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Full text of "Mémoires sur la guerre de 1809, en Allemagne, avec les opérations particulières des corps d'Italie, de Pologne, de Saxe, de Naples et de Walcheren;"

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I 



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MEMOIRES 

LES GUERRES DE NAPOLÉON 

EN EUROPE, 
DEPUIS 1796 JGSQC'EN 4»I5. 



D,gn,-prihyGOOglC 



Cet ouvrage te Iroupe aatsi à Parii, 
Cnïï POT1THIEU , libraire , Faltis-Royal , 

ANCBLIN'ÉT POCHARD , tue . Duiphiiie , 



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MÉMOIRES 

'• SDK 

LA GUERRE DE 1809, 

EN ALLEMAGNE, 



AVEC LES OpitlATlOWS PARTICULIERES DES COBPS D ITALIE 
POLOGNE, DE SAÏE, DEHAPLES ET OEWALCSEBEH; 



PAR LE GENERAL PELET, 

D'upnt «on JonrQil ton dctaillé de U cimpagne d'Allemagne; M 
nconnuMmcM et w>diTentr*Taiii; la correspooduice de Ifapoléo: 
avec le major-gendre], lea maréchaux, les commandai» en chef, etc. 
accompagnés de pièces initîBcatives et ioéditeB. 




TOME PREMIER. 



PARIS, 

HORET, LIBRAIRE, RUE HAUTEFETIILLE. 



8^4- 

D,gn,-.rihyGOOglC 



oc 



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•>z^>?%-(^T 



INTRODUCTION. 



Si l'histoire est le 6dèle miroir du monde , si 
dans les événamens passés, elle nous présente 
le tableau et les leçons de l'avenir, le premier 
besoin de toutes les époques doit être de con- 
naître exactement les temps qu'on vient de 
traverser, afin d'apprendre ce qui reste à 
craindre ou à espérer. Les peuples qui peuvent 
influer eux-mêmes sur leurs destinées et qui ont 
quelque part à leur gouvernement , doivent 
en éprouver plus vivement la nécessité. C'est 
alors le compte que chacun cherche à se rendre 
de la situation de la chose publique , comme il 
le ferait en quelque sorte de ses propres af- 
faires. Mais ce besoin est bien plus diiîScile 
à satisfaire après les grandes catastrophes, où 
tant d'événemens accumulés, tant de sentimens. 



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II IITTRODDCTtOS. 

de passions ou d'intérêts froissés, tant de res- 
sorts divers mis en jeu , rendent les souvenirs 
confus et les jugemens incertains. 

On peut se convaincre de plus en plus , que 
les trente années de notre révolution, sont l'é- 
poque la moins connue de nous et la plus déna- 
turée. Il est vraiment étonnant que les événe- 
mens dont nous venons d'être les acteurs , les 
témoins ou les victimes, aient laissé si peu de 
traces réelles; et que ceux qui ont pris quelque 
part aux grandes afïaires, en parlent avec une 
légèreté et mie partialité, qui doivent également 
révolter. Il est encore plus étonnant que dans 
la dernière période de ce drame terrible, chaque 
parti ait trouvé tant de fecilités à se décharger 
sur un seul homme et sur l'armée, de la res- 
ponsabilité de ses méfaits, de ses faiblesses ou 
de ses erreurs. 

Maintenant plus que jamais, il Êiut que les 
vérités historiques soient connues. C'est un 
devoir pour chacun de les faire parvenir à l'o- 
reille des peuples comme à celle des rois. Il 
fiiut que les uns et les autres sachent ce que 
sont les révolutions, comment elles se soulè- 



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IHTRODUCTION. 111 

veot, s'étendent et dévorent tout; comment 
on peut les apaïser et les régulariser, et en 
prévenir le retour. Il fout qu'ils connaissent 
la politique de l'Europe et de ses ministères, 
la guerre dans son état actuel, ses dangers, et 
ses véritables règles. Il faut que tous appren- 
nent aussi ce que valent, i'épée qui peut sauver 
la patrie, la baïonnette qui défend 'son terri- 
toire, et l'année nationale qui se sacrifie pour 
elle. 

Nous ne connaissons ni l'homme qui nous a 
gouvernés pendant de longues années, ni la 
situation dans laquelle était la France vis-à-vis 
de l'étranger , ni les causes véritables et les 
principaux détails -de nos guerres, de nos vic- 
toires et de nos revers. Tout est arrivé jusqu'à 
nous, au trav«-s du prisme des circonstances 
et de l'égarement des passions. Jamais homme, 
jamais époque n'ont été plus sévèrement jugés, 
ni plus difficiles à connaître. La révolution qui 
s.e. terminait, avait tellement agité les esprit, 
bouleversé les positions, exalté les têtes, qu'il 
devenait presque impossible de $ts l'endre un 
compte exact des événemens. Chacun apportait 



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tV IMTRODUCTIOIC. 

lies intérêts, des sentimens, des préventions qui 
déterminaient ses jugemens. Les déceptions de 
nos ennemis et les intrigues de leurs agens, ren- 
daient notre situation politique bien plus diffi- 
cile à apprécier. L'histoire sera plus juste envers 
Napoléon et son armée. Au milieu de ce mélange 
d'erreurs et de fautes , qui tomberont comme le 
brouillard du matin devant l'éclat du soleil d'été, 
on verra s'élever le colosse des temps modernes. 
La postérité le jugera , en même temps que le 
petit nombre de ses adversaires restés debout 
à ses pieds; et elle prononcera son arrêt, non 
sur de vaincs paroles , mais d'après les actions. 
Napoléon est déjà devant ce tribunal au- 
guste. Aujourd'hui, à trois années de sa mort, 
nous sommes comme à trois siècles de lui. Cette 
énorme distance est une des plus sûres manières 
de mesurer son influence sur ses contemporains. 
Nous sommes aussi à plusieurs siècles du sys- 
tème politique de l'Empereur. Il est mort tout 
entier avec lui. Aucun des siens , aucun des 
hommes vivans ne sauraient, sans la plus ex- 
cessive démence, entreprendre d'accomplir ce 
qu'il a laissé imparfait. Pour atteindre à là hau- 



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IHTRODDCTIOK. V 

teiir de.cette dictature que Napoléon a exercée, 
d'abord sur la France, ensuite sur l'Europe, il 
avait, faUu les circonstances les plus extraordi- 
naires. Il avait fallu qu'il possédât une organisa- 
tion surnaturelle, au moral comme au physique; 
qu'il apparût au milieu d'une révolution ter- 
rible, dont il avait pu répudier les excès, en 
héritant de ses pouvoirs; qu'il trouvât une ar- 
mée si fortement aguerrie, déjà illustrée par de 
brillans exploits, peuplée de héros dans tous les 
rangs, et préparée à toutes les grandes choses, 
une nation exaltée par plus de dix années de fer- 
mentation , disposée par les excès même de la dé- 
mocratie à ce qu'il y avait de plus gigantesque, 
accoutumée aux sacrifices et exaspérée au plus 
haut degré contre les étrangers, particulièrement 
contre les Anglais. Il avait fallu que l'Europe 
fut divisée, et que les souverains, aveuglés par 
leurs passions , ne pussent se réunir qu'après 
avoir été successivement vaincus et rétablis plu- 
sieurs fois, avec une générosité qu'ils n'ont pas 
su pardonner ni surtout imiter. Aujourd'hui tout 
est changé. La vieille aimée n'existe plus; ses 
chefs sont morts, ses débris sont dispersés, et 



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VI INTRODUCTIOW, 

ses lauriers se cachent dans une indigente obs- 
curité. La nation fatiguée des suites d'une si 
longue lutte, amollie dans les langueurs de U 
paix , se consolant par des abstractions et des 
spectacles, semble rétrograder vers le siècle pré- 
cédent. L'Europe vengée et irritée de nos triom- 
phes est sous les armes; et le fantôme de notre 
gloire la détourne encore des véritables dangers 
qui la menacent. 

On peut donc répéter avec une profonde con- 
viction : Le système politique de Napoléon est 
mort avec lui. Mais l'Empereur n'a pas eu le 
temps de te conduire à ce terme auquel il tou- 
chait, parce que tout le monde l'a abandonné, 
petits'et grands, citoyens et généraux, peuples 
et rois, tous contre leurs plus chers intérêts; 
tous peut-être au moment de pleurer sa perte. 
Car qui en a profité ? excepté l'Angleterre pen- 
dant bien peu de temps , et la. Russie qui 
cherche à envahir notre héritage. Cependant 
comment le reste de l'Europe s'en trouvera-t-il 
avant un demi-siècle? On dira : Pourquoi Napo- 
léon avait-il embrassé plus qu'il nepouvaitaccom- 
plir? L'histoire i-épondra en posant et décidant 



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IHTRODDCTIOW, Vit 

ces questions. Les projets de Napoléon pour pa- 
cifier l'Europe et consolider cet état de paix gé- 
nérale, étaient-ils utilœ àrhumanité, conformes à 
la justice et au besoin du-sièclei* étaient-ils exé- 
eutables, et n'en avait-il pas déjà berminé Ja ma- 
jeure partie? Ont-ils échoué par sa faute, ou par 
eelle des hommes qui l'ont délaissé? Il est pos- 
sible que, de notre vivant, nous entendions pror 
noncer ces jugemens de l'impassible et équitable 
histoire, cette grande justicière des hommes et' 
des choses. 

Ceux qui ne stmt pas insensibles aux senti- 
mens généreux ou même à une douce pitié pour 
de hautes infortimes, ne sauraient désapprouver 
l'action d'un soldat qui élève un monument à la 
vieille armée et à son général, à celui qu'dlle ap- 
pelait son père ! Cette armée était comme une 
famille, dans laquelle tout se tenait, depuis le 
dernier soldat, enfant dévoué mais juge éclairé 
et sévère de la conduite, de ses chefe, jusqu'au 
commandant supr^se qui se montra constam- 
ment, et était reconnu le père de tous. Le plus 
bel éloge de Napoléon , éloge que rien ne 
pourra détruire, est dans l'amour et la fidélité 



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▼III IHTRODUCTIOM. 

de cette armée française si loyale, si généreuse > 
si fière; au milieu de laquelle il vivait si fami- 
lièrement; dont il partageait les bivacs, les &.tl- 
gues, tous les dangers; qu'il avait conduite à 
mille batailles ou combats, et à autant de vic- 
toires. Ne l'ayant pas perdu un seul instant de 
vue, sans cesse à même de juger chacune de ses 
actions, ses paroles, ses sentimens, elle peut 
être appelée tout entière en témoignage sur 
son compte- Cette sublime et touchante confra- 
ternité produisait un ardent dévoùment, et quel- 
que chose de plus dans les cœurs magnanimes, 
dans les âmes élevées, surtout dans ceux qui pou- 
vaient voir d'un peu haut les miracles du génie. 
Mais dans notre garde impériale, parmi ces no- 
bles ^és de la famille militaire, élite choisie au 
milieu des plus braves et des plus méritans , 
presque entièrement composée des meilleurs 
sergens et caporaux des régimens de ligne , 
éprouvée par les plus brillans exploits , distin- 
guée par la plus rigide discipUne, toute d'hon- 
neur, et qu'elle même maintenait sans punition; 
dans notre garde , ces sentimens prenaient en- 
core, s'il est possible, une nouvelle exaltation. 



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lirTRODUCTIOIT. IX 

Lequel de tous ces hommes (mémo après tant 
d'orages et dans le calme de la plus parfaite sou- 
mission au gouvernement sous lequel nous vi- 
vons), pourrait, sans quelque motif personnel, 
avoir oublié les sentimens qui au milieu de ces 
beaux jours de gloire, les animaient non envers 
un homme, mais envers la patrie? 

L'armée sous l'empire n'a pas cessé un instant 
d'être nationale. Elle l'a assez prouvé par sa 
conduite entièi*e, et surtout par son dévoû- 
ment sublime en i8i4et i8i5,dans cette conti- 
nuelle bataille, où elle disputait, au prix de tout 
son sang, chaque coin de la. France au sabre 
de l'étranger, où elle s'immolait, tandis que ses 
antagonistes discouraient et intriguaient. Après 
avoir eflacé par ses exploits, les prodiges des hé- 
ros de l'antiquité, elle a donné au monde le plus 
bel exemple de patriotisme. La Grèce et Rome 
en présentent-elles, qui puissent se comparer à 
ce licenciement général, où tant de braves sacri- 
fièrent aux malheurs et an repos de la patrie, leur 
vengeance, leur fortune militaire, leur ancienne 
iamille des camps, ces armes d'honneur même, 
si long-temps la terreur de l'étranger, enfin leur 



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X IITTRODIICTION. 

sûreté personnelle? On vit alors les vainqueurs 
de l'Europe, un simple bâton à la main, aller au 
travers des bandes ennemies pleines de respect 
pour eux, chercher leur misérable existence 
avec tant de sueurs, dans ces champs qui n'é- 
taient pas à eux, et qu'ils venaient de défendre 
avec tant de sang. Si cette armée, passionnée 
pour la liberté autant que pour la gloire, n'a- 
vait considéré l'Empereur, comme le premier 
magistrat et le représentant de la nation; si 
elle n'avait constamment reconnu en lui, le 
plus ardent patriotisme, la plus vive affection 
|)our la France ; si elle n'avait pu voir dans Na- 
poléon qu'un ambitieux, im despote, ou seu- 
lement' un conquérant; elle n'aurait pas versé 
avec ardeur jusqu'à la dernière goutte de son 
sang, en bénissant celui auquel elle l'avait voué; 
élld ne l'aurait pas suivi, sans jamais murmu- 
rer, dans tous les coins de l'univers; elle ne 
l'aurait pas-accueilli , dans les momens les plus 
terribles, par des acclamations d'amour. Qui a 
pu les entendre à I^baii , à Krasnoe, à la Bere- 
zina, à HanaU, à Fleurus, à Paris même, sans 
être ému jusqu'aux larmes! L'armée ne pouvait 



hyGoot^le 



IHTRODDCTIOM. XI 

se tromper sur les véritables sentimens de Na- 
poléon; si souvent prise à témoin de la foi reçue 
et violée, de la perfidie des vaincus et de la gé- 
. nérosité du vainqueur, elle connaissait l'état de 
l'Europe, mieux que les politiques de la tribune 
et des salons. Il est certes inutile de répondre 
à ceux qui ont osé prétendre que ^Napoléon 
sacrifiait ses soldats dans les batailles, insultait 

ses officiers, ses généraux Il y avait trop 

d'honneur dans ces coeurs fi-ançais, pour souf- 
frir de qui que ce fut, ni mépris, ni outrage. Il 
faut le répéter, le constant amour du soldat est 
le panégyrique de Napoléon, Comme le constant 
dévoûment de l'armée au milieu des crises les 
plus terribles, est notre plus beau titre de gloire. 
: Après l'amour de la patrie, l'honneur, bien- 
plus que l'ambition, animait l'armée impériale. 
la plupart de ses vieux héros, qui combattirent 
dans les quatre parties du monde , qui plantè- 
rent les drapeaux français au Caire , sur le Mont- 
Thi^r, à Berlin., à Madrid, à Lisbonne, à Var- 
sovie, à Moscou, deux fois à Vienne, plusieurs 
fois à Milan, à ïtpme, à Naples; qui donnèrent 
leur part des couronnes et des royaumes; qui 



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XII INTRODDCTlOir. 

souvent s'assirent à la table des rois; ces vieux 
héros oQt à peine de quoi vivre dans nae glo- 
rieuse médiocrité. Les campagnes et les boui^s 
de la France sont peuplés de Bélisaires, plus 
fiers dans leur misère, que ceux qu'ils voient 
couverts des faveurs et chamarrés des cordons 
de l'étranger; ils répudient avec dédain leurs 
compagnons possesseurs de richesses mal ac- 
quises. Les récompenses et les dotations qu'ils 
ont perdues, quoique consacrées par des traités 
solennels, furent toujours le prix du sang versé 
et d'actions d'éclat; conquises sur la féodalité, 
elles ne coûtèrent pas une larme aux nations 
étrangères, pas une obole au sol français, car 
jamais ses impôts ne furent si légers que pen- 
dant nos victoires- Avec elles, tout a cessé: 
l'armée, née pauvre, est redevenue pauvre, mais 
elle est restée riche d'honneur et de gloire. 
Pendant ses triomphes, elle fut toujours fille ' 
soumise de la mère-patrie; les rois, les princes, 
sortis de son sein, ne rentraient en France 
que comme simples citoyens; ses généraux 
étaient entièrement subordonnés à l'adminis- 
tration. Il fallait que dans ses discussions civiles , 



hyGoo^le 



IITTRODOCTIOÎt. XIII 

l'armée eût dix fois raison, pour l'obtenir de 
l'autorité. Jamais aucun gouvernement ne s'est 
montré moins militaire, que" celui qui avait 
pour chef le premier des guerriers. L'uniforme 
même, le plus cher et le plus bel ornement du 
soldat, ne se voyait pas dans l'intérieur de la 
France , surtout dans cette cour la plus martiale 
qui ait existé. Telle fut cette armée, si calomniée 
après des malheurs qu'on ne saurait lui repro- 
cher : telle fut cette époque de notre histoire, 
dont la France chérira toujours le souvenir. 

Napoléon a tout emporté daiis la tombe. Main- 
tenant on peut parler sans nul danger, de lui , 
de sa gloire, de sa puissance. Si même quelque 
chose doit résulter de la publication de ces Mé- 
moires, c'est la conviction qu'il est impossible de 
voir se renouveler le phénomène politique qu'a 
présenté Napoléon. Le temps de la vérité est 
donc venu pour la génération déjà à moitié pas- 
sée : tous gagneront à l'entendre; aucun homme 
honnête n'a d'intérêt à la cacher. Un gouver- 
nement constitutionnel ne peut se fonder que 
sur la vérité, sur la publicité, sur la justice. 
Ainsi cet ouvrage est non-seulement sans incon- 



hyGooglc 



XiV INTRODUCTIOTf. 

véniens, mais il présente des avantages. Les di- 
plomates y verront quelle a été la politique réelle 
de l'Europe pendant les années de l'Empire; et 
combien il faut se tenir en garde contre des voi- 
sins, ennemis perpétuels de la prospérité et de la 
gloire de notre France, placée au centre de l'Eu- 
rope et de Ses mers, si bien partagée par la nature 
du sol, l'industrie et l'activité de ses habitans. Les 
administrateurs trouveront de grandes et utiles 
leçons, dans la conduite d'un homme qui possé- 
dait si éminemment la science du gouvernement. 
L*s militaires de l'armée actuelle reconnaîtront 
quels sont les c6tés faibles des divers éta.ts, les 
moyens de défense et d'attaque, la conduite à 
tenir dans les guerres futures. Ils piùseront à 
leur source les règles véritables de l'art ; ils. se 
formeront par l'étude des plus belles opérations 
qui jamais aient été faites. Ilsauroot un avantage 
particulier, que ne pourront partager les étran- 
gers, dans les élémens d'une tactique toute fran* 
çaise, parfaitement adaptée au caractère national; 
et même entièrement fondée sur ^ parfaite con; 
naissance. Telles sont les leçons que l'histoire de 
l'empire lègue à Is^monarcbie actuelle. 



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INTRODUCTION, XV 

L'auteur était décidé à ne publier aucune par- 
tie de ses Mémoires avant une triste époque ; 
celle où la mort du grand homme laissait sans 
Tombre même de danger, un ouvrage où son éloge 
doit se trouver souvent répété. Un autre motif, 
également puissant, agissait sur l'âme de l'auteur. 
Pendant la vie de Napoléon, et surtout pendant 
son règne, ces sentimens d'admiration, du moins 
ainsi qu'ils sont exprimés , n'auraient jamais 
échappé de sa plume : telle a toujours été son 
aversion, pour tout ce qui ressemble à de la 
flatterie ! Il se privait ainsi de la plus douce ré- 
compense et du premier de tous les suf&ages. Il 
croyait aussi convenable d'attendre que nous eus- 
sions atteint le commencement du point de vue 
historique, où la conduite des divers eimemis 
de Napoléon et des hommes opposés à son sys- 
tème, pouvait être jugée ainsi que la sienne. Au 
milieu des bigarrures dont s'étaient couverts les 
membres de la coalition, et ceux qui favorisaient 
ses projets, les nations ont pu les croire pendant 
quelque temps les défenseurs de leurs droits. 
D'un autre cAté, ceux qui ont tant crié à l'op- 
pression et au despotisme, ceux qui se portaient 



hyGoot^le 



XVI r NTRODCCTIOK. 

connue les chefs de la cause des peuples et les 
martyrs d'une opposition sans danger, ceux-là 
travaillant , sans doute à leur insu , aux succès de 
nos ennemis , ont été assez bons pour penser 
qu'en détrônant la gloire , leur triomphe et ce- 
lui des principes libéraux, suivraient le triom- 
phe de la ligue européenne ! Aujourd'hui on 
sait à quoi s'en tenir. Aujourd'hui seulement 
les masques tombent , les projets sont dévoilés, 
tout le monde est jugé et classé. Le temps de 
l'histoire contemporaine est enfin arrivé. 

Les écrivains n'ont pas manqué à notre his- 
toire militaire. Plusieurs campagnes ont paru 
déjà. Mais ont-elles été traitées" d'une manière 
convenable et satisfaisante? y trouve-t-on l'au- 
thenticité, les garanties nécessaires, et des sen- 
timens toujours nationaux? Sous les simples rap- 
ports historiques, sommes-nous aussi avancés que 
les étrangers, et surtout que les Allemands? On 
n'oserait l'affirmer. Le public est Inondé de mé- 
moires de toute espèce; il, les dévore avec une 
telle avidité, qu'il faut le mettre en garde contre 
des publications que recommandent toutes les 
apparences extérieures, et qui n'en sont que 



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INTHODDCTfON. ' j^VIl 

plus dangereuses, parce que le mensonge y est 
déguisé sous les apparences de la vérité. Les li- 
braires publient de prétendus mémoires post- 
humes, dont on reconnaît les lambeaux dans 
des ouvrages qui sont entre les mains de tout 
Je monde, et des romans portant des noms 
militaires connus, où l'exactitude est violée 
à chaque page (i). D'autres publications con- 
tiennent des impostures présentées d'une ma- 
nière authentique , dans des correspondan- 
ces évidemment fabriquées. L'altération semble 
se glisser même dans ce que nous devrions 
considérer comme le plus sacré. Nous avons 
heureusement l'excellent Pricù de, événemem 
militairesi mais l'excessive urbanité de l'auteur 
et son extrême indulgence dérobent souvent à 
la sévérité de l'historien, des remarques essen- 
tielles ou des circonstances importantes. Ainsi, 
on aurait voulu y trouver dévoilées les cou- 
pables menées qui ont renouvelé la guerre de la 
coaUtion en i8o5, ou plutôt qui dès 1804 ont 
organisé contre nous cette troisième agression 

(1) Mémoires du C. s rt du G. F 



hyGoogIc 



XVIIl INTRODUCTION. 

européenne, qu'on a osé nous rêpKicber; on 
aurait voulu y trouver aussi les époques précises 
des négociations, Im plans véritables, le but réel 
et la conduite secrète des diverses puissances (i). 
Pour la guerre de 1809, les ouvrages sont en- 
core assez rares en France ; il n'en a guère paru 
que deux. L'un décoré du nom d'un littérateur _ 

(i) La Suède a commencé cette série de traités, qui a 
organisé la guerre de i8o5, ea donnant à l'Angleterre, le 
3 décembre 1804, l'eu trée dans la Poméranie, et en traitant 
avec la Russie, le 14 janvier stiivant. Gustave manifestait 
dès tors par la note de son ambassadeur auprès d'Alexan- 
dre, du 16 mars i8o5, ses sentimens pour le rétablissement 
du trâne des Bourbons. Dès l'année précédente, Stadion 
négociait h Saint-Pétersbourg, pour l'attaque qui eut lieu 
plus de quioze mois après. Le iS mars i8o5, le plan d'opé- 
rations militaires de l'Autriche était réuni à la cour de Rus- 
sie, et le 6 avril, le général Stutterheim présentait à l'em- 
pereur Alexandre des explications sur ce plan. Le 17 août 
de cette année, la Prusse levait soixante- dix-huit bataillons 
de réserve, pour une guerre extérieure; elle dressait un 
projet d'opérations connu, pour marcher sur le Mein. Le 
roi partait le i" décembre i8o5, pour se mettre ik la tête de 
son armée. Celle-ci, après la bataille d'Austerlitz , recevait 
l'ordre de marcher par la Saxe en Bohème sur le Bas- 

I^er. Voilà les principales bases de l'histoire de. 

cette époque. 



hyGoogIc 



IMTKODUCTION. XIX 

distingué ( M. Dolàborde ) , présente sur cettït 
campagne un Précis qui renferioe des récits fort 
inexacts et des jugesMiis plus que hasardés. L'au- 
teur n'aseistait pas à la plupart des affaires qu'il 
raconte, et il a trop écouté ceux qui s'y trou- 
vaient directement intéressés. L'autre ouvrage 
est d'un homme aussi recommandable ( M. Cadet 
deCas3icourt),mais qui n'étant pas non (^bs 
en position de voir et de juger, a resopli d'er- 
reurs et de fiiossetés, son Fiyyage en ^utficke. 
Dans un Recueil qui n'est pas estimé .peut- 
être autant qu'il le méwte, dans les Victoires 
■et corufuétes^ oette campïtgne de 1809, est une 
des plus inCMQpIètes , parce que les matériaux 
manuscrits ou publiés, inanquaieut ii ses rédac- 
teurs- Akisi on peut considéwr <ceUe époque 
de nos guerres, comme à |>eu |H^ès inconnue et 
n'ayant pas encore été traitée. 

