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I
hyGoogle
hy'G octale
hyGoo^le
hyGoogIc
hyGoogIc
hyGoo^le
MEMOIRES
LES GUERRES DE NAPOLÉON
EN EUROPE,
DEPUIS 1796 JGSQC'EN 4»I5.
D,gn,-prihyGOOglC
Cet ouvrage te Iroupe aatsi à Parii,
Cnïï POT1THIEU , libraire , Faltis-Royal ,
ANCBLIN'ÉT POCHARD , tue . Duiphiiie ,
hyGoogle
MÉMOIRES
'• SDK
LA GUERRE DE 1809,
EN ALLEMAGNE,
AVEC LES OpitlATlOWS PARTICULIERES DES COBPS D ITALIE
POLOGNE, DE SAÏE, DEHAPLES ET OEWALCSEBEH;
PAR LE GENERAL PELET,
D'upnt «on JonrQil ton dctaillé de U cimpagne d'Allemagne; M
nconnuMmcM et w>diTentr*Taiii; la correspooduice de Ifapoléo:
avec le major-gendre], lea maréchaux, les commandai» en chef, etc.
accompagnés de pièces initîBcatives et ioéditeB.
TOME PREMIER.
PARIS,
HORET, LIBRAIRE, RUE HAUTEFETIILLE.
8^4-
D,gn,-.rihyGOOglC
oc
hyGoogle
•>z^>?%-(^T
INTRODUCTION.
Si l'histoire est le 6dèle miroir du monde , si
dans les événamens passés, elle nous présente
le tableau et les leçons de l'avenir, le premier
besoin de toutes les époques doit être de con-
naître exactement les temps qu'on vient de
traverser, afin d'apprendre ce qui reste à
craindre ou à espérer. Les peuples qui peuvent
influer eux-mêmes sur leurs destinées et qui ont
quelque part à leur gouvernement , doivent
en éprouver plus vivement la nécessité. C'est
alors le compte que chacun cherche à se rendre
de la situation de la chose publique , comme il
le ferait en quelque sorte de ses propres af-
faires. Mais ce besoin est bien plus diiîScile
à satisfaire après les grandes catastrophes, où
tant d'événemens accumulés, tant de sentimens.
hyGoogle
II IITTRODDCTtOS.
de passions ou d'intérêts froissés, tant de res-
sorts divers mis en jeu , rendent les souvenirs
confus et les jugemens incertains.
On peut se convaincre de plus en plus , que
les trente années de notre révolution, sont l'é-
poque la moins connue de nous et la plus déna-
turée. Il est vraiment étonnant que les événe-
mens dont nous venons d'être les acteurs , les
témoins ou les victimes, aient laissé si peu de
traces réelles; et que ceux qui ont pris quelque
part aux grandes afïaires, en parlent avec une
légèreté et mie partialité, qui doivent également
révolter. Il est encore plus étonnant que dans
la dernière période de ce drame terrible, chaque
parti ait trouvé tant de fecilités à se décharger
sur un seul homme et sur l'armée, de la res-
ponsabilité de ses méfaits, de ses faiblesses ou
de ses erreurs.
Maintenant plus que jamais, il Êiut que les
vérités historiques soient connues. C'est un
devoir pour chacun de les faire parvenir à l'o-
reille des peuples comme à celle des rois. Il
fiiut que les uns et les autres sachent ce que
sont les révolutions, comment elles se soulè-
hy Google
IHTRODUCTION. 111
veot, s'étendent et dévorent tout; comment
on peut les apaïser et les régulariser, et en
prévenir le retour. Il fout qu'ils connaissent
la politique de l'Europe et de ses ministères,
la guerre dans son état actuel, ses dangers, et
ses véritables règles. Il faut que tous appren-
nent aussi ce que valent, i'épée qui peut sauver
la patrie, la baïonnette qui défend 'son terri-
toire, et l'année nationale qui se sacrifie pour
elle.
Nous ne connaissons ni l'homme qui nous a
gouvernés pendant de longues années, ni la
situation dans laquelle était la France vis-à-vis
de l'étranger , ni les causes véritables et les
principaux détails -de nos guerres, de nos vic-
toires et de nos revers. Tout est arrivé jusqu'à
nous, au trav«-s du prisme des circonstances
et de l'égarement des passions. Jamais homme,
jamais époque n'ont été plus sévèrement jugés,
ni plus difficiles à connaître. La révolution qui
s.e. terminait, avait tellement agité les esprit,
bouleversé les positions, exalté les têtes, qu'il
devenait presque impossible de $ts l'endre un
compte exact des événemens. Chacun apportait
hyGoogIc
tV IMTRODUCTIOIC.
lies intérêts, des sentimens, des préventions qui
déterminaient ses jugemens. Les déceptions de
nos ennemis et les intrigues de leurs agens, ren-
daient notre situation politique bien plus diffi-
cile à apprécier. L'histoire sera plus juste envers
Napoléon et son armée. Au milieu de ce mélange
d'erreurs et de fautes , qui tomberont comme le
brouillard du matin devant l'éclat du soleil d'été,
on verra s'élever le colosse des temps modernes.
La postérité le jugera , en même temps que le
petit nombre de ses adversaires restés debout
à ses pieds; et elle prononcera son arrêt, non
sur de vaincs paroles , mais d'après les actions.
Napoléon est déjà devant ce tribunal au-
guste. Aujourd'hui, à trois années de sa mort,
nous sommes comme à trois siècles de lui. Cette
énorme distance est une des plus sûres manières
de mesurer son influence sur ses contemporains.
Nous sommes aussi à plusieurs siècles du sys-
tème politique de l'Empereur. Il est mort tout
entier avec lui. Aucun des siens , aucun des
hommes vivans ne sauraient, sans la plus ex-
cessive démence, entreprendre d'accomplir ce
qu'il a laissé imparfait. Pour atteindre à là hau-
hyGoo^le
IHTRODDCTIOK. V
teiir de.cette dictature que Napoléon a exercée,
d'abord sur la France, ensuite sur l'Europe, il
avait, faUu les circonstances les plus extraordi-
naires. Il avait fallu qu'il possédât une organisa-
tion surnaturelle, au moral comme au physique;
qu'il apparût au milieu d'une révolution ter-
rible, dont il avait pu répudier les excès, en
héritant de ses pouvoirs; qu'il trouvât une ar-
mée si fortement aguerrie, déjà illustrée par de
brillans exploits, peuplée de héros dans tous les
rangs, et préparée à toutes les grandes choses,
une nation exaltée par plus de dix années de fer-
mentation , disposée par les excès même de la dé-
mocratie à ce qu'il y avait de plus gigantesque,
accoutumée aux sacrifices et exaspérée au plus
haut degré contre les étrangers, particulièrement
contre les Anglais. Il avait fallu que l'Europe
fut divisée, et que les souverains, aveuglés par
leurs passions , ne pussent se réunir qu'après
avoir été successivement vaincus et rétablis plu-
sieurs fois, avec une générosité qu'ils n'ont pas
su pardonner ni surtout imiter. Aujourd'hui tout
est changé. La vieille aimée n'existe plus; ses
chefs sont morts, ses débris sont dispersés, et
hyGoogIc
VI INTRODUCTIOW,
ses lauriers se cachent dans une indigente obs-
curité. La nation fatiguée des suites d'une si
longue lutte, amollie dans les langueurs de U
paix , se consolant par des abstractions et des
spectacles, semble rétrograder vers le siècle pré-
cédent. L'Europe vengée et irritée de nos triom-
phes est sous les armes; et le fantôme de notre
gloire la détourne encore des véritables dangers
qui la menacent.
On peut donc répéter avec une profonde con-
viction : Le système politique de Napoléon est
mort avec lui. Mais l'Empereur n'a pas eu le
temps de te conduire à ce terme auquel il tou-
chait, parce que tout le monde l'a abandonné,
petits'et grands, citoyens et généraux, peuples
et rois, tous contre leurs plus chers intérêts;
tous peut-être au moment de pleurer sa perte.
Car qui en a profité ? excepté l'Angleterre pen-
dant bien peu de temps , et la. Russie qui
cherche à envahir notre héritage. Cependant
comment le reste de l'Europe s'en trouvera-t-il
avant un demi-siècle? On dira : Pourquoi Napo-
léon avait-il embrassé plus qu'il nepouvaitaccom-
plir? L'histoire i-épondra en posant et décidant
hyGoogle
IHTRODDCTIOW, Vit
ces questions. Les projets de Napoléon pour pa-
cifier l'Europe et consolider cet état de paix gé-
nérale, étaient-ils utilœ àrhumanité, conformes à
la justice et au besoin du-sièclei* étaient-ils exé-
eutables, et n'en avait-il pas déjà berminé Ja ma-
jeure partie? Ont-ils échoué par sa faute, ou par
eelle des hommes qui l'ont délaissé? Il est pos-
sible que, de notre vivant, nous entendions pror
noncer ces jugemens de l'impassible et équitable
histoire, cette grande justicière des hommes et'
des choses.
Ceux qui ne stmt pas insensibles aux senti-
mens généreux ou même à une douce pitié pour
de hautes infortimes, ne sauraient désapprouver
l'action d'un soldat qui élève un monument à la
vieille armée et à son général, à celui qu'dlle ap-
pelait son père ! Cette armée était comme une
famille, dans laquelle tout se tenait, depuis le
dernier soldat, enfant dévoué mais juge éclairé
et sévère de la conduite, de ses chefe, jusqu'au
commandant supr^se qui se montra constam-
ment, et était reconnu le père de tous. Le plus
bel éloge de Napoléon , éloge que rien ne
pourra détruire, est dans l'amour et la fidélité
hyGoogIc
▼III IHTRODUCTIOM.
de cette armée française si loyale, si généreuse >
si fière; au milieu de laquelle il vivait si fami-
lièrement; dont il partageait les bivacs, les &.tl-
gues, tous les dangers; qu'il avait conduite à
mille batailles ou combats, et à autant de vic-
toires. Ne l'ayant pas perdu un seul instant de
vue, sans cesse à même de juger chacune de ses
actions, ses paroles, ses sentimens, elle peut
être appelée tout entière en témoignage sur
son compte- Cette sublime et touchante confra-
ternité produisait un ardent dévoùment, et quel-
que chose de plus dans les cœurs magnanimes,
dans les âmes élevées, surtout dans ceux qui pou-
vaient voir d'un peu haut les miracles du génie.
Mais dans notre garde impériale, parmi ces no-
bles ^és de la famille militaire, élite choisie au
milieu des plus braves et des plus méritans ,
presque entièrement composée des meilleurs
sergens et caporaux des régimens de ligne ,
éprouvée par les plus brillans exploits , distin-
guée par la plus rigide discipUne, toute d'hon-
neur, et qu'elle même maintenait sans punition;
dans notre garde , ces sentimens prenaient en-
core, s'il est possible, une nouvelle exaltation.
hyGoogle
lirTRODUCTIOIT. IX
Lequel de tous ces hommes (mémo après tant
d'orages et dans le calme de la plus parfaite sou-
mission au gouvernement sous lequel nous vi-
vons), pourrait, sans quelque motif personnel,
avoir oublié les sentimens qui au milieu de ces
beaux jours de gloire, les animaient non envers
un homme, mais envers la patrie?
L'armée sous l'empire n'a pas cessé un instant
d'être nationale. Elle l'a assez prouvé par sa
conduite entièi*e, et surtout par son dévoû-
ment sublime en i8i4et i8i5,dans cette conti-
nuelle bataille, où elle disputait, au prix de tout
son sang, chaque coin de la. France au sabre
de l'étranger, où elle s'immolait, tandis que ses
antagonistes discouraient et intriguaient. Après
avoir eflacé par ses exploits, les prodiges des hé-
ros de l'antiquité, elle a donné au monde le plus
bel exemple de patriotisme. La Grèce et Rome
en présentent-elles, qui puissent se comparer à
ce licenciement général, où tant de braves sacri-
fièrent aux malheurs et an repos de la patrie, leur
vengeance, leur fortune militaire, leur ancienne
iamille des camps, ces armes d'honneur même,
si long-temps la terreur de l'étranger, enfin leur
hyGoogIc
X IITTRODIICTION.
sûreté personnelle? On vit alors les vainqueurs
de l'Europe, un simple bâton à la main, aller au
travers des bandes ennemies pleines de respect
pour eux, chercher leur misérable existence
avec tant de sueurs, dans ces champs qui n'é-
taient pas à eux, et qu'ils venaient de défendre
avec tant de sang. Si cette armée, passionnée
pour la liberté autant que pour la gloire, n'a-
vait considéré l'Empereur, comme le premier
magistrat et le représentant de la nation; si
elle n'avait constamment reconnu en lui, le
plus ardent patriotisme, la plus vive affection
|)our la France ; si elle n'avait pu voir dans Na-
poléon qu'un ambitieux, im despote, ou seu-
lement' un conquérant; elle n'aurait pas versé
avec ardeur jusqu'à la dernière goutte de son
sang, en bénissant celui auquel elle l'avait voué;
élld ne l'aurait pas suivi, sans jamais murmu-
rer, dans tous les coins de l'univers; elle ne
l'aurait pas-accueilli , dans les momens les plus
terribles, par des acclamations d'amour. Qui a
pu les entendre à I^baii , à Krasnoe, à la Bere-
zina, à HanaU, à Fleurus, à Paris même, sans
être ému jusqu'aux larmes! L'armée ne pouvait
hyGoot^le
IHTRODDCTIOM. XI
se tromper sur les véritables sentimens de Na-
poléon; si souvent prise à témoin de la foi reçue
et violée, de la perfidie des vaincus et de la gé-
. nérosité du vainqueur, elle connaissait l'état de
l'Europe, mieux que les politiques de la tribune
et des salons. Il est certes inutile de répondre
à ceux qui ont osé prétendre que ^Napoléon
sacrifiait ses soldats dans les batailles, insultait
ses officiers, ses généraux Il y avait trop
d'honneur dans ces coeurs fi-ançais, pour souf-
frir de qui que ce fut, ni mépris, ni outrage. Il
faut le répéter, le constant amour du soldat est
le panégyrique de Napoléon, Comme le constant
dévoûment de l'armée au milieu des crises les
plus terribles, est notre plus beau titre de gloire.
: Après l'amour de la patrie, l'honneur, bien-
plus que l'ambition, animait l'armée impériale.
la plupart de ses vieux héros, qui combattirent
dans les quatre parties du monde , qui plantè-
rent les drapeaux français au Caire , sur le Mont-
Thi^r, à Berlin., à Madrid, à Lisbonne, à Var-
sovie, à Moscou, deux fois à Vienne, plusieurs
fois à Milan, à ïtpme, à Naples; qui donnèrent
leur part des couronnes et des royaumes; qui
hyGoogIc
XII INTRODDCTlOir.
souvent s'assirent à la table des rois; ces vieux
héros oQt à peine de quoi vivre dans nae glo-
rieuse médiocrité. Les campagnes et les boui^s
de la France sont peuplés de Bélisaires, plus
fiers dans leur misère, que ceux qu'ils voient
couverts des faveurs et chamarrés des cordons
de l'étranger; ils répudient avec dédain leurs
compagnons possesseurs de richesses mal ac-
quises. Les récompenses et les dotations qu'ils
ont perdues, quoique consacrées par des traités
solennels, furent toujours le prix du sang versé
et d'actions d'éclat; conquises sur la féodalité,
elles ne coûtèrent pas une larme aux nations
étrangères, pas une obole au sol français, car
jamais ses impôts ne furent si légers que pen-
dant nos victoires- Avec elles, tout a cessé:
l'armée, née pauvre, est redevenue pauvre, mais
elle est restée riche d'honneur et de gloire.
Pendant ses triomphes, elle fut toujours fille '
soumise de la mère-patrie; les rois, les princes,
sortis de son sein, ne rentraient en France
que comme simples citoyens; ses généraux
étaient entièrement subordonnés à l'adminis-
tration. Il fallait que dans ses discussions civiles ,
hyGoo^le
IITTRODOCTIOÎt. XIII
l'armée eût dix fois raison, pour l'obtenir de
l'autorité. Jamais aucun gouvernement ne s'est
montré moins militaire, que" celui qui avait
pour chef le premier des guerriers. L'uniforme
même, le plus cher et le plus bel ornement du
soldat, ne se voyait pas dans l'intérieur de la
France , surtout dans cette cour la plus martiale
qui ait existé. Telle fut cette armée, si calomniée
après des malheurs qu'on ne saurait lui repro-
cher : telle fut cette époque de notre histoire,
dont la France chérira toujours le souvenir.
Napoléon a tout emporté daiis la tombe. Main-
tenant on peut parler sans nul danger, de lui ,
de sa gloire, de sa puissance. Si même quelque
chose doit résulter de la publication de ces Mé-
moires, c'est la conviction qu'il est impossible de
voir se renouveler le phénomène politique qu'a
présenté Napoléon. Le temps de la vérité est
donc venu pour la génération déjà à moitié pas-
sée : tous gagneront à l'entendre; aucun homme
honnête n'a d'intérêt à la cacher. Un gouver-
nement constitutionnel ne peut se fonder que
sur la vérité, sur la publicité, sur la justice.
Ainsi cet ouvrage est non-seulement sans incon-
hyGooglc
XiV INTRODUCTIOTf.
véniens, mais il présente des avantages. Les di-
plomates y verront quelle a été la politique réelle
de l'Europe pendant les années de l'Empire; et
combien il faut se tenir en garde contre des voi-
sins, ennemis perpétuels de la prospérité et de la
gloire de notre France, placée au centre de l'Eu-
rope et de Ses mers, si bien partagée par la nature
du sol, l'industrie et l'activité de ses habitans. Les
administrateurs trouveront de grandes et utiles
leçons, dans la conduite d'un homme qui possé-
dait si éminemment la science du gouvernement.
L*s militaires de l'armée actuelle reconnaîtront
quels sont les c6tés faibles des divers éta.ts, les
moyens de défense et d'attaque, la conduite à
tenir dans les guerres futures. Ils piùseront à
leur source les règles véritables de l'art ; ils. se
formeront par l'étude des plus belles opérations
qui jamais aient été faites. Ilsauroot un avantage
particulier, que ne pourront partager les étran-
gers, dans les élémens d'une tactique toute fran*
çaise, parfaitement adaptée au caractère national;
et même entièrement fondée sur ^ parfaite con;
naissance. Telles sont les leçons que l'histoire de
l'empire lègue à Is^monarcbie actuelle.
hyGoogle
INTRODUCTION, XV
L'auteur était décidé à ne publier aucune par-
tie de ses Mémoires avant une triste époque ;
celle où la mort du grand homme laissait sans
Tombre même de danger, un ouvrage où son éloge
doit se trouver souvent répété. Un autre motif,
également puissant, agissait sur l'âme de l'auteur.
Pendant la vie de Napoléon, et surtout pendant
son règne, ces sentimens d'admiration, du moins
ainsi qu'ils sont exprimés , n'auraient jamais
échappé de sa plume : telle a toujours été son
aversion, pour tout ce qui ressemble à de la
flatterie ! Il se privait ainsi de la plus douce ré-
compense et du premier de tous les suf&ages. Il
croyait aussi convenable d'attendre que nous eus-
sions atteint le commencement du point de vue
historique, où la conduite des divers eimemis
de Napoléon et des hommes opposés à son sys-
tème, pouvait être jugée ainsi que la sienne. Au
milieu des bigarrures dont s'étaient couverts les
membres de la coalition, et ceux qui favorisaient
ses projets, les nations ont pu les croire pendant
quelque temps les défenseurs de leurs droits.
D'un autre cAté, ceux qui ont tant crié à l'op-
pression et au despotisme, ceux qui se portaient
hyGoot^le
XVI r NTRODCCTIOK.
connue les chefs de la cause des peuples et les
martyrs d'une opposition sans danger, ceux-là
travaillant , sans doute à leur insu , aux succès de
nos ennemis , ont été assez bons pour penser
qu'en détrônant la gloire , leur triomphe et ce-
lui des principes libéraux, suivraient le triom-
phe de la ligue européenne ! Aujourd'hui on
sait à quoi s'en tenir. Aujourd'hui seulement
les masques tombent , les projets sont dévoilés,
tout le monde est jugé et classé. Le temps de
l'histoire contemporaine est enfin arrivé.
Les écrivains n'ont pas manqué à notre his-
toire militaire. Plusieurs campagnes ont paru
déjà. Mais ont-elles été traitées" d'une manière
convenable et satisfaisante? y trouve-t-on l'au-
thenticité, les garanties nécessaires, et des sen-
timens toujours nationaux? Sous les simples rap-
ports historiques, sommes-nous aussi avancés que
les étrangers, et surtout que les Allemands? On
n'oserait l'affirmer. Le public est Inondé de mé-
moires de toute espèce; il, les dévore avec une
telle avidité, qu'il faut le mettre en garde contre
des publications que recommandent toutes les
apparences extérieures, et qui n'en sont que
hyGoogle
INTHODDCTfON. ' j^VIl
plus dangereuses, parce que le mensonge y est
déguisé sous les apparences de la vérité. Les li-
braires publient de prétendus mémoires post-
humes, dont on reconnaît les lambeaux dans
des ouvrages qui sont entre les mains de tout
Je monde, et des romans portant des noms
militaires connus, où l'exactitude est violée
à chaque page (i). D'autres publications con-
tiennent des impostures présentées d'une ma-
nière authentique , dans des correspondan-
ces évidemment fabriquées. L'altération semble
se glisser même dans ce que nous devrions
considérer comme le plus sacré. Nous avons
heureusement l'excellent Pricù de, événemem
militairesi mais l'excessive urbanité de l'auteur
et son extrême indulgence dérobent souvent à
la sévérité de l'historien, des remarques essen-
tielles ou des circonstances importantes. Ainsi,
on aurait voulu y trouver dévoilées les cou-
pables menées qui ont renouvelé la guerre de la
coaUtion en i8o5, ou plutôt qui dès 1804 ont
organisé contre nous cette troisième agression
(1) Mémoires du C. s rt du G. F
hyGoogIc
XVIIl INTRODUCTION.
européenne, qu'on a osé nous rêpKicber; on
aurait voulu y trouver aussi les époques précises
des négociations, Im plans véritables, le but réel
et la conduite secrète des diverses puissances (i).
Pour la guerre de 1809, les ouvrages sont en-
core assez rares en France ; il n'en a guère paru
que deux. L'un décoré du nom d'un littérateur _
(i) La Suède a commencé cette série de traités, qui a
organisé la guerre de i8o5, ea donnant à l'Angleterre, le
3 décembre 1804, l'eu trée dans la Poméranie, et en traitant
avec la Russie, le 14 janvier stiivant. Gustave manifestait
dès tors par la note de son ambassadeur auprès d'Alexan-
dre, du 16 mars i8o5, ses sentimens pour le rétablissement
du trâne des Bourbons. Dès l'année précédente, Stadion
négociait h Saint-Pétersbourg, pour l'attaque qui eut lieu
plus de quioze mois après. Le iS mars i8o5, le plan d'opé-
rations militaires de l'Autriche était réuni à la cour de Rus-
sie, et le 6 avril, le général Stutterheim présentait à l'em-
pereur Alexandre des explications sur ce plan. Le 17 août
de cette année, la Prusse levait soixante- dix-huit bataillons
de réserve, pour une guerre extérieure; elle dressait un
projet d'opérations connu, pour marcher sur le Mein. Le
roi partait le i" décembre i8o5, pour se mettre ik la tête de
son armée. Celle-ci, après la bataille d'Austerlitz , recevait
l'ordre de marcher par la Saxe en Bohème sur le Bas-
I^er. Voilà les principales bases de l'histoire de.
cette époque.
hyGoogIc
IMTKODUCTION. XIX
distingué ( M. Dolàborde ) , présente sur cettït
campagne un Précis qui renferioe des récits fort
inexacts et des jugesMiis plus que hasardés. L'au-
teur n'aseistait pas à la plupart des affaires qu'il
raconte, et il a trop écouté ceux qui s'y trou-
vaient directement intéressés. L'autre ouvrage
est d'un homme aussi recommandable ( M. Cadet
deCas3icourt),mais qui n'étant pas non (^bs
en position de voir et de juger, a resopli d'er-
reurs et de fiiossetés, son Fiyyage en ^utficke.
Dans un Recueil qui n'est pas estimé .peut-
être autant qu'il le méwte, dans les Victoires
■et corufuétes^ oette campïtgne de 1809, est une
des plus inCMQpIètes , parce que les matériaux
manuscrits ou publiés, inanquaieut ii ses rédac-
teurs- Akisi on peut considéwr <ceUe époque
de nos guerres, comme à |>eu |H^ès inconnue et
n'ayant pas encore été traitée.
Beaucoup de grands personnages pré4>areBt
leurs mémoires , quelques-uns avec des dépenses
et des travaux «oasidér^des. Ayant .k .amanger
leur Conduite politique avant et après l'Empire,
il est difficile que l'intérêt personnel n'exerce pas
quelque influence sur la vérité ou rex,positiori
hyGoogIc
XX IWTRODCOTIOM.
des faits. Napoléon nous a prévenus lui-même
des dangers que sa mémoire pouvait courir, io-
dépendamment a des fables et des mensonges
■ des grands intrigans par les révélationST
» les porte'/euilles, les assertions même de ses
> ministres honnêtes gens, qui auront à don-
V ner bieu moins ce qui était que ce qu'ils
> auront cru Ijeur portion spéciale n'était
» que des éléraens du grand ensemble , qu!ils
» ne soupçonnaient pas Comme ils sont plu^
■n sieurs, il est probable qu'ils seront loin d'être
» d'accord (i) » Napoléon a dit aussi que ces
personnages , pour-la plupart distingués par leur
loyauté, et dignes du choix dont il les avait ho-
norés, pouvaient avoir été circonvenus et abusés
par les ennemis de la France, ftemarquons toute-
fois que Napoléon proteste d'avance; on sera peut-
être convaincu par la suite, que ce n'était pas
sans quelque fondement: Si dans les publications
déjà faites, ou dans celles qui pourront avoir
lieu, il se trouve quelque contradiction avec le
contenu de cet ouvrage, on voudra biwt obser-
(i) Mémorial de Stùnte-Hélènt, tom. vu, pag. 3i5.
hyGoogIc
INTRODUCTIOir,
ver que, n avançant rien qui ne soit prouvé par
des pièces authentiques, nous sommes autori^
à n'admettre comme authentïquement prouvé ,
que les feits appuyés de pièces.
Avant de parler de cet (Htvrage, des maté-
riaux avec lesquels il a été composé , de l'occa-
sion et de l'époque auxquelles il a été «ntreprî»,
il faut faire connaître son auteur. On veut savoir
dans quelle position s'est trouvé celui qui écrit
des mémoires historiques, les sources où il a pu
puiser, les sentimens qui l'animent , afin d'ac-
corder plus ou moins de confiance à ses asser-
tions.
Le général Pelet est entré au service en 1800,
comme sous-lieutenant dans le corps des ingé-
nieurs-géographes militaires. Occupé de travaux
topographiques et historiques jusqu'en i8o5,
il fut choisi, au commencement de cette cam-
pagne , par te maréchal Masséna , pour être son
aide-de-camp; il resta jusqu'en janvier i8ia, au-
près de cet illustre guerrier, qui le traitait en
ami et l'appelait sonjils d'armes. Colonel en avril
181 1 , il fut nommé sous-chef de l'état-major de
l'aile droite de la grande armée en Russie,
hyGoogle
Xjtjl ISTRODUCTION.
commandée par le roi Jérôme, et reçut à Mo«-
cow le coeamandeoieiit du brave 48^ régiment
d'infanterie. Élevé au grade ^ général de bri-
gade, en avril i8i3, l'Empereur le plaça peu
après dans la vieille gaj^e. Chacun de ces
grades a été le prix de tes travaux , de se« ser-
vices , de ses blessures , sans intrigues ni r&-'
commandations d'aucune' espèce. C'est dans ces
difiSèi^ntes qualités, que le général Pelet a fait
toutes les campagnes de la grande armée en i8o5,
6, 7 , 9, 12, i3, i4, i5, celles dltalie, en 1800,
de Portugal, en 1810 et u.
A portée dans ces diverses positions , par ses
relations , et par le service dont il était chaîné ,
de connaître le secret et les détails des affaires,
le géaéral a tenu avec )>eaucoup de soin des
journaux très-étendue de ses campagnes , et qui
formait onze gros volumes (i). Ayant eu tou-
jours un goût très-vif pour son métier, il a étii-
(1) Peu de pei'sonnes ont eu coinmuaicalloii de ces joui''
nauK. Le géoéral Philippe île Ségur est le seul qui ait eu à sa
disposition , pendant quelque temps, les deux volumes de la
Campagne de HuMie. Ces deux volumes perdus en partie h
Krasooé , avaient été rétablis en arrivant sur la Vistule. Les
hyGoogle
IMtBODDCTlOIf. ■ xxill
dié avec iinç coostaote application le système
de guerre tje Kapoléon. Admis assez souvent
auprès de sa p^souue, et honoré de sa part de
quelque confiance , il a été chargé par lui de
heauçpup de reconqaissances et de plusieurs tra-
vaux. Coipme ingénieui^géographe en Italie, les
levers et surtout l'historique des batailles de
la mémorable campagne de 1796, et de 97, lui
furont confiés de 1801 à i8o4> Depuis cette épo-
que, ils^ont conservés au Dépôt de la Guerre,
ainsi qu'un grand nombre d'autres mémoires
militaires du général Felet (i). L'Empereur té-
moigna, à Milan, une haute satisiaction de la
manière dont avait été accompli ce travail , au-
quel il mettait beaucoup de prix. Dès lors le
jeune ingénieur se livra tout entier à sa double
Tocfttjon , de f^re la guerre et de l'écrire; il se
jouroaux de chaque campagoe qui ont servi à la composition
de ces Hémoires , senmt représentés aox peisonnes qui dési-
reraient ks voir. Ces journaux , en retraçant lea hits avec
exactitude , ont- au^i l'avantage de pr^s^tcr les s^timem
et U couleur du moment.
(1) Le général a fourni à ce dépdt, depuis i8o3 jusqu'à
1S19, des renseiguemens particuliers et des matériaux pour
\v grand travail historiq^ qu'on y préparait.
hyGoot^le
XXIV IMTBOBCCTION.
regarda comme destiné à tracer les mémoires de
nos grandes campagnes. Pendant les opéi^ations
U écrivait son journal , et recueillait des maté-
riaux. Dans les armistices , il rédigeait ses mé-
moires. Ainsi il préparait ceux de i8o5, à Na-
ples; de 1806 et 7,3 Prasnitzet Wizna; de 1809,
à Znaim; de 1812, à Anvers; de ï8i3, sur le
Rhin ; de 1814, à Montargis; de i8i5, à Gueret.
Depuis son entrée au service, il n'a donc cessé
de s'occuper de l'histoire de nos guerres. Sous
l'Empire , il a eu les plus grandes facilités pour
puiser de tous côtés, et pour réunir tes pièces
nécessaires à ce grand travail. Alors il a eu com-
munication des matériaux déjà préparés dans
le cabinet de Napoléon, de la correspondance
militaire avec le major-général, avec les maré-
chaux , les commandans en chef, etc. Depuis ce
temps , il n'a négligé ni dépenses ni soins pour
recueillir toutes sortes de matériaux, en France
ou chez l'étranger. Il a étudié les divers pays ,
les champs de bataille, le terrain dés opérations
les plus étendues. Il en a eu aussi de fréquentes
occasions, dans les reconnaissances qui lui ont
été confiées à toutes les époques. Ses journaux
hyGoogIc
IWTIlODCCTIOTr. XXV
et ses porte-feuilles sont remplis de ces différentes
pièces. Comme sdde-de-camp du maréchal Mas-
séna, et chargé de son travail militaire, il a eu
-à sa disposition, pendant la campagne et pen-
dant l'armistice de i8og, la correspondance
-du maréchal , qui dans ces mémoires se trouvera
plus souvent citée. La relation de cette cam-
pagne devient fort intéressante par le grand
rôle qu'y a joué le maréchal , par son séjour dans
111e de Lobau , et par le service des reconnais-
sances et des expéditions sur le Danube et
ailleurs, qui était confié à son aide-de-camp.
Quelquefois celui-ci sera forcé de se citer; mais
la part qu'il a prise aux evénemehs donnera plus
de garantie à ce qu'il avance-
Les sentimens de l'auteur, doivent ajouter
-quelque poids à son témoignage; ils prouveront
qu'en cette cause il est désintéressé personnelle-
ment, autant qu'un bon citoyen peut l'être dans
ce qui concerne son pays, un soldat dans ce qui
regarde son général. Pendant sa première jeu-
nesse, imbu des leçons de l'antiquité, il était
peu porté pour le " gouvernement d'un seul ;
comme aide-de-camp du maréchal Masséna, ses
hyGoogIc
XXVI INTRODVCTIOH.
rebitiomp étaient plutôt contraires que favorable»
à toiut ce qui tenait à la conr intpériale. On peut
dire qu'en entrant dans le monde, à mesure
qu'il a mieux connu les bommes et les cboses,
il a été vaincu par l'ascendant d'un grand génie,.
par l'éclat de tant de gloire, par l'étude même
qu'il a faite de l'un et de l'autre. Plus il avançait
dans cette étude, plus son dévouement augmen-
tait, sans qu'il ait été à même de le Ëiire écla-
ter d'une manière saillante. Il n'a pu même
attribuer la bienveillance que lui a témoignée
Napoléon» qu'aux suites de deux vires et lon-
gues discussions qu'U e^t avec lui en i8i i ,
dans une occasion assez remarquable, et qui.
furent aussi honorables pour l'un que pour l'au-
tre. Au commepcement de sa carrière, il a été
pendant long- temps desservi. Entré en qualité
de général dfins la vïeille-gafde, par suite de
s^s blessures et de ses ^rvices, au moment
où elle commençait à se battre et à se dé-
vpuer tous les jours, il n'y a reçu ni titres,
ni dotatioiis, ni décorations, ni avantages d'au-
ci|ne sorte , que rineigne honneur d'être choisi
pour commander dans un tel corps, et d'y èti'e
hyGoogle
IXTRODUCDOK. XXVll
traité avec beaucoup de distinctioB. X^ général
se plaît à faire cette déclaration , parce qu'on a
trop dit que, dans l'armée impériale, on était
accablé de récompenses. Il est aujourd'hui- c«
qu'il était aux batailles de Dresde et de Leipsick
où il fut blessé. Il a assisté depuis, en i8i4 et
1 8 1 5 , à bien d'autres a&ires , à la tète des chas^
seuTi à pied de la Tieille-garde, et a été chargé ,
alors et plus tard, de nombreux travaux.
L'auteur ne se présente pas comme entière-
ment impartial, quoiqu'il ait commencé par être
dans les rangs opposé». Mais plus il s'est senti
d'admiration et même d'affection, plus il s'est
efforcé de les Ëiire taire ; plus il a voulu exa-
miner et approfondir les matières qu'il traite-
Ainsi il a tout consulté, pour cette campagne
comme pour les autres : il a entendu des hom-
mes de tous les rangs et de tous les pays; il
a 'discuté leurs assertions, les a pesées, et
jugées. Il parle maintenant avec une pleine
conviction, avec la loyauté d'un soldat sans
reprodies, avec la conscience de l'homme d'hon-
neur. S'il a erré dans la scrupuleuse recherche
de la vérité, il manifeste du moins ses sentimens
hyGoogIc
XXVni HfTBODlICTIOTI.
assez hautement, pour que chacun puisse se
teuir en garde contre ses jugemens.
Le général Pelet est bien éloigné de la préten-
tion d'écrire l'histoire; il en prépare les maté-
riaux. Au goût qu'il a toujours eu pour ces tra-
vaux, aux encouragemens qu'il a reçus jadis,
sont venus se joindre plusieurs motifs qui ont
^îontribué à le déterminer. Il est profondément
convaincu que les annales de l'Empire, qui
a été une époque toute militaire, un perpétuel
combat entre la coalition et la France, ne peu-
vent être débrouillées que par un homme de
guerre. Effectivement, il faut avoir vu de bien
près beaucoup d'événemens et de personnages,
avoir manié des troupes, et couru les chances
si multipliées des combats; il faut avoir long-
temps étudié le terrain, la tactique, la guerre,
les hommes, pour découvrir et apprécier le nœud
et les véritables circonstances . des . affaires , la '
conduite des divers partis et leur situation réci-
proque , les plans et les dispositions, les prétextes
et les motifs réels de chacun. Nous voyons que
l'histoire des guerres écrite chez les anciens ou
chez tes modernes, par des hommes étrangers à
hyGoot^le
IIÏTRODDCnOIf- XXIX
Tart militaire, fourmille d'erreurs et de faux ju-
gemens, sur les causes, les résultats, enfin sur
les faits eux-mêmes. Il ne saurait en être autre-
ment, lorsque tous les historiens ont déjà tant
de peine à démêler la vérité, au milieu des exa-
gérations, des mensonges et des contradictions
des partis. Plus les guerres sont longues et com-
pliquées, leurs théâtres étendus, leurs intérêts
grands et entremêlés d'intérêts particuliers, plus
il est ditBcile de pénétrer dans ce dédale. L'é-
poque de l'Empire est pleine de ces complica-
tions, qu'un homme de guerre seul peut espérer
d'éclaircir et d'évaluer.
Un des grands obstacles que rencontrera
rhistorien, est le défaut de connaissances pré-
cises sur Napoléon, loué avec exagération pen-
dant sa puissance, blâmé avec une sorte de fu-
reur et de démence depuis qu'il a succombé.
En l'approchant de très -près, en l'étudiant
avec soin, plus sur les champs de bataillé où
. l'homme se montre à chaque instant, que dans
les cours -où on le découvre si difEcilement;
l'auteur croit avoir depuis long-temps appris à
connaître sa personne^ son caractère et surtout
hyGoogle
XXX iHTRODDCTION.
ses systèmes de guerre. Aidé de ces lumières, il
croit aussi avoir pu, mieux qu'iui autre, Ure
dans ses systèmes de politique.
On reconnaît généralement que l'histoire doit
être préparée et ■débattue en présence des ccm-
temporaîns. Ceux qui sont intéressés dans ses
récits, peuvent ainsi contredire ou rectifier les
assertions. De leurs réponses ou de. leur silence,
des débats qui s'établissent, jaillit la vérité. L'an-
teur, pénétré de ce priitcîpe, a désiré aussi
consoler et venger cette foule de braves, qui ont
accompli leur devoi^ avec tant dlionoeur, et aux-
quels on veut enlever le nïérite mêtne de lenm
actions, en attaquant la source de leur dévoù-
tnent. H a voulu défendre tant de hauts ïaits et
d'actions éclatantes, afin que l'Europe smhc que
nous sommes, encore dignes des grandes dioses
qu'elle admire , et que ce n'est pas malgré nous
et à notre insu, que nous y avons coopéné.
persuadé que la publication de beaucoup de
mémoires posthumes , justifiera Napoléon de
toutes les inculpations qui lui sont encore
adressées, il a désiré pour rh<»ineur du siè-
cle, qu'an milieu de tous les ouvrages qui
hyGoogIc
Introduction. xxxi
pLjrroBt atriver k une postérité plus ou moins
prochaine , elle trouvât la preuve, que jitstice à
été rendue à Ifapoléon de son telnps^ qu'il a
été jugé comme elle le jugera, et que l'ingrati-
tude et la légèreté n'ont pas été le défout de tous.
Tels sont les motiiEs qui ont déterminé la pu-
blication de ces Mémoires, commencés depuis
longues années et assez avancés dans leur ré-
daction. L'auteur avait voulu foire imprimer
«n 1808 la campagne d'Austerlitz; il éprouva
«les difficultés qui le forcèrent à y renoncer. De^
puis peu de temps M. le général Mathieu Dumas,
a donné, dans son excellent Précis, un extrait
de cette campagne, pour ce qui concerne l'ar-
mée dltaiie. Un autre extrait de la guerrte de
1809 a été inséré dans le Mémorial de Sainte-
Hélène. Ce précieux ouvrage l'annonce , comme
faisant ^rtie du Tableau sommaire des cam-
pagnes de Napoléon en Europe. "On verra par
ia différence de ces mot-ceaus , que le plan de
ces Mémoires a beaucoup varié. Il ne pouvait
en être autr«nent, au milieu de tant d'événe-
mens; mais leur esprit est resté le même. Dès
IVirigine , ce travail dftstîtié \ consacrer la
hyGoogle
XXXII ISTRODirCTIOIt.
gloire de nos armes, et à tracer les progrès de
l'art de la guerre, devait avoir une grande ex-
tension , être accompagné 3e cartes , plans ,
vues , etc. L'auteur a voulu ensuite le resserrer
dans un plus petit cadre, et présenter seule-
ment le Tableau de nos grandes campagnes. Mais
devant énoncer des faits nouveaux et combattre
souvent des opinions établies, sentant combien
peu d'autorité pouvait espérer un témoignage
isolé , il a dû s'entourer de tout ce qui pouvait lui
donner' dé la force. Alors il s'est décidé à publier
les Mémoires circonstanciés de chaque guerre de
Napoléon en Europe , et à les appuyer de preuves
qui semblent devoir produire une complète con-
viction. Rien effectivement n'est avancé dans cet
ouvrage, qui ne soit basé sur des ordres émanés
de Napoléon lui-même, sur sa correspondance,
sur des rapports , ou sur des pièces authentiques;
rien, qui n'ait été vu, ou fait par l'auteur, qu'il
n'ait appris de personnes émihentes et à même
(le connaître le secret intime des affaires; rien,
qui n'ait été soumis à une sage et raisonnable
critique.
I^es pièces qui concernent particulièrement
hyGoogIc
INTRODUCTION. XX&Ill
cette campagne de 1809, soDt en même temps
un corps de preuves et le plus beau monument
qu'on puisse élever à la gloire de nos armées,- et
le plus digne de leur chef. Quelques-unes pré-
sentent une extrême importance; tels sont les
ordres de Napoléon, sa correspondance avec lé
major-général , qui a été revue et complétée en
181 1 , i4 et r5 (j); celle du maréchal Masséna;
celle du maréchal Davout, dont on a obtenu
quelques pièces; celle du prince Poniatowski,
dont celui-ci a bien voulu faire part, en 1812 et
1% au général Pelet, que ce prince traitait alors
avec beaucoup d'amitié; celle du général Lari-
boissière, commandant l'artilierie de l'armée.
Cette dernière, fort intéressante pour les dé-
tails des ponts, est également honorable pour
celui auquel elle était adressée. Les relations
de l'auteur avec de grands personnages lui ont
procuré aussi des communications fort précieu-
(1) L'auteur a eu les pièces principales dans Hle de Lo-
bau; il a pu suivre avec elles l'exécution de ces ordres qui
ont maîtrisé les évéaeniens. Rien ne peut rendre les sensa-
tions qu'il éprouvait, lorsque son illusti'ç maréchal lui faisait
lire ces belles instructions, à mesure qu'elles lui parvenaient.
I. C
hyGoogIc
XXXIV mTBODDCTIOS.
ses. Quelques pièces de cette coUection ne pré-
sentent d'abord qu'un intérêt secondaire; cepen-
dant toutes ont semblé mériter d'être conservées,
comme matériaux de l'histoire militaire de no-
tre époque. Elles ne se trouvent nulle part réu-
nies; elles peuvent se perdre, ou, comme cela
n'arrive que trop souvent, être altérées et tron-
quées. Ces considérations ont engagé à publier
les pièces copiées à ces époques, en partie col-
lationnées depuis avec le plus grand soin. Elles
sont presque toutes inédites, à Texceptlon d'un
bien petit nombre, absolument nécessaires, d'un
intérêt majeur, renfermées d'ailleurs dans des re-
cueils que tout le monde ne peut consulter. Du
reste, on ne donne cellos-ci que par extrait, et elles
ne forment pas la trentième partie de la ct^ction.
L'auteur est loin de se dissimuler qu'en pu-
bliant ces pièces émanées de Napoléon, il re-
porte sur celles-ci l'intérêt et l'instruction, dont
il aurait pu enrichir son ouvrage. Rien ne
prouve mieux quels sont les sentimens qui l'ont
guidé, et l'entière abnégation de toute idée per-
sonnelle. Ces pièces seront surtout appréciées
par les militaires de toi)s les pays, et par les
hyGoogIc
tMTRODOCTlOlr. XXXV
politiques de l'étranger, qui verront comment
ils avaient été jugés, comment Napoléon avait
tout prévu et préparé à l'avance. Quelques peines
que se soit données l'auteur afin de compléter sa
collection, il sent que beaucoup de matériaux
importans lui manquent encore, pour cette cam-
pagne, et principalement pour les autres. Il re-
cevra avec la plus vive reconnaissance ceux qu'on
voudra bien lui communiquer.
L'auteur s'est proposé d'écrire pour toutes les
classes de lecteurs; il a supprimé les détails pure-
ment militaires et les questions théoriques, ou il a
tâché de les mettre à la portée de tout le monde.
Il a pu néanmoins se laisser entraîner, dans un
sujet qu'il aime, pour quelques parties qu'il a
considérées comme précieuses. Voyant aussi la
conduite mihtaire de l'Empereur, jugée presque
toujours avec une excessive partialité, le trouvant
en cette circonstance aux prises avec le seul gé-
néral qu'il r^arde comme digne de lutter conbt;
lui , il a cru plus nécessaire de discuter les mou-
vemens des deux adversaires.
L'auteur s'était proposé de joindre aux cam-
pagne» de Napoléon, un exposé de sa tactique
hyGoogle
XÏXVI IHTRODUCTIOW.
et de 50Q système d'opérations straté^ques. Il
voulait en même temps marquer les grands per<
feclionnemens que Napoléon avait opérés dans
l'art de la guerre, et en donner Tbistoire à cette
époque, la plus brillante de tous les siècles.
Cette partie doit être séparée des Mémoires ac-
tuels ; il 4a présentera un jour sous ime forme
didactique, autant que le comporte le sublime
de Tart. Il discutera les diverses méthodes de
tactique ou de stratégie, qu'on a voulu opposer
à celles de Kapoléon, et qui ont été, comme
nous le verrons, plus ou moins copiées dans
la série de ses opérations. L'auteur dévelop-
pera les dé&uts de ces systèmes; il cherchera
à établir la véritable situation d'une science,
qui a été l'étude et l'exercice de toute sa vie.
Mais auparavant il faut constater les faits et les
rectifier; il faut démontrer leur évidence. En-
suite on fera tomber ces frêles écha&udages,
ces théories vaines et sans nulle solidité. Alors
l'auteur répondra facilement aux objections qui
ont pu ou qui pourraient être élevées contre la
conduite militaire de Napoléon.
Cependant le général, ayant adopté son nou-
hyGooglc
IHTRODUCTJOir. XXXVII
veau plan, croyait avoir le loisir de terminer,
dans son ensemble, cette inunense collection, et
dy donner tous ses soins pour la rendre moins
indigne du sujet. Qui pouvait penser qu'on au-
ratt encore à défendre notre gloire militaire, et
que l'animosité ne serait pas désarmée par tant
de malheur? Mais nous voyons paraître des ou-
vrages, où sans respect pour les Français dont
quatre millions élevèrent Napoléon sur le trône,
et pour l'Europe qui, pendant si long-temps, s'est
soumise à ses lois, sans respect pour eux-mêmes
qui l'ont servi avec tant d'ardeur, des écrivains
traitent ce grand capitaine d'une manière qui
est désapprouvée même par ses anciens ennemis.
Us présentent cette époque de 1 809, comme celle
de la décadence de l'art ; et ils avancent qu'après
Tilsitt, Napoléon aspireUt à descendre. On ne
peut autoriser par le silence de telles assertions ,.
et leur laisser le temps de produire de l'eiFet sur
les esprits Êtibles. II a donc &llu les combattre;
il a £eiUu dès lors se décider à publier ces Mé-
moires dans Vétat où ils se trouvaient, et com-
mencer par cette campagne où suivant ces écri-
vains, Napoléon n'était plus lui-même, tandis
hyGoogIc
XXXVllI IITTRODCCTION.
qu'il venait de déclarer qu'elle comprenait ses
plus beaux triomphes.
Ces tnoti& ont'pani à l'auteur assez puissans
pour l'engagera précipiter la publication desMé-
-moires de i8og. Il s'est hâté de les terminer. Le
temps lui ayant manqué pour les perfectionner
et les corriger, ib sont loin d'avoir acquis la ma-
turité convenable. L'auteur ne se dissimule aucun
de leurs débuts, ils auraient eu besoin d'être
remaniés avec soin. Mais comme ces Mémoires
contiennent des Ëiits peu connus, des assertions
qui peuvent paraître hardies à quelques esprits,
et qui seront peut-être contestées; comme ils
établissent en quelque sorte les fondemens de
l'histoire et de la politique de l'Empire; comme
ils les présentent sous un point de vue entière-
ment nouveau; l'auteur .s'est cru obligé à éten-
dre ses développemens, plus qu'il ne l'eut feit en
toute autre occasion , et qu'il ne le fera dans
les autres campagnes. H a mieux aimé hasarder
quelques répétitions que de retrancher des cho-
ses utiles. Il a consulté des hommes éclairés et
sages qui lui ont dit : ■ Il faut publier les Mé-
V moires tels qu'ils sont; il est temps d'opposer
hyGoogIc
lirTHODDCnoM, XXXIX
» une digue à ce torrent d'absurdités et de ca-
«totnnîes, qui déborde joumeitement. L'auteur
D doit immoler à la nécessité d'uDe prompte pu-
nbUcation, les vaines satis&ictions de l'amour-
» propre, u L'auteur' suit ce conseil, qui était
entièrement d'accord avec sa manière de voir (i).
Devenu étranger depuis tant d'années à la cul-
ture des lettres; s'étant occupé sans aucune dis-
traction du métier de la guerre et de l'étude de ses
diverses branches; l'auteur ne parle pas de son
(t) Ces Hémoires ne »oat pas accompagnés tle cartes et da
plans, pour ne pas en augmenter le prix, et parce que l'au-
teur tronre préférable de ne pas en donner, si on n'y porte
cette perfection dont tant d'ouTrages sont maintenant fort
éloignés. U possède pour cette campagne et pour les autres ,
beaucoup de matéiiaux topographiques, auxquels il a travaillé
lui-même. Un jour il pourra réparer cette omission. Il s'est
servi des cartes gravées dont le nom suit r V Allemagne ou
JUiael-£uivpa, de Gottliotp-, V Allemagne de Wejmar; la
Souabe et le Tyrol du Dépôt de la guerre français ; la Bavière
da bureau topographique bavarois; XAatriche de l'état-major
autrichien, et celle de Louis Schmidt; \a Moravie Ae Joseph
Bayer; la Hongrie de Lipsky; la carte administrative du
royaume d'Italie ; celle du pays vénitien de Zach ; les grandes
cartes de Pologne , de Sohème....
hyGtx")^le
XL IMTHODUCTJOW.
&tyle, quoique sur cet article un soldat ait tou>
jours besoin de quelques excuses.' Mais lorsque ce
soldat dit la vérité, lorsqu'il parle selon son hon-
neur et sa conscience, avec des sentimens dignes
de lui, son style est toujours assez bon. Quelqu'un
a dit de César : Eodem emimo beUavit quo scripsit.
Heureux celui dont on pourrait en dire autant!
Tel doit être le style d'un homme de guerre; fort
de choses plutôt que de rhétorique. IJi véritable-
ment il est l'homme, puisqu'il se montre avec
moins d'apprêt.
L'auteur a le projet d'écrire toutes les cam-
pâmes de Napoléon; cependant, comme il peut
être interrompu au milieu de ses travaux, il
proteste d'avance contre les jugemens portés
sur ces campagnes dans les ouvrages déjà pu-
bliés. Après avoir feit les grandes guerres, après
les avoir étudiées, il déclare que, si toutes ne
sont pas aussi brillantes que celle de i8og,
toutes du moins, même les plus malheureuses,
sont dignes de la haute renommée de Napo-
léon, et au-dessus de tout objet de compa-
raison. Elles ont été mal jugées, parce que
les projets et les détails ont été peu connus.
hyGoogIc
iNTSODUcrioir. xli
mal présentés, et souvent dans des intentions
bostiles.
L'auteur est bien éloigné de vouloir ofFenser
personne. Si quelquefois il a émis des jugemens
rigom^ux, il s'y .est vu obligé par la manière
injuste dont on a traité !Napoléon , afin de faire
valoir certains personnages. Il a donc été forcé
de faire remarquer d'un côté ce qui était grand,
de l'autre côté ce qu'il y avait de blâmable.
Quelques contemporains pourront se plaindre
de voir leur conduite mise en évidence, et en
«i^sitioii avec celle du grand bomrae, mais
on a pensé que pleins de vie, possédant presque
tous l'avantage des grandeurs et de la fortune,
contre celui qui a succombé sous le poids de
tant d'adversités, ils avaient tous les moyens
de faire connaître la vérité. Du reste, elle est
le premier devoir de l'historien; mais on a
cherché à concilier ce qu'elle réclame, avec
les égams dus aux contemporains (i). Dans ces
publications, l'accès sera toujours ouvert aux
justes réclamations qui viendraient de France
(i) ■ Quis ncgat prïmam esse historici l«gem, Dcquïd faUi
■ dicerc audeat, ne quid vcri non audeat ? • Ctc. , de Orat,
hyGoogIc
XUI IITTBODUCTIOir.
OU de l'étranger; elles seront mentionnées dans
les Campagnes suivantes.
Le général Pelet a pris pour épigraphe de la
Collection de ses Mémoires, ces mots qui expri-
ment les sentimens les plus chers à son cœur:
Honneur et Patrie, devise de la noble légion où
il a été placé pour la première fois, il y a dix-neuf
ans, et dont il a été nommé conmiandant sur le
champ de bataille de Dresde. On a un peu abusé
de cette belle épigraphe; l'auteur était d'abord ar-
rêté par cette considération. Mais il y est revenu,
parce que ce qui est grand reste toujours grand ,
parce qu'il A pensé qu'après tant de révolutions
et de changemens, après tant de situations criti-
ques et dif&ciles, où les hommes marquans se
sont trouvés, il n'était pas si ordinaire de pou-
voir arborer hautement cette devise sacrée , Hon-
neur et Patrie! Elle sera la plu* sûre garantie des
sentimens et du travail de l'historien, comme
elle a été la règle de toute sa vie.
Lorsque l'auteur voulait écrire le Tableau des
guerres de Napoléon, il avait laissé les noms
primitifs des généraux, afin qu'on ne vît pas
dans deux volumes les mêmes hommes en chan-
hyGooglc
urTfiODUCTioir. xliii
ger jusqu'à trois fois. Quand il s'est décidé à pu-
blier des Mémoires séparés, il a laissé ces noms
qu'il regarde comme aussi honorables et souvent
plus que les autres, afin de ne pas refondre son
travail, et de ne pas surcharger les phrases de
cet embarras de titres. L'auteur cédait peut-être
à l'entrainemeut de ses opinions personnelles;
car il a constamment réduit à leur plus simple
expression, les vains titres, lorsqu'ils stuit dé-
pouillés de hçuts mérites. Il s'en est tenu éloi-
gné, ayant toujours regardé comme le plus bril-
lant, celui des grades militaires acquis au prix
du sang versé pour la patrie. Mais Napoléon était
forcé de prendre les hommes tels qu'il les trou-
vait (i); vainement aurait-il voulu &ire de nous
des Romains ou des Grecs. Assez d'événemens
ont prouvé qu'il n'avait ni mal jugé ni traité sé-
, vèrement notre nation, qui auprès de lui s'affer-
missait dans sa grandeur. Obligé de se conformer
à l'esprit du temps et aux Éiiblesses de l'huma-
nité, il avait consacré le souvenir des actions
(i) ■ Impentunu hominibus, qui nec totam libertatem
■ pati poeront, nec toma acrrimteip. » Tic, /Dû/. /.
hyGoogIc
XLIV IKTBODOCTIOW.
éclatantes, en imposant de nouveaux devoirs; il
avait opposé, au prestige non détruit des illus-
trations qui remontaient aux croisades, les gloi-
res plébéiennes appuyées de services éminens,
et accompagnées de prodiges réels vus de nous
tous.
C'est un devoir pour l'historien et pour le
soldat de proclamer les sentimens qui animaient
la vieille armée, en face de ceux qui, les ayant
partagés, y sont restés fidèles, et de ceux qui les
oublient, ou qui les attaquent. Ces sentimens, et
les motifs qui les faisaient naître, seront auprès
de la postérité un irrécusable témoignage de ce
dévoûment sans bornes mais éclairé, et une suf-
fisante excuse de cette admiration excessive pour
un grand homme, sans lesquels nous n'eussions
été que d'avides stipendiés ou de méprisables
machines. Car il faudrait que ceux qui pendant
tant d'années, avec une telle ardeur et une telle .
persévérance, ont suivi et secondé l'Empereur,
dans cette carrière d'expéditions périlleuses et
lointaines, ou même dans ses gigantesques tra-
vaux civils et politiques, eussent été les derniers
hyGoot^le'
INTRODDCTIOrr. XLV
des hommes, si Napoléon, à leurs yeux, n'en
avait pas été constamment le premier, s'ils avaient
cessé un instant de croire qu'ils travaillaient avec
lui pour le bien de la France (i). Que ceux-là
puissent au moins réclamer l'honneur d'être
les fidèles défenseurs d'une glorieuse adversité,
qu'on n'a pu voir à aucune époque, et qu'on ne
verra jamais, parmi les courtisans de la puis-
sance et de la fortune!!!
« Maxime solutum, et sine obtrectatore fuit,
» prodere de iis quos mors odio aut gratia exe-
»raisset» Tactt.^ jinn. 4.
5 mai i8:i4-
(i) Qu'auraient été sons cela les Tribuns qui ont élevé l'Em-
pereur sur le pavois, les Sénateurs qui volaient au-devant
de ses vœus, les Ambassadeurs qui l'ont représenté dans
toutes tes cours étrangères, les Prélats qui l'encensaient et
le bénissaient, les Maréchaux qui briguaient ses lîeute-
aances en sous-ordre , les Ministres qui l'ont servi si long-
temps..... ?
hyGoogIc
hyGoogIc
CAMPAGNE
DE 1809.
CHAPITRE PREMIER.
COALITION DE l'eDROPE PERMAWENTK CONTBB
LA FfiAirCE.
ïia coalitîoii des souTeraiiu et de l'oUgarchie contle la révolution
française a comioencé en 1791. — Soobntest deToilé par la note
du 19 janvier 180S. — Napoléon s'occupe de maintenir la paix
en Europe, et de goérir les maux de la révolution, — L'Angle-
terre, chef de la coalition, suscite les guerres de 180S et 6, — Le
CODUnent est battu, mais l'Angleterre reste victorieuse sur 1rs
mers. — Les destinées de l'Europe dépendent de la mort de Pitt
et de Fox. — Napoléon, vainqueur de l'Autxichçet delà Pituse,
accorde deux fois la paix, et dirige le traité de Tilsitt contre les
Anglais. — L'Autriche, laissée trop forte à Presbourg, arme en
1806 et ;.
J-ja coalition de l'Europe contre la France n'a
cessé d'exister, soit ouvertement de la part de
toutes les puissances, soit dans le secret des
I. I
hyGoogle ,
cabinets et au fond du cœur de la haute aristocra-
tie, depuis 1791 jusqu'en 181 4; époquç où ses
desseins ayant été accomplis, elle ne s'est plus
occupée, sous un nouveau nom , que de conso-
lider son triomphe. La sainte alliance a proclamé
hautement pendant la guerre, et dans son traité
de novembre i8i5, les principes qui, avec plus
de mystère, avaient servi de base à la coalition ,
surtout depuis la fin de i8o4-
L'Angleterre fut l'âme et le chef de la coalition
contre la France; elle s'est maintenue jusqu'à la
6n de i8i5, en état permanent d'hostilités. Ri-
vale de nos prospérités, notre ennemie de tous
les temps , ne pouvant exister que par notre abai s-
sement , soiunise elle-même depuis un demi-siècle
à l'influence de son oligarchie ; l'Angleterre me-
surait par les progrès qu'elle avait faits depuis
sa révolutiop , le développement que nos nou-
velles institutions allaient donner à la marine, au
commerce, à l'industrie, à l'administration, tout
l'accroissement de forces que notre belle France
devait en retirer. Dès lors elle nous jura \aguerre
perpétuelle, qui a été avouée dans ses discus-
sions parlementaires. Elle prit à sa solde les
puissances de l'Europe; elle tarifa tous les cabi-
nets et toutes les influences. La guerre se fit
hyG octale
(3)
constamment pour son compte; et les attaques
particulières du continent, ne furent que des
épisodes de la lutte . entre ces deux anciennes
rivales.
Il serait bien aisé de prouver que dès 1789,
depuis que les intérêts de l'aristocratie ont été
menacés dans tous les pays, elle s'est coalisée
aussi contre les droits des peuples-, qu'elle n'a
cessé d'attaquer par toutes sortes de moyens, la
France nouvelle, centre et foyer des institutions
populaires. Dans ces momens de danger, les classes
privilégiées s'étaient réunies à la ligue des minis-
tères qui , sous l'influence de l'Angleterre , domi-
nait les cours de l'Europe ; qui a constamment
soutenu la coalition des souverains, et lui a im-
primé sa politique tenace et implacable contre la
France; qui dirige encore ses projets contre les
droits des nations: Mais le danger passé, ces clas-
ses privilégiées qui ne voient qu'elles dans l'Etat,
qui ne travaillent que pour elles, se sont bientôt
séparées des ministères, annonçant leurs pré-
tentions anciennes et nouvelles; réclamant leur
représentation isolée et leur part active dans les
gouvememens ; si bien que dans certains pays,
on les craint maintenant autant ^t plus que les
masses du peuple. C'est par ces classes que la
hyGoogIc
(4)
révolution doit atteindre un jour les régimes ab-
solus.
Avant d'en venir à des hostilités déclarées,
l'Angleterre avait commencé dès 1 7 89 cette guerre
sourde que, par ses émissaires et par tous les
moyens de corruption, elle a faite à la France et
à tous ses gouvememens, même à celui de l'infor-
tuné Louis XVI, qui en est tombé victime. Les
autres puissances envoyèrent successivement
leurs agens à Paris et dans les provinces ; l'aristo-
cratie de France et de l'étranger y joignit ses in-
trigues et ses influences; le sacerdoce ses intérêts
particuliers et sa toute-puissance : ainsi fut for-
mée cette ligue générale contre les justes récla-
mations des peuples. C'est aux menées des émis-
saires de l'étranger, que les divers partis réunis
en ce point seul , ainsi que les mémoires des per-
sonnages les plus opposés, attribuent les excès
et les crimes de la révolution. L'Angleterre s'atta-
cha surtout à détruire notre marine, dont Louis
XVI avait été le re^iaurateur, et ce corps de
marins qui venaient de l'humilier, qu'elle a sacri-
fiés en masse. Les classes privilégiées voulaient
reconquérir les droits de leurs pères ou de leurs
devanciers. Les puissances du continent désiraient
donner à nos dépens, de fortes leçons à leurs peu-
hyGooglc
(.5)
pies, et airéter par l'exemple des excès de la dé-
mocratie, les rapides progrès cjue ses théories
faisaient en Europe. Tous jusqu'à ce moment,
semblent avoir réussi dans ces projets, qui n'ont
pas été un seul instant perdus de vue. Mais leur
triomphe est-il assuré à jamais? et en resserrant
cet impétueux torrent , qui roule ses flots à pleins
bords, au lieu d'élargir son Ut et de régulariser son
cours, ont-ils prévenu ses ravages dans l'avenir?
Nous proposant de donner successivement
toutes les campagnes épisodiques de la grande
guerre de l'Angleterre et de la France, nous pu-
bltcms celle de 1 809, dont la rédaction est la fias
avancée, et dont nous avons à peu près complété
les matériaux. Nous reviendrons ensuite sur les
guerres antérieures. Mais avant de commencer
le récit de cette campagne , il est absolument né-
' cessaire de jeter un coup d'œil sur la situation
générale de l'Europe à cette époque et un peu au- '
paravant, soit sous les rapports de la politique,
soit sous ceux des opinions en général; parce
que cette situation a eu la plus grande influence
sur le plan et la conduite des opérations militaires
et insurrectionnelles de la coalition, eu 1809 et
jusqu'en i8i4; surtout parce qu'elle nous paraît
avoir été mal présentée jusqu'à ce moment.
hyGoogIc
(6)
Le but constant de la coalition n'était un mys-
tère pour personne, quelque soin qu'elle prit de
le cacher; mais il a été entièrement dévoilé en
i8i5, parla publication de cette Êuneuse Note
du 19 janvier i8o5, qui n'est pas assez connue, et
qui a étéla base de la diplomatie de notre époque.
Il a été également constaté par les actes qui l'ont
immédiatement précédée et suivie. Ce but était
l'abaissement de la nouvelle France; le démem-
brement des provinces réunies par des traités,
surtout vers les bouches de l'Escaut et de la Meuse ;
le renversement de la dynastie impériale et de
toutes les institutions de la révolution, dont cette
dynastie était la plus sûre garantie; partout le
rétablissement le plus complet possible, et le
raffermissement de l'ancien ordre de choses.
C'étaient là les conditions irrévocables imposées
à la France; aussi n'a-t-elle pu obtenir de la coa-
lition que des trêves momentanées; jamais une
paix générale et stable.
Napoléon avait succédé à la révolution ; il vou-
lait apaiser ses orages, consacrer ses bienfaits,
mettre en oeuvre celles de ses améliorations qui
étaient exécutables ; il la régularisait et l'organi-
sait. La ligue des souverains et de l'aristocratie
voyait mieux que la, France, comment lui seul
ih.Googlc
■ (7)
pouvait obtenir el étendre ce grand résultat;
mieux que nous elle calculait les moyens et les
positions réciproques. Apercevant bientôt qu'elle
n'avait affaire qu'à un seul homme, qui de tant
de manières pouvait être atteint, dont la vie était
nécessairement limitée , tandis que l'existence de
la coalition se perpétuait comme celle de toutes
les associations ; elle était définitivement assurée
de la victoire dans l'avenir, et n'avait à combattre
que la consolidation ou les progrès du régime
impérial; Un peu de temps gagné, un demi-suc-
cès, un obstacle quelconque opposé, étaient pour
elle un triompbe. Dès lors elle ne s'occupe plus
que de dénaturer le caractère et le système de
Napoléon ; d'isoler de la France et des nations
■européennes, le défenseur de leurs droits; de lui
susciter toute sorte d'oppositions. Indifférente sur
le choix des moyens, pour assurerdes prétentions
qu'elle regarde comme sacrées, la coalition s'atta-
che tout entière à la perte d'un seul homme; elle
voue à ^Napoléon la guerre viagère^ cette guerre
perpétuelle et d'extermination, que Pitt n'avait pas
craint de proclamer en plein parlement, à la &ce
de l'univers; et qui depuis n'a eu ni relâche ni
trêve. Napoléon attaqué à chaque instant par la
coalition , au dedans par les complots , au dehors
hyGoo^le
(8)
par les années, forcé à la vaincre pour l'af^blir,
se vit contraint d'établir dans l'intérieur une dic-
tature permanente contre des dangers sans cesse
renaissans , et à l'extérieur d'arranger son ter-
rain pour sa défense future. Il ne lui fut pas donné
cependant de connaître toute l'opiniâtreté de ses
ennemis; il espérait ramener les souverains par
ses victoires, par les paix accordées et par les in-
térêts qui lui étaient communs avec eux. Tou-
jours obligé de combattre et de vaincre, il vou-
lut profiter dé sa nouvelle puissance pour fonder
en Europe la paix générale : il voulut aussi la
consolider à jamais, en établissant une nouvelle
balance des Etats; en opérant la réorganisation
politique d'une partie du territoire , par des insti-
tutions conformes aux progrès del'esprit humain,
et par la réconciliation des peuples avec les trônes
existansi Toujours la coalition lut inflexible. Lors-
que les souverains cédaient; l'Angleterre mainte-
nait la ligue de l'aristocratie. Elle a fini par l'em-
porter; et la guerre à mort a été poussée jusqu'à
sou terme.
Ainsi sous l'Empire et jusqu'en 1 8 14, c'était en-
core la guerre réelle de la révolution qui se con-
tinuait ; d'un côté on combattait pour le renver-
sement de tousses principes, de l'autre pour leur
hyGoogIc
(9) .
conservation et leur établissement, autant que le
comportait l'état des esprits et des mœurs, les
besoins de l'humanité et la situation des divers
peuples. Ces vérités ne sont pas assez connues. Le
voile épais dont on s'est efforcé de les couvrir sera
en partie levé , lorsque nous traiterons du com-
mencement des guerres de l'Empire ; et les preuves
se multiplieront avec abondance, à mesure que
nous avancerons dans le cours de cette histoire,
Les hjjmmes justes verront' alors combien ils se
sont laissé abuser; si déjà les faits n'ont parlé
assez haut pour les convaincre.
En 1804 l'Angleterre menacée sur son terri-
toire, où Napoléon allait chercher la paix , avait
aimé l'Europe entière contre la France. La note
du i^ janvier t8o5 et les articles secrets du traité
de concert, du 11 avril, servirent de base à la
ligue des puissances. Les projets contre la dynas-
tie impériale étaient encore enveloppés de mys-
tères; mais on a su depuis ce que les cabinets en-
tendaient par bouleversemens et usurpations. On
s'expliquait plus ouvertement sur le démembre-
ment de la Belgique ; sur sa réunion à la Hollande
rendue à la maison d'Orange, les places de la
Meuse , avec des garnisons russes et autrichiennes ,
devant servir de barrière contre nous; sur la res-
hyGOOglC ""^
. . ( lO )
titution de Nice et de la Savoie au PîéiuoDt; enfin
sur la cession de Lyon au roi de Sardaigne : ce
dernier' article est du reste moins constaté que
les précédons. Mais aussi ne savons- nous pas
jusqu'où l'Autriche poussait ses prétentions sur
celles de nos provinces, qu'elle appelle encore
des démembremens du SaUit-Empire, L'Angleterre
promit tout l'argent qu'on lui demanda; mais n'en
donna que ce qu'il fallait pour mettre aux mains
les puissances du continent. L'Autriche et la Rus-
sie étaient en ligne de bataille ; la Prusse allait s'y
mettre. Les plans de campagne des trois puis-
sances continentales furent discutés; et tous sont
connus maintenant. Naples, Rome et le Portugal
se déclaraient pour la coalition ; l'Espagne s'y pré-
parait sourdement, pendant même que ses esca-
dres combattaient avec nous. Ainsi la coalition de
l'Europe était sous les armes en i8o5, depuis la
Baltique jusqu'à la Méditerranée. Dès le commen-
cement de la guerre, son aile gauche fut presque
détruite à XJlm et à Austerlitz. L'Autriche ayant
perdu son territoire et ses armées, sacrifiée par
ses alliés, dut sa conservation à la générosité et
aux vues élevées de son vainqueur. La Russie de-
manda par écrit et obtint un saiif-conduit , pour
retirer du champ de bataille son armée battue et
hyGoogle
( ,1 ) .
dispersée; mais le danger passé, elle éluda la con-
clusion du traité. La Prusse dont les troupes
étaient déjà en Franconie, et dont l'adhésion à la
coalition , depuis le commencement de i8o5 , est
assez prouvée , se déroba à nos coups par ses né-
gociations, et en échangeant quelques cantons
de son territoire contre le Hanovre , dépouille de
l'un des coahsés. Le continent était vaincu; mais
l'Angleterre restait victorieuse sur toutes les mers.
Aidée des tempêtes et secondée par l'inhabileté de
notre amiral, peut-être par la perfidie de notre
allié, elle avait détruit à Trafalgar ces escadres
qui menaçaient son existence. Seule elle re-
cueillait les fruits de cette troisième guerre de la
coalition; et regagnait, par les profits de son
commerce ,J)ien au-delà de ce qu'elle avait- sa-
crifié en subsides pour le continent. D'ailleurs
chaque désastre que celui-ci éprouvait était, en
définitif, un succès pour l'Angleterre, ennemie
obUgée-de toute puissance continentale.
La mort de Pitt, qui à son dernier moment
exprimait de vives craintes sur le sort de son
pays, fut un plus grand échec qu'Ulm et Aus-
terlitz, pour l'Angleterre, pour la coalition,
pour l'oligarchie. Comment pourront-elles rem-
placer ce dictateur de l'Europe, qu'il gouver-
hyGoogle
(■»)
oait avec des subsides; ce chef de son aris-
tocratie ministérielle, cet implacable ennemi
de la France et de la liberté, ce moderne Sylla,
qui a légué toute sa haine et ses projets , mais
non ses talens et son caractère, aux héritiers
de son pouvoir? A la mort de Pîtt, tout perdit
en Angleterre, dans le bien comme dans le
mal, cet air de grandeur qu'il leur imprimait:
avec lui cessèrent les grandes entreprises et les
grands attentats. Napoléon fiit délivré d'un en-
nemi , sous les coups secrets duquel il eût fini par
succomber. Il est à remarquer que c'est après ta
mort de Pitt que l'Angleterre développa le plus
de forces sur terre, et fit de moins grandes choses.
Avec le ministère de Fox, l'Europe vil luire quel-
ques espérances de paix générale et du triomphe
des systèmes de gouvernemens plus libéraux ; trop
tôt évanouies aux approches de sa mort. Ainsi le
sort de l'Europe et du monde entier, était aban-
donné aux intrigues de l'oligarchie britannique :
en peu de mois la perte de ses deux plus célèbres
ministres, de deux grands hommes qui avaient
vécu en perpétuelle opposition, changea deux fois
complètement la face des aOàires et la destinée
des nations.
Après la mort de Fox , cette oligarchie anglaise
hyGoogle
(.3)
fit recommencer en 1806, la quatrième guerre
de la coalition , sans provocation aucune de la
part de la France. L'aile gauche des armées coa-
lisées avait été battue seule à Âusterlitz; la Prusse
restait avec ses armemens intacts; la Russie n'a-,
vait eu qu'une a^ée entamée. Ces deux puis-
sances recommencèrent une lutte qui n'était que
suspendue. La Prusse qui avait osé , dans son
vitimaùan , intimer des ordres à l'armée française,
fat renversée en ime seule bataille. La Russie ,
comme en 1 8o5 , arriva trop tard pour sauver son
alliée. Ses retards étaient-ils des résultats de son
éloignement ou de sa politique ? Mais cette fois
elle eut à soutenir tout le poids de la guerre. La
modération de la France victorieuse, donna en-
core la paix au continent.
Napoléon et Alexandre se virent à Tilsitt , et
purent s'entendre. Deux mots suffirent -pour cela.
« Je suis autantque vous l'ennemi de i'^ngkterre,
dit l'Empereur de Russie. — Alors ^ la peux est
/aite, » répondit l'Empereur des Français. Dans
leurs conférences, la véritable situation de l'Eu-
rope fut mise dans son jour : et plût au. ciel que
tous les rois y eussent assisté! Il fat aisé à Na-
poléon de montrer l'Angleterre, seule intéres-
sée à cette guerre T mettant aux prises les puis-
hyGoogle
( '4)
sances du continent, pour usurper sur elles l'em-
pire des mers : en seconde ligne, l'aristocratie ,
qui remplissait les cabinets, les dirigeant pour
ses intérêts particuliers, agitant les cours, obsé-
dant les souverains, et disposant quelquefois des
trônes : ces souverains ayant tout à gagner à se
séparer d'elle , et à se rapprocher des peuples, en
se mettant à la tète de la révolution morale qui ,
_ depuis un siècle , s'était opérée dans les esprits.
Ces sentîmens libéraux devaient trouver un facile
accès dans l'âme encore jeune d'un prince élevé
par un républicain. Il était tout aussi aisé de ra-
mener au système de Catherine et de Paul , aux
principes de la neutralité armée du Nord, qui
consacraient la liberté de la navigation et les
droits maritimes, la politique russe, qui n'en avait
été momentanément détournée que parune épou-
vantable catastrophe , qu'on a aussi reprochée à
l'Angleterre.
Les sentîmens des deux Empereurs se trou-
vèrent conformes pour ce moment ; ils réso-
lurent de prendre les mesures les plus conve-
nables pour forcer l'Angleterre à une paix
générale sur mer comme sur terre. D'après l'as-
sertion de personnages initiés le plus avant aux
affres de la diplomatie, ces détails sont authen-
hyGooglc
J
(.■5)
tiques; et c'est là tout le secret des négociations
de Tilsitt.
L'Autriche àvaitété laissée trop forte au traité de
Presbçurg ; où Napoléon a sacrifié trop aux pro-
testations et aux vertus de l'Empereur François ,
au constant désir de pacifier l'Europe. Le ministre
Stadion restait à la tête du cabinet autrichien :
il a été signalé comme l'im des chefc les plus ac-
tifs de la ligue aristocratique. C'était lui qui , pen-
dant son ambassade en Russie, avait le plus con-
tribué, dès la fin de i8o4, à décider la troisième
guerre de la coalition; qui , dès le commencement
de i8o5, avait négocié le marché de sa cour,
pour son accession au traité du 1 1 avril, pour la
part principale qu'elle devait prendre à la guerre
et le plan d'opérations qui serait adopté, enfin,
pour les subsides qu'elle recevrait de l'Angleterre.
On dit qu'il travaillait à réarmer la coalition
contre la France, depuis la fin de i8o3, après
,1a rupture du traité d'Amiens. Devenu ministre
des affaires étrangères en Autriche, il fat con-
stamment le ministre de la coalition. Toujours
ardent pour la guerre, toujours à la tête du
parti opposé aux Français, il quitta le ministère
en 1809, à la paix de Presboui^; mais il reparut
au quartier-général des souverains coalisés, lors-
hyGoogle
( '6)
que l'Autriche fiit, en i8i 3, décidée de nouveau
à la guerre. Nous retrouverons souvent , dans
l'histoire de nos campagnes, parmi ceux qui nous
■ont accusés de voxdoîr la guerre perpétuelle, les
mêmes hommes cherchant partout des ennemis
à la France, et Ëtisant partie de toutes les ar-
mées qui combattaient contre nous.
