This is a digital copy of a book that was preserved for générations on library shelves before it was carefully scanned by Google as part of a project
to make the world's books discoverable online.
It has survived long enough for the copyright to expire and the book to enter the public domain. A public domain book is one that was never subject
to copyright or whose légal copyright term has expired. Whether a book is in the public domain may vary country to country. Public domain books
are our gateways to the past, representing a wealth of history, culture and knowledge that 's often difficult to discover.
Marks, notations and other marginalia présent in the original volume will appear in this file - a reminder of this book' s long journey from the
publisher to a library and finally to y ou.
Usage guidelines
Google is proud to partner with libraries to digitize public domain materials and make them widely accessible. Public domain books belong to the
public and we are merely their custodians. Nevertheless, this work is expensive, so in order to keep providing this resource, we hâve taken steps to
prevent abuse by commercial parties, including placing technical restrictions on automated querying.
We also ask that y ou:
+ Make non-commercial use of the files We designed Google Book Search for use by individuals, and we request that you use thèse files for
Personal, non-commercial purposes.
+ Refrain from automated querying Do not send automated queries of any sort to Google's System: If you are conducting research on machine
translation, optical character récognition or other areas where access to a large amount of text is helpful, please contact us. We encourage the
use of public domain materials for thèse purposes and may be able to help.
+ Maintain attribution The Google "watermark" you see on each file is essential for informing people about this project and helping them find
additional materials through Google Book Search. Please do not remove it.
+ Keep it légal Whatever your use, remember that you are responsible for ensuring that what you are doing is légal. Do not assume that just
because we believe a book is in the public domain for users in the United States, that the work is also in the public domain for users in other
countries. Whether a book is still in copyright varies from country to country, and we can't offer guidance on whether any spécifie use of
any spécifie book is allowed. Please do not assume that a book's appearance in Google Book Search means it can be used in any manner
any where in the world. Copyright infringement liability can be quite severe.
About Google Book Search
Google's mission is to organize the world's information and to make it universally accessible and useful. Google Book Search helps readers
discover the world's books while helping authors and publishers reach new audiences. You can search through the full text of this book on the web
at|http : //books . google . corn/
A propos de ce livre
Ceci est une copie numérique d'un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d'une bibliothèque avant d'être numérisé avec
précaution par Google dans le cadre d'un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l'ensemble du patrimoine littéraire mondial en
ligne.
Ce livre étant relativement ancien, il n'est plus protégé par la loi sur les droits d'auteur et appartient à présent au domaine public. L'expression
"appartenir au domaine public" signifie que le livre en question n'a jamais été soumis aux droits d'auteur ou que ses droits légaux sont arrivés à
expiration. Les conditions requises pour qu'un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d'un pays à l'autre. Les livres libres de droit sont
autant de liens avec le passé. Ils sont les témoins de la richesse de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de la connaissance humaine et sont
trop souvent difficilement accessibles au public.
Les notes de bas de page et autres annotations en marge du texte présentes dans le volume original sont reprises dans ce fichier, comme un souvenir
du long chemin parcouru par l'ouvrage depuis la maison d'édition en passant par la bibliothèque pour finalement se retrouver entre vos mains.
Consignes d'utilisation
Google est fier de travailler en partenariat avec des bibliothèques à la numérisation des ouvrages appartenant au domaine public et de les rendre
ainsi accessibles à tous. Ces livres sont en effet la propriété de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine.
Il s'agit toutefois d'un projet coûteux. Par conséquent et en vue de poursuivre la diffusion de ces ressources inépuisables, nous avons pris les
dispositions nécessaires afin de prévenir les éventuels abus auxquels pourraient se livrer des sites marchands tiers, notamment en instaurant des
contraintes techniques relatives aux requêtes automatisées.
Nous vous demandons également de:
+ Ne pas utiliser les fichiers à des fins commerciales Nous avons conçu le programme Google Recherche de Livres à l'usage des particuliers.
Nous vous demandons donc d'utiliser uniquement ces fichiers à des fins personnelles. Ils ne sauraient en effet être employés dans un
quelconque but commercial.
+ Ne pas procéder à des requêtes automatisées N'envoyez aucune requête automatisée quelle qu'elle soit au système Google. Si vous effectuez
des recherches concernant les logiciels de traduction, la reconnaissance optique de caractères ou tout autre domaine nécessitant de disposer
d'importantes quantités de texte, n'hésitez pas à nous contacter. Nous encourageons pour la réalisation de ce type de travaux l'utilisation des
ouvrages et documents appartenant au domaine public et serions heureux de vous être utile.
+ Ne pas supprimer r attribution Le filigrane Google contenu dans chaque fichier est indispensable pour informer les internautes de notre projet
et leur permettre d'accéder à davantage de documents par l'intermédiaire du Programme Google Recherche de Livres. Ne le supprimez en
aucun cas.
+ Rester dans la légalité Quelle que soit l'utilisation que vous comptez faire des fichiers, n'oubliez pas qu'il est de votre responsabilité de
veiller à respecter la loi. Si un ouvrage appartient au domaine public américain, n'en déduisez pas pour autant qu'il en va de même dans
les autres pays. La durée légale des droits d'auteur d'un livre varie d'un pays à l'autre. Nous ne sommes donc pas en mesure de répertorier
les ouvrages dont l'utilisation est autorisée et ceux dont elle ne l'est pas. Ne croyez pas que le simple fait d'afficher un livre sur Google
Recherche de Livres signifie que celui-ci peut être utilisé de quelque façon que ce soit dans le monde entier. La condamnation à laquelle vous
vous exposeriez en cas de violation des droits d'auteur peut être sévère.
À propos du service Google Recherche de Livres
En favorisant la recherche et l'accès à un nombre croissant de livres disponibles dans de nombreuses langues, dont le français, Google souhaite
contribuer à promouvoir la diversité culturelle grâce à Google Recherche de Livres. En effet, le Programme Google Recherche de Livres permet
aux internautes de découvrir le patrimoine littéraire mondial, tout en aidant les auteurs et les éditeurs à élargir leur public. Vous pouvez effectuer
des recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l'adresse] ht tp : //books .google . corn
MÉMOIRES
POUR SERVIR A L'ÉTAT HISTORIQUE ET GÉOGRAPHIQUE
DU DIOCÈSE DE BAVEUX
TOME III
MÉMOIRES
POUR SERVIR
A UÉTAT HISTORIQUE ET GEOGRAPHIQUE
DU DIOCèSE DE BATEUX
Par MICHEL BÉZIERS
PUBLIÉS PAR G. LE HARDY
f^Hif TOME ni
ÂRCmOIACONÉS D'HYESMES ET DE CAEN
ROUEN
A. LESTRINGANT
Libraire de la Société de THistoire
de Normandie,
U, RUE JEANNE-DARC, 11
PARIS
A. PICARD ET Fils
Libraire de la Société de l'École
des Chartes,
82, RUE BONAPARTE, 82
1894
THENEWYORK
PUBLIC LIBRARY
ASfOH, L" (jX and
TIL06N FO"- DATlOJtS.
EXTRAIT DU RÈGLEMENT
Art. 16. — Aucun volume ou fascicule ne peut être livré
à l'impression qu*en vertu d*une délibération du Conseil, prise
au vu de la déclaration du Gomm^saire délégué, et, lorsqu'il
y a lieU; de l'avis du Gomité intéressé, portant que le travail
est digne d'être publié. Cette déclaration est imprimée au
verso de la feuille du titre du premier volume de chaque ou-
vrage.
Le Conseil, vu la déclaration de M. le D' CoutaN; Corn-
missaire-déléguéy portant que Vëdition des MéiiomES pour
servir à l'état historique et géographique du diocèse de
Bayeux, de I'Abbé Béziers, préparée par M. G. Le Hardy^
lui a paru digne d*être publiée par la Société de l'Histoire
DE Normandie, après en avoir délibéré^ décide que cet
ouvrage sera livré à l'impression.
Fait à Houmj le ^•'' août 1893.
Le Secrétaire de la Société,
P. LE YERDIER.
L'ARCHIDIACONÉ D'HYESMES
CONTENANT
LES DOYENNÉS DE CINGLAIS, DE TROARN
ET DE VAUCELLES
L'ARCHIDIACONÉ D'HYESMES
CONTENANT
LES DOYENNÉS DE CINGLAIS, DE TROARN
ET DE VAUCELLES
ARCHIDIACONÉ d'HYESMES
Cest le troisième archidiacoîié du diocèse de Bayeux.
Le pays d'Hyesmes, Oximensis ou Oximisus pagus,
comprend trois archidiaconés, Pun attribué à Séez, l'autre
à Lisieux, et l'autre à Bayeux. Ce dernier contient tout le
pays du diocèse de Bayeux qui est entre les rivières d^Ome
et de Dive. Il a sous son resson 3 doyennés qui com-
posent 1 34 paroisses.
DOYENNÉ DE CINGLAIS
Acqueville (Saint- Aubin d^). Sergenterie de Tournebu,
élection de Falaise, 84 feux, notariat de Tournebu.
Cette paroisse est arrosée par un ruisseau qui vient des
bois du Meslay, appelé la rivière de Bactot. L'abbé de
Fontenay présente à la cure et perçoit les dîmes. Elle est
à 4 lieues du bourg d'Argences et à 5 lieues de Caen. La
Motte d'Acqueville relève de la baronnie de Tournebu.
Seigneur honoraire : M. de Baudrand, ancien capitaine
de cavalerie.
Angoville {Sainte- Anne d'). Sergenterie de Thury,
éleaion de Falaise, 28 feux.
Son nom vient, selon M. Huet, de Goton Gody qui est
le nom de Dieu parmi les Allemands. Les religieux de
Pabbaye du Val Jouissent du patronage, et des deux tiers
de la dîme. Ils les tiennent de Gosselin de la Pommeraye,
qui les leur aumôna en ii25, en fondant cette abbaye.
Messire Jean Néel, seigneur de Tierceville est seigneur
d'Angoville.
Elle esta 3 lieues de Falaise, une lieueet demie du bourg
d'Harcourt, et trois quarts de lieue de Bois-Halbout.
Barbery (Notre-Dame de). Barberium, Sergenterie de
Tournebu, élection de Caen, 90 feux, notariat de Fresnay^
le-Puceux.
Cette paroisse est bordée au Levant par la rivière de
Laize, qui la sépare d^avec Bretteville. La cure est en
règle, et à la nomination alternative des abbés de Barbery
et de Fontenay. Il y a dans son territoire une abbaye
d'hommes de la réforme de Citeaux, qui fut commencée
en 1 140 par Robert Marmion et érigée en 1 176 par Ro-
bert Marmion vicomte de Fontenay; son fils Roger
Marmion, seigneur de Varaville, chevalier Banneret, y fit
ausM du bien en i223.
Elle est à 4 lieues de Caen et de Falai^. L^abbé déci-
mateur est seigneur.
Bo (Saint- Pierre du). Sergenterie de Thury, élection
de Falaise, 73 feux.
Cette paroisse est environnée d'un côté par une chaîne
de coteaux, et par un ruisseau qui la partage d'avec Cos-
sesseville, et de l'autre côté par la rivière d'Orne. L'abbé
du Val nomme à la cure.
Elle est à 7 lieues de Caen et 2 lieues de Condé.
Bonœuil (Notre-Dame de) (i). Sergenterîe de Thury,
élection de Falaise, 40 feux.
Cette paroisse a près de trois quarts de lieue de TOrient
à rOccident, et environ autant du Midi au Nord. Elle est
arrosée par deux ruisseaux qui y prennent leur source, et
qui vont se perdre dans la rivière de Laize. Il y a proche
Téglise une fontaine surnommée Auprêtre dont «Peau
cause la pierre à ceux qui en boivent avec une certaine
continuité. L'abbé du Val présente à la cure. Les religieux
ont les deux tiers de la grosse dîme, le curé a Pautre tiers
avec les verdages. Messire Pierre-Louis Hélie de Donnay,
conseiller du roi, maire de la ville de Falaise est seigneur
et patron de Bonœuil. Il y possède deux fiefs, la verge et
prévôté de laPommeraye, et le fief de Bonœuil. Partie de
cette paroisse dépend du bailliage de Falaise; Bonœuil est
à une lieue du Bois-Halbout et à 3 lieues de Caen.
Bray-en^Cinglais (Saint-Aubin de). Sergenterie aux
Bruns, élection de Falaise, 20 feux, notariat de Bretteville-
sur-Laize.
Cette paroisse est arrosée par la rivière de Laize. Il y a
les bois de Bray, du Neufbourg et de la Roquette, et
deux bruyères ou communes. La présentation de la cure
appartient au prieuré de Sainte-Barbe*en-Auge^ et le fief
dominant appelé Pelville à messire Philippe Osmont,
chevalier, seigneur et patron de Bray-Saint- Aubin. Il y a
encore le fief de Livet possédé par M. Manoury V...,
lequel relève de celui de Pelville.
Bray dépend de la généralité d^Alençon, 3 lieues de
Falaise, 5 lieues de Caen.
(i) Visa du x3 août 1470 à Thomas Lecomte, prêtre, docteur
en médecine : Boniolo.
Bretteville-sur-Laiie (Saint- Vigor et Saint-Roch de).
Bourg, châtellenie, chef-lieu de scrgenterie, élection de
Caen, i8o feux, 700 communiants, lieu de notariat.
Le bourg est décoré d^une haute justice, d^une foire le
jour des trépassés et d^un marché tous les samedis. Il y
avait encore tous les mercredis un autre marché qui est
aboli présentement. La sergenterie de Bretteville contient
18 paroisses (ij. Le territoire de cette paroisse est arro^
dans sa longueur par la rivière de Laize qui coule de
Torient à Toccident, et passe au pied du cimetière. Il y a
aussi entre le midi et le couchant le ruisseau de Valclair
qui vient de Pabbaye de Barbery. Les villages du Béfeux
et de Jacobménil en dépendent. On n'y voit point d'au-
tres bois que celui de Corneville, et la forêt de Cinglais
qui borde la paroisse. L'abbé de Barbery présente à la
cure, et jouit des dîmes. C'est une donation de Robert
Marmion, son fondateur. M. le marquis de Guerchy est
le principal seigneur de Bretteville. Messiresde Louraille
et de Bretteville y ont chacun un fief, partie de la haute
justice du duché d'Harcourt.
Elle est à une lieue de Bois-Halbout, 2 lieues et demie
de Harcourt, et 3 lieues de Falaise.
Boulon (Saint- Pierre dej. Sergenterie de Bretteville,
élection de Caen, i25 feux, notariat de,Clinchamp.
Cette paroisse contient environ 600 acres de terre labou-
rable, et 800 acres en bois, dont 600 à messire de Guerchy,
plusieurs à messire le duc de Harcourt, 100 acres à Tab-
baye de Saint-Evroult, et 6 au titulaire de la chapelle du
Thuit. Ce bois fait partie de la forêt de Cinglais, et est
exempt de dîmes comme bois du roi. La nomination de
(i) Ce bourg, sur le bord de Laize, est dans le fond d'un vallon
très profond. Le principal commun constete en filature de coton.
la curp appartient à l'abbé de Fontenay, la dîme à ses
religieux. M. le duc de Gèvres, comme engagiste du roi,
est seigneur de Boulon. II y a deux chapelles ruinées :
Notre-Dame du Thuit, et Saint- Louis du Malpas ou
Maupas. Elles sont à la nomination du roi.
Ce bourg est à. une lieue et demie du Bois-Halbout,
3 lieues de Harcourt et de Caen, et 4 lieues de Falaise.
CaumonUsur^Orne (Saint-Sulpice de). Sergenterie de
Thury, élertionde Falaise, 19 feux.
Celte paroisse n'est composée que de 100 acres de terre,
dont il y en a 20 en bruyères et rochers inhabitables,
d^aucune valeur. Elle est séparée de la paroisse d'Esson à
Forient, par les montagnes de Beauvoir et de Bonne-
Nouvelle, et au couchant de celle de Saint-Rémy par une
autre montagne, au pied de laquelle coule le ruisseau des
Vaux, qui prend sa source, partie à Saint-Clair de la
Pommeraye, partie au bas du cimetière de Saint-Omer,
et vient tomber dans POrne. Le patronage de la cure est
attaché à la sergenterie, et la dîme au bénéfice. La sergen-
terie est une franche vavassorie qui relève de la baronnie
de Tournebu, M. Pierre du Vey, deuxième seigneur et pa-
tron de Caumont y nomma en 1 71 6. Messieurs ses fils lui
ont succédé. Cette paroisse, bordée d'un côté par le chemin
de Caen à Condé-sur-Noireau, et de Tautre par celui
d'Harcourt au Pont-à-la-Mousse par la rivière d'Orne
est à 6 lieues de Caen, 4 lieues de Falaise, une demi-lieue
d'Harcoun, une de Clécy, et 3 lieues de Condé.
Cesny^eti'Cinglais (Notre-Dame de l'Assomption).
Sergenterie de Tournebu, élection de Falaise, i ï8 feux,
notariat de Tournebu.
Il y a au-dessous de Téglise le petit ruisseau du Cul-
8
doison, et plus loin la mare Gascoin, qui arrosent, son
territoire. L'abbé de Fontenay présente à la cure. La
grosse dîme se partage entre le curé, Tabbaye de Fontenay,
et le titulaire de la chapelle Saint-Georges. Cette chapelle,
située dans le château de la Motte-Cesny, fut abolie, et
son titre et revenu furent réunis en 1715 (i) à la chapelle
du château d^Harcourt. La chapelle ou prieuré simple de
Saint-Nicolas de Buron, est aussi de la paroisse de Cesny .
Elle déj^end de Tabbaye de Hambie; lors de la vacance
d'icelle, Tabbé de Hambie doit présenter 3 religieux du
dit lieu au seigneur de la Motte-Cesny, qui fait le choix
d^un d'entre eux, et lui donne la nomination de ce béné-
fice (2).
La baronnie de la Motte est le chef-lieu. Le vieux
château des barons de la Motte est situé dans le hameau
du même nom. Cette baronnie, possédée d^abord par
Raoul Tesson, fondateur de Tabbaye de Fontenay, fut
apportée en mariage vers i368 à Philippe d^Harcourt,
baron de Bonnestable par Jeanne de Tilly, héritière du chef
de sa mère et de ses tantes, Guillemene et Jeanne de Tour-
nebu. Elle fut érigée en marquisat en Tannée iSg3 pour
Pierre d^Harcourt, baron de Beuvron. Elle a été depuis
incorporée et unie en 1 709 au duché d'Harcourt.
Il y a six hameaux à Cesny. Le plus considérable est le
Bois-Halbout, où il y a un bourg, marché tous les ven-
dredis, et 6 foires par an, les vendredis de la troisième
semaine de carême, de la deuxième semaine de mai et de
la deuxième semaine de juillet, le jour Sainte-Anne, et
les premiers vendredis de septembre et de novembre. Il
y a aussi un hôpital régulier sous l'invocation de saint
(i) Le 2 juillet, le siège vacant en faveur du maréchal d'Harcourt.
(2) Hist, généal, de la maison d'Harcourt^ par G. A. de La Roque,
Paris, 1672, t. I, p. 785.
Jacques, érigé Tan i2oopar Henry 11^ évéque de Bayeux,
et fondé des biens de Tesson, baron de la Motte-Cesny,
pour les malades de 17 paroisses voisines. L^abbé du Val
est chargé du soin et gouvernement de cet hôpital, et le
baron de la Motte en est l'administrateur perpétuel et de
toutes ses appartenances. Les religieuxdu Val sont obligés,
vacance échéante, de présenter deux d^entre eux à ce
baron pour que par lui il en soit choisi un pour gouverner
cet hôpital. L'abbé du Val et ses religieux sont tenus de
lui donner des lettres d'institution.
M . le d uc d^Harcourt en est seigneur au droit des barons
de la Motte-Cesny. Une lieue du bourg d'Harcourt.
Cingal (Notre-Dame de Nativité). Sergenterie de Tour-
nebu, éleaionde Falaise, 12 feux et 41 communiants,
notariat de Tournebu.
Cette paroisse a environ trois quarts de lieue d^étendue,
sans hameaux, mais seulement une ferme, une baron nie,
et le fief de la Meslière appartenant à Fabbéde Fontenay.
L^abbé de Barbery et ses religieux présentent à la cure et
en sont les gros décimateurs. M'^® de Fresne est dame de
la paroisse, comme possédant le fief dominant et mouvant
de M. de Grainville qui en a aussi un.
Elle est à 3 lieues de Falaise, 4 lieues de Caen et 2 lieues
du bourg d^Harcourt.
Clinchamps (Notre-Dame et Saint-Quirin). Sergenterie
de Brctteville, élection de Caen, 1 5o feux, 370 commu-
niants, lieu de notariat.
Cette paroisse est partie sur la rivière d^Orne, partie
sur celle de Laize. Ellen^a point d^autres hameaux que
ceux de Percoville et du Val, qui sont distants Tun de
l'autre d^un quart de lieue. Le bénéfice, qui est régulier.
10
est à la pré$entation du prieur et chanoine de l'Hôtel-Dieu
de Caen. La grosse dîme appartient en totalité aux pauvres
de cet Hôtel-Dieu. Clinchamps a droit de marché tous
les lundis, et de foire le jeudi d'après les Cendres, le jeudi
d'après Quasimodo, le 4 de juin, jour de saint Quirin et
le 4 de novembre ; mais il ne s'y en tient plus depuis plus
de 3o ans. II y a 3 fiefs : Qinchamps, qui appartient à
M. de Cauvigny, Esson au même par acquêt, et Voismey
dépendant de la commanderie de ce nom. Les vassaux du
fief de Clinchamps relèvent à présent du bailliage de
Caen depuis la réunion de celui de Saint-Silvin ; ceux
d'Esson, de la juridiction d'Harcourt, et ceux de Voismay
[Voismer], de Falaise. C'est la patrie de Guillaume le
Pelletier, jésuite et célèbre prédicateur mort en 1668.
Ceux du nom de Clinchamps, si connus autrefois en
Normandie, tirent leur nom de ce lieu. La seigneurie de
Clinchamps relève du roi, et lui fait hommage d'une livre
de poivre, et de 2 septiers de froment mesure du grenier
de Thuit. Gautier de Clinchamps vivait en 1098, selon
Orderic Vital. Hugues, chevalier, seigneur de Qinchamps
et des Maizerets fit des fondations en 1 1 38 ; un autre
Hugues, seigneur de Clinchamps, des Maizerets et du
Rozel donna, en 1227, le patronage de Clinchamps et
d^autres biens à l'Hôtel-Dieu de Caen, à condition qu'il
y serait reçu en certains jours avec son train, et qu'il dîne-
rait à la table du prieur (i). Geoffroy de Qinchamps est
qualifié monseigneur et chevalier dans le rôle de 1295,
qui contient tous ceux qui accompagnèrent Jean d'Har-
court, amiral de France, au voyage de la mer. Alain de
Clinchamps fut fait chevalier en i3i3 par le roy Philippe
le Bel. La branche aînée fondit dans la maison de Bures.
(i) Hist. Harc.y p. iSSg.
II
Guillaume, seigneur de Bures, rendit aveu, le 27 mars
1 371, de la seigneurie de Clinchamps, à cause de Jeanne
de Clînchamps sa femme. De lui tenaientalors par partage,
suivant l'aveu : M. Alain de Clinchamps, le fief du Rozel,
et Vigor de Clinchamps, celui des Maizerets. Jean de
Bures, chevalier, seigneur de Bures et de Clinchamps, de
Jacqueline de Nollent de Saint-Contest sa femme, avec
laquelle il vivait ès-années 1460-1470, eut Françoise (Je
Bures, dame desdits lieux, alliée à Guillaume le Hericy,
seigneur de Pompîerre.
Cette paroisse est entre Caen et le bourg d'Harcourt, à
2 lieues et demie de distance de Pun et Pautre.
Combray (Saint-Martin de). Sergenterie de Thury,
élection de Falaise, 64 feux, notariat de Tournebu.
Cette paroisse est séparée de celle de Donnay par un
ruisseau qui va se perdre dans POrne, près d'Harcourt,
et de celle de Caumont par le chemin de Caen à Condé-
sur-Noireau. Le seigneur nomme à la cure. Le curé est
décimateur. Gabriel de Beauvoisin, seigneur et patron de
Combray, Douve, CuUey-le-Patry, Placy et la Beauvoi-
sinière présenta à la cure de Combray en 1602. M. Hélyes
de Donnay en est aujourd'hui seigneur et patron.
Elle est à une lieue du bourg d'Harcourt, 3 lieues de
Condé-sur-Noireau et 6 lieues de Caen.
Condel (Saint-Laurent de). Sergenterie de Bretteville,
élâftion de Caen, 86 feux, notariat de Clinchamps.
Cette paroisse voisine de la forêt de Cinglais, est sur la
rivière d'Orne. L'abbé de Fontenay présente à la cure.
Elle est à 3 lieues et demie de Caen^ et une lieue et demie
du bourg d^Evrecy. *
12
Cossesseville (Saint-Barthélemy de). Sergenterie de
Thury, élection de Falaise, 5o feux.
Cette paroisse, située sur la rivière d^Orne, contient
5 villages qui sont : le Jardin, le Manoir, la Sauvagerie,
le Foucq et le Boudessou. L'église, placée au bas de la
paroisse du côté du couchant fut transférée en 1 729 au
milieu entre le presbytère et la maison du seigneur. L'abbé
du Val présente à la cure. Ses religieux et le curé partagent
la dîme. La seigneurie relève du roi. M. Jean-Baptiste-
François Le Lassœur est seigneur et patron de Cossesse-
ville.
Elle est à 3 lieues de Falaise, 2 lieues de Condé-sur-
Noireau et du bourg d^Harcourt, et une demi-lieue du
pont d'OuîUy.
Croisilles (Saint-Martin de). Chef-lieu de sergenterie,
élection de Caen, 98 feux, notariat de Saint- Martin de
Sallen.
Cette paroisse est appelée dans les vieux titres : Croe^
silya, Cruxiola et peut-être Corilisum, Elle est entre les
rivières d^Orne et de Laize. Elle a une basse justice qui
s'étend sur Croisilles et les Moustiers. La nomination de
la cure est attachée à la seigneurie. Les deux tiers de la
grosse dîme sont perçus par les boursiers du collège de
maître Gervais, de Paris, l'autre tiers par le curé.
On croit que c'est de là qu^ont tiré leur nom Messieurs
de Croisilles, ancienne famille de Normandie qui porte : de
sable à 3 croisettes d^or recroisettées. Demoiselle Made«
leine Patry, dame et patronne de Villcrey, Courtemol,
Croisilles, Fescan, Maletot, Maisoncelles, les Granges-
planés, Montigny, Launé, le Bodesne et le Got, fille
de Jacques Patry, chevalier, seigneur des dits lieux,
et de Renée de Renty, porta toutes ces terres en mariage
13
à M. Jean- Antoine de Franquetot, chevalier, seigneur et
patron de Franquetot, Cretteville, Coigny, Saint-Jores, etc. ,
qu'elle épousa par traité passé à Villers-en-Bocage, le 8 juin
1634. De ce mariage vint Robert-Jean- Antoine de Fran-
quetot, chevalier, comte de Coigny, lieutenant-général
des armées du roi, père, par demoiselle Marie-Françoise
de Matignon, mariée le 5 d'octobre 1668, de François de
Franquetot, duc de Coigny, maréchal de France. Ce ma-
réchal vendit en 1782 les terres de Croisilles, Montigny,
Villerey à M. Ferrand de Saint-Dizan, qui les laissa à
demoiselle Marguerite Ferrand de Saint-Dizan, sa fille,
mariée à Raoul-Antoine de Saint-Simon, comte de Cour-
tomer, lieutenant-général des armées du roi. Jacques-
Étienne-Antoine de Saint-Simon^ comte de Courtomer,
brigadier des armées du roi, capitaine de gendarmerie, a
succédé à son père dans toutes ces seigneuries.
Croisilles est à 4 lieues de Caen, et une demi-lieue
d'Harcourt.
'Donnay (Saînt-Vigor de). Sergenterie de Thury, élec-
tion de Falaise, intendance d'Alençon, 72 feux, notariat
de Tournebu.
Le seigneur nomme à la cure, le curé perçoit la dime.
C^est la patrie de François Bertaud, savant dans les
belles-leures, père de Jean Bertaud, évêque de Séez en
1606. Jacques-Joseph de BcUemare de Valhébert, cheva-
lier, baron de Coulonces, seigneur et patron de Donnay,
nomma à la cure en 1689. Joseph de Bellemare, son fils,
chevalier, baron de Coulonces, seigneur et patron d'As-
nebec, Estouvy, Donnay, Secqueville, Canon et Valhébert
y nomma par procureur en 1697, et personnellement en
1710, M. Hélyes, écuyer, receveur des tailles à Falaise,
seigneur et patron deCombray et de Bonœuil, est posses-
14
seur de la seigneurie de Donnay par l'acquisition qu^il en
a faite de M. de Bellemare.
Elle est à 3 lieues de Falaise.
Esson {Notre-Damede Nativité). Sergenterie deThuiy,
élection de Falaise, 87 feux, notariat de Thury.
Il y a dans cette paroisse, sur une montagne très élevée,
«n forme de pain de sucre, une chapelle du'titre de Bonne-
Nouvelle. M. Grimoult présente à la cure et perçoit les
deux tiers de la grosse dîme ; Tautre tiers est pour le curé.
Le fief dominant appartient à M. le duc d'Harcourt et est
incorporé à son duché. Elle est à peu de distance de la
rivière d'Orne, à une demi-lieue du bourg d'Harcourt et
à 4 lieues et demie de Caen.
Fontaine-Halbout (Saint-Laurent de). Sergenterie de
Tournebu, éleaion de Falaise, 20 feux, notariat de
Tournebu.
Elle est sur un ruisseau qui la sépare de la paroisse de
Tournebu. En i35o, Robert de Fontaines, chevalier,
était seigneur et patron de Fontaine-Halbout. Pierre de
Reviers, seigneur de Fontaine, au droit de Jeanne de
Fontaine, dame et patronne du dit lieu, nomma à la cure
en 1466. Jeanne de Monchy, baronne de Rannes et d'As-
nebec, dame de Coulombiers et de Moulines, patronne
de la terre et seigneurie de Fontaine-Halbout y présenta
le 4 octobre 1 594. La présentation de la cure appartient à
présent au sieur Pierre Harel de Cretinière, avocat au
Parlement de Rouen, et la dîme au curé. Le fief domi-
nant est la baronnie de Tournebu, qui est es mains de
M. Pierre-François-Jean-Baptiste de Bernîères, chevalier,
seigneur de Mondrainville, Gavrus, etc., comme ayant
épousé demoiselle Marie-Pierre de Tournebu.
15
Elle est à 3 lieu^ de Falaise, et un quart de lieue du
Bois-Halbout.
Fontaine-le-Pin (Saint-Pierre de). SergenteriedeTour-
nebu, élection de Falaise^ 46 feux, notariat de Villers.
Cette paroisse est séparée de celle de»Tournebu par la
rivière de Laize ( i ) . De là était natif Guillaume le Tellier,
mort le i^ septembre 1484, et enterré dans Péglise parois-
siale de Caudebec, au diocèse de Rouen. Son épitaphe
porte que c^est lui qui a achevé VO, la nef et les sous-ailes
de cette église. L^O n^est autre chose qu'une large ouver-
ture faite à la voûte de la nef en forme circulaire. La com-
manderie de Voismey, de Tordre de Malte, est dans Fon-
taine-le-Pin. Le commandeur y a une maison et une
chapelle domestique. Il présente de plein droit à la cure,
et nomme aussi à celle de Saint-Julien de Caen. Il a les
deux tiers de la dîme; le curé à Tautre tiers. Elle est à
2 lieues et demie de Falaise et une lieue de Bois-
Halbout (2).
Fresné'le-Pueeux (Saint-Martin de). Sergenterie de
Bretteville, élection de Caen, 44 feux. Lieu de notariat (3).
La nomination de la cure dépend de la seigneurie. La
terre de Fresné est jointe à celle de Fontenay-l&-Marmion.
Il y a un beau château pour le seigneur, et une chapelle
à titre. La rivière de Laize arrose son territoire. Robert
de la Planque, qualifié miles, était seigneur et patron de
Fresné-le-Puceux en i35o. La seigneurie entra depuis
(i) Décimateurs, le commandeur et le curé.
(3) Seigneur, M. de Vambès de Fleurimont.
(3) 1000 1. Estavauz, Feuguerolles, Maltot, Cully, Fontenay-le-
Marmion, Barbery et Gouvix.
i6
dans la maison de Tournebu, ensuite dans celle d^Har-
court, d^où elle passa en 1643 à Charles-Léon de Fiesque,
comte de Lavagne, par son mariage avec Gillone d^Har-
court, fille unique de Jacques, marquis de Beuvron. Elle
appartient aujourd'hui à M. Claude-Louis-François de
Régnier, comte de Guerchy, lieutenant-général des armées
du roi, chevalier de ses ordres (i). ^
Cette paroisse a donné la naissance à deux personnes
distinguées dans chacun leur genre : lo à François d'Har-
court, marquis de Beuvron, lieutenant-général pour le roi
en Normandie, qui naquit le i5 octobre 1498. C'était un
excellent homme de guerre dont La Roque a fait Téloge
dans l'histoire de sa maison ; 2» à l'abbé Guérin, ancien
secrétaire des sciences de l'Académie de Rouen, qui naquit
le 19 juin 1692, et est mort à Rouen le i3 avril 1759.
Elle est à 3 lieues de Caen.
Fresné'lC'Vieux (Saint Jean-Baptiste de). Sergenterie
de Toumebu, élection de Caen, 32 feux, notariat de
Clinchamps.
Cette paroisse, proche de la forêt de Cinglais, est entre
l'abbaye de Barbery et la rivière d'Orne. L'abbé de Bar-
bery nomme à la cure.
Elle est à une demi-lieue du Bois-Halbout, une lieue
du bourg d'Harcourt et 3 lieues de Caen.
Gouvis (Notre-Dame de). Sergenterie de Bretteville,
élection de Caen, 70 feux, 220 communiants, notariat de
Fresné-le-Puceux.
(i) Le cœur de Pierre d'Harcourt, baron de Beuvron, chevalier d«
l'ordre du roi, capitaine de 5o hommes d'armes, fut enterré le 18 août
1627 à Fresné-le-Puceux, et le corps à Beuvron.
17
Cette paroisse est située sur la rivière de Laize qui la
coupe en deux parties presque égales. Tune à Porient et
au nord, l'autre au sud-ouest, c'est-à-dire que cette rivière
y dirige son cours comme du sud à Pouest (i). Il y a sur
cette rivière 4 moulins pour M"* de Chambor qui y pos-
sède aussi environ 1 20 acres de bois taillis ; M. de Chan-
telou y en a à peu près 20 acres. Outre le gros des habita-
tions aux environs de Péglise, il y a 2 hameaux, le pre-
mîer au bout du territoire du côté de Cyntheaux [Cin-
teaux], se nomme pour cette raison hameau de Cyntheaux;
il est près d'une demi-lieue loin de Péglise. Le second se
nomme le Haut-Mesnil, dont plus de la moitié est de la
paroisse deCauvicourt; il est éloigné de Péglise de Gouvis
d^un quart de lieue. Gouvis est un prieuré-cure de POrdre
des chanoines réguliers de Saint- Augustin. Il est à la
nomination de Tabbé de Barbery par échange du patro-
nage et dîmes de la paroisse de Quetienville, diocèse de
Séez, consommé le 3 avril 1664, avec les chanoines régu-
liers de Sainte-Barbe-en-Auge. Par le même échange,
Fabbaye de Barbery jouit des deux tiers de la dîme, et le
prieur-curé a Pautre tiers avec les verdages. Il y a 3 fiefs
nobles dans cette paroisse qui partagent les droits honori-
fiques de Pégjise. Le fief de Gouvis a la moitié des hon-
neurs du patronage et du chœur, du côté gauche; le fief
d^Outrelaise a le troisième quart, et le fief de Cahaignes le
quatrième; les 2 derniers partagent Pautre moitié du
chœur, et ont chacun un banc. Le féal fief de Gouvis est
de haubert, relevant du roi; les 2 autres dépendent de
différentes seigneuries. Les 2 premiers sont dans la main
(i) Située dans un vallon assez profond et forme un gros village.
L'église est sur un cdteau qui domine sur le village. M** de Chambor,
haute dame de cette paroisse par acquisition.
2
i8
de M«e le Petit d^Aveisnes, veuve de M. de Chambor ; le
troisième est possédé par M. de Chantelou Elle est à
3 lieues et demie de Caen.
Grainville^la-Campagne (Saint-Étienne de). Sergen-
terie de Tournebu> élection de Falaise; 32 feux, notariat
de Bretteville.
Cette paroisse, en latin Grainivilla ou Graïnivilla,
tire apparemment ce nom d^un de ses principaux habitants
appelé Guérin, Guarinivilla, d'oîi s'est formée par la
suite Grainvilla. Elle est arrosée par le ruisseau de la
Manche qui prend sa source proche Téglise paroissiale.
L'abbé d'Aulnay présente à la cure. Il y possède la ferme
de Saint-Hilaire et les deux tiers de la dîme ; le curé a
Tautre tiers. II n'y a qu'un hameau et 2 fiefs qui sont :
Grainville*fiilly et Grainvile-Theaux, appartenant à
M. de Collet de Grainville.
Elle est à 4 lieues de Caen, 5 lieues de Falaise et
2 lieues de Saint-Silvin.
Grimboscq (Saint- Pierre de). Sergenterie de Bretteville,
éleaion de Caen, 45 feux, 200 habitants, notariat de
Clinchamps.
Cette paroisse, située sur la rivière d'Orne qui la borne
à l'occident et au midi, est composée de terres maigres et
de mauvais rapport. La forêt de Cinglais en occupe plus
de la moitié. Il y a 2 hameaux : Lasseret, éloigné de
l'église de près de 5oo pas; et Hue, qui en est à une
demi-lieue loin. La cure est à la présentation de l'abbé
de Fontenay, qui dîme lui seul ce qu'i) y a de la forêt de
Cinglais sur Grinboscq. Le curé dîme ce qu'il y a de
terres avec les verdages, à charge de 40 livres de rente
qu^il fait au susdit abbé pour les deux tiers de la dîme.
19
La chapelle ou prieuré simple de Saint-Anne-d'Olivet'est
de son territoire. C'est un petit bénéfice régulier, dépen-
dant de Pabbaye du Val-Richer, et possédé par un de ses
religieux qui doit 24 messes basses par an. On 7 voit
aussL les vestiges du château d'Olivet, autrefois consi-
dérable. Il était situé sur une éminence fort élevée dont
une partie est de la paroisse de Mutrécy. Le hameau du
Vieux-Grinboscq, qui est à certaine distance de là, ne
dépend point de Grinboscq, mais bien de Saint-Laurent-
de-€x)ndel, autre paroisse voisine. La seigneurie de
Grinboscq, membre de la baronnie et marquisat de la
Motte-Cesny, est unie au duché-pairie d'Harcourt. Elle
ressortit au bailliage de Falaise pour le civil.
Elle est à une lieue et demie du bourg d'Harcourt et
4 lieues de Caen.
Harcourt (Saint-Sauveur et Saint-Mathieu). Duché-
pairie, bourg, chef-lieu de sergenterie sous le nom de
Thury, élection de Falaise, généralité d'Alençon, 120
feux, 600 habitants, lieu de notariat.
Ce lieu, connu autrefois sous le nom de Thury, a été
pris par quelques-uns pour Yaugustodurum des tables de
Peutinger, que d'autres ont placé au bourg de Thorigny,
et qui était plus vraisemblablement au village de Vieux,
au-dessus de Caen.
Le bourg d' Harcourt, situé sur la rivière d'Orne, est
presque environné d'une chaîne de montagnes d^oti Ton
tire de l'ardoise presque aussi estimée que celle d'Anjou.
Il y a de très belles halles, un poids-le-Roy, et une
ancienne haute justice ressortissante par appel du Parle-
ment de Rouen. Le marché s'y tient tous les samedis, et
7 foires par an ; savoir : le second mardi de carême et
le mardi de la semaine des Rameaux^ les premiers mardis
20
de mai et de juillet, le 22 septembre, et dure 2 jours, le
mardi de la dernière semaine d^octobre et le mardi diaprés
les fêtes de Noël. Les habitants ne sont sujets qu^à 4 deniers
de coutume pour et au lieu du treizième. Ils tiennent
en franche bourgeoisie, n^ ayant que 40 jours de retrait.
Leur principal commerce consiste dans la tannerie des
cuirs. A trois quarts de lieue du bourg, il y a de très
bonnes mines de fer et en assez bonne quantité, et dans
les environs, plusieurs fontaines d^eaux ^minérales fort
estimées.
Le château de M. le Duc est magnifique ; c^est un
mélange de goût ancien et moderne qui, avec ses
beaux dehors, fixe l'œil des curieux. Il y a une chapelle
,à titre de Saint-Georges à la présentation du Seigneur.
Son principal revenu consiste dans le tiers de la dîme de
Cesny-en-Cinglais. La nomination de la cure appartient
à Tabbé de Fontenay, et la dîme au curé. La baronnie de
Thury, possédée d^abord par les seigneurs de la Roche-
Tesson, issus des comtes d'Anjou, fut partagée de bonne
heure, et portée par alliance dans les maisons de Crespin,
de Préaux et de Ferrières. Anne d^Aumont, dame de
Thury, du chef de Françoise de Ferrières, sa mère,
porta sa portion avec plusieurs autres seigneuries à son
mari, Claude de Montmorency, seigneur de Fosseux,
petit-fils de Jean II, baron de Montmorency, grand
chambellan de France. Son fils, Pierre de Montmorency
devint, par la mort du comte de Homes, décapité en
Espagne au mois d^octobre 1570, chef du nom et des
armes de son illustre maison. Ce fut en sa faveur que le
roi Henri III érigea la baronnie de Thury en marquisat
par lettres de septembre 1578. Ce marquisat était entré
depuis dans la maison d^Harcourt, qui possédait déjà une
partie de la terre de Thury. Louis XIV Térigea'en duché
21
SOUS le nom d'Harcourt par leitrçs de novembre 1 700,
registrées en la Chambre des Comptes de Rouen, le
2 août 1701, puis en pairie par autre lettre de septembre
1709, enregistrées le 19 août 1 710, en considération des
services d'Henri, marquis d'Harcourt Beuvron, chevalier
des ordres du roi et maréchal de France (i). Le duché
d^Harcourt comprend Pancien marquisat de Thury, les
bois et francs buissons de Cinglais, le fief et la seigneurie
de Saint-Bénin, la terre et la seigneurie de Pont-d'Ouîlly,
la fieferme de Croisilles, unie au marquisat de Thury, la
terre, seigneurie et marquisat delà Motte-Harcourt, avec
les bois de la Motte et de Grinboscq qui en dépendent,
les terres et seigneuries de Saint-Martin-de-Salon, celles
de Beauvoir et de Châtelier avec tous les droits, préro-
gatives et mouvances qui leur appartiennent. Il est possédé
aujourd'hui par Anne-Pierre d'Harcourt, duc d'Har-
court, pair de France, chevalier des ordres du roi, lieu-
tenant de ses armées et de la province de Normandie,
gouverneur du vieux Palais de Rouen et des ville, cita-
delle et souveraineté de Sedan, garde de Toriflamme, etc.
Le bourg d'Harcoun est entre les 2 villes de Caen
et de Falaise, à 5 lieues de distance de Tune et de Tautre.
Laise-la-Ville (Notre-Dame de). Sergcnterie de Brette-
ville, élection de Caen, 5o feux, notariat de Qinchamps.
Cette paroisse est située sur la rivière de Laise, dont
elle a emprunté le surnom qui s'écrit en différentes
façons. Laize, Laise ou Lèze. Outre le gros delà paroisse,
il y a 6 hameaux, savoir : le bout aux Garniers, le bout
Seline, le bout aux Paugers, les Hommais, le bout de
Gacey et la Chesnée. Le chanoine de Laise, fondé en
(i) Histoire des grands officiers de la Cour, t. V, p. 114.
22
réglise métropolitaine de Rouen, nomme de plein droit
à la cure. Il prétend avoir et exerce même une juridiction
quasi épiscopale sur cette paroisse. Il y a son of&cial et
son promoteur. Les grosses dîmes appartiennent, les deux
tiers à ce chanoine, le surplus au curé. Il n^y a qu^un
seul fief relevant du roi, qui est ès-mains du chanoine de
Laise qui, pour cette raison, se dit seigneur temporel et
spirituel du lieu.
Elle est à 2 lieues un quart deCaen, à trois quarts de
lieue de Bretteville-sur-Laise et à 3 lieues d^Harcourt.
Martainville (Saint-Silvin de). Ser^enterie de Thury,
élection de Falaise, 34 feux, notariat de Thury.
Cette paroisse contient 4 hameaux : le haut de
Martaiaville, les Bouillons, la Rabotière et le Parc.
M. Philippe de la Haye, écuyer, seigneur et patron de
Martainville, présente à la cure. Les dîmes sont en con-
testation entre le curé et une abbaye.
Elle est à 3 lieues de Falaise et à une petite lieue du
Bois-Halbout.
Meslay (Saint-Celerin de). Sergenterie de Tournebu,
élection de Falaise, 70 feux, 140 communiants, notariat
de Tournebu.
Elle n^est arrosée que par un petit ruisseau qui prend
sa source dans les bois de ce lieu. Le terroir en est très
mauvais, dont environ 100 acres de mauvais bois et
bruyères, et 140 de terres labourables. Elle est sur le
chemin de Harcourt à Falaise. Les hameaux du haut
Meslay et le fiisson et quelques maisons éparses çà et là
forment la demeure de ses habitants. Messire Joseph
Blessebois, écuyer, sieur du Veaugrou en est seigneur et
présente à la cure. Il a une chapelle domestique fondée à
23
son château. Son fief dépend suzerainement du duché
d^Harcourt. La dîme appartient au curé.
Elle est à 3 lieues de Falaise et à une lieue d^Har-
court.
Mesnit-Tou/ray (Saint-Martin de). Sergentcrie de
Tournebu, élection de Falaise, 33 feux, notariat de
Bretteville.
Elle est sur la rivière de Laize. La nomination de la
cure est attachée à la seigneurie, et la dîme à la cure. Dé-
cimateur, le curé.
Robert de Fontenay, seigneur du Mesnil-Tousfray, est
cité dans les Échiquiers de Normandie tenus à Rouen es-
années 1 336-1 344 et 1 347. Il bailla aveu le 27 mars 1 371
pour la seigneurie de Mesnil-Tousfray en la vicomte de
Falaise, pour le fief de la Charbonnière en la vicomte de
Bayeux, et pour le fief du Buisson en la vicomte de Caen.
Ses armes sont : écartelé d'or et de gueules et endenté de
Tun en l'autre. Jeanne de Fontenay, dame du Mesnil-
Tousfray, épousa Jean, sire de Tournebu, père d'Alix,
dame et baronne de Tournebu et du Mesnil-Tousfray,
mariée en 1452 à Jean deThères (i).
Elle est à 3 lieues et demie de Falaise, une de Bois*Hal-
bout.
M. d'Angerville d'Aurchy [d'Orcher], seigneur et
patron.
Moulines (Saint-Georges de). Sergenterie de Tournebu,
élection de Falaise, 5o feux, notariat de Tournebu.
Elle est arrosée par deux ruisseaux qui se réunissent à
(i) La terre passa à M. de LaloDgny d'Urville, et leur droit à
M. d'Orchey d^Angerville, beau-frère de M. de Mondrainville.
24
la rivière de Laise à rextrémité de son territoire. La
seigneurie relève de la baronnie de Tournebu. La présen-
tation de la cure appartient à Tabbé de Barbery.
Elle est à 3 lieues de Falaise.
Mousse (Saint-Mathieu de la)^ villa de Mossa ou de
Mossia. Sergenterie de Thury, élection de Falaise,
lo feux, 35 habitants, notariat de Thury.
Son territoire a très peu d^étendue ; il ne contient que
90 arpents de terre à labour, et 3o de vignons, coteaux et
rochers. Il y a plusieurs sources d'eau minérale dont les
médecins ont fait usage avec succès. On y tire de la mine
de fer qu^on transporte à la grosse forge de Damvou.
L^abbé du Val présente à la cure, et le curé en perçoit les
dîmes. Le chœur de Téglise, à en juger par la maçonnerie
anglaise, paraît être du xi* ou du xii^ siècle. La nef a été
rebâtie il y a environ 24 ans, et diminuée à cause de Fin*
suffisance de ses habitants. Il n^ a qu^une petite cloche
pour le signal de l'office, laquelle ne pèse pas plus de
60 livres ; elle est remarquable par son antiquité et par
un son si clair et si sonore que quelques-uns m'ont
assuré Pavoir entendue de plus d'une lieue. M. le duc
d'Harcourt est seul seigneur de la Mousse ; elle dépend de
la haute justice d'Harcourt. On dit qu'on y a tenu les
marchés, foires et hautes justices de ce bourg, alors nommé
Thury, pendant une maladie épidémique qui le désolait.
Elle est à une lieu au midi d'Harcourt, à 2 lieues de
G>ndé«sur*Noireau, à 4 lieues de Falaise et à 6 lieues de
Caen.
Moutiers (Notre-Dame et SaintJean des). Sergenterie
de Croisilles, élection de Caen, 60 feux, notariat de
Clinchamps.
25
Cette paroisse est bornée au levant par la forêt de Cin*
glais et au couchant par la rivière d^Orne. Les Moutiers,
monastérta, a pris son nom sans doute de plusieurs*
églises qui étaient autrefois en ce lieu. Le livre Pelut, de
rÉvéché, rédigé vers 1 35o, en distingue deux qui existaient
alors : Pune desservie par un religieux^ à la nomination
de Pabbé et ilu couvent du Val ; l'autre, à celle de Pabbé
de Lonlay. Aujourd'hui, la première n^est plus qu^une
chapelle ou prieuré simple sous le titre de la sainte
Vierge; la seconde est l'église paroissiale à laquelle
présente l'abbé de Lonlay. Elle est à une lieue et demie
d'Harcourt, et à 4 lieues de Caen.
Mutrécy (Saint-Honorine et Saint-Clair de). Sergen-
terie de Bretteville, élection de Caen, 190 communiants,
notariat de Clinchamps.
Cette paroisse est située sur la rivière d'Orne qui la
baigne l'espace d^une bonne demi-lieue, c'est-à-dire
depuis le bac du Coudray jusqu'au ruisseau de Coupe-
Gorge, autrement le ruisseau de Saint«Anne, à cause du
voisinage d'une chapelle du même nom. Cette chapelle,
bâtie dans une prairie, entre deux coteaux, sur le bord de
l'Orne, était &meuse autrefois par une assemblée. Mu-
trécy, dans la grande largeur, est à peu près d'une demi-
lieue, sur une lieue de longueur du nord au sud. Il y a
2 hameaux : l'un surnommé des Huets, qui la sépare de
Saint-Laurent-de-Condel ; l'autre, de la Vallée qui est
dans un fond. Cette paroisse en général forme un terri-
toire peu fécond mais charmant pour la variété de la
promenade. On y trouve une belle rivière, des prairies,
des bois taillis, des coteaux tantôt rudes et affreux,
untôt nus et quelquefois couverts de broussailles ; en un
mot, il n'est guère de lieu plus agréable en été et moins
26
hideux en hiver. L'église, située à peu près aux deux
tiers de sa longueur, a une tour octogone en pierres de
taille qui fut bâtie en 1756. M. Pierre-Louis-Augustin
Hûe, écuyer, seigneur et patron de Mutrécy, présente à
la cure. Toute la dîme appartient au curé, à l'exception
d'un canton nommé les Ruaudes ou Rioudes^ dont les
religieux de Fontenay sont décimateurs. La maison du
seigneur est environ à un quart de lieue de l'église ; il 7 a
une chapelle domestique. Il part de là une avenue qui
conduit au bac du Coudray, ornée de bois taillis des
deux côtés. Son principal fief est Mutrécy. Il en a en
main trois autres qui en dépendent : Bordeaux, Chièvre
et d^Aumont, et deux extensions, Tune dans Grinboscq,
l'autre dans Espins ou les Pins. La seigneurie est selon
quelques titres, un fief de haubert, et selon d'autres, un
demi-hauben seulement.
Elle est à 3 lieues au sud de Caen.
Pierrejltte (Saint-Pierre de). Sergenterie de Thury,
élection de Falaise, 92 feux.
Cette paroisse est bordée en partie par des rochers et
2 ruisseaux qui vont de là se perdre dans TOrne (i).
Il y a une manufacture de verre dans ce lieu. La cure est
divisée en 2 portions qui sont à la nomination du
seigneur. M. Pierre-Claude*René-Henri de Mathan est
seul seigneur et patron des 2 cures ; l'une au droit de
ses ancêtres, Tautre par acquisition faite, il y a plus de
60 ans, de Marc de Pierrefitte. 11 forme la branche
aînée de la maison de Mathan, et descend au 2o« degré de
(1) Ce village et celui de Villers-Canivet sont remarquables par la
défaite du comte de Brissac, général de la ligue. Hist de Norm-,
t* V, p. 269. Masseville.
27
filiation de Jean de Mathan, chevalier banneret, qui
suivit le duc Robert de Normandie, en 1 096, à la conquête
de la Terre Sainte. II épousa, en 17 5a, Marie-Henriette
Le Berçeur de Fontenay, fille et héritière en partie de
René Le Berçeur, marquis de Fontenay, et de Charlotte
Henriette de Malherbe.
Elle est à une lieue et demie du Pont-d^Ouilly et à
3 lieues de Falaise.
Pins ou Espins (Saint-Pierre des) de Espinis. Sergen-
terie de Tournebu, élection de Falaise, 69 feux, notariat
de Clinchamps.
L^abbé du Val-Richer nomme à la cure. Robert Tesson,
chevalier, second fils d^Ernest, donna en faveur de Saint-
Bernard, abbé de Qairvaux, à l'abbaye du Val-Richer ( i ) ,
le patronage de Saint-Pierre-des-Pins, excepté la troisième
gerbe de la dîme, que percevaient déjà les lépreux de
Saint-Jacques du Bois-Halbout, et confirma par une
chartre de 1 199 ce qu^Eudes, son oncle, avait aumône au
Val-Richer. La seigneurie appartenait, en 1 708, à Ber-
nard-Baptiste Beaudoin, écuyer, seigneur et patron des
Pins (2). Pour faire recevoir la même année, à Saint-
Cyr, Madeleine-Elisabeth Beaudoindes Pins, qu^il avait
eue de son mariage avec demoiselle Marie-Anne Belette,
il établit par titres les preuves de sa noblesse depuis
Pierre Beaudoin, son quatrième aïeul, seigneur d^Aizi,
qualifié du titre de noble et éctiyer au mois d^avril 1 32 1 .
Bernardin Beaudoin était sieur des Pins en 1726. Ses
armes sont : d'azur, au chevron d'argent accompagné en
chef de 2 roses de même, et en pointe de 3 trèfles d'argent
(i) Hist, Harc,^ t. I, p. 3a 1.
(i) Armoriai général di la France. Reg. I, \^ partie, p. 5a.
• 28
posés 2 et I, et une fleur de lis d^or placée au milieu de
reçu.
Elle est à une demi*lieue du Bois-Halbout, une lieue
d^Harcourt et 3 lieues et demie de Caen.
Placy (Saint-Martin de). Sergenterie de Tournebu,
élection de Falaise, 42 feux, 127 habitants.
Elle n'est arrosée que par un petit ruisseau qui vient de
Cesny et des Pins. Il y a 5 hameaux, la Ville, les Hayes,
Gournay, Courgenét et les Moulins. Partie de la paroisse
dépend du siège de Falaise, partie de la haute justice
d^Harcourt. L^abbé du Val présente à la cure. La moitié
des grosses dîmes appartient à ses religieux, Tautre moitié
est possédée par quart par le curé et le trésor. Montenay
est le fief dominant de la paroisse ; il relève de M. le duc
d^Harcourt ; il est ès-mains de M. Jacques-Charles-Siméon
de Thibout, écuyer, seigneur de Placy.
Elle est à une lieue du bourg d'Harcourt.
Pommeraye (Notre-Dame de la) . Sergenterie de Thury,
élection de Falaise, 34 feux.
Cette paroisse est appelée dans d^anciens titres Ecclesia
de Castro Pommeriœ, Plusieurs ruisseaux y prennent leur
source. Un entre autres qui va se perdre dans la rivière
d^Orne, en la paroisse de Saint-Pierre-du-Bô. Elle est dans
un fond, au pied d'une haute montagne sur laquelle il y a
une chapelle de Saint-Clair fort célèbre. Il s'y tient tous les
ans, le lendemain de ce saint, une foire dont les droits
appartiennent aux religieux du Val. Ils y disent la messe
le jour de la fête et le dimanche précédent seulement. Le
curé, à la nomination de Pabbé du Val, perçoit les dîmes
de sa paroisse. M. Du val, bourgeois de Falaise, en est
seigneur. C'est de là qu'était Gosselin, chevalier, seigneur
29
de la Pommeraye, baron de la Motte-Cesny en Cinglais,
que l'historien de la maison d'Harcoun qualifie de fon-
dateur de Tabbaye du Val, du prieuré de Saint-Nicolas-
de-Buron, et de Thôpital du Bois-Halbout (i). Sa riche
succession entra par alliance dans les maisons de Tour-
nebu, de Tilly et d'Harcourt.
Elle est à 3 lieues de Falaise et à 2 petites lieues du
bourg d^Harcourt.
SainUChristophe-sur-Ome. Sergenterie de Thury,
élection de Falaise, 12 feux.
Elle est située sur la rivière d^Orne, qui la borne au
midi et au couchant. Elle a pour limites, entre le midi et
le levant, un chemin qui va du Pont-d^Ouilly à Ouilly-
le-Basset, diocèse de Séez, et au septentrion le ruisseau
des Vaux, qui la partage d'avec Pierrefitte. Le curé est à
la présentation du prieur commendataire de Saint-Nicolas
de la Chesnaye, près Bayeux, et la dîme au curé. Parmi
les anciens seigneurs de Saint-Christophe, on compte le
seigneur de Fontaine (dominus de Fontibus] en 1 35o (2).
Jean de Saint-Germain, sieur de Rouverou, d'Ouilly-'le-
Basset ès-années 1 587-1616. Aujourd'hui, M. le duc
d^Hareourt est seigneur de presque toute la paroisse.
Elle est à 3 lieues de Falaise et à un quart de lieue du
Pont-d'Ouilly.
Saint-Germain-Langot. Sergenterie de Thury, élection
de Falaise, 1 02 feux.
La rivière de Laize prend sa source dans cette paroisse
(i) Hist, HarCf 1. 1, p. 801.
(a) Lib. Pelut. — Rég. épisc. Bajocensis.
30
et après un cours de 4 lieUes elle va se jeter dans l'Orne,
au-dessus de Caen, auprès de Fontenay-PAbbaye.
L'abbesse de Villers-Canivet nomme à la cure.
Pierre d^Ar^ences, seigneur de Saint-Germain-Langot,
descendait de Richard, seigneur d^Argences qui présida
à TEchiquier de Rouen, année 121 3, avec Henri de
Neubourg et autres seigneurs (i). Lui ou quelqu^un de
sa postérité retint le nom de Saint-Germain, qu'il transmit
à ses enfants. Michel de Saint-Germain, seigneur de
Saint-Germain-Langot, n'eut que des filles de Stévenotte
Le Veneur, sa femme (2). Marie, Paînée, dame de Saint-
Laurent-en-Caux, épousa Gui d'Harcourt, baron de
Beuvron; une autre, un seigneur d'OilIiançon d'une
maison originaire d'Ecosse, auquel elle apporta, au milieu
du xvi^ siècle, la terre Saint-Germain-Langot. C'est d'eux
que descendait Tcnneguy d'Oilliançon (3), seigneur de
Saint-Germain-Langot, par son père, et de Possé par
N. Tiercelin, sa mère; lequel épousa, vers 1600, Renée
de Pellevé, fille de Nicolas, comte de Fiers, et d'isabeau
de Rohan, vicomtesse deCondé-sur-Noireau. Ses descen-
dants possèdent encore la terre de Saint-Germain en titre
de marquisat.
Elle est à 2 lieues de Falaise et 2 lieues et demie du
Pont^'Ouilly.
Saint'Germain-le-Vasson. Sergenterie de Tournebu,
élection de Falaise, 74 feux, notariat de Bretteville-sur-
Laize.
Cette paroisse, située sur la rivière de Laize, relève
{i)Hist,Harc., 1. 1, p. Sgi.
(a) Dict. de Moréri,va mot Harcourt.
(3) Hist, des grands qffic, t. U, p. 87.
31
partie du baillîagede Falaise, partie du duché d^Hdrcourt.
L'église est presque au milieu de son territoire. Saint-
Germain, évêque d'Auxerre, est son premier patron,
Saint-Marcoul, abbé, son second. La cure es; à la nomi-
nation de M. Bernard-Hector de Cauvigny de Bouton-
villiers, seigneur de Saint-Germain, chevalier de Tordre
militaire de Saint-Louis, capitaine de cavalerie au régi-
ment Dauphin-Étranger. Guillaume d'Argences en était
seigneur en i35o (i) et Richard LeCloustier en 1462.
Les religieux de Tabbaye de Saint*Evroult ont les deux
tiers de la grosse dîme, Tautre tiers appartient au curé. Il
y a un petit canton exempt de dîme comme étant du
domaine du Bois-Halbout. Il y a un petit village aux
environs de Péglise qui forme environ 29 ou 3o feux.
Au midi est le hameau de Fontaine-les-Rochers, avec
un fief, séparé de Téglise par une bruyère. Une belle fon-
taine qui y prend sa source et plusieurs gros rochers lui
donnent le nom. Il contient environ 24 feux,. plus d^un
tiers de la paroisse, et la meilleure terre. Au nord, est le
hameau de la Londe qui, avec le village d^Angoville, et
le fief du Mesnil-Manicier appartenant à M. de Mar-
guérit, écuyer, composent 19 feux. A Poccident, de
Tautre côté de la rivière de Laize, à Textrémité de la
paroisse, sont la maison et le fief de Livet, avec une cha-
pelle domestique, appartenant à M. Louis*Charles-
François de Cauvigny de vDaudement, frère du seigneur
de Saint-Germain. Le côté de l'orient n'est composé que
de terres à labour, d'anciennes carrières, de bruyères, et
de 3 maisons détachées. La seigneurie de Saint-Germain*
le-Vasson est un fief de chevalier relevant du roi.
(i) L. Pdut — R. du Moustier.
32
Elle es$ à 4 lieues de Caen, à 3 lieues de Falaise, et à
plus d^une lieue du marché du Bois-Halbout.
SainUOmer. Sergenterie de Tbury, élection de Falaise,
82 feux, notariat de Thury.
Cette paroisse, située dans un fond, est limitrophe de
la haute butte de Saint-Clair-de^la-Pommeraye, d'oti part
un ruisseau qui traverse son territoire et va se perdre
dans rOrne. Elle est décorée d^une abbaye de chanoines
réguliers, dont je vais parler d-aprës. Son abbé, seigneur
temporel, présente à la cure qui est en règle ; il en perçoit
les dîmes. La qualité de seigneur de Saint-Omer fut con-
testée en 1439, à cette abbaye, par. Jacques, baron de
Tournebu et Pierre, son frère, qui représentaient les
fondateurs (i). Les arbitres nommés donnèrent, le 16 juil-
let de la même année, une sentence à Pavantage de ce
monastère ; ils lui adjugèrent le revenu entier de ce fief
tel qu'il avait été aumône par les fondateurs. Ce qui fut
ratifié en même temps par les susdits seigneurs.
Elle est à 7 lieues de Caen et à 3 lieues de Condé-sur*
Noireau.
L^abbaye de Notre-Dame-du-Val, de Tordre des cha-
noines réguliers de Saint- Augustin, est sur la paroisse de
Saint-Omer. Arthur du Moustier croit qu'elle fut fondée
en II 55. Il se trompe. Richard de Douvres, évêquede
Bayeux, en ratifiant dès 11 25 une donation faite à cène
abbaye par Gosselin, seigneur de la Pommeraye, dé-
montre qu'elle est plus ancienne. .Ce seigneur de la
Pommeraye est qualifié fondateur dans les Chartres de
réglise de Bayeux ; Pétronille, qui était peut-être sa
femme, porte la même qualité dans le nécrologe de
(I) Hist. Harc, t. I, p. 788.
35
Pabbaye de Silly. Les barons de Tournebu, représentant
le seigneur de la Pommeraye, auquel ils avaient succédé
par alliance, ratifièrent aussi la fondation de cette abbaye
et lui firent du bien en différents temps. Algaire, évêque
de Coutances, rédigea la règle et les constitutions pour les
chanoines réguliers qui y avaient été appelés. Le malheur
des temps apporta par la suite un grand relâchement dans
la discipline et les moeurs de ces religieux. Le célèbre
abbé de la Trappe, Armand-Jean LeBouthilierde Rancé,
qui tenait cette abbaye en commande» tenta d^y faire
entrer la réforme ; les difficultés de Touvrage le rebutèrent,
il s^en démit en 1662 en faveur de Nicolas Druel qui fut
plus heureux. Celui-ci ayant embrassé la réforme de la
congrégation de Friardel en 1676, sut la faire prendre
aussi à ses religieux, et fit changer de face entièrement à
son abbaye.
L^àbbé du Val nomme à 19 bénéfices cures, dont il y
en a 12 qui sont en règle.
Saint'Rémy»sur'Orne (parochia Sancti Remigii 4e
Olina], Sergenterie de Thury, élection de Falaise,
90 feux.
Cette paroisse est bornée d'un côté par la rivière d'Orne,
et de Tautre par le ruisseau de la Planche-Goubout.
C'est là où est le bateau de Cantepie, et oti viennent
débarquer celui de la Landelle, de la paroisse de Clécy,
et celui du Pont-de-la- Mousse, de la paroisse de Culey-le-
Patry. Elle relève de la haute justice d'Harcourt et consiste
presque toute en buttes, d'oii Ton tire de la mine de fer.
14 villages partagent son territoire : la Serverie, les
Bassets, les Bins, la rue de Bailly, la Méheudière, la
Bouriennière, la Muloisière, la Hercerie, Delaunay, la
Maraudière, le Pont-de-la-Mousse, le Nid-de-Chien^ la
3
34
Pivantière et la Jenière. Le seigneur de Saint- Rémy
présente à la cure de laquelle dépendent toutes les
dîmes. Philippes de Courcelles, écuyer, seigneur de
Saint-Rémy, est mentionné en un contrat de Tan 1 5 1 3 ( i ).
. Louis, seigneur de Saint-Rémy, son fils, épousa, en
i533, Jacqueline du Val. Jacques de Courcelles, seigneur'
de Saini-Rémy, et Vincent leurs enfants firent des par-
tages en i568. L^aîné fut Claude, seigneur de Saint-
Rémy. Nicolas de Vassy, seigneur et patron de Saint-
Rémy, nomma à la cure en 1 576 ; Guillemette de Vassy
son héritière en 1612 (2). Elle était alors veuve dq Jean
de Saint-Germain, seigneur de la Selle^ gentilhomme
ordinaire de la chambre du roi. Nicolas de Croisilles,
conseiller du roi en son Conseil d^Etat et privé, seigneur
de Moulines et de Saint-Rémy y nomma en i63i ; Anne
de Tuffan, sa femme, tutrice de ses enfants, en i633. Ces
enfants étaient Nicolas de Croisilles, conseiller, au-
mônier du roi, abbé commendataire de Notre-Dame de
Fontaines-les-Blanches, et Simon de Croisilles, qui
succédèrent en 1647 ^^^ biens de feu leur père. Aujour-
d'hui, le seigneur de Saint-Rémy est M. Pierre François
de Lesdain, chevalier, seigneur de la Chalerie, chevalier
de rOrdre militaire de Saint-Louis, gouverneur des
ville et château de Domfront, lieutenant de MM. les
maréchaux de France.
Elle est à une lieue et demie du bourg d'Harcourt.
Tournebu (Saint-Hilaire de). Bourg, baronnie, chef-
lieu de sergenierie, élection de Falaise, 109 feux,
3oo communiants, lieu de notariat. Les paroisses en
(i) Hist, HarCf t. I, p. 997.
(2) Reg. du sec. de l'Évêché.
ÎS
dépendantes sont : Âcqueville, Meslay» Cingal, Cesny,
Fontaine-Halbout, Moulines, Martainville, Combray et
Donnay.
Elle est située sur la rivière de Laize. Les maisons qui
sont autour de Téglise forment le bourg; le village du
Mesnil, les hameaux des Houles, du Val, de Clairtison,
du Boisfradel^ de la Haye-Percey composent son terri»
toire. Il y a un très ancien château entouré de fossés.
L'abbé du Val présente à la cure à laquelle appartiennent
les dîmes. Le curé qui est chanoine de Tordre de Saint-
Augustin, prend le titre de prieur-<uré. Le patronage et la
dîme de Tournebu sont une aumône faite à Tabbaye du
Val, par Guillaume II, seigneur de Tournebu et de Mar-
bœuf, depuis ratifiée par Jean de Tournebu, son fils,
vers 1260. La sergenterie de Tournebu contient 23 pa-
roisses ; 20 sont de l'élection de Falaise, généralité d' Alen-
çon, les 3 autres de Téleaion et généralité de Caen ;
partie de ces paroisses dépend de l'évéché de Bayeuz,
Tautre partie de Tévêché de Séez.
La seigneurie est un fief d^haubert qualifié d^ancienne
baronnie, relevant immédiatement du roi, et dont relè-
vent aussi plusieurs paroisses, entre autres : Moulines,
Fontaine-Halbout et Acqueville. Elle a donné le nom à
la maison de Tournebu, Tune des plus anciennes et des
plus illustres de la Normandie, dont les armes sont: d^ar-
gentà la bande d^azur. On remarque que Thomas, baron
de Tournebu, devait service au duc de Normandie, de
3 chevaliers en chef, et de 17 autres sous lui, à cause de
20 fiefs dont était composée la baronnie de Tournebu ( r).
Il vivait en 1 181. Jean de Tournebu, son fils, Pun des
chevaliers bannerets nommé dans la liste dressée sous
(1) HisU Harc., t. I, p. 178.
36
Philippe-Auguste, vers 12 14, devait service de 2 cheva-
liers^ et de lui relevaient 16 fiefs qui lui devaient service.
Jean, IV^du nom, baron de Tournebu et du Béthomas,
époux de Jeanne de Fontenai, dame du Mesnil-Tousfrai,
n^eut qu^une fille unique nommée Alix, mariée Pan 1462
à Jean de Thère. Ce fut elle qui, après 400 ans de posses-
sion, fit sortir de sa maison la baronnie de Tournebu (i),
Jacques Thesart, II« du nom, seigneur des Essarts et de
Lasson, chevalier de POrdre du roi, acquit la baronnie de
Tournebu, et mourut âgé de 74 ans, en iSgS. Jacques,
III* du nom, son fils, et de Renée de Mon taigu, sa première
femme, fut baron de Tournebu après son père. Il laissa
pour fille unique Marguerite Thésart, baronne de Tour-
nebu, dame des Essarts et de Lasson, qui s*allia de Fré-
déric Rbingrave, puîné des princes de Salm, mort en
1673 (2). Pierre de Tournebu, chevalier, seigneur de
Bouges, de Livet et du Mesnil-Eudes (3), réunit à sa
maison la baronnie de Tournebu, par contrat d'acquisi-
tion passé Tan 1701 avec Guillaume-Florentin, comte
Rhingrave de Salm, et souverain de Fenestrange. Il
épousa, Tan 1680, Elisabeth Le Coûteux, dont il eut un
fils, Jean-Henri de Tournebu, père de Marie-Pierre de
Tournebu, baronne de Tournebu, laquelle est mariée à
M. Pierre-François-Jean-Baptiste de Bernières, seigneur
de Mondrainville-Gavrus.
Le bourg de Tournebu est à 2 lieues et demie de
Falaise et 4 lieues de Caen.
Tréperel (Saint-Aubin de Tréperel). Sergenterie de
Thury, élection de Falaise, 5o feux.
(i) Hist. des grands Offic., t. II, p. 36.
(a) Hist. des grands Offic,, p. Sy.
(3) Dictionn. de Moreri, au mot Tournebu.
37
Cette paroisse est arrosée par le ruisseau des Vaux qui
y prend sa source et qui^ après un cours de cinq quarts
de lieue, va se perdre dans TOrne, à Saint-Christophe.
La nomination de la cure appartient au seigneur, et la
dîme au curé. Henri Poret^ écuyer, seigneur et patron de
Tréperel et de Préaux, y présenta en 171 o.
Elle est à 2 lieues de Falaise et à une lieue de Tour-
nebu.
Vey (Notre-Dame du). Sergenterîe de Thury, élection
de Falaise, 49 feux.
Cette paroisse, sur la rivière d'Orne, proche Tabbaye
du Val est appelée ecclesia de Vado par le livre Pclut de
révéché, qui lui donne pour patrons : heredes Guillelmi
de Mota. Cette terre procédait de la maison de Meullant,
à laquelle succédèrent ceux de Vassy, à la représentation
de Jean du Vey, nommé en un titre de 1379 (i). Etienne
du Vey fit hommage au roi de sa terre du Vey, le dernier
mai 1398. Il se trouve une filiation, comme Jean du Vey
était père de Guillaume, qui vérifia sa noblesse avec
Colin du Vey son collatéral, seigneur d'Esmiéville,
en 1463, dont vint Jean du Vey, père de Christophe, qui
certifia sa qualité devant les élus de Falaise, en 1450. De
lui vint Jean du Vey, écuyer, licencié ès-droits, seigneur
et patron de l'église paroissiale de Sainte-Marie-du-Vey,
et qui nomma en cette cure, en i58o. Les armes de cette
famille sont : de sable au lion la queue fourchue d'argent,
accompagné de 3 molettes d'or, qui est de Meullant,
avec la marque de puinesse.
Elle est à 7 lieues et demie de Caen.
(1) Hist. Harc, t. I, p. 1008.
38
Urville (Notre-Dame d'). Scrgentcrie de Tourncbu,
élection de Falaise, 8i feux, 280 communiants, notariat
de Bretteville.
Cette paroisse est sur la rivière de Laize. LMglisQ n^est
pas ancienne. L^ancienne était dans Tenclos du château,
à peu de distance de là. A sa place est une chapelle titu-
laire de Saint-Vigor, à la nomination du seigneur. On
en voit encore Tancîen cimetière. Il y a contre le chœur
de la nouvelle une chapelle oti Ton voit le mausolée et
la statue du fondateur -de celle-ci, lequel est à genoux
avec ses deux femmes derrière lui. Dans le même endroit
est la statue d'un prêtre en surplis, à genoux, qu^on dit
être le frère du précédent. La nomination de la cure dé-
pend de la seigneurie qui appartenait, en i35o, à Robert
d'Urville, qualifié miles par le livre Pelut de Pévêché, et
la dîme, au curé. Le même pouillé y compte deux cha-
pelles à titre, Capella de Brucrela, tiCapelladeMotta-
CerneyOy et les met à la nomination du sieur curé,
Rector ecclesiœ de Urville. Il y a encore une autre cha-
pelle du titre de Saint-Vigor qui fut fondée par acte du
1 1 mai 1646, selon Parrét du Parlen;ientde Normandie qui
' confirme cette fondation. Aux termes de Tarrét, le curé et le
trésorier en charge de la paroisse d^ Urville sont tenus et
ont droit de nommer à leur seigneur, patron de la
chapelle, deux prêtres sur lesquels il en choisit un pour
le présenter à M. Pévêque de Bayeux qui lui en donne le
visa. M. Jean-René Osmond, marquis d^Osmond, est, à
cause de noble dame Marie-Anne-Thérèse Turgot, son
épouse, seigneur et patron de la paroisse d^Urville.
Elle est à 4 lieues et demie de Caen et à 3 lieues et demie
de Falaise, cinq quarts de lieue de Saint-Silvin et une
lieue et demie de Bois-Halbout.
39
DOYENNÉ DE TROARN
An/reville (Saint-Martin d'). Sergenterie de Varaville,
Élection de Caen, 90 feux, notariat d'Héville.
Elle est sur la rivière d'Orne où il y a un bac qui en
porte le nom. Sa position est la plus charmante par les
lointains, et les points de vue qu'on y découvre. II y a
7 autres paroisses de même nom en Normandie, avec
lesquelles il ne faut pas la confondre. La plus considé-
rable est celle qui est titrée de marquisat ^d'Anfreville,
élection de Carentan, au diocèse de Coutances, et que
Tauteur du Dictionnaire universel de la France a placé
par erreur dans celui de Bayeux. L'abbé d'Aunay
nomme à la cure d'Anfreville-sur-Ome. Il a les deux
tiers de la dîme ; le curé a l'autre tiers. Messieurs de
Venoix possèdent depuis un temps immémorial la
seigneurie d'Anfreville. Suivant des aveux de i382 et
1387, du nombre des fiefs relevant de la baronnie de
Beaufou il y en avait un entier de chevalier (i), assis aux
paroisses d'Anfreville, Breville et Bavent, duquel fief
Jean de Venoix, écuyer tenait un demi-fief en sa main,
Henri de Breville, un quart à Breville, et Raoul Jour-
dain, à cause de sa femme, un autre quart à Bavent. Par
un autre aveu de 1455, il est dit que Jean de Venoix,
écuyer, relevait de la baronnie de Beaufou, ès-paroisse
d'Anfrev^lle, Breville et Bavent (2). Pierre de Venoix,
évéque de Bayeux en i35o, que les auteurs du nouveau
(1) Hist. Harc, t. I, p. 8o5.
{2)Hist.Harc.,p. 85 1.
40
Gallia Christiana confondent avec Pierre de Villaines
son successeur, était de la branche de Veiioix d'Anfreville,
d^où il y a lieu de conjecturer qu^il était originaire du
diocèse de Bayeux, et de cette paroisse d^Anfréville, et
non pas de Tévéché de Coutances, comme Pont avancé
MM. Potier et Hermant, curé de Maltot (i). Simon de
Venoix fut du nombre des gentilshommes à qui le roi
Jean pardonna en 1 36o pour avoir tenu le parti du roi
de Navarre (2). La seigneurie d^Ânfréville est encore dans
la maison de Venoix.
Elle est à 3 lieues de Gien.
Argences, Argentiœy Arum. Bourg, baronnie, chef-
lieu de sergenterie, élection de Caen, 200 feux, 5 00 com-
muniants, lieu de notariat.
Le bourg, situé sur la rivière de Manche ou Méance,
a deux églises, paroisses Saint- Patrice et Saint-Jean. Les
prieurs et religieux de Pabbaye de Fécamp, seigneurs,
barons et hauts justiciers d* Argences, présentent de plein
droit à ces deux cures ; ils ont les deux tiers des dîmes,
Tautre tiers est pour le curé de Saini-Patrice ; celui de
Saint-Jean n^a qu^une pension congrue. Les cures sont
de Texemption de Fécamp. Il n^y a point de déports, le
prieur de cette abbaye fait la visite tous les ans, son offi-
cialité fait le reste. Entre les deux églises, distantes Tune
de l'autre d^environ 200 pas, il y a une grande place
autour de laquelle sont toutes les maisons. Cest là où se
tient le marché tous les jeudis, et où Ton voit deux
grandes halles, l'une à blé et boucherie, Pautre pour les
(0 Potier, Chron, man, des iv, de Bayeux, — Hermant, p. 180
etaSi.
(2) Hist. Harct t I p. 387.
41
menus grains. La foire de Saint-Luc tient dans la cam-
pagne au i8 d'octobre. Argencesest sur le grand chemin
de Caen à Paris. Cest un passage pour toutes les troupes
qui descendent en Basse-Normandie.
Il n^y a que 40 jours de clameur dans ce bourg. Les
femmes ont moitié en propriété aux acquêts faits par leurs
maris constant leur mariage, suivant Tart. delà coutume,
art. i*r des usages locaux de la vicomte de Caen. Il 7 a
un siège de notariat royal et des bureaux de contrôle et
des Aydes.
Le territoire d'Argences contient environ 1450 acres
de terre, en figure presque ronde. Ses limites sont :
Moult au midi, Vimont et Saint-Pierre-Oursin au cou-
chant, Rupierre et Cantelou au levant. La Meance passe
au pied et le long d^un coteau qui est planté de vignobles,
et qui s'étend en figure d'S dej^uis Moult jusqu'à Rupierre.
L'on y fait du vin blanc que l'on appelle vin Huet, et il
se vend d'ordinaire le même prix que le cidre. Quelques-
uns veulent que ce soit les Anglais qui en aient apporté le
plant de Guyenne. Cela paraît démenti par des Chartres
antérieures aux possessions des Anglais en Normandie,
entre autres par celles de l'abbaye de Cérisy de l'an io32.
On rapporte cette raillerie d'Henri IV sur les vignobles
d'Argences : « Croirait-on que de si beau raisin, il en vint
de si mauvais vin (i). Il y a longtemps qu'on en a raillé
la première fois, comme on le voit par ce vieux quatrain
du pays :
Le vîn trenche bouyau d^Avraaches,
Et rompt ceinture de Laval,
A mandé à Regnault d'Argences
Et rompt ceinture de Laval,
A mandé à Regnault d*A]
Qiie Collinhou aura le G;
c'est-à-dire passera pour le meilleur.
(i) Dict. univ. de la France, t. II, col. SSy, au mot Normand.
42
Ce vin de Collinhoirest, dit-K>n, celai qui se faisait dans
le pays de Caux, du raisin de vignes attachées aux arbres,
et celui de Laval était du côté d^Avranches (?).
Il y en a qui ont pensé qu^Argences^en latin Argentiœ,
vient de quelque mine d^argent qui pouvait être en ce
lieui mais il n*y paraît aucun vestige qui justifie cette
opinion. Il y avait, dans les environs du bourg, deux
chapelles qui ne subsistent plus, et dont les matériaux
ont été employés à la réparation de Téglise et du clocher
de Saint-Jean, que les vents renversèrent pendant les
fêtes de Noël de Tannée 1705. La première, sous le titre
de Notre-Dame-de-Toussaint, était située sur une acre de
terre qui sert de cimetière commun aux deux paroisses ;
Tautre, sous Tinvocation de Saint-Maur, était au nord sur
une acre déterre qui appartient aux obitsde Saint- Patrice.
Il y avait aussi, au midi et près des maisons, un petit
Hôtel-Dieu, dont le' modique revenu a été réuni à celui
de Caen. Les administrateurs de celui-ci y acquirent en
même temps une ferme du sieur et dame Guillard, par
contrat du 29 novembre 1 71 3, pour laquelle ils payèrent
3,000 [ou 9,000] livres de principal, 38o livres, à Tab-
baye de Fécamp, et 800 livres au sieur Neuville-Margue-
rie pour les treizièmes et droits d'indemnités dus à ce
seigneur.
Les religieux de Fécamp possèdent Argences en titre de
baronnie (i), au droit de la donation que Richard I^rleur
en fit, et que Richard II, son fils, duc de Normandie,
confirma en T027. Philippe- Auguste, roi de France, y
ajouta la haute justice en 1 2 1 1 , et saint Louis la lui con-
firma en 1267, au mois de décembre (2). Ces religieux
(i) Neust, Pia, 208 et 2x6.
(2) Orig, de Caen, par M. Huet, p. 168.
4i
ont droit de police, de voirie, de tabellionnage et de ser-
genterie qu'ils font exercer. La juridiction est ressortis-
sante au Parlement de Normandie. Elle a deux sièges
pour les paroisses qui en dépendent, et tient tous les
vendredis, 2 heures après midi ; Pun aété transféré il y a
bien j5 ans, d'Argences à Sainte-Paix, près Caen, où il se
tient à présent; Tautre est à Saint-Gabriel, près Bayeux.
Le juge prend le titre de bailly vicomtal d^Ârgences.
Il se trouve au-delà du vignoble, au bout d^une grande
bruyère, un hameau de 20 feux, nommé le Mesnil-d'Ar-
gences. Il est décoré d^un fief relevant de la baronnie
d^Argences. Il appartient à M. de Rénéville, au droit de
la dame Marguerite son épouse. Il y possède plusieurs bois-
taillis, divisés en 10 portions, un château ou manoir
seigneurial, et une chapelle du titre de Saint-Gilles-du-
Vivier, à laquelle il présente.
Ce lieu a donné le nom à la maison d^Argences, une
'des plus anciennes de Normandie. Le poète Wace, dans
son roman des ducs de Normandie (i), fait mention d'un
Guillaume d'Argences, qui se trouva à la bataille des
Dunes, en 1047, pour le duc Guillaume-le-Bastard. En
décrivant la position de l'armée de ce prince, composée
de Normands et de Français, il s^exprime ainsi :
Entre Argences et Mésodon
Sur la rivière de Loson
Hébergèrent ceux de France
Et jouxte l'eau de Meance
Qjuii par Argences va courant.
Se hébergèrent li normand
Qui o Guillaume se tenaient
Et en sa besogne venaient (2).
(i) Du Moulin, Hitt. de Norm., p. 140.
(2) Du Moulin, Hist, de Norm., p. iSg.
44
MM. Nicolas, Pierre et Robert d'Argences se croi-
sèrent pour la Terre-Sainte, selon Dumoulin, en 1096 [?].
Le premier portait : d^azur à 3 fermants d*or grennetés
d^or ; le deuxième : de sable à 2 fasces d^argent, et i quar-
tier de Dammartin ; le troisième : de gueules à une fleur
de lis d^argent.
Richard d'Argences est compris parmi les seigneurs et
chevaliers qui portaient bannière sous Philippe-Au-
guste ( I ). Il présida à TÉchiquier tenu à Rouen en 1 2 1 3,
avec Henri de Neufbourg et autres seigneurs. Gillette
d'Argences, dame d'Argences et du Bosc-Roger, fut
mariée à Jean Murdrac^ seigneur de Treilly, de Con-
trière et de la Vendelée, lequel fut reçu à Carentan avec
5 autres écuyers^ pour faire montre le i^' août i383.
Ils eurent pour fils Robert de Murdral:, seigneur du
Treilly, vivant en 141 1 {2).
Roger LeCIoustier^ seigneur du Mesnil-d'Argences, de
Saint-Germain-le-Vasson et de Montigny, était d'une
riche et ancienne famille de Caen. Il fonda en TUniver-
sité de Caen le collège du Cloustier, les 14 mai et 3 juin
1452. Marguerite de Tilly, sa veuve, épousa en secondes
noces, Lucas de Vauville, écuyer, et en troisièmes, Jean
Ruault. Le collège du Qoustier étant entièrement tombé,
Mgr de Luynes, évéque de Bayeux, en fit réunir
les revenus à PUniversité, en 1732, pour servir d'ho-
noraire au bibliothécaire.
Le bourg d'Argences a donné la naissance à 3 abbés
de Fécamp : Robert, selon les uns, Roger, selon d'au-
tres, succéda à Guillaume-Ia-Pucelle, dans cette abbaye,
et après l'avoir gouvernée l'espace de 3 1 ans^ il y mourut
(x) Hist. Harc, t. I, p. Sgi.
(a) Hist. Harc, t. II, p. 1993.
45
en 1 1 38 ( 1 ) . Il s'était trouvé aux conciles tenus à Rouen,
ès-années 1 1 18 et i laS.
Radulphe d'Argences, élu après Henri de Sully, vers
1 190, acheva la nef de son église abbatiale. Son gouver-
nement fut de 3o ans, étant mort en 1 2 1 9.
Âigard de Baxeto, neveu du précédent, Ipi succéda
daûs la dignité d^abbé de Fécamp. Il ne la tint que 2 ans
et demi et mourut en 1222.
La sergenterie d^Argences contient : Allemagne, Ar-
gences, Belleiigreville, Billy, Bourguebus, Bras, Cante-
lou, Cléville, Colombelles, Conteville, Croissanville,
Grenteville, Hubert-Follic, Ifs, Mery-Corbon, Mondeville,
Poucy, Soliers, Tilly-la-Campagne et Valmeray.
Argences est situé à 4 lieues de Caen, à une lieue et
demie du bourg de Troarn et de Saint-Silvin, et à 2 lieues
de celui de Mézidon, au diocèse de Séez.
Bavent (Saint-Hilaire de). Sergenterie de VaravîUe,
élection de Caen, 118 feux, notariat de Héville.
Cette paroisse, située dans une vallée, est à peu de dis-
tance de la rivière de Dive. Elle est fort connue dans
rhistoirede Normandie. Ce fut là que se rendirent les
Bessins et les Cotentinois, en 944, pour se joindre aux
troupes qu^Aigrold, roi de Danemarck, avait amenées au
secours de Richard, premier du nom, attaqué par Louis
d'Outremer {2). Le roi de Danemarck y logea même, et
ses troupes dans les viDages d^alentour. Ce fut encore là
que le duc Guillaume-le-Bastard se cacha avec un corps
de 10,000 hommes, Normands et Bretons, la nuit qui
(i) Nùva Gallia Christ., t. IX, col. aoft-iog
a) Du MouKn, Hist. deNorm,, p. 67-68.
48
en avaient chacun une moitié, et ils présentaient Tun et
Tautre à la cure. Le château du seigneur, proche Téglise
est agréablement situé, environné de belles avenues,
promenades, bosquets, parterres et pièces d'eau. Il y a un
chapelain domestique qui, outre les charges de la chapelle,
est tenu à la première messe tous les dimanches, à assis-
ter et à aider à Pofïice, et à tenir les petites écoles. G)mme
il y a plusieurs paroisses de ce nom, en Normandie, je
n'oserais assurer que M. Jean de Baneville, ou Ben-
neville comme on orthographiait autrefois, qui se croisa
pour la Terre-Sainte en 1096, fut seigneur de celle-ci (1).
Il portait pour armes : pallé d'argent et de gueules de
6 pièces. Guillaume Morin, écuyer, devint seigneur de
Baneville, par le mariage qu'il contracta, en 1468, avec
Guillemette Poquet, héritière de beaucoup de biens, à
Cachet aux environs. Il mourut en i5o4. Sa famille
était originaire du pays du Maine, oîi M. Geoffroy
Morin, chevalier, seigneur de Loudon et du Tronchet,
qui portait pour armes : d'or à une face de sinople de
3 pièces, s'allia, vers 1298, d'Alix de Loudon, dame du
dit lieu (2). Il décéda en i355, et laissa pour âls Guil-
laume Morin, chevalier, seigneur de Loudon et du Tron-
chet, tué en 1364, au service du roi, à la bataille de
Cocherel, qui, par Jeanne de Pezal sa femme, fut père
d'un autre Guillaume, chevalier, seigneur des dits lieux,
qui eut plusieurs enfants de Marie de Dreux. Jean
Morin, son âls puîné, fut nourri page auprès de Mon-
seigneur Simon de Dreux, seigneur de Bru, bailli de
Chartres, son oncle maternel. Son bien fut confisqué
pour avoir tenu le parti des Anglais. Il se retira au châ-
(i) Hist. de Norm,, par Dumoulin.
(a) Généalog. man. de la maison de Morin.
49
teau de Caen, qu'ils occupaient alors, et y épousa, en
143 1, Marie de Vaulx, du pays de Normandie, décédée
en 1449, et lui, en 1450, laissant pour fils unique, Guil-
laume, seigneur de Banevitle, mentionné ci-devant.
De ce Guillaume, vinrent Pierre Morin, officiai de
Caen, et Robert, seigneur et patron de Baneville, décédé
en T 5 54. Il avait épousé, en i5ii, Jeanne Le Fournier,
petite nièce de la Pucelle d'Orléans, dont Jacques Morin,
seigneur et patron de Baneville, marié çn 1 547, à Marie
du Bosc, d'auprès de Rouen. Il décéda en i56i et eut
Charles Morin, seigneur.et patron de Baneville, allié en
i58i, à Jeanne Vauquelin des Yveteaux ; il décéda en
1 610 et fut père de Guillaume Morin, seigneur et patron
de Banneville, que M. Huet a mis au rang des illustres
citoyens de Caen (i), pour avoir donné des éloges à la
mémoire de plusieurs illustres Français, et laissé d'autres
écrits qui n'ont point paru. Il mourut le i^^ de mars
1660, laissant de Hélène-Salomé de la Ménardière, qu'il
avait ipousée en 16 12, Etienne Morin, sieur de Beauval,
seigneur et patron de Baneville, conseiller du roi, tréso-
rier de France et général de ses finances à Caen, qui fut
marié, en 1644, à Marguerite Gislin de Barneville;
Adrien Morin, son fils, seigneur de Baneville, épousa :
lo en 1673, Elisabeth Le Fournier ;20 en 1708, Jeanne-
Armande Cadot. Du deuxièmeJit sortit Bernard in- Adrien,
écuyer, sieur de Vaulaville, seigneur de Tour; du pre-
mier : Etienne-Antoine Morin, seigneur de Baneville,
mort en 1769. De sa femme, Marie de SafiFray, mariée
en 1701, est venu Joseph Morin, seigneur de Baneville,
allié en 1738 à Marie-Louise de Heudé de Pomainville.
(i) Orig, de Caen, p. 341.
50
Elle est à trois quarts de lieue du bourg de Troarn, et
2 lieues et un quart de Caen.
Breville (Saint-Pierre de). Sergenterie de Varaville,
élection de Caen, 50 feux, lieu de notariat, i,5oo livres
pour Escoville, Anfreville, Bavent, Sallenelles, Ranville,
Longueval, Le Buisson et Hérouvillette.
Le vieux Fouillé de Tévéché rédigé vers i35o, met la
cure à la nomination du seigneur, auquel elle appartient
encore aujourd'hui, et la dîme au curé. Cette paroisse
située en rase campagne est un peu au-dessus d'Anfre-
ville, à 3 lieues de Caen.
Breville, composé de 3 fiefs érigés en marquisat sous le
nom de Venoix, par lettres patentes de septembre 1764,
registre aux comptes le 5 juin 1765, pour Jean de Venoix
d'Anfreville.
Buisson (Notre-Dame du). Sergenterie de Varaville,
élection de Caen, 17 feux, notariat de Héville.
Cette paroisse, limitrophe de Merville, au levant, est
bernée par la mer au nord. Le Fouillé de Tévêché
marque qu'elle est à la nomination de Guillaume Guil-
lain ; une main du xv« siècle a ajouté à la marge, |7r^-
sentaf abbas Sancti-Sthephani Cadom. Le Seigneur
nomme à la cure, Pabbé de Caen donne la collation (i)
La chartre de Henri II, évéque de Bayeux, expédiée
en 1772, la met au nombre des églises comprises dans
rexemption de l'abbaye Saint-Etienne de Caen.
Elle est à 3 lieues de cette ville.
Bures (Saint-Ouen de). Sergenterie de Varaville, élec-
tion de Caen, 64 feux, notariat de Troarn.
(i) Neust. Pia, p. 644.
51
Cette paroisse^ située sur la rivière de Dive, est de
Texemption de Fabbaye de Troarn qui en est tout proche,
et la cure à la pleine collation de son abbé Roger de
Montgommery, fondateur de Tabbaye de Troarn, avait
un château à Bures, lequel était environné de murailles
d'une épaisseur prodigieuse, et dont on voit encore des
vestiges. II donna, vers io5g, aux religieux de Tordre de
Saint- Benoît nouvellement établis à Troarn, son église
de Bures avec la terre, excepté la portion de sa mère qui
vivait encore. Ce fut là que Mabille de Belcsme, sa femme,
une des plus méchantes de son siècle, périt en 1082 d'une
mort triste et violente (1). On voit à Troarn le tombeau
que l'abbé Durand lui dressa, avec une épitaphe oti elle
est bien caractérisée. Ce château rentra au pouvoir de nos
ducs de Normandie, rois d'Angleterre, qui le firent forti-
fier et y mirent garnison. Henri I et Henri II y tenaient
leurs cours de temps en temps, et y passaient les grandes
fêtes (2). Le dernier y était aux fêtes de Noël de 1170,
lorsque lui échappèrent ces fatales paroles qui donnèrent
occasion à Tassassinat de saint Thomas, archevêque de
Cantorbéry. Dumoulin a remarqué que comme il y
était encore 2 ans après, pendant la même fête, il y fut
fait un repas de seigneurs seuls dans une salle, au
nombre de 1 10 Guillaumes, sans comprendre les simples
écuyers et serviteurs qui 'portaient le même nom (3). Le
château de Bures est détruit à présent. Suivant une an-
cienne tradition il devait être dans les bois de Troarn, à
Bures, dans un endroit qui s'appelle la cour des châteaux,
où Ton voit encore d'anciens fossés.
(i) Ord. Vital, lib. 7, anno X082.
(2) Hist. ifAnglet,, par T. Smollett, t. ÏII, p. 325.
(3) Hist. de Normand,, p. 392.
52
L^abbé de Troarn est seigneur honoraire de Bures.
Toutes les dîmes lui appartiennent.
Elle est à 3 lieues de Caen»
Cd^oi/r^ (Saint-Michel et Saint-Nicolas de]. Sergen-
terie de Varaville, élection de Caen, 44 feux, 1 3o com-
muniants, notariat de 'Varaville.
Cette paroisse, appelée dans les vieilles Chartres Cad'
burgus, Caburgus, Cathburgus, est à Textrémité du
diocèse de Bayeux, du côté de Test. Elle est bornée au
nord parla mer, proche laquelle il .y a une garenne qui
sMtend depuis Pembouchure de la Dive jusqu'au corps-
de-garde de Varaville, et au levant par la rivière de Dive,
qui, près de son embouchure, porte un pont de bois de
1 9 arches, pourpasser au bourg de Dive,diocèse de Lisieux.
Son territoire consiste presque tout en herbages, n'y ayant
que 25 ou 3o acres de terres à labour. La plus grande
partie des habitants sont pécheurs. Leurs maisons, situées
sur le bord de la route de Caen à Dives, et près de la
grande rivière, forment une espèce d'équerre ; au milieu
des terres qui se trouvent entre ces maisons, on voit
Téglise qui est à 4 ou 6 portées de fusil loin d^elles. Elle
est de Texemption de Tabbaye Saint- Etienne de Caen.
M. Doublet, marquis de Persan, seigneur de Cabourg^
de Monts, Cantelou, etc., conseiller du roi en sesconseils,
maître des requêtes ordinaires de son hôtel, intendant du
commerce^ présente à la cure; Pabbé de Caen donne la
collation; -lecuré perçoit la dîme en intégrité. On dis-
tingue dans cette paroisse deux villages qu^on appelle le
Bas-Ca bourg, et le Petit-Ca bourg. Le premier, composé
de plusieurs maisons, est au bout d'une grande commune
du côté de Caen. L^autre n^a que deux maisons, et se
trouve sur le bord de la rivière neuve du côté de Vara-
53
ville. Cette rivière neuve, après avoir arrosé les marais
qui sont au même endroit, va se décharger dans la Dive.
Les lapins de Cabourg sont fort estimés.
Elle est à un quart de lieue du bourg de Dive, et à 4
lieues de Caen.
Cagnjr (Saint-Germain de). Sergenterie de Troarn,
élection de Caen, 25 feux, notariat de Troarn.
Cette paroisse est sur le grand chemin de Caen à Paris.
Il y a un prieuré sous le titre de Notre-Dame de Cagny,
du côté de Manneville. Il fut aumône, Pan 1 100, par les
seigneurs de Cagny. Uabbé de Troarn nomme à la cure
et au prieuré. Il partage les dîmes avec ce prieur. On
voit à côté du grand chemin^ au midi de Péglise, les
ruines de la chapelle Sainte-Madeleine ; c^était une lépro-
serie qui appartient actuellement à l'Hôtel-Dieu de Caen.
Il y a 2 fiefs de hautber relevant du roi; le premier
est un fief de régale, le second, un fief de comté. Ils ap-
partiennent à M. Gabriel-François Mesnage de Cagny,
chevalier, seigneur et patron du dit lieu, qui a son château
à peu de distance et au nord de Péglise. M. Jacques
Mesnage, né à Bayeux, docteur en droit, conseiller au
Parlement de Rouen en i53i, maître des requêtes, am-
bassadeur en Suisse et en Angleterre sous François V^,
acquit la terre et seigneurie de Cagny de la maison de
Varignies. De sa femme N. de Croismare, mariée en
1 547, il eut Nicolas Mesnage, seigneur de Cagny, qui
fut père de Christophe, allié à une demoiselle de Hérissy,
dont vint Nicolas Mesnage, deuxième du nom, seigneur
de Cagny, qui, d^une fille de M. Tobie Barberie, sei-
gneur de Saint-Contest, a laissé Philippe Mesnage, sei-
gneur de Cagny en 1657 et aïeul du seigneur d^aujour-
54
d'hui. Ses armes sont : d azur, au lion dbr, au chef
d^argent chargé de trois coquilles de sable.
Elle est à 2 lieues de Caen et du bourg d^Argences.
Cantelou {Saint-Jean-Baptiste de). Sergenterie d'Ar-
gences, élection de Caen, 25 feux, 8o communiants,
notarikt d'Argences.
Ses limites sont : Oéville au levant, Airanet Moult au
midi, Argences au couchant et Héritot au nord. Elle
contient dans son territoire, le hameau de la Croix au
midi, le hameau Duplein et celui du Camp-Roger au
nord, et le hameau du Douet au levant. Ce dernier est
situé le long d'un ruisseau nommé le Vey-de-Cléry, qui
le sépare de la paroisse de Clé ville. L'église est placée
dans une petite bruyère qui porte le nom du Plain, et le
donne au hameau qui en est tout proche. M. Doublet,
marquis de Persan, seigneur et patron de Cabourg, Can-
telou, présente à la cure. Le curé a toute la dîme. La
seigneurie de Cantelou, le seul fief de la paroisse, est un
fief d'hautber. Elle relève de la baronnie de Beuvron, et
doit au baron une journée de charrette au mois d'août, et
un mouton né de Tannée aux Rogations. Il y a près de
l'église, pour le seigneur, un château bâti à l'antique et
environné de fossés, et à l'extrémité de la paroisse un
bois taillis d'environ 20 acres. Cantelou ou Chantelou
est le nom de plusieurs familles nobles de Normandie,
qui ne se discernent que par les armes (i). M. Robert de
Cantelou ou Chantelou, chevalier, portait : lozangé d'or et
de sable; M. Fouques de Cantelou portait de même,
brisant de l'écusson d'Aubigny. Ils vivaient sous le
règne de Charles VII. M. Jean de Cantelou, chevalier,
blasonnait ses armes : d^'or à la bande de sable, brisées
(i) Hist. Harc, t. II, p. 1979.
55
d^un lambel de gueules; les derniers portaient : d'argent
au loup de sable et à Torle de tourteaux d^azur.
Elle est à 4 lieues de Caen, à une lieue et demie de
Troarnet à une demi-lieue d'Argences.
Cléville (Notre-Dame de). Sergenterie d'Argences,
élection de Caen, 60 feux, notariat de Mery-Corbon.
Elle est située sur la rivière de Dive au nord, et sur
celle du Laison au midi, à l'est et au nord. L'abbéde
Troarn présente à la cure. Ses religieux ont les deux
tiers de toutes les dîmes, le curé a Pautre tiers. Cette pa-
roisse est composée de quatre hameaux qui sont : la
Bonde, la Venénière, le Moutier et le Pont ; de 2 fer-
mes détachées : Glatignj et les Ferreux, et de 2 vil-
lages qui sont : le haut et le bas Ferreux. La principale
hôtellerie du bourg de Croissanville, grande route de
Faris,'est sur Cléville. Ily a 2 maisons distinguées : celle
de M. le marquis de CroissanvUle, et celle de M. le mar-
quis de Boisroger, qui a une chapelle titulaire de Saint-
Sauveur, à laquelle il nomme. On y compte plusieurs
fiefs : le fief de Cléville, pour M. Desmarest du Doûet,
avocat à Caen; le fief de la baronnie de Cléville, pour
M. le comte d^Harcourt. Ils sont tous les deux en con-
testation pour le fief dominant. M. de Croissanville en
a 3 et M. de Boisroger i. Far permission de Mgr de
Nesmond, évéque de Bayeux, le curé de Cagny, doyen
de Troarn, bénit le 12 août 171 3, une chapelle domes-
tique à Cléville, dans la maison de noble dame Jeanne-
Gabrielle Ruault, dame de Cléville, veuve de Jules
d^Arnauphin, comte de Magnac, lieutenant général des
armées du roi (i).
(i) Reg. du secrétariat derévêché.
Elle est à 4 lieues et demie de Caen et à cinq quarts de
lieues du bourg d'Argences.
Colombelles (Saint-Manin de). Sergenterie d' Argences,
élection de Caen, 38 feux^ notariat de Caen.
Cette paroisse est située au couchant, sur la rivière
d^Orne, sur laquelle il y a un bac pour aller à Caen. Il
y a un coteau planté de vignes. Le bénéfice est régulier.
Il est desservi par un chanoine de Tordre de Saint-Au-
gustin, à la présentation du prieur commendataire du
Plessis. Le prieur curé a les dîmes, sur quoi il fait une
rente foncière de 10 livres en échange d^un petit trait de
dîme que le chapitre de Bayeuz lui a cédé, et auquel il
avait été donné en 1 269 par Tévéque Bon de Lorris.
Elle est à une petite lieue de Caen.
Cuverville ou la Grosse-^Tour (Notre-Dame de). Ser-
genterie de Troarn, élection de Caen, a 20 feux et 80
communiants, notariat de Troarn.
Cette paroisse est plus connue à présent par le surnom
de la Grosse-Tour. Il lui a été donné à cause de Ténorme
grosseur de son clocher, qui est une très belle et très haute
tour carrée, terminée en plate-forme. Son territoire, i51acé
au milieu des terres, est fort petit et très resserré. Il n'a ni
hameaux ni rivière. La nomination de la cure appartient,
aux dames religieuses de la Charité de Caen, par Tacquét
qu^elles en firent en 17 16, et toute la dîme au curé, sous
la charge de payer 2 muaisons de grains. Tune à Tab-
bayede Troarn, l'autre à THôtel-Dieu de Caen. Jean
Benoît, écuyer, acquit au commencement du xvi« siècle
la terre de Cuverville (i) et la laissa à Françoise Benoît,
(i)Généal. manusc. de la maison de la Ménardière.
57
sa fille unique, qu'il avait eue de N. de Saffray, sa femme.
Elle lui avait été vendue par le seigneur d'Escoville-
Beauvoisin. Françoise Benoît, dame de Cuverville,
épousa par traité du lo janvier 1 532, Girard Ménard IV,
fils de Bertrand Ménard, seigneur de la Ménardière,
lieutenant, puis gouverneur du château de Caen. La
maison de Ménard de la Ménardière, originaire du Berry,
est très ancienne. Ses armes sont : d'argent au lion ram-
pant de gueules. Girard Ménard, seigneur de Cuverville,
à cause de sa femme, vivait en 1 552, et fut enterré dans
réglisedu dit lieu. Il eut pour fils Louis de la Ménar-
dière, noyé à 3 lieues de Caen, en ï588, lequel, par
Françoise de la Fresnaye de Cramesnil, sa femme, fut
père de Marc de la Ménardière, seigneur de Cuverville,
décédé à Forges en 1642. Celui-K:! avait épousé Jeanne
de la Serre, dont il eut pour héritière Hélène de la Mé-
nardière, dame de Cuverville, de Fontenay-le-Pesnel, des
Cots, du Fresne, de Mondeville, la Graverie, Bény,
Houllebec, mariée le 5 septembre i63o à Jean d'Acher,
seigneur du Mesnil-Vitté, la Chapelle, Montreuil, Moon-
et Cartigny, Jean d'Acher, leur fils, écuyer, seigneur et
patron de Cuverville^ nomma à la cure en 166 5. Ses
héritiers en vendirent le patronage aux religieuses de la
Charité de Caen.
Elle est à une lieue et demie de Caen et du bourg de
Troarn.
Démouville (Notre-Dame et Sainte-Anne). Sergenterie
de Troarn, élection de Caen, 80 feux,"3oo personnes,
notariat de Troarn.
L^église est un assez beau vaisseau et très bien décoré.
Il y a dans le chœur une épitaphe de M"« Godard de
Bérigny, épouse de M. Bonnet, écuyer. Elle est en pos-
58
session, par une dévotion immémoriale, de ne solenniser,
comme patronne, que Sainte-Anne. L'abbé de Troarn
nomme à la cure. La grosse dîme se partage entre le curé,
le trésor de son église, et Tabbé de Troarn. La seigneurie
appartient au domaine du roi. Il la donne en fieferme.
Elle est à une lieue et demie de Caen et du bourg de
Troarn.
Ernetot ou Hernetot (Saint- Laurent d'). Sergenterie
du Verrier, élection de Caen, 7 feux, notariat de Méry-
•G)rbon.
Elle est sur la rivière de Dive qui partage son terri-
toire en deux parties presque égales. La présentation de
la cure est attachée à la seigneurie d*Ernetot, et cette
seigneurie ne compose qu'une seule et même avec celle
d'Héritot, paroisse limitrophe dont il est parlé ci-après.
Le chapitre de Séez y possède deux traits de dîme, qui
lui furent aumônes, suivant l'acte du 21 juin 1416(1),
par nobles et puissantes personnes Guillaume de Meur-
drac, seigneur de Treilly et de Heuditot, et M""* Jeanne
de Brîosne, sa femme. Robert de Vestreville (?),
prêtre, seigneur de Heuditot, nomma^ en 1490, Guil-
laume du Moutier à la cure d'Ernetot. Le premier trait
avait appartenu à titre d'acquisition à feu M. Morel de
Briosne, chevalier, père de la donatrice ; Tautrre trait au
seigneur de Meurdrac par échange fait avec le sieur de
Carville.
Elle est à 4 lieues et demie de Caen et à une lieue et
demie des bourgs d'Argences et de Troarn.
Escoville (Saint-Samson d').. Sergenterie de Troarn,
élection de Caen, 60 feux, notariat de Héville.
(i) Hist, Harc.t t. II, p. 1989.
59
Elle est sur la petite rivière d'Aiguillon qui va. se
perdre dans TOrne. Cette terre, en titre de châtellenie,
est une des plus agréables de la campagne de Caen. Le
prieur de Douville, prés Rouen, ordre des Feuillants, y
perçoit la grosse dîme, et nomme à la cure. Guillaume-
Militis Chance^ de Bayeux, fut nommé à cette cure en 1490
par le prieur de Douville. Selon la Roque, les gentils-
hommes du nom de Candalle, de race anglaise, et habi-
tués en Normandie, prirent conjointement le nom
d^Escoville avec le leur ; ils descendaient des seigneurs du
nom d'Escoville, et avaient pour prédécesseur maternel
Robert d'Escoville, écuyer, seigneur d'Escoville, demeu-
rant en la paroisse d^Escoville, et qui contracta devant les
tabellions de Caen en 1 371. Ils portaient : écartelé au i et
4 d'azur à la bande d^argent chargée de 3 vols de co-
lombe de sable, qui est de Landalle, aux 2 et 3 d'azur à
3 coquilles d^argent, qui est d'Escoville (1).
Jean Le Valois, seigneur d'Escoville et du Mesnil-Guil-
laume, suivant un certificat donné le 24 mai 1 5 1 1 par
Hugues Bureau, lieutenant général du bailli de Caen^
comparut le môme jour en habillement de brigandineetde
salade à la montre des nobles du bailliage de Caen. Il fut
pèrede Nicolas LeValois, seigneur d'Escovilleet du Mesnil-
Guillaume, que Cahagnes a mis au nombre des illustres
citoyens de Caen (2). C'était uq des plus riches seigneurs
de cette ville. Il fit bâtir au carrefour de Saint-Pierre
rhôtel nommé le Grand cheval, à cause de l'image de
pierre en bas-relief qui est àù-dessus de la porte, repré-
sentant le Fidèle et le Véritable de V Apocalypse monté
sur un cheval; les fondements en furent jetés en iSSj*
(i) Armor. génial, de la France y rcg. I«', 2C part., p. 99 et 100.
(3) Elogia civium Cadom,, centuria prima, p. i et a.
Il mourut subitement Tannée d'après, lorsqu'il se met-
tait à table pour dîner. Cum mùltis modis gloria compa-
retur, hic eam œdificiorum substructione, multarum
clientelarum possessione, splendoris laude in re do^
mestica, et libérait filiorum ad virtutem educatione
quœsivit. Louis et Louis Le Valois, seigneurs d'Escovîlle>
ses fils, du consentement de Marie Duval, leur mère,
firent un partage noble le 19 juin [56i des biens qui
leur étaient échus par sa mort. Ils laissèrent tous deux
une nombreuse postérité. Le premier, né à Caen le
18 septembre 1536, successivement conseiller secrétaire
du roi, et reçu le 8 mai i556, vicomte de Caen, par la
mort de François d'Harcourt, baron de Beuvron (i) eut
7 fils et 1 1 filles de sa femme Catherine Bourdin, nièce
du célèbre Gilles Bourdin^ procureur général au Parle-
ment de Paris. Robert Le Valois, chevalier, seigneur et
châtelain d^Escoville^ de Beauvoisin, conseiller du roi
en tous ses conseils, et capitaine de 5o hommes d'armes
des ordres de Sa Majesté, est enterré dans Téglise des
Bénédictines de Bayeux, qu'il avait fondée en 1649.
Madeleine de Boivin, dame de Canouville, son épouse,
lui érigea le magnifique mausolée qu'on y voit, avec son
épîtaphe. Il portait pour armes : d'azur au chevron d'or,
accompagné de 3 croissants d'argent posés 2 en chef,
l'autre en pointe ,et un chef d'argent chargé de 3 roses de
gueules. Son fils, Louis Le Valois, seigneur et patron
d'Escoville, Saînt-Germain-le-Vasson, Livet, chevalier
des ordres du roi, gentilhomme ordinaire servant de sa
chambre, maréchal des camps et armées de Sa Majesté,
ne laissa qu'une fille héritière, mariée à M. de Cauvigny,
seigneur de Boutonvilliers, dont est sorti entre autres
(i) Armorialy supra-dtato, p. 599.
6i
Messire Antoine-Charles de Cauvigny, chevalier, sei-
gneur d^Escoville, chevalier de Tordre militaire de
Saint-Louis, qui a demeuré quelque temps auprès du
roi de Prusse en qualité de son chambellan. Ce fut lui
qui fut chargé par ce prince, en 1744, pour porter au roi
de France, qui était alors à Metz, la nouvelle de la prise
de Prague (i), et le féliciter de sa part sur Theureux réta-
blissement de sa santé.
Elle est à 3 lieues de Caen.
Esmièville (Notre-Dame-de-Nativité d'). Sergenterie
de Troarn, élection de Caen, 3j feux, notariat de
Troarn.
Cette paroisse est voisine du marais des Terriers, et une
partie des eaux qui composent le canal de dessèchement
y prennent leur source. Son église n'a rien de curieux. La
tour, bâtie en forme de fuye, mérite cependant quelque at-
tention, malgré sa simplicité, en ce qu^elle est très élevée,
très bien proponionnée et très solide. La pierre dont elle
est faite, ainsi que celle des maisons, se tire dans la pa-
roisse même. L^argile qu'on y tire aussi à certains en-
droits fait un monier, à la propreté près, qui équivaut au
mortier de chaux. L'âbbé.de Saint-Evroult présente à la
cure. lia les deux tiers de la dîme, le curé a Tautre
tiers. Tous les fiefs de la paroisse appartiennent à
M. Abraham-Charles-Claude le Boucher, écuyer, sei-
gneur et patron honoraire d^Esmièville.
Elle est à 2 lieues à Touest de Caen, à trois quarts de
lieue au nord du bourg de Troarn, et à cinq quarts de
lieue à Test-sud-est du bourg d' Argences.
(i) Joum. de Verdun, nov. 1744, p. 368.
62
Giberville (Saint-Martin de). Sergenterie de Troarn,
élection de Caen, 42 feux^ i38 communiants, notariat de
Caen.
Cette paroisse est située au pied d^un coteau oîi est
bâtie l'église, et consiste dans une rue qui forme un
demi-cercle. Elle a un marais ou commune oti se trouvent
7 fontaines, qui entretiennent la petite rivière de Sone,
qui coule de là à Mondeville, paroisse voisine. La cure^
depuis la réunion des deux ponions, est à la nomi-
nation des religieuses de la Charité de Caen, et de
Villers-Canivet, diocèse de Séez, qui y présentent alter-
nativement. En i35o, la grande portion était à la pré-
sentation de dont. Radulphus de Guibervilla, Tautre à
celle de Pabbesse de Villers (i). La dîme se partage
entre le trésor de Téglise et le titulaire de la
chapelle Sainte- Agathe, près Caen. Il y a dans cette pa-
roisse, en la maison du sieur Gauthier, bourgeois de
Caen, une chapelle du titre de Sainte-Madeleine, à la-
quelle il présente. Il y en a encore une autre dont il ne
reste plus que le titre, appelée la chapelle du Pardon, et à
la nomination de Tabbesse de Caen. Le titulaire est
chargé de 6 messes par an, et a 270 livres de rente, dont
1 5o livres en terre à Saint-Pierre-d'Arquenay, le reste
à Giberville. Jacqueline de Fontenay, fille aînée de
Lancelot, chevalier, seigneur de Fontenay-le-Marmion,
Cabourg, Renémênisl, Giberville, fut dotée de cette terre
à cause de son mariage avec Hugues Bureau, seigneur
de Grentheville et Venoix, lieutenant général du bailli
de Caen (2). 11 en sortit pour fille unique Françoise
bureau, épouse de Bertrand Ménard, seigneur de la
(i) Liber, Pelut, episc.
(a) Hist Harc., t. II, p. 1499 et i5oo.
6î
Ménardière, lieutenant au château de Caen, sous le sei-
gneur de la Rochepot-Montmorency (t). Leurs fils, au
nombre de 9, partagèrent la succession paternelle çt ma-
ternelle par acte passé devant les tabellions de Caen, en
i55i. Louis de la Ménardière, seigneur de Cuverville,
ayant la garde noble des enfants sous âge de feu François
de la Ménardière, seigneur et patron de Giberville,
nomma à la première portion eh 1 579 (2) ; François de
la Ménardière, seigneur et patron de Formigny et de
Giberville, en 1 699 ; Guillaume de la Ménardière, sei-
gneur et patron de Giberville, le 5 avril i656. Il dépensa
son bien. Sa terre de Giberville fut saisie et décrétée, en
1664, à Nicolas Doublet seigneur de Persan, secrétaire
du roi, receveur général des finances de la généralité de
Caen, qui nomma à la cure le 12 juillet 1688. Nicolas
Doublet, chevalier, seigneur de Persan et de Giberville,
conseiller au Parlement de Paris y présenta aussi le 4 dé-
cembre 1698. Il portait pour armes : d^azur à 3 mouches
d^OT 2 et I . La seigneurie et le patronage de la première
portion de cette paroisse ont été aliénés depuis, et. vendus
aux dames religieuses de la Charité de Caen.
Elle est à une lieue de Caen et à 2 petites lieues du
bourg de Troarn.
Guillerville (Saint-Martin de). Sergenterie de Troarn,
élection de Caen, 23 feux, notariat de Troarn.
Cette paroisse est voisine du marais des Terriers, sur
lequel ses habitants ont des droits communs. La cure, à
la nomination de Tabbé de Troarn, est appelée Ecclesxa
de Gîsnervilla dans la bulle que le pape Innocent III
(i) Généalog. manusc. de la maison de la Ménardière.
(a) Reg. des GoUat. de rEvêché.
64
accorda en 1 2 lo à cette abbaye ( i ), et Ecclesia de Guil'
lervilla par le livre Pelut de révéché^
Elle est à une lieue du bourg de Troarn et à 2 lieues
et demie de Caen.
r
Héritot, autrefois Heuditot (Notre-Dame de). Sergen-
terie du Verrier, élection de Caen, 24 feux, notariat de
Méry-Corbon.
Cette paroisse est assise sur la rivière de Dive, qui en
partage même une portion qui va s^étendre vers Tévéché
de Lisieux. Le curé, seul décimateur, est à la nomination
du seigneur. Le fief seigneurial portait autrefois le nom
d'Heuditot. C^est sous cette dénomination que la paroisse
se trouve employée dans le vieux Fouillé de Tévécbé, qui
n^et la cure à la présentation de l'abbé de Fécamp, qui
Ta apparemment rétrocédée au seigneur. Ce fief auquel
celui de la paroisse d^Ernetot est uni a de beaux droits,
et plusieurs fiefs qui relèvent de lui, tels que sont : i® un
fief de haubert situé paroisse de Garcelles ; 2» un huitième
de fief de haubert situé paroisse de Vimont; 3^ un tiers
de fief de chevalier situé paroisse de Rupierre, et un autre
fief noble dans la même paroisse ; 40 un fief de haubert
situé paroisse de Saint-Pierre-du-Jonquay, et un fief
noble dans la même paroisse ; S^^ un plein fief de haubert,
paroisse de Manneville-la-Campagne; 6<> un demi-fief de
haubert, paroisse d^Escoville; 70 un fief noble, paroisse
de Beneauville ; 8® un fief nommé le fief de Madrilly,
paroisse de Gacé, vicomte d'Orbec; 9* un demi-fief
d^haubert, paroisse des Astelles, châtellenie d^Hyesmes,
duché d^Alençon ; io<> un autre fief noble, paroisse de
Canapville, vicomte d^Orbec. Cette seigneurie d^Héritot,
(i) Neust. Pia, p. 563.
fief d^haubert^ relève du roi. Vaultier de Briosne, sei-
gneur d'Heuditot, fils de Guillaume d^Harcourt (i) prit
le nom de Briosne à la place de celui de son père, en re-
tenant seulement les armes d^Harcourt qui sont : de gueule
à 2 faces d*or, qu^il brisa de 3 besans d'or en chef. Il
s'allia de Perronelle de Boissay. Richard de Briosne, pre-
mier du nom, son fils, seigneur d'Heuditot-Ernetot fut
fait chevalier en 1 3 1 3 par le roi Philippe le Bel pour
lequel il porta les armes. Il prit alliance avec Alix de
Rupierre, héritière de Rupièrre, petite-nièce de Guil-
laume de Rupierre, ëvéque de Lisieux en f 193. Richard
deuxième du nom, seigneur d'Heuditot, Ernetot, Ru-
pierre, Manneville, chevalier, est compris entre les che-
valiers bacheliers de Tan i338, prenant la qualité de :
monseigneur. Il est dit seigneur et patron de Manneville
dans les archives de Bayeux, à cause de Jeanne de Man-
neville, sa femme. Bertrand de Briosne, seigneur d'Heu-
ditot, porte la qualité de chevalier dans les registres de la
chambre des comptes de l'an 1347. Il épousa Jeanne de
Cantelou ou Cbantelou. Richard troisième du nom, sei*
gneur d'Euditot, est employé dans la liste des chevaliers
bannerets et bacheliers qui fut faite par les hérauts sous
le règne dé Charles VI. Raul-Morel de Briosne, son
frère, est qualifié chevalier, seigneur d'Heuditot, Ru-
pierre, Cantelou, Ernetot (2). Il fit une acquisition d'une
ponion de dîme dans la paroisse d'Ernetot, selon l'acte
du 21 juin 1416. Il fut marié à Perronelle d'Auvrecher
d'Angerville. Lambert de Briosne, son fils, mon sans
alliance, laissa pour héritières Jeanne et Perronelle de
Briosne, ses sœurs. De Taînée, mariée successivement à
(i) Hist. Harc, t. II, p. 1973.
(2) Hist, Harcy t. II, p. 1976 à 1981.
G6
Jacques, chevalieri sire de la Heuse, et à Guillaume
Murdrac, seigneur du Treilly, vinrent 3 filles qui parta-
gèrent la riche succession de leur mère le 3 octobre 1452.
Marguerite de la Heuse, sortie du premier lit, dame de
Heuditot et de la vavassorerie de Cantelou, est qualifiée,
dit la Roque, dame de Mous (Moult) en un arrêt du
Parlement de Tan 1441/à cause de son mari Colard, sire
de Mous, capitaine de Ribemont (i). Sa seigneurie
d^Heuditot passa, sous le nom d'Héritot, dans la maison
de Betheville. Jean de Betheville, seigneur de Betheville
et d'Héritot, épousa Jeanne Vipart. Guillaume^ seigneur
de Betheville et d^Héritot, Blanche d^Harcourt. Jacques,
seigneur desdits lieux, Marguerite Le Veneur, petite nièce
du cardinal Jean Le Veneur, grand aumônier de France.
Il est dit dans un rolle de l'an i5o3, que Jacques de Be-
theville tenait le fief entier d'Héritot avec droit de pa-
tronage du duché d^Alençon, en la vicomte de Saint-
Silvin ; qu'il tenait pareillement les fiefs de Clinchamps,
Cantelou, Manneville, Soumoville, Torps et Garsalles,
assis en divers ressorts (2), Robert de Betheville, seigneur
du lieu et d'Héritot, s'allia de Françoise de Fours. Il
avait pour armes : de gueules à la croix d'argent accom-
pagnée de 12 quintesfeuilles d'or. Françoise de Bethe-
ville, dame desdits lieux, sa fille unique nomma à la cure
d'Héritoten 1 596 et 161 1 (3). Elle se qualifie dans les
présentations de veuve de M. Jacques de Mouy, sei-
gneur de Pierrecourt, chevalier des ordres du roi, con-
seiller en son conseil d'Etat, capitaine de 5o hommes
d'armes, lieutenant général de Sa Majesté en Norman-
(1) Hist. Harc, t. U, p. igSS à 1987.
(2) Hist. Harc, t. II, p. 1540 à 1547.
(3) Registre du secret, de révêchc.
6?
die (i), Il était frère puîné de Jean de Mouy, seigneur de
la Mailleraye, chevalier des ordres du roi, vice-amiral de
France. .Antoine de Moqï, leur fils, seigneur d'Héritot et
de Fours, gouverneur d^Honfleur, s'allia de Madeleine
de Mage, dame de Tourmeauville. Louis de Bretel de
Grimouville, chevalier, seigneur et marquis de la Mail-
leraye, seigneur et patron d'Héritot, Ernetot, nomma à
cure le 12 octobre i65o (2). Elle dépend aujourd'hui de
messire Jean-François PiedoCke, écuyer, seigneur d'Hé-
ritot, Ernetot. J.-B. Piédoûe de Charsigné, seigneur de
Héritot, Ernetot, procureur général du roi au bureau des
finances à Caen vivait en 1725 avec Catherine deCau-
vîgny, sa femme.
' Elle est à une lieue du bourg d'Argences, trois quarts
de lieue de Troarn, 4 lieues et demie de Caen.
Herouvillette (Notre-Dame d'). Sergenterie de Vara-
ville, élection de Caen, 84 feux, notariat de Bréville.
Cette paroisse est arrosée au levant par le ruisseau
d'Aiguillon, et au nord par la rivière d'Orne. Le grand
chemin de Caen à Dive, au Pont-l'Evêque, le Havre,
Rouen, passe au travers de son territoire. De ses ha-
meaux, le principal est celui de Sainte-Honorine, où il y
a une chapelle annexe de la paroisse, desservie par un
vicaire commis par le curé. C'est de cette chapelle, assez
écartée de l'église paroissiale, que le hameau a pris son
nom. Herouvillette est un démembrement de la paroisse
de Ranville; l'abbé d'Aunay présente à la cure; leurs
terroirs ont toujours été indivis pour les dîmes, et les
granges sont sur la dernière ; mais on les a panagés de-
(i) Hist, Harc, t. II, p. 1547.
(a) Reg. du secret, de l'érêché.
68
puis quelques années quant aux tailles, pour lesquelles
on fait deux rôles aujourd'hui. L'abbé d^Aunay perçoit
les deux tiers des grosses dîmes, et tous les verdages
d^HérouvIUette, le curé n'ayant qu'une pension congrue,
l'autre tiers se partage entre Tabbesse de Préaux et le curé
. de Ranville, qui a les verdages de sa paroisse. Le pa-
tronage et les dîmes de cette paroisse furent aumônées
avec tous droits à l'abbaye d'Aunay, vers ii3iy par
Jourdain de Say, son fondateur (i).
Elle est à 2 petites lieues au nord de Caen et à une
lieue et demie de Troarn.
Janville (Notre-Dame de). JoannisviUa. Sergenterie
de Troarn, élection de Caen, 45 feux, notariat de Troarn.
Cette paroisse, voisine du marais des Terriers est située
au confluent du cours de Semillon, et de la petite rivière
de Meance. Nous apprenons de la bulle coniirmative du
pape Innocent III, de l'année 12 10, que son église est
exempte de la juridiction épiscopale, et soumise à celle de
l'abbé de Troarn, qtii nomme à la cure de plein droit.
L'abbé de Troarn a les deux tiers de la dîme, le curé
l'autre tiers.
Elle est à trois quarts de lieue de cette abbaye et à
4 lieues de Caen.
Jonquay (Saint-Pierre du). Sergenterie au Verrier,
élection de Caen, 24 feux, notariat de Méry-Corbon.
Elle est arrosée au nord par la rivière de Dive qui la
sépare du diocèse de Lisieux, bornée au midi par les pa-
roisses de Rupierre et de Héritot, à l'orient par un ruis-
seau d'avec le Mesnil-Oger, et au couchant par la petite
(i) Neust. Pia, p. 758.
rivière deTroarn. L'église est neuve et fut finie en 1743,
autour de laquelle est le village du Jonquay. Il y a encore
à une petite distance un autre hameau appelé TOmulée,
séparé de celui du Jonquay par le ruisseau ou le gué de
PAumône. Il y avait 2 portions de cure qui ont été réu-
nies; on voit par le livre Pelut que vers i35o, le prieur
de Deux- Amants était présentateur de la première, et Jean
de Rupierre de la seconde. Charles d^Auberville, cheva-
lier, baron de Verbosc, seigneur de Caux, Mesnil-Oger,
Cantelou et Saint-Pierre du Jonquay ,y nomma ès-années
\5ji et iSyS à la seconde portion. Aujourd'hui, M. le
marquis de La Ferté, y possédant les fiefs de Saint-Pierre
et de Saint-Denis, est seigneur patron présentateur de la
cure. M"« la maréchale de Montesquiou y tient un troi-
sième fief nommé Meïzi. Les dîmes appartiennent au
curé, conjointement avec le curé de Hotot-en-Auge, dio-
cèse de Lisieux, les religieuses de Villers-Canivet et les
chanoines de Croissanville.
Elle est à 4 lieues de Caen et à une lieue des bourgs
d^Argenceset de Troarn.
Lirose (Saint-Germain de). Sergenterie de Troarn,
élection de Caen, a un feu, notariat de Troarn.
Cette petite paroisse est située sur la route de Caen au
Pont-PÉvéque par Troarn et Darnestal. L'abbé de Troarn
nomme à la cure de plein droit ; c'est une des églises qui
composent l'exemption de cette abbaye, suivant la bulle
d'Innocent III, en 1210.
Elle est à 2 lieues de Caen et à une lieue du bourg de
Troarn,
Matmeville (Saint-Frambault de). Sergenterie de
Troarn, élection de Caen, 14 feux, notariat de Troarn.
70
Cette paroisse, située en pleiae campagne, est sur la
droite du chemin de Caen au bourg de Troarn. Messire
Jean-Robert Gosselin, seigneur et patron de Manneville,
chevalier de Tordre militaire de Saint-Louis nomma à la
cure de qui dépend la dîme, et à la chapelle de Sainte-
Trinité, qui par décret de TOrdinairedu i« janvier 1 746,
a été transférée de la basse-cour dans Taile gauche de la
maison seigneuriale, en un' lieu plus décent. La paroisse
de Manneville appartenait autrefois à une famille noble
qui en avait emprunté le nom, et qui portait pour armes :
d^or au lion de gueules. GeoflTroy de Manneville, écuyer,
et monseigneur Guillaume de Manneville, chevalier, sont
représentés dans les registres de la Chambre des Comptes
de Tan iSôg. M. Geffroy de Manneville, chevalier, fut
employé dans la liste des chevaliers-bacheliers sous le
règne de Charles VI. Cette famille forma plusieurs
branches comme on le voit par la recherche de Montfauq,
année 1463, où Ton trouve Philippe de Manneville, sei-
gneur de Secqueville, Jean de Manneville, seigneur de
Lanteuil. Guillaume de Manneville, seigneur de Livry,
et Jean de Manneville, seigneur de Cahagnes. Guillaume
de Manneville, chevalier, seigneur de Manneville vivait
vers 1260. Jean de Manneville fut du nombre des gentils-
hommes à qui le roi Jean pardonna en 1 36o pour avoir
pris le parti du roi de Navarre. Richard de Briosne,
II* du nom, chevalier, seigneur d^Heuditot (Héritot),
Ernetot, est dit dans les archives de Péglise de Bayeux,
année i35o, seigneur et patron de Manneville, à cause de
Jeanne de Manneville, sa femme. Jean de Briosne, che-
valier, tenait un quart de fief avec une vavassorie de
36 acres en la paroisse de Mannevillle, suivant Paveu
qu^il en rendit au roi le dernier mars 1372. De Jeanne de
Briosne et de Guillaume de Murdrac, seigneur du Treilly,
71
son second mari, sortirent pour héritières Jeanne et
Catherine de Murdrac, qui, avec Marguerite de la Heuse,
leur soeur utérine, partagea la succession de leur mère
le 3 octobre 1452. Jeanne, épouse de Robert dWnger-
ville, seigneur de Grainville, eut la seigneurie de Manne-
ville avec les patronages d'églises, et les rentes foncières
assignées aux paroisses de Mesnil-Oger et d^Argences.
Elle est à 2 lieues de Caen et à une lieue du bourg de
Troam (i).
Merville et Gonneville. Sergenterie de Varaville, élec-
tion de Caen, notariat de Varaville.
Ces deux paroisses ne sont unies que quant au titre de
bénéfice seulement. Dans le reste elles n^ont rien de com-
mun. Merville, sous Tinvocation de Saint-Germain
d^Auxerre son premier patron, et de la Nativité de la
Sainte-Vierge son second, est Péglise matrice, 40 feux^
160 communiants.
Gonneville, sous le titre de TExaltation de Sainte-Croix,
est Tannexe ou succursale, 90 feux, 3oo communiants.
Chaque église a son office, ses fonts baptismaux, ses
registres en particulier, comme chaque paroisse a son sel,
sa taille, et autres impositions séparément. Le curé de
Merville, à la pleine collation du chanoine de ce nom,
dessert les deux cures par lui-même et par un vicaire à
son choix. Les dîmes sont communes; le chanoine de
Merville et les boursiers du collège de M« Gervais de
Paris, en perçoivent la plus grande partie, en sorte qu^on
n'en excepte que les deux tiers des grosses qui sont recueil-
lies par Tabbesse de Caen sur son fief d'Escanneville, et
par M«e de Hautemare de Caen sur Textension de son
(i) Hist. éTHarcourt, 1. 1, p. 387, et t. II, p. 1978 à ioo5.
72
fief du Homme, à cause de sa chapelle de Saint-Chris-
tophe, située à Varaville, au hameau du Homme.
Merville est situé à l'embouchure de TOme et a au nord
la mer, dont la plage porte le nom de la Pointe du Siège
dans les anciennes cartes, et de Merville dans la carte
nouvelle de Bayeux. II y a le long cie la côte une excel-
lente garenne, qui appartient au seigneur du lieu. Son
terroir est un pays plat qui consiste en terres à labour et
en herbages. Il n^a point de rivières, TOrne en étant à un
bon quart de lieue loin ; il n^ a que quelques rigolles
ou coulants pour égoater les terres. Ses hameaux sont
celui de Merville, près de Péglise, celui d'Escanneville, et
quelques maisons écartées du côté du Buisson, et celui du
Homme sur le grand chemin de Caen à Rouen, lequel
est en partie sur Varaville au levant. La seigneurie de
Merville, fief de châtelain relevant du roi, est aux mains
de Messire Charles- Adrien d'Anisy, écuyer, seigneur-
châtelain et honoraire de Merville, trésorier au bureau
des finances à Caen, il Ta acquise des enfants de Messire
Nicolas de Cairon, seigneur du dit lieu. Anciennement
elle appartenait à la maison de Vaux-sur-Aure. François
de Vaux, chevalier, seigneur«cbâtelain de Merville, de
Fontaine-Étoupefour, vivant en 1490, ne laissa que
3 filles, dont l'une épousa un Bateste; Tautre, nommée
Jeanne, Jean de Beuzeville, seigneur d^Huberville ; la
troisième, le seigneur des Moustiers (i). Le seigneur de
Merville a 2 terres considérables dans cette paroisse. Tune
quHI a achetée avec la seigneurie, Tautre, dont il a hérité
de son oncle, M. de Lousouf, trésorier de France à Caen.