Beaucoup de grands personnages pré4>areBt 
leurs mémoires , quelques-uns avec des dépenses 
et des travaux «oasidér^des. Ayant .k .amanger 
leur Conduite politique avant et après l'Empire, 
il est difficile que l'intérêt personnel n'exerce pas 
quelque influence sur la vérité ou rex,positiori 



hyGoogIc 



XX IWTRODCOTIOM. 

des faits. Napoléon nous a prévenus lui-même 
des dangers que sa mémoire pouvait courir, io- 
dépendamment a des fables et des mensonges 

■ des grands intrigans par les révélationST 

» les porte'/euilles, les assertions même de ses 

> ministres honnêtes gens, qui auront à don- 
V ner bieu moins ce qui était que ce qu'ils 

> auront cru Ijeur portion spéciale n'était 

» que des éléraens du grand ensemble , qu!ils 

» ne soupçonnaient pas Comme ils sont plu^ 

■n sieurs, il est probable qu'ils seront loin d'être 

» d'accord (i) » Napoléon a dit aussi que ces 

personnages , pour-la plupart distingués par leur 
loyauté, et dignes du choix dont il les avait ho- 
norés, pouvaient avoir été circonvenus et abusés 
par les ennemis de la France, ftemarquons toute- 
fois que Napoléon proteste d'avance; on sera peut- 
être convaincu par la suite, que ce n'était pas 
sans quelque fondement: Si dans les publications 
déjà faites, ou dans celles qui pourront avoir 
lieu, il se trouve quelque contradiction avec le 
contenu de cet ouvrage, on voudra biwt obser- 

(i) Mémorial de Stùnte-Hélènt, tom. vu, pag. 3i5. 



hyGoogIc 



INTRODUCTIOir, 



ver que, n avançant rien qui ne soit prouvé par 
des pièces authentiques, nous sommes autori^ 
à n'admettre comme authentïquement prouvé , 
que les feits appuyés de pièces. 

Avant de parler de cet (Htvrage, des maté- 
riaux avec lesquels il a été composé , de l'occa- 
sion et de l'époque auxquelles il a été «ntreprî», 
il faut faire connaître son auteur. On veut savoir 
dans quelle position s'est trouvé celui qui écrit 
des mémoires historiques, les sources où il a pu 
puiser, les sentimens qui l'animent , afin d'ac- 
corder plus ou moins de confiance à ses asser- 
tions. 

Le général Pelet est entré au service en 1800, 
comme sous-lieutenant dans le corps des ingé- 
nieurs-géographes militaires. Occupé de travaux 
topographiques et historiques jusqu'en i8o5, 
il fut choisi, au commencement de cette cam- 
pagne , par te maréchal Masséna , pour être son 
aide-de-camp; il resta jusqu'en janvier i8ia, au- 
près de cet illustre guerrier, qui le traitait en 
ami et l'appelait sonjils d'armes. Colonel en avril 
181 1 , il fut nommé sous-chef de l'état-major de 
l'aile droite de la grande armée en Russie, 



hyGoogle 



Xjtjl ISTRODUCTION. 

commandée par le roi Jérôme, et reçut à Mo«- 
cow le coeamandeoieiit du brave 48^ régiment 
d'infanterie. Élevé au grade ^ général de bri- 
gade, en avril i8i3, l'Empereur le plaça peu 
après dans la vieille gaj^e. Chacun de ces 
grades a été le prix de tes travaux , de se« ser- 
vices , de ses blessures , sans intrigues ni r&-' 
commandations d'aucune' espèce. C'est dans ces 
difiSèi^ntes qualités, que le général Pelet a fait 
toutes les campagnes de la grande armée en i8o5, 
6, 7 , 9, 12, i3, i4, i5, celles dltalie, en 1800, 
de Portugal, en 1810 et u. 

A portée dans ces diverses positions , par ses 
relations , et par le service dont il était chaîné , 
de connaître le secret et les détails des affaires, 
le géaéral a tenu avec )>eaucoup de soin des 
journaux très-étendue de ses campagnes , et qui 
formait onze gros volumes (i). Ayant eu tou- 
jours un goût très-vif pour son métier, il a étii- 

(1) Peu de pei'sonnes ont eu coinmuaicalloii de ces joui'' 
nauK. Le géoéral Philippe île Ségur est le seul qui ait eu à sa 
disposition , pendant quelque temps, les deux volumes de la 
Campagne de HuMie. Ces deux volumes perdus en partie h 
Krasooé , avaient été rétablis en arrivant sur la Vistule. Les 



hyGoogle 



IMtBODDCTlOIf. ■ xxill 

dié avec iinç coostaote application le système 
de guerre tje Kapoléon. Admis assez souvent 
auprès de sa p^souue, et honoré de sa part de 
quelque confiance , il a été chargé par lui de 
heauçpup de reconqaissances et de plusieurs tra- 
vaux. Coipme ingénieui^géographe en Italie, les 
levers et surtout l'historique des batailles de 
la mémorable campagne de 1796, et de 97, lui 
furont confiés de 1801 à i8o4> Depuis cette épo- 
que, ils^ont conservés au Dépôt de la Guerre, 
ainsi qu'un grand nombre d'autres mémoires 
militaires du général Felet (i). L'Empereur té- 
moigna, à Milan, une haute satisiaction de la 
manière dont avait été accompli ce travail , au- 
quel il mettait beaucoup de prix. Dès lors le 
jeune ingénieur se livra tout entier à sa double 
Tocfttjon , de f^re la guerre et de l'écrire; il se 

jouroaux de chaque campagoe qui ont servi à la composition 
de ces Hémoires , senmt représentés aox peisonnes qui dési- 
reraient ks voir. Ces journaux , en retraçant lea hits avec 
exactitude , ont- au^i l'avantage de pr^s^tcr les s^timem 
et U couleur du moment. 

(1) Le général a fourni à ce dépdt, depuis i8o3 jusqu'à 
1S19, des renseiguemens particuliers et des matériaux pour 
\v grand travail historiq^ qu'on y préparait. 



hyGoot^le 



XXIV IMTBOBCCTION. 

regarda comme destiné à tracer les mémoires de 
nos grandes campagnes. Pendant les opéi^ations 
U écrivait son journal , et recueillait des maté- 
riaux. Dans les armistices , il rédigeait ses mé- 
moires. Ainsi il préparait ceux de i8o5, à Na- 
ples; de 1806 et 7,3 Prasnitzet Wizna; de 1809, 
à Znaim; de 1812, à Anvers; de ï8i3, sur le 
Rhin ; de 1814, à Montargis; de i8i5, à Gueret. 
Depuis son entrée au service, il n'a donc cessé 
de s'occuper de l'histoire de nos guerres. Sous 
l'Empire , il a eu les plus grandes facilités pour 
puiser de tous côtés, et pour réunir tes pièces 
nécessaires à ce grand travail. Alors il a eu com- 
munication des matériaux déjà préparés dans 
le cabinet de Napoléon, de la correspondance 
militaire avec le major-général, avec les maré- 
chaux , les commandans en chef, etc. Depuis ce 
temps , il n'a négligé ni dépenses ni soins pour 
recueillir toutes sortes de matériaux, en France 
ou chez l'étranger. Il a étudié les divers pays , 
les champs de bataille, le terrain dés opérations 
les plus étendues. Il en a eu aussi de fréquentes 
occasions, dans les reconnaissances qui lui ont 
été confiées à toutes les époques. Ses journaux 



hyGoogIc 



IWTIlODCCTIOTr. XXV 

et ses porte-feuilles sont remplis de ces différentes 
pièces. Comme sdde-de-camp du maréchal Mas- 
séna, et chargé de son travail militaire, il a eu 
-à sa disposition, pendant la campagne et pen- 
dant l'armistice de i8og, la correspondance 
-du maréchal , qui dans ces mémoires se trouvera 
plus souvent citée. La relation de cette cam- 
pagne devient fort intéressante par le grand 
rôle qu'y a joué le maréchal , par son séjour dans 
111e de Lobau , et par le service des reconnais- 
sances et des expéditions sur le Danube et 
ailleurs, qui était confié à son aide-de-camp. 
Quelquefois celui-ci sera forcé de se citer; mais 
la part qu'il a prise aux evénemehs donnera plus 
de garantie à ce qu'il avance- 
Les sentimens de l'auteur, doivent ajouter 
-quelque poids à son témoignage; ils prouveront 
qu'en cette cause il est désintéressé personnelle- 
ment, autant qu'un bon citoyen peut l'être dans 
ce qui concerne son pays, un soldat dans ce qui 
regarde son général. Pendant sa première jeu- 
nesse, imbu des leçons de l'antiquité, il était 
peu porté pour le " gouvernement d'un seul ; 
comme aide-de-camp du maréchal Masséna, ses 



hyGoogIc 



XXVI INTRODVCTIOH. 

rebitiomp étaient plutôt contraires que favorable» 
à toiut ce qui tenait à la conr intpériale. On peut 
dire qu'en entrant dans le monde, à mesure 
qu'il a mieux connu les bommes et les cboses, 
il a été vaincu par l'ascendant d'un grand génie,. 
par l'éclat de tant de gloire, par l'étude même 
qu'il a faite de l'un et de l'autre. Plus il avançait 
dans cette étude, plus son dévouement augmen- 
tait, sans qu'il ait été à même de le Ëiire écla- 
ter d'une manière saillante. Il n'a pu même 
attribuer la bienveillance que lui a témoignée 
Napoléon» qu'aux suites de deux vires et lon- 
gues discussions qu'U e^t avec lui en i8i i , 
dans une occasion assez remarquable, et qui. 
furent aussi honorables pour l'un que pour l'au- 
tre. Au commepcement de sa carrière, il a été 
pendant long- temps desservi. Entré en qualité 
de général dfins la vïeille-gafde, par suite de 
s^s blessures et de ses ^rvices, au moment 
où elle commençait à se battre et à se dé- 
vpuer tous les jours, il n'y a reçu ni titres, 
ni dotatioiis, ni décorations, ni avantages d'au- 
ci|ne sorte , que rineigne honneur d'être choisi 
pour commander dans un tel corps, et d'y èti'e 



hyGoogle 



IXTRODUCDOK. XXVll 

traité avec beaucoup de distinctioB. X^ général 
se plaît à faire cette déclaration , parce qu'on a 
trop dit que, dans l'armée impériale, on était 
accablé de récompenses. Il est aujourd'hui- c« 
qu'il était aux batailles de Dresde et de Leipsick 
où il fut blessé. Il a assisté depuis, en i8i4 et 
1 8 1 5 , à bien d'autres a&ires , à la tète des chas^ 
seuTi à pied de la Tieille-garde, et a été chargé , 
alors et plus tard, de nombreux travaux. 

L'auteur ne se présente pas comme entière- 
ment impartial, quoiqu'il ait commencé par être 
dans les rangs opposé». Mais plus il s'est senti 
d'admiration et même d'affection, plus il s'est 
efforcé de les Ëiire taire ; plus il a voulu exa- 
miner et approfondir les matières qu'il traite- 
Ainsi il a tout consulté, pour cette campagne 
comme pour les autres : il a entendu des hom- 
mes de tous les rangs et de tous les pays; il 
a 'discuté leurs assertions, les a pesées, et 
jugées. Il parle maintenant avec une pleine 
conviction, avec la loyauté d'un soldat sans 
reprodies, avec la conscience de l'homme d'hon- 
neur. S'il a erré dans la scrupuleuse recherche 
de la vérité, il manifeste du moins ses sentimens 



hyGoogIc 



XXVni HfTBODlICTIOTI. 

assez hautement, pour que chacun puisse se 
teuir en garde contre ses jugemens. 

Le général Pelet est bien éloigné de la préten- 
tion d'écrire l'histoire; il en prépare les maté- 
riaux. Au goût qu'il a toujours eu pour ces tra- 
vaux, aux encouragemens qu'il a reçus jadis, 
sont venus se joindre plusieurs motifs qui ont 
^îontribué à le déterminer. Il est profondément 
convaincu que les annales de l'Empire, qui 
a été une époque toute militaire, un perpétuel 
combat entre la coalition et la France, ne peu- 
vent être débrouillées que par un homme de 
guerre. Effectivement, il faut avoir vu de bien 
près beaucoup d'événemens et de personnages, 
avoir manié des troupes, et couru les chances 
si multipliées des combats; il faut avoir long- 
temps étudié le terrain, la tactique, la guerre, 
les hommes, pour découvrir et apprécier le nœud 
et les véritables circonstances . des . affaires , la ' 
conduite des divers partis et leur situation réci- 
proque , les plans et les dispositions, les prétextes 
et les motifs réels de chacun. Nous voyons que 
l'histoire des guerres écrite chez les anciens ou 
chez tes modernes, par des hommes étrangers à 



hyGoot^le 



IIÏTRODDCnOIf- XXIX 

Tart militaire, fourmille d'erreurs et de faux ju- 
gemens, sur les causes, les résultats, enfin sur 
les faits eux-mêmes. Il ne saurait en être autre- 
ment, lorsque tous les historiens ont déjà tant 
de peine à démêler la vérité, au milieu des exa- 
gérations, des mensonges et des contradictions 
des partis. Plus les guerres sont longues et com- 
pliquées, leurs théâtres étendus, leurs intérêts 
grands et entremêlés d'intérêts particuliers, plus 
il est ditBcile de pénétrer dans ce dédale. L'é- 
poque de l'Empire est pleine de ces complica- 
tions, qu'un homme de guerre seul peut espérer 
d'éclaircir et d'évaluer. 

Un des grands obstacles que rencontrera 
rhistorien, est le défaut de connaissances pré- 
cises sur Napoléon, loué avec exagération pen- 
dant sa puissance, blâmé avec une sorte de fu- 
reur et de démence depuis qu'il a succombé. 
En l'approchant de très -près, en l'étudiant 
avec soin, plus sur les champs de bataillé où 
. l'homme se montre à chaque instant, que dans 
les cours -où on le découvre si difEcilement; 
l'auteur croit avoir depuis long-temps appris à 
connaître sa personne^ son caractère et surtout 



hyGoogle 



XXX iHTRODDCTION. 

ses systèmes de guerre. Aidé de ces lumières, il 
croit aussi avoir pu, mieux qu'iui autre, Ure 
dans ses systèmes de politique. 

On reconnaît généralement que l'histoire doit 
être préparée et ■débattue en présence des ccm- 
temporaîns. Ceux qui sont intéressés dans ses 
récits, peuvent ainsi contredire ou rectifier les 
assertions. De leurs réponses ou de. leur silence, 
des débats qui s'établissent, jaillit la vérité. L'an- 
teur, pénétré de ce priitcîpe, a désiré aussi 
consoler et venger cette foule de braves, qui ont 
accompli leur devoi^ avec tant dlionoeur, et aux- 
quels on veut enlever le nïérite mêtne de lenm 
actions, en attaquant la source de leur dévoù- 
tnent. H a voulu défendre tant de hauts ïaits et 
d'actions éclatantes, afin que l'Europe smhc que 
nous sommes, encore dignes des grandes dioses 
qu'elle admire , et que ce n'est pas malgré nous 
et à notre insu, que nous y avons coopéné. 
persuadé que la publication de beaucoup de 
mémoires posthumes , justifiera Napoléon de 
toutes les inculpations qui lui sont encore 
adressées, il a désiré pour rh<»ineur du siè- 
cle, qu'an milieu de tous les ouvrages qui 



hyGoogIc 



Introduction. xxxi 

pLjrroBt atriver k une postérité plus ou moins 
prochaine , elle trouvât la preuve, que jitstice à 
été rendue à Ifapoléon de son telnps^ qu'il a 
été jugé comme elle le jugera, et que l'ingrati- 
tude et la légèreté n'ont pas été le défout de tous. 
Tels sont les motiiEs qui ont déterminé la pu- 
blication de ces Mémoires, commencés depuis 
longues années et assez avancés dans leur ré- 
daction. L'auteur avait voulu foire imprimer 
«n 1808 la campagne d'Austerlitz; il éprouva 
«les difficultés qui le forcèrent à y renoncer. De^ 
puis peu de temps M. le général Mathieu Dumas, 
a donné, dans son excellent Précis, un extrait 
de cette campagne, pour ce qui concerne l'ar- 
mée dltaiie. Un autre extrait de la guerrte de 
1809 a été inséré dans le Mémorial de Sainte- 
Hélène. Ce précieux ouvrage l'annonce , comme 
faisant ^rtie du Tableau sommaire des cam- 
pagnes de Napoléon en Europe. "On verra par 
ia différence de ces mot-ceaus , que le plan de 
ces Mémoires a beaucoup varié. Il ne pouvait 
en être autr«nent, au milieu de tant d'événe- 
mens; mais leur esprit est resté le même. Dès 
IVirigine , ce travail dftstîtié \ consacrer la 



hyGoogle 



XXXII ISTRODirCTIOIt. 

gloire de nos armes, et à tracer les progrès de 
l'art de la guerre, devait avoir une grande ex- 
tension , être accompagné 3e cartes , plans , 
vues , etc. L'auteur a voulu ensuite le resserrer 
dans un plus petit cadre, et présenter seule- 
ment le Tableau de nos grandes campagnes. Mais 
devant énoncer des faits nouveaux et combattre 
souvent des opinions établies, sentant combien 
peu d'autorité pouvait espérer un témoignage 
isolé , il a dû s'entourer de tout ce qui pouvait lui 
donner' dé la force. Alors il s'est décidé à publier 
les Mémoires circonstanciés de chaque guerre de 
Napoléon en Europe , et à les appuyer de preuves 
qui semblent devoir produire une complète con- 
viction. Rien effectivement n'est avancé dans cet 
ouvrage, qui ne soit basé sur des ordres émanés 
de Napoléon lui-même, sur sa correspondance, 
sur des rapports , ou sur des pièces authentiques; 
rien, qui n'ait été vu, ou fait par l'auteur, qu'il 
n'ait appris de personnes émihentes et à même 
(le connaître le secret intime des affaires; rien, 
qui n'ait été soumis à une sage et raisonnable 
critique. 

I^es pièces qui concernent particulièrement 



hyGoogIc 



INTRODUCTION. XX&Ill 

cette campagne de 1809, soDt en même temps 
un corps de preuves et le plus beau monument 
qu'on puisse élever à la gloire de nos armées,- et 
le plus digne de leur chef. Quelques-unes pré- 
sentent une extrême importance; tels sont les 
ordres de Napoléon, sa correspondance avec lé 
major-général , qui a été revue et complétée en 
181 1 , i4 et r5 (j); celle du maréchal Masséna; 
celle du maréchal Davout, dont on a obtenu 
quelques pièces; celle du prince Poniatowski, 
dont celui-ci a bien voulu faire part, en 1812 et 
1% au général Pelet, que ce prince traitait alors 
avec beaucoup d'amitié; celle du général Lari- 
boissière, commandant l'artilierie de l'armée. 
Cette dernière, fort intéressante pour les dé- 
tails des ponts, est également honorable pour 
celui auquel elle était adressée. Les relations 
de l'auteur avec de grands personnages lui ont 
procuré aussi des communications fort précieu- 

(1) L'auteur a eu les pièces principales dans Hle de Lo- 
bau; il a pu suivre avec elles l'exécution de ces ordres qui 
ont maîtrisé les évéaeniens. Rien ne peut rendre les sensa- 
tions qu'il éprouvait, lorsque son illusti'ç maréchal lui faisait 
lire ces belles instructions, à mesure qu'elles lui parvenaient. 
I. C 



hyGoogIc 



XXXIV mTBODDCTIOS. 

ses. Quelques pièces de cette coUection ne pré- 
sentent d'abord qu'un intérêt secondaire; cepen- 
dant toutes ont semblé mériter d'être conservées, 
comme matériaux de l'histoire militaire de no- 
tre époque. Elles ne se trouvent nulle part réu- 
nies; elles peuvent se perdre, ou, comme cela 
n'arrive que trop souvent, être altérées et tron- 
quées. Ces considérations ont engagé à publier 
les pièces copiées à ces époques, en partie col- 
lationnées depuis avec le plus grand soin. Elles 
sont presque toutes inédites, à Texceptlon d'un 
bien petit nombre, absolument nécessaires, d'un 
intérêt majeur, renfermées d'ailleurs dans des re- 
cueils que tout le monde ne peut consulter. Du 
reste, on ne donne cellos-ci que par extrait, et elles 
ne forment pas la trentième partie de la ct^ction. 
L'auteur est loin de se dissimuler qu'en pu- 
bliant ces pièces émanées de Napoléon, il re- 
porte sur celles-ci l'intérêt et l'instruction, dont 
il aurait pu enrichir son ouvrage. Rien ne 
prouve mieux quels sont les sentimens qui l'ont 
guidé, et l'entière abnégation de toute idée per- 
sonnelle. Ces pièces seront surtout appréciées 
par les militaires de toi)s les pays, et par les 



hyGoogIc 



tMTRODOCTlOlr. XXXV 

politiques de l'étranger, qui verront comment 
ils avaient été jugés, comment Napoléon avait 
tout prévu et préparé à l'avance. Quelques peines 
que se soit données l'auteur afin de compléter sa 
collection, il sent que beaucoup de matériaux 
importans lui manquent encore, pour cette cam- 
pagne, et principalement pour les autres. Il re- 
cevra avec la plus vive reconnaissance ceux qu'on 
voudra bien lui communiquer. 

L'auteur s'est proposé d'écrire pour toutes les 
classes de lecteurs; il a supprimé les détails pure- 
ment militaires et les questions théoriques, ou il a 
tâché de les mettre à la portée de tout le monde. 
Il a pu néanmoins se laisser entraîner, dans un 
sujet qu'il aime, pour quelques parties qu'il a 
considérées comme précieuses. Voyant aussi la 
conduite mihtaire de l'Empereur, jugée presque 
toujours avec une excessive partialité, le trouvant 
en cette circonstance aux prises avec le seul gé- 
néral qu'il r^arde comme digne de lutter conbt; 
lui , il a cru plus nécessaire de discuter les mou- 
vemens des deux adversaires. 

L'auteur s'était proposé de joindre aux cam- 
pagne» de Napoléon, un exposé de sa tactique 



hyGoogle 



XÏXVI IHTRODUCTIOW. 

et de 50Q système d'opérations straté^ques. Il 
voulait en même temps marquer les grands per< 
feclionnemens que Napoléon avait opérés dans 
l'art de la guerre, et en donner Tbistoire à cette 
époque, la plus brillante de tous les siècles. 
Cette partie doit être séparée des Mémoires ac- 
tuels ; il 4a présentera un jour sous ime forme 
didactique, autant que le comporte le sublime 
de Tart. Il discutera les diverses méthodes de 
tactique ou de stratégie, qu'on a voulu opposer 
à celles de Kapoléon, et qui ont été, comme 
nous le verrons, plus ou moins copiées dans 
la série de ses opérations. L'auteur dévelop- 
pera les dé&uts de ces systèmes; il cherchera 
à établir la véritable situation d'une science, 
qui a été l'étude et l'exercice de toute sa vie. 
Mais auparavant il faut constater les faits et les 
rectifier; il faut démontrer leur évidence. En- 
suite on fera tomber ces frêles écha&udages, 
ces théories vaines et sans nulle solidité. Alors 
l'auteur répondra facilement aux objections qui 
ont pu ou qui pourraient être élevées contre la 
conduite militaire de Napoléon. 

