le  14  septembre  1782  de  bénir  avec 
les  ornements  destinés  à  son  usage.  La  cure  est  en  règle, 
desservie  par  un  chanoine  de  l'ordre  de  saint  Augustin, 
à  la  nomination  de  Tabbé  de  Mont-Morel.  Elle  est 
exempte  du  déport,  et  non  de  la  visite  de  Tarchidiacre, 
au  moyen  de  8  livres  lo  sous  de  rente  que  lui  fait  le 
prieur-curé. 

Cette  paroisse  est  à  4  lieues  de  Caen  N.-O.  et  à  4  lieues 
de  Bayeux  N.-E. 

On  voit  à  demi-lieue  au  sud-est  de  Péglise,  sur  la  route 
de  la  Délivrande,  les  vestiges  d'un  ancien  camp  que 
M.  Tabbé  Outhier,  et  avant  lui  M.  Petite,  dans  leurs 
cartes  topographiques  du  diocèse  de  Bayeux,  attribuent 
aux  Romains.  Le  mémoire  qui  m^a  été  communiqué  par 
le  sieur  Prieur,  curé  du  lieu,  marque  que,  suivant  ht 
tradition,  c^était  une  petite  ville,  quç  son  église  parois* 
siale  portait  le  nom  de  Saint-Ursin,  et  qu'elle  était  envi- 
ronnée d^une  grande  forêt,  dont  il  n'est  rien  resté. 

M.  de  Bras  met  CourseuUes  au  nombre  des  baronnies 

18 


^74 

de  Normandie  (i).  Elle  est  qualifiée  aussi  de  châtellenie 
dans  les  titres,  et  il  parait  quWle  a  appartenu  au  domaine 
du  roi.  La  terre  de  CourseuUes  et  Bernières,  avec  ses 
appartenances,  fut  donnée  à  Raoul  de  MeuUant,  cheva- 
lier, par  saint  Louis,  roi  de  France,  par  lettres  expédiées 
à  Paris  au  mois  d^août  1 255,  le  29  de  son  règne  (2),  la- 
quelle terre  il  possédait*  déjà  par  assignation  que  lui  en 
avait  fait  le  roi  Philippe  d'heureuse  mémoire,  pour 
3oo  livres  tournois,  et  à  raison  du  droit  qu'il  disait  avoir 
à  cause  de  ses  devanciers  sur  les  terres  de  Beaumont-le- 
Roger  et  de  Briosne. 

Raoul  de  Meullant,  chevalier,  sire  de  CourseuUes, 
seigneur  de  Bemières  et  de  Lion,  et  encore  de  Castillon 
et  du  Molley  en  partie,  du  chef  de  Eustache  du  Molley- 
Bacon,  sa  grand-mère,  femme  de  Pierre  de  Meullant,  che- 
valier. Il  devait,  à  raison  de  son  fief  de  CourseuUes  le 
service  de  2  chevaliers,  Tespace  de  40  jours  au  temps  du 
ban  et  arrière-ban  (3).  Il  portait  pour  armeâ  :  échiqueté 
d'or  et  de  gueules.  De  sa  fenune  Jeanne  Painel  de  Ham- 
bie,  il  eut  Raoul  qui.  suit,  et  Mgr  Jean  de  Meullant, 
chanoine  du  Saint-Sépulchre  de  Caen,  cité  dans  des  titres 
de  1337  et  de  1379  (4). 

Raoul  de  Meullant,  II«  du  nom,  chevalier,  sire 
de  CourseuUes  et  Bernières,  servit  en  Flandre,  et  se 
signala  à  la  bataiUe  de  Mons-en-Puelle,  donnée  le  22  avril 
i3o4  (5).  Il  se  trouva  encore  à  Tarmée  de  Bouvines  en 
1 340,  et  fut  employé  aux  actions  les  plus  mémorables  de 
la  guerre  de  1364.  Etant  âgé,  il  reçut  plusieurs  disgrâces 

(i)  Antiq.  de  Caen,  p.  44, 

(a)  Hist,  Harc.f  t.  I,  p.  80;  t.  III,  p.  60. 

(3)  Hist.  Harc.,  t.  lîl,  p.  60. 

U)  Hist.  Harc.,  p.  ti^. 

(3)  Hist,  Harc,  p.  83  et  ^uiv. 


275 

dans  ses  terres,  parce  qu^il  s^étaît  allié  avec  le  roi  de 
Navarre,  qui  disputait  le  duché  de  Bourgogne.  Par  un 
aveu  du  25  mars  1371,  il  avoua  tenir  du  roi  Charles  V 
«les  fiefs  et  terres  de  Courseulles,  de  Bemières-sur-Ia-Mer 
et  de  Lion*  De  sa  femme  Agnès  de  Thibouville,  dame  de 
Fontaines-la-Sorel,  il  laissa  Raoul  qui  suit,  et  Guillaume, 
seigneur  de  Bernières,  auquel  le  roi  Jean  pardonna  pour 
avoir  tenu  le  parti  du  roi  de  Navarre. 

Raoul  de  Meullant,  III*  du  nom,  baron  de  Cour- 
seuUes,  seigneur  de  Bernières,  Lyon,  Molley-Bacon, 
Fontaine-la-Sorel,  conseiller  et  chambellan  du  roi, 
chevalier  banneret.  Il  assista,  en  iSjS,  à  la  journée  et 
au  siège  de  Coignac,  et  à  Tentreprise  de  Saint«^uveur- 
le- Vicomte,  avec  Jean  de  Meuliant,  seigneur  de  Quesnay, 
son  fils.  Il  servit,  en  i383,  le  roi  Charles  VI,  devant 
Bburbourg,  en  Flandre,  ayant  3  bacheliers  et  21  écuyers 
en  sa  compagnie,  reçue  au  Pont-de-F Arche  le  20  août  de 
la  même  année;  aussi  aux  sièges  d^Aire  et  de  Cassel,  et  à 
la  fameuse  bataille  de  Rosebecque  oti  il  se  signala.  Il 
élut  par  testament  sa  sépulture  en  Tabbaye  d'Ardenne, 
dont  lui,  son  jpère  et  son  aïeul  étaient  bienfaiteurs.  Il 
avait  épousé  Tiphaigne  de  Husson,  dame  de  Duci,  de 
Sermentot,  de  Chevancé  et  de  Blason,  et  il  en  eut  5  en* 
fants  :  Louis,  seigneur  de  Saint-Célerin  ;  Guy,  seigneur 
de  Lion-sur-Ia-Mer  et  du  Theil,  fondateur  de  la  chapelle 
de  Saint-Thomas-de-Lion  ;  Thomas,  prêtre,  baron  de 
Courseulles  ;  Jean  qui  suit,  et  Jeanne,  dame  du  Molley- 
Bacon,  mariée  en  troisièmes  noces  à  Alain  de  Beaumont, 
chevalier,  qu^elle  fit  seigneur  du  Molley  (i). 

Jean  de  Meuliant^  seigneur  du  Quesnay  proche  le 
Bourg-<Ie-Thouroude,  du  Mesnil-Patry,  fut  reçu  cheva* 

(i)  Hist,  Marc,  t.  I,  p.  87  et  sutv. 


276 

lier  avec  Raoul  soa  père  et  plusieurs  autres  seigaeurs,  le 
1 5  septembre  iSyS,  en  la  ville  de  Saint- L6,  pour  assister 
au  siège  de  Saint-Sauveur-le-Vicomte.  Il  mourut  avant 
son  père  et  eut  pour  fils  atné  : 

Thomas  de  Meullant^  chevalier,  II*  du  nom,  baron 
de  Saint-Paer-le-Servain  et  de  Courseulles,  seigneur  de 
Bernières,[de  Lion,  de  Sermentot.  Il  n*eutque  deux  filles, 
Jeanne  et  Perrine  de  Meullant,  qui  partagèrent  la  succes- 
sion, et  possédèrent  G)urseulles  successivement  à  ce  qu^îl 
paraît. 

Jean  d^Auray,  écuyer,  fit  hommage  de  la  baronnie  de 
CourseuUes  à  cause  de  Jeanne  de  MeuUant  sa  femme, 
par  lettres  du  roi  Charles  VII,  données  à  Caen,  le  2  juil- 
let 1450  (i). 

Guillaume  de  Rosenivinan,  seigneur  de  Champavin  et 
de  TEstragerie,  premier  échanson  du  roi,  maître  des  eaux 
et  forêts  de  France,  Brie  et  Champagne,  rendit  aveu  au 
roi  Louis  XI  le  24  mars  1461  pour  la  terre  de  Cour- 
selles  et  autres  seigneuries^  du  chef  de  Perrine  de  MeuUant 
sa  femme.  Il  était  issu  d'une  ancienne  maison  de  Bre- 
tagne, et  portait  pour  armes  :  d'or  à  une  hure  de  sanglier 
de  sable  dentée  d'argent.  Sa  fille  unique  lui  succéda. 

Françoise  de  Rosenivinan  (2),  dame  de  CourseuUes  et 
de  Sermentot,  épousa  Jean  de  Montalais,  écuyer,  seigneur 
de  Chambellay.  Il  est  marqué  dans  Téchiquier  de  i5o5 
qu'ils  avaient  procès  avec  Jean  de  Montalais,  curé  de 
Saint-Aubin  de  Sermentot,  et  contre  Jean  de  Tilly. 

La  terre  de  CourseuUes  passa  depuis  à  messire  de 
Marillac. 


(i)  Hist.  HarCf  t.  Il,  p.  1868  et  suivantes, 
(a)  Hist,  Harc,  t.  IF,  p.  io3. 


277 

Anne,  duc  de  Joyeuse^  était  baron  de  Courseulles  en 
i585. 

François  d^O^  gouverneur  de  Caen,  baron  de  Cour- 
seulles en  1600.  Après  sa  mort,  cette  terre  fut  décrétée  et 
adjugée  en  i63o  à  Thomas  Morand  baron  du  Mesnil- 
Garnier,  trésorier  dePépargne  (i).  Il  fut  père  de  Nicolas 
de  Morand  baron  de  Courseulles,  qui  épousa  Charlotte 
de  Hacqueville,  décédée  en  1669.  Elle  fut  encore  décrétée 
sur  lui,  et  adjugée  en  1674  à  Anne  de  Morand,  veuve  de 
messire  Louis  Olivier,  chevalier,  marquis  de  Leuville. 
Elle  mourut  le  9  de  décembre  1698. 

M.  de  Morand,  écuyer,  président  au  Parlement  de 
Toulouse,  et  Roger  de  Morand,  qui  en  héritèrent,  ven- 
dirent, en  1700  et  en  171 1,  toute  la  terre  de  Courseulles 
à  messire  Jacques-Joseph  dé  Bellemare,  chevalier,  sei- 
gneur de  Valhébert  et  de  Secqueville,  qui  la  fit  ériger  en 
marquisat  par  lettres  patentes  de  1728.  Il  mourut  à  Paris 
vers  1760,  sans  laisser  d^enfants  de  Noble  dame  Anne 
Giraud,  sa  femme.  Sa  succession  est  passée  à  M.  de  La 
Rivière-Meuvaines. 

Douvre  (Saint-Rémy  de).  Baronie,  chef-lieu  de 
doyenné.  Sergenterie  d^Ouistreham,  lieu  de  notariat, 
élection  de  Caen,  200  feux  et  1,000  habitants. 
.  Cette  paroisse,  appelée  en  latin  Dobra  et  Dovera,  est 
située  entre  la  mer,  qui  en  est  à  une  lieue,  et  Caen  qui 
en  est  à  3  petites  lieues.  On  fait  venir  le  nom  de  Douvres 
du  mot  pyrrha  de  Tancienne  langue  britannique  qui 
signifie  un  lieu  élevé  et  peu  chaud.  Qjaelqu'uns  le 
dérivent  de  Duor,  qui  dans  la  même  langue  signifie  eau. 
On  sait  qu^un  courant  d^eau,  qui  est  une  espèce  de  vi- 
toûard,  prend  sa  source  au-dessus  de  la  Délivrande;  d'un 

(1)  Hist.  des  gr.  off^  t.  IX,  p.  3ai. 


278 

lieu  appelé  les  Cuves-de-Douvres,  et  va  tomber  dans  la 
mer  entre  les  villages  de  Luc  et  de  Langrune.  Cest  ce 
courant  que  M.  Petite  appelle,  dans  sa  carte  du  diocèse, 
la  Fontaine  de  Victoire.  Elle  prend  son  origine  dans 
l'enclos  de  l'ancien  château  des  barons  de  Douvres. 

M.  le  curé  de  Douvres,  dans  le  mémoire  qu'il  a  bien 
voulu  me  communiquer  sur  la  paroisse,  observe  que 
quand  ce  courant  tarit,  Jl  marque  la  stérilité  de  Tannée 
suivante,  et  quand  il  court,  il  marque  la  cherté  de  Tannée 
suivante.  Cest  ce  que  j'ai  toujours,  ajoute-t-il,  entendu 
dire  aux  plus  anciens  paroissiens,  et  ce  que  j'ai  remarqué 
moi-même  depuis  plus  de  46  ans  que  j'y  suis  curé.  M.  de 
Bras  a  fait  la  même  remarque.  Cette  fontaine  forme  un 
ruisseau  assez  considérable,  qui  en  sortant  de  l'enclos 
passe  à  Test  du  bourg  de  la  Délivrande. 

Je  dois  observer  à  mon  tour  que  M.  le  curé  de  Douvres 
qui  parle  ainsi,  est  distingué  par  sa  science  et  sa  piété  ; 
qu'il  s'appelle  Pierre  François  de  La  Vigne,  qu'il  est 
le  neveu  de  feu  M.  Tabbé  de  La  Vigne,  mort  curé  de 
Saint-Pierre  en  1684,  et  qu'il  est  auteur  de  Télogc  de  ce 
pieux  et  recommandable  pasteur,  lequel  a  été  imprimé  à 
Caen,  chez  Doublet,  en  1732. 

Il  y  a  3  hameaux  :  Douvres,  oh  est  l'église;  la  Déli* 
vrande,  où  il  y  a  une  célèbre  chapelle  dont  je  vais  parler 
à  la  fin  de  cet  article,  et  la  Mare. 

Le  hameau  de  la  Mare  donne  le  nom  à  une  des  pré- 
bendes du  chapitre  de  Bayeux,  et  est  décoré  d'un  fief 
noble,  dont  le  chef  est  assis  en  ce  lieu,  et  s'étend  en  la 
paroisse  des  Essartiers,  vicomte  de  Thorigny.  Le  cha- 
noine a  upe  maison  prébendale  à  Douvres,  vis-à-vis  de 
laquelle  est  une  grande  mare,  d'oîi  le  hameau  paraît 
avoir  tiré  sa  dénomination.  II  y  possède  aussi  io3  acres 
de  terre  et  un  quart  en  plusieurs  pièces.  Il  a  aussi  à 


279 

Saint-Jean>de&-Essartiers,  1 6  vergées  et  demie  de  terre  en 
plusieurs  pièces,  qui  ont  été  réunies  au  fief,  faute  d^hom- 
mages,  avec  des  rentes  seigneuriales  sur  les  héritages  de 
ce  fief.  C'est  la  meilleure  prébende  du  chapitre.  Les 
habitants  de  la  Mare  formaient  une  espèce  de  paroisse 
à  part,  quand  Téglise  ou  chapelle  de  Sainte-Suzanne,, 
située  dans  la  maison  prébendale,  subsistait.  Ils  sont 
encore  séparés  de  Douvres  pour  la  taille. 

L^église  paroissiale  paraît  avoir  été  bâtie  entre  le  x'  et 
lé  xi«  siècle.  Les  deux  côtés  du  chœur  étaient  accom- 
pagnés de  deux  très  belles  chapelles  delà  même  grandeur 
et  hauteur  que  le  chœur  même.  Les  bouts  du  chœur  et 
leurs  fenêtres  étaient  remplis  d^un  très  bel  ouvrage  en 
pierre  depuis  le  pignon  jusqu^à  la  hauteur  des  autels. 
Les  murs  de  cette  chapelle  sont  encore  entiers.  Il  y  avait 
aussi  à  la  nef,  du  côté  du  midi,  une  aile  dont  les  arcades 
sont  encore  parfaites  et'entières.  La  tour  porte  une  pyra- 
mide fort  haute,  bâtie  en  pierres,  et  uqe  des  plus  belles 
du  canton. 

Messieurs  les  chanoines  de  la  cathédrale  de  Bayeux 
sont  présentateurs  et  coUateurs  de  plein  droit  de  la  cure, 
et  en  perçoivent  toutes  les  dîmes  qui  leur  furent  données 
par  leur  évêque,  Philippe  d^Harcourt,  comme  on  le  voit 
par  la  bulle  d^Adrien  IV,  de  Tannée  1 153.  Ils  y  ont  aussi 
un  pe|it  fief  surnommé  :  de  Douvres,  dont  le  chef  est 
assis  en  ce  lieu,  avec  extension  dans  la  paroisse  de  Lion. 
Il  relève  du  fief  de  la  Table,  sur  lequel  est  bâtie  Téglise 
cathédrale. 

On  voit  à  quelque  distance  de  Téglise  le  vieux  château 
des  barons  de  Douvres,  dont  Tenclos  est  tout  rempli  de 
souterrains  et  d'aqueducs.  Il  y  avait  une  magnifique 
chapelle  détachée,  dont  les  murs  subsistent  encore  en 
entier.  Le  bout  du  chœur  et  les  fenêtres,  depuis  le  pignon 


280 

jusqu'à  la  hauteur  de  l'autel,  sont  remplis  d'ouvrages 
d'un  très  bon  goût. 

Elle  était  sous  l'invocation  de  saint  Symphorien  et 
avait  plusieurs  titulaires  Le  dernier  mars  1469,  M.  l'évé- 
que  de,  Bayeux  conféra  une  de  ces  chapelles  à  Jean 
Louis,  prêtre  (i). 

Ce  château,  selon  M.  Hermant,  a  servi  de  maison  de 
campagne  à  plusieurs  de  nos  évéques.  Si  on  en  croit 
plusieurs  anciens  historiens,  la  paroisse  de  Douvres  a  été 
différente  de  ce  qu'elle  est  aujourd'hui.  Il  y  avait  quelque 
chose  de  beau,  de  rare,  de  curieux.  Il  y  avait  plus  d^ha* 
bitants  qu'il  n'y  en  a  maintenant,  car  on  découvre  par- 
tout des  puits  très  bien  faits  dans  des  endroits  où  personne 
nVi  vu  de  maisons. 

La  baronnie  de  Douvres  relève  nûement  du  roi.  Cest 
une  des  plus  belles  seigneuries  de  l'évéché.  Elle  apparte- 
nait originairement  à  une  maison  illustre  qui  en  avait 
emprunté  le  nom.  Ce  fut  Richard  de  Douvres,  évéque  de 
Bayeux  au  commencement  du  xn<  siècle,  qui  donna  et 
unit  pour  toujours  à  son  évéché  cette  baronnie  qui  lui 
appartenait.  Richardus  Samsonis  filius,  Odonis  per  iti" 
tervalla  successor,  Dobrœ  baroniam,  quœ  ad  eum  jure 
hœriditario  pervenerat,  episeopali  mensœaddixit  (2). 
Ainsi  il  ne  faut  pas  ajouter  foi  à  M.  Hermant,  quand  il 
avance  que  Odon,  prédécesseur  de  Richard  de  Douvres, 
avait  acheté  cette  baronnie  de  Guillaume  de  Magny  pour 
l'unir  à  sa  mansé  épiscopale  (3).  Le  roi  Louis  XI,  par 
considération  pour  Louis  d'Harcourt,  évéque  de  Bayeux 
et  patriarche  de  Jérusalem,  l'érigea  en  1477   en  haute 


(i)  Reg.  de  révêché. 

(a)  Ben.  de  regul.  par.,  4  lib.  a  f.  157. 

(3)  Hist.  du  dioc.  de  Bayeux^,  p.  SSgo. 


2fil 

justice,  avec  plusieurs  seigneuries  de  Tévéché;  mais  elle 
n^a  point  été  mise  en  exercice.  Les  fiefs  relevant  de  la 
baronnie  de  Douvres  sont  : 

La  seigneurie  de  Hermanville,  à  Hermanville. 

Le  fiefde  Bernières-CoùrseuUes,  à  Bemières. 

La  seigneurie  de  Beuville, 

Le  fief  de  la  Luzerne,  à  Bernières. 

Le  fief  de  Bernières-Sémilly,  à  Bernières'. 

Le  fief  de  Hermanville,  à  Bernières. 

Le  fief  de  Bernières-Beauzamet,  à  Bernières. 

Le  fief  de  Saint-Ouen,  à  Mathieu. 

Le  fief  de  M athieu^  à  Mathieu. 

La  vavassorie  du  Mesnil-Richard,  à  Mathieu. 

Le  fiefde  Saint-Contest,  à  Saint-Contest. 

Le  fief  d'Avenay. 

Le  fief  des  Champs-Goubert,  à  Evrécy. 

Le  fiefde  Préaux,  à  Préaux. 

Le  fief  de  Brettevillette. 

Le  fief  Maizet. 

Le  fief  d'Aiguillon,  à  Bougy. 

Le  fiefde  Bougy. 

Le  fief  d'Amayé-sur-Orne. 

Le  fiefde  Cramesnil. 

Autre  fiefde  Cramesnil. 

Autre  fief  de  Cramesnil. 

Le  fief  de  la  Lande-BouUon. 

Le  fief  Patry,  à  Bougy. 

Le  fiefde  Mont-Gautier,  à  Mondraiaville. 

Le  fiefde  Baron. 

Le  fief  de  Bayeux,  à  CuUy. 

Le  fiefde  Cully,  à  Andrieu. 

La  maison  de  Douvres  était  très  distinguée  sous  Guil- 
laume I«r,  roi  d^ Angleterre»  et  sous  les  rois  ses  enfants. 


283  \  , 

Elle  se  glorifie  d'avoir  donné  quatre  illustres  prélats  à 
rÉglise.  On  croit  qu'ils  sont  nés  à  fiayeux  même;  il  est 
constant  au  moins  que  leurs  ancêtres  y  faisaient  ordi- 
nairement leur  séjour.  Thomas  I*^  fils  du  baron  de 
Douvres,  montra  de  bonne,  heure  de  grandes  dispo- 
sitions pour  rétude  et  la  piéié.  Odon  de  Conteville, 
évêque  de  Bayeux,  si  jaloux  de  remplir  son  église  de  bons 
sujets,  le  mit  au  nombre  des  clercs  qu^il  faisait  instruire 
à  ses  frais  (i).  Il  Tenvoya  avec  Samson,  son  fi:ére,  et 
plusieurs  autres,  à  Liège,  oii  il  y  avait  alors  une  école 
très  renommée,  (je  digne  élève  répondit  parfaitement  aux 
vues  de  son  bienfaiteur,  et  fit  de  grands  progrès  dans  les 
sciences.  A  son  retour  à  Bayeux,  il  fut  pourvu  de  la 
dignité  de  trésorier,  dans  l'église  cathédrale;  ^mais,  au 
bout  de  quel(}ues  années,  c^est*à-dire  en  1072,  son  mérite 
réleva  sur  le  siège  archiépiscopal  dTork,  en  Angleterre, 
auquel  il  fut  nommé  par  Guillaume^le-Conquérant.  Ce 
prélat  rebâtit  son  église  cathédrale,  il  enrichit  considé- 
rablement son  collège  et  composa  des  livres  sur  le  chant 
ecclésiastique.  On  fixe  sa  mort  à  Tannée  1 100  (2). 

Samson,  baron  de  Douvres,  frère  du  précédent,  de 
récole  de  Liège  passa  à  celle  d'Angers,  où  il  étudia  sous 
le  célèbre  Marbode,  depuis  évêque  de  Rennes.  Il  se 
rendit  grand  homme  de  lettres,  et  lia  avec  son  maître  une 
amitié  si  étroite  qu'elle  ne  finit  qu'avec  la  vie.  Revenu 
dans  sa  patrie  (Hermant  a  cru  que  Samson,  baron  de 
Douvres,  et  Samson,  évêque  de  Vinchester  étaient  deux 
personnes  différentes.  (Hist.  du  dhc.  de  Bayeux,  p.  162.), 
il  épousa  une  femme,  dont  il  eut  plii^ieurs  enfants;  mais 
étant  devenu  veuf,  il  embrassa  l'état  ecclésiastique,  et  fut 


(I)  Ord.  Vital,  lib.  VIII,  Hiit.  ecclés.,  p.  664. 
(%)  Mwiost.  anglLf  vol.  m,  p.  128. 


283 

fait  clerc  de  la  chapelle  de  Guiilaume-le-Conquérant,  et 

trésorier  de  Téglise  de  Bayeux  (  i)  comme  son  frère.  On  le 

voit  souscrit  sous  ces  deux  titres  à  la  chartre  que  le  roi 

Guillaume  expédia  Paii  1082  à  Dontonam,  pour  Tunion 

du  monastère  de  Cloveneham,  en  Angleterre,  à  Tabbaye 

de  Saint-Calais,  au   diocèse  du  Mans  (2).    Ce   prince 

déclare  dans  la  chartre  que  c^est  principalement  sur  les 

remontrances  de  Samsôn,  son  chapelain  et  trésorier  de 

Bayeux,  et  sur  celles  de  Guillaume,  évéque  de  Durham, 

qu'il  fait  cette  union.  Peu  de  temps  après  il  fut  nommé 

à  révécbé  de  Winchester,  en  Angleterre,  et  vivait  encore 

en  1109.  Parmi  les   poésies  de  Marbode,  évéque  de 

Rennes,  on  trouve  une  lettre  (la  vingt-unième)  quUl 

écrivit  à  Saihson  de  Winchester,  un  de  ses  plus  chers 

disciples  (3).  Il  lui  ^émoigne  un  grand  désir  de  le  voir, 

mais  la  mer  qui  les  sépare  ne  permet  pas  à  un  vieillard 

comme 'lui  de  s'y  exposer.  Il  Tinvite  à  venir  lui-même,  et 

offre  d^aller  le  trouver  à  Bayeux,  qui  peut  bien  suffire  à 

trois  évéques  :  sedes  prœsulibus  illa  tribus. 

Nous  connaissons  trois  enfants  au  moins  que  Samson 
de  Douvres  eut  de  son  mariage  avant  que  de  prendre  le 
parti  de  Téglise,  savoir  : 

Thomas  II«  du  nom,  qui  fut  clerc  de  la  chapelle  de 
Henri  I«r,  roi  d'Angleterre  et  duc  de.Normandie,  premier 
prévôt  du  monastère  de  Beverley,  et  enfin*  archevêque 
d' Yorck,  après  Gérard,  successeur  immédiat  de  Thomas  I«% 
dont  nous  venons  de  parler.  Sa  promotion  à  ce  siège 
arriva  en  1 108.  (On  peut  consulter  sa  vie  dans  le  dixième 
tome  de  V Histoire  littéraire  de  France,  par  les  savant  s 


(i)  Hist.  litt.  sur  les  hinédict.  de  Saint^Maur,  t.  X,  p.  3a. 
(a)  Monasticor  angl.  ord.  5"  Bened,,  p.  555. 
(3)  Hist,  litt,,  ut  supra,  p.  375. 


264 

Bénédictins  de  SainUMaur,  page  32  et  suivantes.)  On  y 
rapporte  un  trait  qui  fait  voir  en  quelle  recommandation 
il  avait  la  vertu.  Dans  une  griève  maladie  qu^il  eut,  les 
médecins  lui  ayant  indiqué  un  remède  opposé  à  la  pureté, 
il  déclara  quMl  aimait  mieux  être  exposé  à  mourir  que  de 
racheter  sa  vie  à  un  tel  prix.  Dieu  bénit  la  foi  et  la  cons- 
tance de  son  serviteur;  il  lui  rendit  sa  première  santé. 
Le  pieux  archevêque  mourut  en  1114,  au  mois  de 
février. 

Richard  II«  du  nom,  trésorier  de  Téglise  de  Bayeux, 
en  fut  fait  évêque  en  1109,  et  siégea  jusqu^en  11 33.  Il 
aimait  et  cultivait  les  lettres.  Adelard  de  Bath,  grand 
philosophe  de  son  temps.  Anglais  de  nation,  en  faisait 
grand  cas.  Il  soumettait  volontiers  ses  écrits  à  son  juge- 
ment, le  regardant  comme  un  prélat  d'un  génie  supé- 
rieur, et  d^un  savoir  qui  s'étendait  à  toutes  les  facultés  de 
la  littérature  (i).  On  trouve  dans  le  Thésaurus  novus 
anecdotorum,  une  courte  préface  d' Adelard,  adressée  à 
cet  évêque,  et  que  Tauteur  devait  mettre  au  devant  d^un 
dialogue  De  rerum  causis  entre  lui  et  son  neveu  (2). 
Richard  de  Douvres,  évêque  de  Bayeux,  est  regardé 
comme  un  des  principaux  bienfaiteurs  du  Plessis-Gri- 
moult,  parles  biens  que  lui  et  ses  frères  au  menèrent  à  ce 
prieuré.  Etant  apparemment  resté  seul  héritier  de  sa 
maison,  il  unit  pour  toujours  sa  belle  terre  et  baronnie 
de  Douvres  à  la  manse  de  son  évêché,  comme  je  Tai 
marqué  ci-dessus  (3). 

Isabelle  de  Douvres,  maîtresse  de  Robert,  comte  de 
Glocestre,  bâtard  de  Henri  I<r,  roi  d^ Angleterre,  duc  de 

(i)  HUt.  Utt.  de  France^  L  X,  p.  54-55. 

(a)  D.  Mart.,  t.  I,  p.  291-291. 

(3)  Nw.  GaU.  Ckristiana,  t.  XI,  col.  36i. 


285 

Normandie,  ne  se  trouve  dans  aucun  auteur  que  je 
sache.  Elle  eut  de  ce  prince,  Richard,  qui  succéda  à 
Richard  II«du'nom,  évêque  de  Bayeux  en  ii33,  après 
avoir  obtenu  dispense  de  Rome  sur  le  défaut  de  sa  nais- 
sance (i). 

Arthur  du  Moustîer,  récollet,  dans  son  Neustria  pia, 
page  743,  qualifie  ces  deux  évéques  d^oncle  et  de  neveu  : 
duo  un  episcopi  Bajocenses  fuerunt  uterque  Richardus 
I  et  II  avunculus  et  nepos. 

Cette  demoiselle  a  un  obit  fondé  dans  la  cathédrale  de 
Bayeux,  dont  le  vieux  nécrologe  fait  mention  en  ces 
termes  :  XXVI  die  mensis  aprilis,  obitus  Isabellis,  matris 
Richardi  £>'  Bajocensis,  filii  comitis  Glocestriœ.  Ne 
serait-ce  point  elle  qui  a  été  le  sujet  d^une  épitaphe  singu- 
lière que  Ton  voit  gravée  en  grands  caractères  romains 
sur  les  pierres  qui  forment  par  dehors  Pun  des  piliers 
d'appui  de  la  tour  méridionale  de  la  cathédral^,  du  côté 
de  la  grande  place,  à  7  ou  8  pieds  au-dessus  du  rez-de- 
chaussée  ? 

Voici  comme  elle  est  conçue  : 

Quarta  dies  pasche  fuemt,  cum  clenis  ad  hujus 
Que  jacet  hic  vetule  venimus  ezequiaa 
Lctitie  que  diem  magis  amisisse  dolemus 
Quam  centum  taies  si  caderent  vetule. 

A  la  vérité,  cette  inscription  sépulcrale  ne  porte  ni  date 
ni  nom  appellatif  ;  ainsi  on  ne  saurait  dire  en  quel  temps 
et  pour  qui  elle  a  été  faite.  Il  s^agit  d'une  femme  qui,  si 
elle  a  été  respectée  de  son  vivant,  n^a  pas  été  de  même 
après  sa  mort.  Ce  qtii  me  fait  soupçonner  qu'elle  pour- 
rait regarder  la  maîtresse  du  comte  de  Glocestre;  c^est  ce 
que  la  date  de  son  obit  au  24  avril  insinue,  puisque  ce 

(i)  Ord.  Vital,  lib.  XIII,  p.  900. 


28é 

fut  le  jour  de  son  décès  ;  la  femme  désignée  dans  Tépi- 
taphe  mourut  dans  un  âge  avancé  et  aux  fêtes  de  IPâques  ; 
or,  Pâques  en  Tannée  1 166  tomba  le  24  d^avril^  comme 
on  le  voit  par  VArt  de  vérifier  les  dates,  page  48.  Ces 
époques  paraissent  assez  s'accorder  entre  elles,  et  Tépitaphe 
est  assurément  du  même  temps. 

On  trouve  un  Hugues  de  Douvres  (i)  parmi  les  sei- 
gneurs qui  souscrivirent  comme  témoins  à  la  chartre 
d^Henry  II,  duc  de  Normandie  et  comte  d'Anjou,  donnée 
à  Rouen  en  1 1 5o  pour  Tabbaye  de  Mortemer. 

Le  bourg  de  la  Délivrande  est  renommé  parla  chapelle 
et  Pimage  miraculeuse  de  la  Sainte  Vierge  que  Tony  voit. 
Ce  nom  est  composé  de  deux  mots  :  de  Deal,  délie,  qui, 
en  anglais,  signifie  portion  de  quelque  chose,  etdTvron- 
dia,  Yvrande,  du  nom  apparemmentde  celui  à  qui  appar- 
tenait le  terrain  sur  lequel  est  bâti  la  chapelle.  Il  est 
constant  que  c'est  la  chapelle  qui  a  donné  la  naissance  à 
ce  bourg,  ainsi  qu'il  est  arrivé  à  plusieurs  autres  lieux  de 
dévotion.  Il  y  a  marché  tous  les  samedis,  et  une  foire 
chaque  année,  le  lendemain  de  la  Chandeleur. 

Il  n'est  pas  possible  de  découvrir  au  vrai  l'origine  de 
cette  chapelle  qui  est  devenue  si  célèbre  depuis  plusieui*s 
siècles.  -Le  plus  ancien  témoignage  que  nous  en  ayons  est 
celui  de  Cénalis  qui,  de  chanoine  de  Bayeux,  devint 
évéque  d'Avranches  dans  le  xvi«  siècle.  Appuyé  sur  une 
ancienne  tradition,  il  en  attribue  la  fondation  à  siaint 
Régnobert,  évéque  de  Bayèux.  Voici  comme  il  s'en 
explique  dans  son  histoire  de  France  :  Divus  Regno* 
bertîis  non  procul  a  marino  littore  in  fundo  proprio 
de  Yvrandia,  œdiculam  sacrant  divœ  Genitrici  Dei  Mor 

(i)  Hist.  Harc,  t.  II,  p.  2o5i. 


287 

rice  devovit  :  quœ  tamen  longopost  tempore  a  Barbaris 
eversa;  multis  diebus  saxis  terraque  obruta  delituit  : 
restituta  tamen  pristino  nitori  et  candori,  posteaquam 
divine  nutu  arietinis  comibus  excusso  luto,  tandem  in 
lucem  prodiit,  non  procul  ab  œquore  dissita,  imago 
illa  colitur  in  Dovreïo  page,  gallice  Douvre,  quatuor 
ab  Estrehamo  miliiaribus,  distans  corrupte  dicitur  : 
Notre^Dan}e  de  la  Délivrante  :  ^uœ  potins  dicenda 
venit  a  :  La  Delle-Yvrande,  hoc  est:  in  regiunculo por^ 
tiunculave  Yvrandiœ;  vulgus  enim  appel lat  la  délie, 
agri portiunculam  in  qua  scilicet  Yvrandia  sita  est[i]. 

QuoiquHl  en  soit  de  ses  commencements,  il  est  constant 
qu'il  s^  est  opéré  quantité  de  miradles,  et  qu'il  s'y  en  opère 
encore  par  l'intercession  de  la  Sainte  Vierge,  qu'une  mul- 
titude de  peuples  de  différents  pays  y  viennent  réclamer 
dans  ce  lieu  de  dévotion.  Il  en  vient  non  seulement  de 
toute  la  Normandie,  mais  encore  de  la  Picardie,  de  la 
Bretagne,  du  Maine  et  d'Anjou.  Il  y  vient  aussi  un  grand 
nombre  de  paroisses  du  diocèse  en  procession,  et  presque 
toutes  celles  de  Caen  n'y  manquent  point  chaque  année. 
Le  roi  Louis  XI  y  fit  un  pèlerinage  en  1474.  Il  était 
accompagné  de  Louis  d'Harcourt,  évéque  de  Bayeux,  qui 
le  reçut  dans  les  villes  de  Caen  et  de  Bayeux,  dont  il  fit 
la  visite  en  même  temps  (2).  Pour  en  conserver  la  mé- 
moire, ce  prince  donna  à  la  chapelle  un  autel  oti  il  était 
représenté  en  bosse.  U  fut  rompu  et  pillé,  ainsi  que  la 
chapelle,  en  i562,  parles  Protestants. 

Cette  chapelle  est  grande  et  bien  bâtie.  Elle  a  à  ses 
côtés  deux  petites  chapelles  qui  font  le  croisillon.  Elle  est 
très  bien  décorée.  On  y  dit  la  messe  à  trois  autels  :  le 

(I)  De  re  Gallica,  Hb.  II,  f.  4,  p.  i36. 
(a)  Hist.  HarCt  t.  I,  p.  448. 


288  ^  '  . 

principal  est  magnifique,  revêtu  de  marbre  et  de  bronze 
doré,  et  enrichi  de  beaucoup  d*argenterie.  Il  a  été  placé 
avec  la  belle  grille  de  fer  qui  sépare  le  chœur  d'avec  la 
nef,  sous  Tépiscopat  de  M.  de  Luynes,  à  présent  cardinal 
et  archevêque  de  Sens.  Il  y  a  devant  cet  autel  treize 
lampes  d'argent,  dont  les  deux  plus  grandes  ont  été 
données,  l'une  en  1 75 .  par  M««  la  duchesse  de  Luynes, 
nièce  du  cardinal  de  Luynes,  Tautre  en  175.  par  Marie- 
Joséphe  de  Saxe,  épouse  de  Louis,  dauphin  de  France. 

Le  chapitre  de  Bayeux  a  la  juridiction  spirituelle  sur 
cette  chapelle,  ainsi  quUl  Ait  jugé  pour  elle  et  1 9  paroisses, 
par  arrêt  du  Conseil  en  1671.  Hs  y  perçoivent  toutes  les 
oblations,  et  y  entretiennent  4  prêtres  qui  acquittent  ou 
font  acquitter  les  messes  ou  autres  charges.  Dès  1447, 
selon  le  manuscrit  de  Potier,  il  fut  réglé  que  la  place  où 
se  tient  le  marché  appartenait  au  chapitre  ;  mais  les  droits 
et  coutumes  reviennent  à  M.  TÉvêque  comme  baron  de 
Douvres.  La  chapelle  fut  volée  en  1662  ;  Fargenterie  fut 
enlevée,  jusqu'au  Saint  Ciboire,  et  le  chapitre  dépensa, 
dit-on^  plus  de  20,000  francs  pour  la  poursuite  des  mal- 
faiteurs. 

Le  bourg  est  composé  de  plus  de  100  maisons  pour 
les  habitants,  et  de  plusieurs  hôtelleries  qui  dépendent 
presque  toutes  de  la  paroisse  de  Douvres.  Il  y  a  un  bureau 
de  contrôle. 

Maître  Buho,  chanoine  de  Cartigny  et  docteur  de  Sor- 
bonne,  dans  la  vue  de  former  les  jeunes  ecclésiastiques  au 
saint  ministère,  y  fonda,  avec  la  permission  de  M.  d'An- 
gennes,  son  évéque,  un  séminaire  dont  il  eut  la  conduite 
tant  qu'il  vécut.  Il  a  depuis  été  uni  à  celui  de  Bayeux  par 
lettres  du  roi  et  de  M.  de  Nesmond,  données  en  1669. 
Ce  sont  les  prêtres  de  la  congrégation  de  Saint-Lazare 


289 

qui  en  ont  la  direction.  Cette  maison  et  celles  qui  sont 
ès-environs  sont  sur  la  paroisse  de  Luc. 

Epron  (Saint-Ursin  d*).  Banlieue  et  élection  de  Caen, 
notariat  de  Caen,  29  feux. 

Cette  paroisse  est  sur  le  chemin  de  Caen  à  la  Déli- 
vrande.  Elle  est  composée  de  224  acres  de  terre.  Le  fief 
seigneurial  appartient  aux  héritiers  de  M.  le  comte  de 
CreuIIy-Seigneley  qui  en  était  seigneur,  et  le  patronage 
aux  chapitre  et  chanoines  du  Saint^Sépulchre  de  Caen. 
La  dîme  est  perçue  partie  par  Tabbé  d'Ardenne,  partie 
par  le  curé  qui  £ait  80  livres  de  rente  au  curé  de  Saint- 
Clair-d'HérouvîUe. 

Elle  est  à  une  lieue  de  Caen. 

Fontaine^le-Henry  (Notre-Dame-de-Nativité).  Ser- 
genterie  de  Bernières,  élection  de  Caen,  notariat  de  Bény, 
60  feux. 

Elle  est  située  sur  la  petite  rivière  de  Mue.  La  nomi- 
nation de  la  cure  appartient  au  seigneur,  et  la  dime  au 
curé.  M.  le  marquis  de  Vassy-Marguerye,  au  droit  de 
maître  Louis-François,  comte  de  Montéder,  est  seul 
seigneur  de  cette  paroisse,  comme  en  possédant  tous  les 
fiefe,  dont  le  principal  est  un  plein  fief  de  chevalier  rele- 
«  vant  du  Roi.  Il  y  a  encore  le  demi-fief  de  Bréville.  La 
maison  seigneuriale,  bâtie  dans  le  goût  moderne,  est  sur 
une  éminence  qui  domine  dans  un  bas*fond  couvert  de 
prairies  et  d^herbages.  Elle  a  une  chapelle  domestique  et 
titulaire  qu^on  appelle  Notre-Dame  de  Val-Bunel.  Il  y 
avait  deux  portions  autrefois;  aujourd'hui  il  n'y  an  a 
qu'une  à  la  nomination  du  seigneur. 

Elle  est  à  3  lieues  de  Caen  et  à  cinq  quarts  de  lieue  de 
La  Délivrande. 

19 


290 

La  terre  de  Fontaiae*le-Henry  a  été  possédée  par  la 
maison  de  Tournebu,  d^où  elle  passa  à  celle  de  Tilly, 
puis  à  celle  de  Harcourt,  qui  Pont  eue  plus  de  deux 
siècles.  M««  Gailfetnette  de  Tournebu  rendît  aveu  au  Roi 
le  27  mars  iSji  pour  le  franc  fief  de  Fontainc-le-Henry, 
pour  le  fief  de  Noyers,  assis  au  dit  lieu  de  Fontaine,  et 
pour  la  terre  de  Fontenay-le-Painci  en  la  vicomte  de 
Caen,  tenue  du  fief  de  Tilly  (i).  Elle  avait  épousé  Guil- 
laume, châtelain  de  Tilly,  dont  sortit  Jeanne  de  Tilly, 
qui  porta  cette  terre  avec  beaucoup  d^autres  à  Philippe 
d^Harcourt,  baron  de  Bonnestable,  qu'elle  avait  épousé 
vers  1 368  (2). 

Alix  de  Tournebu,  sœur  de  Guillemette,  prend  la  qua- 
lité de  dame  de  Fontaine-le-Henry  en  un  titre  de  1377. 
Elle  ne  prit  point  d^alliance  et  vécut  longtemps.  Les 
enfants  de  sa  nièce  en  héritèrent. 

Jacques  d'Harcourt,  baron  de  Beuvron  et  BeaufFou, 
seigneur  de  Fontaine-le-Henry,  capitaine  des  nobles  du 
-bailliage  de  Cacn,  écuyer  tranchant  du  roi,  prit  pour 
femme  Françoise  de  Ferrières,  dame  de  Thury  en  partie. 
Etant  venu  à  mourir,  ses  trois  fils  partagèrent  sa  succès-, 
sion  le  7  novembre  1496  (3). 

Jean  d^Harcourt,  baron  d^Asnebec  et  de  Rannes,  lieu- 
tenant pour  le  roi  au  bailliage  de  Caen  et  capitaine  des 
nobles  de  ce  bailliage,  eut  comme  puîné  les  fiefs  et  sei- 
•gneuries  de  Fontaines*-le-Henry,  Secqueville,  Bomban- 
ville,  Putot  et  Auvrecher.  Il  prit  le  titre  de  seigneur  de 
Fontaines,  y  ayant  succédé  comme  fils  de  Jacques,  fils  de 
Girard,  fils  de  Philippe  d^Harcourt  et  de  Guillemette  de 


(i)  Hist,  Harc,  1. 1,  p.  498-785. 

(2)  Hist.  Harc,  1. 1,  p.  780'. 

(3)  Hist,  Harc.^  t.  II,  p.  io54-io55. 


2^1 

Tournebu,  -scsur  puînée  d'Alix,  qui  prenait  la  qualité 
de  dame^de  Fontaines^en  un  titre  de  1377.  Sa  femme  fut 
Jeanne  de  Saint-Germain,  fille  héritière  en  partie  d^Au- 
bert,  baron  de  Rannes,  Briouse  et  Asnebec,  de  laquelle 
vinrent  un  fils  et  des  filles. 

'Pierre  d'Harcourt,  baron  d^Asnebec,  seigneur  de  Fon- 
taines4e^Henry,  chevalier  de  Pordre  du  roi^  gentilhomme 
de  la  chambre,  lieutenant  général  en  Normandie,  décéda 
ynté  i566,  sans  hoirs  de  sa  femme  Marie  de  Lenoncourt- 
de-Vignory,  qu^il  avait  épousée  par  traité  du  28  juin  1 544. 
Il  avait  reçu  la  tonsure  à  Fontaines  Pan  1 624,  des  mains 
de  Pévéque  de  Bayeux  (i).  Ses  sœurs  recueillirent  sa 
succession,  et  la  cadette  Jacqueline  d^Harcourt  fut  abbesse 
de  Saint-Sulpice  de  Rennes,  et  mourut  le  5  décembre 
1577. 

Anne  d'Harcourt,  sœur. puînée  de  Pierre,  baron  d'As- 
nebec,  partagea  avec  Françoise,  son  aînée,  les  biens  de 
leur  fr^rel  Elle  avait  épousé  Jean  de  Morais,  seigneur  de 
Joderais,  baron  de  Garenciiieç,  chevalier  de  l'ordre  du 
Roi,  et  le  fit  seigneur  de  Fontaînes-le^Henry,  Bény, 
Moulineaux,  G>ulvain,  etc.  (2).  Anne  d^Harcourt,  dame 
de  Joderais,  nomma  à  la  chapelle  de  Val-Bunet  le  22  no- 
•vembre  i568  (3),  et  Jean  de  Morais,  chevalier  de  Tordre 
du  Roi,  baron  de  Garencières,  à  la  cure  le  23  février 
i588.  De  leur  mariage  sortirent  Jean  de  Morais,  seigneur 
•de  Fortille,  Pierre^  seigneur  de  joderais,  et  Jacques,  sei- 
gneur de  Lory  (4). 

Jacques  de  Morais,  le  troisième,  s'allia  par  mariage 
avec  Marguerite  d'Aché,  dame  de  BresoUes.  Leur  fils, 

(i)  Reg.  de  Tévêché. 

(a)  Hist,  Harc,  t.  II,  p.  i53i  et  ftuiy. 

(3)  Reg.  de  l'évêché.     • 

(4)  Hist.  Harc,  t.  II,  p.  i58a. 


292 

Urbain  de  Morais,  seigneur  de  Joderaisy  Fontaines-Ie 
Henry,  Bény,  Moulineaux,  etc.,  reçut  pour  femme  Fran- 
çoise d^Angennes,  dont  il  eut  quatre  fils.  L^aîné,  Nicolas 
de  Morais,  fut  seigneur  de  Brésolles,  de  Fontaines4e- 
Henry  et  de  Bény;  le  cadet,  seigneur  de  Bény,  fiit  cha- 
noine de  Bayeux  en  la  prébende  du  Locbeur.  De  Nicolas 
de  Morais  et  de  son  épousé  Marguerite  de  Sévigné^  sœur 
de  Henry,  marquis  de  Sévigné,  tué  en  1648,  sortit  Fran- 
çois, seigneur  de  BresoUes  et  de  Fontaines,  et  Jacques, 
seigneur  de  Joderais. 

Cest  la  patrie  de  Jacques  d^Harcourt,  comte  deCroisy, 
gouverneur  de  Falaise  et  capitaine  d^une  compagnie  de 
chevau-légers,  qui  y  naquit  le  6  octobre  1 584,  et  de  :, 

François  d'Harcourt,  marquis  de  Beuvron,  lieutenant 
général  de  Normandie,  gouverneur  du  vieux  palais  de 
Rouen,  qui  y  naquit  le  14  octobre  1 598  (i). 

Hermanville  (Saint-Pierre  d').  Sergenterie  d^Ouistre- 
ham,  notariat  d^Ouistrebam,  élection  de  Caen,  1 34  feux 
et  600  habitants. 

Cette  paroisse,  située  sur  le  bord  de  la  mer,  fut  érigée 
en  mak'quisat  en  faveur  de  la  maison  de  Vauquelin  qui  la 
possède  depuis  plus  d^un  siècle,  par  lettres  patentes  du 
roi  Louis  XIII.  Messire  Hercule  Vauquelin,  marquis 
d'Hermanville,  présente  à  la  cure  et  a  trois  places  d'obi- 
tiers.  Il  y  demeure  dans  un  château  qui  est  accompagné 
d^n  jardin  spacieux  et  de  très  belles  avenues.  L^église 
est  au  milieu  d'un  gros  village  qui  forme  une  espèce  de 
bourg.  Ses  ornements,  et  surtout  sa  belle  lampe  d'argent 
méritent  dMtre  remarqués.  Le  curé  est  seul  décimaieur. 


(i)  Hist,  Harc.j  t.  II,  p.  lagS  et  1304. 


293 

Son  bénéfice  est  le  meilleur  et  le  plus  riche  de  tout  le 
diocèse. 

Cette  paroisse  est  à  3  lieues  de  Caen,  une  lieue  de  La 
Délivrande,  et  cinq  quarts  de  lieue  de  la  rivière  d^Orne. 

La  seigneurie  d^Hermanville,  suivant  les  titres,  relève 
de  Févéché  de  Bayeux,  à  cause  de  la  baronnie  de  Douvres, 
et  la  garde  noble  en  appartient  à  Pévéque,  selon  qu^il  fut 
jugé  en  i338,  en  faveur  de  Pévéque  Guillaume  Bertrand 
de  Briquebec,  contre  les  receveurs  du  domaine  du  roi, 
qui  la  lui  disputaient.  Il  y  avait  autrefois  deux  portions 
de  cure,  dont  était  seigneur  et  patron  en  i356  Richard 
d'Hermanville  (i).  Noble  homme  messire  Charles d^Her- 
manville,  chevalier,  seigneur  du  dit  lieu,  tenait  en  1453 
de  la  baronnie  de  Douvres,  par  foi  et  hommage,  un  fief 
entier  de  chevalier  noblement  et  franchement,  dont  le 
chef  est  assis  à  Hermanville  avec  extension  ès-paroisses 
de ,  vicomte  de  Bayeux,  et  doit  le  service  d'un  che- 
valier en  Post  du  prince,  le  cas  échéant  (2). 

Catherine  d'Hermanville,  sa  fille  héritière,  porta  cette 
terre  vers  1460  à  son  mari  Jean  de  Sillans,  seigneur 
de  La  Perrière,  père  de  Jean  de  Sillans  baron  de  Creully. 

Louis  de  Moûy,  chevalier  de  Tordre  du  Roi,  gentil- 
homme ordinaire  de  sa  chambre,  seigaeur  châtelain  de  La 
Mailleraye,  nomma  à  la  cure  d'Hermanville  le  1 3  no- 
vembre 1616,  comme  tenant  la  garde  noble  des  enfants 
mineurs  du  premier  mariage  de  feu  Charles 'de  Saffray, 
écuyer,  seigneur  de  Varaville,  et  de  demoiselle  Marie  de 
Sillans,  en  son  vivant  dame  et  patronne  de  Saint-Pierre 
d'Hermanville  (3). 

(i)  Ex.  Lib.  Peluto. 

(a)  Aveu  de  Tévêque  de  Bayeux  en  1453. 

(3)  Reg.  de  révêché. 


294 

Antoinette  Le  Sanglier  dame  d^HermanTÎUe  en  partie, 
veuve  de  feu  Antoine  de  Sillans,  chevalier  des  deuzi 
ordres»  capitaine  de  5o  hommes  d^armes,  et  baroni  de 
CreuUy,  nomma  à  son  tour  à  cette  cure,  le  i3  dé- 
cembre 1617  (i). 

Jean  de  Calvlmont,  chevalier»  gentilhomme  ordinaire 
de  la  chambre  du  Roi,  sieur  d^Esteville,  Beaufou,  Orbec 
et  en  partie  d^HermaaviUe  au  droit  de  feue  demoiselle 
Jeanne  de  Sillans,  son  épouse,  nomma  aussi  ài  la  même 
cure  le  12  octobre  1623,  la  nomination  lui  appartenant 
alternativement  avec  les  sieurs  de  Saint-Hilaiite^  et  baron 
de  CreuUy,  représentant  Marie  et  Françoise  de  Sillans, 
sœur  de  Jeanne  son  épouse,  conformément  aux  lots  et 
partages  faits  entr^elles  (2). 

Il  n^  avait  plus  alors,  comme  il  parait,  qu^une  portion 
de  cure  à  Hermanville.  En  effet,  il  y  a  au  secrétariat  de 
révéché  une  information  faite  au  mots  de  mai  1 558  par 
Qaude  de  Chanleu,  docteur  es  droits  et  oflkial  du  diocèse 
de  Bayeux  à  Caen,  pour  la  réunion  des  deux  portions. 
La  requête  à  cet  effet  avait  été  présentée  le  l3  février 
précédent  par  Jean  du  Châiel,  chanoine  de  Bayeux, 
procureur  du  baron  de  Creully. 

En  1570,  Charles  d 'H  umières,  évêque  de  Bayeux,  sujr 
la  requête  d^Antoine  de  Sillans,  baron  de  Creully,  sei- 
gneur des  deux  portions  d^Hermanville,  les  réunit  en  un 
seul  titre  en  &veur  de  Jean  de  Sillens,  bachelier  aux 
droits,  conseiller  et  aumônier  du  Roi,  déjà  pourvu  de  la 
première  portion  (3), 

HerculjB  Vauquelin,  chevalier,  seigneur  et  patron  des 


(i)  Rcg.  de  révcché. 
(a)Reg.  dcrévêché. 
(3)  Reg.  de  l'évêcW. 


295 

Yveteaux  et  de  BoUsey,  marquis  d^Ifermanville,  noinma 
en  1670  à  la  cure  d'Hermanville  à  cau$e  de  son  marqui- 
sat. Il  descendait  de  la  famille  de  Nicolas  Vauquelin, 
seigneur  des  Yveteaux,  conseiller  au  présidial  de  Caen,  et 
depuis  précepteur  du  roi  Louis  XIII^  prieur  du  Val  en 
Normandie,  ^t  frère  de  Charles,  abbé  de  Saint-Pierre- 
sur-Dives,  et  de  Saint-Symphorien  de  Beauvais,  mort  en 
1644(1). 

Louis-Hercule  de  Vauquelin,  chevalier,  seigneur  mar- 
quis d^Hermanville,  conseiller  du  Roi  ea  son  grand 
conseil,  et  commissaire  de  S.  M.  en  la  chambre  royde, 
nomma  le  3o  octobre  1677  ^^  même  bénéfice,  déclarant 
que  les  deux  portions  de  Saint-Pierre  et  de  Saint*Paul 
d^Hermanville,  dont  la  première  lui  appartient  à  cause 
de  son  marquisat,  étant  vacantes  par  le  décès  de  noble 
homme  messire  Michel  Formont,  prêtre,  dernier  posses- 
seur d'icelles,  en  la  personne  duquel,  et  de  quelqu^uns  de 
ses  prédécesseurs,  les  deux  portions  étaient  réunies,  il  a 
choisi  Louis-Hercule  Vauquelin  son  frère,  clerc  du  dio- 
cèse de  Paris,  bachelier  en  théolpgie  audit  lieu  pour  ' 
remplir  les  deux  portions,  se  réservant  à  poursuivre 
l'adjonction  de  ces  deux  portions  par  les  voies  de  droit, 
ou  ainsi  qu'il  appartiendra  par  raison,  sans  toutes  fois 
qu'il  le  puisse  faire  tant  que  ledit  Louis-Hercule  Vau- 
quelin en  demeurera  titulaire  (2). 

Le  marquis  d^Hermanville  possède  audit  lieu  le  fief 
noble  de  Beaufort,  relevant  de  Beaumont-le-Richard 
sans  rente  ni  devoir  (3). 

Cest  la  patrie  de  Jean-François  Sarrazin,  poète  fran- 
çais, décédé  à  Pézénas  en  1664.  (?) 

(i)  Reg.  de  l'évêché  de  Bayeux. 
(a)  Reg.  de  Vérèché  de  Bayeux. 
(3)  InT.  des  titres  de  Beaumont. 


2^6 

Hérouville.  Notariat  de  Caen,  petit  canton  de  la  ban- 
lieue et  éleaion  de  Caen. 

Il  est  situé  sur  le  bord  de  la  rivière  d^Orne,  et  dans  une 
position  des  plus  agréables.  Il  y  a  2  paroisses  et 
2  églises,  Saint-Clair  et  Saint-Pierre.  Les  habitants,  au 
nombre  de  35o,  ne  sont  point  distingués  pour  le  tem- 
porel, mais  seulement  pour  le  spirituel.  Saint-Clair 
d^Hérouville  est  à  la  nomination  du  seigneur,  et  Saint- 
Pierre  d^Hérouville  à  celle  de  Tabbé  du  Val»  qui  fait 
desservir  ce  bénéfice  par  un  chanoine  de  Tordre  de  saint 
Augustin.  Les  dîmes  sont  communes,  le  curé  de  Saint- 
Pierre  en  a  la  moitié  des  grosses,  Fabbaye  du  Val  a 
l'autre  moitié  des  grosses,  et  des  verdages  avec  une 
pension. 

.  De  plusieurs  hameaux  qui  sont  à  Hérouville,  le  prin- 
cipal est  Lébisey  qui  est  sur  Saint-Pierre,  au  couchant 
de  Péglise,  et  au  nord  de  Caen.  Il  y  a  une  chapelle  de 
Saint-Vincent  qui  appartient  avec  la  dime  de  ce  hameau 
à  Fabbaye  d'Ardenne.  Elle  est  ancienne.  Il  en  est  fait 
mention  ainsi  que  dans  le  Livre  Pelut  composé  vers 
i356;  Cape  lia  de  Lesbisey  :  Roger  le  Ma^urier  : 
3o  libras  valons,  iS  libras  taxationis.  Il  paraît  par 
cette  citation  qu'elle  n'a  passé  à  Ardenne  que  depuis  ce 
temps-là. 

11  y  a  encore  sur  le  territoire  de  Saint- Pierre  d'Hérou- 
ville  deux  chapelles  titulaires.:  Tune  de  Sainte-Margue- 
rite, Tautre  de  Saint-André,  qui  sont  du  domaine  de 
l'abbé  du  Val.  Voyez  les  Origines  de  Caen,  par  M.  Huet, 
page  374. 

L'auberge  et  le  bac  de  Colombelles  sont  sur  Saint- 
Clair.  On  y  tient  tous  les  ans  le  18  juillet  une  assemblée 
fameuse  pour  louer  des  domestiques. 


\ 


297 

Le  hameau  de  Beauregard,  sur  le  ruisseau  du  I)oity  est 
aussi  de  la  dépendance  d^HérouvilIe. 

Ce  lieu  est  à  une  lieue  de  Caen. 

Jean  d^Hérouville,  seigneur  et  patron  de  Saint-Clair, 
nomma  à  cette  cure  le  27  juin  1 599. 

Pierre  Boutin,  chevalier  de  l'ordre  du  Roi^  grand 
bailli  de  Caen,  et  noble  dame  Marie  Le  Roux  sa  femme, 
veuve  de  noble  homme  Gaspard  d'Hérouville,  seigneur 
de  Saint-Clair,  tuteurs  établis  des  enfants  mineurs  dudit 
défunt  seigneur,  y  nommèrent  en  1&26. 

Jean-Baptiste  Colbert,  marquis  de  Seigneley,  seigneur 
châtelain  d^Hérouville,  y  nomma  le  7  juillet  1680.  Les 
héritiers  de  M.  de  Seigneley,  comte  de  CreuUy,  petit-fils 
du  précédent,  sont  seigneurs  de  Saint-Qair  et  de  Saint- 
Pierre  d'Hérouvillc,  et  de  Saint-Ursin  d'Epron. 

Langrune  (Saint- Martin  de).  Sergenterie  de  Ber- 
nières,  notariat  de  Douvres,  élection  de  Caen,  5  00  feux, 
et  près  de  1,200  communiants. 

Cette  paroisse,  située  sur  le  bord  de  la  mer,  peut  servir 
à  faire  un  très  beau  port,  ainsi  qu^il  le  fut  remarqué  en 
1756  par  les  ingénieurs  du  Roi.  Le  siège  d^amirauté 
avait  été  transféré  de  Bemièfes  à  Langrune.  Il  a  été 
depuis  transporté  à  Caen.  Cette  côte  est  marquée  dans  les 
cartes  sous  le  nom  de  :  Pas  de  Langrune. 

Cette  paroisse  est  appelée  Longronia  dans  les  titres  de 
Tabbaye  d^Aulnay,  Lengronia  dans  la  bulle  d^Inno- 
cent  III  pour  Tabbaye  de  Troarn  qui  cite  aussi  Manéria 
de  Tallevilla^  et  Ingronia,  dans  le  Livre  Pelut  de 
révéché'. 

On  troiive  que  le  jour  même  que  Tabbaye  d'Âunay 
fut  dédiée  par  les  évêques  de  Bayeux  et  de  Coutances  en 


299 

1190(1),  GuiUamm;  du  Hommes  fil»  atnide  Richard 
son  fondateur,  conn^bU  dcv  Normandie,  donna  pour 
dot  à  cette  église  toute  sa  terre  de  Langrune  avec  ses 
appartenances;  la  donation  fut  confirmée  par  une  chartre 
de  Guillaume,  évéque  de  G>utances,  qui  avait  fait  la 
cérémonie. 

Messtre  Robert  de  Langrone  était  du  nombre  des  sei- 
gneurs de  Normandie  qui  se  croisèrent  en  1096  pour  la 
Terre-Sainte  (2).  Il  portait  :  d Vgent  frété  de  gueules,  à 
un  quartier  de  gueules,  et  un  fermaillet  d'or  en  quartier. 

L'abbé  de  Troarn  présente  à  la  cure.  Il  est  seul  gros 
dédmatei^r,  s€;igneur  et  patron  de  la  paroisse,  et  doit  sur 
cette  dîme  56  boisseaux  de  froment,  ancienne  mesure, 
revenant  aujourd'hui  à  37  boisseaux  un  tiers,  suivant  la 
reconnaissance  de  Fabbé  de  Sourches  passée  devant  les 
notaires  de  Caen  le  17  juin  1741.  Son  principal  fief  est 
un  fief  d'hautbert  qui  appartient  à  M.  de  Qarbec.  Elle 
relève  de  la  haute  justice  de  Courseulles. 

Cette  paroisse  est  divisée  en  trois  hameaux  qui  sont 
considérables  :  le  hameau  de  Langrune  otï  est  Téglise 
paroissiale  est  le  principal. 

La  dîme  en  appartient  à  Tabbé  de  Troarn  ;  le  curé  n'en 
a  que  le  sixième,  et  les  verdages  en  intégrité*  Le  hameau 
de  Saint- Aubin,  oU  Ton  voit  les  vestiges  d'une  ancienne 
chapelle  dans  laqq^le  on  trouva  il  y  a  quelques  années 
des  cercuçils  etides  cadavrev  li. dépend  de  la  juridiction 
de  Saint-Gabriel,  et, relève  de  la  grande  justice  de  Saint- 
GabriçJ,  et.  sa  dîme,  appartient  au  prieuré  de  Saint- 
Maninrdu-Bo«cq  proche  Touques,  le  curé  n*en  ayant  que 
les  verdages.  Le  hameau  de  Tailleville  qui  est  le  troi- 

(i)  Nêust^pia,p,  760  et  563. 

(2)  Dumoulin,  Hist.  de  Normandie, 


299 

sièmc,  fut  aumône  aux  rdigieux  de  Troarn  par  Odon 
de  Çonteville^  éyéque  de  Bayeux  dans  le  xi^  siècle.  Il  y  a 
une  chapelle^  et  un  (NÎeuré  régulier  très  considérable. 
Ce  hameau  porte  le  titre  de  paroisse,  et  sa  taille  particu- 
lière. Le  prieur  perçoit  les  grosses  et  menues  dîmes  en 
intégrité. 

La  paroisse  de  Langruneest  la  patrie  de  Jean  Couture, 
célèbre  professeur  et  recteur  de  l'Université  de  Paris.  Il 
naquit  au  hameau  de  Saint- Aubin  le  1 1  septembre  ]65i. 
C'était  un  homme  d^une*%Ioquence  et  d'une  érudition  peu 
commune.  II.  mourut  le  i6  août  1728,  âgé  de  jj  ans. 

Elle  est  à.  3  lieues  de  Caen  et  à  une  demi-lieue  de  la 
Délivrande. 

Lion  (Saint-Piprrie  de).  Sergenterîe  d'Ouistreham, 
notariat  de  Ouistrebam,  élection  de  Caen,  i5o  feux, 
700  habitants,  Sio  communiants. 

Getjte  pa/cisse  est  sur  le  bord  de  la  mer  à  une  lieue  et 
demiiQ  de  Tetpl^oujçhure  de  rOroe,  à  une  lieue  de  la  Déli- 
vcande,  et  à  3.  lieues  de  Gaeni. 

Le  Livqe  Pelyt  TappeUQ  :  Ecclesia  d^  Leone^  et  un 
mémoire  manu^rit  :  Lug4unum  supra  mare.  Sçn  terrir. 
toire  a  3  hameaux  :'le  hameau  de  Lion,  prjOche  Téglise  ; 
le  hameau  Terrier  au  nûlieu  de  l^i  paroisse^  et  le  hameau 
de  NeauviUe-aiî  haiU;t  de  la  paroissiQ. 

L'abbé  de  Troarn  présetite  à,  la  cure,  et  po$sMe  les 
grosses,  et  meamss  dîmes  en  vertu  A^  son  fief  de  Lipa* 

II  y  a  trois  autres  fiefs  possédés  piir  messire  Robertr 
Piecre  Le  Seiiis,  seigneur  châtelaio^de  Lion,  ancien  maître 
de  cavalerie,  chevalier  de  Tordre  militwedeS^int-Louis. 
Ce  seigneur,  de  dame  Marie-Jeanne  de  Marguerie-de- 
Vassy,  a  eu  pour  fils  unique  Henri-CJaude-Robçrt  Le 
Sens  de  Lion>,  guidon  de  gej)(iUi;m<^ie,  lequj^.  K^%  ^^ 


300 

mois  d^octobre  17S2  k  demoiselle  Marie- Armande-Eléo- 
nore  Le  Sens  de  FoUeviile,  fille  de  feu  messire  Jean- 
Charles  Le  Sens,  chevalier,  seigneur  de  FoUeville,  procu- 
reur général  en  la  Chambre  des  comptes,  aides  et  finances 
de  Normandie,  et  d^Armande  de  Lambert  d^Herbigny  de 
Sainte-Croix-Saint-Ouea  de  Rouen. 

Sa  maison,  quoique  ancienne,  est  très  belle,  ornée  de 
belles  avenues,  située  au  milieu  d*un  grand  parc,  et 
accompagnée  de  deux  magnifiques  parterres,  d^un  jardin 
potager,  et  de  plusieurs  bois  taillis.  Il  y  a  dans  la  cour 
une  chapelle  communément  appelée  :  le  prieuré  de  Saint- 
Thomas.  Il  dépend  de  Tabbaye  d'Ardenne,  et  est  possédé 
par  un  prémontré.  Guy  de  MeuUant,  chevalier,  seigneur 
de  Lion  en  fut  le  fondateur,  comme  il  paraît  par  ce  texte 
tiré  des  Chartres  de  Pabbaye  d'Ardenne  (i).  5'»  Thoniœ 
de  Leonœ  supra  mare,  Bajocensis  diœcis,  ex  fandatione 
domini  Guidonisde  MeuUant  cUjus  pater  Radulphus  in 
capitula  Ardenensi  sepultus  est.  Il  était  fils  de  Raoul  de 
MeuUant  III®  du  nom,  sire  de  CourseuUes  ;  il  donna  à 
Ardenne  cette  chapelle  avec  les  héritages  mentionnés 
dans  Tacte  pour  y  acquitter  le  service  divin  en  mémoire 
de  lui  et  de  ses  prédécesseurs,  l'an  1828,  le  vendredi 
après  la  marchesque  (la  fête  de  TAnnonciation)  (2],  et 
depuis^  c'est-à-dire  en  1462,  Jean  d'Ectot,  prêtre,  y 
ajouta  25  livres  de  rente  pour  quelques  fondations  qu'il 
avait  faites  dans  cette  chapelle. 

.La  seigneurie  de  Lion  fut  cédée  avec  celles  de  Cour- 
seuUes et  Bernières  à  Raoul  de  MeuUant  par  le  roi  saint 
Louis  Tan  126 5,  en  échange  des  terres  de  Beaumont-le- 
Roger  et  de  Briosne  (3).  De  Raoul  1*%  sire  de  Cour- 
Ci)  Hi9t.  Harc,  t.  111,  p.  66. 
(a)  Reg.  du  secret,  de  l'éveché. 
(3)  Hist.  Harc.f  1. 1,  p.  80  et  suiv. 


301 

seuUes,  vint  Raoul  II,  père  de  Raoul  III,  père  de  Jean, 
frère  puiné  de  Guy  de  Meullant,  fondateur  de  la  chapelle 
de  Saint-Thomas.  De  Jean  sortit  Thomas,  père  de  Jeanne 
de  Meullant,  dame  et  baronne  de  Saînt-Paer-le-Servain 
et  de  Lion,  laquelle  avec  Jean,  seigneur  d^Auray,  son 
mari,  rendit  foi  et  hommage  de  la  terre  et  seigneurie  de 
Lion,  assise  en  la  vicomte  de  Caen,  suivant  les  titres 
royaux  donnés  à  Tours  le  5  janvier  1449  (i).  Leur  fils 
Jean  d^Auray  II«  du  nom  fut  père  de  Jacques,  qui  de  sa 
femme  Marguerite  d'Achey  eut  Beuves  d^Auray. 

De  cette  maison  la  seigneurie  de  Lion  passa  à  celle  des 
Le  Sens.  André  Le  Sens  se  qualifiait  écuyer,  seigneur  de 
Lion  en  i  SgS. 

Saint-Jacques  de  dresserons  est  une  église  succursale 
de  Lion,  qui  a  son  cimetière,  ses  fonts  baptismaux  et  ses 
paroissiens  séparés.  Les  Chartres  du  sépulchre  de  Caen 
rappellent  Criseron.  On  y  compte  200  communiants, 
sans  y  comprendre  32  familles  Calvinistes. 

Son  territoire  est  distinct  de  celui  de  Lion.  On  prétend 
que  c^était  un  ancien  monastère  détruit  par  les  Anglais. 
Le  Livre  Pelut  nVn  fait  point  de  mention,  à  moins  qu'il 
ne  Tait  désignée  par  ces  mots  :  Ecclesia  de  Courtilegiis^ 
auquel  il  ne  fixe  ni  revenu  ni  présentateur.  L'abbé  de 
Troarn  en  perçoit  toutes  les  dîmes.  M.  Le  Sens  de  Lion 
en  a  le  seigneurial.  Il  y  a  un  autre  fief  de  Cresserons  qui 
appartient  à  M.  Goûet,  sieur  de  Noyon. 

Luc  (Saint-Quentin  de).  Sergenterie  d'Ouistreham, 
notariat  de  Douvres,  élection  de  Caen,  1 5o  feux. 

Son  nom  parait  sous  le  mot  de  Lu  dans  les  anciennes 
Chartres  de  Tabbaye  Saint- Etienne  de  Caen,  et  vient  du 

(i)  HUt,  Harc.»  1. 1,  p.  97. 


302 

latîn  Lucio,  selon  M.  Huet.  Cest  ^nepatroîase  maritime 
qui  relève  du  bailliage  de  Caen,  de  l'abbaye  Saint- 
Etienne  de  Caen  pour  ce  qui  concerne  le  fief  de  cette 
abbaye,  et  de  Saint-Gabriel  pour  ce  qui  en  relève.  Elle 
contient  4  hameaux  :  t^  partie  du  bourg  de  la  Déli- 
vrande^  et  même  le  séminaire  et  la  chapelle  ;  2*'  le  Bout- 
Varin  ;  3^  le  hameau  de  Luc  ;  4<>  le  petit  hameau  du 
Point-du-Jour.  La  foire  de  la  Chandeleur  se  tient  aussi 
en  partie  sur  cette  paroisse. 

L^abbé  de  Fécamp,  au  droit  du  prieur  de  Saint-Ga- 
briel, nomme  à  la  cure  et  perçoit  les  deux  tiers  des  grosses 
dîmes.  L'autre  tiers  et  les  verdages  appartiennent  au 
curé.  Le  fief  dominant  est  celui  de  Saint-Etienne,  appar- 
tenant à  son  abbé,  et  appelé  la  baronnie  de  Luc.  Elle  a 
donné  naissance  à  quelques  personnes  distinguées  :  à 
Jean-Antenor  Hûe,  seigneur  en  partie  de  Luc,  brigadier 
des  armées  du  Roi  sous  Louis  XIV,  et  au  sieur  de  Lan- 
gruneson  fils,  Jean  Hûe,  écuyer,  ligueur  de  Luc  et  de 
Langrune,  conseiller  élu  à  Caen;  femme  Marie  de  La 
Rivière  ;  Gilles  Hûe,  écuyer,  seigneur  de  Luc  leur  fils, 
•i63i.  Mais  le  plus  célèbre  est  Marin  Labbé,  né  de 
simples  gens,  qui  par  son  rare  mérite  devint  évéque  de 
Tilopolis  in  partibus  en  la  Cochinchine,  où  il  mourut 
en  1723.  On  a  de  lui  une  excellente  lettre  au  pape  Clé- 
ment IX^  sur  le  culte  des  Chinois,  avec  un  mémoire  par- 
ticulier sur  une  persécution  dans  la  Cochinchine. 

Elle  est  à  3  lieues  et  demie  de  Caen. 

Mathieu  (Notre-Dame  d'Assomption).  Sergenterie 
d*Ouistreham,  notariat  de  Douvres,  élection  de  Caen, 
94  feux,  5oo  communiants. 

Cette  paroisse  a  3  hameaux,  qui  sont  :  le  Mesnil,  de 
i5  feux;  le  bout  Milet,  de  4  feux,  et  le  hameau  de 


Péfiers,  de  Biem.  M.  PÉTéquede  Bayeux,  présentateur 
etcollateur  de  ta  cure,  >  perçoit  les  grosses  dîmes. 

Uétéque  Guillaume  de  Trie  acquit  des  dîmes  à  Ma- 
thieu de  Michel  de  Mmhan,  et  il  les  joignit  par  un  outre 
trait  qu'il  avait  eu. par  éiihange  de  son  chapitre  en  iSiy, 
.pour  une  autre  dîme  sise  à  Saint-Patrice  de  Bayeux. 
Guillaume  de  Beaujeu,  son  successeur,  en  acquit  aussi 
au  même  lieu,  avec  plusieurs  terres,  en  i534,  pour  y 
fonder  4  chapelles,  mats  la  mort  qui  te  prévint  l'empê- 
cha dVxécuterson  dessein. 

Il  7  a  2  chapelles  :  Tune  dotée  sous  le  titre  de  Saint- 
Sauveur,  appartient  à  M.  le  marquis  de  Fresnel,  qui  y 
présente;  Tautre  non  dotée,  s5us  l'invocation  de  Saint- 
Jacques,  appartient- à  M.  Le  Bourguignon,  ancien  procu- 
reur du  Roi  au  bureau  des  finances.  Qu^est  devenue  la 
chapelle  de  Saint-Jean-Mathieu  (^ca/e//a  seu  leprasaria 
S*^  Johannis  de  MathoneJ,  à  laquelle  nomma,  le  22  dé- 
cembre 1470,  Thomas  de  FouUogne,  chanoine  de 
Bayeqx,  porteur  de  procuration  de  demoiselle  Girette  de 
Landoys,  veuve  de  Guillaume  de  Foullogne? 

Il  y  a  à  Mathieu  un  bois  taillis  qui  contient  environ 
10  acres  de  terre,  et  beaucoup  de  carrières  de  pierres 
propres  à  bâtir.  Cette  paroisse  a  prêté  son  nom  à  une  des 
prébendes  de  la  cathédrale  de  Bayeux,  dont  le  chanoine 
y  possède,  et  dans  la  paroisse  de  Veaussieu,  7  acres  de 
terre  et  un  herbage  de  17  vergées. 

Pierre  Cahagnes,  père  du  célèbre  Jacques  Cahagnes, 
était  natif  de  Mathieu,  où  sa  famille  subsistait  depuis 
200  ans.  Il  passa  à  Caen,  où  il  exerça  la  profession  de 
médecin.  Son  fils  a  (ait  son  éloge,<  et  Ta  mis  au  rang  des 
illustres  citoyens  de  cette  ville  (i).  Tu  ex  honesta  Caha- 

(i)  Elogia  civium  Cadomensium.  Eh'K,  p.  14  et  i5. 


304 

gnesiorum/amilia  natus,  qui  ab  hinc  ducentis  aimis  in 
viculo  quodam,  cui  Mathœi  nomen^  fa  quo  Clément 
Marotus  poëta  gallicus  fuit  oriundusj,  resederunt, 
primus  in  proximam  urbem  Cadomensem  demigrasti, 
et  in  eafortunarum  sedem  collocans^  diversum  ab  il  lis 
vitœ  genus  tenuisti.  Illi  boni  agricolœ  rusticam  vitam 
coluere,  et  solis  vicinis  cogniti  célèbre  nomen  non  ha-- 
buere.  Tu  medicinœ  prœceptis  informatus,  medici  per^ 
sonam  honorifice  sustinuisti  tuum  que  homen  per  pro^ 
vinciam  late  diffitdisti..,  Tibi  terreno  patri  jamdiu 
defuncto,  per  quem  hanc  suavissimam  lucem  aspicio, 
hoc  supremum  munus  offero,  hoc  sepulchrum  littera- 
rum  in  œtemam  tui  memoriam  extruo  : 

Quod  non  ignis  edax  ont  Aquilo  impotens 

Posait  diruere,  ont  innumerabilis 

Annorum  séries^  velfuga  temporum. 

Jacques  Cahagnes  exerça  la  médecine  comme  son  père, 
et  fut  professeur  royal  à  Caen.  Il  est  auteur  de  cet  ou- 
vrage :  ElogiorumciviumCadomensiumcenturia  prima 
authore  Jacobo  Cahagnesio,  Cadomensi  medicinœ  pro- 
/essore  regio;  imp.  à  Caen  en  1609,  i52  pages. 

Jean  Marot,  père  du  fameux  Clément  Marot^  était  de 
Mathieu,  oti  sa  famille  subsiste  encore  aujourd'hui  (1). 
Il  prend  dans  ses  ouvrages  la  qualité  de  secrétaire  et  de 
poëte  de  la  magnanime  reine  Anne  de  Bretagne.  Il  fut 
ensuite  valet  de  chambre  de  François  I«^  Ses  principaux 
ouvrages  sont  :  La  Description  des  deux  heureux 
voyages  de  Gênes  et  de  Venise  du  roi  Louis  XII,  et 
LAdvocate  des  Dames  et  Princesses.  Clément  son  fils 
a  mis  une  préface  à  la  tête  de  cet  ouvrage,  à  la  louange  de 
son  père  (2). 

(i)  Orig.  de  Caen,  p.  335-336. 
(a)  Orig*  de  Caen,  p.  336-337. 


jos 

La  paroisse  de  Mathieu  est  appelée  dans  les  anciennes 
Chartres  latines  Matomum^  Mathomum,  Matonium.  Sur 
la  fin  du  XIII*  siècle,  on  Pappela  Matho.  Un  originaire  de 
ce  village  est  dit  de  Mathone,  On  Pappela  aussi  Mathéon 
et  Mateon,  dans  le  xiy«  siècle  il  fut  nommé  Mathen, 
Matheen  et  Mathienne,  et  dans  tout  le  xv^,  Mathieu. 
Dans  un  registre  des  domaines  du  roi  en  Normandie  en 
i3i6,  qui  est  dans  la  Chambre  des  Comptes  de  Paris,  il 
est  appelé  Machoen  en  plusieurs  endroits,  par  une  cor- 
ruption de  prononciation,  pour  Mathoen;  comme  le 
même  registre  écrit  Machieu  pour  Mathieu,  'Macé  pour 
Mathias,  Machoen  et  Mathoen  ont  dégénéré  en  Mathieu, 
comme  on  Pappelle  aujourd'hui.  Cela  donne  lieu  de 
croire  que  c^est  là,  l'origine  de  la  maison  de  Mathan. 

Les  archives  de  la  Trésorerie  de  Bayeux  portent  que 
Guillaume  de  Minières  ayant  donné  à  Tévéque  de  Bayeux 
le  patronage  de  Mathieu  en  Tannée  1222,  Richard  de 
Mathan,  qui  y  avait  des  prétentions,  y  renonça  pour  lui 
et  ses  hoirs,  et  en  confirma  la  donation.  Cent  ans  après, 
Michel  de  Mathan  vendit  à  Guillaume,  évéque  de 
Bayeux,  les  dîmes  dépendantes  de  la  cure  de  Mathieu, 
qui  lui  appartenaient.  Et  enfin,  en  Tannée  1474,  Guil- 
laume de  Mathan,  delà  branche  de  Jurques,  fut  dépouillé 
du  fief  de  Vauville,  qu'il  possédait  dans  la  paroisse  de 
Mathieu.  Tant  de  preuves  de  Torigine  de  la  famille  d^ 
Mathan  sont  hors  de  toute  atteinte  de  contradiction. 
C'est  une  tradition  reçue  parmi  eux,  qu'ils  portent  le  nom 
d'une  paroisse  qui  était  proche  de  la  mer,  et  que  la  mer 
)i  détruite.  La  paroisse  dont  ils  portent  le  nom  est  vérita- 
blement proche  de  la  mer,  et  la  mer  ne  Ta  point  détruite; 
mais  si  le  temps  n'a  pas  détruit  son  nom,  il  Ta  si  bien 
défiguré  qu'on  a  de  la  peine  à  le  reconnaître. 

11  y  a  6  ou  7  fiefs  qui  sont  possédés  par  différents  sei- 

20 


306 

gnears.  Il  n'y  en  a  point  de  dominant.  Ils  relèvent  tous, 
dit«on,  ou  de  la  baronnie  de  Douvres,  ou  de  la  baronnîe 
de  Creully.  Puis^je  dire  que  quelqu'un  d'eux  a  appartenu 
k  M.  Guillaume  Mathieu  qui  se  croisa  pour  la  Terre- 
Sainte,  en  1096  ?  Il  portait  pour  armes  :  d'azur  greneté 
d'or,  à  un  quartier  d'hermines  à  3  écussons  de  gueules  en 
quartier,  et  à  un  bâton  d'azur  sur  le  quartier. 

Cette  paroisse  est  à  une  lieue  et  demie  de  Caen. 

Pierre  Le  Bourgeois,  au  lieu  de  Simon  Le  Beauval, 
tient  de  la  baronnie  de  Douvres^  noblement  et  franche- 
ment par  foi  et  hommage,  un  quart  de  fief  de  chevalier, 
assis  à  Mathieu,  que  naguère  il  acquit  de  Colin  de  Bal- 
leroy,  suivant  l'aveu  de  M.  l'évéque  de  Bayeux,  rendu 
en  1453.  Pierre  Le  Bourgeois,  écuyer,  seigneur  de  Mathieu, 
fit  foi  et  hommage  de  son  fief  au  patriarche  d'Harcourt, 
évéque  de  Bayeux«  par  acte  signé  le  i^  novembre  1460, 
et  en  vertu  de  ce  fief,  le  sieur  Bourgeois  fut  déclaré  anno- 
bli  par  le  même  patriarche,  commissaire  sur  le  bit  des 
francs-fiefs  et  nouveaux  acquêts  du  duché  de  Normandie, 
suivant  les  lettres  du  7  mars  1472  (i). 

Pierre  de  La  Maire  tient  de  la  baronnie  de  Douvres,  par 
foi  et  hommage,  un  quart  de  fief  nommé  Saint-Ouen,  en 
la  paroisse  de  Mathieu,  duquel  la  juridiction  compète  à 
l'évéque  de  Bayeux,  et  lui  appartient  par  dépiècement  de 
fief.  Même  aveu  que  dessus  de  l'année  1453. 

Philippe  Labbé,  écuyer,  tient  aussi  par  succession  une 
franche  vavassorie  assise  à  Mathieu,  au  Mesnil-Richard, 
par  foi  et  hommage  de  la  baronnie  de  Douvres.  Aveu  de 
1453. 

La  seigneurie  de  Mathieu,  faisant  partie  de  la  baronnie 
de  Creully,  en  fut  démembrée  par  partages  faits  en  i  Sog. 

(1)  Traité  de  la  Noblesse,  par  La  Roque. 


}07 

Elle  tomba  au  lot  du  baron  de  Beuvron.  Aveu  rendu  au 
marquis  de  Beuvron  en  qualité  de  seigneur  de  Mathieu, 
par  Martin  de  La  Londe  le  20  septembre  1 582,  pour  une 
vavassorie  contenant  24  acres,  assise  en  la  paroisse  de 
Mathieu.  Sentence  du  22  juin  i588,  rendue  aux  plaids 
de  la  seigneurie  de  Mathieu^  tenus  au  nom  du  sieur  de 
La  Rivière,  qui  en  jouissait  au  droit  du  marquis  de  Beu- 
vron. 


Moulîneaux  (Saînt-Qair  de).  Ecclesia  de  Molinellis, 
sergenterie  de  Bernîères,  notariat  de  Bény,  élection  de 
Caen,  21  feux. 

Cette  paroisse  est  entre  les  deux  petites  rivières  de  ThOe 
et  de  Mue,  ayant  Réviers  au  nord  et  Fontaines-le-Henry 
au  midi.  La  nomination  de  la  cure  appartient  au  seigneur 
de  Moulineaux,  lequel  présente  aussi  à  la  seconde  portion 
de  Bény.  Cette  seigneurie  a  été  possédée  par  Jean  Gou- 
jeul,  qui  donna  au  roi  son  aveu  le  20  décembre  1372^ 
déclarant  la  tenir  pour  un  demi-fief  de  chevalier,  doat  le 
chef  est  assis  en  la  paroisse  de  Bernières-sur-Ia-Mer,  à 
cause  de  quoi  il  doit  40  jours  de  service  d'armée  au  temps 
de  Tarrière-ban  (i).  Est-ce  la  même  chose  que  le  tenant 
du  plein  fief  de  Moulineaux  qui  fut^  Pierre  d^Harcourt 
en  i5i4  (2)  ?  Elle  appartient  aujourd'hui  à  3  seigneurs 
qui  sont  coseigneurs  de  Moulineaux.  (Voir  le  Bény  ci- 


Elle  est  à  3  lieues  de  Caen  et  à  une  lieue  de  CreuUy. 
Guillaume,  comte  de  Magneville  aumôna  au  prieuré 
de  rHôtel*Dieu  de  Caen  2  muids  d'orge  et  2  de  froment. 


(i)  Hist,  Harc,  t.  II,  p.  i,5xo-i5ll. 
(a)  Hist.  Harc.f  U  m,  p.  1064. 


3o8 

à  prendre  sur  son  moulin  de  Moulineaux,  selon  la  bulle 
du  pape  Innocent  III  de  Tannée  1210  (i). 

Jean  Gougeul,  chevalier  seigneur  de  Rouville,  d^Anisy 
et  de  Moulineaux,  qualifié  damoiseau  en  liij,  vivait 
encore  en  i356  (2). 

Jean  Gougeul  bailla  au  Roy^  le  20  décembre  1372, 
aveu  de  la  fiéferme  donnée  aux  chanoines  de  la  chapelle 
royale,  et  déclara  tenir  le  fief  de  Moulineauz  pour  un 
demi-fief  de  chevalier  (3). 

Pierre  de  Gougeul,  chevalier  seigneur  de  Rouville,  fit 
hommage  au  roy  Qiarles  VII,  par  lettres  données  à 
Rouen  le  8  novembre  1449,  pour  la  seigneurie  de  Mou- 
lineauz, tenue  par  un  demi-fief,  et  pour  celle  de  Bom- 
banville,  tenue  par  un  quart  de  fief  de  la  vicomte  de 
Caen  {4). 

Guillaume  Gougeul  de  Rouville,  chevalier,  seigneur  de 
Moulineaux,  de  Bombanville,  Bény  et  de  la  Heuze, 
conseiller  chambellan  du  roy,  capitaine  de  gens  d*armes, 
épousa  Louise  de  Graville.  La  mère  de  cette  dame,  par 
acte  du  11  décembre  1463,  appelée  Marie  de  Montheron, 
veuve  de  Jean  de  Graville,  lui  accorda  5o  livres  de  rente 
par  chacun  an  sa  vie  durante;  outre  son  partage,  il  rendit 
aveu  de  ses  terres  au  roy  le  21  juin  1484,  comme  avait 
fait  Pierre  de  Gougeul,  chevalier  seigneur  de  Rouville, 
cité  ci  devant  (5). 

Jacques  de  Rouville,  chevalier,  seigneur  de  Moulineaux, 
présenta  à  la  cure  dudit  lieu  au  mois  de  novembre 
1498  (6). 

(i)  Hist.  Hitrc,  t.  I,  p.  314. 

(a)  Hist.  Harc.<t  t.  I,  p.  867  et  exMbro  Peluto. 

(3) Hist,  Harc.,  t.  II,  p.  i5io. 

U)Hist.  Harc.y  t.  I,  p.  867. 

(5)  Hist,  Harc.^  t.  II,  p.  Sao  et  suiv.  835  et  867. 

(6)  Reg.  du  tecrét.  de  l'évêché. 


309 

Oystreham  (Saint-Samson  et  Sainte- Anne  d').  Bourg, 
chef-lieu  de  sergenterie.  Election  de  Caen,  140  feux, 
700  habitants.  Lieu  de  notariat,  1,200  livres  :  Herman- 
ville,  CoUeville,  Lyon,  Saint- Aubîn-d'Arquenay,  Cresse- 
rons,  Plumetot  et  Bénouville. 

Leduc  Guillaume  et  la  reine  Mathilde  son  épouse, 
dans  la  chartre  de  fondation  de  Tabbaye  Sainte-Trinité 
de  Caen,  expédia  en  1 082,  parlent  ainsi  d^Oystreham  (i): 
Dedimius  etiam  Œstreham  cum  cunctis  appenditiis 
suis,  hoc  excepta  quod  Robertus  ibidem  tenet  de  comité 
Moritonensi,  Willelmo  qui  dicitur  Caritas,  et  Ricardo 
nepote  ejus  ;  sed  et  Gilberto  Crispino  annuentibus  pro 
pecunia  quam  nos  ei  dedimtis.  Il  est  constamment  nommé 
dans  les  anciens  titres  :  Oyestreham,  Esterhanum  ou 
Esterihanum.  Samuel  Bochard  fait  venir  le  commence- 
ment de  ce  nom  de  la  déesse  Easther;  M.  Le  Valois,  du 
mot  latin  Strata  et  de  Pallemand  hamum,  qui  veut  dire  : 
demeure  bâtie  sur  un  chemin  public  ;  ce  qui  est  faux  par 
rapport  à  ce  bourg,  situé  sur  une  extrémité  de  terre  qui 
ne  mène  à  rien,  ayant  la  mer  d'un  côté,  et  Tembouchure 
de  rOrne  de  Tautre.  Il  est  plus  naturel  de  croire,  avec 
M.  Huet,  qu'il  vient  de  W«fer*am,  qui  veut  dire  village 
occidental,  comme  il  parait  par  son  ancienne  orthographe 
qui  est  constamment  écrite  dans  les  vieux  titres,  et  par 
M.  de  Bras  :  Oistreham,  et  qu'il  est  placé  à  Touest  de 
Tembouchure  d'Orne. 

En  effet,  ce  village  borde  la  mer  du  nord  au  nord-est, 
oti  la  rivière  d'Orne  se  perd  dans  la  mer  au  lieu  nommé 
la  Pointe-du-Siège.  C'est  un  port  oti  les  vaisseaux  sont 
dans  une  posée  assurée,  tant  pour  les  relâches  que  pour 
attendre  le  temps  favorable  pour  monter  à  Caen.  Depuis 

(i)  Neust.  Pia,  p.  658. 


}IO 

ce  lieu»  le  territoire  d^Oystreham  borde  la  rivière  d^Ome 
jusqu^à  Bénouville  au  sud,  environ  une  lieue.  A  l'ouest 
est  la  paroisse  de  Saint-Aubin-d'Arquenay;  à  Touest- 
nord-ouest  la  paroisse  de  G>lleville,  et  au  nord-noid- 
ouest  la  paroisse  d^Hermanville.  M.  de  Bras,  à  Tannée 
1346,  le  qualifie  de  ville  avec  un  havre  (1).  Cest  la  der- 
•  nière  paroisse  du  diocèse  en  deçà  de  la  rivière,  du 
doyenné  de  Douvres. 

Elle  est  à  3  lieues  de  Caen  et  à  2  lieues  du  bourg  de  la 
Délivrande. 

Cétait  un  siège  d^amirauté  qui  a  été  réiyii  à  celui  de 
Caen  vers  1744.  Les  habitants  s^occupent  A  la  pêche  et 
•.au  labourage.  En  faveur  delà  navigation,  on  y  entretient 
tonnes  et  balises  pour  marquer  la  rade  et  le  chenal  de  la 
rivière,  il  y  a  aussi  12  pilotes-côtiers  pour  conduire  et 
guider  les  vaisseaux  qui  entrent  et  sortent  de  la  mer  dans 
la  rivière,  et  de  la  rivière  dans  la  mer. 

L^église  est  grande,  vaste  et  très  ancienne,  puisquVUe 
existait  avant  la  fondation  des  abbayes  de  Saint-Etienne 
et  de  Sainte-Trinité  de  Caen.  Le  rond-point  de  l'église  est 
une  plate-forme  où  il  y  a  encore  actuellement  des  canons; 
c^est  une  découverte  d*oti  Ton  voit  de  très  loin  sur  la  mer. 
Il  y  a  une  statue  de  sainte  Anne,  grande  comme  nature, 
qui  est  du  fameux  Brodon. 

L'abbesse  de  Caen  est  dame  baronne  et  patronne  de 
cette  paroisse.  Les  dîmes  en  total  appartiennent  à  son 
'  abbaye.  Il  y  a  pour  elle  une  maison  de  campagne  qu^on 
appelle  le  pavillon  de  M««  TAbbesse.  M»«  de  Vérue, 
qui  a  précédé  l'abbesse  d^aujourd'hui,  y  passait  ordinai- 
rement quelque  temps  Tété. 

Il  y  a  dans  la  paroisse  2  chapelles,  Tune  de  Saint* 

(i)  Antiq.  de  Caen,  p.  48. 


3" 

Martin,  Pautre  de  Saint-Jacques-du-Cfttillon.  La  pre- 
mière était  sur  un  monticule  fait  de  terres  rapportées  qui 
servait  à  une  batterie  de  canon,  parce  que  la  rivière  passe 
au  pied.  Jean  Patry,  docteur  ès-droits,  permuta  cette  cha- 
pelle de  Saint- Martin  pour  la  cure  de  Carpiquet,  CLt  à  charge 
de  pension.  (Visa  du  6  oaobre  1488.) 