Son château, entouré de mottes de toutes parts, n'est
remarquable que par son ancienneté.
(i)Hi8t, Harc, t. Il, p. aoo2 et aoo3.
73
Merville est à 3 fortes lieues de Caen, et à 2, lieues de
Troarn.
Gonneville, placé au midi de Merville, est, comme
celle-ci, entre les rivières d'Orne et de Dive, à trois quarts
de lieue de distance de Tune et de Pautre. Il y a 3 ha-
meaux : Beauvoir, qui est le plus grand et le plus peuplé,
proche te terroir de Bavent, du côté de Beneauville; Gon-
neville, au septentrion près de Merville ; et Eschenvilïe
qui est au milieu desdeux. Le curé et le vicaire demeurent
à Gonneville. Ils y ont toujours demeuré, même avant
que Péglise de cette annexe fût construite. 11 parait que
cette église, suivant une inscription qu'on y voit, a été
consacrée par Tévéque de Damas le 20 d'avril 1609. Le
fief dominant de ce lieu est la baronnie de Varaville ; le
même seigneur y possède aussi le fief de Boudevillain,
dont la glèbe est à Varaville. Il y a encore d'autres fiefs,
comme : Gonneville tenu par Anne-Charlotte des Jardins,
veuve de François Turpin, écuyer, sieur de Cailloûet ;
des Gipuls, par Pierre-Alexandre Ernault, écuyer, sieur
des Capuls; et Beauvoir ou Beauvais, par M»* PAbbesse
de Caen. Les d^cimateurs sont les mêmes pour Gonne-
ville et pour Merville, comme je Faî déjà observé. Il faut
pourtant remarquer que dans Gonneville, le chapelain de
PHôtel-Dleu de Varaville et un des religieux de Troarn
prennent la moitié de la grosse d!me qui vient sur le fief
de Boudevillain, et que le trésbr de Gonneville a les deux
tiers d'une petite portion, qui est prise à un autre
endroit.
Gonneville est aussi à 3 lieues de Caen et à 2 lieues de
Troarn.
Méry (Saint-Martin de). Sergenterie d'Argenccs, élec-
tion de Caen, 1 19 feux, en y comprenant l'extension de
74
Corbon qui est de l'autre côté de la Dive, qui arrose son
territoire à Torient. Lieu de notariat.
La nomination de la cure appartient à Tabbé du Bec.
Il y a 4 décimateurs, le curé, qui est décimateur ecclé-
siastique, et l'abbé de Troarn qui, conjointement avec les
boursiersdu collège de M^GervaisChrétien, et les chanoines
de Croissanville, possèdent les dîmes inféodées^ lesquelles
reviennent aux deux tiers de toutes les grosses ( i ). Il parait,
par le titre de Tabbaye de Troarn du 12 septembre i366,
par celui des chanoines du 25 août 1376, et par le contrat
d^échangedu collège de M^Gervais du 8 juillet 1 379, que
cette dîme inféodée est provenue de Jean Le François ;
qu^elle a été partagée entre Jeanne et Agnès Le François;
qu^elle consiste aux> deux tiers des grosses dîmes ; que
Jeanne Le François aînée, mère de Jean Bonenfant, dona*
teur des chanoines de Croissanville, n^a eu que la dîme
de Tancien domaine du fief de Méry qui lui est échu en
partage, et que pour le reste des dimes inféodées, il est
échu à Agnès Le François puînée, laquelle, avec Guillaume
de Manourry son mari, a vendu la moitié de sa portion
aux religieux de Troarn, et après son décès, Jean de Ma-
nourry, fils de la dite Agnès, a délaissé, à titre d^échange,
l'autre moitié à M* Gervais Chrétien» fondateur du dit
coUège.Méry est aux confins de Tarchidiaconéd'Hyesmes,
proche le* pont de Dive, à 4 lieues et demie de Caen et à
une lieue et demie du bourg de Troarn.
Mesnil-Frémantel (Saint-Barthélémy). Sergenterie de
Troarn, élection de Caen, 10 feux, 35 ou 40 habitants,
notariat de Troarn.
Cette paroisse, sur le grand chemin de Caen à Paris,
(i) Ext. d'un fact. impr.
75
relève delà juridiction d'Argcnces, dont elle est une exten-
sion du fief. Les prieur et religieux de Fécamp en sont les
seigneurs^ comme aussi les présentateurs et collateurs de
la cure. Toutes les dîmes, grosses et menues leur appar-
tiennent. Elle s^appelle Mesni-Frémantel, 'quoique le
hameau du Mesni ne subsiste plus, mais seulement la
paroisse de Frémantel, en latin de Frigido-Mantello.
Elle est à cinq quarts de lieue du faubourg de Sainte-
Paîx-lès-Caen.
Mesnii^Oger\Saint'Outndé\, Sergenterie de Brethevil,
élection de Falaise, 1 9 feux, 5o à 60 communiants, nota-
riat de Méry-Corbon.
Cette paroisse est située sur le bord de la rivière de
Dive. Elle dépend de l'élection de Caen pour le sel et la
taille, et de celle de Falaise pour le civil et autres affaires.
La sergenterie de Brethevil contient 4 paroisses dans
rélection de Falaise. Cétait autrefois un petit monastère
composé de 3 à 4 religieux bénédictins, dépendants de
Tabbaye de Saint-Ouen de Rouen, lesquels y avaient un
vicaire perpétuel pour administrer les paroissiens. Les
religieux de Saint-Ouen, seigneurs et patrons firent un
échange il y a environ 200 ans, et cédèrent les préroga-
tives de la seigneurie et du patronage à une dame de la
Ferté. En conséquence de <jet échange, M. de La Ferté-
Senneterre est seigneur du Mesnil-Oger et présente à la
cure, et Pabbé de Saint-Ouen en est le collateur. Le curé
jouit de toute la dîme.
Elle est entre les bourgs de Troarn et d'Ârgences, à
une lieue de distance de l'une et die Tautre.
Mondeville (Notre-Dame de). Sergenterie d'Argences,
élection de Caen, 100 feux, notariat de Caen.
1^
Cette paroisse, qui est arrosée par un ruisseau produit
par une fontaine delà paroisse de GiberviUe, a 3 hameaux
principaux sans compter la rue principale-: Le Vast,
Beimest et les Roques; dans son entier, elle forme une
espèce de fer à cheval qui dans son enceinte renferme une
plage de terre infiniment basse, et souvent submergée, et
qui n'est plantée qu'en mon-bois,on Pappelle les Eguerres.
Le ruisseau qui la traverse s'appelle les Bieux. On y voit
plusieurs gouffres sans fond. 11 y a dans l'église une con-
frérie de la Sainte- Vierge, on y célèbre toutes les fêtes
avec solennité, sermon et bénédiction du Saint-Sacrement.
Les religieux de Pabbaye de Fécamp sont seigneurs tem-
porels de Mondeville ; ils présentent de plein droit à la
cure, et en perçoivent les dîmes. H y avait un prieuré
simple sous le titre de Saint-Denis, qu'on dit avoir été
une abbaye de Bénédictins, et dont il ne reste plus que le
revenu qui appartient à Fécamp, et une léproserie de
Sainte- Madeleine, pareillement détruite, et dont les biens
ont été donnés à THôtel-Dieu et à THôpital-Général de
Caen. On trouve^ ce qui est assez rare, jusqu'à 5 cha-
pelles domestiques dans cette paroisse. Il y a plusieurs
belles maisons de plaisance pour des particuliers de Caen ;
la plus charmante est celle de feu Messire Julien de Gou-
pillère, direaeur de la monnaie à Caen. Sa position, qui
domine sur cette ville, et sur les prairies des environs,
forme l'aspect le plus riant. Tout y est dans l'ordre, beaux
jardins, belles promenades, belles terrasses. La paroisse
de Mondeville relève de la haute justice et bailliage d'Ar-
gences, dont le siège esta Sainte-Paix-lès-Caen, et ressortit
uniment du Parlement de Rouen. Son terroir parait res-
treint du côté de Giberville et de Colombelles, mais il
s'étend infiniment pour la terre à labour vers le Mesnil et
Grentheville; si Sainte-Paix parait le resserrer, en récom-
77
pense, il se dilate sur une belle prairie qui, depuis les
moulins de Qopée jusqu^à la Goublinière. renferme tout
le terrain que la rivière arrose par une infinité de détours.
Le roi Charles IX, après s'être fait déclarer majeur dans
un lit de justice, tenu à Rouen le 17 d^août i563, des-
cendit en Basse-Normandie pour visiter cette partie de la
province. Le mardi 24 du dit mois, arriva le roi, environ
10 heures du matin, au village de Mondeville, chez le
sieur du lieu surnommé Morin. Après son dîner, fait son
entrée à Caen avec les cérémonies qu'on peut voir dans
les antiquités de cette ville, par M. de Bras (i).
Elle est à une demie-lieue de Caen, sur la route de
Rouen et de Paris.
Petiville (Saint-Biaise de). Sergenterîe de Varaville,
éleaion de Caen, 89 feux, notariat de Varaville.
Cette paroisse est située dans un long et large marais
bordé par la'rivière de Dive. La dîme appartient au curé
et la nomination de la cure au seigneur. Le vieux pouillé
de révêché, rédigé vers i35o, marque que son patronage
appartenait alors aux héritiers de M. Guillaume de Luc.
Depuis il passa à Messire d'Angerville (2) ; ainsi, noble
homme, Jean d'Angerville, seigneur de Petiville y nomma
en i5o8, et Louis d'Angerville son fils en i535 (3). Ils
étaient de la même famille que les d'Angerville, seigneurs
de GrainviUe.
Elle est à 3 lieues et demie de Caen.
Ranville (Notre-Dame et Saint-Roch de). Sergenterie
(i) Ant, de Caen, p. 187.
(2) Hist. Harcourt, t. U, p. 1982.
(3) Reg. du secret, de Tévêché.
78
de Varaville, élection de Caen, loo feux, notariat de
Brëville.
Cette paroisse, dans toute sa longueur^ est baignée à
Toccident par la rivière d*Orne ; celle d'Eguillon la tra-
verse du sud-est au nord, et le grand chemin de Caen au
Havre et à Rouen, du sud-ouest au nord«est. La cure est
à la présentation de messire Pierre*Antoine-Barnabé de
Guemon, écuyer, seigneur et patron de Ranville, et cela
depuis Tarrét du Parlement qui a fait cesser le litige entre
ce seigneur et Tabbesse de Préaux. Les décimateurs sont
les mêmes qu*à Hérouvillette (voyez son article ci-devant).
On y compte 7 hameaux : Longval, la haute et basse
Ranville, le Mariquet, Coutanville, le Home, Longue-
ville et TEcarde. Il y a dans le hameau de Longval, qui
est à trois quarts de lieue loin de l'église, une (ihapelle de
Saint- Léonard, sans fond ni revenu; ses habitants, en
vertu d'un arrêt qu'ils ont obtenu du Parlement, obligent
le curé d'y faire dire la première messe les dimanches et
les fêtes pour leur commodité. La seigneurie de Ranville
relève directement du roi. Elle a des extensions dans plu-
sieurs paroisses voisines, et notamment dans celle de
Hérouvillette. D^elle relève noblement le fief d^Escageulle
qui est ès-mainsdeM. de Ranville. En général, le terroir
de cette paroisse est pierreux et mélangé de bonnes et
mauvaises terres ; les pommiers croissent assez bien dans
les bonnes; il est assez uni depuis POme jusqu'aux
bruyères de Troarn, si on en excepte les petits coteaux qui
sont des deux côtés de la rivière d'Eguillon. Il y a sur le
bord un rocher qui renferme un trou de 2 pieds de dia-
mètre, par lequel, lorsque la rivière est haute, il s^écoule
une quantité d'eaux qui vont apparemment se perdre à
la mer à une lieue de là. Ce rocher est tout composé
d^écailles et autres pétrifications qu^on détache aisément
79
du sable qui. les enveloppe. On trouve de ces fossiles à
plusieurs autres endroits, particulièrement dans les car-
rières qui sont du côté de l'Orne. On en tire journelle-
ment de la pierre de taille qu^on transporte au Havre,
Honfleur, Saint- Valéry, Dieppe, pour les ouvrages du
roi. Cette pierre est grise, fort dure et à l'épreuve des
gelées. La mer couvre deux fois par mois, à la nouvelle et
pleine lune, le marais de Ranville et ceux de Sallenelles
et d'Anfreville. Après la retraite des eaux, on y met à
paluder les moutons, dont souvent plusieurs meurent pour
avoir bu de l'eau salée qui leur forme dans le corps une
petite bourse d'eau ; cette maladie est sans remède. L'air
est fort sain à Ranville quoique proche de la mer, et voisin
de beaucoup de marais. Il n'en est pas de même des
paroisses qui sont de Pautrc côté de la rivière. On croit
que la cause de cette différence vient de ce que le soleil en
se levant, jette toutes les vapeurs qui y naissent vers les
paroisses qui sont à l'occident de Ranville. Autrefois, les
habitants de Caen ont été obligés d'entretenir un bac au
profit de ceux de Ranville et de Longval pour passer leurs
bestiaux dans leurs communes qui restèrent de l'autre
côté de la rivière, lorsqu'on fit la saignée de Longval (i).
Elle est à 2 petites lieues de Caen et une lieue et demie
de Troam.
Robehomme (Notre-Dame de). Sergenterie de Varaville,
élection de Caen, 45 feux, 1 70 habitants, notariat de Va-
raville.
Cette paroisse contient dans son territoire environ
400 acres de terre, du nombre desquelles il n'y en a pas
plus de 40 en labour ; les autres sont en herbages. Elle
(1) Voyez sur cela M. de Bras, Antiq, de Caen, page
8o
forme une butte ou éminence en ovale qui a trois quarts
de lieue de circonférence et un quart de lieue de traverse.
LMglise est située à peu près au milieu de la plate-forme
de cette butte; les maisons sont presque toutes placées
aux deux extrémités de Téminence tant au midi qu'au
nord. La partie qui est au midi s'appelle improprement
le hameau de Bricqueville ; Pautre^ qui est au nord, porte
le nom du Homme ; il n^y a qu'une ferme détachée de la
buue, on la nomme la ferme de la Londe. Cette singulière
paroisse est située sur la rivière de Dive qui coule le long
d'icelle au levant, en serpentant beaucoup entre les her-
bages de Robehomme, et ceux de Saint-Clair-en- Auge, et
sépare le' diocèse de Bayeux de celui de Lisieux. Au cou-
chant, elle est située sur le bord d^un long et large marais
commun entre elle et les paroisses de Bavent et de Petiville.
Elle est bornée d^un bout, vers le midi, par le fossé ou
fled de la Grippe qui partage les herbages et marais de
Robehomme d^avec ceux de Bures, et de l'autre bout par
\tfled de la Londe qui partage les herbages de Petiville
et de Varaville d'avec les marais et herbages de Robe-
homme. Pour mieux concevoir l'idée de la butte de Robe-
homme qu'on a érigée en paroisse, on n'a qu'à se reprép
senter une grosse taupinière un peu en ovale au milieu
d'un pré, et qui, pour les trois quarts de l'année est une
île entourée d'eau d'un quart de lieue, et à perte de vue
par les deux bouts, dont on ne peut sortir qu'avec de
petits bateaux qu'on appelle au terme du pays : Ecaudes.
L'église est si simple qu'il n'y a point de chœur : les
2 cloches sont dans des fenêtres. L'abbé de Troarn, sei-
gneur de Robehomme présente à la cure. La grosse dîme
appartient, moitié à ses religieux, moitié au curé. J'ou-
bliais à remarquer que la butte est entourée d'un fossé
plein d'eau d'environ 1 5 pieds de largeur. Il n'y a dans
8i
ce lieu qu^une belle maison qui s^appelle le manoir de
M. TAbbé. Il en est fait mention dans la bulle du pape ( i )
de Tannée 12 lo pour Tabbaye de Troarn : Maneria de
Raimbhomme cum tota insula.
Elle est à 3' lieues et demie du bourg de Troarn et une
lieueetdemiedela mer.
Ruppierre (Notre-Dame d'Assomption de). Sergenterie
au Verrier, élection de Caen, 20 feux et 75 communiants,
notariat d^Argences.
La Manche coule tout le long de cette paroisse et la
sépare de Janville, à une langue de terre près en prairies,
qui s^en écarte en deçà des moulins du Fresne vers Ar-
gences. Elle dépend du bailliage de Caen depuis la réu-
nion de Saint-Silvin au présidial de cette ville. Son terri-
toire consiste en terres à labour, prés, bruyères et bois
taillis. La nomination de la cure appartient à M. Pierre
Foucques de Belleville, écuyer, seigneur et patron de
Rupierre, porte-manteau de S. A. Mgr le duc d'Orléans,
et la dîme au curé, en vertu d'un arrêt obtenu en 1722
du Parlement de Normandie par Charles-François Eudes
de Meseray, titulaire de ce bénéfice, contre M"^ de Mont-
gommery, abbesse de Villers-Canivet qui la prétendait en
tout ou partie. Cette cure était autrefois divisée en deux
portions; la division existait dès i35o (2). Le prieur des
Deux-Amants près Rouen nommait à la première, et Jean
de Rupierre à la seconde. Elle subsistait encore en i5o5.
J^ignore le temps oti ces portions ont été réunies. Le livre
Pelut de révéché nous apprend qu^il y avait trois cha-
(1) Innocent ni. Neust. Pia., p. 563.
(a) Ex Ub. Pdut.
82
pelles titulaires à Ruppierre dans le xiv« siècle, voici
comme il les marque :
Capelîa Sancti Eustachii de Rupetra, dominus de
Maereyo, et Johannes de Rupetra alternat. VIII^, lit.
Capella Sancti Dionisii de Rupetra^ Johannes^ de
Rupetra, XI. lib.
Capella B. M. de Ortis de Rupetra : dominus de
Maereyo.
Les deux dernières sont détruites depuis longtemps ; il
ne subsiste plus que celle de Saint-Eustache, martyr, située
à Textrémité de la paroisse, dont la présentation dépend du
seigneur, patron de Ruppierre; la seigneurie de Rup-
pierre a tous les honneurs. Il y a une extension de fief
assez considérable sous la dénomination de Méry-Ru-
pierre. Le chef-lieu en est à Saint-Pierre du Jonquay,
paroisse limitrophe, oti M°*'la maréchale de Montesquiou
qui la possède fait 'tenir ses plays. Cest la patrie de Guil-
laume de Rupierre, élu évéque de Lisieûx en 1191 ou
1 192. Il mourut en 1202. L^obituaire de son église cathé-
drale marque un obi t le 19 d^octobre pour lui, et Roger
seigneur de Ruppierre, son père (i). Il avait pour armes :
pallé d'or et d^azur de 6 pièces (2). Alix de Ruppierre, sa
sa petite nièce, héritière de sa branche, épousa Richard de
Briosne, I^r du nom, seigneur de Heuditot (Héritot) Er-
netot, qui fut fait chevalier en 1 3 1 3 par le roi Philippe le
Bel ; Jeanne de Briosne qui en descendait au cinquième
degré, hérita conjointement avec Péronelle, sa sœur, de
Raoul Morel, seigneur d'Heuditot et de Perronelle d'Au-
vrecher, leur père et mère (3). Guillaume de Murdrac,
(1) No». Gallia Christ., t. XI, col. 780.
(a) Hist. Harc, t. II, p. 1976.
(3) Hist. Harc, t. II, p. 198a.
83
seigneur du Treilly, son second mari, rendit aveu au^roi
en 1428 des seigneuries quMl tenait du fief de Jeanne de
Briosne, sa femme; d^eux sortirent 2 filles, Jeanne Mur-
drac, femme de Robert d^Angerville, et Catherine, alliée
à Raoul du Bois, père et mèrede Perrette du Bois, femme
de Raoul Pèlerin, seigneur de Sainte- Croix-Granthonne,
qui en eut 2 filles (i). Guillemette Pèlerin, l'aînée, dame
de Ruppierre, épousa Guillaume de Bricqueville, sire de
Coulombières qui en eut Jacqueline de Bricqueville, dame
de Ruppierre, femme d'Arthur de Vierville, baron de
Creuilly, et les seigneuries de Ruppierre et Boisroger (2).
Cest à leur droit qu'André de Sillans, un de leurs petits-
fils, chevalier, seigneur de Boisroger, seigneur et patron
de Ruppierre, Saint-Pélerin et du Mesnil-Hubert nomma
à la cure en i632 (3). La présentation est datée de son
manoir sieurial du Boisroger, paroisse de Cléville. Cest
au même droit que Charles de Sillans, fils d'André, sei-
gneur des dits lieux y nomma aussi en 1672 le 26 juin.
Sébastien de La Rûe, seigneur de -Bernières, Ruppierre,
Boisroger et de Jort, épousa le 19 juillet 171 2, Charlotte-
Victoire Osmond.
Elle est à 3 bonnes lieues de Caen, entre les bourgs
d'Argcnces et de Trôam.
SainUPaix ou Saint-Paterne. Sergenterie de Troarn,
élection de Caen, 29 feux, notariat de Troarn.
Cette paroisse est arrosée par la petite rivière ou ruis-
seau de Semillon, qui vient du côté d'Argences, et va se
perdre dans la Dive à Troarn dont elle est limitrophe.
(i) Hist. Harc.y t. II, p. 1995.
(a) Hist. Harc, t. II, p. 1990.
(3) Regist. de l'évêché.
' 84
Elleest exempte de la juridiction épiscopale, et soumise
à celle de Tabbé de Troarn, comme on le voit par la bulle
de confirmation du pape Innocent III, derannéei2io (i).
Cet abbé nomme à la cure de plein droit et en perçoit la
plupart des dîmes.
Elle est à 3 lieues de Caenet à une lieue d'Argences.
Sainte^Paix, prèsCaen, sergentcried'Argences, élection
de Caen, 38 feux, notariat de Caen.
Cette petite paroisse est située proche le faubourg de
Vaucelles, de Caen, et arrosée au couchant par la rivière
d*Ome. C^est un démembremeht de la paroisse de Mon-
deville, à laquelle elle servait d^annexe ou de succursale.
Nous ignorons le temps de la séparation et de l'érection
de Sainte- Paix en paroisse. Uéglise, sous le titre de la
' Sainte-Vierge, est appelée dans les titres, Notre-Dame de
la Fontaine et Notre-Dame de Sainte-Paix. Le surnom
de la Fontaine lui vient à cause d^une très belle fontaine
dont la source vient de dessous Téglise ; le surnom de
Sainte-Paix lui a été donné à raison de ce qui suit. Pour
perpétuer la mémoire d^un concile que le duc Guillaume
convoqua à Caen en io6i, il fit bâtir une église (2).. Il
choisit pour cela la place oii avaient reposé les saintes
reliques qu^il avait fait apporter pour solenniser la célé-
bration de ce concile, et parce que pendant ce temps-là le
duc prit soin de prévenir et de faire cesser toutes sortes de
troubles, et d'observer ce qu'on appelait la trêve de Dieu,
il voulut aussi que cette nouvelle église fut nommée
Sainte-Paix de Toussaint. C'est la même qui s'appelle
Saint-Marc, et qui fut ruinée en 1 562 par les Protestants.
(OATeurt.PiVi, p. 563.
(a) Orig. de Caen, par M. Huet^ p. 195-196.
Mais le surnom de Sainte-Paix fut donné à Péglise qui
servait de paroisse aux habitants du lieu, et qu^eile a tou-
jours porté depuis. Elle est soumise à la juridiction des
abbés et religieux de Fécamp. Ils présentent de plein droit
à la cure, et perçoivent toutes les dîmes qui sont encore
confondues avec celles de Monde ville, sa paroisse primitive.
Sainte-Paix, comme Mondeville, dépend de la baronnie
d'Argences, appartenant à la dite abbaye qui la possède
par la libéralité des ducs de Normandie. Cest à Sainte-
Paix que se tient la juridiction de cette baronnie, comme
étant située au milieu des fiefs qui en dépendent. Elle
tenait auparavant à Argences ; la translation est depuis
environ y S ans.
Saint-Pierre-Oursin. Sergenterie de Troarn, élection
de Caen, 8 feux, notariat de Troam.
Remplacement de cette nouvelle paroisse est ce qui est
appelé le marais djcs Terriers dans les cartes du diocèse
de Bayeux. Il est situé entre les paroisses de Bellengre-
ville, Vimont, Argences, Saint-Pair, Guillerville et Es-
miéville. Cétait un grand lac d^une lieue d^étendue sur
tous sens, d^aucune valeur, ne produisant que des roseaux
et beaucoup de maladies, par les mauvaises vapeurs quMl
répandait. Le dessèchement de ce marais fut arrêté en
1699 P^^ ^^ traité passé à Paris entre M. Louis de
Sourches, abbé de Troarn^ seigneur tréfoncier du marais^
et Rémy Maquard, ingénieur pour les dessèchements. Il
ne fut cependant entrepris qu'en 171 1, en conséquence
d^un arrêt du conseil du 9 juin. Le sieur Maquard et
deux de ses associés, rebutés par la dépense excessive de
cet ouvrage, cédèrent tout leur droit au sieur Jean Our-
sin père, qui faisait le quatrième, et qui s^en chargea
seul à ses frais. Jacques Oursin, sieur Dumesnil, ancien
8^
payeur de rente de la ville de Paris^ acquit de Gilles Qé-
ment/ sieur de Bourgeauville, par acte du 16 mars 1718,
Toffice de conseiller trésorier de France et général des
finances en la généralité de Caen; les lettres patentes
du 7 avril 1718 furent vérifiées aux comptes le 21 mai
suivant. L^arpentage du marais, ordonné par M. Guinet,
intendant de Caen^ fut fait en 1714; on le fixa à 1,732
arpents. On en accorda à Tabbaye de Troarn, pour son
droit de triage, 3 1 3 arpents 66 perches, 70 à la paroisse
de Saint- Pair; 78 à Guillerville, 98 a Esmiéville, 98 à
Bellengreville, 78 arpents 34 perches à Vimont et i3o à
Argences^ pour leur droit d^<usage par indivis. Le reste,
qui se montait à 866 arpents, fut abandonné en toute
propriété aux sieurs Oursin père et fils pour les frais du
dessèchement. Le sieur Oursin fils, seigneur de Digoville,
acquit encore de Tabbaye de Troarn 307 arpents du
nombre des 3 j 3 qui lui avaient été cédés moyennant
41 5 livres de rente foncière et seigneuriale dont il se
chargea envers cette abbaye, et par là il se fit propriétaire
de 1,173 arpents dans le marais des Terriers. Avec le
consentement de Tabbé et des religieuses de Troarn, il y
en eut 973 arpents érigés en plein fief d^haubert pour le
seigneur de Digoville, sous la dénomination de fief
Oursin, à charge de relever immédiatement de cette
abbaye; les 200 qui restaient furent érigés en plein fief
de chevalier, sous le nom de fief des Terriers, relevant
du fief Oursin. Après le dessèchement entier de ce vaste
terrain, dont la dépense fut évaluée à près de 1,200,000 fr.,
M. de Digoville obtint qu^ii fut érigé en paroisse sous le
nom de Saint-Pierre-Oursin. Le décret de Mgr Tévêque
de Bayeux donné à cet effet, est daté de Versailles le i" de
juillet 1752. Les lettres patentes de Sa Majesté sont du
même mois, datées de Compiègne et registrées au Parle-
87
ment de Rouen. L'église et le presbytère ont été construits
à ses frais ; il Ta dotée, fournie de cloches, vases sacrés et
ornements nécessaires. Il y a affecté un fonds de 600 livres
de rente pour le curé qui demeure à sa nomination, et à
celle de ses successeurs. Enfin M. Pierre Oursin, sei-
' gneur et patron de Dîgoville et de Saint-Pierre-Oursin,
nomma pour la première fois à cette chapelle, par acte du
12 septembre 1753, Antoine Gouye, prêtre, originaire
de Saint- Laurent-sur-Ia- Mer.
Ce seigneur a déjà 5 grosses fermes dans cette pa-
roisse^ qui est à une lieue du bourg de Troarn et à 3 lieues
de Caen.
Sallenelles (Saint-Germain de). Sergenterie de Vara-
ville, élection de Caen, 3o feux, 80 communiants, nota-
riat de Bréville.
Cette paroisse est appelée Salinellœ dans une vieille
ch2LTXtt,ecclesia de Saline l lis dans le livre Pelut, et S au»
lenelles hoc est, Nigellœ salices dans Cenalis (1). Le
peuple ne la nomme communément que par le mot cor-
rompu de Savenelles. Elle est située au nord d^un coteau
appelé la Perruque^ qui donne sur la rivière d'Orne près
de son embouchure. Il y a dans le même endroit des
pieux attachés au bas d^une petite éminence, où Ton
tend, sur des rochers que la mer submerge, des filets pour
prendre du poisson. C^est là que vient se perdre dans
rOrne, la petite rivière d'Aiguillon, qui prend sa source
au pied des bruyères de Troarn. La paroisse de Salle-
nelles, bornée .à Touest par l'Orne, à Test par le Bisso|i
et au midi par Anfreville^ a tellement souffert du voisi-
nage de la mer, qu41 n'y reste plus que le quart du
(I) Cen. de Re Gallic.y llv. II, p. i53.
88
terrain qu^elle avait autrefois. Lors<)u'on y rebâtit une
église al^lieu de celle qui fut ensevelie sous les sables en
1732, on arpenta le terrain qui ne se trouva monter qu'à
80 acres de terre. Les vents continuent encore à Tendom-
mager en couvrant les maisons de sable. La nouvelle
église est située au tiers du coteau de la Perruque, et au .
milieu de la paroisse, eu égard à sa longueur. Les mai-
sons des habitants sont sur la longueur d^environ -Soo pas
des deux côtés des chemins de Caen à Dive. Suivant une
collation de i663, la chapelle titulaire de Saint-Ouen et
de Saint-Barthélémy est sur cette paroisse et sur celle du
Buisson. Le curé est décimateur. Le sieur Pierre Gau-
thier, banquier à Caen, nomme à la cure, à cause de sa
seigneurie de Sallenelles qu^il a acquise des héritiers de
M. Alexandre Bigot, sieur de Monville, président du
Parlement de Rouen. Du fief de Sallenelles relèvent les fiefs
de Fontenay-Eperville, la Chapelle et d'Eschaufour, sis à
Bavent, et lui-même relève noblement de la baronnie de
Beuvron et de Beauffou-en- Auge, appartenant à M. le duc
d^Harcourt.
Jacques d^Achey, seigneur de Beusevaletde Sallenelles,
était fils aîné de Jacques, premier du nom, et de Jacque-
line d^Anfreville, et petit-fils de Jean d'Achey, seigneur
de Cerquigny, et de Louise de Dreux, <}e la maison
royale de France (i). De lui descendit Marguerite
d*Achey, dame de Beuseval et de Sallenelles, qui vivait
en i53o avec son mari, Jean le Brun ,seigneur de Salle-
nelles, fils de Louis, vice-amiral de France. Il accom-
pagna le roi Louis XII en la guerre d^Italie, se trouva à
la bataille que les Français gagnèrent sur les Génois en
1 507, et à la prise de Gênes, et fut fait capitaine des lé-
(i)HUt.Harc., t. IIp 1871.
89
gionnaire? du bailliage de Caen en i534(i), Henri le
Brun, son fils, seigneur de Sallenelles, et de Beuseval,
épousa Anne de Venoix, dame de Bréville. Jacques le
Brun, chevalier, seigneur et patron de Sàllenelles, gen-
tilhomme delà chambre du roi, nomma à la cure du dit
lieu en 1628 (2). Gabriel de Maillot, seigneur de Sàlle-
nelles, y nomma aussi en 1664.
Les affiches du 14 septembre (3) 1757 annoncèrent
la construction de 2 frégates à Sàllenelles. Ces frégates,
nommées le Comte et la Comtesse-JCHar court, étaient
destinées pour faire la course sur les Anglais: La première
de i5o pieds de longueur de tête en tête, devait être
montée de 3o pièces de canon de 12 livres de balles en
batterie, de 4 pièces de 18 dans son entrepont, de 14 pièces
de 6 sur ses gaillards, et de 60 pierriers, bordant 40 avirons.
La seconde de 145 pieds de longueur de tête en tête, devait
être armée de 28 pièces de canon de 12 livres de balles
en batterie^ de 4 pièces de 18 dans son entrepont, de
8 pièces de 6 sur ses gaillards et de 40 pierriers, bordant
36 rames. Ces deux frégates, ajoute-t-on, auront 1,000
à 1,100 hommes d'équipage, et Parmement en total
pourra monter à 600,000 livres ou environ.
Elle est à 3 lieues de Caen et à 2 lieues du bourg de
Dive.
Sannerville (Notre-Dame de). Sergenterie de Troam,
élection de Caen, jb feux, 400 communiants, notariat
de Troarn.
Cette paroisse, située sur la gauche de la grande route
(i) Hist, de Norm,, par Masseville, t. VI, p. 58» Sg, 87.
(a) Reg. de l'éveché.
(3) Ann. et Affiches, $0^ fieuil., p. 197.
90
de Caen au Pont-l'Évêque est de Texemption de Tabbayc
de Troarn, suivant la bulle d'Innocent III, de Tannée
12 10, qui rappelle Salnervilla (i). L^abbé de Troarn
nomme à la cure de plein droit. Les deux tiers de la
grosse dîme appartiennent à cette abbaye, Tautre tiers au
curé.
Elle est à 2 lieues et demie de Caen et à une lieue trois
quarts du bourg d^Argeiices.
Touffireville (Saint-Pierre de). Tufrevilla et Toffre-
villa, Sergenterie de Troarn, élection de Caen, 52 feux.
Le fief dominant est une#baronnie qui appartient à
Tabbé de Troarn, et duquel dépendent tous les habitants.
Cet abbé est présentateur et collecteur de la cure. Il perçoit
les deux tiers de la grosse dîme ; Tautre tiers avec les ver-
dages est pour le curé. C^est une des cures de Texemption
de Troarn. Son territoire est d^une fort petite étendue. Il
est borné vers l'orient par le grand bois de Troarn, vers
le midi par la paroisse de Sannerville, vers Toccident par
celles de Cuverville et d'Esco ville, chacune en partie, et
vers lé septentrîon.par le territoire d'Escoville, et aussi en
partie par une autre portion de Sannerville, à cause d'une
extension de terre de cette dernière paroisse.
Elle est à 2 lieues sud-ouest de Caen, et à trois quarts
de lieue sud-est du bourg de Troarn.
Troarn (Saint-Croix de). Bourg, baronnie, chef-lieu
de doyenné rural et de sergenterie, 1 1 5 feux, lieu de no-
tariat.
Ce lieu, appelé Troarnum en latin, est situé au con-
{i)Neust.Pia, p. 563.
fluent de la rivière de Manche ou Meance avec la Dive,
qui la borde à Test dans toute sa longueur. Il avait d^abord
été du domaine des ducs de Normandie. Richard II le
donna en 1027 à ses fils Richard III et Robert (1). Uun
d^eux, selon toutes les apparences^ en gratifia' Roger de
Montgommery, qui avait tout proche un château à Bures.
C'était un des plus puissants seigneurs de son siècle (2).
Il était fils de Hugues, sire et baron de Montgommery
seigneur de Trun et de Thuît, et de Joceline de Ponteau-
demer, fille de Throude du Ponteaudemer et de Euve de
Crépon. Il s'allia de Mabille, dame de Belesme, de Séez,
d^Almenèches, comtesse d^Alençon, qui surpassa toutes
les femmes de son temps par ses méchancetés ; aussi pé-
rit-elle en 1081 d^une' triste mort dans son château de
Bures par les mains des gens d^un seigneur qu'elle avait
fait assassiner (3). Il épousa en secondes noces Adèle de
Puissaye (du Puiset), fille d^Ebrard, seigneur de Puis-
saye, et laissa plusieurs enfants de ses deux femmes, en
mourant en 1093 (4). Outre tous les biens qu'il tenait de
ses pères, il eut encore les comtés de Scrobesbury,
d^Arondel, de Cestre et de Saiope, en Angleterre, pour
récompenser des service^ qu'il avait rendus au duc Guil-
laume dans la conquête d'Angleterre. Plusieurs années
avant cette conquête, il fonda trois abbayes sur ses do-
maines, dont celle de Troarn est la principale (5). Il se
dépouilla de tous les droits seigneuriaux et émoluments
du bourg de Troarn et de ses dépendances, et en revêtit
les religieux qu'il avait appelés. Il y avait alors 2 églises
(i) Moreri, à la fin du X* volume, au supplém.
i2)Hist. Harc,,t. I, p. 292.
(3) Hût. Harc, p. 293.
(4) Ord..' Vital, lib. VIII, an 1094.
(5) Neust. Pia, p. 558.
92
paroissiales, Saintc-Croîx et Saint-Gilles ; il obtint qu^elles
seraient exemptes, avec plusieurs autres, de la juridiction
de révêque, et soumise à celle de Tabbé, comme on le
voit par la bulle de confirmation que le pape Innocent III
donna en 1210 à cette abbaye (i). De ces deux églises il
ne subsiste plus que celle de Sainte-Croix, qui s^est main-
tenue régulière; elle est attachée à Toffice du sacristain de
Tabbaye, et à la pleine collation de l'abbé.
On tient à Troarn un marché tous les samedis et quel-
ques foires par an. Le doyenné rural est de 44 paroisses,
et la sergenterie de 17. Son territoire contient un bois
d^une assez grande étendue, qui est au nord du bourg ; il
y a aussi une grande bruyère au pied de laquelle est une
source qui donne Torigine à la petite rivière d^Éguillon.
Cette riviève ou gros ruisseau, après un cours de près de
2 lieues, va se perdre dans POrne à la roche de Sallenelles.
Il reste à sec une partie de Tannée, n'étant formé que par
quelques sources très faibles, et par les eaux de pluie.
Troarn est à 3 lieues de Caen et à 2 petites lieues de Di ve.
Les]domaines dece bourg et du monastère ressortissaient
du comté d^Alençon; en 1171 ils passèrent dans la dé-
pendance de Henri II, roi d'Angleterre et du duc de Nor-
mandie, et depuis ce temps ils ont toujours été soumis au
bailliage de Caen {2). Pierre l*', comte d'Alençon, re-
vendiqua ses anciens droits, et voulut, en conséqueqçe, y
faire exercer sa juridiction. L'affaire, portée au Parle-
ment de Paris, intervint un arrêt en 1280, ^qui Tobligea
de se désister. En i32o, le comte de la Marche, vicomte
d^Auge, renouvela avec aussi peu de succès de semblables
prétentions.
(i)Neust.Pia,p. 363.
(a) Nouveau Morerîf au suppl. du Xe tome.
93
Dès Tan 1022, Roger de Montgommery, I^^ du
nom, vicomte de Hjremes (i)^ bâtit à Troarn une église
sous rinvocation de Saint-Martin, où il plaça douze
chanoines réguliers pour y chanter FofRce divin (2). La
dépravation de leurs mœurs les en fit chasser quelque
temps après, et le lieu de Troarn fut donné par Ri-
chard II, duc de Normandie, à Tabbaye de Fécamp (3).
Il ne dut pas rester beaucoup de temps à cette abbaye,
qui le remit sans doute, du consentement de nos ducs,
aux seigneurs de Montgommery. Roger de Montgom-
mery, 11^ du nom, résolut d*y fonder une abbaye,
appela, en io5o, des religieux de Saint-Benoît, que les sei-
gneurs de Grentemesnil avaient fait venir de Conches à
Norrey, pour y en établir un aussi, et où Gislebert, leur
abbé, n'avait pas voulu qu^ils demeurassent. Il les mit en
possession de l'église de Saint-Martin, et les combla de
biens tantqu^il vécut. On rapporte qu^afin qu^on se sou-
vint mieux des limites des terres quMl leur donnait, il
jeta dans un grand marais son fils aîné Robert de Be-
lesme, juste à Tendroit qu^il voulait qui servit de bornes.
Odon de Conteville, évéque de Bayeux dédia solennelle-
ment cette abbaye le 1 3 de n^ai loSg, et à la prière de son
fondateur, il en confia le gouvernement aucélèbre Durand,
dont le vertus et le profond savoir, selon le témoignage
de Guillaume de Jumièges, ont volé jusqu'aux extrémités
de la terre (4). Il s^en fallut beaucoup que les religieux
de Troarn retrouvassent Tafifection bienfaisante de leur
illustre fondateur dans Robert de Belesme son fils. Ce
tyran, qui ne se signalait que par des crimes, semblait
(i) Nov. Gai. Christ, t. XI, col. 416.
(a) Nou», Dict, de Moreri au supp. du X« tome.
{3)NeuMt. Pw, p. 558.
(4) Nov. GaL, XVI, col. 354.
94
par ses persécutions continuelles n^avoir en vue que de
renverser le monastère de Troam, et les autres fondés par
son père. Les entreprises qu^il forma contre ses souverains
lui attirèrent le châtiment qu^il méritait. Il fut arrêté et
mis aux fers par ordre de Henri I«^ roi d^Angleterre, duc
de Normandie, où il périt misérablement d^une mort
triste et violente en iii3 (i). Quem postea filii GuaU
teris Sorij securibus apud Balaum in carcere ut por^
cum mactaverunt.
Les religieux de Troarn sont agrégés à l'Université de
Caen, dans les cas oti elle ordonne des prières. Si c^est
une messe solennelle ou les obsèques du recteur, l'abbé
de Saint-Etienne comme chapelain né, officie, et celui de
Troarn est tenu de faire les fonctions de diacre. L'église
de cette abbaye est grande et belle. On y voit dans le
chœur le tombeau de Mabille de Bellesme, femme du
fondateur, avec Tëpitaphe que l'abbé Durand lui dressa.
Ce même abbé fit bâtir le chapitre, qui est remarquable
par sa grandeur et son élévation. Il y a été inhumé. On
ne sait ni Tannée lii le lieu de sa naissance, dit un mo-
derne ; où M. Le Brasseur a-t-il donc pris qu^il était né au
Neufbourg, diocèse d'Évreux (2) ? II n'a pas daigné citer
la source où il avait puisé ce qu'il avance (3).
Il y a à Troarn plusieurs ofiices claustraux d'un revenu
considérable. Du nombre des ofiices claustraux est laxha-
pclle du Closvas. L^abbé y nomme ainsi qu'à tous les
bénéfices qui en dépendent. Sa manse est d'environ
5o,ooo livres ; il paye pour ses bulles 2,000 florins.* Les
religieux ne sont d'aucune congrégation et dépendent
(i) Ord. Vidal, lib. XII, ad. an. iii3.
(1) D. Boudin, abbé de Séez, nov. Moreri, au supp. du Xe tome.
(3) Hist. ecclés. du diocèse d^ÉvreuXj p. 108.
95
immédiatement de Pévéque, qui a toute juridiction sur
eux. Les armes de cette abbaye sont : de France eu plein,
à la bordure de gueules, chargée de huit bezans d^argent.
Varaville (Saint-Germain de), Varenvilla, Variavilla
et Varavillapagus, Chef-lieu de sergenterie, élection de
Caen, 69 feux, 25o communiants, lieu de notariat.
1,200 livres Petiville, Merville, Cabourg, Gonneville et
Robehomme.
Cette paroisse a près d^une lieue d^étendue sur tous
sens. Elle est bornée au levant par la rivière de Dive, oîi
il y a un bac pour passer dans le diocèse de Lisieux, par
les paroisses de Petiville et de Robehomme au midi, par
celles de Merville et de Gonneville au couchant, et par
les falaises de la mer et Cabourg au nord. La Divette,
petite rivière faite pour Pécoulement des eaux qui inondent
souvent les bas-fonds, commence à se former à Bavent,
aux dépens de la Dive, et après avoir parcouru les marais
de plusieurs paroisses, elle vient à Varaville rentrer en
deçà Al pont de Dive dans la rivière qu^elle avait aban-
donnée. Il y avait là des portes de flot qui sont détruites
depuis peu, faute d'entretien. On assure qu'il y a eu un
gros bourg et marché à Varaville, avec un petit havre et
des salines. L'abbaye de Jumiéges avait droit d'y prendre
7 septîers de sel, et ce droit lui a été confirmé par une
chartre de Henri II, roi d'Angleterre, avec les autres
biens qu'elle possédait (i).
Plusieurs événements arrivés en ce lieu l'ont rendu
célèbre sous nos premiers ducs de Normandie. Louis
d'Outremer et Hûe de Laon, veulent s'emparer des États
du jeune duc Richard 1er (2). Bernard le Danois, tuteur
{i)Neust. Pia, p. 3a3.
(a) Chron. de Norm,^ p. 33-34.
96
de ce prince, appelle Aigrold, roi de Danemark, à son
secours. Il vient en Normandie avec 22 gros navires
équipés de gens de guerre; une partie aborde au port
de Cherbourg, Tautre partie au port de Varaville près
. Dive (i). Le rendez-vous marqué au même endroit, les
Danois viennent y camper et s^ fortifient, et se retirèrent
avec eux les habitants du pays et des environs qui
pouvaient porter armes. Le roi de France campa aussi
avec ses troupes peu loin de là. Le comte de Pon*
thieu, Hellouin et plusieurs Français passent la rivière
pour voir Tarmée des Danois. Il est reconnu et tué par
un chevalier danois, et de sa compagnie il y en eut 18 de
tués et plusieurs noyés dans la rivière. Dans ce désordre
qui devint général, le roi de France fut pris lui-même ;
ceci arriva en 944 (2). On rapporte encore un échec que
le roi Henri de France reçut en 1060, en repassant la
Dive à Varaville, où son arrière-garde fut totalement dér
faite par le duc Guillaume (3). Wace en fait mention
expressément dans son poème du Roman de Rou et des
Normands (4). Cependant un savant écrivain moderne
assure que cette relation est fausse dans tous les détails
qui supposent la présence de ce prince (5) ; c^est le duc
lui-même, ^joute-t-il, qui rend témoignage dans les frag-
ments qui nous restent d^un de ses discours, que la guerre
de Mortemer fut la dernière qu^il eut à soutenir contre
Henri.
La plus grande partie des terres de cette paroisse sont
(i) Hist. de Normand. t par Dumoulin, p. 67.
(a) Chron. de Normand,, p. 89-90.
(3) Ant, de Caen, par de Bras, p. 18.
(4) Waielm. Gcmet., lib. VI, ch. XXVH.
(5) Hist. de Guillaume leConq.., par Tabbé Le Prévost, 1 1, p. 124.
^7
en prairies, herbages et marais; il y en a peu de labou-
rées. On n^y compte que deux hameaux qui sont du côté
de la mer : le Homme et le Surhomme. "Le décimateur
n'a dans ces deux endroits qu'un tiers de dîme à la tren-
tième gerbe ; les 2 autres tiers sont entre les mains du
seigneur de ces deux fiefs ou de ses vassaux, comme dîme
inféodée. L'abbé de Troarn présente à la cure; il perce-
vait une partie des dîmes^ il les a cédées au curé moyen-
nant 16 livres de rente qu^on lui fait pour cette cession.
Le curé fait encore 25 livres de rente au chapelain de
Saint-Jean TÉvangéliste, et autant à un religieux de
Pabbaye de Dive, pour deux traits de dîme qu'ils ont à
prendre dans sa paroisse. La portion du dernier consiste
dans la sixième gerbe du nombre de celles qu'on re-
cueille sur les fiefs: Main, Marguerin et Boutevillain.
Ces 3 fiefs appartiennent à Messire Louis Le Cordier qui,
à cause du dernier, prend la qualité de seigneur et patron
honoraire de Péglise. Il en a encore deux autres : le fief
de Jumiéges, et le fief de la baronnie de Varaville. Celui-
ci est une fieferme qui s^étend dans les paroisses voisines,
et qui lui a été engagée par le roi.
L'Hôtel-Dieu de Varaville, sous le tigre de Saint-Jean-
PÉvangéliste, n^est plus qu*une chapelle titulaire située
dans le château du seigneur, qui sVst fait maintenir en
possession d^ *présenter comme chapelle domestique.
Dans une présentation du i3 juin i5g2 pour cette cha-
pelle, le seigneur patron dit que cette chapelle et oratoire
a été fondée de Saint-Jean par ses prédécesseurs, meus de
dévotion, dans l'étendue et enclos du manoir sieurial de
Varaville, et quMcelle chapelle en forme d'hôpital, est
pour recevoir le grand nombre de pauvres pèlerins et
voyageurs allant tant à Saint-Main qu^au mont Saint-
Michel, et autres pèlerinages, logeant ordinairement en
7
9»
ladite maison (i). Par un aveu du i5 février i5o3,
Jacques de Marguerye déclare tenir le fief de Varaville
par un quart de chevalier de la baronnie de Beuvron et
de Beauffou, dont le chef, assis à Varaville, a basse juri-
diction, avec droit de présenter à Téglise de Thôpital de
Saint-Jean dudit Varaville (2).
La chapelle de Saint-Marcoul, adjacente au chœur
de réglise vers le nord, était autrefois célèbre par sa
confrérie, et un grand nombre de pèlerins. Etant mal
entretenue et mal décorée, elle fut abattue en 1 735, et les
matériaux en furent vendus par le propriétaire aux pa-
roissiens qui faisaient réédifier alors la nef de leur église,
à charge de le décharger de 4 livres de rente quMl faisait
au trésor et de beaucoup d'arrérages.
La chapelle de Saint-Christophe, située au hameau du
Homme, est abandonnée depuis plus de 5o ans, on n^
dit plus la messe faute d'entretien et de revenus, desquels
se sont emparés, dit-on, les anciens possesseurs du lieu
oU elle était, et qui étaient protestants.
Pierre de Saffrey rendit aveu en iSSg à Messire^ Phi-
lippe d^Harcourt, seigneur de Bonnétable et baron de
Beauffou, pour la seigneurie de Varaville, tenue par un
demi-fief de la dite baronnie (3). Les tuteurs des enfants
sous âgé de Raoul Saffrey, fils du précédent étaient en
procès à rÉchiquier de 1484 avec la ^ame de Beauffou,
pour la seigneurie de Varaville (4) . Le procès continuait
encore en 1497 entre la dite dame et Jean Saffrey, seigneur
de Varaville. Jacques de Saffrey, seigneur de Varaville,
présenta à la chapelle de Saint-Jean le 1 5 juin 1 592. Jean
(i) Reg. du secret, de Tévêché.
(2) Recueil d^andens aveux de la vicomte de Caen.
(3) Hist. Harc, t. I, p. 819.
(4) Hist. Harc, p. 819.
99
de Saffrey, seigneur du dit lieu, épousa Marie de Sillans
d'Hermanville. Marie de SafTrey, dame de Varaville, leur
fille unique, futallîéeà Henri d'Acher, seigneur et vicomte
de Fontenay-le-Marmion qui, à cause d'elle) nomma à la
chapelle de Saint-Jean en 1626 (i). Anne Le Cordier,
veuve de Nicolas Le Cordier» chevalier, seigneur et patron
de la Pille, fille héritière de feu Louis Le Cordier, cheva-
lier^ seigneur et marquis du Tronc, dame et patronne,
baronne et marquise de Varaville, nomme à la chapelle
Saint-Jean de cette paroisse en 171 5.
Elle est à 4 lieues de Caen et à une lieue du bourg de
Dive.
Vimont (NotreTDame de), Sergenterie au Verrier, élec-
tion de Caen, i5 feux, 5o communiants, notariat d'Ar-
gences.
Le cours deSemillon passe au milieu de son territoire,
qui est extrêmement petit, et bordé par le grand chemin
de Caen à Paris. Il n'y a qu'une ferme appartenante au
seigneur, une auberge sur le bord du chemin, quelques
petites prairies d^environ 2 jicres, et un bois taillis de
2 arpents de terre. Les lapins de Vimont sont fort esti-
més, dit M. Petite dans la carte topographique du diocèse
de Bayeux. Le seigneur présente à la cure, laquelle jouit
des dîmes. Il y possède 3 fiefs : le fief de Vimont, qui est
le principal, et les fiefs de Maizy et d'Escovilie qui lui
sont réunis. La seigneurie de Vimont est possédée depuis
plusieurs siècles par la maison de Saffrey. M. de la
Roque, dans son Traité de la noblesse, dit que Pierre
Saffrey, fils de Pierre, Normand de nation, fut annobli
(i) Hervé d*Aché, seigneur de Fontenay et VaraviUe, et Marie
de Saflré, sa femme, i63i.
lOO
par Charles, fils aîné de France, duc de Normandie, ré-
gent du royaume durant la prison du roi Jean son père,
que les lettres en furent données â Paris au mois d^août
i358 en présence de Guillaume de Dormans^ chancelier
de France, et de Philippe de Troîsmonts, maître des re-
quêtes; et que le roi Jean la lui confirma au retour de sa
prison. Cependant une personne digne de foi et savante
dans cette matière, m^a affirmé qu^elle a lu dans le char-
trier de M. Saffrey, seigneur d*Engranville, un titre en
parchemin très ancien par lequel il est attesté que Pierre
Saffrey était originaire de Bretagne, noble de nom et
d'armes, et qu'il fut fait chevalier en i358 par le régent
du royaume. RaouUin de Saffrey, écuyer, seigneur de
Vimont, femme : Marie de Tournebu, fille de Jean, sire
deTournebu et d'Alix Poignant, justifié par un contrat
du 27 juin 1424 (i). Guillaume de Saffrey, écuyer, sei-
gneur de Vimont; femme : Françoise de la Fresnaye.
Guillaume II de Saffray, seigneur de Vimont; femme (2):
Françoise de Launey. Odet de Saffrey, seigneur de Vi-
mont en i63o; femme: Anne Thibout, dame de Danne-
ville et de Bray-la-Champàgne. Jean de Saffrey, seigneur
et patron de Vimont; femme :* Marie de Cauvigny, de-
puis remariée à René Le Chevalier, chevalier, seigneur et
patron d'Engranville, Port, Saint-Vast, conseiller au Par-
lement de Rouen qui, à cause d'elle, nomma à la cure de
Vimont en 1681. Ce seigneur d'Engranville est le même
qui, conjointement avec M. de Lasson, eut contre le fa-
meux abbé de Saint-Martin tous ces démêlés dont on a
donné rhistoire à la suite delaMsndarinade, imprimée à
la Haye (à Caen)en 17Î9. Alexandre de Saffrey, cheva-
{i)Hist.Harc.,t. I, p. 282. «
(2) Hist. Harc, t. II, p. 1546.
ICI
lier, seigneur et patron de Vimont et d'Engranville,
nomma à la cure de Vimont en 1694; femme : Suzanne
Gislain> nièce et héritière de René Le Chevalier, seigneur
d'Engranville. Etienne de Saffrey, chevalier, seigneur et
patron de Vimont, Maisy, Escoville, capitaine d'infan-
terie, major de la capitainerie garde<6te de Caen en
1762.
Elle est à un quart de lieue du bourg d'Ârgences, et à
3 lieues de Caen.
DOYENNE DE VAUCELLES.
Vaucelles, un des principaux faubourgs de Caen, prête
son nom au III« doyenné rural de Parchidiaconé
d'Hyesmes, et en est regardé comme le chef-lieu. Son
église paroissiale, sous le titre de Saint-Michel, n'est point
cependant comprise parmi les paroisses de ce doyenné,
mais bien parmi celles de la chrétienté de Caen, oti Ton
peut consulter son article.
Airan (Saint-Germain d'). Sergenterie de Jumel, élec-
tion de Falaise, 104 feux, notariat de Mezidon.
Le Dictionnaire universel de la France y compte
469 habitants et l'appelle Eran. Le livre Pelut de l'évé-
ché, ecclesia de Airan, et la bulle d'Innocent III pour
Î02
Tabbaye de Troarn, en 1210, Ecclesia de Airani (1).
Cette paroisse, située sur la rivière de Meaiice, est appelée
en IsLim Heidranum, que M. Huet soupçonne être dé-
rivé de VHeidra, village de VOtlingua Saxonica, dont
il est fait mention dans les capitulaires d^ Charles le
Chauve (2). Mais Tabbé le Bœuf combat cette opinion en
faisant voir qu*Heidra ne peut appartenir qu^à Estréham-
le-Perreur dans le Bessin, à 2 lieues de Bayeux (3).
M. Hermant écrit fram^ et remarque, diaprés quelques
auteurs quMl cite en marge, et qui n'^en parlent point,
que ce fut là que saint Évremont de Bayeux se retira
d'abord pour se consacrer à Dieu, après avoir renoncé au
monde. Le désert oti il alla se cacher est appelé dans ces
auteurs Excurias ou Excunicas (4). Quelle analogie ces
deux noms ont-ils avec Âiran ou Eran plutôt qu'avec
tout autre ?
i^'abbé de Troarn présente au bénéfice et possède toutes
les dîmes. Le curé d' Airan prétendit, il y a quelques an-
nées, réclamer les grosses et menues dîmes de sa paroisse,
sous prétexte de Tabandonnement qu^il faisait de sa pen-
sion congrue (5). Il fut débouté de cette demande par sen-
tence du bailliage de Saint-Silvin, faute par lui de prouver
qu'avant Poption de la pension, ses prédécesseurs eussent
eu part à la grosse dîme, et quelle part ils avaient eu aux
menues. Le curé se porta pour appelant, et la sentence fut
confirmée par arrêt de la cour. La maison et le fief de
Coupigny sont sur cette paroisse, où il y a une chapelle
(i) Neust.Pia, p. 563.
(2) Orig. de Caen^ p. 6 et 7.
(3) Hist. du diocèse de Bayeux^ p. 68.
(4) Hist, eccl. de Normand., t. I, p. 317.
(5) Addit. au mém. de M. le doyen de Bayeux contre le curé du
Fresne^ p. 4, 1746.
103
titulaire de la Sainte-Vierge, qui est à la nomination du
possesseur de ce fief. Airan relevait du bailliage de Saint-
Silvin avant la réunion de ce bailliage à celui de Caen.
Il est à 3 lieues de cette ville, et à peu de distance du
bourg d' Argences.
Allemagne (Saint-Martin d^). Baronnie, sergenterie
d^Argences, élection de Caen, 80 feux, notariat de
Caen.
Cette paroisse, située au nord de Caen, est arrosée par
la rivière d'Orne qui coule le long d'une prairie en
marais, de 200 acres de terre, laquelle commence à Esta-
vaux^ et finit aux moulins de Bourbillon-sur- Allemagne.
Elle a, au midi, la paroisse de Saint-Martin-de-Fon-
tenay, au soleil de 2 heures, celle de Saint-André^le-
Fontenay, au soleil de 3 heures, celle d'Estavaux, au
soleil couchant, celle d'Athis, où il y a sur POrne un bac
qui passe à Allemagne, et dont les droits sont perçus par
Pabbé de Caen, et au même soleil et au nord, celle de
Louvigny. Cette paroisse^ divisée en 2 parties, a 2 églises
paroissiales desservies par un même curé : Saint-Martin
pour le village de la Haute-Allemagne, Notre-Dame
pour celui de la Basse- Allemagne. Ces deux villages ne
sont pas écartés car, de la première maison de la Haute-
Allemagne à la dernière de la basse, il n^ a qu'un petit
quart de lieue de distance. L'abbé de Saint-Étienne de
-Caen, seigneur et baron d'Allemagne, nomme de plein
droit à la cure et en perçoit toutes les dîmes. Il y a dans
la Haute-Allemagne une commune de 70 acres de terre,
qui la sépare en partie de la paroisse d'Ifs, située à son
soleil de 10 heures, et de celle de Vaucelles de Caen, oîi
se font les grandes revues des troupes du roi. C'est là où
Ton trouve ces belles carrières de carreau fin, d'où l'on
u
104
tira celui qui servit à bâtir Tabbaye de Saint-Étieune de
Caen, en 1066. On y prend encore beaucoup de pavé
pour les appartements, que Ton transporte par mer dans
les royaumes voisins, et même jusque dans le Levant.
La baronnie d^ Allemagne avec ses membres, qui sont :
Estaveaux, Ifs, Hubert-FoUie, Bray et Bourguébus, fut
aumônée à Saint-Ëtienne deCaen, par le duc Guillaume,
lorsqu'il fonda cette abbaye (1). Il obtint d^Odon de
Conteville, son frère utérin, évéque de Bayeux, que ces
paroisses seraient exemptes du sinode, et de la juridiction
épiscopale, et qu^elles ne relèveraient plus dorénavant
pour le spirituel, que de l'abbé de Caen. Ces exemptions
furent confirmées depuis par Henri II, évéque de
Bayeux. Il est parlé de cette paroisse par occasion, dans
V Histoire de Normandie (2). Après la bataille donnée
en 1046, au Val-des-Dunes, près d'Argences, les capi-
taines ligués voyant le champ tout jonché de Bessins et
de Cotentinois, se débandèrent par découragement et se
retirèrent entre Allemagne et Fontenay, d'où ne pouvant
soutenir la fureur des Français et des Normands, ils
furent encore contraints de décamper avec précipitation
pour conserver leur vie.
Cette paroisse est à une petite lieue de Caen.
Bellengreville (Notre-Dame de). Autrefois Berenger-
ville, Berengreville, Berengavilla, sergenterie d'Argences,
élection de Caen, 72 feux, notariat d'Argences.
Cette paroisse n'est point de ces lieux distingués par
la dignité de ses fiefs, ou la magnificence de ses châteaux.
La rivière ou cours de Semillon, qui en arrose une par*
(i) Neust, Pia, p. 628, 63 1, 644 et 645.
(2) Dumoulin, p. 140.
105
ûCy coule sur un sable noir et bourbeux, sans produire
aucun poisson. Son terroir ne renferme que du sable et
de mauvais moellon. La surface à peine produit quelque
blé, orge et avoine, et dans les années de sécheresse, elle
devient presque stérile. Le grand chemin de Caen à
Paris passe au milieu de la paroisse, et Téglise en est
éloignée d^environ 400 pas au midi. Outre la Sainte-
Vierge, qui est sa première patronne, elle reconnaît
encore saint Pierre et saint Laurent pour second et troi-
sième patrons. Le seigneur de Bellengreville présente à
la cure ; le curé a toutes les dîmes, à Pezception de 2 traits
dont Pun appanient à Thôpital de la Madeleine de
Rouen, et Tautre à la fabrique de i'église. Il y a 2
marais ou communes aux 2 côtés de la paroisse. Celui qui
est au nord, et qui contient 98 arpents, est une portion du
marais des Terriers accordée par le roi aux habitants de
Bellengreville dans le temps du dessèchement du dernier.
Il a toujours été relevant des seigneurs de Bellengreville
et de Franqueville ; cequi a été encore confirmé en 1757,
par un arrêt du conseil^ en faveur du seigneur de Bellen-
greville contre le sieur Oursin de Digoville, seigneur du
marais des Terriers. L^autre marais ou commune est situé
au sud de la paroisse; il est appelé le marais de Chiche-
boville, parce qu^il relève des seigneurs de ce nom. 11 est
cependant commun entre les deux paroisses. Le marais
est arrosé des deux côtés par les cours de Semillon, petite
rivière, dont l'un prend sa source à Navarre, proche
Billy, et Tautre à Chicheboville. Le terrain qui compose
aujourd'hui la paroisse de Bellengreville était partagé
anciennement en 2 paroisses distinctes de nom et de
patron ; Tune, sous le nom de Notre-Dame de Bellen-
greville, l'autre sous celui de Saint-Pierre de Franque-
ville. Les 2 seigneurs qui étaient frères, et de Tillustre
io6
maison de Bailleul, obtinrent la réunidn des 2 cures,
en faveur d'un de leurs neveux qui en avait été pourvu,
et la réunion, dont les titres doivent être parmi ceux de la
maison seigneuriale de Franqueville, a toujours subsisté
depuis ce temps-là. On voit encore proche la principale
porte du château de ce Heu, lesjnurs et décombres de
l'ancienne église de Saint-Pierre. L'infortuné Jean de
Baiileul, roi d'Ecosse, chassé de ses états en 1 299, était de
cette maison. La tradition du pays est qu'il se réfugia
dans sa terre de Franqueville, oti il avait un château
entouré de fossés avec pont-levis, et qu'il fut enterré dans
son église paroissiale. Cependant on n'a trouvé aucunes
marques de distinction dans ce qui a été démoli jusqu'à
présent. La tradition paraît même démentie par le tom-
beau dece prince, qu'on voit à Saint- Vaast de Bailleul-sur-
Eaulne, diocèse de Rouen, et sur lequel on assure qu'il
était représenté, lui et sa femme, en gravure (i). Depuis la
réunion des 2 paroisses, Franqueville est devenu un
simple hameau, qui contient à peu près la moitié de la
paroisse de Bellengreville, puisque Ton compte 34 feux
dans celle-ci, et 38 dans le hameau. On prétend encore
qu'il y avait anciennement à Bellengreville un petit
hôpital bâti sur le bord du grand chemin de Caen à Paris.
La preuve qu'on en a, avec la tradition, se tire de cette
remarque : Rex concessit Petro Verrier capellano
quoddam hospitium intra villam de Cadotno et parvum
feodum de parochia de Berengavilla. Il faut observer
qu'un petit chemin qui traverse l'héritage contigu au lieu
où l'on croit qu'était bâti le petit hospice, se nomme
encore la sente à l'abbé ou la sente aux prêtres, ce qui
ferait conjecturer qu'il y avait un ou plusieurs prêtres
pour les desservir,
(i) Norm., Dict, de Moreri, au mot Bailleul.
107'
Le lieu du Val des Dunes, si célèbre par la bataille
que le roi Henri et le duc de Normandie, son vassal, y
remportèrent, en 1047, ^^^ ^ seigneurs rebelles de
ce duché, fait partie de la paroisse de Bellengreville.
Il est connu aujourd'hui sous le nom de campagne
Saint-Laurent. Cette victoire manqua d'être fatale au
roi, car dans le fort du combat il fut frappé d'un coup
de lance qui le renversa et lui fit vider les arçons ; le lieu
où cela arriva fut nommé Mal-à-la-G)uronne, et par cor-
ruption, les habitants nomment encore la Mal-Qouronne
oti Mau-Couronne, cette pièce de terre qui peut contenir
5o acres. En reconnaissance de cette victoire, le duc Guil-
laume fit bâtir aussitôt sur le champ de bataille une cha-
pelle sous le titre de Saint-Laurent, où furent inhumés
les principaux officiers qui y avaient péri. Les Protes*
tants la démolirent en 1 562. On trouve encore aux envi-
rons des masures et des souterrains voûtés. Sur la même
ligne où était cette église est un endroit fort élevé, qu'on
appelle la butte Saint-Laurent. Il y vient tous les ans
un fauconnier du roi tendre aux oiseaux de proie, ainsi
que sur une autre élévation, nommée le Mont-Tausy,
qui est un peu plus éloignée. On y prend des oiseaux de
toute espèce, jusqu'à des aigles dans les hivers rudes.
La paroisse de Bellengreville est partagée en deux fiefs ;
Tun qui porte son nom est un quart de fief de chevalier,
auquel est attaché la seigneurie et le patronage de la cure.
La directe de ce fief est réclamée depuis plus de 100 ans
par le roi et le seigneur de Chicheboville. Le litige sub-
siste encore. Il a été possédé par les familles de la Ma-
riouze, de NoUent et de Bailleul. Les héritiers de Gilles
de Bailleul, seigneur de Bellengreville, le vendirent au
commencement de ce siècle, à M. Michel-Alphonse Sub-
til, écuyer, sieur de Beauhamel, dont les enfants lepossè-
io8
dent aujourd'hui. L'autre fief, appelé Franqueville,
auquel était aussi attaché le patronage de Saint-Pierre,
réuni à Notre-Dame, comme on l'a vu ci-dessus, relève
du roi à cause de sa vicomte de Caen, par un quart de
fief de haubert. On voit par les vieux titres qu'il a été
possédé par des seigneurs du nom d'Harcourt; ensuite
par les Bailleul, qui le vendirent il y a bien 75 ans, à
messire des Asnières des Fontenelles, dont l'une des
filles héritières, Marianne, le porta par son mariage à
M. Subtil de Beauhamel, seigneur de Bellengreville.
Michel-Alphonse, son fils aîné, François-Michel Subtil,
chevalier, seigneur de Bellengreville, capitaine d'infan-
terie au régiment de Bourgogne, épousa, à Saint-Sauveur
de Bayeux, le 29 juin 1754, Marie-Jeanne Perrette de
TEscalley, fille d'Etienne Cheval et de Suzanne-Augus-
line-Marie Le Hoger.
Elle est à 9 lieues de Bayeux, 3 lieues de Caen, une
demi-lieue à l'ouest du bourg d'Argences, et une lieue
et demie nord-est du bourg de Troarn.
Beneauville (Notre-Dame de). Sergenterie au Verrier,
élection de Caen, notariat de Saint-Silvin, 32 feux.
Cette paroisse est assise dans des marais qui environ-
nent une partie de son territbire, et arrosée par le cours
de la petite rivière de Semillon, qui prend sa source à son
extrémité méridionale dans le village de Navarre, proche
Billy. Le seigneur de Beneauville nomme à la cure, et le
curé perçoit les dîmes. Le fief seigneurial de Beneauville,
procédant de la maison de Briosne en ligne directe, fut porté
par Jeanne de Briosne dans le xv^ siècle, dans les mai-
sons de la Heuze-Baudrand, et de Meurdrac du Treilly,
otielle contracta successivement 2 mariages (i). Ce fief
(i) Hist. Harc.,t. II, p. 1988*
109
passa depuis par aliénation à M. Pierre Le Bourgeois,
écuyer ; de lui descendait Jacques Le Bourgeois, sieur de
fieneauville, conseiller au bailliage de Caen, que
M. Huet qualifie d'homme d^un esprit poli, d'une con-
versation enjouée et de mœurs élégantes. Jean-Louis Le
Bourgeois, son fils, sieur de Torp, a mérité par ses talents
pour réloquence et la poésie d^étre mis au nombre des
illustres citoyens de Caen (i). Ses vers ont un' tour noble
et harmonieux, dit M. Huet, quoiquHl en fit peu et seu-
lement par boutade. Il mourut le premier jour de Tan-
née 1662, âgé de 44 ans. Il laissa pour filles héritières
Elisabeth et Marie Le Bourgeois, dames de Béneauville,
qui furent mariées aux 2 frères, François de Fribois, che-
valier, seigneur et patron des Autieux, baron de Jangue,
de Frévilie et du Val, et Louis de Fribois, seigneur des
Cours la Harile. Ces deux seigoeurs, à cause de leurs
femmes, nommèrent conjointement à la cure de Beneau-
ville, le 18 avril 1662 (2). Il ne faut pas. confondre cette
paroisse avec le hameau de Beneau ville qui est du ressort
de Bavent, et qui a été lui-même autrefois une paroisse.
Elle est à une demi-lieue du bourg d'Argences et à
3 lieues de Caen.
Billf (Saint-Symphorien de). Sergenterie d'Argences,
élection de Caen, notariat de Saint-Silvin, 40 feux.
Le seigneur du lieu nomme à la cure et jouit des
deux tiers de la grosse dîme, en vertu d'un échange fait
avec Pabbesse de Préaux qui possédait auparavant ce
patronage et cette dîme ; l'autre tiers est pour le curé. Il
y a deux marais ou communes, le marais de Billy et le
(1) Orig. de Caen, p. SjS et 379.
(a) Registre du secret, de Téviché.
110
marais du Torp ; ce dernier est placé dans le village dont
il porte le nom. Il y a aussi deux hameaux : le Torp dont
je viens de parler, et le hameau de Navarre, dont une
petite partie dépend de Beneauville. On y compte 1 20
communiants.
Elle est à 3 lieues et demie de Caen, une lieue du bourg
d'Argences et trois quarts de lieue du bourg de Saint-
Silvin.
Bîssières (Sainte-Croix de). Sergenterie d^Argences,
élection de Caen, notariat de Méry-Corbon, 36 feux.
Cest une petite paroisse située sur le bord du nouveau .
grand chemin de Caen à Lisieux. L^église a pour pre-
mier patron PExaltatiôn de Sainte-Croix, et pour seconds
saint Côme et saint Damien. Lés P. P. Jésuites de Caen
présentent à la cure, au droit du prieur de Sainte-Barbe
en Auge. M. de Bailleul, marquis de Croissan ville, en
est seigneur honoraire. La dîme appartient au curé. Les
paroissiens jouissent en commun d'une bruyère qu'ils
tiennent à fief du domaine.
Elle est à une lièuedes bourgs d*Ar^ences, et de celui
du Mézidon au diocèse de Séez.
Bourguébus (Saint- Vigor de). Sergenterie d^Argences,
élection de Caen, notariat de Cramesnil, 45 feux.
Cette paroisse est sur le chemin de Saint-Silvin à Caen ;
la grande route de Falaise qui y passait autrefQis, a été
transférée sur un autre territoire. On prononce Bour-
guébu. Il vient de Pancien mot qui signifie village, ce qui
vaut autant dire que village de Bourgaise. M. Huet
remarque à ce sujet que quelques familles nobles et rotu-
rières de Caen ont porté le notp de Bourgaise ou Bour-
goise. De la première famille étaient Pierre Bourgoise,
III
pannetiei* du roîen 1870, et Pierre II* du nom, ditBour-
goise, aussi pannetier du roi, en i38o, et Aymar Bour-
goise, commissaire, avec Guillaume Porte et Jean Ma-
lerbes, chevalier, pour la levée d^un subside octroyé en la
vicomte de Caen, en 1 347, par le duc de Normandie ( i ) ;
leurs armes étaient un sceau chargé d^n aigle, brisé d^un
bâton brochant sur le tout, supports deux lions. Une
chartre de Henri II, roi d^Angleterre fait mention d'un
héritage de Roger de Bourguebu (2), sur lequel il avait
une maison et un entretenant, et de six arpents d'un
autre héritage situé au même lieu, lesquels appartiennent
à son frère. Robert d^Aumondeville (3) fit donation à
l'Hôtel-Dieu de Caen, de quelque terre quUl avait à
Bourguebu, suivant la chartre d'Innocent III, de Tan-
née 12 10. Bourguebu donna le titre à une des prébendes
du Saint-Sépulcre de Caen, lorsqu'elle fut fondée en
1220, par Robert de Villevey. Le prieur commanda-
taire de Saint-Nicolas de la Chesnaye nomme à la cure,
et ses religieux perçoivent les deux tiers des grosses dîmes.
Il y a dans son territoire un hameau nommé la Hogue,
distant de Téglise paroissiale d'un quart de lieue, dans
lequel il y avait une chapelle de saint Jean-Baptiste, à la
nomination, à ce qu'on dit, du prieur de Saint-Nicolas ;
il n'en reste plus que la place sans aucuns vestiges. On
assure qu'il y avait encore dans la même paroisse une
chapelle, ou prieuré simple, sous le titre de Saint-Ger-
main de Criquetot, et à la nomination du prieur de Deux-
Amants, près Rouen (4). Il paraît une présentation du
dernier juillet 1602, faite par Nicolas Tiercelin, aumô-
(i) Hist^des gr, ojic, de la couronne, t. VIII, p. 619.
(a) Neustria Pia,p, 62g,
{^)Hist.Harc.,t. I, p. 314.
(4) Secrétariat de Tévéché.
112
nier du roi, abbé de Valricher et prieur de Deux-Amaats»
qui le marque expressément. Les fiefs de cette paroisse
sont partagés, et de peu de conséquence. Jean Anzerey,
écuyer, seigneur de Bourguébus, est cité dans des con-
trats de 1446- 1447. Nicolas Anzerey est dit tenant un
quart de fief assis à Bourguébus, dans le dénombrement
des fiefs du bailliage de Caen, année 1675 (i). Aveu
rendu par Jean Anzerey, seigneur de Bourguébus et de
la Hogue, fils de Nicolas, daté du 16 octobre 1571 (2).
Il était trisateul d'un autre Jean Anzerey, seigneur de
la Hogue, Achey et Bourguébus, conseiller au siège pré-
sidial de Caen.
Elle est à 2 petites lieues de Caen et du bourg d'Ar-
gences.
Bray-la-Campagne (Saint-Aubin et Saint-Jean-Bap-
tiste de). Sergenterie de Bre^uil, élection de Falaise,
notariat de Condé, 3i feux.
On écrivait autrefois Braîeau lieu de Bray (3). Il vient,
dit M. Huet, du mot Braîa, qui en langue gauloise signi-
fiait de la Boue. On la surnomme : la Campagne, parce
qu^elle est dans la Campagne de Caen, et pour la distin-
guer d'une autre paroisse du même nom qui est dans le
même canton, au doyenné de Cinglais'. Cette paroisse,
assise sur k rivière de Méance, est la dernière de ce côté
là du diocèse de Bayeux. La cure est en règle, et à la
présentation du prieuré de Sainte-Barbe-en-Auge, de
Tordre de Saint-Augustin. On ne saurait dire que cette
paroisse, plutôt que les autres de même nom qui sont en
(i) Hist. Harc.,t, I, p. 992-993.
(a) Hist. Harc, p. 994.
Q) Orig.de Ctfew,p. 3i3.
1^3
Normandie, ait été le berceau et le lieu d^origine de Pan-
cienne famille noble de Bray, qui porte : d^argent au chef
de gueules chargé d*un léopard d'or.
Elle est à une lieue du bourg de Saint-Silvin et à
4 lieues de Caen.
BretteviÙe-'le'-Rabet (Saint-Lô de). Sergenterie de
Tournebu, éleaion de Falaise, notariat de Bretteville-
sur- Laize, 3i feux, 41 habitants.
Cette paroisse, située sur la rivière de Manche ou
Mance, est traversée par le grand chemin de Caen à
Falaise. Son terroir est sec et pierreux. Le hameau de la
Fredelle en dépend. Le bénéfice est en règle, et à la nomi-
nation du Prieuré du Plessis, à qui appartiennent les
dîmes. Son fief dominant et de hautber est possédé par le
sieur Jean-François Langlois, bourgeois de Caen. Il
avait appartenu à messire Robert de Fontenay, chevalier,
duquel Isabelle de Gaillon prend la qualité de veuve,
dans un contrat passé à Caen en 1436 (i). Il fut père
d^Antoine de Fontenay, écuyer, seigneur de Bretteville-
la-Rabet et de Renémesnil qui, suivant un acte passé au
tabellionage de Caen, le 3 juillet 14569 eut pour fils
Lanceloc de Fontenay, seigneur de Cabourg, Renémes-
nil et Giberville. Son fils Robert de Fontenay, seigneur
de Bretteville, capitaine au château de Caen, fut employé
par Henri VII, roi d'Angleterre, sous le commandemeqt
du duc de Suffolk, ainsi que le décrit M. de Bras. II eut
pour fils Robert de Fontenay, seigneur de Rouvrou et de
Bretteville qui, selon un rôle de 1 640, épousa Catherine
de Harcourt, fille de Charles, baron de Beuvron, et de
Jacqueline de Vierville de CreuUy.
{i)Hift. Harc, t. II, p. 1499.
114
Il y a dans cette pafoisse uae vieille chapelle de Tordre
de Malte, qui est annexée à la commanderie de Voisiner,
paroisse de Fontaine-le-Pin. On trouve parmi ses titu-
laires Nicolas du Bar, qualifié commandeur de Brette-
ville-le-Rabet et de Voismey, dans une provision pour la
cure de Fontaine-le-Pin, en 147 1 (i), Jean Fouqué de
La Motte, commandeur de Bretteville-le-Rabet, est men-
tionné en un arrêt de la cour des Aides de Normandie de
Pan 1480 (2). Il portait pour armes : d'azur à une fasce
d^or. Jacques Doublet prend la qualité de commandeur
de Bretteville et de Voismey, en un titre de 1 594 (3).
Elle esta une lieue du bourg de Saint-Silvin, 3 lieues
de Falaise et 7 lieues de Caen.
Cauvicourt (Saint-Germain de). Sergenterie de Bret-
teville, élection de Caen, notariat de Saint-Silvin, jj feux,
38o habitants.
Cette paroisse dépend des élections de Caen et de Fa-
laise par moitié. Il y a deux hameaux : le bourg de Cau-
vicourt, proche Péglise, et le hameau de Hautménil, près
le grand chemin de Falaise à Caen, à un quart de lieue
loin de Téglise. Les P. P. Jésuites de Caen présentent au
bénéfice, et en possèdent les dîmes, au droit du prieur de
Sainte-Barbe-en-Auge. Il n^y a que le fief de Cauvicourt,
lequel est à M'^'' la marquise de Chambor, dame hono-
raire, et à M. du Moncel de Lourailles, président à mor-
tier au Parlement de Rouen.
Elle est à 3 lieues de Caen.
(i) Regitt. du secrétariat de révêché.
(2) Hist. Harc., 1. 1, p. 89.
(3) Regîst. du secrétariat de l'évêché.
IÎ5
Cesni-aux- Vignes (Saint- Pierre et Saint-Paul de).
Sergenterie de Jumel, élection de Falaise, notariat de
Mézidon, 47 feux^ 120 communiants. «
Cette paroisse, arrosée par la rivière de Laison, a 3 fiefs
qui sont : les Prés, fief de hautber, les Morteaux et Cesni.
Ils appartiennent à messire Antoine>Augustin de Matha-
rcl, chevalier, seigneur et patron de Montreuil et de
Saint-Ouen, maître de camp de cavalerie, sous-lieutenant
de chevau-légers d^Orléans, et lieutenant du roi au gou-
vernement d'Honfleur. Il les possède au droit de noble
dame Marie-Henriette-Armande de Malfilastre, seule
héritière de Henri de Malfilastre, seigneur et patron de
Cesni-aux- Vignes. La nomination de la cure lui appar-
tient en cette qualité, et la dîme au curé. Il y a dans cette
paroisse plusieurs carrières de pierres plates, et environ
600 acres de terre en labour, bruyères, prés et marais.
Elle est à 4 lieues et demie de Caen, 5 lieues de Falaise,
2 lieues des bourg de Troarn et de Saint-Pierre-sur-
Dives, et à une lieue de Mézidon du diocèse de Séez.
Chicheboville (Saint-Martin de). Sergenterie au Ver-
rier, éleaion de Caen, notariat de Saint-Silvin, 32 feux.
Cette paroisse est sur le cours ou petite rivière de Se-
millon qui y prend sa source en partie. Le seigneur du
lieu présente à la cure, les dîmes sont au curé. Charles
Desmares, écûyer, sieur de Chicheboville, nomma à cette
cure, en 1 583, et Charles de Noiret, écuyer, seigneur de
la dite paroisse, en 1 602.
Elle est à 2 lieues et demie de Caen et à une lieue
d'Argences.
Cinq- Autels (Notre-Dame de). Sergenterie au Verrier,
élection de Caen^ notariat de Saint-Silvin, 12 feux.
ii6
La cure est à la nomination de Tabbesse d^Alme*
nèches.
Elle est située sur la rivière de Manche, à une lieue du
bourg de Saint-Silvin.
Conteville (les Saints-Innocents de). Sergenterie d'Ar-
gences, élection deCaen, notariat de Cramesnil, 22 feux.
Vabbé du Bec est seigneur et baron de G}nteville ;
toute la paroisse relève de lui. Il nomme à la cure et ses
religieux jouissent des deux tiers des dîmes ; Tautre tiers
est pour le curé. Il y a des carrières sous terre oti vont
les charrettes. On a commencé à les découvrir depuis 6 à
7 ans ; mais on ne peut en tirer la pierrç que par Tan-^
cien chemin qui est sous terre. Les carrières appartien-
nent à M. de Poignavant, avocat de Caen.
Elle est à 3 lieues de cette ville et à une forte lieue du
bourg de Saint-Silvin.
Cormeilles-la-Roïdl (Saint-Martin etSaint-Roch de).
Sergenterie et élection de Caen, notariat de Caen, 1 5 feux,
1 10 habitants.
Cette paroisse est en franc-alleu du roi, exempte de
payer aucun treizième, et il n'y a que 40 jours pour la
clameur. Ce sont ces petites prérogatives sans doute qui
lui ont fait donner le nom de roîal. II n'y a aucun fief
dans cette paroisse dont le roi est seigneur et non patron.
Les deux portions de cure furent réunies en un seul
bénéfice, Tan iSyo, lequel est à la présentation alterna-
tive de M.Morin, seigneur de Banneville,. de M. Pierre
Fouque, sieur de Belleville. Le collège de maître Gervais
Chrétien, de Paris, et le curé, possèdent la dîme par moi-
tié. Le curé prend la première gerbe, le collège la seconde,
et ainsi successivement. Il n^y a que le seul hameau joi-
117
gnant l'église et le presbytère, le tout dans le centre de la
paroisse. Elle a eu un curé distingué dans les belles-let-
tres, je veux dire Jean Bardou, né à Paris en 162 1 et
mort en 1668. Il a donné plusieurs ouvrages de poésie.
Cest la patrie de Gilles-André de la Roque, qui s'est
acquis tant de réputation par une quantité d'ouvrages qui
ont tous rapport à la noblesse. Il mourut à Paris Tan
1686, âgé de 88 ans. Les plaines de Cormeilles, autrefois
incultes, sont maiiitenant couvertes de moissons par les
soins de M. Fontette, intendant de Caen. Le sieur de la
Guérinière, directeur de l'académie, y a fait bâtir de fort
beaux manèges. Dans l'angle d'une porte on lit cette ins-
cription : Le 22 novembre iy53, cette pierre a été pla-
cée par M, Orceau de Fontete, intendant de cette pro-
vince. Cest par la protection qu'il accorde aux sciences
et aux arts, que le sieur de la Guérinière, écujrer du
roi, a obtenu Finféodation de ce terrain à son aca-
démie.
Cette paroisse est située à trois quarts de lieue de Caen,
directement entre les 2 grandes routes de cette ville, à
Paris et à Falaise, au soleil de 8 à 9 heures.
Cramesnil et Rocancour. Sergenterie de Bretteville,
élection de Caen, lieu de notariat.
Il y a dans cette paroisse 2 églises éloignées Tune de
l'autre d'une lieue, arpentée exprès pour la décision d'un
procès qui a occasionné, au commencement de ce siècle,
la résidence d'un des 2 curés au hameau de Rocancour ;
le sort est tombé sur le curé de la première portion qui
y demeure. La première église, ou Péglise matrice, sous
le titre de Saint-Aignan, évéque d'Orléans, est dans le
territoire de Cramesnil, et à un quart de lieue du hameau
de ce nom. La seconde, sous le titre de Saint-Martin,
ii8
archevêque de Tours, est dans le hameau de Rocancour.
Celle-ci, citée dans les titres comme chapelle succursale,
a ses offices et ses fonctions curiales, comme dans Téglise
matrice. Non seulement elle en est distinguée pour le
spirituel, mais ses habitants ont aussi leul-s rôles à sel et
à taille particuliers. Les 2 curés sont présentés à Tune et
Tautre église par leurs patrons, et y prennent possession.
Le chapitre du Sépulcre de Caen nomme à la première
portion. Cest une donation qui lui fut faite de ce patro-
nage, avec un trait de la dîme par Guillaume de Trie,
évéque de Bayeux, en i3i5. Le seigneur, pdtron de
Craménil et de Rocancour présente à celle qu^un ancien
usage appelle : seconde portion. La dîme des verdages
dans l'un et l'autre lieu appartient aux curés qui la par-
tagent par moitié. Il n'en est pas de même des grosses
dîmes. L^abbaye de Fontenay a une neuvième gerbe à
Saint-Aignan, à cause de son aumônerie, sur laquelle le
cyiré de la première ponion prend un sixième. Lesurplus
de cette grosse dîme se partage par moitié: une moitié
pour le curé de la seconde portion, deux tiers de Pautre
moitié pour messieurs du Sépulcre, et le tijcrs restant pour
le curé de la première portion, ce qui fait son droit en
entier d^un sixième sur le total de la dimé. La grosse
dîme de Rocancour se partage par tiers, dont un appar-
tient à Pabbaye de Barbery, un autre au curé de la
deuxième portion, deux tiers du troisième tiers à messieurs
du Sépulcre, et le tiers de celui-ci au curé de la première
portion, c'est-à-dire qu'il lui revient un neuvième du
total. La paroisse de Saint-Aignan comprend 3 hameaux :
Cramesnil, de 17 feux; Rocancour, de 5o, et Gournay,
autrefois plus peuplé qu'il n'est aujourd'hui, n'a que
4 familles.
Il y a au hameau de Cramesnil un ancien château
119
pour le seigneur; il est remarquable par sa structure
et répaisseur de ses murs, qui ont au moins 6 pieds
d^épaisseur, avec un parapet pour se promener tout au-
tour de la couverture ; d'un côté même dans la cave,
au-dessous du rez-de-chaussde, le mur a 17 pieds
dMpaisseUr. Ce château est accompagné de deux massifs
de haut bois, et quelques pièces de bois taillis. Il renferme
dans la cour une chapelle domestique, de très ancienne
fondation, sous le titre de Notre-Dame de la Boessaye,
dont la nomina^tion est au seigneur. Ce hameau est à un
quart de lieue loin de Péglise de Saint-Aignan, du côté
du couchant; à pareille distance, vers le levant, est le
hameau de Gournay, situé au bord d^un vallon, où il y
avait autrefois plusieurs maisons. En 1 7 1 1 une chaussée,
qui fait partie du chemin de Saint- Aignan à Saint-Silvin,
ayant crevé dans une fonte de neige, il arriva que Peau
renversa les murs d^une maison de ce hameau, qui était
dans le vallon, et mît le feu à la couverture qu'elle
entraîna avec la couverture toute flambante ; la cause de
cet événement, qui parut d'abord extraordinaire, fut que
le plancher de bois et chargé de beaucoup de paille, fut
approché par une chandelle allumée, qui était sur un petit
coffre que Peau souleva, et qui y mit le feu. La paroisse
de Cramesnil et Rocancour dépend partie du bailliage
de Falaise, partie de celui de Caen, depuis la réunion de
la juridiction de Saint-Silvin.
La seigneurie porte le nom de fief de Saint-Aignan de
Cramesnil, lequel, avec plusieurs autres dé cette paroisse
qui lui sont réunis, forme un plein fief d'hautbert. Il
appartient à messire Nicolas-Alexandre-François de La
Fresnaye, écuyer, qui, en qualité de seigneur-patron de
Saint-Aignan et de Rocancour, a les droits honorifiques
des deux églises. On apprend de Taveu que Zanon Cas-
120
tiglione, évéque de Bayeux^ rendit au roi le 4 avril 1453,
du temporel de son évéché, que Jean de La Fresnaye,
écuyer, au lieu des hoirs de Jean des Jardins, tenait
alors de la baronnie de Douvres, par foi et hommage, un
quart de fief de chevalier assis à Cramesnil, et que Roger
de La Vallette y tenait aussi de la même baronnie, deux
fiefs à foi et hommage, dont Tun, qualifié demi-fief de
chevalier, qui fut jadis à Jean Fleury, a la tierce partie
de réglise de Cramesnil, et doit 10 livres de rente à Tévé-
ché à la Saint-Michel ; et Tautre; possédé par lui au lieu
des hoirs de Guillaume Bacon, est un quart de fief.
Elle est à 2 lieues et demie de Caen, et à 4 lieues et
demie de Falaise.
Croissanville (Saint- Lubin de). Sergenterie d'Ar-
gences, élection de Caen, notariat de Méry-Corbon,
40 feux, 1 20 communiants.
Cette paroisse est arrosée par la petite rivière de Laizon
qui partage le diocèse de Bayeux de celui de Séez. C'est
la grande route de Caen à Lisieux. L^église est proche de
ce chemin et de la rivière, qui passe à 1 2 ou 1 5 pieds du
gable du chœur. Il y a dans cette église une collégiale
qui fut fondée par Jean de Ponteaudemer, chevalier,
seigneur du Quesnay, et érigée le 19 mai i354 par Guil-
laume, évéque de Séez, commissaire délégué du Saint-
Siège. II y avait i trésorier, i chantre, 4 chanoines,
2 chapelains, i clerc ou sacristain, et 1 vicaire perpétuel
pour desservir la paroisse. Ils étaient obligés à TofBce
canonial. Ils sont réduits aujourd'hui à 3, qui perçoivent
les revenus. Le seigneur de Croissanville nomme à la
cure ou vicairie perpétuelle, et aux canonicats. Le curé
jouit des dîmes de sa paroisse en intégrité ; elles lui ont
été cédées par le chapitre pour et au lieu de la pension
121
congrQe. Cette collégiale, sous Pinvocation de la Sainte-
Vierge, n^a point d^autre église que celle de la paroisse.
Il y SL, au bas du chœur, une petite tour où est la cloche
du chapitre, et au bout de la nef une autre tour en flèche
pour mettre les cloches de la paroisse. Voici les noms de
quelques-uns des trésoriers de Croissanville, et le temps
qu^iis ont possédé cette dignité :
Jean Quesnel, prêtre, se démit de la trésorerie en 1470.
Jacques de Pelvey, docteur ès-droits, en fut pourvu le
9 novembre 1470.
Robert Hamcl, prêtre, en fut pourvu le 29 août 1479,
à la place du précédent.
Guillaume de Perrières, docteur ès-droits, reçut le
25 février i5oi des provisions pour la trésorerie de
Croissanville, sur la nomination de Vénérable Homme
Georges d'Amboise, cardinal légat a latere.
Jacques d'Harcourt, baron de la Motte-Cesny, prêtre.
Protonotaire du Saint-Siège, abbé de Belle-Étoile, était
aussi trésorier et chanoine de Croissanville, suivant un
acte de iS36 (i).
Le territoire de Croissanville, qui a environ un quart
de lieue de longueur sur un demi-quart au plus de
largeur, est limitrophe des paroisses de Cléville et de
Méry. Il n^a point d^autres hameaux que celui du
Coudray, composé de 5 chaumières et autant de familles.
Ce hameau est sur le bord de la bruyère de 100 acres de
terre, qui appartient au seigneur de Croissanville, et est
attenante à celle d^Airan sur le grand chemin. La
seigneurie est un fief d'hautber, qui était anciennement
titré de marquisat, /et en porte encore le nom, quoiqu^il
n^ait pas été, dit-on, réhabilité. Marguerite d*Harcourt,
(i) Hist, Harc.f t. II, p. 147 1-1478.
122
dame de Croissanville, dernière fille de Jacques, seigneur
de Franquerille et de Madeleine d'Assé, porta cette terre
à son mari YvesdeBailleul, seigneur d^AnvîlIe, mcu-échal
des logis de la compagnie des gendarmes du roi, avec
lequel elle vivait en îSyS (i). De ce mariage naquit
François de Bailleul, seigneur de Croissanville, qui
épousa Léonor de la Morissière, fille de François, seigneur
de Viques et de Jeanne de Quesnel^ dame d'Avoise ; d'eux
est descendu par degré messire François-Toussaint
Amable de Bailleul, seigneur et patron de Croissanville
et de Viques, qui a des enfants de dame N. Subtil de
Bellengreville, son épouse. Croissanville est célèbre par
l'entrevue que Richard I«, duc de Normandie, y eut
avec Louis d'Outremer, roi de France en 944, et où ce
dernier perdit la liberté dans le désordre que causa la
mort de Helloin, comte de Montreuil, tué d'un coup de
hache par un Danois.
Elle est à 5 lieues de Caen.
Cyntheaux (Saint-Germain de). Sergenterie de Brette-
ville, élection de Caen, notariat de Cramesnil, 40 feux,
1 5o communiants.
Quelques-uns écrivent le nom de cette paroisse par
Sainteaux ou Synteaux, mais c'est contre l'usage d'au-
jourd'hui. Les titres de l'abbaye de Barbery l'appellent
ecclesiam de Saintellis, et ceux du chapitre de Bayeux,
de Cyntellis. Le sieur Haribel, curé du lieu, marque
dans son mémoire que le nom vient de deux mots grecs :
cin et theos, qui signifie ctimD^o, avec Dieu. L'interpréta-
tion *est ingénieuse. Son territoire est élevé et dans une
situation riante et agréable. Le grand chemin de Caen à
(i) HistHarc, t. II, p. 143-1490.
12$
Falaise ' passe au travers ; c'est un lieu de relais pour la
poste à cheval. Les paroisses limitrophes sont Cauvicourt
au levant, Gouvis au midi, Quilly au couchant, et
Saint-Aignan de Cramesnil du même côté. Uéglise est
située jusqu^à l'extrémité du village de Cyntheaux, oti il
y a encore trois autres hameaux. Gomesnil, immédiate-
ment sur le grand chemin, vers le nord et à demi-quart de
lieue du village : Robertmesnil;au levant esta un quart et
demi de lieue de là ; et Donmesnil, pareillement au levant
et limitrophe de celui de Robertmesnil. Les abbés et reli-
gieux de Barbery sont présentateurs de la cureetjouissentN
de toutes les dîmes, par la donation qui leur en fut faite
en 1181 par Robert le Marmion leur fondateur. Denis,
évéque d'Abello, abbé de Barbery, a possédé la cure de
Cyntheaux, à laquelle il fut nommé j)ar Jacques Le
Chevalier, son grand vicaire, et par ses religieux ; le visa
des grands vicaires de Bayeux, le siège vacant est du
20 avril, après Pâques de Tannée 1548 (i). Masseville
met Cyntheaux au rang des marquisats de Normandie,
et dit qu'il appartenait aux héritiers de M. le président
Carrel. Cette seigneurie esta présent aux mains de M. du
Moncel de Lourailles, président à mortier au Parlement
de Rouen. On trouve dans Thistoire de la province, que
Henri !«% roi d'Angleterre, duc de Normandie, eut une
entrevue à Cyntheaux avec Philippe, roi de France, vers
Tan 1 104, pour aviser aux moyens de terminer la guerre
qui troublait leurs États.
On connaît les petits gâteaux nommés galettes deCyn*
theaux, dont la réputation est étendue fort au loin. Ces
sortes de gâteaux passent pour très bons, depuis 66 ans
(i) Rcg. de rÉvêché de Bayeux.
124
qu'ils pnt été inventés par le sieur Bellecroix ; on les fait
au hameau de Gomesnil.
Elle est a 3 lieues de Caen, 4 de Falaise, trois quarts
du bourg de Bretteville-sur-Laize, et une lieue du bourg
de Saint-Silvain à Torient.
Etavaux ou Estavaux (Notre-Dame). Sergenterie de
Bretteville, élection de Caen, notariat de Fresné-lc-Pu-
ceux^ 12 feux.
Cest une petite paroisse située sur l'Orne, le long de
laquelle régne une chaîne de rochers qui recèle du marbre,
à ce que Ton dit. Elle est appelée de Stavellis dans les
Chartres des abbayes de Saint-Étienne de Caen et de
Fontenay. Or Stavellœ semble être un diminutif de
Stabuldy des étables. Elle faisait partie de la ba>onnie
» d'Allemagne, qui appartient à Tabbaye de Saint-Étienne.
Cest de son église dont parle Henri II, roi d^ Angleterre,
dans sa charte de confirmation pour cette abbaye, quand
il dit : Mater ecclesia abbatis eadem Alemania non
amittat quiçquam in itinere de parœchianis suis, nec
de decimis, nec de oblationibus, nec de aliis rébus
ecclesiœ pertinentibus, propter dedicationem capellœ
de Stavelis, quœ in parochia prcedictœ ecclesiœ dedi-
caia est [\]. La juridiction de cette paroisse pour le civil
est le bailliage de Falaise ; son seigneur et patron, l'abbé
de Fontenay. Les dîmes, qui appartenaient ci-devant à
cette abbaye, sont à présent, par échange, ès-mains de
l'abbé de Saint-Etienne de Caen. Il n'y a qu'un seul
hameau et deux maisons enclavées dans le territoire d'Al-
lemagne.
Elle est distante de Caen de cinq quarts de lieue.
(i) Neustria Pia^ p. 661.
125
Fierville-la-Campagne (Saint- Pierre et Saint-Paul).
Sergenterie de Saint-Silvin, élection de Caen, notariat de
Saint-Silvin^ 3o feux.
Cette paroisse est arrosée par la rivière de Manche. Il
y a 2 portions de cure : la première à la nomination du
Seigneur, l'autre à celle de l'abbé de Saint-Ouen de
Rouen. Parmi les présentateurs de la première portion,
les registres de TÉvéché font mention de Richard du'
Châtel, seigneur de Fierville en 1466; de Jacques Piel,
seigneur de la Bryère, homme d'armes de la compagnie
de M. de Fervaques eh 1468 ; d'Odet de Saffray, sieur de
Vimont, Bray, Fierville-la-Campagne, Escoville, en
1498 et 1622 ; et de Pierre de Saffray, écuyer, seigneur
et patron de Fierville en 1 646.
Elle esta une demie-lieue du bourg de Saint-Silvin et
à 4 lieues de Falaise.
Fontenay-la-Marmion (Saint- Herme de). Sergenterie
de Bretteville, élection de Caen, notariat de Fresné-le-
Puceux^ 120 feux, 700 habitants.
Cette paroisse, située au bas d'un coteau qui regarde
le midi, vers lequel règne une vaste campagne, est sur la
rivière de Laise qui la partage de celle de Laise-la-Ville.
Le hameau du Val-de-Laise la ferme joignant la paroisse
de Rocancourt, le presbytère de cette dernière paroisse,
et un autre village du côté de Laise-Ia-Ville, sont du
territoire de Fontenay-le-Marmion. Ce presbytère et ce
dernier village sont à une demi-lieue de Téglise. Fonte-
nay-le-Marmion relève de la haute justice de Bretteville-
sur-Laise. C'est une très ancienne vicomte, dont dépendent
plus de 40 tant fiefs que arrières-fiefs. Elle donnait droit
de préséance sur les barons du bailliage de Caen, au
temps de FÉchiquier de Normandie. Le surnom de
I2<5
Marmion lui a été donné pour avoir été longtemps
possédée par i^ancienne famille de ce nom, et pour être
distinguée des autres paroisses du nom de Fontenay. Elle
est à présent jointe à la paroisse de Fresné-le-Puceux, qui
en est limitrophe. LVglise paroissiale, sous le tin-e de
Saint-Herme, martyr (sa fête tombe au 28 d^août), notait
autrefois qu'une chapelle, et la principale église était au-
delà du Chemin Haussé vers le couchant, sous l'invoca-
tion de Saint-Germain, que la carte de messine Outhier
appelle : Saint-Germain-du-Chemin. Celle-ci ayant été
détruite en 1449 par les Anglais, ainsi que toutes les
maisons qui Tenvironnaient, ce fut alors que la chapelle
de Saint-Herme servit de retraite aux habitants de Saint*
Germain qui en firent leur église paroissiale. La cure est
à la nomination de Tabbé de Barbery qui en perçoit les
dîmes. On voit encore, dans cette paroisse, les vestiges du
Chemin Haussé qui fut fait, non par ordre du duc Guil-
laume, comme on Tavait cru, mais par les Romains^ dans
le temps qu^ils étaient maîtres des Gaules. Le château de
Fontenay, bâti sur le fief du Vivier, ne subsiste plus. La
chapelle titulaire de Notre-Dame du Vivier, qui était
' située dans le château, a été transférée, depuis quelques
années, dans celui de Fresné-le-Puceux.
Robert le Marmion, chevalier, seigneur et vicomte de
Fontenay-le-Marmlon, vivait sous Guillaume le Bâtard,
duc de Normandie. Il suivit ce prince à la conquête
d'Angleterre en 1 066 ( i ) .
Roben Marmion, II* du nom, vicomte de Fontenay,
vivait sous Henri I»', roi d'Angleterre et duc de Norman-
die. Il mourut la deuxième année du règne de ce prince,
laissant de Mélisés, son épouse :
(i) Hist. Hare.f t. Il, p. 1964.
127
Robert de Marmion, III« du nom, vicomte de Fon-
ttenay, qui soutint vigoureusement le parti d'Etienne de
Blois contre Geoffroy, comte d'Anjou, prétendant tous
deux à la couronne. Ne voulant pas rendre au dernier la
ville de Falaise quMI tenait, et qui était alors une place
des plus fortes de Normandie, tant par la natqre que par
Tart, le comte d^Anjou alla mettre le siège devant son
château de Fontenay, le prit en 1 1 Sg et le fit détruire (i ).
Il donna, en 1140, à Tabbé de Savigny, tout ce qu'il
avait de terres à Barbery, pour y fonder une abbaye (2).
Il fut tué, en 1 14.3, en Angleterre dans Tabbaye de Co-
ventry (3) ; une partie de son corps y fut enterré, l'autre
partie fut apportée en Normandie, et déposée à Barbery {4) .
De Philippe, sa femme, il eut 3 fils : Robert qui suit,
Robert dit le Jeune qui a laissé postérité, et Guillaume.
Robert Marmion, dit le Vieux, IV* du nom, vicomte
de Fontenay, acheva de fonder Tabbaye de Barbery que
son père avait commencée (5). Il donna, en 1181, le
terrain nécessaire pour bâtir Téglise et le monastère, et y
appella des religieux de Tordre de Citeaux. Il eut pour
enfants Robert qui suit, et Gersende.
Roberf Marmion, V« du nom, vicomte de Fontenay
est compté au nombre des chevaliers bannerets qui vi-
vaient en 12T0, sous Philippe-Auguste (6). Il céda, en
1223, à Robert des Ablèges, évéquede Bayeux, tout ce
qu'il avait de bien à Neuilly (7). Il paraît qu'il ne laissa
pas de postérité, car :
(i) Hist. de Nonn., P. Dumoul., p. 355.
(a) Man. d'Eusèbe, p. 196.
(?) Hist. Harc, ut supra.
(4) Nw. GalU Christ,, t. XI, col. 452.
(5) Nw. GalL Christ., t. XI.
(6) Hist. Harc, t. I, p. 317.
(7) Hist. Harc., t. XI, p. 367.
12$
Gersende Marmion, sa sœur, hérita de la vicomte de
Fontenay et des autres terres de sa branche, et les porta à
son mari Robert Tesson, II« du nom» qui était fils de
Robert l^' du nom et petit-fils d^Ernest Tesson, qui,
conjointement avec Raoul Tesson son frère, fonda
Tabbaye de Fontenay (i). De Robert Tesson et de Ger-
trude Marmion vint le suivant
Robert Tesson, III« du nom, chevalier, vicomte de
Fontenay-le-Marmion, qui fut tué dans la paroisse
d^Audrieu, laissant Robert, qui ne laissa qu^une fille, et
Jourdain qui forma une autre branche.
Guillaume Bertrand, vicomte de Fauguernon, devint
aussi vicomte de Fontenay-le-Marmion, par son alliance
avecPhéritière (2) deRobertTesson,qui lui apporta encore
les seigneuries du Mesnil-Patry, de Savenay, de Q>ur-
vaudon, de FeugueroUes, de Venoix, d^Ifs et de Placy.
Il était cousin germain de Robert Bertrand, seigneur de
Briquebec, maréchal de France. Il eut pour fils :
Robert Bertrand, vicomte de Fauguernonet de Fonte-
nay-le-Marmion, et seigneur des terres mentionnées ci-
dessus, qui eut pour fille héritière Marie Bertrand, qui,
de son mariage avec Yon, baron de Garencières, ne laissa
aussi que des héritières de plusieurs enfants qu^ils eu-
rent (3).
Jeanne de Garencières, qui était Taînée, fut vicomtesse
de Fontenay-le-Marmion, dame de Mesnil-Patry, de
Savenay, de Feuguerolles et de Venoix (4). Elle épousa :
lo Benrand Paisnel, baron du Hambie; 2» Jean, sire de
Montenay ; 3^ Jean, sire de La Ferté et du Neufbourg.
(i) Hist, Harc, t. I, p. 32i.
(2) Hist. Harc, t. I, p. 148.
(3) Hist, Harc.f t. I, p. 142-150.
(4) Hist, Harc,, t. I, p. i5o.
129
Dans un drrét de PÉchiquier de Tannée 1 398, il est dit
que ce dernier, et M™« Jeanne de Garencières, sa femme,
étaient héritiers aînés de messire Pierre de Garencières,
qui était son frère.
Hungueslot, chevalier anglais, usurpa la vicomte de
Fontenay-Ie-Marmion, en 1407, et en jouit jusqu'en
1449. En quittant le pays, il enleva tous les titres, ce qui
répand beaucoup d^obscurité sur ce qui regarde cette
seigneurie (i).
Jean Bureau, évéque de Béziers, est qualifié seigneur
de Fontenay-le-Marmiondans une présentation de Girard
Bureau, son procureur, de Tannée 1474, pour la cure
d'Urville (2).
Marguerite de Vassy, fille de Philippe, vicomte héré-
diiai de Fontenay-le-Marmion, seigneur de la Quièze, et
de Jeanne de Ruppierre, en épousant, le 22 avril 1524,
Charles d^Achey, seigneur de Serquigny et de Marbœuf,
pannetier du roi François I«^ lui porta ces deux terres.
De ce mariage vint Jean d^Achey, III^ du nom, seigneur
de Serquigny, écuyer ordinaire de Técurie du roi, capi-
taine du château de Tancarville en 1 590, père, par Renée
le Q>nte de Nonant sa femme, de Gilles d^Aché, vicomte
de Fontenay-le-Marmion, lieutenant de la compagnie des
gendarmes du seigneur de Fervaques en i583, qui
épousa, en i583, Madeleine de Mailloc, dame du Mont-
de-la- Vigne, dont 3 fils, auxquels, par acte du 1 9 mars
1617, leur mère donna le partage dans les biens qui leur
étaient échus par la mon de leur père. Hervé d'Aché,
seigneur de Fontenay-le-Marmion, châtelain de Brette-
ville-sur- Laize nomma, le 3o avril 161 9, comme seigneur
de Fontenay, à la chapelle de Notre-Dame-du-Vivier (2).
(i) Hist, Harc,^ p. 142.
(a) Ex. secret, épisc. bajocen.
I30
Un seigneur du nomd'Harcourt, qui devint propriétaire
de Fontenay-Ie-Marmion, quitta, cette paroisse pour faire
bâtir sur un de ses arrière-fiefs, qui en relève, situé dans
la paroisse de Fresné-le-Puceux, le château qui subsiste
aujourd'hui. Elle fut portée, en 1643, dans la maison de
Fiesque par le mariage de Gillone d'Harcourt, fille
unique de Jacques, marquis de Beuvron, avec Charles-
Léon de Fiesque, comte de Lavagne, dont est sorti
Jean-Louis-Mariot, comte de Fiesque. C^est à son droit
qu*est devenu vicomte de Fontenay-le-Marmion, châtelain
de Brette ville-su r-Laize, seigneur et patron de Fontenay-
ie-Puceux, messire Claude-Louis-François de Régnier,
comte de Guerchy, marquis de Nangis, lieutenant-
général des armées du roi, chevalier de ses ordres, colonel-
lieutenant et inspecteur de son régiment.
Elle est à une lieue de Bretteville-sur-Laise et à 3 lieues
de Caen.
Fontenai'V Abbaye. Sergenterie de Bretteville, élection
de Caen, notariat de Caen, est décoré de 2 paroisses,
2 églises et une abbaye de bénédiains de la réforme de
Saint-Maur. Il y a plusieurs offices claustraux.
Les églises paroissiales sont sous le vocable de Saint-
André, et de Saint-Mahin, archevêques de Tours. Les
habitants et leurs territoires sont distincts et séparés.
Saint-André a 80 feux, Saint-Martin en a 90. L'abbé de
Fontenay présente aux 2 cures, et son abbaye perçoit les
grosses dîmes. Il n'y a qu'une grange dîmeresse pour
l'une et pour l'autre paroisse. Elle est bâtie proche
Saint-Andréj dans l'enceinte du manoir abbatial, et là
sont reportées toutes les dîmes de Tun et l'autre territoire ;
Fontenay, en général, dépend de l'élection de Caen pour
les tailles, et du bailliage de Falaise pour le civil. Il y en
131
avait une petite portion relevante du siège de Saint-
Silvin, qui dépend aujourd'hui de Caen parla réunion
de Saint-Silvin. II est bordé par la rivière d^Orne, sur
laquelle il y a un bac, assez près de Tabbaye, pour passer
de Pautre côté. II ne sera pas difficile de deviner Pétymo-
logie de Fontenay, quand on saura que ces sortes de
lieux tirent leur dénomination des fontaines qui y
prennent leur source et qui les arrosent. C'est là l'expli-
cation qu'en donne M. de Valois dans sa notice des
Gaules. Quoique nous n^osions garantir une étymologie
si générale, nous pouvons pourtant assurer qu^elIe est
véritable à Tégard de Fontenay-P Abbaye. En effet, à une
portée de mousquet loin de Péglise de Saint-Martin, au
nord, il y a plusieurs sources dont est formée une belle
fontaine qui sert de lavoir. Après avoir traversé le grand
chemin, de Tautre côté duquel on trouve un petit pont
d^une seule pierre, ses eaux coulent vers la paroisse de
Saint-André, et reçoivent, en chemin faisant^ plusieurs
autres petites fontaines qui forment un canal assez fort
pour faire moudre deux moulins, Tun pour Tabbaye,
Pautre pour M. de Calmesnil. Pareillement à une dis-
tance un peu plus grande de la même église de Saint-
Martin, vers le couchant, il y a encore une autre fontaine
fermée de pierre, dont Pécoulement des eaux se fait par
des canaux ou pots souterrains, qui en fournissent à tous
les dedans et dehors de Tabbaye. Elles servent aussi à
faire des jets d^eau dans le jardin de l'abbatiale, dans
ceux de la communauté et dans les cours, oti il y en
avait un qui montait à plus de 1 5 pieds de haut.
Fontenay est à une lieue et demie de la ville de Caen.
Il est constant que ces 2 paroisses existaient auparavant
la fondation de Tabbaye, puisque les Tessons, lorsqu'ils
la fondèrent, lui aumonèrent ces églises avec leurs dimes.
132
La paroisse de Saint- André est assez ensemble, excepté
un endroit un peu détaché qu'on appelle le Hamel. La
maison la plus notable de ce lieu, après Tabbaye, est celle
de M. de Calmesnil, qu'il a eue par son mariage avec
M^^ de Carbonnel. Elle est àituée au pied d'un coteau, et
tire beaucoup d'agrément des avenues et des jardins qui
Tenvironnent. Son territoire est arrosé au septentrion par
la rivière d*Ome, sur laquelle est le bac dont je viens de
parler, et qui sert à passer les hommes et les voitures dans
la paroisse de Feuguerolles.
Dans la paroisse de Saint-Martin il y a, à une demi-
lieue loin de Féglise à E. E. S., un hameau nommé Ver-
rières, avec une chapelle sous Pinvocation de Saint-
Jacques ; à la même distance et presque du même côté, il
y avait une autre chapelle du titre de Sainte-Marguerite,
dans la cour d'une maison considérable nommée Troteval
(Torteval). Elle n^existe plus depuis plus de ioo ans. Les
abbés et religieux de Fontenay sont en possession des
biens et des dîmes de ces 2 chapelles. Le curé de Saint-
Martin a pension congrue, comme celui de Saint-André,
est titulaire des 2 chapelles, et les verdages n'ont été
cédés à ses prédécesseurs, qu^à charge par eux et lui, de
faire acquitter la messe tous les dimanches dans la cha-
pelle de Verrières. L'abbaye de ce lieu possède, dans le
territoire de Saint-Martin, tant en fond qu'en dîmes,
10,000 livres de rente. Elle y a entre autres une ferme
considérable appelée Beauvais, qui est entre l'église et
la maison de Troteval. Cette abbaye a la seigneurie de
2 paroisses comme ayant en mains le fief dominant. Les
droits honorifiques lui ont été cependant contestés, il y a
quelques années, par un sieur de Baillehache, seigneur
du fief, terre et seigneurie de Fontenay, assis ès-paroisse
deSaint-Martin-de-Fontenay. J ignore le succès du procès.
133
L^abbaye de Fontcnay, de Tordre de Saint-Benoît, est
située sur le territoire de Saint-André^ proche la rivière
d'Orne. Si ce qu'on trouve d'un monastère de Fontenay,
fondé par saint Évremond, regardait celui-ci^ il serait
connu dès le xvn< siècle, auquel vivait ce saint abbé. Le
ressemblance du Fontenay dont il est parlé dans les actes
de saint Évremond, avec le Fontenay-sur-Orne, qui est
celui dont il s'agit, a jeté dans l'erreur l'auteur de Neus-*
triaPia, et le savant père Mabillon. Hermant a fait plus
dans son Histoire du diocèse de Bayeux ; il fait honneur
à saint Évremond de la fondation de 2 monastères : l'un
au diocèse de Séez, l'autre dans celui de Bayeux. Mais
il est aisé de voir, par les actes de ce saint, qu'il ne s'y
est jamais agi de Fontenay-sur-Orne, car, comme l'a très
bien prouvé l'auteur du Dictionnaire universel de
France (i), le monastère de Fontenai, fondé par saint
Évremond dans le diocèse de Séez, était situé dans la
paroisse de Fontenai-le-Louvet, à 2 lieues et demie
d'Alençon, lequel fot détruit par les Normands et n'a
jamais été rétabli. Quant à l'abbaye de Fontenai-sur-
Orne, elle n'a été bâtie qu'au milieu du xi« siècle et ne
reconnaît point d'autre fondateur que Raoul Tesson et
son frère, qui la dotèrent de biens considérables. L'année
de cet établissement est assez incertaine, les uns le
mettent en l'année 1 070, et l'historien de la maison d'Har-
court, en 1076 (2). Il observe en même temps que les
Tessons avaient alors un si grand nombre de seigneuries,
que le troisième pied de la terre de Normandie leur
appanenait, et que le chemin qu'on appelle Cauché, qui
commence au Vez de Saint-Clément et qui finît à
(i) Dict. univ,, t. 1, col. 247.
(2) Hist, Harc., t. I, p. 32o.
134
Hyesmes^ avait été entièrement fait sur leurs terres.
Guillaume-le-G)nquérant, roi d^ Angleterre et duc de
Normandie; Mathilde^ son épouse; Odon^ évéque de
Bayeux ; Robert, comte de Mortain, son frère ; Roger,
comte de Montgommery ; Roger de Beaumont, écuyer,
figurèrent à la chartre de fondation.
Le premier abbé de Fontenay fut Geoffroy, moine de
Fontenelle ou de Saint- Wandrille. Le roi nomme à cette
abbaye en vertu du concordat. Le marquis de Beuvron
lui en contesta la nomination, sur ce qu^il représentait les
fondateurs, et qu'il avait des droits daiis Tabbaye; il en
fut évincé par arrêt du grand conseil en 1618. L^abbé de
Fontenay nomme aux prieurés simples de Rouvrou et -de
CuUey, et à 28 bénéfices-cures. Cette abbaye embrassa la
réforme de Saint-Maur en 1754; elle y fut introduite par
les soins de M. Gabriel Piédoûe de Charsigné, abbécom-
mandataire, neveu du célèbre M. Huet, évéque d^Avran-
ches, qui la lui avait résignée en 1721, par la permission
du roi.
FrenouvUle (Saint-Martin de). SergenteriedeTroarn,
élection de Caen, notariat de Saint-Silvin, 45 feux.
Il y a 2 curés qui sont à la nomination : Pun dû
seigneur du lieu, Tautre des PP. Jésuites de Rouen, au
droit du prieuré des Deux- Amants unis à leur collège.
Robert d'Ollendon, écuyer, seigneur de Frenouville,
vendit plusieurs héritages à Qaudin de Harenvilliers,
chevalier, châtelain et capitaine du château de Caen, par
contrat du 18 mai 1379 (i).
Cette paroisse est sur la grande route de Caen à Lisieux,
à trois quarts de lieue du bourg d'Argences, et à 3 lieues
de Caen.
{i)Hist.Harc.,p, 1895.
135
Garcelles (Saint-Martin de). Sergenterie au Verrier,
élection de Caen, notariat de Cramesnil, 55 feux.
.Cette paroisse forme un petit carré long de Test à Touest,
et contient au milieu un village qui compose tout le corps
de la paroisse, avec un château accompagné d^avenues.Jl
y a aussi quelques petits bois taillis, mais sans étendue.
M. Gosselin, écuyer, seigneur de Garselles, jouit des
droits honorifiques. L^abbé de Caen nomme à la cure.
Elle est sur le chemin de Falaise, à 2 lieues de Caen.
Grenteville (Saint-Rémy de). Sergenterie d'Argences,
élection de Caen, notariat d'Argences, 3o feux, 80 com-
muniants.
Les anciens titres portent Grentheville, et les récents
Grenteville, Grentavilla. L^abbé de Troam est présen-
tateur de la cure. M. Morin de Banneville est seigneur
honoraire. M"« de Mont-Canisy, dame aujourd'hui. Son
fief de Grenteville est un quart de hautber qui relève du
roi. Les grosses dîmes se partagent en 3 lots égaux
entre le curé, Tabbé de Troarn et Tabbesse de Caen.
Cette paroisse, qui ne forme qu^n seul village sans
hameaux, est distante de rentrée de Caen d'une lieue.
Hubert-Follie (Notre-Dame-de-Nativité), Sergenterie
d'Argences, élection de Caen, notariat d^Argences, 1 6 feux.
Cette paroisse renferme toutes ses maisons dans un seul
hameau. Le livre Pelutde Pévêché, rédigé vers x 3 5o, l'ap-
pelle ccctoia de Fàulbert'Folie, et met la cure à la nomi-
nation de Guillaume de Brucourt. Une provision du
patriarche Louis d'Harcourt, évéque de Bayeux, en date
du 17 avril 1469, la qualifie : ecclesia parochialis de
Fouber-Follia. Ce sont les prieurs et religieux de Saint-
Etienne de Caen qui y présentent aujourd'hui. Elle est
136
de l^exemption de leur abbaye. Leur abbé perçoit les deux
tiers de la dîme, l'autre tiers est pour le curé. L'abbàye
présente à la cure de Hubert-FoUie, et à la chapelle du
manoir du fief de Brucourt, à cause de leur fief de Bru-
court qui est situé à Saint-Ouen de Caen, et s'étend à
Hubert-FoUie, Bourguebus et la .Blanche-Herbe. Son
principal fief porte le nom de Brucourt. Il appartient à
ces religieux. L'abbé de Fontenay y possède le fief de
TAlouette, et M. de Malherbe y a une autre petite exten-
sion. M. de Clacy, gentilhomme fort i^iche, et allié à la
maison de Montgommery, a une terre et une maison
considérable en cette paroisse. Son avenue va buter sur
le grand chemin de Qien à Falaise, au bout de laquelle
est une bruyère d'environ 60 acres, oti il y a quantité de
carrières. Il n'y a qu'un puits dans ce lieu. René Louet,
ancien professeur de rhétorique au collège du Bois, et
ancien r^teur de l'Université de Caen, mourut en cette
paroisse Tan 1 7 . • , et fut enterré dans le chœur de l'église
où l'on voit son épitaphe.
Elle est à une lieue et demie de Caen.
Ifs (Saint-André d') Iffi ou Taxi. Sergenterie d'Ar-
gences, élection de Caen, notariat de Caen, 49 feux.
Cette paroisse est sur le grand chemin de Caen à Falaise.
L'abbé de Caen présente à la cure de plein droit. Il per-
çoit la plupart de ses^ dîmes, par la donation du duc
Guillaume, fondateur de cette abbaye, confirmée en 1 1 72
par Henri II, évéque de Bayeux. Ce prélat déclare dans
sa chane que l'église d'Ifs et la chapelle de Bras [ecclesia
de Icio, cum cape lia de Brachto), et toute la dîme de
cette paroisse avec ses appartenances, sont exemptes des
droits du synode, de visite et autres dus à l'évéque (1).
(i) Neust, Pia, p. 644.
137
Le hameau de Bras, situé au-delà du grand chemin, est
du territoire d* Ifs. Seshabitants ont un rôle à taille parti-
culier qui, en 1 722, y comptait 40 feux. Il y avait une
ancienne chapelle qui est tombée en ruines. Il est décoré
d^un fief qui a été illustré par Charles de Bourgueville,
écuyer, sieur de Bras, auteur de quelques ouvrages en
faveur de Caen, sa patrie. Anne de Pretonville, fille unique
et héritière de Jean de Pretonville, écuyer, seigneur d* Ifs,
et de Marie Duval, fut accordée en mariage, le 20 avril
1 529, à Nicolas de Moges, écuyer, seigneur de Buron ( i ).
Les parents de la dame s^obligent d'accoustrer leur fille
selon le lieu d^oti elle partait et le lieu où elle allait. Jean
Le Valois, seigneur d^Ifs-sur-Laise, fils de Thomas e\ de
Guillemette Safrey, épousa Jeanne de Warignies, sœur
de Jacques, seigneur de Blainville. M. d^Ifs est auteur de
deux lettres qu'on trouve dans le Mercure de France,
juin 1 737 et janvier 1738, au sujet des ouvrages de M. de
Thou, par lesquelles il prétend que la plupart ont été
traduits par monsieur son père.
La paroisse d'Ifs est à cinq quarts de lieues de Caen.
Magny-le-Freule (Saint-Germain). Sergenterie de
Jumel, élection de Falaise, notariat de Mézidon, 88 feux.
Cette paroisse est située entre les rivières de Dive et de
Laison, qui arrosent son territoire au levant et au cou-
chant. La nomination de la cure dépend du seigneur
du lieu. Guillaume Néel, écuyer, seigneur et patron de
Magny-la-Freule, fils et héritier en partie de Olivier
Néel, seigneur dudit lieu, nomma à cette cure en 1473 (2).
Richard Néel, prêtre, et le patriarche Louis d'Harcourt,
(1) Arm.gén. de la France, reg. 1er, !'• p., p. 387.
(a) RtSf . du secret, de Tévêché.
138
évéquede Bayeux, en expédia le visa le 29 décembre. La
seigneurie appartient aujourd'hui à M. Pierre*François
de Courcy, seigneur et patron de Magny-le-Freule, ancien
capitaine de cavalerie au régiment de Bourgogne^ cheva-
lier de Tordre militaire de Saint-Louis.
Elle est à peu de distance du bourg de Mézidon, au
. diocèse de Séez, et à . lieues de Falaise.
May (Notre-Dame de). Scrgenteriede Bretteville, élec-
tion de Caen, notariat de Qinchamps, 45 feux.
L'abbé de Fontenay présente à la cure, et partage les
dîmes avec le curé. Cette paroisse est bornée au midi par
la petite rivière de Laise, et au couchant par celle de TOrne,
sur laquelle domine une chaîne de coteaux fort élevés,
d'où Ton découvre les perspectives les plus charmantes
par la variété des objets qui s'offrent à la vue. C'est de là
qu^on aperçoit en même temps les clochers de 5 abbayes:
de Saint- Etienne et de Sainte-THnité de Caen, d^Ardenne,
de Fontenay et de Barbery. Il y a à May, entre autres
singularités de la nature, une fontaine d^eau vive qui,
dans une sécheresse arrivée il y a quelques années, oti
tous les puits des environs tarirent entièrement, fournit
de Peau à tous les habitants, quoiqu'on en tirât plus de
20 muids par jour.
Outre le corps du village, il y a le hameau du Val-
de-Laise, qui est à un qtiart de lieue de Péglise. Le che-
min de Caen à Qinchamps passe au milieu. Il contient
10 à 12 maisons, et est très voisin d^un autre hameau
d« même nom, qui dépend de Clinchamps.
On tire de May la plus grande partie du pavé pour les
rues de Caen. Il y en a différentes carrières, notam-
ment au couchant de Téglise, du côté de la rivière d'Orne.
11 y en a une proche le hameau du Val-Kle^Laise, d'où
139
Ton tire du marbre, veiné de rouge foncé, et une autre
sur le chemin de Fontenay, laquelle produit de la pierre
à bâtir fon dure, et qui résiste aux plus fortes gelées. Cette
pierre, en terme du pays, s'appelle du voisdry.
Le grand chemin de Caen à Harcourt passe par cette
paroisse à peu de distance de l'église. On y voit les restes
du Chemin-Hausse, qui est certainement une chaussée
faite du temps des Romains. Il est ferré et élevé d'environ
3 pieds du niveau de la terre, sur une bonne partie de
son terroir. Il part du Val-de-Laise, et se rend immé-
diatement au haut de la roche de Laise en ligne très di-
recte.
La seigneurie de May a appanenu à la maison d^An-
25eray. VHistoire d'Harcourt, p. 992, fait mention de
Pierre Anzeray, écuyer, seigneur de May, en 1453; de
Jean Anzeray, écuyer, seigneur de May, en 1456 et 57 ;
et d'Alexandre, seigneur de May, en 1459, qui avait pour
fils François, écuyer, seigneur des Hommets.
M. Tournier, mort curé de May en 1758, a laissé une
très belle carte historique du diocèse de Bayeux en manus-
crit, qu'il avait composée.
Cène paroisse est à 2 lieues de Caen et à upe demi-
lieue de l'abbaye de Fontenay.
M. de Calmesnil, seigneur de May.
Moult (Sainte-Anne de). Scrgenterie au Verrier, élec-
tion de Caen, notariat à d'Argences, 82 feux.
Cette paroisse, sise sur la rivière de Manche, qui passe
au milieu de son terroir, parait dans les titres sous le nom
de Mool; on prononce Mou. Ce mot, dit M. Huet, semble
venir de l'anglo-saxon Molde, d'oti s'est formé l'anglais
moulde et molde qui signifie sable et poussière, à cause
du terrain sablonneux de ce lieu. Il y a deux hameaux :
140
Iflgouville et les Bédouses; la moitié de celui-ci dépend
d^Airan, paroisse voisine. Le grand chemin de Caen à
Lisieux passe par Moult, où il y a un relais de poste à
cheval, et sur le bord duquel est une butte élevée qu'on
voit de fort loin. Messire François-Gabriel Daniel, sei-
gneur et patron de Moult, chevalier de Tordre militaire
de Saint-Louis, aide-major du régiment de la Générale
des dragons, présente à la cure. Le curé est gros décima-
teur. Cette paroisse, par son territoire, borne celles de
Cantelou, d'Argences, de Vimont, Beneauvîlle, Valmeray
et Airan. Elle prête son nom à une prébende qui fut
fondée en i223 dans la collégiale de Saint-Sépulcre de
Caen, par Guillaume de Moult.
Elle est à 4 lieues de Caen, 2 lieues du bourg de Saint-
Silvin, et à un quart de lieue du bourg d^Argences.
Poirier ou Perier (Notre-Dame du). Sergenterie au
Verrier, élection de Caen, notariat d^Argences, 14 feux,
70 communiants.
Elle a pour paroisses limitrophes : Frenouville, Bour-
guéBus, Soliers et Cagny. L'abbé de Troam présente à la
cure. Le curé décimateur.
Elle est à cinq quarts de lieue de Caen.
Poussy (Saint-Ouen et Sainte-Apolline de). Sergen-
terie d^Argences, élection de Caen, notariat de Saint-
Silvin, 43 feux, 120 communiants.
L'abbé de Barbery présente à la cure. Les PP. Jésuites
de Caen ont les deux tiers de Ja grosse dîme, le curé a
Tautre tiers avec les verdages. Messire Pierre-Jacques de
Bruiiville, écuyer, seigneur de Poussy, y possède le fief le
plus considérable, qui est un quart de haubert. Le roi,
qui se prétend seigneur et patron de cette paroisse, y a
141
aussi plusieurs vavassories considérables, et 35 acres de
terre à labour dépendantes de la baronnie de Soliers. Il
y a encore une vergée du fief de Gouvis, et un autre fief
surnommé : de Crux. Uéglîse paraît d^une architecture
fort ancienne. On voit dans la nef, au milieu de la cô-
tière, vers le nord, et à la hauteur de lo pieds, une ins-
cription gravée sur un morceau de carreau de la longueur
d^un pied sur 2 pieds 4 pouces de largeur. Cette inscrip*
tion, dont les lettres sont majuscules, paraît être du
viu^ ou du ix« siècle ; il n'y a ni date ni nom de famille.
Voici ce qu^elle contient :
IN NOMINE PATRIS : ET FILII '. ET SPVS SCÎ aTT. O FRATRES
SACERDOS : QVI ISTAS LITERAS LEGIS : FAC ORARE PRO ADSO :
ET PRO VXORE SVA ALBERICA : QVI ISTV MONASTERIVM HABENT
FACTVM : IN HONORE DO ET SCO VEDASTO : SCS VEDASTVS
INTERCEDAT PRO EIS AD NVIf VT ANIM^ EORVM : HABEANT
VrTAM ETERNAM : AM : ORATE FRATER : PATER NOSTER PRO
EIS QVI IN ISTU MONASTERJV ADIVTORIVM DEDERVNT l ADCAR-
DVS SARDOS ISTAS LITERAS FECrT '. ET RICARDUS KTV LOCV
HBDIFICAVIT.
Il faut observer que la pierre sur laquelle est gravée cette
inscription étant renversée, on est obligé de la lire par le
bas. Nous voyons par cette inscription qu^il y avait là,
autrefois, un monastère sous Tinvocation de saint Yast.
Elle est à une demi-lieue de Saint-Silvin.
Quatre^Puits (Saint- Paterne de). Sergenterie deJu-
mel, élection de Falaise, notariat de Coudé, i5 feux,
60 habitants.
Cette paroisse est appelée en latin Ecclesia de quatuor
Puteis. Elle est en pleine campagne, et n'a qu'une très
petite étendue ; encore son terroir est*il assez mauvais.
142
Son patron, Saint-Paterne, est appelé indifféremment :
Saint-Pair, Saint-Poix et Sainte-Paix ; le premier est plus
d*usage. Les religieux bénédictins de Tabbaye de Saint-
Pierre-sur-Dives nomment à la cure (i). On trouve
néanmoins que le seigneur de Quatre-Puits y a nommé
aussi, tels que Jean de Quatre-Puits, écuyer, seigneur et
patron de Quatre- Puits, et seigneur en partie de Cesny-
aux-Vignes et du Perrinet, conseiller du roi, lieutenant
civil et criminel de M. le bailli d^Alençon, en la vicomte
de Saint-Silvin, les 8 juin 1600, et 5 janvier 1620, et
noble homme Philippes de Quatre-Puits, écuyer, sei-
gneur et patron de Quatre-Puits et de Valmeray, plu-
sieurs années après. Il n*y a qu^un fief, qu^on dit relevant
du roi, et dont le chef-lieu est dans le manoir presbytéral.
Le curé est seul décimateur de sa paroisse.
Elle est à 5 lieues des villes de Caen et de Falaise, et à
une lieue du bourg de Mézidon.
Quilly (Notre-Dame et Saint-Clair de) . Sergeriterie
de Bretteville, élection de Caen, notariat de Cramesnil,
So feux.
Cette paroisse devait être constamment un lieu célèbre
dans les temps du paganisme. La tradition porte qu^il y
avait là un temple d^idoles renommé ; mais cette tradition,
quoique perpétuée de siècle en siècle jusqu^à nos jours,
eût été un faible argument pour en convaincre, si le fait
n^avait pas été vérifié réellement en 1 748, lors de la
nouvelle bâtisse de la nef de Téglise paroissiale ; car on
trouva dans les anciens fondements quantité de mor-
ceaux de sculpture en pierre, relatives à la religion
payenne. Parmi les différentes figures brisées, il fut dé-
(i) Secret, de ré?êché de Bayeuz.
143
couvert en entier, en bas-relief, un Baccbus couvert et
couronné de feuillages, un Hercule appuyé sur une
massue, et une Vénus toute nue, le tout sans aucun mal.
Les matériaux étant cédés à Tentrepreneur, il eut Pim*
prudence de casser ses figures, qui avec les autres pierres
de toutes façons, mais mutilées, faisaient un composé de
90 à loo pieds de carreau. Il paraît par là que Téglise
avait été bâtie sur les ruines de ce temple, suivant l'an-
cienne coutume des premiers chrétiens, d'élever au vrai
Dieu des monuments de piété sur les ruines des temples
qui avaient été consacrés au démon.
Le territoire de Quilly renferme des carrières fameuses
par la bonté et la beauté du carreau qu^on y tire. Il y en
a 6 bancs de différentes espèces; on en peut tirer des
colonnes de telle longueur qu^on veut, des pressoirs en
pierre d^un genre particulier qu^on appelle rougelier, et
des auges de la contenance de i ,000 pots et plus.