Cependant le général, ayant adopté son nou- 



hyGooglc 



IHTRODUCTJOir. XXXVII 

veau plan, croyait avoir le loisir de terminer, 
dans son ensemble, cette inunense collection, et 
dy donner tous ses soins pour la rendre moins 
indigne du sujet. Qui pouvait penser qu'on au- 
ratt encore à défendre notre gloire militaire, et 
que l'animosité ne serait pas désarmée par tant 
de malheur? Mais nous voyons paraître des ou- 
vrages, où sans respect pour les Français dont 
quatre millions élevèrent Napoléon sur le trône, 
et pour l'Europe qui, pendant si long-temps, s'est 
soumise à ses lois, sans respect pour eux-mêmes 
qui l'ont servi avec tant d'ardeur, des écrivains 
traitent ce grand capitaine d'une manière qui 
est désapprouvée même par ses anciens ennemis. 
Us présentent cette époque de 1 809, comme celle 
de la décadence de l'art ; et ils avancent qu'après 
Tilsitt, Napoléon aspireUt à descendre. On ne 
peut autoriser par le silence de telles assertions ,. 
et leur laisser le temps de produire de l'eiFet sur 
les esprits Êtibles. II a donc &llu les combattre; 
il a £eiUu dès lors se décider à publier ces Mé- 
moires dans Vétat où ils se trouvaient, et com- 
mencer par cette campagne où suivant ces écri- 
vains, Napoléon n'était plus lui-même, tandis 



hyGoogIc 



XXXVllI IITTRODCCTION. 

qu'il venait de déclarer qu'elle comprenait ses 
plus beaux triomphes. 

Ces tnoti& ont'pani à l'auteur assez puissans 
pour l'engagera précipiter la publication desMé- 
-moires de i8og. Il s'est hâté de les terminer. Le 
temps lui ayant manqué pour les perfectionner 
et les corriger, ib sont loin d'avoir acquis la ma- 
turité convenable. L'auteur ne se dissimule aucun 
de leurs débuts, ils auraient eu besoin d'être 
remaniés avec soin. Mais comme ces Mémoires 
contiennent des Ëiits peu connus, des assertions 
qui peuvent paraître hardies à quelques esprits, 
et qui seront peut-être contestées; comme ils 
établissent en quelque sorte les fondemens de 
l'histoire et de la politique de l'Empire; comme 
ils les présentent sous un point de vue entière- 
ment nouveau; l'auteur .s'est cru obligé à éten- 
dre ses développemens, plus qu'il ne l'eut feit en 
toute autre occasion , et qu'il ne le fera dans 
les autres campagnes. H a mieux aimé hasarder 
quelques répétitions que de retrancher des cho- 
ses utiles. Il a consulté des hommes éclairés et 
sages qui lui ont dit : ■ Il faut publier les Mé- 
V moires tels qu'ils sont; il est temps d'opposer 



hyGoogIc 



lirTHODDCnoM, XXXIX 

» une digue à ce torrent d'absurdités et de ca- 
«totnnîes, qui déborde joumeitement. L'auteur 
D doit immoler à la nécessité d'uDe prompte pu- 
nbUcation, les vaines satis&ictions de l'amour- 
» propre, u L'auteur' suit ce conseil, qui était 
entièrement d'accord avec sa manière de voir (i). 
Devenu étranger depuis tant d'années à la cul- 
ture des lettres; s'étant occupé sans aucune dis- 
traction du métier de la guerre et de l'étude de ses 
diverses branches; l'auteur ne parle pas de son 

(t) Ces Hémoires ne »oat pas accompagnés tle cartes et da 
plans, pour ne pas en augmenter le prix, et parce que l'au- 
teur tronre préférable de ne pas en donner, si on n'y porte 
cette perfection dont tant d'ouTrages sont maintenant fort 
éloignés. U possède pour cette campagne et pour les autres , 
beaucoup de matéiiaux topographiques, auxquels il a travaillé 
lui-même. Un jour il pourra réparer cette omission. Il s'est 
servi des cartes gravées dont le nom suit r V Allemagne ou 
JUiael-£uivpa, de Gottliotp-, V Allemagne de Wejmar; la 
Souabe et le Tyrol du Dépôt de la guerre français ; la Bavière 
da bureau topographique bavarois; XAatriche de l'état-major 
autrichien, et celle de Louis Schmidt; \a Moravie Ae Joseph 
Bayer; la Hongrie de Lipsky; la carte administrative du 
royaume d'Italie ; celle du pays vénitien de Zach ; les grandes 
cartes de Pologne , de Sohème.... 



hyGtx")^le 



XL IMTHODUCTJOW. 

&tyle, quoique sur cet article un soldat ait tou> 
jours besoin de quelques excuses.' Mais lorsque ce 
soldat dit la vérité, lorsqu'il parle selon son hon- 
neur et sa conscience, avec des sentimens dignes 
de lui, son style est toujours assez bon. Quelqu'un 
a dit de César : Eodem emimo beUavit quo scripsit. 
Heureux celui dont on pourrait en dire autant! 
Tel doit être le style d'un homme de guerre; fort 
de choses plutôt que de rhétorique. IJi véritable- 
ment il est l'homme, puisqu'il se montre avec 
moins d'apprêt. 

L'auteur a le projet d'écrire toutes les cam- 
pâmes de Napoléon; cependant, comme il peut 
être interrompu au milieu de ses travaux, il 
proteste d'avance contre les jugemens portés 
sur ces campagnes dans les ouvrages déjà pu- 
bliés. Après avoir feit les grandes guerres, après 
les avoir étudiées, il déclare que, si toutes ne 
sont pas aussi brillantes que celle de i8og, 
toutes du moins, même les plus malheureuses, 
sont dignes de la haute renommée de Napo- 
léon, et au-dessus de tout objet de compa- 
raison. Elles ont été mal jugées, parce que 
les projets et les détails ont été peu connus. 



hyGoogIc 



iNTSODUcrioir. xli 

mal présentés, et souvent dans des intentions 
bostiles. 

L'auteur est bien éloigné de vouloir ofFenser 
personne. Si quelquefois il a émis des jugemens 
rigom^ux, il s'y .est vu obligé par la manière 
injuste dont on a traité !Napoléon , afin de faire 
valoir certains personnages. Il a donc été forcé 
de faire remarquer d'un côté ce qui était grand, 
de l'autre côté ce qu'il y avait de blâmable. 
Quelques contemporains pourront se plaindre 
de voir leur conduite mise en évidence, et en 
«i^sitioii avec celle du grand bomrae, mais 
on a pensé que pleins de vie, possédant presque 
tous l'avantage des grandeurs et de la fortune, 
contre celui qui a succombé sous le poids de 
tant d'adversités, ils avaient tous les moyens 
de faire connaître la vérité. Du reste, elle est 
le premier devoir de l'historien; mais on a 
cherché à concilier ce qu'elle réclame, avec 
les égams dus aux contemporains (i). Dans ces 
publications, l'accès sera toujours ouvert aux 
justes réclamations qui viendraient de France 

(i) ■ Quis ncgat prïmam esse historici l«gem, Dcquïd faUi 
■ dicerc audeat, ne quid vcri non audeat ? • Ctc. , de Orat, 



hyGoogIc 



XUI IITTBODUCTIOir. 

OU de l'étranger; elles seront mentionnées dans 
les Campagnes suivantes. 

Le général Pelet a pris pour épigraphe de la 
Collection de ses Mémoires, ces mots qui expri- 
ment les sentimens les plus chers à son cœur: 
Honneur et Patrie, devise de la noble légion où 
il a été placé pour la première fois, il y a dix-neuf 
ans, et dont il a été nommé conmiandant sur le 
champ de bataille de Dresde. On a un peu abusé 
de cette belle épigraphe; l'auteur était d'abord ar- 
rêté par cette considération. Mais il y est revenu, 
parce que ce qui est grand reste toujours grand , 
parce qu'il A pensé qu'après tant de révolutions 
et de changemens, après tant de situations criti- 
ques et dif&ciles, où les hommes marquans se 
sont trouvés, il n'était pas si ordinaire de pou- 
voir arborer hautement cette devise sacrée , Hon- 
neur et Patrie! Elle sera la plu* sûre garantie des 
sentimens et du travail de l'historien, comme 
elle a été la règle de toute sa vie. 

Lorsque l'auteur voulait écrire le Tableau des 
guerres de Napoléon, il avait laissé les noms 
primitifs des généraux, afin qu'on ne vît pas 
dans deux volumes les mêmes hommes en chan- 



hyGooglc 



urTfiODUCTioir. xliii 

ger jusqu'à trois fois. Quand il s'est décidé à pu- 
blier des Mémoires séparés, il a laissé ces noms 
qu'il regarde comme aussi honorables et souvent 
plus que les autres, afin de ne pas refondre son 
travail, et de ne pas surcharger les phrases de 
cet embarras de titres. L'auteur cédait peut-être 
à l'entrainemeut de ses opinions personnelles; 
car il a constamment réduit à leur plus simple 
expression, les vains titres, lorsqu'ils stuit dé- 
pouillés de hçuts mérites. Il s'en est tenu éloi- 
gné, ayant toujours regardé comme le plus bril- 
lant, celui des grades militaires acquis au prix 
du sang versé pour la patrie. Mais Napoléon était 
forcé de prendre les hommes tels qu'il les trou- 
vait (i); vainement aurait-il voulu &ire de nous 
des Romains ou des Grecs. Assez d'événemens 
ont prouvé qu'il n'avait ni mal jugé ni traité sé- 
, vèrement notre nation, qui auprès de lui s'affer- 
missait dans sa grandeur. Obligé de se conformer 
à l'esprit du temps et aux Éiiblesses de l'huma- 
nité, il avait consacré le souvenir des actions 

(i) ■ Impentunu hominibus, qui nec totam libertatem 
■ pati poeront, nec toma acrrimteip. » Tic, /Dû/. /. 



hyGoogIc 



XLIV IKTBODOCTIOW. 

éclatantes, en imposant de nouveaux devoirs; il 
avait opposé, au prestige non détruit des illus- 
trations qui remontaient aux croisades, les gloi- 
res plébéiennes appuyées de services éminens, 
et accompagnées de prodiges réels vus de nous 
tous. 

C'est un devoir pour l'historien et pour le 
soldat de proclamer les sentimens qui animaient 
la vieille armée, en face de ceux qui, les ayant 
partagés, y sont restés fidèles, et de ceux qui les 
oublient, ou qui les attaquent. Ces sentimens, et 
les motifs qui les faisaient naître, seront auprès 
de la postérité un irrécusable témoignage de ce 
dévoûment sans bornes mais éclairé, et une suf- 
fisante excuse de cette admiration excessive pour 
un grand homme, sans lesquels nous n'eussions 
été que d'avides stipendiés ou de méprisables 
machines. Car il faudrait que ceux qui pendant 
tant d'années, avec une telle ardeur et une telle . 
persévérance, ont suivi et secondé l'Empereur, 
dans cette carrière d'expéditions périlleuses et 
lointaines, ou même dans ses gigantesques tra- 
vaux civils et politiques, eussent été les derniers 



hyGoot^le' 



INTRODDCTIOrr. XLV 

des hommes, si Napoléon, à leurs yeux, n'en 
avait pas été constamment le premier, s'ils avaient 
cessé un instant de croire qu'ils travaillaient avec 
lui pour le bien de la France (i). Que ceux-là 
puissent au moins réclamer l'honneur d'être 
les fidèles défenseurs d'une glorieuse adversité, 
qu'on n'a pu voir à aucune époque, et qu'on ne 
verra jamais, parmi les courtisans de la puis- 
sance et de la fortune!!! 



« Maxime solutum, et sine obtrectatore fuit, 
» prodere de iis quos mors odio aut gratia exe- 
»raisset» Tactt.^ jinn. 4. 

5 mai i8:i4- 



(i) Qu'auraient été sons cela les Tribuns qui ont élevé l'Em- 
pereur sur le pavois, les Sénateurs qui volaient au-devant 
de ses vœus, les Ambassadeurs qui l'ont représenté dans 
toutes tes cours étrangères, les Prélats qui l'encensaient et 
le bénissaient, les Maréchaux qui briguaient ses lîeute- 
aances en sous-ordre , les Ministres qui l'ont servi si long- 
temps..... ? 



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CAMPAGNE 

DE 1809. 

CHAPITRE PREMIER. 

COALITION DE l'eDROPE PERMAWENTK CONTBB 
LA FfiAirCE. 



ïia coalitîoii des souTeraiiu et de l'oUgarchie contle la révolution 
française a comioencé en 1791. — Soobntest deToilé par la note 
du 19 janvier 180S. — Napoléon s'occupe de maintenir la paix 
en Europe, et de goérir les maux de la révolution, — L'Angle- 
terre, chef de la coalition, suscite les guerres de 180S et 6, — Le 
CODUnent est battu, mais l'Angleterre reste victorieuse sur 1rs 
mers. — Les destinées de l'Europe dépendent de la mort de Pitt 
et de Fox. — Napoléon, vainqueur de l'Autxichçet delà Pituse, 
accorde deux fois la paix, et dirige le traité de Tilsitt contre les 
Anglais. — L'Autriche, laissée trop forte à Presbourg, arme en 
1806 et ;. 



J-ja coalition de l'Europe contre la France n'a 

cessé d'exister, soit ouvertement de la part de 

toutes les puissances, soit dans le secret des 

I. I 



hyGoogle , 



cabinets et au fond du cœur de la haute aristocra- 
tie, depuis 1791 jusqu'en 181 4; époquç où ses 
desseins ayant été accomplis, elle ne s'est plus 
occupée, sous un nouveau nom , que de conso- 
lider son triomphe. La sainte alliance a proclamé 
hautement pendant la guerre, et dans son traité 
de novembre i8i5, les principes qui, avec plus 
de mystère, avaient servi de base à la coalition , 
surtout depuis la fin de i8o4- 

L'Angleterre fut l'âme et le chef de la coalition 
contre la France; elle s'est maintenue jusqu'à la 
6n de i8i5, en état permanent d'hostilités. Ri- 
vale de nos prospérités, notre ennemie de tous 
les temps , ne pouvant exister que par notre abai s- 
sement , soiunise elle-même depuis un demi-siècle 
à l'influence de son oligarchie ; l'Angleterre me- 
surait par les progrès qu'elle avait faits depuis 
sa révolutiop , le développement que nos nou- 
velles institutions allaient donner à la marine, au 
commerce, à l'industrie, à l'administration, tout 
l'accroissement de forces que notre belle France 
devait en retirer. Dès lors elle nous jura \aguerre 
perpétuelle, qui a été avouée dans ses discus- 
sions parlementaires. Elle prit à sa solde les 
puissances de l'Europe; elle tarifa tous les cabi- 
nets et toutes les influences. La guerre se fit 



hyG octale 



(3) 
constamment pour son compte; et les attaques 
particulières du continent, ne furent que des 
épisodes de la lutte . entre ces deux anciennes 
rivales. 

Il serait bien aisé de prouver que dès 1789, 
depuis que les intérêts de l'aristocratie ont été 
menacés dans tous les pays, elle s'est coalisée 
aussi contre les droits des peuples-, qu'elle n'a 
cessé d'attaquer par toutes sortes de moyens, la 
France nouvelle, centre et foyer des institutions 
populaires. Dans ces momens de danger, les classes 
privilégiées s'étaient réunies à la ligue des minis- 
tères qui , sous l'influence de l'Angleterre , domi- 
nait les cours de l'Europe ; qui a constamment 
soutenu la coalition des souverains, et lui a im- 
primé sa politique tenace et implacable contre la 
France; qui dirige encore ses projets contre les 
droits des nations: Mais le danger passé, ces clas- 
ses privilégiées qui ne voient qu'elles dans l'Etat, 
qui ne travaillent que pour elles, se sont bientôt 
séparées des ministères, annonçant leurs pré- 
tentions anciennes et nouvelles; réclamant leur 
représentation isolée et leur part active dans les 
gouvememens ; si bien que dans certains pays, 
on les craint maintenant autant ^t plus que les 
masses du peuple. C'est par ces classes que la 



hyGoogIc 



(4) 

révolution doit atteindre un jour les régimes ab- 
solus. 

Avant d'en venir à des hostilités déclarées, 
l'Angleterre avait commencé dès 1 7 89 cette guerre 
sourde que, par ses émissaires et par tous les 
moyens de corruption, elle a faite à la France et 
à tous ses gouvememens, même à celui de l'infor- 
tuné Louis XVI, qui en est tombé victime. Les 
autres puissances envoyèrent successivement 
leurs agens à Paris et dans les provinces ; l'aristo- 
cratie de France et de l'étranger y joignit ses in- 
trigues et ses influences; le sacerdoce ses intérêts 
particuliers et sa toute-puissance : ainsi fut for- 
mée cette ligue générale contre les justes récla- 
mations des peuples. C'est aux menées des émis- 
saires de l'étranger, que les divers partis réunis 
en ce point seul , ainsi que les mémoires des per- 
sonnages les plus opposés, attribuent les excès 
et les crimes de la révolution. L'Angleterre s'atta- 
cha surtout à détruire notre marine, dont Louis 
XVI avait été le re^iaurateur, et ce corps de 
marins qui venaient de l'humilier, qu'elle a sacri- 
fiés en masse. Les classes privilégiées voulaient 
reconquérir les droits de leurs pères ou de leurs 
devanciers. Les puissances du continent désiraient 
donner à nos dépens, de fortes leçons à leurs peu- 



hyGooglc 



(.5) 
pies, et airéter par l'exemple des excès de la dé- 
mocratie, les rapides progrès cjue ses théories 
faisaient en Europe. Tous jusqu'à ce moment, 
semblent avoir réussi dans ces projets, qui n'ont 
pas été un seul instant perdus de vue. Mais leur 
triomphe est-il assuré à jamais? et en resserrant 
cet impétueux torrent , qui roule ses flots à pleins 
bords, au lieu d'élargir son Ut et de régulariser son 
cours, ont-ils prévenu ses ravages dans l'avenir? 
Nous proposant de donner successivement 
toutes les campagnes épisodiques de la grande 
guerre de l'Angleterre et de la France, nous pu- 
bltcms celle de 1 809, dont la rédaction est la fias 
avancée, et dont nous avons à peu près complété 
les matériaux. Nous reviendrons ensuite sur les 
guerres antérieures. Mais avant de commencer 
le récit de cette campagne , il est absolument né- 
' cessaire de jeter un coup d'œil sur la situation 
générale de l'Europe à cette époque et un peu au- ' 
paravant, soit sous les rapports de la politique, 
soit sous ceux des opinions en général; parce 
que cette situation a eu la plus grande influence 
sur le plan et la conduite des opérations militaires 
et insurrectionnelles de la coalition, eu 1809 et 
jusqu'en i8i4; surtout parce qu'elle nous paraît 
avoir été mal présentée jusqu'à ce moment. 



hyGoogIc 



(6) 

Le but constant de la coalition n'était un mys- 
tère pour personne, quelque soin qu'elle prit de 
le cacher; mais il a été entièrement dévoilé en 
i8i5, parla publication de cette Êuneuse Note 
du 19 janvier i8o5, qui n'est pas assez connue, et 
qui a étéla base de la diplomatie de notre époque. 
Il a été également constaté par les actes qui l'ont 
immédiatement précédée et suivie. Ce but était 
l'abaissement de la nouvelle France; le démem- 
brement des provinces réunies par des traités, 
surtout vers les bouches de l'Escaut et de la Meuse ; 
le renversement de la dynastie impériale et de 
toutes les institutions de la révolution, dont cette 
dynastie était la plus sûre garantie; partout le 
rétablissement le plus complet possible, et le 
raffermissement de l'ancien ordre de choses. 
C'étaient là les conditions irrévocables imposées 
à la France; aussi n'a-t-elle pu obtenir de la coa- 
lition que des trêves momentanées; jamais une 
paix générale et stable. 

Napoléon avait succédé à la révolution ; il vou- 
lait apaiser ses orages, consacrer ses bienfaits, 
mettre en oeuvre celles de ses améliorations qui 
étaient exécutables ; il la régularisait et l'organi- 
sait. La ligue des souverains et de l'aristocratie 
voyait mieux que la, France, comment lui seul 



ih.Googlc 



■ (7) 
pouvait obtenir el étendre ce grand résultat; 
mieux que nous elle calculait les moyens et les 
positions réciproques. Apercevant bientôt qu'elle 
n'avait affaire qu'à un seul homme, qui de tant 
de manières pouvait être atteint, dont la vie était 
nécessairement limitée , tandis que l'existence de 
la coalition se perpétuait comme celle de toutes 
les associations ; elle était définitivement assurée 
de la victoire dans l'avenir, et n'avait à combattre 
que la consolidation ou les progrès du régime 
impérial; Un peu de temps gagné, un demi-suc- 
cès, un obstacle quelconque opposé, étaient pour 
elle un triompbe. Dès lors elle ne s'occupe plus 
que de dénaturer le caractère et le système de 
Napoléon ; d'isoler de la France et des nations 
■européennes, le défenseur de leurs droits; de lui 
susciter toute sorte d'oppositions. Indifférente sur 
le choix des moyens, pour assurerdes prétentions 
qu'elle regarde comme sacrées, la coalition s'atta- 
che tout entière à la perte d'un seul homme; elle 
voue à ^Napoléon la guerre viagère^ cette guerre 
perpétuelle et d'extermination, que Pitt n'avait pas 
craint de proclamer en plein parlement, à la &ce 
de l'univers; et qui depuis n'a eu ni relâche ni 
trêve. Napoléon attaqué à chaque instant par la 
coalition , au dedans par les complots , au dehors 



hyGoo^le 



(8) 
par les années, forcé à la vaincre pour l'af^blir, 
se vit contraint d'établir dans l'intérieur une dic- 
tature permanente contre des dangers sans cesse 
renaissans , et à l'extérieur d'arranger son ter- 
rain pour sa défense future. Il ne lui fut pas donné 
cependant de connaître toute l'opiniâtreté de ses 
ennemis; il espérait ramener les souverains par 
ses victoires, par les paix accordées et par les in- 
térêts qui lui étaient communs avec eux. Tou- 
jours obligé de combattre et de vaincre, il vou- 
lut profiter dé sa nouvelle puissance pour fonder 
en Europe la paix générale : il voulut aussi la 
consolider à jamais, en établissant une nouvelle 
balance des Etats; en opérant la réorganisation 
politique d'une partie du territoire , par des insti- 
tutions conformes aux progrès del'esprit humain, 
et par la réconciliation des peuples avec les trônes 
existansi Toujours la coalition lut inflexible. Lors- 
que les souverains cédaient; l'Angleterre mainte- 
nait la ligue de l'aristocratie. Elle a fini par l'em- 
porter; et la guerre à mort a été poussée jusqu'à 
sou terme. 

Ainsi sous l'Empire et jusqu'en 1 8 14, c'était en- 
core la guerre réelle de la révolution qui se con- 
tinuait ; d'un côté on combattait pour le renver- 
sement de tousses principes, de l'autre pour leur 



hyGoogIc 



(9) . 
conservation et leur établissement, autant que le 
comportait l'état des esprits et des mœurs, les 
besoins de l'humanité et la situation des divers 
peuples. Ces vérités ne sont pas assez connues. Le 
voile épais dont on s'est efforcé de les couvrir sera 
en partie levé , lorsque nous traiterons du com- 
mencement des guerres de l'Empire ; et les preuves 
se multiplieront avec abondance, à mesure que 
nous avancerons dans le cours de cette histoire, 
Les hjjmmes justes verront' alors combien ils se 
sont laissé abuser; si déjà les faits n'ont parlé 
assez haut pour les convaincre. 