L^autre  était  proche  une  élévation  au  bord  de  la  même 
rivière,  qu^on  appelait  le  Câtillon  ou  le  Fort-auz-Anglais. 
Il  ne  reste  aucun  vestige  de  ces  chapelles  qui  sont  cepen- 
dant des  bénéfices  simples  à  la  nomination  de  Tabbesse  de 
Caen  (i).  Elle  est  ancienne,  puisque  le  25  avril  1475, 
Jean  Le  François,  prêtre  titulaire  de  la  chapelle  de  Saint* 
Jacques-de-Castillon,  la  permuta  avec  Jean  Bréard  pour 
la  cure  de  Saint-Gilles  de  Caen. 

Il  parait  que  cette  paroisse  avait  autrefois  une  plus 
grande  extension,  parles  fondements  tant  de  maisons  que 
de  granges  que  Ton  trouve  en  labourant  les  côtés  du  nord* 
ouest,  et  le  long  de  la  rivière,  du  nord  au  sud.  Il  7  a  un 
pont  de  pierre  à  un  arc,  placé  sur.un  lieu  où  Peau  de  la 
mer  entre  par  trois  portes,  qu^elle  ouvre  quand  elle  monte 
et  referme  quand  elle  se  retire.  Cette  eau  forme  une  petite 
rivière  sur  laquelle  on  a  fieiitle  susdit  pont  pour  procurer 
le  moyen  d^aller  facilement  du  village  à  la  mer,  et  pour 
Caire  passer  des  troupes  en  cas  de  descente  par  les  ennemis. 
De  cette  rivière  à  la  mer  il  y  a  un  trajet  d'un  quart  de 
lieue  vis-à-^is  du  pont.  C^est  une  garenne  appartenant  à 
TAbbaye-iauz-Dames.  Elle  a  une  grande  lieue  de  long  à 
prendre  depuis  la  Pointe- du-Siège  jusqu^au  corps  de 
garde  de  Colleville.  Il  y  a  deux  corps  de  garde  avec;  cha- 
cun leur  magasin,  un  des  deux  sert  à  garder  une  plate- 
forme garnie  de   deux   grosses  pièces  de  canon  pour 

(I)  Reg.  du  secret,  de  l'évêché. 


31^ 

empêcher  le  débarquement  des  ennemis  en  temps  de 
guerre. 

Il  y  a  2  fiefe  à  Oystreham.  Le  principal  appartient  à 
Fabbesse  de  Caen.  Cest  une  baronnie  composée  des 
paroisses  d'Oystreham,  CoUeville,  Arquenay  et  Bénou- 
ville.  Elle  a  400  acres  de  terre,  dont  un  grand  tiers  sur 
Arquenay.  Tous  les  relevants  de  ce  fief  dépendent  de  la- 
juridiction  de  ladite  abbaye,  qui  se  tient  paroisse  Saint* 
Gilles,  à  Caen.  Le  fief  du  Port  à  Oystreham,  sur  la  mer 
et  aux  environs,  relève  noblement  du  châtelain  de  Tilly. 
L^autre  fief  appartient  au  seigneur  de  Bénouville.  On 
rappelle  le  fief  des  Quays.  Les  dépendants  relèvent  du 
bailliage  de  Caen. 

Probablement  il  y  a  eu  autrefois  quelque  combat  donné 
proche  le  Câtillon  ou  Fort-aux- Anglais.  M.  Le  Sieur,  curé 
d'Oystreham  assure  avoir  vu,  lorsqu'on  tira  les  fonde- 
ments de  la  chapelle  Saint-Jacques,  il  y  a  8  ou  9  ans, 
vers  1 752,  autour  de  cette  chapelle,  une  quantité  de  sque- 
lettes tous  d'hommes  entassés  les  uns  sur  les  autres,  dans 
une  tranchée  à 4a  5  pieds  de  profondeur.  11  est  marqué 
dans  la  Vie  du  maréchal  de  Matignon  (i)  que  vers 
Pan  1 562,  ayant  eu  avis  que  200  Anglais  étaient  débar- 
qués au  port  d'Oystreham,  il  s'y  rendit  aussitôt  avejt:  ses 
gendarmes,  sa  compagnie  d'arquebusiers  à  cheval  et  ses 
gardes,  et  que  les  ayant  surpris  encore  fatigués  du  travail 
de  la  mer,  il  les  défit,  en  tua  la  plus  grapide  partie,  et  prit 
le  reste  prisonnier.  Il  est  vraisemblable  que  ce  sont  leurs 
corps  qui  furent  trouvés  il  y  a  quelques  années. 

Périers  [Saint-Ouen  de).  Sergenterie  d'Oystrehan, 
élection  de  Caen,  notariat  d'Ouistreham,  28  feux,  73 
communiants,  75  huguenots. 

(1)  Liv.  I,  chap,  VIÏ,  p.  55. 


313 

C'est  une  petite  paroisse  située  sur  un  ruisseau  qui  vient 
de  Tétang  d'Anisy»  et  va  se  perdre  dans  la  petite  rivière 
de  Beuville,  paroisse  limitrophe.  Uéglise  est  en  pleine 
campagne,  et  écartée  des  maisons.  La  nef  est  ruinée,  il  n^ 
a  plus  que  le  chœur  qui  sert  au  curé  et  aux  paroissiens, 
dont  le  plus  petit  nombre  est  catholique.  La  nomination 
de  la  cure  appartient  à  M.  de  Fresnel,  seigneur  de  Périers. 
Il  a  cédé  le  patronage  de  la  cure  en  1 763,  à  M.  de  Bayeux, 
pour  les  droits  honorifiques  de  Mathieu.  La  dîme  est 
perçue  quant  aux  deux  tiers  par  le  curé,  etquantàPautre 
tiers  par  FAbbesse  de  Caen.  Elle  est  à  2  lieues  de  Caen  et 
à  une  lieue  du  bourg  de  la  Délivrande.  Le  Livre  Pelut, 
composé  vers  1 356,  Tappelle  Ecclesia  de  Piris,  et  met  la 
cure  à  la  nomination  de  Petrus  Lunio.  Cest  la  patrie  du 
cardinal  Raoul  de  Grosparmy,  chancelier,  garde  des 
sceaux  en  1 253,  et  légat  en  France,  mort  au  camp  de 
Thunis,  en  Afrique,  en  1 270.  Magister  Radulphus  de 
Grosparmy  natus  de  Piris,  selon  une  vieille  chronique 
qui  est  à  la  fin  de  celle  de  Robert  du  Mont  (  i]. 

M.  Le  Brasseur  (Histoire  civile  et  ecclésiastique  du 
comté  d'Evreux,  p,  ig2]»  dit  que  le  Périers  oti  est  né  ce 
cardinal,  est  une  bourgade  de  Basse-Normandie,  sans 
désigner  oti  elle  est  située  précisément.  Les  auteurs  de  la 
NovaGallia  Christiana,  t.  XI,  col.  398,  pensent  que 
c'est  Périers,  à  quelques  lieues  de  Saint-Lô,  dans  le  dio- 
cèse de  Coutances.  D^autres  croient  que  c^est  Périers 
proche  Caen,  au  diocèse  de  Bayeux,  le  sentiment  des 
derniers  est  préférable  en  ce  qu^il  est  justifié  par  les  vieux 
titres  que  la  famille  de  Grosparmy  demeurait  originaire- 
ment dans  révéché  de  Bayeux,  où  elle  a  possédé  la  ba- 
ronniede  Fiers,  et  les  seigneuries  d'Esquay-sur*Ome,  de 

(i)  L'Hist.  des  gr.  off.  le  fait  natif  de  Paris.  T.  VI,  p.  %^^. 


514 

Fontcnay-PAbbayc,  de  BeuviUe  (non  Bcuseville,  comme 
Tont  écrit  M.  Le  Brasseur  et  plusieurs  autres).  M.  Huet, 
Origines  de  Caen^  p.  '336,  a  observé  que  Ton  voit  le« 
armes  de  MM.  de'  Matban  dans  la  voûte  de  Téglise  de 
Beu ville.  Il  a  pris  le  change.  Ce  sont  les  armes  de  MM.  de 
Grosparmj  qui  sont  les  mêmes. 

La  conformité  des  armes  de  ces  deux  maisons  m*a  tou- 
jours donné  lieu  de  penser  qu^elles  ont  la  même  origine, 
et  que  Tune  descend  directement  de  Fautre.  Les  armes 
de  Matban  sont  :  de  gueules  à  deux  jumelles  d'or,  sur- 
montées d'un  lion  léopardé  de  même  en  chef.  Les  armes 
de  Grosparmy  ont  le  même  fond  et  les  mêmes  pièces, 
excepté  que,  suivant  quelques  armoriaux,  les  jumelles  et 
le  lion  sont  d'hermines.  M.  Le  Brasseur  excepte  le  lion 
seulement  (  i  ),  on  sait  qu^autrefois  le  changement  d'émaux, 
en  conservant  le  fond  et  les  pièces  principales  des  armes, 
était  assez  d^usage  parmi  les  branches  cadettes  des  an- 
ciennes familles,  et  que  cet  usage  allait  aussi  jusqu^à 
prendre  un  nom  différent  des  maisons  dont  elles  descen- 
daient. M.  de  La  Roque  en  cite  plusieurs  exemples  dans 
V Histoire  de  la  maison  d'Harcourt  (2).  Et  pour  ne  pas 
sortir  de  la  Normandie,  la  maison  de  Vassy-la-Forét  n'a 
pas  eu  d'autre  preuve  que  la  ressemblance  des  armes  pour 
reconnaître  que  les  seigneurs  de  Saint-Germain  du 
Crioult  et  du  Missy,  du  nom  de  La  Rivière,  et  les  sei- 
gneurs de  CampagnoUes,  du  nom  de  Payen,  sortaient  de 
son  sein  en  ligne  masculine  (3).  Ne  peut-on  donc  point, 
par  la  même  raison,  endireautant  des  maisons  de  Matban 
et  de  Grosparmy  ? 

(i)  Hist,  civ,  et  eccl.  cTEvreux,  p.  196. 
(a)  Hist.  Harc.y  t.  II,  p.  1973. 
(3  Hist.  HMre.,  t.  I,  p.  1006. 


315 

Il  y  a  plus  :  la  paroisse  de  Mathieu,  anciennement 
MathOy  Matheon  et  Mathen,  a  constamment  donné  le 
nom  à  la  maison  de  Mathan  ;  celle  de  Périers,  limitrophe 
de  Mathieu,  paraît  avoir  été  le  berceau  de  la  maison  de 
Grosparmy.  Le  cardinal  Raoul  de  Grosparmy  y  est  né. 
Serait-il  contre  la  vraisemblance  decroire  que  deux  terres, 
possédées  d'abord  conjointement  par  la  même  famille,  ont 
été  partagées  depuis  entre  la  branche  aînée,  qui  a  retenu 
le  nom  de  Mathan,  et  la  branche  cadette,  qui  a  pris  celui 
de  Grosparmy,  en  conservant  les  mêmes  armes?  Cette 
opinion  n^est  appuyée,  à  la  vérité,  que  sur  des  conjec- 
tures; mais  les  lumières  acquises  par  le  secours  des  titres 
de  famille,  peuvent  très  bien  les  convertir  en  preuves. 

Raoul  de  Grosparmy  fut  créé  cardinal  évêqued^Albano 
par  le  pape  Urbain  IV  au  mois  de  décembre  1261.  Il  eut 
beaucoup  de  crédit  auprès  de  ce  pape,  et  de  Clément  IV 
son  successeur.  Parmi  les  lettres  du  dernier,  que  Ton 
trouve  dans  le  Thésaurus  novus  anecdotorum,  t.  II,  il  y 
en  a  37  qui  lui  sont  adressées.  Elles  nous  donnent  lieu 
de  regretter  les  réponses. 

Plumetot  (Saint-Samsonde).  Sergenteried^Oystreham, 
élection  4e  Caen,  53  feux,  notariat  d'Oystreham,  200  com- 
muniants. 

C'est  une  petite  paroisse  située  entre  CoUeville  au 
levant,  Mathieu  au  midi,  Douvres  au  couchant  et  Lion 
au  nord.  Mgr  Tévéque  de  Lisieux  présente  à  la  cure. 
M.  Le  Bas,  conseiller  au  bailliage  de  Caen,  en  est  seigneur 
honoraire,  et  le  curé  décimateur.  Elle  est  à  une  demi- 
lieue  du  bourg  de  La  Délivrande,  et  2  lieues  et  demie  de 
Caen. 

En  Tan  1 5  58,  les  impôts  et  subsides  étaient  si  excessifs, 
qu'en  plusieurs   villages  Ton  ne  faisait  plus  aucunes  ^ 


3i6 

assiettes  des  uilles  ;  même  les  décimes  étaient  si  hauts 
que  les  curés  et  vicaires  se  rendaient  fugitifs,  pour  crainte 
dMtre  emprisonnés,  et  ne  se  disait  plus  le  service  divin  en 
grand  nombre  de  paroisses  prochaines  de  la  ville  de 
Caen,  comme  aux  villages  de  Plumetot,  Périers,  Seque- 
ville^  Putot,  item  Soliers  et  autres  plusieurs  (i\. 

M.  Le  Chevalier,  prêtre  de  Plumetot,  composa  en  vers 
français  V Histoire  de  Pancienne  découverte  de  l'Image 
miraculeuse  de  Notre"  Dame  de  La  Délivrande^  laquelle 
fut  imprimée  in-4®  à  Caen,  en  1673.  Elle  est  précédée 
d^une  épitre  dédicatoire  adressée  à  M"^  de  Plainneville, 
sœur  de  Pillustre  Mgr  Huet,  évéque  d^Avranches. 

Réviers  (Saint- Vigor  de).  Sergenterie  deCreully,  élec- 
tion de  Caen,  76  feux,  notariat  de  Bény. 

Radeverum  ou  Redeveriacum,  Réviers,  selon  M.  Huet, 
tire  son  nom  de  Ripuariœ,  qui  est  fort  commun  dans  les 
vieux  actes,  parce  qu^elle  est  située  sur  une  rivière.  Cette 
petite  rivière,  appelée  La  Mue,  traverse  son  territoire  par 
le  milieu,  oti  elle  fait  moudre  8  tournants  de  moulin  en 
5  places,  et  va  de  là  se  perdre  dans  la  Seulle,  qui  partage 
alors  Reviers  d^avec  Banville.  Cette  paroisse  est  sur  le 
chemin  de  Bayeux  à  La  Déltvrande,  à  4  lieues  de  cette 
ville  et  à  cinq  quarts  de  lieue  de  ce  bourg. 

L^antiquité  de  ce  lieu  est  confirmée  par  les  actes  de 
Saint-Vigor,  évêque  de  Bayeux,  qui,  pour  éviter  les 
embarras  du  mariage  oti  ses  parents  voulaient  rengager, 
quina  la  maison  paternelle  d^Arras,  et  vint  avec  le  jeune 
Théodemire,  se  cacher  dans  le  village  de  Réviers,  et  y 
bâtit  un  monastère  vers  Tan  545  (2).  Il  en  fut  tiré  en  557 

(i)  M.  de  Brai,  Atitiq.  de  Caen,  p.  i6a. 
(a)  Neust,  Pia,  p.  65. 


317 

pour  occuper  le  siège  de  Baycux.  On  croit  que  ce  monas- 
tère fut  ruiné  dans  les  courses  que  les  Normands  firent 
dans  ce  pays  pendant  tout  le  ix*  siècle. 

Il  y  a  deux  portions  de  cure.  Le  roy  nomme  à  la  pre- 
mière; r Abbaye  de  Montebourg,  à  la  seconde. 

On  peut  compter  parmi  les  illustres  curés  de  Réviers  : 
Jean  HalIé,  bachelier  de  Théologie,  curé  des  deux  por- 
tions de  cette  paroisse,  et  frère  d^Antoine  Halle,  ptofes-' 
seur  d'éloquence  à  Caen.  Il  mourut  le  12  août  1667.  On 
trouve,  parmi  les  opuscules  de  son  frère,  une  épitaphe 
faite  à  sa  mémoire,  et  son  éloge  en  vers  latins  dont  est 
Fauteur  Marin  Le  Verrier,  professeur  d^loqu^ce  au 
collège  des  Arts  (i). 

Cest  de  cette  paroisse  qu'a^  tiré  son  origine  Tancienne 
maison  de  Réviers,  d^oti  est  sortie  celle  de  Vernon,  qui 
se  glorifie  de  compter  parmi  ses  auteurs  saint  Adjutor. 

Richard  chevalier,  seigneur  de  Réviers  vivait  sous  le 
règne  de  Guillaume  duc  de  Normandie,  surnommé  Le 
G^nquérant.  Il  eut  pour  fils  Beaudouin,  Guillaume  et 
Richard.  ' 

Baudoin  de  Réviers  qualifié  vir  actibus  bellicis  stre- 
nuissimus  œque  ac  potentissimus  (2),  se  déclara  ouverte- 
ment contre  Etienne  roi  d'Angleterre,  qui,  à  la  fin, 
Tobligea  de  repasser  en  Normandie,  où  il  fonda  Pabbaye 
de  Montebourg. 

Richard  de  Réviers,  frère  du  précédent,  fut  aussi  un 
des  plus  expérimentés  personnages  de  son  temps,  et  un 
des  conseillers  de  Henri  I  roi  d'Angleterre  et  duc  de 
Normandie.  Ce  fut  lui,  qui  avec  Guillaume  de  Vernon, 
son  fils,  aumôna  à  l'abbaye  de  Montebourg,  le  patronage 
de  Réviers  avec  toutes  les  dîmes  qui  leur  appartenaient 

(i)  Ant.,  Halley,  Oputc.,  p.  427  et  suiv. 
(2)  Neust  Pia,  p.  643. 


}i8 

dans  cette  paroiiie.  Sx  dano  Ricardi  de  Répète  et  Wil- 
lelmi  de  Vemon  filii  ejus,  quidquid  ad  eos  pertinebat 
in  ecclesia  de  Revers,  cum  decimis,  et  decimam  molen^ 
dinarum  suorum  efusdem  villœ  (  i  ).  Ce  sont  les  eipres- 
sions  de  Henry  II  roi  d^ Angleterre,  dans  la  chartre  con- 
firmative  expédiée  à  Caen  ponr  Tabbaye  de  MontdxHiig. 
La  maison  de  Réviers  est  éteinte* 

Catherine  du  Guesclin,  fille  unique  de  Bertrand  du 
Guesdin  et  d'Isabeau  d*Anœnis,  et  femme  de  Charles  de 
Rohan,  seigneur  de  Guémené,  partagea  avec  GeoCEroy  de 
La  Haye,  mari  de  Jeanne  d^Ancenis,  tante  maternelle  de 
Catherine  du  Guesdin,  les  biens  de  feue  Isabdle  de  Qis- 
son.  Catherine  du  Guesdin  eut  pour  ce  partage,  fait  le 
20  avril  141 5,  après  Pâques,  entr'autres  terres,  celles  de 
Réviers  en  Normandie  (2). 

Isabeau  de  Clisson,  fille  héritière  d^Amaury  de  Clisson, 
seigneur  de  L^Isle-^'Auvillé,  et  d'Isabeau,  dame  de  Res- 
nefon,  avait  épousé  en  i35i,  Renaud  d^Ancenis,  dont 
sortirent  Isabeau,  femme  de  Bertrand  du  Guesclin  et 
Jeanne,  alliée  à  Geoffroy  de  La  Haye. 

Par  acte  du  23  avril  141 7,  après  Pâques,  Charles 
de  Rohan,  et  Catherine  du  Guesclin,  sa  femme,  cédèrent 
à  usufruit  sa  vie  durant,  à  Guillaume  du  Guesdin, 
chevalier,  frère  de  Bertrand,  père  de  ladite  dame,  la  terre 
de  Réviers,  diocèse  de  Bayeux  et  plusieurs  autres;  et  lui, 
en  échange,  leur  céda  d^autres  terres  situées  en  Bretagne. 
Jean  du  Guesclin,  chevalier,  seigneur  de  La  Roberie, 
fils  de  Guillaume,  s'accorda  aussi  par  acte  fsiit  en  pré- 
sence de  Catherine  du  Guesclin,  dame  de  Guémené^  et  de 
Louis  de  Rohan,  son  fils,  le  27  mars  1455,  avec  Charles- 

(i)  Monoit.  AngL,  t.  II,  p.  99a. 

(a)  Hiit,  det  gr,  offie.,  t.  VI,  p.  189-190  et  aQa-ao3. 


I  319 

^e  Tessé,  son  beau-frère,  ayant  alors  la  garde  noble  de 
ses  enfants  et  de  feue  Guiilemette  du  Guesclin,  pour 
40  livres  de  rente  qu^il  lui  avait  promise  sur  sa  terre  de 
Réviers,  lors  de  son  mariage,  et  qui  furent  réduites  à 
3o  livres. 

Gilles  du  Guesclin,  sieur  de  La  Roberie,  son  âls  aîné, 
vendit  à  Jean  le  Sens,  écuyer,  la  terre  de  Réviers,  pour 
3,770  livres,  par  acte  passé  à  Caen  le  5  août  1485. 

Jean  Le  Sens,  seigneur  de  Réviers,  et  Antoine  Gislain 
seigneur  de  Port,  furent  élus  par  la  noblesse  de  la  vicomte 
de  Caen,  en  1 52S,  pour  la  collection  des  deniers  au  paye- 
ment desquels  elle  s^était  soumise  pour  la  délivrance  des 
enfants  du  roi  François  I^^  qui  étaient  en  otage  chez 
l'empereur  Charles-Quint  (i). 

La  terre  de  Réviers  passa  depuis  à  MM.  Le  Prévost. 
Louise  Le  Prévost,  dame  de  Réviers,  fille  ainée  de  Louis, 
seigneur  de  Réviers,  et  de  Suzanne  Castel  de  Saint- 
Pierre,  épousa  par  contrat  du  5  juin  1692,  Claude- 
François  Marguerye,  baron  de  Vassy,  père  de  Henry- 
Charles-Antoine  Marguerye,  marquis  de  Vassy,  seigneur 
de  Réviers  aujourd'hui. 


DOYENNÉ  DE  MALTOT. 

Athissur-Orne   (Saint-Contest    d').    Sergenterie   de 
Préaux,  élections  de  Caen,  un  feu,  notariat  de  Caeo. 

(i)  De  Bras,  Antiq,  de  Caen,  p.  9S. 


320 

Cette  paroisse  est  située  à  une  lieue  de  Caen,  sur  le 
bord  de  la  rivière  d^Orne,  qui  en  arrose  les  prairies  du 
côté  du  Levant.  Le  territoire  a  très  peu  d^étendue, 
n'ayant  pas  plus  d'une  demi4ieue  de  circonférence.  Elle 
n'a  qu'un  seul  habitant  avec  sa  famille.  Cest  le  fermier 
des  Dames  Ursulines  de  Caen  qui  possèdent  toute  la 
paroisse.  L'abbé  d'Ardenne  nomme  à  la  cure.  Le  béné- 
fice est  en  règle,  et  desservi  par  un  Prémontré  qui  en 
perçoit  les  dîmes,  à  l'exception  des  bois  et  des  herbages 
qui  forment  ensemble  un  tiers  de  la  paroisse.  La  terre 
y  est  de  très  peu  de  valeur,  étant  remplie  de  pierres. 
On  y  trouve  en  certains  endroits  différentes  espèces 
de  poissons  et  de  coquillages  pétrifiés.  Elle  est  à  2  lieues 
du  bourg  d'Évrécy.  Il  y  a  un  bac  sur  la  rivière  que  les 
habitants  ont  droit  de  passer  gratis.  Ce  village  a  donné  à 
M.  de  Segrais  l'idée  de  composer  un  poème  sous  le  nom 
d*Athys,  C'est  un  de  ses  meilleurs  ouvrages,  tant  par  la 
nouveauté  de  l'invention  que  par  l'agrément  de  la  fic- 
tion. 

Authie  (Saint-Vigor  d').  Banlieue  et  élection  de  Caen, 
79  feux.  Atteia  et  Altheïa,  notariat  de  Caen. 

Cette  paroisse,  située  en  rase  campagne,  n'est  pas  d'une 
grande  étendue.  Elle  est  distante  de  Caen  qu'elle  a  au 
nord-est,  d'une  bonne  lieue,  placée  entre  le  clos  de 
l'abbaye  d'Ardenne  et  le  chemin  de  Caen  à  CreuUy, 
bornée  à  Test  et  au  sud  par  le  territoire  de  Saint-Germain- 
de-la-Blanche-Herbe,  à  l'ouest,  par  celui  de  Saint-Louet 
et  de  Rosel,  et  au  nord  par  celui  de  Saint-Contest.  Le 
bourg  de  Cheux  en  est  à  une  heure  et  demie.  Le  hameau 
de  Cussy,  de  3o  feux,  à  trois  quarts  de  lieue  nord-ouest 
de  Caen,  est  moitié  sur  Authie,  et  moitié  sur  Saint-Ger- 
main.  L'église  est  fort  petite,  et  placée  au  nord  de  la 


Î2I 

paroisse,  avec  environ  60  feux  qui  l'environnent.  MM.  les 
Chanoines  du  chapitre  d^Ecoûy,  diocèse  de  Rouen,  sont 
seigneurs  de  cette  paroisse^  dont  ils  possèdent  au  moins  la 
moitié,  et  nomment  à  la  cure.  La  dîme  appartient  au 
curé  d'Authie  et  au  prieur  de  Fresné-le-Puceux,  qui 
partagent  par  moitié;  le  curé  a  le  premier  lot.  Les  sei- 
gneurs n*Y  ont  que  de  la  terre  labourable,  et  n^  ont  pas 
la  plus  petite  habitation.  Dans  une  de  leurs  acres  il  y  a 
deux  vieux  restes  de  murs,  que  Ton  dit  être  les  débris  du 
château  de  Pinfortuné  Enguerrand  de  Marigny,  ministre 
sous  le  roi  Philippe-le-Bel,  exécuté  à  mort  par  jalousie  en 
i3i5, 

Bretteville-V Orgueilleuse  (Saint-Germain  de).  Ser- 
genterie  de  Cheux,  élections  de  Caen,  104  communiants, 
notariat  d'Audrieu. 

Cette  paroisse  est  située  sur  le  grand  chemin  dé  Caen  à 
BayeuXy  à  3  lieues  de  distance  de  Tune  et  Tautre.  L'église 
est  grande  et  fort  propre,  accompagnée  d'une  haute  pyra- 
mide qui  est  entre  le  chœur  et  la  nef.  La  chapelle  de 
Putot,  dont  nous  parkrons  ci-après,  est  succursale  de 
Breueville.  L^abbé  de  Caen  nomme  à  la  cure  de  plein 
droit.  Le  curé  fait  desservir  la  succursale  par  un  prêtre 
amovible.  M.  Charles-Jean-Baptiste-Richard  de  Cairon, 
chevalier,  seigneur  et  patron  de  Cairon,  est  aussi  seigneur 
haut  justicier  de  Bretteville-rOrgueilleuse.  Cette  paroisse 
est  de  l'exemption  de  Tabbaye  Saint-Étienne. 

Le  curé  n^a  qu'une  portion  congrue.  Les  religieuses  de 
Saint-Étienne  ont  toutes  les  dîmes  de  Bretteville,  et  la 
moitié  seulement  des  grosses  du  territoire  de  Putot. 
L'autre  moitié  est  partagée  entre  les  chanoines  du  Saint- 
Sépulcre  de  Caen,  et  le  chapelain  de  Saint-Hilaire  fondé 
en  la  cathédrale  de  Bayeux^    Il  n'y  a  qu'une  grange 

21 


$22 

dimeresse  pour  la  paroisse  de  Bretteville  et  tous  les 
hameaux  qui  la  composent.  Cette  grange,  qui  appartient 
à  i^abbaye  de  Saint-Étienne^  est  située  à  peu  près  au 
milieu  de  la  paroisse,  presque  attenante  au  territoire  du 
hameau  de  Putot. 

Les  biens  que  l'abbaye  de  Saint-Étienrte  possède  à 
Bretteville,  viennent  de  différents  seigneurs.  Henry  If, 
roi  d^Angleterre,  dans  la  chartre  de  confirmation  pour 
cette  abbaye  dit  :  concedo  etiam....  donationem  quam 
fecit  Ranulphus  vice-cames  Bajocensis,  sancto  Stephano, 
scilicet  ecc lestant  de  Boinvilla  cum  allodio,  et  omni 
décima  ad  eam  pertinente,  et  totam  terram  quam  habe* 
bat  in  Brittivilla  Orguillosa,  cum  parte  ecclesiœ  ad 
eum  pertinente,  cum  colonis  et  liberis  hominibtis  ad 
eam  pertinentibus,  et  donationem  quam  fecit  Robertus 
Bertrand,  scilicet  quidquid  terrœ  habebat  in  Orguil^ 
losa  cum  parte  suœ  ecclesiœ  eum  colonis  et  liberis 
hominibus  ad  eam  pertinentibus  (  i  ) . 

En  1171,  Guillaume  d'Aboville  vendit  la  moitié  du 
patronage  de  l'église  de  Bretteville  et  de  la  chapelle  de 
Putot  à  Pabbé  et  aux .  religieuses  de  Saint-Étienne  de 
Caen,  moyennant  3o  livres  de  rente  annuelle,  auxquelles 
ils  s'obligèrent  envers  lui  (2).  c  Willelmus  de  Abouvilla 
concedente Henrico  filio  primo genito.,.,  dédit  in  perpe^ 
tuameleemosinamccenobio  Sancti  Stephani  Cadomi,  et 
monachis  ibidem  Deo  servientibus  quidquid  juris  habe- 
bat in  presentatione  et  eleemosina  ecclesiœ  Brettevillœ 
Orguillosœ,  et  capellœ  de  Putot,  sàilicet  medietatem 
presentationis  et  eleemosinœ.  Pro  prœdicta  donatione 
presentationis  Willelmus  abbas  et   fnonachi  Cadomi 

(I)  Neust.  Piéi,p.  633. 

(a)  Mémoire  pour  Tabbaye  de  Caen  contre  les  habit,  de  Putot, 
1753,  et  mém.  des  habit,  de  Putot  contre  ladite  abbaye. 


J23 

prœdicto  Willelmo  dédit  3o  libras  annuatim.  »'Un  an 
après,  cette  donation  et  plusieurs  autres  furent  confirmées 
par  Henri  !!•  du  nom,  év£que  de  Bayeux,  et  par  Roben, 
archevêque  de  Rouen. 

Le  hameau  de  Putot  n^est  séparé  de  Bretteville  que  par 
la  Rue-Bosquaine,  ou  le  Chemin-Bosquin,  vers  Caen,  et 
par  le  grand  chemin  de  Bayeux,  vers  la  mer.  Il  y  a  4 
autres  hameaux  dans  Putot  :  le  Hamel-du*Moustier,  le 
Hamel-FroCy  le  Hamel-L'Abbé  et  le  Hamel-Lacroiz,  qui 
sont  habités  au  moins  par  3oo  paroissiens.  Le  roi  a  un 
fief  considérable  à  Putot;  un  autre  est  possédé  par  le 
chapitre  de  Lisieux.  L^abbaye  de  Caen  a  le  principal, 
auquel  est  annexé  le  patronage.  Le  fief  de  Cœur-de-BIed 
est  possédé  par  le  sieur  de  Calmesnil. 

U  y  eut  en  i  ^98  une  contestation  entre  cette  abbaye,  et 
Guillaume  de  Putot,  clerc.  Celui-ci  prétendait  quMl  avait 
droit  de  présenter  à  la  chapelle  de  Putot;  Tabbaye  soute- 
nait le  contraire.  Enfin,  mieux  instruit,  Guillaume  de 
Putot  y  renonça  en  ces  termes  :  c  Constitutus  persona-- 
liter  Guillelmus  dictus  de  Putot,  clericus^  qui  présent 
tationi  quant  fecerat  ad  capellam  de  Putot,  cujus 
capellœ,  quando  prœsentavit  ad  eamdetn,  credebat  pa- 
tronatus  pertinere  ad  ipsum^  ut  dicebat,  renuntiavit 
speciiiater  et  expresse  et  omnijuri,  si  quod  habebat^  seu 
habere  poterat  in  patronatu,  seu  presentatione  capellœ 
prœdictœ,  quœ  est  annexa  matri  ecclesiœ  de  Brittivilla 
Super ba,  et  infra  metas  parochiœ prœdictœ  (i). 

L'église  de  Putot^  dédiée  sous  le  vocable  de  Notre- 
Dame,  a  ses  fonds  et  son  cimetière  particuliers.  Il  y  a 
même  des  obitiers  séparés,  et  qui  doivent  être  originaires 
du  hameau  de  Putot.  Dans  un  aveu  rendu  au  roi  par 

(i)  Mim,  de  VAbbaye,  p.  2. 


}24 

Colin,  condamné  le  27  septembre  iBço,  on  trouve  ces 
mots  :  jouxtes  les  clers  et  prêtres  de  Putot.  En  1400, 
Thomas  Boitard,  curé  de  Choûain,  quitte  et  délaisse  aux 
clercs  et  prêtres  de  Putot»  au  trésor  et  confréries  du  Saint- 
Esprit  et  de  Saint-Nicolas,  les  héritages  mentionnés  au 
contrat.  Par  contrat  du  3o  décembre  1485,  Nicolas  de 
Cairon,  adjudicataire  d^une  demie  acre  de  terre,  en  fait 
donation  aux  prêtres  et  clercs  servant  Dieu,  et  partici- 
pant aux  rentes  et  obits,  fondés  et  établis  audit  lieu  de 
Putot.  Par  contrat  du  44  décembre  i5oi.  Colin  Toquet 
donne  aux  obitiers  de  Putot  trois  vergées  de  terre,  et 
cette  donation  est  acceptée  par  M.  Jacques  du  Douet, 
prêtre,  vicaire  de  ladite  église^  et  par  six  obitiers  ser- 
vant  Dieu,  et  participant  aux  dites  rentes  et  obits,  et 
faisant  fort  pour  tous  les  autres  prêtres  et  clercs.  Par 
un  autre  contrat  du  1 5  mars  1 5 1 8,  M .  Jean  Le  Varignon, 
natif  de  Putot,  aumône  aux  prêtres  et  clercs  servant 
Dieu,  et  participant  aux  rentes  et  obits  de  ladite  église, 
i5  livres  de  rente,  et  au  trésor  12  livres  pour  un  obit. 
Cette  donation  est  acceptée  par  M.  Nicolas  Eude^ prêtre, 
vicaire  du  curé  du  dit  lieu  de  Putot,  et  six  obitiers  de  la 
dite  paroisse,  et  faisant  pour  tous  les  autres  obitiers  (  i  ). 
De  ces  productions  et  autres  semblables,  les  habitants  de 
Putot  ont  pris  occasion  d*attaquer,  en  1748,  Tabbaye  de 
Saint-Étienne,  non  seulement  pour  lui  faire  donner  une 
grange  séparée  de  celle  de  Bretteville,  mais  encore  pour 
lui  faire  dire  et  reconnaîtra  que  Putot  n^est  point  une 
annexe,  mais  une  paroisse  réellement  distinguée  de 
Pautre.  UafTaireest  encore  pendante  à  la  cour. 

Ce  village  a  donné  deux  abbés  à  Pabbaye  de  Fécamp,  à 
la  fin  du  xin«  siècle,  et  au  commencement  du  xiv«. 

(a)  Mém.  de  l'Abbaye,  p.  5i. 


Î25 

Guillaume  de  Putot,  XI«  abbé  de  Fécamp^  acheta 
la  ville  de  Fécamp  d^Édouard  11^  roi  d^ Angleterre,  vers 
Tannée  1295,  qui  fut  celle  de  sa  mort.  Il  siéga  environ 
12  ans  (i).  Robert  de  Putot,  son  neveu,  parvint  aussi  à 
la  même  dignité  et  fit  fleurir  la  discipline  monastique 
dans  son  abbaye  quUl  gouverna  19  ans;  il  mourut  en 
i3i4.  Hermant  ajoute  un  troisième  abbé  de  Fécamp, 
qu^il  nomme  Robert  de  Brèche;  mais  s^il  avait  pris  la 
peine  d'examiner  son  article  dans  les  auteurs  cités  à  la- 
marge,  il  aurait  vu  qu^il  est  né,  non  à  Putot,  mais  au 
village  de  Brécy,  près  Bayeux  (2). 

Bretteville-sur-Odon  ou  Bretteville^la-Pavée,  ban- 
lieue et  élection  de  Caen,  60  feux,  36o  habitants,  notariat 
de  Caen. 

Cette  paroisse  est  située  sur  les  deux  branches  de  la  rivière 
d*Odon.  Elle  n^a  point  d^autre  hameau  que  celui  de 
Jumeaux.  Il  y  a  deux  églises  également  paroisses  :  Notre- 
Dame  et  Saint-Pierre,  desservies  par  un  seul  curé,  à  la 
nomination  de  Tabbé  du  Mont«Saint-Michel,  qui  possède 
les  grosses  dîmes.  Cet  abbé  est  seigneur  et  baron  de  toute 
la  paroisse  qui  relève  de  lui.  Il  la  tient  à  titre  de  donation 
de  la  duchesse  Gonnor,  femme  de  Richard  I,  duc  de  Nor- 
mandie, et  confirmée  par  le  duc  Richard  II,  son  fils. 
C'est  ainsi  qu^il  en  parle  dans  sa  chartre  :  confirma  in 
super  donationem  matris  meœ  de  Brittavilla  qtiam  suo 
dotalitio,  loco  superius  dicto,  obtulit,  pro  patris  nostri 
suaque  salute,  ac  mea,  meorum  quœ  fratrum  (3). 
Hugues  de  Bayeux,  évéque,  Osbem  et  Humfroy,  frères 
de  la  duchesse  y  sont  signés. 

{i)Neu8t.  Pia,p.  a38. 

(a)  HUt.  du  diocèse  ds  Bayeux ^  p.  iS 2  et  3 16. 

(3)  Neuit,  Pia,  p.  378-379. 


^26 

On  trouve  à  BretteTÎUe  une  très  bonne  carrière  de 
pierres,  nommée  le  Lait-Boûilly.  Elle  est  à  une  lieue  de 
Caen. 

Jean  Rouxel  célèbre  poète  latin  était,  selon  queiqu^uns, 
natif,  non  de  Caen,  mais  de  Bretteville,  près  de  cette 
ville.  Cest  un  des  citoyens  de  Caen  qui  lui  a  fait  le  plus 
d'honneur.  11  devint  sourd  dans  sa  vieillesse,  et  mourut 
en  i586.  11  avait  pour  frère  Guillaume  Rouxel,  qui,  sui- 
vant les  traces  de  son  père,  s^adonna  au  commerce,  et 
s'y  acquit  une  grande  réputation  à  cause  de  sa  bonne  foi. 
M.  Cahagnes  a  fait  Téloge  de  ces  deux  citoyens,  dans 
lequel  il  rappone  cette  épigramme  de  Jean  Rouxel 
concernant  sa  famille  : 

NuUif  nostra  domus  titulis  se  jactat  avorum  ; 
Nulla  per  angustos  splendet  imago  lares. 
Per  varias  genitor  duxit  commercia  gentes; 
Normanis  Indos  junxit,  et  Antipodas. 
Germano  patrios  artes  studiumque  sequenti 
Ezimium  fidei  promeruere  decus  (i). 

Buissons^  Vil  Ions  (Saint-Pierre  de).  Sergenterie  de  Ber- 
nières,  élection  de  Caen,  40  feux,  notariat  de  Bény. 

Le  nom  primitif  de  cette  paroisse  est  Villons,  et  le  curé 
y  a  son  presbytère;  mais  Téglise  est  dans  le  hameau  de 
Buissons,  qui  dépend  de  la  parusse  de  Cairon,  à  un 
quart  de  lieue  de  Villons.  Ce  démembrement,  quant 
à  Téglise  seulement,  et  non  quant  aux  habitants  de 
Buissons,  qui  sont  toujours  demeurés  paroissiens  de 
Cairon,  est  très  ancien,  et  a  été  occasionné  par  les  ma- 
ladies, et  notamment  par  la  peste,  comme  les  mémoires 
en  font  foi.   Le  curé  de  Villons  n'a  point  d'autres  pa- 

(i)  Elog,  Civium  cad.,  p.  7,  8  et  9. 


3^ 

roissiens  que  ceux  qui  demeurent  dans  le  village  de  ce 
nom.  Cest  le  seul  village  de  cette  paroisse  où  il  y  a 
40  feux;  encore  n'appartient-il  pas  tout  entier  à  cette 
paroisse,  puisqu 'outre  les  feux  cirdessus,  il  y  en  a  4  qui 
dépendent  de  la  paroisse  d'Anisy. 

Le  roi  présente  à  la  cure^  et  dans  sa  nomination  comme 
dans  le  visa  de  Tévéque,  le  pourvu  est  toujours  désigné 
sous  le  nom  de  curé  des  Buissons- Villons,  quoi  qu^on  ne 
le  reconnaisse  dans  la  paroisse  que  pour  le  curé  de  Vil- 
lons. Ce  curé  n'a  que  le  tiers  de  la  dîme,  les  deux  autres 
.tiers  sont  pour  Pabbesse  de  Caen,  quj  est  dame  et  pa- 
tronne honoraire  de  cette  paroisse,  à  cause  de  son  fief  de 
Gsmet,  dit  fief  de  Villons,  qu'elle  y  possède,  et  qui 
s'étend  à  Cambes,  Couvrechef  et  Cairon.  Cest  un  bien- 
fait de  la  reine  Mathilde,  fondatrice  de  la  dite  abbaye, 
comme  il  parait  par  la  chartre  de  1082  :  Terrant,  quant 
tenuit  Radulphus  filius  Alani,  in  Willon  (Mathildis 
Ego  reginaj,  comparavi  ab-eodem  Radulpho,  et  a  Ri- 
chardofilio  Rainfrandi,  rusticum  unum  in  villa  quœ 
dicitur  -Charon,  et  duas  gctrbas  decintœ  villœ;  similiter 
et  a  Ragnulpho  de  Barberiis  duas  garbas  decimœ  quant 
habèbat  in  Charon,  et  hœc  ex  concessu  régis  ecclesiœ 
(nempe  Sanctœ  Trinitatis)  apposita  sunt  (  i  ). 

Le  sieur  Le  Comte,  curé  de  ce  lieu,  marque  dans  son 
mémoire  que  Tancienne  église  des  Buissons,  qui  sert  à 
faire  Toffice  pour  les  habitants  de  Villons,  a  été  bâtie 
en  944,  sans  vouloir  pourtant  cautionner  ce  fait. 
M.  rÉvéque  de  Bayeùx,  à  cause  de  Téloignement  de 
cette  église,  a  permis  d'ériger  dans  la  cour  du  presbytère 
de  Villons  une  chapelle  ob,  excepté  les  dimanches,  on 
dit  la  messe  pour  les  paroissiens.  On  y  confesse  en  outre 

(1)  Neustriapia,  p.  65S^65g. 


il» 

et  on  y  fait  les  catéchismes.  Elle  est  à  une  lieae  et  demie 
deCaen. 

Butly  (Saint-Martin  et  Saint-Gourgon  de).  Sergen- 
terie  de  Préaux,  élection  de  Caen,  22  feux,  95  commu- 
niants, notariat  de  Fresné-le-Puceux. 

Cette  paroisse  est  située  sur  la  rivière  d^Ome,  à  2  lieues 
de  Caen,  et  à  cinq  quarts  de  lieue  du  bourg  d'Evrecy. 
Avant  la  réunion  des  vicomtes,  elle  dépendait  partie  de 
la  juridiction  de  Saint-Silvin,  partie  de  celte  de  Caen. 
Elle  dépend  en  entier  aujourd'hui  de  la  dernière.  Le 
prieur  commendataire  du  Plessis  présente  à  la  cure.  Le 
chanoine  de  Missy  en  Téglise  de  Bayeux  donne  la  col- 
lation de  plein  droit,  et  a  le  déport  en  entier.  Les  dîmes 
appartiennent  au  curé.  Elles  lui  ont  été  cédées  pour  lui 
tenir  lieu  de  pension  congruS.  M.  de  Sallen,  conseiller 
dMpée  au  bailliage  de  Caen,  est  seigneur  honoraire  au 
droit  de  son  épouse  qui  est  demoiselle  de  Cahagnes- 
Verrières. 

La  seule  maison  remarquable,  non  par  elle-même, 
mais  par  la  position,  est  celle  de  M.  du  Perré.  Sa  situation 
jointe  aux  dehors  qui  raccompagnent  en  fait  un  des  char- 
mants séjours  du  pays;  il  y  a  une  chapelle  domestique. 

La  rivière  d'Orne,  en  ce  lieu  là,  est  environnée  de 
coteaux,  de  quelqu'uns  desquels  on  a  tiré  du  marbre 
rouge  d'assez  bonne  qualité.  On  a  travaillé,  il  y  a  quelques 
années,  à  faire  des  découvertes  pour  en  tirer  du  gris,  avec 
espérance  de  réussir.  L'église  est  si  voisine  de  cette  rivière, 
qu'elle  ferme  le  cimetière  par  un  côté. 

Cairon  (Saint-Hilairede).  Sergenterie  de  Bernières, 
élection  de  Caen,  90  feux,  450  habitants,  notariat  de 
Bény. 


3^9 

Cette  paroisse  est  sur  le  grand  chemin  de  Caen  au 
bourg  de  Creully.  Il  en  est  fait  mention  dans  la  chartre 
de  fondation  de  Tabbaye  Sainte-Trinité  de  Caen,  année 
1 082,  où  il  est  parlé  des  acquisitions  que  la  reine  Matbilde 
y  avait  faites  en  faveur  de  cette  abbaye.  L^extrait  est  rap- 
porté à  l'article  des  Buissons-Villons  ci-devant.  Son  ter- 
ritoire peut  avoir  une  demi-lieue  en  longueur.  Il  est 
arrosé  par  la  petite  rivière  de  Mue,  laquelle  prend  nais- 
sance à  une  demi-lieue  au-dessus,  dans  les  prairies  de 
Rots,  et  est  grossie  par  diverses  fontaines  en  passant  par 
Thaon,  Fontaine-le-Henry  et  Reviers^  où  elle  se  joint  à 
la  Seulle. 

De  Téglise,  qui  est  assez  près  de  cette  rivière,  et  à  une 
des  extrémités  de  la  paroisse,  on  compte  près  de  2  lieues 
à  Caen,  4  lieues  à  Bayeux,  et  2  lieues  à  la  Délivrande  et  à 
Cheux.  Le  roi  nomme  à  la  cure.  M.  Charles-Jean- 
Baptiste  de  Cairon,  écuyer,  seigneur  haut  justicier  de 
Bretteville-POrgueilleuse,  est  aus§i  seigneur  de  Cairon  ; 
il  y  possèide  une  maison  neuve,  assez  gracieuse,  et  qu^on 
peut  décorer  du  nom  de  château.  Les  dîmes  appartiennent 
au  curé  et  à  Tabbaye  de  Sainte-Trinité  de  Caen.  L^abbaye 
delà  Blanche,  proche  Mortain,  y  a  une  rente  foncière 
dont  on  ignore  Porigine. 

Il  y  avait  autrefois  une  chapelle  sous  Pinvocation  de 
saint  Germain,  dont  il  ne  reste  ni  vestige  ni  revenu;  on 
connaît  seulement  le  lieu  où  elle  était  située,  et  on  y 
trouve  de  temps  en  temps  des  tombeaux  de  pierre.  Le 
cimetière  de  Péglise  en  est  entièrement  rempli.  La  plu- 
part ne  sont  point  couverts  et  d  ^autres  le  sont  de  la  même 
pierre. 

C'est  une  chose  avancée  de  tous  temps  que  l'église  des 
Buissons  était  succursale  de  Cairon.  Le  hameau  des  Buis- 
sons fait  encore  partie  aujourd'hui  du  territoire  de  Cairon, 


Î30 

lequel  en  a  toujours  conservé  la  propriété;  mais  Téglise 
de  Villons  s'étam  trouTée  détruite  par  vétusté,  ou  par  tes 
ravagea  des  Huguenots,  les  habitants  de  Cairon  et  des 
Buissons  prêtèrent,  ou  peut-être  cédèrent  cette  annese  à 
ceux  de  Villons,  qui  l'ont  reçue  comme  leur  église  parois- 
siale. Le  curé  de  Cairon,  avec  la  perte  de  cette  église,  a 
perdu  aussi  la  dtme  de  1 8  ou  20  acres  de  terre  sur  les- 
quelles le  curé  de  Villons  dîme  en  son  nom,  et  Tabbajre 
de  Sainte-Trinité  en  sa  qualité  de  décimatrice  de  Cairon. 

Cette  paroisse  est  composée  de  3  hameaux  princi- 
paux :  le  hameau  des  Buissons,  dont  je  viens  de  parler, 
de  60  à  80  personnes,  est  presque  à  demi-lieue,  et  à  Test- 
nord-est  de  l'église  de  Cairon  ;  le  hameau  de  Cairon-le- 
Vieux,  de  1 3o  à  1 5o,  est  à  un  quart  de  lieue,  et  à  Test- 
sud-est  de  Téglise,  et  le  hameau  de  Cairon-le-Jeune,  de 
près  de  200,  est  à  la  proximité  de  Téglise.  Enfin,  4  à 
5  familles,  faisant  18  à  20  personnes,  proche  le  hameau 
de  Rozel,  au  sud  de  Téglise  de  Cairon,  et  3  à  4  de  1 2 
à  i5  personnes,  joignant  le  hameau  de  Bûron,  qui 
dépend  de  Saint-Contest,  au  sud-sud-est  de  Téglise  de 
Cairon,  font  le  complément  des  maisons  de  cette  paroisse. 

La  famille  noble  de  Cairon,  qui  poruit  autrefois  le 
nom  de  Perotte,  vient  de  leur  auteur  qui  fut  anobli 
en  T4S0,  par  le  roi  Charles  VII,  lorsqu^il  pissa  par 
Bretteville-rOrgueilleuse,  dont  elle  est  originaire.  Elle  a 
pris  depuis  le  nom  de  Cairon  pour  en  avoir  acquis  le  fief. 
Cette  paroisse  est  ù  près  de  2  lieues  de  Caen,  4  lieuea  de 
Bayeux  et  2  lieues  de  la  Délivrande. 

Carpiquet  (Saint-Martin  de).  Sergenterie  de  Cheux, 
élection  de  Caen,  149  feux,  notariat  de  Caen. 

Cette  paroisse  est  stmée  à  l'extrémité  méridionale  de 
cette  grande  plaine,  qui  en  porte  le  nom,  et  qu^on  trouve 


en  arrivant  à  Caen  de  Bayeux.  De  ce  village  à  Téglise  de 
Saint-Pierre  de  Caen,  on  compte  une  lieue.  Le  plus 
ancien  titre  qui  en  fasse  mention  est  la  chartre  de  fon- 
dation de  Tabbaye  de  Sainte^Trinité  de  cette  ville,  donnée 
en  1083.  Le  duc  Guillaume-le-Conquérant  et  la  reine 
Mathilde  s^expriment  ainsi  : 

«  Donavimus  etiam  t^edietatem  villœ,  que  nominatur 
Carpikech,  quam  ego  Regina,  domini  met  régis  con-- 
cessuy  comparavi  ab  Eudone^filio  Turstini  Haldup,  et 
a  Ragnulfo  vice-comité.  Adelaïdis.  autemfilia  Turs- 
tini Haldup  ad  eamdem  Sanct€^Trinitatis  ecclesiam  in 
qua  monacha  facta  est^  Nostro  consensu,  et  Ragnulfo 
vice^comite,  et  Eudone^  ejudem  'Adelaïdis  fratre  an- 
nuentibtts,  alteram  medietatem  villœ  Carpikeh\  cum 
medietate  ecclesiœ  et  decimœ  ejudem  villœ,  donavit. 
Sed  et  duas  partes  villœ  quœ  Putheus  nuncupatur,  »  etc. 

Des  titres  de  i33g  font  mention  d'une  ancienne  con- 
frérie existant  à  Carpiquet.  L^abbesse  de  Sainte-Trinité 
de  Caen  est  dame  baronne  de  Carpiquet.  Elle  présente  à  la 
cure  et  en  possède  toutes  les  dîmes  avec  beaucoup  de 
terres,  mais  surtout  une  ferme  considérable  qu^on  appelle 
Tureinne,  à  laquelle  est  attaché  un  clos  de  26  acres  de  terre 
à  labour,  enfermé  de  murs.  Elle  a  haute  et  basse  justice 
dans  cette  paroisse  qui  relève  de  sa  juridiaion. 

La  grande  plaine  de  Carpiquet»  située  entre  les  grandes 
routes  de  Bayeux  et  de  Saint-Lô  à  Caen,  est  très  connue. . 
De  8  fourches  patibulaires  qui  y  sont  placées,  il  y  en  a 
6  pour  le  roi;  les  2  autres,  un  peu  séparées  des  pré- 
cédentes, appartiennent  à  l'Abbesse  de  Caen.  II  y  a  aussi 
une  carrière,  appelée  Bellet,  dont  la  pierre  est  aussi  bonne 
et  aussi  belle  que  celle  de  Caen.  C'est  à  cette  carrière  que 
M.  le  marquis  de  Malherbe  a  fait  prendre  la  pierre  de  sa 
magnifique  maison  de  Juvigny. 


552 

Le  comte  de  Matignon,  depuis  maréchal  de  France,  ne 
fut  pas  plutôt  arriyé  en  Normandie  en  1574,  qu^il  s^ar- 
réta  à  Caen  pour  y  faire  assembler  son  armée,  qui  se 
trouva  de  5,ooo  hommes  de  pied  et  de  1,800  chevaux, 
auxquels  il  se  joignit  encore  un  bon  nombre  de  gentils- 
hommes qui  n'étaient  pas  du  parti  des  Huguenots.  Il  prit 
20  pièces  de  canon  dans  la  ville,  et,  après  avoir  fait  la 
revue  générale  de  ses  troupes  dans  la  plaine  de  Carpiquet, 
suivi  de  Fervacques  et  de  Villers-Emmery,  que  le  roi  lui 
avait  donné  pour  maréchaux  de  camp,  il  marcha  droit  à 
Falaise,  qu^il  reprit  d^abord,  et  de  là  à  Argentan,  qui  ne 
fit  qu'une  faible  résistance  (i). 

Caynet  (Saint-Martin  de).  Sergenterie  de  Creully, 
élection  de  Caen,  16  feux,  notariat  de  Creully. 

Cette  paroisse  est  appelée  de  Catena  montium  en  latin, 
à  cause  peut-être  d'une  chaîne  de  montagnes  et  de 
coteaux  qui  règne  depuis  Caynet  jusqu'à  la  mer.  La 
plupart  des  maisons  sont  à  mi-côte.  Du  pied  du  coteau 
sortent  deux  fontaines  d'une  très  belle  eau,  qui  forment 
un  ruisseau  dont  le  cours  est  toujours  réglé  dans  les  plus 
grandes  sécheresses  comme  dans  les  plus  grandes  inon- 
dations. Après  avoir  arrosé  la  paroisse,  elles  vont  se 
décharger  dans  la  petite  rivière  de  Thue,  qui  partage  les 
deux  paroisses  de  Caynet  et  de  Lanteûil. 

Messieurs  du  chapitre  de  Bayeux  sont  présentateurs 
de  pleip  droit  et  gros  décimateurs  de  cette  paroisse.  Il  y  a 
un  petit  fief  possédé  par  M.  de  Mondrainville,  neveu  et 
héritier  de  M.  de  Camilly,  vice-amiral  de  France,  qui 
était  seigneur  de  Caynet;  ses  armes  sont  dans  le  chœur  de 
réglise.  L'extrait  suivant  fait  voir  comment  le  patronage 
et  les  dîmes  sont  venues  au  chapitre  de  Bayeux  ; 

(i)  Hist.  du  Maréchal  de  Matignon,  liv.  I,  ch.  XI,  p.  ii3. 


î$5 

Ex  familia  de  Caynet,  Radulphus  e  Normannia  cum 
Guillelmo  Duce  ad/uit  Angliœ  armis  quœsitœ  anno 
1066.  Filtus  ejus  cornes  fuit,  et  Willelmus  de  Cajrnet 
fundator  fuit  abbatiœ  de  Sybethon  in  diàcesi  Ebora- 
censi  in  Anglia,  ex  quibus orta  ecclesia  de  Caynet,  quce 
Phillippo,  de  Har court  data  est,  et  quant  Philippusde^ 
dit  suo  capitula,  ^uodsanctusLudovicusIXFrancorum 
rex  confirmavit  (  i  ) .  ; 

Cela  est  couché  dans  les  registres  de  cette  église,  oti  Ton 
voit  aussi  les  noms  de  1 1  curés,  depuis  Tan  1 55o  jusqu^à 
présent. 

Elle  est  à  3  lieues  de  Caen  et  de  Bayeux  et  à  une 
demi-lieue  du  bourg  de  CreuUy. 

Coulons  (Saint- Vigor  et  Saint-Nicolas  de).  Sergen- 
terie  de  CreuUy,  élection  de  Caen,  5o  feux,  notariat  de 
CreuUy. 

Cette  paroisse,  appelée  dans  les  titres  de  Tabbaye 
d^Ardenne  :  Coulomb,  Coullomps  et  Columbum,  est  à 
2  lieues  de  Bayeux,  et  à  trois  quarts  de  lieue  du  bourg  de 
CreuUy. 

Elle  est  arrosée  par  deux  fontaines  qui  forment  un 
courant;  il  y  a  4  fermes  principales.  La  première 
est  au  milieu  d^un  grand  parc  qu^on  voit  sur  le  chemin 
de  Caen  à  Bayeux;  les  autres  comiguës  aux  maisons 
des  particuliers,  sont  situées  dans  la  même  rue  qu'on 
appeUe  communément  La  Ville.  II  y  a  aussi  le  petit 
hameau  de  Calais.  Il  n'est  que  de  3  feux. 

La  cure  est  en  règle.  L'abbé  d'Ardenne  y  présente.  Il 
perçoit  les  deux  tiers  des  grosses  dîmes;  Pautre  tiers  appar- 
tient au  prieur  de  Saint-Gabriel.   On  doit  remarquer 

(i)  Monast.  Anglicanum^  t.  I. 


»4 

parmi  les  curés  di$ûngaéa  de  Coulons  :  Richard  Le 
Beltèvre,  élu  abbé  d'Ardenne  en  1496,  et  Richard  de 
Laval,  qui  lui«uccéda  en  1496,  et  posséda  en  même 
temps  r Abbaye  de  la  Ltizerne  (a). 

Le  seigneur  de  Coulons  est  seul  seigneur  de  la  paroisse. 
Son  fief  qui  est  un  hautbert  relève  immédiatement  du 
roi.  C'est  un  Couvert.  La  maison  de  Couvert,  noble  de 
nom  et  fl^armes,  tire  son  nom  de  la  paroisse  de  Couvert, 
près.  Bayeux.  Elle  portait  anciennement  pour  armes  : 
d'azur  à  deux  faces  dVgent  chargées  chacune  de  deux 
sautoirs  de  gueules.  Jean  de  Couvert,  seigneur  de  Sotte- 
vastetde  Hardinvast,  les  quitta  pour. prendre  celles  de 
Florence  de  Fontenay,  sa  mère,  dame  des  dits  lieux  dans 
le  xv«  siècle.  Ses  descendants  ont  conservé  les  mêmes 
armes  qui  sont  :  d'hermine  à  la  face  de  gueules,  chargées 
de  trois  fermaillets  d'or. 

Jean- Antoine  de  Couvert,  chevalier,  seigneur  et  patron 
de  Coulons,  Auderville,  lieutenant*cofoneI  du  régiment 
d'infanterie  de  Courtomer,  était  connu  sous  le  nom  de 
M.  de  Sottevast,  comme  étant  fils  puîné  de  Jean  de  Cou- 
vert, seigneur  de  Sottevast,  et  d'Elisabeth  de  Saint-Simon- 
Courtomer.  Il  fut  gouverneur  des  ville  et  château  de 
Bayeux,  après  M.  de  Saint-Gilles,  par  brevet  de  i656. 
C'est  ainsi  qu'il  y  fit  son  entrée,  au  rapport  du  sieur  la 
Beriinière-Le-Tellier,  dans  son  journal  manuscrit  :  «  Le 
baron  de  Sottevast  est  venu  en  cette  ville  sur  les  dix  heures 
du  matin,  dimanche /3  décembre  i656,  prendre  posses- 
sion du  château,  au  gouvernement  duquel  il  était  pourvu 
par  S.  M.  à  la  place  du  biaron  de  Saint-Gilles.  Ledit  sieur 
de  Sottevast  est  premièrement  venu  se  rendre  en  la  maison 
de  M.  Le  Bedey,  viconte,  accompagné  de  sept  ou  huit 

(1)  Nov.  Gai.  christiana,  t.  XI,  col.  460-461. 


335 

personnes  à  cheval,  puis  est  allé  au  château  oti  étaient  1 5 
ou  i6  soldats  qui  y  avaient  été  envoyés  par  M.  de  Mati- 
gnon pour  garder  la  place  jusqu^à  œ  quUl  y  eut  un  gouver- 
neur pourvu  ;  et  après  y  avoir  été  quelque  temps,  les  bour* 
geois  étaient  allés  en  armes  le  saluer,  sous  la  conduite  de 
MM.  de  Saint- Vast-Peticœur^  et  du  Bosq<d^Auxaîs,  capi- 
taines; de  M.  de  Saint- Vigor-Guienros,  qui  portait  Ten* 
seigne  de  la  ville,  lesquels  furent  remerciés  par  ledit  sieur 
gouverneur  à  l'entrée  du  pont  du  château,  parce  que  les 
soldats  qui  le  gardaient,  ne  voulurent  permettre  qu^au- 
cun  des  bourgeois  y  entrassent  avec  leurs  armes,  telle- 
meat  qu^ils  furent  obligés  de  se  retirer  après  avoir  tous 
tiré  devant  ledit  château*  Cela  bât,  M.  le  Viconte  et 
Messieurs  les  Echevins  accompagnés  d'un  nombre  de 
bourgeois,  furent  le  saluer  en  corps,  auxquels  il  fit  grande 
réception,  leur  témoignant  qu'il  servirait  la  ville  en  tout 
ce  qu'il  pourrait. 

«  Le  lundi  1 8  du  même  mois,  madame  son  épouse 
arriva  icy  à  trois  heures  après  midy.  Elle  reçut  les  mêmes 
honneurs  de  la  Bourgeoisie  qui  s'était  mise  sous  les  armes 
au  nombre  de  120  hommes»  sous  les  ordres  de  M.  du 
Bosq,  leur  capitaine.  1^ 

Il  mourut  à  Bayeuz  le  12  mars  1660.  Son  corps  fut 
porté  à  Coulons  et  enterré  dans  le  chœur  de  Tégiise.  Il 
avait  épousé  par  contrat  du  2  septembre  1645,  demoi* 
selle  Marguerite  Bretel,  fille  de  Raoul,  chevalier,  seigneur 
de  Grémonville,  second  président  au  Parlement  de  Rouen, 
et  d^Isabeau-Madeleine  Groullard,  fille  de  Claude,  sei- 
gneur de  La  Cour,  premier  président  au  même  Parlement. 
La  dame  de  Coulons  mourut  le  23  juillet  i683,  et  fut  en- 
terrée à  Coulons  auprès  de  son  mari.  Leurs  enfants  furent 
le  suivant,  et  François- Augustin  de  Couvert,  chanoine 
de  Cambremer  en  la  cathédrale  de  Bayeux. 


3Î^ 

Raoul-Radulphe  de  Couvert,  chevalier,  seigneur  de 
Coulons,  Auderville,  Breuville,  Belleville,  capittine  de 
cavalerie,  gouverneur  de  Bayeux,  par  arrêt  de  confirma- 
tion du  Roi  en  1660,  fit  sa  preuve  de  noblesse  en  1666, 
devant  Guy  de  ChamiUard  dans  le  registre  duquel  il  est 
employé  comme  ancien  noble.  Il  mourut  le  23  octobre 
1709,  et  son  corps  fut  porté  à  Coulons. 

Voici  la  cérémonie  observée  à  cette  occasion,  suivant 
une  note  manuscrite  de  M.  Descrametot,  chanoine  de 
Bayeux  ;  c  Le  soir  précédent,  à  7  heures  et  demie,  on 
sonna  toutes  les  cloches  de  la  cathédrale,  des  paroisses  et 
des  communautés,  le  lendemain,  après  le  service  où  assis- 
tèrent les  paroisses  et  communautés,  on  partit  pour  aller 
au  chftteau  pour  lever  le  corps  ;  on  le  conduisit  par  Saint- 
Nicolas  et  par  la  grande  rue  Saint-Malo  jusqu^entre  les 
deux  portes,  là  où  on  le  mit  dans  un  chariot  pour  être  poné 
à  Coulons:  on  chanta  le  Libéra,  et  ensuite  les  Laudes; 
toutes  les  cloches  de  la  ville  sonnèrent  pendant  toute  la 
cérémonie.  Les  troupes  de  la  garnison  précédaient  le  corps, 
ensuite  toqs  les  moines  et  le  clergé  suivaient  le  corps,  la 
noblesse,  le  corps  de  justice,  la  bourgeoisie  en  armes, 
toutes  les  torches  de  chaque  métier  de  la  ville  et  de  la  jus- 
tice. Les  moines  et  prêtres  des  paroisses,  la  garnison,  la 
noblesse,  la  bourgeoisie  le  conduisirent  jusqu'à  la  Fosse- 
Borel  ;  la  bourgeoisie  alla  jusqu^au  Recouvry,  la  noblesse 
jusqu^à  Coulons. 

c  Quatorze  jours  après,  service  solennel  dans  le  chœur 
de  la  cathédrale  pour  ledit  sieur  gouverneur.  Tout  était 
tendu  de  noir  dans  le  chœur.  MM.  de  la  Noblesse  et  de 
la  Justice  y  assistèrent.  On  en  fit  autant  dans  chacune  des 
paroisses  et  communautés  de  la  ville.  » 

Il  avait  épousé  :  i»  par  contrat  du  Soaoût  1680,  reconnu 
le  2  octobre  suivant,  demoiselle  Marie  Néelde  La  Caillerie, 


537 

veuve  de  Raphaël  Couespel,  seigneur  des  Castillons,  fille 
de  Jacques,  écuyer,  seigneur  de  La  Caillerie,  et  de  Mar- 
guerite Le  Breton  de  Lormelle.  Cette  dame  mourut  le 
3i  mai  1686  et  fut  enterrée  à  Coulons; 

2»  Par  contrat  passé  devant  les  notaires  du  Châtelet  de 
Paris,  le  27  mars  1 690,  demoiselle  iEsther  Chardon,  sœUr 
de  la  comtesse  de  Courtomer,  laquelle  décéda  dans  un 
grand  âge  en  1757,  et  fut  portée  à  Cqulons,  oîi  Ton  voit 
dans  le  chœur  son  épitaphe  ainsi  conçue  : 

«  Cx  gist  noble  Dame  jEsther  Chardon  veuve  de 
messire  Raoul  de  Couvert,  seigneur  de  Coulons,  Au- 
derville,  Brenville^  et  autres  lieux,  Gouverneur  des 
ville  et  château  de  Bayeux. 

«  Esther  avec  une  grandeur  d^ame  décidée  et  unepru- 
dence  consommée,  a  r'empli  tous  les  devoirs  de  fidèle 
épouse,  de  tendre  mère,  de  maîtresse  bienfaisante,  de 
veuve  héroïne,  et  d'honorable  gouvernante.  Convertie 
dès  sa  jeunesse  à  la  religion  catholique,  toujours  elle  a 
vécu  de  la  vie  de  la  foi,  âgée  de  g4  ans  6  mois  en  lySj. 
Le  26  janvier  nous  Pavons  perdue  sur  la  terre,  prions 
Dieu  de  la  retrouver  au  Ciel.  » 

Du  premier  lit  vinrent  :  une  fille  morte  en  minorité,  et 
Marie-Roberde,  religieuse  à  Cordillon,  morte  le  1 1  dé- 
cembre 1753,  âgée  de  68  ans. 

Du  second  lit  sont  nés  :  i^  Daniel-Raoul  de  Couvert, 
seigneur  de  Coulon,  Auderville,  capitaine  de  cavalerie  au 
régiment  du  Roi,  pourvu  du  gouvernement  de  Bayeux  à 
la  place  de  son  père,  mort  sans  alliance.  Le  24  juillet 
1721,  selon  le  manuscrit  de  M.  Descramétot»  on  porta  à 
Coulons  le  corps  de  feu  M.  le  Gouverneur  de  Bayeux  ; 
ce  fut  de  grand  matin.  II  n'y  eut  aucune  cérémonie.  Le 
jeudi  3i  du  dit  mois,  on  lui  fit  un  service  solennel  à  la 
cathédrale,  le  chœur  fut  tendu  en  noir  et  parsemé  d'écus- 


33» 

sons.  On  lui  en  fit  autant  dans  toutes  les  paroisses  et  com- 
munautés. Tune  après  Pautre  ; 

2**  Robert-Tranquille  de  G>uvert,  seigneur  de  Cou- 
lons, prêtre,  abbé  de  Longues,  prieur  commandataire  de 
Marchesîeuz  au  diocèse  de  Coutances,  archidiacre  de 
Gien,  chanoine  d'Esquay,  puis  de  La  Mare,  en  Téglise  de 
Bayeux,  décédé  le  i5  mars  1759.  Il  avait  cédé  de  son 
vivant  la  terre  de  Coulons  au  suivant; 

3^  Guy-Augustin-Henry  de  Couvert,  qui  a  son  article 
ci-après  ; 

49  Alexandre  de  Couvert,  seigneur  de  Brenville,  capi- 
taine de  Saint-Domingue,  pensionnaire  du  Roi  ; 

50  Jacques-Antoine  de  Couvert,  sieur  de  Tancarville, 
lieutenant  de  cavalerie  au  régiment  du  Roi,  mort  sans 
alliance  à  Sottevast  le  27  septembre  1737; 

60  N...,  de  Couvert,  sieur  de  Cardon  ville  ; 

70  Louis-Auguste  de  Couvert,  enseigne  des  gardes  du 
pavillon  amiral  au  département  de  Brest,  mort  en  dé- 
cembre 1740  sur  la  côte  de  Saint-Domingue; 

8^  Antoine- Henry  de  Couvert,  prêtre,  chanoine  de 
Feuguerolles,puis  de  La  Mare^  àla  cathédrale  de  Bayeux; 

90  François-Raoul  de  Couvert  d^Auderville,  chanoine 
d^Esquay  en  la  même  église  ; 

10**  Alexandre  de  Couvert  de  Coulons,  chevalier  de 
rOrdre  militaire  de  Saint-Louis,  gouverneur  des  ville  et 
château  de  Bayeux,  ancien  capitaine  de  grenadiers  au 
régiment  royal.  Il  a  servi  dans  la  guerre  d'Italie  contre 
Fempereur  Charles  VI,  et  dans  celle  de  Flandres  contre 
la  reine  de  Hongrie  et  ses  alliés.  Il  fut  blessé  à  la  bataille 
de  Fontenoy  en  1745,  et  au  genou  en  1749,  au  fameux 
siège  de  Bergopzoom.  Cette  blessure  Tobligea  de  se  faire 
rapporter  à  Bayeux  pour  se  rétablir.  Son  neveu,  gouver- 
neur de  cette  ville  étant  mort  à  Bruxelles  en  1748,  M.  le 


î}9 

chevalier  de  Coulons  obtint  en  considération  de  ses  ser- 
vices le  gouvernement,  et  la  charge  d'écuyer  delà  reine.  Il 
épousa  ensuite  le  4  février  1747,  demoiselle  Charlotte  Le 
Quens  de  Varaville,  fille  de  Clément,  viconte,  et  depuis 
lieutenant  général  à  Bayeux,  et  de  noble  dame  Françoise 
Hélyes^dont  il  a  eu  deux  filles  nées  en  1750  et  1751  ; 

I  lo  Eulalie-Louise  de  Couvert,  femme  de  noble  homme 
Farin,  sieur  de  La  Perelle  de  La  Maloizelière,  cheva- 
lier de  Tordre  militaire  de  Saint-Louis,  commandant  du 
second  bataillon  d'artillerie,  décédée  à  Vire  en  1747; 

12»  Marie- Rose  de  Couvert,  religieuse  en  Tabbaye  de 
Cordillon,  morte  âgée  de  3g  ans,  le  i3  juin  1745. 

Guy- Augustin- Henry  de  Couvert,  chevalier,  seigneur 
et  patron  de  Coulons,  Beuvrigny,  écuyer  ordinaire  de  la 
reine,  gouverneur  des  villes  et  château  de  Bayeux,  troi- 
sième fils  de  Raoul-Radulphe  de  Couvert  et  d'Esther 
Chardon.  Il  fut  d'abord  destiné  à  Téglise  et  pourvu  de  la 
prébende  de  Coulombières  dans  l'église  de  Bayeux.  Après 
le  décès  de  son  frère  aîné,  il  demanda  au  duc  d'Orléans, 
régent  du  royaume,  le  gouvernement  de  Bayeux  pour  un 
de  ses  frères,  et  ce  prince,  par  un  témoignage  particulier 
d^estime,  le  lui  accorda  à  lui-même,  ce  qjii  lui  fit  quitter 
Tétat  ecclésiastique.  Il  en  prit  possession  le  21  juin  1723. 
MM.  du  Chapitre  lui  présentèrent  le  pain  et  le  vin.  Les 
corps  le  complimentèrent,  la  bourgeoisie  sous  les  armes, 
alla  le  saluer  au  château  où  il  y  eut  table  ouverte  et  le 
soir  feu  de  joie;  le  27  il  donna  à  manger  à  la  noblesse. 
Dans  le  voyage  qu'il  fit  à  Bayeux  en  1743,  M.  Tabbé  de 
Coulons  lui  céda  la  terre  de  Coulons  dont  il  jouissait  à 
droit  d'aînesse,  et  étant  retourné  à  la  Cour,  il  mourut  à 
Fontainebleau  à  la  fin  de  novembre  de  la  même  année. 
On  lui  fit  un  service  solennel  en  la  cathédrale  de  Bayeux 
le  20  février  1744.  Il  avait  épousé,  par  traité  reconnu  le 


J40 

22  mars  ijio,  Marie-Madeleine  Georges  de  Beuvrigny, 
veuve  de  Marie*Louis  Le  Sens,  marquis  de  Morsent,  dont 
Henry-Augusdn  qui  suit  ;  2»  Charlemagne  qui  a  succédé 
à  son  frère  ;  3»  Cfaarlemagne-François,  chapelain  de  TAn- 
nonciation  en  Féglise  de  Bayeux,  mort  le  6  d*août  i75i, 
et  49  une  demoiselle. 

Henry-Augustin  de  Couvert,  chevalier,  seigneur  et 
patron  de  Coulons,  Auderville,  Mithois,  capitaine  au 
régiment  Roïal-Etranger-Cavalerîe,  écuyer  ordinaire  de  la 
reine,  gouverneur  de  Bayeux,  desquelles  charges  il  fut 
pourvu  après  la  mon  de  son  père.  Il  vint  à  Bayeux  en 
1 743  povir  la  première  fois  avec  son  père,  et  y  forma  sa 
nouvelle  compagnie.  Il  servit  en  Flandre  sous  les  ordres 
de  S.  M.,  et  de  M.  le  maréchal  de  Saxe  ès-années  1744, 
1745,  46  et  47.  Il  se  trouva  aux  batailles  de  Fontenoy,  de 
Raucourt  et  de  Lawfeld,  que  Ton  gagna  sur  les  alliés. 
II  revint  à  Bayeux  en  1747,  et  prit  possession  le  4  no- 
vembre de  son  gouvernement.  Il  assista  encore  Tannée 
suivante  au  siège  de  Maestrick,  et  mourut  à  Bruxelles  sans 
alliance  en  1748.  On  lui  chanta  un  service  solennel  à  la 
cathédrale  de  Bayeiix  le  2 7  septembre  1748. 

Charlemagne  de  Couvert,  chevalier,  seigneur  et  patron 
de  Coulons,  Auderville,  etc.,  hérita  de  son  frère  aîné.  Il 
épousa  le  mardi  21  novembre  1758,  demoiselle  Hélène- 
Charlotte  Aubert  d'Ailly,  fille  puînée  de  M.  Charles- 
François-Toussaint  Aubert,  chevalier,  seigneur  et  patron 
d^Ailly,  de  Sacy  et  autres  lieux,  et  de  Gaude-Louise  de 
Beaurepaire,  de  la  paroisse  d'Ailly,  élection  de  Falaise, 
dont  plusieurs  enfants. 

Cène  paroisse  est  à  2  lieues  de  Bayeux,  et  à  trois  quarts 
de  lieue  du  bourg  de  Crcully. 


341 

Cully  (Saint-Martin  de).  Sergenterie  de  CreuUy,  élec- 
tion de  Caen^  200  feux,  notariat  de  Creully. 

Cette  paroisse  est  traversée  par  la  petite  rivière  de  Thue. 
liy  a  2  villages,  le  Grand-Village  et  l'Argerie,  et  2  ha- 
meaux qui  sont  le  Grand  et  le  Petit- Vey.  Elle  est  à 
3  lieues  de  Bayeux  et  de  Caen,  et  à  trois  quarts  de  lieue 
du  bourg  de  CreuUy.  Quant  à  la  dîme,  une  gerbe  sur 
5  appartient  au  curé,  2  au  chanoinejde  Cully,  les  2  autres 
font  le  fond  d^une  fondation  qu^on  appelle  :  le  personnat 
de  Cully,  qui  n^est  point  érigé  en  bénéfice.  Le  seigneur 
nomme  à  cette  fondation,  à  la  cure,  et  à  la  chapelle  domes- 
tique du  titre  de  la  Sainte-Vierge,  qui  est  dans  la  cour  du 
château. 

Hermant  parle  du  personnat  de  Cully  comme  d^un 
bénéfice  érigé  en  titre  (i).  En  vertu  d'une  bulle  de  Qé- 
ment  VI,  dit-il,  datée  du  11  mai  1346,  sur  Texposition 
que  Guillaume  Bertrand, ^évêque  de  Bayeux  en  avait  faite 
touchant  un  différent  qui  s'était  mû  entre  Tabbé  de  Cerisy, 
le  prieur  de  Saint-Fromond,  et  le  seigneur  temporel 
de  Creully,  Jean,  évêque  d'Avranches,  érigea  le  personnat 
de  Cully,  en  conservant  au  seigneur  de  Creully,  les  biens 
et  les  honneurs  qu'il  possédait  dans  cette  paroisse,  parce 
que  de  son  côté  il  abandonnait  les  menues  dîmes  qu'il 
avait  dans  cette  paroisse,  aussi  bien  que  les  offrandes  qu'il 
laissa  au  curé  qui  devait  desservir  ce  personnat  (2]. 

La  prébende  de  Cully  fut  fondée  dans  le  xii«  siècle,  par 
Richard  de  Douvre,  évêque  de  Bayeux,  on  en  ignore 
l'année.  Suivant  un  aveu  du  temporel  du  chapitre  de 
Bayeux,  le  chanoine  de  Cully  est  patron-collateur  des 
cures  de  Montbertrand  et  de  Tracy-sur-la-Mer.  Il  ^  le 

{i)Hht.  du  Dioc,  de  Bayeux^  p.  277. 
(2)  Ms.  de  Potier. 


342 

tiers  de  i^intégrité  des  dimes  de  Tracy,  et  paye  le  tiers  de 
la  pension  au  curé.  Il  a  aussi  les  deux  tiers  des  grosses 
dimes  de  Montbertrand,  et  2  gerbes  de  dimes  dans  la 
paroisse  de  Cully,  du  nombre  de  5  qui  sont  perçues 
par  tous  les  décimateurs  de  la  dite  paroisse  ;  et  sur  ces 
2  gerbes,  il  doit  payer  tous  les  ans  1 5  livres  de  rente  à 
Pabbaye  de  Saint-Etienne  de  Caen,  du  nombre  de 
3o  qui  sont  dues  par  les  2  décimateurs  de  Cully,  et  en 
outre  ils  sont  obligés  de  payer  une  muaison  de  60  bois- 
seaux, savoir  :  20  d^avoine,  20  de  froment,  et  20  d'orge 
par  chacun  an  au  curé  de  Cully  ;  et  de  plus  de  faire  tous 
deux  la  récolte  de  la  dîme,  tant  par  eux  que  pour  le  curé, 
avec  une  grange. 

La  terre  de  Cully  a  donné  le  nom  à  une  très  ancienne 
maison  dont  était  M.  Richard  de  Cully  qui  se  croisa  en 
1096  pour  la  Terre-Sainte.  Les  armes  sont  :  d'azur  au  chef 
d'or  et  à  3  merlettes  de  gueules  en  chef.  Guillaume  d'Oc- 
teville,  écuyer,  héritier  de  feu  messire  Guillaume  de 
Cully,  chevalier,  tenait  en  1453  de  la  baronniede  Douvre 
par  foi  et  hommage,  un  demi-fief  de  hautbert  assis  à  Cul- 
ly nommé  le  fief  de  Bayeux,  et  sMtend  ès-paroisses  d'Au- 
drieu,  Basly,  Sainte-Croix,  Lanteuil  et  ailleurs.  De  cette 
terre  relèvent  en  arrières-fiefs  ceux  de  Vaussieu,  Chouain 
et  Fresné-le-Croteux  (i). 

Guillemette  d'Octeville,  dame  d'Octeville  et  de  Cully, 
fille  de  Jean,  écuyer,  seigneur  des  dites  terres,  épousa  par 
contrat  du  26  janvier  1430,  Thomas  Pellevé  U'  du  nom, 
seigneur  d'Aubigny  et  de  Tracy  (2).  Outre  ces  deux  terres 
dont  le  dit  Thomas  hérita  à  cause  de  sa  femme,  Thistorien 


(i)  Aveu  de  l'évêché  de  Bayeux  en  1453. 

(2)  Hist.  des  grauds  Offic.  de  la  Cour,  t.  II,  p.  76. 


M3 

de  la  maison  de  Harcourt  y  met  encore  celles  d^Âmayé- 
sur-Seulle  et  de  Quesnay-Guesnon  |î). 

Jacques  de  Pellevey  fut  pourvu  le  i8  septembre  1471 
de  la  prébende  de  CuUy^  vacante  par  la  démission  de 
Jean  du  Bec,  archidiacre  de  Caen  (2). 

Jean  Pellevey,  docteur-ès-droits,  trésorier  de  Croissan- 
ville,  obtint  le  16  août  1479,  sur  la  nomination  de  Guil- 
lemette  d^Octeville,  dame  de  CuUy  sa  mère,  le  visa  de 
curé  de  Cully  ;  la  même  année,  il  permuta  sa  trésorerie 
pour  la  chapelle  de  Saint-Pierre  et  Saint-Paul  dans  Fab- 
baye  de  Sainte-Trinité  de  Caen,  avec  le  consentement  de 
Jean  de  Tilly,  chevalier,  seigneur  de  Croissan  ville  (3). 

Robert  de  Pellevé,  seigneur  de  Cully  et  d'Aubigny,  fils 
de  Thomas  et  de  GuilUemette  d^Octeville,  est  qualifié  dans 
les  registres  de  TEchiquier  de  Normandie,  sous  Tan  1490: 
docteur-ès-Iois,  maître  des  requêtes  par  lettres  du  roi 
Louis  XI,  données  à  Arras  le  3o  juillet  1477;  selon  une 
généalogie  manuscrite  il  fut  père  de  : 

Jacques  de  Pellevé,  seigneur  de  Cully,  de  Brécy,  de  la 
Haye-B^llouze,  et  de  la  sergenterie  héréditaire  de  Tori- 
gny  ;  il  fut  père  de  Guillaume  qui  va  suivre  (4). 

Thomas  de  Pellevé,  clerc,  seigneur  d^Octeville,  fut 
nommé  à  la  cure  de  Cully  par  collation  du  pénultième 
juillet  1 509,  et  sur  la  démission  de  Jean  de  Pellevé,  cha- 
noine de  Bayeuz,  et  dès  le  19  décembre  suivant,  il  s*en 
défit  en  faveur  de  Robert  Pellevé,  clerc^  qui  la  remit  aussi 
eni5i8(5). 

Guillaume  de  Pellevé,  chevalier,  seigneur  de  Cully, 

(i)  Hist.  Harc,  t.  II,  p.  ii5o. 
<2)  Reg.  du  Secret,  de  Tévêché. 

(3)  Reg.  du  Secret,  de  Tévéché. 

(4)  Hist.  des  grands  Offlc.,  t.  Il,  p.  77. 

(5)  Reg.  du  Secret,  de  l'évêché. 


J44 

Brécy,  la  Haye-Bellouze,  et  de  la  sergenterie  héréditaire 
de  Torigny,  servit  longtemps  sous  les  ordres  de  Tainiral 
Coligny,  qui  lui  fit  expédier  en  cette  qualité  des  lettres  de 
capitaine  général  de  la  côte  de  Normandie  le  29  janvier 
i552.  Guillaume  de  Pellevé,  seigneur  de  CuUy  nomma 
en  1 567  Jean  Suhard,  clerc  à  la  cure  de  Cully  (  i  ). 

De  Marguerite  de  Clère  son  épouse  il  eut  :  Olivier  de 
Pellevé,  seigneur  deCuUy,  mort  sans  alliance:  Charles 
de  Pellevé^  seigneur  d'Aubigny,  chanoine  de  Bayeux,  et 
4  filles  héritières. 

Nous  trouvons  aussi  que  Thomas  de  Pellevé,  II«  du 
nom,  seigneur  d^Aubigny  et  d^Amayé,  troisième  fils  de 
Thomas  I^  du  nom,  posséda  les  seigneuries  d'Octeville, 
d^Amonlaville  et  de  Cully  (2),  et  qu^il  vivait  encore  le 
25  janvier  i  bo^,  lors  du  mariage  de  Charles  de  Pellevé^ 
seigneur  de  Jouy,  son  fils,  père  du  cardinal  de  Pellevé  et 
de  Robert  de  Pellevé,  évéque  de  Pamiers. 

Guy  de  Bricqueville,  chevalier  de  POrdre  du  roi,  sei- 
gneur de  Sainte-Croix,  Acqueville,  Loucelles,  Putot  et 
Cully,  nomma  en  1587  le  siège  vacant,  au  personnat  de 
Saint-Martin  de  Cully,  fondé  en  Téglise  paroissiale  du 
dit  lieu,  à  cause  de  la  terrç  noble  de  Cully  (3). 

Jacqueline  de  Guerville,  dame  de  SÂinte-Croix  et  de 
Cully,  nomma,  en  1645,  à  la  chapelle  Notre-Dame  du 
château  de  Cully. 

La  seigneurie  de  Cully  et  celle  de  Sainte-Croix,  pos- 
sédées conjointement  par  M.  le  marquis  de  Lassey, 
appartiennent  aujourd'hui  à  M.  le  comte  de  la  Guiche. 


(i)  Hist.  des  grands  Offic,  ut  supr. 

(2)  Hist.  des  grands  Offic.,  t.  M,  p.  77  et  suit. 

(3)  Reg.  de  l'évéché. 


34S 

Eterville  {Saint-Jean  d').  Sergentcric  d'Evrecy,  élec- 
•  tion  de  Caen,  5o  feux,  notariat  de  Caen . 

Cette  paroisse  est  située  au-dessus  de  Caen,  sur  la  rive 
occidentale  de  la  rivière  d'Orne.  Son  nom  ne  vient  pas  de 
Strata^  villa,  comme  Ta  cru  M.  de  Valois,  mais  de 
Easther,  déesse  des  anciens  saxons,  selon  M.  Bochard. 
La  nomination  de  la  cure  appartient  au  seigneur,  et  la 
dîme  au  curé  (i). 

Elle  a  été  possédée  par  une  famille  noble  qui  en  por- 
tait le  nom.  Roger  d^Esterville  était  seigneur  et  patron 
d'Esterville  en  i356  (2).  N.  d'Esterville,  héritière d^Ester- 
ville,  épousa  vers  le  milieu  du  xvi^  siècle  Claude 
d'Achey,  seigneur  de  Serquigny,  cinquième  fils  de  Jean, 
et  de  Renée  Le  Conte  de  Nouant  dont  naquit  Charles 
d'Achey,  seigneur  d'Esterville,  marié  à  Gillonne  de  La 
Mare^  héritière  de  Leffrie,  dont  il  eut  des  enfants  (3). 
Elle  a  passé  depuis  à  MM.  de  Morand  :  Thomas  Morand, 
seigneur  d^Esterville  et  du  Mesnil-Gamier,  trésorier  de 
répargne,  eut  de  Mariotte  Morel  entr^autres,  Thomas, 
baron  du  Mesnil-Garnier,  grand  trésorier  des  ordres,  par 
lettres  du  21  février  1621  (4).  Le  seigneur  d^aujourd^hui 
est  M.  Alexandre-Jean  de  Morand,  chevalier^  seigneur 
d'Esterville. 

Cette  paroisse  est  à  une  lieue  de  Caen. 

FeuguerolleS'Sur-Orne  (Notre-Dame  dej.Sergenterie 
de  PréauXf  élection  de  Caen,  5o  feux,  200  communiants, 
notariat  de  Fresné-le-Puceux. 

Cette  paroisse  est  située  sur  la   rivière  d'Orne,  qui 

(i)Reg.  del'Éyêché. 

(2)  Ex.  Lib.  Peluto. 

(3)  Hist.  Harcourty  t.  II,  p.  1870. 
(4t)Hist,  des  gr.  Offic,,  t.  IX,  p.  Sai. 


346 

passe  au  levant  ;  elle  est  distante  de  Caen  d^environ  sept 
quarts  de  lieue,  et  du  bourg  d'Évrecy  d'une  lieue  et 
demie.  L'église  est  sous  le  vocable  de  la  Sainte- Vierge  et 
de  saint  Antoine.  La  cure  est  en  règle,  parce  qu'étant  à  la 
nomination  du  prieur  du  Plessis-Grimoult,  il  la  fait  des- 
servir par  un  de  ses  chanoines  réguliers.  La  grosse  dîme 
appartient  au  prieuré  du  Plessis,  qui  fait  au  prieur-curé 
une  pension  en  grain  pour  et  au  Heu  du  tiefs.  Cette  pen- 
sion consiste  en  90  boisseaux  de  froment^  90  boisseaux  , 
d'orge,  3oo  gerbes  de  poix  gris,  «et  5oo  bottes  de  paille. 
Les  verdages  appartiennent  au  prieur*curé. 

L'église,  éloignée  d'un  quart  de  lieue  de  la  rivière,  est 
entourée  dé  deux  petits  villages  ou  hameaux  qui  com- 
prennent presque  tous  ses  habitants.  Il  y  a  peu  de  mai- 
sons séparées,  si  on  en  excepte  cependant  la  ferme  appelée 
les  Cours-d'Ome,  qui  est  assez  considérable,  et  la  jolie 
maison  de  M.  Bourgeois,  président  au  grenier  à  sel  de 
Caen,  qui  est  assise  sur  le  bord  de  la  rivière. 

De  plusieurs  fieb  situés  dans  cette  paroisse,  il  y  en  a 
deux  principaux  qui  se  disent  tous  deux  seigneurs  de 
Feuguerolles,  l'un  appartient  à  M.  Fortin,  seigneur  de 
Maltot,  l'autre  à  messire  Henri -François- de -Paule 
d'Aguesseau^  conseiller  d'État,  au  droit  de  Françoise- 
^arthe-Angélique  de  NoUent,  qu'il  épousa  le  4  avril 
1729.  Il  est  fils  de  feu  M.  le  Chancelier,  et  la  dame,  son 
épouse,  est  fille  de  Jean  de  Nollent,  seigneur  d'Erber- 
tot  et  de  Marie-Madeleine-Angélique I de  Nollent,  dame 
de  TrouvîUe-sur-Mer  (i). 

Il  y  a  une  bruyère  d'environ  20  acres  de  petite  mesure; 
une  carrière  de  marbre  rouge,  vis-à-vis  de  Bully;  une 
apparence  de    mine  de  charbon  de  terre,  qu'on  croit 

(i)  Nouveau  diet,  de  Moreri,  t.  X,  à  Ujân. 


347 

bonne,  située  dans  un  petit  coteau  sur  le  bord  de  la 
rivière;  et  enfin  un  bac,  appelé  le  Bac-de-Fontenay, 
parce  qu'il  appartient  aux  religieux  de  cette  abbaye,  mais 
dont  le  batelier  demeure  à  FeugueroUes. 

Cette  paroisse  a  donné  le  nom  à  une  des  prébendes  de 
la  cathédrale  de  Bayeux  ;  son  fief  canonial  est  situé  dans 
le  même  lieu,  et  à  Bully  paroisse  limitrophe.  Il  lui 
appartient  24  acres  et  un  quart  de  terre  en  plusieurs 
pièces.  Il  a  une  maison  prébendale  à  Bayeux  (i).  II  y  a 
dans  le  chartrier  du  chapitre  une  transaction  de  1463, 
par  laquelle  le  chanoine  de  FeugueroUes  consent  de  payer 
20  sous  chaque  année  au  Grand-Couteur,  pour  et  au  lieu 
d^une  petite  maison  que  ce  dignitaire  céda  au  chanoine 
pour  joindre  à  la  sienne. 

Amaury  de  Meullant,  sire  de  Gournay,  en  mariant  Ali* 
sande  de  Meullant  sa  sœur,  à  Guillaume,  sire  ide  Tan- 
carville,  lui  donna  pour  dot  plusieurs  terres  au  diocèse  de 
Rouen,  et  celles  de  FeugueroUes,  de  Venoix,  d'Ifs,  d'Alle- 
magne, de  Placy  et  d'Oystreham  près  Caen,  au  diocèse 
de  Bayeux  (2).  Ce  sire  de  Gournay  est  le  même  qui  fonda, 
en  1 135,  l'abbaye  des  dames  de  Fontaines-Guérard. 

De  Guillaume,  sire  de  Tancarville  et  d^Alisande  de 
Meullant  sonirent  trois  fils  :  Guillaume,  Raoul  et  Gau- 
tier, qui  partagèrent  la  riche  succession  de  leurs  père  et 
mère.  L'aîné  n^eut  point  de  postérité,  et  lors  du  mariage 
d^Alix  de  Tancarville,  sa  nièce,  fille  de  Raoul,  son  frère, 
avec  Robert  Bertrand,  chevalier,  sire  de  Rongeville  et  de 
Briquebec,  il  lui  fit  don  des  terres  de  FeugueroUes, 
Venoix,  Ifs,  et  autres  susdites,  qu'il  avait  eues  de  la  suc- 
cession d^Alisande  de  Meullant,  son  aînée. 


(i)  Aveu  du  temporel  de  la  cathéd.  de  Bayeux. 
(2)  Hitt.  Hare,,  t.  I,  p.  171-172. 


348 

FùntaineS'Étoupefour  (Saint-Martin  de).  Sergenferie 
d^Évreqr,  élection  de  Caen,  80  feax,  400  habitants,  nota- 
riat d'Évrccy. 

Cette  paroisse,  située  sur  la  rivière  d'Odon,  est  à  une 
lieue  et  demie  de  Caen,  du  côté  du  couchant.  La  présen- 
ution  de  la  cure  appartient  au  prieuré  du  Plessis-Gri- 
moult.  Les  grosses  dîmes  sont  divisées  entre  les  religieux 
du  Plessis  et  de  Fontenay,  et  Tabbaye  de  Cordillon. 