Dès le commencement' de 1806 ,' Napoléon
eut à regretter d'avoir accordé à Presbourg des
conditions trop favorables. La correspondance
avec le major général resté à l'armée d'Allema-
gne, est rempUe de plaintes très-vives sur la
conduite de l'Autriche, sur ses armemens, sur
l'occupation de la forteresse de Wurzboui^, sur
la continuelle réunion des troupes russes. Na-
poléon y intime ses volontés d'une manière
fernie et précise. On y trouve ces paroles re-
marquables ; « Montres à M. de Lichstentein le
» Moniteur du 11 février. » Or celui-ci contenait
l'observation que « si les traités de la coalition
a af aient été connus plus tôt (tous ne l'étaient pas
encore dans leur entier ) les résultats auraient
* pu être plus funestes. » Ce Moniteur désignait le
ministre Stadion comme celui qui avait négocié
les subsides.
L'aristocratie est bien plus puissante en Au-
hyGoo^le
( -7)
■triche que partout ailleurs, et son ipfluence sur
cette guerre s'est fait sentir plus fortement dans
ce pays. Possédant une grande partie du terri-
toire, elle tient les peuples dans sa dépendance ,
par des cessions de terrain à long bail. Elle exerce
encore sur eux une sorte de souveraineté , comme
chaînée de lever les impôts, Les fournitures en
nature et les conscriptions d'hommes; ce qui met
à son entièi^ disposition, les personnes et les pro-
priétés. Là , les plus petits seigneurs ont leur chan-
cellerie et leur administration particulière. Quel-
quefois ils ont abusé cruellement de ces privilèges ,
quoiqu'en général ils traitent avec assez de bonté ,
ceux qu'ils appellent leurs sujets. S'attachant à les
tenir dans une profonde ignorance sur leurs véri-
tables intérêts, ils secondent merveilleusement les
soins de leur gouvernement , qui met en cela le
fond de sa politique ■intérieure. La haute aristo-
cratie domine la cour de Vienne;-,elle s'y partage
la direction des principales branchesdel'adniînis-
tration et les grands emplois. C'est à son olîgar>
chie, qui s'est recrutée en dernier lieu dans la no-
blesse immédiate de l'Empire ( par les Mettemich ,
les Stadion,les Schwarzenbei^, etc.) que l'Au-
triche doit cette politique, qui résiste à tous les
dangers , à toutes les faujniUations ; que rien ne
T. 2
hyGoot^le """^
( i8)
déocmr9'geetherebute;qui revient sans fiesseàses
fins par toutes tes voies ; et à laquelle aucune sorte
de sàcri^cë ne coûte. Cette aristocratie était alors
exaspérée autant qu'alarmée, par tout ce que ve-
nait d'éprouver la noblesse immédiate dans la
Confédération du Rhin j par tout ce qu'avaient e&^
suyé la noblesse et le haut clergé dans d'autres pays.
Aujourd'hui , revenue de ses craintes, 'elle cher-
che, comme celle de tous les Etats, à assurer ses
droitsde la manière la moins contraire àl'esprit du
siècle ; réclamant l'étabUssement de hautes pairies ;
et prête à faire pour cela des concessions en fa-
veur des peuples. En Russie les choses vont en-
core plus loin. Dans ces cours on est plus effrayé
des dangers des chambres hautes , que d'une tri-
bune nationale, pour laquelle les peuples ne sont
pas mûrs.
L'Autriche avait conservé en elle-même , après
la pais de Presbourg, tout ce qu'il fallait pour
réparer les pertes de la guerre; mais au Ueu d'y
travailler par les améliorations de la paix, par les
bienfaits de l'administration intérieure, elle tenta
d'y parvenir par la voie des armes, et de venger
ainsi la honte de ses dernières défaîtes. Cachant
plus soigneusement ses armemens , elle les avait
cependant continués en 1806, à l'exemple et sans
hyGoogIc
( >9 )
doute à rinstigation de la Prusse et de la Russie.
Gomme ces puissances, elle avait porté vers le mois
de juillet ses troupes sur la frontière d« la Bo-
hème; profitant des embarras occasionnés à Na- '
poléon par la guerre qui se tramait. C'était immé-
diatement après la paix implorée et acœptée, les
provinces rendues, la foi jurée ! On trouve ici une
nouvelle preuve que , malgré les traités les plus
solennels, la coalition de l'Europe était toujours
la même, toujours occupée de ses projets secrets;
que la ligue aristocratique dirigeait les cabinets,
contre les intérêts réels et les engagemens sacrés
des souverains. Celte preuve résulte encore d'une
manière plus évidente, de la correspondance con-
fidentielle que nous avons déjà citée. L* Autriche,
toujours lente dans ses résolutions et ses prépa-
ratifs, se trouvait encore plus en retard cette fois,
par le défaut de tant de moyens, anéantis dans la
campagne précédente. Elle fiit ensuite retenue
par les incroyables victoires qui signalèrent le
début de la campagne de ido6, par chacun des
succès qiii la remplirent, et par la crainte de se
voir abandonnée seule à nos vengeances, comme
en t8o5. Sa politique tortueuse fut souvent signa-
lée , dans Tintervention qu'elle essaya , en ofîrant
sa médiation pendant tout le cours de cette
hyGoogIc
( -û)
guerre. Dès l'hiver de 1806, et dans le mois de
janvier 1 807 ; à l'époque où l'armée française s'éta-
blissait au-delà de Varsovie , et chassait les Busses
vers le "Niémen ; lorsqu'elle battait les Prussiens
dans la Silésie, prenait ou assiégeait leurs places;
l'Autriche, nullement impliquée dans cette guerre,
s'occupait de préparatifs bien plus graves que de
simples dispositions de troupes, qui peuvent se
modifiera chaque instant. Elle manifestait le fond
de sa poUtique, par l'établissement d'im système
de fortifications permanentes, iaites à la hâte
vers les pays que nous occupions en ce moment;
négligeant ceux qui lui étaient bien plus impor-
tans. Elle augmentait considérablement les ou-
vrages de Gomorn , elle travaillait à Jablunka et
à Leopolstadt : places qui, par une de ces ra-
pides révolutions, assez fréquentes dans le sys-
tème de l'Europe, furent bientôt dirigées contre
la Pologne et contre les fluctuations diplomati-
ques de la Kussie. Cependant la douteuse ba-
taille dePreuss-Éylau allait donner à l'Autriche
quelque courage pour se déclarer; elle fiit même
sommée par les coalisés, d'accéder ouvertement
aux résolutions de Barteinstein, Là , en avril
1807, on renouvelait les projets et les bases du
traité de concert; et une des puissances con-
hyGoot^le
(.■)
tractantes (la Suède), plus franche que les au-
tres, fît entendre ses réclamations dans l'inté-
rêt de la cause légitime de la maison de Bour-
bon (j); comme elle l'avait déjà feiit en mars et,
novembre i8o5. Mais avant que l'Autriche eût pu
se décider, la prise de Dantzick , et cette glorieuse
campagne de quinze jours, par laquelle Napoléon
mit fin à la guerre, sauvèrent cette puissance des
suites d'une déclaration trop tardive. Cependant
elle restait avec sa haine au fond du cœur, et
conservait ses derniers armcmens, attendant l'oc-
casion de les employer.
Lorsque tous les dangers de guerre furent
cessés, Napoléon rendit aux Autrichiens la place
de Braunau , qu'il avait retenue en compensa-
tion des bouches du Cattaro , hvrées par eux à
laKussie. L'occupation de Braunau, et quelques
dispositions militaires sur les bords de l'Inn et
de risonzo , contribuèrent aussi à empêcher
l'Autriche de violer les traités qu'elle venait de
{i}Voyez l'Histoire des traités de paix deSchoell, t. VU,
pag. 335 ; t. VIII , pag. 456. Comment se fait-il que le roi
Gustave, le plus ardent et constant défenseur de la légitimité,
le seul des roi» du continent qui n'ait pas reconnu les nou-
veaux souverains de la dynastie impériale , soit resté le seul
exclu du trdoe?
hyGoogIc
conclure ; comme l'occupation des places de
l'Oder maintint la Prusse dans le devoir, pen-
dant la campagne de 1809. La mauvaise foi des
cabinets n'a que ttx)p jus^fié ces mesures de la,
prudence,
hyGoogle
CHAPITRE II.
HAPOLÉOH SE MET EN DÉFEHSE COHTRE LE SYSTÈUE
DE GUERRE PERPÉTUELLE.
L'empire de la ter^e et de la mer semble pariagé entre la France
et l'Anglelecre. — Napolëott, déaicanl toujours la paii, a deux
taoyewi pont y parveoir : les arrangemens territoriaox pour se
mettre en défeose sur la frontJére de terre j le systémi
taL — Il doit délroïre l'influence anglaise sur !<; ci
tont dans le Midi. — II fait la guerre à l'Espagne, que l'Aqfjle^
terre souléfe entièrement. -7- L'Autriche armant encore en 1S08 ,
traite avec Tysndres et les Espagnols. — L'Empereur réclame am*
ua lea préparatifs de la cour de Vienne. —^ II va s'eaieudre à Er-
fortb avec ÂlexaQdre sur leurs communs projeta. — c II renouvelle
gts propOsitioDs de paii à l'Angleterre , et dissout la grande armée
afin de rassurer FAulriche. — Mapoléun va en Espagne pour en
chasser l'année anglaise. — Il est rappelé à l'aria par les anne-
mens de l'Autriche et les intrigues de l'intérieur.
JJans cette guerre perpétuelle et d'extermination,
que l'Angleterre avait hautement déclarée à la
France, leur situation était entièrementdifférente,
L'empire de la mer et de la terre se trouvait à peu
près partagé entre elles. Mais l'Angleterre restait
toujours inaccessible au milieu de l'océan qui l'en-
toure, surtout après la destruction successive de
hyGoogIc
nos forces navales; elle régnait seule sur soi» élé-
ment : tandis que la Fi-ance exerçait sur le conti-
nent, une influence conquise les armes à la main,
qui d'un moment à l'autre pouvait être contestée
de nouveau, et qui semblait ne pouvoir se conso-
lider que par la destruction complète de ses enne-
mis. Napoléon répugnait à ces mesures extrêmes:
il Voulait pacifier et organiser, bien plus que
conquérir et détruire. Ainsi il devait chercher
d'autres moyens pour arriver à la paix. Deul se
présentaient ; se mettre du côté de terre à l'abri
de toute attaque, de la part des cabinets salariés
par l'Angleterre; fermer à celle-ci le continent, et
la bloquer sur les mers.
Napoléon, prévoyant que l'Angleterre réduite
aux abois, ferait de perpétuelles tentatives sur
le continent, pour le soidever contre la France,
dut se mettre en mesure pour empêcher ou pour
soutenir de nouvelles guerres. Les frontières de
l'Empire accessibles du côté de la terre, sur une
étendue de quatre cents lieues, pouvaientàchaque
instant être attaquées par les dl-ferses puissances
de l'Europe, toujours liguées en secret contre
nous, toujours soumises à l'influence britanni-
que. L'Empereur devait surtout se tenir en garde
contre les cours du Nord, qu'il avait appris à
hyGoot^le
(»5)
connaître; dans lesquelles se trouvaient les plus
grandes masses belligérantes, et celles qu'il fal-
lait aller chercher ou poursuivre le plus loin.
De ces déserts, devaient surgir désormais toutes
les invasions dirigées contre le midi de l'Europe.
Napoléon répétait souvent : Mangeons les Russes,
pour qu'ils ne mangent pas nos enfàns. Il devail
donc, pendant la durée de ces paix temporaires
préparer autour de lui son terrain pour de nou'
velles luttes.
L'agression de i8o5,et l'exemple de tout ce
qui s'était passé dans les guerres de la révolu-
tion, même dans celles du dernier siècle, avaient
fait sentir à Napoléon la nécessité de couvrir les
frontières de la France du côté du Rhin, et d'em-
pêcher ainsi que la guerre ne fût portée rapide'
ment dans son sein. 11 résolut de régler et d'orga-
niser cette influence de protection, que depuis
deuk siècles, la France n'avait cessé d'exercer
sur les États de l'Allemagne méridionale; et de
rendre enfin réciproquement avantageux aux
deux pays, des rapports qui, sous Louis XIV
et Louis XV, étaient restés entièrement à no-
tre charge. C'était augmenter doublement notre
puiss^ce défensive , en diminuant la puis&ance
offensive de .l'Autriche, qui n'avait cessé réel-
hyGoogle
(•fl)
lement d'opprimer les vassaux du Saiot-Ëmpire ,
et de les entraîner dans ses guerres particulières.
C'était en même temps préparer autoxir de nous,
l'établissement du système libéral des monar-
chies tempérées et représentatives. Quoique Na-
poléon n'ait pu faire que bien peu pour l'oi^-
nisation de ces États, ils sont restés tellement
imprégnés de ses codes, de son influence, et
même de ses courtes apparitions ) leurs armées
tellement remplies de son esprit et des communs
triomphes, que les institutions momentanées
ont survécu à leur Protecteur. Les bons peu-
ples allemands ne pourront méconnaître qu'ils
doivent ces bienfaits à Napoléon, législateur
et fondateur, bien plus que conquérant. L'Em-
pereur profita de la paix de Preshourg, pour
organiser la Confédération du Jihin; il agran-
dit les diveraes puissances, décorées des titres
de rois ou de grands -ducs; il fondît les sou-
verainetés immédiates , vestiges informes de
la féodalité, nullement en rapport avec l'état
pohtique de l'Europe et avec sa situation mo-
rale. Tout fut juste et réciproque dans cette
alliance du protecteur avec les protégés; tous les
avantages furent réservés à ceux-ci : ef s'il y a
un reproche à adresser à Napoléon, c'est d'avoir
hyGoogIc
(»7)
fait pour le moment la part des rois trop forte.
Les nations s'en sont plaintes; et ceux-ci les en
ont cruellement punies. Cette Confédération a
créé des États puissans, devenus rivaux de l'em-
pire autrichien, dont ils étaient constamment
les victimes; mais qui, en i8i3, n'ont montré
ni vigueur, ni sagacité, ni recoun^ssance dans
leur politique.
Napoléon avait beau étendre sa puissance sur
le continent ; l'Angleterre se dérobait à ses
coups, l'inquiétait sur toute l'étendue dés côtes;
et par son blocus général , elle interdisait tout
commerce : elle rendait la guerre éternelle.
Napoléon qui cherchait toujours à conquérir la
paix, résolut à son tour de bloquer son ennemie
sur les mers, derlui couper tout accès avec la
terre de l'Europe. Ne pouvant l'attaquer ni sur
ses vaisseaux , ni sur son territoire , il voulut
l'atteindre dans son commerce , base de sa
prospérité et de sa politique, source et résultat
de sa suprématie maritime : il voulut la forcer
ainsi à donner au monde ime paix générale, sur
mer comme sur terre, avantageuse et honorable
pour toutes les puissances. C'est encore dans ce
grand but qu'avait été créé le Système Conti'
nental, unique mesure qui pût réussir contre
hyGoogle
f 28 )■
les Anglais , assez justifiée par l'expérience et
par la terreur qu'elle leur inspira.
En effet, cette mesure qui prohibait à l'Angle-
terre toute communication avec l'Europe; qui
lui interdisait la faculté d'agiter le continent
par les intrigues de ses agens , et diminuait les
moyens de leur fournir des subsides ; qui reçut
une grande extension par le traité de Tilsitt ; k
laquelle accédèrent toutes les puissances , l'Autri-
che elle-même : cette mesure avait, dès 181 1, ré-
duit les Anglais aux dernières extrémités. Elle
leur a porté le coup mortel, sous lequel ils doivent
succomber un jour, si les nouvelles colonies de
l'Amérique ne les sauvent pas. Car le but de ce
système était aussi de favoriser l'industrie et lies
manufactures du continent, en*6bligeant celui-ci
à se pourvoir par lui-mêm'e, des objets qu'il rie
pouvait plus tirer de l'Angleterre. Ce dévelop-
pement imprimé à l'industrie européenne, à
été bien préjudiciable au commerce et à la
puissance britannique. Le système continen-
tal, et la route de l'Inde montrée à l'Europe,
ont porté des coups funestes 4 l'Angleterre.
Du haut du rocher de Sainte-Hélène, là grande
oinbre suit les progrès du mal que l'opiniâtreté
des oligarques anglais a fait à leur pays, en
hyGoogIc
( »9 )
refusant la paix au monde. Elle les voit déjà
répudiés, indignement par la Sainte- Alliance, et
déchus de la dictature européenne usurpée pen-
dant la guerre. Bientôt elle pourrait cesser d'être
affligée par la vue de ces vaisseaux ennemis, qui
allaient chercher les richesses de l'Inde, pour
assouvir dans les cabinets,, cette vénalité qui jus-
que là avait tout sacrifié à la politique anglaise.
Afin de remplir entièrement l'objet qu'on se
proposait dans le système continental , il fallait
qu'il fût généralement établi , et rigoureusement
observé. Cependant il était presque impossible
que ce système n'éprouvât quelques infractions,
avec une aussi immense étendue de côtes, qui
rendait la surveillance si difficile ; avec tant de
spéculations lésées dans le commerce de l'Europe ;
avec des ministères Ugués entre eux , et qui
sacrifiaient à des intérêts de caste, les grands
intérêts des États et des nations ; avec des gou-
vernemens ennemis au fond du cœur de la
France et de ses institutions , variables selon
leurs passions , et nullement stables dans leur
politique. Ces infractions du système pouvaient
devenir assez nombreuses, pour le rendre en-
tièrement inutile. Il fallait , afin d^arréter le mal ,
remonter jusqu'à sa source ; il :&llait poursuivre
hyGoo^le
(3d)
et détruire partout, l'influence coiruptrice de
l'Angleterre; il fallait surtout empêcher que
cçs moyens de paix ne finissent par occa-
sionner de nouvelles guerres. Cette influence
s'était assez manifestée en Portugal , en Espagne
et à Naples, Elle devait être combattue , et pour
l'établissement du système continental , et aussi
pour se mettre à l'abri d'ime attaque à revers
de la part de ce» pays méridionaux , pendant
qu'on pouvait avoir à soutenir des. guerres déci-
sives , dans les pays lointains du Nord.
L'Espagne avait dévoilé ses mauvais desseins
contre la France à diverses époques; avant Ma-
rengo; pendant les négociations de i8o3; et en
1806, par ses manifestes et ses armemens, que
la victoire dléna avait fait vite désavouer. Ainsi
Napoléon avait en même temps, de justes griefs
contre le cabinet espagnol , et des motifs de
guerre réels pour la sûreté de l'Etat (i). Le Pop-
(i) Après Tilsitt l'Empereur fut vivement sollicité par on
de ses mÏDistres, de faire l'expédition contre l'Espagne. On
prétendait lout finir avec trente raille hommes. L'affaire fiit
discutée ea conseil ; on dit que le maréchal Moncey y fut -
appelé. Celait avant le traité secret de Fontainebleau ( a?
octobre), et les événemens survenus en Espagne à la fin de
ce mois. Malgré les facilités présumées, Napoléon ^ne voit'
hyGoogle
( 3i )
tugal était déjà occupé par l'armée de Junot; et
la maison de Bragance réfugiée dans ïe Brésil. ■
Les désordres de la famille royale d'Espagne , les
événemens d'Aranjuez , les sollicitations du roi
Charles, la cession des droits des divers princes,
la soumission des grandes autorités et des pre-
mières classes de la nation , la demande qu'elles
firent de Joseph pour roi , la conscience du
bien qui devait résulter poui\ l'Espagne de ses
nouvelles institutions ; tout sembla se réunir
pour inspirer à l'Empereur le désir et l'espoir de
terminer ces afl^ires, en évitant une guerre, en
épai^ant le sang, et en gagnant le temps, qui
était si précieux pour lui. Des événemens récens
ont prouvé, que pour le plus grand des conqué-
rans, et avec la première armée du monde, de
tellesespérancesn'étaîentpas sans fondement.Na^
poléon faisait alors, par nécessité démontrée, et
pour sa défense , ce que Louis XIV avait fait cent
ans auparavant par ambition et par vues d'agran-
Idt pas coDsentir à l'exécution de ce projet ; et il ne se dé-
termina à faire entrer ses troupes en Espagne l'année sui-
vante , qu'après les affaires d'Aranjuez , et une lettre du roi
Charles, qui demandait de se retirer en France. Ce même
ministre a prétendu depuis qu'il s'était opposé à toute guerre
contre la péninsule.
hyGoot^le
(3=,) .
discernent ; d'abord avec l'assentiment d'une par-
tie de l'Europe. Mais celle-ci était contre le sou-
verain nouveau; et il lui follait terminer en peu
de mois, ce que la famille des Bourbons avait
préparé pendant une partie du seizième siècle.
L'Espagne, étrangère par sa position géogra-
phique, par son climat, par sa nature, à la civili-
sation de l'Europe et du siècle, à tous les progrès
de l'esprit humain ; se croyant la première na-
tion de l'univers; plongée dans les ténèbres d'une
profonde et orgueilleuse ignorance ; n'écoutant
que ses moines et ses passions exaltées; quelque-
fois capable de tout par fierté nationale; vail-
lante (comme le dit son proverbe) à certains
jours; peu affectionnée à la cour qui la gouver-
nait; l'Espagne se laissa d'abord subjuguer par
desbien&its, qu'elle ne pouvait apprécier, qu'elle
dédaigna et qu'elle regrette depuis. Bientôt, éga-
rée par les intrigues du dehors et du dedans, elle
se soulève tout entière, comme se croyant insul-
tée. L'Angleterre, qui y avait allumé et entretenu
la discorde pendant les quatorze années de la
guerre de la succession ; qui à toutes les époques
semble maîtresse , par son or , de souffler dans
ce pays la guerre ou la paix ; qui y avait con-
servé beaucoup d'influence et des relations très-
hyGooglc
( 33 )
snivies malgré )es apparences d'uDe guerre
déclarée; l'Angleterre, qui fomentait ces insur-
rections , accourt pour les soutenir , aussitôt
qu'elles éclatent. Apportant de l'or , des armes
et des munitions, elle envoie des armées, qui
s'élevèrent bientôt au-delà de 100,000 hommes*
en comptant les corps auxiliaires. Elle étend ainsi
sur toute la surface de la péninsule, cette guerre
qui, sans son intervention et sans l'agression
de l'Autriche , eût été tenpinée en une campa*
gne; qui, sans une multitude de fautes particu-
lières, ne se serait pas prolongée. Toute l'Es-
pagne est en feu; mais l'Angleterre triomphe;
car cet incendie qu'elle a allumé, qu'elle entre'
tiendra soigneusement , est la plus importante
de toutes les diversions qui pouvaient s'élever en
&veur du plan de guerre perpétuelle. Bientôt
elle ranimera la coalition, et essaiera de soule-
ver, par l'exemple des Espagnob, les autres na-
tions contre la France. Elle se hâte de traiter avec
la junte; elle promet « de ne reconnaître aucun
D autre roi en Espagne queFerdinand, ou telautre
» que la nation espagnole reconn^traitw (ce qui
est à remarquer en i8a4) : mais en même temps
elle ùât offiir des escadres au prince Charles,
comme prétendwt Ji la couronne d'Espagne et
I. 3
hyGoogIc
( 34 )
héritier tles droits de l'empereur Charles VI,
compétiteur de Philippe V.
Ainsi se trouva déjouée par les manœuvres de
son ennemie, et même par les fautes de ses coopé-
rateurs, la prévoyance de Napoléon, qui du reste
ne s'était pas dissimulé ta difficulté de cette en-
treprise, et avait ordonné les mesures qui de-
vaient en assurer la réussite. Ainsi au lieu de
consolider, vers ses frontières méridionales, la
paix et la sécurité, il y ouvrait ce goufifre dévo-
rateur, qui engloutit une partie des ressources
de la France. Les peuples de l'Espagne et de
l'Europe, ont été jusqu'ici égarés dans le juge-
ment qu'ils ont porté sur cette guerre. Mous peu-
sons qu'aujourd'hui , leur opinion aura subi des
modifications ; et qu'ils sont à même de juger les
faits comme les intentions réelles de Napoléon et
de la coalition qui, à l'exception de l'Angleterre,
avait fini par reconnaître les changemens surve-
nus dans la péninsule.
Tous les cabinets avaient l'œil ouvert sur cet
épisode de la lutte des deux puissantes rivales,
prêts à se déclarer aussitôt qu'ils y verraient la
■France assez engagée. L'Autriche était la plus
animée; quoique depuis la restitution de Brau-
nau, et la rectification des limites sur les bords de
hyGoogIc
(35)
risODzo, elle D*eût cessé de se louer ouvei-tement
de ses relations avec la France, et de manifester
les dispositions les plus pacifiques. Elle examinait
attentivement les progrès de nos troupes au-delà
des Pyrénées : elle les voyait avec une secrète joie,
s'éloigner des théâtres où elle pourrait porter la
guerre; envahir le Portugal; s'étendre dans les
provinces septentrionales de l'Espagne; occuper
Rome, qu'il avait fallu fermer aux intrigues de-
l'étranger. L'Autriche reprit dès lors ses an-
dens projets ; elle sentit se réveiller sa haine et
ses regrets. L'Angleterre , toujours avertie de
toutes les occasions de susciter dès inimitiés à la
France, renoue dès le commencement de 1808,
ses négociations avec l'Autriche , et lui fournit
quelques légers subsides. Bientôt la cour de
"Vienne ouvre des relations avec les Espagnols,
qu'elle protège de tous ses moyens , auxquels elle
s'engage à fournir cent mille fusils.
L'archiduc Charles , le plus sage et le plus ha-
bile des généraux autrichiens, dirigeait, depuis
le traité de Presbourg, le ministère de la guerre,
avec le titre de généralissime. Il avait porté dans
son administration l'ordre, la réforme des abus,
une réorganisation ferme et progressive des
troupes autrichiennes; il s'était surtout fort oc-
3.
hyGoogIc
(36)
citpé de l'infanterie, cette solide base des ar-
mées. Mais ces mesures tentes ne satisfaisaient
pas les provocateurs de la guerre ; il leur fallait
des moyens prompts, vloleos, révolutionnaires
en quelque sorte. Dans le commencement de
1807, malgré la paix de Tilatt, le jeune archi-
duc Jean , qui n'était encore connu que par les
désastres de Hohenlinden et du Tyrol, et qui
paraît avoir été un des plus ardens promoteurs
de la rupture, fut mis à la tète de plusieurs
commissions, chaînées d'organisations nouvelles.
Elles travaillaient à former les landwehrs et le»
résenTS nationales ; à créer une défensive géné-
rale des États autrichiens, soit dans leur centre,
à Comom et dans la Hongrie, soit sur lés fron-
tières, par l'établissement de forts et de postes
fermés, de barrières fortifiées, avec des corres-
pondances télégraphiques. Là se discutaient
de nouveaux systèmes de guerre ; les uns d'in-
vasion par les armées , les autres d'insurrection
et de corMiplion par des émissaires; que la coa-
.lition semble avoir adoptés dès lors, et qu'en
effet elle n'a cessé de diriger contre la France.
Là se préparaient la défense par les corps de
partisans et les détachemens insurgés , comme
les guérillas 'd'Espagne; les retraites «ccompa-
hyGooglc
(3?)
gnées de dévastation complète des pays, comme
celle de Wellington en Portugal, et de l'armé»
russe en i8ia; la landsthurm telle que la vou-
laient les Prussiens (i), une sorte de combat sa-
cré des OsmanUs.
Au mois de juin 1808, l'Autriche introduit
dans ses États, sous prétexte de réformes dans
son administration intérieure, la conscription
«t la garde nationale, si étrangères à son sys-
tème politique. Mais elle déguise mal ses ar-
memens; car, comme dans les périls estrêmes,
ses princes parcourent eux-mêmes le pays, et
pressent les levées en masse pour une époque
fort rapprochée. Son armée de ligne devait être
portée à quatre cent mille hommes ; ses land-
wehrs d'Allemagne s'élevaient à trois cent mille.
Soixante mille hommes allaient former des ba-<
taillons de réserve. La diète de Hongrie donnait
douze raille recrues pour 1807, et quatre-vingt
mille pour 1808; avec tme insurrection perma->
nente de quatre-vingt mille hommes , dont trente
raille de cavalerie nationale. En même temps,
l'Autriche achetait des chevaux pour l'artillerie ,
(1) I>es Ersherzogs Johaon Feldziig ira Jfihre 1809,
page 8.
hyGoot^le _^
(38)
réparait les forteresses de Tùitérieur, en construi-
sait de nouvelles en toute hâte, enfin faisait les
préparatifs d'une guerre , mal dissimulée par
ses protestations de parfaite intelligence avec la
France. Bientôt elle se gêne moins: d'un côté, son
orgueil s'irrite, sa prévoyance s'inquiète de voir
un des premiers trônes du monde, entrer dans la
nouvelle famille impériale de France ; de l'autre,
elle apprend avec ivresse les désastres de Baylen
et de Vimiero, l'abandon de Madrid; elle dé-
daigne de chercher les causes de ces événemens ,
elle s'exagère leurs résultats. Tous les ennemis de
la France se flattaient alors que l'heure était enfin
arrivée de satisfaire leurs vengeances et leur
ambition.
Cependant Napoléon suivait de l'œil, au milieu
de ses voyages, les intrigues de" ses ennemis.
Des lettres parties de Bayonne, de Toulouse,
de Bordeaux , demandaient (juillet r8o8) des ex-
plications à l'Autriche, et une réponse prompte
et catégorique : en même temps l'Empereur
invitait la Confédération du Rhin « à préparer
» ses contingens, pour éviter une guerre sans
» prétextes comme sans moti& , en montrant à
» l'Autriche qu'on est prêt à la soutenir. » La
réponse du cabinet de Vienne est pleine de pro-
hyGoogle
(39)
testatiohs d'amitié, et de pi^textes pour colorer
ses annemens. Napotéoo en demanda compte
. lui-même au cercle solennel du i5 août, à l'am-
bassadeur Mettemich, en présence du corps
diplomatique. Rappelant ce que l'empereur d'Au-
triche lui devait, ainsi que le roi de Prusse,
après l'occupation de leurs Etats et de leurs
capitales, après la dispersion de leurs armées,
il proféra ces paroles prophétiques, auxquelles
la coalition répondît peut-être tout basr« Crojrez
» vous que le vakiquew d'une armée française;
a qui eût été maître de Paris, eût agi avec cette
» modération ? s L'Autriche persista dans, ses
dénégations; mais n'en continua pas moins ses
préparatifs. Nous ne suivrons pas tout le détail
de ces négociations, qui ^ trouvent dans les
papiers du temps; mais dans lesquelles les publi-
cistes allemands reconnaissent que l'Autriche
n'avait aucun grief nouveau, et n'était mue que
par le désir de réparer ses pertes.
Erfurth vit alors, un, de ces congrès de sou-
verains, auxquels l'Europe n'était plus accou-
tumée, depuis que ce sont lés cabinets qui gou-
vernent. Les deux empereurs d'occident et d'o-
rient, se réunissaient pour traiter des affaires de
la paix et de la guerre, pour régler l'état de l'Eu-
hyGooglc
(4o)
rope,et arrêter leurs communes entreprises. Des
personnes très-instruites affirment que la Russie
déclara ne vouloir s'occuper nullement de ce ■
qui se ferait en Espagne et en Italie; mais que
la France se maintint étrangère à toutes les
questions qui concernaient les afiaires de la Tur-
quie. Le nouveau souverain d'Espagne y fut re-
connu par la Russie. Les nouveaux rois etprinces
de l'Allemagne formèrent la cour des deux em-
pereurs ; l'Autriche et la Prusse ne furent pas
^admises à ce congrès. Schœll prétend qu'A^
lexandre mit obstacle à la présence de l'em-
pereur François, qui désirait y venir; Metter-
nich en fut également exclu. La Prusse y était
représentée par le prince Guillaume et le comte
deGoltz; à l'intercession de l'empereur de Russie,
elle obtint de grandes diminutions, dans ce qu'elle
lievait encore à la France. L'empereur d'Autriche
y envoya M. de Vincent, porteur d'une lettre à
Napoléon-, fort amicale et toute paciôque (i),
G^ui-ci qui avait été inquiété par les anmemens
(i) Schoell, 9* voL, pag. ai8, cbap. 38 , dit que l'Autri-
che n'étant pas prête, devait dissimuler; et donne une copie
de cette lettre, où les protestations d'attachement et de dé-
"rônemeat sont si multipliées, qu'il est préférable de ne pas
rroïre 6 son BuA^iticité dans un tel nometit.
hyGoogle
(4. )
de l'Âutricbe, s'empressa de donner des ordres
pour lever les camps des troupes de la Confédé-
ration, et pour les faire rentrer dans leurs quar-
tiers. La lettre qu'il écrÏTit à ces souverains était
ainsi tenninée : « Je pense qu'il est convenable
» que le ministre de Y. M. reçoive pour instruc-
» tion de tenir ce langage : Que les camps seront
» réformés, et que les troupes de la Confédé-
■ ration et du Protecteur seront remises en si-
» tuation hostile , toutes les fois que l'Autriche
» ferait des armemens extraordinaires et inusités;
» que nous voulons enfin tranquillité et sûreté, u
Napoléon répondit ensuite à l'empereur Fran-
çois a qu'il avait craint de voir les hostilités se
j» renouveler; que lafeuîion de la guerre poussait
» l'Autriche dans des mesures violente» et des
» malheurs plus grands que les précédens; que
» si les démarches de l'empereur François mon-
» traient de la confiance, elles en inspireraient;
p que la meilleure politique aujourd'hui était la
w simplicité et la vérité;qu'il hii confiât ses inquié-
» tudes , qu'elles seraient dissipées sur-Ie^champ ;
» qu'ayant été maître de démembrer se? Etats, il
» ne l'avait pas fait; qu'ainsi tout compte se trou-
» vait soldé ; qu'il était toujours prêt k garantir
ja l'intégrité de la monarchie autrichienne, etc.»
hyGoogIc
Napoléon et Alexandre renouvelèrent à Erfurth
les tentatives déjà faites à Tilsitt en commun,
et à toutes les époques par l'empereur des
Français, pour amenep l'Angleterre à la- paix.
Us écrivirent au roi Georges , une lettre forte de
raisons et pleine de sentimens d'humanité. L'Eu-
rope put se livrer à l'espoir d'une longue paix ,
lorsqu'au milieu des plus brillantes fêtes , et en
présence de tant d'augustes personnages , elle
vit se multiplier tant de démonstrations d'atta-
chement et d'enthousiasme, de la part de ses
deux plus grands potentats. Elle se souviendra
long^temps de cet éclatant hommage, rendu par
l'empereur Alexandre à la France et à un homme
plus grand par ses qualités que par son rang ,
lorsque le premier de nos tragédiens prononça
ce vers du premier de nos poètes :
L'amitié d'un grand honune est un bienfait des dieux.
On entendit alors ime voix s'écrier : « Je l'é-
11 prouve tous les jours. » Les deux souverains
vivaient à Erfurth avec tout l'abandon de la plus
complète intimité , dont on trouve des détails
fort piquans dans les confidence* à\i prisonnier
de Sainte-Hélène. Avec tes fêtes et les jeux scé-
niques tout finit Vaines espérances trop tôt
hyGoogIc
(43)
évanouies! nouvel et terrible exemple de fragi-
lité dans l'amitié des grands : nouvelle preuve
peut-être de la puissance des ministères de cette
époque ; car il serait trop cruel de devoir mettre
en doute la bonne foi de ces momens ! Peu de
jours semblent avoir détruit tout souvenir de
ce qui s'était passé à Ei-furth; et nous verrons
que dès le commencement de janvier, la poli-
tique du Nord avait pris une direction contraire.
Avani; de quitter Erfurth, Napoléon donna
de son côté, toutes les garanties possibles du
sincère désir de maintenir la paix, et de tran-
quilliser entièrement l'Autriche. Un décret du 12
octobre avait dissous la grande armée, encore
composée : i" du commandement du grand-
duché de Yarsovie et de laSilésie, souslesordres
du maréchal Davout, dont le quartier général
était à Breslau, et les troupes cantonnées dans
la Silésie ; a" du commandement de la Prusse
et de la Poméranie, sous les ordres du maré-
chal Soult , quartier général à Berlin , les troupes
cantonnées dans ces pays ; 3° du corps du .
prince Bemadotte, établi à Aïtona et dans le
Holstcin, le Sleswik, l'Oldenboui^. Le total gé-
néral de tous ces corps ne s'éle^vait pas au-delà
de 139,983 hommes présens, et4>|05a chevaux.
hyGoot^le
(44)
sur un effectif de 162467 hommes , et 43)^34
chevaux dont 32,6i2 de troupes. Dans le nonht
bre des hommes présens, il se trouvait 109,594
Français, 19,33» Polonais, 4,390 Saxons 616,667
Hollandais, Le corps du maréchal Soult fiit ache-
miné sur le Kbio , pour se rendre en Espagne
et sur les côtes; il était composé des divisions
Saint-Hilaire , Caira-Saint-Cyr, Legrand et Mo-
litor. Ces trois dernières formèrent plus tard
le corps de Masséna , et la première passa sous
les ordres de Davout. Les grenadiers d'Oudinot
se rendirent dans le pays de Bareuth, et de là
à Hanau : la grosse cavalerie dans le Hanovre.
Le troisième corps, fort de 69,170 hommes,
et 19,32a chevaux , prit le nom d'armée du
Khin, sous le commandement du maréchal Da-
vout, et alla se placer ainsi : le quartier général
d'abord à Berlin au mois de novembre, à Erfurth
dans le mois suivant; et les divisions, la pre-
mière, Morand, k Magdebourg; la deuxième,
Friant, k Bareuth, où elle resta jusqu'à la fin
de mars; la troisième, Gudin, k Hanovre; la
quatrième, Saint-Hilaire , à Stettin, tenant gar-
nison dans les places de l'Oder. Ainsi les désirs
àe l'Autriche él^ent exaucés, la Silésie évacuée,
l'Allemagne dégarnie de troupes. Il ne restait
hyGoogIc
(45)
plus aucun motif pour les craintes que la cour
de Vienne ne cessait de manifester , ni aucun
prétexte d'armeraens pour troubler la tranquil-
lité de l'Europe.
Mais le ministère anglais s'occupait déjà de
rompre cette union des deux grands souyerains ,
trop dangereuse pour ses intérêts. Il employa les
mêmes moyens qui lui réussirent trop souvent.
Cependant il répondit, comme il l'avait fait k
toutes les ouvertures précédentes, de manière à
amener une rupture, sans paraître se refuser à la
négociation. Assuré des dispositions de l'Au-
triche , des Espagnols insurgés, de la Suède, de
la Sicile; comptant sur les partisans qu'il avait
conservés dans les cours de Russie et de Prusse,
et qui ne tardèrent pas à prouver leur crédit;
il ne fut pas long-temps à annoncer là guerre et
ses relations dans le continent, par sa déclaration
du i5 décembre. Dans cette pièce il prétendit
que les propositions feites à Erfurtb « n'avaient
» pour but, que de ralentir ses préparatife, ou
» d'ébranler les résolutions de ses alliés;... de se-
» mer la méfiance et la jalousie dans les conseils
» de cemt qui s'étaient réunis pour résister à
» l'oppression, et parmi les nations sur qui
» pèse l'alliance de la France, etc. » L'Angleterre
hyGoogIc
(46)
poussait ses arméniens de tous côtés, avec la plus
grande activité; et faisait entrer en Espagne l'ar-
mée qu'elle avait en Portugal.
Napoléon avait profité des dispositions arrê-
tées à'Erfurth, de l'impression qu'il avait pu y
produire, et de l'hiver où la guerre d'Allemagne
.était moins présumable, pour aller en Espagne
réparer les fautes commises, soumettre les insur-
gés, repousser les armées anglaises et replacer
.son frère sur le trône. Tout cela devait être l'af-
faire de quelques semaines. L'Empereur avait an-
noncé le 26 octobre, à l'ouverture du corps légis-
latif, qu'il était invariablement uni avec l'emp^
reur Alexandre , pour la paix comme pour la
guerre. Entré en Espagne le 4 novembre, il était
un mois après à Madrid; ayant défait les Espa-
gnols en bataille rangée à Burgos, à Valmaseda,
à Espinosa, à Tudela, à Sommosiera. Après avoir
reçu les sennens des autorités de cette capitale
et leur demande du retour de Joseph, il s'était
mis à la poursuite de l'armée anglaise. Le retard
de quarante-huit heures, occasionné par ujie ter-
rible tourmente sur la Guadarama , fut d'un
grand secours au général Moore, dont la marche
allait être coupée; il se retira au plus vite sur la
Corogne. Napoléon le suivait vivement, le rem-
hyGoot^le
(47 )
ptaçait chaque nuit dans son quartier général. Il
allait enfin l'atteindre, lorsque la nouvelle des
intrigues récentes de l'Angleterre, des change-
mens survenus dans la politique de l'Europe, des
armemens et des dispositions de l'Autriche, le
force de s'arrêter à Âstorga (i). Il charge le ma-
(r) On m'a assuré que l'Empereur, relardé à Arevalo par
le mauvais temps, dRns les derniers jours de décembre 1808,
reçut un courrier de France , qui lui annonçait de nouvelles
menées des hommes du mais de mars i8i4;ils préparaient
alors ce qui a été exécuté depuis par d'autres moyens. On
prétend que cet avis a dû contribuer au retour de l'Empe-
reur en France. Était-ce une nouvelle intrigue de l'Angleterre,
pour lui faire plus sûrement et plus vite abandonner l'Es-
pagne? Cette même année 1808, pendant queNapoléon était
à Bayonne, une autre conspiration devait éclater le 3o mai ,
par suite de laquelle Mallet fut mis dans une maison de ré-
clusion, et beaucoup d'autres personnes pardonnées. Une mi-
norité Tactieuse d'une grande autorité, était en coi)spiratiMi
permanente contre l'Empereur: qu'a-t-elle gagné a son ren-
versement? Napoléon compte plus de trente conspirations
ourdies contre lui; et cependant il restait constamment ex-
posé à tous les coups, chez l'étranger, à l'armée, en France.
Ces conspirations ne s'étendaient guère au-delà des salons.
Ce n'est pas avec des calembonrgs et des quolibets que, même
en France , on peut renverser une puissance solidement éta-
blie>il faut que bien d'autres élémens se réunissent. Hais
ces intrigues encourageaient l'étranger; en lui faisant consi-
hyGooglc
(48)
réchal Soult de poursuivre les Anglais sur la Co-
rogne; et repart pour Valladolid, d'où il expédie
( 1 5 janvier) aux souverains de la Confédération ,
l'invitation de compléter leur contingent. Bien-
tôt, lorsqu'on s'y attend le moins, et lors-
qu'on le croit encore occupé de la guerre d'Es-
pagne, il arrive à Paris (a3 janvierj, pour tra-
vailler à la conservation de la paix, ou se préparer
à la guerre d'Allemagne.
dérer l'Empire comme peu solidement établi, et toujours en
hyGoogIc
CHAPITRE III.
SITCATIOM POLITIQUE ET MORALE DE l'eUROPE EN
JANVIER 1819.
ht cabiiKt ui^ais en dirige par le coomU oiH»ilte de la baate olî'
garchie; elle a ievx poliliqucB, l'uae ' secrète, l'autre osleiuible.
■•— L'Angleterre a de giaudi moUfa {lour siucitec cette nouvelle
goene. — Les écrivaiiu étrangcra recooiuufaeDt que comme la
coaUtion , elle n'agit que pour tes inUréu propres. — Elle fiiit da
grandi pr^patatifa et compte principàlenlent «ur sti machinatioiu.
— Deux grandi parti), l'unaDglais, onde la guerre, l'autre frangaii,
on de la paix, divisent les nations et les cours de TEuiope. —
Celle de Vienne est aussi diTleëe par les coteries mililairei. —
L'Autriche, la PniSM, la Ruine et une partie de rÂUemagne,
MDt dëterminies k ht guerre, niais chacune d'âne manière diffé-
rente.— Le Buiaie est d'accord arec laPruue; elle négocie encore
avec la France poni les affùres de Tlnde. — Depuis Tibitt, elle se
prépare & combattre un jour contre la France. — Napoléon, da
l'aveu même des éliangen , fait tout ce qu'il peut pour éviter cette
gnerre, i laquelle il ne croit pas, comptant sur l'intervention de
la Russie. — Id cinquième^ agression de la coalition eat décidée j
ouvertement par rAngleUrre,rAutriche et leuïs alliéa, secrète-
ment par les autres puiuancea.
Ceux qui connaissent l'intérieur du cabinet de
Londres savent que, depuis plus d'un demi-
siècle, il est dirigé par un œnseil secret, qui a
succédé au Ëuneux comité écossais d« lord Bute,
I. 4
hyGoogIc
(5o)
OU conseil de la princesse de Galles, formé ea
1740, à ravénement de Georges m au trône. On
a toujours considéré ce gouvernement occulte,
comme une dictature coilcentrée dans la main
des grandes familles : il a usurpé l'entière direc-
tien des afiaires, et a manifesté surtout sa puis-
sance pendant les maladies du roi , et en imposant
de dures conditions à la régence. Le ministère
n'est le plus souvent que son prête-nom; n'é-
tant presque jamais admis à rkonneur d'en &ire
partie. Ce conseil se maintient constamment sur
la même ligne, malgré les variations apparentes
des ministres, qui tentent quelquefois de se
soustraire à son joug. On sait aussi qu'il faut
distinguer dans ce cabinet deux politiques (i) :
l'une secrète oupersonnelle à la maison, librement
appelée au trône par la nation; l'autre publique
(i) A l'époque où se:fpnnau dans J'ombre, le conseil
secret, MoDtesquieu écrivaitque, «Si le ministère anglais,
• obligé de rendre compte au parlement, devenait le centre
■ des négociations de l'Europe , il ; mettrait un peu plus de
• probité et de bonne foi que les. autres, etcu Le savant pu-
bliciste ne pouvait pas présumeV qu'on accuserait ce minis-
tère d'avoir toutes 4es pièces doubles, afln de garder les
unes pour son usage , les autres pour les présenter an par-
lettient, et & la naticm ;<^i^l^isfi
hyGoogle
■ (5- )
et avauée. ouvert^uënt, dans ses rapports avét
le parlement et les puîssanoes étrangères. Ta
première a pris une plus grande consistance et
beaucoup de développeiriens , depuis que là
mort du dernier des St^arts a délivré la-maîson
de Brunswick , de toute Crainte de la part des
^rétendans. Cette politique secrète tend surtout
à coDSolidpr le pouvoir de la couronné, celui
delà grande aristocratie des Torys et de la riche
prélature; à priver peu à peu la nation anglaise
de ses garanties et de ses libertés; à affaiblir son
acbnirable esprit public; à vicier son système
parlementaire et électoral Avec de l'or et des
laveurs l'oligarchie convertît en un vain simu-
lacre, tout l'appareil représentatif, pour rester
maîtresse absolue de la machine à bills et à
budgets. Triste condition des choses humaines,
que les meilleures et les plus saintes puissent
être aussi facilement perverties! funestes ré-
sultats de la mollesse et de la corruption de
notre génération ! Que sont les institutions sans
la bonne foi qui les observe ou la force qui les
maintient? De cette diversité dans les objets de
sa politique intérieure et étrangère; de cette
lutte des volontés et des devoirs des ministre^,
avec les injonctions du conseil secret et les
hyGoogIc
( 5>)
attaques de-l'opposition; il résulte dans ce ca'
binet autant de variations et -d'intrigues que dans
les «ours du continent, surtout pour la distri-
bution des grands emplois. Nous ne parlons plus
en ce moment de sa foi punique, et de la répu-
tation de machiavélisme qu'il a si bien méritée.
Cependaïit l'oligarchie et le ministère se main'
tiennent invariablement dans leur ligue contre
les intérêts nationaux. Un de leurs principaux
moyens a toujours été d'engager l'Angleterre,
dans des guerres qui détournent son attention
de la défense de ses droits; ils sacri0ent tout
pour maintenir la prépondérance maritime ,
qui donne à cette nation marchande le com-
merce et l'or de l'univers. Tant de prospérités ■
enflent son orgueil; mais altèrent son esprit
public. Laissée en possession d'une ombre de
liberté et de quelques anciennes garanties; elle
ne sait pas voir que son gouvernement attaque
sur le continent, les droits des nations, pour
parvenir à les détruire chez elle. J^e conseil
secret et le ministère se sont plus étroitement
unis, depuis les progrès de la révolution fran-
çaise, depuis l'établissement de l'empire; afin
de s'opposer à la consolidation des principes
libéraux, et à tout ce qui pouvait augmenter la
hyGoogIc
(53)
puissance de la France. Leurs soins s'attachaient
à réveiller les sentimens de rivalité et de haine,
pour rendre la guerre nationale. En ce moment
toutes leurs vues s'étaient, tournées vers les ra-
pides triomphes de Napoléon en Espagne.
L'Angleterre savait tout ce que la présence
de l'Empereur pouvait produire d'efîet dans là
péninsule, sur ses troupes et même sur les ha-
bitans. Elle savait que lui seul pouvait imprimer
à des opérations aussi disséminées, l'ensemble
nécessaire poiur les. faire concourir à la soumis-
sion prompte et entière de ce pays ; et que l'ar-
inée anglaise serait bientôt chassée ou détruite.
Elle fit tous ses efforts pour la sauver des ter-
ribles coups d'un tel adversaire, et pour rap-
peler celui-ci sur un autre théâtre. La première
et la plus forte des diversions, était cette dé-
claration. du- i& déc^nbre, publiée pendant le
séjour de Napoléon à Madrid. L'Angleterre signa-
lait ainsi et encourageait les membres de la coali-
tion qui allaient se déclarer. Ses agens remplïs-
siaient toutes les cours : quelque rapide qu'eût
été l'apparition de l'empereur dans la péninsule,
la situation de l'Europe avait été changée dans
ce coiirt espace. Tous les cabinets s'étaient tour-
gés à la guerre contre la Frani^ ; tous jusqu'à la
hyGoogIc
( 54 )
Porte, qui se raccommodait avec l'AnglAérre
par les soins de rintëmonce autrichien, et qui
promettait à la cour de Vienne des secours en
hommes. Quelques publicistes affirment cette
singulière condition, sur laquelle du reste il sem-
blerait que les proclamations du prince Cbarles,
du 6 avril, et particulièfemeot du i8 juin, lie
devraient laisser nul doute.
Cependant aucun de ces cabinets n'avait de
•griefs nouveaux ni anciens contre la France;
presque tous avaient reconnu les chaugeineus
survenus en Espagne; tous agissaient pour leur
propre ambition,- Les temps du mystère et de la
dissimulation sont passés. On ne se gène plus
en Europe, pour avouer que pendant les guerres
contre I^apoléon, l'Angleterre et même les cours
d' Autriche , de Prusse et de Hussie s'occupaient
de leurs intérêts politiques, bien plus et d'ime
manière bien différente que ne l'indiquaient
leurs manifestes, pleins de déclamations en fa-
•veur des droits des nations, de la liberté publique,
contre l'ennemi du bonheur commun. Quand on
connaîtra toiites les pièces des négociations;
quand on pourra comparer le langage public et
les instructions secrètes, les principes proclamés
hautement et le système de politique réelle;
hyGoogIc
(55)
an verra suf -qui doivent peser lés accusation^ de
violence et de perfidie; on verra qui s'est trouvé
plus en contradiction, dans la conduite ostènSibïej
où il y a du moins la franchise de ia force qiù agit
ouvertement, et dans la politique cachée et tor-
tueuse , qui ^ut toujours être entachée de plus
ou moins de duplicité. Quoi qu'il en soit , les pu-
blicisteS étrangers les phas opposés Jl la causé
des Français, ont tous reconnu jusqu'ici quele^'
puissances de l'Europe cherdtaient à réparer
leurs pertes, à augmenter leurs ptossessFons, à
profiter de toutes les' occasions qui pouvaient s*
présenter contre nous, lï faut prendre acte d'a-
veux aussi précieux; car tout est en foveur de
Napoléon , s'il a été constamment attaqué et ré-
duit à se défendre
L'Ajigleterre était déterminée à tous les sacri-
fices pour une nouvelle guerre; aussi s'en pro-
mettait-elle les plus grands avantages. Elle affai-
blissait en même temps, et ia France, et les
puissances du continent : elle allait rouvrir à
son commerce une partie des côtes fermées par
le système continental ; arrêter les progrès : de
Findustrie étrangère! ; s'assurer pendant cette
lutte la suprématie des mers , l'empire de l'Inde ,
le commerce de l'univers. En eijfet, dans cett^
hyGoot^le
(56)
année 1809, les Anglais eolevèrent une partie
de nos colonies: Cayenne, là Martinique, le
Sénégal, Santo-Domingo ; ils s'emparèrent de
ïlslande; et ils .préparaient pour l'année suivante
la prise de la Guadeloupe, avec Saint- Eustache
et Saint-Martiç, des îles de Bourbon et de France,
d'Amboine^ qui ne fut que le prélude de la con-
quête de Batavia. Enfin l'Angleterre voulait par-
dessus tout tenter un nouvel effort, pourafiàlblir
la France et renverser Napoléon, en réunissant k
la force des armes, celle encore plus terrible de
ses machinations, dont elle venait de faire un
tel essai dans les insurrections de l'Espagne, Si
son grand projet ne réussissait pas entièrement^
elle voulait du moins profiter de la guerre, pour
flétruire nos arsenaux maritimes de l'Escaut, et
dévaster la Belgique. Ceci était pour elle un bien
grand avantage; assez considérable pour la dé-
terminer seul à entreprendre U guerre , puis-
qu'elle se voyait obligée de renoncer, aumpins
pour bien long-temps, à obtenir la séparation de
ces pays d'avec la France. Aussi , ces secours
puissans qu'elle promettait à l'Autriche, au lieu
de le» envoyer contre le nord de l'Allemagne, où
la coopération eut été bien plus active et plus
avantageuse à la cause commune , elle les dirigea^
hyGoogle
( 57 )
selon ses intérêts particuliers , contre Anvers et
la Belgique. Il est possible que, dès le com-
mencement, elle leur ait réservé une destination
vers le Midi, subordonnée au progrès de ses in-
trigues en Espagne et en France; car l'Angleterre
comptait autant sur leur succès au milieu des
nations de l'Europe, que sur la force des armées
coalisées.
Jusqu'alors , les nations comme les cours, avaient
été sur le continent, divisées en deux grands
partis; avec cette difiérence, que celui qui se
trouvait en majorité dans les unes, était en assez
grande minorité dans les autres. Le parti anglais,
ou de la' guerre', dominait dans les cabinets et dans
les cours; mais dans celles-ci les partis se com-
battaient encore, et prenaient alternativement le
dessus, suivant que l'or britannique ou la force
de nos armes, pesaient davantage dans la balance.
Souvent ils agissaient en même temps; ce qui
produisait ces négociations doubles, cette poli-
tique contradictoire, qu'on aperçoit quelquefois
dans la conduite des gouvememens. On voyait
réunis dans le parti anglais, tous les ennemis de
la France et de la révolution à un titre quel-
conque, les hommes tarifés et payés par l'An-
gleterre, tous les amis des privilèges , et ceux qui ,
hyGoot^le
(58)
préférant l'intérêt particulier aii birà général ^
fermaient obstinémeat les yeux aux progrès des.
lumières. Ceux-là dominaient, non -seulement
dans les cours; mais à force de déceptions, ils
commençaient à lasciner, à exalter l'esprit des
peuples, à obtenir parmi eux une certaine in-
fluence. Le parti français, ou de la paix; comp-
tait dans son sein tous'les hommes qui croyaient
deroir soumettre la politique au bien de l'hu-
manité ; ceiix qui sentaient la nécessité de sui-
vre la marche de l'esprit humain dans le perfec-
tionnement des institutions sociales, en laissant
de côté ce que de flatteuses théories ont d'imprati-
cable; tous ceux enfin qui voulaient le repos public,
la paix générale sur mer et sur terre. Ce parti se
composait principalement de la classe moyenne
et éclairée; de celle qui, supportant partout les
chaînes de l'État, plus capable que personne d'en
diriger les emplois, en est exclue par les privi-
lèges et les prétentions de la noblesse. Mais
dans cette honorable classe, de grandes séduc-
tions avaient été exercées ; en lui représentant
Napbléon et la France comme aspirant à la do-
mination universelle , et voulant opprimer les
nations, qui n'avaient pas en effet de plus cbauds
défenseurs. Depuis que la confédération dii Rhin
hyGoogle
( 59 )
avait été créée, les sujets de ■plainte que ces
nouveaux gouverneméiis donnaient aux peuplés,
étalent imputés à Napoléon, quelquefois par ces
gouTernemens mêmes ; ce qui diminuait en-
core le nombre des partisans de la France.
A la cour de Vienne, comme dans toutes
celles de l'Europe, on retrouve les denx partis
de la guerre et de là paix. Nous devons en-
trer pour cette cour dans quelques détails. Là ,
ce n'étaient pas seulement de vaines théories et
des opinions particulières, qui dirigaient ces
partis : ils devaient discuter aussi les plus graves
raisons d'Etat; car aucune puissance n'avait,
autant que l'Autriche, soùSert du poids de hi
guerre, qu'elle n'avait cessé de soutenir depuis
dix-sept ans, et le plus souvent d'une manière
peu heureuse. Nous trouvons, sur les intrigues
de ces partis, des révélations précieuses dans une
correspondance des généraux comte de iG-riinne
et Mayer avec le vieux prince de Ligne et le
ministre Stadion; laquelle a été publiée dans le
journal politique de Hambourg, et dans la Cam-
pagne de l'archiduc Jean (i).
(i) Voyez la lettre d'un offiàer géséral autrichien aux
pièces; et la Campagne de l'archiduc Jean eb 1809. Leipsik,
1817, dèjk citée.
hyGoogIc
(6o)
SU hvtt croire au contenu des lettres de ce-
géo^al, attaché à Tarchiduc Charles, ce prioce
aurait été entièrement opposé à la guerre^, dont
les Stadions (sans doute les deux frères et leur
parti) étment les ardeos excitateurs, o Le prince^
n d'après ces lettres, invité à se déclarer sur la
■a grande question de la paix ou de la guerre,
» voulait qu'on lui prouvât les dangers réels de
» la patrie. .... Deux fois il avait empêdié la
» rupture; il n'a cédé la troisième fois qu'à la
» puissance d'une opinion, appuyée avec tant
» d'ardeur, que la guerre était enfin devenue
» une. affaire d'homieup..... Les Stadions (oc-
» tobre 1808) vantaient l'appui qu'ils trouver
» raient dans les nations mécontentes, dans la
» Prusse, la Russie, etc Au lieu d'améliorer
aies finances par la réduction des armées, les
» ministres ne songeaient qu*à augmenter celles^
» ci , à irriter les mésintelligences avec la France:
» peu après ils jetaient le masque, et annon-
» çaient que toute discussion était superflue;
u que le bien de l'état dépendait de la guerre. En-
» fin, le souverain s'était déclaré pour elle, etc. ».
Pour exciter à ta guerre, les Stadions préten-
daient a que les Français n'avaient pas plus de
u 60,000 conscrits en Allemagne. Le prince se
hyGoogle
(6. )
B plaignait de la légèreté du ministre, etc. s Se*
Ion d'autres rapports, l'Empereur François élait
mécontent des personnes de sa cour, qui avaient
été opposées à la guerre. Il disait du comte
Choteck, en l'exilaut : il a été pour la paix. Ce
souverain d^cendait dans sa consàence, pour
s'y reposer sur les décisions que lui faisaient
prendre ses ministres (i). Il disait aussi, à quel-r
qu'un qui lui pariait des forces françaises en
Allemagne: Bah! ils sont tous en Espagne. Et
ensuite : // est vrai qu 'on m 'a toujours trouvé
sur le coTtq>te de la Russie. C'est ainsi que la
ligue oligarchique égarait la bonne foi de ce
prince , pour le pousser à une guerre non pro-
voquée, injuste, inconsidérée. Dès les mois de
mars et avril 1808, un an avant la déclaration
de guerre , on lui présentait le travail sur les sys-
tèmes de défense et d'attaque de l'Autriche.
La tète des deux grands partis dans cette cour,
venait se grouper autour du ministère investi
de tous les pouvoirs, et du prince Charles il-
lustré par ses actions et ses connaissances mili-
taires, encore plus que par son rang. La grande
masse de l'aristocratie était pour la guerre; la
{i) Voyes le rapport du 9 novembre 1S09.
hyGoogIc —
( 6a)
bourgeoisie commençait à y iDcIiner; à.la'fm ia
paix n'avait plus pour elle, que les. Uommes véri-
tablement éclairés, qui malheureusement sont
partout en très-faible minorité. Dans cette cour
les deux partis étant en. présence et en rapports
continuels; il en résultait une lutte inévitable,
qui a constamment gêné les opérations mili-
taires; qui s'est fort envenimée au milieu des
malheurs de l'Etat; et qui a. fini par faire retirer
à l'illustre généraUssime ce commandement, dont
lui seul s'était montré digne. Le ministre Stadion
avait placé son frère, en qualité de commissaire
général à la suite de l'armée autrichienne;
celui-ci, ayant été ministre à Munich pendant
les trois années que la guerre se préparait, y
avait organisé les intelligences nécessaires pour
le but que se proposait la coaUtion. Aussi le Mo-
niteur l'a-t-il signalé comme im commissaire de
révQhUfon en Bavière.
Les rivalités de ces deux partis à Vienne , se
compliquaient par la division qui existait entre
ceux qui, étaient appelés à diriger les affaires de
la guerre; tous deux bommçs de mérite, d'après
ç<^ quçl'on eo connut, et dontchacun avait ses
vues particulières. Le comte de Grunne, depuis
long'temps.attachèau prince C^grles^ était dans
hyGoogIc
{ 63 )
son étât-major en i8oS, et disait partie de son
ministère comme directeur du départemeot de
la guerre : le général Mayer d'fleldenfeld, auquel
on attribuait ime grande part aux équivoques
succès de la campagne de 1796, était quartier-
maître>général de l'année. Chacun de ces géné-
raux avait son système de défense des États autri-
chiens , spn plan d'attaque et de guerre ; chacun ,
ses partisans qui le prônaient, le soutenaient, et
se /attachaient aux deux 'grandes Ëictions. Tous
ces dlssentlmens ne pouvaient que nuire aux af-
faires;, et ils Içfir firent bjçaucqup de tort- Il n'était
pas inutile de les exposer ^yec quelques déve-
Ipppemens, pour expliquer bien des choses, qui
ont eu lieu au commepcemei^t et dans le cours
de cette campagne.
A toutes les époques l'^i^ufriçhp ?. été consi-
dérée comme la pierre ang^)aire de la coalition
continentale. Toujours décidée ppuf-laguecre) d^- -
puis le commencement de iQpS ej|e p'ayait c^s^é
d'armer; et pendant tojit l'Ij^vereUeayai^ conti-
nué à exercer ses levées çï ses tandwehrs. £n
janvier 1809 ses prépaff|ti& étaient à peu près
terminés. La plyp ^C^de f^rpïÇitf^Spn rftgjmt
alors dans les États autricit^sp^f surtouit ,4^1^ }es
haut« rangs de la spc^té. On rép^mdait dçf U-
hyGoot^le
(64)
belles , de fausses nouvelles soit de dos préten-
dues défaîtes en Espagne, soit de cessions de
territoire exigées par nous. On prodiguait les
insultes aux citoyens français et à nos agens.
Enfin l'Autriche mit vers le 30 février, ses troupes
sur le pied de guerre. Même alors elle ne spéci-
fiait pas de griefe contre la France, et déclarait
dans les notés de son ambassadeur, qu'il n'en
existait aucim. Les seuls prétextes qu'elle allé-
guait, étaient le retour de l'Empereur, l'ordre
donné aux princes de la confédération de se te-
nir prêts à marcher, enfin quelques articles de
journaux. Ainsi voilà l'Autriche Ëtisant la guerre,
uniquement parce qu'il était dans ses intentions
et dans les intérêts de l'Angleterre de la faire ;
la voulant absolument et sans retard , parce
qu'elle se croyait tout-à-fait en mesure. Néan-
moins elle prodiguait encore des protestations
amicales; afin de prendre son ennemi au dé-
pourvu, de le retenir loin du champ de bataille,
et de porter à son armée des coups plus sûrs.
Nous verrons bientôt que la politique autri-
diienne fut telle à cette époque, qu'elle s'est
montrée dans toutes les occasions.
La Prusse qui venait d'obtenir de Napoléon à
Erfiirth l'évacuation de son terriîoire et une dî-
hyjGoogle
(65)
minutioD de 30,000,000 dans les contributions
imposées à Tilsitt, était déjà en négociation avec
l'Autriche. Pour prix de son accession à ta cin-
quième guerre de la coalition; elle demandait
non-seulement la restitution de tout ce qu'elle
avait perdu en dernier lieu , mais la cession de la
Pologne autrichienne. Si le roi de Prusse hésitait
encore; sa cour était prononcée pour la guerre,
toujours agitée par les passions comme par les
intrigues de ses ministres et de ses généraux, soit
à Kœnigsberg où elle résidait depuis 1806, soit
à Berlin où le comte de Goltz avait été établir le
ministère, ce qui le rendait maître des affaires.
On a prétendu qu'il n'était question de rien
moins que de iaire marcher l'armée, même sans
la participation du Roi (1). Cette armée réduite
(1) Voyez aux pièces la lettre du général Mickatid, a5
juillet; et cette du baron de Lindea. On ne satirait trop re-
ccHumonder de lire dans son entier cette dernière pièce,
qui jette un si grand jour sur les affaires du Nord à cette
époque , et dont le contenu a été confirmé par la réclamation
même de M. de linden. On peut voir aussi la lettre de l'em-
pereur Fran^oU et du ministre StatUon. Sucholz dit qu'^i
mars i8i3 l'armée prussienne fîit portée de suite à iog,ooo
honunes, dont les deux tiers de vieux soldats, et bientôt à
' I. 5
hyGoogIc
(66)
à 40)000 hommes par les traités, pouvait s'aug-
menter rapidement, au moyen de congés ficti&
qui devaient cesser au besoin. Tout ce qui pou-
vait servir ' à la guerre , hommes , chevaux ,
moyens de toute espèce, était noté et préparé.
On portait à 120,000 hommes, le nombre des
troupes dont la Prusse pouvait réellement dispo-
ser dans le moment. Trois motiÊ la retinrent pen-
dant long-temps : la crainte d'être abandonnée
elle-même par l'Autriche , comme elle l'avait
abandonnée en i8o5; le désir de marchander
le prix de son accession ; enfin ses engagemens
particuliers avec la Russie. Mais ce qu'elle n'osait
pas ouvertement, elle le faisait en secret. Il ne
reste aucun doute maintenant, sur ses sentimens
et ses projets de guerre, sur sa participation aux
insurrections de l'Allemagne ; les négociations
du prince d'Orange, celles de Steigensteck , les
lettres de l'empereur François et du comte de
Stadion, en donnent des preuves certaines.
Les sentimens d'amitié manifestés avec tant
de chaleur par Alexandre à £rfurth, ne durèrent
pas long-temps. Une visite à Pétersbourg , de la
reine et du roi de Prusse , au commencement
de janvier 1 809 , marqua l'époque où on com-
mença à y découvrir quelque altération. Des in-
hyGoogle
(S7)
quiétudes sur le projet de rétablir la Pologne
avaient été, dès 1807 , iusinuéesà Alexandre. On
en trouve la preuve écrite dans la déclaration
adressée au prince Kourakin, le i3 novembre
suivant. La faible participation de la Kussie à
la guerre contre rAutriche, le séjour de son
escadre à Trieste au milieu des vaisseaux anglais,
le retard qu'éprouva la marche de son corps
d'armée, de beaucoup inférieur à ce qui avait
été convenu , et surtout la conduite de ses com-
mandans en chef, montrent assez les inten-
tions réelles de cette puissance. Il parîdt certain
qu'il fut pris alors entre les souverains de Russie
et de Prusse, des arrangemens secrets contraires
aux intérêts de la France. Plus tard on mani-
festa à la cour de Saint-Pétersbourg, des senti-
mens favorables ,à l'insurrection de Schill. On a
assuré aussi que la Russie avait des officiers sans
uniforme au quartier-général autrichien , tandis
que Czemicheff était en mission officielle auprès
de ^Napoléon (i). Néanmoins la Russie montra
encore pendant long-temps, tous les dehors
d'une parfaite inteUigence. Â cette époque, son
(i) Kémt lettre, ul suprà. Ce bruit était géiiérftlem«nt
r^ttnda en Autriche et dans l'armée française.
5.
hyGoot^le
( 68 }
ministre des affaires étrangères, Roumanzoff était
à Paris , s'occupant en apparence de suivre les né-
gociations entamées avec l'Angleterre. Mais on
assure que des objets très-importans se traitaient
entre la France et la Russie ; qu'il était fortement
question d'une expédition dans llnde, et même
de la Turquie. On ne sait s'il existe encore des
traces de certaines notes fort intéressantes , qui
ont dû être écrites alors par le ministre russe.
Comment concilier de telles négociations et
de tels projets , avec la conduite de la Russie
pendant cette guerre ? On peut encore en trouver
l'explication par l'influence alternative des deux
partis , qui divisaient les cours de l'Europe , et
qui avaient une politique opposée. Il serait très-
possible que l'Angleterre, ayant eu connaissance
de ces projets , eût brusqué la guerre en 1809 ,
afin de les rompre. Quoi qu'il en soit, à la de-
mande de Napoléon, le comte de Roumanzoff
offrit à l'Autriche la médiation de sa cour pour
empêcher la rupture.
Nous mettons la plus grande attention à ne
rien avancer qui ne soit appuyé de preuves,
ou qui n'ait "été avoué par les puissances étran-
gères. Aujourd'hm tout hon^me impartial peut
lire dans un ouvrage puhhé par le colonel
hyGoogIc
(69)
Boutourlin (i) , dédié à l'empereur Alexandre
dont il est raide-de-camp, l'aveu de la plupart
des faits énoncés dans nos mémoires , au travers
de tous les ménagemens qu'exige la politique.
La formation et la permanence de la coalition
y sont déguisées le mieux possible. Mais on y
voit les sentimens qu'avait inspirés , dès 1 807 , à ■
la Russie , la création du duché de Varsovie,
et sa cession au roi de Saxe, descendant des
anciens rois de Pologne; les projets de cette
puissance dès Tilsitt a pour se mettre à même
» de soutenir la lutte qui devait se renouveler
» un jour;.... et cette crise qui devait briser les
» chaînes des peuples de l'Europe;.... le désir
» sincère de Napoléon d'éviter la guerre de
» 1809 ;.... l'espoir de l'Autriche de prendre alors
B la France au dépourvu; sa dissimulation, ses
» armemens;.... l'impossibilité où se trouvait la
» Russie, par suite des aflÈiires de Suède et de
» Turquie, de soutenir l'Autriche à cette époque,
s avec le feible corps disponible qui lui restait
» vers la Gallicîe;.... enfin l'ofire de son inter-
» vention. « On y voit aussi dès 1810, les pré-
paratifs secrets de la Russie pour nous feire
(1) Campagne de Russie eai8i3jParis et Pétcrsbourf,
1834, chap. I, pages 34 à SS.
hyGoogle
(7° )
la guerre , qui fijt retardée par la nécessité de
terminer celle de Turquie ; la marche de ses cinq
divisions sur le haut Dniester ; et ses motïÉs
pour ne pas commencer dès 1811 les hostilités
qui, dans l'année suivante, ont été un si grave
sujet de reproche envers Napoléon. On y voit
■ la confîrmatior> de ce que l'Empereur a ré-
pété si Souvent : qu'il arait tout fait pour éviter
cette guerre.
L'Allemagne était en grande partie soumise
au système de la Confédération du Rhin ; mais
TAutriche et la Prusse trouvèrent au milieu
d'elle, de zélés auxiliaires dans cette foule de
princes , de nobles et de membres de l'ordre
équestre , qui venaient de perdre leurs privi-
lèges. A cette époque l'Allemagne et surtout
le nord de ce pays , était rempli d'associations
secrètes : les unes organisées par des métaphy-
siciens exaltés, par des publicistes enthousiastes ,
dont les théories étaient dirigées contre toute
espèce de domination, et avaient en général
une tendance assez grande vers les idées répu-
blicaines. Ils s'étaient proposé de reformer par
leurs leçons, la génération actuelle de notre vieille
Europe; et portaient d'abord le nom d'Union
morale et scientifique. D'autres sociétés voulaient
hyGoo^le
(?■ )
travailler par des moyens violens, à: ce qu'elles^
appelaient l'indépendance de la patrie aile-
Baande, de l'îwicîenne Tèutonie^ mais leur but
-Secret était de renverser la Confédération du
Rhin, et de rétablir l'empire germanique. La
majeure partie de la jeunesse y et surtout les
étudians étaient affiliés à ces association». Cha-
cune d'elles avait ses projets particuliers pour'
la future organisation de l'Allemagne ; mais
par les sofns des ennemis de la France , elles
avaient été réunies en un seul point, le- ren-
versement de notre influence. Elles ont par-
ticipé vivement aux mouvemens de r8og; et
©lit surtout contribué en i8i3 aux malheurs
de nos armes. Alors et depuis elles ont pris
une telle extension, elles ont poussé si loin
leurs théories, et surtout l'essai de leurs forces,
que les souverains délivrés et restaurés par
elles, ont lini par en être ef&ayés et les ont
persécutées. On les connaissait d'abord sous le
nom de Thgàtidbund, Tugendverein , Bursdien-
schaft : le premier de ces noms a prévalu/Plus
lard on a divisé ces sociétaires, en Chevaliers
noirs, sous le docteur prussien Jahn ; en Conœr-
distes , sous M. Lang ; en Réunion de Louise,
sous M. de Nostitz ,, décoté par la reine de
hyGoot^le
(7»)
Prusse d'uue chaîne d'argent. Le premier exer-
çait son influence sur les provinces prussiennes;
le second , sur le midi de l'Allemagne ; le troi-
sième , sur le nord de ce pays. Les barons de
Stein et deHardenberg contribuèrent beaucoup
à la propagation et à l'organisation de ces so-
ciétés. En 1 809 , l'ancien électeur de Hesse avait
de grands rapports avec elles. Cependant leur
chef direct semble avoir été alors le flls du
Êuneux duc de Brunswick, relégué dans sa
principauté d'Œls en Silésie. Ce prince qui,
à la suite des malheurs de sa famille , avait
juré haine étemelle à la France; qui a couru,
comme plusieurs membres de la noblesse im-
médiate , dans toutes les cours et les armées
de l'Europe pour combattre contre nous; ce
prince devint alors une sorte de puissance en
Allemagne , et seconda fortement le projet gé-
néral de soulèvement. Lorsque la guerre dut
commencer, l'Autriche traita avec lui comme
prince de l'Empire, 11 s'engagea à lever à ses
frais un corps de 2000 hommes, qu'il forma
à Nachod , sur les frontières de la Silésie ,
d'où il espérait recevoir beaucoup de sujets
prussiens. A la même époque , il entretenait des
correspondances partout ; il organisait les in-
hyGoogle
(73)
surrections militaires; celles de Katt dans la
vieille Marche , de Dornberg à Cassel , de Schill
à Berlin ; celles des habitans de fiareutfa , de
Mergentheim , du T^rol, etc.
Il a fallu entrer dans ces détails et expli-
quer, trop longuement peut - être , quelle était la
situation des esprits en Europe , en même temps
que celle de la politique des cabinets; car tous
ces élémens sont entrés dans la guerre qu'ils pré-
paraient contre nous. La coalition préludait ainsi
à ce système de guerre générale, de défection et
d'insurrection, par lequel en i8i3, sans plus de
griefe qu'à cette époque , elle a soulevé et lancé
sur nous les peuples, pleins de regrets aujour-
d'hui en voyant contre qui et pour qui ils ont
combattu.
Tous les écrivains étrangers reconnaissent aussi
qu'en 1809, Napoléon avait le plus grand intérêt
k ce que la guerre d'Autriche n'eût pas lieu, au
moins en ce moment où il était fort occupé
contre l'Angleterre et l'Espagne : ce qui prouve
suffisamment qu'il a dû faire tout pour l'éloigner,
sans négliger pourtant aucun de ces préparatifs
devenus indispensables, et dont l'animosîté de
ses ennemis, lui avait fait prendre l'usage. Cepen-
dant nous trouvons souvent dans la correspon-
hyGooglc
(74)
dance particulière de l'Empereur et du major
général avec les maréchaux, que l^apoléon lui-
même ne croyait point à cette guerre, qui ne lui
paraissait pas dans les intérêts de l'Autriche. On
lit dans ces lettres ; « Rien ne prouve que, même
» vers la fin d'avril les Autrichiens soient dans
D l'intention d'agir; car ils n'ont fait aucune dé-
» claration, ni manifesté aucun grief; d'ailèeurs
» la Russie pourrait agir contre eux (ai mars).
» L'Empereur ne croit pas les Autrichiens décidés
» à une agression , qui leur attirerait Vanimadverr
» sion de la Russie , qui a des armées vers la
n Gallicie et la Transilvanie (27 mars). Pourquoi
B les Autrichiens attaqueraient-ils sans déclaration
» de guerre?... D'ailleurs ils s'exposeraient à s'at-
j» tirer la guerre avec la Russie (3o mars). » Il
faut bien croire à la vérité du contenu de ces
lettres, qiù n'étaient pas destinées à voir le jour;
car elles pouvaient induire en erreur les chefs
de l'année, et endormir leur vigilance. Nous avons
vu que Napoléon essaya de l'intervention de la
Russie; et fit proposer, par le ministre des af-
faires étrangères russe, une triple alliance entre
les trois empires, et la garantie réciproque de
leur territoire. Le cabinet autrichien ne voulut
pas admettre cette proposition, bien rassurante
hyGt:!j::)gle
(75)
s'il arait eu des craintes réelles. Cette puissance
était-elle déjà assez Certaine de l'influence du
parti anglais en Russie, pour refuser de telles
offres, et ne pas craindre les' menaces qui les
accompagnaient? La Russie était-elle déjà assez
avancée dans les intérêts de la coalition , pour
se prêtera entraîner son allié dans la guerre, avec
l'intention d'y prendre part? Enfin la Russie j
l'Autriche et l'Angleterre étaient-elles d'accord
pour prolonger l'aveuglement de Napoléon, en
l'absence duquel on voulait porter les premiers
coups en Allemagne? Tout semble avoir été cal-
culé dans ce but. Nous- ne décidons pas ces ques-
tions, qui nous semblent suffisamment résolues
pendant le cours de cette campagne.