En 1804 l'Angleterre menacée sur son terri- 
toire, où Napoléon allait chercher la paix , avait 
aimé l'Europe entière contre la France. La note 
du i^ janvier t8o5 et les articles secrets du traité 
de concert, du 11 avril, servirent de base à la 
ligue des puissances. Les projets contre la dynas- 
tie impériale étaient encore enveloppés de mys- 
tères; mais on a su depuis ce que les cabinets en- 
tendaient par bouleversemens et usurpations. On 
s'expliquait plus ouvertement sur le démembre- 
ment de la Belgique ; sur sa réunion à la Hollande 
rendue à la maison d'Orange, les places de la 
Meuse , avec des garnisons russes et autrichiennes , 
devant servir de barrière contre nous; sur la res- 



hyGOOglC ""^ 



. . ( lO ) 

titution de Nice et de la Savoie au PîéiuoDt; enfin 
sur la cession de Lyon au roi de Sardaigne : ce 
dernier' article est du reste moins constaté que 
les précédons. Mais aussi ne savons- nous pas 
jusqu'où l'Autriche poussait ses prétentions sur 
celles de nos provinces, qu'elle appelle encore 
des démembremens du SaUit-Empire, L'Angleterre 
promit tout l'argent qu'on lui demanda; mais n'en 
donna que ce qu'il fallait pour mettre aux mains 
les puissances du continent. L'Autriche et la Rus- 
sie étaient en ligne de bataille ; la Prusse allait s'y 
mettre. Les plans de campagne des trois puis- 
sances continentales furent discutés; et tous sont 
connus maintenant. Naples, Rome et le Portugal 
se déclaraient pour la coalition ; l'Espagne s'y pré- 
parait sourdement, pendant même que ses esca- 
dres combattaient avec nous. Ainsi la coalition de 
l'Europe était sous les armes en i8o5, depuis la 
Baltique jusqu'à la Méditerranée. Dès le commen- 
cement de la guerre, son aile gauche fut presque 
détruite à XJlm et à Austerlitz. L'Autriche ayant 
perdu son territoire et ses armées, sacrifiée par 
ses alliés, dut sa conservation à la générosité et 
aux vues élevées de son vainqueur. La Russie de- 
manda par écrit et obtint un saiif-conduit , pour 
retirer du champ de bataille son armée battue et 



hyGoogle 



( ,1 ) . 

dispersée; mais le danger passé, elle éluda la con- 
clusion du traité. La Prusse dont les troupes 
étaient déjà en Franconie, et dont l'adhésion à la 
coalition , depuis le commencement de i8o5 , est 
assez prouvée , se déroba à nos coups par ses né- 
gociations, et en échangeant quelques cantons 
de son territoire contre le Hanovre , dépouille de 
l'un des coahsés. Le continent était vaincu; mais 
l'Angleterre restait victorieuse sur toutes les mers. 
Aidée des tempêtes et secondée par l'inhabileté de 
notre amiral, peut-être par la perfidie de notre 
allié, elle avait détruit à Trafalgar ces escadres 
qui menaçaient son existence. Seule elle re- 
cueillait les fruits de cette troisième guerre de la 
coalition; et regagnait, par les profits de son 
commerce ,J)ien au-delà de ce qu'elle avait- sa- 
crifié en subsides pour le continent. D'ailleurs 
chaque désastre que celui-ci éprouvait était, en 
définitif, un succès pour l'Angleterre, ennemie 
obUgée-de toute puissance continentale. 

La mort de Pitt, qui à son dernier moment 
exprimait de vives craintes sur le sort de son 
pays, fut un plus grand échec qu'Ulm et Aus- 
terlitz, pour l'Angleterre, pour la coalition, 
pour l'oligarchie. Comment pourront-elles rem- 
placer ce dictateur de l'Europe, qu'il gouver- 



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(■») 

oait avec des subsides; ce chef de son aris- 
tocratie ministérielle, cet implacable ennemi 
de la France et de la liberté, ce moderne Sylla, 
qui a légué toute sa haine et ses projets , mais 
non ses talens et son caractère, aux héritiers 
de son pouvoir? A la mort de Pîtt, tout perdit 
en Angleterre, dans le bien comme dans le 
mal, cet air de grandeur qu'il leur imprimait: 
avec lui cessèrent les grandes entreprises et les 
grands attentats. Napoléon fiit délivré d'un en- 
nemi , sous les coups secrets duquel il eût fini par 
succomber. Il est à remarquer que c'est après ta 
mort de Pitt que l'Angleterre développa le plus 
de forces sur terre, et fit de moins grandes choses. 
Avec le ministère de Fox, l'Europe vil luire quel- 
ques espérances de paix générale et du triomphe 
des systèmes de gouvernemens plus libéraux ; trop 
tôt évanouies aux approches de sa mort. Ainsi le 
sort de l'Europe et du monde entier, était aban- 
donné aux intrigues de l'oligarchie britannique : 
en peu de mois la perte de ses deux plus célèbres 
ministres, de deux grands hommes qui avaient 
vécu en perpétuelle opposition, changea deux fois 
complètement la face des aOàires et la destinée 
des nations. 

Après la mort de Fox , cette oligarchie anglaise 



hyGoogle 



(.3) 
fit recommencer en 1806, la quatrième guerre 
de la coalition , sans provocation aucune de la 
part de la France. L'aile gauche des armées coa- 
lisées avait été battue seule à Âusterlitz; la Prusse 
restait avec ses armemens intacts; la Russie n'a-, 
vait eu qu'une a^ée entamée. Ces deux puis- 
sances recommencèrent une lutte qui n'était que 
suspendue. La Prusse qui avait osé , dans son 
vitimaùan , intimer des ordres à l'armée française, 
fat renversée en ime seule bataille. La Russie , 
comme en 1 8o5 , arriva trop tard pour sauver son 
alliée. Ses retards étaient-ils des résultats de son 
éloignement ou de sa politique ? Mais cette fois 
elle eut à soutenir tout le poids de la guerre. La 
modération de la France victorieuse, donna en- 
core la paix au continent. 

Napoléon et Alexandre se virent à Tilsitt , et 
purent s'entendre. Deux mots suffirent -pour cela. 
« Je suis autantque vous l'ennemi de i'^ngkterre, 
dit l'Empereur de Russie. — Alors ^ la peux est 
/aite, » répondit l'Empereur des Français. Dans 
leurs conférences, la véritable situation de l'Eu- 
rope fut mise dans son jour : et plût au. ciel que 
tous les rois y eussent assisté! Il fat aisé à Na- 
poléon de montrer l'Angleterre, seule intéres- 
sée à cette guerre T mettant aux prises les puis- 



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( '4) 

sances du continent, pour usurper sur elles l'em- 
pire des mers : en seconde ligne, l'aristocratie , 
qui remplissait les cabinets, les dirigeant pour 
ses intérêts particuliers, agitant les cours, obsé- 
dant les souverains, et disposant quelquefois des 
trônes : ces souverains ayant tout à gagner à se 
séparer d'elle , et à se rapprocher des peuples, en 
se mettant à la tète de la révolution morale qui , 
_ depuis un siècle , s'était opérée dans les esprits. 
Ces sentîmens libéraux devaient trouver un facile 
accès dans l'âme encore jeune d'un prince élevé 
par un républicain. Il était tout aussi aisé de ra- 
mener au système de Catherine et de Paul , aux 
principes de la neutralité armée du Nord, qui 
consacraient la liberté de la navigation et les 
droits maritimes, la politique russe, qui n'en avait 
été momentanément détournée que parune épou- 
vantable catastrophe , qu'on a aussi reprochée à 
l'Angleterre. 

Les sentîmens des deux Empereurs se trou- 
vèrent conformes pour ce moment ; ils réso- 
lurent de prendre les mesures les plus conve- 
nables pour forcer l'Angleterre à une paix 
générale sur mer comme sur terre. D'après l'as- 
sertion de personnages initiés le plus avant aux 
affres de la diplomatie, ces détails sont authen- 



hyGooglc 



J 



(.■5) 
tiques; et c'est là tout le secret des négociations 
de Tilsitt. 

L'Autriche àvaitété laissée trop forte au traité de 
Presbçurg ; où Napoléon a sacrifié trop aux pro- 
testations et aux vertus de l'Empereur François , 
au constant désir de pacifier l'Europe. Le ministre 
Stadion restait à la tête du cabinet autrichien : 
il a été signalé comme l'im des chefc les plus ac- 
tifs de la ligue aristocratique. C'était lui qui , pen- 
dant son ambassade en Russie, avait le plus con- 
tribué, dès la fin de i8o4, à décider la troisième 
guerre de la coalition; qui , dès le commencement 
de i8o5, avait négocié le marché de sa cour, 
pour son accession au traité du 1 1 avril, pour la 
part principale qu'elle devait prendre à la guerre 
et le plan d'opérations qui serait adopté, enfin, 
pour les subsides qu'elle recevrait de l'Angleterre. 
On dit qu'il travaillait à réarmer la coalition 
contre la France, depuis la fin de i8o3, après 
,1a rupture du traité d'Amiens. Devenu ministre 
des affaires étrangères en Autriche, il fat con- 
stamment le ministre de la coalition. Toujours 
ardent pour la guerre, toujours à la tête du 
parti opposé aux Français, il quitta le ministère 
en 1809, à la paix de Presboui^; mais il reparut 
au quartier-général des souverains coalisés, lors- 



hyGoogle 



( '6) 
que l'Autriche fiit, en i8i 3, décidée de nouveau 
à la guerre. Nous retrouverons souvent , dans 
l'histoire de nos campagnes, parmi ceux qui nous 
■ont accusés de voxdoîr la guerre perpétuelle, les 
mêmes hommes cherchant partout des ennemis 
à la France, et Ëtisant partie de toutes les ar- 
mées qui combattaient contre nous. 

Dès le commencement' de 1806 ,' Napoléon 
eut à regretter d'avoir accordé à Presbourg des 
conditions trop favorables. La correspondance 
avec le major général resté à l'armée d'Allema- 
gne, est rempUe de plaintes très-vives sur la 
conduite de l'Autriche, sur ses armemens, sur 
l'occupation de la forteresse de Wurzboui^, sur 
la continuelle réunion des troupes russes. Na- 
poléon y intime ses volontés d'une manière 
fernie et précise. On y trouve ces paroles re- 
marquables ; « Montres à M. de Lichstentein le 
» Moniteur du 11 février. » Or celui-ci contenait 
l'observation que « si les traités de la coalition 
a af aient été connus plus tôt (tous ne l'étaient pas 
encore dans leur entier ) les résultats auraient 
* pu être plus funestes. » Ce Moniteur désignait le 
ministre Stadion comme celui qui avait négocié 
les subsides. 

L'aristocratie est bien plus puissante en Au- 



hyGoo^le 



( -7) 
■triche que partout ailleurs, et son ipfluence sur 
cette guerre s'est fait sentir plus fortement dans 
ce pays. Possédant une grande partie du terri- 
toire, elle tient les peuples dans sa dépendance , 
par des cessions de terrain à long bail. Elle exerce 
encore sur eux une sorte de souveraineté , comme 
chaînée de lever les impôts, Les fournitures en 
nature et les conscriptions d'hommes; ce qui met 
à son entièi^ disposition, les personnes et les pro- 
priétés. Là , les plus petits seigneurs ont leur chan- 
cellerie et leur administration particulière. Quel- 
quefois ils ont abusé cruellement de ces privilèges , 
quoiqu'en général ils traitent avec assez de bonté , 
ceux qu'ils appellent leurs sujets. S'attachant à les 
tenir dans une profonde ignorance sur leurs véri- 
tables intérêts, ils secondent merveilleusement les 
soins de leur gouvernement , qui met en cela le 
fond de sa politique ■intérieure. La haute aristo- 
cratie domine la cour de Vienne;-,elle s'y partage 
la direction des principales branchesdel'adniînis- 
tration et les grands emplois. C'est à son olîgar> 
chie, qui s'est recrutée en dernier lieu dans la no- 
blesse immédiate de l'Empire ( par les Mettemich , 
les Stadion,les Schwarzenbei^, etc.) que l'Au- 
triche doit cette politique, qui résiste à tous les 
dangers , à toutes les faujniUations ; que rien ne 

T. 2 



hyGoot^le """^ 



( i8) 
déocmr9'geetherebute;qui revient sans fiesseàses 
fins par toutes tes voies ; et à laquelle aucune sorte 
de sàcri^cë ne coûte. Cette aristocratie était alors 
exaspérée autant qu'alarmée, par tout ce que ve- 
nait d'éprouver la noblesse immédiate dans la 
Confédération du Rhin j par tout ce qu'avaient e&^ 
suyé la noblesse et le haut clergé dans d'autres pays. 
Aujourd'hui , revenue de ses craintes, 'elle cher- 
che, comme celle de tous les Etats, à assurer ses 
droitsde la manière la moins contraire àl'esprit du 
siècle ; réclamant l'étabUssement de hautes pairies ; 
et prête à faire pour cela des concessions en fa- 
veur des peuples. En Russie les choses vont en- 
core plus loin. Dans ces cours on est plus effrayé 
des dangers des chambres hautes , que d'une tri- 
bune nationale, pour laquelle les peuples ne sont 
pas mûrs. 

L'Autriche avait conservé en elle-même , après 
la pais de Presbourg, tout ce qu'il fallait pour 
réparer les pertes de la guerre; mais au Ueu d'y 
travailler par les améliorations de la paix, par les 
bienfaits de l'administration intérieure, elle tenta 
d'y parvenir par la voie des armes, et de venger 
ainsi la honte de ses dernières défaîtes. Cachant 
plus soigneusement ses armemens , elle les avait 
cependant continués en 1806, à l'exemple et sans 



hyGoogIc 



( >9 ) 
doute à rinstigation de la Prusse et de la Russie. 
Gomme ces puissances, elle avait porté vers le mois 
de juillet ses troupes sur la frontière d« la Bo- 
hème; profitant des embarras occasionnés à Na- ' 
poléon par la guerre qui se tramait. C'était immé- 
diatement après la paix implorée et acœptée, les 
provinces rendues, la foi jurée ! On trouve ici une 
nouvelle preuve que , malgré les traités les plus 
solennels, la coalition de l'Europe était toujours 
la même, toujours occupée de ses projets secrets; 
que la ligue aristocratique dirigeait les cabinets, 
contre les intérêts réels et les engagemens sacrés 
des souverains. Celte preuve résulte encore d'une 
manière plus évidente, de la correspondance con- 
fidentielle que nous avons déjà citée. L* Autriche, 
toujours lente dans ses résolutions et ses prépa- 
ratifs, se trouvait encore plus en retard cette fois, 
par le défaut de tant de moyens, anéantis dans la 
campagne précédente. Elle fiit ensuite retenue 
par les incroyables victoires qui signalèrent le 
début de la campagne de ido6, par chacun des 
succès qiii la remplirent, et par la crainte de se 
voir abandonnée seule à nos vengeances, comme 
en t8o5. Sa politique tortueuse fut souvent signa- 
lée , dans Tintervention qu'elle essaya , en ofîrant 
sa médiation pendant tout le cours de cette 



hyGoogIc 



( -û) 

guerre. Dès l'hiver de 1806, et dans le mois de 
janvier 1 807 ; à l'époque où l'armée française s'éta- 
blissait au-delà de Varsovie , et chassait les Busses 
vers le "Niémen ; lorsqu'elle battait les Prussiens 
dans la Silésie, prenait ou assiégeait leurs places; 
l'Autriche, nullement impliquée dans cette guerre, 
s'occupait de préparatifs bien plus graves que de 
simples dispositions de troupes, qui peuvent se 
modifiera chaque instant. Elle manifestait le fond 
de sa poUtique, par l'établissement d'im système 
de fortifications permanentes, iaites à la hâte 
vers les pays que nous occupions en ce moment; 
négligeant ceux qui lui étaient bien plus impor- 
tans. Elle augmentait considérablement les ou- 
vrages de Gomorn , elle travaillait à Jablunka et 
à Leopolstadt : places qui, par une de ces ra- 
pides révolutions, assez fréquentes dans le sys- 
tème de l'Europe, furent bientôt dirigées contre 
la Pologne et contre les fluctuations diplomati- 
ques de la Kussie. Cependant la douteuse ba- 
taille dePreuss-Éylau allait donner à l'Autriche 
quelque courage pour se déclarer; elle fiit même 
sommée par les coalisés, d'accéder ouvertement 
aux résolutions de Barteinstein, Là , en avril 
1807, on renouvelait les projets et les bases du 
traité de concert; et une des puissances con- 



hyGoot^le 



(.■) 

tractantes (la Suède), plus franche que les au- 
tres, fît entendre ses réclamations dans l'inté- 
rêt de la cause légitime de la maison de Bour- 
bon (j); comme elle l'avait déjà feiit en mars et, 
novembre i8o5. Mais avant que l'Autriche eût pu 
se décider, la prise de Dantzick , et cette glorieuse 
campagne de quinze jours, par laquelle Napoléon 
mit fin à la guerre, sauvèrent cette puissance des 
suites d'une déclaration trop tardive. Cependant 
elle restait avec sa haine au fond du cœur, et 
conservait ses derniers armcmens, attendant l'oc- 
casion de les employer. 

Lorsque tous les dangers de guerre furent 
cessés, Napoléon rendit aux Autrichiens la place 
de Braunau , qu'il avait retenue en compensa- 
tion des bouches du Cattaro , hvrées par eux à 
laKussie. L'occupation de Braunau, et quelques 
dispositions militaires sur les bords de l'Inn et 
de risonzo , contribuèrent aussi à empêcher 
l'Autriche de violer les traités qu'elle venait de 

{i}Voyez l'Histoire des traités de paix deSchoell, t. VU, 
pag. 335 ; t. VIII , pag. 456. Comment se fait-il que le roi 
Gustave, le plus ardent et constant défenseur de la légitimité, 
le seul des roi» du continent qui n'ait pas reconnu les nou- 
veaux souverains de la dynastie impériale , soit resté le seul 
exclu du trdoe? 



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conclure ; comme l'occupation des places de 
l'Oder maintint la Prusse dans le devoir, pen- 
dant la campagne de 1809. La mauvaise foi des 
cabinets n'a que ttx)p jus^fié ces mesures de la, 
prudence, 



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CHAPITRE II. 



HAPOLÉOH SE MET EN DÉFEHSE COHTRE LE SYSTÈUE 
DE GUERRE PERPÉTUELLE. 



L'empire de la ter^e et de la mer semble pariagé entre la France 
et l'Anglelecre. — Napolëott, déaicanl toujours la paii, a deux 
taoyewi pont y parveoir : les arrangemens territoriaox pour se 
mettre en défeose sur la frontJére de terre j le systémi 
taL — Il doit délroïre l'influence anglaise sur !<; ci 
tont dans le Midi. — II fait la guerre à l'Espagne, que l'Aqfjle^ 
terre souléfe entièrement. -7- L'Autriche armant encore en 1S08 , 
traite avec Tysndres et les Espagnols. — L'Empereur réclame am* 
ua lea préparatifs de la cour de Vienne. —^ II va s'eaieudre à Er- 
fortb avec ÂlexaQdre sur leurs communs projeta. — c II renouvelle 
gts propOsitioDs de paii à l'Angleterre , et dissout la grande armée 
afin de rassurer FAulriche. — Mapoléun va en Espagne pour en 
chasser l'année anglaise. — Il est rappelé à l'aria par les anne- 
mens de l'Autriche et les intrigues de l'intérieur. 



JJans cette guerre perpétuelle et d'extermination, 
que l'Angleterre avait hautement déclarée à la 
France, leur situation était entièrementdifférente, 
L'empire de la mer et de la terre se trouvait à peu 
près partagé entre elles. Mais l'Angleterre restait 
toujours inaccessible au milieu de l'océan qui l'en- 
toure, surtout après la destruction successive de 



hyGoogIc 



nos forces navales; elle régnait seule sur soi» élé- 
ment : tandis que la Fi-ance exerçait sur le conti- 
nent, une influence conquise les armes à la main, 
qui d'un moment à l'autre pouvait être contestée 
de nouveau, et qui semblait ne pouvoir se conso- 
lider que par la destruction complète de ses enne- 
mis. Napoléon répugnait à ces mesures extrêmes: 
il Voulait pacifier et organiser, bien plus que 
conquérir et détruire. Ainsi il devait chercher 
d'autres moyens pour arriver à la paix. Deul se 
présentaient ; se mettre du côté de terre à l'abri 
de toute attaque, de la part des cabinets salariés 
par l'Angleterre; fermer à celle-ci le continent, et 
la bloquer sur les mers. 

Napoléon, prévoyant que l'Angleterre réduite 
aux abois, ferait de perpétuelles tentatives sur 
le continent, pour le soidever contre la France, 
dut se mettre en mesure pour empêcher ou pour 
soutenir de nouvelles guerres. Les frontières de 
l'Empire accessibles du côté de la terre, sur une 
étendue de quatre cents lieues, pouvaientàchaque 
instant être attaquées par les dl-ferses puissances 
de l'Europe, toujours liguées en secret contre 
nous, toujours soumises à l'influence britanni- 
que. L'Empereur devait surtout se tenir en garde 
contre les cours du Nord, qu'il avait appris à 



hyGoot^le 



(»5) 
connaître; dans lesquelles se trouvaient les plus 
grandes masses belligérantes, et celles qu'il fal- 
lait aller chercher ou poursuivre le plus loin. 
De ces déserts, devaient surgir désormais toutes 
les invasions dirigées contre le midi de l'Europe. 
Napoléon répétait souvent : Mangeons les Russes, 
pour qu'ils ne mangent pas nos enfàns. Il devail 
donc, pendant la durée de ces paix temporaires 
préparer autour de lui son terrain pour de nou' 
velles luttes. 

L'agression de i8o5,et l'exemple de tout ce 
qui s'était passé dans les guerres de la révolu- 
tion, même dans celles du dernier siècle, avaient 
fait sentir à Napoléon la nécessité de couvrir les 
frontières de la France du côté du Rhin, et d'em- 
pêcher ainsi que la guerre ne fût portée rapide' 
ment dans son sein. 11 résolut de régler et d'orga- 
niser cette influence de protection, que depuis 
deuk siècles, la France n'avait cessé d'exercer 
sur les États de l'Allemagne méridionale; et de 
rendre enfin réciproquement avantageux aux 
deux pays, des rapports qui, sous Louis XIV 
et Louis XV, étaient restés entièrement à no- 
tre charge. C'était augmenter doublement notre 
puiss^ce défensive , en diminuant la puis&ance 
offensive de .l'Autriche, qui n'avait cessé réel- 



hyGoogle 



(•fl) 

lement d'opprimer les vassaux du Saiot-Ëmpire , 
et de les entraîner dans ses guerres particulières. 
C'était en même temps préparer autoxir de nous, 
l'établissement du système libéral des monar- 
chies tempérées et représentatives. Quoique Na- 
poléon n'ait pu faire que bien peu pour l'oi^- 
nisation de ces États, ils sont restés tellement 
imprégnés de ses codes, de son influence, et 
même de ses courtes apparitions ) leurs armées 
tellement remplies de son esprit et des communs 
triomphes, que les institutions momentanées 
ont survécu à leur Protecteur. Les bons peu- 
ples allemands ne pourront méconnaître qu'ils 
doivent ces bienfaits à Napoléon, législateur 
et fondateur, bien plus que conquérant. L'Em- 
pereur profita de la paix de Preshourg, pour 
organiser la Confédération du Jihin; il agran- 
dit les diveraes puissances, décorées des titres 
de rois ou de grands -ducs; il fondît les sou- 
verainetés immédiates , vestiges informes de 
la féodalité, nullement en rapport avec l'état 
pohtique de l'Europe et avec sa situation mo- 
rale. Tout fut juste et réciproque dans cette 
alliance du protecteur avec les protégés; tous les 
avantages furent réservés à ceux-ci : ef s'il y a 
un reproche à adresser à Napoléon, c'est d'avoir 



hyGoogIc 



(»7) 
fait pour le moment la part des rois trop forte. 
Les nations s'en sont plaintes; et ceux-ci les en 
ont cruellement punies. Cette Confédération a 
créé des États puissans, devenus rivaux de l'em- 
pire autrichien, dont ils étaient constamment 
les victimes; mais qui, en i8i3, n'ont montré 
ni vigueur, ni sagacité, ni recoun^ssance dans 
leur politique. 