Le bameau de Cailloué, pour la plus grande partie, est
de la dépendance de Quilly, à une demi-lieue loin de
Péglise. Il compose 3o feux au moins, le surplus est sur
Fresney-le-Puceux. Il y a encore pour cette paroisse
4 maisons détachées à Cinteaux et S autres enclavées
parmi celles de Bretteville-sur-Laîze. L'abbé de Barbery
nomme à la cure. Les dîmes en entier, même les novalles,
appartiennent à son abbaye, à titre de privilèges à elle
accordés, comme étant de Tordre de Citeaux. Elle les pos-
sède par la donation qui lui fut faite de Péglise de Quilly
aVec ses appanenances, en 1 181, par Robert le Marmion,
seigneur de Fonteney, son fondateur (i). Comme Mathieu
de Saint-Germain avait un droit sur cette église, le dona-
teur lui céda 20 acres de terre par dédommagement, et
(I) Now. Gall. christ., t. XI, p. 85.
144
pour d^autres prétentions mentionnées dans la chartre de
fondation de Barbery.
L^égllse de Quilly est u ne des plus anciennes du diocèse ;
on y garde 2 chandeliers de fonte pesant 20 livres chacun,
sur lesquels est écrit en lettres gothiques : c Robert Agnes
a donné ces chandeliers à Téglise Notre-Dame de Quilly
Pan cccGXxvni. > On assure qu^il y avait anciennement
7acresdecimetièreattachésàcetteéglise, ce qui paraît fondé,
en ce qubn trouve encore dans une grande pièce de terre
à labour, qui butte sur le cimetière actuellement existant,
beaucoup de cercueils de carreau. Le cimetière en est si
rempli, qu'à peine on y peut avoir une place pour faire
une fosse. On prétend qu^autrefois les mourants des lieux
voisins requéraient d'être inhumés à Quilly à cause de
l'ancienneté du lieu. Il y a un acte de près de 3oo ans,
en forme de transaction, qui fait mention de 6 prêtres
signant avec le curé, faisant fort pour les absents,
pour une rente de quelques boisseaux dbrge, dont
ils disaient les titres perdus.
Cette paroisse dépend du bailliage de Falaise. La sei-
gneurie appartient à Messire Jacques-Alexandre-Henri
du Moncel de Lourailles, chevalier, seigneur de Quilly,
etc., présidente mortier au Parlement de Normandie. Du
nombre des anciens seigneurs de cette paroisse, je n^ai
pu découvrir que ceux-ci : Philippe Bateste, chevalier,
seigneur d'Hautbervilliers et d'Outrelaise, rendit aveu
du fief de Quilly le samedi 1 8 janvier 1 392. 11 avait épousé
Perrette de Briosne, sœur puînée de Jeanne, dame de
Héritot ( I ). Il portait : d^azur à 2 faces d^argent. Henri V,
roi d'Angleterre, confisqua les biens de feue Perrenelle
de Briosne, dame de Quilly et d^Outrelaise, et ceux de
(i) Hist, HarCf t. U, p. 2001.
145
Jeanne de Briosne, sa sœur, veuve de Guillaume Mur-
drac. Depuis, il rétablit Philippe de Bateste et Jeanne
de Briosne dans tous' leurs biens, par lettres données au
château de Rouen, le 8 avril. Tan VIII de son règne
(1420)^ se réservant la haute et souveraine justice, et les
terres qui seraient près la ville de Falaise et celle de
Caen, dont il prétendait faire tirer des pierres pour
bâtir un palais en la ville de Rouen. Bertrand Bateste,
seigneur de Quilly, élection de Bretteville, sergenterie
de Falaise, fit preuve d'ancienne noblesse en 1463.
Christine Bateste, dame de Quilly, épousa Guillaume
Girard, père de Jeanne Girard qui, par mariage, en
i52o, apporta la seigneurie de Quilly à François de
Sainte-Marie, seigneur du Mesnil-Gondouin et de Sainte-
Honorine. Il était fils de Philippe, seigneur de Bernières,
à Sainte-Marie-Laumont, et de Perrette de Taillebois. 11
fit, suivant un titre du 2 octobre i522, service de ban et
arrière-ban, ayant pour aide M* Léonor Gasse. De cette
alliance naquit Henri de Sainte-Marie, seigneur de
Quilly, qui s^allia à Jeanne Le Bacheler, fille de Jean,
écuyer, seigneur de Saon, et d'Olive d'Escajeul de La
Ramée. Georges Salet, seigneur de Quilly, ancien et
fameux avocat fut reçu procureur général au Parlement
de Rouen le 17 novembre i632 (i). Le roi le chargea de
payer 5o,ooo livres à la veuve et enfants de François de
Bretignières, qui avait été son prédécesseur dans cette
charge. Il eut deux fils : Georges Salet, mort en 1641,
abbé commendataire d^Ardenne, et Alexandre Salet,
conseiller clerc et archidiacre du Vexin normand à
Rouen (2). Ce conseiller, décédé en 1681, était seigneur
(i) Hist. de Rouen, V II, p. aSg.
(2) Hist. de Rouen, t. II, p. 2o5.
10
146
de Quiily, Cynteaoïx, Jacobmesnil, Cauvicourt, Locart
et la Hérourdière.
La paroisse de Quiily est à un quart de lieue du bourg
de Bretteville-sur-Laise et à 3 lieues de Caen.
René'Mesnil (Saint- Pierre de). Sergenterie de Saint-
Silvin, élection de Caen, notariat de Saint-Silvin, 6 feux.
Cette paroisse, située sur la rivière de Manche, a pour
bornes au midi Bretteville-Ie-Rabet, et au nord Saint-
Silvin. Elle est de l'exemption de Pabbayede Troarn.
Son abbé présente de plein droit à la cure. La bulle du
pape Innocent IV (sic), de Tannée 12 10, pour cette
abbaye, déclare que les chapelles de Renémesnil [capellas
de Rainovii manillo] ne sont point sujettes à la juridic-
tion épiscopale (i).
Elle est à . lieues de Caen et « lieues de Troarn.
Saint'Martin-^UrBois, ecclesia Sancti-Martini-de-
Bosco. Sergenterie des Bruns, élection de Falaise, nota-
riat de Condé, 35 feux et 100 habitants.
Elle est située à Torient par rapport à Saint-Silvin, au
midi de la paroisse de Poussy, et au nord de celle de
Fierville-la-Campagne. L'abbé de Saint-Ouen de Rouen
est seul seigneur de cette paroisse, dont il prend la qualité
de baron. La plus grande partie du territoire, qui est
d'une assez petite étendue, lui paye par an 5 livres de
rente seigneuriale par acre de terre. Il présente à la cure,
et perçoit les grosses et menues dîmes. L'église est remar-
quable par sa grande pauvreté, étant presque dénuée de
tout, et n'ayant pas un sol de trésor. Ce qu'il y a de mai-
sons ne forme qu'une seule rue qui paraît commencer
(i) Neust. pia,p. 563.
147
dans Saint-Sylvin même, et vient se terminer contre
l'église située à l'extrémité, en sorte qu'il n'y a ni hameaux
ni maisons écartées.
Elle est à 3 lieues et demie de Caen, et à 4 lieues de
Falaise.
Saint-Silvin. Chef-lieu de sergenterie, élection de
Caen, 126 feux, lieu de notariat.
Il y a un bourg qui avait un marché et un bailliage
particulier, et une vicomte relevant du duché d' Alençon .
Mais le marché a été supprimé depuis quelques années,
et la juridiction réunie au bailliage de Caen. Cette juri-
diction avait des extensions jusqu'au faubourg de Vau-
celles de Caen, de Vaucelles au-delà de Bayeux, et sous
la porte de Saint-André de Bayeux môme, avec droit de
sceau et de tabellioanage.
V Histoire de la maison d'Harcourt [ i ) fait mention
de Jean Anzeray, vicomte de Saint-Silvin et du Thuit en
1453 et autres suivantes. Un mémoire particulier parle
de noble homme Maître Michel de Surirey, vicomte de
Saint-Silvin en i563. Sa sergenterie ne contient que
3 paroisses seulement. Son territoire est arrosé par la
petite rivière de Manche, qui y prend sa source dans
un lieu nommé le Becquet, à 200 toises loin de l'église,
et cette rivière sert de limites à Saint-Silvin et à Saint-
Martin-des-Bois. L'abbesse d'Almenèches est dame dn
bourg ; l'abbé de Troarn présente à la cure. La seigneurie
a appartenu à la maison de Montgommery, comte d'Alen-
çon et de Bellesme. Il est fait mention, dans un registre
de l'évêché, 27 janvier 1469, d^une chapelle hospitalière
ou léproserie sous le nom de Notre-Dame-de-la-Prelle,
(i)T. I,p. 993.
143
sise en la paroisse de Saint-Silvin, à laquelle Jean de
Sarcilly, seigneur du fief et terre de Pantou avait droit.
Les Calvinistes y ont eu un prêche, qui fut conservé
par arrêt du conseil, donné à Saint-Germain-Ten-Laye
le II décembre iSyg. Le savant Etienne Morin fut fait
ministre de ce prêche, et de celui de Saint-Pierre-sur-
Dive, es années 1679- 1652. Il y épousa Hélène le
Paulmier, nièce de Jacques le Paulmîer de Grentemes-
nil, et en 1664, il en fut tiré pour exercer le ministère
à Caen. Il mourut à Amsterdam le 5 mai 1700, âgé
de 75 ans. En 1643, les Calvinistes entreprirent d'avoir
des écoles au bourg de Saint-Silvin. La chambre de
Pédit de Rouen, sur la plainte de Fabbesse d'Almenè-
ches, leur en interdit l'exercice par arrêt du 20 juillet
1645 (i). Le conseil, par arrêt du 19 janvier de Tannée
suivante, le leur permit sur une requête. Il donna un
autre arrêt le 1 2 mars suivant, par lequel les agents du
clergé furent reçus opposants, que les parties seraient
assignées, et que cependant Tarrêt contradictoire de la
Chambre de PÉdit de Rouen serait exécuté; autre arrêt
du Conseil du 10 décembre 1648; autre du 20 juillet
1660 de la Chambre de PÉdit deRouen, qui ne firent que
prolonger les contestations sans les terminer. Enfin,
elles prirent fin à PÉdit de Nantes qui abolit entièrement
ces exercices.
Le roi Charles VII, après la prise de Caen, en 1450,
partit de cette ville le 8 de juillet et alla coucher à Saint- .
Silvin (2),d'oîi il s'en alla le lendemain à Fala^e^ que
ses généraux assiégeaient.
(i) Factum pour M. Tévêque de Bayeux et le syndic du clergé,
(a) Chron, de Normandie, p, 2o5.
149
Pendant le roi partit de Caen
Pour venir auprès de Falaise
A Saint-Sylvin près Argentan
En ung lieu où il fut très aise (i).
Le bourg de Saînt-Silvin esta 3 lieues et demi S.-S.-E.
de Caen et 4 lieues (jT.-N.-O. de Falaise.
Secqueville-la-Campagne (Saint-Gerbold de). Sergen-
genterie du Verrier, élection de Caen, notariat de Cra-
mesnil, 3o feux.
Le corps de cette paroisse consiste dans une seule rue
sans hameau. Il n^y a qu^un seul puits pour tous les
habitants, et une mare beaucoup plus élevée que le vil-
lage, appelée la mare de Magne. C'est un réceptacle de
pluies et de neiges fondues qui donne de belle eau en
hiver, et qui sèche en été. MM. de Gavrus, de Louvigny,
de Benouville, de Fribois et de Jurques ont quelques
droits seigneuriaux à cette mare.On n'y trouve aucune bête
venimeuse, ce qui prouve un mauvais terrain^ à cause
de son aridité. Les Jacobins de Caen viennent de rentrer
en possession de 1 2 acres de terre qu'ils donnaient
à 20 livres Pacre. Qu'on juge de là de ce que vaut
le maigre terrain de Secqueville. La présentation de la
cure est attachée à la seigneurie, qui appartenait, en
iSgi, à Charles Le Bigot, écuyer, et en 161 2, à Georges
de La Fresnaye, seigneur et patron de Saint-Aignan-de-
Cramesnil et de Rocancourt, dont les armes paraissent
encore à Tarcade de la tour. Ses descendants ont vendu
la seigneurie et le patronage. M. Hellouin de Cam-
plaine, colonel de la bourgeoisie de Caen, en est seigneur
aujourd'hui. Le curé est seul décimateur. Cette paroisse
(I) Vigil. de Charles VU, p. 84.
I50
relevait de la juridiaion de Saint-Silvin, avant sa réunion
au bailliage de Caen.
Elle est à 2 lieues de Caen et à 2 lieues des bourgs
de Troarn et d'Argences.
Soliers (Saînt-Vigor de). Sergenterie d'Argences, élec-
tion de Caen, notariat d'Argences, 5o feux, 200 com-
muniants.
Cette paroisse a titre de baronie. Le chapitre de la Col-
légiale de Caen présente à la cure. Il en perçoit lès
grosses dîmes, excepté un très petit tiers qui appartient
au curé, d'autant que le doyen de cette collégiale, par
droit de préciput, en emporte la meilleure partie. La
plaine de Nerval, qui compose environ 40 acresde terre en
bruyères, et Pécart ou hameau du Four, sont de cette pa-
roisse. Cet écart n'a que 2 maisons avec une chapelle sous
le vocable de Saint-Julien^ à la nomination du chapitre
du Sépulcre de Caen. Le titulaire y doit 1 2 messes par an.,
La baronie de Soliers est du domaine du roi, à qui elle est
avenue par forfaiture. Bien des gens prétendent qu^elle a
été confisquée sur un seigneur normand nommé La Co-
lombe. Les vestiges du château de La Colombe subsistent
encore. Le roi a dans la paroisse de Poussy, limitrophe
deSoliers, plusieurs fiefs qui font partie de cette baronie.
Elle fut engagée comme un bien domanial au sieur Jean
Plantier par adjudication faite par les commissaires de
Sa Majesté, le 19 septembre 171 1. Elle a passé]depuis à
M. Turgot, et après, à M»« la comtesse de Chabannes, à
qui elle appartient aujourd'hui. Suivant la bulle d'Inno-
cent III, de Tan 12 10, Roger, fils de Robert Thioud,
donna à THôtel-Dieu dé Caen quelque bien qu'il avait
dans la paroisse de Soliers ( i).
Elle est à 2 lieues de cette ville.
<i) Hist. Harc., t. I. p. 314,
151
Tilly-la-Campagne (Saint-Denis de) • Sergenterie
d^Argences, élection de Caen, notariat de Cramesnil^
i8 feux.
Cette paroisse est. située sur la grande route d^ Caen à
Falaise. Le roi en est seigneur, et présente à la cure. Ses
fiefs sont détenus par M. de La Mare Julien, de Caen.
Les religieuses de Villers-Canivet perçoivent les deux
tiers des grosses dîmes, et le curé a Tautre tiers avec les
verdages.
Elle est à 2 lieues de Caen, et à 2 lieues du bourg d^Ar-*
gences.
Valmeray (Saint-Brice de). Sergenterie d'Argences,
élection de Caen, notariat d^Argences, 10 feux.
Cette paroisse est sur la rivière de Manche qui la par-
tage de celle d'Airan. Elle est petite. Une partie est à mi-
côte et l'autre en pays plat. Son territoire en est très mau-
vais, pierreux et sableux. Le curé, à la nomination de
Tabbé de Fontenay, perçoit toute la dîme. Cet abbé en
est regardé comme le seigneur, quoique le commandeur
de Voismer y ait quelques rentes. Elle est appelée Eccle^
sia de Vaumeray, dans tous les anciens titres et le vieux
pouillé de Tévêché. C'était là, selon la Chronique de Nor-
mandiey que le roi de France et le duc Guillaume enten-
dirent la messe avant la bataille du Val-des-Dunes, qu'ils
remportèrent en 1046, sur Néel vicomte de Cotentin,
Regnauld du Bessin et leurs associés. De là, après avoir
bu un. coup, dit-elle, ils se mirent en chemin pour aller
à la rencontre de Tennemi (t ).
Elle est à trois quarts de lieues du bourg d'Argences et
à 4 lieues de Caen.
/ (1) Chron, de Norm., p. jS.
IS2
EXEMPTION DE CAMBREMER
On appelle exemption de Cambremer (de Caméra
Osmarii] un district de 9 paroisses situées dans le diocèse
de Lisieux, lesquelles, pour le spirituel, dépendent de
Mgr Pévéque de Bayeux. Cette exemption est surnom-
mée : de Cambremer, par rapporta la paroisse de ce nom,
qui est la principale du canton. C'est un chef-lieu de
sergenterie qui dépend de Télectîon du Pont-l'Évéque,
sous la généralité de Rouen. De 19 paroisses qui compo-
sent la sergenterie, 9 sont reconnues pour être du diocèse
de Bayeux, savoir : Cambremer, "Saint-Vigor de Crève-
cœur, Saint-Pair-du-Mont, Saint-Laurent-du-Mont,
Montreuil, Grandouet, Saint-Ouen-le-Paingt, Man-
herbe et Prédauge, avec l'abbaye du Val-Richer, de Tor-
dre de Citeaux. Or, comme cette exemption est voisine
de Parchidîaconné d'Hyesmes, il m'a paru que c'est ici le
lieu de donner le détail des paroisses qui la composent.
Mais il faut observer auparavant que le chanoine de
Cambremer, fondé en Téglise cathédrale de Bayeux,
jouit depuis un temps immémorial de la juridiction
archidiaconale, des droits de visite, et de la troisième par-
tie des déports dans toute Texemption. Son fief seigneu-
rial est assis dans la paroisse de Cambremer, et il a une
extension dans celle de Vaubadon, vicomte de Bayeux,
auquel lieu est le fief de Quiry, mouvant et relevant par
foi et hommage de celui de Cambremer.
Cambremer (Saint-Denis de). Bourg, 5 feux privilé-
giés, 160 feux taillables, 700 habitants.
153
Il y a un marché qui, au lieu du samedi, tient à pré-
sent le dimanche. Mgr Tévêque de Bayeux est seigneur
et baron de Cambreiçer. Dans Taveu que TévêqueZanon
Castiglione rendit au roi, le 4 avril 1453, du temporel de
son évéché, il déclare que les fiefs relevant de sa baronie
de Cambremer sont : la terre et seigneurie de Crèvecœur,
le fief de Manherbe, le fief de Saînt-Laurent-du-Mont,-et
le fief de Montreuil. Le chanoine de Cambremer présente
de plein droit à la cure, et perçoit les grossjBs et menues
dîmes. Le fief du Baye, ancien château dont M. de Man-
herbe est seigneur suzerain, le fief de Fresnay, le fief de
Catillon, le fief de Trouarn, le village d'Englesqueville,
et les Ormes-de-Candepie sont de la dépendance et du
territoire de Cambremer. Il y a aussi le prieuré simple
de Saint-Antonin-de-Montargis, à la nomination des
moines de Tiron, situé dans une ferme à eux apparte-
nant. De plusieurs chapelles fondées dans cette paroisse,
et qui ne subsistent plus, on distiguait celle de Saint-
Jean-Baptiste, dans l'église paroissiale^ à laquelle nomma,
au mois de février 1629, Guillaume Le Bienvenu, écuyer,
sieur de Saint-Laurent, comme propriétaire de la terre et
franche vavassorie de Cambremer, et celle de Saint-
Jacques-du-Candepie, dont Alexandre Sales, conseiller
clerc au Parlement de Rouen, fut pourvu le i«'mai 1664.
Le bourg de Cambremer est & 7 lieues de Caen, 3 de
Lisieux et 4 du Pont-rÉvêque.
Crève^Cœur (Crepicordium). Bourg, 2 feux privilé-
giés, 5o feux taillables, çt 1 5o communiants.
Il est situé partie sur la paroisse de Saint-Vigor, au
diocèse de Bayeux, partie sur la paroisse de Saint-Loup-
de-Fribois, au diocèse de Lisieux. Le marché y tient
tous les mercredis ; il est très renommé par la bonne
154
volaille qu^on y apporte ea quantité. Cest une ancienne
châtellenie, qui appartient à M. Charles-François de
Montmorency, duc de Luxembourg. Il nomme à la cure
de Saint- Vigor, et à la chapelle du titre de Saint- Yigor,
fondée anciennement dans Téglise paroissiale, par Jean*
Baptiste Le Gentil. Il n'a droit de nommer à cette cha-
pelle que dans les a mois du jour de la vacance, et sUl
laisse écouler ce temps, c^est à M. de Clinchamp à y nom-
mer. Il y a dans le bourg, sur Texemption de Bayeux,
une autre chapelle sous Tinvocation de la Visitation de la
Sainte-Vierge, qui appartient à la famille de MM. Man-
chon. Le curé de Saint- Vigor de Crèvecœur, est gros
dédmateur de sa paroisse. Elle contient 3 principaux
villages : la Vignerie, la Bouquetière et la Duponterie, et
un ancien château pour M. le doc de Luxembourg. Ce
fut dans ce château que mourut, en iSgi, Claude de
Saintes, évéque d^Évreux, qui y était détenu depuis 2 ans
pour crime de lèse-majesté (i). Il avait été condamné à
mort pour avoir justifié, par un écrit de sa main, Tassas-
sinat du roi Henri III ; mais Henri IV, à la prière du
vieux cardinal de Bourbon, commua son supplice en une
prison perpétuelle, et le fit enfermer pour le reste de ses
jours dans le château de Crèvecœur.
Noble dame Jeanne de Thibouville, dame de Thibou-
ville, veuve de messire J^an de Tilly, chevalier, seigneur
de Boissey-le-Châtel tenait, en 1453, de la baronie de
Cambremer, en foi et hommage noblement et franche-
ment par deux fiefs de chevalier entiers, le fief, terre et sei-
gneurie de Crèvecœur-en-Auge, que tenaient d'elle alors
en parage au premier degré, messire Jacques Painel, che-
valier, et dame Perronnelle de Thibouville sa femme,
(I) Hist, cip. et ecclés. du diocèse d'Évreux, p. 36i-362.
15)
sœur de la dite Jeanne (i). Outre les revenus, dignités,
patronages, libertés et prérogatives attachées à ce fief, il
est déclaré qu^en étaient tenus : i» le fief entier delà Ven-
durequi fut à feu M. Jean de Villiers, chevalier, et. de
présent à Jean de Colombières^ écuyer, son héritier;
2^ le fief noble entier de Coucbu appartenant aux héri-
tiers de feu Girard d^Esquay et de demoiselle Marie de
Breucourt sa femme; 3° le tennement de Feumechon
IX« de fief assis à Saint-Pair-du-Mont et à Saint-Aubin,
qui fut à messire Jean de Preulay, chevalier, et de pré-
sent à Jean Travers, écuyer ; 4^ le quart de fief Lorice, dit
de Castillon, assis à Cambremer, appartenant «ux hoirs
de feu Raoul de Beuzeville ; 5° certains tenements nobles
à court et usage, possédés par Henri Malnoury, écuyer,
et à demoiselle Alix Guérin, sa femme, A Cambremer,
Saint- Laurent et Saint-Paîx-du-Mont, et qui furent don-
nés à leurs prédécesseurs en don de mariage pour 5o li-
vres de rente ; 6*^ le quart du fief du Pont assis au dit lieu,
par les hoirs de Jean du Pont, écuyer ; 70 le fief de Bique-
tot, sixième de fief, assis au dit lieu, par Thiboult du
Bois, écuyer. Le seigneur châtelain de Crèvecœur doit à
révéque de Bayeux, pour sa décharge, le service de
3 chevaliers en l'ost du prince de Normandie quand il est
mandé.
Ce bourg est à 7 lieues de Caen, et à 4 lieues de
Lisieux.
Grandoùet (Saint-Martin de). 3 feux privilégiés,
3o taillables, 120 communiants.
L'abbaye du Val-Richer perçoit les dîmes et nomme à
la cure. M. de Grieu de Caen est seigneur temporel.
(i) Av. de M. révéque de Bayeux, rendu au roi le 4 av. 1453.
Cest le lieu natal de Simon de la Vigne, bachelier en
théologie, curé de Saint-Pierre de Caen, recommandable
par sa rare piété, et par la conversion d^un grand nombre
d^hérétiques, qu^il gagna à Téglise. Il mourut le 2 juin
1684, âgé de 64 ans. Son éloge a été imprimé à Caen.
Elle est à 7 lieues de Caen et 3 lieues de Lisieux.
Manherbe (Saint-Jean-Baptiste de). 9 feux privilégiés,
1 10 taillables.
Mgr révoque de Bayeux présentait autrefois à la cure
ou vicairie de ce lieu. Le droit, selon Phistoirien de
Bayeux, fut confirmé par arrêt de TÉchiquier, en 1296,
à iSierre de Benais, successeur de Tévéque Odon qui
l'avait acquis. Il lui était contesté par Adam Le Servain,
seigneur tempoAl de Manherbe. Les successeurs de ce
seigneur en sont rentrés depuis en possession. Voici com-
ment ils nomment à la cure : A chaque vacance, le sei-
gneur de Manherbe présente trois sujets originaires du
diocèse de Bayeux; Pévêque en choisit un pour remplir
le bénéfice. Cette paroisse avait autrefois plusieurs titres
de bénéfices, qu'on trouve ainsi spécifiés, avec leurs pré-
sentateurs, dans le vieux pouillé de Tévéché .' Personatus
de Manerbia : Episcopus Bajocensis ecclesia de Maner-
bia vel vicaria, — Idem, ecclesia seu capella sancti Sal-
vatoris, dominus^gidius deVenoixveldominus G.Ser-
vain, etsolebatesse curata. — Capella deDumo in par o-
chia de Manerbia: dominus Guill"^ Servain, sicutdici^
tur quod XXX* anni sunt elapsi, episcopus Bajocensis
contulit pleno : dicitur etiam quod solebat esse curata,
et quod habebat quatuor parochianos. Le personnat de
Manherbe n'existe plus. Le titre et le revenu ont été réu-
nis aux lazaristes, qui, à ce droit, perçoivent la grosse
dîme de la paroisse. Les chapelles de Saint-Sauveur et de
•157
Notre-Dame-du-Bisson, subsistent encore. Elles avaient
anciennement chacune un territoire et des paroissiens.
Cest le seigneur de Manherbe qui y présente. On pré-
tend qu^41 y en avait encore une, du titre de Saint -Eus-
tache^ à sa nomination, mais dont il n'existait plus depuis
longtemps aucun revenu^ supposé qu'il y en eut eu (i).
Ce fut pour le recouvrer que Jacques- Pierre de Borel,
chevalier, seigneur, baron et châtelain de l'honneur de
Manherbe, grand maître des eaux et forêts du duché de
Longueville^Tancarville, Gournay et Etrépagny, nomma
le 8 avril 1682, à cette chapelle, vacante, dit-il, depuis un
très long temps, en sorte qu^on n^ voit ni marques ni
vestiges, mais seulement existante par ouï dire, et par
lettres qui en font foi. Il ne paraît pas que cette nomina-
tion ait eu d^effet. Il y a dans cette paroisse une terre sei-
gneuriale appelée Argentelles, éloignée d^une demi-lieue
au moins de Péglise. Le motif de Téloignement, joint à
la difficulté du chemin, qui est très mauvais en tous
temps, porta Mgr de Luynes, évâque de Bayeux, à per-
mettre à M. le Prévost, écuyer, seigneur et patron de
Cremanville, son possesseur, par lettres du mois de juil-
let 1753, dMtablir une chapelle domestique dans sa
maison. M. Hébert est seigneur de Manherbe, seigneur
suzerain du Baye, ancien château de Cambremer, et sei-
gneur en partie du Prédauge. Les héritiers de feu mes-
sire Girard Servain, chevalier, tenaient noblement par
hommage de la baronie de Cambremer, en 1453, la
noble tenure nommée Phonneur de Manherbe, dont le
chef est assis dans la paroisse de ce nom, et dont le
tenant est obligé de faire 40 jours de service au châtel de
Neuilly, appartenant à Tévéque de Bayeux, quand il en
(i) Reg. du secret, de Tévéché.
158
est sommé en tempp de guerre (i). On ne trouve pas
qu^il soit tenu de faire le service d^un chevalier en Post du
prince quand il est mandé. De Thonneur de Manherbe
sont : lo en paroisse du Prédauge^ le fief entier de PÉpée,
qui fut à feu Guillaume d'Asnières et Jean-Louis ; 2^ au
même lieu du Prédauge, le Mont-Roty, quart de fief qui
fut à défunt Olivier de Semilly ; 3» en paroisse d^Ostier,
le fief entier de la Planque qui fut à messire de la Plan*
que, chevalier ; 49 à Cambremer, le Bays ou Sert, quart
de fief; 5^ à Maigny» vicomte d^Auge, le fief entier de la
Breae^ qui fiit à Guillaume Louvet ; 6^ à Grandouet,
I quart de fief qui fut à Jean Servain.
Cette naroisse est à une lieue de Lisieux, et à 2 lieues du
Pont-révéque.
Montreuil (Notre-Dame-d^ Annonciation). 2 feux pri-
vilégiés'» 36 taillables, 1 3o communiants.
Cette paroisse est arrosée par une petite rivière qui vient
du Prédauge, et contient quelques bois qui portent son
nom. Les abbé, prieur et religieux du Val-Richer sont
gros décimateurs, et présentateurs de la cure. La fête
patronale, qui était ci^devant la Nativité de la Sainte-
Vierge fut, sur la requête du curé et des paroissiens, en
date du 4 avril 1666, commuée en celle dePAnnoncia-
tionparfeu M. de Nesmond, d^heureuse mémoire (2).
La seigneurie de Montreuil, fief entier de chevalier, avec
extension à Cambremer, Saint-Ouen-le-Paing et ailleurs,
relève noblement par foi et hommage de la baronie de
Cambremer. Elle était tenue, en 1453, par les hoirs ou
ayant cause de Jean de Montreuil, écuyer. Antoine* Au-
(1) Aveu de Tév. Zanon Castigl., du 4 av. 1453.
(a) Regist. du secret, de l'évéché.
159
gustin de Matharel, seigneur et patron de Cesny et de
Montreuîl, gouverneur pour le roi, des villes et châteaux
d'Honfleur, Pont l'Évêque, et Pays d'Auge, mourur le
12 mars 1722. Marie-Joseph de Matharel, sou fils, né en
1720, seigneur et gouverneur des mêmes lieux, épousa,
le 25 mai 1752, Adélaïde-Félicité de Fiennes, sœur de la
comtesse de Maulévrier.
Elle est à 8 lieues de Caen, 4 lieues du Pont-l'Évéque,
et 3 lieues de Lisieux.
Pr^ifau^e (Saint-Ouen du). 3 feux privilégiés, lootail-
lables, 5oo communiants.
Le curé, qui est gros décimateur de sa paroisse, reçoit
la nomination de Tabbaye du Val-Richer. MM. Hébert
sont seigneurs et patrons honoraires. Il y a dans le village
de Rome une chapelle surnommée de PÉpée, dépendante
de Tabbaye du Val-Richer. Le célèbre M. Georges,
depuis abbé régulier de cette abbaye, a été curé de cette
paroisse pendant plusieurs années. Ce fut là qu'il institua
les conférences ecclésiastiques, qui se sont tant muhipliées,
et sur qui les autres diocèses ont établi les leurs. Il mou-
rut en 1693.
Elle est à une lieue de Lisieux et à 9 lieues de Caen.
Saint'Laurent-du-Mont. 3 feux privilégiés, 35 tail-
labiés, 1 3o communiants.
Les P. P. Jésuites de Caen, au droit du prieur com-
mendataire de Sainte- Barbe-en-Auge, présentent *à la
cure, et perçoivent les grosses dîmes. Cette paroisse est
divisée en 2 fiefs, et renferme le bois du Haut-Parc, dont
une partie est sur Saint- Vigor-de-Crèvecœur. Il y a une
'hauteur considérable nommée la butte de Saint-Laurent.
Dans Taveu de Zanon Castiglione, évéque de Bayeux, de
i6o
Tannée 1453, il est dit : « Les hoirs de feu Robert de
Fontaines, écuyer, tiennens noblement de la baronie de
Gimbremer, par foi et hommage, un demi-fief de baut-
ber assis à Saint-Laurent-du-Mont, vicomte d'Auge, du-
quel est tenu un quart de fief qui fut à Jean Gasie (?) à
cause de demoiselle Michelle de May, sa femme, et un
huitième de fief qui fut à Denis Guérin. Le seigneur
de Saint-Laurent doit 20 jours de service au château de;
Neuilly, en temps de guerre. »
Elle est à 7 lieues de Caen et à 3 lieues de Lisieux.
SainUOuen-le-Paingt. i feu privilégié, 44 taillables,
200 communiants.
L'abbaye du Val-Richer, dont nous allons parler, est
située sur cette paroisse. Les abbés et religieux en sont
seigneurs, et patrons présentateurs de la cure. Ils en per-
çoivent les dîmes. Il y a dès bois vulgairement appelés
les bois de Bayeux, parce qu'ils appartiennent à
M. révêque de Bayeux.
Elle est à 8 lieues de Caen, 2 lieues de Lisieux, et à
2 lieues de Saint-Pierre-sur-Dive.
L'abbaye^de-Notre-Dame^du- Val-Richer [de Valle
Richerii), fille de Qairvaux, est de Tordre de Citeaux.
Elle avait été fondée d'abord entre Vire et Thorigny,
dans un lieu appelé les Vaux-de-Souleuvre, par les soins
de saint Bernard, abbé de Qairvaux, qui en avait reçu
la session par les mains du bienheureux Nivard^ son
frère; mais Philippe d'Harcourt, évêque de Bayeux,
voyant que ce lieu était ingrat et stérile, et aidé de Simon
de Bosville, la transféra, ou plutôt la fonda de nouveau
dans l'exemption de Cambremer, dans le lieu où elle esta
présent, qui appartenait à Téglise de Bayeux. Il donna ce
i6i
lieu aux religieux, de Citeaux de la même façon qu^il avait
été fait, à Adam, abbé de Mortemer, qui n^avait pu se
résoudre à y laisser aller de ses religieux (i). L^abbé de
Citeaux remit en même temps les Vaux-de-Souleuvre et
les dîmes à Pévéque de Bayeux, par une espèce d^échange
qui fut approuvé en 1 1 5o, par Hugues archevêque de
Rouen. Cette abbaye ne fut point occupée par des reli-
gieux avant Tannée 1167. LVvêque Robert des Ablèges
consacra leur église le 21 avril 1210. Robert de Bru-
court, évêque de Lisieux, y fit de grands biens, et lui
donna, en i365, sa terre de Rumesnil. L^abbayedu Val-
Richer est très bien bâtie. Jean-Baptiste de La Place, son
abbé commendataire, gagné par les instructions et les
exemples de piété du célèbre M. Georges^ depuis son suc-
cesseur^ y mit des religieux réformés de Citeaux, et s*en-
gagea lui-même à prendre Thabit en 1645. M. Georges
prit aussi le même parti, à Tâge de 40 ans, et fut pourvu
de Pabbaye en règle, après la mort de Tabbé de La Place.
Au retour d^un voyage qu^il était allé faire à Rome, avec
Tabbé de la Trappe, pour solliciter la réforme générale
de Tordre de Citeaux, il établit cette réforme dans le Val-
Richer, mais plus par ses actions que par ses paroles. II
se réduisit à ne point manger de poisson, et à se priver
entièrement de Tusage du vin. La plupart des religieux
voulurent imiter son genre de vie; mais les maladies et
même la mort de quelques-uns le portèrent à modérer
cette trop grande austérité. Il mourut en odeur de sainteté,
en 1693, âgé de 80 ans.
L^abbaye du Val-Richer est taxée à 100 florins, à la
Chambre apostolique, pour ses annates.
L'abbé du Val-Richer présente aux cures de Gran-
[i)N€HSt. Via, p. 773-774-
II
I62
douetf les Pins, Saiat-Ouen-le-Paiogti Montreuil, Pré-
dauge.
Saint-Pair-du^Mont, ou Saint*Paterne. 2 feux privi-
légiés, 5S taillables, 1 5o communiants.
M. le duc de Luxembourg présente à la cure et le curé
perçoit toutes les dîmes. Elle est à 7 lieues de Caen et à
4 lieues de Lisieux.
L'ARCHIDIACONÉ DE CAEN
CONTENANT
LES DOYENNÉS DE LA CHRÉTIENTÉ,
DE CAEN, DE DOUVRE, DE MALTOT ET DE CREULLY
ARCHIDIACONÉ DE CAEN
C'est le second archidiaconé du diocèse de Bayeuz. Il
a pris son nom de la ville de Caen qui est dans son
endave.
Il comprend 4 doyennés et io8 paroisses.
DOYENNÉ DE LA CHRÉTIENTÉ DE CAEN
Caen, ville capitale de Basse-Normandie, est comptée
parmi les principales de France. Située dans un vallon,
entre deux grandes prairies, et au confluent de POdon, et
de rOrne qui porte bateau jusqu'à la mer, elle entretient
le commerce avec les autres parties du royaume et les
pays étrangers. Remplie de belles églises et de magnifiques ,
édifices, elle présente le coup d'œil le plus charmant et le
plus agréable ; enfin, décorée d'une Université célèbre,
elle fournit un asile assuré pour les sciences, et quantité
de beaux esprits pour les cultiver. Dans tous les temps,
nos rois lui ont donné des preuves non équivoques de
leur affection par les privilèges et les prérogatives qu'ils
ont accordé à ses habitants.
i66
Elle est au 49* degré 1 1 minutes de latitude, à 3 lieues
de la mer, 26 de Rouen, 5 1 de Paris. Il y a 34 églises,
savoir : 12 paroisses, et 22 communautés. Entre ces defw
nières, les plus remarquables sont : TAbbaye-auz-Hommes
et TAbbaye-aux-Dames, de Tordre de Saint-Benoit. Elle
est le siège d^une Généralité, d^un Présidial et d'un
Grand Bailliage auquel on a uni la vicomte. Elle a
des juridictions d^officialité, d^eaux et forêts, d^amirauté,
d^élection, des monnaies, des consuls, de mairie, de
gabelle, et des sénéchaussées de plusieurs abbayes. On y
compte So^ooo habitants. Elle est du ressort de Tévéché
de Bayeuz pour le spirituel, et du Parlement de Rouen
pour le civil. Son nom latin est Cadomus, et autrefois,
suivant les titres, on rappelait Cathim, Catheim, Cathem
et Cathom.
Cette ville, aujourd'hui si belle et si florissante, n^exis-
tait pas encore dans le iv« siècle. Il n^en est fait mention .
ni dans la Notice de PEmpire, ni dans les Anciens
itinéraires qu'on croit être du temps des empereurs
Tbéodose et Honorius. Que penser donc de ces étymolo*
gies ridicules à la faveur desquelles des écrivains lui ont
donné pour fondateurs ou Cadmus, roi de Phénicie, ou
Gains César, premier empereur romain ? Cadomus
vient, au sentiment des meilleurs critiques, de Cadom,
ancien mot gaulois qui signifie demeure de guerre, ou
d'un mot saxon qu^on explique par ceux<i : finis rupis,
extrémité de la roche,
Caen est situé au pied d'une éminence où Ton a bâti
depuis le château. Il est à Textrémité de Tancien comté
du Bessin. C'est donc avec plus de vraisemblance que
M. de Brieux, citoyen et poète célèbre de Caen, pense que
ses fondateurs sont les Sax<ms qui s'établirent à la fin du
iv« siècle sur les côtes du Bessin, d*oii ils firent disparaître
' 1^7
Tautorité des Romains. Ce notait encore qu'un gros
bourg dans le xi« siècle^ et il n^ avait alors aucune for-
teresse, ni èhâteau suivant le poète Waace, auteur con-
temporain. L^auteur de la Chronique de Normandie
parle à la vérité de Caen sous Tannée 945, comme d'une
ville déjà considérable, mais cet écrivain^ bien postérieur
à cette époque, n^a pu en parler ainsi quVn la représentant
telle qu^elle était de son temps, ce qui est absurde* Guil-
laume le Conquérant en aimait le séjour. Il y fit bâtir, à
la fin du XI» siècle, deux grandes abbayes, et un château
qui fut fort augmenté par le roi Henri !«', son fils. Voilà
la cause de Télévation de Caen ; mais, n^est-il pas étonnant
que cette ville, si faible dans ses commencements, si lente
dans ses prc^ès, semblable à un torrent qui rompt la
digue par laquelle ses eaux ont été retenues longtemps,
s'élève dans l'espace d^un siècle au point de pouvoir être
comparée en quelque sorte à Paris.
Villa potens, opulenta
Ut se Parisiis vix annuat esse minorem (i).
Cette ville, environnée de hautes murailles et de larges
fossés, est encore défendue par grand nombre de tours,
qui ont été bâties de distance en distance, et en différents
temps. Elle est accompagnée de 4 faubourgs qui sont
considérables, savoir : le Faubourg- Labbé et les feubourgs
de Vaucelles, Saint-Gîlles et Saint-Julien. On la divise en
2 parties : l'ancienne ville, et la nouvelle ou Tlsle Saint-
Jean. Ces parties, séparées par les rivières d'Orne et de
rOdon communiquent ensemble par le pont Saint-Pierre
et le pont Saint-Jacques. C'est sur le premier pont
qu'était situé le Gros-Horloge, ce gros édifice élevé de
(i) GuilL Brito.y laoo.
i68
quatre étages et flanqué, de quatre grosses tours, oU il y
avait une excellente horloge, et où se tenaient les assem-
blées de ville. Il fut abattu en 1755 pour ouvrir la grande
rue. Les rues en sont la plupart larges et bien pavées.
Les principales sont les rues de Saint- Pierre, Saint-Jean
et de Fontafrique, laquelle a pris sa dénomination de
M. de Fontette, intendant, et Dom Sainte-Afrique, prieur
de la grande abbaye, qui en procurèrent Touvenure il y
a quelques années. Elle part de la rue de Bayeux, et va
directement à la place du Vïeux-Marché, vis-à-vis Téglise
de Saint-Sauveur. Le Cours, cette agréable promenade
garnie d^arbres sur le bord de la rivière d^Orne, la place
Royale, le Château, THôtel-de-Ville, le collège de TUni-
versité, les casernes, et d^autres hôtels publics, forment
les principaux ornements de Caen; quantité de bâtiments
particuliers élevés comme à Penvi, par les citoyens, ne
contribuent pas moins à sa décoration. Il serait trop long
d'en faire le détail; bornons-nous à quelques-uns des
principaux : commençons par le château.
Le Château^ « ^1 durement grand et plantureux, selon
Froissard » (i), fut bâti par Guillaume le Conquérant.
Cela est évident par Pendroit où Robert, abbé du Mont
Saint-Michel, continuateur de Sigebert, dit que Henri I«r,
roi d^ Angleterre, exhaussa les murs du château de Caen,
que son père avait fait faire, et qu*il y ajouta une haute
tour. Cette tour est ce qu^on appelle le donjon. La cein-
ture de murailles qui environne ce donjon, et les quatre
tours dont elle est flanquée, paraissent être un ouvrage
des Anglais, qui en ont fait faire de semblables en
plusieurs lieux quHls ont occupés, et le donjon et le
(i) Orig. de Caen, p. 39 et suiv.
' i69
château furent réparés sous' Louis XII, et encore mieux
sous François I" ; il était couvert en tuiles. François de
Silly, gouverneur et bailli de Caen, le fit réduire en
plate-forme, et fit dresser les embrasures qui y sont
maintenant pour le service de Tartillerie. Ce fut lui qui
fit faire les boulevards devant les portes, et principalement
l'ouvrage qu'on appelle la lunette^ qui est devant la
porte, et où Ton voit les salamandres que François !«'
avait prises pour sa devise, les fausses brayes au bas des
fossés à l'entrée du château, la muraille qui regarde la
rue de Geôle, et les remparts, tant des autres murailles
que de la Roquette. Sous Henri III, le seigneur d^O,
gouverneur de Caen et lieutenant du Roi en Basse-Nor-
mandie, y fit faire de grandes fortifications.
Le gouverneur du château, qui Pétait aussi de Caen,
recevait annuellement de la ville 3oo livres pour ses
gages. Il ne prenait autrefois que le titre de capitaine et
de châtelain. Vers Tannée 1433, lorsque le duc de
Bedford, régent du royaume, était capitaine de Caen, et
Jean FalstofF, son lieutenant, le duc se qualifiait gou-
verneur des chastel et ville de Caen. Et le château, outre
' un lieutenant, avait encore un connétable, suivant Pusage
d'Angleterre.
La Place Royale est grande, régulière, bien pavée et
décorée de maisons de trois côtés. De Tautre côté, Téglise
des P. P. de la Mission, avec le beau ^minaire quMls
gouvernent, la ferme au midî, et laisse voir le beau
portail des jésuites. Au milieu de cette place, il y a une
statue en pied du roi Louis XIV, vêtu à la romaine, haute
de 8 pieds, élevée sur un piédestal de 12 pieds, avec des
inscriptions sur des tables de marbre que nous allons
rapporter ci-après. C'est Touvrage de Postel, sculpteur de
170
Caen. Quatre petites figures y tenaient autrdbis sur la
corniche les armes et la devise da Roi, mêlées de diffé-
rents trophées ; mais elles ont été abattues par le laps du
temps. Cette grande place a été ornée depuis quelques
années d'une ceinture de tilleuls^ et d^une balustrade de
carreau avec des parterres sablés.
La ville de Caen fit ériger ce monument Tan i685, le
5 de septembre, jour de la naissance du roi. Jean Regnaud
de Segrais, étant pour lors premier échevin, M. de Mo-
rangis, intendant de la généralité, en avait conçu le dessin
le premier, et le fit agréer à S. M. La fête fut célébrée
avec toute la magnificence possible. M. de Nesmond,
chancelier de TUniversité, officia pontificalement à la
messe du Saint-Esprit, qui fut chantée dans Téglise des
Cordeliers, ornée superbement, et où toutes sortes de
personnes se rendirent en foule. Au milieu de la messe,
M. Malouin, doaeur, prononça le panégyrique, en latin,
du Roi. M. rintendant traita la Maison de ville et la
Noblesse qui avait assisté à la fête. L^après-midi, on se
rendit aux Jacobins, où le P. Fijacq, prieur, fit un éloge
français du Roi, après le chant d^un motet; à la fin du
Te Deum on alluma, sur la place Royale, un feu de joie,
qui fut accompagné de plusieurs salves de r^artillerie du
château. Cette fête fut terminée par un feu d^artifice, et
des illuminations par toute la ville.
Sur la première face du piédestal on lit ce madrigal qui
est de M. de Segrais :
A cette auguste majesté,
A cette héroïque fierté
Reconnaisses, races futures,
Louis Roy juste et conquérant.
L'histoire vous dira par quelles avantures,
U mérita le pom de Grand.
171
Sur la seconde» à la droite :
Magnus Caeune Lodo!x jure inférât urbi
Fortuna, factis» pectore César adest.
Sur là tnnsième :
Civis opus, patruis que lapis stat regia magni
Principis effigies : publica cura fuit.
Sic memori saxo, Lodoix, tua credimus ora
Duret ut aeternum conditus urbis amor.
Sur la quatrième &ce est cette inscription à l'antique,
faite par M. du Tot-Ferrare, conseiller au Parlement de
Rouen :
Ludovîto
Triumphatis hostibus, aucto imperio,
Pacato orbe, vectigalibus remisais,
Pio, felid, semper augusto.
Régis maximi
Deyota meritia, secura victoriis
Eterns fîdei monumentum
Uno corde, muItîpHci nomine
Civitas CadoRiensit
Pos. i6S5.
L'Université, une des plus célèbres du royaume, est
composée de 3 facultés qui sont : la Théologie, le Droit
Canon, le Droit Civil, la Médecine et les Arts. Le duc de
Bedford, régent en France pendant la minorité d^Henri VI^
roi d^Angletèrre, Térigea par lettres de 143 1. Il fit choix
de la ville de Caen comme d^un lieu surabondant, tran-
quille, orné de monastères et de religions, et peu distant
de ta mer. Il n'y établit d'abord que les facultés de Droit
Canon et Civil ; mais Henri, devenu majeur, Taugmenta
des facultés de Théologie et des Arts, par lettres données
à Rouen le i3 février 1436 et renouvelées au manoir de
172
Kingston près Londres, le 19 mars 1437,01 par ce renou-
vellement, il y ajouta la faculté de Médecine.
Après le recouvrement de la Normandie, le roi
Charles VII créa de nouveau la même Université par ses
lettres données à Ecouché, le 3o juillet 1450, et con-
firmées à Pommereuil-en-Forêt, le 3o octobre 1452. Il
confirma aussi le bailli de Caen dans la charge de con-
servateur des privilèges royaux de TUniversîté en res-
treignant toutefois les droits accordés par les Anglais.
Après cela, les trois états de la province se pourvurent
auprès du Pape Eugène IV, et en obtinrent des bulles
datées du 3o mai 1467 et du 19 mai 1459, par lesquelles
ce Pontife, sans égard à Tautorité séculière, créa de
nouveau TUniversité avec les cinq facultés^ lui accorda
quantité de privilèges, et institua les évéques de Cou-
tances et d^Avranches protecteurs et conservateurs, et
Tévéque de Bayeux chancelier perpétuel.
Cependant cette Université, établie par les vœux de la
province, et le concours de tant de puissances, n*a point
eu de demeure propriétaire avant le don que lui fit
Marie de Clèves, duchesse d^Orléans, mère du roi
Louis XII, des maisons quMle avait à Caen,oti se tiennent
à présent les Grandes-Écoles, et où se font les lectures et
actes publics. Ce don est du mois de mars 1476. Les
Grandes- Écoles sont très belles ; on en est redevable aux
frais et aux soins de M. Michel de Saint-Martin, docteur
en théologie.
,On y a établi depuis quelques années une bibliothèque.
Dès 1722, M. Crevel, alors recteur, avait proposé d'en
former une; mais l'Université, eu égard à ses charges,
avait des revenus trop modiques pour fournir à l'entretien
d^un bibliothécaire, sans lequel les livres ne pouvaient
être conservés, ni la bibliothèque rendue publique. Le
173
collège du Qoûtier n^avaît plus d^exercice ; on sollicita la
réunion de ses revenus qui sont d^environ 3oo livres.
Cétait sous le reaorat de M. de Than, professeur de
philosophie au collée du Bois. Le Roi^ après les infor-
mations nécessaires, accorda la demande de TUniversité,
et lui réunit, en faveur de sa bibliothèque, les revenus du
collège du Cloûtîer, par lettres patentés du mois d^avril
1731, registrées au Parlement de Rouen le 10 mai sui-
vant.
Cette bibliothèque naissante a encore été enrichie de
celle du célèbre Boschard, donnée par M. de CoUeville ;
de 2,000 livres par Antoine le Cavelier, imprimeur ; et
encQre de sommes considérables dont feu M. le cardinal
de Fleury lui a fait présent. L^ouverture s^en fit le mardi
12 juin 1731. Le bibliothécaire a 200 livres de gages; il
est obligé de la tenir ouverte les mardi et vendredi de
chaque . semaine pour le public, et le jeudi pour les
membres de P Université en particulier. Elle n^ouvre
point depuis la Saint-Jean jusqu^au mois d^octobre.
Avant Pérection de PUniversité il y avait déjà des
collèges à Caen pour Pinstruction de la jeunesse ; mais
ceux qui furent fondés depuis effacèrent et détruisirent
ceux-là. Entre ceux qui subsistent aujourd'hui, on
compte : les Grandes- Écoles, oCi Pon enseigne la théologie,
le droit et la médecine ; le collège du Mont, ci-devant
occupé par les P. P. Jésuites, où ils enseignent la philo-
sophie, les mathémathiques et les humanités; le collège
des Arts et le collège du Bois pour la philosophie et les
humanités. Je ne parle pas des maisons des Carmes, des
Jacobins, des Croisiers et des Cordeliers qui, étant agrégés
à PUniversité, ont des collèges pour leurs religieux.
V Académie des belles-lettres fut établie en 1 652 et fut
174
fameuse, dès sa aaissanœ, par le grand nombre de savants
dont ell^ était composée ; mais comme elle avait besoin de
rautorité du Roi pour être solidement établie, son insti-
tution fut confirmée par lettres patentes que M. Foucauk,
conseiller d'État tt intendant de Basse-Normandie,
obtint de S. M. en 1705. Ces lettres portent que le Roi
approuve lés conférences de cette Académie pour exciter
de pins en plus dans la irilJe de Gaen cet amour des
sciences qui Ta rendue si célèbre.
Les conférences se tenaient tous les lundis chez M. le
pfésident de Croisilles, qui en était direaeur ; depuis,
dans une salle de rÉvdché, où M. de Lujnes, évéque de
Bayeux, depuis cardinal archevêque de Sens, son pro-
tecteur, les reçut. Enfin, MM. les académiciens s^as-
semblent aujourd'hui tous les jeudis de chaque semaine
depuis la Saint-Martin jusqu^à la fin du mois de juillet,
dans la salle de THôtel-de- Ville. Leurs séances sont
publiques les premiers jeudis de chaque mois. Cette
Académie est composée de 3o personnes tirées de tous les
ordres de k ville, et de 6 surnuméraires choisis dans les
communaulés ecclésiastiques <et régulières.
La XSénir alité de Caen est la seconde des trois qui sont
tm Normandie ; les deux autres sont : Rouen et Alençon.
Neuf élections en dépendent : Caen, Bayeux, Vire,
Avranches, Mortain, Coutances, Saint-Lô, Carentan et
Valognes. Elle comprend dans son district presque toute
la Basse-Normandie, c'e^-à-dire les diocèses de Bayeux,
Coutances et Avranches. Ses bornes au nord et à. Toccident
sont : la mer océane ou la Manche, à Forient la rivière de
Dive et Ul généralité d^Alençon, et mu midi une partie de
la même généralité et le Maine. Il y a aussi une petite
portion de la Bretagne, ven Tocckkat, qui doit entrer
175
dans ses bornes. Sa longueur, depuis Dive jusqu^au
Mbnt Saint-Michel est d'environ 40 lieues, et sa largeur
de 1 5 lieues^ non compris le cap de G>tentin.
Suivant le Code-Michaut, publié en 1629, le chancelier
fut chargé d^envoyer par chacun an, dans les provinces,
des maîtres des requêtes pour y faire à peu près les
fonctions dont autrefois étaient chargés les commissaires
de nos Rois appelés missi dominiçi; en sorte que les
maîtres des requêtes semblent, par cet édit, être les seuls
destinés à remplir les places d'intendant. Cestla remarque
du savant président Gaynant.
Etienne d'Aligre, maître des requêtes, intendant de
Caen, fit, en 1634, la recherche des nobles de la géné-
ralité. Il fut fait chancelier de France Tannée suivante.
Charles Le Roy de la Poterie, maître des requihes,
intendant de Caen, fut départi commissaift pour Texé-
cution d'une déclaration du Roi, et d^un arrêt du Conseil
des derniers jours de février et de mars 1640, conceriuint
le recouvrement des droits des francs-fiefs, lettres du Roi,
données à Paris le 9 mai 1 642, adressées au sieur de la
Poterie, conseiller du Conseil d'État, intendant de Caen,
pour procéder contre les auteurs de plusieurs aliénations
et usurpations faites des biens de l'abbaye de Saint-
Étienne de Caen, en faveur de son abbé, le cardinal de
Lyon. Il exerçait encore en 1644.
Guy Chamillart, conseiller du Roi en ses conseils,
commissaire départi pour Inexécution des ordres de S. M.
dans la province de Normandie, généralité de Caen, en-
semble pour la reformation des eaux et forêts de ladite
généralité. Il fit es années 1666 et 1667 la recherche des
usurpateurs de la noblesse du bailliage de Caen, dans
laquelle il a mis des notes qui ne sont pas honorables à
176
plusieurs familles. Il acquit par décret la terre de Magny,
proche Bayeux, laquelle fut vendue depuis à M. Foucault.
II demeurait assez souvent à Bayeux, et il mourut à
Caen au mois de septembre lô/S. De sa femme Catherine
Compaing, il laissa Michel Chamillart, chevalier des
ordres du Roi, marquis de Cany, seigneur de Courcelles,
né à Bayeux le 6 janvier i652, conseiller au Parlement
en 1676, intendant à Rouen en 1689, ministre d^État en
1 700, grand trésorier des ordres du Roi en 1 706, retiré
du ministère en 1708 avec une pension de 60,000 livres
du Roi, mort à Paris le 14 avril 172 1. Il fut père de
Michel, II« du nom, marquis deCany, qui, de sa femme,
Marie- Françoise de Rochechouart de Mortemart, a laissé
des enfants, entre autres Louis, prêtre, docteur de Sor-
bonne, vicaire général du diocèse de Bayeux.
Philippe Dreux, chevalier, seigneur du Plessis et de
Vaugandry, conseiller du Roi, maître des requêtes, inten-
dant de Caen, suivant une ordonnance de lui du 26 oc-
tobre 1676.
François Basin, chevalier, seigneur de Bandeville,
Saint-Cyr, Morsan, intendant de Caen, suivant une
ordonnance de lui du 12 décembre 1676, et selon un
arrêt du Conseil de 168. . .
Claude Meliand, chevalier, conseiller du Roi, maître
des requêtes, intendant de Caen en 1677, ^^^ ^^°^ ^^
arrêt du Conseil de 1680.
Antoine de Barillon de Morangis, seigneur de Mon-
tigny, maître des requêtes ordinaires de Phôtel du Roi,
intendant à Metz, à Alençon, à Caen et à Orléans, mourut
le 18 mai 1686. Il avait épousé Catherine-Marie de Bou-
cherat, fille d'Antoine, chancelier de France, décédée
le 1 5 mfirs 1 733, âgée de plus de 80 ans.
177
Jacques-Armand de Gourgues, marquis de Vayres,
lieutenant-général de Bordeaux, maître des requêtes en
1679, intendant de Limoges en 1684, et de Caen en 1686.
Il était petit-fils de Marie-Antoine de Gourgues, premier
président au Parlement de Bordeaux^ et de Marie Seguier,
sœur de Pierre, chancelier de France, et fils de Jean,
marquis de Vayres, président à mortier à Bordeaux. De
son épouse Marie-Elisabeth Le Qerc de Cottier, fille
unique de Louis, marquis d^Aunay, décédée le 1 1 mars
1709. Il laissa deux fils conseillers au Parlement.
Nicolas-Joseph Foucault, fils de M. Foucault, secré-,
taire du Conseil d^Etat, et de Marie Métezeau, fille du
célèbre Métezeau, intendant des bâtiments du Roi, qui
imagina et fit exécuter la fameuse digue de la Rochelle,
naquit à Paris le 8 janvier 1643 ; né avec un esprit vif et
brillant que Ton cultiva avec soin, il parut au barreau
avec tant dMclat que, par son éloquence, il mérita d'être
mis en parallèle avec les plus célèbres avocats de ce temps-
là. Un mérite si éclatant Péleva successivement aux
charges de procureur général aux requêtes de Thôtel,
d^avocat général au grand Conseil, de maître des requêtes,
et enfin de chef du Cpnseil de S. A. R. Madame. Pendant
qu^il notait encore que procureur général aux requêtes de
Phôtel, le roi lui donna la commission extraordinaire
de procureur général de la commission établie pour la
recherche de la noblesse. Etant maître des requêtes, il eut
celle de Pau et celle de Caen, et dans toutes les trois il
laissa dMclatantes marques de son zèle, de sa prudence et
de sa fermeté. Ce fut lui qui, en 1 704, fit la découverte
de l'ancienne ville des Viducassiens, à deux lieues de
Caen, et qui en envoya à TAcadémie une relation exacte
et savante, avec quantité d'inscriptions, et le dessin d'un
12
17»
gymnase complet (i). Cet homme célèbre fut récompensé
par une place de conseiller d'Etat qui le rappela à Paris.
Il se fit un plaisir de son assiduité à TAcadémie, où il
avait été reçu honoraire dès 1 701, lors du renouvellement
de cette Compagnie. Il mourut le 7 février 1721^ âgé de
plus de 80 ans.
Pierre Amault de la Briffe} marquis de Ferrières,
maître des requêtes, fut intendant de Caen en 1706, et
passa depuis à Pintendance de Dijon.
Nicolas Foucault, fils du précédent, maître des re-
quêtes, marquis de Magny, a été intendant de Caen trois
ou quatre ans. Il fut révoqué, ensuite obligé de sortir de
France, pour avoir entré dans le complot formé contre
M. le Régent. Il passa en Espagne, où il est devenu chan-
celier de la Toison d^Or, et lieutenant général des armées
de S. M. Il vit encore.
Guinet, maître des requêtes, intendant de Caen.
François Richer, chevalier, seigneurd^Aube, conseiller
du Roi en ses conseils, fut reçu conseiller au Parlement
de Rouen en 17 10; maître des requêtes ordinaires de
rhôtel du Roi, et intendant de la généralité de Caen en
1725, d'où il passa à Soissons en 1727. Il mourut en
1752. M. d'Aube était haut, dur, colère, contredisant,
pédant; bonhomme néanmoins, officieux même et géné-
reux (2). II était neveu à la mode de Bretagne du célèbre
M. de Fontenelle, lequel disait de lui que s'il était difficile
à commercer il était facile à vivre. Cet intendant est auteur
du livre intitulé (3) : Essai sur les principes du droit et
de la morale, à Paris, 1743, in-40.
(1) Hist. litt. du règne de Louis XIV, t. I, p. 3918.
(2) Journal de Verdun, 1727, t. I, p. 228.
(3) Mémoires de Fran., mars 1768, p. 36 et 40.
179
Félix Aubery de Vastan, fils de Jean Aubery, marquis
de Vastan, conseiller au grand Conseil, et de Madeleine-
Louise de Baiileul, fut intendant de Hainaut, depuis de
Caen en 1727, et ensuite prévôt des marchands de Paris
en J738. Il épousa : 1® N. Fontaine, dont une fille
unique; 2^ N. Foucault, morte à Caen en 1782 (i).
François 'Dominique Barberie de Saint* Contest,
maître des requêtes, fut intendant de Caen deux ou trois
mois, d^oQ il passa à l'intendance du duché de Bour-
gogne (2). Son épouse, Jeanne Monique des Vieux,
mourut à Paris le i«r mars 1746, âgée de 28 ans. Il était
fils de Dominique Barberie de Saint-Contest, conseiller
d^Etat ordinaire, décédé le 22 juin 1780, âgé de 62 ans (3).
Il avait été ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire
du Roi au Congrès de Bade et de Cambrai. Il était petit-
fils de Michel Barberie de Saint-Contest, reçu conseiller
au Parlement de Rouen en 1657, depuis maître des
requêtes (4). Il était arrière-petit-fils deTobie Barberie,
acquéreur de la terre de Saint-Contest, trésorier des
guerres, et annobli en i635.
Louis Arnaud de la Briffe de Ferrières, fils du pré-
cédent, maître des requêtes, intendant de la généralité de
Caen, mourut à Caen, le 28 juillet 1762, âgé de 47 ans,
et fut enterré dans le chœur de Péglise paroissiale de Saint-
Jean. Sa mort, dît un mémoire, a affligé toute la géné-
ralité. On louait ses mœurs, le désintéressement, Pimpar-
tîalité et l'application de ce magistrat.
FranqoiS'Jean Orceau, chevalier, baron de Fontette,
(1) Hist. des grands offic., t. I, p. 809-810.
(2) Journal de Verdun, 1746, p. Sog.
(3) Mém. de Fran., juin 1730, 1. 1, p. ia56.
(4) Hist». de la ville de Rùuen, 1. 11, p. 212.
i8o
châtelain de Tilly, seigneur d'Essoyer, Verpillières et do
grand et petit Noé, conseiller du Roi en ses conseils,
maître des requêtes ordinaires de son hôtel, Tice-protecteur
de FAcadémie des belles-lettres de Caen, a succédé au
précédent dans la généralité de Caen. Il épousa à Paris,
le 4 février 1763, dame de Lignières, veuve de M. de
Saint-Sauveur de la Ménardière de Caen, et reçut la
bénédiction nuptiale de M. de Rochechouart, évéque de
Bayeox.
Le 21 octobre ijyS, M. Esmengart, intendant de
Caen, vint à Caen pour la première fois.
Le Bailliage de Caen tient le cinquième rang parmi
les sept qui sont en Normandie. Il a la même andquité
que les autres grands bailliages de France. Le temps de
la création des baillis est assez incertain. Quelques-uns
la rapportent à Hugues Capet, vers la fin du x* siècle,
mais il est certain qu'ils ne sont pas plus anciens en
Normandie que du temps de Philippe-Auguste, qui
réunit ce duché à la couronne en 1204. L^histoire fondée
sur les anciens titres a conservé les noms des baillis de
Caen depuis le commencement du xiii* siècle. Ces chefs
étaient originairement des officiers militaires, conduisant
les nobles à la guerre. Ils terminaient leurs différends
par exclusion des roturiers, et jugeaient leurs procès. Ils
étaient aux gages des villes de leurs sièges. La cha^ de
bailli de Caen, comme celle des autres villes, est tellement
réduite aujourd'hui qu'on ne lui a laissé d'autres fonc-
tions que celle de commander Parrière-ban, et de laisser
intituler les actes publics de son nom. Le bailliage de
Caen est composé d'un bailli d'épée, qui est toujours gou-
verneur de la ville et citadelle^ d'un lieutenant-général, et
des autres officiers du présidial. La juridiction du bail-
i8i
liage s^étend sur quatre anciennes vicomtes : de Caen, de
Bayeux, de Falaise et de Vire, dont quelques-unes ont
été démembrées.
La Vicomte de Caen est plus ancienne que le bailliage.
Les vicomtes succédèrent aux comtes dans la connaissance
des affaires tant civiles que criminelles. Par l'établissement
des baillis, les vicomtes ne connurent plus que des procès
des roturiers. La charge de vicomte de Caen, ainsi que
celle des vicomtes d'Evrécy et de Saint-Silvin, furent
réunies, par lettres patentes du Roi de Tannée 1741, au
bailliage de cette ville.
Le Présidial de Caen fut établi au mois de septembre
1 552, un an après que les présidiaux eurent été érigés en
France par Henri IL On lui attribua 3 lieutenants :
général, criminel et particulier; des gens du Roi, au
nombre de 2; 10 conseillers. Le nombre en fut depuis
augmenté par divers édits ; les charges de Président
vinrent ensuite. Ils furent incontinent supprimés, et ont
été depuis rétablis. Le présidial de G>tentin, séant à
Saint-Lô, fut réuni au présidial de Caen, par un édit
donné à Caen au mois d*août 1 563. Il a été depuis uni à
Coutances en i58o. Cette Cour juge en dernier ressort
jusqu^à la concurrence de 25o livres. Le Roi a accordé
aux juges en chef, conseillers et gens du Roi, Phonneur
de porter la robe rouge.
Le Bureau des Trésoriers de France a succédé, à
Caen comme dans les autres provinces du royaume, à la
juridiction du Trésorier et du général des finances. Avant
le règne de François I" il n*y avait que 4 trésoriers, et
autant de généraux, pour toutes les finances, mais ce prince
l82
les mit au nombre de 34 : 2 en chacun des 17 bureaux
qu^il établit. Celui de Caen est aujourd'hui composé d'un
président et de 19 trésoriers, avec un procureur du Roi
et ses substituts. Le bureau d'AIençon est un démembre-
ment de celui de Caen.
L'Election de Caen est une des g qui composent la
généralité dudit lieu. Ces juridictions furent créées en
1 597 par Henri IV. Il ne paraît point qu'il y eut de pré-
sident en titre d'office en cette juridiction avant l'année
1597. Le premier fut Jean Le Paulmier, sieur de Saint-
Louêt. Son district a la même étendue qu'avait la vicomte
avant son extinction. Il est borné à l'est par la rivière de
Dive, à l'ouest par celle de Seulles.
Son climat est assez tempéré, malgré le voisinage de la
mer, qui amène des brouillards, des vents et des pluies.
Le terrain en est plat^ propre aux labourages, et rapporte
de très bon blé et autres grains. FI y a quelques cantons
d'herbages et de prairies, et partout beaucoup de plants
en pommiers et poiriers, d'ailleurs très peu de bois. Il
comprend la seule ville de Caen et sept gros bourgs, oti il
y a foire et marché : Troarn, Argences, Aunay, Evrecy,
Villers, Cheux et CreuUy.
Le Consulat commença à être exercé à Caen le mer-
credi 17 février 171 2. C'est une juridiction établie pour
terminer les différends qui s'élèvent entre les marchands
par rapport au commerce. Le commerce de Caen consiste
principalement aux beaux draps que Ton y fabrique, aux
serges, aux toiles et aux cuirs que l'on y transporte en
divers pays.
Les foires que l'on y tient contribuent beaucoup à ce
grand et utile n^oce. Il y en a six : celle des Innocents
' i83
devant Tabbaye de Saint-Etienne, celle de Saint-Simon et
Saint-Jude à la Maladrerie, celle de Saint-Michel au
Bourg-l'Abbé, celle de la Trinité devant PAbbaye-aux*
Dames, celle du premier lundi de Carême, et celle de
Quasimodo; cette dernière, qu^on appelle communément
la Foire Franche, est la plus renommée de toutes, et dure
i5 jours. Henri IV l'érigea pour gratifier les habitants, et
laisser à la postérité un monument perpétuel de leur
obéissance, de leurs services et de leur fidélité. Les lettres
qui en furent expédiées portent date du mois de mai
i594, et contiennent : lo la concession en faveur des
habitants; 20 la franchise qui est accordée à toutes per-
sonnes sans distinction, tant régnicoles qu*étrangers ;
30 une exception pour les deniers d^octroi, que S. M.
entend être levés et perçus en entier et sans diminution
sur les marchandises qui seront descendues en la ville de
Caen; 40 enfin, la juridiaion de cette foire, qui est attri-
buée au bailli, maire, ses lieutenants et échevins. Cette
foire fut tenue d^abord au mois de juillet; mais, pour
diverses raisons, elle fut mise à la semaine d'après Quasi-
modo en 1599, et enfin reculée encore de 8 jours, et fixée
au lundi d'après la huitaine de Quasimodo. Elle dure
8 jours entiers, et, en outre, les marchands forains ont
3 jours avant Touverture'pour faire entrer leurs marchan-
dise^, et 3 après pour les faire sortir. >
Il y a à Caen, pour les affaires de la ville, une juri-
diction composée d^un maire, de 6 échevins gouverneurs
jurés dont les 2 premiers sont gentilshommes, d^un pro-
cureur-syndic, d'un greffier et d'un sergent. A cette
juridiction préside le maire ou son lieutenant, et à son
absence, Tancien des échevins. Le maire ou son lieu-
tenant, les 6 gouverneurs échevins et le syndic ont seuls
184
le droit, à rexclusion des gens du Roi du bailliage, de
recevoir les comptes des administrateurs de THôtei-Dieu,
de gouverner le patrimoine de la ville, de nommer aux
offices dépendant de la ville, etaux places vacantes parmi
les religieuses de FHôtel-Dieu. La juridiction de Toctroi
leur est pareillement attribuée, à l'exclusion des gens du
Roi. Les officiers de ville sont nommés de trois ans en
trois ans par les bourgeois. Nos rois ont quelquefois
dérogé à ce privilège.
Les habitants de Caen vantent avec raison leur fidélité
envers nos rois. Charles VII, après avoir repris cette ville
sur les Anglais en 1450, et par reconnaissance du zèle
qu^elle avait témoigné pour son service, changea ses
armes qui étaient : de gueules au château don jonné d^or, et
lui fit prendre : coupé d^azur et de gueules, aux trois fleurs
de lis d*or, deux en chef et une en pointe. Ils obtinrent,
en 1484, de Charles VIII son abonnement pour la levée
de la taille par tarif, et ce, par le crédit d* Alain Goion,
grand écuyer de France et bailli de CaeA, privilège qui
s^accordait rarement dans ce siècle.
Mais ce qui relève davantage la réputation de Caen,
c^est le caractère d'esprit et de politesse qui règne parmi
ses habitants. On a remarqué qulls sont naturellement
industrieux et studieux. Il en est sorti en effet dans ces
siècles passés plusieurs personnages célèbres parleur éru-
dition et leurs ouvrages qui ont fait honneur à la France,
et aujourd'hui on en pourrait encore trouver qui ne
dégénèrent point des premiers.
L'Abbaye de Saint-Etienne de Caen est située dans
le faubourg qui, à cause d'elle, est appelé le Faubourg-
PAbbé (i). Le duc Guillaume, surnommé depuis : le
(1) Il 7 a plusieurs offices à titre dans cette abbaye.
i8s
Conquérant, avait épousé Mathilde de Flandres sans
dispense, quoique sa cousine dans un degré prohibé.
Le pape Nicolas II, auquel ils eurent recours, réhabilita
leur mariage aux conditions qu^ils fonderaient deux
abbayes. Ce prince et son épouse choisirent Caen, et y
bâtirent chacun une abbaye de Tordre de saint Benoit,
et pour les deux sexes. Celle de Saint-Étienne fut achevée
de bâtir en 1064, dédiée en 1077, ou même 1080, et
dotée en 1082.
L'église a Pair d'aune cathédrale, ayant 17 piliers de
chaque côté, à doubles voûtes; et 16 chapelles autour du
chœur. Le portail est tout uni, mais il est orné de 2 grosses
tours qui portent chacune une pyramide de pierre fort
haute. Il y avait une autre pyramide au milieu dé la
croisée, laquelle fiit détruite avec les bâtiments claustraux
par les Protestants, qui nMpargnèrent que le palais du
Duc. Cette église a été décorée depuis plusieurs années
d^un magnifique orgue, de belles balustrades autour du
chœur, d^ornements et d^argenterie qui méritent d^étre
vus.
Le fondateur de cette abbaye avait pour elle une sin-
gulière affection. Il y fit bâtir pour lui un palais, et y
demeurait assez souvent (r). Se voyant prêt de mourir,
il lui fit présent de la couronne qti^il portait à la messe
dans les grandes fêtes, avec son sceptre et sa verge de
justice; d^un calice fait d'une pierre précieuse, de ses
chandeliers d*or, et autres ornements (2). Mais le roi
Guillaume, son fils et son successeur, par le conseil de
ses grands, retira les ornements de la royauté, et donna
par échange à cette abbaye plusieurs terres et apaisons
(0 Neust. Pia, p. 638-639.
(%) Hùt. Harc, 1. 1, p. 5a.
lS6
situées en Angleterre, saivant Tacte fait en 1088. Il y
choisit aussi sa sépulture, et avant les ravages des Calvi-
nistes en 1 562, on y voyait son tombeau de marbre noir,
et décoré de plusieurs vers en son honneuf . Non contents
de briser ce tombeau, ils déterrèrent encore les ossements
de ce prince, dans Fespérance d'y trouver des richesses
qu^ils ny trouvèrent pas. On montre encore son portrait
au naturel, peint sur du bois dans une des salles de la
maison. Ce tombeau fut rétabli en 1642 par Dom Jean
Bailhache et Dom Mathieu de la Dangie, religieux de
cette maison. Il a été encore 6té de là il y a près de 20 ans,
pour dégager le choeur 0(1 il éuit placé. En vertu d^une
permission de la Cour, le seul os tibia qui restait de ce
prince, fut levé et placé dans le Sancta Sanctorum, sous
une grande pierre de marbre noir, sur laquelle fut gravée
en lettres d'or son ancienne épitaphe.
On y conservait, avant les ravages des Protestants, des
reliques de saint Etienne et de bien d^autres saints. On
ne sera peut-être pas fâché de lire comment ces reliques
étaient venues à Caen. Voici comment un religieux de
cette abbaye rapporte le fait : Lorsque le duc Guillaume
bâtissait cette abbaye, il fit faire la recherche du corps de
saint Etienne, sous l'invocation duquel il voulait la dédier.
Il envoya à cet effet dans la Palestine, des religieux qui
achetèrent ces reliques à grand prix. En revenant en
France, ils rencontrèrent des troupes d^ Arabes qui vou-
laient les leur ravir; mais les religieux s'étant mis en
prière, et ayant prononcé le verset 17 du XV« chapitre de
TExode, les Infidèles demeurèrent immobiles, et les reli-
gieux passèrent librement. A^rrivés à Caen, ils voulurent
prouver l'authenticité de la relique qu^ils portaient par
répreuve du feu. Ils en firent donc allumer un sur le
pont de Tabbaye, ils y passèrent au milieu des flammes,
i87
revêtus de leurs ornements sacerdotaux^ sans aucune lé-
sion, le feu ayant paru évidemment sMcarter, et se sépa-
rer des deux côtés du pont en forme de hayes pour ne les
point blesser. On institua en mémoire une fête de la
translation de ces reliques au huitième d*octobre.
Dans les calamités publiques, on s'adressait au chapitre
des religieux pour obtenir la descente de \^ fierté, qu'on
portait processionnellement dans la ville. Ces reliques
consistaient en une partie du bras de saint Etienne, une
ampoule du sang qui avait coulé de son crâne, grand
nombre de ses cheveux, une des pierres dont il avait été
lapidé ; et, ce qui est fort admirable, disent les Chartres de
Fabbaye, cVst que tout cela était blanc: capiti albi...
lapis al bus.,, vas album,,, magnam faciunt admiratio-
nem. Elles furent dérobées et pillées par les Protestan^.
Mathieu de la^Dangie, auteur de ce récit^ remarque qu'en
cela les Calvinistes firent grand tort à T Abbaye; car, au
moyen de ces reliques, ajoute-t-il, les religieux de l'Ab-
baye de Caen y dotaient, avec grande aisance, plusieurs
offices claustraux, augmentaient le revenu de leur sacré
patrimoine, y ajoutaient nombre indicible de rares édifices
et augmentations, tant dans Tenclos et pourpris d'icelle
abbaye, qu'au sujet des seigneuries et dépendances.
Avant les ravages des Protestants^ on voyait dans la
chapelle de Notre-Dame, derrière le chœur, un somp-
tueux tombeau de marbre noir et blanc, enrichi d^his-
toires et figures en relief^ et érigé en faveur de Charles de
Martigny, évêque de Castres et abbé de Caen, par Pierre
de Martigny, son neveu, évéque de Bayeux, et son suc-
cesseur dans cette abbaye. Son épitaphe était ainsi
conçue :
In obitum Révère ndi in Christo patris Caroli episcopi Castrensis,
abbatis Cadomensis.
i88
Hoftpes, siite gradum, et morare qucso; tantisper tibi lecta du m
tabella paucoa continet absoluta venus. Pnesul Carolus hoc lacet
sepulchro, is qui consilio potens, potens que cuits viiibus et lepore
lingus, pnestans ingenioque singulari, fido pectore, liberali dextra,
rane dotibus omnibuaque meatis. Dùm vixit tibi gratiam acamo-
rem trium concilia vit usque Regum. Gratus obsequtis, fidelitate,
renim cognitione publicarum, mentis dexteritate providentis, atque
hoc nomine regii perennem Legati subit honorem, onus que : pro-
fectus varias subinde ad oras versatus varias, et inter urbes gratus
interea omnibusque carus. (luis eum vivere et esse contigisset tum
quos non tulit impiger labores dum servat patriam pius salutem,
quos non sustinuit subîre sutnptus dùm regale decus suumque
servat ; hune vîvum attoniti audiere s«pe summi pontifices, duces
que summi. Hune saepe et Veneti patres loquentem mirati obstu
puere. Eumdem que Hibemus, Germanus simul, et Britannus una
dicentem tadti, auribus que victis exstupuere, et hoc de repente, in
vocem et verba diserts coUoquentis.
Hanc tandem Venio ingruente ad aedem defectus nimio labore
adivit, vitae reliquias ubi peregit : opes interea suas benignus
quantas magne habet erogans amicis, pupillis, viduisque, cateris
que mulds, id genus indigis beats si qux prsemia sempitema vitae
mereri queat : id solum agentem curantemqne animée sus salutem
spretis omnibus hinc et indè mundi hujus deliciis, tamen severa
raptum condidit Atropos sub urna hac. Hoc te scire volebam. Abi,
viâtor.
Charles de Martigny était représenté à son naturel au
tombeau. Obiit anno Domini millesimo quinquentesimo
duodecimoseptimoj dus Juin. Pater noster. Ave Maria,
Il avait été évéque d^Eaulne (Eaulneou Elne, était un
évéché situé dans le Roussillon, réuni après le Concile
de Trente à rarchevêchédeTerragone), et en cette qualité,
il présida, avec M« Christophe de Carmont, à l'Echiquier
de Normandie tenu à Rouen au terme de Saint-Michel
1484. 11 se trouva aussi à celui de 1497. Etant venu*de-
(i) Hirt, Harc, t. III, p. 8.
i89
meurer dans son abbaye de Caen, il y fit bâtir, en i S07,
le corps de logis et 'la galerie dorée qui donnait sur le
jardin et la prairie. II fit fondre une grosse clocheappelée
le Gros-Charles^ que M. de Bras assure avoir été plus
grosse que celle de Georges d^Amboise de Rouen. Elle
fut cassée en 1 562 par les Protestants.
Cet évéque-abbé eut pour successeur de ses deux di-
gnités, Pierre de Martigny, religieux bénédictin^ son
neveu, lequel devint aussi évéque'de Bayeux, et en prit
possession, par procureur, le 27 mai i53(. Il nomma,
pour son vicaire général, Charles Cailleteau, prêtre, cha-
noine de Bayeux, dont les lettres furent lues et vérifiées à
Tofficialité, le 9 juin suivant. Ce prélat, étant en son
abbaye, expédia le 1 1 août de la même année deux colla-
tions pour la chapelle de Saint-Vigor-de-Justice (ij, et
pour la cure du château de Bayeux. Il fut pris de mal
peu de jours après, et en mourut lorsqu^il se disposait à
prendre possesion en personne de son évédié. Anno D"*
iS3i, die li mensis 7*^*% horaferme undecimdde mane
in abbatia 5* Stephani de Cadomo, idem /?•«»••« m -ï*
pater et D. D. Petrus de Martigny E^ B'^i^. diem
suum clausit extremum ; pro patris cujus obitu sedes
EP^^vacavitj et auctoritate dominorum de Capitula
ecclesiœ Bajocensis Juerunt instituti officiarii ad exer^-
citium vicariatus et secretariatus in Capitula die 14,
prœdicti mensis horafere nona de mane.
Son corps fut inhumé dans son abbaye, son cœur fut
apponé à Bayeux, et enterré dans la chapelle Notre-
Dame-defrière-le-Chœur. En ouvrant une fosse dans cette
chapelle pour M. le duc de Monemart, le 17 janvier
1757, on retrouva ce cœur enfermé dans une boîte de
(I) Rogist. de VéTêché, i53i.
190
plomb, laquelle ne portait ai armes ni inscription. On la
remit au pied du cercueil de ce duc. Cest ce prélat qui
avait £siit ouvrir la sépulture de Guillaume le G>nquéraat
dans son abbaye.
L^abbaye de Saint-Etienne est exempte de la juridic-
tion épiscopale, et en a une particulière sur 12 paroisses
qui lui appartiennent. Ses religieux venaient ancienne-
ment tous les ans en procession en Péglise cathédrale de
Bayeux pendant les fêtes de la Pentecôte (i ). Cétait une
espèce de vassalité que les communautés devaient à
réglise matrice. Ils embrassèrent la réforme de Saint-
Maur en i663. Les bâtiments qu^ils y ont fait élever
sont magnifiques. '
L^abbé de Caen avait séance à TEchiquier de Nor-
mitndie, et avant que Tabbaye eut été mise en commende,
il avait droit d*of&cier pontificalement dans son église,
par la concession que le S. P. en avait fait à l'abbé Robert
de Chan>bray.
Il est sorti de cette communauté plusieurs religieux
distingués par leur mérite, et élevés aux premières di-
gnités de TEglise.
Ses armes sont de gueules à deux léopards d'or.
L*abbaye présente à un grand nombre de bénéfices,
tant cures que chapelles. Les chapelles à titre de cette
abbaye sont : Notre-Dame de Halbout, qui a 4 titulaires
à la pleine collation de Tabbé ; Saint-Martin de Cheux,
qui en a pareillement 4 à la collation du même, et les
chapelles de Castres, ainsi appelées pour avoir été fondées
par Charles de Martigny, évéque de Castres, dont j'ai
parlé ci-devant ; lesquelles sont au nombre de 8, à la pré-
sentation du prieur, et possédées par les religieux.
(i) Manuscrit de Pottier.
191
Vabbaye de Sainte-Trinité, - dite communément
TA bbaye-aux-Dames, est située dans le faubourg Saint-
Gilles, au nord de Caen. Elle fût bâtie et dotée la même
année que celle de Saint-Etienne, par Mathilde, femme
du duc Guillaume, et pour la même intention. Son
église est grande et bien décorée. On y voit le tombeau
delà fondatrice, morte en io83. Il avait été démoli en
1 562 par les Protestants. M™*^ de Froullay, la première
abbessede ce nom, le fit rebâtir, ainsi qu^une magnifique
maison pour y loger sa communauté, qui est nombreuse.
L'église avait deux pyramides élevées au-dessus de son
ponail comme la grande abbaye. Elles furent abattues en
i369 par Charles, roi de Navarre, dans la pensée qu'on
pourrait s'en servir pour observer la marche de ses troupes.
L'abbesse s'appelle : Madame de Caen, non pour au-
cune raison paniculière, mais parce que c'est un usage
fréquent de donner aux abbesses le nom des lieux oti elles
sont établies. Il est à remarquer que d'anciennes Chartres
nomment Tabbesse et les religieuses de ce monastère :
rObitière, et les obitières de Sainte-Trinité de Caen.
Cette abbaye embrassa, au commencement du dernier
siècle, une réforme et une observance plus étroite. Elle
manquait depuis longtemps de constitutions en bonne
forme, et ne suivait que d'anciennes pratiques mal digé-
rées. M°*« de Budos qui en était abbesse, engagea
l'évêque d'Agde, son frère, à rédiger celles qui. s'y ob-
servent à présent; elles furent approuvées en 1626 par
M. d'Angennes, et en 1695 par M. de Nesmond, dans
une visite qu'il fit en cette maison au mois de décembre.
Laurence de Budos, d'une maison illustre, avait été
nommée par Henri IV en 1 598 à cette abbaye. Le P. Jean
Eudes, prêtre de l'Oratoire, depuis instituteur de la con-
grégation des Eudistes, lui dédia le livre intitulé : La
192
*
vie et le Royaume de Jésus dans les âmes chrétiennes,
lequel parut à Caen, en 1637, en i vol. in-12. Elle
mourut en i65o, le 2 3 juin.
L'abbesse qui lui succéda fut Marie-Eléonore de
Rohan, dont le mérite fut encore plus distingué que la
naissance. Cette dame illustre, fille de Hercule, duc de
Montbazon, grand veneur de France, et de Marie d^ Avau-
gour de Bretagne, reçut la bénédiction le 1 1 décembre
i65o. Elle passa depuis au prieuré de Notre-Dame de
Consolation, rue Cherche-Midi, à Paris, qu'elle établit,
et auquel elle donna des constitutions dressées par elle-
même. Ce fut le 10 oaobre 1664 que Monseigneur lui
donna permission, et à 3 religieuses qui raccompa-
gnèrent, de sortir de l'Abbaye de Caen. On a d'elle une
paraphrase sur tous les ouvrages de Salomon, qui passe
pour un des meilleurs commentaires qui aient été faits
sur cette matière. Elle mourut le 8 d'avril 1682, en sa
53« année. Sœur Françoise de Longaunay, première
prieure de Cherche-Midi, lui dressa dans son monastère
répitaphe suivante :
Ici repose très illustre et très vertueuse princesse Marie*Eléonore
de Rohan.
Premièrement abbesse de Caen, puis de Malnoûe, seconde fonda-
trice de ce prieuré qu*elle redonna à Dieu, et où elle voulut finir
ses jours, plus révérée par ses grandes qualités, que par sa haute
naissance.
Le sang des Rois trouva en elle une ftme royale.
En sa personne, en son esprit, en toutes ses actions éclata tout
ce qui peut rendre la piété et la vertu plus aimables. Sa profession
fut son choix, et non pas celui de ses parents. Elle leur fit violence
pour ravir le royaume des cieux. Capable de gouverner des Etats
autant que de grandes communautés, elle se réduisit volontairement
à une petite pour y servir, avec le droit d'y commander.
Douce aux autres, sévère à elle-même, ce ne fut qu'humanité au
dehors, qu^austérité au dedans. Elle joignit à la modestie de son
193
lexe le sçavoir du ndtre : au siècle de Louis le Grand, rien ne fut ni
plus poli, ni plus élevé que ses écrits : Salomon y vit, y parle, y
règne encore, et Salomon en toute sa gloire.
Les constitutions qu'elle fit pour ce monastère serviront de mo-
dèle pour tous les autres. Comme si elle n'eut vécu que pour sa
sainte postérité, le même jour qu'elle acheva son travail, elle tomba
dans une maladie courte et mortelle, et y succomba le 8e d'avril
1681, en la 53e année de son âge.
Jusqu'en ses derniers moments et dans la mort même, bonne,
4 tendre, vive et ardente pour tout ce qu'elle aimait, et surtout pour
son Dieu.
Tant que cette maison aura des vierges, épouses d'un seul époux,
tant que le monde aura des chrétiens, et l'Eglise des fidèles, sa mé-
moire y sera en bénédiction.
Ceux qui l'ont vue n'y pensent point sans douleur, et n'en parlent
point sans larmes.
Qui que vous soyez, priez pour elle, encore qu'il soit plus vrai-
semblable que c'est, maintenant à elle de prier pour nous, et ne vous
contentez pas de la regretter ou de l'admirer, mais tâchez de l'imiter
et de la suivre.
Soeur Françoise de Longaunay, première prieure de cette maison,
sa plus chère fille, l'autre moitié d'elle-même, dans l'espérance de
rejoindre bientôt, lui fit élever ce tombeau.
Le moindre et le plus affligé de ses serviteurs eut l'honneur et le
déplaisir de lui fiiire cette épitaphe, où il supprima» contre la cou-
tume, beaucoup de justes louanges, et n'ajouta rien à la vérité.
Les religieuses de Tabbaye de Sainte-Trinité portaient
des robes blanches, et des surplis de toile fine et bien em-
pesée; mais depuis Jeur réforme, et même quelque temps
auparavant, elles ont pris Tbabit de chanoinesses.
Cette abbaye, comme celle de Saint-Etienne, a sa séné-
chaussée et son siège de moyenne justice, dont le ressort
s'étend sur les vassaux de ses seigneuries. Elle est
exempte de la juridiction épiscopale, et a une officialité
avec juridiction particulière, qui sMtend sur 4 paroisses,.
X3
194
dont Tabbesse est dame et baronne. Ces paroisses * sont :
• Ouistrcham, Colleville, Saint- Aubin-d'Arquen^y et Bé-
nouville.
Il y a, dans Tenclos de Fabbaye, 4 chapelles qui sont
à la nomination de Tabbesse : Saint-Martin-de-la-Tour^
Sainte-Trinité, Saint-Laurent, et Sainte-Marie-Made-
leine, et une cinquième, Notre-Dame-du-Pardon, à: sa
pleine collation.
La Collégiale du Saint^Sépulchre fut fondée, Tan
1219, par Guillaun)e Acarin, orignaire de la paroisse de
Grainville. Cet homme était fort riche. Dans son voyage
de la Terre-Sainte, il fit vœu de bâtir à Caen une église
. semblable à celle du Sépulchre de Jérusalem. A son
retour il s'acquitta de son vœu, et fit bâtir cette belle
église que le duc de Bouillon fit abattre en i562, sous
prétexte qu'elle pouvait incommoder, en cas de siège, le
château sur lequel elle commandait.
Acarin fonda aussi la mansercapitulaire et le revenu du
Doyenné. La ferveur était grande alors ; d^autres, à son
exemple, contribuèrent au succès d^une si pieuse fon-
dation, et Robert des Ablèges, évéque de Bayeux, Tappuya
de son autorité, suivant sa chartre du 3 juin i23o. Elle
avait déjà été confirmée en i223 par Tbibaud, arche-
vêque de Rouen, et par le pape Honoré III en 1226;
enfin, le droit d'amortissement en fut payé par le Chapitre
à Philippe-le-Hardî dn 1278, et à Philippe-le-Bel en
1295.
Les chanoines avaient commencé leur office dans la
chapelle de Sainte-Anne, située proche cette église, en
attendant qu'elle fut bâtie. Ils furent contraints, lors de
la destruction, d'y repasser, et ils y sont demeurés. Cette
.chapelle est régulièrement bâtie; elle est fort ornée en
195
dedans et très propre. L^autel, en forme de tombeau^ est
de marbre; le chœur est environné d'une belle me-
nuiserie; la sacrifie est magniiSque; on Ta augmentée
depuis peu de deux petites chapelles, et d'une tour assez
élevée.
On voit dans la nef un tableau qui représente le plan
élevé de l'ancienne église.. Il fut fait^ peu de jours avant
sa destruction, par les soins de M. de Bras, comme il le
marque lui-même dans ses Antiquités de là ville de
Caen.
Le chapitre est composé d'un doyen et de lo canonicats,
dont il y en a un affecté au doyenné. Ces canonicats sont :
La Mar'e, Anzerey, Anîsy, PEscrivain, Bourguébu, le
,Perrier, Moult, Quatre-Puits, Varaville et Urville. Mon-
sieur révêque de Bayeux nomme seul au doyenné, et
alternativement avec le doyen, aux prébendes.
Il y a encore 6 chapelains, un cusios, un maître de
musique, 4 enfants de chœur et un bedeau.
• Le doyen présente à Brouay, à Épron, à la première
portion de Cramesnil, et à Soliers.
Sous lepiscopat de M. d'Angen nés, les chanoines du
Sépulchre eurent une contestation avec les curés de la
ville, touchant le pas dans les processions publiques et
dans les autres cérémonies publiques. Pour empêcher le
procès prêt à s'élever entre eux, M. d'Angenncs fit, par
provision, un statut le 16 juin 1645, par lequel il fut
réglé que dans les actions publiques oti tout le clergé est
obligé de se trouver en corps, les chanoines, suivant la
coutume, iront derrière, distingués des autres ecclésias-
tiques, et que dans l'église ils prendront le côté droit du
chœur, et les curés le côté gauche, ce qui subsiste encore.
1^6
LISTE DES DOYENS DU SÉPULCHRE
I. — Guillaume Acarin, clerc, originaire de la paroisse
de Grainvîlle, après avoir fondé cette collégiale, en fut
nommé le doyen par Tévéque de Bayeux, suivant une
chartre de i23o. Il vivait encore en i238 (i).
II. — Jean le Moine, cardinal fondateur du collège de
son nom à Paris, doyen de Téglise de Bayeux et du
Saint-Sépulchre de Caen. Il mourut à Avignon en i3i3,
et son corps, reporté à Paris, a été enterré dans Téglise de
son collège. Il était doyen du Sépulchre en i3o3.
III. — Pierre Le Certain, doyen en Tannée 1372, fit
un traité avec Pierre Pinchar, général de Tordre des
Croisiers, par lequel ce dernier obligea les religieux de
son ordre, nouvellement établis à Caen, de faire tous les
ans deux processions de leur église à celle du Saint-Sé-
pulchre, aux fêtes de TInvention et de T Exaltation de la
Sainte-Croix (2).
IV. — Roger d'Estampes, doyen du Sépulchre, oflScial
de Bayeux au siège de Caen en 1465. II assista à TÉchi*
quier de Normandie en 1474. Il fut nommé arbitre avec
le patriarche d'Harcourt, évêquede Bayeux, pour terminer
la même année le procès entre May d^Houllefort, bailli
de Caen, et Pierre et Guillaume de Brieux père et fils,
touchant la seigneurie de Maisoncelles-sur-Ajonc (3).
V. — Guillaume Michel, doyen en i5oo.
VI. — Léon Conseil, doyen du Sépulchre, chancelier
de Péglise de Bayeux, vicaire général du diocèse (4).
(i) Orig, de Caen, p. Sag, 225 et 233.
(2) Jean de Villers, IV» Doyen. G. Villers.
(3) liist. Harc, t. II, p. 1998 et t. I, p. 908.
(4) Reg. du secrétariat de Bayeux.
197
Anno D** i523 die 20 mensis februarii V* magtster
Léo Conseil cancellarius Bajoc, ac Decanus ecçlesiœ
collegiatœ 5" Sepulchri de Cadomo, consentit, ac con-
sensumprœhuit resignationi faciendœ de canonicatu et
prcebenda in eadem ecclesia collegiata, etc. Il mourut
en i528.
VII. — Jean Conseil, neveu du précédent, fut d'abord
chanoine de Castilly en l'église de Bayeux, puis chanoine
de la Haye, scholastique en la même église, et doyen du
Saint-Sépulchre de Caen. Il avait remis le canonicat de
Castilly en i523. Il mourut en 1543.
VIII. — Jean-Baptiste Péchion, clerc du diocèse de
Milan, fut amené en France par le cardinal de Trivulce,
évéquede Bayeux, qui en fit son vicaire général (i), et lui
donna un canonicat dans son église. Il succéda à Jean
Conseil dans le doyenné du Sépulchre en i543.
IX. — Henri C lutin, doyen, mourut en i553.
X. — Geojffroy Duval^ clerc du diocèse de Paris (2),
conseiller au grand Conseil, archidiacre de Bayeux par
collation du 20 juillet i552, doyen du Sépulchre par
collation du 16 novembre i553, et chanoine de Cartigny
à Bayeux ; résigna Tannée diaprés son doyenné au sui-
vant, et sa prébende de Cartigny à Jean d'Aussenville,
clerc de Rouen. On lit encore que Germain Du val, clerc
du diocèse de Paris, prit un visa le 29 septembre i556,
pour le canonicat de Cartigny, vacant par le décès de Jean
d'Aussenville, que Nicolas Duval, clerc du même diocèse,
en prit un pour le canonicat de Bernesq le 27 dé-
cembre 1570; et que François Duval, clerc du même
(i) Reg. de l*ÉYêché.
(2) Reg. de l'Évêché.
198
diocèse, en prit un aussi en 1 5 7 1 pour la prébende de
Saint-Patrice.
XI. — Philippe Rémon, conseiller clerc au Parlement
de Rouen en i S46, fut pourvu, sur la résignation du
précédent, du doyenné du Sépulchre par un visa du
3 mai 1 554, ^^ ^" P'^^ posssession le 29 août suivant. On
'le voit revêtu de la prêtrise en 1557.
XII. — Geoffroy Rémon, clerc, prit possession du
doyenné le 5 mars i56oy et il fut reçu en qualité de doyen
et de confrère par le chapitre, in decanum et confra^em
receperunt (1). Il eut la douleur de voir abattre sa
superbe église du Saint-Sépulchre par ordre du gouver-
neur de Normandie.
XIII. — Claude de Chanleu fut nommé doyen le
28 décembre t562 (2), sur la résignation du précédent.
Les registres de TÉvêché font ifoi qu'il avait été pourvu
d'une prébende au Sépulchre par collation du 20 sep-
tembre i552, d'une autre au même lieu le 29 juillet i554,
de Tarchidiaconé de Bayeux par dévolut en i557. Ils
marquent encore qu'étant docteur en droit et curé d'Her-
manville, il permuta cette cure pour la prébende d' Albray
en réglise de Bayeux, dont il prit le visa le 14 dé-
cembre 1577, ^t 4^^ 1^ même année il résigna son
doyenné au suivant. En ce cas là, M. Huet se serait
trompé (3) quand il dit qu'il fit faire en i58o, comme
doyen, les chaires du Sépulchre de Caen. II le qualifie
docteur aux droits, abbé de Bucilly, ordre de Prémontré,
diocèse de Laon, préfet de Péroaneet officiai de Bayeux.
(i) Reg. du Sépulchre.
(a) Reg. du Sépulchre.
(3) Orig, de Caen, p. 2»5.
>I99
XIV. — Antoine de Atelier, docteur ès-droits, diacre
du diocèse d^Embrun^ et promoteur de Tévéché de
Bayeux au siège de Caen, fut pourvu, par collation du
28 septembre iSjy, du doyenné, sur la démission de
Claude de Chanleu. Il accompagna M. de Saint-François,
èvêque de Bayeux, dans la visite qu'il fit en i58i à
l'abbaye de Troarn.
XV. — Philippe Le Vavasseur était doyen du Se-
pulchre et officiai de Bayeux au siège de Caen en 1600.
XVI. — Thomas Blanchard, clerc, prit possession du
doyenné le 11 novembre 161 1. Il est qualifié, dans son
acte de possession : nobflis et bonœ spei adolescens. Il
fut promu au sons-diaconat le 18 avril 161 5, et à celui
de diacre le 2 avril 1616. Il ne paraît pas qu'il ait avancé
davantage (i). Il demanda le 6 mai 161 5 au chapitre
d'avoir séance tant au chapitre .qu'au chœur, selon sa
qualité de doyen, et ordre de sous-diacre ; sur quoi les
capitulants ayant mûrement délibéré, et vu et lu les
statuts de la dite église, ordonnèrent, suivant iceux, qu'il
n'aura séance au chœur de la dite église que celle qu'il a
prise ci-devant, jusqu'à ce qu^il soit promu à l'ordre de
diacre. Il n'obtint l'effet de sa demande que le 6 avril 1 6 1 6,
jour auquel il présenta au chapitre sa lettre de diacre.
XYII. — Isaac le Comté, prêtre, licencié aux droits,
vicaire gérant en l'officialité de Caen, doyen par permu-
tation avec le précèdent le 8 février 1618, en eut la colla-
tion de M. l'Évêque le 14 février suivant. Il était aupa-
ravant curé de Ronfiigeray. Il eut beaucoup de part aux
controverses qui furent tenues de son temps à Caen contre
les Calvinistes. Il servit de second à François Véron,
(i) Reg. du Sépulchre.
200
controversiste, dans celle qu^il eut avec le fameux mi-
nistre Samuel Bochard. Leurs actes furent imprimés de
part et d'^autre, et la victoire fut réclamée par les deux
partis. Les actes de Bochard parurent à Saumur, en
2 volumes in-8<>,en 1 63o. M. le Comte résigna son doyenné
au suivant. On trouve dans les registres de Tévéché, un
Isaac le Comte, prêtre, mort curé d^Athis, proche Condé,
en 1 648 ; mais je n'oserais assurer que ce soit le même.
XVIII. — Nicolas le Comtes prêtre, docteur ès-
droits, chanoine de la Mare en Téglise du Sépulchre, fut
nommé doyen dudit lieu par permutation avec Isaac le
Comte, son oncle. LMvêque de Bayeux ratifia, le 10 juil-
let 1637, la permutation, et la provision de Rome. Il fut
nommé député du clergé à la place de Tévéque de
Lisieux, en lôSo^pour rassemblée des États-Généraux
qui furent tenus à Tours la même année. Il tenait en
commende le prieuré de Notre-Dame-des*Moutiers. Il fut
établi officiai de Bayeux au siège de Caen par lettres
données à Caen le 3 juillet i655 (1).
XIX. — Alexandre le Comte, doyen, obtint, le
8 juin t685, du Parlement de Rouen, un arrêt qui or-
donnait qu^en sa qualité de doyen il fera Toffice préfé-
rablement aux autres chanoines dans les jours marqués
au dit arrêt, et que les chanoines ne pourront faire
aucunes fonctions ecclésiastiques sans sa permission
expresse, ou qu^en cas d^absence de sa pai:t. Les chanoines
vinrent en opposition, et en obtinrent un autre du même
Parlement en date du 27 février 1687 qui, après les
avoir reçus opposants xau précédent arrêta ordonne qu^il
sera rapporté comme surpris, et néanmoins, du consen-
(i) Reg. de TÉvéché, i655, p. i et a.
201
tement des parties, a ordonné que le doyen officiera les
fôtes de Pâques, du Saint-Sacrement et du Jeudi-Saint,
préférablement aux chanoines de la dite église, sans pré-
judice du tour du dit doyen dans les autres jours de
fête de Tannée, et à Tégard de ses autres prétentions, en
useront les parties comme par le passé ( i ).
XX. — Guillaume Renouf, obtint le doyenné du Sé-
pulchre en 1693, sur la résignation du précédent. Il était
extrêmement entreprenant. Il tâcha de se faire déclarer
pasteur et curé des chanoines ; il fut débouté de sa pré-
tention comme son prédécesseur, par sentence contra-
diaoire du bailliage de Caen du£ février 1 704. Il mourut
en 1718.
XXI. — François Suhard de Loucelles, bachelier en
théologie, ancien curé de Saint-Jean de Caen, prieur de
Ponthiou et syndic du clergé ; doyen par la résignation
du précédent du 25 mars 171 5, obtint ses provisions de
Rome au mois d'avrilsuivant. Son résignant s^opposa à
sa possession, en ce qu^il rétracta sa démission par acte
du 16 juin, et puis il révoqua sa rétractation le 3 juillet
suivant, de sorte que par là les provisions du pape
étaient caduques, parce que M. de Nesmond était mort
au mois de juin 171 5. Le droit de régal étant donc
ouvert avant que M. Suhard eut pris possession, il fut
obligé de s^adresser au Roi pour obtenir une nouvelle
collation qui lui fut accordée le 14 février 171 6, et il prit
possession le 24 du mois de mars suivant. Il a contribué
à Tédiiication de la belle sacristie de son église, comme
on le voit par^ses armes qui sont sur la porte. Il mourut,
en 1743, le 18 décembre.
(i)Reg. du Sépulchre.
ao2
XXII. — ' Louis^François Poignavant, docteur en
théologie, doyen du Sépulchre, mourut le ii jan-
vier 1760. Il est enterré dans son église, vis-à-vis de
Pautel de la Vierge où Ton voit, sur une médaille de
marbre placée sur le pavé, cette épitaphe : HicjacetLudo^
vicus^Franciscus Poignavant, sacrœ theologiœ Doctor,
hujusce ecclesiœ Decanus, qui eam virtute et beneficiis
ornaifit, adauxit, et mœrentem cœlo victurus reliquit
die II januarii anno lyôo.
XXIII. — Jean-Jacques-François Godard, prêtre,
ancien professeur royal d^éloquence, et auparavant de
rhétorique en TUniversité de Caeh, principal du collège
des Arts, a requis le doyenné comme gradué et professeur
vétéran ; à quoi s^est opposé Bernardin Housset, prêtre,
chapelain fondé en Téglise de Saint- Pierre de Caen.
L^affaire est actuellement pendante au Parlement.
PAROISSES DE LA VILLE ET FAUBOURGS DE CAEN
Saint-Étienne est, sans contredit, une des plus an-
ciennes paroisses de Caen, et les vieux titres l'appellent
ordinairement Saint-Étienne-le-Vieil. M. de Bras dit
qu'elle fut dédiée en 35o par saint Régnobert, évoque de
Bayeux. Cette opinion est rejetée avec justice par
M. Huet. Néanmoins, en suivant le sentiment de nos
savants antiquaires, qui font descendre Tépiscopat de
saint Régnobert au milieu du vn« siècle, il paraîtrait
assez vraisemblable que ce saint évéque aurait pu fonder
cette église» ainsi que les autres dont on lui attribue la
fondation, puisqu'alors la ville de Caen devait se former
203
constamment. Je ne serais pas éloigné de penser de
même.
' L'on fait aussi divers jugements sur Pantiquité du
bâtiment de son église. Uopinion la plus commune est
que le chœur avec le clocher, la croisée et la nef ont été
faits à divers temps, et la diversité de la construction fait
voir que la nef est plus récente que le reste. On doit con-
clure de là que cette église n^est point le vieux monastère
de Saint-Étienne, dont il est parlé dans la chartre de
Tabbaye de môme nom, d'autant plua que Tarchitecture
est moins ancienne que celle de Tabbaye. Elle paraît
pourtant précéder le siècle de Hugues Bureau, seigneur
de Giberville, lieutenant général du bailli, à qui Ton en
attribue la construction. Il vivait à la fin du xv« siècle.
On lui fait cette attribution par rapport à ses armes qu'on
voit à la voûte de la nef, et dans une des vitres du côté
du midi. /
La cure est à la présentation de Pabbesse de Sainte-
Trinité. Cest \în échange fait avec Téglise cathédrale de
Bayeux, comme on Tapprend de la chartre de fondation
de l'abbaye de Sainte-Trinité.
Saint'Georges-dU'Chdteau. Cette paroisse est plus
ancienne que le château dans lequel elle est située. Le
duc Guillaume, en faisant bâtir le château, détruisît une
partie des maisons qui couvraient cette montagne sur
lequel il est placé. On en trouve encore des ruines
lorsqu'on creuse le terrain de la place d'Armes. Il con-
serva seulement Téglise qui servait de paroisse aux
habitants. Le ' patronage appartenait alors à Téglise de
Notre-Dame de Bayeux. Il fut échangé avec Tabbaye de
Sainte-Trinité un peu après sa fondation.
Il y a deux chapelles dans cette église, Saint-Gabriel et
204
Sanit-Aignan. Elles ne sont point annexées à la cure.
On voit néanmoins, par d^anciens mémoires, que depuis
près de 200 ans, les curés en ont toujours joui par diffé-
rents titres. On ignore le temps et le nom de leurs fon-
dateurs. La première n'a que 2 1 livres de revenu, payé
par le domaine sur les fiefs et aumônes du Roi ; l'autre a
37 livres 10 s., pris sur THôtel-de- Ville. Quelques-uns
croient que la dernière a été fondée par la maison d'Or-
léans, d'autres par un doyen de l'église de Saint- Aignan
d'Orléans.
On voit plusieurs épitaphes dans cette église ; voici les
principales. Dans le sanctuaire, du côté de l'Évangile, il
y a un mausolée de carreau sur lequel on voit une statue
d'homme à genoux, armé de toutes pièces, la tête décou-
verte et les mains jointes» avec ces inscriptions :
Cy-gist le corps de M'* Jaques de Courcy, chr. Sgr. de Vieux -
fumé, pourvu par le Roy l'an 1666 de la charge de major et
commandant des ville et château de Caen, et le S»* juin 1668 a
remis la dite charge à S. M., laquelle en a disposé le 5^* de
juillet en faveur de M^ Jaques de Courcy son fils aîné, après quoy
le dit sieur du Vieux-fumé est décédé le ,10 d'aoust 1688, figé viron
de 79 ans.
Cy-devànt gtst aussi le corps de Mr« Jacques de Courcy, chr.
Sgr de Courcy, colonel du Rs^ des Gardes d'infanterie de S. A. E.
de Cologne, major et commandant des ville et château de Caen,
lequel décéda le i5 may 1701 âgé de 61 ans.
Et cy-devant gist encore le corps de noble dame Charlotte de
St Clair, fille de M^» François de St Qair, chevalier, Sgr de Baucbe,
d'Érangeville et de Ceneteux son épouse laqle décéda le 6 jan-
vier 1701 âgée de 38 ans.
De l'autre côté du chœur, on lit en latin cette épitaphe
de messire Benjamin de Combes, seigneur et patron de
Terceville, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-
203
Louis, capitaine de vaisseau, ingénieur, directeur des
fortifications de Normandie et capitaine d'infanterie,
décédé le 12 juillet 1710.
Hic jacet
Benjaminus de Combes
eques, dominus de Terceville
in quo
Vinim habuit inclytum Gallia, et raptum luget
militia Ducem
domus patrem
Ecdesia patronum
* Neustria primarium urbibus muniendia pnefectum
Populus tutorem.
Hune
fortitudo nobîlitate et gloria intignem
fortuna affinem vins Gallis primatibua
Religio pium
justitia squi ténacem,
bellica virtus heroem
fecit.
Audiit terrentem ConatantinopoHs,
Creta imimpentem, senait et vtncentem»
Littora timuerunt fùlminantem Africana,
vidit Ludovicus pugnantem et Laudavit
plus vice simplici.
oui
sua munimenta Dunkerqua, suas arces,
suos Nova-Francia portuSi
hostilis incursus securos
débet.
Dignus
qui maximi Regum steculo nasceretur
qui tardiori eriperetur fato,
qui in natorum memoria vivat,
qui in munificentis viduae nobilis et pue
verendis sacris mjrsteriis sternum
hic commendetur.
Obiit anno post Christum natum MDCCX
m jdus julii, statis LXI.
206
On voit encore celles! au même endroit :
Icy repose
Le corps de noble Dame Geneviève de Villette, veuve de Mre Ber-
nardin François le Bas, Sgr et Patron de Cambes, du Molay et autres
lieux, dame et patronne d'Avenay, U<iuelle est décédée le 1 1 avril
I . . . ornée des vertus morales et chrétiennes dans la 5o"* année de
son ftge.
Priés pour elle.
SainUGilles, Cette paroisse est située à Textrémité d^un
faubourg auquel elle donne son nom. On Ta surnommée
Saint-Gilles de Couvrechef, paoce que le hameau de même
nom, comme ceux de Calix et de Calibourg, sont de son
territoire. Le portail de Téglise^d^une savante architecture,
estimé par les connaisseurs, est Pouvrage d^un prêtre de
Caen nommé Biaise, qui a mérité d'avoir son éloge parmi
les illustres citoyens de Caen. La cure est à la présentation
de Tabbesse de Sainte-Trinité, dame et patronne de Saint-
Gilles.
L^abbaye de Sainte-Trinité, la collégiale du Saint-
Sépulchre, et les chapelles de Saint-Thomas TAbatm et
de Sainte- Agathe sont du district de cette paroisse. (Déci-
siçn de M. Pévéque de Bayeux.)
La chapelle de Saint-Thomas avait été bâtie de temps
immémorial. Elle fut réédîfiée en 1483 par Jean Le Che-
valier, curé d^Hérouville et chanoine de Bayeux. Il fonda
un autel dans la nef, du côté droit, sous te titre de Saint-
Quentin, y assigna des revenus considérables, et se réserva
le droit de présentation, et après lui à son frère Enguer-
rand Le Chevalier, écuyer, sieur de Bernières, et à ses
hoirs. Il en fonda un autre en 1487 dans la même nef,
au c0té gauche, sous Tinvocation de saint Sébastien,
dont il se réserva pareillement le droit de présentation et
207
à Roger Le Chevalier, son neveu. Uabbesse de Caen con-
sentit à ces deux fondations, moyennant que le droit dé
collation lui appartiendrait.
La chapelle de Sainte- Agathe prend ses revenus sur
les dîmes de la paroisse de Oiberville. Elle est à la présen-
tation de Tabbesse de Caen, et à la collation de Tévéque
diocésain.
Saint^ean, Cette paroisse est située dans une île que
forme la rivière d^Orne. Elle donne son nom à une des
prébendes de la cathédrale de Bayeux qui, avec celles de
Saint- Pierre et de Notre-Dame de Froide- Rue, fut fondée
vers Tan ii53 par l'évêque Philippe d^Harcourt. Il suit
de là que Texistence de cette paroisse a précédé cette fon-
dation.
Mais la structure de son église est bien postérieure. La
tour qui est au bout fut bâtie en 1434; celle du milieu,
qui est demeurée imparfaite, ne fut commencée que le
siècle après, du temps de M. de Bras. Celle-ci est ouverte
en lanterne, et regardée des architectes comme un ouvrage
de distinction.
Elle fut pillée par les Protestants en i562 ; ils démo-
lirent et brisèrent une haute et belle croix qui était devant
le portail, et ils emportèrent le cuivre doré dont ^lle était
faite (i).
Cette riche croix enrichie de personnages et de fleurs
de lys aux aboutissements, avait plus de 16 pieds de hau-
teur, et était grosse comme la cuisse d'un homme. C'était
un présent de Pierre Blondel, docteur ès-droits, chanoine
de Coutances, officiai à Saint- Lô, et natifdeceue paroisse
Saint-Jean. Ils enlevèrent aussi du milieu du chœur un
(i) M. de Bras, p. 179.
208
grand candélabre à i6 branches qui avait été donné par
Jacques Avoyne, secrétaire et doyen de la Faculté de
Théologie, et principal de Fancien collège d^Avoyn^.
On a réparé tous ces dommages par un grand autel
enrichi de 6 grandes colonnes et autres ornements, lequel
est isolé et a deux faces. Le tableau représente le baptême
de Jésus-Christ; cVst un des beaux morceaux du célèbre
M. Le Brun, que M. Huet, évêque d'Avranches, s'ap-
plaudit d'avoir obtenu de lui pour en faire un présent à
cette église oii il avait été baptisé. Ce peintre en faisait
tant de cas qu^il offrit, peu de temps avant que de mourir,
une somme considérable pour qu^on le lui remît.
Suivant d^anciens statuts renouvelés en ï53j, le clergé
de cette église doit être composé du curé et de 6 chape-
lains fondés, aveC/ obligation d'assister à Tofficè en surplis
et aumusse. Le curé est à la pleine collation du chanoine
de Saint-Jean, qui a droit de visite et de déport sur cette
église, et les chapelains sont à la nomination des parois-
siens.
SainUJulien. Cette paroisse subsistait dès Tan 1289,
comme on rapprend des registres de Tévêché de Bayeux.
Sa juridiction sMtend dans la campagne et dans la ville
jusqu'à la rue des Cordeliers, au puits de TEpinette^ et
au carrefour Guérin (i), d'oti il s'en suit qu'elle est bien
plus ancienne que les murs qui ferment la ville de ce
côté-là. L'église est fort simple et bâtie au pied d'un ter-
rain élevé, qui rend sa position désagréable du côté du
cimetière. Les anciens curés prenaient la qualité de prieurs,
parce que la cure est à la pleine collation du commandeur
de Voismer, près Falaise, de l'ordre de Malte.
(1) Décision de Tévêque de Bayeux.
209
La chapelle de Notre-Dame-des-Champs est sur cette
paroisse. Son origine est si ancienne qu'on ne la connaît
point. On y voit des tombeaux de près de 600 ans d'anti-
quité. Elle doit 3 messes par semaine. Le seigneur du
iief de Beauregard y présente. Ce fief est situé dans la
paroisse de Saint-Gilles, derrière le parc de Tabbaye des
Dames.
Saint-Martin. Cette paroisse s^appelait autrefois Saint-
Martin-de*la-Tannerie, parce que plusieurs de ses habi-
tants exerçaient le métier de tanneur sur le nouveau cours
de rOdon. Elle s^étend d'un côté dans la campagne jus-
qu'au hameau de la FoUie qui en dépend, et de l'autre
dans la' ville jusqu'à la place du Pilori. Ce qui fait voir
qu'elle est plus ancienne que les murs de la ville qui la
partagent.
L'église n'a rien de remarquable. Le patronage appar-
tient à Pabbaye de Sainte-Trinité par réchange qu'elle en
a fait avec Téglise cathédrale de Bayeux, Mgr l'évéque
de Bayeux, décimateur.
Saint'Michel de Vaucelles. Vaucelles est un des plus
grands faubourgs de Caen. C'est le titre d'un des doyennés
ruraux de Tarchidiaconé d'Yesmes. L'église paroissiale
de ce faubourg est sous l'invocation de Saint-Michel
archange ; mais elle est de la juridiction et du doyenné
de la Chrétienté de Caen. Ce faubourg est séparé de la
ville par la rivière d'Orne, et la juridiction s'étend jusque
dans la rue Exmoisine, au-delà de l'ancienne porte Millet.
M. Huet estime que le pont de Vaucelles a été l'origine
du bourg, car, comme c'était, dit-il, l'entrée du Bessin^ et
un des principaux lieux de communication entre la Haute
14
210
et la Basse Normandie, ritnportance de ce passage y attira
des habitants qui formèrent enfin une paroisse.
Nous apprenons de la chartre de fondation de Tabbaye
de Saint-Étienne que ce fut Guillaume, duc de Nor-
mandie^ son fondateur, qui aumôna le patronage et les
dîmes de Vaucelles qui en dépendent. L^abbé de Caen
présente depuis ce temps-là à la cure.
La chapelle du Reclus, ou Notre-Dame des Cheveux,*
est du district de cette paroisse. Elle est situép dans la rue
d^Auge, près du gros orme. On la nomme Notre-Dame
des Cheveux à cause de son ancien tableau, où la Sainte
Vierge est représentée avec des cheveux fort longs et épars
sur les épaules, et : du Reclus, par rapport aux religieux
qui Pont autrefois habitée. Elle appartient à la fabrique
de Téglise de Saint-Michel de Vaucelles, et on n^y dit
qu^une messe par an, à un des jours des Rogations.
Saint-Nicolas. On ne saurait douter que cette paroisse
ne soit ancienne, puisqu^il en est fait mention comme d^une
paroisse déjà érigée dans la chartre de confirmation de
Pabbaye de Sainte-Trinité. Son église est grande, belle et
complète dans son dessin qui est fort dégagé, avec une
tour sur son portail. L^abbé de Saint-Etienne de Caen
présente de plein droit à la cure. Le temps et les nouvelles
fortifications ont fort changé Jes bornes de cette paroisse,
car elle s'étendait autrefois jusqu^à Tîle Renaud, hors
Tenclos de la ville, derrière Tabbaye de Saint-Étienne.
On trouve 3 chapelles sur son territoire : Saint-Biaise,
proche Péglise paroissiale, Notre-Dame de Beaulieu et le
Nombril-Dieu, dans le quartier de la Maladrerie.
La chapelle de Saint-Biaise n^est point érigée en titre.
Elle dépend de Tabbaye de Saint-Etienne. On y fait
211
l'office le jour de saint Biaise qui est son patron ; c^est le
seul office qu^on j fasse pendant Tannée.
Notre<rDame de Beaulieu était une paroisse dans le
temps que la lèpre était une maladie populaire, et que
cet hôpital était plein dé lépreux qui avaient besoin d^as-
sistance spirituelle. Les fonds baptismaux, que Ton j voit
encore, sont une preuve de ce qu^elle a été ; mais lorsque
la lèpre a cessé, elle a été réduite à une simple chapelle.
On y dit la messe tous les dimanches. Les Echevins de
Caen en sont les patrons.
La chapelle du Nombril-Dieu, sous le titre de la Sainte-
Trinité, est comme la précédente dans le quartier de la
Maladrerie. Elle n'a qu'un revenu médiocre. L'abbé de
Saint-Etienne de Caen la confère de plein droit.
Notre-Dame'de-Froide'Ruee&x^irm surnommée parce
qu'elle est située dans la rue qui porte le même nom. Elle
est très ancienne. On croit à Caen que saint Regnobert,
évéque de Bayeux, a bâti autrefois une chapelle au lieu
oîi est à présent l'église de Notre-Dame, et Ton y voit une
inscription contre un des piliers qui marque que saint
Ouen, transférant les reliques de saint Marconi, se reposa
dans ce même lieu ; mais l'inscription, dit M. Huet, étant
plus récente que l'église, et l'église plus récente de plu-
sieurs siècles que saint Regnoben, cette tradition, à
laquelle on fait percer tant de siècles, devient fort dou-
teuse. On dit aussi qu'elle a été premièrement fondée
sous rinvocation de saint Léonard. Cette paroisse donne
le titre à une des prébendes de la cathédrale de Bayeux,
et son titulaire nomme à la cure de plein droit. Le gros
de la prébende de Froide-Rue consiste en 21 acres et
3 vergées de terre situées à Douvres, en plusieurs pièces.
Il y a plusieurs confréries dans cette église, entre autres
212
celle de Saint- Eastachç, érigée le lo mai 1443, et celle de
la Charité de Notre-Dame, le 1 2 août 1448 et 5 août 1454.
Mgr de Nesmond, sur la requête de Jacques de Guerville,
curé de Notre-Dame, confirma ces deux confréries par
actes du 4 août 1664 (i), mais il réduisit les charges de
la première qui étaient de deux messes par jour à une, et
il changea la fête principale de la seconde qui était PAs-
somption^ à celle de la Nativité de la Sainte Vierge.
Jacques de Guerville, curé de Notre-Dame de Caen, a
mérité un éloge particulier parmi les illustres citoyens de
Caen, par sa piété et sa science (2). M. de Saint- Martin
en a composé aussi une courte histoire, qui est un ouvrage
ridicule. Ce curé a composé quelques ouvrages de piété
en faveur de ses paroissiens : Pratiques de piété pour
passer chrétiennement la semaine sainte conformément
à r esprit et à la doctrine de Péglise catholique, dres-
sées par noble et discrète personne M^ Jacques de Guer^
ville, prêtre, curé de N.-D, de Caen, en faveur de
Vdme fidèle, laquelle désireuse de sa perfection veut
adorer Dieu en esprit et en vérité. Cet ouvrage, dont le
titre est assez long, n^est qu^un in- 16 de 120 pages, im-
primé à Caen chez Morin Yvon, en 1688 et 1716. Il fut
approuvé par deux actes particuliers, le 12 mars 1674, ^^
Messire Delauney-Hue, docteur de Sorbonne, et Le Nor-
mand, docteur en théologie, curé de Louvigny^ M< de
Guerville mourut âgé de 46 ans, le 18 juin 1676, et fut
enterré dans son église, oti Ton voit son éloge.
Saint'Ouen. Cette paroisse a été dédiée sous Pinvo-
cation dé saint Ouen et de saint Barthélémy, et ces deux
(i) Reg. du secret, de Tévêcké, an 1664, p. 22 et a3.
(a) Orig, de Caen, de M. Huet, p. 392.
213
saints sont ses patrons. Il n*en faut pas chercher d^autre
raison; dit M. Huet, que la rencontre de ces deux fêtes
dans un même jour. Sa situation sur TOdon la fait
appeler Saint-Ouen-sur-rOdon. L^aocien et le véritable
nom de cette paroisse est Villers, qui est encore demeuré
à sa principale place. L'abbé de Saint-Etienne de Caen y
présente de plein droit.
Saint-Pierre. Cette paroisse, par rapport à sa situation
au cœur de la ville, commode pour les cérémonies pu-
bliques, est regardée comme la première et principale
paroisse de Caen. C^est là en effet que s^assemblent les
processions générales, et où se font tous les autres actes
solennels. LMglise, bâtie en croix, est magnifique. Elle a
12 piliers dans sa longueur de chaque côté, et un rang de
chapelles règne tout autour, avec un corridor fort bien
voûté. Le grand cul-de-Iampe de pierre de 1 1 pieds en
saillie au dessus du grand autel est un ouvrage hardi, et
on en voitd^autres assez beaux dans les chapelles derrière
le chœur.
Cette église est couverte en plomb. Elle a un grand
portail orné d'une tour qui porte une superbe pyramide
de pierre percée à jour et ouVerte en roses. C'est là où
sont les plus belles cloches de la ville. Son bâtiment a été
fait à diverses reprises. M. de Bras en a marqué quelques
dates : le clocher en 1 3o8, Taile du côté du carrefour en
1410, l'autre aile, quelque temps après, le rond-point et
les voûtes du chœur et des ailes en i52i, par Hector
Sohier, célèbre architecte de Caen.
Son clergé est composé d'un curé, 2 vicaires et 1 2 prêtres
titrés, qui ponent l'aumusse sans former ni collège ni
chapitre. Le curé est à la nomination de plein droit de
214
Mgr révéque de Bayeux, et les prêtres habitués à celle des
officiers et députés de la paroisse.
Cette église donne le titre à une des prébendes de la
cathédrale de Bayeux, laquelle fut, avec celles de Notre-
Dame et de Saint-Jean, fondée le 7 mars 1 1 53, selon les
registres de Tévêché, par Philippe d'Harcourt, évêque de
Bayeux, d^où Ton infère que Texistence de cette paroisse
est antérieure à Tépoque de cette fondation.
Il y'a une confrérie célèbre de Sainte-Cécile, qui fut
fondée et érigée dans cette église le 25 d^octobre 1 564, et
confirmée en même temps par Qaude de Chaulieu, doc-
teur aux droits, doyen de Péglise collégiale du Saint-
Sépulchre de Caen, et officiai au dit lieu, vicaire général
au spirituel et temporel de M. d^Humières, évêque de
Bayeux. Mgr de Nesmond confirma, le 21 octobre 1680^
les statuts au nombre de 2 1 articles, qui furent imprimés
la même année.
Jean du Bec, curé de Saint-Pierre de Caen, permuta ce
bénéfice le 26 sept. 1462 avec Philippe de la Rose (i)
pour la dignité de Trésorier de Rouen (2). Il résigna^ en
1 5oo, cette dignité à son oncle Charles du Bec, conseiller
au PaHement de Paris. Il fut aussi archidiacre de Caen, et
chanoine de Cully à Bayeux. Il f)ermuta ce canonicat
pour celui de Cambremer au dit lieu avec Jacques de
Pellevé, qui en reçut le visa le 18 décembre 1471 (3). Il
fonda son obit à Bayeux. Obitus Johannis du Bec^ the-
saurarii Rhotomagensis, archidiaconi et canonici Bajo-
censis sacerdotis.
Saint-Sauveur. Cette église est située devant la place
(1) Hist, des gr, qffic., t. a, p. 85.
(a) Hist. de la cathéd, de Rouen^ p. 35i-35a.
(3) Rcg. de révêché.
215
du Marché, vis-à-vis duquel on ouvrit, en 1767, la belle
rue qui conduit à Tabbaye et au Bourg-PAbbé. Cestune
de ces églises dont la fondation a été attribuée à saint
Regnobert contre toutes sortes d'apparences. Son origine
n^est pas plus certaine que celle des autres paroisses de
Caen. On sait seulement par les registres de Pévéché et
du chapitre de Bayeux qu^elle était déjà érigée en l'année
1288. Le chapitre de Bayeux présente de plein droit k
cette cure.
^, LES COMMUNAUTÉS DE CAEN
Le Prieuré de VHôteUDieu fut fondé dans lexii« siècle
sous rinvocation de saint Thomas, martyr, et de saint
Antoine, abbé. On y établit des chanoines réguliers de
Tordre de saint Augustin au nombre de 10, y compris le
prieur et un novice. La bulle du pape Innocent III, du
mois d^avril 12 10, apprend que le fond où est située cette
maison fut aumône par Guillaume comte de Magneville.
Plusieurs seigneurs, à son exemple, y firent des fonda-
tions dont on voit le détail dans cette bulle. Mais la ville
de Caen ayant plus contribué à cet établissement que tous
les autres, Thonneur et les droits de la fondation lui sont
demeurés. Le droit de présenter à cette administration ùt
à celle de la Maladrerie est un des privilèges accordés par
les rois aux bourgeois de Caen. Ils élisent le prieur dans
une assemblée de ville qui se tient devant le bailli ou son
lieutenant, et les échevins. Ils présentent Télu à Tévéque
de Bayeux qui lui donne sa collation, et il est mis en
possession par le bailli. Les places des religieux sont
remplies par le choix des échevins.
2l6
La grande salle où sont les pauvres est d'une ancienne
structure (i). Elle a 120 mètres de long sur 3i de large«
18 gros piliers en soutiennent les voûtes. L'église est
placée à un des côtés de la salle : c'est là où le prieur et
les religieux font l'office divin. Ils portaient autrefois des
surplis dans leur maison et par la ville. Ils ont pris,
depuis i562, le rochet blanc. Le prieur porte un bâton
pastoral d^argent doré en faiisant son office.
Ces religieux sont tenus de présenter quatre prêtres à
Pabbé et à Tabbesse de Caen, qui en choisissent un pour
le service de la chapelle et des pauvres, et le présentent à
Mgr Pévéque de Bayeux pour recevoir de lui son institu-
tion.
Il présente à Basly, à Venoiit, à Clinchamps.
USTE DES PRIEURS.
Ranulphe est cité dans la bulle que Innocent III donna
le 8 des ides d^avrîl 12 10, pour la confirmation des biens
aumônes à THôtel-Dieu.
Jean le Routier, prieur, acte du 21 janvier 1420
(Tabell. de Caen, f" 16 verso).
Hugues An\eray, prieur, est mentionné dans des
contrats de 1440 et 1444 (Hist. Harc, t. I, p. 997).
Simon Anquetil, prieur, et ses religieux, achetèrent de
noble homme Jean Anzeray, écuyer, seigneur de Buron,
5o livres de rente, le 3 janvier 1449 (Ibid.f f<> 121, recto).
Il fait une donation de 5o écus d^or au dit prieuré pour
dire des prières le 1 5 octobre 1462 (Ibid,, f« reao).
Louis An\ef\iy, prieur, est cité dans un acte de 1464
[Ibid, y p. 993, i3 registre, 1464, f» 2 recto).
(i) M. de Braft, Ant. de Caen.
217
Jean de Bourbon, protonotaire du Saînt-Siége, prieur,
résigna par son procureur Jean Lyrondel, docteur en
droit, au suivant.
Jean Le Tardif, licencié en droif, religieux de Tordre
de saint Benoit, prieur par la résignation du précédent,
reçut son institution de Pévéque, le 20 mai 1490 (Reg.
de révôché).
Guillaume Malherbe, chanoine du Saint-Sépulchre,
et prieur de PHôtel-Dieu, est au rang des illustres ci-
toyens de Caen dans Cahaignes (Éloge IV), Collegii S^
Sepulchriflamenfuit Guillelmus Malherbeus quiy licet
ad spem attingendœ reipublicœ enutritus fuisset,
tamen naturœ suœ^ cui repugnare difficilimum est,
jussis obtemperans^ sacris sese addixit, etprœter illud
flaminium, prioratum xenodochii Cadomei cum sacer-
dotio non ignobili possedit . . .facilis erat ad coHvictum
quorumlibet hominuniy lepidus congerro facetiarum,
sale perurbanus, non nimis tamen ad séria quam ad
jocos appositus, sed ubi séria per/ecerat, animi deleo'
tamenta quœrebat,., summa Dei gratia vitam nullis
fortunes ventis agitatam egit, ad felicem senectutem
progressas, quod eafuerit morborum et animi passionum
expers, magnoque propinquorum et amicorum numéro
stipata, quam tandem mors sine sensu doloris excepit.
Il fut chanoine du Sépulchre (V. les Doyens).
Gaspard Vavasseur, chanoine régulier, et Croisier,
fut élu unanimement pour succéder à Guill. Malherbe
dans le prieuré de THôtel-Dieu. Cahaignes Ta mis aussi
au rang des illustres citoyens de Caen (Éloge XCXVII) :
« Virfuit apertus, dit-il, ab omnifuco alienus, et sic a
naturafactus ut tacitos animijsensus prompte detegeretj
qui licet non ita compti, validi tamen erant. Insuper
2l8
bonis ecclesiasticis fionestè usus, mensamjfro ratione
facultatum quotidiè instructam patere hospitibus vo-
luit, ad quant etiam primores civitatis interdum acce-
debant ».
Il fut obligé, à la fin, de satisfaire à Tarrét irrévocable
de la nature. Sa mort attira bien des troubles et des
divisions, lorsqu'il s^agît de lui donner un successeur.
Ces troubles n'étaient pas encore finis vers i6oS, temps
auquel M. Cahaignes faisait Péloge de ce prieur.
Laurent Le Haguais, prieur, mourut en 1674.
Jean Bouvet, prêtre^ prieur de la Carneilie, fut mis
par visa du 24 avril 1674 (Registre de TÉvêché)^ en
possession du prieuré de THôtel-Dieu de Caen, dont il
était chanoine profis.
Pierre de Gouville de Pontoger, prieur, décédé
en 1 710.
Louis Odet de Clinchamps, prieur, curé de Gray, fut
nommé, le 13 mars 1710, prieur de THôtcl-Dicu dont il
était profès.
François Bobehier, prieur et profès de l'Hôtel- Dieu,
mort en 1758.
Marin Amiel, profès du dit lieu, prieur en 1758, cy-
devant prieur de Dozulay, s^est acquis un nom par les
oraisons funèbres qu^il a prononcées ; décédé le 1 5 sep-
tembre 1776, âgé de 75 ans, et ancien conservateur de la
confrérie de Sainte-Cécile.
Les Carmes tiennent le premier rang parmi les
religieux de Caen des ordres mendiants, et les précèdent
dans les cérémonies publiques, parce qu^ils sont les seuls
qui puissent justifier par titres leur première fondation.
219
Jean Pillette, bourgeois de Caen, fut leur fondateur. II
leur donna le lieu où est situé leur couvent, dans la
paroisse de Saint-Pierre, sur la rivière d'Orne. Cette
donation se fit au mois de juin en Tannée 1278, parla
permission de Pierre de Benais, évéque de Bayeux, et du
consentement de Guillaume Pouchin, curé de Saint-
Pierre, qui fut indemnisé par une rente de 10 livres, que
ce» pères payent encore au curé de Saint-Pierre.
Leur église fut établie dans la chapelle Sainte-Anne.