Ainsi la cinquième guerre de la coalition se
trouva décidée, et la ligue générale de l'Europe
hautement déclarée contre la France. Seulement
l'Angleterre, l'Autriche, l'Espagne et ie Portugal
agissaient ostensiblement; tandis que la Prusse,
se mettant en mesure , attendait d'avoir vu porter
les premiers coups; et que la Russie, dirigeant
la Prusse, devait probablement suivre sa décla-
ration. Ainsi pour peu que les événemens de la
guerre eussent été favorables à la coalition , on
aurait vu sans doute ce qui est arrivé en i8i3; et
hyGoogIc
( 76)
la Russie agir en 1809, comme le fit l'Autriche à
l'autre époque. L'Angleterre, devenue puissance
militaire, mettait sur le pied de guerre une ar-
mée de plus de 100,000 Anglais, sans compter
les corps auxiliaires ; ses troupes commencèrent
à se montrer avec honneur sur les champs de
bataille. Elle dépensait un milliard pour cette
campagne, et couvrait la mer de ses escadres.
hyGoogle
CHAPITRE IV.
ATTA.QIIi:5 MIXITAIKES ET POLITIQUES DE LA
COALITION.
Le plan d'attaque de la coalition est politique nuiant qne mili-
taire. — Elle adople contre NapoléOD le aystéme de guerre
viagère , d'eiteroiiiiation et d'iDaurrection. — Le Moniteur accuse
l'Aalricbe d'avoir voulu révolutionner les États confédérés. —
Des émissaires sout répandus de tous cdtés , pour pervertir
l'opinion. — Ik réuEsiaaent «n partie dsni i'ÂIlemagne et l'Italie.
— L'Autriche avoue et nomme les siens. — Les agcns del'éuanger
pénètrent en France et dans nos armées. — La coalition veut'
porter en m^me temp« Tofiensive de tous cdtès. — Elle combine
les opérations des Autrichiens sur le Rhin , par la Franconie,
avec celles des Anglais , an travers de la Belgique. — Dans l'inté-
rieur , Fonchè sert le parti des Bourbons, — L'Angleterre a des
correspondances avec la Vendée. — Elle ourdit une conspiration
dans Parmée de Portugal, pour mettre Moreau à la tète des
affaires. — L'Autriche provoque , par ses proclamations , les
peuples k la révolte.
Il faut rechercher d'assez loin le plan de
guerre qui fut adopté par la coalition en 1 8og ;
car, politique autant que militaire, ce plan fort
compliqué s'étendait au loin. Ses principes et ses
^spositions sont restés au fond du secret des
hyGoogIc
(78)
cabinets; mais les faits parlent assez clairement.
D'ailleurs les opérations principales et acces-
soires sont connues; les proclamations et beau-
coup de documens existent; le temps a amené
beaucoup d'aveux : le reste est Ëicile à deviner.
Si on se bornait comme les Autrichiens à donner
le plan des dispositions militaires en 1809 (ce
qu'ils font pour de bonnes raisons), on ne ferait
connaître qu'une très-faible partie de la vérité;
et ce ne serait pas la plus intéressante ni la plus
utile. Il faut chercher cet enchaînement de
moyens, tous non honorables, que la coalition
n'a cessé d'employer, surtout depuis 1809; et par
lesquels elle est parvenue à son but , mais cinq ans
après l'époque dont nous nous occupons. Il est
même indispensable d'indiquer ces moyens, qui
ont eu presque toujours la plus grande influence
sur la conduite des deux années. Quand on réu-
nit les diverses parties de ce plan si compliqué;
on voit la coalition admettant contre Napoléon ,
et appliquant dans toute leur extension , les prin-
cipes ouvertement adoptés par le machiavélisme
angh.\s:\a. guerre viagère et d'extermination, l'em-
phi de tous les moyens quelconques de nuire à
l'ennemi commun, îe système des soulèfcmens, des
révoltes, etc. On la voit projeter en même temps
hyGoogle
(79)
les opérations des armées réguli^es, agissant
directement sur les frontières et contre le cœur
de la France; toute 'sorte de diversions sur les
points les plus éloignés de notre territoire; les
insurrections des peuples alliés; celles même de
nos armées et de nos départemensl Tout cela est
reconnu aujourd'hui, et peut se prouver facile-
ment. Âiusi la coalition va employer dans cette
guerre deux principaux moyens : les opérations
politiques ou insurrectionnelles, et les opéra-
tions purement militaires.
Le Moniteur (i) accuse les puissances île l'Eu-
rope, et particulièrement l'Autriche, d'avoir
adopté à cette épotjue un système révolution-
naire, qu'il compare à celui de notre Convention
Nationale; d'avoir ourdi par ses émissaires une
guerre intérieure, et voulu soulever les peuples
étrangers; d'avoir organisé à Vienne « le plan
» général d'insurrection et d'anarchie dans toute
(i)Le numéro 334 àa Moniteur, année iSogiCoaûent un
article fort bien fait, que nous engageons nos lecteur» à
consulter, et que nom indiquons surtout aux ennemis du
système politique de Napoléon. Il renferme aussi des extraits
d'un ouvrage allemand fort curieux, intitulé : Matériaux
pour l'histoire du système révolutionnaire de r Autriche,
pendant le ceurs de la guerre -de iSog.
hyGoogIc ■ ■-—
C8o) .
» l'Europe, confié au zèle ardent des princes de
» la maison d'Autriche; propagé par les procla-
B mations de ses généraux; et répandu par des
» détachemens à plus de deux cents lieues des
» armées. Cette, feuille désigne comme le trait
» caractéristique du système adopté, le terrorisme
» rais à l'ordre du jour par les généraux autri-
n chiens, pour réaliser de vive force cette révo-
» lution. » Elle ajoute à l'appui de ses .assertions,
les détails de ce qui s'est passé en Bavière et dans
beaucoup d'autres pays. Nous citons notre auto-
rité : le lecteur pourra juger ses allégations, sur-
tout lorsqu'il aura lu ce que les puissances ont
avoué elles-mêmes.
En soulevant les peuples toujours tenus hors
de cette querelle, entièrement contraire à leurs
intérêts; la coalition avait voulu augmenter ses
forces militaires et diminuer les moyens défen-
sifs de la. France à l'extérieur-. Pour parvenir à
son but, elle avait dû travailler les esprits et per-
vertir les opinions. L'Autriche et la Prusse s'é-
taient plus particulièrement chargées de l'Alle-
magne , du Tyrol , de la Suisse et de lltalie.
L'Angleterre avait dès long-temps répandu ses
agens et son or, sur tous les points de l'Europe;
elle avait des intelligences dans tous les pays , des
hyGoo^le
(8. )
dépôts d'armes et de munitions en Sicile, à Gi-
braltar, à Héligoland et sur ses escadres. De-
puis long-temps, on attaquait tout ce qui s'était
montré ËtTOrable à la révolution française et à la
régénération de l'Europe. Depuis qu'à la suite
île tant de provocations, les armes triomphantes
de la France avaient parcouru les divers Etats,
on n'avait perdu aucune occasion d'irriter l'or-
gueil humilié , les intérêts froissés , les haines par-
ticulières; d'exciter des querelles et des rivalités.
Depuis l'empire, tous ces griefe avaient été re-
portés sur l'Empereur et sur l'armée. Napoléon
toujours provoqué par les puissances, ayant évi-
demment le plus grand intérêt à la paix, pour
consolider sa domination çt fermer les plaies de
la révolution; Napoléon était représenté par-
tout, comme le seul auteur de la guerre per-
pétuelle, comme insatiable de conquêtes, et as-
pirant à la monarchie imiverselle : ses adversaire^
les plus acharnés, étaient les victimes de la li-
berté générale et d'une juste opposition (i); ses
(i) Le cabinet britannique, Incendiaire de Copenhague
et deHoskowjle Eauteur de la guerre perpétuelle, l'oppres-
senr de l'univers , osait se dire , le d^enseitr de la cieilùa-
tion, de l'mdépti^ane.e de VEun^, contre les invasions et
U despotisme dit aotivel Attilal.'t il inondait le condnait
I. ■ 6
hyGoot^le
(8> )
partisans, des courtisans ambitieux, ennemis de
tous les droits des nations, et de toutes les li-
bertés. Chacun de ses actes était une oppression;
la défense k laquelle on le réduisait constam-
ment, une offensive perpétuelle; les gouverne-
mens qu'il avait vaincus , bien que toujours épar-
gnés, étaient peints comme les objets de sa
haine et les Tengeurs des nations. Ces inculpa-
tions étaient soigneusement répandues dans les
pays étrangers, par ceux qui tenaient au parti
de la guerre et des privilèges; par les agens
des puissances, qui prenaient le langage et les
nuances des divers partis, et employaient tous les
moyens pour arriver à leurs fins. Le venin s'é-
tendait sourdement : il atteignait particulière-
de ses znojens de corruption , et de pamphlets adressés à
toutes les classes, depuis les souverains jusqu'au dernier
de leurs sujets. A la suite des Mémoires de Dumouriez,
an vient de publier un des plus curieux de ces pampblets;
prédeus , comme renfermant déjà ce plan de guerre géné-
rale et insurrectionnelle, exécuté deux ans plus tard. Il pa-
raît aussi avoir servi de circulaire aux cours de l'Europe , en
avril 1807; loi^ des négociations de Bartenstein; lorsque
l'Angleterre voulait faire pénétrer au centre de l'Allemagne,
ao,ooo Anglais, 30,000 Suédois au Prussiens et tin corjKde
royalistes français , so'us Gustave [ v. p. 3i ). C'est par erreur
que ce pamphlet est indiqué & la date ée 1809.
hyGoogIc
(83)
ment les esprits nourris de chimères flatteuses;
qui s'obstinent à voir les hommes et les choses
autrement qu'ils ne sont , et de bonne foi
s'occupent d'idées républicaines, au milieu de
la mollesse et de la corruption de notre vieille
Europe : tous ces hommes repoussaient un bras
vigoureux renforçant et rajeunissant les mo-
narchies.
Les peuples d'Allemagne étaient généralement
portés pour la France et pour Napoléon; mais
dans l'établissement de la G^nfédération du
Rhin', ils trouvèrent trop feible la part £aite aux
nations. Ils auraient voulu des formes de gou-
vernement plus libérales. Mais tant que la lutte
durait , tant qu'elle suspendait l'établissement
complet du système représentatif en France,
pouvait-on espérer, exiger davantage chez l'é-
tranger? On assure que les principaux d'entre les
hbéraux allemands , firent d^nander à l'Empe-
teur des constitutions représ«itatives; que des
ouvertures fur^t ^tes à des ministres français
près des princes de la Confédération ; et que par
ce moyen Napoléon pouvait prendre une haute
influence sur leurs associations secrètes. Mais
c'était se mettre à la tête d'un parti, et les armer
les uns contre les autres : c'était ranimer les dis-
6.
hyGoot^le
(84)
seosions civiles, au lieu de les éteindre et d'établir
vn -ordre général. Napoléon fit alors, selon ce
qui nous a été dit, une réponse qui s'adressait à
tous les peuples ; a Le temps des institutions n'est
pas encore venu. Elles suivront Ut paix générale.
Je ne veux pas tromper les peuples : je ne veux
imiter ni les déceptions ni les corruptions du
ministère anglais. Ceci est partout une affaire de
personnes : on en fait à tort une affaire de prin-
cipes. Je suis le véritable représentant de la cause
des peuples : depuis i B ans , je leur donne assez
de garanties, pour qu'ils puissent attendre celles
des institutions écrites, n On proposait aussi à Na-
poléon un remède dans l'établissement d'une
chambre austregale ou de recours à Paris , afin
de juger les différends des peufrfes et des rois. Il
crut ne pas devoir se mêler de l'administration
intérieure des autres Etats; afin d'éviter le genre
de reproches, qu'on n'aurait pas manqué de lui
adresser : de vouloir tout Ëiire et tout diriger
par lui-même, v-, Il faut, ditil, que chaque gou-
pemement agisse librement chez lui, puisque seul
il est responsable. Pourrait-on blâmer l'Empereur
d'une telle modération; et en i8a4 décider la
question contre lui, lorsqu'on a examiné -les
événemens des dernières années?
hyGoogIc
(as.)
En Italie , dans ce pays illustré-, mais amollT
par les arts; le premier de.rËurope qui ait at-
tdmt, et, par la Éiute de ses gouvememens, ou-
trepassé la civilisation- moderne ; également
amolli par cet excès; et par les richesses du sol;
dégradé par la domination papale et par l'ha-
bitude de Tasservissement étranger : dans cettB
belle Italie, d'anciens, souvenirs et d'anciens
vœux se renouvdaient , à mesure qu'elle Re-
voyait régénérée. Les idées. répubUcainea tour
jours chères à toutes les époques, apparaissaient
de nouveau. Le rêve perpétuel de la patrie ita-
lienne, et de Yexpulsiondes barbares, seçréaeutait
plus vivement, à mesure que les peuples se sen-
taient plus ^e force, et qu'ils acquéraient plus
de gloire. Ils voulaient y. arriver vite, et ou-
bliaient qu'ils devaient à Napoléon d'avoir osé
lever les yeux sur ce brillant avenir; ils ne sa-
vaient pas voir que lui seul pouvait les y amener,
que tel était le vœu le plus ardent de son coeur.
L'Italie était sa première création , l'œuvre ds sa
jeunesse, l'espoir de sa nouvelle Êmulle. C'est
là qu'après ses immortelles campagnes, il avait
Eût ses premiers essais de l'ère représentative
comme il le disait au Directoire en 1797- Mais
il était forcé de travailler de loin à la réunion: de
hyGoot^le
(86)
lltalie eiîtière,et en quelque sorte à l'insu d'elle-
mênie. Depuis que Napoléon nous a révélé ses
projets, pour Xa patrie italienne; qu'il fallait re-
construire, sous la discipline et au milieu de la
force du grand empire; dont il fallait broyer
tous les élémens hétérogènes et réfractaires,
avant de les amener à l'état de fusion complète :
■que de regrets doivent avoir conçus les Italiens !
Parmi eux il y avait aussi des associations non
moins étendues , non moins puissantes que celles
de l'Allemagne ; quoique d'après la différence
des caractères, on en ait vu des effets bien diffé-
rens. Les Carbonari, les j4de^kes ou frères, ont
travaillé des premiers , à secouer le joug des
Français; à préparer la révolutioD de Milan en
avril i8i4t et l'établissement de la puissance tu-
desque. Dans leur Ëttate erreur, ces îmagînatloDs
ardentes se jetaient au-devant de tout ce qui
n'était pas ^Napoléon : ils tendaient les bras à
Joachim, incapable de Ëiire et de vouloir quelque
chose en leur faveur; à Bellegarde qui n'eût ja-
mais d'autre autorisation que de tes tromper.
Parmi les plus chauds partisans de l'Autriche
contre la France, on compte les principaux con-
damnés récemment pour cause de carbonarisme
ou àiadelphisme. Hélas! foute de confiance dans
hyGoogle
(87)
' leur véritable restaurateur, iU se sont précipités
sous le fer des Gibelins, au milieu desquels ils
ODt cru trouver la liberté !! quel prix ils reçoivent
maintenant de tant d'e£forts et d'ingratitude ! !
L'erreur des peuples venait de ce qu'ils ont
toujours confondu le provisoire avec le dé-'
fînitif , l'état de guerre avec l'état de paix ; que
tous jugent aujourd'hui entre le passé et le
présent!
Les manœuvres de nos ennemis sont telle-
ment contraires à la morale publique et au
droit des gens, que même pour y croire entiè-
rement, pour oser les signaler à la postérité , il
faut en trouver la preuve dans leurs aveux.
On lit dans un ouvrage intitulé : L'Armée de
l'Autriche intérieure , sous le commandement de
l'archiduc Jean, dans la guerre de 1809 (i) , des
renseignemens précieux sur ces machinations en
Italie. « L'archiduc Jean, est-il dit dans cet ou-
« vrage, qu'en Allemagne on attribue au baron
» d*Hormayr, préparait pendant l'été de 1808,
» dans l'Autriche intérieure et le pays de Salz-
(1) D«« heere von InnerAstreicb noter den befelileii dçs
eriherzogs Johann îm kriege von 1809, in Italien, Tyrot
luul Ungarn, Leipsiget Altettbourg, 1817. (E)
hyGoogIc
(88)
» bouii;, tout ce qui pouvait favoriser ses pro-
B jets. Les liaisons seerètes dans le Tyrol et dans
» les pays voisins , furent exclusivement confiées
■ au baron dHormayr, l'historien de sa nation ,
n et pendant plusieurs années référeiidaire des
» affaires de Salzboui^ , du I^rol , de la Souabe
D autrichienne , et de Suisse y dans le minière
» des affaires étrangères, sous les comtes de Co-
» bentzl et Stadion : par ce motif, très-fami-
» lier avec toutes les intrigues de ce genre. Le ma-
» jor Saint- Ambrois alla, en novembre,à Païenne
» et à Cagliari, pour concerter, avec les cours de
» Sicile et de Sardaigne, des diversions sur Na-
ît pies et Gênes, et une insurrection en Piémont,
» pour laquelle tout était aussi bien préparé que
B dans le Tyrol. Le comte Rodolphe Paravicini
s (qui par la suite fut délivré miraculeusement de
» sa prison d'État, à Mantoue, par la fidélité de
» deux serviteurs ) , et son beau-frère Juvalta ,
a puissamment secondés par leurs partisans,
D travaillaient, dans la Valteline, pour le réta-
» blissement de l'ancien ordre de choses, et pour
» les intérêts de l'Autriche. Leur' influence s'é-
B tendait dans les riches vallées Camonica et
» Trompia. Le marquis Asseretto , connu dans
h;Goo>îlc
(89)
a la guerre de Gênes, de 1799 à 1800 (i), suivit
» le major Saint •Ambrois; bientôt aussi arriva
a le lieutenant- colobel Latour, de l'état-major,
» dont l'éloquence et le zèle, unis aux efforts
B de la reine Caroline , ne purent obtenir du
n général Stuart, que là promesse d'une forte
» diversion en Calabre, dans les golfes de Naples
net d'Ancône; lorsqu'elle deviendrait inutile,
» lorsque les aigles autrichiennes seraient arbo-
» rées à Venise et à Milan. Le colonel Maccarelli,
D le major Dabovich , et le provincial des Fran-
n ciscains Dorotich , rendirent de grands services
■a parmi les Salmates et les Albanais. L'archiduc
» Jean prépara et envoya un système de réquisi-
n tion et d'organisation de ces pays étrangers;
» excellent pour satisfaire aux besoins de la guerre
B qu'il allait y porter; mais éloigné de toute op-
» pression et de tout arbitraire, etc. d Pourquoi
ne pouvons-nous pas fournir sur les autres
parties de ce plan général d'insurrection, -en
Allemagne, en Espagne, et même en France,
des détails aussi précieux? Mais les événemens
et les bonunes nous révélaient encore beaucoup
de mystères.
(i) Voye» le Siège de Génet, par le générai Thlébaut,
pag. 64,9a «aag.
hyGoogIc
(9o)
Ces machinations de l'étranger s'étendaient
jusque dans notre France : ses ageus s'y étaient
glissés, et cherchaient à y produire le méconten-
tement, le dégoût et la fatigue de la guerre,
l'esprit de blâme et d'opposition. A toutes les
époques de la révolution et dès son berceau,
nous trouvons la fatale influence de ces émis-
saires de l'étranger. Chaque puissance avait les
siens; mais l'Angleterre s'était signalée par le
-choix et la multitude de ses agens , par Ténoi^
mité des sommes qu'elle leur distribuait, par
tous les moyens qu'elle mettait à leur dis-
position. C'est à ces coupables njenées, que
nous pouvons attribuer les excès de la révolu-
tion (i) ; sur elles que nous pouvons rejeter tous
(i) Les mémoires du temps sont pleins des preuves de ces
Isits : on les retrouve dans les révélations des hommes qui
appartiennent à tous les partis; Toulongeon, Sesenval,
BouiUé, Di^aure , Turreau, etc. ËnliiL, on Ut dans les Mé-
moires de madame Campan ce que lui disait ta reine de
France : voici ses propres expressions : Je ne prononce pas
le nom de Pin, que la petite mort ne me passe sur le dos
Cet homme est l'ennemi mortel de ta France Il -veut par
notre destruction garantir à jamais la puissance maritime
de son pays Deux fois la Reine avait empêché madame
Campan d'aller à Paris ; N'y allapas tel jour, lui disait-elle,
hyGoo>îlc
(9- )
ses crimes ; sans admettre pourtant l'extrâne
extension de leur influence sur ses principaux
chefs , comme le font plusieurs historiens. Les
lois draconiennes du* régime de la terreur n'a-
vaient pu en purger le sol de la république; l'ad-
ministration modérée de Napoléon méprisa trop
leurs obscures trames. Ces agens pénétraient
partout, dénaturaient et pervertissaient en les
exagérant, les opinions et les sentimens des di-
verses classes; ils prenaient toutes les couleurs
et tous les masques, pour répandre leurs allé-
gations contre Napoléon. Celles-ci étaient par-
ticulièrement accueillies par les hommes qui
s'égarent dans l'idéalité des théories et le vague
de la métaphysique; et ce qui doit le plus éton-
ner, par les chauds partisans de la révolution
et les vétérans de la république. Ils s'occu-
paient follement des garanties sociales et de
vaines abstractions, ou de quelques prétentions
et inimitiés personnelles, lorsque l'existence de
la patrie était directement attaquée par des forces
immenses et par toutes sortes de machinations ;
les anglais ont versé de l'or : nous aurons du bruit. —
Mémoires de madame Campan, et Esquisses de Dulaure',
tom. I, p. 171, etc.; tom. III, p. 186, etc.
hyGoo^le
(90
lorsqu'il s'agissait de préserver leurs têtes même
des vengeances de leurs emiemis. Bien n'a jamais
pu les corriger. Les uns comme les Grecs du
Bas-Empire, n'ont cessé d'argumenter, pendant
que le bélier des Turcs frappait les murailles de
la cité. Panni les autr^, plusieurs ont fait assu-
rément de grandes choses; mais l'expérience leur
a manqué. Parvenus de bonne heure au manie-
ment des plus hautes afîaires, y ayant apporté
avec beaucoup de talens et de connaissances , la
fougue du jeune âge, ces nouveaux hommes
d'Etat croyaient pouvoir tout terminer à la hâte
par quelque décret ou quelque violente me-
sure. Ils ont été la dupe des ministres vieillis
au milieu des cours, dans l'habitude de l'intri-
gue, dans les doctrines machiavéliques et les
traditions des cabinets. Ces ministres ont Eût la
part de l'incendie, l'ont nourri et activé; assurés
qu'après l'avoir Eut se dévorer lui-même , ils
pourraient rebâtir sur l'ancien plan.
Oserons-nous dire enfin que ces intrigues et
ces accusations des émissaires étrangers, péné-
traient même jusqu'au milieu de nos glorieuses
bandes; et que tous les enlans de la victoire ne
savaient pas s'en préserver. Indépendamment
des folles passions qui se trouvent partout, d'ua
hyGoogIc
(93)
sot orgueil qui &it naître les prétentions les
plus exagérées ; de cette habitude d'^alitè qui
chez nos Français, est bien plus portée à re-
garder au-dessus qu'au-dessous de soi ; de tout
ce qui excitait l'envie , dans' ces prééminences
créées avec plus ou moins de raison ; nos années
s'étaient intéressées au sort des hahitans de
l'Allemagne et de l'Italie , à ta suite d'une lon-
gue occupation de ces pays. Celles qui guer-
royaient en Espagne , étaient mues par d'autres
sentimens : une généreuse conunisération pouï
cette nation qui se disait opprimée; l'éloigne-
ment de la présence de l'Empereur, source de
toute gloire et de toute faveur; enfin l'obliga-
tion de rester dans cette péninsule, qu'il fal-
lait nécessairement tenir fermée à ceux qui se-
raient tentés de s'en éloigner. Si nos militaires
ne partageaient pas les sentimens des nations
étrangères; du moins ne savaient-ils pas assez
s'en défendre : ce qui chez elles Ëtisait nsàtre la
haine et la vengeance, produisait chez nous du
reh^idissement. Il était accru dans la masse par
la fetigue d'un service trop prolongé, pour le
fond de notre caractère français ; et dans les che&
par le désir du repos , même par le regret de ne
pas jouir des avantages acquis, après cet âge
hyGoogle
(94)
où le mouvement n'est plus un besoin. Car dans
notre histoire, il faut souvent considérer la
progression de l'âge, dans l'héroïque généra-
tion, dont la jeunesse avait opéré les merveilles
de la révolution : à cette époque elle atteignait
déjà la maturité moins propre aux grandes
choses, et pour la plupart des individus le terme
probable des espérances.
Il ne faut pas trop s'étonner maintenabt, si
la vérité était méconnue, et si les intrigués et
les allégations des agens ennemis trouvaient
quelque crédit : lorsque les négociations de la
coalition restant dans le secret des cabinets, (à
tel point même qu'à peine le temps écoulé nous
a fait connaître quelques-uns de leurs docu-
mens) chaque gonvemonent pouvait, pour la
justification de ses agressions, avancer des mo-
tifs qu'on n'était pas à même d'éclaircir: lorsque
N^toléon ignorant une partie de ces actes des
coalisés, ne pouvait les leur opposer publi-
quement; et qu'ail contraire il était obligé de
cacher aux siots, pour ménager leur courage et
leur dévouemient, les complots dirigés contre
lui ^t les prc^ets homicides de ses ennemis: lors-
que dédaignant aiussi de se justifier, il croyait
rép<«dre sirffisamment par des triomphes et par
hyGoogle
(95)
les bÎMiËiits de son administration. Cependant
il faut le dire, on fermait aussi les yeux à la
vérité : elle se trouvait dans les rapports diphD-
' matiques adressés au sénat, autant que les se-
crets de la politique étrangère ou les intérêts de
la nôtre permettaient de la dire. La meilleure
justification de Napoléon et de la France se
trouve dans les Moniteurs : les historiens iront
chercber la vérité, où nous n'avons pas voulu
l'apercevoir.
La coalition après avoir ainsi préparé les es-
prits et organisé dans tous les pays une insur-
rection générale, établit son plan d'opérations
purement militaires. Celles-d servent encore à
dévoiler par des dispositions extraordinaires, la
partie secrète du plan général : car pendant que
l'Autriche était encore seule sur la scène , ^e
prit contre toutes les rè^es, l'offensive sur tous
les points; elle projeta de porter ses principales
masses au milieu de l'Allemagne, ce qui lui assu-
rait d'abord la plus grande partie de ce vaste pays.
Cette fois les armées autrichiennes devai^t atta-
quer de Iront, et marcher droit sur nos fron-
tières; non comme en 1799, i8o5 ou i8i4 en
cherchant les endroits Ëuibles, mais ccHiune ne
craignant pas au contraire les parties les plus
hyGoogle
(96)
fortes , assurées qu'elles étaient d'y trouver
des appuis. Au même moment l'archiduc Je;m
envahissait la haute Italie, dans l'espoir de se
lier aux années que les Anglais devaient débar-
quer sur les côtes de !Naples, et aux mécontens
dispersés sur tous les points de la péninsule.
L'archiduc Ferdinand allait couvrir de ses trou-
pes le duché de Varsovie, et arriver jusqu'à
Thom; où l'on assure qu'il devait amener un
parc de cent pièces de canon, dont la Prusse
avait besoin avant de se déclarer (O- £n même
temps on devait détacher au loin des corps au-
trichiens, dans la Prusse méridionale, dans la
Saxe, dans la Bavière, dans le Tyrol et le Voral-
berg , où des intelligences avaient été préparées.
Ainsi partout à la fois on appelait à l'insurrec-
tion les habitans, surtout les anciens sujets prus-
siens, plus exaspérés que les autres, et excités
secrètement par la cour de Kœnigsbei^. La
coaUtion comptait que les souverains de la Con-
fédération du Rhin, se joindraient à elle, soi^
de gré, soit de force, à mesure que les armées
autrichiennes s'avanceraient sur leur territoire.
(i) Bistoire des Traités de jJoix du cOTueSUr prutsim
Schosli, tom. IX, p. aSo.
hyGoogIc
(97)
Des promesses et des menaces leur avaient été
déjà adressées; et s'il faut juger de cette épo-
que par celles qui ont suivi , les espérances des
coalisés n'étaient pas entièrement dénuées de
fondement. Un tel développement de forces
avait exigé que, contre l'usage constant de la
maison d'Autriche, toutes ses troupes fussent
mises en première ligne; aucune réserve n'était
préparée dans l'intérieur, du moins assez com-
plètement organisée, pour couvrir la capitale.
Aussi Vienne fut-elle envahie, dès que cette
première ligne eut été percée par une seule man-
œuvre. Un tel système d'opérations adopté par
l'Autriche, prouve suffisamment qu'elle comptait
sur d'autres moyens; comme elle l'a annoncé
d'ailleurs dans ses manifestes.
En *flfet l'Angleterre devait coopérer direc-
tement à la principale attaque en Allemagne;
et faire de tous côtés de fortes diversions. Ja-
mais l'empire britannique n'avait eu tant de
troupes; il rivalisait avec les puissances continen-
tales. Un armement, le plus considérable qu'il
eût rassemblé, était dans ses ports de la Man-
che. Il pouvait jeter une armée de plus de
quarante mille hoinmes, soit dans le nord de
l'Allemagne, soit dans la Hollande, ou dans là Bel.
I- 7
hyGoot^le
(9»)
gique qu'on supposait mécontente, et qui à toutes
les époques avait eu sa part séparée dans les
projets de ïa coalition. Cette armée marchant au-
devant de la grande armée autrichienne, pouvait
se joindre à elle sur le Rhin, au travers des
pays qu'on voulait insui^er. Des troubles écla-
tèrent efiectivement , dans tout le nord de l'Alle-
magne, en Hollande, et dans l'ancien électorat
de Trêves : ces pays étaient les plus tavorable-
meat situés pour une telle opération; car des
bouches du Weser et des côtes de la Hollande
aui frontières de la Bohème, il n'y a guère plus
de cent lieues de distance. Il suiBsait donc de
quelques succès et de peu de jours, pour accom-
plir cette jonction. Diverses circonstances retar-
dant le départ de ces troupes, empêchèrent l'exé-
cution de ce plan trop étendu. Une autra armée
de quinze mille hommes , réunie en Sicile, de-
vait débarquer à Naples, faire soulever lltalie
méridionale, et aider ainsi aux opérations de l'ar-
mée autrichienne dans la Lombardie. Une troi-
sième armée anglaise, soutenant la défense des
insurgés Espagnols , empêchait la soumission de
ce pays, combattant pour un hmc. point d'hon-
neur contre ses véritables intérêts. Cette armée
fÊûsait la plus puissante de toutes les diversions.
hyGoogIc
(99)
en Êiveur de la coalition; elle ourdissait en même
temps un complot , duquel pouvait résulter
contre ia France, la plus dangereuse de toutes
les attaques , au travers de la frontière des Py-
rénées, tout-à-fait indéfendue, et par des lignes
qui menaçaient directement le centre de notre
territoire.
A l'aide de ces divers projets des armées
et des insurrections étrangères, il se tramait
dans l'intérieur de la France, des machina-
tions encore plus terribles contre Napoléon.
Les agens de la coalition avaient renoué les fils
de toutes les anciennes intrigues ; et s'étaient
adressés aux hommes de tous les partis. Le con-
ventionnel Fouché qui s'était formé une im-
mense clientelle , en disposant d'une partie des
emplois du gouvernement , réunissait alors les
ministères de l'intérieur et de la police ; ce qui
metlSit dans sa main une grande partie de la
France. Il est à peu près reconnu maintenant
que, depuis long-temps, il servait la famille
des Bourbons. Chaque semaine, il lui adressait
le bulletin secret de l'Empire, destiné à Napo-
léon seul. On a prétendu aussi que Fouché voa-
lait se saisir du pouvoir, lors des nouvelles de la
bataille d'Essling et de la rupture des ponts du
7-
D,gn,-.rihyGOOgle
C ïoo)
Danube. D'autres disent que par ses soins, la
couronne impériale devait être déférée au prince
Bernadette (i). Il est plus aisé de pressentir que
de connaître exactement, les intrigues auxquelles
se livra ceministre, investi de si grands pouvoirs,
et ayant des relations si étendues : il traitait
avec tous les partis, toujours prêt à les sacrifier
à celui d'entre eux , qui lui assurerait le plus d'a-
vantages et de garanties'
D'un autre côté l'Angleterre n'avait jamais
cessé d'entretenir d'obscures correspondances
dans la Vendée ; et quoique ce pays fut entière-
ment soumis par une administration douce et
éclairée, les agens de l'étranger y trouvaient
-toujours quelques accès. Pendant la campagne
<le 1807, lors des douteuses affaires d'Eylau, on
(1) Le temps a dévoilé beaucoup d'intrigues secrètes, sans
«omptcr ce qu'il nous fera connaître un jour. Pour ra con-
spiration de Portugal, voyez les pièces... consulte! Lenoble,
Campagne de Galice et Portugal en 1809; ùtX Histoire de la
situation de V An^eterre , par Montvéran, tom. V, pag. S?.
On trouvera aussi quelques éclaircissemens dans la corres-
pondance rapportée par Roccaj dans Sarrazin , dans Naj-
lies, etc. Pour les intrigues de Fouché\e mémeouvrage de
Montvéran, tom. V, p. 4a;etU Ga^riedesConUmporeàns,
tom. II, pag. 49; tom. rv,pag. 417 et 4aS.
hyGoot^le
( lor )
avait tenté de la soulever, a On voulait dans I»
«upposition où a Napoléon viendrait à être défait
s dans une grande bataille, prendre les armes et
» recevoir le duc de Berry.... Dix mille conscrits
s réfractaires étaient prêts à se soulever..... De
o la Vendée le complot s'étendait dans la Breta-
ngne, le Maine, la Basse -Normandie Bop
D deaux n'y était pas étranger Au moindre
» revers des années de Napoléon et à la moin-
» dre crise politique , le feu de l'insurrection
D laissait échapper ses étincelles Le parti
» de l'opposition- même avait dans la Vendée
» ses points de correspondance et de rallie-
B ment (i). » Ainsi on travaillait de tout côté
à renouveler dans ces pays les horreurs de la
guerre civile.
Nous avons vu que l'Angleterre préparait sa.
principale machination en Espagne : c'était une
conspiration toute militaire. Des écrivains dignes
deconfiance, ont dit qu'elle avait été ourdie dans
l'armée française de Portugal, qui se trouvait
alors à Oporto en fece- des Anglais ( mai 1809 ).
On mettait en avant le nom de Moreau; on pro-
mettait son arrivée aussitôt que les régimens
(.1) Beauchaa^, tom. IV, pag. 5a6 , Sa? et 53o.
hyGoogIc
( I02 )
se seraient déclarés; on voulait le placer à la tête
des années et du gouvernement , marcher de
concert avec les troupes de Wellington vers les
Pyrénées, où l'on trouverait une autre armée an-
glaise de 60,000 hommes, et s'avancer ensuite
vers Paris. On devait engager les autres corps
d'Espagne à suivre cet exemple. Nous n'avons pas
encore des renseignacaens sufBsans, sur ce qui a
pu se tramer dans les autres parties de la pé-
ninsule. Mais vers cette époque deux conspi-
rations assez constatées éclatèrent dans la Cata-
logne. Cette province, par son rapprochement
du midi de la France, et ses rapports avec le
bassin de la Méditerranée, plein des vaisseaux
de l'Angleterre et entouré de ses intrigues, offrait
plus d'avantages et de facilités aux desseins de la
coalition : la Catalogne a dû fixer particulière-
ment son attention. Les Anglais avaient fait cir-
culer dans le nord du Portugal , et parvenir dans
l'armée du maréchal Soult, le manifeste et les
proclamations de l'Autriche; ils exagéraient ses
forces et ses préparatifs ; ils annonçaient déjà
des succès. Ils avaient aussi répandu de l'or.
Des officiers étaient gagnés , et avaient déjà
communiqué avec Wellington et Beresford. Un
crédit de 600,000 francs avait été déjà ouvert par
hyGoogle
( .o3)
PAngleterre. On ajoutait même que si le maré-
chal qui commandait en ch.eîjaisait l'entêté, le
conunandement serait doniié à ud autre. On
aTait enfin l'espoir de se concerter avec les ar-
mées d'Allemagne , d'Italie , etc..
Nous usons de la liberté que les mémoires
autorisent, pour rapporter les bruits qui ont
couru, sans les affirmer et sous la garantie
d'auteurs dignes de foi. Ces bruits sont appuyés
du reste sur des circonstances remarquables ,
sur le jugement et la condamnation de d'Ar-
gentou. La conduite des hommes éclaircit tous les
jours tant de choses, que nous avons droit de
n'être surpris de rien. En mettant de côté ce sen-
timent intime d'honneur , qui nous persuade
qu'il eût lallu tromper complètement nos soldats,
pour obtenir leur coopération à de tels projets;
il faut reconnaître que le plan en lui-même est
loin de se montrer inexécutable. Reportons-nous
d'abord à cette époque. Le nom de Moreau était
encore de quelque poids en France, dans l'ar-
mée et parmi les autorités civiles. Certaines
personnes étaient enthousiastes de la réputa-
tion de celui qu'un écrivain plein de saga-
cité, assure avoir été enlevé par les batteries de
l'armée française, aux desseins de la minorité du
hyGoo^le
(io4)
Sénat (i) : minorité dont on a vu deux membres
feire publiquement l'éloge de Moreau, l'année
après sa mort dans les rangs ennemis. Ce nom
pouvait donc servir encore à abuser l'armée et
la France. La Vendée et Bordeaux, pays les plus
travaillés par nos ennemis, à portée des côtes
infestées par leur marine, et désolées en ce mo-
ment par leurs incendies et par le triomphe
récent de l'île d'Aix, étaient sur le chemin des
années d'Espagne pour se r»idre à Paris. Or
de cette capitale à Bayonne et Augsbourg, la
distance est la même : ainsi à mesure que Na-
poléon dépassait cette dernière ville, les chances
augmentaient en faveur de la con^iration
d'Espagne. Si Napoléon s'avançait dans la Ba-
vière et en Autriche, il s'éloignait d'autant du
centre de la France, et le laissait exposé aux
tentatives de tons ses ennemis; pendant que les
derrières de la grande armée étaient menacés par
les soulèvemens de l'Allemagne. Si même dès le
(i) Montvértm, rom. VI, pag. 493, où 3 dîl aussi que :
■ vers le tS septembre 18 1 3 le roi de Suède était montré
» à ce parti (qui maintenait ses relations avec les étrangers)
> comme le plus digne d'être à la tête du gouvememest de
■ U Fronce.»
hyGoogle
C -oS)
commencement, il eût votilu revenir sur ses pas
pour s'opposer à cette entreprise; sa marche eût
été retardée par les attaques combinées des Au-
trichiens et des insurgés allemands; tandis- que
celle des armées d'Espagne à peu près libre, et
même ÊiTorlsée par tant d'intrigues, eût été bien
plus rapide. Elles pouvaient donc arriver bien
avant l'Empereur à Paris, où elles trouvaient le
secours de Fouché et de tant d'autres. Me fussent-
elles parvenues que sur la Dordogne ou vers la
Loire , la diversion était faite ; . Napoléon était
rappelé dans l'intérieur, ou forcé de partager
son armée, et par conséquent aâaibli devant les,
Autrichiens. L'Espagne, l'Allemagne et l'Italie
abandonnées par nos troupes, augmentaient la
masse et les ressources de la coalition. Si enfin
ce projet échouait entièrement, qu'importait au
machiavélique gouvernement d'Angleterre? Il y
avait toujours quelques gouttes de sang français
répandues, et des semences de trahison qui pou-
vaient fructifier plus tard.
Tels étaient les projets de nos ennemis , et les
horribles apprêts de cette guerre, que nous susci-
taient sur toute la surfece de l'Europe ses légi-
times puissances. Le signal frit donné par des
proclamations excitant à la révolte et à l'insur-
hyGooglc
(■06)
rection ; moyens peu honorables autant que dan-
gereux , dont jusqu'à cette époque s'étaient abs^
tenus les gouveraemens monarchiques, et dont
les preuves restent pour leur condamnation. On
fut encore plus étonné de retrouver dans la
bouche des princes autrichiens, ces provocations
adressées à des peuples, qui avaient été de tous
temps étrangers à l'Autriche, et dont elfe avait
reconnu les gouvemeroens. C'est, disaiept-ils,
pour la lièerté de l'Europe , pour la délivrance
des ^Uemands, pour l'indépendance de t Italie ,
que l'Autriche combat... sa cause est celle de l'Al-
lemagne, et elle ne recormatt pour ennemi que
celui qui oublie qu'il est allemand.... Levez-vqus ,
suivez le grand exemple des Espagnols, etc.
La coalition aveuglée par sa haine, puisait ses
armes dans l'arsenal révolutionnaire , imitait
l'exaltation et les fureurs des insurgés espagnols.
Ainsi après avoir employé tant de temps et de
moyens, versé tant de sang, pour combattre la
révolution française; elle en invoquait les pliis
violeus principes , en empruntait le langage.
L'histoire remarquera que c'est du conseil au-
hque de Vienne, que partirent ces premiers cris
de liberté, ^indépendance, ai insurrection, qu'ont
répété depuis en i8i3 et i8t49'tous les rois de
hyGoogle
(,07)
l'Europe, contre celui qui voulait raffermir les
trônes ébranlés. Ces rois tenfciîent de soulever
les nations , de corrompre les armées : ils li-
vraient au Nord et au Midi (en Portugal, en
Suède, en Prusse, comme ils l'ont fait depuis
en Allemagne et ailleurs) le sort des peuples et
des souverains, à des troupes aveuglées, à des
chefs parjures , à des conspirateurs condamnés
par des jugemens publics.
Cependant qui assurait ces souverains qu'ils
pourraient disposer à leur gré des armées re-
belles et des peuples insurgés ; que les maré-
chaux ayant tous leurs prétentions et leurs par-
tisans, que les vétérans de la répubHque ins-
truits et aigris par de cruelles expériences, ne
refiiseratent pas de se soumettre à l^oreau , à
Bemadotte , à tout autre , ne renouvelleraient
pas de nos jours, les décbiremens de l'empire
romain, les guerres civiles modernes, enfin ne
susciteraient pas de nouvelles révolutions, qui
pouvaient s'étendre bien loin? Quels moyens !
quels exemples donnés pour le ptésent , et sur-
tout pour l'avenir ! Lequel d'entre ces rois pou-
vait se confier assez en lui-même, et dans ses
alentours de Ëunille ou de cour, dans ses peu-
ples même, pour risquer de telle» épreuves? Le-
hyGoot^le
( >o8)
quel pourrait désormais s'assurer contre les pro-
jets d'un général victorieux, ou d'un prince
réellement cher à sa nation? Un ministère insu-
laire y et à l'abri de tels dangers de la part de ses
flottes, pouvait seul conseiller de telles mesures.
Singulier contraste! pendant que l'homme de la
démocratie et des nations, peut-être eu Ëdsant
taire par conviction les impressions si vives de
sa jeunesse , employait tous ses efforts pour
éteindre les révolutions; les anciens gouveme-
mens en semaient sur la surÊice de l'Europe , les
germes à pleines mains. £n vain prétendront- ils
les comprimer éternellement? Ces provocations
kX insurrection , ces promesses de liberté, de g-a-
ranties, d'institutions libérales, ces appels ausc
droits des nations, ne seront plus oubliés. Ils fer-
mentent dans tous les coeurs; ces cabinets doi-
vent recueillir tôt ou tard les fruits de leurs im-
prudens travaux.
Comment Napoléon pouvait-il prévoir ou com-
battre ces projets aussi coupables qu'inconsi-
dérés, lorsque tant d'intérêts communs, tant de
protestations, tant de désaveux devaient l'empê-
cher d'y croire. Ce n'est qu'en i8i3, lorsqu'on
a pu dire : Ze lion est blessé, il faut l'assommer;
que la coalition a montré ouvertement ses in-
hyGoogle
( Ï09 ) ,
tentions et ses moyens. Alors il était trop tard.
Si dès 1809 Napoléon avait usé de représailles,
s'il avait soulevé la démocratie dé l'Europe contre
les vieux gouvememens, où en serions -nous
maintenant? Voyons quelle vengeance il va tirer
d'eux? Vainqueur pour la seconde fois de l'Au-
triche, tenté par l'un de ses princes (i), il sait
qu'elle est nécessaire à l'organisation de l'Eu-
rope; et il la conservera à peu près telle qu'il
l'avait laissée à Presbourg.
Ainsi la France pouvait être assaillie sur toutes
les frontières, pendant qu'elle était menacée au
cœur de sa puissance , et au sein même de ses
années , par les plus odieux complots. Nos
troupes étant disséminées sur tous les points de
l'Europe, de l'Oder aux bouches duKhin, du
golfe de Tarente aux rives du Tage et du Douro ;
la coalition espérait non -seulement tenir tète à
nos armées du Bhin, mais prendre hautement
la supériorité avec les forces qu'elle accumu-
lait depuis si long-temps; et pousser l'offensive
de toutes parts. Elle presse le commencement
des opérations en Allemagne : c'était là le point
capital. Si les corps autrichiens obtenaient le
{i)Las-Castt, tom. in, pag. i3o.
hyGoogIc
{ ■">)
moindre avantage, s'ils parvenaient seulement à
se réunir au milieu de la Franconie ; les insur-
rections préparées dans toute l'Allemagne , écla-
taient derrière eux ; les souverains de la confé-
dération se trouvaient forcés à s'eniuir ou à se
soumettre. Peut-être ceux-ci ou leurs ministres
n'attendaient-ils que le moment fevorable; peut-
être même leurs armées se déclareraient- elles
sans eux comme en idi^? Alors les forces de
l'Autriche se trouvaient doublées sur-le-champ ;
les nôtres diminuées d'autant. Une vive attaque
suivait aussitôt contre la principale armée fran-
çaise; la Prusse et la Russie marchaient contre
nous. Napoléon assez occupé devant lui , ne pou-
vait songer à ce qui se passait au loin. Les enne-
mis surgissaient et accouraient de toutes parts...
Ainsi tout va dépendre des premiers coups por-
tés en Allemagne.
hyGoogIc
CHAPITRE V.
DEBHIÈBBS NÉGOaATIOHS ENTRE 'LA FRANCE
ET l'Autriche,
Le» cabiaelj de Vieillie et de Londres soot divisés par des inlri-
gaea de cour et par divers projets sut la conduite des opératioiia
militaicea. — Le mÎDÙlète bntannique remplit en 1809 les vues
■ecièles de l'oligarchie anglaise, mais il succombe «o us les attaques
de l'opinion publique. — L'Autriche change ses plans an moment
de l'ei^cntion. — Elle continue à pcotester de son désir de con-
server la paix , et retarde l'émission de la déclaration insignifiante
dn 17 mars. — Elle cherche à endormir Napoléon, pour atta-
quer l'armée francise pendant son absence. — Celni-ci déioavre
très-tard les nonveani desaeioB de la coalition , en enlevant par
représailles un courtier autrichien. — Dès le premier avis de la
mise SUT pied de guerre des troupes autrichiennes, il donne ses
ordres i l'armée d'Espagne. — Il nomme le majOT'^énéral , et
régie l'organisation de Farmée d'Allemagne. — Il attend à Paris
l'agrewion de nos ennemis.
Pêhdaitt que la coalitioD termine les prépara-
tifs ostensibles ou secrets, d'une guerre la plus
TÏolente qui jamais ait été faite , avec des me-
sures qui semblent anntHicer de si vigoureuses
résolutions ; lorsqu'il semble qu'elle n'a plus qu'à
saisir les armes et fondre sur l'ennemi : elle se
hyGoot^le
(■■«)
livre dans Tintérieur des cabinets aux fluctua-
tions de la faiblesse , à de misérables intrigues
de cour. Partout manquent une décision ferme,
des lumières sûres; partout un homme capable
de diriger cette hydre aux cent têtes. De notre
côté c'est le contraire : une seule main conduit
et dirige tout. Ici se présente à la fois un grand
spectacle et une grande leçon : en France on voit
la toute-puissance d'une volonté forte et éclairée,
enfontant des prodiges; chez l'ennemi, nous ver-
rons à la longue la puissance encore plus forte
du temps et de la corruption qui surmonte tout.
La cour de Vienne qui s'est mise à la tête
de la coalition continentale, qui depuis ne cesse
de provoquer son ennemi, veut la guerre de
tout temps; la veut terrible; tout est prêt,
tout, excepté le plan d'après lequel on doit agir.
Le moment est venu où l'on va mettre les troupes
en campagne; et les deux partis de la cour
se disputent où l'on doit les &ire marcher,
encore plus d'après leurs passions et leur animo-
sité, que d'après les liunières de la raison. Deux
grands projets se présentent : l'un d'une ofFensivc
franche et vive, au travers.de la partie la plus
saillante des frontières (la Bohème), pour arriver
le plus vite possible sur le Rhin; l'autre d'une
hyGoogle
( "3 )
ofiensive méthodique, chemiDant parle centfé)
s'échelonnantsur le Danube^et couvrant toujours
le cœur de la monarchie : projet sage, mais exa-
géré comme tout ce qui est systématique; car il
ne laissait qu'un corps d'armée peu considérable
en Italie. Le premier était plus conforme aux
Vues politiques de la coalition; il .pouvait avoir
les plus grands résultats : le second était meilleur
et plus sûr. Cependant il Êdlai t se décider à temps,
et choisir l'un ou f autre.On ne peut être qu'assez
difEcilAnent instruit de ces débats, surtout des
détaib et [des époques. Il &Lut en quelque sorte
les deviner au milieu des correspondances aux-
quelles ils ont donné lieu; mais on dirait que
chaque parti adopta le projet qui paraissait le
plus opposé à ses vues et à ses principes : il
semble que le général Griinne, et par conséquent
le prince Charles, se prononçaient en laveur du
premier projet; le général Mayer et les ministres
pour le second.
Au moment où les troupes se trouvaient ainn
sur le pied de guerre, le ao février, Mayer dont les
plansétaient rejetés, perditla place de quartier-maî-
tre général et partit le aa pour Brod sur la Save;
soit que ce iiiît une disgrâce , soit plutôt qu'il allât
comme il le dit lui-m^e , s 'occuper des affaires
hyGoot^le
( "'4 )
de l'Orient. En effet il se trouvait à portée de
l'Adriatique pleine d'Anglais, et de la Turquie où
la Russie négociant encore à Jassi, combattait
bientôtsurle Danube. Mayer était donc au centre
de relations fort importantes pour la coalition,
entre lès insurrections projetées en Italie , les
intrigues des Anglais et celles des Kusses ; peut-
être même traitait-il avec la Porte pour les se-
cours promis.
On nous dit à Vienne que le public vit avec
peine le triompbe de Grùnne;*que le "général
Mayer fut très-regretté , lorsqu'il quitta l'état-ma-
jor général, dont il reprit la direction, dès que
l'empereur François eut jugé convenable de rem-
placer son frère dans le commandement de l'ar-
mée.On nous assurait aussi que dans unconseilde
guerre, oùl'on discutait le plan d'opérations avant
le commencement de la campagne ; \e général
Mayer ayant dit de celui qui fut présenté et pré-
féré : Il est mauvais; l'archiduc répondit qu'il était
de lui; Mayer répliqua : J'en ai bien du regret,
mais le mot est prononcé. Jusqu'au 20 février tes
troupes avaient marché vers la Bohème ; du ao
février au 19 mars elles continuèrent à s'y
porter. Mais le champ de l'intrigue resta ouvert
jusqu'au dernier moment ; et les ministres firent
hyGoo^le
C "5 )
abandonner ce projet, lorsqu'il allait être exé-
cuté, pour revenir à celui qui, sous le manteau
de la prudence , convenait mieux à leur faiblesse.
Le ministère anglais, ce directeur suprême de
toutes les guerres de l'Europe, uni en ce point,
n'était pas moins divisé sur tout le reste. Ici nous
trouverons bien plus de lumières , parce que
dans ce simulacre de gouvernement représen-
tatif , le ministère du moins en apparence , res-
ponsable et soumis au contrôle des Chambres,
voyait quelques parties de sa conduite dévoilées
et accusées dans les débats du Pariement. Soumis
à la CamariUa britannique , il avait obéi à l'or-
dre de faire la guerre , et était ensuite resté
dans la fluctuation des intérêts privés. Les
forces anglaises destinées au débarquement ,
prêtes dès le mois d'avril, étaient inactives dans
les ports, pendant la discussion sur le choix
du commandant, que le parti de la Eeine
Bnit par leur donner : l'année précédente on
avait vu l'armée de Portugal changer dnq fois
de général en chef, en moins de deux mois.
Ce ministère de 1809 n'ayant de consistance en
lui-même, ni par ses tataps et par ses alliances
de famille, ni par sa popularité, ni enfin par
l'appui des véritables hommes. d'Etat qui s'en
hyGoogIc
(.,6)
tenaient éloignés , s'était vu dénoncé par l'oppo-
sition pour défaut d'habileté et de prévoyance
dans les afifeires d'Espagne et de Suède ; pour ses
profusions, pour les désordres dans les fina'nces
et dans toutes les branches des dépenses publi-
ques; pour concussions particulières; enfin pour
trafic de sièges et de votes parlementaires , le
plus grand des crimes politiques dans un gou-
vernement national. Bientôt il avait été réduit
par la force de l'opinion, qui du moins peut
en ce pays se soulever contre lui , à donner sa
démission; mais il n'en avait pas moins rempli,
pour la session de i8og, le but permanent du
Conseil secret, celui d'éloigner par la guerre
toute réforme parlementaire et les propositions
de M" Maddodi, Withbread, Burdett. II avait
obtenu dans ce moment l'objet particulier de
priver le duc d'Yorck, du commandement gé-
néral des troupes anglaises dans la péninsule, qui
« devait lui frayer les voies aux trônes d'Espagne
» ou de- Portugal, qu'on regardait comme va-
» cans (i) en le laissant compromettre au mi-
(i) On trouve aussi danaTouvrage de M. de Montveran,
fîeond en faits curieux et en observations piquantes , que
rarùtocratie angiaise avait le dessein malheureusement
hyGoogle
( "7 )
lieu du Parlement et à la face de la nation an-
glaise, dans l'affaire de la dame Clarke et du
colonel Wardle.
Telle était au moment où ils se préparaient
à la guerre, la situation intérieure des deux ca-
binets , qui devaient y prendre la plus grande
part. L'Autriche retardait maintenant le moment
de se déclarer : elle voulait ne le faire qu'après
avoir déloyalement commencé les hostilités. De
telles variations dans ses plans militaires et l'at-
tente de la coopération des autres puissances ,
ajoutant encore à ses lenteurs ordinaires, firent
beaucoup de tort à ses projets et à ceux de la
coalition. Des notes s'étaient échangées de nou-
veau, après le retour de Napoléon. Dana ces
notes l'Autriche continuait à protester du désir
de la paix, et de l'obhgation où elle se croyait
de terminer ses préparatifs purement défensifs.
Quand elle eut mis ses troupes sur le pied de
guerre, elle le communiqua assez tard au mi-
nistre des relations extérieures , dans ime simple
conversation de son ambassadeur..
Mais il faut désormais rapprocher la marche
de sa diploipatie de celle de ses opérations mi-
trop démontré d'aoUir les membres de la famille régnante,
et même le pouvoir royal. Tom. V, Pag, 1 5.
hyGoogIc
(,i8)
litaires, afin d'éclairer l'une par l'autre. Le ca-
binet autrichien, croyant avoir gagné par ses né-
gociations le temps de renvoyer au 8 avril, l'ou-
verture de la campagne et l'exécution de ses
nouveaux projets , retarda jusqu'au 27 mars, la
publication d'une sorte de déclaration , qui pré-
sentait un exposé adroit, mais fort inexact de sa
conduite. Ce n'était pas une déclaration de
guerre ; car elle n'énonçait aucun grief, ne con-
tenait rien de positif, et finissait par des vœux
pour que h Napoléon restât dans des bornes
» compatibles avec le repos de l'Autriche, n Peu
après, elle fut suivie d'un manifeste- du gou-
vernement autrichien. Cette déclaration n'était
pas même une réponse à la dernière note du mi-
nistre français (10 mars), donnée après ta no-
tification de Metternich ; puisqu'on avoue qu'elle
a été dressée avant l'arrivée de celle-ci , et qu'on
n'a pas cru devoir y rien changer. Son émis-
sion avait pour but de prolonger la négocia-
tion; ,et on retardait encore jusqu'après le 3i,
son départ de Vienne, pour la faire arriver à
Paris (en 9 ou 10 jours), lorsque les hostilités
seraient commencées. Rien n'empêche de croire
que l'ambassadeur Metternich ne dût en diffé-
rer la communication. Il avait ordre de ne
hyGoogle
( "9)
pas demander ses passe -ports, si on voulait le
laisser tranquillement à Paris; et d'y attendre le
commencement des hostilités. On lui disait que
les personnes de l'ambassade française à Vienne
répondaient de sa sûreté; qu'il devait rejoindre
ensuite le quartier où serait l'Empereur, qu'on se
proposait de faire suivre en arrière des armées.
Metternich était remercié des renaeignemens
qu'il avait envoyés par un courrier russe; ces
renseignemens ou ceux qui les avaient précédés,
ont pu être utiles aux changemens iaxXs dans le
système d'opérations de l'Autriche. Ainsi cette
puissance prenait tontes ses mesures pour porter
à son ennemi des coups d'autant plus sûrs ,
qu'elle croyait avoir endormi sa vigilance, -et
être parvenue à le retenir jusqu'au dernier mo-
ment loin des champs de bataille. Elle croyait
surprendre l'armée française hors de mesure dans
ses canlonnemens étendus, et la battre ou la dis-
perser pendant l'absence de l'Empereur.
Mais Napoléon veillait de tous côtés. II avait
fait différer d'une huitaine de jours, la réponse
de son ministre à l'ambassadeur autrichien;
( 10 mars), sans doute pour gagner du temps et
expédier ses premiers ordres. -Dans cette note il
se plaint du triomphe de la faction anglaise à
hyGoot^le
C lao )
Vienne , des arméniens qui l'ont suivi ; d'avoir dû
» opposer des armées à des années, lorsque au-
» Clin différend , aucun sujet de litige n'existent
» entre les deux cours ; l'initiative des me-
» sures et des arméniens sera provenue de l'Au-
» triche , etc. » Mettemich y répondit te i a en
reconnaissant « le feit certain que depuis l*éva-
» cuation de Braunau, il n'existe nul sujet de
r> litige entre ces deux puissances , et qu'il règne
» au contraire des i^lations amicales; il an-
» nonce que son cabinet , fidèle au vœu d'entre-
» tenir les meilleures relations envers la France,
» fait faire des enquêtes sur deux plaintes de peu
» d'importance : » il présente pourtant une sorte de
tableau de la conduite de l'Autricbe, depuis le
mois de janvier, pour excuser ses préparatife, etc.
Bientôt, par quelque motif secret, ou pour
cacher le dernier mouvement de ses troupes ,
la cour de Vienne rompit toute mesure; et donna
un funeste exemple de la violation des corres-
pondances ofBcielles, par l'arrestation à Brannau ,
le 1 7 mars, d'un officier français, portant des dé-
pêches authentiques de notre légation. îf apoléon
voulut user de représailles, et "s'assurer en même
temps des véritables intentions de l'Autriche,
peut-être même de la Riissié; car nous avons
hyGoogle
( "" )
TU que jusqu'au Somars, il avait compté que la
guerre pourrait. ne pas avoir lieu, surtout d'a-
près l'interveution de la Russie. Désirant néan-
moins respecter le territoire de France , il donna
l'ordre, le ^4 mars, d'arrêter en Allemagne un
courrier autrichien. Enfin il se décida à en faire
enleve^ un à Nancy, dans la première semaine
d'avril. Ce courrier était porteur de diverses in-
structions, de la déclaration du 37 mars, des
dépêches partictilières du ministre Stadîon, et
de quelques lettres qui dévoilaient les intentions
du ministère autrichien et les'sentimens de 4a
cour de Vienne, ainsi que le peu d'égards qu'on
j conservait pour les rois de la Ginfédération du
Rhin.Un des correspondans intimes de Metternich
qui trouvait « qu'il fallait aux Autrichiens i5 ans
» pour se préparer et que leur courage était celui
» d'une femme qui accouche, lui. écrivait de se
» Élire chasser de Paris, parce que ta poUtique
» à présent dépend uniquement des canons. »
Napoléon s'élant assuré par la lecture de ces
pièces, que la guerre était imminente,, expédia
par le télégraphe les premiers ordres de mou-
vement au major-général le 10 avril : cette date
indique probaM^n^it celle de l'enlèvement dq
hyGoot^le
( ■" )
Cependant après la conversation de Metternich
avec le ministre (a mars), Napoléon qui savait
à quels ennemis il avait affaire, et qui connaissait
toute l'étendue .des dangers qui pouvaient me-
nacer la France , avait pourvu de tous côtés aux
besoins et aux préparati^ de la guerre. Ce même
jour -il donne des ordres à l'année d'Espagne. Il
prescrit au maréchal Jourdan, major-général
dans la péninsule , de réunir autour de Madrid
les divisions Dessoles , Sébastiani, Valence , Mil-
haud et la garde du Boi ; forces suffisantes pour
tefiir tête à tous les corps Espagnols; de net-
toyer les environs de Cuença et les plaines en-
deça de la Sierra -Morena; de se mettre en
mesure d'opérer sur ces' montagnes, pour faire
une diversion en faveur du maréchal Victpr, qui
était sur la Guadiana. Le major-général avait trois
mois avant les. fortes chaleurs, dont il pouvait
profiter pour occuper l'Andalousie , ce qui lui
était recommandé fortement. Napoléon accorde
beaucoup de récompenses aux troupes du ma-
réchal Lannes, qui venait de prendre Saragosse.
Lui annonçant que le commandement du 3™«
corps et le gouvernement militaire de l'Aragon
sont confiés à Junçt, il lui ordonne de prendre
Jaca, pour ouvrir cette commimication directe
hyGoogle
( -'i)
avec la France , au rétablissement des relations
commerciales; et de préparer l'expédition de
Valence. Le 5^ corps devait avoir une destination
particulière : c'était de former sur l'Èbre, entre
l'Espagne et la France, une réserve contre tout
événement. Napoléon ordonne à Bessières de
réunir de la cavalerie, pour éclairer les plaines
de Valladolid; de diriger sur Bayonne la garde
impériale qui était encore en Espagne , et qui ne
put rejoindre la grande armée que sur l'Inn ou
à Vienne. A cette époque Soult partait d'Orense
pour entrer en Portugal; Ney restait en Galice;
Saint-Cyr occupait la Catalogne et couvrait le
siège de Gironne.
Le deuxième jour après l'annonce de la mise
sur pied de guerre des troupes autrichiennes,
le 4 mars, Napoléon a déjà préparé ses mesures
pour l'Allemagne. C'est à ce jour que commence
sa correspondance , relative à cette armée avec
le prince Berthier, qui prend le titre de major-
général, et remet au ministre de la guerre la
correspondance avec l'armée d'Espagne. Napo-
léon se fait présenter la composition et la situa-
tion des corps, qui étaient en Allemagne; il fait .
donneraumaréchalDavoust l'ordre déconcentrer
l'armée dû Rhin sur Bamberg, et de porter son
hyGoot^le
( >M )
quartier -général à Wurtzbourg : au maréchal
Masséna de se rendre à Strasbourg; et ensuite,
(7 mars), de réunir le 20, à Ulm, son corps d'ob-
servation de l'armée du Rhin, composé des
divisions stationnées jusqu'à ce moment sur la
Saône et la Meurthe, destinées pour l'armée
d'Espagne ou pour des expéditions maritimes :
au général Oudinol, de se porter sur le Lech
à Augshourg, avec son corps cantonnné d'abord
à Hanau : au maréchal Lefèvre d'aller prendre,
le ao , à Munich le commandement de l'armée
bavaroise : au prince Bemadotte d'être le même
jour à Dresde, où il aura sous ses ordres deux
divisions saxonnes et celle de Dupas; il est
prévenu que l'ambassadeur français presse la
réunion de trois divisions polonaises k Var-
sovie, pour couvrir la Gallicie et menacer Cra-
covie. .
Le 7 mars, Napoléon fait inviter les souverains
de la confédération, à rassembler leurs troupes
pour, le 20 : les Bavarois à S'traubing, I-and-
ehutt et Munich; les Saxons à Dresde; les
Wurtembergeois à Ellwangen et Aalen; les Ba-
dois à Pfortzheim; les Hessois à Darmstadt; les
autres petits princes à Wurtzbourg. Dès le com-
mencement (6 mars) Napoléon donne à la for^
hyGoogIc
( 1.5 )
.mation des magasins et à l'établissement de ses
bases d'opérations, des soins qu'il laut bien faire
remarquer; puisque, selon certains écrivains, it
ne s'occupait nullement de ces parties impor-
tantes. Il réunit une, grande quantité de biscuit,
de souliers, d'hid>illemens, de cartoucbes arri-
vant de toutes parts , sur UUq et Donawerth. Ce
dernier point était le grand magasin de l'armée ,
d'où l'on pouvait diriger tout par le Danube.
Dès le 7 , Napoléon demande au roi de Bavière
de faire ' travailler avec activité à Passau ; ap-
préciant son importance dans ujie guerre dis-
putée, comme dans la brillante offensive qu'il
prépare. Il j envoie même le général du génie
Chambarlhac, et offre les sapeurs de l'armée
pour presser les travaux. Il demande en même
temps à son ambassadeur Otto et au général
Qudlnot, dans quel état se trouvent les diverses
défenses du Lecb : il ordonne de reconnaître
avec le plus grand détail les frontières de la
Boljème, les bords du Danube, etc. Enfin il
s'occupe de tout ce qui peut être nécessaire à
l'artillerie si considérable de son armée; au
génie auquel il prescrit un grand approvision-
nement en outib; aux pontonniers qu'il aug-
mente , et auxquels il joint laoo marins de
hyGoot^le
( ,,6 ) ■
réquipage de la flottille de Boulogne, pour le-
passage des rivières et leur mvigatioD;
Napoléon ne donnait pourtant ses ordres que
jour par jour : le 7 seulement, il indique les
derniers points de rassemblement des corps,
et il fait rester les troupes des petits princes
dans leurs premiers cantonnemens, jusque vers
la fin de mars. Le 1 1 , le lendemain de la note
remise à Mettemich , il envoie des ordres de
mouTement au troisième corps, qui ne peut
commencer à les exécuter que le 17; et il pres-
crit la concentration générale sur le Danube, en
cas d'attaque imprévue des Autrichiens.- 11 prend
ainsi ses mesures pour prolonger l'incertitude
de l'enriemi sur ses projets ; ne pouvant compter
entièrement sur la discrétion des cabinets d'Al-
lemagne. Il paraît du reste que l'Autriche avait
eu connaissance dans le commencement de mars,
de quelques dispositions qui occasionnèrent les
changemens survenus dans ses plans. Mais d'où
lui vinrent ces communications ? était-ce de L'Al-
lemagne ou de Paris ?
Toutes ces mesures de Napoléon étaient de
simple précaution et de pure défense ; elles
répondaient seulement à la mise sur pied de
guerre des troupes- autrichiennes. Toute initia-
hyGoogle
tive, comme il le dit, restait sur le compte de
la cour de Vienne. Napoléon menacé de toutes
parts ; prévenu des intentions de ses ennemis par
leurs mouvemens et par la correspondance inter-
ceptée,; voyant depuis ce moment les hostilités
imminentes; veut prouver à la France et à l'Eu-
rope , que tous les torts sont de leur côté : il
attend dans sa capitale la nouvelle d'une agres-
sion que rien ne justifie, que rien n'annonce.
Vaine prudence ! l'Europe l'accusera d'avoir,_çté
le provocateur en toute occasion , même 'dSns
celle-ci; et la France qui a tant vu lé contraire,
qui aurait dû lui reprocher trop de longanimité ,
finira par croire à ces absurdes inculpations , ou
du moins les laissera répéter sans en faire justice.
hyGoogIc
CHAPITRE VI.
ooTTP d'œil sur le théatee dk la. GHEBSE
-ES 1809.
La goerre de h coaUtûm s'^tendeit coiutanimeiit sur nue gniid«
partie de FEurope. — le yéritabla théllce de la guerre entre la
France el TAutricIie, était jur la direction de Paru à Vienne. —
la frontière de l'Antriclie présente à Tonest , on front btutiontié,
dont Ica laiJIaDi, entoar^ de montagnei, malIfLMnt la Bavière et
hs plainea. — La frontière de k Fiance lëgnlière alors, autour de
£•119 , s'étendait par ae« extrëmîtéa , et embrassait celle de l'Au-
triche. — L'échiquier particulier de l'Allemagne méridionale est
entre les deux Etats , les Alpes et les montagnes de la Thuringe.
— Le Danube le divise en deux ibëître» particulieia , sur les deux
mes. — Tout s'j rattache à ce grand fleuve. — Chacune des
puicsancea exerçait de l'influence au les pays intermédiaires. —
Des baseï française et mtrichienne, la première étaii la plus fa-
vorable à l'offensive,- la seconde i la défensive. — La véritable li-
gne d'opérations est celle dlJlm ï Braonau et Vienne. — Les
rapports de distance et du terrain étaient en faveur de la France.
— Le système des manœuvres doit l'établir sur la ligne d'opéra-
tions du midi, et se rattacher au Danube. — P^jini les pointa
militaires, Batisbonne est le pins important. — Le théâtre d'Ita-
lie , présentait des combinaisons en général plus favorables à la
France qu'à l'Aouiche. — La ckf des plaines de la Pologne est
an confluent de la I4arew.
Jamais les opérations militaires conduites par
un seul plan, et se proposant un même but,
n'ont embrassé une si vaste étendue de terrain.
hyGoogle
( "9 )
L'Europe entière est sous les arme» : partout on
voit des camps et des préparatifs de guerre; des
bords de la Baltique à ceux jle la Méditerranée
et de l'Océan, des ports de l'Angleterre aux rires
de la Dwina et du Borysthène. Il faut jeter sur
l'ensemble de cet immense théâtre un coup-d'œil
rapide, afin de saisir les rapports généraux du
grand plan de la coalition. Mais nous traiterons
avec quelques détails, le terrain où ont eu lieu .
les opérations des grandes armées (i),
(i) Cette description est en partie extraite, d'un mémoire
que j'ai Tenus au maréchal Af asséna à Ulm,le ii mars 1809,
intitulé : Système de défense et d'attaque de la Jhontière
occidentale des Etats autrichie/rsi de diverses notes que
je lui ai remises à différentes époques de cette campagne ; des
reconnaissances faites d'après les ordres de l'Empereur, du
Lech et du Danube, le 3i mars; dapays en avant d'Augs-
boarg, le 17 avril; des bords de l'inn et de Passau, le aS
avril; àxLDanubeet de l'Qe de Loimu, joumelleiUent depuis
le 30 mai jusqu'au 4 juillet ; des routes de la âfyiwie dans
la Bohème, 18 septembre. (Voyec la lettre de l'Empereur
dn i5 septembre. ) Le prince Charles a traité ces mêmes
matières dans ses Principes de Stratégie. Il m'a été impos-
sible de me procurer un exemplaire de l'éditioD française
faite à Vienne; et je viens d'en avoir seulement un de
l'édition . allemande. Je ne possédais que celle publiée en
France , où l'on trouve une telle quantité de- fautes, qu'après
les avoir corrigées à la lecture, je n'ai pu avoir asses de
1- 9 •
hyGoot^le —
( i5o)
- Que Ton considère t«s capitales comme cen-
tra d'acfion des puissances belligérantes, ou
comme but des - opérations de leurs ennemis,
elles ont maintenant une grande influence sur
les afStiresde la guerre. Examinons sous ce double
rapport la position de Paris, qui surtout depuis
la révolution, est plus que toute autre capitale
de l'Europe, le centre de l'organisation, des ri-
chesses, du COTnmerce , de la vie enfin de l'Etat ;
et contre lequel ont toujours été dirigées les atta-
ques de la coalition européenne.
Paris, est bien loin de se trouver au centre
du Royaume; il est placé vers te nord, aux trois
quarts de la longueur d'une li^te tirée de Dun-
kerque à Perpignan; très -rapproché des côtes
de la Mandie^ et à quarante-cinq lieues de la
«onâance dans mm èditios aiusi infbraie , pour travailler sur
<!e gi^ et important Plus tard Je comparerai et je me per~
mettrai de discuter les ilem Echiqiàett Stratégiques. J'ai
cherehé ft éviter dans mon coup-d'nil puremeot militaiie ,
les détails géograpbii|iies qui peuvent se lire duu les livres,
ou se voir siir la earte : oe qui est l'écoeil ordinaire de ceux
qui s'occupent de ceS' matières. J'ai préienté seulement les
rapports militmres des |vkicipales parties de ce vaste ter-
rain. Ce chapitre étuit cooiniun ji toutes les campagnes
iJ'MeiiMgM » il servira pour toutes.
hyGoogle
( >3> )
frontière actuelle de ta Belgique : ce qui rend au-
jourd'hui la défensive de la Fi-ance si défavorable
et si diAîcile. En 1 809 , la situation était bien diffé-
rente. La distance de Paris aux frontières de l'Al-
lemagne et de la Suisse, étant d'environ cent lieues
sur tous les points ( Nimègue, Coblentz, Stras-
bourg, Genève), les limites s'arrondissaient, à peu
près i-égulièrement autour de la capitale; mais
nous venons de remarquer que son éloignement
de l'ancienne frontière du Nord, était un peu
moins de moitié. Il y a aussi loin de Paris à
Bayonne et à Nice (portes de l'Espagne et de l'Ita-
lie) qu'à Augsbourg, à Gotha et Embden, envi-
ron cent soixante lieues : de Paris à Madrid deux
Cent soixante lieues, comme de Paris à Rome,
Vienne, Breslau (porte de la Russie), Stralsund;
Berlin et Dresde sont un peu plus rapprochés.
Enfin la distance de Paris à Londres n'est que de
quatre-vingts lieues; comme cdle d'Anvers , de
Nantes et des pays de l'ancienne Vendée.
Ainsi Paris était au milieu de plusieurs cercles
passant, soit sur les frontières ou sur les lignes
qui devaient le couvrir, soit sur les capitales de
la coalition. Les armées françaises avaient t'avan-
tage d'une position centrale, tant qu'elles pou-
vaient faire face de divers côtés. Mais à mesure
hyGoot^le'
( '3» )
que les lignes d'opérations des Qotnbreuses ar-
mées ennemies se multipliaient et s'écartaient,
l'offensive nous devenait plus difficile. Il Ëitlait
opposer partout des armées; et si nos forces prin-
cipales s'avançaient sur un point, elles décou-
Traient nécessairement le reste de l'Empire. Nous
devions donc nous trouver successivement ré-
duits à la défensive, et enfin resserrés sur la ligne
de la frontière du nord , qui , prolongée cîrculai-
rement vers Lyon et le Cantal, abandonnait à
l'ennemi les provinces du midi. La coalition a
fini par calculer sur ces données, son plan d'in-
vasion. Elle a attaqué Napoléon sur plusieurs
points à la fois, pour le vaincre là où il ne pou-
vait commander lui-même. A cette époque elle
établissait deux systèmes d'opérations diamétra-
lement opposés, en Allemagne et en Espagne,
tandis qu'elle assiégeait la France p^r les côtes,
par la Belgique, ou par les révoltes préparées
au dehors. Une observation glorieuse pour la
France d'alors, est que l'Angleterre, si rappro-
chée, de nous, pouvant arriver avec ses nom-
breuses escadres jusqu'à 35 lieues de Paris, y jeter
des armées, n'osa jamais malgré ses intelligen-
ces, en approcher plus près que Flessingue;
Pédant que nos troupes étaient toutes en Au-
hyGooglc
(133)
tridie, en Andalousie, à Naples: tant le sol fran-
çais, même dégarni de soldats, imprimait alors de
crainte et de respect à nos ennemis!
De la Baltique à la Méditerranée, la coalition
voulait attaquer en 1809, sur un front presque
continu, nos frontières de l'est; l'Autriche en
I" ligne; la Prusse se préparant à former la droite
de l'attaque ; la Russie assurant une grande ré-
serve. Les Anglais allai^it marcher du fond de ta
péninsule Italique, dans la Lomhardie et même
contre la Provence. En avant de là frontière du
Rhin, étaieiJt des aUiés douteux, comblés de nos
bi»3&it3, que le moindre revers a tournés contre
nous en t8i3. Vers l'ouest et le nord, les arme-
mens de l'Angleterre menaçaient nos côtes et
Paris à travers la Belgique. Au midi , nos armées
combattaient les Anglais et les Espagnols; mais
dles étaient attaquées elles-mêmes dans leur fidé-
lité et leur dévouement. Cetlevaste zone d'enne-
nus, qui entoura et menaça la- France pendant
aa ans, a toujours eu pour but général de, ses
opérations, la conquête de Paris. On verra dans le
volume suivant, notre opinion sur les mesures à
]H%Ddre, pour la conservation de cette capitale.
Tel est l'échif^uier- général de cette guerre, le-
quel embrassait «fFectivement une grande partie
hyGoogIc
( "34)
• de l'Europe. Eutouré de tant d'ennemis déclarés
ou secrets, Napoléon , dont les forces se trouvent
tellement partagées en ce moment, se gardera
bien de les disséminer encore. Son plan géné-
ral est de tomber rapidement sur l'ennemi le
plus voisin et le plus menaçant; de l'écraser d'a-
bord, afin de revenir sur les autres, si toutefois
tes premières victoires n'ont pas détruit leur ligue
toujours renaissante. Tel a été pendant long-temps
son avantage sur la coalition, divisée par de gran-
des distances et encore plus par ses intérêts; il la
gagnait toujours de vitesse, et dispersait successi-
vementsesforces, aussitôt qu'il avait pu les attein-
dre. Mais il devait finir par succomber un jour.