Il  y  a  4  hameaux  :  P  au  tnidi,  et  à  un  quart  de 
lieue  de  Téglise,  la  maison  du  seigneur  avec  deux  grosses 
fermes,  qu^on  appelle  les  fermes  de  La  Capelle.  Il  y  a  dans 
la  maison  une  chapelle  domestique,  le  hamel  Hédine 
sur  la  même  ligne,  mais  moins  éloigné  n^est  qu'une 
ferme;  2^  le  hameau  des  Sales,  au  nord,  proche  le  pont  de 
Verson;  3o  le  hameau  du  Moulin  au  couchant;  40  le  vil^ 
lage  de  Gournay,  au  couchant,  voisin  de  la  bruyère  de 
Baron.  C^est  là  oti  Ton  voit  les  traces  du  Chemin  Haussé 
pour  aller  de  Bayeux  vers  Falaise,  qu^on  attribue  Ceiusso- 
ment  au  duc  Guillaume,  et  qui  n'est  autre  qu'une 
ancienne  route  romaine.  Ce  chemin  partage  Fontaines- 
Étoupefour  avec  la  paroisse  de  Baron. 

Dame  Catherine  Bourdin,  étant  veuve  de  Louis  Le 
Valois»  seigneur  d^Escoville,  vicomte  de  Caen,  rendit 
aveu  en  1 549  de  sa  terre  de  Fontaines  pour  un  demi-fief 
d^haubert^  relevant  du  roi,  située  dans  la  sergenterie  de 
Cheux,  vicomte  d'Évrecy  (i). 

Jean  Le  Valois,  seigneur  de  Fontaines-Etoupefour,  son 
fils  aîné,  fut  élevé  page  de  la  chambre  du  roi,  ensuite 
homme  d'armes  des  ordonnances  de  S.  M.  sous  la  charge 
du  seigneur  de  Sainte-Marie-Du-Mont,  puis  gentilhomme 
ordinaire  de  sa  chambre.  Il  épousa  Diane  de  Warignies, 

(i)  Armor.  génial,  de  la  France^  reg.  I,  lie  partie,  p.  Sçg. 


349 

fille  de  Tenn^uy,  seigneur  de  Blainville,  lieutenant  de 
roi  au  bailliage  de  Gten,  dont  des  enfants. 

La  seigneurerie  de  Fontaines-Étoupefour  appartient 
aujourd'hui  à  messire  Pierre  Le  Viconte,  marquis  de 
Blangy, 

Fresne-Camilly  (Notre-Dame  de  TAssomption).  Ser- 
genterie  de  Creully*,  élection  de  Caen,  98  feux,  notariat 
de  Creully. 

Cette  paroisse  est  située  entre  celle  de  Caynet  et  de 
Than,  à  4  lieues  de  Bayeux  et  2  lieues  de  Caen.  Le  haut- 
doyen  de  la  cathédrale  de  Bayeux  présente  de  plein  droit 
à  la  cure,  et  perçoit  toutes  les  dîmes.  CamiUy  est  une 
terre  seigneuriale  de  cette  paroisse  oîi  il  y  a  une  maison 
distinguée  et  de  bblles  avenues.  Elle  a  appartenu  long- 
temps à  messieurs  Blouet^  dont  une  branche  porte  le 
surnom  de  Than,  et  Tautre,  qui  est  éteinte,  avait  pris 
celui  de  Camilly.  Celle-ci  a  été  illustrée  par  M.  François 
BloUet  de  Camilly,  évéque  de  Toul,  depuis  archevêque 
de  Tours,  mort  en  1723;  et  par  M.  Blouet,  dit  le  cheva- 
lier de  Camilly,  vice-amiral  de  France,  mort  en  1753. 
M.  de  Bernières,  seigneur  de  Gavrus  et  de  Mondrainville, 
leur,  neveu,  en  a  hérité.  Il  est  seigneur  honoraire  de 
Fresne-Camilly. 

Lasson  (Saint-Pierre  de).  Sergenterie  de  Bernières, 
élection  de  Caen,  5o  feux,  notariat  de  Caen. 

Cette  paroisse,  appelée  autrefois  Lachorij  est  située  à 
2  lieues  de  Caen.  Elle  est  bornée  au  midi  par  la  paroisse  de 
Rotz,  dont  elle  est  séparée  en  partie  par  des  prés  ou  maré- 
cages, et  en  panie  par  des  terres  à  labour;  au  levant,  par 
la  paroisse  de  Rosel,  dont  elle  est  séparée  par  le  cours  de 
la  fontaine  Ricara,  autrefois  nommée  Richard^Raoul^ 


3S0 

(MF  lâT  riyiére  de  Mue,  et  par  le  ooun  du  ruisietu  de 
Conet^  chacun  eu  partie;  au  nord,  en  partie,  par  la 
paroisse  de  Cairon,  dont  elle  est  séparée  par  une  petite 
prairie  et  par  des  terres  à  labour,  et  en  partie  par  le  terroir 
de  la  paroisse  deThan  ;  au  couchant,  par  les  paroisses  de 
Fresne  et  de  Sicqueville-en-Bessin,  desquelles  elle  est 
séparée  par  le  cours  du  ruisseau  de  Chirosme,  qui  prend 
sa  source  du  côté  de  Bretteviile>rOrgueilleuse. 

L'église  et  le  village  de  Lasson  sont  placés  vers  le  nord- 
est  de  3  hameaux  qui  en  dépendent  :  le  Marais,  Bray 
et  Neuf-Mers.  Le  village  de  Lasson  consiste  en  une  ving- 
taine  de  maisons,  et  est  contigQ  au  château  du  seigneur, 
proche  duquel  est  un  moulin  à  eau  sur  la  rivière  de 
Mue. 

En  suivant  cette  rivière  vers  sa  source  du  côté  de  Rotz, 
aux  jouxtes  4le  la  paroisse  de  Rozel,  on  trouve  de  mau- 
vaises prairies,  et  un  petit  bois  taillis.  Ces  marécages  ont 
donné  le  nom  au  hameau  du  Marais  qui  y  est  contigû  et 
s^étend  en  longueur.  Il  consiste  en  une  vingtaine  de  mai- 
sons. A  Pextrémité  des  prairies,  on  trouve  une  maison 
détachée  avec  l'herbage  du  Vauculet.  Cette  maison, 
dépendante  de  Lasson,  est  attenante  à  la  cage  d^un  mou- 
lin à  eau  sur  la  même  rivière  de  Mue,  qui  dépend  de  la 
paroisse  de  Rotz.  Les  dites  maisons  et  moulin  appar- 
tiennent au  seigneur  de  Lasson,  ainsi  qu^une  ferme 
détachée,  nommée  la  ferme  du  Marais. 

De  là,  en  suivant  les  jouxtes  du  territoire  de  Rotz,  et 
allant  vers  Siqueville,  on  trouve,  à  un  quart  de  lieue  de 
la  dite  ferme,  le  hameau  de  Bray,  consistant  en  une  tren- 
taine de  maisons,  situé  au  sud*ouest  de  Téglise,  dont  il 
est  distant  d^une  demi-lieue. 

De  là,  à  un  demi-quart  de  lieue  en  retournant  vers 
l'église,  se  trouve  le  hameau  de  Neuf*Mers,  consistent  en 


une  douzaine  de  maisons,  et  une  ferme  appartenant  au 
seigneur  de  Lasson.  A  quelque  distance  de  ce  hameau, 
proche  le  chemin  qui  tend  à  Siqueville,  en  approchant  du 
ruisseau  du  Chîrosme,  le  seigneur  de  Lasson  a  une 
carrière  de  laquelle  on  tire  de  fort  bonne  pierre  de  taille. 

Il  7  avait  autrefois  dans  Téglise  une  confrérie  de  Saint- 
Nicolas  qui  n'existe  plus.  Le  seigneur  de  Lasson  présente 
à  la  cure.  Vers  Tan  1 200,  Petrus  de  Lackon  aumôna  au 
chapitre  de  Saint-Pierre  de  Lisieux  toutes  les  dîmes 
appartenantes  à  Téglise  de  Lasson.  Depuis  ce  temps,  la 
dîme  est  divisée  en  trois  parties,  dont  la  première  au  curé, 
la  seconde  au  chapitre  de  Lisieux,  et  la  troisième  au 
chapitre  de  Bayeux,  par  don  à  lui  fait  en  1242  par 
Thomas  de  Fréauville,  évêque  de  Bc^yeux,  et  ratifié  par 
Guy,  son  successeur.  On  ignore  comment  se  sont  faits  ces 
arrangements  (v). 

Il  y  avait  aussi  une  chapelle  de  Saint-Antoine,  située 
proche  la  ferme  du  Marais,  à  la  nomination  du  seigneur 
de  Lasson.  Il  n'en  paraît  plus  de  vestiges.  Dans  le  Livre 
Pelut,  il  en  est  parlé  ainsi  sous  le  doyenné  de  Maltot  : 
Capella  de  Maresto.  Thomas  de  Maresto  armiger  pa- 
tronus,  et  à  la  fin  de  la  liste,  on  a  ajouté,  en  écriture  du  * 
xv«  siècle  :  Capella  sancti  Antonis  de Lachonœ,  dominus 
prœdicti  loci  présentât  domino  Bajocensi.  On  peut 
présumer  que  cela  regarde  la  même  chapelle.  Charles  Le 
Louve],  écuyer,  gentilhomme  ordinaire  de  la  chambre  du 
roi,  capitaine  de  5o  hommes  d^armes,  seigneur  et  patron 
de  Montmartin,  Liverville,  Beâumanoir,  Fourneaux  et 
Sainte-Honorine,  nomma,  le  21  octobre  i6o5,  à  la  cha- 
pelle de  Saint- Antoine  de  Lasson. 

M.  Marc- Antoine-Nicolas  de   Croixmare,  chevalier, 

(i)  Hist.  du  diocèse  de  Bayeux^  p.  ai8  et  aao. 


352 

seigneur  de  Lasson,  ett  teul  seigneur  de  cette  paroisse, 
où  il  a  moulin  et  four  bannaux.  Le  fief  de  Lasson  est  un 
plein  fief  d^hautbert,  qui  est  mouvant  du  roi,  et  s^étend 
es  paroisses  de  Rosel,  Cairon,  Buissons,  Villons,  le 
Fresne  et  Sicqueville.  La  ferme  du  Marais,  dont  on  a 
parlé  ci-dessus,  est  un  fief  relevant  noblement  du  fief  de 
Lasson.  Il  y  a  encore  d^autres  fieb>  mais  tous  aux  mains 
du  seigneur.  Le  chflteau,  dans  lequel  il  y  a  une  chapelle 
domestique,  est  remarquable  pat  son  antiquité,  et  la 
noblesse  du  goût  dans  lequel  il  est  bâti.  Il  est  accompagné 
de  bosquets,  bois  taillis,  haute  futaie,  et  par  quelques 
prairies  arrosées  par  la  rivière  de  Mué,  et  par  le  'ruisseau 
du  Conet  qui,  près  de  là,  vient  se  joindre  à  la  rivière. 

Contrat  passé  devant  Jean  et  Richard  Briand,  tabel- 
lions à  Caen  en  144 1»  par  noble  homme  messire  Olivier 
de  Vassy,  chevalier,  seigneur  de  La  Forét-Auvray  et  de 
Lasson  (1). 

Jacques  Tésart,  II*  du  nom,  seigneur  des  Essans  et  de 
Lasson,  baron  de  Toumebu  par  acquisition,  était  en- 
seigne de  la  compagnie  de  messire  d^Aubigny  en  i554, 
et  de  celle  du  comte  d^Eu  en  i56i.  II  commanda  les 
troupes  du  comte  de  Lenos,  (Jean  Stuart  de  Darpley, 
comte  de  Lenox),  maréchal  de  France,  et  mourut  en 
1595  (a). 

Sa  petite-fille  et  héritière,  Marguerite  Tésart,  dame  des 
Essarts  et  de  Lasson,  baronne  de  Toumebu,  porta  ses 
terres  à  son  mari  Frédéric  Rhingrave,  seigneur  de  Neu- 
villiers,  mort  en  1673. 

Ce  Nicolas  de  Croixmare,  fils  de  Louis,  conseillera 
Rouen,  et  de  Madeleine  d^Urvie,  dame  de  Lasson,  eut 

(1)  Hist.  Harcourtf  1. 1,  p.  ioo5. 

(a)  Hist  des  gr.  offic,  t.  Il  p.  36.  —  Hist,  d'HarcoHrt,p,  i53i. 


353 

pour  fille  unique  Elisabeth,  mariée  à  son  cousin  Anne'- 
François-Nicolas  de  Croixmare,  père  de  Marc-Antoine- 
Nicolas,  seigneur  actuel. 

M.  de  Croixmare  avait  pour  aïeul  Nicolas  de  Croix- 
mare,  seigneur  de  Lasson,  qui  mourut  à  Caen,  âgé  de 
5i  ans,  le  2  juin  1680.  «  Il  n^était  point,  dit  M.  Huet, 
d'esprit  plus  ouvert  pour  toute  sorte  delittéramre  (i)».  Il 
écrivait  en  vers  et  en  prose  avec  beaucoup  d^agrément  et 
de  facilité,  mais  la  peinture  avait  fait  une  de  ses  plus 
fortes  passions. 

Louvigny  (Saint- Vigor  de).  Banlieue  et  élection  de 
Caen,  87  feux.  Lupinella  ou  Lupiniacum.  Le  Livre 
Pelut  l'appelle  Louveagnyum.  Notariat  de  Caen. 

Cette  paroisse  est  à  trois  quarts  de  lieue  delà  commune  ^ 
de  Caen.  Elle  est  située  partie  sur  POrne  et  partie  sur 
rOdon.  Il  n'y  a  que  deux  hameaux  :  Louvigny  et  Le 
•  Mesnil.  Il  y  a  un  pont  au-dessous  d^un  moulin  à  eau 
sur  la  branche  de  POdon  qui  sépare  Louvigny  de  Brette* 
ville.  Elle  coule  de  Test  à  l'ouest,  et  va  se  jeter  dans 
rOme.  L^Orne  vient  du  midi  en  ligne  perpendiculaire  au 
nord,  coule  ensuite  en  ligne  parallèle,  après  quoi  elle 
reprend  la  direaion  au  nord  jusqu^à  Caen.  Il  y  a  sur  le 
bord  un  petit  bois  taillis  qui  sépare  Louvigny  d^Athis.  La 
maison  seigneuriale  est  la  seule  qui  soit  de  quelque  dis- 
tinaion.  L^orangerie  qu'on  y  a  vue  ces  années  passées, 
était  remarquable. 

L^abbé  de  Saint-Evroult  nomme  à  la  cure,  et  possède 
les  deux  tiers  de  la  grosse  dîme,  Tautre  tiers  appartient 
au  curé  avec  les  verdages.  Le  patronage  et  la  dîme  de 
Louvigny  furent  aumônes  vers  io5o  à  Pabbaye  de  Saint- 

(1)   Orig.  de  Câen,  p,  63o. 

23 


354 

Evroult  par  un  seigneur  de  Grentemesnil,  dont  la  maison 
est  mise  au  rang  de  ses  principaux  bienfaiteurs. 

M.  de  Berniëres  est  seigneur  de  Louvigny.  Il  est  fils  de 
messire  Jean  de  Bernières-Louvigny,  baron  de  Venoix, 
lieutenant  général  des  armées  du  roi,  grand'croix  de 
Tordre  militaire  de  Saint- Louis,  mort  en  1759.  Il  y 
possède  les  fiefs  de  Louvigny  et  de  G>libeuf,  qui  lui 
donnent  de  beaux  droits  sur  les  prairies  de  Louvigny  et 
de  Caen. 

Maltot  (Saint- Pierre  de).  Sergenterie  de  Préaux,  élec- 
tion de  Caen,  5o  feux,  160  communiants.  Notariat  de 
Fresné-le-Puceux. 

C'est  un  chef-lieu  de  doyenné  rural  qui  contient  32  pa- 
roisses. Son  territoire,  placé  sur  une  hauteur,  est  situé  sur 
la  rivière  d^Orne  qui  passe  au  pied.  On  y  compte  une 
lieue  et  demie  de  Caen,  et  cinq  quarts  de  lieûe  du  bourg 
d'Evrecy. 

Tous  les  fiefs  sont  réunis  et  possédés  par  messire  An- 
toine-Jean-Gaston-Jérôme Fortin,  écuyer,  seigneur  et 
patron  de  Maltot.  Il  épousa  Marguerite-Louise  Saint, 
veuve  de  Renobert  de  Syresme,  seigneur  et  patron  de 
Banville,  fille  de  Jean- Augustin  Saint  et  de  Marie-Anne 
du  Plessis  du  MouUn,  le  23  février  1762.  Antoine  ci- 
dessus  était  fils  de  Jean-Jacques  Fortin,  seigneur  de  Maltot, 
et  de  Marie-Angélique  Surirey  de  Saint- Rémy.  Il  présente 
à  la  cure.  Les  dîmes  sont  perçues  quant  aux  deux  tiers 
par  les  religieux  de  Belle-Etoile,  et  quant  au  tiers  par  le 
curé.  La  maison  du  seigneur  est  très  belle. 

IlyadansPéglise  deux  épitaphes  telles  qu'on  les  rap- 
porte ici  : 

Ce  tombeau  renferme  le  cœur  de  Messire  Jean  de  La  Cour,  sei- 
gneur et  patron  de  cette  église,  dont  Tamour  de  Dieu  el  la  charité 


355 

du  prochain  ont  r^lé  tous  les  mouvements.  En  voulez-vous  savoir 
quelque  chose,  écoutez  les  pauvres,  leurs  regrets  vous  disent  qu'ils 
ont  perdu  leur  secours  dans  leurs  misères;  comine  leur  père,  il  a 
tftché  de  soulager  leurs 'SoufGrances  pendant  sa  vie  ;  comme  leur 
frère,  il  a  voulu  partager  leur  sépulture  après  sa  mort.  Ecoutez  les 
premiers  de  la  ville  qui  luy  ont  donné  la  naissance,  leur  douleur 
vous  apprend  que  cette  perte  est  funeste  à  toute  la  Province  :  elle  se 
louait  tous  les  jours  du  zèle  qu'il  avait  pour  son  service,  et  pour  le 
repos  des  familles  les  plus  troublées.  Ecoutez  ses  amis,  leurs  larmes 
sont  des  preuves  du  mérite  de  Celuy  que  la  mort  leur  a  ravi  ;  ils 
prenaient  son  conseil  dans  toutes  leurs  affaires;  ils  en  recevaient  de 
la  congratulation  dans  les  bonnes,  de  la  consolation  dans  les  mé- 
chantes ;  enfin  la  probité  d'un  gentilhomme,  l'intégrité  d'un  juge,  la 
piété  d'un  chrétien,  ont  fait  le  cours  et  la  consommation  de  68  ans. 
Passant,  son  exemple,  et  peut-être  la  reconnaissance,  vous  invitent 
de  demander  à  Dieu  la  récompense  des  travaux  qu'il  a  soutenu 
jusqu'au  huit  d'octobre  1662.  Mais  surtout  sa  famille  désolée  vous 
conjure  de  vous  souvenir  que  ce  triste  monument  est  moins  élevé 
pour  attirer  vos  regrets  que  vos  prières. 


Hic  jacet  Joannes  Hermant  sacerdos,  et  hujus  ecclesùe  parochus, 
resurrectionem  expectans  et  immutationem,  vir  pietatis  non  ficte^ 
non  vulgaris  doctrinse  pastor,  multa  in  lucem  edidit,  plura  scripsit, 
plurima  collegit,  multa  pie,  plura  erudite,  curîose  plurima,  annis, 
labore,  morbo  confectus,  corpus  humo,  animam  Deo  sciens  ac  lu- 
bens  resignavit,  idibus  novembris,  Anno  a  Christo  nato  m,  d.  gcxxv. 
statis  su»  Lxxvi.  Requiepcat  in  pace.  Hora  venit. 

Yves  d^ Allemagne  donna  quelques  terres  ou  rentes  sises 
à  Maltot  au  prieuré  de  THôtel-Dieu  de  Caen,  selon  la 
bulle  de  Innocent  III,  de  Tannée  12 10  (i). 

Guillemette  de  Malherbe,  dame  de  Maltot,  eut  de  son 
mari,  Richard  de  La  Rivière,  seigneur  de  Gouvis,  Ber- 
trand de  La  Rivière  (2).  La  généalogie  de  la  maison  de  La 

(i)  Hist.  Harcourt,  t.  1,  p.  314. 
(a)  Hist.  Harcourt,  t.  I,  p.  Sgi. 


15^ 

Rivière,  dit  qu^Enguerrand  de  La  Rivière,  I^  du  nom, 
chevalier,  seigneur  de  Rommilly,  Mesnil-Saalles,  Le  Mcs- 
nil-Aumont,  Gouvis,  vivait  en  1 387  avec  cette  dame  de 
Maltot  sa  femme,  et  que  son  successeur  fut  Enguerrand 
de  La  Rivière,  II«  du  nom. 

Jean  de  La  Cour,  écuyer,  seigneur  du  Buisson  et  de 
Maltot,  viconte  de  Caen,  épousa  le  23  mai  1584, 
demoiselle  Jeanne  Hérault,  veuve  du  sieur  Le  Doulcet, 
seigneur  de  Pontécoulant.  Il  fut  père  de  Louis  qui  suit 
et  de  Rolland,  propriétaire  par  sa  mère  de  la  sergenterie 
de  Hérault  (i). 

Louis  de  La  Cour,  seigneur  de  Maltot,  viconte  de  Caen, 
après  son  père  intendant  de  delà-les-Monts,  président  au 
conseil  souverain  de  Pignerol,  ambassadeur  en  Suisse  et 
conseiller  d'Etat.  Il  épousa  Catherine  de  Morel,  dame  de 
Manneville,  et  il  en  eut  :  Thomas  de  La  Cour,  seigneur  de 
GarceUes,morten  1686,  laissant  de  sa  femme  Marie  Fusée 
de  Voisenon  :  Jacques  de  La  Cour,  conseiller  au  Parle- 
ment, maître  des  requêtes,  en  faveur  duquel  les  fiefs  de 
Balleroy,  Le  Tronquay  et  Vernay  furent  érigés  en  mar- 
quisat sous  le  nom  de  La  Cour-Balleroy,  par  lettres  du 
roi,  1 704. 

M.  Jean  Tesson,  chevalier,  seigneur  et  patron  de 
Maltot,  vivait  en  i356,  selon  le  Livre  Pelut  de  l'évêché. 

Jean  Hermant,  curé  de  Maltot,  dont  j'ai  rapporté  Tépi- 
taphe  ci-devant,  était  natif  de  la  paroisse  de  Saint-Jean 
de  Caen,  où  ses  parents,  bons  bourgeois,  fabriquaient 
des  bas  au  métier.  Il  fut  nommé  à  la  cure  de  Maltot  en 
1689;  il  y  mourut  en  1725^  laissant  une  nombreuse 
bibliothèque.  Il  a  composé  ou  traduit  un  assez  grand 
nombre  d'ouvrages  : 

(1)  Armoriai  général  de  la  France,  XXIIl»  reg.,  Ire  p.,  p.  6. 


357 

I»  Le  Bon  pasteur,  ou  Vidée,  le  devoir ^  l'esprit  et  la 
conduite  des  pasteurs^  àe  M.  Optraëtde  Malines,  traduit  : 
2  vol.  in- 12; 

20  Homélies  sur  les  Evangiles  de  tous  les  dimanches 
de  Fannie  pour  le  soulagement  de  ceux  qui  sont  char- 
gés de  la  conduite  et  de  Pinstruction  des  dmes,  2  vol. 
in-12; 

3**  Réflexions  chrétiennes  et  morales-, 

4*  L Histoire  des  conciles,  contenant  en^  abrégé  ce 
qui  s'est  passé  déplus  considérable  dans  V Eglise,  depuis 
sa  naissance  jusqu^à  présent  r  ensemble  les  canons  de 
V Eglise,  et  V abrégé  chronologique  de  la  vie  des  papes: 
avec  les  notes  pour  l'intelligence  des  canons  obscurs  et 
difficiles,  les  déclarations  des  assemblées  générales  du 
clergé  de  France  sur  les  points  de  discipline,  celles  du 
Roy  sur  la  même  matière,  pour  le  maintien  de  la  juri- 
diction ecclésiastique.  A  Rouen,  4  vol.  in-12.  Le  pre- 
mier volume  parut  en  1698,  les  autres  en  1699.  II  y  en 
a  eu  plusieurs  éditions  ; 

50  Histoire  des  Ordres  Religieux  et  des  Congréga- 
tions régulières  et  séculières  de  F  Eglise,  avec  Véloge 
et  la  vie  en  abrégé  de  leurs  saints  patriarches,  et  de 
ceux  quiy  ont  mis  la  réforme,  selon  Fordre  des  temps. 
Le  catalogue  de  toutes  les  maisons  et  couvents  de 
France^  le  nom  des  fondateurs  et  fondatrices,  et  les 
années  de  leur  fondation.  4  vol.  m- 12.  Rouen,  1710. 

Le  P.  Pierre  Heyliot,  religieux,  auteur  de  l'Histoire 
des  Ordres  Monastiques,  donna,  en  1710,  une  lettre  sur 
la  Nouvelle  Histoire  des  Ordres  monastiques  de  M.  Her- 
mant,  curé  de  Maltot  en  Normandie,  dans  laquelle  il 
donne  le  plan  de  celle  qu^il  a  publiée  depuis. 

Dans  la  préface  de  son  Histoire  des  ordres  monaS" 


35» 

tiques,  religieux  et  militaires,  il  parle  ainsi  de  celle  de 
M.  Hermant(i). 

«  L'Histoire  des  ordres  monastiques  de  M.  Her- 
mant,  curé  de  Maltot,  en  Normandie,  parut  en  i  vol. 
in-i2,  en  1697.  Il  7  a  omis  beaucoup  dbrdresdont  il  ne 
parle  en  aucune  manière,  s'étant  contenté,  en  passant,  de 
marquer  la  fondation  de  quelques  autres  qui  «sont  très 
considérables,  et  qui  méritent  une  description  plus  ample 
de  leurs  établissements,  aussi  bien  que  des  vies  de  leurs 
illustres  fondateurs.  C'est  ce  que  Ton  croyait  trouver  dans 
la  seconde  édition  de  cette  histoire  qu'il  a  donnée  en 
1710,  en4vol.  Une  augmentation  de  3  vol.  semblait 
devoir  être  considérable,  et  renfermer  tout  ce  qui  man- 
quait dans  la  première  édition.  Si  Ton  avait  été  surpris 
de  voir  dans  cette  première  édition  que  M.  Hermant  avait 
avancé  que  TOrdre  de  Saint-Jean-de-Dieu  avait  été  ap- 
prouvé par  le  pape  Léon  X,  quoique  cet  ordre  n'eut 
commencé  que  5o  ans  après  la  mort  de  ce  Pontife,  s'il  y 
avait  assuré  que  saint  Jean-de-Dieu  avait  été  canonisé  par 
le  pape  Innocent  XII,  quoiqu'il  n'y  ait  personne  qui  ne 
sache  que  cette  canonisation  ait  été  faite  par  Alexan- 
dre VIII,  s'il  avait  donné  pour  fondateur  aux  Humiliés, 
saint  Jean-de-Méda  l'an  1196,  quoiqu^il  fut  mort  dès 
1 1 59,  et  qu'il  eut  été  canonisé  par  le  pape  Alexandre  III 
qui  mourut  en  1 181,  on  s'attendait  que  ces  fautes,  et  un 
très  grand  nombre  de  cette  même  espèce  auraient  été  au 
moins  corrigées  dans  la  seconde  édition  ;  mais  il  semble 
qu'il  se  soit  fait  un  scrupule  d'y  rien  changer.  Les  aug- 
mentations qu'il  a  faites  consistent  seulement  en  ce  qu'il 
s'est  plus  étendu  sur  quelques  vies  de  fondateurs  qu'il 
n'avait  fait  dans  la  première  édition,  en  ce  qu'il  a  donné 

(l)  P.  II-I2-I3. 


359 

des  catalogues  de  monastères  de  France,  qui  se  trouvaient 
déjà  imprimés,  pour  la  plupan,  dans  la  clef  du  grand 
pouillé  de  France  par  M.  Doujat,  et  qui  pourraient  même 
faire  un  des  quatre  volumes,  si  on  les  réunissait  ensemble; 
encore  surpasserait-il  le  plus  gros  de  5o  ou  60  pages;  et 
en  ce  qu^il  a  ajouté  de  nouveau,*  mais  en  petit  nombre; 
quelques  ordres  et  congrégations  dont  il  n'avait  point 
parlé  dans  la  première  partie.  » 

6®  L'Histoire  des  Ordres  militaires  de  VÉglise  et 
des  Ordres  de  chevalerie  de  VEuropey  i  vol.  in-i 2  ; 

7®  Histoire  des  Hérésies^  où  Von  verra,  par  ordre 
alphabétique  le  nom  et  Fhistoire  des  hérésiarques  qui 
ont  troublé  VEglise  depuis  la  naissance  de  J.^C, 
jusqu^à  présent,  et  les  erreurs  qu'ils  jr  ont  répandues  ; 
avec  un  traité  qui  résoud  plusieurs  questions  générales 
touchant  Vhérésie^  traduit  du  latin  d^ Alphonse  de 
Castro,  3  vol.  in-12,  à  Rouen,  171*2. 

Pour  rendre  cette  histoire  d^un  plus  grand  usage, 
M.  Hermant  ajouta  dans  une  troisième  édition,  Y  His- 
toire du  schisme  d' Angleterre j  sous  le  titre  de  Religion 
Anglicane,  et  d'ailleurs  il  y  rapporta  plusieurs  proposi- 
tions que  la  faculté  de  théologie  de  Paris  a  censurées  dans 
ces  derniers  siècles,  et  qu^il  importe  de  connaître,  quoi- 
que la  plupart  de  ceux  qui  qui  les  ont  avancées,  se  soient 
soumis  sans  réserve  aux  décisions  de  cette  sage  et  célèbre 
Université; 

S°  Sermons  sur  les  Mystères,  avec  plusieurs  pané-- 
gyriques  des  Saints.  Rouen,  2  vol.  in-12,  1716; 

90  Histoire  du  Diocèse  de  Bayeux,  première  partie, 
I  vol.  in-4*.  A  Caen,  1705.  Elle  contient  Phistoire  des 
évéques  de  Bayeux,  des  doyens^  et  autres  hommes  illustres 
du  diocèse. 


360 

M.  Hermant  avait  promis  dans  sa  préface  d'y  joindre 
deux  autres  parties  dont  Tune  traiterait  des  abbayes, 
prieurés,  et  une  notice  générale  de  tous  les  bénéfices  du 
diocèse,  avec  ce  qu*ii  y  a  de  plus  digne  de  remarque  dans 
tous  les  lieux;  et  Tautre  devait  contenir  Thistoire  des 
villes  et  des  bourgs  du  même  diocèse,  avec  les  fondations 
des  Ordres  et  maisons  religieuses  qui  y  sont  établies; 
mais  apparemment  que  le  défaut  de  matériaux,  et  peut- 
être  le  peu  de  succès  de  la  première  panie,  qu^il  n'avait 
pas  assez  châtiée,  le  rebutèrent  et  Tempéchèrent  d'achever 
un  travail  si  utile  pour  le  diocèse  de  Bayeux. 

Martragny  (Notre-Dame  de).  Sergentcric  de  Creully, 
élection  de  Caen,  57  feux,  260  communiants,  notariat  de 
Creully. 

Cette  paroisse  est  située  à  la  gauche  du  chemin  de 
Bayeux  à  Caen.  Elle  est  bornée  au  nord  par  les  paroisses 
de  Ruqueville  et  de  Vaussieu;  au  midi  par  Carcagny,  à 
Torient  par  Coulons,  et  à  l'occident  par  Vaux-sur-SeuUes. 
Son  nom  vient,  selon  quelqu'uns,  de  ces  deux  mots  : 
Martyrium  agni.  Elle  est  à  une  lieue  et  demie  de 
Bayeux. 

L'église,  assez  bien  bâtie,  est  placée  à  l'est  de  son  terri- 
toire. La  cure  est  divisée  en  deux  portions.  L'abbé  de 
Longues  présente  à  la  première,  et  Tabbé  de  Lessey  à  la 
seconde.  L'abbaye  de  Lessey  possède  la  moitiéde  la  dîme; 
celle  d'Aunay  et  le  Chapitre  de  Bayeux  partagent  l'autre 
moitié.  Le  chapitre  a  cédé  en  \j55  son  trait  à  un  des 
curés;  mais  il  y  perçoit  encore  18  boisseaux  de  froment 
de  rente  foncière. 

En  l'année  1208,  Guillaume  Bacon,  sire  du  Molay, 
aumôna  à  l'abbaye  de  Longues  le  droit  de  patronage  qui 
lui  appartenait  en  l'église  de  Martragny,  et  confirma  par 


la  même  chartre  la  cession  que  Simon  Bacon,  son  frère, 
avait  faîte  précédemment  à  la  dite  abbaye,  du  patronage 
de  Vaussieu.  Notum  sit  omnibus  tant  presentibus  etc. 
quod  :  ego  Willelmus  Bacon  de  Moleïo  filius  Rogerii 
Bacon...  dedi  et  concessi  Deo  et  ecclesice  B*  Mf  de 
Longis,  et  monachis  ibidem  Deo  servientibus\  totumjus 
quod  kabebam  in  illa  medietate  ecclesiœ  S*  Af^  de 
Martragneïo,  quœ  admeam  presentationempertinebat, 
in  puram  et  perpetuam  eleemosinam,  ipsis  monachis 
libère  et  quiète  cum  omnibufi pertinenciis  suis  possiden-- 
dum,...  prœterea  ratam  et  gratam  habui  donationem 
quam  Simon^ /rater  meus,  fecit  prœdictœ  ecclesiœ  et 
prœfatis  monachis  de  Longis^  scilicet,  de  medicetate 
ecclesiœ  S*'  Philippi  apostoli  de  VauceUo,  quœ  ad 
ipsius  presentationempertinebat  (  i  ) . 

Guillaume  Bacon  avait  une  sœur  nommée  Alix  qu^il 
maria  à  Guillaume  Hamon,  et  il  lui  donna  en  mariage  le 
iief,  terre  et  seigneurerie  de  Martragny  par  chartre  de 
Tannée  1226  (2)  :  Notum  sit  omnibus  quod  ego  Willel^ 
mus  Bacon,  miles  dominus  de  Moleio^  dedi  et  concessi 
Willelmo,  filio  Hamonis^  militi,  cum  légitima  sorore 
mea  in  maritagio,  totum  tenementum  quod  ego,  et  mater 
mea  habebamus  apud  Martragneîum  cum  omnibus  per^ 
tinentiis  tenementi. . ,  Depuis  ce  temps-là,  ce  fief  a  porté 
la  dénomination  de  :  Hamon,  tantôt  il  est  appelé  le  Fief 
de  Martragny  ^ui  fut  Hamon,  tantôt  le  Fief  Hamon  ou 
Martragny.  Dans  le  zv'  siècle,  N .  de  Vassy  qui  le  représen- 
tait fut  reconnu  par  ses  vassaux  seigneur  de  Martragny. 
Sur  la  fin  du  xvi«  siècle,  Louis  de  Tbioult,  sieur  de  Ru- 


(i)  Ex  Cartul,  abb.  de  Longis, 

(a)  Mém,  de  M.  de  GrimowUle  pour  la  seigneurerie  de  Mar^ 
tragny,  p.  4. 


362 

qoeville  et  de  Vaussieu,  fit  Tacquisition  du  fief  de  Mar- 
tragnj-dit-HainoD.  Ce  fut  en  iSg6  qu^îl  fiit  vendu  par 
Jacques  de  Vassy,  par  le  prix  de  i,ooo  écus  d'or,  et 
66  écus  deux  tiers  de  rente  par  chacun  an.  Jacques  de 
Thioult,  héritier  de  Louis,  a  toujours  conservé  la  qualité 
de  seigneur  et  patron  de  Martragnj,  et  cette  qualité  a  été 
constammenl  prise  par  le  dernier  de  cette  famille  dans 
tous  les  actes  publics,  jusqu^n  Tannée  1705.  Cest  au 
droit  de  ceux-ci  qu^à  succédé  par  acquisition  M.  Henri 
de  GrimouviUe-Larchant,  chevalier,  seigneur  et  patron 
de  Martnigny,  chevalier  de  Tordre  militaire  de  Saint- 
Louis,  ci-devant  capitaine  de  cavalerie  au  régiment 
d'Orléans  (i). 

Il  parait  un  certain  contrat  de  i36o  par  lequel  Guil- 
laume de  Qngal  vendit  à  son  frère  le  fief,  terre  et  seigneu- 
rerie  de  Martragny.  Cela  doit  s'entendre  du  fief  de  La 
Quièze,  sis  à  Manragny,  que  Guillaume  de  Villiers,»son 
auteur,  donna  en  mariant  sa  sœur  à  Thomas  du  Bois, 
en  1413.  Ce  fief  est  cité  dans  les  lots  faits  en  1377,  entre 
les  héritiers  de  Jeanne  Bacon,  car  le  premier  objet  qui 
s^y  présente,  c^est  le  fief  ou  baronnie  de  La  Quièze,  et  dans 
rénumération  des  arrières-fiefe,  on  en  trouve  un  séant  à 
Martragny,  et  il  est  dit  que  ce  fief  est  tenu  par  Foulques 
de  CreuUy.  Par  contrat  passé  devant  les  notaires  de  Caen 
le  26  avril  16 14,  Charles  de  Cingal,  sieur  de  Ducy,  ven- 
dit ce  fief  à  M.  Gilles  Hallot,  avocat  du  foi  à  Caen,  et 
lui  donna  mal  à  propos  la  dénomination  de  fief  de  Mar» 
tragny.  Cela  occasionna  en  1679  un  procès  entre  Jean- 
François  Hallot,  écuyer,  premier  avocat  du  roi  au  bail- 
lage  et  présidial  de  Caen,  et  M.   Arthur- Antoine   de 

(1)  Mim.  de  M.  de  GrimowiUe  pomr  la  seigneurie  de  Mar^ 
tragny,  p.  6.  7  et  suiv. 


3^î 

Thioult,  chevalier,  seigneur  et  patron  de  Ruqueville', 
Vaussieu  et  Martragny.  Ce  fief  et  terre  de  La  Quiëze 
furent  saisis  réellement  en  1682.  Le  sieur  de  Thioult  se 
présenta  à  Tétat,  et  prit  la  qualité  de  seigneur  et  patron 
de  Martragny,  qualité  qu^il  n^a  cessé  de  prendre  jusqu^à 
sa  mort,  arrivée  en  i7o5;  qualité  qu'après  lui  le  sieur  de 
Vaussieu  et  la  dame  de  Ver  ont  prise  sans  aucun  contre- 

.  dit  dans  les  gages,  pièges  et  aveux.  Elle  était  femme  du 
baron  de  Ver,  seigneur  et  patron  de  Martragny,  et  elle 
mourut  en  1724. 

Nous  venons  de  voir  que  le  fief  de  La  Quièzesisà  Mar- 
tragny avait  appartenu  à  Jeanne  Bacon,  dame  du  Molley. 

.  Ce  fut  sous  cette  qualité  que,  par  chartre  du  24  juin 
i369',  la  dite  dame  du  Molley  et  de  Villers-Bocage  céda 
et  transporta  à  M.  Tévéque  de  Bayeux  et  à  ses  suces- 
seurs  «  toute  et  telle  portion  de  dîmes,  comme  ellepossé- 
dait  en  fief  lai  en  la  paroisse  de  Martragny,  et  ailleurs 
si  elle  s^y  étend,  tous  les  droits  et  seigneureries  gui  à 
ce  appartiennent f  sans  faire  exception  ni  retenue 
aucune,  » 

Pour  rintelligence  de  ces  faits,  il  fiiut  remarquer  qu'il 
y  a  à  Martragny  3  fiefs  :  le  fief  de  Lessay,  le  fief  de  La 
Quièze,  auquel  est  attaché  le  droit  de  haute,  basse  et 
moyenne  juridiction,  et  le  fief  Hamon,  regardé  comme  le 
fief  dominant.  Le  premier  est  en  la  main  des  Abbés  et 
Religieux  de  Lessay,  et  les  deux  autres  appartiennent  à 
messire  de  Grimouville-Larchant,  décédé  le  3o  décembre 
1 764,  âgé  de  72  ans,  et  enterré  le  1 1  janvier  1 765  au  chœur 
de  Martragny.  Il  a  fait  bâtir  en  ce  lieu  une  maison  seigneu- 
riale fort  jolie,  avec  des  avenues  tendantes  à  la  grande 
route  de  Caen  à  Bayeux.  Il  a  eu  procès  par  rapport  à 
plusieurs  droits  seigneuriaux  avec  messire  Henri-Jean- 
François  Daniel,  chevalier,  seigneur  et  patron  de  Gran- 


3^4 

gués,  fik  du  président  de  Grangues.  C'est  de  son  mé- 
moire que  j'ai  tiré  une  paniedes  faits  rapportés  ci-devant. 
Jacques-François  Daniel,  seigneur  du  lieu  et  de  La  Quièze- 
en-Martragny,  seigneur  haut  justicier  de  la  même 
paroisse,  chevalier  de  TOrdre  de' Saint-Lazare,  décédé  le 
6  février  1743,  et  enterré  à  Martragny. 

Le  paroisse  de  Martragny  renferme  dans  son  territoire 
une  moitié  du  hameau  de  Saint-Léger^  dont  Tautre  partie 
est  sur  la  paroisse  de  Carcagny.  Il  y  a  une  chapelle  de 
même  nom  qu'on  croit  avoir  été  succursale  de  Martragny. 
Elle  appartient  à  Pabbaye  de  Saint-Sauveur-le-Viconte, 
dont  un  des  religieux  la  possède.  Dans  la  chartre  que 
Henri  II,  évéque  de  Bayeux,  accorda  à  la  dite  abbaye 
pour  la  confirmation  des  biens  qui  lui  avaient  été  aumô- 
nes dans  son  diocèse,  on  trouve  :  ex  donatione  Willelmi 
filii  Radulphi,  cum  assensu  Hugonis  fratris  sut,  capeU 
lam  S**  Leodegarii^e-hospitalaria,  apud  Martigneium^ 
cum  omnibus  ad  illam  pertinentibus^  et  nundinas  quas 
Henricus  filius  Mathildis  rex  Angliœ  contulit  eis  ibi- 
dem, annis  singulis,  in  festo  S**  Leodegarii  in  perpe-- 
tuum  obtinendas  (i).  A  en  croire  le  Livre  Pelut  de  l'évé- 
ché,  rédigé  vers  i356,  le  hameau  de  Saint-Léger  formait- 
une  paroisse.  Voici  ce  qui  est  rapporté  sous  Tartide  du 
doyenné  de  Maltot  :  Prior  iS*»*  Leodegarii  :  abbas  S'*  iSa/- 
vatoris  patronuSy  Ecclesia  S*"  Leodegarii  abbas  S^  Sal* 
vatoriS'Vicecomitis,  et  deservitur  per  religiosum. 

Ce  hameau  est  sur  le  grand  chemin  de  Bayeuxà  Caen. 

RiMel  (Saint-Martin  de).   Sergenterie  de  Bemières, 
élection  de  Caen,  98  feux,  notariat  de  Caen. 
Son'  territoire  est  borné  au  midi  pour  I4  plus  grande 

(i)  Ex  Cartul.  abbat.  Sa  Saibfaiaris, 


partie  par  celui  de  Rotz;  au  nord  par  celui  de  Cairon; 
au  levant  par  celui  d'Authte,  et  au  couchant,  il  est  par- 
tagé de  celui  de  Lasson  vers  le  milieu,  par  la  petite 
rivière  de  MQe,  et  ensuite  par  un  coulant  d^eau  dit  :  le 
Conet. 

Il  est  divisé  en  deux  villages.  Le  premier  et  le  plus 
considérable  s^étend  contre  Lasson  des  deux  côtés  de 
Téglise,  qui  est  à  peu  près  au  milieu,  et  s^appelle  Rosel, 
Rosellum.  Il  contient  58  Samilles.  Le  second,  nommé 
Gruchy,  est  situé  au  levant  contre  le  territoire  d^Authie, 
à  demi-lieue  de  l'église  paroissiale  et  à  une  lieue  et  demi 
de  Caen;  il  contient  38  familles.  Au  milieu  de  ce  dernier, 
il  y  a  une  chapelle  du  titre  de  Sainte-Anne,  qui  certaine- 
ment n^est  point  chapelle  domestique^  et  n'a  point  de 
titulaire,  parce  qu'on  n'en  connaît  point  les  fonds.  Le 
prieur-curé  de  Rosel,  y  fait  de  temps  immémorial 
Toffice  divin  le  jour  de  la  fête  de  Sainte-Anne.  Il  y  a 
aussi  une  grosse  ferme  et  un  petit  fief  dit  Durgefer;  ils 
appartiennent  Tun  et  Tautre  aux  héritiers  de  feu  M.  d'An- 
chin,  écuyer,  seigneur  de  Saint-Louet. 

Ce  petit  fief  relève  de  celui  de  Rosel^  et  celui  de  Rosel 
relève  du  château  de  Tilly.  La  seigneurie  de  Rosel  est  ès- 
mains  de  messire  Jean-Michel  Dumont,  écuyer,  seigneur 
et  patron  honoraire  de  Rosel,  gentilhomme  commensal 
de  Mgr  le  duc  d'Orléans,  ancien  capitaine  au  régiment 
de  Berry. 

L'église  paroissiale  est  à  2  lieues  de  Caen.  On  y  tient 
depuis  longtemps  la  conférence  du  doyenné  de  Mal- 
tôt.  Sur  la  fin  du  xrv*  siècle  ou  au  commencement  du  xv«. 
Philippine  de  Rosel,  à  laquelle  appartenaient  les  églises 
de  Saint-Pierre  et  de  Saint-Martin  de  Rosel,  ainsi  que 
les  dîmes  de  cette  paroisse,  aumôna  les  unes  et  les  autres 
à  Nicolas,  prieur  de  Plessis-Grimoult  et  à  ses  religieux. 


)66 

Le  priour,  commaadataire  perçoit  encore  les  dîmes  de 
ce  lieu,  et  présente  au  bénéfice  qu'il  fait  desservir  par  un 
chanoine  régulier  de  Saint-Augustin.  Quant  à  Téglise  de 
Saint- Pierre,  on  ne  sait  point  le  temps  qu'elle  a  cessé 
d'exister.  On  voit  un  acte  des  paroissiens  assemblés  en 
commun,  en  1675,  par  lequel  ils  autorisent  quatre  ou 
cinq  d'entre  eux  à  faire  l'échange  du  cimetière  de  Saint- 
Pierre,  contenant  une  vergée  et  demie,  contre  trois 
vergées  qu'un  des  habitants  cédait  pour  le  trésor  de 
Téglise  de  Saint-Martin. 

Raoul  de  Clinchamps,  et  Hugues  son  frère,  donnèrent 
au  prieuré  de  THôtel-Dieu  de  Caen  quelque  revenu 
qu'ils  avaient  en  la  paroisse  de  Rosel,  selon  la  bulle 
d'Innocent  III  de  l'année  12 10  (i). 

Il  paraît  certain  que  la  maison  de  Rosel,  en  Nor- 
mandie, tire  son  nom  et  son  origine  de  cette  paroisse. 
Henri  II,  roi  d'Angleterre,  dans  la  chartre  confirmative 
qu'il  accorda  à  l'abbaye  de  Saint-Étienne  de  Caen, 
s'exprime  ainsi  [2)  :  «  Concéda  donum  quodfecit  Gisle- 
bertus  abbas,  in  feuium  Hugonis  du  Rosel,  de  terra 
quant  pater  ejus,  dédit  S^  Stephano,  quando  in  eodem 
loco  monachus  ipse  effectus  est,  tait  conditione,  ut  ipse 
Hugo  îndefaceret  cum  alio  feudo^  quod  de  eodem  S'^ 
tenet,  conveniens  servitium;  et  ob  hoc,  dédit  idem  Hugo 
S'^  StephanOj  in  eleemosynam,  unam  virgatam  terrœ  et 
duos  partes  decimœ^  de  tota  terra  sua  de  Rosel  et  de 
Groceïo  ;•  Convenit  etiam  idem  Hugo  quod  ipsam  deci^ 
mamfaceret  ad  domum  reddi  decimatoris  S*'  Stephani 
et  eam  aquietaret  de  omni  calumnia,  et  de  his  supra- 
dictis/eodis,  scilicet  de  Grainvilla  et  de  Groceïo,  secun-- 

(1)  HisLHarc,  t.  I,  p.  314. 

(2)  Neust.  Pia,  p.  63i. 


367 

dum  horreum  ecclesiœ;  »  et  plus  bas  (  i)  :  c  Rogerius  de 
Rosel  vendidit  Gisleberto  abbati,  concedente  Normaniœ 
comité,  pro  XV  libras  census,  allodium  suum  totum, 
quod  habebat  in  Rosel,  iali  conditione  ut  cum  defuncto 
teneret  per  taie  sérvitium,  quale  antea  ex  eo  comiti 
reddebat,  concedente  Roberto  filio  suo.  » 

Rot:(  (Saint-Ouen  de).  Scrgenterie  de  Bernières,  élec- 
tion de  Caen,  226  feux,  900  communiants,  notariat  de 
Caen. 

Cette  paroisse,  située  à  une  (2)  lieue  nord-ouest  de  Caen, 
est  titrée  de  baronnie,  lequel  appartient  tant  au  spirituel 
qu^au  temporel  à  l^bbaye  de  Saint-Ouen  de  Rouen.  Cette 
abbaye  possède  la  baronnie  (3),  le  patronage  et  les  dîmes 
de  Rotz,  par  le  don  que  lui  en  lit  Richard  I,  duc  de  Nor- 
mandie, vers  Tan  980  ou  989,  pour  faire  la  garde  des 
reliques  de  Saint-Ouen  de  Rouen  (4). 

L^an  1098,  ou  plutôt  1092,  selon  la  Neustria  pia, 
Helgot  étant  abbé  de  Saint-Ouen  de  Rouen,  l'exemption 
de  Rotz  ayant  été  mise  en  question  par  Odon,  évéque  de 
Bayeux,  par  accord  fait  sur  le  procès  intenté,  il  reconnut 
quVUe  était  possédée  à  juste  titre  par  les  religieux  de 
Saint-Ouen,  et  en  vertu  des  bulles  et  des  concessions  du 
pape  Jean  XII;  et  ainsi  les  moines  restèrent  en  une 
bonne  et  paisible  possession. 
Ce  n'était  pas  la  première  fois  que  Pabbé  de  Saint- 
Ci) //««/.  Pia.,  p.  636. 

(2)  L'éditeur  demande  à  mettre  ici  :  dix  kilomètres. 

(3)  La  baronie  de  Rots  était  du  temporel  de  l'abbaye  de  Saint- 
Etienne  de  Caen. 

(4)  Hist.  du  dioc,  de  Bayeux,  p.  124.  —  Neust.  Pia,  p.  ai.  — 
Hist.  de  Vabb.  de  Saint-Ouen  de  Rouen,  liv.  III,  p.  258.  —  GaL 
Christiana,  t.  XI,  col.  143.      1 


368 

Ooen  avait  été  attaqué  poor  la  terre  de  Rotz.  L'historien 
de  Tabbaye  rapporte  sur  la  foid*un  manuscrit  une  singu- 
lière aventure  arrivée  à  ce  sujet,  ob  Ton  n^a  pas  oublié  le 
merveilleux,  suivant  la  coutume  de  ces  temps-là,  sous 
l'abbé  Nicolas  de  Normandie,  qui  siéga  depuis  1042  jus- 
qu'en 1092  (i). 

<  Il  se  passa,  dit  l'écrivain,  du  temps  de  cet  abbé  une 
chose  ménu)rable  qui  est  amplement  déduite  dans  les 
manuscrits  de  ce  monastère,  d^oti  je  la  tirerai  pour  la 
donner  tout  au  long  dans  mon  cinquième  livre.  Quelques 
courtisans,  mal  affeaionnés  aux  religieux  de  Saint-Ouen, 
persuadèrent  au  duc  Guillaume-le« Bâtard,  d*ôter  à 
Tabbaye  la  dime  du  village  de  Rotz,'  jpour  la  donner  à 
Tarchevéque  de  Dol,  de  quoi  les  moines  étant  avertis 
Tallèrent  saluer,  et  lui  remontrer  qu*il  ne  pouvait  pas  en 
conscience  dépouiller  leur  monastère  pour  en  enrichir  cet 
archevéq^ue,  à  qui  il  lui  était  aisé  de  faire  d^autres  grâces; 
mais  comme  le  duc  était  encore  jeune,  et  quMl  avait 
l'esprit  préoccupé  des  conseils  de  leurs  ennemis,  il  ne 
leur  fit  point  de  réponse  favorable.  Les  religieux  ne  se 
rebutèrent  point  pour  cela,  mais  résolurent  de  lui  faire 
une  seconde  remontrance,  et  afin  de  la  rendre  plus  effi- 
cace, de  prendre  les  reliques  de  Saint-Ouen  et  de  les  por- 
ter au  palais  de  ce  prince,  ce  qu^ils  firent;  mais  le  duc 
ayant  appris  quMls  le  venaient  ainsi  trouver  en  proces- 
sion, fit  fermer  toutes  les  avenues  du  palais.  Les  religieux 
ne  laissèrent  point  d^avancer,  et,  animés  d'une  vive  foi, 
s^allèrent  présenter  devant  une  certaine  porte  qui  avait 
été  condamnée  depuis  longtemps  et  bouchée  de  terre,  de 
sorte  qu^il  n*y  avait  pas  d^apparence  qu'ils  y  pussent  pas- 
ser. Toutefois,  Dieu  fit  un  miracle  en  leur  faveur,  car  les 

(i)  Hist,  du  dioc.  de  Bayeux,  p.  253-a54. 


3^9 

saintes  reliques  en  ayant  été  approchées,  la  terre  tomba  et 
la  porte  demeura  libre  et  ouverte,  si  bien  quMls  entrèrent 
facilement  dans  le  palais.  Le  duc  ayant  vu  cette  merveille, 
leur  rendit  leurs  dîmes;  en  suite  de  quoi  un  seigneur  de  la 
cour  nommé  Hugues,  qui  était  breton,  et  qui  avait  con- 
seillé au  prince  de  faire  cette  fausse  libéralité,  étant  aussi 
touché  de  ce  prodige,  offrit  un  présent  sur  Tautel  du 
saiat  qui  le  rejeta  visiblement;  ce  qui  Payant  obligé  de 
penser  à  sa  conscience,  il  crut  que  le  saint  refusait  son 
offrande  à  cause  qu^il  avait  usurpé  une  partie  de  cette 
dîme  de  Rotz,  laquelle  il  restitua  aux  religieux.  » 

Uabbaye  de  Saint-Ouen  jouit  dMne  exemption,  à 
regard  de  la  baronnie  de  Rotz;  il  est  vrai  qu'on  Va  con- 
testée à  diverses  reprises,  mais  le  monastère  a  été  main- 
tenu dans  la  pleine  et  entière  possession  de  ce  droit  par 
plusieurs  arrêts  contradictoires  qui  se  voient  dans  ses 
archives;  ^e  sorte  quVncore  aujourd'hui  Tabbé  de  Saint- 
Ouen  y  a  un  grand  vicaire,  un  officiai,  un  promoteur,  et 
autres  officiers  qui  y  exercent  la  juridiction  spirituelle 
sur  les  paroisses  qui  dépendent  de  la  dite  baronnie. 

«  Une  chose  bien  remarquable. . .  aux  bourgs  de  Rotz 
et  Bretteville-POrgueilleuse ,  sur  le  grand  chemin  de 
Caen  à  Bayeux,  c^est  que  combien  qu^il  n'y  ait  aucun 
cours  d'eau  ni  fontaines,  mais  seulement  des  puits  bien 
profonds,  toutes  fois  en  temps  d^été,  au  plus  grand  chaud, 
et  que  les  terres  sont  les  plus  sèches  et  arides.  Ton  y  voit 
sourdre  et  courir  des  plus  claires  et  froides  fontaines 
à  fleur  de  terre  qui  se  puissent  voir;  qui  font  un  grand 
canal  qui  passe  par  Le  Bessin  jusqu^au  bourg  de  Douvre 
et  à  la  mer,  le  quel  canal  on  appelle  VitoUard,  qui  n'est 
pas  ordinaire,  et  quand  il  court,  les  anciens  du  pétys  pré- 


24 


Î70 

disent  quMl  y  aura  charte  Pan  en  suyvant,  ce  que  Ton 
voit  souvent  advenir  (  i  ).  • 

Le  récit  de  M.  de  Bras  est-il  bien  juste  au  commence- 
ment, quand  il  dit  qu'il  n^y  a  ni  cours  d^eau,  ni  fontaines 
à  Rotz  ?  Il  est  constant  que  la  petite  rivière  de  Mue  prend 
sa  source  de  ce  côté  là,  d^oti  après  avoir  traversé  plusieurs 
paroisses,  elle  va  se  mêler  avec  la  SeuUe  à  Réviers. 

L'abbaye  de  Saint-Étienne  de  Caen  doit  avoir  du 
revenu  à  Rotz,  puisque  dans  la  chartre  confirmative  que 
lui  accorda  Henry  II,  roi  d'Angleterre,  il  le  marque 
expressément  (2)  :  «  Concedo  etiam  S^  Stephano  homines 
de  Rot\  et  de  Ceux,  liberos,  solidos  et  quietos  ab  omni 
exercitu  et  carrugio,  et  geelth  et  collecta)  ut  expediti 
sint  ad  portanda  et  paranda  cibaria,  et  omnia  alia 
necessaria  numaçhis  iniH  Deo  servientibus.  »  Cette 
abbaye  a  la  baronnîe  de  Rotz  avec  ses  appartenances  et 
dépendances,  avec  extension  à  Colomby,  Amblieet  Bray; 
elle  y  a  aussi  le  demi-fief  Aux-Demoiselles  (3),  demi-fief 
de  chevalier,  avec  extension  en  plusieurs  villes  et  paroisses, 
ayant  appartenu  auparavant  à  Guillaume  Semion,  k 
cause  duquel  fief  cette  abbaye  a  droit  de  patronage  à  la 
chapelle  du  manoir  du  dit  fief. 

Norrey,  membre  de  la  paroisse  de  Rotz,  a  son  terri- 
toire et  ses  habitants  particuliers  et  distingués  de  ceux  de . 
Rotz,  tant  au  spirituel  qu^au  temporel.  On  y  compte  au 
moins  42  feux.  L^église  oti  se  fait  Toffice  pour  ceux-ci  est 
grande  et  magnifique.  Elle  a  des  bas-côtés.  Elle  est  sous 


(1)  AnJtiq,  de  Caen,  par  de  Bras,  p.  39. 

(a)  Neust.  Fia,  p.  629. 

(3)  Alias  :  Aux-Pucelles.  (L'éditeur  est  de  Rots!) 


371 

•  rinvocation  de  la  Sainte-Vierge.  Cette  succursale  est  au 
midi  du  territoire  de  Rotz. 

Il  y  a  encore  à  Rotz  une  chapelle  appelée  Notre-Dame 
de  LoniiLas  qui  pourrait  bien  être  ce  que  le  Livre  Pelut 
nomme  :  Eclesia  de  Urticetis,  et  à  laquelle  il  donne  pour 
présentateur  Guillaume  Siméon,  écuyer.  Si  elle  a  jamais 
été  une  paroisse,  elle  n'existe  plus  aujourd'hui  sous  cette 
qualité.  Le  Livre  Pelut  marque  que  de  son  temps  elle 
avait  i5  livres  de  revenu.  Ce  revenu  consiste  à  présent 
en  un  trait  de  dime  à  Rotz,  une  vergée  de  terre,  environ 
une  demi-acre  de  pray,  tout  proche  de  la  chapdle; 
lo  acres  de  terre  à  Cheux,  proche  de  Saint-Manvieu,  et 
40  boisseaux  de  ftx>ment;  de  la  terre  à  Saint-Germain-de- 
la-Blanche-Herbe,  et  3o  boisseaux  de  froment,  et  quelques 
autres  biens,  à  ce  que  Ton  dit,  dans  le  pays  de  Caux  (i). 

Guillaume  de  Vaspail,  célèbre  abbé  de  Fécamp  dans 
le  xui«  siècle,  était  né  à  Rotz  (2).  C'était  un  religieux  dis- 
tingué par  sa  piété  et  son  érudition.  Vir  apprime  litte^ 
ratus,  eximiœ  quœ  religionis  et  honestatis.  Étant  prieur 
de  Tabbaye  de  Saint«Ouen  :  A  Romano  S.  R.  E.  Cardi- 
nale iegato,  ad  monasterii  Fiscanensis  regimen 
assumptus  est  Anno  Christi  1228;  à  quo  prœfuit  annis 
XXX  utilissime.  Il  fut  du  nombre  des  prélats  que  le  pape 
Grégoire  IX  convoqua  nommément  au  Concile  général 
de  Latran  contre  l'empereur  Frédéric  II. 

Ruqueville  (Saint-Pierre  de).  Scrgenterie  de  CreuUy, 
élection  de  Caen,  21  feux,  notariat  de  CreuUy,  90  com- 
muniants. 

C^ne  petite  paroisse  est  située  entre  celles  de  Coulons 

(1)  Extrait  d*un  manuscrit  du  ^ecrét.  de  Bayeux. 

(2)  AT^Mj^  Pw,  p.  64-237. 


572 

et  de  Vaussieu,  à  cinq  quarts  de  lieue  de  Bayeux  ;  il  en  est 
fait  mention  dans  la  chartre  de  fondation  expédiée  en 
1082  à  Tabbaye  de  Sainte-Trinité  de  Caen.  Elle  porte 
que  Turstin  Hasdulph  seigneur  de  Carpiquet,  donna  k 
cette  abbaye  :  terram  umus  carrucœ...  in  Ruscavilla.  Le 
seigneur  nomme  à  la  cure.  Le  curé  perçoit  la  moitié  de 
la  dîme.  Les  abbayes  de  Saint-Étienne  de  Caen  et  de 
{«"écamp  partagent  l'autre  moitié.  Le  seigneur  de  Maisy 
était  en  1 356  seigneur  et  patron  de  Ruqueville  (  f  ). 

Il  y  a  2  fiefs,  à  Tun  desquels  est  attaché  le  patronage 
avec  les  honneurs  de  Téglise;  Pun  relève  de  la  seigneu- 
rerie  de  Sainte-Croix-sur-Mer,  Pautre  de  la  châtellenie 
de  Beaumont*le-Richard,  à  laquelle  il  doit  une  paire 
de  gants  blancs,  et  un  écheveau  ou  petit  poids  de  soie, 
au  terme  de  Saint-Michel,  selon  Taveu  du  16  octobre 
1463,  rendu  par  Raoul  Pèlerin,  écuyer,  sieur  de  Ruque- 
ville, qui  déclare  en  relever  par  un  quart  de  fief  de 
chevalier;  sentence  rendue  par  le  sénéchal  de  la  châtel- 
lenie de  Beaumont  du  1 1  juillet  1498,  qui  enjoint  à  Jean 
Le  Sens,  écuyer,  de  bailler  aveu  de  cette  terre  à  Michel  de 
Hotot,  seigneur  de  Beaumont,  et  cependant  délivrance 
de  son  fief  vu  qu'il  en  avait  fait  hommage  (2).  Il  le  ren- 
dit le  23  avril  i5i2,  faisant  mention  d'un  huitième  de 
fief  appelé  Le  Bourgueil,  assis  à  Creully  et  à  Saint-Gabriel, 
lequel  dépend  de  Ruqueville. 

Jean  de  La  Luthumière,  baron  du  lieu,  et  sa  femme, 
passent  à  Jean  de  La  Mare,  pour  bailler  aveu  de  Ruque- 
ville, une  procuration  devant  le  notaire  royal  de  Nehou 
le  II  décembre  1547.  Cet  aveu  fut  rendu  le  22  janvier 
suivant.  Jean  Le  Sens,  écuyer,  passe  depuis  une  procura- 

(1)  Ex  Lib.  Pelut. 

(2)  Invent,  des  titres  de  Beaumont,  ch.  III. 


375 

tion  datée  devant  les  tabellions  de  Saint-Pierre-sur-Dive 
le  17  novembre  iSgô,  à  Charles  de  Faoucq,  écuyer,  sieur 
de  Monts,  pour  rendre  aveu  de  Ruqueville.  Jean  Le  Sens, 
fils  Jean,  le  rend  le  19  juillet  1597.  Délibération  par  les 
parents  de  Jean  Le  Sens,  écuyer  en  baillage  à  Caen  le 
26  octobre  1 699,  pour  passer  le  dit  Le  Sens,  âgé  et  libre  en 
la  négociation  de  son  bien.  Pareille  procuration  passée 
par  Charles  de  Cairon,  écuyer,  tuteur  de  François  Le 
Sens,  écuyer  au  tabellionage  de  Creully  le  i^  juillet 
1602,  pour  bailler  aveu  de  Ruqueville;  pareille  procu- 
ration passée  par  François  Le  Prévost,  écuyer  pour  lui  et 
la  demoiselle  sa  femme,  pour  bailler  aveu  de  la  dite  terre 
en  1622.  Aveu  rendu  le  20  août  1643  par  Jacques  de 
Thioult,  chevalier  de  Tordre  du  roi,  seigneur  et  patron 
de  La  Luzerne,  Vaussieu,  Martragny  et  Ruqueville.  Il 
avait  nommé  à  la  cure  de  Ruqueville  le  20  décembre 
1640(1).  Jacques  de  Thioult,  dit  le  marquis  de  Vaus- 
sieu,  colonel  du  régiment  d'Auxerroîs,  chevalier  de  Saint- 
Louis,  seigneur  de  Ruqueville,  Vaussieu,  Martragny,' 
décéda  à  Ruqueville,  le  6  février  1703,  âgé  de  66  ans, 
sans  enfants  de  Marie-Anne  Bénard  de  Maisons,  morte  à 
Bayeux  le  4  avril  1764.  Messire  Louis-Gédeon  de  Chy- 
vré,  prêtre,  curé  de  la  paroisse  de  Sotevast,  diocèse 
de  Coutances,  seigneur  et  patron  de  Saint-Pierre-de- 
Ruqueville,  y  nomma  aussi  en  septembre  1759.  Son 
neveu  est  Henri-François-Guillaume  de  Chyvré,  seigneur 
et  patron  de  Sotevast,  Sainte-Suzanne,  Viette,  Loucelles 
et  Ruqueville  en  1 766. 

Saint^Contest.  Banlieue  et  élection  de  Caen,  140  feux, 
5oo  habiunts,  notariat  de  Caen,  500  communiants. 

(i)  Reg.  de  l'Évêché. 


J74 

Cette  paroisse,  sttaée  en  rtse  campagne,  est  à  une  li^e^ 
de  Caen.  Il  y  a  5  hameaiuc  :  — •  i»  le  hameau  de  Saint* 
Contest,  où  est  Tégliae  paroissiale,  est  au  centite  de  là 
paroisse,  et  bordé  à  une  de  ses  extrémités  par  lechemin  de 
CreuUy  à  Caen  ;  ^  2*  Baron,  le  plus  grand  et  le  plus  nom- 
breui,  est  à  un  quart  de  lieue  au  couchant  de  PégMw;  ^ 
3^  Galmanche  est  au  levant  d'été,  et  à  uti  quart  de  lieue  de 
l'église  ;  — -4<'  Mal<Mi  au  levant  d^hiver,  et  à  demi-quart  de 
lieue  de  Péglise,  est  sur  le  bord  de  la  rue  de  La  FoUie, 
hameau  dépendantde  Saint*M artin  de  Caen,et bordé  d'ail- 
leurs par  Couvrechef,  le  dit  hameau  dépendant  de  Saint- 
Gilles  de  Caen  ;  —  et  5<»  Bitot  au  soleil  de  deux  heures;  et 
à  pareille  distance  de  Téglise,  est  borné  par  ses  deux  extré- 
mités de  deux  chemins,  la  plus  proche  de  l'église  par  le 
chemin  de  CreuUy  à  Caen,  l'autre  extrémité  ,par  le 
chemin  qui  s^are  le  terrain  de  Saint-Contest  d'avec 
Saint-Germain,  et  qui  conduit  de  Caen  à  Rosel. 

L'église  est  exempte  de  la  visite  de  l'archidiacre,  moyen- 
nant 8  livres  lo  sous  de  rente  qu'elle  fait  à  cet  archi- 
diacre. La  cure  est  un  bénéfice  régulier  desservi  par  un 
Prémontré,  à  la  nomination  de  l'abbé  d'Ardenne.  Ce  pré- 
sentateur a  les  grosses  dîmes;  le  prieur-curé  perçoit  les 
menues. 

L'ancienne  chapelle  de  Saint-Marc,  proche  le  hameau 
de  La  FoUie,  sur  Saint-Contest,  avait  été  ruinée  par  les 
Protestants  pendant  les  guerres  civiles  (i).  Jacques  Des* 
champs,  écuyer,  conseiller  élu  à  Caen,  la  fit  rebâtir  dans 
l'enclos  de  sa  maison,  où  elle  était  ci-devant,  et  y  affecta 
un  fond  de  3o  livres  de  rente  pour  le  titulaire,  à  charge 
d'une  messe  tous  les  dimanches,  sur  la  permission 
de  MM.  Mole  et  Servien>  évâques  de  Bayeux,  et  con- 

(i)Reg.  derévéché. 


375 

firmée  en  1672  par  M.  de  Ncsmond.  Le  contrat  de  dota- 
tion fut  passé  devant  le  notaire  de  Cairon  le  17  juin 
1662.  Guillaume  de  Brieux,  écuyer,  tenait  en  1453,  de 
la  baronnie  de  Douvre  par  foi  et  hommage,  nuement,  un 
demi-fief  de  chevalier  assis  à  Saint-Contest  près  Caen, 
Ouffreville  et  ailleurs,  qui  fut  jadis  à  messire  Guillaume 
d'Aigneaux.  Ce  fief  doit  à  Tévêché  de  Bayeux  une  livre 
de  cire,  chaque  année,  à  la  Saint-Michel  (i). 

Jean  de  Bitot  fit  preuve  de  noblesse  en  i523  comme  ^ 
fils  de  Guillaume   Bitot,   écuyer,  seigneur  de   Saint- 
Contest  (2),  dénommé  en  un  contrat  de  1475.  —  Fils  de 
Richard,  fils  de  Raoul  de  Bitot. 

Alexandre  de  Noilent, .  seigneur  de  Saint-Contest, 
épousa  suivant  son  traité  de  mariage  passé  devant  les 
tabellions  de  Saint-Lô,  le  3  mars  1408,  demoiselle  Jeanne 
d^Aigneaux. 

Jean  de  NoUent,  avocat  du  roi  à  Caen,  seigneur  de 
Saint-Contest  et  Échauffou  près  Troarn,  par  traité  de 
mariage  du  6  janvier  1420,  épousa  Guillemette  de  Cou- 
vrechef,  fiUe  et  héritière  de  noble  homme,  Jean  seigneur 
de  Couvrechef  et  de  Cantelou.  Il  donna  en  1462,  ati  cou- 
vent des  Croisiers  de  Caen^  une  masure  sise  en  la  place  de 
L^Épinette.  Il  fit  sa  preuve  de  noblesse  en  1463,  demeu- 
rant en  la  ville,  banlieue  et  élection  de  Caen  (3). 

Gilles  ou  Girard  de  Noilent,  son  fils,  chevalier»  sei- 
gneur de  Saint-Contest,  Bombanville,  Ingy,  Échaufifou 
et  Escoville,  de  son  mariage  passé  à  Bures  en  1456^  avec 
Philippine  Le  Chevalier,  eut  le  suivant.  Il  est  encore  cité 
dans  les  échiquiers  de  i  Sog  et  de  1 5 10. 


(1)  Aveu  deTévéché  de  Bayeux  rendu  en  1453. 

(a)  Hist.  Harc.y  t.  I,  p.  974. 

(3)  Hist.  Harc,,X,  I,  p.  972-977. 


37^ 

Jean  de  NoUent,  chevalier,  seigneur  de  Saint-Contest, 
Échauffou,  EscoviUe,  Bombanville,  Ingy,  épousa  Jeanne 
de  Houetteville,  dont  plusieurs  enfants;  Faîne  fut  : 

Florent  de  NoUent,  seigneur  de  Saint-Contest  et  de 
Gassey»  partagea  avec  ses  frères  en  1 535  et  en  novembre 
1545.  Il  fit  sa  preuve  en  1540,  le  5  novembre.  De  sa 
femme  Louise  de  Chanceaux,  dite  Le  Breton,  il  eut  : 

Gilbert  de  Nollent,  seigneur  de  Saint-Contest,  qui  par 
Jeanne  Hédiart,  sa  femme,  fut  père  de  Marguerite  de  Nol- 
lent,  dame  de  Sassey  et  de  Saint-Contest,  laquelle  fut 
mariée  à  Charles  Carv'oisin,  seigneur  d'Achy  et  Bouvières 
en  Beauvoisis. 

La  seigneurerie  de  Saint-Contest  fut  acquise  depuis  par 
Tobie  Barberie,  qui  étant  devenu  trésorier  des  guerres, 
fut  annobli  en  i635.  Il  eut  un  fils  maître  des  Requêtes. 
Un  Barberie  de  Saint-Contest  fut  plénipotentiaire  au 
congrès  de  Cambray.  Cette  seigneurie  appartient 
aujourd'hui  au  fils  mineur  de  messire  François-Domi- 
nique Barberie  de  Saint-Contest,  maître  des  Requêtes, 
intendant  du  duché  de  Bourgogne. 

Le  marquis  de  Saint-Contest,  ministre  et  secrétaire 
d^État  au  département  des  affaires  étrangères,  obtint  de 
S.  M.  la  charge  de  prévôt  maître  des  cérémonies  des 
Ordres  de  S.  M.,  vacante  par  la  mort  du  marquis  de 
Brezé  en  avril  1754. 

Sainte'CroiX'Grand-Tonne.  Sergenterie  de  CreuUy, 
élection  de  Caen,  79  feux,  notariat  d'Audrieu. 

Cette  paroisse  est  située  au  nord'sur  la  grande  route  de 
Caen  à  Bayeux,  presque  à  égale  distance  de  Tune  et  de 
Tautre  ville,  c'est-à-dire  de  3  lieues.  Depuis  qu'on  a 
ouvert  et  formé  les  grandes  routes,  on  a  comblé  la  vallée 
de  Sainte-Croix,  lieu  autrefois  très  dangereux  par  vols  et 


377 

t 

assassinats  qui  y  ont  été  comtnis.  On  y  a  planté  un  beau 
calvaire,  à  la  fin  d^une  mission^  au  mois  de  juin  17S6, 
Les  maisons,  ainsi  que  Téglise,  sont  dans  une  espèce  de 
demi-côte,  à  un  demi-quart  de  lieue  du  grand  chemin. 
Cette  église  vient  d'être  rebâtie  à  la  moderne  aux  frais  de 
M™*  de  Lassey,  dame  de  Sainte-Croix.  Elle  est  de  pierres 
de  taille  et  très  propre.  On  y  chanta  la  première  messe  le 
9  octobre  1759.  Les  maisons  se  tiennent  presque  les  unes 
aux  autres,  et  sont  sur  une  ligne  du  levant  au  couchant, 
qui  a  tout  au  plus  un  petit  quart  de  lieue  de  long.  Celle 
du  seigneur  était  autrefois  fort  belle,  mais  elle  est  présen- 
tement en  mauvais  état,  les  seigneurs  n^y  faisant  point  de 
résidence  depuis  longtemps. 

L^abbé  de  Longues  et  Tabbesse  de  Cordillon  nomment 
alternativement  à  la  cure,  depuis  la  réunion  qui  a  été 
faite  des  deux  portions  par  décret  de  M.  TÉvêque  de 
Bayeux,  en  date  du  12  juin  1686,  sur  la  requête  du  sieur 
Pierre  Huvet,  abbé  commendataire  de  Longues,  et  de 
dame  Marie-Catherine  de  Matignon^  abbesse  de  Cordil- 
lon. Ik  possèdent  Tun  et  Pautre,  conjointement  avec  le 
chapitre  de  Bayeux,  les  dîmes  de  cette  paroisse. 

Thomas,  fils  de  Herbert  d^ Agneaux,  chevalier,  donna 
aux  religieux  de  Longues  :  totumjus  patronatus  medie^  . 
tatis  ecclesiœ  S*  Crucis  de  Grentonis,  quod  meum  erat 
et  antecessorum  meorum  fuerat.  Témoins  :  Jourdain, 
archidiacre  de  Bayeux,  Jean  fils  d^Ermal,  prêtre,  Martin 
de  Vienne,  Gervais  de  Loucelles,  etc.  Henri,  évêquc  de 
Bayeux,  confirma  cette  donation,  présence  de  Henri, 
chantre;  Roger,  chancelier;  Jourdain,  archidiacre; 
Patrice,  sous-doyen  et  Henri,  sous-chantre  (i). 

Gilbert  et  Henri  d^ Agneaux,  chevaliers,  souscrivirent 

(i)  Ex  Cartul.  abèat  de  Long,^  fol.,  vcrç. 


378 

comiTie  témoins  à  la  chartre  de  donation  du  patronage  de 
Vaussieu  faite  à  Tabbayc  de  Longues,  par  Simon  Bacon 
au  commencement  du  xm«  siècle,  vers  1208  (t).  Roger  et 
Gilbert  d'Agneaux  souscrivirent  également  à  celle  que 
Guillaume  Bacon  du  Molley,  frère  de  Simon,  fit  du 
patronage  de  Martragny  à  la  dite  abbaye,  en  la  même 
année  1208. 

Guillaume  d'Amayé,  de  la  paroisse  de  Sainte-Croix- 
Grand-Tonne  vendit  à  fin  d'héritage,  pour  la  somme  de 
i5  livres  tournois,  au  doyen  et  chapitre  de  Bayeux,  la 
troisième  gerbe  de  dîme  qu'ail  avait  à  prendre  sur  le  fief  de 
Villers,  ou  Villiers,  et  celui  de  La  Liserne,  dans  le  terri- 
toire de  Sainte-Croix-Grand-Tonne.  La  chartre  est  de 
l'an  1284  (2). 

Il  est  dit  quelque  part  que  le  chapitre  de  Bayeux  a  une 
portion  de  la  dîme  de  Sainte-Croix,  et  une  cinquième 
partie  de  toutes  les  autres  dîmes,  avec  27  boisseaux  deux 
tiers  d^orge,  une  geline  et  10  œufs,  sur  le  surplus  de  la 
dîme;  et  sur  cette  dîme,  le  chapitre  doit  payer  80  livres 
au  curé,  le  restant  de  la  pension  étant  payé  par  les  autres 
décimateurs. 

Suivant  une  chartre  du  roi  Charles  V,  de  Tannée  1 364, 
Jeaniîe  Bacon,  dame  du  Molley  et  de  Villers-Bocage, 
légua  à  Tabbaye  de  Saint-Évroult,  afin  dVoîr  messes 
par  semaine  pour  elle  et  ses  parents^  tous  les  reveniis  de 
Sainte-Croix-Grand-Tonne,  qui  relevaient  de  la  seigneu- 
rerie  de  Villers  (3).  Elle  mourut  en  1376  et  fut  enterrée 
dans  la  dite  abbaye  où  elle  avait  élu  sa  sépulture. 

Il  y  a  dans  cette  paroisse  plusieurs  excellentes  carrières 


(i)  ExCartuL  abbat,  de  Long.,  p.  Si. 

(2)  Cart.  Capellœ  B»  Af"  Bajoc.,  p.  55 . 

(3)  Nop.  Gall.  Chriftiana,  t.  XI,  coK  a(2-«i3. 


Î79 

de  pierres  et  de  carreau,  propres  à  construire  les  plus 
beaux  édifices.  Les  ruisseaux  de  Gronde  et  de  Tbuë  y 
prennent  leur  source  à  deux  fontaines;  avant  que  de 
sortir  de  la  paroisse,  le  ruisseau  de  Gronde  se  mêle  avec 
les  eaux  de  Tbuë,  qui  naît  au  pied  de  la  maison  seigneu- 
riale. Elle  forme  la  petite  rivière  connue  sous  le  nom  de 
Thue  qui  ^rrose  les  paroisses  de  CuUy,  Caynet,  Pierre- 
pont  et  Amblye,  et  de  là  va  à  Reviers  se  joindre  à  la 
SeuUe. 

Robert  de  Preullay,  seigneur  de  Fresnay-le-S^mson, 
épousa  Mahaud  de  Villers,  sœur  de  Jean  de  Villers  sei- 
gneur de  Villers,  et  vivaient  ensemble  en  i3o3.  Ce 
seigneur  de  Villers  lui  donna  1 7  livres  de  rente  à  prendre 
sur  les  coutumes  du  marché  de  Villers-en-Bocage  (  i  )  • 

Jean  de  Preullay,  seigneur  de  Fresnayje-Samson, 
Lomjeau,  Manetot  et  Fumechon,  fut  marié  à  Isabeau  de 
Gemages,  vicomtesse  de  Dreux.  M.  de  La  Roque  Pappelle 
ailleurs  Robert  de  Preullay,  comme  son  père,  et  marque 
quMls  étaient  seigneurs  de  Sainte-Croix. 

Marguerite  de  Preullay,  vicomtesse  de  Dreux,  dame 
des  susdits  lieux,  sonit  du  mariage  précédent.  Elle  fut 
fiancée  à  Jean  d^Harcourt  comte  d'Aumale,  qui  périt  à  la 
bataille  de  Verneuil,  en  i52  5,  et  en  eut  Louis  d'Har- 
court,  patriarche  de  Jérusalem,  évéque  de  Bayeux.  Elle 
épousa  depuis  Jean  de  Scacauville  (?)  dit  Havart  (2),  valet 
tranchant  et  maître  d^hôtel  de  Charles  VII,  et  bailly  de 
Caux  et  de  Caen,  is^u  de  la  maison  de  Saint-Omer,  dont  : 

Georges  Havard,  seigneur  de  La  Rozière,  Sainte-Croix, 
Gemages,  vicomte  de  Dreux,  maître  des  requêtes  de 
rhôtel  du  roy,  qui  s'allia  d'Antoinette  d'Estouteville, 

(i)  Hist.  Harc,  t.  I,  p.  45(^. 

(1)  Hist.  d'Harc.,  ib.  p.  4^9  et  43o.  (P.  1454  on  lit  Scaneauville.) 


î8o 

dame  d^Ausseboc,  et  mourut  en  1481,  laissant  Louis 
HaVart,  décédé  sans  postérité,  et  trois  filles  héritières  de 
leur  frère. 

L^atnée,  Jeanne  Havart,  dame  de  Puisaye  et  de  Sainte- 
Croix  entra  dans  la  maison  des  Pèlerin  (i),  dont  sortit 
Guillemette  Pèlerin,  dame  de  Sainte-Croix,  femme  de 
Guillaume  de  Bricqueville,  sire  de  Coulombières,  et  mère 
de  Guillaume,  seigneur  desdits  lieux,  père  de  François, 
seigneur  de  Bricqueville  et  de  Sainte-Croix,  dont  un  des- 
cendant, Jean  de  Bricqueville,  seigneur  de  Sainte-Croix, 
laissa  de  Jeanne  de  Quesnel  sa  femme,  pour  fille  unique  : 
Marie  de  Bricqueville,  dame  de  Sainte-Croix  et  de  Cully, 
qui  épousa  Gilles  Vipart,  seigneur  de  Tilly. 

Gilles  de  Vipart,  baron  de  Tilly,  épousa  Catherine  de 
Bricqueville,  fille  héritière  de  Jean,  seigneur  de  Mont- 
Canisy  et  de  Sainte-Croix-Grand'Tonne,  fils  de  Guy  de 
Bricqueville,  seigneur  de  Sainte-Croix,  et  de  Marguerite 
de  Recusson.  De  ce  mariage  vint  Guillaume  de  Vipart, 
chevalier  marquis  de  Mont-Canisy,  Sainte-Croix,  CuUy, 
Loucelles,  Putot,  Tourgé ville,  Bénouville,  Le  Hamel, 
Gérots,  lequel  fit  un  échange  le  2  juin  lôSg  (2). 

Guillaume  de  Bricqueville  donna,  en  1 5o3,  la  déclâ^ 
ration  du  fief,  terre  et  seigneurie  de  Sainte-Croix,  tenus 
à  gage  pleige  de  Tévéque  de  Coutances  par  un  fief  entier 
de  chevalîfer. 

Guillaume  de  Vipart,  marquis  de  Sainte-<Iroix,  laissa 
pour  fille  unique  Suzanne  Vipart,  morte  le  22  février  1 676. 
Elle  avait  épousé  Louis  de  Madaillan  de  Lesparre, 
Il^du  nom,  marquis  de  Montataire,  dont  le  suivant,  et 
Reine,  mariée  à  son  neveu.' 


(i)  Hist.  ^Harc,  ib.  p,  56o. 

(a)  Rec.  d'aveux  de  la  viGomté  de  Bayeux. 


Le  9  janvier  1687,  baptême,  à  Saint-Jean  de  Caen,  de 
deux  fils,  l'aîné  nommé  André- Aramon,  Tautre  différé  à 
nommer,  enfants  de  noble  seigneur  Louis  de  Madaillan 
de  Lesparre,  marquis  de  Montataire,  et  de  dame  Marie 
de  Rabutin.  Le  parrain  de  l'aîné  fut  André  Potier- 
Novion;la  marraine,  Françoise  Le  Conte  de  Nouant, 
marquise  de  Cely. 

Armand  de  Madaillan,  marquis  de  Lassay,  seigneur 
de  Sainte-Croix  et  de  Cully,  lieutenant  général  au  gou- 
vernement de  Bresse,  Buget  et  Vairomey,  chevalier  des 
ordres  du  roy,  fut  père,  par  Marie-Anne  Pajot,  sa  seconde 
femme,  de  : 

Léon  de  Madaillan  de  Lesparre,  comte  de  Lassay,  bri- 
gadier des  armées  du  roi,  qui  épousa,  le  3  avril  171 1, 
Reine  de  Madaillan  sa  tante,  fille  de  Louis,  marquis  de 
Montataire,  et  de  Marie-Thérèse  de  .Rabutin,  sa  seconde 
femme. 

M™«  de  Lassay  a  survécu  à  son  mari  dont  elle  n'a  point 
eu  d'enfants.  Morte  en  1763.  Elle  a  fait  rebâtir  l'église 
de  Sainte -Croix  à  ses  frais,  et  elle  a  vendu  les  terres  de 
Sainte-Croix  et  de  Çully  à  messire  Jean,  comte  de  la 
Guiche,  son  parent,  qui  est  aujourd'hui  seigneur  de  ces 
deux  terres.  Les  armes  de  M™«  de  Lassey  sont  :  écartelé 
au  premier  et  quatrième  tranché  d*or  et  de  gueules,  au 
deuxième  et  troisième  d'azur  au  lion  d*or,  qui  est  de 
L'Esparre. 

Saint-Germain  de  la  Blanche-Herbe  (de  Blanca 
Herba).  Banlieue  et  élection  de  Caen,  62  feux,  notariat 
de  Çaen. 

Cette  paroisse,  à  une  lieue  de  Caen,  est  entre  le  grand 
chemin  tendant  de  Bayeux  à  Caen,  et  un  autre  chemin 
deBayeuxàCreulIy(?).  Il  en  dépend  deux  hameaux:  Fran- 


382 

cheville,  distant  d*uae  demi-lieue  de  Téglise  paroissiale, 
et  d'un  quan  de  lieue  de  Tabbaye  d'Ardenne,  il  est  entre 
réglised'Authîeet  la  grande  route  de  Caen  à  Bayeux; 
et  Cussy,  dont  la  moitié  est  sur  la  paroisse  d^Autbie.  Il 
esc  à  un  quart  de  lieue  et  demi  de  l'église,  et  à  un  demi- 
quart  de  lieue  d^Ardenne. 

L'église  de  Saint-Germain  est  proche  le  hameau  de  La 
Maladrerie,  dépendant  de  la  paroisse  de  Saint-Nicolas 
de  Caen.  Elle  est  desservie  par  un  chanoine  Prémontré, 
à  la  nomination  de  l'abbé  d^Ardenne  qui  en  perçoit  les 
dîmes.  Il  paraît,  par  la  chartre  confirmative  que  Henry  IL 
évéque  de  Bayeux  donna,  en  1 1 9 1 ,  que  Tabbaye  d^ Ar- 
yenne tient  Péglise  de  Saint-Germain  de  la  libéralité  de 
Philippes  d^Harcourt,  son  prédécesseur,  ex  dono  Philippi 
Bajocensis  Episcopi  ecclesiam  S*'  Germant  de  Blanca 
Herba{i). 

Anno  I i3S,  conventio  fada  est  inter  canonicos  de 
Ardena  et  sacerdotem  S^  Germanii  de  Alba  Herba 
hujus  modi  :  Concessit  autem  presbyter  canonicis  de 
Ardena,  curiam  suam  habere  solam,  et  quietam  de 
decimis  et  redditibus,  et  omnibus  consuetudinibus  prœ- 
dictœ  ecclesiœ  S"*  Germani  pertinentibus.  Décimas 
etiam  et  omnes  consuetudines  totius  campi  qui  exten- 
ditur  usque  viam,  hoc  estjuxta  terram  Willelmi  Grossi, 
et  suorum  antecessorum,  et  ex  altéra  parte  usque  ad 
capita  terrarum  Cadomensium,  excepta  una  acra,  quœ 
est  juxta  murum  curiœ.  Concessit  etiam  prœdictus 
presbiter  canonicis,  décimas  et  consuetudines  illius 
acrœ^  ubi  força  est ^  juxta  domum  Willelmi  Coronati; 
Décimas  et  consuetudines  unius  acrœ  quœ  est  inter 
viam  Bajocensem  et  viam  Franccevillœ,  Hoc  autem 
futurum  esse  ratum  et  firmum  adfidiaverunt  canonici 
et  Mathœus  presbiter  S**  Germani;  ut   avttem  hœc 


383 

conventîo  rata  et  firma  teneretur^  concessa  est  pres- 
bytero  S**  Germant  tota  décima  hœredum  Aiulphi  de 
Foro  il} Francavilla  et  in  Ardena  (i). 

Cet  arrangement  fut  fait  en  présence  -d^un  grand 
nombre  de  témoins  :  Willelmus  Crassus,  Stephanus 
prœsbiter  de  Maton,  Anschetilus  de  Aniseyo  presby- , 
ter  :  Helyas  prœsbiter  de  Hamars,  Stephanus  cano- 
nicus,  Hugo  de  Montibus,  Willelmus filius Polinœ,  ma- 
gister  Marellus^  Ranulphus  presbyter  de  Columbellis, 
Haimo  filius  comitis  Glocestriœ,  Silvester  filius  Pa-- 
ganl  de  Buron,  et  filii  Aiulphi,  Willelmus  de  Baron^ 
et  Colardus  de  Hermanvilla,  et  Guarinus  et  Wal- 
terus  monachus,  qui  prœdicti  Aiulphi  filii  concesse- 
runt  hœc  prœdicta  omnia  canonicis  et  presbitero  de 
S^  Germano. 

Guarinus  (filius  Aiulphi  de  Foro,  postea  primus 
abbasj,  assumpto  habitu  religionis,  se  suaque  dédit  : 
omnes  scilicet  possessiones,  quas  habueratpro  portione 
sua  in  parœchia  S''  Germani  de  Blanca  Herba,  apud 
Burum,  et  apud  Gambas.  Ces  donations  furent  confir- 
mées en  1 138. 

L'abbaye  dPArdenne,  ordre  de  Prémontré,  est  située 
sur  la  paroisse  de  Saint-Germain-de-la-BIanche-Herbe. 
CVst  ainsi  qu^en  parle  Cenalis  dans  son  histoire  (2)  : 
Estprœterea  in  agri  Bajocensis  pœne  meditullio  camo' 
bium  Norobertinœ  familiœ,  nempe  Prœmonstratensis^ 
(Ardennam  vocantj,  divus  si  quidem  Norobertus  sanc^ 
titatis  opinione  clarissimus,  varias  toto  illo  orbe  agro- 
rumculturas  ad  construendacœnobia  undecunque  rece- 


(i)  Neust.  Pia,  p.  706. 

(2)  De  Re  Galli,  lib.  2,  per.  4,  p.  i58. 


584 

perat  (circarias  vacant),  hœc  igitur  circaria  Ardenœ 
una  est  ex  eis  quœ  ad  Noroberti  familiam  pervertit,  b 
Cette  abbaye  fut  fondée  en  1122  par  Aiulphe  du 
Four  (î),  seigneur  d'Hermanville,  et  Tusselîne  (2)  sa 
femme.  Ce  fut  à  la  sollicitation  de  Gilbert,  disciple  de  saint 
Norbert,  qui  était  venu  s'établir  en  ce  lieu.  Il  gouverna 
non  en  qualité  d^abbé,  mais  de  supérieur,  ce  nouveau 
monastère  qui  ne  fut  érigé  en  abbaye  qu^après  sa  mort. 
Cette  éreaion  fut  reçue  et  approuvée  dans  un  chapitre 
général  tenu  à  Prémontré,  à  la  prière  de  Vaultier,  fils  du 
fondateur,  et  on  élut  en  même  temps  pour  premier  abbé, 
Guérin,  son  frère,  qui  avait  embrassé  Tétat  monastique 
sous  Gilbert.  L'un  et  Tautre  achevèrent  Téglise  et  les  bâti- 
ments commencés  par  leur  père,  et  Richard  de  Glocestre, 
évéque  de  Bayeux,  la  consacra  en  1 1 38.  Elle  n^avait  pas 
subsisté  un  siècle,  que  par  un  accident  étrange,  la  voûte 
s^écrasa  le  23  février  i23o,  et  ensevelit  sous  ses  ruines 
Tabbé  Nicolas  et  25  de  ses  religieux  qui  chan- 
taient alors  Toffice.  Jean  Le  Blond,  un  de  ses  successeurs, 
la  fit  rebâtir  au  siècle  suivant.  Cette  abbaye  fut  fort  aug- 
mentée dans  ses  bâtiments  et  dans  ses  biens,  vers  1443,  par 
Robert  Chartier  (3),  son  abbé.  Elle  embrassa  la  réforme 
sous  Pépiscopat  de  M.  d^Angennes. 

Saint'Louet.  Sergenterie  de  Berniëre,  élection  de 
Caen,  i  feu,  notariat  de  Caen. 

Cette  paroisse  est  située  près  Authie.  L'abbé  de  Saint- 
Ouen  de  Rouen  est  patron  coUateur  de  la  cure,  et  le  curé 
principal  décimateur.  La  seigneurie  appartient  aux  héri- 


(i)  De  Foro,  du  Marché. 

(a)  La  GalUa  la  nomme  :  Asselina. 

(3)  La  Gallia  le  nomme  :  Rùbertus  Le  Caretier. 


38s 

tiers  de  feu  M.  d^Auchin,  seigneur  et  patron  honoraire 
de  Saint-Louet.  Elle  est  à  une  lieue  et  demie  de  Caen. 

Saint'Manvieu,  Sergenterie  de  Cbeux,  élection  de 
Caen,  1 3o  feux,  notariat  de  Cbeux. 

Cette  paroisse  est  séparée  de  celle  de  Cheux  par  un 
petit  ruisseau  qui  vient  de  la  fontaine  de  Cheux.  Elle  est 
à  une  demi-lieue  du  bourg  de  ce  nom,  et  à  2  lieues  de 
Caen.  Il  y  a  4  hameaux  :  Le  Hameau  proprement  dit, 
proche  le  presbytère,  La  Vallée,  BouUiesseet  Marcelet. 