Ils se sont« depuis, accru par diverses acquisitions et
donations qui leur ont été faites. Ce couvent fut exposé à
tous les pillages des Protestants, qui brisèrent les décora-
tions magnifiques de leur église. M. de Bras, dans ses
Antiquités de Caen, p. 175, en parle avec une espèce
d'enthousiasme : <t J^ay été, dit-il, en la plus grande part
des plus fameuses villes de ce Royaume, mais je n*ai veu
aucun plus beau et singulier contre-autel que celuy des
Carmes de cette ville, iqui était à petits personnages
eslevez, peints et dorez de fin or battu, oti les mistères de
rincarnation, Nativité, Passion, Résurrection, Ascension,
mission du Saint-^Esprit, et le Dernier Jugement étoient
représentés, voire de tant exquis anifices, quHl estoit
réputé entre les plus somptueux, invitoit ceux qui le
contemploient en grande dévotion. Comme aussi un
trépassement Notre-Dame, près et 9u-<lessous du pulpitre,
eslevez à grands personnages de la vierge Marie et des
Douze-Apôtres, selon le naturel, et si bien représentez
qu^ils sembloient déplorer le trépas de cette Vierge Mère,
au devant duquel il n^y avait aucun autel eslevez, mais
servoit seulement d'unç belle représentation d'histoire. »
Ces dommages ont été réparés depuis, et les décorations
qu'on voit aujourd'hui dans cette église ne font presque
220
plus r^retter Içs anciennes. Leur cloître, tel qu^il est,
fut fait en 1612 (i).
« Ordinatio inter curatum Cadomensem, et fratres
B' Mariœ de Monte^Carmeli ejusdem loci, quœordi"
natio tangit aliquantulum dominum Bajocensem.
« Universis présentes litteras inspecturis, officialis
Bajocensis^ salutem in Domino. Noveritis quod cum
quœdam compositio facta exstitisset inter magistrum
Guillelmum dictum Pouchin rectorem ecclesiœ 5'»
Pétri de Cadomo ex parte und, et Priorem et Fratres
B* Mariœ de Monte-Carmeli ex alterd, pro adventu
ipsorum^ et remanentid, in parochia S^ Pétri' de Ca^
domo super ripam Orgnœ^ inter masuram Radulphi
dicti Beaugendre ex unâ parte^ et masuram Simeonis
de Sarragosse ex altéra, de assensu et voluntate Rêve-
rendi in X^ Patris per Dei gratiam Baj. Episcopi, ita,
quod prœdicti prior et patres in pradicto loco suant
faciant mansionem, et quod ibidem, ad honorem Dei
et Suœ gloriosœ Matris ecclesiam construant in qud
valeant divina officia celebrare, et campanam habere,
et canneterium ibidem/acere, secundum quod in litteris
ipsius reverendi patris per Dei gratiam Bajocensis
Episcopi^ cum aliis articulis ibidem contentis plenius
continentur. Quœ quidem sic incipiunt :
« Universis présentes litteras inspecturis, misera-^
tione divina Bajoc. ecclesiœ ministerindignus, salutem
in D^. Noverit universitas vestra quàd nos qui cultum
divinum volumus ampliare, subscripta forma conce-
dimus fratribus de ordine B. Mariœ de Monte-Carmeli
Cadomensis, in parochia S'* "Pétri, in loco qui sibi
(t) Cartulaire en bois des chart de rÉvéché de Bayeux, ^110
et suivants.
221
datus seu eleemosynatus in perpetuum donum a
Johanne dicto Pilet burgense Cadomensi, sito supra
riipam Orgnœ, inter masuram Radulphi dicti Beau-
gendre ex parte una, et masuram Simonis de Sarra-
gosse ex altéra, suam faciant mansionem, et quod
ibidem ad honorem Ûei et suœ gloriosœ Matris eccle-
siam construant in qud valeant divina officia solemniter
celebrare ; Concedimus etiam eisdem ut campanam
prout decet religiosos, habeant qud uti' valeant pul»
sando^ prout more solito, etiam debito servato, sibi
videbitur expedere; Volumus insuper et concedimus ut
dicti fratres cymeterum adsuampropriam sepulturam,
et etiam aliorum omnium fidelium quitus apud ipsos
suam eligere placuerit sepulturam^ servato jure rec-
toriœ S^- Pétri etclesiœ, si quem de suis parochianis
eligere contigerit sepulturam, Ordinamus etiam et
concedimus ut dicti Fratres à Christi fidelibus obla-
tiones quœ ad manum sacerdotis factœ fuerint reci-
piant, et easdem ad ususproprios teneantet conservant ^
njsi corpus ajticujus parrochiani dicti rectoris, vel
alieni, transeuntis quocunque modo in dicta parrochia
commorantis, contigerit,.. Tune dictus Recjtor lumi-
naris facti pro corpore et oblationem pênes dictos
Fratres mediam percipiant portionem, et nisi ex con-
sensu dicti rectoris de parrochianis suis in ecclesia
dictorum fratrum contingat benedictionem fieri nup'
tialem, quo casu ad dictum rectorem omnes oblationes
nunc/actas, de consensu eorum ordinamus et volumus
intègre pertinere, quod observari prœcipimus^ si de
parrochianis alterius vel alicujus ecclesiœ vel cujus»
cunque apud prœdictos Fratres benedictionem nup'
tialem celebrandam contingat; si vero aliquis parro-
chianus alterius ecclesiœ Cadomensis, seu aliarum
222
quarumlibet aliunde, suant apud fratres elegerit
sepulturam, non aliter sepeliendum apud se recipiant,
donec ecclesia parrochialis in qua ecclesiastica sacra-'
menta defunctus recepit de omni parrochiali jure
plenarie fuerit satis/actum, quitus etiam ecclesiis in
omnibus aliis casibus jus suum illœsum volumus, et in
omnibus illibatum servari. Ordinamus etiam de con-
sensu et voluntate Prioris et Fratrum,' quia ipse Prior
et successores sut a majoribus suis missi fuerunt, ad
dictum rectorem, et ad quemlibet ejusdem successorem
veniant^ et bona fide promittant quod pactiones inter
ipsos et dictum rectorem initas, tam super luminaribus
et oblationibus quam aliis juribus superius expressis,
et seqûentibus, fideliter observabunt ; ne eadem in aliis
multis pro adventu et remanentiâ, dictum fratrem in
dicta parrochia dictum rectorem et successores ejusdem
contraveniri contingat^ Prior dictorum Fratrum, et
ipsi Fratres et successores eorumdem dicto Rectori
nostrœ ecclesia? Beati Pétri et ejusdem succcessoribus
recompensationem decem librarum Turonensium annui
redditus se facere promiserint. Si vero prœdictos
Fratres contra ordinationem nostram seu conventiones
prœdict/is in aliqua ventre contingent, volumus ad tune
quod consensus noster super hoc adhibitus nullus sit,
seu authoritas superimpertita, volumus nihilominus
quod sive prœsbyteros alterius, sive ex tune eorum
organa sive suspensa hac eadem ordinata sunt a nobis,
salvasubjectioney obedientia, reverentia nobis et succès-
soribus nostris et ecclesiœ Bajocensi débita quam
prœdicti Fratres promiserunt se in perpetuum impen-
suros, proqud etiam perficienda singuli priores qui pro
tempore succèdent, in primo adventu suo, ad nos
venient, et ad quemlibet successorem nostrum in
223
ecclesia Bajocensi promiserinty insuper quod nostras
excommunicationes, suspensiones, vel interdicta, quœ
à nobis vel officialibus nostris vel successoribus nos-
tris seu officiariis eorumdem in ipsos ver ecclesiam
suam vel in alias ecclesias latœ/uerint, inviolabiliter
observabunt. Quœ eadem ordinata sunt per nos cum
prœdicto Priore et Fratribus prœdictis, Prior generalis
dictorum fratrum intra annum per suas patentes
litieras, quœ de verbo ad verbum omnia prœdicta et
singula contineant approbare et ratificare tenetur,
alioquin quidquid eisdem concedimus ex tune irritetur,
et nullius sit momenti. Pron/iiserunt etiam Prior et
dicti Fratres pro se suisque successoribus supra dicta
omnia et singula, de bona fide fideliter servaturos, et
contra de cœtero facto vel dicto nos venturos fecimus
roborari. In cujus rei testimonium et memoriam prœ-
sentent litteram sigilli nostri munimine fecimus. Datum
anno i>» i2jS, octavo mensejunii.
« Prœdictus magister Guillelmus Pouchin rector
ecclesiœ 5**' -Pétri Cadomensis coram nobis personaliter
constitutus, spontaneus non coactus, confessus fuit se
habuisse et récépissé in bona moneta a prœdictis Priore
etFratribusBeatœ Mariœde Monte-Carmeli centumet
quindecim lîbras turonenses pro quittando dictum Prio-
rem, Fratres, et successores suos supra dictis. Decem
libris prœdicti Fratres tenebuntur dicto Rectori, prout
in composisione superius dicta aut scripta continetur,
super quibus decem libris turonensibus annui redditus
dictus magister Guillelmus nomine suo, suœ ecclesiœ
prœdictœ, et successorum suorum prœdictos Priorem
et Fratres et successores eorum quittavit,.. in solidum
et expresse pro pecunia ante dicta, asserendo dictam
pecuniam in utilitatem ipsius et commodum ecclesiœ
224
suœ et successorum suorum fuisse conversam, etpro^
tnisit idem Rector bona fide quod ipsum prœdictum
Priorem et Fratres vel successores eorum superdictis
decem libris turonenses omnino non molestabit nec
molestari faciet per^ se vel per alium in fuiurum, et
quod dicti fratres vel successores eorum super dictis
decem libris turonensibus de cœtero serv . . . (sic) in-
damnes, asseruit etiam idem Rector quod de prœdictis
denariis quos receperat et habuerat a dictis Fratribus,
emerat redditus ad valorem decem librarum turonen^
sium annui redditus eorum nomine^ suo^ et ecclesiœ
suœ, et successorum suorum, dictos Fratres de prœdic-
tis decem libris turonentibus annui redditus secundum
quod in compositione tenetur pœnitus quittandi sicut
superius est expressum, videlicet in istis locis inferius
notatis : primo apud Comon a Michaele dicto Pouchin
prœsbytero pro vigenti libris turonensibus unam deci-
mam quce est de feodo Guillelmi de Comon armigeri,
et valet eadem décima per œstimationem, quolibet anno,
quinque sextarios hordei ad mensuram de Cadomo ; —
item quinque solidos turonenses annui redditus quos
débet Dionisius Ruel de quodam clauso, sito juxta do-
mum ejusdem Dionisii pro sexaginta solidis turonen-
sibus ;-~item, apud 5"*» Crucem de Grandtonne a Petro
filio magistri Stephani pro novem libris turonensibus ;
— ï7em, duos Sextarios frumenti ad mensuram dictœ
villce^ duas gallinas, et viginti ova annuatim per ma^
num Colini dicti Thomassin; — item, apud Sicca-
villam, a Richardo Asnel pro quatuordecim libris
turonensibus duos Sextarios frumenti ad mensuam
de Cadomo, percipiendis in tribus acris terrœ sitis in
délia quœ vocatur Le Sablon; — item apud villam
dictam de Siccavilla ex venditione Guillelmi dicti
225
Eufa, pro s^ptem libris et dimidia turonensibus, duos
\ sextarios frumenti annualis redditus ; *- item a Basilia
sorore Richardi Asnel, duos cappones pro duodecim
solidis turonensibus; — item a Petro de Cuille, duos
capones et unum denarium turonensem pro tredecim
solidis turonensibus percipiendis annuatim in domo
quœ fuit quondam Richardi Gruel ; — item apud
Agnemerium a venditione Petronillœ de Agnernerio,
viduce, pro triginta libris turonensibus quatuor sexta^
rios frumenti ad mensuram de Cadomo, percipiendos
in duabus peciis terrce sitis in délia quœ vocatur Sub
Vico, juxta Hamelin Girardi ; — item apud Plumetot,
, a Richardo dicti VÉvèque pro novem libris turonen-
sibus septem quartas et unum bucellum frumenti^ ad
mensuram de Hermanvilla, percipiendum in quadam
pecia terrœ sita juxta terram Mathœi dicti Mabou ;
— item apud Cadomum a Jacobo dicto Vorle, pro
viginti sex libris turonensibus scilicet quadraginta
solidos turonenses percipiendos annuatim in quadam
domo sita in Moncella dicti Petri^ juxta domum quam
dictus Petrus capellanus dicta? ecclesiœ S** "Pétri
emeràt a Thoma Regihardi ; — item duos capones
annui redditus de venditione magistri Pétri Garde-en^
bas, pro decem et septem solidis turonensibus. Quod
universis et singulis quorum interest aut interesse
potest per prœsentes litteras sigillo curiœ nostrœ una
cum sigillo dicti magistri Guillelmi Pouchin rectoris
dictœ ecclesiœ 5" -Pétri Cadomensis sigillatas signifia
camus. Actum et datum de consensu partium anno />"'
127g, die lunœ antefestum beati Andrœœ apostoli.
Les Croisiers étaient établis à Caen avant Tannée 1 290.
Leur premier établissement fut au Bourg-PAbbé, dans la
15
226
paroisse de Saint*Martiny mais lorsque la ville fut murée
et fortifiée sous le roi Philippe de Valois, en Tannée 1 346,
le couvent de ces Pères se trouva dans Talignement des
nouvelles fortifications, et au nombre des maisons qui
devaient être rasées. Charles, duc de Normandie, dauphin
de Viennois, leur donna le couvent des Béguines, dans
la rue Franche, paroisse Saint-Sauveur, par les lettres
patentes du 3 août 1 346, confirmées par d'autres lettres
du même prince, en Tannée 1 349. Le pape Grégoire XI
donna à ce couvent le titre de prieuré dans une bulle de
Tannée 1373. L'acte d*une ancienne fondation les qua-
lifie : frères orateurs de Sainte-Croix, et ils se qualifient
eux-mêmes chanoines de Sainte-Croix.
Cette maison eut pour prieur, vers i355, Pierre
Pinchar que son mérite éleva aux premières dignités ( i ).
Il était de Caen même. Il se fit recevoir docteur de
Lourain, et s'acquit beaucoup de réputation par Télo-
quence de ses prédications. Il fut élu général de Tordre
de Sainte-Croix en i363, et depuis évéque de Spire,
dont il ne put prendre possession, étant mort dans le
monastère de Sainte- Agathe en Brabant, en 1 382.
Les Jacobins veulent avoir été fondés à Caen par
saint Louis. Ils s'appuient principalement sur la figure
d'un roi de France qu'on voit dans les vitres derrière le
maitre--autel de leur église, tenant une église dans sa
main, et sur celle de Guillaume Acarin, peint dans la
même vitre, offrant à la sainte Vierge la porte de ce
monastère, pour exprimer, disent-ils, le soin qu'avait
pris Acarin, par les ordres de ce prince, de la structure de
cette maison. Or, Acarin étant mort en 1246, il faudrait
(1) Orig. de Caen, p. 333.
227
qu^elle eût été bâtie auparavant, et partai^t, qu'elle fût
beaucoup plus ancienne que celle des Carmes et des
Croisiers ; mais il faut bien qu'on n'ait pas eu d'égard à
une preuve aussi équivoque, puisque les Jacobins cèdent
à ces pères le pas et le rang dans les cérémonies ; en effet,
ils n'ont pas la première chartre de leur fondation, et ils
en ignorent l'année, les Protestants ayant consumé tous
les anciens titres dans la funeste année de i562. Ces
ennemis de la Religion brisèrent la chapelle de N.-D. de
Pitié oii étaient, dit M. de Bras, de singulières images ( i ).
Il y a dans leur église, au bas de l'aile vers la porte,
une chapelle de Sainte-Catherine, qui a été fondée par
Enguerrand Signard, religieux de ce couvent, confesseur
de Charles, duc de Bourgogne et évéque d'Auxerre. On
voit ce duc représenté dans une de ces vitres.
Les Cordeliers ne savent quand et par qui ils ont été
établis à Caen, parce que leurs titres furent brûlés et leur
maison démolie en 1 562. M. de Bras dit que leur couvent
fut fondé en i236 par un surnommé Guesdon, sieur de
la Guesdonniére, près d'Aunay; mais ce témoignage ne
s'accorde pas avec l'inscription qu'on voit dans le cha-
pitre, laquelle semble en attribuer la fondation à une
famille de Caen du nom de Beleth en 1262. Ce qui est
cenain, c'est que cette maison a eu plusieurs fondateurs,
et en divers temps.
Elle fiit entièrement ruinée dans le xvi« siècle, mais en
1 6o3 on commença à la rétablir par la charité de plusieurs
personnes pieuses dont les noms sont écrits dans les
r^istres, et dont les armes se voient en relief au lambris
de la voûte du chœur. Celui de la nef fut refait en 1606.
(i) Ant. de Caen, p. 176.
228
Henri IV donna la grande vitre qui fait face au chœur;
le cardinal de Bourbon et le duc de Montpensier en don-
nèrent d^autres. Le grand autel est un beau dessin d'ar-
chitecture et de menuiserie peinte en marbre ; il fut bâti
en i633. Il est du dessin de Gilles Macé, professeur aux
mathématiques en TUniversité, et fut exécuté par Michel
Brodon, architecte.
Un des principaux ornements de cette église est la cha-
pelle des Deux- Amis, fondée et Éâtie par Pierre Le
Marchand, sieur de Saint-Manvieu, et François le Révé-
rend, en 1619. Ils voulurent qu'elle leur servit de com-
mune sépulture après leur mort. En Tan 1 67 1 , le P. Pierre
Le Pelletier, religieux de son couvent, à son retour de la
Terre-Sainte, où il avait été gardien, fit bâtir la chapelle
du Saint -Sépulchre, suivant le modèle du Saint- Se -
pulchrè de Jérusalem ; mais cette chapelle ^obscurcissant
la nef de cette église et affaiblissant la structure, fut trans-
férée en 1695 là où elle est présentement. Le fameux
Michel de Saint-Martin/ docteur en théologie, y fit bâtir
aussi une magnifique chapelle qu41 dota, et y fut enterré
en 1687.
A propos de M. de Saint-Martin, on trouve à la Biblio-
thèque des PP. Cordeliers de Bayeux, un ouvrage qui
regarde ce docteur en théologie. C^est un recueil de tous
les éloges qui lui furent adressés de son temps. Il fut im-
primé in-4<> de 52 pages, à Caen, chez Adam le Cavelier
en i653. Le Cavelier, qui en est Péditeur, ou plutôt
M. de Saint-Martin lui-même, Ta dédié à M^c de Mati-
gnon, marquise de Lonray, comtesse de Thorigny, ba-
ronne de Saint-Lô. Ces éloges sont en vers grecs, latins
et français. En voici les auteurs et le nombre de leurs
pièces :
229
Grcd.
Pièces I . Petrus Vengeons in Sylvano professer.
— s. Carolus Le Bidois.
— 3. Joannes Corbetius doctor theologus^ canonicus vêtus , ac
vicarius generalis Constantiensis.
— 4. Augustinus Le Haguais in sacro régis consistorio con-
siUarius,
— i, La Lwçeme,
Latini.
•— 2. Joannes le Grand consiliarius et advocatus regius Cons-
tantiensis.
— I . Antonius Halley regius eloquentiœ professor et Sylvani
gymnasiarcha in academia Cadomensi,
— i, J, Baptista Baudry ex-rector collegii Silvani Cado-
mensis academia, ex-rector et parochius ecclesia de
Maupertuis.
— 3. Emmanuel Feuillet in SUva^io rector,
— a. Julianus Dufour humaniarum litterarum professor in
Silvano,
— I . Joannes Franciscus Le Haguais^ Augustini filius,
— I . Jacobus Martin, Parisinus^ doctor medicus,
— I . Bamabas Le Guay in parlamento Parisiensi causarum
patronus.
— I . G. Boisteau causarum patronus.
— • I. iV. Rogier Sanlaudunensis in Neustriœ parlamento pa^
tronus.
— I . Lucas À 5te Croix, Sanlaudunensis.
— I . Guillelmus, Marcellus, ex Parisiensi nuper redore, Basi-
liensis parœkus et rector,
Gallid.
— i. De la Crette Bellenger,
— 2. Idem.
— I . Jacobus Acante doctor medicus*
— i. De Villenewe,
Au mois de juillet i556 fut tenu à Caen le chapitre
général des Cordeliers de France. Dans la procession que
230 >
les Pères firent le dimanche 2 du même mois, et oti fut
porté le Saint-Sacrement, il s^ trouva plus de 600 reli-
gieux au rapport de M. de Bras ( i ). Le chapitre dura huit
jours; le matin il y avait sermon dans Téglise, et Taprès-
midi des disputes de théologie. De tous les docteurs, celui
qui brilla davantage fut maître Gilles Bigot, alors recteur,
lequel les préféra tous en latinité plus leste et plus élé-
gante.
Cahagnes le mit au rang des illustres citoyens de
Caen (2). j£gidius Bigot, dit-il, in obscure agri Viriaci
pago rudimenta lucis accepit, sed amore theologiœ
captuSy cum ad eam, ut ad dominam eut cor suum dede^-
rat, cupide perger et, artes libérales^ ejus ancillas pri-
mum sibi conciliare studuit, suisque obsequiis evieit, ut
apertis Gyneeei foribus ipsatn dominam arte sit com*
plexus, et ad interiorem ejus amicitiam complexus.
Hic in eloquentiœ et philosophiœ studiis consummatus,
cum esset ad summum theologiœ gradum, Roberti Cœ-
nalis, Episcopi Abrincensis liberalitate provectus,
doctissimi et subtillissimi theologi famam tulit, quœ
non in hac provincia substitit, sed totum orbtm chris-
tianum, ore Franciscanonorum qui ex singulis Europœ
regionibus Cadomum anno 1SS6, confluxere,peragra-
vit. In eo namque generali totius ordinis Francisca-
norum conventu cum abstrusœ perplexœque de divini§
rébus disputationes per novem continues agitarentur,
ille et eruditœfacundiœ^ sic solertiœ in argumentando
palmam unà tam provincialium quàm extemorum voce
meruit. Fixer at in hanc urbem rerum suarum domi*
cilium, sed Henricus Robertus a Marka, Dux Buil-
(i) Ant de Caen, p. 341-242.
(2) Elog. IX,
251
lonii, qui Normanniam legati régit nomine gubemabat,
eumjam senem sacerdotio donatunzy incomitatum suum
ad concionandi tnunus ascivit; nempe senectus eorum
qui adolescentiam in litteris traduxerunt, œtate doc^
tior, usu certior et sapientiory litterariorum laborum
uberimmam messem metit.
Bernard Chancerel, après avpir été provincial^ et neuf
ans gardien du couvent de Caen, à la décoration duquel
il travailla utilement, mourut à Rouen le 3 nov. 1671 (i).
Il était de Caen même, docteur en théologie de la Faculté
de Paris, et avait été employé dans le gouvernement de
son ordre. Il a laissé quelques écrits. M. Huet Pa mis
parmi les illustres citoyens de Caen.
f
Les Capucins ont à Caen une maison, qui est la troi-
sième de leur ordre en France. Ce fut à la sollicitation de
M. de la Vérune, gouverneur de Caen, que les habitants
leur permirent en 1575 de s'y établir. Il en vînt six, et,
par une assemblée de ville et par la libéralité des religieux
de Pabbaye de Saint-Etienne, ils obtinrent le lieu qu'ils
occupent, nommé le prieuré du fief Brucourt.
Le couvent fut bâti en 1576, et Péglise commencée en
1634, achevée en i635, fut dédiée Tannée diaprés sous
Pinvocation de Saint-Michel et de Saint Jacques. Cahagnes
dit que Jean Lefèvre, frère de celui qui fit les stalles de
Bayeux en 1 589, est auteur du tabernacle des Capucins.
Il écrivait en 1608. Il faut donc que ce tabernacle ait été
fait longtemps avant Péglise (2). En parlant des différents
ouvrages de ce Lefèvre, Cahagnes ajoute : His adde taber*
naculum quod in œde Capucinorum conspicitur, oma'^
(1) Orig, de Caen^ p. 388.
(a) Eîogia civium Cadomensium, LXXXVII.
2)2
mentis architecturœ pariter quœ cœlatura nobilitatum.
Le premier gardien était italien et s'appelait Gaspard
de Pavie. Il y avait dans ce fief de Bnicourt une chapelle
sous rinvocation des mêmes saints que ci-dessus, et des-
servie par un chapelain titulaire. Le tout dépendait de
Tabbaye de Saint-Etienne. L^abbé et les religieux, en
donnant cette place aux Capucins, se réservèrent le droit
de présenter à cette chapelle un chapelain qui pût en
titre posséder les terres et revenus qui en dépendaient.
Les Capucins, après quelques réparations, s'en servirent
assez longtefnps pour leur usage. Ils la démolirent, et en
bâtirent,en i6o5, une autre qu'ils convertirent depuis en
infirmerie, en édifiant leur ^lise. Le chapelain avait
autrefois une maison tout proche. 11 y en avait aussi
plusieurs autres appartenant'à une ancienne famille noble
du nom de Bnicourt qui avait donné son nom, ou qui
Pavait pris de ce fief : d'où il y a lieu de conjecturer que
le fief et le patronage de cette chapellei furent aumônes à
l'abbaye de Saint- Etienne par cette famille.
L'on apprend des registres de Pévécbé de Bayeux qu'il
y avait encore dans le même fief de Brucourt une chapelle
dédiée à saint Louis, et de patronage laïque. Les Capu-
cins, néanmoins, ni les Bénédictins de Saint- Etienne
n^ont aucuns titres qui en fassent mention.
Les Jésuites, par lettres patentes de Henri IV, du mois
de septembre 1 608, eurent permission de s'établir à Caen.
On leur donna le collège du Mont dont ils prirent pos-
session le dernier août 1609, à charge que ce collège
serait nommé le Collège Royal, et que les chaires seraient
remplies par la nomination du Roi. Robert de la Ménar-
dière, abbé de Sainte-Colombe et prieur de Sainte-Barbe-
en-Auge, pour assurer un fond à ces pères, leur résigna
23Î
son prieuré avec le consentement de ses religieux, qui
reconnurent le collège de Caen pour prieur perpétuel.
Cette résignation confirmée par les bulles du pape
Paul V fut enregistrée au Parlement de Rouen le 16 avril
1610. Les PP. Jésuites acquirent encore en 1625 le prieuré
de la Cochére au diocèse de Séez, ancienne dépendance
du prieuré de Sainte- Barbe-en- Auge^ par la démission
volontaire de Victor Bouteille^ évêque d^Aire, et cette
acquisition fut confirmée par lettres patentes du roi
Louis XIII du .1 3 mai 1626.
On ne tint d^abord dans ce collège que les écoles de
philosophie et d^humanités ; mais le 12 mars 1664, M. de
Saint-Martin, docteur en théologie, y fonda la chaire de
théologie, et ce collège, par un acte authentique de 1* Uni-
versité, fut agrégé et immatriculé depuis à son corps.
Leur église est magnifique. Ce fut M. de Segrais, premier
échevin, qui leur fit donner remplacement par la ville,
et qui y mit la première pierre. Elle fut commencée en
1 684 et consacrée le 3 1 juillet 1 689. Cette église a été bâtie
sur le modèle de celle du noviciat de Paris; mais elle est
plus grande et a plus d^apparence. Elle a cependant peu
coûté à bâtir par l'économie d^un de leurs procureurs,
très habile, qui Pentreprit sans le secours d^aucun archi-
tecte.
On sait Tétrange révolution arrivée à la Société des
Jésuites en France, en Tannée 176. . . Ils furent obligés
de sortir de leur collège de Caen par arrêt du Parlement
de Normandie donné en On y a mis à leur
place des profiesseurs séculiers, en vertu d'un autre arrêt
du... (sic).
Le P. Yver-Marie André, ancien professeur de mathé-
matiques à Caen, y mourut le 27 février 1 764, âgé de
«34
89 ans ( I ). Il est auteur du Traité du Beau^ ouvrage fort
estimé, qui fut imprimé à Paris en 1741, réimprimé à
Amsterdam en 1759, et redonné par Tauteur même avec
des augmentations considérables, en a volumes in- 12,
Paris, 1763. Le P. André laisse quelques ouvrages prêts
à être imprimés, comme : les Merveilles du corps
humain, — les Merveilles de Punion de l'âme avec le
corps.
Les Carmélites s^établirent à Caen en 16 16. Une sainte
fille, depuis carmélite elle-même, fut la première fonda-
trice. Huit religieuses de cet ordre, du couvent de Rouen,
arrivèrent ici le 14 juillet. Elles y furent autorisées par
lettres patentes du mois de novembre suivant. Leur pre-
mière demeure fut dans la rue Guillebert, d'où elles pas-
sèrent au logis qu^elles occupent maintenant, situé dans
la rue Saint-Jean; il leur fut vendu par Corboran Jacques
de Morel, sieur de Brucourt, et par Valentine de Luxe,
son épouse. Mais leur charité les porta à remettre à cette
communauté une partie du prix de la vente, et s^acquirent
par cette libéralité le titre de fondateurs. Ils ont été inhu-
més dans l'église oh on voit leur épitaphe. Ces filles
bâtirent ensuite leur église, qui fut consacrée le 18 mai
1626.
Les Pères de l'Oratoire demeurèrent d'abord en la
rue Guillebert, dans une maison qui leur avait été donnée
par MM. de Repichon. Le contrat, passé à Paris le 10 juin
1622 entre ces Messieurs et les PP. de BéruUe et de
Harlay, fut insinué au Châtelet le 16 du même mois, et
à Caen le 26 juillet suivant. Le Roi leur accorda des
(i) Qfic. de Norm., mars 1764, p. 168.
^35
lettres patentes le 7 septembre de la même annéç, enre*-
gistrées au bailliage de Caen le 16 janvier 1623 ; mais
en l'année i653 ils achetèrent, du sieur Patris, la maison
oti ils demeurent présentement, et qui est beaucoup plus
propre à leur usage. Cependant, leurs lettres patentes
n^ayant point été vérifiées au Parlement de Rouen, ils
furent obligés d'en obtenir d^autres datées du mois
d'avril i685, et vérifiées à Rouen le 16 juin 1688.
Pierre Fleury, prêtre de TOratoire de Caen, docteur en
théologie et en Pun et Pautre droit, est auteur d'un poème
latin de 325 vers sur la promotion de M. de Nesmond à
Févéché de Bayeux, imprimé in-4<^ à Caen en 1661.
Les Ursulines furent fondées à Caen en 1624 par Jour-
daine de Bernières, qui amena de Paris trois religieuses
de cette congr^atlon. Les lettres patentes qui autorisent
cet établissement sont du mois de mai 1624, et la véri-
fication est du 3 août suivant. L'évêque de Bayeux, le
maire et les échevins, tous les corps des habitants de la
ville et toutes les communautés religieuses donnèrent leur
consentement par des actes authentiques. Leur première
demeure fut dans la rue Guillebjsrt. Elles y firent leur
entrée le 21 novembre 1624, et y établirent la clôture
le 14 décembre suivant. Jourdaine de Bernières fit sa pro-
fession cette même année, et y ayant été élue supérieure
quatre ans après; elle fit travailler au magnifique bâti-
ment qu'elles occupent présentement, et où elles pas-
sèrent le i3 juillet i636. La petite maison dans le même
endroit, qu'on nomme VHermitage, est devenue célèbre
par l'éminente piété de Jean de Bernières, firère de la
fondatrice, qui, en s'éloignant du monde, y choisit sa
retraite, et de plusieurs saintes personnes qu'il y avait
2i6
attirées. Elle fut achevée de bâtir, et on commença de
rhabiter en 1648.
Les religieuses de la Visitation de Sainte^Marie, au
nombre de cinq, tirées du grand couvent de Paris, furent
d^abord établies à Dol, en Bretagne, à la sollicitation
d^ Antoine de Revbl, évéque de cette ville; mais le mau-
vais air les rendant malades, elles préférèrent la demeure
de Caen, et vinrent s'y établir le 16 juillet i63i. Elles
amenèrent avec elles six filles qu'elles avaient reçues à la
profession à Dol. Leur première demeure fut dans la rue
Saint-Jean, prés le pont Saint-Pierre; mais elles pas-
sèrent de là, le 21 novembre i632, au Faubourg-PAbbé,
dans une maison qu^elles achetèrent du sieur Le Fau-
connier. Ayant obtenu des lettres patentes au mois d'avril
i633, elles se sont depuis fort étendues par plusieurs
grandes acquisitions, et y ont enfin bâti une belle maison,
et Téglise que Ton y voit présentement. Cette église mé-
rite une description particulière.
Précédé d^un parvis découvert où Ton monte par un
perron d'équerre d'un grand dégagement, sMlève un
temple en forme de croix. Il est d^une agréable structure
et d^ordre composite ou romain. Le corps de Téglise dan»
son œuvre est de 80 pieds de longueur, et la largeur qui
forme la croix est de 5 7 pieds. L'église entière est de
pierre de taille, dMne blancheur qui la rend préférable
au marbre commun; du pavé à la corniche elle a 27 pieds
et demi. Au-dessus de la corniche naissent les voûtes qui
sont également de pierre de taille. Dans le milieu s'élève
un dôme de 25 pieds de diamètre et d'autant de hauteur;
il est surmonté d'une lanterne d'un vitrage fort clair. Ce
dôme est encore éclairé par quatre grandes fenêtres cin-
trées à la moderne. Quatre grandes niches en cintres
237
symétrisent avec les fenêtres et attendent des statues pour
les remplir ; sur rentablement régne une balustrade, les
balustres sont peints en marbre rouge veiné en blanc,
Tappui est peint en marbre noir. La balustrade qui régne
sur la corniche ou entablement du corps de Téglise est
d^une forme semblable. Ces balustrades simples et légères
forment des aspects de galerie oii la vue se repose agréable-
ment. Le portail est dorique et ionique ; le premier ordre
supporte le second, terminé par un fronton cintré, avec
une croix en amortissement. Sur le tympan est le mono-
gramme du nom de Jésus dans un cercle de cordons
tortillés. Dans la frise dorique, entre les triglyphes, sont
sculptés les instruments de la Passion de N. S. ^
Le grand autel ne fixe pas moins l'attention. Il est
enrichi de grandes colonnes et autres ouvrages de marbre.
Le tabernacle peut passer pour un trône de cristal ouvragé
avec beaucoup de dépense ; on y voit des colonnes torses,
des miroirs, des panaches de cristal qui accompagnent le
corps de ce bel ouvrage et forment pn coup d^œil char-
mant.
Les Bénédictines ont une maison dans le quartier
appelé les Tours-des-terres, et au lieu même où était
l'ancien collège de Loraille. Leur premier établissement
fut au Pont-rÉvêque, le i8 septembre i638. Elles furent
transférées à Caen le 20 janvier 1643, par la libéralité de
Madeleine de Moges, veuve de messire Antoine, marquis
de Moûy. Leurs lettres patentes sont du 18 janvier 1644.
Elles sont gouvernées par des Prieures triennales, suivant
les bulles du pape Innocent X, du 24 novembre 1682.
Elles donnèrent à leur maison le titre de prieuré de Bon-
Secours.
On voit dans leur église un bel éloge, en forme d^pi-
238
taphe, de leur fondatrice. Il est de la composition du
célèbre Antoine Halley, professeur royal d'éloquence à
Caen, et il se trouve parmi ses Œuvres mélées,pagc 401 .
Cette dame demeura parmi ses religieuses les 25 der-
nières années de sa vie, et mourut, âgée de 56 ans, le
5 janvier i665.
Les Pères de la' Mission ^ autrement les Eudistes,
doivent leur institution au P. Jean Eudes, prêtre de
rOratoire. En 1642, étant encore dans la congrégation,
il avait obtenu des lettres patentes par lesquelles il lui est
permis, ou plutôt à M. d'Angennes, évéque de Bayeux,
dUnstituer dans la ville de Caen une communauté de
prêtres sous le nom et titre de prêtres du séminaire de
Jésus-et-Marie, avec la permission de jouir de tous les
droits et privil^es dont jouissent les autres maisons et
communautés fondées dans le royaume. Le P. Eudes en
commença rétablissement à Caen le 25 mars 1643, et
obtint des lettres d'approbation de M. i'évêque de Bayeux
le 14 janvier 1644. M. Mole, successeur de M. d^An-
gennes, prévenu contre Cette nouvelle congrégation, lui
fit fermer la chapelle qu^elle avait ouvert par permission
de son prédécesseur, dans Tintention de la détruire; mais
sa mort arrêta le coup. Ces prêtres furent rétablis comme
auparavant par Pabbé de Sainte-Croix, qui fut nommé à
sa place, et rouvrirent leur chapelle en 16 5-3, après Pâques.
M. Servien, successeur de M. Tabbé de Sainte-Croix, les
approuva également ; il établit même un séminaire chez
eux, en 1657, à charge de s^em ployer aux missions, et
obtint pour cet établissement de nouvelles lettres patentes,
vérifiées à Rouen le 17 novembre de la même année.
Sous la faveur du duc de Longueville, gouverneur de la
province, il leur ménagea, en i658, la fieffé de la place
239
des Petits-Prés, depuis appelée Place-Royale, qu'ils
tiennent de la ville, moyennant la redevance d^une rente
qu'ils acquittèrent peu de temps après.
Le 26 mai 1664, M. de Nesmond, évéque de Bayeux,
jeta la première pierre de Péglise du séminaire, sous
rinvocation de la Sainte-Vierge, et la duchesse de Guise,
par contrat passé à Paris le 3 juin 1673, leur donna la
somme de 12,000 fr. pour l'achever^ Le principal bien<-
faiteur de cette maison est M. Nicolas Bloûet de Than,
docteur de Sorbonne, prêtre de. cette congrégation. Il est
enterré dans cette église devant la porte du chœur, où on
lit sur le pavé : Hic jacet nobilis vir Nicolaus Blouet
de Than doctor sorboniq. Sacerdos congregationis
Jesu Mariœ, seminarii hujusfondator. Obtit die 17 ja."
nuarii, anno i6j3, œtatis suœ 54.
Jacques de Matignon, ancien évéque. de Condom,'a
signalé son zèle pour le bien du diocèse de Bayeux, en
fondant dans ce séminaire 18 places pour y former au-
tant de jeunes clercs au service de TEglise. Le contrat est
du 2 janvier 1702.
LISTE DBS SUPàUBUKS GéNiEADX DES EUDISTES.
I. — Jean Eudes, prêtre, instituteur et premier supé-
rieur général de la congrégation des Eudistes, a un long
éloge dans les Origines de Caen, par M. Huet (p. 429
et suiv.). Il mourut en cette ville, et fut enterré dans le
chœur de son église avec cette simple épitaphe qu'on voit
sur son tombeau : Hicjacet venerabilis sacerdos Joannes
Eudes seminariorium congregationis Jesu^et-Mariœ
institutor ac Rector. Obiit ig augusti 1680, œtatis
suœ 7^.
II. — JeanrJacques Blouet de Camilly fut le second
240
supérieur général des Eudistes. II mourut à Coutances.
Son cœur fut apporté à Caen, et déposé dans le séminaire
oîi on lit ces mots : Hicjacet cor venerabilis viri £>. D.
Joannis Jacobi Blouet de Camilly révérend, prœpositi
Congregationis Jesu-euMariœ^ nec non canonici theo^
logalis, archidiaconi et vicarii generalis ecclesiœ
Constantiensis. Obiit Constantiis anno iji i,die xi au*
gusti.
III. — Guy de Fontaines de Neuilly^ troisième supé-
rieur général des Eudistes, était d'une des douze familles
qui furent annoblies par le fameux édit du Canada, en
1628. Il eut pour père Simon de Fontaines, écuyer,
seigneur de Neuilly-le-Malherbe, viconte de Caen. Il
étudia en droit, et se fit recevoir docteur en droit civil et
canonique. Son frère Claude de Fontaines, viconte de
Caen après son père, étant venu à mourir, il demeura
quelque temps dans Tincertitude ou de prendre cette
charge, ou d'embrasser Tétat ecclésiastique, pour qui il se'
sentait beaucoup de penchant. Après bien des réflexions,
il se détermina pour le dernier, et entra au séminaire de
Caen où il fut ordonné prêtre. Le fait suivant m'a été
conté par un de ses amis particuliers qui Tavait appris de
lui-même. Etant en route, lors de la mort de son frère,
qu^il ne savait pas être malade, il se sentit frappé tout
d^un coup, comme si il Teût vu mourir. Cette impression
lui fit avancer son chemin, et il apprit, en arrivant à
Caen, que le malheur était arrivé au moment même qu'il
avait été frappé de cette pensée.
Les Eudistes l'envoyèrent à Paris pour gouverner la
cure de Saint-Joseph, dont on avait confié le gouverne-
ment à leur congrégation. Au bout de quelque temps,
des raisons paniculières lui firent quitter la cure et les
Eudistes. Il revint à Caen et on lui donna la cure de
241
Meré proche Condé-sur-Noireau. Là, il s^appliqua avec
une ardeur particulière aux fonctions de son ministère,
qu'il partagea avec Pétude de TEcriture-Sainte, de la
morale et du droit canon. Mgr de Nesmond, évéque de
Bayeux, si connaisseur en bons sujets, l'appela auprès de
lui, et en fit son grand vicaire en 1710. Il fut nommé
Tannée suivante à la prébende de Vaucelles, dont il prit
possession le 1 1 de février. M. Blouet de Camilly s'étant
démis en même temps, à cause de son grand âge, de la
supériorité des Eudistes, Messire de Fontaines fut élu à sa
place datis une assemblée qui fut tenue à Caen. Il gou-
verna cette congrégation Pespace de 1 7 ans, avec autant
de sagesse que de piété. Elle doit même le regarder comme
son second instituteur^ ayant fait approuver ses règle-
ments par le conseil royal, et confirmer Tunion des
séminaires qu^elle a en diverses provinces du royaume,
par des lettres patentes qu^il obtint de M. le Régent, en
1722. Sa grande capacité dans les affaires lui attira une
grande considération; mais ce qui le rendit encore plus
respectable, fut son humilité, et son excessive charité pour
les pauvres.
Il fut mis au nombre des grands vicaires que le cha-
pitre choisit en 171 5 pour gouverner le diocèse pendant
la vacance du siège. Il fut continué dans la même fonc-
tion par M. le cardinal de la Trémouille, qui fut nommé
à Pévéché de Bayeux après M. de Nesmond, et que les
affaires de France dont il était chargé, retenaient à Rome.
En 1722, les pouvoirs lui furent ôtés par M. de Lorraine,
que M. le Régent avait nommé à la place du cardinal de la
Trémouille; la raison venait de Téloignement que ce
grand vicaire avait pourFAppel de la bulle Unigenitus^
à laquelle le nouvel évéque avait pris part. Les Eudistes
eurent part à la disgrâce de leur général ; on défendit aux
16
.242
ordinants de faire leur séminaire dans la maison deCaen;
on en fit sortir aussi les Condomistes, qu^un particulier,
par adresse et par autorité fit transférer au séminaire de
Bayeux. M. de Fontaines soutint cette épreuve avec fer-
meté. Il demeura toujours attaché à la Constitution
jusqu'à sa mort, qui arriva à Bayeux le lo janvier 1727.
Son cœur, poné à Caen, fut enterré dans Téglise de son
séminaire, et son corps dans la nef de la cathédrale,
proche la pone du chœur. Il avait fait son testament
quelques années avant son décès. En vo^ci la copie :
c Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.
Après avoir considéré Fincertitude du moment de la mort,
j'ai fait mon testament et acte de ma dernière volonté,
comme il en suit, que je veux et entends être exécuté
immédiatement après ma mort selon sa forme et teneur,
révoquant tous autres testaments, codiciles et actes de
dernière volonté que j'aurais et pourrais avoir fait ci-
devant.
« lo Je veux vivre et mourir dans la* foi Catholique,
Apostolique et Romaine ;
a 2^ Je demande pardon à Dieu de tous les péchés de
ma vie, et j'espère qu'il me fera miséricorde;
c 30 Je pardonne de tout mon cœur à ceux qui m'au-
raient offensé, et je demande très humblement pardon à
tous ceux que j'aurais offensé en quelque manière que ce
soit, et déclare que depuis quelques années que la divi-
sion s'est introduite dans notre chapitre par rapport à la
Constitution Unigenitus, si je n'ai pas marqué la cor-
dialité à quelqu'uns de ma compagnie, ça été contre mon
inclination, mais j'ai cru que je devais en user ainsi pour
me conformer à l'esprit des Saints Canons, considérant
souvent que, n'espérant point les engager à la soumission
due à la Constitution reçue par l'Église Universelle,
243
recommandée et ordonnée par les puissances, peut-être
aurais-je mérité moi-même de perdre cette soumission en
les fréquentant et communiquant trop avec eux;
« 4<> J^ai une grande confiance à Pintercession des
fidèles, c'est pourquoi je me recommande aux prières de
de ceux qui m'auront connu et avec qui j'aurai eu
quelque relation ;
« 5<> Je donne à la fabrique de l'église cathédrale de
Bayeux tout ce qui me sera dû lors de mon décès, tant
par la commune que les fermiers, rentiers ou autrement,
à raison de mon canonicat, à la réserve de ce qui me sera
dû par la prébende d'Esquay> consistant en plusieurs
années d'un retour d'échange pour lequel faire annuler
j'ai commencé procès, à condition que MM. du Chapitre
me feront enterrer dans le milieu de la nef^ près ou loin
du choeur, et qu'ils feront apposer sur ma fosse une tombe
sur laquelle il sera gravé en français mon nom, celui de
mon canonîcat et ces paroles : Prie:(^ pour le repos de
son âme. Et la fabrique payera aussi les rentes, droits
royaux, contributions au chœur, et la part de la pension
due à la cure de Ranchy, et généralement toutes les
charges annuelles du canonicat et prébende, en tant qu'il
en pourra être dû de l'année lors de mon décès, soit que
le terme soit échu ou à échoir sur l'année gagnée et non
perçue, ou dont les termes ne seront pas échus, ce qui
sera aussi au profit de la dite fabrique, voulant que le
bien d'Eglise, après avoir porté les charges, aille à l'Eglise,
et d'autant que je dois des contributions aux réparations
des chœurs des églises de Saint-Patrice, de Vaucelles et
de Ranchy, et le total des réparations de ma maison pré-
bendale. Je déclare avoir Sait beaucoup pour tout cela,
néanmoins comme il a pu échapper quelque chose au
soin que j'en ai pris, et que les revenus d'Eglise que j'ai
244
touché y sont afiectés, étant censés être parmi mes effets^
mes héritiers payeront ce que MM. les commissaires
du Chapitre auront réglée en cas qu^il en soit nommé à
cette fin, et qu'ils trouvent quelque chose à faire ;
« 6^ Je veux et entends qu'à mon enterrement il soit
fait une distribution de pain de lo livres à 24 pauvres
du Bureau, et à 6 autres qui seront choisis par mon
exécuteur testamentaire (M. Pierre-Damien PiedoUe,
prêtre chanoine de Saint-Martin)^ auxquels 3o on don-
nera en outre chacun 20 sols ;
c 7^ Je veux et entends qu^avant mon enterrement on
sépare mon cœur pour être enterré dans la cave de Féglise
du séminaire de Caen;
c 80 Je veux et entends que ce qui me sera dû d^années
par M. Tabbé de Coulons, à cause de la prébende d^Es-
quay dont il est fait ci-devant réservation, soit partagé
aux pauvres des paroisses de Saint-Patrice, remettant la
somme aux mains de M. le curé de Saint-Jean de Bayeux,
aux mains de M™« de Berrolles, de M"e de Fontenailles,
aux mains de M. le curé de Neuilly-le-Malherbe, aux
mains de M. et de M^^ de Montfort ; en outre je donne
pour grossir la somme, mes cueilliers fsicj et mes four-
chettes d^argent aux pauvres des mêmes paroisses, et on
les avertira de prier Dieu pour moi ;
€ 90 Je donne à M°»« de Neuilly, ma belle-sœqr, mon
écuelle d'argent, et Rodrigue:^ en 4 vol. in-8®, à cause
qu'elle aime la lecture. C^est seulement afin qu^elle se
souvienne de moi dans ses prières ;
€ 1 0° Je donne à M . Le Poil, curé de Vaucelles, Pontas,
en 3 tomes in-foL, et les autres livres que je lui aurai
prêté, et dont il sera saisi lors de ma mort en cas qu^il y
en ait;
c 11° Je nomme M. Piedoûe, chanoine de Saint-
245
Martin en Téglise cathédrale de Bayeux, pour mon
exécuteur testamentaire, entre les mains duquel je me
démets de tous mes biens meubles et immeubles, raisons
et actions, aux fins de la pleine et entière exécution du
présent. Je le supplie de m'accorder cette grâce, et d'ac-
cepter aussi les ouvrages de saint Jean Chrisostôme en
5 vol. in-fol., afin seulement de se souvenir de moi.
c 12^ Je donne le surplus de tous mes livres aux
prêtres du Séminaire de Caen, pour avoir part à tous les
biens qui se font et qui se feront dans leur maison, et
leur rends ce témoignage, et à toute la Congrégation, qu'ils
ont Tesprit de leur état, qu'ils sont doués de bonnes
mceursf et capables de leur emploi ; c'est pourquoi j^ose
supplier Nos Seigneurs les Prélats de leur accorder leur
bienveillance et protection tant qu^ils ne changeront pas
de conduite ;
€ 1 3o Je donne 3,ooo livres sur la première année de
mon revenu après mon décès, et sur le reste de mes
meubles pour, par mon exécuteur, en être distribué
700 livres à mon ancien domestique Jean Baratte, et
800 livres à mes autres domestiques à gages, à chacun à
raison du temps qu'il m^aura servi, et s'il y a quelques
difficultés, M. de Montfort en sera le juge; à Tégard des
i,5oo livres restantes, elles seront employées par mon
exécuteur à des messes pour moi qui seront dites dans
six mois du jour de mon décès à raison de 10 sols par
messe, le tout selon que je lui ai marqué de vive voix ;
c 140 Je veux et entends que les gages de mes servi-
teurs dus à mon décès leur soient payés, aussi bien que
tout ce que je pourrais devoir, le tout sans retardement;
c 1 5^ Depuis ce que dessus écrit, on m^a dit qu^on
croyait que la nef est destinée pour enterrer les dignités,
pour peu que Tarticle cinquième déroge aux usages et
246
règlements de la Compagnie, il n'y aura qu'à m'emerrer
dans Taile droite, vis-à-vis la chapelle Saint-Julien ou
Saint-Sébastien.
« Fait à Bayeux, double, dont Tautre est resté entre
mes mains, ce 1 7 novembre 1724. Signé : de Fontaines. »
IV. — Pierre Cousin, prêtre du diocèse de Coutances,
fut élu supérieur général en 1724. Il mourut à Caen, et
fut enterré dans Téglise du séminaire où on lit cette épi-
taphe : Hicjacet corpus D, Z). Pétri Cousin^ prœpositi
generalis quarti Congre gationi J, et M. Obiit die
14 martii anno ij5i. jEtatis sùœ g6.
V. — Jean-Prosper Auvrqy de Saint- André, né en la
paroisse de Couvains, au quartier de Saint-André, fut
élu supérieur général dans une assemblée générale tenue
à Caen au mois de juin 1731. 11 mourut à Caen, dont il
était supérieur, le 20 janvier 1770. Son "esprit s'était
affaibli du chagrin qu'il eut de la monde i5 ou 16 ordi-
nands empoisonnés le carême précédent.
VI. — MicheFLe Fèvre, prêtre du diocèse de Bayeux ,
supérieur du séminaire de Caen, et supérieur général des
Eudistes,^ mourut au grand séminaire de Rennes le
6 septembre 1775, âgé d'environ 58 ans.
Le 6 octobre 1775, Pierre Le Coq, prêtre de la paroisse
d^Ifs près Caen, fut élu supérieur de la Congrégation de
la Mission, mort le i» septembre 1777, âgé de 49 ans.
Les Religieuses de Notre-Dame de la Charité pré-
sentent à Cuverville et à Giberville alternativement. Outre
les trois vœux ordinaires des religieuses, elles s'engagent
par un quatrième à recevoir des filles et des femmes de
mauvaise vie, qui veulent se retirer de leurs débauches,
et même celles qui désirent en éviter les occasions. Cet
247
institut fut un fruit du zèle et des prédications du Père
Eudes. Plusieurs filles et femmes engagées dans des
commerces dangereux, et touchées de ses remontrances,
lui demandèrent une retraite. 11 les assembla, et les mit
sous la conduite de quelques femmes dévotes, le 25 no-
vembre 1641, et elles furent logées vers la porte Millet,
devant la chapelle de Saint-Gratien. Ces. bonnes dames
qui les gouvernaient s^étant lassées de cet emploi, le
P. Eudes s'adressa aux religieuses de la Visitation du
couvent de Caen, en Tannée 1 644, et les engagea à s'en
charger avec l'approbation des supérieurs. Cette maison
prît d'abord le titre de Notre-Dame-du-Refuge.
En Tannée i65o, le 22 décembre, M. Le Roux de
Langrie, président au Parlement de Rouen, et la dame
son épouse, se déclarèrent fondateurs de ce couvent. Alors
on reçut pour religieuses des filles de bonnes mœurs, qui
donnèrent le commencement à un' nouvel institut sous le
titre de Notre-Dame-de-Charîté. Dès Tannée 1642, quatre
de ces filles pieuses, qui désiraient d'être religieuses dans
cet institut nouveau, présentèrent requête au Roi, pour
obtenir les lettres patentes qui étaient nécessaires à Içur
dessein. Le P. Eudes y donna ses soins, et elles furent
accordées au mois de novembre 1642. On en obtint de
nouvelles au mois de décembre 1647; enfin le Parlement
de Rouen vérifia ces lettres en i658, et le pape Alexan-
dre VII leur accorda, le 2 janvier 1666, une bulle de
confirmation, à laquelle accéda Tapprobation de M. de
Nesmond, évéque de Bayeux, au mois de juin suivant,
telle que Tavait donnée M. d'Angennes en février de
Tannée i65i.
Ces religieuses pratiquent la règle de saint Augustin,
mais elles ont leurs constitutions. Elles se sont accrues
avec le temps en terrain et en logement, et par la struc-
24S
ture de leur 'église^ après avoir changé plusieurs fois de
demeures. Car de leur première maison, elles passèrent
dans la rue des Jacobins, et ensuite dans la Neuve- Rue,
et acquirent enfin en t 656 celle où elles se sont fixées.
Les Pénitentes ont leur logement séparé; elles ne sont
jamais reçues religieuses dans cette communauté, et
demeurent sous la conduite de quelqu^unes des reli-
gieuses destinées à cet emploi.
Les Nouvelles Converties, ou les Filles de la Propa-
gation, doivent leur établissement à Caen à M. Servien,
évéque de Bayeux. Cest de lui qu^elles tiennent leur
maison dans la rue Guilleberty-et une fondation de mille
livres de rente. L'acte de cette fondation est du \^ nov.
i658. Cet institut a été établi pour un asile contre l'hé-
résie aux filles qui, s^ trouvant malheureusement enga-
gées par leur naissance, voudraient s^affranchir de la
contrainte de leurs parents.
L Hôpital-Général, Son établissement fut résolu dans
une assemblée générale de la ville tenue devant M. le duc
de Longueville, gouverneur et bailli de Caen, le 10 mars
i655. Les lettres patentes furent expédiées le 1 5 mars de
Tannée suivante, vérifiées tant au Parlement qu^à la
Chambre des comptes quelques mois après. Le temps
ayant fait mieux connaître les besoins de cet établisse-
ment, les administrateurs y pourvurent par de nouvelles
lettres patentes du 5 juin lôSg, vérifiées au grand conseil
le 17 juillet 1669, au Parlement de Rouen, mais avec
quelques modifications le 1 2 mars 1 674, à la Chambre
des comptes le'25 juin suivant, et au bailliage de Caen
le 3 juin précédent, ainsi qu'aux vicomtes de Caen et
d'Évrecy.
249
Cet hôpital subsiste des aumônes que la cotnmunauté
de la ville et les particuliers lui ont fait, de la vente des
manufactures des pauvres qui y sont renfermés, et de
quelques droits sur les entrées des boissons dans la ville,
qui leur ont été accordées par un arrêt du Conseil du
14 septembre 1676. On dit qu'il y a 20,000 livres de
revenu, dont il y en a 1 2,000 livres payé sur les deniers
de la ville; le surplus est fourni par Timposition de
20 sous d^entrée sur chaque tonneau de cidre.
La connaissance des causes de Thôpital est attribuée,
tant au demandant qu^au défendant, au bailli deCaenen
première instance, et par appel au Parlement de Rouen ;
et par la déclaration du Roi du mois d^octobre 1676, il
est entièrement soustrait à la juridiaion du grand
aumônier de France. Les pauvres y furent transférés du
lieu de la Gobelinière, oti on les avait enfermés dès que
cet établissement fut résolu. Les bâtiments se sont accrus
ensuite, à quoi ont servi les matériaux du Temple des
Huguenots, lorsqu'il fut démoli. Celui de Téglise fut
achevé en l'année 1690, et Ton y célébra la première
messe le 12 mars de la même année. Cette église, dit-on,
a été bâtie sur le .même modèle que le Temple. Personne
n^a plus contribué à Inexécution de cet ouvrage que feu
messire de Gavrus-Bernières, trésorier de France àCaen,
par ses soins et ses aumônes se montrant digne héritier
de la vertu et de la piété de la famille dont il était sorti.
11 mourut il y a quelques années dans cet hôpital un
citoyen de Bayeux, qui mérite que j^en fasse mention ici
à cause de son éclatante piété. Richard Néel, sieur de
Bapaulme, est celui dont je veux parler. Né sur la pa-
roisse de Saint- André, il naquit de Richard Néel, sieur
des Longsparcs, maître des requêtes de la reine, conseiller
assesseur à Bayeux, et de demoiselle Anne Chéradame,
250
qui avaient été mariés le 3 octobre 1 667; il coula ses pre-
mières années dans le plaisir et la volupté ; rien ne lui
paraissait moins digne d^attentlon que Taffaire de son
salut. Un jeune homme de ses amis demande une des
sœurs du sieur de Bapaulme en mariage, on la lui
accorde. Déjà les arrangements sont pris pour célébrer
les noces ; mais un accident frappant renverse toutes les
mesures la veille du mariage. Ce jeune homme fut trouvé
mort le matin, couché auprès du ^eur de Bapaulme.
Celui-ci, frappé d^un pareil coup, ouvre les yeux sur son
état ; il considère ses désordres passés, et en est saisi d^effroi.
Il se retire à sa terre de Bellezaise, paroisse de Sully, et
là, enfermé dans une petite serre au bout du jardin,
n^ayant pour tout meuble qu^un lit de planches, un cru-
cifix et quelques livres de piété, il se livra totalement aux
exercices de la pénitence. Au bout de quelque temps, il ^
alla se cacher dans Tabbaye de la Trappe, d^où il fut
obligé de sortir à cause de la rigueur de la règle à laquelle
son tempérament ne put pas s'accoutumer. Il se retira enfin
à Caen dans Thôpital général. Il donna aux pauvres mille
écus en entrant, et une pareille somme qu^il exigea de
son frère aîné au lieu de ce quHl pouvait prétendre sur
la succession de ses parents. Il y passa le reste de ses jours,
occupé sans cesse de la prière et de la mortificationi et y
est mort en odeur de sainteté.
Les frères de Saint^Yon, communément appelés les
Grands^Chapeaux, à cause de la grandeur de leurs
chapeaux. M. de Luynes, évéque de Bayeux, permit et
t ratifia, le 6 mars 17^0, rétablissement des frères de
Saint- Yon à Caen. Quelque temps auparavant, il y avait
eu en cette ville cinq frères de la Providence qui y avaient
été mis aux gages de M. le cardinal de Fleury, abbé de
251*
Caen, pour Thistruction de la jeunesse; s'étant trouvés
réduits à deux, et ceux-ci n'étant point approuvés par
Sa Majesté, ils obtinrent de M. l'évéque la permission de
s'unir à l'Institut des Frères des Écoles chrétiennes de
Saint- Yon de Rouen, ainsi que la maison qu'ils possé-
daient à Caen ; ce qui fut aussi appibuvé par le frère
Timothée, supérieur général de cet institut. *
DOYENNÉ DE DOUVRES.
Aguerny (Saint-Martin d*). Sergenterie de Bemières,
notariat de Bény. Election de Caen, 55 feux et 200 habi-
tants.
Cette paroisse, située sur une hauteur, est divisée
en deux hameaux, Aguerny et la Mare. Il paraît que le
nom de cette paroisse est unique en France, par le DiV-
tionnaire universel de ce royaume qui l'appelle An-
guerny, et y marque 221 habitants. Elle a -deux fiefs : la
Varangère et Aguerny, possédés par messirc Pierre Fran-
çois de Fresnel, seigneur de cette paroisse. Son château
est à demi-lieue dans la paroisse de Mathieu.
Guillaume de Fresnel, écuyer, sieur de Saint-Germain,
Mathieu, Aguerny et Periers, gentilhomme ordinaire de
S. A. R. fit un échange de terre le 24 novembre 1646
avec Michel Criquet.
La nomination de la cure et la moitié des grosses
dîmes appartiennent au chapitre de Bayeux; l'autre
252
moitié est panagée entre les religieux de la Trappe et le
curé, qui a aussi les verdages. Le patronage et les dîmes,
possédés par le chapitre, lui furent aumônes par Philippe
d'Harcourt, un de ses évéques dans le xu« siècle (i).
Elle est à deux lieues de Caen, une lieue de la Déli-
vrande, et une lieue et demie de la mer.
Anisy (Saint-Pierre d^). Sergenterie de Berniëres,
notariat de Bény, élection de Caen, 70 feux^ 280 com-
muniants.
Elle n^est arrosée que par Teau d^un étang d'oti se
forme le ruisseau qui traverse les paroisses de Mathieu et
de Périers, et va se perdre dans la petite rivière de Beu-
ville. Il y a quatre grands fiefs, et Pextension d^un autre,
situé à Villons; le dominant, situé à Anisy, donne le
droit de nommer à la cure. Messire Louis-Gabriel de
Clinchamps est seigneur et patron présentateur d^ Anisy.
Le curé n^a que le tiers de toute la dîme, et les autres
deux tiers appartiennent à M. Tévéque de Bayeux, en
défalquant deux petits traits pour le chapitre de Bayeux
et pour Tabbaye d^Aulnay.
Cest là Porigine de la maison d^ Anisy, dont un sei-
gneur accompagna le duc Guillaume à la conquête de
r Angleterre en 1066, et un autre, le duc Robert, à la
Terre-Sainte en 1096. Ses armes sont : d^argent billeté de
sable, au lion de même, armé et lampassé de gueules.
Raoul d'Anisy fonda en i223 la prébende d^Anisy dans
la collégiale du Saint-Sépulchre, à Caen. Messire Ferry
d'Anisy est compris entre les bannerets et écuyers de
Normandie, selon les registres de la Chambre des comptes
de 1337. Jean d' Anisy, écuyer, sieur d' Anisy, reconnut
(1) HisL du dioc, de Bayeux^ p. 172.
en 14 10 avoir donné 17 septiers de froment de rente à
Gaillemette, sa fille, qu'il avait mariée à Guillaume de
Gravèrent, seigneur de Coulomby. Gérard d'Anisy fit
transport de son fief d^Anisy en 1476 ; un aveu de 1463
dit qu^il est situé en la vicomte de Caen, et qu^il s'étend
es paroisses d'Engranville, Saint-Laurent-sur-la-Mer, et
à Clouey, vicomte de Bayeux. Richard d'Anisy, de la
paroisse de Ver en l'élection de Bayeux, fit preuve d'an-
cienne noblesse en 1463.(1). Gilles et Guion d'Anisy,
demeurant au dit lieu^ en firent autant en 1 540 ; le dit
Gilles, par contrat de 1 533, avait pris en fief du doyen et
chapitre de Bayeux, demi-vergée de terre au dit lieu pour
1 00 sous tournois de rente.
On trouve une paroisse d'Anisy dans le diocèse et
élection de Laon, et une autre de même nom dans le dio-
cèse et élection de Nevers.
Celle du diocèse de Bayeux est à une lieue et demie de
Caen, et à une lieue de la Délivranc|e.
Arquenay (Saint- Aubin d'). Sergenterie d'Ouistreham,
notariat de Ouistreham, élection de Caen, 42 feux, i25
communiants.
Cette paroisse a environ un quart de lieue dans sa lar-
geur, et trois quans dans sa longueur. Elle fait partie de
la baronnie d'Ouistreham, et relève de la juridiction de
Fabbaye de Sainte-Trinité de Caen. Elle a deux fiefs ; le
grand et le principal appanient à M"*« TAbbesse de Caen,
avec la nomination de la cure ; Tautre appelé d'Esquay,
qui ne comprend pas tout-à-fait le quart de la paroisse,
mais qui a une petite extension dans Ouistreham, appar-
tient à M. de Benouville. Il y a encore quelques terres et
(i) Histoire d^Harcourt^ t. I, p. 996-997.
254
maisons qui relèvent du Roi, mais en très petite quan-
tité, puisque ce domaine ne vaut que 340 livres de rente
par an. L^abbesse de Caen, dame et patronne de Saint-
Aubin*d'Arquenay, perçoit toutes les dîmes sans nulle
exception, et fait une pension au curé. Son territoire
approche de la rivière d'Orne, mais il ne la borde pas,
parce que la paroisse d^Ouistreham sMtend le long de
cette rivière-et va joindre celle de Bénouville.
Elle est à deux lieues de Caen, à une lieue et demie de
la Délivrande et demie lieue d^Ouistrebam.
Basly (Saint-Georges de). Sergenterie de Bemières,
notariat de Bény, élection de Caen, 60 feux et t 80 habi-
tants.
Elle est arrosée par un ruisseau qui y prend naissance
et qui se perd dans la rivière de Mue à peu de distance de
là. Son territoire est de 25o acres de terre, dont il y en a
48 en bruyères. La cure est à la nomination du prieur de
THôtel-Dieu de Caen. Le curé a la moitié de la dîme;
Pautre moitié appartient quant aux deux tiers à Tabbaye
de Saint- Wandrille, et Pautre tiers au chapitre de Bayeux.
La seigneurie honoraire est en litige entre M. Jolivet, de
Caen, seigneur de Basly, (son père, avocat à Caen, avait
acheté la seigneurie, vers 1744, de M. le Duc, seigneur de
Basiy), et THôiel-Dieu de cette ville.
Les Calvinistes ont eu un prêche à Basly, lequel fut
abattu en 168 5, en conséquence de Tédit de Nantes. Ce
prêche, situé auparavant à Laîsson, doyenné de Maltot,
n'avait été transféré à Basly que parce que le seigneur de
Lasson s'étant fait catholique ne voulut plus souffrir de
pareil exercice chez lui.
Deux personnes distinguées par leur mérite ont donné
du renom à cette paroisse. Jean Le Mière, sieur de Basly,
255
est auteur d'un recueil d'épigrammes quUl intitula Séria
etjoci. Il fut imprimé en 1664 (i). Guillaume Marcel,
curé de Basly, après avoir longtemps professé la rhéto-
rique dans les collèges de Rouen, du Plessis-Sorbonne et
de Bayeux, se retira dans sa cure, oîi il composa un
grand nombre d'ouvrages de divers genres, mais parti-
culièrement de controverse et de poésie. Il y mourut
le 10 avril 1702, âgé de 90 ans. Il s'y était formé une
assez jolie terre de plusieurs acquisitions quUl avait
faites des Protestants de ce lieu ; un paysan dit à ce sujet :
« Notre curé est rempli d*un grand zèle; il détache tant
quHl sait nos frères de la terre pour les attacher au ciel. »
Cette paroisse est à trois quarts de lieue de la Déli-
vrande, trois lieues et demie de Caen, et quatre lieues de
Bayeux.
B^nowviV/e (Notre-Dame de). Sergenterie d'Ouistre-
ham, notariat d^Ouistreham, élection de Caen, 70 feux,
140 habitants.
Cette paroisse, qui est dans une situation charmante
sur la mer et la rivière d^Orne, se trouve divisée en deux
parties, dont Tune s'appelle Bcnouyille, et l'autre le Port.
Ce dernier a été son nom principal et primitif. Le Livre
Pelut de révêché, rédigé vers i356, la nomme Ecclesia
B* Af* de Portu, et une main du siècle suivant a mis au-
dessus le mot de : Burnouvilla, pour Benouville qu'elle
pone à présent. C'est pourquoi les titres qui en font
mention l'appellent tantôt Notre-Dame de Benouville du
Port, et tantôt Notre-Dame de l'Ascencion du Port, la
fête de l'Ascencion étant la première fête patronale à
laquelle a succédé celle de la Nativité de la Sainte Vierge.
(i) Orig. de Caen, p. 390.
256
La cure est à la nomination de Tabbesse de Caen^ et la
dîme en est partagée en trois lots : le curé a le choix,
l'abbesse a le second, et le troisième est subdivisé en trois
autres lots, dont les deux premiers pour le curé, et le
troisième pour Tabbesse. Ainsi, sur neuf gerbes le curé
en a cinq et Tabbesse quatre, qui lui ont été aumônées
avec le patronage par, les anciens seigneurs de cette
paroisse. Bertrand de Canville en était seigneur en i35o.
Aujourd'hui, c^est messire Antoine Gislain, chevalier de
Tordre militaire de Saint* Louis, dit le marquis de Benou-
ville, fils de messire François-Antoine, seigneur de Be-
nouville et du Port, et de dame Hélène de Marguerit,
morte à Caen le 24 avril 1738, âgée de 72 ans.
Il en possède tous les fiefs, savoir : Benouville et De-
launey, mouvant du roi directement, le Port et Manne-
ville. Il j fait sa demeure dans un château bâti vers 1 5oo,
auquel ses prédécesseurs ont fait beaucoup d^embellisse-
ments et de dépenses. Les auteurs de ce château y fon-
dèrent une chapelle à laquelle ils affectèrent les deux
gerbes du troisième lot que perçoivent à présent les curés
au droit de ces seigneurs, à condition quMls auront un
vicaire et feront tenir les écoles. Le terroir de Benouville
consiste en herbages et terres à labour. Il y a dans le
hameau de Port, sur le bord de TOrne, un bac qui com-
munique à Amfréville, et donne facilité pour commercer
vers Troarn et les autres marchés voisins.
Elle est à deux petites lieues de Caen et à une lieue
de la mer.
Bény (Notre-Dame d^Assomption de). Lieu de nota-
riat (800 livres), Cairon, les Buissons, Villons^ Aguerny,
Reviers, Anisy, Moulineaux, Fontaine-Henry, Basly
257
et Than. Sergenterie de Bernières, élection de Caen,
1 5o feux, 320 ou 400 communiants.
Cette paroisse, située sur une éminence, est arrosée par
la rivière de Mue qui la sépare de Fontaine-le-Henry et
de Moulineaux. Son territoire peut contenir environ
1,000 acres de terre, dont la partie du nord-est et du sud-
ouest est une bruyère, et Tautre partie représente PArabie-
Pétrée, étant bordée d^une chaîne de carrières de pierres.
Malgré cela, les terres sont fertiles en froment, orge et
autres grains; on y voit peu de bois et de pommiers.
Le hameau de Bragueville en dépend. La cure est divisée
en deux portions. La première est à la nomination de
Pabbé de Montmorel, Pautre à celle du seigneur de Mou-
lineaux; mais sa dîme est tiercée : un tiers pour le susdit
abbé, et les deuï autres pour les curés.
La seigneurie de ce lieu, qui dans un titre du xv« siècle
est appelé Bény-le-Port (i), était ès-mains de Jean
Gougeul, seigneur de Moulineaux en i35o (2). Elle
entra ensuite dans les maisons de Husson et de Meullant.
Elle échut en partage à Perrine de Meullant, fille cadette
de Thomas, sire de CourseuUes, laquelle la porta en
mariage, avec celles de Bernières et de Caynet, à messire
Guillaume de Rosenyvinan (3). Elle passa depuis à
Jean d'Harcourt, seigneur de Fontaine-le-Henry, par son
mariage avec Jeanne de Saint-Germain, héritière des
baronnies d^Asnebec, de Briouse, et des seigneuries de
Bény et de Moulineaux.
Jean du Thon, écuyer, sieur et châtelain de Mouli-
neaux, et Bény, patron principal en la dite paroisse de
(i) Hist, Harc, t. , p. 5a.
(3) Ex lib. Pelut.
{3) Hist. Harc,, t, II, p. i5o8,
17
2S8
Moulineaux, et patron en la seconde portion de Notre-
Dame du Bény, nomma à la cure en 1618 (i). Jean le
Paulmier^ sieur de Saint-Louét, président en Télection
de Caen, ayant la garde noble des enfants mineurs de
Germain du Thon, sieur de Bény et de Moulineaux, y
nomma aussi le i^^ mars 1628.
Aujourd'hui, elle est possédée conjointement par : M. le
marquis de Vassy-Marguerye (M. de Vassy-Marguerye,
seigneur et patron honoraire de Moulineaux et de Bény,
M. du Londel, patron de Moulineaux, et de la deuxième
portion, à cause de M^^*de Moulineaux), par Jacques du
Touchet, seigneur et patron de Moulineaux, et par
M. Durand de Missy, évéque d'Avranches, co-seigneur
de Moulineaux.
Cette paroisse est à 3 lieues de Caen, 2 lieues du bourg
de Creully, et à une lieue de la Délivrande.
BernièreS'Sur-la^Mer ( Notre-Dame-d'Assomption).
Chef-lieu de sergenterie, notariat de Douvreâ, élection de
Caen, 180 feux, 900 habitants.
Ce lieu, situé sur la mer, avait anciennement un petit
port formé par l'embouchure de la SeuUes, avant qu'on
en eût détourné le cours par CourseuUes, paroisse limi-
trophe. M. de Bras observe qu'on y avait pris longtemps
avant lui une grande baleine qui avait été jetée sur le
sable, d'où l'on fit ce distique :
. A Bernières sur la mer fut prinse la grand baleine,
De cinquante pieds de lay, la longueur n'est vilaine.
Il remarque aussi qu'on y avait bâti une haute pyra-
mide pour l'adresse des vaisseaux, à Tembouchure du
fleuve de la Seine. Le seigneur de CourseuUes, dont la
(I) Reg. de l'Évêché.
259
seigneurie sMtend dans la mer, avait le septième poisson
qu*on prenait dans ce port, et les droits du marché qui
tenait proche Téglise ( i ).
L^échiquier de Normandie, tenu en i336 à Caen pour
le terme de Pâques, fait mention d^un procès entre le
procureur du roi et Raoul de Meullant, seigneur de
Courseulles, au sujet des halles et du port de Berniéres.
Ce procès ne fut terminé qu'en iSgo, à l'échiquier de
Caen, où il intervint arrêt en faveur du seigneur de
Courseulles. Les halles, soutenues par trois rangs de
piliers, étaient contre le cimetière. 'On en voit encore
quelques-uns qui ont été conservés. Il y avait un siège
d*amirauté qui a été transféré depuis à Lahgrune. La
sergenterie est composée de 22 paroisses.
Berniéres vient de l'anglo-saxon Barn, qui veut dire
grenier (2), et la fertilité de son terroir démontre assez
la justesse de cette étymologie. On prononçait autrefois
Barrières, comme il paraît par une bulle adressée au
prieur de l'hôpital de Caen, oti il fait mention de Raoul
de Barnères. Il s'appelle en latin Bameriœ ou Bar^
nîerœ. L'église, accompagnée de bas-côtés, est grande et
bien décorée. C'est une tradition constante dans le pays
qu'elle a appartenu aux Templiers qui j avaient un
couvent. Il paraît, par une chartre de Guillaume duc de
Normandie, qu'il donna à Odon, évéque de Baycux, son
frère utérin, la terre de &on fief de Berniéres (3), qu'Odon
avait acheté de Guillaume de Courselles, avec le patro-
nage des églises, les dîmes et toutes les coutumes qui
proviennent de la terre, et des vasseaux qui 7 demeurent.
(1) Hist. Harc, 1. 1, p. 88.
(a) M. Huet, Orig, de Caen, p. 394.
(3) Mém. impr.
26o
Depuis, le prélat uait le patronage et les dîmes à la
trésorerie de son église. Le grand trésorier de Bayeux est
seigneur et patron collateur de la cure, et en perçoit les
dîmes. Il y possède le premier et le principal fief qui
relève immédiatement du Roi. Il fut maintenu dans la
qualité de seigneur et patron de Bernières par sentence
du bailli de Caen, au mois de mars 1687, contre le
seigneur de Courseulleset un autre seigneur qui y possé-
daient chacun deux petits fiefs dépendant de Tévéché de
Bayeux, sous la baronnie de Douvres.
Il y a plusieurs fiefs dont le plus considérable est celui
de la Luzerne mouvant de la baronnie de Douvres. Le
seigneur de ce fief (M. de RocqueviUe), et les Réformés
de Bernières y ont eu un temple, qui fut abattu par la
révocation de Tédit de Nantes. Le Roi y possède une
fiéferme dont les terres sont rotures.
Charles de Hermanville, seigneur d^Hermanville,
tenait anciennement en foi et hommage de la baronnie
de Douvres un membre de fief d^hautbert, pour un quart
de fief assis à Bernières-sur-la-Mer et G>urseulles, par
une quotité de service d'ost quand il est mandé (i).
Raoul du Bois, écuyer, tenait de la dite baronnie, par
foi et hommage, un quan de fief de chevalier à lui venu
de la succession de ses prédécesseurs assis à Bemières-
sur-la-Mer, lequel anciennement fut à messire Hue du
Bois, chevdier, et depuis à messire Jean du Bois, che-
valier, seigneur de Saint-Manvieu, et à dame Catherine
de la Luzerne, sa femme, à cause d^elle (2).
Guillaume le Grand tient nuement de la baronnie de
Douvres, par foi et hommage, un quart de fief de che-
(i) Ext. de Taveu de TÉvêq. de Bay., du 4 avril 1453.
(3) Ext. de Taveu de l'Évêq. de Bay., du 4 avril 1453.
26l
valier par succession de ses prédécesseurs assis à Ber-
nières ( i ), lequel fut à Raoul de Moulineaux, et en doit
200 d^allouettes par chacun an au terme de Toussaint.
Pierre Le Chevalier, écuyer, tient de la dite baronnie,
nuement par foi et hommage, un quart de fief de
chevalier acquis par lui de messire Charles de Herman-
yille, chevalier, assis à Bernières.
Jean Marguerye, écuyer, fils et héritier de feu Michel
Marguerye, tient de la dite baronnie par foi et hommage,
un quart de fief de chevalier, assis à Bernières, et s^étend
à Hérouville, que le dit feu Marguerye acquit de Jean
de Beauvannet et sa femme. Les 5 fiefs ci-dessus, selon
anciennes écritures, sont sujets à faire le service d^un
chevalier en Tostdu prince quand il est mandé.
Bernières est à un quart de lieue de la Délivrande,
3 lieues de Caen et 5 lieues et demie de Bayeux.
Beuville (Saint- Pierre de). Beusvilla. Sergenterie
d^Ouistreham^ notariat de Caen, élection de Caen, 80 feux,
188 habitants.
Quelques anciennes Chartres la nomment BosviUe,
d^autres, mal à propos, Beuseville.
Cette paroisse est située sur le ruisseau du Doit qui y
prend sa source au nord, et qui, grossi par celui de
Périers, coule au midi jusqu^à Blainville oti il se perd
dans rOrne. La moitié des habitants professent le Calvi-
nisme. L^église, sans trésor ni revenu, est pauvre et
petite. La plupart ayant embrassé la Réforme dans (2) le
xvic siècle, abattirent et ruinèrent la nef. Gaspard Erard
Le Grix, baron d^Eschaufibu, seigneur de Beuville, la fit
(1) Bernières, Sémilly.
(3) Reg. des collât, de l'évêch., i665, p. 39 et 40.
262
rebâtir en 1 66 5, et comme il y avait peu de Catholiques,
il ne lui donna que 3o pieds dé long sur 30 de large.
Cest ce qu'on apprend de la permission de M. TÉvéque,
du 21 avril, au dit an. Le chœur n'était pas, à beaucoup
près, dans un meilleur état ; par le laps des temps, il fut
réparé, en i686, par les gros décimateurs, et réduit à
28 pieds de longueur sur 18 de largeur. La permission
de M. rÉvéque est du 12 mars.
M. Huet remarque, d'après M. d'Anisy-Clinchamps ( i ),
qu'ion voit dans cette église les armes de Mathan ; ils ont
été trompés par la ressemblance de ces armes avec celles
des messieurs de Grosparmy, qui ont possédé longtemps la
seigneurie de Beuville. Grosparmy portait : de gueules à
2 jumelles d^or surmontées d^un lion léopardé d'argent
hermine en chef, et Mathan porte les mêmes pièces et
métaux à l'exception du lipn qui est d^or. Cette ressem-
blance d'armes m'a toujours fait conjecturer que les deux
familles ont la ménle origine.
La cure est à la nomination du seigneur temporel ;
anciennement, elle était à Tabbé du Val-Richer, qui la
rétrocéda dans le xv« siècle. C'est ce qu'on apprend d^une
note marginale insérée dans le Livre Pelut de l'évéché, à
l'article de cette paroisse : Ecclesia de Beusvilla\ abbas
de Valle Richerii, et à la marge : pro nunc dominus
temporalis de Beuvilla juxta concordiam exhihitam
domino vicario Bajocensi, passatam coramJoh.Le Viter
et Joh. Godefroy, tabellar. regiis apud Rothomagium.
anno D^ M. quadringentesimo octogesimo quarto die
XXIX mensis octobris. Les dîmes, quant aux deux
tiers, appartiennent à l'abbaye de Saint-Étienne, de
Caen, et pour l'autre tiers au curé.
(i) Orig, de Caen, p. 336-337.
263
Proche la maison du seigneur, il y avait une chapelle
de Saint-Martin qui ne subsiste plus depuis longtemps.
Il en est fait mention dans le Livre Pelut. Capella Sti '
Martini de Besvilla cum cura XX liv., dominus dictœ
villce in cujus manerio consistit valet communi XX lib.
Plusieurs anciens habitants y ont encore vu des fonts
baptismaux, et il tfy a que quelques années qu'en creu-
sant au même endroit pour faire le fondement d^un mur,
on y découvrit grand nombre de cercueils de pierre sans
aucune inscription, mais pleins d^ossements qui s'en
allaient en poussière à Pair.
Uabbayedu Val-Richer possède à Beuville la ferme de
Beauvais, placée entre Beuville, au nord, et Colleville-
sur-Orne. Cette ferme dépend de Tune et Tautre paroisse
quant aux territoires et aux maisons, et est à égale
distance, c^est-à-dire un quart de lieue et demi des deux
églises.
Outre le fief de la seigneurie, on compte les fiefs de
Than et Feuguerolles ( i ) qui, par rapport à la mouvance
de celui de Beuville, ne sont pas estimés à loo fr. de
rente, et le fief de Montreuil dont il n^existe pas le plus
petit vestige.
Cette paroisse a donné le nom à la maison de Beuville
qui porte : pallé d^argent et de gueules de six pièces.
Thomas de Beuville fit don à THôtel-Dieu de Caen, de
quelques rentes sises à Beuville, selon la bulle d'Inno-
cent III, de Tan 12 lo. Mgr NicoUe de Beuville, chevalier,
se trouva pour le service du roi Philippe VI aux guerres
de Gascogne et de Languedoc suivant les registres de la
Chambre des Comptes des années i338 et iSSg. Jean,
seigneur de Beuville, est cité entre les chevaliers, bache-
(i) Mém. par M. le Coq de Beuville, 47, p. 4 et 6.
2^4
liers, dans les livres des rois de Normandie. Il fut père
de Huë de Beuville, chevalier, seigneur de Beuville,
Sarqueux, et autres fiefs, cité dans un arrêt de TÉchiquier
de Pan i Sgo. De ce Huê et de Jeanne d'Harcourt vint
Huet de Beuville, seigneur de Beuville, et depuis de
Fontenay-r Abbaye comme héritier de dame Marie
Pesnel (i), lequel est cité comme sous-âge dans un arrêt
de Tan 1403.
Jean deGrosparmy en hérita. Il tenait, en i453, de la
baronnie de Douvres, par foi et hommage noblement et
franchement un fief de chevalier entier assis à Beuville,
et en doit i5 livres tournois de rente par chacun an (2).
Il nomma à la cure de Beuville en 1465.
Jean de Grosparmy, seigneur de Beuville, était capi-
taine des francs-archers du bailliage de Caen, comme il
paraît par la quittance du 9 mars 1 471, de 140 livres pour
ses gages et chevauchées de Tannée précédente (3). Du
consentement de noble et excellent homme Guillaume de
Grosparmy, seigneur de Beuville et de Fontenay-
TAbbaye, Guillaume Carrey, chanoine de Lisieux,
résigna à Aymar de Grosparmy, au mois d'avril 1497, la
cure de Beuville dont il éuit titulaire (4). Guillaume de
Grosparmy vivait encore en i5o2. B. de Grosparmy,
seigneur de Beuville et de Fontenay-l'Abbaye, présenta
à la cure de Beuville en i53i. Stévenot de Grosparmy,
prêtre, à la place d^Aymard de Grosparmy, bachelier, et
ensuite Pierre de Grosparmy, clerc.
La seigneurie de Beuville passa de là successivement
aux maisons de Hellenvilliers et de Mainbeville, vicomtes
(i) Mém. par M. le Coq de Beuville, 47, p. 4 et 6.
(a) Av. de Tévêq. de Bayeux, 4 avril 1453.
(3) Hist. des gr, off.^ t. VI, p. 17a.
(4) Reg. de Tévéché.
i«5
d^Esquay (i]/d^où Jourdaine de Mainbeville la porta à
son mari Gaspard Erard-Le-Grix, seigneur et baron
d^Eschauffou et de Montreuii^ desquels vint pour fille
unique Marie-Anne Dorothée Erard-Le-Grix, qui, selon
la généalogie de RoncheroUes, eut pour mère Ânne-
Dorothée du Buat (2), et fut mariée par contrat du 24 fé-
vrier 1702, à Michel de Roncherolles^ marquis du Pont-
Saint- Pierre.
Par contrat sous seing du 5 mai 171 1, déposé au no-
tariat de Caen le 10 novembre suivant, M. Le Gx], avocat
à Caen, prit à fief pour 400 livres de rente foncière, le fief
de Beu ville de M. et M"» du Pont-Saînt-Pierre. Le dernier
décembre 1712, il fit le retrait féodalement de cette rente
qui avait été vendue par les mêmes au sieur de Saint-
Ouen-Fresnel, pour la somme de 8,000 livres. Il a fait
bâtir la maison seigneurale qui lui a coûté plus de
100,000 livres. Il a laissé pour fils Nicolas-François Le
Coq, écuyer, seigneur et patron de Beuville, conseiller-
secrétaire du Roi, maison et couronne de France et de
ses finances.
Cette paroisse est entre Caen et la mer, à cinq quarts
de lieue de Tune et de Tautre.
Biéville (Notre-Dame de). Sergenterie d^Ouistreham,
notariat de Caen, élection de Caen, 70 feux, 25o ou
280 communiants.
Cette paroisse est située entre Caen et la Mer, sur un
bieu ou ruisseau que les habitants appellent Doit, du
mot latin Ductus, et qui sépare son territoire de Blain-
ville.
(x) Hist. Harc, t. I, p. 988.
(3) Moreri.
26^
Elle contient deux hameaux, le Londel à Pouest, et la
Londe à Test, qui ont chacun une maison principale
accompagnée d'avenues. L^égliseest propre, passablement
grande et bien décorée, avec un clocher de figure carrée.
La présentation de la cure et les dîmes en totalité
appartiennent à Tabbé de Saint-Étienne de Caen. Le fief
dominant est une fiéferme du ddmaine dont M. de Bé-
nouville est engagiste. II y a en outre les fiefs d^Outreval
et de Rubercy, appartenant à M. de Beuville Le Coq, et
un troisième qui a été érigé, depuis 22 ou 23 ans, sous le
nom du Londek On y trouve à plusteu*rs endroits des
carrières d^une pierre extrêmement dure.
Elle est à une lieue demi-quart de Caen, à une lieue et
demie de la mer, et à demi-lieue à l'est de la rivière
d'Orne.
Blainville (Saint-Gerbold de). Sergenterie d^Ouistre-
ham, notariat de Caen, élection de Caen, 41 feux.
Cette paroisse est située sur POrne. Elle a Hérouville
au midi et Benouville au nord. Quelques-uns font venir
son nom de Belenus, TApoUon des Gaulois, pourquoi
on dit Belenx-villa (i). Dans les vieux titres il est appelé
Bledvilla et Blevilla, Belainville et Blévilie. Ce qui fait
croire à M. Huet qu^il pourrait être dérivé du mot latin
bladum, qui en basse latine signifie du blé.
II y a deux autres lieux de même nom en Normandie
dans les diocèses de Rouen et de Coutances ; ainsi je
n^oserais dire duquel de ces lieux était le sire de Blain-
ville qui alla, en 1096, à la conquête de Jérusalem. Il
portait : d^azur à une croix d^argent à croisettes d^or recroi-
settées.
(i) Orig. de Caen^ p. 243.
267
La seigneurie qualifiée de chfttellenie donne le droit de
présenter à là cure. Le curé est décimateur.
Roger Bâton ou Bacon était seigneur châtelain et patron
présentateur de cette cure en i356 (i). Après lui parait
Robert de Warignies, II< du nom, seigneur de Blain-
viile, qui avait pour aïeul Robert, chevalier, bailli et
capitaine de Caen, suivant des Chartres de 1364 (2). Ce
bailli est le Robert de Warignies qui, en 1346, sauva le
château de Caen (3), et Edouard, roi d'Angleterre,
quoique maître de* la ville ne put le prendre. Le seigneur
de Blainville s'allia de Marie Bourgeoise, fille aînée de
Louis seigneur de Cagny, et laissa pour fils :
Robert de Warignies III« du nom, seigneur de Blain-
ville et de Cagny, qui rendis foi et hommage de son fief
d'Aignerville, le 20 juillet 1450, au roi Charles VIL Sa
femme, Catherine Desmarets, dame de la Potherie, qu'il
avait épousée avec le consentement de Mouton de Blain-
ville, maréchal de France, le 14 août 1437 (4), le fit père
de plusieurs enfants; l'aîné :
Stévenot de Warignies, seigneur de Blainville et de
Cagny, fut marié par contrat du 18 février 1 5o5 à demoi-
selle Jeanne Le Veneur du Homme. Son fils, Jean de
Warignies, chevalier, seigneur de Blainville, fut père de
Jacques, seigneur de Blainville et de la Poterie, chev^ier
de Tordre du Roi, gentilhomme ordinaire de sa chambre,
capitaine de Touques et du Ponteaudemer, qui mourut le
10 septembre 1589, laissant de son épouse Âdrienne
Martel de Bacqueville, Tenneguy et Jean de Warignies.
Le premier se qualifiait seigneur de Blainville, baron
(i) Ex. Lib. Pelut.
(1) Hist. HarCy t. Il, p. 954.
(3) Hist. Uarc., 1. 1, p. 364.
(4) Hist. Harc., t. I, p. 953.
268
des Biars, lieutenant du Roi en Normandie, gouverneur
de Lectoure, puis de Pontorson. Le second, né le
2 juin i58i, fut aussi seigneur de Blainville-sur-Ome,
Cabourg et la Poterie, chevalier de Tordre, conseiller
d^État, premier gentilhomme de la chambre du Roi,
maître de sa garde-robe, lieutenant au gouvernement et
bailliage de Caen, ambassadeur en Angleterre (i). Il
portait : de gueules à 3 chevrons d'argent à la bordure
d^azur. Après sa mort sans enfants, arrivée à Issy, prés
Paris, le 26 février 1628, la terre deBiainville fut acquise
par Jean-Baptiste Colbert, marquis de Seignelay, ministre
et secrétaire d'État qui, dans une présentation de Pan
1680 pour la cure de ce lieu, prend la qualité de chevalier,
seigneur et châtelain de Blainville.
Jules-Armand G)lbert, son I V^ fils, lieutenant général
des armées du Roi, fut marquis de Blainville. Il mourut
des blessures quMl reçut à la bataille d^Hochstaedt, le
i3 août 1704, laissant pour fille unique Madeleine
G)lbert, mariée en 1706 à Jean-Baptiste de Rochechouart,
comte de Maure, son cousin germain. M. de Roche-
chouan de Mortemart a vendu cette terre il y a quelques
années à M. Gislain, nîarquis de Benouville.
Elle est à cinq quarts de lieue de Caen.
Cambes (Saint-Martin de). Sergenterie de Bernières,
notariat de Caen, élection de Caen, 47 feux.
Cette paroisse ne contient que 3oo acres de terre, tant
à labour que autrement. Elle a pour limites BiéviUe à
Torient, Saint-Contest au midi, Villons au couchant,
Anisy et Mathieu au septentrion. Du nombre des
47 feux, il y en a 8 qui forment le hameau de la petite
(i) Hist. deigr. ofi., t. IX, p. 148.
269
Londe sur le chemin de Caen à la Délivraade. L^église
est accompagnée d^une grosse tour carrée, et terminée en
plate-forme. On y célèbre la fête de l'Annonciation et de
la Sainte Vierge avec grande solennité. Il y a une indul-
gence plénière. La nomination de la cure appanient à
Tabbaye d'Aunay, et les deux tiers des grosses dîmes à
. Tabbaye de Saint-Étienne ae Caen, à qui elles ont été
cédées par échange par Tabbaye d^Aunay. Il en faut
excepter la dîme de 27 acres de terre relevantes du fief de
Cornet, qui, avec le fief, dépend de Pabbaye de Sainte-
Trinité de Caen. L'autre tiers est pour le curé.
Il y a trois autres fiefs dont ceux de Cambes et du
MoUey sont les principaux, lesquels sont ès-mains de
M. Bernardin, marquis de Mathan, au droit de Npble
Dame Elisabeth Le Bas, dame de Cambes et de Fierville,
décédée vers 1 758, et veuve de messire Pierre de Mathan,
seigneur de Mathan, Longvillers et Trousseauville.
Elle est à cinq quarts de lieu de Caen.
Colleville-sur-Ome (Saint-Vigor et Saint- Rîquier de).
Sergenteried^Ouistreham, notariatd^Ouistreham, élection
de Caen, 1 3o feux et 5oo habitants.
Cette paroisse, limitrophe d'Ouistreham, est près Pem-
bouchure de POrne. Il y a dans la mer qui la borde au
nord, à trois quarts de lieue de la dune, une fosse nommée
la fosse de Colleville, qui a une lieue et demie de gran-
deur. M. Corneille, en parlant de cette fosse, dit qu'elle
paraît, par rapport à la côte, comme un lac profond, et
quHl semble qu^on en pourrait faire un port de mer. Le
grand chemin de Caen à la mer passe par le milieu de
son territoire à un quart de lieue de l'église vers la mer.
Il partage ce qu'on appelle le grand et le petit marais de
Colleville. Au bout, il y a une dune où on a bâti un
270
corps de g^arde et une plate-forme, pour 7 placer deux
grosses pièces de canon.
La cure est à la présentation alternative du chapitre de
Bayeux et de Tabbesse de Caen. Ce patronage apparte-
nant au chapitre avec le trait de dime qu^il y possédait,
lui fut aumône en 1 269 par Guy, son évéque. Les registres
de révéché font mention d*une chapelle fondée dans son
église sous le titre de Notre-Dame-des-Cheveux : Capella
B^ M' de Capillis.
Les dîmes sont partagées en 7 lots et demi. Un demi
lot pour M. Tévéque de Bayeux, un pour le chapitre,
3 pour Tabbesse de Caen, 2 pour le curé, un demi pour
le chapitre du Sépulchre de Caen, et un demi pour les
religieux de Val-Richer. Le fief dominant, un simple
fief d'hautbert, qui appartenait ci-devant au Roi, et qui
est à présent possédé par messire Guillaume Le Sueur,
écuyer, seigneur de CoUeville.
Guillaume de CoUeville, dont le père était Galeran
Louvet de CoUeville, chevalier, donna à Guillot de
Macello de Caen pro servitio et homagio suo, un tène-
ment que Michel Thomas tenait de lui Guillaume à
Colleville-sur-Orne, et d^autres ténements au même lieu,
à telle charge qu^il les possédera lui et ses enfants, s^il en
a de Nicolasse sa femme, et que s'il meurt sans lignée
issue d^elle, les dits biens passerontaux mains du chapitre
de Caen, qui en feront la rente à la dite veuve tant qu'elle
vivra. Cet acte de l'an i238, a pour témoins : Guillaume
Herfrey, Guillaume Baormant, Michel Quarrd, Robert
de Ponteaudemer, Robert de Villeray, Guillaume TEs-
crîvain, Richer, Guillaume d'Anisy, Luc Ad Testant,
Mathieu de Londe, chanoines du Sépulchre,
P*« d'Escorcheville de CoUeville, derc, du consente-
ment de tous ses participants, vendit à Denis Hébert,
271
chanoine du Sépulchre, pour loo livres tournois, toute
la partie des dîmes que lui, prêtre, et ses participants,
avaient à prendre dans la paroisse de Colleville supra
mare, par acte de 1281, au mois d^août.
Denis Hébert, chanoine du Sépulchre, en fit présent à
la collégiale, à charge de lui faire 20 septiers d^orge en
forme de pension tant qu'il vivrait, par acte de 1 284, au
mois de juillet.
Ce Denis Hébert, aussi curé de Cairon, fit dans le
même temps beaucoup d^acquisitions dans cette paroisse
de Cairon, lesquelles il donna au chapitre du Sépulchre
après sa mort. M* Raoul Fagus et M^ Jehan Gaydre,
chanoines du Saint-Sépulchre, au nom du doyen et
chapitre du dit lieu, furent mis en possession des susdites
acquisitions par acte passé devant Renaut Mellon, ser-
gent de Caen, au lieu du vicomte, le jour Sainte-Cécile
1296.
^ Elle est à 2 lieues et demie de Caen et âf un quart de
lieue de la mer.
Coulomby-sur-Than (Saint- Vîgor de). Sergenterie de
Bernières, notariat de Douvres, élection de Caen, 37 feux
et 1 70 habitants.
Cette paroisse est située en rase campagne, limitrophe
de celle de Than. La cure est à la nomination du seigneur
de Coulomby. La grosse dîme appartient à Tabbesse de
Caen pour deux tiers et au curé pour un tiers.
G. Bertrand, bourgeois de Caen, était seigneur de
Coulomby en i356 (i). Guillaume Baudart, écuyer,
seigneur de Coulomby-sur-Than, est cité dans un contrat
de la vicomte d^ Auge du 6 aoflt 1457. Il portait pour
(x) Ex. Lib. Pelut.
272
armes: d^azur fascé et onde de trois pièces d'or (i).
Thomas Baudart son fils est qualifié seigneur de G>u-
lomby, Perrierset Boaneval dans un acte de i5oi. Il fut
père de Guillaume Baudart, seigneur de Coulomby, qui
eut aussi des enfants.
Jacques de Cauvigny, seigneur et patron de Coulomby,
nomma à la cure en 1602 (2). Il était conseiller du roi en
Télection de Caen, et laissa six fils, dont le quatrième,
François de Cauvigny, seigneur de G)ulomby, de PAca-
démie française, s*est distingué par plusieurs ouvrages.
M. Jolivet, seigneur de Basly, est aussi seigneur de
G>ulomby ; c'est une acquisition de M« Jolivet son père,
avocat et professeur en droit à Caen.
Elle est à 3 lieues de Caen et à 2 lieues de CreuUy.
Courseule (Saint*Germain de). Sergenterie de Ber-
nières, notariat de Douvres, élection de Caen, 1 80 feux
et 5 00 habitants.
Les anciens titres et le livre Pelut de Tévéché l'appellent
Courcelle, et Cenalis, parlant des rivières de Seulies et de
Seuline, qui se réunissent au pont de FeugueroUes,
doyenné de Villers, ajoute : dein vero in mare seseprœ^
cipitant apud Courcelles, nisi malis Jicere Curticulas,
alveo ad milliaria sex décima pr or ogato. Cette paroisse
consiste en un gros village avec un petit havre formé par
Tembouchure de la rivière de Seulies.
La Seulies, à l'orient de cette paroisse, se divise en deux
bras, dont Tun la sépare d'avec Gray. A 5o ou 60 perches
de là, ces deux cours se réunissent et forment ensuite le
petit port qui contient environ 3o bateaux pécheurs de
(i) Hist. HarCt t. l, p. 487 et tuiv.
(a) Registre de l'évêché.
273
i6 à i8 tonneaux chacun* Tout proche on voit au milieu
d'une commune à Test Tancien cours qui se rendait, il y
bien 200 ans^ dans la mer à Berniëres.
Le château du seigneur est à Touest du village. Cest
un ouvrage antique auquel on a ajouté des embellisse-
ments à la moderne. Il est fortifié en partie et environné
de fossés. La principale entrée a une grande tour carrée
haute d^environ 100 pieds et terminée en plate-forme. Il
y a une chapelle domestique qui fut fondée Pan 1471, par
Guillaume de Rosenivinan, chevalier, baron de Cour-
seulles, à charge de deux messes par semaine, et d^
nommer lui et ses successeurs.
L^église paroissiale n^est qu'à -une perche de distance
du château. Il y a une chapelle que le grand-vicaire de
M. rÉvêque permit le 14 septembre 1782 de bénir avec
les ornements destinés à son usage. La cure est en règle,
desservie par un chanoine de l'ordre de saint Augustin,
à la nomination de Tabbé de Mont-Morel. Elle est
exempte du déport, et non de la visite de Tarchidiacre,
au moyen de 8 livres lo sous de rente que lui fait le
prieur-curé.
Cette paroisse est à 4 lieues de Caen N.-O. et à 4 lieues
de Bayeux N.-E.
On voit à demi-lieue au sud-est de Péglise, sur la route
de la Délivrande, les vestiges d'un ancien camp que
M. Tabbé Outhier, et avant lui M. Petite, dans leurs
cartes topographiques du diocèse de Bayeux, attribuent
aux Romains. Le mémoire qui m^a été communiqué par
le sieur Prieur, curé du lieu, marque que, suivant ht
tradition, c^était une petite ville, quç son église parois*
siale portait le nom de Saint-Ursin, et qu'elle était envi-
ronnée d^une grande forêt, dont il n'est rien resté.
M. de Bras met CourseuUes au nombre des baronnies
18
^74
de Normandie (i). Elle est qualifiée aussi de châtellenie
dans les titres, et il parait quWle a appartenu au domaine
du roi. La terre de CourseuUes et Bernières, avec ses
appartenances, fut donnée à Raoul de MeuUant, cheva-
lier, par saint Louis, roi de France, par lettres expédiées
à Paris au mois d^août 1 255, le 29 de son règne (2), la-
quelle terre il possédait* déjà par assignation que lui en
avait fait le roi Philippe d'heureuse mémoire, pour
3oo livres tournois, et à raison du droit qu'il disait avoir
à cause de ses devanciers sur les terres de Beaumont-le-
Roger et de Briosne.
Raoul de Meullant, chevalier, sire de CourseuUes,
seigneur de Bemières et de Lion, et encore de Castillon
et du Molley en partie, du chef de Eustache du Molley-
Bacon, sa grand-mère, femme de Pierre de Meullant, che-
valier. Il devait, à raison de son fief de CourseuUes le
service de 2 chevaliers, Tespace de 40 jours au temps du
ban et arrière-ban (3). Il portait pour armeâ : échiqueté
d'or et de gueules. De sa fenune Jeanne Painel de Ham-
bie, il eut Raoul qui. suit, et Mgr Jean de Meullant,
chanoine du Saint-Sépulchre de Caen, cité dans des titres
de 1337 et de 1379 (4).
Raoul de Meullant, II« du nom, chevalier, sire
de CourseuUes et Bernières, servit en Flandre, et se
signala à la bataiUe de Mons-en-Puelle, donnée le 22 avril
i3o4 (5). Il se trouva encore à Tarmée de Bouvines en
1 340, et fut employé aux actions les plus mémorables de
la guerre de 1364. Etant âgé, il reçut plusieurs disgrâces
(i) Antiq. de Caen, p. 44,
(a) Hist, Harc.f t. I, p. 80; t. III, p. 60.
(3) Hist. Harc., t. lîl, p. 60.
U) Hist. Harc., p. ti^.
(3) Hist, Harc, p. 83 et ^uiv.
275
dans ses terres, parce qu^il s^étaît allié avec le roi de
Navarre, qui disputait le duché de Bourgogne. Par un
aveu du 25 mars 1371, il avoua tenir du roi Charles V
«les fiefs et terres de Courseulles, de Bemières-sur-Ia-Mer
et de Lion* De sa femme Agnès de Thibouville, dame de
Fontaines-la-Sorel, il laissa Raoul qui suit, et Guillaume,
seigneur de Bernières, auquel le roi Jean pardonna pour
avoir tenu le parti du roi de Navarre.
Raoul de Meullant, III* du nom, baron de Cour-
seuUes, seigneur de Bernières, Lyon, Molley-Bacon,
Fontaine-la-Sorel, conseiller et chambellan du roi,
chevalier banneret. Il assista, en iSjS, à la journée et
au siège de Coignac, et à Tentreprise de Saint«^uveur-
le- Vicomte, avec Jean de Meuliant, seigneur de Quesnay,
son fils. Il servit, en i383, le roi Charles VI, devant
Bburbourg, en Flandre, ayant 3 bacheliers et 21 écuyers
en sa compagnie, reçue au Pont-de-F Arche le 20 août de
la même année; aussi aux sièges d^Aire et de Cassel, et à
la fameuse bataille de Rosebecque oti il se signala. Il
élut par testament sa sépulture en Tabbaye d'Ardenne,
dont lui, son jpère et son aïeul étaient bienfaiteurs. Il
avait épousé Tiphaigne de Husson, dame de Duci, de
Sermentot, de Chevancé et de Blason, et il en eut 5 en*
fants : Louis, seigneur de Saint-Célerin ; Guy, seigneur
de Lion-sur-Ia-Mer et du Theil, fondateur de la chapelle
de Saint-Thomas-de-Lion ; Thomas, prêtre, baron de
Courseulles ; Jean qui suit, et Jeanne, dame du Molley-
Bacon, mariée en troisièmes noces à Alain de Beaumont,
chevalier, qu^elle fit seigneur du Molley (i).
Jean de Meuliant^ seigneur du Quesnay proche le
Bourg-<Ie-Thouroude, du Mesnil-Patry, fut reçu cheva*
(i) Hist, Marc, t. I, p. 87 et sutv.
276
lier avec Raoul soa père et plusieurs autres seigaeurs, le
1 5 septembre iSyS, en la ville de Saint- L6, pour assister
au siège de Saint-Sauveur-le-Vicomte. Il mourut avant
son père et eut pour fils atné :
Thomas de Meullant^ chevalier, II* du nom, baron
de Saint-Paer-le-Servain et de Courseulles, seigneur de
Bernières,[de Lion, de Sermentot. Il n*eutque deux filles,
Jeanne et Perrine de Meullant, qui partagèrent la succes-
sion, et possédèrent G)urseulles successivement à ce qu^îl
paraît.
Jean d^Auray, écuyer, fit hommage de la baronnie de
CourseuUes à cause de Jeanne de MeuUant sa femme,
par lettres du roi Charles VII, données à Caen, le 2 juil-
let 1450 (i).
Guillaume de Rosenivinan, seigneur de Champavin et
de TEstragerie, premier échanson du roi, maître des eaux
et forêts de France, Brie et Champagne, rendit aveu au
roi Louis XI le 24 mars 1461 pour la terre de Cour-
selles et autres seigneuries^ du chef de Perrine de MeuUant
sa femme. Il était issu d'une ancienne maison de Bre-
tagne, et portait pour armes : d'or à une hure de sanglier
de sable dentée d'argent. Sa fille unique lui succéda.
Françoise de Rosenivinan (2), dame de CourseuUes et
de Sermentot, épousa Jean de Montalais, écuyer, seigneur
de Chambellay. Il est marqué dans Téchiquier de i5o5
qu'ils avaient procès avec Jean de Montalais, curé de
Saint-Aubin de Sermentot, et contre Jean de Tilly.
La terre de CourseuUes passa depuis à messire de
Marillac.
(i) Hist. HarCf t. Il, p. 1868 et suivantes,
(a) Hist, Harc, t. IF, p. io3.
277
Anne, duc de Joyeuse^ était baron de Courseulles en
i585.
François d^O^ gouverneur de Caen, baron de Cour-
seulles en 1600. Après sa mort, cette terre fut décrétée et
adjugée en i63o à Thomas Morand baron du Mesnil-
Garnier, trésorier dePépargne (i). Il fut père de Nicolas
de Morand baron de Courseulles, qui épousa Charlotte
de Hacqueville, décédée en 1669. Elle fut encore décrétée
sur lui, et adjugée en 1674 à Anne de Morand, veuve de
messire Louis Olivier, chevalier, marquis de Leuville.
Elle mourut le 9 de décembre 1698.
M. de Morand, écuyer, président au Parlement de
Toulouse, et Roger de Morand, qui en héritèrent, ven-
dirent, en 1700 et en 171 1, toute la terre de Courseulles
à messire Jacques-Joseph dé Bellemare, chevalier, sei-
gneur de Valhébert et de Secqueville, qui la fit ériger en
marquisat par lettres patentes de 1728. Il mourut à Paris
vers 1760, sans laisser d^enfants de Noble dame Anne
Giraud, sa femme. Sa succession est passée à M. de La
Rivière-Meuvaines.
Douvre (Saint-Rémy de). Baronie, chef-lieu de
doyenné. Sergenterie d^Ouistreham, lieu de notariat,
élection de Caen, 200 feux et 1,000 habitants.
. Cette paroisse, appelée en latin Dobra et Dovera, est
située entre la mer, qui en est à une lieue, et Caen qui
en est à 3 petites lieues. On fait venir le nom de Douvres
du mot pyrrha de Tancienne langue britannique qui
signifie un lieu élevé et peu chaud. Qjaelqu'uns le
dérivent de Duor, qui dans la même langue signifie eau.
On sait qu^un courant d^eau, qui est une espèce de vi-
toûard, prend sa source au-dessus de la Délivrande; d'un
(1) Hist. des gr. off^ t. IX, p. 3ai.
278
lieu appelé les Cuves-de-Douvres, et va tomber dans la
mer entre les villages de Luc et de Langrune. Cest ce
courant que M. Petite appelle, dans sa carte du diocèse,
la Fontaine de Victoire. Elle prend son origine dans
l'enclos de l'ancien château des barons de Douvres.
M. le curé de Douvres, dans le mémoire qu'il a bien
voulu me communiquer sur la paroisse, observe que
quand ce courant tarit, Jl marque la stérilité de Tannée
suivante, et quand il court, il marque la cherté de Tannée
suivante. Cest ce que j'ai toujours, ajoute-t-il, entendu
dire aux plus anciens paroissiens, et ce que j'ai remarqué
moi-même depuis plus de 46 ans que j'y suis curé. M. de
Bras a fait la même remarque. Cette fontaine forme un
ruisseau assez considérable, qui en sortant de l'enclos
passe à Test du bourg de la Délivrande.
Je dois observer à mon tour que M. le curé de Douvres
qui parle ainsi, est distingué par sa science et sa piété ;
qu'il s'appelle Pierre François de La Vigne, qu'il est
le neveu de feu M. Tabbé de La Vigne, mort curé de
Saint-Pierre en 1684, et qu'il est auteur de Télogc de ce
pieux et recommandable pasteur, lequel a été imprimé à
Caen, chez Doublet, en 1732.
Il y a 3 hameaux : Douvres, oh est l'église; la Déli*
vrande, où il y a une célèbre chapelle dont je vais parler
à la fin de cet article, et la Mare.
Le hameau de la Mare donne le nom à une des pré-
bendes du chapitre de Bayeux, et est décoré d'un fief
noble, dont le chef est assis en ce lieu, et s'étend en la
paroisse des Essartiers, vicomte de Thorigny. Le cha-
noine a upe maison prébendale à Douvres, vis-à-vis de
laquelle est une grande mare, d'oîi le hameau paraît
avoir tiré sa dénomination. II y possède aussi io3 acres
de terre et un quart en plusieurs pièces. Il a aussi à
279
Saint-Jean>de&-Essartiers, 1 6 vergées et demie de terre en
plusieurs pièces, qui ont été réunies au fief, faute d^hom-
mages, avec des rentes seigneuriales sur les héritages de
ce fief. C'est la meilleure prébende du chapitre. Les
habitants de la Mare formaient une espèce de paroisse
à part, quand Téglise ou chapelle de Sainte-Suzanne,,
située dans la maison prébendale, subsistait. Ils sont
encore séparés de Douvres pour la taille.
L^église paroissiale paraît avoir été bâtie entre le x' et
lé xi« siècle. Les deux côtés du chœur étaient accom-
pagnés de deux très belles chapelles delà même grandeur
et hauteur que le chœur même. Les bouts du chœur et
leurs fenêtres étaient remplis d^un très bel ouvrage en
pierre depuis le pignon jusqu^à la hauteur des autels.
Les murs de cette chapelle sont encore entiers. Il y avait
aussi à la nef, du côté du midi, une aile dont les arcades
sont encore parfaites et'entières. La tour porte une pyra-
mide fort haute, bâtie en pierres, et uqe des plus belles
du canton.
Messieurs les chanoines de la cathédrale de Bayeux
sont présentateurs et coUateurs de plein droit de la cure,
et en perçoivent toutes les dîmes qui leur furent données
par leur évêque, Philippe d^Harcourt, comme on le voit
par la bulle d^Adrien IV, de Tannée 1 153. Ils y ont aussi
un pe|it fief surnommé : de Douvres, dont le chef est
assis en ce lieu, avec extension dans la paroisse de Lion.
Il relève du fief de la Table, sur lequel est bâtie Téglise
cathédrale.
On voit à quelque distance de Téglise le vieux château
des barons de Douvres, dont Tenclos est tout rempli de
souterrains et d'aqueducs. Il y avait une magnifique
chapelle détachée, dont les murs subsistent encore en
entier. Le bout du chœur et les fenêtres, depuis le pignon
280
jusqu'à la hauteur de l'autel, sont remplis d'ouvrages
d'un très bon goût.
Elle était sous l'invocation de saint Symphorien et
avait plusieurs titulaires Le dernier mars 1469, M. l'évé-
que de, Bayeux conféra une de ces chapelles à Jean
Louis, prêtre (i).
Ce château, selon M. Hermant, a servi de maison de
campagne à plusieurs de nos évéques. Si on en croit
plusieurs anciens historiens, la paroisse de Douvres a été
différente de ce qu'elle est aujourd'hui. Il y avait quelque
chose de beau, de rare, de curieux. Il y avait plus d^ha*
bitants qu'il n'y en a maintenant, car on découvre par-
tout des puits très bien faits dans des endroits où personne
nVi vu de maisons.
La baronnie de Douvres relève nûement du roi. Cest
une des plus belles seigneuries de l'évéché. Elle apparte-
nait originairement à une maison illustre qui en avait
emprunté le nom. Ce fut Richard de Douvres, évéque de
Bayeux au commencement du xn< siècle, qui donna et
unit pour toujours à son évéché cette baronnie qui lui
appartenait. Richardus Samsonis filius, Odonis per iti"
tervalla successor, Dobrœ baroniam, quœ ad eum jure
hœriditario pervenerat, episeopali mensœaddixit (2).
Ainsi il ne faut pas ajouter foi à M. Hermant, quand il
avance que Odon, prédécesseur de Richard de Douvres,
avait acheté cette baronnie de Guillaume de Magny pour
l'unir à sa mansé épiscopale (3). Le roi Louis XI, par
considération pour Louis d'Harcourt, évéque de Bayeux
et patriarche de Jérusalem, l'érigea en 1477 en haute
(i) Reg. de révêché.
(a) Ben. de regul. par., 4 lib. a f. 157.
(3) Hist. du dioc. de Bayeux^, p. SSgo.
2fil
justice, avec plusieurs seigneuries de Tévéché; mais elle
n^a point été mise en exercice. Les fiefs relevant de la
baronnie de Douvres sont :
La seigneurie de Hermanville, à Hermanville.
Le fiefde Bernières-CoùrseuUes, à Bemières.
La seigneurie de Beuville,
Le fief de la Luzerne, à Bernières.
Le fief de Bernières-Sémilly, à Bernières'.
Le fief de Hermanville, à Bernières.
Le fief de Bernières-Beauzamet, à Bernières.
Le fief de Saint-Ouen, à Mathieu.
Le fief de M athieu^ à Mathieu.
La vavassorie du Mesnil-Richard, à Mathieu.
Le fiefde Saint-Contest, à Saint-Contest.
Le fief d'Avenay.
Le fief des Champs-Goubert, à Evrécy.
Le fiefde Préaux, à Préaux.
Le fief de Brettevillette.
Le fief Maizet.
Le fief d'Aiguillon, à Bougy.
Le fiefde Bougy.
Le fief d'Amayé-sur-Orne.
Le fiefde Cramesnil.
Autre fiefde Cramesnil.
Autre fief de Cramesnil.
Le fief de la Lande-BouUon.
Le fief Patry, à Bougy.
Le fiefde Mont-Gautier, à Mondraiaville.
Le fiefde Baron.
Le fief de Bayeux, à CuUy.
Le fiefde Cully, à Andrieu.
La maison de Douvres était très distinguée sous Guil-
laume I«r, roi d^ Angleterre» et sous les rois ses enfants.
283 \ ,
Elle se glorifie d'avoir donné quatre illustres prélats à
rÉglise. On croit qu'ils sont nés à fiayeux même; il est
constant au moins que leurs ancêtres y faisaient ordi-
nairement leur séjour. Thomas I*^ fils du baron de
Douvres, montra de bonne, heure de grandes dispo-
sitions pour rétude et la piéié. Odon de Conteville,
évêque de Bayeux, si jaloux de remplir son église de bons
sujets, le mit au nombre des clercs qu^il faisait instruire
à ses frais (i). Il Tenvoya avec Samson, son fi:ére, et
plusieurs autres, à Liège, oii il y avait alors une école
très renommée, (je digne élève répondit parfaitement aux
vues de son bienfaiteur, et fit de grands progrès dans les
sciences. A son retour à Bayeux, il fut pourvu de la
dignité de trésorier, dans l'église cathédrale; ^mais, au
bout de quel(}ues années, c^est*à-dire en 1072, son mérite
réleva sur le siège archiépiscopal dTork, en Angleterre,
auquel il fut nommé par Guillaume^le-Conquérant. Ce
prélat rebâtit son église cathédrale, il enrichit considé-
rablement son collège et composa des livres sur le chant
ecclésiastique. On fixe sa mort à Tannée 1 100 (2).
Samson, baron de Douvres, frère du précédent, de
récole de Liège passa à celle d'Angers, où il étudia sous
le célèbre Marbode, depuis évêque de Rennes. Il se
rendit grand homme de lettres, et lia avec son maître une
amitié si étroite qu'elle ne finit qu'avec la vie. Revenu
dans sa patrie (Hermant a cru que Samson, baron de
Douvres, et Samson, évêque de Vinchester étaient deux
personnes différentes. (Hist. du dhc. de Bayeux, p. 162.),
il épousa une femme, dont il eut plii^ieurs enfants; mais
étant devenu veuf, il embrassa l'état ecclésiastique, et fut
(I) Ord. Vital, lib. VIII, Hiit. ecclés., p. 664.
(%) Mwiost. anglLf vol. m, p. 128.
283
fait clerc de la chapelle de Guiilaume-le-Conquérant, et
trésorier de Téglise de Bayeux ( i) comme son frère. On le
voit souscrit sous ces deux titres à la chartre que le roi
Guillaume expédia Paii 1082 à Dontonam, pour Tunion
du monastère de Cloveneham, en Angleterre, à Tabbaye
de Saint-Calais, au diocèse du Mans (2). Ce prince
déclare dans la chartre que c^est principalement sur les
remontrances de Samsôn, son chapelain et trésorier de
Bayeux, et sur celles de Guillaume, évéque de Durham,
qu'il fait cette union. Peu de temps après il fut nommé
à révécbé de Winchester, en Angleterre, et vivait encore
en 1109. Parmi les poésies de Marbode, évéque de
Rennes, on trouve une lettre (la vingt-unième) quUl
écrivit à Saihson de Winchester, un de ses plus chers
disciples (3). Il lui ^émoigne un grand désir de le voir,
mais la mer qui les sépare ne permet pas à un vieillard
comme 'lui de s'y exposer. Il Tinvite à venir lui-même, et
offre d^aller le trouver à Bayeux, qui peut bien suffire à
trois évéques : sedes prœsulibus illa tribus.
Nous connaissons trois enfants au moins que Samson
de Douvres eut de son mariage avant que de prendre le
parti de Téglise, savoir :
Thomas II« du nom, qui fut clerc de la chapelle de
Henri I«r, roi d'Angleterre et duc de.Normandie, premier
prévôt du monastère de Beverley, et enfin* archevêque
d' Yorck, après Gérard, successeur immédiat de Thomas I«%
dont nous venons de parler. Sa promotion à ce siège
arriva en 1 108. (On peut consulter sa vie dans le dixième
tome de V Histoire littéraire de France, par les savant s
(i) Hist. litt. sur les hinédict. de Saint^Maur, t. X, p. 3a.
(a) Monasticor angl. ord. 5" Bened,, p. 555.
(3) Hist, litt,, ut supra, p. 375.
264
Bénédictins de SainUMaur, page 32 et suivantes.) On y
rapporte un trait qui fait voir en quelle recommandation
il avait la vertu. Dans une griève maladie qu^il eut, les
médecins lui ayant indiqué un remède opposé à la pureté,
il déclara quMl aimait mieux être exposé à mourir que de
racheter sa vie à un tel prix. Dieu bénit la foi et la cons-
tance de son serviteur; il lui rendit sa première santé.
Le pieux archevêque mourut en 1114, au mois de
février.
Richard II« du nom, trésorier de Téglise de Bayeux,
en fut fait évêque en 1109, et siégea jusqu^en 11 33. Il
aimait et cultivait les lettres. Adelard de Bath, grand
philosophe de son temps. Anglais de nation, en faisait
grand cas. Il soumettait volontiers ses écrits à son juge-
ment, le regardant comme un prélat d'un génie supé-
rieur, et d^un savoir qui s'étendait à toutes les facultés de
la littérature (i). On trouve dans le Thésaurus novus
anecdotorum, une courte préface d' Adelard, adressée à
cet évêque, et que Tauteur devait mettre au devant d^un
dialogue De rerum causis entre lui et son neveu (2).
Richard de Douvres, évêque de Bayeux, est regardé
comme un des principaux bienfaiteurs du Plessis-Gri-
moult, parles biens que lui et ses frères au menèrent à ce
prieuré. Etant apparemment resté seul héritier de sa
maison, il unit pour toujours sa belle terre et baronnie
de Douvres à la manse de son évêché, comme je Tai
marqué ci-dessus (3).
Isabelle de Douvres, maîtresse de Robert, comte de
Glocestre, bâtard de Henri I<r, roi d^ Angleterre, duc de
(i) HUt. Utt. de France^ L X, p. 54-55.
(a) D. Mart., t. I, p. 291-291.
(3) Nw. GaU. Ckristiana, t. XI, col. 36i.
285
Normandie, ne se trouve dans aucun auteur que je
sache. Elle eut de ce prince, Richard, qui succéda à
Richard II«du'nom, évêque de Bayeux en ii33, après
avoir obtenu dispense de Rome sur le défaut de sa nais-
sance (i).
Arthur du Moustîer, récollet, dans son Neustria pia,
page 743, qualifie ces deux évéques d^oncle et de neveu :
duo un episcopi Bajocenses fuerunt uterque Richardus
I et II avunculus et nepos.
Cette demoiselle a un obit fondé dans la cathédrale de
Bayeux, dont le vieux nécrologe fait mention en ces
termes : XXVI die mensis aprilis, obitus Isabellis, matris
Richardi £>' Bajocensis, filii comitis Glocestriœ. Ne
serait-ce point elle qui a été le sujet d^une épitaphe singu-
lière que Ton voit gravée en grands caractères romains
sur les pierres qui forment par dehors Pun des piliers
d'appui de la tour méridionale de la cathédral^, du côté
de la grande place, à 7 ou 8 pieds au-dessus du rez-de-
chaussée ?
Voici comme elle est conçue :
Quarta dies pasche fuemt, cum clenis ad hujus
Que jacet hic vetule venimus ezequiaa
Lctitie que diem magis amisisse dolemus
Quam centum taies si caderent vetule.
A la vérité, cette inscription sépulcrale ne porte ni date
ni nom appellatif ; ainsi on ne saurait dire en quel temps
et pour qui elle a été faite. Il s^agit d'une femme qui, si
elle a été respectée de son vivant, n^a pas été de même
après sa mort. Ce qtii me fait soupçonner qu'elle pour-
rait regarder la maîtresse du comte de Glocestre; c^est ce
que la date de son obit au 24 avril insinue, puisque ce
(i) Ord. Vital, lib. XIII, p. 900.
28é
fut le jour de son décès ; la femme désignée dans Tépi-
taphe mourut dans un âge avancé et aux fêtes de IPâques ;
or, Pâques en Tannée 1 166 tomba le 24 d^avril^ comme
on le voit par VArt de vérifier les dates, page 48. Ces
époques paraissent assez s'accorder entre elles, et Tépitaphe
est assurément du même temps.
On trouve un Hugues de Douvres (i) parmi les sei-
gneurs qui souscrivirent comme témoins à la chartre
d^Henry II, duc de Normandie et comte d'Anjou, donnée
à Rouen en 1 1 5o pour Tabbaye de Mortemer.
Le bourg de la Délivrande est renommé parla chapelle
et Pimage miraculeuse de la Sainte Vierge que Tony voit.
Ce nom est composé de deux mots : de Deal, délie, qui,
en anglais, signifie portion de quelque chose, etdTvron-
dia, Yvrande, du nom apparemmentde celui à qui appar-
tenait le terrain sur lequel est bâti la chapelle. Il est
constant que c'est la chapelle qui a donné la naissance à
ce bourg, ainsi qu'il est arrivé à plusieurs autres lieux de
dévotion. Il y a marché tous les samedis, et une foire
chaque année, le lendemain de la Chandeleur.
Il n'est pas possible de découvrir au vrai l'origine de
cette chapelle qui est devenue si célèbre depuis plusieui*s
siècles. -Le plus ancien témoignage que nous en ayons est
celui de Cénalis qui, de chanoine de Bayeux, devint
évéque d'Avranches dans le xvi« siècle. Appuyé sur une
ancienne tradition, il en attribue la fondation à siaint
Régnobert, évéque de Bayèux. Voici comme il s'en
explique dans son histoire de France : Divus Regno*
bertîis non procul a marino littore in fundo proprio
de Yvrandia, œdiculam sacrant divœ Genitrici Dei Mor
(i) Hist. Harc, t. II, p. 2o5i.
287
rice devovit : quœ tamen longopost tempore a Barbaris
eversa; multis diebus saxis terraque obruta delituit :
restituta tamen pristino nitori et candori, posteaquam
divine nutu arietinis comibus excusso luto, tandem in
lucem prodiit, non procul ab œquore dissita, imago
illa colitur in Dovreïo page, gallice Douvre, quatuor
ab Estrehamo miliiaribus, distans corrupte dicitur :
Notre^Dan}e de la Délivrante : ^uœ potins dicenda
venit a : La Delle-Yvrande, hoc est: in regiunculo por^
tiunculave Yvrandiœ; vulgus enim appel lat la délie,
agri portiunculam in qua scilicet Yvrandia sita est[i].
QuoiquHl en soit de ses commencements, il est constant
qu'il s^ est opéré quantité de miradles, et qu'il s'y en opère
encore par l'intercession de la Sainte Vierge, qu'une mul-
titude de peuples de différents pays y viennent réclamer
dans ce lieu de dévotion. Il en vient non seulement de
toute la Normandie, mais encore de la Picardie, de la
Bretagne, du Maine et d'Anjou. Il y vient aussi un grand
nombre de paroisses du diocèse en procession, et presque
toutes celles de Caen n'y manquent point chaque année.
Le roi Louis XI y fit un pèlerinage en 1474. Il était
accompagné de Louis d'Harcourt, évéque de Bayeux, qui
le reçut dans les villes de Caen et de Bayeux, dont il fit
la visite en même temps (2). Pour en conserver la mé-
moire, ce prince donna à la chapelle un autel oti il était
représenté en bosse. U fut rompu et pillé, ainsi que la
chapelle, en i562, parles Protestants.
Cette chapelle est grande et bien bâtie. Elle a à ses
côtés deux petites chapelles qui font le croisillon. Elle est
très bien décorée. On y dit la messe à trois autels : le
(I) De re Gallica, Hb. II, f. 4, p. i36.
(a) Hist. HarCt t. I, p. 448.
288 ^ ' .
principal est magnifique, revêtu de marbre et de bronze
doré, et enrichi de beaucoup d*argenterie. Il a été placé
avec la belle grille de fer qui sépare le chœur d'avec la
nef, sous Tépiscopat de M. de Luynes, à présent cardinal
et archevêque de Sens. Il y a devant cet autel treize
lampes d'argent, dont les deux plus grandes ont été
données, l'une en 1 75 . par M«« la duchesse de Luynes,
nièce du cardinal de Luynes, Tautre en 175. par Marie-
Joséphe de Saxe, épouse de Louis, dauphin de France.
Le chapitre de Bayeux a la juridiction spirituelle sur
cette chapelle, ainsi quUl Ait jugé pour elle et 1 9 paroisses,
par arrêt du Conseil en 1671. Hs y perçoivent toutes les
oblations, et y entretiennent 4 prêtres qui acquittent ou
font acquitter les messes ou autres charges. Dès 1447,
selon le manuscrit de Potier, il fut réglé que la place où
se tient le marché appartenait au chapitre ; mais les droits
et coutumes reviennent à M. TÉvêque comme baron de
Douvres. La chapelle fut volée en 1662 ; Fargenterie fut
enlevée, jusqu'au Saint Ciboire, et le chapitre dépensa,
dit-on^ plus de 20,000 francs pour la poursuite des mal-
faiteurs.
Le bourg est composé de plus de 100 maisons pour
les habitants, et de plusieurs hôtelleries qui dépendent
presque toutes de la paroisse de Douvres. Il y a un bureau
de contrôle.
Maître Buho, chanoine de Cartigny et docteur de Sor-
bonne, dans la vue de former les jeunes ecclésiastiques au
saint ministère, y fonda, avec la permission de M. d'An-
gennes, son évéque, un séminaire dont il eut la conduite
tant qu'il vécut. Il a depuis été uni à celui de Bayeux par
lettres du roi et de M. de Nesmond, données en 1669.
Ce sont les prêtres de la congrégation de Saint-Lazare
289
qui en ont la direction. Cette maison et celles qui sont
ès-environs sont sur la paroisse de Luc.
Epron (Saint-Ursin d*). Banlieue et élection de Caen,
notariat de Caen, 29 feux.
Cette paroisse est sur le chemin de Caen à la Déli-
vrande. Elle est composée de 224 acres de terre. Le fief
seigneurial appartient aux héritiers de M. le comte de
CreuIIy-Seigneley qui en était seigneur, et le patronage
aux chapitre et chanoines du Saint^Sépulchre de Caen.
La dîme est perçue partie par Tabbé d'Ardenne, partie
par le curé qui £ait 80 livres de rente au curé de Saint-
Clair-d'HérouvîUe.
Elle est à une lieue de Caen.
Fontaine^le-Henry (Notre-Dame-de-Nativité). Ser-
genterie de Bernières, élection de Caen, notariat de Bény,
60 feux.
Elle est située sur la petite rivière de Mue. La nomi-
nation de la cure appartient au seigneur, et la dime au
curé. M. le marquis de Vassy-Marguerye, au droit de
maître Louis-François, comte de Montéder, est seul
seigneur de cette paroisse, comme en possédant tous les
fiefe, dont le principal est un plein fief de chevalier rele-
« vant du Roi. Il y a encore le demi-fief de Bréville. La
maison seigneuriale, bâtie dans le goût moderne, est sur
une éminence qui domine dans un bas*fond couvert de
prairies et d^herbages. Elle a une chapelle domestique et
titulaire qu^on appelle Notre-Dame de Val-Bunel. Il y
avait deux portions autrefois; aujourd'hui il n'y an a
qu'une à la nomination du seigneur.
Elle est à 3 lieues de Caen et à cinq quarts de lieue de
La Délivrande.
19
290
La terre de Fontaiae*le-Henry a été possédée par la
maison de Tournebu, d^où elle passa à celle de Tilly,
puis à celle de Harcourt, qui Pont eue plus de deux
siècles. M«« Gailfetnette de Tournebu rendît aveu au Roi
le 27 mars iSji pour le franc fief de Fontainc-le-Henry,
pour le fief de Noyers, assis au dit lieu de Fontaine, et
pour la terre de Fontenay-le-Painci en la vicomte de
Caen, tenue du fief de Tilly (i). Elle avait épousé Guil-
laume, châtelain de Tilly, dont sortit Jeanne de Tilly,
qui porta cette terre avec beaucoup d^autres à Philippe
d^Harcourt, baron de Bonnestable, qu'elle avait épousé
vers 1 368 (2).
Alix de Tournebu, sœur de Guillemette, prend la qua-
lité de dame de Fontaine-le-Henry en un titre de 1377.
Elle ne prit point d^alliance et vécut longtemps. Les
enfants de sa nièce en héritèrent.
Jacques d'Harcourt, baron de Beuvron et BeaufFou,
seigneur de Fontaine-le-Henry, capitaine des nobles du
-bailliage de Cacn, écuyer tranchant du roi, prit pour
femme Françoise de Ferrières, dame de Thury en partie.
Etant venu à mourir, ses trois fils partagèrent sa succès-,
sion le 7 novembre 1496 (3).
Jean d^Harcourt, baron d^Asnebec et de Rannes, lieu-
tenant pour le roi au bailliage de Caen et capitaine des
nobles de ce bailliage, eut comme puîné les fiefs et sei-
•gneuries de Fontaines*-le-Henry, Secqueville, Bomban-
ville, Putot et Auvrecher. Il prit le titre de seigneur de
Fontaines, y ayant succédé comme fils de Jacques, fils de
Girard, fils de Philippe d^Harcourt et de Guillemette de
(i) Hist, Harc, 1. 1, p. 498-785.
(2) Hist. Harc, 1. 1, p. 780'.
(3) Hist, Harc.^ t. II, p. io54-io55.
2^1
Tournebu, -scsur puînée d'Alix, qui prenait la qualité
de dame^de Fontaines^en un titre de 1377. Sa femme fut
Jeanne de Saint-Germain, fille héritière en partie d^Au-
bert, baron de Rannes, Briouse et Asnebec, de laquelle
vinrent un fils et des filles.
'Pierre d'Harcourt, baron d^Asnebec, seigneur de Fon-
taines4e^Henry, chevalier de Pordre du roi^ gentilhomme
de la chambre, lieutenant général en Normandie, décéda
ynté i566, sans hoirs de sa femme Marie de Lenoncourt-
de-Vignory, qu^il avait épousée par traité du 28 juin 1 544.
Il avait reçu la tonsure à Fontaines Pan 1 624, des mains
de Pévéque de Bayeux (i). Ses sœurs recueillirent sa
succession, et la cadette Jacqueline d^Harcourt fut abbesse
de Saint-Sulpice de Rennes, et mourut le 5 décembre
1577.
Anne d'Harcourt, sœur. puînée de Pierre, baron d'As-
nebec, partagea avec Françoise, son aînée, les biens de
leur fr^rel Elle avait épousé Jean de Morais, seigneur de
Joderais, baron de Garenciiieç, chevalier de l'ordre du
Roi, et le fit seigneur de Fontaînes-le^Henry, Bény,
Moulineaux, G>ulvain, etc. (2). Anne d^Harcourt, dame
de Joderais, nomma à la chapelle de Val-Bunet le 22 no-
•vembre i568 (3), et Jean de Morais, chevalier de Tordre
du Roi, baron de Garencières, à la cure le 23 février
i588. De leur mariage sortirent Jean de Morais, seigneur
•de Fortille, Pierre^ seigneur de joderais, et Jacques, sei-
gneur de Lory (4).
Jacques de Morais, le troisième, s'allia par mariage
avec Marguerite d'Aché, dame de BresoUes. Leur fils,
(i) Reg. de Tévêché.
(a) Hist, Harc, t. II, p. i53i et ftuiy.
(3) Reg. de l'évêché. •
(4) Hist. Harc, t. II, p. i58a.