£n ce moment l'ennemi le plus rapproché était
l'Autriche : c'était donc par elle qu'il fallait com-
mencer. Examinons les rapports stratégiques de
son territoire avec la France d'alors, surtout
ceux des centres d'action des deux États. Nous-
occupions en effet par nos troupes ou celles de
nos alliés toujours douteux, le grand-duché de
Varsovie, la Saxe, la Bavière, la Lombardie, des
places dans la Silésie. Mais ce n'est pas sur des oc-
cupations précaires ou éloignées, que de tels
rapports peuvent être établis ; ils ne doivent
l'être qu'entre les fi*ontières et les capitales des
hyGoogIc
( >35 )
fniissances. L'abservatioo de cette rè^ était' dW
tant plus Ksentielle alors , que ia Franœ s6 trou-
vait engagée dans une guerre qui couvrait toute
l'Espague, et menacée d'une iovasKHi géoérale,
qui ne lui perroEttait pas de disséminer ses for-
ces, iU'ddk d'un certain rajton. C'est donc par
une Ëiute qui se ctmçoit peu , quoique bien fré-
qvente à cette époque suitout cbez nos ennenàs ,
que les Authchiens paraissent avoir supposé
dans leurs calculs, et persistent k constdéixn' le
théâltre des opérations principales, comme em-
brassait toute la surface des bassins de r£tt>eet
du Danube, ou mérae depuis la ïkdtique jusqu'à
l'Adriatique. C'était sur la «érection fédle de Pari^
i Vienne, ou peu loin à droite et à gau(^e,qn'il
allait alors étaler les coinbinaisops: là devaient
se porter les grands coups,, et se décider le sort
des pays plus Soignés.
La frontière de l'Autridie, tournée direc-
tement vers nous , s'étendant de la pointe occi-
dentale de la Bi^ème à l'en^ouchure de 11-
sonzo , était d'dbord parallèle k peu près à la
partie méridionale de l'Alsace; mats en descen-
dant vers le midi, «Me s'écartait <^>Kquement
de notre frontik^ orientale. Cependant elle se
trouvait [^aoée «i lace du c«Qb« de celle^.
hyGoogIc
( '36)
qui la débordait au nord et au sud. L'Autri-
che s'avançait vers l'ouest par deux grands sail-
laos, entourés de hautes montagnes : la Bo-
hème , couverte par une chaîne continue vers te
Palatinat, la Saxe et la Silésie; très-fortifiée au
dedans, et présentant des trois côtés une grande
masse de résistance : le pays de Salzbourg- et la
Carinthie, appuyés aux Grandes-Alpea et au pays
dévoué duTyrol; également forts, et prenant des
revers sur la Bavière comme sur l'Italfe; oppo-
sant du côté de llsonzo plusieurs lignes de dé-
fense assez redoutables. Entre ces deux saiUans
se trouvait le bas Inn, formant un rentrant très-
prononcé, qui avait derrière lui ua défilé
continuel jusqu'à Vienne. Ce serait sortir en-
tièrement du ^ cadre actuel, que de nous occu-
per de la Moravie et de ht Hongrie, qui tcmt &ce
au nord, et sur lesquelles pourtaiit s'était tour-
née toute l'attention de leur gouvernement :
car pendant que nos troupes cantonnaient en Si-
lésie, il dépensa ses trésors pour élever à Comom
une place t:entrale. Nous reviendrons sur cette
partie des États autrichiens, lorsque nous donne-
rons la cfflnpagne de i8i3.
La frontière de l'Empire était étîdilie aloi^
suivant la nature du terrain et le système de dé-
hyGoogle
fense le mieux approprié à une juste balance de
l'Europe; car la défense de la France étant aisée
et régulière, rien ne la poussait qu'accidentelle-
ment à porter la guerre au dehors. Nous avons .
vu que le Rhin formait une ceinture autour de
Paris ; elle était appuyée par' un grand nombre
de forteresses, en partie nouvelles et très-remar-
quables par leurs travaux, qu'avait créés la pré-
voyance si contestée de l'Empereur, dont les
soins s'étendaient aussi à la conservation et à l'a-
mélioration de l'ancienne frontière de Vaubao.
Le Rhin était doublé en arrière par plusieurs
rivières et par les Vosges, présentant une seconde
ligne. Vers le Jura la frontière s'arrondissait;
elle était défendue par ces montagnes, par le
Doubs , par plusieurs places ; et couverte par la
neutralité encore intacte de la Suisse. Elle deve-
nait de plus en plus forte, à mesure qu'elle s'é-
loignait davantage de la capitale; et jusqu'à la
mer elle était formée par la grande chaîne des
Alpes ; précédée par le Piémont , devenu le
camp militaire de la France vers lltalie et l'Au-
triche méridionale. Il avait pour réduit les admi-
rables fortiBcations d'Alexandrie , qui se liaient
à celles non moins remarquables de Mantoue,
de Peschiera, de Legnago, de Rocca d'Anfo, etc.,
hyGoogIc
( -38 )
toutes créations nouvelles de Napoléon. Entré
le lac de Genève et les bouches du Vahal ,
cette frontière s'avançait vers l'AUemagne : le
centre ou la partie la plue saillante était à l'em-
bouchure du Mecker à Manheim; à peu près
en face du saillant de la Bohème, à une dis-
tance de soixante-dix lieues; tandis que la paiv
tie de l'ancienne France, reculée vers les bords
du Var, s'éloignait obliquement de I'Iscmizo, à
cent cinquante lieues.
Les pays qui se trouvaient entre les frontières
des deux empires, étaient sous l'influence poli-
tique de la France, par nos précédens triconphes,
par leur position, encore plus par leurs intérêts
de tous les temps ; mais ils ne lui étaient pas
également affectionnés. Lesaadennes possessions
de la Prusse, quelques cantons de la Souabe»
manifestaient leur éloignement pour nous. Le
Tyrol et le Voralberg avaient conservé leur an-
tique attachement pour la maison d'Autriche, et
supportaient impatiemment leur réunion avec
la Bavière. La Suisse touchait au Tyrol ; re-
devable de tant de bienfaits à la France, elle
tenfennait dans son aristocratie des partisans
ardens de l'oligarchie £éodale. Ces pays in-
termédiaires, qui devenaient naturellement les
hyGoogle
( i39)
théâtres de la guerre, sont traversés de l'ouest
à l'est par deux chines de montagnes , qui les di-
visent en trois théâtres particuliers d'opérations :
les Alpes qui présentent les plus grands obaa*
clés et de bien rares passages ; les monts de la
Thuringe et de la Hesse, où tous les courans
d'eau se dirigent vers le nord, où les grandes
communications sont très-rares, et qui n'en pré-
sentent presque aucune de l'est à l'ouest. Le
théâtre dé la guerre au nord de ces montagnes
s'étend vers la Westphalie, l'Yssel et le bas Rhin ;
il menaçait la Hcdlande, mais prêtait le flanc au
centre de nos frontières : ayant une direction
oblique et divergente, il était accessoire et d'une
importance secondaire. Le théâtre au midi des
Alpes comprenait les plaines de la Lombardie,
qui, de tout temps, ont fort tenté l'avidité de
l'Autriche; elles lui offraient ime riche conquête,
de puissans secours, mais ne conduisaient l'in-
vasion que vers l'extrémité méridionale de notre
territoire. Entre les deux chaînes, s'étendait le
véritable théâtre de la guerre d'Allemagne, dans
les bassins du Danube, du Necker, du Mein et
du haut Elbe.
Considérons maintenant avec quelque détail
ce grand champ de bataille de l'Allemagne où
hyGoot^le
( "4o )
vont se décider encore une fois les destinées du
continent, où vont lutter deux grands capitaines;
car dans les rangs ennemis, le prince Charles
est le seul qui ait mérité, quoique de loin, une
telle assimilation. Dans ta campagne de 1809,-
les opérations n'ont embrassé que l'Allemagne
méridionale; bornées au nord, non comme nous
l'avons déjà vu, par la ligne de neutralité éta-
bUe jadis sous l'influence prussienne , mais par
la seule nature de 'ce terrain montagneui et
difficile. Telles étaient donc . jusqu'au mo-
ment où la Prusse se déclarerait, les limites de
ce vaste tbéâtre de guerre : au nord et au sud
les Grandes-Alpes et les montagnes de la Thu-
ringe, qui peuvent les unes et les autres, quoi-
que de nature bien di£Férente, servir de barrière
aux opérations militaires; les limites occiden-
tales et orientales étaient alors les fix)ntières
même des deux États; le Rhin et le Jura d'un
côté,- de l'autre la ligne formée par les saillans
de la Bohème et du Tyrol , et par le rentrant
de rinn.
Ces Umites diverses, nord et sud, est et ouest,
encadrent le théâtre de guerre, et forment une
espèce de carré. Entre la frontière de France
et riUer (avec le Rauhe-Alp), le pays est mon-
hyGoogle
( i4i )
tueux et très > défendable. Mais de là au bas
Inn, s'étend une vaste plaine longue de 60 lieues,
large de 5o vers le milieu; entourée de mon-
tagnes, et fermée à son entrée comme à sa
sortie (à Ulm et à Passau) par deux grands dé ■
filés, où passe le Danube , et où vont se diriger
la plupart des grandes routes. Au travers de
cette plaine se trouve un accident de terrain
fort remarquable; le Danube qui la divise en
deux théâtres d'opérations, par l'étendue de
son lit, la violence et le volume de ses eaux,
le nombre de ses affluéns. La largeur, la pro-
fondeur, la vitesse du Danube varient beaucoup :
dans sa partie supérieure vers Ulm, n'ayant
encore reçu aucune grande rivière, il a déjà
5o toises de large; à Ratisbonne, environ 70; à
Lintz, à peu près 100; à Vienne et aux en-
virons, le grand courant est en général de 300 à
a5o toises; souvent le fleuve se subdivise en
plusieurs bras, quelquefois dans un lit qui a plus
d'une lieue de largeur. Vers la partie supérieure
les ponts sont assez nombreux : les plus remar-
quables se trouvent à Ulm, Lavîngen, Dona-
werth, Neubourg, Ingolstadt, Neustadt, Kelheim,
(celui-ci avait été enlevé par les glaces)B.atisbonne
beau pont en pierre, Straubing, Passau, Lintz et
hyGoogIc —
(i4. ) -,
Vienne. Le cours de ce fleuve doit être bien
attentivement étudié. Entrant à Ulm dans la
plaine, il la coupe obliquement du sud-ouest
au nord-est, jusqu'à Ratisbonne : là, changeant
de direction, il coule en sens opposé; ce qui
produit vers cette ville , un angle bien moins
éloigné des montagnes du nord que de celles
du midi, et surtout fort rapproché du sait
lant de la Bohème. La chaîne du Rauhe-j4lp
qui se détache de la forêt Woire, côtoie et res-
serre la rive gauche du Danube; elle s'en écarte
après avoir entouré l'Âltmuhl, en se dirigeant
sur le saillant d'Egra, où elle se lie par le Schnee-
Berg aux montagnes de la Bohème et de la
Thuringe. Cette chaîne de hautes collines,
traversant obliquement le théâtre de guerre, le
divise en deux bassins : celui du Danube sur sa
pente méridionale , ceux du Mein et du Necker
sur le revers septentrional. Cependant cette
chaîne peu élevée, croisée par plusieurs routes,
ne forme d'obstacle que comme grande berge du
Danube , et disparaît en quelque sorte dans la
vaste plaine dont nous nous occupons. Celle-ci,
voiturable dans tous les sens, est croisée par
une grande quantité de bons chemins; Mais dans
ce théâtre de guerre, on ne trouve entre les
hyGoogIc
( >43 )
deux bases française et autrichienne, que deux
directions principales de routes pour àt grandes
lignes d'opérations : l'une du bassin du Mein par
la Bohème sur Tienne, au travers de pays assez
difficiles; l'autre. par te bassin du Danube. Dans
cette seconde direction , d'Ulm à lintz , on peut
s'avancer sur la rive méridionale du fleuve , en
ligne droite, et même par plusieurs routes;
tandis que sur la rive opposée , il faudrait Ëdre
un grand détour par de mauvais chemins, qui
presque entièrement interrompus au-dessous
de Ratisbonne, rentrent dans la Bohème. Celle-
ci n'a aucune bonne communication , arri-
vant sur le Danube, entre Ratisbonne et Lintz.
Vers le nord tous les chemins se terminent à la
grande route de Dresde à Mayence, et encore
sont-ils assez rares et difficiles. Vers le midi on
trouve les Alpes à traverser; et pour commu-
niquer avec le théâtre de guerre en Italie, on
a seulement les chemins voiturables de la Carin-
thie et duTyrtil; par Rlagettfurth et Villach, par
Inspruckt le Brenner et Trente. Inspmck est un
point de réunion des routes, partant du Da-
nube depuis Ulm jusqu'à IJntz, et se répan-
dant également dans le bassin du Pô.
Dans ce théâtre de guerre d'Allemagne, tout
hyGoot^lc
{ -44)
se rattache au D^iube : c'est sur lui et ses af-
fluens , que s'établissent toutes les combinaisons.
Ce grand fleuve reçoit par sa rive droite un
grand nombre de tributaires assez considérables et
descendant du versantseptentrionaldesGrandes-
Alpes : Vlller, la Gunz, le Lech, tombent direc-
tement dans son lit; et traversant aiusi la Bavière,
présentent d'assez bonnes lignes de défense.
Ulser, ï'Irm et la Traun formant une sorte
d'augle en entrant dans la plaine, ont ta partie
basse de leur cours presque parallèle au Danube.
D'après cela ces rivières sont indéfendables en
ligne continue, et présentent à leurs embouchu-
res comme de grands cids-de-sac, où les armées
peuvent être refoulées, maisoùelles peuvent aussi
appuyer leurs ailes de deux côtés. Les mêmes
particularités et les mêmes résultats se font re-
marquer dans le bassin du Fô, par suite de la
contre-pente de son lit et des Alpes; ses af-
fluens de la rive gauche prennent symétrique-
ment les mêmes directions, que ceux de la rive
droite du Danube. Sur la rive gauAe de «e
dernier fleuve, on ne voit que des ruisseaux
qui descendent des crêtes voisines de la Souabe.
Au nord entre le Danube et les montagnes de
la Thuringe, se trouve le bassin du Mein, par-
hyGooglc
( •ii)
tout accessible et traversé par plusieurs bonnes
routes,' mais bientôt borné à l'est par la cfaaine
de la Bohème. La nature de ces mémoires ne
permet pas d'entrer dans de plus grands détails
sur ces diverses rivières, qui ne sont que d'une
importance secondaire.
Si les pays compris entre les limites, étaient
soumis alors à la politique de la France, tous
ne l'étaient pas également sous les rapports mi-
litaires. On pouvait considérer comme annexée
à son systènle de guerre, environ la moitié de
■ ce terrain jusqu'à llller et Rauhe-Alp, ou même
jusqu'au Lech et Rednitz; quoique la droite de
la ligne du Lech fut prise à revers par le Tyro!
depuis Inspruck. Ces deux rivières ( le Lech et
l'Iller ) formaient nos premières bases d'opéra-
tions > doublées en arrière par la forêt Noire et
le Rhin. Nous avions à notre disposition les for-
teresses créées dans ce pays par une sorte de ha-
sard. Elles n'étaient point assujetties à un plan
régulier de défense j' mais n'en assuraient pas.
moins l'occupation du terrain : Augsbourg et
Rain , les deux portes du Lech ; Ingolstadt et
Donawerth, points importans du Danube, aux-
quds on travaillait ; Forchheim , poste sur la Red-
nitz; Amberg, nœud de routes sur la Vils, pro-
I. lo
hyGoogIc
C '46)
longementdela Nab;Kronach sur une des routés
de laThuringe à Bamberg; Wurtzbourg, nceud
de routes principales et pont sur le Mein ; Kufs-
tein dans la vallée de l'Ino, à l'entrée du Ty-
. roi , éloigné des grandes communications , con-
sidéré cependant comme la citadelle de ce pays.
À Textrémité de la plaine nous avions une gar-
nison bavaroise à Passau, clef des confluens du
Danube, de l'Inn et de l'Ilm.
L'Autriche exerçait de son côté ime influence
militaire plus directe encore , sur la majeure
partie des plaines de la Bavière, à cause des
saillans de la Bohème, de Salzbourg et même
du Tyrol, qu'elle eut bientôt insurgé. Cette in-
fluence s'étendait jusque sur la Nab, le haut
et le bas Iser, enfin jusqu'à une ligne tirée par
Weyden , Batisbonne et Munich ^ les saillans
prenant de revers tous les pays enclavés, de
manière à compromettre les troupes qui s'y trou-
vaient. De notre côté nous ne pouvions y avan-
cer qu'avec les plus grands ménagemens ; afin de
ne pas précipiter la déclaration de guerre, de
ne pas en encourir la responsabilité,- et même
afin d'attendre la réunion de .toutes nos troupes.
Mais si l'Autriche trouvait tant de facilités pour
envahir ces pays, elle éprouvait autant de diffî-
hyGoogle
( -47 )
cultes pour les cohserver, à cause de l'obliquité
de tous les aftluens du Danube, qui coulant pa-
rallèlemeut a ce grand fleuve, ne se prêtent nul-
lement à l'établissement de ces longues lignes
qu'emploient les Autrichiens et leurs imitateurs.
Ils ne pouvaient les défendre qu'avec des ma-
nœuvres actives; à moins qu'ils ne se portassent
sur les lignes du Lech et Rednitz , ou Hier et
Rauhe-Alp. Ces désavantages des plaines de Ba-
vière pour la défensive, se prolongeaient encore
du côté de l'Autriche, et en arrière de sa fron-
tière. L'Inn même, malgré la largeur de son lit
«t la rapidité de son cours, qui dans cette par-
tie rivalise avec le Danube, ne pouvait lui
servir de barrière; car à son embouchure la for-
teresse bavaroise de Passau, où nous faisions
travailler activement, nous donnait une double
tête de pont sur la rive droite de llnn et sur la
rive gauche du Danube, à cinquante lieues de
Vienne; tandis que la place autrichienne de
Braunau avait été démantelée. Cette première
ligne de défense dépassée, il semble difficile d'en
rétablir parallèlement de nouvelles, du moins
sur une même étendue. Cependant on trouve en
allant à Vienne une sorte de ligne formée par la
Moldava et l'Ens, depuis l'Elbe jusqu'aux Alpes;
hyGoogIc
( -48 )
ligne de communication et de défense, qu'il se-
rait utile de fortifier; au-delà sont les portions
de la Trasen et du Blederberg. Mais de Passau, et
surtout de Lîntz à Vienne, le défilé dans lequel
coule le Danube , et qui renferme Tunique route
de cette capitale , resserré par les montagnes de
la Bohème et les appendices des Alpes, est telle-
ment étroit; il est coupé d'une telle multitude
-de rivières, de torrens, de contre-forts, qu'une
armée y rencontre à chaque pas des positions
très-avantageuaes, pour défendre le terrain pied
à pied. C'est là que doit être établi le véritable
système de défense, destiné à couvrir le centre de
l'Autriche.
Cette puissance n'avait pour elle aucune place
ni au dehors ni sur ses limites; et dans ses
projets d'offensive, elle semblait dédaigner de
se créer des postes ou des camps retranchés , pour
les remplacer. Quelque temps auparavant elle
s'était pourtant occupée de fortifier sa frontière
occidentale. Les intrigues de cour et d'état-major
avaient contrarié les divers systèmes. On voulait
alors élever au Confluent de l'Ens, une place-du
premier rang , avec une tête de pontàMauthausen
sur la rive gauche du Danube, et un fort dans
l'ile de Spilberg; pour maîtriser en même twnps
hyGoogle
( -49 1
le fleuve, les deux rives, la principale ligne d'o-
pérations contre Vienne, et former un centre
général de défense entre la Bohème et la Styrie.
A notre arrivée en Bavière nous entendîmes beau-
coup parler de ce projet ; nous croyions qu'il
avait déjà reçu un commencement d'exécution;
ce qui influa sur les opérations du quatriètoe
corps dans cette partie. L'Autriche voulant aussi
construire une forteresse du second rang à Bruck ,
confluent de la Mur et de la Murz; nœud obligé
des routes de la Camiole, de la Carinthie, de la
Styrie sur Vienne; et ligne principale de com-
munication de l'Italie avec celte capitale. Enfin
on avait projeté un fort poste à Contrabruck
près d'Altenmarck , dans la vallée de l'Eus, à
égale distance d'Ens et de Bmck ; pour occuper
la seule route qui fasse communiquer entre elles
ces deux places, ainsi que l'Autriche avec la
Styrie ; et pour intercepter quelques débouchés
de Salzbourg. Ce poste aurait lié les. places
d'Ens et de Bruck, au moyen du cours de l'Ëns
et des montagnes qui le bordent; il aurait sé-
paré les armées ennemies , agissant de concert
dans les bassins du Danube et de la Mur. Ce.
système de fortification très-bien entendu, pro-
longé par le château de Gratz sur la Mur,
hyGoogIc
(i5o)
barrait les pays entre la Hongrie et les forte-
resses de la Bohème. Il fait honneur aux talens
du général Mayer, qui s'en est déclaré l'auteur.
D'abord opposé à la fortification de Salzbourg
comme trop isolé , surtout depuis le démantè-
lement de Braunau, ce général proposait des
postes à Valsée et à Tulh; il avait visité les
lieux avec l'archiduc Jean. Mais le gouvernement
portait toute son attention vers la défense du
nord, où il faisait travailler, principalement à
Comom : place qu'il créait pour renforcer cette
frontière, plutôt que pour former un réduit
central; car dans ce dernier but, il semblait
préférable sous beaucoup de rapports de choi-
sir Vienne. Il faut remarquer pour l'instruc-
tion de tous, que trente ans auparavant , l'im-
prévoyance de Joseph II avait démantelé Co-
mom ; la seule place de la Hongrie que les
Turcs n'eussent jamais prise. Il faut insister sur
cet exemple, à une époque où l'on voit des
esprits inconsidérés, et n'entendant rien à ces
-questions, proposer si légèrement la démolition
de nos forteresses. Nous verrons plus tard quels
services Comom a rendus à l'Autriche; et nous
ferons observer qu'en des temps fort rappro-
chés, trois misérables bicoques, Landredes,
hyGoo^le
C ,5i )
Soissons et Vitry, ont décidé du sort de la
France.
L'influence offensive des deux saillans de la
Bohème et du Voralberg, ne s'étend guère plus
loin que la plaine du Danube. Ils menacent
d'assez près notre frontière; mais ces pays sont
montagneux et difficiles; le dernier est de plus
pauvre et peu propre à de grands rassemble-
mens de troupes. Les lignes d'opérations qui
sortent de ces deux saillans, par des défilés, sont
fort écartées , séparées de celles du Bas-Inn; elles
peuvent difËcîlement se rejoindre et se com-
biner, même au moyen de cette dernière; ce
qui est un inconvénient très-grave. Enfin ces
lignes laissent inoccupées des plaines où il est
aisé de manœuvrer contre chacune d'elles, et
d'empêcher leur réunion.
Les bases réciproques d'opérations entre la
France et l'Autriche sont ainsi établies : les pre-
mières qu'on pourrait aoramer _fi)ndamentales ,
sur les frontières de chaque puissance; les se-
condes acciV/enW/ej', dans les pays intenjoédiaires,
suivant les progrès de l'une ou l'autre armée. Il
feut remarquer dans les premières, celte diffé-
rence que la base de la France fort étendue, em-
,bras5e beaucoup de terrain par un front vaste et
hyGoot^le
( -s» )
continu, où nos débouchés sont très-multipliés;
tandis que celle de l'Autriche, bien moins longue,
se trouve resserrée au centre dans le défilé du
Danube, flanquée par les montagnes du Tyrol et
de la Bohème ; ce qui présente comme une sorte
de front bastionné. Ces deux conformations de
terrain avaient des avantages divers. La première
était plus favorable à l'ofFeusive ; la seconde
l'était tellement à la défensive, qu'il est difficile
de concevoir qu'une armée supérieure en nombre
n'ait pas su la défendre.
Pour mieux établir quelles étaient les Ugnes
d'opérations des deux armées dans ce théâtre de
guerre , il faut cherclief quel était Vobjet que
chacune d'elles se proposait. L'ennemi annonce
que le sien était de battre l'armée française , de
s'avancer entre le Mein et la forêt Noire; et là
d'agir selon ses forces et les circonstances, c'est-
à-dire de porter en France la guerre d'invasion
et ses suites. Le nôtre était d'abord de réunir
les corps de l'armée le plus avant possible sur
lé Danube , à Donawerth , Ingolstadt ou Hatis-
bonne; et de profiter ensuite de Passau, pour
traverser l'Inn et aller chercher. la paix dans
Vienne. L'Autriche avait tous ces points du Da-
■ nube sous la main : nous n'avons pu les gagner
hyGoogle
( .53 )
de notre côté qu'avec beaucoup de ménagemens.
Nous avons vu comment le Danube divise le
théâtre de. la guerre dans l' Allemagne méridio-
nale, en deux parties bien distinctes, et assez
inégales, qui présentent chacune leur l^ne d'o-
pérations. Celle du nord, longue d'environ qua-
tre-vingts lieues,' conduit de la Bohème dans le
bas Palatinat du Rhin, entre les bouches du
Mein et du Necker : elle peut suivre deux routes;
l'une d'Egra à Dareuth, Bamberg, Wurtzbourg,
et Manheim; l'autre de Teinitz à Waldmunchen,
Araberg, Nuremberg, Mergentheim et Manheim:
la première traverse les diverses sinuosités du
Mein ; la deuxième la Vils, la Rednitz; toutes deux
MU assez bon pays. Le prolongement de cette ligne
d'opérations sur Vienne est oblique, et passe att
miheu de pays difficiles dans la Bohème ; ce qui
empêche qu'elle ne devienne ligne d'invasion con-
tre cette capitale. La ligne du nord ne peut com-
muniquer avec le haut Danube et avec celle du
midi, qu'à partir de Ratisbonne; les montagnes
de la Bohème n'ayant que de mauvais chemins
en face de l'intervalle de Rati^onne à Lintz.
Avant cette dernière ville, on trouve les routes
de Stadt-Gmund et Stadt-Zwettel, sur Melk et
sur Krems.
hyGoot^le
( -54 )
La ligne d'opérations du midi conduit directe-
ment de Vienne au travers de la Bavière, de la
Souabe,dâns le Brisgau et l'Alsace. Resserrée
dans les deux défilés du Danube , vers Ulm et
Passau ; elle se divise dans la plaine en plusieurs
routes, depuis le Chiemsée et l'Anunersée jusqu'à
Ratisbonne; et peut passer par Landshut, par
Haag, par Wasserbourg ou par Rosenheim. La
route la plus courte est celle dTJlm à Augs-
bourg, Munich, Braunau et Lintz. Cette ligne
d'opérations du midi , est celle des grands mou-
vemens, de Vienne sur le haut Khin , entre Bâlc
et Strasbourg, et réciproquement. Le but prin-
cipal de la campagne dans ce théâtre dé guerre,
est de maîtriser cette ligne par des dispositions
et des manœuvres , plutôt que par la vive force ,
dont les résultats sont toujours incertains; en
même temps de s'assurer et des ponts du Danube,
et du fleuve comme barrière ou appui , afin de
ne pas rester étranger aux opérations qui peu-
vent être conduites sur l'autre rive.
Entre ces deux lignes d'opérations, se trouvent
quelques routes transversales <\aï, les faisant com-
muniquer, coupent les bassins du Danube. Les
principales sont celles de Budweîss, par Lintz à
Salzbourg; d'Egra ou de Bareuth, par Ratis-
hyGoogle
( .55 )
bonne , à Munich ; de Bamberg et Murembet^ ,
par Donawerth, à Augsbourg et Landsberg. Il y
a aussi quelques routes obliques qui lient les
deux grandes lignes, ou qui les prolongent dans
l'une et l'autre direction; telles que de Dona-
werth à Stuttgard, Heilbron, ou Wurzbourg;
dlogolstadt sur les mêmes points et sur Nurem-
bei^,(nœud principal des routes qui vont sur
Francfort, Manheim ou Carlsruhe,et qui com-
munique avec toutes celles de la Bohème) ; de
Passau à Katisbonne et Nuremberg; enfin de
Braunau à Landshut, Neustadt, Beilengries sur
l'Altmuhl, Nuremberg, etc., route de poste,
qui paraît avoir été la ligne d'opérations de l'ar-
chiduc dans cette campagne.
' Tels sont les traits principaux qui dessinent
l'échiquier militaire dé ce pays. Il &ut, pour le
compléter, examiner les rapports des distances
des parties les plus importantes. Alors on re-
marquera que la moitié du chemin du bas Inn
au Rhin (go lieues), est sur le Lech; et celle
du saillant d'Egra au Rhin (70 lieues), vers
Schweinfurt : par conséquent que l'une et l'autre
se trouvent dans les terrains soumis à notre in-
fluence militaire. D'un autre côté il y a infini-
ment moins loin de Passau sur le bas Inn (frontière
hyGoogIc
( -56)
de Bavière) à Vienne (5o lieues), que de F
au Rhin; et même que d'Egra ( point le plus
saillant du pays autrichien), au Rhin; enfin
presque pas plus loin que de l'extrémité du Vo-
ralbei^, au territoire français (45 lieues). Du
LecU, première base d'opération de Napoléon
sur Vienne , la distance (90 lieues) est la même
que celle du bas Inn au Rhin ; et seulement plus
longue d'un tiers que celle d'Egra au Rliin. Du
Lech au bas Inn (d'Augsbourg à Scbarding) on
compte 42 lieues (Landshut sur l'Iser se trou-
vant à moitié chemin ) ; lantlis que de Lands-
berg à Rosenheim, on iie compte qu'une ving-
taine de lieues; et que plus haut les sources
du Lecli et de User touchent à l'Inn supérieur ;
ce qui indique suffisamment l'écartement vers
l'est de ces deux dernières rivières.
Remarquons encore que du champ de ■ ba-
taille entre Landshut et Ratisbonne , la distance
est la même à Mayence et à Hujiingue; et que ces
trois points forment à peu près un triangle
équilâtéral , qui , selon les méthodistes, donne la
base d'opérations la plus solide : que ce triangle
s'ouvre de plus en plus, et que par conséquent
les avantages augmentent, à mesure qu'où se
rapproche de Donawerth et d'Ulm : enfin que
hyGoogle
( >57 )
de Vienne à Mayuice, il y a à peu près la même
distance, que de cette capitale à Mantooe : et
que ces trois points font presque un triangle
équilatéral; comme Vienne, Landsfaut et Tarvis
(moitié chemin de Mantoue) le forment éga-
lement.
D'après tous ces rapports, les armées françaises
avaient beaucoup moins de chemin à faire que
celles de l'Aulriclie, pour pénétrer, sur son terri-
toire, et même pour approcher de la capitale,
objet de toutes les opérations. Celle-ci pouvait
être menacée directement par une manœuvre
solidement basée ; dans ce même espace de temps,
où les armées autrichiennes, marchant de leur
côté au travers de la Franconie, librement mais
non aussi solidement, n'auraient pu arriver que
sur notre frontière du Rhin. Vienne pouvait être
l'objet d'opérations combinées en Allemagne et
en Italie, soit depuis le Rhin et le Mincîo, soit
depuis risonzo et User. L'eitréniité de Vo-
ralber^ a été dans cette campagne, la partie
ennemie la plus voisine de notre frontière;
mais cette pointe de l'ancien territoire autri-
chien, ne présentait pas des moyens suffisans
pour une invasion. Ainsi tous les rapports du
terrain, pour la configuration, pour les dis-
hyGooglc —
( -58 )
tances, pour les calculs stratégiques, étaient
à cette époque à l'avantage de la France contre
l'Autriche.
Les deux grandes lignes d'opérations du nord
et du midi, sont éloignées entre Augsbourg et
Nurembei^ , d'une trentaine de lieues de distance
moyenne; qui s'étendrait bien au-delà, si on
embrassait tout le terrain , depuis les montagnes
de la Thuringe, jusqu'au pied des Alpes. On
peut agir sur chacune de ces lignes, ou passer
de l'une à l'autre. Mais observons encore qu'il est
dangereux d'opérer sur les deux à la fois ; parce
que celle des armées belligérantes qui pai^
viendrait à se réunir au milieu des deux lignes,
pourrait, avec des forces inférieures, détruire
successivement les deux parties de l'armée op-
posée, ou deviendrait du moins maîtresse des
opérations. Ces inconvéniens sont d'autant plus
grands, que les deux lignes étant séparées par
\m obstacle aussi considérable que le Danube,
l'armée ainsi concentrée sur les bords du fleuve,
et maîtresse de le passer, arrête les mouvemens
de son ennemi, sur les derrières duquel elle
peut manœuvrer.
De ce qui précède , il résulte que les points
miStaires les plus importans de ce théâtre sont
hyGoogle
( '59 )
ceux qui occupent les passages du Danube , sur-
tout là où aboutissent les grandes communica-
tions, et où se trouvent les conflueus des ri-
vières, qui latéralement forment obstacle ou
servent de lignes de défense. Ensuite viennent
les principaux passages sur les grands affluens
du Danube, les capitales, les places fortes, les
villes les plus considérables, les nœuds de rou-
tes , les accidens de terrain les plus remarqua-
bles , etc. Parmi ces points il faut distinguer
d'abord Ratisbonne , centre de tout l'échi-
quier '.Vbn et Passau, qui maîtrisent les deux
défilés de l'est et de l'ouest , aux deux extrémi-
tés de la grande ligne d'opérations sur Vienne,
ainsi que la défense de l'Iller et de l'Inn : Do-
navcerth, point intermédiaire entre Ratisbonne
et Ulm , tète de pont sur la rive gauche du Da-
nube , -qui Ue la défense du Lech avec celle de
la Rednitz ; Ingohtadt, autre échelle d'opérations
sur le Danube, et double tête de pont sur les
deux rives du fleuve : Augsbourg, principal pas-
sage sur la hgne du Lech, centre de sa défense,
et de celle du pays entre llller. User, le Danube
et le Tyrol : Bhain, autre petit passage sur l'im-
portante ligne du Lech : Landshut, principal
passage sur l'Iser, qui détermine la direction
hyGoogIc
( l6o)
des opérations entre cette rivière et le Da-
nube, etc. (r).
Nous avons déjà eu occasion de remarquer
les rapports militaires qui existent entre les théâ-
tres de la guerre en Italie et dans l'Allemagne
méridionale (2). Ces rapports avaient éprouvé
des modifications par le traité de Presbourg. La
frontière du royaume d'Italie, ayant été poussée
jusqu'à llsonzo et au col de Tarvis , se trouvait
à la même distance de Vienne que Landshut et
Straubing; et par conséquent plus près de cette
capitale que la base militaire du Lecb.
Du royaume d'Italie on pouvait marcher di-
rectement contre Vienne, par Villach et Bruck,
ou par Laybach, Gratz, et CEdembourg. Il y
avait cette différence essentielle entre les ar-
mées françaises et autrichiennes, agissant sur les
deux théâtres de guerre, que les premières
étaient nécessairement et directement conver-
gentes sur Vienne, tandis que les autres opérant
(i) Afin de ne pas allonger ce chapitre, déjà bien plus
long que nous ne l'avions voulu , et de conserver des détails
que les militaires retrouveront avec plaisir, nous avons
placé en note à lA fin du volume , ce qui concerne ces princi-
paux points stratégiques.
(a) Campagnes précédentes.
hyGoogIc
( >6' )
contre la France , ne pouvaient se réunir que
dans la Suisse ou bien au-delà de ce pays. Les
Alpes helvétiques et tyroliennes^ séparent ces
deux théâtres de guerre, par leurs masses, leur
stérilité et les difficultés de leurs passages. On
a été jusqu'à prétendre au contraire que ces
montagnes devaient servir à Her les opérations
sur le Danube et sur le Pô. Mais la guerre
d'Allemagne peut être terminée dans ses vastes
plaines, si on agît un peu vivement, avant que
les armées aient franchi l'immense chaîne des
Alpes. Nous en verrons la preuve dans la con-
duite de Napoléon. Il en a tenu son armée
constamment éloignée, pendant ses campagnes
manœuvrières ; il annonce même dans sa cor-
respondance de 1809, que tel était son ^stème:
s'il fit traverser le Tyrol, ceiiit seulement pour
rouvrir cette communication, et tranquilliser les
pays qu'il laissait derrière lui.
En 1809, la guerre devait s'étendre sur toute
l'Italie : les projets-, les intrigues de l'Autriche
et de l'Angleterre embrassaient sa surface, de-
puis l'extrémité de la péninsule, jusqu'au fond
du Piémont. Nous ^vons déjà traité de ce tliéâtre, '
dans les campagnes de t8o5 et 1806, pour la
Lombardie et Naples.
hyGoogle
( -e» )
Ce n'est pas le moment de nous étendre
sur la partie de l'Autriche qui regarde la
Pologne; nous aurons occasion d'y revenir, et
de compléter ainsi dans nos divers mémoires
la Balance Stratégique de tous les États de l'Eu-
rope, ou pour parler plus simplement, le
fort et le Êiible de chacun d'eux, dont -nos
divers travaux nous ont forcés de nous occuper
successivement. Nous attendrons aussi pour
tracer le système dç défense central de l'Au-
triche, la fin de cette campagne, lorsque pen-
dant l'armistice, les deux armées semblai^it se
disposer à recommencer la guerre. Maiatenant
il est inutile de prolonger cette si longue des-
-cription , et de chercher qudques rapports mili-
t3ires,4u milieu des plainesde la Pologne, pour la
pointe qu'y faisait l'Autriche. Elle marchait sur
Varsovie et sur Thçrn , afin d'envahir et d'insurger
ces pays. Si elle n'avait pas eii des espérances
fondées de déterminer la déclaration .des cours de
Russie et de Prusse; cette ligne si divergente des
opérations principales, eût été la plus grande de
toutes les absurdités. Cependant il était plus
convenable dans toute supposition, de diriger
Ferdinand au travers de 1? Saxe, et de le porter
plutôt sur Berlin ; où l'on aurait soulevé la Prusse ,
même malgré le roi, pour lequel on ne montrait
hyGoogIc
C -63)
alors nuls ménagemens. Les Autrichiens ont cru
tout terminer, en s'emparant du grand-duché,
en occupant Varsovie, et en rejetant l'armée
polonaise de l'autre côté de la Yîstule, entre ce
fleuve, la Narew et la frontière de la Gallicie,
qui s'avançait alors à quatre ou cinq lieues, il
faut remarquer soigneusement ce petit triangle
de terrain, où la prévoyance de Napoléon avait
créé, au confluent de la Vistule et de la Narew,
la forteresse de Modlin, véritable clef de la Po-
logne et des opérations miUtaires de ce vaste
théâtre de plaine; indiquéedepuislong-temps par
le maréchal de Saxe. Elle avait été soutenue par
Siérosk au confluent du Bug. La tête fortifiée
deTraga, était la porte de cette sorte de camp
retranché. Dans ce petit triangle se réfugia le
patriotisme des Polonais; il se montra hrillant
de tout son é^lat à cette époque , et annonça à
la coalition une nouvelle France, sur les confins
orientaux de l'Europe. Les Polonais toujours
dignes de cette noble confraternité, ont conservé
l'affection et l'estime des soldats français, et tous
leurs droits à un absolu dévouement, de la part
de ceux qui ont eu l'honneur de combattre avec
leurs braves troupes.
La Pologne qui a préservé pendant long-temps
hyGoogIc
( -ei)
l'Europe de l'invasion des Barbares, qui l'a sau-
vée au dix-septième siècle de celle des Turcs, qui
était destinée à contenir les irruptions du nord ;
la Polo^e, après avoir été indignement parta-
gée par trois souverains qui se disaient philoso-
phes , est envahie maintenant par la Russie. Cette
puissance colossale s'est depuis un siècle, avancée
de 3oo lieues vers le centre de l'Europe. Aujour-
d'hui elle touche à l'Oder et à Breslau , que nous
avons appelé l'une de ses portes , et qui n'est pas
plus éloigné de Paris que Vienne et Rome. Au-
jourd'hui les frontières de la Kussîe sont à moin»
de quinze marches de Berlin, Dresde et Vienne :
elles touchent presque aux Dardanelles et à la
Grèce, Sujet de réflexion pour les puissances eu-
ropéennes, et de comparaison entre l'ambition
de la France et celle de la Russie! ! !
Tel était cet échiquier stratégique, sur lequel
les deux armées allaient commencer le terrible
jeu dç la guerre : ses principaux traits déter-
minent d'une manière assez précise, leurmarche
principale et les grandes chances. Le génie est
obligé de se soumettre parfois à ces règles; mais
il lui est donné aussi de les franchir, de les ployer
à ses desseins. L'art consiste à s'emparer des avan-
tages du terrain , pour en tirer tout le parti possi-
ble, et en opposer les obstacles à son adversaire.-
hyGoogle
CHAPITRE VII.
COMPOSITION DES ARMÉES FBAKÇAISES ET
AUTRICHIESHES.
L'Autriclie rëoiiit en iSogdes lorces coiuidéiabtes et les organiu en
corp* d'aimée. — Elle forme en Allemagne huit corps aoua le prince
Chartea , deux corps èia Italie looi le prince Jean , an corps dans
le TjrroL — ^e enToie une armée en. Pologne aoui le-pdnce Fer-
dinand. — Le» tfoupm françaises moina nombreusea, lontdiviiées
depnia le mois de janvier jaaqn'au nioi« de mars, en troia grands
oorpa. — E|Ua occupent par dea gamisona , lea plaoea de la PnuM.
— La Confédération du Rhin met aea trODpea sur pied. — I^Buasie
fournit un faible contingent. — L'année francise en Allemagne
et en Italie, eat partagée en ploaieura corpa. — Elle renferme beau-
coup de jeunes ^Idata > et a moina d'artillerie que les Autrichiens.
Au commencement de 1809 toutes les probabi-
lités , toutes les cbances de la guerre et de la
politique, semblaient être contre la France. Dès
le mois de février, l'Autriche avait sous les armes,
deux cent soixante-trois bataillons et deux cent
cinquante -deux escadrons, qu'à raison de 11 00
hommes par bataillon et 1 20 par escadron , on
évaluait à 290,000 hommes d'infenterie et 3o,ooo
hommes de cavalerie; en tout 320,ooo hommes,.
hyGoogIc
( .66 )
sans compter les troupes d'artillerie et autres
accessoires : cette armée avait sept cent cpatre-
vingt-onze pièces de canon, dont cent trente et ■■"
un obusiers. L'archiduc Charles, ministre de la
guerre, s'était fort occupé depuis long-temps
de l'organisation de l'armée. Celle-ci avait été
divisée, comme celle des Français, en corps sé-
parés, qui, composés de troupes de diverses ■
armes, avaient en eux tous les moyens d'exé-
cution et d'administration, de manière k pou-
voir agir isolément ou combinés. Il y avait neuf
corps et deux réserves. Derrière ces forces entiè-
rement disponibles, et formées en ligne sur les
fiTjntières, était une réserve imposante, prépa-
. rée depuis long-temps, non entièrement organi-
sée, mais qui pendant la guerre fournit a»m ré-
gimens d'abondans renforts! Les landwehrs ou
défenseurs de la patrie devaient former cent cin-
quante-quatre bataillons, les dépôts d'in&nterie
et de cavalerie cent soiianteKieux compagnies et
trente^uatre escadrons ; enfin l'insurrection hon-
gï-oise comptait dix-neuf bataillons et quatre-
vingt-dix-huit escadrons. On évaluait tout cela à
324,000 hommes. Ainsi l'Autriche était assurée
pour le début de la campagne, d'une armée de
plus de 3ao,ooo hommes, et en total d'une masse
hyGoogle
■{ "67 )
Je 544)<><^o» *l"î bîsntôt pouvaient prendre part
aux opérations; car elle espérait que ses pre-
miers succès lui donneraient les moyens de ter-
miner l'organisation de sa réserve. Suivant le
général Stutterheim , les bureaux de la guerre au-
trichiens comptaient le nombre de bataillons et
d'escadrons déjà indiqué, mais dcmt ils portaient
la ferce à 302,865 fantassins et 3^,799 cavaliers,
non compris l'artillerie et les autres corps pour
le service intérieur de l'armée : calculs sur les-
quels ce général prétend qu'uii& assez grande-
diminution doit être faite.
Le prince ministre de la guerre, avait été
nommé généralissime, avec le pouvoir d'a^r de-
luî-méme, sans, attendre de nouveaux ordres de
sa cour : pouvoir accordé très-rarement en Au-
triche; Les trois armées d'Allemagne, dltalie et
de Pologne, fièrent commandées par trois archi-
ducs; tous les princes de cette maison prirent
une vive part à la guerre.
Le prince Charles dirigeait la principale ar-
ifiée, destinée à agir en Allemagne et formée
de huit corps. Voici leur composition, avec l'in-
dication du premier lieu de rassemblement dès
le ao mars , et de celui qui fut indiqué au 8 avril.
Le premier corps sous les ordre.'! du général de
hyGoo^le ~~
( i68 )
cavalerie comte de Belleganie ( vingt -quatre
bataillons, quatorze escadrons, 35,700 fantas^
sins et 2,100 cavaliers) réuni à Saatz en Bo-
hème, ensuite à Kolten, Tachea et Fraven-
reith; le deaa^ième r général d'artillerie comte de
KoUowrath (dix -neuf bataillons, vingt esca-
drons, 23,3oo fentassins, 2,700 cavaliers), vers
Pilsen, ensuite à Frauenbei^, Sainte -Catherioe
et Rosshaupt ; le comte de BeUegarde comman-
dait ces deux corps , qui formaient la droite de
la grande armée en Bohème. Le troisième corps,
lieutenant-général prince de Hohenzollern (vingt-
trois bataillons, huit escadrons, 23,9i3 feotassins,
1 ,0 1 o cavaliers), ayant été rassemblé à Prague, mar-
chait ensuite vers Antishofen, Beigenberg, etc. :
le ^uaïn'ème corps, lieutenant-général prince de
Rosembei^ (vingt-deux bataillons, vingt-qua-
tre escadrons, 24,9 1<4 fantassins, 2,894 cava-
liers), vers Piseck, plus tard autour de Sehar-
ding : le cinquième corps , archiduc Louis
( vingt-trois bataillons, seize escadrons, 24,383
fantassins, 2,042 cavaliers), d'abordvers Budweis;
puis entre Obembei^ et Bràunani : le sixième
corps, général Hiller (vingt bataillons, seize
escadrons, 23,374 Êmtassins, 2,139 cavaliers),
d'abord près de Wels, ensuite à Braunau : le
hyGoogle
( -69 )
premier corps de réserve, général de cavalerie
prince Jean de Lichtenstein (douze bataillons de
grenadiers et vingt-quatre escadrons de cuiras-
siers, 12,998 grenadiers et 2,564 cavaliers), à
Iglau et Neuhauss, plus tard à Taufldrchen : lé
deuxième corps de réserve, général Rîenmayer
( cinq bataillons de grenadiers, vingt-quatre
escadrons, dont moitié de cuirassiers, 6,950 gre-
nadiers, a,46o cavaliers), d'abord près d'Ens,
enfin près de Braunau. Le général Jellacfaich
avait près de Salzbourg, une division de huit
bataillons et hiiit escadrons (9t96a &Qtassins,
1,009 cavaliers), dépendant du sixième corps,
mais bien mal à propos dirigée vers Munich ;
son avant -garde était déjà à Dittmaning : il
devait avoir de plus six bataillons de landwehrs;
sa destination première avait été de marcher sur
Ins^nick. Le général Hiller commandait séparé-
ment jusqu'à la fin de mars, le sixième corps et
le deuxième de réserve, sur la rive droite du Da-
nube; plus tard le cinqmème(du prince Louis)
fut mis sous ses ordres. Les autres corps sous le
commandement immédiat de l'archiduc Charles i
devaient agir d'abord de la Bohème dans le Pala-
tinat; à la fin de mars ils passèrent, après un
long circuit, le Danube à Lintz, pour se porter
hyGoogIc
{■7°)
des bords de llna dans la Bavière. Le total gétié~
rai de cette armée était de 1 56,5^6 hommes d'in-
faiiterie et i8,gi8 cavaliers; en tout 175,494
hommes, dont ia6,494 &ons l'archiduc Otiarles,
à la rive droite du Danube, dans le commence-
ment d'avril. II faut joindre à ces nombres 1 2,976
hommes d'artillerie, ayant 5 18 pièces de canon.
L'archiduc Jean fut chargé du commandement de
l'armée dltalie , formée des huitième et neuvième
corps : son premier ordre portait d'envoyer un
corps séparé dans te Tyrol, et de s'établir ensuite
en position défensive sur les frontières du Frioul ,
jusqu'à ce qu'il crût pouvoir prendre l'offen-
sive avec succès. Le prince Jean voyant le mo-
ment Êivorahle, demanda de pénétrer en Italie par
Prédil, Caporetto ej Cividale, pendant qu'avec
un détachement il attirerait l'attention des Fran-
çais sur la route de ta Ponteba. Le huitième
corps sous les ordi^s du général mavquis de
Chateler, ensuite sous ceux du lieutenant'géné-
ral comte Albert Giulay, réuni à Klagenfurth et
à Villach, enfin près de Tarvis ( dix-huit ba-
taillons et seize escadrons, i8,25o fantassins,
et'i,943 cavaliers), avait trois bataillons etdeux
escadrons détachés dans la vallée de la Fella , pour
marcher sur Venzone. Le neuvième commandé
hyGoogle
{ ■?■ )
par le lieutenant -général Ignace Giulay, ban
de Croatie, réuni près deLaybach, ensuite près
de Wurgen-et Kronau, composé de vingt et un
bataillons et vingt-quatre escadrons (a4i348 fan-
tassins, 3,7^8 cavaliers), avait cinq bataillons '
et deux escadrons SQus les ordres du général
Cavassini, vers llsonzo et GoHcia, et quatre ba-
taillons à Saya et Caporetto. Le total de l'armée
dltalie était de 47)298 hommes avec cent qua-
rante-huit pièces d'artillerie, dont huit de douze
et vingt obusiers. Il &ut joindre à cette force
trente -trois bataillons (26,000 hommes) de
landwehrs de Carinthie, de Camiole etM'Istrie,
destinés d'abord aux travaux de Tarvis,.Malbor-
ghetto, Prédil, Laybacb , Sachsenbourg, etc,,qm
rejoignirent en Italie ou dans le Tyrol. Àin^ le
prince Jean avait un total de 73,378 hommes. La
brigade du général Stoïchevitz (six bataillons,
quatre escadrons), détachée du neuvième corps
en Croatie , pour agir contre la Dalmatie , se trou-
vait le 27 mars près de Gratchacz avec deux bat-
teries d'artillerie.
IiC marquis de Chateler fut chargé d'entrer
dans le Tyrol et de l'insurger, avec un corps
particulier de neuf bataillons, trois escadrons et
dix-sept pièces d'artillerie, placé à Oberdrau-
hyGooglc
( 17^ )
bourg dans le Pustherthal. L'Autriche comptait
fort sur les intelligences préparées depuis long-
temps dans ce pays ; et qui ne tardèrent pas à
se manifester avec éclat. Plusieurs bataillons de
landwehrs allèrent appuyer lesopérations de Cha-
teler. Ses instructions portaient de marcher sur
Srixen , et de couper la communication la plus
courte ^itre nos armées d'Allemagne et dltalie,
pour se rendre ensuite vers l'un ou l'autre pays.
On a vu que Jellachih devait marcher vers 1ns-
pruck. Ainsi on réunissait dans le Tyrol plus de
20,000 hommes de troupes de ligne, qui, aidés
des landwehrs et des insurrections, étaient pro-
bablement destinés à se porter par le Voralberg
sur les derrières de la Grande Armée ; projet
qu'ils n'eurent pas le temps d'accomplir, comme
il arrive toujours, quand on veut combiner des
opérations avec des corps détachés au loin.
Le septième corps d'armée autrichien devait
envahir le grand -duché de Varsovie, sous le
commandement de l'archiduc Ferdinand : d'a-
bord rassemblé à Cracovie, Konski et Radom,
plus tard à Odrzywol pour passer la Piliça à
Novemiasto, il était composé de vingt-cinq ba-
taillons, quarante-quatre escadrons ( 3o,20o fan-
tassins et 5,200 cavaliers), avec quatre-vingt-
hyGoogle
C -73 )
quatorze pièces d'artillerie: une brigade déta*
chée à Oliutz et Slaukovo (deux bataillons,
buit escadrons ) marchait sur Czenstochaw. La
force de ce corps, qui n'était nullement en rap-
port avec l'objet apparent qu'on lui supposait,
prouve qu'il avait le but secret, que Scboell nous
a révélé, de faire déclarer la Prusse. Ferdinand
n'a commencé son mouvement que le i5 avril,
époque où Charles devait se trouver maître des
passages du Danube. Les Autrichiens crurent
même ne pas rencontrer l'armée polonaise, qu'ils
croyaient devoir se joindre à la grande armée
avec les Saxons.
La récapitulation générale des armées autri-
chiennes en troupes de ligne, à l'ouverture de la
campagne, donne donc deux cent trente-huit ba-
taillons , deux cent quarante - trois escadrons
( 265,092 fantassins, 29,4^3 cavaliers ) : il ne faut
pas perdre de vue, surtout pour les corps d'Italie
et de Pologne, que les Autrichiens comptent
toujours séparément les artilleurs, sapeurs, etc.
En comprenant ceux-ci , Stutterheim fait monter
le nombre total de l'armée offensive d'Autriche
au-delà de 3oo,ooo hommes, avec près de 800 piè-
ces d'artillerie.
Indépendammentdecesforcesf^n s'occupait de
hyGoogIc
( >74 )
rassemblerdaDsrintérîeur de l'Autriche, au com-
niencanent de la guerre , les troupe» de réserve
déjà mentionnées; et que Stutterheim porte à
i88,5a8 fentassins et 3,3i8 cavaliers. L'armée de
rïnsurrection hongroise, sous les ordres de ^a^
chiduc palatin Joseph, aurait dû former dans ses
quatre districts dix-huit bataillons, plus deux régi-
mens d'infanterie, et quatre-vingt-dix-huit esca-
drons; ou 22,844 ^t^ssins et iSio^ cavaliers: les
plus rapprochésdevaient être réunis sur-Ie^hamp,
et les plus éloignés , au plus tard à la mi-mai. Ils ne
le furent pas entièrement à l'approche des Fran-
çais. Ce calcul donne pour total général de la
réserve 229,794 hommes; et pour total général
des forces autrichiennes, tant en première qu'en
seconde ligne, plus de 5oo,ooo hommes. Tous
ces détails sont extraits de l'ouvrage de Stut-
terheim; ils confirment les autres évaluations
qui nous sont parvenues. Nous allons voir quel
parti on sut tirer de cette masse imposante, tant
dans le projet général d'opérations que dans
l'exécution des mouvemens.
Les principales armées de la maison d'Au-
triche», devaient agir en Allemagne. C'est là
qu'allaient se décider les grandes aflaires. Tout
le reste était accessoire, iquoique tout fut of-
hyGoogle
( -75)
fensîf. Les troupes françaises n'étaient nulle part
«n mesure de résister à de pareilles forces. £n
Allemagne où il y avait le plus à craindre ; sur-
tout à cause des sentimens et des intérêts des
peuples voisins de notre frontière, et de la Bel-
gique, nous n'eûmes pendant long-temps que le
coips du maréchal Davout, qui avait pris le nom
^jirmée du Rhin, Il passa l'hiver dans la Prusse,
le Hanovre, la Thuringe et la principauté de
Bareuth. Pendant les mois de janvier et de fé-
vrier, le quartier-général resta.établi à Eriiirth;
la i"= division à Magdebourg; a* à Bareuth; 3" à
Hanovre ; 4" à Stéttin. En janvier cette armée était
de 8o,o3a hommes sur un efiectif dé 93,570 ; et
à la fin de février de 93,114 hommes présens;
efifectif 108458 honunes, çt 26,933 chevaux:
sur le nombre des hommes présens, il y avait
88,866 Français. Le Corps d'observation dé la
Baàique ou du gouvernement des villes euïséa-
tiques, sous les ordres du prince Bemadotte,
était composé de deux divisions ; dont l'une
française à Lubeck ; l'autre hollandaise à Bremen.
Ce corpis fort de ia,933 hommes présens, au
comibencement de janvier, était à la fin de
février de 11,507 hoiumes présens; dont 4*936
Français sous le général Dupas, et 5,958 Hol<
hyGoo^le
( '76 )
landais. Il fut d'abord destiné à agir contre U
Suède, avec les Danois et les troupes Espagnoles
de la Romana. Celui-ci au milieu des plus vives
protestations de dévouement envers le roi Joseph ,
s'était échappé en s'embarquant sur une escadre
anglaise, pour retourner en Espagne {17 août).
On dut être surpris de la désertion d'un corps
assez considérable , à l'insu de son commandant
en chef et de nos alliés les Danois. On saura
peut-être un jour comment cela s'est passé. La
révolution milit^requi, à l'approche des trou-
pes russes, avait détrôné le roi Gustave , beau-
frère de l'empereur de Russie, et qui avait
changé l'ordre de succession dans ce royaume,
terminant la guerre de ce côté, laissait libre le
corps de Bemadotte. La Réserve de Cavalerie
dont la force se trouvait comprise dans l'éva-
luation de l'armée du Rhin, était composée de
trois divisions de grosse cavalerie ; les deux pre-
mières à Verden sur le bas Weser; la troisième
à Erlang en Bavière; et de trois brigades de
cavalerie.légère, dont les deux premières étaient
à Erfurth et Ascherleben. Le Corpsde réserve{o\i
d'observation) du général Oudinot, avait dès le
mois de janvier son quartier général à Hanau ;
ses trois divisions devaient partir vers la mi-
hyGooglc
C '77 ) . -
février de Darmstadl , pour être rendues à la
fin du mois à Augsbourg; il était fort alors
de 26,480 hommes présens, sur un effectif de
28^861 , et de 2,646 chevaux : la troisième di-
vision de grosse cavalerie et la troisième brigade
de cavalerie légère, devaient rejoindre ce corps.
A la fin de ce mois; le total général des troti'
pes françaises dans l'Allemagne était, en pré-
sens de i3i,io3 homri!ies et 34,281 chevaiix,
(dans ce nombre d'hommes se trouvaient 1 20,897
Français et 8,42 1 Polonais, Hollandais ou Saxons)
en effectif A% 149,74^ hommes, dont 8,636 dé-
tachés, 9,997 aux hôpitaux, 6 prisonniers de
guerre. Cette armée s'étendait dans toute l'Aile'
magne septentrionale ; de l'Oder et même de la
Yistule, jusqu'à la Baltique, la mer du Hord et
le Danube : elle était ixès-disséminée, surtout
pour la force dont elle se composait.
A cette époque nos troupes occupaient aussi
quelques places de la Prusse et de la West-
phalie : l'armée du Rhin en formait les gar-
nisons. Vers le mois de mars, lorsque Davout
se mit en mouvement, ces garnisons furent
réduites au nombre suivant : celle de Dant-
zick, la plus considérable de toutes, général
Rapp, gouverneur, 4,761 lAommes présens,
hyGoo^le
■ ( '78 )
de diverses nations : Magdeboui^, général Mi-
chaud, 599 hommes : Glogau, général Bhinwald ,
i56 hommes : Custrio, colonel Armand, 168
hommes : Stettin, général Liebert, aoi hommes :
Stratsund, général Candras, 748 hommes. Des
corps alliés durent renforcer ces faibles déta-
chemens , en partie composés des cauonniers né-
cessaires au service des places : ainsi les troupes
du prince de Mecklenbourg, furent destinées
à garder la Poméranie suédoise.
Nous trouvons la force des armées de la Con-
fédération du Rhin établie seulement par aperçu :
celle de Bavière de trente-quatre bataillons et
vingt-quatre escadrons, formant 3o,8oo hommes,
en trois divisions de onze bataillons, huit esca-
drons, avec dix-huit pièces d'artillerie, était ainsi
placée : quartier-général, et première, division De-
roy, à Munich; deuxièime division de Wrede, à
Augsbourg ; troisième division Sieben , depuis
Prince royal , à Altdorf ; douze bouches à feu
étaient en réserve, et trois bataillons répartis
dans les places. L'armée saxonne de 'i5,8oo
hommes, en deux divisions de huit bataillons,
huit escadrons, avec dix-huit canons et huit
pièces de réserve., était réunie autourde Dresde.
L'armée polonai'ie de 19,200 hommes, en trois
hyGoogIc
( "79 )
divisions de six bataillons, huit escadrons, avec
quatorze canons et une réserve de dix pièces,
se trouvait autour de Varsovie et dans le grand
duché. L'armée westphalienne de i4,ooo hom-
mes , avait deux divisions de huit bataillons,
huit escadrons et quatorze canons, avec une
réserve de huit pièces. Celle de Wurtemberg
comptait i a,ooo hommes. Tous ces corps alliés
avaient dans leur parc d'artillerie, un approvi-
sionnement en réserve. Enfin les troupes des
petits princes, devaient d'abord former im Corps
d'armée de la Confédération du Rhin, qu'on
portait à 29,^40 hommes, en trois divisions ;1a
première de Badois; la deuxième placée au
quatrième corps; la troisième sous le comman-
dement du général Kouyer. Mais une partie des
troupes de la deuxième division étant en Es-
pagne, ce corps ne fut pas réuni. Il y a de
grandes déductions à faire sur ces troupes al-
liées, dont la récapitulation par aperçu se mon-
terait à i2i,o4o hommes; toutes ne purent
se compléter à ce degré de force, parce que la
guerre interrompit leur formation. Quelques-
unes même ne prirent part que . très-tard
aux opérations de la campagne , ou occupèrent
seulement les derrières, comme les Saxons,
hyGoogIc
( iSo)
les Westpbalieos, la division Rouyer, les Meklen-
bourgeois, etc. En6n les princes allemands gar-
daient te plus qu'ils pouvaient de leurs troupes ,
auprès d'eux.
Il est presque inutile de faire entrer en ligne
de compte, le corps russe qui agit en Gallicie.
Selon le rapport du ministre des relations exté>
rieures du ai juin 1813, dont les assertions se-
ront assez démontrées dans la suite de cette cam-
,pagne : « Ce corps , contre le texte précis des
B traités, ne fut d'aucun secours à la France. Au
» lieu de i5o,oôo hommes, que la Russie pouvait
w faire marcher, ei. qui devaient seconder l'armée
» française, i5,ooo hommes ^seulement, entrèrent
» en campagne; et lorsqu'ils dépassèrent la fron-
» tlère russe, le sort de la guerre était déjà dé-
» cidé. o Nous verrons en e£fet quelle fut la con-
duitje de ce corps, contre lequel l'Autriche ne
paraît pas avoir pris de dispositions; car l'ar-
chiduc Ferdinand était assez occupé par les Po-
lonais.
Plus tard et vers la fin du mois d'avril, fut
réuni à Hanau le corps d'observation de l'Elbe,
q\ii finit par s'élever à 13,788 hommes, et dont
nous donnerons la composition.
ËQ Italie les troupes françaises étaient dissé-
hyGoogle
( .8, )
mjuées depuis l'Isonzo et les Grawdes-AIpes',
jusque dans le Piémont et au fond du royaume
dé Naples. Une armée devait se former sous les
ordres du prince Eugène ; mais il n'avait encore
à opposer à l'archiduc Jean , que les divisions
Broussier et Serras : la première sur la Lœdra,
la ^deuxième entre Udinc et Cividale, Du reste il
n'était pas désavantageux au plan général dés
opérations, que le prince Jean se laissât entraîner
par l'appât de cette riche conquête : plus il s'a-
vancerait vers l'Adige, plus sa retraite serait dif-
ficile, moins il pourrait prendre part aux grands
événcmens.
Bientôt les renforts arrivèrent de tous cotés,
aox troupes qui étaient cantonnées en Allemagne
et en Italie. Les régimens qui se trouvaient dans
l'intérieur , et qui avaient été arrêtés sur la
Meurthe et sur la Saône, allèrent directement
rejoindre les armées de l'Est. Celles-ci furent
divisées en corps séparés, dont voici les disposi-
tions projetées ,• qui subirent plus tard divers
changemens. Il n'y eut pas de corps avec le
n" I*'. Le deuxième, sous le commandement du
maréchal Lannes, et ensuite du général Oudinot,
fut formé par dix-huit bataillons de grenadiers
anciens et nouveaux , dans lesqpels étaient en-
hyGooglc
( .80
très beaucoup de soldats de la ligne et même
de coiisciits (divisions Claparède et Conroux),
stationnés à Hanau et sur le Mein; par la di-
vision Dupas, qui arriva de la Baltique; par
2000 Portugais venant de Toulouse; et 3ooo
hommes de cavalerie légère , soiis le gteéral
Colbert. L'armée du Bhin, divisions Morand,
Fri^d, Gudin et SàJnt-Hilaire, division de ré-
serve Demont composée des quatrièmes batail-
lons des trois premières divisions, cavalerie lé>
gère Montbrun, forma le troisième corps sous
les ordres du maréchal Davout. Le quatrième
renfermait les divisions Legrand, Saint-Cyr,
Molitor , qui avaient appartenu à l'ancien
quatrième corps de l'armée d'Allemagne, la
division Boudet du corps de Bernadotte, et
la cavalerie légère de Marulaz. Ce corps com-
mandé par le maréchal Masséna, fut renforcé
par les contingents de Hesse et de Bade. La
réserve de grosse cavalerie , qui comprenait
les deux régimens de carabiniers et les douze
de cuirassiers, répartis dans les divisions Nan-
souty, Espagne et Saint- Sulpice , était sous
les ordres du maréchal Bessières; ime des di-
visions de grosse cavalerie, fut attachée aller--
nativement aux deuxième et quatrième corps.
hyGoogle
(.83)
La. division Dupas , restée long-temps en arrière,
lut remplacée au deuxième corps par la division
Saint-Hilaire.
La Confédération du Rhin directement me-
nacée par les Autrichiens, fidèle en ce mo-
ment aux traités qui la liaient à la France,
. son ancienne protectrice, contre ses a&ciens en-
nemis , tenait depuis l'année précédente ses
troupes prêtes à entrer en campagne. Le sep-
tième corps fiit formé par les trois divisions ba-
varoises, Prince royal, de Wrede et Deroy, sous
le commandement du maréchal Lefebvre ; elles
avaient été placées en première ligné à Strau-
bing, Landshut et Munich. Les Wurtembergeois
{huitième corps) qui furent commandés par le gé-
néral Vandamrae , se réunissaient à Neresheim ,
£lvangen et Aallen. La politique et la raison de
guerre n'avaient pas permis à Napoléon, de lais-
ser les alliés s'avancer davantage , dans l'intérieur
des saillans 1 Bohème et Salzboui^ ) occupés par'
l'Autriche : car pourquoi n'aurait- on. pas- vu
alors, ce qui est arrivé en octobre i8i3? Et
cependant les souverains de la Ckmfédération
étaient aussi intéressés que Napoléon dans la que-
relie, comme nouvellement revêtus, et par lui,
de la pourpre royale. Les Saxons s'organisèrent
hyGoogIc
( .84 )
plus tard en neuvième corps, sous les ordres du
maréchal prince Bernadolte : il fut momentané-
ment question d'y réunir les Polonais; ce qui fit
croire à l'ennemi que ceux-ci allaient quitter le
grand duché, pour se joindre à l'armée d'Alle-
magne. Enfin le dixième corps, composé de trou-
pes westphaUennes , et d'un corps de 4ooo Fran-
çais, ne quitta pas ce royaume et ta Francodie;
il formait la garnison des places, ou défendait
le pays contre les insurgés et les détachemens
autrichiens. Notre armée, bien moins forte que
celle de l'ennemi, n'avait pas tous ses corps
en ligne; la garde ne rejoignit que sur l'Inn,
et sa cavalerie après Essling. On assure que Na-
poléon, avait près de 40îOoo hommes dé moins
que son adversaire , quand les opérations com-
mencèrent daiis la Bavière. Le général Stutter-
heim porte le total des troupes autrichiennes à
175,000 hommes, et celui des Français ou con-
fédérés seulement à 140,000. Pour la force des
deux armées, il faudra consulter les états de si-
tuation.
En Italie le prince Eugène devait avoir quatre
divisions françaises et une italienne d'infanterie,
trois de cavalerie, au plus 60,000 hommes. Mais
quelque temps après le commencement des
hyGoogle
( '85)
hostilités, il ne pouvait encore disposer que de
45,000; le reste se trouvait & Naples, dans le
Piémont, ou dans l'intérieur de la France. Le
onzième corps en Dalmatie, était de 12,000
hommes. Ainsi l'ârchidnc Jean n'eut en totalité,
devant lui que 67,000 hommes. En Pologne, le
prince Poniatowski n'avait pas 18,000 hommes
disponibles, à opposer au septième corps autri- .
chien , bien plus considérable : oïl levait en'toute
hâte 9,000 conscrits et une garde à cheval, mais
ils ne purent être d'une grande utilité dans cette
campagne. Les armées d'Italie- et de Pologne
conservèrent seules leur nom.
Nous devons observer que les cadres de nos
régimens d'infanterie, étaient en très-grande
partie remplis de conscrits, levés peu de mois
auparavant, et n'ayant jamais vu le feu. Le nerf
de notre armée , nos vieilles bandes du camp de
Boulogne, d'AusterlItz, dléna, étaient alors en
Espagne. Il y avait aussi beaucoup de corps de
nouvelle formation, organisés pour les besoins
pressans du service. Il eût été nécessaire de soute-
nir des troupes encore bien jeunes, par une bonne
artillerie. Cependant l'année française n'avait en
tout que 4^8 pièces de tous calibres, nombre
inférieur à celui que possédait l'armée autri-
hyGooglc
( 186)
clùenne, quoiqu'à peu près dans les rapports
ordinaires. Il fellut suppléer encore à l'infério-
rité numérique des pièces qui devaient entrer en
ligne, par leur bonne disposition, leur excessive
mobilité et le courage des artilleurs.
hyGoo^le
CHAPITRE VIII.
PLAN d'opérations DES AHHÉES FRANÇAISES ET
AUTRICHIENNES.
L'Autriche conceotre ses troiip«a en Bohème , pom se diiiger mr le
Bbin lu tisTer* de la Franconie, en eaulereat ce« pays. — Elle
se méprend sur les avanuges de cette position centrale, en face
de la ligne fort étendne des troupes françaisefl. — Elle compte
s'avancer ver» remboncliuTe du Hein, pOnr agir ensuite selon les
circonstances. — les opérations des corps d'Italie et du Tyrol,
gonlsubordonnéesàaellBsderâUeniBgne.— Ferdinand' est chargé
d'enTahir la Pologne. — Ces projets du général Griinne présen-
tent plusieurs inconvéïùens. — Le prince Cliarles les aperçoit,
et se porte suc l'Inn. — Son nouveau plan est de marcher par la
ligne centrale , sot le Danube , an-dessus de Batiabonne. — Napo-
léon veut établir son armée sur le fleuve, entre cette ville et Done-
veith. — lldaniiBsesordTes,du4ao 57 mars. — Dans ses instruc-
tions au major-général du 3o de ce mois, il établit deui suppositions :
de Pattaque des Autrichiens, et de la réunion de notre armée vers
Ratisbonne.avanlonapr^leiSavra,— Dui" au 10 de ce mois,
a faitavancer des troupes vers cetteville. — Les années françaises
et autrichiennes se rapprochent successivement de Flser.
Noos avons vu la part qui, dans le plan géné-
ral de la coalition, était destinée à la grande
armée autrichienne : il est nécessaire d'espli-
hyGooglc
(■88)
qoer avec quelques détails son projet d'opéra*
tioDs. L'Autriche avait conservé des relations
avec la Belgique et avec les pays allemands
d'outre- Rhin, cédés depuis long- temps à la
. France. Ayant à son service beaucoup de mem-
bres de l'ordre équestre et de la haute noblesse
allemande ; ayant maintenu avec les souverains
dépossédés et autres médiatisés, xme partie des
liens qui de tout temps, les avaitnt attachés à
la maison impériale; l'Autriche croyait soule-
ver facilement, contre la Frimce, les pays où
elle ferait entrer ses armées. Pour cela , d'après
le premier plan arrêté , les principales forces
autrichiennes débouchant de la Bohème , sui-
vaient d'abord la ligne d'opérations du Nord,
par la Francooie. En quinze ou dix-huit mar-
ches, elles devaient atteindre aisément l'embou-
chure du Mein. Pénétrant au travers des can-
tonnemens de l'armée du Rhin , elles pouvaient
espérer avec leurs masses supérieures, de les
battre en détail, et d'empêcher ainsi la réunion
des divers corps fran^is du Nord et du Midi ;
c'était un succès capital; il était aussi avantageux
de gagner rapidement du terrain , pour faire dé-
clâtdr les souverains de la Confédération et insur-
ger ïes peuples.
hyGoogle
( "89)
Rappelons d'abord queU furent les points et
les époques de rassemblement des corps aiitri-
cbieus. Pendant le mois de février , cette arm^
-s'acbeminait presque entière ^i Bobèmë. Le
prunier corps fiit rendu à Saatz le jo mars; le
deuxième à Pilsen le i" de ce mois; le troisième à
Prague le 1 7 ; le quatrième devait être à Piseck ie
27, et arriver jusqu'à Budweiss^ où le cinquième
était dès le 19; le premier corps de réserve était^
à Iglau et Neuhauss le 17. A la rive droite du Da-
nube, les sixième corps et deuxièrae réserve se
réunissaient à Wels et près d'Emis le 1 8, sous les
ordres du général Hiller. Le 19 tous les corps
étaient en ligne , à l'exception du quatrième. La
grande armée autrichienne devait avoir à la fin
de mars , cent cinquant&'Sept bataillons et cent
cinquante - quatre escadrons, sur la irontière
de Bohème. Mais dès le 10 mars, elle avait à
Saatz et à Pilsoi, cinquante-quatre bataillons et
trente-deux escadrons, menaçant la Franconîe;
ils pouvaient être promptement rejoints, par les
vingt-huit bataillons et les seize escadrons du
troisième corps, qui arrivait le 17 à Prague, et
par les vingt-huit bataillons et les seize eaca-
drona du cinquième corps à Budweiss : ce qui
fait en Bohème , cent dix braillons et soixante-
hyGl,10glC
( -go)
quatre escadrons, ou ia8,ooo hommes. Ce même
jour trente-six bataillons et quarante-huit esca-
drons étaient sur la Traun. Ainsi le 17 mars au
plus tard, l'Autriche avait cent quarante-six batail-
lons et cent douze escadrons, ou 1 74,000 hommes,
sur les deux rives du Danube, à six ou huit
marches de Ratisbonne, pouvant donc y être
rendus en entier dans autant de jours; et dont
la tête y serait arrivée en moitié moins de temps.
Le 17, Davout levait ses cantonnemens du nord;
Masséna passait le Rhin; Oudinot se trouvait
seul à Augsbourg; les Bavarois sur llser. It était
donc facile à l'ennemi de nous prévenir à Ratis-
bonne, «t même sur la Rednitz pour empêcher
la jonction de nos corps.
Les avantages de la position centrale de la
Bohème paraissent avoir fortement frappé l'es-
prit de l'Archiduc : ce pays joue un grand
rôle dans cette campagne, à son début et à la
fin. En e£fet, situé au centre de l'Allemagne,
dont il est comme le réduit; semblable à un
vaste camp retranché de montagnes et de
forteresses , d'où l'on peut se diriger de
tous côtés, contre la Pologne, la Prusse, la
France, la Bavière; ancien champ de bataille
de la maison d'Autriche , quelquefois heureux
hyGoogle-
{ '9- )
contre Frédéric ; ce royaume présentait encore
des considérations politiques, qui venaient se
joindre à ces calculs militaires. Toujours l'Au-
triche avait porté ses principales vues en Alle-
magne, et avait sacrifié pour s'y agrandir, tou-
tes ses possessions lointaines. Maintenant elle
faisait la guerre pour reconquérir l'influence
et l'empire, qu'elle-même avait abdiqués. Son
oi^eil mettait ses possessions héréditaires au-
dessus de la couronne élective de Hongrie sou-
vent disputée, malgré les ^ands avantages qui
•s'ofifraient à elle du côté de l'orient, où du reste
elle avait deux terribles adversaires : la Russie ,
et la Turquie presque toujours victorieuse de ses
armées.
La Bohème étidt choisie par les Autrichiens
pour le -rassemblement de leur armée, entre
l'E^er, l'Elbe , la Moldava et la Wittawa, comme
point central de l'Allemagne, d'où ils étaient maî-
tres de sortir dans toutes les directions; pendant
que nos troupes occupaient des cantonnemens
étendus, depuis l'Oder et la Baltique jusqu'au-
delà du Danube. C'est sur cette disposition, ab-
solument passagère, dont le centre était momen-
tanément sur l'Ktbe, mais qui pouvait changer
d'un instant à l'autre, que l'Autriche établit son
hyGoogIc
( 19» )
plan d'opérations ; plutôt que sur la base du ter-
rain, et sur les rapports fondamentaux entr« les
deux États. îjb but principal de l'armée autri-
chienne reconnu par elle, ^tait de s'avancer ra.-
pidement p^r le pays ^e Bareuth, vers nos tron-
tières; de cLercher à atteindre l'armée du maré-
chal Davout; et de la battre avant qu'elle eût
reçu ses renforts de France. Les Autrichiens cal-
culaient que sur cette vaste ligne, le maréchal
avait à choisir entre plusieurs systèmes de con-
centration : sur r^he^ dans la Saxe ; entre l'Ëlbe
et les montagnes de la Thuringe , le long des rives
de la Saal; sur le Haut-Meln, vers Bainbei^ ou
Bareuth; sur la ?ïab, en avant d'Âmberg; enfin
sur le Danube, autour de Batisbonne. Nous ne
saurions nous empêcher de remarquer que les
deux premières suppositions avaient peu de pro-
babtUtés eo ^ur faveur : car de teUes lignes
d'opérations n'auraient pu se rattacher de notre
côté, et même fort obliquement, qu'avec l'extré-
mité de lafrontière du B.hin; et laissaient entière-
ment à découvert, la partie au midi de Mayence.
D'ailleurs ces théâtres é^ent trop éloignés du
jaassin du Danube et du Pô, qu'il nous importait
par dessus tout d'occuper, et avec lesquels il Éd-
lait conserver des relations. Si nous avons dé-
hyGooglc
( '93 )
fendu en i8i3 les deux rives de l'Elbe; c'était par
nécessité et non par choix : encore a-t-il fallu les
abandonner, dès que tes hostilités ont commencé
en BaTÏèrc. On ne reconnaît pas dam ces combi-
naisons, le savant auteur des Principes de la
Stratégie : science du reste qu'il est bien difficile
de réduire en axiomes. Malgré ses pouvoirs pres-
que illimités , l'archiduc était contrarié, sinon
dominé par les intrigues de la cour devienne ;'cap
dans les cours il se trouve toujours des gens bien
étrangers au métier de la guerre, qui veulent se
mêler d'en diriger les opérations. Peut-être aiissl
la politique quintessenciée de l'Autriche, espé*
rait-dle attirer nos armées sur ces parties éloi-
gnées, afin d'exercer avec plus de liberté son
influence sur la Bavière, et de la forcer, comme
à diverses époques, à se déclarer contre nous.