Napoléon avait beau étendre sa puissance sur 
le continent ; l'Angleterre se dérobait à ses 
coups, l'inquiétait sur toute l'étendue dés côtes; 
et par son blocus général , elle interdisait tout 
commerce : elle rendait la guerre éternelle. 
Napoléon qui cherchait toujours à conquérir la 
paix, résolut à son tour de bloquer son ennemie 
sur les mers, derlui couper tout accès avec la 
terre de l'Europe. Ne pouvant l'attaquer ni sur 
ses vaisseaux , ni sur son territoire , il voulut 
l'atteindre dans son commerce , base de sa 
prospérité et de sa politique, source et résultat 
de sa suprématie maritime : il voulut la forcer 
ainsi à donner au monde ime paix générale, sur 
mer comme sur terre, avantageuse et honorable 
pour toutes les puissances. C'est encore dans ce 
grand but qu'avait été créé le Système Conti' 
nental, unique mesure qui pût réussir contre 



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f 28 )■ 

les Anglais , assez justifiée par l'expérience et 
par la terreur qu'elle leur inspira. 

En effet, cette mesure qui prohibait à l'Angle- 
terre toute communication avec l'Europe; qui 
lui interdisait la faculté d'agiter le continent 
par les intrigues de ses agens , et diminuait les 
moyens de leur fournir des subsides ; qui reçut 
une grande extension par le traité de Tilsitt ; k 
laquelle accédèrent toutes les puissances , l'Autri- 
che elle-même : cette mesure avait, dès 181 1, ré- 
duit les Anglais aux dernières extrémités. Elle 
leur a porté le coup mortel, sous lequel ils doivent 
succomber un jour, si les nouvelles colonies de 
l'Amérique ne les sauvent pas. Car le but de ce 
système était aussi de favoriser l'industrie et lies 
manufactures du continent, en*6bligeant celui-ci 
à se pourvoir par lui-mêm'e, des objets qu'il rie 
pouvait plus tirer de l'Angleterre. Ce dévelop- 
pement imprimé à l'industrie européenne, à 
été bien préjudiciable au commerce et à la 
puissance britannique. Le système continen- 
tal, et la route de l'Inde montrée à l'Europe, 
ont porté des coups funestes 4 l'Angleterre. 
Du haut du rocher de Sainte-Hélène, là grande 
oinbre suit les progrès du mal que l'opiniâtreté 
des oligarques anglais a fait à leur pays, en 



hyGoogIc 



( »9 ) 
refusant la paix au monde. Elle les voit déjà 
répudiés, indignement par la Sainte- Alliance, et 
déchus de la dictature européenne usurpée pen- 
dant la guerre. Bientôt elle pourrait cesser d'être 
affligée par la vue de ces vaisseaux ennemis, qui 
allaient chercher les richesses de l'Inde, pour 
assouvir dans les cabinets,, cette vénalité qui jus- 
que là avait tout sacrifié à la politique anglaise. 
Afin de remplir entièrement l'objet qu'on se 
proposait dans le système continental , il fallait 
qu'il fût généralement établi , et rigoureusement 
observé. Cependant il était presque impossible 
que ce système n'éprouvât quelques infractions, 
avec une aussi immense étendue de côtes, qui 
rendait la surveillance si difficile ; avec tant de 
spéculations lésées dans le commerce de l'Europe ; 
avec des ministères Ugués entre eux , et qui 
sacrifiaient à des intérêts de caste, les grands 
intérêts des États et des nations ; avec des gou- 
vernemens ennemis au fond du cœur de la 
France et de ses institutions , variables selon 
leurs passions , et nullement stables dans leur 
politique. Ces infractions du système pouvaient 
devenir assez nombreuses, pour le rendre en- 
tièrement inutile. Il fallait , afin d^arréter le mal , 
remonter jusqu'à sa source ; il :&llait poursuivre 



hyGoo^le 



(3d) 
et détruire partout, l'influence coiruptrice de 

l'Angleterre; il fallait surtout empêcher que 
cçs moyens de paix ne finissent par occa- 
sionner de nouvelles guerres. Cette influence 
s'était assez manifestée en Portugal , en Espagne 
et à Naples, Elle devait être combattue , et pour 
l'établissement du système continental , et aussi 
pour se mettre à l'abri d'ime attaque à revers 
de la part de ce» pays méridionaux , pendant 
qu'on pouvait avoir à soutenir des. guerres déci- 
sives , dans les pays lointains du Nord. 

L'Espagne avait dévoilé ses mauvais desseins 
contre la France à diverses époques; avant Ma- 
rengo; pendant les négociations de i8o3; et en 
1806, par ses manifestes et ses armemens, que 
la victoire dléna avait fait vite désavouer. Ainsi 
Napoléon avait en même temps, de justes griefs 
contre le cabinet espagnol , et des motifs de 
guerre réels pour la sûreté de l'Etat (i). Le Pop- 

(i) Après Tilsitt l'Empereur fut vivement sollicité par on 
de ses mÏDistres, de faire l'expédition contre l'Espagne. On 
prétendait lout finir avec trente raille hommes. L'affaire fiit 
discutée ea conseil ; on dit que le maréchal Moncey y fut - 
appelé. Celait avant le traité secret de Fontainebleau ( a? 
octobre), et les événemens survenus en Espagne à la fin de 
ce mois. Malgré les facilités présumées, Napoléon ^ne voit' 



hyGoogle 



( 3i ) 
tugal était déjà occupé par l'armée de Junot; et 
la maison de Bragance réfugiée dans ïe Brésil. ■ 
Les désordres de la famille royale d'Espagne , les 
événemens d'Aranjuez , les sollicitations du roi 
Charles, la cession des droits des divers princes, 
la soumission des grandes autorités et des pre- 
mières classes de la nation , la demande qu'elles 
firent de Joseph pour roi , la conscience du 
bien qui devait résulter poui\ l'Espagne de ses 
nouvelles institutions ; tout sembla se réunir 
pour inspirer à l'Empereur le désir et l'espoir de 
terminer ces afl^ires, en évitant une guerre, en 
épai^ant le sang, et en gagnant le temps, qui 
était si précieux pour lui. Des événemens récens 
ont prouvé, que pour le plus grand des conqué- 
rans, et avec la première armée du monde, de 
tellesespérancesn'étaîentpas sans fondement.Na^ 
poléon faisait alors, par nécessité démontrée, et 
pour sa défense , ce que Louis XIV avait fait cent 
ans auparavant par ambition et par vues d'agran- 

Idt pas coDsentir à l'exécution de ce projet ; et il ne se dé- 
termina à faire entrer ses troupes en Espagne l'année sui- 
vante , qu'après les affaires d'Aranjuez , et une lettre du roi 
Charles, qui demandait de se retirer en France. Ce même 
ministre a prétendu depuis qu'il s'était opposé à toute guerre 
contre la péninsule. 



hyGoot^le 



(3=,) . 
discernent ; d'abord avec l'assentiment d'une par- 
tie de l'Europe. Mais celle-ci était contre le sou- 
verain nouveau; et il lui follait terminer en peu 
de mois, ce que la famille des Bourbons avait 
préparé pendant une partie du seizième siècle. 
L'Espagne, étrangère par sa position géogra- 
phique, par son climat, par sa nature, à la civili- 
sation de l'Europe et du siècle, à tous les progrès 
de l'esprit humain ; se croyant la première na- 
tion de l'univers; plongée dans les ténèbres d'une 
profonde et orgueilleuse ignorance ; n'écoutant 
que ses moines et ses passions exaltées; quelque- 
fois capable de tout par fierté nationale; vail- 
lante (comme le dit son proverbe) à certains 
jours; peu affectionnée à la cour qui la gouver- 
nait; l'Espagne se laissa d'abord subjuguer par 
desbien&its, qu'elle ne pouvait apprécier, qu'elle 
dédaigna et qu'elle regrette depuis. Bientôt, éga- 
rée par les intrigues du dehors et du dedans, elle 
se soulève tout entière, comme se croyant insul- 
tée. L'Angleterre, qui y avait allumé et entretenu 
la discorde pendant les quatorze années de la 
guerre de la succession ; qui à toutes les époques 
semble maîtresse , par son or , de souffler dans 
ce pays la guerre ou la paix ; qui y avait con- 
servé beaucoup d'influence et des relations très- 



hyGooglc 



( 33 ) 
snivies malgré )es apparences d'uDe guerre 
déclarée; l'Angleterre, qui fomentait ces insur- 
rections , accourt pour les soutenir , aussitôt 
qu'elles éclatent. Apportant de l'or , des armes 
et des munitions, elle envoie des armées, qui 
s'élevèrent bientôt au-delà de 100,000 hommes* 
en comptant les corps auxiliaires. Elle étend ainsi 
sur toute la surface de la péninsule, cette guerre 
qui, sans son intervention et sans l'agression 
de l'Autriche , eût été tenpinée en une campa* 
gne; qui, sans une multitude de fautes particu- 
lières, ne se serait pas prolongée. Toute l'Es- 
pagne est en feu; mais l'Angleterre triomphe; 
car cet incendie qu'elle a allumé, qu'elle entre' 
tiendra soigneusement , est la plus importante 
de toutes les diversions qui pouvaient s'élever en 
&veur du plan de guerre perpétuelle. Bientôt 
elle ranimera la coalition, et essaiera de soule- 
ver, par l'exemple des Espagnob, les autres na- 
tions contre la France. Elle se hâte de traiter avec 
la junte; elle promet « de ne reconnaître aucun 
D autre roi en Espagne queFerdinand, ou telautre 
» que la nation espagnole reconn^traitw (ce qui 
est à remarquer en i8a4) : mais en même temps 
elle ùât offiir des escadres au prince Charles, 
comme prétendwt Ji la couronne d'Espagne et 
I. 3 



hyGoogIc 



( 34 ) 

héritier tles droits de l'empereur Charles VI, 
compétiteur de Philippe V. 

Ainsi se trouva déjouée par les manœuvres de 
son ennemie, et même par les fautes de ses coopé- 
rateurs, la prévoyance de Napoléon, qui du reste 
ne s'était pas dissimulé ta difficulté de cette en- 
treprise, et avait ordonné les mesures qui de- 
vaient en assurer la réussite. Ainsi au lieu de 
consolider, vers ses frontières méridionales, la 
paix et la sécurité, il y ouvrait ce goufifre dévo- 
rateur, qui engloutit une partie des ressources 
de la France. Les peuples de l'Espagne et de 
l'Europe, ont été jusqu'ici égarés dans le juge- 
ment qu'ils ont porté sur cette guerre. Mous peu- 
sons qu'aujourd'hui , leur opinion aura subi des 
modifications ; et qu'ils sont à même de juger les 
faits comme les intentions réelles de Napoléon et 
de la coalition qui, à l'exception de l'Angleterre, 
avait fini par reconnaître les changemens surve- 
nus dans la péninsule. 

Tous les cabinets avaient l'œil ouvert sur cet 
épisode de la lutte des deux puissantes rivales, 
prêts à se déclarer aussitôt qu'ils y verraient la 
■France assez engagée. L'Autriche était la plus 
animée; quoique depuis la restitution de Brau- 
nau, et la rectification des limites sur les bords de 



hyGoogIc 



(35) 
risODzo, elle D*eût cessé de se louer ouvei-tement 
de ses relations avec la France, et de manifester 
les dispositions les plus pacifiques. Elle examinait 
attentivement les progrès de nos troupes au-delà 
des Pyrénées : elle les voyait avec une secrète joie, 
s'éloigner des théâtres où elle pourrait porter la 
guerre; envahir le Portugal; s'étendre dans les 
provinces septentrionales de l'Espagne; occuper 
Rome, qu'il avait fallu fermer aux intrigues de- 
l'étranger. L'Autriche reprit dès lors ses an- 
dens projets ; elle sentit se réveiller sa haine et 
ses regrets. L'Angleterre , toujours avertie de 
toutes les occasions de susciter dès inimitiés à la 
France, renoue dès le commencement de 1808, 
ses négociations avec l'Autriche , et lui fournit 
quelques légers subsides. Bientôt la cour de 
"Vienne ouvre des relations avec les Espagnols, 
qu'elle protège de tous ses moyens , auxquels elle 
s'engage à fournir cent mille fusils. 

L'archiduc Charles , le plus sage et le plus ha- 
bile des généraux autrichiens, dirigeait, depuis 
le traité de Presbourg, le ministère de la guerre, 
avec le titre de généralissime. Il avait porté dans 
son administration l'ordre, la réforme des abus, 
une réorganisation ferme et progressive des 
troupes autrichiennes; il s'était surtout fort oc- 
3. 



hyGoogIc 



(36) 
citpé de l'infanterie, cette solide base des ar- 
mées. Mais ces mesures tentes ne satisfaisaient 
pas les provocateurs de la guerre ; il leur fallait 
des moyens prompts, vloleos, révolutionnaires 
en quelque sorte. Dans le commencement de 
1807, malgré la paix de Tilatt, le jeune archi- 
duc Jean , qui n'était encore connu que par les 
désastres de Hohenlinden et du Tyrol, et qui 
paraît avoir été un des plus ardens promoteurs 
de la rupture, fut mis à la tète de plusieurs 
commissions, chaînées d'organisations nouvelles. 
Elles travaillaient à former les landwehrs et le» 
résenTS nationales ; à créer une défensive géné- 
rale des États autrichiens, soit dans leur centre, 
à Comom et dans la Hongrie, soit sur lés fron- 
tières, par l'établissement de forts et de postes 
fermés, de barrières fortifiées, avec des corres- 
pondances télégraphiques. Là se discutaient 
de nouveaux systèmes de guerre ; les uns d'in- 
vasion par les armées , les autres d'insurrection 
et de corMiplion par des émissaires; que la coa- 
.lition semble avoir adoptés dès lors, et qu'en 
effet elle n'a cessé de diriger contre la France. 
Là se préparaient la défense par les corps de 
partisans et les détachemens insurgés , comme 
les guérillas 'd'Espagne; les retraites «ccompa- 



hyGooglc 



(3?) 
gnées de dévastation complète des pays, comme 
celle de Wellington en Portugal, et de l'armé» 
russe en i8ia; la landsthurm telle que la vou- 
laient les Prussiens (i), une sorte de combat sa- 
cré des OsmanUs. 

Au mois de juin 1808, l'Autriche introduit 
dans ses États, sous prétexte de réformes dans 
son administration intérieure, la conscription 
«t la garde nationale, si étrangères à son sys- 
tème politique. Mais elle déguise mal ses ar- 
memens; car, comme dans les périls estrêmes, 
ses princes parcourent eux-mêmes le pays, et 
pressent les levées en masse pour une époque 
fort rapprochée. Son armée de ligne devait être 
portée à quatre cent mille hommes ; ses land- 
wehrs d'Allemagne s'élevaient à trois cent mille. 
Soixante mille hommes allaient former des ba-< 
taillons de réserve. La diète de Hongrie donnait 
douze raille recrues pour 1807, et quatre-vingt 
mille pour 1808; avec tme insurrection perma-> 
nente de quatre-vingt mille hommes , dont trente 
raille de cavalerie nationale. En même temps, 
l'Autriche achetait des chevaux pour l'artillerie , 

(1) I>es Ersherzogs Johaon Feldziig ira Jfihre 1809, 
page 8. 



hyGoot^le _^ 



(38) 
réparait les forteresses de Tùitérieur, en construi- 
sait de nouvelles en toute hâte, enfin faisait les 
préparatifs d'une guerre , mal dissimulée par 
ses protestations de parfaite intelligence avec la 
France. Bientôt elle se gêne moins: d'un côté, son 
orgueil s'irrite, sa prévoyance s'inquiète de voir 
un des premiers trônes du monde, entrer dans la 
nouvelle famille impériale de France ; de l'autre, 
elle apprend avec ivresse les désastres de Baylen 
et de Vimiero, l'abandon de Madrid; elle dé- 
daigne de chercher les causes de ces événemens , 
elle s'exagère leurs résultats. Tous les ennemis de 
la France se flattaient alors que l'heure était enfin 
arrivée de satisfaire leurs vengeances et leur 
ambition. 

Cependant Napoléon suivait de l'œil, au milieu 
de ses voyages, les intrigues de" ses ennemis. 
Des lettres parties de Bayonne, de Toulouse, 
de Bordeaux , demandaient (juillet r8o8) des ex- 
plications à l'Autriche, et une réponse prompte 
et catégorique : en même temps l'Empereur 
invitait la Confédération du Rhin « à préparer 
» ses contingens, pour éviter une guerre sans 
» prétextes comme sans moti& , en montrant à 
» l'Autriche qu'on est prêt à la soutenir. » La 
réponse du cabinet de Vienne est pleine de pro- 



hyGoogle 



(39) 
testatiohs d'amitié, et de pi^textes pour colorer 
ses annemens. Napotéoo en demanda compte 
. lui-même au cercle solennel du i5 août, à l'am- 
bassadeur Mettemich, en présence du corps 
diplomatique. Rappelant ce que l'empereur d'Au- 
triche lui devait, ainsi que le roi de Prusse, 
après l'occupation de leurs Etats et de leurs 
capitales, après la dispersion de leurs armées, 
il proféra ces paroles prophétiques, auxquelles 
la coalition répondît peut-être tout basr« Crojrez 
» vous que le vakiquew d'une armée française; 
a qui eût été maître de Paris, eût agi avec cette 
» modération ? s L'Autriche persista dans, ses 
dénégations; mais n'en continua pas moins ses 
préparatifs. Nous ne suivrons pas tout le détail 
de ces négociations, qui ^ trouvent dans les 
papiers du temps; mais dans lesquelles les publi- 
cistes allemands reconnaissent que l'Autriche 
n'avait aucun grief nouveau, et n'était mue que 
par le désir de réparer ses pertes. 

Erfurth vit alors, un, de ces congrès de sou- 
verains, auxquels l'Europe n'était plus accou- 
tumée, depuis que ce sont lés cabinets qui gou- 
vernent. Les deux empereurs d'occident et d'o- 
rient, se réunissaient pour traiter des affaires de 
la paix et de la guerre, pour régler l'état de l'Eu- 



hyGooglc 



(4o) 

rope,et arrêter leurs communes entreprises. Des 
personnes très-instruites affirment que la Russie 
déclara ne vouloir s'occuper nullement de ce ■ 
qui se ferait en Espagne et en Italie; mais que 
la France se maintint étrangère à toutes les 
questions qui concernaient les afiaires de la Tur- 
quie. Le nouveau souverain d'Espagne y fut re- 
connu par la Russie. Les nouveaux rois etprinces 
de l'Allemagne formèrent la cour des deux em- 
pereurs ; l'Autriche et la Prusse ne furent pas 
^admises à ce congrès. Schœll prétend qu'A^ 
lexandre mit obstacle à la présence de l'em- 
pereur François, qui désirait y venir; Metter- 
nich en fut également exclu. La Prusse y était 
représentée par le prince Guillaume et le comte 
deGoltz; à l'intercession de l'empereur de Russie, 
elle obtint de grandes diminutions, dans ce qu'elle 
lievait encore à la France. L'empereur d'Autriche 
y envoya M. de Vincent, porteur d'une lettre à 
Napoléon-, fort amicale et toute paciôque (i), 
G^ui-ci qui avait été inquiété par les anmemens 

(i) Schoell, 9* voL, pag. ai8, cbap. 38 , dit que l'Autri- 
che n'étant pas prête, devait dissimuler; et donne une copie 
de cette lettre, où les protestations d'attachement et de dé- 
"rônemeat sont si multipliées, qu'il est préférable de ne pas 
rroïre 6 son BuA^iticité dans un tel nometit. 



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(4. ) 
de l'Âutricbe, s'empressa de donner des ordres 
pour lever les camps des troupes de la Confédé- 
ration, et pour les faire rentrer dans leurs quar- 
tiers. La lettre qu'il écrÏTit à ces souverains était 
ainsi tenninée : « Je pense qu'il est convenable 
» que le ministre de Y. M. reçoive pour instruc- 
» tion de tenir ce langage : Que les camps seront 
» réformés, et que les troupes de la Confédé- 
■ ration et du Protecteur seront remises en si- 
» tuation hostile , toutes les fois que l'Autriche 
» ferait des armemens extraordinaires et inusités; 
» que nous voulons enfin tranquillité et sûreté, u 
Napoléon répondit ensuite à l'empereur Fran- 
çois a qu'il avait craint de voir les hostilités se 
j» renouveler; que lafeuîion de la guerre poussait 
» l'Autriche dans des mesures violente» et des 
» malheurs plus grands que les précédens; que 
» si les démarches de l'empereur François mon- 
» traient de la confiance, elles en inspireraient; 
p que la meilleure politique aujourd'hui était la 
w simplicité et la vérité;qu'il hii confiât ses inquié- 
» tudes , qu'elles seraient dissipées sur-Ie^champ ; 
» qu'ayant été maître de démembrer se? Etats, il 
» ne l'avait pas fait; qu'ainsi tout compte se trou- 
» vait soldé ; qu'il était toujours prêt k garantir 
ja l'intégrité de la monarchie autrichienne, etc.» 



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Napoléon et Alexandre renouvelèrent à Erfurth 
les tentatives déjà faites à Tilsitt en commun, 
et à toutes les époques par l'empereur des 
Français, pour amenep l'Angleterre à la- paix. 
Us écrivirent au roi Georges , une lettre forte de 
raisons et pleine de sentimens d'humanité. L'Eu- 
rope put se livrer à l'espoir d'une longue paix , 
lorsqu'au milieu des plus brillantes fêtes , et en 
présence de tant d'augustes personnages , elle 
vit se multiplier tant de démonstrations d'atta- 
chement et d'enthousiasme, de la part de ses 
deux plus grands potentats. Elle se souviendra 
long^temps de cet éclatant hommage, rendu par 
l'empereur Alexandre à la France et à un homme 
plus grand par ses qualités que par son rang , 
lorsque le premier de nos tragédiens prononça 
ce vers du premier de nos poètes : 

L'amitié d'un grand honune est un bienfait des dieux. 

On entendit alors ime voix s'écrier : « Je l'é- 
11 prouve tous les jours. » Les deux souverains 
vivaient à Erfurth avec tout l'abandon de la plus 
complète intimité , dont on trouve des détails 
fort piquans dans les confidence* à\i prisonnier 
de Sainte-Hélène. Avec tes fêtes et les jeux scé- 
niques tout finit Vaines espérances trop tôt 



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(43) 
évanouies! nouvel et terrible exemple de fragi- 
lité dans l'amitié des grands : nouvelle preuve 
peut-être de la puissance des ministères de cette 
époque ; car il serait trop cruel de devoir mettre 
en doute la bonne foi de ces momens ! Peu de 
jours semblent avoir détruit tout souvenir de 
ce qui s'était passé à Ei-furth; et nous verrons 
que dès le commencement de janvier, la poli- 
tique du Nord avait pris une direction contraire. 
Avani; de quitter Erfurth, Napoléon donna 
de son côté, toutes les garanties possibles du 
sincère désir de maintenir la paix, et de tran- 
quilliser entièrement l'Autriche. Un décret du 12 
octobre avait dissous la grande armée, encore 
composée : i" du commandement du grand- 
duché de Yarsovie et de laSilésie, souslesordres 
du maréchal Davout, dont le quartier général 
était à Breslau, et les troupes cantonnées dans 
la Silésie ; a" du commandement de la Prusse 
et de la Poméranie, sous les ordres du maré- 
chal Soult , quartier général à Berlin , les troupes 
cantonnées dans ces pays ; 3° du corps du . 
prince Bemadotte, établi à Aïtona et dans le 
Holstcin, le Sleswik, l'Oldenboui^. Le total gé- 
néral de tous ces corps ne s'éle^vait pas au-delà 
de 139,983 hommes présens, et4>|05a chevaux. 



hyGoot^le 



(44) 

sur un effectif de 162467 hommes , et 43)^34 
chevaux dont 32,6i2 de troupes. Dans le nonht 
bre des hommes présens, il se trouvait 109,594 
Français, 19,33» Polonais, 4,390 Saxons 616,667 
Hollandais, Le corps du maréchal Soult fiit ache- 
miné sur le Kbio , pour se rendre en Espagne 
et sur les côtes; il était composé des divisions 
Saint-Hilaire , Caira-Saint-Cyr, Legrand et Mo- 
litor. Ces trois dernières formèrent plus tard 
le corps de Masséna , et la première passa sous 
les ordres de Davout. Les grenadiers d'Oudinot 
se rendirent dans le pays de Bareuth, et de là 
à Hanau : la grosse cavalerie dans le Hanovre. 
Le troisième corps, fort de 69,170 hommes, 
et 19,32a chevaux , prit le nom d'armée du 
Khin, sous le commandement du maréchal Da- 
vout, et alla se placer ainsi : le quartier général 
d'abord à Berlin au mois de novembre, à Erfurth 
dans le mois suivant; et les divisions, la pre- 
mière, Morand, k Magdebourg; la deuxième, 
Friant, k Bareuth, où elle resta jusqu'à la fin 
de mars; la troisième, Gudin, k Hanovre; la 
quatrième, Saint-Hilaire , à Stettin, tenant gar- 
nison dans les places de l'Oder. Ainsi les désirs 
àe l'Autriche él^ent exaucés, la Silésie évacuée, 
l'Allemagne dégarnie de troupes. Il ne restait 



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(45) 

plus aucun motif pour les craintes que la cour 
de Vienne ne cessait de manifester , ni aucun 
prétexte d'armeraens pour troubler la tranquil- 
lité de l'Europe. 