292
Urbain de Morais, seigneur de Joderaisy Fontaines-Ie
Henry, Bény, Moulineaux, etc., reçut pour femme Fran-
çoise d^Angennes, dont il eut quatre fils. L^aîné, Nicolas
de Morais, fut seigneur de Brésolles, de Fontaines4e-
Henry et de Bény; le cadet, seigneur de Bény, fiit cha-
noine de Bayeux en la prébende du Locbeur. De Nicolas
de Morais et de son épousé Marguerite de Sévigné^ sœur
de Henry, marquis de Sévigné, tué en 1648, sortit Fran-
çois, seigneur de BresoUes et de Fontaines, et Jacques,
seigneur de Joderais.
Cest la patrie de Jacques d^Harcourt, comte deCroisy,
gouverneur de Falaise et capitaine d^une compagnie de
chevau-légers, qui y naquit le 6 octobre 1 584, et de :,
François d'Harcourt, marquis de Beuvron, lieutenant
général de Normandie, gouverneur du vieux palais de
Rouen, qui y naquit le 14 octobre 1 598 (i).
Hermanville (Saint-Pierre d'). Sergenterie d^Ouistre-
ham, notariat d^Ouistrebam, élection de Caen, 1 34 feux
et 600 habitants.
Cette paroisse, située sur le bord de la mer, fut érigée
en mak'quisat en faveur de la maison de Vauquelin qui la
possède depuis plus d^un siècle, par lettres patentes du
roi Louis XIII. Messire Hercule Vauquelin, marquis
d'Hermanville, présente à la cure et a trois places d'obi-
tiers. Il y demeure dans un château qui est accompagné
d^n jardin spacieux et de très belles avenues. L^église
est au milieu d'un gros village qui forme une espèce de
bourg. Ses ornements, et surtout sa belle lampe d'argent
méritent dMtre remarqués. Le curé est seul décimaieur.
(i) Hist, Harc.j t. II, p. lagS et 1304.
293
Son bénéfice est le meilleur et le plus riche de tout le
diocèse.
Cette paroisse est à 3 lieues de Caen, une lieue de La
Délivrande, et cinq quarts de lieue de la rivière d^Orne.
La seigneurie d^Hermanville, suivant les titres, relève
de Févéché de Bayeux, à cause de la baronnie de Douvres,
et la garde noble en appartient à Pévéque, selon qu^il fut
jugé en i338, en faveur de Pévéque Guillaume Bertrand
de Briquebec, contre les receveurs du domaine du roi,
qui la lui disputaient. Il y avait autrefois deux portions
de cure, dont était seigneur et patron en i356 Richard
d'Hermanville (i). Noble homme messire Charles d^Her-
manville, chevalier, seigneur du dit lieu, tenait en 1453
de la baronnie de Douvres, par foi et hommage, un fief
entier de chevalier noblement et franchement, dont le
chef est assis à Hermanville avec extension ès-paroisses
de , vicomte de Bayeux, et doit le service d'un che-
valier en Post du prince, le cas échéant (2).
Catherine d'Hermanville, sa fille héritière, porta cette
terre vers 1460 à son mari Jean de Sillans, seigneur
de La Perrière, père de Jean de Sillans baron de Creully.
Louis de Moûy, chevalier de Tordre du Roi, gentil-
homme ordinaire de sa chambre, seigaeur châtelain de La
Mailleraye, nomma à la cure d'Hermanville le 1 3 no-
vembre 1616, comme tenant la garde noble des enfants
mineurs du premier mariage de feu Charles 'de Saffray,
écuyer, seigneur de Varaville, et de demoiselle Marie de
Sillans, en son vivant dame et patronne de Saint-Pierre
d'Hermanville (3).
(i) Ex. Lib. Peluto.
(a) Aveu de Tévêque de Bayeux en 1453.
(3) Reg. de révêché.
294
Antoinette Le Sanglier dame d^HermanTÎUe en partie,
veuve de feu Antoine de Sillans, chevalier des deuzi
ordres» capitaine de 5o hommes d^armes, et baroni de
CreuUy, nomma à son tour à cette cure, le i3 dé-
cembre 1617 (i).
Jean de Calvlmont, chevalier» gentilhomme ordinaire
de la chambre du Roi, sieur d^Esteville, Beaufou, Orbec
et en partie d^HermaaviUe au droit de feue demoiselle
Jeanne de Sillans, son épouse, nomma aussi ài la même
cure le 12 octobre 1623, la nomination lui appartenant
alternativement avec les sieurs de Saint-Hilaiite^ et baron
de CreuUy, représentant Marie et Françoise de Sillans,
sœur de Jeanne son épouse, conformément aux lots et
partages faits entr^elles (2).
Il n^ avait plus alors, comme il parait, qu^une portion
de cure à Hermanville. En effet, il y a au secrétariat de
révéché une information faite au mots de mai 1 558 par
Qaude de Chanleu, docteur es droits et oflkial du diocèse
de Bayeux à Caen, pour la réunion des deux portions.
La requête à cet effet avait été présentée le l3 février
précédent par Jean du Châiel, chanoine de Bayeux,
procureur du baron de Creully.
En 1570, Charles d 'H umières, évêque de Bayeux, sujr
la requête d^Antoine de Sillans, baron de Creully, sei-
gneur des deux portions d^Hermanville, les réunit en un
seul titre en &veur de Jean de Sillens, bachelier aux
droits, conseiller et aumônier du Roi, déjà pourvu de la
première portion (3),
HerculjB Vauquelin, chevalier, seigneur et patron des
(i) Rcg. de révcché.
(a)Reg. dcrévêché.
(3) Reg. de l'évêcW.
295
Yveteaux et de BoUsey, marquis d^Ifermanville, noinma
en 1670 à la cure d'Hermanville à cau$e de son marqui-
sat. Il descendait de la famille de Nicolas Vauquelin,
seigneur des Yveteaux, conseiller au présidial de Caen, et
depuis précepteur du roi Louis XIII^ prieur du Val en
Normandie, ^t frère de Charles, abbé de Saint-Pierre-
sur-Dives, et de Saint-Symphorien de Beauvais, mort en
1644(1).
Louis-Hercule de Vauquelin, chevalier, seigneur mar-
quis d^Hermanville, conseiller du Roi ea son grand
conseil, et commissaire de S. M. en la chambre royde,
nomma le 3o octobre 1677 ^^ même bénéfice, déclarant
que les deux portions de Saint-Pierre et de Saint*Paul
d^Hermanville, dont la première lui appartient à cause
de son marquisat, étant vacantes par le décès de noble
homme messire Michel Formont, prêtre, dernier posses-
seur d'icelles, en la personne duquel, et de quelqu^uns de
ses prédécesseurs, les deux portions étaient réunies, il a
choisi Louis-Hercule Vauquelin son frère, clerc du dio-
cèse de Paris, bachelier en théolpgie audit lieu pour '
remplir les deux portions, se réservant à poursuivre
l'adjonction de ces deux portions par les voies de droit,
ou ainsi qu'il appartiendra par raison, sans toutes fois
qu'il le puisse faire tant que ledit Louis-Hercule Vau-
quelin en demeurera titulaire (2).
Le marquis d^Hermanville possède audit lieu le fief
noble de Beaufort, relevant de Beaumont-le-Richard
sans rente ni devoir (3).
Cest la patrie de Jean-François Sarrazin, poète fran-
çais, décédé à Pézénas en 1664. (?)
(i) Reg. de l'évêché de Bayeux.
(a) Reg. de Vérèché de Bayeux.
(3) InT. des titres de Beaumont.
2^6
Hérouville. Notariat de Caen, petit canton de la ban-
lieue et éleaion de Caen.
Il est situé sur le bord de la rivière d^Orne, et dans une
position des plus agréables. Il y a 2 paroisses et
2 églises, Saint-Clair et Saint-Pierre. Les habitants, au
nombre de 35o, ne sont point distingués pour le tem-
porel, mais seulement pour le spirituel. Saint-Clair
d^Hérouville est à la nomination du seigneur, et Saint-
Pierre d^Hérouville à celle de Tabbé du Val» qui fait
desservir ce bénéfice par un chanoine de Tordre de saint
Augustin. Les dîmes sont communes, le curé de Saint-
Pierre en a la moitié des grosses, Fabbaye du Val a
l'autre moitié des grosses, et des verdages avec une
pension.
. De plusieurs hameaux qui sont à Hérouville, le prin-
cipal est Lébisey qui est sur Saint-Pierre, au couchant
de Péglise, et au nord de Caen. Il y a une chapelle de
Saint-Vincent qui appartient avec la dime de ce hameau
à Fabbaye d'Ardenne. Elle est ancienne. Il en est fait
mention ainsi que dans le Livre Pelut composé vers
i356; Cape lia de Lesbisey : Roger le Ma^urier :
3o libras valons, iS libras taxationis. Il paraît par
cette citation qu'elle n'a passé à Ardenne que depuis ce
temps-là.
11 y a encore sur le territoire de Saint- Pierre d'Hérou-
ville deux chapelles titulaires.: Tune de Sainte-Margue-
rite, Tautre de Saint-André, qui sont du domaine de
l'abbé du Val. Voyez les Origines de Caen, par M. Huet,
page 374.
L'auberge et le bac de Colombelles sont sur Saint-
Clair. On y tient tous les ans le 18 juillet une assemblée
fameuse pour louer des domestiques.
\
297
Le hameau de Beauregard, sur le ruisseau du I)oity est
aussi de la dépendance d^HérouvilIe.
Ce lieu est à une lieue de Caen.
Jean d^Hérouville, seigneur et patron de Saint-Clair,
nomma à cette cure le 27 juin 1 599.
Pierre Boutin, chevalier de l'ordre du Roi^ grand
bailli de Caen, et noble dame Marie Le Roux sa femme,
veuve de noble homme Gaspard d'Hérouville, seigneur
de Saint-Clair, tuteurs établis des enfants mineurs dudit
défunt seigneur, y nommèrent en 1&26.
Jean-Baptiste Colbert, marquis de Seigneley, seigneur
châtelain d^Hérouville, y nomma le 7 juillet 1680. Les
héritiers de M. de Seigneley, comte de CreuUy, petit-fils
du précédent, sont seigneurs de Saint-Qair et de Saint-
Pierre d'Hérouvillc, et de Saint-Ursin d'Epron.
Langrune (Saint- Martin de). Sergenterie de Ber-
nières, notariat de Douvres, élection de Caen, 5 00 feux,
et près de 1,200 communiants.
Cette paroisse, située sur le bord de la mer, peut servir
à faire un très beau port, ainsi qu^il le fut remarqué en
1756 par les ingénieurs du Roi. Le siège d^amirauté
avait été transféré de Bemièfes à Langrune. Il a été
depuis transporté à Caen. Cette côte est marquée dans les
cartes sous le nom de : Pas de Langrune.
Cette paroisse est appelée Longronia dans les titres de
Tabbaye d^Aulnay, Lengronia dans la bulle d^Inno-
cent III pour Tabbaye de Troarn qui cite aussi Manéria
de Tallevilla^ et Ingronia, dans le Livre Pelut de
révéché'.
On troiive que le jour même que Tabbaye d'Âunay
fut dédiée par les évêques de Bayeux et de Coutances en
299
1190(1), GuiUamm; du Hommes fil» atnide Richard
son fondateur, conn^bU dcv Normandie, donna pour
dot à cette église toute sa terre de Langrune avec ses
appartenances; la donation fut confirmée par une chartre
de Guillaume, évéque de G>utances, qui avait fait la
cérémonie.
Messtre Robert de Langrone était du nombre des sei-
gneurs de Normandie qui se croisèrent en 1096 pour la
Terre-Sainte (2). Il portait : d Vgent frété de gueules, à
un quartier de gueules, et un fermaillet d'or en quartier.
L'abbé de Troarn présente à la cure. Il est seul gros
dédmatei^r, s€;igneur et patron de la paroisse, et doit sur
cette dîme 56 boisseaux de froment, ancienne mesure,
revenant aujourd'hui à 37 boisseaux un tiers, suivant la
reconnaissance de Fabbé de Sourches passée devant les
notaires de Caen le 17 juin 1741. Son principal fief est
un fief d'hautbert qui appartient à M. de Qarbec. Elle
relève de la haute justice de Courseulles.
Cette paroisse est divisée en trois hameaux qui sont
considérables : le hameau de Langrune otï est Téglise
paroissiale est le principal.
La dîme en appartient à Tabbé de Troarn ; le curé n'en
a que le sixième, et les verdages en intégrité* Le hameau
de Saint- Aubin, oU Ton voit les vestiges d'une ancienne
chapelle dans laqq^le on trouva il y a quelques années
des cercuçils etides cadavrev li. dépend de la juridiction
de Saint-Gabriel, et, relève de la grande justice de Saint-
GabriçJ, et. sa dîme, appartient au prieuré de Saint-
Maninrdu-Bo«cq proche Touques, le curé n*en ayant que
les verdages. Le hameau de Tailleville qui est le troi-
(i) Nêust^pia,p, 760 et 563.
(2) Dumoulin, Hist. de Normandie,
299
sièmc, fut aumône aux rdigieux de Troarn par Odon
de Çonteville^ éyéque de Bayeux dans le xi^ siècle. Il y a
une chapelle^ et un (NÎeuré régulier très considérable.
Ce hameau porte le titre de paroisse, et sa taille particu-
lière. Le prieur perçoit les grosses et menues dîmes en
intégrité.
La paroisse de Langruneest la patrie de Jean Couture,
célèbre professeur et recteur de l'Université de Paris. Il
naquit au hameau de Saint- Aubin le 1 1 septembre ]65i.
C'était un homme d^une*%Ioquence et d'une érudition peu
commune. II. mourut le i6 août 1728, âgé de jj ans.
Elle est à. 3 lieues de Caen et à une demi-lieue de la
Délivrande.
Lion (Saint-Piprrie de). Sergenterîe d'Ouistreham,
notariat de Ouistrebam, élection de Caen, i5o feux,
700 habitants, Sio communiants.
Getjte pa/cisse est sur le bord de la mer à une lieue et
demiiQ de Tetpl^oujçhure de rOroe, à une lieue de la Déli-
vcande, et à 3. lieues de Gaeni.
Le Livqe Pelyt TappeUQ : Ecclesia d^ Leone^ et un
mémoire manu^rit : Lug4unum supra mare. Sçn terrir.
toire a 3 hameaux :'le hameau de Lion, prjOche Téglise ;
le hameau Terrier au nûlieu de l^i paroisse^ et le hameau
de NeauviUe-aiî haiU;t de la paroissiQ.
L'abbé de Troarn présetite à, la cure, et po$sMe les
grosses, et meamss dîmes en vertu A^ son fief de Lipa*
II y a trois autres fiefs possédés piir messire Robertr
Piecre Le Seiiis, seigneur châtelaio^de Lion, ancien maître
de cavalerie, chevalier de Tordre militwedeS^int-Louis.
Ce seigneur, de dame Marie-Jeanne de Marguerie-de-
Vassy, a eu pour fils unique Henri-CJaude-Robçrt Le
Sens de Lion>, guidon de gej)(iUi;m<^ie, lequj^. K^% ^^
300
mois d^octobre 17S2 k demoiselle Marie- Armande-Eléo-
nore Le Sens de FoUeviile, fille de feu messire Jean-
Charles Le Sens, chevalier, seigneur de FoUeville, procu-
reur général en la Chambre des comptes, aides et finances
de Normandie, et d^Armande de Lambert d^Herbigny de
Sainte-Croix-Saint-Ouea de Rouen.
Sa maison, quoique ancienne, est très belle, ornée de
belles avenues, située au milieu d*un grand parc, et
accompagnée de deux magnifiques parterres, d^un jardin
potager, et de plusieurs bois taillis. Il y a dans la cour
une chapelle communément appelée : le prieuré de Saint-
Thomas. Il dépend de Tabbaye d'Ardenne, et est possédé
par un prémontré. Guy de MeuUant, chevalier, seigneur
de Lion en fut le fondateur, comme il paraît par ce texte
tiré des Chartres de Pabbaye d'Ardenne (i). 5'» Thoniœ
de Leonœ supra mare, Bajocensis diœcis, ex fandatione
domini Guidonisde MeuUant cUjus pater Radulphus in
capitula Ardenensi sepultus est. Il était fils de Raoul de
MeuUant III® du nom, sire de CourseuUes ; il donna à
Ardenne cette chapelle avec les héritages mentionnés
dans Tacte pour y acquitter le service divin en mémoire
de lui et de ses prédécesseurs, l'an 1828, le vendredi
après la marchesque (la fête de TAnnonciation) (2], et
depuis^ c'est-à-dire en 1462, Jean d'Ectot, prêtre, y
ajouta 25 livres de rente pour quelques fondations qu'il
avait faites dans cette chapelle.
.La seigneurie de Lion fut cédée avec celles de Cour-
seuUes et Bernières à Raoul de MeuUant par le roi saint
Louis Tan 126 5, en échange des terres de Beaumont-le-
Roger et de Briosne (3). De Raoul 1*% sire de Cour-
Ci) Hi9t. Harc, t. 111, p. 66.
(a) Reg. du secret, de l'éveché.
(3) Hist. Harc.f 1. 1, p. 80 et suiv.
301
seuUes, vint Raoul II, père de Raoul III, père de Jean,
frère puiné de Guy de Meullant, fondateur de la chapelle
de Saint-Thomas. De Jean sortit Thomas, père de Jeanne
de Meullant, dame et baronne de Saînt-Paer-le-Servain
et de Lion, laquelle avec Jean, seigneur d^Auray, son
mari, rendit foi et hommage de la terre et seigneurie de
Lion, assise en la vicomte de Caen, suivant les titres
royaux donnés à Tours le 5 janvier 1449 (i). Leur fils
Jean d^Auray II« du nom fut père de Jacques, qui de sa
femme Marguerite d'Achey eut Beuves d^Auray.
De cette maison la seigneurie de Lion passa à celle des
Le Sens. André Le Sens se qualifiait écuyer, seigneur de
Lion en i SgS.
Saint-Jacques de dresserons est une église succursale
de Lion, qui a son cimetière, ses fonts baptismaux et ses
paroissiens séparés. Les Chartres du sépulchre de Caen
rappellent Criseron. On y compte 200 communiants,
sans y comprendre 32 familles Calvinistes.
Son territoire est distinct de celui de Lion. On prétend
que c^était un ancien monastère détruit par les Anglais.
Le Livre Pelut nVn fait point de mention, à moins qu'il
ne Tait désignée par ces mots : Ecclesia de Courtilegiis^
auquel il ne fixe ni revenu ni présentateur. L'abbé de
Troarn en perçoit toutes les dîmes. M. Le Sens de Lion
en a le seigneurial. Il y a un autre fief de Cresserons qui
appartient à M. Goûet, sieur de Noyon.
Luc (Saint-Quentin de). Sergenterie d'Ouistreham,
notariat de Douvres, élection de Caen, 1 5o feux.
Son nom parait sous le mot de Lu dans les anciennes
Chartres de Tabbaye Saint- Etienne de Caen, et vient du
(i) HUt, Harc.» 1. 1, p. 97.
302
latîn Lucio, selon M. Huet. Cest ^nepatroîase maritime
qui relève du bailliage de Caen, de l'abbaye Saint-
Etienne de Caen pour ce qui concerne le fief de cette
abbaye, et de Saint-Gabriel pour ce qui en relève. Elle
contient 4 hameaux : t^ partie du bourg de la Déli-
vrande^ et même le séminaire et la chapelle ; 2*' le Bout-
Varin ; 3^ le hameau de Luc ; 4<> le petit hameau du
Point-du-Jour. La foire de la Chandeleur se tient aussi
en partie sur cette paroisse.
L^abbé de Fécamp, au droit du prieur de Saint-Ga-
briel, nomme à la cure et perçoit les deux tiers des grosses
dîmes. L'autre tiers et les verdages appartiennent au
curé. Le fief dominant est celui de Saint-Etienne, appar-
tenant à son abbé, et appelé la baronnie de Luc. Elle a
donné naissance à quelques personnes distinguées : à
Jean-Antenor Hûe, seigneur en partie de Luc, brigadier
des armées du Roi sous Louis XIV, et au sieur de Lan-
gruneson fils, Jean Hûe, écuyer, ligueur de Luc et de
Langrune, conseiller élu à Caen; femme Marie de La
Rivière ; Gilles Hûe, écuyer, seigneur de Luc leur fils,
•i63i. Mais le plus célèbre est Marin Labbé, né de
simples gens, qui par son rare mérite devint évéque de
Tilopolis in partibus en la Cochinchine, où il mourut
en 1723. On a de lui une excellente lettre au pape Clé-
ment IX^ sur le culte des Chinois, avec un mémoire par-
ticulier sur une persécution dans la Cochinchine.
Elle est à 3 lieues et demie de Caen.
Mathieu (Notre-Dame d'Assomption). Sergenterie
d*Ouistreham, notariat de Douvres, élection de Caen,
94 feux, 5oo communiants.
Cette paroisse a 3 hameaux, qui sont : le Mesnil, de
i5 feux; le bout Milet, de 4 feux, et le hameau de
Péfiers, de Biem. M. PÉTéquede Bayeux, présentateur
etcollateur de ta cure, > perçoit les grosses dîmes.
Uétéque Guillaume de Trie acquit des dîmes à Ma-
thieu de Michel de Mmhan, et il les joignit par un outre
trait qu'il avait eu. par éiihange de son chapitre en iSiy,
.pour une autre dîme sise à Saint-Patrice de Bayeux.
Guillaume de Beaujeu, son successeur, en acquit aussi
au même lieu, avec plusieurs terres, en i534, pour y
fonder 4 chapelles, mats la mort qui te prévint l'empê-
cha dVxécuterson dessein.
Il 7 a 2 chapelles : Tune dotée sous le titre de Saint-
Sauveur, appartient à M. le marquis de Fresnel, qui y
présente; Tautre non dotée, s5us l'invocation de Saint-
Jacques, appartient- à M. Le Bourguignon, ancien procu-
reur du Roi au bureau des finances. Qu^est devenue la
chapelle de Saint-Jean-Mathieu (^ca/e//a seu leprasaria
S*^ Johannis de MathoneJ, à laquelle nomma, le 22 dé-
cembre 1470, Thomas de FouUogne, chanoine de
Bayeqx, porteur de procuration de demoiselle Girette de
Landoys, veuve de Guillaume de Foullogne?
Il y a à Mathieu un bois taillis qui contient environ
10 acres de terre, et beaucoup de carrières de pierres
propres à bâtir. Cette paroisse a prêté son nom à une des
prébendes de la cathédrale de Bayeux, dont le chanoine
y possède, et dans la paroisse de Veaussieu, 7 acres de
terre et un herbage de 17 vergées.
Pierre Cahagnes, père du célèbre Jacques Cahagnes,
était natif de Mathieu, où sa famille subsistait depuis
200 ans. Il passa à Caen, où il exerça la profession de
médecin. Son fils a (ait son éloge,< et Ta mis au rang des
illustres citoyens de cette ville (i). Tu ex honesta Caha-
(i) Elogia civium Cadomensium. Eh'K, p. 14 et i5.
304
gnesiorum/amilia natus, qui ab hinc ducentis aimis in
viculo quodam, cui Mathœi nomen^ fa quo Clément
Marotus poëta gallicus fuit oriundusj, resederunt,
primus in proximam urbem Cadomensem demigrasti,
et in eafortunarum sedem collocans^ diversum ab il lis
vitœ genus tenuisti. Illi boni agricolœ rusticam vitam
coluere, et solis vicinis cogniti célèbre nomen non ha--
buere. Tu medicinœ prœceptis informatus, medici per^
sonam honorifice sustinuisti tuum que homen per pro^
vinciam late diffitdisti.., Tibi terreno patri jamdiu
defuncto, per quem hanc suavissimam lucem aspicio,
hoc supremum munus offero, hoc sepulchrum littera-
rum in œtemam tui memoriam extruo :
Quod non ignis edax ont Aquilo impotens
Posait diruere, ont innumerabilis
Annorum séries^ velfuga temporum.
Jacques Cahagnes exerça la médecine comme son père,
et fut professeur royal à Caen. Il est auteur de cet ou-
vrage : ElogiorumciviumCadomensiumcenturia prima
authore Jacobo Cahagnesio, Cadomensi medicinœ pro-
/essore regio; imp. à Caen en 1609, i52 pages.
Jean Marot, père du fameux Clément Marot^ était de
Mathieu, oti sa famille subsiste encore aujourd'hui (1).
Il prend dans ses ouvrages la qualité de secrétaire et de
poëte de la magnanime reine Anne de Bretagne. Il fut
ensuite valet de chambre de François I«^ Ses principaux
ouvrages sont : La Description des deux heureux
voyages de Gênes et de Venise du roi Louis XII, et
LAdvocate des Dames et Princesses. Clément son fils
a mis une préface à la tête de cet ouvrage, à la louange de
son père (2).
(i) Orig. de Caen, p. 335-336.
(a) Orig* de Caen, p. 336-337.
jos
La paroisse de Mathieu est appelée dans les anciennes
Chartres latines Matomum^ Mathomum, Matonium. Sur
la fin du XIII* siècle, on Pappela Matho. Un originaire de
ce village est dit de Mathone, On Pappela aussi Mathéon
et Mateon, dans le xiy« siècle il fut nommé Mathen,
Matheen et Mathienne, et dans tout le xv^, Mathieu.
Dans un registre des domaines du roi en Normandie en
i3i6, qui est dans la Chambre des Comptes de Paris, il
est appelé Machoen en plusieurs endroits, par une cor-
ruption de prononciation, pour Mathoen; comme le
même registre écrit Machieu pour Mathieu, 'Macé pour
Mathias, Machoen et Mathoen ont dégénéré en Mathieu,
comme on Pappelle aujourd'hui. Cela donne lieu de
croire que c^est là, l'origine de la maison de Mathan.
Les archives de la Trésorerie de Bayeux portent que
Guillaume de Minières ayant donné à Tévéque de Bayeux
le patronage de Mathieu en Tannée 1222, Richard de
Mathan, qui y avait des prétentions, y renonça pour lui
et ses hoirs, et en confirma la donation. Cent ans après,
Michel de Mathan vendit à Guillaume, évéque de
Bayeux, les dîmes dépendantes de la cure de Mathieu,
qui lui appartenaient. Et enfin, en Tannée 1474, Guil-
laume de Mathan, delà branche de Jurques, fut dépouillé
du fief de Vauville, qu'il possédait dans la paroisse de
Mathieu. Tant de preuves de Torigine de la famille d^
Mathan sont hors de toute atteinte de contradiction.
C'est une tradition reçue parmi eux, qu'ils portent le nom
d'une paroisse qui était proche de la mer, et que la mer
)i détruite. La paroisse dont ils portent le nom est vérita-
blement proche de la mer, et la mer ne Ta point détruite;
mais si le temps n'a pas détruit son nom, il Ta si bien
défiguré qu'on a de la peine à le reconnaître.
11 y a 6 ou 7 fiefs qui sont possédés par différents sei-
20
306
gnears. Il n'y en a point de dominant. Ils relèvent tous,
dit«on, ou de la baronnie de Douvres, ou de la baronnîe
de Creully. Puis^je dire que quelqu'un d'eux a appartenu
k M. Guillaume Mathieu qui se croisa pour la Terre-
Sainte, en 1096 ? Il portait pour armes : d'azur greneté
d'or, à un quartier d'hermines à 3 écussons de gueules en
quartier, et à un bâton d'azur sur le quartier.
Cette paroisse est à une lieue et demie de Caen.
Pierre Le Bourgeois, au lieu de Simon Le Beauval,
tient de la baronnie de Douvres^ noblement et franche-
ment par foi et hommage, un quart de fief de chevalier,
assis à Mathieu, que naguère il acquit de Colin de Bal-
leroy, suivant l'aveu de M. l'évéque de Bayeux, rendu
en 1453. Pierre Le Bourgeois, écuyer, seigneur de Mathieu,
fit foi et hommage de son fief au patriarche d'Harcourt,
évéque de Bayeux« par acte signé le i^ novembre 1460,
et en vertu de ce fief, le sieur Bourgeois fut déclaré anno-
bli par le même patriarche, commissaire sur le bit des
francs-fiefs et nouveaux acquêts du duché de Normandie,
suivant les lettres du 7 mars 1472 (i).
Pierre de La Maire tient de la baronnie de Douvres, par
foi et hommage, un quart de fief nommé Saint-Ouen, en
la paroisse de Mathieu, duquel la juridiction compète à
l'évéque de Bayeux, et lui appartient par dépiècement de
fief. Même aveu que dessus de l'année 1453.
Philippe Labbé, écuyer, tient aussi par succession une
franche vavassorie assise à Mathieu, au Mesnil-Richard,
par foi et hommage de la baronnie de Douvres. Aveu de
1453.
La seigneurie de Mathieu, faisant partie de la baronnie
de Creully, en fut démembrée par partages faits en i Sog.
(1) Traité de la Noblesse, par La Roque.
}07
Elle tomba au lot du baron de Beuvron. Aveu rendu au
marquis de Beuvron en qualité de seigneur de Mathieu,
par Martin de La Londe le 20 septembre 1 582, pour une
vavassorie contenant 24 acres, assise en la paroisse de
Mathieu. Sentence du 22 juin i588, rendue aux plaids
de la seigneurie de Mathieu^ tenus au nom du sieur de
La Rivière, qui en jouissait au droit du marquis de Beu-
vron.
Moulîneaux (Saînt-Qair de). Ecclesia de Molinellis,
sergenterie de Bernîères, notariat de Bény, élection de
Caen, 21 feux.
Cette paroisse est entre les deux petites rivières de ThOe
et de Mue, ayant Réviers au nord et Fontaines-le-Henry
au midi. La nomination de la cure appartient au seigneur
de Moulineaux, lequel présente aussi à la seconde portion
de Bény. Cette seigneurie a été possédée par Jean Gou-
jeul, qui donna au roi son aveu le 20 décembre 1372^
déclarant la tenir pour un demi-fief de chevalier, doat le
chef est assis en la paroisse de Bernières-sur-Ia-Mer, à
cause de quoi il doit 40 jours de service d'armée au temps
de Tarrière-ban (i). Est-ce la même chose que le tenant
du plein fief de Moulineaux qui fut^ Pierre d^Harcourt
en i5i4 (2) ? Elle appartient aujourd'hui à 3 seigneurs
qui sont coseigneurs de Moulineaux. (Voir le Bény ci-
Elle est à 3 lieues de Caen et à une lieue de CreuUy.
Guillaume, comte de Magneville aumôna au prieuré
de rHôtel*Dieu de Caen 2 muids d'orge et 2 de froment.
(i) Hist, Harc, t. II, p. i,5xo-i5ll.
(a) Hist. Harc.f U m, p. 1064.
3o8
à prendre sur son moulin de Moulineaux, selon la bulle
du pape Innocent III de Tannée 1210 (i).
Jean Gougeul, chevalier seigneur de Rouville, d^Anisy
et de Moulineaux, qualifié damoiseau en liij, vivait
encore en i356 (2).
Jean Gougeul bailla au Roy^ le 20 décembre 1372,
aveu de la fiéferme donnée aux chanoines de la chapelle
royale, et déclara tenir le fief de Moulineauz pour un
demi-fief de chevalier (3).
Pierre de Gougeul, chevalier seigneur de Rouville, fit
hommage au roy Qiarles VII, par lettres données à
Rouen le 8 novembre 1449, pour la seigneurie de Mou-
lineauz, tenue par un demi-fief, et pour celle de Bom-
banville, tenue par un quart de fief de la vicomte de
Caen {4).
Guillaume Gougeul de Rouville, chevalier, seigneur de
Moulineaux, de Bombanville, Bény et de la Heuze,
conseiller chambellan du roy, capitaine de gens d*armes,
épousa Louise de Graville. La mère de cette dame, par
acte du 11 décembre 1463, appelée Marie de Montheron,
veuve de Jean de Graville, lui accorda 5o livres de rente
par chacun an sa vie durante; outre son partage, il rendit
aveu de ses terres au roy le 21 juin 1484, comme avait
fait Pierre de Gougeul, chevalier seigneur de Rouville,
cité ci devant (5).
Jacques de Rouville, chevalier, seigneur de Moulineaux,
présenta à la cure dudit lieu au mois de novembre
1498 (6).
(i) Hist. Hitrc, t. I, p. 314.
(a) Hist. Harc.<t t. I, p. 867 et exMbro Peluto.
(3) Hist, Harc., t. II, p. i5io.
U)Hist. Harc.y t. I, p. 867.
(5) Hist, Harc.^ t. II, p. Sao et suiv. 835 et 867.
(6) Reg. du tecrét. de l'évêché.
309
Oystreham (Saint-Samson et Sainte- Anne d'). Bourg,
chef-lieu de sergenterie. Election de Caen, 140 feux,
700 habitants. Lieu de notariat, 1,200 livres : Herman-
ville, CoUeville, Lyon, Saint- Aubîn-d'Arquenay, Cresse-
rons, Plumetot et Bénouville.
Leduc Guillaume et la reine Mathilde son épouse,
dans la chartre de fondation de Tabbaye Sainte-Trinité
de Caen, expédia en 1 082, parlent ainsi d^Oystreham (i):
Dedimius etiam Œstreham cum cunctis appenditiis
suis, hoc excepta quod Robertus ibidem tenet de comité
Moritonensi, Willelmo qui dicitur Caritas, et Ricardo
nepote ejus ; sed et Gilberto Crispino annuentibus pro
pecunia quam nos ei dedimtis. Il est constamment nommé
dans les anciens titres : Oyestreham, Esterhanum ou
Esterihanum. Samuel Bochard fait venir le commence-
ment de ce nom de la déesse Easther; M. Le Valois, du
mot latin Strata et de Pallemand hamum, qui veut dire :
demeure bâtie sur un chemin public ; ce qui est faux par
rapport à ce bourg, situé sur une extrémité de terre qui
ne mène à rien, ayant la mer d'un côté, et Tembouchure
de rOrne de Tautre. Il est plus naturel de croire, avec
M. Huet, qu'il vient de W«fer*am, qui veut dire village
occidental, comme il parait par son ancienne orthographe
qui est constamment écrite dans les vieux titres, et par
M. de Bras : Oistreham, et qu'il est placé à Touest de
Tembouchure d'Orne.
En effet, ce village borde la mer du nord au nord-est,
oti la rivière d'Orne se perd dans la mer au lieu nommé
la Pointe-du-Siège. C'est un port oti les vaisseaux sont
dans une posée assurée, tant pour les relâches que pour
attendre le temps favorable pour monter à Caen. Depuis
(i) Neust. Pia, p. 658.
}IO
ce lieu» le territoire d^Oystreham borde la rivière d^Ome
jusqu^à Bénouville au sud, environ une lieue. A l'ouest
est la paroisse de Saint-Aubin-d'Arquenay; à Touest-
nord-ouest la paroisse de G>lleville, et au nord-noid-
ouest la paroisse d^Hermanville. M. de Bras, à Tannée
1346, le qualifie de ville avec un havre (1). Cest la der-
• nière paroisse du diocèse en deçà de la rivière, du
doyenné de Douvres.
Elle est à 3 lieues de Caen et à 2 lieues du bourg de la
Délivrande.
Cétait un siège d^amirauté qui a été réiyii à celui de
Caen vers 1744. Les habitants s^occupent A la pêche et
•.au labourage. En faveur delà navigation, on y entretient
tonnes et balises pour marquer la rade et le chenal de la
rivière, il y a aussi 12 pilotes-côtiers pour conduire et
guider les vaisseaux qui entrent et sortent de la mer dans
la rivière, et de la rivière dans la mer.
L^église est grande, vaste et très ancienne, puisquVUe
existait avant la fondation des abbayes de Saint-Etienne
et de Sainte-Trinité de Caen. Le rond-point de l'église est
une plate-forme où il y a encore actuellement des canons;
c^est une découverte d*oti Ton voit de très loin sur la mer.
Il y a une statue de sainte Anne, grande comme nature,
qui est du fameux Brodon.
L'abbesse de Caen est dame baronne et patronne de
cette paroisse. Les dîmes en total appartiennent à son
' abbaye. Il y a pour elle une maison de campagne qu^on
appelle le pavillon de M«« TAbbesse. M»« de Vérue,
qui a précédé l'abbesse d^aujourd'hui, y passait ordinai-
rement quelque temps Tété.
Il y a dans la paroisse 2 chapelles, Tune de Saint*
(i) Antiq. de Caen, p. 48.
3"
Martin, Pautre de Saint-Jacques-du-Cfttillon. La pre-
mière était sur un monticule fait de terres rapportées qui
servait à une batterie de canon, parce que la rivière passe
au pied. Jean Patry, docteur ès-droits, permuta cette cha-
pelle de Saint- Martin pour la cure de Carpiquet, CLt à charge
de pension. (Visa du 6 oaobre 1488.)
L^autre était proche une élévation au bord de la même
rivière, qu^on appelait le Câtillon ou le Fort-auz-Anglais.
Il ne reste aucun vestige de ces chapelles qui sont cepen-
dant des bénéfices simples à la nomination de Tabbesse de
Caen (i). Elle est ancienne, puisque le 25 avril 1475,
Jean Le François, prêtre titulaire de la chapelle de Saint*
Jacques-de-Castillon, la permuta avec Jean Bréard pour
la cure de Saint-Gilles de Caen.
Il parait que cette paroisse avait autrefois une plus
grande extension, parles fondements tant de maisons que
de granges que Ton trouve en labourant les côtés du nord*
ouest, et le long de la rivière, du nord au sud. Il 7 a un
pont de pierre à un arc, placé sur.un lieu où Peau de la
mer entre par trois portes, qu^elle ouvre quand elle monte
et referme quand elle se retire. Cette eau forme une petite
rivière sur laquelle on a fieiitle susdit pont pour procurer
le moyen d^aller facilement du village à la mer, et pour
Caire passer des troupes en cas de descente par les ennemis.
De cette rivière à la mer il y a un trajet d'un quart de
lieue vis-à-^is du pont. C^est une garenne appartenant à
TAbbaye-iauz-Dames. Elle a une grande lieue de long à
prendre depuis la Pointe- du-Siège jusqu^au corps de
garde de Colleville. Il y a deux corps de garde avec; cha-
cun leur magasin, un des deux sert à garder une plate-
forme garnie de deux grosses pièces de canon pour
(I) Reg. du secret, de l'évêché.
31^
empêcher le débarquement des ennemis en temps de
guerre.
Il y a 2 fiefe à Oystreham. Le principal appartient à
Fabbesse de Caen. Cest une baronnie composée des
paroisses d'Oystreham, CoUeville, Arquenay et Bénou-
ville. Elle a 400 acres de terre, dont un grand tiers sur
Arquenay. Tous les relevants de ce fief dépendent de la-
juridiction de ladite abbaye, qui se tient paroisse Saint*
Gilles, à Caen. Le fief du Port à Oystreham, sur la mer
et aux environs, relève noblement du châtelain de Tilly.
L^autre fief appartient au seigneur de Bénouville. On
rappelle le fief des Quays. Les dépendants relèvent du
bailliage de Caen.
Probablement il y a eu autrefois quelque combat donné
proche le Câtillon ou Fort-aux- Anglais. M. Le Sieur, curé
d'Oystreham assure avoir vu, lorsqu'on tira les fonde-
ments de la chapelle Saint-Jacques, il y a 8 ou 9 ans,
vers 1 752, autour de cette chapelle, une quantité de sque-
lettes tous d'hommes entassés les uns sur les autres, dans
une tranchée à 4a 5 pieds de profondeur. 11 est marqué
dans la Vie du maréchal de Matignon (i) que vers
Pan 1 562, ayant eu avis que 200 Anglais étaient débar-
qués au port d'Oystreham, il s'y rendit aussitôt avejt: ses
gendarmes, sa compagnie d'arquebusiers à cheval et ses
gardes, et que les ayant surpris encore fatigués du travail
de la mer, il les défit, en tua la plus grapide partie, et prit
le reste prisonnier. Il est vraisemblable que ce sont leurs
corps qui furent trouvés il y a quelques années.
Périers [Saint-Ouen de). Sergenterie d'Oystrehan,
élection de Caen, notariat d'Ouistreham, 28 feux, 73
communiants, 75 huguenots.
(1) Liv. I, chap, VIÏ, p. 55.
313
C'est une petite paroisse située sur un ruisseau qui vient
de Tétang d'Anisy» et va se perdre dans la petite rivière
de Beuville, paroisse limitrophe. Uéglise est en pleine
campagne, et écartée des maisons. La nef est ruinée, il n^
a plus que le chœur qui sert au curé et aux paroissiens,
dont le plus petit nombre est catholique. La nomination
de la cure appartient à M. de Fresnel, seigneur de Périers.
Il a cédé le patronage de la cure en 1 763, à M. de Bayeux,
pour les droits honorifiques de Mathieu. La dîme est
perçue quant aux deux tiers par le curé, etquantàPautre
tiers par FAbbesse de Caen. Elle est à 2 lieues de Caen et
à une lieue du bourg de la Délivrande. Le Livre Pelut,
composé vers 1 356, Tappelle Ecclesia de Piris, et met la
cure à la nomination de Petrus Lunio. Cest la patrie du
cardinal Raoul de Grosparmy, chancelier, garde des
sceaux en 1 253, et légat en France, mort au camp de
Thunis, en Afrique, en 1 270. Magister Radulphus de
Grosparmy natus de Piris, selon une vieille chronique
qui est à la fin de celle de Robert du Mont ( i].
M. Le Brasseur (Histoire civile et ecclésiastique du
comté d'Evreux, p, ig2]» dit que le Périers oti est né ce
cardinal, est une bourgade de Basse-Normandie, sans
désigner oti elle est située précisément. Les auteurs de la
NovaGallia Christiana, t. XI, col. 398, pensent que
c'est Périers, à quelques lieues de Saint-Lô, dans le dio-
cèse de Coutances. D^autres croient que c^est Périers
proche Caen, au diocèse de Bayeux, le sentiment des
derniers est préférable en ce qu^il est justifié par les vieux
titres que la famille de Grosparmy demeurait originaire-
ment dans révéché de Bayeux, où elle a possédé la ba-
ronniede Fiers, et les seigneuries d'Esquay-sur*Ome, de
(i) L'Hist. des gr. off. le fait natif de Paris. T. VI, p. %^^.
514
Fontcnay-PAbbayc, de BeuviUe (non Bcuseville, comme
Tont écrit M. Le Brasseur et plusieurs autres). M. Huet,
Origines de Caen^ p. '336, a observé que Ton voit le«
armes de MM. de' Matban dans la voûte de Téglise de
Beu ville. Il a pris le change. Ce sont les armes de MM. de
Grosparmj qui sont les mêmes.
La conformité des armes de ces deux maisons m*a tou-
jours donné lieu de penser qu^elles ont la même origine,
et que Tune descend directement de Fautre. Les armes
de Matban sont : de gueules à deux jumelles d'or, sur-
montées d'un lion léopardé de même en chef. Les armes
de Grosparmy ont le même fond et les mêmes pièces,
excepté que, suivant quelques armoriaux, les jumelles et
le lion sont d'hermines. M. Le Brasseur excepte le lion
seulement ( i ), on sait qu^autrefois le changement d'émaux,
en conservant le fond et les pièces principales des armes,
était assez d^usage parmi les branches cadettes des an-
ciennes familles, et que cet usage allait aussi jusqu^à
prendre un nom différent des maisons dont elles descen-
daient. M. de La Roque en cite plusieurs exemples dans
V Histoire de la maison d'Harcourt (2). Et pour ne pas
sortir de la Normandie, la maison de Vassy-la-Forét n'a
pas eu d'autre preuve que la ressemblance des armes pour
reconnaître que les seigneurs de Saint-Germain du
Crioult et du Missy, du nom de La Rivière, et les sei-
gneurs de CampagnoUes, du nom de Payen, sortaient de
son sein en ligne masculine (3). Ne peut-on donc point,
par la même raison, endireautant des maisons de Matban
et de Grosparmy ?
(i) Hist, civ, et eccl. cTEvreux, p. 196.
(a) Hist. Harc.y t. II, p. 1973.
(3 Hist. HMre., t. I, p. 1006.
315
Il y a plus : la paroisse de Mathieu, anciennement
MathOy Matheon et Mathen, a constamment donné le
nom à la maison de Mathan ; celle de Périers, limitrophe
de Mathieu, paraît avoir été le berceau de la maison de
Grosparmy. Le cardinal Raoul de Grosparmy y est né.
Serait-il contre la vraisemblance decroire que deux terres,
possédées d'abord conjointement par la même famille, ont
été partagées depuis entre la branche aînée, qui a retenu
le nom de Mathan, et la branche cadette, qui a pris celui
de Grosparmy, en conservant les mêmes armes? Cette
opinion n^est appuyée, à la vérité, que sur des conjec-
tures; mais les lumières acquises par le secours des titres
de famille, peuvent très bien les convertir en preuves.
Raoul de Grosparmy fut créé cardinal évêqued^Albano
par le pape Urbain IV au mois de décembre 1261. Il eut
beaucoup de crédit auprès de ce pape, et de Clément IV
son successeur. Parmi les lettres du dernier, que Ton
trouve dans le Thésaurus novus anecdotorum, t. II, il y
en a 37 qui lui sont adressées. Elles nous donnent lieu
de regretter les réponses.
Plumetot (Saint-Samsonde). Sergenteried^Oystreham,
élection 4e Caen, 53 feux, notariat d'Oystreham, 200 com-
muniants.
C'est une petite paroisse située entre CoUeville au
levant, Mathieu au midi, Douvres au couchant et Lion
au nord. Mgr Tévéque de Lisieux présente à la cure.
M. Le Bas, conseiller au bailliage de Caen, en est seigneur
honoraire, et le curé décimateur. Elle est à une demi-
lieue du bourg de La Délivrande, et 2 lieues et demie de
Caen.
En Tan 1 5 58, les impôts et subsides étaient si excessifs,
qu'en plusieurs villages Ton ne faisait plus aucunes ^
3i6
assiettes des uilles ; même les décimes étaient si hauts
que les curés et vicaires se rendaient fugitifs, pour crainte
dMtre emprisonnés, et ne se disait plus le service divin en
grand nombre de paroisses prochaines de la ville de
Caen, comme aux villages de Plumetot, Périers, Seque-
ville^ Putot, item Soliers et autres plusieurs (i\.
M. Le Chevalier, prêtre de Plumetot, composa en vers
français V Histoire de Pancienne découverte de l'Image
miraculeuse de Notre" Dame de La Délivrande^ laquelle
fut imprimée in-4® à Caen, en 1673. Elle est précédée
d^une épitre dédicatoire adressée à M"^ de Plainneville,
sœur de Pillustre Mgr Huet, évéque d^Avranches.
Réviers (Saint- Vigor de). Sergenterie deCreully, élec-
tion de Caen, 76 feux, notariat de Bény.
Radeverum ou Redeveriacum, Réviers, selon M. Huet,
tire son nom de Ripuariœ, qui est fort commun dans les
vieux actes, parce qu^elle est située sur une rivière. Cette
petite rivière, appelée La Mue, traverse son territoire par
le milieu, oti elle fait moudre 8 tournants de moulin en
5 places, et va de là se perdre dans la Seulle, qui partage
alors Reviers d^avec Banville. Cette paroisse est sur le
chemin de Bayeux à La Déltvrande, à 4 lieues de cette
ville et à cinq quarts de lieue de ce bourg.
L^antiquité de ce lieu est confirmée par les actes de
Saint-Vigor, évêque de Bayeux, qui, pour éviter les
embarras du mariage oti ses parents voulaient rengager,
quina la maison paternelle d^Arras, et vint avec le jeune
Théodemire, se cacher dans le village de Réviers, et y
bâtit un monastère vers Tan 545 (2). Il en fut tiré en 557
(i) M. de Brai, Atitiq. de Caen, p. i6a.
(a) Neust, Pia, p. 65.
317
pour occuper le siège de Baycux. On croit que ce monas-
tère fut ruiné dans les courses que les Normands firent
dans ce pays pendant tout le ix* siècle.
Il y a deux portions de cure. Le roy nomme à la pre-
mière; r Abbaye de Montebourg, à la seconde.
On peut compter parmi les illustres curés de Réviers :
Jean HalIé, bachelier de Théologie, curé des deux por-
tions de cette paroisse, et frère d^Antoine Halle, ptofes-'
seur d'éloquence à Caen. Il mourut le 12 août 1667. On
trouve, parmi les opuscules de son frère, une épitaphe
faite à sa mémoire, et son éloge en vers latins dont est
Fauteur Marin Le Verrier, professeur d^loqu^ce au
collège des Arts (i).
Cest de cette paroisse qu'a^ tiré son origine Tancienne
maison de Réviers, d^oti est sortie celle de Vernon, qui
se glorifie de compter parmi ses auteurs saint Adjutor.
Richard chevalier, seigneur de Réviers vivait sous le
règne de Guillaume duc de Normandie, surnommé Le
G^nquérant. Il eut pour fils Beaudouin, Guillaume et
Richard. '
Baudoin de Réviers qualifié vir actibus bellicis stre-
nuissimus œque ac potentissimus (2), se déclara ouverte-
ment contre Etienne roi d'Angleterre, qui, à la fin,
Tobligea de repasser en Normandie, où il fonda Pabbaye
de Montebourg.
Richard de Réviers, frère du précédent, fut aussi un
des plus expérimentés personnages de son temps, et un
des conseillers de Henri I roi d'Angleterre et duc de
Normandie. Ce fut lui, qui avec Guillaume de Vernon,
son fils, aumôna à l'abbaye de Montebourg, le patronage
de Réviers avec toutes les dîmes qui leur appartenaient
(i) Ant., Halley, Oputc., p. 427 et suiv.
(2) Neust Pia, p. 643.
}i8
dans cette paroiiie. Sx dano Ricardi de Répète et Wil-
lelmi de Vemon filii ejus, quidquid ad eos pertinebat
in ecclesia de Revers, cum decimis, et decimam molen^
dinarum suorum efusdem villœ ( i ). Ce sont les eipres-
sions de Henry II roi d^ Angleterre, dans la chartre con-
firmative expédiée à Caen ponr Tabbaye de MontdxHiig.
La maison de Réviers est éteinte*
Catherine du Guesclin, fille unique de Bertrand du
Guesdin et d'Isabeau d*Anœnis, et femme de Charles de
Rohan, seigneur de Guémené, partagea avec GeoCEroy de
La Haye, mari de Jeanne d^Ancenis, tante maternelle de
Catherine du Guesdin, les biens de feue Isabdle de Qis-
son. Catherine du Guesdin eut pour ce partage, fait le
20 avril 141 5, après Pâques, entr'autres terres, celles de
Réviers en Normandie (2).
Isabeau de Clisson, fille héritière d^Amaury de Clisson,
seigneur de L^Isle-^'Auvillé, et d'Isabeau, dame de Res-
nefon, avait épousé en i35i, Renaud d^Ancenis, dont
sortirent Isabeau, femme de Bertrand du Guesclin et
Jeanne, alliée à Geoffroy de La Haye.
Par acte du 23 avril 141 7, après Pâques, Charles
de Rohan, et Catherine du Guesclin, sa femme, cédèrent
à usufruit sa vie durant, à Guillaume du Guesdin,
chevalier, frère de Bertrand, père de ladite dame, la terre
de Réviers, diocèse de Bayeux et plusieurs autres; et lui,
en échange, leur céda d^autres terres situées en Bretagne.
Jean du Guesclin, chevalier, seigneur de La Roberie,
fils de Guillaume, s'accorda aussi par acte fsiit en pré-
sence de Catherine du Guesclin, dame de Guémené^ et de
Louis de Rohan, son fils, le 27 mars 1455, avec Charles-
(i) Monoit. AngL, t. II, p. 99a.
(a) Hiit, det gr, offie., t. VI, p. 189-190 et aQa-ao3.
I 319
^e Tessé, son beau-frère, ayant alors la garde noble de
ses enfants et de feue Guiilemette du Guesclin, pour
40 livres de rente qu^il lui avait promise sur sa terre de
Réviers, lors de son mariage, et qui furent réduites à
3o livres.
Gilles du Guesclin, sieur de La Roberie, son âls aîné,
vendit à Jean le Sens, écuyer, la terre de Réviers, pour
3,770 livres, par acte passé à Caen le 5 août 1485.
Jean Le Sens, seigneur de Réviers, et Antoine Gislain
seigneur de Port, furent élus par la noblesse de la vicomte
de Caen, en 1 52S, pour la collection des deniers au paye-
ment desquels elle s^était soumise pour la délivrance des
enfants du roi François I^^ qui étaient en otage chez
l'empereur Charles-Quint (i).
La terre de Réviers passa depuis à MM. Le Prévost.
Louise Le Prévost, dame de Réviers, fille ainée de Louis,
seigneur de Réviers, et de Suzanne Castel de Saint-
Pierre, épousa par contrat du 5 juin 1692, Claude-
François Marguerye, baron de Vassy, père de Henry-
Charles-Antoine Marguerye, marquis de Vassy, seigneur
de Réviers aujourd'hui.
DOYENNÉ DE MALTOT.
Athissur-Orne (Saint-Contest d'). Sergenterie de
Préaux, élections de Caen, un feu, notariat de Caeo.
(i) De Bras, Antiq, de Caen, p. 9S.
320
Cette paroisse est située à une lieue de Caen, sur le
bord de la rivière d^Orne, qui en arrose les prairies du
côté du Levant. Le territoire a très peu d^étendue,
n'ayant pas plus d'une demi4ieue de circonférence. Elle
n'a qu'un seul habitant avec sa famille. Cest le fermier
des Dames Ursulines de Caen qui possèdent toute la
paroisse. L'abbé d'Ardenne nomme à la cure. Le béné-
fice est en règle, et desservi par un Prémontré qui en
perçoit les dîmes, à l'exception des bois et des herbages
qui forment ensemble un tiers de la paroisse. La terre
y est de très peu de valeur, étant remplie de pierres.
On y trouve en certains endroits différentes espèces
de poissons et de coquillages pétrifiés. Elle est à 2 lieues
du bourg d'Évrécy. Il y a un bac sur la rivière que les
habitants ont droit de passer gratis. Ce village a donné à
M. de Segrais l'idée de composer un poème sous le nom
d*Athys, C'est un de ses meilleurs ouvrages, tant par la
nouveauté de l'invention que par l'agrément de la fic-
tion.
Authie (Saint-Vigor d'). Banlieue et élection de Caen,
79 feux. Atteia et Altheïa, notariat de Caen.
Cette paroisse, située en rase campagne, n'est pas d'une
grande étendue. Elle est distante de Caen qu'elle a au
nord-est, d'une bonne lieue, placée entre le clos de
l'abbaye d'Ardenne et le chemin de Caen à CreuUy,
bornée à Test et au sud par le territoire de Saint-Germain-
de-la-Blanche-Herbe, à l'ouest, par celui de Saint-Louet
et de Rosel, et au nord par celui de Saint-Contest. Le
bourg de Cheux en est à une heure et demie. Le hameau
de Cussy, de 3o feux, à trois quarts de lieue nord-ouest
de Caen, est moitié sur Authie, et moitié sur Saint-Ger-
main. L'église est fort petite, et placée au nord de la
Î2I
paroisse, avec environ 60 feux qui l'environnent. MM. les
Chanoines du chapitre d^Ecoûy, diocèse de Rouen, sont
seigneurs de cette paroisse^ dont ils possèdent au moins la
moitié, et nomment à la cure. La dîme appartient au
curé d'Authie et au prieur de Fresné-le-Puceux, qui
partagent par moitié; le curé a le premier lot. Les sei-
gneurs n*Y ont que de la terre labourable, et n^ ont pas
la plus petite habitation. Dans une de leurs acres il y a
deux vieux restes de murs, que Ton dit être les débris du
château de Pinfortuné Enguerrand de Marigny, ministre
sous le roi Philippe-le-Bel, exécuté à mort par jalousie en
i3i5,
Bretteville-V Orgueilleuse (Saint-Germain de). Ser-
genterie de Cheux, élections de Caen, 104 communiants,
notariat d'Audrieu.
Cette paroisse est située sur le grand chemin dé Caen à
BayeuXy à 3 lieues de distance de Tune et Tautre. L'église
est grande et fort propre, accompagnée d'une haute pyra-
mide qui est entre le chœur et la nef. La chapelle de
Putot, dont nous parkrons ci-après, est succursale de
Breueville. L^abbé de Caen nomme à la cure de plein
droit. Le curé fait desservir la succursale par un prêtre
amovible. M. Charles-Jean-Baptiste-Richard de Cairon,
chevalier, seigneur et patron de Cairon, est aussi seigneur
haut justicier de Bretteville-rOrgueilleuse. Cette paroisse
est de l'exemption de Tabbaye Saint-Étienne.
Le curé n^a qu'une portion congrue. Les religieuses de
Saint-Étienne ont toutes les dîmes de Bretteville, et la
moitié seulement des grosses du territoire de Putot.
L'autre moitié est partagée entre les chanoines du Saint-
Sépulcre de Caen, et le chapelain de Saint-Hilaire fondé
en la cathédrale de Bayeux^ Il n'y a qu'une grange
21
$22
dimeresse pour la paroisse de Bretteville et tous les
hameaux qui la composent. Cette grange, qui appartient
à i^abbaye de Saint-Étienne^ est située à peu près au
milieu de la paroisse, presque attenante au territoire du
hameau de Putot.
Les biens que l'abbaye de Saint-Étienrte possède à
Bretteville, viennent de différents seigneurs. Henry If,
roi d^Angleterre, dans la chartre de confirmation pour
cette abbaye dit : concedo etiam.... donationem quam
fecit Ranulphus vice-cames Bajocensis, sancto Stephano,
scilicet ecc lestant de Boinvilla cum allodio, et omni
décima ad eam pertinente, et totam terram quam habe*
bat in Brittivilla Orguillosa, cum parte ecclesiœ ad
eum pertinente, cum colonis et liberis hominibtis ad
eam pertinentibus, et donationem quam fecit Robertus
Bertrand, scilicet quidquid terrœ habebat in Orguil^
losa cum parte suœ ecclesiœ eum colonis et liberis
hominibus ad eam pertinentibus ( i ) .
En 1171, Guillaume d'Aboville vendit la moitié du
patronage de l'église de Bretteville et de la chapelle de
Putot à Pabbé et aux . religieuses de Saint-Étienne de
Caen, moyennant 3o livres de rente annuelle, auxquelles
ils s'obligèrent envers lui (2). c Willelmus de Abouvilla
concedente Henrico filio primo genito.,., dédit in perpe^
tuameleemosinamccenobio Sancti Stephani Cadomi, et
monachis ibidem Deo servientibus quidquid juris habe-
bat in presentatione et eleemosina ecclesiœ Brettevillœ
Orguillosœ, et capellœ de Putot, sàilicet medietatem
presentationis et eleemosinœ. Pro prœdicta donatione
presentationis Willelmus abbas et fnonachi Cadomi
(I) Neust. Piéi,p. 633.
(a) Mémoire pour Tabbaye de Caen contre les habit, de Putot,
1753, et mém. des habit, de Putot contre ladite abbaye.
J23
prœdicto Willelmo dédit 3o libras annuatim. »'Un an
après, cette donation et plusieurs autres furent confirmées
par Henri !!• du nom, év£que de Bayeux, et par Roben,
archevêque de Rouen.
Le hameau de Putot n^est séparé de Bretteville que par
la Rue-Bosquaine, ou le Chemin-Bosquin, vers Caen, et
par le grand chemin de Bayeux, vers la mer. Il y a 4
autres hameaux dans Putot : le Hamel-du*Moustier, le
Hamel-FroCy le Hamel-L'Abbé et le Hamel-Lacroiz, qui
sont habités au moins par 3oo paroissiens. Le roi a un
fief considérable à Putot; un autre est possédé par le
chapitre de Lisieux. L^abbaye de Caen a le principal,
auquel est annexé le patronage. Le fief de Cœur-de-BIed
est possédé par le sieur de Calmesnil.
U y eut en i ^98 une contestation entre cette abbaye, et
Guillaume de Putot, clerc. Celui-ci prétendait quMl avait
droit de présenter à la chapelle de Putot; Tabbaye soute-
nait le contraire. Enfin, mieux instruit, Guillaume de
Putot y renonça en ces termes : c Constitutus persona--
liter Guillelmus dictus de Putot, clericus^ qui présent
tationi quant fecerat ad capellam de Putot, cujus
capellœ, quando prœsentavit ad eamdetn, credebat pa-
tronatus pertinere ad ipsum^ ut dicebat, renuntiavit
speciiiater et expresse et omnijuri, si quod habebat^ seu
habere poterat in patronatu, seu presentatione capellœ
prœdictœ, quœ est annexa matri ecclesiœ de Brittivilla
Super ba, et infra metas parochiœ prœdictœ (i).
L'église de Putot^ dédiée sous le vocable de Notre-
Dame, a ses fonds et son cimetière particuliers. Il y a
même des obitiers séparés, et qui doivent être originaires
du hameau de Putot. Dans un aveu rendu au roi par
(i) Mim, de VAbbaye, p. 2.
}24
Colin, condamné le 27 septembre iBço, on trouve ces
mots : jouxtes les clers et prêtres de Putot. En 1400,
Thomas Boitard, curé de Choûain, quitte et délaisse aux
clercs et prêtres de Putot» au trésor et confréries du Saint-
Esprit et de Saint-Nicolas, les héritages mentionnés au
contrat. Par contrat du 3o décembre 1485, Nicolas de
Cairon, adjudicataire d^une demie acre de terre, en fait
donation aux prêtres et clercs servant Dieu, et partici-
pant aux rentes et obits, fondés et établis audit lieu de
Putot. Par contrat du 44 décembre i5oi. Colin Toquet
donne aux obitiers de Putot trois vergées de terre, et
cette donation est acceptée par M. Jacques du Douet,
prêtre, vicaire de ladite église^ et par six obitiers ser-
vant Dieu, et participant aux dites rentes et obits, et
faisant fort pour tous les autres prêtres et clercs. Par
un autre contrat du 1 5 mars 1 5 1 8, M . Jean Le Varignon,
natif de Putot, aumône aux prêtres et clercs servant
Dieu, et participant aux rentes et obits de ladite église,
i5 livres de rente, et au trésor 12 livres pour un obit.
Cette donation est acceptée par M. Nicolas Eude^ prêtre,
vicaire du curé du dit lieu de Putot, et six obitiers de la
dite paroisse, et faisant pour tous les autres obitiers ( i ).
De ces productions et autres semblables, les habitants de
Putot ont pris occasion d*attaquer, en 1748, Tabbaye de
Saint-Étienne, non seulement pour lui faire donner une
grange séparée de celle de Bretteville, mais encore pour
lui faire dire et reconnaîtra que Putot n^est point une
annexe, mais une paroisse réellement distinguée de
Pautre. UafTaireest encore pendante à la cour.
Ce village a donné deux abbés à Pabbaye de Fécamp, à
la fin du xin« siècle, et au commencement du xiv«.
(a) Mém. de l'Abbaye, p. 5i.
Î25
Guillaume de Putot, XI« abbé de Fécamp^ acheta
la ville de Fécamp d^Édouard 11^ roi d^ Angleterre, vers
Tannée 1295, qui fut celle de sa mort. Il siéga environ
12 ans (i). Robert de Putot, son neveu, parvint aussi à
la même dignité et fit fleurir la discipline monastique
dans son abbaye quUl gouverna 19 ans; il mourut en
i3i4. Hermant ajoute un troisième abbé de Fécamp,
qu^il nomme Robert de Brèche; mais s^il avait pris la
peine d'examiner son article dans les auteurs cités à la-
marge, il aurait vu qu^il est né, non à Putot, mais au
village de Brécy, près Bayeux (2).
Bretteville-sur-Odon ou Bretteville^la-Pavée, ban-
lieue et élection de Caen, 60 feux, 36o habitants, notariat
de Caen.
Cette paroisse est située sur les deux branches de la rivière
d*Odon. Elle n^a point d^autre hameau que celui de
Jumeaux. Il y a deux églises également paroisses : Notre-
Dame et Saint-Pierre, desservies par un seul curé, à la
nomination de Tabbé du Mont«Saint-Michel, qui possède
les grosses dîmes. Cet abbé est seigneur et baron de toute
la paroisse qui relève de lui. Il la tient à titre de donation
de la duchesse Gonnor, femme de Richard I, duc de Nor-
mandie, et confirmée par le duc Richard II, son fils.
C'est ainsi qu^il en parle dans sa chartre : confirma in
super donationem matris meœ de Brittavilla qtiam suo
dotalitio, loco superius dicto, obtulit, pro patris nostri
suaque salute, ac mea, meorum quœ fratrum (3).
Hugues de Bayeux, évéque, Osbem et Humfroy, frères
de la duchesse y sont signés.
{i)Neu8t. Pia,p. a38.
(a) HUt. du diocèse ds Bayeux ^ p. iS 2 et 3 16.
(3) Neuit, Pia, p. 378-379.
^26
On trouve à BretteTÎUe une très bonne carrière de
pierres, nommée le Lait-Boûilly. Elle est à une lieue de
Caen.
Jean Rouxel célèbre poète latin était, selon queiqu^uns,
natif, non de Caen, mais de Bretteville, près de cette
ville. Cest un des citoyens de Caen qui lui a fait le plus
d'honneur. 11 devint sourd dans sa vieillesse, et mourut
en i586. 11 avait pour frère Guillaume Rouxel, qui, sui-
vant les traces de son père, s^adonna au commerce, et
s'y acquit une grande réputation à cause de sa bonne foi.
M. Cahagnes a fait Téloge de ces deux citoyens, dans
lequel il rappone cette épigramme de Jean Rouxel
concernant sa famille :
NuUif nostra domus titulis se jactat avorum ;
Nulla per angustos splendet imago lares.
Per varias genitor duxit commercia gentes;
Normanis Indos junxit, et Antipodas.
Germano patrios artes studiumque sequenti
Ezimium fidei promeruere decus (i).
Buissons^ Vil Ions (Saint-Pierre de). Sergenterie de Ber-
nières, élection de Caen, 40 feux, notariat de Bény.
Le nom primitif de cette paroisse est Villons, et le curé
y a son presbytère; mais Téglise est dans le hameau de
Buissons, qui dépend de la parusse de Cairon, à un
quart de lieue de Villons. Ce démembrement, quant
à Téglise seulement, et non quant aux habitants de
Buissons, qui sont toujours demeurés paroissiens de
Cairon, est très ancien, et a été occasionné par les ma-
ladies, et notamment par la peste, comme les mémoires
en font foi. Le curé de Villons n'a point d'autres pa-
(i) Elog, Civium cad., p. 7, 8 et 9.
3^
roissiens que ceux qui demeurent dans le village de ce
nom. Cest le seul village de cette paroisse où il y a
40 feux; encore n'appartient-il pas tout entier à cette
paroisse, puisqu 'outre les feux cirdessus, il y en a 4 qui
dépendent de la paroisse d'Anisy.
Le roi présente à la cure^ et dans sa nomination comme
dans le visa de Tévéque, le pourvu est toujours désigné
sous le nom de curé des Buissons- Villons, quoi qu^on ne
le reconnaisse dans la paroisse que pour le curé de Vil-
lons. Ce curé n'a que le tiers de la dîme, les deux autres
.tiers sont pour Pabbesse de Caen, quj est dame et pa-
tronne honoraire de cette paroisse, à cause de son fief de
Gsmet, dit fief de Villons, qu'elle y possède, et qui
s'étend à Cambes, Couvrechef et Cairon. Cest un bien-
fait de la reine Mathilde, fondatrice de la dite abbaye,
comme il parait par la chartre de 1082 : Terrant, quant
tenuit Radulphus filius Alani, in Willon (Mathildis
Ego reginaj, comparavi ab-eodem Radulpho, et a Ri-
chardofilio Rainfrandi, rusticum unum in villa quœ
dicitur -Charon, et duas gctrbas decintœ villœ; similiter
et a Ragnulpho de Barberiis duas garbas decimœ quant
habèbat in Charon, et hœc ex concessu régis ecclesiœ
(nempe Sanctœ Trinitatis) apposita sunt ( i ).
Le sieur Le Comte, curé de ce lieu, marque dans son
mémoire que Tancienne église des Buissons, qui sert à
faire Toffice pour les habitants de Villons, a été bâtie
en 944, sans vouloir pourtant cautionner ce fait.
M. rÉvéque de Bayeùx, à cause de Téloignement de
cette église, a permis d'ériger dans la cour du presbytère
de Villons une chapelle ob, excepté les dimanches, on
dit la messe pour les paroissiens. On y confesse en outre
(1) Neustriapia, p. 65S^65g.
il»
et on y fait les catéchismes. Elle est à une lieae et demie
deCaen.
Butly (Saint-Martin et Saint-Gourgon de). Sergen-
terie de Préaux, élection de Caen, 22 feux, 95 commu-
niants, notariat de Fresné-le-Puceux.
Cette paroisse est située sur la rivière d^Ome, à 2 lieues
de Caen, et à cinq quarts de lieue du bourg d'Evrecy.
Avant la réunion des vicomtes, elle dépendait partie de
la juridiction de Saint-Silvin, partie de celte de Caen.
Elle dépend en entier aujourd'hui de la dernière. Le
prieur commendataire du Plessis présente à la cure. Le
chanoine de Missy en Téglise de Bayeux donne la col-
lation de plein droit, et a le déport en entier. Les dîmes
appartiennent au curé. Elles lui ont été cédées pour lui
tenir lieu de pension congruS. M. de Sallen, conseiller
dMpée au bailliage de Caen, est seigneur honoraire au
droit de son épouse qui est demoiselle de Cahagnes-
Verrières.
La seule maison remarquable, non par elle-même,
mais par la position, est celle de M. du Perré. Sa situation
jointe aux dehors qui raccompagnent en fait un des char-
mants séjours du pays; il y a une chapelle domestique.
La rivière d'Orne, en ce lieu là, est environnée de
coteaux, de quelqu'uns desquels on a tiré du marbre
rouge d'assez bonne qualité. On a travaillé, il y a quelques
années, à faire des découvertes pour en tirer du gris, avec
espérance de réussir. L'église est si voisine de cette rivière,
qu'elle ferme le cimetière par un côté.
Cairon (Saint-Hilairede). Sergenterie de Bernières,
élection de Caen, 90 feux, 450 habitants, notariat de
Bény.
3^9
Cette paroisse est sur le grand chemin de Caen au
bourg de Creully. Il en est fait mention dans la chartre
de fondation de Tabbaye Sainte-Trinité de Caen, année
1 082, où il est parlé des acquisitions que la reine Matbilde
y avait faites en faveur de cette abbaye. L^extrait est rap-
porté à l'article des Buissons-Villons ci-devant. Son ter-
ritoire peut avoir une demi-lieue en longueur. Il est
arrosé par la petite rivière de Mue, laquelle prend nais-
sance à une demi-lieue au-dessus, dans les prairies de
Rots, et est grossie par diverses fontaines en passant par
Thaon, Fontaine-le-Henry et Reviers^ où elle se joint à
la Seulle.
De Téglise, qui est assez près de cette rivière, et à une
des extrémités de la paroisse, on compte près de 2 lieues
à Caen, 4 lieues à Bayeux, et 2 lieues à la Délivrande et à
Cheux. Le roi nomme à la cure. M. Charles-Jean-
Baptiste de Cairon, écuyer, seigneur haut justicier de
Bretteville-POrgueilleuse, est aus§i seigneur de Cairon ;
il y possèide une maison neuve, assez gracieuse, et qu^on
peut décorer du nom de château. Les dîmes appartiennent
au curé et à Tabbaye de Sainte-Trinité de Caen. L^abbaye
delà Blanche, proche Mortain, y a une rente foncière
dont on ignore Porigine.
Il y avait autrefois une chapelle sous Pinvocation de
saint Germain, dont il ne reste ni vestige ni revenu; on
connaît seulement le lieu où elle était située, et on y
trouve de temps en temps des tombeaux de pierre. Le
cimetière de Péglise en est entièrement rempli. La plu-
part ne sont point couverts et d ^autres le sont de la même
pierre.
C'est une chose avancée de tous temps que l'église des
Buissons était succursale de Cairon. Le hameau des Buis-
sons fait encore partie aujourd'hui du territoire de Cairon,
Î30
lequel en a toujours conservé la propriété; mais Téglise
de Villons s'étam trouTée détruite par vétusté, ou par tes
ravagea des Huguenots, les habitants de Cairon et des
Buissons prêtèrent, ou peut-être cédèrent cette annese à
ceux de Villons, qui l'ont reçue comme leur église parois-
siale. Le curé de Cairon, avec la perte de cette église, a
perdu aussi la dtme de 1 8 ou 20 acres de terre sur les-
quelles le curé de Villons dîme en son nom, et Tabbajre
de Sainte-Trinité en sa qualité de décimatrice de Cairon.
Cette paroisse est composée de 3 hameaux princi-
paux : le hameau des Buissons, dont je viens de parler,
de 60 à 80 personnes, est presque à demi-lieue, et à Test-
nord-est de l'église de Cairon ; le hameau de Cairon-le-
Vieux, de 1 3o à 1 5o, est à un quart de lieue, et à Test-
sud-est de Téglise, et le hameau de Cairon-le-Jeune, de
près de 200, est à la proximité de Téglise. Enfin, 4 à
5 familles, faisant 18 à 20 personnes, proche le hameau
de Rozel, au sud de Téglise de Cairon, et 3 à 4 de 1 2
à i5 personnes, joignant le hameau de Bûron, qui
dépend de Saint-Contest, au sud-sud-est de Téglise de
Cairon, font le complément des maisons de cette paroisse.
La famille noble de Cairon, qui poruit autrefois le
nom de Perotte, vient de leur auteur qui fut anobli
en T4S0, par le roi Charles VII, lorsqu^il pissa par
Bretteville-rOrgueilleuse, dont elle est originaire. Elle a
pris depuis le nom de Cairon pour en avoir acquis le fief.
Cette paroisse est ù près de 2 lieues de Caen, 4 lieuea de
Bayeux et 2 lieues de la Délivrande.
Carpiquet (Saint-Martin de). Sergenterie de Cheux,
élection de Caen, 149 feux, notariat de Caen.
Cette paroisse est stmée à l'extrémité méridionale de
cette grande plaine, qui en porte le nom, et qu^on trouve
en arrivant à Caen de Bayeux. De ce village à Téglise de
Saint-Pierre de Caen, on compte une lieue. Le plus
ancien titre qui en fasse mention est la chartre de fon-
dation de Tabbaye de Sainte^Trinité de cette ville, donnée
en 1083. Le duc Guillaume-le-Conquérant et la reine
Mathilde s^expriment ainsi :
« Donavimus etiam t^edietatem villœ, que nominatur
Carpikech, quam ego Regina, domini met régis con--
cessuy comparavi ab Eudone^filio Turstini Haldup, et
a Ragnulfo vice-comité. Adelaïdis. autemfilia Turs-
tini Haldup ad eamdem Sanct€^Trinitatis ecclesiam in
qua monacha facta est^ Nostro consensu, et Ragnulfo
vice^comite, et Eudone^ ejudem 'Adelaïdis fratre an-
nuentibtts, alteram medietatem villœ Carpikeh\ cum
medietate ecclesiœ et decimœ ejudem villœ, donavit.
Sed et duas partes villœ quœ Putheus nuncupatur, » etc.
Des titres de i33g font mention d'une ancienne con-
frérie existant à Carpiquet. L^abbesse de Sainte-Trinité
de Caen est dame baronne de Carpiquet. Elle présente à la
cure et en possède toutes les dîmes avec beaucoup de
terres, mais surtout une ferme considérable qu^on appelle
Tureinne, à laquelle est attaché un clos de 26 acres de terre
à labour, enfermé de murs. Elle a haute et basse justice
dans cette paroisse qui relève de sa juridiaion.
La grande plaine de Carpiquet» située entre les grandes
routes de Bayeux et de Saint-Lô à Caen, est très connue. .
De 8 fourches patibulaires qui y sont placées, il y en a
6 pour le roi; les 2 autres, un peu séparées des pré-
cédentes, appartiennent à l'Abbesse de Caen. II y a aussi
une carrière, appelée Bellet, dont la pierre est aussi bonne
et aussi belle que celle de Caen. C'est à cette carrière que
M. le marquis de Malherbe a fait prendre la pierre de sa
magnifique maison de Juvigny.
552
Le comte de Matignon, depuis maréchal de France, ne
fut pas plutôt arriyé en Normandie en 1574, qu^il s^ar-
réta à Caen pour y faire assembler son armée, qui se
trouva de 5,ooo hommes de pied et de 1,800 chevaux,
auxquels il se joignit encore un bon nombre de gentils-
hommes qui n'étaient pas du parti des Huguenots. Il prit
20 pièces de canon dans la ville, et, après avoir fait la
revue générale de ses troupes dans la plaine de Carpiquet,
suivi de Fervacques et de Villers-Emmery, que le roi lui
avait donné pour maréchaux de camp, il marcha droit à
Falaise, qu^il reprit d^abord, et de là à Argentan, qui ne
fit qu'une faible résistance (i).
Caynet (Saint-Martin de). Sergenterie de Creully,
élection de Caen, 16 feux, notariat de Creully.
Cette paroisse est appelée de Catena montium en latin,
à cause peut-être d'une chaîne de montagnes et de
coteaux qui règne depuis Caynet jusqu'à la mer. La
plupart des maisons sont à mi-côte. Du pied du coteau
sortent deux fontaines d'une très belle eau, qui forment
un ruisseau dont le cours est toujours réglé dans les plus
grandes sécheresses comme dans les plus grandes inon-
dations. Après avoir arrosé la paroisse, elles vont se
décharger dans la petite rivière de Thue, qui partage les
deux paroisses de Caynet et de Lanteûil.
Messieurs du chapitre de Bayeux sont présentateurs
de pleip droit et gros décimateurs de cette paroisse. Il y a
un petit fief possédé par M. de Mondrainville, neveu et
héritier de M. de Camilly, vice-amiral de France, qui
était seigneur de Caynet; ses armes sont dans le chœur de
réglise. L'extrait suivant fait voir comment le patronage
et les dîmes sont venues au chapitre de Bayeux ;
(i) Hist. du Maréchal de Matignon, liv. I, ch. XI, p. ii3.
î$5
Ex familia de Caynet, Radulphus e Normannia cum
Guillelmo Duce ad/uit Angliœ armis quœsitœ anno
1066. Filtus ejus cornes fuit, et Willelmus de Cajrnet
fundator fuit abbatiœ de Sybethon in diàcesi Ebora-
censi in Anglia, ex quibus orta ecclesia de Caynet, quce
Phillippo, de Har court data est, et quant Philippusde^
dit suo capitula, ^uodsanctusLudovicusIXFrancorum
rex confirmavit ( i ) . ;
Cela est couché dans les registres de cette église, oti Ton
voit aussi les noms de 1 1 curés, depuis Tan 1 55o jusqu^à
présent.
Elle est à 3 lieues de Caen et de Bayeux et à une
demi-lieue du bourg de CreuUy.
Coulons (Saint- Vigor et Saint-Nicolas de). Sergen-
terie de CreuUy, élection de Caen, 5o feux, notariat de
CreuUy.
Cette paroisse, appelée dans les titres de Tabbaye
d^Ardenne : Coulomb, Coullomps et Columbum, est à
2 lieues de Bayeux, et à trois quarts de lieue du bourg de
CreuUy.
Elle est arrosée par deux fontaines qui forment un
courant; il y a 4 fermes principales. La première
est au milieu d^un grand parc qu^on voit sur le chemin
de Caen à Bayeux; les autres comiguës aux maisons
des particuliers, sont situées dans la même rue qu'on
appeUe communément La Ville. II y a aussi le petit
hameau de Calais. Il n'est que de 3 feux.
La cure est en règle. L'abbé d'Ardenne y présente. Il
perçoit les deux tiers des grosses dîmes; Pautre tiers appar-
tient au prieur de Saint-Gabriel. On doit remarquer
(i) Monast. Anglicanum^ t. I.
»4
parmi les curés di$ûngaéa de Coulons : Richard Le
Beltèvre, élu abbé d'Ardenne en 1496, et Richard de
Laval, qui lui«uccéda en 1496, et posséda en même
temps r Abbaye de la Ltizerne (a).
Le seigneur de Coulons est seul seigneur de la paroisse.
Son fief qui est un hautbert relève immédiatement du
roi. C'est un Couvert. La maison de Couvert, noble de
nom et fl^armes, tire son nom de la paroisse de Couvert,
près. Bayeux. Elle portait anciennement pour armes :
d'azur à deux faces dVgent chargées chacune de deux
sautoirs de gueules. Jean de Couvert, seigneur de Sotte-
vastetde Hardinvast, les quitta pour. prendre celles de
Florence de Fontenay, sa mère, dame des dits lieux dans
le xv« siècle. Ses descendants ont conservé les mêmes
armes qui sont : d'hermine à la face de gueules, chargées
de trois fermaillets d'or.
Jean- Antoine de Couvert, chevalier, seigneur et patron
de Coulons, Auderville, lieutenant*cofoneI du régiment
d'infanterie de Courtomer, était connu sous le nom de
M. de Sottevast, comme étant fils puîné de Jean de Cou-
vert, seigneur de Sottevast, et d'Elisabeth de Saint-Simon-
Courtomer. Il fut gouverneur des ville et château de
Bayeux, après M. de Saint-Gilles, par brevet de i656.
C'est ainsi qu'il y fit son entrée, au rapport du sieur la
Beriinière-Le-Tellier, dans son journal manuscrit : « Le
baron de Sottevast est venu en cette ville sur les dix heures
du matin, dimanche /3 décembre i656, prendre posses-
sion du château, au gouvernement duquel il était pourvu
par S. M. à la place du biaron de Saint-Gilles. Ledit sieur
de Sottevast est premièrement venu se rendre en la maison
de M. Le Bedey, viconte, accompagné de sept ou huit
(1) Nov. Gai. christiana, t. XI, col. 460-461.
335
personnes à cheval, puis est allé au château oti étaient 1 5
ou i6 soldats qui y avaient été envoyés par M. de Mati-
gnon pour garder la place jusqu^à œ quUl y eut un gouver-
neur pourvu ; et après y avoir été quelque temps, les bour*
geois étaient allés en armes le saluer, sous la conduite de
MM. de Saint- Vast-Peticœur^ et du Bosq<d^Auxaîs, capi-
taines; de M. de Saint- Vigor-Guienros, qui portait Ten*
seigne de la ville, lesquels furent remerciés par ledit sieur
gouverneur à l'entrée du pont du château, parce que les
soldats qui le gardaient, ne voulurent permettre qu^au-
cun des bourgeois y entrassent avec leurs armes, telle-
meat qu^ils furent obligés de se retirer après avoir tous
tiré devant ledit château* Cela bât, M. le Viconte et
Messieurs les Echevins accompagnés d'un nombre de
bourgeois, furent le saluer en corps, auxquels il fit grande
réception, leur témoignant qu'il servirait la ville en tout
ce qu'il pourrait.
« Le lundi 1 8 du même mois, madame son épouse
arriva icy à trois heures après midy. Elle reçut les mêmes
honneurs de la Bourgeoisie qui s'était mise sous les armes
au nombre de 120 hommes» sous les ordres de M. du
Bosq, leur capitaine. 1^
Il mourut à Bayeuz le 12 mars 1660. Son corps fut
porté à Coulons et enterré dans le chœur de Tégiise. Il
avait épousé par contrat du 2 septembre 1645, demoi*
selle Marguerite Bretel, fille de Raoul, chevalier, seigneur
de Grémonville, second président au Parlement de Rouen,
et d^Isabeau-Madeleine Groullard, fille de Claude, sei-
gneur de La Cour, premier président au même Parlement.
La dame de Coulons mourut le 23 juillet i683, et fut en-
terrée à Coulons auprès de son mari. Leurs enfants furent
le suivant, et François- Augustin de Couvert, chanoine
de Cambremer en la cathédrale de Bayeux.
3Î^
Raoul-Radulphe de Couvert, chevalier, seigneur de
Coulons, Auderville, Breuville, Belleville, capittine de
cavalerie, gouverneur de Bayeux, par arrêt de confirma-
tion du Roi en 1660, fit sa preuve de noblesse en 1666,
devant Guy de ChamiUard dans le registre duquel il est
employé comme ancien noble. Il mourut le 23 octobre
1709, et son corps fut porté à Coulons.
Voici la cérémonie observée à cette occasion, suivant
une note manuscrite de M. Descrametot, chanoine de
Bayeux ; c Le soir précédent, à 7 heures et demie, on
sonna toutes les cloches de la cathédrale, des paroisses et
des communautés, le lendemain, après le service où assis-
tèrent les paroisses et communautés, on partit pour aller
au chftteau pour lever le corps ; on le conduisit par Saint-
Nicolas et par la grande rue Saint-Malo jusqu^entre les
deux portes, là où on le mit dans un chariot pour être poné
à Coulons: on chanta le Libéra, et ensuite les Laudes;
toutes les cloches de la ville sonnèrent pendant toute la
cérémonie. Les troupes de la garnison précédaient le corps,
ensuite toqs les moines et le clergé suivaient le corps, la
noblesse, le corps de justice, la bourgeoisie en armes,
toutes les torches de chaque métier de la ville et de la jus-
tice. Les moines et prêtres des paroisses, la garnison, la
noblesse, la bourgeoisie le conduisirent jusqu'à la Fosse-
Borel ; la bourgeoisie alla jusqu^au Recouvry, la noblesse
jusqu^à Coulons.
c Quatorze jours après, service solennel dans le chœur
de la cathédrale pour ledit sieur gouverneur. Tout était
tendu de noir dans le chœur. MM. de la Noblesse et de
la Justice y assistèrent. On en fit autant dans chacune des
paroisses et communautés de la ville. »
Il avait épousé : i» par contrat du Soaoût 1680, reconnu
le 2 octobre suivant, demoiselle Marie Néelde La Caillerie,
537
veuve de Raphaël Couespel, seigneur des Castillons, fille
de Jacques, écuyer, seigneur de La Caillerie, et de Mar-
guerite Le Breton de Lormelle. Cette dame mourut le
3i mai 1686 et fut enterrée à Coulons;
2» Par contrat passé devant les notaires du Châtelet de
Paris, le 27 mars 1 690, demoiselle iEsther Chardon, sœUr
de la comtesse de Courtomer, laquelle décéda dans un
grand âge en 1757, et fut portée à Cqulons, oîi Ton voit
dans le chœur son épitaphe ainsi conçue :
« Cx gist noble Dame jEsther Chardon veuve de
messire Raoul de Couvert, seigneur de Coulons, Au-
derville, Brenville^ et autres lieux, Gouverneur des
ville et château de Bayeux.
« Esther avec une grandeur d^ame décidée et unepru-
dence consommée, a r'empli tous les devoirs de fidèle
épouse, de tendre mère, de maîtresse bienfaisante, de
veuve héroïne, et d'honorable gouvernante. Convertie
dès sa jeunesse à la religion catholique, toujours elle a
vécu de la vie de la foi, âgée de g4 ans 6 mois en lySj.
Le 26 janvier nous Pavons perdue sur la terre, prions
Dieu de la retrouver au Ciel. »
Du premier lit vinrent : une fille morte en minorité, et
Marie-Roberde, religieuse à Cordillon, morte le 1 1 dé-
cembre 1753, âgée de 68 ans.
Du second lit sont nés : i^ Daniel-Raoul de Couvert,
seigneur de Coulon, Auderville, capitaine de cavalerie au
régiment du Roi, pourvu du gouvernement de Bayeux à
la place de son père, mort sans alliance. Le 24 juillet
1721, selon le manuscrit de M. Descramétot» on porta à
Coulons le corps de feu M. le Gouverneur de Bayeux ;
ce fut de grand matin. II n'y eut aucune cérémonie. Le
jeudi 3i du dit mois, on lui fit un service solennel à la
cathédrale, le chœur fut tendu en noir et parsemé d'écus-
33»
sons. On lui en fit autant dans toutes les paroisses et com-
munautés. Tune après Pautre ;
2** Robert-Tranquille de G>uvert, seigneur de Cou-
lons, prêtre, abbé de Longues, prieur commandataire de
Marchesîeuz au diocèse de Coutances, archidiacre de
Gien, chanoine d'Esquay, puis de La Mare, en Téglise de
Bayeux, décédé le i5 mars 1759. Il avait cédé de son
vivant la terre de Coulons au suivant;
3^ Guy-Augustin-Henry de Couvert, qui a son article
ci-après ;
49 Alexandre de Couvert, seigneur de Brenville, capi-
taine de Saint-Domingue, pensionnaire du Roi ;
50 Jacques-Antoine de Couvert, sieur de Tancarville,
lieutenant de cavalerie au régiment du Roi, mort sans
alliance à Sottevast le 27 septembre 1737;
60 N..., de Couvert, sieur de Cardon ville ;
70 Louis-Auguste de Couvert, enseigne des gardes du
pavillon amiral au département de Brest, mort en dé-
cembre 1740 sur la côte de Saint-Domingue;
8^ Antoine- Henry de Couvert, prêtre, chanoine de
Feuguerolles,puis de La Mare^ àla cathédrale de Bayeux;
90 François-Raoul de Couvert d^Auderville, chanoine
d^Esquay en la même église ;
10** Alexandre de Couvert de Coulons, chevalier de
rOrdre militaire de Saint-Louis, gouverneur des ville et
château de Bayeux, ancien capitaine de grenadiers au
régiment royal. Il a servi dans la guerre d'Italie contre
Fempereur Charles VI, et dans celle de Flandres contre
la reine de Hongrie et ses alliés. Il fut blessé à la bataille
de Fontenoy en 1745, et au genou en 1749, au fameux
siège de Bergopzoom. Cette blessure Tobligea de se faire
rapporter à Bayeux pour se rétablir. Son neveu, gouver-
neur de cette ville étant mort à Bruxelles en 1748, M. le
î}9
chevalier de Coulons obtint en considération de ses ser-
vices le gouvernement, et la charge d'écuyer delà reine. Il
épousa ensuite le 4 février 1747, demoiselle Charlotte Le
Quens de Varaville, fille de Clément, viconte, et depuis
lieutenant général à Bayeux, et de noble dame Françoise
Hélyes^dont il a eu deux filles nées en 1750 et 1751 ;
I lo Eulalie-Louise de Couvert, femme de noble homme
Farin, sieur de La Perelle de La Maloizelière, cheva-
lier de Tordre militaire de Saint-Louis, commandant du
second bataillon d'artillerie, décédée à Vire en 1747;
12» Marie- Rose de Couvert, religieuse en Tabbaye de
Cordillon, morte âgée de 3g ans, le i3 juin 1745.
Guy- Augustin- Henry de Couvert, chevalier, seigneur
et patron de Coulons, Beuvrigny, écuyer ordinaire de la
reine, gouverneur des villes et château de Bayeux, troi-
sième fils de Raoul-Radulphe de Couvert et d'Esther
Chardon. Il fut d'abord destiné à Téglise et pourvu de la
prébende de Coulombières dans l'église de Bayeux. Après
le décès de son frère aîné, il demanda au duc d'Orléans,
régent du royaume, le gouvernement de Bayeux pour un
de ses frères, et ce prince, par un témoignage particulier
d^estime, le lui accorda à lui-même, ce qjii lui fit quitter
Tétat ecclésiastique. Il en prit possession le 21 juin 1723.
MM. du Chapitre lui présentèrent le pain et le vin. Les
corps le complimentèrent, la bourgeoisie sous les armes,
alla le saluer au château où il y eut table ouverte et le
soir feu de joie; le 27 il donna à manger à la noblesse.
Dans le voyage qu'il fit à Bayeux en 1743, M. Tabbé de
Coulons lui céda la terre de Coulons dont il jouissait à
droit d'aînesse, et étant retourné à la Cour, il mourut à
Fontainebleau à la fin de novembre de la même année.
On lui fit un service solennel en la cathédrale de Bayeux
le 20 février 1744. Il avait épousé, par traité reconnu le
J40
22 mars ijio, Marie-Madeleine Georges de Beuvrigny,
veuve de Marie*Louis Le Sens, marquis de Morsent, dont
Henry-Augusdn qui suit ; 2» Charlemagne qui a succédé
à son frère ; 3» Cfaarlemagne-François, chapelain de TAn-
nonciation en Féglise de Bayeux, mort le 6 d*août i75i,
et 49 une demoiselle.
Henry-Augustin de Couvert, chevalier, seigneur et
patron de Coulons, Auderville, Mithois, capitaine au
régiment Roïal-Etranger-Cavalerîe, écuyer ordinaire de la
reine, gouverneur de Bayeux, desquelles charges il fut
pourvu après la mon de son père. Il vint à Bayeux en
1 743 povir la première fois avec son père, et y forma sa
nouvelle compagnie. Il servit en Flandre sous les ordres
de S. M., et de M. le maréchal de Saxe ès-années 1744,
1745, 46 et 47. Il se trouva aux batailles de Fontenoy, de
Raucourt et de Lawfeld, que Ton gagna sur les alliés.
II revint à Bayeux en 1747, et prit possession le 4 no-
vembre de son gouvernement. Il assista encore Tannée
suivante au siège de Maestrick, et mourut à Bruxelles sans
alliance en 1748. On lui chanta un service solennel à la
cathédrale de Bayeiix le 2 7 septembre 1748.
Charlemagne de Couvert, chevalier, seigneur et patron
de Coulons, Auderville, etc., hérita de son frère aîné. Il
épousa le mardi 21 novembre 1758, demoiselle Hélène-
Charlotte Aubert d'Ailly, fille puînée de M. Charles-
François-Toussaint Aubert, chevalier, seigneur et patron
d^Ailly, de Sacy et autres lieux, et de Gaude-Louise de
Beaurepaire, de la paroisse d'Ailly, élection de Falaise,
dont plusieurs enfants.
Cène paroisse est à 2 lieues de Bayeux, et à trois quarts
de lieue du bourg de Crcully.
341
Cully (Saint-Martin de). Sergenterie de CreuUy, élec-
tion de Caen^ 200 feux, notariat de Creully.
Cette paroisse est traversée par la petite rivière de Thue.
liy a 2 villages, le Grand-Village et l'Argerie, et 2 ha-
meaux qui sont le Grand et le Petit- Vey. Elle est à
3 lieues de Bayeux et de Caen, et à trois quarts de lieue
du bourg de CreuUy. Quant à la dîme, une gerbe sur
5 appartient au curé, 2 au chanoinejde Cully, les 2 autres
font le fond d^une fondation qu^on appelle : le personnat
de Cully, qui n^est point érigé en bénéfice. Le seigneur
nomme à cette fondation, à la cure, et à la chapelle domes-
tique du titre de la Sainte-Vierge, qui est dans la cour du
château.
Hermant parle du personnat de Cully comme d^un
bénéfice érigé en titre (i). En vertu d'une bulle de Qé-
ment VI, dit-il, datée du 11 mai 1346, sur Texposition
que Guillaume Bertrand, ^évêque de Bayeux en avait faite
touchant un différent qui s'était mû entre Tabbé de Cerisy,
le prieur de Saint-Fromond, et le seigneur temporel
de Creully, Jean, évêque d'Avranches, érigea le personnat
de Cully, en conservant au seigneur de Creully, les biens
et les honneurs qu'il possédait dans cette paroisse, parce
que de son côté il abandonnait les menues dîmes qu'il
avait dans cette paroisse, aussi bien que les offrandes qu'il
laissa au curé qui devait desservir ce personnat (2].
La prébende de Cully fut fondée dans le xii« siècle, par
Richard de Douvre, évêque de Bayeux, on en ignore
l'année. Suivant un aveu du temporel du chapitre de
Bayeux, le chanoine de Cully est patron-collateur des
cures de Montbertrand et de Tracy-sur-la-Mer. Il ^ le
{i)Hht. du Dioc, de Bayeux^ p. 277.
(2) Ms. de Potier.
342
tiers de i^intégrité des dimes de Tracy, et paye le tiers de
la pension au curé. Il a aussi les deux tiers des grosses
dimes de Montbertrand, et 2 gerbes de dimes dans la
paroisse de Cully, du nombre de 5 qui sont perçues
par tous les décimateurs de la dite paroisse ; et sur ces
2 gerbes, il doit payer tous les ans 1 5 livres de rente à
Pabbaye de Saint-Etienne de Caen, du nombre de
3o qui sont dues par les 2 décimateurs de Cully, et en
outre ils sont obligés de payer une muaison de 60 bois-
seaux, savoir : 20 d^avoine, 20 de froment, et 20 d'orge
par chacun an au curé de Cully ; et de plus de faire tous
deux la récolte de la dîme, tant par eux que pour le curé,
avec une grange.
La terre de Cully a donné le nom à une très ancienne
maison dont était M. Richard de Cully qui se croisa en
1096 pour la Terre-Sainte. Les armes sont : d'azur au chef
d'or et à 3 merlettes de gueules en chef. Guillaume d'Oc-
teville, écuyer, héritier de feu messire Guillaume de
Cully, chevalier, tenait en 1453 de la baronniede Douvre
par foi et hommage, un demi-fief de hautbert assis à Cul-
ly nommé le fief de Bayeux, et sMtend ès-paroisses d'Au-
drieu, Basly, Sainte-Croix, Lanteuil et ailleurs. De cette
terre relèvent en arrières-fiefs ceux de Vaussieu, Chouain
et Fresné-le-Croteux (i).
Guillemette d'Octeville, dame d'Octeville et de Cully,
fille de Jean, écuyer, seigneur des dites terres, épousa par
contrat du 26 janvier 1430, Thomas Pellevé U' du nom,
seigneur d'Aubigny et de Tracy (2). Outre ces deux terres
dont le dit Thomas hérita à cause de sa femme, Thistorien
(i) Aveu de l'évêché de Bayeux en 1453.
(2) Hist. des grauds Offic. de la Cour, t. II, p. 76.
M3
de la maison de Harcourt y met encore celles d^Âmayé-
sur-Seulle et de Quesnay-Guesnon |î).
Jacques de Pellevey fut pourvu le i8 septembre 1471
de la prébende de CuUy^ vacante par la démission de
Jean du Bec, archidiacre de Caen (2).
Jean Pellevey, docteur-ès-droits, trésorier de Croissan-
ville, obtint le 16 août 1479, sur la nomination de Guil-
lemette d^Octeville, dame de CuUy sa mère, le visa de
curé de Cully ; la même année, il permuta sa trésorerie
pour la chapelle de Saint-Pierre et Saint-Paul dans Fab-
baye de Sainte-Trinité de Caen, avec le consentement de
Jean de Tilly, chevalier, seigneur de Croissan ville (3).
Robert de Pellevé, seigneur de Cully et d'Aubigny, fils
de Thomas et de GuilUemette d^Octeville, est qualifié dans
les registres de TEchiquier de Normandie, sous Tan 1490:
docteur-ès-Iois, maître des requêtes par lettres du roi
Louis XI, données à Arras le 3o juillet 1477; selon une
généalogie manuscrite il fut père de :
Jacques de Pellevé, seigneur de Cully, de Brécy, de la
Haye-B^llouze, et de la sergenterie héréditaire de Tori-
gny ; il fut père de Guillaume qui va suivre (4).
Thomas de Pellevé, clerc, seigneur d^Octeville, fut
nommé à la cure de Cully par collation du pénultième
juillet 1 509, et sur la démission de Jean de Pellevé, cha-
noine de Bayeuz, et dès le 19 décembre suivant, il s*en
défit en faveur de Robert Pellevé, clerc^ qui la remit aussi
eni5i8(5).
Guillaume de Pellevé, chevalier, seigneur de Cully,
(i) Hist. Harc, t. II, p. ii5o.
<2) Reg. du Secret, de Tévêché.
(3) Reg. du Secret, de Tévéché.
(4) Hist. des grands Offlc., t. Il, p. 77.
(5) Reg. du Secret, de l'évêché.
J44
Brécy, la Haye-Bellouze, et de la sergenterie héréditaire
de Torigny, servit longtemps sous les ordres de Tainiral
Coligny, qui lui fit expédier en cette qualité des lettres de
capitaine général de la côte de Normandie le 29 janvier
i552. Guillaume de Pellevé, seigneur de CuUy nomma
en 1 567 Jean Suhard, clerc à la cure de Cully ( i ).
De Marguerite de Clère son épouse il eut : Olivier de
Pellevé, seigneur deCuUy, mort sans alliance: Charles
de Pellevé^ seigneur d'Aubigny, chanoine de Bayeux, et
4 filles héritières.
Nous trouvons aussi que Thomas de Pellevé, II« du
nom, seigneur d^Aubigny et d^Amayé, troisième fils de
Thomas I^ du nom, posséda les seigneuries d'Octeville,
d^Amonlaville et de Cully (2), et qu^il vivait encore le
25 janvier i bo^, lors du mariage de Charles de Pellevé^
seigneur de Jouy, son fils, père du cardinal de Pellevé et
de Robert de Pellevé, évéque de Pamiers.
Guy de Bricqueville, chevalier de POrdre du roi, sei-
gneur de Sainte-Croix, Acqueville, Loucelles, Putot et
Cully, nomma en 1587 le siège vacant, au personnat de
Saint-Martin de Cully, fondé en Téglise paroissiale du
dit lieu, à cause de la terrç noble de Cully (3).
Jacqueline de Guerville, dame de SÂinte-Croix et de
Cully, nomma, en 1645, à la chapelle Notre-Dame du
château de Cully.
La seigneurie de Cully et celle de Sainte-Croix, pos-
sédées conjointement par M. le marquis de Lassey,
appartiennent aujourd'hui à M. le comte de la Guiche.
(i) Hist. des grands Offic, ut supr.
(2) Hist. des grands Offic., t. M, p. 77 et suit.
(3) Reg. de l'évéché.
34S
Eterville {Saint-Jean d'). Sergentcric d'Evrecy, élec-
• tion de Caen, 5o feux, notariat de Caen .
Cette paroisse est située au-dessus de Caen, sur la rive
occidentale de la rivière d'Orne. Son nom ne vient pas de
Strata^ villa, comme Ta cru M. de Valois, mais de
Easther, déesse des anciens saxons, selon M. Bochard.
La nomination de la cure appartient au seigneur, et la
dîme au curé (i).
Elle a été possédée par une famille noble qui en por-
tait le nom. Roger d^Esterville était seigneur et patron
d'Esterville en i356 (2). N. d'Esterville, héritière d^Ester-
ville, épousa vers le milieu du xvi^ siècle Claude
d'Achey, seigneur de Serquigny, cinquième fils de Jean,
et de Renée Le Conte de Nouant dont naquit Charles
d'Achey, seigneur d'Esterville, marié à Gillonne de La
Mare^ héritière de Leffrie, dont il eut des enfants (3).
Elle a passé depuis à MM. de Morand : Thomas Morand,
seigneur d^Esterville et du Mesnil-Gamier, trésorier de
répargne, eut de Mariotte Morel entr^autres, Thomas,
baron du Mesnil-Garnier, grand trésorier des ordres, par
lettres du 21 février 1621 (4). Le seigneur d^aujourd^hui
est M. Alexandre-Jean de Morand, chevalier^ seigneur
d'Esterville.
Cette paroisse est à une lieue de Caen.
FeuguerolleS'Sur-Orne (Notre-Dame dej.Sergenterie
de PréauXf élection de Caen, 5o feux, 200 communiants,
notariat de Fresné-le-Puceux.
Cette paroisse est située sur la rivière d'Orne, qui
(i)Reg. del'Éyêché.
(2) Ex. Lib. Peluto.
(3) Hist. Harcourty t. II, p. 1870.
(4t)Hist, des gr. Offic,, t. IX, p. Sai.
346
passe au levant ; elle est distante de Caen d^environ sept
quarts de lieue, et du bourg d'Évrecy d'une lieue et
demie. L'église est sous le vocable de la Sainte- Vierge et
de saint Antoine. La cure est en règle, parce qu'étant à la
nomination du prieur du Plessis-Grimoult, il la fait des-
servir par un de ses chanoines réguliers. La grosse dîme
appartient au prieuré du Plessis, qui fait au prieur-curé
une pension en grain pour et au Heu du tiefs. Cette pen-
sion consiste en 90 boisseaux de froment^ 90 boisseaux ,
d'orge, 3oo gerbes de poix gris, «et 5oo bottes de paille.
Les verdages appartiennent au prieur*curé.
L'église, éloignée d'un quart de lieue de la rivière, est
entourée dé deux petits villages ou hameaux qui com-
prennent presque tous ses habitants. Il y a peu de mai-
sons séparées, si on en excepte cependant la ferme appelée
les Cours-d'Ome, qui est assez considérable, et la jolie
maison de M. Bourgeois, président au grenier à sel de
Caen, qui est assise sur le bord de la rivière.
De plusieurs fieb situés dans cette paroisse, il y en a
deux principaux qui se disent tous deux seigneurs de
Feuguerolles, l'un appartient à M. Fortin, seigneur de
Maltot, l'autre à messire Henri -François- de -Paule
d'Aguesseau^ conseiller d'État, au droit de Françoise-
^arthe-Angélique de NoUent, qu'il épousa le 4 avril
1729. Il est fils de feu M. le Chancelier, et la dame, son
épouse, est fille de Jean de Nollent, seigneur d'Erber-
tot et de Marie-Madeleine-Angélique I de Nollent, dame
de TrouvîUe-sur-Mer (i).
Il y a une bruyère d'environ 20 acres de petite mesure;
une carrière de marbre rouge, vis-à-vis de Bully; une
apparence de mine de charbon de terre, qu'on croit
(i) Nouveau diet, de Moreri, t. X, à Ujân.
347
bonne, située dans un petit coteau sur le bord de la
rivière; et enfin un bac, appelé le Bac-de-Fontenay,
parce qu'il appartient aux religieux de cette abbaye, mais
dont le batelier demeure à FeugueroUes.
Cette paroisse a donné le nom à une des prébendes de
la cathédrale de Bayeux ; son fief canonial est situé dans
le même lieu, et à Bully paroisse limitrophe. Il lui
appartient 24 acres et un quart de terre en plusieurs
pièces. Il a une maison prébendale à Bayeux (i). II y a
dans le chartrier du chapitre une transaction de 1463,
par laquelle le chanoine de FeugueroUes consent de payer
20 sous chaque année au Grand-Couteur, pour et au lieu
d^une petite maison que ce dignitaire céda au chanoine
pour joindre à la sienne.
Amaury de Meullant, sire de Gournay, en mariant Ali*
sande de Meullant sa sœur, à Guillaume, sire ide Tan-
carville, lui donna pour dot plusieurs terres au diocèse de
Rouen, et celles de FeugueroUes, de Venoix, d'Ifs, d'Alle-
magne, de Placy et d'Oystreham près Caen, au diocèse
de Bayeux (2). Ce sire de Gournay est le même qui fonda,
en 1 135, l'abbaye des dames de Fontaines-Guérard.
De Guillaume, sire de Tancarville et d^Alisande de
Meullant sonirent trois fils : Guillaume, Raoul et Gau-
tier, qui partagèrent la riche succession de leurs père et
mère. L'aîné n^eut point de postérité, et lors du mariage
d^Alix de Tancarville, sa nièce, fille de Raoul, son frère,
avec Robert Bertrand, chevalier, sire de Rongeville et de
Briquebec, il lui fit don des terres de FeugueroUes,
Venoix, Ifs, et autres susdites, qu'il avait eues de la suc-
cession d^Alisande de Meullant, son aînée.
(i) Aveu du temporel de la cathéd. de Bayeux.
(2) Hitt. Hare,, t. I, p. 171-172.
348
FùntaineS'Étoupefour (Saint-Martin de). Sergenferie
d^Évreqr, élection de Caen, 80 feax, 400 habitants, nota-
riat d'Évrccy.
Cette paroisse, située sur la rivière d'Odon, est à une
lieue et demie de Caen, du côté du couchant. La présen-
ution de la cure appartient au prieuré du Plessis-Gri-
moult. Les grosses dîmes sont divisées entre les religieux
du Plessis et de Fontenay, et Tabbaye de Cordillon.
Il y a 4 hameaux : P au tnidi, et à un quart de
lieue de Téglise, la maison du seigneur avec deux grosses
fermes, qu^on appelle les fermes de La Capelle. Il y a dans
la maison une chapelle domestique, le hamel Hédine
sur la même ligne, mais moins éloigné n^est qu'une
ferme; 2^ le hameau des Sales, au nord, proche le pont de
Verson; 3o le hameau du Moulin au couchant; 40 le vil^
lage de Gournay, au couchant, voisin de la bruyère de
Baron. C^est là oti Ton voit les traces du Chemin Haussé
pour aller de Bayeux vers Falaise, qu^on attribue Ceiusso-
ment au duc Guillaume, et qui n'est autre qu'une
ancienne route romaine. Ce chemin partage Fontaines-
Étoupefour avec la paroisse de Baron.
Dame Catherine Bourdin, étant veuve de Louis Le
Valois» seigneur d^Escoville, vicomte de Caen, rendit
aveu en 1 549 de sa terre de Fontaines pour un demi-fief
d^haubert^ relevant du roi, située dans la sergenterie de
Cheux, vicomte d'Évrecy (i).
Jean Le Valois, seigneur de Fontaines-Etoupefour, son
fils aîné, fut élevé page de la chambre du roi, ensuite
homme d'armes des ordonnances de S. M. sous la charge
du seigneur de Sainte-Marie-Du-Mont, puis gentilhomme
ordinaire de sa chambre. Il épousa Diane de Warignies,
(i) Armor. génial, de la France^ reg. I, lie partie, p. Sçg.
349
fille de Tenn^uy, seigneur de Blainville, lieutenant de
roi au bailliage de Gten, dont des enfants.
La seigneurerie de Fontaines-Étoupefour appartient
aujourd'hui à messire Pierre Le Viconte, marquis de
Blangy,
Fresne-Camilly (Notre-Dame de TAssomption). Ser-
genterie de Creully*, élection de Caen, 98 feux, notariat
de Creully.
Cette paroisse est située entre celle de Caynet et de
Than, à 4 lieues de Bayeux et 2 lieues de Caen. Le haut-
doyen de la cathédrale de Bayeux présente de plein droit
à la cure, et perçoit toutes les dîmes. CamiUy est une
terre seigneuriale de cette paroisse oîi il y a une maison
distinguée et de bblles avenues. Elle a appartenu long-
temps à messieurs Blouet^ dont une branche porte le
surnom de Than, et Tautre, qui est éteinte, avait pris
celui de Camilly. Celle-ci a été illustrée par M. François
BloUet de Camilly, évéque de Toul, depuis archevêque
de Tours, mort en 1723; et par M. Blouet, dit le cheva-
lier de Camilly, vice-amiral de France, mort en 1753.
M. de Bernières, seigneur de Gavrus et de Mondrainville,
leur, neveu, en a hérité. Il est seigneur honoraire de
Fresne-Camilly.
Lasson (Saint-Pierre de). Sergenterie de Bernières,
élection de Caen, 5o feux, notariat de Caen.
Cette paroisse, appelée autrefois Lachorij est située à
2 lieues de Caen. Elle est bornée au midi par la paroisse de
Rotz, dont elle est séparée en partie par des prés ou maré-
cages, et en panie par des terres à labour; au levant, par
la paroisse de Rosel, dont elle est séparée par le cours de
la fontaine Ricara, autrefois nommée Richard^Raoul^
3S0
(MF lâT riyiére de Mue, et par le ooun du ruisietu de
Conet^ chacun eu partie; au nord, en partie, par la
paroisse de Cairon, dont elle est séparée par une petite
prairie et par des terres à labour, et en partie par le terroir
de la paroisse deThan ; au couchant, par les paroisses de
Fresne et de Sicqueville-en-Bessin, desquelles elle est
séparée par le cours du ruisseau de Chirosme, qui prend
sa source du côté de Bretteviile>rOrgueilleuse.
L'église et le village de Lasson sont placés vers le nord-
est de 3 hameaux qui en dépendent : le Marais, Bray
et Neuf-Mers. Le village de Lasson consiste en une ving-
taine de maisons, et est contigQ au château du seigneur,
proche duquel est un moulin à eau sur la rivière de
Mue.
En suivant cette rivière vers sa source du côté de Rotz,
aux jouxtes 4le la paroisse de Rozel, on trouve de mau-
vaises prairies, et un petit bois taillis. Ces marécages ont
donné le nom au hameau du Marais qui y est contigû et
s^étend en longueur. Il consiste en une vingtaine de mai-
sons. A Pextrémité des prairies, on trouve une maison
détachée avec l'herbage du Vauculet. Cette maison,
dépendante de Lasson, est attenante à la cage d^un mou-
lin à eau sur la même rivière de Mue, qui dépend de la
paroisse de Rotz. Les dites maisons et moulin appar-
tiennent au seigneur de Lasson, ainsi qu^une ferme
détachée, nommée la ferme du Marais.
De là, en suivant les jouxtes du territoire de Rotz, et
allant vers Siqueville, on trouve, à un quart de lieue de
la dite ferme, le hameau de Bray, consistant en une tren-
taine de maisons, situé au sud*ouest de Téglise, dont il
est distant d^une demi-lieue.
De là, à un demi-quart de lieue en retournant vers
l'église, se trouve le hameau de Neuf*Mers, consistent en
une douzaine de maisons, et une ferme appartenant au
seigneur de Lasson. A quelque distance de ce hameau,
proche le chemin qui tend à Siqueville, en approchant du
ruisseau du Chîrosme, le seigneur de Lasson a une
carrière de laquelle on tire de fort bonne pierre de taille.
Il 7 avait autrefois dans Téglise une confrérie de Saint-
Nicolas qui n'existe plus. Le seigneur de Lasson présente
à la cure. Vers Tan 1 200, Petrus de Lackon aumôna au
chapitre de Saint-Pierre de Lisieux toutes les dîmes
appartenantes à Téglise de Lasson. Depuis ce temps, la
dîme est divisée en trois parties, dont la première au curé,
la seconde au chapitre de Lisieux, et la troisième au
chapitre de Bayeux, par don à lui fait en 1242 par
Thomas de Fréauville, évêque de Bc^yeux, et ratifié par
Guy, son successeur. On ignore comment se sont faits ces
arrangements (v).
Il y avait aussi une chapelle de Saint-Antoine, située
proche la ferme du Marais, à la nomination du seigneur
de Lasson. Il n'en paraît plus de vestiges. Dans le Livre
Pelut, il en est parlé ainsi sous le doyenné de Maltot :
Capella de Maresto. Thomas de Maresto armiger pa-
tronus, et à la fin de la liste, on a ajouté, en écriture du *
xv« siècle : Capella sancti Antonis de Lachonœ, dominus
prœdicti loci présentât domino Bajocensi. On peut
présumer que cela regarde la même chapelle. Charles Le
Louve], écuyer, gentilhomme ordinaire de la chambre du
roi, capitaine de 5o hommes d^armes, seigneur et patron
de Montmartin, Liverville, Beâumanoir, Fourneaux et
Sainte-Honorine, nomma, le 21 octobre i6o5, à la cha-
pelle de Saint- Antoine de Lasson.
M. Marc- Antoine-Nicolas de Croixmare, chevalier,
(i) Hist. du diocèse de Bayeux^ p. ai8 et aao.
352
seigneur de Lasson, ett teul seigneur de cette paroisse,
où il a moulin et four bannaux. Le fief de Lasson est un
plein fief d^hautbert, qui est mouvant du roi, et s^étend
es paroisses de Rosel, Cairon, Buissons, Villons, le
Fresne et Sicqueville. La ferme du Marais, dont on a
parlé ci-dessus, est un fief relevant noblement du fief de
Lasson. Il y a encore d^autres fieb> mais tous aux mains
du seigneur. Le chflteau, dans lequel il y a une chapelle
domestique, est remarquable pat son antiquité, et la
noblesse du goût dans lequel il est bâti. Il est accompagné
de bosquets, bois taillis, haute futaie, et par quelques
prairies arrosées par la rivière de Mué, et par le 'ruisseau
du Conet qui, près de là, vient se joindre à la rivière.
Contrat passé devant Jean et Richard Briand, tabel-
lions à Caen en 144 1» par noble homme messire Olivier
de Vassy, chevalier, seigneur de La Forét-Auvray et de
Lasson (1).
Jacques Tésart, II* du nom, seigneur des Essans et de
Lasson, baron de Toumebu par acquisition, était en-
seigne de la compagnie de messire d^Aubigny en i554,
et de celle du comte d^Eu en i56i. II commanda les
troupes du comte de Lenos, (Jean Stuart de Darpley,
comte de Lenox), maréchal de France, et mourut en
1595 (a).
Sa petite-fille et héritière, Marguerite Tésart, dame des
Essarts et de Lasson, baronne de Toumebu, porta ses
terres à son mari Frédéric Rhingrave, seigneur de Neu-
villiers, mort en 1673.
Ce Nicolas de Croixmare, fils de Louis, conseillera
Rouen, et de Madeleine d^Urvie, dame de Lasson, eut
(1) Hist. Harcourtf 1. 1, p. ioo5.
(a) Hist des gr. offic, t. Il p. 36. — Hist, d'HarcoHrt,p, i53i.
353
pour fille unique Elisabeth, mariée à son cousin Anne'-
François-Nicolas de Croixmare, père de Marc-Antoine-
Nicolas, seigneur actuel.
M. de Croixmare avait pour aïeul Nicolas de Croix-
mare, seigneur de Lasson, qui mourut à Caen, âgé de
5i ans, le 2 juin 1680. « Il n^était point, dit M. Huet,
d'esprit plus ouvert pour toute sorte delittéramre (i)». Il
écrivait en vers et en prose avec beaucoup d^agrément et
de facilité, mais la peinture avait fait une de ses plus
fortes passions.
Louvigny (Saint- Vigor de). Banlieue et élection de
Caen, 87 feux. Lupinella ou Lupiniacum. Le Livre
Pelut l'appelle Louveagnyum. Notariat de Caen.
Cette paroisse est à trois quarts de lieue delà commune ^
de Caen. Elle est située partie sur POrne et partie sur
rOdon. Il n'y a que deux hameaux : Louvigny et Le
• Mesnil. Il y a un pont au-dessous d^un moulin à eau
sur la branche de POdon qui sépare Louvigny de Brette*
ville. Elle coule de Test à l'ouest, et va se jeter dans
rOme. L^Orne vient du midi en ligne perpendiculaire au
nord, coule ensuite en ligne parallèle, après quoi elle
reprend la direaion au nord jusqu^à Caen. Il y a sur le
bord un petit bois taillis qui sépare Louvigny d^Athis. La
maison seigneuriale est la seule qui soit de quelque dis-
tinaion. L^orangerie qu'on y a vue ces années passées,
était remarquable.
L^abbé de Saint-Evroult nomme à la cure, et possède
les deux tiers de la grosse dîme, Tautre tiers appartient
au curé avec les verdages. Le patronage et la dîme de
Louvigny furent aumônes vers io5o à Pabbaye de Saint-
(1) Orig. de Câen, p, 63o.
23
354
Evroult par un seigneur de Grentemesnil, dont la maison
est mise au rang de ses principaux bienfaiteurs.
M. de Berniëres est seigneur de Louvigny. Il est fils de
messire Jean de Bernières-Louvigny, baron de Venoix,
lieutenant général des armées du roi, grand'croix de
Tordre militaire de Saint- Louis, mort en 1759. Il y
possède les fiefs de Louvigny et de G>libeuf, qui lui
donnent de beaux droits sur les prairies de Louvigny et
de Caen.
Maltot (Saint- Pierre de). Sergenterie de Préaux, élec-
tion de Caen, 5o feux, 160 communiants. Notariat de
Fresné-le-Puceux.
C'est un chef-lieu de doyenné rural qui contient 32 pa-
roisses. Son territoire, placé sur une hauteur, est situé sur
la rivière d^Orne qui passe au pied. On y compte une
lieue et demie de Caen, et cinq quarts de lieûe du bourg
d'Evrecy.
Tous les fiefs sont réunis et possédés par messire An-
toine-Jean-Gaston-Jérôme Fortin, écuyer, seigneur et
patron de Maltot. Il épousa Marguerite-Louise Saint,
veuve de Renobert de Syresme, seigneur et patron de
Banville, fille de Jean- Augustin Saint et de Marie-Anne
du Plessis du MouUn, le 23 février 1762. Antoine ci-
dessus était fils de Jean-Jacques Fortin, seigneur de Maltot,
et de Marie-Angélique Surirey de Saint- Rémy. Il présente
à la cure. Les dîmes sont perçues quant aux deux tiers
par les religieux de Belle-Etoile, et quant au tiers par le
curé. La maison du seigneur est très belle.
IlyadansPéglise deux épitaphes telles qu'on les rap-
porte ici :
Ce tombeau renferme le cœur de Messire Jean de La Cour, sei-
gneur et patron de cette église, dont Tamour de Dieu el la charité
355
du prochain ont r^lé tous les mouvements. En voulez-vous savoir
quelque chose, écoutez les pauvres, leurs regrets vous disent qu'ils
ont perdu leur secours dans leurs misères; comine leur père, il a
tftché de soulager leurs 'SoufGrances pendant sa vie ; comme leur
frère, il a voulu partager leur sépulture après sa mort. Ecoutez les
premiers de la ville qui luy ont donné la naissance, leur douleur
vous apprend que cette perte est funeste à toute la Province : elle se
louait tous les jours du zèle qu'il avait pour son service, et pour le
repos des familles les plus troublées. Ecoutez ses amis, leurs larmes
sont des preuves du mérite de Celuy que la mort leur a ravi ; ils
prenaient son conseil dans toutes leurs affaires; ils en recevaient de
la congratulation dans les bonnes, de la consolation dans les mé-
chantes ; enfin la probité d'un gentilhomme, l'intégrité d'un juge, la
piété d'un chrétien, ont fait le cours et la consommation de 68 ans.
Passant, son exemple, et peut-être la reconnaissance, vous invitent
de demander à Dieu la récompense des travaux qu'il a soutenu
jusqu'au huit d'octobre 1662. Mais surtout sa famille désolée vous
conjure de vous souvenir que ce triste monument est moins élevé
pour attirer vos regrets que vos prières.
Hic jacet Joannes Hermant sacerdos, et hujus ecclesùe parochus,
resurrectionem expectans et immutationem, vir pietatis non ficte^
non vulgaris doctrinse pastor, multa in lucem edidit, plura scripsit,
plurima collegit, multa pie, plura erudite, curîose plurima, annis,
labore, morbo confectus, corpus humo, animam Deo sciens ac lu-
bens resignavit, idibus novembris, Anno a Christo nato m, d. gcxxv.
statis su» Lxxvi. Requiepcat in pace. Hora venit.
Yves d^ Allemagne donna quelques terres ou rentes sises
à Maltot au prieuré de THôtel-Dieu de Caen, selon la
bulle de Innocent III, de Tannée 12 10 (i).
Guillemette de Malherbe, dame de Maltot, eut de son
mari, Richard de La Rivière, seigneur de Gouvis, Ber-
trand de La Rivière (2). La généalogie de la maison de La
(i) Hist. Harcourt, t. 1, p. 314.
(a) Hist. Harcourt, t. I, p. Sgi.
15^
Rivière, dit qu^Enguerrand de La Rivière, I^ du nom,
chevalier, seigneur de Rommilly, Mesnil-Saalles, Le Mcs-
nil-Aumont, Gouvis, vivait en 1 387 avec cette dame de
Maltot sa femme, et que son successeur fut Enguerrand
de La Rivière, II« du nom.
Jean de La Cour, écuyer, seigneur du Buisson et de
Maltot, viconte de Caen, épousa le 23 mai 1584,
demoiselle Jeanne Hérault, veuve du sieur Le Doulcet,
seigneur de Pontécoulant. Il fut père de Louis qui suit
et de Rolland, propriétaire par sa mère de la sergenterie
de Hérault (i).
Louis de La Cour, seigneur de Maltot, viconte de Caen,
après son père intendant de delà-les-Monts, président au
conseil souverain de Pignerol, ambassadeur en Suisse et
conseiller d'Etat. Il épousa Catherine de Morel, dame de
Manneville, et il en eut : Thomas de La Cour, seigneur de
GarceUes,morten 1686, laissant de sa femme Marie Fusée
de Voisenon : Jacques de La Cour, conseiller au Parle-
ment, maître des requêtes, en faveur duquel les fiefs de
Balleroy, Le Tronquay et Vernay furent érigés en mar-
quisat sous le nom de La Cour-Balleroy, par lettres du
roi, 1 704.
M. Jean Tesson, chevalier, seigneur et patron de
Maltot, vivait en i356, selon le Livre Pelut de l'évêché.
Jean Hermant, curé de Maltot, dont j'ai rapporté Tépi-
taphe ci-devant, était natif de la paroisse de Saint-Jean
de Caen, où ses parents, bons bourgeois, fabriquaient
des bas au métier. Il fut nommé à la cure de Maltot en
1689; il y mourut en 1725^ laissant une nombreuse
bibliothèque. Il a composé ou traduit un assez grand
nombre d'ouvrages :
(1) Armoriai général de la France, XXIIl» reg., Ire p., p. 6.
357
I» Le Bon pasteur, ou Vidée, le devoir ^ l'esprit et la
conduite des pasteurs^ àe M. Optraëtde Malines, traduit :
2 vol. in- 12;
20 Homélies sur les Evangiles de tous les dimanches
de Fannie pour le soulagement de ceux qui sont char-
gés de la conduite et de Pinstruction des dmes, 2 vol.
in-12;
3** Réflexions chrétiennes et morales-,
4* L Histoire des conciles, contenant en^ abrégé ce
qui s'est passé déplus considérable dans V Eglise, depuis
sa naissance jusqu^à présent r ensemble les canons de
V Eglise, et V abrégé chronologique de la vie des papes:
avec les notes pour l'intelligence des canons obscurs et
difficiles, les déclarations des assemblées générales du
clergé de France sur les points de discipline, celles du
Roy sur la même matière, pour le maintien de la juri-
diction ecclésiastique. A Rouen, 4 vol. in-12. Le pre-
mier volume parut en 1698, les autres en 1699. II y en
a eu plusieurs éditions ;
50 Histoire des Ordres Religieux et des Congréga-
tions régulières et séculières de F Eglise, avec Véloge
et la vie en abrégé de leurs saints patriarches, et de
ceux quiy ont mis la réforme, selon Fordre des temps.
Le catalogue de toutes les maisons et couvents de
France^ le nom des fondateurs et fondatrices, et les
années de leur fondation. 4 vol. m- 12. Rouen, 1710.
Le P. Pierre Heyliot, religieux, auteur de l'Histoire
des Ordres Monastiques, donna, en 1710, une lettre sur
la Nouvelle Histoire des Ordres monastiques de M. Her-
mant, curé de Maltot en Normandie, dans laquelle il
donne le plan de celle qu^il a publiée depuis.
Dans la préface de son Histoire des ordres monaS"
35»
tiques, religieux et militaires, il parle ainsi de celle de
M. Hermant(i).
« L'Histoire des ordres monastiques de M. Her-
mant, curé de Maltot, en Normandie, parut en i vol.
in-i2, en 1697. Il 7 a omis beaucoup dbrdresdont il ne
parle en aucune manière, s'étant contenté, en passant, de
marquer la fondation de quelques autres qui «sont très
considérables, et qui méritent une description plus ample
de leurs établissements, aussi bien que des vies de leurs
illustres fondateurs. C'est ce que Ton croyait trouver dans
la seconde édition de cette histoire qu'il a donnée en
1710, en4vol. Une augmentation de 3 vol. semblait
devoir être considérable, et renfermer tout ce qui man-
quait dans la première édition. Si Ton avait été surpris
de voir dans cette première édition que M. Hermant avait
avancé que TOrdre de Saint-Jean-de-Dieu avait été ap-
prouvé par le pape Léon X, quoique cet ordre n'eut
commencé que 5o ans après la mort de ce Pontife, s'il y
avait assuré que saint Jean-de-Dieu avait été canonisé par
le pape Innocent XII, quoiqu'il n'y ait personne qui ne
sache que cette canonisation ait été faite par Alexan-
dre VIII, s'il avait donné pour fondateur aux Humiliés,
saint Jean-de-Méda l'an 1196, quoiqu^il fut mort dès
1 1 59, et qu'il eut été canonisé par le pape Alexandre III
qui mourut en 1 181, on s'attendait que ces fautes, et un
très grand nombre de cette même espèce auraient été au
moins corrigées dans la seconde édition ; mais il semble
qu'il se soit fait un scrupule d'y rien changer. Les aug-
mentations qu'il a faites consistent seulement en ce qu'il
s'est plus étendu sur quelques vies de fondateurs qu'il
n'avait fait dans la première édition, en ce qu'il a donné
(l) P. II-I2-I3.
359
des catalogues de monastères de France, qui se trouvaient
déjà imprimés, pour la plupan, dans la clef du grand
pouillé de France par M. Doujat, et qui pourraient même
faire un des quatre volumes, si on les réunissait ensemble;
encore surpasserait-il le plus gros de 5o ou 60 pages; et
en ce qu^il a ajouté de nouveau,* mais en petit nombre;
quelques ordres et congrégations dont il n'avait point
parlé dans la première partie. »
6® L'Histoire des Ordres militaires de VÉglise et
des Ordres de chevalerie de VEuropey i vol. in-i 2 ;
7® Histoire des Hérésies^ où Von verra, par ordre
alphabétique le nom et Fhistoire des hérésiarques qui
ont troublé VEglise depuis la naissance de J.^C,
jusqu^à présent, et les erreurs qu'ils jr ont répandues ;
avec un traité qui résoud plusieurs questions générales
touchant Vhérésie^ traduit du latin d^ Alphonse de
Castro, 3 vol. in-12, à Rouen, 171*2.
Pour rendre cette histoire d^un plus grand usage,
M. Hermant ajouta dans une troisième édition, Y His-
toire du schisme d' Angleterre j sous le titre de Religion
Anglicane, et d'ailleurs il y rapporta plusieurs proposi-
tions que la faculté de théologie de Paris a censurées dans
ces derniers siècles, et qu^il importe de connaître, quoi-
que la plupart de ceux qui qui les ont avancées, se soient
soumis sans réserve aux décisions de cette sage et célèbre
Université;
S° Sermons sur les Mystères, avec plusieurs pané--
gyriques des Saints. Rouen, 2 vol. in-12, 1716;
90 Histoire du Diocèse de Bayeux, première partie,
I vol. in-4*. A Caen, 1705. Elle contient Phistoire des
évéques de Bayeux, des doyens^ et autres hommes illustres
du diocèse.
360
M. Hermant avait promis dans sa préface d'y joindre
deux autres parties dont Tune traiterait des abbayes,
prieurés, et une notice générale de tous les bénéfices du
diocèse, avec ce qu*ii y a de plus digne de remarque dans
tous les lieux; et Tautre devait contenir Thistoire des
villes et des bourgs du même diocèse, avec les fondations
des Ordres et maisons religieuses qui y sont établies;
mais apparemment que le défaut de matériaux, et peut-
être le peu de succès de la première panie, qu^il n'avait
pas assez châtiée, le rebutèrent et Tempéchèrent d'achever
un travail si utile pour le diocèse de Bayeux.
Martragny (Notre-Dame de). Sergentcric de Creully,
élection de Caen, 57 feux, 260 communiants, notariat de
Creully.
Cette paroisse est située à la gauche du chemin de
Bayeux à Caen. Elle est bornée au nord par les paroisses
de Ruqueville et de Vaussieu; au midi par Carcagny, à
Torient par Coulons, et à l'occident par Vaux-sur-SeuUes.
Son nom vient, selon quelqu'uns, de ces deux mots :
Martyrium agni. Elle est à une lieue et demie de
Bayeux.
L'église, assez bien bâtie, est placée à l'est de son terri-
toire. La cure est divisée en deux portions. L'abbé de
Longues présente à la première, et Tabbé de Lessey à la
seconde. L'abbaye de Lessey possède la moitiéde la dîme;
celle d'Aunay et le Chapitre de Bayeux partagent l'autre
moitié. Le chapitre a cédé en \j55 son trait à un des
curés; mais il y perçoit encore 18 boisseaux de froment
de rente foncière.
En l'année 1208, Guillaume Bacon, sire du Molay,
aumôna à l'abbaye de Longues le droit de patronage qui
lui appartenait en l'église de Martragny, et confirma par
la même chartre la cession que Simon Bacon, son frère,
avait faîte précédemment à la dite abbaye, du patronage
de Vaussieu. Notum sit omnibus tant presentibus etc.
quod : ego Willelmus Bacon de Moleïo filius Rogerii
Bacon... dedi et concessi Deo et ecclesice B* Mf de
Longis, et monachis ibidem Deo servientibus\ totumjus
quod kabebam in illa medietate ecclesiœ S* Af^ de
Martragneïo, quœ admeam presentationempertinebat,
in puram et perpetuam eleemosinam, ipsis monachis
libère et quiète cum omnibufi pertinenciis suis possiden--
dum,... prœterea ratam et gratam habui donationem
quam Simon^ /rater meus, fecit prœdictœ ecclesiœ et
prœfatis monachis de Longis^ scilicet, de medicetate
ecclesiœ S*' Philippi apostoli de VauceUo, quœ ad
ipsius presentationempertinebat ( i ) .
Guillaume Bacon avait une sœur nommée Alix qu^il
maria à Guillaume Hamon, et il lui donna en mariage le
iief, terre et seigneurerie de Martragny par chartre de
Tannée 1226 (2) : Notum sit omnibus quod ego Willel^
mus Bacon, miles dominus de Moleio^ dedi et concessi
Willelmo, filio Hamonis^ militi, cum légitima sorore
mea in maritagio, totum tenementum quod ego, et mater
mea habebamus apud Martragneîum cum omnibus per^
tinentiis tenementi. . , Depuis ce temps-là, ce fief a porté
la dénomination de : Hamon, tantôt il est appelé le Fief
de Martragny ^ui fut Hamon, tantôt le Fief Hamon ou
Martragny. Dans le zv' siècle, N . de Vassy qui le représen-
tait fut reconnu par ses vassaux seigneur de Martragny.
Sur la fin du xvi« siècle, Louis de Tbioult, sieur de Ru-
(i) Ex Cartul, abb. de Longis,
(a) Mém, de M. de GrimowUle pour la seigneurerie de Mar^
tragny, p. 4.
362
qoeville et de Vaussieu, fit Tacquisition du fief de Mar-
tragnj-dit-HainoD. Ce fut en iSg6 qu^îl fiit vendu par
Jacques de Vassy, par le prix de i,ooo écus d'or, et
66 écus deux tiers de rente par chacun an. Jacques de
Thioult, héritier de Louis, a toujours conservé la qualité
de seigneur et patron de Martragnj, et cette qualité a été
constammenl prise par le dernier de cette famille dans
tous les actes publics, jusqu^n Tannée 1705. Cest au
droit de ceux-ci qu^à succédé par acquisition M. Henri
de GrimouviUe-Larchant, chevalier, seigneur et patron
de Martnigny, chevalier de Tordre militaire de Saint-
Louis, ci-devant capitaine de cavalerie au régiment
d'Orléans (i).
Il parait un certain contrat de i36o par lequel Guil-
laume de Qngal vendit à son frère le fief, terre et seigneu-
rerie de Martragny. Cela doit s'entendre du fief de La
Quièze, sis à Manragny, que Guillaume de Villiers,»son
auteur, donna en mariant sa sœur à Thomas du Bois,
en 1413. Ce fief est cité dans les lots faits en 1377, entre
les héritiers de Jeanne Bacon, car le premier objet qui
s^y présente, c^est le fief ou baronnie de La Quièze, et dans
rénumération des arrières-fiefe, on en trouve un séant à
Martragny, et il est dit que ce fief est tenu par Foulques
de CreuUy. Par contrat passé devant les notaires de Caen
le 26 avril 16 14, Charles de Cingal, sieur de Ducy, ven-
dit ce fief à M. Gilles Hallot, avocat du foi à Caen, et
lui donna mal à propos la dénomination de fief de Mar»
tragny. Cela occasionna en 1679 un procès entre Jean-
François Hallot, écuyer, premier avocat du roi au bail-
lage et présidial de Caen, et M. Arthur- Antoine de
(1) Mim. de M. de GrimowiUe pomr la seigneurie de Mar^
tragny, p. 6. 7 et suiv.
3^î
Thioult, chevalier, seigneur et patron de Ruqueville',
Vaussieu et Martragny. Ce fief et terre de La Quiëze
furent saisis réellement en 1682. Le sieur de Thioult se
présenta à Tétat, et prit la qualité de seigneur et patron
de Martragny, qualité qu^il n^a cessé de prendre jusqu^à
sa mort, arrivée en i7o5; qualité qu'après lui le sieur de
Vaussieu et la dame de Ver ont prise sans aucun contre-
. dit dans les gages, pièges et aveux. Elle était femme du
baron de Ver, seigneur et patron de Martragny, et elle
mourut en 1724.