Le développement de ce plan général, portait
que l'armée autrichienne marcherait rapidement,
sur la plus grande masse des troupes françaises,
pour la combattre , soit qu'elle se réunît sur
l'Elbe ou sur le haut Mein , soit sur la Hab ou
le Danube; pendant qu'un corps détaché agirait
secondairement, sur les pays non occupés par
nous. Si un corps français entrait dans la Sa-
vière , la grande armée autrichienne n'en de-
ï. i3
hyGoogIc
( -94)
Tait pas m(»ns continuer sa pointe; espérant
arrêter l'opération contre la Bavière, par une
manœuvre de flanc sur Ratisbomie ou Dona-
werlb. Si enfin le maréchal Davout se retirait ,
pour éviter tout engagement avant l'arrivée de
ses' renforts ; l'armée autrichienne le faisait sui-
vre par un corps d'observation et continuait
son <t mouvement avec célérité, pour aller
s prendre une position centrale entre la forêt
» Noire et le Mein » ( c'est-à-dire en face de
Manheim ), a Le général autrichien comptait
s alors régler sa conduite sur les chances et les
■a combinaisons qui s'ofiriraient à lui « et qui naî-
» traient des mouvemens de l'ennemi , du résultat
u des premières opérations, et enfin du calcul
u général désirées qi^il aurait à sa disposition ,
u tant en ^Uemagtie que dans le Tjrrol et l'I-
o taàe. » Ici le secret de la politique est con-
servé; mais on devine facilement qu'il s'agit des
forces que les insurrections et les défections
auraient fournies à l'archiduc. Nous trouvons
d'ailleurs dans la correspondance du comte de
Grtinne, que «l'armée autrichienne sortant de la
B Bavière, tendait les mains iiux mécontens de
» Bareuth, contenait la Saxe; etquel'issue de cette
» guerre était calculée sur la première victoire >
hyGoogle
( '95)
a et sur les arméniens, en Ëiveur de TAuttiche^
» de la Confédération du Bhin, qui s'était décla-
B rée contre elle. »
On voit que ce plan avait été établi trop à l'a-
vance, et dans la supposition d'une seule armée
française du Bhin, pouvant être renforcée direc-
tement, ou appuyée plus tard par un corps se
rendant en Bavière. L'arrivée d'Oudinot sur le
Lech-, à la fin de février, et surtout les ordres
donnés pour la réunion du corps de Masséna et
des troupes alliées le :ïo mars, firent changerles
dispositions de ce plan. S'il eût été exécuté vi-
vement vers la mi-mars, lorsque l'armée autri-
chienne était en ligne, ou lorsqu'elle allait y en-'
trer, les troupes françaises auraient eu beaucoup
de peine à se rejoindre sur la Kednitz ou le Lech.
Mais à cette époque l'archiduc était encore à
Vienne; il fallait que son armée attendît ses or-
dres..Une fois décidée à ToiFensive, et après avoir
mis ses troupes en mouvement, l'Autriche aurait
dû déployer plus d'activité. Aussi cherchait-elle
à remédier à ses lenteurs, par ses déceptions
ordinaires.
Le plan de l'ennemi coordonnaltles opérations
de l'Italie avec celles de l'Allemagne. Les trou-
pes destinées au premier pays « devaient se con*
i3.
.rifyGoOglC
( -96)
Il centrer entre Willach et Ktagenfurth , et s'a-
o vancer sur deux colonnes : l'une par le Pus-
» therthal, dans leTyrol, sur le Brenner el sur
» Trente; l'autre par la Ponteba, sur Bassano;
» tandis que l'insurrection de Croatie et la land'
» wehr d'Istrie observeraient le bas Isonzo. Les
a Autrichiens comptaient sur les soulèvemens du
» Tyrol (où il n'y avait que 4ïOoo Bavarois) , pour
» seconder puissamment tes opérations des deux
» corps, dont nous venons de parler (i). ■ On a
déjà vu que l'arcliiduc Charles attendait aussi
la coopération des forces du Tyrol, lorsqu'il se-
rait parvenu en &ce du Rhin. Cette partie du
plan des ' Autrichiens en Italie , doit avoir reçu
quelques altérations, attribuées au peu d'har-
monie, qu'on prétend avoir existé entre l'Ar-
chiduc lean et son frère. Du reste, quoi qu'en
(i) Ces détails ainsi que ceux qui précédent, sont extraits
dt la Guerre de 1809, Vienne 1811, ouvrage attribué au
(;én«ral Stutterheim. I4ous n'avons pu nous procurer que la
première partie, qui s'arrête àl'afTaire de Neuniark,34 avril.
On Dé peut l'avoir à Vienne qu'avec l'autorisation du con-
seil de guerre. Nous regrettons d'être privés d'un guide
aussi sAr, pour le reste de la campagne. La mort du général
Stutterheim a interrompu ce travail,^ l'époque de notre en-
trée à Vienne.
hyGoogIc
( '97 )
(Usent certains stratégistes modernes, toute com'
Hnaison était bien illusoire,' entre les armées
descendant des saillans de la Bohème et du
lyrol , ( encore plus avec celles de la Lom-
bardie) liées seulement dans la plaine du Da-
nube, par deux faibles corps. Telle était aussi
l'opinion du général Mayer. Il allait dès le
commencenieat Ëiire le contraire de ce qui a été
exécuté ; il fallait réunir les d^ix masses autri-
chiennes autour de ces deux saillans, menaçant
les pays situés directement devant eux; tes £ùre
rejoindre obliquement eatre le Danube et User,
de Ratisbonne à Landshut, ou dlngolstadt à .
Munich , en conduisant le long du Danube la
grosse artillerie : on pouvait marcher ensuite vers
le Rhin. (M revint k (Xtte t»ncentration , mais
trop tard et par de trop longs détours.
Le septième corps de vingt-cinq bataillons et
quarante-deux escadrons, ou Année de Pologne,
eanumnait dans la nouvelle Gallicie, sous Les
ordres de l'archiduc Ferdinand. Elle était destinée
selon les Autrichiens, à occuper Varsovie ; « afin
» de tenir ce pays eo respect, et d'empêcher les
» troubles que les PcJonaîs voudraient susciter
» en Gallicie. Elle devait agir avec la plus grande
» célérité , pour prévenir les différentes ocmiplica-
hyGooglc
( '98 )
» lions qui pourraient survenir , et être employée
» ensuite selon qu'H serait jugé convenable.
D Xi'armée russe rassemblée à Dubno, donnait de
«justes alarmes à la cour devienne; et le corn-
» mandant du septième corps autrichien , reçut
B des instructions à cet égard, n 11 serait curieux
de connaître ces instructions, et quels rapports
pouvaient exister entre le corps de Ferdinand,
qui s'étendit de Varsovie sur Thorn vers le
nord, et les Russes placés à Dubno, à cent
cinquante lieues de ces villes, et dans des direc-
tions entièrement opposées. On verrait que les
alannes de l'Autriche n'étaient pas bien vives,
ou plutôt quels étaient les sentimens v^tables
qui existaient entre ces deux puissances. Nos
lecteurs n'ont pas 'oublié le but politique que
le Prussien Schoell prèle à cette expédition de
Ferdinand.
On attribue au général comte de Griinne ces
dispositions militaires : elles reçurent un commen-
cement d'exécution ; puisque six corps d'armée
étaient déjà en Bohème, tandis que deux seule-
ment se trouvaient en &ce de la Bavière. Ce plan
était bon, et aurait peut-être réussi, s'il eût été
exécuté sans retard. Il n'est pas difficile d'établir
des projets, ni d'en reconnaître les défauts : le
hyGoogle
( 199 )
caractère qui décide leur exécution, qui frau-
diit les difficultés , est plus rare , et manque le
plus souvent. Ce plan avait pourtant des in-
convéniens, qui ne pouvaient échapper à un
général aussi habile que le prince Charles. L'Ar-
chiduc connaissait parfaitement son terrain et
son adversaire. Pendant que la grande armée
autrichienne aurait marché par la ligne d'opé-
rations du nord, sur les frontières de France,
éloignées de 70 lieues, où eUe eût trouvé nos
réserves et la défense nationale ; le centre de la
monarchie autrichienne, et la capitale même,
restaient à découvert par la hgne du midi longue
de 5o lieues (i), devant uo ennemi si actif; l'Em-
pereur pouvait y diriger, en même temps que l'ar-
mée réiuie en Bavière, une seconde armée par
les Alpes noriques , n'ayant guère plus de che-
min à faire que la première. L'Archiduc n'au-
rait certainement pas arrêté, ni détourné Na-
poléon, en l'inquiétant sur ses flancs, surtout
lorsqu'il s'ouvrait une nouvelle ligne par Brucï
et Klagenfurth. D'après les grands rapports du
terrain déjà établis, entre les frontières et les
capitales respectives de France et d'Autriche,
(t] cinquante lieues à partir de Passa» jusqu'à Vienne, et
quatre-vingt-dix depuis te Lech.
hyGoogIc -~-
( aoo )
d'après la grande courbure du Danube , l'armée
autrichienne était bien plus exposée aux ma-
nœuvrcs de Napoléon. Maître de la rive droite
du fleuve, il pouvait marcher contre l'unique
ligne d'opérations de la Bohème; soit par Strau-
bing, après avoir battu les corps de HiUer; soit
par un des ponts du Danube , sur les directions
de fiambei^, de Wurtzbourg, de Hanau, Jjcs
chances n'étaient pas égales : car il restait tou-
jours à l'armée française, la ligne de retraite par
le haut Danube et Huningue; tandis que l'ar-
mée autrichienne eût été facilement coupée du
saillant isolé de la Bohème. Le prince Charles n'a-
vait pas oublié la poursuite du Tagliamento jus-
qu'au-delà de Leoben en 1796; la prise devienne,
une vingtaine de jours après la capitulation
d'Ulm en i8d5; la destruction des années pras-'
sioines à léna, opérée en quelques instans, par
ime seule manœuvre de flanc. Il ne voulait pas
se placer, presque sur le même terrain, et dana
la même position, que les Prussiens. L'archiduc
savait bien qu'il n'était plus en présence de
Moreau, qui sans se mouvoir, le laissait aller
tranquillement , de l'Iser sur le bas Rhin (i).
(i) Lorsque je doniierai les campagnes de Napoléon en
1796 et en 1800, je présenterai sut l'ensonble <ie3 manœu-
hyGoogle
( aoi )
Ces inconvéniens du plati de Grunne étaient
réels, mais -il y en avait peut-être davantage à
le changer, au moment de l'exécuter. C'était
une de ces circonstances assez ordinaires à la
guerre , où le plus sur est d'agir avec vigueur,
même contre les règles de l'art. II fallait faire dé-
boucher dé Ta Bohème l'armée autrichienne le
i8 ou 20 mars, et la porter rapidement sur la
haute Rednitz ; tandis qu'en occupant Ratis-
bonne, et Ingolstadt ou Donawerth, par le
corps de la rive droite du Danube, on se rendait
maître de ce fleuve. Au lieu de cette résolution
vigoureuse, dont l'exécution aurait trouvé l'ar-
mée française inférieure en nombre, autour des
vres dans les bassins du Danube et du Pâ , quelques ré-
flexions avec des rapprochemens, qui répandront snr ces
événemens des lamières nouvelles; je crois qu'ils opére-
ront d'assez grands cfaangetnens, dans l'opinion qu'on peut
se former snr le raérite des deux généraux, autrichiens et
français, qui ont commandé ea chef ik la rive droite du
Danube en 1796. Te n'ai pas fait cette guerre d'Italie , mais
je l'ai étudiée à fond pendant mes levers comme ingénieur
géographe; ce que j'en ai écrit et dessiné dans mes travaux
topographiques, déposés depuis vingt ans au ministère de
la guerre, a été copié par ceux qui ont traité cette cam-
pagne.
hyGoogIc
( 302 )
points àe Wurtzbourg, Ulm et Augsboiirg; le
prince Charles suivit les conseils de la prudence,
ou plutôt les injonctions du ministère. Le général
Griinne accuse le général Mayer d'avoir exercé,
sur cette détermination d'entrer en Bavière, une
influence dont celui-ci s'est défendu.
Quoi qu'il en soit, le prince Charles fit à cette
époque, un mouvement pour repasser le Da-
nube à lintz, avec la majeure partie de son arr
mée, ne laissant en Bohème que les i" et 2* corps.
L'Archiduc avait senti la nécessité d'occuper
avant tout, la ligne d'opérations sur la rive droite
du Danube : il revint au projet d'une offensive
directe, qui le tenait sur le chemin de la ca-
pitale, et qui était réellement mieux appropriée
au terrain et aux règles de l'art. Mais ayant &it
un circuit considérable, il perdit un temps pré-
cieux que Napoléon employa bien ; il finit par
ne pas se maintenir sur cette ligne, se laissant
repousser dans la Bohème qu'il venait de quitter.
Les Autrichiens prétendent s'être décidés aux
changemens opérés dans leur prenner plan , d'a-
près les avis de la concentration des forces fran-
çaises à la rive droite du Danube : ils ont même
cru alors que nos armées devaient se réunir sur
le Lech. Si tel est leur véritable motif, ils doi-
hyGoogle
( 203 )
vent avoir eu communication des ordres donnés à
nos corps ou à nos alliés; car celui d'Oudinot ar-
riva seul vers la fin de février à Augsbourg; et il
n'y eut de mouvement dans la position de l'ar-
mée bavaroise, que celui de la division de Wrede
portée d'Augsbourg à Straubing. Le corps de
Masséna ne fut rassemblé à Ulm que dans les
derniers jours de mars, et celui de Davout arri>
vait à la même époque dans la Franconie. Ces
rapports et les ordres auraient dû aller et reve-
nir de la Bohème- à Vienne ; et la contremarche
de l'armée ennemie a commencé le 19. Ces
variations furent très -préjudiciables aux in*
téréts de la maison d'Autriche. Cette puissance
semble être tombée dans le piège , où elle vou-
lait précipiter son adversaire. Quand il faut agir
pour le surprendre , elle hésite : elle croit pou-
voir à sa volonté commencer ou retarder la
guerre; et changer au moment de l'exécution,
par une manoeuvre de seize marches, qui a em-
ployé vingt et un jours, un projet dont la réus-
site était dans la célérité. Grande &ute de ce ca-
binet! sur laquelle on ne saurait trop insister,
afin qu'elle serve de leçon pour toutes les circon-
stances de la guerre .
Le nouveau plan des Autrichiens n'est pa«
hyGoogIc ,_
( ao4 )
aussi clairement énoncé que le précédait. Voici ce-
qu'en dit Stutterheim : « L'armée autrichieime
B d'Allemagne n (fonnée des 3*, 4% 5*, 6* corps,
i" et 2* réserves), « devait passer l'Inn, entrer
B en Bavière et agir le long da Danube. Deux
» corps d'armées ( i*' et a* ) devaient déboucher
T) de la Bohème dans le haut Palatinat; s'avancer
» et attaquer les armées françaises, qu'ils rencon-
n treraient; mais dans tous les cas diriger les opé-
I) rations, de manière à ne pas trop s'éloigner du
» Danube. Ces corps étaient destinés principale-
» ment à couvrir la Bohème, et k s'assurer des
tt communications qui conduisent vers le Da-
n nube Celui des deux partis qui était mai-
» tre des deux rives du fleuve, depuis Ratis-
D bonne jusqu'à Donawerth, devenant également
» mattïe de la Bavière : l'archiduc ayant senti
» en 1796, 1 importance de Donawerth, clef
» d'une partie de l'Allemagne :.... le but des deux
» parties de l'armée autrichienne, rassemblées sur
» l'Ion et sur la frontière de la Bohème (9 avril) ,
» devait être de se réunir sur le Danube, et de
» chercher pendant leur marche , à battre en dé-
fi tail les dififérens corps de l'armée française, qui
» pourraient se trouver sur leur chemin. » Du
reste l'Autriche s'attendait tseltement au succès
hyGoogle
( 2o5 )
de son ofiénsiTe, que nulle précaution n'avait
été prise, pour assurer les divers points de la
frontière. Seulem^it à Lintz^ nous trouvâmes les
hauteurs de l'ouest, occupées par quelques re-
tranchement informes , qui avaient pu être com-
mencés depuis les premiers revers de l'armée
autrichienne. Ses généraux ont mentionné des
camps retranchés, mais à peine ébauchés, dans
les paya de Salzbourg, en Carinthie, en Car-
niole, etc. L'armée de réserve qui devait les
occuper, n'eut pas non plus le temps de se
former.
Ces retarde furent aussi funestes à l'exécution
du plan général de la coalition, qu'au succès
des entreprises particulières de l'Autriche : car
les insurrections qui éclatèrent dans le mois
d'avril en Allemagne , et qui pouvaient em-
braser le nord de l'Europe , se trouvèrent dé-
nuées d'appui, he départ de la grande expédi-
tion anglaise , dont les préparatifs étaient termi-
nés depuis le mois d'avril, Ait aussi différé. On
ne sait si ces changemens dans l'exécution des
deux parties de ce grand projet, réagirent l'un
sur l'autre; ni quel est celui des alliés qui exerça
ta plus grande influence , et qui manqua à ses
Nigagemens : mais la coalition pouvait-elle espé-
hyGoot^le.
( 2o6 )
i<er mieux, lorsqu'elle violait tous les traités
qu'elle avait faits? lorsque dans ce marché, il al-
lait concilier les intérêts et les vues particulières,
réunir les efforts, de tant de puissances et de tant
de cabinets?
Dès le commencement de la campagne, il nous
fat facile de voir queb étaient les desseins de
Napoléon. Ayaht résolu de battre la grande ar-
mée autrichienne, et de revenir à Vienne pour
y dissoudre la nouvelle coaUtion, punir cette
attaque injuste, et dicter encore une fois la pais;
il rapproche successivement ses corps d'armée ^
de la ligne d'opérations du midi et des bords du
Danube : il veut se concentrer sur l'une ou l'au-
tre rive, le plus avant possible, entre Donawerth
et Ratisbonne. De là maîtrisant le terrain et lés
manœuvres , il ira chercher son ennemi , et en
peu de temps il terminera la lutte. Tels sont les
secrets de sa stratégie. En partant du Danube
vers le bas Iser, il suffira d'un seul mouvement
sur le flanc: s'il était parti de ses bases du Rhin
ou de la forêt Noire , il aurait fallu dix opéra-
tions de front et autant de batailles. Il attend à
Paris que l'agression soit bien constatée, et que
les projets du général ennemi soient démasqués,
pour venir à la tète de ses troupes donner ses
hyGoogle
C 407 )
derniers ordres; et le prendre, comme il le dit
lui-même, en flagraia délit. Contre les idées
reçues, il abandonne entièrement les montagnes,
dont 11 deviendra maître quand il le sera des plai-
nes : là est le chemin de Vienne, vers lequel il
fera voler rapidement ses masses, lorsqu'il aura
dispersé celles de l'ennemi. Sans s'inquiéter de
la force et de la composition de son armée, des
conscrits qui s'y trouvent en grand nombre, des
corps allemands avec lesquels il devra agir; il a
résolu de ne pas retirer un seul homme de ses
vieilles bandes d'Espagne, où il combat plus di-
rectement nos véritables ennemis, les Anglais.
Voici cependant les dispositions successives
qu'on retrouve dans sa correspondance. Le 4 mars,
il avait organisé ses corps; réglé le 6, ses maga-
sins à Ulm, Donawerth et Ingolstadt; le 7, il Of
donne de presser les fortifications de Passau^
de relever les têtes du Lech, de réunir le corps
de Masséna à Ulm , les Saxons à Dresde, etc. i le
1 1, il prescrit le mouvement général de concen-
tration de l'armée, sur les deux rives du Danube,
à Ingolstadt ou Donawerth. Jusqu'au v) mars,
la correspondance nous a prouvé que l'Empe-
reur ne croyait pas encore à la guerre. Cependant
il doit se précautionner : et en cas d'agression
hyGoogIc
( ao8 )
imprévue, les maréchaux Davout, Masséna et
Lefebvre, le général Oudinot, reçurent les ordres
suivans. Au 20 mars le troisième corps devait
être ainsi placé : le quartier-général à Wurtz-
boui^; la division Priant qui n'avait pas quitté
Bareudi depuis la fin de 1808, couvrait de là
tous les mouvemens de l'armée du Rhin; Morand
était venu de Magdeboui^ à Bamberg; Gudin,
de Hanovre à Amberg et Nurembei^; la divi-
sion Saiut-Hilaire arrivait de Stetlin, et devait,
avec la grosse cavalerie, s'étendre comme une
réserve cachée a l'ennemi , depuis Nuremberg
jusqu'au Danube vers logoUtadt. Ainsi ce corps
d'armée occupait les deux routes de la Bohème,
vers Francfort et Manheim ; ses forces principales
étaient réunies versla gauche, sur la route d'Egra à
Wurtzboui^parBareuth; les places de Kronach ,
Forcheiro, Amberg, Wurtzboui^ , avaient été ar-
mées et approvisionnées: les dépôts et les maga-
sins étaient dans la dernière. Le 3* corps avait or-
dre dft se rassembler à Bamberg vers le i^"" avril,
la droite se prolongeant vers le Danube; la divi-
sion Priant restant toujours à Bareuth, en fece
d'Egra, afin d'en imposer à l'ennemi. Dans le cas
d'une attaque soudaine, l'instruction du maré-
chal Davout portait, de mettre tous ses soins à
hyGoogIc
( 209 )
maintenir libre sa communication avec le Da-
nube, et de manœuvrer de manière à se joindre
aux troupes de la rive droite, à Ingolstadt ou à
Donawerth.
A la rive droite du Danube, les corps occupaient
les positions suivantes. Les Bavarois, cantonnés à
Straubing, Landshut et Munich, avaient ordre,
s'ils étaient attaqués, de se concentrer sur le Lech ,
au-dessous d'Augsbourg. Le corps d'Oudinot s'é-
tait rendu de Hanau à Augsbourg. Celui de Mas-
séna devait arriver autour d'Ulm, ayant son quar-
tier-général et une division dans cette ville; une
division à Memmingen; une au-delà- de Gxmz-
bourg, route d'Augsbourg; une du côté de Do-
nawerth: formation adoptée par l'Empereur, afin
que la tête des corps gagnât une marche, de
quelque côté qu'ils dussent se porter. Les Wur-
tembei^eois étaient toujours en arrière d'Uhn, à
Heidenheim, IVeresheim, Elwangen, etc. Tous
ces corps devaient agir de manière à opéier
leur jonction sur le Danube, avec ceux de la
rive gauche , vers les points déjà indiqués. Ainsi
l'armée française, qui s'étendait d'abord de la
Baltique aux bords du Rhône; qui se resserrait
successivement depuis les montagnes de la Thu-
lînge jusqu'au pied des Alpes; et dont les deux
l. i4
hyGoogIc
masses principales gardaient en dernier lieu, les
lignes d'ppérarions du bord et du midi , dans la
Franconie et dans la Souabe : cette armée était
soumise d'avance, dès le ii mars, à un plan gé-
néral de coùcentration sur le Danube , là où elle
pouvait le mieux manœuvrer sur l'une ou l'autre
rive. Mais son mouvement étdit gradué selon les
circonstances.
Le 2 1 , Napoléon prescrit de nouveau à Davout
et à Masséna,de se reployer, en cas d'agressibn.
sur les deux rives du Danube à la hauteur du
Lech; la droite à Augsbourg, la gauche à 14 eu-
bourg. L'armée devait y être concentrée, et
présenter ime masse de 1 80,000 hommes. L'ar-
restation du courrier français à Braunâu, fei-
sànt craindre k l'Empereur des hostilités immi-
nentes, il ordonna le 24 de se tenir prêt, mais de
ne pas attaquer. Le lendemain sS et le 27, il
feit renouveler à Davout les instructions pour
la marche sur le Danube , vers Ratisbonne ou
Donawertb, suivant les événemens. « Peu îm-
» porte, écrit le major - général , que l'ennemi
» débouche en Sil^ie, en Saxe, dans le Hanovre
B ou ailleurs; le point important est de se réunir
» sur le Danube : que Davout ne détache pas un
» seul homme sur Dresde; et qu'en s'emparant
■Pri'SyGOOglC
» de ces pays , Tennemi ne puisse prendre un
» seul Français. » Le major- général discute les
projets des Autrichiens, et fecoDunande surtout
d'éviter qu'ils ne se placent entre le Danube et
te troisième corps. Il prévient Davout de la for-
mation du deuxième corj>s, des Bavarois, de la
réserve de cavalerie. Il prescrit à Masséna d'avoir
huit jours de vivres prêts à emporter; et de mé-
nager les fourrages du Lech , que nous serions
peut-être obligés de défendre.
Mais c'est dans les instmctions de l'Empereur
au major-général (i) du 3o mars, qu'il faut dier^
cher son véritable plan de campagne : là tout se
trouve annoncé, préparé, développé à l'avance. Les
bases de ces instructions étaient érentudlement
arrêtées, pour le commencement. des opérations
au i5 avril; puisquecles Autrichiensn'avaientpas
» encore déclaré la guerre, et qu'ils devaient être
» retenus par la Russie. » Le i5 avril seulement
une partie de là garde et les équipages de l'Em-
pereur pouvaient être rendus à Stra^ourg. « Le
» I*' avril, dit Napoléon, le corps de Davout
(mis en marche vers le 1 5 ou 1 7 mars des bords de
l'Oder et du bas Elbe) pourra être étabh entre
(i) VoycK les pièces.
hyGoot^le
(.1.)
» Nuremberg , Bamberg et Bareuth ; la division
o Saînt-Hilaire , entre Nuremberg et Ratisbonne :
» le corps de Masséna, autour d'Ulm : Oudinot,
o entre Augsbourg et Donawerth. Du i"" au i5,
» il y aura donc trois corps d'armée de i3o,ooo
«Français et 10,000 alliés »{ sans compter les
Bavarois en première ligne sur User, et les
Wurtembei^eois encore en réserve), « en tout
o 1 40,000 hommes, qu'il faudra réunir sur le
B Danube, soit à Ratisbonne, soit à Ingolstadt...
» Il faut Êùre travailler à Augsbourg, aux têtes
D du pont du Lech, à Ingolstadt, pour pou-
» voir déboucher sur la rive gauche du Daniibe;
» et surtout à Passau , afin que cette place im-
B portante puisse tenir deiix ou trois mois.... II
nfaut réunir beaucoup de magasins à Dona-
» werth, qui sera le quartier-général de l'armée,
B si l'ennemi attaque de suite... Cequartier-g^érid
» et la position à prendre sur le Lech, ne sont
u que dans le cas où l'Empereur serait prévenu
«par les Autrichiens Son but est de porter le
» quartier-général à Ratisbonne, et d'y centrali-
» ser l'armée... Saint-Hilaire et Oudinot doivent y
» être vers le 10» (ce qui formait le 2* corps). Le
maréchal Bessières y arrivait le même jour, et
rassemblait ta réserve de cavalerie; Davout venait
hyGoogle
(>i3)
à Nuremberg , n'occupant Bareuth que par l'extré-
mité de la gauche; Masséna,à Augsbourg; Lefeb-
vre, à une ou deux journées de Ratîsbonne, etc.
Cl Le quartier-général se trouverait alors dans
» cette ville, au milieu de aoo,ooo hommes, à
«cheval sur une grande rivière; gardant depuis
«Ratisbonne jusqu'à Passau, la rive droite du
» Danube, qui apporterait promptement à l'ar-
» mée tout ce qui lui serait nécessaire. » Que fera
alors l'ennemi? marchera-t-il à Cham, à Nu-
remberg, à Banaberg, sur Dresde, dans le Tyrol?
partout il sera contenu, coupé ou poursuivi. « Si
n l'ennemi veut agir par les extrémités de la gau-
» che ou de la droite; il faut accepter le centre,
» ayant sa retraite sur le Lech et Augsbourg
»Que peut -il entreprendre aujourd'hui qu'il
oest prêt? » Se porter de la Bohème sur Ra-
tisbonne? Alors Davout et Ijefebvre se reploient
sur Ingolstadt ou Donawerth , dans lequel s'éta-
blit le quartier-général, etc. Ensuite viennent les
ordres pour les magasins, pour les divers servi-
ces, le génie, les reconnaissances du Danube,
des ponts, des positions autour de Ratisbonne,
pour la formation des corps d'armée dans tous
leurs détails, la destination de tous ceux qui sont
détachés, etc. 11 fout remarquer cette habile dis-
hyGooglc
(ai4)
position de l'année , placée en triangle à Ratïs-
bonne, Augd>ourg et Nuremberg; pouvant se
réunir eu trois marches, sur le saillant très^vancé
de Ratisbonne. £lle faisait en même temps &ce
'par les côtés à la Bohème et à l'Iser ; prenait de
revers tout ce qui marcherait au-delà de l'im
comme de l'autre; atteignait jusqu'à Passau par
la rive droite du Dantdie, et s'ouvrait par là le
chemin de Yieuue.
Telles étaient les instructions que le major-
général emporta à son départ de Paris. Clairea et
précises, elles reposaient sur deux suppositions:
l'ennemi attaquerait ou non, avant le i5 avril;
l'armée pouvait occuper ou non avant les hos-
tilités , les pays autour de Ratisbonne. I^us la
supposition de l'agressicoi avant le 1 5 , et l'armée
n'étant pas rendue à Ratisbonne; elle devait se
0(»centrer autour de Donawerth et du Léch.
Une des- principales conditions de ces problè-
mes, était toujours la présence de l'Empereur
pour remuer ces masses : il comptait se rendre
sous peu au quartier -général. En attendant,
comme il paraissait probable que les Autrichiens
ne commenceraient pas la guerre, le prince Ber-
thier devait inspecter les cantonnemens : s'ils
attaquaient, il avait été autorisé à former deux
hyGoogle
(a.5)
grands commandemens sur les deiix rives du Da-
nube, et à les remettre aux maréchaux Masséna--
et Davout.
L'Autriche en interceptant nos courriers, avait
aussi voulu cacher ses derniers mouvemens.
L'Empereur ne dut être prévenu de ceux-ci,
même imparfaitement, que dans les premiers
jours d'avril. Le major-général était parti avec
ses instructions; cependant la direction des af-
faires venait toujours de Paris. La correspon-
dance de Napoléon continue de presser l'exécu-
tion de ses ordres. Il fait prescrire successive-
ment au maréchal Davout (i*' avril) , d'envoyer
les divisions Saint-Hilaire , Nansouly, et Mont-
hrun à Ratisbonne; de porter son quartier-géné-
ral à Nurembei^; et d'établir son corps entre
cette ville et Jlatisbonne, en laissant la division
Friant à Bareuth, toujours destinée à couvrir son
mouvement. Il hâte la marche des troupes sur
Ratisbonne; ordonne le 6, de rapprocher le troi-
sième corps de ce point important, de manière
à pouvoir s'y rendre en un jour. Quand, Ratis-
bonne sera occupé par les troupes de Saint-Hiiaire
et par la cavalerie , le quartier-général et les parcs
se rendront a Ingolstadt et à Donawertfa. Enfin
le 8, Napoléon décide qu'à partir du i*' avril, tes
hyGoot^le
( ai6 ■)
troupes prendront le tîlre d'armée d'Allemagne :
le dépôt général est à Strasboui^; le deuxième à
Ulni,d'où les lignes de communications se diri-
gent sur Nuremberg et sur Augsbourg; les troi-
sième et quatrième dépôts sont à Donawerth et à
Ingolstadt. Cet ordre du 8 fut expédié aux corps
d'armée, par le major- général le ii, de Stras-
bourg : c'est le dernier qu'il dut recevoir, avant
' le commencement des hostilités.
Telles furent les dispositions prescrites. En les
lisant dans les pièces, on pourra se convaincre
qu'elles ne laissaient rien à désirer, ni à inter-
préter; que tout y était conforme aux vérita-
bles principes de l'art, malgré les assertions des
écrivains légers ou partiaux. Voici quelle était
à ces diverses époques, la position exacte des di-
visions de l'armée française. Le i*'".avril, le quar-
tier-général du troisième corps était à Bamberg :
la première division sur la route de Nurembei^
k Ratisbonne, la gauche à la première ville; la
deuxième division à Bareuth , Turhau et Cùlm-
bach, ayant pour points de rassemblement Ba-
reuth et Bemeck ; la troisième à Forcheim, Erlang
et Bamberg; la quatrième entre Bamberg, For-
cheim et Mulhausen ; la division de réserve à
Auspach; la grosse cavalerie vers Schwabach et
hyGoogle
Schweiphirth, Le 8 avril, le quartief-général de
Davout avait été porté à Nuremberg, depuis la
veille; la division Morand, en route pour Ratis-
■J»onne, était à Neumarck; Friant n'avait pas
quitté ses cantonnemens; Gudin, en marche sur
Amberg, était ce jour-la entre Ërlang et Nu-
remberg; Saint-Hilaire avait le lo^ régiment à
Ratisbonne depuis le 4 ^ le reste à Kelheîm, Im-
zing, Roscbing et en route; la grosse cavalerie'
était à Monheim etNeukircheim,etc. Le lo avril,
la première division était sur la Nab, entre Penck
et la Vils; la deuxième vers Amberg, où elle
allait se concentrer momentanément; la troisième
entre Neumarck et Amberg; la quatrième autour
de Ratisbonne; la grosse cavalerie àVilkebausen
et Salzkirchen; la cavalerie , légère à Nittenau,
Hirscbau, Mulbausen.
Pendant que le troisième corps tendait ainsi à
se rapprocher du Danube , les corps de la rive
droite restaient dans leurs quartiers. Du i*" au
lo avril , les Bavarois étaient toujours à Straubing,
Landshut et Munich; le corps d'Oudinot à la rive
droite du Lech, occupant Augsbourg; les divi-
sions de Masséna à Ulm, Gxmzbourg, Gundelfin-
gen et Memmingen. Celles-ci , renforcées par les
corps alliés de Bade et Darmstadt , ne se mirent en
hyGoogIc
(a.8)
marche que le ii. Le la, elles se trouvaient
à Scbwabmûnchen, Zusniarshausen, Ursberg et
Landsberg , où était une partie de la cavalerie
légère; le quartier-général du maréchal s'établit
à Augsbourg.
Examinons la position de l'armée autricbienne
aux époques correspondantes. Nous avons vu
que le i g mars , elle avait dans la Bohème , le pre-
mier corps à Saatz, le deuxième à Pilsen, le tn»-
sième à Prague, le quatrième à Wodnian au sud
de Piseck, le cinquième à Budweis, le premier
corps de réserve à Iglau : dans l'Autriche, le
sixième corps à Wels, le deuxième de réserve à
Enns. Ce jour-là, commençait le mouvement que
le centre opéra sur Lintz , par la route de Freys-
tadt. Le i*' avril, les premier et deuxième corps
étaient encore à Saatz etPilsen, d'où ils ne par-
tirent que le 5 et le 8 : le troisième corps était à
Lintz, le quatrième à Galluenlirchen (une mar-
che avant d'arriver à Lintz), le premier corps de
réserve à Sandl , le cinquième à Lambach : Iç
sixième et le deuxième corps de réserve à Vock-
labruck. Le 6, cette armée s'étant rapprochée de
rinn, se trouvait : le sixième corps et deuxième
de réserve à MattighofFen ; le cinquième corps à
Aurolz et à Munster, le qnatrièmeàRiedau, les
hyGoogIc
( ="9 )
premier et deuxième corps de réserve à Weîzen*
kirchen et à Haag. Dès lors les avant-gardes éclai-
raient rinn, en Ëtce du territoire bavarois. Le 8
l'armée autrichienne bordait l'Inn à Braunau,
Obemberg et Scharding; elle commença le pas-
sage et les derniers préparatife des ponts ce jour
même : les corps de Bellegarde s'étendaient le
IfMig des frontières de la Bohème.
hyGoogIc — ^
CHAPITRE IX.
LES HOSTILITES COHMEVCEMT : LE PBlIfCB BERTHIER
SR TROUVE OPPOS1É ±V PRINCE CHARI,£S.
I« 8 , lei Autrichieiu commeneeDt ragrcukm sur toni les [toiiKi ,
et répandent des proclamationB. — La Bariére y répond. — L'ar-
chiduc eit combattu, entre «an palriatiameel les théories militaires.
— n a le plus grand intérêt à k porter r.ipidement sur le haal
Danube. — Cependant le aiiiéme jour. Tannée autricliienne n'afait
encore que six lieaes. — Le iS.elle eat sur la Rott: Napoléon part
dn Paris; le prince BerthJer arrive à Donawerth^ les deux rnaaaea
françaises sont à IngoUtadt et à Augsbourg. — Le prince Charles
ne passe l'Iaer que le i6 , Cl marche sur NeulUdt. — U ordonne
à Bellegarde de se réonir à lui vers Eïchsledt. — Le prince Ber-
thier prend le coDamandement de l'année. ■ — Il donne des ordres
L-ontradictoires à ceux de l'Empereur. . — Il renvoie Datout a Ra-
tiabonne, malgré ks représentations j et écurie ainsi les deux
masaea de l'armée, aux extrémités de sa longue ligne. — Le prince
Berlhier voit l'ennemi partout. — Il reçoit eniin les derniers ordres
, de l'Empereur, et va à Augsbourg. -:-L« prince Berlhier se montre
fort au-dessous de ce commandement temporaire. '- L'Empereur
arrive a Stultgard le iG.
Aussitôt que la grande armée autrichienne
d'Allemagne eut achevé son mouvement circu-
laire, et que ses avant-gardes furent arrivées sur
hyGoogle
( "■ )
llnn; elle commença les hostilités, sans aucune
de ces formalités en usage chez les nations poli-
cées. Il faut répéter encore que ce fut sans motif:
car le manifeste publié n'énonçait aucun grief po-
sitif, et qui eût été mis en discussion. Le i^' avril,
l'archiduc Charles quitta Vienne. Le 6, il dénonça
la guerre dans sa proclamation k l'armée autri-
chienne, dont les avant-gardes bordaient llnn
ce jour-là, et commençaient les préparatifs de '
passage. «Le salut de la patrie nous appelle à de '
D nouveaux exploits, dit Farchiduc; ta liberté de
» l'Europe s'est réfugiée sous vos bannières
M Vos frères les Allemands, qui sont forcés de se
y> placer dans les rangs ennemis, attendent de
» vous leur délivrance Notre monarque ne
» veut pas opprimer les peuples voisins, mais les
» délivrer de leur oppresseur Bientôt des trou-
» pes étrangères, étroitement alliées avec nous,
» combattront avec nous l'ennemi commun, etc.»
Quel long commentaire mériteraient ces mots!
Bientôt les princes de la Confédération y répon-
dront pour nous. Le 8, l'empereur François quitta
solennellement sa capitale, annonçant qu'il allait
se mettre à la tête des défenseurs de îa patrie. Le
quartier-général del'aTchiduc était ce jour à Ried,
à une quarantaine de lieues de Munich. Le leo-
hyGoogle
( aaa )
demain , un de ses aides-de-camp remet an roi
de Bavière et au maréchal Lefebvre à Munich,
des dépêches en date du 9, et probahlement
écrites sur le territoire bavarois. Le billet du
prince au général français, est ainsi conçu : «D'à-
» près une déclaration de Sa Majesté l'empereur
» d'Autriche à l'empereur Kapoléon, jeprévi^is
B monsieur le général en chef de l'armée fran-
B çaise, que j'ai l'ordre de me porter en avant,
avec les troupes sous mes ordres, et de traiter
» en ennemies toutes celles qui me feront résis-
u tance. » La déclaration dont il est question
dans ce billet, doit être celle du ay mars, qui,
comme nous l'avons vu, n'avait pu encore par-
venir à Paris; et n'ex[»-imait ni plainte, ni même
la volonté de faire la guerre. Des billets sembla-
bles furent envoyés par les archiducs comman-
dant les armées dltaiie et de Pologne, aux avant-
postes qui étaient en îace d'eux. La lettre adres-
sée au roi de Bavière, l'engageait à accéder au
prétendu voeu de son peuple , a qui ne voit que
» des libérateurs dans l'armée autridiienne, et à
»ne pas faire peser sûr sra Etats, les chairs
» d'une guerre entreprise pour la liberté géné-
9 raie. » Le Roi répondit par la proclamation
suivante, adressée aux Bavarois, le 17 avril, de
hyGoô^le
( aa3 )
DUliogen : « Sans déclaration de guerre, sans au^
u cune explication préalable , notre territoire a
» été envahi le 9 de ce mois; et nous avons été
» contraints de quitter notre capitale , qui a été
» occupée par les troupes autrichiennes Cette
n violation du droit des gens sera punie Leurs
n projets injustes et insensés seront confondus
» Nous répondrons par des victoires, aux procla-
n mationsinsidieuse^ répandues en Bavière, ten-
» dantes à détruire les droits des souverains, et
a à fomenter partout un esprit de vertige des-
» tnictif de l'ordre social, etc. » Chaque souve-
rain de la Confédération protesta contre cette
agression et ces provocations, par des procla-
mations non moins vigoureuses.
Le 8, l'Autriche violant la foi des traités,
commence la guerre, en prenant l'offensive sur
tous les points. Elle fait envahir la Bavière, la
Franconie, le Tyrol, Iltalie et la Pologne. L'em-
pereur François arrive à Lintz, à la'suite de son
année-. Par quel manque de respect , par quel
oubti de tous les devoirs et de toutes les conve-
nances , se fait-il qiie le général Stutteriieim n'ait
pas, du moins dans la première partie de son
histoire, fait mention d'une circonstance telle,
que la présence de son souverain auprès de l'ar^
hyGoot^le
( ÏM)
mée , quoiqu'elle soit assez constatée et procla-
mée par ses manifestes et les bulletins officiels:
comme si tous les monarques étaient obligés de
se tenir aux avant-postes, et d'aller exposer leur
personne sacrée, aux coups de iusil et de lance,
ainsi que le faisait Napoléon. Il est vrai que
Stutterheim écrivait en 1 8 1 1 , temps de relâcbe-
ment, où les hérésies du rigorisme politique, et
même de l'égalité, se glissaient jusque dans les
anciennes cours !
Pour Doiis qui sommes pénétrés de la sévérité
de nos devoirs, nous nous croyons obligés de
mentionner toutes les circonstances, et de ju-
ger tes hommes indépendamment du rang qu'ils
occupent dans le monde. Mous nous croyons
aussi obligés d'examiner non-seulement la con^
duite et les actions des chefs, mais leurs systèmes
et leurs théories; car si les premières établissent
leur réputation, les autres servent de base à la
science de la guerre, composée d'expériences et
d'observations, bien plus que de règles et de
principes. Nous sommes donc forcés d'émettre
notre opinion, à mesure que les généraux se
présentent sur la scène , même pour de courts
instans. Ici le prince Berthier est momentané-
ment opposé au prince Charles. On trouvera à
hyGoogle
( 225 )
la fin de ce chapitre des observations sur la ma-
oière dont le major - général a exercé ce com-
mandement de cinq jours. Nos réflexions sur
la conduite de l'archiduc , sont placées après
les journées dlIckmuhL Rappelons cependant
que le générahssime avait été, dès le principe,
opposé à la guerre ; qu'il n'avait ni approuvé les
moyens adoptés , ni partagé les espérances de
réunir les puissances de l'Europe; que par suite
de ses sentimens, il avait dû choisir le système
d'opérations le moins hasardeux. L'archiduc a
donc pu se trouver pendant cette campagne,
constamment combattu entre ses théories mili-
taires et son patriotisme ; il a pu se laisser do-
miner par le désir de conserver , autant que pos-
sible cette armée, à laquelle était attaché le sort
de l'Empire. Mais nos rigoureux devoirs nous
permettent seulement d'énoncer ces motife ho*
norables, sans pouvoir les faire entrer dans la
balance des opérations militaire.
Essayons maintenant de pénétrer dans les cal-
culs du prince Charles , et d'examiner les ordres
qu'il donne,' pour l'exécution du projet dont
nous avons indiqué les principales dispositions.
Nous savons que ce prince renonçant à manœu-
vrer par la ligne d'opérations du nord, et s'étant
I. i5
hyGoot^le
( 2a6 )
reporté vers celle du midi , va agir par le centre,
pour se rendre maître du Daniibe , entre Ratis-
bonne et Donawerth. De ta il va accomplir sans
doute la dernière partie du premier plan, et
après s'être avancé entre la forêt Noire et le Mein,
commencer un nouveau système d'opérations.
L'Autriche a pris toutes ses mesures pour ca-
cher son attaque , et pendant l'absence de Na-
poléon , tomber sur les corps français. Alors
elle ne saurait mettre trop de célérité et de vi-
gueur dans ses premières opérations, pour avoir
gagné le Danube et dispersé nos troupes , avant
que l'Empereur ne puisse être prévenu et arrivé
de Paris.
Le prince Charles savait que les deiix grandes
masses de l'armée fi'ançaiBe étaient le l '^ avril , à
Bamberg et Jk Ulm , leurs avant-gardes à Àugsbourg
et à Bareuth, Au commencement des hostilités, il
devait les croire à peu près dans la même position;
puisque le quartier-général de Davout ne s'est
porté que le 7 à Nuremberg. L'archiduc est sur
le bas Inn, plus rapproché que Davout et Mas-
séna, du Danube au-dessus de Ratiâbonne, là où
passe sa nouvelle ligne d'opérations , où il a tant
d'intérêt d'atteindre ce fleuve. Il en est surtout
bien plus près, par les troupes qu'il a en &ce de
hyGoogle
( a»7 )
Waldmûnchen. Les divers corps français qui,
par leurs mouvemens depuis un mois, tendent
constamment vers le Danube et le Lech, doivent
avoir nécessairement pour instructions , de se re-
joindre sur ce fleuve , vers l'embouchure du Lech.
Napoléon qui est encore à Paris, va accourir à la
tête de l'une des grandes masses, ou sur le point
indiqué pour leur jonctipn. L'archiduc n'a de-
vant lui que des Bavarois. Il doit donc se porter
vivement sur l'Iser, le passer avec son armée à
Landshut , et gagner rapidement les deux ponts
de Kelheim et de l^eustadt sur le Danube; de
là marcher sur l'Âltmuhl, vers lequel il diri-
gera Bellegarde etKoUowrath, par Tirchenreidt
et Waldmûnchen ; après s'être assuré du point
important de Ratisbonne. De cette nouvelle base
de l'Altmuhl, doublée par le Danube, il manœu-
vrera sur la Rednitz et sur la route de Nurem-
berg à Donawerth; afin de pénétrer par le cen-
tre entre Masséna et Davout. Peut-être ue leur
laissera-t-il de probabilités de réunion que vers
Dinkelsbuhl; lorsque son armée sera entièrement
rassemblée, la Bavière occupée par ses troupes
unies au corps et aux insurgés du Tyrol. Suppo-
sons même que l'archiduc arrive trop tard, et
trouve les maréchaux français autour de Dona-
hyGoot^le'
( 2^8 )
werâi : maître des passages du bas Danube , à
partir de Neustadt ou dlngolstaldt, U l'est aussi
de la plaioe jusqu'à la rive droite du Lech; il
peut le devenir facilement des opérations.
Pour obtenir tant d'avantages , l'archiduc a
moins de trente lieues à feire (dix-huit lieues de-
puis llnn jusqu'à Landshut; de là, douze jusqu'à
Neustadt et Rehleim) : il ne lui fout que quatre
fliarches de guerre, cinq au plus, pour atteindre
ces points importans. Plus que jamais il lui est
avantageux de frapper, dès le commencement de
la guerre , quelque grand coup, afin d'entraîner
les alliés incertains, et les peuples préparés à
t'insurrection. Toutefois dans le début de la
campagne, après avoir fait à sa volonté toutes
les dispositions, l'armée autrichienne est telle-
ment embarrassée par ses magasins mobiles, par
ses équipages, par son ordinaire lourdeur; elle va
marcher avec une telle lenteur, que le huitième
jour après le commencement des hostilités et du
passage de l'Imi, elle n'aura fait que dix -huit
lieues, et arrivera seulement le 1 5 au soir sur
les bords de l'Iser.
Nous avons vu que le général Stutterheim
porte à cent cinquante-sept bataillons et cent cin-
quante-quatre escadrons (ou 176,494 hommes,
hyGoogle
C 229 )
dont 18,000 de cavalerie) les forces autrichiennes
en Allemagne : cent treize bataillons et cent vingt
escadrons, 1 26,494 l^ommes, dont 14,000 de cava-
lerie, sous l'archiduc; 49)OOOï sous Bellegarde. Ce
niéme général évalue à 100,000 Français et 4o,ooo
confédérés, les troupes qui furent d'abord sous
les ordres de l'empereur Napoléon. Elles étaient
encore cantonnées à Bamberg et à Ulm, lorsque
le 6 avril, les avant-gardes autrichiennes bor-
daient la frontière, et terminaient les préparatifs
de l'invasion. Le 8, l'armée ennemie est sur l'Inn,
et en commence le passage. On a dit que ce
même jour, le pont de Mulheim vers Ehring,
était déjà construit. Le 9, on donne séjour.
Le 10 , les corps passent : le sixième ( vingt
bataillons et seize escadrons } , le cinquième
( vingt-trois bataillons et seize escadrons ) , le
deuxième corps de réserve (cinq bataillons, vingt-
quatre escadrons), traversent llnn à Braunau.
Du côté de Weissembourg , est la division de
huit bataillons et huit escadrons, sous les ordres
du général Jellachich, partant de Sàlzbourg, et
se dirigeant sur Munich. I* troisième corps
(^vingt-trois bataillons huit escadrons) passe au
pont de Mulheim ; le quatrième corps (vingt-deux
bataillons et vingt-quatre escadrons) , le premiep
hyGoogIc
C -3» )
corps de réserve (douze bataillons de grenadiers
et vingt-quatre escadrons), à Scharding. Le total
des troupes qui passent llnn le 8 , est de cent
treize bataillons et cent viagt escadrons. Ce
jour, le premier corps était à Plan; il traversait
la frontière le lo, à Tirchenreidt; le deuxième
à Frauenberg, d'où il suivait la route de Vein-
berg.
1.6 12, le sixième corps, retardé par la re*
construction du pont de N-Œting, se trouvait
sur les bords de llsen; le cinquième corps avec
le quartier-général, à N-Œting; le troisième, à
Tumstein ; le quatrième , à Ëggenfelden ; le pre-
mier corps de réserve , à Pfarkirchen. Ainsi le j a ,
cette armée n'était encore que sur la Bott ; ses
avant-gardes, à deux ou trois lieues en avant; la
brigade Veczay, destinée à éclairer la droite, et
à établir la communication avec Bellegarde, était
ce jour-là à Euchendorf, envoyant des détacbe-
mens sur le bas Iser : trois bataillons avaient
été détachés sur Passau, pour bloquer cette place.
Le lendemain i3, sixième jour des hostilités,
l'armée autrichienne , ayant fait six lieues envi-
ron en pays ennemi , prit méthodiquement un
nouveau séjour, qu'elle a attribué aux mauvais
chemins et au besoin d'attendre ses magasins
hyGoogle
(a3, )
mobiles , gui devaient la suivre. Tant de mé-
thode dérangea entièrement rexécuticm du plan
arrêté.
Pendant que les Autrichiens pensaient avoir
retenu Napoléon loin de son armée; il était déjà
ce même jour i3, à moitié chemin de Stras-
bourg. Nous avons vu que comptant sur la Rus-
sie , il n'avait cru à la guerre qu'au dernier
moment, et qu'il avait voulu rester àParis, afin
de constater l'injuste agression de ses ennemis.
Pour tout autre, ces retards pouvaient être bien
funestes. Mais prévenu le i a à huit faeiu^s du
soir par le télégraphe, il part deux heures après,
sans équipage , sans garde , presque sans suite.
L'impératrice Joséphine l'accompagna jusqu'à
Strasbourg , où elle s'arrêta pendant une partie
de la campa^e.
Napoléon se fit précéder par une dépêche, qui
renouvelait les anciens ordres de centraUser l'ar-
mée sur le Lech. Le major-général était encore
à Strasbourç le 1 1 , lorsqu'il fut averti du pas-
sage del'Inn. Il l'annonça à l'Empereur; et ex-
pédia à.Davout ainsi qu'à Masséna, l'ordre de
prendre le commandement des forces qui étaient
sur les deux rives du Danube, et de les réunir
d'un côté sur le Lech, la droite à Augsboui^,
hyGoogIc
{ ^^3- )
de L'autre à Ingolstadt; la concentration géné-
rale de l'armée devant avoir lieu vers Dona-
werth, selon le premier ordre du ai mars. Le
prince Berthier arriva dans cette ville, le i3 avril
au soir. Ce jour, l'armée française était rappro-
chée à droite et à gauche du Danube. Le ma-
réchal Davout, commandant toutes les trou-
pes qui se trouvaient à la rive gauche , se reo-
dait de Nuremberg (où il était' depuis le 7),
à Ingolstadt , en passant par Neumarck. La
quatrième division logeait dans Ratisbonne, et
y attendait son dernier régiment , couchant
cette nuit à Hemau. La première division de
grosse cavalerie, s'était portée depuis le 10, en
avant de Ratisbonne, sur les deux rives du Da-
nube; les première et troisième divisions d'in-
fanterie et la division de réserve Demont, autour
d'Ingolstadt. La deuxième ayant quitté Bareuth,
se concentrait sur Amber^ ; et avait eu le 1 1 et
le 1 3 deux engageroens avec l'ennemi à Hirschau
et Amberg. Suivant le mouvement général sur
Ingolstadt, elle venait se placer le i3, la droite
à Neumarck, la gauche à Castel. Ce même jour,
Masséna prenant le commandement des troupes
à la rive droite, arrivait à Augsbourg avec le
quatrième œrps, dont les divisions étaient can-
hyGoogle
(.33)
tomiées; la première et cavalerie légère, à Schwab-
munchen; deuxième, à Zusmarhausen; troisième,
àUrsberg; quatrième et cavalerie légère, à Lands-
berg. ]> corps d'Oudinot qui bordait le Lech,
fiit porté ensuite à Aicha , et sa cavalerie à Da-
chau- Les Wurtembergeois occupaient Rain, et
l'emboucbure du Lech. Le^ Bavarois tenaient la
première ligne de l'année, à Munich, Landsbut
et Straubing; ils avaient eu d'abord ordre de
marcber sur Augsbourg, ensuite sur l'Abens.
Ainsi le i3, les deux masses de l'armée fran-
çaise se trouvaient, selon les premières disposi-
tions de l'Empereur , à Ingolstadt et Augsbourg.
lie point important de Ratisbomie, occupé à l'ex-
trême gaucbe par . une division d'infenterie et
une de cavalerie, était fort exposé d'après la di-
rection générale du gros de l'armée ennemie et
de son corps de droite. Cependant la division
Saiat-Hilaire avait encore pour se retirer sur
l'armée, à choisir son chemin par l'une et l'autre
rive du Danube ; quoique ceux de la rive gauche
fussent très-mauvais jusqu'à Wobbourg. Il pou-
vait être utile de conserver Ratisbonne jusqu'au
dernier moment ; car si le prince Charles s'en
emparait, il nous primait sur le Danube, y réu-
nissait toutes ses forces, était maître de manœu-
hyGooglc
( »34)
vrer sur l'une et l'autre rive : il ne restait plus
que la ressource toujours incertaine d'une ba-
taille générale, pour décider les afFaires et s'em-
parer des plaines de la Bavière. D'un autre côté,
en y laissant une division , on courait le risque
de la compromettre; ou en la renforçant, de dis-
séminer rarmée et dé l'exposer à des combats
partiels. L'occupation de Ratisbonne- devait donc
être subordonnée , à la vitesse des mouvemens
de l'ennemi sur les deux rives, à la possibilité
de défendre cette ville et Stadt-am-hof, ainsi
que le cours du Danube jusqu'au Lech. Au fond
cette occupation était contraire aux instructions
de l'Empereur, qui avait voulu concentrer l'ar-
mée sur Ratisbonne ou sur Donawertb, pour
l'avoir dans sa main et commencer de suite les
grandes opérations.
L'armée autrichienne aurait dû arriver avant
le i3, autour de Ratisbonne, par le bas Iser
et surtout par la Bohème. Le i4 seulement,
les corps de l'archiduc recommençant leur
mouvement, se portent à Neumarck et Ganko-
fenj leurs postes arrivent sur la Vils. L'avant-
garde de Veczay et celle de Stutterheim ( qua-
trième corps), entrent dans Landau et Din- _
gelfing sur l'Iser : elles traversent cette rivière
hyGoogle
{ a35 )
le i5 au matin, et poursuivent des chevau-lé-
gers bavarois chargés de couper les ponts. Ce
fut de ce côté le premier engagement de la
campagne. L'ennemi fiit prévenu alors que le
corps de Davout marchait en même temps, sur
Ratisbonne et sur Ingolstadt.
Le i5, l'armée autrichienne alla cantonner sur
la grande Vils, depuis Vdden jusqu'à Fron-
tenhausen; les réserves en arrière; et le cin-
quième corps au-delà, sur la grande raute de
Landshut. Ses avant -gardes bordaient les ri-
ves de User; à sa droite, les ponts de Dingel-
fing et de landau étaient déjà dépassés; à sa
gauche , on réparait celui de Mosbourg. Llser
était par lui-même facile à traverser, surtout dans
les environs de Landshut, à cause de la multi-
plicité de ses ponts, qui n'avaient pas été tous
rompus ni assez ruinés, et des coltines de ta rive
droite qui dominent beaucoup les bords oppo-
sés. Cependant à Landshut, le lit de la rivière est
large de a,ooo toises; d'un bord à l'autre, User
en a au moins 60 ; mais il est divisé en deux
bras , qui entourent une partie de la ville , et
dont le plus large est à la rive droite , où se
trouve aussi la partie la plus considérable de
Landshut. Le château de Trauanits couronne les
hyGoogIc
( -36 )
hauteurs. Le Êiubourg de Seiligenthal est hors la
rive gauche qui s'étend au loin, basse, remplie
d'alluviqns et de prairies marécageuses, traver-
sée par deux chaussées fort élevées, qui forment
deux défilés de 1800 toises. A l'extrémité de
celles-ci , se trouvent les villages d'Ergoltingen
et d'Altdorf, au pied des collines qui bordent la
rive gauche de User. Le général bavarois Deroi ,
. chaîné de la défense de Landshut, avait établi
sa diviâon en bataille sur leur crête; et Ëiit oc-
cuper par les régimens d'Isenbourg et de Pre-
sing, les approches du grand pont, ainsi que
Seiligenthal.
Voici quelles furent les dispositions du prince
Charles pour le 16 au matin : à la droite, le qua-
trième corps débouche de Dingelflng -, envoie
son avant-garde sur Erbelsbach; il menace ainsi
les derrières du général Deroi , et lui coupe la
communication avec Ratiabonne : Veczay s'étend
par Mengkofen jusque vers la Laber , et recon-
naît le pont de Straubing, pour communiquer
avec Bellegarde. A la gauche, Hiller a ordre de
s'avancer par Môsbourg , d'observer la route de
Munich et d'avoir des nouvelles de l'ennemi. Le
prince Charles marche au centre, à la tête des co-
lonnes du cinquième , troisième corps et des deux
hyGoogle
( r.37 )
réserves, par la chaussée de Landshut, L'avant-
garde était arrivée de grand matia près de la
ville. Vers onze heures seulement, le prince
ordonna d'attaquer , afin de reconstruire le
pont. L'artillerie des Autrichiens, supérieure en
nombre et en calibre, avantageusement placée
sur les hauteurs, fit taire les pièces bavaroises,
et délogea l'infanterie qiii défendait les mai-
sons voisines du pont. Quelques compagnies de
Gradiscans passèrent à la faveur de cette canon-
nade; et bientôt le pont fiit raccommodé. Vers
deux heures l'avant - garde le traversa , suivie du
cinquième corps; ces troupes se ployèrent en
colonne sur la chaussée, et établirent leur ar-
tillerie. Après une courte canonnade et quelque
tiraillefie , le général Deroi prévenu des mouve-
mens que faisait l'ennemi sur sa gauche par le
pont de Dingelfîng; menacé par celui de Werdt,
qui était bien plus rapproché; se retira avec or-
dre et en échiquier par brigades, sur la route de
Pfeffenhausen. J^a cavalerie autrichienne suivit
son mouvement; son avant-garde occupa Pfetrach;
ses postes, Weichmihl. Le cinquième corps était
à Seiligenthal et Ergottingen; le troisième, à
Iiandshut; les réserves, en arrière. Le quatrième
corps avait passé l'Iser à Dingelfing , et remon-
hyGooglc
( »38 )
tait cette rivière par te chemin de Worth, pour
aller s'établir à Och. Son avant-garde le côtoyant
par la chaussée de Straubing, chassait de Weng
quelque cavalerie bavaroise; et arrivant dans la
soirée à Altheim , poussait jusqu'à Erbelsbach.
Le même jour, Hiller avec le sixième corps, '
n'avait pu atteindre Mosbourg , que ses coureurs
avaient pourtant dépassé. Jellachich entrait à
Munich : on lui a reproché de n'avoir pas battu
le pays jusqu'au Lech.
L'archiduc devait, plus que personne , souffrir
de tous ces retards , et sentir la nécessité de se
hâter. Mais il avait à craindre de désorganiser
par trop d'activité, cette lourde machine, accou-
tumée à ne se mouvoir qu'avec lenteur. Le 17 ,
ce prince fit faire à son armée une marche de
deux à trois lieues , et se porta avec le cin-
quième corps à Weichmihl , sur la chaussée de
Landshut à Nuremberg (par Pfeffenhausen et
le pont de Neustadt); les troisième et quatrième
corps, suivant la route de Kehleim par Rotten-
bourg, s'arrêtèrent, l'un à Hphentham, l'autre
à Essebach ; les réserves , à Altdorf et Ergol-
tingen ; les avant-gardes , vers les deux Laber.
Les coureurs du cinquième corps s'engagèrent
avec les Bavarois, vers- Hompach, et s'avan-
hyGoogle
( -39 )
çèrent jusque sur les hauteurs de Siegen-
bourg : ceux du quatrième corps s'approchant
à trois lieues de Ratisbonne, annoncèrent qu'ils
avaient trouvé des troupes françaises à Kof-
fering, et que le corps de Davout était k Ra-
tisbonne. Ces rapports importans furent . en-
voyés aux quartiers- généraux des corps d'ar-
mée. Ce jour 17 , le sixième corps arrivait à
Mosbourg , ses avant-gardes s'étendaient jus-
qu'à Mainbourg, Nandistadt et 2^11in : il pous-
sait un fort détachement sur Pfaffeuhofen. Ce
corps qui suivait sa direction par Au , pour con-
tenir et observer ce qui sortirait d'Augsbourg,
devait être rejoint par Jellachich , à mesure qu'il
s'avancerait vers le bas Lech.
Ces mouvemens du 17 et ceux de la veille,
avaient évidemment pour but de diriger l'armée
autrichienne sur le Danube, par les deux routes
et sur les deux ponts de Neustadt et Kelheim :
soit que l'archiduc voulût se porter ensuite sur
la Rednitz, soit plutôt qu'il désirât se réunir sur
les bords de l'Altmuhl , afin de consolider son
établissement en Bavière , et de voir de quel
côté il devrait ensuite tourner ses opérations.
Une lettre adressée à Bellegarde, indique pour
« motif de ce mouvement , la dispersion des
hyGoogIc
{ »4o )
» corps ennemis; et pour but, de percer au mi-
» lieu de ces corps, afin de traverser le Danube
» entre lugolstadtet Batisbonne, et de prendre
» !a direction d'Eichstedt , où le deuxième corps
H se porterait par Beilengries, et le premier par
» Neumarck. B Cet ordre avait dû être donné
d'après l'avis de la position du maréchal Davout,
le 12 vers Nuremberg, avant son départ pour
Ingolsladt. Le i8, l'armée autrichienne devait
continuer à se diriger sur l'Abens, par les deux
grandes routes de Neustadt et de Relheim ;
lorsque la nouvelle inattendue de la concentra-
tion de Davout sur Ratisbonne, ou plutôt de
l'arrivée de Napoléon , détermina l'ennenû à faire
un faux mouvement vers sa droite.
Heureusement pour l'armée française, les Au-
trichiens marchaient sur elle à pas de tortue.
Mettant neuf jours à parcourir le chemin qu'ils
auraient dû franchir en deux ou trois , ils don-
naient à l'Empereur le temps de venir de Paris,
et de réparer les fautes que le major-général
multipliait chaque jour. Le mal aurait pu être
sans remède avec d'autres ennemis; mais ceux-ci
semblaient rejeter tous les avantages que leur
offraient leur bonne fortune et l'insufifisance du
prince Berthier.
hyGoogle
{ =4- ) ■
Arrêtons -nous ici quelques instans; et sans
écouter de pusillanimes considérations, disons des
vérités dures, mais nécessaires. Il feiut qu'on sache
combien de dangers courent les armées et les
empires, lorsque les commandemens tombent,
même pour peu d'instans, dans des mains fai-
bles ou inhabiles; combien peu l'habitude des
grandes affaires, supplée aux qualités si rares
du général en chef; enfin ce que les rois et les
peuples doivent apprécier l'épée qui peut dé-
fendre et sauver l'Etat. On ne saurait trop in-
sister sur ces vérités, parce que maintenant
moins que jamais, elles ne sont assez con-
nues, ni assez senties d'aucun parti- Examinons
donc la réputation militaire d'un homme que,
dans l'étranger comme en France, la légèreté,
la malveillance ou une "aveugle amitié, ont
voulu non-seulement trop rapprocher de Napo-
léon, mais même élever au-dessus de liu, comme
le conseiller de ses grandes actions, comme le
prophète de ses catastrophes. Jugeons par ses
actes et sa conduite , le prince Berthier, momen-
tanément livré à lui-même. Ce géoéralat de cinq
jours, dont notre mauvaise fortune l'avait in-
vesti , contre toutes les apparences et probable-
ment contre les intentions de l'Empereur, pou-
I. 16
hyGoogIc
( Ma)
vait compromettre l'Empire, si nos ennemis
avaient montré autant d'activité que d'acharne-
ment (i).
Le major -général qui devait seulement par-
courir les cantonnemens et visiter l'armée, en
prit le commandement, sans que l'on tit)UTe
aucun ordre qui Vj ait autorisé. Mais il s'at-
tendait à voir arriver promptement FEmpe-
reur; il croyait aussi que les Autrichiens mar-
cheraient encore plus lentement qu'ils ne firent.
Arrivé à DOnawerth le 1 3 au soir, le prince dut'
y apprendre la situation exacte des deux armées,
ï^es dispositions formelles de l'Empereur, sci
instructions si claires et si précises, la raison de
guerre, le terrain, les circonstances, tout vou-
lait que l'armée fût concentrée entre Augsbourg
et Neubotirg ou Ingolstadt. Cependant Berthiér
expédie à Davout et à Oudinot , l'ordre de marcher
sur Ratisbonne. Il se plaint que Lefebvré ne s'y
soit pas rendu, et l'envoie à Landshut, quoiqu'il
suppose cette ville occupée par l'ennemi. Il veut
y diriger aussi Saint-Hilaire, auquel il donne k
chaque instant des ordres différens. Le major-
(i) Nous avoDS placé à la note deuxième, le détail des
dispositions du prince fierthier dans ces cinq journées.
hyGoogle
( »43)
général se inontre dans cette journée, plein du
désir d'en venir aux mains avec l'ennemi.
Mais le 1 4 > se trouvant sans nouvelle direction
deParis,Ie prince Bertbier ploie déjà sous ce far^
deau de cpielques heures. Jamais on n'a tant écrit,
jamais si peu feit. Chacune de ces lettres atteste
la grande différence qui existait, entre sa cor-
respondance propre , et celle qui lui était dic-
tée (i). Les expéditionnaires envoyaient de tous
côtés une foule de dépêches. Ce jour il n'en fiât
pas adressé moins de quatre au maréchal Da-
vout, établi à Ingolstadt. Le major-général lui
prescrivait de se rendre à Batisbonne; et malgré
ses sages observations, il Tobligea à faire ce
mouvement. Iji même temps il donnait désordres
à Masséoa, comme s'il devait défendre les bords
du Lech, pour quelques dispositions de Yen-'
nemi sur le moyen Inn. Ainsi il écartait les deux
corps de l'armée française, en les poussant aux
deux extrémités d'une ligne de trente-cinq lieues;
(t) Le mijor-général ne faisait ordinairemenl: qu'extraire
et copier le plus textuellement possible, les lettres d'ordres
qu'il recevait de l'Empereur, ou qu'il écrivait sous sa dictée;
comme on peut s'en convaincre dans les pièces justiScativei.
On peut y voir aussi quelques-uns des ordres qu'il a donnés,
pendant son court commandement.
16,
hyGoot^le
( a44 )
lorsque les masses de l'ennemi , réunies en &ce
du centre, le menaçaient d'une prompte at-
taque. Au moment où le major^énéral allait
partir pour Âugsbout^, l'apparition d'un déta-
chement autrichien en face de Ratisbonne, sur la
rive gauche du Danube, le £ait courir à Neustadt
pour conférer avec le maréchal Davout. Il persiste
pourtant dans la séparation et l'isolement des deux
grands corps de L'armée. I^ i6, il change les
ordres donnés à Lefebvre , à Wrcde et à Oudinot :
il les place sur trois lignes, où leur droite est en
l'air et fort exposée.
Toutes ces dispositions étaient tellement Ëiu-
tives, elles surprirent tellement les chefe de l'ar-
mée, qu'on a pu entendre, il y a encore bien peu
de temps, un des maréchaux qui commandait,
les attribuer à une défection, qu'il prétendait
n'être pas nouvelle (i). Le major-général reçut
(i) Ce maréchal n'est pas le seul qui ait inculpé le dévoue-
ment du priuce Berthier. H ]> a eu réellement des lettre»
écrites et des paroles dites : mais ce prîUGe'part^t entièrement
à l'abri de telles inculpations. Il n'avait contre lui que beau-
coup d'indécislm et son insuiSsance pour les hautes parties
de la guerre. Nous l'avons vu seul, pendant quelques heures,
à Chàlons en i8t4til était encore plus embarrassé qn'&
Donawei^.
hyGoogIc
C ^45 )
enfin des ordres de l'Empereur, qui lui mon-
traient «l'espoir de trouver l'armée réunie sur te
■> Lech, et le quartier- général à Augsbourg. »
Berthier se hâte de s'y rendre, après avoir donné
de nouveaux ordres à Davout et à l^efebYre, tou-
jours dans le même système.
Le i6, nous vîmes arriver le prince au quar-
tier-général de Masséna. Jamais homme ne se
montra aussi étranger aux grands coramande-
mens. Fort inquiet de quelques légers mouve-
mens de l'ennemi sur le haut Lech , vers Schon-
gau et Landsberg; il l'était beaucoup moins de
■ce qui se passait vers Neustadt et Ratisbonne,
à plus de six marches d'Atigsboui^ ; dans ces
points où le prince Charles pouvait nous porter
les coups les plus funestes, partager l'armée,
détruire un des corps, et poussant vivement ses
avantages, nous ramener sur le Rhin, en soule-
vant tout le pays derrière lui.
Ce n'est qu'avec beaucoup de peine que nous
traitons aussi sévèrement un homme qui a oc-
cupé une des premières places dans l'armée im-
périale , qui n'étant pas dépoiu"vu de hautes qua-
lités, a mérité la confiance et l'amitié d'un
grand homme , et a su conserver l'attachement
<le ses anciens amis; qui en second rang, a
hyGoogIc
(a46)
rendu beaucoup de services, et qui s'est trouvé
mêlé à tant de grandes choses. Mais nous serions
au-dessous de la tâcha que nous nous sommes
imposée, si nous avions laissé échapper cette oc-
casion unique, de juger ce prince qui jamais
ne fiit investi d'un commandement pareil, en
présence de l'^iaenû. Irrésolu' et faible dam le
cabinet, il l'était bien davantage sur le champ
de bataille, quoique d'une bravoure à l'épreuve
qu'il déployait au milieu des plus grands dan-
gers. D'un autre côté, si nous reconnaissons que
le prince Berthier avait, au physique et mi mo-
ral , toutes les quaUtés spéciales pour ^re ie chef
d'état-major de l'Empereur, l'expéditicmnaire de
ses ordres, et qu'il aurait été difficile de trouver
mieux que lui pour cela : il Haut aussi répondre
au reproche qm a été adressé souvent à Napo-
léon, d'avoir voulu, par calcul d'amour-propre,
placer un homme médiocre auprès de lui. Qu'on
ne s'y mépremie pas : les grands mérites mili-
taires sont bien moins communs qu'on ne le
pense, dans ce degré d'accomphssement, où il
faut une réunion si considérable d'éminentes
qnaUtés et de hauts talens. On peut les compter
dans l'histoire des deux, derniers siècles. Gdle
de nos guwres nous fournira , chez l'ennemi , de
hy Google
(M?)
nopibreusçs preuves de qe que nous avançoos;
et dans nos armées , nous en verrons les exemples
Sjemultiplier,partoutoù Napoléon ne dirigera pas
les ppér^tions. Ne pouvantaccuserTËmpereurdu
choix qu'il avait fait du prince Berthier, avec le
soin qu'il eut de le tenir toujours éloigné des grands-
coipi^andemens ; voudra-t-on lui faire un re-
procl^e d'avoir comblé de &veurs,son plus fidèle
et constant con^pagpon; celui qui n'a cessé, pen-
4ant tant d'années, de contribuer aux miracles
de no];re.époque,AutaiiJ: qu'il était en lui , et sur
1^ <jiamp de bataille où il se montrait si brave,
et dans le cabinet où il travaillait presque sajis
oui repos? Nous demanderions qui en Europe, a
mérité c^ récompenses, mieux que Le major-
général àfi nos grandes armées? Enfin accusera-
t-on Napoléon d'ingratitude envers Berthier,
pour ce jugement quç l'amitié a porté sur le
compte de celui-ci , et qu'on a si sévèrement blâmé ?
Fpntaineblef^u a décidé qui des deux fut l'ingrat.
Les chefs ^mme les soldats appelaient de leur$
vœux la présence de l'Empereur : car dans les
momens de crise , tcHit le monde se rendait jus-
tice ; tous savaient bien que lui seul était capable
4e remuer une telle armée. Les grands dangers font
toujours taire les ^ivE^^tés et les prétentions. Enfin
hyGoot^le
( ^48)
Napoléon arriva en trois jours de Paris à Stutt-
gard. Il était temps qu'il vint mettre de l'ordre ,
dans les corps bouleversés par le major-général.
Aussi Napoléon dît-il à un de ses ministres, qui
le rejoignit peu de jours après : Vous ne pouvez
vous figurer dans quel état se trouvait Varmée,
et à combien de malheurs nous étions exposés, si
on avait eu affaire à un ennemi entreprenant. On
ne me surprendra plus ainsi. De Stuttgard , où
il arrive le i6 dans la nuit, il se plaint amère-
ment au major-général , des mouvemens ordon-
nés à Oudinot sur Ratisbonne^, à Lefebvre et à
Saint-Hilaire sur Landshut. Il rappelle ses dispo-
sitions de tous les temps, pour tenir l'armée
dans sa main , pour la réunir entre Ratisbonne ,
Ingolstadt et Augsbourg. Napoléon envoie ses
ordres directement aux maréchaux; mais ît est
encore retenu par rincerlitude des mouvemens
de l'ennemi. Il va dans la soirée à Dillingen; il
rassure le roi de Bavière , en lui promettant de
le remettre avant peu de temps sur son trône,
et de le faire plus grand que jamais ne le fat
aucun de ses ancêtres. Le 17, à deux heures du
matin , il arrive à Donawerth , et n'y trouve pas
le major-général : celui-ci qui était allé l'attendre
à Augsbourg, où l'Empereur avait eu le projet de
hyGoogle
( »49 )
se rendre, revient aussitôt Napoléon n'a pas
de rapport positif sur la ■ situation des deux
années; il ne sait où est le troisième corps;
Vandamme assure que l'ennemi est maître de
Batisbonne. De tous côtés l'Empereur avait de-
mandé des nouvelles de l'armée autrichienne,
« Quel corps a débouché de Landshut : où sont
» les autres colonnes, etc.?» Il attend des rensei-
gnemens, en fait chercher partout;. et reste àT)o-
nawerth, indiqué toujours comme le point de
concentration de nos troupes.
Nous venons de voir momentanément, à la
tête des deux armées opposées, un prince, sa-
vant tacticien, déjà illustré par ses hauts faits,
par un long généralat; et un homme qiii joi-
gnait à une ancienne expérience, plus de théorie
et de capacité , que la plupart des généraux en
' chef, mais qui manquant des qualités propres
au commandement, allait faire battre ou écraser
la meilleure de toutes les armées. Un autre spec-
tacle, le plus brillant de nos guerres, va se pré-
senter à nos yeux; car de nos grandes campa-
gnes, celle-ci est la seule qui ail été disputée
entre des forces à peu près égales. Nous allons
contempler la lutte du plus beau génie militaire
qui ait existé depuis des siècles, apparaissant
hyGoogIc
{ aSo )
sur le champ de bataille , comme le dieu des vie
toires; contre un des plus habiles ef: des plus
sages guerriers des temps modernes , qui loettait
ses efforts et son honneur à se défendre, et à
conserver ses soldats, pour sauver sa patrie des
fautes de la cour ^ des ministres : d'une ar-
mée passionnée pour la gloire, pleine de senti-
.mens gépéreux, accoutumée à vaincre; contre
une année qui sait résister ajfx défaites et au^
revers, que rien ne décoprage, et qui se main-
tient sans passions comme sans intérêts indivi-
duels, par les liens d'tme forte et rigoureuse
discipline. Nous allons voir )a lutte d'une poli-
tique loyale, magnanime, toujours provoquée,
toujours prête à pardonner, qui après avoir
triomphé si long-temps, a fini par succomber;
contre une politique pleine de déceptions et
d'intrigues, ne se rebutant jamais, et qui a fini
par écraser sa rivale. Nous dirions presque le
combat du génie du bien contre celui du mal ,
si nous n'avions reconnu dans l'armée qui nous
ét^it (^posée , et xlans le peuple que nous avons
vaincu, plu^ de vertus, de qualités, et sxn-tout
(Je patriotisme , qu'on ne ■ devait en atteindre
sous un tel gouvernement. Ce spectacle si im-
hyGoogle
( a5, )
posant est encore plus instructif : le militaire
comme le politique, les nations ainsi que ceux
qui les gouvernent, y trouveront de grandes et
utiles leçons.
hyGoogIc "^
CHAPITRE X.