Le  sous-doyen  de  la  cathédrale  de  Bayeux  est  patron 
coUateur  de  la  cure.  Il  a  le  tiers  de  la  grosse  dîme  par  la 
donation  que  Philippe  d*Harcourt  fit,  en  11 36^  à  ce 
dignitaire.  Les  deux  autres  tiers  sont  pour  les  Religieux 
d'Ardenne,  peut-être  aussi  par  le  bienfait  du  même 
prélat.  Il  y  a  dans  cette  paroisse  un  hôpital  et  une  maî- 
tresse d'école  de  la  fondation  de  M^  de  Fréquienne, 
dame  de  Saim-Manvieu.  Messire  Jacques  Bacon  de  Pré- 
court, écuyer,  seigneur  de  Saint-Manvieu,.a  une  chapelle 
titulaire  de  Sainte-Anne  dans  sa  maison  seigneuriale,  à 
laquelle  il  présente,  et  une  autre  de  Saint-Pierre,  atte- 
nante à  Péglise  paroissiale.  La  seigneurie  est  décorée 
d^une  haute  justice  qui  relève  du  bailliage  de  Caen. 

Le  hameau  de  Marcelet  est  un  hameau  considérable.  Il 
y  a  un  fief  relevant  de  la  seigneurie  de  Saint-Manvieu, 
et  possédé  par  messire  Philippe  de  Héricy,  écuyer,  sei- 
gneur de  Marcelet,  un  hôpital  et  une  chapelle  à  titre, 
sous  rinvocatîon  de  Saint-Jacques,  à  la  présentation  du 
dit  seigneur.  La  seigneurie  de  Marcelet,  membre  de 
TEpinay-Tesson,  a  longtemps  appartenu  à  la  maison  des 
Du  Bois  de  Pirou.  Jean  Carbonnel,  écuyer,  seigneur  de 
Marcelet  à  cause  de  demoiselle  Perrette  du  Bois,  sa 
femme,  passa  plusieurs  contrats  de  fiefs  devant  Jean 

25 


386 

Richard,  tabellion  à  Caen,  les  14  et  16  de  novembre  et 
24  janvier  1488  (i|.  Messire Guillaume  Carbonnel,  sei- 
gneur d'Anderville,  pour  la  demoiselle  sa  femme, 
vendit,  le  22  février  147 1,  à  noble  homme  Antoine  de 
fiatarnay,  seigneur  de  Vaugrie,  et  à  demoiselle  Renée  de 
Houllefort,  son  épouse,  la  seigneurie  de  Marcelet,  en  la 
vicomte  d'Evrecy,  avec  patronage  d'église,  à  chaîne  de 
payer  20  sous  et  16  boisseaux  de  froment  de  rente,  qui 
étaient  dus  à  Tabbaye  de  Saint-Etienne  de  Caen. 

Sicqueville  (Saint-Sulpicede).  Siccavilla.  Sergenterie 
de  Creully,  élection  de  Caen,  58  feux,  notariat  de 
CreuUy  (SecqueviUe-en-Bessin). 

Cette  paroisse  est  situé  sur  la  petite  rivière  de  Thue 
qui  vient  de  Sainte-Croix.  Il  y  a  dans  son  territoire  5  ha- 
meaux :  Guerville,  La  .Ville,  Bray,  Boutcachard  et 
Chasserat.  Le  hameau  de  Guerville  contient  plusieurs 
maisons  ensemble  proche  Téglise,  avec  deux  fermes  qui 
en  dépendent,  au-dessous  desquelles  passe  la  Thue.  Le 
hameau  de  La  Ville  consiste  en  plusieurs  maisons  ;  le 
château  du  seigneur,  et  une  ferme  détachée  en  font  partie. 
Le  hameau  de  Bray  n'est  qu'une  ferme  distante  des  autres 
hameaux  d'une  demi-lieue,  et  ne  s'appelle  Bray  que 
parce  qu'elle  est  proche  le  village  de  Bray,  dépendant  de 
la  paroisse  de  Lasson.  Dans  le  hameau  de  Boutcachard  sont 
-plusieurs  maisons  détachées  le  long  du  chemin  tendant 
à  La  Délivrande.  Dans  celui  de  Chasserat  (2)  sont  deux 
fermes  détachées  construites  sur  le  chemin  qui  tend  à  la 
paroisse  de  Creully.  Il  y  a  entre  les  deux  premiers  et  les 
deux  derniers  hameaux,  un  étang  considérable  que  le 
seigneur  a  fait  faire  en  1757. 

(i)  Hist,  Harc.y  t.  I,  p.  114. 
(z)  Aujourd'hui  :  Cacharas. 


î87 

Cette  paroisse  est  à  3  lieues  de  Bayeux  et  à  trois  quarts 
de  lieue  du  bourg  de  CreuUy.  L'abbé  de  Caen  présente  à 
la  cure.  Henry  II,  roi  d'Angleterre,  rapporte  dans  sa 
chartre  de  confirmation  pour  Tabbaye  de  Saint-EtieQne 
de  Caen,  une  histoire  au  sujet  de  cette  paroisse,  que  je 
crois  devoir  placer  ici  (  i  )  : 

«  Homines  de  Siccavilla  recepti  in  societatetn  monas 
terii  Sancti  Stephani,  dederunt  eidern  sancto  duos 
partes  decimarum  suarum,  hujus  autem  villce  ecclesias, 
quas  iS'"'  Stephanus  antiquitus  in  magna  pace  tenuerat 
Herbetus  quidam  clericus^  eis  modis  quibuscumque 
poterat,  au/erre  quœrens,  abbatemet  monachos  indèdià 
fortiter  vexavit  :  quorum  vexationi  Henricus  Rex 
finem  imponere  decemens,  utrisque  ante  se  in  castello 
Cadomi  diem  constituit  placitandi.  Die  igitur  consti- 
tuto,  abbas  et  monachi,  cum  omnibus  quœ  eis  necessaria 
erant,  ipsi  Régi  etjustitiœ  placitum  suum  obtulerunt. 
Herberto  autem  ibi  in  audientia  regiSy  et  totiusjustitiœ, 
nec  non  et  baronum  déficiente,  de  prœfata  ecclesia 
ipsius  Régis  et  justitiœ  judicio^  5'»"  Stephanus  saisitus* 
remansit,  nemini  deinceps  amplius  inde  responsurus. 
Rogerius  filius  Pétri  de  Fontaneta  in  presentia  totius 
justitiœ  reddidit  5'*  Stephano  terram  illam,  et  omnes 
décimas,  quœ  ipse  Sanctus  à  Godefrido,  avo  illius,  et 
pâtre  iuo  habuerat;  easque  idem  S^  deinceps  firmiter 
inperpetuum  tenendas  concessit.  »      * 

Il  arriva,  en  i  io5,  un  événement  digne  d'être  remar- 
qué à  Sicqueville,  que  la  Chronique  de  Normandie 
appelle  mal  à  propos  :  Saquainville.  Durant  les  guerres 
de  Robert,  duc  de  Normandie,  et  de  Henry  roy  d'An- 
gleterre, Robert  Hamon,  sire  de  Creully  et  de  Torigny, 

(i)  Neust.  Pia,p.  637. 


388 

qui  tenait  le  parti  du  dernier,  faisait  continuellement  des 
courses  dans  ce  pajs.  A  la  fin  il  fut  surpris  dans  T^ise 
de  Sîcqueville,  ob  il  s^était  retiré,  et  fait  prisonnier  par 
les  garnisons  de  Caen  et  de  Bajeux,  qui  avaient  mis  le 
feu  à  cène  ^ise  pour  Tobliger  de  sortir.  On  l'amena  à 
Bayeux  oîi  il  pensa  être  mis  en  pièces  par  la  populace, 
qui  était  furieuse  contre  lui. 

M.  Guilbert, seigneur  de  SicqueviUe,  vivait,  en  1480, 
avec  N.  de  Pellevé  sa  femme,  fille  de  Jean  II*  du 
nom,  seigneur  de  Tracy,  et  de  Françoise  du  Bois  de 
L'Espinay(i). 

Pierre  Guilbert,  seigneur  de  Sicqueville,  baron  de  Cou- 
lonces,  épousa  Renée  de  Vassy,  fille  de  Louis  de  Vassy, 
seigneur  de  Brécy,  et  de  Madeleine  d^Amfemet.  Ils  vi- 
vaient en  1574. 

François  GuiUebert,  seigneur  de  Sicqueville-en-Bessin, 
épousa,  vers  la  fin  du  xvi«  siècle,  Françoise  de  Longue- 
val,  sœur  de  Marie  femme  de  Nicolas  de  Sainte-Marie 
d'Agneaux,  seigneur  de  Canchy  (2). 

Louis  GuiUebert,  marquis  de  Sicqueville,  baron  de 
Coulonces,  gouverneur  des  ville  etchâteaude  Vire,  vivait 
sous  Louis  XIII,  et  eut  de  Louise  d^Apchon,  son  épouse, 
la  suivante  : 

Gabrielle  GuiUebert,  dame  de  Sicqueville,  épousa,  par 
contrat  du  20  juiUet  i665,  René  de  MaiUé,  marquis  de 
Benehart,  gentilhomme  de  la  Chambre  du  Roy,  capi- 
taine d^une  compagnie  d'ordonnance,  et  des  chasses  du 
pays  du  Maine,  dont  (3)  : 

Louis-Joseph  de   Maillé,   baron  de  Coulonces  et  de 


(i)Hitt.  des  gr.  offic,  t.  II,  p.  87. 

(2)  Hiit.  Marc,  t.  I,  p.  932. 

(3)  Hist.  des  gr.  offic,  t.  VII,  p.  514. 


389 

Sicqueville-en-Bessin,  enseigne  de  la  compagnie  des  Gen- 
darmes Flamands,  père  de  Marie-Anne-Geneviève  de 
Maillé,  lesquels  vendirent,  vers  1698,  la  terre  de  Sicque- 
ville  à  Jacques-Joseph  de  Bellemare  de  Valhebert. 

Messire  de  Bellemare  fit  unir  cette  terre,  relevante  du 
roy  par  un  plein  fief  de  hautbert,  à  la  baronnie  de  Cour- 
seulle,  et  ériger  le  tout  en  marquisat  par  lettres  patentes 
de  1 728,  mais  il  sVn  défit  par  vente,  en  1 734,  après 
ravoir  fait  désunir  de  son  marquisat  par  autres  lettres 
patentes. 

Jean-Jacques  des  Essarts,  écuyer,  seigneur  de  Montfi- 
quet-le-Coisel,  ancien  président  au  présidial  de  Caen,  qui 
Tavait  achetée,  y  a  fait  bâtir  une  très  belle  maison  accom- 
pagnée de  beaux  dehors.  Il  a  pour  fils  : 

Guillaume-Frédéric  des  Essarts,  seigneur,  patron  et 
châtelain  de  Sicqueville,  conseiller  du  roi,  président  au 
présidial  de  Caen,  qui  a  épousé,  en  1759,  demoiselle 
Anne-Thérèse  Balin  de  Cambenard,  de  tlouen.  Il  fut  tué 
dans  une  affaire  particulière,  par  M.  de  Balsac,  au  mois 
de  juillet  1 768. 

TTian  (Saint-Pierre  de).  Sergentcrie  de  Bernières,  élec- 
tion de  Caen,  78  feux,  notariat  de  Bény. 

Cette  paroisse  est  assise  sur  la  petite  rivière  de  Mue, 
qui  vient  du  côté  de  Rotz.  Elle  est  à  une  lieue  de  La  Dé-- 
livrande  et  à  3  lieues  de  Caen.  Le  grand  doyen  de 
Bayeux  présente  de  plein  droit  à  la  cure.  Il  en  est  ie  prin* 
cipal  décimateur.  Le  Roi  et  le  Chapitre  de  Bayeux  y  ont 
chacun  un  trait.  Le  chanoine  de  Barbières  perçoit  les 
dîmes  de  son  fief,  qui  est  au  hameau  de  même  nom.  Le 
grand  doyen  a  le  droit  de  déport  et  de  visite  à  Than. 

On  écrivait  autrefois  Thaon  et  Taon.  £ntre  les 
hameaux  de  cette  paroisse,  ceux  de  Barbières  et  de  Boijn* 


390 

banvile  sont  les  plus  considérables,  et  sont  décorés 
chacun  d^un  fief  noble.  Jacques-Gaspar  de  More!  de 
Beuzeval,  seigneur  de  Than  est  conseiller  dMpée  à  Caen. 

Le  hameau  de  Barbières  donne  le  titre  à  une  des 
prébendes  de  la  cathédrale  de  Bayeux.  Son  fief  a  des 
extensions  es  paroisses  de  Ranchy  et  d'Esquay-sur-SeulIe. 
Il  a  la  moitié  de  la  dîme  de  ce  fief  à  Than,  celles  des 
héritages  de  son  fief  à  Esquay,  un  quinzième  de  la  grosse 
et  un  dixième  de  la  verte  à  Ranchy,  et  des  rentes  seigneu- 
riales en  tous  ces  lieux.  Il  y  a,  dans  le  château  de  Bar- 
bières,  une  chapelle  de  Sainte-Trinité,  à  la-présentation 
de  noble  homme  Pierre-Michel-Gilles  de  Sallen,  cheva- 
lier, seigneur  de  Barbières,  au  droit  de  sa  femme  Marie- 
Henriette  de  Cahaignes.  Il  y  nomma  en  1755,  conjointe^ 
ment  avec  demoiselle  Marie-Anne  de  Cahaignes. 

Le  hameau  de  Bombanville  appartient  aussi  à  Than. 
Son  fief  a  des  extensions  à  Aguerny,Cairon  et  ailleurs. 
Philippe  d^Harcourt,  baron  de  Bonestable,  dont»  le 
20  août  1 397  le  dénombrement  de  son  fief  de  Than  a^is 
en  la  vicomte  de  Caen,  paroisse  de  Than,  au  hameau  de 
Bombanville,  qui  s'étend  à  Anguerny  (i).  Cette  seigneu- 
rie, avec  la  terre,  fut  vendue  en  1 491,  par  Jacqxtes  d'Har- 
court,  seigneur  de  Fontaines-Ie-Henry,  à  Jacques  Le 
Sens,  écuyer,  seigneur  de  Cresserons,  avec  plusieurs 
parties  de  rentes  pour  la  somme  de  600  livres,  à  charge 
de  rhommage,  et  des  devoirs  seigneuriaux  à  qui  ils 
appartiennent.  L'an  i633,  lé  chanoine  de  Bernesq,  bénit 
une  chapelle  domestique  située  à  Than,  sur  la  terre 
et  fief  noble  de  Hamars,  dit  Barbières,  pour  Gervais 
Allain,  écuyer,  seigneur  de  Hamars  et  de  Bombanville, 
qui  Tavait  fondée  et  dotée  par  contrat  devant  les  tabel- 

(i)  Hist.  Harc.y  p.  8o5  et  i5o5. 


39Ï 

lions  do  Çaea^  au  mois  de  mars  de  la  même  année^  et  qui 
s^on  retint  la  nominatioa  pour  lui  et  ses  héritiers  (i). 
Cette  chapelle^  sous  Tinvocation  de  Sainte*Trinité,  de  la 
Sainte- Vierge  et  de  Sainte-Anne,  est  à  un  quart  de  lieue 
de  Péglise  paroissiale.  Elle  a  20  pieds  de  long,  16  de 
large  et  1 6  de  hauteur. 

La  baronnie  de  Than  fait  partie  des  biens  de  Pabbaye 
de  Savigny  [2)  ;  elle  a, différentes  extensions,  et  particuliè- 
rement le  fief  de  Goumay  assis  à  Villy,  doyenné  de 
Villers,  dans  le  hameau  du  même  nom. 

Il  paraît  que  dés  Tan  1 1 64,  le  grand  doyen  de  Bayeux 
était  curé  primitif  de  Than,  par  une  chartre  datée  du 
14  septembre  audit  an,  qui  est  dans  le  Livre  Noir  du 
Chapitre  de  Bayeux.  Jean  de  Than,  par  aae  du  mois 
d^octobre  i23o,  vendit  au  doyen  Herbert,  tous  les  droits 
quUl  pouvait  prétendre  au  patronage  et  aux  dîmes  d^une 
portion  de  Than,  moyennant  la  somme  de  3o  livres 
tournois.  Cette  transaction  fut  ratifiée  en  1295,  par  le 
même  Jean  de  Than  à  Jean  Le  Moine,  cardinal,  succes- 
seur de  Herbert,  et  par  Richard  de  Than  prêtre,  et  Phi- 
lippe son  frère.  Ceci  est  tiré  d^un  mémoire  imprimé  en 
1746  pour  M.  le  Doyep  contre  le  curé  du  Fresne.  Les 
actes  sont  ci-après. 

En  1263,  Grégoire  de  Naples,  doyen  et  depuis  évêque 
de  Bayeux^  unit  pour  toujours  à  sa  dignité  la  dîme  de 
Than  qui  lui  avait  été  donnée  par  Richard  de  Surrain. 
Pierre  de  Benais,  son  successeur,  ratifia,  en  1274,  cette 
donation. 

Le  cardinal  Le  Moine,  doyen  de  Bayeux,  fonda 
des  deniers  qu'il  perçut  de  sa  dignité,  la  chapelle  de 

(1)  Reg.  de  Févlché. 

(2)  Mém,  pour  Vabbi  de  Savigny^  in-40,  p.  1. 


Î92 

Saint-Jean*Ba[>dste  dans  son  manoir  seigneurial  de  Than. 

Cette  fondation  fut  confirmée  par  le  cardinal  de  Fargis, 
son  successeur. 

Universus  Bajocensis  ecclesiœ  canonicorum  canven- 
tus  omnibus  A'"'  fidelibus  tant  presentibus  quam  futu- 
ris  salutem.  Noverit  universitas  vestra  quod  Philippus 
de  Thaon  recognovit  se  esse  clericum  Willelmi  decani 
nostri  in  ecclesia  de  Thaon  tamquam  in  ea  quœ  a 
longe  rétro  temporibus  est  in  integrum  cum  ecclesia  de 
Fraxino,  et  cum  omnibus  aliis  suis  pertinentiis  de  jure 
decanatus  Bajocensis  ecclesiœ  :  recognovit  etiam  se 
habere  a  Decano  quid  quid  habet  inprœdictis  ecclesiis, 
vel  in  earum  pertijientiis,  et  quod  huic  recognotioni 
stabit,  et  quod  de  cœtero  fidelis  existet^  et  obedientiam 
exhibebit  Decano,  et  ecclesiœ  Bajocensi  de  ecclesia  de 
Thaon  et  de  ecclesia  de  Fraxino,  et  de  pertinentiis 
earum  super  textum  evangeliorum  juravit.  Actum  est 
hoc  anno  ab  Incarnatione  J>'  / 164^  18  kalendas  octo- 
bri,  videlicet  in  Exaltatione  S*  Crucis;  in  capitulo 

nostro presentibus  Umfrido  Bouet  archicapellano, 

Thoma  archidiacono,  Roberto  subdecano,  Wiilelmo 
sacrista,  Huberto  de  Ponte^Isberti,  Wiilelmo  de  Bro- 
Ho  et  aliis. 

Petro  Ebroicensi  episcopo  et  Richardo  de  Humeto 
conestabulario  Régis,  Richardus,  Dei  gratia  Constan- 
tiensis  episcopus  salutem,  Sciatis  quod  quandiu  in 
ecclesia  Bajocensi  decanatum  habuimus^  presbiterium 
possidebamus  in  ecclesia  de  Thaon,  vicariatum  nostrum, 
tamquamque  persona  ejusdem  ecclesiœ  eramus  :  neque 
Radulphus  de  Thaon  ullum  sacerdotem  temporibus  nos- 
tris  misit  in  eam  ;  neque  nos  per  presentationem  ejus 
ullum  in  eadem  recepimus,  neque  per  manum  ejus 
substituimus,  Valete. 


Î9Î 

Noverint  universi  présentes  litteras  inspecturi  quod 
Ego  Johannes  de  Than  armiger,  quondamfilius  Radul- 
phi  de  Than,  militis  defuncti,  dedi,  concessi,  et 
omnino  quitavi  pro  sainte  animœ  meœy  etc. ...  in  puram 
et  perpétuant  eleemosinam  viro  venerabili  Herberto 
decano  Bajocensi  quidquid  juris  ego  et  antecessores 
mei  habebamus  aut  habere  dicebamus  in  patronatu 
cujusdam  portionis  eccIesiœS^'.  Pétri  de  Than^  deci- 
mis  et  rébus  aliis  ad  dictum  patronatum  pertinentibus, 
habendum  et  tenendum  dicto  decano  et  successoribus 
ejus  in  decanatu  ecclesiœ  BajocensiSy  bene^  pacifiée, 

libère ita  quod  si^  forte  contingeret   prœdictum 

Decanum,  vel  in  dicto  decanatu  successores  de  dicto 
patronatu,,...  ab  aliquo  molestari,  ego  et  heredes  mei 
tenemur  nostris  sumptibus,  decano  et  successoribus 
prœscriptis  omnia  supra  dicta  garantisare  seu  defen^ 
dere  contra  omnes  :  Si  vero  garantisare  seu  defendere 
nonpossemus....  tenemur  dictis  decano  et  suc  essoribus 
sex  libras  turonenses  vel  usualis  monetœ  annui  reddi' 
tus  assignare  in  rure  propria  hœreditatis  apud  Than 
vel  alibi....  pro  hac  autem  garantisatione  et  defensa* 
tione  et  concessione.,..  idem  Decanus  mihi  dédit  tri- 
ginta  libras  Turonenses.  Actum  in  hoc  anno  D^  Af^ 
Ducent^  Quinq^  mense  octobris. 

Comme  Jean  de  Thaon,  écuyer,  jadis  fils  de  Raould 
de  Thaon,  chevalier,  alors  mort,  eut  donné,  délaissé,  et 
du  tout  quitté..,,  a  homme  de  bonne  rembrance  (sic) 
Herbert  jadis  doten  de  Bajreux....  scachie\  qu'yen  l'an 
de  grâce  I2g5,  le  jour  dejeudy  après  la,.,.  Notre  Si'' 
par  devant  nous  le  vicomte  de  Bayeux  fut  présent  en 
droit  Guillaume  de  Thaon  dudit  chevalier  fils^  et  frère 
dudit  Jean,  reconnut  que  la  lettre  que  ledit  Jean  avait 
faite  était  vraye  et  scellée  du  vrai  scel  audit  Jean^  et 


3W 

V  approuve  pour  bonne....  et  voulut  et  octroya  qu'homme 
honorable  maître  Jehan  Le  Moine,  doîen  et  ses  succes- 
seurs ajrent^  tiennent  et  pourjlchent  ledit  patronage^ 
et  le  patronage  de  l'autre  portion  de  ladite  église,  et 
que  le  doten  et  ses  successeurs  donnissent  à  leur  volonté 
et  de  leur  plein  droit  les  dites  portions  toutes  les  fois 
quelles  seraient  vacantes,  etc. 

Richard  de  Thaon,  prêtre^  et  Philippe  de  Thaon, 
frères^  et  fils  de  Richard  de  Thaon,  confirmèrent  égale- 
ment  la  chartre  de  Jean  de  Thaon  par  une  autre  expédiée 
en  leur  nom  Pan  1296^  le  jour  de  vendredi  après  la 
Saint-Martin  d^hiver. 

Il  est  donc  certain  que  Tancienne  famille  de  Than  a 
tiré  son  nom  de  cette  paroisse^  et  qu'elle  en  a  possédé  la 
seigneurie.  Cette  seigneurie  a  été  depuis  transportée  à  une 
branche  de  la  maison  de  Mathan,  d'ob  elle  a  passé  par 
acquisition  à  inessite  Blouet  de  Caen.  La  famille  de 
Blouet  de  Camilly  et  de  Than  est  noble  et  des  mieux 
alliées.  Ses  armes  sont  :  d^azur  au  lion  d^or  armé  et  lam- 
passé  de  gueules,  au  chef  cousu  de  même,  chargé  d^un 
cœur  d^or  accosté  de  deux  croissants  d^argent. 

Pierre  Blouet,  sieur  de  Than  et  de  Camilly»  contrôleur 
des  aides  et  des  tailles  à  Caen,  fut  annobli  en  16 10. 
Il  était  originaire  de  Saint-Manvieu.  De  sa  femme 
M.  Jourdain,  il  eut  :  \^  Pierre,  sieur  de  Than,  qui  suit; 
—  2^  Jean,  sieur  de  Caynet,  trésorier  des  guerres,  et  capi- 
taine, qui  épousa  une  Guerville  de  Bray,  dont  deux  fillles 
mariées  au  sieur  du  Guast  de  Vassy,  et  au  sieur  de  Sec- 
queville-Morel  ;  —  3«  François,  sieur  de  Camilly,  ci- 
après. 

Pierre  Blouet,  écuyer,  conseiller  du  roi,  seigneur  de 
Than,  et  trésorier  général  des  guerres  en  la  province  de 
Normandie,  épousa  Marie  de  Malherbe,  dont  : 


395 

Pierre  Blouet,  écuyer,  seigneur  de  Than,  conseiller  au 
présidial  de  Caen,  marié  à  une  demoiselle  de  Saint- 
Laurent,  fille  du  seigneur  de  Tierccvillc,  dont  il  a  laissé 
postérité. 

François  Blouet,  sieur  de  CamiUy,  contrôleur  général 
des  finances  à  Caen,  épousa  une  Le  Haguais^  fille  de 
Thomas,  contrôleur  du  sel  et  receveur  de  tailles  à  Caen, 
dont  : 

Augustin  Blouet,  sieur  de  Camîlly,  reçu  conseiller  au 
Parlement  de  Rouen  en  i656.  Mort  en  1688.  Il  épousa 
la  fille  du  receveur  de  Pont-Audemer. 

Pierre-François  Blouet  de  Camiily,  prêtre  du  diocèse 
de  Bayeux,  doaeur  de  Sorbonne,  archidiacre  d'Hyesmes 
en  1674,  chanoine  théologal,  est  décédé  en  1714. 

D^Augustin,  conseiller  à  Rouen,  sortirent  :  i^  Augus- 
tin Blouet,  seigneur  de  Qimilly,  conseiller  à  Rouen  en 
1684,  mort  en  171 3;  '20  François  Blouet  de  CamiUy, 
abbé  du  Val-Richer  en  1693,  de  Saint- Pîcrre-sur-Dives 
en  1699,  grand  vicaire  de  Strasbourg  en  1694,  évéque  de 
Toul  en  1704,  archevêque  de  Tours  en  janvier  1 721,  et 
mort  en  1723;  —  3»  Pierre  de  Blouet  de  Camilly  reçu 
chevalier  de  Malte  le  14.  novembre  1684,  mort  vice-ami- 
ral de  France. 

J'oubliais  à  remarquer  que  de  Pierre  Blouet,  écuyer, 
seigneur  de  Than,  sortit  messire  Jacques  Blouet,  écuyer, 
seigneur  de  Than,  conseiller  du  roi  au  baillage  et  prési- 
dial de  Caen,  décédé  vers  1760,  laissant  des  enfants. 
C'était  un  magistrat  d'une  piété  distinguée.  Il  est  auteur 
d'un  petit  ouvrage  de  dévotion.  Il  y  a  dans  la  maison 
seigneuriale  uhe  chapelle  titulaire  de  Saint-Jean-Bapfiste, 
laquelle  est  à  la  pfésehtation  du  seigneur  de  Than. 

Vaussieux  (Saint-Philippe  de).  Sergenterie dc-CreulIy, 


J96 

élection  de  Caen,  i8  feux,  65   habitants,    notariat  de 
CreuUj. 

Cette  paroisse  portait  autrefois  le  nom  de  Vauxi, 
comme  on  le  voit  dans  une  inscription  sépulchrale  placée 
dans  une  descôtières  de  la  nef  de  Téglise  en  1 5 19,  et  dans 
quelques  anciens  titres.  Et  ce  qui  vient  encore  aujour- 
d'hui de  la  part  de  Tintendance,  est  adressé  à  la  paroisse 
de  Vauxi.  Ce  mot  vient  du  latin  Vauceîum  et  Vauceum. 

Elle  est  distante  d^une  lieue  au  levant  de  Bayeux.  La 
rivière  de  SeuUe  passe  directement  à  travers  le  milieu  de 
son  territoire,  à. 6  toises  loin  de  Téglise  du  côté  du  nord. 
Les  abbés  de  Longues  et  de  Lessay  présentent  alternati- 
vement à  la  cure.  Le  curé  a  les  deux  tiers  de  la  dîme  qui 
lui  ont  été  cédés  pour  sa  pension.  Le  seigneur  du  lieu 
possède  Tautre  tiers.  Il  y  a  3  fieCs  qui  ont  des  extensions 
dans  les  paroisses  voisines  ;  le  fief  Bacon,  le  fief  de  Cou- 
vert et  le  fief  de  Saint-Évroult  Ils  appartiennent  à  messire 
Philippe- Jacques  d'Hérissy,  marquis  de  Vaussieux, 
chevalier  de  TOrdre  militaire  de  Saint-Louis,  colonel  d'un 
régiment  de  cavalerie  de  son  nom.  Il  y  a  un  assez  beau 
château,  au  nord  duquel  est  un  grand  parterre  très  régu- 
lier par  ses  découpures  et  ses  compartiments.  La  rivière 
de  SeuUe  le  borde  par  deux  côtés,  et  deux  pièces  d'eau 
par  les  deux  autres.  Cette  paroisse  est  d'une  très  petite 
étendue. 

Robert-Jacques  d'Hérissy,  chevalier,  seigneur  de  Vaus- 
sieux, seigneur,  patron  et  châtelain  de  Villiers,  Rampan, 
Lavarangue,  chevalier  de  l'Ordre  militaire  de  Saint- 
Louis,  capitaine-général  de  la  côte  d'Asnelles,  fut  enterré 
à  Saint-Jean  de  Caen  le  2  mai  ijSS.  Julienne-Louise- 
Antoinette-Geneviève  de  La  Cour,  son  épouse,  était 
morte  le  28  octobre  1745. 

Au  commencement  du  xiu«  siècle,  Simon  Bacon,  fils 


397 

de  Roger,  seigneur  et  patron  de  Vaussieux  aumôna,  à 
Tabbaye  de  Longues,  la  moitié  du  patronage  de  Téglise 
de  Vaussieux;  peu  après,  en  1208,  Guillaume  Bacon, 
frère  de  Simon,  en  fit  autant  du  patronage  de  Martragny 
en  faveur  de  la  même  abbaye,  et  lui  confirma  de  plus  par 
la  même  chartre  la  donation  qui  lui  avait  été  faite  par  son 
frère,  de  celui  de  Vaussieux.  Ces  donations  furent  ratifiées 
au  mois  de  juillet  de  la  même  année  par  Robert  des 
Ablèges,  évéque  de  Bayeux.  Simon  Bacon  filins  Rogerii 
Bacon  dat  et  concedit  monachis  S*  Afarice-de^Longis 
totum  jus  patronatus  quob  habebat  in  medietate  eccle» 
siœ  S*^  Philippi  de  VOuseïo..  testibus  Gisleberto  de 
Agnellis ,  —  Henrico  de  Agnellis ,  militibus ,  — 
Johanne  de  Bellomonte  canonico  Bajocensij  —  magistro 
Johanne  de  Brosmesnil,  —  Hugone  de  Bemeris,  — 
Roberto  monacho^  —  Gisle'.erio  Anglico  |i). 

Wilelmus  Bacon  deMoleïo,filius  Rogerii  Bacon,  dat 
et  concedit  iisdem  monachis  totum  jus  quod  habebat  in 
illa  medietate  ecclesiœ  S*  M*  de  Martreignïo,  quod 
ad  suam prœsentationem  pertinebat...,  prœterea  conce- 
dit  et  ratam  et  gratam,  habet  donationem  quam  Simon 
frater  suus  fecit  de  medietate  S^  Philippi  de  Vauseïo 
quœ  ad  ipsius  prœsentationem  pertinebat.  His  testibus  : 
"Willelmo  Bacon  de  Formigneio,  —  Silvestro  deFornet, 
—  Richardo  persona  de  Treveriis.  Actum  est  hoc  anno 
Incarnationi  D^  M^  CC^  VIII^  (2). 

Quelques  années  après,  Hugues  de  Vaussieu  contesta 
les  patronages  de  Vaussieux  et  de  Martragny  à  Tabbaye 
de  Longues,  prétendant  que  ces  droits  lui  appartenaient; 


(i)  Ex  CartuL  de  Long.,  p.  3a. 

(a)  Ex  Cartul,  de  Long.,  p.  32,  fol.,  vers. 


mais  par  le  conseil  de  ses  amis,  et  sur  Tavis  de  quelques 
personnes  prudentes,  il  renonça  en  présence  de  ses 
neveux  à  ses  prétentions,  et  les  abandonni  aux  religieux 
de  Longues.  La  chartre  est  de  Tan  1 2 1 5  (  i  ) . 

Henri  Taillebois,  chevalier,  fils  de  Guillaume  Taille- 
bois,  chevalier,  disputa  ensuite  le  patronage  de  Vaus- 
sieux,  disant  qu'il  lui  avait  été  donné  par  Hugues  de 
Vaussieux,  fils  et  héritier  de  Raoul  de  Vaussieux  ;  mais 
il  transigea  avec  les  religieux  de  Longues,  et  dans  les 
assises  de  Caen,  il  déclara  renoncer  à  ses  droits  et  préten- 
tions en  faveur  de  ladite  abbaye.  La  change  est  du  mois 
de  mars  i253. 

Richard  de  Creully,  de  Curleio,  donna  à  Tabbaye  de 
Longues,  par  une  chartre  sans  date  et  sans  témoins, 
2  acres,  des  dîmes  sur  1 2  acres  de  terre,  et  la  troisième 
gerbe  sur  1 2  autres  acres  situées  à  Vaussieux,  étant  toutes 
du  fief  de  Raoul  Tesson,  lesquelles  dîmes  il  avait  eues  en 
partage  du  bien  de  ses  ancêtres  (2). 

Dans  la  chartre  de  confirmation  de  Henri  II ,  roi  d'An- 
gleterre pour  Tabbaye  de  Lessay,  à  laquelle  signèrent 
Henry  et  Jean,  évéques  de  Bayeuxet  d'Évreux/il  est  dit  : 
Partent  suant  de  ecclesia  «S"'  Philippi  de  Valseîo,  et  ea 
quœ  Hugo  de  Valseïo  ibidem  tenuit  de  ipsis,  et  partent 
quant  habebant  in  ecclesia  S*  Mariœ  in  villa  qua 
appellatur  Murdqquerie  (Martragny?),  et  cum  perti- 
nentiis  suis,  et  id  quod  Hugo  de  Valseïo  ibidem  de  eis 
tenuit  (3). 

Venoix  (Saint-Gerbold  de).  Banlieue  ei  élection  de 
Caen,  10  feux,  notariat  de  Caen,  i5o  communiants. 

(i)  Ex  CartuL  de  Long.,  p.  33. 
(a)  Ex  Cartul.  de  Long.,  p.  44. 
(3)  Neuft.  pia,  p.  619,  6a  i. 


399 

Cette  paroisse  n^est  qu^à  une  demi-lieue  de  Caen.  Elle 
est  située  entre  deux  rivières  qu^on  nomme  vulgairement 
le  Grand  et  le  Petit  Odon.  Elle  a  un  hameau  par  exten- 
sion appelé  le  hameau  de  La  Maladrerie,  lequel  ne  com- 
pose que  8  ou  10  maisons,  et  en  tout  25  à  3o  personnes. 
Les  patrons  présentateurs  du  bénéfice  qui  est  régulier, 
sont  MM.  les  Prieurs  et  Chanoines  de  THôtel-Dieu  de 
Caen.  Le  titulaire  prend  la  qualité  de  prieur-curé,  et  en 
perçoit  toutes  les  dîmes,  excepté  2  petits  traits  dont  l'un 
est  pris  par  les  religieux  de  Saint-Étienne  de  Caen, 
l'autre  par  Pabbaye  d'Ardenne.  Henricus  Jilius  Héri- 
ter ti  dono  dédit  abbatiœ  de  Ardena  prope  Cadomum 
partem  decimœ  apud  Venoix  :  id  que  confirmatumfuit 
per  Rogerium  abbatem,  et  conventum  monachorum  S^ 
Audoeni  Rothomagensis  anno  1220  (i). 

Venoix  a  titre  de  baronnie,  et  en  est  propriétaire  M.  le 
comte  de  Bernières-Louvigny,  fils  de  M.  de  Louvigny, 
lieutenant-général  des  armées  du  roi.  C'est  sans  doute  la 
même  chose  que  la  seigneurie  de  Venoix,  qui  relève  de  la 
baronnie  de  Beauffou,  et  a  appartenu  longtemps  à  la 
famille  de  Venoix.  Jean  de  Venoix,  seigneur  de  Venoix, 
de  la  paroisse  de  Bavent,  seigneur  de  Varaville^  fit  sa 
preuve  en  1463,  devant  les  commissaires  du  roi  Louis  XI. 
Il  eut  pour  fils  Robert  de  Venoix,  seigneur  de  Venoix 
vivant  en  1406. 

M.  Huet,  dans  ses  Origines  de  la  ville  de  Caen,  p.  44, 
dit  qu'il  y  a  dans  cette  ville  une  tour  nommée  la  tour  au 
Landois,  que  Ton  croit  bâiie  avant  1 346,  et  que  cette 
tour  a  pris  son  nom  des  seigneurs  nommés  Le  Landois, 
qui  avaient  une  maison  tout  proche  de  cet  endroit,  et  que 
Guillaume  Le   Landois,   écuyer,    seigneur  de  Venoix, 

(i)  Neust,  piUf  p.  3o. 


400 

possédait  une  maison  tout  près  de  là  Pan  i436i  Un 
contrat  de  Tannée  1430,  qualifie  Colin  Le  Landois, 
écuyer,  seigneur  de  Venoix  :  maréchal  de  la  prairie  de 
Caen,  qualité  annexée  à  un  fief  nommé  le  Fief-au-Maré- 
chai.  Cette  même  famille,  dit  encore  M.  Huet  (ibid.)^  a 
possédé  jusqu^à  nos  jours  la  terre  d'Hérouville  proche 
Caen.  Il  y  a'des  arrêts  de  TÉchiquier  de  Tan  i5o5,  entre 
La  Mouche  et  Le  Landois,  pour  le  fief  d'Hérouville  (  i) . 
Il  avait  pour  aïeux  Pierre  Le  Landois,  écuyer,  héritier  de 
Colin  Le  Landois,  vivant  en  1462  (2).  Jean  Le  Landoîs 
qui  possédait  la  terre  d^Hérou ville  en  prit  le  nom  et 
les  armes  qui  sont  :  de  gueules  à  deux  faces  jumelles  et 
un  chef  d'or  (Voir  le  Traité  des  noms^  p.  55). 

Par  un  contrat  du  24  mars  avant  Pâques  1458,  gardé 
au  tabellionage  de  Caen,  messire  Jean  de  Montenay, 
chevalier,  seigneur  de  Garencières  et  de  Baudemont  ven- 
dit à  Roger  de  La  Valette,  lieutenant-général  du  bailli  de 
Caen,  un  fief  assis  en  la  paroisse  de  Venoix  (depuis 
appelée.  Montenay  de  son  nom),  qui  s^étend  tant  dans 
ladite  paroisse  de  Venoix  quVn  celle  de  Saint-Ouen  et  de 
Saint-Germain.  Ce  fief  venait  de  Jeanne  de  Garencières, 
femme,  en  secondes  noces,  de  Guillaume  de  Montenay  ses 
père  et  mère.  Il  avait  été  apporté  dans  la  maison  de 
Garencières  par  le  mariage  de  Marie  Bertrand,  vicomtesse 
de  Fauguernon,  et  d^Yon  baron  de  Garencières  (3). 

Fieux  (Notre-Dame  de  l'Assomption).  Sergenterie  de 
Préaux,  élection  de  Caen,  70  feux,  3oo  ou  400  commu- 
niants, notariat  d'Évrecy. 

Cette  paroisse,  arrosée  pai^  la  petite  rivière  de  Guigne, 

(i)  La  Roque,  Traité  de  la  noblesse,  p.  34. 

(a)  Hist.  Harc»,  p.  100 3. 

(3)  Hist.  Harc,,  t.  I,  p.  142  et  143. 


40I 

est  à  5  quarts  de  lieue  du  bourg  d^Évrecy,  2  lieues  de 
Caen  et  une  demi-lieue  de  la  rivière  d^Orne.  Ses  maisons 
sont  rassemblées  et  forment  un  espèce  de  petit  bourg, 
excepté  le  hameau  de  Saint-Martin,  et  5  à  6  maisons 
détachées.  L^abbé  de  Fontenay  nomme  à  la  cure  et  est 
décimateur.  M^^  la  comtesse  de  La  Pallu  acheta  la 
seigneurie  vers  1768  de  M.  de  Pompierre  (i). 

Il  y  a  une  chapelle  nommée  Saint-Jean-du-Qos,  qui 
est  à  la  nomination  de  M.  Jacquesson,  écuyer,  seigneur 
de  Vieux.  M.  Louis  Dufour,  écuyer,  seigneur  de  Vieux, 
et  possesseur  par  acquêt  du  fief  nommé  :  Vieux-Jacques- 
son,  y  nomma  sous  cette  qualité  le  16  mars  1696  (2). 

Jacques  du  Moutier,  seigneur  de  Vieux^  fut  annobli 
pour  mérites  par  chartre  du  mois  de  septembre  iSgi, 
vérifiée  à  la  chambre  des  comptes  et  à  la  cour  des  aides 
depuis  son  décès  le  29  avril  1592,  et  2  mars  iSgS. 
Jacques  du  Moutier,  seigneur  de  Vieux,  descendu  de  lui, 
fit  preuve,  en  1666,  devant  messire  Chamillard. 

Le  village  de  Brieux  situé  sur  le  bord  de  l'Orne,  est 
voisin  de  Vieux.  Il  semble  venir,  selon  M.  Huet,  du 
mot  gaulois  bricdy  briga,  ou  bria,  qui  veut  dire  un  pont. 
Il  est  probable  qu*il  y  en  avait  un  autrejfois  en  ce  lieu-là 
sur  la  rivière  (3).  De  brica  on  a  fait  bricasses,  d^otx  s* est 
formé  le  nom  de  Brieux.  Jacques  Moisant,  célèbre  poète 
latin,  natif  de  Caen,  portait  le  surnom  de  Brieux;  il  était 
protestant  et  mourut  en  1674,  laissant  un  fils  qui  a  été 
ministre  (4). 

Il  y  a  encore  à  Vieux  une  carrière  de  marbre,  dont  le 
cardinal  de  Richelieu  se  servit  pour  la  chapelle  de  Sor- 

(i)  Mercure  de  France,  avril  17 3a,  p.  63i. 
(a)  Reg.  de  révêché. 

(3)  Orig.  de  Caen,  p.  19. 

(4)  Orig,  de  Caen,  ibid.,  chap.  XXII. 

26 


402 

bonne  à  Paris.  Tous  les  blocs  que  Ton  en  tire  sont  d^iui 
marbre  rouge  veiné. 

Que  Vieux  n'ait  été  qu^un  camp  des  Romains,  comme 
le  prétend  M.  Huet,  ou  qu^il  y  ait  eu  une  ville  considé- 
rable, comme  le  pensent  MM.  Foucault,  Galland  et  Tabbé 
Le  Bebf,  il  est  toujours  certain  qu'il  y  a  eu  autrefois  une 
habitation  de  la  plus  grande  distinction.  —  t ^  On  y  voit 
les  ruines  de  ce  fameux  chemin  appelé  la  Terre-Levée, 
ou  le  Chemin-Chaussé,  qui  passe  par  le  pied  de  Téglise  et 
tend  droit  à  Bayeux.  Plusieurs  avaient  cru  que  ce  chemin 
avait  été  fait  par  les  ordres  de  Guillaume-le-Conquérant, 
en  mémoire  et  sur  les  traces  du  chemin  quMl  avait  tenu 
en  fuyant  les  comtes  de  Cotentin  et  de  Bessin,  depuis  le 
village  de  Rye  près  Bayeux,  jusque  vers  Séez;  mais  les 
vieilles  briques  qu^on  trouve  dans  ce  chemin,  semblables 
à  celles  qu^on  trouve  à  Vieux,  font  voir  clairement  qu^il 
est  de  la  même  antiquité,  et  que  par  conséquent  citait 
une  de  ces  routes  militaires  que  les  Romains  élevèrent 
dans  ce  pays,  comme  ils  avaient  fait  dans  tout  leur 
empire,  pour  faciliter  la  marche  de  leurs  armées  ;  —  2^ On 
y  a  trouvé,  à  différentes  reprises,  et  particulièrement  en 
1704  et  1 705,  lors  des  fouilles  de  MM.  Foucault  et  Gal- 
lant,  un  grand  nombre  d^antiquités  :  un  aqueduc,  des 
fragments  d^inscriptions,    des  débris  de  colonnes,  une 
grande  quantité  de  médailles  du  haut  et  du  bas  empire, 
plusieurs  édifices  dont  les  fondations  parurent  entières» 
entr'autres  un  gymnase  complet  dont  Tarchitecture  est 
conforme  aux  règles  de  Vitruve.  Tous  ces  monuments  ne 
prouvent-ils  pas  invinciblement  que  Vieux  était  autrefois 
une  grande  ville,  abandonnée  depuis,  ou  détruite  dans 
quelque  révolution  dont  Thistoire  a  négligé  de  nous  ins- 
truire ?  —  Comme  ces  médailles  sont  depuis  les  premiers 
Césars  jusqu^aux   enfants  du  grand  Constantin^  il  est 


403 

naturel  de  conclure  que  la  destruction  de  cette  ville  doit 
être  fixée  au  plus  tard  à  la  fin  du  iv^  siècle. 

De  toutes  les  inscriptions,  la  plus  curieuse  est  celle  du 
marbre  qui  fut  trouvée  sous  François  I«^  et  transponée 
par  les  soins  de  Joachim  de  Matignon,  dans  son  château 
de  Torigny,  où  il  est  encore.  C'est  un  cype  de  marbre 
haut  d'environ  5  pieds,  sur  2  de  large,  et  dont  3  côtés 
sont  chargés  d'inscriptions  en  l'honneur  de  Titus  Sennius 
Solemnis.  Ce  Titus  Sennius,  fils  de  Solemninus,  y  est 
qualifié  prêtre  des  Gaulois,  homme  célèbre  dans  sa 
nation,  ami  des  Empereurs,  et  honoré  de  diverses  dignités 
auprès  des  lieutenants  et  préteurs  qui  commandaient 
pour  eux  dans  les  Gaules.  La  date  de  ce  monument,  fait 
en  forme  de  piédestal,  est  fixée  au  consulat  d'Annius 
Pius  et  de  Pontianus;  ce  qui  revient  à  Pan  238  de  J.-C. 
sous  l'empire  du  jeune  Gordien.  Je  me  contenterai  de 
rapporter  l'inscription  qui  se  lit  sur  le  devant  de  la  base 
de  la  face  antérieure  : 

T.  Sennk)  Solemni  Solemnini  filio  non  tine  solido  marmore 
statue  honorem  déferre  cupimut,  hsredibus  mandamus.  Vir  erat 
Sennius  Mercurii,  Martis  atque  Dians  primus  sacerdos,  cujus  mémo- 
ris  omne'  genus  spectaculorum  atque  Tauricenia  Dians,  recepta 
mille  nummos  XX VII  ex  quibus  per  quatriduum  sine  intennîssione 
ediderunt.  Etenith  gravitate  secta,  et  moribus  honestts,  prudentia 
que  singulari  fuit  commandabilis,  militiœ  consummata  peritia.  E 
dvitate  Viducassium  oriundus  iste  Solemnis  amicus  benè  meritus 
Claudii  Paulini  Cœsarii  Augusti  propnetoris  provincis  Lugdunensis 
fuit,  cui  postea  legatus  Augusti  pênes  eum  ad  legionem  seztam 
adsedit,  cuique  salarium  militis  in  auro,  aliaque  munera  longé 
pinris  missa.  Fuit  cliens  probattssimus  JEàlni  Juliani  legati  Auguste 
Lugdunensi,  qui  postea  pnefectus  prstorii  fiiit  sicut  epistola  quse  ad 
làtus  scripta  est  dedaratur,  adsedit  etiam  in  provincia  Lugdunensî 
Valerio  Floro  tribuno  milîtum  legionis  III  augusts,  judid  arc»  ferario- 
rum.  Très  provincis  Galliarum  pr....  monumentum  in  sua  dvitate 
posuerunt.  Locum  ordo  dvitatis  Viducassi  libenter  dédit  pedum 
XVIII.  Annio  Pio  et  Proculo  consulibus. 


404 

Plusieurs  savants  prétendent  que  les  Viducasses  sont 
les  mêmes  que  les  Biducasses,  et  que  tous  deux  sont 
encore  les  Biducasses  de  Ptolémée  et  les  Vadicasses  de 
Pline. 

M.  Huet  croit  que  Vieux  n*a  point  été  une  ville,  mais 
seulement  un  camp  des  Romains,  et  que  les  Viducasses 
étaient  des  peuples  du  Bessin,  et  non  pas  des  noms  de 
villes.  Il  ajoute  que  Vieux,  que  les  Chartres  de  l'abbaye 
de  Fontenay  font  connaître  sous  les  noms  de  Veacœ  et  de 
Vedioca,  ayant  été  un  camp,  il  pourrait  avoir  été  appelé 
Vetera  castra,  d'où  Vieux  viendrait  de  Vetera;  mais  si 
Vieux  n*avait  été  qu*un  camp  ou  un  lieu  de  passage, 
aurait-on  trouvé,  comme  on  a  fait,  tant  de  ruines  de  bâti- 
ments, tant  d^inscriptions  sur  du  marbre,  et  les  restes 
d^un  aqueduc  ? 

Sans  vouloir  entrer  dans  aucune  discussion  à  ce  sujet, 
je  pense  avec  M.  l'abbé  Le  Beuf,  que  citait  une  ville 
considérable,  qui  pouvait  être  VAugustodorum  des 
anciens  itinéraires,  mais  je  ne  conviendrai  pas  avec  lui 
qu^elle  fût  la  capitale  des  habitants  du  Bessin.  La  raison 
que  j^ai  de  rejeter  cette  conjecture  est  fondée  sur  ce  que, 
de  tous  les  monuments,  il  n^y  en  a  aucun  qui  soit  anté- 
rieur au  temps  des  conquêtes  des  Romains,  d^où  il  est 
vraisemblable  que  cette  ville  est  leur  ouvrage,  et  qu^ils 
Tont  bâtie  entre  le  Bessin  et  le  pays  d'Hyesmes  pour 
assurer  leurs  conquêtes  ;  au  lieu  que  les  peuples  de  ce 
pays,  ainsi  que  les  autres  des  Gaules,  devaient  avoir  une 
ville  capitale,  placée  ailleurs  qu'à  l'extrémité  de  leur  terri- 
toire, et  plus  certainement  à  Bayeux. 


405 


DOYENNÉ  DE  CREULLY 

Amblie  et  Pierrepont.  Sergeaterie  de  Creully,  élec- 
tion de  Caen,  notariat  de  CreuUy.  ' 

Cette  paroisse^  arrosée  par  la  petite  rivière  de  Thue, 
est  divisée  en  deux  parties^  qui  ont  chacune  leur  église 
et  leur  territoire  séparé  pour  le  temporel,  quoi  qu^elIes  ne 
forment  qu'une  seule  paroisse  pour  le  spirituel.  Saint- 
Pierre  d'Âmblie  a  87  feux,  et  Sainte-Trinité  de  Pierre- 
pont  en  a  17. 

Amblie  est  ancien.  Il  en  est  fait  mention  dans  la 
chartre  de  fondation  de  Tabbaye  Sainte-Trinité  de  Caen, 
donnée  en  1082,  où  il  est  nommé  villa  Amblida.  La 
chartre  de  confirmation,  que  Henry  II,  roi  d^Ângleterre, 
duc  de  Normandie^  accorda  le  siècle  suivant  à  Fabbaye 
de  Saint-Étienne  de  la  même  ville^  l'appelle  Amblia,  et 
parle  aussi  de  Pierrepont.  In  Amblia  concedo,  dit  ce 
prince,  centum  acras  terrœ,  et  in  Pierrepont XXIY .  Il 
y  a  deux  portions  de  cure  qui,  en  1 35o,  étaient  à  la  no- 
mination de  Jean  de  Pierrepont,  écuyer,  et  de  Geoffroy 
de  Ruppaley,  conseigneurs  de  cette  paroisse.  Leurs  droits 
de  patronage  sont  actuellement  réunis  es  mains  de  messire 
Jacques  Le  Prévost  de  Coupesarte,  chevalier  de  l'ordre 
militaire  de  Saint-Louis,  seigneur  et  patron  d'Amblie, 
Pierrepont  et  Brévant.  Amblie  est  Péglise  matrice  ;  Pier- 
repont n^est  regardée  que  comme  son^annexe.  Les  curés 
prennent  leurs  titres  et  possessions  à  la  première.  Ils 
allaient  alternativement  faire  Toffice  dimanches  et  fêtes  à 
la  chapelle  de  Pierrepont,  qui  a  ses  fonts  baptismaux,  son 
trésor  et  son   cimetière.  Aujourd'hui   Tun  demeure  à 


40é 

Âmblie  et  l'autre  à  Pierrepont.  Ils  partagent  également 
le  revenu  de  leurs  bénéfices,  qui  consistent  dans  la  grosse 
dîme  de  Pierrepont,  la  troisième  gerbe  d' Amblie  et  les 
menues  dîmes  des  deux  paroisses,  avec  les  obits  et  autres 
rentes.  L'abbé  de  Fécamp  perçoit  la  moitié  des  grosses 
dîmes  d'Amblie  et  du  demi-tiers  restant  ;  Pabbesse  de  Caen 
en  prend  deux  parts,  et  Pabbé  de  Caen  le  surplus.  Cette 
paroisse  est  à  trois  quarts  de  lieue  de  CreuUy  et  à  3  lieues 
de  Caen. 

ArgougeS'SOuS'Bqyeux  (Saint-Pierre  d^).  Sergenterie 
de  Tour,  élection  de  Bayeux,  6  feux,  notariat  d^Estréhan. 

C'est  une  petite  paroisse,  située  au  pied  du  mont 
d^Ecure,  et  arrosée  par  la  rivière  d'Aure,  qui  la  partage 
des  paroisses  de  Marigny  et  de  Commes.  La  seigneurie 
d'Argouges  est  un  fief  ancien  de  hautber  mouvant  du  roi, 
et  auquel  sont  attachés  les  patronages  de  cette  paroisse  et 
de  Saint-Malo  de  Bayeux.  Le  curé  est  seul  dédmateur 
de  son  territoire,  dont  la  meilleure  partie  est  réduite  en 
prairies. 

La  noble  et  ancienne  famille  d^Argouges  tire  son  nom 
de  ce  lieu,  oti  Ton  voit  encore  un  vieux  château,  que 
rhistoire  généalogique  de  cette  maison  prétend  avoir  été 
été  bâti  vers  Tannée  760.  Le  simple  peuple  d^ici  croit  que 
les  seigneurs  d'Argouges  descendent  d^une  fée,  et  qu^on 
en  voit  la  représentation  dans  ce  château.  L^origine  de  ce 
conte  est  fondée  sur  ce  que  leur  ancien  cri  de  guerre  est  : 
A  lafoy,  appelé  :  la  fée  ou  lafé,  par  le  vulgaire,  et  sur 
ce  qu'ils  ont  pris  pour  cimier  de  leurs  armoiries  cette 
vertu,  représentée  avec  ses  attributs,  sous  la  figure  d'une 
femme  nue  jusqu'à  la  ceinture.  Ils  portent  :  écartelé  d'or 
etd^azurà  3  quintefeuilles  de  gueules  2  et  i.  Vaultier, 
chevalier,  seigneur  et  châtelain  d'Argouges-sous-Bayeux, 


407 

est  le  premier  de  ce  nom  qui  soit  connu  par  titres.  Il  fut 
du  nombre  des  seigneurs  qui  restèrent.  Pan  1066,  en 
Normandie^  pour  éire  du  conseil  de  la  duchesse  Ma- 
thilde,  lorsque  le  duc  Guillaume  son  mari  passa  en  An- 
gleterre pour  en  Êiirela  conquête.  Il  eut  pour  enfants: 
Collette  d^Argouges,  mariée  à  Robert,  sire  de  Harcourt, 
dit  Le  Fort,  dont  vint  entre  autres  Philippe,  évéque  de 
Bayeux;  et  Raoul,  père  de  :  Guillaume  d'Argouges,  che- 
valier banneret,  qui  continua  la  postérité  :  et  de  Robert, 
qui  tua,  dans  un  combat  singulier,  Bruin,  chevalier 
allemand  d^une  merveilleuse  stature,  pendant  le  siège  de 
Bayeux,  en  1 1 06,  et  qui  passa  dans  la  Fouille,  oti  il 
donna  de  nouvelles  preuves  de  son  courage.  Les  descen- 
dants de  Guillaume,  seigneur  d'Argouges,  formèrent  plu- 
sieurs branches,  dont  les  plus  illustres  sont  celles  des 
marquis  de  Rasnes  et  de  Gratot.  Leurs  aînés  possédèrent 
la  terre  d^Argouges  jusqu'en  i632,  qu^elle  fut  vendue 
pour  la  somme  de  48,500  livres  par  Joachim,  seigneur 
dudit  lieu  et  de  Valbadon»  descendu  au  i8«  degré  de 
Valtierd^Argouges.  De  ces  aînés  sortit  :  Jacques^  seigneur 
d'Argouges,  panetier  ordinaire  du  roi  François  l^',  qui 
témoigna  sa  fidélité  envers  ce  prince  en  révélant,  avec  le 
seigneur  de  Matignon,  la  conjuration  du  connétable  de 
Bourbon.  Dame  Madeleine  de  Choisi,  veuve  de  Louis 
Le  Fèvre  de  Caumartin,  conseiller  d^Etat,  qui  avait  ac- 
quis la  terre  d'Argouges,  la  laissa  à  Louis  Le  Fèvre  de 
Caumartin,  père  de  Paul-Victor-Auguste  Le  Fèvre  de 
Caumartin,  chevalier  de  Malte,  qui  la  revendit,  vers 
1728,  à  Claude-Olivier  Regnault,  écuyer,  président  tré- 
sorier de  France  à  Caen,  dont  le  fils  héritier  la  possède 
aujourd'hui.  Elle  est  à  une  petite  lieue  de  Bayeux. 


4o8 

Arramanches  (Saint-Pierre  d^).  Sergenterie  deGraj, 
élection  de  Bajeuz,  76  fcux,  notariat  de  Tracy. 

Paroisse  maritime,  dont  k  plupart  des  habitants  s^oc- 
cupent  à  k  pêche.  On  prononce  Armanches.  Elle  est 
appelée  dans  les  titres  de  Tabbaye  de  Longues  Arremen- 
cia  tx  Arromanchia  (i).  Henry  et  Guillaume  de  Gray 
donnèrent  à  cette  abbaye,  le  premier  :  Féglise  iTArro- 
manches  avec  toutes  ses  appartenances;  le  second,  tout 
le  droit  qu^il  avait  dans  Ârromanches.  Leurs  Chartres, 
sans  date,  furent  confirmées  par  celles  de  Henry  II, 
évéque  de  Bayeuz,  peu  après  la  fondation  de  Longues, 
vers  1 1 70.  L'abbé  de  Longues  présente  à  la  cure  et  perçoit 
les  dîmes. 

La  c6te  de  ce  village  est  plate  et  forme  un  demi-cercle 
environné  de  falaises,  oU  les  pécheurs  mettent  leurs 
barques  k  couvert  des  vents.  On  voit  tout  au  bord  les 
vestiges  du  château  des  anciens  seigneurs  d'Arromanches, 
d^où  Ton  peut  juger  combien  la  paroisse  a  perdu  de  ter- 
rain de  ce  c6té«là.  Le  fameux  rocher  du  Calvados,  qui  est 
dans  la  mer,  à  une  lieue  de  la  côte,  s'étend  de  là  jusqu'à 
Bernières,  à  Test.  Il  ne  découvre  que  dans  les  grandes 
marées,  et  met  la  côte  à  couvert  de  toute  insulte.  Vis-à-vis 
d' Arromanches,  il  est  joint  à  l'ouest  par  le  rocher  de  La 
Chaîne,  qui  s'allonge  jusqu'à  l'entrée  de  la  bouche 
de  Port-en-Bessin.  On  assure  qu'il  a  été  garni  d'un 
gros  village,  dont  la  mer  s*est  emparé.  On  trouve 
encore  d'anciens  titres  passés  devant  les  tabellions  de 
Calvados.  Il  est  à  remarquer  que  la  mousse,  l'herbe  et  la 
terre  se  pétrifient  sur  les  falaises  depuis  Arromanches 
jusqu'à  Sainte-Honorine-de-Perthe.  La  seigneurie  est 
incorporée  au  marquisat  de  Magny,  et  relève    de  sa 

(i)  Cartul.  de  Longis,  p.  9,  10  et  33. 


409 

haute  justice.  Cette  paroisse  est  à  2  petites  lieues  de 
Bayeux. 

La  nuit  du  24  au  25  mars,  il  sortit  neuf  barques  du 
mouillage  d^Arromanches  qui  furent  surprises  dMn  ou- 
ragan violent;  quatre  périrent  avec  14  hommes,  les  autres 
n'échappèrent  qu^avec  peine. 

Asnelles  (Saint-Martin  d').  Sergcnterie  de  Gray,  élec- 
tion de  Bayeux,  94  feux,  notariat  de  Ver. 

Paroisse  maritime,  bornée  au  levant  par  Meuvaine,  et 
au  couchant  par  Fresné^sur-la-Mer.  Ses  habitants  pour 
la  plupart  sont  matelots  et  vivent  de  la  pèche.  Son  terri- 
toire est  arrosé  par  le  cours  de  La  Gronde,  qui  en  hiver  et 
quelques  fois  en  été,  se  forme  de  la  crue  des  eaux.  Ce 
cours,  qui  commence  à  Rye,  à  une  lieue  au  midi,  passe 
par  un  coin  de  Fresné,  vient  se  décharger  dans  les  marais 
d^ Asnelles  et  de  Meuvaine,  et  se  perd  enfin  à  la  mer  par 
un  écoulement  qu'on  est  obligé  de  lui  faire  de  temps  en 
temps. 

L^église  est  à  quelque  distance  de  la  mer,  sur  une  petite 
éminence,  accompagnée  de  maisons.  Sur  le  bord  de  la 
mer,  à  200  perches,  du  corps  de  la  paroisse,  il  reste 
5  maisons  d^un  plus  grand  nombre  dont  ce  redoutable 
élément  s^est  emparé  depuis  5o  à  60  ans.  On  rappelle  le 
hameau  d'Asnelles.  Là  est  situé  le  corps  de  garde,  et  un 
petit  magasin  qui  y  fut  construit  en  1 757.  Il  n^y  a  point 
de  rochers  ni  de  falaises  en  ce  lieu,  et  les  grèves  déliées  en 
sont  remarquables.  Les  racines  et  les  souches  d'arbres 
qu^on  trouve  fréquemment  sur  le  rivage  dans  la  basse 
eau,  font  voir  qu^il  y  avait  autrefois  un  bois.  Il  s^appelait, 
dit-on,  La-Forét-de-Quinte-FeuilIes.  On  m^a  assuré  qu^il 
en  est  fait  mention  dans  de  vieilles  ordonnances  des  Eaux- 
et-Foréts. 


410 

La  cure  était  à  la  nomination  de  Tabbéde  Tours,  aussi 
bien  que  ceUes  de  Fresné  et  de  Meuvaine.  Elles  ont  été 
aoffiônées  à  son  abbaye  par  les  Malherbe  de  Saint-Ai- 
gnan,  qui  possédaient  andennement  les  seigneuries  deces 
pairâses.  Depuis  la  réunion  de  la  manse  abbatiale  de 
cette  abbaye  au  collège  des  Jésuites  de  Tours,  les  grosses 
dîmes,  quant  aux  deux  tiers,  ont  été  cédées  à  ces  Pères«  et 
la  nomination  des  cures  à  M.  Tévéque  de  Bayeux.  Les 
Jésuites,  au  droit  de  l'abbé  de  Tours,  sont  seigneurs  et 
patrons  honoraires  d^Asnelles,  comme  y  possédant  le 
premier  fief.  Le  fils  mineur  de  M.  de  La  Rivière  de 
Meuvaine  y  en  a  trois,  qui  sont  les  fiefs  :  d^Asnelles,  de 
Campigny  et  d^Hermanville.  Elle  est  à  2  lieuesde  Bayeux. 


Bamnlle  (Saint-Ld  de).  Sergenterie  de^Gray,  élection 
de  Bayeux,  1 3o  feux,  notariat  de  Ver. 

Cette  paroisse  est  en  rase  campagne,  à  peu  de  distance 
delà  mer.  Il  y  a  un  camp  où  le  bataillon  de  Poligaac  de 
Lorraine  passa  Tété  en  1 747,  et  où  une  partie  des  milices 
garde-côtes  campa  quelque  temps,  en  1758,  pour  garantir 
le  pays  des  incursions  des  Anglais. 

Le  seigneur  nomme  au  bénéfice,  et  le  curé  perçoit 
toutes  les  dîmes.  La  seigneurie  est  un  plein  fief  de  haut- 
ber,  mouvant  du  roi  à  cause  de  sa  châtellenie  de  Bayeux, 
avec  droit  de  haute  jusdce,  de  foire  et  marché,  et  de  pêche 
depuis  Vieux-Pont  jusqu^à  la  mer,  de  fouage  et  de  mo- 
néage.  Il  s^y  tient  une  foire  le  jour  de  Saint-Lô.  On  dit 
que  M.  de  Banville  a  drcnt  de  marché  tous  les  mardis,  et 
de  tenir  des  foires  le  lendemain  de  Quasimodo  et  le  len- 
demain de  Saint-Jean-Baptiste.  Ces  droits  ont  été  accordés 
en  i55i  par  le  roi  Henri  II  à  Renée  Daneau,  veuve  de 
messire  Christophe  de  Syresme,  seigneur  de  Banville,  jea 


4" 

considération  des  services quUl  avait  rendus  àla  couronne 
sous  François  W. 

La  seigneurie  de  Banville,  possédée  en  i35o  par  Juge« 
randu  Bosc,  écuyer,  passa  depuis  à  Jean  de  Royville, 
écuyer,  seigneur  et  patron  de  Banville,  qui  eut  pour  père 
Guillaume  de  Royville  dit  Taupin,  originaire  du  Pays- 
d^Auge,  et  pour  mère  Jeanne  Colart  (i).  Les  armes  de 
Roy  ville  sont  :  d'or  à  Taigle  à  deux  têtes,  esployée  de 
sable.  De  Githerine  de  Courcy,  son  épouse,  il  laissa 
Richard  de  Rojrville,  !<'  du  nom,  seigneur  et  patron  de 
Banville,  compris  dans  le  rôle  de  Montfaouq,  en  1463, 
parmi  les  anciens  nobles.  Il  s^allia  de  Théomène  de 
Virville,  troisième  fille  de  Philippes,  baron  deCreully,et 
de  Marie  de  Montauban,  dont  vint  Richard  deRoyville, 
II«  du  nom,  seigneur  et  patron  de  Banville,  cité  dans  un 
contrat  de  1497,  avec  Anne  d'Argouges  sa  femme,  fille 
de  Jean,  seigneur  d'Argouges  près  Bayeux,  de  laquelle  il 
eut  :  Jean  de  Royvile  qui,  en  i  Sog,  nomma  à  la  cure  de 
Banville  :  vénérable  et  scientifique  homme  maître  Jean 
d^Argouges,  protonotaire  du  Saint-Siège,  conseiller  de 
très  chrétien  roi,  prince  et  seigneur  français,  dans  la  cour 
souveraine  de  TËchiquier  de  Normandie.  Après  lui  parait 
Hervé  Danneau,  écuyer,  seigneur  de  Banville,  vicomte 
de  Bayeux,  es  années  i536  et  i54q.  Lui  et  Jacques  Dan- 
neau  son  frère  firent  preuve  de  noblesse  en  1540.  Ils 
montrèrent  qu'ils  descendaient  de  Jean  Danneau  dit 
Goujon,  du  pays  de  Tierache,  annobli  Tan  1438  par 
Charles  VII,  en  faveur  des  services  qu'il  avait  rendus 
pendant  20  ans  sous  Pothon  de  Xaintrailles,  premier 
écuyer  de  France,  et  pour  avoir  fait  prisonnier  de  guerre 
Jean  Talbot,  l'un  des  plus  renommés  chefs  de  Tarmée 

(i)  Hist.  Harc,  t.  II,  p.  1060  et  suiv. 


4X2 

aoglaiie  à  la  bataille  de  Patay  (i).  Renée  Danneau  sa 
fille,  dame  de  Banville,  épousa  Christophe  de  Syresmes, 
seigneur  de  La  Perrière,  puis  viconte  de  Bayeuz,  qui  était 
de  Vemon-sur-Seine.  Leur  fils  aîné,  Antoine  de  Syresmes^ 
seigneur  et  patron  de  Banville,  Coulombiers-sur-Seulle» 
La  Ferrière-SiUans,  Hamars  et  Pierrefitte,  nomma  à  la 
cure  de  Banville  en  i584  (a).  Il  mourut  le  25  mai  1604a 
Bayeux,  où  il  avait  été  viconte  après  son  père.  Jean  de 
Syresmes,  seigneur  et  patron  de  Banville,  fils  du  précé- 
dent et  de  Suzanne  de  Grémon ville,  nomma  à  la  même 
cure  en  1641.  De  même  que  Jean-Baptiste  Syresmes, 
chevalier,  seigneur  et  patron  de  Banville,  capitaine  entre- 
tenu dans  la  marine  au  département  de  Rochefort,  en 
1679  ;  Marie- Anne  de  Syresmes,  sa  fille  héritière,  et  de 
Marie-Madeleine  Peron,  en  1 706,  et  Regnobert  de  Sy- 
resmes, chevalier,  seigneur  et  patron  de  Banville,  en 
1 707  et  en  1 743.  Elle  est  à  une  lieue  du  bourg  deCreuUy 
et  à  3  lieues  de  Bayeux. 

Ba^enville  (Saint-Martin  de).  Sergenterie  de  Gray, 
élection  de  Bayeux,  90  feux,  nouriat  de  Ver. 

Son  territoire,  composé  de  terres  à .  labour  et  d^her- 
bages  est  fort  resserré,  et  simé  sur  une  hauteur  qui  le  prive 
de  la  commodité  d^une  rivière.  Quatre  à  cinq  petits  ha- 
meaur,  peu  distants  les  uns  des  autres,  et  Féglise  au  mi- 
lieu, forment  le  corps  de  la  paroisse.  Elle  est  à  2  lieues  de 
Bayeux  et  à  une  lieue  du  bourg  de  CreuUy.  Elle  est 
bornée  au  levant  par  Crépon,  au  midi  par  Villiers4e-Sec, 
au  couchant  par  Le  Manoir  et  au  nord  par  le  hamel  de 
Maromme  dépendant  de  Meuvaines. 


(i)  La  Roq.,  Traité  de  la  JVb6/.,  i**  édit,  p.  ii3-ai4  et  181. 
(a)  Reg.  derévêché. 


I 


413 

Il  7  a  deux  portions  de  cure  de  patronage  laïc.  En 
i356,  Guillaume  de  BoutteviUaio  nommait  à  la  grande, 
et  la  dame  veuve  de  Guillaume  de  Faoucq,  chevalier,  à 
la  seconde.  Les  deux  curés  prennent  un  tiers  de  la  grosse 
dîme  avec  tous  les  verdages;  le  chapitre  de  Bayeux  un 
autre  tiers.  Le  troisième  tiers  est  divisé  entre  Pabbé  de 
Longues,  le  prieur  de  Saint-Gabriel,  les  religieux  de 
Saint-Evroult  et  THôtel-Dieu  de  Bayeux. 

Messire  Nicolas-Joseph  Foucault,  seigneur  marquis 
de  Magny,  possède  3  fiefs  à  Bazenville  :  le  fief  de  Bazen- 
ville,  le  fief  Chrétien  dit  La  Roy,  et  le  fief  Halbot.  Il  est 
seigneur,  patron  et  suzerain  de  cette  paroisse,  et  cepen- 
dant il  ne  nomme  qu^à  la  seconde.  Ces  fiefs  relèvent  du 
roi. 

Messire  Pierre  d'Auge  possède  le  fief  de  Tournebu  qui 
relève  du  fief  Chrétien^  dit  Le  Roy,  en  noble  et  en  roture, 
et  nomme  à  la  première  ix>rtion. 

Messire  Jean-François  de  Grimouville  possède  le  fief 
de  Saint-Jean-de-Jérusalem  et  le  fief  de  Crèvecœur,  et  est 
seigneur  haut  jusdcier  de  Bazenville. 

Le  fief  Chrétien,  dit  Le  Roy,  relève  par  un  huitième  de 
chevalier  du  Roy,  à  cause  de  sa  vicomte  de  Bayeux.  Le 
chef-lieu  est  à  Bazenville;  de  lui  relève  celui  de  Tour- 
nebu, sis  au  même  lieu,  et  auquel  est  attaché  la  nomina- 
tion de  la  première  portion,  selon  Taveu  d^Alexandre  de 
Longauney,  chanoine  de  Bayeux,  dont  le  père  Pavait 
acquis  de  Pierre  de  Syresmes,  seigneur  de  La  Ferrière- 
Sillans,  fils  d'Antoine,  seigneur  de  Banville  (i). 

Ce  chanoine  vendit  aux  administrateurs  de  PHâtel- 
Dieu  deCaen,  par  contrat  du  lo  juin  171 3,  la  terre  de 
Bazenville  pour  la  somme  de  52^000  livres  de  principal, 

(1)  Recueil  d*aveux  de  la  vicomte  de  Bayeux. 


414 

a,ooo  livres  de  vin  et  3,ooo  livres  pour  la  condition  de 
réméré.  Les  dits  administrateurs  gardèrent  les  rotures 
seulement,  et  revendirent,  en  1720,  le  fief  et  les  rentes 
seigneuriales  à  M.  de  Magny,  intendant  de  Caen,  savoir 
le  fief  3,000  livres,  et  les  rentes  6,000  livres. 

Charles  Grente,  écuyer,  tenait,  en  1453,  de  la  baronnie 
de  Saint-Vigor  pour  Févéché,  par  hommage  noblement, 
un  quart  de  fief  dont  le  chef  est  assis  en  la  paroisse  de 
Bazenville,  et  doit  40  sous  tournois  de  rente  de  3  ans  en 
3  ans  à  la  Saint-Michel  (  i  ) .     , 

11  est  sorti  de  cette  paroisse  une  famille  noble  du  même 
nom,  qui  en  a  possédé  la  seigneurie  et  qui  n*existe  plus. 
Robert,  comte  de  Bazenville,  par  le  désir  d^acquérir  de  la 
gloire,  alla  en  Sicile  servir  sous  Roger  I^'^  du  nom,  et 
Guillaume  son  fils,  rois  de  cette  isle,  et  dont  il  avait 
rhonneur  d^étre  parent  (3).  Piqué  du  peu  de  retour  qu'il 
trouva  dans  le  dernier,  il  s^arma  avec  Richard  de  Lin- 
gèvre,  son  compatriote,  et  courut  le  pays  de  ce  prince,  oti 
il  fit  beaucoup  de  dégât,  ce  qui  le  fit  dépouiller  de  ses 
biens  et  bannir  du  royaume.  Un  autre  Robert  de  Bazen- 
ville donna  aux  chapelains  de  Notre-Dame  de  Bayeux 
quelques  terres  situées  à  Vaux-sur-Aure,  en  ia36  (3). 

Cette  paroisse  est  le  lieu  natal  d^ Antoine  et  de  Henf^ 
Halley,  professeurs  d^éloquence  et  de  droit  dans  1^  Uni- 
versité de  Caen;  ils  étaient  frères;  Talné  vint  au  monde 
en  1593,  et  mourut  le  3  juin  1676.  L^autre  mourut  le 
13  octobre  1688  (4). 

Le  dimanche  4  de  septembre  1746,  environ  sept  heures 
de  matin,  le  tonnerre  tomba  sur  le  milieu  des  granges  de 

(i)  Aveux  de  Tévêché  de  Bayeux,  1753. 

(2)  Manuftc.  d'Eusèbe,  p.  209. 

(3)  Cart.  capel.  B.  M.  Bajoc. 

(4)  Orig,  de  Caen,  p.  393-394. 


415 

la  ferme  deNBazenville.  Elles  furent  embrasées  dans  un 
moment,  avec  i6,3oo  gerbes  de  froment,  56o  gerbes 
d^orge  et  2,  f  oo  gerbes  d^avoine  :  les  écuries,  étables,  pres- 
soirs, charteries,  celliers,  greniers  à  bled  et  à  foin,  avec 
les  foins,  équipages  de  harnois,  etc.,  sans  qu^on  pût  rien 
sauver *à  cause  de  Tactivité  du  feu.  Nicolas  Le  Coun  la 
tenait  alors  au  prix  de  2,860  livres  par  an.  Il  y  eut  fins 
de  5oo  pieds  de  bâtiments  incendiés,  dont  il  ne  resta  que 
les  murs.  Par  le  procès-verbal  de  visite  et  d^estimation 
fait  le  16  suivant,  la  dépense  pour  la  réédification  fut 
estimée  à  15,644  livres,  et  la  perte  du  fermier  à  i5,5oo 
livres.  Les  maires  et  échevins  de  la  ville  de  Caen  et  admi- 
nistrateurs de  FHôtel-Dieu  de  Caen,  auquel  cette  ferme 
appartient,  présentèrent  leur  requête  au  seigneur  évéque 
de  Bayeux  pour  obtenir  une  quête  par  tout  le  diocèse. 
Elle  fut  répondue  le  3  octobre  suivant  (i). 

Brécy  (Notre-Dame  de  PAssomption).  Sergenterie  de 
Creulty,  élection  de  Caen,  1 1  feux,  5o  habitants,  notariat 
de  Creully. 

Il  n^  a  qu^un  hameau  appelé  Varembert,  situé  à 
l'extrémité  de  la  paroisse,  sur  le  bord  de  la  rivière  de 
Seule.  L^église  est  fort  jolie  et  bien  décorée,  dans  laquelle 
on  voit  une  très  belle  chapelle  de  Sainte-Anne,  mais  sans 
titre. 

La  paroisse  et  la  cure  de  Brécy  dépendent  du  chapitre 
de  Bayeux  pour  la  |uri4iction  contentieuse,  et  la  cure  est 
à  la  pleine  collation  du  chanoine  de  Brécy.  Les  dîmes 
sont  partagées  entre  le  chanoine  de  Brécy  et  Pabbaye  de 
Cérisy  qui  en  ont  chacun  un  douzième;  Tabbaye  de 
Fécamp,  au  droit  de,  Saint-Gabriel,  les  chanoines  de 

(i)  Extrait  du  mand.  de  Tévêque  pour  quester. 


416 

Gueron  et  de  Gtvrus,  qui  en  om  chacun  un  quart,  et  le 
curé  qui  en  a  le  tiers  avec  sa  pension,  avec  tous  les  ver- 
dages.  Il  y  a  2  fiefs  :  celui  du  chanoine,  qui  a  été  acquis  en 
1757  par  M"«  de  Mathan-Le  Bas,  moyennant  340  livres 
de  rente,  et  celui  de  M.  de  La-Ferrière-Le  Vaillant.  Les 
principales  maisons  sont  celles  de  M.  Le  Vaillant,  et  de 
feu  Tabbé  de  Cambes,  avec  un  beau  jardin.  Cette  der- 
nière appartient  aujourd'hui  à  M.  de  Gavrus. 

Brécy,  en  latin  Brecheyum,  BrechiumcxBrœceum  est 
ortographié  par  quelqu'uns  en  :  Bressy.  M.  Huetcroit 
qu'il  en  faut  rapporter  Torigine  au  mot  Breg  qui,  en 
langue  gauloise,  signifiait  une  fente  ou  crevasse  (  1  ).  L'éty- 
mologie  est-elle  juste  ? 

Elle  est  à  trois  quarts  de  lieue  du  bourg  de  Creully,  à 
3  lieues  de  Bayeuz,  et  à  4  lieues  de  Caen. 

Cette  paroisse  a  donné  le  nom  à  une  ancienne  famille 
noble  de  Normandie,  qui  a  produit  un  abbé  de  Fécamp 
dans  la  personne  de  Robert  de  Brécy.  Robertus  de  Bre^ 
Mo  natus  est  è  suburbano  Brecht  diocœsis  Bc^ocensis. 
(Chron.  Fiscanensis,  apud  bibliot.  Labbé,  t.  I,  p.  329). 
Il  gouverna  cette  abbaye  2  ans  et  9  mois,  et  mourut  en 
i328.  Hermant  traduit  son  nom  par  Robert  de  Brèche, 
et  le  fait  natif  du  village  de  Puteaux  [Putot],  dépendant 
de  la  paroisse  de  Bretteville-rOrgueilleuse  (2)  ;  mais  en 
citant  pour  son  garant  le  Neustria  Pia,  il  faitvoir  sonpeu 
d'anention,  puisque  celui-ci  en  parle  comme  la  chronique 
de  Fécamp.  Pbilebert  de  Brécy,  chevalier,  et  M°>«  Mar- 
guerite d'Anisy  sa  femme,  dame  de  Saint-Célérin  et  du 
Pin  avaient  procès  contre  Jean  d'Harcourt  comte  d'Au- 
male,  vers  1400  (3). 

(i)  Orig,  de  Caen,  p.  314. 
(1)  Hitt.  de  Beoreux,  p.  3i6. 
(i)  Hist.  Harc,  t.  I,  p.  416. 


417 

ColombierS'Sur'Seule  (Saint-Vigor  de).  Sergenterie  de 
Gray,  éleaion  de  Bayeux,  49  feux,  notariat  de  Ver. 

Cette  paroisse  a  souffert  différentes  altérations  dans  son 
nom,  comme  :  Collombiers,  Colombie  et  Coullomboye. 
Elle  est  située  sur  la  rivière  de  Seule,  qui  la  sépare  de  la 
paroisse  d^Amblye.  On  compte  de  ce  lieu  une  demi-lieue 
au  bourg  de  CreuUy,  3  lieues 'à  Bayeux,  et  4  lieues  à 
Caen. 

M.  de  La  Haye  de  Bazenville^  secrétaire  du  roi,  sei- 
gneur de  Colombiers  présente  à  la  cure.  Les  deux  tiers  de 
la  dîme  appartiennent  au  prieuré  de  Salnt-Vigor,  au  droit 
du  prieuré  de  Saint-Gabriel,  le  tiers  avec  les  verdages  est 
au  curé. 

La  seigneurie  de  Colombiers  relève  du  roi  par  un  fief 
d^hautber.  Elle  était  possédée  en  1 356  par  le  seigneur  de 
Cully.  Noble  homme  François  de  Guerville,  seigneur  du 
fief  de  Cully,  situé  à  Colombiers-sur-Seule^  nomma  à  la 
cure  en  1549.  Il  descendait  de  Jean  Laurence  annobli 
par  Chartres  de  février  1455.  Ce  Jean  fut  père  de  Giot, 
père  de  Guillaume  qui  prit  le  nom  de  Guerville  au  lieu  de 
celui  de  Laurence,  par  lettres  patentes  du  9  mars  1485, 
vérifiées  par  le  bailli  de  Caen  en  i486.  Cette  famille  se 
divisa  en  3  branches,  savoir  :  les  seigneurs  de  La 
Lande  et  de  Bray  ;  les  seigneurs  de  Colombiers  et  les 
seigneurs  d^Esquay,  lesquels  firent  conjointement  leur 
preuve  de  noblesse  en  1599  devant  M.  de  Roissy. 

La  seigneurie  de  Colombiers  fut  adjugée  par  décret 
vers  1660  à  messire  Louis  Le  Valois,  seigneur  d^Esco ville, 
sur  Nicolas  de  Syresne,  écuyer,  seigneur  de  Colombiers, 
et  la  dame  son  épouse.  Elle  passa  depuis  aux  marquis  de 
Gratot.  C^est  sous  cette  qualité  que  nomma  à  la  cure  de 
Colombiers  es  années  1706  et  1709,  messire  Georges 
d^Argouges,  chevalier^  marquis  de  Gratot^  conseiller  du 

27 


4i8 

roi,  lieutenant-général  de  S.  M.  en  Basse-Normandie  (i). 
Noble  dame  Anne  Le  Vasseur  sa  veuve,  y  nomma  aussi 
en  171 9,  ainsi  que  messire  Michel  d^Argouges,  cheva- 
lier, seigneur  et  marquis  de  Gratot  en  1 727.  La  fille  héri- 
tière de  M.  de  La  Haye  Bazenville  a  épousé  M.  Terray. 

Crépon  (Saint-Médard  et  Saint-Gildard  de).  Sergen- 
terie  de  Gray,  élection  de  Bayeux,  5o  feux,  400  commu- 
niants, notariat  de  Ver. 

Cette  paroisse  est  située  sur  une  éminence,  et  arrosée  par 
la  petite  rivière  de  Provence  qui  y  prend  sa  source,  et  va 
de  là  se  perdre  à  la  mer  dans  la  paroisse  de  Ver.  Elle  est 
à  une  lieue  du  bourg  de  Creully  et  à  2  lieues  et  demie  de 
Bayeux. 

Cest  une  des  plus  anciennes  baronnies  du  bailliage  de 
Gien,  qui  relève  du  roi  par  un  plein  fief  d^hautber.  Un 
recueil  d'aveux  du  siècle  dernier  marque  aussi  que  c^est 
une  châtellenie  et  tiers  de  baronnie  avec  des  extensions 
dans  plusieurs  paroisses  voisines.  Cette  baronnie  donnait 
droit  de  séance  à  TÉchiquier  de  Normandie,  et  son  sei- 
gneur est  un  des  4  grands  bacheliers  de  la  Province  (2). 
Il  présente  à  la  cure.  La  dîme  est  partagée  par  moitié 
entre  le  curé  et  l'abbaye  de  Cormeilles.  Son  nom  est 
unique  en  France.  Les  uns  ont  écrit  Crespon,  les  autres 
Crespum,  Ecclesia  de  Crepone. 

Le  patronage  de  cette  cure  avec  toutes  ses  apparte- 
nances (18  acres  de  terre  et  tous  les  hommes  et  leurs 
revenus),  furent  donnés  à  Tabbaye  de  Cormeilles  par 
Guillaume  de  Crépon,  comte  d^Mérefort,  ou  Guillaume 
comte  de  Breteuil  son  fils,  seigneur  de  Crépon.  Henry  II, 

(1)  Reg.  de  l'évéché. 

(a)  HisU  Harc.,  t.  III,  p.  iSj, 


419 

roi  d'Angleterre,  dans  sa  cbartre  pour  Pabbaye  de 
Cormeilles,  lui  confirme  ce  don  et  assure  qu'il  a  été  fait  à 
ce  monastère  par  ses  fondateurs,  dont  Guillaume  comte 
de  Breteuil,  dit  ce  prince,  est  le  principal.  La  bulle  du 
pape  Alexandre  111,  de  Tan  1168,  explique  la  susdite 
donation  en  ces  termes  :  Ecclesiam  de  Crespum  cum 
omnibus  decimis,  et  decem  et  octo  ocras  terrœ  (i).  Elle 
ne  marque  point  le  nom  du  donateur;  mais  il  est  constant 
que  les  religieux  de  Cormeilles  ont  toujours  joui  depuis  cp 
don  du  fief  de  Cormeilles  en  la  paroisse  de  Crépon,  et 
que  les  vassaux  de  cette  seigneurie  se  sont  toujours  main- 
tenus à  ne  point  payer  la  dîme  des  terres  qui  en  relèvent, 
et  qui  leur  avaient  été  baillées  auparavant  sous  cette  con- 
dition par  les  seigneurs  de  ce  même  fief. 

Le  pape  ayant  permis  au  roi  de  recueillir  sur  son  clergé 
la  somme  de  5o,ooo  écus,  les  abbé  et  religieux  de  Cor- 
meilles vendirent  ce  fief  à  François  de  Cairon,  écuyer, 
par  contrat  du  4  juin  1 677,  pour  contribuer  à  cette  taxe. 
Le  patronage  de  la  cure  est  attaché  à  ce  fief.  La  vente  fut 
de  800  livres  pour  le  principal,  et  les  2  sous  pour  livre. 
Le  sieur  de  Cairon  revendit  depuis  ce  fief  au  baron  de 
Crépon,  dont  les  représentants  le  possèdent  encore.  Les 
religieux  de  Cormeilles  y  perçoivent  toujours  la  moitié 
des  dîmes,  le  curé  a  Pautre  moitié  qui  lui  compose  un 
très  bon  revenu. 

La  baronnie  de  Crépon  a  des  extensions  es  paroisses  de 
Meuvaine,  CoIombiers-sur-Seule,  et  es  environs,  comme 
on  le  voit  par  l'aveu  de  messire  Jacques  de  Novince, 
chevalier  de  Malte.  Il  y  a  aussi  une  fiefferme,  qui  fut 
fiefiée  par  le  prix  de  5 1  s.  par  an  à  Guillaume  Le  Blays, 
écuyer,  selon  un  compte  de    i563.  Cette  baronnie  a 

(i)  Manast.  Angiic,  t.  II,  p.  962. 


420 

donné  son  nom  à  une  ancienne  maison  éteinte  que  la 
Chronique  de  Normandie  dit  avoir  pour  auteur'  un 
chevalier  Danois  qui  accompagna  le  duc  Rhou  et  qui 
eut  en  partage  la  terre  de  Crépon*  Ses  armes  étaient  de 
gueules  à  la  quintefeuille  d^bermines. 

Osbem  de  Crépoil  était  fils  de  Herphaste  (i),  fils  d^un 
chevalier  Danois,  neveu  de  Gonnor,  duchesse  de  Nor- 
mandie,  de  Duceline  ou  Weve,  femme  de  Thouroude, 
sire  de  Ponteaudemer,  et  de  Sainfrie,  mariée  au  Forestier 
de  Chercheville.  La  Chronique  de  Normandie  prétend 
que  c'est  de  lui  que  Cresponville^  Gerponviile  et  Qipon- 
ville  au  diocèse  de  Rouen,  ont  pris  leur  nom  (2). 

La  même  Chronique  fait  mention  de  Guilbert  de  Cré- 
pon contemporain  d^Osbern  de  Crépon  (3).  Elle  marque 
que  le  duc  Robert  lui  donna  le  château  de  Tillières  à 
garder,  et  que  Guillaume  son  fils  le  céda  depuis  à 
Henri  !«%  roi  de  France  qui  le  fit  démolir.  Selon  cette 
Chronique,  Guilbert  de  Crépon  épousa  Ariette,  maltresse 
de  Robert,  duc  de  Normandie,  de  laquelle  il  eut  Odon, 
évéque  de  Bayeux,  Robert  de  Crépon  qui  fut  grand 
personnage,  et  la  comtesse  d^Aumale  (4),  mais  ce  fait  est 
contredit  par  tous  les  historiens  qui  ne  donnent  point 
d'autre  mari  à  Ariette  qu*Herluin,  comte  de  Conte- 
ville  (5). 

Guillaume  de  Crépon,  fils  d^Osberne,  devint  comte  de 
Breteuil  et  de  Leicestre  en  Angleterre.  Il  portait  pour 
armes  :  d^argent  au  cerf  d^azur  encorné  d'or  et  passant.  Il 

(i)  Hist.  Harc,,  t.  I,  p.  38. 

(a)  ChroH.  de  Norm.^  p.  44  et  45. 

(3)  ChrOH^  de  Norm.,  p.  68. 

(4)  Chron.  de  Norm,,p.  69. 

(5)  WilUL  Gemetic,  lib.  VII,  ctp.  III;  Ord.  Vitalis,  lib.  V  et  VII, 
fol.  467, 


421 

avait  épousé  Adélaïde,  fille  de  Roger  de  Thoëny,  une  des 
plus  riches  héritières  de  Normandie^  dont  sortirent  deux 
fils  :  Guillaume,  comte  de  Breteuîl,  et  Robert,  comte 
d'Hereford(i). 

Guillaume,  II«  du  nom,  comte  de  Breteuil,  baron  de 
Crépon,  eut  les  biens  de  Normandie  dans  le  partage  de 
la  succession,  et  ne  laissa  que  des  filles  alliées  à  des  sei- 
gneurs de  la  première  distinction. 
N  La  baronnie  de  Crépon  depuis  ce  temps-là  a  passé 
dans  bien  des  familles,  tant  par  succession  que  par  vente. 
En  i355,  elle  appartenait,  selon  le  livré  Pelut,  à  N.  de 
Fcrrières. 

Dans  le  même  siècle,  Jeanne  de  Malesmains  épousa 
Olivier,  IV«  du  nom,  sire  de  Montauban  en  Bretagne, 
mort  en  1 388,  et  lui  apporta  en  mariage  les  terres  de  Cré- 
pon, de  Romilly,  Marigny  et  autres  terres  en  Nor- 
mandie. Elle  était  fille  de  Gilbert  de  Malesmains,  sei- 
gneur de  Sacé,  et  de  Typhaigne  de  Gourcy.  Guillaume 
de  Montauban,  leur  troisième  fils,  portait  le  titre  de  sei* 
gneur  de  Crépon,  et  mourut  sans  alliance  (2). 

Olivier  de  Montauban,  V«  du  nom,  frère  aîné  de  Guil- 
laume, retira  en  iSjô  la  terre  de  Crépon  que  Bernard 
de  La  Ferté,  cohéritier  de  la  dame  de  Chaourses,  avait 
aliénée. 

Renaud  de  Montauban,  son  quatrième  fils,  par  son 
partage  fut  seigneur  de  Crépon  et  de  Marigny,  et  en  fit 
hommage  le  14  octobre  1 394. 

Guillaume  de  Montauban,  frère  aîné  du  précédent, 
échangea  ensuite  ses  terres  de  Linières-la-Doucelle  et 
Crépon,  contre  celles  de  Plumoêt  et  de  Montbrun,  qui  lui 

(i)  Hist.  Harc.,  1. 1,  p.  39. 

(a)  Hist.  des  gr,  Offic,,  t.  IV,  p.  78  et  79. 


422 

furefit  cédées  par  Typhaigne  du  Guesclin,  femme  de 
Pierre  de  Touraemine,  seigneur  de  Jaoson,  par  acte  passé 
à  Dinau  le  i5  mai  141t.  Il  était  qualifié  seigneur  de 
Rommilly  ;  apparemment  que  cet  échange  n'eut  pas  lieu, 
car  nous  trouvons  que  Jean  de  Montauban,  son  fils»  rendit 
le  3  juillet  1450  aveu  de  ses  terres  de  Normandie,  parmi 
lesquelles  Crépon  est  compris  (i).  Il  en  rendit  encore 
aveu  en  1457;  il  fut  maréchal  de  Breugne,  amiral  de 
France,  bailli  de  Cotentin  (2);  il  obtint  en  1461  ou  1463 
des  lettres  du  roi  pour  l'érection  en  hautes  fustices  des 
baronnies  de  Marigny,  Rommilly  et  Crépon.  Marie  de 
Montauban,  dame  de  Crépon,  s^allia,  par  contrat  du 
14  avril  1443,  à  Louis  l^  de  Rohan,  seigneur  de  Gue- 
mené,  dont  vint  Louis  II,  qui  posséda  depuis  les  susdites 
terres  de  Normandie. 

Demoiselle  Hélène  de  Rohan  dame  de  Crépon  en  1497. 

Gillette  du  Châtel,  dame  de  Crépon  et  de  Sermentot, 
nomma  à  la  cure  de  Sermentot  en  1 5i6  (3). 

Jean  de  Kenelec  (ou  du  Quelnec),  vicomte  du  Fou, 
baron  du  Pont,  amiral  de  Bretagne,  épousa  Françoise 
Goyon,  fille  unique  d^Alain,  seigneur  de  Villers,  grand 
écuyer  de  France,  bailli  de  Caen,  et  fut  père  de  Marie, 
baronne  de  Crépon  (4).  Françoise  Goyon  mourut  à 
Caen,  Tan  i536. 