Nous venons de voir que le fief de La Quièzesisà Mar-
tragny avait appartenu à Jeanne Bacon, dame du Molley.
. Ce fut sous cette qualité que, par chartre du 24 juin
i369', la dite dame du Molley et de Villers-Bocage céda
et transporta à M. Tévéque de Bayeux et à ses suces-
seurs « toute et telle portion de dîmes, comme ellepossé-
dait en fief lai en la paroisse de Martragny, et ailleurs
si elle s^y étend, tous les droits et seigneureries gui à
ce appartiennent f sans faire exception ni retenue
aucune, »
Pour rintelligence de ces faits, il fiiut remarquer qu'il
y a à Martragny 3 fiefs : le fief de Lessay, le fief de La
Quièze, auquel est attaché le droit de haute, basse et
moyenne juridiction, et le fief Hamon, regardé comme le
fief dominant. Le premier est en la main des Abbés et
Religieux de Lessay, et les deux autres appartiennent à
messire de Grimouville-Larchant, décédé le 3o décembre
1 764, âgé de 72 ans, et enterré le 1 1 janvier 1 765 au chœur
de Martragny. Il a fait bâtir en ce lieu une maison seigneu-
riale fort jolie, avec des avenues tendantes à la grande
route de Caen à Bayeux. Il a eu procès par rapport à
plusieurs droits seigneuriaux avec messire Henri-Jean-
François Daniel, chevalier, seigneur et patron de Gran-
3^4
gués, fik du président de Grangues. C'est de son mé-
moire que j'ai tiré une paniedes faits rapportés ci-devant.
Jacques-François Daniel, seigneur du lieu et de La Quièze-
en-Martragny, seigneur haut justicier de la même
paroisse, chevalier de TOrdre de' Saint-Lazare, décédé le
6 février 1743, et enterré à Martragny.
Le paroisse de Martragny renferme dans son territoire
une moitié du hameau de Saint-Léger^ dont Tautre partie
est sur la paroisse de Carcagny. Il y a une chapelle de
même nom qu'on croit avoir été succursale de Martragny.
Elle appartient à Pabbaye de Saint-Sauveur-le-Viconte,
dont un des religieux la possède. Dans la chartre que
Henri II, évéque de Bayeux, accorda à la dite abbaye
pour la confirmation des biens qui lui avaient été aumô-
nes dans son diocèse, on trouve : ex donatione Willelmi
filii Radulphi, cum assensu Hugonis fratris sut, capeU
lam S** Leodegarii^e-hospitalaria, apud Martigneium^
cum omnibus ad illam pertinentibus^ et nundinas quas
Henricus filius Mathildis rex Angliœ contulit eis ibi-
dem, annis singulis, in festo S** Leodegarii in perpe--
tuum obtinendas (i). A en croire le Livre Pelut de l'évé-
ché, rédigé vers i356, le hameau de Saint-Léger formait-
une paroisse. Voici ce qui est rapporté sous Tartide du
doyenné de Maltot : Prior iS*»* Leodegarii : abbas S'* iSa/-
vatoris patronuSy Ecclesia S*" Leodegarii abbas S^ Sal*
vatoriS'Vicecomitis, et deservitur per religiosum.
Ce hameau est sur le grand chemin de Bayeuxà Caen.
RiMel (Saint-Martin de). Sergenterie de Bemières,
élection de Caen, 98 feux, notariat de Caen.
Son' territoire est borné au midi pour I4 plus grande
(i) Ex Cartul. abbat. Sa Saibfaiaris,
partie par celui de Rotz; au nord par celui de Cairon;
au levant par celui d'Authte, et au couchant, il est par-
tagé de celui de Lasson vers le milieu, par la petite
rivière de MQe, et ensuite par un coulant d^eau dit : le
Conet.
Il est divisé en deux villages. Le premier et le plus
considérable s^étend contre Lasson des deux côtés de
Téglise, qui est à peu près au milieu, et s^appelle Rosel,
Rosellum. Il contient 58 Samilles. Le second, nommé
Gruchy, est situé au levant contre le territoire d^Authie,
à demi-lieue de l'église paroissiale et à une lieue et demi
de Caen; il contient 38 familles. Au milieu de ce dernier,
il y a une chapelle du titre de Sainte-Anne, qui certaine-
ment n^est point chapelle domestique^ et n'a point de
titulaire, parce qu'on n'en connaît point les fonds. Le
prieur-curé de Rosel, y fait de temps immémorial
Toffice divin le jour de la fête de Sainte-Anne. Il y a
aussi une grosse ferme et un petit fief dit Durgefer; ils
appartiennent Tun et Tautre aux héritiers de feu M. d'An-
chin, écuyer, seigneur de Saint-Louet.
Ce petit fief relève de celui de Rosel^ et celui de Rosel
relève du château de Tilly. La seigneurie de Rosel est ès-
mains de messire Jean-Michel Dumont, écuyer, seigneur
et patron honoraire de Rosel, gentilhomme commensal
de Mgr le duc d'Orléans, ancien capitaine au régiment
de Berry.
L'église paroissiale est à 2 lieues de Caen. On y tient
depuis longtemps la conférence du doyenné de Mal-
tôt. Sur la fin du xrv* siècle ou au commencement du xv«.
Philippine de Rosel, à laquelle appartenaient les églises
de Saint-Pierre et de Saint-Martin de Rosel, ainsi que
les dîmes de cette paroisse, aumôna les unes et les autres
à Nicolas, prieur de Plessis-Grimoult et à ses religieux.
)66
Le priour, commaadataire perçoit encore les dîmes de
ce lieu, et présente au bénéfice qu'il fait desservir par un
chanoine régulier de Saint-Augustin. Quant à Téglise de
Saint- Pierre, on ne sait point le temps qu'elle a cessé
d'exister. On voit un acte des paroissiens assemblés en
commun, en 1675, par lequel ils autorisent quatre ou
cinq d'entre eux à faire l'échange du cimetière de Saint-
Pierre, contenant une vergée et demie, contre trois
vergées qu'un des habitants cédait pour le trésor de
Téglise de Saint-Martin.
Raoul de Clinchamps, et Hugues son frère, donnèrent
au prieuré de THôtel-Dieu de Caen quelque revenu
qu'ils avaient en la paroisse de Rosel, selon la bulle
d'Innocent III de l'année 12 10 (i).
Il paraît certain que la maison de Rosel, en Nor-
mandie, tire son nom et son origine de cette paroisse.
Henri II, roi d'Angleterre, dans la chartre confirmative
qu'il accorda à l'abbaye de Saint-Étienne de Caen,
s'exprime ainsi [2) : « Concéda donum quodfecit Gisle-
bertus abbas, in feuium Hugonis du Rosel, de terra
quant pater ejus, dédit S^ Stephano, quando in eodem
loco monachus ipse effectus est, tait conditione, ut ipse
Hugo îndefaceret cum alio feudo^ quod de eodem S'^
tenet, conveniens servitium; et ob hoc, dédit idem Hugo
S'^ StephanOj in eleemosynam, unam virgatam terrœ et
duos partes decimœ^ de tota terra sua de Rosel et de
Groceïo ;• Convenit etiam idem Hugo quod ipsam deci^
mamfaceret ad domum reddi decimatoris S*' Stephani
et eam aquietaret de omni calumnia, et de his supra-
dictis/eodis, scilicet de Grainvilla et de Groceïo, secun--
(1) HisLHarc, t. I, p. 314.
(2) Neust. Pia, p. 63i.
367
dum horreum ecclesiœ; » et plus bas ( i) : c Rogerius de
Rosel vendidit Gisleberto abbati, concedente Normaniœ
comité, pro XV libras census, allodium suum totum,
quod habebat in Rosel, iali conditione ut cum defuncto
teneret per taie sérvitium, quale antea ex eo comiti
reddebat, concedente Roberto filio suo. »
Rot:( (Saint-Ouen de). Scrgenterie de Bernières, élec-
tion de Caen, 226 feux, 900 communiants, notariat de
Caen.
Cette paroisse, située à une (2) lieue nord-ouest de Caen,
est titrée de baronnie, lequel appartient tant au spirituel
qu^au temporel à l^bbaye de Saint-Ouen de Rouen. Cette
abbaye possède la baronnie (3), le patronage et les dîmes
de Rotz, par le don que lui en lit Richard I, duc de Nor-
mandie, vers Tan 980 ou 989, pour faire la garde des
reliques de Saint-Ouen de Rouen (4).
L^an 1098, ou plutôt 1092, selon la Neustria pia,
Helgot étant abbé de Saint-Ouen de Rouen, l'exemption
de Rotz ayant été mise en question par Odon, évéque de
Bayeux, par accord fait sur le procès intenté, il reconnut
quVUe était possédée à juste titre par les religieux de
Saint-Ouen, et en vertu des bulles et des concessions du
pape Jean XII; et ainsi les moines restèrent en une
bonne et paisible possession.
Ce n'était pas la première fois que Pabbé de Saint-
Ci) //««/. Pia., p. 636.
(2) L'éditeur demande à mettre ici : dix kilomètres.
(3) La baronie de Rots était du temporel de l'abbaye de Saint-
Etienne de Caen.
(4) Hist. du dioc, de Bayeux, p. 124. — Neust. Pia, p. ai. —
Hist. de Vabb. de Saint-Ouen de Rouen, liv. III, p. 258. — GaL
Christiana, t. XI, col. 143. 1
368
Ooen avait été attaqué poor la terre de Rotz. L'historien
de Tabbaye rapporte sur la foid*un manuscrit une singu-
lière aventure arrivée à ce sujet, ob Ton n^a pas oublié le
merveilleux, suivant la coutume de ces temps-là, sous
l'abbé Nicolas de Normandie, qui siéga depuis 1042 jus-
qu'en 1092 (i).
< Il se passa, dit l'écrivain, du temps de cet abbé une
chose ménu)rable qui est amplement déduite dans les
manuscrits de ce monastère, d^oti je la tirerai pour la
donner tout au long dans mon cinquième livre. Quelques
courtisans, mal affeaionnés aux religieux de Saint-Ouen,
persuadèrent au duc Guillaume-le« Bâtard, d*ôter à
Tabbaye la dime du village de Rotz,' jpour la donner à
Tarchevéque de Dol, de quoi les moines étant avertis
Tallèrent saluer, et lui remontrer qu*il ne pouvait pas en
conscience dépouiller leur monastère pour en enrichir cet
archevéq^ue, à qui il lui était aisé de faire d^autres grâces;
mais comme le duc était encore jeune, et quMl avait
l'esprit préoccupé des conseils de leurs ennemis, il ne
leur fit point de réponse favorable. Les religieux ne se
rebutèrent point pour cela, mais résolurent de lui faire
une seconde remontrance, et afin de la rendre plus effi-
cace, de prendre les reliques de Saint-Ouen et de les por-
ter au palais de ce prince, ce qu^ils firent; mais le duc
ayant appris quMls le venaient ainsi trouver en proces-
sion, fit fermer toutes les avenues du palais. Les religieux
ne laissèrent point d^avancer, et, animés d'une vive foi,
s^allèrent présenter devant une certaine porte qui avait
été condamnée depuis longtemps et bouchée de terre, de
sorte qu^il n*y avait pas d^apparence qu'ils y pussent pas-
ser. Toutefois, Dieu fit un miracle en leur faveur, car les
(i) Hist, du dioc. de Bayeux, p. 253-a54.
3^9
saintes reliques en ayant été approchées, la terre tomba et
la porte demeura libre et ouverte, si bien quMls entrèrent
facilement dans le palais. Le duc ayant vu cette merveille,
leur rendit leurs dîmes; en suite de quoi un seigneur de la
cour nommé Hugues, qui était breton, et qui avait con-
seillé au prince de faire cette fausse libéralité, étant aussi
touché de ce prodige, offrit un présent sur Tautel du
saiat qui le rejeta visiblement; ce qui Payant obligé de
penser à sa conscience, il crut que le saint refusait son
offrande à cause qu^il avait usurpé une partie de cette
dîme de Rotz, laquelle il restitua aux religieux. »
Uabbaye de Saint-Ouen jouit dMne exemption, à
regard de la baronnie de Rotz; il est vrai qu'on Va con-
testée à diverses reprises, mais le monastère a été main-
tenu dans la pleine et entière possession de ce droit par
plusieurs arrêts contradictoires qui se voient dans ses
archives; ^e sorte quVncore aujourd'hui Tabbé de Saint-
Ouen y a un grand vicaire, un officiai, un promoteur, et
autres officiers qui y exercent la juridiction spirituelle
sur les paroisses qui dépendent de la dite baronnie.
« Une chose bien remarquable. . . aux bourgs de Rotz
et Bretteville-POrgueilleuse , sur le grand chemin de
Caen à Bayeux, c^est que combien qu^il n'y ait aucun
cours d'eau ni fontaines, mais seulement des puits bien
profonds, toutes fois en temps d^été, au plus grand chaud,
et que les terres sont les plus sèches et arides. Ton y voit
sourdre et courir des plus claires et froides fontaines
à fleur de terre qui se puissent voir; qui font un grand
canal qui passe par Le Bessin jusqu^au bourg de Douvre
et à la mer, le quel canal on appelle VitoUard, qui n'est
pas ordinaire, et quand il court, les anciens du pétys pré-
24
Î70
disent quMl y aura charte Pan en suyvant, ce que Ton
voit souvent advenir ( i ). •
Le récit de M. de Bras est-il bien juste au commence-
ment, quand il dit qu'il n^y a ni cours d^eau, ni fontaines
à Rotz ? Il est constant que la petite rivière de Mue prend
sa source de ce côté là, d^oti après avoir traversé plusieurs
paroisses, elle va se mêler avec la SeuUe à Réviers.
L'abbaye de Saint-Étienne de Caen doit avoir du
revenu à Rotz, puisque dans la chartre confirmative que
lui accorda Henry II, roi d'Angleterre, il le marque
expressément (2) : « Concedo etiam S^ Stephano homines
de Rot\ et de Ceux, liberos, solidos et quietos ab omni
exercitu et carrugio, et geelth et collecta) ut expediti
sint ad portanda et paranda cibaria, et omnia alia
necessaria numaçhis iniH Deo servientibus. » Cette
abbaye a la baronnîe de Rotz avec ses appartenances et
dépendances, avec extension à Colomby, Amblieet Bray;
elle y a aussi le demi-fief Aux-Demoiselles (3), demi-fief
de chevalier, avec extension en plusieurs villes et paroisses,
ayant appartenu auparavant à Guillaume Semion, k
cause duquel fief cette abbaye a droit de patronage à la
chapelle du manoir du dit fief.
Norrey, membre de la paroisse de Rotz, a son terri-
toire et ses habitants particuliers et distingués de ceux de .
Rotz, tant au spirituel qu^au temporel. On y compte au
moins 42 feux. L^église oti se fait Toffice pour ceux-ci est
grande et magnifique. Elle a des bas-côtés. Elle est sous
(1) AnJtiq, de Caen, par de Bras, p. 39.
(a) Neust. Fia, p. 629.
(3) Alias : Aux-Pucelles. (L'éditeur est de Rots!)
371
• rinvocation de la Sainte-Vierge. Cette succursale est au
midi du territoire de Rotz.
Il y a encore à Rotz une chapelle appelée Notre-Dame
de LoniiLas qui pourrait bien être ce que le Livre Pelut
nomme : Eclesia de Urticetis, et à laquelle il donne pour
présentateur Guillaume Siméon, écuyer. Si elle a jamais
été une paroisse, elle n'existe plus aujourd'hui sous cette
qualité. Le Livre Pelut marque que de son temps elle
avait i5 livres de revenu. Ce revenu consiste à présent
en un trait de dime à Rotz, une vergée de terre, environ
une demi-acre de pray, tout proche de la chapdle;
lo acres de terre à Cheux, proche de Saint-Manvieu, et
40 boisseaux de ftx>ment; de la terre à Saint-Germain-de-
la-Blanche-Herbe, et 3o boisseaux de froment, et quelques
autres biens, à ce que Ton dit, dans le pays de Caux (i).
Guillaume de Vaspail, célèbre abbé de Fécamp dans
le xui« siècle, était né à Rotz (2). C'était un religieux dis-
tingué par sa piété et son érudition. Vir apprime litte^
ratus, eximiœ quœ religionis et honestatis. Étant prieur
de Tabbaye de Saint«Ouen : A Romano S. R. E. Cardi-
nale iegato, ad monasterii Fiscanensis regimen
assumptus est Anno Christi 1228; à quo prœfuit annis
XXX utilissime. Il fut du nombre des prélats que le pape
Grégoire IX convoqua nommément au Concile général
de Latran contre l'empereur Frédéric II.
Ruqueville (Saint-Pierre de). Scrgenterie de CreuUy,
élection de Caen, 21 feux, notariat de CreuUy, 90 com-
muniants.
C^ne petite paroisse est située entre celles de Coulons
(1) Extrait d*un manuscrit du ^ecrét. de Bayeux.
(2) AT^Mj^ Pw, p. 64-237.
572
et de Vaussieu, à cinq quarts de lieue de Bayeux ; il en est
fait mention dans la chartre de fondation expédiée en
1082 à Tabbaye de Sainte-Trinité de Caen. Elle porte
que Turstin Hasdulph seigneur de Carpiquet, donna k
cette abbaye : terram umus carrucœ... in Ruscavilla. Le
seigneur nomme à la cure. Le curé perçoit la moitié de
la dîme. Les abbayes de Saint-Étienne de Caen et de
{«"écamp partagent l'autre moitié. Le seigneur de Maisy
était en 1 356 seigneur et patron de Ruqueville ( f ).
Il y a 2 fiefs, à Tun desquels est attaché le patronage
avec les honneurs de Téglise; Pun relève de la seigneu-
rerie de Sainte-Croix-sur-Mer, Pautre de la châtellenie
de Beaumont*le-Richard, à laquelle il doit une paire
de gants blancs, et un écheveau ou petit poids de soie,
au terme de Saint-Michel, selon Taveu du 16 octobre
1463, rendu par Raoul Pèlerin, écuyer, sieur de Ruque-
ville, qui déclare en relever par un quart de fief de
chevalier; sentence rendue par le sénéchal de la châtel-
lenie de Beaumont du 1 1 juillet 1498, qui enjoint à Jean
Le Sens, écuyer, de bailler aveu de cette terre à Michel de
Hotot, seigneur de Beaumont, et cependant délivrance
de son fief vu qu'il en avait fait hommage (2). Il le ren-
dit le 23 avril i5i2, faisant mention d'un huitième de
fief appelé Le Bourgueil, assis à Creully et à Saint-Gabriel,
lequel dépend de Ruqueville.
Jean de La Luthumière, baron du lieu, et sa femme,
passent à Jean de La Mare, pour bailler aveu de Ruque-
ville, une procuration devant le notaire royal de Nehou
le II décembre 1547. Cet aveu fut rendu le 22 janvier
suivant. Jean Le Sens, écuyer, passe depuis une procura-
(1) Ex Lib. Pelut.
(2) Invent, des titres de Beaumont, ch. III.
375
tion datée devant les tabellions de Saint-Pierre-sur-Dive
le 17 novembre iSgô, à Charles de Faoucq, écuyer, sieur
de Monts, pour rendre aveu de Ruqueville. Jean Le Sens,
fils Jean, le rend le 19 juillet 1597. Délibération par les
parents de Jean Le Sens, écuyer en baillage à Caen le
26 octobre 1 699, pour passer le dit Le Sens, âgé et libre en
la négociation de son bien. Pareille procuration passée
par Charles de Cairon, écuyer, tuteur de François Le
Sens, écuyer au tabellionage de Creully le i^ juillet
1602, pour bailler aveu de Ruqueville; pareille procu-
ration passée par François Le Prévost, écuyer pour lui et
la demoiselle sa femme, pour bailler aveu de la dite terre
en 1622. Aveu rendu le 20 août 1643 par Jacques de
Thioult, chevalier de Tordre du roi, seigneur et patron
de La Luzerne, Vaussieu, Martragny et Ruqueville. Il
avait nommé à la cure de Ruqueville le 20 décembre
1640(1). Jacques de Thioult, dit le marquis de Vaus-
sieu, colonel du régiment d'Auxerroîs, chevalier de Saint-
Louis, seigneur de Ruqueville, Vaussieu, Martragny,'
décéda à Ruqueville, le 6 février 1703, âgé de 66 ans,
sans enfants de Marie-Anne Bénard de Maisons, morte à
Bayeux le 4 avril 1764. Messire Louis-Gédeon de Chy-
vré, prêtre, curé de la paroisse de Sotevast, diocèse
de Coutances, seigneur et patron de Saint-Pierre-de-
Ruqueville, y nomma aussi en septembre 1759. Son
neveu est Henri-François-Guillaume de Chyvré, seigneur
et patron de Sotevast, Sainte-Suzanne, Viette, Loucelles
et Ruqueville en 1 766.
Saint^Contest. Banlieue et élection de Caen, 140 feux,
5oo habiunts, notariat de Caen, 500 communiants.
(i) Reg. de l'Évêché.
J74
Cette paroisse, sttaée en rtse campagne, est à une li^e^
de Caen. Il y a 5 hameaiuc : — • i» le hameau de Saint*
Contest, où est Tégliae paroissiale, est au centite de là
paroisse, et bordé à une de ses extrémités par lechemin de
CreuUy à Caen ; ^ 2* Baron, le plus grand et le plus nom-
breui, est à un quart de lieue au couchant de PégMw; ^
3^ Galmanche est au levant d'été, et à uti quart de lieue de
l'église ; — -4<' Mal<Mi au levant d^hiver, et à demi-quart de
lieue de Péglise, est sur le bord de la rue de La FoUie,
hameau dépendantde Saint*M artin de Caen,et bordé d'ail-
leurs par Couvrechef, le dit hameau dépendant de Saint-
Gilles de Caen ; — et 5<» Bitot au soleil de deux heures; et
à pareille distance de Téglise, est borné par ses deux extré-
mités de deux chemins, la plus proche de l'église par le
chemin de CreuUy à Caen, l'autre extrémité ,par le
chemin qui s^are le terrain de Saint-Contest d'avec
Saint-Germain, et qui conduit de Caen à Rosel.
L'église est exempte de la visite de l'archidiacre, moyen-
nant 8 livres lo sous de rente qu'elle fait à cet archi-
diacre. La cure est un bénéfice régulier desservi par un
Prémontré, à la nomination de l'abbé d'Ardenne. Ce pré-
sentateur a les grosses dîmes; le prieur-curé perçoit les
menues.
L'ancienne chapelle de Saint-Marc, proche le hameau
de La FoUie, sur Saint-Contest, avait été ruinée par les
Protestants pendant les guerres civiles (i). Jacques Des*
champs, écuyer, conseiller élu à Caen, la fit rebâtir dans
l'enclos de sa maison, où elle était ci-devant, et y affecta
un fond de 3o livres de rente pour le titulaire, à charge
d'une messe tous les dimanches, sur la permission
de MM. Mole et Servien> évâques de Bayeux, et con-
(i)Reg. derévéché.
375
firmée en 1672 par M. de Ncsmond. Le contrat de dota-
tion fut passé devant le notaire de Cairon le 17 juin
1662. Guillaume de Brieux, écuyer, tenait en 1453, de
la baronnie de Douvre par foi et hommage, nuement, un
demi-fief de chevalier assis à Saint-Contest près Caen,
Ouffreville et ailleurs, qui fut jadis à messire Guillaume
d'Aigneaux. Ce fief doit à Tévêché de Bayeux une livre
de cire, chaque année, à la Saint-Michel (i).
Jean de Bitot fit preuve de noblesse en i523 comme ^
fils de Guillaume Bitot, écuyer, seigneur de Saint-
Contest (2), dénommé en un contrat de 1475. — Fils de
Richard, fils de Raoul de Bitot.
Alexandre de Noilent, . seigneur de Saint-Contest,
épousa suivant son traité de mariage passé devant les
tabellions de Saint-Lô, le 3 mars 1408, demoiselle Jeanne
d^Aigneaux.
Jean de NoUent, avocat du roi à Caen, seigneur de
Saint-Contest et Échauffou près Troarn, par traité de
mariage du 6 janvier 1420, épousa Guillemette de Cou-
vrechef, fiUe et héritière de noble homme, Jean seigneur
de Couvrechef et de Cantelou. Il donna en 1462, ati cou-
vent des Croisiers de Caen^ une masure sise en la place de
L^Épinette. Il fit sa preuve de noblesse en 1463, demeu-
rant en la ville, banlieue et élection de Caen (3).
Gilles ou Girard de Noilent, son fils, chevalier» sei-
gneur de Saint-Contest, Bombanville, Ingy, Échaufifou
et Escoville, de son mariage passé à Bures en 1456^ avec
Philippine Le Chevalier, eut le suivant. Il est encore cité
dans les échiquiers de i Sog et de 1 5 10.
(1) Aveu deTévéché de Bayeux rendu en 1453.
(a) Hist. Harc.y t. I, p. 974.
(3) Hist. Harc,,X, I, p. 972-977.
37^
Jean de NoUent, chevalier, seigneur de Saint-Contest,
Échauffou, EscoviUe, Bombanville, Ingy, épousa Jeanne
de Houetteville, dont plusieurs enfants; Faîne fut :
Florent de NoUent, seigneur de Saint-Contest et de
Gassey» partagea avec ses frères en 1 535 et en novembre
1545. Il fit sa preuve en 1540, le 5 novembre. De sa
femme Louise de Chanceaux, dite Le Breton, il eut :
Gilbert de Nollent, seigneur de Saint-Contest, qui par
Jeanne Hédiart, sa femme, fut père de Marguerite de Nol-
lent, dame de Sassey et de Saint-Contest, laquelle fut
mariée à Charles Carv'oisin, seigneur d'Achy et Bouvières
en Beauvoisis.
La seigneurerie de Saint-Contest fut acquise depuis par
Tobie Barberie, qui étant devenu trésorier des guerres,
fut annobli en i635. Il eut un fils maître des Requêtes.
Un Barberie de Saint-Contest fut plénipotentiaire au
congrès de Cambray. Cette seigneurie appartient
aujourd'hui au fils mineur de messire François-Domi-
nique Barberie de Saint-Contest, maître des Requêtes,
intendant du duché de Bourgogne.
Le marquis de Saint-Contest, ministre et secrétaire
d^État au département des affaires étrangères, obtint de
S. M. la charge de prévôt maître des cérémonies des
Ordres de S. M., vacante par la mort du marquis de
Brezé en avril 1754.
Sainte'CroiX'Grand-Tonne. Sergenterie de CreuUy,
élection de Caen, 79 feux, notariat d'Audrieu.
Cette paroisse est située au nord'sur la grande route de
Caen à Bayeux, presque à égale distance de Tune et de
Tautre ville, c'est-à-dire de 3 lieues. Depuis qu'on a
ouvert et formé les grandes routes, on a comblé la vallée
de Sainte-Croix, lieu autrefois très dangereux par vols et
377
t
assassinats qui y ont été comtnis. On y a planté un beau
calvaire, à la fin d^une mission^ au mois de juin 17S6,
Les maisons, ainsi que Téglise, sont dans une espèce de
demi-côte, à un demi-quart de lieue du grand chemin.
Cette église vient d'être rebâtie à la moderne aux frais de
M™* de Lassey, dame de Sainte-Croix. Elle est de pierres
de taille et très propre. On y chanta la première messe le
9 octobre 1759. Les maisons se tiennent presque les unes
aux autres, et sont sur une ligne du levant au couchant,
qui a tout au plus un petit quart de lieue de long. Celle
du seigneur était autrefois fort belle, mais elle est présen-
tement en mauvais état, les seigneurs n^y faisant point de
résidence depuis longtemps.
L^abbé de Longues et Tabbesse de Cordillon nomment
alternativement à la cure, depuis la réunion qui a été
faite des deux portions par décret de M. TÉvêque de
Bayeux, en date du 12 juin 1686, sur la requête du sieur
Pierre Huvet, abbé commendataire de Longues, et de
dame Marie-Catherine de Matignon^ abbesse de Cordil-
lon. Ik possèdent Tun et Pautre, conjointement avec le
chapitre de Bayeux, les dîmes de cette paroisse.
Thomas, fils de Herbert d^ Agneaux, chevalier, donna
aux religieux de Longues : totumjus patronatus medie^ .
tatis ecclesiœ S* Crucis de Grentonis, quod meum erat
et antecessorum meorum fuerat. Témoins : Jourdain,
archidiacre de Bayeux, Jean fils d^Ermal, prêtre, Martin
de Vienne, Gervais de Loucelles, etc. Henri, évêquc de
Bayeux, confirma cette donation, présence de Henri,
chantre; Roger, chancelier; Jourdain, archidiacre;
Patrice, sous-doyen et Henri, sous-chantre (i).
Gilbert et Henri d^ Agneaux, chevaliers, souscrivirent
(i) Ex Cartul. abèat de Long,^ fol., vcrç.
378
comiTie témoins à la chartre de donation du patronage de
Vaussieu faite à Tabbayc de Longues, par Simon Bacon
au commencement du xm« siècle, vers 1208 (t). Roger et
Gilbert d'Agneaux souscrivirent également à celle que
Guillaume Bacon du Molley, frère de Simon, fit du
patronage de Martragny à la dite abbaye, en la même
année 1208.
Guillaume d'Amayé, de la paroisse de Sainte-Croix-
Grand-Tonne vendit à fin d'héritage, pour la somme de
i5 livres tournois, au doyen et chapitre de Bayeux, la
troisième gerbe de dîme qu'ail avait à prendre sur le fief de
Villers, ou Villiers, et celui de La Liserne, dans le terri-
toire de Sainte-Croix-Grand-Tonne. La chartre est de
l'an 1284 (2).
Il est dit quelque part que le chapitre de Bayeux a une
portion de la dîme de Sainte-Croix, et une cinquième
partie de toutes les autres dîmes, avec 27 boisseaux deux
tiers d^orge, une geline et 10 œufs, sur le surplus de la
dîme; et sur cette dîme, le chapitre doit payer 80 livres
au curé, le restant de la pension étant payé par les autres
décimateurs.
Suivant une chartre du roi Charles V, de Tannée 1 364,
Jeaniîe Bacon, dame du Molley et de Villers-Bocage,
légua à Tabbaye de Saint-Évroult, afin dVoîr messes
par semaine pour elle et ses parents^ tous les reveniis de
Sainte-Croix-Grand-Tonne, qui relevaient de la seigneu-
rerie de Villers (3). Elle mourut en 1376 et fut enterrée
dans la dite abbaye où elle avait élu sa sépulture.
Il y a dans cette paroisse plusieurs excellentes carrières
(i) ExCartuL abbat, de Long., p. Si.
(2) Cart. Capellœ B» Af" Bajoc., p. 55 .
(3) Nop. Gall. Chriftiana, t. XI, coK a(2-«i3.
Î79
de pierres et de carreau, propres à construire les plus
beaux édifices. Les ruisseaux de Gronde et de Tbuë y
prennent leur source à deux fontaines; avant que de
sortir de la paroisse, le ruisseau de Gronde se mêle avec
les eaux de Tbuë, qui naît au pied de la maison seigneu-
riale. Elle forme la petite rivière connue sous le nom de
Thue qui ^rrose les paroisses de CuUy, Caynet, Pierre-
pont et Amblye, et de là va à Reviers se joindre à la
SeuUe.
Robert de Preullay, seigneur de Fresnay-le-S^mson,
épousa Mahaud de Villers, sœur de Jean de Villers sei-
gneur de Villers, et vivaient ensemble en i3o3. Ce
seigneur de Villers lui donna 1 7 livres de rente à prendre
sur les coutumes du marché de Villers-en-Bocage ( i ) •
Jean de Preullay, seigneur de Fresnayje-Samson,
Lomjeau, Manetot et Fumechon, fut marié à Isabeau de
Gemages, vicomtesse de Dreux. M. de La Roque Pappelle
ailleurs Robert de Preullay, comme son père, et marque
quMls étaient seigneurs de Sainte-Croix.
Marguerite de Preullay, vicomtesse de Dreux, dame
des susdits lieux, sonit du mariage précédent. Elle fut
fiancée à Jean d^Harcourt comte d'Aumale, qui périt à la
bataille de Verneuil, en i52 5, et en eut Louis d'Har-
court, patriarche de Jérusalem, évéque de Bayeux. Elle
épousa depuis Jean de Scacauville (?) dit Havart (2), valet
tranchant et maître d^hôtel de Charles VII, et bailly de
Caux et de Caen, is^u de la maison de Saint-Omer, dont :
Georges Havard, seigneur de La Rozière, Sainte-Croix,
Gemages, vicomte de Dreux, maître des requêtes de
rhôtel du roy, qui s'allia d'Antoinette d'Estouteville,
(i) Hist. Harc, t. I, p. 45(^.
(1) Hist. d'Harc., ib. p. 4^9 et 43o. (P. 1454 on lit Scaneauville.)
î8o
dame d^Ausseboc, et mourut en 1481, laissant Louis
HaVart, décédé sans postérité, et trois filles héritières de
leur frère.
L^atnée, Jeanne Havart, dame de Puisaye et de Sainte-
Croix entra dans la maison des Pèlerin (i), dont sortit
Guillemette Pèlerin, dame de Sainte-Croix, femme de
Guillaume de Bricqueville, sire de Coulombières, et mère
de Guillaume, seigneur desdits lieux, père de François,
seigneur de Bricqueville et de Sainte-Croix, dont un des-
cendant, Jean de Bricqueville, seigneur de Sainte-Croix,
laissa de Jeanne de Quesnel sa femme, pour fille unique :
Marie de Bricqueville, dame de Sainte-Croix et de Cully,
qui épousa Gilles Vipart, seigneur de Tilly.
Gilles de Vipart, baron de Tilly, épousa Catherine de
Bricqueville, fille héritière de Jean, seigneur de Mont-
Canisy et de Sainte-Croix-Grand'Tonne, fils de Guy de
Bricqueville, seigneur de Sainte-Croix, et de Marguerite
de Recusson. De ce mariage vint Guillaume de Vipart,
chevalier marquis de Mont-Canisy, Sainte-Croix, CuUy,
Loucelles, Putot, Tourgé ville, Bénouville, Le Hamel,
Gérots, lequel fit un échange le 2 juin lôSg (2).
Guillaume de Bricqueville donna, en 1 5o3, la déclâ^
ration du fief, terre et seigneurie de Sainte-Croix, tenus
à gage pleige de Tévéque de Coutances par un fief entier
de chevalîfer.
Guillaume de Vipart, marquis de Sainte-<Iroix, laissa
pour fille unique Suzanne Vipart, morte le 22 février 1 676.
Elle avait épousé Louis de Madaillan de Lesparre,
Il^du nom, marquis de Montataire, dont le suivant, et
Reine, mariée à son neveu.'
(i) Hist. ^Harc, ib. p, 56o.
(a) Rec. d'aveux de la viGomté de Bayeux.
Le 9 janvier 1687, baptême, à Saint-Jean de Caen, de
deux fils, l'aîné nommé André- Aramon, Tautre différé à
nommer, enfants de noble seigneur Louis de Madaillan
de Lesparre, marquis de Montataire, et de dame Marie
de Rabutin. Le parrain de l'aîné fut André Potier-
Novion;la marraine, Françoise Le Conte de Nouant,
marquise de Cely.
Armand de Madaillan, marquis de Lassay, seigneur
de Sainte-Croix et de Cully, lieutenant général au gou-
vernement de Bresse, Buget et Vairomey, chevalier des
ordres du roy, fut père, par Marie-Anne Pajot, sa seconde
femme, de :
Léon de Madaillan de Lesparre, comte de Lassay, bri-
gadier des armées du roi, qui épousa, le 3 avril 171 1,
Reine de Madaillan sa tante, fille de Louis, marquis de
Montataire, et de Marie-Thérèse de .Rabutin, sa seconde
femme.
M™« de Lassay a survécu à son mari dont elle n'a point
eu d'enfants. Morte en 1763. Elle a fait rebâtir l'église
de Sainte -Croix à ses frais, et elle a vendu les terres de
Sainte-Croix et de Çully à messire Jean, comte de la
Guiche, son parent, qui est aujourd'hui seigneur de ces
deux terres. Les armes de M™« de Lassey sont : écartelé
au premier et quatrième tranché d*or et de gueules, au
deuxième et troisième d'azur au lion d*or, qui est de
L'Esparre.
Saint-Germain de la Blanche-Herbe (de Blanca
Herba). Banlieue et élection de Caen, 62 feux, notariat
de Çaen.
Cette paroisse, à une lieue de Caen, est entre le grand
chemin tendant de Bayeux à Caen, et un autre chemin
deBayeuxàCreulIy(?). Il en dépend deux hameaux: Fran-
382
cheville, distant d*uae demi-lieue de Téglise paroissiale,
et d'un quan de lieue de Tabbaye d'Ardenne, il est entre
réglised'Authîeet la grande route de Caen à Bayeux;
et Cussy, dont la moitié est sur la paroisse d^Autbie. Il
esc à un quart de lieue et demi de l'église, et à un demi-
quart de lieue d^Ardenne.
L'église de Saint-Germain est proche le hameau de La
Maladrerie, dépendant de la paroisse de Saint-Nicolas
de Caen. Elle est desservie par un chanoine Prémontré,
à la nomination de l'abbé d^Ardenne qui en perçoit les
dîmes. Il paraît, par la chartre confirmative que Henry IL
évéque de Bayeux donna, en 1 1 9 1 , que Tabbaye d^ Ar-
yenne tient Péglise de Saint-Germain de la libéralité de
Philippes d^Harcourt, son prédécesseur, ex dono Philippi
Bajocensis Episcopi ecclesiam S*' Germant de Blanca
Herba{i).
Anno I i3S, conventio fada est inter canonicos de
Ardena et sacerdotem S^ Germanii de Alba Herba
hujus modi : Concessit autem presbyter canonicis de
Ardena, curiam suam habere solam, et quietam de
decimis et redditibus, et omnibus consuetudinibus prœ-
dictœ ecclesiœ S"* Germani pertinentibus. Décimas
etiam et omnes consuetudines totius campi qui exten-
ditur usque viam, hoc estjuxta terram Willelmi Grossi,
et suorum antecessorum, et ex altéra parte usque ad
capita terrarum Cadomensium, excepta una acra, quœ
est juxta murum curiœ. Concessit etiam prœdictus
presbiter canonicis, décimas et consuetudines illius
acrœ^ ubi força est ^ juxta domum Willelmi Coronati;
Décimas et consuetudines unius acrœ quœ est inter
viam Bajocensem et viam Franccevillœ, Hoc autem
futurum esse ratum et firmum adfidiaverunt canonici
et Mathœus presbiter S** Germani; ut avttem hœc
383
conventîo rata et firma teneretur^ concessa est pres-
bytero S** Germant tota décima hœredum Aiulphi de
Foro il} Francavilla et in Ardena (i).
Cet arrangement fut fait en présence -d^un grand
nombre de témoins : Willelmus Crassus, Stephanus
prœsbiter de Maton, Anschetilus de Aniseyo presby- ,
ter : Helyas prœsbiter de Hamars, Stephanus cano-
nicus, Hugo de Montibus, Willelmus filius Polinœ, ma-
gister Marellus^ Ranulphus presbyter de Columbellis,
Haimo filius comitis Glocestriœ, Silvester filius Pa--
ganl de Buron, et filii Aiulphi, Willelmus de Baron^
et Colardus de Hermanvilla, et Guarinus et Wal-
terus monachus, qui prœdicti Aiulphi filii concesse-
runt hœc prœdicta omnia canonicis et presbitero de
S^ Germano.
Guarinus (filius Aiulphi de Foro, postea primus
abbasj, assumpto habitu religionis, se suaque dédit :
omnes scilicet possessiones, quas habueratpro portione
sua in parœchia S'' Germani de Blanca Herba, apud
Burum, et apud Gambas. Ces donations furent confir-
mées en 1 138.
L'abbaye dPArdenne, ordre de Prémontré, est située
sur la paroisse de Saint-Germain-de-la-BIanche-Herbe.
CVst ainsi qu^en parle Cenalis dans son histoire (2) :
Estprœterea in agri Bajocensis pœne meditullio camo'
bium Norobertinœ familiœ, nempe Prœmonstratensis^
(Ardennam vocantj, divus si quidem Norobertus sanc^
titatis opinione clarissimus, varias toto illo orbe agro-
rumculturas ad construendacœnobia undecunque rece-
(i) Neust. Pia, p. 706.
(2) De Re Galli, lib. 2, per. 4, p. i58.
584
perat (circarias vacant), hœc igitur circaria Ardenœ
una est ex eis quœ ad Noroberti familiam pervertit, b
Cette abbaye fut fondée en 1122 par Aiulphe du
Four (î), seigneur d'Hermanville, et Tusselîne (2) sa
femme. Ce fut à la sollicitation de Gilbert, disciple de saint
Norbert, qui était venu s'établir en ce lieu. Il gouverna
non en qualité d^abbé, mais de supérieur, ce nouveau
monastère qui ne fut érigé en abbaye qu^après sa mort.
Cette éreaion fut reçue et approuvée dans un chapitre
général tenu à Prémontré, à la prière de Vaultier, fils du
fondateur, et on élut en même temps pour premier abbé,
Guérin, son frère, qui avait embrassé Tétat monastique
sous Gilbert. L'un et Tautre achevèrent Téglise et les bâti-
ments commencés par leur père, et Richard de Glocestre,
évéque de Bayeux, la consacra en 1 1 38. Elle n^avait pas
subsisté un siècle, que par un accident étrange, la voûte
s^écrasa le 23 février i23o, et ensevelit sous ses ruines
Tabbé Nicolas et 25 de ses religieux qui chan-
taient alors Toffice. Jean Le Blond, un de ses successeurs,
la fit rebâtir au siècle suivant. Cette abbaye fut fort aug-
mentée dans ses bâtiments et dans ses biens, vers 1443, par
Robert Chartier (3), son abbé. Elle embrassa la réforme
sous Pépiscopat de M. d^Angennes.
Saint'Louet. Sergenterie de Berniëre, élection de
Caen, i feu, notariat de Caen.
Cette paroisse est située près Authie. L'abbé de Saint-
Ouen de Rouen est patron coUateur de la cure, et le curé
principal décimateur. La seigneurie appartient aux héri-
(i) De Foro, du Marché.
(a) La GalUa la nomme : Asselina.
(3) La Gallia le nomme : Rùbertus Le Caretier.
38s
tiers de feu M. d^Auchin, seigneur et patron honoraire
de Saint-Louet. Elle est à une lieue et demie de Caen.
Saint'Manvieu, Sergenterie de Cbeux, élection de
Caen, 1 3o feux, notariat de Cbeux.
Cette paroisse est séparée de celle de Cheux par un
petit ruisseau qui vient de la fontaine de Cheux. Elle est
à une demi-lieue du bourg de ce nom, et à 2 lieues de
Caen. Il y a 4 hameaux : Le Hameau proprement dit,
proche le presbytère, La Vallée, BouUiesseet Marcelet.
Le sous-doyen de la cathédrale de Bayeux est patron
coUateur de la cure. Il a le tiers de la grosse dîme par la
donation que Philippe d*Harcourt fit, en 11 36^ à ce
dignitaire. Les deux autres tiers sont pour les Religieux
d'Ardenne, peut-être aussi par le bienfait du même
prélat. Il y a dans cette paroisse un hôpital et une maî-
tresse d'école de la fondation de M^ de Fréquienne,
dame de Saim-Manvieu. Messire Jacques Bacon de Pré-
court, écuyer, seigneur de Saint-Manvieu,.a une chapelle
titulaire de Sainte-Anne dans sa maison seigneuriale, à
laquelle il présente, et une autre de Saint-Pierre, atte-
nante à Péglise paroissiale. La seigneurie est décorée
d^une haute justice qui relève du bailliage de Caen.
Le hameau de Marcelet est un hameau considérable. Il
y a un fief relevant de la seigneurie de Saint-Manvieu,
et possédé par messire Philippe de Héricy, écuyer, sei-
gneur de Marcelet, un hôpital et une chapelle à titre,
sous rinvocatîon de Saint-Jacques, à la présentation du
dit seigneur. La seigneurie de Marcelet, membre de
TEpinay-Tesson, a longtemps appartenu à la maison des
Du Bois de Pirou. Jean Carbonnel, écuyer, seigneur de
Marcelet à cause de demoiselle Perrette du Bois, sa
femme, passa plusieurs contrats de fiefs devant Jean
25
386
Richard, tabellion à Caen, les 14 et 16 de novembre et
24 janvier 1488 (i|. Messire Guillaume Carbonnel, sei-
gneur d'Anderville, pour la demoiselle sa femme,
vendit, le 22 février 147 1, à noble homme Antoine de
fiatarnay, seigneur de Vaugrie, et à demoiselle Renée de
Houllefort, son épouse, la seigneurie de Marcelet, en la
vicomte d'Evrecy, avec patronage d'église, à chaîne de
payer 20 sous et 16 boisseaux de froment de rente, qui
étaient dus à Tabbaye de Saint-Etienne de Caen.
Sicqueville (Saint-Sulpicede). Siccavilla. Sergenterie
de Creully, élection de Caen, 58 feux, notariat de
CreuUy (SecqueviUe-en-Bessin).
Cette paroisse est situé sur la petite rivière de Thue
qui vient de Sainte-Croix. Il y a dans son territoire 5 ha-
meaux : Guerville, La .Ville, Bray, Boutcachard et
Chasserat. Le hameau de Guerville contient plusieurs
maisons ensemble proche Téglise, avec deux fermes qui
en dépendent, au-dessous desquelles passe la Thue. Le
hameau de La Ville consiste en plusieurs maisons ; le
château du seigneur, et une ferme détachée en font partie.
Le hameau de Bray n'est qu'une ferme distante des autres
hameaux d'une demi-lieue, et ne s'appelle Bray que
parce qu'elle est proche le village de Bray, dépendant de
la paroisse de Lasson. Dans le hameau de Boutcachard sont
-plusieurs maisons détachées le long du chemin tendant
à La Délivrande. Dans celui de Chasserat (2) sont deux
fermes détachées construites sur le chemin qui tend à la
paroisse de Creully. Il y a entre les deux premiers et les
deux derniers hameaux, un étang considérable que le
seigneur a fait faire en 1757.
(i) Hist, Harc.y t. I, p. 114.
(z) Aujourd'hui : Cacharas.
î87
Cette paroisse est à 3 lieues de Bayeux et à trois quarts
de lieue du bourg de CreuUy. L'abbé de Caen présente à
la cure. Henry II, roi d'Angleterre, rapporte dans sa
chartre de confirmation pour Tabbaye de Saint-EtieQne
de Caen, une histoire au sujet de cette paroisse, que je
crois devoir placer ici ( i ) :
« Homines de Siccavilla recepti in societatetn monas
terii Sancti Stephani, dederunt eidern sancto duos
partes decimarum suarum, hujus autem villce ecclesias,
quas iS'"' Stephanus antiquitus in magna pace tenuerat
Herbetus quidam clericus^ eis modis quibuscumque
poterat, au/erre quœrens, abbatemet monachos indèdià
fortiter vexavit : quorum vexationi Henricus Rex
finem imponere decemens, utrisque ante se in castello
Cadomi diem constituit placitandi. Die igitur consti-
tuto, abbas et monachi, cum omnibus quœ eis necessaria
erant, ipsi Régi etjustitiœ placitum suum obtulerunt.
Herberto autem ibi in audientia regiSy et totiusjustitiœ,
nec non et baronum déficiente, de prœfata ecclesia
ipsius Régis et justitiœ judicio^ 5'»" Stephanus saisitus*
remansit, nemini deinceps amplius inde responsurus.
Rogerius filius Pétri de Fontaneta in presentia totius
justitiœ reddidit 5'* Stephano terram illam, et omnes
décimas, quœ ipse Sanctus à Godefrido, avo illius, et
pâtre iuo habuerat; easque idem S^ deinceps firmiter
inperpetuum tenendas concessit. » *
Il arriva, en i io5, un événement digne d'être remar-
qué à Sicqueville, que la Chronique de Normandie
appelle mal à propos : Saquainville. Durant les guerres
de Robert, duc de Normandie, et de Henry roy d'An-
gleterre, Robert Hamon, sire de Creully et de Torigny,
(i) Neust. Pia,p. 637.
388
qui tenait le parti du dernier, faisait continuellement des
courses dans ce pajs. A la fin il fut surpris dans T^ise
de Sîcqueville, ob il s^était retiré, et fait prisonnier par
les garnisons de Caen et de Bajeux, qui avaient mis le
feu à cène ^ise pour Tobliger de sortir. On l'amena à
Bayeux oîi il pensa être mis en pièces par la populace,
qui était furieuse contre lui.
M. Guilbert, seigneur de SicqueviUe, vivait, en 1480,
avec N. de Pellevé sa femme, fille de Jean II* du
nom, seigneur de Tracy, et de Françoise du Bois de
L'Espinay(i).
Pierre Guilbert, seigneur de Sicqueville, baron de Cou-
lonces, épousa Renée de Vassy, fille de Louis de Vassy,
seigneur de Brécy, et de Madeleine d^Amfemet. Ils vi-
vaient en 1574.
François GuiUebert, seigneur de Sicqueville-en-Bessin,
épousa, vers la fin du xvi« siècle, Françoise de Longue-
val, sœur de Marie femme de Nicolas de Sainte-Marie
d'Agneaux, seigneur de Canchy (2).
Louis GuiUebert, marquis de Sicqueville, baron de
Coulonces, gouverneur des ville etchâteaude Vire, vivait
sous Louis XIII, et eut de Louise d^Apchon, son épouse,
la suivante :
Gabrielle GuiUebert, dame de Sicqueville, épousa, par
contrat du 20 juiUet i665, René de MaiUé, marquis de
Benehart, gentilhomme de la Chambre du Roy, capi-
taine d^une compagnie d'ordonnance, et des chasses du
pays du Maine, dont (3) :
Louis-Joseph de Maillé, baron de Coulonces et de
(i)Hitt. des gr. offic, t. II, p. 87.
(2) Hiit. Marc, t. I, p. 932.
(3) Hist. des gr. offic, t. VII, p. 514.
389
Sicqueville-en-Bessin, enseigne de la compagnie des Gen-
darmes Flamands, père de Marie-Anne-Geneviève de
Maillé, lesquels vendirent, vers 1698, la terre de Sicque-
ville à Jacques-Joseph de Bellemare de Valhebert.
Messire de Bellemare fit unir cette terre, relevante du
roy par un plein fief de hautbert, à la baronnie de Cour-
seulle, et ériger le tout en marquisat par lettres patentes
de 1 728, mais il sVn défit par vente, en 1 734, après
ravoir fait désunir de son marquisat par autres lettres
patentes.
Jean-Jacques des Essarts, écuyer, seigneur de Montfi-
quet-le-Coisel, ancien président au présidial de Caen, qui
Tavait achetée, y a fait bâtir une très belle maison accom-
pagnée de beaux dehors. Il a pour fils :
Guillaume-Frédéric des Essarts, seigneur, patron et
châtelain de Sicqueville, conseiller du roi, président au
présidial de Caen, qui a épousé, en 1759, demoiselle
Anne-Thérèse Balin de Cambenard, de tlouen. Il fut tué
dans une affaire particulière, par M. de Balsac, au mois
de juillet 1 768.
TTian (Saint-Pierre de). Sergentcrie de Bernières, élec-
tion de Caen, 78 feux, notariat de Bény.
Cette paroisse est assise sur la petite rivière de Mue,
qui vient du côté de Rotz. Elle est à une lieue de La Dé--
livrande et à 3 lieues de Caen. Le grand doyen de
Bayeux présente de plein droit à la cure. Il en est ie prin*
cipal décimateur. Le Roi et le Chapitre de Bayeux y ont
chacun un trait. Le chanoine de Barbières perçoit les
dîmes de son fief, qui est au hameau de même nom. Le
grand doyen a le droit de déport et de visite à Than.
On écrivait autrefois Thaon et Taon. £ntre les
hameaux de cette paroisse, ceux de Barbières et de Boijn*
390
banvile sont les plus considérables, et sont décorés
chacun d^un fief noble. Jacques-Gaspar de More! de
Beuzeval, seigneur de Than est conseiller dMpée à Caen.
Le hameau de Barbières donne le titre à une des
prébendes de la cathédrale de Bayeux. Son fief a des
extensions es paroisses de Ranchy et d'Esquay-sur-SeulIe.
Il a la moitié de la dîme de ce fief à Than, celles des
héritages de son fief à Esquay, un quinzième de la grosse
et un dixième de la verte à Ranchy, et des rentes seigneu-
riales en tous ces lieux. Il y a, dans le château de Bar-
bières, une chapelle de Sainte-Trinité, à la-présentation
de noble homme Pierre-Michel-Gilles de Sallen, cheva-
lier, seigneur de Barbières, au droit de sa femme Marie-
Henriette de Cahaignes. Il y nomma en 1755, conjointe^
ment avec demoiselle Marie-Anne de Cahaignes.
Le hameau de Bombanville appartient aussi à Than.
Son fief a des extensions à Aguerny,Cairon et ailleurs.
Philippe d^Harcourt, baron de Bonestable, dont» le
20 août 1 397 le dénombrement de son fief de Than a^is
en la vicomte de Caen, paroisse de Than, au hameau de
Bombanville, qui s'étend à Anguerny (i). Cette seigneu-
rie, avec la terre, fut vendue en 1 491, par Jacqxtes d'Har-
court, seigneur de Fontaines-Ie-Henry, à Jacques Le
Sens, écuyer, seigneur de Cresserons, avec plusieurs
parties de rentes pour la somme de 600 livres, à charge
de rhommage, et des devoirs seigneuriaux à qui ils
appartiennent. L'an i633, lé chanoine de Bernesq, bénit
une chapelle domestique située à Than, sur la terre
et fief noble de Hamars, dit Barbières, pour Gervais
Allain, écuyer, seigneur de Hamars et de Bombanville,
qui Tavait fondée et dotée par contrat devant les tabel-
(i) Hist. Harc.y p. 8o5 et i5o5.
39Ï
lions do Çaea^ au mois de mars de la même année^ et qui
s^on retint la nominatioa pour lui et ses héritiers (i).
Cette chapelle^ sous Tinvocation de Sainte*Trinité, de la
Sainte- Vierge et de Sainte-Anne, est à un quart de lieue
de Péglise paroissiale. Elle a 20 pieds de long, 16 de
large et 1 6 de hauteur.
La baronnie de Than fait partie des biens de Pabbaye
de Savigny [2) ; elle a, différentes extensions, et particuliè-
rement le fief de Goumay assis à Villy, doyenné de
Villers, dans le hameau du même nom.
Il paraît que dés Tan 1 1 64, le grand doyen de Bayeux
était curé primitif de Than, par une chartre datée du
14 septembre audit an, qui est dans le Livre Noir du
Chapitre de Bayeux. Jean de Than, par aae du mois
d^octobre i23o, vendit au doyen Herbert, tous les droits
quUl pouvait prétendre au patronage et aux dîmes d^une
portion de Than, moyennant la somme de 3o livres
tournois. Cette transaction fut ratifiée en 1295, par le
même Jean de Than à Jean Le Moine, cardinal, succes-
seur de Herbert, et par Richard de Than prêtre, et Phi-
lippe son frère. Ceci est tiré d^un mémoire imprimé en
1746 pour M. le Doyep contre le curé du Fresne. Les
actes sont ci-après.
En 1263, Grégoire de Naples, doyen et depuis évêque
de Bayeux^ unit pour toujours à sa dignité la dîme de
Than qui lui avait été donnée par Richard de Surrain.
Pierre de Benais, son successeur, ratifia, en 1274, cette
donation.
Le cardinal Le Moine, doyen de Bayeux, fonda
des deniers qu'il perçut de sa dignité, la chapelle de
(1) Reg. de Févlché.
(2) Mém, pour Vabbi de Savigny^ in-40, p. 1.
Î92
Saint-Jean*Ba[>dste dans son manoir seigneurial de Than.
Cette fondation fut confirmée par le cardinal de Fargis,
son successeur.
Universus Bajocensis ecclesiœ canonicorum canven-
tus omnibus A'"' fidelibus tant presentibus quam futu-
ris salutem. Noverit universitas vestra quod Philippus
de Thaon recognovit se esse clericum Willelmi decani
nostri in ecclesia de Thaon tamquam in ea quœ a
longe rétro temporibus est in integrum cum ecclesia de
Fraxino, et cum omnibus aliis suis pertinentiis de jure
decanatus Bajocensis ecclesiœ : recognovit etiam se
habere a Decano quid quid habet inprœdictis ecclesiis,
vel in earum pertijientiis, et quod huic recognotioni
stabit, et quod de cœtero fidelis existet^ et obedientiam
exhibebit Decano, et ecclesiœ Bajocensi de ecclesia de
Thaon et de ecclesia de Fraxino, et de pertinentiis
earum super textum evangeliorum juravit. Actum est
hoc anno ab Incarnatione J>' / 164^ 18 kalendas octo-
bri, videlicet in Exaltatione S* Crucis; in capitulo
nostro presentibus Umfrido Bouet archicapellano,
Thoma archidiacono, Roberto subdecano, Wiilelmo
sacrista, Huberto de Ponte^Isberti, Wiilelmo de Bro-
Ho et aliis.
Petro Ebroicensi episcopo et Richardo de Humeto
conestabulario Régis, Richardus, Dei gratia Constan-
tiensis episcopus salutem, Sciatis quod quandiu in
ecclesia Bajocensi decanatum habuimus^ presbiterium
possidebamus in ecclesia de Thaon, vicariatum nostrum,
tamquamque persona ejusdem ecclesiœ eramus : neque
Radulphus de Thaon ullum sacerdotem temporibus nos-
tris misit in eam ; neque nos per presentationem ejus
ullum in eadem recepimus, neque per manum ejus
substituimus, Valete.
Î9Î
Noverint universi présentes litteras inspecturi quod
Ego Johannes de Than armiger, quondamfilius Radul-
phi de Than, militis defuncti, dedi, concessi, et
omnino quitavi pro sainte animœ meœy etc. ... in puram
et perpétuant eleemosinam viro venerabili Herberto
decano Bajocensi quidquid juris ego et antecessores
mei habebamus aut habere dicebamus in patronatu
cujusdam portionis eccIesiœS^'. Pétri de Than^ deci-
mis et rébus aliis ad dictum patronatum pertinentibus,
habendum et tenendum dicto decano et successoribus
ejus in decanatu ecclesiœ BajocensiSy bene^ pacifiée,
libère ita quod si^ forte contingeret prœdictum
Decanum, vel in dicto decanatu successores de dicto
patronatu,,... ab aliquo molestari, ego et heredes mei
tenemur nostris sumptibus, decano et successoribus
prœscriptis omnia supra dicta garantisare seu defen^
dere contra omnes : Si vero garantisare seu defendere
nonpossemus.... tenemur dictis decano et suc essoribus
sex libras turonenses vel usualis monetœ annui reddi'
tus assignare in rure propria hœreditatis apud Than
vel alibi.... pro hac autem garantisatione et defensa*
tione et concessione.,.. idem Decanus mihi dédit tri-
ginta libras Turonenses. Actum in hoc anno D^ Af^
Ducent^ Quinq^ mense octobris.
Comme Jean de Thaon, écuyer, jadis fils de Raould
de Thaon, chevalier, alors mort, eut donné, délaissé, et
du tout quitté..,, a homme de bonne rembrance (sic)
Herbert jadis doten de Bajreux.... scachie\ qu'yen l'an
de grâce I2g5, le jour dejeudy après la,.,. Notre Si''
par devant nous le vicomte de Bayeux fut présent en
droit Guillaume de Thaon dudit chevalier fils^ et frère
dudit Jean, reconnut que la lettre que ledit Jean avait
faite était vraye et scellée du vrai scel audit Jean^ et
3W
V approuve pour bonne.... et voulut et octroya qu'homme
honorable maître Jehan Le Moine, doîen et ses succes-
seurs ajrent^ tiennent et pourjlchent ledit patronage^
et le patronage de l'autre portion de ladite église, et
que le doten et ses successeurs donnissent à leur volonté
et de leur plein droit les dites portions toutes les fois
quelles seraient vacantes, etc.
Richard de Thaon, prêtre^ et Philippe de Thaon,
frères^ et fils de Richard de Thaon, confirmèrent égale-
ment la chartre de Jean de Thaon par une autre expédiée
en leur nom Pan 1296^ le jour de vendredi après la
Saint-Martin d^hiver.
Il est donc certain que Tancienne famille de Than a
tiré son nom de cette paroisse^ et qu'elle en a possédé la
seigneurie. Cette seigneurie a été depuis transportée à une
branche de la maison de Mathan, d'ob elle a passé par
acquisition à inessite Blouet de Caen. La famille de
Blouet de Camilly et de Than est noble et des mieux
alliées. Ses armes sont : d^azur au lion d^or armé et lam-
passé de gueules, au chef cousu de même, chargé d^un
cœur d^or accosté de deux croissants d^argent.
Pierre Blouet, sieur de Than et de Camilly» contrôleur
des aides et des tailles à Caen, fut annobli en 16 10.
Il était originaire de Saint-Manvieu. De sa femme
M. Jourdain, il eut : \^ Pierre, sieur de Than, qui suit;
— 2^ Jean, sieur de Caynet, trésorier des guerres, et capi-
taine, qui épousa une Guerville de Bray, dont deux fillles
mariées au sieur du Guast de Vassy, et au sieur de Sec-
queville-Morel ; — 3« François, sieur de Camilly, ci-
après.
Pierre Blouet, écuyer, conseiller du roi, seigneur de
Than, et trésorier général des guerres en la province de
Normandie, épousa Marie de Malherbe, dont :
395
Pierre Blouet, écuyer, seigneur de Than, conseiller au
présidial de Caen, marié à une demoiselle de Saint-
Laurent, fille du seigneur de Tierccvillc, dont il a laissé
postérité.
François Blouet, sieur de CamiUy, contrôleur général
des finances à Caen, épousa une Le Haguais^ fille de
Thomas, contrôleur du sel et receveur de tailles à Caen,
dont :
Augustin Blouet, sieur de Camîlly, reçu conseiller au
Parlement de Rouen en i656. Mort en 1688. Il épousa
la fille du receveur de Pont-Audemer.
Pierre-François Blouet de Camiily, prêtre du diocèse
de Bayeux, doaeur de Sorbonne, archidiacre d'Hyesmes
en 1674, chanoine théologal, est décédé en 1714.
D^Augustin, conseiller à Rouen, sortirent : i^ Augus-
tin Blouet, seigneur de Qimilly, conseiller à Rouen en
1684, mort en 171 3; '20 François Blouet de CamiUy,
abbé du Val-Richer en 1693, de Saint- Pîcrre-sur-Dives
en 1699, grand vicaire de Strasbourg en 1694, évéque de
Toul en 1704, archevêque de Tours en janvier 1 721, et
mort en 1723; — 3» Pierre de Blouet de Camilly reçu
chevalier de Malte le 14. novembre 1684, mort vice-ami-
ral de France.
J'oubliais à remarquer que de Pierre Blouet, écuyer,
seigneur de Than, sortit messire Jacques Blouet, écuyer,
seigneur de Than, conseiller du roi au baillage et prési-
dial de Caen, décédé vers 1760, laissant des enfants.
C'était un magistrat d'une piété distinguée. Il est auteur
d'un petit ouvrage de dévotion. Il y a dans la maison
seigneuriale uhe chapelle titulaire de Saint-Jean-Bapfiste,
laquelle est à la pfésehtation du seigneur de Than.
Vaussieux (Saint-Philippe de). Sergenterie dc-CreulIy,
J96
élection de Caen, i8 feux, 65 habitants, notariat de
CreuUj.
Cette paroisse portait autrefois le nom de Vauxi,
comme on le voit dans une inscription sépulchrale placée
dans une descôtières de la nef de Téglise en 1 5 19, et dans
quelques anciens titres. Et ce qui vient encore aujour-
d'hui de la part de Tintendance, est adressé à la paroisse
de Vauxi. Ce mot vient du latin Vauceîum et Vauceum.
Elle est distante d^une lieue au levant de Bayeux. La
rivière de SeuUe passe directement à travers le milieu de
son territoire, à. 6 toises loin de Téglise du côté du nord.
Les abbés de Longues et de Lessay présentent alternati-
vement à la cure. Le curé a les deux tiers de la dîme qui
lui ont été cédés pour sa pension. Le seigneur du lieu
possède Tautre tiers. Il y a 3 fieCs qui ont des extensions
dans les paroisses voisines ; le fief Bacon, le fief de Cou-
vert et le fief de Saint-Évroult Ils appartiennent à messire
Philippe- Jacques d'Hérissy, marquis de Vaussieux,
chevalier de TOrdre militaire de Saint-Louis, colonel d'un
régiment de cavalerie de son nom. Il y a un assez beau
château, au nord duquel est un grand parterre très régu-
lier par ses découpures et ses compartiments. La rivière
de SeuUe le borde par deux côtés, et deux pièces d'eau
par les deux autres. Cette paroisse est d'une très petite
étendue.
Robert-Jacques d'Hérissy, chevalier, seigneur de Vaus-
sieux, seigneur, patron et châtelain de Villiers, Rampan,
Lavarangue, chevalier de l'Ordre militaire de Saint-
Louis, capitaine-général de la côte d'Asnelles, fut enterré
à Saint-Jean de Caen le 2 mai ijSS. Julienne-Louise-
Antoinette-Geneviève de La Cour, son épouse, était
morte le 28 octobre 1745.
Au commencement du xiu« siècle, Simon Bacon, fils
397
de Roger, seigneur et patron de Vaussieux aumôna, à
Tabbaye de Longues, la moitié du patronage de Téglise
de Vaussieux; peu après, en 1208, Guillaume Bacon,
frère de Simon, en fit autant du patronage de Martragny
en faveur de la même abbaye, et lui confirma de plus par
la même chartre la donation qui lui avait été faite par son
frère, de celui de Vaussieux. Ces donations furent ratifiées
au mois de juillet de la même année par Robert des
Ablèges, évéque de Bayeux. Simon Bacon filins Rogerii
Bacon dat et concedit monachis S* Afarice-de^Longis
totum jus patronatus quob habebat in medietate eccle»
siœ S*^ Philippi de VOuseïo.. testibus Gisleberto de
Agnellis , — Henrico de Agnellis , militibus , —
Johanne de Bellomonte canonico Bajocensij — magistro
Johanne de Brosmesnil, — Hugone de Bemeris, —
Roberto monacho^ — Gisle'.erio Anglico |i).
Wilelmus Bacon deMoleïo,filius Rogerii Bacon, dat
et concedit iisdem monachis totum jus quod habebat in
illa medietate ecclesiœ S* M* de Martreignïo, quod
ad suam prœsentationem pertinebat..., prœterea conce-
dit et ratam et gratam, habet donationem quam Simon
frater suus fecit de medietate S^ Philippi de Vauseïo
quœ ad ipsius prœsentationem pertinebat. His testibus :
"Willelmo Bacon de Formigneio, — Silvestro deFornet,
— Richardo persona de Treveriis. Actum est hoc anno
Incarnationi D^ M^ CC^ VIII^ (2).
Quelques années après, Hugues de Vaussieu contesta
les patronages de Vaussieux et de Martragny à Tabbaye
de Longues, prétendant que ces droits lui appartenaient;
(i) Ex CartuL de Long., p. 3a.
(a) Ex Cartul, de Long., p. 32, fol., vers.
mais par le conseil de ses amis, et sur Tavis de quelques
personnes prudentes, il renonça en présence de ses
neveux à ses prétentions, et les abandonni aux religieux
de Longues. La chartre est de Tan 1 2 1 5 ( i ) .
Henri Taillebois, chevalier, fils de Guillaume Taille-
bois, chevalier, disputa ensuite le patronage de Vaus-
sieux, disant qu'il lui avait été donné par Hugues de
Vaussieux, fils et héritier de Raoul de Vaussieux ; mais
il transigea avec les religieux de Longues, et dans les
assises de Caen, il déclara renoncer à ses droits et préten-
tions en faveur de ladite abbaye. La change est du mois
de mars i253.
Richard de Creully, de Curleio, donna à Tabbaye de
Longues, par une chartre sans date et sans témoins,
2 acres, des dîmes sur 1 2 acres de terre, et la troisième
gerbe sur 1 2 autres acres situées à Vaussieux, étant toutes
du fief de Raoul Tesson, lesquelles dîmes il avait eues en
partage du bien de ses ancêtres (2).
Dans la chartre de confirmation de Henri II , roi d'An-
gleterre pour Tabbaye de Lessay, à laquelle signèrent
Henry et Jean, évéques de Bayeuxet d'Évreux/il est dit :
Partent suant de ecclesia «S"' Philippi de Valseîo, et ea
quœ Hugo de Valseïo ibidem tenuit de ipsis, et partent
quant habebant in ecclesia S* Mariœ in villa qua
appellatur Murdqquerie (Martragny?), et cum perti-
nentiis suis, et id quod Hugo de Valseïo ibidem de eis
tenuit (3).
Venoix (Saint-Gerbold de). Banlieue ei élection de
Caen, 10 feux, notariat de Caen, i5o communiants.
(i) Ex CartuL de Long., p. 33.
(a) Ex Cartul. de Long., p. 44.
(3) Neuft. pia, p. 619, 6a i.
399
Cette paroisse n^est qu^à une demi-lieue de Caen. Elle
est située entre deux rivières qu^on nomme vulgairement
le Grand et le Petit Odon. Elle a un hameau par exten-
sion appelé le hameau de La Maladrerie, lequel ne com-
pose que 8 ou 10 maisons, et en tout 25 à 3o personnes.
Les patrons présentateurs du bénéfice qui est régulier,
sont MM. les Prieurs et Chanoines de THôtel-Dieu de
Caen. Le titulaire prend la qualité de prieur-curé, et en
perçoit toutes les dîmes, excepté 2 petits traits dont l'un
est pris par les religieux de Saint-Étienne de Caen,
l'autre par Pabbaye d'Ardenne. Henricus Jilius Héri-
ter ti dono dédit abbatiœ de Ardena prope Cadomum
partem decimœ apud Venoix : id que confirmatumfuit
per Rogerium abbatem, et conventum monachorum S^
Audoeni Rothomagensis anno 1220 (i).
Venoix a titre de baronnie, et en est propriétaire M. le
comte de Bernières-Louvigny, fils de M. de Louvigny,
lieutenant-général des armées du roi. C'est sans doute la
même chose que la seigneurie de Venoix, qui relève de la
baronnie de Beauffou, et a appartenu longtemps à la
famille de Venoix. Jean de Venoix, seigneur de Venoix,
de la paroisse de Bavent, seigneur de Varaville^ fit sa
preuve en 1463, devant les commissaires du roi Louis XI.
Il eut pour fils Robert de Venoix, seigneur de Venoix
vivant en 1406.
M. Huet, dans ses Origines de la ville de Caen, p. 44,
dit qu'il y a dans cette ville une tour nommée la tour au
Landois, que Ton croit bâiie avant 1 346, et que cette
tour a pris son nom des seigneurs nommés Le Landois,
qui avaient une maison tout proche de cet endroit, et que
Guillaume Le Landois, écuyer, seigneur de Venoix,
(i) Neust, piUf p. 3o.
400
possédait une maison tout près de là Pan i436i Un
contrat de Tannée 1430, qualifie Colin Le Landois,
écuyer, seigneur de Venoix : maréchal de la prairie de
Caen, qualité annexée à un fief nommé le Fief-au-Maré-
chai. Cette même famille, dit encore M. Huet (ibid.)^ a
possédé jusqu^à nos jours la terre d'Hérouville proche
Caen. Il y a'des arrêts de TÉchiquier de Tan i5o5, entre
La Mouche et Le Landois, pour le fief d'Hérouville ( i) .
Il avait pour aïeux Pierre Le Landois, écuyer, héritier de
Colin Le Landois, vivant en 1462 (2). Jean Le Landoîs
qui possédait la terre d^Hérou ville en prit le nom et
les armes qui sont : de gueules à deux faces jumelles et
un chef d'or (Voir le Traité des noms^ p. 55).
Par un contrat du 24 mars avant Pâques 1458, gardé
au tabellionage de Caen, messire Jean de Montenay,
chevalier, seigneur de Garencières et de Baudemont ven-
dit à Roger de La Valette, lieutenant-général du bailli de
Caen, un fief assis en la paroisse de Venoix (depuis
appelée. Montenay de son nom), qui s^étend tant dans
ladite paroisse de Venoix quVn celle de Saint-Ouen et de
Saint-Germain. Ce fief venait de Jeanne de Garencières,
femme, en secondes noces, de Guillaume de Montenay ses
père et mère. Il avait été apporté dans la maison de
Garencières par le mariage de Marie Bertrand, vicomtesse
de Fauguernon, et d^Yon baron de Garencières (3).
Fieux (Notre-Dame de l'Assomption). Sergenterie de
Préaux, élection de Caen, 70 feux, 3oo ou 400 commu-
niants, notariat d'Évrecy.
Cette paroisse, arrosée pai^ la petite rivière de Guigne,
(i) La Roque, Traité de la noblesse, p. 34.
(a) Hist. Harc», p. 100 3.
(3) Hist. Harc,, t. I, p. 142 et 143.
40I
est à 5 quarts de lieue du bourg d^Évrecy, 2 lieues de
Caen et une demi-lieue de la rivière d^Orne. Ses maisons
sont rassemblées et forment un espèce de petit bourg,
excepté le hameau de Saint-Martin, et 5 à 6 maisons
détachées. L^abbé de Fontenay nomme à la cure et est
décimateur. M^^ la comtesse de La Pallu acheta la
seigneurie vers 1768 de M. de Pompierre (i).
Il y a une chapelle nommée Saint-Jean-du-Qos, qui
est à la nomination de M. Jacquesson, écuyer, seigneur
de Vieux. M. Louis Dufour, écuyer, seigneur de Vieux,
et possesseur par acquêt du fief nommé : Vieux-Jacques-
son, y nomma sous cette qualité le 16 mars 1696 (2).
Jacques du Moutier, seigneur de Vieux^ fut annobli
pour mérites par chartre du mois de septembre iSgi,
vérifiée à la chambre des comptes et à la cour des aides
depuis son décès le 29 avril 1592, et 2 mars iSgS.
Jacques du Moutier, seigneur de Vieux, descendu de lui,
fit preuve, en 1666, devant messire Chamillard.
Le village de Brieux situé sur le bord de l'Orne, est
voisin de Vieux. Il semble venir, selon M. Huet, du
mot gaulois bricdy briga, ou bria, qui veut dire un pont.
Il est probable qu*il y en avait un autrejfois en ce lieu-là
sur la rivière (3). De brica on a fait bricasses, d^otx s* est
formé le nom de Brieux. Jacques Moisant, célèbre poète
latin, natif de Caen, portait le surnom de Brieux; il était
protestant et mourut en 1674, laissant un fils qui a été
ministre (4).
Il y a encore à Vieux une carrière de marbre, dont le
cardinal de Richelieu se servit pour la chapelle de Sor-
(i) Mercure de France, avril 17 3a, p. 63i.
(a) Reg. de révêché.
(3) Orig. de Caen, p. 19.
(4) Orig, de Caen, ibid., chap. XXII.
26
402
bonne à Paris. Tous les blocs que Ton en tire sont d^iui
marbre rouge veiné.
Que Vieux n'ait été qu^un camp des Romains, comme
le prétend M. Huet, ou qu^il y ait eu une ville considé-
rable, comme le pensent MM. Foucault, Galland et Tabbé
Le Bebf, il est toujours certain qu'il y a eu autrefois une
habitation de la plus grande distinction. — t ^ On y voit
les ruines de ce fameux chemin appelé la Terre-Levée,
ou le Chemin-Chaussé, qui passe par le pied de Téglise et
tend droit à Bayeux. Plusieurs avaient cru que ce chemin
avait été fait par les ordres de Guillaume-le-Conquérant,
en mémoire et sur les traces du chemin quMl avait tenu
en fuyant les comtes de Cotentin et de Bessin, depuis le
village de Rye près Bayeux, jusque vers Séez; mais les
vieilles briques qu^on trouve dans ce chemin, semblables
à celles qu^on trouve à Vieux, font voir clairement qu^il
est de la même antiquité, et que par conséquent citait
une de ces routes militaires que les Romains élevèrent
dans ce pays, comme ils avaient fait dans tout leur
empire, pour faciliter la marche de leurs armées ; — 2^ On
y a trouvé, à différentes reprises, et particulièrement en
1704 et 1 705, lors des fouilles de MM. Foucault et Gal-
lant, un grand nombre d^antiquités : un aqueduc, des
fragments d^inscriptions, des débris de colonnes, une
grande quantité de médailles du haut et du bas empire,
plusieurs édifices dont les fondations parurent entières»
entr'autres un gymnase complet dont Tarchitecture est
conforme aux règles de Vitruve. Tous ces monuments ne
prouvent-ils pas invinciblement que Vieux était autrefois
une grande ville, abandonnée depuis, ou détruite dans
quelque révolution dont Thistoire a négligé de nous ins-
truire ? — Comme ces médailles sont depuis les premiers
Césars jusqu^aux enfants du grand Constantin^ il est
403
naturel de conclure que la destruction de cette ville doit
être fixée au plus tard à la fin du iv^ siècle.
De toutes les inscriptions, la plus curieuse est celle du
marbre qui fut trouvée sous François I«^ et transponée
par les soins de Joachim de Matignon, dans son château
de Torigny, où il est encore. C'est un cype de marbre
haut d'environ 5 pieds, sur 2 de large, et dont 3 côtés
sont chargés d'inscriptions en l'honneur de Titus Sennius
Solemnis. Ce Titus Sennius, fils de Solemninus, y est
qualifié prêtre des Gaulois, homme célèbre dans sa
nation, ami des Empereurs, et honoré de diverses dignités
auprès des lieutenants et préteurs qui commandaient
pour eux dans les Gaules. La date de ce monument, fait
en forme de piédestal, est fixée au consulat d'Annius
Pius et de Pontianus; ce qui revient à Pan 238 de J.-C.
sous l'empire du jeune Gordien. Je me contenterai de
rapporter l'inscription qui se lit sur le devant de la base
de la face antérieure :
T. Sennk) Solemni Solemnini filio non tine solido marmore
statue honorem déferre cupimut, hsredibus mandamus. Vir erat
Sennius Mercurii, Martis atque Dians primus sacerdos, cujus mémo-
ris omne' genus spectaculorum atque Tauricenia Dians, recepta
mille nummos XX VII ex quibus per quatriduum sine intennîssione
ediderunt. Etenith gravitate secta, et moribus honestts, prudentia
que singulari fuit commandabilis, militiœ consummata peritia. E
dvitate Viducassium oriundus iste Solemnis amicus benè meritus
Claudii Paulini Cœsarii Augusti propnetoris provincis Lugdunensis
fuit, cui postea legatus Augusti pênes eum ad legionem seztam
adsedit, cuique salarium militis in auro, aliaque munera longé
pinris missa. Fuit cliens probattssimus JEàlni Juliani legati Auguste
Lugdunensi, qui postea pnefectus prstorii fiiit sicut epistola quse ad
làtus scripta est dedaratur, adsedit etiam in provincia Lugdunensî
Valerio Floro tribuno milîtum legionis III augusts, judid arc» ferario-
rum. Très provincis Galliarum pr.... monumentum in sua dvitate
posuerunt. Locum ordo dvitatis Viducassi libenter dédit pedum
XVIII. Annio Pio et Proculo consulibus.
404
Plusieurs savants prétendent que les Viducasses sont
les mêmes que les Biducasses, et que tous deux sont
encore les Biducasses de Ptolémée et les Vadicasses de
Pline.
M. Huet croit que Vieux n*a point été une ville, mais
seulement un camp des Romains, et que les Viducasses
étaient des peuples du Bessin, et non pas des noms de
villes. Il ajoute que Vieux, que les Chartres de l'abbaye
de Fontenay font connaître sous les noms de Veacœ et de
Vedioca, ayant été un camp, il pourrait avoir été appelé
Vetera castra, d'où Vieux viendrait de Vetera; mais si
Vieux n*avait été qu*un camp ou un lieu de passage,
aurait-on trouvé, comme on a fait, tant de ruines de bâti-
ments, tant d^inscriptions sur du marbre, et les restes
d^un aqueduc ?
Sans vouloir entrer dans aucune discussion à ce sujet,
je pense avec M. l'abbé Le Beuf, que citait une ville
considérable, qui pouvait être VAugustodorum des
anciens itinéraires, mais je ne conviendrai pas avec lui
qu^elle fût la capitale des habitants du Bessin. La raison
que j^ai de rejeter cette conjecture est fondée sur ce que,
de tous les monuments, il n^y en a aucun qui soit anté-
rieur au temps des conquêtes des Romains, d^où il est
vraisemblable que cette ville est leur ouvrage, et qu^ils
Tont bâtie entre le Bessin et le pays d'Hyesmes pour
assurer leurs conquêtes ; au lieu que les peuples de ce
pays, ainsi que les autres des Gaules, devaient avoir une
ville capitale, placée ailleurs qu'à l'extrémité de leur terri-
toire, et plus certainement à Bayeux.
405
DOYENNÉ DE CREULLY
Amblie et Pierrepont. Sergeaterie de Creully, élec-
tion de Caen, notariat de CreuUy. '
Cette paroisse^ arrosée par la petite rivière de Thue,
est divisée en deux parties^ qui ont chacune leur église
et leur territoire séparé pour le temporel, quoi qu^elIes ne
forment qu'une seule paroisse pour le spirituel. Saint-
Pierre d'Âmblie a 87 feux, et Sainte-Trinité de Pierre-
pont en a 17.
Amblie est ancien. Il en est fait mention dans la
chartre de fondation de Tabbaye Sainte-Trinité de Caen,
donnée en 1082, où il est nommé villa Amblida. La
chartre de confirmation, que Henry II, roi d^Ângleterre,
duc de Normandie^ accorda le siècle suivant à Fabbaye
de Saint-Étienne de la même ville^ l'appelle Amblia, et
parle aussi de Pierrepont. In Amblia concedo, dit ce
prince, centum acras terrœ, et in Pierrepont XXIY . Il
y a deux portions de cure qui, en 1 35o, étaient à la no-
mination de Jean de Pierrepont, écuyer, et de Geoffroy
de Ruppaley, conseigneurs de cette paroisse. Leurs droits
de patronage sont actuellement réunis es mains de messire
Jacques Le Prévost de Coupesarte, chevalier de l'ordre
militaire de Saint-Louis, seigneur et patron d'Amblie,
Pierrepont et Brévant. Amblie est Péglise matrice ; Pier-
repont n^est regardée que comme son^annexe. Les curés
prennent leurs titres et possessions à la première. Ils
allaient alternativement faire Toffice dimanches et fêtes à
la chapelle de Pierrepont, qui a ses fonts baptismaux, son
trésor et son cimetière. Aujourd'hui Tun demeure à
40é
Âmblie et l'autre à Pierrepont. Ils partagent également
le revenu de leurs bénéfices, qui consistent dans la grosse
dîme de Pierrepont, la troisième gerbe d' Amblie et les
menues dîmes des deux paroisses, avec les obits et autres
rentes. L'abbé de Fécamp perçoit la moitié des grosses
dîmes d'Amblie et du demi-tiers restant ; Pabbesse de Caen
en prend deux parts, et Pabbé de Caen le surplus. Cette
paroisse est à trois quarts de lieue de CreuUy et à 3 lieues
de Caen.
ArgougeS'SOuS'Bqyeux (Saint-Pierre d^). Sergenterie
de Tour, élection de Bayeux, 6 feux, notariat d^Estréhan.
C'est une petite paroisse, située au pied du mont
d^Ecure, et arrosée par la rivière d'Aure, qui la partage
des paroisses de Marigny et de Commes. La seigneurie
d'Argouges est un fief ancien de hautber mouvant du roi,
et auquel sont attachés les patronages de cette paroisse et
de Saint-Malo de Bayeux. Le curé est seul dédmateur
de son territoire, dont la meilleure partie est réduite en
prairies.
La noble et ancienne famille d^Argouges tire son nom
de ce lieu, oti Ton voit encore un vieux château, que
rhistoire généalogique de cette maison prétend avoir été
été bâti vers Tannée 760. Le simple peuple d^ici croit que
les seigneurs d'Argouges descendent d^une fée, et qu^on
en voit la représentation dans ce château. L^origine de ce
conte est fondée sur ce que leur ancien cri de guerre est :
A lafoy, appelé : la fée ou lafé, par le vulgaire, et sur
ce qu'ils ont pris pour cimier de leurs armoiries cette
vertu, représentée avec ses attributs, sous la figure d'une
femme nue jusqu'à la ceinture. Ils portent : écartelé d'or
etd^azurà 3 quintefeuilles de gueules 2 et i. Vaultier,
chevalier, seigneur et châtelain d'Argouges-sous-Bayeux,
407
est le premier de ce nom qui soit connu par titres. Il fut
du nombre des seigneurs qui restèrent. Pan 1066, en
Normandie^ pour éire du conseil de la duchesse Ma-
thilde, lorsque le duc Guillaume son mari passa en An-
gleterre pour en Êiirela conquête. Il eut pour enfants:
Collette d^Argouges, mariée à Robert, sire de Harcourt,
dit Le Fort, dont vint entre autres Philippe, évéque de
Bayeux; et Raoul, père de : Guillaume d'Argouges, che-
valier banneret, qui continua la postérité : et de Robert,
qui tua, dans un combat singulier, Bruin, chevalier
allemand d^une merveilleuse stature, pendant le siège de
Bayeux, en 1 1 06, et qui passa dans la Fouille, oti il
donna de nouvelles preuves de son courage. Les descen-
dants de Guillaume, seigneur d'Argouges, formèrent plu-
sieurs branches, dont les plus illustres sont celles des
marquis de Rasnes et de Gratot. Leurs aînés possédèrent
la terre d^Argouges jusqu'en i632, qu^elle fut vendue
pour la somme de 48,500 livres par Joachim, seigneur
dudit lieu et de Valbadon» descendu au i8« degré de
Valtierd^Argouges. De ces aînés sortit : Jacques^ seigneur
d'Argouges, panetier ordinaire du roi François l^', qui
témoigna sa fidélité envers ce prince en révélant, avec le
seigneur de Matignon, la conjuration du connétable de
Bourbon. Dame Madeleine de Choisi, veuve de Louis
Le Fèvre de Caumartin, conseiller d^Etat, qui avait ac-
quis la terre d'Argouges, la laissa à Louis Le Fèvre de
Caumartin, père de Paul-Victor-Auguste Le Fèvre de
Caumartin, chevalier de Malte, qui la revendit, vers
1728, à Claude-Olivier Regnault, écuyer, président tré-
sorier de France à Caen, dont le fils héritier la possède
aujourd'hui. Elle est à une petite lieue de Bayeux.
4o8
Arramanches (Saint-Pierre d^). Sergenterie deGraj,
élection de Bajeuz, 76 fcux, notariat de Tracy.
Paroisse maritime, dont k plupart des habitants s^oc-
cupent à k pêche. On prononce Armanches. Elle est
appelée dans les titres de Tabbaye de Longues Arremen-
cia tx Arromanchia (i). Henry et Guillaume de Gray
donnèrent à cette abbaye, le premier : Féglise iTArro-
manches avec toutes ses appartenances; le second, tout
le droit qu^il avait dans Ârromanches. Leurs Chartres,
sans date, furent confirmées par celles de Henry II,
évéque de Bayeuz, peu après la fondation de Longues,
vers 1 1 70. L'abbé de Longues présente à la cure et perçoit
les dîmes.
La c6te de ce village est plate et forme un demi-cercle
environné de falaises, oU les pécheurs mettent leurs
barques k couvert des vents. On voit tout au bord les
vestiges du château des anciens seigneurs d'Arromanches,
d^où Ton peut juger combien la paroisse a perdu de ter-
rain de ce c6té«là. Le fameux rocher du Calvados, qui est
dans la mer, à une lieue de la côte, s'étend de là jusqu'à
Bernières, à Test. Il ne découvre que dans les grandes
marées, et met la côte à couvert de toute insulte. Vis-à-vis
d' Arromanches, il est joint à l'ouest par le rocher de La
Chaîne, qui s'allonge jusqu'à l'entrée de la bouche
de Port-en-Bessin. On assure qu'il a été garni d'un
gros village, dont la mer s*est emparé. On trouve
encore d'anciens titres passés devant les tabellions de
Calvados. Il est à remarquer que la mousse, l'herbe et la
terre se pétrifient sur les falaises depuis Arromanches
jusqu'à Sainte-Honorine-de-Perthe. La seigneurie est
incorporée au marquisat de Magny, et relève de sa
(i) Cartul. de Longis, p. 9, 10 et 33.
409
haute justice. Cette paroisse est à 2 petites lieues de
Bayeux.
La nuit du 24 au 25 mars, il sortit neuf barques du
mouillage d^Arromanches qui furent surprises dMn ou-
ragan violent; quatre périrent avec 14 hommes, les autres
n'échappèrent qu^avec peine.
Asnelles (Saint-Martin d'). Sergcnterie de Gray, élec-
tion de Bayeux, 94 feux, notariat de Ver.
Paroisse maritime, bornée au levant par Meuvaine, et
au couchant par Fresné^sur-la-Mer. Ses habitants pour
la plupart sont matelots et vivent de la pèche. Son terri-
toire est arrosé par le cours de La Gronde, qui en hiver et
quelques fois en été, se forme de la crue des eaux. Ce
cours, qui commence à Rye, à une lieue au midi, passe
par un coin de Fresné, vient se décharger dans les marais
d^ Asnelles et de Meuvaine, et se perd enfin à la mer par
un écoulement qu'on est obligé de lui faire de temps en
temps.
L^église est à quelque distance de la mer, sur une petite
éminence, accompagnée de maisons. Sur le bord de la
mer, à 200 perches, du corps de la paroisse, il reste
5 maisons d^un plus grand nombre dont ce redoutable
élément s^est emparé depuis 5o à 60 ans. On rappelle le
hameau d'Asnelles. Là est situé le corps de garde, et un
petit magasin qui y fut construit en 1 757. Il n^y a point
de rochers ni de falaises en ce lieu, et les grèves déliées en
sont remarquables. Les racines et les souches d'arbres
qu^on trouve fréquemment sur le rivage dans la basse
eau, font voir qu^il y avait autrefois un bois. Il s^appelait,
dit-on, La-Forét-de-Quinte-FeuilIes. On m^a assuré qu^il
en est fait mention dans de vieilles ordonnances des Eaux-
et-Foréts.
410
La cure était à la nomination de Tabbéde Tours, aussi
bien que ceUes de Fresné et de Meuvaine. Elles ont été
aoffiônées à son abbaye par les Malherbe de Saint-Ai-
gnan, qui possédaient andennement les seigneuries deces
pairâses. Depuis la réunion de la manse abbatiale de
cette abbaye au collège des Jésuites de Tours, les grosses
dîmes, quant aux deux tiers, ont été cédées à ces Pères« et
la nomination des cures à M. Tévéque de Bayeux. Les
Jésuites, au droit de l'abbé de Tours, sont seigneurs et
patrons honoraires d^Asnelles, comme y possédant le
premier fief. Le fils mineur de M. de La Rivière de
Meuvaine y en a trois, qui sont les fiefs : d^Asnelles, de
Campigny et d^Hermanville. Elle est à 2 lieuesde Bayeux.
Bamnlle (Saint-Ld de). Sergenterie de^Gray, élection
de Bayeux, 1 3o feux, notariat de Ver.
Cette paroisse est en rase campagne, à peu de distance
delà mer. Il y a un camp où le bataillon de Poligaac de
Lorraine passa Tété en 1 747, et où une partie des milices
garde-côtes campa quelque temps, en 1758, pour garantir
le pays des incursions des Anglais.
Le seigneur nomme au bénéfice, et le curé perçoit
toutes les dîmes. La seigneurie est un plein fief de haut-
ber, mouvant du roi à cause de sa châtellenie de Bayeux,
avec droit de haute jusdce, de foire et marché, et de pêche
depuis Vieux-Pont jusqu^à la mer, de fouage et de mo-
néage. Il s^y tient une foire le jour de Saint-Lô. On dit
que M. de Banville a drcnt de marché tous les mardis, et
de tenir des foires le lendemain de Quasimodo et le len-
demain de Saint-Jean-Baptiste. Ces droits ont été accordés
en i55i par le roi Henri II à Renée Daneau, veuve de
messire Christophe de Syresme, seigneur de Banville, jea
4"
considération des services quUl avait rendus àla couronne
sous François W.
La seigneurie de Banville, possédée en i35o par Juge«
randu Bosc, écuyer, passa depuis à Jean de Royville,
écuyer, seigneur et patron de Banville, qui eut pour père
Guillaume de Royville dit Taupin, originaire du Pays-
d^Auge, et pour mère Jeanne Colart (i). Les armes de
Roy ville sont : d'or à Taigle à deux têtes, esployée de
sable. De Githerine de Courcy, son épouse, il laissa
Richard de Rojrville, !<' du nom, seigneur et patron de
Banville, compris dans le rôle de Montfaouq, en 1463,
parmi les anciens nobles. Il s^allia de Théomène de
Virville, troisième fille de Philippes, baron deCreully,et
de Marie de Montauban, dont vint Richard deRoyville,
II« du nom, seigneur et patron de Banville, cité dans un
contrat de 1497, avec Anne d'Argouges sa femme, fille
de Jean, seigneur d'Argouges près Bayeux, de laquelle il
eut : Jean de Royvile qui, en i Sog, nomma à la cure de
Banville : vénérable et scientifique homme maître Jean
d^Argouges, protonotaire du Saint-Siège, conseiller de
très chrétien roi, prince et seigneur français, dans la cour
souveraine de TËchiquier de Normandie. Après lui parait
Hervé Danneau, écuyer, seigneur de Banville, vicomte
de Bayeux, es années i536 et i54q. Lui et Jacques Dan-
neau son frère firent preuve de noblesse en 1540. Ils
montrèrent qu'ils descendaient de Jean Danneau dit
Goujon, du pays de Tierache, annobli Tan 1438 par
Charles VII, en faveur des services qu'il avait rendus
pendant 20 ans sous Pothon de Xaintrailles, premier
écuyer de France, et pour avoir fait prisonnier de guerre
Jean Talbot, l'un des plus renommés chefs de Tarmée
(i) Hist. Harc, t. II, p. 1060 et suiv.
4X2
aoglaiie à la bataille de Patay (i). Renée Danneau sa
fille, dame de Banville, épousa Christophe de Syresmes,
seigneur de La Perrière, puis viconte de Bayeuz, qui était
de Vemon-sur-Seine. Leur fils aîné, Antoine de Syresmes^
seigneur et patron de Banville, Coulombiers-sur-Seulle»
La Ferrière-SiUans, Hamars et Pierrefitte, nomma à la
cure de Banville en i584 (a). Il mourut le 25 mai 1604a
Bayeux, où il avait été viconte après son père. Jean de
Syresmes, seigneur et patron de Banville, fils du précé-
dent et de Suzanne de Grémon ville, nomma à la même
cure en 1641. De même que Jean-Baptiste Syresmes,
chevalier, seigneur et patron de Banville, capitaine entre-
tenu dans la marine au département de Rochefort, en
1679 ; Marie- Anne de Syresmes, sa fille héritière, et de
Marie-Madeleine Peron, en 1 706, et Regnobert de Sy-
resmes, chevalier, seigneur et patron de Banville, en
1 707 et en 1 743. Elle est à une lieue du bourg deCreuUy
et à 3 lieues de Bayeux.
Ba^enville (Saint-Martin de). Sergenterie de Gray,
élection de Bayeux, 90 feux, nouriat de Ver.
Son territoire, composé de terres à . labour et d^her-
bages est fort resserré, et simé sur une hauteur qui le prive
de la commodité d^une rivière. Quatre à cinq petits ha-
meaur, peu distants les uns des autres, et Féglise au mi-
lieu, forment le corps de la paroisse. Elle est à 2 lieues de
Bayeux et à une lieue du bourg de CreuUy. Elle est
bornée au levant par Crépon, au midi par Villiers4e-Sec,
au couchant par Le Manoir et au nord par le hamel de
Maromme dépendant de Meuvaines.
(i) La Roq., Traité de la JVb6/., i** édit, p. ii3-ai4 et 181.
(a) Reg. derévêché.
I
413
Il 7 a deux portions de cure de patronage laïc. En
i356, Guillaume de BoutteviUaio nommait à la grande,
et la dame veuve de Guillaume de Faoucq, chevalier, à
la seconde. Les deux curés prennent un tiers de la grosse
dîme avec tous les verdages; le chapitre de Bayeux un
autre tiers. Le troisième tiers est divisé entre Pabbé de
Longues, le prieur de Saint-Gabriel, les religieux de
Saint-Evroult et THôtel-Dieu de Bayeux.
Messire Nicolas-Joseph Foucault, seigneur marquis
de Magny, possède 3 fiefs à Bazenville : le fief de Bazen-
ville, le fief Chrétien dit La Roy, et le fief Halbot. Il est
seigneur, patron et suzerain de cette paroisse, et cepen-
dant il ne nomme qu^à la seconde. Ces fiefs relèvent du
roi.
Messire Pierre d'Auge possède le fief de Tournebu qui
relève du fief Chrétien^ dit Le Roy, en noble et en roture,
et nomme à la première ix>rtion.
Messire Jean-François de Grimouville possède le fief
de Saint-Jean-de-Jérusalem et le fief de Crèvecœur, et est
seigneur haut jusdcier de Bazenville.
Le fief Chrétien, dit Le Roy, relève par un huitième de
chevalier du Roy, à cause de sa vicomte de Bayeux. Le
chef-lieu est à Bazenville; de lui relève celui de Tour-
nebu, sis au même lieu, et auquel est attaché la nomina-
tion de la première portion, selon Taveu d^Alexandre de
Longauney, chanoine de Bayeux, dont le père Pavait
acquis de Pierre de Syresmes, seigneur de La Ferrière-
Sillans, fils d'Antoine, seigneur de Banville (i).
Ce chanoine vendit aux administrateurs de PHâtel-
Dieu deCaen, par contrat du lo juin 171 3, la terre de
Bazenville pour la somme de 52^000 livres de principal,
(1) Recueil d*aveux de la vicomte de Bayeux.
414
a,ooo livres de vin et 3,ooo livres pour la condition de
réméré. Les dits administrateurs gardèrent les rotures
seulement, et revendirent, en 1720, le fief et les rentes
seigneuriales à M. de Magny, intendant de Caen, savoir
le fief 3,000 livres, et les rentes 6,000 livres.
Charles Grente, écuyer, tenait, en 1453, de la baronnie
de Saint-Vigor pour Févéché, par hommage noblement,
un quart de fief dont le chef est assis en la paroisse de
Bazenville, et doit 40 sous tournois de rente de 3 ans en
3 ans à la Saint-Michel ( i ) . ,
11 est sorti de cette paroisse une famille noble du même
nom, qui en a possédé la seigneurie et qui n*existe plus.
Robert, comte de Bazenville, par le désir d^acquérir de la
gloire, alla en Sicile servir sous Roger I^'^ du nom, et
Guillaume son fils, rois de cette isle, et dont il avait
rhonneur d^étre parent (3). Piqué du peu de retour qu'il
trouva dans le dernier, il s^arma avec Richard de Lin-
gèvre, son compatriote, et courut le pays de ce prince, oti
il fit beaucoup de dégât, ce qui le fit dépouiller de ses
biens et bannir du royaume. Un autre Robert de Bazen-
ville donna aux chapelains de Notre-Dame de Bayeux
quelques terres situées à Vaux-sur-Aure, en ia36 (3).
Cette paroisse est le lieu natal d^ Antoine et de Henf^
Halley, professeurs d^éloquence et de droit dans 1^ Uni-
versité de Caen; ils étaient frères; Talné vint au monde
en 1593, et mourut le 3 juin 1676. L^autre mourut le
13 octobre 1688 (4).
Le dimanche 4 de septembre 1746, environ sept heures
de matin, le tonnerre tomba sur le milieu des granges de
(i) Aveux de Tévêché de Bayeux, 1753.
(2) Manuftc. d'Eusèbe, p. 209.
(3) Cart. capel. B. M. Bajoc.
(4) Orig, de Caen, p. 393-394.
415
la ferme deNBazenville. Elles furent embrasées dans un
moment, avec i6,3oo gerbes de froment, 56o gerbes
d^orge et 2, f oo gerbes d^avoine : les écuries, étables, pres-
soirs, charteries, celliers, greniers à bled et à foin, avec
les foins, équipages de harnois, etc., sans qu^on pût rien
sauver *à cause de Tactivité du feu. Nicolas Le Coun la
tenait alors au prix de 2,860 livres par an. Il y eut fins
de 5oo pieds de bâtiments incendiés, dont il ne resta que
les murs. Par le procès-verbal de visite et d^estimation
fait le 16 suivant, la dépense pour la réédification fut
estimée à 15,644 livres, et la perte du fermier à i5,5oo
livres. Les maires et échevins de la ville de Caen et admi-
nistrateurs de FHôtel-Dieu de Caen, auquel cette ferme
appartient, présentèrent leur requête au seigneur évéque
de Bayeux pour obtenir une quête par tout le diocèse.
Elle fut répondue le 3 octobre suivant (i).
Brécy (Notre-Dame de PAssomption). Sergenterie de
Creulty, élection de Caen, 1 1 feux, 5o habitants, notariat
de Creully.
Il n^ a qu^un hameau appelé Varembert, situé à
l'extrémité de la paroisse, sur le bord de la rivière de
Seule. L^église est fort jolie et bien décorée, dans laquelle
on voit une très belle chapelle de Sainte-Anne, mais sans
titre.
La paroisse et la cure de Brécy dépendent du chapitre
de Bayeux pour la |uri4iction contentieuse, et la cure est
à la pleine collation du chanoine de Brécy. Les dîmes
sont partagées entre le chanoine de Brécy et Pabbaye de
Cérisy qui en ont chacun un douzième; Tabbaye de
Fécamp, au droit de, Saint-Gabriel, les chanoines de
(i) Extrait du mand. de Tévêque pour quester.
416
Gueron et de Gtvrus, qui en om chacun un quart, et le
curé qui en a le tiers avec sa pension, avec tous les ver-
dages. Il y a 2 fiefs : celui du chanoine, qui a été acquis en
1757 par M"« de Mathan-Le Bas, moyennant 340 livres
de rente, et celui de M. de La-Ferrière-Le Vaillant. Les
principales maisons sont celles de M. Le Vaillant, et de
feu Tabbé de Cambes, avec un beau jardin. Cette der-
nière appartient aujourd'hui à M. de Gavrus.
Brécy, en latin Brecheyum, BrechiumcxBrœceum est
ortographié par quelqu'uns en : Bressy. M. Huetcroit
qu'il en faut rapporter Torigine au mot Breg qui, en
langue gauloise, signifiait une fente ou crevasse ( 1 ). L'éty-
mologie est-elle juste ?
Elle est à trois quarts de lieue du bourg de Creully, à
3 lieues de Bayeuz, et à 4 lieues de Caen.
Cette paroisse a donné le nom à une ancienne famille
noble de Normandie, qui a produit un abbé de Fécamp
dans la personne de Robert de Brécy. Robertus de Bre^
Mo natus est è suburbano Brecht diocœsis Bc^ocensis.
(Chron. Fiscanensis, apud bibliot. Labbé, t. I, p. 329).
Il gouverna cette abbaye 2 ans et 9 mois, et mourut en
i328. Hermant traduit son nom par Robert de Brèche,
et le fait natif du village de Puteaux [Putot], dépendant
de la paroisse de Bretteville-rOrgueilleuse (2) ; mais en
citant pour son garant le Neustria Pia, il faitvoir sonpeu
d'anention, puisque celui-ci en parle comme la chronique
de Fécamp. Pbilebert de Brécy, chevalier, et M°>« Mar-
guerite d'Anisy sa femme, dame de Saint-Célérin et du
Pin avaient procès contre Jean d'Harcourt comte d'Au-
male, vers 1400 (3).
(i) Orig, de Caen, p. 314.
(1) Hitt. de Beoreux, p. 3i6.
(i) Hist. Harc, t. I, p. 416.
417
ColombierS'Sur'Seule (Saint-Vigor de). Sergenterie de
Gray, éleaion de Bayeux, 49 feux, notariat de Ver.
Cette paroisse a souffert différentes altérations dans son
nom, comme : Collombiers, Colombie et Coullomboye.
Elle est située sur la rivière de Seule, qui la sépare de la
paroisse d^Amblye. On compte de ce lieu une demi-lieue
au bourg de CreuUy, 3 lieues 'à Bayeux, et 4 lieues à
Caen.
M. de La Haye de Bazenville^ secrétaire du roi, sei-
gneur de Colombiers présente à la cure. Les deux tiers de
la dîme appartiennent au prieuré de Salnt-Vigor, au droit
du prieuré de Saint-Gabriel, le tiers avec les verdages est
au curé.
La seigneurie de Colombiers relève du roi par un fief
d^hautber. Elle était possédée en 1 356 par le seigneur de
Cully. Noble homme François de Guerville, seigneur du
fief de Cully, situé à Colombiers-sur-Seule^ nomma à la
cure en 1549. Il descendait de Jean Laurence annobli
par Chartres de février 1455. Ce Jean fut père de Giot,
père de Guillaume qui prit le nom de Guerville au lieu de
celui de Laurence, par lettres patentes du 9 mars 1485,
vérifiées par le bailli de Caen en i486. Cette famille se
divisa en 3 branches, savoir : les seigneurs de La
Lande et de Bray ; les seigneurs de Colombiers et les
seigneurs d^Esquay, lesquels firent conjointement leur
preuve de noblesse en 1599 devant M. de Roissy.
La seigneurie de Colombiers fut adjugée par décret
vers 1660 à messire Louis Le Valois, seigneur d^Esco ville,
sur Nicolas de Syresne, écuyer, seigneur de Colombiers,
et la dame son épouse. Elle passa depuis aux marquis de
Gratot. C^est sous cette qualité que nomma à la cure de
Colombiers es années 1706 et 1709, messire Georges
d^Argouges, chevalier^ marquis de Gratot^ conseiller du
27
4i8
roi, lieutenant-général de S. M. en Basse-Normandie (i).
Noble dame Anne Le Vasseur sa veuve, y nomma aussi
en 171 9, ainsi que messire Michel d^Argouges, cheva-
lier, seigneur et marquis de Gratot en 1 727. La fille héri-
tière de M. de La Haye Bazenville a épousé M. Terray.
Crépon (Saint-Médard et Saint-Gildard de). Sergen-
terie de Gray, élection de Bayeux, 5o feux, 400 commu-
niants, notariat de Ver.
Cette paroisse est située sur une éminence, et arrosée par
la petite rivière de Provence qui y prend sa source, et va
de là se perdre à la mer dans la paroisse de Ver. Elle est
à une lieue du bourg de Creully et à 2 lieues et demie de
Bayeux.
Cest une des plus anciennes baronnies du bailliage de
Gien, qui relève du roi par un plein fief d^hautber. Un
recueil d'aveux du siècle dernier marque aussi que c^est
une châtellenie et tiers de baronnie avec des extensions
dans plusieurs paroisses voisines. Cette baronnie donnait
droit de séance à TÉchiquier de Normandie, et son sei-
gneur est un des 4 grands bacheliers de la Province (2).
Il présente à la cure. La dîme est partagée par moitié
entre le curé et l'abbaye de Cormeilles. Son nom est
unique en France. Les uns ont écrit Crespon, les autres
Crespum, Ecclesia de Crepone.
Le patronage de cette cure avec toutes ses apparte-
nances (18 acres de terre et tous les hommes et leurs
revenus), furent donnés à Tabbaye de Cormeilles par
Guillaume de Crépon, comte d^Mérefort, ou Guillaume
comte de Breteuil son fils, seigneur de Crépon. Henry II,
(1) Reg. de l'évéché.
(a) HisU Harc., t. III, p. iSj,
419
roi d'Angleterre, dans sa cbartre pour Pabbaye de
Cormeilles, lui confirme ce don et assure qu'il a été fait à
ce monastère par ses fondateurs, dont Guillaume comte
de Breteuil, dit ce prince, est le principal. La bulle du
pape Alexandre 111, de Tan 1168, explique la susdite
donation en ces termes : Ecclesiam de Crespum cum
omnibus decimis, et decem et octo ocras terrœ (i). Elle
ne marque point le nom du donateur; mais il est constant
que les religieux de Cormeilles ont toujours joui depuis cp
don du fief de Cormeilles en la paroisse de Crépon, et
que les vassaux de cette seigneurie se sont toujours main-
tenus à ne point payer la dîme des terres qui en relèvent,
et qui leur avaient été baillées auparavant sous cette con-
dition par les seigneurs de ce même fief.
Le pape ayant permis au roi de recueillir sur son clergé
la somme de 5o,ooo écus, les abbé et religieux de Cor-
meilles vendirent ce fief à François de Cairon, écuyer,
par contrat du 4 juin 1 677, pour contribuer à cette taxe.
Le patronage de la cure est attaché à ce fief. La vente fut
de 800 livres pour le principal, et les 2 sous pour livre.
Le sieur de Cairon revendit depuis ce fief au baron de
Crépon, dont les représentants le possèdent encore. Les
religieux de Cormeilles y perçoivent toujours la moitié
des dîmes, le curé a Pautre moitié qui lui compose un
très bon revenu.
La baronnie de Crépon a des extensions es paroisses de
Meuvaine, CoIombiers-sur-Seule, et es environs, comme
on le voit par l'aveu de messire Jacques de Novince,
chevalier de Malte. Il y a aussi une fiefferme, qui fut
fiefiée par le prix de 5 1 s. par an à Guillaume Le Blays,
écuyer, selon un compte de i563. Cette baronnie a
(i) Manast. Angiic, t. II, p. 962.
420
donné son nom à une ancienne maison éteinte que la
Chronique de Normandie dit avoir pour auteur' un
chevalier Danois qui accompagna le duc Rhou et qui
eut en partage la terre de Crépon* Ses armes étaient de
gueules à la quintefeuille d^bermines.
Osbem de Crépoil était fils de Herphaste (i), fils d^un
chevalier Danois, neveu de Gonnor, duchesse de Nor-
mandie, de Duceline ou Weve, femme de Thouroude,
sire de Ponteaudemer, et de Sainfrie, mariée au Forestier
de Chercheville. La Chronique de Normandie prétend
que c'est de lui que Cresponville^ Gerponviile et Qipon-
ville au diocèse de Rouen, ont pris leur nom (2).
La même Chronique fait mention de Guilbert de Cré-
pon contemporain d^Osbern de Crépon (3). Elle marque
que le duc Robert lui donna le château de Tillières à
garder, et que Guillaume son fils le céda depuis à
Henri !«% roi de France qui le fit démolir. Selon cette
Chronique, Guilbert de Crépon épousa Ariette, maltresse
de Robert, duc de Normandie, de laquelle il eut Odon,
évéque de Bayeux, Robert de Crépon qui fut grand
personnage, et la comtesse d^Aumale (4), mais ce fait est
contredit par tous les historiens qui ne donnent point
d'autre mari à Ariette qu*Herluin, comte de Conte-
ville (5).
Guillaume de Crépon, fils d^Osberne, devint comte de
Breteuil et de Leicestre en Angleterre. Il portait pour
armes : d^argent au cerf d^azur encorné d'or et passant. Il
(i) Hist. Harc,, t. I, p. 38.
(a) ChroH. de Norm.^ p. 44 et 45.
(3) ChrOH^ de Norm., p. 68.
(4) Chron. de Norm,,p. 69.
(5) WilUL Gemetic, lib. VII, ctp. III; Ord. Vitalis, lib. V et VII,
fol. 467,
421
avait épousé Adélaïde, fille de Roger de Thoëny, une des
plus riches héritières de Normandie^ dont sortirent deux
fils : Guillaume, comte de Breteuîl, et Robert, comte
d'Hereford(i).
Guillaume, II« du nom, comte de Breteuil, baron de
Crépon, eut les biens de Normandie dans le partage de
la succession, et ne laissa que des filles alliées à des sei-
gneurs de la première distinction.
N La baronnie de Crépon depuis ce temps-là a passé
dans bien des familles, tant par succession que par vente.
En i355, elle appartenait, selon le livré Pelut, à N. de
Fcrrières.
Dans le même siècle, Jeanne de Malesmains épousa
Olivier, IV« du nom, sire de Montauban en Bretagne,
mort en 1 388, et lui apporta en mariage les terres de Cré-
pon, de Romilly, Marigny et autres terres en Nor-
mandie. Elle était fille de Gilbert de Malesmains, sei-
gneur de Sacé, et de Typhaigne de Gourcy. Guillaume
de Montauban, leur troisième fils, portait le titre de sei*
gneur de Crépon, et mourut sans alliance (2).
Olivier de Montauban, V« du nom, frère aîné de Guil-
laume, retira en iSjô la terre de Crépon que Bernard
de La Ferté, cohéritier de la dame de Chaourses, avait
aliénée.
Renaud de Montauban, son quatrième fils, par son
partage fut seigneur de Crépon et de Marigny, et en fit
hommage le 14 octobre 1 394.
Guillaume de Montauban, frère aîné du précédent,
échangea ensuite ses terres de Linières-la-Doucelle et
Crépon, contre celles de Plumoêt et de Montbrun, qui lui
(i) Hist. Harc., 1. 1, p. 39.
(a) Hist. des gr, Offic,, t. IV, p. 78 et 79.
422
furefit cédées par Typhaigne du Guesclin, femme de
Pierre de Touraemine, seigneur de Jaoson, par acte passé
à Dinau le i5 mai 141t. Il était qualifié seigneur de
Rommilly ; apparemment que cet échange n'eut pas lieu,
car nous trouvons que Jean de Montauban, son fils» rendit
le 3 juillet 1450 aveu de ses terres de Normandie, parmi
lesquelles Crépon est compris (i). Il en rendit encore
aveu en 1457; il fut maréchal de Breugne, amiral de
France, bailli de Cotentin (2); il obtint en 1461 ou 1463
des lettres du roi pour l'érection en hautes fustices des
baronnies de Marigny, Rommilly et Crépon. Marie de
Montauban, dame de Crépon, s^allia, par contrat du
14 avril 1443, à Louis l^ de Rohan, seigneur de Gue-
mené, dont vint Louis II, qui posséda depuis les susdites
terres de Normandie.
Demoiselle Hélène de Rohan dame de Crépon en 1497.
Gillette du Châtel, dame de Crépon et de Sermentot,
nomma à la cure de Sermentot en 1 5i6 (3).
Jean de Kenelec (ou du Quelnec), vicomte du Fou,
baron du Pont, amiral de Bretagne, épousa Françoise
Goyon, fille unique d^Alain, seigneur de Villers, grand
écuyer de France, bailli de Caen, et fut père de Marie,
baronne de Crépon (4). Françoise Goyon mourut à
Caen, Tan i536.
Louis de Novince, chevalier, seigneur d^Aubigny, et
de Cahagnes, baron de Crépon et viconte d^Esquay du
chef de sa femme, vivait en i63o. Dame Françoise de
Maimbeville, sa veuve et douairière de Crépon, nomma à
cette cure en i656, du consentement d^Adrten de
(I) Hist. des gr. Offlc, t. VII, p. 857.
(a) Hist, Harc, t. II, p. io66,
(3) Reg. de Tévêché.
(4) M. Huet, Orig. de Caen, p. i38.
4^3
l^ovince, chevalier, seigneur et baron d'Aubigny, pro-
priétaire et seigneur de Crépon (i). Ils descendaient de
Jean de Novince, seigneur d'Aubigny, qui, l'an i58o,
fit au célèbre Jacques- Auguste de Thou, conseiller d^État,
cette magnifique réception à Caen dont il est parlé dans
la vie de ce magistrat (2).
Marguerite de Biais porta en mariage à Alexandre
Costé, marquis de Saint-Suplix, conseiller au parlement
de Rouen, les terres et baronnie de Crépon; de Vaux et
de Grey. Cette dame, issue d^une ancienne maison de
Normandie, et alliée à toutes les meilleures de Nor-
mandie, telles qu^à celles de Faouq, de Garnetot, d^Hien-
ville", d^Estampes, de La Luzerne, de Brévant, d'Oûessey,
de Civille, de Nassi, de Becdelièvre, de Mathan, de Tier-
ceville, de La Roche-Aimon, de Cadot-Sebeville, de
Castel de Crevecœur, et de GouflSer d^AUy, était filleule
de Louis XIII, et fille de Jean Le Biais, conseiller d^État,
ami intime du célèbre M. Huet, évéque d^Avranches.
Jean Le Biais, seigneur de Quesney, baron de Cres-
pon, né le 26 novembre 161 5, mort à Caen le 26 février
1 698. Il fut fait conseiller d^État par le cardinal Mazarin,
pour être resté fidèle au roi pendant la Fronde. Pour
la même raison, le duc de Longueville le fit destituer de
la charge de lieutenant-général. Le Biais pouvait y ren-
trer; il préféra Tétude et la retraite. Il savait le grec et le
latin, faisait des vers, et avait un singulier talent pour
trouver dans les livres ce qu^il y cherchait. Son portrait a
été gravé in-folio par Drevet.
De ce mariage est né Alexandre Costé, marquis de
Saint-Suplix, baron de Crépon, seigneur et gouverneur
(i) Reg. de révêché.
(a) Mém. de la vie de M, de Thou, in«4o^.p. 5i, édit. de 171 1.
4M
de la ville d*Harfleur, de Buglise, de Saint-Barthélémy,
d'Écrepentot, de Vaux, de Gray, de Bavon, du Quesnay»
de Cambres, de Sainte^Croix-sur-Mer, mon à Paris le
i3 mai 174g, âgé de 58 ans. Il avait épousé, le 1 5 dé-
cembre 17 17, en premières noces, Marie-Guillemette de
Moura, iille de Don Antoine, et d^Antoinette de Carringa,
de laquelle sont sortis : Alexandre-Antoine-Sébastien
Costé, marquis de Saint^Suplix, ci-devant officier au
régiment du Roi-Infanterie, et aide de camp de M. le
prince de Clermont; et Pierre Jacques- Alexandre, comte
de Saint-Suplix. Leurs armes sont : de synôple au che-
vron d^or accompagné de trois coquilles de même 2 et i.
La famille de Costé se dit originaire du pays de Caux en
Normandie, oti elle possède encore des terres et fiefs
depuis Saint-Louis. *
Je n'avais pas remarqué qu^Osbern de Crépon, neveu
de la duchesse Gonnor, fut sénéchal de Normandie, gou-
verneur du duc Guillaume, depuis surnommé Le
Conquérant, et qu^il fut tué dans son lit au château de
Vaudreuil en io36 par Guillaume comte de Montgom-
mery. Il avait épousé la fille de Raoul, comte de Breteuil
et d'Ivry, sœur de l'archevêque de Rouen et de Tévéque
de Bayeux. Il laissa Guillaume-fils-Osbern qui devipt
un des plus illustres personnages de son temps. Baron
de Crépon comme son père, il fut encore comte de Bre-
teuil et d'Hereford en Angleterre, oti il avait accompagné
le duc Guillaume. Il fut tué en 1071, à la bataille de
Cassel en Flandres, et son corps rapporté en Normandie
fut enterré dans Tabbaye de Cormeilles qu'il avait fondée
ainsi que celle de Lyre ( i ].
(i) Chron. de Normandie, p. 45 et 67. — Willel, Gemetic^
îib. VII, c. 38. — Ord. Vital., Ub. III, anno 1040; lib. IV,
anno 1070.
42S
Creully (Saint-Martin de). Bourg, baronnie, chef-
lieu de doyenné rural et de sergenterie> élection de Caen,
190 feux, 800 habitants, lieu de notariat.
Quelqu^uns ajoutant un t devant les deux // écrivent :
Creûilly; mais cet usage est contraire à Torthogàiphe
employée dans la Chronique de Normandie, les Ahti-
quités de Caen et les Cartes du diocèse. Il est arppelé Cur-
leyum dans les anciennes Chartres^ et Cro//^2<m dans le
livre Pelut de Pévêché, et les titres récents; mais il est
visible que ce dernier mot a été forgé sur le nom fran-
çais. Curleium vient^ dit-on^ de Panglo^saxon churl, qui
signifie paysan^ rustique de profession ou de mœurs;
peut-être, dit M. Huet, parce que ce canton était fort peu-
plé de laboureurs (i), comme il Test encore aujourd'hui,
ou à cause de la rusticité de ses habitants. Son terroir, en
effet, est très abondant en toutes sortes de grains, et sa
fertilité a toujours constamment attaché ses habitants au
labourage.
Le bourg et le château de Creully sont situés sur une
éminence à Textrémité d^une belle plaine. La rivière de
Seulle, partagée en deux bras, coule dans un vallon au
pied de cette éminence. L'ancien cours passe sous le pont
de CreuUet; le nouveau n'est qu'un lieu ouvert pour fjîre
moudre les moulins de Creully. La partie de la paroisse
qui est en deçà de la rivière, ressortit au bailliage de
Caen ; Pautre partie, qui est au-delà, du côté de CreuUet,
dépend de celui de Bayeux,
Le bourg est assez étendu ; il est à 2 lieues et demie de
Bayeux, et à 4 petites lieues de Caen. Il s'y tient un
marché tous les mercredis, et une foire les premiers mer-
credis de chaque mois, dont les droits et coutumes appar-
(f) àrig, A Caen, p. 4 et 298.
4a<
tknnent ao seigneur. Ses balles sont les plus belles de
Basse-Normandie. Elles furent bâties le siècle dernier
par Antoine de Sillans, baron de CreuUy, et Sylvie de
Rohan son épouse. Il y a un notariat et un bureau de
contrôle, mais ce dernier n^y est pas attaché; il dépend
de Téleaion de Gicn pour la taille, et de Bayeux pour le
sel.
Le château, outre sa position naturelle qui le rendait
très fort, est encore environné de hautes murailles, de
tours et de fossés à fond de cuve, excepté vers le couchant,
qu^il est défendu par un chemin escarpé et très profond;
la plupart de ses fortifications tombent en ruine à pré-
sent. La première porte, accompagnée de tours termina
en dôme, offre à la vue plusieurs figures d'hommes et
d^animaux en gros relief qui sont dessus. Elle conduit
par un chemin couvert à une autre porte surmontée
d^une tour élevée et garnie de créneaux, au haut de
laquelle on voit les armes des ancieqs seigneurs de
CreuUy. II y a, à la gauche en entrant dans Tavant cour,
de fort belles écuries, qui furent bâties aussi bien que la
porte d^entrée, par lé seigneur et la dame de Creully,
dont nous venons de parler. De là on traverse la cour
qui conduit au principal corps de logis, défendu encore
par un pont, bâti sur un large fossé qui est au pied de la
maison. La face et les appartements n'ont rien de régu-
lier ; tout s'y ressent du goût gothique, et des siècles où ils
ont été bâtis.
Il y a dans Tenceinte une ancienne chapelle titulaire
dont il ne reste plus que les murs. Elle est appelée
Notre-Dame-de*Pitié, dans une provision du i6 mai
1657. Le seigneur y présente.
Les habitants des paroisses voisines, vassaux de la
baronnie de Creully, sont tenus à la garde et au gué du
4^7
château en temps de guerre. Ceux de Rye« Villiers-le*
Sec, Saint-Gabriel et Amblye, prétendirent sVn libérer
en 1 369, sur une lettre subreptice qu'ils obtinrent du roi
Charles-le-Sage, par Tentremise de Tabbé de Fécamp qui
les réclamait comme ses hommes, à cause de son prieuré
de Saint-Gabriel. Us furent condamnés aux services
accoutumés de ce château par de nouvelles lettres de ce
prince, données à Paris le 25 mai de la même année, sur
Texposé plus véridique de Richard, baron de Creully.
Ce château fut rendu en 141 7 à Henri V, roi d^Angle-
terre, par Guillaume de Vierville, baron de CreuUy. Le
rôle des titres normands en fait mention de la sorte :
Salvus conducttis concessus domino de CreuUy qui
castrum de Creulljr régi rursum dédit, et illud cum
vil lis.,. Castro prœdicto pertinentibus liberavit.
Uéglise paroissiale, la seule du bourg, est située au
milieu, dans la place du marché. La nomination de la
cure appartient avec les grosses dimes au chapitre de
Bayeux. Elle paraît ancienne si on excepte le sanctuaire*
qui parait plus récent, et sous lequel est le caveau où sont
enterrés les derniers seigneurs de CreuUy. La nef, comme
le chœur, n^est pas large; mais elle est accompagnée de
deux collatéreaux, qui, par la petitesse de leurs croisées,
donnent beaucoup d'obscurité à toute Péglise. On voit
au sanctuaire, sous des arcades pratiquées dans les murs,
les mausolées de deux seigneurs de CreuUy et de leurs
épouses, qui y sont représentés à genoux avec différents
attributs. On lit cette épitaphe sur le mausolée, qui est du
côté de rÉvangile, en lettres gothiques :
Cy gist un très illustre et ezœlleat Seigneur,
Antoine de Sillans, digne de grand honneur;
Car toujours fut à Dieu et à son roy fidèle.
Desquels il soutenait de bon couir It querelle.
4»8
En ton gouvernement tel devoir il sut rendre,
Que Tennemi n*on plut tur luy rien entreprendre,
n lenrit quatre roîs, detquato pour récompense,
Et poi^r SCS gnndes vertus, il eut TOrdre de France.
De quinze enlants qu'il eut, il en a vu les quatre.
Pour la Foy Catholique et pour le Roi combattre.
De son antique race nul n'erra en la foy :
Mais ont toujours été bons serviteurs du Roy.
Or enfin ce seigneur et baron de Creully
A ioîzante-et-trois ans lut au Gel recueilli.
La mort de luy triomphe, son renom est vivant,
Il vit en son épouse, qui prie au Tout-Puissant
Que son bon plaisir soit bientôt les rendre unis.
Sous le tombeau leur corps, leur âme en Paradis.
AInsi-soit-il.
L'épitaphe du mausolée qui est vers Tépitre, sur du
marbre noir comme la précédente, est ainsi conçue :
Illustre dame Silvie de Rohan consacra ce tombeau
aux mânes de messire Antoine de Sillans, IIP du nom,
vivant chevalier, seigneur et marquis de Creully, dé^
cédé Van 1 6 41,
Marbre raconte à la postérité
Qu'un saint hymen vainc ta solidité
Et que Silvie en ces honneurs funèbres
Rend sa mémoire et son amour célèbres.
Aussi Tobjet qui lut son digne choix
Le fut jadis du conseil de nos Rots,
Et l'Étranger qui connut sa prudence,
En un Français sut admirer la France.
Aux ennemis sa fatale valeur
Donna toujours ou la mort ou la peur.
Heureux vainqueur si chéri de la gloire.
Que chaque assaut lui fut une victoire.
Le vice même à ses pieds abbattu
Fit un trophée à sa noble vertu.
Sa main toujours aux pauvres libérale
Fait regretta que m terre natale
429
Qui tiânt de luy ces pompeux bâdments
Perde en sa mort ses plus beaux ornements.
Ce grand héros des biens de la naissance,
Comme plusieurs n*éleva sa puissance.
Et ce luy Ait, sortir des demi-dieux,
Le moindre don qu'il ait reçu des Qeux.
Justement donc cette illustre Silvie
Qui du haut sang de Rohan prit la vie.
Dans ce tombeau résolut de montrer
Que le trépas ne Ten peut séparer.
HsK quem busta tegunt nulli virtute secundus, tertius, Antoni,
nominis hujus eras. Nominis ejusdem très idem sustulit annus,
cum ter visceno tertius ille fuit. Qui nunc quartus ab iis quintus»
que Antonius auras vitales carpunt, filius atque pater. Serius his
obeant, Antoni ! et nomeiiP amatum vivat et illustris, tempus in
omne domus.
Au milieu du chœur, il y a une ouverture par où Ton
descend au caveau sépulchral. Elle est fermée par deux
grandes plaques de cuivre en forme de battants de pone,
sur lesquels on lit les vers suivants :
Vivere perpetuo dignos eaoe ausa necare
O fiillax ! Vita quam maie nomen habes,
Vita 1 tuum capiat mors nomen, quos que necasti
Mors pia, te melior, vivere fecît eos.
La vie est immortelle en dépit de l'envie
Qui mortel l'homme appelle, il luy fait grand tort ,
Car encor que la mort ait pouvoir sur la vie
La vie pourtant toujours l'aura dessus la mort.
4ÎO
Coiport iptorum (hic) in p«ce Mpultt tunt,
Et Domen eorum nvet in generationem et generationem.
{Eecl. XLIVy.
Non mortui laudabunt te domine, sed nos qui vÎTimus,
Benedidmut Doaûno. fPsal. 1 13). Requietcant in pacc, 1634.
i^ livre Pelut de PéYéché que j^ai déjà cité, marque
une léproserie à Creully : Capella leprosariœ de
Crolléfo, laquelle, comme la chapelle du château, était
en t356 à la nomination de Richard de Creully. Cette
chapelle ou maladrerie, sous le titre de Saint-Nicolas-du-
Perron, était au bout du bourg vers le midi, dans le
lieu oti Ton voit un colombier. Ses terres sont encore
exemptes^ de dîmes, et son revenu a été uni à THôtel-
Dieu de Caen.
La terre de Creully, sous le titre d^ancienne baronnie,
relève nuement du roi par un plein fief d'hautber; les
seigneurs avaient droit de séance à TÉchiquier de Nor-
mandie.
De cette baronnie relèvent noblement les terres et
seigneuries de : Noron, Lanteuil-Manneville, Bréqr,
Fresné-le-Crotteux, Bretteville, Rots, Langrune, Amblie,
Saint-Gilles, Bombanville, Lorey, Barbières, Villers,
Aguerny, VîllervîUe, Criquebœuf, La Chaussée, Saint-
Jean, Vauville, Cambes, Colleville^ Mathieu, Cosnard,
Jamen, Franqueville et Saint-Amand. Elle s'étend encore
à Villîers-le-Sec, Tierceville, Crépon, Mathieu, Le
Manoir, Rye, Vienne, Saint-Sauvear-Landeiin, Saini-
Gilles, Goville, La Motte, La HauUe, Saint-Célerin,
Conjon, Bretteville-sur-Bordel, Pierrefitte, etc.
On ne trouve point de plus ancien seigneur de ce lieu
que Hamon surnommé Audens, Le Hardi, qualifié sei-
gncur de Torîgny, Bercy et Creully. Cétait un des des
plus riches et des plus puissants seigneurs de Normandie^
allié à nos ducs. Il se joignit aux comtes de Bessin et de
Cotentin qui avaient formé le projet de chasser le duc
Guillaume du trône, pour mettre Guy de Bourgogne à sa
place. Son infidélité lui coûta la vie. Il fut tué en 1046 à
la bataille de VaNdes-Dunes à la tête du 3* corps de
Tarmée des rebelles quMl commandait ( i )
Robert Hamon^ seigneur de Torigny, Creully, Saint-
Waast et d'Astrénerville, jeune seigneur de distinction,
nobilem virum et juvenemy suivit le duc Guillaume à la
conquête d^Angleterre en 1066 (2); il acquit une grande
réputation par les armes. Le roi Guillaume-le-Roux lui
donna, en considération de ses services, et de ceux de son
père, la terre de Glocester en Angleterre. II y mourut au
mois de mars 1 107, et fut enterré dans le monastère de
Theokesbury, qu'il avait fondé (3).
Dequatre filles qu'il laissa de sa femme Sibille, fille de
Roger de Montgommery, comte de Bellesme, deux furent
religieuses, et ensuite abbesses en Angleterre. La cadette
fut mariée à un comte de Bretagne, et Mathilde, Painée,
à Robert de Kent, fils naturel d'Henri, frère et succes-
seur de Guillaume-le-Roux, roi d^Angleterre et duc de
Normandie. Cette cadette eut pour sa dot, et de la volonté
du roi, Glocester, Torîgny et CreuUy. La terre de Glo-
cester fut érigée en comté par le roi Henri en faveur de
ce mariage (4).
(i) Chrm. de Nùrm., p. 74-75.
(2) Hist. Harc, 1. 1, p. agS.
(3) Monatt. Anglic, t. I, p. 1 54-1 55.
(4) Monast. Anglic.^ 1 1, p. i54-i55; — Wi^eU Gemti,, lib.
VII, chap. XXIX. — Hist. Harc., ut supr.
4}2
Robert de Kent, comte de Glocener, sire de Torigny
et de Creully, fit Un échange du prieuré de Saint-Gabriel
près Creullj avec l*abbé de Fécamp en 1 1 38, et la même
année il fit une donation à l'abbaye d*Ardenne proche
Caen. Il prit en 1 189 le château d'Aunay. Il mourut en
Angleterre le dernier d'octobre 1 147, laissant plusieurs
en&inu de sa femme, et quelques naturels de ses
maîtresses, entr'autres Richard de Glocester, depuis
évéque de Bayeux. Guillaume, Tainé de ses fils, eut le
comté de Glocester en partage.
Les titres et enseignements de la maison de CreuUy
remarquent qu'elle procède de celle de Glocester, c'est-à-
dire qu'un des enfants du comte de Glocester, dans le
partage de la succession, eut la baronnie de CreuUy dont
il prit le nom, et le transmit à sa postérité (i).
Richard est, selon La Roque, le premier baron de
CreuUy, duquel sont descendus tous ceux du nom et
armes de CreuUy. Il portait pour armes : d'argent à
3 lionceaux rampant de gueule.
Par une chartre de l'an 1080 (il y a visiblement de
l'erreur dans cette date), Richard, baron de CreuUy,
donna à l'abbaye de Fécamp l'intégrité du prieuré de
Saint-Gabriel, la dîme de Saint-Rémy-de-Fresnay, la
huitième partie de la dîme de Saint-Gabriel, les terres
qu'il possédait à Brécy, 3 acres de terre en prés, une
maison et une pêcherie en la paroisse de Langrune,
et une autre pêcherie en la paroisse de Saint-Gabriel (2) .
Par une chartre sans date, il aumôna à l'abbaye de
Longues deux gerbes de dîmes sur 1 2 acres de terre, et la
troisième gerbe sur 12 autres acres situées à Vaussieux,
(i) Hist, Harc., X. 11, p. 1067 et sulv.
(a) Extr^ d'une copie tirée du Cartul. de Fécamp.
433
étant toutes du fief de Raoul Tesson, lesquelles dîmes il
avait eues du bien de ses ancêtres (i).
On croit quUl épousa la fille, héritière de Guillaume,
seigneur de Saint-Clair et de Villiers-Fossard, qui avait
fondé en 1 1 Sç le prieuré de Villiers de Tordre de Citeaux.
Leurs enfants furent : Philippes, qui suit; Henri qui
succéda à son frère, et Richard de CreuUy, seigneur de
Saint-Clair, chef de la branche de Satnt-Qair.
Philippes^ baron de CreuUy, est renommé parmi les
chevaliers bannerets qui vivaient du temps du roi Phi-
lippe*Auguste en 1 210 (2). Il aum&na à Pabbayede Lon-
gues, peu de temps après sa fondation, une maison sise à
CreuUy devant la porte de son château, 3 acres et 3 ver-
gées de terre, et le ténement de Martin, clerc de Vienne,
situé au Manoir (3). Lui et Richard, son frère puiné,
donnèrent à Fabbaye de Cerisy le patronage de Téglise
de Saint-Clair avec ses dîmes, du consentement d'Henri,
évêque de Bayeux, pour leur salut et celui de leur père et
du comte Robert, leur aïeul (4). Il assista en 11 90 à la
dédicace de Fabbaye d^Aunay et fut un des témoins qui
souscrivirent à la donation de la terre de Langrune faite
à cette abbaye par Guillaume du Hommet, connétable de
Normandie (5). Philippe de CreuUy, fils de Richard, fils
du Comte, comme seigneur suzerain ratifie les donations
faites au prieuré de Sainte-Barbe, de Téglise et terres de
Cottun, par Roger, Thomas et Eudes, fils de Thomas
Malfilâtre, et Guy de Boviller (ou Beuvillers).
Sa fille uniquefutmariéeàRobert,siredeTillières, dont
(i) Cart. abb. de Lo&gis, p. 44.
(2) Hist, Harc, 1. 1, p. 317.
(3) Gallia Christ., t. XI; ïnst,, col. 86.
(4) Cart abb. de Ceraseyo.
(5) Gai. Christ., t. VI, ut supr., col. 90-91.