L EMPEREUR ARRIVE LE I7 A DOHAWERTH, ET
DOaiîE SES PREMIERS ORURES.
La guerre est on jeu des peseîoiu, basé sur des cotnbiniisoni mo-
rales autant cjiie stratëgiquei. — Napoléon est le grand maître
de ces hautes partie?. — Mais les avautagea du terrain et de la po-
sition sont en faveur de l'archiduc. — Tîapoléon arrivant le 17a
Donawertli, trouve l'armée divisée à AngdMurg et k Ratisbonne.
— Celle de l'ennemi est en face du centre da cette longue li-
gne, plus près du Danube que Davout. — L'Empereur pro-
jette d'abord, de réunir les corp» sous le canon de l'archiduc. —
II étend ensuite sa manœuvre par sa droite sur Landahut. — Il en
eip1i<[ue l'eaprit à Masséna, et lui en prédit le succès. — Il annonce
aux troupes sa présence , par une belle proclamation. — Le princa
Charles concentre ses masses vers Rohr — Il donne l'ordre de mar-
cher vers Kelheim, et ensuite snrBalisbonne, diaprés la nouveUe da
rarriiée de Napoléon. — Malgré les précautions prises, l'eiécution
des ordres de l'Empereur estretardàe. — Le 18, Davout et Mas-
séna'sont à Ratisbonne et à Âugsbourgj mais ils ont des divi-
sions a Dasswang et à Landsberg.
Le tacticien et l'homine ordinaire ne voient
dans la guerre , que les détails et l'oi^nisation
des années, les mouvemens et l'emploi de for-
hyGoogle
{ «53 )
ces aveugles, des calculs ou des lignes straté-
giques; l'homme de génie et le philosophe j
découvrent encore, le plus vaste champ de com-
binaisons morales, dont la hase est l'homme,
avec ses passions, ses sentimens, ses mtérèts.
Pour les uns, la guerre est une science assujétie.
à des. règles fixes, à des méthodes régulières;
pour les autres , c!est l'art le plus étendu, le plus
sublime , dans lequel ils font entrer avec l'homme
et ses passions, l'espace, les élémens, la poli-
tique plus variable qu'eux, le monde physique
et moral. Avec des ordonnances et des années,
le tacticien Ëiit des soldats, machines suffisantes
pour les temps c«dinaires; avec les passions, le
génie . crée des héros. Cependant les passions
étant passagères , comme tout ce qui est excessif,
on ne doit pas négliger les secours d'une discipline
généreuse, qui formant et maintenant les armées,
y organise l'héroïsme.
La guerre est en effet un immense jeu des
passions humaines, où elles se développent avec
le plus d'impétuosité. L'homme étant, dans tous
les degrés, le mobile de ses opérations, l'instru-
ment de ses succès comme de ses revers; les ré-
sultats dépendent nécessairement de la force
avec laquelle il agit, et par conséquent de la ma--
hyGodt^le
; ( ^54 )
niére dont il est impressionné, autant que des
diverses organisations auxquelles il est soumis.
C'est donc sur lui et sur sa nature, que tout
doit être basé. Aussi &ut-il d'abord étudier dans
tous ses rapports, cet inexplicable phénomène :
né avec Tinstiact du courage, il devient par
l'émulation, capable des miracles de dévoue-
ment et d'audace qui surmontent tout ; mais il
peut retomber l'instant d'après, dans le plus ex-
trême découragement. Il faut connaître et le pou<-
voir qu'on prend sur cet être de si ondoyante
nature, et l'action qu'il exerce sur ses sembla-
bles I action qui s'accroit prodigieusement en
raison de la grandeur des masses, où les pas-
sions sont bien plus Violentes et bien plus va-
riables.
Chaque Mècle a sa passion particulière. Mais
celle-ci dominant les autres, se fait entendre et
obéir, comme s'il n'en existait qu'une seule; gé-
néreuse ou non, elle produit toujours la même
exaltation. Heureuse notre époque , d'avoir eu
pour passion, cette liberté et cette gloire, qui
se confondaient dans nos cœurs, et pour les-
quelles nous avons versé tant de notre sang!
Certes, si, en écrivant ces Ëgnes, nos sentimraiS
nôu* égarent ; si nous généralisons trtïp ces asser-
hyGoogle
(,55)
tious, du moins pouvODS-nouâaiBrmer que jamais
aucune armée ne s'est montrée autant que celle
des Français, susceptible de passions généreuses,
capable d'héroïsme, depuis nos soldats qui lut-
taient de dévouement avec les plus hauts rangs,
et ont prouvé si souvent qu'ils préféraient l'hon-
neur à la vie.
Par la nature même des choses, la guerre a
peu changé , depuis l'existence des sociétés. Le
grand homme nous ïe disait, il y a déjà longues
aainées (i S II): La gtierre a toujours été la même.
A quelques rares exceptions près,, nous tenons
cette vérité pour constante , malgré les variations
des moeurs, des armes, des systèmes : cai* la base
fondamentale, l'homme, ne change pas; il reste
soumis & l'influence des mêmes pasâlohs et deï
mêmes besoins. Comme il est toujours l'instru-
ment de la guerre , dont la victoire est le but , la
tactique et l'audace, leâ moyens; le génie a pu
modifier ceux-ci, suivant les temps et lëslieux.Maid
avec des méthodes diverses, le fond est toujours
le même. En effet, quoique là guerre, Suivant le*
progrès de l'esprit hutnain, se soit rendue toutei
les sciences tributaires; quoiqu'elle ait singuliè-
rement perfectiotuié tous ses ressorts; cependant
comme lèâ divers peuples s'avancent vers la civi-
hyGoogIc —
( 256 )
lisation avec des progrès à peu près égaux, et
comme les rapports entre les hommes restent,
ainsi les mêmes; la guerre, pour avoir employé
des instrtimens plus parfaits, n'a pas chaugé
dans son principe. De nos jours , au milieu de
ces longues lignes de feu, qui se meuvent et
vomissent la mort avec tant de précision; ce sont
encore l'audace et le dévouement qui détermi-
nent la victoire. Le génie bien plus maître de
diriger tous les mouvemens de cette machine si
régulière, peut mieux dans le moment décisif,
électriser et précipiter ces masses qui renversent
les masses opposées. Ainsi ce sont encore les pas-
sions de l'homme qui , de l'un et l'autre côté,
décident des succès ou des revers ; ce sont elles
qu'avant tout il faut interroger. L'invention de la
poudre, qui a tout simplifié et régularisé dans
le métier de la guerre , y a produit une révolu-
tion immense, et qui doit avoir les suites les
plus étendues. L'esprit et les moyens militaires
se sont tellement popularisés, surtout pendant ces
longues luttes où les nations sont intervenues,
que celles-ci pourront, quand elles le voudront,
prendre part aux guerres et devenir d'immense%
et véritables armées, qui ne craindront plus les
invasions et les armées régulières. C'est une vé-
hyGooglc
( 257 )
rite sur laquelle tout le moode devrait réfléchii'
profondément, et qui a été prouvée par un exem-
ple trop mémorable , pour que uous ayons besoin
de la développer.
On s'est demandé s'il faut être passionné soi-
même, pour passionner les autres. Nous n'hé-
sitons pas à nous prononcer pour l'affirmative.
Il faut qu'Hun chef suprême ait la passion du
grand et du beau; il faut qu'il soit animé par
tous les 'sentimens généreux. L'homme froid et
dépourvu d'élévation, ne fera jamais dans notre
noble métier, rien de transcendant. Il faut , avant
tout, dans ces hauts rangs, un cœur chaud, une
âme de feu, maîtrisés par une tète froide. Il
faut ensuite, comme le MeUtre t'a dit, le par&it
équilibre entre l'esprit et le caractère ou le cou-
rage. Si à tout cela , si au génie de l'art qu'on
tient de la nature, se joignent les connaissances
fondamentales de la science, les théories de ses
principales branches, les qualités physiques qui
peuvent développer ces dons; si enfin les-çircon-
stances favorables se rencontrent : alors apparaît
sur la scène du monde, xm de ces prodiges qui
se montrent à de rares époques, et qui jettent
tant d'éclat.
Tel était Napoléon. De là venait surtout l'é-
I. .7
hyGoot^le-
(258)
norme distance qui existait entre lui et les géné-
raux des temps modernes. Maître des parties su-
blimes de ta guerre, possédant à fond tous ses
détails; il fiit plus passionné que tout autre; et
c'est une grande erreur de lui avoir cnï une âme
froide et insensible. Malheur à ceux qui l'ont
approché, et qui n'ont pas su lire dans cette âme
ardente! Là était le foyer du feu sacré, qu'il ré-
pandait sur les masses. Plus qu'aucun guer-
rier, il sut d'un mot, d'un regard, ^flammer
l«s passions; il sut maintenir et diriger l'ar-
deur des armées, par ces ordres du jour qui
serviront de modèle. Dominant les coeurs et
les esprits, il agrandissait à sa volonté, les
efibrts du soldat, suivant les nécessités et les
résistances. Nul ne prit jamais un tel ascen-
dant sur les troupes nationales, étrangères et
même «inemies. Aucun n'a pu comme lui , éta-
blir et conserver dans nos corps, cette disci-
pline digne du nom français, qui avait l'hon-
neur pour principe et la gloire pour récom-
pense.
Jamais les hauts talens de Napoléon ne se
sont manifestés avec plus d'éclat, qu'en i8og. Il
nous a prévenus lui-même plusieurs fois, que les
batailles SJbensberg, de Lansdhutetd'Eckmuhl
hyGoo^le
( .59 )
sont ses plus belles , ses pbts hardies, ses plus
savantes manœuvres. Nulle époque en efifet n'a
présenté d'aussi beaux exemples, d'ausM utiles
leçons , un cours aussi complet de l'art de la
guerre et, si nous osons le dire, de théorie mo-
rale des passions militaires. Nous devons déve-
lopper avec soin , cette merveilleuse campaglM
de cinq jours, dont chacun est marqué par un
trait de génie, par de brillantes dispositions, par
un nouveau triomphe. ■
En arrivant à Bonawerth , l'Empereur étend
ses combinaisons sur les armées en présence,
sur l'esprit qui les anime, sur tous les éléméns
qui les composent, depuis les soldats jusqu'aux
che&. Il connaît parfaitement son adversaire;
il t'a jugé dans de courts instans d'entrevue, en
i8o5 près devienne; il connaît aussi la plopart
des généraux de son armée. Au miUeu de ce chaGs
qui a bouleversé tous nos corps, Napolétm vq
ramener l'ordre et la victoire.
Il n'est pas hors de propos de jeter un coïtp
d'oeil rapide , sur l'échiquier particulier du pays
qui, entre l'Iser et l'Altmuhl, borde les deux
rives du Danube, et qui va servir de théâtre aux
opérations de ces immortelles journées. Nous
allons le rattacher à ce grand fleuve, qui est
»7-
hyGoogIc
( a6o )
la base de tout le système militaire de l'Alleinague
méridionale (i).
Nous avons vu que le Danube fait à Ratis-
bonne, un angle de cent trente degrés, ouvert au
midi ; que le Lech s'y rend en ligne directe; tan-
dis que Viser, après Munich, coule parallèlement
au fleuve, avant de s'y jeter au-dessous de Ratis-
bonne. L'Inn suit les mêmes inflexions. Il en ré-
sulte à la rive droite du Danube, et à l'embou-
chure de chacune de ces deux rivières, de grand»
ml'de-sacs, larges d'une dixaine de lieues; nous
ne nous occuperons pour le moment, que de
celui du bas Iser. Une fois engagée au-delà de
User, surtout au-dessous de Freysing, une armée
ne peut s'avancer de l'est à l'ouest, qu'en traver-
le Danube ou le Lech.
La ligne formée par l'Iser, en opposition
avec celle du Danube, est courbe, plus pro-
pre à la concentration, et plus courte que l'au-
tre : le milieu est à Landshut. Au-dessus de
cette ville, se trouvent les marais d'Erding. De
Landshut, la route directe en venant de Braunau
et d'Cffitting, se prolonge vers Neustadt : c'est celle
(i) Nous avons rejeté aussi à la 6n du volume, note 3,
les détails de ce champ de bataille , <ini ne peuvent intéresser
qne les militaires.
hyGoogle
C ^6. )
de Nuremberg. D'autres routes conduisent à Kel-
beim , à Ratisbonne . à Munich ; aucune direc-
tement sur logoUtadt. Le terrain entre User et
le Danube, est assez boisé et coupé de petites
vallées; mais le plateau de Rohr s'avance, sans
présenter d'obstacles, entre la Laber et l'Abens,
jusqu'au pont de Relheim.
De Neustadt à Ratisbonne et Landshut, la
distance est à peu près la même-, mais jusqu'à
Augsbourg , elle est presque triple. Ainsi le»
masses de l'archiduc, qui avaient dépassé Land-
shut k i6, étaient plus près de Neustadt, point
obligé de jonction sur !a rive droite du Danube ,
que le corps de Bavout, placé autour die Ratis-
bonne : celui de Masséna en était à une trentaine
de lieues, vers Augsbourg.
Sur la rive gauche du Danube , l'Altmuhl ,
ruisseau iacile à défendre, coule dans un vallon
profond et encaissé , à peu près parallèlement aa
fleuve, dont il s'approche à Ëichstedt, s'éloigne
à Beilngries, et dans lequel il se jette à Rel-
heim, à quatre lieues au-dessus de Ratisbonne.
L'archiduc comptait réunir ses corps derrière
rAltmuhl,d'oùil aurait menacé tous les points des
bassins du Mein et du Necker. Près de Kelheim se
jettent aussi la Laber, la Nab, la Regenz,dont les
hyGoot^le-
(A )
cours s'étendent en éventail vers le nord. Leur
rapprochement rend la rive gauche du Danube
difficile à parcourir, et force la càmmuoication
entre Batisbonne et Ingolstailt, à faire un long
détoiir par Dietfiirth et Hemau.
En définitif^ tes avantages du terrain étaïmt
pour l'archiduc, autant que ceux de la position
réciproque des deux armées. Nous avons vu
qu'avec lin peu d'activité, il aurait pu dès le i3
ou le i4, s'emparer des ponts du Danube; même '
en ne passant ITser que le 16, être le lende-
main sur les bords du fleuve : c'était se rendre
maître des opérations pour la campagne. Ainsi
tous les moyens de succès se féunissaient en la-
veur de l'arcbiduc : il pouvait tirer le meilleur
parti des accidens du terrain, qui lui ont été le
.plus nuisibles. Nous croyons inutile de chercher
comment il eut été préférable d'établir les Ugnes
d'opérations de l'archiduc, sur la rive droite du
Danube , à cause des rapports que son plan lui
imposait à la rive gauche. On va voir avec quelle
rapidité, quelle audace, quelle précision, Napo-*
léoQ s'empara des circonstances et surmonta les
obstacles.
Depuis les prsaniers préparatifs de cette
guerre , tous les soins de l'Ëmp'ereur avaient
hyGoo>îlc
( a63 )
tendu à concentrer son anvée sur un des
points du Danube. Il voulait la tenir dans sa
main , de manière à prévenir Tennemi partout,
, et manoeuvrer contre ses corps, au milieu de
leurs mouvemens, soit sur leurs flancs, soit
par le centre. Cependant à son arrivée dans la
nuit du i6 au. 17, l'Empereur trouve l'armée
partagée en deux masses , à peu près égales,
éloignées de trente-cinq lieues, et offrant au
milieu d'elles un vide effrayant, par où la ligpe
pouvait être bien Êicilement coupée. Ces deux
masses étaient rangées, comme nous venons de
l'indiquer, autour d'Augsbourg et de Ratisbonne.
Le i5, Berthier ayant Êiit repartir des envi-
rons- d'Ingolstadt et de Vohbourg, le 3* corp*
qui avait quitté la veille les bords de la Regenz;
celui-ci avait dû re&ire ce long détour, par les
mauvais chemins de Dietfurth et Hemau, de Kîe-
denboui^ etPointen. Le 16 au soir, le quartier*
général et la 4" division étaient à Ratisbonne; la
grosse cavalerie, autour de cette ville; la i''^ dir
■vision, à Eterhausen et Nitlendorf sur la lîab; la
3^, à Hemau; la a^, à Dasswang, venant de Castel
et auparavant d'Amberg. L'ennemi ayant tenté
vainement de couper la division Priant , s'était
jeté ensuite sur la Regenz et TAltmahl : il y avait
hyGoogIc
( ^64 )
eu encore à Àmberg le i^, un engagement sans
résultats comme les précédens. La division ducale
commandée parle générât Rouyer, étïiit restée
avec le grand parc à Ingolstadt, où se rendait la
division Demont. Les troupes de la .droite réunies
sous les ordres de Masséna, étaient dans les po-
sitions déjà détaillées autour d'Âugsbourg. Contre
toutes les raisons politiques et militaires, les
confédérés gardaient seuls le centre de la ligne
française , barrée à la véf-ité par le Danube et le
Lech : encore les Bavarois ayant eu l'ordre de
se retirer, allaient^ls repasser le fleuve.
Le 17, Napoléon reçoit en même temps, des
rapports sur la position de l'armée et quelques
renseignemens sur l'ennemi. II apprend que les
Autrichiens ont prononcé leur mouvement, ^1-
tre la rive droite du Danube et le bas Iser : ils
ne peuvent plus sortir de ce vaste citl-de-sac, et
atteindre la rive gauche du Danube, qu'en for-
çant le passage du fleuve ou du Lech, dont l'ar-
mée française à retranché et occupe les ponts à
Landsberg, Augsbourg, Rain, Ingolstadt et Ra-
tisbonne. L'ennemi se montre sur une ligne
étendue, depuis Landau jusqu'à Munich, et dé-
bouche avec de grandes forces, dans le bas Iser
par Landshut, en face du centre de, notre ligne.
.^hyGoo>îlc
( 265 )
si dégarni, et fort important pour l'une et
l'autre armée. A la rive gauche du Danube, Bel-
l^arde avec deux corps considérables, concen-
trés d'abord à Wemberg, ensuite à Schwandorf
et Scbwarzenfels, menace l'AItmahl, la ligne de
communication de l'armée, et fait battre par ses
coureurs la route de Nuremberg à Neustadt.
L'archiduc Charles, marchant de son côté sur
cette direction, par les deux routes de Neustadt
et de Retheim , est déjà à Welnting et Ëssefoach,
plus près du premier de ces ponts, que la masse
française de gauche. Celle-ci, arrivant à Katis-
bonne, se trouve placée entre Charles et Belle-
garde ; tandis que notre masse de droite est à
Augsboui:^ , entièrement isolée. Tout dépend
de la réunion des forces et de la concentration
des deux armées sur les bords du Danube. Les
Autrichiens touchent au moment de l'opérer.
Maisy sommes-nous à temps désormais? Pouvons-
nous surtout espérer d'y réussir par la rive droite :
osera-t-on seulement le tenter? Ne fout-il pas
d'iibord s'opposer à Bellegarde qui, sur la rive
gauche, menace les derrières et les dépôts de
l*armée? En manœuvrant sur cette rive, il fau-
dra foire un détour considérable par Hemau,
abandonner le pays jusqu'au Lech, et plus tard
hyGoot^le
( a66 )
exécuter ud grand passage de fleuve, devant lés
forces autrichiennes réunies. Cependant l'archi-
duc, outre les avantages de son rapprochement,
s'avance par une de ces marches de &ont, toujours
solides et régulières;tandis que Napoléon ne peut
faire rejoindre ses ailes , que par des marches de
flanc : ordre si &ible et si décousu.
Au milieu de tant de circonstances défavo-
rables , ^Napoléon combine rapidement les di-
verses chances de succès et de revers, la situa-
tion des deux années , surtout leur caractère et
leur composition : il compte sur l'activité et le
dévouement du soldat français, sur la lenteur de
l'ennemi dont il mesure la progression depuis
huit jours. Il calcule que dans la journée du i8,
Davout peut être rendu de Ratisbonne à Tleu-
stadt (huit lieues); Masséna d'Augsboui^, auprès
de PfafFenhofen ( douze à treize lieues ). A toutes
ces combinaisons, il ajoute celle de l'effet que
doit produire sur l'ennemi, sa présence inatten-
due. Alors il n'hésite plus : et en de tels momens,
c'est peut-être la plus hardie et la plus belle ré-
solution d'une vie, dans laquelle ont été prises
tant de grandes décisions. Il ordonne aux deux
maréchaux le mouvement général de concentra-
tion, parla rive droite et par des marches de
hyGoogle
( -e? )
flanc. Lui-même il se porte au centre, au poste
du danger et des difficultés, à la tête des confé-
dérés allemands, pour arrêter les colonnes au-
trichiennes, et laisser le temps à ses rapides ailes
de se rejoindre. Pour tout autre, et avec d'autres
troupes, cette manœuvre eût été difficile autant
que périlleuse. Mais pour Mapoléou et avec de
tels soldats, c'est, comme il le disait, un calcul
d'heures : c'est aussi un calcul de terrain. Mais il
ne faut se tromper, ni de quelques minutes ni
de quelques toises; car il y va du sàlut de l'armée
et de l'Allemagne. Enfin c'est par dessus tout un
calcul tnoral.
Par ses habiles mesures, Napoléon va se rendre
cet audacieux mouvement parfaitement assuré.
Si l'ennemi s'avance sur le centre , Napoléon ga-
gnera du temps par ses dispositions, dans ce pays
difficile , pour attendre une partie de son armée ;
et il livrera une de ces batailles savantes , où il est
presque sûr de la victoire. Si l'archiduc Charles
cherche à le tourner par Augsbourg, cette place
est fortifiée de manière à tenir tête à son armée
entière. S'il veut atteindre Ratisbonne, il doit la
trouver aussi en défense. Dans ces deux dernières
suppositions, Napoléon tombait sur les derrières
du prince, et le poussait sur le Danube ou sur
hyGoogIc
( a68 )
les Alpes. Ainsi la manœuvre contre l'arc^duc,
qui finit par se diriger sur Ratisbônne, sera
aussi désastreuse pour lui, que brillante pour
nous; car avec son année portée entre le Danube
et User, Napoléon va refouler dans le cid-de-sac
entre les deux rivières, l'ennemi qui s'y est si
imprudemment enfonce. Il pouvait en résulter
la destruction totale de l'armée autrichienne, si
les ponts de Ratisbônne et de I^andshut ne s'é-
taient pas trouvés libres.
Tels durent être les calculs de l'Empereur.
Nous allons en donner la preuve, par les ordres
qu'il fit expédier à ses maréchaux. Le 17 à deux
heures du matin, il écrit à Davout o de se mettre
D en marche sur Ingolstadt, par la rive droite,
» en passant à Neustadt, où il, peut être le 18,
» et où il recevra de nouveaux ordres... Dans tous
» les cas, il se prolongerait sur Geissenfels... l'ob-
B jet du mouvement étant de rapprocher l'armée
» du Lech, comme il en avait toujours eu l'in-
» teution , et de la réunir entre Ingolstadt et
y Augsbourg. » Cet ordre fut envoyé de nou-
veau à onze heures, par un officier d'ordon-
nance; enfin le major-général le fit passer en-
core à midi, par le général Wrede. Celui-ci qui
était en pleine retraite sur Vohbourg, fut arrêté
hyGoogIc
(»69)
à Neustadt par l'ordre de l'Empereur, portant
de reprendre sa position derrière l'Abens : Le-
febvre qui se retirait également, reçut celui
« d'aller auprès de Wrede à Bibourg, d'y réu-
» nir le corps bavarois, et de manœuvrer entre
. B l'Iser et Neustadt, pour contenir la tête des
D colonnes ennemies, et favoriser la raarcbe de
» Davout sur Ingolstadt. » Afin de gagner le
plus de temps possible, Napoléon envoyait
l'avis de ces dispositions à Masséna, qui devait
se tenir prêt à marcher.
Jusqu'alors, il n'était question que de rap-
procher les deux ailes de l'armée, par une
longue et audacieuse marche, couverte par les
troupes alliées que le hasard mettait dans le
centre , sous la main de l'Empereur. Les deux
points de direction indiqués aux deux ailes,
étaient Geîssenfels et P&ffenhofen , où l'armée
allait se concentrer derrière l'IIm, en face des
débouchés de l'Iser. Ces ordres partis rapidement,
ne pouvaient être aussi rapidement exécutés :
car dans ce moment , la division priant du troi-
sième corps, marchait de Dasswang sur Hemau;
et la division Boudet du quatrième corps, se
trouvait à Landsberg et Schongau , à huit ou dix
lieues d'Augsbourg.
hyGoot^le
A midi (le 17) Napoléon prévient de nouveau
' Masséna, « de se tenir prêt à marcher avec qua-
» tre jours de vivres, pour foire un mouvement
» combiné avec le reste de l'armée... il lui recœn-
j> mande fortement Âugsboui^ , qui doit être mis
» en état de résister à l'année autrichienne tout
» entière. » A sept heures du soir, le major-gé-
néral lui développe le mouvement, et lui an-
nonce , « qu'il doit se porter rapidement par
» Aicha sur Pfeffenhofen ; que Davout débouche
D sur Neustadt, et que les Bavarois sont entre
» Bibourg et Pfeffenhausen. » Le général Van-
damme reçoit l'ordre « de partir le 18 de Dona-
» werth pour Augsbourg... il doit laisser un ré-
B giment de cavalerie -wurtembergéoise, pour la
» garde de l'Empereur... et remettre les postes
» de Donawerth au général Rouyerqui arrivait,
» avec ordre de repasser le Danube, et de brûler
» les ponts, si l'ennemi se présentait. » Le ma-
jor-général prescrit au général Marion, qui con-
duisait un détachement de huit bataillons de
marche , de s'acheminer sur Augsbourg; et à un
officier de confiance, placé au commandement
de Diilingen, de diriger tout sans distinction sur
cette même ville.
11 régnait encore quelques incertitudes sur les
hyGoogle
( .,, )
projets des Autrichiens. L'Empereur savait seu-
lement que ceux-ci ayant débouché de Laodshut
et de Freysing, se portaient vers le Danube. Il
fallait découvrir le reste du mouvement, et sur-
fout sa véritable direction. Ces conjectures ne
sont pas bien difficiles, quand des deux côtés
on manœuvre en règle : elles le devenaient, au
milieu des fautes qui se commettaient de part
et d'autre. Pendant la nuit du 17 au r8, l'Em-
pereur reçoit de nouveaux renseignemehs : il
sait exactement , où se trouvent les colonnes en-
nemies, comment et par où elles marchent.
Malgré toutes les apparences , il juge l'opération
sur Neustadt et sur notre centre, trop hardie
depuis son arrivée pour ses adversaires, trop
étendue pour leur lenteur ; il devine que l'archi-
duc se portera sur Ratisbonne; il examine les
mouvemens de Bellegarde , et les réduit à leur
juste valeur. Voyant d'un coup d'ϔl ce - qu'il
doit Élire, tout ce qu'il peut tenter, Napoléon
agrandit la manœuvre déjà commencée. Il ne
s'agit plus seulement de réunir l'armée française :
elle va gagner en combattant, la gauche, les der-
Hères et la base dé l'ennemi.
Laissons l'Empereur donner encore lui-même
les preuves de ce que nous avançons, et s'ex-
hyGoot^le
C 27* )
pUquer de manière à lever tous les doutes.
Il écrit à Masséna de Donawerth le 18 ; <> Dans
un seul mot votis allez comprendre ce dont
» il s'agit : rarchiduc Charles a débouché de
» Landshut sur Ratisbonne, avec trois corps éva-
» lues à 80,000 hommes... Davout partant de Ba-
s tisbonne marche vers Neustadt... Ce maréchal
» agira avec les Bavarois, contre l'armée autri*
» chienne , et peut s'en tirer honorablement,,,
» Mats l'ennemi est perdu , si votre corps et celui
n d'Oudinot débouchent avant le jour par Pfaf-
» fenhofen , et tombent sur les derrières de
» Charles, ou sur ce qui sort de Freysing
V jéinsi entre le 18, le i^ et le ao, toutes les
s affairesde VAlhmagne seront décidées..., -a Na-
poléon ajoute encore , « que l'importance de ce
a mouvement est telle, qu'il pourra venir se
» mettre à la tète du corps de Masséna. » Il écrit
de sa main à la fin de sa lettrej « activité, activité,
■> vitesse; je me recommande à vous. » L'Empe-
reur feit donner l'ordre à Nansouty, de se rendre
de Donawertli à Ingobtadt, et de se hâter, s'il
entend le canon. Il part ensuite pour cette der-
nière ville, escorté du régiment wurtembergeois
des chasseurs du duc Louis,- •
hyGoogIc
(a,3)
L'arrivée de Napoléon fut annoncée à l'jirinée,
par cette belle proclamation :
a Soldats^
» Le territoire de la Confédération a été violé.
» Le général autrichien veut que nous fuyions
» à l'aspect de ses armes, et que nous lui aban-
» donnions nos alliés. J'arrive avec la rapidité de
» l'éclair.
» Soldats! j'étais entouré de vous, lorsque ]a
» souverain de l'Autriche vint à mon bivouac de
» Moravie : vous l'avez entendu implorer ma
j> clétnmce , et me jurer une amitié étemelle.
» Vainqueurs dans trois guerres, l'Autriche a dà
9 tout à notre générosité : Iraii fois elle a été
» parjure ! ! ! Nos succès passés nous sont un sûr
» garant de la victoire qui nous attend.
» Marchons donc , et qu'à notre aspect l'en-
» nemi reconnaisse son vainqueur. »
^ les corps de l'archiduc Charles et surtout
ceux de Bell^arde, étaient arrivés même le
i4 awil à Ratisbcmne, ils auraient trouvé ce
point tellement dégarni, qu'il n'aurait pu se
défendre contre aucune des deux masses autri-
chiennes. L'archiduc serait parvenu sur le Da-
nube , vers Keustadt et Kelfaeim , avant le i6; et
aurait surpris avec son armée réunie, les trou-
L 18
hyGoogIc
( »74)
pes françaises encore dispersées. Plus ce prince
mettait de lenteur dans ses mouvemens, plus
étaient grands les changemens qui s'opéraient
autour de lui , dans la position respectiTe des
deux partis. Cet intervalle entre Masséna et Da-
vout , au milieu duquel l'archiduc comptait ma-
nœuvrer, allait se rétrécir et se renforcer à chaque
instant. Charles aurait dû penser qu'il avait peu
de temps à lui, pour profiter de l'absence de son
redoutable adversaire. Mais U présuma que Napo-
léon, trompé par les négociations de Mettemicfa,
retenu par ses préparatife et par ceux de sa
garde, irait ensuite se mettre à la tète de l'une
des deux masses françaises. L'archiduc devait
s'attendre à le trouver partout ailleurs qu'au
centre, avec les troupes allemandes.
L'avant^arde du cinquième corps autrichien,
avait poursuivi le 17 au-delà de Schwambach,
les troupes de la division de Wrede, qui proté-
geaient la retraite du général Deroi. Les Bavarois
ayant reçu ordre de se retirer sur Vohboui^,
les Autrichiens avaient occupé Sîegenbourg dans
la soirée, et s'étaient portés au-delà de l'Abens
jusqu'à Mulhausen. Si au lieu d'une petite avant-
garde, l'archiduc avait poussé sur ce point un
corps d'armée ou ime seule division ; il fallait
hyGoogIc
{ ^75 )
peubêtre renoncer à réunir l'armée fraoçaise, sur
la rive droite du Danube; peut-être n'y aurait -on
réussi que loin de ce fleuve. Nous perdions à
cela beaucoup de terrain et de grands avanta-
ges; de plus grands encore étaient assurés à
l'ennemi.
Le i8 , troisième jour après le passage dé
Landshut, l'armée autrichienne n'était encore
qu'à sept ou huitlieues de l'Iser. Dans cette jour-
née, elle avait continué son mouvement de
Veichmûhl et Hbhenthan, vers le Danube et
l'Abens; le 5* corps et les deux réserves, sur
Pfelfenhausen ; les 3^ et 4^) sur Kottenbourg.
Pendant la marche ,'mi nouvel avis de Pari|ivée
du corps de Davout à Katîsbonne, apporta des
changemens dans les dispositions premières. Les
deux réserves , avec les 3^ et 4* coi'ps , allèrent
à Rohr. Le 5^ corps resté seul sur la route de
Siegenboui^, prit position sur les hauteurs en
avant de ce boui^. Le général Mesko fut en-
voyé à Mainbourg, au-devant de Hiller, qui avait
ordre de venir appuyer le prince Louis. Onze
bataillons avaient été séparés du 5^ corps, et
joints au i" de réserve.
Les troupes campées à Rohr, avaient des avant-
gardes à Langqwait et Bachel, avec des détacfae-
i8.
hyGoot^le
{«76)
mens qni s'approchèrent de Aatisbonne, et se por-
tèrent sur la route de cette ville à Àbensbei^. Ces
détachemens enlevèrent, à Abach une ambu-
lance du 3' corps, qui se rendait vers Neustadt,
et à Reising une dépêche du maréchal Lefebvre
au maréchal Davout. Le premier prévenait l'au-
tre, «de son arrivée à Neustadt et sur l'Abens, -
» pour le soutenir et attirer l'attention de l'en-
u nemi.... » Cette lettre, qui devait certainement
cooteoir la nouvelle de l'arrivée de l'Empereur,
fit changer toutes les dépositions de l'archiduc.
X^es généraux; autrichiens rassemblés au quartier-
général de Rohr, avaient déjà reçu des ordres
pour continuer le lendemain leur mouvement ,
pendant un espace d'environ deux heues au-delà
de ce village, dans la direction de Kelheim , a. entre
j> l'Abens et le Danube, pour empêcher la jonc-
B tioB des Français et des Bavarois, u L'armée
devait se former sur trois lignes, dont la pre-
mière borderait la route de Ratisbonne à Abens-
berg : elle était ainsi liée avec le 5^ corps. Ces
ordres furent retirés; et on marcha le 19 de
grand matin , en trois colonnes par Tengen ,
Dinzling et Eglotsheim, vers Ratisbonne.
L'archiduc n'avait encore devant lui dans la
soirée du 18, que le corps bavarois, qui après
hyGoogle
( ^77 )
avoir disputé le terrain et retardé les prt^rès de
rennemi, se trouvait apjmyé seulement par les
Wurtembergeois; tsuidis que les cinq corps au-
■ trichiens, étaient réunis à Rohr et ^egenbourg,
à deux ou trois lieues de distance. L'archiduc
avait doue en ce moment sur nous, la supé-
riorité du nombre et l'avantage des lignes inté-
rieures; il pouvait à son dioix, attaquer ce fai-
ble corps du centre pour attendre le Danube,
se porter contre Mass^a ou contre Davout.
Commet se fait-il qu'arrivant si près des points
sur lesquels il s'était dirigé jusque là, à moins
de trois lieues du Danube , des ponts de Kel-
■ heim et de Keustadt; dans l'intervalle des deux
corps français, avec la majeure partie de son ai^
mée; le prince Charles la divise et change subite-
ment de direction pour marcher sur Ratisbonne?
Ce prince que nous verrons si valeureux , voulait-
il éviter une bataille générale : terreur et écueil
des grande -réputations; véritable pierre de tou-
che des talens du chef suprême; où rien d'étran-
ger ne peut suppléer aux ordres qui, à tout
instant, doivwit jaillir directement de lui? L'ar-
chiduc a-t-il craint, comme il l'écrit dans la jour-
née du 19 au prince Louis, d'être attaqué par
Davout sur tous les points, pendant qu'il forcerait
hyGoogIc
( ^78)
le centre de la ligne, et qu'il exécuterait le pas-
sage du Danube? A-t-il voulu profiter de l'isole-
ment de notre gauche, de son éloignement de la
droite, pour la cerner sur les deux rives? Alors
pourquoi ne pas s'avancer rapidement sur Da-
vout : pourquoi ne pas l'attaquer aussitôt , le
battre, et ensuite revenir sur l'autre aile, comme
le fit si bien Napoléon? Charles averti de l'éva-
cuation de Ratisbonne, a-t-tl voulu s'en em-
parer? mais dans quel but, puisqu'il ne s*est
servi du pont de cette ville, ni pour manœuvrer,
ni pour concentrer son armée? Ce prince avait-
il eu toujours l'intention de se porter dans cette
direction? il aurait alors marché par la route
d'JEckmuhl, et envoyé une colonne par Plattling
'et Straubing. N'est-il pas plus convenable de
croire qu'à la première nouvelle de l'arrivée de
Napoléon, l'archiduc avait suspendu tout projet
d'offensive : que cette fois, comme toutes les
autres, il avait choisi le parti le plus prudent et
le plus sûr pour conserver son armée, au mi-
lieu de toutes ces manœuvres : enfin que ce
prince , avant de continuer son opération calcu-
lée sur l'absence de l'Empereur, avait au moins
voulu s'assurer d'un point aussi important que
Jtatisbonue , et de sa communication avec le
hyGoogle
( 379 )
corps de Bellegarde? Quoi qu'il en soit, au tort
d'avoir arrêté leur mouvement lorsqu'il touchait
au but , coihme un mois auparavant , les Autri-
chiens ont joint celui d'avoir recommencé ce
mouvement, en laissant encore leur armée sépa-
rée par le Danube, au lieu de la rassembler sur
l'une des deux rives,
Malgré la précaution prise par Napoléon , de
prévenir ses corps, les ordres éprouvèrent quel-
ques retards. Davout dut attendre la deuxième
division (Priant) qui arriva dHémau à Ratis-
bonne dans la soirée du i8, peu avant l'attaque
faite par les Autrichiens, et qui alla de suite
prendre position en avant de la ville, sur les
routes de Neustadt et de Landshut. La quatrième
division était dans Batisbonne ; la première et la
troisième se trouvaient déjà à une petite lieue
à Grass et Weintîng; la cavalerie légère, au-delà
d'Eglofsheîm. Les divisions de Masséna étant à
six ou huit heues en arrière d'Augsbourg, ne
pouvaient y être réunies que dans la nuit du .
i8 au 19. Elles ne fiirent rendues à PfafFenhofen
que du 19 au 20; car elles avaient à faire une
vingtaine de lieues pour y parvenir. Mais le corps
d'Oudinot déjà campé à Aicha, put arriver le 19
hyGoot^le
(a8o)
au matin à F&£fenhofen, où il formait la tête du
quatriàne corps.
Le général de Wrede avait exécuté le i8 les
ordres reçus la veille. Se mettant à la tête de ses
troupes légères, il attaqua une avant-garde au-
trichienne, déjà postée sur les hauteurs de
Mulhausen, entre l'Abeos et Neu^adt; il la cul-
buta de l'autre côté du ruisseau , reprit le pont
de Siegenbourg, et s'établit à Bibourg, bordant
la rive gauche avec sa division. Lefebvre ne tarda
pas à le suivre , et l'appuya avec les deux autres
divkions placées k Neustadt. Cette opération
était fort importante, afin de nettoyer et d'élai^r
le terrain, où devait se foire pendant la nuit , la
jonction du troisième corps. L'ennemi sentit pro-
bablement la faute qu'il avait faite, de ne pas
assurer ce point si essentiel, en y portant des
forces plus considérables. Il tenta peqdant la nuit
quelques attaques, pour repasser TAbens et re-
gagner la position perdue : il fut repoussé par-
tout.
hyGoogle
CHAPITRE XI.
L'A.RHéE FRANÇAISE SE HÉUHIT EN COMBATTAMT LE I9
A THAHN, ARMHOFEN ET PFAFFENHOFED.
La présence de Napoléon déconcerte les projeU de la côiililion et
de l'Autriche. — H donne le 19, de» qrdiea aux corp» pour la
□lanœurre qa'il fait eiécnter. — 11 peint à Maaiéna le véritable
état des choses , en lui prescrivant le mouvement sur Landahut. —
DaTout et Charles s'avancent l'un contre l'autre, eut un terrain fort
réttécL — Le maréchal ^gne une marche de nuit, et s'appuie au
Danube Le priuce part à gis henres dn nalm, et e'étend à
droitej il Mste Hiller devant les Bevarois. — Un engagement gé~
néral prépare la réunion de l'armée , et la manœuvre sur la
gauche de renoemi. — A Thann, le combat coaimence entre la
queUBdei-colonne» du centre fvanfaia, etlaléteju centre autri-
chien. — Id priace Charles s'arréls sur les hauteurs de Grub ,
avec Ja réserve de grenadiers , et fait fîler le reste des colonnes
vers la droite. — A Arahofen, I«fehvre bat le général Thierry.
— A Ptaffenbofen , Hassëna culbute un détachement d'Hiller.
•:-. L'archidnc Charles écrit an prince Louis de le rejoindre. — t>e
soir, les Français occupent une position concentrée , devant Fin-
tervalte de la gauche et du centre de l'ennemi , sur la ligne d'opé-
rations de Landshut. — 11 est difficile d'expliquer la conduite de
l'ar^dnc danx cette journée.
La subite arrivée de l'Empereur exerça beau-
coup d'influence sur les opérations des Autri-
hyGooglc
C»8, )
chiens; ils se trouvèrent battus en quelque sorte,
et désoi^anisés du moins dans leur plan , avant
d'avoir été attaqués. On peut mesurer cette in-
fluence, sur le soin qu'ils prirent de cacher te
moment où ils forent instruits de sa présence.
Stutterheim , qui développe soigneusement tous
les détails, n'en donne aucun sur cette nouvelle
importante. Le comte de Grunne indique pour
époque, «le 19, sur le cJiamp de batailte-nCepen-
dant il parait impossible que la lettre du maré-
chal Lefebvre au maréchal Davout, écrite après
les' ordres que ce premier avoit reçus, dans les
journées du 17 et 1 8 , interceptée dans la nuit du
18 au 19, n'ait fait nulle mention de la présence
de Napoléon; que l'archiduc ne l'ait apprise, ni
par l'ambulance enlevée à Abbach , ni par les
divers prisonniers, lorsqu'elle avait été annon-
cée à l'armée dans la proclamation du 17. La sou-
daine apparition de l'Empereur, produisit l'effet
de la tête de Méduse, et déconcerta l'ennemi;
elle prouva combien les puissances coalisées
avaient compté sur les avantages qu'elles trouve-
raient dans son absence , et tout ce qu'ont pu
faire divers cabinets, pour le retenir à Paris. ■
Nous allons suivre Napoléon pas à pas, et en
quelque sorte heure par- heure, dans cette cam-
hyGoogle
( a83 )
pagne, surtout pendant ces cinq mémorables
journées. A qtiel général, l'histoire a-t-elle ja-
mais pu demander compte de tous ses instans et
de chacun de ses mouvemens? L'Empereur avait
été enfin prévenu, par une lettre de Davout,que
le troisième corps se mettrait en marche le j8 à
neuf heures du soir; et comme le maréchal n'a-
vait pas plus de six lieues à faire, pour atteindre
les bords de l'Abens, il devait y être rendu de
bonne heure le lendemain. D'un autre côté Napo-
léon n'avait pas encore de nouvelles de Masséna
et d'Oudinot , qui arrivant le 1 9 de grand matin à
Piaffenhofen , avaient l'ennemi devant eux. Na-
poléon se trouvait ainsi à Ingolstadt, au centre
de la manœuvre générale qu'exécutait l'armée
sur Abensberg et Pfafienhofen ; attendant de sa-
voir, de quel côté il devait se porter, où auraient
lieu les premiers et les plus forts engagemens.
Quoique dès la veille il eût deviné, ainsi que
nous l'avons vu, les projets de l'archiduc; ce-
pendant comme le mouvement de l'ennemi
s'opérait derrière l'Abens et le. rideau du cin-
quième, corps; et comme les coureurs de Belle-
garde attaquant nos postes ' de l'autre côté
du Danube, se rapprochaient de l'Altmuhl;
l'attention devait s'étendre sur ces divers points.
hyGoot^le
C »84 )
Au milieu de la nuit du i8 au 19, le major-
général écrit à Masséna au nom de l'Empereur,
«de manœuvrer dans un double but, en por-
» tantdes renforts à Ahendierg, et en se dirigeant
» sur Landshut. » A trois heures dii matin Napo-
léon ordonne à Lefebvre « de prendre une bonne
D position pour combattre l'ennemi à nombre
D ^(fd; de faire jouer au besoin ses soixante^ooze
m pièces d'artillerie... Il lui £Uinonce qu'il arrivera
n au premier coup de canon , avec les Wurtemi-
B bergeois,les cuirassiers et la division Demont...
n II recommande de faire des ponts sur l'Abehs
t> au-dessoi}s d'Aben^>erg ; de tenir fortement et
s à tout prix le pont de ce bourg, sur lequel doit
» s'opérer la jonction du maréchal Davout; de
» combattre en masse et réunis.... d'attaquer for-
v tement, quiand on verra la tête du troisième
B corps, qui rejoindra de bonne heure. » Il re-
nouvelle plusieurs fois les mêmes ordres ; et à
une heure, informant Ijrfebvre ainsi queWrede,
du petit succès de la droite à Ptaffenhofen, il se
plaint d'être sans nouvelles et de ne pas entendre
le canon: Cependant vers midi le 19, Napoléon
prescrit à Masséna, qui dès sir heures était k
Pfeffenhofen, a d'envoyer une division d'Oudinot
n sur Neastadt , » (ce fut la division Boudet du qua-
hyGoogle
( »85 )
trième corps qui s'y rendit, comme étant ta plus
rapprochée), «et r»utre dfrision sur Freysing,..
B de tenir ses quatre' divisions autour de Pfeffen-
D hc^en, sur les directions de Neustadt, Freysing
» et Au , de manière à gagner du temps et du
B terrain des divers côtés, et que chacune puisse
» servir de tête de colonne. *
L'iinpereur va noifs indiquer lui-même ta si-
tuation -des aâàires, et l'esprit des manoeuvres
qu'il exécute : a Les opérations se dessinent : d
(dit-il àMasséna dans cette même lettre) «voici
o le véritable état des choses. Le prince Charles
» avec toute son armée était ce matin à une jour-
» née de Ratisbonne , ayant sa ligne d'opérations
» sur Landshut... Davout a évacué Ratisbonne,
n pour se porter sur Neustadt et se joindre aux
i> Bavarois. Je m'attendais donc aujourd'hui à
B une affîtirej cependant iLest midi, et le canon
B ne M feùt pas entendre... Vous voyez que par
» cette manœuvre, je retire ma gauche, voulant
» avancer ma droite qiic vous formel , et qui dès
» aujourd'hui entre en jeu... Poussez Oudjnot sûr
» Au étFrey^ng;» (dans le post-scriptum il fait
marcher Oudinot vers Neustadt, pour renforcer
le centre) « de là, selon les renseignemens que je
n recevrai , je dirigerai le 4^ corps sur Landshut;
hyGoot^le
( î86 )
k> et alors le prince Charles attaqué sur la gauche,
y> se trouverait avoir perdu sa ligne d'opérations
B et sa protection qui est l'Iser... Je vous dis de
» porter une division vers Au, parce que si la
B gauche était engagée plus que je ne le désire,
» cette division mira fait une marche, pour aller
» au secours de la gaziche...Toutceci doit s'éclair-
» cir dans la journée; lesmomens sont précieux :
» ici tout est calcul d'heures. Douze o^ quinze
» mille hommes de cette canaille , que vous avez
B battue ce matin, doivent être attaqués tête bais-
» sée par six mille de nos gens... » Cette lettre si
remarquable , est surchargée de correctioDS de
l'Empereur (i).
Après avoir pourvu à ce qu'exige la partie de
l'armée qu'il met en mouvement, Tîapoléon écrit
à Dresde à M. Bourgoing, et lui annonce « avant
» sept ou huit jours des événemens, qui confon-
» dront l'orgueil et l'ingratitude de l'Autriche. »■
Il expédie à Bemadotte, des ordres sur lesquels
nous devons revenir plus tard. A une heure il
monte à cheval, parcourt et étudie ce terrain
difficile et couvert, qui va devenir te théâtre
(i) Voyez la lettre aux pièces : les mots mi italique sont
écrits de la main de Napoléon.
hyGoogle
( ^8, )
d'opérations si importantes ; dans lequel l'en-
nemi montre encore des têtes de colonne ,
sur chaque route, le long de l'Abens, depuis
Pfaffenhofen jusqu'à Abensberg, et même de-
puis Dacbau jusqu'à la route de Kelheim.
Tous les généraux ne donnent pas , comme
Napoléon , des ordres qui sont le programme
détaillé de leurs opérations et qui indiquent
clairement leurs moti&. Il est difficile de con-
naître ceux qui font agir les commandans en
chef, en toute occasion, et principalement quand
ils ont été battus. Nous ignorons donc ce qui
a pu déterminer le changement de direction
du prince Charles. Son nouveau projet sem-
blait lui présenter encore quelques espérances
de succès. L'archiduc n'avoit d'abord devant
lui dans le centre, que Lefebvre avec les Ba-
varois : les dispositions furent faites sur cette
supposition. Il leur opposa les corps de Louis
et dlliller. En se jetant vers la droite, il s'éloi-
gnait des corps français, venant du côté d'Augs-
boui^ , et qu'il croyait rendre ainsi inutiles.
L'armée ennemie marchait, comme en tuyaux
d'orgues; la colonne droite en avant; les têtes
des autres colonnes successivement en arrière,
et formant un front oblique. Le prince Charles
hyGoogIc
(288)
maintenait autant que possible, U ligne d'o-
pérati(His et ta base de son armée, sur Land-
shut. Cependant celles-ci restaient exposées
aux attaques de notre centre, et surtout de la
droite. Puisque le prince supposait la possibilité
de la retraite du cinquième corps, il aurait dû
changer sa ligne et sa base, en les portant
sur Dingelfing, liandau ou PlattUng : ainsi il
remédiait à tout. Deux choses ont manqué
aux AutrifjiieDs; le bon emploi du temps, si
précieux à la guerre, élément des snceès et
des revers, que l'activité double et semble fixer;
la déci&ion ferme, pour exécuter les disposi- -
tions arrêtées d'après le terrain et les mouve-
mensJamaià on ne vit un exemple plus frappant
de toat ce que peuvent l'à-propos, le caractère
et le coup d'œil. Quelques minutes et quelques
toiKs de terrain , décidèrent du sort des deux
monarchies. Les armées allaient l'uoe vers l'au-
tre, dans un espace étroit, qui n'a pas quatre
lieues entre le Danube et la Laber, sur les mê-
mes directioDS, presque vers les mêmes points
de départ, et le long d'un obstacle qui ne per-
mettait nul détour. Les a>rps de Charles étaient
du double plus forts que l'aile gauche de
Napoléon. Celle-ci fit lestement sa marche pen-
hyGoogle
( aSg )
tlant la nuit. Au moment où l'ennemi commen-
çait à se mouvoir; la tête de nos colonnes
était déjà arrivée, la jonction déjà opérée par
la droite. Le reste du troisième corps put se
mettre sur une ligne , que prolongea le cen-
tre de l'armée française. Cette matinée vitnos
forces réunies et plusieurs victoires obtenues
en marchant, à Pfa£fenhofen, Amhofen et Thann.
Développons ces événemens qui méritent d'être
examinés en détail.
Nous avons vu que l'armée française s'avançait
par ses deux ailes, de Eatisbonne et d'Augsbourg,
ou même de Dasswang et de Schongau, pour se
masser au centre, soit sur l'Abens entre Abens-
bergetAu,soitsurnim entre Geissenfeld et Pfaf-
fenhofen. Napoléon avait pris ses mesures pour
que cette jonction, surtout de la part de la gauche
qui étaitla plus exposée ^ fût commencéedès le 1 8.
Elle se trouvait retardée de quelques heures, par
l'éloignement de la division Priant, et par les soins
qu'exigeait la marche difficile de Davout, au mi-
lieu des corps autrichiens. Ce maréchal avait lait
reconnaître l'ennemi sur la route de Landahut,
par t'avant-garde du général Montbrun , qui ayant
rencontré des forces supérieures, à une lieue
d'£glofsbeim , s'arrêta et prit position. Une autre
hyGoot^le
( ^90 )
reconnaissaRce du onzième de chasseurs , pous-
sée sur la route de Slraubing , y perdit dix-
sept prisonniers. Davout avait laissé à Ratis-
bonne, le soixante-cinquième régiment de trois
bataillons et de dix-huit cents hommes, pour
garder le pont , jusqu'après l'exécution de son
mouvement. Il avait fait occuper par un batail-
lon , l'important défilé d'Abac^, resserré pen-
dant l'espace de deux lieues , entre le Danube
et des collines roides et boisées ; au milieu de ce
défilé passe la chaussée de Ratisbonne à Neus-
tadt : c'était la clef du terrain et des manœuvres.
Dans la nuit du i8 au 19 , le troisième corps
se mit en marche sur quatre colonnes. Celle des
bagages et du parc,, qui était la quatrième, sui-
vit la chaussée; la troisième, composée des divi-
sionsMorandct Saint-Hilaire, se dirigea de Grass,
par Gebraching, Peisîng, Tengen et Feeking: la
deuxième (divisions Gudin et Priant), deWein-
ting, parWeichenloe, Salhaupt et Ober-Feeking;
)apremière,ouravant-gardeauxordresdu général
Montbrun (brigades de cavalerie légère Pajol et
Jacquinot, avec deux bataillons du dix-septième
léger) partant d'Eglofsheim , couvrait la manœu-
vre sur la droite, par Lukepoint et Dinzling. La
cavalerie légère du corps d'armée et la divi-
hyGoogle
( 29» )
sion de cuirassiers, étaient réparties autour des
deuxième et troisiènie colonnes, pour éclairer
le pays en avant et en arrière. La quatrième co-
loûne et la tète .des troisième et deuxième, com-
posée des divisions Morahd et Gudin , avec les
premier et deuxième remmena de chasseurs et
la division de cuirassiers Saint- Sulpice, étaient
déjà arrivées peu loin de TAheas, vers six heu-
res du matin. Les divisions Priant et Saint-Hi-
laire suivaient; mais ayant dû sortir la veille de
Ratisbonne, elles ne pouvaient être aussi avan-
cées. Dès neuf heures elles rencontrèrent l'en-
nemi. Vers cette heure , l'armée bavaroise était
ainsi placée : la deuxième division près de Bi-
bourg, sur les borda de l'Âbens; la première
en avant de Muthausen; la troisième près de
Neustadt. Leièbvre était encore à Alt-dumbach,
en retard pour déboucher d'Abensberg, avec
les première et troisième divisions. LesWurtem-
bergeois se trouvaient en arrière de Neustadt,
à la croisière des ix>utes de Munschmûnster; la
division Demont, à Yohboui^; Nansouty, eh avant
de cette ville.
Le 19, à six heures du matin, les corps du
prince Charles exécutèrent le nouvel ordre qui
les portait vers Katiabonne, dans cette même
D,gn,-.rihyGOOt^le
( *9^ } ; .
direction que suivaient de leur côté les troupes
de Davout, mais lorsque le maréchal avait à
moitié terminé son mouvement. L'armée autri-
chienne était sur trois colonnes. Celle de gauche ,
3^ corps ( 19,000 hommes ), se portait de Rohr
et Bachel vers les hauteurs d'Abach , par Gros-
muss, Thann, Hausen et Tengcn, où elle devait
se diviser pour attaquer Abach, par Deutchhof
et Peising : le prince Hohenzollem détachait le
général Thierry avec 6,000 hommes, sur les col-
lines en face d'Abensberg, pour surveiller ce dé-
bouché et assurer la communication avec l'ar-
chiduc Louis. La colonne du centre , sous le
prince de Bosemberg, 4* corps avec les douze
bataillons de grenadiers de la i'* réserve (28,300
hommes), marchait de Bohr, parLangquaid, sur
Dinzling et Weichenloe. La 3* colonne, division
Lindenau du 5* corps et cuirassiers de la ré-
serve, sous le prince de Liechteinstein (20,000
hommes), se dirigeait par Laogquaîd, Schierling,
Eckmuhl et Eglofsheim , sur la chaussée de Land-
shut à Ratisbonne. Ainsi 73300 Autrichiens au-
raient pu opérer contre notre 3* corps , qui n'avait
qu'un peu plus de moitié de cette force à leur
opposer. L'archiduc Louis resté en face de Sie-
genbourg, destiné à contenir les Bavarois, n'avait
hyGoogle
{ >93 )■
plus qiie 1 4iOOO hommes , sans compter les trou-
pes envoyées à Mainbourg; la 2* résel^e qui l'ap-
puyaît à PfeffeDhausen , était de 4)300. Une masse
de 93,000 Autrifchiens , selon les calculs même de
Stutterheim, s'est donc trouvée réunie dans la soi-
rée du 1 8 , entre Rohr et Siegenbourg, sans qu'on
ait tiré de cette' circonstance aucun des avan-
tages immenses qu'elle offrait. On pouvait aug-
menter encore ces forces, avec le 6* corps parti de
Mosbourgpour Au, et qui avait reçu l'ordre de
rejoindre au plus tôt le 5*, par Lutmausdorf. Le gé-
néral Hiller devait prendre le commandement des
deux corps et de la réserve. En cas de retraite »
ces forces devaient se diriger sur Landshut; Louis
par la chaussée de Pfeffenhausen, Hiller par le
plus court chemin. \ la rive gauche du Danube ,
le 1" corps était en ce moment devant Ratisbonne
qu'il attaquait ; le i *' à Aroberg, marchant le len-
demain sur Neumarkt; mais l'ordre lui avait été-
adressé de se rendre aussi à Ratisbonne..
Ainsi se préparait sur toute la ligne del'Abens,"
un engagement général qui n'était que le prélude
d'afEaires plus importantes, et le développement
des premières dispositions de Napoléon , pour la
concentration de son armée, et pour la manœuvre
qu'ilexécutaitparsa droite,sur la gauche etlesder-
hyGooglc
( "94 )
rïères de l'Archiduc , à mesure qu'il voyait celui-ci
se masser sur Ratisbonne. Davout allait résister
glorieusement, avec deux divisions, à la majeure
partie de l'année autrichienne. LeCebvre poussait
le corps de Thierry au-delà d'Offenstetten , et
commençait la séparation du coitre et de la
gaudie ennemie. Masséoa, à la tête des divisions
d'Oudinot, dispersait les flanqueurs du général
Hiller, les rejetait sur le 6* corps arrêté à Au, et
formait ainsi Voile marchante de cette grande
opération , qui allait dès les premiers coups ,
s'emparer des bases du prince Charles et le re-
pousser entre l'Iser et le Danube.
Le maréchal Davout avait habilement éche-
lonné ses colonnes , la droite en avant, le long du
Danube et du défilé d'Abach. L'Archiduc aurait
dû, pour combattre , s'échelonner dans im ordre
inverse. Mais ce mouvementde tactique aurait été
en contradiction avec son mouvement de straté-
gie, ou pour parler plus simplement, la disposi-
tion particulière, çn opposition avec la disposi-
tion g^érale, toujours aoumisej dans les calculs
de l'Archiduc, à la base de Landshut. Ce prince
laissait donc àson adversaire, le débouché de Post-
saal ouvert, et de plus, le temps de devancer sa
marche. Sa colonne de gauche était encore fort
hyGoogle
(-95)
en arrière; celle de droite déjà en avant;-lor3qu'au
centre, vers les neuf heures, eut lieu la première
rencontre.
Des éclaireurs de la deuxième colonne autri-
chienne, ayant découvert vers Schneidert des pa-
trouilles françaises, la fusillade s'engagea, et aug-
menta rapidement. Le quatrième corps, où était
l'Archiduc, s'arrêta sur les hauteurs de Grub, et
attendit long -temps l'arrivée de la colonne de
gauche (troisième corps), qui parut enûn devant
Hausen, débouchant deXhann : village qui, sans
motif, a donné son nom à cette afËiire. Le maré-
chal Davout prévenu vers Salhaupt, par ses cou-
reurs , de l'approche de l'ennemi , se porta en
avant; fit placer la division Saint-Hilaire sur les
hauteurs de Tengen; et lui fit occuper Hausen.
A mesure que la division Priant, la plus retardée
de toutes, arrivait, le maréchal fit entrer ses ré-
gimens en ligne, à la gauche de Saint-Hilaire, et
se prépara à soutenir un combat, plus difficile en
apparence qu'en réalité. Les circonstances en ont
été dénaturées dans l'étranger, comme en France.
L'ennemi avait le plus grand intérêt à Ëûre de
cette rencontre une affaire importante , afin de
couvrir les fautes qu'il avait commises pendant
la journée. Dans notre pays , on" a voulu exagérer
hyGoot^le
( ^96 )
la gloire du maréchal Davout, ans dépens de Na-
poléon , qui de sa personne ne se trouvait pas sur
le champ de bataille, mais qui dirigeait l'action
par ses dispositions. On a prétendu même que
le maréchal agissait de son propre mouvement.
Cependant nous venons de voir les ordres que
reçut Davout. S'il les avait exécutés le 1 8 , même
dans la soirée, aussitôt que Frlant eut rejoint, il
serait arrivé avec tout le troisième corps, sans
tirer un coup de fusil , ainsi que trois de ses di<^
visions. Si, comme on l'a observé, ce maréchal
avait Iç Danube à dos, ou plutôt à sa droite; il
est vrai aussi que d'après les contours du fleuve
et la forme du terrain , il pouvait regagner fa-
cilement, et par une manœuvre fort simple,
le pont de Ratisbonne , ou le défilé de Postsaal.
D'ailleurs les divisions Morand , Gudin et Saint-
Sulpice, qui avaient dépassé Feeking et Sail-
bach, menaçaient la' gauche de l'ennemi > et se
liaient avec les Bavarois ; elles faisaient ainsi partie
de la ligne française, <fui se prolongeait de Ten-
gen à Abensberg. Le champ du combat était aussi
en faveur du maréchal : fort resserré, n'ayant pas
plus de raille pas, il occupait une hauteur peu
rapide, boisée, où la défense était favorable, et par
laquelle notre droite pouvait s'étendre aisément,
hyGoot^le
( »97 )
puisque ta chaîne s'allongeait dans cette direction.
Vers les onze heures , le troisième corps autri'
chien et la moitié du troisième corps français ^
àpeuprès d'égale force, étaient vivementengagés.
Le village de Hausen, défendu par peu de trou-
pes, avait été enlevé par l'ennemi; pendant qu'il
était tourné vers la gauche par le général Wukas-
sowich : celui-ci manœuvra de ce côté avec l'a-
vant-garde, pendant toute la journée. Il était
moins aisé de s'emparer des sommités couvertes
de bois, sur lesquelles notre ligne s'établissait.
Les Autrichiens s'y portèrent avec ardeur. Re-
poussés, ils revinrent à la charge, s'essayèrent
sur tous les points, où ils furent ramenés plu-
sieurs fois par leurs généraux. On combattit de
part et d'autre avec le plus vif acharnement. Les
Autrichiens éprouvant une perte considérable ,
parvinrent à occuper quelques parties de bois ;
mais ils en furent constamment chassés. Davout
qui était resté en communicatioQ avec les di-
visions Gudin et Morand, passées de l'autre
côté de la vallée de Postsaal, fit revenir une bri-
gade de la première,. et la plaça à sa droite. Le
maréchal attaquait de son côté l'ennemi, ef re-
poussait l'avant-garde de Wukassowich ; il la prit
par te flanc gauche, où il fit des progrès fort im.
hyGoogIc
( '98 )
portans, dans la position où se trouvaient les
deux corps opposés. Hohenzollera fut obligé de
replier son avant-garde, et de la porter en ar-
rière sur les hauteurs de Buch, afin de couvrir
sa gauche. I^e général Stutterheim , acteur bril-
lant autant que digne historien de ces journées ,
conduisit du côté de Schneidert, à l'appui du
prince de Hohenzollern, l'avant-garde du prince de
Rosemberg. L'artillerie gênée par les bois, rendit
des deux côtés peu de services; mais la nôtre
eut toujours l'avantage. Chaque régiment du
troisième corps autrichien, fut successivement
engagé; tous les généraux se distinguèrent à
leur tête; presque tous furent blessés.
Pendant cette action si vive , le généralissime
s'était arrêté à une demi-lieue, sur les hauteurs de
Grub, avec les douze bataillons de grenadiers.
Vers le soir seulement, il en détacha quatre sous
le prince Victor de Rohan , au secours de Ho-
henzollem qui était vivement pressé. A six heu-
res le combat cessait; un grand orage le ter-
mina entièrement. Chacun resta pour le moment
(fans les positions qu'il occupait. L'Archiduc
avait fait continuer au quatrième corps, sa route
dans la direction première de Dinzling , où ,
après une légère affaire avec la petite avant-
hyGoogle
( »99 )
garde de Montbrua, îlbivaqiia à une bonne lieue
du champ de bataille; sans prendre aucune part
à l'action. La colonne de Lîchteinstein poursuivit
sa marche , encore plus à dt-oite jusqu'à Eckmuhl ;
son avant-^arde, k Eglofeheim; ses avant-postes,
vers Lukepoint : elle fut entièrement étrangère
aux engagemens de cette journée.
On voyait parfeutement des hauteurs de Grub,
où se trouvait cette réserve de grenadiers, le
champ de bataille éloigné d'une-demi-Ueue, sur
le penchant opposé de la vallée. L'Archiduc y
resta tout le temps, sans disposer des nombreuses
troupes qu'il avait autour de lui , pour accabler
Davout. Quelle apu être la cause de l'inaction du
prince Charles, pendant cette af^re ? Le général
Stutterhéim ne l'explique nullement. M. de
Gnmne la dissimule dans sa correspondance ,
où il prétend que l'action fut fort vive, que
Davout combattant avec l'opiniâtreté du déses-
poir , ne se sauva qu'à la faveur de la nuit , et en
sacrifiant la garnison de Ratîshonne : assertion
entièrement inexacte , puisque le maréchal con-
serva son terrain jusqu'au aS , et ijue le prince
Charles retira ses groupes dans la nuit du 19!
M. de Grunne prétend aussi, contre toute appa-
rence , que c'est sur le champ de bataille qu'on
hyGoot^le
( 3oo )
apprit l'arrivée de Napoléon. L'Archiduc n'avait-
il pas déjà reçu des rapports, ou fait des pri-
sonniers, qui durent, lui annoncer ce qui se pas-
sait dans notre armée? N'avait-il pas dû par ce
mouvement si hardi , deviner la présence de son
adversaire? Ce prince pouvait-il croire qu'il trou-
verait encore des colonnes françaises vers Ratis-
bonne, lorsqu'il avait laissé au maréchal pour
déboucher, tout l'espace entre Tengen et le Da.
nube ; tandis qu'il aurait Ëdlu appuyer au plus
tôt son mouvement au fleuve?
L'Empereur avait donné à Lefebvre des ordres
pressans, plusieurs fois renouvelés et développés.
■ Cependant le maréchal ne sortit qu'assez tard
d'Abensberg , avec les première et troisième di-
visions, renforcées par le sixième régiment de
la division Wrede. Les divisions Gudin , Morand
et Saint-Sulpice , déjà arrivées dans les environs
d'Amhofen, se formèrent en ligne avec lui. Si
d'après les ordres qu'il avait reçus, Lefebvre
s'était un peu plus rapproché du défilé de Post-
saal ; les Bavarois auraient pu opérer contre le
flanc d'HohenzoUem , et auraient aidé puissam-
ment Davout ; tandis qu'ils n'eurent afÊiire de-
vant Abensberg, qu'au général Thierry. Celui-ci
parti de Bohr, à six heures du matin, se portait
hyGoogle
{ 3o, )
par Kirchdorf, en fece de l'Abens. Il s'étendait
avec ses 6,000 hommes , bien au-delà de ce qu'il
devait le faire, sur les hauteurs de Kirchdorf et
de Pruk; et marchait aussi dans ta direction
d'Ambofen, vers la chaussée d'Abach. Prévenu
du mouvement des Bavarois, au-devant des divi-
sions qui venaient de Ratisbonne, il voulut l'in-
quiéter ou l'empêcher. Ayant rencontré les che-
vau-légers, sur les hauteurs entre le ruisseau de
Falingber et la route d'Arnhofen, Thierry les ca-
nonna; mais il fut bientôt chargé par cette
cavalerie bavaroise , et attaqué par les bois de
la gauche. Après quelques engagemens, et vers
les quatre heures, le général autrichien beau-
coup trop faible pour occuper tant de terrain,
iiit repoussé au-delà d'Offenstetten. Il s'appuya à
un détachement du général Pfanzetter, que l'ar-
chiduc Charles avait placé à Bachel, pour ob-
server ce qui se passait à la gauche. Les Bavarois
soutenus des divisions Morand et Gudin , s'avan-
cèrent jusqu'à Olfenstetten. Ainsi commençait
l'exécution des ordres de l'Empereur, pour opé-
rer la séparation du centre et de la gauche de
l'armée ennemie.
L'archiduc Louis inquiet du feu qu'il entendait
vers Abensberg, avait envoyé pour renforcer le
hyGoogIc
( 3o" )
général Thierry, la brigade de droite du général
Bianchy. Celni-ci apprit la défaîte du corps au-
trichien, devant le pont de Bibourg. Il y trouva
la division de Wrede, qui débouchait du pont
sur l'Abens. Bianchy s'étabUt en Êice d'elle, et
engagea une canonnade très-vive, qui se prolon-
gea assez avant dans la nuit.
Le 19 à six heures du matin, Masséna qui
pendant la nuit avait eu son quartier-général à
Schrobenhausen , arriva à PfafFenhofen avec la
tête des divisions d'Oudînot : il y rencontra un
corps autrichien fort de 4 ^ 5,ooo hommes (t),
qu'ilculbuta après quelques minutes de combat,
et qu'il fît poursuivre vivement. Ce corps perdit
assez de monde en tués et prisonniers. Les divi-
sions du quatrième corps, qui avaient passé la
nuit, échelonnées sur la route d'Augsbourg, re-
joignirent Masséna dans la soirée, et bivaquèrent
en avant de Pfafïenhofen , dans la direction de
(i) Le général Etmtterbeim parle d'un corps dn major
Scheibler, qui n'avait que deux bataillons et trois escadrons.
Cependant le corps, que battit le maréchal Masséna, était
composé des régimens de Kléber, de l'archiduc Charles in-
fanterie, de Croates, des dragons de Schwartzemberg, des
hussards de Liechtenstein ; sa force était réellement de
4 à 5,000 hommes.
hyGoogle
( 3o3 )
Au. Le général Hiller qui était dans ce bourg,
s'arrêta pendant le combat , et ne continita son
mouvement sur Mainbourg, que vers la fin de la
journée , dans la crainte où it était de se voir
attaqué pendant sa marche. Masséna lui ôta ainsi
les moyens de secourir à temps le cinquième
corps, et s'ouvrit le chemin pour arriver à Land-
sLut, sur ta base de l'armée autrichienne.
Ce grand bruit d'artillerie vers sa gauche, n'é-
claira pas l'Archiduc sur \A manoeuvré qui s'opé-
rait devant sa ligne. Il dut pourtant avoir des
nouvelles des généraux Thierry et Pfanzelter,
qui s'étaient rapprochés à moins de deux lieues
de sa position , et dont le feu devait se faire en-
tendre. Malgré les avis que ce prince avait dû
recevoir de tous côtés, pendant la nuit et la
journée, il écrit à l'archiduc Louis , à trois heu-
res après midi, des hauteurs de Grub: a qu'ayant
o rencontré l'ennemi, il est fortement engagé;
» et qu'on annonce que le maréchal DavoufVeut
» attaquer sur tous tes points : que te cinquième
s corps ait à marcher pendant la nuit, par Rohr
» et Langquaid, pour le soutenir; si toutefois il
» n'a pas à craindre lui -même devant Siegen-
» boui^ , où te général Hiller doit te remplacer
» au plus tôt. B Le prince Louis reçut cet ordre le
hyGoogIc
( 3o4 )
soir, et ne put y obéir, d'après ce qui se passait
autour de lui.
L'ennemi éprouva une perte de ayooo morts
et 700 prisonniers, dans ce combat de Thann,
bien inutile après ta jonction des divisions de
Davout, et que l'Archiduc supérieur en forces^
était maître de faire cessep, en retirant ses troupes
vers la droite. Tous les généraux- ennemis et le»
principaux officiers se distinguèrent : les princes
de Lusignan, Louis et Maurice de Lichteinstein
furent blessés. On voit par là, combien d'opiniâ-
treté et de dévouement, les troupes autrichiennes
montrèrent dans cette première action. Mais ces
pertes assez considérables étaient peu de chose,
en comparaison des suites, qui furent bien plus
funestes pour l'ennemi.
Les deux armées occupèrent le soir les positions
suivantes : le maréchal Davout resta à Tengen ;
les divisions Priant et Saint-Hilaire, bivaquèrent
sur les hauteurs en avant de ce village; Morand,
Gudin et Saint-Sulpice , sur les collines d'Arnho-
fen;Lefebvre,àOfFenstetten;Wrede, àBJbourg;
Vandamme, derrière Neustadt; Nansouty, peu
loin de là; Masséna, à Pfafïenhofen ; Oudinot, en
avant sur la route de Freysing, Masséna avait
envoyé sur, les routes de Munich, des coureurs
hyGoogle
( 3o5 )
qui coupaient toute communicatioo entre Jella-
chich et l'archicluc Charles. L'armée autrichienne
était ainsi placée : te corps de Liechtenstein, vers
Eglofsheim; le quatrième, devant Dinzling; le
troisième, sur les hauteurs derrière Hausen, oc-
cupant le village par son avant-garde, et Bachel
par le détachement de Pfanzelter. Ce corps reçut
pendant la nuit, et exécuta vers le point du
jour, l'ordre de se retirer de l'autre côté de la
Laher, par Leierndorf. La réserve des grenadiers
était sur les hauteurs de Grub; Thierry, près
d'0£fenstetten ; Blanchi, devant Bibourg; le cin-
quième corps , en face de Siegenbourg; le sixième ,
en position à Mainbourg; le deusième de ré-
serve, à Lutmansdorf. Le prince Louis, en appre-
nant la déroute du général Thietry, avait porté
sur Rohr le général Schusteck avec quatre esca-
drons de Kienmayer, pour garder ce point im-
portant de la ligne d'opérations, et se lier avec
le centre de l'archiduc. On a déjà vu qu'à la rive
gauche du Danube, les premier et deuxième
corps étaient ce jour-là à Âmberg et devant
Stadt-ani-hof.
Ainsi l'armée française, rassemblée sur une
ligne de huit à dîxlieues de longueur, mais en-^
trant dans le même système de manœuvres, pou-
I. .30'
hyGoogIc —
{ 3o6 )■
vait se œncentrer en peu d'heures et en combat-
tant, quoiqu'elle présentât encore deux masses;
mais celle de gauche était vis-à-vis le centre de la
ligne autrichienne. L'Empereur avait dans une
seule journée, et malgré tant de fautes antérieu-
res, ramené tous les corps au système de concen-
tration qu'il avait toujours projeté, et menaçait
déjà les derrières de l'ennemi. L'armée de l'ar-
chiduc au contraire, forcée dès le commence-
ment, de se resserrer dans le grand défilé du
Danube, avant d'arriver sur Hnn, ne cessa en-
suite de s'étendre, à mesure que le terrain s'é-
largissait. Elle occupait maintenant un espade
triple du nôtre, si on compte les corps au-delà
du Danube, Mais là masse réunie sous l'arcbidùc
Charles, était séparée par un intervalle de quatre
à cinq lieues des corps d'HilIer; et ceux-ci se
prolongeaient au loin en ligne Irès-mince. Cette
dangereuse trouée se trouvait entre l'Abens et le
ruisseau de Postsaal, justement au point obligé
de rencontre des colonnes françaises, qui Ve-
naient dlngolstadt et de Ratisbonne : elle était
en face de la route même de Kelheim à Lands-
hut, l'une des lignes d'opérations de l'archiduc,
sur laqudle il venait d'établir sa nouvelle base ,
et qui se dirigeant par Braunau, vers Lintz,
hyGoogIc
(3o, )
tombait sur la véritable ligne d'opérations de
l'Altemagne méridionale par Augsbourg. C'était
cette ligne pour laquelle le prince Cbarles avait
sacrifié tant de jours, et fait tant de chemin.
Elle restait entièrement découverte , devant le
centre de l'armée française, actuellement rassem-^
blée dans la main de Napoléon , et elle était me-
nacée de très-près par Masséna. Cette route allait
devenir notre ligne d'invasion sm* Vienne.
Il est difficile de donner des raisons valables,
pour expliquer là marche des opérations de l'ar^
mée autrichienne, et les motifs particuliers qui
ont pu déterminer la conduite de l'archiduc- dans
cette journée. On sera toujours autorisé à re-
procher' à ce prince : i" de n'avoir pas ■marché
plus rapidement sur Neustadt ou sur Ratisbomie,
par les deux rives du Danube, même depuis le
passage de User; 2° de n'avoir pas contionéà
agir par la ligne du centre, sur les ponts de Neus-
tadt et de Kelheim, en culbutant les Bavarois
au-delà de lllm ou du Danube, le l8 au soir, ou
le 19 à la pointe du jour; 3" de n'avoir pas atta-
qué Davout tète baissée, avec les trois corps du
centre, aussitôt que l'archiduc s'est-décidé à ma-
nœuvrer sur ta droite, pendant qu'il aurait bit
contenir les Bavarois par les troupes d'HilIer;
hyGoogIc
( 3o8 )
4" enfin de n'avoir pas muni tonte l'armée autri-
chienne, après la prise de Ratisbonne. Jamais le
prince Charles n'eut une plus belle occasion , ni
plus de motifs pour combattre d'un côté ou de
l'autre; car presque tous ses corps rassemblés à
Rohr et à Siegenbourg, montant comme nous l'a-
vons vu à plus de 92,000 honunes, se trouvaient
entre ceux de Davout et de Lefebvre; tandis qu'il
devait savoir par ses coureurs vers Pfaffenhofen,
qu'aucune partie des corps de Masséna et d'Ou-
dinot, n'avait encore paru de ce côté, avant' la
matinée du 19. £n ce moment, tes motifs de
guerre et ceux de politique, quel que fût le sys-
tème adopté, les conseils de la prudence comme
ceux de l'audace; toutsembtaitdevoir déterminer
l'archiduc à persister dans son système de con-
centration , à faire tous les sacrifices possibles
pour empêcher la jonction des corps français, et
à profiter de leur séparation, pour obtenir les
grands succès sur lesquels la coalition avait
compté dès le commencement de la guerre.