Louis  de  Novince,  chevalier,  seigneur  d^Aubigny,  et 
de  Cahagnes,  baron  de  Crépon  et  viconte  d^Esquay  du 
chef  de  sa  femme,  vivait  en  i63o.  Dame  Françoise  de 
Maimbeville,  sa  veuve  et  douairière  de  Crépon,  nomma  à 
cette  cure    en    i656,    du    consentement   d^Adrten   de 

(I)  Hist.  des  gr.  Offlc,  t.  VII,  p.  857. 
(a)  Hist,  Harc,  t.  II,  p.  io66, 

(3)  Reg.  de  Tévêché. 

(4)  M.  Huet,  Orig.  de  Caen,  p.  i38. 


4^3 

l^ovince,  chevalier,  seigneur  et  baron  d'Aubigny,  pro- 
priétaire et  seigneur  de  Crépon  (i).  Ils  descendaient  de 
Jean  de  Novince,  seigneur  d'Aubigny,  qui,  l'an  i58o, 
fit  au  célèbre  Jacques- Auguste  de  Thou,  conseiller  d^État, 
cette  magnifique  réception  à  Caen  dont  il  est  parlé  dans 
la  vie  de  ce  magistrat  (2). 

Marguerite  de  Biais  porta  en  mariage  à  Alexandre 
Costé,  marquis  de  Saint-Suplix,  conseiller  au  parlement 
de  Rouen,  les  terres  et  baronnie  de  Crépon;  de  Vaux  et 
de  Grey.  Cette  dame,  issue  d^une  ancienne  maison  de 
Normandie,  et  alliée  à  toutes  les  meilleures  de  Nor- 
mandie, telles  qu^à  celles  de  Faouq,  de  Garnetot,  d^Hien- 
ville",  d^Estampes,  de  La  Luzerne,  de  Brévant,  d'Oûessey, 
de  Civille,  de  Nassi,  de  Becdelièvre,  de  Mathan,  de  Tier- 
ceville,  de  La  Roche-Aimon,  de  Cadot-Sebeville,  de 
Castel  de  Crevecœur,  et  de  GouflSer  d^AUy,  était  filleule 
de  Louis  XIII,  et  fille  de  Jean  Le  Biais,  conseiller  d^État, 
ami  intime  du  célèbre  M.  Huet,  évéque  d^Avranches. 

Jean  Le  Biais,  seigneur  de  Quesney,  baron  de  Cres- 
pon,  né  le  26  novembre  161 5,  mort  à  Caen  le  26  février 
1 698.  Il  fut  fait  conseiller  d^État  par  le  cardinal  Mazarin, 
pour  être  resté  fidèle  au  roi  pendant  la  Fronde.  Pour 
la  même  raison,  le  duc  de  Longueville  le  fit  destituer  de 
la  charge  de  lieutenant-général.  Le  Biais  pouvait  y  ren- 
trer; il  préféra  Tétude  et  la  retraite.  Il  savait  le  grec  et  le 
latin,  faisait  des  vers,  et  avait  un  singulier  talent  pour 
trouver  dans  les  livres  ce  qu^il  y  cherchait.  Son  portrait  a 
été  gravé  in-folio  par  Drevet. 

De  ce  mariage  est  né  Alexandre  Costé,  marquis  de 
Saint-Suplix,  baron  de  Crépon,  seigneur  et  gouverneur 

(i)  Reg.  de  révêché. 

(a)  Mém.  de  la  vie  de  M,  de  Thou,  in«4o^.p.  5i,  édit.  de  171 1. 


4M 

de  la  ville  d*Harfleur,  de  Buglise,  de  Saint-Barthélémy, 
d'Écrepentot,  de  Vaux,  de  Gray,  de  Bavon,  du  Quesnay» 
de  Cambres,  de  Sainte^Croix-sur-Mer,  mon  à  Paris  le 
i3  mai  174g,  âgé  de  58  ans.  Il  avait  épousé,  le  1 5  dé- 
cembre 17 17,  en  premières  noces,  Marie-Guillemette  de 
Moura,  iille  de  Don  Antoine,  et  d^Antoinette  de  Carringa, 
de  laquelle  sont  sortis  :  Alexandre-Antoine-Sébastien 
Costé,  marquis  de  Saint^Suplix,  ci-devant  officier  au 
régiment  du  Roi-Infanterie,  et  aide  de  camp  de  M.  le 
prince  de  Clermont;  et  Pierre  Jacques- Alexandre,  comte 
de  Saint-Suplix.  Leurs  armes  sont  :  de  synôple  au  che- 
vron d^or  accompagné  de  trois  coquilles  de  même  2  et  i. 
La  famille  de  Costé  se  dit  originaire  du  pays  de  Caux  en 
Normandie,  oti  elle  possède  encore  des  terres  et  fiefs 
depuis  Saint-Louis.    * 

Je  n'avais  pas  remarqué  qu^Osbern  de  Crépon,  neveu 
de  la  duchesse  Gonnor,  fut  sénéchal  de  Normandie,  gou- 
verneur du  duc  Guillaume,  depuis  surnommé  Le 
Conquérant,  et  qu^il  fut  tué  dans  son  lit  au  château  de 
Vaudreuil  en  io36  par  Guillaume  comte  de  Montgom- 
mery.  Il  avait  épousé  la  fille  de  Raoul,  comte  de  Breteuil 
et  d'Ivry,  sœur  de  l'archevêque  de  Rouen  et  de  Tévéque 
de  Bayeux.  Il  laissa  Guillaume-fils-Osbern  qui  devipt 
un  des  plus  illustres  personnages  de  son  temps.  Baron 
de  Crépon  comme  son  père,  il  fut  encore  comte  de  Bre- 
teuil et  d'Hereford  en  Angleterre,  oti  il  avait  accompagné 
le  duc  Guillaume.  Il  fut  tué  en  1071,  à  la  bataille  de 
Cassel  en  Flandres,  et  son  corps  rapporté  en  Normandie 
fut  enterré  dans  Tabbaye  de  Cormeilles  qu'il  avait  fondée 
ainsi  que  celle  de  Lyre  (  i  ]. 

(i)  Chron.  de  Normandie,  p.  45  et  67.  —  Willel,  Gemetic^ 
îib.  VII,  c.  38.  —  Ord.  Vital.,  Ub.  III,  anno  1040;  lib.  IV, 
anno  1070. 


42S 

Creully  (Saint-Martin  de).  Bourg,  baronnie,  chef- 
lieu  de  doyenné  rural  et  de  sergenterie>  élection  de  Caen, 
190  feux,  800  habitants,  lieu  de  notariat. 

Quelqu^uns  ajoutant  un  t  devant  les  deux  //  écrivent  : 
Creûilly;  mais  cet  usage  est  contraire  à  Torthogàiphe 
employée  dans  la  Chronique  de  Normandie,  les  Ahti- 
quités  de  Caen  et  les  Cartes  du  diocèse.  Il  est  arppelé  Cur- 
leyum  dans  les  anciennes  Chartres^  et  Cro//^2<m  dans  le 
livre  Pelut  de  Pévêché,  et  les  titres  récents;  mais  il  est 
visible  que  ce  dernier  mot  a  été  forgé  sur  le  nom  fran- 
çais. Curleium  vient^  dit-on^  de  Panglo^saxon  churl,  qui 
signifie  paysan^  rustique  de  profession  ou  de  mœurs; 
peut-être,  dit  M.  Huet,  parce  que  ce  canton  était  fort  peu- 
plé de  laboureurs  (i),  comme  il  Test  encore  aujourd'hui, 
ou  à  cause  de  la  rusticité  de  ses  habitants.  Son  terroir,  en 
effet,  est  très  abondant  en  toutes  sortes  de  grains,  et  sa 
fertilité  a  toujours  constamment  attaché  ses  habitants  au 
labourage. 

Le  bourg  et  le  château  de  Creully  sont  situés  sur  une 
éminence  à  Textrémité  d^une  belle  plaine.  La  rivière  de 
Seulle,  partagée  en  deux  bras,  coule  dans  un  vallon  au 
pied  de  cette  éminence.  L'ancien  cours  passe  sous  le  pont 
de  CreuUet;  le  nouveau  n'est  qu'un  lieu  ouvert  pour  fjîre 
moudre  les  moulins  de  Creully.  La  partie  de  la  paroisse 
qui  est  en  deçà  de  la  rivière,  ressortit  au  bailliage  de 
Caen  ;  Pautre  partie,  qui  est  au-delà,  du  côté  de  CreuUet, 
dépend  de  celui  de  Bayeux, 

Le  bourg  est  assez  étendu  ;  il  est  à  2  lieues  et  demie  de 
Bayeux,  et  à  4  petites  lieues  de  Caen.  Il  s'y  tient  un 
marché  tous  les  mercredis,  et  une  foire  les  premiers  mer- 
credis de  chaque  mois,  dont  les  droits  et  coutumes  appar- 

(f)  àrig,  A  Caen,  p.  4  et  298. 


4a< 

tknnent  ao  seigneur.  Ses  balles  sont  les  plus  belles  de 
Basse-Normandie.  Elles  furent  bâties  le  siècle  dernier 
par  Antoine  de  Sillans,  baron  de  CreuUy,  et  Sylvie  de 
Rohan  son  épouse.  Il  y  a  un  notariat  et  un  bureau  de 
contrôle,  mais  ce  dernier  n^y  est  pas  attaché;  il  dépend 
de  Téleaion  de  Gicn  pour  la  taille,  et  de  Bayeux  pour  le 
sel. 

Le  château,  outre  sa  position  naturelle  qui  le  rendait 
très  fort,  est  encore  environné  de  hautes  murailles,  de 
tours  et  de  fossés  à  fond  de  cuve,  excepté  vers  le  couchant, 
qu^il  est  défendu  par  un  chemin  escarpé  et  très  profond; 
la  plupart  de  ses  fortifications  tombent  en  ruine  à  pré- 
sent. La  première  porte,  accompagnée  de  tours  termina 
en  dôme,  offre  à  la  vue  plusieurs  figures  d'hommes  et 
d^animaux  en  gros  relief  qui  sont  dessus.  Elle  conduit 
par  un  chemin  couvert  à  une  autre  porte  surmontée 
d^une  tour  élevée  et  garnie  de  créneaux,  au  haut  de 
laquelle  on  voit  les  armes  des  ancieqs  seigneurs  de 
CreuUy.  II  y  a,  à  la  gauche  en  entrant  dans  Tavant  cour, 
de  fort  belles  écuries,  qui  furent  bâties  aussi  bien  que  la 
porte  d^entrée,  par  lé  seigneur  et  la  dame  de  Creully, 
dont  nous  venons  de  parler.  De  là  on  traverse  la  cour 
qui  conduit  au  principal  corps  de  logis,  défendu  encore 
par  un  pont,  bâti  sur  un  large  fossé  qui  est  au  pied  de  la 
maison.  La  face  et  les  appartements  n'ont  rien  de  régu- 
lier ;  tout  s'y  ressent  du  goût  gothique,  et  des  siècles  où  ils 
ont  été  bâtis. 

Il  y  a  dans  Tenceinte  une  ancienne  chapelle  titulaire 
dont  il  ne  reste  plus  que  les  murs.  Elle  est  appelée 
Notre-Dame-de*Pitié,  dans  une  provision  du  i6  mai 
1657.  Le  seigneur  y  présente. 

Les  habitants  des  paroisses  voisines,  vassaux  de  la 
baronnie  de  Creully,  sont  tenus  à  la  garde  et  au  gué  du 


4^7 

château  en  temps  de  guerre.  Ceux  de  Rye«  Villiers-le* 
Sec,  Saint-Gabriel  et  Amblye,  prétendirent  sVn  libérer 
en  1 369,  sur  une  lettre  subreptice  qu'ils  obtinrent  du  roi 
Charles-le-Sage,  par  Tentremise  de  Tabbé  de  Fécamp  qui 
les  réclamait  comme  ses  hommes,  à  cause  de  son  prieuré 
de  Saint-Gabriel.  Us  furent  condamnés  aux  services 
accoutumés  de  ce  château  par  de  nouvelles  lettres  de  ce 
prince,  données  à  Paris  le  25  mai  de  la  même  année,  sur 
Texposé  plus  véridique  de  Richard,  baron  de  Creully. 

Ce  château  fut  rendu  en  141 7  à  Henri  V,  roi  d^Angle- 
terre,  par  Guillaume  de  Vierville,  baron  de  CreuUy.  Le 
rôle  des  titres  normands  en  fait  mention  de  la  sorte  : 
Salvus  conducttis  concessus  domino  de  CreuUy  qui 
castrum  de  Creulljr  régi  rursum  dédit,  et  illud  cum 
vil  lis.,.  Castro  prœdicto  pertinentibus  liberavit. 

Uéglise  paroissiale,  la  seule  du  bourg,  est  située  au 
milieu,  dans  la  place  du  marché.  La  nomination  de  la 
cure  appartient  avec  les  grosses  dimes  au  chapitre  de 
Bayeux.  Elle  paraît  ancienne  si  on  excepte  le  sanctuaire* 
qui  parait  plus  récent,  et  sous  lequel  est  le  caveau  où  sont 
enterrés  les  derniers  seigneurs  de  CreuUy.  La  nef,  comme 
le  chœur,  n^est  pas  large;  mais  elle  est  accompagnée  de 
deux  collatéreaux,  qui,  par  la  petitesse  de  leurs  croisées, 
donnent  beaucoup  d'obscurité  à  toute  Péglise.  On  voit 
au  sanctuaire,  sous  des  arcades  pratiquées  dans  les  murs, 
les  mausolées  de  deux  seigneurs  de  CreuUy  et  de  leurs 
épouses,  qui  y  sont  représentés  à  genoux  avec  différents 
attributs.  On  lit  cette  épitaphe  sur  le  mausolée,  qui  est  du 
côté  de  rÉvangile,  en  lettres  gothiques  : 

Cy  gist  un  très  illustre  et  ezœlleat  Seigneur, 
Antoine  de  Sillans,  digne  de  grand  honneur; 
Car  toujours  fut  à  Dieu  et  à  son  roy  fidèle. 
Desquels  il  soutenait  de  bon  couir  It  querelle. 


4»8 

En  ton  gouvernement  tel  devoir  il  sut  rendre, 
Que  Tennemi  n*on  plut  tur  luy  rien  entreprendre, 
n  lenrit  quatre  roîs,  detquato  pour  récompense, 
Et  poi^r  SCS  gnndes  vertus,  il  eut  TOrdre  de  France. 
De  quinze  enlants  qu'il  eut,  il  en  a  vu  les  quatre. 
Pour  la  Foy  Catholique  et  pour  le  Roi  combattre. 
De  son  antique  race  nul  n'erra  en  la  foy  : 
Mais  ont  toujours  été  bons  serviteurs  du  Roy. 
Or  enfin  ce  seigneur  et  baron  de  Creully 
A  ioîzante-et-trois  ans  lut  au  Gel  recueilli. 
La  mort  de  luy  triomphe,  son  renom  est  vivant, 
Il  vit  en  son  épouse,  qui  prie  au  Tout-Puissant 
Que  son  bon  plaisir  soit  bientôt  les  rendre  unis. 
Sous  le  tombeau  leur  corps,  leur  âme  en  Paradis. 
AInsi-soit-il. 

L'épitaphe  du  mausolée  qui  est  vers  Tépitre,  sur  du 
marbre  noir  comme  la  précédente,  est  ainsi  conçue  : 

Illustre  dame  Silvie  de  Rohan  consacra  ce  tombeau 
aux  mânes  de  messire  Antoine  de  Sillans,  IIP  du  nom, 
vivant  chevalier,  seigneur  et  marquis  de  Creully,  dé^ 
cédé  Van  1 6  41, 

Marbre  raconte  à  la  postérité 
Qu'un  saint  hymen  vainc  ta  solidité 
Et  que  Silvie  en  ces  honneurs  funèbres 
Rend  sa  mémoire  et  son  amour  célèbres. 
Aussi  Tobjet  qui  lut  son  digne  choix 
Le  fut  jadis  du  conseil  de  nos  Rots, 
Et  l'Étranger  qui  connut  sa  prudence, 
En  un  Français  sut  admirer  la  France. 
Aux  ennemis  sa  fatale  valeur 
Donna  toujours  ou  la  mort  ou  la  peur. 
Heureux  vainqueur  si  chéri  de  la  gloire. 
Que  chaque  assaut  lui  fut  une  victoire. 
Le  vice  même  à  ses  pieds  abbattu 
Fit  un  trophée  à  sa  noble  vertu. 
Sa  main  toujours  aux  pauvres  libérale 
Fait  regretta  que  m  terre  natale 


429 


Qui  tiânt  de  luy  ces  pompeux  bâdments 
Perde  en  sa  mort  ses  plus  beaux  ornements. 
Ce  grand  héros  des  biens  de  la  naissance, 
Comme  plusieurs  n*éleva  sa  puissance. 
Et  ce  luy  Ait,  sortir  des  demi-dieux, 
Le  moindre  don  qu'il  ait  reçu  des  Qeux. 
Justement  donc  cette  illustre  Silvie 
Qui  du  haut  sang  de  Rohan  prit  la  vie. 
Dans  ce  tombeau  résolut  de  montrer 
Que  le  trépas  ne  Ten  peut  séparer. 


HsK  quem  busta  tegunt  nulli  virtute  secundus,  tertius,  Antoni, 
nominis  hujus  eras.  Nominis  ejusdem  très  idem  sustulit  annus, 
cum  ter  visceno  tertius  ille  fuit.  Qui  nunc  quartus  ab  iis  quintus» 
que  Antonius  auras  vitales  carpunt,  filius  atque  pater.  Serius  his 
obeant,  Antoni  !  et  nomeiiP  amatum  vivat  et  illustris,  tempus  in 
omne  domus. 


Au  milieu  du  chœur,  il  y  a  une  ouverture  par  où  Ton 
descend  au  caveau  sépulchral.  Elle  est  fermée  par  deux 
grandes  plaques  de  cuivre  en  forme  de  battants  de  pone, 
sur  lesquels  on  lit  les  vers  suivants  : 

Vivere  perpetuo  dignos  eaoe  ausa  necare 

O  fiillax  !  Vita  quam  maie  nomen  habes, 
Vita  1  tuum  capiat  mors  nomen,  quos  que  necasti 

Mors  pia,  te  melior,  vivere  fecît  eos. 


La  vie  est  immortelle  en  dépit  de  l'envie 
Qui  mortel  l'homme  appelle,  il  luy  fait  grand  tort , 
Car  encor  que  la  mort  ait  pouvoir  sur  la  vie 
La  vie  pourtant  toujours  l'aura  dessus  la  mort. 


4ÎO 


Coiport  iptorum  (hic)  in  p«ce  Mpultt  tunt, 
Et  Domen  eorum  nvet  in  generationem  et  generationem. 

{Eecl.  XLIVy. 

Non  mortui  laudabunt  te  domine,  sed  nos  qui  vÎTimus, 
Benedidmut  Doaûno.  fPsal.  1 13).  Requietcant  in  pacc,  1634. 


i^  livre  Pelut  de  PéYéché  que  j^ai  déjà  cité,  marque 
une  léproserie  à  Creully  :  Capella  leprosariœ  de 
Crolléfo,  laquelle,  comme  la  chapelle  du  château,  était 
en  t356  à  la  nomination  de  Richard  de  Creully.  Cette 
chapelle  ou  maladrerie,  sous  le  titre  de  Saint-Nicolas-du- 
Perron,  était  au  bout  du  bourg  vers  le  midi,  dans  le 
lieu  oti  Ton  voit  un  colombier.  Ses  terres  sont  encore 
exemptes^  de  dîmes,  et  son  revenu  a  été  uni  à  THôtel- 
Dieu  de  Caen. 

La  terre  de  Creully,  sous  le  titre  d^ancienne  baronnie, 
relève  nuement  du  roi  par  un  plein  fief  d'hautber;  les 
seigneurs  avaient  droit  de  séance  à  TÉchiquier  de  Nor- 
mandie. 

De  cette  baronnie  relèvent  noblement  les  terres  et 
seigneuries  de  :  Noron,  Lanteuil-Manneville,  Bréqr, 
Fresné-le-Crotteux,  Bretteville,  Rots,  Langrune,  Amblie, 
Saint-Gilles,  Bombanville,  Lorey,  Barbières,  Villers, 
Aguerny,  VîllervîUe,  Criquebœuf,  La  Chaussée,  Saint- 
Jean,  Vauville,  Cambes,  Colleville^  Mathieu,  Cosnard, 
Jamen,  Franqueville  et  Saint-Amand.  Elle  s'étend  encore 
à  Villîers-le-Sec,  Tierceville,  Crépon,  Mathieu,  Le 
Manoir,  Rye,  Vienne,  Saint-Sauvear-Landeiin,  Saini- 
Gilles,  Goville,  La  Motte,  La  HauUe,  Saint-Célerin, 
Conjon,  Bretteville-sur-Bordel,  Pierrefitte,  etc. 

On  ne  trouve  point  de  plus  ancien  seigneur  de  ce  lieu 
que  Hamon  surnommé  Audens,  Le  Hardi,  qualifié  sei- 


gncur  de  Torîgny,  Bercy  et  Creully.  Cétait  un  des  des 
plus  riches  et  des  plus  puissants  seigneurs  de  Normandie^ 
allié  à  nos  ducs.  Il  se  joignit  aux  comtes  de  Bessin  et  de 
Cotentin  qui  avaient  formé  le  projet  de  chasser  le  duc 
Guillaume  du  trône,  pour  mettre  Guy  de  Bourgogne  à  sa 
place.  Son  infidélité  lui  coûta  la  vie.  Il  fut  tué  en  1046  à 
la  bataille  de  VaNdes-Dunes  à  la  tête  du  3*  corps  de 
Tarmée  des  rebelles  quMl  commandait  (  i  ) 

Robert  Hamon^  seigneur  de  Torigny,  Creully,  Saint- 
Waast  et  d'Astrénerville,  jeune  seigneur  de  distinction, 
nobilem  virum  et  juvenemy  suivit  le  duc  Guillaume  à  la 
conquête  d^Angleterre  en  1066  (2);  il  acquit  une  grande 
réputation  par  les  armes.  Le  roi  Guillaume-le-Roux  lui 
donna,  en  considération  de  ses  services,  et  de  ceux  de  son 
père,  la  terre  de  Glocester  en  Angleterre.  II  y  mourut  au 
mois  de  mars  1 107,  et  fut  enterré  dans  le  monastère  de 
Theokesbury,  qu'il  avait  fondé  (3). 

Dequatre  filles  qu'il  laissa  de  sa  femme  Sibille,  fille  de 
Roger  de  Montgommery,  comte  de  Bellesme,  deux  furent 
religieuses,  et  ensuite  abbesses  en  Angleterre.  La  cadette 
fut  mariée  à  un  comte  de  Bretagne,  et  Mathilde,  Painée, 
à  Robert  de  Kent,  fils  naturel  d'Henri,  frère  et  succes- 
seur de  Guillaume-le-Roux,  roi  d^Angleterre  et  duc  de 
Normandie.  Cette  cadette  eut  pour  sa  dot,  et  de  la  volonté 
du  roi,  Glocester,  Torîgny  et  CreuUy.  La  terre  de  Glo- 
cester fut  érigée  en  comté  par  le  roi  Henri  en  faveur  de 
ce  mariage  (4). 


(i)  Chrm.  de  Nùrm.,  p.  74-75. 

(2)  Hist.  Harc,  1. 1,  p.  agS. 

(3)  Monatt.  Anglic,  t.  I,  p.  1 54-1 55. 

(4)  Monast.  Anglic.^  1 1,  p.   i54-i55;  —  Wi^eU  Gemti,,  lib. 
VII,  chap.  XXIX.  —  Hist.  Harc.,  ut  supr. 


4}2 

Robert  de  Kent,  comte  de  Glocener,  sire  de  Torigny 
et  de  Creully,  fit  Un  échange  du  prieuré  de  Saint-Gabriel 
près  Creullj  avec  l*abbé  de  Fécamp  en  1 1 38,  et  la  même 
année  il  fit  une  donation  à  l'abbaye  d*Ardenne  proche 
Caen.  Il  prit  en  1 189  le  château  d'Aunay.  Il  mourut  en 
Angleterre  le  dernier  d'octobre  1 147,  laissant  plusieurs 
en&inu  de  sa  femme,  et  quelques  naturels  de  ses 
maîtresses,  entr'autres  Richard  de  Glocester,  depuis 
évéque  de  Bayeux.  Guillaume,  Tainé  de  ses  fils,  eut  le 
comté  de  Glocester  en  partage. 

Les  titres  et  enseignements  de  la  maison  de  CreuUy 
remarquent  qu'elle  procède  de  celle  de  Glocester,  c'est-à- 
dire  qu'un  des  enfants  du  comte  de  Glocester,  dans  le 
partage  de  la  succession,  eut  la  baronnie  de  CreuUy  dont 
il  prit  le  nom,  et  le  transmit  à  sa  postérité  (i). 

Richard  est,  selon  La  Roque,  le  premier  baron  de 
CreuUy,  duquel  sont  descendus  tous  ceux  du  nom  et 
armes  de  CreuUy.  Il  portait  pour  armes  :  d'argent  à 
3  lionceaux  rampant  de  gueule. 

Par  une  chartre  de  l'an  1080  (il  y  a  visiblement  de 
l'erreur  dans  cette  date),  Richard,  baron  de  CreuUy, 
donna  à  l'abbaye  de  Fécamp  l'intégrité  du  prieuré  de 
Saint-Gabriel,  la  dîme  de  Saint-Rémy-de-Fresnay,  la 
huitième  partie  de  la  dîme  de  Saint-Gabriel,  les  terres 
qu'il  possédait  à  Brécy,  3  acres  de  terre  en  prés,  une 
maison  et  une  pêcherie  en  la  paroisse  de  Langrune, 
et  une  autre  pêcherie  en  la  paroisse  de  Saint-Gabriel  (2) . 
Par  une  chartre  sans  date,  il  aumôna  à  l'abbaye  de 
Longues  deux  gerbes  de  dîmes  sur  1 2  acres  de  terre,  et  la 
troisième  gerbe  sur  12  autres  acres  situées  à  Vaussieux, 

(i)  Hist,  Harc.,  X.  11,  p.  1067  et  sulv. 

(a)  Extr^  d'une  copie  tirée  du  Cartul.  de  Fécamp. 


433 

étant  toutes  du  fief  de  Raoul  Tesson,  lesquelles  dîmes  il 
avait  eues  du  bien  de  ses  ancêtres  (i). 

On  croit  quUl  épousa  la  fille,  héritière  de  Guillaume, 
seigneur  de  Saint-Clair  et  de  Villiers-Fossard,  qui  avait 
fondé  en  1 1  Sç  le  prieuré  de  Villiers  de  Tordre  de  Citeaux. 
Leurs  enfants  furent  :  Philippes,  qui  suit;  Henri  qui 
succéda  à  son  frère,  et  Richard  de  CreuUy,  seigneur  de 
Saint-Clair,  chef  de  la  branche  de  Satnt-Qair. 

Philippes^  baron  de  CreuUy,  est  renommé  parmi  les 
chevaliers  bannerets  qui  vivaient  du  temps  du  roi  Phi- 
lippe*Auguste  en  1 210  (2).  Il  aum&na  à  Pabbayede  Lon- 
gues, peu  de  temps  après  sa  fondation,  une  maison  sise  à 
CreuUy  devant  la  porte  de  son  château,  3  acres  et  3  ver- 
gées  de  terre,  et  le  ténement  de  Martin,  clerc  de  Vienne, 
situé  au  Manoir  (3).  Lui  et  Richard,  son  frère  puiné, 
donnèrent  à  Fabbaye  de  Cerisy  le  patronage  de  Téglise 
de  Saint-Clair  avec  ses  dîmes,  du  consentement  d'Henri, 
évêque  de  Bayeux,  pour  leur  salut  et  celui  de  leur  père  et 
du  comte  Robert,  leur  aïeul  (4).  Il  assista  en  11 90  à  la 
dédicace  de  Fabbaye  d^Aunay  et  fut  un  des  témoins  qui 
souscrivirent  à  la  donation  de  la  terre  de  Langrune  faite 
à  cette  abbaye  par  Guillaume  du  Hommet,  connétable  de 
Normandie  (5).  Philippe  de  CreuUy,  fils  de  Richard,  fils 
du  Comte,  comme  seigneur  suzerain  ratifie  les  donations 
faites  au  prieuré  de  Sainte-Barbe,  de  Téglise  et  terres  de 
Cottun,  par  Roger,  Thomas  et  Eudes,  fils  de  Thomas 
Malfilâtre,  et  Guy  de  Boviller  (ou  Beuvillers). 

Sa  fille  uniquefutmariéeàRobert,siredeTillières,  dont 

(i)  Cart.  abb.  de  Lo&gis,  p.  44. 

(2)  Hist,  Harc,  1. 1,  p.  317. 

(3)  Gallia  Christ.,  t.  XI;  ïnst,,  col.  86. 

(4)  Cart  abb.  de  Ceraseyo. 

(5)  Gai.  Christ.,  t.  VI,  ut  supr.,  col.  90-91. 

28 


4Î4 

vint  Gilbert  de  Tillières,  auquel  échut,  vers  1218,  la 
baronnie  de  Creutly;  mais  étant  mort  sans  enfants>  elle 
revint  au  suivant  (  i  ) . 

Henry,  baron  de  Creuily,  par  le  décès  de  Gilbert  de 
Tillières,  son  petit-neveu,  fut  père  de  Richard,  11^  du 
nom,  et  de  Robert  de  CreuUy. 

Richard,  baron  de  Creuily,  lU  du  nom,  partagea  la 
succession,  en  i223,  avec  Robert  de  Creuily  son  puîné. 
II  parait  un  appointement  fait  en  12 19  entre  lui  et  ses 
hommes  et  vassaux  pour  un  procès  entre  eux  pendant  à 
Bayeux. 

Richard,  baron  de  Creuily,  III«  du  nom,  eut  pour 
femme  Isabeaude  Tillières,  tante  de  Gacé  de  Tillières. 
Richard,  seigneur  de  CreuUy,  chevalier,  ratifia,  en  i25 1, 
la  vente  de  1 3  acres  de  terre  sises  à  Cambes,  vendues  à 
Tabbaye  d^Aunay  par  Geoffroy  de  Rapendon.  (Ex.  au" 
togr,]. 

Raoul,  baron  de  CreuUy,  est  qualifié  monseigneur  et 
chevalier  dans  un  accord  daté  de  Tan  i3o6y  fait  avec 
messire  Richard  de  Bretteville,  écuyer,  seigneur  de  Bret- 
teville-sur-Bordel,  et  autres  vassaux  du  baron  de  CreuUy. 

Richard,  baron  de  CreuUy,  IV«  du  nom,  vivait  en 
i356. 

Richard,  baron  de  CreuUy,  V<  du  nom,  épousa  en 
1367,  Alix  de  Clere,  selon  une  généalogie  de  cette  mai- 
son. Cette  dame  était  alliée  à  la  maison  royale  par  les  ducs 
de  Brabant,  et  les  anciens  comtes  d^Alençon  dont  elle 
descendait  par  femmes.  Il  rendit  aveu  à  Pévéque  de 
Bayeux,  suivant  un  vidimus  du  28  janvier  1 382,  d'un 
fief  assis  à  Saint-Clair,  que  tenait  de  lui  en  parage  Jean 
de  CreuUy.  Dans  cet  aveu,  notre  baron  prend  la  qualité 

(i)  Hist,  Harc,  t.  H,  p.  1067. 


435 

désire  de  Creully^  seigneur  de  Mathieu»  Torville,  Mont* 
carville  et  Gartot. 

Louis,  baron  de  Creully,  épousa  Isabeau  Mallet  de 
Graville,  veuve  de  Guillaume  de  Trie,  laquelle  était 
petit&-fille  de  Léonor  de  Saint-Pol,  fille  de  Guy  de  Chas- 
tillon,  comte  de  Saint-Paul,  et  de  Marie  de  Bretagne.  Il 
eut  pour  enfants  ;  Pbilippes,  mort  jeune,  et  Marie,  héri- 
tière. 

Les  Génois  ayant  demandé  des  secours  à  la  France  au 
mens  de  juin  iSgo,  pour  se  délivrer  des  Turcs,  qui  étaient 
venus  les  attaquer  sur  leurs  <:ôtes,  grand  nombre  de  sei- 
gneurs français  y  allèrent,  et  remportèrent  sur  eux  une 
signalée  victoire  en  Barbarie.  Le  baron  de  Creully  y 
périt  (i). 

Guillaume  de  Vierville,  siredeVierville,  devint  baron  » 
de  Creully,  au  droit  de  Marie  de  Creully  quUl  avait 
épousée.  Il  reiiditaveu  au  roi  le  26  janvier  iSgo  (iSgi), 
de  cette  baronnie  consistant  en  :  la  terre  de  Creully,  de 
Mathieu  et  de  Mesnilbuê,  avec  leurs  appartenances. 

Henry  Y,  roi  d^ Angleterre,  usurpateur  de  la  couronne 
de  France,  la  cinquième  année  de  son  usurpation,  con- 
fisqua tous  les  seigneurs  de  Normandie  qui  étaient  de- 
meurés fidèles  à  leur  prince  légitime.  Il  donna  à  Hortauz 
de  Vaudox  (2),  chevalier  anglais,  le  châteauetla  baronhie 
de  Creully,  qui  avait  été  à  Guillaume  de  Vierville,  che- 
valier, et  à  demoiselle  Marie  de  Creully,  héritière  de 
Creully  sa  femme,  le  château  et  baronnie  deCourseuUes, 
avec  toutes  les  terres  qui  avaient  appartenu  à  Raoul  de 
Meullant,  III«  du  nom,  la  terre  et  seigneurie  de  Yillers- 
en-Bocage  qui  venait  de  la  succession  d^Olivier  de  Mauny, 


(i)  Hist.  HarCt  t.  I,  p.  401.  —  Masseville,  t.  HI,  p.  19. 
(2)  Heurtauz  de  Vaudoux  ?  (Heurtangle  de  Vauclouz). 


4J« 

chevalier,  et  toutes  les  terres  qui  étaient  à  Larchamp ,  à 
charge  de  le  servir  en  cas  d^arrière-ban  avec  deux  cbeva* 
tiers,  quatre  hommes  à  cheval  et  huit  archers,  et  lui  rendre 
hommage  au  château  de  Caen. 

Philippe  de  Vierville,  baron  de  Creully,  fils  du  pré- 
cédent, rentra  en  possession,  en  1460,  de  ses  biens  de 
Normandie,  dont  son  père  et  lui  avaient  été  dépouillés 
par  les  Anglais.  Il  avait  épousé,  le  4  juillet  1434,  Marie 
de  Montauban,  et  mourut  en  1466,  laissant  entre  autres 
enfants  :  Arthur  qui  suit,  et  Dom  Pierre  de  Vierville, 
décédé  en  1485,  abbé  de  Saint-Etienne  de  Caen  ;  et  pour 
filles  :  i^  Marie,  femme  de  Jean  du  Bois,  chevalier,  sei- 
gneur de  Viaot;  2^  Jeanne,  femme  de  Jean  LenSant, 
seigneur  de  Saint-Germain-de-La*Lieue  et  de  Vienne  ; 
30  Thomine,  femme  de  Richard  de  Royville,  seigneur  de 
Banville;  et  49  Anne,  femme  de  Jacques  Béton,  seigneur 
de  FeugueroUes  et  de  Saint>Louet. 

Arthur  de  Vierville,  chevalier,  seigneur  et  baron  de 
Creully,  Vierville,  Mesnilbuë,  Monthuchon,  CreuUet, 
Hermanville,  Mesnil- Richard,  épousa,  par  traité  du 
i3  mars  /1473,  reconnu  le  7  juin  1474,  Jaqudine  de 
Bricqueville,  dame  d'Escoville,  Bosroger,  Rupierre,  Bret- 
teviUe  et  Beneauville,  fille  de  Guillaume,  chevalier,  sei- 
gneur de  Laune  et  de  Coulombières,  et  de  Guillemette 
Pèlerin,  dame  de  Sainte-Croix*Grantonne  et  d^  Aman  ville. 
Le  sire  de  Vierville  et  de  Creùlly,  rendit  aveu  au  roi  pour 
la  baronnie  de  CreuUy,  le  1 1  novembre  1472. 

De  ce  mariage  sortirent  :  Marie,  qui  suit,  et  Jacqueline; 
qui  épousa  par  contrat  du  10  mai  1497,  Charles  d^Har- 
court,  chevalier,  seigneur  et  baron  de  Beauffou  et  de 
Beuvron. 

Marie  de  Vierville,  dame  et  baronne  de  CreuUy, 
épousa  :  i^  par  traité  du  23  décembre  1492,  François 


437 

Martel,  seigneur  de  Bacqueviile;  2»  par  traité  du  22  sep- 
tembre 1 5o6,  Eustache  de  Clermont,  seigneur  de  Cler- 
mont;  3®  vers  i5o5,  Jean  de  Sillans,  seigneur  d'Herman- 
ville  et  de  la  Perrière. 

Le  4  mai  iSog,  Jean  de  Sillans  d^Hermanville  et 
Charles  de  Harcourt-Beuvron  firent  des  lots  de  la  succes- 
sion de  feu  Anhur  de  Vierville,  baron  de  Creully,  dont 
ils  avaient  épousé  les  deux  héritières.  La  maison  de 
Vierville  descendait  en  ligne  masculine  de  celle  de  Vil- 
lier*-sur-Port,  et  avait  pour  armes  :  fascé  d'argent  et 
d'azur  à  la  bande  et  devise  de  gueules. 

Cest  une  opinion  généralement  reçue  que  la  maison 
de  Sillans  est  originaire  de  Provence,  mais  il  y  a  fort 
longtemps  quelle  est  établie  en  Normandie.  Elle  y  a 
toujours  possédé  des  biens  dans  le  bailliage  de  Caen,  et 
elle  a  joui  de  la  baronnie  de  CreuUy,  qui  en  est  une  des 
principales  terres. 

Gilbert  de  Sillans,  chevalier,  est  le  premier  de  cette 
famille  qui  soit  venu  sMtablir  en  la  province  de  Nor- 
mandie. Il  eut  pour  femme  Alix  de  Montmorency,  de 
laquelle  il  eut  trois  fils,  savoir  :  !<>  Jean  qui  suit;  2°  Ri- 
chard, chevalier;  3®  Roger,  aussi  chevalier.  Jean  de 
Sillans,  !«'  du  nom,  chevalier,  fut  sergent  d'armes  du  roi 
Jean,  et  capitaine  de  Melun.  Il  partagea  avec  ses  frères  la 
succession  de  ses  père  et  mère,  par  contrat  passé  devant 
Adam  du  Mont,  prêtre,  garde-scel  de  la  vicomte  de 
Caen,  en  i332.  Il  est  ensuite  mentionné  dans  le  compte 
de  Barthélémy  du  Drac,  trésorier  des  guerres,  es  années 
1340  et  i355.  11  eut  pour  successeur  Jean  de  Sillans, 
II*  du  nom,  son  fils,  seigneur  d'Ardres,  de  Verdun  et  du 
Mesnil-Morin.  Il  épousa  Jeanne  Malherbe,  fille  de  Guil* 
laume,  seigneur  de  La  Perrière,  et  de  G)lette  de  Vierville, 
son  épouse,  dont  il  eut  :  Guillaume  de  Sillans,  seigneur 


43» 

d'Ardres,  de  Monts,  de  Verdun  et  du  Mesnii-Morin» 
chevalier.  Celui-ci  laissa  entre  autres  enfieints  :  Jean  de 
Sillans,  III«  du  nom,  seigneur  de  La  Perrière,  marié 
vers  1477  à  Catherine  d'Hérmanville,  fille  unique 
de  Charles,  seigneur  d'Hermanville,  et  en  eut  Jean  de 
Sillans,  IV«  du  nom,  seigneur  d^Hermanville,  d'Ardres 
et  de  Monts. 

Ce  Jean  de  Sillans  devint  baron  de  Creully,à  cause  de 
Marie  de  Creully,  sa  femme.  Il  est  mentionné  en  un 
arrêt  de  l'Echiquier  de  l'année  1497,  étant  en  différent 
avec  Marguerin  du  Monnay  et  Jeanne  de  Marsilly,  sa 
femme,  pour  les  fiefs  d^Ardres,  de  Verdun  et  du  Mesnil- 
Morin.  Ses  enfants  furent  :  Antoine,  qui  suit,  et  Cathe- 
rine de  Sillansy  femme,  en  i53i,  de  Guy  du  Bouillon- 
nay,  seigneur  du  Manoir. 

Françoise  de  Sillans»  fille  de  Jean  et  de  Marie  de  Vier* 
ville,  épousa  par  contrat  du  1 1  octobre  1 523,  François  du 
Merle,  seigneur  de  Couvrigny,  issu  au  huitième  degré, 
de  Foulques,  maréchal  de  France. 

Antoine  de  Sillans,  U^  du  nom,  baron  de  Creully, 
seigneur  d^Hermanville,  La  Ferrière,  rendit  aveu  au  roi 
de  la  baronnie  le  20  mars  1537.  Sa  femme  fut  Jeanne 
Hében  d'Aussonvilliers,  dame  de  Bréauté  et  du  Bosroger, 
fille  de  François,  seigneur  de  Saint-Pélerin,  capitaine  de 
Saint-Lô,  et  de  Catherine  Courtin.  Ses  enfants  furent  : 
i^  Antoine,  qui  suit;  2^  Jean,  seigneur  d^Hermanville, 
chevalier  de  Tordre  du  roi,  gentilhomme  de  sa  chambre, 
décédé  à  Rouen  le  10  novembre  iSSg,  et  enterré  dans  le 
chœur  des  Cordeliers,  où  Ton  voit  son  épitaphe  (i)^  il 
n'eut  de  Marie  de  Motiy  de  La  Mailleraye,  son  épouse, 
que4filles,  dont  une  religieuse  à  Poissy,  les  autres  étaient  : 

(i)  Hist.  de  Rouen,  t.  VI,  p.  171. 


439 

Marie,  femme  de  Charles  SafTray,  seigneur  de  Varaviile  ; 
Jeanne,  femme  de  Jean  de  Caivimont,  chevalier,  gentil- 
homme ordinaire  de  la  chambre  du  roi,  seigneur  d^Este- 
vilie,  Beaufort  et  Orbec,  décédée  en  162  3,  et  Françoise, 
femme  du  seigneur  de  Saint-Hilaire  ;  3o  Pierre  de  Sil- 
lans,  seigneur  du  Bosroger,  chef  d^une  autre  branche  ; 
4'>  Jean  de  Sillans,  bachelier  aux  droits,  conseiller  et  au- 
mônier du  roi,  curé  de  CreuUy  et  de  Hermanville; 
5^  Isabeau  de  Sillans,  femme  :  i<^  de  René  de  Grimou- 
ville,  seigneur  de  La  Lande-d^Airou  ;  3®  d^André  d^Orai- 
son,  vicomte  de  Boulbon;  etc.. 

Antoine  de  Sillans,  II«  du  nom,  baron  de  CreuUy, 
seigneur  d^Hermanville  en  partie.  Le  Bréau,  Chatignon- 
ViUe,  Saint-Pélerin,  chevalier  des  deux  ordres  du  Roi, 
gentilhomme  de  sa  chambre,  capitaine  de  5o  hommes 
d^armes,  décédé  avant  1617,  âgé  de  63  ans.  Il  rendit  aveu 
de  sa  baronnie  au  roi  le  i5  octobre  1571.  Il  épousa  : 
lo  Marie  du  Mesnildo,  dame  d^Auray,  morte  sans  en- 
fants; 2°  Antoinette  Le  Sanglier,  fille  de  Gilles,  seigneur 
de  Boisrogues,  et  de  Françoise  du  Prey,  dont,  selon  le 
Dictionnaire  généalogique,  il  eut  6  fils  et  une  fille.  Si 
Pépitaphe  qu^on  voit  dans  Péglise  de  CreuUy  est  pour  lui, 
elle  nous  apprend  qu^il  a  eu  1 5  enfants  :  i»  Antoine,  qui 
suit;  20  Jean,  seigneur  de  Saint-Pélerin,  qui  épousa 
Marguerite  de  Briroy,  dont  il  n'eut  point  d^enfants; 
30  Charles,  seigneur  de  Chastignonville  ;  4P  Gilles,  sei- 
gneur de  La  Perrière;  5»  François,  religieux  à  Saint- 
Etienne  de  Caen;  60  René,  seigneur  d^Hermanville  ; 
7«  Claude,  femme  de  Charles  Le  Héricy,  seigneur  de 
Fierville;  etc.. 

Antoine  de  Sillons^  III«  du  nom,  baron  dç  CreuUy, 
seigneur  et  marquis  dudit  lieu,  seigneur  de  Breau,  Chas- 
tignonville, Hermanville,  chevalier  des  ordres  du  Rm, 


440 

gentilhomnie  de  sa  chambre,  conseiller  en  ses  conseils 
d^État  et  privé.  Etant  enfant,  il  reçut  la  tonsure  le  1 1  jan- 
vier i585,  dans  la  cathédrale  de  Bayeux,  des  mains  de 
M.  de  Savonnières,  évéque  de  cette  ville.  Il  fit  un  accord 
avec  la  dame  sa  mère,  le  31  février  1618,  et  mourut  à 
Creully,  âgé  de  63  ans,  en  1641,  où  Ton  voit  son  épi- 
taphe  dans  le  chœur  de  Téglise,  avec  ses  armes,  qui  sont  : 
d^argent  au  sautoir  de  gueules,  bretessé,  contre-bretessé 
et  chargé  de  cinq  besans  d'or  en  sautoir.  Cest  lui  qui  fit 
bâtir  la  belle  porte  du  château  de  CreuUy,  les  écuries  et 
les  halles  du  bourg. 

Sa  femme,  qu^il  avait  épousée  par  contrat  consenti  au 
château  de  Beaumont,  diocèse  de  Saînt-Malo,  le  28  d^août 
1602,  fut  Silvîe  de  Rohan,  veuve  de  François  d'Elspinay, 
chevalier  de  Tordre  du  Roi,  baron  de  Broon,  Beaumont 
et  du  MoUey,  fille  de  Louis,  prince  de  Guemené,  et  de 
Léonor  de  Rohan.  II  en  eut  Antoine  qui  suit,  et  Charles, 
seigneur  d^Hermanville,  par  avance  de  son  père  le  6  jan- 
vier i63i). 

Antoine  de  Sillons,  IV«  du  nom,  baron  et  marquis  de 
CreuUy,  seigneur  de  Saint-Pélerin,  Bréau,  Chastignon- 
ville,  épousa  par  contrat  du  8  août  1627,  Anne  Fabry, 
dame  de  Scelles,  au  diocèse  de  Soissons,  et  en  eut  :  An- 
toine V,  qui  suit;  François,  comte  de  Creully,  mort  sans 
enfants;  Marie,  dame  des  Clavelles;  Madeleine,  femme 
de  Frédéric  de  Canay,  seigneur  de  Fresné,  et  deux  reli- 
gieuses. Il  vendit,  conjointement  avec  sa  femme,  la  terre 
de  Scelles,  le  5  février  i635.  Il  acquit  d'Odet  d'Harcourt, 
comte  de  Croissy,  le  3o  avril  1643,  ce  qui  lui  appartenait 
en  la  baronnie  de  Creully,  avec  les  terres  de  CreùUet,  de 
Vienne  et  Le  Manoir,  les  herbages  de  Saint-Gilles, 
situés  à  Creully^  et  les  sergenteries  de  Gray,  pour 
91,527  livres  cosous.  Il  fit  une  transaction,  le  19  avril 


441 

1646,  avec  Philippe  d'Espinay,  baron  du  Molley,  au 
nom  de  René  du  Guengo,  seigneur  du  Rocher,  de  Phi- 
lippe d*Espinay,  sa  femme,  et  de  Madeleine  d^Espinay, 
ses  firére  et  sœurs  utérins.  U  dérangea  beaucoup  ses 
afTaîres  et  mourut  en  1675. 

Antoine  de  Sillans,  V«  du  nom,  seigneur  et  marquis 
de  CreuUy,  mourut  trois  ans  après  son  père  à  Paris,  le 
samedi  3o  juillet  1678,  et  fut  inhumé  dans  Téglise  de 
Saint-André-des*Arcs,  devant  la  chapelle  de  Thou.  Il 
avait  épousé  Madeleine  du  Tertre,  fille  unique  de  Jean 
du  Tertre,  écuyer,  seigneur  d'Englesqueville,  et  de  Ma- 
deleine de  Franquetot  d^Auxais,  dont  vint  pour  fille 
unique  :  Catherine  de  Sillans  dé  CreuUy,  mariée  à  mes- 
sire  le  marquis  de  Canisy. 

Après  la  mort  d'Antoine  de  SiHans,  I  V«  du  nom,  mar- 
quis de  CreuUy,  en  1675  toutes  ses  terres  furent  saisies  ; 
ses  enfants,  en  renonçant  à  sa  succession,  demandèrent 
leur  tiers  sur  ses  biens  de  Normandie.  On  fit  trois  lots  : 
le  premier  consistait  en  le  fief  poble,  terre  et  baronnie  de 
CreuUy  et  ses  mouvances,  chef  et  dépendances  ;  le  second 
dans  le  fief  et  terre  de  Saint-Pélerin,  proche  Carentan,  et 
d^autres  terres  et  moulins  sis  à  CreuUy  ;  le  troisième  en 
d^autres  terres.  Les  créanciers  choisirent  le  premier  et  le 
troisième  ;  ils  furent  envoyés  en  possession  de  la  baronnie 
de  CreuUy  et  de  ses  dépendances  par  sentence  de  Caen 
du  i5 octobre  1681. 

La  baronnie  de  CreuUy  fut  ensuite  vendue  et  adjugée 
le  17  novembre  1682,  à  messire  Jean*Baptiste  Colbert, 
marquis  de  Seigneley,  ministre  d'État,  dont  les  héritiers 
en  ont  joui  sous  le  titre  de  comté.  Le  marquis  de  Seigne- 
ley avait  acquis,  en  1684,  des  héritiers  du  baron  de 
CreuUy,  les  moulins,  terres  et  rotures  situées  au  dit  lieu, 


442 

compris  dans  le  deuxième  lot,  que  les  héritiers  avaient 
eus  par  non  choix. 

Cette  baronnie  passa  à  son  fils  aîné  Jean-Baptiste  Col- 
bert,  marquis  de  Seigneley,  secrétaire  et  ministre  d'État, 
et  depuis  au  second  fils  de  celui-ci,  Paul-Edouard  Col- 
bert,  comte  de  Creully,  mort  sans  enfants  en  1750.  Les 
maisons  de  Seigneley  et  de  Montmorency  en  ont  hérité. 

Creullet.  Hameau  et  terre  seigneuriale  de  la  paroisse 
de  CreuUy,  située  au  sud-ouest  de  ce  bourg.  Il  y  avait 
anciennement  deux  chapelles.  Tune  grande  et  bâtie  sous 
Pinvocation  de  Sainte-Marguerite,  Tautre  petite  et  dans 
la  cour  de  la  maison  seigneuriale,  où  Ton  célébrait  la 
messe  par  permission.  Elles  étaient  sans  titre,  et  n^avaient 
point  de  revenu  fixe.  Sur  la  requête  de  Renée  d'Hérissy, 
douairière  de  Quincé,  M.  de  Nesmond  érigea  en  titre, 
par  décret  du  20  septembre  1681,  celle  de  Sainte-Mar- 
guerite (  I  ) .  Ladite  dame  la  dota  de  1 20  livres  de  rente  de 
son  vivant,  et  de  80  autres  livres  après  sa  mort;  aux- 
quelles sommes  on  a  encore  ajouté  depuis  200  livres  de 
rente.  Le  titulaire  est  chargé  de 4  messes  par  semaine.  Il 
est  à  la  nomination  du  seigneur  de  Creullet. 

Cette  terre  a  appartenu  à  une  famille  noble  qui  en  por- 
tait le  nom.  Jean  de  Creullet,  seigneur  ,de  Creullet, 
épousa  Guillemette  Beauchamp,  veuve  de  Jean,  sire  de 
Coulombières  et  baron  de  la  Haye-du-Puits,  fille  de 
Raoul  de  Beauchamp  et  de  Clémence  du  Guesclin,  nièce 
de  Bertrand  du  Guesclin,  comte  de  Longueville,  conné- 
table de  France  (2). 

Pierre  Gondouin,  écuyer,  seigneur  de  Than,  stipulant 


(i)  Registres  de  l'évêché. 

(a)  Hist,  Harc,  t.  I,  p.  1004. 


443 

pour  demoiselle  Alix  Painel,  sa  tante,  échangea  lo  livres 
de  rente  à  prendre  sur  le  fief  de  Than,  assis  en  la  paroisse 
de  Creully  au  hameau  de  Creullet,  qui  avait  été  trans- 
porté à  Guillaume  de  CreuUet,  écuyer,  pour  40  arpents 
de  terre  que  lui  céda  Guillaume  de  Vierville,  chevalier, 
seigneur  de  Vierville  et  de  Creully»  assis  aux  paroisses  de 
Lion,  Plumetot  et  Cresserons,  et  qu'il  tenait  par  parage 
de  boble  homme,  Raoul  de  MeuUant/  seigneur  de 
Courseulles  (i). 

Guillemette  de  CreuUet,  dame  du  dit  lieu,  fut  mariée 
à  Jean  Le  Héricy,  dont  vint  un  autre  Jean  Le  Héricy, 
chevalier,  seigneur  de  CreuUet,  cité  dans  Montfaouq,  en 
1463.  Il  portait  :  d'argent  à  trois  hérissons  de  gueules. 

Son  fils  ou  petit-fils,  Guillaume  de  Héricy,  seigneur 
de  Creullet,  docteur  aux  droits,  recteur  en  l'Université  de 
Caen,  est  qualifié  chevalier  dans  7  arrêts  de  la  cour  de 
l'Échiquier  de  Normandie  séante  à  Rouen,  en  date  de 
Tan  i5o6.  Il  avait  été  fait  chevalier-aux-lois. 

De  lui  descendit  par  degrés  François  de  Hérissy,  sei- 
gneur de  Creullet,  père  de  Jean  qui  suit,  d'Anne,  Marie, 
Esther  et  Françoise,  mariées  aux  sieurs  de  Banville, 
Mesnil-Benoit,  Gosselin-La-Tonnellerie  et  Petitcœur- 
Beau vallon.  De  Jean  Le  Héricy,  seigneur  de  Creullet  et 
de  Couvert,  vint  pour  fille  unique  :  Renée,  laquelle 
épousa  messire  Charles  Le  Comier,  comte  de  Qjaincé,  fils 
de  Guy,  comte  de  Quincé,  prince  du  Saint-Empire-Ro- 
main, et  de  Françoise  de  Germont;  dont  :  Marguerite- 
Antoinette  Le  Cornier,  dame  de  Quincé  et  de  Creullet, 
qui  n'a  point  laissé  d'enfants.  Ses  héritiers  ont  vendu  le 
fief  et  la  terre  de  Creullet,  en  partie  à  Jacques  Crcvel, 
advocaten  Parlement,  et  professeur  en  droit  de  l'Uni- 

(t)  Hist,  Marc,  t.  I,  p.  317. 


versité  de  Caen,  qui  a  fait  plu8ieur$  embellissements  à  la 
maison»  laquelle  est  accompagnée  d'un  jardin  spacieux 
et  de  dehors  agréables.  II  vient  de  s^en  défaire  par  vente, 
en  1762,  faite  à  messire  de  Vauquelin,  ëcuyer.  Il  prenait 
dans  ses  titres  la  qualité  de  seigneur  et  patron  de  CreuUet, 
Saint-Gabriel  et  Fresney. 

Esquay^sur^Seulle  (Saint- Pantaléon  d').  Sergenterie 
de  Gray,  élection  de  Bayeuz,  68  feux,  notariat  de  No- 
uant. 

Cette  paroisse  est  située  sur  la  rivière  de  SeuUe,  qui  la 
partage  en  deux  parties  presque  égalent  et  sur  laquelle  est 
un  pont  d'environ  70  pieds  de  longueur.  G>mme  cette 
rivière  sépare  les  bailliages  de  Caen  et  de  Bayeux,  la 
paroisse  relève  en  partie  de  Pun  et  en  partie  de  l'autre.  A 
100  pas  du  pont,  vers  le  midi,  la  rivière  se  partage  en 
deux  cours,  et  forme  une  île  longue  d'environ  3oo  pas 
sur  i5o  de  large.  Il  y  a  3  hameaux  :  Varembert  au-delà 
de  la  rivière,  La  France  en  deçà  au  midi,  et  Montdésert 
au  couchant. 

M.  Huet  veutqu'Esquay  vienne  du  mot  Exaquiunit 
qui  signifie  :  un  lieu  sec  et  sans  eaux  :  avuSpoç.  Cette 
étymologie  ne  vaut  rien  par  rapport  à  ce  village  dont  les 
terres  sont  arrosées  par  les  eaux  de  la  Seulle. 

Il  donne  son  nom  à  une  des  prébendes  de  la  cathédrale 
de  Bayeux  ;  le  chanoine  d'Esquay  présente  de  plein  droit 
à  la  cure  ;  il  a  droit  de  visite  et  de  déport  sur  elle.  Son 
fief  et  arrière-fie£s  à  Esquay  s'étendent  es  paroisses  de  : 
Vaussieux,  Saint-Sulpice,  Saint- Vigor-le-Grand,  et  à 
Vaux-sur-SeuUe.  Il  perçoit  les  dîmes,  tant  sur  son  fief  à 
Esquay,  que  hors  de  cette  paroisse  où  il  s'étend,  et  sur 
tous  les  autres  fiefs  qui  sont  dans  la  dite  paroisse,  en  qua- 
lité de  curé  primitif,  comme  sur  celui  de  Vauasieu,  CuUy, 


445 

Jurques,  Saint-Evroult,  Magny  et  autres,  à  Pexception 
de  celui  de  Pierrepont,  qui  est  tenu  mouvant  et  relevant 
du  fief  de  Missy  (i).  Le  fief  d^Esquay  a  aussi  une  exten- 
sion dans  la  paroisse  de  Ranchy,  possédée  par  le  cha- 
noine de  Vaucelles,  de  même  que  le  chanoine  d'Esquay 
possède  à  Esquay,  de  temps  immémorial,  une  extension 
du  fief  de  Vaucelles,  ainsi  qu^une  extension  du  fief  de 
Barbières.  Enfin  le  chanoine  d^Esquay  a  court  et  usage, 
reliefs,  treizièmes  et  autres  droits  seigneuriaux,  et  le  curé 
n^a  qu^une  pension  congrue.  Il  paraît  aussi  que  le  cha- 
noine de  Gueron  possède  à  Esquay  les  deux  tiers  des 
dîmes  qui  viennent  sur  Textension  de  son  fief  dans  cette 
paroisse. 

M.  le  marquis  de  Bricqueville  est  seigneur  honoraire 
d^Esquay,  au  droit  de  la  dame  Marguerye,  son  épouse. 
Sa  maison  ou  manoir  seigneurial  est  assez  considérable. 
11  est  accompagné  au  couchant  d*un  bois  taillis,  et  au 
midi  d^une  grande  avenue  au  travers  de  laquelle  passe  le 
grand  chemin  de  Bayeux  à  Creully.  Uéglise,  qui  n^est 
pas  loin,  est  à  peu  près  au  milieu  de  la  paroisse.  Elle  est 
à  cinq  quarts  de  lieues  de  Bayeux,  5  lieues  de  Caen  et  2  de 
la  mer. 

Fontenailles  (Saint- Pierre  de).  Sergenterie  de  Gray, 
élection  de  Bayeux,  27  feux,  notariat  de  Tracy,  60  com- 
muniants. 

Cette  paroisse  est  sur  le  bord  de  la  Manche  ou  Mer- 
Océane,  voisine  de  Tabbaye  de  Longues,  et  à  une  lieue 
de  Bayeux.  L^abbé  de  Longues  présente  à  la  cure.  Il  a 
les  deux  tiers  de  la  grosse  dîme.  Le  curé  aTautre  tiers.  Le 
trésor  de  P^lise  ne  vaut  que  1 5  boisseaux  de  froment. 

Voici  les  actes  de  donation  du  patronage  et  des  dîmes 

(i)  Aveux  du  temporel  de  la  cathéd.  de  Bajreux  au  Roy. 


446 

de  Fontenailles  tirés  du  cartulaire  de  l'abbaye  de  Longues. 
Notumsit  omnibus  tam  futur is  quant  presentibus  quod 
Ego  Willelmus  de  Revers,  miles,  dedi  et  concessi  Deo 
et  abbatiœ  S^  Maria?  de  Longis  et  monachis  ibidem 
Deo  servientibus  totum  jus  patronatus  quod  habebam 
ecclesiœS**  Pétri  de  Fontenel  lis,.,  in  liberam,  puram, 
et  perpetuam  eleemosynam,  et  ut  hœc  donatio  mea  et 
concessio  perpetuœ  firmitatis  robur  obtineant,  eas 
presenti  scripti  testimonio  et  sigilli  mei^ppensione  con- 
firmavi  (i). 

Richard  de  Veraon,  chevalier^  par  aae  de  1217,  c(H1- 
firme  la  susdite  donation,  que  Guillaume  de  Reviers, 
miles  suus,  venait  de  faîre^  parce  que  Téglise  de  Fonte- 
nailles est  :  de/eodo  dicti  Richardi  de  Vernone  (2). 

Robert  des  Ablèges,  évéque  de  Bayeux,  la  ratifie  en 
12 18.  Richardus  custos  Bajocensis  D''  Episcopi  gene- 
ralis  procurator,  Willelmus,  decanus,  et  capitulum 
Bajocense,  en  font  autant  par  acte  du  4  des  calendes 
d^avril  de  la  même  année  (3). 

Guillaume  de  Reviers  avait  présenté  aussi  sa  requête  à 
Guillaume,  archidiacre  de  Bayeux,  pour  le  faire  con- 
sentir  à  sa  donation  (4). 

Guillaume  de  Revîers,  chevalier,  fils  de  Baudouin  de 
Reviers,  chevalier,  confirme  aussi  la  susdite  donation  de 
Guillaume  de  Reviers  son  oncle,  par  chartre  de  1222  (S). 

Robert  des  Ablèges,  évéque  dé  Bayeux,  acquéreur  de 
la  dîme  de  Fontenailles,  en  donna  les  deux  tiers  de  la 
grosse  aux  religieux  de  Longues,  avec  le  consentement 

(i)Cart.  abb.  de  Long.,  p.  20,  fol.  verso. 

(a)  Cart.  abb.  de  Long.,  p.  ao,  fol.  verso  et  21. 

(3)  Cart.  abb.  de  Long.,  p.  21 . 

(4)  Cart.  abb.  de  Long.,  p.  23. 

(5)  Cart.  abb.  de  Long.,  p.  23. 


447 

de  Guillaume,  doyen,  et  de  son  chapitre,  et  en  réserva 
Tautre  tiers  avec  les  offrandes  pour  Pusage  et  la  sustenta- 
tion du  prêtre  que  Tabbé  et  religieux  du  dit  lieu  seront 
tenus  de  lui  présenter  et  aux  évéques  ses  successeurs  pour 
desservir  la  dite  cure.  L^acte  de  donation  est  du  mois  de 
décembre  1222. 

Les  fiefs  de  celte  paroisse  sont  :  i»  le  fief  noble  de  Fon- 
tenailles  qui  fut  à  noble  homme  Richard  de  Reviers,  re- 
levant de  celui  de  Manvieux;  de  celui  de  Fontenailles  est 
mouvant  le  fief  noble  nommé  le  fief  ou  verge  d^Aunay, 
sis  au  dit  lieu  ;  2*"  le  fief  noble  de  Culfy  qui  fut  à  Jean  de 
Guienros,  écuyer;  ces  deux  fiefs  ont  par  moitié  les  hon- 
neurs de  Péglise,  et  autres  prérogatives  ;  3o  le  fief  noble  de 
L^Épervier,  qui  fut  à  noble  homme  N.  de  Grimouville. 
Il  relève  par  un  huitième  de  fief  de .  la  châtellenie  de 
Beaumont-le-Richard. 

La  seigneurie  de  Fontenailles  avec  la  terre  fut  acquise 
par  décret  au  commencement  du  xvn«  siècle  par  Jean  Le 
Barbey,  écuyer,  dont  je  vais  rapporter  la  généalogie  tout 
à  l'heure. 

Marc  Le  Barbey,  écuyer,  seigneur  de  Bussy,  médecin 
du  roi,  était  né  à  Bayeux  d^une  des  plus  honorables  fa- 
milles de  cette  ville.  S'étant  déterminé  pour  la  médecine, 
il  devint  par  son  application  un  des  plus  habiles  de  son 
temps.  Il  fixa  sa  demeure  dans  sa  patrie,  et  s'employa 
utilement  au  salut  de  ses  patriotes.  Les  guerres  de  Reli- 
gion et  celle  de  la  Ligue  qui  vint  après,  désolèrent  étran* 
gement  la  ville  de  Bayeux  de  son  temps.  Elles  furent 
accompagnées  du  fléau  de  la  peste,  qui  jeta  la  Basse- 
Normandie  dans  la  plus  grande  misère.  Bayeux  se 
ressentit  violemment  des  effets  de  cette  horrible  maladie, 
mais  l'habileté  et  les  sages  précautions  de  M.  de  Bussy  à 
prévenir  ses  attaques,  sauvèrent  la  vie  à  la  plupan  des 


448 

habitants.  Il  n*en  fut  pas  ainsi  en  Tannée  iSSg,  que  les 
Ligueurs  s^mparèrent  de  cette  ville.  La  peste  en  empor- 
tait  tous  les  jours  plusieurs  ;  on  eut  recours  à  M .  de  Bussy  ; 
mais  ce  fidèle  sujet  refusa  constamment  ses  soins  à  des 
gens  qui  étaient  ennemis  de  son  roi.  Des  prières  on  en 
vint  aux  menaces,  et  des  menaces  jusqu'à  faire  vendre 
ses  meubles  et  piller  sa  maison.  Cette  épreuve  n^ébranla 
point  sa  fermeté.  Il  se  retira  secrètement  de  la  ville,  et 
rendit,  par  sa  fuite,  un  service  signalé  à  son  prince,  car 
on  dit  qu^il  fit  périr  alors  plus  d'ennemis  par  sa  retraite 
qu^on  n'aurait  pu  faire  parles  armes.  Henri  IV  informé 
de  rattachement  et  du  zèle  de  ce  médecin,  voulut  Ten 
récompenser  par  le  titre  de  médecin  du  roi,  et  par  des 
lenres  de  noblesse  qu^il  lui  expédia  sans  aucunes  finances 
à  Saint-Germain-en-Laye,  au  mois  de  novembre  1394. 
c  Ce  prince  considérant,  disent  les  lettres,  les  bons, 
agréables  services  que  notre  cher  et  bien  amé  messire 
Marc  Le  Barbey,  docteur-régent  en  la  faculté  de  méde* 
cine,  a  fait  depuis  40  ans  en  ça,  et  le  travail  continu  qu'il 
a  employé  au  public  en  Texercice  de  sa  vacation  en 
laquelle  il  a  acquis  la  réputation  de  très  expert,  et  beau- 
coup d'obligation  et  d^honneur  que  le  pays  lui  doit  pour 
les  services  et  soulagement  très  grand  qu^il  lui  a  apporté, 
ayant  à  cette  occasion  voulu  le  retenir  pour  Pun  de  nos 
médecins;  et  aussi  n^a  voulu,  pendant  que  les  rebelles  et 
ennemis  occupaient  notre  ville  de  Bayeux  leur  adhérer, 
et  se  départir  de  notre  service,  encore  qu^il  y  fut  seul 
médecin,  et  plus  que  sexagénaire,  pour  le  zèle  et  dévotion 
qu^il  a  toujours  porté  à  notre  dit  service,  ayant  plutôt 
choisi  un  exil  volontaire  de  la  dite  ville,  à  souffrir  la  perte 
de  ses  biens  et  maison  étant  en  icelle,  pour  incommoder 
d^autant  nos  dits  ennemis  par  son  absence^  et  ne  pouvant 
pour  son  ancien  âge  et  vacation  nous  servir  en  personne^ 


449 

se^  serait  efforcé  de  tout  son  pouvoir  de  donner  moyen  à 
ses  deux  fils  de  s^employer  à  notre  service,  ainsi  qu'ils 
ont  fan,  dont  Tun  aurait  eu  commandement  comme  il  a 
encore  de  présent  en  notre  ville  de  Bayeux,  en  la  charge 
de  Tun  des  capitaines  d^icelle,  pour  le  témoignage  de  quoi 
il  a,  pendant  ces  guerres  perdu  une  jambe  d^une  arque- 
busade,  de  laquelle  il  est  demeuré  estropié,  et  porte  une 
jambe  de  bois,  à  Toccasion  de  ce,  etc.  > 

Il  mourut  à  Bayeux  vers  1600,  laissant  de  sa  femme, 
demoiselle  Marguerite  Regnault  :  i»  Jean  Le  Barbey  qui 
suit  ;  20  Hélyes  Le  Barbey,  écuyer  ;  3o  demoiselle  N.  Le 
Barbey,  mariée  à  Simon  de  Marconnet,  écuyer,  lieu- 
tenant général  au  bailliage  de  Bayeux. 

Jean  Le  Barbey,  écuyer,  seigneur  et  patron  honoraire 
de  Fontenailles,  contrôleur  pour  le  Roy  au  grenier  et 
magasin  à  sel  de  Bayeux,  un  des  capitaines  de  cette 
ville;  naquit  le  26  mars  i554,  ^^  ^^  paroisse  de  Notre- 
Dame-des-Fossés,  et  fut  nommé  par  noble,  vénérable  et 
discrète  personne,  maître  Jan  Feret,  abbé  de  Mondaye,  et 
maître  Jean  Barbey,  écuyer,  contrôleur  des  taillesdeCaen, 
son  oncle,  et  eut  pour  marraines  la  demoiselle  veuve  de 
Raphaël  Descrametot,  écuyer,  vicomte  à  Bayeux,  et  la 
demoiselle  veuve  de  Denis  Le  Barbey,  procureur  du  Roy 
au  dit  lieu.  11  fut,  au  mois  de  janvier  1690,  établi  capi- 
taine en  la  ville  de  Bayeux  par  Mgr  le  duc  de  Mont- 
pensier,  gouverneur  pour  S.  M.  en  ses  pays  et  duché  de 
Normandie  ;  le  sixième  jour  de  mai,  au  dit  an,  il  fut 
blessé  d^une  arquebusade  à  la  jambe  gauche,  à  raison  de 
laquelle  blessure  il  la  lui  fallut  couper,  et  le  dit  coup  lui 
fut  tiré  à  la  tête  de  200  hommes  armés  qu'il  commandait 
avec  le  sire  de  Cambresy,  lieutenant  de  messire  Fresnel, 
gouverneur  des  ville  et  château  de  Bayeux,  et  neuf  mois 
après,  il  continua  sa  charge  de  capitaine  pendant  les  dits 

29 


450 

troubief,  avec  sa  jambe  de  bois.  Il  mourut  à  Rouen  à  la 
poursuite  du  procès  de  la  terre  de  Fontenailles  à  ren- 
contre de  maître  Rapbaél  Philippes,  conseiller  à  Bayeux, 
le  septième  jour  de  mai  1611,  et  fut  inhumé  en  relise 
de  Saint-Jean  de  Rouen>  près  le  Vieui«Marché.  Il  avait 
eu  3  femmes  :  !<>  en  i586,  demoiselle  Jeanne  Herbeline, 
fille  de  François  Herbeline,  écuyer,  sieur  de  Longuef(»se, 
et  de  demoiselle  Marie  Suhard;  2^  le  28  janvier  iSpi, 
demoiselle  Henrye  Descrametot,  fille  de  Jean  Descrame- 
tôt»  écuyer,  esleu  à  Bayeux,  et  de  Perrette  Noël  ;  3®  le 
i5  novembre  1592,  demoiselle  Judith  Vérard,  fille  de 
Françoise  Vérard,  écuyer»  et  demoiselle  Geneviève 
G)rnet,  de  laquelle  il  eut  :  Catherine,  Georges  qui  suit, 
et  Richard  Le  Barbey,  seigneur  d^Olney,  qui,  de  sa 
femme  Bertrane  de  La  Dangie,  eut  pour  fille  unique 
Françoise  Le  Barbey. 

Georges  Le  Barbey,  écuyer,  seigneur  de  Fontenailles 
et  d^Aulney,  contrôleur  au  magasin  à  sel  de  Bayeux,  né 
le  6  juin  iSgS,  à  Saint*Martin  de  Bayeux,  mort  le 
3i  janvier  i65o,  et  enterré  à  Saint-Sauveur  de  cette 
ville,  épousa  demoiselle  Marie  Le  Mercier,  fille  de  Charles 
Le  Mercier,  écuyer,  licencié-aux-lots,  sieur  de  Saint- 
Germain  et  du  Mesnil,  lieutenant-ancien  civil  et  cri-* 
minel  au  siège  de  Bayeux,  et  de  Madeleine  Benoît,  de 
laquelle  il  eut,  entre  autres  enfants  :  Simon,  qui  suit  ; 
Charles;  Thomas;  ces  deux-ci  furent  tonsurés  en  1645, 
avec  leur  frère  puisné  Olivier,  depuis  curé  de  Saint* 
Sauveur  de  Bayeux  ;  Madeleine,  femme  d'Antoine  de  La 
Cour,  fauconnier  du  Roy,  morte  à  Sommervieu,  le 
7  d'avril  i66g;  et  Perrette,  morte  après  avoir  &it  son 
testament,  le  dernier  juin  1679. 

Simon  Le  Barbey,  écuyer,  seigneur  et  patron  honoraire 
de  Fontenailles  et  d'AuInay,  né  au  mois  de  juillet  1627, 


451 

en  la  paroisse  de  Fontenailles,  et  mort  au  dit  lieu,  le 
19  novembre  1699,  avait  épousé,  dans  Tégiise  de  Saint- 
Sauveur  de  Bayeux,  le  27  de  novembre  1660,  Françoise 
Le  Barbey,  sa  cousine  au  second  degré,  fille  de  Richard, 
écuyer,  seigneur  d*Aulnay,  par  dispense  de  S.  S.,  obtenue 
en  la  faveur  de  François  Servien,  évéque  de  Bayeux,  le 
premier  jour  d'octobre  u  6 56  ;  duquel  mariage  sortirent  : 
10  Etienne  qui  suit  ;  2^  Pierre-Benoît  Le  Barbey, 
écuyer,  seigneur  de  Vaucelles,  mort  à  Saint-Mâlo-de- 
Bayeux,  âgé  de  5o  ans  le  8  janvier  1713^  sans  postérité 
de  sa  femme  Jeanne  de  Cabazac,  veuve  de  Jean  de  Cy- 
resmes,  écuyer,  sieur  de  Saint-Jean-de-Caumont,  fille  de 
Jacques  de  Cabazac,  écuyer,  sieur  de  Grand-Bosc,  et  de 
Madeleine  Julien  ;  laquelle  de  Cabazac  il  avait  épousée  le 
I"  février  1696  ;  H»  Jean-Jacques  Le  Barbey,  prêtre,  curé 
de  Montivillters,  né  le  5  février  1664;  4^  Germaine, 
femme  d'Isaac  de  Prepetit,  écuyer,  fils  de  Pierre,  écuyer, 
sieur  de  Saint-Pierre,  lieutenant-général  au  siège  de 
Condé-sur-Noireau,  et  de  demoiselle  Anne  d^Anfernet, 
qu^elle  avait  épousé  le  16  novembre  1705  ;  5®  Simon, 
mort  âgé  de  7  ans  en  1675,  et  60  Michel  Le  Barbey^ 
écuyer,  sieur  d^Aulnay,  qui  a  formé  la  branche  des  sieurs 
d^Aulnay. 

Etienne  Le  Barbey,  écuyer,  seigneur  et  patron  hono- 
raire de  Fontenailles,  né  le  7  octobre  1661  à  Saint- 
Sauveur  de  Bayeux,  mourut  à  Fontenailles  ;  il  avait  pris 
pour  femme  demoiselle  Marie  Hélyes,  fille  de  noble 
homme  Nicolas  Hélyes,  écuyer,  et  de  demoiselle  Cathe- 
rine du  Hamel,  de  laquelle  il  eut  :  Marie-Françoise  Le 
Barbey,  morte  en  1762^  femme  de  Laurent  de  La  Mothe, 
écuyer  ;  Marguerite-Catherine  Le  Barbey  de  Vaucelles  ; 
Charles-Etienne  qui  suit  ;  et  Marîe^Anne-Eléonore  Le 
Barbey,  mariée  par  contrat  du  i5  février  1736,  à  Louis- 


452 

Joachim  Le  Cornu,  écuyer,  seigneur  du  Buat,  proche 
Laigle,  chez  demoiselle  Madeleine  du  Bois  de  La  Hochère, 
sa  cousine,  où  elle  demeurait  depuis  171 8. 

Charles-Etienne  Le  Barbey,  écuyer,  seigneur  de  Fon- 
tenailles,  a  épousé  demoiselle  Marie*Madeleine  d^Astain, 
de  la  ville  de  Caen,  dont  il  a  eu  5  fils  et  2  filles  :  Michel- 
Etienne  ,  Yves- Abraham ,  Pierre-Charles ,  Jean-Bap- 
tiste, etc. 

Fresnésur^la-Mer  (Saint-Cosme  et  Saint-Damien  de) . 
Sergenterie  de  Gray,  élection  de  Bayeux^  71  feux, 
200  communiants,  notariat  de  Tracy. 

L^église  n'est  distante  de  la  mer  que  d'un  champ  de 
terre,  auprès  duquel  sont  3  ou  4  cabanes  de  pécheurs. 
Or,  il  n^est  pas  vraisemblable  que  cette  église  ait  été  bâtie 
à  Textrémité  de  la  paroisse  comme  elle  est  aujourd'hui  ; 
ce  changement  n^a  pu  être  occasionné  que  parla  mer  qui  a 
considérablement  diminué  le  terrain  de  ce  côté-là.  On 
remarque  même  sur  le  rivage,  dans  la  basse  eau,  quantité 
de  racines  d^arbres  qui  n^  seraient  jamais  venues  si  la 
mer  eut  toujours  occupé  cet  espace.  L'église  est  un  gros 
vaisseau  sans  bas-côtés,  oti  Ton  ne  remarque  rien  qu'une 
extrême  simplicité.  Elle  a  2  chapelles  au  midi  et  au 
nord.  Tune  de  la  Sainte- Vierge,  l'autre  de  Saint-Michel  ; 
entre  le  chœur  et  la  nef,  et  au  milieu  une  grosse  tour 
carrée  sans  ornement,  et  couverte  d'ardoises  en  bout 
rabattu. 

L'abbaye  de  Saint-Julien  de  Tours,  ou  plutôt  les 
PP.  Jésuites  de  Tours,  depuis  l'union  de  I4  manse  abba- 
tiale à  leur  collège,  possèdent  la  moitié  de  la  grosse  dîme, 
le  curé  a  l'autre  moitié.  Dans  la  chartre  que  Henri  II, 
roi  d'Angleterre  donna,  en  1 1 54,  pour  la  confirmation 
des  biens  aumônes  à  l'abbaye  de  Saint-Juliea,  il  est  dit  : 


453 

concedo  in  perpétuant  eleemosynam  et  confirma. . .  ea 
quœ possident  (monachi)  apud  Frenetum.  M.  Tévêque 
de  Bayeux,  depuis  la  même  union,  et  au  droit  de  cette 
abbaye,  est  présentateur  de  la  cure. 

On  trouve,  dans  les  registres  de  Téglise  de  Fresné-sur* 
la-Mer,  ce  qui  suit,  écrit  de  la  main  de  Gabriel  Le 
Moyne,  prêtre,  curé  du  dit  lieu,  «  le  i8«  jour  de  jan- 
vier i63i  :  ont  été'  inhumés  en  cette  église,  dans  la 
chapelle  de  Notre-Dame,  Loys  Le  Moyne,  mon  père,  et 
Gillette  Le  Terrier,  ma  mère,  lesquels  sont  décédés  en 
même  jour,  ce  que  j'atteste  véritable;  fait  comme  dessus.  » 
Cette  paroisse  est  à  2  lieues  de  Bayeux. 

En  171 5,  M.  Le  Haribel  faisait  travailler  à  une  de  ses 
terres  qu'il  a  en  Normandie,  à  une  lieue  de  Bayeux.  Le  tra- 
vail consistait  en  une  espèce  de  rond-point  qu'il  voulait  mé- 
nager devant  une  grande  porte  située  sur  le  bord  du  grand 
chemin  entre  le  midi  et  le  couchant.  Son  dessein  l'obligea 
de  prendre  sur  un  champ  opposé  le  terrain  que  le  chemin 
ne  pouvait  lui  fournir  ;  pour  mettre  la  partie  du  champ 
qu'on  prenait  au  niveau  du  chemin,  il  fallut  creuser  ;  à 
peine  eut-on  creusé  3  ou  4  pieds,  qu'on  trouva  î  i  urnes 
de  terre  cuite  grise,  sans  couvercles,  hautes  d'un  pied  et 
et  demi,  et  épaisses  d'un  pouce.  Nonobstant  cette  épaisseur, 
toutes  ces  urnes  cassèrent  dès  qu'elles  eurent  senti  l'air  ; 
mais  ce  qu'il  y  a  de  merveilleux,  c'est,  qu'entre  toutes 
ces  urnes,  10  qui  paraissaient  uniformes,  étaient  remplies 
d'ossements  rompus,  de  bras,  de  jambes  et  autres  os  du 
corps  humain  rangés  par  lits  qui  se  croisaient.  Chaque 
lit  était  distingué  et  séparé  des  autres  par  une  matière 
qui  paraissait  avoir  été  grasse,  mais  qui  était  alors  si  dure 
et  si  compacte  qu'on  ne  pouvait  la  briser,  même  avec  un 
ciseau  de  fer  (i).  Messire  Le  Haribel  croit  que  cette 
(i)  La  Religion  des  Gaulois,  t.  II,  p.  343-344. 


454 

matière  était,  ou  les  chairs  qui  s'étaient  durcies  en 
séchant,  ou  quelque  composition  de  parfums,  d'onguents 
et  de  chairs  humaines  ensemble.  La  onzième  urne  l'em- 
portait sur  les  autres  par  sa  grandeur,  aussi  contenait-elle 
une  autre  pleine  de  crânes,  disposés  par  lits  comme  les 
os  des  premières  urnes,  et  chaque  lit  était  comme  nourri 
de  cette  matière  ou  composition  dont  nous  avons  parlé. 
A  quelque  distance  des  urnes,  mais  toujours  dans  le 
même  terrain,  furent  trouvés  les  ossements  d'un  corps 
dont  les  bras,  ou  pour  mieux  dire,  Tos  seulement  qui 
commence  depuis  la  jointure  de  Pépaule  jusqu'à  la  join- 
ture du  coude,  était  tout  garni  de  bracelets,  alternative- 
ment les  uns  plus  grands,  les  autres  plus  petits,  mais  tous 
de  bronze  et  de  la  même  forme.  Les  grands  étaient 
cannelés  en  dedans,  et  les  petits  étaient  solides.  Hors  de 
là,  tous  étaient  :  c  ondes  ou  en  guise  de  perles  enfilées. 
M.  Le  Haribel  ne  doute  point  qu'il  n'eût  trouvé  une  plus 
grande  quantité  d'urnes,  s'il  avait  ou  creusé  davantage 
ou  étendu  plus  loin  ses  travaux.  Au  reste  cette  découverte 
lui  fait  croire  que  ce  lieu  avait  été  choisi  par  les  Gaulois 
pour  y  enterrer  les  morts  ;  ce  qu'il  appuyé  sur  une  an- 
cienne tradition  du  pays,  que  les  Druides  l'avaient 
habité,  qu'on  avait  adoré  un  veau  d'or  en  un  lieu  qui 
n'est  distant  de  là  que  d'une  lieue,  que  cette  idole  y  est 
cachée  en  terre,  et  que  ce  lieu  portait  autrefois  le  nom  de  : 
Faunus  (i).  » 

L'auteur  de  ce  récit  ne  nomme  point  le  lieu  où  se  fit 
cette  découverte.  Je  tiens  de  }A°^  du  Rosier,  fille  de  M.  Le 
Haribel,  que  ce  fut  à  Fresné-sur-la-Mer,  où  monsieur 
son  frère  a  effectivement  une  belle  terre.  Elle  m'assure 
aussi  qu'on  découvrit  en  même  temps  une  maçonnerie 

U)  La  Religion  des  Gaulois,  t.  II,  p.  345. 


455 

très  dure,  dans  laquelle  étaient  répostés  deux  gros  pots 
de  terre  remplis  d^une  espèce  de  monnaie  inconnue, 
dont  les  pièces  d'argent  et  de  fonte  étaient  aussi  minces 
que  nos  sols  marqués  de  six  Uards. 

Le  même  auteur  est  fort  porté  à  croire  que  ces  osse- 
ments éuientceux  des  gens  que  les  Druides  immolaient  à 
leurs  dieux.  Le  soin  quHls  prenaient  de  les  ranger  par 
lits  avec  tant  d'art,  et  de  répandre  au  dessus  et  au  fond 
des  urnes,  aussi  bien  qu^à  chaque  lit,  cette  substance  qui 
servait  à  les  nourrir,  à  les  conserver,  et  à  les  empêcher  de 
se  résoudre  en  poudre,  est  une  preuve  qu^ils  avaient  pour 
ces  06  une  particulière  vénération.  Or,  la  vénération  qu'ils 
avaient  pour  les  reliques  de  ceux  qu^ils  avaient  offert  en 
sacrifice,  ne  pouvait  être  plus  grande,  puisquUls  tenaient 
que  cette  cérémonie  avait  la  vertu  de  les  déifier.  Il  croit 
encore  que  ces  os  avaient  été  décharnés  et  dégraissés,  et 
que  les  chairs  et  la  graisse  entraient  dans  la  composition 
de  cette  matière  qui  servait  à  les  embaumer,  et  ceb,  afin 
qu^aucune  partie  du  corps  de  ceux  qui  passaient  dans 
leur  esprit  pour  dieux,  ne  se  perdit. 

La  seigneurie  de  Fresné-sur-la-M er  relève  de  la  baronnie 
de  La  Quièze.  RouUand  de  Gourfalleur,  écuyer,  sieur 
de  Bonfossé,  tenait,  en  i58i,  à  cause  de  demoiselle  sa 
femme,  fille  héritièns  de  Gilles  de  Conteville,  écuyer,  le 
fief  entier  de  Fresné^sur-la-Mer,  de  la  seigneurie  de  La 
Quièze. 

Il  y  a  encore  quelques  autres  fiefs  à  Fresné,  entre 
autres  celui  de  Vérigny,  qui  a  des  extensions  à  Asnelles 
et  Meuvaine,  et  relève  de  la  seigneurie  de  Manvieux  pour 
un  fief  de  chevalier,  suivant  Taveu  de  Marc-Antoine  de 
Malherbe. 

La  seigneurie  de  Fresné,  possédée  par  un  Manneville, 
entra  depuis  par  acquêt  dans  la  maison  de  Saint-Ouen- 


45« 

de-Magny.  On  voit  autour  de  Téglise  une  litre  oCi  sont 
leurs  armes,  savoir  :  de  sable  au  sautoir  d^argent,  accom- 
pagné de  4  aigiettes  de  même.  (Voyez  :  Magny,  ci-après). 
L'histoire  de  la  maison  d^Harcourt  dit  que  d^Hélène  de 
Bricqueviile-Coulombières  sa  femme,  Tenneguy  de 
Saint-Ouen,  chevalier,  seigneur  de  Magny,  Fresné-sur- 
Mer,  eut  un  autre  Tenn^uy,  seigneur  de  Fresné  (  i  )  ;  cela 
n'est  pas  exact.  On  lit,  dans  les  registres  de  cette  paroisse, 
que  ceTanneguy  de  Saint-Ouen,  baptisé  le  1 5  septembre 
1 664,  eut  pour  père,  François,  seigneur  de  Fresné,  et  pour 
mère,  Marguerite  de  Briqueville,  et  qu*il  fut  nommé  par 
Tanneguy  de  Saint-Ouen,  seigneur  de  Magny,  représenté 
par  Pierre  d^Harcourt,  baron  de  ce  lieu,  et  par  demoiselle 
Madeleine  de  Saint-Ouen  II  épousa  dame  Marie^Made- 
leine  Hu€,  décédée  en  1738.  Il  était  mort  dès  le  22  man 
17 12.  Us  sont  enterrés  dans  le  chœur  de  Fresné.  Les 
enfants  sortis  de  leur  mariage  sont  :  ro  messire  Louis 
Tanneguy  de  Saint-Ouen,  écuyer,  seigneur  et  patron 
honoraire  de  Fresné-sur-la-Mer,  chevalier  de  l'Ordre 
militaire  de  Saint-Louis,  ancien  capitaine  d*infanterie  au 
régiment  de  Vastan  ;  2^  Marc-Antoine  de  Saint-Ouen, 
chevalier  de  POrdre  militaire  de  Saint-Louis,  ancien 
capitaine  d'infanterie  au  régiment  de  Luxembourg; 
30  et  40  Etienne,  et  Hercule-François,  officiers  dans  les 
troupes  du  Roy,  pour  le  service  duquel  ils  sont  morts. 

Fresney-le^Croteur  (Saint-Remy  de).  Sergenterie  de 
CreuUy,  élection  de  Caen,  12  feux,  35  communiants, 
notariat  de  CreuUy. 

On  écrit  indifféremment  Fresné,  Fresney  et  Fresnay. 
On  le  surnomme  Le  Croteur,  tant  pour  le  distinguer  de 

(t)  Hist,  HarCy  1. 1,  p.  940. 


457 

plusieurs  autres  paroisses  de  même  nom,  que  parce  que 
cette  paroisse  est  remplie  de  beaucoup  de  boue  et  de 
crotte.  Elle  est  fort  petite  dans  son  étendue.  Elle  ne  forme 
qu^un  petit  village  au  milieu  d'une  campagne,  0(1  sont, 
rassemblés  ses  habitants.  Il  7  avait  autrefois,  dit^on,  bien 
plus  de  maisons  quMl  n'y  en  a  aujourd'hui.  La  plupart 
étaient  situées  dans  un  lieu  marécageux  qui  compose 
aujourd'hui  un  herbage,  et  il  n'y  a  pas  bien  longtemps 
qu'on  y  a  trouvé  de  vieux  fondements  d^édifices.  Il  se 
peut  faire  que  lé  nom  de  Croteurtire  son  origine  de  celui 
de  marécageux,  car  souvent  la  situation  des  lieux  change, 
et  le  nom  reste  toujours. 

Elle  relève,  pour  la  plus  grande  partie,  de  la  haute 
justice  de  Saint-Gabriel,  et  son  fief  dominant  est  une 
extension  du  fief  de  Saint-Gabriel,  possédé  par  les  reli- 
gieux de  Fécamp,  qui,  au  droit  du  prieuré  de  Saint- 
Gabriel,  présentent  à  la  cure  et  perçoivent  les  dîmes  en 
totalité,  la  cure  étant  à  pension  congrue.  Il  y  a  un  petit 
fief  appartenant  à  M.  Crevel,  docteur,  professeur  en  droit 
à  Caen  et  seigneur  de  CreuUet,  qui  prétend  posséder  le 
principal  fief  de  cette  paroisse,  et  conséquemment  les 
droits  honorifiques.  Les  maisons  et  terres  qui  en  dé- 
pendent relèvent  du  bailliage  de  Caen.  Elle  est  à  un 
quart  de  lieue  de  Creully  et  à  2  lieues  de  Bayeux. 

Gray  (Saint-Martin  de).  Chef-lieu  de  sergenterie, 
élection  de  Bayeux,  94  feux,  notariat  de  Ver. 

Gayum  et  Graëyum.  Il  y  a,  dans  le  diocèse  de  Besan- 
çon, selon  le  Dictionnaire  universel  de  la  France,  une 
ville  et  une  paroisse  qui  portent  le  même  nom,  mais  qui 
s'appellent  en  latin  Gradicum.  Celle<i  est  bordée  au 
nord  par  la  Manche  ou  la  Mer  Océane,  et  au  levant  par 
la  rivière  de  Seulle  qui  la  sépare  d'avec  la  paroisse  de 


4S8 

Couneulle.  II  y  a  une  exteosion  de  Gray  qui  va  juaqu*à 
Bernières  et  qui  forme  une  garenne  pour  le  seigneur  de 
Gray.  Le  petit  havre  de  CoufMuIIe  où  viennent  aborder 
les  bateaux  pécheurs,  est  sur  Gray  des  deux  côtés. 

Le  territoire  est  composé  de  4  villages  :  !<>  Le  Buisson  ; 
2^  Vaux,  où  il  y  a  un  château  à  pont-levis  et  une  fon- 
taine au  coin  du  parterre  qui  va  se  décharger  dans  deux 
canaux  vers  la  mer  ;  3<^  La  Vallette  ;  49  Gray,  au  bout 
duquel  il  y  a  a  moulins,  Pun  pour  le  seigneur,  et  Pautre 
pour  Pabbesse  de  Caen. 

Les  religieux  de  Sainte-Barbe*en-Auge  présentent  à  la 
cure  un  chanoine  régulier  qui  prend  le  titre  de  prieur. 
fi^ocensis  antistcs  quoque  ecclesiam  B**  Martini  de 
Graye,  ad  petitionem  Herlonis  ejusdem  patroni,  et 
êcclesiam  B"'  Andreat  de  Cottun^  concedentibus  Roge- 
rio  Malqfiliastro,  et  Guidone  de  Bouissier,  dédit 
nempe  canonicis  S^  Barbariœ  |i).  Ces  donations  ont 
été  faites  dans  le  milieu  du  xii«  siècle,  sous  le  prieur 
Daniel.  Les  dîmes,  grosses  et  menues,  appartiennent  pour 
les  deux  tiers  au  chapitre  de  Bayeux  et  pour  l'autre  tiers 
au  chapelain  de  Saint-Thomas,  fondé  dans  la  cathédrale 
du  dit  lieu.  Lç  curé  a  une  pension  congrulS. 

LMglise  paroissiale  est  à  peu  de 'distance  de  la  mer,  sur 
une  petite  éminence  environnée  de  maisons.  Le  bâtiment 
est  simple  et  sans  sculpture,  et  d^une  ancienne  bâtisse.  Le 
chœur  est  décoré  d*un  autel  neuf  et  d^un  lambris  tout 
autour.  Cest  un  présent  de  M"«  du  Quesnay,  dame  de 
Gray,  fait  après  le  décès  de  M.  le  baron  de  Saint-Suplix, 
son  mari.  Le  tableau  de  Pautel,  représentant  le  baptême 
de  N.-S.,  est  une  copie  de  celui  de  Le  Brun,  faite  par 
Restout^  de  Caen.  On  y  voit  encore  deux  excellents 

(i)Nêu»t.  PiOj  p.  716. 


4S9 

tableaux,  Puh  de  saint  Sébastien  mourant,  de  grandeur 
naturelle,  en  détrempe,  et  admiré  surtout  des  curieux,  et 
Tautre  de  saint  Jérôme. 

Il  y  a  une  fondation  d^une  messe  toutes  les  semaines 
pour  MM.  Le  Gouès,  anciens  seigneurs  de  Gray.  Elle 
avait  été  faite  dans  la  chapelle  du  château,  mais  depuis 
que  le  château  et  la  chapelle  vinrent  à  se  ruiner  faute  de 
réparations,  on  la  transféra,  sous  M.  de  Nesmond,  dans 
l'église.  On  dit  qu^il  y  a  35  vergées  de  terre  pour  cette 
fondation.  Le  curé  n'en  connaît  que  6  en  une  seuk 
pièce. 