28
4Î4
vint Gilbert de Tillières, auquel échut, vers 1218, la
baronnie de Creutly; mais étant mort sans enfants> elle
revint au suivant ( i ) .
Henry, baron de Creuily, par le décès de Gilbert de
Tillières, son petit-neveu, fut père de Richard, 11^ du
nom, et de Robert de CreuUy.
Richard, baron de Creuily, lU du nom, partagea la
succession, en i223, avec Robert de Creuily son puîné.
II parait un appointement fait en 12 19 entre lui et ses
hommes et vassaux pour un procès entre eux pendant à
Bayeux.
Richard, baron de Creuily, III« du nom, eut pour
femme Isabeaude Tillières, tante de Gacé de Tillières.
Richard, seigneur de CreuUy, chevalier, ratifia, en i25 1,
la vente de 1 3 acres de terre sises à Cambes, vendues à
Tabbaye d^Aunay par Geoffroy de Rapendon. (Ex. au"
togr,].
Raoul, baron de CreuUy, est qualifié monseigneur et
chevalier dans un accord daté de Tan i3o6y fait avec
messire Richard de Bretteville, écuyer, seigneur de Bret-
teville-sur-Bordel, et autres vassaux du baron de CreuUy.
Richard, baron de CreuUy, IV« du nom, vivait en
i356.
Richard, baron de CreuUy, V< du nom, épousa en
1367, Alix de Clere, selon une généalogie de cette mai-
son. Cette dame était alliée à la maison royale par les ducs
de Brabant, et les anciens comtes d^Alençon dont elle
descendait par femmes. Il rendit aveu à Pévéque de
Bayeux, suivant un vidimus du 28 janvier 1 382, d'un
fief assis à Saint-Clair, que tenait de lui en parage Jean
de CreuUy. Dans cet aveu, notre baron prend la qualité
(i) Hist, Harc, t. H, p. 1067.
435
désire de Creully^ seigneur de Mathieu» Torville, Mont*
carville et Gartot.
Louis, baron de Creully, épousa Isabeau Mallet de
Graville, veuve de Guillaume de Trie, laquelle était
petit&-fille de Léonor de Saint-Pol, fille de Guy de Chas-
tillon, comte de Saint-Paul, et de Marie de Bretagne. Il
eut pour enfants ; Pbilippes, mort jeune, et Marie, héri-
tière.
Les Génois ayant demandé des secours à la France au
mens de juin iSgo, pour se délivrer des Turcs, qui étaient
venus les attaquer sur leurs <:ôtes, grand nombre de sei-
gneurs français y allèrent, et remportèrent sur eux une
signalée victoire en Barbarie. Le baron de Creully y
périt (i).
Guillaume de Vierville, siredeVierville, devint baron »
de Creully, au droit de Marie de Creully quUl avait
épousée. Il reiiditaveu au roi le 26 janvier iSgo (iSgi),
de cette baronnie consistant en : la terre de Creully, de
Mathieu et de Mesnilbuê, avec leurs appartenances.
Henry Y, roi d^ Angleterre, usurpateur de la couronne
de France, la cinquième année de son usurpation, con-
fisqua tous les seigneurs de Normandie qui étaient de-
meurés fidèles à leur prince légitime. Il donna à Hortauz
de Vaudox (2), chevalier anglais, le châteauetla baronhie
de Creully, qui avait été à Guillaume de Vierville, che-
valier, et à demoiselle Marie de Creully, héritière de
Creully sa femme, le château et baronnie deCourseuUes,
avec toutes les terres qui avaient appartenu à Raoul de
Meullant, III« du nom, la terre et seigneurie de Yillers-
en-Bocage qui venait de la succession d^Olivier de Mauny,
(i) Hist. HarCt t. I, p. 401. — Masseville, t. HI, p. 19.
(2) Heurtauz de Vaudoux ? (Heurtangle de Vauclouz).
4J«
chevalier, et toutes les terres qui étaient à Larchamp , à
charge de le servir en cas d^arrière-ban avec deux cbeva*
tiers, quatre hommes à cheval et huit archers, et lui rendre
hommage au château de Caen.
Philippe de Vierville, baron de Creully, fils du pré-
cédent, rentra en possession, en 1460, de ses biens de
Normandie, dont son père et lui avaient été dépouillés
par les Anglais. Il avait épousé, le 4 juillet 1434, Marie
de Montauban, et mourut en 1466, laissant entre autres
enfants : Arthur qui suit, et Dom Pierre de Vierville,
décédé en 1485, abbé de Saint-Etienne de Caen ; et pour
filles : i^ Marie, femme de Jean du Bois, chevalier, sei-
gneur de Viaot; 2^ Jeanne, femme de Jean LenSant,
seigneur de Saint-Germain-de-La*Lieue et de Vienne ;
30 Thomine, femme de Richard de Royville, seigneur de
Banville; et 49 Anne, femme de Jacques Béton, seigneur
de FeugueroUes et de Saint>Louet.
Arthur de Vierville, chevalier, seigneur et baron de
Creully, Vierville, Mesnilbuë, Monthuchon, CreuUet,
Hermanville, Mesnil- Richard, épousa, par traité du
i3 mars /1473, reconnu le 7 juin 1474, Jaqudine de
Bricqueville, dame d'Escoville, Bosroger, Rupierre, Bret-
teviUe et Beneauville, fille de Guillaume, chevalier, sei-
gneur de Laune et de Coulombières, et de Guillemette
Pèlerin, dame de Sainte-Croix*Grantonne et d^ Aman ville.
Le sire de Vierville et de Creùlly, rendit aveu au roi pour
la baronnie de CreuUy, le 1 1 novembre 1472.
De ce mariage sortirent : Marie, qui suit, et Jacqueline;
qui épousa par contrat du 10 mai 1497, Charles d^Har-
court, chevalier, seigneur et baron de Beauffou et de
Beuvron.
Marie de Vierville, dame et baronne de CreuUy,
épousa : i^ par traité du 23 décembre 1492, François
437
Martel, seigneur de Bacqueviile; 2» par traité du 22 sep-
tembre 1 5o6, Eustache de Clermont, seigneur de Cler-
mont; 3® vers i5o5, Jean de Sillans, seigneur d'Herman-
ville et de la Perrière.
Le 4 mai iSog, Jean de Sillans d^Hermanville et
Charles de Harcourt-Beuvron firent des lots de la succes-
sion de feu Anhur de Vierville, baron de Creully, dont
ils avaient épousé les deux héritières. La maison de
Vierville descendait en ligne masculine de celle de Vil-
lier*-sur-Port, et avait pour armes : fascé d'argent et
d'azur à la bande et devise de gueules.
Cest une opinion généralement reçue que la maison
de Sillans est originaire de Provence, mais il y a fort
longtemps quelle est établie en Normandie. Elle y a
toujours possédé des biens dans le bailliage de Caen, et
elle a joui de la baronnie de CreuUy, qui en est une des
principales terres.
Gilbert de Sillans, chevalier, est le premier de cette
famille qui soit venu sMtablir en la province de Nor-
mandie. Il eut pour femme Alix de Montmorency, de
laquelle il eut trois fils, savoir : !<> Jean qui suit; 2° Ri-
chard, chevalier; 3® Roger, aussi chevalier. Jean de
Sillans, !«' du nom, chevalier, fut sergent d'armes du roi
Jean, et capitaine de Melun. Il partagea avec ses frères la
succession de ses père et mère, par contrat passé devant
Adam du Mont, prêtre, garde-scel de la vicomte de
Caen, en i332. Il est ensuite mentionné dans le compte
de Barthélémy du Drac, trésorier des guerres, es années
1340 et i355. 11 eut pour successeur Jean de Sillans,
II* du nom, son fils, seigneur d'Ardres, de Verdun et du
Mesnil-Morin. Il épousa Jeanne Malherbe, fille de Guil*
laume, seigneur de La Perrière, et de G)lette de Vierville,
son épouse, dont il eut : Guillaume de Sillans, seigneur
43»
d'Ardres, de Monts, de Verdun et du Mesnii-Morin»
chevalier. Celui-ci laissa entre autres enfieints : Jean de
Sillans, III« du nom, seigneur de La Perrière, marié
vers 1477 à Catherine d'Hérmanville, fille unique
de Charles, seigneur d'Hermanville, et en eut Jean de
Sillans, IV« du nom, seigneur d^Hermanville, d'Ardres
et de Monts.
Ce Jean de Sillans devint baron de Creully,à cause de
Marie de Creully, sa femme. Il est mentionné en un
arrêt de l'Echiquier de l'année 1497, étant en différent
avec Marguerin du Monnay et Jeanne de Marsilly, sa
femme, pour les fiefs d^Ardres, de Verdun et du Mesnil-
Morin. Ses enfants furent : Antoine, qui suit, et Cathe-
rine de Sillansy femme, en i53i, de Guy du Bouillon-
nay, seigneur du Manoir.
Françoise de Sillans» fille de Jean et de Marie de Vier*
ville, épousa par contrat du 1 1 octobre 1 523, François du
Merle, seigneur de Couvrigny, issu au huitième degré,
de Foulques, maréchal de France.
Antoine de Sillans, U^ du nom, baron de Creully,
seigneur d^Hermanville, La Ferrière, rendit aveu au roi
de la baronnie le 20 mars 1537. Sa femme fut Jeanne
Hében d'Aussonvilliers, dame de Bréauté et du Bosroger,
fille de François, seigneur de Saint-Pélerin, capitaine de
Saint-Lô, et de Catherine Courtin. Ses enfants furent :
i^ Antoine, qui suit; 2^ Jean, seigneur d^Hermanville,
chevalier de Tordre du roi, gentilhomme de sa chambre,
décédé à Rouen le 10 novembre iSSg, et enterré dans le
chœur des Cordeliers, où Ton voit son épitaphe (i)^ il
n'eut de Marie de Motiy de La Mailleraye, son épouse,
que4filles, dont une religieuse à Poissy, les autres étaient :
(i) Hist. de Rouen, t. VI, p. 171.
439
Marie, femme de Charles SafTray, seigneur de Varaviile ;
Jeanne, femme de Jean de Caivimont, chevalier, gentil-
homme ordinaire de la chambre du roi, seigneur d^Este-
vilie, Beaufort et Orbec, décédée en 162 3, et Françoise,
femme du seigneur de Saint-Hilaire ; 3o Pierre de Sil-
lans, seigneur du Bosroger, chef d^une autre branche ;
4'> Jean de Sillans, bachelier aux droits, conseiller et au-
mônier du roi, curé de CreuUy et de Hermanville;
5^ Isabeau de Sillans, femme : i<^ de René de Grimou-
ville, seigneur de La Lande-d^Airou ; 3® d^André d^Orai-
son, vicomte de Boulbon; etc..
Antoine de Sillans, II« du nom, baron de CreuUy,
seigneur d^Hermanville en partie. Le Bréau, Chatignon-
ViUe, Saint-Pélerin, chevalier des deux ordres du Roi,
gentilhomme de sa chambre, capitaine de 5o hommes
d^armes, décédé avant 1617, âgé de 63 ans. Il rendit aveu
de sa baronnie au roi le i5 octobre 1571. Il épousa :
lo Marie du Mesnildo, dame d^Auray, morte sans en-
fants; 2° Antoinette Le Sanglier, fille de Gilles, seigneur
de Boisrogues, et de Françoise du Prey, dont, selon le
Dictionnaire généalogique, il eut 6 fils et une fille. Si
Pépitaphe qu^on voit dans Péglise de CreuUy est pour lui,
elle nous apprend qu^il a eu 1 5 enfants : i» Antoine, qui
suit; 20 Jean, seigneur de Saint-Pélerin, qui épousa
Marguerite de Briroy, dont il n'eut point d^enfants;
30 Charles, seigneur de Chastignonville ; 4P Gilles, sei-
gneur de La Perrière; 5» François, religieux à Saint-
Etienne de Caen; 60 René, seigneur d^Hermanville ;
7« Claude, femme de Charles Le Héricy, seigneur de
Fierville; etc..
Antoine de Sillons^ III« du nom, baron dç CreuUy,
seigneur et marquis dudit lieu, seigneur de Breau, Chas-
tignonville, Hermanville, chevalier des ordres du Rm,
440
gentilhomnie de sa chambre, conseiller en ses conseils
d^État et privé. Etant enfant, il reçut la tonsure le 1 1 jan-
vier i585, dans la cathédrale de Bayeux, des mains de
M. de Savonnières, évéque de cette ville. Il fit un accord
avec la dame sa mère, le 31 février 1618, et mourut à
Creully, âgé de 63 ans, en 1641, où Ton voit son épi-
taphe dans le chœur de Téglise, avec ses armes, qui sont :
d^argent au sautoir de gueules, bretessé, contre-bretessé
et chargé de cinq besans d'or en sautoir. Cest lui qui fit
bâtir la belle porte du château de CreuUy, les écuries et
les halles du bourg.
Sa femme, qu^il avait épousée par contrat consenti au
château de Beaumont, diocèse de Saînt-Malo, le 28 d^août
1602, fut Silvîe de Rohan, veuve de François d'Elspinay,
chevalier de Tordre du Roi, baron de Broon, Beaumont
et du MoUey, fille de Louis, prince de Guemené, et de
Léonor de Rohan. II en eut Antoine qui suit, et Charles,
seigneur d^Hermanville, par avance de son père le 6 jan-
vier i63i).
Antoine de Sillons, IV« du nom, baron et marquis de
CreuUy, seigneur de Saint-Pélerin, Bréau, Chastignon-
ville, épousa par contrat du 8 août 1627, Anne Fabry,
dame de Scelles, au diocèse de Soissons, et en eut : An-
toine V, qui suit; François, comte de Creully, mort sans
enfants; Marie, dame des Clavelles; Madeleine, femme
de Frédéric de Canay, seigneur de Fresné, et deux reli-
gieuses. Il vendit, conjointement avec sa femme, la terre
de Scelles, le 5 février i635. Il acquit d'Odet d'Harcourt,
comte de Croissy, le 3o avril 1643, ce qui lui appartenait
en la baronnie de Creully, avec les terres de CreùUet, de
Vienne et Le Manoir, les herbages de Saint-Gilles,
situés à Creully^ et les sergenteries de Gray, pour
91,527 livres cosous. Il fit une transaction, le 19 avril
441
1646, avec Philippe d'Espinay, baron du Molley, au
nom de René du Guengo, seigneur du Rocher, de Phi-
lippe d*Espinay, sa femme, et de Madeleine d^Espinay,
ses firére et sœurs utérins. U dérangea beaucoup ses
afTaîres et mourut en 1675.
Antoine de Sillans, V« du nom, seigneur et marquis
de CreuUy, mourut trois ans après son père à Paris, le
samedi 3o juillet 1678, et fut inhumé dans Téglise de
Saint-André-des*Arcs, devant la chapelle de Thou. Il
avait épousé Madeleine du Tertre, fille unique de Jean
du Tertre, écuyer, seigneur d'Englesqueville, et de Ma-
deleine de Franquetot d^Auxais, dont vint pour fille
unique : Catherine de Sillans dé CreuUy, mariée à mes-
sire le marquis de Canisy.
Après la mort d'Antoine de SiHans, I V« du nom, mar-
quis de CreuUy, en 1675 toutes ses terres furent saisies ;
ses enfants, en renonçant à sa succession, demandèrent
leur tiers sur ses biens de Normandie. On fit trois lots :
le premier consistait en le fief poble, terre et baronnie de
CreuUy et ses mouvances, chef et dépendances ; le second
dans le fief et terre de Saint-Pélerin, proche Carentan, et
d^autres terres et moulins sis à CreuUy ; le troisième en
d^autres terres. Les créanciers choisirent le premier et le
troisième ; ils furent envoyés en possession de la baronnie
de CreuUy et de ses dépendances par sentence de Caen
du i5 octobre 1681.
La baronnie de CreuUy fut ensuite vendue et adjugée
le 17 novembre 1682, à messire Jean*Baptiste Colbert,
marquis de Seigneley, ministre d'État, dont les héritiers
en ont joui sous le titre de comté. Le marquis de Seigne-
ley avait acquis, en 1684, des héritiers du baron de
CreuUy, les moulins, terres et rotures situées au dit lieu,
442
compris dans le deuxième lot, que les héritiers avaient
eus par non choix.
Cette baronnie passa à son fils aîné Jean-Baptiste Col-
bert, marquis de Seigneley, secrétaire et ministre d'État,
et depuis au second fils de celui-ci, Paul-Edouard Col-
bert, comte de Creully, mort sans enfants en 1750. Les
maisons de Seigneley et de Montmorency en ont hérité.
Creullet. Hameau et terre seigneuriale de la paroisse
de CreuUy, située au sud-ouest de ce bourg. Il y avait
anciennement deux chapelles. Tune grande et bâtie sous
Pinvocation de Sainte-Marguerite, Tautre petite et dans
la cour de la maison seigneuriale, où Ton célébrait la
messe par permission. Elles étaient sans titre, et n^avaient
point de revenu fixe. Sur la requête de Renée d'Hérissy,
douairière de Quincé, M. de Nesmond érigea en titre,
par décret du 20 septembre 1681, celle de Sainte-Mar-
guerite ( I ) . Ladite dame la dota de 1 20 livres de rente de
son vivant, et de 80 autres livres après sa mort; aux-
quelles sommes on a encore ajouté depuis 200 livres de
rente. Le titulaire est chargé de 4 messes par semaine. Il
est à la nomination du seigneur de Creullet.
Cette terre a appartenu à une famille noble qui en por-
tait le nom. Jean de Creullet, seigneur ,de Creullet,
épousa Guillemette Beauchamp, veuve de Jean, sire de
Coulombières et baron de la Haye-du-Puits, fille de
Raoul de Beauchamp et de Clémence du Guesclin, nièce
de Bertrand du Guesclin, comte de Longueville, conné-
table de France (2).
Pierre Gondouin, écuyer, seigneur de Than, stipulant
(i) Registres de l'évêché.
(a) Hist, Harc, t. I, p. 1004.
443
pour demoiselle Alix Painel, sa tante, échangea lo livres
de rente à prendre sur le fief de Than, assis en la paroisse
de Creully au hameau de Creullet, qui avait été trans-
porté à Guillaume de CreuUet, écuyer, pour 40 arpents
de terre que lui céda Guillaume de Vierville, chevalier,
seigneur de Vierville et de Creully» assis aux paroisses de
Lion, Plumetot et Cresserons, et qu'il tenait par parage
de boble homme, Raoul de MeuUant/ seigneur de
Courseulles (i).
Guillemette de CreuUet, dame du dit lieu, fut mariée
à Jean Le Héricy, dont vint un autre Jean Le Héricy,
chevalier, seigneur de CreuUet, cité dans Montfaouq, en
1463. Il portait : d'argent à trois hérissons de gueules.
Son fils ou petit-fils, Guillaume de Héricy, seigneur
de Creullet, docteur aux droits, recteur en l'Université de
Caen, est qualifié chevalier dans 7 arrêts de la cour de
l'Échiquier de Normandie séante à Rouen, en date de
Tan i5o6. Il avait été fait chevalier-aux-lois.
De lui descendit par degrés François de Hérissy, sei-
gneur de Creullet, père de Jean qui suit, d'Anne, Marie,
Esther et Françoise, mariées aux sieurs de Banville,
Mesnil-Benoit, Gosselin-La-Tonnellerie et Petitcœur-
Beau vallon. De Jean Le Héricy, seigneur de Creullet et
de Couvert, vint pour fille unique : Renée, laquelle
épousa messire Charles Le Comier, comte de Qjaincé, fils
de Guy, comte de Quincé, prince du Saint-Empire-Ro-
main, et de Françoise de Germont; dont : Marguerite-
Antoinette Le Cornier, dame de Quincé et de Creullet,
qui n'a point laissé d'enfants. Ses héritiers ont vendu le
fief et la terre de Creullet, en partie à Jacques Crcvel,
advocaten Parlement, et professeur en droit de l'Uni-
(t) Hist, Marc, t. I, p. 317.
versité de Caen, qui a fait plu8ieur$ embellissements à la
maison» laquelle est accompagnée d'un jardin spacieux
et de dehors agréables. II vient de s^en défaire par vente,
en 1762, faite à messire de Vauquelin, ëcuyer. Il prenait
dans ses titres la qualité de seigneur et patron de CreuUet,
Saint-Gabriel et Fresney.
Esquay^sur^Seulle (Saint- Pantaléon d'). Sergenterie
de Gray, élection de Bayeuz, 68 feux, notariat de No-
uant.
Cette paroisse est située sur la rivière de SeuUe, qui la
partage en deux parties presque égalent et sur laquelle est
un pont d'environ 70 pieds de longueur. G>mme cette
rivière sépare les bailliages de Caen et de Bayeux, la
paroisse relève en partie de Pun et en partie de l'autre. A
100 pas du pont, vers le midi, la rivière se partage en
deux cours, et forme une île longue d'environ 3oo pas
sur i5o de large. Il y a 3 hameaux : Varembert au-delà
de la rivière, La France en deçà au midi, et Montdésert
au couchant.
M. Huet veutqu'Esquay vienne du mot Exaquiunit
qui signifie : un lieu sec et sans eaux : avuSpoç. Cette
étymologie ne vaut rien par rapport à ce village dont les
terres sont arrosées par les eaux de la Seulle.
Il donne son nom à une des prébendes de la cathédrale
de Bayeux ; le chanoine d'Esquay présente de plein droit
à la cure ; il a droit de visite et de déport sur elle. Son
fief et arrière-fie£s à Esquay s'étendent es paroisses de :
Vaussieux, Saint-Sulpice, Saint- Vigor-le-Grand, et à
Vaux-sur-SeuUe. Il perçoit les dîmes, tant sur son fief à
Esquay, que hors de cette paroisse où il s'étend, et sur
tous les autres fiefs qui sont dans la dite paroisse, en qua-
lité de curé primitif, comme sur celui de Vauasieu, CuUy,
445
Jurques, Saint-Evroult, Magny et autres, à Pexception
de celui de Pierrepont, qui est tenu mouvant et relevant
du fief de Missy (i). Le fief d^Esquay a aussi une exten-
sion dans la paroisse de Ranchy, possédée par le cha-
noine de Vaucelles, de même que le chanoine d'Esquay
possède à Esquay, de temps immémorial, une extension
du fief de Vaucelles, ainsi qu^une extension du fief de
Barbières. Enfin le chanoine d^Esquay a court et usage,
reliefs, treizièmes et autres droits seigneuriaux, et le curé
n^a qu^une pension congrue. Il paraît aussi que le cha-
noine de Gueron possède à Esquay les deux tiers des
dîmes qui viennent sur Textension de son fief dans cette
paroisse.
M. le marquis de Bricqueville est seigneur honoraire
d^Esquay, au droit de la dame Marguerye, son épouse.
Sa maison ou manoir seigneurial est assez considérable.
11 est accompagné au couchant d*un bois taillis, et au
midi d^une grande avenue au travers de laquelle passe le
grand chemin de Bayeux à Creully. Uéglise, qui n^est
pas loin, est à peu près au milieu de la paroisse. Elle est
à cinq quarts de lieues de Bayeux, 5 lieues de Caen et 2 de
la mer.
Fontenailles (Saint- Pierre de). Sergenterie de Gray,
élection de Bayeux, 27 feux, notariat de Tracy, 60 com-
muniants.
Cette paroisse est sur le bord de la Manche ou Mer-
Océane, voisine de Tabbaye de Longues, et à une lieue
de Bayeux. L^abbé de Longues présente à la cure. Il a
les deux tiers de la grosse dîme. Le curé aTautre tiers. Le
trésor de P^lise ne vaut que 1 5 boisseaux de froment.
Voici les actes de donation du patronage et des dîmes
(i) Aveux du temporel de la cathéd. de Bajreux au Roy.
446
de Fontenailles tirés du cartulaire de l'abbaye de Longues.
Notumsit omnibus tam futur is quant presentibus quod
Ego Willelmus de Revers, miles, dedi et concessi Deo
et abbatiœ S^ Maria? de Longis et monachis ibidem
Deo servientibus totum jus patronatus quod habebam
ecclesiœS** Pétri de Fontenel lis,., in liberam, puram,
et perpetuam eleemosynam, et ut hœc donatio mea et
concessio perpetuœ firmitatis robur obtineant, eas
presenti scripti testimonio et sigilli mei^ppensione con-
firmavi (i).
Richard de Veraon, chevalier^ par aae de 1217, c(H1-
firme la susdite donation, que Guillaume de Reviers,
miles suus, venait de faîre^ parce que Téglise de Fonte-
nailles est : de/eodo dicti Richardi de Vernone (2).
Robert des Ablèges, évéque de Bayeux, la ratifie en
12 18. Richardus custos Bajocensis D'' Episcopi gene-
ralis procurator, Willelmus, decanus, et capitulum
Bajocense, en font autant par acte du 4 des calendes
d^avril de la même année (3).
Guillaume de Reviers avait présenté aussi sa requête à
Guillaume, archidiacre de Bayeux, pour le faire con-
sentir à sa donation (4).
Guillaume de Revîers, chevalier, fils de Baudouin de
Reviers, chevalier, confirme aussi la susdite donation de
Guillaume de Reviers son oncle, par chartre de 1222 (S).
Robert des Ablèges, évéque dé Bayeux, acquéreur de
la dîme de Fontenailles, en donna les deux tiers de la
grosse aux religieux de Longues, avec le consentement
(i)Cart. abb. de Long., p. 20, fol. verso.
(a) Cart. abb. de Long., p. ao, fol. verso et 21.
(3) Cart. abb. de Long., p. 21 .
(4) Cart. abb. de Long., p. 23.
(5) Cart. abb. de Long., p. 23.
447
de Guillaume, doyen, et de son chapitre, et en réserva
Tautre tiers avec les offrandes pour Pusage et la sustenta-
tion du prêtre que Tabbé et religieux du dit lieu seront
tenus de lui présenter et aux évéques ses successeurs pour
desservir la dite cure. L^acte de donation est du mois de
décembre 1222.
Les fiefs de celte paroisse sont : i» le fief noble de Fon-
tenailles qui fut à noble homme Richard de Reviers, re-
levant de celui de Manvieux; de celui de Fontenailles est
mouvant le fief noble nommé le fief ou verge d^Aunay,
sis au dit lieu ; 2*" le fief noble de Culfy qui fut à Jean de
Guienros, écuyer; ces deux fiefs ont par moitié les hon-
neurs de Péglise, et autres prérogatives ; 3o le fief noble de
L^Épervier, qui fut à noble homme N. de Grimouville.
Il relève par un huitième de fief de . la châtellenie de
Beaumont-le-Richard.
La seigneurie de Fontenailles avec la terre fut acquise
par décret au commencement du xvn« siècle par Jean Le
Barbey, écuyer, dont je vais rapporter la généalogie tout
à l'heure.
Marc Le Barbey, écuyer, seigneur de Bussy, médecin
du roi, était né à Bayeux d^une des plus honorables fa-
milles de cette ville. S'étant déterminé pour la médecine,
il devint par son application un des plus habiles de son
temps. Il fixa sa demeure dans sa patrie, et s'employa
utilement au salut de ses patriotes. Les guerres de Reli-
gion et celle de la Ligue qui vint après, désolèrent étran*
gement la ville de Bayeux de son temps. Elles furent
accompagnées du fléau de la peste, qui jeta la Basse-
Normandie dans la plus grande misère. Bayeux se
ressentit violemment des effets de cette horrible maladie,
mais l'habileté et les sages précautions de M. de Bussy à
prévenir ses attaques, sauvèrent la vie à la plupan des
448
habitants. Il n*en fut pas ainsi en Tannée iSSg, que les
Ligueurs s^mparèrent de cette ville. La peste en empor-
tait tous les jours plusieurs ; on eut recours à M . de Bussy ;
mais ce fidèle sujet refusa constamment ses soins à des
gens qui étaient ennemis de son roi. Des prières on en
vint aux menaces, et des menaces jusqu'à faire vendre
ses meubles et piller sa maison. Cette épreuve n^ébranla
point sa fermeté. Il se retira secrètement de la ville, et
rendit, par sa fuite, un service signalé à son prince, car
on dit qu^il fit périr alors plus d'ennemis par sa retraite
qu^on n'aurait pu faire parles armes. Henri IV informé
de rattachement et du zèle de ce médecin, voulut Ten
récompenser par le titre de médecin du roi, et par des
lenres de noblesse qu^il lui expédia sans aucunes finances
à Saint-Germain-en-Laye, au mois de novembre 1394.
c Ce prince considérant, disent les lettres, les bons,
agréables services que notre cher et bien amé messire
Marc Le Barbey, docteur-régent en la faculté de méde*
cine, a fait depuis 40 ans en ça, et le travail continu qu'il
a employé au public en Texercice de sa vacation en
laquelle il a acquis la réputation de très expert, et beau-
coup d'obligation et d^honneur que le pays lui doit pour
les services et soulagement très grand qu^il lui a apporté,
ayant à cette occasion voulu le retenir pour Pun de nos
médecins; et aussi n^a voulu, pendant que les rebelles et
ennemis occupaient notre ville de Bayeux leur adhérer,
et se départir de notre service, encore qu^il y fut seul
médecin, et plus que sexagénaire, pour le zèle et dévotion
qu^il a toujours porté à notre dit service, ayant plutôt
choisi un exil volontaire de la dite ville, à souffrir la perte
de ses biens et maison étant en icelle, pour incommoder
d^autant nos dits ennemis par son absence^ et ne pouvant
pour son ancien âge et vacation nous servir en personne^
449
se^ serait efforcé de tout son pouvoir de donner moyen à
ses deux fils de s^employer à notre service, ainsi qu'ils
ont fan, dont Tun aurait eu commandement comme il a
encore de présent en notre ville de Bayeux, en la charge
de Tun des capitaines d^icelle, pour le témoignage de quoi
il a, pendant ces guerres perdu une jambe d^une arque-
busade, de laquelle il est demeuré estropié, et porte une
jambe de bois, à Toccasion de ce, etc. >
Il mourut à Bayeux vers 1600, laissant de sa femme,
demoiselle Marguerite Regnault : i» Jean Le Barbey qui
suit ; 20 Hélyes Le Barbey, écuyer ; 3o demoiselle N. Le
Barbey, mariée à Simon de Marconnet, écuyer, lieu-
tenant général au bailliage de Bayeux.
Jean Le Barbey, écuyer, seigneur et patron honoraire
de Fontenailles, contrôleur pour le Roy au grenier et
magasin à sel de Bayeux, un des capitaines de cette
ville; naquit le 26 mars i554, ^^ ^^ paroisse de Notre-
Dame-des-Fossés, et fut nommé par noble, vénérable et
discrète personne, maître Jan Feret, abbé de Mondaye, et
maître Jean Barbey, écuyer, contrôleur des taillesdeCaen,
son oncle, et eut pour marraines la demoiselle veuve de
Raphaël Descrametot, écuyer, vicomte à Bayeux, et la
demoiselle veuve de Denis Le Barbey, procureur du Roy
au dit lieu. 11 fut, au mois de janvier 1690, établi capi-
taine en la ville de Bayeux par Mgr le duc de Mont-
pensier, gouverneur pour S. M. en ses pays et duché de
Normandie ; le sixième jour de mai, au dit an, il fut
blessé d^une arquebusade à la jambe gauche, à raison de
laquelle blessure il la lui fallut couper, et le dit coup lui
fut tiré à la tête de 200 hommes armés qu'il commandait
avec le sire de Cambresy, lieutenant de messire Fresnel,
gouverneur des ville et château de Bayeux, et neuf mois
après, il continua sa charge de capitaine pendant les dits
29
450
troubief, avec sa jambe de bois. Il mourut à Rouen à la
poursuite du procès de la terre de Fontenailles à ren-
contre de maître Rapbaél Philippes, conseiller à Bayeux,
le septième jour de mai 1611, et fut inhumé en relise
de Saint-Jean de Rouen> près le Vieui«Marché. Il avait
eu 3 femmes : !<> en i586, demoiselle Jeanne Herbeline,
fille de François Herbeline, écuyer, sieur de Longuef(»se,
et de demoiselle Marie Suhard; 2^ le 28 janvier iSpi,
demoiselle Henrye Descrametot, fille de Jean Descrame-
tôt» écuyer, esleu à Bayeux, et de Perrette Noël ; 3® le
i5 novembre 1592, demoiselle Judith Vérard, fille de
Françoise Vérard, écuyer» et demoiselle Geneviève
G)rnet, de laquelle il eut : Catherine, Georges qui suit,
et Richard Le Barbey, seigneur d^Olney, qui, de sa
femme Bertrane de La Dangie, eut pour fille unique
Françoise Le Barbey.
Georges Le Barbey, écuyer, seigneur de Fontenailles
et d^Aulney, contrôleur au magasin à sel de Bayeux, né
le 6 juin iSgS, à Saint*Martin de Bayeux, mort le
3i janvier i65o, et enterré à Saint-Sauveur de cette
ville, épousa demoiselle Marie Le Mercier, fille de Charles
Le Mercier, écuyer, licencié-aux-lots, sieur de Saint-
Germain et du Mesnil, lieutenant-ancien civil et cri-*
minel au siège de Bayeux, et de Madeleine Benoît, de
laquelle il eut, entre autres enfants : Simon, qui suit ;
Charles; Thomas; ces deux-ci furent tonsurés en 1645,
avec leur frère puisné Olivier, depuis curé de Saint*
Sauveur de Bayeux ; Madeleine, femme d'Antoine de La
Cour, fauconnier du Roy, morte à Sommervieu, le
7 d'avril i66g; et Perrette, morte après avoir &it son
testament, le dernier juin 1679.
Simon Le Barbey, écuyer, seigneur et patron honoraire
de Fontenailles et d'AuInay, né au mois de juillet 1627,
451
en la paroisse de Fontenailles, et mort au dit lieu, le
19 novembre 1699, avait épousé, dans Tégiise de Saint-
Sauveur de Bayeux, le 27 de novembre 1660, Françoise
Le Barbey, sa cousine au second degré, fille de Richard,
écuyer, seigneur d*Aulnay, par dispense de S. S., obtenue
en la faveur de François Servien, évéque de Bayeux, le
premier jour d'octobre u 6 56 ; duquel mariage sortirent :
10 Etienne qui suit ; 2^ Pierre-Benoît Le Barbey,
écuyer, seigneur de Vaucelles, mort à Saint-Mâlo-de-
Bayeux, âgé de 5o ans le 8 janvier 1713^ sans postérité
de sa femme Jeanne de Cabazac, veuve de Jean de Cy-
resmes, écuyer, sieur de Saint-Jean-de-Caumont, fille de
Jacques de Cabazac, écuyer, sieur de Grand-Bosc, et de
Madeleine Julien ; laquelle de Cabazac il avait épousée le
I" février 1696 ; H» Jean-Jacques Le Barbey, prêtre, curé
de Montivillters, né le 5 février 1664; 4^ Germaine,
femme d'Isaac de Prepetit, écuyer, fils de Pierre, écuyer,
sieur de Saint-Pierre, lieutenant-général au siège de
Condé-sur-Noireau, et de demoiselle Anne d^Anfernet,
qu^elle avait épousé le 16 novembre 1705 ; 5® Simon,
mort âgé de 7 ans en 1675, et 60 Michel Le Barbey^
écuyer, sieur d^Aulnay, qui a formé la branche des sieurs
d^Aulnay.
Etienne Le Barbey, écuyer, seigneur et patron hono-
raire de Fontenailles, né le 7 octobre 1661 à Saint-
Sauveur de Bayeux, mourut à Fontenailles ; il avait pris
pour femme demoiselle Marie Hélyes, fille de noble
homme Nicolas Hélyes, écuyer, et de demoiselle Cathe-
rine du Hamel, de laquelle il eut : Marie-Françoise Le
Barbey, morte en 1762^ femme de Laurent de La Mothe,
écuyer ; Marguerite-Catherine Le Barbey de Vaucelles ;
Charles-Etienne qui suit ; et Marîe^Anne-Eléonore Le
Barbey, mariée par contrat du i5 février 1736, à Louis-
452
Joachim Le Cornu, écuyer, seigneur du Buat, proche
Laigle, chez demoiselle Madeleine du Bois de La Hochère,
sa cousine, où elle demeurait depuis 171 8.
Charles-Etienne Le Barbey, écuyer, seigneur de Fon-
tenailles, a épousé demoiselle Marie*Madeleine d^Astain,
de la ville de Caen, dont il a eu 5 fils et 2 filles : Michel-
Etienne , Yves- Abraham , Pierre-Charles , Jean-Bap-
tiste, etc.
Fresnésur^la-Mer (Saint-Cosme et Saint-Damien de) .
Sergenterie de Gray, élection de Bayeux^ 71 feux,
200 communiants, notariat de Tracy.
L^église n'est distante de la mer que d'un champ de
terre, auprès duquel sont 3 ou 4 cabanes de pécheurs.
Or, il n^est pas vraisemblable que cette église ait été bâtie
à Textrémité de la paroisse comme elle est aujourd'hui ;
ce changement n^a pu être occasionné que parla mer qui a
considérablement diminué le terrain de ce côté-là. On
remarque même sur le rivage, dans la basse eau, quantité
de racines d^arbres qui n^ seraient jamais venues si la
mer eut toujours occupé cet espace. L'église est un gros
vaisseau sans bas-côtés, oti Ton ne remarque rien qu'une
extrême simplicité. Elle a 2 chapelles au midi et au
nord. Tune de la Sainte- Vierge, l'autre de Saint-Michel ;
entre le chœur et la nef, et au milieu une grosse tour
carrée sans ornement, et couverte d'ardoises en bout
rabattu.
L'abbaye de Saint-Julien de Tours, ou plutôt les
PP. Jésuites de Tours, depuis l'union de I4 manse abba-
tiale à leur collège, possèdent la moitié de la grosse dîme,
le curé a l'autre moitié. Dans la chartre que Henri II,
roi d'Angleterre donna, en 1 1 54, pour la confirmation
des biens aumônes à l'abbaye de Saint-Juliea, il est dit :
453
concedo in perpétuant eleemosynam et confirma. . . ea
quœ possident (monachi) apud Frenetum. M. Tévêque
de Bayeux, depuis la même union, et au droit de cette
abbaye, est présentateur de la cure.
On trouve, dans les registres de Téglise de Fresné-sur*
la-Mer, ce qui suit, écrit de la main de Gabriel Le
Moyne, prêtre, curé du dit lieu, « le i8« jour de jan-
vier i63i : ont été' inhumés en cette église, dans la
chapelle de Notre-Dame, Loys Le Moyne, mon père, et
Gillette Le Terrier, ma mère, lesquels sont décédés en
même jour, ce que j'atteste véritable; fait comme dessus. »
Cette paroisse est à 2 lieues de Bayeux.
En 171 5, M. Le Haribel faisait travailler à une de ses
terres qu'il a en Normandie, à une lieue de Bayeux. Le tra-
vail consistait en une espèce de rond-point qu'il voulait mé-
nager devant une grande porte située sur le bord du grand
chemin entre le midi et le couchant. Son dessein l'obligea
de prendre sur un champ opposé le terrain que le chemin
ne pouvait lui fournir ; pour mettre la partie du champ
qu'on prenait au niveau du chemin, il fallut creuser ; à
peine eut-on creusé 3 ou 4 pieds, qu'on trouva î i urnes
de terre cuite grise, sans couvercles, hautes d'un pied et
et demi, et épaisses d'un pouce. Nonobstant cette épaisseur,
toutes ces urnes cassèrent dès qu'elles eurent senti l'air ;
mais ce qu'il y a de merveilleux, c'est, qu'entre toutes
ces urnes, 10 qui paraissaient uniformes, étaient remplies
d'ossements rompus, de bras, de jambes et autres os du
corps humain rangés par lits qui se croisaient. Chaque
lit était distingué et séparé des autres par une matière
qui paraissait avoir été grasse, mais qui était alors si dure
et si compacte qu'on ne pouvait la briser, même avec un
ciseau de fer (i). Messire Le Haribel croit que cette
(i) La Religion des Gaulois, t. II, p. 343-344.
454
matière était, ou les chairs qui s'étaient durcies en
séchant, ou quelque composition de parfums, d'onguents
et de chairs humaines ensemble. La onzième urne l'em-
portait sur les autres par sa grandeur, aussi contenait-elle
une autre pleine de crânes, disposés par lits comme les
os des premières urnes, et chaque lit était comme nourri
de cette matière ou composition dont nous avons parlé.
A quelque distance des urnes, mais toujours dans le
même terrain, furent trouvés les ossements d'un corps
dont les bras, ou pour mieux dire, Tos seulement qui
commence depuis la jointure de Pépaule jusqu'à la join-
ture du coude, était tout garni de bracelets, alternative-
ment les uns plus grands, les autres plus petits, mais tous
de bronze et de la même forme. Les grands étaient
cannelés en dedans, et les petits étaient solides. Hors de
là, tous étaient : c ondes ou en guise de perles enfilées.
M. Le Haribel ne doute point qu'il n'eût trouvé une plus
grande quantité d'urnes, s'il avait ou creusé davantage
ou étendu plus loin ses travaux. Au reste cette découverte
lui fait croire que ce lieu avait été choisi par les Gaulois
pour y enterrer les morts ; ce qu'il appuyé sur une an-
cienne tradition du pays, que les Druides l'avaient
habité, qu'on avait adoré un veau d'or en un lieu qui
n'est distant de là que d'une lieue, que cette idole y est
cachée en terre, et que ce lieu portait autrefois le nom de :
Faunus (i). »
L'auteur de ce récit ne nomme point le lieu où se fit
cette découverte. Je tiens de }A°^ du Rosier, fille de M. Le
Haribel, que ce fut à Fresné-sur-la-Mer, où monsieur
son frère a effectivement une belle terre. Elle m'assure
aussi qu'on découvrit en même temps une maçonnerie
U) La Religion des Gaulois, t. II, p. 345.
455
très dure, dans laquelle étaient répostés deux gros pots
de terre remplis d^une espèce de monnaie inconnue,
dont les pièces d'argent et de fonte étaient aussi minces
que nos sols marqués de six Uards.
Le même auteur est fort porté à croire que ces osse-
ments éuientceux des gens que les Druides immolaient à
leurs dieux. Le soin quHls prenaient de les ranger par
lits avec tant d'art, et de répandre au dessus et au fond
des urnes, aussi bien qu^à chaque lit, cette substance qui
servait à les nourrir, à les conserver, et à les empêcher de
se résoudre en poudre, est une preuve qu^ils avaient pour
ces 06 une particulière vénération. Or, la vénération qu'ils
avaient pour les reliques de ceux qu^ils avaient offert en
sacrifice, ne pouvait être plus grande, puisquUls tenaient
que cette cérémonie avait la vertu de les déifier. Il croit
encore que ces os avaient été décharnés et dégraissés, et
que les chairs et la graisse entraient dans la composition
de cette matière qui servait à les embaumer, et ceb, afin
qu^aucune partie du corps de ceux qui passaient dans
leur esprit pour dieux, ne se perdit.
La seigneurie de Fresné-sur-la-M er relève de la baronnie
de La Quièze. RouUand de Gourfalleur, écuyer, sieur
de Bonfossé, tenait, en i58i, à cause de demoiselle sa
femme, fille héritièns de Gilles de Conteville, écuyer, le
fief entier de Fresné^sur-la-Mer, de la seigneurie de La
Quièze.
Il y a encore quelques autres fiefs à Fresné, entre
autres celui de Vérigny, qui a des extensions à Asnelles
et Meuvaine, et relève de la seigneurie de Manvieux pour
un fief de chevalier, suivant Taveu de Marc-Antoine de
Malherbe.
La seigneurie de Fresné, possédée par un Manneville,
entra depuis par acquêt dans la maison de Saint-Ouen-
45«
de-Magny. On voit autour de Téglise une litre oCi sont
leurs armes, savoir : de sable au sautoir d^argent, accom-
pagné de 4 aigiettes de même. (Voyez : Magny, ci-après).
L'histoire de la maison d^Harcourt dit que d^Hélène de
Bricqueviile-Coulombières sa femme, Tenneguy de
Saint-Ouen, chevalier, seigneur de Magny, Fresné-sur-
Mer, eut un autre Tenn^uy, seigneur de Fresné ( i ) ; cela
n'est pas exact. On lit, dans les registres de cette paroisse,
que ceTanneguy de Saint-Ouen, baptisé le 1 5 septembre
1 664, eut pour père, François, seigneur de Fresné, et pour
mère, Marguerite de Briqueville, et qu*il fut nommé par
Tanneguy de Saint-Ouen, seigneur de Magny, représenté
par Pierre d^Harcourt, baron de ce lieu, et par demoiselle
Madeleine de Saint-Ouen II épousa dame Marie^Made-
leine Hu€, décédée en 1738. Il était mort dès le 22 man
17 12. Us sont enterrés dans le chœur de Fresné. Les
enfants sortis de leur mariage sont : ro messire Louis
Tanneguy de Saint-Ouen, écuyer, seigneur et patron
honoraire de Fresné-sur-la-Mer, chevalier de l'Ordre
militaire de Saint-Louis, ancien capitaine d*infanterie au
régiment de Vastan ; 2^ Marc-Antoine de Saint-Ouen,
chevalier de POrdre militaire de Saint-Louis, ancien
capitaine d'infanterie au régiment de Luxembourg;
30 et 40 Etienne, et Hercule-François, officiers dans les
troupes du Roy, pour le service duquel ils sont morts.
Fresney-le^Croteur (Saint-Remy de). Sergenterie de
CreuUy, élection de Caen, 12 feux, 35 communiants,
notariat de CreuUy.
On écrit indifféremment Fresné, Fresney et Fresnay.
On le surnomme Le Croteur, tant pour le distinguer de
(t) Hist, HarCy 1. 1, p. 940.
457
plusieurs autres paroisses de même nom, que parce que
cette paroisse est remplie de beaucoup de boue et de
crotte. Elle est fort petite dans son étendue. Elle ne forme
qu^un petit village au milieu d'une campagne, 0(1 sont,
rassemblés ses habitants. Il 7 avait autrefois, dit^on, bien
plus de maisons quMl n'y en a aujourd'hui. La plupart
étaient situées dans un lieu marécageux qui compose
aujourd'hui un herbage, et il n'y a pas bien longtemps
qu'on y a trouvé de vieux fondements d^édifices. Il se
peut faire que lé nom de Croteurtire son origine de celui
de marécageux, car souvent la situation des lieux change,
et le nom reste toujours.
Elle relève, pour la plus grande partie, de la haute
justice de Saint-Gabriel, et son fief dominant est une
extension du fief de Saint-Gabriel, possédé par les reli-
gieux de Fécamp, qui, au droit du prieuré de Saint-
Gabriel, présentent à la cure et perçoivent les dîmes en
totalité, la cure étant à pension congrue. Il y a un petit
fief appartenant à M. Crevel, docteur, professeur en droit
à Caen et seigneur de CreuUet, qui prétend posséder le
principal fief de cette paroisse, et conséquemment les
droits honorifiques. Les maisons et terres qui en dé-
pendent relèvent du bailliage de Caen. Elle est à un
quart de lieue de Creully et à 2 lieues de Bayeux.
Gray (Saint-Martin de). Chef-lieu de sergenterie,
élection de Bayeux, 94 feux, notariat de Ver.
Gayum et Graëyum. Il y a, dans le diocèse de Besan-
çon, selon le Dictionnaire universel de la France, une
ville et une paroisse qui portent le même nom, mais qui
s'appellent en latin Gradicum. Celle<i est bordée au
nord par la Manche ou la Mer Océane, et au levant par
la rivière de Seulle qui la sépare d'avec la paroisse de
4S8
Couneulle. II y a une exteosion de Gray qui va juaqu*à
Bernières et qui forme une garenne pour le seigneur de
Gray. Le petit havre de CoufMuIIe où viennent aborder
les bateaux pécheurs, est sur Gray des deux côtés.
Le territoire est composé de 4 villages : !<> Le Buisson ;
2^ Vaux, où il y a un château à pont-levis et une fon-
taine au coin du parterre qui va se décharger dans deux
canaux vers la mer ; 3<^ La Vallette ; 49 Gray, au bout
duquel il y a a moulins, Pun pour le seigneur, et Pautre
pour Pabbesse de Caen.
Les religieux de Sainte-Barbe*en-Auge présentent à la
cure un chanoine régulier qui prend le titre de prieur.
fi^ocensis antistcs quoque ecclesiam B** Martini de
Graye, ad petitionem Herlonis ejusdem patroni, et
êcclesiam B"' Andreat de Cottun^ concedentibus Roge-
rio Malqfiliastro, et Guidone de Bouissier, dédit
nempe canonicis S^ Barbariœ |i). Ces donations ont
été faites dans le milieu du xii« siècle, sous le prieur
Daniel. Les dîmes, grosses et menues, appartiennent pour
les deux tiers au chapitre de Bayeux et pour l'autre tiers
au chapelain de Saint-Thomas, fondé dans la cathédrale
du dit lieu. Lç curé a une pension congrulS.
LMglise paroissiale est à peu de 'distance de la mer, sur
une petite éminence environnée de maisons. Le bâtiment
est simple et sans sculpture, et d^une ancienne bâtisse. Le
chœur est décoré d*un autel neuf et d^un lambris tout
autour. Cest un présent de M"« du Quesnay, dame de
Gray, fait après le décès de M. le baron de Saint-Suplix,
son mari. Le tableau de Pautel, représentant le baptême
de N.-S., est une copie de celui de Le Brun, faite par
Restout^ de Caen. On y voit encore deux excellents
(i)Nêu»t. PiOj p. 716.
4S9
tableaux, Puh de saint Sébastien mourant, de grandeur
naturelle, en détrempe, et admiré surtout des curieux, et
Tautre de saint Jérôme.
Il y a une fondation d^une messe toutes les semaines
pour MM. Le Gouès, anciens seigneurs de Gray. Elle
avait été faite dans la chapelle du château, mais depuis
que le château et la chapelle vinrent à se ruiner faute de
réparations, on la transféra, sous M. de Nesmond, dans
l'église. On dit qu^il y a 35 vergées de terre pour cette
fondation. Le curé n'en connaît que 6 en une seuk
pièce.
Cette paroisse, dépendante du bailliage de Bayeux, est
à 3 lieues de cette ville et à une lieue et demie du bourg de
Creully.
Il y a 2 fiefs nobles, Gray et Vaux. Celui-ci relevant
du premier, et le premier de la baronnie de Crépon. Ils
sont possédés par messire Alexandre Costé, marquis de
Saint*Suplix, dont le père, conseiller au Parlement de
Rouen, ayant épousé Marguerite de Blois, fille de mes^
sire du Quesnay lieutenant-général à Caen, et conseiller
d'Étaty devint possesseur de grands biens par cette alliance.
Il y a au couchant, le château de Vaux, remarquable par
sa galerie et par sa chapelle de sainte Anne, qui sont des
mieux décorées.
La sergenterie de Gray, composée de 23 paroisses,
relève de celle d'Isigny. Les paroisses sont : Ver, Man-
vieux. Le Manoir, Vienne, Rye, Esquay, Longues,
Meuvaine, Villiers-le-Sec, Tierceville, Sainte-Croix,
Magny, Sommer vieu. Colombiers, Fontenailles, Fresné-
sur-la-Mer, Crépon, Arromanches, Tracy, Asnelles,
Gray, Banville et Bazenville. Le terroir de cette sergen-
terie rapporte du blé et du cidre. Il n'y a que peu d'her-
bages et de prairies; la plupart étant de mauvaise
460.
nature, servent néanmoins aux pâturages des moutons.
Les paysans n^ possèdent que des héritages très modiques»
chargés de grosses redevances. Cest ainsi quVn parle
M. le comte de Boulaînvilliers dans VÉtat de la France,
généralité de Caen, t. IV.
La maison de Gray, si illustre en Angleterre où elle
existe encore, tire son origine de cette paroisse, et a possédé
plusieurs terres en Normandie. Ses armes sont : fascé
d*argent et d'azur, que les puînés ont brisées en chef de
trois tourteaux de gueules ( i ).
Il y a une généalogie à Rouen en la Bibliothèque de
M. Bigot, qui nous représente que Renaud, seigneur de
Gray et de Rhuthin, en Angleterre, était père d'Edouard
de Gray, dont sortit Jean de Gray, chevalier, père de
Thomas de Gray, marquis de Dorset, et d'Edouard de
Gray, vicomte de Lisley.
Les registres de la Chambre des Comptes pour la
Chancellerie de Normandie font mention comme en
Tannée i236, Guillaume de Gray, qualifié monseigneur
et chevalier, se présenta pour servir le Roy, duc de
Normandie, représentant Tabbé de Caen, à raison du fief
de Rotz, pour lequel il devait service de chevalier pour
40 jours.
Jean de Gray, qualifié messire et chevalier, épousa
M"« Jeanne de Neubourg, dame de Livarot, dont elle et
son mari eurent délai ou souffrance jusqu'à un an, de
rendre foi ou hommage de la dite terre de Livarot, par
lettre du roi de France du 5 février 1434.
Edouard de Gray, deuxième fils de Richard, seigneur
de Gray et de Ruthim, père de Jean de Gray, chevalier,
aKeul de Thomasde Gray, marquisde Dorset, et d'Edouard
(x) Hist. Harc.j 1. 1, p. 214 et 186.
461
de Gray, vicomte de Lisley, père de Guillaume de Fer-
rières, seigneur de Grosby, et de Jean de Ferrières,
seigneur de Tampots ; ces derniers ayant changé le nom
de Gray en celui de Ferrières.
Zan/eiii7 (Saint-Sylvestre de). Sergenterie de CreuUy,
élection de Caen, notariat de CreuUy, 86 feux, 260 habi-
tants.
Cette paroisse n'est pas d^une grande étendue. Elle est
disunte d^une demi-lieue du bourg de Creully, de
2 lieues et demie de Bayeux, et de 3 lieues et demie de
Caen. Son territoire, arrosé par les petites rivières de
Gronde et de Thuë, n^est composé que de 2 hameaux.
Elle dépend de Caen pour le bailliage et les tailles, et de
Bayeux pour le sel.
Le Dictionnaire universel de la france l'appelle
Lantheil, et le livre Pelut Lantolium ; ce dernier y
marque 2 portions de cure. Tune à la présentation de
Jean de Magneville, écuyer, Pautre à celle d'Henry
d'Aigneaux, écuyer. Elles ont été réunies depuis en un
seul titre, qui est à la nomination de messire Turgot de
Saint-Clair, chevalier, seigneur de Lanteuil.
Un de ses fiefs relève de la baronnie de Creully, et un
autre appelé': le fief de Lanteuil-Magneville, du chapitre
de Bayeux, à cause du fief de La Table. Il y a une très
jolie maison avec des avenues et des pièces d'eau' qui lui
donnent un grand agrément.
Longues (Saint- Laurent de). Sergenterie de Gray,
élection de Bayeux, 58 feux, notariat de Tracy.
Cette paroisse, située à une lieue et demie de Bayeux,
est sur le bord de la mer, dont elle est défendue par des
côtes ou falaises fort élevées. Sa principale décoration
462
vient d^une abbaye de Bénédictins» qai est en ce lieu. La
présentation de la cure, la seigneurie et les dîmes appar-
tiennent à cette abbaye, à laquelle elles furent données par
le fondateur.
Notum sit omnibuê tant presentibus quam futuris
quod Ego Balduinus Wac dedi et concessi monachis
S*^ Manœ-de-Longis ecclesiam 5'' Laurentii ejusdem
villce tenendam de me et de hceredibus meis in perpétua
eleemosina,.. salvo episcopali jure, post decessum Gai-
fridifilii Radulphi, cuipater meus dédit. Testibus his :
D, D. abbate de Bruna, Helia de Bajoc, Rad. de Vassy
Thomade Anisi, Hugone Silvain, Rob. de Ver, etc,(i],
Henry, évéque de Bayeux, confirma et ratifia la sus-
dite donation par une chartre sans date à laquelle ser-
virent de témoins (2) : N. archicapellano, Bemardo
abbate de Valle^ Riçhardo priore de Piaisiaco, H, pre^
cantore, et Roberto capellano et canonico Bajocensi.
L^abbaye de Longues, de Bénédictins non réformés,
fut fondés en 1 168, sous Tinvocation de la Sainte Vierge,
par Hugues Wast, seigneur de grande distinction. On
voit contre un pilier, à rentrée du chœur, des armes qui
sont : de gueules à deux fasces d^or, accompagnées de
' trois besans de même en chef, avec ces mots : cy sont
les armes du fondateur de Vabbaye de N^ D^ de
Longues, et ensuite : Domini Balduini Vast, comte de
Bessin.
Baudoin Vast, fils du fondateur, confirma la fondation
de son père et y ajouta de grands biens, d^oti vient qu^on
lui donne le titre de fondateur dans cette inscriptioo.
(i) Ex Cartull. Abba. de Longis, p. 4, fol. t. et p. 5.
(a) Ex C«rtull. Abba. de Longis, p. 27, fol. t. et p. 38» fol. v.
J
463
comme les grandes terres quMI possédait dans le Bessin,
lui ont fait donner la qualité de comte.
i^ Bacon du Molley aumônërent aussi de grandes
possessions, et plusieurs d^entre eux sont enterrés dans le
sanctuaire du chœur; de ce nombre est Mgr Bogier
Bacon, seigneur du Molley, qui trépassa Pan de grâce 1 340.
Cette abbaye est taxée à 200 florins d^or à la Chambre
apostolique. L^abbé présente à tous les bénéfices qui en
dépendent, tels que sont les prieurés de Pontiouf, de
Berroles et de Fumichon, diocèse de Bayeux, et de La
Chaîne, diocèse de Séez. Les cures sont :
DIOC&SB DE BAYEUX
Martragny pro prima parte.
Vaussieu altéra.
Rye pro prima.
Vaux-sur-Aure.
»
Longues.
du don de Baudoin Wast.
Arrùmanches.
du don de Henry etGuill. de Gray.
Marigi^.
du don de Reginal de Marigny, et
d'Alvérède de Soligny.
Campigny,
du don de Lesde de Campigny.
Saint'Martin-de-Blagny.
du don de Pierre Ruaut, et de Guill.
Bacon.
Fontenailles,
du don de Guillaume de Reviers.
Castillon.
du don de Guillaume d*Argouges et
d'Aude du Bourg.
Montrabot.
du don de Roger Guerno (peut-être
Guerros).
Vidouville.
du don de Thomas de Malfilattre.
Sainte^roiX'-Grandtonne.
du don de Thomas d'Aîgneauz.
OIOCfttB
Négreuille.
du don de Roger Wast.
Saint'Hilaire.
du don de Henry, nû d'Angleterre,
et de Baudoin Wast.
4^4
DIOCitB DB titt
Noire^Dame^S'Landes. du don de Jeanne de Carrouges.
St'Hilairt^u^MesnU'Scelleur. du don de la même.
Il paraît, par les Chartres de cette abbaye, que la maison
de Wast de qui elle tire son existience, était considérable.
Elle est éteinte depuis longtemps.
Hugues Wast fondateur de Longues, avait pour frère
Roger Wast, seigneur de Négreville auprès de Carentan,
qui souscrivit, en 1168, à la chartre de fondation de
Longues (i). ^Ce Roger, quelque temps après, aumona
aux mains des moines de cette abbaye, Péglise de Nègre-
ville avec toutes ses appartenances : intégra, libère et
quiète, pour son salut et pour le repos de Tâme de Hugues
Wast, son frère, de qui il tenait cette é^ise, et tout ce quMI
possédait dans ce village. Sa chartre, sans date, fut con-
firmée par celle de Richard, évéque de G)utances, qui
qualifie Roger Wast : venerabilis parochianus meus (2).
Hugues Wast eut pour fils Baudoin, Geoffroy, et autres,
suivant la première chanre. A la suite de cette chartre, il
en paraît une autre à laquelle je n^ai trouvé de différence
que ce qui suit : i® elle est sous le nom de Hugues Wast,
et de Beaudoin son fils, qui y parlent au pluriel ; 2^ elle
fait mention du moulin de Longues : quem Gaufridus
Wat/uit, et parvum vivarium cum mol ta, etc., 3^ elle a
pour témoins : Abbas D, de Bronda^ Hugo Servanus,
Helias de Baiocis, Gaufridus filius Gaulterii, Robertus
de Ver, Thomas de Anesio, Hugo Watjuvenis, Radul-
phus de Martinbost, Willelmus de Vestpre. Cette
(i) Cart. de Long. p. 1 1, fol.
(2) Cart. de Long. p. 5 et ▼.
4^5
chartre, pour confirmer la première, est datée d'un lien
dit : apud Bronnam ( i ) .
Hugues Wast et Baudoin sor fils donnent «à la dite
abbaye : campum Stephani sicuti rivulus molendini
dividit. Témoins : Roger Wast, Alverède Camerarius,
Raoul, médecin (2).
Baudoin Wast, lui, aumône tout le tènement qu^
Roger de Troarn tenait de lui à PetitviUe. Témoins :
Jean de Tellinton, Reginal de Marïgny, Ranulfe de
Longues, Guillaume Bigot, Raoul de Brucourt, Geoffroy
de Longues, et plusieurs autres (3). Il lui donne et con-
firme par une autre charure toutes les églises de sa terre
de Normandie avec leurs appartenances, savoir : Téglise
de Longues, de Rubercy et de PetitviUe. Témoins :
Roger Wast, Reginal de Marigny, Ranulfe de Longues,
Tho^mas d'Anisy, Hubert Le Beuf, Pierre d'Anisy,
Baudoin de Vastpré, Alain d'Anisy et Ranulfe de Gran-
val (4).
Baudoin Wast donne aux moines de Longues, ad
petitionem dilecti in X^^venerabilis patris Hugonis
Lincolnensis episcopi, et leur confirme : totam suant
terrant quœ est ante abbatiam de Longis juxta gar-
dinum, videlicet inter magnum vivarium monackorum,
et duos semitas publicas, quarum una vadit in civitate
Bajocensif et altéra extenditur ad Vada» Virœ versus
Constentinum : Drocon de Lincoln, maître Guillaume
Vacelin, Geoffroy de Saint-Eduald, Geoffroy de Lichelad,
Hugues de Saint-Eduald, clerc du seigneur évêque de
Lincoln, Guillaume Le Bigot, Ranulphe de Longues,
(i) Cart. de Long., p. t ^, fol. v. et p. 2 <.
(2) Cart. de Long., p. a, fol. v.
(3) Cart. de Long., p 2.
(4) Cart. de Long., p. 3.
}0
466
Ranulphe de Marigny, chevalier, Raoul de Bosbms, et
Raoul Rabâche (i).
Le même donne et confirme aux mêmes : honore Gau-
fridifratis sui qui ibidem habitum religionis suscepit^
totam piscariam suam de Parvavilla, et totum mana-
gium ubi furnus de Longis sedet, avec la maison que
Qillebert, prêtre, tient de lui. Témoins : Guillaume,
abbé de Hambie, Richard, archidiacre de Coutaaces,
Turold, chanoine de Brenna, etc. (2).
Baudouin Wast et Agnès sa femme donnèrent eux*
mêmes unum milliarium anguiliarum in suapiscaria de
Petiville annuatim reddendum. Témoins : Thomas,
chanoine de Bronne, Reginald de Marigny» Valérien fils
de Radulphe, Ranulphe Le Beuf et Roger de Came-
rario (3).
Le même donne buj. susdits moines, trois mesures
d'^orge et une mesure de froment à prendre sur son mou-
lin de Saint-Gabriel ; ad vestimenta sua, jusqu^à ce qu^on
leur ait délégué 10 livres de monnaie d'Anjou qu'ils ont
à prendre sur Téglise de ' Rubercy. Témoins : Roger
Wast, Reginald de Marigny, Thomas d^Anisi, Pierre
d'Anisi, Ranulphe de Longues, Baudouin de Vastpré et
OberLeBeuf (4).
Baudouin Wast, fils de Baudouin, selon deux Chartres
dont Tune est sans date, Pautre datée : apud Neaubru,
année 1 2o3, donne aux mêmes toute la dime de son mou-
lin de Négreville. Témoins : Guillaume, abbé de Mon-
tebourg, Thomas du Hommet, Guillaume de Reviers,
(i) Cart. de Long., p. 3.
(2) Cart. de Long., p. 4.
(3) Cart. de Long., p. 3, fol. verso.
(4) Cart. de Long., p. 4.
4^7
Guillaume de Vauville, Roger Suhart efHamon Le
Gras(i).
Je ne prétends point donner ici la liste des abbés de
Longues ; c'y sont seulement des additions qui peuvent
servir au catalogue qu'en ont publié les auteurs du nou-
veau Gallia Christiana, t. XI, colonne 480 et suivante^.
Laurent Le Qerc, XVI« abbé, fit alliance, en 1458,
avec Jean de Villerai abbé de Vendosme, depuis cardinal*
de Sainte-Prîsque. Il permuta son abbaye avec Richard
Sabine, abbé de Cerisy. Les bulles de permutation sont
du mois de décembre 1472, la deuxième année du pon-
tificat deSixte IV (2). Richard Sabine retient surPabbaye
de Cerisy une pension de 400 ducats, payable moitié à la
Saint-Jean, l'autre moitié à Noël, sa demeure et sa nour-
riture pour lui et quatre de ses amis à son choix, dans la
susdite maison de Cerisy (3).
Thomas du Jardin devint abbé de Longues en même
temps que l'abbé Sabine, car ses bulles sont également
datées du mois de décembre 1472, la deuxième année du
pontificat de Sixte IV (4). *
Jean Ouenne est le dernier des abbés réguliers de
Longues. Il est qualifié prieur claustral de Pabbaye de
Cerisy, dans une provision du 23 septembre 1493, vi-
caire général de Jacques de Silly, protonotaire du S. S.,
abbé de Cerisy dans. une autre de 1 5o2, et enfin abbé de
Longues sur la résignation de Pabbédu Jardin. Ses bulles
sont datées du mois de janvier 1 504, la seconde année de
Jules II (5). Il mourut dans son abbaye le 8 des Ides
(i) Cart. de Long., p. 3 et 4, fol. verso.
(2) GaL Christ., t. VIII, col. iSyS.
(3) Ex-bulli».
(4) Ez-bulla.
(5) Reg. de révêché.
468
d^août i5i6, et fut enterré au milieu de la nef 4^ son
église oii on lit sur sa tombe ces mots : Cy gist Révé-
rend Père Jehan Oueitncy abbé de céans^ et prieur de
Deux'-Jumeaux et du Goulet, fondateur de VII obits,
décédé au mois daoust i5i6.
Antoine de Marcillac, doyen de Rouen, fut abbé de
Longues par bulles de Paul IV, expédiées la quatrième
année de son pontificat, au mois de janvier 1 558.
Joachim Thiboult, religieux profès de Longues, obtint
cette abbaye par la résignation du précédent ; ses bulles
sont du mois de juillet i565, la sixième année du pape
Pie IV, mais préférant son repos à la dignité, il la rési-
gna cinq après au suivant. Il mourut le 4 de juillet 1596,
et est enterré dans la nef de son église, aux pieds de Jean
Ouenne, un de ses prédécesseurs^ Sa famille fut annoblie
en 1 575, suivant la production faite en 1666, par Michel
et Pierre Thiboult, des paroisses de Litteau et de Bérigny.
Louis Hoûel, né au hameau du Pont-Fâtu, paroisse
de Hérils, au rapport des religieux de Longues, et moine
du dit lieu, en devint abbé en 1 570 sur la résignation du
précédent. Il reçut les moindres ordres le r3 avril 1571,
et le sous-diaconat le lendemain, des mains de M. d^Hu-
mières, évéque de Bayeux. Il se démit en 16 10 en faveur
de son neveu qui suit, et mourut à Longues le 24 mai
1616 ; il est enterré dans la nef. Son tombeau, pratiqué
dans le mur, sous une arcade, à gauche en entrant, a été
bâti du vivant de cet abbé, qui s^y est fait représenter au
naturel, revém de ses habits pontificaux. On dit que
Fépitaphe qui y fut placée en même temps^ est aussi de
sa composition.
Ceditfatis Reverendus in Christo pater ac dominas
Ludovicus Houelf quundam hujus monasterii cœno^
biarcha vigilantissimus, œtatis suœ,.. et exactis in
469
militia et restauratione hujus cœnobii quadraginta
annis, hàbuit curam templi et pauperum, qui cum tem-
poribus licet durissimis vixerit in hac abbatia, tatnen
ita sapienter vitam instituit ut omnibus gratus, ca^
rusque esset caste vivendo, et omnia ad œquitatem ut
melius potuit reducendo; mortuus autem est die men-
sis cujus anima requiescat inpace œterna, ad quem
finem dicetis, si vobis placet : Pater
Il portait pour armes : d'azur à 3 pals d'or^ au franc
quartier de... chargé d^une bande de...
Olivier Le Gxi, chanoine de Bayeux, et abbé de Lon-
gues par la démission du précédent, suivant ses bulles
du mois de novembre 16 10, la sixième année de Paul V.
On lit sur le grand autel du chœur de cette abbaye : Le
maître-autel â été fait faire par M. Lecoq, abbé de
Longues, en 1623, e/ a JoanneFabro Cadomensi exara-
tum. II paraît, par les registres de Tévéché, qu^il était de
la paroisse de Bérigny^ fils de Benoît, écuyer, seigneur
du lieu, et quHl reçut la tonsure et les moindres les 8 et
9 juin 1571, de M. d'Humières, évéquede Bayeux. Il
mourut dans son abbaye en 1629, et fut inhumé devant
Tautel de la chapelle de Saint-Thomas-de-Cantorbéry, ce
qui paraît par Tinscription de ^ tombe.
Cet abbé était fort attaché à la maison des Aûgustins
de Bayeux, et par reconnaissance, Nicolas Germain,
docteur en théologie, religieux des Aûgustins de Rheims,
lui dédia, en 1 6 1 3, un petit ouvrage qu^il avait composé
sous le titre de : Paranymphe de la Sainte^Eucharistie,
contenant huit discours sur : O sacrum convivium. On
trouve à la tête cette épigramme qui lui fut adressée par
G.C.
A voir d'un bon prélat simplement le pour trait,
A voir dessus le front une douceur emprtinte,
470
Cela ne suffit pas si l'âme n'est atteinte
De telles qualités et n'en montrent le trait.
Votre ^me s'embellit luy fournissant les choses :
La douceur de l'ogive et du coq le soucy;
Vos moBurs, vottJt nom nous rapprennent ainsi
Et que dans votre cœur les vertus sont encloses.
Jean de Tulles, évêque d'Orange, fut pourvu de l'abbaye
de Longues après le précédent. Il fut envoyé à Rome par
la reine Marie de Médicis, régente, pour différentes négo-
ciations importantes, et rendit de fidèles services au roi
Louis XIII; principalement en empêchant les habitants
d^Orange de se réunir aux Protestants qui excitaient alors
des troubles dans le Royaume. Il avait succédé à Jean de
Tulles son oncle dans Tévêché d'Orange, en 1608, étant
fils de Julien de Tulles^ seigneur de Soleilles, et de Ri-
charde de Fougasse; et il mourut le 3 octobre 1640.
Jean Vincent de Tulles devint abbé de Longues et
évéque d^Orange après la mort de son oncle, dont il avait
été élu coadjuteur Tan 1637, puis évéque de Lavaur en
1646. Il était fils de Pierre de Tulles, seigneur de la
Nerte, chevalier de Tordre du roi, et de Lucrèce de Lazari.
Ses armes sont : d^argent à un pal de gueules, chargé de
3 papillons volants d'argent ; il mourut eh 1668.
Magnjr (Saint-Malo de). Sergenterie de Gray, élection
de Bayeux, 42 feux, 120 habitants, notariat de Tracy.
Cette paroisse, à une petite lieue de Bayeux, et à trois
quarts de lieue de la mer, n'est arrosée que par quelques
ruisseaux qui prennent leurs sources dans les environs.
La nomination de la cure et les deux tiers des grosses
dîmes appartiennent au chapitre de Bayeux, l'autre tiers
au curé.
(i) Hist, de Norm., par Dumoulin, p. 41.
471
A peu c|e distance de Téglise, il y a une très belle mai-
son pour le seigneur, environnée de fossés et accompagnée
de deux bosquets et d'une avenue sur le chemin de
Bayeuz.
La terre est un marquisat avechaute justice qui sMtend
sur 5 paroisses, et ressortit nuement au Parlement de
Rouen. Les paroisses sont : Magny, Rye, Manvieux,
Tracy et Arromanches. Ce marquisat est possédé par
M. Nicolas Foucault, marquis de Magny, chevalier de Id
Toison d^Or,lieutenant général des armées de S. M. Ca-
tholique. C^est lui qui a fait bâtir la belle maison qu'on
y voit à présent. Il est fils du célèbre messire Nicolas-'
Joseph Foucault, intendant de Caen et depuis conseiller
d^Etat, décédé en 1721.
Magny, appelé Maegnium par le livre Pelut de Tévé-
ché, peut avoir donné le nom à une famille noble dont
étaient Regnaud de Magny, qui mourut glorieusement
au siège d^ Acre, en i igi, et Guerry de Magny, grand-
doyen de Téglise de Bayeux, dont Tobit est marqué au
14 février dans le nécrologe (i).
Guillaume de Manoury du Tremblay, écuyer, seigneur
de Magny, capitaine du château de Bayeux, mourut vers
îSoi. Son épouse, Madeleine Stuart, fit prier le chapitre
de Bayeux, en f 5o2, de ne pas trouver mauvais si elle
avait fait apposer les armes de son mari autour du
chœur de Téglise de Magny, oti il avait été enterré,
parce'^ue elle et ses enfants n^entendaient 'pas pour cela
réclamer aucune chose au patronage de cette église, qui
appartient au chapitre, et que les armes dudit chapitre
seraient mises à la principale vitre du chœur.
Demoiselle Madeleine de Manoury, dame de Magny,
(i) Manusc de M. Potier, chancel. de Bayeux.
47^
leur fille porta, en 1 5 1 S, par mariage, cette terre à Olivier
de Saint-Ouen, seigneur du Tordouet au pays de
Caux (i). ^
L^origine de la maison de Saint-Ouen est du bailliage
deCaux en Normandie, elle porte pour armes : de sable
au sautoir d^argent, accompagné de 4 aiglettes de même*
Le premier nom de cette maison était de Sancy. Gilbert,
seigneur de Saint-Ouen, est le premier dont on ait con-
naissance. Il signa à une chartre pour l'abbaye de
Fécampf Pan iio3, sous le nom de Gilbert de Sancy,
seigneur de Saint-Ouen.
Du mariage de Olivier de Saint-Ouen, seigneur du
Tardouet, et de Madeleine Manourry, dame de Magny,
sortit Olivier de Saint-Ouen, II« du nom, seigneur du
Tordouet et de Magny> père du suivant.
Jacques de Saint-Ouen, seigneur de Tordouet et de
Magny fut réconcilié à Péglise selon Pacte de Tévèché de
Bayeux, le 21 mars i585. De son mariage accordé en
1 594 avec N. de Morais, fille de Jacques, seigneur de
Jodeiais et de Marguerite d^Achey vint le suivant.
(Il mourut le i3 décembre lôBg. Il fut père de Tan-
ncguy.)
Jean de Saint-Ouen, seigneur de Tordouet, Magnj,
Montdésert et Fresné-sur-la-Mer, bailla aveu de ses terres
les 12 mars 16 19 et 5 juillet 1624. Il avait épousé, par
contrat reconnu à Caen le 26 mai 16 17, Adrienne de
Warignies, fille de Tenneguy, seigneur de Blainville,
lieutenant du roi au bailliage de Caen, et d'Antoinette
du Parc, dame 'des Biards, dont : Tenneguy qui suit, et
François, seigneur de Fresné.
Tenneguy de Saint-Ouen, seigneur de Magny et du
(i) Hist. Harc, t. I, p. gSo.
473
Tordouet, chevalier, épousa Hélène de Bricqueville, fille
de Gabriel, marquis de Coulombiëres, laquelle après son
décès fut mariée en deuxièmes noces à N. de Madaillan,
comte de Montataire. Le seigneur de Magny vivait en-
core en 1664 ; il mourut le 20 février 1670, et fut enterré
dans le choeur de Téglise de Magny. ^
La terre de Magny, tombée en décret comme immeuble
de M. du Tordouet de Saint-Ouen^ fut acquise par messire
Guy de Chamillard, intendant de la généralité de Caen,
et passa à droit d^hérédité à son fils (i).
Depuis, messire Foucault, conseiller du roi en tous ses
conseils, devint propriétaire, au droit de Michel de Cha-
millard, intendant des finances, et d^Elisabeth-Thérèse
Le Rebours, son épouse, du fief, terfe et seigneurie de
Magny, et des fiefs, terres et seigneuries de Tracy, Arro-
manches et Dampierre-Marie sis à Rye. Le fief de Magny
apparteaait au sieui^ de Chamillard, au droit d^acquet
qu'en avait fait son père; les fiefis de Tracy, Arromanches
et Dampierre-Marie, au droit de rechange fait à lui et à
son épouse par S. M. devant les notaires du Châtelet de
Paris, le 3 mai 1694. Messire Foucault fit ériger le fief de
Magny en marquisat sur la fin de 1694 ou au commen-
cement de 1695. Il devint aussi propriétaire du fief, 'terre
et seigneurie de Rye, au droit de Padjudication, par dé-
cret, des immeubles de feu Jacques Blondel, écuyer, sei-
gneur de Rye.
Manoir (Saint- Pierre du). Sergenterie de Gray, élec-
tion de Bayeuz, 46 feux, notariat de Tracy.
Cette paroisse, située sur la rivière de SeuUe, est à trois
(i) Déclar. des fief nobles de la vicomte de Bajeux et du dom.
aliéné en 1697, fol. 54.
474
quarts de lieue de Creully et à une lieue et' demie de
Bayeux. L'abbaye de Jumiéges nomme à la cure et per-
çoit les grosses dîmes.
11 y a plusieurs fiefs dont le principal et les droits ho-
norifiques sont en litige depuis bien du temps entre plu-
sieurs gentilshommes. Dans un aveu, il est fait mention
du fief noble du Manoir, sis en ce lieu avec des extensions
à Vienne, Villiers-le-Sec, Bazen ville, Rye, Sommervieu
et Saint-Gabriel, qui relève du roi par un quart de fief
d^hautber. De lui sont dépendants : le fief de Caumont
sis au Manoir, et celui de Pierrepont sis à Littry, par un
huitième d'hautbert, selon Taveu de Michel des Marais,
écuyer, valet de chambre de la reine ( i ].
Sentence du g janvier 1527, contenant Pestimation et
prisée des fiefs de Pierrepont, assis en la paroisse de
Vienne, du Manoir, de Saint-Gabriel et du Haut-Manoir
de Caumont» assis en la paroisse de Vienne et du Manoir,
qui avaient appartenu à Geoffroy de Reviers, décrétés à
la requête du seigneur de Taillebois (2). François de
Guerville qui possédait le fief du Manoir ou Haut-Ma-
noir, le donna le 27 juin 1624, en échange à messire
Pierre d'Harcourt, marquis de Beuvron, et en 1680, le
marquis de Beuvron le vendit au sieur Michel Desma-
rais qui en rendit aveu au roi le 1 3 décembre 1 681, sous
le titre de fief, terre et seigneuriedu Manoir de Pierrepont,
dit Caumont, par un quart de hautber, assis en la paroisse
du Manoir et de Vienne, avec extension en plusieurs
autres paroisses. Michel Desmarais le donna en fief le
16 juin 169e, à Henri du Bousquet, après la mort duquel
Jacques-Louis du Bousquet, son frère et son héritier, en
(i) Recueil d'aveux de la vicomte da Ba3Peux.
(a) Factum imprimé.
47S
rendit aveu au roi le 22 mars 1706, sous la dénomination
de fief, terre et seigneurie du Manoir de Pierrepont dit
Caumont. Jacob-Gédéon d^Amours en devint héritier.
Le baron de CreuUy prétend avoir la qualité de sei-
gneur des paroisses de Vienne et du Manoir, et y fut
confirmé par sentence du bailliage de Bayeux, le 22 avril
1717, contre Jacob-Gédéon d'Amours, écuyer, héritier
de feu Jacques-Louis du Bousquet, écuyer, qui réclamait
cette qualité, et qui se voyant condamné par cette sen-
tence à se renfermer dans la qualité de ses deux fiefs de
Pierrepont et du Hàut-Manoir de Caumont, appela de
cette sentence à la Cour du parlement de Rouen.
La seigneurie de Vienne et du Manoir fut démembré^
en 1 509 de la baronnie de Creully, lors des partages faits
entre Jean de Sillans et Charles d'Harcourt, beaux-fils
du baron de Creully. Elle tomba dans le lot du derniers
Odet d'Harcourt; un de ses descendants vendit, en 1643,
sa portion à Antoine de Sillans, marquis de Creully, qui
fit réunir, par lettres patentes du mois de mai i655, enre-
gistrées la même année en la cour et à la chambre des
comptes de Rouen, au corps de la baronnie de Creully,
les fiefs, terres et seigneuries de CreuUet, Vienne et Le
Manoir qui en avaient été démembrées en i Sog, comme
il est dit ci-devanf. ,
Cette paroisse n'a que 2 hameaux : Beaupigny et
Pierre-Solain. Dans ce dernier, il y a une ancienne ma-
ladrerie connue sous le nom de Notre-Dame et de Saint-
Clair-de-Pierre-Solain. Le livre Pelut de Tévêché la
nomme capella leprosariœ de Petra-Solemni, et les
titres de l'abbaye de Longues rupes 5"' Ollani (i). On y
dit la messe dimanches et fêtes. Le patronage doit être en^
litige entre les abbayes de Cluny et de Jumiéges.
(i) Cart. abbat. Long., p. 12, fol. verso.
476
Selon le livre Pelut, la présentation de ce prieuré
appartenait en 1 356 à la dame veuve de G. de Faoulq,
chevalier : Relictœ !)•• G. Falsi militis; selon les regis-
tres de révêché du ivi« et xvn« siècle, au possesseur du
fief du Bosq et de Moon, et selon un procès de visite de
1662, il dépendait du Mont-Saint-Michel, était possédé
par un prieur commandataire, et son revenu éuit de
800 livra.
Jacques de Surrain, clerc, en fut pourvu par visa du
i5 août i5i6, sur la présentation de Jean de Surrain,
écuyer, seigneur du Bosq et de Moon. Jean Scelles,
écuyer, seigneur de Meautis et du Bosq en sa partie, y
nomma le 27 octobre tSgS» à cause de sa teite et sei-
gneurie du Bosq ( I ) . Comme cette chapelle vaquait par la
négligence de Jean Scelles, fils de Philippes, par lui
pourvu au précédent, il y nomma Nicolas Benoît le
I*' septembre 1606. Il prend dans l'acte la qualité de
sieur de Vaux-sur-SeuUes, qui fut au sieur de Meautis
et du Bosq-de-Moon, en partie, et déclare y nommer
comme seigneur du Bosq-de-Moon. Ce fut encore sous
cette qualité qu^il y pourvut le 27 mai 16 18. Dans
son acte, la chapelle de Pierre-Solain est dite être située sur
la paroisse de Bazenville, qui est contiguë au Manoir.
Le célèbre Pierre Halley, professeur en droit canonique
dans l'Université de Paris, a possédé le prieuré de Pierre-
Solain jusqu'aux approches de sa mort, qui Tenleva du
monde le 27 décembre 1689, à Page de 78 ans. Il (ut
résigné à son frère qui le résigna à Tabbé Philippes de
Marigny, chanoine de Bayeux, qui la remit vers 1761 à
Tabbé Le Sueur des Fresnes, grand chantre de la susdite
église de Bayeux.
(0 Reg. du secret, de l'évéché.
477
Manvieux (Saint-Rémy de). Sergenterie de Gray, élec-
tion de Bayeux, 35 feux» i6o habitants, notariat de
Tracy.
Cette paroisse est située sur le bord de la mer où il y a
des falaises très escarpées à une lieue et demie de Bayeux.
La nomination de la cure appartient à Tabbesse de Cor-
dillon. La dîme se divise en trois parts entre cette
abbesse, le curé et un autre.
Il y a à Manvieux un corps de garde proche la mer,
un village composé de maisons détachées autour de
Féglise, et un petit hameau nommé La Bréholière, peu
éloigné» qui fait une ferme détachée. 11 y avait un châ**
teau qui a été changé en une jolie maison de campagne.
La seigneurie est incorporée au marquisat de Man-
vieux, et la paroisse relève de sa haute justice. Elle a
appartenu à MM. de Reviers, seigneurs de Fontenailles,
d'où elle passa à MM. de Mathan. Pierre Faisant,
viconte de Bayeux en 1 540, en devint seigneur par acqui-
sition. Possédant de grands biens, il fut annobli par^
lettres données à Paris au mois de juin 1544, enre-
gistrées à la Chambre des comptes et au Parlement de
Normandie la même année (i). Par ces lettres, le roi
François I«' lui donna pouvoir à lui et à ses descendants
de prendre le surnom de Manvieux au lieu de celui de
Paysant. Cette Êimille s^éteignit en, 1756 par la mort du
dernier mâle placé à Técole militaire, et jeune homme de
grande espérance.
On trouve ceci dans un vieux compte en parchemin
du syndic de Bayeux, au chapitre intitulé : autre dépense
commune :
(i) Copies des lettres d'annoblist.
47»
Article 4. -- A Simon Canut, Jehan Toatain, et Richard IficoUe
zii livrea sur ce qui leur était deu pour port en bateaux de Xi"
pierrea au aiège de Chierbourg, pour le gouvernement des engins de
BaleuXy prinses entre Port et Manvieux, comme il appert par le
mandement et quitance donnée le^ XII de novembre Tan que dessus
1378.
Afapgny (Saint*Laarent de). Sergenterie de Tour,
élection de Bayeux, 72 feux, notariat de Tracy,
1 60 communiants. /*
Cette paroisse arrosée par la rivière d^Aure, est bornée
au nord par la mer de La Manche, à une lieue et demie
de Bayeux.
' L^abbé de Longues présente à la cure, et son abhaje
en perçoit toutes les dîmes.
Alvérëde de Soligny, seigneur en partie de Marigny-
sur-la-Mer, donna àTabl^aye de Longues la portion qu^il
avait dans Téglise de Marigny pour le salut de lui, de
Jeanne sa femme, et autres. Témoins : Robert de Soligny,
Rualenus de Flaghei, Geoffroy de Oum, Guillaume de
Barbefleur. Cette donation est à peu près du temps de la
fondation de Longues, id est, en 1 168 (i).
Raoul d'Argouges, son gendre veniens, dit la cbartre,
ad prœdictam ecclesiam (de Longis) causa visitandi
fratres sœpœ dictœ ecclesiœ, leur confirme medietatem
ecclesiœ de Marigneïo quant pater suus dictus Alvere-
dus de Soligneïo fecerat. Témoins : Guillaume de Fla-
cheïo, Guill. Ruault de Rupe-S*^011anî, Jourdain de
Malovicino, Etienne Pestel, Regr. de Argougiis.
Odon et Raoul du Mesnil frères, et Nicolas, fils du
même Odon, prétendent à droit d^hérédité, au patronage
de l'église de Marigny près Longues, dont une portion
(i) Cart. abb. de Long., p. la.
479
avait été donnée par Reginald de Marigny, chevalier,
et Tautre par Alvérède de Soligny à cette abbaye quelques
années auparavant. Henri, évêque de Bayeux, se rend
médiateur de la contestation, et engage ces gentils-
hommes à renoncer à tous droits et prétentions à cet
égard, en faveur de Martin, ^abbé de" Longues et de ses
religieux. La chartre expédiée à ce sujet est de 1198.
Témoins : Henri, chantre, Jourdain et Raoul, archi-
diacres et Patrkrius, sous-doyen de l'église de Bayeux (1).
Odon de Lorris, évêque de Bayeux, par acte du samedi
après la Saint-Barthélémy, apôtre. Tan 1273, approuve la
vente que Jean Le Tord du Mesnil, clerc, avait faite d'uiie
dime à Tabbé et religieux de Longues pour la somme de
60 livres tournois, id est, la moitié de la troisième gerbe
que lui, du Mesnil, avait à prendre sur Textension du
fief d^ Argouges situé à Marigny (2).
La seigneurie de Marigny relève du roi par un demi-
fief d'hautber, selon un aveu de M. «Pierre Phîlippes,
écuyer, qui Tacquit, par contrat du 18 octobre 1648 de
messire Bernardin de Bricqueville (3), seigneur d'Occa-
leu et de dame Jeanne du Bois-de-Pirou, son épouse, à
laquelle elle appartenait. Le seigneur de Marigny est seul
seigneur de la paroisse par Tacquisition quMl a faite de la
verge du fief d^Argouges qui« sMtèndait dans Marigny,
de M. Regnault, seigneur d'Argouges, trésorier de
Erance en la généralité de Caen.
Il est dit dans un vieux recueil d^aveux pour la vicomte
de Bayeux que le fief, terre et seigneurie de Marigny
donné anciennement en circonstances et dépendances
(i) ttart. abb. de Long., p. i3.
(a) Cart. abb. de Long., p. Sy et 58.
(3) Rec. d'av. de la vicomte de Bayeux.
480
par le roi à Guillame Héroulde, ^tait possédé en 1 563
par les héritiers de messire Richard du Bois.
De Pierre Philippes, écuyer, seigneur de Marigny et
de sa femme Catherine Suard sortit Louis Philippes,
écuyer» seigneur et patron du lieu, décédé en 1723, qui
par sa femme Jeanne Halley, sœur du célèbre M. Halley
restaurateur de Técole du droit canonique à Paris, fut
père de : Jean-Baptiste Philippes de Graville , abbé
commandataire du Puy-Ferrand, diocèse de Bourges,
chanoine et chancelier en l'église de Bayeux, et vicaire-
général du diocèse, mort le 4 janvier 1749; de Gabriel
Philippes de Tourville, chevalier de Saint-Louis; et de
Pierre Philippes de Marigny, décédé le 4 janvier en
1760. Son fils Jean-Pierre-Louis Philippes est aujour-
d'hui seigneur de Marigny. Femme Suzanne-Marguerite
Mensat.
Reginald de Marigny, chevalier, seigneur et patron de
Marigny était contemporain de Hugues Wat, fon;lateur
de Tabbaye de Lpngues, en 1 1 68. 11 a souscrit à plusieurs
Chartres de cette abbaye (i ). Il lui donna du consente-
ment de Guillaume, son fils, toute la portion qu'il avait
dans réglise de Marigny, nihil in ed terrent juris reti-
nens, et obtint à ce sujet une chartre confirmative de
Henri II, évêque de Bayeux, qu'il accorda^ cum Simon
persona ecclesiœ de Marignéîo, eadem ecclesia in manu
Jordani archidiaconi nostri resignata, ad sanotum offi-
cium monasticœ religionis apud Longas se contulisset .
Les témoins de la donation sont : Jourdain, archidiacre
de Bayeux, Gilbert de Longues, prêtre, Ranulphe de
Longues, chevalier» et Geoffroy, son fils. Dans le temps
que Reginald de Marigny faisait cette donation, Alvérède
(i) Car t. abb. de Long., p. i a et 1 3, fol. verao.
48 1
de Soligny donna aussi à Longues Tautre portion de la
même église avec l'approbation et le consentement de
Raoul d^Argouges, son gendre.
Guillaume de Marigny, chevalier, seigneur de
Marigny, donna à Pabbaye de Longues deux gerbes de
dîmes sur sa terre de Marigny, duos garbas decimœ suce
de dominio suo carucarum suarum apud Marigneïum.
Témoins : Richard, chapelain de Marigny, messire
Robert d^ Arganchy, messire Guillaume d'Englesqueville,
Beaudouin de Longues, Raoul du Mesnil et Nicolas
son neveu (i).
Enguerrand (Ingranus) de Marigny, chevalier, fils de
Guillaume, seigneur de Marigny, confirme la donation
faite par son père, et dans sa chartre il détaille les terres du
domaine de son père. Il fait mention entr^autres de neuf
vergées situées proche la maison de Turstin du Mesnil.
La chartre est de Tan 1223 (2).
Geoffroy de Marigny, écuyer, seigneur de Marigny,
paraît à la suite des précédents. Il vendit la dîme qu'il
possédait dans la paroisse de .Marigny aux religieux de
Longues pour la somme de 3oo livres tournois, et pour
l'acquit de quelques obits qu^il fonda pour lui et ses
parents dans la dite abbaye. Odon de Lorris, évêque de
Bayeux, approuva et ratifia cette vente par une chartre
donnée au mois de juin 1275.
Meuvaine (Saint-Manvieu de). Sergenterie de Gray,
élection de Bayeux, 84 feux, 200 communiants, notariat
de Ver.
Cette paroisse est sur le bord de la mer, à 2 lieues de
(i) Cart. abb. de Long., ut sop. et p. 14.
(a) Cart. abb. de Long., p. 58, fol. vers, et Sg.
31
482
Bayeux. L'^isc^ paroissiale est éloignée de la mer d^un
quart de lieue. Ecclesia de Mevena,
Le ruisseau de RouUecrotte passe devant le cimetière.
Le plus grand nombre de maisons est autour de Téglise,
et entr'autres celles du seigneur. Il y a pourtant deux
petits hameaux ou écarts : celui du Marais, à Torient, du
côté de Ver, composé de 9 à 10 maisons, et celui des
|loquettes vers Asnelles qui n'en a que 5 ou 6. «Ces deux
villages sont séparés par une garenne et un marais, qui,
au nord, sont bordés par la mer. Raoul de Juvigny, par
chartre de 1206, donna aux religieux de Tabbaye de
Longues, la dîme de tout son marais de Meuvaine, in
omnibus exitibus et proventibus et omnibus quœ deci-
mari possunt (i).
Le patronage de la cure, qui en i356 appartenait à
messire Raoul de Malherbe, fut donné peu de temps
après à Pabbaye de Saint-Julien de Tours. M. Tévéque
de Bayeux y présente aujourd'hui, au droit de cette
abbaye, depuis Punion de la manse abbatiale au collège
des Jésuites de cette ville (2). Ces Pères ont les deux tien
des grosses dîmes, et le chapitre de Bayeux a Tautre tiers,
et une muaison de 34 boisseaux de froment à prendre sur
les deux premiers tiers. Le chapitre tient cette dime par
un échange fait en 1629 avec messire d'Angeanes son
évéque, au lieu d'un droit qu'il avait dans la forêt et
paroisse de Neuilly, et celle de Lison. Le revenu du curé
consiste dans la grosse et menue dîme de Maronnes,
hameau de la dépendance de Meuvaine, dans 40 écus qu'il
a à prendre sur toute la dîme de Meuvaine, et 1 2 livres de
rente que le chapitre lui £ait pour des aovales.
(i) Cartul. abb. de Long., p. 46 et 47.
(a) Ex manuscripto.
483
Cest de la patrie de Marin du Viquet, docteur et pro-
fesseur en médecine et recteur de TUniversité de Caen,
vers i55o. Son fils, avocat-général au Parlement de
Rouen, mourut vers 1640. ATarticle de Meuvaine, dans
un compte-rendu par le viconte de Bayeux, en i56o, il
est dit : « de Jehan de Mauvoisin pour le fief de Meu-
vaine, pour sa dame et la dame de La Poterie, pour
5o livres tournois, pour ce qu'ils ont été acquis par Tho-
mas et Guillaume dits Longuet, en Tan i5i4, comme il
est dit sur le compte de Saint-Michel. »
Jean Poncet, curé de Meuvaine, devînt chanoine de
Merville en l'église de Bayeux par permutation. La colla-
tion est du 18 octobre i5ot.
M. Phîlippes-Charles de La Rivière de Meuvaine,
prétre-curé de Fresné-sur-la-Mer, frère de messire Clé-
ment de La Rivière, chevalier, haut justicier de Meuvaine,
fit son testament le i^ janvier ijBi (i), par lequel il
donna : i^ aux obits de Frcsné 1,600 livres; 2« aux curé
etobîtiers d'Asnelles, 3oo livres; 3» aux curé et obitiers de
Meuvaine, 600 livres; 4^' à la paroisse de Meuvaine,
5,000 livres pour fonder à perpétuité deux sœurs de La
Providence, pour servir de maîtresses d^écoles dans les
paroisses de Meuvaine, AsnellesetFresné; 5« r,ooo livres,
dont le revenu sera employé à avoir des médecines pour
les pauvres ; 6* enfin, aux curé et obitiers de Saînt-Ger-
main-du-Crioult, 200 livres; ces sommes sont évaluées à
8,000 livres.
Le sieur Crevel^ avocat à Caen, un des légataires, a
affcaé des terres en sa seigneurie de Creullet pour pajrer
aux susdits donataires la somme de 435 livres de rente
foncière , c'est-à-dire à Saint - Germain - du - Crtoult ,
(i) Ex autographo.
484
10 livres; à Asnelles, i5 livres; à Fresné, 80 livres; à
Meuvaine, 3o livres; aux sœurs de La Providence,
25o livres; aux habitants de Meu vaine pour les méde-
cines, 5o livres. Les terres affectées de la sorte ont été
prises à fieffé par la veuve Marie. L^acte en a été passé à
Creullet le 3o de novembre 1752.
Le hameau de Maronnes, dépendant de Meuvaine, est
considérable, et situé au couchant et à demi-lieue de
réglise. Il y a une chapelle de Saint-Léonard abbé,
annexée à la cure de Meuvaine. Le curé est obligé d^y
faire dire la messe dimanches et fêtes, avant sa haute
messe paroissiale. Un procès de visite, fait en 1664,
marque qu'on y faisait Teau bénite, que son trésor était
de 5o livres de rente, et que le cimetière des Huguenots
était proche, et presque point distingué de celui des catho-
liques. On voit à peu de distance de cette chapelle, au
pied d^un coteau, une très belle fontaine qui par Tabon-
dance de sa source fournit de grandes commodités aux
habitants des environs. Le chapitre de Bayeux y avait un
trait de dîme; mais il Ta cédé au chapitre pour les char-
ges susdites.
Rye (Saint-Martin de). Ria, sergenterie de Gray, élec-
tion de Bayeux, 88 feux, 40a habitants, notariat de
Tracy.
Cette paroisse, située à cinq quarts de Bayeux, autant
du bourg de Creully, et à trois quarts de lieue de la mer,
n^a point d^autre rivière que le ruisseau de Gronde qui
prend sa source à une fontaine proche Téglise de Magny .
11 est appelé, dans les vieux titres : le RueMe-Gronde. Il
va se perdre à la mer entre Asnelles et Meuvaine. Il y a
aussi près d^une masure une fontaine dont les eaux sont
minérales.
485
On y compte 5 villages ou hameaux : Le Moutier,
Froide-Rûe, La Poté, au milieu desquels passe le ruis-
seau de Gronde, les autres sont : Beauvais, au midi, et
Fontaine, à l'occident, lequel est enclavé dans la paroisse
d'Arromanches. Dans ce dernier village, il n'y a que
2 maisons qui dépendent de Rye, et 2 autres petites mai-
sons détachées sur le bord de la mer. La moitié de la
paroisse relève de la juridiction de Saint-Gabriel, Tautre
moitié de celle de Bayeux.
Le coteau qu'on voit au nord de cette paroisse est
appelé Le Mont-de-Rye. Il est rempli de carrières.
L'église est située sur le penchant de ce coteau qu'on
nomme Le Côtil^e-Saint-Martin. Cette église est obs-
cure par la raison qu'elle ne tire du jour que du côté du
midi. Elle est accompagnée de deux bas-côtés, et de deux
chapelles, qui forment la croisée. La première est érigée
en l'honneur de la Sainte-Vierge, la seconde, en l'hon-
neur de saint André. Cette dernière fut cédée par les
paroissiens en 1628 à Jacques André, écUyer, sieur
de Sainte-Croix, à charge par lui de l'aumôner et de la
faire réédifier^ ce qui a été fait. La nomination du chape-
lain appartient à ses représentants. On y voit son mau-
solée et celui de noble dame Marie Davot, son épouse.
Il y a deux curés qui sont à la présentation, le premier,
de l'abbé de Longues, le second, de l'abbé de Fécamp.
Un mémoire imprimé marque que l'église du fief de
Fécamp, et les dîmes qui en dépendent, lui furent aumô-
nées par Eudes, fils de Geoffroy, et celle de Longues avec
ses dîmes et son fief, par Guillaume Paisi^el et Eléonore
sa femme.
Ce qui regarde ici l'abbaye de Longues est contredit
par le cartulaire même de cette abbaye. Il confirme plu-
4M
sieurs Chartres confirmatives d^Henri H, évéque de
Bayeux, dans lesquelles il est énoncé que noble homme
André de Vitry donne à Longues la moitié de cette partie
qu^il avait à droit d'hérédité sur Téglise de Rie^ et
il confirme en outre à ses religieux la demeure de Guil-
laume Gautier, que Robert son père leur avait aumône,
ainsi que 2 gerbes de dîmes sur le fief Banastre et du Por-
tier et de leurs héritiers (i). Il prit pour témoins de cette
confirmation : Roger son chancelier, Bernard abbé du
Val, Richard prieur du Plessis, Henri chantre de
Bayeux, Gilbert chanoine, et autres. Notre évéque
Henry mourut en i2o5 ; ainsi, Tauteur du livre Pelut de
l'évéché s'est trompé quand il a mis cette portion de la
cure de Rie à la nomination de Philippe de Méautis.
On trouve dans le même cartulaire une chartre de
Ranulphe fils de Robert, dans lequel le donateur
s'exprime ainsi (2) : ego Ranulphus filins Roberti post
primam decimationem frugurn et fructuum de terra
mea pervenientium quœ generaliter omnino ecclesiœ
singulis annis persolventur, deliberavi omnes redditus
meos quos habebam apud Riam et Amondevillam [à la
marge du canulaire il y a pour note : Amondevilla est
dit appartenir à Bazen ville], iterum decimare de il la
secundà décima totius redditus mei de Ria, videlicet et
Amondevilla dedi et concessi medietatem abbatial
5^ Mariœ de Longis..,. excepta tantum décima porno-
rum meorum,.. his testibus Roberto de Boum^ Jeremla
et Roberto sacerdotibus de Ria, Roberto clerico.
Il y a aussi à Rye un personaat dit : Jehanaet, dont la
présentation alternative appartient à M. le marquis de
(i) Cartuh abb. de Long., p. 10 et 35.
(a) Cartul. abb. de Long., p. 1 1, fol., vers, et p. 36.
4»?
Magnj, seigneur de Rye, et à M. André^ écuyer, sieur
de Sainte«Crbix.
Les religieux de Fécamp perçoivent la moitié des
dîmes; Tautre moitié est recueillie, un tiers par Tabbé de
Longues, un tiers par le curé de la première portion, et
Tautre tiers est encore subdivisé en trois parts, dont la
première appartient au personnat, les deux autres aux
Jésuites de Rouen, de sorte que les religieux de Fécamp
ont la moitié du total, Pabbé de Longues et le curé
chacun un sixième, les Jésuites un neuvième, et le per-
sonnat un dixième.
. Les religieux de Fécamp ont fieffé une paVtie des terres
de leur fief, à charge d'en payer une dîme par un boisseau
de grain, dont la moitié de froment, et n^oitié d^orge. Ce
■tènement est appelé La Vavassorie-de-Jeanninet ; les
tenans doivent paraître aux plaids de leur seigneur pour
cène redevance.
Le fief dominant de Rye est surnommé de Vitry. Il
relève du Roi à c^use de sa châtellenie de Bayeux, par un
huitième de hautber, et doit au domaine du Roi un muid
d*orge de 12 septiers, estimés 144 boisseaux, et 76 sous
de rente au terme de Pâques, selon Taveu rendu le siècle
dernier par noble homme Jacques Blondel, écuyer, sei-
gneur de Rye. Il est uni à présent au marquisat de
Magny, et la moitié de la paroisse relève de sa haute jus-
tice.
L^histoire nous fournit un trait remarquable arrivé
dans cette paroisse et qui mérite d'être rapporté. Cest le
service important que Huître ou Hubert de Rye rendit
en 1046 à Guillaume duc de Normandie, surnommé Le
Bâtard^ lors de la conjuration de Guy de Bourgogne (i),
(i) Chronique de Normandie^ p. 61 et 6a. •— Hist. de Dumoulin
p. 137. — MASsevitUy 1. 1, p. 175.
488
appujé des comtes de Bessin et du G>tentin, et de plu-
sieurs seigneurs de ce duché. Obligé pour éviter leur noir
dessein, de sortir de Valognes la nuit et à demi-nu, ce
prince passa le matin par Rye, proche Bayeux, épuisé de
fatigue, lui et son cheval. Il fut reconnu par Hubert, sei-
gneur du lieu, qui le fit entrer dans son château pour
prendre un peu de repos. Il est dit dans une vieille chro-
nique manuscrite que ce Hubert fit ensuite conduire et
escorter le duc Guillaume, son seigneur et son parent,
jusqu^à Falaise, par ses trois fils, ce qui lui sauva la vie
et son duché. On voit encore au milieu de la paroisse
une place qui se nomme Le Château-Briand, que Ton
dit avoir été la demeure de ce seigneur de Rye.
Geoffroy de Rye, un de ses fils, suivit en 1096 le duc
Guillaume à la conquête d^ Angleterre (i). Robert, autre
fils de Hubert, fut nommé évéque de Séez en 1070,
Yvone Sagiensium prœsule de/uncto , Robertus
Huberti de Ryafilius successit, qui /ère duodecim annis
prœlatus prcefuit, et ipse circa Dei cultum fervens,
religiosos tnultum dilexit.
On tient que la maison de Quesnel descend de ce
Hubert de Rye ; car de Geoffroy, son fils, dit-on, est des-
cendu Richard, qui épousa Gertrudede Molines, enterrée
à Rouen dans la chapelle de Saint-Romain où Richard
était peint armé à Pantique, avec une dame à genoux à
ses côtés, et un écu de gueules à trois quinte feuilles
d^hermines, qui sont les armes de la maison du Quesnel,
avec cette légende ou inscription : Miles Richardus
Quesnel filius Godifredi^ et ejus uxor Gertrud. de
Molines, anno 1140 (2).
(i) Ord. Vitalis, lib. IV, p. 5ao.
(a) Dict. de Moreri, au mot O.
489
Sainte-Croix^sur-la-Afer (rExaltation de). Sergen-
terie de Gray, élection de Bayeux, 38 feux, notariat de
Ver.
Cette paroisse, privée de la commodité d^une rivière, est
dite : sur la mer, non pas qu'elle y soit précisément,
puisque Gray est entre deux; mais c^est pour la distin-
guer de Sainte-Croix-Grand^tonne, située au devenue de
Maltot.
On assure que cMtait originairement une annexe de
Gray. Si la chose est ainsi, il faut qu^il y ait longtemps,
car un titre de 1 242 en fait mention comme d'une paroisse
qui a ses paroissiens et son curé (i). Le livre Pelut de
révéché rappelle : Ecclesia S*^ Crucis^ et met la cure à
la nomination du prieur de Sainte-Barbe, auquel elle
appartient encore. Les dîmes sont perçues par le chapitre
de Bayeux, par les religieux de Saint-Vigor, et par le cha-
pelain de Saint-Thomas en la cathédrale de Bayeux.
Sainte-Croix est à 3 lieues de Bayeux, et à trois quarts
quarts de lieue du bourg de Creully. Sa seigneurie rele-
vant de celle de Gray, a été possédée par une branche de
la maison de Patry. Messire de Bourges, archidiacre de
Bayeux, Tacheta par décret vers 1624. Elle fut depuis
revendue à messire de La Champagne. Elle passa ensuite
à messire Maheust de Sainte^Croix. Jacques Maheust,
seigneur et patron de Sainte-Croix-sur-la-Mer, proviseur
du collège du Bois, enterré le 1 5 septembre 1 745, à Saint-
Sauveur de Caen. Enfin elle est échue, au droit de leurs
femmes héritières de MM. de Sainte-Croix, à messire
Héroust du Moustier, conseiller au présidial de Caen, et
Jean Des Fontenelles, docteur en médecine à Bayeux. La
portion de messire du Moustier a été vendue en iSjS,
(i) Neust, piaf p. 907.
490
par soh fils aine à M. Hu€, seigneur de Carptqoet.
(Relève de la haute fustice de Saint-Gabriel) ( i ).
Outre la seigneurie, il y a encore à Sainte-Croix le fiei
de Pierrcfite, qui fut à M. de Blajs; le fief d'Ivrande,
qui fut à noble homme Anne du Châtel; et une vavas*
«orie dépendante du fief de Banville. Le prieuré de Saint-
Vigor 7 possède aussi, au droit du prieuré de Saint-
Gabriel, le fief appelé la baronnie de Sainte-Croix.
Saint'Gabriel (Saint-*Thomas-de-Cantorbéry de). Ser-
/genterie de Creully, élection de Caen, 40 feux, 1 3o com-
muniants, notariat de Creully.
Cette paroisse, située sur la rivière de Seulle, est à un
quart de lieue du bourg de Creully et à 2 lieues de
Bayeux. Elle dépend, unt au spirituel qu'au temporel,
de Tabbaye de Fécamp. Le prieur et les religieux de cette
abbaye nomment de plein droit à la cure^ et en perçoivent
les dîmes. Ils en sont les seigneurs, dit-on, et y ont une
haute justice, membre de celle d^Argoaces, qui est exercée
de 1 5 jours en 1 5 jours, et qui relève nuement du parle-
ment de Rouen. Le juge souverain se qualifie : baiUy
vicomtal, conservateur et garde-sceau de la haute-justice
d^Argences et de Saint-Gabriel. Il y a une foire qui se
tient le jour de Saint-Gabriel, t6 d*octobre, dont Tabbaye
de Fécamp perçoit les droits. ElUe consiste principale-
ment en moutons. La haute-justice commence le propre
jour de la foire. Le fief de Saint-Gabriel est occupé par
les religieux de Fécamp. Ils ont droit de fournir plusieurs
personnes pour garder la foire. ';
Les fermes détachées sont : la ferm^ des Mares, proche
la rivière, et la ferme de La Rufinière, jouxte la paroisse
(i) Déclaration des fiefs de la vicomte de Bayeux.
491
de Brécy, deux moulins à eau, Tun surnommé de Saint-
Gabriel, pour le prieuré de Saint-Gabriel, et l'autre appdé
Creully pour messire de La Basoque, et une commune
où chaque particulier de cette paroisse a droit.
Il y avait à Saint-Gabriel un prieuré claustral très
ancien qui subsistait dès le commencement du xi« siècle.
Anchetil, sire de Harcourt, vivant en 1027, témoigna sa
piété et sa magnificence envers ce prieuré, lui confirmant
de grands biens assis à Montaigu et ailleurs (i). Il fut
uni quelques années après à Tabbaye de Fécamp {2).
Anno loSSy facta est donatio SanctuGabrielis. U
avait un prieur titulaire. Nicolas, prieur de Saint-
Gabriel, fut nommé commissaire en 1 106 par l'abbé de
Fécamp. Un état de 1664 marque que la nef de ce
prieuré est ruinée depuis longtemps, et que les vestiges
qui paraissaient, faisaient connaître que ça a été autrefois
une fort belle église; il ne reste plus, est-il dit, que le
chœur en intégrité avec les deux grandes chapeUes étant
au^ côtés en forme de croix (3).
VoTi a séparé Tune de ces chapelles par une muraille,
dont le fermier du prieuré se sert comme d^une grange
pour mettre ses blés. Il y avait autrefois des religieux de
Saint-Benoit, mais à présent il n^y a que 2 chapelains
qui y résident.
L'élise ou chapelle de ce prieuré a 3 autels, dont le
maitre-autel a pour tableau une Annonciation. Cette
chapelle composée d^un sanctuaire, d^une petite nef et de
deux bas-côtés, a en tout 5i pieds de longueur sur 5i et
demi de largeur. Le sanctuaire est éclairé de 3 croiaées.
(i) HUt. Harc, 1. 1, préfoce, p. 9.
(a) Chron. Fiscan. apud biblio., P. Labbé, 1. 1, p. SaÔ.
(3) Ex manuscripto secretariœ episcopalis.
«a
et la nef et les bas-côtés de 6. Les charges de cette
chapelle sont de 3 messes basses par semaine ( i ).
Il 7 avait à rentrée et des deux côtés de la chapelle
d^anciens bâtiments et arcades qui paraissaient avoir été
construits à dessein de former une nef à cette chapelle.
Ces bâtiments consistaient en un croizillon de 90 pieds de*
largeur sur 3o de longueur. Sur le milieu^ étaient
d'anciens murs crevassés qui semblaient avoir servi à une
tour. Le reste avait 60 pieds du côté du midi, sur
laquelle longueur se trouvaient 4 arcades qui donnaient
entrée à un bas côté. Le mur en ruine avait 90 pieds de
longueur^ et du côté du nord 27 pieds en 2 arcades. Les
murs de la tour avaient 90 pieds de haut et les autres 5j.
La hef avait de largeur 25 pieds, et le bas-côté ci-dessus
1 3 pieds.
Par permission de M. de Luynes, évoque de Bayeux,
donnée eh 1748, le titulaire de cette chapelle fut autorisé
à abattre tous ces murs et anciens bâtiments, et ce, après
les procédures et toutes les formalités requises.
Ce prieuré étant tombé en ruines par le laps des temps
et le malheur des guerres, la conventualité en fut trans-
férée au prieuré de Saînt-Vigor, près Bayeux, par décret
de l'ordinaire, le 9 juin 1674, avec les offices et fonda-
tions, pour Pacquit desquels il jouit du tiers du revenu ;
le reste demeura à l'abbaye de Fécamp (2). Il n^y a plus
qu'une chapelle dont le titulaire est obligé à un messe
basse les dimanches et deux fois par semaine.
Chartre par laquelle le roi Philippe-Le-Long disposa
des fiefs de Fresnay et de Saint-Gabriel, à lui échus par
la forfaiture de Baudouin Wat, en faveur de Robert des
(i) Procès-verbal dressé en 1748.
(a) Reg. de l'évéché.
493
Moustiers, écuyer, et qui est en date de Pan i3i8« le
dimanche après la fête de Saint-Grégoire, les dits deux
fiefs de Saint-Gabriel et de Fresnay passés par succession
du dit Raoul Pèlerin ès-maisons de Bricqueville et de
Vierville, et enfin de celle d^Harcoun par les alliances
contractées entr^elles (i).
Ancien registre qui contient deux aveux rendus du
fief et seigneurie de Saint-Gabriel : Tun par Richard de
Beuzeville^ chanoine de fiayeux, le 1 2 de septembre 1406,
Tautre rendu par Raoul Pèlerin, écuyer, seigneur de
Sainte-Croix-Grand-Tonne, le 23 septembre 141 3| au
dénombrement du bailliage de Caen.
Lors du traité de mariage signé le i3 mars 1473,
reconnu le 7 juin 1474 devant les tabellions de Caen,
entre messire Arthur de Vierville, baron de CreuUy, et
demoiselle Jaqueline de Bricqueville, leur furent pro-
mis par Guillaume de Bricqueville, seigneur de Laune
et de Coulombières, Raoul Pèlerin, seigneur de Sainte-
Croix, et Guillemette Pèlerin, femme du seigneur de Cou-
lombières : les fiefs d^Escoville, de Bosroger, de Rupierre,
de Bretteville, de Beneauville et de Sainti-Gabriel, tous
assis au diocèse de Bayeux, ensemble les patronages et
domaines de leurs dépendances (2).
Jacqueline de Bricqueville, dame et baronne de
CreuUy était dqme de Saint-Gabriel, représentant à cause
de cette terre les fondateurs du prieuré conventuel de
Saint-Gabriel, membre de l'abbaye de Fécamp. Elle eut
pour filles : Marie et Jacqueline de Vierville, mariées à
Jean de Sillans, seigneur d'Hermanville, et à Charles
d^Harcourt, baron de Beuvron et de Beaufou, qui parta-
geaient en i5o9.
(i) Hist. Harc., t. IV, p. i8io.
(a) Hist, Harc.j t. II, p. io58 et suivantes. '
«4
Autres lots faits et présentés le a 3 février 1 526, et homo-
logués au parlement de Normandie le 1 2 avril suivant,
par rapport à la succession de Jacqueline de Bricqueville,
entre Marie de Vierville et ses neveux : François
d'^Harcourt, baron de Beuvron, Jacques d'Harcourt,
baron de La Motte, abbé de Belle-Étoile, et Charles
d^Harcourt, seigneur de Bailleul (i).
Le fief, terre et seigneurie de Saint-Gabriel et Fresné-
le-Croteur, fief entier, fut mis dans le premier lot, avec
les maisons, cour, manoir, jardin, terres labourables et
non labourables, prés, bois, pâturages, etc. Il tomba
dans le partage de noble homme Jacques d^Harcourt,
abbé commandataire de Belle-Étoile, puisque dans an
contrat d^échange passé depuis, il prend le titre de sei-
gneur de Saint-Gabriel et de Fresné {2).
Saif^-Germain^de^la-Lieue. Banlieue de Bajtnx,
élection du même lieu, 5o feux, notariat de Bayeux.
Cette paroisse, dont il y en a plusieurs du même nom
dans le diocèse, est surnommée : de La Lieue, parce
qu^eile n'est qu'à une petite lieue de Bayeux, sur la grande
route de Caen. Son église, située sur le bord du grand
chemin, est très bien décorée. Elle doit ses embellisse-
ments à GuilIaum^-Étienne Sohard, seigneur et patron
de Saint-Germain, mort sans postérité If 5 septembre
1747. Outre le maître autel, la croix du cimetière, et
plusieurs autres ornements, il donna peu de temps avant
sa mort. le lambris de la nef et les deux autels qui sont à
rentrée du chœur.
Saint-Germain est le titre d'une des prébendes de la
cathédrale de Bayeux. Le chanoine est collateur de la
(1) Hist. Harcy t. II, p. 1809.
(2) Hist, Harc, t. III, p. 91 i-^ia et 1044.
495
cure, et a toutes les dîmes sur lesquelles il paye pension
congrue au curé. Il a encore voix délibérative à rékction
du chapelain de Bussy, mais le seigneur temporel est
patron de la cure; le chanoine de Saint-Germain est
patron coUateur des bénéfices de Saint-Jean, et de Notre-
Dame-de-La-Potberie de Bayeux. Il a, 4 livres à prendre
sur la dîme de la dernière, il a aussi droit de visite dans
la maladrerie de Saint-Eustache, ainsi qu'il fût reconnu
en 1390. Cette maladrerie était située à La Potherie;
elle ne subsiste plus depuis longtemps. Son 6ef de Saint-
Germain est assis dans la paroisse de Saint-Jefta-des-
Essartiers, vicomte de Thorigny. De ce fief dépendent
et relèvent les fiefs d*Arganchy, sis es paroisses des Essar-
tiers, des Loges, et de Cahagnes; de Beauval au dît lieu
des Essartiers, et de Bonnet à Cahagnes.
Le hameau de Bussy est du territoire de Saint-Ger-
nxain. Le fief appartient à M. Godard, éouyer, seigneur
de Bussy, fils du seigneur Godard d^lsigny. Heu tenant-
général au bailliage de Bayeux. Il y a une chapelle titu-
laire de Saint-Jacques^ od quelques paroisses de cette ville
vQi>t une fois raunée chanter la messe. Le cbapelaift est
tenu à la dire tous les dimanches et fêtes. U est élu par
voie de délibération. i.es chanoines de Saint-Germain et
de PézeroUes, et le curé de Saint-Gecmaîn y ont voix. Le
chanoine de PézeroUes a encofe droit de visite »ir la
chapelle.
La seigneurie de Saint-Germain relève de la châtellenie
de Beaumont-le-Richard, sans rente ni devoir, comme il
paraît par Taveu qu'en rendit le 5 mars iSgi, Regnauld
de Dreux, chevalier, seigneur de Saint-<Germain, à Henri
de Hottot, écuyer, seigneur-châtelain de Beaumont (i).
(i) Invent, des titres de la châtel. de Beaum., ch. IIU
49^
Guillaume Pèlerin, écuyer, seigneur de Saint-Gennain-
de-la-Lieue, épousa, par contrat du 8 avril 1496, Philip-
pine de NoUent, fille de Gilles, seigneur de Saint-
Contest (2).
Jean de Preullay, écuyer, rendit pareillement son aveu
le 6 décembre iSS^,, déclarant que Jean de Pantou,
écuyer, seigneur de Saint-Vigor-des-Mézetets tient la
moitié du quart de fief de Saint-Germain, à cause de sa
femme, fille puînée de Guillaume Delevin (?) (peut-être :
Le Devin), écuyer; Guillaume de Preullay rendit aveu le
3 juillet 1 595 pour le dit quart de fief, dont les héritiers
de Guillaume Fresnel en tiennent la moitié de lui comme
étant le parage fini (3).
Depuis, Joachim de Grimouville, écuyer, seigneur de
Vaussieu, rendit aveu le 26 juin 1606, pour lui et demoi-
selle Gabrielle Troussey sa femme, à cause du fief de Saint-
Germain, par un quart de fief de chevalier, déclarant
ravoir partagé avec ses cohéritiers, lesquels relèvent en
parage de lui; et relève du dit fief de Saint-Germain un
autre quan de fief appartenant aux héritiers de Louis
Fresnel, sieur de Cresserons, auquel il y a juridiction et
gaige^pleigc.
Autre aveu du dit fief de Saint-Germain par Etienne
Suhardi le 11 décembre 1671. II pouvait être fils de
M. Pierre Suhard, écuyer, seigneur de Saint-Germain,
lieutenant-général au bailliage de Bayeux en 1670. Guil-
laume-Etienne Suhard, écuyer, seigneur et patron de
Saint-Germain étant mort sans postérité le 5 septembre
1747, ^- Tabbé Suhard de Loucelles et autres héritiers
vendirent cette terre Tannée suivante à Louis de Bailleul
(1) Hist. Harc, t. I, p. 973.
(2) Inventaire de Beaùmont.
497
de Blary, chevalier de Tordre militaire de Saint-Louis,
ci-devant mousquetaire de la garde du roi.
Sa famille était de Bayeux. Richard Le Bailleul, sei-
gneur de Valdery fut père : i® de Pierre qui suit; 2» de
Jean, sieur des Castelets; 3» de Jacqueline, mariée en
premières noces, le 1 7 janvier 16 1 7, à David Hébert, sieur
de Monfay, avocat à Bayeux, et en secondes noces, le
i3 février 1620, à Richard Le Fèvre, avocat.
Pierre de Bailleul, sieur de Valdery, conseiller du roi,
lieutenant en l'élection de Bayeux, mort le 7 d'avril 1637,
est enterré dans l'église de Saint-Martin; de son mariage
avec Marie Hermerel, il laissa : i» Guillaume, qui suit;
2? Françoise, décédée le 21 mars i652 et enterrée aux
Augûstins, auxquels elle donna le tableau de sa patronne
qu'on voit dans le chœur.
Guillaume Le Bailleul, sieur des Valderys, conseiller-
assesseur au bailliage et vicomte de Bayeux, mort le
24 avril 1679, âgé de 42 ans, et enterré en Téglise de
Saint-Malo de Bayeux.
François de Bailleul, seigneur et patron de Saint-
Étienne-de-Rouveray, sieur de Valderys, de Blarie, pro-
cureur du roi en la ville de Rouen, fut père par noble
dame Louise de Fontaines, son épouse : i^ de Louis
François, mort sans alliance ; 2» Louis qui suit ; 3» Guil-
laume-Michel, prêtre, chanoine de Gavrus, officiai* du
chapitre de Bayeux, et vicaire général de M. l'évéque de
Lisieuxpour l'exemption de Nonant, décédé le 10 janvier
1759; — 40 Louise-Françoise, mariée à M. du Castel-
Fréard, ou Férard, receveur du domaine; — 5» Margue-
rite-Suzanne, morte sans alliance.
Louis de Bailleul, seigneur et patron de Saint-Étienne-
du-Rouvray, fut annobli pour services en 1745, et revînt
à Bayeux en 1 747. Il avait servi avec honneur dans les
32
49»
guerres que nous eûmes en 1784 contre Fempereur
Charles VI, et en 1740 contre Timpératrice reine d^Hon-
grie et ses alliés. Il fut blessé au combat d^Ettingen en
1 745. Ses armes sont : partie d^hermtnes et de gueules à
2 épées d'or à poignées d*argent posées en sautoir sur
le tout. Il épousa, le 1 1 novembre 1 749, M«^ de L'Espinay-
Roger, fille unique de M. de UEspinay, lieutenant-^géné-
rai de police à Bayeux, petite-fille de Michel Roger de
L'Espinay, lieutenant de M. le vicomte de Bayeux,
et de demoiselle Jeanne de Bailleul ; il mourut subite-
ment en 1 755, à sa terre de Saint-Germain, et son épouse
en 1758.
La paroisse de Saint-Germain a été augmentée par
celle de Saint-Germain-des-Entrées, qui lut fut réunie
quant au spirituel en 1742. Comme elle était de très
petite étendue, n'étant composée que de 40 à 5o per-
sonnes, et d'un très petit revenu, qui ne se monte qu^à
100 livres de rente ou environ, M. TÉvéque, du consen-*
tement de son chapitre, et du chanoine de Saint-Marân,
patron collateur, qui abandonna alors la perception des
dîmes, et malgré l'opposition de quelques paroissiens, en
supprima le titre et office par décret du M^ janvier 1742,
ou plutôt les transféra à la paroisse de Saint-Germain,
où la fête de Saint-Martin est célébrée comme fite de
second patron, le dimanche le plus proche et non empê-.
ché que se trouvera la dite fête. Par ce décret, l'église
doit être démolie, à cause de sa vétusté, et la croix de
pierre qui est dans le cimetière doit être mise à la place
du maitre-autel après sa démolition. A quelque distance
tie l'église Saint-Martin, est une ancienne chapelle située
au bord du grand chemin, et qui ne sert plus qu'à des
us$ige^ profanes. Une pierre placée au-dessus de la porte.
499
marque qu'elle est de Tannée 1438, et dédiée sous Tinvo-
cation de sainte Catherine.
Saint-Martin-des-Entrées donne son nom à une pré-
bende de la cathédrale de Bayeux. Son fief est assis es
paroisses de Saint-Martin, de Ranchy et de Canchy,
vicomte de Bayeux. Le chanoine est patron coUateur de
la cure de Saint-Martin de Bayeux, comme il Pétait de
celle-ci ayant sa réunion. Il avait la dîme de cette pa-
roisse; il Fa cédée au curé de Saint-Germain lors de sa
réunion. Il y a à Saint-Martin une maison, cour, jardin,
et 20 acres de terre, plus un acre et 4 pièces ou courts-
sillons à Canchy, la quinzième gerbe des grosses dîmes,
et la dixième des menues et verdages dans celle de
Ranchy.
Saint'Sulpice appelé communément Saint-Suplix,
banlieue et élection de Bayeux, 24 feux, 70 commu-
niants, notariat de Bayeux.
Cette paroisse n'est pas de grande étendue; la cure est
à la nomination du prieur et des religieux de Saint- Vigor
prés Bayeux, lesquels possèdent les dîmes en intégrité.
Le grand-doyen de la cathédrale de Bayeux en donne la
collation, et en a le déport avec droit de visite. Il y a 3
fiefs nobles : le premier dit le iSef de Saint-Suplix ou de
Maillot, relevant de la châtellenie de Bayeux par un
quart d'hautber. Les autres appartiennent à M. PÉvéque
de Bayeux et au prieuré de Saint- Vigor. M. le marquis
de Magny est seigneur honoraire de Saint-Suplix par
l'acquisition qu'il a faite du sieur François Vimard, curé
de Saint- Martin de Bayeux, qui en avait hérité de
M. Suhard, écuyer, s' de Vaux, son oncle. Elle est à trois
quarts de lieue de Bayeux.
50O
Saint' Vigor-le-Grand. Banlieue et élection de Bayeux,
i5o feux, 25o communiants, notariat de Bayeux..
Cette paroisse, d^une assez grande étendue, est en par-
tie dans la banlieue de Bayeux. Les hameaux ou écarts
de Pouligny, de Caugy, de Recouvry et de La Rivière en
dépendent, mais ils sont au-delà de la banlieue. Elle est
située à la porte et à Porient de Bayeux, à demi-quart de
lieue du centre de la ville.
Ce lieu, un des plus anciens du diocèse, n'était pas
moins célèbre dans le paganisme par son temple et son
académie de druides, qu^il Ta été depuis par son prieuré,
et la quantité dMglises qui y furent bâties lors de réta-
blissement du christianisme. Le temple était situé au
milieu d^un bois de chênes, sur une colline qu^on appe-
lait dans ce temps-là le Mont-Phaunus, et qui fut nommé
depuis Mont*Chrismal, ou mont des églises. On prétend
qu^il y avait aussi une célèbre académie de druides qui
formaient leurs élèves dans les sciences, et serait-ce trop
risquer de dire que c'est de ce collège dont Jules-César a
parlé dans ses Commentaires, et qu^il dit être situé de son
temps dans les Armoriques ? Il est constant au moins
que ce collège subsistait <$ncore au commencement du
iv« siècle.
Le temple subsista plus longtemps. On y adorait
encore, dans le v« siècle, une statue de pierre qui repré-
sentait une femme, ainsi que nous l'apprenons des aaes
de saint Vigor, évéque de Bayeux. Ce saint évéque ne
put souffrir un tel scandale si proche de sa ville épisco-
pale. Ne pouvant obtenir par prières ou par menaces la
destruction de ce lieu, il eut recours à Tautorité royale.
Le roi Childebert, à la prière de ce saint, le lui céda avec
tout le domaine qui en dépendait, et qui était du fisc de
ce prince ; de sorte qu^on emporta par autorité ce qu^on
501
a^avait pu obtenir de gré, et tout fut uni à la manse de
révéchéde Bayeux. On fixe cette époque vers Tannée 556.
Quand saint Vigor eut détruit ce temple^ il bâtit à sa
place une chapelle sous Pinvocation de Saint-Pierre et de
Saint-Paul, et plusieurs autres églises dans les environs.
Cenalis lui en attribue quatre (i). « Visitur^ dit-il,
quatuor templorum structura apud Montent Chrisma--
tum ai divo Vigore prœsule eà loco compaginata. Pa-
nagion unum^ seu Omnium Sanctorum, nunc divi Flo-
celli : venerandœ Crucis alterum : tertium divo
Reverentio : quartum Mariœ Egyptiacœ nomini ac
numini addictum : illic cernitur campus floridus divi
Gereboldi interventu in média hyeme virore iilustratus,
Cernitur et Gereboldina petra, cui innixus quievit,
vulgà : Le Perron de Saint Gerbold. »
L^église de Saint-Pierre et Saint-Paul a été convertie
en un prieuré de Bénédictins du nom de Saint- Vigor,
son fondateur. Ce saint évéque et ses successeurs y ont
administré longtemps le baptême solennellement aux
veilles de Pâques et de la Pentecôte. On voit encore au
bas de Péglise du prieuré Pancien baptistère de marbre
qui servait à cette cérémonie. Cest de là sans doute que
prit le nom de Chrismal la colline sur laquelle est bâtie
cette église. On lui donne aussi le nom de Mont-des-
Églises à cause d^elle et des autres qu^on y voyait, comme
Téglise de Saint-Flocel, qui était une paroisse, réunie à
celle de Saint-Jean en 1 709 ; la chapelle de Sainte-Marie-
d^Egypte détruite auparavant, et située derrière cette belle
croix de pierre qu^on voit vers le prieuré; et la chapelle
de Saint-Révérend, placée derrière le prieuré.
Anciennement les paroissiens faisaient Toffice divin
(i) De re Gallica, lib. II. perio. 4, p. iSy.
SOI
dans la nef du prieuré. Elle fut consumée par le feu du
ciel en i632, et Toffice fut transféré dans la petite cha-
pelle de Saint-Révérend. Enfin les religieux ayant fait
abattre cette chapelle pour donner une entrée plus belle
à leur église, les paroissiens passèrent dans celle qu^on
leur fit bâtir à peu de distance de là. Elle est faite sur le
plan quVn donna le sieur Moussard, célèbre architecte
de Bayeux. Qn y chanta la première messe le jour de
Saint-Vigor, au mois de novembre 1721.
Cette église se prétend exempte de la visite de Tévêque
et de Parchidiacre. Les prieurs et religieux de Saint-
Vigor nomment à la cure. Ils perçoivent le& grosses
dîmes, y compris le sarrazin, et font pour sa pension
322 livres et 18 sous de rente au curé, qui a les menues
et vertes dîmes, y compris les févcs. Cet arrangement a
été fait par une transaction passée entre le prieuré et le
sieur Charles Osmond, bachelier en théologie, curé du dit
lieu, le 2 juillet 1667, devant les tabellions de Bayeux,
après une longue procédure au parlement de Rouen.
Son territoire est séparé de celui de Saint-Jean à l'occi-
dent par le fossé qui sépare deux pièces appelées les Hauts
et Bas-Jours, par la délie qui est joignant le cimetière de
Saint-Floxel, et par le fossé qui règne autour du champ
de la foire, et qui va rendre au chemin aboutissant à
l'auberge de Saint-Vigor-le-Grand. Le champ de la foire
se nomme aussi le Champ-Fleury, en mémoire de ce que
les arbres fleurirent, dit-on, en hiver, lors de la rentrée
solennelle de saint Gerbold, évéque de Bayeux. La foire
tient le lendemain de la Fête-des-Trépassés. Les droits
appartiennent moitié à Tcvêque de Bayeux, moitié aux
rçh'gieuxde Saint-Vigor, comme jouissant conjointement
de la baronnie de Saint-Vigor. L'évéque a en outre en
50?
cette qualité^ pendant 1 5 jours, droit de tarif et de police à
Bayeux, moitié avant, et moitié après la foire.
La baronnie de Saint-Vigor faisant partie de la manse
de révéché, relève du roi par un plein fief de hautber. Il
parait deux sentences données à Bayeux et à Caen en
1345, par lesquelles Tévéque a droit de s^emparer des
biens des bâtards morts sans enfants dans les dépendances
de cette baronnie. Cest une des terres de Tévéché qui
furent érigées en hautcrjustice l'an 1477 par le roi
Louis XI, mais elle n^est pas exercée. Les châtelains de
Beaumont-le-Richard et de Saint-Vast, relevant de
révéché à cause de cette baronnie, sont tenus d^accompa-
gner Tévéque lorsqu^il prend possession de son siège,
depuis le prieuré de Saint-Vigor jusqu^à la cathédrale. Le
possesseur du fief de La Couronne, situé à Saint-Vigor,
est aussi un des vassaux de Tévéque. Il le doit également
conduire le jour qu'il prend possession de Pévéché, en
jetant de la paille devant lui par où il doit marcher. Cest
lui qui donne le premier coup à boire au dîner suivant,
dans une coupe d'argent doré, avec son couvercle estimé
4 marcs, après quoi cette coupe lui appartient. Le sei-
gneur de FeugueroUes, au diocèse d^Évreux, est tenu au
même devoir vis-à-vis de son évêque.
Les fiefs relevant de la baronnie de Saint-Vigor sont :
10 Le fief, terre et seigneurie de Beaumont-le-Richard ;
20 Les terres et seigneuries de Saint-Vast et d^Ondefon-
taine;
30 Le fief entier de chevalier nommé le Fief-au-Cham- \
bellan, à Tour;
40 Le fief d'Etréhan-le- Ferreux ;
50 Le fief de Guiennevilje en Cotentin, à Guienneville ;
60 Les fiefs Poildoc et Lanfreville, à Agy ;
70 Le fief de Port, à Gommes ;
$04
8o Le fief de Saint-Germain-du-Pert;
9« Le fief de Tessy, à Tessjr ;
io<> Le fief de Tours, à Cussy ;
1 10 Le fief du Qos, à EUon ;
12» Le fief de Condé-sur-Seulle, à Condé;
i3o Le fief d^ Aiguillon, à Juaye ;
140 Le fief de BerroUes, à Longraye;
1 50 Le fief de Bos et de Moon, à Gommes;
1 6» Le fief de Port, à Létanville ;
1 70 La seigneurie de La Motte-Blagny ;
180 Deux acres de terre deCroulte-Bouchar, parTabbé
de Mondaye;
190 Le fief de La Haye-Piquenot ;
^<y> Le fief de La Haye-d'AiguilIon, à Juaye ;
2 10 Le fief Saint-Vast, et la franche vavassorie nommée
le fief de Port, à Formigny ;
220 Le fief de Villers-en-Bocage ;
230 Le fief de Sommervieu.
Le hameau de Pouligny, dépendant de Saint-Vigor,
donne le nom à une des prébendes de Bayeux ; le cha-
noine y possède 16 acres et demie de terre en plusieurs
pièces, et 100 sous de rente foncière et seigneuriale à
prendre sur les héritages dépendant de son fief.