;JN DV TOME PREMIER.
hyGoot^le
NOTE PREMIERE.
I STKATiciQUBS
N ri Kl DI OH A LE.
Nous avons réuni dans cette note, quelques détails
sur les principaux points stratégiques de ce théâtre de
guerre, que nous pensons devoir être agréables et utiles
aux militaires, et que nous avons dégages de tout ce
qui est purement géographique.
Ratisbonnb est le plus important de tous les points
stratégiques, du théâtre de guerre dans l'Allemagne
méridionale, à cause de ses relations générales et de
ses localités. Centre des routes de toute TAlleinagne;
placée au sommet de l'angle que fiait le Danube; à dis*
tance égale de Passau et de Donawerth (points du sys-
tème d'opérations français, que cette ville Uaît ou coli-
pait), d'Egra, de Forcheioi, d'Augsbourg et de Munich;
plus rapproché des montagnes de la Bohème, par où les
Autrichiens pouvaient venir si facilement l'occuper;
Ratisbonne possède un pont en pierre sur le Danube, et
une vieille enceinte en maçonnerie , qui a soutenu plu-
sieurs sièges remarquables. Ses murailles élevées sont
hyGoogIc
( 3.U)
;s en partie; elles n'ont pluj qu'un fossé sec, peu
Ur^e et profond, bordé d'une promenade- Mais sur
un développement de quinze à seize cents toises, elles
sont flanquées par quelques tours , et forment plusieurs
angles saillans et rentrans, favorables à la défense.
L'enceinte n'a que trois portes, et ses approches sont
assez découvertes. Enfin elle réunit tout ce qui peut
mettre un tel poste à l'abri d'une attaque de vive force.
Vers le Danube , Ratisbonne est appuyée au fleuve , au-
delà duquel se trouve la petite ville de Stadi^cun-of,
qui paraît entourée par de simples murs de clâture,
couverte à droite par le confluent de la Begen , et
en avant parle mont de la Tmùté ; cdui-ci remplissant
toutrespaceentrelaRegenxetleDanube,est par lui-
même facile à retrancher. Le pont est défendu par de
grosses tours, avec pont-levis. Les petites rivières qui
environnent Ratisbonne, la Regenz, la Naab, l'Alt-
muhl, les trob Laber, le ruisseau de Wentïng même,
présentent divers appuis, pour tenir la campagne. €ette
ville devenait pour les deux partis, le point capital des
premières opérations. Elle était difficile à occuper pour
l'aimée française, qui ne pouvait en approcher qu'a-
vec beaucoup de mesure, l'ennemi en étant bien moins
éloigné. Mais une fois arrivée en force, notre année
était maîtresse des opérations, soit qu'elle voulût rester
sur la' défensive et disputer le passage du Danube, dans
toute sa courbure, de Donawerth à Passau; soit qu'elle
cherchât à prévenir l'ennemi sui Vienne. Elle aurait
hyGoogIc
(3., )
mitnœuTTé avec, assurance dans toutes les direc-
tions; puisque Rabsbonne est le sommet de toutes
les lignes d'opérations de Mayence à Huningue, et
forme presque un triangle équilatéral avec ces deux
places. D'uD autre côté, Ratisbonne est à égale dis-
tance deStrasboui^ et de Vienne, un peu plus rap-
prochée de cette capitale qu'Ëgra, et ayant pour y ar-
river un plus beau chemin. Les Autrichiens y trou-
vaient d'aussi grands avantages : de là ils dominaient
les plaines de la Bavière , devenaient maîtres des opé-
rations sur les deux rives du Danube, paralysaient
celles des Français sur la ligne du midi j libres d'agir
par celle du nord, ils pouvaient espérer de séparer les
deux masses françaises , pendant leur écartement sur
k; haut Mein et sur le Lech.
Passac, ville forte de la Bavière, située à l'entrée
du défilé du Danube autrichien, au confluent de ce
fleuve avec l'Inn et l'Ilz, petite rivière qui descend des
montagnes de la Bohème j Passau occupe les quatre
rives de ce double confluent, et une des routes de Ra-
tisbonne à Vienne. La ville se trouve entre le Danube
et rinn,sur une langue de terre longue de sept à huit
cents toises, large au commencement de quatre cents.
Elle est entourée par une vieille enceinte, un peu ar-
rondie du côté de la campagne , n'ayant qu'une porte,
et bien aisée à défendre de ce côté. Entre le Danube et
rilz, sur un coteau irès-allongé, est le cb&teau d!Ober*
hyGoot^le -~"
( 3" )
hausen, vieux fort qui a été couvert du côté de la terre
par deux petits fronts bastioimés de quatre-ving^ toi^
ses, formant une couronne. A droite de l'Inn, au-dessus
du confluent, est la petite ville de Instadt, entourée
de murs, dominée par le plateau de Notre-Dame-de-
Bon^ecours, sur lequel il j a eu un camp retranché
dans les anciennes guerres. Enfin au confluent et à la
rive gauche de l'Ilz, se trouve la petite ville de Ilzstadt,
également entourée de murs et dominée. Passau fonne
donc une agrégation de quatre parties bien distinctes
et séparées. L'ensemble maîtrise le cours du Danube
et de rinn, donne par ses ponts des passages sur
toutes les rives, et présente ainsi une clef très-inapor-
tante des pays environnans : là se rendent tous les
chemins qui sont à la rive gauche du Danube, et
ceux qui descendent des montagnes de la Bohème,
depuis Schusterhofen jusqu'à Hofflach. Sur la rive
droite du Danube, Passau est éloigné des routes
assez nombreuses , qui traversent l'Inn , à Schar-
ding, Braunau, Burckhausen ; mais il en possède une
fort précieuse et fadle à raccommoder, qui conduit
par les bords du fleuve de Vilzhofen à Efferding,
jusqu'à Lintz, et de même par la rive gauche du Da-
nube. Cette place de Passau si importante, échelon
de nos opérations entre le Lech et Vienne, avait vi-
vement frappé l'Empereur, qui dès le 7 mars 7 avait
envoyé un de nos généraux du génie. Nous engageons
a lire dans l'ordre du i'^ mai, les mesures que Na-
hyGoo>îlc
-|
( "3 )
poléon ordonna pour couTrir Passau du côté de la
terre, relever le camp retranché d'instadt, renforcer
le château d'Oberhausen , et maîtriser la rive gauche
du Danube ; enfin pour établir le dépôt général de l'ar-
mée, et un centre d'opérations défensives, en cas de
retraite, jsur ce quadruple confluent. Cet ordre donne
en même temps, une leçon aux militaires qui veulent
s'instruire , et à ceux qui se permettent de critiquer le
système de guerre de Napoléon. On verra dans ces
Mémoires, comment il était assuré à chaque pas, et
comment Passau se combinait avec les fortifications de
Salzbou^, etc.
Ulh, ancienne ville impénale sur la rive gauche
du Danube, au débouché du défilé formé par les ap-
pendices de Voralberg et par le Rauhe-Alp , nœud
des routes qui vont sur le bas Necker, le haut Rhin ,
rinn et le long du fleuve; Ulm est situé au pied du
Michelberg qui le domine, au-dessous et à dix-huit
cents toises de l'embouchure de l'Iller, qui se jette à
la rive droite du Danube. Celle-ci est couverte de ce
côté, par les marais d'Ulm, qui s'étendent depuis l'Iller
jusqu'à deux lieues au-dessous de la ville : ainsi cette
place ne pouvait qu'assez dHBcilement, être bée avec
le confluent et la défense de l'Iller., Elle était autre-
fois fortifiée par une double enceinte,.dont l'une bas-
tionnée, démantelée en 1800, conservait encore quel-
ques parties, qu'on pouvait utiliser en i8ô5. Il ne res-
hyGooglc
(3,4)
tait à Ulm ea 1809, que la vieille enceinte adossée
aux maisons. Le pont du Danube, long de cinquante
toises, est en bois sur piles de (oaçonnene. H avait
été couvert à la rive droite, par une lunette également
démolie. Bien ne fut fait en 1809, pour restaurer cette
place , qui reçut cependant les premiers approvision-
neniena de l'armée.
DONAWERTH, ville anciennement fortifiée, et qui
a joué an rôle dans toutes les guerres de la Bavière,
est située sur la rive gauche du Danube, au confluent
de la Wemitz, à deux lieues de celui du Lech, eti
une lieue et demie de cette rivière, vers le pont de
Rhaîn. La Schmutter, qui a son etnboucbure en &ce
de Donawerth, est assez rapprochée du Lech; l'in-
tervalle qui l'en sépare est occupé par des marais :
malgré cela il serait assez difficUe de lier Donawerth
avec la défense du Lech. Cette ville est dominée par le
Schellemàerg, sur lequel on a travaillé à toutes les
époques, et qu'on retranchait en 1809. IS^apotéon avait
désigné DoQavi'erth comme le premier magasin ; c'é-
tait aussi un des lieux indiqués pour le quartier-gé-
néral et le rassemblement de l'année sur le Danube,
n paraît que l'Autriche attachait de son câté, par les
souvenirs de 1796, beaucoup d'importance à l'occu-
pation de Donawerth, et à la partie du fleuve com-
prise entre cette ville et Ingolstadt. Donawerth est fo-
vorablement pUcé pour ce rôle stratégique. Au centre
hyGoogle
(3.5)
des cheBÙna (pà conduisent dans toutes les directions ,
et sur la route de poste qui longe le Danube d'Ulm à
Ratîsboiuie, et qui le traverse à Gunzbourg, Neur
bourg et Vohbourg (laquelle a joué un grand rôle
dans cette camp^ie), Donawertb peut servir à lier ou
à séparer les défenses des deux rives du fleuve, celles
de la Beduitz et de ^ ligne du Le^h': il présente
dans ses environs diverses positions, sur les bords
de Uk Wemitz ou. du Lecb, de la Scbmutter, de ta
Suzam, etc.
XiB Lsca devait couvrir la concentration de la
droite de famée fi^sçaise, si celte-d ne pouvait se
réunir plus bas sur le Danube. On n'avait pas l'in-
teation de remcAter le long de cette ligne, selon
certains systèmes, jusqu'au Tyrol d'où descend le
Lech, La défense s'arrêtait à Augsboui^, et la sur-
vollance s'étendait seulement jusqu'à Landsberg. Le
l^rol était totalement laissé de c6té; car pour frapper
. l'ennemi au cœur, il était bien inutile de s'occuper de
ses extrémités. Gett« rivière est torrentueuse, rapide;
elle roule ses eaux dans un espace d'une demi-lieue
et plus. Son lit souvent resserré de quarante à cin-
quante et soixante toises, n'est jamais navigable,' mais
flottable depuis Fnessen , et rarement guéable au-
dessous d'Augsbourg. Â partir de cette ville, la di£B-
culié des passages est triplée par la Scbmuttei et
l'Acba, qui bordent parallèlement les deux rives. Au-
hyGoot^le
(3.6)
dessous de Martingen, la rive gauche est embarrassée
de prairies marécageuses, fort difficiles à traverser.
On compte huit à neuf lieues d'Augsbourg à Rhain , ou
à l'embouchure du Lech : la défense de la ligne repo-
sait sur ces deux appuis. Il faut observer que le cours
général de cette rivière, fort incliné sur le Danube,
forme avec ce fleuve et le lac de Constance (prolongé
par tes montagnes du Voralberg), un triangle équila-
téralj querpar conséquent ta base extérieure du Lech,
peut être facilement tournée et dépassée par la rive
gauche du Danube; et que la défense va constamment
en se rétrécissant , du Lech à l'angle opposé , vers Hu-
ningue : ce qui donne plus d'importance à Donawerth,
comme appui de gauche de cette ligne, et poste d'ob-
servation. C'est le contraire à la rive droite du Da-
nube, où le triangle formé par ce fleuve, le bassin du
Mein et le Rhin, allant toujours en s' élargissant vers
les frontières de la France, produit des résultats en-
tièrement opposés.
AuGSBOUHG était en même temps l'appui de droite
de l'armée, et \& porte fortiâée de la défense du Lech,
pour la ligne d'opérations du midi. L'Empereur avait
ordonné de mettre cette ville en état de résister, jus-
qu'à l'ouvermre de labrèche, même contre toute l'ar-
mée ennemie. Dans les temps où les guerres étaient
plus longues et quelquefois pour de si minces sujets,
Augsbourg fut entouré d'une double enceinte presque
hyGoogle
{ 3'7 )
circulaire, de vingt-deux fronts basiionnés. Il ne lui
reste plus qu'une muraille encore plus ancienne, assez
irréghlière, non entièrement terrassée , flanquée par
des espèces de tours arrondies et des massifs en terre
également arrondis, précédée d'un fossé en partie plein
d'eau. En 1809, on ajouta quelques ouvrages en terre,
et on répara l'enceinte. Quand nous l'avons reconnue,
elle pouvait être regardée comme bientôt à l'abri d'in-
sulte. Le beau pont de bois fut couvert par une bonne
tête , formant couronne , avec un grand réduit ; le tout
palissade et aussitôt armé. On voit encore sur les bords
du Lech, des vestiges de ces guerres qui de tout temps
ont désolé la terre, des ouvrages des Impériaux, des
Suédtib, etc.
Rhaih. Près de cette petite ville, et non loin du
Danube se trouvait un autre pont du Lech, sur la
route d'Ulm à Ratisbonne, également couvert par une
tête en couronne : autre monument de la glorieuse
campagne de 1 8o5. La petite forteresse de Rhain , vieille
bicoque entouréed'une ancienne cbemise, est couverte
d'un côté par les marab de la rive droite du Lech où
elle s'appuie, de l'autre par trois mauvais fronts bas-
tionnés en terre, assez inutiles d'après la tête de pont,
dont Rhain forme comme un ouvrage avancé. Il ftit
laissé dans son état de délabrement.
Ikgolstadt. Pour occuper tous les passages de
hyGoogIc
( 3-8 )
la ligne sur kc[uelle l'EmpeireBi' voulait conceotrer
l'armée, et clu champ de bataille où il voulait manœu-
vrer; l'ordre avait été donné de fortifier aussi faigol-
stadt, ancienne place sur la rive gauche du Danube,
de forme arrondie, jadis basdonnée^, mais ayant con-
servé des restes de ses anciens remparts^ ^i don-
naient des ^dlités pour la mettre en défense, et y
élever une double tête de pont sur l'une et l'autre rive
du Danube , etc.
hyGoogle
NOTE DEUXIÈME.
SDR LE COMMÀNDBMBHT TEMFOHAIBB DD PBINCB
BEBTBIER.
Si on trouve trop de rigueur dans nos jugemèns
sur le prince de Neuchâtel , il fem en accuser ses
indiscrets louangeurs, et les détracteurs de la gloire-
de Napoléon, qui nous ont obligé, pour détruire
tant d'exagérations et d'inexactitudes, à leur opposer
de suffisantes preuves , en consacrant plusieurs pages
aux détails de la conduite du major-général. Il faut
aussi que nous fassions connaître quels étaient les
hommes qui se sont trouvés autour de Napoléon,
dans les grandes choses qu'il a opérées.
Le prince Bertbier arrivant le i3 au soir à Dona-
wenh, à vingt lieues de l'Iser, où était l'armée bava-
roise, dut apprendre : i" le passage du bas Inn p^
la grande armée ennemie, entre Braunau « Schar^
ding, se dirigeant nécessairement sur le bas Iser et
Sur le Danube, entre Ratîsbonne et le Lech; a" la
réunion de ses colonnes , marchant en masse vers le
centre sur la Roit, où elles étaient le la , ayant seu-
lement des corps de âanc vers Munich 'et le Danube ,
hyGoogIc
{ 3m )
disposition qui portait l'année ennemie sur Land-
shut, et par conséquent sur la route de Pîeustadt,
▼ers le centre de notre ligne; 3° en même temps il
dut savoir qu'un corps séparé, dont il pouvait con-
naître la force, débouchait de la Bohème dans la
direction d'Amberg. Les ordres de l'Empereur, qui
n'allaient pas jusqu'au-delà du 6 avril, portaient de
rapprocher le troisième corps de Raùsbonne, d'y en-
voyer la division Saint-Hdaire avec la cavalerie; les
instructions du 3o, indiquaient près de cette ville, la
réunion du deuxième corps : mais tout cela dans la
supposition , que l'ennemi n'aurait pas attaqué avant
le i5. Dans ce cas l'ordre était formel (et l'Empereur
ne s'en était jamais départi), de concentrer l'armée
sur le Danube et le Lech, la droite à Augsboui^, la
gauche à Neubourg ou Ingolstadt.
Malgré tant de puissant motifs, malgré ce qu'exi-
geaient évidemment le terrain et les circonstances, le
major-général prétendant que "l'ennemi manœuvre
» sur ses ailes, qu'il fait de grands mouvemens à son
» ordinaire « prescrit pour le i4 au corps d'Oudînot,
une marche par le flanc de quatre à cinq journées, qui
allait le jeter aU milieu des colonnes de l'armée enne-
mie, n se plaint à Lefebvre « de ce qu'il ne s'est pas
- porté sur Ratîsbonne, et lui ordonne de revenir à
!• Landshut: » à Davoùt, « de se réunir sur Ratisbonne,
> où d dit que l'Empereur veut centraliser son anpée
>> et manœuvrer. » En même temps il lui demande
hyGoogle
(3.1 )
■ s'il y a une belle position entre Nenmark et Beiln~
■ gries. ■ Le prince Berthier semble brûler du désir de
livrer bataille à l'ennemi. Il ^crit à Davout r ■ Si nous
■ avons une affaire, il &Dt qu'elle soit décisive... H &ut
« être à l'armée, pour- savoir la vérité : les rapports
>. divaguent suivabt la t*te des gens. » A Lefebvre :
Il J'aurai ainsi plus de 100,000 hommes, et si les Au-
> tritdiiens veulent en tàter, ils en sont les maîtres. 1
n mande à Oudïnot ■ de marcher en guerre; s'il ren-
•• contre l'ennemi, de l'attaquer, de le culbuter, etc. ■
Plus tard dans la soirée de ce même jour, le major-
général reçoit de nouveaux ordres de Paris, expédiés
le 10. Alors l'Empereur devait avoir pris connaissance
des dépêches interceptées sur le courriti' autrichien;
mais il ignorait encore ce qui se passftit Ai Bavière.
Napoléon prescrivait ■ de rassembler toute l'année sur
• le Lech , et de porter le quartier^nérai à Augsbourg ,
■ si l'ennemi attaquait avant le i5 : sinon d'«tvoyer
> Masséna sur Augsbourg, les WurtembergeÛB sur
> cette ville ou sur Bwi , Saint-Hilaire et la cavalerie
■ (qu'il supposait d^à anivée autour de Ramboone),
■ à Landshut ou Freysing, suivantles événemens; le
V quaitier- général dje Davout à Ratisbonne-, et son
> corps à une journée autour de cette ville , et cela dans
• tous les événemens. I^es Bavarois ne devaient faire
■ aucun mouvement, si l'ennemi n'en faisait pas... >> Le
major-général expédie de nouveaux ordres le 1 3, à onze
heures du soïr. Cependant d'après sa lettre au maré^
I. ai
hyGoogIc
L-hal LtJorbvre, on voit qull supposait l'ennemi maiire
clans (.-e moment de I^ndshut : ce qiu semUaîi l'anto-
ricer snfiGsunment , à modifier les dispoàtkms rdatives
â DaTOnt, et du' moins lui imposait l'oUigation de
saiTie à la lettre, celles qui lui étaient prescrites.
Mais en révoquant l'ordre donné â Oudin'ot, il en-
Tc4e à Saint-Hibire et à la cavalecie, celui de se
rendre à Landshat, anz BavartHs de se reporter dans
leurs positions sur llser; il indiijue à Wrede la retraite
sur le Lech , qui de Straubing devenait impossible.
Ainsi loin de réparer par la connaissance exacte des
circonstances locales, la &nle momentanée qui se
trounit dans cette lettre du lo; loin de laisser Da-
Toat à Ingolstadt, conformément à Tinstmction géné-
rale et & t6us les ordres, ou du moins de l'éclielonner
de Neustadt à RatidMMUie, selon la tenmr stricte de la
dernière dépêche : Bertbîer aggrave encore ces incon-
véniens , par ce qoi est prescrit aux Bavarois et à Saint-
Hilaire.
Le major-général croyait, comme tons ceux qui ont
passé leur vie dans les états-majors, diriger la guerre
à force de lettres. Il en existe une quantité con-
sidérable, expédiées par lui dans ces cinq journées.
Le i4 seulement, il en adressa quatre (i) au maréchal
Davout, établi à Ingobladt. • 11 n'y aura plus de de-
(i) N'^Soi et 5oa le i/| à midi, 5o4 k quatre heures du
wtir , 5o5 fi dix heures du soir.
hyGoo^le
(3a3)
■ COUSU du)s lés manœuvres , lui mandait-il à midi , je
" viens de les fixer.... . Il persistait dans . la prompte
réunion du troisième corps sur le point important de
Batisboime : il prescrivit l'envoi de Salat-Hilaire, tan-
tôt à Landshut ou Freysing, tantôt à P&fïenhofen ou
Schrobenhausett. 11 se plaignait de la dispersion de cette
division (qui étoit en marche forcée depuis long-temps),
des divers mouvemens du tr(Msième corps, d'après les-
quels il ne peut plus donner des ordres, etc. D'un autre
côté le inajor-générsJ inontraît de vives craintes pour
le I^ech : s'anendant à devoir le défendre contre une
attaque générale de l'Archiduc sur tonte la ligne, il
recommandait à Masséna d'en fortifier les passages, et
de surveiller la partie supérieure de son cours vers le
Tyiol. Cependant il éloignait Davout , et envo^t son
corps entier sur Ratisbonne, à 5o lieues du Tjrol. U
éparpillait le reste de l'armée vers Viser. Le maréchal
Davout placé alors vers Ingolstadt ( à deux marches
de Ratisbonne par de mauvais chemins ) , ouvrait un
avis conforme aux principes : car en l'absence de l'Em-
pereur, chacun avait le sienj devant lui, ceux qui ont
parlé le plus depuis sa chuts, se prosteru^ient dans
un religieux silence. Davout proposait « de delmucher
» par Ingolstadt avec l'armée réunie, et la grosse ca-
" Valérie qui était en face des ponts de Neustadt et de
- Vohbourg, en occupant les défilés de l'AItmuhl con—
> treles corps ennemis qui sortaient de la Bohème......
he major-général répondit par de l'humeur, et par
hyGoogIc
( 3a4 )
des iDJonctions réitérées , à la sagesse dé ses conseils.
Comme il arrive toujours <kn3 dételles cipconstaoces,
le prince Berihier comptant sur la lenteur de l'ennemi,
afiiecte dans sa correspondance d'en faire peu de cas.
Mais le i5, la simple anDonce*du rétablissement des
ponts de l'Inn supérieur, quoique les Autrichiens fus-
sent encore Iran de Munich, faisant croire au major-
généra] que l'Archiduc voulait marcher avec son armée
sur Augsbourg; il se hâta de l'annoncer à Masséna.
D'un autre côté, la nouvelle de l'apparition d'une petite
avan t-garde autrichienne , le 1 4 au soir à Reinhausen ,
sur la rive gauche de la Regenz , presqu'en face de Ra-
tisbonne, ayant été transformée en une attaque contre
cette ville, ne contribua pas à éclaircir les vues du
miyor.g«néral. Il ne vit plus qu'ennemis de toutes parts.
Le prince Berthier dut recevoir dans cette nuit du 1 4
au i5,Ia lettre de l'Empereur du ii, qui prescrivait de
nouveau » le mouvement de Masséna et du quartier-
« général sur Augsbourg... et témoignait un rif désir
!• de savoir quand Davout arriverait à Ratisbonne, et le
>■ corps de cavalerie entre cette ville, Munich et le
• Lech, de manière à ponvoirseretirersur cette rivière
X si l'ennemi agissait.... » Mais ces ordres étaient tou-
jours donnés dans la supposition, que les opérations ne
commenceraient que du 1 5 au 20. L'Empereur ignorait
l!attaque faite, peut-être même la direction exacte
qu'avaient prise, les principales masses de l'armée au-
trichienne, de la Bohème sur l'Inn.
hyGoogle
( 3.5 )
Le r5, au moment de partir pour Augaboui^, le
major-gàiéral est décidé, par la nouvelle de l'attaque
de Ratisbonne , à se rendre à Neustadt pour jaser avec
Davout (i). Ratisbonne étant alors menacé par toute
l'armée ennemie, concentrée aux deux rives du Da-
nube, 5UF la Naab et sur le bas Iser, qu'elle avait
déjà passés ; fallait-il y placer un corps isolé de l'année
française, exposer par là ce corps à être écrasé, et
l'armée à se trouver coupée en deux, par la masse de
l'Arcbiduc? Cependant le major - général renouvelle
l'ordre au maréchal Davout,.» de marcher sur Ratis-
i> bonne, au secoiu^ de Saint-Hilaire, par les deux
» rives du Danube, et de prendre les positions pré-
■ cédemment ordonnées, ou celles de l'Altmuhl. » 11
prescrit au contraire à Saint-Hilaire, de se porter sur
Ingolstadt par un mouvement croisé, lorsqu'il sera
remplacé à Ratisbonne par le trobième corps. Enfin
il donne à Oudinot l'ordre, bientôt révoqué, d'aller à
Aichaî et à Masséna, celui de faire courir après Le-
febvre, pour le rappeler de Landskut sur le Lech,
tandis que Wrede devait se rendre à Ingolstadt. Ces
mouvemms entassaient près (('Augsbourg , à l'extrême
droite de notre ligne, 83,ooo hommes, en y.compre-
nant les Wurtembergeois établis sur le bas Lech.
Ainsi le major-général, dont les instructions et
tous les ordres depuis un mois, tendaient à la con-
(i) Lettre du i5 avril, à Masséna.
hyGoogIc
(3a6)
centration générale de l'armée sur un point quel-
conque des rives du Danube, entre Ratisbonne et
le confluent de Donawer A , l'éparpillait dans des mar-
ches croisées et sans objet. D la partageait en deux
corps, qu'il éloignait autant que possible, aux deux
extrémités d'tme ligne de trente-cinq lieues, à Ratis-
bonne et Augsbourg; lorsque les masses ennemies
réunies sur le bas Iser, autour de Laodshut, mena-
çaient le centre de cette ligne, et pouvaient s'y porter
en peu d'heures, le percer et culbuter l'armée en-
tière jusque sur le Rhin, s'ils poussaient viv^nent
leur opération.
Le 16 au matin, le prince Rerthier donne de nou-
veaux ordres au maréchal Lefebvre. Cette fois il lui
prescrit de prendre une bonne position à Geissenfels ^
» et de bien garder Wohhourg et Ingolstadt... Wi-ede
» devant rester à Biboui^... > Mais cette dernière di-
vision suffira-t-elle pour garderie pont de Neustadt?
Celui de KeUieîm ne restera-t-il pas entièrement décou-
vert ? Si on ne voulait que garder les passages du Da-
nube, ne convenait-il pas plutôt de se placer sur l'autre
riveP Par sutte de ce système, Oudinot était laisse à
Aicha. Ainsi les trois corps de Wrede, de Lefebvre et
d'Oudinot, se trouvaient, non sur une seule ligne,
mais sur trois lignes dififérentes, l'Abens, l'IUn, la
Paar : positions en l'air et tournées par leur droite,
comme si ces corps étaient là pour être culbutés dans
le Danube ou dans le Lech.
hyGoogle
( 3», )
Le niajor-général reçoit enfin des ordres de Napo-
léon dans la matinée du i6. Mieux informé par les
renseignemens qu'i] avait reçus, des mouvemens et des
préparatifs ennemis, sur les bords du bas Inn, l'Em-
pereur en annonçant son départ pour l'armée, ajoute
qu'il croit trouver le major-général a Augsbourg, et
l'armée concentrée sur le Leck. Le prince Berthier se
hâte de se rendre dans cette viUe. Mais il donne l'ordre '
à Lefebvre «de se retirer les 17 et 18, par les deux
» rives du Danube sur Baïn » ; à Davout qui est à Ra"
tisbonne, -de garder Saint-Hilaire , si l'ennemi est
« près de cette ville, et de retirer la division d'Ingols-
" tadt où se trouve Lefebvre. ■> Il écrit à celui-ci :
•' L'ennemi veut-il se porter sur Ratisbonne ou Augs-
» bourg? Nous sommes en mesure pour tout. » Mais
était-on également en mesure, contre une pointe dans
le centre directement menacé , et contre tme attaque à
IVeustadt et Kelheira? Le major-général mande aussi
à Davout : • Nous allons voir ce que fera l'ennemi.
» S'il marche à vous , nous vous soutiendrons. " Enfin
le 17 au matin il prévient Yandamme « qu'il a fait
x arrêter un officier autrichien à Donawerth; et que
1 l'ennemi veut tenter un coup de main, sur cette ville
» ou sur Nçubourg. »
Tel fut l'emploi de ces cinq journées du prince Ber-
thier , depuis le 1 3 jusqu'au 1 7. Nous allons voir com-
ment ce mâme espace de temps, du 19 au ^3, était
rempli par celui auquel on a osé l'assimiler.
hyGoogIc
( 3.8 )
Noufr n'héutons pas un îostant à îiiToquer le té-
moignage de ceux qui ont tu le prince de NeucMtel ,
quand il s'est trouvé momentanément seul à l'armée,
en i8og, à la fin de i8ia, et au commencement de idi4i
ou de tous ceux qui ont eu des relations paiticu-
lières avec lui. Nous ne reviendrons plus sur un sujet
qui nous a attristé. Après avoir marqué la place que
le major-général occupait réellement dans la grande
armée, nous ne songerons plus qu'à l'activité extraor-
dinaire qu'il déployait dans ses fonctions, et aux ler-
vices qu'il y a rendus, pendant vingt années de
triomphes.
hyGoogle
NOTE TROISIÈME.
CliBp. X, pag, 160.
DETAIL DÇ CHAMP DE BATAILLE DES CINQ JOÇaNEES,
DH 19 AD 23 ATKIL.
Les opérations qui ont été exécutées dans ces cinq
glorieuses journées, sont d'une telle importance pour
l'art de la guerre , qu'il nous paraît indispensabla de
donner une description du terrain, assez étendue pour
permettre de saisir l'eoseinble et les détails de ces bril-
lantes manœuvres. Tout dans cet échiquier, se trouve
rapporté au Danube, base principale de la stratégie sur
ce tbéitre. Si nous n'avions craint de sortir de nos li-
mites, nous aurions comparé les dispositions de 1809
avec celles de Moreau en 1796 et 1800; mais nous au-
rons occasion d'y revenir lorsque nous écrirons ces
campagnes.
Le cours du Danube est à peu près en ligne droite,
d'Ulm à Ratisbonne. Là il fait un angle d'environ cent
trente d^és, ouvert au midi , et il entre bientôt en Au-
triche. Le Leck descend directement des Alpes, sur le
Danube , et forme avec son cours , au-dessous du eon-
iluent , un angle d'environ cent dix d^rés , ouvert a
lest. L'Iser coule d'abord dans la mênie direction
hyGoogIc "^
( 33o )
que le I^ecb, et à dix ou douze lieues; il se détourne vers
Freysing , parallèlement au Danube , à neuf ou dix
lieues de ce fleuve, jusqu'à ce qu'il y tombe sous un
angle très-aigu, à dix-sept ou dix-huit lieues deRatis-
bonne. L'intervalle entre l'Iser et le Lech, au nord de la
route de Munich à Lansberg, est rempli par des lacs,
qui s'étendent au pied des Alpes. L'Inn suit à peu près
les mêmes inflexions que l'Iser, et coule parallèlement
à son cours, et à une douzaine de lieues, avant de se
jeter dans le Danube. Ainsi ces deux rivières forment
avec le fleuve, dans leurs parties inférieures, deux
grands cul-de-sacs, ouverts à l'ouest et fermés à l'est,
larges de dix à douze lieues, et qu'il faut remarquer.
Les armées venant de l'Autriche vers la Bavière, après
avoir pénétré dans ces vastes pièges , ne peuvent plus
en sortir qu'en passant l'ime des deux rivières ou
le Danube, et sont exposées à s'y voir refoulées et
enfermées. De Muhldorf sur VInn { par Landshut
sur riser), à Neustadt sur le haut Danube, il n'y
a pas, plus de vingt-deux, à 'vingt -quatre lieues,
trente au plus, si on veut partir de Braunau; en tout
quatre, ou au plus cinq marches d'armées : le qua-
trième corps a parcouru à peu près le même chemin
en trois jours, du ig au ai avril.
VAltinuhl descend du Raube-Alp , dii nord au sud-
est. £n face du confluent du Lech et à cinq lieues, il se
détourne à lest, et coule à peu près parallèlement au
Danube jusqu'à Kelheim, à quatre lieues au-dessus de
hyGoogle
( 33i ) ■
Ratisbonne. Ce ruisseau occupe le fond d'un Talion
étroit et profond , à pentes escarpées , et forme plusieurs
contours très-prononcés. L'Altmuhl présente, sinon
un grand obstacle de forte résistance, du moins une
interruption considérable dans les communications,
et une barrière assez bonne , par la nature de la Vallée
et la roideur de ses pentes. De l'Inii à l'Altaïubl { même
de Braunau à Beîlngries), il y a moins de quarante
lieues, que l'armée autrichienne pouvait faire en cinq
ou six joiu-s. Nous n'avons à traiter en ce moment que
du pays entre lAttmuhl etllser.
Le Danube avait des ponts à Donawertb , Neu-
bourg, Ingolstadt, Neustadt, Raljsbonne et Strau-
bing; celui de Kelbeim ayant été coupé par les
glaces. L'Iser en possédait à Freysing, Mosbourg,
Landshut , Werth , Dingelfing , Landau et Plattling.
On communique presque directement, entre chaque
pont du Danube et de l'Iser, par de bons chemins,
surtout à l'est de la route de Landshut à Nuremberg
par Neustadtj partie dans laquelle se trouvent égale-
ment un assez grand nombre de chemins voiturables.
A l'ouest, ils sont plus rares; aucun ne va de Lands-
hut àlngolsudt. De ce cdté, toutes les routes partent
de Munich vers les ponts du Danube. Les principaux
centres de routes, dans cette partie, sont Augsbourg ,
Munich, Ratisbonne et Landshut. De cette dernière
ville, aux ponts de Neustadt et de- Kelbeim, il y aune
dizaine de lieues, qu'on peut faire en une marche for-
hyGoot^le
(330
cée ou deux petits; jusqu'à Ratkbonne, il y a treize
ou quatorze lieues, deux marches. Nous avoDs vu que
de Ratisbonne , l'Archiduc pouvait ae porter offensive-
ment de tous càtéa, par les deux rives du Danube;
■1 avait aussi d'excellentes lignes de retraite, sur Cham ,
ou plutàt sur Plattling et SchardÎDg, en longeant le
Danube pour couvrir Vienufi.
Entre l'iser et le Danube, les versans sont déter-
minés par une chaîne de collines, qui borde la première
de ces rivières. Elle descend en pente douce vers la se-
conde, sillonnée par de petits vallons, d'oiî la Paar,
Vllm et VAhens, se jettent du sud au nord directement
dans le fleuve, bien au-dessus de Ratisbonne. Au-dessous
de cette ville , la grande et la petite Laher et XAitrach,
t'y jettent également, après avoir suivi parallèlement
le cours de l'iser, de l'ouest à l'est. L'Ahens a peu d'eau ;
il conle dans un vallon à pentes douces; passe à Au,
Mainbourg, Siegenbourg, villages qui sont en Ugne
droite; et se contourne à Abensberg , pour arriver
dans le Danube : entre le âeuve et le ruisseau est la
iorèt de Dumbuch. La grande Lober est plus considé-
rable; et traverse une vallée plus prononcée, dont le
fond est un peu marécagoix : elle longe Plafienhau-
sen,&ottenbourg, se détourne à Adelhausen , passe à
Eckmuhl, et se jette dans le Danube au-dessus de
Straubing. D'Eckmuhl au Danube vers Abacb, on
trouve des forêts peu étendues, couvrant des coteaux
assez saillans , coupés de vallons fertiles et cultivés.
hyGoogle
C 335 )
Entre l'Ahcns et la grande Ljtber, est le plateau de'
Rohr.ei Buchhofen, qui, assez accessible, s'avançant
jusqu'au Danube entre Kelheim et Neustadt, facilitait
les opérations de l'Archiduc. Ces deux ruisseaux se-
ront long-temps célèbres par les combats qui se sont
bTPés sur leurs bords, et dont la Laber a vu les plus
célèbres.
A la rive gauche du Danube, le terrain présente de
grands plateaux, que tranchent profondéràent le val-
lon contourné de YAltm-uM, ceux de la Laber (sep-
tentrionale), de la Naab, de la Regen; ruisseaux dont
tes cours s'étendent symétriquement, comme une sorte
d'éventail, des hauteurs d'Anspachaux montagnes de
la Bohème i mais qui ont leur embouchure réunie de
Kelheim à Ratisbonne, dans un espacede quatre li«ues :
ce qui rend les communicaboss d'autant plus difficiles
sur la rive gauche du Danube, qu'elle est couverte
de forêts. Au-dessous de Pappenheira , \'j4ltmukl se
rapproche beaucoup du fleuve; d'Ecbstadt à Neu^
boui^, il y-a moins de quatre lieues. Il s'en éloigne
ensuite^ car de Beilngries à Ingolstadt et Pfeustadc,
on ccHupte le doi^le de distance. De ce bourg et sup-
tout de Dietfurth, iJ se dirige presque en droite li-
gne sur Kelh^m, bourg carré, fermé de murailles et
entouré sur trois &ces , par les eaux d« l'AJtmuhl et
du Danube. La pointe de son confluent fonne un
camp très-fort, qui a été occupé jadis par lés Ro-
mains. On retrouve dans ce pays de fréquens' vestiges
hyGoogIc
( 334 )
de ce grand peuple; il y avoit une voie romaine con-
duisant vers Nordlingen. Le pays etitpe le Danube et
l'Altmuhl , est en grande parue couvert de forêts. Il
présente plusieurs positions de forte défense, à me-
sure que l'on s'avance vers l'ouest : d'abord dans la
forêt de Hienheimer ; et à trois lieues de Kelh^m ,
entre les ruisseaux de Schambach et de Tettembacb,
qtai se jettent chacun de son côté dans les deux ri-
vières, laissant un intervalle d'une petite lieue. La
courbure de l'Altmuhl, dont le cours entre Ëichs-
tedt et .son confluent , a une douzaine de lieues de
longueur, mais dont on pouvait n'occuper qu'une
partie, aurait fourni d'excellentes positions à l'Archi-
duc, avec de bons débouchés sur Nordlingen, Dun-
kespuhl, Anspach, Nuremberg. Là, était le but de
sa première opération, qu'il pouvait atteindre le i4 ou
le I S avriL
Tel est le terrain où les années allaient manœuvrer.
Le 1 6 , au soir, l'armée autrichienne avait ses grandes
masses réunies vers Landshut, et en avant sur la rive
gauche de Viser. L'armée française était éparpillée, et
avait ses deux principales masses à Batisbonne et à
Augsbourg. De Landshut k Neustadt, il j a dix lieues;
mais de VeicbmuhlfOÙ se trouvait l'avant-garde du cin-
quième corps, il n'y en a que sept; et moins encore
pour occuper ea force la forêt jde Dumbuch , ce qui
suffisait aux Autrichiens pour gagner le Danube, et
empêcher notre réunion. De RatisbonneàNeustadt,iL
hyGoot^le
( 335 )
y a huit lieues. Ainsi le corps de Davout, le plus rap-
proché de tous, était le i6 au soir plus éloigné que les
Autrichiens , des points où il pouvait faire sa jonction
avec notre centre, et s'opposer efficacement par la rive
droite, à un passage du Danube. Mais de Ratisbonne à
Donawerth, où était le quartier-général français, il y avait
«ne trentaine de lieues , et trente-cinq pour arriver en
droite ligne à Augsbourg, où se trouvait Masséna.
De RaUsbonne à Donawerth la grande route passe
et repasse le Danube ; jusqu'à Vobbourg, elle est sur
la rive droite, et traverse des défilés presque conti-
nuels à Abach,Postsaal, Abensberg, Neustadt, Munch-
Munsier, Elle passe ensuite sur la rive gauche, à cause
des bois, des alluvions et des marais qui couvrent le .
bord opposé; elle revient dans la plaine de la rive
droite, au-delà de Neubourg. Pour aller de Ratisbonne
à Ingolstadt , par la rive gauche du Danube , il faut
faire un grand circuit par Hemau et Dietfurtb, ou par
Pointen et Riedenbourg, au travers d'un pays coupé
et dificile, sur des chemins constamment éloignés du
Danube. Ainsi le corps de Davout allant et venant par
cette rive, d'après les fausses combinaisons de Ber-
thier, laissait toujours les Autrichiens maîtres des pas-
sages de Kelheim ou de Neustadt, et des bonnes posi-
tions du bas Altrauhl.
Considérons maintenant les rapports stratégiques
de ce terrain et des deux bases opptisëes ,■ d'où allaient
partir les deuxarmées. La base de ï'her inférieur,dànt le
hyGoogIc
( 336 )
centre est nécessairement à Landshut, ne peut guère
s'étendre au-delà de DîngelBng (qui touche presqn'au
Danube) et de Freysing à cause des marai» d'Erding.
£lle est légèrement arrondie, plus resserrée que Vautre, .
et plus propre k la concentration d'une armée, qai
n'est pas obligée de se prolonger vers les deux ailes.
De Landshut, de bonnes roiues conduisaient dans
toutes les directions. L'ennemi pouvait eu une forte
marche , atteindre le but de ses opérations , vers Neus-
tadt. D'après cette configuration du pays, l'Archiduc
avait certainement l'avantage des opérations excenr-
triques et des lignes extérieures.
La base du Lech et du Danube , depuis Augsbourg
jusqu'à Ratisbonne, bien ptirs longue, fortement angu-
laire, nous obligeait à manoeuvrer sur la rive droite de
ces rivières, ou à Êûre de longs détours. Le centre
était à Ingolstadt, ou à Geissenfcld si on se plaçait en
avant de ces ohsbicles , qui formaient notre défense.
Ces deux points se trouvaient à égaledistance de Ratis-
bonne et d' Augsbourg, positions de nos- masses; d'A-
bensberg ou de Pfaffenhofen , points de leur première
jonction. Mais Ingoktadt était privé de bonnes routes
pour se portev en avant, et surtout peur réunir par
les flanc», les corps placés sur les iules. Ainsi nous
avions pour rassembler les corps de l'armée, beaucoup
de chemin à parcourir, avec des défilés continuels, et
par des points dont l'ennemi était bien plus rapproché
que nous. Cette ligne immense, fort exposée à être
hyGoogle
(33,)
percée par le centre , eût été facilement tournée dans
ses extrémités , par le haut Lech , ou par la rive gau-
che du Danube.
Les débouchés du centre de la base de l'Iser, ne
pouvaient aboutir, d'après la nature du terrain et la
direction des routes par Braunau et Landsbut, qu'en
faceduDanufaéjTersNeustadt et Kelheim;laligne sur
Batbbonne était trop oblique; Ingobtadt était sans
route directe. Des points extrêmes de notre base,
l'Archiduc avait à craindre , comme dans toutes les cir-
constances semblables, que nous ne voidussions agir
sur ses derrières et ses lignes d'opérations. Sa droite
était moins exposée, parce qu'il avait toujours les
moyens de gagner l'Inn, et assez d'espace jusqu'au
pied des montagnes pour manœuvrer; mais aussi
de ce côté, il pouvait être séparé des corps de la
rive gauche du Danube, peut-être trop considérables
et trop éloignés. Par sa gauche, l'Archiduc risquait
d'être coupé de l'une de ses deux bases (l'Iser et l'Inn),
et d'être refoulé dans l'un des grands cul-de-sacs ,
que ces rivières forment avec le Danube : ce qui le
mettait dans de grands embarras, et le forçait à ha-
sarder une bataille, pour en sortir. Telle a été l'extré-
mité où s'est vue réduite l'armée autrichienne, qui
aurait éprouvé les plus grands désastres, si Landshut
et Ratisbonne eussent été occupés par nous. D'un
autre côté on connaît tous les' avantages d'une posi-
I.
hyGoogIc
( 338 )
tion centrale, le grand parti qu'on peut en tirer, et
le danger que court une armée qui veut manœuvrer
par les flancs et les extrémités de sa base. Ici les règles
se sont trouvée» en défout devant le génie.
FIN DES ROTBS DU TOHB PREMIER.
hyGoogIc
PIECES
JUSTIFICATIVES.
COKRESPONDAHCE DE L EHPEAEUR NAPOLEON AV3EC
LE MAJOR - GÉniaAL , LES MARÉCHAUX ET LES
COMMANDAIS EN CHEF ; DIVERS RAPPORTS , ET
AUTRES 1*IÈCES INÉDITES.
hyGoot^le
(34» )
Sa Majesté est encore heureuse de s'apercevoir que les vues
et les sentimens de l'Empereur, par rapport à la délivrance
de l'Europe , et à sa tranquillité et sa sûreté future , répon-
dent entièrement aux siens. En conséquence, le Rot désire
entrer dans l'esplication la plus claire et la plus franche,
tuT chaque point qui tient à ce grand objet, et former
avec Sa Majesté Impériale l'union de conseil et le concert
le plus intime, afin que, par leur influence et leurs efforts
réunis , on puisse s'assurer de la coopération et de l'assis-
tance d'autres puissances du continent, dans une proportion
enalogue à la grandeur et à l'importance de l'entreprise, du
loccès de laquelle dépend le salut futur de l'Enrope (i).
Pour cela, le premier pas doit être de fixer, aussi pré«-
(■} Nous ne donaoni qu'un extrail de cette pièce iin|DrtBnte
mais noua engageoiuà la lire en eâtier, et à consulter daus VHii- '
taire abrégée dis traiufs de paix, tome vu, page34l,le Traité de
concert dii n a.ytii iSoS, qui a été la base de« projeta de la coali-
tion. Il rat ■ regretter que la plupart des articles séparés soient res-
tés secrets, surtout oeox qui établissent les vue» Je F Autriche et de
la Rusiic sur l'organisalion du continent, dans les négociations au
sujet de la France. On verra dans ces pièces le détail des projets qui
ont été exécutés preaque littéralement en 1814. Il est bon de con-
lulter ce qui est relatif à la Conventioa de Bartenstein en BTril 1 807,
même ouvrage, tome tiu , pages 406 et 4S7. On J trouvera la cou-
linuation des plans de i8o5, la part que prenaient à la coalition
l'Autriche et la Suède, ainsi que les propositions de Gustave IV
Adolphe, pour He déclarer publiquement en fave nr de la maison
Bourbon, On reconnaîtra aussi dans la Sainte Alliance, le ijrilime
général de droit publia projeté déslors.
On peut consulter également VIfisloire de ta situation de FAn-
ghttrrt par M. de Monlverran, tome iv, page 1981 etc.
hyGoogle
( 343 )
ïément qne possible, les objets vers lesquels un lel concert
doit tendre.
Il paraît , d'après l'explication qui a été donnée des seoti-
mens de l'Empereur, «usquels Sa Majesté adhère parfaite-
ment, qu'ils se rapportent à trois objets :
1° De soustraire k la domination de laFrance, les contrées
qu'elle a subjuguées depuis le commencement de la révolu-
tion, et de réduire la France à les anciennes limites, telles
qu'elles étaient avant cette époque.
a" De faire, à l'égard des territoires enlevés A la France,
des arrangemens qui, en assurant leur tranquillité et leur
bonheur, forment en même temps nne barrière, contre les
projets d'agrandissemens fiiturs de la France.
3° D'établir, à la restauration de la paix, nne convention
et une garantie, pour la protection et la sûreté mutuellesdes
différentes puissances, et pour rétablir en Europe un système
général de droit public
11 est trèft-rerlain^Dent de laplus haute importance, sinon
de la plus absolue nécessité pour cela, de s'assurer de la
coopération vigoureuse et efficace de l'Autriche et de la
Prusse; mais il y a peu de raison d'espérer que l'une ou
l'autre de ces puissances, puisse être engagée à s'embarquer
pour la causegénérale,sionnelui offre la perspective d'ob-
tenir quelque acçuùidbn imjwrtonM, pourlarécompenserde
ses efforts. D'après ces motifs déjà allégués , Sa Majesté con-
çoit que rien ne peut autant contribuer à la sécurité géné-
rale, que de donner à l'Autriche de nouveaux moyens pour
s'opposer aux plans de la France, du càté de l'Italie; et en
plaçant la Prusse, dans une position semblable à l'égard des
Pays-Bas. La situation relative de ces deux puissances fe-
hyGoogIc
( 344 )
rait natureltemect de ces deiuc pays, les points vers tesqoela
leurs vues se dirigeront respectiTemenL
En Italie, une bonne politique exige que la puissance et
l'influence du roi de Sardaigne soient augmentées, et que
t'Âutriche soit replacée dans une situation qui lui fournisse
les moyens de porter, en cas d'attaque, un secours immé-
diat et prompt à ses possessions. Sa Majesté voit avec sa-
tisfaction, par les communications secret» et confidentielles
que Votre Excellence vient de transmettre, que Us vues de
la cour de Vienne sont parfaitement d'accord avec ce prin-
cipe; et que l'extension à laquelle cette cour vise, peut
non-seulement être admise avec sûreté , mais que, pour l'a-
vantage de l'iotérét général, on peut encore / q/'outer. Sous
d'autres points de vue, Sa Majesté adopte «uièrement te
|dan d'arrangement que Sa Majesté l'empereur de Russie
désire voir effectuer dans ce pays. Sa Majesté regarde cranme
absolument nécessaire, pour la sOreté générale, que l'Italie
soit soustraite à la domination et à l'influence de la France ,
et qu'on ne souffre dans ce pays , aucune puissance qui
n'entrit pas facilement dans un système général , pour en
maintenir l'indépendance. Pour cela, il est essentiel que les
provinces qui composent maintenant ce que l'on appelle ré-
publique italienne, soient données à d'autres souverains. En
distribuant ces provinces, on devra sans doute donner une
augmentation de puissance et de richesse, au roi de Sardai-
gne; et il paraît utile que son territoire, aussi bien que le
duché de Toscane, qu'on propose de rendre au grand-duc,
soient mis en contact immédiat, ou en état de communiquer
facilement avec les possessions de l'Autriche. Sur ce prin-
cipe, la totalité du territoire (jui compose maintenant la Bé-
hyGoogle
( 345 )
publique ligurienne pourrait, à ce qu'il parait, être réunie
au Piémont (i).
Eu supposant que les eflbrts des alliés fussent couronnés
du succès le plus complet, et que les deux objets qu'on a
discutés jusqu'à présent, eussent été pleinement obtenus;
cependant Sa Majesté regarderait cette œuvre salutaire
comme imparfaite, si la restauration de la paix n'était pas
accompagnée par les mesures les plus efficaces, pour donner
de ta solidité et de la stabilité ati système ainsi établi. Beau-
coup sera certainement fait j>our le repos futur de l'Europe,
par ces arrangemeus territoriaux, qui formeront, contre
l'ambition de la France , une plus forte barrière qu'il n'en a
jamais existé. Mais pour rendre cette sécurité aussi parfaite
que possible, il paraît nécessaire qu'à l'époque de la paci-
fication générale, on conclue ua traité aaqacX toutes les prin-
cipales puissances européennes prendront part, et par le-
quel leurs possessions et leurs droits respectifs, tels qu'ils
auront été établis, seront fixés etteconnus; et ces puissances
devraient toutes s'engager réc^roquement , à se protéger et
se soutenir l'une l'autre , contre toute tentative pour l'en-
freindre. Ce traité rendrait à l'Europe un système général
de droit public , et viserait , autant que possible , à réprimer
des entreprises futures pour troubler la tranquillité géné-
rale, et, avant tout, pour faire échouer tout projet d'agran-
dissement et d'ambition, pareil à ceux qui ont produit tous
les désastres dont l'Europe a été aiBigée , depuis la malheu-
reuse ère de la révolution française
[i)La coalitioua océ dooDer pour motif di son agcessioude i8o5,
la réunion de Génes àTEmpirG, qui h eu lieu six mois après qu'elle
avait projeté de s'en emparer.
hyGoogIc
( 346 )
Lettre de l'empereur d'Autriche à l'empereur Napoléon.
Presboui^, le iS septembic iSoS-
MonSlEUB non FRÈBE,
Mon ambassadeur à Paris m'apprend que Votre Majesté
impériale se rend à Erfurth, où elle se rencontrera avec
l'empereur Alexandre. Je saisis avec empressement l'occa-
sion qui la rapproche de ma frontière, pour lui renouveler
le témoignage de l'amitié et de la haute estime que je
lui ai vouée; et j'envoie auprès d'elle mon lieutenant-
général, le baron de Vincent, pour vous porter, mon-
sieur mon frère , l'assurance de ces sentimens invaria-
bles. Je me flatte que Votre Majesté n'a jamais cessé d'en
être convaincue; et que si de fausses représentations qu'on
avait répandues, sur des institutions intérieures organiques
que j'ai établies dans ma monarchie, lui ont laissé, pendant
un moment, des doutes sur la persévérance de mes inten-
tions, les explications que le comte de Metternich a pré-
sentées à ce sujet à son ministre, les auront entièrement
dissipées. Le baron de Vincent se trouve à même de confir-
mer à Votre Majesté ces détails; et d'y ajouter tous les éclair-
cbsetnens qu'elle pourra désirer. Je la prie de Ini accorder
la même bienveillance, avec laquelle elle a bien voulu le re-
cevoir à Paris et àVarsovie. Les nouvelles marques qu'elle
lui en donnera me seront un gage non équivoque de l'entière
réciprocité de ses sentimens; et elles mettront le sceau à
cette entière confiance, qui ne laissera rien à ajouter à la .
satisfaction mutuelle.
hyGoo>îlc
( 347 )
VeuillM agréer l'assurance de rinaltérable attachement ei
de la haute considération avec laquelle je suis, monsieur
mon frère, de Votre Majesté impériale et royale, le bon
frère et ami. Signé Fbauçow.
Lettre adressée à S, A. R. le grand~duc de Bade.
Valladolid, le i5 janvier iSog.
HOB Fbxbe,
Ayant battu et détruit les armées espagnoles et battu
l'armée anglaise; et apprenant que l'Autriche continue ses
armemens, et fait des mouTemens; j'ai jugé à propos de
me rendre à Paris. Je prie Votre Altesse royale de me
faire connaître sans délai , la situMion de ses troupes. J'ai
été satisfait de celles qu'elle m'a envoyées en Espagne. J'es-
père que Votre Altesse pourra compléter à 8,000 hommes,
les troupes qu'elle mettra en campagne; car il vaut mieux
porter la guerre chez nos ennenais que de la recevoir.
Sur ce, je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte et digne
garde. Votre bon frère, Mamléon.
Extrait d'une lettre du baron de Linden, ministre de
WestphaUe a Berlin, au comte de Pursteintein, du
i^oQ, au siy et de la mission du colonel au-
trichien de Steigentesch en Prusse. (Ghap. m, p- 65.)
MonsiEVK tB Comte,
J'ai eu l'honneur de parler à Votre Excellence dans le rap-
port , n" s 3 , de l'arrivée du colonel Steigentesch à Ksoisherg,
en qualité de négociateur autrichien ; c'est le même individu
dont j'ai parlé quelquefois dans mes rapports traités â Vienne.
hyGoot^le
(348)
Un heureux hasard l'a depuis amené à Berlin; et je tiens
de sa confiance, de sa légèreté, et peut-être aussi de ses
vues plus éloignées, la confidence de plusieurs détails,
que je crois asse> important pour tous les faire parvenir
par un courrier.
La lettre d-jointe, en copie sous la lettre A, et adressée
par le comte de Stadion(g juin) au baron de Wesseml)ergî
ministre d'Autriche à Berlin, mettra Votre Excellence d'a-
bord au fait, à quel point de maturité les négociations
autrichiennes sont parvenues dans ce pays; et prouvera
que je ne me suis pas trompé, en énonçant si souvent mes
craintes sur la disposition, non-seulement du peuple, mais
aussi de la cour.
L'empereur d'Autriche envoie cet officier à Rœnisberg,
pour accélérer les déterminations' du roi. Il lut porteur
d'une lettre du prince d'Orange, dont on peut aisément
deviner le contenu, et d'une autre de l'Empereur {8 juin),
dont la copie est ci-jointe sous la lettre B.
Je tâcherai de rendre à Votre Ëscellence le résumé des
différens entretiens qu'a eus ce négoàateur autrichien avec
le Roi , la Reine et les personnes marquantes de Kœnisberg,
autant que j'ai pu les retenir de mémoire, n'ayant souvent
pas osé marquer un trop grand intérêt, pour ne pas lui
fermer ta bouche.
Le Roi t'accueilUt d'une manière asseï sèche, en lui de-
mandant quel était l'objet de sa mission : à quoi Steigentesch
répondit que la lettre, dont il était le porteur, l'expliquait
parfaitement. Le Roi disait : « L'Empereur demande des
u secours à présent, et peut-être plus tard fera-MI une paix
» séparée en m'abandoimant. u Steigentesch observa à Sa
hyGoogIc
(349)
Majesté, que ce n'était pas du secours que soa maître
demandait, que la bataille d'Aspero avait bien prouvé que
l'Autnche ne manquait pas de moyais de défense; mais
<iue \« hut érmncé de cette guerre , étant que les puissances -
rentrent dans leurs anciennei possessions, il était juste
aussi qu'elles y contribuassent, et que le moment actuel
mis à profit, ferait bien vite atteindre ce but; que lui
n'était pas envoyé que pour discuter sur la question qui,
déjà devait être décidée, mais pour concerter sur les moyens
de l'exécution Le Roi ajouta : i Malgré les craintes
* que je pourrais avoir que l'Autriche ne m'abandonnât,
u je suis décidé cependant à me réunir à elle un jour; mais
» il n'est point temps encore. Continuez; en attendant, je
B me renforce peu h. peu, et ce n'est qu'alors que je pourrai
» être utile. Je manque de poudre, de Aisils, d'argent; mon
u artillerie est composée de jeunes gens. H est douloureux
H sans doute de convenir avec un officier autrichien, de
■ tout le malheur de sa position ; mais je dois le faire pour
* prouver à votre maître ce qui me retient encore. Vous
■ vous convaincres aisément que je tiche de vous être
» utile par tous mes moyens. Vos malades sont traités che»
s moi, et transportés dans votre pays; je donne le congé ik
» tous les ofGciers de mon armée qui le demandent, pour aller
V servir dans la vàtre ; mais de me prononcer actuelkment ,
» ce seriut vouloir ma ruine. Portez un coup encore; et
■ j'enverrai dans votre camp un offider sans uniforme pour
■ traiter sur les moyens. >>
Cette narration renferme le résiuné de plusieurs conver-
sations, que M. Steigenstecb a eues avec le Roi qui, ainsi
que la Eelne, le firent appeler tous les jours dans leur ca-
hyGoot^le
( 35o )
binet. La Reine parla à peu près dans le même sens; elle
se disait coavaincue que la haine portée par l'empereur
des Français à la Prusse, ses projets d'anéantir toutes les
djuasties, se lui laissaient aucun espoir. « Je me trouve
» mère de neuf enfans, auxquels je désirerais cons^^er
■ leur héritage, vous pouvez donc bien juger quels sont
a mes vœux. • I^ Roi dit qu'il fallait remonter encore ses
forces militaires. Ce prince est lent dans ses décbions, mais
inébranlable aussitôt qu'elles sont prises ; << Bientôt nous
> pourrons être réunis, frappez un coup encore, et nous
I le sommes. • C'est de cette même manière que cette thèse
fut souvent débattue. Si le Roi prononçait distinctemem
sur l'adhésion à la guerre, il ne voulut jamais cependant
changer d'opinion sur l'époque.
Le Rot déclara qu'il subordonnerait entièrement ses
troupes, aux ordres de l'archiduc Charles.
M. de Nazel, premier chef du bureau du département
des affaires étrangères, énonça à peu près les mêmes idées,
et proposa, à la première entrevue, nnplan déjà commu-
niqué, il y a six moit, au chevalier Rubi , chargé d'affaires
autrichiennes. Ce plan ne consiste en rien moins , que la
demande de la Pologne prussienne et autrichienne , des
pays d'Anspach et de Bareuth jusqu'au Mein, en y ajoutant
une partie de la Saxe et toutes les autres ancienoes pos-
sessions prussiennes.
Monsieur de Steigentesch répondit que lui n'était point
chargé de ces discussions diplomatiques ; que l'objet de sa
mission se bornait à se concerter sur les mesures mi-
litaires i qu'il croyait ce moment trop précieux pour le
perdre à discuter sur des provinces, qu'il fallait com-
hyGoogle
(35, )
mencer par conquérir; et que , dans ce moment , la déter-
mination pEomptc de la Prusse aurait un prix aux yeux
de son maître, qu'elle n'aurait peut-être plus, si l'Autriche
avait gagné encore nne bataille. Un des ennemis les plus
prononcés du sjrstème français, est le ministre de la guerre
Schanhort. Il a présenté un mémoire au Rôi, dans lequel
il dit : 1 Je ne tçux point descendre déshonoré dans la
■ tombe; je le serais si je ne conseillais de, profiter du
t moment actuel, pour faire la guerre à la France. Voulcz-
1 vous, continue-t-il , que l'Autriche victorieuse vous rende
"VOS Etats corame une aumône, si encore elle est assez
u généreuse; ou que Napoléon victorieux désarme vos sol-
i> dats, comme la milice d'une municipalité !.... ^ Il tAche de
prouver au Roi que l'armée serait ^rtei/e i%o,ooo hommes.,
au premier coup de canon ; qu'on était occupé jour et nuit,
à fondre du canon en Si^ésie; qu'on ne manquait pas de
poudre; que tous les chevaux étaient notés pour le service,
ainsi que les recrues nécessaires pour porter l'armée k ce
nombre. H observa à M. de Steigentesch, auquel il fit part
de ce mémoire, qu'il y avait des intelligences établies dans
quelques forteresses. Sans savoir si ces intelligences sont
d'une nature alarmante; je dob voir, d'après une ex-
pression de Steigentesch, que Magdebourg est travaillé par
les émissaires prussiens, et qu'une très-sévère surveillance
sera très-nécessaire.
Le grand -chancelier, IW. de Beyme, homme modéré
autrefois , très-prononcé actuellement , pria M. de Stei-
gentesch de ne se fier véritablement, qu'à M. de Schanhort
et à un aide-de-camp nommé Guvenais. "Le Roi, dit
■ H. de Beyme, est faible; son penchant est de se liguer
hyGoogIc
(350
* avec Tous^ mais la force lui manque. Comme tous ses
» eatours sont cependant dans les boas principes, j'espèi'c
> qu'on l'entraînera, i
he général Blucher a écrit une lettre très-forte au Roi ,
par laquelle il demande son congé, « ne roulant pas, comme
ï il s'exprime, être témoin de la chute du trône, et qu'il
«préférait servir dans un corps d'étrangers, qui. ferait la
> guerre aux Français, u Ce général adressa une pareille
invitation au colonel Goetz, pour suivre son exemple. On
ne sait pas encore si Blucher a reçu le congé demandé.
Le Roi avait fait entrevoir distinctement, qu'il avait con-
tracté à Pétersbout^, des engagemens ignorés même de
ses ministres. Pressé un jour. Sa Majesté lui dit : «Ah!
B vous ne savez pas ce que j'ai promis à Pétersbourg.... «
Le Roi pria M. de Steigentesch de dire que le motif
de son arrivée était pour demander la permission d'acheter
des grains en Silésie, et des chevaux en Prusse. Â quoi
ce négociateur , fidèle au plan de ne pas ménager ce prince ,
répondît t « que lui-même ne pourrait pas dire cela, mais
a qu'il ne démentirait pas ce bruit si on le faisait naître. »
La morgue autrichienne, qui, tout en réclamant du se-
cours, méprise ce gouvernement, se prononce bien dans
son envoyé, qui, du reste, a d'autres raisons qcte je dé-
taillerai plus bas.
Sur l'invitation de ne pas porter l'uniforme, il répondit
qu'il en était trop fier, depuis la journée d'Aspem, pour
s'en séparer.
La princesse Guillaume lui fit des excuses, parce que
les ordres du Roi ne lui avaient pas permis de le prier
k dîner.
hyGoogle
( 353 )
Le prince Guillaume lui- dit ; <> Vous ne tronverei pas
«la dispositioD ici, telle que tous la désirez.; l'indécision
u du Roi le perdra une seconde fois.... »
Le Roi répéta dans la dernière conversation, qu'il enver-
rait un officier sans uniforme dans le camp autrichien , si on
frappait encore un coup. « J'espère de venir, ajouta-t-il; et
j'espère même de ne pas venir seul, n Cette parole est d'autant
plus remarquable que M. de Steigentescfa me disait, dans
un nioment d'effusion, qn'il était persuadé que l'amitié dé
l'empereur Alexandre était peu solide avec la France ; qn'H
avait raison de croire qu'il se trouvait un Russe déguisé ^
au camp de l'empereur d'Autriche; et que, sans en avoir
une certitude, il avait une grande probabilité que, quelques
jours avant son départ, le roi de Prusse avait reçu une
lettre russe dans ce sens.
La guerre avec la Prusse est inévitable, d'après mon
opioioo, dam les deux cas; si la Russie se séparait de la
France, et si les Autrichiens frappent un grand coup, et
que la victoire abandonnât un instant les invincibles lé-
gions de Sa Majesté.
La Reine encore fit demander H. de Steigentesch, à son
départ; et lui répéta en pleurant, et en comédienne, comme
il s'exprime, les mêmes phrases, ajoutant : «qu'elle espérait
t le revoir bientât : ■ ce que Sa Majesté lui fit répéter par
madame de Voss
L'archiduc Charles, trop faible sans doute pour s'ac-
coutumer tranquillement k cette Idée de gloire, dont il
croit s'être couvert à Aspem, jette un regard de mépris
sur le secours des Prussiens. Il disait à M. de Steigentesch ;
- Mon frère le veut, il faut donc le faire; moi je ne l'aurais
I. 23
hyGoogIc
( 354 )
• pas conseillé. Brusquez le Roi; et s'il ne veut pas se dé—
« cider, comgromeitez-le. * Ce moyen paraît propre aux
Autrichiens, pour envelopper le Roi dans la guerre , même
malgré lui. C'est ainsi qu'une partie de cette confidence
de Stei^'entesch s'explique.
Cet officier tient le fil de l'assocUtion de toutes les per-
sonnes qui veulent précipiter le Roi dans cette guerre. Il m'a
assuré qu'on n'aurait pas besoin du Soi; que 3o,ooo hom-
mes se prononceraient dans l'instant} que ^o.ooo Itomtnes
se trouvent dans le plan de Schanhort, dans le cas où le
Roi ferait la guerre, au tout premier signal. On a donné
des congés illimités^ et on a remplacé les congédiés par
autant de recrues, de manière que, par ce moyen, tous les
bataillons se trouvent au double, au moment qu'on veut;
et c'est ainsi qu'on a trouvé le moyen d'éluder le traité
conclu avec la France, qui limite l'état militaire prussien
à i4o,ooo mille hommes. La Basse-Saxe et le pays de Ha-
novre sont soudoyés; et on vient, d'après l'assurance de
M. Steigentesch , de payer vingt mille livres sterling en.
Prusse. Jusqu'à la journée d'hier, il m'était cependant dif-
ficile de descendre tout-à-fait dans l'âme de cet officier ;
une conversadon, un épanchenient à la suite d'une partie
de plaisir que je lui ai préparée, m'a fourni des notions
plus distinctes; il me dit : « Aujourd'hui j'ai vu les indi-
> vidus qui, il y a quatre mois, proposèrent en personne
B à Vienne, aa moj^n infaillible, mais que la sotte re-
s ligion de l'Empereur repousse encore, qui ne veut point
» détrôner un souverain légitime : si l'on y consent dans
n le cabinet de l'Empereur, toutes les diflicultés sont le-
» vées. » Je lui disais en riant: «Vous voulez donc faire
hyGoogIc
( 355 )
• le petit fyida de l'Allemagne ; » de quoi il est parfai-
tement convenu. Mon résumé est, monsieur le comte, que
le projet principal de cet officier n'est plus de décider le
roi de Prusse; qu'il espère le forcer en le compromettant
vis-à-vis de l'empereur Napoléon. Mais son but principal ,
dans ce moment, est de surveiller la révolution dans la
Basse-Saxe et dans le pays de Hanovre, de déterminer les
Prussiens sitôt qu'il en recevra l'autorisatiDn qu'il de-
mande, et qu'il se flatte d'emporter après son retour à ,
où il se rend demain
L'impératrice régnante de Russie a dit au prince d'Ol-
denbourg : ■- Vous devez vous réunir à Schill, râdaut dans
» vos environs ; c'est le seul parti à prendre à un honnête
» boinme. > Steigentescb tient cette anecdote du roi de
Prusse, auquel le prince d'Oldenbourg l'a racontée. L'im-
pératrice mère doit également détester le système français.
Le comte de Golz a écrit il y a quatre semaines au Roi
pour demander son congé, dans le cas que le Roi ne se
déciderait pas. Les paroles du comte de Golz sont : « Il
• faut lever le boudiet, Sire; l'Autriche seule est notre
» planche pour nous sauver, k
La cour d'Autriche est très-mécontente de l'ancien élec-
teur de Hesse. M. de Stcigentesch espère trouver à Prague,
l'aulorisatimi de déclarer à l'électeur que , s'il ne veut point
faire les sacrifices nécessaires à la situation des choses,
il doit quitter les Etats autrichiens. Ce prince a donné à
Dormberg, qui s'était présenté à lui, un billet, de banque
de mille florins, qui actuellement vaut à peu près trente
quatre louis de France. D lui a jeté le biUet aux pieds,
et l'a quitté
a3.
hyGoogIc
( 356 )
Le roi de Prusse a communiqué à l'empereur de Russie,
un [Jau proposé par un certain Wibiki, en Pologne, h l'em-
pereur des Français, pour réyolutionuer la Polt^ne russe,
et que le roi de Prusse dit avoir été accepté. Cest ainsi
que la Prusse s'eicerce à se ereuser un abîme, dans lequel
elle se précipite elle-même....
P. S. J'ai encore appris de M. de Steîgentesch qu'il se trou-
vait dans la ville de Vienne i a.ocx» soldats autridiiens , tant
de la Landwehr que des régimens de ligne, déguisés sous des
habits bourgeois, et sur lesquels on comptiût dans l'ctcca-
sion. Les rapports de police arrivent encore à l'archiduc
Maximilien. M. de Steigentesch m'ayant dit qu'il espérait
revenir bientôt , dans ces pays, pour traiter avec les chefs
des insurrections dans le nord de l'Allemagne
(N.) A cetlç lettre sont jointes celles de l'empereur François
et du ministre Stadion. (Voyez la Correspondance inédite
de Napoléon, tom. vu, pag. SgS, 408 et 410.)
Lettre d'un officier-général de Vétat-major du prince
Charles, Chap. m, pag. 59, etc. (i).
Ponvei-vousétresurpris, monsieur le comte, qu'après une
expérience de tant de campagnes, qui ont conduit la mo-
(i)Ce9fragineQ3de lettres, adreuéeidans le moisd'octobre iSoS,
par le comte de Grunne au mininre Stadion, ont été troavés en 1 8 1 a
dons des mémoires înMita, \\s onl^lë publiés en 1817, dans la cor-
TfRpoadnce de cet offider-gfnéral avec le prince dt ligne, qni a
été impcioaée a la auile de FooTrage : net fnAeno^f JoAcnn y^eUxK^
Im Jahrt 1809, Ltipsick, 181;.
hyGdogle
(35,)
nardùe -à deux doigts de sa perte ; après avoir oonûdéré
de près, les calamités qni ont accompagné ces crises désas-
treuses; après avoir survécn à la dérection de tous nos
alliés; après avoir été témoin d'époques brillantes, dont on
n'a jamais profité, et dont les résuhats au contraire ont
été gâtés par de -faux calculs et par de fausses mesures;
après avoir vu enfin épuiser vainemNit les ressources de
notre population; pouvez-vons, dis-je, être étonné qu'un
prince qui a passé par toutes ces épreuves, et qui est invité
à" se déclarer sur la grande question , de laquelle dépend le
sort de U dynastie et celui de r&npire, ne se montre pas
extrêmement avide de cueillir des lauriers stériles, qu'iu
seul jour de revers peut lui arracher sans retour? Mais
prouvez-lui que la patrie est en danger, et que le maoïent
est airivé où un denùer effort peut nous sauver à jamais
du jong qui nous menace; et vous verres alors si son âme
est rapable de vigueur et sou esprit de résolution.
Vous me vantez l'appui que nous trouverons infaillible-
ment, dans le secours de toutes les nations mécontentes, et
subjuguées par ta France ; et vous faites entrer dans votre
énumération la Russie et la Prusse. Hais ces secours sont
incertains; ils sont à tel point assujétis à la vers^lité des
drconstances, qu'il serait de la dernière imprudence de les
faire entrer dans un calcul militaire, et qu'on œ peut les
envisager que comme des chances heureuses, et nullement
comme des données positives. Lorsqu'au contraire on prend
en considération ce qui doit réellement servir de base à un
projet de ^erre, on trouve que nos moyens physiques, oon-
seulement ne sont point à comparer avec ceux de la France,
mais qu'ib sont tellement inférieui-s à l'étendue de son pou-
hyGooglc
( 358 )
voir, à U force de son gouvernement, à l'unité des vfrfontés
dans son intérieur, aux ressources de sa populaticm, aux
avantages topographiques de ses frontières, que t6t ou tard
nous finirions par nous épuiser au sein même de la victoire;
û nous ne succombions pas promptement sous la masse de
nos adversaires.
Lettre de l'empereur Napoléon au prince majot^généraL
Paris , le 4 mara 1 8og.
Mon cousin. Je désire que vous me renaettiei un état
de situation de mes armées en Allemagne, savoir; l'armée du
Rhin, commandée parle maréchal duc d'Anerstaedt, qui est
composée de qnatre divisions d'infanterie, chaque division
forte de cinq régimms , de la division de grosse cavalerie de
Nansouty, de la division de grosse cavalerie de Saiot-Sul-
pice, et de plusieurs régimens de cavalerie légère. Je désire
que vous me fassiez connaître quand toutes ces troupes se-
ront réunies à Bamkerg, et en même temps le lieu de leur
route où elles se trouveront chaque jour ; en comptant onze
jours de marche de Magdebourg à Bamberg, et autant de
Hanaù à Bamberg; et quant à la division Saint-Hilaîre, en
calculant sur les renseignemens que le duc d'Auerstaedt
pourra vous donner.
a" Le corps du général Oudinot, composé de la division
de grosse ca«ilerie du général Espagne, d'une brigade de
cavalerie légère et de deux divisions d'infanterie, fortes cha-
cune de six demi-brigades. Le fond de ce corps est déji sur
le I.ech. Faites-moi connaître quand arriveront les renforts
partis de France et d'Italie.
hyGoogIc
(359)
3" Le corps d'observation du Rhin, commandé par le
maréchal duc de Rivoli. Faites-moi connaitre oii arrivent les
difTérens corps qui le composent , et quand les renforts partis
d'Italie pourront le rejoindre à Augsboui^.
Vous comprendrez dans cet état de situation, l'armée ba-
varoise, et l'année -wurtenibergeoise. Vous y comprendrez,
comme Corps d'armée du nord de l'Allemagne , les troupes
polonaises qui doivent se réunir à Varsovie, à l'exception de
deux régimcns qui sont à Dantzick et dans les places de
l'Oder; tes troupes saxonnes qui se réunissent à Dresde; ce
qu'il y a de dbponible des troupes de Westphalie ; la divbion
Dupas,quiest àHanov|'e; enfin les troupes de HoUande,qui
sont dans les villes anséatîques. Ensuite vous porterez dans
cet état, sous le titre de Coips de garnisons des places, les
garnisons de Dantzick et des places de l'Oder. Enfin vous me
mettrez sous les yeux, tout ce qui manque pour former cette
armée, et vous ne perdrez pas de temps pour organiser votre
Quant aux troupes qui viennent de Lyon, je désire que
vous fassiez bien spécifier le lieu où elles se trouveront
chaque jour, afin que je puisse leur donner mes ordres, si
je jugeais convenable de les diriger de Huningue sur A.ugs-
bonrg, en droite Ugne et sans passer par Strasbourg.
Napoléon.
hyGoogIc
( 36o )
l^etp-e du m<]^or-génèr9l à M. le maréchal Massent^.
Paris, le 4 mars 1809(1).
L'Empereur, moiuieur le duc, m'ordonne de vous préve—
nir qu'à dater de ce jour, il a jugé utile &u bien du service
de me confier de nouveau les fonctions de major^énéral. En
conséquence, vous entrerez en correspondance avec mot,
dans les mêmes rapports qui oitf existé dans les dernières
campagnes.
Sa Majesté, monsieur le duc, désire que vous soyee rendu
àStrasbourg, le lamara; il pense qtf^ est à propos que vous
envoyiez un officier d'état-mi^or ou un de vos aides-de-caœp
à Darmstadt, et un autre À Bade, pour avoir l'état de situa-
tion des troupes, et savoir ilaqs quel état elles Se trouvait.
Chacun de cef princes doit fournir de plus 400 hommes dé
cavalerie. L'Empereur désire que ces oontingens |Miissent
être réunis le ao mars à Mergentheim.
(i)Ce mâme joui 4i Uiu^r-généralaBaoncacesdùpositioiuaiii
maiëcliaux P. BernadoMc n Pafout- Il prescrit an premier de pu-
Lii pour le Hauoyie qni sera soua son cpanna^d émeut; ai;i second,
de se rendre àWurzbourg. — Il écrit le a au maréchal Bessiéres à Bni-
gos de faire paitir la garde pour Bayoune, et au maréchal Lanmesà
Saragusfe , que le général Junot prendra le cOmmandemeat des
troupes. — lie ^ il envoie l'ordre au prince Bernadotte de se rendre
à Dresde où il commandera les Ssionsavecla division de Hamhourg;
il le prévieut de la réunion des Polonais à Varsovie et des disposi-
tions prises en Bavière.
hyGoogle
C 36" )
Rapport du major-généial à t'Empeieur et Roi.