Mais le ministère anglais s'occupait déjà de 
rompre cette union des deux grands souyerains , 
trop dangereuse pour ses intérêts. Il employa les 
mêmes moyens qui lui réussirent trop souvent. 
Cependant il répondit, comme il l'avait fait k 
toutes les ouvertures précédentes, de manière à 
amener une rupture, sans paraître se refuser à la 
négociation. Assuré des dispositions de l'Au- 
triche , des Espagnols insurgés, de la Suède, de 
la Sicile; comptant sur les partisans qu'il avait 
conservés dans les cours de Russie et de Prusse, 
et qui ne tardèrent pas à prouver leur crédit; 
il ne fut pas long-temps à annoncer là guerre et 
ses relations dans le continent, par sa déclaration 
du i5 décembre. Dans cette pièce il prétendit 
que les propositions feites à Erfurtb « n'avaient 
» pour but, que de ralentir ses préparatife, ou 
» d'ébranler les résolutions de ses alliés;... de se- 
» mer la méfiance et la jalousie dans les conseils 
» de cemt qui s'étaient réunis pour résister à 

» l'oppression, et parmi les nations sur qui 

» pèse l'alliance de la France, etc. » L'Angleterre 



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(46) 
poussait ses arméniens de tous côtés, avec la plus 
grande activité; et faisait entrer en Espagne l'ar- 
mée qu'elle avait en Portugal. 

Napoléon avait profité des dispositions arrê- 
tées à'Erfurth, de l'impression qu'il avait pu y 
produire, et de l'hiver où la guerre d'Allemagne 
.était moins présumable, pour aller en Espagne 
réparer les fautes commises, soumettre les insur- 
gés, repousser les armées anglaises et replacer 
.son frère sur le trône. Tout cela devait être l'af- 
faire de quelques semaines. L'Empereur avait an- 
noncé le 26 octobre, à l'ouverture du corps légis- 
latif, qu'il était invariablement uni avec l'emp^ 
reur Alexandre , pour la paix comme pour la 
guerre. Entré en Espagne le 4 novembre, il était 
un mois après à Madrid; ayant défait les Espa- 
gnols en bataille rangée à Burgos, à Valmaseda, 
à Espinosa, à Tudela, à Sommosiera. Après avoir 
reçu les sennens des autorités de cette capitale 
et leur demande du retour de Joseph, il s'était 
mis à la poursuite de l'armée anglaise. Le retard 
de quarante-huit heures, occasionné par ujie ter- 
rible tourmente sur la Guadarama , fut d'un 
grand secours au général Moore, dont la marche 
allait être coupée; il se retira au plus vite sur la 
Corogne. Napoléon le suivait vivement, le rem- 



hyGoot^le 



(47 ) 
ptaçait chaque nuit dans son quartier général. Il 
allait enfin l'atteindre, lorsque la nouvelle des 
intrigues récentes de l'Angleterre, des change- 
mens survenus dans la politique de l'Europe, des 
armemens et des dispositions de l'Autriche, le 
force de s'arrêter à Âstorga (i). Il charge le ma- 

(r) On m'a assuré que l'Empereur, relardé à Arevalo par 
le mauvais temps, dRns les derniers jours de décembre 1808, 
reçut un courrier de France , qui lui annonçait de nouvelles 
menées des hommes du mais de mars i8i4;ils préparaient 
alors ce qui a été exécuté depuis par d'autres moyens. On 
prétend que cet avis a dû contribuer au retour de l'Empe- 
reur en France. Était-ce une nouvelle intrigue de l'Angleterre, 
pour lui faire plus sûrement et plus vite abandonner l'Es- 
pagne? Cette même année 1808, pendant queNapoléon était 
à Bayonne, une autre conspiration devait éclater le 3o mai , 
par suite de laquelle Mallet fut mis dans une maison de ré- 
clusion, et beaucoup d'autres personnes pardonnées. Une mi- 
norité Tactieuse d'une grande autorité, était en coi)spiratiMi 
permanente contre l'Empereur: qu'a-t-elle gagné a son ren- 
versement? Napoléon compte plus de trente conspirations 
ourdies contre lui; et cependant il restait constamment ex- 
posé à tous les coups, chez l'étranger, à l'armée, en France. 
Ces conspirations ne s'étendaient guère au-delà des salons. 
Ce n'est pas avec des calembonrgs et des quolibets que, même 
en France , on peut renverser une puissance solidement éta- 
blie>il faut que bien d'autres élémens se réunissent. Hais 
ces intrigues encourageaient l'étranger; en lui faisant consi- 



hyGooglc 



(48) 
réchal Soult de poursuivre les Anglais sur la Co- 
rogne; et repart pour Valladolid, d'où il expédie 
( 1 5 janvier) aux souverains de la Confédération , 
l'invitation de compléter leur contingent. Bien- 
tôt, lorsqu'on s'y attend le moins, et lors- 
qu'on le croit encore occupé de la guerre d'Es- 
pagne, il arrive à Paris (a3 janvierj, pour tra- 
vailler à la conservation de la paix, ou se préparer 
à la guerre d'Allemagne. 

dérer l'Empire comme peu solidement établi, et toujours en 



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CHAPITRE III. 

SITCATIOM POLITIQUE ET MORALE DE l'eUROPE EN 
JANVIER 1819. 



ht cabiiKt ui^ais en dirige par le coomU oiH»ilte de la baate olî' 
garchie; elle a ievx poliliqucB, l'uae ' secrète, l'autre osleiuible. 
■•— L'Angleterre a de giaudi moUfa {lour siucitec cette nouvelle 
goene. — Les écrivaiiu étrangcra recooiuufaeDt que comme la 
coaUtion , elle n'agit que pour tes inUréu propres. — Elle fiiit da 
grandi pr^patatifa et compte principàlenlent «ur sti machinatioiu. 
— Deux grandi parti), l'unaDglais, onde la guerre, l'autre frangaii, 
on de la paix, divisent les nations et les cours de TEuiope. — 
Celle de Vienne est aussi diTleëe par les coteries mililairei. — 
L'Autriche, la PniSM, la Ruine et une partie de rÂUemagne, 
MDt dëterminies k ht guerre, niais chacune d'âne manière diffé- 
rente.— Le Buiaie est d'accord arec laPruue; elle négocie encore 
avec la France poni les affùres de Tlnde. — Depuis Tibitt, elle se 
prépare & combattre un jour contre la France. — Napoléon, da 
l'aveu même des éliangen , fait tout ce qu'il peut pour éviter cette 
gnerre, i laquelle il ne croit pas, comptant sur l'intervention de 
la Russie. — Id cinquième^ agression de la coalition eat décidée j 
ouvertement par rAngleUrre,rAutriche et leuïs alliéa, secrète- 
ment par les autres puiuancea. 



Ceux qui connaissent l'intérieur du cabinet de 
Londres savent que, depuis plus d'un demi- 
siècle, il est dirigé par un œnseil secret, qui a 
succédé au Ëuneux comité écossais d« lord Bute, 
I. 4 



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(5o) 
OU conseil de la princesse de Galles, formé ea 
1740, à ravénement de Georges m au trône. On 
a toujours considéré ce gouvernement occulte, 
comme une dictature coilcentrée dans la main 
des grandes familles : il a usurpé l'entière direc- 
tien des afiaires, et a manifesté surtout sa puis- 
sance pendant les maladies du roi , et en imposant 
de dures conditions à la régence. Le ministère 
n'est le plus souvent que son prête-nom; n'é- 
tant presque jamais admis à rkonneur d'en &ire 
partie. Ce conseil se maintient constamment sur 
la même ligne, malgré les variations apparentes 
des ministres, qui tentent quelquefois de se 
soustraire à son joug. On sait aussi qu'il faut 
distinguer dans ce cabinet deux politiques (i) : 
l'une secrète oupersonnelle à la maison, librement 
appelée au trône par la nation; l'autre publique 

(i) A l'époque où se:fpnnau dans J'ombre, le conseil 
secret, MoDtesquieu écrivaitque, «Si le ministère anglais, 

• obligé de rendre compte au parlement, devenait le centre 
■ des négociations de l'Europe , il ; mettrait un peu plus de 

• probité et de bonne foi que les. autres, etcu Le savant pu- 
bliciste ne pouvait pas présumeV qu'on accuserait ce minis- 
tère d'avoir toutes 4es pièces doubles, afln de garder les 
unes pour son usage , les autres pour les présenter an par- 
lettient, et & la naticm ;<^i^l^isfi 



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■ (5- ) 
et avauée. ouvert^uënt, dans ses rapports avét 
le parlement et les puîssanoes étrangères. Ta 
première a pris une plus grande consistance et 
beaucoup de développeiriens , depuis que là 
mort du dernier des St^arts a délivré la-maîson 
de Brunswick , de toute Crainte de la part des 
^rétendans. Cette politique secrète tend surtout 
à coDSolidpr le pouvoir de la couronné, celui 
delà grande aristocratie des Torys et de la riche 
prélature; à priver peu à peu la nation anglaise 
de ses garanties et de ses libertés; à affaiblir son 
acbnirable esprit public; à vicier son système 
parlementaire et électoral Avec de l'or et des 
laveurs l'oligarchie convertît en un vain simu- 
lacre, tout l'appareil représentatif, pour rester 
maîtresse absolue de la machine à bills et à 
budgets. Triste condition des choses humaines, 
que les meilleures et les plus saintes puissent 
être aussi facilement perverties! funestes ré- 
sultats de la mollesse et de la corruption de 
notre génération ! Que sont les institutions sans 
la bonne foi qui les observe ou la force qui les 
maintient? De cette diversité dans les objets de 
sa politique intérieure et étrangère; de cette 
lutte des volontés et des devoirs des ministre^, 
avec les injonctions du conseil secret et les 



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( 5>) 
attaques de-l'opposition; il résulte dans ce ca' 
binet autant de variations et -d'intrigues que dans 
les «ours du continent, surtout pour la distri- 
bution des grands emplois. Nous ne parlons plus 
en ce moment de sa foi punique, et de la répu- 
tation de machiavélisme qu'il a si bien méritée. 
Cependaïit l'oligarchie et le ministère se main' 
tiennent invariablement dans leur ligue contre 
les intérêts nationaux. Un de leurs principaux 
moyens a toujours été d'engager l'Angleterre, 
dans des guerres qui détournent son attention 
de la défense de ses droits; ils sacri0ent tout 
pour maintenir la prépondérance maritime , 
qui donne à cette nation marchande le com- 
merce et l'or de l'univers. Tant de prospérités ■ 
enflent son orgueil; mais altèrent son esprit 
public. Laissée en possession d'une ombre de 
liberté et de quelques anciennes garanties; elle 
ne sait pas voir que son gouvernement attaque 
sur le continent, les droits des nations, pour 
parvenir à les détruire chez elle. J^e conseil 
secret et le ministère se sont plus étroitement 
unis, depuis les progrès de la révolution fran- 
çaise, depuis l'établissement de l'empire; afin 
de s'opposer à la consolidation des principes 
libéraux, et à tout ce qui pouvait augmenter la 



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(53) 
puissance de la France. Leurs soins s'attachaient 
à réveiller les sentimens de rivalité et de haine, 
pour rendre la guerre nationale. En ce moment 
toutes leurs vues s'étaient, tournées vers les ra- 
pides triomphes de Napoléon en Espagne. 

L'Angleterre savait tout ce que la présence 
de l'Empereur pouvait produire d'efîet dans là 
péninsule, sur ses troupes et même sur les ha- 
bitans. Elle savait que lui seul pouvait imprimer 
à des opérations aussi disséminées, l'ensemble 
nécessaire poiur les. faire concourir à la soumis- 
sion prompte et entière de ce pays ; et que l'ar- 
inée anglaise serait bientôt chassée ou détruite. 
Elle fit tous ses efforts pour la sauver des ter- 
ribles coups d'un tel adversaire, et pour rap- 
peler celui-ci sur un autre théâtre. La première 
et la plus forte des diversions, était cette dé- 
claration. du- i& déc^nbre, publiée pendant le 
séjour de Napoléon à Madrid. L'Angleterre signa- 
lait ainsi et encourageait les membres de la coali- 
tion qui allaient se déclarer. Ses agens remplïs- 
siaient toutes les cours : quelque rapide qu'eût 
été l'apparition de l'empereur dans la péninsule, 
la situation de l'Europe avait été changée dans 
ce coiirt espace. Tous les cabinets s'étaient tour- 
gés à la guerre contre la Frani^ ; tous jusqu'à la 



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( 54 ) 

Porte, qui se raccommodait avec l'AnglAérre 
par les soins de rintëmonce autrichien, et qui 
promettait à la cour de Vienne des secours en 
hommes. Quelques publicistes affirment cette 
singulière condition, sur laquelle du reste il sem- 
blerait que les proclamations du prince Cbarles, 
du 6 avril, et particulièfemeot du i8 juin, lie 
devraient laisser nul doute. 

Cependant aucun de ces cabinets n'avait de 
•griefs nouveaux ni anciens contre la France; 
presque tous avaient reconnu les chaugeineus 
survenus en Espagne; tous agissaient pour leur 
propre ambition,- Les temps du mystère et de la 
dissimulation sont passés. On ne se gène plus 
en Europe, pour avouer que pendant les guerres 
contre I^apoléon, l'Angleterre et même les cours 
d' Autriche , de Prusse et de Hussie s'occupaient 
de leurs intérêts politiques, bien plus et d'ime 
manière bien différente que ne l'indiquaient 
leurs manifestes, pleins de déclamations en fa- 
•veur des droits des nations, de la liberté publique, 
contre l'ennemi du bonheur commun. Quand on 
connaîtra toiites les pièces des négociations; 
quand on pourra comparer le langage public et 
les instructions secrètes, les principes proclamés 
hautement et le système de politique réelle; 



hyGoogIc 



(55) 
an verra suf -qui doivent peser lés accusation^ de 
violence et de perfidie; on verra qui s'est trouvé 
plus en contradiction, dans la conduite ostènSibïej 
où il y a du moins la franchise de ia force qiù agit 
ouvertement, et dans la politique cachée et tor- 
tueuse , qui ^ut toujours être entachée de plus 
ou moins de duplicité. Quoi qu'il en soit , les pu- 
blicisteS étrangers les phas opposés Jl la causé 
des Français, ont tous reconnu jusqu'ici quele^' 
puissances de l'Europe cherdtaient à réparer 
leurs pertes, à augmenter leurs ptossessFons, à 
profiter de toutes les' occasions qui pouvaient s* 
présenter contre nous, lï faut prendre acte d'a- 
veux aussi précieux; car tout est en foveur de 
Napoléon , s'il a été constamment attaqué et ré- 
duit à se défendre 

L'Ajigleterre était déterminée à tous les sacri- 
fices pour une nouvelle guerre; aussi s'en pro- 
mettait-elle les plus grands avantages. Elle affai- 
blissait en même temps, et ia France, et les 
puissances du continent : elle allait rouvrir à 
son commerce une partie des côtes fermées par 
le système continental ; arrêter les progrès : de 
Findustrie étrangère! ; s'assurer pendant cette 
lutte la suprématie des mers , l'empire de l'Inde , 
le commerce de l'univers. En eijfet, dans cett^ 



hyGoot^le 



(56) 
année 1809, les Anglais eolevèrent une partie 
de nos colonies: Cayenne, là Martinique, le 
Sénégal, Santo-Domingo ; ils s'emparèrent de 
ïlslande; et ils .préparaient pour l'année suivante 
la prise de la Guadeloupe, avec Saint- Eustache 
et Saint-Martiç, des îles de Bourbon et de France, 
d'Amboine^ qui ne fut que le prélude de la con- 
quête de Batavia. Enfin l'Angleterre voulait par- 
dessus tout tenter un nouvel effort, pourafiàlblir 
la France et renverser Napoléon, en réunissant k 
la force des armes, celle encore plus terrible de 
ses machinations, dont elle venait de faire un 
tel essai dans les insurrections de l'Espagne, Si 
son grand projet ne réussissait pas entièrement^ 
elle voulait du moins profiter de la guerre, pour 
flétruire nos arsenaux maritimes de l'Escaut, et 
dévaster la Belgique. Ceci était pour elle un bien 
grand avantage; assez considérable pour la dé- 
terminer seul à entreprendre U guerre , puis- 
qu'elle se voyait obligée de renoncer, aumpins 
pour bien long-temps, à obtenir la séparation de 
ces pays d'avec la France. Aussi , ces secours 
puissans qu'elle promettait à l'Autriche, au lieu 
de le» envoyer contre le nord de l'Allemagne, où 
la coopération eut été bien plus active et plus 
avantageuse à la cause commune , elle les dirigea^ 



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( 57 ) 
selon ses intérêts particuliers , contre Anvers et 
la Belgique. Il est possible que, dès le com- 
mencement, elle leur ait réservé une destination 
vers le Midi, subordonnée au progrès de ses in- 
trigues en Espagne et en France; car l'Angleterre 
comptait autant sur leur succès au milieu des 
nations de l'Europe, que sur la force des armées 
coalisées. 

Jusqu'alors , les nations comme les cours, avaient 
été sur le continent, divisées en deux grands 
partis; avec cette difiérence, que celui qui se 
trouvait en majorité dans les unes, était en assez 
grande minorité dans les autres. Le parti anglais, 
ou de la' guerre', dominait dans les cabinets et dans 
les cours; mais dans celles-ci les partis se com- 
battaient encore, et prenaient alternativement le 
dessus, suivant que l'or britannique ou la force 
de nos armes, pesaient davantage dans la balance. 
Souvent ils agissaient en même temps; ce qui 
produisait ces négociations doubles, cette poli- 
tique contradictoire, qu'on aperçoit quelquefois 
dans la conduite des gouvememens. On voyait 
réunis dans le parti anglais, tous les ennemis de 
la France et de la révolution à un titre quel- 
conque, les hommes tarifés et payés par l'An- 
gleterre, tous les amis des privilèges , et ceux qui , 



hyGoot^le 



(58) 
préférant l'intérêt particulier aii birà général ^ 
fermaient obstinémeat les yeux aux progrès des. 
lumières. Ceux-là dominaient, non -seulement 
dans les cours; mais à force de déceptions, ils 
commençaient à lasciner, à exalter l'esprit des 
peuples, à obtenir parmi eux une certaine in- 
fluence. Le parti français, ou de la paix; comp- 
tait dans son sein tous'les hommes qui croyaient 
deroir soumettre la politique au bien de l'hu- 
manité ; ceiix qui sentaient la nécessité de sui- 
vre la marche de l'esprit humain dans le perfec- 
tionnement des institutions sociales, en laissant 
de côté ce que de flatteuses théories ont d'imprati- 
cable; tous ceux enfin qui voulaient le repos public, 
la paix générale sur mer et sur terre. Ce parti se 
composait principalement de la classe moyenne 
et éclairée; de celle qui, supportant partout les 
chaînes de l'État, plus capable que personne d'en 
diriger les emplois, en est exclue par les privi- 
lèges et les prétentions de la noblesse. Mais 
dans cette honorable classe, de grandes séduc- 
tions avaient été exercées ; en lui représentant 
Napbléon et la France comme aspirant à la do- 
mination universelle , et voulant opprimer les 
nations, qui n'avaient pas en effet de plus cbauds 
défenseurs. Depuis que la confédération dii Rhin 



hyGoogle 



( 59 ) 
avait été créée, les sujets de ■plainte que ces 
nouveaux gouverneméiis donnaient aux peuplés, 
étalent imputés à Napoléon, quelquefois par ces 
gouTernemens mêmes ; ce qui diminuait en- 
core le nombre des partisans de la France. 

A la cour de Vienne, comme dans toutes 
celles de l'Europe, on retrouve les denx partis 
de la guerre et de là paix. Nous devons en- 
trer pour cette cour dans quelques détails. Là , 
ce n'étaient pas seulement de vaines théories et 
des opinions particulières, qui dirigaient ces 
partis : ils devaient discuter aussi les plus graves 
raisons d'Etat; car aucune puissance n'avait, 
autant que l'Autriche, soùSert du poids de hi 
guerre, qu'elle n'avait cessé de soutenir depuis 
dix-sept ans, et le plus souvent d'une manière 
peu heureuse. Nous trouvons, sur les intrigues 
de ces partis, des révélations précieuses dans une 
correspondance des généraux comte de iG-riinne 
et Mayer avec le vieux prince de Ligne et le 
ministre Stadion; laquelle a été publiée dans le 
journal politique de Hambourg, et dans la Cam- 
pagne de l'archiduc Jean (i). 

(i) Voyez la lettre d'un offiàer géséral autrichien aux 
pièces; et la Campagne de l'archiduc Jean eb 1809. Leipsik, 
1817, dèjk citée. 



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(6o) 
SU hvtt croire au contenu des lettres de ce- 
géo^al, attaché à Tarchiduc Charles, ce prioce 
aurait été entièrement opposé à la guerre^, dont 
les Stadions (sans doute les deux frères et leur 
parti) étment les ardeos excitateurs, o Le prince^ 
n d'après ces lettres, invité à se déclarer sur la 
■a grande question de la paix ou de la guerre, 
» voulait qu'on lui prouvât les dangers réels de 
» la patrie. .... Deux fois il avait empêdié la 
» rupture; il n'a cédé la troisième fois qu'à la 
» puissance d'une opinion, appuyée avec tant 
» d'ardeur, que la guerre était enfin devenue 
» une. affaire d'homieup..... Les Stadions (oc- 
» tobre 1808) vantaient l'appui qu'ils trouver 
» raient dans les nations mécontentes, dans la 

» Prusse, la Russie, etc Au lieu d'améliorer 

aies finances par la réduction des armées, les 
» ministres ne songeaient qu*à augmenter celles^ 
» ci , à irriter les mésintelligences avec la France: 
» peu après ils jetaient le masque, et annon- 
» çaient que toute discussion était superflue; 
u que le bien de l'état dépendait de la guerre. En- 
» fin, le souverain s'était déclaré pour elle, etc. ». 
Pour exciter à ta guerre, les Stadions préten- 
daient a que les Français n'avaient pas plus de 
u 60,000 conscrits en Allemagne. Le prince se 



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(6. ) 
B plaignait de la légèreté du ministre, etc. s Se* 
Ion d'autres rapports, l'Empereur François élait 
mécontent des personnes de sa cour, qui avaient 
été opposées à la guerre. Il disait du comte 
Choteck, en l'exilaut : il a été pour la paix. Ce 
souverain d^cendait dans sa consàence, pour 
s'y reposer sur les décisions que lui faisaient 
prendre ses ministres (i). Il disait aussi, à quel-r 
qu'un qui lui pariait des forces françaises en 
Allemagne: Bah! ils sont tous en Espagne. Et 
ensuite : // est vrai qu 'on m 'a toujours trouvé 
sur le coTtq>te de la Russie. C'est ainsi que la 
ligue oligarchique égarait la bonne foi de ce 
prince , pour le pousser à une guerre non pro- 
voquée, injuste, inconsidérée. Dès les mois de 
mars et avril 1808, un an avant la déclaration 
de guerre , on lui présentait le travail sur les sys- 
tèmes de défense et d'attaque de l'Autriche. 