Cette  paroisse,  dépendante  du  bailliage  de  Bayeux,  est 
à  3  lieues  de  cette  ville  et  à  une  lieue  et  demie  du  bourg  de 
Creully. 

Il  y  a  2  fiefs  nobles,  Gray  et  Vaux.  Celui-ci  relevant 
du  premier,  et  le  premier  de  la  baronnie  de  Crépon.  Ils 
sont  possédés  par  messire  Alexandre  Costé,  marquis  de 
Saint*Suplix,  dont  le  père,  conseiller  au  Parlement  de 
Rouen,  ayant  épousé  Marguerite  de  Blois,  fille  de  mes^ 
sire  du  Quesnay  lieutenant-général  à  Caen,  et  conseiller 
d'Étaty  devint  possesseur  de  grands  biens  par  cette  alliance. 
Il  y  a  au  couchant,  le  château  de  Vaux,  remarquable  par 
sa  galerie  et  par  sa  chapelle  de  sainte  Anne,  qui  sont  des 
mieux  décorées. 

La  sergenterie  de  Gray,  composée  de  23  paroisses, 
relève  de  celle  d'Isigny.  Les  paroisses  sont  :  Ver,  Man- 
vieux.  Le  Manoir,  Vienne,  Rye,  Esquay,  Longues, 
Meuvaine,  Villiers-le-Sec,  Tierceville,  Sainte-Croix, 
Magny,  Sommer vieu.  Colombiers,  Fontenailles,  Fresné- 
sur-la-Mer,  Crépon,  Arromanches,  Tracy,  Asnelles, 
Gray,  Banville  et  Bazenville.  Le  terroir  de  cette  sergen- 
terie  rapporte  du  blé  et  du  cidre.  Il  n'y  a  que  peu  d'her- 
bages et  de  prairies;   la  plupart  étant    de    mauvaise 


460. 

nature,  servent  néanmoins  aux  pâturages  des  moutons. 
Les  paysans  n^  possèdent  que  des  héritages  très  modiques» 
chargés  de  grosses  redevances.  Cest  ainsi  quVn  parle 
M.  le  comte  de  Boulaînvilliers  dans  VÉtat  de  la  France, 
généralité  de  Caen,  t.  IV. 

La  maison  de  Gray,  si  illustre  en  Angleterre  où  elle 
existe  encore,  tire  son  origine  de  cette  paroisse,  et  a  possédé 
plusieurs  terres  en  Normandie.  Ses  armes  sont  :  fascé 
d*argent  et  d'azur,  que  les  puînés  ont  brisées  en  chef  de 
trois  tourteaux  de  gueules  (  i ). 

Il  y  a  une  généalogie  à  Rouen  en  la  Bibliothèque  de 
M.  Bigot,  qui  nous  représente  que  Renaud,  seigneur  de 
Gray  et  de  Rhuthin,  en  Angleterre,  était  père  d'Edouard 
de  Gray,  dont  sortit  Jean  de  Gray,  chevalier,  père  de 
Thomas  de  Gray,  marquis  de  Dorset,  et  d'Edouard  de 
Gray,  vicomte  de  Lisley. 

Les  registres  de  la  Chambre  des  Comptes  pour  la 
Chancellerie  de  Normandie  font  mention  comme  en 
Tannée  i236,  Guillaume  de  Gray,  qualifié  monseigneur 
et  chevalier,  se  présenta  pour  servir  le  Roy,  duc  de 
Normandie,  représentant  Tabbé  de  Caen,  à  raison  du  fief 
de  Rotz,  pour  lequel  il  devait  service  de  chevalier  pour 
40  jours. 

Jean  de  Gray,  qualifié  messire  et  chevalier,  épousa 
M"«  Jeanne  de  Neubourg,  dame  de  Livarot,  dont  elle  et 
son  mari  eurent  délai  ou  souffrance  jusqu'à  un  an,  de 
rendre  foi  ou  hommage  de  la  dite  terre  de  Livarot,  par 
lettre  du  roi  de  France  du  5  février  1434. 

Edouard  de  Gray,  deuxième  fils  de  Richard,  seigneur 
de  Gray  et  de  Ruthim,  père  de  Jean  de  Gray,  chevalier, 
aKeul  de  Thomasde  Gray,  marquisde  Dorset,  et  d'Edouard 

(x)  Hist.  Harc.j  1. 1,  p.  214  et  186. 


461 

de  Gray,  vicomte  de  Lisley,  père  de  Guillaume  de  Fer- 
rières,  seigneur  de  Grosby,  et  de  Jean  de  Ferrières, 
seigneur  de  Tampots  ;  ces  derniers  ayant  changé  le  nom 
de  Gray  en  celui  de  Ferrières. 

Zan/eiii7  (Saint-Sylvestre  de).  Sergenterie  de  CreuUy, 
élection  de  Caen,  notariat  de  CreuUy,  86  feux,  260  habi- 
tants. 

Cette  paroisse  n'est  pas  d^une  grande  étendue.  Elle  est 
disunte  d^une  demi-lieue  du  bourg  de  Creully,  de 
2  lieues  et  demie  de  Bayeux,  et  de  3  lieues  et  demie  de 
Caen.  Son  territoire,  arrosé  par  les  petites  rivières  de 
Gronde  et  de  Thuë,  n^est  composé  que  de  2  hameaux. 
Elle  dépend  de  Caen  pour  le  bailliage  et  les  tailles,  et  de 
Bayeux  pour  le  sel. 

Le  Dictionnaire  universel  de  la  france  l'appelle 
Lantheil,  et  le  livre  Pelut  Lantolium  ;  ce  dernier  y 
marque  2  portions  de  cure.  Tune  à  la  présentation  de 
Jean  de  Magneville,  écuyer,  Pautre  à  celle  d'Henry 
d'Aigneaux,  écuyer.  Elles  ont  été  réunies  depuis  en  un 
seul  titre,  qui  est  à  la  nomination  de  messire  Turgot  de 
Saint-Clair,  chevalier,  seigneur  de  Lanteuil. 

Un  de  ses  fiefs  relève  de  la  baronnie  de  Creully,  et  un 
autre  appelé':  le  fief  de  Lanteuil-Magneville,  du  chapitre 
de  Bayeux,  à  cause  du  fief  de  La  Table.  Il  y  a  une  très 
jolie  maison  avec  des  avenues  et  des  pièces  d'eau'  qui  lui 
donnent  un  grand  agrément. 

Longues  (Saint- Laurent  de).  Sergenterie  de  Gray, 
élection  de  Bayeux,  58  feux,  notariat  de  Tracy. 

Cette  paroisse,  située  à  une  lieue  et  demie  de  Bayeux, 
est  sur  le  bord  de  la  mer,  dont  elle  est  défendue  par  des 
côtes  ou  falaises  fort  élevées.  Sa  principale  décoration 


462 

vient  d^une  abbaye  de  Bénédictins»  qai  est  en  ce  lieu.  La 
présentation  de  la  cure,  la  seigneurie  et  les  dîmes  appar- 
tiennent à  cette  abbaye,  à  laquelle  elles  furent  données  par 
le  fondateur. 

Notum  sit  omnibuê  tant  presentibus  quam  futuris 
quod  Ego  Balduinus  Wac  dedi  et  concessi  monachis 
S*^  Manœ-de-Longis  ecclesiam  5''  Laurentii  ejusdem 
villce  tenendam  de  me  et  de  hceredibus  meis  in  perpétua 
eleemosina,..  salvo  episcopali  jure,  post  decessum  Gai- 
fridifilii  Radulphi,  cuipater  meus  dédit.  Testibus  his  : 
D,  D.  abbate  de  Bruna,  Helia  de  Bajoc,  Rad.  de  Vassy 
Thomade  Anisi,  Hugone Silvain,  Rob.  de  Ver,  etc,(i], 

Henry,  évéque  de  Bayeux,  confirma  et  ratifia  la  sus- 
dite donation  par  une  chartre  sans  date  à  laquelle  ser- 
virent de  témoins  (2)  :  N.  archicapellano,  Bemardo 
abbate  de  Valle^  Riçhardo  priore  de  Piaisiaco,  H,  pre^ 
cantore,  et  Roberto  capellano  et  canonico  Bajocensi. 

L^abbaye  de  Longues,  de  Bénédictins  non  réformés, 
fut  fondés  en  1 168,  sous  Tinvocation  de  la  Sainte  Vierge, 
par  Hugues  Wast,  seigneur  de  grande  distinction.  On 
voit  contre  un  pilier,  à  rentrée  du  chœur,  des  armes  qui 
sont  :  de  gueules  à  deux  fasces  d^or,  accompagnées  de 
'  trois  besans  de  même  en  chef,  avec  ces  mots  :  cy  sont 
les  armes  du  fondateur  de  Vabbaye  de  N^  D^  de 
Longues,  et  ensuite  :  Domini  Balduini  Vast,  comte  de 
Bessin. 

Baudoin  Vast,  fils  du  fondateur,  confirma  la  fondation 
de  son  père  et  y  ajouta  de  grands  biens,  d^oti  vient  qu^on 
lui  donne  le  titre  de  fondateur  dans  cette  inscriptioo. 


(i)  Ex  Cartull.  Abba.  de  Longis,  p.  4,  fol.  t.  et  p.  5. 

(a)  Ex  C«rtull.  Abba.  de  Longis,  p.  27,  fol.  t.  et  p.  38»  fol.  v. 


J 


463 

comme  les  grandes  terres  quMI  possédait  dans  le  Bessin, 
lui  ont  fait  donner  la  qualité  de  comte. 

i^  Bacon  du  Molley  aumônërent  aussi  de  grandes 
possessions,  et  plusieurs  d^entre  eux  sont  enterrés  dans  le 
sanctuaire  du  chœur;  de  ce  nombre  est  Mgr  Bogier 
Bacon,  seigneur  du  Molley,  qui  trépassa  Pan  de  grâce  1 340. 

Cette  abbaye  est  taxée  à  200  florins  d^or  à  la  Chambre 
apostolique.  L^abbé  présente  à  tous  les  bénéfices  qui  en 
dépendent,  tels  que  sont  les  prieurés  de  Pontiouf,  de 
Berroles  et  de  Fumichon,  diocèse  de  Bayeux,  et  de  La 
Chaîne,  diocèse  de  Séez.  Les  cures  sont  : 


DIOC&SB  DE  BAYEUX 

Martragny  pro  prima  parte. 

Vaussieu  altéra. 

Rye  pro  prima. 

Vaux-sur-Aure. 

» 

Longues. 

du  don  de  Baudoin  Wast. 

Arrùmanches. 

du  don  de  Henry  etGuill.  de  Gray. 

Marigi^. 

du  don  de  Reginal  de  Marigny,  et 
d'Alvérède  de  Soligny. 

Campigny, 

du  don  de  Lesde  de  Campigny. 

Saint'Martin-de-Blagny. 

du  don  de  Pierre  Ruaut,  et  de  Guill. 

Bacon. 

Fontenailles, 

du  don  de  Guillaume  de  Reviers. 

Castillon. 

du  don  de  Guillaume  d*Argouges  et 
d'Aude  du  Bourg. 

Montrabot. 

du  don  de  Roger  Guerno  (peut-être 
Guerros). 

Vidouville. 

du  don  de  Thomas  de  Malfilattre. 

Sainte^roiX'-Grandtonne. 

du  don  de  Thomas  d'Aîgneauz. 

OIOCfttB 

Négreuille. 

du  don  de  Roger  Wast. 

Saint'Hilaire. 

du  don  de  Henry,  nû  d'Angleterre, 

et  de  Baudoin  Wast. 


4^4 

DIOCitB  DB  titt 

Noire^Dame^S'Landes.  du  don  de  Jeanne  de  Carrouges. 

St'Hilairt^u^MesnU'Scelleur.  du  don  de  la  même. 

Il  paraît,  par  les  Chartres  de  cette  abbaye,  que  la  maison 
de  Wast  de  qui  elle  tire  son  existience,  était  considérable. 
Elle  est  éteinte  depuis  longtemps. 

Hugues  Wast  fondateur  de  Longues,  avait  pour  frère 
Roger  Wast,  seigneur  de  Négreville  auprès  de  Carentan, 
qui  souscrivit,  en  1168,  à  la  chartre  de  fondation  de 
Longues  (i).  ^Ce  Roger,  quelque  temps  après,  aumona 
aux  mains  des  moines  de  cette  abbaye,  Péglise  de  Nègre- 
ville  avec  toutes  ses  appartenances  :  intégra,  libère  et 
quiète,  pour  son  salut  et  pour  le  repos  de  Tâme  de  Hugues 
Wast,  son  frère,  de  qui  il  tenait  cette  é^ise,  et  tout  ce  quMI 
possédait  dans  ce  village.  Sa  chartre,  sans  date,  fut  con- 
firmée par  celle  de  Richard,  évéque  de  G)utances,  qui 
qualifie  Roger  Wast  :  venerabilis parochianus  meus  (2). 

Hugues  Wast  eut  pour  fils  Baudoin,  Geoffroy,  et  autres, 
suivant  la  première  chanre.  A  la  suite  de  cette  chartre,  il 
en  paraît  une  autre  à  laquelle  je  n^ai  trouvé  de  différence 
que  ce  qui  suit  :  i®  elle  est  sous  le  nom  de  Hugues  Wast, 
et  de  Beaudoin  son  fils,  qui  y  parlent  au  pluriel  ;  2^  elle 
fait  mention  du  moulin  de  Longues  :  quem  Gaufridus 
Wat/uit,  et  parvum  vivarium  cum  mol  ta,  etc.,  3^  elle  a 
pour  témoins  :  Abbas  D,  de  Bronda^  Hugo  Servanus, 
Helias  de  Baiocis,  Gaufridus filius  Gaulterii,  Robertus 
de  Ver,  Thomas  de  Anesio,  Hugo  Watjuvenis,  Radul- 
phus  de  Martinbost,    Willelmus  de    Vestpre.    Cette 


(i)  Cart.  de  Long.  p.  1 1,  fol. 
(2)  Cart.  de  Long.  p.  5  et  ▼. 


4^5 

chartre,  pour  confirmer  la  première,  est  datée  d'un  lien 
dit  :  apud  Bronnam  (  i  ) . 

Hugues  Wast  et  Baudoin  sor  fils  donnent  «à  la  dite 
abbaye  :  campum  Stephani  sicuti  rivulus  molendini 
dividit.  Témoins  :  Roger  Wast,  Alverède  Camerarius, 
Raoul,  médecin  (2). 

Baudoin  Wast,  lui,  aumône  tout  le  tènement  qu^ 
Roger  de  Troarn  tenait  de  lui  à  PetitviUe.  Témoins  : 
Jean  de  Tellinton,  Reginal  de  Marïgny,  Ranulfe  de 
Longues,  Guillaume  Bigot,  Raoul  de  Brucourt,  Geoffroy 
de  Longues,  et  plusieurs  autres  (3).  Il  lui  donne  et  con- 
firme par  une  autre  charure  toutes  les  églises  de  sa  terre 
de  Normandie  avec  leurs  appartenances,  savoir  :  Téglise 
de  Longues,  de  Rubercy  et  de  PetitviUe.  Témoins  : 
Roger  Wast,  Reginal  de  Marigny,  Ranulfe  de  Longues, 
Tho^mas  d'Anisy,  Hubert  Le  Beuf,  Pierre  d'Anisy, 
Baudoin  de  Vastpré,  Alain  d'Anisy  et  Ranulfe  de  Gran- 
val  (4). 

Baudoin  Wast  donne  aux  moines  de  Longues,  ad 
petitionem  dilecti  in  X^^venerabilis  patris  Hugonis 
Lincolnensis  episcopi,  et  leur  confirme  :  totam  suant 
terrant  quœ  est  ante  abbatiam  de  Longis  juxta  gar- 
dinum,  videlicet  inter  magnum  vivarium  monackorum, 
et  duos  semitas  publicas,  quarum  una  vadit  in  civitate 
Bajocensif  et  altéra  extenditur  ad  Vada»  Virœ  versus 
Constentinum  :  Drocon  de  Lincoln,  maître  Guillaume 
Vacelin,  Geoffroy  de  Saint-Eduald,  Geoffroy  de  Lichelad, 
Hugues  de  Saint-Eduald,  clerc  du  seigneur  évêque  de 
Lincoln,  Guillaume  Le  Bigot,  Ranulphe  de  Longues, 

(i)  Cart.  de  Long.,  p.  t  ^,  fol.  v.  et  p.  2  <. 

(2)  Cart.  de  Long.,  p.  a,  fol.  v. 

(3)  Cart.  de  Long.,  p  2. 

(4)  Cart.  de  Long.,  p.  3. 

}0 


466 

Ranulphe  de  Marigny,  chevalier,  Raoul  de  Bosbms,  et 
Raoul  Rabâche  (i). 

Le  même  donne  et  confirme  aux  mêmes  :  honore  Gau- 
fridifratis  sui  qui  ibidem  habitum  religionis  suscepit^ 
totam  piscariam  suam  de  Parvavilla,  et  totum  mana- 
gium  ubi  furnus  de  Longis  sedet,  avec  la  maison  que 
Qillebert,  prêtre,  tient  de  lui.  Témoins  :  Guillaume, 
abbé  de  Hambie,  Richard,  archidiacre  de  Coutaaces, 
Turold,  chanoine  de  Brenna,  etc.  (2). 

Baudouin  Wast  et  Agnès  sa  femme  donnèrent  eux* 
mêmes  unum  milliarium  anguiliarum  in  suapiscaria  de 
Petiville  annuatim  reddendum.  Témoins  :  Thomas, 
chanoine  de  Bronne,  Reginald  de  Marigny»  Valérien  fils 
de  Radulphe,  Ranulphe  Le  Beuf  et  Roger  de  Came- 
rario  (3). 

Le  même  donne  buj.  susdits  moines,  trois  mesures 
d'^orge  et  une  mesure  de  froment  à  prendre  sur  son  mou- 
lin de  Saint-Gabriel  ;  ad  vestimenta  sua,  jusqu^à  ce  qu^on 
leur  ait  délégué  10  livres  de  monnaie  d'Anjou  qu'ils  ont 
à  prendre  sur  Téglise  de  '  Rubercy.  Témoins  :  Roger 
Wast,  Reginald  de  Marigny,  Thomas  d^Anisi,  Pierre 
d'Anisi,  Ranulphe  de  Longues,  Baudouin  de  Vastpré  et 
OberLeBeuf  (4). 

Baudouin  Wast,  fils  de  Baudouin,  selon  deux  Chartres 
dont  Tune  est  sans  date,  Pautre  datée  :  apud  Neaubru, 
année  1 2o3,  donne  aux  mêmes  toute  la  dime  de  son  mou- 
lin de  Négreville.  Témoins  :  Guillaume,  abbé  de  Mon- 
tebourg,  Thomas  du  Hommet,  Guillaume  de  Reviers, 


(i)  Cart.  de  Long.,  p.  3. 

(2)  Cart.  de  Long.,  p.  4. 

(3)  Cart.  de  Long.,  p.  3,  fol.  verso. 

(4)  Cart.  de  Long.,  p.  4. 


4^7 

Guillaume  de  Vauville,   Roger  Suhart  efHamon  Le 
Gras(i). 

Je  ne  prétends  point  donner  ici  la  liste  des  abbés  de 
Longues  ;  c'y  sont  seulement  des  additions  qui  peuvent 
servir  au  catalogue  qu'en  ont  publié  les  auteurs  du  nou- 
veau Gallia  Christiana,  t.  XI,  colonne  480  et  suivante^. 

Laurent  Le  Qerc,  XVI«  abbé,  fit  alliance,  en  1458, 
avec  Jean  de  Villerai  abbé  de  Vendosme,  depuis  cardinal* 
de  Sainte-Prîsque.  Il  permuta  son  abbaye  avec  Richard 
Sabine,  abbé  de  Cerisy.  Les  bulles  de  permutation  sont 
du  mois  de  décembre  1472,  la  deuxième  année  du  pon- 
tificat deSixte  IV  (2).  Richard  Sabine  retient  surPabbaye 
de  Cerisy  une  pension  de  400  ducats,  payable  moitié  à  la 
Saint-Jean,  l'autre  moitié  à  Noël,  sa  demeure  et  sa  nour- 
riture pour  lui  et  quatre  de  ses  amis  à  son  choix,  dans  la 
susdite  maison  de  Cerisy  (3). 

Thomas  du  Jardin  devint  abbé  de  Longues  en  même 
temps  que  l'abbé  Sabine,  car  ses  bulles  sont  également 
datées  du  mois  de  décembre  1472,  la  deuxième  année  du 
pontificat  de  Sixte  IV  (4).      * 

Jean  Ouenne  est  le  dernier  des  abbés  réguliers  de 
Longues.  Il  est  qualifié  prieur  claustral  de  Pabbaye  de 
Cerisy,  dans  une  provision  du  23  septembre  1493,  vi- 
caire général  de  Jacques  de  Silly,  protonotaire  du  S.  S., 
abbé  de  Cerisy  dans. une  autre  de  1 5o2,  et  enfin  abbé  de 
Longues  sur  la  résignation  de  Pabbédu  Jardin.  Ses  bulles 
sont  datées  du  mois  de  janvier  1 504,  la  seconde  année  de 
Jules  II  (5).   Il  mourut  dans  son  abbaye  le  8  des  Ides 

(i)  Cart.  de  Long.,  p.  3  et  4,  fol.  verso. 

(2)  GaL  Christ.,  t.  VIII,  col.  iSyS. 

(3)  Ex-bulli». 

(4)  Ez-bulla. 

(5)  Reg.  de  révêché. 


468 

d^août  i5i6,  et  fut  enterré  au  milieu  de  la  nef  4^  son 
église  oii  on  lit  sur  sa  tombe  ces  mots  :  Cy  gist  Révé- 
rend Père  Jehan  Oueitncy  abbé  de  céans^  et  prieur  de 
Deux'-Jumeaux  et  du  Goulet,  fondateur  de  VII  obits, 
décédé  au  mois  daoust  i5i6. 

Antoine  de  Marcillac,  doyen  de  Rouen,  fut  abbé  de 
Longues  par  bulles  de  Paul  IV,  expédiées  la  quatrième 
année  de  son  pontificat,  au  mois  de  janvier  1 558. 

Joachim  Thiboult,  religieux  profès  de  Longues,  obtint 
cette  abbaye  par  la  résignation  du  précédent  ;  ses  bulles 
sont  du  mois  de  juillet  i565,  la  sixième  année  du  pape 
Pie  IV,  mais  préférant  son  repos  à  la  dignité,  il  la  rési- 
gna cinq  après  au  suivant.  Il  mourut  le  4  de  juillet  1596, 
et  est  enterré  dans  la  nef  de  son  église,  aux  pieds  de  Jean 
Ouenne,  un  de  ses  prédécesseurs^  Sa  famille  fut  annoblie 
en  1 575,  suivant  la  production  faite  en  1666,  par  Michel 
et  Pierre  Thiboult,  des  paroisses  de  Litteau  et  de  Bérigny. 

Louis  Hoûel,  né  au  hameau  du  Pont-Fâtu,  paroisse 
de  Hérils,  au  rapport  des  religieux  de  Longues,  et  moine 
du  dit  lieu,  en  devint  abbé  en  1 570  sur  la  résignation  du 
précédent.  Il  reçut  les  moindres  ordres  le  r3  avril  1571, 
et  le  sous-diaconat  le  lendemain,  des  mains  de  M.  d^Hu- 
mières,  évéque  de  Bayeux.  Il  se  démit  en  16 10  en  faveur 
de  son  neveu  qui  suit,  et  mourut  à  Longues  le  24  mai 
1616  ;  il  est  enterré  dans  la  nef.  Son  tombeau,  pratiqué 
dans  le  mur,  sous  une  arcade,  à  gauche  en  entrant,  a  été 
bâti  du  vivant  de  cet  abbé,  qui  s^y  est  fait  représenter  au 
naturel,  revém  de  ses  habits  pontificaux.  On  dit  que 
Fépitaphe  qui  y  fut  placée  en  même  temps^  est  aussi  de 
sa  composition. 

Ceditfatis  Reverendus  in  Christo  pater  ac  dominas 
Ludovicus  Houelf  quundam  hujus  monasterii  cœno^ 
biarcha  vigilantissimus,  œtatis  suœ,..   et  exactis  in 


469 

militia  et  restauratione  hujus  cœnobii  quadraginta 
annis,  hàbuit  curam  templi  et  pauperum,  qui  cum  tem- 
poribus  licet  durissimis  vixerit  in  hac  abbatia,  tatnen 
ita  sapienter  vitam  instituit  ut  omnibus  gratus,  ca^ 
rusque  esset  caste  vivendo,  et  omnia  ad  œquitatem  ut 

melius  potuit  reducendo;  mortuus  autem  est  die men- 

sis cujus  anima  requiescat  inpace  œterna,  ad  quem 

finem  dicetis,  si  vobis  placet  :  Pater 

Il  portait  pour  armes  :  d'azur  à  3  pals  d'or^  au  franc 
quartier  de...  chargé  d^une  bande  de... 

Olivier  Le  Gxi,  chanoine  de  Bayeux,  et  abbé  de  Lon- 
gues par  la  démission  du  précédent,  suivant  ses  bulles 
du  mois  de  novembre  16 10,  la  sixième  année  de  Paul  V. 
On  lit  sur  le  grand  autel  du  chœur  de  cette  abbaye  :  Le 
maître-autel  â  été  fait  faire  par  M.  Lecoq,  abbé  de 
Longues,  en  1623,  e/  a  JoanneFabro  Cadomensi  exara- 
tum.  II  paraît,  par  les  registres  de  Tévéché,  qu^il  était  de 
la  paroisse  de  Bérigny^  fils  de  Benoît,  écuyer,  seigneur 
du  lieu,  et  quHl  reçut  la  tonsure  et  les  moindres  les  8  et 
9  juin  1571,  de  M.  d'Humières,  évéquede  Bayeux.  Il 
mourut  dans  son  abbaye  en  1629,  et  fut  inhumé  devant 
Tautel  de  la  chapelle  de  Saint-Thomas-de-Cantorbéry,  ce 
qui  paraît  par  Tinscription  de  ^  tombe. 

Cet  abbé  était  fort  attaché  à  la  maison  des  Aûgustins 
de  Bayeux,  et  par  reconnaissance,  Nicolas  Germain, 
docteur  en  théologie,  religieux  des  Aûgustins  de  Rheims, 
lui  dédia,  en  1 6 1 3,  un  petit  ouvrage  qu^il  avait  composé 
sous  le  titre  de  :  Paranymphe  de  la  Sainte^Eucharistie, 
contenant  huit  discours  sur  :  O  sacrum  convivium.  On 
trouve  à  la  tête  cette  épigramme  qui  lui  fut  adressée  par 
G.C. 

A  voir  d'un  bon  prélat  simplement  le  pour  trait, 
A  voir  dessus  le  front  une  douceur  emprtinte, 


470 

Cela  ne  suffit  pas  si  l'âme  n'est  atteinte 
De  telles  qualités  et  n'en  montrent  le  trait. 
Votre  ^me  s'embellit  luy  fournissant  les  choses  : 
La  douceur  de  l'ogive  et  du  coq  le  soucy; 
Vos  moBurs,  vottJt  nom  nous  rapprennent  ainsi 
Et  que  dans  votre  cœur  les  vertus  sont  encloses. 

Jean  de  Tulles,  évêque  d'Orange,  fut  pourvu  de  l'abbaye 
de  Longues  après  le  précédent.  Il  fut  envoyé  à  Rome  par 
la  reine  Marie  de  Médicis,  régente,  pour  différentes  négo- 
ciations importantes,  et  rendit  de  fidèles  services  au  roi 
Louis  XIII;  principalement  en  empêchant  les  habitants 
d^Orange  de  se  réunir  aux  Protestants  qui  excitaient  alors 
des  troubles  dans  le  Royaume.  Il  avait  succédé  à  Jean  de 
Tulles  son  oncle  dans  Tévêché  d'Orange,  en  1608,  étant 
fils  de  Julien  de  Tulles^  seigneur  de  Soleilles,  et  de  Ri- 
charde de  Fougasse;  et  il  mourut  le  3  octobre  1640. 

Jean  Vincent  de  Tulles  devint  abbé  de  Longues  et 
évéque  d^Orange  après  la  mort  de  son  oncle,  dont  il  avait 
été  élu  coadjuteur  Tan  1637,  puis  évéque  de  Lavaur  en 
1646.  Il  était  fils  de  Pierre  de  Tulles,  seigneur  de  la 
Nerte,  chevalier  de  Tordre  du  roi,  et  de  Lucrèce  de  Lazari. 
Ses  armes  sont  :  d^argent  à  un  pal  de  gueules,  chargé  de 
3  papillons  volants  d'argent  ;  il  mourut  eh  1668. 

Magnjr  (Saint-Malo  de).  Sergenterie  de  Gray,  élection 
de  Bayeux,  42  feux,  120  habitants,  notariat  de  Tracy. 

Cette  paroisse,  à  une  petite  lieue  de  Bayeux,  et  à  trois 
quarts  de  lieue  de  la  mer,  n'est  arrosée  que  par  quelques 
ruisseaux  qui  prennent  leurs  sources  dans  les  environs. 
La  nomination  de  la  cure  et  les  deux  tiers  des  grosses 
dîmes  appartiennent  au  chapitre  de  Bayeux,  l'autre  tiers 
au  curé. 

(i)  Hist,  de  Norm.,  par  Dumoulin,  p.  41. 


471 

A  peu  c|e  distance  de  Téglise,  il  y  a  une  très  belle  mai- 
son pour  le  seigneur,  environnée  de  fossés  et  accompagnée 
de  deux  bosquets  et  d'une  avenue  sur  le  chemin  de 
Bayeuz. 

La  terre  est  un  marquisat  avechaute  justice  qui  sMtend 
sur  5  paroisses,  et  ressortit  nuement  au  Parlement  de 
Rouen.  Les  paroisses  sont  :  Magny,  Rye,  Manvieux, 
Tracy  et  Arromanches.  Ce  marquisat  est  possédé  par 
M.  Nicolas  Foucault,  marquis  de  Magny,  chevalier  de  Id 
Toison  d^Or,lieutenant  général  des  armées  de  S.  M.  Ca- 
tholique. C^est  lui  qui  a  fait  bâtir  la  belle  maison  qu'on 
y  voit  à  présent.  Il  est  fils  du  célèbre  messire  Nicolas-' 
Joseph  Foucault,  intendant  de  Caen  et  depuis  conseiller 
d^Etat,  décédé  en  1721. 

Magny,  appelé  Maegnium  par  le  livre  Pelut  de  Tévé- 
ché,  peut  avoir  donné  le  nom  à  une  famille  noble  dont 
étaient  Regnaud  de  Magny,  qui  mourut  glorieusement 
au  siège  d^ Acre,  en  i  igi,  et  Guerry  de  Magny,  grand- 
doyen  de  Téglise  de  Bayeux,  dont  Tobit  est  marqué  au 
14  février  dans  le  nécrologe  (i). 

Guillaume  de  Manoury  du  Tremblay,  écuyer,  seigneur 
de  Magny,  capitaine  du  château  de  Bayeux,  mourut  vers 
îSoi.  Son  épouse,  Madeleine  Stuart,  fit  prier  le  chapitre 
de  Bayeux,  en  f  5o2,  de  ne  pas  trouver  mauvais  si  elle 
avait  fait  apposer  les  armes  de  son  mari  autour  du 
chœur  de  Téglise  de  Magny,  oti  il  avait  été  enterré, 
parce'^ue  elle  et  ses  enfants  n^entendaient  'pas  pour  cela 
réclamer  aucune  chose  au  patronage  de  cette  église,  qui 
appartient  au  chapitre,  et  que  les  armes  dudit  chapitre 
seraient  mises  à  la  principale  vitre  du  chœur. 

Demoiselle  Madeleine  de  Manoury,  dame  de  Magny, 

(i)  Manusc  de  M.  Potier,  chancel.  de  Bayeux. 


47^ 

leur  fille  porta,  en  1 5 1  S,  par  mariage,  cette  terre  à  Olivier 
de  Saint-Ouen,  seigneur  du  Tordouet  au  pays  de 
Caux  (i).  ^ 

L^origine  de  la  maison  de  Saint-Ouen  est  du  bailliage 
deCaux  en  Normandie,  elle  porte  pour  armes  :  de  sable 
au  sautoir  d^argent,  accompagné  de  4  aiglettes  de  même* 
Le  premier  nom  de  cette  maison  était  de  Sancy.  Gilbert, 
seigneur  de  Saint-Ouen,  est  le  premier  dont  on  ait  con- 
naissance. Il  signa  à  une  chartre  pour  l'abbaye  de 
Fécampf  Pan  iio3,  sous  le  nom  de  Gilbert  de  Sancy, 
seigneur  de  Saint-Ouen. 

Du  mariage  de  Olivier  de  Saint-Ouen,  seigneur  du 
Tardouet,  et  de  Madeleine  Manourry,  dame  de  Magny, 
sortit  Olivier  de  Saint-Ouen,  II«  du  nom,  seigneur  du 
Tordouet  et  de  Magny>  père  du  suivant. 

Jacques  de  Saint-Ouen,  seigneur  de  Tordouet  et  de 
Magny  fut  réconcilié  à  Péglise  selon  Pacte  de  Tévèché  de 
Bayeux,  le  21  mars  i585.  De  son  mariage  accordé  en 
1 594  avec  N.  de  Morais,  fille  de  Jacques,  seigneur  de 
Jodeiais  et  de  Marguerite  d^Achey  vint  le  suivant. 

(Il  mourut  le  i3  décembre  lôBg.  Il  fut  père  de  Tan- 
ncguy.) 

Jean  de  Saint-Ouen,  seigneur  de  Tordouet,  Magnj, 
Montdésert  et  Fresné-sur-la-Mer,  bailla  aveu  de  ses  terres 
les  12  mars  16 19  et  5  juillet  1624.  Il  avait  épousé,  par 
contrat  reconnu  à  Caen  le  26  mai  16 17,  Adrienne  de 
Warignies,  fille  de  Tenneguy,  seigneur  de  Blainville, 
lieutenant  du  roi  au  bailliage  de  Caen,  et  d'Antoinette 
du  Parc,  dame 'des  Biards,  dont  :  Tenneguy  qui  suit,  et 
François,  seigneur  de  Fresné. 

Tenneguy  de  Saint-Ouen,  seigneur  de  Magny  et  du 

(i)  Hist.  Harc,  t.  I,  p.  gSo. 


473 

Tordouet,  chevalier,  épousa  Hélène  de  Bricqueville,  fille 
de  Gabriel,  marquis  de  Coulombiëres,  laquelle  après  son 
décès  fut  mariée  en  deuxièmes  noces  à  N.  de  Madaillan, 
comte  de  Montataire.  Le  seigneur  de  Magny  vivait  en- 
core en  1664  ;  il  mourut  le  20  février  1670,  et  fut  enterré 
dans  le  choeur  de  Téglise  de  Magny.  ^ 

La  terre  de  Magny,  tombée  en  décret  comme  immeuble 
de  M.  du  Tordouet  de  Saint-Ouen^  fut  acquise  par  messire 
Guy  de  Chamillard,  intendant  de  la  généralité  de  Caen, 
et  passa  à  droit  d^hérédité  à  son  fils  (i). 

Depuis,  messire  Foucault,  conseiller  du  roi  en  tous  ses 
conseils,  devint  propriétaire,  au  droit  de  Michel  de  Cha- 
millard,  intendant  des  finances,  et  d^Elisabeth-Thérèse 
Le  Rebours,  son  épouse,  du  fief,  terfe  et  seigneurie  de 
Magny,  et  des  fiefs,  terres  et  seigneuries  de  Tracy,  Arro- 
manches  et  Dampierre-Marie  sis  à  Rye.  Le  fief  de  Magny 
apparteaait  au  sieui^  de  Chamillard,  au  droit  d^acquet 
qu'en  avait  fait  son  père;  les  fiefis  de  Tracy,  Arromanches 
et  Dampierre-Marie,  au  droit  de  rechange  fait  à  lui  et  à 
son  épouse  par  S.  M.  devant  les  notaires  du  Châtelet  de 
Paris,  le  3  mai  1694.  Messire  Foucault  fit  ériger  le  fief  de 
Magny  en  marquisat  sur  la  fin  de  1694  ou  au  commen- 
cement de  1695.  Il  devint  aussi  propriétaire  du  fief, 'terre 
et  seigneurie  de  Rye,  au  droit  de  Padjudication,  par  dé- 
cret, des  immeubles  de  feu  Jacques  Blondel,  écuyer,  sei- 
gneur de  Rye. 

Manoir  (Saint- Pierre  du).  Sergenterie  de  Gray,  élec- 
tion de  Bayeuz,  46  feux,  notariat  de  Tracy. 
Cette  paroisse,  située  sur  la  rivière  de  SeuUe,  est  à  trois 

(i)  Déclar.  des  fief  nobles  de  la  vicomte  de  Bajeux  et  du  dom. 
aliéné  en  1697,  fol.  54. 


474 

quarts  de  lieue  de  Creully  et  à  une  lieue  et'  demie  de 
Bayeux.  L'abbaye  de  Jumiéges  nomme  à  la  cure  et  per- 
çoit les  grosses  dîmes. 

11  y  a  plusieurs  fiefs  dont  le  principal  et  les  droits  ho- 
norifiques sont  en  litige  depuis  bien  du  temps  entre  plu- 
sieurs gentilshommes.  Dans  un  aveu,  il  est  fait  mention 
du  fief  noble  du  Manoir,  sis  en  ce  lieu  avec  des  extensions 
à  Vienne,  Villiers-le-Sec,  Bazen ville,  Rye,  Sommervieu 
et  Saint-Gabriel,  qui  relève  du  roi  par  un  quart  de  fief 
d^hautber.  De  lui  sont  dépendants  :  le  fief  de  Caumont 
sis  au  Manoir,  et  celui  de  Pierrepont  sis  à  Littry,  par  un 
huitième  d'hautbert,  selon  Taveu  de  Michel  des  Marais, 
écuyer,  valet  de  chambre  de  la  reine  (  i  ]. 

Sentence  du  g  janvier  1527,  contenant  Pestimation  et 
prisée  des  fiefs  de  Pierrepont,  assis  en  la  paroisse  de 
Vienne,  du  Manoir,  de  Saint-Gabriel  et  du  Haut-Manoir 
de  Caumont»  assis  en  la  paroisse  de  Vienne  et  du  Manoir, 
qui  avaient  appartenu  à  Geoffroy  de  Reviers,  décrétés  à 
la  requête  du  seigneur  de  Taillebois  (2).  François  de 
Guerville  qui  possédait  le  fief  du  Manoir  ou  Haut-Ma- 
noir, le  donna  le  27  juin  1624,  en  échange  à  messire 
Pierre  d'Harcourt,  marquis  de  Beuvron,  et  en  1680,  le 
marquis  de  Beuvron  le  vendit  au  sieur  Michel  Desma- 
rais  qui  en  rendit  aveu  au  roi  le  1 3  décembre  1 681,  sous 
le  titre  de  fief,  terre  et  seigneuriedu  Manoir  de  Pierrepont, 
dit  Caumont,  par  un  quart  de  hautber,  assis  en  la  paroisse 
du  Manoir  et  de  Vienne,  avec  extension  en  plusieurs 
autres  paroisses.  Michel  Desmarais  le  donna  en  fief  le 
16  juin  169e,  à  Henri  du  Bousquet,  après  la  mort  duquel 
Jacques-Louis  du  Bousquet,  son  frère  et  son  héritier,  en 

(i)  Recueil  d'aveux  de  la  vicomte  da  Ba3Peux. 
(a)  Factum  imprimé. 


47S 

rendit  aveu  au  roi  le  22  mars  1706,  sous  la  dénomination 
de  fief,  terre  et  seigneurie  du  Manoir  de  Pierrepont  dit 
Caumont.  Jacob-Gédéon  d^Amours  en  devint  héritier. 

Le  baron  de  CreuUy  prétend  avoir  la  qualité  de  sei- 
gneur des  paroisses  de  Vienne  et  du  Manoir,  et  y  fut 
confirmé  par  sentence  du  bailliage  de  Bayeux,  le  22  avril 
1717,  contre  Jacob-Gédéon  d'Amours,  écuyer,  héritier 
de  feu  Jacques-Louis  du  Bousquet,  écuyer,  qui  réclamait 
cette  qualité,  et  qui  se  voyant  condamné  par  cette  sen- 
tence à  se  renfermer  dans  la  qualité  de  ses  deux  fiefs  de 
Pierrepont  et  du  Hàut-Manoir  de  Caumont,  appela  de 
cette  sentence  à  la  Cour  du  parlement  de  Rouen. 

La  seigneurie  de  Vienne  et  du  Manoir  fut  démembré^ 
en  1 509  de  la  baronnie  de  Creully,  lors  des  partages  faits 
entre  Jean  de  Sillans  et  Charles  d'Harcourt,  beaux-fils 
du  baron  de  Creully.  Elle  tomba  dans  le  lot  du  derniers 
Odet  d'Harcourt;  un  de  ses  descendants  vendit,  en  1643, 
sa  portion  à  Antoine  de  Sillans,  marquis  de  Creully,  qui 
fit  réunir,  par  lettres  patentes  du  mois  de  mai  i655,  enre- 
gistrées la  même  année  en  la  cour  et  à  la  chambre  des 
comptes  de  Rouen,  au  corps  de  la  baronnie  de  Creully, 
les  fiefs,  terres  et  seigneuries  de  CreuUet,  Vienne  et  Le 
Manoir  qui  en  avaient  été  démembrées  en  i  Sog,  comme 
il  est  dit  ci-devanf.  , 

Cette  paroisse  n'a  que  2  hameaux  :  Beaupigny  et 
Pierre-Solain.  Dans  ce  dernier,  il  y  a  une  ancienne  ma- 
ladrerie  connue  sous  le  nom  de  Notre-Dame  et  de  Saint- 
Clair-de-Pierre-Solain.  Le  livre  Pelut  de  Tévêché  la 
nomme  capella  leprosariœ  de  Petra-Solemni,  et  les 
titres  de  l'abbaye  de  Longues  rupes  5"'  Ollani  (i).  On  y 
dit  la  messe  dimanches  et  fêtes.  Le  patronage  doit  être  en^ 
litige  entre  les  abbayes  de  Cluny  et  de  Jumiéges. 

(i)  Cart.  abbat.  Long.,  p.  12,  fol.  verso. 


476 

Selon  le  livre  Pelut,  la  présentation  de  ce  prieuré 
appartenait  en  1 356  à  la  dame  veuve  de  G.  de  Faoulq, 
chevalier  :  Relictœ  !)••  G.  Falsi  militis;  selon  les  regis- 
tres de  révêché  du  ivi«  et  xvn«  siècle,  au  possesseur  du 
fief  du  Bosq  et  de  Moon,  et  selon  un  procès  de  visite  de 
1662,  il  dépendait  du  Mont-Saint-Michel,  était  possédé 
par  un  prieur  commandataire,  et  son  revenu  éuit  de 
800  livra. 

Jacques  de  Surrain,  clerc,  en  fut  pourvu  par  visa  du 
i5  août  i5i6,  sur  la  présentation  de  Jean  de  Surrain, 
écuyer,  seigneur  du  Bosq  et  de  Moon.  Jean  Scelles, 
écuyer,  seigneur  de  Meautis  et  du  Bosq  en  sa  partie,  y 
nomma  le  27  octobre  tSgS»  à  cause  de  sa  teite  et  sei- 
gneurie du  Bosq  (  I  ) .  Comme  cette  chapelle  vaquait  par  la 
négligence  de  Jean  Scelles,  fils  de  Philippes,  par  lui 
pourvu  au  précédent,  il  y  nomma  Nicolas  Benoît  le 
I*'  septembre  1606.  Il  prend  dans  l'acte  la  qualité  de 
sieur  de  Vaux-sur-SeuUes,  qui  fut  au  sieur  de  Meautis 
et  du  Bosq-de-Moon,  en  partie,  et  déclare  y  nommer 
comme  seigneur  du  Bosq-de-Moon.  Ce  fut  encore  sous 
cette  qualité  qu^il  y  pourvut  le  27  mai  16 18.  Dans 
son  acte,  la  chapelle  de  Pierre-Solain  est  dite  être  située  sur 
la  paroisse  de  Bazenville,  qui  est  contiguë  au  Manoir. 

Le  célèbre  Pierre  Halley,  professeur  en  droit  canonique 
dans  l'Université  de  Paris,  a  possédé  le  prieuré  de  Pierre- 
Solain  jusqu'aux  approches  de  sa  mort,  qui  Tenleva  du 
monde  le  27  décembre  1689,  à  Page  de  78  ans.  Il  (ut 
résigné  à  son  frère  qui  le  résigna  à  Tabbé  Philippes  de 
Marigny,  chanoine  de  Bayeux,  qui  la  remit  vers  1761  à 
Tabbé  Le  Sueur  des  Fresnes,  grand  chantre  de  la  susdite 
église  de  Bayeux. 

(0  Reg.  du  secret,  de  l'évéché. 


477 

Manvieux  (Saint-Rémy  de).  Sergenterie  de  Gray,  élec- 
tion de  Bayeux,  35  feux»  i6o  habitants,  notariat  de 
Tracy. 

Cette  paroisse  est  située  sur  le  bord  de  la  mer  où  il  y  a 
des  falaises  très  escarpées  à  une  lieue  et  demie  de  Bayeux. 
La  nomination  de  la  cure  appartient  à  Tabbesse  de  Cor- 
dillon.  La  dîme  se  divise  en  trois  parts  entre  cette 
abbesse,  le  curé  et  un  autre. 

Il  y  a  à  Manvieux  un  corps  de  garde  proche  la  mer, 
un  village  composé  de  maisons  détachées  autour  de 
Féglise,  et  un  petit  hameau  nommé  La  Bréholière,  peu 
éloigné»  qui  fait  une  ferme  détachée.  11  y  avait  un  châ** 
teau  qui  a  été  changé  en  une  jolie  maison  de  campagne. 

La  seigneurie  est  incorporée  au  marquisat  de  Man- 
vieux, et  la  paroisse  relève  de  sa  haute  justice.  Elle  a 
appartenu  à  MM.  de  Reviers,  seigneurs  de  Fontenailles, 
d'où  elle  passa  à  MM.  de  Mathan.  Pierre  Faisant, 
viconte  de  Bayeux  en  1 540,  en  devint  seigneur  par  acqui- 
sition. Possédant  de  grands  biens,  il  fut  annobli  par^ 
lettres  données  à  Paris  au  mois  de  juin  1544,  enre- 
gistrées à  la  Chambre  des  comptes  et  au  Parlement  de 
Normandie  la  même  année  (i).  Par  ces  lettres,  le  roi 
François  I«'  lui  donna  pouvoir  à  lui  et  à  ses  descendants 
de  prendre  le  surnom  de  Manvieux  au  lieu  de  celui  de 
Paysant.  Cette  Êimille  s^éteignit  en,  1756  par  la  mort  du 
dernier  mâle  placé  à  Técole  militaire,  et  jeune  homme  de 
grande  espérance. 

On  trouve  ceci  dans  un  vieux  compte  en  parchemin 
du  syndic  de  Bayeux,  au  chapitre  intitulé  :  autre  dépense 
commune  : 


(i)  Copies  des  lettres  d'annoblist. 


47» 

Article  4.  --  A  Simon  Canut,  Jehan  Toatain,  et  Richard  IficoUe 
zii  livrea  sur  ce  qui  leur  était  deu  pour  port  en  bateaux  de  Xi" 
pierrea  au  aiège  de  Chierbourg,  pour  le  gouvernement  des  engins  de 
BaleuXy  prinses  entre  Port  et  Manvieux,  comme  il  appert  par  le 
mandement  et  quitance  donnée  le^  XII  de  novembre  Tan  que  dessus 
1378. 

Afapgny  (Saint*Laarent  de).  Sergenterie  de  Tour, 
élection  de  Bayeux,  72  feux,  notariat  de  Tracy, 
1 60  communiants.  /* 

Cette  paroisse  arrosée  par  la  rivière  d^Aure,  est  bornée 
au  nord  par  la  mer  de  La  Manche,  à  une  lieue  et  demie 
de  Bayeux. 

'  L^abbé  de  Longues  présente  à  la  cure,  et  son  abhaje 
en  perçoit  toutes  les  dîmes. 

Alvérëde  de  Soligny,  seigneur  en  partie  de  Marigny- 
sur-la-Mer,  donna  àTabl^aye  de  Longues  la  portion  qu^il 
avait  dans  Téglise  de  Marigny  pour  le  salut  de  lui,  de 
Jeanne  sa  femme,  et  autres.  Témoins  :  Robert  de  Soligny, 
Rualenus  de  Flaghei,  Geoffroy  de  Oum,  Guillaume  de 
Barbefleur.  Cette  donation  est  à  peu  près  du  temps  de  la 
fondation  de  Longues,  id  est,  en  1 168  (i). 

Raoul  d'Argouges,  son  gendre  veniens,  dit  la  cbartre, 
ad  prœdictam  ecclesiam  (de  Longis)  causa  visitandi 
fratres  sœpœ  dictœ  ecclesiœ,  leur  confirme  medietatem 
ecclesiœ  de  Marigneïo  quant  pater  suus  dictus  Alvere- 
dus  de  Soligneïo  fecerat.  Témoins  :  Guillaume  de  Fla- 
cheïo,  Guill.  Ruault  de  Rupe-S*^011anî,  Jourdain  de 
Malovicino,  Etienne  Pestel,  Regr.  de  Argougiis. 

Odon  et  Raoul  du  Mesnil  frères,  et  Nicolas,  fils  du 
même  Odon,  prétendent  à  droit  d^hérédité,  au  patronage 
de  l'église  de  Marigny  près  Longues,  dont  une  portion 

(i)  Cart.  abb.  de  Long.,  p.  la. 


479 

avait  été  donnée  par  Reginald  de  Marigny,  chevalier, 
et  Tautre  par  Alvérède  de  Soligny  à  cette  abbaye  quelques 
années  auparavant.  Henri,  évêque  de  Bayeux,  se  rend 
médiateur  de  la  contestation,  et  engage  ces  gentils- 
hommes à  renoncer  à  tous  droits  et  prétentions  à  cet 
égard,  en  faveur  de  Martin, ^abbé  de"  Longues  et  de  ses 
religieux.  La  chartre  expédiée  à  ce  sujet  est  de  1198. 
Témoins  :  Henri,  chantre,  Jourdain  et  Raoul,  archi- 
diacres et  Patrkrius,  sous-doyen  de  l'église  de  Bayeux  (1). 

Odon  de  Lorris,  évêque  de  Bayeux,  par  acte  du  samedi 
après  la  Saint-Barthélémy,  apôtre.  Tan  1273,  approuve  la 
vente  que  Jean  Le  Tord  du  Mesnil,  clerc,  avait  faite  d'uiie 
dime  à  Tabbé  et  religieux  de  Longues  pour  la  somme  de 
60  livres  tournois,  id  est,  la  moitié  de  la  troisième  gerbe 
que  lui,  du  Mesnil,  avait  à  prendre  sur  Textension  du 
fief  d^ Argouges  situé  à  Marigny  (2). 

La  seigneurie  de  Marigny  relève  du  roi  par  un  demi- 
fief  d'hautber,  selon  un  aveu  de  M.  «Pierre  Phîlippes, 
écuyer,  qui  Tacquit,  par  contrat  du  18  octobre  1648  de 
messire  Bernardin  de  Bricqueville  (3),  seigneur  d'Occa- 
leu  et  de  dame  Jeanne  du  Bois-de-Pirou,  son  épouse,  à 
laquelle  elle  appartenait.  Le  seigneur  de  Marigny  est  seul 
seigneur  de  la  paroisse  par  Tacquisition  quMl  a  faite  de  la 
verge  du  fief  d^Argouges  qui«  sMtèndait  dans  Marigny, 
de  M.  Regnault,  seigneur  d'Argouges,  trésorier  de 
Erance  en  la  généralité  de  Caen. 

Il  est  dit  dans  un  vieux  recueil  d^aveux  pour  la  vicomte 
de  Bayeux  que  le  fief,  terre  et  seigneurie  de  Marigny 
donné  anciennement  en  circonstances  et  dépendances 


(i)  ttart.  abb.  de  Long.,  p.  i3. 

(a)  Cart.  abb.  de  Long.,  p.  Sy  et  58. 

(3)  Rec.  d'av.  de  la  vicomte  de  Bayeux. 


480 

par  le  roi  à  Guillame  Héroulde,  ^tait  possédé  en  1 563 
par  les  héritiers  de  messire  Richard  du  Bois. 

De  Pierre  Philippes,  écuyer,  seigneur  de  Marigny  et 
de  sa  femme  Catherine  Suard  sortit  Louis  Philippes, 
écuyer»  seigneur  et  patron  du  lieu,  décédé  en  1723,  qui 
par  sa  femme  Jeanne  Halley,  sœur  du  célèbre  M.  Halley 
restaurateur  de  Técole  du  droit  canonique  à  Paris,  fut 
père  de  :  Jean-Baptiste  Philippes  de  Graville  ,  abbé 
commandataire  du  Puy-Ferrand,  diocèse  de  Bourges, 
chanoine  et  chancelier  en  l'église  de  Bayeux,  et  vicaire- 
général  du  diocèse,  mort  le  4  janvier  1749;  de  Gabriel 
Philippes  de  Tourville,  chevalier  de  Saint-Louis;  et  de 
Pierre  Philippes  de  Marigny,  décédé  le  4  janvier  en 
1760.  Son  fils  Jean-Pierre-Louis  Philippes  est  aujour- 
d'hui seigneur  de  Marigny.  Femme  Suzanne-Marguerite 
Mensat. 

Reginald  de  Marigny,  chevalier,  seigneur  et  patron  de 
Marigny  était  contemporain  de  Hugues  Wat,  fon;lateur 
de  Tabbaye  de  Lpngues,  en  1 1 68. 11  a  souscrit  à  plusieurs 
Chartres  de  cette  abbaye  (i  ).  Il  lui  donna  du  consente- 
ment de  Guillaume,  son  fils,  toute  la  portion  qu'il  avait 
dans  réglise  de  Marigny,  nihil  in  ed  terrent  juris  reti- 
nens,  et  obtint  à  ce  sujet  une  chartre  confirmative  de 
Henri  II,  évêque  de  Bayeux,  qu'il  accorda^  cum  Simon 
persona  ecclesiœ  de  Marignéîo,  eadem  ecclesia  in  manu 
Jordani  archidiaconi  nostri  resignata,  ad  sanotum  offi- 
cium  monasticœ  religionis  apud  Longas  se  contulisset . 
Les  témoins  de  la  donation  sont  :  Jourdain,  archidiacre 
de  Bayeux,  Gilbert  de  Longues,  prêtre,  Ranulphe  de 
Longues,  chevalier»  et  Geoffroy,  son  fils.  Dans  le  temps 
que  Reginald  de  Marigny  faisait  cette  donation,  Alvérède 

(i)  Car  t.  abb.  de  Long.,  p.  i  a  et  1 3,  fol.  verao. 


48 1 

de  Soligny  donna  aussi  à  Longues  Tautre  portion  de  la 
même  église  avec  l'approbation  et  le  consentement  de 
Raoul  d^Argouges,  son  gendre. 

Guillaume  de  Marigny,  chevalier,  seigneur  de 
Marigny,  donna  à  Pabbaye  de  Longues  deux  gerbes  de 
dîmes  sur  sa  terre  de  Marigny,  duos  garbas  decimœ  suce 
de  dominio  suo  carucarum  suarum  apud  Marigneïum. 
Témoins  :  Richard,  chapelain  de  Marigny,  messire 
Robert  d^ Arganchy,  messire  Guillaume  d'Englesqueville, 
Beaudouin  de  Longues,  Raoul  du  Mesnil  et  Nicolas 
son  neveu  (i). 

Enguerrand  (Ingranus)  de  Marigny,  chevalier,  fils  de 
Guillaume,  seigneur  de  Marigny,  confirme  la  donation 
faite  par  son  père,  et  dans  sa  chartre  il  détaille  les  terres  du 
domaine  de  son  père.  Il  fait  mention  entr^autres  de  neuf 
vergées  situées  proche  la  maison  de  Turstin  du  Mesnil. 
La  chartre  est  de  Tan  1223  (2). 

Geoffroy  de  Marigny,  écuyer,  seigneur  de  Marigny, 
paraît  à  la  suite  des  précédents.  Il  vendit  la  dîme  qu'il 
possédait  dans  la  paroisse  de  .Marigny  aux  religieux  de 
Longues  pour  la  somme  de  3oo  livres  tournois,  et  pour 
l'acquit  de  quelques  obits  qu^il  fonda  pour  lui  et  ses 
parents  dans  la  dite  abbaye.  Odon  de  Lorris,  évêque  de 
Bayeux,  approuva  et  ratifia  cette  vente  par  une  chartre 
donnée  au  mois  de  juin  1275. 

Meuvaine  (Saint-Manvieu  de).  Sergenterie  de  Gray, 
élection  de  Bayeux,  84  feux,  200  communiants,  notariat 
de  Ver. 

Cette  paroisse  est  sur  le  bord  de  la  mer,  à  2  lieues  de 

(i)  Cart.  abb.  de  Long.,  ut  sop.  et  p.  14. 

(a)  Cart.  abb.  de  Long.,  p.  58,  fol.  vers,  et  Sg. 

31 


482 

Bayeux.  L'^isc^  paroissiale  est  éloignée  de  la  mer  d^un 
quart  de  lieue.  Ecclesia  de  Mevena, 

Le  ruisseau  de  RouUecrotte  passe  devant  le  cimetière. 
Le  plus  grand  nombre  de  maisons  est  autour  de  Téglise, 
et  entr'autres  celles  du  seigneur.  Il  y  a  pourtant  deux 
petits  hameaux  ou  écarts  :  celui  du  Marais,  à  Torient,  du 
côté  de  Ver,  composé  de  9  à  10  maisons,  et  celui  des 
|loquettes  vers  Asnelles  qui  n'en  a  que  5  ou  6.  «Ces  deux 
villages  sont  séparés  par  une  garenne  et  un  marais,  qui, 
au  nord,  sont  bordés  par  la  mer.  Raoul  de  Juvigny,  par 
chartre  de  1206,  donna  aux  religieux  de  Tabbaye  de 
Longues,  la  dîme  de  tout  son  marais  de  Meuvaine,  in 
omnibus  exitibus  et  proventibus  et  omnibus  quœ  deci- 
mari  possunt  (i). 

Le  patronage  de  la  cure,  qui  en  i356  appartenait  à 
messire  Raoul  de  Malherbe,  fut  donné  peu  de  temps 
après  à  Pabbaye  de  Saint-Julien  de  Tours.  M.  Tévéque 
de  Bayeux  y  présente  aujourd'hui,  au  droit  de  cette 
abbaye,  depuis  Punion  de  la  manse  abbatiale  au  collège 
des  Jésuites  de  cette  ville  (2).  Ces  Pères  ont  les  deux  tien 
des  grosses  dîmes,  et  le  chapitre  de  Bayeux  a  Tautre  tiers, 
et  une  muaison  de  34  boisseaux  de  froment  à  prendre  sur 
les  deux  premiers  tiers.  Le  chapitre  tient  cette  dime  par 
un  échange  fait  en  1629  avec  messire  d'Angeanes  son 
évéque,  au  lieu  d'un  droit  qu'il  avait  dans  la  forêt  et 
paroisse  de  Neuilly,  et  celle  de  Lison.  Le  revenu  du  curé 
consiste  dans  la  grosse  et  menue  dîme  de  Maronnes, 
hameau  de  la  dépendance  de  Meuvaine,  dans  40  écus  qu'il 
a  à  prendre  sur  toute  la  dîme  de  Meuvaine,  et  1 2  livres  de 
rente  que  le  chapitre  lui  £ait  pour  des  aovales. 

(i)  Cartul.  abb.  de  Long.,  p.  46  et  47. 
(a)  Ex  manuscripto. 


483 

Cest  de  la  patrie  de  Marin  du  Viquet,  docteur  et  pro- 
fesseur en  médecine  et  recteur  de  TUniversité  de  Caen, 
vers  i55o.  Son  fils,  avocat-général  au  Parlement  de 
Rouen,  mourut  vers  1640.  ATarticle  de  Meuvaine,  dans 
un  compte-rendu  par  le  viconte  de  Bayeux,  en  i56o,  il 
est  dit  :  «  de  Jehan  de  Mauvoisin  pour  le  fief  de  Meu- 
vaine, pour  sa  dame  et  la  dame  de  La  Poterie,  pour 
5o  livres  tournois,  pour  ce  qu'ils  ont  été  acquis  par  Tho- 
mas et  Guillaume  dits  Longuet,  en  Tan  i5i4,  comme  il 
est  dit  sur  le  compte  de  Saint-Michel.  » 

Jean  Poncet,  curé  de  Meuvaine,  devînt  chanoine  de 
Merville  en  l'église  de  Bayeux  par  permutation.  La  colla- 
tion est  du  18  octobre  i5ot. 

M.  Phîlippes-Charles  de  La  Rivière  de  Meuvaine, 
prétre-curé  de  Fresné-sur-la-Mer,  frère  de  messire  Clé- 
ment de  La  Rivière,  chevalier,  haut  justicier  de  Meuvaine, 
fit  son  testament  le  i^  janvier  ijBi  (i),  par  lequel  il 
donna  :  i^  aux  obits  de  Frcsné  1,600  livres;  2«  aux  curé 
etobîtiers  d'Asnelles,  3oo  livres;  3»  aux  curé  et  obitiers  de 
Meuvaine,  600  livres;  4^'  à  la  paroisse  de  Meuvaine, 
5,000  livres  pour  fonder  à  perpétuité  deux  sœurs  de  La 
Providence,  pour  servir  de  maîtresses  d^écoles  dans  les 
paroisses  de  Meuvaine,  AsnellesetFresné;  5«  r,ooo  livres, 
dont  le  revenu  sera  employé  à  avoir  des  médecines  pour 
les  pauvres  ;  6*  enfin,  aux  curé  et  obitiers  de  Saînt-Ger- 
main-du-Crioult,  200  livres;  ces  sommes  sont  évaluées  à 
8,000  livres. 

Le  sieur  Crevel^  avocat  à  Caen,  un  des  légataires,  a 
affcaé  des  terres  en  sa  seigneurie  de  Creullet  pour  pajrer 
aux  susdits  donataires  la  somme  de  435  livres  de  rente 
foncière ,    c'est-à-dire   à    Saint  -  Germain  -  du  -  Crtoult , 

(i)  Ex  autographo. 


484 

10  livres;  à  Asnelles,  i5  livres;  à  Fresné,  80  livres;  à 
Meuvaine,  3o  livres;  aux  sœurs  de  La  Providence, 
25o  livres;  aux  habitants  de  Meu vaine  pour  les  méde- 
cines, 5o  livres.  Les  terres  affectées  de  la  sorte  ont  été 
prises  à  fieffé  par  la  veuve  Marie.  L^acte  en  a  été  passé  à 
Creullet  le  3o  de  novembre  1752. 

Le  hameau  de  Maronnes,  dépendant  de  Meuvaine,  est 
considérable,  et  situé  au  couchant  et  à  demi-lieue  de 
réglise.  Il  y  a  une  chapelle  de  Saint-Léonard  abbé, 
annexée  à  la  cure  de  Meuvaine.  Le  curé  est  obligé  d^y 
faire  dire  la  messe  dimanches  et  fêtes,  avant  sa  haute 
messe  paroissiale.  Un  procès  de  visite,  fait  en  1664, 
marque  qu'on  y  faisait  Teau  bénite,  que  son  trésor  était 
de  5o  livres  de  rente,  et  que  le  cimetière  des  Huguenots 
était  proche,  et  presque  point  distingué  de  celui  des  catho- 
liques. On  voit  à  peu  de  distance  de  cette  chapelle,  au 
pied  d^un  coteau,  une  très  belle  fontaine  qui  par  Tabon- 
dance  de  sa  source  fournit  de  grandes  commodités  aux 
habitants  des  environs.  Le  chapitre  de  Bayeux  y  avait  un 
trait  de  dîme;  mais  il  Ta  cédé  au  chapitre  pour  les  char- 
ges susdites. 

Rye  (Saint-Martin  de).  Ria,  sergenterie  de  Gray,  élec- 
tion de  Bayeux,  88  feux,  40a  habitants,  notariat  de 
Tracy. 

Cette  paroisse,  située  à  cinq  quarts  de  Bayeux,  autant 
du  bourg  de  Creully,  et  à  trois  quarts  de  lieue  de  la  mer, 
n^a  point  d^autre  rivière  que  le  ruisseau  de  Gronde  qui 
prend  sa  source  à  une  fontaine  proche  Téglise  de  Magny . 

11  est  appelé,  dans  les  vieux  titres  :  le  RueMe-Gronde.  Il 
va  se  perdre  à  la  mer  entre  Asnelles  et  Meuvaine.  Il  y  a 
aussi  près  d^une  masure  une  fontaine  dont  les  eaux  sont 
minérales. 


485 

On  y  compte  5  villages  ou  hameaux  :  Le  Moutier, 
Froide-Rûe,  La  Poté,  au  milieu  desquels  passe  le  ruis- 
seau de  Gronde,  les  autres  sont  :  Beauvais,  au  midi,  et 
Fontaine,  à  l'occident,  lequel  est  enclavé  dans  la  paroisse 
d'Arromanches.  Dans  ce  dernier  village,  il  n'y  a  que 
2  maisons  qui  dépendent  de  Rye,  et  2  autres  petites  mai- 
sons détachées  sur  le  bord  de  la  mer.  La  moitié  de  la 
paroisse  relève  de  la  juridiction  de  Saint-Gabriel,  Tautre 
moitié  de  celle  de  Bayeux. 

Le  coteau  qu'on  voit  au  nord  de  cette  paroisse  est 
appelé  Le  Mont-de-Rye.  Il  est  rempli  de  carrières. 
L'église  est  située  sur  le  penchant  de  ce  coteau  qu'on 
nomme  Le  Côtil^e-Saint-Martin.  Cette  église  est  obs- 
cure par  la  raison  qu'elle  ne  tire  du  jour  que  du  côté  du 
midi.  Elle  est  accompagnée  de  deux  bas-côtés,  et  de  deux 
chapelles,  qui  forment  la  croisée.  La  première  est  érigée 
en  l'honneur  de  la  Sainte-Vierge,  la  seconde,  en  l'hon- 
neur de  saint  André.  Cette  dernière  fut  cédée  par  les 
paroissiens  en  1628  à  Jacques  André,  écUyer,  sieur 
de  Sainte-Croix,  à  charge  par  lui  de  l'aumôner  et  de  la 
faire  réédifier^  ce  qui  a  été  fait.  La  nomination  du  chape- 
lain appartient  à  ses  représentants.  On  y  voit  son  mau- 
solée et  celui  de  noble  dame  Marie  Davot,  son  épouse. 

Il  y  a  deux  curés  qui  sont  à  la  présentation,  le  premier, 
de  l'abbé  de  Longues,  le  second,  de  l'abbé  de  Fécamp. 
Un  mémoire  imprimé  marque  que  l'église  du  fief  de 
Fécamp,  et  les  dîmes  qui  en  dépendent,  lui  furent  aumô- 
nées  par  Eudes,  fils  de  Geoffroy,  et  celle  de  Longues  avec 
ses  dîmes  et  son  fief,  par  Guillaume  Paisi^el  et  Eléonore 
sa  femme. 

Ce  qui  regarde  ici  l'abbaye  de  Longues  est  contredit 
par  le  cartulaire  même  de  cette  abbaye.  Il  confirme  plu- 


4M 

sieurs  Chartres  confirmatives  d^Henri  H,  évéque  de 
Bayeux,  dans  lesquelles  il  est  énoncé  que  noble  homme 
André  de  Vitry  donne  à  Longues  la  moitié  de  cette  partie 
qu^il  avait  à  droit  d'hérédité  sur  Téglise  de  Rie^  et 
il  confirme  en  outre  à  ses  religieux  la  demeure  de  Guil- 
laume Gautier,  que  Robert  son  père  leur  avait  aumône, 
ainsi  que  2  gerbes  de  dîmes  sur  le  fief  Banastre  et  du  Por- 
tier et  de  leurs  héritiers  (i).  Il  prit  pour  témoins  de  cette 
confirmation  :  Roger  son  chancelier,  Bernard  abbé  du 
Val,  Richard  prieur  du  Plessis,  Henri  chantre  de 
Bayeux,  Gilbert  chanoine,  et  autres.  Notre  évéque 
Henry  mourut  en  i2o5  ;  ainsi,  Tauteur  du  livre  Pelut  de 
l'évéché  s'est  trompé  quand  il  a  mis  cette  portion  de  la 
cure  de  Rie  à  la  nomination  de  Philippe  de  Méautis. 

On  trouve  dans  le  même  cartulaire  une  chartre  de 
Ranulphe  fils  de  Robert,  dans  lequel  le  donateur 
s'exprime  ainsi  (2)  :  ego  Ranulphus  filins  Roberti  post 
primam  decimationem  frugurn  et  fructuum  de  terra 
mea  pervenientium  quœ  generaliter  omnino  ecclesiœ 
singulis  annis  persolventur,  deliberavi  omnes  redditus 
meos  quos  habebam  apud  Riam  et  Amondevillam  [à  la 
marge  du  canulaire  il  y  a  pour  note  :  Amondevilla  est 
dit  appartenir  à  Bazen  ville],  iterum  decimare  de  il  la 
secundà  décima  totius  redditus  mei  de  Ria,  videlicet  et 
Amondevilla  dedi  et  concessi  medietatem  abbatial 
5^  Mariœ  de  Longis..,.  excepta  tantum  décima  porno- 
rum  meorum,..  his  testibus  Roberto  de  Boum^  Jeremla 
et  Roberto  sacerdotibus  de  Ria,  Roberto  clerico. 

Il  y  a  aussi  à  Rye  un  personaat  dit  :  Jehanaet,  dont  la 
présentation  alternative  appartient  à  M.  le  marquis  de 

(i)  Cartuh  abb.  de  Long.,  p.  10  et  35. 

(a)  Cartul.  abb.  de  Long.,  p.  1 1,  fol.,  vers,  et  p.  36. 


4»? 

Magnj,  seigneur  de  Rye,  et  à  M.  André^  écuyer,  sieur 
de  Sainte«Crbix. 

Les  religieux  de  Fécamp  perçoivent  la  moitié  des 
dîmes;  Tautre  moitié  est  recueillie,  un  tiers  par  Tabbé  de 
Longues,  un  tiers  par  le  curé  de  la  première  portion,  et 
Tautre  tiers  est  encore  subdivisé  en  trois  parts,  dont  la 
première  appartient  au  personnat,  les  deux  autres  aux 
Jésuites  de  Rouen,  de  sorte  que  les  religieux  de  Fécamp 
ont  la  moitié  du  total,  Pabbé  de  Longues  et  le  curé 
chacun  un  sixième,  les  Jésuites  un  neuvième,  et  le  per- 
sonnat  un  dixième. 

.  Les  religieux  de  Fécamp  ont  fieffé  une  paVtie  des  terres 
de  leur  fief,  à  charge  d'en  payer  une  dîme  par  un  boisseau 
de  grain,  dont  la  moitié  de  froment,  et  n^oitié  d^orge.  Ce 
■tènement  est  appelé  La  Vavassorie-de-Jeanninet  ;  les 
tenans  doivent  paraître  aux  plaids  de  leur  seigneur  pour 
cène  redevance. 

Le  fief  dominant  de  Rye  est  surnommé  de  Vitry.  Il 
relève  du  Roi  à  c^use  de  sa  châtellenie  de  Bayeux,  par  un 
huitième  de  hautber,  et  doit  au  domaine  du  Roi  un  muid 
d*orge  de  12  septiers,  estimés  144  boisseaux,  et  76  sous 
de  rente  au  terme  de  Pâques,  selon  Taveu  rendu  le  siècle 
dernier  par  noble  homme  Jacques  Blondel,  écuyer,  sei- 
gneur de  Rye.  Il  est  uni  à  présent  au  marquisat  de 
Magny,  et  la  moitié  de  la  paroisse  relève  de  sa  haute  jus- 
tice. 

L^histoire  nous  fournit  un  trait  remarquable  arrivé 
dans  cette  paroisse  et  qui  mérite  d'être  rapporté.  Cest  le 
service  important  que  Huître  ou  Hubert  de  Rye  rendit 
en  1046  à  Guillaume  duc  de  Normandie,  surnommé  Le 
Bâtard^  lors  de  la  conjuration  de  Guy  de  Bourgogne  (i), 

(i)  Chronique  de  Normandie^  p.  61  et  6a.  •—  Hist.  de  Dumoulin 
p.  137.  —  MASsevitUy  1. 1,  p.  175. 


488 

appujé  des  comtes  de  Bessin  et  du  G>tentin,  et  de  plu- 
sieurs seigneurs  de  ce  duché.  Obligé  pour  éviter  leur  noir 
dessein,  de  sortir  de  Valognes  la  nuit  et  à  demi-nu,  ce 
prince  passa  le  matin  par  Rye,  proche  Bayeux,  épuisé  de 
fatigue,  lui  et  son  cheval.  Il  fut  reconnu  par  Hubert,  sei- 
gneur du  lieu,  qui  le  fit  entrer  dans  son  château  pour 
prendre  un  peu  de  repos.  Il  est  dit  dans  une  vieille  chro- 
nique manuscrite  que  ce  Hubert  fit  ensuite  conduire  et 
escorter  le  duc  Guillaume,  son  seigneur  et  son  parent, 
jusqu^à  Falaise,  par  ses  trois  fils,  ce  qui  lui  sauva  la  vie 
et  son  duché.  On  voit  encore  au  milieu  de  la  paroisse 
une  place  qui  se  nomme  Le  Château-Briand,  que  Ton 
dit  avoir  été  la  demeure  de  ce  seigneur  de  Rye. 

Geoffroy  de  Rye,  un  de  ses  fils,  suivit  en  1096  le  duc 
Guillaume  à  la  conquête  d^ Angleterre  (i).  Robert,  autre 
fils  de  Hubert,  fut  nommé  évéque  de  Séez  en  1070, 
Yvone  Sagiensium  prœsule  de/uncto  ,  Robertus 
Huberti  de  Ryafilius  successit,  qui /ère  duodecim  annis 
prœlatus  prcefuit,  et  ipse  circa  Dei  cultum  fervens, 
religiosos  tnultum  dilexit. 

On  tient  que  la  maison  de  Quesnel  descend  de  ce 
Hubert  de  Rye  ;  car  de  Geoffroy,  son  fils,  dit-on,  est  des- 
cendu Richard,  qui  épousa  Gertrudede  Molines,  enterrée 
à  Rouen  dans  la  chapelle  de  Saint-Romain  où  Richard 
était  peint  armé  à  Pantique,  avec  une  dame  à  genoux  à 
ses  côtés,  et  un  écu  de  gueules  à  trois  quinte  feuilles 
d^hermines,  qui  sont  les  armes  de  la  maison  du  Quesnel, 
avec  cette  légende  ou  inscription  :  Miles  Richardus 
Quesnel  filius  Godifredi^  et  ejus  uxor  Gertrud.  de 
Molines,  anno  1140  (2). 


(i)  Ord.  Vitalis,  lib.  IV,  p.  5ao. 
(a)  Dict.  de  Moreri,  au  mot  O. 


489 

Sainte-Croix^sur-la-Afer  (rExaltation  de).  Sergen- 
terie  de  Gray,  élection  de  Bayeux,  38  feux,  notariat  de 
Ver. 

Cette  paroisse,  privée  de  la  commodité  d^une  rivière,  est 
dite  :  sur  la  mer,  non  pas  qu'elle  y  soit  précisément, 
puisque  Gray  est  entre  deux;  mais  c^est  pour  la  distin- 
guer de  Sainte-Croix-Grand^tonne,  située  au  devenue  de 
Maltot. 

On  assure  que  cMtait  originairement  une  annexe  de 
Gray.  Si  la  chose  est  ainsi,  il  faut  qu^il  y  ait  longtemps, 
car  un  titre  de  1 242  en  fait  mention  comme  d'une  paroisse 
qui  a  ses  paroissiens  et  son  curé  (i).  Le  livre  Pelut  de 
révéché  rappelle  :  Ecclesia  S*^  Crucis^  et  met  la  cure  à 
la  nomination  du  prieur  de  Sainte-Barbe,  auquel  elle 
appartient  encore.  Les  dîmes  sont  perçues  par  le  chapitre 
de  Bayeux,  par  les  religieux  de  Saint-Vigor,  et  par  le  cha- 
pelain de  Saint-Thomas  en  la  cathédrale  de  Bayeux. 

Sainte-Croix  est  à  3  lieues  de  Bayeux,  et  à  trois  quarts 
quarts  de  lieue  du  bourg  de  Creully.  Sa  seigneurie  rele- 
vant de  celle  de  Gray,  a  été  possédée  par  une  branche  de 
la  maison  de  Patry.  Messire  de  Bourges,  archidiacre  de 
Bayeux,  Tacheta  par  décret  vers  1624.  Elle  fut  depuis 
revendue  à  messire  de  La  Champagne.  Elle  passa  ensuite 
à  messire  Maheust  de  Sainte^Croix.  Jacques  Maheust, 
seigneur  et  patron  de  Sainte-Croix-sur-la-Mer,  proviseur 
du  collège  du  Bois,  enterré  le  1 5  septembre  1 745,  à  Saint- 
Sauveur  de  Caen.  Enfin  elle  est  échue,  au  droit  de  leurs 
femmes  héritières  de  MM.  de  Sainte-Croix,  à  messire 
Héroust  du  Moustier,  conseiller  au  présidial  de  Caen,  et 
Jean  Des  Fontenelles,  docteur  en  médecine  à  Bayeux.  La 
portion  de  messire  du  Moustier  a  été  vendue  en  iSjS, 

(i)  Neust,  piaf  p.  907. 


490 

par  soh  fils  aine  à  M.    Hu€,    seigneur  de  Carptqoet. 
(Relève  de  la  haute  fustice  de  Saint-Gabriel)  (  i ). 

Outre  la  seigneurie,  il  y  a  encore  à  Sainte-Croix  le  fiei 
de  Pierrcfite,  qui  fut  à  M.  de  Blajs;  le  fief  d'Ivrande, 
qui  fut  à  noble  homme  Anne  du  Châtel;  et  une  vavas* 
«orie  dépendante  du  fief  de  Banville.  Le  prieuré  de  Saint- 
Vigor  7  possède  aussi,  au  droit  du  prieuré  de  Saint- 
Gabriel,  le  fief  appelé  la  baronnie  de  Sainte-Croix. 

Saint'Gabriel  (Saint-*Thomas-de-Cantorbéry  de).  Ser- 
/genterie  de  Creully,  élection  de  Caen,  40  feux,  1 3o  com- 
muniants, notariat  de  Creully. 

Cette  paroisse,  située  sur  la  rivière  de  Seulle,  est  à  un 
quart  de  lieue  du  bourg  de  Creully  et  à  2  lieues  de 
Bayeux.  Elle  dépend,  unt  au  spirituel  qu'au  temporel, 
de  Tabbaye  de  Fécamp.  Le  prieur  et  les  religieux  de  cette 
abbaye  nomment  de  plein  droit  à  la  cure^  et  en  perçoivent 
les  dîmes.  Ils  en  sont  les  seigneurs,  dit-on,  et  y  ont  une 
haute  justice,  membre  de  celle  d^Argoaces,  qui  est  exercée 
de  1 5  jours  en  1 5  jours,  et  qui  relève  nuement  du  parle- 
ment de  Rouen.  Le  juge  souverain  se  qualifie  :  baiUy 
vicomtal,  conservateur  et  garde-sceau  de  la  haute-justice 
d^Argences  et  de  Saint-Gabriel.  Il  y  a  une  foire  qui  se 
tient  le  jour  de  Saint-Gabriel,  t6  d*octobre,  dont  Tabbaye 
de  Fécamp  perçoit  les  droits.  ElUe  consiste  principale- 
ment en  moutons.  La  haute-justice  commence  le  propre 
jour  de  la  foire.  Le  fief  de  Saint-Gabriel  est  occupé  par 
les  religieux  de  Fécamp.  Ils  ont  droit  de  fournir  plusieurs 
personnes  pour  garder  la  foire.  '; 

Les  fermes  détachées  sont  :  la  ferm^  des  Mares,  proche 
la  rivière,  et  la  ferme  de  La  Rufinière,  jouxte  la  paroisse 

(i)  Déclaration  des  fiefs  de  la  vicomte  de  Bayeux. 


491 

de  Brécy,  deux  moulins  à  eau,  Tun  surnommé  de  Saint- 
Gabriel,  pour  le  prieuré  de  Saint-Gabriel,  et  l'autre  appdé 
Creully  pour  messire  de  La  Basoque,  et  une  commune 
où  chaque  particulier  de  cette  paroisse  a  droit. 

Il  y  avait  à  Saint-Gabriel  un  prieuré  claustral  très 
ancien  qui  subsistait  dès  le  commencement  du  xi«  siècle. 
Anchetil,  sire  de  Harcourt,  vivant  en  1027,  témoigna  sa 
piété  et  sa  magnificence  envers  ce  prieuré,  lui  confirmant 
de  grands  biens  assis  à  Montaigu  et  ailleurs  (i).  Il  fut 
uni  quelques  années  après  à  Tabbaye  de  Fécamp  {2). 
Anno  loSSy  facta  est  donatio  SanctuGabrielis.  U 
avait  un  prieur  titulaire.  Nicolas,  prieur  de  Saint- 
Gabriel,  fut  nommé  commissaire  en  1 106  par  l'abbé  de 
Fécamp.  Un  état  de  1664  marque  que  la  nef  de  ce 
prieuré  est  ruinée  depuis  longtemps,  et  que  les  vestiges 
qui  paraissaient,  faisaient  connaître  que  ça  a  été  autrefois 
une  fort  belle  église;  il  ne  reste  plus,  est-il  dit,  que  le 
chœur  en  intégrité  avec  les  deux  grandes  chapeUes  étant 
au^  côtés  en  forme  de  croix  (3). 

VoTi  a  séparé  Tune  de  ces  chapelles  par  une  muraille, 
dont  le  fermier  du  prieuré  se  sert  comme  d^une  grange 
pour  mettre  ses  blés.  Il  y  avait  autrefois  des  religieux  de 
Saint-Benoit,  mais  à  présent  il  n^y  a  que  2  chapelains 
qui  y  résident. 

L'élise  ou  chapelle  de  ce  prieuré  a  3  autels,  dont  le 
maitre-autel  a  pour  tableau  une  Annonciation.  Cette 
chapelle  composée  d^un  sanctuaire,  d^une  petite  nef  et  de 
deux  bas-côtés,  a  en  tout  5i  pieds  de  longueur  sur  5i  et 
demi  de  largeur.  Le  sanctuaire  est  éclairé  de  3  croiaées. 


(i)  HUt.  Harc,  1. 1,  préfoce,  p.  9. 

(a)  Chron.  Fiscan.  apud  biblio.,  P.  Labbé,  1. 1,  p.  SaÔ. 

(3)  Ex  manuscripto  secretariœ  episcopalis. 


«a 

et  la  nef  et  les  bas-côtés  de  6.   Les  charges  de   cette 
chapelle  sont  de  3  messes  basses  par  semaine  (  i  ). 

Il  7  avait  à  rentrée  et  des  deux  côtés  de  la  chapelle 
d^anciens  bâtiments  et  arcades  qui  paraissaient  avoir  été 
construits  à  dessein  de  former  une  nef  à  cette  chapelle. 
Ces  bâtiments  consistaient  en  un  croizillon  de  90  pieds  de* 
largeur  sur  3o  de  longueur.  Sur  le  milieu^  étaient 
d'anciens  murs  crevassés  qui  semblaient  avoir  servi  à  une 
tour.  Le  reste  avait  60  pieds  du  côté  du  midi,  sur 
laquelle  longueur  se  trouvaient  4  arcades  qui  donnaient 
entrée  à  un  bas  côté.  Le  mur  en  ruine  avait  90  pieds  de 
longueur^  et  du  côté  du  nord  27  pieds  en  2  arcades.  Les 
murs  de  la  tour  avaient  90  pieds  de  haut  et  les  autres  5j. 
La  hef  avait  de  largeur  25  pieds,  et  le  bas-côté  ci-dessus 
1 3  pieds. 

Par  permission  de  M.  de  Luynes,  évoque  de  Bayeux, 
donnée  eh  1748,  le  titulaire  de  cette  chapelle  fut  autorisé 
à  abattre  tous  ces  murs  et  anciens  bâtiments,  et  ce,  après 
les  procédures  et  toutes  les  formalités  requises. 

Ce  prieuré  étant  tombé  en  ruines  par  le  laps  des  temps 
et  le  malheur  des  guerres,  la  conventualité  en  fut  trans- 
férée au  prieuré  de  Saînt-Vigor,  près  Bayeux,  par  décret 
de  l'ordinaire,  le  9  juin  1674,  avec  les  offices  et  fonda- 
tions, pour  Pacquit  desquels  il  jouit  du  tiers  du  revenu  ; 
le  reste  demeura  à  l'abbaye  de  Fécamp  (2).  Il  n^y  a  plus 
qu'une  chapelle  dont  le  titulaire  est  obligé  à  un  messe 
basse  les  dimanches  et  deux  fois  par  semaine. 

Chartre  par  laquelle  le  roi  Philippe-Le-Long  disposa 
des  fiefs  de  Fresnay  et  de  Saint-Gabriel,  à  lui  échus  par 
la  forfaiture  de  Baudouin  Wat,  en  faveur  de  Robert  des 

(i)  Procès-verbal  dressé  en  1748. 
(a)  Reg.  de  l'évéché. 


493 

Moustiers,  écuyer,  et  qui  est  en  date  de  Pan  i3i8«  le 
dimanche  après  la  fête  de  Saint-Grégoire,  les  dits  deux 
fiefs  de  Saint-Gabriel  et  de  Fresnay  passés  par  succession 
du  dit  Raoul  Pèlerin  ès-maisons  de  Bricqueville  et  de 
Vierville,  et  enfin  de  celle  d^Harcoun  par  les  alliances 
contractées  entr^elles  (i). 

Ancien  registre  qui  contient  deux  aveux  rendus  du 
fief  et  seigneurie  de  Saint-Gabriel  :  Tun  par  Richard  de 
Beuzeville^  chanoine  de  fiayeux,  le  1 2  de  septembre  1406, 
Tautre  rendu  par  Raoul  Pèlerin,  écuyer,  seigneur  de 
Sainte-Croix-Grand-Tonne,  le  23  septembre  141 3|  au 
dénombrement  du  bailliage  de  Caen. 

Lors  du  traité  de  mariage  signé  le  i3  mars  1473, 
reconnu  le  7  juin  1474  devant  les  tabellions  de  Caen, 
entre  messire  Arthur  de  Vierville,  baron  de  CreuUy,  et 
demoiselle  Jaqueline  de  Bricqueville,  leur  furent  pro- 
mis par  Guillaume  de  Bricqueville,  seigneur  de  Laune 
et  de  Coulombières,  Raoul  Pèlerin,  seigneur  de  Sainte- 
Croix,  et  Guillemette  Pèlerin,  femme  du  seigneur  de  Cou- 
lombières  :  les  fiefs  d^Escoville,  de  Bosroger,  de  Rupierre, 
de  Bretteville,  de  Beneauville  et  de  Sainti-Gabriel,  tous 
assis  au  diocèse  de  Bayeux,  ensemble  les  patronages  et 
domaines  de  leurs  dépendances  (2). 

Jacqueline  de  Bricqueville,  dame  et  baronne  de 
CreuUy  était  dqme  de  Saint-Gabriel,  représentant  à  cause 
de  cette  terre  les  fondateurs  du  prieuré  conventuel  de 
Saint-Gabriel,  membre  de  l'abbaye  de  Fécamp.  Elle  eut 
pour  filles  :  Marie  et  Jacqueline  de  Vierville,  mariées  à 
Jean  de  Sillans,  seigneur  d'Hermanville,  et  à  Charles 
d^Harcourt,  baron  de  Beuvron  et  de  Beaufou,  qui  parta- 
geaient en  i5o9. 

(i)  Hist.  Harc.,  t.  IV,  p.  i8io. 

(a)  Hist,  Harc.j  t.  II,  p.  io58  et  suivantes.  ' 


«4 

Autres  lots  faits  et  présentés  le  a  3  février  1 526,  et  homo- 
logués au  parlement  de  Normandie  le  1 2  avril  suivant, 
par  rapport  à  la  succession  de  Jacqueline  de  Bricqueville, 
entre  Marie  de  Vierville  et  ses  neveux  :  François 
d'^Harcourt,  baron  de  Beuvron,  Jacques  d'Harcourt, 
baron  de  La  Motte,  abbé  de  Belle-Étoile,  et  Charles 
d^Harcourt,  seigneur  de  Bailleul  (i). 

Le  fief,  terre  et  seigneurie  de  Saint-Gabriel  et  Fresné- 
le-Croteur,  fief  entier,  fut  mis  dans  le  premier  lot,  avec 
les  maisons,  cour,  manoir,  jardin,  terres  labourables  et 
non  labourables,  prés,  bois,  pâturages,  etc.  Il  tomba 
dans  le  partage  de  noble  homme  Jacques  d^Harcourt, 
abbé  commandataire  de  Belle-Étoile,  puisque  dans  an 
contrat  d^échange  passé  depuis,  il  prend  le  titre  de  sei- 
gneur de  Saint-Gabriel  et  de  Fresné  {2). 

Saif^-Germain^de^la-Lieue.  Banlieue  de  Bajtnx, 
élection  du  même  lieu,  5o  feux,  notariat  de  Bayeux. 

Cette  paroisse,  dont  il  y  en  a  plusieurs  du  même  nom 
dans  le  diocèse,  est  surnommée  :  de  La  Lieue,  parce 
qu^eile  n'est  qu'à  une  petite  lieue  de  Bayeux,  sur  la  grande 
route  de  Caen.  Son  église,  située  sur  le  bord  du  grand 
chemin,  est  très  bien  décorée.  Elle  doit  ses  embellisse- 
ments à  GuilIaum^-Étienne  Sohard,  seigneur  et  patron 
de  Saint-Germain,  mort  sans  postérité  If  5  septembre 
1747.  Outre  le  maître  autel,  la  croix  du  cimetière,  et 
plusieurs  autres  ornements,  il  donna  peu  de  temps  avant 
sa  mort. le  lambris  de  la  nef  et  les  deux  autels  qui  sont  à 
rentrée  du  chœur. 

Saint-Germain  est  le  titre  d'une  des  prébendes  de  la 
cathédrale  de  Bayeux.  Le  chanoine  est  collateur  de  la 

(1)  Hist.  Harcy  t.  II,  p.  1809. 

(2)  Hist,  Harc,  t.  III,  p.  91  i-^ia  et  1044. 


495 

cure,  et  a  toutes  les  dîmes  sur  lesquelles  il  paye  pension 
congrue  au  curé.  Il  a  encore  voix  délibérative  à  rékction 
du  chapelain  de  Bussy,  mais  le  seigneur  temporel  est 
patron  de  la  cure;  le  chanoine  de  Saint-Germain  est 
patron  coUateur  des  bénéfices  de  Saint-Jean,  et  de  Notre- 
Dame-de-La-Potberie  de  Bayeux.  Il  a,  4  livres  à  prendre 
sur  la  dîme  de  la  dernière,  il  a  aussi  droit  de  visite  dans 
la  maladrerie  de  Saint-Eustache,  ainsi  qu'il  fût  reconnu 
en  1390.  Cette  maladrerie  était  située  à  La  Potherie; 
elle  ne  subsiste  plus  depuis  longtemps.  Son  6ef  de  Saint- 
Germain  est  assis  dans  la  paroisse  de  Saint-Jefta-des- 
Essartiers,  vicomte  de  Thorigny.  De  ce  fief  dépendent 
et  relèvent  les  fiefs  d*Arganchy,  sis  es  paroisses  des  Essar- 
tiers,  des  Loges,  et  de  Cahagnes;  de  Beauval  au  dît  lieu 
des  Essartiers,  et  de  Bonnet  à  Cahagnes. 

Le  hameau  de  Bussy  est  du  territoire  de  Saint-Ger- 
nxain.  Le  fief  appartient  à  M.  Godard,  éouyer,  seigneur 
de  Bussy,  fils  du  seigneur  Godard  d^lsigny.  Heu  tenant- 
général  au  bailliage  de  Bayeux.  Il  y  a  une  chapelle  titu- 
laire de  Saint-Jacques^  od  quelques  paroisses  de  cette  ville 
vQi>t  une  fois  raunée  chanter  la  messe.  Le  cbapelaift  est 
tenu  à  la  dire  tous  les  dimanches  et  fêtes.  U  est  élu  par 
voie  de  délibération.  i.es  chanoines  de  Saint-Germain  et 
de  PézeroUes,  et  le  curé  de  Saint-Gecmaîn  y  ont  voix.  Le 
chanoine  de  PézeroUes  a  encofe  droit  de  visite  »ir  la 
chapelle. 

La  seigneurie  de  Saint-Germain  relève  de  la  châtellenie 
de  Beaumont-le-Richard,  sans  rente  ni  devoir,  comme  il 
paraît  par  Taveu  qu'en  rendit  le  5  mars  iSgi,  Regnauld 
de  Dreux,  chevalier,  seigneur  de  Saint-<Germain,  à  Henri 
de  Hottot,  écuyer,  seigneur-châtelain  de  Beaumont  (i). 

(i)  Invent,  des  titres  de  la  châtel.  de  Beaum.,  ch.  IIU 


49^ 

Guillaume  Pèlerin,  écuyer,  seigneur  de  Saint-Gennain- 
de-la-Lieue,  épousa,  par  contrat  du  8  avril  1496,  Philip- 
pine de  NoUent,  fille  de  Gilles,  seigneur  de  Saint- 
Contest  (2). 

Jean  de  Preullay,  écuyer,  rendit  pareillement  son  aveu 
le  6  décembre  iSS^,,  déclarant  que  Jean  de  Pantou, 
écuyer,  seigneur  de  Saint-Vigor-des-Mézetets  tient  la 
moitié  du  quart  de  fief  de  Saint-Germain,  à  cause  de  sa 
femme,  fille  puînée  de  Guillaume  Delevin  (?)  (peut-être  : 
Le  Devin),  écuyer;  Guillaume  de  Preullay  rendit  aveu  le 
3  juillet  1 595  pour  le  dit  quart  de  fief,  dont  les  héritiers 
de  Guillaume  Fresnel  en  tiennent  la  moitié  de  lui  comme 
étant  le  parage  fini  (3). 

Depuis,  Joachim  de  Grimouville,  écuyer,  seigneur  de 
Vaussieu,  rendit  aveu  le  26  juin  1606,  pour  lui  et  demoi- 
selle Gabrielle  Troussey  sa  femme,  à  cause  du  fief  de  Saint- 
Germain,  par  un  quart  de  fief  de  chevalier,  déclarant 
ravoir  partagé  avec  ses  cohéritiers,  lesquels  relèvent  en 
parage  de  lui;  et  relève  du  dit  fief  de  Saint-Germain  un 
autre  quan  de  fief  appartenant  aux  héritiers  de  Louis 
Fresnel,  sieur  de  Cresserons,  auquel  il  y  a  juridiction  et 
gaige^pleigc. 

Autre  aveu  du  dit  fief  de  Saint-Germain  par  Etienne 
Suhardi  le  11  décembre  1671.  II  pouvait  être  fils  de 
M.  Pierre  Suhard,  écuyer,  seigneur  de  Saint-Germain, 
lieutenant-général  au  bailliage  de  Bayeux  en  1670.  Guil- 
laume-Etienne Suhard,  écuyer,  seigneur  et  patron  de 
Saint-Germain  étant  mort  sans  postérité  le  5  septembre 
1747,  ^-  Tabbé  Suhard  de  Loucelles  et  autres  héritiers 
vendirent  cette  terre  Tannée  suivante  à  Louis  de  Bailleul 

(1)  Hist.  Harc,  t.  I,  p.  973. 