Il y a dans Saint-Vigor, outre les églises marquées cî-
devanty le prieuré de Saint-Nicolas de La Chesnaye,
dont je vais bientôt parler, et les chapelles de Saint-
Jacques, dépendant de ce prieuré, et de Sainte-Croix
appartenant au prieuré de Saint-Vigor.
La chapelle de Sainte-Croix paraît être d'ancienne fon-
dation. Elle est située à peu de distance de la rivière
d'Aure, proche le lieu nommé le Pont-Aubert. L'an-
cienne chapelle fut abattue totalement il y a quelques
années ; la nouvelle a été placée au-dessous de remplace-
50S
ment de la première, et bâtie aux frais de messire de La
Londe, avocat à Bayeux, qui jouit de la terre de Sainte-
Croix. Les anciens seigneurs de La G>uronne y ont fait
des fondations (i). Guillaume Lentrin, écuyer, seigneur
du fief et noble teneure de La Couronne, et sa femme^
demoiselle, fille d^ Alain Bénard, écuyer, sieur de Tessy
et de Maisons donnèrent, le 3 janvier i Sop, présence de
Nicolas Lentrin, leur fils, lo sous de rente tournois aux
religieux du prieuré de Saint-Vigor, pour dire 5 basses
messes par an dans la chapelle de Sainte-Croix. Jean
Lentrin, chevalier, son bisaïeul, et Jean Lentrin, son
père, et demoiselle Jeanne de Reviers, sa mère, de la
paroisse de Fresné, y avaient fondé, le premier une messe
basse tous les dimanches, et le second une procession et
une grand^messe le jour de Sainte-Croix, en mai. Ce
jour-là, les 1 2 chapelains de Notre-Dame de la Cathédrale
y vont chanter les premières vêpres, et la messe le len-
demain.
Le Prieuré de SainUVigor, de Tordre de saint
Benoist, fut fondé un peu avant 1066, par Odon de Con-
teville, évéquede Bayeux. Il fut établi dans le lieu même
oti saint Vigor avait bâti la chapelle de Saint- Pierre et de
Saint-Paul, et oti Ton prétend que ce saint avait été
enterré avec son fidèle disciple Théodomir. Odon prit
beaucoup d^attachement pour cet ouvrage. Il démembra
la baronnie de Saint-Vigor, et en donna la moitié à ce
prieuré, avec la moitié des droits utiles et honorifiques.
Il y bâtit une église magnifique, y appela des moines
de Saint-Benoist, et leur donna pour premier abbé :
Robert de Tombelaine, célèbre religieux de Tabbaye du
(i) Manuscrit de TÉvêché.
^o6
Mont-Saint-Michel. Tout le moDde sait que ce prélat fut
arrêté prisonnier sur la fin du règne de Guillaume-le-
Conquérant» son frère utérin, et qu'il ne sortit de prison
qu'à la mort de ce prince. L'abbé et les religieux de
Saint-Vigor, effrayés du sort de leur fondateur, craignirent
de participer à son malheur. Ils prirent la fuite et aban-
donnèrent cette maison si chérie de Tévéque Odon. Après
sa délivrance, il rappela d^autres religieux du même
ordre et répara tous les dommages que son absence avait
causés à cette communauté.
Elle eut d'autres illustres bienfaiteurs, comme Onfroj
de Veulles, qui se distingua aussi par lar fondation des
deux abbayes de Préaux, et Richard Thésart des Essarts,
chevalier. Si on en croit M. de La Roque, le premier est
qualifié même de fondateur de Saint-Vigor, suivant un
manusait de la Tourne-Londres, ce qu'on ne peut
entendre toutefois que dans le sens quUl y fit de grands
biens.
L*évéque Odon, par reconnaissance du bon traitement
qu'il avait reçu à Tabbaye de Saint-Bénigne de Dijon,
soumit ce prieuré à cène abbaye par un acte authentique
de 1096, en sorte que depuis ce temps-là, Tabbé de Dijon
avait pleine juridiction sur le prieuré de Saint-Vigor, et
y nommait le prieur. Les abbés ont renoncé, depuis
quelques années, à ce droit-là. Le même évêque obtint
en même temps du Pape une bulle qui assujettissait les
dignitaires et chanoines de Bayeux à se £aire enterrer
dans Téglise de ce prieuré, à l'exclusion de leur église
cathédrale, ce qui attira par la suite beaucoup de troubles
parmi eux; mais enfin, l'évêque Henri, II« du nom,
environ 80 ans après, obtint du Souverain Pontife la
révocation d'iine bulle si gênante et si désavantageuse
au bien de Péglise de Bayeux.
507
Chaque évéque de Bayeux est tenu àe venir coucher
dans ce prieuré la veille de son entrée solennelle, et les
religieux sont obligés de le recevoir et de le défrayer avec
son train ce jour-là seulement. C^est encore un règlement
<jui remonte jusqu'à Pévéque Odon.
Il y a quelques chapelles titulaires qui sont possédées
par les religieux. Je ne connais que celle de Sainte-Su-
zanne, laquelle est à la nomination du prieur.
Les prieurs étaient commendataires. Renaud de Coli'>
gny, de l'illustre maison de ce nom, religieux de Tordre
de Saint-Benoist, a été prieur de Saînt-Vigor-lès-Bayeux,
ainsi que d'Arbois au comté de Bourgogne, et du Mou-
tier-aux-Moines en Bourbonnais. Son père, Guillaume,
seigneur de Colignyet d^Andelot, lui légua par testament
fait à Andelot le 4 août 1457, 100 florins de rente jusqu'à
ce qu'il eût obtenu un bénéfice de 3oo livres de rente. Il
vivait encore en 1482 (i). Sa maison tire son nom de la
petite ville de Coligny, située entre le comté de Bour-
gogne et le pays de Bresse, et son origine des anciens
comtes de Bourgogne. Ses armes sont : de gueules à
l'aigle d'argent becqué, membre et couronné d'azur*
Le 1 1 février i §79, une tour étant à l'église du prieuré
de Saint-Vigor tomba en ruines, à raison d'un degré qui
était dedans par où l'on montait aux cloches qui étaient
en icelle, et de la ruine de la dite tour provint celle de
tout le chœur, nef et voûtes qui tombèrent bas (2) sans
que le sacraire dans lequel était le Corpus, Domini, ni
l'autel fussent rompus. Deux gros morceaux de la dite
voûte se croisèrent en forme d'arcade sur le dit sacraire,
et un religieux, qui était en l'église lors du bruit, se sauva
(i) Hist. dêigr. ofic, t. VH, p. i5i.
(a) Manuscrit de Potier.
508
80US le dit autel sans être blessé. La dite église a été
réédifiée peu à peu par M. Charles Marguerye^ chanoine
de Bayeux et prieur lorsqu'elle se ruina, ainsi qu^^elle se
voit à présent, qui n'est en rien approchant de sa première
façon pour la hauteur, d'autant qu'il y avait chapelles
hautes sur les dites voûtes oti les dits religieux allaient
en procession à certains jours.
Jean Trotibel succéda, en iSgS, dans ce prieuré à
Charles de Marguerye. Il fut présenté à l'évéque de
Bayeux par le sieur de La Moriciëre, grand doyen du dit
lieu, vicaire général du cardinal Anned'Escars, abbé de
Saint-Bénigne, de Dijon.
Les religieux de Saint-Vigor sont de la réforme de
Saint-Maur, en faveur desquels le titre de commande fut
éteint et supprimé. La réforme y fut introduite en lôSç,
par les soins de François Servien, évéque de Bayeux. Ces
religieux ont très embelli leur église et ont fait faire des
maisons neuves à la place des anciens bâtiments.
Les bénéfices dépendant de ce prieuré so&t :
Agy, doyenné de Campigny (Alternatif).
Criqueville, doyenné de Trévières.
Curcy, doyenné d'Evrécy.
Ouffières, doyenné d'Evrécy.
Saint-Sulpice, doyenné de Creully.
Saint-Vigor, doyenné de Creully.
Tour, doyenné de Campigny.
Valcongrain, doyenné d'Evrécy.
Le Prieuré de Saint-Nicolas-de-La-Ckesnaye, prieuré
commendataire de chanoines réguliers de l'ordre de
Saint-Augustin, est situé sur la paroisse de Saint-Vigor,
proche Bayeux ; il tire son surnom, à ce qu'on dit, d'un
bois de chênes qui était autrefois dans ce lieu. On en
509
attribue la fondation aux évéquesde Bayeux ; mais oja ne
sait quand et par quel évéque il a été fondé. Hermant dit
que révéque Henri I'^ y fit une donation en 921, ou
927, ou enfin 928.
Guillaume-Ie-Conquérant, roi d^Angleterre, confirma
ce monastère, et Iqs 20 prébendes qui y avaient été
fondées pour autant de chanoines réguliers, en faveur
des lépreux. Le roi Henri I^*' et son fils, qui commença
son règne en 1 1 54, le confirma aussi par une chartre
donnée à Bures, où signèrent comme témoins : Henri 11^
évéque de Bayeux, Robert d^EstouteviUe, Roger Bacon,
Almérède de Vassy, Guillaume de Soliers, Philippe de
Coulombières (i).
Par cette chartre, le roi permet aux chanoines de bâtir
une égUse sur le bord du chemin royal. Cest celle qu^on
y voit aujourd'hui. Le chœur est large, et le sanctuaire
ou le rond-point, qui est parfaitement bien, est éclairé
par 7 croisées. On voit peintes, à une de ces croisées, les
armes d*un prieur de cette maison, qui sont : d^argent au
chevron de gueules accompagné de 3 coquilles de même.
Les mêmes armes paraissent aus^i en bas-relief au haut
de la voûte du chœur. ^
Le P. Dom Pierre de Millies, prieur de Saint-Nicolas,
fit faire les voûtes des deux chapelles qui sont aux côtés
du chœur, et peut-être les chapelles mêmes. On en tire la
preuve par ses armes qu^on y voit à la voûte de la cha-
pelle méridionale avec ces mots autour de Técusson :
Pierre de Millies, priour de céans, La même inscription
se trouve en abrégé dans Fautre chapelle, et ses armes
sont : d'azur à Paigle d'or becqué et ihembré de gueules»
On voit aussi les armes de la maison d^Humières à la
(I) Hist, Harc, lib. XX, ch. XLVIII, p. looi.
JIO
vître de b chapeUe vers le nord, oomme elles paraissaient
aussi sur les murs du chœur, avant qu'on les eût blan-
chis ; elle portait : d^argent frété de sable.
Le prieur et couvent des lépreux de Saint-Nicolas de
Bayeux donnèrent et accordèrent unanimement, en
1430, à Robert de Cremelle, chanoine de Bayeux, benè
merito^ tout le ménage qu'ils possédaient, apud Bajocas
prope capellani de Fossato. Ils lui permirent, depuis,
quMl cédât cette habitation à Raoul de Thaon et à Agnès
sa fille, à condition que le dit de Thaon et les hériden de
sa fille feront à leur couvent 2 1 sous, et quelques antres
rentes (i).
Ce prieuré était anciennement éventuel et non électif.
Le prieur éuit à la pleine collation de Tévéque de Bayeux.
En une sentence contradiaoire rendue aux assises du
bailli de Caen, tenue à Bayeux le 18 septembre 13/3 (il
est dit ailleurs le 17 septembre i363), entre Louis,
évéque de Bayeux et le procureur du roi, par laquelle,
après Texamen des titres et d^une enquête de patronage
^te suivant les formes de l'ordonnance de Philippe-
Auguste, vulgairement appelé : la Philippine, il fat jugé
que la collation de ce prieuré appartenait de plein droit
au susdit évéque, et que ses prédécesseurs en avaient
ainsi joui et usé de tout temps. Enquête ou aae de noto-
riété donnée par le vicomte de Bayeux, le 18 mars 1419,
à la diligence du procureur dû Roi, qui justifie que ce
prieuré est de la fondation et à la pleine collation des
évêques de Bayeux. Arrêt du grand Conseil du 19 sep-
tembre 161 a, qui évince le nommé Piètre, pourvu du
prieuré par le Roi, sur la nomination du grand aumônier
de France, sous prétexte de la léproserie attachée au dit
prieuré,
(i) Cart. capel. Bay. cathed., p. i3.
511
Les évéques de Bayeuxont été privés du droit de nomi-
nation par le Roi, qui se Test attribuée, et voici à quelle
occasion : D. Jacques Le Bert, prieur titulaire de Saint-
Nicolas, résigna en 1670 ce bénéfice entre les mains du
vicaire-général de Tévéque de Bayeux pour en être le
titre supprimé, et la mense prieurale d'icejui avec ses '
appartenances et dépendances, unie et incorporée à per-
pétuité au séminaire fondé Tannée précédente à Bayeux.
Le Gendre s'en fit pourvoir par dévolu sur la nomination
du Roi, et fit signifier ses provisions au directeur du
séminaire de Bayeux. Requête présentée à Sa Majesté,
laquelle, sans égard au droit de nos évéques et à la dé-
mission volontaire de Le Bert pour le séminaire, confir-
ma la nomination du dévolutaire, en sorte que depuis ce
temps-là, le «Roi a toujours continué d^ nommer par
commende.
En exécution de Tarr^t rendu en la chambre royale le
dixième jour de février 1 683, et de la sentence de Bayeux le
22 mai suivant^ les biens et revenus du prieuré de Saint-
Nicolas-de-La-Chesnaye furent divisés en quatre lots, et
arrêtés entre noble et discrète personne M. Jean Le
Gendre, prêtre, prieur commendataire du dit lieu, et
MM. les commandeurs et chevaliers de l'Ordre Notre-
Dame-du-Mont-Carmel et de Saint- Lazare, et M. Ra-
phaël Duprez de Marcilly, commandeur et chevalier
du dit Ordre, et commandeur de la commanderie de
Caen et de ses dépendances. Ces lots furent tirés par son
le i" juillet au dit an, devant le lieutenant général du
bailliage de Bayeux.
Le prieuré de Saint-Nicolas a droit de foire dans son
enclos le jour de ce saint patron, laquelle lui fut accordée
par. le roi Guillaume, duc de Normandie, et confirmée
par plusieurs ducs de ses successeurs, pour Pespace de
SI2
sept jours entiers. Comme elle était tombée entièrement,
on entreprit de la rétablir en 1746, mais elle est retombée
dans son premier état par l'opposition de Padjudicataire
de la ville de Bayeux, et de ses marchands.
Il y a à Saint-Loup-Hors une petite ponion de dîme
qui se perçoit sur quelques héritages, et à Audrieu un
trait de dîme qui consiste au dixième boisseau de tous
les grains» avec quelques terres et rentes. Les religieux
héritent de la cotte marte des prieurs-curés qui ont fait
leur noviciat dans leur maison, par un arrêt du grand
conseil qu'ils obtinrent au mois de janvier 1748, contre
le prieur et religieux du Plessi»-Grimoult qui la préten-
daient comme patrons des bénéfices<ures. Il présente aux
cures : de Saint-Ouen, des faubourgs deBayeux; de Bour-
guébu, doyenné de Vaucelle; et de Saint-Christophe-sur-
Ome, doyenné de Cinglais.
Il paraît par les mémoires de M. Potier que les prieurs
de Saint-Nicolas et de Saint-Vigor assistaient aux pro-
cessions générales. Au mois de mars 1 534, sur le débat
qui était entre ces deux prieurs, à raison de la préséance
à une procession générale qui se fit solennellement, il fut
ordonné que le prieur de Saint-Nicolas précéderait, à
cause qu^ils sont chanoines réguliers, sans préjudice tou*
tefois de Pavenir.
LISTE DIS PRIEURS DE SAINT-NICOLAS-DB-LA-CHESKAYE
« t. Guillaume Le Bas, évêque d^Abellon, 1466-1468.
2. Jean de Barra avait, en 1497, pour vicaire-général,
Rolland de Barra, chanoine de Bayeux. II permuta en
i5o2 pour le prieuré de La Templerie, au diocèse d'An-
gers.
3 de Cerisay, abbé de Mellanays, prieur de
513
Saint-Nicolas par permutation, prêta serment de fidélité
à révéque de Bayeuz, par Roger HuUot, son procureur,
le a6 février 1 5o2.
4. N , nommé prieur par provision du Saint-
Siège en i5i8.
5. René de La Barre, pourvu en i53o, résigne en
i532.
6. Christophe de La Barre, prêtre, pourvu par visa du
16 de décembre 1.532.
7. Nicolas Le Prêtre, prieur, décédé en i533.
8. Nicolas Amyot, prêtre, licencié, pourvu par visa du
dernier décembre i533.
9. N , nommé par provision du Saint-Siège en
1567.
10. Simon Le Bouc, prêtre, remet son prieuré en 1 57 1
pour la cure de Lacy.
11. Antoine Gayant, prêtre, archidiacre et chanoine de
Bayeux, prieur de Saint-Nicolas par permutation de la
cure de Lacy. Cependant, on trouve dans les registres de
révêcbé : Anno 1S66 et die ultimo maii Reverendus
episcopus contulit Antonio Gayant clerico, prioratum
S^ Nicolai de Quemeta vacantem per obitum Christo-
phori de La Barre, et à la marge est écrit : hac die dictus
episcopus recessit ab urbe et diocesi, et cubuit Cadomi.
Mort en 1 573.
12. Pierre-Philippe Dumont, prêtre, chanoine régulier
de Saint-Augustin, nommé prieur en 1 573, par le roi
Charles IX, en régale, le siège vacant ; reçut son visa de
Pévêché le 4 juin 1 574. 11 le résigna au suivant.
i3. Jean Tibergeau, clerc du diocèse du Mans, reçut
son visa le 20 d^avril 1 579. Il résigna au suivant.
14. Jean du Chfltel, prêtre, trésorier et chanoine de
33
Bayeux, fut pourvu du prieuré de Saint-Nicolas par visa
du 17 juillet 1584.
i5. Jean Potier, prêtre, trésorier et chanoine de
Bayeux, fut pourvu par Henri IV, en régale, du prieuré
de Saint-Nicolas en 1 592» par la résignation du précédent
qtii était son oncle. Il obtint en 1 599 de nouvdles pro-
visions de Rome, et un visa de l'évéque du 1 2 avril de la
même année, comme s*il eût douté de la validité de son
titre, à cause du procédé du pape Sixte V contre ce grand
roi. Il décéda en 1S09.
16. Charles Gouhon, prieur, sur la démission du pré-
cédent, et nommé par le vicaire-général de Tévêquc, fut
inquiété dans sa possession par le nommé Piètre qui s^en
était fait pourvoir par le roi sur la nomination du grand
aumônier de France ; mais il fiit depuis confirmé par
arrêt du grand conseil du 19 septembre 161 2.
17. Charles Palmon, se démit de son prieuré quelque
temps après.
18. Mathurin Aubin, nommé par la démission du
précédent, obtint des provisions de M. Tévêque de
Bayeux en 1617.
19. 'Louis d^Angennes de La Loupe, clerc du diocèse
de Chartres, fut pourvu du prieuré de Saint-Nicolas, sur
la résignation d^ Aubin en 1625, et venant à mourir en
1628, il le résigna au suivant.
20. Philippes ou Louis Dallet, prêtre du diocèse de
Lisieux en 1628, résigna ce prieuré la même année au
suivant.
21. Jean d'Angennes s'en fit pourvoir sur la résignation
de Dallet, mais comme il n'avait obtenu qu'une simple
signature, n'ayant point exprimé que ce prieuré fût con-
ventuel, pour n'être point sujet aux frais des bulles, ni
au décret ordinaire par lequel le pape oblige tous les
515
impétrants de se faire promouvoir à tous les ordres dans
Tan. Cela donna lieu à un dévolu obtenu par Charles
Aubery en 1629, lequel, après cinq années de contesta-
tion contre Jean et Gabriel d'Angennes, demeura enfin
possesseur de ce bénéfice.
22. Charles Aubery en obtint les bulles comme d'un
prieuré conventuel et non électif, et en jouit paisiblement
jusqu^à son décès arrivé en 16 53.
23. Charles de La Mare fut nommè^en 1654 a ce béné-
fice, par régale par le roi, à cause de *la vacance du
siège. Le brevet marque quMl était électif, et c^est la pre-
mière fois qu'on emploie ce terme. Il paraît que ce n^était
qu^un expédient concerté pour faire passer pension
au profit d^un nommé Raimbault, parce que Tusage
nMtait point encore établi que par des lettres patentes de
provisions en régale, on assignât une pension sans cause,
en faveur d^une personne qui n'avait jamais été revêtue
de ce bénéfice.
24. L^abbé d^Harlay fut pourvu de ce bénéfice en
1660 sur la résignation du précédent, par nomination
du roi, siège vacant. Il mourut le 28 mars 1670.
2 5. Dom Jacques Le Bert, prêtre, chanoine de Tordre
de Saint- Augustin, fut nommé par Tévéque de Bayeux à
ce prieuré vacant par la mort du précédent. Il le résigna
presque aussitôt entre les mains de ce prélat, et par lettre
du 26 août 1670 cet évéque unit la manse prieurale avec
ses dépendances au séminaire qui venait d*être établi à
Bayeux, et qui avait été approuvé et confirmé par lettres
patentes du roi en 1669, duement vérifiées au parlement;
mais :
26. Jean Le Gendre, docteur en droit civil et cano-
nique, chanoine de la cathédrale de Saint-Flour, s^en fit
pourvoir en même temps par le roi» et fit saisir les fruits
516
de ce prieuré. Le directeur du séminaire s^opposa à cet
enlèvement; Tafifaire fut traduite, non devant le grand
conseil, mais devant le roi directement. Durant la pro-
cédure. Le Gendre, en 1682, le résigna au suivant, en
faveur duquel elle fut jugée.
27. Edme Chambon d'Arbouville.
28. Pierre Bernier, prieur commendataire de Saint-
Nicolas, nomma en 17 10 à Saint-Ouen des fisiubourgs. II
portait dans ses armes : un chevron accompagné de deux
en chef et d^une rose en pointe [fascé dbr et de
sable de 6 pièces au chef de gueules].
29. Qaude-Honoré de Mont-Ferrand, prieur commen-
dataire de Saint-Nicolas, ci-devant chanoine et ancien
grand doyen de la cathédrale de Noyon, licencié ès-droits
de la faculté de Paris, mort à Caen le 7 décembre 1771,
et enterré à Saint-Pierre.
Sommervieu (Saint-Pierre de). Sergenterîe de Gray,
élection de Bayeux, 66 feux, notariat de Tracy.
Cette paroisse, si connue aujourd'hui par la belle habi-
tation qu'y ont fait bâtir nos derniers évéques, est située
à une petite lieue au levant de Bayeux. M. Marcel, mort
curé de Basly au commencement de ce siècle, dans une
de ses pièces de vers tire ainsi Tétymologie de Sommer-
vieu :
tune villa lub urbe.
Hervsi nimius fecit, cui nomina summug (!)
Il y a plusieurs pedts villages ou hameaux. Au sud, à
la distance d'environ 6 à 7 minutes de chemin par rap-
port à réglise, est celui des Quatre-Nations ; au nord-
ouest, 18 minutes de chemin, celui de Chefdeville; vers
le nord-ouest^ 18 ou 20 minutes, le Mont-Rada, ancien-
nement le Mont-Rendac, ou La Tringale ; enfin à Test,
517
proche l'église, le petit village de La Vallée, ou du Petit-
Galop.
L'église bâtie vers le milieu de la paroisse paraît être
du xi^ ou du xii« siècle au plus tard. La tour bâtie hors
d^œuvre vers le midi entre le chœur et la nef, avait une
flèche, abattue depuis Ipngtemps, et réduite en plate-
forme. Son mauvais état Ta fait abattre totalement, et on
en a rebâti une autre au bas de Téglise, en pyramide, qui
fut achevée en i655. On a rebâti le chœur et fait de
grandes réparations à toute Féglise es années 1761 et
1762.
Nous apprenons du livre Pelut de Tévéché que la cure
de Sommervieu était primitivement divisée en deux por-
tions, la première à la nomination de Jacques de Som-
mervieu, écuyer; la deuxième à la pleine collation du
sous-chantre de Bayeux. Ce livre a été fait vers 1 356. Les
évéques de Bayeux ayant acquis le patronage de la portion
laïque continuèrent d^ nommer, comme le sous-chantre
à Tautre portion; enfin M. de Nesmond, évéque de
Bayeux, et le sous-chantre, les réunirent sous un seul
titre, aux conditions que cette cure sera dorénavant à la
pleine collation alternativement entre eux et leurs succes-
seurs, et qu'il y aura un vicaire. Ces deux coUateurs
jouissent par moitié de la grosse et menue dîme, et
payent pension au curé et au vicaire. Le squs-chantre
paye en outre un cent de paille à Téglise de Sommervieu,
mais il a 1 7 boisseaux de froment, mesure de Bayeux,
1 2 sous, 2 guelines, et 20 œufs de rente foncière à prendre
sur plusieurs particuliers de cette paroisse (i).
Le cartulaire de Pabbaye de Longues contient plusieurs
Chartres par Tune desquelles, Richard Bonnel donne en
(i) Aveu du tempor. de la cathéd. de Bayeux.
Si8
pure aumône à cette abbaye deux gerbes de dîmes à
recueillir sur son entretenant de Sommervieu. Totius
tenementi mei de Summoveîo^ excepta decimd Wilhelmi
Sirot quant habuit de maritagio uxoris suœ. Par une
autre chartre, Jeanne de Subies, veuve de Richard Le
Forestier, donna à la même abbaye une acre de terre :
apud suum manerium, sitam in mansurd Anfredi
juxta mansuram Roberti de Vaus^ et 2 gerbes de
dîmas sur tout son entretenant en la dite paroisse. Cet
acte porte date du jour de la Conception-de-la-Saime
Vierge de Tan 1208 (i).
La seigneurie de Sommervieu, possédée d'abord par
une famille noble de même nom, passa depuis à une
autre famille du nom de Chrétien, dont les armes sont :
d'azur à la bande d*argent chargée de 3 roses de
gueules, et accompagnées de 3 fleurs de lys, au pied
nourri d'or.
Gui Chrétien, ou Guillard, comme le nomme La
Roque, fut pourvu de la charge de maître des requêtes en
1 383. L^auteur des généalogies des maîtres des requêtes le
croit frère ou neveu de Gcrvais Chrétien, chanoine de
Bayeux, et premier médecin du roi Charles V. Sa posté-
rité subsistait encore en 1 600. Cette maison, si on en croit
La Roque, doit être bien plus ancienne, puisqu'elle est
connue dès Pan 1081 que vivait Garin Chrétien, ainsi
qu'il est rapporté par Orderic Vital (2).
Quoiqu'il en soit, Guy Chrétien, qualifié chevalier,
était seigneur de Sommervieu et des Bas, et conseiller du
roi. 11 devint vicomte de Bayeux, puis bailli de Rouen
et de Gisors, et parut en cette qualité aux échiquiers de
(i) Hist. Harc, t. U, p. 1694-1695.
(a) Hist. Harc, t. I, p. 594-595.
519
Normandie es années iSgo et iSgi. Il mourut à Rouen,
et fut inhumé dans Péglise des Cordeliers, auprès de
Marie de Qère, sa femme, laquelle mourut à Paris le
5 octobre iSgS. Cette dame, veuve en premières noces de
Robert de Thibouville, chevalier, sire de Thibouville,
était héritière des Authieux. Elle' était troisième fille de
Georges l^', baron de Qère, et de Jeanne de La Heuse ;
Guy Chrétien, son mari et elle, firent une fondation en
l'honneur de saint Eustache, au prieuré de Saint-Lô-du-
Boscachard. Ils eurent pour fils : Jules Chrétien, seigneur
de Bourgouet et de Sommervieu, mari de Jeanne, bâtarde
d^Harcourt; et Jeanne Chrétien, femme de Jean Re-
gnault, seigneur de Coulombières.
Les archives de la Chambre des Comptes nousapprennent
comme Pierre Chrétien, fils de Guy Chrétien, qui avait
tenu le parti de la couronne de France, fut rétabli en ses
biens Pan 1421 par Henri V, roi d^ Angleterre (i).
Robert Chrétien fit au Roi foi et hommage es mains de
Louis sire d^Estouteville des pleins fiefs d^hautber de
Lannoy> du Barquet-Louvet, tenus de la vicomte de
Beaumont-le- Roger, et du fief de Sommervieu, situé en
la vicomte de Bayeux, par lettres données à Argentan le
16 mai 1450, et à Rouen le 17 février 1461 et 1465.
Dans Taveu de Tévéque de Bayeux du 14 avril 1453 il
est dit : Maître Robert Chrétien, écuyer, tient de notre
baronnle de Saint-Vigor, par foy et hommtge, le fieu
terre et seigneurie de Sommervieu près Bayeux, par un
noble fieu de chevalier.
Cette maison de Chrétien portait pour armes : de gueules
à 3 cornets ou huchets d^argent que les puisnés bri-
sèrent d'une bordure d'azqr, d'oti Ton doit conclure que
(i) Cart. Longi. abb., p. 43.
520
Guy Chrétien, maître des requêtes, dont j'ai parlé ci-
desfus, notait pas de la même famille, parce qu'il portait
des armes bien différentes, et telles que je les ai marquées
ci«deyant.
Le bien que nos évéques possèdent à Sommervieu,
vient pour la plus grande partie du patriarche Louis
d'Harcourt. Il avait donné 3^5oo livres tournois à son
chapitre pour des fondations à la cathédrale, et ce cha-
pitre ayant acheté avec cette somme le second fief de
Sommervieu avec ses appartenances pour augmenter h
commune de leur église, le Patriarche le retira du cha-
pitre en 1477, ^^ ^^^ cédant par échange les dîmes de
Chef-du-Pont en Cotentin, et de Sainte-Mère*Église (i).
Il obtint aussi la même année 4u roi Louis XI, dont il
avait rhonneur d^étre parent, que toutes les fois que
révéché tomberait en régale, la terre, dîme et seignearie
de Sommervieu appartiendraient à la fabrique de son
église cathédrale pour aider à entretenir les bâtiments, et
fournir les ornements nécessaires au service, à condition
que le chapitre s^abstiendrait de pécher dans les étangs, et
ne ferait aucunes dégradations, afin que les évéques à
leur arrivée trouvassent les choses en bon état.
Par lettres patentes données à M illy-en-Gatinois au
mois d^octobre 1477, le même prince érigea par considé-
ration pour le patriarche, la terre de Sommervieu et les
autres seigneuries de Pévéché en haute-justice.
Les évéques de Bayeux ont en cette paroisse une mai-
son de plaisance qu^on appelle communément château
de Sommervieu. Il est au sud-ouest de l'église, à 6 ou
7 minutes environ du chemin. M. de Nesmond est le
premier qui y ait fait un séjour. M. de Luynes, un de ses
(i)Nécrolog. eccl. cathéd. anni i585.
521
successeurs, aujourd'hui cardinal et archevêque de Sens,
le prit en affeaion par rapport à Tair salutaire qu'on 7
respire. Il fit rebâtir la maison à la moderne avec des
augmentations considérables, Penvironna de fossés et
d'eaux qui viennent d'une source voisine, fit couper à
travers d'un parc qui est vis-à-vis garni de bois-taillis et
de haute-fîitaie, une infinité d'allées, dont les unes
finissent en aboutissant sur les autres, plusieurs se tra-
versent, et d'autres enfin conduisent à une longue et belle
allée de chênes, d'oti l'on découvre l'église cathédrale et
une partie de la ville de Bayeux. On prétend qu'il a
dépensé à ces différents ouvrages près de 100,000 livres.
C'était là ordinairement où il se retirait, quand sa charge
de premier aumônier de • Madame la Dauphine lui per-
mettait de revenir de la Cour dans son diocèse. M. de
Rochechouart, son successeur immédiat, et qui siège
aujourd'hui, a pris les mêmes sentiments pour cet
agréable séjour. Il y vient de faire de nouveaux embellis-
sements, tant dans le château que dans ses dehors.
M. de Rochechouart a fait faire en 1758 et suivantes, de
nouveaux appartements à son château, et de nouvelles
allées qui rendent son bois si agréable.
Tierceville (Saint-Martin de). Sergenterie de Gray,
élection de Bayeux, 34 feux, notariat de Ver.
Cette paroisse, appelée dans les vieux titres : Tertia
villa, et Tiercheville, est à 2 heures et demie au levant
de Bayeux et à un petit quan de lieue du bourg de
Creully. Elle est bordée au midi dans toute sa largeur
par la rivière de la Seulle. Le présentateur est l'abbé de
Grestain, les décimateurs sont le curé pour un tiers des
grosses dîmes et des verdages, l'abbé de Grestain un tiers,
522
le chapitre de Bayeux un demi-tiers, et le prieuré de
Saint-Gabriel un demi-tiers.
Cest la patrie du bienlieureux Vital, fondateur et p^^
mier abbé de Savigny, mort en odeur de sainteté en
1 1 19, et de sa sœur sainte Adeline, abbesse des Blanches
au diocèse d'Avranches, en 1 120 ( i).
La seigneurie de Tierceville doit aveu au roi pour un
quart de fief de chevalier ; on y a uni il y a longtemps un
autre fief surnommé de Grestain, qui relève pareillement
de S. M. par un huitième de hautber. L^abbaye de Grès-
tain Ta fieffé par rétrocession au seigneur de Tierceville,
comme on rapprend par l'aveu que rendit en 1 5o3, pour
ces deux fiefs, messire Robert Néel, écuyer, au droit de
son épouse dont le nom est omis. Peut-être était-ce la
fille de M. Jean de Mauny, seigneur de Thierceville, qui
a signé un traité de mariage arrêté le i3 mars 1473,
entre Arthur de Vierville, chevalier, seigneur et baron
de CreuîUy, et demoiselle Jacqueline de Briqueville-
Coulom bières.
L'église de Tierceville est accompagnée de deux bos-
c6tés qui la rendent fort propre. On voit dans le chœur,
du côté de TÉvangile, le mausolée d'un seigneur de
Tierceville avec sa statue armée de toutes pièces, la tête
nue, et son épitaphe qui marque que c^est celle de messire
François Néel, seigneur de Tierceville, gentilhomme
ordinaire du Roi, capitaine de 5o hommes d'armes, et
gouverneur des ville et château de Coutances.
La date de sa mort n^y est pas marquée ; mais nous
trouvons ailleurs qu'il était fils de Pierre Néel, sieur de
Neuville, de Fonteney, de Virai et de Tierceville, qui
par son mariage, accordé le 19 avril iSSg, épousa
(I) GalU Chriêiima, t. XI, col. 555
5^3
Catherine de La Vigne (i). Cette dame, après la mort de
son mari, obtint du Roi la garde noble de ses enfants, le
22 septembre i568. Ce François Néel eut un de ses
enfants qui épousa, le 12 août 1 5 Sg, Jeanne d^Anger-
ville, fille de noble homme Charles d'Angerville, sire de
Tresli, de Valançai, de Corbigny, etc., et de Claude de
Rabodange; elle était alors veuve de Jacques Louet^
écuyer, sieur de Bossuges. Elle fit son second mari père
de 3 fils, dont le second, Robert Néel, seigneur de
Tierceville, vivant à présent sans enfants de feu sa femme,
noble dame Agnès de Baillehache, fille et héritière de
Pierre Baillehache, sieur de Roncheville, conseiller du
Roi.
Les armes de Néel sont : d^argent à 3 bandes de sable
et au chef de gueules.
Tracy'Sur-la-Mer (Saint-Martin de). Sergentcrîe de
Gray, élection de Bayeux, lieu de notariat, 114 feux,
3 1 2 communiants.
Cette paroisse, longue d^environ une demi-lieue, est
terminée au nord par la mer et par de hautes falaises. >
Elle n-a ni rivière ni ruisseau. On y compte une lieue et
demie de Bayeux. Outre le premier et le principal hameau,
qui porte le nom de cette paroisse il y a ceux de Lan,
au centre, et de La Rosière à Textrémité du côté de
Bayeux. Le chanoine de CuUy, en Téglise de Bayeux,
est patron collateur de la cure. Il perçoit le tiers de la
dîme; les deux autres tiers appartiennent au chapitre de
Bayeux, par le don qui lui en fut fait en 1 243, par Her-
bert de Charmont, grand doyen de cette église. La
seigneurie est une fiéferme qi;ie possède M. le marquis de
(i) Ârmor. général de la France, reg. L i« partie, p. 404.
5M
Magny» au droit de M. Chamillard, intendant de Caen,
à qui le Roi la donna en échange des terres qu^il avait
dans le parc de Versailles. Le curé n'a qu^une pension
congrue.
Vaux'Sur^Aure (Saint- Aubin de). Banlieue et élection
de Bayeux, loo feux, notariat de Bayeux.
On lit dans le livre Pelut de Tévéché, sous le doyenné
de Creully : Ecclesia de Vallibus supra Auream, cornes
de Alenchone patronus : jo libras valoris : 2S libr.
taxationis. En 1664, ^^ 7 ^^^^^ ^^^ communiants. M. Le
Coq, chanoine de Mons, à Bayeux^ en était alors curé.
Cest un bon curé, dit le registre dé visite, et qui a bien
décoré son église.
Gabriel-Pierre-François Moisson, écuyer, seigneur de
Vaux, a pour femme Jeanne-Marie-Anne de Rots.
M. Moisson, écuyer, sieur d^Urville, son père, aquit
cette terre en 1752.
Cette paroisse est partagée en 2 parties par la rivière
d*Aure qui la traverse dans toute sa longueur. Elle est
composée de 4 petits hameaux : celui de l'église où est
située l'église paroissiale ; celui de Glatigny de Pautte
côté de la rivière oti il y a une chapelle de Saint- Eustache,
celui de Beauvais à son occident, et celui de Fumichoo
sur le bord du ruisseau de Fumichon, oti il y a pareille-
ment une chapelle titrée sous le vocable de Notre-Dame-
de-Bon-Secours, ou Noire-Dame-des-Faveurs.
L'abbé de Longues présente à la cure ; les dîmes sont
partagées entre cet abbé à cause de sa chapelle de Fumi-
chon, l'abbaye de Saint-Sever, le chapitre de Bayeux et le
prieuré de Saint-Nicolas-de-La-Chesnaye. Le curé a là
tierce partie sur toute la dîme.
Cécile de La Ferrière donna à Tabbaye de Longues le
52J
droit de patronage qu^elle avait à la moitié de Téglise de
Saint-Aubin-de-Vaux-sur-Aure, que Richard Commin,
chanoine de Bayeux, avait possédé sur la présentation de
cette dame. Cette donation, souscrite de Richard Boistard
et Jean Le Roux^ chanoines de Bayeux, Guillaume
Crespin de Sommervieu, maître Guillaume d^Englesque*
ville^ et Jean Emery de Vaux-sur-Aure, fut confirmée
et ratifiée, en présence et du consentement de Jourdain,
archidiacre de Bayeux» par Henri II» du nom, évéque de
la dite ville (i).
Il s^éleva par la suite une contestation entre Pabbaye
de Longues et celle de Saint-Sever, au sujet de la donation
précédente. Robert des Ablèges, évéque de Bayeux, en
fut établi le médiateur. Par transaction passée le jour de
saint Edmond, martyr, Tan 1208, les religieux de Saint-
Sever renoncèrent au droit qu^ils prétendaient sur ce patro-
nage; Martin, abbé de Longues, comme par une espèce de
compensation, leur abandonna plusieurs terres et dîmes
dont son abbaye jouissait dans cette paroisse. Cet abbé
avait acheté Tannée précédente, de Robert, abbé de Saint-
André-en-Gouffern et de ses religieux, pour la somme de
i3 livres tournois, 3 acres de terre à eux aumônées
quelque temps auparavant dans la paroisse de Vaux, par
Cécile de Ferrières (a). La même bienfaitrice donna à
Fabbaye de Longues la dîme de tout son moulin de
Vaux-sur-Aure, et eut pour témoins de sa donation :
Guillaume Bacon, sire du Molley, Roger d'Agneaux,
Guillaume Bacon de Formigny, Pierre Pelvel, Richard
de Combray, Roger d'Anjou, Vivien de Vaux et Roger,
son fils. Ce nouveau bienfait fut ratifié et confirmé,
(1) Cart. abb. Long., p. 16 et 36, fol. vert,
(a) Cart. de Longues, p. So, fol. vers., et p. 47.
526
en ii3i, par Jean de Ferrières qui appelle cette dame:
Aviamea (i).
Le chapitre de Bayeux possède, à Vaux-sur-Aure,
7 acres, une vergée de terre, et 2 moulins à eau fieffés
i5o livres, un trait de dîme avec une muaison de
36 boisseaux d^orge, sur quoi il doit payer 3o livres au
chapelain de Saint-Gilles, pro prima, pour un petit trait
de dîme par lui cédé.
La chapelle de Fumichon, appelée Notre-Dame-de-
Bon-Secours, est à la présentation de Tabbé de Longues,
qui y nomme ordinairement un de ses religieux. Elle est
proche le terroir de Marigny. Suivant une visite d'ar-
chidiacre, en 1662, on y dit la messe tous les dimanches
et fêtes, et même on y fait Teau bénite.
La chapelle de Saint-Eustache située dans le ma-
noir du seigneur de Vaux, fut fondée, en i33o, par
Jean de Vaux, expen dans Part militaire, par la per-
mission à lui accordée par Remond de Fargis, cardinal-
diacre de Sainte-Marie, et doyen de Bayeux, suivant ses
lettres datées d'Avignon, le 24 avril, au dit an. On y doit
la messe tous les dimanches ; elle est à la nomination dn
seigneur de Vaux.
Les fiefs de cette paroisse sont : le fief de La Ferrière-
de-Vaux, c'est le premier, il a les honneurs deTéglise;
lefief de Vaux, divisé en 2 portions, il a les honneurs
de la chapelle Saint-Jean, bâtie près le chœur de Téglise;
le fief du Trésorier ; le fief de Saint-Sever ; deux verges ou
extension du fief d^Argouges ; le fief du Saussey ; le fief
de Conjon-Heinville ; et le fief de Conjon-Monfréard.
Du fief noble de Conjon, est tenu un membre de fief
appelé le fief au Bourguignon, assis au ^ même lieu. Le
(i) Aveux du temporel de la cathéd. au Roi.
À
527
seigneur de Conjon, à cause de son fief, et son soutenant
seigneur du fief Bourguignon sont tenus, en temps
d'hostilités, de garder en armes la cathédrale de Bayeux/
et ne pas discontinuer la garde sans le congé, permission
et autorité du Chapitre(i). En 1440, hommage rendu
au Chapitre de Bayeux par le sieur de Conjon. Le fief
de Conjon, tenu faire garde à Péglise en temps d'hosti-
lités (2). Ce fief avait donné le nom aux premiers qui
Font possédé. Guillaume de Conjon, et Guillaume
de Kirkeuville sont signés avec Henri II^ évêque de
Bayeux, à la chartre de Guillaume du Hommet, conné-
table de Normandie, par laquelle il donne à Tabbaye de
Blanche-Lande la moitié de l'église de Ducy, dont il
était seigneur. Guillaume de Conjon, chevalier, seigneur
de Conjon à Vaux-sur- A ure, vivait en i232, selon le
cartulaire de la chapelle Notre-Dame de Bayeux (3).
Cette terre passa depuis à d'autres familles. Roger de
Montfréard, écuyer, père de Jean, marié à Jeanne Simon
en 1453, étant héritier en partie de Thomas de Ruque-
ville, écuyer, sieur de Conjon en 1494, qui de Chardine
de Malfillastre, sa femme, mariés en 1499^ eut Jean de
Montfréard, écuyer, seigneur de Conjon, dont Mau-
rice (4), qui fit sa preuve de filiation en 1540. Elle a passé
depuis aux Suhard, et enfin, par succession, au sieur de
Royville, écuyer, avocat du Roi à Bayeux.
La belle maison, communément appelée le château de
Vaux, a été bâtie par M^e Piédouë, dame de Vaux, veuve
de Michel d'Hermerel, écuyer, vicomte de Bayeux,
laquelle décéda le 1 9 septembre 1 749, dans un âge avancé.
(1) Aveu du tempor. de la cathédrale,
(a) Manuscrit de Potier, pp. 2-3.
(3) Inyent. des titres de l'église de Ducy, 14* liasse.
(4) Hist. Harc.f t. 1, p. 967.
5a8
Ses héritiers ont vendu la terre et seigneurie de Vaux-
sur-Aure*La-Ferrière. Elle a été acquise par M. Pierre-
Jacques-Mathieu Moisson, écuyer, sieur d^Urville, de
PAcadémie deCaen, mort subitement le 3o décembre 1 775.
La maison de Vaux tire son origine de la paroisse de
Vaux-sur«Aure| prés Bayeux. Elle est si ancienne, dit
La Roque, qu^il y a un rôle de i o63, qui fait mention du
fief de Vaux et de Raoul de Vaux, chevalier. Guillaume
de Vaux, selon une cbartre, passa en Angleterre avec
Guillaume-le-Bâtard, duc de Normandie, en 1066,
et y laissa une postérité qui subsista jusqu^à Péuo-
nille et Mathilde, filles de Jean de Vaux, mort en 1288 ;
Tune épouse de Guillaume de Noirford, et Tautre de
Guillaume de Rots. Un autre de Vaux suivit, en 1099,
le duc Robert dans la conquête de la Terre-Sainte. De
lui descendit en ligne directe Raoul de Vaux, qui avait
procès en TÉchiquier de Normandie en 12 36.
Jeanne, fille de Thomas de Vaux, veuve de Guillaume
Mallart, donne aux chapelains de Notre-Dame de
Bayeux, en 1237, 12 deniers tournois à prendre sur sa
maison sise paroisse Saint Jean de Bayeux (i).
Jean de Vaux, écuyer, seigneur de Saint-Aubin-de-
Vaux-sur-Aure, de Merville et du Buisson, fut créé
viconte d'Alençon en i3i8, et pourvu depuis de la
charge de viconte de Falaise qu'il accepta seulement pour
le regard de Texercice et non pour la recepte, de manière
que Boniface, chanoine de Paris, et Pierre Mathan,
écuyer, étant commissaires établis par le Roi en venu
des lettres de Tan i326, pour la réforme du pays de Nor-
mandie, le bailli de Caen fut autorisé à faire la recepte
du domaine de la vicomte de Falaise.* Il fit bâtir une
(i) Cartul. de N.-D., p. S.
529
chapelle en la paroisse de Vaux, après en avoir reçu
licence par lettres du 1 1 septembre 1 329, de Charles de
Valois^ vicomte d^Alençon et du Perche, patron de Saint-
Aubinde-Vaux-en-Aure. Il fit faire une enquête expédiée
à Falaise le 6 octobre 1 343, par laquelle il paraît que
Hubert de Vaux, son aïeul, avait eu deux frères dont
Taîné, Charles, se retira en Normandie et suivit le roi
Richard en Angleterre.
Raoul de V^ux, chevalier, seigneur de Vaux-sur-Aure,
Merville et Le Buisson, fils du précédent. Il paraît de lui
une chartre en latin datée de Fan 1 345, comme Pabbé et
le couvent de Longues lui délaissèrent, par échange, tout
le revenu quUls avaient es paroisses de Merville et du
Buisson. Il avait pour frères puînés : Jean et Guillaume
de Vaux, avec lesquels il fit. Tan 1 346, des lots et par-
tages où sont contenus les fiefs de Vaux-sur-Aure, du
Saussey> et les fiefs assis à Véret. Il fieffa, par acte passé à
Bayeux le 21 janvier 1 377, plusieurs héritages qu^il avait
à Vaux-sur-Aure. Il est appelé dans les armoriaux de
Normandie : Mgr Raoul de Vaux, chevalier bachelier,
portant : d'hermines à un chef de gueules endenté Tun
dans Tautre, qui est le même écu que celui d'O.
Guy de Vaux, chevalier, seigneur de Vaux, Merville,
et Le Buisson, et Laurence de L'IsIe, sa femme, firent
une fieffé en 1406. Ils eurent pour enfants : Guillaume
et Jean de Vaux.
Guillaume de Vaux, seigneur de Vaux et de L^Isle,
vivait encore en 1447. Il fit des partages avec son fi-ère
devant les tabellions de Caen le 1 5 décembre 1427 (c'est
plutôt 1447), de la succession de leur père et mère. Les
terres de Vaux-sur-Aure et de L^Isle demeurèrent à
Guillaume de Vaux.
Aveux rendus à Raoul de Vaux, écuyer, devant
34
530
Richard de La Dangie, sénéchal de Vaux, le 14 dé-
cembre 1461 : à Jean de Vaux, seigneur de Vaux, en
1468 et 1478 : et à Goujon de Vaux, en 1487 ^ 1489.
Ce dernier eut pour fils et héritiers Jean et Jacques de
Vaux, écuyers. On peut consulter Particle de la seigneurie
de risie à Mestry, doyenné de Couvains, au supplé-
ment.
Vaux-sur^Seulles (Saint^Pierre de). Sergenterie de
Creully, élection de Caen, 24 feux, notariat de CreuUy et
Nouant.
Cette paroisse, assise sur la rivière de SeuUe, est â
une lieue et demie de Bayeux et 2 de Creully. Il y a
4 fiefs nobles dans cette paroisse : le fief de Vaux, le fief
de Saint-Gilles, et les fiefs de Saint-Clair et de Méautis.
L^abbesse de Caen est dame et patronne de la cure.
Dans une visite que Jean de Moncy, archidiacre de
Caen, fit le 2 juin r6o3 de cette église, il fut ordonné
qu^à Pavenir le pain de la charité, fondé en la dite église,
sera apporté et distribué dans cette église par le trésorier
en charge (i).
Il y a eu deux curés distingués par leur mérite à
Vaux*sur-Seulle : Sébastien Corbet, chanoine et archi*
diacre de Bayeux, en i6o3, et Nicolas de GrimouviIl^
Larchant, auparavant principal du collège de Bayeux,
décédé en 1736.
Par une chartre sans date, Guillaume de Vérigny et
Olivier, son frère, donnent à Tabbaye de Longues deux
gerbes de dîme à prendre (2) sur tou^t leur fief de Vaux-
sur-SeuUe (de Vallibus super Seullam), Cette chartreest
(i) Reg. des visites, p. i, a et 3, fol. verso,
(t) Cartul. abbatic de Longi, p. 44, fol. vers.
I
i
531
signée 4e Guillaume de Ver qui récrivit, de Richard de
Longues, de Beaudouin de Longues, Jean de Manvieux,
Richard du Pont, Guillaume d'Auné et Robert Le
Moine.
Robert de Basenville, par acte du mois de décembre
1236, donna aux chapelains de Notre-Dame de Bayeux,
une demi-acre de terre sise à Vaux-sur-SeuUe, dans la
délie appelée Le Perrier, entre la terre de W. de Molen-
din, et la terre de Jean de Bureth, chevalier. Il donna,
par chartre de novembre au dit an, à Raoul L'Arche-
vêque, prêtre, une demi-acre de terre, située en la même
paroisse, avec la liberté d^en disposer en faveur de qui
bon lui semblerait, et il approuva, par chartre de no-
vembre suivant, la donation que le dit L^ Archevêque en
avait fait aux chapelains de Notre-Dame de Bayeux. (i).
Une branche de la maison d^Escajeul a possédé la
seigneurie de Vaux-sur-SeuUe. De Briand d'Escajeul,
seigneur de Sully par sa femme Marguerite de Gouvis^
depuis remariée, en i486, à Richard de Pierrepont,
seigneur d^Estienville, sortit entre autres enfants : Léger
d'Escajeul, sieur de Q)ndé, père de René d^Escajeul,
sieur de Condé et de Vaux, père de Jacques, père de
René, sieur de Vaux, père de Pierre, mort sans enfants (2).
Il y avait pourtant, en i6o3, noble homme Jacques
d^Escajeul, sieur de Vaux, lequel était alors trésorier de
cette paroisse (3).
La seigneurie passa depuis aux Bedey, dont Jacques
Le Bedey, écuyer, sieur de La Fosse, vicomte de Bayeux,.
lequel mourut en sa terre de Vaux le 19 mars 1641 ;
«.
(i) Cartul. B. M. Cathéd., p. 2, fol. vers.
(2) Généal. de la maison d*Escajeul.
(3) Reg. de vis. de Tarchid.
532
Jacques Le Bedey, écuyer, sieur de Vaux et d^ Asuelles,
vicomte de Bayeux après son père mort en 1684; et
Olivier Le Bedey, écuyer^ sieur de Vaux, son fils, décédé
au mois de juin 1727. Il avait épousé Françoise-Made-
leine Descrametot, dont Guillaume-François et Jacques,
morts sans postérité ; et 3 filles, d'un deuxième mariage
avec Catherine de Croisilles, sœur du président, mariées
à MM. Hébert des Vauxdorés, G>nseil, sieur du Mesnil,
et Le Maigre, écuyer, sieur de Lan. Le sieur Le Bedej
fiit construire, par permission, une chapelle domestique
à Vaux en 1664.
Ver (Saint-Martin de). Sergenterie de Gray, élection
de Bayeux, 140 feux, lieu de notariat.
Cette paroisse, à 3 petites lieues au levant de Bayeux, est
bordée au nord par la mer, oti la plage est plate et ion unie.
Le chapitre de Bayeux, seigneur des fiefs de Ver et de
Creullet assis en ce lieu, présente de plein droit à la cure,
et en a le déport avec droit de visite. Il jouit de la totalité
des grosses dîmes, sur lesquelles il paye 120 livres au
curé qui a les menues. Le chapitre y possède d'une part,
7 S acres et une vergée de terre avec une maison manable,
grange, pressoir et colombier, et d^autre pan, 24 acres de
terre, ig livres, 1 7 sous, 5 deniers, 394 boisseaux un tiers
de froment, 16 boisseaux deux tiers d^oijge, mesmtde
Bayeux, 2 chapons, 28 poules, 280 œufs, un pain, une
allouette et un pigeon blanc, de rente foncière et sei-
gneuriale (i).
On prétend que cette paroisse tire son nom du miracle
qui y advint lors du rétablissement de Saint-Gerbold,
évêque de Bayeux^ dans son siège ; car à son arrivée dans
(i) Av. du temp. de la cathéd. de Bayeux à la Ch. des G>mpc.
»3
ce lieu, dit-on, la terre, quoiqu^au fond de Phiver,
devint chargée de verdure et de fleurs, comme en été. On
y voit encore les ruines d'une chapelle qui fut abattue,
en 1 562, par les Calvinistes. Elle était sur le penchant
d^unç colline qui regarde la mer, auprès d^une fontaine,
et sur le bord de la petite rivière de Provence. La tra-
dition porte que cette chapelle avait servi de retraite à
saint Gerbold quand il revînt d'Angleterre. On montrait
encore, du temps de Cénalis, évêque d'Avranches, la
pierre appelée Le-Perron-de-Saint-Gerbold, sur laquelle
on assure que ce saint avait été apporté par mer miracu-
leusement en ce lieu.
Voici un trait singulier et d'un autre genre qui con-
cerne cette paroisse. Il est pris dMn imprimé à Caen, en
1743, intitulé : Zéphir artillerie, ou la Société des
FrancS'Péteurs. On y fait un éloge comique du pet. Entre
autres singularité amusantes on y lit, p. 4, que dans une
paroisse nommée Ver, à 4 ou 5 lieues distante de Caen,
un particulier^ par droit féodal, a exigé longtemps, et
peut encore exiger aujourd*huy, un pet-et-demjr par
chacun an. L'auteur facétieux venait de dire que Furetière
rapporte que dans le comté de SufTolk, un vassal devait
faire devant le Roi, tous les jours de Noël, un saut, un
rot et un pet ( i) . Il conclut après cela que le pet renferme
la plus parfaite et la plus majestueuse décence puisqu'il
est le signe extérieur du respect d'un sujet envers son
prince, et le tribut d'un vassal à son seigneur.
On ne sera peut-être pas fâché de voir Tauteur original
qui raconte une redevance aussi singulière que. cite
Furetière. C'est Camdem. Voici ses propres paroles :
Ad eumdemflumen cernuntur S ton et Nedham, merca^
(i) Dictionnaire, t. II.
554
toria oppiiula, nec procul a ripa Hemmingstom (i),
in qua tenuit terras Balduinus Le Petour (notate miki
nomen) per seriantiam loquor ex antiquo libelio, pro
qua debuit facere die Natalis D^ singulis annis coram
D^ rege Angliœ, unum saltum^ unum suffletum, et
unutn bumbuluffif vel ut alibi legitur, per salium,
sufflum, etpettuM, idest, si intelligo, ut saltaret, buccas
cum sonitu infiaret, et ventris crepitum ederet, et fuit
iiiorum temporum aperta et lœta hilaritas.
Cest de cette paroisse qu'a tiré son nom Tancienne
maison de Ver, si connue du temps des premiers ducs,
et dont il y a encore des descendants en Angleterre. Par
chartre sans date, Richard Quarrel <ie Ver, du consente-
ment de Guillaume et Scrlon, ses frères, donne à Tabbaye
de Longues, pour le salut de leurs âmes et de celle
d^Osber de Montigny défunt, plusieurs pièces de terre
situées à Ver, et confirme une autre donation faite par
Nicolas d*Escrameville. Témoins : Richard de Longues,
Richard de Marigny, Simon et Jean de Ver, prêtres,
Guillaume, fils de Robert de Ver, Guillaume, fils de
Geoffroy de Ver, Robert Le Moine et Guillaume, son
frère (2).
Par chartre du mois de juillet 1237, Guillaume Le
Bois, clerc, fils de feu Jean de Ver, qualifié miles, donne
aux 12 chapelains de Notrç-Dame de Bayeux, un quar-
teron de froment, mesure de Bayeux, à prendre chaque
année au mois de septembre, sur une demi-acre de terre
qu'il avait dans le territoire de Ver (3).
Vienne (Saint-Pierre de). Sergenterie de Gray, élection
(i) Camdefn, BrHanniœ description^. 410-41 1.
(a) Cart. abb. de Long.
(3) Cart. cap. B, M. Cathéd., p. 3.
53$
de Bayeux^ 63 feux et 120 communiants, notariat de
Tracy.
Cette paroisse, à cinq quarts de lieue de Bayeux, est
assise sur la rive gauche de la rivière de Seulle. il en
est fait mention dans la chartre de fondation de Tabbaye
de Cerisy, année io32 (i). Robert duc de Normandie
donne, entre autres biens à cette abbaye, m Viana duos
villanos cum terris suis et duos acras prati. Il en est
aussi parlé dans la chartre de fondation de Tabbaye
d^Aunay, expédiée en i3ii. On y lit ces mots : item
[habent monachi) exdono Eudonis de Brece, duos acras
terrœ apud Vianam, item exdono Anchetilli de Viana^
unam acram terrœ apud eamdem villam^ concedente et
donante Willelmo,filio ejusdem Anscketilli (2).
Uabbé de Préaux nomme à la cure de Vienne. Il a les
deux tiers de la dîme : Tautre tiers est pour le curé,
excepté sur le territoire du fief Valeran, dont la dîme est
pour le trésor de Téglise. En 1040, Guillaume, comte de
Saint-Pierre dédit de dominio suo, duas ecclesias et
terrant ad eas pertinentem, scilicet de Bollivilla et de
Viana (3). Il fut engagé à faire ces donations, par le
conseil et à la persuasion de Parchidiacre Guy, qui possé^
dait en titre ces deux cures. Anfry, abbé de Préaux,
s*associa pour ce sujet à son monastère, en sorte que s^il
voulait y prendre Thabit de moine, il lui serait accordé;
ce qui arriva. Depuis, Richard de Creully abandonna à
Saint-Pierre de Préaux tout le' droit qu^il avait in eccle"
sia illius villœ quœ vocatur Viana; car il prétendait que
Vienne était un démembrement de sa baronnie de
Creully, et partie de cette paroisse en relève encore.
(i) Neust. pia, p. 431.
(a) Neust. pia, p. ySç.
(3) Nov. Galia. Christ,, 1. 1, col. 201.
.f
Uéglise parait ancienne; le chœur était accompagné de
deux chapelles qui ont été abattues par vétusté il n'y & pu
bien des années. Il est porté dans une visite faite en cette
église le a juin i6o3« par Tarchidiacre de Caen, que sur
la remontrance des paroissiens qu*il y avait certaines cha-
pelles joignantes au chœur de relise (i), réclamées par
noble homme Jacques de Taillebois sieur de Vienne, qui
étaient mal entretenues^ Tarchidiacre, sur la requête du
promoteur, chargea le curé et le trésorier de sommer le
seigneur de Vienne ou autre prétendant droit aux dites
chapelles de les mettre en due réparation. Il y a dans la
tour deux cloches qui doivent, surtout une, être r^ardées
pour des plus anciennes de Normandie. On lit autour de la
grosse ces mots : Jehan de Vienne, évêque de Thérouanne,
a donné ce saint, et nCa nommée avec Magdeleine de
Bernescq en i33o, et autour de la petite : Jehan Le
Marchand, 1423.
On voyait, il y a quelques années, un ancien tombeau
dans le chœur, sur lequel il y avait une statue d^arche-
véque, avec ses armes, lequel fut ruiné en i562 parles
Calvinistes. Un ancien manuscrit de la bibliothèque de
M. Bigot, de Rouen, marque que c'était celui de Guil-
laume de Vienne, archevêque de Rouen, décédé au mois
de février 1406, et qu'il avait été mis dans un tombeau de
pierres blanches dans Téglise de Vienne, proche Bayeux;
mais le P. Pommeraye, dans son Histoire des archevêques
de Rouen (2), a fait voir par de bonnes preuves que cet
archevêque nierait point normand, mais sorti de la maison
de Vienne, en Bourgogne; il prouve : i® qu'il fut frère
de Jean de Vienne, amiral de France, reconnu générale-
(i) Reg. d«« visit. du dojr. de CreuUy, p. 5.
(a P. 535.
i
537
ment pour être Bourguigon; i® qu'il fonda lui-même par
testament un service solennel pour Jean> duc de Bour-
gogne; 3^ qu'il est enterré dans Tabbaye de Saint-Seine»
diocèse de Langres, dont il avait été abbé, et où Ton voit
encore son tombeau. Cependant Phistorien de Rouen est
forcé d^avouer qu^il faudrait distinguer deux archevêques
du nom de Vienne, Tun Bourguignon, Tautre Normand,
parce que la plupart des auteurs ont attribué plusieurs
choses au Bourguignon, qui ne lui appartiennent point
du tout, et que les manuscrits ont dit du Normand.
Un fait certain, c^est qu'il était sorti de cette paroisse
longtemps auparavant un autre prélat qui ne fut pas
moins célèbre que Guillaume de Vienne, archevêque de
Rouen; )e veux dire Jean de Vienne, archevêque de
Reims. On ne peut pas dire que ce fut son tombeau
qu^on voyait à-Vienne, proche Bayeux, car Marlot dit
formellement que cet archevêque fut enterré dans son
église métropolitaine, et qu^on lit cette simple épitaphe
sur sa tombe : Hic Jacet dominus Johannes de Vienna
Rhemensis archiepiscopus qui obiit XIV. Junii i35i ( i ) .
Ce prélat, évéque d'Avranches en i386, (et non
d^Évreux, comme Ta dit Le Brasseur, dans son Histoire
d'^Évreux ( 3) , ensuite de Thérouanne dans F Artois, devint
archevêque de Reims vers i334, et il est le premier qui
soit parvenu à ce siège par la voie des réservations
papales. Il fit le voyage de Saint-Jacques en Galice, et
durant ce pèlerinage, les rois de CastiUe et de Navarre le
choisirent en i335 pour moyenner la paix entr'eux. Les
Rémois le firent sommer par son chapitre, et il pria Ber-
trand, évéque de Noyon, de fiûre pour lui la visite de son
(i) Hiit. méiropoli. Rkemens., t. II, p. 6ao.
(i) Hist, d^Évrwx, p. 117.
53»
diocèse, ce qu'il exécuta en i337 (i). L^archevéque revint
la même année, et le vendredi avant la Toussaint, il se
trouva hors des portes de Rheims à la tête de ses vassaux
armés, pour marcher au secours du Roi contre celui
d'Angleterre ; mais Philippes de Valois aima mieux un
secours dargent, et dispensa ses troupes de le suivre.
L'archevêque ne laissa pas de raccompagner, et ce ne fiit
qu'après son retour en 1 339, qu'il fit son entrée solennelle
dans la ville de Reims. Le roi Ten fit en même temps capi-
taine, de même que de tout le territoire. Il tint un concile
provincial à Noyon, dans le mois de juillet 1344, pour
établir plusieurs points de réforme ecclésiastique, et pour
maintenir les libertés et privilèges ecclésiastiques contre
les entreprises des laïques. Il fut nommé, le 1 1 novembre
1345, ambassadeur du Roi vers le Pape et vers le roi de
Castille, pour les engager à faire la paix entr'eux. S'étant
trouvé à la funeste bataille de Crécy, en 1 346, il accom-
pagna fidèlement le roi dans sa retraite, ce qui n'empêcha
pas ce prince de donner à Gaucher de L'Oo, le gouverne-
ment de la ville de Reims, et celui-ci choisit pour son
lieutenant le seigneur de Broyés qui se fit apporter les
clefs des portes. L'archevêque s'en plaignit comme d'une
entreprise sur sa juridiction temporelle, et représenta
que le privilège de garder ces clefs avait été accordé à ses
prédécesseurs par les rois Philippe-Auguste et Saint-
Louis. Le roi, touché de ces remontrances, ordonna, par
ses lettres du 29 juillet 1347, adressées au bailli de Ver-
mandois, que les clefs de la ville de Reims fussent resti-
tuées à son archevêque. Après s'être trouvé aux obsèques
de ce prince, le 28 d'août i35oy il sacra le roi Jean, son
fils et son successeur, et la reine Jeanne de Boulogne, son
(i) Hist. des gr, 0/., t. II, p. 11.
S39
épouse, le 26 septembre de la même année. Il mourut
l^nnée diaprés.
La Roque, qui veut que Parchevéque de Rouen, dont
j^ai parlé d-devant, soit sorti de la maison de Vienne en
Normandie, dit dans ses additions au premier volume de
V Histoire de la maison d'Harcourt (i), que cette famille
était une branche de la maison de Vienne en Bourgogne,
laquelle était venue s'habituer en Normandie. Ce quHl
répète encore dans le second volume (2), mais son senti-
ment doit être rejeté parce que : i® le village de Vienne
près Bayeux paraît être de la première antiquité, et qu'il
a donné le nom à ses premiers seigneurs ; 2^ les de Vienne
en Normandie, sont appelés de Viana en latin, et non de
Vienna comme ceux de Bourgogne; 3o les premiers
portent pour armes : de au chevron de. . . . et les
seconds : de gueules à Taigle d'or. Ces raisons prouvent
aussi que Parchevéque de Reims était de la maison de
Vienne en Normandie, il portait le chevron dans ses
armes, et il avait pour frère un grand vicaire et trésorier
de son église, qui s'appelait Raïnaldus de Viana, et non
de Viennay selon la façon d'écrire des Bourguignons.
Anschetil de Vienne, du consentement de Guillaume,
son fils, comme nous l'avons vu, donna aux religieux
d'Aunay, vers ii3i, une acre de terre située dans la
paroisse de Vienne.
Martin de Vienne signa comme témoin à la donation
du patronage de la moitié de l'église ,de Sainte-Croix-
Grand-Tonne, faite à l'abbaye de Longues par Thomas
d'Aigneaux, magistro Martino de Viana, Cette qualité
de maître employée alors, signifiait un homme savant et
(i) Hist. Harc, U I, p. 5oa-5o3.
(a) Hist. Hare., t. II, p. 1458.
540
lettré. La chartre est sans date, mais la confirmation de
Henri II, évéque de Bayeux, qui suit immédiatement
après, prouve qu'elle est de la fin du xm* siècle ( i).
Richard de Vienne (de Viana), par acte du mois de
juin i25i, vend à Denis Bencest une rente qu^il avait à
prendre sur une maison sise à Bayeux, paroisse Saint-
Jean, proche la maison de lui de Vienne (2).
Jean de Vienne, de la paroisse de Saint-Loup-de-
Bayeux, est cité parmi les anciens nobles dans Montfaouq,
en 1463.
Antoine de Vienne (de Viana), chanoine de Befnesq
en Téglise de Bayeux, permute cette prébende pour la
cure de Saint-Rémy de Lacy, en ce diocèse, avec Jean Le
Poutrely avec l'agrément du roi. Le visa est du 20 mars
1498 (3).
La Roque à Fendroit cité à la marge (4), dit que Pierre
de La Perrière, seigneur de Baron, qui fit sa preuve
devant les élus de Bayeux en i523, était héritier de la
maison de Vienne, en Normandie. J^ai vu, en effet, dans
un vieux registre contenant la déclaration des fiefs nobles
de la vicomte de Bayeux pour Tannée i5o3 (p. 17, fol.
vers.), que Pierre de La Perrière donna sous seing manuel
la déclaration de la moitié du fieu de Vienne, tenu de la
baronnte dc^ CreuUy, à gaige-pleige, et Pautre moitié en
est tenant le seigneur d^Auvillers-d'Harcourt, à catise de
la demoiselle sa femme, et est le dit fief assis au dit lieu
de Vienne.
Le seigneur d'Auvillers est Jean d^Harcourt, qui tenait
le fief de Vienne, du chef de Marguerite de Batarnay son
(r) Caitul. abbat. de Longit.
(a) Cartul. Domus Dei Bajo., p. 84, fol. vert.
(3) Reg. du secret, dcrévêché.
(4) Hiit. Harc., t. U, p. 1458.
541
épouse» fille héritière d'Antoine, seigneur de Vaugris,
bailli de Caen, et de Renée de Houllefort, dame de
Hamars et de Vienne, fille de May de HouUefort, sei-
gneur des dits lieux, chambellan du roi, bailli de Caen
en 1464 et 1469, fils d'Henri HouUefon, seigneur d'Ha-
mars et de Vienne, aussi bailli de Caen (i). Du mariage
du seigneur d'Auvillers et de la dame de Vienne (2) vint
pour fils unique Thomas d^Harcourt, sire d^Auvillers et
de Vienne^ qui mourut sans postérité, et eut divers héri-
tiers tant paternels que maternels.
D^anciens aveux font encore mention d^autres fiefs sis à
Vienne : i^ le fief d^Hamars qui fut à messire d^Harcourt,
comte de Beuvron ; 20 la verge de Vienne relevant du fief
noble de Sommervieu, appartenant au seigneur évéque
de Bayeux ; 3^ le fief d^ Aunay appartenant à Tabbaye
d^Aunay; 4^ le fiefdeSaint-Célerintenu par M. d^ Ardais
de Beaupigny; 5^ le fief de Valleries qui fut à noble
seigneur Bernardin de Reviers, relevant du fief de Magny ;
6^ le fief ou membre de fief relevant du fief de Saint-Ger-
main-de-la-Lieue ; 70 le fief du Mesnil relevant de la châ-
tellenie de Bayeux par un huitième de hautber, suivant
l'aveu de demoiselle Jeanne de Sallen^ veuve d^ Antoine
Le Mercier, écuyer, sieur du Mesnil.
Villiers-le-Sec (Saint-Georges de). Sergemerie de
Gray, élection de Bayeux, 5o feux, 2S0 habitants, nota-
riat de.Ver.
Cette paroisse, située à 2 lieues au nord-ouest de Bayeux
et à demi-lieue du bourg d.e Creully, est séparée de la
paroisse de Saint-Gabriel par la rivière de Seulle, du côté
(1) Hist. Harc, t. I, p. 908.
(i)Hist, Harc, t. II, p. 917.
54^
du midi; TégUse ea parait fort ancienne. Elle a saiat
Georges martyr .pour premier patron et saint Laurent
pour second. Tout autour régne un grand cimetière
rempli desépulchres de pierres qui servent de coffres aux
corps que Ton y enterre.
Le vieux pouillé de révtché Tappelle : Ecclesia de
Villari'Sicco,ei met la cure à la nomination de Pabbé de
Fécamp. Cette abbaye en possède encore le patronage, au
droit du prieur de Saint-Gabriel. Les religieux de Saint-
Vigor-le-Grand, chargés de Toffice du prieuré de Saint-
Gabriel par la réunion de cette communauté faite en
1695, perçoivent les trois quarts des grosses dîmes, aux
charges de payer au curé 80 livres tous les ans^ et 1 2 livres
10 sous pour le pain et le vin nécessaires au Saint-Sacri*
fice de la messe et à la communion des paroissiens» Le
surplus des dîmes appartient au curé.
Cette paroisse est justiciable, partie de la juridiction de
Saint-Gabriel, et partie de celle de Bayeux. Le prieur de
Saint-Gabriel est seigneur et patron de Villiers-le-Sec ; il
y possède un fief sur lequel Téglise et le presbytère sont
situés. Messire Olivier d^ Amours, écuyer, au droit de
messire d^OUiançon, en a deux; Banville es» le plus
grand et relève du seigneur de Banville; Tautre s^appelle
Villiers et relève du baron de Creully. Ce fief fut à noble
homme Pierre Boutin, écuyer, et à Guillaume Taillebois,
à cause de la dame sa femme; il donna en 1 5o3 la décla-
ration de ce fief tenu de Creully par un demi-fief de che-
valier.
Olivier de Saint-Ouen, chevalier, seigneur du lieu, et
noble dame Marguerite Brèche, son épouse, fille héritière
en partie de feu Jacques Brèche, sieur du Coudray, ven-
dirent, par contrat passé au tabellionnage de Bayeux, le
20 septembre i663^ à François Foucœur^ sieur de Fonte-
543
nay, plusieurs pièces de terre, maison et héritages assis en
la paroisse de Villiers-le-Sec, à charge de faire acquitter
les droits et devoirs seigneuriaux aux seigneurs de Vil-
liers, au prieur de Saint-Gabriel, au fief de Courcy et au
seigneur de Bazenville, de qui ces héritages sont tenus.
TABLE ONOMASTIQUE
Abbaye - aux - Dames. — Voir
Sainte-Trinité.
AboviUe (d'), 3a2.
Acante, lag.
Acartn, 196, 226. .
Aché, Acher ou Achey (famiUe
d'), 57, 88, 99, 129, 291, 3oi,
345.
Acqueville, paroisse, 3, 35.
Adeline (sainte), 322.
Agneaux (d*), 377, 461, 463,
525.
Agnes, 144.
Aguern^r, paroisse, 25 1.
Agy, 5^.
Aguesseau (d*), 346.
Aigneaux (d*). Voir Agneaux.
Aiguillon (rivière d*), 59, 67, 78,
87; fief, 281, 504.
Airan, paroisse, 101.
AUgre(d7, 175.
Allain, 390.
Allemagne, paroisse, io3.
Almenèches (abbesse d*), 147.
Alouette (fief de 10, i36.
Amayé, fief, 281 ; (fiimtlle d'),
378.
Amblie, paroisse, 405.
A.mfréville, paroisse, 39; (fa-
mille d*), 88.
Amiel, 218.
Amours (d*)» 475, 542.
Amyot, 5i3.
André, 233, 485, 487.
Angennea (d*) 238, 247, 288,
514.
Angenraie (d»), 23, 65, 71, 77,
523.
Angoville, paroisse, 3; village,
3i.
Anguemy. Foi'r Aguemy.
Anisy, paroisse, 252 ; (famille d*),
72, 252,262, 465.
Anjou (d'), 525.
Anquetil, 216.
Anzerey, 1x2, 139, 147, 216.
Arbre-Martin (sainte Madeleine
de V), léproserie, 47.
Archevêque (L'), 53 1.
Ardais (d*), 541.
Ardennes (abbaye d'), 3oo, 383.
Arganchy, 495 ; (famille ^')» 4^ i •
Argences, paroisse, 40.
Argences (d*), 3o, 3i, 43.
Argentelles, fief,' 157.
Argouges, paroisse, 406; (fa-
mille d'), 406, 411, 417, 463,
478.
Ariette, 420.
Amault de la Brifle, 178, 179.
Amauphin (d*), 55.
Arquenay, paroisse, 253.
Arromanches, paroisse, 408.
Asnelles, paroisse, 409, 483.
35
S4^
Asnièret (des), io8.
Attâin (d*), 43a.
Athit-ftur-Orne, paroisse, 319.
Aube (d*). Voir Richer.
Aubert, 340.
Auberville (d*), 69.
Aubeiy, 5i5.
Aubery de VasUn, 179.
Aubin, 514.
Aochin (d*X 365, 385.
Auge (d*), 41 3.
AudrieUf 5is ; (fief d\) a8i.
Aumondevilie, m.
Aumône (gué de T), 69.
Aumont (d*), ao ; (fief d*), a6.
Aunsj, abbaye, 433 ; fieft, 446,
541.
Auné(d'), 53 1.
Auprêtre, fontaine; 5.
Auni7(d'), ayôy 3oi.
Aure, rivière, 406.
Aussonvilliers (d*). Voir Hébert.
Authie, paroisse, 3ao.
Auvray de Saint-André, a46.
Auvrecher (d*). Voir d'Anger-
▼tlle, 8a.
Auzàis du Bosq (d*), 335.
Auxais-Franquetot (d*), 441.
Aur-Demoiselles, fief, 370.
Aux-Pucelles, fief, 370.
Aveisnes (le Petit d'), 18.
Avenay,*fief, a8i.
Bachelier (Le), 145
Bacon, lao, 367, 36o, 378, 385,
396, 463, 5a5.
Bactot, rivière, 3.
BaillAhache (de), i3a, 5a3.
Bailleul (de), 106, 107, 110,
iaa,496.
Ballefoy (de\ 3o6.
Banastre, fief, 486.
Baneville, fief, 47. Voir Baooe-
viite.
Banneville- la -Campagne, pa-
roisse, 47. ^
Banville, paroisse, 410 ; seigneu-
rie, 4 1 1 ; fief, 54a.
Bapaulme (Néel de), a49.
Baratte, a45.
Barberie, famille, 53, 179, 376.
Barbery, paroiase, 4.
Barbey (Le), 447.
Barbières, hameau, 389. Foir
Hamars, fief, 390.
Bardou, 117.
Barillon de Morangis, 176.
Baron, fief, a8i.
Bameville. Voir Gislin.
Barra (de), 5ia.
Barre (de La), 5e3.
Bas (Le), a69, 3i5, 416, 3ii.
Basm, 176.
Basly, paroisse, 254.
Bassets (village des), 33.
Batamay (de), 386, 340.
Bateaux sur TOme, 33.
Bateste, 7a, 144.
Baudart, 371.
Baudrand (de), 3.
Baudry, aa9.
Bavent, paroisse, 43.
Baxeto fAigard d^, 4S.
BayeJLe), fief, i53, 157.
Bayeux ( chapitre de ) , 37S ;
(évêques), passim, 5ao; (ft*
mille de), 3 1 3.
547
Bayeux, fief, a8i.
Bazenville, paroisse, 412 ; (fa-
mille de), 53 1.
Bazoque (de La), 491.
Beauchamp (de), 442.
Beaudoin, 27.
Beaufbit, fief, 294.
Beaufou, baronnie, 39, 98, 399.
Beaumont-le-Richard, fief, 5o3.
Beaupigny, hameau, 475, 541.
Beauregard, hameau, 297.
Beauvais, montagne, 7 ; fief, 73.
Fbir Beauvoir; fermç, i32 ;
hameau, 485, 524.
Beauval (de), 3o6 ; fief, 495.
Beauvoir, hameau, 73.
Beauvoisin (de), 11.
Beauzamet, fief, 281.
Becquet (Le), lieu dit, 147.
Bédey(Le), 334, ^3i.
Bédquses '(hameau des), 140.
Béfeux (village du), 6.
Bellezaise, 25o.
Bélesme (Mabille de), 5i, 92.
Beleth, 227.
Belette, 27.
Belièvre(Le), 334.
Belle-Etoile. Voir Cerisy.
Bellemare (de) i3, 277, 389.
Bellenger de La Crette, 229.
BeilengreviUe, paroisse, 104.
Bellet, carrière, 332.
Belleville (de), 81.
Belmest, hameau, 76.
Bénard, 373, 5o5.
Bencest, 540.
Béneauville, hameau, 46.
BennevUle. Voir Banevilie et
Banneville.
Benoit, 56.
Bénouvtlle, paroisse, 255; (de)
253.
Bény, paroisse, 256.
Béquet (Le), fief, 47.
Berçeur (Le), 27.
Bemesq (de), 536.
Bernier, 5 16.
Bemières-sur-Mer , paroisse, 2 5 8 ;
(famille de), 36, 249, 259;
(fief de), 38 1.
Bernières (de), 235, 349, 354,
399.
Berrolles (de), 244, 504.
Bert (Le), 5ii, 5i5.
Bertaud, i3.
Bertrand, 128, 271, 400.
Bétheville (de), 66.
Béton, 436.
Beuf(Lc), 465.
Beuville, paroisse, 261 ; (famille
de), 263.
Beuvrigny (de), 340.
Beuvron (d'Hàroourt-Beuvron),
20. Voir Harcourt.
Beuzeville (de), 72, 493.
Bidois (Le), 229.
Bienvenu (Le), i53.
Biéville, paroisse, 265.
Bigot, 88, 23o, 465.
Bigot (Le), 149.
Billy, paroisse, 109.
Baiy (Grainville-Billy), fief, 18.
Bins (village des), 33.
Biquetot, fief, e55.
Bissières, paroisse, 110,
Bisson (Le), hameau, 22. Voir
Buissons.
S48
Bttoti hameau, 374; (fiiimlle de),
375.
Blagny, 504.
BlainTÎlle, fMtfoisse^ 166.
Blanchard, 199.
Blanche (abbaye de La), 3 29.
Blait ou Blayi (Le <m de), 419,
4ï3, 490.
Bletsebois (de), ta.
Bloia (de), 4^9.
Blond (Le), 384.
Blonde!, 107, 473, 487.
Blouet, a39 ; — de Camilly, 332,
349, 394.
Bd (Le) fMToisie, 4.
Bobehier, 218.
Bochurd, 200.
Boésaaye (Notre-Dame de La),
119.
Bois (du), 83, i35, 260, 385,
436, 479.
Bois-Fradel (village du), 35.
Boiaroger (de), 55, 83, 439.
Botstard, 525.
Boitteau, 2^9,
Boivin, 60.
Bombanyille, hameau, 389.
Bonde (hameau de La), 55.
Bonenfant, 74.
Bonnd, 517.
Bonne-Nouvelle, chapelle, 14;
montagne, 7.
Bonnet, 57; fief, 495.
Bonnœfl, paroisse, 5.
Bordeaux, fief, 26.
Bord (de), 157.
Bos, fief, 504.
Bosc(du), 49» 4"-
Bouc (Le), 5i3.
Boucher (Le), 61.
Boudessou, village, 12.
Boudevillain, fief, 73. Voir Bou-
tevillain.
Bouges, fief, 36.
Bougy, fief, 281.
Boutllonnay (du), 438.
Bouillons (hameau des), aa.
Bouissier (de), 458.
Bouliesse, hameau, 385.
Boulon, paroisse, 6.
Bouquetière (village de La), 154.
Bourbillon (moulins 4e),' io3.
Bourbon (de), 217.
Bourdin, 60.
Bourg (du), 463.
Bourgaise, iio.
Bourgeois (Le), 109, 3o6, 346.
Bourgeoise, 267.
Bourguébus, paroisse, iio.
Bouigueuil, fief, 372.
Bourguignon (Le), 3o3; (fief
au), 526.
Bouriennière (village de La), 33.
Bousquet (du), 475.
Boutcschsrd, hameau, 386.
Boutevillaln, llef, 97; famille,
41 3. Voir Boudevillain.
Boutin, 297, 542.
Bouvet, 218.
Bragueville, hameau, 257.
Bras, hameau, i36 ; (M. de) pas--
sinu
Bray (bois de), 5 ; (Emilie de),
ii3; (hameau de), 35o, 386.
Bray-en-Cinglais, paroisse, 5.
Bray-la«Gampagne, paroisse, 112.
Brèche, 542.
549
Bréc/i paroisse, 4i5; (de), 416,
535.
Bréholière (La), hameau, 477.
Bretcl (de), 67, 335.
Breteuîl (comtes de), 420.
firetteville (de), 6; Bretteville-
sur-Bordel, 434.
Bretteville-la-Pavée. Voir Bret-
teville-sur-Odon.
Bretteville-le-Rabet, paroisse,
ii3.
BrettevUle - TOrgueilIeuse , pa-
rcMSse, 3ai.
Bretteville-sur-Laize, paroisse, 6.
Bretteville-sur-Odon, paroisse,
3a5.
Brettevillette, fief, a8i.
Bréville, paroisse, 5o ; fief, 289.
Bréville (de), 39.
Bricqueville, hameau, 80 ; (fa-
mille de), 83, 344, 38o, 436,
445, 456, 473, 493, 5aa.
Brieux (famille de), 375 ; vil-
lage, 401.
Briffe (de la). FoiVArnault.
Briosne (de), 58, 65, 8a, 144.
Briroy (de), 439.
Brissac(de), a6.
Brucourt, fief, i36, a3i, a34;
(famille de), a3a, 465.
Brun (famille Le).
Brun (Le), peintre, 458.
Brunville (de), 140.
Buho, a88.
Buisson (Le), paroisse, 5o, 5a8 ;
village, 458.
Buissons- Villons, paroisse, 3a6.
BuUy, paroisse, 3a8.
Bureau, 6a, ia9, ao3.
Bures, paroisse, 5o.
Bures (de), fiimille, 11, 47.
Bureth(de), 53 1.
Buron (chapelle Saint- Nicolas
de), 8; (hameau de), 33o, 374
Bussy, hameau, 495.
Bussy (de). Voir Le Barbey.
Cabazac(de), 45 1.
Cabourg, paroisse, 5a.
Cacharas. Foi'r Chasserat.
Cadot, 49.
Caen, i65.
Académie, 173.
Archidiacon^ i65'.
Baillage, 180.
Château^ 168.
Consulat, i8a.
Doyenné, i65.
Election, i8a.
Généralité, 174.
Intendant, 175.
Place Royale, 169.
Présidial, 181.
Université, 171.
Vicomte, 181 •
Abbayes :
Saint-Etienne, 184.
Sainte-Trinité, 191.
Collégiale du Sépulcre, 194.
CommËmautés :
Les Carmes, ai8.
Cordeliers, aa7.
Croisiers, aa5.
Jacobins, aa7.
Capucins, a3i.
Jésuites, a 3a.
$50
Cannélîtes» 234.
P. de rOratEnre, %3^
Unulines, a35.
La ViatuUon, a36.
Bénédictines, zSj.
Eudittes, 23S.
La Charité, 246.
Grands -Chapeaux (frères de
Satnt-Yon), a5o.
Paroisses :
Smnt-Etienne, aoa.
Saint-Georges, ao3.
Saint-Gilles, ao6.
Saint-Jean, 207.
Saint*Julien, ao8.
Saint-Martin, 209.
Saint -Michel de Vaucelles,
aog.
Saint-Nicolas, a 10.
Notre - Dame de Frdderue,
an.
Saint-Ouen, 212.
Saint-Pierre, a i3.
Saint- Sauveur, ao4.
Cagny, paroisse, 53.
Çahagnes ou Cahaignes (Jacques
de), passim; Aimille, 3o3, 3a8,
390.
Çahagnes, fief, 17, 495.
CaiUoué, hameau, 143.
Cairon, paroisse, 3a7, 328.
Cairon (femilie de), 7a, 321,
329,373,419.
Calmesnil (de), 1 3 1 , x 39 .
Calvados (rocher du), 408.
Calvimont (de), a94, 439.
Cambes, paroisse, 26g,
Cambremer (exemption de), i52.
Camillf. Voir Freane-Camilly.
Camilly (de), 53a. Voir Bk>uet.
Campigny (de), 463.
Camp-Roger (hameau du), 54.
Canay (de), 440.
andaUe(de), 59.
Candepie (Saint-Jacques du), 1 53.
Cantelou, paroisse, 54 ; (famille
de), 54, 65.
Cantcpie (bateau de), 33.
Canville (de), a56.
Capuls (fief des), 73.
Carbonel, 385, 441.
Carpiquet, paroisse, 33o.
Carrcl, ia3.
atiUon (U), fief, i53, i55.
GfttiUon, chapelle, 3 1 1 ; (fort du),
3l2.
Cangy,|hameau, 5oo.
Caumont, fief, 474.
Caumont-sur-Ome, paroisse, 7.
Cauvicourt, paroisse, 1 14.
Cauvigny (famille de), 10, 3i,
61, 67, 100, a7a.
Cavelier (Le), 173, aaS.
Caynet, paroisse, 332 ; (&miUe
de), 333.
Cerisy, abbaye, 415.
Cerisy-Eelle-Etoile, abbaye, 35^
Certain (Le), 196.
Cesni-aux- Vignes, paroisse, u5.
Cesny-en-Cinglais, paroisse, 7.
Chabannes (de), i5o.
Chambellan (fief au), 5o3.
Chambon, 5 16.
Chambor (de), 17, 114.
Champ-Fleuri, 5o2.
Chamillart, 175, 473, 524.
Champs (des). Voir Descbamps.
551
Champs-Goubert, fief, 281.
Chantelou (de), 17.
Chance» Sg.
Chancerel, a3 1 •
Chanleu (de), 294.
Chantelou. Voir Cantelou.
Chapelle (fief de La), 88.
Charbonnière (fief de La), 33.
Chardon, 337.
Chartier, 384.
Chasserat, hameau, 386.
Chateau-Briand (Le), 488.
Chatel (du), i%S, 42a, 490, 5x3.
Chaulieu (de), 198, 214.
Chefdeville, hameau, 5x6,
Chemin-Hausse, 126, x33, xSg,
348, 402.
Chéradame, 248.
Chesnée (le bout de La), 2 f .
Cheval, famille, xo8.
Chevalier (famille Le), 100, i23,
206, 262, 3 16, 37^.
Cheveux (Notre-Dame dea), 2x0.
Chicheboville, paroisse, x 1 5 .
Chièvre, fief, 26. ^
Chirosme, ruisseau, 35 1 .
Chivré ou Chyvré (de), 373.
Chrétien. (Voir Collège de M»
Gervais), fief, 41 3 ; famille,5 18.
Choisi (de), 407.
Cii]igal, paroisse, 9 ; famille,
362.
Cinglais (doyeimé de), 3 ; (forêt
de), 6, x8, 25.
Cinteaux, 1 7 ; paroisse, 122,
Cinq-Autels, paroisse, ix5.
aacy(de), x36.
Clairtison, village, 35.
Clément, ^.
Clerc (Le), 467.
Clerc (de), 519.
Qéville, paroisse, 55.
Clinchanps, paroisse, 9 ; (fomille
de), 10, x54, 2x8, 253, 262,
366.
Clopée (moulins de), 77.
Clos (Le), fief, 504.
Closvas (chapelle du), 94.
Cloustier (Le), 3i, 44.
Cluny, 475.
Qutin, 197.
Cœur-de-Bled, fief, 323.
Colbert, 268, 297, 44 x.
Coligny, 507.
Collège de M« Gervais Chrétien,
7X, 74, xx6.
Collet de Grainville, x8.
CoUeville- sur -Orne, paroisse,
269 ; (famille de), 270.
Collinhou, 41.
Colombe (château de La), i5o.
Colombelles, paroisse, 56 ; (bac
de), 296.
Colombiers-sur-SeuUe, paroisse,
4*7.
Combes (de), 202.
Combray, paroiue, 1 1 ; (do), 525.
Commes, 504.
Gommin, 525.
Comte (Le), 5, X99, 200.
Condé-sur-Seulles, fief, 504.
Condel, paroisse, xx.
Condomistes, 242.
Conjon, fiefs, 526 ; (famille de),
527.
Conseil, femille, x 96, 532.
Conte (Le Conte de Nonaat),
129.
552
Conteville, paroiue, ii6; (fa-
mille de), 455.
Coq (Le), 246, a65y 469.
Corbet, lag, 53o.
Corbon, 71.
Cordier (Le), 97, 99.
Cormeilles-la-Royale, paroisse,
116.-
Corneville (bois de), 6.
Comier (Le), 443.
Cornu (Le), 452.
Cosaetseville, paroisse, 12.
Costé, 423, 459. Voir Saint-
Suplix.
Couchu (fief de), i55.
Coudray (bac du), 25.
Couespel, 337.
Coulombières (de), 442.
Coulomby-sur-Tbaon, paroisse,
271. Voir Anisy.
Coulons, paroisse, 333.
Coupe-Goi^e, ruisseau, 25.
Cour (de La), 354,450.
Courcelles (de), 34. Voir Cour-
seulles.
Courcy (famille de), i38, 202,
Courgenet, hameau, 28.
Couronne (fief de La), 5o3, 5o5.
Cours-d*Orne (ferme des), 346.
Courseulles, paroisse, 272 ; (fa-
mille de), 34.
Court (Le), 415.
Cousin, 246.
Coutanville, hameau, 78.
Coûteux (Le), 36.
Couture, 299.
Couvert (de), 334.
Couvrechef (femille de), 375.
Cramesnil, paroisse, 117; fief,
281.
Crémelle (de), 5io.
Crépon, paroisse, 418; (famille
de), 418.
Crespin, 20, 325.
Cresserons, succursale, 3oi ;
fief, 493.
Crétinières. VbtrHarel.
Creullet, hameau, 442 ; (fomille
de), 442.
Creully, doyenné, 405 ; (toUle
de), 362, 535; ferme, 491
paroisse, 425.
Crève-cœur, paroisse, i53.
Crével, 443, 457, 483.
Criquet, 25 1.
Criquetot (chapelle Saint-(jer-
'main de), 1x1.
Croisilles, paroisse, 12 ; (familie
de), 12, 34, 534.
Croismare (de), 53, 35i.
Croissanville (seigneur de), 55,
iio; paroisse, 120.
Croix (hameau de La), 54.
Crux, fief, 141.
Cudoison, ruisseau, 7.
Cully, paroisse, 340; fief, 281,
4*7, 447-
Cussy, hameau, 320, 504.
CuverviUe, paroisse, 56.
Cyntheaux. Voir Cinteaux.
I
Dallet, 514.
Damvou (forges de), 24.
Daneau, 411.
Dangie (de La), 450.
Daniel, 140, 363.
Dauchin. Voir Auchin.
SS3
Délivrande (La)» 286.
DemouTUle, paroisse^ 5 7.
Deachamps, 374.
Deacrametot, 45o, 532.
Desmaraia. Voir Marais.
Desmarea, 11 5.
Detmaret du Douât, 5 3.
Deux-Amants (prieuré de), 69,
819 III.
Digoville (Ouniii de), 85.
Donmesnil, hameau, i23.
Doimay, paroiaae, i3.
Doublet (marquis de Persan),
52, 54,63, II 3.
Douet (hameau du), 54
Doulcet (Le), 356.
Douville, prieuré, 59.
Douvres, doyenné, 25 1 ; (fiimille
de), 32, 281 ; paroisse, 277.
Dreux, 176.
Dreux (de), 48, 495.
Druel, 33.
Druides, 455.
Duc (Le), 254.
Dufour, 229, 401. Voir du Mar-
ché.
Dumont, 365, 5i3.
Duponterie (village de La), 154.
Duprez, 5ii.
Durand (abbé), 5i, 93.
Durgefer, fief, 365.
Duval, 28, 60, 147, 197.
Ecarde (hameau de L*), 78.
Eguerres (marais des), 76.
Eguillon. Foir Aiguillon.
Ellon, 504.
Emery, 525.
Emiéville. Voir EsmiéviUe.
Englesqueville (village) , 1 5 3 ;
(d'), 481, 525.
Epée (fief de L*), i58 ; (chapelle
de L*), 159.
Epervier (fief de L*), 447.
Eperville,fief, 88.
Epton, paroisse, 289.
Erard-Le-Grix, 261, 265. ,
Ernault, 73.
Ernetot, paroisse, 58, 65.
Escagueulle, fief, 78.
Escajeul(d'), 145,531.
Escalley (famille L*), 108.
Escanneville, fief, 71.
Eschaufbur, fief, 88.
Eachenville, hameau, 73.
Escouy (les chanoines d*), 32i.
Escoville, paroisse, 58 ; (famille
d'), 59; (fief de), 99.
Escrametot (d»). Voir Descra-
metot.
Esmengart, 180.
EsmiéviUe, paroisse, 61.
Espinay (d*). 441 ; (de L*), 49«-
Espins, paroisse, 27.
Esquay, prébende, 243 ; fief,
253.
Esquay- sur- SeuUes, pardsse.
Essartiers (Les), 49^-
Essarts (Les), 36 ; (des), 389.
Esson, fief, 10 ; paroisse, 14.
Estampes (d*), 196-
Etavaux ou EsUvaux, paroisse,
124.
EtervUle, paroisse, 345 ; (fomUle
d'), 345.
Etréhan-le-Perreux, 5o3.
Eudes (IcR. P.). 191. »38, 247-
i
554
Eudes de Mézeray, 8i.
Fabry (de), 440.
Faoucqou Faoulq (de) 373, 41 3,
476.
Fauconnier (Le), 236.
Fécamp (exemption de), 40, 85 ;
abbaye, 415, 417, 485, 487,
490, 562.
Fer (imoerai de)» 24.
Férard, 497.
Ferra nd de Saint-Dixand, i3.
Ferrière (de La), 20, 461, 524,
526, 54o;<fiefdoU), 526.
Ferté (de La), 69,421.
Ferté-Sennectère (de La), 75.
FeugueroUea-sur-Ome, paroisse,
345 ; fief, 263.
Feuillet, 229.
Feumechon (tènement de), i55.
Fèvre (Le), 23 1, 246, 407, 497.
Fief-au-Chambellan, 5o3.
Fiervi!Ie-la-Campa^e, paroisse,
125.
Fiesque (de), 16, i3o.
Fkury, 120.
Fleurimont (de), i5.
Fleury, 235.
FoUie (hameau de La), 374.
Fontafrique (rue de), 168.
Fontaine, hameau, 485.
Fontaine-Etoupefour , paroisse,
348.
Fontaine-Halbout, paroiue, 14,
35.
Fontaine -Le -Henry, paroisse,
289.
Fontaine-le-Pin, paroisse, i5.
Fontaiae4efr-Rochers, fief, 3i.
Fontaine (de), 14, 29, 160, S4«,
497-
Fontenailles (de), 244; paroisse,
445.
Fontenay - TAbbaye , paroisse,
i3o; (rabbéde),3.
Fontenay (de), 23, 26, 62, 1 13,
334.
Fontenay-Eperville, fief, 88.
Fontenay-le-Marmion, paroisse,
125.
Fontenelles (des), 489.
Fontette (Orceau de), 1 1 7, 1 79.
Forestier (Le), 420, 5 18.
Formigny, 5o4.
Fort-auz- Anglais, 3ii.
Fortier (fief du), 486.-
Fortin, 346, 354.
Fosse de Colleville (La), 269. ^
Foucault, 177, 4i3|, 47Z, 524.
Foucœur, 542.
Foucq (Le), village, 12.
Foullognes (de), 3o3.
Fouqué de La Motte, 1 14.
Fouques de Belleville, 81, 116.
Four. Voir Dufour.
Fournier (Le), 49.
France (La), hameau, 444.
Francheville, hameau, 382.
François (Le), 74.
Franquetot (de), 1 3 .
Franqueville, ancienne paroisse,
io5 ; fief, 106, 108 ; hameau.
Voir Francheville.
Fréard, 497.
Frédelle (hameau de La), ti3.
Frémantel, 75.
Frenouville, paroisse, i34«
Fréquiène (de), 385.
555
Fresnaye (de La), i00| 1 19.
Fresnay, fief, i53.
Fretne (de), 9.
Fresne-Camilly^ paroicse, 349.
Fresné-Ie-Puceuz, paroisse, i5.
Fresné^le- Vieux, paroisse, i6.
Fresné-sur-la-Mer, paroisse, 45 a,
483.
Fresnel (de), 25 1, 3o3, 314,496.
Fresney - le - Croteur , paroisse ,
456.
Friardel (congrégation de), 33.
Fribois(de), 109.
Froide-rue, hameau, 485.
Fumichon, hameau, 534; cha-
pelle, 536.
Gacey (le bout de), a i .
Galmanches, hameau, 374.
GarceUes, paroisse, i35.
Garencières (de), 128, 400.
Gamiers (le Bout aux), village,
21.
Gascoin, mare, 8.
Gauthier, 62, 88.
Gayant, 5i3.
Gendre (Le), 5 11, 5i5.
Gentil (Le), 154.
Georges (l'abbé), 1 59, 1 61 .
Germain, 469.
Germent (de), 443.
Gèvres (duc de), 7.
Giberville, paroisse, 62.
Gilles, 45 5 <
Girard, 145.
Giraud, 277.
Gislin de Barneville, 49, 5o,
100, 256, 268.
Glatigny, ferme, 55; hameau,
523.
Gloeester (comte de), 431.
Gobelinière (lieu de La), 249.
Godard, 57, 202, 495.
Gomesni), hameau , 1 2 3 .
Gondouin, 442.
Gonneville, paroisse, 71.
Gosselin, famille, i35, 443.
Goublinière (La), 77.
Gouès (Le), 459.
Goûet de Noyon, 3oi.
Gouhon, 514.
Gougeul et Goujon, 257, 307.
Voir 41 1, et Royville.
Gpupillière (de), 76.
Gourfaleur (de), 455.
Gourgues (l*intendant de), 177.
Gournay, hameau, 28, 118;
village, 348.
Gouvis, fief, 141.
Gouvix, paroisse, 16; (de), 53 1.
Gouye, 87.
Grainville- la -Campagne, pa-
roisse, 18.
Grainville (de), 9.
Grand (Le), 229, 260.
Grandouet, paroisse, i55.
Gras (Le), 467.
Gravèrent (de), 253.
Gray, paroisse, 457 ; (famille de),
408, 456, 463 ; sergenterie,
459.
Grenthe, 46.
Grestaîn, abbaye, 52 1 ; fief, 522.
Grimbosq, paroisse, 18.
Grimouville (de), 67, 362, 41 3,
439» 447. 496, 53o.
SJ«
Gronde, ruisseau, 379, 409,
484.
Gospermy (de), 26a» 264, 3i3,
Gruchy, village, 365.
Guay (Le), a 29.
Guengo (du), 441.
Guerchy (Régnier de), 6, 16,
i3o.
Guérin (l'abbé), 16; famille,
i55, 160.
Guerinière (le sieur de La), 1 1 7.
Guernon (de), 78.
Guerros ou Guerno, 463.
Guerville, hameau, 386.
Guerville (famille de), 112, 344,
394, 417, 474.
Guesclin (famille du), 3 18, 422,
44»-
Guesdon, 227.
Guiche (de La), 344, 38 1.
Guienneville, 5o3.
Guienros, 335, 447.
Guigne (rivière de La), 401.
GuQbert ou Guillebert, 388.
Guillain. Voir Gislin.
Guillard, 42.
Guillaume (les 110), 5f.
Guillerville, paroisse, 63.
Guinet, Intendant, 86, 178.
Guyenro. Fo/r Guienros.
Haguais (Le), 218, 229.
Halbot, fief, 413.'
Haldup-Turetin, 33 1, 372.
H€llé,3i7.
Halley, 229, 414, 476, 480.
Hallot, 362.
Halsdup. FotrHaldup.
Hamars, fief, 390, 541.
Hambte (abbaye de), 8.
Hamel, 121.
Hamon, 36 1. 43o ; fief, 363.
Harcourt, paroisse, 19.
Harcourt (nuûaon de), passiwi^
8, 16, 290, 379, 436. 474.
491. 493t540.
Harel, 14.
Harenvilliers (de), x34.,
Haribel (U), 453. L
Harlay, 5i5. ^ *
Hautemare (de), 71.
Haut-Manoir, fief, 475.
Haut-Mesnit, hameau, 17, 114.
Havart ou Havard, 379.
Haye (de La), 22, 3 18, 417.
Haye-Perccy (village de La), 35.
Haye-d'Aiguillon (La), 504.
Haye-Piquenot (La), 504.
Hayes (Les), hameau, 28.
Hébert, iSy, iSg, 271, 497»
53s; -d'Aussonvilliers, 438.
Hédine, hameau, 348.
Hetnville-Conjon, 526.
Helie de Donnay, 5, 11, i3.
Hellouin, 149.
Hélyes, 45 1.
Herbeline, 450.
Hercerie (village de La), 33.
Héricy ou Hérissy (Le ou de),
11,385, 396,439,443.
Héritot, paroisse, 64.
Herluin, 420.
Hermant, 355.
Hermanville, paroisse, 293 ; fief,
281 ; (famille d'), 260, 293,
438.
Hermerel, 497, 527.
Hermitage (L*), 235.
557
Hernetot. Voir Ernetot.
Hérousti 489.
Htfrouville, paroisse, 296; (£i-
mille de), 297.
Hérouvillette, paroisse, 67.
Heudé de Pomainville, 49.
Heuditot. Voir Héritot.
Heurtangleou Heurtauxde Vau-
doux, 435.
Heuse (de La), 66.
Hiesmes. Voir Hyesmes.
Hogue (La), hameau 1 1 1 .
Home (village du), 78.
Hommais (Les), village, 11.
Homme, fief, 7a ; (hameau du),
80, 97.
Hôtel-Dieu de Caen, m, 307,
4i3.
Hotot (de), 372, 495.
Houel, 468.
Houles (village des), 35.
Houllefort (de), 541.
Housset, aoa.
Hubert-Folie, paroisse, i35.
Hue, s6, 3oa, 456, 490.
Hue, fief, 18.
Hue/, (vin), 41.
Huet, 134.
Huets (Les), ruisseau, 25.
Humières (d*), 5p9.
Hungueslot, 129.
HussoQ, 257.
Hyesmes (archidiaconé d'), 3.
Incendie, 41 S.
Ingouville, hameau, 147.
Ifsy paroisse, i36.
Isle (de Y), 529. Voir Mestry.
Ivrande, fief, 490. Voir Yvrande.
Jacob-Mesntl, village, 6.
Jacquesson, fismille, 401.
Janville, paroisse, 6S,
Jardin (le), village, 12; (du),
467.
Jardins (des), 73, 120. .
Jehannet, personnat, 486.
Jénière (village de La), 34.
Jésuites, 410.
Jolivety 254, 272.
Jonquay (Saint-Pierre-du*), |m-
roisse, 68.
Jourdain, 39.
Joyeuse (duc de), 277.
Juaye, 504.
Julien, i5i.
Jumièges, 475.
Juvigny, paroisse; château, 33 1 ;
(de), 482.
Kenelecy Voir du Quelnec, 422.
Labbé, finmille, 3o2, 3o6.
Laise'(le chanoine de), 21.
Lait-Bouilly, carrière, 326.
Laize-la-Ville, paroisse, 21.
Lalongny (de), 23.
Lambert, 3oo.
Lan, hameau^ 523, 532.
Lande-Boullon (fief de La), 281.
Landois ou Landoys (famille Le)^
3o3-399.
Lanfreville, fief, 5o3.
Langlois, «i3.
Langrone (de), 298.
Langrune, paroisse, 297.
Lanteuil, paroisse, 461.
Lasseret, fief, 18.
Lasseur (Le), 12.
SS8
Lastej ou Ltitay (de), 344, 377,
38 1. Voir MadmlUiii.
Lauon, ptrottse, 36, 349.
Lturence, fiimQle, 417.
Lébitey, hameau, 296.
Lenfant, 436.
Lentrin, 5o5.
Léproieries, 47, 147. VbirHôtd-
Dieu.
Lesdain, 34.
Letiay (abbaye de), 36o, 397.
Leaaay, fief, 363.
Létanyille, 304.
Lincoln (de), 4^5,
Lingèvrea (de), 41 5.
Linières-la-DouceUe, 421.
Lion, paroisse, 299.
Lirose, paroisse, 69.
Liseme (fief de La), 478.
Livet, fief, 5, 3i, 36.
Londe, hameau, 3i ; (ferme ^e
La), 80 ; fief, a66; (famille de
La), 307, 5o5.
Undel(du), 258; fief, 266.
Longaunay (famille de), 192,
4i3.
Longraye, 504.
Longues, abbaye, 377, 399, 409,
445, 462, 485, 524; (famille
de), 465, 480, 53 1 ; paroisse,
461.
Longuet, 483.
Longueville, hameau^ 78.
Longval, hameau, 78 ; tranchée,
79-
Lorris (Bon de), 56.
Loudon (de), 48.
Louet, i36, 523.
Louraille, 6, 114. Voir da
Moncel.
LouTigny, paroisse, 353.
Louzouf (de), 72.
Louvet, 270.
Luc (de), 77.
Luc, paroisse, 3oi.
Lutumière (de La), 372.
Luynes (cardinal de), 25o, 288.
Luzerne (de La), 229; (fief de
La), 260, 281.
Lyrondel, 217.
Macé, 228.
MadaUlan (fismime de), 38o, 473.
Mage (de), 67.
Magnac (Amauphin de), 55.
Magne (mare de), 149.
Magneville (de), 307, 461.
Magny, paroisse, 470 ; (fitmille
de), 471 ; (marquisat de), 471.
Voir Foucault et Chamillart.
Magny-le-Freule, paroisse, 137.
Maheust, 489.
Maigre (Le), 532.
MaiUé (de), 389.
Mailleraye (de La), 67.
Mailloc (de), 89, 129.
MaimbeTille (de), 422.
Main, fief, 97.
Maire (de La), 3o6.
Maizet, fief, 281.
Maizy (fief de), 99.
Maladrerie (hameau de La), 382.
Mal-Couronne, 107.
Malesmains (de), 421.
Malfilastre (de), 11 5, 433, 4S8.
463, 527.
Malherbe (de), 27, ift, 217»
559
355, 4ïO, 437, 455, 482,
Mallart, 5a8.
Mallet de Graville, 437.
MalDOUiy, i56. Voir Manoury.
Malon, hameau, 374.
MalpaB (SainNLouis du), 7.
Malte (Ordre de), i5, 1 14, 108.
Maltot, doyenné, 319; paroisse,
354.
Manche, rivière, 40, 68, 91, 112,
113,146, 147-
Manherbe, paroisse, 1 56.
Mannevtlle, fief de Bénouville,
a56.
Manneville, paroisse, 69; (famille
de), 65, 70, 455.
Manoir (Le), paroisse, 473 ; vil-
lage, la.
Manoury, 74, 471.
Man vieux, paroisse, 477 ; (fiamille
de), 53 1.
Maquard, 85.
>Marais (hameau du), 35o, 48a ;
(famille du), 35 1, 474.
Maraudière (village de La), 33.
Marcel, a 55.
Maroelet, hameau» 385.
Marchand (Le), aa8, 536.
Marché (du) (de Foro), 383.
MardUac (de), 468.
Mardlly (Duprez de), 5 1 1.
Maiconnet (de), 449.
Mare (La), prébende, a78 ; vil-
lage, a78 ; (famiUe de), 37a,
5i5.
Mare«Julien (de La), i5i.
Mares (famille des). Voir Des-
mares.
Marguerie (de), 4a, 98, a 58, a6t,
3 19, 445, 5o8.
Marguerye de Vassy (de), a89,
299.
Marguerin, fief, 97.
Marguerit (de), 3t, a56.
Marigny (de), 3a 1, 463, 465,
479, 481 ; paroisse, 478.
Marillac (de), a76,
Mariouze (de La), 107.
Mariquet (hameau du), 78.
Marmion, 4, 6, ia3, ia6, 143.
Maronnes, hameau, 48a.
Marot (Clément, et Jean), 304.
Martainville, paroisse, a a.
Martel, 437.
Martigny(de), 187.
Martin, aa9.
Martragny, paroisse, 36o.
Mathan (de), a6, a6a, a69, 3o3,
3o5, 314,477, 5a8.
Matharel <de), 11 5, 159.
Mathieu, paroisse, 3oa; (fief de),
a8i.
Matignon (de), i3, a39é
Mauny (de), 5 a a.
Mauvoisin (de), 478, 483.
May-sur-Orne, paroisse, i38.
Mazarin, 4a 3.
Méance, rivière, 40. ^ Voir
Manche.
Médecins, 448.
Méheudière (village de La), 33.
Meigi (fief), 69.
Méliand, 176.
Meller (de), 199.
Ménard, 57, 6a.
Ménardière (de La), 49, 232.
Voir Ménard.
560
Merder(Le)y 450, 54 t.
Meré, paroisse^ 241.
Merle (du), 43d.
Menrille, peroâMe, 71^ 5a8.
MéFj, paroîMe, 73.
Metliy, paroîMc^ aa.
Mealière(U),fief, 9.
Mesnage de Cegny, 53.
Metnil (du), 478, 481 ; fief,
541.
Mesnil d*Argeiicci (Le), 43^
Metnfldo (du), 439.
Metnil-Eudes, fief, 36.
Metnil-Freiiientd, poroUse, 74.
MetnilrManider (fief du), 3i.
Mesnil-Oger, paroiue, yS.
'Mesnil-Richard, fief, a8i ; autre
fief, 3o6.
Meanil-Toufray, pareiite, a3 ;
fief, 35.
Meulan (maison de), 37, a 57,
a59, a74, 3oo, 347, 443.
Meullant* Voir Meulan.
Meurdrac, 44, 58, 71^ 8a.
Meuvaine^ paroisse, 481.
Michel, 1^6.
Mière (Le), a 54.
MiUies (de), 509.
Mines, Minerais, 24.
Minière (de), 3o5.
Moges (de), 137, a37.
Moine (Le), 196, 53 1, 534. Voir
Moyne.
Moisant, 401.
Moisson, 524, 538.
Mole, évêque, a38.
Moncel de Lourailles (du), 1 14,
123.
Moncy (de), 53o.
Mont-Canisy (de), i35.
Monchy (de), 14.
Monderille, paroîsae, 75.
MondratnyiUe (de), a3, 33a; fief,
a8i.
Montfiréard-Con|on, 5a6, ; (fa-
mille de), 5a7.
Mont (du). Voir Dumont.
Montalais (de), a 76.
Montaigis (Saint-Antonin de),
prieuré, i53.
Montauban (de), 4a i, 436.
Mont-Chrismal, 5 00.
Mont-des-Églises, 5oi.
Montéder (de), 389.
Montdéaert, hameau, 444, 47a.
Montebourg (abbaye de), 317.
Montenay (de), 400.
Montesquiou (de), 8a.
Mont-Ferrand (de), 5 16.
Montfbrt (de), 47, 344.
Montfréard (de). Voir Mon-
fréard.
Mont-Gautier, fief, a8i.
Montgommery (de)^ 5i, 81, gii
134.
Montigny (de), 534.
Montmorency (de), ao, i54,
437.
Mont-Phaunus, 5oo.
Mont-Rada, hameau, 5x6.
Mont-Rendac, hameau, 5 16.
Montreuil, paroisse, i58; fief,
a63.
Mont-Roty, fief, i58.
Mont-Saint-Michel, 476.
Moon, fief, 504.
Morais (de), 391, 47a.
Morand, 377, 345.
56i
Morangis (de). Voir Barnion.
Morel (de), a 34, 390.
Morin,48, 77, 116, i35, 149.
Motte (La) d'Acqucville, 3.
Motte-de-Blagiiy(La), 504.
Motte (baronnie de La), 8.
Moulineauz, paroisse, 307.
Moulinetux (de), 258, a6i, 3o8.
Moulines, paroisse, a3, 35.
Moulins (Les), hameau, a8.
Moult, paroisse, 66, 139.
Mous. Voir Moult.
Moussard, 5o2.
Mousse (La), paroisse, 24.
Moutier (du), 58 ; (le), hameau,
485.
Moutier (hameau du), 55 ; (fa-
mille du), 401.
Moutiera (Les Moutiers en Cin-
glais), paroisse, 24; (famille des),
493.
Mouton de Blaînville, 267.
Mouy (de), 66, 293, 438.
Moyne (Le), 453, 53 1. Voir
Moine.
Mue (La), rivière, 289, 35o, 365,
370, 389.
Murdrac. Voir Meurdrac.
Mutrécy, paroisse, 25.
Navarre, village, 108, iio.
NeauviUe, hameau, 299.
Néd, 4, 137, 249> 336, 522.
Nerval, i5o.
Nesmond (de). Passim.
Neufbourg (bois du), 5.
Neuf-Mers, hameau, 35o.
Neuilly (de). Voir Fontaines.
Neuville-Marguerie, 4a.
Nid-de-Chien, village, 33.
Noiret(de), ii5.
Noirford (de), 528.
Nollent (de;, 11, 107, 346, 375,
495.
Norrey, paroisse. 370.
Novince, 419.
Noyers, fief, 290.
O (dl, 277.
Odon, rivière, 399.
Octeville (d*), 342.
Olivet (Sainte-Anne d*), 19; (chft-
teau d*), 19.
Ollendon (d*), 134.
Olliamson (d*), 3o, 46, 542.
Ondefontaine, fief, 5o3.
Oraison (d*), 439.
Orceau de Fontette, 1 17, 179,
Omulée (village de V), 69.
Osmond (d*), 5, 38, 5o2.
Ouenne, 467.
Ouistreham. Voir Oystreham.
Oursin, 85.
Outrelaize, fief, 17.
Outreval, fipf, 266.
Oystreham, paroisse, 309.
Paisnel, 128, 154, 485.
Pallu (de La), 401.
Palmon, 514.
Pantou (de), 496.
Parc, hameau, 22 ; (famille du),
472.
Patris, 235.
Patry, fief, 281; famille, 12,
489.
Paugers (Le Bout aux), 2 1 .
Paulmier(Le), 148, 182, 258.
}6
$6a
Payen, 314.
Paystnt, 477.
Péchion, 197.
Pèlerin, 83, 372, 38o, 436, 493.
Pelletier (Le), 228.
Pellevé (de), 3o, 121, 342, 525.
Pelville, fief, 5.
Percoville, hameau, 9.
Périer (Notre-Dame-du-), 140.
Periers, paroisae, 3 1 2 ; hameau,
3o3.
Peron, 412.
Perré (du), 328.
Perreux (village des), 55.
Perrières (de), 121.
Perron-Saint-Gerbold, 5o i , 5 3 5 *
Persan (de). Voir Doublet.
Pestel, 478.
Petit (Le Petit d'Aveisnes), 18.
Petitcœur, 3 3 5,' 443.
Petit-Galop (Le), hameau, 5 16.
Petiville, paroisse, 77.
Pezal(de), 48.
PézeroUes, 495.
Philippes, 45o, 476, 479.
Piédoue, 67, i34, 244, 527.
Piel, 125.
Pierrecourt (de), 66.
Pierrefitte, paroisse, 26; fief,
490; (de), 26.
Pierrepont, paroisse, 405 ; (fa-
mille de), 405, 53 1 ; fief, 474.
Pierre-Solain, hameau, 475 ; (de),
478.
Pillette, 219.
Pinchar, 226.
Pins (Les), paroisse, 27.
Pivantière (village de La), 34.
Placy, paroisse, 28.
PUnche-GouboQt (ruisseau de
La), 33.
Planque (famille de La), i5,
i58.
Plantier, i5o.
Plessis-Grimoult, 5 12.
Plumetot, paroisse, 3i5.
Poignavant (de), 116, 202.
Poil (Le), 244.
Poildoc, fief, 5o3.
Pointe-du-Siège (La), 309.
Poirier (paroisse du), 140.
Pommeraye (La), paroisse, 28;
prévôté, 5.
Pommeraye (de La), 4, 3a.
Pompière (de), 401.
Poncet, 483.
Pont (hameau du), 55; (fief du),
i55.
Pont-de-la-Mousse (village et
pont), 33.
Poquet, 48.
Poret, 37.
Port (Le) de Bénouville. Voir
Bénou ville; (fief du), 3 12, 5o3,
504; (famille du), 53 1.
Poté (hameau de La), 485.
Potier, 5(1 4.
Pouchin, 219.
Pouligny, hameau, 5oo.
Poussy, paroisse, 140.
Poutrel (Le), 540.
Préaux, abbaye, 535 ; fief, 281.
Prêches Calvinistes, 148, aS4.
Prelle (Notre-Dame de La), cha-
pelle, 147.
Prépetit (de), 451.
Prés (fief des), 11 5.
Prétonville (de), 137.
5^3
Prêtre (Le), 5i3.
Preullay (de), 379, 496.
Prévost (Le), iS?, 3 19, 373,
405.
Provence, rivière, 533.
Putot, hameau, 322 ; (famille de),
323.
Quarrel, 534.
Quatre-Nations (hameau des),
5i6.
Quatre-Puits, paroisse, 141 ; (fisi-
mille de), 142.
Quays (fief des), 3 12.
Quelnec (du), 422.
Quens (Le), 339.
Quesnel (du), 121, 488.
Quétienville, paroisse, 17.
Queymères (de), 46.
Quiéze (baromiie de La), 362,
453.
Quinte-Feuilles (forêt de), 409.
Quiry, fief, i52.
Quilly, paroisse, 142.
Rabâche, 466.
Rabotière (hameau de La), 22.
Raimbault, 5i5.
Rancé (Le Bouthillier de), 33.
Ranvîlle, paroisse, 67, 77.
Rebours (Le), 473.
Recouvry, hameau, 5oo.
Regnaûlt, 407, 449, 479, 519.
Régnier. (Voir Guerchy), 16,
i3o.
Rémon, 198.
Renémesnil, paroisse, 146.
Renéville (de), 43.
Renty (de), 12.
Répichon (de), 234.
Restout, peintre, 458.
Révérend (Le), 228.
Réviers, paroisse, 3 16; (fiaroille
(de), 14, 3 17, 446, 463, 474,
477, 5o5, 541.
Rhingrave, 36.
Ribemont (de), 66.
Richer d*Aube, 178.
Rivière (La), hameau, 5oo.
Rivière (famille de La), 277, 307,
314, 355, 410, 483.
Robertmesnil, hameau, X23,
Robehomme, paroisse, 79.
Rocancour, paroisse, 117.
Rochechouart (de), 268.
Rocqueville (de).
Roger, 498*
Rogier, 229.
Rohan (de), 3o, 192, 3 18, 422,
428, 440.
RoncheroUes (de).
Roncheville, hameau, 46.
Roque (Gilles- André de La), 1 17.
Roques (hameau des), 76.
Roquette (bois de La), 5.
Roquettes (haioeau des), 482.
Rose (de La), 214.
Rosel, paroisse, 364 ; famille,
365.
Rosenivinen (de), 257, 273, 276.
Rosier (du), 454.
Rosière (La), hameau, 523.
Rot2 ou Rots, paroisse, 367; (fÎEi-
mille de), 524, 528.
Routier (Le), 216.
Rouville (famille de). Voir Gou-
geul. Voir Royville.
Roux (Le), 297, 525.
S<4
Roux de Langrie (Le)» 247.
Rouxel, 3 a 6.
Roy de La Poterie (Le), 17$.
RoTville (fimiîUe de), 411, 436,
517. Voir Gougeul.
Ruflult, 44, 463.
RuAult de Qéville» 55.
Rubercy, fief, s66.
Rue (de U), 83.
Rufinite (ferme de La), 490.
Rupalley (deX 405.
Rupiere (de), 65, 8a, lag.
Ruppièrea, paroiaie, 81.
RuquevUle, paroiaae, 371; (fa-
mille de), 527.
Rye ou Ryes, paroisse, 484 ; (de),
487.
Sabine, 467.
Saffiray, S^ffirey ou Safré (de),
49» 57,98,99, 125,137,293,
439.
Saint) 354.
Sai&t-Aignan-de^Cramesnil, fief,
119.
Saint-André-de-Fontenay , pa-
roisse. Voir Fontenay-r Ab-
baye.
Saint-Antonin de Montargis,
i53.
Saint-Aubin, hameau, aujourw
d*hui commune, 298.
Saint-Aubin d'Arquenay. Voir
Arquenay.
Saint-Brix (de), 46.
Saint-Christophe-sur-Orne, pa-
roisse, 29; chapelle, 98.
Saint-Clair de La Pommeraye
(chapelle), 28.
Saint-Contest, paroisse, SyS;
fief, 281 , famille, Voir Bar-
' berie.
Saint-Denis, fief, 69.
Saint-Dizan (de). Koi r .Ferrand.
Saint-Etienne (abbaye de), 3o2,
321, 387.
Saint-Evremont, 102, i33.
Saint-Flocel, 5oi.
Saint-Gabriel, pannsse, 490 ;
prieuré, 298, 41 5, 4»7i 490i
542.
Saint-Germain (famille de), 29,
3o, 143, 257.
Saint-Germain-de-la-Lieue, pa-
roisse, 494; fief, 541.
Saint-Germain-du-Grîoult, 314,
483.
Saint-Germain-du-Pert, 504.
Saint - Germain - la - Blanche -
Herbe, paroisse, 38 1.
Saint-Germatn-Lângot, paroisse,
29.
Saint-Germain-le-Vasson, pa-
roisse, 3o.
Saint-Jacques-de-Candepie, i53.
Saint-Julien-de-Tours, 46.
Saint-Laurent (chapelle de), 107.
Saînt-Laurent-de-Conde! , pa-
roisse. Voir Condel.
Saint-Laurent-de-Criquetot, m.
Saint - Laurent - du- Mont, pa-
roisse, i5g.
Sain^Lége^, hameau, 364.
Saint-Louet, paroisse, 384.
Saint-Main (pèlerinage de), 97.
Saint-Manvieu, paroisse, 385.
Saint-Marcoul, chapelle, 98.
s«s
Saint-Martin (de), 17» aia^ aa8,
233.
Saint-Martin-de-Fontenay, pa-
roisse. Voir Fontenay-rAb-
baye.
Saint-Martin-du-Bois, paroisse,
146.
Saint-Michel (pèlerinage de),
97.
Saint-Nicolas - de - la - Chesnaye,
prieuré), 17I1 5o8.
Saint-Omer, paroisse, 3a.
Saint^'Ouen, de Rouen, 146,
367.
Saint-Ouen, fief, a8i ; autre fief,
3oG; (AuniHe de), 455, 47a,
54a.
Saint-Ouen-le-Paingt, paroisse,
160.
Saint-Pair-du-Mont, paroisse,
Saint-Paix, paroisse, 83.
Saint-Paterne. Voir Saint-Paix.
Saint-Pierre (fief de), 69.
Saint-Pierre-Oursin^ paroisse,
85.
Saint-Pterre-sur-Dives, abbaye,
14a.
Saint-Rémy-sur-Orne, paroisse,
33.
Saint-Sauveur-le-Viconte, 364.
Saint-Sépulcre, 32 1.
Saint Sever, abbaye, 5a5 ; (fief
de), 526.
Saint-Simon-C^ourtomer, i3.
Saint-Sulpice, paroisse, 499.
Satnt-Suplix. Voir Costé, et
458, 499.
Saint-Sylvin, paroisse, 147.
Saint-Ursin, 273.
Saint-Vast. Voir Petic«ur; fief,
5o3, 504.
Sain^Vigor, baronnie, 5o3.
Saint- Vigor-le-Grand, 5oo.
Saint- Vigor, prieuré, 417, 499,
5o5.
Saint- Vîgor. Voir Guienras.
Saint- Yon (firères de), a5o.
Sainte-Anne, chapelle, aS ; as-
semblée, 25.
Sainte-Barbe«n-Auge, 5, a32,
458.
Sainte • Crou - Grantonne, pa-
roisse, 376.
Sainte-Croix-sur-la-Mer, pa-
roisse, 489.
Sainte-Honorine, hameau, 67.
Sainte^Marie (de), 145.
Sainte-Marie d'Egypte, chapelle,
5oi.
Sainte-Paix, paroisse, 84,
Sainte-Trinitéy abbaye, 3 10, 3a9,
33i.
Saintes (Claude de), 1 54.
Sales, i53.
Salet, 145.
saies (hameau des), 348.
Sallen (de), 328» 390, 541.
Sallenellea, paroisse, 87.
Salm (princes de), 36.
Sanglier (U), 294, 439.
Sannerville, paroisse, 89.
Sarcmy(de), 148.
Sarrazin (Jean-François), 295.
Saussey (fief du), 526.
Sauvagerie (La), village, 12.
Savigny (abbaye de), 391.
Say(de), 68.
Scelles, 476.
566
SecquevUle-la-Ctmpagney {mk
roisie, 149.
Secquevillfr«n-Bestin. Voir Sic»
querille.
Segrait, a33, 320.
Séline (le Bout), village, 21.
Sémilloii, rivière, 68, S3, 99,
104, toS, II 5.
Semilly (de), i58; fief, 281.
Séminaire, 288, 5 11. Voir La
DéliTrande.
Semion, 370, 371.
Sens (Le), 299, 319 372, 390.
Servain (Le), i56.
Serverie (village de La), 33.
Senrien, 238.
Seulle, rivière, 473.
Sévig^né (de), 292.
Sicqueville ou Secqueville-en-
Bestin, paroisse, 386.
Sieur (Le), 3 12.
Sillans (de), 83, 99, 293, 426,
437, 493.
SUly (de), 467.
Siméon, famille. Voir Sémion.
Siresme (de). Voir Syresme.
Soliers, paroisse, i5o.
Sollgny (de), 463, 478.
Sommervieu, paroisse, 5 16 ; (fa-
mille de), 5x7.
Sone (rivière de), 62.
Souleuvre (Les Vaux de), i6x.
Smart, peut-ltre Suhart, 471,
ou Suard, 486.
Suart, 480.
Subies (de), 5 18.
Subtil (de), 107.
Sueur (Le), 270, 476.
Suhard, 201, 45o, 467, 494,
496, 499, 527.
Surhomme (hameau du), 97.
Sariray, 354.
Surrain (de), 476.
Syresme (de), 354, 410, 4i3,
417.
Table (fief de La), 279, 461.
Taillebois (de), 145, 474, 536,
542, 598.
Tailleville, prieuré, 299.
Tardif, 217.
Tellier (Le), î5.
Temple protestant, 249, 260.
Voir Prêche.
Templiers, 259. Voir Malte.
Terray, 418.
Terrier, hameau, 299.
Terriers (marais des), 85.
Tertre (du), 441.
Tésart. KoirThésart
Tessoo, 7, 9, 20, 27, 128, i33,
356.
Tessy, 504.
Than, paroisse, 389 ; fief, 263,
391; (fomille de), 393, 5io.
Théauz (Grainvillep^Théaux, 6ef),
18.
Thères (de), 23, 36.
Thésart, 36, 352, 5o6.
Thibout, 100, 468.
Thibouville (de), 154.
Thioud et Thioult, i5o, 36i,
373.
Thon (du), 257.
Thue, ruisseau, 379, 38;, 4o5.
Thuit (Notre-Dame-du-), 7.
Thury. Voir Harcourt.
Ti^er^eau, 5i3.
5^7
Tiercelin, 3o, m.
Tierceville, paroisse, 5a i ; (de),
395.
Tillières(de),433.
Tilly(de), 8. 44, i54, 290.
TiUy-la*Campagne, 1 5 1 .
Toquet, 324.
Tord (Le), 479.
Tordouet, 473.
Torp (Le), village, 1 10.
Torteval, fief, i32.
Touchet (de), 46, a58.
Touffreville, paroisse, 90.
Tour, 5o3.
Tours, fief, 504.
Tournebu (de), 8, 14, 16, a3,
33, 100, 290; paroisse, 34;
fief, 41 3.
Tournemine (de), 422.
Tournicr, 139.
Tracj-sur-la-Mer, paroisse, 523.
Travers, x55.
Trémouille (de La), 241.
Tréperel, paroisse, 36.
Tringale (La), hameau, 5 16.
Troarn, abbaye, 297 ; doyenné,
39; paroisse, 90.
Trotibd, 5o8.
Trouam, fief, i53. '
Troussey, 496.
Tulles (de), 470.
Tureinne, ferme, 33 1.
Turgot, 38, 1 50,461.
Turpin, 73.
Turstin. Voir Haldup.
Vnigenitus (bulle), 241, 242.
Urgefer. Voir Durgefer.
*Ursulines de Caen, 3 20.
Urville (de Lalongny d*), 23 ; pa-
roisse, 38.
• Vacelin, 465.
Vaillant (Le), 4x6.
Val (abbaye du), 4, 9, 3a.
Val (viUage du), 35; iamUle,
Voir Duval.
Val (Le), hameau, 9.
Val-Bunel (Notre-Dame du), cha-
pelle, 289.
Valclair, ruisseau, 6.
Valdery, fief, 497.
Val-de-Laize, hameau, ia5, i38.
Val-des-Dunes, 107.
Valeran, fief, 535.
Valette (de La), lao.
Valette, village, 458.
Vallée (La), hameau, 517.
Valleries, fief, 541.
Valmeray, paroisse, z5i.
Valois (Le), 59, i37, 348, 417.
Val-Richer (abbaye du), 27, 160,
aôa.
Vambès(de), i5.
Varangère (fief de La), 25 1.
Varaville, paroisse, 95.
Varembert, hameau, 415,444.
Varignies (de). Voir Warignies.
Varignon (Le), 324.
Vaspail (de), 371.
Vasseur(Le), 418.
Vassy (de), 34, 37, 46, 129, 258,
314, 35a, 36i.
Vast, (hameau du), 76; famille,
Voir Wast.
Vastan. VbtrAubery.
Vastpré (de), 465.
Vaucelles (doyenné de), 101,
S68
Vaudoux (de), 435.
Vauculet (moulin de), 35o.
Vaulaville, 49.
Vauquelin des Yveteauz, 49 ;
Vauquelin d'HennanYilIe, agi,
Vauiatettx, paioiaae, SgS; fit-
mille, 398.
Vauvîlle, fief, 3o5 : (fitmine de),
44-
Vaux (Les), ruisseau, 7 ; (famille
de), 49, 5s5, 5a8, 53o ; vil-
lage, 458.
Vaux-de*SouleuTre, 16 r.
Vaux-sur-Aure (fiimUle de), 7a.
Vaux-sur-Aure, paroisse, 5*4.
Vaux-sur-Seulles, paroisse, 53o.
Vavasseur (Le), 199, 217.
Veaugrou (du), sa.
Vendure (fief de La), i55.
Veneur (La), 3o, 66.
Vengeons, aag.
Vénoix (famille de), 39, 40, 5o,
89, 399; (fief de), 59, 399;
paroisse, 598.
Ver(de), 531,534.
Ver, paroisse, 53a.
Vérard, 450.
Véret, 529.
Vérigny (de), 53o.
Vemon (de), 318,446.
Véron, 199.
Verrier <Le), 317.
Verrières (fief de), i3a.
Verténière (hameau de La), 55.
Verune (Petet de La), i3i.
Ve8tre?ille (de), 58.
Vey (Notre-Dame^du-), paroisse,
Vey (du), 7, 37.
Vey (Le Grand et Le Petit), 341.
Vey-de-Cléry (niiaaeau du), 54.
Viconte (Le), 349.
Vienne, paroisse, 534; (fafnflle
de), 536.
Vierville (de), 427, 493, 5m,
411.
Vieux, paroisse, 400.
Vigne (de La), i56, 278, 5t3.
Vignerie (village de La), 154.
ViUaines (de), 40.
Ville (U), hameau, 28, 386.
Villeneuve (de), 229.
Vîllers, fief, 378; (famille de),
379.
Villers-en-Bocage, fief, 504.
Villctte (de), 206.
Villiers (de), i55, 36s; fief,
378.
Villiers-le-Sec, paroisse, 541. .
Villons. Voir Buiasons-Viltoos.
Vimard, 499.
Vimont, paroisse, 99.
Vipart, 66.
Fin Huet, 41 ; — Collinktm, 41.
Vipart, 38o.
Viquet (du), 483.
Vital (saint), 5 a 2.
Vitouard, 369.
Vitry,fief,487;(de),486.
Vivier (fief duX 126. 129.
Voismer. Voir Voismey.
Voismey, commaoderie, i5 ; fief,
10.
Wac ou Wast, 462, 465, 492.
Warignies (famille de), 53, iSj,
267, 348, 472.
Yvrande, 286. Voir Ivrande.
Zéphir-artillerie, 533.
TABLE DES MATIÈRES
Archidiaconé d'Hyesmes 3
Doyenné de Cinglais 3
— deTroarn^ 39
— de Vaucelles..... loi
Exemption de Cambremer , iSa
Archidiaconé de Gien i65
Doyenné de la Chrétienté de Caen i65
— deDouvres , a5i
— de Maltot 319
— de Creully 405
Table onomastique. 547
"K
Ilf-1-