! Pani, le 5 mari i8og.
SlKE,
J'ai écrit officiellemeat à monsieur
Otto, et partieulièrenoent au Koi,
pour faire cooDaître la e<Hi]position
de l'année bavaroise ; ctMtformémeDt
au règlement militaire que tous avex
arrêté pour l'armée de la Conféd^tt-
tion du Rhin. J'ai demandé les états
de situatÎMi ; j'ai dit que Votre Ha-,
jesté désirait qu'au »o mars , une di-
vision fbt réunie à Munich, une h
Straqbing, et une à Landshut. Je
demande i Votre Majesté si son in-
„ . . , . Oui, vuua ditei que rordoime
tentlOB est que j ecwTe de même, à ,„ p,i„^ j^ Ponti^^tto de «e
ses ministres près le roi de Saxe, le tendre > Dresde , pour en prendre
roi de W«.tplialie, a pi*, le gruid- !• «>"""J™«". ^ io»»-" ' "■
•^ ° effet cet ordre. Faites-nioi connK-
duc de Wnrtsbourg en d^uandant : ue quand Us régimeas de la divi-
■• Que Farmée de Saxe soit for- "<>" ""P" ««™n' «'"d"» * =■"
méé et réunie, au lo mars, aux «n-
virons de Dresde, en deux divisions;
a" Que l'armée de Pologne, for-
mant trois divisions, soit rassemblée Qu'elle w réunisse à VarsoTJc,
(i) Teui ka mots de la main de Napoléon, dans la correspondance et
dani'Ui ailUes pidçci, sont en italique, et ce qui est de sa main daniceile
pièce, m carortére petît-leste.
hyGoot^le
Demander aa Bq^son état de si-
.uatiou, et ce qn'il poorca rémiif,
1 b fin de man et ji la fin d'avril.
( 362 )
la et réuoiele 30 mars, la gauche à
Varsovie et la droite à Cracovie ;
3° Que l'armée de Westphalie, soît
réunie le ao mars sur -Magdebourg :
Votre Maj esté ne m'a jant pas parlé
de l'armée de Westphalie, je la prie
de m'indiquer où elle doit se réunir,
4° Que l'armée de Wurtemberg ,
formant une division, sous le titre
de réserve, soit réunie le no mars, à
Neresbeim, Heidenheim, Aal et El-
vangen.
J'aurai soin de faire connaître la
composition de chacune des divisions
de ces années , qui doit être la meute
que celle que Votre Majesté a arrê-
tée pour l'armée bavaroise i et je de-
manderai les états de situation.
Quuit au corps d'armée qui doit
porter le nom de Corps d'armée
réuni des princes de la Confédéra-
tion, Votre Majesté veut-elle que j'é-
crive à ses ministres près ces prin-
ces , savoir : première division, à
votre ministre près la cour de Bade,
pour que cette division de deux bri-
gades, Composée de deux baiailloos
d'infanterie légère, de quatre régi-
mens de ligne et d'un régiment de
cavalerie, ayant dix-huit pièces de
hyGoo^le
( 363 )
canon avec le même attirail qu'une
division bavaroise, soit réunie le 3o
mars à Pforzheini; en indiquant
qu'une brigade de cette division,
composée du (o-emier régiment d'in-
fanterie de ligne de Bade, de 1680
hommes, du deuxième idem et troi-
sième idem, d'un bataillon d'infan-
terie légère, de douze pièces d'artil-
leriectde4oohommesdecavalerie, Espagne- Ce^^ ii™iond. 6000
" ■ ^ honoies, se réunira a Pïowheiin
sont destinés à faire partie de la pre-
3 rég. de lig- formant 5cm>o faoïn.
I bal. d'in&nt. légère. 600
1 rég. de cavalerie. 4'*'
la pièces d'attil. 6000
I comp. de a«peur<.
Le quatrième régiment est c
mlère division du duc de Rivoli.
a" Deuxième division, au ministre
de Hesse-Darmstadt , pour la pre-
mîè re brigade, formant 4 000 hommes
destinés à la deuxième division du
duc de Rivoli, et pour que ce corps
soit réuni le 30 mars à Mergentheim,
ainsi que les huit pièces d'artillerie
Pfonheim
et Hasladt, sans perte de Mmps,
à la diviaion Legtand.
3" A votre ministre près le grand
duc de Berg , qui doit fournir 4000
hommes; à celui près le prince pri-
mat, qui doit fournir six compagnies
» . ■ r Efpapie,
à 160 hommes par compagnie, toi^ ^
mant g6o hommes qui doivent être
réunis le so mars à..^
Je prie Votre Majesté dcdéternù-
ner à' quelle époque et où doivent
se réunir ces troupes.
Deux de ces régiman
Un de cavalerie se forme à —
Un d'infanterie qui se forme.
Demandez qoand il sera formé.
hyGoogIc
nah tout cela.
Se réuniront proTisoirement i
'War^ur^i hiub lea Ordres di
duc d'AueiiUKdt.
( 364)
4° Troisième divisioo, à vos mi-
aistres près les nuisoDs de Nassau,
de Hohenzolleni, deSalia, d'Isem-
bourg, d'Arembe^, de licheatsteïiif
et de LcyeD, qtt'ils doivent {brmer
deux régimeus, chacun de deux ba-
UilloDS,cfaaqnebaUiUoDdesiz com-
pagnies, et 1 40 hoHUBes par compa-
gnie, une compagnie d'artillerie et
vne de sapeurs; dont un régùmmt
doit faire partie de la quatrième
division du duc de Rivoli , portant
le D a.
A votre ministre près le grand
duc de Wurtzbourg, ptMir le régi-
osent de deus bataillons, sous le
a" $; chaque bataillon de six com-
pagnies, à i5o honuues par compa*
. . gnie, plus une compagnie de sapeurs
de 200 hommes.
A vos ministres prés tes m^srais
de Saxe, pour le r^jimem n" 4, com-
posé de trois bataillons, forts cha-
cun de 840 boQunes, qui est destiné
à la troisième division du duc de
Rivoli.
A vos ministres ^ès tes maisons
de la Ii[^, pour former le batail-
lon n" 5, fort de &40 hommes; ei
enûn à Votre ministre près les mai-
hyGoogle
{ 365 )
sons d'Anhalt) pour les deux batail-
lons formant le ré^ment n" 6, forts
de 840 hommes, destinés à la qua-
trième division du corps du duc de
Rivoli; faisant connaître à vos minis-
tres que votre intention est que tou-
tes ces troupes, fournies par les pe-
tits princes, pour former la troi-
sième division, soient réunies le 20
mars a Wurtzbourg. En écrire àBacher.
Quant à la brigade dite de ré-
serve, composée d'un régiment,
fournie par les princes de Mecklem-
bourg-Schwerin, qui portera le n" 7,
et qui doit être organisée comme les
troupes de Wurtzbourg, ainsi que
pour le bataillon de quatre compa-
gnies de 100 bommes chacune, que
doit fournir la maison de Mecklem' L'ordre est donné; ces troupes
bonrg-Strelitzi je demapde à Voir* ^*''"'" °"="P*' UPoméraoie sué-
, , doise; demander le our où elles t
Majesté à quelle époque et où elle jemni,
doit se rassembler. Doimer l'ordre au duc de Danl
J'observe à Votre Majesté que je lickdeserendreàMiœicli, pourk
, . , . „ , ao mars; il prendra Ig ôïinman-
nai encore écrit que pour 1 armée détient de 40,000 Bavarois ; iUur»
bavaroise, et que j'attends ses ordres avec lui pour chef d'étaU-major, le
pour le reste. 6*"""^ P"»"^'
Le vice-ronnétabte major^^énéral,
hyGoogIc
(366)
Lettre du major-général au maréchal Masséna.
Pari), le 5 maia 1S09.
HORStEDK LE DUC,
J'ai l'honneur de vous faire connaître la formation arrêtée
par l'Empereur pour votre corps d'armée, sous la dénomina-
tion, pour le moment, de Corps d'observation de l'armée da
Rhin.
L'état-major sera composé du général de diviâon Becker
chef d'élat-major, d'un général d'artillerie, d'un général du
génie, d'mi commissaire ordonnateur, d'un payeur etc. Cet
état-major sera réuni le 1 a mars & Strasbourg.
n y aura pour tout le corps d'armée, quatre compagnies
de sapeurs , avec 6000 outils attelés ; au moins une com-
pagnie de pontonniers.
Votre corps sera composé de quatre divisions d'infan-
terie , et d'une division de Ëavalerie légère.
La i" division, commandée par le général Legraad,
sera composée :
i" du afi' régiment d'infanterie légère ,
du 1 8* idem idem de ligne ,
de la pièces d'artillerie française;
a** d'une brigade de troupes de Bade, composée :
du i" régiment d'infanterie de ligne, 1680 hommes,
du a' idem idem idem 1680 idem,
du 3* idem idem idem 1680 idem,
d'un batailloD d'infanterie légère 600 idem,
de li pièces d'artillerie badoise.
hyCoogle
(367 )
I.a seconde division, commandée par le géRéra) Carra
Saint-Cyr, sera composée :
i" Du 34' régiment d'infanterie légère, ,
du A° idem idem de ligne,
du 46' idem. idem idem,
de I a pièces d'artillerie française;
a" du contingent du grand-duc de Hesse-Damistadt,
de 2400 hommes,
de 8 pièces d'artillerie hessoise.
La 3*^ division, commandée par le général JUoUtor, sera
composée :
1" du a* régiment d'infanterie légère,
du t6* idem idem idem,
du 67* idem idem idem,
de la pièces d'artillerie française;
a" du régiment des cinq maisons ducales de Saxe
portant le n° 4 , a5oo hommes.
La 4' division, commandée par le général Boudet, sera
composée :
1° du 3' régiment d'infanterie légère,
du 93° idem idem deligne,
du 56'' idem idem idem,
de la pièces d'artillerie française,
a" d'une brigade composée du régiment de Nassau.
La diyiùon de cavalerie légère, sera composée des 3*,
14'', ig' et a3*r^iiaen3 de chasseurs.
Ce qui présentera im présent sous les armes
de 4O(OO0 homines d'infanterie,
de a,5oo hommes de cavalerie, et
de 70 pièces de vanon.
hy Google
( 368 ) .
1 bauilb>n des équipages militaires sera at~
taché il votre corps.
If brigade de Bade, faisant partie de la i^'' division ,
doit élre réunie le ao mars, à Pforzbeim.
Le contingent de Hesse'Darmstadt et son artillerie, fai-
sant partie de la a* diTision, seront réunis le ao mars , à
Hergentheim.
Le régiment de cinq maisons ducales de Saxe, attaché à
la y division, sera aussi réuni le ao mars, à Wurtzbourg.
La brigade composée du régiment des maisons de Massait,
de HobenzoUem , de Salm , d'Isembourg , d'Aremberg , de
Lichlensteio n° a, et le régiment n° 5, formé des coatin-
gens des deux maisons de la Lippe , se réuniront le aomars,
à Wurtzbourg. Les ordres sont donnés; et comme je vous
l'ai mandé hier, ce que vous avez à ftùre, c'est d'en-
voyer un olÏÏcier d'état>major à Darmstadt et à Bade, pour
vous assurer de la formation des contingens des ducs de
Bade et Darmstadt , et avoir les états de situation.
ÂLEXAirnBE.
Lettre de Veitiperêur Napoléon au major-général.
Paria, le 6 mars iSog.
Mon cousin, prévenez le maréchal duc d'Aoerstaedt qne
j'ai donné ordre à M, Otto de demander au roi de Bavière
qu'il soit fabriqué un million de biscuit; savoir : 200,000 à
Ulm, aoo,ooo à IngolMadt, »oa,ooO à PaSSaâ, aôo,ooo à
Augsboui^, et aoo,ooo à Munich. Chargez le maréchal de
tenir la main k l'exécution de cette disposition. Donnez or-
dre au duc d'Àuerstaedt de faire diriger sur le point le plus
hyGoogIc
(369)
près dn Omiitbe, soit par HatlsboiBie sur Ingolatadt, toit
sur Neobourg ou Donawerth*, la plus grande partie des
souliers et biscuits qui sont dans les magasins de l'anuée
d'Allemagne. Il y a dfs souliers à Magdebourg, à Hanovre,
il faut les faire venir ; il faut faire venir ce qu'il y a dans
les magasias de Stettin et de Custrin ; il y a aussi des
soulier» à MByence , il faudrait les diriger sur Ulm. Les
magasins de Magdebourg contiennent 5ooo habits d'infan-
terie et d'artillerie, ia,ooo vestes, 1600 capotes, 4000
chemises etc., etc.; faites diriger tout cela sur Ulm et Do-
nawerth. n y a 400,000 rations de biscuit à Hagdeboui^,
300,000 àFoFbbeim, 160,000 à Cronach, i3o,ooo à Amberg,
210,000 à Wurtebourg, total i,3oo,ooo rations. Je ne parle
pas de ce qui eet à Dantzîck, Stettîn, Glogau, Custrin.
n serait bon de diriger nue grande partie de ces magasins
sur Dooairerâi. Mon intentiou est que le premier magasin
de l'année du Rhin, soit formé àDonawerth. H y aura sur
ce point un magasin d'habillement, un magasin de snb-
àstances et nn magasin de cartouches ; de là ces effets
pourront être dirigés sur le Danube, selon les ordres qne
je donnerai. Sur ce je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte
et digne garde. Napoléon.
Lettre du ma/or-général au maréchal Masséna.
Paris, la 7 mars i8og>
L'Empereur ordonne, monsieur le maréchal, que le corps
d'observation du Rhin que vous commandez, soit réuni le
ao mars Jt Ulm.
Le ministre de la guerre a déjà donné l'ordre aux divi-
I. a4
hyGoogIc ^—
(37»)
rions Bondet et Holitor de se détourner à' fiefort de leur
marche sur Strasbourg; de passer le Rhin à Huoingue ; et
de se rendre directement à Ulm, où elles dotTeot arriver
du ao au 3o mars.
Le même ordre a été donné à vos quatre régimens de
cavalerie légère, qui arriveront il Ulm du jg an 37.
Quant aux divisions Carra-Saint-Cyr et Legrand, qui
marcbent en ce moment sur Strasbout^, je leur donne l'or-
dre de continueF immédiatement leur route sur Ulm, con-
fonnément à l'itinéraire ci-joint. La division Carra-Saint-
C3T y arrivera par conséquent du iS au 30, et la :divisÎQo
Legrand du 20 au 33.
Vous avez eu l'ordre, monsieur le maréchal, de porter
votre quartier-général le la à Strasbourg; l'Empereur or-
donne que vous soyez le 30 à Ulm, où se trouveront
réunis du ao au 35, douze régimens d'infanterie francise,
foraiant quatre divisions , quatre régimens de cavalerie
légère et quarant»4iuit pièces de canon.
Surv eillez .tous ces motivemens , faites-vous-en rendre
compte, et instruisez ip'en journellement par des rapports
détaillés.
Il est nécessaire que vous envoyiez à l'avance un ofQcier '
supérieur de votre état-major à Ulm,, pour annoncer l'ar-
rivée des troupes, désigner les cantonnemens de chaque
division , et veiller à ce que toutes les mesures soient prises
pour assurer les subsistances.
A mesure que vos troupes arriveront, faites dresser l'état
exact et détaillé de la situation et de l'emplacement de
votre corps d'armée, et adressez-le-moi ainsi qu'au mi-
nbtre de la guerre.
hyGoogle
(37' )
Les brigades de Hesse-Dannstadt et de Bade , qui doi-
vent faire partie des dJTisions Carra-Saint-Cyr et Legrand,
ne seront réunies à Pforeheim et Mergenthùm , que le 3o.
D'ici là. il lenr sera donné des ordres pour rejoindre leurs
divisions re^Mctives.
lettre du major-gènèral au maréchal Dapout.
Rambouillet, le ii mais 1S09.
Je vous expédie, monsieur le maréchal, un de mes aides-
de-camp. Il est probable , monsieur le duc , que les ras-
semblemens de l'Autriche, à en juger par tes notions mili-
taires et politiques que l'on a, ne donnent lieu de leur
part à aucune espèce de mouvement; cependant l'Empe-
reur, en tout état de cause, a pensé qu'il était convenable
de vous donner une direction générale. Le ao mars ,' toute
votre armée , compris les deux divisions de cuirassiers qui
étaient dans le Hanovre, sera réunie à Bareuth, Bamberg
et Wurtzbourg; il parait convenable et prudent de faire
occuper, armer et approvisionner Cronach, Forcheun et
Ambei^. L'hôpital sera à Wurtzboui^. H ne faut point
d'embarras à Btreuth; la prudmce veut que les choses
soient disposées , de manière à pouvoir évacuer cette princi-
pauté, sans perdre un seul homme, on seul chariilt, un
seul cheval.
Dans tout mouvement improviste de l'ennemi sur Bareuth,
fait avec des forces supérieures, vous ne devez avoir qu'un
faut, c'est' de manœuvrer pour être toujours maître de vous
porter sur le Danqbe ; afin de vous réunir au maréchal Has-
•éna et au général Oudinot , dont la division de grenadiers
^4.
hyGoogIc
(37«)
ainsi qde les cuirassiers du c<Mnte d'Espagne, qui accom-
pagnait cette division, sont encore jnsqu'à ce moment à vos
ordres. Le général Oodinot a reçu des ordres directement
de l'Empereur, ponr qnitter Hanau, où il a été jnsqu'à ce
joiir, etportersescantonnemeosà Augsbour^et surleLech.
Dans le cas où tous feriez le mouvement prévu, vous jette-
riez vos bagages dans U citadeUe de Wurtzboui^, qui doit
être approvisionnée.
Du 30 au 39 TOUS vous concentrerez sur Bamberg, avec vos
quatre divisions d^fanterie, vos deux divisions de cuiras-
siers, et vos huit régimens. de cavalerie; vous prendrai porâ-
tion à Bambei^, la droite tirant vers le Danube. La ganche
de l'aimée bavaroise est à Straubing; vous vous mettres en
communication avec elle par votre droite.
L'intention de l'Empereur est que la division Friiat reste
dans le pays de Bareuth : la division Morand à Bamberg; la
division Gudin à Nurembn-g et Amberg : votre cavalerie lé-
gère sera placée, de maniée à observer tous les débonchés
de ta Bobtoie sur rAUemagne, depuis %ra jnsqu'à Cbam et
Ried, où s'étendent les postes de la cavalerie bavaroise.
Quant à la division Saint-Uilaire et aux deux divisions de
grosse cavalerie, tous les jetterei en seconde ligne ver» le
Danube, ratre Nurembei^ et Ingobiadt, de manière que ces
corps n'aient aucun point de contact avec l'ennemL
Si les mouTcmens des Autrichiens continuaient à inquié-
ter la famille royale de Dresde, et qu'elle voulût se retirer à
Leipsickoii sur le Rhin, ce serait une chose avantageuse, et
vous prendriez des mesures pour protéger sa marche. Cette
retraite rendrait le prince de Ponte-Corvo, chargé d'aller
prendre le commandement de l'armée saxonne, {dus libre
hyGoogle
(373)
de ses mouvemens. A.u reste, monsieur le maréchal-, il ne
faut rien faire de prématuré. D'après l'opinion de l'Empeftur,
il n'y a aucune probabilité que les Autrichiens veuillent en-
treprcfidre quelque chose d'offensif. Cependant si des cir-
constances ii]gprérues démentaient ce pronostic, il serait
convenable que la famille royale se repliât sur Leipsick,
puisque l'armée saxonne pourrait être dans le cas d'évacuer
Dresde.
S'il arrivait qudque chose d'imprévu, sans perte de temps,
vous en préviendriez le commandant de Magdebourg et le
roi de Vestphalîe.
Voici maintenant la position de l'armée :
Le corps du maréchal Mass^a , à Ulm.
Le général Oudinot et la division des cuirassiers du coml£
d'Espagne, à jLugsbourg.
Les troupes de Wurtemberç, sous les ordres du général
ctnnte deVandamme, à Aal, Erlangen et Neresheim.
L'armée bavaroise, sous le commandement du maréchd
duc de Dantsick, à Straubing, Landshut et Munich.
En cas d'événement et d'attaque inopinée de la part de
l'emiemi, vous marchn«z sur ces corps; et ils sont prévenus
de marcher sur vous; les uns en se portant en avant, les
autres en rétrogradant ie leur position actuelle ; de manière
que votre réunion s'opère, soit sur Ingolstadt, soit sur Do-
nawerth. Vous sentes bien que vous ne seriez pas rendu i
cette position, que l'Emper^r y serait arrivé. Ce mouvement
concentrique réunirait plus de 180,000 hommes, maîtres de
manœuvrer sur l'une et l'antre rive du Danube, et couverts
sur la rive droite de ce fleuve par le Lecb , et sur la gaach« _
par la Rednitz. AxuuHnaz.
hyGoogIc
(374)
Lettre au roi de Bavière.
Paris, ai m«n.
L'Empereur m'a autorisé à avoir l'hoDnejir d'écrire A
Vorre Majesté , pour lui dire qu'il est prenable que les ar-
mées resteront quelque tanps à s'obserrer, dans les positions
oà elles vont se trouver. Il paraît impossible que l'Autriche
soit prête avant la fin d'avril; d'autant plus que. la Russie a
déclaré que si la moindre hostilité avait lieu , elle ferait en-
trer en Autriche, les troupes qu'elle a sur les confias de ce
pays. Mais, Sire, l'Autriche peut profiter du temps où l'on
s'observera, pour fomenter des troubles dans le Tyrol et
dans la Souabe, afiu d'obliger d'y envoyer des troupes, et
d'affoiblir d'autant notre armée principale, au moment où elle
pourrait avoir l'intention d'un choc ou d'une attaque impré-
vue. L'Empereur désirerait donc, Sire, que Votre Majesté
ordonnât qu'il soit levé sur-le~champ dans ses Etats, douze
bataillons de milice, formant quarante-huit compagnies;
dont huit bataillgns seraient dirigés sur Inspruck, pour la
défense du Tyrol, un bataillon sur Forcheim, un pour Ant-
berg, un pour renforcer la garnison de Passau,tm pour
Kufïein- L'Empereur a aussi demandé pour le même objet,
quatre bataillons au roi de Wurtemberg et au grand-duc
de Bade, pour être placés sur les frontières du Tyrol, et
marcher au secours de ses troupes dans cette province, en
cas de besoin. Si la guerre se déclare, alors l'Autriche aura
.trop à faire ailleurs, pour entreprendre rien de sérieox
dans le Tyrol; et dans le cas où notre arMËe marcherait en
avant, ces milices se porteraient sur Saltzbourg, et procu-
hyGoogle
( 3,5 )
reraient l'avantage de maintenir les communications. sur les
derrières.
L'Empereur vient d'ordonner qu'il serait formé plusieurs
bataillons de milice eo Italie, pour servir à la défense du
Tyrol.
Lettre du major-général au-marécluil Maiséna.
Hambouillel, le ii mais i8og.
L'iutentioa de l'Empereur, monsieur le duc de Rivoli,
«st que vous placiez votre corps d'armée de la manière
suivante :
Votre quartier-général et i" division k Ulm;
Une division à Guiid>ourg ;
Une idem à Hemmingen ;
Enfin une quatrième division entre Ulm et Oonawerth;
de sorte que de quelque cAté qu'il faille marcher, vous ayee
toujours une division qui aura la tête et quelques marches
d'avance sur les autres. Il sera nécessaire de mettre du
côté de Donawerth, sans cependant occuper cette viUe,
la division Carra-Saint-Gyr, dont les troupes de Hesse-
.Dflrmstadt font partie. Si rien ne [wesse, mensieuF le duc,
il faut laisser pendant quelques jours à Mergentbeim et
Fforzhdm ces troupes et celles de Bade , pour leur donner
.le temps de se former avant de rejoindre leurs divisions.
AxEXkND^
hyGoot^le
(3,6)
Lettre de Vempereur NeipoUon au major-général.
BMaboRiUet, le i4 mu* iSog.
Hoir <M>iPSi«,
Je Femarque que dans le projet remis par le général
Songis, il porte seize pièces en excédant j^e ce qu'il de-
mande, mais il ne faut pas les réformer; il est nécessaire
qu'il 7 ait quelques pièces k chacun des parcs des trois
armées; je voudrais bien qu'il fAt «possible, sans faire
trop de dérangement, de n'aroir qu'une seule e^ièce
d't^ttûer it l'armée. Les loo hommes d'artilleri« qui soirt
àDantzick, peuvent être réduits à loo; les loo hommes
d'artillerie qiù soat à Stralsuad,y scot inutiles; les aoo
hommes qui sont à Magdeboiirg, peuvent également être
réduib à loo. Les 34oo canonnisrs à pied, que demande
le ^éoiéral Songis ne me. paraissent pas suffisana; il y aura
Patsau M d'autres places à garnir. Il faut les poiur à
45oo eanonoiers à pi^d. Uills hommes d'artillerie 1 dieval
ne sont pas non plus suiSsans, il faut les porter à i5ao
homme* ; ce qu) ne ferait que 6ooo hommes d'artillerie,
lies £oa pontonnier* ne me paraissent pas suflisansi il fau-
drait au moins huit compactes de i30 hommes chacune.
J^ fout %al«neqt me présenter un projet pour l'oi^aui^
wtioa de l'arme du génie, répartie entre les trois corps
suivans ; l'Armée du Ethin, Corps d'observation du Rhin,
Corps d|i général Oudinot. Il faut k chacun un officier
supérieur du génie, au moins 3 of^ers, au moins la
compagmes de sapeurs ; nue compagnie de mineurs au
moins par corps} et 3djOoo outils pour toute l'armée, à
raison de id,ood outils pu* corps. Je nomme le général
hyGoogle
(377)
du géoie Bertrand, mon aide-de-camp, pour commander
le génie de mon armée d'Allemagne; concertea-voiis avec
lui pour l'organi^don de son ,arme et les propositions à
me faire.
J'ai demandé au ministre de la marine un des quatre
équipages de la flottille de Boulogne, formant laoo marins,
pour servir au passage et ^ la navigation des rivières.
Entendez-Tous avec ce ministre pour pourvoir à l'arme-
ment et à l'habillement de cet équipage; et proposez-moi
sans délai sa mise en activité. Il faut qu'il soit commandé
par un officier de marine intelligent : on pourrait y nom-
mer le capitaine Baste, qui a déjà fait la guerre de terre,
et qui pardt s'y être distingué. Iïafol^k.
Le&re du major-général au maréchal Masséna.
Paris, le i6 mars 1809,
L'intention de l'Empereur, monsieur le duc delUvoli, est que
vous laissiez les troupes de Bade à Pforzheim, mais, comme
je vous l'ai déjà mandé , que vous en fassiez passer la revue.
Vous pouvez également laisser les troupes de Hesse-Darm-
stadt à Mei^entheim, et en faire passer la revue par le géné-
ral qui doit les commander. Cependant, monsieur le duc, vous
êtes autorisé à faire venir ces troupes si les circonstances
l'exigeaient. Mais l'Empereur ne croit pas que l'Âutriclie soit
sur l'offensive , et que , dans le cas contraire , elle puisse faire
aucun mouvement sérieux avant la fin du mois d'avril. J'at-
tends, monsieur le duc, des nouvelles de votre arrivée. L'Em-
pereur désire que vous m'adressiez un rapport sur la situa-
tion des choses, sur celle de votre armée.
Albjuhurb.
hyGoogIc
( 3,8 )
Lettre de Pen^ereur Napoléon au major-général.
Paris, le ao man iSog.
Hoif COUSIN,
DeœaDdes au duc d'Auersttedt l'itinéraire des vingt régl-
mens d'infanterie, des douze ré^mens de cavalerie, des
dix régimens de cuirassiers, des deux bataillons d'équi-
pages militaires, des sapeurs et des parcs de l'armée qui
se trouvent sous ses ordres; afin que je sache où. tout cela
se trouvera le i" avril.
Sur ce, je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte et digne
garde. NAPOLion.
Lettre de VEmperetw au major-général.
MalmuaOBiIe ai maia 1S09.
Mon coDsiir-,
Donnez ordr,e au général-sénateur Denlont de se ren-
dre à Wurtzbourg, poor être employé au corps du duc
d' Auerstaedt. Faites connaître au duc d' Auerstaed t , que je dé-
sire qu'il mette sous les ordres de ce général une réserve qui
serait composée des 4" bataillons des 3o', 61:°, 6&", 33", du
1 1 1', du I a" et du 85* de ligne; ce qui fait sept bataillons.
Ces sept bataillons ne sont encore qu'à 5oo hommes; ils ne
forment donc qu'une force de 3, 5oo hommes; mais ils vont
bientôt recevoir une compagnie, qui leur produira une aug-
mentation de 1 100 hommes. Les 4"' bataillons des 4S^ lott".
13* légers, et aS" de ligne, ne doivent pas tarder à partir de
Boulogne, ce qui portera le nombi-c des 4"' bataillons à onze.
hyGoogle
( 379 )
On pourrait yjoindre ceux des 7" léger, ij'et 31' de ligne,
t:e qui ferait quatorze bataillons. Cette réserve paraît néces-
saire; les divisions restant composées de cinq régimeos, et
chaque régiment ayant un complet de a,5oo hommes; les
divisions aéraient de plus de ia,ooo boBunes; si l'on y lais-
sait les 4" bataillons, elles seraient de i^ à i5, 000 hommes,
ce qui est trop pour une division. La formation des 4" ba-
taillons n'est pas encore terminée; il sera bon de tes avoir
sous la main, et en dépàt pour être réunis. Il y a aussi ub
avantage à cette mesure, c'est qu'un régiment qui a dans la
bgne im bataillon à la division de réserve, qui peut ne pas
se trouver compromis le même jour, peut trouver dans ce
bataillon des ressources pour réparer ses pertes; Je désire
donc que le corps du' duc d'A.uerstaedt soit composé de la
manière suivante : des divisions Horand, Gudin, Priant, et
d'une division formée des 4" bataillons de chacune des trois
premières divisicms. Chacune de ces trois premières divi-
sions , doit avoir trois généraux de brigade ; un pour l'inEui-
terie légère, et deux autres commandant deux régimeos de
ligne en six hataillcms. La division du général Demont devra
avoir trois généraux de brigade ; un comjnandant les 4"' ba-
taillons de la I " division , un commandant les 4"' bataillons
de la a' division , et uo commandant les 4" bataillons de la
y division. Deux ou trois bataillons de la même divisiim
seront réunis sous le commandement d'un major; les 4" ba-
.taiUoos des iV léger, 17* et 3* de ligne seront réunis sous
un major d'uii des trois régimeos; les 4° bataillons des 61°
et 65' seront commandés par un major d'un de ces deux ré-
^mens. Par cette formation tous lés avantages se trouvent
réunis; et le duc d'Auerstuedt aura quatre généraux de divt-
hyGooglc
( 38o )
sioDfdouie généraux de brigade, quatre adjudans comman-
dans et 60 pièces de canon, à raison de iS pièces par divi-
sion, iadépendanunent de l'artiilerie attachée à ta cavalerie,
et des généraux et adjudans commandans attachés à son état-
major.
Sur ce, je prie Dieu, etc. NATOLtoir.
Lettre da major^énéral au maréchal Masséna.
Paris, le ai mars 1S09.
Rien , monsieur le diw, ne porte à penser que les Autri-
chiens puissent être prêts k prendre l'offensive, avant la En
d'avril. On peut ajouter que, même à cette époque, rien ne
prouve qu'ils soi«it dans l'intention d'agir, car ils n'ont fait
Aucune dédaration ni manifesté aucun grief; d'ailleurs la
Russie pourrait agir crmtre eux.
L'intention de l'Empereur est que vous placiez vos quatre '
divisions, de manière à occuper beaucoup de terrain dans
vos cantonnemens. Vous ne devez pas craindre de chaîner
le pays appartenant à la noblesse immédiate qui est eb
Allemagne. J'écris à M. Otto de vous en envoyer confiden-
tidlement l'état.
Le ministre du trésor public a assuré l'Empereur que
la solde de votre corps d'armée était an courant ; faites-moi
connaître ce qui en est. Le prêt doit être fait tous les cinq
jours. De nombreux détachemens sont en route pour vous
rejoiodre, ce qui portera les ciHps de votre armée au grand
complet- Le la* bataillon des équipages militaires, qui
s'organise eu Lorraine, est prêt, et va incessamment vous
r^oindre. Arraugei-Tous pour avoir toujours i l'avance
hyGoogIc
( 38. )
six jours de biscuit el de pain, en cas de marche imprévue.
Envoyea-moi l'état des souliers de votre corps d'armée,
ies'états de situation de toute espèce, celui des places va-
cantes dans les difTéreiis corps, la situation du génie, de
l'artillerie. Faites-moi connaître oà vous en êtes pour vos
cartouches; les soldats sont partis avec cinquante cartou-
ches dans leurs gibernes; ils en ont sârement pris va pas-
saut le Rhin; les corps doivent en avoir d'ancienne date.
S'il y a des poudres à tJlm , il faut faire des cartouches ,
afin de n'en pas manquer dans un cas imprévu. Je viens
d'autoriser le commandant de votre artillerie, à acheter cent
chevaux dans le pays pour votre artillerie; le ministre a
ordre de faire les fonds. Aussitôt qne vous anrez assb les
cantonnemens de votre armée, vous pouvez, pour votre
compte, faire la reconnaissance du Lech, En cas d'une at-
taque inattendue des Autrichiens, l'Empereur' a ordonné
au duc d'Auersiaedt de se reployer sur Donavrerth et sur
Neubourg; dans cette circonstance vous vous reploierez
vous-même sur le Lech. Les trois divisÎMis de l'armée ba-
varoise qui se trouvent à Munich, Landshut et Straubbig,
en feraient autant ; le corps de 'Wurtembei^ , qui est à Hei-
denheim et Aalen, sous les ordres du général Yandamme,
doit se porter égalem^it sur le Lech. Ainsi en supposant
que les Autrichiem voulussent attaquer brusquement le
i" avril, sans déclaration de guerre, vous rassemblei^s
vos cantonnemeïis pour vous porter, <»nnme je vous l'ai
dit , sur te Lech avec vos 3o,ooo Français et les io,doo Al-
lemands; les Wurtembergeois, qui ne sont qu'à un jour
de Ponavrerth, appuieraient sur vous avec 10,000 hommes;
te général Oudinot, avec 3o,ooo; les Bavarois, avec vu
hyGoot^le
(38. )
pareil nombre. Enfin le 4uc d'Auerstaedt appuierait aussi sur
vous avec plus de 70,000 Français; ce qui réunirait sur un
seul point 180,000. Maîtres de pouvoi'r manœuvrer sur
l'une ou l'autre rive du Danube, la droite de votre ligne
serait donc appuyée k Augsbourg, couverte par les têtes
de pont de Lecb.
le donne l'ordre à M. le général Bailli de Monthion de
partir le aS pour se rendre à Ulm, où il s'établira comme
section de mon état-major, et d'où il correspondra tous
les jours avec mol.
Je donne ordre au général Legrand qui est à Paris , d'être
rendu le 37 mars à Ulm, pour y prendre le commandement
de sa division, et au général Kister d'être rendu le a5 à
Ulm, pour prendre le commandement de la division de
troupes alliées qui lui est confiée. Alexarulb.
Lettre du nuyor-géTiéral au maréchal Masséna.
* Pari», le aa mars 1809-
Je vous préviens, monsieur le maréchal, que je donne l'or-
dre au général commandant la 5' divison militaire, de faire
continuer aux troupes leur marche de Strasbourg sur Ulm,
pour rejoindre votre corps d'armée;
: 3° bataillon du 46" régiment d'in^terie, d'environ
811 bommes, arrivant te a4 mars à Strasbourg, pour re-
joindre la division Saint-Cyr ;
Détachement idem, $4$ hommes arrivant à Strasbourg,
peur compléter les deux premiers bataillons;
3' compagnie de mineurs, de iSo hommes, arrivant le
aa mars à Strasbourg;
hyGoot^le
( 383 )
4* et 5* compagnies du 3' babùllon «le sapeurs, 3oo hom-
mes, arrivant le 3 avril k Strasbourg ;
Bataillon de marche des a", 4' et la" I^ers, 6oa hommes
arrivant à Strasboni^ le aS mars, pour être incorporés
dam la 21," l%ère;
DéUch. du 44° de lig. 4o» )>' airiv.Ie 3btt. p. Jtre inc. an 44° de lig.
idem du i4* 1'''''* Sooh.idem a S mars ideiH aii ]8* iJtm.
idem du 34* "^'" '^ h. idem 37 idem au i> idem,
idem i^xS''idem aSob.iffem Save. aa i5' idem,
idem du 55' iiiem 300 h, idem g l'i^nt au S^f tt^eni.
idem du 43" i'^em 1 00 h. idem 8 idem au 67' iiJem,
J'ai ordonné aa général commandant la 5* division mi-
litaire, de vous informer de la marche de ces troupes;
je vous prie de m'instruire exactement de leur arrivée à
leurs corps respectifs. Quant aux détachemens qui doivent
être incorporés, je vous préviens, monsieur le maréchal,
que cette opération doit être constatée par procès-verbaux,
qu'il faudra adresser au ministre de la guerre.
ALmXAHDBI!.
Lettre du mJy'or-général au maréchal Masséna,
Paria, le i3 mars 1809.
' Je VOUS envoi*, monsieur le maréchal , amplîation d'un
ordre que vient de signer l'Empereur , concernant les trou-
pes du génie des armées d'Allemagne, les outils qui doivent
leur être attachés, les caissons, attelages et moyens de
transport. Examinez les différentes dispositions de cet or-
dre ; et occupez- vous , sans perdre un instanl, des me-
sures d'exécution qui vous concernent. Vous allez ri
hyGoogIc
(384)
les fonds pour le service du génie ; en conséquence l'inten-
tioD de S. H. est que vous fassiez de suite les réquisitions
qui vous sont ordonnées, que vous fassiez les marchés,
enfin que vous preniez toutes les mesures en ce qui vous
est relatif. Je vous prie , monsieur le duc , de me mettre à
portée de rendre à S. M. des comptes fréquens sur les
dispositions qne vous aurea faîtes, pour remplir à cet
égard ses intentions. H. le générât Bertrand, commandant
le génie des armées d'Allemagne, va se mettre en cor-
respondance avec vous sur ces objets. Alkxah'dkb.
Ordre de VEmpereur.
Malmuson, s3 raan [8og.
n sera fait les fonds nécessaires pour que les 8" et g"
compagnies du i*' bataillon de sapeurs, les a", 6" et g' du
a* bataillon , la i" et la 8* du 4', la 3" et la 7* du 5' et
la 6" compagnie de mineurs , puissent avoir chacune les
deux caissons et les la chevaux harnachés qui leur sont
nécessaires, ainsi que les Soo outils qu« chacune de ces
compagnies doit avoir.
a"
Il sera accordé aux 4", 6" et >f dompagnies du 4" ba-
taillon des sapeurs, à la i" et à la g" du 5°, les fonds né-
cessaires pour porter les attelages de chacune de ces com-
pagnies à six chevaux par caisson , et compléter les outils
par compare.
3"
Ces fonds seront mis dans le plus court délai à la di»-
hyGoot^le
( 385 )
position du géDéral B^rtrandr commandaDt le génie de nos
armées d'Allemagne, lequel prendra sur-le-champ toutes
les mesures pour se procurer ces objets , les envoyer aux
coips, et pourvoir enfin k ce que les 3o compagnies dn
génie aient trente caissons, iSo chevaux et 7600 outils.
Les soldats du train de ces compagnies seront fournis
par ces compagnies, et pris à Strasbourg sur les détache-
mens que les dépôts ont envoyés.
5°
Le général Oudinot ayant déjà 3ooo outils , sera auto-
risé à considérer les hommes du train qu'il a, comme
un fonds de compagnie; à les compléter k Sa hommes; k
nommer un Ueutenant pour les commander, un maréchal-
de-logis et deux brigadiers. 11 sera autorisé à se procu-
, rer sur-le-champ les voitures nécessaires po'ur porter ces
3ooo outils, à six chevaux par voiture.
11 sera en outre autorisé h se procurer 3ooo autres
oBtils qui compléteront à 6000 , l'approvisionnement d'ou-
tib de son corps d'armée, et à pourvoir à leur attelage,
comme il vient d'être dit pour tes 3ooo actuellement
exbtans.
11 sera fait les opérations nécessaires à Augsboui^ et en
Bavière, de manière à ce que tout soit prêt au ao avril.
Enfin le général Oudinot sera autorisé à prendre les hom-
mes, dont il aura besoin pour le train du génie, parmi ceux
des conscrits qui arrivent, qui sont accoutumés à conduire
des chevaux ; il leur donnera l'habit du train du génie.
Des fonds seront remis pour ces diverses dépenses au
I. 25
hyGoogIc - — '
( 386.)
général Bertrand, qui les fera passer au général Oudiaoi,
avec les instructions nécessaires.
6"
Le maréclial duc d'Auersiaedt, ayant to,ooo ourils attelés,
recevra ordre d'en diriger 3ooo, avec leurs caissons, sur
Ulm , où Us serviront pour le corps du maréchal duc de
Rivoli. Le ministre de la guerre mettra à la disposition
du général Bertrand , les fonds nécessaires pour que l'atte-
lage des 6000 outils, restant au corps du duc d'iuerstaedt,
soit complété à six chevaux, par voiture. Le général Ber~
trand transmettra ces fonds au maréchal duc d'Auerstaedt
qui, comme le général Oudinot , sera chargé de cotnjJéter
une compagnie de 5o hommes du irain du génie, et sera
Butoiisé à donner à ces hommes l'habit du train dn gàùe.
Enfin le maréchal prendra les mesures nécessaires pour
avoir , au 30 avril , 6000 ontils attelés à six chevaux par
voiture.
Le duc de Rivoli sera informé que 3ooo outils sont di-
rigés snr son corps d'armée ; et it sera sur-le-champ au-
torisé à faire l'achat des voitures et chevaux nécessaires,
pour atteler cet approvisionnemait, et k former une com-
pagnie du train du génie, composée comme les deux pré*
cédentes.
8"
Le général Bertrand fera sur-le-champ organiser à
Strasbourg, une compagnie du train de i%o hommes, pris
parmi les conscrits du 18" de ligne, et composée d'un ca-
pitaine, d'un sous-lieutenant, de deux maréchaux-de-logis,
de quatre brigadiers et de lao soldats. 11 choisira les
hyGoo^le
(387)
officiers parmi d'anciens officiers de cavalerie ou de sa-
peurs. II fera sur-le-champ habiller cette compagnie d«
l'uniforme du train du génie; il fera faire ia,ooo outils,
et se procurera vingt-quatre voitures pour porter ces
la.ooo outils, deux forges et deux autres chariots pour
porter des cordages, des înstrumens et autres approvi-
sioDsemens nécessaires pour le raccommodage des ponts;
total vingt-huit à trente voitures. Il fera sur-le-champ
acheter les aoo chevaux et hamois nécessaires, de sorte
quau ao avril, ce train puisse partir de Strasbourg.
9°
13,000 outils seront envoyés sans délai de Strasbourg,
sur des charrettes du pays , à Ulra pour y rester en dépôt.
Aussitôt que les six premiers mille seront arrivés à Ulm,
on prendra mes ordres pour pousser plus loin.
Ainsi le génie aura 6ooo outils attelés par corps d'ar-
mée, ce qui fera douze voitures pour les porter; plus un
chariot, pour porter des cordages et autres ustensiles né-
cessaires au raccommodage des ponts, et une forge; total
1 4 voitures et 84 chevaux par corps d'armée; total porr
les trois corps d'armée, i8,ooo outils, 4a voitures et
a52 chevaux.
Plus ii,ooo outils , portés k la suite du parc général sur
3o voitures ;
Plus 5oo ontils attelés par compagnie de sapeurs; total
•j5oo outils;
Il y aura donc 37,5oo outils, attelés à six chevaux, à
la suite de l'armée; et en outre ia,ooo outils en dépôt sur
25.
hyGoogIc —
( 388 )
les derrière» de l'armée, qu'on chariera d'un établisse-
ment à un autre sur les voitures du pays; et qui peuvent
être considérés, comme un approvisionnement de précaution.
Récapitulation générale.
37,5oo outils attelés,
ia,ooo id. non attelés.
Total, 49)^00 outils, portés sur 73 à 74 voitures attelées
de 4^0 chevaux (indépendamment des attelages des compa~
gnies de sapeurs], et conduites par trois compagnies du
train, de 5o hommes chacune, ci i5o hommes.
Et par une 4' compagnie de lao
Total. 370 hommes.
Le décompte des sommes nécessaires pour ces diverses
dépenses sera fait, dans la journée de demain, par notre
ministre de la gucrre,qui remettra au général Bertrand, une
ordonnance sur le trésor public, pour la valeur de la moitié
desdites sommes.
Il sera pourvu au paiement de l'autre moitié , aussitôt que
le besoin en sera.
On retirera des places de Strasbourg, Landau, et autres
places du Rbis, tous les outils qu'il y aurait de disponibles,
et on les emploiera selon les divers besoins de l'armée.
Notre ministre de la guerre est chargé de l'exécution du
présent ordre. Signé Nafoléoh .
£t pour ampliation , le prince de Neuchâtel, major-général .
Alexindbb,
hyGoogle
( 389 )
Lettre du major-génèral au maréchal Massènà.
Paru, leaSnara 18091
L'iotention de l'Empereur, monsieur le maréchal, est que
vous demandiez à S. A. R. le grand duc de Hesse-Daroistadt
que son contingent soit de 4786 hommes et 564 chevaux,
ainsi qu'il l'a proposé, au lieu de 3400 hommes qui avaient
été primitivement demandés- Sa Majesté pense que les six
pièces de canon que propose ce prince seront suffisantes;
mais il faut avoir soin qu'il y ait un approvisionnement- et
demi, et qu'il 7 ait un approvisionnement d'infanterie à rai-
son au moins de cent coups par homme. Je fais tes mêmes
observations au minbtre de l'Empereur près le grand-duc
de Hesse-Darmstadt.
Je donne l'ordre au généra) Songis , de faire diriger sur
Ulm 6000 fusils, aooo sabres, aooo paires de pistolets,
6000 baïonnettes, 1,000,000 de cartouches d'infanterie,
5ooo cartouches à balles et k boulets , i a,ooo outils de pion-
niers, et autres objets d'artillerie. Je le charge d'établir en
résidence à Ulm , un officier et un garde^nagasin , qm pren-
dront à cet effet un emplacement près de la rivière.
AtEXUtnKE.
lettre du mty'or'général au maréchal Masséna.
Paris, le 34 mura 1S09, nue heure apréa midi.
L'Empereur, monsieur le duc, est instruit qu'un officier
françab a été arrêté à Braunau, et que les dépêches dont il
était porteur lui ont été enlevées de vive force par les Au-
hyGoot^le
(390)
trlchiens, quoique scellées des armes de France. L'intention
de Sa Majesté est que voua tâchiez de faire arrêter quelques
courriers autrichiens. Vous devez faire ces expéditions très-
secrètement; accélérer la marche des troupes sans les fati-
guer ; suivre ponctuellement vos instructions ; enfin être prêt
i vous porter sur le Danube. Huit cents cuirassiers doivent
' être arrivés à Donawerth , ainsi qu'un certain nombre de dé—
tachemens d'artillerie et de sapeurs , destinés à renforcer les
compagnies quand ils se rracontreront. Tenez-vous prêt,
monsieur le duc, mais l'Empereur recommande que l'on
n'attaque point sans son ordre- âlexahdke.
Lettre du major^général au maréchal Masséna.-
Paris, le aS mars 1S09.
Il est inutile, monsieur le duc de Rivoli, que vous établis-
siez une estafette de Hagdeboui^ à Ulmj il 7 en a déjà
une d'établie par M. de Lavalette, it faut en profiter. Des
ordres ont été donnés pour organiser l'artillerie de votre
corps d'armée; écrivez au géuéral Songis i Strasbourg.
Chaque corps doit avoir ses ambulances. Quant à la gendar-
merie, je prends des mesures pour tpie vous en ayez une
compagnie. AtEXiBDBB.
Xetfra dM major-général au marédud DaootU.
Paria, le aS mars 1809.
J'ai mis SOUS les yeux de l'Empereur, monsieur le duc, vo-
tre lettre du 1 7. Sa Majesté trouve que les dispositions que
vous avez faites sont l'inverse de ce qu'il fallait faire, car
hyGoogIc
(39> )
l'armée saxODoe aa lieu de marcher sur Leîpsig, si elle de-
vait faire un mouvement de retraite , le ferait snrBayreutfa,
Donawerdi ou Wurtzbourç , pour se centraliser avec toute
l'armée sur le Danube. Du reste , monsieur le duc , le prince
de Ponte-Corvo va arriver à Dresde pour y prendre le com-
niiuideRieiit de l'armée saxoone , et il recevra directement
des ordres. Activez' la marche de la division Saint-Hjlaire
sur Wurtzbourg et Bamberg; Faites les mêmes dispositions
pour les compagnies de sapeurs et d'artillerie, hormis une
compagnie d'artillerie, qui restera pour la citadelle de Wurtz-
bourg. L'Empereur suppose que les régimens de la division
Sain t-Hil aire, qui ont passé l'Ëlbe le 2a, ont reçu actuelle-
ment l'ordre de se porter sur Bayreuth et Bamberg. Activez
l'arrivée du io5* régiment et du $'. de hussards. Feu im-
porte à l'Empereur, monsieur le duc, que l'ennemi débouche
en Silésie ou ailleurs; le point important est de se réunir
sur le Danube. parait que le 17, vous n'aviez pas encore
reçu les instructions que je vous ai adressées le
Des vingt régimens qui composent vos trois anciennes
divisions, de la division Saint-Hilaire , des onze régimens
de cavalerie légère et des quatorze régimens de cuirassiers
et de carabiniers, pas un seul homme ne doit rester en
Hanovre et en Westphalie. Tout doit être concentré à Bam-
berg , Wurlzbourg et sur le Danube; et vous devez disposer
les choses de manière que si l'ennemi s'emparait de la Saxe
et du Hanovre, vous ne puissiez pas perdre un seul Fran-
çais; il faut donc vous concentrer. Le général Morand vouâ
aura sAremeot rejoint. L'Empereur me charge de vous dire
que vous devez bien vous garder de détacher un seul homme
de cavalerie et d'infanterie du cAté de Dresde. Sa Majesté
hyGoot^le
( 39- )
' es{)ere qji'au i"* avril , toi vingt régitnms d'infanterie,
renforcés de tous les régimens de marche, et votre cava-
lerie seront entièrement réunis. Je donne l'ordre à la bri-
gade de cavalerie légère du général Bruyère, qui est en
Hanovre, de se diriger sur fiambei^, où elle fera provi-
soirement partie de la division Montbrun ; ce qui portera
cette division à sept régimens. Ayez l'œil sur le mouvement
de cette brigade , afin de pouvoir la prévenir à temps en
cas d'événement, et de changer sa direction. Active* sa
marche, sans trop fatiguer les troupes. Faites-moi comudtre
où vous avez placé le quartier-général de la dirision Nan-
souty,. et de la division Montbrun, ainsi que les lieux
qu'occupent ces divisions. Je crois tous avoir fait conn^tre
qu'elles doivent être placées entre vous et le Danube, en
seconde ligne.
f Le général Baillyde Honthion s'est rendu à Donawerth,
où il forme un bureau intermédiaire d'ètat-major général
entre voits et Le dnc de RiVoU, pour l'instruire de tant ce
qui peut se passer. Alesaitbre.
Lettre du major-général au maréchal Masséna.
Paris, le 36 mars 1809.
L'Empereur m'ordonne, monsieur le maréchal, de lui
présenter l'état de ses armées du Bhin , en y comprenant
tous les hommes qui ont rejoint jusqu'aujourd'hui. Je n'ai
aucnn état de situation de votre corps d'armée , je vous
prie de m'en envoyer un le plus promptement possible
et bien complet, indiquant les forces des présens sous
les armes, leur emplaeement, les hôpitaux, les détachés >
rih-Google
( 393 )
l'emplacement des détachés, l'eflectif des corps, la com-
position' de votre ét&t-major, de vos administratioas, ceuK
des divisions, ce qui peut manquer de généraux d'infan-
terie et de cavalerie pour commander les difTérentes bri-
gades. Il est indispensable, monsieur le maréchal, que votre
chef d'état-major m'adresse au moins tous les quinze jours
un pareil état, et tous les cinq jours l'état sommaire par ré~
giment indiquant les présens, les hôpitaux, les détachés,
l'eFTectif , les emplacemens , comme cela se faisait à la grande
armée. Il faut mettre à cela la plus grande exactitude, et
surtout avoir soin de ne rien oublier. Il faut aussi que le
grand état de quinzaine, soit envoyé régulièrement tous les
quinze jours au ministre de la guerre. Veillez , monsieur le
duc, à ce que cette partie du service soit bien assurée. Lors-
qu'une division est détachée loin de son corps d'armée , ÎI
faut prescrire au général qui la commande, de m'adresser
directement son état de situation des cinq jours, indépen-
damment de celui qu'il doit adresser à l'état major du corps
d'armée. Alexandre.
Lettre du major-gènéral au maréchal Davout.
Fana, le 37 mars 1809-
J'ai mis sous les yeux de l'Empereur, monsieur le duc, votre
lettre du 30; Sa Majesté vous ayant écrit directement, par
un de ses ofhciers d'ordonnance, de détourner les troupes
qui passent & Wittemberg, pour leur éviter deux marches sur
Magdebourg, la division Saint-Uilaire se trouvera d'autant
plus tôt prête. Les détachemens de marche du as' régiment et
le 4" bataillon de ce même régiment, doivent rester àMagdc^
hyGoogIc
(394)
bourg, oii le roi de Westphalîe a reçu l'ordre d'envoyer des
troupes, pour assurer cette place importante. Sa Majesté sup-
pose , monsieur le duc, que vous avez dirigé la division Saint-
Hilaire, l'ancienne division Nanzoïity, les régimens de cava-
lerie légère delà division Honlbrun, sur votre droite; que
vous avez aussi pris toutes les précautions pour vos hôpi-
taux , vos traîneurs, etc., de manière à pouvoir, sans rien lais-
ser, effectuer votre mouvement sur Ratisbonne, Ingolstadt
ou Donawerth suivant les circonstances.
Si l'ennemi a un plan , il est probable qu'il cherchera k se
mettre entre vous et le Danube; c'est surtout ce qu'il faut
empêcher. Cependant Sa Majesté reste à l'opinion, que les
Autrichiens ne peuvent pas être prêts avant la fin d'avril; et
que d'ailleurs elle ne les croit pas décidés à une agressim,
qui leur attirerait l'animadversion de la Russie, qui a des
années vei^ la Gallide et la Transylvanie.
Vous avez dû recevoir, monsieur le duc, l'ordre de mar-
che pour la brigade de cavalerie légère dn général Bruyère,
qui du Hanovre va rejoindre la division Montbrun.
Jusqu'A cette heure, monsieur le duc, vous restez coDi'
mandant de toute l'armée du Rhin, y compris la division du
général Oudinot.
Le duc de Rivoli se trouve en réserve. L'intention de
l'Empereur est de no laisser sous votre commandement,
quand il sera à l'armée, que votre ancien corps, composé de
quatre divisions, dont trois divisions composées chacune de
1 5 bataillons, et la quatrième division composée de tous les
4" bataillons; cette quatrième division formera votre réserve.
Il vous reste'ra également trob régimens de cavalerie légère,
cl la division de cavalerie du général Saint-Sulpice; l'iiiten-
hyGoogle
( 395 )
tion de Sa Majesté étant de faire un «xirps d'année de la di-
vision Saint-Hilaire et du corps du général Oudinot, dont
elle désignera le commandant en chef.
Le duc deDantzick et les alliés forment un autre corps
d'armée.
Le maréchal Bessière va se rendre à l'armée, pour prendre
le commandement de la réserve de cavalerie, qui sera com-
posée des sept régimens du général Montbrun, des six régi-
mens de grosse cavalerie du général Nansouty, et de quelques
régimens de dragons.
La division de grosse cavalerie du général Espagne, est
destinée à faire partie d'un des corps d'armée, soit de celui
du duc de Rivoli, soit de celui qui sera formé du corps du
général Oudinot.
L'Empereur ne croit pas devoir vous recommander de
bien ménager les cuirassiers, afin de les garder pour une
opération impoirtante.
Alexandre.
Lettre du major-général au maréchal Massèna.
Parb,le i^ mars i8og.
Je vous préviens, monsieur le maréchal, que je donne
ordre à M. le général Oudinot, de placer tonte sa cava-
lerie et son infanterie sur la rive droite du Lech, et de
n'occuper de la rive gauche que la ville d'Augsbourg, afin
de laisser de la place à votre corps d'armée : concertez -vous
en conséquence avec lui, pour vos cantounemens respectifs.
Alexahpbe.
hyGoogIc
( 396 )
Lettre du major-général au marécftal Masséna.
L'Empereur ordonne, monsieur le maréchal, qne vous
fassiez de suite rejoindre les troupes de Bade et les troupes
de Hesse-Dannstadt à leurs divisions respectives; c'est-
à-dire le corps des troupes de Bade, à la division du général
Legrand; et le corps de troupes de Hesse-Darmstadt , à la
division du général Carra -Saint-Cyr. Faites opérer de suite
ce mouvement, et ordonnez & ces deux corps de troupes de
partir bien entiers , bien complets^ne laissant rien en arrière.
Prescrivez aux généraux commandant les divisions, de les
faire manceuvrer tous les jours. Instruisez-moi de l'eiécution
de ce mouvement. Ainsi que je vous l'ai déjà mandé, le géné-
ral Oudinot a ordre de porter ses cautounemens sur la rive
droite du Lech, à deux lieues autour d'Augsbonrg. Il ne faut
pas mettre de cavalerie près La rive gauche du Lech, at-
tendu qu'il est nécessaire de ménager le pays, en cas que
l'on soit obligé de tenir la tigne du Lech.
L'intention de Sa Majesté est que vous preniez des mesures
pour avoir toujours dans vos cantonnemens quatre joues de
pain, et du biscuit aussi pour quatre jours, afin de pouvoir
partir avec huit jours de biscuit. Ai.BSAiiDaE.
hyGoogle
( 397 )
Lettre de Vempertur Napoléon au major-gérUral.
FaTis, le I" STril 1809.
Mon cousin, donnez ordre au duc d'Auerstaedt de por-
ter son quartier-général à Nuremberg, et de diriger sur
RatisbiMme la division Saint- Hilaire, la division de grosse
cavalerie du général Nansouty, et les sept régimens de ca-
valerie légère de la division du général Montbnui; ce qui
fera cinq régimens d'infanterie et treize régimens de cava-
lerie, à Ratisbonne. Vous lui prescrire! de laisser du côté de
Bayreuth , une de ses divisions, d'en avoir avec lui à Nurem-
berg, et d'en placer une troisième entre Nurembei^ et Ra-
tisbonne. Donnez ordre au général Dupas, de se rendre avec
sa division à Wurtibourg. Sur ce, je prie Dieu qu'il vous
ait en sa sainte et digne garde, Nj^roiiéON.
Lettre de l'empereur Napoléon au major-géaéral.
Paris, le 3 avril 1809.
Mon consin, écrivez au sieur Otto pour savoir quand le
million de biscuit que j'ai demandé, sera confectionné, et ce
qu'il y a de fait. Informez-vous aussi si l'on a établi des fours
à Munich et à Augsbourg. Il est indispensable d'établir à
Augsbourg, des magasina de cartouches d'infanterie, de fa-
rines, d'avoines. Je suppose que vous êtes arrivé aujour-
d'hui à Strasbourg. Il me tarde d'apprendre que la division
Saint-Hilaire et la réserve de cavalerie, sont arrivés à Ratis-
biHine.
hyGoot^le —
( 398 )
Mes chevaux et ma garde doivent être arrivés à Stras-
boai^; faitesHnoi connaître eu qnel état ik se trouvent, et
donnée des ordres pour qu'ils se reptwent. Sur ce , etc.
Napoi.]£om.
1 PIECES ITlSIiriCATITES DV TOME
hyGoogIc
TABLE
DU PREMIER VOLUME. .
lanoMiCTioR 1
CHAPITRE PREMIER.
COAMTlOIf DE l'zDKOPS PEaMANENTS CONTRE LA
PfiARCE.
L« Coalition des aomenâo» et de Foligarchie contn U té-
Tohition française, acammencé en 1791 i
Son but en dévoilé par la note du ig janner i8o5. ... 6
Napoléon ï'occape de maintenir la paix en Europa, et de
guérir les maux de la rérolution ^
L'Anf^eterre , chef de la Coalition, suscite les gueires de iSo5
et 1806. 9
Le GODtinsBt est battu , maia l'An^terce r
Les destinées de FEurope dépendent de la mort, de Piu et
de Fox la
Napoléon, Talnqueur de l'Autriche et de la Pcusse, accorde
deux fois la paix, et dirige la traité de Tilsitt contre les
Anglais. . . ' i 3
L'Autriche, laissée trop forte à l'resbourg, arme en 1806
" emeoj ï5
I. 36
hyGoogIc
(4oo )
CHAPITRE II.
NAPOLBOK SB MBT EN OBFBNSS , CONTHE LE SYSTEME
DE GITKtlRE PBHFBTTIBI.LB,
L'cmpiie de la Urrs et de ta mer iembl« pactagé eotie la
France et l'Aaglelerre a3
MapoUon, durant tonjoDis la paix, a deux najetu pour y
htà arnogemeiu teiritoriaiu , poui se metlre en défense sar
les Iranûiie» d« terre j 16
Le sjitème Gonlineotal, du cdté de la mer 34
Il doit détraire l'influence anglaise soi le continent, piinci'
paiement dans le Hidi 39
Il fait la guerre à l'Espagne, qm L'Ai^IeterTe aonléve entiè-
rement 3o
L'Autriche armant encore en 1S08, traite avec Londres et les
Espagnols. 34
L'Empereur réclame contre les préparati& de la conr de
Tienne 38
nvas'entendreàErfiirlb, arec Alexandre, soi leurs communs
projels 39
Il renouvelle ses proportions de paix à l'Angleterre , et dissout
la grande armée d'Allemagne afin de rassurer rAucriche. . ^i
Tiapoléon va en Espagne pour en chasser l'armée anglaise. . Ifi
■I est rappelé à l'aria par les arméniens de FAutriclie et par
les intrigues de rintëriear 47
hyGoogle
( 4oi )
CHAPITRE m.
POLITIQUE ST MORALE DE
Le cabinet anglais eit dirigé par le conseil occaite de sa, hanU
oligarchie} elle a denx politique*, l'uite Moréte, TantoB oo-
tensible 49
L'Angleterre a de grand» nu>Li& pour susciter cette nouvelle
guerre 5î
he» écriTains étiangera TecotuuÎMent que , comme la Coalitton ,
elle n'agit que pour ses intérêts propres 54
Elle tait des préparatifs considérable* et compte piindpale-
menl sur aa machinations ., £6
Deux grands partis, l'un anglais ou de la guerre, l'aati« fran-
çais ou de la paix, diriaent les nations et les cours de
l'Europe S^
CeUe de Vienne est auut drrisëe par les intrigues militaires. . 95
L'Autriche, la Fmsse, la Kussie et une partie de FÂUema-
gne , sont déterminées k la guerre , mais chacune d'une ma-
La Russie est d'accord arec la Prusse ; elle négocie encore avec
Napoléon, pour les afiiôres de Flnde ........ 66
Depuis Tilsitt, elle le prépare k combattre un iouc contra U
France 68
L'Empereur, de l'aven mJme des étrangers, inil loul ce qu'il
peut pour éfiter cette guerre; il n'y croit pas, et .compte
sur t'intervenlion de la Russie 53
La cinquième agression de la Coelition est décidée, ouverte-
menl par l'Angleterre , l'Autriche et leurs aUiés, secrètement
par les autres puissances ^5
a6.
hyGo.ot^le
( 4oa )
CHAPITRE IV.
ATTàQUSS militaires BT POLinqUES DE LA CO*LITIOIT.
he plan d'aLlaque tle !■ Coalition, eit politique aatant que
militaire 77
Elle adopte contre NapoUon, le sjstème de gaerre fiagére,
d'eiterminatioo et d'iniarreelibn •)8
I>« Honitaiir accoM l'Aatricbe d'avoir touIu rérolatîoDner
les Étala confédéré, 79
Dea £nii«uîrei sont répandua de toaa câi&, poar petrertir
Topinion So
Ua céusdiBent «n partie dans l'Allemagne et l'Italie. ... 63
L'Autriche avoue et nomme les sien». . . .- 87
IiCf ageoa de l'étiangei pénétrent len France et dans n09 '
La Coalition veut porter en même tempi l'offeniire de tons
côtéi gS
Elle combine le> op^rationj des Autricbiena sur le Hhin , par
la Franconie , avec celle* âea Anglaia , au naven de la BeU
gique. 93
Duu l'intérieur, Foucbé sert le parti dea Boorfaons. ... 99
L'Angleterre a dca correipondancea avec la Vendée; ... 100
Elle ourdit une conspiration dans l'armée de Fortogal, pour
mettre Moreau à la tâte dea affaires '*"
L'Autriche provoque, par ses proclamationa , les peuples à
U révolte ">5
Conduite opposée de Napoléon 1^
hyGoogIc
( 4o3 )
CHAPITRE V.
DXKNIÈBBS NÊ^GOCIATlOnS BnTBB lui FRANCE ET
' l'avtbjcbe.
Les cabinets d« Vienne ei de Loadns soat diiiiëi par des
intrigues de cour et par divers projets sur la conduite des
opérations militaires. m
La miniatère britannique remplit en 1809, les vues secrâte*
de l'oligarcbie anglaise, mais il succombe sons les attaques
de l'apinion publique 1 1 5
L'Autriche change ses plans au momMit de l'exécution, . . 117
Elle continue à protester de son désir de conserver la paix,
et elle retarde l'émistioi] de U déclaration insignifiante du
37 mars 1 1 S
Elle cherche à endormir la vigilance de VapoléoD, jiour atta-
quer l'armée française pendant son absence 1 1 g
L'Emperenr découvre trés^tacd les nouveaux desteins de la
Coalition, en enlevant pat leprésBillesuncoorrierautrichien. iso
Dès le premier avis de la mise sur pied de guerre des troupes
autrictiiennes , il donne ses ordres. à L'armée d'Espagne. . lai
Il nomme le major-général, et régie l'organisatioii de Farmée
d'Allemagne I33
Napoléon attend 1 Paris l'agresnoo de nos ennemis 1 36
CHAPITRE VI.
CODP o'ceiL SDR LB THEATRE DE LA CUERRE EK 1809.
La guerre de la Coalition s'est constamment éteodne sur une
grande partie de l'Europe 138
Le véritable Tbéitre de la gnerre entre la Fïan«e et l'Autriche.,
était (01 la difeuion de Paria à Viorne. ....... i34
hyGoogIc
( 4o4 )
La fronliite de l'ANtricfae prétente , i l'ouest , nn front bat-
tionoé, dont Ici uilloiu , entouras de montagnea , maîtrisent
la BtTién et le* pleinea i35
La frontiÉTe de la France, courbée régnliérement autour de
Parii , a'éteiidait par m* extrànit^, et embrauBÏt celle de
l'Anlricbe i36
L'Échiquier particulier de TAllemagne méridionale , est entre
tel deux Eut» , les Alpes et les montagnes de la Thnringe ; 1 38
I« Danube le divise en demi tbéàtretparliciilien, sur les deux
rÏYCsj tout s'f rattache à ce grand fleavc. . .... ifo
Chacune des deoi puissances exerçait de Tiiiflaence sur les
pojs intermédiaire* l45
Des bases française et' autrichienne , la première était la plus «
farorable à Toffenaive ; la seconde , a la défenaire .... i5i
La véritable ligne d'opérations est celle dTItm à Brsunau et
Vienne iSa
Let rapports de terrain et de distance étaient en faveur de
ta France iSy
Le s^téme des mancenvrea doit a'étalilii suc b ligne d'opéra-
tion* da Midi, et se rattacher an Danube tS8
Parmi le* points militaires, Itatisbonne est le pins important. i59
Le tbélitre d'Italie, préMntait des combinaisons, en général,
plus favorable* k la France qu'à l'Autriche i6o
La def des plaines de. la Pologne est an conlltient du Bog k
Blodlin 161
CHAPITRE Vil.
COUPOSITION DES ARHBBS FSANÇAI3ES ET
AUTHICBiaifSES.
L'Autriche réunit en 1809 des foraesconiidéiaUes, et la* or-
ganise en corp* d'année iGS
hyGoogle
{ 4o5 )
P.ga..
Elle forme ta ÂUemagne , huit corps sons le prince Chailea ,
deiocorps en Italie aous le pnnce Jean, et un corps dans
leTjrol 167
Elle cnToie une wmée dam la G«llioie , aoaa le 'prinoe Fer-
dinand 171
Lea troupes frmçaises, moiiu nombteiuDs , son t dÏTiséec depuis
le mois de janyier jngqn'aa moia de ma» , en trois giuids '
cotpg. 174
Elles occopent par de» garnisons les pl«<es de ta Pnuie. . 177
La Conféd^cHtioD da Rhin met ses tioupes sur pied. ... 178
La Russie fournit un faible contingent. . * 180
L'année française en Allema^e et en Italie, e«t formée plus
tard CD pliuienrs corps 181
Elle renferme beaucoup de jeunes soldats, et a moins d'artil'
lerie qoe les Autrichiens. ... * . . . i85
CHAPITRE VIII.
PLAN d'opérations DES ARMEES PRAMÇAISES ET
L'Autricbe Concentre ses troupes en Bohème , pour se diriger
sur le Shin , au travers de la Franconie , en soulevant tous
ces pays. 187
Elle se mépre^ sur les avantages, de celte poeitloD cen-
trale, en face de la ligne fort étendue des troupes fran-
çaises , igi
Elle compte s'avancer vers l'embouchure du Hein , pour agir
ensuite selon les circonstances tg3
Les opérations des ciorps d'Italie et du Tyrol, sont subor-<
données à celles de l'Allemagne ' IqS
Ferdinand est chargé d'envahir la Pologne I4|7
hyGoogIc
(4o6)
Cu projeta du général Gmnne ptàenuiit pluiienii io
uieni; la prince Chulei lu aper^oh et ae porte sui l'inp ,
du 3o mari BU 8 avrU 19S
Le QouTeaB plan eit de marcbeT par la ligne ceuLrale, sur
le Danube, au-deuui de Hatiibonne 3o3
Napoléon Tcut établir ton année mr ce fleuve, entre Uatisboune
et Donawerlli j il donne lea ordrei , du 4 ■» 37 mars . . . 306
Dana «sa instructions an majoT-général , il fait deux suppoai-
tions : de l'attaque des ÂuUicbiens, et de la réunion de notre
armée fers Ratiabonnc, avant ou après le i5 avril. ■ . ■ 311
Du 1" BU 10 de ce •oll, il fait BTBncn des troupes vers cetle
ville. 3i5
Lu armées françaises et autrichiennes m lapprocheul succes-
sivement de l'ber 3i€
CHAPITRE IX.
LES HOSTILITES COMMENCSHT; LB PBIRCB BESTHUa
SE TROUVE OPrOSÊ AU PRIRCB CB1.BI,B$.
Le 8 avril, les Autrichiens commencent TagressioD sur tons
les points attaquables, et répandent des proclamations aux-
quelles la Bavière répond - ■ ■ >>o
L'Archiduc estcombattu entre son patriotisme et ses théories
mililaîres 334
Il a le plus grand intérêt ii se porter rapidement sur le haut
Danube ; 335
Cependant, le sixième jour, l'armée autrichienne n'afait encore
que sti lieues 33S
Le 1 3, Charles est sur la Boit : Napoléon part de Paris; BeKhîer
arrive à Donavrerth j les deux masses françaises sont à Ingol-
sladt CL à Augsbourg 33 1
hyGoot^le "
Le prince CharlM ne pane Tlger que le i6, et marche sur
Neusudtj il ordonne à BeUegarde de le lénnic. à lui len
Eidutedt 336
Le prince Berthier prend le commandement de l'armée, et
donne dei oidrei contndictoirea à ceni de l'Empereur. . 94»
U renroie Darout à Ratisbonne, inalgré les repréaeniS' ^
tions a4î
Leprince Betihier voit l'ennemi pactont; il le^U enfin les der-
niers ordres de l'Empeienr, et va à Augsbonrg 14S
Ce prince se montre fort an-dessoos de ce commandement
temporaire. 346
L'Empereur est à Stnttgard le 16 34^
CHAPITRE X.
I. EHPBSBUB AHHITE LE I7 ÀVSIL A DOKAWSRTH , ET
DOHNB SES PBBUIEHS ORDBES.
Le goerre est un jeu de pasrioni, basé snr des combinaisons
morales antBDt que sUaliSgiqucs i 3S4
Napoléon est le grand maître de ces hantes parties .... 357
Les avantages du terrain et les cîrcoiuuncea sont en Avenr
de l'Archiduc iSg
Mapoléon, arrivant le i^ àDonaverlii, trouve l'armée divisée
autour d'Âugsbourg et de Batislionne 361
Celle de l'ennemi est eu face du centre de cette Longue ligne,
j^DS près du Danube que Davout 364
L'Empereur projette d'abord de réunit les cotpa, sous le ca-
non de l'Archiduc 366
11 étend ensuite la manœuvre par sa droite sur Landshuti
il en explique Tesprit à Maiaéna , et lui en prédit le
succès ana
hyGoogIc
(4o8)
P.B«.
Il annoitce m pré«nice aax troupes par une belli procla-
matioii 3^3
Le prince Charles coacentie ses mawei ren Rohr a;;4
Ce prince donne l'ordre de marcher vert Kdheini, et en-
mite lOT Ratiaboone, d'après la noaTclle de rarmée de
NapoWon 376
Malgré lea précautions prises , l'exéculion des ordres de l'Em-
pereur est retardée : le iR, Davout et Hasséna sont a Batis-
bonne et Âuf^bourgj nais ils ont des divisions à Dasnrsng
et à Landaberg - 379
CHAPITRE XI.
I.ABHEB PKANÇAISE SE REUNIT LE I9 AVRIL, EN COM-
BATTANT A THANK, AttHHOFEN ET PFAFPENHOFEN.
Id présence de Napoléon déconcerte les projeta de la Coali-
tion et de l'Autriche 381
Le ig, il donne des ordres aux corps pour la manceuyre qu'il
fait eiécuier 384
Il peint k Matséna le t^éritahle état Jet ehotet , en lai prescri-
vant le mouveioeot sar Landsbut. aS5
Davout et Cbarles s'avancent l'un contre l'autre , sur un terrain
fort rétréci. 187
Le maréchal gagne une merclie de nuit, et s'appuie an Da-
nube * 390
Le prince part à six heures du matin, et s'étenil k droite,
laissant Biller devant les Baiarois 291
0n engagement général prépare la réunioa de notre année,
et la manceuTre sur la gauche de l'ennemi 393
A Thaon, le combat commence entre la queue des colonnes
du centre français, et la tête du centre autrichien. . . . agS
hy Google
( 409 )
Le prioce Charles s'arrête snr lei bauteiua de Grub, avec lu
réseiTe de grenadiers, et iàit filer le reste des colonitea
vers la droite 19S
A Arnbofen, Ififebvte bat le général Tbierry. %ik>
A FfaSenhofcn, Masséru culbate imdétschement d'HiUer. . 3oa
I/archiduc Charles écritau prince Louis, dele rejoiadre. . . 3o3
Le soir, les Fiançais occupentune position ooncentrëe, devmt
fintervalle de la gancbe et du centre de l'ennemi, mx la li-
gne d'opérations de Landsbnt. 3aS
Il eat'diffîcile d'expliquer la conduite de rArohidnc dans cette
journée lo^
Note première. Sur les points stiat^quea de l'Allemagne nxé-
ridionale 3o9
Note dediièhe. Sur le commandement temporaire du prince
Berthier , . 3t9
■ Note teoisièhe. Détail du diamp de bataille des cinq jour-
nées du igau a3 avril 3ig
PIÈCES JUSTIFICATIVES.
Extrait de la communication faite a l'ambassadeur de Russie
à Londres, le ig janvier i8o5- - . . 34i
Lettre de l'empereur d'Aatiicbe à l'empereur Napoléon, iB
septembre 1S08 346
Lettre de Napoléon au grand-duc de Bade 347
Extrait d'une lettre du ministre ifestpbalien à Berlin au
comte de Furlenstein, 1809 ihid.
Lettre d'un général de réiat-ua)or du prince Charles, 1809. 357
Lettre de l'Empereur au major -général. . . 4 """ ^9og. 358
hyGoot^le
(4.0)
Lettre da mnjor^ëiiénl an marécbil Ifuiàia. 4 ">""
Happort du major-gënéril à L'Emperear. ■ ■ 5
I^Ure da iiiajor-|;éncral au maréchal Haujna . ùfem.
Lettre de l'Empereur au majoi^én^rRl. . . G man
I«ltre du nuijor'géiiéral an maréchal Haasëna. 7
Lettre da niajOT'géndral au maréchal Davont. 11
Lettre du major^jénéril an roi de Bavière. . idem.
Lettre du major'^^iral an maréchal Ha^séna. idem.
Lettre de l'Empereur an tnaj or-général. . . i^mar?
Lettre du majoi'^iiJTal au maréchal Masséna. 16
Lettre de FEmperenr an major-général. . . 30
Lettre de FEmperenr an major-général. . . ai
Lettre du major-général *n marédial Mauéna. iJan.
Idem 33 man
Idan 33
Ordre de l'Empereur tdtm.
Lettre du majar.^énéral an maréchal Masséna. idem.
Idem. 34map
Lettre du major-général au maréchal Davont. idem.
Lettre du major-génjral au maréchal Maaiéna. 36 man
lettre du major-générBl au maréchal Davout. 37
Lettre du mujor-général , ittaréchal Mauéna. idem.
Idem 38
Lettre de FEmperenr aamijoi^éoéra]. . . i*^aTri
Idem 3
3fi9
37.
374
3,5
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