(2)  Inventaire  de  Beaùmont. 


497 

de  Blary,  chevalier  de  Tordre  militaire  de  Saint-Louis, 
ci-devant  mousquetaire  de  la  garde  du  roi. 

Sa  famille  était  de  Bayeux.  Richard  Le  Bailleul,  sei- 
gneur de  Valdery  fut  père  :  i®  de  Pierre  qui  suit;  2»  de 
Jean,  sieur  des  Castelets;  3»  de  Jacqueline,  mariée  en 
premières  noces,  le  1 7  janvier  16 1 7,  à  David  Hébert,  sieur 
de  Monfay,  avocat  à  Bayeux,  et  en  secondes  noces,  le 
i3  février  1620,  à  Richard  Le  Fèvre,  avocat. 

Pierre  de  Bailleul,  sieur  de  Valdery,  conseiller  du  roi, 
lieutenant  en  l'élection  de  Bayeux,  mort  le  7  d'avril  1637, 
est  enterré  dans  l'église  de  Saint-Martin;  de  son  mariage 
avec  Marie  Hermerel,  il  laissa  :  i»  Guillaume,  qui  suit; 
2?  Françoise,  décédée  le  21  mars  i652  et  enterrée  aux 
Augûstins,  auxquels  elle  donna  le  tableau  de  sa  patronne 
qu'on  voit  dans  le  chœur. 

Guillaume  Le  Bailleul,  sieur  des  Valderys,  conseiller- 
assesseur  au  bailliage  et  vicomte  de  Bayeux,  mort  le 
24  avril  1679,  âgé  de  42  ans,  et  enterré  en  Téglise  de 
Saint-Malo  de  Bayeux. 

François  de  Bailleul,  seigneur  et  patron  de  Saint- 
Étienne-de-Rouveray,  sieur  de  Valderys,  de  Blarie,  pro- 
cureur du  roi  en  la  ville  de  Rouen,  fut  père  par  noble 
dame  Louise  de  Fontaines,  son  épouse  :  i^  de  Louis 
François,  mort  sans  alliance  ;  2»  Louis  qui  suit  ;  3»  Guil- 
laume-Michel, prêtre,  chanoine  de  Gavrus,  officiai*  du 
chapitre  de  Bayeux,  et  vicaire  général  de  M.  l'évéque  de 
Lisieuxpour  l'exemption  de  Nonant,  décédé  le  10  janvier 
1759; — 40  Louise-Françoise,  mariée  à  M.  du  Castel- 
Fréard,  ou  Férard,  receveur  du  domaine;  —  5»  Margue- 
rite-Suzanne, morte  sans  alliance. 

Louis  de  Bailleul,  seigneur  et  patron  de  Saint-Étienne- 
du-Rouvray,  fut  annobli  pour  services  en  1745,  et  revînt 
à  Bayeux  en  1 747.  Il  avait  servi  avec  honneur  dans  les 

32 


49» 

guerres  que  nous  eûmes  en  1784  contre  Fempereur 
Charles  VI,  et  en  1740  contre Timpératrice  reine  d^Hon- 
grie  et  ses  alliés.  Il  fut  blessé  au  combat  d^Ettingen  en 
1 745.  Ses  armes  sont  :  partie  d^hermtnes  et  de  gueules  à 
2  épées  d'or  à  poignées  d*argent  posées  en  sautoir  sur 
le  tout.  Il  épousa,  le  1 1  novembre  1 749,  M«^  de  L'Espinay- 
Roger,  fille  unique  de  M.  de  UEspinay,  lieutenant-^géné- 
rai  de  police  à  Bayeux,  petite-fille  de  Michel  Roger  de 
L'Espinay,  lieutenant  de  M.  le  vicomte  de  Bayeux, 
et  de  demoiselle  Jeanne  de  Bailleul  ;  il  mourut  subite- 
ment  en  1 755,  à  sa  terre  de  Saint-Germain,  et  son  épouse 
en  1758. 

La  paroisse  de  Saint-Germain  a  été  augmentée  par 
celle  de  Saint-Germain-des-Entrées,  qui  lut  fut  réunie 
quant  au  spirituel  en  1742.  Comme  elle  était  de  très 
petite  étendue,  n'étant  composée  que  de  40  à  5o  per- 
sonnes, et  d'un  très  petit  revenu,  qui  ne  se  monte  qu^à 
100  livres  de  rente  ou  environ,  M.  TÉvéque,  du  consen-* 
tement  de  son  chapitre,  et  du  chanoine  de  Saint-Marân, 
patron  collateur,  qui  abandonna  alors  la  perception  des 
dîmes,  et  malgré  l'opposition  de  quelques  paroissiens,  en 
supprima  le  titre  et  office  par  décret  du  M^  janvier  1742, 
ou  plutôt  les  transféra  à  la  paroisse  de  Saint-Germain, 
où  la  fête  de  Saint-Martin  est  célébrée  comme  fite  de 
second  patron,  le  dimanche  le  plus  proche  et  non  empê-. 
ché  que  se  trouvera  la  dite  fête.  Par  ce  décret,  l'église 
doit  être  démolie,  à  cause  de  sa  vétusté,  et  la  croix  de 
pierre  qui  est  dans  le  cimetière  doit  être  mise  à  la  place 
du  maitre-autel  après  sa  démolition.  A  quelque  distance 
tie  l'église  Saint-Martin,  est  une  ancienne  chapelle  située 
au  bord  du  grand  chemin,  et  qui  ne  sert  plus  qu'à  des 
us$ige^  profanes.  Une  pierre  placée  au-dessus  de  la  porte. 


499 

marque  qu'elle  est  de  Tannée  1438,  et  dédiée  sous  Tinvo- 
cation  de  sainte  Catherine. 

Saint-Martin-des-Entrées  donne  son  nom  à  une  pré- 
bende de  la  cathédrale  de  Bayeux.  Son  fief  est  assis  es 
paroisses  de  Saint-Martin,  de  Ranchy  et  de  Canchy, 
vicomte  de  Bayeux.  Le  chanoine  est  patron  coUateur  de 
la  cure  de  Saint-Martin  de  Bayeux,  comme  il  Pétait  de 
celle-ci  ayant  sa  réunion.  Il  avait  la  dîme  de  cette  pa- 
roisse; il  Fa  cédée  au  curé  de  Saint-Germain  lors  de  sa 
réunion.  Il  y  a  à  Saint-Martin  une  maison,  cour,  jardin, 
et  20  acres  de  terre,  plus  un  acre  et  4  pièces  ou  courts- 
sillons  à  Canchy,  la  quinzième  gerbe  des  grosses  dîmes, 
et  la  dixième  des  menues  et  verdages  dans  celle  de 
Ranchy. 


Saint'Sulpice  appelé  communément  Saint-Suplix, 
banlieue  et  élection  de  Bayeux,  24  feux,  70  commu- 
niants, notariat  de  Bayeux. 

Cette  paroisse  n'est  pas  de  grande  étendue;  la  cure  est 
à  la  nomination  du  prieur  et  des  religieux  de  Saint- Vigor 
prés  Bayeux,  lesquels  possèdent  les  dîmes  en  intégrité. 
Le  grand-doyen  de  la  cathédrale  de  Bayeux  en  donne  la 
collation,  et  en  a  le  déport  avec  droit  de  visite.  Il  y  a  3 
fiefs  nobles  :  le  premier  dit  le  iSef  de  Saint-Suplix  ou  de 
Maillot,  relevant  de  la  châtellenie  de  Bayeux  par  un 
quart  d'hautber.  Les  autres  appartiennent  à  M.  PÉvéque 
de  Bayeux  et  au  prieuré  de  Saint- Vigor.  M.  le  marquis 
de  Magny  est  seigneur  honoraire  de  Saint-Suplix  par 
l'acquisition  qu'il  a  faite  du  sieur  François  Vimard,  curé 
de  Saint- Martin  de  Bayeux,  qui  en  avait  hérité  de 
M.  Suhard,  écuyer,  s'  de  Vaux,  son  oncle.  Elle  est  à  trois 
quarts  de  lieue  de  Bayeux. 


50O 

Saint'  Vigor-le-Grand.  Banlieue  et  élection  de  Bayeux, 
i5o  feux,  25o  communiants,  notariat  de  Bayeux.. 

Cette  paroisse,  d^une  assez  grande  étendue,  est  en  par- 
tie dans  la  banlieue  de  Bayeux.  Les  hameaux  ou  écarts 
de  Pouligny,  de  Caugy,  de  Recouvry  et  de  La  Rivière  en 
dépendent,  mais  ils  sont  au-delà  de  la  banlieue.  Elle  est 
située  à  la  porte  et  à  Porient  de  Bayeux,  à  demi-quart  de 
lieue  du  centre  de  la  ville. 

Ce  lieu,  un  des  plus  anciens  du  diocèse,  n'était  pas 
moins  célèbre  dans  le  paganisme  par  son  temple  et  son 
académie  de  druides,  qu^il  Ta  été  depuis  par  son  prieuré, 
et  la  quantité  dMglises  qui  y  furent  bâties  lors  de  réta- 
blissement du  christianisme.  Le  temple  était  situé  au 
milieu  d^un  bois  de  chênes,  sur  une  colline  qu^on  appe- 
lait dans  ce  temps-là  le  Mont-Phaunus,  et  qui  fut  nommé 
depuis  Mont*Chrismal,  ou  mont  des  églises.  On  prétend 
qu^il  y  avait  aussi  une  célèbre  académie  de  druides  qui 
formaient  leurs  élèves  dans  les  sciences,  et  serait-ce  trop 
risquer  de  dire  que  c'est  de  ce  collège  dont  Jules-César  a 
parlé  dans  ses  Commentaires,  et  qu^il  dit  être  situé  de  son 
temps  dans  les  Armoriques  ?  Il  est  constant  au  moins 
que  ce  collège  subsistait  <$ncore  au  commencement  du 
iv«  siècle. 

Le  temple  subsista  plus  longtemps.  On  y  adorait 
encore,  dans  le  v«  siècle,  une  statue  de  pierre  qui  repré- 
sentait une  femme,  ainsi  que  nous  l'apprenons  des  aaes 
de  saint  Vigor,  évéque  de  Bayeux.  Ce  saint  évéque  ne 
put  souffrir  un  tel  scandale  si  proche  de  sa  ville  épisco- 
pale.  Ne  pouvant  obtenir  par  prières  ou  par  menaces  la 
destruction  de  ce  lieu,  il  eut  recours  à  Tautorité  royale. 
Le  roi  Childebert,  à  la  prière  de  ce  saint,  le  lui  céda  avec 
tout  le  domaine  qui  en  dépendait,  et  qui  était  du  fisc  de 
ce  prince  ;  de  sorte  qu^on  emporta  par  autorité  ce  qu^on 


501 

a^avait  pu  obtenir  de  gré,  et  tout  fut  uni  à  la  manse  de 
révéchéde  Bayeux.  On  fixe  cette  époque  vers  Tannée  556. 

Quand  saint  Vigor  eut  détruit  ce  temple^  il  bâtit  à  sa 
place  une  chapelle  sous  Pinvocation  de  Saint-Pierre  et  de 
Saint-Paul,  et  plusieurs  autres  églises  dans  les  environs. 
Cenalis  lui  en  attribue  quatre  (i).  «  Visitur^  dit-il, 
quatuor  templorum  structura  apud  Montent  Chrisma-- 
tum  ai  divo  Vigore  prœsule  eà  loco  compaginata.  Pa- 
nagion  unum^  seu  Omnium  Sanctorum,  nunc  divi  Flo- 
celli  :  venerandœ  Crucis  alterum  :  tertium  divo 
Reverentio  :  quartum  Mariœ  Egyptiacœ  nomini  ac 
numini  addictum  :  illic  cernitur  campus  floridus  divi 
Gereboldi  interventu  in  média  hyeme  virore  iilustratus, 
Cernitur  et  Gereboldina  petra,  cui  innixus  quievit, 
vulgà  :  Le  Perron  de  Saint  Gerbold.  » 

L^église  de  Saint-Pierre  et  Saint-Paul  a  été  convertie 
en  un  prieuré  de  Bénédictins  du  nom  de  Saint- Vigor, 
son  fondateur.  Ce  saint  évéque  et  ses  successeurs  y  ont 
administré  longtemps  le  baptême  solennellement  aux 
veilles  de  Pâques  et  de  la  Pentecôte.  On  voit  encore  au 
bas  de  Péglise  du  prieuré  Pancien  baptistère  de  marbre 
qui  servait  à  cette  cérémonie.  Cest  de  là  sans  doute  que 
prit  le  nom  de  Chrismal  la  colline  sur  laquelle  est  bâtie 
cette  église.  On  lui  donne  aussi  le  nom  de  Mont-des- 
Églises  à  cause  d^elle  et  des  autres  qu^on  y  voyait,  comme 
Téglise  de  Saint-Flocel,  qui  était  une  paroisse,  réunie  à 
celle  de  Saint-Jean  en  1 709  ;  la  chapelle  de  Sainte-Marie- 
d^Egypte  détruite  auparavant,  et  située  derrière  cette  belle 
croix  de  pierre  qu^on  voit  vers  le  prieuré;  et  la  chapelle 
de  Saint-Révérend,  placée  derrière  le  prieuré. 

Anciennement  les  paroissiens   faisaient  Toffice  divin 

(i)  De  re  Gallica,  lib.  II.  perio.  4,  p.  iSy. 


SOI 

dans  la  nef  du  prieuré.  Elle  fut  consumée  par  le  feu  du 
ciel  en  i632,  et  Toffice  fut  transféré  dans  la  petite  cha- 
pelle de  Saint-Révérend.  Enfin  les  religieux  ayant  fait 
abattre  cette  chapelle  pour  donner  une  entrée  plus  belle 
à  leur  église,  les  paroissiens  passèrent  dans  celle  qu^on 
leur  fit  bâtir  à  peu  de  distance  de  là.  Elle  est  faite  sur  le 
plan  quVn  donna  le  sieur  Moussard,  célèbre  architecte 
de  Bayeux.  Qn  y  chanta  la  première  messe  le  jour  de 
Saint-Vigor,  au  mois  de  novembre  1721. 

Cette  église  se  prétend  exempte  de  la  visite  de  Tévêque 
et  de  Parchidiacre.  Les  prieurs  et  religieux  de  Saint- 
Vigor  nomment  à  la  cure.  Ils  perçoivent  le&  grosses 
dîmes,  y  compris  le  sarrazin,  et  font  pour  sa  pension 
322  livres  et  18  sous  de  rente  au  curé,  qui  a  les  menues 
et  vertes  dîmes,  y  compris  les  févcs.  Cet  arrangement  a 
été  fait  par  une  transaction  passée  entre  le  prieuré  et  le 
sieur  Charles  Osmond,  bachelier  en  théologie,  curé  du  dit 
lieu,  le  2  juillet  1667,  devant  les  tabellions  de  Bayeux, 
après  une  longue  procédure  au  parlement  de  Rouen. 

Son  territoire  est  séparé  de  celui  de  Saint-Jean  à  l'occi- 
dent par  le  fossé  qui  sépare  deux  pièces  appelées  les  Hauts 
et  Bas-Jours,  par  la  délie  qui  est  joignant  le  cimetière  de 
Saint-Floxel,  et  par  le  fossé  qui  règne  autour  du  champ 
de  la  foire,  et  qui  va  rendre  au  chemin  aboutissant  à 
l'auberge  de  Saint-Vigor-le-Grand.  Le  champ  de  la  foire 
se  nomme  aussi  le  Champ-Fleury,  en  mémoire  de  ce  que 
les  arbres  fleurirent,  dit-on,  en  hiver,  lors  de  la  rentrée 
solennelle  de  saint  Gerbold,  évéque  de  Bayeux.  La  foire 
tient  le  lendemain  de  la  Fête-des-Trépassés.  Les  droits 
appartiennent  moitié  à  Tcvêque  de  Bayeux,  moitié  aux 
rçh'gieuxde  Saint-Vigor,  comme  jouissant  conjointement 
de  la  baronnie  de  Saint-Vigor.  L'évéque  a  en  outre  en 


50? 

cette  qualité^  pendant  1 5  jours,  droit  de  tarif  et  de  police  à 
Bayeux,  moitié  avant,  et  moitié  après  la  foire. 

La  baronnie  de  Saint-Vigor  faisant  partie  de  la  manse 
de  révéché,  relève  du  roi  par  un  plein  fief  de  hautber.  Il 
parait  deux  sentences  données  à  Bayeux  et  à  Caen  en 
1345,  par  lesquelles  Tévéque  a  droit  de  s^emparer  des 
biens  des  bâtards  morts  sans  enfants  dans  les  dépendances 
de  cette  baronnie.  Cest  une  des  terres  de  Tévéché  qui 
furent  érigées  en  hautcrjustice  l'an  1477  par  le  roi 
Louis  XI,  mais  elle  n^est  pas  exercée.  Les  châtelains  de 
Beaumont-le-Richard  et  de  Saint-Vast,  relevant  de 
révéché  à  cause  de  cette  baronnie,  sont  tenus  d^accompa- 
gner  Tévéque  lorsqu^il  prend  possession  de  son  siège, 
depuis  le  prieuré  de  Saint-Vigor  jusqu^à  la  cathédrale.  Le 
possesseur  du  fief  de  La  Couronne,  situé  à  Saint-Vigor, 
est  aussi  un  des  vassaux  de  Tévéque.  Il  le  doit  également 
conduire  le  jour  qu'il  prend  possession  de  Pévéché,  en 
jetant  de  la  paille  devant  lui  par  où  il  doit  marcher.  Cest 
lui  qui  donne  le  premier  coup  à  boire  au  dîner  suivant, 
dans  une  coupe  d'argent  doré,  avec  son  couvercle  estimé 
4  marcs,  après  quoi  cette  coupe  lui  appartient.  Le  sei- 
gneur de  FeugueroUes,  au  diocèse  d^Évreux,  est  tenu  au 
même  devoir  vis-à-vis  de  son  évêque. 

Les  fiefs  relevant  de  la  baronnie  de  Saint-Vigor  sont  : 

10  Le  fief,  terre  et  seigneurie  de  Beaumont-le-Richard  ; 

20  Les  terres  et  seigneuries  de  Saint-Vast  et  d^Ondefon- 
taine; 

30  Le  fief  entier  de  chevalier  nommé  le  Fief-au-Cham-  \ 
bellan,  à  Tour; 

40  Le  fief  d'Etréhan-le- Ferreux  ; 

50  Le  fief  de  Guiennevilje  en  Cotentin,  à  Guienneville  ; 

60  Les  fiefs  Poildoc  et  Lanfreville,  à  Agy  ; 

70  Le  fief  de  Port,  à  Gommes  ; 


$04 

8o  Le  fief  de  Saint-Germain-du-Pert; 
9«  Le  fief  de  Tessy,  à  Tessjr  ; 

io<>  Le  fief  de  Tours,  à  Cussy  ; 

1 10  Le  fief  du  Qos,  à  EUon  ; 

12»  Le  fief  de  Condé-sur-Seulle,  à  Condé; 

i3o  Le  fief  d^ Aiguillon,  à  Juaye  ; 

140  Le  fief  de  BerroUes,  à  Longraye; 

1 50  Le  fief  de  Bos  et  de  Moon,  à  Gommes; 

1 6»  Le  fief  de  Port,  à  Létanville  ; 

1 70  La  seigneurie  de  La  Motte-Blagny  ; 

180  Deux  acres  de  terre  deCroulte-Bouchar,  parTabbé 
de  Mondaye; 

190  Le  fief  de  La  Haye-Piquenot  ; 

^<y>  Le  fief  de  La  Haye-d'AiguilIon,  à  Juaye  ; 

2 10  Le  fief  Saint-Vast,  et  la  franche  vavassorie  nommée 
le  fief  de  Port,  à  Formigny  ; 

220  Le  fief  de  Villers-en-Bocage  ; 

230  Le  fief  de  Sommervieu. 

Le  hameau  de  Pouligny,  dépendant  de  Saint-Vigor, 
donne  le  nom  à  une  des  prébendes  de  Bayeux  ;  le  cha- 
noine y  possède  16  acres  et  demie  de  terre  en  plusieurs 
pièces,  et  100  sous  de  rente  foncière  et  seigneuriale  à 
prendre  sur  les  héritages  dépendant  de  son  fief. 

Il  y  a  dans  Saint-Vigor,  outre  les  églises  marquées  cî- 
devanty  le  prieuré  de  Saint-Nicolas  de  La  Chesnaye, 
dont  je  vais  bientôt  parler,  et  les  chapelles  de  Saint- 
Jacques,  dépendant  de  ce  prieuré,  et  de  Sainte-Croix 
appartenant  au  prieuré  de  Saint-Vigor. 

La  chapelle  de  Sainte-Croix  paraît  être  d'ancienne  fon- 
dation. Elle  est  située  à  peu  de  distance  de  la  rivière 
d'Aure,  proche  le  lieu  nommé  le  Pont-Aubert.  L'an- 
cienne chapelle  fut  abattue  totalement  il  y  a  quelques 
années  ;  la  nouvelle  a  été  placée  au-dessous  de  remplace- 


50S 

ment  de  la  première,  et  bâtie  aux  frais  de  messire  de  La 
Londe,  avocat  à  Bayeux,  qui  jouit  de  la  terre  de  Sainte- 
Croix.  Les  anciens  seigneurs  de  La  G>uronne  y  ont  fait 
des  fondations  (i).  Guillaume  Lentrin,  écuyer,  seigneur 
du  fief  et  noble  teneure  de  La  Couronne,  et  sa  femme^ 
demoiselle,  fille  d^ Alain  Bénard,  écuyer,  sieur  de  Tessy 
et  de  Maisons  donnèrent,  le  3  janvier  i  Sop,  présence  de 
Nicolas  Lentrin,  leur  fils,  lo  sous  de  rente  tournois  aux 
religieux  du  prieuré  de  Saint-Vigor,  pour  dire  5  basses 
messes  par  an  dans  la  chapelle  de  Sainte-Croix.  Jean 
Lentrin,  chevalier,  son  bisaïeul,  et  Jean  Lentrin,  son 
père,  et  demoiselle  Jeanne  de  Reviers,  sa  mère,  de  la 
paroisse  de  Fresné,  y  avaient  fondé,  le  premier  une  messe 
basse  tous  les  dimanches,  et  le  second  une  procession  et 
une  grand^messe  le  jour  de  Sainte-Croix,  en  mai.  Ce 
jour-là,  les  1 2  chapelains  de  Notre-Dame  de  la  Cathédrale 
y  vont  chanter  les  premières  vêpres,  et  la  messe  le  len- 
demain. 

Le  Prieuré  de  SainUVigor,  de  Tordre  de  saint 
Benoist,  fut  fondé  un  peu  avant  1066,  par  Odon  de  Con- 
teville,  évéquede  Bayeux.  Il  fut  établi  dans  le  lieu  même 
oti  saint  Vigor  avait  bâti  la  chapelle  de  Saint- Pierre  et  de 
Saint-Paul,  et  oti  Ton  prétend  que  ce  saint  avait  été 
enterré  avec  son  fidèle  disciple  Théodomir.  Odon  prit 
beaucoup  d^attachement  pour  cet  ouvrage.  Il  démembra 
la  baronnie  de  Saint-Vigor,  et  en  donna  la  moitié  à  ce 
prieuré,  avec  la  moitié  des  droits  utiles  et  honorifiques. 

Il  y  bâtit  une  église  magnifique,  y  appela  des  moines 
de  Saint-Benoist,  et  leur  donna  pour  premier  abbé  : 
Robert  de  Tombelaine,  célèbre  religieux  de  Tabbaye  du 

(i)  Manuscrit  de  TÉvêché. 


^o6 

Mont-Saint-Michel.  Tout  le  moDde  sait  que  ce  prélat  fut 
arrêté  prisonnier  sur  la  fin  du  règne  de  Guillaume-le- 
Conquérant»  son  frère  utérin,  et  qu'il  ne  sortit  de  prison 
qu'à  la  mort  de  ce  prince.  L'abbé  et  les  religieux  de 
Saint-Vigor,  effrayés  du  sort  de  leur  fondateur,  craignirent 
de  participer  à  son  malheur.  Ils  prirent  la  fuite  et  aban- 
donnèrent cette  maison  si  chérie  de  Tévéque  Odon.  Après 
sa  délivrance,  il  rappela  d^autres  religieux  du  même 
ordre  et  répara  tous  les  dommages  que  son  absence  avait 
causés  à  cette  communauté. 

Elle  eut  d'autres  illustres  bienfaiteurs,  comme  Onfroj 
de  Veulles,  qui  se  distingua  aussi  par  lar  fondation  des 
deux  abbayes  de  Préaux,  et  Richard  Thésart  des  Essarts, 
chevalier.  Si  on  en  croit  M.  de  La  Roque,  le  premier  est 
qualifié  même  de  fondateur  de  Saint-Vigor,  suivant  un 
manusait  de  la  Tourne-Londres,  ce  qu'on  ne  peut 
entendre  toutefois  que  dans  le  sens  quUl  y  fit  de  grands 
biens. 

L*évéque  Odon,  par  reconnaissance  du  bon  traitement 
qu'il  avait  reçu  à  Tabbaye  de  Saint-Bénigne  de  Dijon, 
soumit  ce  prieuré  à  cène  abbaye  par  un  acte  authentique 
de  1096,  en  sorte  que  depuis  ce  temps-là,  Tabbé  de  Dijon 
avait  pleine  juridiction  sur  le  prieuré  de  Saint-Vigor,  et 
y  nommait  le  prieur.  Les  abbés  ont  renoncé,  depuis 
quelques  années,  à  ce  droit-là.  Le  même  évêque  obtint 
en  même  temps  du  Pape  une  bulle  qui  assujettissait  les 
dignitaires  et  chanoines  de  Bayeux  à  se  £aire  enterrer 
dans  Téglise  de  ce  prieuré,  à  l'exclusion  de  leur  église 
cathédrale,  ce  qui  attira  par  la  suite  beaucoup  de  troubles 
parmi  eux;  mais  enfin,  l'évêque  Henri,  II«  du  nom, 
environ  80  ans  après,  obtint  du  Souverain  Pontife  la 
révocation  d'iine  bulle  si  gênante  et  si  désavantageuse 
au  bien  de  Péglise  de  Bayeux. 


507 

Chaque  évéque  de  Bayeux  est  tenu  àe  venir  coucher 
dans  ce  prieuré  la  veille  de  son  entrée  solennelle,  et  les 
religieux  sont  obligés  de  le  recevoir  et  de  le  défrayer  avec 
son  train  ce  jour-là  seulement.  C^est  encore  un  règlement 
<jui  remonte  jusqu'à  Pévéque  Odon. 

Il  y  a  quelques  chapelles  titulaires  qui  sont  possédées 
par  les  religieux.  Je  ne  connais  que  celle  de  Sainte-Su- 
zanne, laquelle  est  à  la  nomination  du  prieur. 

Les  prieurs  étaient  commendataires.  Renaud  de  Coli'> 
gny,  de  l'illustre  maison  de  ce  nom,  religieux  de  Tordre 
de  Saint-Benoist,  a  été  prieur  de  Saînt-Vigor-lès-Bayeux, 
ainsi  que  d'Arbois  au  comté  de  Bourgogne,  et  du  Mou- 
tier-aux-Moines  en  Bourbonnais.  Son  père,  Guillaume, 
seigneur  de  Colignyet  d^Andelot,  lui  légua  par  testament 
fait  à  Andelot  le  4  août  1457,  100  florins  de  rente  jusqu'à 
ce  qu'il  eût  obtenu  un  bénéfice  de  3oo  livres  de  rente.  Il 
vivait  encore  en  1482  (i).  Sa  maison  tire  son  nom  de  la 
petite  ville  de  Coligny,  située  entre  le  comté  de  Bour- 
gogne et  le  pays  de  Bresse,  et  son  origine  des  anciens 
comtes  de  Bourgogne.  Ses  armes  sont  :  de  gueules  à 
l'aigle  d'argent  becqué,  membre  et  couronné  d'azur* 

Le  1 1  février  i  §79,  une  tour  étant  à  l'église  du  prieuré 
de  Saint-Vigor  tomba  en  ruines,  à  raison  d'un  degré  qui 
était  dedans  par  où  l'on  montait  aux  cloches  qui  étaient 
en  icelle,  et  de  la  ruine  de  la  dite  tour  provint  celle  de 
tout  le  chœur,  nef  et  voûtes  qui  tombèrent  bas  (2)  sans 
que  le  sacraire  dans  lequel  était  le  Corpus, Domini,  ni 
l'autel  fussent  rompus.  Deux  gros  morceaux  de  la  dite 
voûte  se  croisèrent  en  forme  d'arcade  sur  le  dit  sacraire, 
et  un  religieux,  qui  était  en  l'église  lors  du  bruit,  se  sauva 

(i)  Hist.  dêigr.  ofic,  t.  VH,  p.  i5i. 
(a)  Manuscrit  de  Potier. 


508 

80US  le  dit  autel  sans  être  blessé.  La  dite  église  a  été 
réédifiée  peu  à  peu  par  M.  Charles  Marguerye^  chanoine 
de  Bayeux  et  prieur  lorsqu'elle  se  ruina,  ainsi  qu^^elle  se 
voit  à  présent,  qui  n'est  en  rien  approchant  de  sa  première 
façon  pour  la  hauteur,  d'autant  qu'il  y  avait  chapelles 
hautes  sur  les  dites  voûtes  oti  les  dits  religieux  allaient 
en  procession  à  certains  jours. 

Jean  Trotibel  succéda,  en  iSgS,  dans  ce  prieuré  à 
Charles  de  Marguerye.  Il  fut  présenté  à  l'évéque  de 
Bayeux  par  le  sieur  de  La  Moriciëre,  grand  doyen  du  dit 
lieu,  vicaire  général  du  cardinal  Anned'Escars,  abbé  de 
Saint-Bénigne,  de  Dijon. 

Les  religieux  de  Saint-Vigor  sont  de  la  réforme  de 
Saint-Maur,  en  faveur  desquels  le  titre  de  commande  fut 
éteint  et  supprimé.  La  réforme  y  fut  introduite  en  lôSç, 
par  les  soins  de  François  Servien,  évéque  de  Bayeux.  Ces 
religieux  ont  très  embelli  leur  église  et  ont  fait  faire  des 
maisons  neuves  à  la  place  des  anciens  bâtiments. 

Les  bénéfices  dépendant  de  ce  prieuré  so&t  : 

Agy,  doyenné  de  Campigny  (Alternatif). 

Criqueville,  doyenné  de  Trévières. 

Curcy,  doyenné  d'Evrécy. 

Ouffières,  doyenné  d'Evrécy. 

Saint-Sulpice,  doyenné  de  Creully. 

Saint-Vigor,  doyenné  de  Creully. 

Tour,  doyenné  de  Campigny. 

Valcongrain,  doyenné  d'Evrécy. 

Le  Prieuré  de  Saint-Nicolas-de-La-Ckesnaye,  prieuré 
commendataire  de  chanoines  réguliers  de  l'ordre  de 
Saint-Augustin,  est  situé  sur  la  paroisse  de  Saint-Vigor, 
proche  Bayeux  ;  il  tire  son  surnom,  à  ce  qu'on  dit,  d'un 
bois  de  chênes  qui  était  autrefois  dans  ce  lieu.  On  en 


509 

attribue  la  fondation  aux  évéquesde  Bayeux  ;  mais  oja  ne 
sait  quand  et  par  quel  évéque  il  a  été  fondé.  Hermant  dit 
que  révéque  Henri  I'^  y  fit  une  donation  en  921,  ou 
927,  ou  enfin  928. 

Guillaume-Ie-Conquérant,  roi  d^Angleterre,  confirma 
ce  monastère,  et  Iqs  20  prébendes  qui  y  avaient  été 
fondées  pour  autant  de  chanoines  réguliers,  en  faveur 
des  lépreux.  Le  roi  Henri  I^*'  et  son  fils,  qui  commença 
son  règne  en  1 1 54,  le  confirma  aussi  par  une  chartre 
donnée  à  Bures,  où  signèrent  comme  témoins  :  Henri  11^ 
évéque  de  Bayeux,  Robert  d^EstouteviUe,  Roger  Bacon, 
Almérède  de  Vassy,  Guillaume  de  Soliers,  Philippe  de 
Coulombières  (i). 

Par  cette  chartre,  le  roi  permet  aux  chanoines  de  bâtir 
une  égUse  sur  le  bord  du  chemin  royal.  Cest  celle  qu^on 
y  voit  aujourd'hui.  Le  chœur  est  large,  et  le  sanctuaire 
ou  le  rond-point,  qui  est  parfaitement  bien,  est  éclairé 
par  7  croisées.  On  voit  peintes,  à  une  de  ces  croisées,  les 
armes  d*un  prieur  de  cette  maison,  qui  sont  :  d^argent  au 
chevron  de  gueules  accompagné  de  3  coquilles  de  même. 
Les  mêmes  armes  paraissent  aus^i  en  bas-relief  au  haut 
de  la  voûte  du  chœur.  ^ 

Le  P.  Dom  Pierre  de  Millies,  prieur  de  Saint-Nicolas, 
fit  faire  les  voûtes  des  deux  chapelles  qui  sont  aux  côtés 
du  chœur,  et  peut-être  les  chapelles  mêmes.  On  en  tire  la 
preuve  par  ses  armes  qu^on  y  voit  à  la  voûte  de  la  cha- 
pelle méridionale  avec  ces  mots  autour  de  Técusson  : 
Pierre  de  Millies,  priour  de  céans,  La  même  inscription 
se  trouve  en  abrégé  dans  Fautre  chapelle,  et  ses  armes 
sont  :  d'azur  à  Paigle  d'or  becqué  et  ihembré  de  gueules» 
On  voit  aussi  les  armes  de  la  maison  d^Humières  à  la 

(I)  Hist,  Harc,  lib.  XX,  ch.  XLVIII,  p.  looi. 


JIO 

vître  de  b  chapeUe  vers  le  nord,  oomme  elles  paraissaient 
aussi  sur  les  murs  du  chœur,  avant  qu'on  les  eût  blan- 
chis ;  elle  portait  :  d^argent  frété  de  sable. 

Le  prieur  et  couvent  des  lépreux  de  Saint-Nicolas  de 
Bayeux  donnèrent  et  accordèrent  unanimement,  en 
1430,  à  Robert  de  Cremelle,  chanoine  de  Bayeux,  benè 
merito^  tout  le  ménage  qu'ils  possédaient,  apud  Bajocas 
prope  capellani  de  Fossato.  Ils  lui  permirent,  depuis, 
quMl  cédât  cette  habitation  à  Raoul  de  Thaon  et  à  Agnès 
sa  fille,  à  condition  que  le  dit  de  Thaon  et  les  hériden  de 
sa  fille  feront  à  leur  couvent  2 1  sous,  et  quelques  antres 
rentes  (i). 

Ce  prieuré  était  anciennement  éventuel  et  non  électif. 
Le  prieur  éuit  à  la  pleine  collation  de  Tévéque  de  Bayeux. 
En  une  sentence  contradiaoire  rendue  aux  assises  du 
bailli  de  Caen,  tenue  à  Bayeux  le  18  septembre  13/3  (il 
est  dit  ailleurs  le  17  septembre  i363),  entre  Louis, 
évéque  de  Bayeux  et  le  procureur  du  roi,  par  laquelle, 
après  Texamen  des  titres  et  d^une  enquête  de  patronage 
^te  suivant  les  formes  de  l'ordonnance  de  Philippe- 
Auguste,  vulgairement  appelé  :  la  Philippine,  il  fat  jugé 
que  la  collation  de  ce  prieuré  appartenait  de  plein  droit 
au  susdit  évéque,  et  que  ses  prédécesseurs  en  avaient 
ainsi  joui  et  usé  de  tout  temps.  Enquête  ou  aae  de  noto- 
riété  donnée  par  le  vicomte  de  Bayeux,  le  18  mars  1419, 
à  la  diligence  du  procureur  dû  Roi,  qui  justifie  que  ce 
prieuré  est  de  la  fondation  et  à  la  pleine  collation  des 
évêques  de  Bayeux.  Arrêt  du  grand  Conseil  du  19  sep- 
tembre 161  a,  qui  évince  le  nommé  Piètre,  pourvu  du 
prieuré  par  le  Roi,  sur  la  nomination  du  grand  aumônier 
de  France,  sous  prétexte  de  la  léproserie  attachée  au  dit 
prieuré, 
(i)  Cart.  capel.  Bay.  cathed.,  p.  i3. 


511 

Les  évéques  de  Bayeuxont  été  privés  du  droit  de  nomi- 
nation par  le  Roi,  qui  se  Test  attribuée,  et  voici  à  quelle 
occasion  :  D.  Jacques  Le  Bert,  prieur  titulaire  de  Saint- 
Nicolas,  résigna  en  1670  ce  bénéfice  entre  les  mains  du 
vicaire-général  de  Tévéque  de  Bayeux  pour  en  être  le 
titre  supprimé,  et  la  mense  prieurale  d'icejui  avec  ses  ' 
appartenances  et  dépendances,  unie  et  incorporée  à  per- 
pétuité au  séminaire  fondé  Tannée  précédente  à  Bayeux. 
Le  Gendre  s'en  fit  pourvoir  par  dévolu  sur  la  nomination 
du  Roi,  et  fit  signifier  ses  provisions  au  directeur  du 
séminaire  de  Bayeux.  Requête  présentée  à  Sa  Majesté, 
laquelle,  sans  égard  au  droit  de  nos  évéques  et  à  la  dé- 
mission volontaire  de  Le  Bert  pour  le  séminaire,  confir- 
ma la  nomination  du  dévolutaire,  en  sorte  que  depuis  ce 
temps-là,  le  «Roi  a  toujours  continué  d^  nommer  par 
commende. 

En  exécution  de  Tarr^t  rendu  en  la  chambre  royale  le 
dixième  jour  de  février  1 683,  et  de  la  sentence  de  Bayeux  le 
22  mai  suivant^  les  biens  et  revenus  du  prieuré  de  Saint- 
Nicolas-de-La-Chesnaye  furent  divisés  en  quatre  lots,  et 
arrêtés  entre  noble  et  discrète  personne  M.  Jean  Le 
Gendre,  prêtre,  prieur  commendataire  du  dit  lieu,  et 
MM.  les  commandeurs  et  chevaliers  de  l'Ordre  Notre- 
Dame-du-Mont-Carmel  et  de  Saint- Lazare,  et  M.  Ra- 
phaël Duprez  de  Marcilly,  commandeur  et  chevalier 
du  dit  Ordre,  et  commandeur  de  la  commanderie  de 
Caen  et  de  ses  dépendances.  Ces  lots  furent  tirés  par  son 
le  i"  juillet  au  dit  an,  devant  le  lieutenant  général  du 
bailliage  de  Bayeux. 

Le  prieuré  de  Saint-Nicolas  a  droit  de  foire  dans  son 
enclos  le  jour  de  ce  saint  patron,  laquelle  lui  fut  accordée 
par.  le  roi  Guillaume,  duc  de  Normandie,  et  confirmée 
par  plusieurs  ducs  de  ses  successeurs,  pour  Pespace  de 


SI2 

sept  jours  entiers.  Comme  elle  était  tombée  entièrement, 
on  entreprit  de  la  rétablir  en  1746,  mais  elle  est  retombée 
dans  son  premier  état  par  l'opposition  de  Padjudicataire 
de  la  ville  de  Bayeux,  et  de  ses  marchands. 

Il  y  a  à  Saint-Loup-Hors  une  petite  ponion  de  dîme 
qui  se  perçoit  sur  quelques  héritages,  et  à  Audrieu  un 
trait  de  dîme  qui  consiste  au  dixième  boisseau  de  tous 
les  grains»  avec  quelques  terres  et  rentes.  Les  religieux 
héritent  de  la  cotte  marte  des  prieurs-curés  qui  ont  fait 
leur  noviciat  dans  leur  maison,  par  un  arrêt  du  grand 
conseil  qu'ils  obtinrent  au  mois  de  janvier  1748,  contre 
le  prieur  et  religieux  du  Plessi»-Grimoult  qui  la  préten- 
daient comme  patrons  des  bénéfices<ures.  Il  présente  aux 
cures  :  de  Saint-Ouen,  des  faubourgs  deBayeux;  de  Bour- 
guébu,  doyenné  de  Vaucelle;  et  de  Saint-Christophe-sur- 
Ome,  doyenné  de  Cinglais. 

Il  paraît  par  les  mémoires  de  M.  Potier  que  les  prieurs 
de  Saint-Nicolas  et  de  Saint-Vigor  assistaient  aux  pro- 
cessions générales.  Au  mois  de  mars  1 534,  sur  le  débat 
qui  était  entre  ces  deux  prieurs,  à  raison  de  la  préséance 
à  une  procession  générale  qui  se  fit  solennellement,  il  fut 
ordonné  que  le  prieur  de  Saint-Nicolas  précéderait,  à 
cause  qu^ils  sont  chanoines  réguliers,  sans  préjudice  tou* 
tefois  de  Pavenir. 

LISTE  DIS  PRIEURS  DE  SAINT-NICOLAS-DB-LA-CHESKAYE 

«   t.  Guillaume  Le  Bas,  évêque  d^Abellon,  1466-1468. 

2.  Jean  de  Barra  avait,  en  1497,  pour  vicaire-général, 
Rolland  de  Barra,  chanoine  de  Bayeux.  II  permuta  en 
i5o2  pour  le  prieuré  de  La  Templerie,  au  diocèse  d'An- 
gers. 

3 de  Cerisay,  abbé  de  Mellanays,  prieur  de 


513 

Saint-Nicolas  par  permutation,  prêta  serment  de  fidélité 
à  révéque  de  Bayeuz,  par  Roger  HuUot,  son  procureur, 
le  a6  février  1 5o2. 

4.  N  ,  nommé  prieur  par  provision  du  Saint- 
Siège  en  i5i8. 

5.  René  de  La  Barre,  pourvu  en  i53o,  résigne  en 
i532. 

6.  Christophe  de  La  Barre,  prêtre,  pourvu  par  visa  du 
16  de  décembre  1.532. 

7.  Nicolas  Le  Prêtre,  prieur,  décédé  en  i533. 

8.  Nicolas  Amyot,  prêtre,  licencié,  pourvu  par  visa  du 
dernier  décembre  i533. 

9.  N  ,  nommé  par  provision  du  Saint-Siège  en 
1567. 

10.  Simon  Le  Bouc,  prêtre,  remet  son  prieuré  en  1 57 1 
pour  la  cure  de  Lacy. 

11.  Antoine  Gayant,  prêtre,  archidiacre  et  chanoine  de 
Bayeux,  prieur  de  Saint-Nicolas  par  permutation  de  la 
cure  de  Lacy.  Cependant,  on  trouve  dans  les  registres  de 
révêcbé  :  Anno  1S66  et  die  ultimo  maii  Reverendus 
episcopus  contulit  Antonio  Gayant  clerico,  prioratum 
S^  Nicolai  de  Quemeta  vacantem  per  obitum  Christo- 
phori  de  La  Barre,  et  à  la  marge  est  écrit  :  hac  die  dictus 
episcopus  recessit  ab  urbe  et  diocesi,  et  cubuit  Cadomi. 
Mort  en  1 573. 

12.  Pierre-Philippe  Dumont,  prêtre,  chanoine  régulier 
de  Saint-Augustin,  nommé  prieur  en  1 573,  par  le  roi 
Charles  IX,  en  régale,  le  siège  vacant  ;  reçut  son  visa  de 
Pévêché le  4  juin  1 574. 11  le  résigna  au  suivant. 

i3.  Jean  Tibergeau,  clerc  du  diocèse  du  Mans,  reçut 
son  visa  le  20  d^avril  1 579.  Il  résigna  au  suivant. 

14.  Jean  du  Chfltel,  prêtre,  trésorier  et  chanoine  de 


33 


Bayeux,  fut  pourvu  du  prieuré  de  Saint-Nicolas  par  visa 
du  17  juillet  1584. 

i5.  Jean  Potier,  prêtre,  trésorier  et  chanoine  de 
Bayeux,  fut  pourvu  par  Henri  IV,  en  régale,  du  prieuré 
de  Saint-Nicolas  en  1 592»  par  la  résignation  du  précédent 
qtii  était  son  oncle.  Il  obtint  en  1 599  de  nouvdles  pro- 
visions  de  Rome,  et  un  visa  de  l'évéque  du  1 2  avril  de  la 
même  année,  comme  s*il  eût  douté  de  la  validité  de  son 
titre,  à  cause  du  procédé  du  pape  Sixte  V  contre  ce  grand 
roi.  Il  décéda  en  1S09. 

16.  Charles  Gouhon,  prieur,  sur  la  démission  du  pré- 
cédent, et  nommé  par  le  vicaire-général  de  Tévêquc,  fut 
inquiété  dans  sa  possession  par  le  nommé  Piètre  qui  s^en 
était  fait  pourvoir  par  le  roi  sur  la  nomination  du  grand 
aumônier  de  France  ;  mais  il  fiit  depuis  confirmé  par 
arrêt  du  grand  conseil  du  19  septembre  161 2. 

17.  Charles  Palmon,  se  démit  de  son  prieuré  quelque 
temps  après. 

18.  Mathurin  Aubin,  nommé  par  la  démission  du 
précédent,  obtint  des  provisions  de  M.  Tévêque  de 
Bayeux  en  1617. 

19.  'Louis  d^Angennes  de  La  Loupe,  clerc  du  diocèse 
de  Chartres,  fut  pourvu  du  prieuré  de  Saint-Nicolas,  sur 
la  résignation  d^ Aubin  en  1625,  et  venant  à  mourir  en 
1628,  il  le  résigna  au  suivant. 

20.  Philippes  ou  Louis  Dallet,  prêtre  du  diocèse  de 
Lisieux  en  1628,  résigna  ce  prieuré  la  même  année  au 
suivant. 

21.  Jean  d'Angennes  s'en  fit  pourvoir  sur  la  résignation 
de  Dallet,  mais  comme  il  n'avait  obtenu  qu'une  simple 
signature,  n'ayant  point  exprimé  que  ce  prieuré  fût  con- 
ventuel, pour  n'être  point  sujet  aux  frais  des  bulles,  ni 
au  décret  ordinaire  par  lequel  le  pape  oblige  tous  les 


515 

impétrants  de  se  faire  promouvoir  à  tous  les  ordres  dans 
Tan.  Cela  donna  lieu  à  un  dévolu  obtenu  par  Charles 
Aubery  en  1629,  lequel,  après  cinq  années  de  contesta- 
tion contre  Jean  et  Gabriel  d'Angennes,  demeura  enfin 
possesseur  de  ce  bénéfice. 

22.  Charles  Aubery  en  obtint  les  bulles  comme  d'un 
prieuré  conventuel  et  non  électif,  et  en  jouit  paisiblement 
jusqu^à  son  décès  arrivé  en  16 53. 

23.  Charles  de  La  Mare  fut  nommè^en  1654  a  ce  béné- 
fice, par  régale  par  le  roi,  à  cause  de  *la  vacance  du 
siège.  Le  brevet  marque  quMl  était  électif,  et  c^est  la  pre- 
mière fois  qu'on  emploie  ce  terme.  Il  paraît  que  ce  n^était 
qu^un  expédient  concerté  pour  faire  passer  pension 
au  profit  d^un  nommé  Raimbault,  parce  que  Tusage 
nMtait  point  encore  établi  que  par  des  lettres  patentes  de 
provisions  en  régale,  on  assignât  une  pension  sans  cause, 
en  faveur  d^une  personne  qui  n'avait  jamais  été  revêtue 
de  ce  bénéfice. 

24.  L^abbé  d^Harlay  fut  pourvu  de  ce  bénéfice  en 
1660  sur  la  résignation  du  précédent,  par  nomination 
du  roi,  siège  vacant.  Il  mourut  le  28  mars  1670. 

2  5.  Dom  Jacques  Le  Bert,  prêtre,  chanoine  de  Tordre 
de  Saint- Augustin,  fut  nommé  par  Tévéque  de  Bayeux  à 
ce  prieuré  vacant  par  la  mort  du  précédent.  Il  le  résigna 
presque  aussitôt  entre  les  mains  de  ce  prélat,  et  par  lettre 
du  26  août  1670  cet  évéque  unit  la  manse  prieurale  avec 
ses  dépendances  au  séminaire  qui  venait  d*être  établi  à 
Bayeux,  et  qui  avait  été  approuvé  et  confirmé  par  lettres 
patentes  du  roi  en  1669,  duement  vérifiées  au  parlement; 
mais  : 

26.  Jean  Le  Gendre,  docteur  en  droit  civil  et  cano- 
nique, chanoine  de  la  cathédrale  de  Saint-Flour,  s^en  fit 
pourvoir  en  même  temps  par  le  roi»  et  fit  saisir  les  fruits 


516 

de  ce  prieuré.  Le  directeur  du  séminaire  s^opposa  à  cet 
enlèvement;  Tafifaire  fut  traduite,  non  devant  le  grand 
conseil,  mais  devant  le  roi  directement.  Durant  la  pro- 
cédure. Le  Gendre,  en  1682,  le  résigna  au  suivant,  en 
faveur  duquel  elle  fut  jugée. 

27.  Edme  Chambon  d'Arbouville. 

28.  Pierre  Bernier,  prieur  commendataire  de  Saint- 
Nicolas,  nomma  en  17 10  à  Saint-Ouen  des  fisiubourgs.  II 
portait  dans  ses  armes  :  un  chevron  accompagné  de  deux 

en  chef  et  d^une  rose  en  pointe  [fascé  dbr  et  de 

sable  de  6  pièces  au  chef  de  gueules]. 

29.  Qaude-Honoré  de  Mont-Ferrand,  prieur  commen- 
dataire de  Saint-Nicolas,  ci-devant  chanoine  et  ancien 
grand  doyen  de  la  cathédrale  de  Noyon,  licencié  ès-droits 
de  la  faculté  de  Paris,  mort  à  Caen  le  7  décembre  1771, 
et  enterré  à  Saint-Pierre. 

Sommervieu  (Saint-Pierre  de).  Sergenterîe  de  Gray, 
élection  de  Bayeux,  66  feux,  notariat  de  Tracy. 

Cette  paroisse,  si  connue  aujourd'hui  par  la  belle  habi- 
tation qu'y  ont  fait  bâtir  nos  derniers  évéques,  est  située 
à  une  petite  lieue  au  levant  de  Bayeux.  M.  Marcel,  mort 
curé  de  Basly  au  commencement  de  ce  siècle,  dans  une 
de  ses  pièces  de  vers  tire  ainsi  Tétymologie  de  Sommer- 
vieu : 

tune  villa  lub  urbe. 

Hervsi  nimius  fecit,  cui  nomina  summug  (!) 

Il  y  a  plusieurs  pedts  villages  ou  hameaux.  Au  sud,  à 
la  distance  d'environ  6  à  7  minutes  de  chemin  par  rap- 
port à  réglise,  est  celui  des  Quatre-Nations  ;  au  nord- 
ouest,  18  minutes  de  chemin,  celui  de  Chefdeville;  vers 
le  nord-ouest^  18  ou  20  minutes,  le  Mont-Rada,  ancien- 
nement le  Mont-Rendac,  ou  La  Tringale  ;  enfin  à  Test, 


517 

proche  l'église,  le  petit  village  de  La  Vallée,  ou  du  Petit- 
Galop. 

L'église  bâtie  vers  le  milieu  de  la  paroisse  paraît  être 
du  xi^  ou  du  xii«  siècle  au  plus  tard.  La  tour  bâtie  hors 
d^œuvre  vers  le  midi  entre  le  chœur  et  la  nef,  avait  une 
flèche,  abattue  depuis  Ipngtemps,  et  réduite  en  plate- 
forme. Son  mauvais  état  Ta  fait  abattre  totalement,  et  on 
en  a  rebâti  une  autre  au  bas  de  Téglise,  en  pyramide,  qui 
fut  achevée  en  i655.  On  a  rebâti  le  chœur  et  fait  de 
grandes  réparations  à  toute  Féglise  es  années  1761  et 
1762. 

Nous  apprenons  du  livre  Pelut  de  Tévéché  que  la  cure 
de  Sommervieu  était  primitivement  divisée  en  deux  por- 
tions, la  première  à  la  nomination  de  Jacques  de  Som- 
mervieu, écuyer;  la  deuxième  à  la  pleine  collation  du 
sous-chantre  de  Bayeux.  Ce  livre  a  été  fait  vers  1 356.  Les 
évéques  de  Bayeux  ayant  acquis  le  patronage  de  la  portion 
laïque  continuèrent  d^  nommer,  comme  le  sous-chantre 
à  Tautre  portion;  enfin  M.  de  Nesmond,  évéque  de 
Bayeux,  et  le  sous-chantre,  les  réunirent  sous  un  seul 
titre,  aux  conditions  que  cette  cure  sera  dorénavant  à  la 
pleine  collation  alternativement  entre  eux  et  leurs  succes- 
seurs, et  qu'il  y  aura  un  vicaire.  Ces  deux  coUateurs 
jouissent  par  moitié  de  la  grosse  et  menue  dîme,  et 
payent  pension  au  curé  et  au  vicaire.  Le  squs-chantre 
paye  en  outre  un  cent  de  paille  à  Téglise  de  Sommervieu, 
mais  il  a  1 7  boisseaux  de  froment,  mesure  de  Bayeux, 
1 2  sous,  2  guelines,  et  20  œufs  de  rente  foncière  à  prendre 
sur  plusieurs  particuliers  de  cette  paroisse  (i). 

Le  cartulaire  de  Pabbaye  de  Longues  contient  plusieurs 
Chartres  par  Tune  desquelles,  Richard  Bonnel  donne  en 

(i)  Aveu  du  tempor.  de  la  cathéd.  de  Bayeux. 


Si8 

pure  aumône  à  cette  abbaye  deux  gerbes  de  dîmes  à 
recueillir  sur  son  entretenant  de  Sommervieu.  Totius 
tenementi  mei  de  Summoveîo^  excepta  decimd  Wilhelmi 
Sirot  quant  habuit  de  maritagio  uxoris  suœ.  Par  une 
autre  chartre,  Jeanne  de  Subies,  veuve  de  Richard  Le 
Forestier,  donna  à  la  même  abbaye  une  acre  de  terre  : 
apud  suum  manerium,  sitam  in  mansurd  Anfredi 
juxta  mansuram  Roberti  de  Vaus^  et  2  gerbes  de 
dîmas  sur  tout  son  entretenant  en  la  dite  paroisse.  Cet 
acte  porte  date  du  jour  de  la  Conception-de-la-Saime 
Vierge  de  Tan  1208  (i). 

La  seigneurie  de  Sommervieu,  possédée  d'abord  par 
une  famille  noble  de  même  nom,  passa  depuis  à  une 
autre  famille  du  nom  de  Chrétien,  dont  les  armes  sont  : 
d'azur  à  la  bande  d*argent  chargée  de  3  roses  de 
gueules,  et  accompagnées  de  3  fleurs  de  lys,  au  pied 
nourri  d'or. 

Gui  Chrétien,  ou  Guillard,  comme  le  nomme  La 
Roque,  fut  pourvu  de  la  charge  de  maître  des  requêtes  en 
1 383.  L^auteur  des  généalogies  des  maîtres  des  requêtes  le 
croit  frère  ou  neveu  de  Gcrvais  Chrétien,  chanoine  de 
Bayeux,  et  premier  médecin  du  roi  Charles  V.  Sa  posté- 
rité subsistait  encore  en  1 600.  Cette  maison,  si  on  en  croit 
La  Roque,  doit  être  bien  plus  ancienne,  puisqu'elle  est 
connue  dès  Pan  1081  que  vivait  Garin  Chrétien,  ainsi 
qu'il  est  rapporté  par  Orderic  Vital  (2). 

Quoiqu'il  en  soit,  Guy  Chrétien,  qualifié  chevalier, 
était  seigneur  de  Sommervieu  et  des  Bas,  et  conseiller  du 
roi.  11  devint  vicomte  de  Bayeux,  puis  bailli  de  Rouen 
et  de  Gisors,  et  parut  en  cette  qualité  aux  échiquiers  de 

(i)  Hist.  Harc,  t.  U,  p.  1694-1695. 
(a)  Hist.  Harc,  t.  I,  p.  594-595. 


519 

Normandie  es  années  iSgo  et  iSgi.  Il  mourut  à  Rouen, 
et  fut  inhumé  dans  Péglise  des  Cordeliers,  auprès  de 
Marie  de  Qère,  sa  femme,  laquelle  mourut  à  Paris  le 
5  octobre  iSgS.  Cette  dame,  veuve  en  premières  noces  de 
Robert  de  Thibouville,  chevalier,  sire  de  Thibouville, 
était  héritière  des  Authieux.  Elle'  était  troisième  fille  de 
Georges  l^',  baron  de  Qère,  et  de  Jeanne  de  La  Heuse  ; 
Guy  Chrétien,  son  mari  et  elle,  firent  une  fondation  en 
l'honneur  de  saint  Eustache,  au  prieuré  de  Saint-Lô-du- 
Boscachard.  Ils  eurent  pour  fils  :  Jules  Chrétien,  seigneur 
de  Bourgouet  et  de  Sommervieu,  mari  de  Jeanne,  bâtarde 
d^Harcourt;  et  Jeanne  Chrétien,  femme  de  Jean  Re- 
gnault,  seigneur  de  Coulombières. 

Les  archives  de  la  Chambre  des  Comptes  nousapprennent 
comme  Pierre  Chrétien,  fils  de  Guy  Chrétien,  qui  avait 
tenu  le  parti  de  la  couronne  de  France,  fut  rétabli  en  ses 
biens  Pan  1421  par  Henri  V,  roi  d^ Angleterre  (i). 

Robert  Chrétien  fit  au  Roi  foi  et  hommage  es  mains  de 
Louis  sire  d^Estouteville  des  pleins  fiefs  d^hautber  de 
Lannoy>  du  Barquet-Louvet,  tenus  de  la  vicomte  de 
Beaumont-le- Roger,  et  du  fief  de  Sommervieu,  situé  en 
la  vicomte  de  Bayeux,  par  lettres  données  à  Argentan  le 
16  mai  1450,  et  à  Rouen  le  17  février  1461  et  1465. 
Dans  Taveu  de  Tévéque  de  Bayeux  du  14  avril  1453  il 
est  dit  :  Maître  Robert  Chrétien,  écuyer,  tient  de  notre 
baronnle  de  Saint-Vigor,  par  foy  et  hommtge,  le  fieu 
terre  et  seigneurie  de  Sommervieu  près  Bayeux,  par  un 
noble  fieu  de  chevalier. 

Cette  maison  de  Chrétien  portait  pour  armes  :  de  gueules 
à  3  cornets  ou  huchets  d^argent  que  les  puisnés  bri- 
sèrent d'une  bordure  d'azqr,  d'oti  Ton  doit  conclure  que 

(i)  Cart.  Longi.  abb.,  p.  43. 


520 

Guy  Chrétien,  maître  des  requêtes,  dont  j'ai  parlé  ci- 
desfus,  notait  pas  de  la  même  famille,  parce  qu'il  portait 
des  armes  bien  différentes,  et  telles  que  je  les  ai  marquées 
ci«deyant. 

Le  bien  que  nos  évéques  possèdent  à  Sommervieu, 
vient  pour  la  plus  grande  partie  du  patriarche  Louis 
d'Harcourt.  Il  avait  donné  3^5oo  livres  tournois  à  son 
chapitre  pour  des  fondations  à  la  cathédrale,  et  ce  cha- 
pitre ayant  acheté  avec  cette  somme  le  second  fief  de 
Sommervieu  avec  ses  appartenances  pour  augmenter  h 
commune  de  leur  église,  le  Patriarche  le  retira  du  cha- 
pitre en  1477,  ^^  ^^^  cédant  par  échange  les  dîmes  de 
Chef-du-Pont  en  Cotentin,  et  de  Sainte-Mère*Église  (i). 
Il  obtint  aussi  la  même  année  4u  roi  Louis  XI,  dont  il 
avait  rhonneur  d^étre  parent,  que  toutes  les  fois  que 
révéché  tomberait  en  régale,  la  terre,  dîme  et  seignearie 
de  Sommervieu  appartiendraient  à  la  fabrique  de  son 
église  cathédrale  pour  aider  à  entretenir  les  bâtiments,  et 
fournir  les  ornements  nécessaires  au  service,  à  condition 
que  le  chapitre  s^abstiendrait  de  pécher  dans  les  étangs,  et 
ne  ferait  aucunes  dégradations,  afin  que  les  évéques  à 
leur  arrivée  trouvassent  les  choses  en  bon  état. 

Par  lettres  patentes  données  à  M  illy-en-Gatinois  au 
mois  d^octobre  1477,  le  même  prince  érigea  par  considé- 
ration pour  le  patriarche,  la  terre  de  Sommervieu  et  les 
autres  seigneuries  de  Pévéché  en  haute-justice. 

Les  évéques  de  Bayeux  ont  en  cette  paroisse  une  mai- 
son de  plaisance  qu^on  appelle  communément  château 
de  Sommervieu.  Il  est  au  sud-ouest  de  l'église,  à  6  ou 
7  minutes  environ  du  chemin.  M.  de  Nesmond  est  le 
premier  qui  y  ait  fait  un  séjour.  M.  de  Luynes,  un  de  ses 

(i)Nécrolog.  eccl.  cathéd.  anni  i585. 


521 

successeurs,  aujourd'hui  cardinal  et  archevêque  de  Sens, 
le  prit  en  affeaion  par  rapport  à  Tair  salutaire  qu'on  7 
respire.  Il  fit  rebâtir  la  maison  à  la  moderne  avec  des 
augmentations  considérables,  Penvironna  de  fossés  et 
d'eaux  qui  viennent  d'une  source  voisine,  fit  couper  à 
travers  d'un  parc  qui  est  vis-à-vis  garni  de  bois-taillis  et 
de  haute-fîitaie,  une  infinité  d'allées,  dont  les  unes 
finissent  en  aboutissant  sur  les  autres,  plusieurs  se  tra- 
versent, et  d'autres  enfin  conduisent  à  une  longue  et  belle 
allée  de  chênes,  d'oti  l'on  découvre  l'église  cathédrale  et 
une  partie  de  la  ville  de  Bayeux.  On  prétend  qu'il  a 
dépensé  à  ces  différents  ouvrages  près  de  100,000  livres. 
C'était  là  ordinairement  où  il  se  retirait,  quand  sa  charge 
de  premier  aumônier  de  •  Madame  la  Dauphine  lui  per- 
mettait de  revenir  de  la  Cour  dans  son  diocèse.  M.  de 
Rochechouart,  son  successeur  immédiat,  et  qui  siège 
aujourd'hui,  a  pris  les  mêmes  sentiments  pour  cet 
agréable  séjour.  Il  y  vient  de  faire  de  nouveaux  embellis- 
sements, tant  dans  le  château  que  dans  ses  dehors. 
M.  de  Rochechouart  a  fait  faire  en  1758  et  suivantes,  de 
nouveaux  appartements  à  son  château,  et  de  nouvelles 
allées  qui  rendent  son  bois  si  agréable. 


Tierceville  (Saint-Martin  de).  Sergenterie  de  Gray, 
élection  de  Bayeux,  34  feux,  notariat  de  Ver. 

Cette  paroisse,  appelée  dans  les  vieux  titres  :  Tertia 
villa,  et  Tiercheville,  est  à  2  heures  et  demie  au  levant 
de  Bayeux  et  à  un  petit  quan  de  lieue  du  bourg  de 
Creully.  Elle  est  bordée  au  midi  dans  toute  sa  largeur 
par  la  rivière  de  la  Seulle.  Le  présentateur  est  l'abbé  de 
Grestain,  les  décimateurs  sont  le  curé  pour  un  tiers  des 
grosses  dîmes  et  des  verdages,  l'abbé  de  Grestain  un  tiers, 


522 

le  chapitre  de  Bayeux  un  demi-tiers,  et  le  prieuré  de 
Saint-Gabriel  un  demi-tiers. 

Cest  la  patrie  du  bienlieureux  Vital,  fondateur  et  p^^ 
mier  abbé  de  Savigny,  mort  en  odeur  de  sainteté  en 
1 1 19,  et  de  sa  sœur  sainte  Adeline,  abbesse  des  Blanches 
au  diocèse  d'Avranches,  en  1 120  (  i). 

La  seigneurie  de  Tierceville  doit  aveu  au  roi  pour  un 
quart  de  fief  de  chevalier  ;  on  y  a  uni  il  y  a  longtemps  un 
autre  fief  surnommé  de  Grestain,  qui  relève  pareillement 
de  S.  M.  par  un  huitième  de  hautber.  L^abbaye  de  Grès- 
tain  Ta  fieffé  par  rétrocession  au  seigneur  de  Tierceville, 
comme  on  rapprend  par  l'aveu  que  rendit  en  1 5o3,  pour 
ces  deux  fiefs,  messire  Robert  Néel,  écuyer,  au  droit  de 
son  épouse  dont  le  nom  est  omis.  Peut-être  était-ce  la 
fille  de  M.  Jean  de  Mauny,  seigneur  de  Thierceville,  qui 
a  signé  un  traité  de  mariage  arrêté  le  i3  mars  1473, 
entre  Arthur  de  Vierville,  chevalier,  seigneur  et  baron 
de  CreuîUy,  et  demoiselle  Jacqueline  de  Briqueville- 
Coulom  bières. 

L'église  de  Tierceville  est  accompagnée  de  deux  bos- 
c6tés  qui  la  rendent  fort  propre.  On  voit  dans  le  chœur, 
du  côté  de  TÉvangile,  le  mausolée  d'un  seigneur  de 
Tierceville  avec  sa  statue  armée  de  toutes  pièces,  la  tête 
nue,  et  son  épitaphe  qui  marque  que  c^est  celle  de  messire 
François  Néel,  seigneur  de  Tierceville,  gentilhomme 
ordinaire  du  Roi,  capitaine  de  5o  hommes  d'armes,  et 
gouverneur  des  ville  et  château  de  Coutances. 

La  date  de  sa  mort  n^y  est  pas  marquée  ;  mais  nous 
trouvons  ailleurs  qu'il  était  fils  de  Pierre  Néel,  sieur  de 
Neuville,  de  Fonteney,  de  Virai  et  de  Tierceville,  qui 
par  son   mariage,   accordé   le   19   avril    iSSg,  épousa 

(I)  GalU  Chriêiima,  t.  XI,  col.  555 


5^3 

Catherine  de  La  Vigne  (i).  Cette  dame,  après  la  mort  de 
son  mari,  obtint  du  Roi  la  garde  noble  de  ses  enfants,  le 
22  septembre  i568.  Ce  François  Néel  eut  un  de  ses 
enfants  qui  épousa,  le  12  août  1 5 Sg,  Jeanne  d^Anger- 
ville,  fille  de  noble  homme  Charles  d'Angerville,  sire  de 
Tresli,  de  Valançai,  de  Corbigny,  etc.,  et  de  Claude  de 
Rabodange;  elle  était  alors  veuve  de  Jacques  Louet^ 
écuyer,  sieur  de  Bossuges.  Elle  fit  son  second  mari  père 
de  3  fils,  dont  le  second,  Robert  Néel,  seigneur  de 
Tierceville,  vivant  à  présent  sans  enfants  de  feu  sa  femme, 
noble  dame  Agnès  de  Baillehache,  fille  et  héritière  de 
Pierre  Baillehache,  sieur  de  Roncheville,  conseiller  du 
Roi. 

Les  armes  de  Néel  sont  :  d^argent  à  3  bandes  de  sable 
et  au  chef  de  gueules. 

Tracy'Sur-la-Mer  (Saint-Martin  de).  Sergentcrîe  de 
Gray,  élection  de  Bayeux,  lieu  de  notariat,  114  feux, 
3 1 2  communiants. 

Cette  paroisse,  longue  d^environ  une  demi-lieue,  est 
terminée  au  nord  par  la  mer  et  par  de  hautes  falaises.  > 
Elle  n-a  ni  rivière  ni  ruisseau.  On  y  compte  une  lieue  et 
demie  de  Bayeux.  Outre  le  premier  et  le  principal  hameau, 
qui  porte  le  nom  de  cette  paroisse  il  y  a  ceux  de  Lan, 
au  centre,  et  de  La  Rosière  à  Textrémité  du  côté  de 
Bayeux.  Le  chanoine  de  CuUy,  en  Téglise  de  Bayeux, 
est  patron  collateur  de  la  cure.  Il  perçoit  le  tiers  de  la 
dîme;  les  deux  autres  tiers  appartiennent  au  chapitre  de 
Bayeux,  par  le  don  qui  lui  en  fut  fait  en  1 243,  par  Her- 
bert de  Charmont,  grand  doyen  de  cette  église.  La 
seigneurie  est  une  fiéferme  qi;ie  possède  M.  le  marquis  de 


(i)  Ârmor.  général  de  la  France,  reg.  L  i«  partie,  p.  404. 


5M 

Magny»  au  droit  de  M.  Chamillard,  intendant  de  Caen, 
à  qui  le  Roi  la  donna  en  échange  des  terres  qu^il  avait 
dans  le  parc  de  Versailles.  Le  curé  n'a  qu^une  pension 
congrue. 

Vaux'Sur^Aure  (Saint- Aubin  de).  Banlieue  et  élection 
de  Bayeux,  loo  feux,  notariat  de  Bayeux. 

On  lit  dans  le  livre  Pelut  de  Tévéché,  sous  le  doyenné 
de  Creully  :  Ecclesia  de  Vallibus  supra  Auream,  cornes 
de  Alenchone  patronus  :  jo  libras  valoris  :  2S  libr. 
taxationis.  En  1664,  ^^  7  ^^^^^  ^^^  communiants.  M.  Le 
Coq,  chanoine  de  Mons,  à  Bayeux^  en  était  alors  curé. 
Cest  un  bon  curé,  dit  le  registre  dé  visite,  et  qui  a  bien 
décoré  son  église. 

Gabriel-Pierre-François  Moisson,  écuyer,  seigneur  de 
Vaux,  a  pour  femme  Jeanne-Marie-Anne  de  Rots. 
M.  Moisson,  écuyer,  sieur  d^Urville,  son  père,  aquit 
cette  terre  en  1752. 

Cette  paroisse  est  partagée  en  2  parties  par  la  rivière 
d*Aure  qui  la  traverse  dans  toute  sa  longueur.  Elle  est 
composée  de  4  petits  hameaux  :  celui  de  l'église  où  est 
située  l'église  paroissiale  ;  celui  de  Glatigny  de  Pautte 
côté  de  la  rivière  oti  il  y  a  une  chapelle  de  Saint- Eustache, 
celui  de  Beauvais  à  son  occident,  et  celui  de  Fumichoo 
sur  le  bord  du  ruisseau  de  Fumichon,  oti  il  y  a  pareille- 
ment une  chapelle  titrée  sous  le  vocable  de  Notre-Dame- 
de-Bon-Secours,  ou  Noire-Dame-des-Faveurs. 

L'abbé  de  Longues  présente  à  la  cure  ;  les  dîmes  sont 
partagées  entre  cet  abbé  à  cause  de  sa  chapelle  de  Fumi- 
chon, l'abbaye  de  Saint-Sever,  le  chapitre  de  Bayeux  et  le 
prieuré  de  Saint-Nicolas-de-La-Chesnaye.  Le  curé  a  là 
tierce  partie  sur  toute  la  dîme. 

Cécile  de  La  Ferrière  donna  à  Tabbaye  de  Longues  le 


52J 

droit  de  patronage  qu^elle  avait  à  la  moitié  de  Téglise  de 
Saint-Aubin-de-Vaux-sur-Aure,  que  Richard  Commin, 
chanoine  de  Bayeux,  avait  possédé  sur  la  présentation  de 
cette  dame.  Cette  donation,  souscrite  de  Richard  Boistard 
et  Jean  Le  Roux^  chanoines  de  Bayeux,  Guillaume 
Crespin  de  Sommervieu,  maître  Guillaume  d^Englesque* 
ville^  et  Jean  Emery  de  Vaux-sur-Aure,  fut  confirmée 
et  ratifiée,  en  présence  et  du  consentement  de  Jourdain, 
archidiacre  de  Bayeux»  par  Henri  II»  du  nom,  évéque  de 
la  dite  ville  (i). 

Il  s^éleva  par  la  suite  une  contestation  entre  Pabbaye 
de  Longues  et  celle  de  Saint-Sever,  au  sujet  de  la  donation 
précédente.  Robert  des  Ablèges,  évéque  de  Bayeux,  en 
fut  établi  le  médiateur.  Par  transaction  passée  le  jour  de 
saint  Edmond,  martyr,  Tan  1208,  les  religieux  de  Saint- 
Sever  renoncèrent  au  droit  qu^ils  prétendaient  sur  ce  patro- 
nage; Martin,  abbé  de  Longues,  comme  par  une  espèce  de 
compensation,  leur  abandonna  plusieurs  terres  et  dîmes 
dont  son  abbaye  jouissait  dans  cette  paroisse.  Cet  abbé 
avait  acheté  Tannée  précédente,  de  Robert,  abbé  de  Saint- 
André-en-Gouffern  et  de  ses  religieux,  pour  la  somme  de 
i3  livres  tournois,  3  acres  de  terre  à  eux  aumônées 
quelque  temps  auparavant  dans  la  paroisse  de  Vaux,  par 
Cécile  de  Ferrières  (a).  La  même  bienfaitrice  donna  à 
Fabbaye  de  Longues  la  dîme  de  tout  son  moulin  de 
Vaux-sur-Aure,  et  eut  pour  témoins  de  sa  donation  : 
Guillaume  Bacon,  sire  du  Molley,  Roger  d'Agneaux, 
Guillaume  Bacon  de  Formigny,  Pierre  Pelvel,  Richard 
de  Combray,  Roger  d'Anjou,  Vivien  de  Vaux  et  Roger, 
son  fils.  Ce  nouveau  bienfait  fut  ratifié  et  confirmé, 

(1)  Cart.  abb.  Long.,  p.  16  et  36,  fol.  vert, 
(a)  Cart.  de  Longues,  p.  So,  fol.  vers.,  et  p.  47. 


526 

en  ii3i,  par  Jean  de  Ferrières  qui  appelle  cette  dame: 
Aviamea  (i). 

Le  chapitre  de  Bayeux  possède,  à  Vaux-sur-Aure, 
7  acres,  une  vergée  de  terre,  et  2  moulins  à  eau  fieffés 
i5o  livres,  un  trait  de  dîme  avec  une  muaison  de 
36  boisseaux  d^orge,  sur  quoi  il  doit  payer  3o  livres  au 
chapelain  de  Saint-Gilles,  pro  prima,  pour  un  petit  trait 
de  dîme  par  lui  cédé. 

La  chapelle  de  Fumichon,  appelée  Notre-Dame-de- 
Bon-Secours,  est  à  la  présentation  de  Tabbé  de  Longues, 
qui  y  nomme  ordinairement  un  de  ses  religieux.  Elle  est 
proche  le  terroir  de  Marigny.  Suivant  une  visite  d'ar- 
chidiacre, en  1662,  on  y  dit  la  messe  tous  les  dimanches 
et  fêtes,  et  même  on  y  fait  Teau  bénite. 

La  chapelle  de  Saint-Eustache  située  dans  le  ma- 
noir du  seigneur  de  Vaux,  fut  fondée,  en  i33o,  par 
Jean  de  Vaux,  expen  dans  Part  militaire,  par  la  per- 
mission à  lui  accordée  par  Remond  de  Fargis,  cardinal- 
diacre  de  Sainte-Marie,  et  doyen  de  Bayeux,  suivant  ses 
lettres  datées  d'Avignon,  le  24  avril,  au  dit  an.  On  y  doit 
la  messe  tous  les  dimanches  ;  elle  est  à  la  nomination  dn 
seigneur  de  Vaux. 

Les  fiefs  de  cette  paroisse  sont  :  le  fief  de  La  Ferrière- 
de-Vaux,  c'est  le  premier,  il  a  les  honneurs  deTéglise; 
lefief  de  Vaux,  divisé  en  2  portions,  il  a  les  honneurs 
de  la  chapelle  Saint-Jean,  bâtie  près  le  chœur  de  Téglise; 
le  fief  du  Trésorier  ;  le  fief  de  Saint-Sever  ;  deux  verges  ou 
extension  du  fief  d^Argouges  ;  le  fief  du  Saussey  ;  le  fief 
de  Conjon-Heinville  ;  et  le  fief  de  Conjon-Monfréard. 

Du  fief  noble  de  Conjon,  est  tenu  un  membre  de  fief 
appelé  le  fief  au  Bourguignon,  assis  au ^ même  lieu.  Le 

(i)  Aveux  du  temporel  de  la  cathéd.  au  Roi. 


À 


527 

seigneur  de  Conjon,  à  cause  de  son  fief,  et  son  soutenant 
seigneur  du  fief  Bourguignon  sont  tenus,  en  temps 
d'hostilités,  de  garder  en  armes  la  cathédrale  de  Bayeux/ 
et  ne  pas  discontinuer  la  garde  sans  le  congé,  permission 
et  autorité  du  Chapitre(i).  En  1440,  hommage  rendu 
au  Chapitre  de  Bayeux  par  le  sieur  de  Conjon.  Le  fief 
de  Conjon,  tenu  faire  garde  à  Péglise  en  temps  d'hosti- 
lités (2).  Ce  fief  avait  donné  le  nom  aux  premiers  qui 
Font  possédé.  Guillaume  de  Conjon,  et  Guillaume 
de  Kirkeuville  sont  signés  avec  Henri  II^  évêque  de 
Bayeux,  à  la  chartre  de  Guillaume  du  Hommet,  conné- 
table de  Normandie,  par  laquelle  il  donne  à  Tabbaye  de 
Blanche-Lande  la  moitié  de  l'église  de  Ducy,  dont  il 
était  seigneur.  Guillaume  de  Conjon,  chevalier,  seigneur 
de  Conjon  à  Vaux-sur- A ure,  vivait  en  i232,  selon  le 
cartulaire  de  la  chapelle  Notre-Dame  de  Bayeux  (3). 

Cette  terre  passa  depuis  à  d'autres  familles.  Roger  de 
Montfréard,  écuyer,  père  de  Jean,  marié  à  Jeanne  Simon 
en  1453,  étant  héritier  en  partie  de  Thomas  de  Ruque- 
ville,  écuyer,  sieur  de  Conjon  en  1494,  qui  de  Chardine 
de  Malfillastre,  sa  femme,  mariés  en  1499^  eut  Jean  de 
Montfréard,  écuyer,  seigneur  de  Conjon,  dont  Mau- 
rice (4),  qui  fit  sa  preuve  de  filiation  en  1540.  Elle  a  passé 
depuis  aux  Suhard,  et  enfin,  par  succession,  au  sieur  de 
Royville,  écuyer,  avocat  du  Roi  à  Bayeux. 

La  belle  maison,  communément  appelée  le  château  de 
Vaux,  a  été  bâtie  par  M^e  Piédouë,  dame  de  Vaux,  veuve 
de  Michel  d'Hermerel,  écuyer,  vicomte  de  Bayeux, 
laquelle  décéda  le  1 9  septembre  1 749,  dans  un  âge  avancé. 

(1)  Aveu  du  tempor.  de  la  cathédrale, 
(a)  Manuscrit  de  Potier,  pp.  2-3. 

(3)  Inyent.  des  titres  de  l'église  de  Ducy,  14*  liasse. 

(4)  Hist.  Harc.f  t.  1,  p.  967. 


5a8 

Ses  héritiers  ont  vendu  la  terre  et  seigneurie  de  Vaux- 
sur-Aure*La-Ferrière.  Elle  a  été  acquise  par  M.  Pierre- 
Jacques-Mathieu  Moisson,  écuyer,  sieur  d^Urville,  de 
PAcadémie  deCaen,  mort  subitement  le  3o  décembre  1 775. 

La  maison  de  Vaux  tire  son  origine  de  la  paroisse  de 
Vaux-sur«Aure|  prés  Bayeux.  Elle  est  si  ancienne,  dit 
La  Roque,  qu^il  y  a  un  rôle  de  i  o63,  qui  fait  mention  du 
fief  de  Vaux  et  de  Raoul  de  Vaux,  chevalier.  Guillaume 
de  Vaux,  selon  une  cbartre,  passa  en  Angleterre  avec 
Guillaume-le-Bâtard,  duc  de  Normandie,  en  1066, 
et  y  laissa  une  postérité  qui  subsista  jusqu^à  Péuo- 
nille  et  Mathilde,  filles  de  Jean  de  Vaux,  mort  en  1288  ; 
Tune  épouse  de  Guillaume  de  Noirford,  et  Tautre  de 
Guillaume  de  Rots.  Un  autre  de  Vaux  suivit,  en  1099, 
le  duc  Robert  dans  la  conquête  de  la  Terre-Sainte.  De 
lui  descendit  en  ligne  directe  Raoul  de  Vaux,  qui  avait 
procès  en  TÉchiquier  de  Normandie  en  12  36. 

Jeanne,  fille  de  Thomas  de  Vaux,  veuve  de  Guillaume 
Mallart,  donne  aux  chapelains  de  Notre-Dame  de 
Bayeux,  en  1237,  12  deniers  tournois  à  prendre  sur  sa 
maison  sise  paroisse  Saint  Jean  de  Bayeux  (i). 

Jean  de  Vaux,  écuyer,  seigneur  de  Saint-Aubin-de- 
Vaux-sur-Aure,  de  Merville  et  du  Buisson,  fut  créé 
viconte  d'Alençon  en  i3i8,  et  pourvu  depuis  de  la 
charge  de  viconte  de  Falaise  qu'il  accepta  seulement  pour 
le  regard  de  Texercice  et  non  pour  la  recepte,  de  manière 
que  Boniface,  chanoine  de  Paris,  et  Pierre  Mathan, 
écuyer,  étant  commissaires  établis  par  le  Roi  en  venu 
des  lettres  de  Tan  i326,  pour  la  réforme  du  pays  de  Nor- 
mandie, le  bailli  de  Caen  fut  autorisé  à  faire  la  recepte 
du  domaine  de  la  vicomte  de  Falaise.*  Il  fit  bâtir  une 

(i)  Cartul.  de  N.-D.,  p.  S. 


529 

chapelle  en  la  paroisse  de  Vaux,  après  en  avoir  reçu 
licence  par  lettres  du  1 1  septembre  1 329,  de  Charles  de 
Valois^  vicomte  d^Alençon  et  du  Perche,  patron  de  Saint- 
Aubinde-Vaux-en-Aure.  Il  fit  faire  une  enquête  expédiée 
à  Falaise  le  6  octobre  1 343,  par  laquelle  il  paraît  que 
Hubert  de  Vaux,  son  aïeul,  avait  eu  deux  frères  dont 
Taîné,  Charles,  se  retira  en  Normandie  et  suivit  le  roi 
Richard  en  Angleterre. 

Raoul  de  V^ux,  chevalier,  seigneur  de  Vaux-sur-Aure, 
Merville  et  Le  Buisson,  fils  du  précédent.  Il  paraît  de  lui 
une  chartre  en  latin  datée  de  Fan  1 345,  comme  Pabbé  et 
le  couvent  de  Longues  lui  délaissèrent,  par  échange,  tout 
le  revenu  quUls  avaient  es  paroisses  de  Merville  et  du 
Buisson.  Il  avait  pour  frères  puînés  :  Jean  et  Guillaume 
de  Vaux,  avec  lesquels  il  fit.  Tan  1 346,  des  lots  et  par- 
tages où  sont  contenus  les  fiefs  de  Vaux-sur-Aure,  du 
Saussey>  et  les  fiefs  assis  à  Véret.  Il  fieffa,  par  acte  passé  à 
Bayeux  le  21  janvier  1 377,  plusieurs  héritages  qu^il  avait 
à  Vaux-sur-Aure.  Il  est  appelé  dans  les  armoriaux  de 
Normandie  :  Mgr  Raoul  de  Vaux,  chevalier  bachelier, 
portant  :  d'hermines  à  un  chef  de  gueules  endenté  Tun 
dans  Tautre,  qui  est  le  même  écu  que  celui  d'O. 

Guy  de  Vaux,  chevalier,  seigneur  de  Vaux,  Merville, 
et  Le  Buisson,  et  Laurence  de  L'IsIe,  sa  femme,  firent 
une  fieffé  en  1406.  Ils  eurent  pour  enfants  :  Guillaume 
et  Jean  de  Vaux. 

Guillaume  de  Vaux,  seigneur  de  Vaux  et  de  L^Isle, 
vivait  encore  en  1447.  Il  fit  des  partages  avec  son  fi-ère 
devant  les  tabellions  de  Caen  le  1 5  décembre  1427  (c'est 
plutôt  1447),  de  la  succession  de  leur  père  et  mère.  Les 
terres  de  Vaux-sur-Aure  et  de  L^Isle  demeurèrent  à 
Guillaume  de  Vaux. 

Aveux  rendus  à  Raoul    de   Vaux,   écuyer,   devant 

34 


530 

Richard  de  La  Dangie,  sénéchal  de  Vaux,  le  14  dé- 
cembre 1461  :  à  Jean  de  Vaux,  seigneur  de  Vaux,  en 
1468  et  1478  :  et  à  Goujon  de  Vaux,  en  1487  ^  1489. 
Ce  dernier  eut  pour  fils  et  héritiers  Jean  et  Jacques  de 
Vaux,  écuyers.  On  peut  consulter  Particle  de  la  seigneurie 
de  risie  à  Mestry,  doyenné  de  Couvains,  au  supplé- 
ment. 

Vaux-sur^Seulles  (Saint^Pierre  de).  Sergenterie  de 
Creully,  élection  de  Caen,  24  feux,  notariat  de  CreuUy  et 
Nouant. 

Cette  paroisse,  assise  sur  la  rivière  de  SeuUe,  est  â 
une  lieue  et  demie  de  Bayeux  et  2  de  Creully.  Il  y  a 
4  fiefs  nobles  dans  cette  paroisse  :  le  fief  de  Vaux,  le  fief 
de  Saint-Gilles,  et  les  fiefs  de  Saint-Clair  et  de  Méautis. 
L^abbesse  de  Caen  est  dame  et  patronne  de  la  cure. 

Dans  une  visite  que  Jean  de  Moncy,  archidiacre  de 
Caen,  fit  le  2  juin  r6o3  de  cette  église,  il  fut  ordonné 
qu^à  Pavenir  le  pain  de  la  charité,  fondé  en  la  dite  église, 
sera  apporté  et  distribué  dans  cette  église  par  le  trésorier 
en  charge  (i). 

Il  y  a  eu  deux  curés  distingués  par  leur  mérite  à 
Vaux*sur-Seulle  :  Sébastien  Corbet,  chanoine  et  archi* 
diacre  de  Bayeux,  en  i6o3,  et  Nicolas  de  GrimouviIl^ 
Larchant,  auparavant  principal  du  collège  de  Bayeux, 
décédé  en  1736. 

Par  une  chartre  sans  date,  Guillaume  de  Vérigny  et 
Olivier,  son  frère,  donnent  à  Tabbaye  de  Longues  deux 
gerbes  de  dîme  à  prendre  (2)  sur  tou^t  leur  fief  de  Vaux- 
sur-SeuUe  (de  Vallibus  super  Seullam),  Cette  chartreest 

(i)  Reg.  des  visites,  p.  i,  a  et  3,  fol.  verso, 
(t)  Cartul.  abbatic  de  Longi,  p.  44,  fol.  vers. 


I 

i 


531 

signée  4e  Guillaume  de  Ver  qui  récrivit,  de  Richard  de 
Longues,  de  Beaudouin  de  Longues,  Jean  de  Manvieux, 
Richard  du  Pont,  Guillaume  d'Auné  et  Robert  Le 
Moine. 

Robert  de  Basenville,  par  acte  du  mois  de  décembre 
1236,  donna  aux  chapelains  de  Notre-Dame  de  Bayeux, 
une  demi-acre  de  terre  sise  à  Vaux-sur-SeuUe,  dans  la 
délie  appelée  Le  Perrier,  entre  la  terre  de  W.  de  Molen- 
din,  et  la  terre  de  Jean  de  Bureth,  chevalier.  Il  donna, 
par  chartre  de  novembre  au  dit  an,  à  Raoul  L'Arche- 
vêque, prêtre,  une  demi-acre  de  terre,  située  en  la  même 
paroisse,  avec  la  liberté  d^en  disposer  en  faveur  de  qui 
bon  lui  semblerait,  et  il  approuva,  par  chartre  de  no- 
vembre suivant,  la  donation  que  le  dit  L^ Archevêque  en 
avait  fait  aux  chapelains  de  Notre-Dame  de  Bayeux.  (i). 

Une  branche  de  la  maison  d^Escajeul  a  possédé  la 
seigneurie  de  Vaux-sur-SeuUe.  De  Briand  d'Escajeul, 
seigneur  de  Sully  par  sa  femme  Marguerite  de  Gouvis^ 
depuis  remariée,  en  i486,  à  Richard  de  Pierrepont, 
seigneur  d^Estienville,  sortit  entre  autres  enfants  :  Léger 
d'Escajeul,  sieur  de  Q)ndé,  père  de  René  d^Escajeul, 
sieur  de  Condé  et  de  Vaux,  père  de  Jacques,  père  de 
René,  sieur  de  Vaux,  père  de  Pierre,  mort  sans  enfants  (2). 
Il  y  avait  pourtant,  en  i6o3,  noble  homme  Jacques 
d^Escajeul,  sieur  de  Vaux,  lequel  était  alors  trésorier  de 
cette  paroisse  (3). 

La  seigneurie  passa  depuis  aux  Bedey,  dont  Jacques 
Le  Bedey,  écuyer,  sieur  de  La  Fosse,  vicomte  de  Bayeux,. 
lequel  mourut  en  sa  terre  de  Vaux  le  19  mars  1641  ; 

«. 
(i)  Cartul.  B.  M.  Cathéd.,  p.  2,  fol.  vers. 

(2)  Généal.  de  la  maison  d*Escajeul. 

(3)  Reg.  de  vis.  de  Tarchid. 


532 

Jacques  Le  Bedey,  écuyer,  sieur  de  Vaux  et  d^  Asuelles, 
vicomte  de  Bayeux  après  son  père  mort  en  1684;  et 
Olivier  Le  Bedey,  écuyer^  sieur  de  Vaux,  son  fils,  décédé 
au  mois  de  juin  1727.  Il  avait  épousé  Françoise-Made- 
leine Descrametot,  dont  Guillaume-François  et  Jacques, 
morts  sans  postérité  ;  et  3  filles,  d'un  deuxième  mariage 
avec  Catherine  de  Croisilles,  sœur  du  président,  mariées 
à  MM.  Hébert  des  Vauxdorés,  G>nseil,  sieur  du  Mesnil, 
et  Le  Maigre,  écuyer,  sieur  de  Lan.  Le  sieur  Le  Bedej 
fiit  construire,  par  permission,  une  chapelle  domestique 
à  Vaux  en  1664. 

Ver  (Saint-Martin  de).  Sergenterie  de  Gray,  élection 
de  Bayeux,  140  feux,  lieu  de  notariat. 

Cette  paroisse,  à  3  petites  lieues  au  levant  de  Bayeux,  est 
bordée  au  nord  par  la  mer,  oti  la  plage  est  plate  et  ion  unie. 
Le  chapitre  de  Bayeux,  seigneur  des  fiefs  de  Ver  et  de 
Creullet  assis  en  ce  lieu,  présente  de  plein  droit  à  la  cure, 
et  en  a  le  déport  avec  droit  de  visite.  Il  jouit  de  la  totalité 
des  grosses  dîmes,  sur  lesquelles  il  paye  120  livres  au 
curé  qui  a  les  menues.  Le  chapitre  y  possède  d'une  part, 
7  S  acres  et  une  vergée  de  terre  avec  une  maison  manable, 
grange,  pressoir  et  colombier,  et  d^autre  pan,  24  acres  de 
terre,  ig  livres,  1 7  sous,  5  deniers,  394  boisseaux  un  tiers 
de  froment,  16  boisseaux  deux  tiers  d^oijge,  mesmtde 
Bayeux,  2  chapons,  28  poules,  280  œufs,  un  pain,  une 
allouette  et  un  pigeon  blanc,  de  rente  foncière  et  sei- 
gneuriale (i). 

On  prétend  que  cette  paroisse  tire  son  nom  du  miracle 
qui  y  advint  lors  du  rétablissement  de  Saint-Gerbold, 
évêque  de  Bayeux^  dans  son  siège  ;  car  à  son  arrivée  dans 

(i)  Av.  du  temp.  de  la  cathéd.  de  Bayeux  à  la  Ch.  des  G>mpc. 


»3 

ce  lieu,  dit-on,  la  terre,  quoiqu^au  fond  de  Phiver, 
devint  chargée  de  verdure  et  de  fleurs,  comme  en  été.  On 
y  voit  encore  les  ruines  d'une  chapelle  qui  fut  abattue, 
en  1 562,  par  les  Calvinistes.  Elle  était  sur  le  penchant 
d^unç  colline  qui  regarde  la  mer,  auprès  d^une  fontaine, 
et  sur  le  bord  de  la  petite  rivière  de  Provence.  La  tra- 
dition porte  que  cette  chapelle  avait  servi  de  retraite  à 
saint  Gerbold  quand  il  revînt  d'Angleterre.  On  montrait 
encore,  du  temps  de  Cénalis,  évêque  d'Avranches,  la 
pierre  appelée  Le-Perron-de-Saint-Gerbold,  sur  laquelle 
on  assure  que  ce  saint  avait  été  apporté  par  mer  miracu- 
leusement en  ce  lieu. 

Voici  un  trait  singulier  et  d'un  autre  genre  qui  con- 
cerne cette  paroisse.  Il  est  pris  dMn  imprimé  à  Caen,  en 
1743,  intitulé  :  Zéphir  artillerie,  ou  la  Société  des 
FrancS'Péteurs.  On  y  fait  un  éloge  comique  du  pet.  Entre 
autres  singularité  amusantes  on  y  lit,  p.  4,  que  dans  une 
paroisse  nommée  Ver,  à  4  ou  5  lieues  distante  de  Caen, 
un  particulier^  par  droit  féodal,  a  exigé  longtemps,  et 
peut  encore  exiger  aujourd*huy,  un  pet-et-demjr  par 
chacun  an.  L'auteur  facétieux  venait  de  dire  que  Furetière 
rapporte  que  dans  le  comté  de  SufTolk,  un  vassal  devait 
faire  devant  le  Roi,  tous  les  jours  de  Noël,  un  saut,  un 
rot  et  un  pet  (  i) .  Il  conclut  après  cela  que  le  pet  renferme 
la  plus  parfaite  et  la  plus  majestueuse  décence  puisqu'il 
est  le  signe  extérieur  du  respect  d'un  sujet  envers  son 
prince,  et  le  tribut  d'un  vassal  à  son  seigneur. 

On  ne  sera  peut-être  pas  fâché  de  voir  Tauteur  original 
qui  raconte  une  redevance  aussi  singulière  que.  cite 
Furetière.  C'est  Camdem.  Voici  ses  propres  paroles  : 
Ad  eumdemflumen  cernuntur  S  ton  et  Nedham,  merca^ 

(i)  Dictionnaire,  t.  II. 


554 

toria  oppiiula,  nec  procul  a  ripa  Hemmingstom  (i), 
in  qua  tenuit  terras  Balduinus  Le  Petour  (notate  miki 
nomen)  per  seriantiam  loquor  ex  antiquo  libelio,  pro 
qua  debuit  facere  die  Natalis  D^  singulis  annis  coram 
D^  rege  Angliœ,  unum  saltum^  unum  suffletum,  et 
unutn  bumbuluffif  vel  ut  alibi  legitur,  per  salium, 
sufflum,  etpettuM,  idest,  si  intelligo,  ut  saltaret,  buccas 
cum  sonitu  infiaret,  et  ventris  crepitum  ederet,  et  fuit 
iiiorum  temporum  aperta  et  lœta  hilaritas. 