La tète des deux grands partis dans cette cour, 
venait se grouper autour du ministère investi 
de tous les pouvoirs, et du prince Charles il- 
lustré par ses actions et ses connaissances mili- 
taires, encore plus que par son rang. La grande 
masse de l'aristocratie était pour la guerre; la 

{i) Voyes le rapport du 9 novembre 1S09. 



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( 6a) 
bourgeoisie commençait à y iDcIiner; à.la'fm ia 
paix n'avait plus pour elle, que les. Uommes véri- 
tablement éclairés, qui malheureusement sont 
partout en très-faible minorité. Dans cette cour 
les deux partis étant en. présence et en rapports 
continuels; il en résultait une lutte inévitable, 
qui a constamment gêné les opérations mili- 
taires; qui s'est fort envenimée au milieu des 
malheurs de l'Etat; et qui a. fini par faire retirer 
à l'illustre généraUssime ce commandement, dont 
lui seul s'était montré digne. Le ministre Stadion 
avait placé son frère, en qualité de commissaire 
général à la suite de l'armée autrichienne; 
celui-ci, ayant été ministre à Munich pendant 
les trois années que la guerre se préparait, y 
avait organisé les intelligences nécessaires pour 
le but que se proposait la coaUtion. Aussi le Mo- 
niteur l'a-t-il signalé comme im commissaire de 
révQhUfon en Bavière. 

Les rivalités de ces deux partis à Vienne , se 
compliquaient par la division qui existait entre 
ceux qui, étaient appelés à diriger les affaires de 
la guerre; tous deux bommçs de mérite, d'après 
ç<^ quçl'on eo connut, et dontchacun avait ses 
vues particulières. Le comte de Grunne, depuis 
long'temps.attachèau prince C^grles^ était dans 



hyGoogIc 



{ 63 ) 
son étât-major en i8oS, et disait partie de son 
ministère comme directeur du départemeot de 
la guerre : le général Mayer d'fleldenfeld, auquel 
on attribuait ime grande part aux équivoques 
succès de la campagne de 1796, était quartier- 
maître>général de l'année. Chacun de ces géné- 
raux avait son système de défense des États autri- 
chiens , spn plan d'attaque et de guerre ; chacun , 
ses partisans qui le prônaient, le soutenaient, et 
se /attachaient aux deux 'grandes Ëictions. Tous 
ces dlssentlmens ne pouvaient que nuire aux af- 
faires;, et ils Içfir firent bjçaucqup de tort- Il n'était 
pas inutile de les exposer ^yec quelques déve- 
Ipppemens, pour expliquer bien des choses, qui 
ont eu lieu au commepcemei^t et dans le cours 
de cette campagne. 

A toutes les époques l'^i^ufriçhp ?. été consi- 
dérée comme la pierre ang^)aire de la coalition 
continentale. Toujours décidée ppuf-laguecre) d^- - 
puis le commencement de iQpS ej|e p'ayait c^s^é 
d'armer; et pendant tojit l'Ij^vereUeayai^ conti- 
nué à exercer ses levées çï ses tandwehrs. £n 
janvier 1809 ses prépaff|ti& étaient à peu près 
terminés. La plyp ^C^de f^rpïÇitf^Spn rftgjmt 
alors dans les États autricit^sp^f surtouit ,4^1^ }es 
haut« rangs de la spc^té. On rép^mdait dçf U- 



hyGoot^le 



(64) 
belles , de fausses nouvelles soit de dos préten- 
dues défaîtes en Espagne, soit de cessions de 
territoire exigées par nous. On prodiguait les 
insultes aux citoyens français et à nos agens. 
Enfin l'Autriche mit vers le 30 février, ses troupes 
sur le pied de guerre. Même alors elle ne spéci- 
fiait pas de griefe contre la France, et déclarait 
dans les notés de son ambassadeur, qu'il n'en 
existait aucim. Les seuls prétextes qu'elle allé- 
guait, étaient le retour de l'Empereur, l'ordre 
donné aux princes de la confédération de se te- 
nir prêts à marcher, enfin quelques articles de 
journaux. Ainsi voilà l'Autriche Ëtisant la guerre, 
uniquement parce qu'il était dans ses intentions 
et dans les intérêts de l'Angleterre de la faire ; 
la voulant absolument et sans retard , parce 
qu'elle se croyait tout-à-fait en mesure. Néan- 
moins elle prodiguait encore des protestations 
amicales; afin de prendre son ennemi au dé- 
pourvu, de le retenir loin du champ de bataille, 
et de porter à son armée des coups plus sûrs. 
Nous verrons bientôt que la politique autri- 
diienne fut telle à cette époque, qu'elle s'est 
montrée dans toutes les occasions. 

La Prusse qui venait d'obtenir de Napoléon à 
Erfiirth l'évacuation de son terriîoire et une dî- 



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(65) 
minutioD de 30,000,000 dans les contributions 
imposées à Tilsitt, était déjà en négociation avec 
l'Autriche. Pour prix de son accession à ta cin- 
quième guerre de la coalition; elle demandait 
non-seulement la restitution de tout ce qu'elle 
avait perdu en dernier lieu , mais la cession de la 
Pologne autrichienne. Si le roi de Prusse hésitait 
encore; sa cour était prononcée pour la guerre, 
toujours agitée par les passions comme par les 
intrigues de ses ministres et de ses généraux, soit 
à Kœnigsberg où elle résidait depuis 1806, soit 
à Berlin où le comte de Goltz avait été établir le 
ministère, ce qui le rendait maître des affaires. 
On a prétendu qu'il n'était question de rien 
moins que de iaire marcher l'armée, même sans 
la participation du Roi (1). Cette armée réduite 

(1) Voyez aux pièces la lettre du général Mickatid, a5 
juillet; et cette du baron de Lindea. On ne satirait trop re- 
ccHumonder de lire dans son entier cette dernière pièce, 
qui jette un si grand jour sur les affaires du Nord à cette 
époque , et dont le contenu a été confirmé par la réclamation 
même de M. de linden. On peut voir aussi la lettre de l'em- 
pereur Fran^oU et du ministre StatUon. Sucholz dit qu'^i 
mars i8i3 l'armée prussienne fîit portée de suite à iog,ooo 
honunes, dont les deux tiers de vieux soldats, et bientôt à 

' I. 5 



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(66) 
à 40)000 hommes par les traités, pouvait s'aug- 
menter rapidement, au moyen de congés ficti& 
qui devaient cesser au besoin. Tout ce qui pou- 
vait servir ' à la guerre , hommes , chevaux , 
moyens de toute espèce, était noté et préparé. 
On portait à 120,000 hommes, le nombre des 
troupes dont la Prusse pouvait réellement dispo- 
ser dans le moment. Trois motiÊ la retinrent pen- 
dant long-temps : la crainte d'être abandonnée 
elle-même par l'Autriche , comme elle l'avait 
abandonnée en i8o5; le désir de marchander 
le prix de son accession ; enfin ses engagemens 
particuliers avec la Russie. Mais ce qu'elle n'osait 
pas ouvertement, elle le faisait en secret. Il ne 
reste aucun doute maintenant, sur ses sentimens 
et ses projets de guerre, sur sa participation aux 
insurrections de l'Allemagne ; les négociations 
du prince d'Orange, celles de Steigensteck , les 
lettres de l'empereur François et du comte de 
Stadion, en donnent des preuves certaines. 

Les sentimens d'amitié manifestés avec tant 
de chaleur par Alexandre à £rfurth, ne durèrent 
pas long-temps. Une visite à Pétersbourg , de la 
reine et du roi de Prusse , au commencement 
de janvier 1 809 , marqua l'époque où on com- 
mença à y découvrir quelque altération. Des in- 



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(S7) 
quiétudes sur le projet de rétablir la Pologne 
avaient été, dès 1807 , iusinuéesà Alexandre. On 
en trouve la preuve écrite dans la déclaration 
adressée au prince Kourakin, le i3 novembre 
suivant. La faible participation de la Kussie à 
la guerre contre rAutriche, le séjour de son 
escadre à Trieste au milieu des vaisseaux anglais, 
le retard qu'éprouva la marche de son corps 
d'armée, de beaucoup inférieur à ce qui avait 
été convenu , et surtout la conduite de ses com- 
mandans en chef, montrent assez les inten- 
tions réelles de cette puissance. Il parîdt certain 
qu'il fut pris alors entre les souverains de Russie 
et de Prusse, des arrangemens secrets contraires 
aux intérêts de la France. Plus tard on mani- 
festa à la cour de Saint-Pétersbourg, des senti- 
mens favorables ,à l'insurrection de Schill. On a 
assuré aussi que la Russie avait des officiers sans 
uniforme au quartier-général autrichien , tandis 
que Czemicheff était en mission officielle auprès 
de ^Napoléon (i). Néanmoins la Russie montra 
encore pendant long-temps, tous les dehors 
d'une parfaite inteUigence. Â cette époque, son 

(i) Kémt lettre, ul suprà. Ce bruit était géiiérftlem«nt 
r^ttnda en Autriche et dans l'armée française. 
5. 



hyGoot^le 



( 68 } 
ministre des affaires étrangères, Roumanzoff était 
à Paris , s'occupant en apparence de suivre les né- 
gociations entamées avec l'Angleterre. Mais on 
assure que des objets très-importans se traitaient 
entre la France et la Russie ; qu'il était fortement 
question d'une expédition dans llnde, et même 
de la Turquie. On ne sait s'il existe encore des 
traces de certaines notes fort intéressantes , qui 
ont dû être écrites alors par le ministre russe. 
Comment concilier de telles négociations et 
de tels projets , avec la conduite de la Russie 
pendant cette guerre ? On peut encore en trouver 
l'explication par l'influence alternative des deux 
partis , qui divisaient les cours de l'Europe , et 
qui avaient une politique opposée. Il serait très- 
possible que l'Angleterre, ayant eu connaissance 
de ces projets , eût brusqué la guerre en 1809 , 
afin de les rompre. Quoi qu'il en soit, à la de- 
mande de Napoléon, le comte de Roumanzoff 
offrit à l'Autriche la médiation de sa cour pour 
empêcher la rupture. 

Nous mettons la plus grande attention à ne 
rien avancer qui ne soit appuyé de preuves, 
ou qui n'ait "été avoué par les puissances étran- 
gères. Aujourd'hm tout hon^me impartial peut 
lire dans un ouvrage puhhé par le colonel 



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(69) 
Boutourlin (i) , dédié à l'empereur Alexandre 
dont il est raide-de-camp, l'aveu de la plupart 
des faits énoncés dans nos mémoires , au travers 
de tous les ménagemens qu'exige la politique. 
La formation et la permanence de la coalition 
y sont déguisées le mieux possible. Mais on y 
voit les sentimens qu'avait inspirés , dès 1 807 , à ■ 
la Russie , la création du duché de Varsovie, 
et sa cession au roi de Saxe, descendant des 
anciens rois de Pologne; les projets de cette 
puissance dès Tilsitt a pour se mettre à même 
» de soutenir la lutte qui devait se renouveler 
» un jour;.... et cette crise qui devait briser les 
» chaînes des peuples de l'Europe;.... le désir 
» sincère de Napoléon d'éviter la guerre de 
» 1809 ;.... l'espoir de l'Autriche de prendre alors 
B la France au dépourvu; sa dissimulation, ses 
» armemens;.... l'impossibilité où se trouvait la 
» Russie, par suite des aflÈiires de Suède et de 
» Turquie, de soutenir l'Autriche à cette époque, 
s avec le feible corps disponible qui lui restait 
» vers la Gallicîe;.... enfin l'ofire de son inter- 
» vention. « On y voit aussi dès 1810, les pré- 
paratifs secrets de la Russie pour nous feire 

(1) Campagne de Russie eai8i3jParis et Pétcrsbourf, 
1834, chap. I, pages 34 à SS. 



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(7° ) 
la guerre , qui fijt retardée par la nécessité de 
terminer celle de Turquie ; la marche de ses cinq 
divisions sur le haut Dniester ; et ses motïÉs 
pour ne pas commencer dès 1811 les hostilités 
qui, dans l'année suivante, ont été un si grave 
sujet de reproche envers Napoléon. On y voit 
■ la confîrmatior> de ce que l'Empereur a ré- 
pété si Souvent : qu'il arait tout fait pour éviter 
cette guerre. 

L'Allemagne était en grande partie soumise 
au système de la Confédération du Rhin ; mais 
TAutriche et la Prusse trouvèrent au milieu 
d'elle, de zélés auxiliaires dans cette foule de 
princes , de nobles et de membres de l'ordre 
équestre , qui venaient de perdre leurs privi- 
lèges. A cette époque l'Allemagne et surtout 
le nord de ce pays , était rempli d'associations 
secrètes : les unes organisées par des métaphy- 
siciens exaltés, par des publicistes enthousiastes , 
dont les théories étaient dirigées contre toute 
espèce de domination, et avaient en général 
une tendance assez grande vers les idées répu- 
blicaines. Ils s'étaient proposé de reformer par 
leurs leçons, la génération actuelle de notre vieille 
Europe; et portaient d'abord le nom d'Union 
morale et scientifique. D'autres sociétés voulaient 



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(?■ ) 

travailler par des moyens violens, à: ce qu'elles^ 
appelaient l'indépendance de la patrie aile- 
Baande, de l'îwicîenne Tèutonie^ mais leur but 
-Secret était de renverser la Confédération du 
Rhin, et de rétablir l'empire germanique. La 
majeure partie de la jeunesse y et surtout les 
étudians étaient affiliés à ces association». Cha- 
cune d'elles avait ses projets particuliers pour' 
la future organisation de l'Allemagne ; mais 
par les sofns des ennemis de la France , elles 
avaient été réunies en un seul point, le- ren- 
versement de notre influence. Elles ont par- 
ticipé vivement aux mouvemens de r8og; et 
©lit surtout contribué en i8i3 aux malheurs 
de nos armes. Alors et depuis elles ont pris 
une telle extension, elles ont poussé si loin 
leurs théories, et surtout l'essai de leurs forces, 
que les souverains délivrés et restaurés par 
elles, ont lini par en être ef&ayés et les ont 
persécutées. On les connaissait d'abord sous le 
nom de Thgàtidbund, Tugendverein , Bursdien- 
schaft : le premier de ces noms a prévalu/Plus 
lard on a divisé ces sociétaires, en Chevaliers 
noirs, sous le docteur prussien Jahn ; en Conœr- 
distes , sous M. Lang ; en Réunion de Louise, 
sous M. de Nostitz ,, décoté par la reine de 



hyGoot^le 



(7») 
Prusse d'uue chaîne d'argent. Le premier exer- 
çait son influence sur les provinces prussiennes; 
le second , sur le midi de l'Allemagne ; le troi- 
sième , sur le nord de ce pays. Les barons de 
Stein et deHardenberg contribuèrent beaucoup 
à la propagation et à l'organisation de ces so- 
ciétés. En 1 809 , l'ancien électeur de Hesse avait 
de grands rapports avec elles. Cependant leur 
chef direct semble avoir été alors le flls du 
Êuneux duc de Brunswick, relégué dans sa 
principauté d'Œls en Silésie. Ce prince qui, 
à la suite des malheurs de sa famille , avait 
juré haine étemelle à la France; qui a couru, 
comme plusieurs membres de la noblesse im- 
médiate , dans toutes les cours et les armées 
de l'Europe pour combattre contre nous; ce 
prince devint alors une sorte de puissance en 
Allemagne , et seconda fortement le projet gé- 
néral de soulèvement. Lorsque la guerre dut 
commencer, l'Autriche traita avec lui comme 
prince de l'Empire, 11 s'engagea à lever à ses 
frais un corps de 2000 hommes, qu'il forma 
à Nachod , sur les frontières de la Silésie , 
d'où il espérait recevoir beaucoup de sujets 
prussiens. A la même époque , il entretenait des 
correspondances partout ; il organisait les in- 



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(73) 
surrections militaires; celles de Katt dans la 
vieille Marche , de Dornberg à Cassel , de Schill 
à Berlin ; celles des habitans de fiareutfa , de 
Mergentheim , du T^rol, etc. 

Il a fallu entrer dans ces détails et expli- 
quer, trop longuement peut - être , quelle était la 
situation des esprits en Europe , en même temps 
que celle de la politique des cabinets; car tous 
ces élémens sont entrés dans la guerre qu'ils pré- 
paraient contre nous. La coalition préludait ainsi 
à ce système de guerre générale, de défection et 
d'insurrection, par lequel en i8i3, sans plus de 
griefe qu'à cette époque , elle a soulevé et lancé 
sur nous les peuples, pleins de regrets aujour- 
d'hui en voyant contre qui et pour qui ils ont 
combattu. 

Tous les écrivains étrangers reconnaissent aussi 
qu'en 1809, Napoléon avait le plus grand intérêt 
k ce que la guerre d'Autriche n'eût pas lieu, au 
moins en ce moment où il était fort occupé 
contre l'Angleterre et l'Espagne : ce qui prouve 
suffisamment qu'il a dû faire tout pour l'éloigner, 
sans négliger pourtant aucun de ces préparatifs 
devenus indispensables, et dont l'animosîté de 
ses ennemis, lui avait fait prendre l'usage. Cepen- 
dant nous trouvons souvent dans la correspon- 



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(74) 
dance particulière de l'Empereur et du major 
général avec les maréchaux, que l^apoléon lui- 
même ne croyait point à cette guerre, qui ne lui 
paraissait pas dans les intérêts de l'Autriche. On 
lit dans ces lettres ; « Rien ne prouve que, même 
» vers la fin d'avril les Autrichiens soient dans 
D l'intention d'agir; car ils n'ont fait aucune dé- 
» claration, ni manifesté aucun grief; d'ailèeurs 
» la Russie pourrait agir contre eux (ai mars). 
» L'Empereur ne croit pas les Autrichiens décidés 
» à une agression , qui leur attirerait Vanimadverr 
» sion de la Russie , qui a des armées vers la 
n Gallicie et la Transilvanie (27 mars). Pourquoi 
B les Autrichiens attaqueraient-ils sans déclaration 
» de guerre?... D'ailleurs ils s'exposeraient à s'at- 
j» tirer la guerre avec la Russie (3o mars). » Il 
faut bien croire à la vérité du contenu de ces 
lettres, qiù n'étaient pas destinées à voir le jour; 
car elles pouvaient induire en erreur les chefs 
de l'année, et endormir leur vigilance. Nous avons 
vu que Napoléon essaya de l'intervention de la 
Russie; et fit proposer, par le ministre des af- 
faires étrangères russe, une triple alliance entre 
les trois empires, et la garantie réciproque de 
leur territoire. Le cabinet autrichien ne voulut 
pas admettre cette proposition, bien rassurante 



hyGt:!j::)gle 



(75) 
s'il arait eu des craintes réelles. Cette puissance 
était-elle déjà assez Certaine de l'influence du 
parti anglais en Russie, pour refuser de telles 
offres, et ne pas craindre les' menaces qui les 
accompagnaient? La Russie était-elle déjà assez 
avancée dans les intérêts de la coalition , pour 
se prêtera entraîner son allié dans la guerre, avec 
l'intention d'y prendre part? Enfin la Russie j 
l'Autriche et l'Angleterre étaient-elles d'accord 
pour prolonger l'aveuglement de Napoléon, en 
l'absence duquel on voulait porter les premiers 
coups en Allemagne? Tout semble avoir été cal- 
culé dans ce but. Nous- ne décidons pas ces ques- 
tions, qui nous semblent suffisamment résolues 
pendant le cours de cette campagne. 

Ainsi la cinquième guerre de la coalition se 
trouva décidée, et la ligue générale de l'Europe 
hautement déclarée contre la France. Seulement 
l'Angleterre, l'Autriche, l'Espagne et ie Portugal 
agissaient ostensiblement; tandis que la Prusse, 
se mettant en mesure , attendait d'avoir vu porter 
les premiers coups; et que la Russie, dirigeant 
la Prusse, devait probablement suivre sa décla- 
ration. Ainsi pour peu que les événemens de la 
guerre eussent été favorables à la coalition , on 
aurait vu sans doute ce qui est arrivé en i8i3; et 



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( 76) 
la Russie agir en 1809, comme le fit l'Autriche à 
l'autre époque. L'Angleterre, devenue puissance 
militaire, mettait sur le pied de guerre une ar- 
mée de plus de 100,000 Anglais, sans compter 
les corps auxiliaires ; ses troupes commencèrent 
à se montrer avec honneur sur les champs de 
bataille. Elle dépensait un milliard pour cette 
campagne, et couvrait la mer de ses escadres. 



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CHAPITRE IV. 



ATTA.QIIi:5 MIXITAIKES ET POLITIQUES DE LA 
COALITION. 



Le plan d'attaque de la coalition est politique nuiant qne mili- 
taire. — Elle adople contre NapoléOD le aystéme de guerre 
viagère , d'eiteroiiiiation et d'iDaurrection. — Le Moniteur accuse 
l'Aalricbe d'avoir voulu révolutionner les États confédérés. — 
Des émissaires sout répandus de tous cdtés , pour pervertir 
l'opinion. — Ik réuEsiaaent «n partie dsni i'ÂIlemagne et l'Italie. 
— L'Autriche avoue et nomme les siens. — Les agcns del'éuanger 
pénètrent en France et dans nos armées. — La coalition veut' 
porter en m^me temp« Tofiensive de tous cdtès. — Elle combine 
les opérations des Autrichiens sur le Rhin , par la Franconie, 
avec celles des Anglais , an travers de la Belgique. — Dans l'inté- 
rieur , Fonchè sert le parti des Bourbons, — L'Angleterre a des 
correspondances avec la Vendée. — Elle ourdit une conspiration 
dans Parmée de Portugal, pour mettre Moreau à la tète des 
affaires. — L'Autriche provoque , par ses proclamations , les 
peuples k la révolte. 



Il faut rechercher d'assez loin le plan de 
guerre qui fut adopté par la coalition en 1 8og ; 
car, politique autant que militaire, ce plan fort 
compliqué s'étendait au loin. Ses principes et ses 
^spositions sont restés au fond du secret des 



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(78) 
cabinets; mais les faits parlent assez clairement. 
D'ailleurs les opérations principales et acces- 
soires sont connues; les proclamations et beau- 
coup de documens existent; le temps a amené 
beaucoup d'aveux : le reste est Ëicile à deviner. 
Si on se bornait comme les Autrichiens à donner 
le plan des dispositions militaires en 1809 (ce 
qu'ils font pour de bonnes raisons), on ne ferait 
connaître qu'une très-faible partie de la vérité; 
et ce ne serait pas la plus intéressante ni la plus 
utile. Il faut chercher cet enchaînement de 
moyens, tous non honorables, que la coalition 
n'a cessé d'employer, surtout depuis 1809; et par 
lesquels elle est parvenue à son but , mais cinq ans 
après l'époque dont nous nous occupons. Il est 
même indispensable d'indiquer ces moyens, qui 
ont eu presque toujours la plus grande influence 
sur la conduite des deux années. Quand on réu- 
nit les diverses parties de ce plan si compliqué; 
on voit la coalition admettant contre Napoléon , 
et appliquant dans toute leur extension , les prin- 
cipes ouvertement adoptés par le machiavélisme 
angh.\s:\a. guerre viagère et d'extermination, l'em- 
phi de tous les moyens quelconques de nuire à 
l'ennemi commun, îe système des soulèfcmens, des 
révoltes, etc. On la voit projeter en même temps 



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(79) 
les opérations des armées réguli^es, agissant 
directement sur les frontières et contre le cœur 
de la France; toute 'sorte de diversions sur les 
points les plus éloignés de notre territoire; les 
insurrections des peuples alliés; celles même de 
nos armées et de nos départemensl Tout cela est 
reconnu aujourd'hui, et peut se prouver facile- 
ment. Âiusi la coalition va employer dans cette 
guerre deux principaux moyens : les opérations 
politiques ou insurrectionnelles, et les opéra- 
tions purement militaires. 