Cest  de  cette  paroisse  qu'a  tiré  son  nom  Tancienne 
maison  de  Ver,  si  connue  du  temps  des  premiers  ducs, 
et  dont  il  y  a  encore  des  descendants  en  Angleterre.  Par 
chartre  sans  date,  Richard  Quarrel  <ie  Ver,  du  consente- 
ment de  Guillaume  et  Scrlon,  ses  frères,  donne  à  Tabbaye 
de  Longues,  pour  le  salut  de  leurs  âmes  et  de  celle 
d^Osber  de  Montigny  défunt,  plusieurs  pièces  de  terre 
situées  à  Ver,  et  confirme  une  autre  donation  faite  par 
Nicolas  d*Escrameville.  Témoins  :  Richard  de  Longues, 
Richard  de  Marigny,  Simon  et  Jean  de  Ver,  prêtres, 
Guillaume,  fils  de  Robert  de  Ver,  Guillaume,  fils  de 
Geoffroy  de  Ver,  Robert  Le  Moine  et  Guillaume,  son 
frère  (2). 

Par  chartre  du  mois  de  juillet  1237,  Guillaume  Le 
Bois,  clerc,  fils  de  feu  Jean  de  Ver,  qualifié  miles,  donne 
aux  12  chapelains  de  Notrç-Dame  de  Bayeux,  un  quar- 
teron de  froment,  mesure  de  Bayeux,  à  prendre  chaque 
année  au  mois  de  septembre,  sur  une  demi-acre  de  terre 
qu'il  avait  dans  le  territoire  de  Ver  (3). 

Vienne  (Saint-Pierre de).  Sergenterie  de  Gray,  élection 

(i)  Camdefn,  BrHanniœ  description^.  410-41 1. 

(a)  Cart.  abb.  de  Long. 

(3)  Cart.  cap.  B,  M.  Cathéd.,  p.  3. 


53$ 

de  Bayeux^  63  feux  et  120  communiants,  notariat  de 
Tracy. 

Cette  paroisse,  à  cinq  quarts  de  lieue  de  Bayeux,  est 
assise  sur  la  rive  gauche  de  la  rivière  de  Seulle.  il  en 
est  fait  mention  dans  la  chartre  de  fondation  de  Tabbaye 
de  Cerisy,  année  io32  (i).  Robert  duc  de  Normandie 
donne,  entre  autres  biens  à  cette  abbaye,  m  Viana  duos 
villanos  cum  terris  suis  et  duos  acras  prati.  Il  en  est 
aussi  parlé  dans  la  chartre  de  fondation  de  Tabbaye 
d^Aunay,  expédiée  en  i3ii.  On  y  lit  ces  mots  :  item 
[habent  monachi)  exdono  Eudonis  de  Brece,  duos  acras 
terrœ  apud  Vianam,  item  exdono  Anchetilli  de  Viana^ 
unam  acram  terrœ  apud  eamdem  villam^  concedente  et 
donante  Willelmo,filio  ejusdem  Anscketilli  (2). 

Uabbé  de  Préaux  nomme  à  la  cure  de  Vienne.  Il  a  les 
deux  tiers  de  la  dîme  :  Tautre  tiers  est  pour  le  curé, 
excepté  sur  le  territoire  du  fief  Valeran,  dont  la  dîme  est 
pour  le  trésor  de  Téglise.  En  1040,  Guillaume,  comte  de 
Saint-Pierre  dédit  de  dominio  suo,  duas  ecclesias  et 
terrant  ad  eas  pertinentem,  scilicet  de  Bollivilla  et  de 
Viana  (3).  Il  fut  engagé  à  faire  ces  donations,  par  le 
conseil  et  à  la  persuasion  de  Parchidiacre  Guy,  qui  possé^ 
dait  en  titre  ces  deux  cures.  Anfry,  abbé  de  Préaux, 
s*associa  pour  ce  sujet  à  son  monastère,  en  sorte  que  s^il 
voulait  y  prendre  Thabit  de  moine,  il  lui  serait  accordé; 
ce  qui  arriva.  Depuis,  Richard  de  Creully  abandonna  à 
Saint-Pierre  de  Préaux  tout  le'  droit  qu^il  avait  in  eccle" 
sia  illius  villœ  quœ  vocatur  Viana;  car  il  prétendait  que 
Vienne  était  un  démembrement  de  sa  baronnie  de 
Creully,  et  partie  de  cette  paroisse  en  relève  encore. 

(i)  Neust.  pia,  p.  431. 

(a)  Neust.  pia,  p.  ySç. 

(3)  Nov.  Galia.  Christ,,  1. 1,  col.  201. 


.f 


Uéglise  parait  ancienne;  le  chœur  était  accompagné  de 
deux  chapelles  qui  ont  été  abattues  par  vétusté  il  n'y  &  pu 
bien  des  années.  Il  est  porté  dans  une  visite  faite  en  cette 
église  le  a  juin  i6o3«  par  Tarchidiacre  de  Caen,  que  sur 
la  remontrance  des  paroissiens  qu*il  y  avait  certaines  cha- 
pelles joignantes  au  chœur  de  relise  (i),  réclamées  par 
noble  homme  Jacques  de  Taillebois  sieur  de  Vienne,  qui 
étaient  mal  entretenues^  Tarchidiacre,  sur  la  requête  du 
promoteur,  chargea  le  curé  et  le  trésorier  de  sommer  le 
seigneur  de  Vienne  ou  autre  prétendant  droit  aux  dites 
chapelles  de  les  mettre  en  due  réparation.  Il  y  a  dans  la 
tour  deux  cloches  qui  doivent,  surtout  une,  être  r^ardées 
pour  des  plus  anciennes  de  Normandie.  On  lit  autour  de  la 
grosse  ces  mots  :  Jehan  de  Vienne,  évêque  de  Thérouanne, 
a  donné  ce  saint,  et  nCa  nommée  avec  Magdeleine  de 
Bernescq  en  i33o,  et  autour  de  la  petite  :  Jehan  Le 
Marchand,  1423. 

On  voyait,  il  y  a  quelques  années,  un  ancien  tombeau 
dans  le  chœur,  sur  lequel  il  y  avait  une  statue  d^arche- 
véque,  avec  ses  armes,  lequel  fut  ruiné  en  i562  parles 
Calvinistes.  Un  ancien  manuscrit  de  la  bibliothèque  de 
M.  Bigot,  de  Rouen,  marque  que  c'était  celui  de  Guil- 
laume de  Vienne,  archevêque  de  Rouen,  décédé  au  mois 
de  février  1406,  et  qu'il  avait  été  mis  dans  un  tombeau  de 
pierres  blanches  dans  Téglise  de  Vienne,  proche  Bayeux; 
mais  le  P.  Pommeraye,  dans  son  Histoire  des  archevêques 
de  Rouen  (2),  a  fait  voir  par  de  bonnes  preuves  que  cet 
archevêque  nierait  point  normand,  mais  sorti  de  la  maison 
de  Vienne,  en  Bourgogne;  il  prouve  :  i®  qu'il  fut  frère 
de  Jean  de  Vienne,  amiral  de  France,  reconnu  générale- 


(i)  Reg.  d««  visit.  du  dojr.  de  CreuUy,  p.  5. 
(a   P.  535. 


i 


537 

ment  pour  être  Bourguigon;  i®  qu'il  fonda  lui-même  par 
testament  un  service  solennel  pour  Jean>  duc  de  Bour- 
gogne; 3^  qu'il  est  enterré  dans  Tabbaye  de  Saint-Seine» 
diocèse  de  Langres,  dont  il  avait  été  abbé,  et  où  Ton  voit 
encore  son  tombeau.  Cependant  Phistorien  de  Rouen  est 
forcé  d^avouer  qu^il  faudrait  distinguer  deux  archevêques 
du  nom  de  Vienne,  Tun  Bourguignon,  Tautre  Normand, 
parce  que  la  plupart  des  auteurs  ont  attribué  plusieurs 
choses  au  Bourguignon,  qui  ne  lui  appartiennent  point 
du  tout,  et  que  les  manuscrits  ont  dit  du  Normand. 

Un  fait  certain,  c^est  qu'il  était  sorti  de  cette  paroisse 
longtemps  auparavant  un  autre  prélat  qui  ne  fut  pas 
moins  célèbre  que  Guillaume  de  Vienne,  archevêque  de 
Rouen;  )e  veux  dire  Jean  de  Vienne,  archevêque  de 
Reims.  On  ne  peut  pas  dire  que  ce  fut  son  tombeau 
qu^on  voyait  à-Vienne,  proche  Bayeux,  car  Marlot  dit 
formellement  que  cet  archevêque  fut  enterré  dans  son 
église  métropolitaine,  et  qu^on  lit  cette  simple  épitaphe 
sur  sa  tombe  :  Hic  Jacet  dominus  Johannes  de  Vienna 
Rhemensis  archiepiscopus  qui  obiit  XIV.  Junii  i35i  (  i  ) . 

Ce  prélat,  évéque  d'Avranches  en  i386,  (et  non 
d^Évreux,  comme  Ta  dit  Le  Brasseur,  dans  son  Histoire 
d'^Évreux  (  3) ,  ensuite  de  Thérouanne  dans  F  Artois,  devint 
archevêque  de  Reims  vers  i334,  et  il  est  le  premier  qui 
soit  parvenu  à  ce  siège  par  la  voie  des  réservations 
papales.  Il  fit  le  voyage  de  Saint-Jacques  en  Galice,  et 
durant  ce  pèlerinage,  les  rois  de  CastiUe  et  de  Navarre  le 
choisirent  en  i335  pour  moyenner  la  paix  entr'eux.  Les 
Rémois  le  firent  sommer  par  son  chapitre,  et  il  pria  Ber- 
trand, évéque  de  Noyon,  de  fiûre  pour  lui  la  visite  de  son 


(i)  Hiit.  méiropoli.  Rkemens.,  t.  II,  p.  6ao. 
(i)  Hist,  d^Évrwx,  p.  117. 


53» 

diocèse,  ce  qu'il  exécuta  en  i337  (i).  L^archevéque  revint 
la  même  année,  et  le  vendredi  avant  la  Toussaint,  il  se 
trouva  hors  des  portes  de  Rheims  à  la  tête  de  ses  vassaux 
armés,  pour  marcher  au  secours  du  Roi  contre  celui 
d'Angleterre  ;  mais  Philippes  de  Valois  aima  mieux  un 
secours  dargent,  et  dispensa  ses  troupes  de  le  suivre. 
L'archevêque  ne  laissa  pas  de  raccompagner,  et  ce  ne  fiit 
qu'après  son  retour  en  1 339,  qu'il  fit  son  entrée  solennelle 
dans  la  ville  de  Reims.  Le  roi  Ten  fit  en  même  temps  capi- 
taine, de  même  que  de  tout  le  territoire.  Il  tint  un  concile 
provincial  à  Noyon,  dans  le  mois  de  juillet  1344,  pour 
établir  plusieurs  points  de  réforme  ecclésiastique,  et  pour 
maintenir  les  libertés  et  privilèges  ecclésiastiques  contre 
les  entreprises  des  laïques.  Il  fut  nommé,  le  1 1  novembre 
1345,  ambassadeur  du  Roi  vers  le  Pape  et  vers  le  roi  de 
Castille,  pour  les  engager  à  faire  la  paix  entr'eux.  S'étant 
trouvé  à  la  funeste  bataille  de  Crécy,  en  1 346,  il  accom- 
pagna fidèlement  le  roi  dans  sa  retraite,  ce  qui  n'empêcha 
pas  ce  prince  de  donner  à  Gaucher  de  L'Oo,  le  gouverne- 
ment de  la  ville  de  Reims,  et  celui-ci  choisit  pour  son 
lieutenant  le  seigneur  de  Broyés  qui  se  fit  apporter  les 
clefs  des  portes.  L'archevêque  s'en  plaignit  comme  d'une 
entreprise  sur  sa  juridiction  temporelle,  et  représenta 
que  le  privilège  de  garder  ces  clefs  avait  été  accordé  à  ses 
prédécesseurs  par  les  rois  Philippe-Auguste  et  Saint- 
Louis.  Le  roi,  touché  de  ces  remontrances,  ordonna,  par 
ses  lettres  du  29  juillet  1347,  adressées  au  bailli  de  Ver- 
mandois,  que  les  clefs  de  la  ville  de  Reims  fussent  resti- 
tuées à  son  archevêque.  Après  s'être  trouvé  aux  obsèques 
de  ce  prince,  le  28  d'août  i35oy  il  sacra  le  roi  Jean,  son 
fils  et  son  successeur,  et  la  reine  Jeanne  de  Boulogne,  son 

(i)  Hist.  des  gr,  0/.,  t.  II,  p.  11. 


S39 

épouse,  le  26  septembre  de  la  même  année.  Il  mourut 
l^nnée  diaprés. 

La  Roque,  qui  veut  que  Parchevéque  de  Rouen,  dont 
j^ai  parlé  d-devant,  soit  sorti  de  la  maison  de  Vienne  en 
Normandie,  dit  dans  ses  additions  au  premier  volume  de 
V Histoire  de  la  maison  d'Harcourt  (i),  que  cette  famille 
était  une  branche  de  la  maison  de  Vienne  en  Bourgogne, 
laquelle  était  venue  s'habituer  en  Normandie.  Ce  quHl 
répète  encore  dans  le  second  volume  (2),  mais  son  senti- 
ment doit  être  rejeté  parce  que  :  i®  le  village  de  Vienne 
près  Bayeux  paraît  être  de  la  première  antiquité,  et  qu'il 
a  donné  le  nom  à  ses  premiers  seigneurs  ;  2^  les  de  Vienne 
en  Normandie,  sont  appelés  de  Viana  en  latin,  et  non  de 
Vienna  comme  ceux  de   Bourgogne;   3o  les  premiers 

portent  pour  armes  :  de au  chevron  de. . . .  et  les 

seconds  :  de  gueules  à  Taigle  d'or.  Ces  raisons  prouvent 
aussi  que  Parchevéque  de  Reims  était  de  la  maison  de 
Vienne  en  Normandie,  il  portait  le  chevron  dans  ses 
armes,  et  il  avait  pour  frère  un  grand  vicaire  et  trésorier 
de  son  église,  qui  s'appelait  Raïnaldus  de  Viana,  et  non 
de  Viennay  selon  la  façon  d'écrire  des  Bourguignons. 

Anschetil  de  Vienne,  du  consentement  de  Guillaume, 
son  fils,  comme  nous  l'avons  vu,  donna  aux  religieux 
d'Aunay,  vers  ii3i,  une  acre  de  terre  située  dans  la 
paroisse  de  Vienne. 

Martin  de  Vienne  signa  comme  témoin  à  la  donation 
du  patronage  de  la  moitié  de  l'église  ,de  Sainte-Croix- 
Grand-Tonne,  faite  à  l'abbaye  de  Longues  par  Thomas 
d'Aigneaux,  magistro  Martino  de  Viana,  Cette  qualité 
de  maître  employée  alors,  signifiait  un  homme  savant  et 

(i)  Hist.  Harc,  U  I,  p.  5oa-5o3. 
(a)  Hist.  Hare.,  t.  II,  p.  1458. 


540 

lettré.  La  chartre  est  sans  date,  mais  la  confirmation  de 
Henri  II,  évéque  de  Bayeux,  qui  suit  immédiatement 
après,  prouve  qu'elle  est  de  la  fin  du  xm*  siècle  (  i). 

Richard  de  Vienne  (de  Viana),  par  acte  du  mois  de 
juin  i25i,  vend  à  Denis  Bencest  une  rente  qu^il  avait  à 
prendre  sur  une  maison  sise  à  Bayeux,  paroisse  Saint- 
Jean,  proche  la  maison  de  lui  de  Vienne  (2). 

Jean  de  Vienne,  de  la  paroisse  de  Saint-Loup-de- 
Bayeux,  est  cité  parmi  les  anciens  nobles  dans  Montfaouq, 
en  1463. 

Antoine  de  Vienne  (de  Viana),  chanoine  de  Befnesq 
en  Téglise  de  Bayeux,  permute  cette  prébende  pour  la 
cure  de  Saint-Rémy  de  Lacy,  en  ce  diocèse,  avec  Jean  Le 
Poutrely  avec  l'agrément  du  roi.  Le  visa  est  du  20  mars 
1498  (3). 

La  Roque  à  Fendroit  cité  à  la  marge  (4),  dit  que  Pierre 
de  La  Perrière,  seigneur  de  Baron,  qui  fit  sa  preuve 
devant  les  élus  de  Bayeux  en  i523,  était  héritier  de  la 
maison  de  Vienne,  en  Normandie.  J^ai  vu,  en  effet,  dans 
un  vieux  registre  contenant  la  déclaration  des  fiefs  nobles 
de  la  vicomte  de  Bayeux  pour  Tannée  i5o3  (p.  17,  fol. 
vers.),  que  Pierre  de  La  Perrière  donna  sous  seing  manuel 
la  déclaration  de  la  moitié  du  fieu  de  Vienne,  tenu  de  la 
baronnte  dc^  CreuUy,  à  gaige-pleige,  et  Pautre  moitié  en 
est  tenant  le  seigneur  d^Auvillers-d'Harcourt,  à  catise  de 
la  demoiselle  sa  femme,  et  est  le  dit  fief  assis  au  dit  lieu 
de  Vienne. 

Le  seigneur  d'Auvillers  est  Jean  d^Harcourt,  qui  tenait 
le  fief  de  Vienne,  du  chef  de  Marguerite  de  Batarnay  son 

(r)  Caitul.  abbat.  de  Longit. 

(a)  Cartul.  Domus  Dei  Bajo.,  p.  84,  fol.  vert. 

(3)  Reg.  du  secret,  dcrévêché. 

(4)  Hiit.  Harc.,  t.  U,  p.  1458. 


541 

épouse»  fille  héritière  d'Antoine,  seigneur  de  Vaugris, 
bailli  de  Caen,  et  de  Renée  de  Houllefort,  dame  de 
Hamars  et  de  Vienne,  fille  de  May  de  HouUefort,  sei- 
gneur des  dits  lieux,  chambellan  du  roi,  bailli  de  Caen 
en  1464  et  1469,  fils  d'Henri  HouUefon,  seigneur  d'Ha- 
mars  et  de  Vienne,  aussi  bailli  de  Caen  (i).  Du  mariage 
du  seigneur  d'Auvillers  et  de  la  dame  de  Vienne  (2)  vint 
pour  fils  unique  Thomas  d^Harcourt,  sire  d^Auvillers  et 
de  Vienne^  qui  mourut  sans  postérité,  et  eut  divers  héri- 
tiers tant  paternels  que  maternels. 

D^anciens  aveux  font  encore  mention  d^autres  fiefs  sis  à 
Vienne  :  i^  le  fief  d^Hamars  qui  fut  à  messire  d^Harcourt, 
comte  de  Beuvron  ;  20  la  verge  de  Vienne  relevant  du  fief 
noble  de  Sommervieu,  appartenant  au  seigneur  évéque 
de  Bayeux  ;  3^  le  fief  d^ Aunay  appartenant  à  Tabbaye 
d^Aunay;  4^  le  fiefdeSaint-Célerintenu  par  M.  d^ Ardais 
de  Beaupigny;  5^  le  fief  de  Valleries  qui  fut  à  noble 
seigneur  Bernardin  de  Reviers,  relevant  du  fief  de  Magny  ; 
6^  le  fief  ou  membre  de  fief  relevant  du  fief  de  Saint-Ger- 
main-de-la-Lieue  ;  70  le  fief  du  Mesnil  relevant  de  la  châ- 
tellenie  de  Bayeux  par  un  huitième  de  hautber,  suivant 
l'aveu  de  demoiselle  Jeanne  de  Sallen^  veuve  d^ Antoine 
Le  Mercier,  écuyer,  sieur  du  Mesnil. 

Villiers-le-Sec  (Saint-Georges  de).  Sergemerie  de 
Gray,  élection  de  Bayeux,  5o  feux,  2S0  habitants,  nota- 
riat de.Ver. 

Cette  paroisse,  située  à  2  lieues  au  nord-ouest  de  Bayeux 
et  à  demi-lieue  du  bourg  d.e  Creully,  est  séparée  de  la 
paroisse  de  Saint-Gabriel  par  la  rivière  de  Seulle,  du  côté 

(1)  Hist.  Harc,  t.  I,  p.  908. 
(i)Hist,  Harc,  t.  II,  p.  917. 


54^ 

du  midi;  TégUse  ea  parait  fort  ancienne.  Elle  a  saiat 
Georges  martyr  .pour  premier  patron  et  saint  Laurent 
pour  second.  Tout  autour  régne  un  grand  cimetière 
rempli  desépulchres  de  pierres  qui  servent  de  coffres  aux 
corps  que  Ton  y  enterre. 

Le  vieux  pouillé  de  révtché  Tappelle  :  Ecclesia  de 
Villari'Sicco,ei  met  la  cure  à  la  nomination  de  Pabbé  de 
Fécamp.  Cette  abbaye  en  possède  encore  le  patronage,  au 
droit  du  prieur  de  Saint-Gabriel.  Les  religieux  de  Saint- 
Vigor-le-Grand,  chargés  de  Toffice  du  prieuré  de  Saint- 
Gabriel  par  la  réunion  de  cette  communauté  faite  en 
1695,  perçoivent  les  trois  quarts  des  grosses  dîmes,  aux 
charges  de  payer  au  curé  80  livres  tous  les  ans^  et  1 2  livres 
10  sous  pour  le  pain  et  le  vin  nécessaires  au  Saint-Sacri* 
fice  de  la  messe  et  à  la  communion  des  paroissiens»  Le 
surplus  des  dîmes  appartient  au  curé. 

Cette  paroisse  est  justiciable,  partie  de  la  juridiction  de 
Saint-Gabriel,  et  partie  de  celle  de  Bayeux.  Le  prieur  de 
Saint-Gabriel  est  seigneur  et  patron  de  Villiers-le-Sec  ;  il 
y  possède  un  fief  sur  lequel  Téglise  et  le  presbytère  sont 
situés.  Messire  Olivier  d^ Amours,  écuyer,  au  droit  de 
messire  d^OUiançon,  en  a  deux;  Banville  es»  le  plus 
grand  et  relève  du  seigneur  de  Banville;  Tautre  s^appelle 
Villiers  et  relève  du  baron  de  Creully.  Ce  fief  fut  à  noble 
homme  Pierre  Boutin,  écuyer,  et  à  Guillaume  Taillebois, 
à  cause  de  la  dame  sa  femme;  il  donna  en  1 5o3  la  décla- 
ration de  ce  fief  tenu  de  Creully  par  un  demi-fief  de  che- 
valier. 

Olivier  de  Saint-Ouen,  chevalier,  seigneur  du  lieu,  et 
noble  dame  Marguerite  Brèche,  son  épouse,  fille  héritière 
en  partie  de  feu  Jacques  Brèche,  sieur  du  Coudray,  ven- 
dirent, par  contrat  passé  au  tabellionnage  de  Bayeux,  le 
20  septembre  i663^  à  François  Foucœur^  sieur  de  Fonte- 


543 

nay,  plusieurs  pièces  de  terre,  maison  et  héritages  assis  en 
la  paroisse  de  Villiers-le-Sec,  à  charge  de  faire  acquitter 
les  droits  et  devoirs  seigneuriaux  aux  seigneurs  de  Vil- 
liers,  au  prieur  de  Saint-Gabriel,  au  fief  de  Courcy  et  au 
seigneur  de  Bazenville,  de  qui  ces  héritages  sont  tenus. 


TABLE  ONOMASTIQUE 


Abbaye  -  aux  -  Dames.   —    Voir 

Sainte-Trinité. 
AboviUe  (d'),  3a2. 
Acante,  lag. 
Acartn,  196,  226.     . 
Aché,  Acher  ou  Achey  (famiUe 

d'),  57, 88,  99,  129,  291,  3oi, 

345. 
Acqueville,  paroisse,  3,  35. 
Adeline  (sainte),  322. 
Agneaux  (d*),  377,    461,  463, 

525. 
Agnes,  144. 
Aguern^r,  paroisse,  25 1. 
Agy,  5^. 

Aguesseau  (d*),  346. 
Aigneaux  (d*).  Voir  Agneaux. 
Aiguillon  (rivière  d*),  59,  67, 78, 

87;  fief,  281,  504. 
Airan,  paroisse,  101. 
AUgre(d7,  175. 
Allain,  390. 

Allemagne,  paroisse,  io3. 
Almenèches  (abbesse  d*),  147. 
Alouette  (fief  de  10,  i36. 
Amayé,  fief,  281  ;  (fiimtlle  d'), 

378. 
Amblie,  paroisse,  405. 
A.mfréville,   paroisse,    39;    (fa- 
mille d*),  88. 
Amiel,  218. 
Amours  (d*)»  475,  542. 


Amyot,  5i3. 

André,  233,  485,  487. 

Angennea  (d*)  238,   247,  288, 

514. 
Angenraie  (d»),  23,  65,  71,  77, 

523. 
Angoville,  paroisse,  3;  village, 

3i. 
Anguemy.  Foi'r  Aguemy. 
Anisy,  paroisse,  252  ;  (famille  d*), 

72,  252,262,  465. 
Anjou  (d'),  525. 
Anquetil,  216. 

Anzerey,  1x2,  139,  147,  216. 
Arbre-Martin  (sainte  Madeleine 

de  V),  léproserie,  47. 
Archevêque  (L'),  53 1. 
Ardais  (d*),  541. 
Ardennes  (abbaye  d'),  3oo,  383. 
Arganchy,  495  ;  (famille  ^')»  4^  i  • 
Argences,  paroisse,  40. 
Argences  (d*),  3o,  3i,  43. 
Argentelles,  fief,' 157. 
Argouges,  paroisse,   406;   (fa- 
mille d'),  406,  411,  417,  463, 

478. 
Ariette,  420. 

Amault  de  la  Brifle,  178,  179. 
Amauphin  (d*),  55. 
Arquenay,  paroisse,  253. 
Arromanches,  paroisse,  408. 
Asnelles,  paroisse,  409,  483. 
35 


S4^ 


Asnièret  (des),  io8. 

Attâin  (d*),  43a. 

Athit-ftur-Orne,  paroisse,  319. 

Aube  (d*).  Voir  Richer. 

Aubert,  340. 

Auberville  (d*),  69. 

Aubeiy,  5i5. 

Aubery  de  VasUn,  179. 

Aubin,  514. 

Aochin  (d*X  365,  385. 

Auge  (d*),  41 3. 

AudrieUf  5is  ;  (fief  d\)  a8i. 

Aumondevilie,  m. 

Aumône  (gué  de  T),  69. 

Aumont  (d*),  ao  ;  (fief  d*),  a6. 

Aunsj,  abbaye,  433  ;  fieft,  446, 

541. 
Auné(d'),  53 1. 
Auprêtre,  fontaine;  5. 
Auni7(d'),  ayôy  3oi. 
Aure,  rivière,  406. 
Aussonvilliers  (d*).  Voir  Hébert. 
Authie,  paroisse,  3ao. 
Auvray  de  Saint-André,  a46. 
Auvrecher   (d*).   Voir  d'Anger- 

▼tlle,  8a. 
Auzàis  du  Bosq  (d*),  335. 
Auxais-Franquetot  (d*),  441. 
Aur-Demoiselles,  fief,  370. 
Aux-Pucelles,  fief,  370. 
Aveisnes  (le  Petit  d'),  18. 
Avenay,*fief,  a8i. 


Bachelier  (Le),  145 

Bacon,  lao,  367, 36o,  378,  385, 

396,  463,  5a5. 
Bactot,  rivière,  3. 
BaillAhache  (de),  i3a,  5a3. 


Bailleul   (de),    106,    107,  110, 
iaa,496. 

Ballefoy  (de\  3o6. 

Banastre,  fief,  486. 

Baneville,  fief,  47.  Voir  Baooe- 
viite. 

Banneville- la -Campagne,   pa- 
roisse, 47.  ^ 

Banville,  paroisse,  410  ;  seigneu- 
rie, 4 1 1  ;  fief,  54a. 

Bapaulme  (Néel  de),  a49. 

Baratte,  a45. 

Barberie,  famille,  53,  179, 376. 

Barbery,  paroiase,  4. 

Barbey  (Le),  447. 

Barbières,  hameau,  389.  Foir 
Hamars,  fief,  390. 

Bardou,  117. 

Barillon  de  Morangis,  176. 

Baron,  fief,  a8i. 

Bameville.  Voir  Gislin. 

Barra  (de),  5ia. 

Barre  (de  La),  5e3. 

Bas  (Le),  a69,  3i5, 416,  3ii. 

Basm,  176. 

Basly,  paroisse,  254. 

Bassets  (village  des),  33. 

Batamay  (de),  386,  340. 

Bateaux  sur  TOme,  33. 

Bateste,  7a,  144. 

Baudart,  371. 

Baudrand  (de),  3. 

Baudry,  aa9. 

Bavent,  paroisse,  43. 

Baxeto  fAigard  d^,  4S. 

BayeJLe),  fief,  i53,  157. 

Bayeux  (  chapitre  de  ) ,  37S  ; 
(évêques),  passim,  5ao;  (ft* 
mille  de),  3 1 3. 


547 


Bayeux,  fief,  a8i. 

Bazenville,  paroisse,  412  ;  (fa- 
mille de),  53 1. 

Bazoque  (de  La),  491. 

Beauchamp  (de),  442. 

Beaudoin,  27. 

Beaufbit,  fief,  294. 

Beaufou,  baronnie,  39, 98,  399. 

Beaumont-le-Richard,  fief,  5o3. 

Beaupigny,  hameau,  475,  541. 

Beauregard,  hameau,  297. 

Beauvais,  montagne,  7  ;  fief,  73. 
Fbir  Beauvoir;  fermç,  i32  ; 
hameau,  485,  524. 

Beauval  (de),  3o6  ;  fief,  495. 

Beauvoir,  hameau,  73. 

Beauvoisin  (de),  11. 

Beauzamet,  fief,  281. 

Becquet  (Le),  lieu  dit,  147. 

Bédey(Le),  334,  ^3i. 

Bédquses '(hameau  des),  140. 

Béfeux  (village  du),  6. 

Bellezaise,  25o. 

Bélesme  (Mabille  de),  5i,  92. 

Beleth,  227. 

Belette,  27. 

Belièvre(Le),  334. 

Belle-Etoile.  Voir  Cerisy. 

Bellemare  (de)  i3,  277,  389. 

Bellenger  de  La  Crette,  229. 

BeilengreviUe,  paroisse,  104. 

Bellet,  carrière,  332. 

Belleville  (de),  81. 

Belmest,  hameau,  76. 

Bénard,  373,  5o5. 

Bencest,  540. 

Béneauville,  hameau,  46. 

BennevUle.  Voir  Banevilie  et 
Banneville. 


Benoit,  56. 

Bénouvtlle,  paroisse,  255;  (de) 

253. 
Bény,  paroisse,  256. 
Béquet  (Le),  fief,  47. 
Berçeur  (Le),  27. 
Bemesq  (de),  536. 
Bernier,  5 16. 
Bemières-sur-Mer ,  paroisse,  2  5  8  ; 

(famille  de),   36,    249,    259; 

(fief  de),  38 1. 
Bernières  (de),  235,  349,  354, 

399. 
Berrolles  (de),  244,  504. 
Bert  (Le),  5ii,  5i5. 
Bertaud,  i3. 

Bertrand,  128,  271,  400. 
Bétheville  (de),  66. 
Béton,  436. 
Beuf(Lc),  465. 
Beuville,  paroisse,  261  ;  (famille 

de),  263. 
Beuvrigny  (de),  340. 
Beuvron  (d'Hàroourt-Beuvron), 

20.  Voir  Harcourt. 
Beuzeville  (de),  72,  493. 
Bidois  (Le),  229. 
Bienvenu  (Le),  i53. 
Biéville,  paroisse,  265. 
Bigot,  88,  23o,  465. 
Bigot  (Le),  149. 
Billy,  paroisse,  109. 
Baiy  (Grainville-Billy),  fief,  18. 
Bins  (village  des),  33. 
Biquetot,  fief,  e55. 
Bissières,  paroisse,  110, 
Bisson  (Le),  hameau,  22.  Voir 

Buissons. 


S48 


Bttoti  hameau,  374;  (fiiimlle  de), 

375. 
Blagny,  504. 
BlainTÎlle,  fMtfoisse^  166. 
Blanchard,  199. 
Blanche  (abbaye  de  La),  3  29. 
Blait  ou  Blayi  (Le  <m  de),  419, 

4ï3,  490. 
Bletsebois  (de),  ta. 
Bloia  (de),  4^9. 
Blond  (Le),  384. 
Blonde!,  107,  473,  487. 
Blouet,  a39  ;  —  de  Camilly,  332, 

349,  394. 
Bd  (Le)  fMToisie,  4. 
Bobehier,  218. 
Bochurd,  200. 
Boésaaye  (Notre-Dame  de  La), 

119. 
Bois  (du),  83,  i35,  260,  385, 

436,  479. 
Bois-Fradel  (village  du),  35. 
Boiaroger  (de),  55,  83,  439. 
Botstard,  525. 
Boitteau,  2^9, 
Boivin,  60. 

Bombanyille,  hameau,  389. 
Bonde  (hameau  de  La),  55. 
Bonenfant,  74. 
Bonnd,  517. 
Bonne-Nouvelle,  chapelle,    14; 

montagne,  7. 
Bonnet,  57;  fief,  495. 
Bonnœfl,  paroisse,  5. 
Bordeaux,  fief,  26. 
Bord  (de),  157. 
Bos,  fief,  504. 
Bosc(du),  49»  4"- 
Bouc  (Le),  5i3. 


Boucher  (Le),  61. 
Boudessou,  village,  12. 
Boudevillain,  fief,  73.  Voir  Bou- 

tevillain. 
Bouges,  fief,  36. 
Bougy,  fief,  281. 
Boutllonnay  (du),  438. 
Bouillons  (hameau  des),  aa. 
Bouissier  (de),  458. 
Bouliesse,  hameau,  385. 
Boulon,  paroisse,  6. 
Bouquetière  (village  de  La),  154. 
Bourbillon  (moulins  4e),'  io3. 
Bourbon  (de),  217. 
Bourdin,  60. 
Bourg  (du),  463. 
Bourgaise,  iio. 

Bourgeois  (Le),  109,  3o6,  346. 
Bourgeoise,  267. 
Bourguébus,  paroisse,  iio. 
Bouigueuil,  fief,  372. 
Bourguignon   (Le),    3o3;    (fief 

au),  526. 
Bouriennière  (village  de  La),  33. 
Bousquet  (du),  475. 
Boutcschsrd,  hameau,  386. 
Boutevillaln,  llef,  97;   famille, 

41 3.  Voir  Boudevillain. 
Boutin,  297,  542. 
Bouvet,  218. 

Bragueville,  hameau,  257. 
Bras,  hameau,  i36 ;  (M.  de)  pas-- 

sinu 
Bray  (bois  de),  5  ;  (Emilie  de), 

ii3;  (hameau  de),  35o,  386. 
Bray-en-Cinglais,  paroisse,  5. 
Bray-la«Gampagne,  paroisse,  112. 
Brèche,  542. 


549 


Bréc/i  paroisse,  4i5;  (de),  416, 
535. 

Bréholière  (La),  hameau,  477. 

Bretcl  (de),  67,  335. 

Breteuîl  (comtes  de),  420. 

firetteville  (de),  6;  Bretteville- 
sur-Bordel,  434. 

Bretteville-la-Pavée.  Voir  Bret- 
teville-sur-Odon. 

Bretteville-le-Rabet,  paroisse, 
ii3. 

BrettevUle  -  TOrgueilIeuse ,  pa- 
rcMSse,  3ai. 

Bretteville-sur-Laize,  paroisse,  6. 

Bretteville-sur-Odon,  paroisse, 
3a5. 

Brettevillette,  fief,  a8i. 

Bréville,  paroisse,  5o  ;  fief,  289. 

Bréville  (de),  39. 

Bricqueville,  hameau,  80  ;  (fa- 
mille de),  83,  344,  38o,  436, 
445,  456,  473,  493,  5aa. 

Brieux  (famille  de),  375  ;  vil- 
lage, 401. 

Briffe  (de  la).  FoiVArnault. 

Briosne  (de),  58,  65, 8a,  144. 

Briroy  (de),  439. 

Brissac(de),  a6. 

Brucourt,  fief,  i36,  a3i,  a34; 
(famille  de),  a3a,  465. 

Brun  (famille  Le). 

Brun  (Le),  peintre,  458. 

Brunville  (de),  140. 

Buho,  a88. 

Buisson  (Le),  paroisse,  5o,  5a8  ; 
village,  458. 

Buissons- Villons,  paroisse,  3a6. 

BuUy,  paroisse,  3a8. 

Bureau,  6a,  ia9,  ao3. 


Bures,  paroisse,  5o. 
Bures  (de),  fiimille,  11,  47. 
Bureth(de),  53 1. 
Buron  (chapelle   Saint- Nicolas 
de),  8;  (hameau  de),  33o,  374 
Bussy,  hameau,  495. 
Bussy  (de).  Voir  Le  Barbey. 

Cabazac(de),  45 1. 
Cabourg,  paroisse,  5a. 
Cacharas.  Foi'r  Chasserat. 
Cadot,  49. 
Caen,  i65. 

Académie,  173. 

Archidiacon^  i65'. 

Baillage,  180. 

Château^  168. 

Consulat,  i8a. 

Doyenné,  i65. 

Election,  i8a. 

Généralité,  174. 

Intendant,  175. 

Place  Royale,  169. 

Présidial,  181. 

Université,  171. 

Vicomte,  181  • 

Abbayes  : 

Saint-Etienne,  184. 
Sainte-Trinité,  191. 
Collégiale  du  Sépulcre,  194. 

CommËmautés  : 

Les  Carmes,  ai8. 
Cordeliers,  aa7. 
Croisiers,  aa5. 
Jacobins,  aa7. 
Capucins,  a3i. 
Jésuites,  a 3a. 


$50 


Cannélîtes»  234. 
P.  de  rOratEnre,  %3^ 
Unulines,  a35. 
La  ViatuUon,  a36. 
Bénédictines,  zSj. 
Eudittes,  23S. 
La  Charité,  246. 
Grands -Chapeaux  (frères  de 
Satnt-Yon),  a5o. 

Paroisses  : 

Smnt-Etienne,  aoa. 

Saint-Georges,  ao3. 

Saint-Gilles,  ao6. 

Saint-Jean,  207. 

Saint*Julien,  ao8. 

Saint-Martin,  209. 

Saint -Michel     de    Vaucelles, 
aog. 

Saint-Nicolas,  a  10. 

Notre  -  Dame   de   Frdderue, 
an. 

Saint-Ouen,  212. 

Saint-Pierre,  a i3. 

Saint- Sauveur,  ao4. 
Cagny,  paroisse,  53. 
Çahagnes  ou  Cahaignes  (Jacques 

de),  passim;  Aimille,  3o3,  3a8, 

390. 
Çahagnes,  fief,  17,  495. 
CaiUoué,  hameau,  143. 
Cairon,  paroisse,  3a7,  328. 
Cairon   (femilie  de),   7a,    321, 

329,373,419. 
Calmesnil  (de),  1 3 1 ,  x  39 . 
Calvados  (rocher  du),  408. 
Calvimont  (de),  a94,  439. 
Cambes,  paroisse,  26g, 
Cambremer  (exemption  de),  i52. 


Camillf.    Voir  Freane-Camilly. 
Camilly  (de),  53a.  Voir  Bk>uet. 
Campigny  (de),  463. 
Camp-Roger  (hameau  du),  54. 
Canay  (de),  440. 
andaUe(de),  59. 
Candepie  (Saint-Jacques  du),  1 53. 
Cantelou,  paroisse,  54  ;  (famille 

de),  54,  65. 
Cantcpie  (bateau  de),  33. 
Canville  (de),  a56. 
Capuls  (fief  des),  73. 
Carbonel,  385,  441. 
Carpiquet,  paroisse,  33o. 
Carrcl,  ia3. 

atiUon  (U),  fief,  i53,  i55. 
GfttiUon,  chapelle,  3 1 1  ;  (fort  du), 

3l2. 

Cangy,|hameau,  5oo. 
Caumont,  fief,  474. 
Caumont-sur-Ome,  paroisse,  7. 
Cauvicourt,  paroisse,  1 14. 
Cauvigny  (famille  de),   10,  3i, 

61,  67,  100,  a7a. 
Cavelier  (Le),  173,  aaS. 
Caynet,  paroisse,   332  ;  (&miUe 

de),  333. 
Cerisy,  abbaye,  415. 
Cerisy-Eelle-Etoile,  abbaye,  35^ 
Certain  (Le),  196. 
Cesni-aux- Vignes,  paroisse,  u5. 
Cesny-en-Cinglais,  paroisse,  7. 
Chabannes  (de),  i5o. 
Chambellan  (fief  au),  5o3. 
Chambon,  5 16. 
Chambor  (de),  17,  114. 
Champ-Fleuri,  5o2. 
Chamillart,  175,  473,  524. 
Champs  (des).  Voir  Descbamps. 


551 


Champs-Goubert,  fief,  281. 
Chantelou  (de),  17. 
Chance»  Sg. 
Chancerel,  a3 1  • 
Chanleu  (de),  294. 
Chantelou.   Voir  Cantelou. 
Chapelle  (fief  de  La),  88. 
Charbonnière  (fief  de  La),  33. 
Chardon,  337. 
Chartier,  384. 
Chasserat,  hameau,  386. 
Chateau-Briand  (Le),  488. 
Chatel  (du),  i%S,  42a,  490,  5x3. 
Chaulieu  (de),  198,  214. 
Chefdeville,  hameau,  5x6, 
Chemin-Hausse,  126,  x33,  xSg, 

348,  402. 
Chéradame,  248. 
Chesnée  (le  bout  de  La),  2  f . 
Cheval,  famille,  xo8. 
Chevalier  (famille  Le),  100,  i23, 

206,  262,  3 16,  37^. 
Cheveux  (Notre-Dame  dea),  2x0. 
Chicheboville,  paroisse,  x  1 5 . 
Chièvre,  fief,  26.  ^ 

Chirosme,  ruisseau,  35 1 . 
Chivré  ou  Chyvré  (de),  373. 
Chrétien.  (Voir  Collège  de  M» 

Gervais),  fief,  41 3  ;  famille,5 18. 
Choisi  (de),  407. 
Cii]igal,    paroisse,    9  ;    famille, 

362. 
Cinglais  (doyeimé  de),  3  ;  (forêt 

de),  6,  x8,  25. 
Cinteaux,  1 7  ;  paroisse,  122, 
Cinq-Autels,  paroisse,  ix5. 
aacy(de),  x36. 
Clairtison,  village,  35. 
Clément,  ^. 


Clerc  (Le),  467. 
Clerc  (de),  519. 
Qéville,  paroisse,  55. 
Clinchanps,  paroisse,  9  ;  (fomille 

de),  10,   x54,  2x8,  253,  262, 

366. 
Clopée  (moulins  de),  77. 
Clos  (Le),  fief,  504. 
Closvas  (chapelle  du),  94. 
Cloustier  (Le),  3i,  44. 
Cluny,  475. 
Qutin,  197. 

Cœur-de-Bled,  fief,  323. 
Colbert,  268,  297,  44 x. 
Coligny,  507. 
Collège  de  M«  Gervais  Chrétien, 

7X,  74,  xx6. 
Collet  de  Grainville,  x8. 
CoUeville- sur -Orne,  paroisse, 

269  ;  (famille  de),  270. 
Collinhou,  41. 

Colombe  (château  de  La),   i5o. 
Colombelles,  paroisse,  56  ;  (bac 

de),  296. 
Colombiers-sur-SeuUe,  paroisse, 

4*7. 
Combes  (de),  202. 
Combray,  paroiue,  1 1  ;  (do),  525. 
Commes,  504. 
Gommin,  525. 
Comte  (Le),  5,  X99,  200. 
Condé-sur-Seulles,  fief,  504. 
Condel,  paroisse,  xx. 
Condomistes,  242. 
Conjon,  fiefs,  526  ;  (famille  de), 

527. 
Conseil,  femille,  x  96,  532. 
Conte   (Le  Conte  de  Nonaat), 

129. 


552 


Conteville,  paroiue,  ii6;  (fa- 
mille de),  455. 

Coq  (Le),  246,  a65y  469. 

Corbet,  lag,  53o. 

Corbon,  71. 

Cordier  (Le),  97,  99. 

Cormeilles-la-Royale,  paroisse, 
116.- 

Corneville  (bois  de),  6. 

Comier  (Le),  443. 

Cornu  (Le),  452. 

Cosaetseville,  paroisse,  12. 

Costé,  423,  459.  Voir  Saint- 
Suplix. 

Couchu  (fief  de),  i55. 

Coudray  (bac  du),  25. 

Couespel,  337. 

Coulombières  (de),  442. 

Coulomby-sur-Tbaon,  paroisse, 
271.  Voir  Anisy. 

Coulons,  paroisse,  333. 

Coupe-Goi^e,  ruisseau,  25. 

Cour  (de  La),  354,450. 

Courcelles  (de),  34.  Voir  Cour- 
seulles. 

Courcy  (famille  de),  i38,  202, 

Courgenet,  hameau,  28. 
Couronne  (fief  de  La),  5o3,  5o5. 
Cours-d*Orne  (ferme  des),  346. 
Courseulles,  paroisse,  272  ;  (fa- 
mille de),  34. 
Court  (Le),  415. 
Cousin,  246. 
Coutanville,  hameau,  78. 
Coûteux  (Le),  36. 
Couture,  299. 
Couvert  (de),  334. 
Couvrechef  (femille  de),  375. 


Cramesnil,  paroisse,  117;  fief, 

281. 
Crémelle  (de),  5io. 
Crépon,  paroisse,  418;  (famille 

de),  418. 
Crespin,  20,  325. 
Cresserons,    succursale,    3oi  ; 

fief,  493. 
Crétinières.  VbtrHarel. 
Creullet,  hameau,  442  ;  (fomille 

de),  442. 
Creully,  doyenné,  405  ;  (toUle 

de),   362,    535;  ferme,  491 

paroisse,  425. 
Crève-cœur,  paroisse,  i53. 
Crével,  443, 457,  483. 
Criquet,  25 1. 

Criquetot    (chapelle   Saint-(jer- 
'main  de),  1x1. 
Croisilles,  paroisse,  12  ;  (familie 

de),  12,  34,  534. 
Croismare  (de),  53,  35i. 
Croissanville  (seigneur  de),  55, 

iio;  paroisse,  120. 
Croix  (hameau  de  La),  54. 
Crux,  fief,  141. 
Cudoison,  ruisseau,  7. 
Cully,  paroisse,  340;  fief,  281, 

4*7,  447- 
Cussy,  hameau,  320,  504. 
CuverviUe,  paroisse,  56. 

Cyntheaux.  Voir  Cinteaux. 

I 

Dallet,  514. 
Damvou  (forges  de),  24. 
Daneau,  411. 
Dangie  (de  La),  450. 
Daniel,  140,  363. 
Dauchin.  Voir  Auchin. 


SS3 


Délivrande  (La)»  286. 

DemouTUle,  paroisse^  5  7. 

Deachamps,  374. 

Deacrametot,  45o,  532. 

Desmaraia.  Voir  Marais. 

Desmarea,  11 5. 

Detmaret  du  Douât,  5  3. 

Deux-Amants  (prieuré  de),  69, 
819  III. 

Digoville  (Ouniii  de),  85. 

Donmesnil,  hameau,  i23. 

Doimay,  paroiaae,  i3. 

Doublet  (marquis  de  Persan), 
52,  54,63,  II 3. 

Douet  (hameau  du),  54 

Doulcet  (Le),  356. 

Douville,  prieuré,  59. 

Douvres,  doyenné,  25 1  ;  (fiimille 
de),  32,  281  ;  paroisse,  277. 

Dreux,  176. 

Dreux  (de),  48,  495. 

Druel,  33. 

Druides,  455. 

Duc  (Le),  254. 

Dufour,  229, 401.  Voir  du  Mar- 
ché. 

Dumont,  365,  5i3. 

Duponterie  (village  de  La),  154. 

Duprez,  5ii. 

Durand  (abbé),  5i,  93. 

Durgefer,  fief,  365. 

Duval,  28,  60,  147,  197. 

Ecarde  (hameau  de  L*),  78. 

Eguerres  (marais  des),  76. 

Eguillon.  Foir  Aiguillon. 

Ellon,  504. 

Emery,  525. 

Emiéville.  Voir  EsmiéviUe. 


Englesqueville  (village) ,    1 5  3  ; 

(d'),  481,  525. 
Epée  (fief  de  L*),  i58  ;  (chapelle 

de  L*),  159. 
Epervier  (fief  de  L*),  447. 
Eperville,fief,  88. 
Epton,  paroisse,  289. 
Erard-Le-Grix,  261, 265.  , 

Ernault,  73. 

Ernetot,  paroisse,  58,  65. 
Escagueulle,  fief,  78. 
Escajeul(d'),  145,531. 
Escalley  (famille  L*),  108. 
Escanneville,  fief,  71. 
Eschaufbur,  fief,  88. 
Eachenville,  hameau,  73. 
Escouy  (les  chanoines  d*),  32i. 
Escoville,  paroisse,  58  ;  (famille 

d'),  59;  (fief  de),  99. 
Escrametot  (d»).    Voir  Descra- 

metot. 
Esmengart,  180. 
EsmiéviUe,  paroisse,  61. 
Espinay  (d*).  441  ;  (de  L*),  49«- 
Espins,  paroisse,  27. 
Esquay,    prébende,    243  ;    fief, 

253. 
Esquay- sur- SeuUes,  pardsse. 


Essartiers  (Les),  49^- 
Essarts  (Les),  36  ;  (des),  389. 
Esson,  fief,  10  ;  paroisse,  14. 
Estampes  (d*),  196- 
Etavaux  ou  EsUvaux,  paroisse, 

124. 
EtervUle,  paroisse,  345  ;  (fomUle 

d'),  345. 
Etréhan-le-Perreux,  5o3. 
Eudes  (IcR.  P.).  191.  »38,  247- 

i 


554 


Eudes  de  Mézeray,  8i. 

Fabry  (de),  440. 

Faoucqou  Faoulq  (de)  373,  41 3, 

476. 

Fauconnier  (Le),  236. 

Fécamp  (exemption  de),  40,  85  ; 

abbaye,  415,  417,  485,  487, 

490,  562. 
Fer  (imoerai  de)»  24. 
Férard,  497. 

Ferra nd  de  Saint-Dixand,  i3. 
Ferrière  (de  La),  20,  461,  524, 

526,  54o;<fiefdoU),  526. 
Ferté  (de  La),  69,421. 
Ferté-Sennectère  (de  La),  75. 
FeugueroUea-sur-Ome,  paroisse, 

345  ;  fief,  263. 
Feuillet,  229. 

Feumechon  (tènement  de),  i55. 
Fèvre  (Le),  23 1,  246,  407,  497. 
Fief-au-Chambellan,  5o3. 
Fiervi!Ie-la-Campa^e,  paroisse, 

125. 

Fiesque  (de),  16,  i3o. 
Fkury,  120. 
Fleurimont  (de),  i5. 
Fleury,  235. 

FoUie  (hameau  de  La),  374. 
Fontafrique  (rue  de),  168. 
Fontaine,  hameau,  485. 
Fontaine-Etoupefour ,  paroisse, 

348. 
Fontaine-Halbout,  paroiue,  14, 

35. 
Fontaine -Le -Henry,   paroisse, 

289. 
Fontaine-le-Pin,  paroisse,  i5. 
Fontaiae4efr-Rochers,  fief,  3i. 


Fontaine  (de),  14,  29,  160,  S4«, 

497- 
Fontenailles  (de),  244;  paroisse, 

445. 
Fontenay  -  TAbbaye ,   paroisse, 

i3o;  (rabbéde),3. 
Fontenay  (de),  23,  26,  62,  1 13, 

334. 
Fontenay-Eperville,  fief,  88. 
Fontenay-le-Marmion,  paroisse, 

125. 

Fontenelles  (des),  489. 
Fontette  (Orceau  de),  1 1 7,  1 79. 
Forestier  (Le),  420,  5 18. 
Formigny,  5o4. 
Fort-auz- Anglais,  3ii. 
Fortier  (fief  du),  486.- 
Fortin,  346,  354. 
Fosse  de  Colleville  (La),  269.  ^ 
Foucault,  177,  4i3|,  47Z,  524. 
Foucœur,  542. 
Foucq  (Le),  village,  12. 
Foullognes  (de),  3o3. 
Fouqué  de  La  Motte,  1 14. 
Fouques  de  Belleville,  81,  116. 
Four.  Voir  Dufour. 
Fournier  (Le),  49. 
France  (La),  hameau,  444. 
Francheville,  hameau,  382. 
François  (Le),  74. 
Franquetot  (de),  1 3 . 
Franqueville,  ancienne  paroisse, 

io5  ;  fief,  106,  108  ;  hameau. 

Voir  Francheville. 
Fréard,  497. 

Frédelle  (hameau  de  La),   ti3. 
Frémantel,  75. 
Frenouville,  paroisse,  i34« 
Fréquiène  (de),  385. 


555 


Fresnaye  (de  La),  i00|  1 19. 

Fresnay,  fief,  i53. 

Fretne  (de),  9. 

Fresne-Camilly^  paroicse,  349. 

Fresné-Ie-Puceuz,  paroisse,  i5. 

Fresné^le- Vieux,  paroisse,  i6. 

Fresné-sur-la-Mer,  paroisse,  45  a, 
483. 

Fresnel  (de),  25 1,  3o3,  314,496. 

Fresney  -  le  -  Croteur ,  paroisse , 
456. 

Friardel  (congrégation  de),  33. 

Fribois(de),  109. 

Froide-rue,  hameau,  485. 

Fumichon,  hameau,  534;  cha- 
pelle, 536. 


Gacey  (le  bout  de),  a  i . 
Galmanches,  hameau,  374. 
GarceUes,  paroisse,  i35. 
Garencières  (de),  128,  400. 
Gamiers  (le  Bout  aux),  village, 

21. 
Gascoin,  mare,  8. 
Gauthier,  62,  88. 
Gayant,  5i3. 
Gendre  (Le),  5 11,  5i5. 
Gentil  (Le),  154. 
Georges  (l'abbé),  1 59, 1 61 . 
Germain,  469. 
Germent  (de),  443. 
Gèvres  (duc  de),  7. 
Giberville,  paroisse,  62. 
Gilles,  45  5 < 
Girard,  145. 
Giraud,  277. 
Gislin    de   Barneville,   49,    5o, 

100,  256,  268. 


Glatigny,   ferme,  55;  hameau, 

523. 
Gloeester  (comte  de),  431. 
Gobelinière  (lieu  de  La),  249. 
Godard,  57,  202,  495. 
Gomesni),  hameau ,  1 2 3 . 
Gondouin,  442. 
Gonneville,  paroisse,  71. 
Gosselin,  famille,  i35,  443. 
Goublinière  (La),  77. 
Gouès  (Le),  459. 
Goûet  de  Noyon,  3oi. 
Gouhon,  514. 
Gougeul  et  Goujon,  257,  307. 

Voir  41 1,  et  Royville. 
Gpupillière  (de),  76. 
Gourfaleur  (de),  455. 
Gourgues  (l*intendant  de),  177. 
Gournay,   hameau,    28,    118; 

village,  348. 
Gouvis,  fief,  141. 
Gouvix,  paroisse,  16;  (de),  53 1. 
Gouye,  87. 

Grainville- la -Campagne,    pa- 
roisse, 18. 
Grainville  (de),  9. 
Grand  (Le),  229,  260. 
Grandouet,  paroisse,  i55. 
Gras  (Le),  467. 
Gravèrent  (de),  253. 
Gray,  paroisse,  457  ;  (famille  de), 

408,  456,    463  ;   sergenterie, 

459. 
Grenthe,  46. 

Grestaîn,  abbaye,  52 1  ;  fief,  522. 
Grimbosq,  paroisse,  18. 
Grimouville  (de),  67,  362,  41 3, 

439»  447.  496,  53o. 


SJ« 


Gronde,   ruisseau,   379,    409, 

484. 
Gospermy  (de),  26a»  264,  3i3, 
Gruchy,  village,  365. 
Guay  (Le),  a 29. 
Guengo  (du),  441. 
Guerchy  (Régnier  de),   6,    16, 

i3o. 
Guérin   (l'abbé),    16;    famille, 

i55,  160. 
Guerinière  (le  sieur  de  La),  1 1 7. 
Guernon  (de),  78. 
Guerros  ou  Guerno,  463. 
Guerville,  hameau,  386. 
Guerville  (famille  de),  112, 344, 

394,  417,  474. 
Guesclin  (famille  du),  3 18,  422, 

44»- 

Guesdon,  227. 
Guiche  (de  La),  344,  38 1. 
Guienneville,  5o3. 
Guienros,  335,  447. 
Guigne  (rivière  de  La),  401. 
GuQbert  ou  Guillebert,  388. 
Guillain.  Voir  Gislin. 
Guillard,  42. 
Guillaume  (les  110),  5f. 
Guillerville,  paroisse,  63. 
Guinet,  Intendant,  86,  178. 
Guyenro.  Fo/r  Guienros. 

Haguais  (Le),  218,  229. 

Halbot,  fief,  413.' 

Haldup-Turetin,  33 1,  372. 

H€llé,3i7. 

Halley,  229,  414,  476,  480. 

Hallot,  362. 

Halsdup.  FotrHaldup. 

Hamars,  fief,  390,  541. 


Hambte  (abbaye  de),  8. 
Hamel,  121. 

Hamon,  36 1.  43o  ;  fief,  363. 
Harcourt,  paroisse,  19. 
Harcourt  (nuûaon  de),  passiwi^ 

8,    16,  290,   379,  436.  474. 

491.  493t540. 
Harel,  14. 

Harenvilliers  (de),  x34., 
Haribel  (U),  453.  L 

Harlay,  5i5.  ^      * 

Hautemare  (de),  71. 
Haut-Manoir,  fief,  475. 
Haut-Mesnit,  hameau,  17,  114. 
Havart  ou  Havard,  379. 
Haye  (de  La),  22,  3 18,  417. 
Haye-Perccy  (village  de  La),  35. 
Haye-d'Aiguillon  (La),  504. 
Haye-Piquenot  (La),  504. 
Hayes  (Les),  hameau,  28. 
Hébert,    iSy,    iSg,   271,  497» 

53s;  -d'Aussonvilliers,  438. 
Hédine,  hameau,  348. 
Hetnville-Conjon,  526. 
Helie  de  Donnay,  5,  11,  i3. 
Hellouin,  149. 
Hélyes,  45 1. 
Herbeline,  450. 
Hercerie  (village  de  La),  33. 
Héricy  ou  Hérissy  (Le  ou  de), 

11,385,  396,439,443. 
Héritot,  paroisse,  64. 
Herluin,  420. 
Hermant,  355. 
Hermanville,  paroisse,  293  ;  fief, 

281  ;  (famille  d'),  260,  293, 

438. 
Hermerel,  497,  527. 
Hermitage  (L*),  235. 


557 


Hernetot.  Voir  Ernetot. 

Hérousti  489. 

Htfrouville,  paroisse,  296;  (£i- 

mille  de),  297. 
Hérouvillette,  paroisse,  67. 
Heudé  de  Pomainville,  49. 
Heuditot.  Voir  Héritot. 
Heurtangleou  Heurtauxde  Vau- 

doux,  435. 
Heuse  (de  La),  66. 
Hiesmes.  Voir  Hyesmes. 
Hogue  (La),  hameau  1 1 1 . 
Home  (village  du),  78. 
Hommais  (Les),  village,  11. 
Homme,  fief,  7a  ;  (hameau  du), 

80,  97. 
Hôtel-Dieu  de  Caen,  m,  307, 

4i3. 
Hotot  (de),  372,  495. 
Houel,  468. 

Houles  (village  des),  35. 
Houllefort  (de),  541. 
Housset,  aoa. 

Hubert-Folie,  paroisse,  i35. 
Hue,  s6,  3oa,  456,  490. 
Hue,  fief,  18. 
Hue/,  (vin),  41. 
Huet,  134. 

Huets  (Les),  ruisseau,  25. 
Humières  (d*),  5p9. 
Hungueslot,  129. 
HussoQ,  257. 
Hyesmes  (archidiaconé  d'),  3. 

Incendie,  41  S. 

Ingouville,  hameau,  147. 

Ifsy  paroisse,  i36. 

Isle  (de  Y),  529.  Voir  Mestry. 

Ivrande,  fief,  490.  Voir  Yvrande. 


Jacob-Mesntl,  village,  6. 
Jacquesson,  fismille,  401. 
Janville,  paroisse,  6S, 
Jardin  (le),  village,   12;    (du), 

467. 
Jardins  (des),  73,  120.     . 
Jehannet,  personnat,  486. 
Jénière  (village  de  La),  34. 
Jésuites,  410. 
Jolivety  254,  272. 
Jonquay  (Saint-Pierre-du*),  |m- 

roisse,  68. 
Jourdain,  39. 
Joyeuse  (duc  de),  277. 
Juaye,  504. 
Julien,  i5i. 
Jumièges,  475. 
Juvigny,  paroisse;  château,  33 1  ; 

(de),  482. 

Kenelecy  Voir  du  Quelnec,  422. 

Labbé,  finmille,  3o2,  3o6. 
Laise'(le  chanoine  de),  21. 
Lait-Bouilly,  carrière,  326. 
Laize-la-Ville,  paroisse,  21. 
Lalongny  (de),  23. 
Lambert,  3oo. 
Lan,  hameau^  523,  532. 
Lande-Boullon  (fief  de  La),  281. 
Landois  ou  Landoys  (famille  Le)^ 

3o3-399. 
Lanfreville,  fief,  5o3. 
Langlois,  «i3. 
Langrone  (de),  298. 
Langrune,  paroisse,  297. 
Lanteuil,  paroisse,  461. 
Lasseret,  fief,  18. 
Lasseur  (Le),  12. 


SS8 


Lastej  ou  Ltitay  (de),  344,  377, 

38 1.  Voir  MadmlUiii. 
Lauon,  ptrottse,  36,  349. 
Lturence,  fiimQle,  417. 
Lébitey,  hameau,  296. 
Lenfant,  436. 
Lentrin,  5o5. 
Léproieries,  47, 147.  VbirHôtd- 

Dieu. 
Lesdain,  34. 

Letiay  (abbaye  de),  36o,  397. 
Leaaay,  fief,  363. 
Létanyille,  304. 
Lincoln  (de),  4^5, 
Lingèvrea  (de),  41 5. 
Linières-la-DouceUe,  421. 
Lion,  paroisse,  299. 
Lirose,  paroisse,  69. 
Liseme  (fief  de  La),  478. 
Livet,  fief,  5,  3i,  36. 
Londe,  hameau,  3i  ;  (ferme  ^e 

La),  80  ;  fief,  a66;  (famille  de 

La),  307,  5o5. 
Undel(du),  258;  fief,  266. 
Longaunay   (famille    de),    192, 

4i3. 
Longraye,  504. 
Longues,  abbaye,  377,  399, 409, 

445,  462,  485,  524;  (famille 

de),  465,  480,  53 1  ;  paroisse, 

461. 
Longuet,  483. 
Longueville,  hameau^  78. 
Longval,  hameau,  78  ;  tranchée, 

79- 
Lorris  (Bon  de),  56. 
Loudon  (de),  48. 
Louet,  i36,  523. 


Louraille,     6,    114.    Voir  da 

Moncel. 
LouTigny,  paroisse,  353. 
Louzouf  (de),  72. 
Louvet,  270. 
Luc  (de),  77. 
Luc,  paroisse,  3oi. 
Lutumière  (de  La),  372. 
Luynes  (cardinal  de),  25o,  288. 
Luzerne  (de  La),  229;  (fief  de 

La),  260,  281. 
Lyrondel,  217. 

Macé,  228. 

MadaUlan  (fismime  de),  38o,  473. 

Mage  (de),  67. 

Magnac  (Amauphin  de),  55. 

Magne  (mare  de),  149. 

Magneville  (de),  307,  461. 

Magny,  paroisse,  470  ;  (fitmille 

de),  471  ;  (marquisat  de),  471. 

Voir  Foucault  et  Chamillart. 
Magny-le-Freule,  paroisse,  137. 
Maheust,  489. 
Maigre  (Le),  532. 
MaiUé  (de),  389. 
Mailleraye  (de  La),  67. 
Mailloc  (de),  89,  129. 
MaimbeTille  (de),  422. 
Main,  fief,  97. 
Maire  (de  La),  3o6. 
Maizet,  fief,  281. 
Maizy  (fief  de),  99. 
Maladrerie  (hameau  de  La),  382. 
Mal-Couronne,  107. 
Malesmains  (de),  421. 
Malfilastre  (de),  11 5,  433,  4S8. 

463,  527. 
Malherbe  (de),    27,    ift,  217» 


559 


355,   4ïO,    437,   455,   482, 

Mallart,  5a8. 

Mallet  de  Graville,  437. 

MalDOUiy,  i56.  Voir  Manoury. 

Malon,  hameau,  374. 

MalpaB  (SainNLouis  du),  7. 

Malte  (Ordre  de),  i5,  1 14,  108. 

Maltot,  doyenné,  319;  paroisse, 
354. 

Manche,  rivière, 40,  68,  91,  112, 
113,146,  147- 

Manherbe,  paroisse,  1 56. 

Mannevtlle,  fief  de  Bénouville, 
a56. 

Manneville,  paroisse,  69;  (famille 
de),  65,  70,  455. 

Manoir  (Le),  paroisse,  473  ;  vil- 
lage, la. 

Manoury,  74,  471. 

Man  vieux,  paroisse,  477  ;  (fiamille 
de),  53 1. 

Maquard,  85. 

>Marais  (hameau  du),  35o,  48a  ; 
(famille  du),  35 1,  474. 

Maraudière  (village  de  La),  33. 

Marcel,  a 55. 

Maroelet,  hameau»  385. 

Marchand  (Le),  aa8,  536. 

Marché  (du)  (de  Foro),  383. 

MardUac  (de),  468. 

Mardlly  (Duprez  de),  5 1 1. 

Maiconnet  (de),  449. 

Mare  (La),  prébende,  a78  ;  vil- 
lage, a78  ;  (famiUe  de),  37a, 
5i5. 

Mare«Julien  (de  La),  i5i. 

Mares  (famille  des).  Voir  Des- 
mares. 


Marguerie  (de),  4a,  98,  a  58,  a6t, 

3 19,  445,  5o8. 
Marguerye  de  Vassy  (de),  a89, 

299. 
Marguerin,  fief,  97. 
Marguerit  (de),  3t,  a56. 
Marigny  (de),   3a  1,   463,   465, 

479,  481  ;  paroisse,  478. 
Marillac  (de),  a76, 
Mariouze  (de  La),  107. 
Mariquet  (hameau  du),  78. 
Marmion,  4,  6,   ia3,  ia6,  143. 
Maronnes,  hameau,  48a. 
Marot  (Clément,  et  Jean),  304. 
Martainville,  paroisse,  a  a. 
Martel,  437. 
Martigny(de),  187. 
Martin,  aa9. 

Martragny,  paroisse,  36o. 
Mathan  (de),  a6,  a6a,  a69,  3o3, 

3o5,  314,477,  5a8. 
Matharel  <de),  11 5,  159. 
Mathieu,  paroisse,  3oa;  (fief  de), 

a8i. 
Matignon  (de),  i3,  a39é 
Mauny  (de),  5  a  a. 
Mauvoisin  (de),  478,  483. 
May-sur-Orne,  paroisse,  i38. 
Mazarin,  4a  3. 
Méance,     rivière,     40.  ^   Voir 

Manche. 
Médecins,  448. 

Méheudière  (village  de  La),  33. 
Meigi  (fief),  69. 
Méliand,  176. 
Meller  (de),  199. 
Ménard,  57,  6a. 
Ménardière  (de  La),    49,    232. 

Voir  Ménard. 


560 


Merder(Le)y  450,  54  t. 
Meré,  paroisse^  241. 
Merle  (du),  43d. 
Menrille,  peroâMe,  71^  5a8. 
MéFj,  paroîMe,  73. 
Metliy,  paroîMc^  aa. 
Mealière(U),fief,  9. 
Mesnage  de  Cegny,  53. 
Metnil  (du),    478,  481  ;   fief, 

541. 
Mesnil  d*Argeiicci  (Le),  43^ 
Metnfldo  (du),  439. 
Metnil-Eudes,  fief,  36. 
Metnil-Freiiientd,  poroUse,  74. 
MetnilrManider  (fief  du),  3i. 
Mesnil-Oger,  paroiue,  yS. 
'Mesnil-Richard,  fief,  a8i  ;  autre 

fief,  3o6. 
Meanil-Toufray,    pareiite,    a3  ; 

fief,  35. 
Meulan  (maison  de),   37,  a  57, 

a59,  a74,  3oo,  347,  443. 
Meullant*  Voir  Meulan. 
Meurdrac,  44,  58,  71^  8a. 
Meuvaine^  paroisse,  481. 
Michel,  1^6. 
Mière  (Le),  a  54. 
MiUies  (de),  509. 
Mines,  Minerais,  24. 
Minière  (de),  3o5. 
Moges  (de),  137,  a37. 
Moine  (Le),  196,  53 1,  534.  Voir 

Moyne. 
Moisant,  401. 
Moisson,  524,  538. 
Mole,  évêque,  a38. 
Moncel  de  Lourailles  (du),    1 14, 

123. 

Moncy  (de),  53o. 


Mont-Canisy  (de),  i35. 
Monchy  (de),  14. 
Monderille,  paroîsae,  75. 
MondratnyiUe  (de),  a3, 33a;  fief, 

a8i. 
Montfiréard-Con|on,   5a6,  ;    (fa- 
mille de),  5a7. 
Mont  (du).  Voir  Dumont. 
Montalais  (de),  a  76. 
Montaigis    (Saint-Antonin  de), 

prieuré,  i53. 
Montauban  (de),  4a  i,  436. 
Mont-Chrismal,  5  00. 
Mont-des-Églises,  5oi. 
Montéder  (de),  389. 
Montdéaert,  hameau,  444,  47a. 
Montebourg  (abbaye  de),  317. 
Montenay  (de),  400. 
Montesquiou  (de),  8a. 
Mont-Ferrand  (de),  5 16. 
Montfbrt  (de),  47,  344. 
Montfréard    (de).     Voir    Mon- 

fréard. 
Mont-Gautier,  fief,  a8i. 
Montgommery  (de)^  5i,  81,  gii 

134. 
Montigny  (de),  534. 
Montmorency    (de),    ao,    i54, 

437. 
Mont-Phaunus,  5oo. 
Mont-Rada,  hameau,  5x6. 
Mont-Rendac,  hameau,  5 16. 
Montreuil,  paroisse,  i58;  fief, 

a63. 
Mont-Roty,  fief,  i58. 
Mont-Saint-Michel,  476. 
Moon,  fief,  504. 
Morais  (de),  391,  47a. 
Morand,  377,  345. 


56i 


Morangis  (de).  Voir  Barnion. 

Morel  (de),  a  34,  390. 

Morin,48,  77,  116,  i35,  149. 

Motte  (La)  d'Acqucville,  3. 

Motte-de-Blagiiy(La),  504. 

Motte  (baronnie  de  La),  8. 

Moulineauz,  paroisse,  307. 

Moulinetux  (de),  258,  a6i,  3o8. 

Moulines,  paroisse,  a3,  35. 

Moulins  (Les),  hameau,  a8. 

Moult,  paroisse,  66,  139. 

Mous.  Voir  Moult. 

Moussard,  5o2. 

Mousse  (La),  paroisse,  24. 

Moutier  (du),  58  ;  (le),  hameau, 
485. 

Moutier  (hameau  du),  55  ;  (fa- 
mille du),  401. 

Moutiera  (Les  Moutiers  en  Cin- 
glais), paroisse,  24;  (famille  des), 
493. 

Mouton  de  Blaînville,  267. 

Mouy  (de),  66,  293, 438. 

Moyne  (Le),  453,  53 1.  Voir 
Moine. 

Mue  (La),  rivière,  289,  35o,  365, 
370,  389. 

Murdrac.  Voir  Meurdrac. 

Mutrécy,  paroisse,  25. 

Navarre,  village,  108,  iio. 
NeauviUe,  hameau,  299. 
Néd,  4,  137,  249>  336,  522. 
Nerval,  i5o. 
Nesmond  (de).  Passim. 
Neufbourg  (bois  du),  5. 
Neuf-Mers,  hameau,  35o. 
Neuilly  (de).  Voir  Fontaines. 
Neuville-Marguerie,  4a. 


Nid-de-Chien,  village,  33. 

Noiret(de),  ii5. 

Noirford  (de),  528. 

Nollent  (de;,  11,  107,  346,  375, 

495. 
Norrey,  paroisse.  370. 
Novince,  419. 
Noyers,  fief,  290. 

O  (dl,  277. 

Odon,  rivière,  399. 

Octeville  (d*),  342. 

Olivet  (Sainte-Anne  d*),  19;  (chft- 

teau  d*),  19. 
Ollendon  (d*),  134. 
Olliamson  (d*),  3o,  46,  542. 
Ondefontaine,  fief,  5o3. 
Oraison  (d*),  439. 
Orceau  de  Fontette,  1 17,  179, 
Omulée  (village  de  V),  69. 
Osmond  (d*),  5,  38,  5o2. 
Ouenne,  467. 

Ouistreham.  Voir  Oystreham. 
Oursin,  85. 
Outrelaize,  fief,  17. 
Outreval,  fipf,  266. 
Oystreham,  paroisse,  309. 

Paisnel,  128,  154,  485. 

Pallu  (de  La),  401. 

Palmon,  514. 

Pantou  (de),  496. 

Parc,  hameau,  22  ;  (famille  du), 

472. 
Patris,  235. 
Patry,   fief,   281;   famille,    12, 

489. 
Paugers  (Le  Bout  aux),  2 1 . 
Paulmier(Le),  148,  182,  258. 

}6 


$6a 


Payen,  314. 

Paystnt,  477. 

Péchion,  197. 

Pèlerin,  83,  372,  38o,  436, 493. 

Pelletier  (Le),  228. 

Pellevé  (de),  3o,  121,  342,  525. 

Pelville,  fief,  5. 

Percoville,  hameau,  9. 

Périer  (Notre-Dame-du-),  140. 

Periers,  paroisae,  3 1 2  ;  hameau, 
3o3. 

Peron,  412. 

Perré  (du),  328. 

Perreux  (village  des),  55. 

Perrières  (de),  121. 

Perron-Saint-Gerbold,  5o  i ,  5  3  5  * 

Persan  (de).  Voir  Doublet. 

Pestel,  478. 

Petit  (Le  Petit  d'Aveisnes),  18. 

Petitcœur,  3 3 5,' 443. 

Petit-Galop  (Le),  hameau,  5 16. 

Petiville,  paroisse,  77. 

Pezal(de),  48. 

PézeroUes,  495. 

Philippes,  45o,  476,  479. 

Piédoue,  67,  i34,  244,  527. 

Piel,  125. 

Pierrecourt  (de),  66. 

Pierrefitte,  paroisse,  26;  fief, 
490;  (de),  26. 

Pierrepont,  paroisse,  405  ;  (fa- 
mille de),  405,  53 1  ;  fief,  474. 

Pierre-Solain,  hameau,  475  ;  (de), 
478. 

Pillette,  219. 

Pinchar,  226. 

Pins  (Les),  paroisse,  27. 

Pivantière  (village  de  La),  34. 

Placy,  paroisse,  28. 


PUnche-GouboQt  (ruisseau  de 
La),  33. 

Planque  (famille  de  La),  i5, 
i58. 

Plantier,  i5o. 

Plessis-Grimoult,  5 12. 

Plumetot,  paroisse,  3i5. 

Poignavant  (de),  116,  202. 

Poil  (Le),  244. 

Poildoc,  fief,  5o3. 

Pointe-du-Siège  (La),  309. 

Poirier  (paroisse  du),  140. 

Pommeraye  (La),  paroisse,  28; 
prévôté,  5. 

Pommeraye  (de  La),  4,  3a. 

Pompière  (de),  401. 

Poncet,  483. 

Pont  (hameau  du),  55;  (fief  du), 
i55. 

Pont-de-la-Mousse  (village  et 
pont),  33. 

Poquet,  48. 

Poret,  37. 

Port  (Le)  de  Bénouville.  Voir 
Bénou  ville;  (fief  du),  3 12, 5o3, 
504;  (famille  du),  53 1. 

Poté  (hameau  de  La),  485. 

Potier,  5(1 4. 

Pouchin,  219. 

Pouligny,  hameau,  5oo. 

Poussy,  paroisse,  140. 

Poutrel  (Le),  540. 

Préaux,  abbaye,  535  ;  fief,  281. 

Prêches  Calvinistes,  148,  aS4. 

Prelle  (Notre-Dame  de  La),  cha- 
pelle, 147. 

Prépetit  (de),  451. 

Prés  (fief  des),  11 5. 

Prétonville  (de),  137. 


5^3 


Prêtre  (Le),  5i3. 
Preullay  (de),  379,  496. 
Prévost  (Le),    iS?,   3 19,    373, 

405. 
Provence,  rivière,  533. 
Putot,  hameau,  322  ;  (famille  de), 

323. 

Quarrel,  534. 

Quatre-Nations    (hameau    des), 

5i6. 
Quatre-Puits,  paroisse,  141  ;  (fisi- 

mille  de),  142. 
Quays  (fief  des),  3 12. 
Quelnec  (du),  422. 
Quens  (Le),  339. 
Quesnel  (du),  121, 488. 
Quétienville,  paroisse,  17. 
Queymères  (de),  46. 
Quiéze  (baromiie  de  La),  362, 

453. 
Quinte-Feuilles  (forêt  de),  409. 
Quiry,  fief,  i52. 
Quilly,  paroisse,  142. 

Rabâche,  466. 

Rabotière  (hameau  de  La),  22. 

Raimbault,  5i5. 

Rancé  (Le  Bouthillier  de),  33. 

Ranvîlle,  paroisse,  67,  77. 

Rebours  (Le),  473. 

Recouvry,  hameau,  5oo. 

Regnaûlt,  407,  449,  479,  519. 

Régnier.   (Voir   Guerchy),    16, 

i3o. 
Rémon,  198. 

Renémesnil,  paroisse,  146. 
Renéville  (de),  43. 
Renty  (de),  12. 


Répichon  (de),  234. 
Restout,  peintre,  458. 
Révérend  (Le),  228. 
Réviers,  paroisse,  3 16;  (fiaroille 

(de),  14,  3 17,  446,  463,  474, 

477,  5o5,  541. 
Rhingrave,  36. 
Ribemont  (de),  66. 
Richer  d*Aube,  178. 
Rivière  (La),  hameau,  5oo. 
Rivière  (famille  de  La),  277, 307, 

314,  355,  410,  483. 
Robertmesnil,  hameau,  X23, 
Robehomme,  paroisse,  79. 
Rocancour,  paroisse,  117. 
Rochechouart  (de),  268. 
Rocqueville  (de). 
Roger,  498* 
Rogier,  229. 
Rohan  (de),  3o,  192,  3 18,  422, 

428,  440. 
RoncheroUes  (de). 
Roncheville,  hameau,  46. 
Roque  (Gilles- André  de  La),  1 17. 
Roques  (hameau  des),  76. 
Roquette  (bois  de  La),  5. 
Roquettes  (haioeau  des),  482. 
Rose  (de  La),  214. 
Rosel,  paroisse,    364  ;   famille, 

365. 
Rosenivinen  (de),  257, 273, 276. 
Rosier  (du),  454. 
Rosière  (La),  hameau,  523. 
Rot2  ou  Rots,  paroisse,  367;  (fÎEi- 

mille  de),  524,  528. 
Routier  (Le),  216. 
Rouville  (famille  de).  Voir  Gou- 

geul.  Voir  Royville. 
Roux  (Le),  297,  525. 


S<4 


Roux  de  Langrie  (Le)»  247. 

Rouxel,  3 a 6. 

Roy  de  La  Poterie  (Le),  17$. 

RoTville  (fimiîUe  de),  411,  436, 
517.  Voir  Gougeul. 

Ruflult,  44,  463. 

RuAult  de  Qéville»  55. 

Rubercy,  fief,  s66. 

Rue  (de  U),  83. 

Rufinite  (ferme  de  La),  490. 

Rupalley  (deX  405. 

Rupiere  (de),  65,  8a,  lag. 

Ruppièrea,  paroiaie,  81. 

RuquevUle,  paroiaae,  371;  (fa- 
mille de),  527. 

Rye  ou  Ryes,  paroisse,  484  ;  (de), 
487. 

Sabine,  467. 

Saffiray,  S^ffirey  ou  Safré  (de), 
49»  57,98,99,  125,137,293, 
439. 

Saint)  354. 

Sai&t-Aignan-de^Cramesnil,  fief, 
119. 

Saint-André-de-Fontenay ,  pa- 
roisse. Voir  Fontenay-r Ab- 
baye. 

Saint-Antonin  de  Montargis, 
i53. 

Saint-Aubin,  hameau,  aujourw 
d*hui  commune,  298. 

Saint-Aubin  d'Arquenay.  Voir 
Arquenay. 

Saint-Brix  (de),  46. 

Saint-Christophe-sur-Orne,  pa- 
roisse, 29;  chapelle,  98. 

Saint-Clair  de  La  Pommeraye 
(chapelle),  28. 


Saint-Contest,  paroisse,  SyS; 
fief,  281  ,  famille,  Voir  Bar- 

'    berie. 

Saint-Denis,  fief,  69. 

Saint-Dizan  (de).  Koi  r  .Ferrand. 

Saint-Etienne  (abbaye  de),  3o2, 
321,  387. 

Saint-Evremont,  102,  i33. 

Saint-Flocel,  5oi. 

Saint-Gabriel,  pannsse,  490  ; 
prieuré,  298,  41 5,  4»7i  490i 
542. 

Saint-Germain  (famille  de),  29, 
3o,  143,  257. 

Saint-Germain-de-la-Lieue,  pa- 
roisse, 494;  fief,  541. 

Saint-Germain-du-Grîoult,  314, 
483. 

Saint-Germain-du-Pert,  504. 

Saint  -  Germain  -  la  -  Blanche  - 
Herbe,  paroisse,  38 1. 

Saint-Germatn-Lângot,  paroisse, 
29. 

Saint-Germain-le-Vasson,  pa- 
roisse, 3o. 

Saint-Jacques-de-Candepie,  i53. 

Saint-Julien-de-Tours,  46. 

Saint-Laurent  (chapelle  de),  107. 

Saînt-Laurent-de-Conde! ,  pa- 
roisse. Voir  Condel. 

Saint-Laurent-de-Criquetot,  m. 

Saint  -  Laurent  -  du-  Mont,  pa- 
roisse, i5g. 

Sain^Lége^,  hameau,  364. 

Saint-Louet,  paroisse,  384. 

Saint-Main  (pèlerinage  de),  97. 

Saint-Manvieu,  paroisse,  385. 

Saint-Marcoul,  chapelle,  98. 


s«s 


Saint-Martin  (de),  17»  aia^  aa8, 
233. 

Saint-Martin-de-Fontenay,  pa- 
roisse. Voir  Fontenay-rAb- 
baye. 

Saint-Martin-du-Bois,  paroisse, 
146. 

Saint-Michel   (pèlerinage    de), 

97. 
Saint-Nicolas  -  de  -  la  -  Chesnaye, 

prieuré),  17I1  5o8. 
Saint-Omer,  paroisse,  3a. 
Saint^'Ouen,     de   Rouen,    146, 

367. 
Saint-Ouen,  fief,  a8i  ;  autre  fief, 

3oG;  (AuniHe  de),  455,  47a, 

54a. 
Saint-Ouen-le-Paingt,  paroisse, 

160. 
Saint-Pair-du-Mont,      paroisse, 
Saint-Paix,  paroisse,  83. 
Saint-Paterne.  Voir  Saint-Paix. 
Saint-Pierre  (fief  de),  69. 
Saint-Pierre-Oursin^     paroisse, 

85. 
Saint-Pterre-sur-Dives,  abbaye, 

14a. 
Saint-Rémy-sur-Orne,  paroisse, 

33. 
Saint-Sauveur-le-Viconte,    364. 
Saint-Sépulcre,  32 1. 
Saint  Sever,  abbaye,  5a5  ;  (fief 

de),  526. 
Saint-Simon-C^ourtomer,  i3. 
Saint-Sulpice,  paroisse,  499. 
Satnt-Suplix.     Voir    Costé,  et 

458,  499. 
Saint-Sylvin,  paroisse,  147. 
Saint-Ursin,  273. 


Saint-Vast.  Voir  Petic«ur;  fief, 
5o3,  504. 

Sain^Vigor,  baronnie,  5o3. 

Saint- Vigor-le-Grand,  5oo. 

Saint- Vigor,  prieuré,  417,  499, 
5o5. 

Saint- Vîgor.  Voir  Guienras. 

Saint- Yon  (firères  de),  a5o. 

Sainte-Anne,  chapelle,  aS  ;  as- 
semblée, 25. 

Sainte-Barbe«n-Auge,  5,  a32, 
458. 

Sainte  •  Crou  -  Grantonne,  pa- 
roisse, 376. 

Sainte-Croix-sur-la-Mer,  pa- 
roisse, 489. 

Sainte-Honorine,  hameau,  67. 

Sainte^Marie  (de),  145. 

Sainte-Marie  d'Egypte,  chapelle, 
5oi. 

Sainte-Paix,  paroisse,  84, 

Sainte-Trinitéy  abbaye,  3 10, 3a9, 
33i. 

Saintes  (Claude  de),  1 54. 

Sales,  i53. 

Salet,  145. 

saies  (hameau  des),  348. 

Sallen  (de),  328»  390,  541. 

Sallenellea,  paroisse,  87. 

Salm  (princes  de),  36. 

Sanglier  (U),  294,  439. 

Sannerville,  paroisse,  89. 

Sarcmy(de),  148. 

Sarrazin  (Jean-François),  295. 

Saussey  (fief  du),  526. 

Sauvagerie  (La),  village,  12. 

Savigny  (abbaye  de),  391. 

Say(de),  68. 

Scelles,  476. 


566 


SecquevUle-la-Ctmpagney  {mk 

roisie,  149. 
Secquevillfr«n-Bestin.  Voir  Sic» 

querille. 
Segrait,  a33,  320. 
Séline  (le  Bout),  village,  21. 
Sémilloii,   rivière,  68,  S3,   99, 

104,  toS,  II 5. 
Semilly  (de),  i58;  fief,  281. 
Séminaire,  288,  5 11.    Voir  La 

DéliTrande. 
Semion,  370,  371. 
Sens  (Le),  299,  319    372,   390. 
Servain  (Le),  i56. 
Serverie  (village  de  La),  33. 
Senrien,  238. 
Seulle,  rivière,  473. 
Sévig^né  (de),  292. 
Sicqueville   ou    Secqueville-en- 

Bestin,  paroisse,  386. 
Sieur  (Le),  3 12. 
Sillans  (de),  83,  99,   293,  426, 

437,  493. 
SUly  (de),  467. 

Siméon,  famille.   Voir  Sémion. 
Siresme  (de).  Voir  Syresme. 
Soliers,  paroisse,  i5o. 
Sollgny  (de),  463,  478. 
Sommervieu,  paroisse,  5 16  ;  (fa- 
mille de),  5x7. 
Sone  (rivière  de),  62. 
Souleuvre  (Les  Vaux  de),  i6x. 
Smart,  peut-ltre  Suhart,    471, 

ou  Suard,  486. 
Suart,  480. 
Subies  (de),  5 18. 
Subtil  (de),  107. 
Sueur  (Le),  270,  476. 
Suhard,   201,   45o,   467,  494, 


496,  499,  527. 
Surhomme  (hameau  du),  97. 
Sariray,  354. 
Surrain  (de),  476. 
Syresme  (de),   354,  410,  4i3, 

417. 

Table  (fief  de  La),  279,  461. 
Taillebois  (de),  145,  474,  536, 

542,  598. 
Tailleville,  prieuré,  299. 
Tardif,  217. 
Tellier  (Le),  î5. 
Temple  protestant,    249,  260. 

Voir  Prêche. 
Templiers,  259.  Voir  Malte. 
Terray,  418. 
Terrier,  hameau,  299. 
Terriers  (marais  des),  85. 
Tertre  (du),  441. 
Tésart.  KoirThésart 
Tessoo,  7,  9,  20,  27,  128,  i33, 

356. 
Tessy,  504. 
Than,  paroisse,  389  ;  fief,  263, 

391;  (fomille  de),  393,  5io. 
Théauz  (Grainvillep^Théaux,  6ef), 

18. 
Thères  (de),  23,  36. 
Thésart,  36,  352,  5o6. 
Thibout,  100,  468. 
Thibouville  (de),  154. 
Thioud  et  Thioult,   i5o,  36i, 

373. 
Thon  (du),  257. 
Thue,  ruisseau,  379,  38;,  4o5. 
Thuit  (Notre-Dame-du-),  7. 
Thury.  Voir  Harcourt. 
Ti^er^eau,  5i3. 


5^7 


Tiercelin,  3o,  m. 

Tierceville,  paroisse,  5a  i  ;  (de), 

395. 
Tillières(de),433. 
Tilly(de),  8.  44,  i54,  290. 
TiUy-la*Campagne,  1 5 1 . 
Toquet,  324. 
Tord  (Le),  479. 
Tordouet,  473. 
Torp  (Le),  village,  1 10. 
Torteval,  fief,  i32. 
Touchet  (de),  46,  a58. 
Touffreville,  paroisse,  90. 
Tour,  5o3. 
Tours,  fief,  504. 
Tournebu  (de),   8,  14,    16,  a3, 
33,   100,   290;  paroisse,  34; 
fief,  41 3. 
Tournemine  (de),  422. 
Tournicr,  139. 
Tracj-sur-la-Mer,  paroisse,  523. 

Travers,  x55. 

Trémouille  (de  La),  241. 

Tréperel,  paroisse,  36. 

Tringale  (La),  hameau,  5 16. 

Troarn,  abbaye,  297  ;  doyenné, 
39;  paroisse,  90. 

Trotibd,  5o8. 

Trouam,  fief,  i53.     ' 

Troussey,  496. 

Tulles  (de),  470. 

Tureinne,  ferme,  33 1. 

Turgot,  38,  1 50,461. 

Turpin,  73. 

Turstin.  Voir  Haldup. 

Vnigenitus  (bulle),  241,  242. 
Urgefer.  Voir  Durgefer. 
*Ursulines  de  Caen,  3  20. 


Urville  (de  Lalongny  d*),  23  ;  pa- 
roisse, 38. 

•  Vacelin,  465. 

Vaillant  (Le),  4x6. 

Val  (abbaye  du),  4,  9,  3a. 

Val   (viUage   du),  35;   iamUle, 
Voir  Duval. 

Val  (Le),  hameau,  9. 

Val-Bunel  (Notre-Dame  du),  cha- 
pelle, 289. 

Valclair,  ruisseau,  6. 

Valdery,  fief,  497. 

Val-de-Laize,  hameau,  ia5,  i38. 

Val-des-Dunes,  107. 

Valeran,  fief,  535. 

Valette  (de  La),  lao. 

Valette,  village,  458. 

Vallée  (La),  hameau,  517. 

Valleries,  fief,  541. 

Valmeray,  paroisse,  z5i. 

Valois  (Le),  59,  i37,  348,  417. 

Val-Richer  (abbaye  du),  27,  160, 
aôa. 

Vambès(de),  i5. 

Varangère  (fief  de  La),  25 1. 

Varaville,  paroisse,  95. 

Varembert,  hameau,   415,444. 

Varignies  (de).  Voir  Warignies. 

Varignon  (Le),  324. 

Vaspail  (de),  371. 

Vasseur(Le),  418. 

Vassy  (de),  34,  37,  46,  129, 258, 

314,  35a,  36i. 
Vast,  (hameau  du),  76;  famille, 

Voir  Wast. 
Vastan.  VbtrAubery. 
Vastpré  (de),  465. 
Vaucelles  (doyenné  de),  101, 


S68 


Vaudoux  (de),  435. 
Vauculet  (moulin  de),  35o. 
Vaulaville,  49. 

Vauquelin  des  Yveteauz,    49  ; 
Vauquelin  d'HennanYilIe,    agi, 


Vauiatettx,   paioiaae,   SgS;   fit- 
mille,  398. 
Vauvîlle,  fief,  3o5  :  (fitmine  de), 

44- 

Vaux  (Les),  ruisseau,  7  ;  (famille 
de),  49,  5s5,  5a8,  53o  ;  vil- 
lage, 458. 

Vaux-de*SouleuTre,  16  r. 

Vaux-sur-Aure  (fiimUle  de),  7a. 

Vaux-sur-Aure,  paroisse,  5*4. 

Vaux-sur-Seulles,  paroisse,  53o. 

Vavasseur  (Le),  199,  217. 

Veaugrou  (du),  sa. 

Vendure  (fief  de  La),  i55. 

Veneur  (La),  3o,  66. 

Vengeons,  aag. 

Vénoix  (famille  de),  39,  40,  5o, 
89,  399;  (fief  de),  59,  399; 
paroisse,  598. 

Ver(de),  531,534. 

Ver,  paroisse,  53a. 

Vérard,  450. 

Véret,  529. 

Vérigny  (de),  53o. 

Vemon  (de),  318,446. 

Véron,  199. 

Verrier  <Le),  317. 

Verrières  (fief  de),  i3a. 

Verténière  (hameau  de  La),  55. 

Verune  (Petet  de  La),  i3i. 

Ve8tre?ille  (de),  58. 

Vey  (Notre-Dame^du-),  paroisse, 

Vey  (du),  7,  37. 


Vey  (Le  Grand  et  Le  Petit),  341. 
Vey-de-Cléry  (niiaaeau  du),  54. 
Viconte  (Le),  349. 
Vienne,  paroisse,   534;  (fafnflle 

de),  536. 
Vierville  (de),   427,  493,  5m, 

411. 
Vieux,  paroisse,  400. 
Vigne  (de  La),  i56,  278,  5t3. 
Vignerie  (village  de  La),  154. 
ViUaines  (de),  40. 
Ville  (U),  hameau,  28,  386. 
Villeneuve  (de),  229. 
Vîllers,  fief,  378;   (famille  de), 

379. 
Villers-en-Bocage,  fief,  504. 
Villctte  (de),  206. 
Villiers    (de),     i55,    36s;  fief, 

378. 
Villiers-le-Sec,  paroisse,  541.  . 
Villons.  Voir  Buiasons-Viltoos. 
Vimard,  499. 
Vimont,  paroisse,  99. 
Vipart,  66. 

Fin  Huet,  41  ;  —  Collinktm,  41. 
Vipart,  38o. 
Viquet  (du),  483. 
Vital  (saint),  5 a 2. 
Vitouard,  369. 
Vitry,fief,487;(de),486. 
Vivier  (fief  duX  126.  129. 
Voismer.  Voir  Voismey. 
Voismey,  commaoderie,  i5  ;  fief, 

10. 

Wac  ou  Wast,  462,  465,  492. 
Warignies  (famille  de),  53,  iSj, 
267,  348,  472. 

Yvrande,  286.  Voir  Ivrande. 

Zéphir-artillerie,  533. 


TABLE  DES  MATIÈRES 


Archidiaconé  d'Hyesmes 3 

Doyenné  de  Cinglais 3 

—  deTroarn^ 39 

—  de  Vaucelles..... loi 

Exemption  de  Cambremer , iSa 

Archidiaconé  de  Gien i65 

Doyenné  de  la  Chrétienté  de  Caen i65 

—  deDouvres , a5i 

—  de  Maltot 319 

—  de  Creully 405 

Table  onomastique. 547 


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