Le Moniteur (i) accuse les puissances île l'Eu- 
rope, et particulièrement l'Autriche, d'avoir 
adopté à cette épotjue un système révolution- 
naire, qu'il compare à celui de notre Convention 
Nationale; d'avoir ourdi par ses émissaires une 
guerre intérieure, et voulu soulever les peuples 
étrangers; d'avoir organisé à Vienne « le plan 
» général d'insurrection et d'anarchie dans toute 

(i)Le numéro 334 àa Moniteur, année iSogiCoaûent un 
article fort bien fait, que nous engageons nos lecteur» à 
consulter, et que nom indiquons surtout aux ennemis du 
système politique de Napoléon. Il renferme aussi des extraits 
d'un ouvrage allemand fort curieux, intitulé : Matériaux 
pour l'histoire du système révolutionnaire de r Autriche, 
pendant le ceurs de la guerre -de iSog. 



hyGoogIc ■ ■-— 



C8o) . 
» l'Europe, confié au zèle ardent des princes de 
» la maison d'Autriche; propagé par les procla- 
B mations de ses généraux; et répandu par des 
» détachemens à plus de deux cents lieues des 
» armées. Cette, feuille désigne comme le trait 
» caractéristique du système adopté, le terrorisme 
» rais à l'ordre du jour par les généraux autri- 
n chiens, pour réaliser de vive force cette révo- 
» lution. » Elle ajoute à l'appui de ses .assertions, 
les détails de ce qui s'est passé en Bavière et dans 
beaucoup d'autres pays. Nous citons notre auto- 
rité : le lecteur pourra juger ses allégations, sur- 
tout lorsqu'il aura lu ce que les puissances ont 
avoué elles-mêmes. 

En soulevant les peuples toujours tenus hors 
de cette querelle, entièrement contraire à leurs 
intérêts; la coalition avait voulu augmenter ses 
forces militaires et diminuer les moyens défen- 
sifs de la. France à l'extérieur-. Pour parvenir à 
son but, elle avait dû travailler les esprits et per- 
vertir les opinions. L'Autriche et la Prusse s'é- 
taient plus particulièrement chargées de l'Alle- 
magne , du Tyrol , de la Suisse et de lltalie. 
L'Angleterre avait dès long-temps répandu ses 
agens et son or, sur tous les points de l'Europe; 
elle avait des intelligences dans tous les pays , des 



hyGoo^le 



(8. ) 
dépôts d'armes et de munitions en Sicile, à Gi- 
braltar, à Héligoland et sur ses escadres. De- 
puis long-temps, on attaquait tout ce qui s'était 
montré ËtTOrable à la révolution française et à la 
régénération de l'Europe. Depuis qu'à la suite 
île tant de provocations, les armes triomphantes 
de la France avaient parcouru les divers Etats, 
on n'avait perdu aucune occasion d'irriter l'or- 
gueil humilié , les intérêts froissés , les haines par- 
ticulières; d'exciter des querelles et des rivalités. 
Depuis l'empire, tous ces griefe avaient été re- 
portés sur l'Empereur et sur l'armée. Napoléon 
toujours provoqué par les puissances, ayant évi- 
demment le plus grand intérêt à la paix, pour 
consolider sa domination çt fermer les plaies de 
la révolution; Napoléon était représenté par- 
tout, comme le seul auteur de la guerre per- 
pétuelle, comme insatiable de conquêtes, et as- 
pirant à la monarchie imiverselle : ses adversaire^ 
les plus acharnés, étaient les victimes de la li- 
berté générale et d'une juste opposition (i); ses 

(i) Le cabinet britannique, Incendiaire de Copenhague 
et deHoskowjle Eauteur de la guerre perpétuelle, l'oppres- 
senr de l'univers , osait se dire , le d^enseitr de la cieilùa- 
tion, de l'mdépti^ane.e de VEun^, contre les invasions et 
U despotisme dit aotivel Attilal.'t il inondait le condnait 

I. ■ 6 



hyGoot^le 



(8> ) 
partisans, des courtisans ambitieux, ennemis de 
tous les droits des nations, et de toutes les li- 
bertés. Chacun de ses actes était une oppression; 
la défense k laquelle on le réduisait constam- 
ment, une offensive perpétuelle; les gouverne- 
mens qu'il avait vaincus , bien que toujours épar- 
gnés, étaient peints comme les objets de sa 
haine et les Tengeurs des nations. Ces inculpa- 
tions étaient soigneusement répandues dans les 
pays étrangers, par ceux qui tenaient au parti 
de la guerre et des privilèges; par les agens 
des puissances, qui prenaient le langage et les 
nuances des divers partis, et employaient tous les 
moyens pour arriver à leurs fins. Le venin s'é- 
tendait sourdement : il atteignait particulière- 

de ses znojens de corruption , et de pamphlets adressés à 
toutes les classes, depuis les souverains jusqu'au dernier 
de leurs sujets. A la suite des Mémoires de Dumouriez, 
an vient de publier un des plus curieux de ces pampblets; 
prédeus , comme renfermant déjà ce plan de guerre géné- 
rale et insurrectionnelle, exécuté deux ans plus tard. Il pa- 
raît aussi avoir servi de circulaire aux cours de l'Europe , en 
avril 1807; loi^ des négociations de Bartenstein; lorsque 
l'Angleterre voulait faire pénétrer au centre de l'Allemagne, 
ao,ooo Anglais, 30,000 Suédois au Prussiens et tin corjKde 
royalistes français , so'us Gustave [ v. p. 3i ). C'est par erreur 
que ce pamphlet est indiqué & la date ée 1809. 



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(83) 
ment les esprits nourris de chimères flatteuses; 
qui s'obstinent à voir les hommes et les choses 
autrement qu'ils ne sont , et de bonne foi 
s'occupent d'idées républicaines, au milieu de 
la mollesse et de la corruption de notre vieille 
Europe : tous ces hommes repoussaient un bras 
vigoureux renforçant et rajeunissant les mo- 
narchies. 

Les peuples d'Allemagne étaient généralement 
portés pour la France et pour Napoléon; mais 
dans l'établissement de la G^nfédération du 
Rhin', ils trouvèrent trop feible la part £aite aux 
nations. Ils auraient voulu des formes de gou- 
vernement plus libérales. Mais tant que la lutte 
durait , tant qu'elle suspendait l'établissement 
complet du système représentatif en France, 
pouvait-on espérer, exiger davantage chez l'é- 
tranger? On assure que les principaux d'entre les 
hbéraux allemands , firent d^nander à l'Empe- 
teur des constitutions représ«itatives; que des 
ouvertures fur^t ^tes à des ministres français 
près des princes de la Confédération ; et que par 
ce moyen Napoléon pouvait prendre une haute 
influence sur leurs associations secrètes. Mais 
c'était se mettre à la tête d'un parti, et les armer 
les uns contre les autres : c'était ranimer les dis- 
6. 



hyGoot^le 



(84) 
seosions civiles, au lieu de les éteindre et d'établir 
vn -ordre général. Napoléon fit alors, selon ce 
qui nous a été dit, une réponse qui s'adressait à 
tous les peuples ; a Le temps des institutions n'est 
pas encore venu. Elles suivront Ut paix générale. 
Je ne veux pas tromper les peuples : je ne veux 
imiter ni les déceptions ni les corruptions du 
ministère anglais. Ceci est partout une affaire de 
personnes : on en fait à tort une affaire de prin- 
cipes. Je suis le véritable représentant de la cause 
des peuples : depuis i B ans , je leur donne assez 
de garanties, pour qu'ils puissent attendre celles 
des institutions écrites, n On proposait aussi à Na- 
poléon un remède dans l'établissement d'une 
chambre austregale ou de recours à Paris , afin 
de juger les différends des peufrfes et des rois. Il 
crut ne pas devoir se mêler de l'administration 
intérieure des autres Etats; afin d'éviter le genre 
de reproches, qu'on n'aurait pas manqué de lui 
adresser : de vouloir tout Ëiire et tout diriger 
par lui-même, v-, Il faut, ditil, que chaque gou- 
pemement agisse librement chez lui, puisque seul 
il est responsable. Pourrait-on blâmer l'Empereur 
d'une telle modération; et en i8a4 décider la 
question contre lui, lorsqu'on a examiné -les 
événemens des dernières années? 



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(as.) 

En Italie , dans ce pays illustré-, mais amollT 
par les arts; le premier de.rËurope qui ait at- 
tdmt, et, par la Éiute de ses gouvememens, ou- 
trepassé la civilisation- moderne ; également 
amolli par cet excès; et par les richesses du sol; 
dégradé par la domination papale et par l'ha- 
bitude de Tasservissement étranger : dans cettB 
belle Italie, d'anciens, souvenirs et d'anciens 
vœux se renouvdaient , à mesure qu'elle Re- 
voyait régénérée. Les idées. répubUcainea tour 
jours chères à toutes les époques, apparaissaient 
de nouveau. Le rêve perpétuel de la patrie ita- 
lienne, et de Yexpulsiondes barbares, seçréaeutait 
plus vivement, à mesure que les peuples se sen- 
taient plus ^e force, et qu'ils acquéraient plus 
de gloire. Ils voulaient y. arriver vite, et ou- 
bliaient qu'ils devaient à Napoléon d'avoir osé 
lever les yeux sur ce brillant avenir; ils ne sa- 
vaient pas voir que lui seul pouvait les y amener, 
que tel était le vœu le plus ardent de son coeur. 
L'Italie était sa première création , l'œuvre ds sa 
jeunesse, l'espoir de sa nouvelle Êmulle. C'est 
là qu'après ses immortelles campagnes, il avait 
Eût ses premiers essais de l'ère représentative 
comme il le disait au Directoire en 1797- Mais 
il était forcé de travailler de loin à la réunion: de 



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(86) 
lltalie eiîtière,et en quelque sorte à l'insu d'elle- 
mênie. Depuis que Napoléon nous a révélé ses 
projets, pour Xa patrie italienne; qu'il fallait re- 
construire, sous la discipline et au milieu de la 
force du grand empire; dont il fallait broyer 
tous les élémens hétérogènes et réfractaires, 
avant de les amener à l'état de fusion complète : 
■que de regrets doivent avoir conçus les Italiens ! 
Parmi eux il y avait aussi des associations non 
moins étendues , non moins puissantes que celles 
de l'Allemagne ; quoique d'après la différence 
des caractères, on en ait vu des effets bien diffé- 
rens. Les Carbonari, les j4de^kes ou frères, ont 
travaillé des premiers , à secouer le joug des 
Français; à préparer la révolutioD de Milan en 
avril i8i4t et l'établissement de la puissance tu- 
desque. Dans leur Ëttate erreur, ces îmagînatloDs 
ardentes se jetaient au-devant de tout ce qui 
n'était pas ^Napoléon : ils tendaient les bras à 
Joachim, incapable de Ëiire et de vouloir quelque 
chose en leur faveur; à Bellegarde qui n'eût ja- 
mais d'autre autorisation que de tes tromper. 
Parmi les plus chauds partisans de l'Autriche 
contre la France, on compte les principaux con- 
damnés récemment pour cause de carbonarisme 
ou àiadelphisme. Hélas! foute de confiance dans 



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(87) 
' leur véritable restaurateur, iU se sont précipités 
sous le fer des Gibelins, au milieu desquels ils 
ODt cru trouver la liberté !! quel prix ils reçoivent 
maintenant de tant d'e£forts et d'ingratitude ! ! 
L'erreur des peuples venait de ce qu'ils ont 
toujours confondu le provisoire avec le dé-' 
fînitif , l'état de guerre avec l'état de paix ; que 
tous jugent aujourd'hui entre le passé et le 
présent! 

Les manœuvres de nos ennemis sont telle- 
ment contraires à la morale publique et au 
droit des gens, que même pour y croire entiè- 
rement, pour oser les signaler à la postérité , il 
faut en trouver la preuve dans leurs aveux. 
On lit dans un ouvrage intitulé : L'Armée de 
l'Autriche intérieure , sous le commandement de 
l'archiduc Jean, dans la guerre de 1809 (i) , des 
renseignemens précieux sur ces machinations en 
Italie. « L'archiduc Jean, est-il dit dans cet ou- 
« vrage, qu'en Allemagne on attribue au baron 
» d*Hormayr, préparait pendant l'été de 1808, 
» dans l'Autriche intérieure et le pays de Salz- 

(1) D«« heere von InnerAstreicb noter den befelileii dçs 
eriherzogs Johann îm kriege von 1809, in Italien, Tyrot 
luul Ungarn, Leipsiget Altettbourg, 1817. (E) 



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(88) 
» bouii;, tout ce qui pouvait favoriser ses pro- 
B jets. Les liaisons seerètes dans le Tyrol et dans 

» les pays voisins , furent exclusivement confiées 
■ au baron dHormayr, l'historien de sa nation , 
n et pendant plusieurs années référeiidaire des 
» affaires de Salzboui^ , du I^rol , de la Souabe 
D autrichienne , et de Suisse y dans le minière 
» des affaires étrangères, sous les comtes de Co- 
» bentzl et Stadion : par ce motif, très-fami- 
» lier avec toutes les intrigues de ce genre. Le ma- 
» jor Saint- Ambrois alla, en novembre,à Païenne 
» et à Cagliari, pour concerter, avec les cours de 
» Sicile et de Sardaigne, des diversions sur Na- 
ît pies et Gênes, et une insurrection en Piémont, 
» pour laquelle tout était aussi bien préparé que 
B dans le Tyrol. Le comte Rodolphe Paravicini 
s (qui par la suite fut délivré miraculeusement de 
» sa prison d'État, à Mantoue, par la fidélité de 
» deux serviteurs ) , et son beau-frère Juvalta , 
a puissamment secondés par leurs partisans, 
D travaillaient, dans la Valteline, pour le réta- 
» blissement de l'ancien ordre de choses, et pour 
» les intérêts de l'Autriche. Leur' influence s'é- 
B tendait dans les riches vallées Camonica et 
» Trompia. Le marquis Asseretto , connu dans 



h;Goo>îlc 



(89) 

a la guerre de Gênes, de 1799 à 1800 (i), suivit 

» le major Saint •Ambrois; bientôt aussi arriva 

a le lieutenant- colobel Latour, de l'état-major, 

» dont l'éloquence et le zèle, unis aux efforts 

B de la reine Caroline , ne purent obtenir du 

n général Stuart, que là promesse d'une forte 

» diversion en Calabre, dans les golfes de Naples 

net d'Ancône; lorsqu'elle deviendrait inutile, 

» lorsque les aigles autrichiennes seraient arbo- 

» rées à Venise et à Milan. Le colonel Maccarelli, 

D le major Dabovich , et le provincial des Fran- 

n ciscains Dorotich , rendirent de grands services 

■a parmi les Salmates et les Albanais. L'archiduc 

» Jean prépara et envoya un système de réquisi- 

n tion et d'organisation de ces pays étrangers; 

» excellent pour satisfaire aux besoins de la guerre 

B qu'il allait y porter; mais éloigné de toute op- 

» pression et de tout arbitraire, etc. d Pourquoi 

ne pouvons-nous pas fournir sur les autres 

parties de ce plan général d'insurrection, -en 

Allemagne, en Espagne, et même en France, 

des détails aussi précieux? Mais les événemens 

et les bonunes nous révélaient encore beaucoup 

de mystères. 

(i) Voye» le Siège de Génet, par le générai Thlébaut, 
pag. 64,9a «aag. 



hyGoogIc 



(9o) 
Ces machinations de l'étranger s'étendaient 
jusque dans notre France : ses ageus s'y étaient 
glissés, et cherchaient à y produire le méconten- 
tement, le dégoût et la fatigue de la guerre, 
l'esprit de blâme et d'opposition. A toutes les 
époques de la révolution et dès son berceau, 
nous trouvons la fatale influence de ces émis- 
saires de l'étranger. Chaque puissance avait les 
siens; mais l'Angleterre s'était signalée par le 
-choix et la multitude de ses agens , par Ténoi^ 
mité des sommes qu'elle leur distribuait, par 
tous les moyens qu'elle mettait à leur dis- 
position. C'est à ces coupables njenées, que 
nous pouvons attribuer les excès de la révolu- 
tion (i) ; sur elles que nous pouvons rejeter tous 



(i) Les mémoires du temps sont pleins des preuves de ces 
Isits : on les retrouve dans les révélations des hommes qui 
appartiennent à tous les partis; Toulongeon, Sesenval, 
BouiUé, Di^aure , Turreau, etc. ËnliiL, on Ut dans les Mé- 
moires de madame Campan ce que lui disait ta reine de 
France : voici ses propres expressions : Je ne prononce pas 

le nom de Pin, que la petite mort ne me passe sur le dos 

Cet homme est l'ennemi mortel de ta France Il -veut par 

notre destruction garantir à jamais la puissance maritime 

de son pays Deux fois la Reine avait empêché madame 

Campan d'aller à Paris ; N'y allapas tel jour, lui disait-elle, 



hyGoo>îlc 



(9- ) 
ses crimes ; sans admettre pourtant l'extrâne 
extension de leur influence sur ses principaux 
chefs , comme le font plusieurs historiens. Les 
lois draconiennes du* régime de la terreur n'a- 
vaient pu en purger le sol de la république; l'ad- 
ministration modérée de Napoléon méprisa trop 
leurs obscures trames. Ces agens pénétraient 
partout, dénaturaient et pervertissaient en les 
exagérant, les opinions et les sentimens des di- 
verses classes; ils prenaient toutes les couleurs 
et tous les masques, pour répandre leurs allé- 
gations contre Napoléon. Celles-ci étaient par- 
ticulièrement accueillies par les hommes qui 
s'égarent dans l'idéalité des théories et le vague 
de la métaphysique; et ce qui doit le plus éton- 
ner, par les chauds partisans de la révolution 
et les vétérans de la république. Ils s'occu- 
paient follement des garanties sociales et de 
vaines abstractions, ou de quelques prétentions 
et inimitiés personnelles, lorsque l'existence de 
la patrie était directement attaquée par des forces 
immenses et par toutes sortes de machinations ; 

les anglais ont versé de l'or : nous aurons du bruit. — 
Mémoires de madame Campan, et Esquisses de Dulaure', 
tom. I, p. 171, etc.; tom. III, p. 186, etc. 



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(90 
lorsqu'il s'agissait de préserver leurs têtes même 
des vengeances de leurs emiemis. Bien n'a jamais 
pu les corriger. Les uns comme les Grecs du 
Bas-Empire, n'ont cessé d'argumenter, pendant 
que le bélier des Turcs frappait les murailles de 
la cité. Panni les autr^, plusieurs ont fait assu- 
rément de grandes choses; mais l'expérience leur 
a manqué. Parvenus de bonne heure au manie- 
ment des plus hautes afîaires, y ayant apporté 
avec beaucoup de talens et de connaissances , la 
fougue du jeune âge, ces nouveaux hommes 
d'Etat croyaient pouvoir tout terminer à la hâte 
par quelque décret ou quelque violente me- 
sure. Ils ont été la dupe des ministres vieillis 
au milieu des cours, dans l'habitude de l'intri- 
gue, dans les doctrines machiavéliques et les 
traditions des cabinets. Ces ministres ont Eût la 
part de l'incendie, l'ont nourri et activé; assurés 
qu'après l'avoir Eut se dévorer lui-même , ils 
pourraient rebâtir sur l'ancien plan. 

Oserons-nous dire enfin que ces intrigues et 
ces accusations des émissaires étrangers, péné- 
traient même jusqu'au milieu de nos glorieuses 
bandes; et que tous les enlans de la victoire ne 
savaient pas s'en préserver. Indépendamment 
des folles passions qui se trouvent partout, d'ua 



hyGoogIc 



(93) 
sot orgueil qui &it naître les prétentions les 
plus exagérées ; de cette habitude d'^alitè qui 
chez nos Français, est bien plus portée à re- 
garder au-dessus qu'au-dessous de soi ; de tout 
ce qui excitait l'envie , dans' ces prééminences 
créées avec plus ou moins de raison ; nos années 
s'étaient intéressées au sort des hahitans de 
l'Allemagne et de l'Italie , à ta suite d'une lon- 
gue occupation de ces pays. Celles qui guer- 
royaient en Espagne , étaient mues par d'autres 
sentimens : une généreuse conunisération pouï 
cette nation qui se disait opprimée; l'éloigne- 
ment de la présence de l'Empereur, source de 
toute gloire et de toute faveur; enfin l'obliga- 
tion de rester dans cette péninsule, qu'il fal- 
lait nécessairement tenir fermée à ceux qui se- 
raient tentés de s'en éloigner. Si nos militaires 
ne partageaient pas les sentimens des nations 
étrangères; du moins ne savaient-ils pas assez 
s'en défendre : ce qui chez elles Ëtisait nsàtre la 
haine et la vengeance, produisait chez nous du 
reh^idissement. Il était accru dans la masse par 
la fetigue d'un service trop prolongé, pour le 
fond de notre caractère français ; et dans les che& 
par le désir du repos , même par le regret de ne 
pas jouir des avantages acquis, après cet âge 



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(94) 
où le mouvement n'est plus un besoin. Car dans 
notre histoire, il faut souvent considérer la 
progression de l'âge, dans l'héroïque généra- 
tion, dont la jeunesse avait opéré les merveilles 
de la révolution : à cette époque elle atteignait 
déjà la maturité moins propre aux grandes 
choses, et pour la plupart des individus le terme 
probable des espérances. 

Il ne faut pas trop s'étonner maintenabt, si 
la vérité était méconnue, et si les intrigués et 
les allégations des agens ennemis trouvaient 
quelque crédit : lorsque les négociations de la 
coalition restant dans le secret des cabinets, (à 
tel point même qu'à peine le temps écoulé nous 
a fait connaître quelques-uns de leurs docu- 
mens) chaque gonvemonent pouvait, pour la 
justification de ses agressions, avancer des mo- 
tifs qu'on n'était pas à même d'éclaircir: lorsque 
N^toléon ignorant une partie de ces actes des 
coalisés, ne pouvait les leur opposer publi- 
quement; et qu'ail contraire il était obligé de 
cacher aux siots, pour ménager leur courage et 
leur dévouemient, les complots dirigés contre 
lui ^t les prc^ets homicides de ses ennemis: lors- 
que dédaignant aiussi de se justifier, il croyait 
rép<«dre sirffisamment par des triomphes et par 



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(95) 
les bÎMiËiits de son administration. Cependant 
il faut le dire, on fermait aussi les yeux à la 
vérité : elle se trouvait dans les rapports diphD- 
' matiques adressés au sénat, autant que les se- 
crets de la politique étrangère ou les intérêts de 
la nôtre permettaient de la dire. La meilleure 
justification de Napoléon et de la France se 
trouve dans les Moniteurs : les historiens iront 
chercber la vérité, où nous n'avons pas voulu 
l'apercevoir. 

La coalition après avoir ainsi préparé les es- 
prits et organisé dans tous les pays une insur- 
rection générale, établit son plan d'opérations 
purement militaires. Celles-d servent encore à 
dévoiler par des dispositions extraordinaires, la 
partie secrète du plan général : car pendant que 
l'Autriche était encore seule sur la scène , ^e 
prit contre toutes les rè^es, l'offensive sur tous 
les points; elle projeta de porter ses principales 
masses au milieu de l'Allemagne, ce qui lui assu- 
rait d'abord la plus grande partie de ce vaste pays. 
Cette fois les armées autrichiennes devai^t atta- 
quer de Iront, et marcher droit sur nos fron- 
tières; non comme en 1799, i8o5 ou i8i4 en 
cherchant les endroits Ëuibles, mais ccHiune ne 
craignant pas au contraire les parties les plus 



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(96) 
fortes , assurées qu'elles étaient d'y trouver 
des appuis. Au même moment l'archiduc Je;m 
envahissait la haute Italie, dans l'espoir de se 
lier aux années que les Anglais devaient débar- 
quer sur les côtes de !Naples, et aux mécontens 
dispersés sur tous les points de la péninsule. 
L'archiduc Ferdinand allait couvrir de ses trou- 
pes le duché de Varsovie, et arriver jusqu'à 
Thom; où l'on assure qu'il devait amener un 
parc de cent pièces de canon, dont la Prusse 
avait besoin avant de se déclarer (O- £n même 
temps on devait détacher au loin des corps au- 
trichiens, dans la Prusse méridionale, dans la 
Saxe, dans la Bavière, dans le Tyrol et le Voral- 
berg , où des intelligences avaient été préparées. 
Ainsi partout à la fois on appelait à l'insurrec- 
tion les habitans, surtout les anciens sujets prus- 
siens, plus exaspérés que les autres, et excités 
secrètement par la cour de Kœnigsbei^. La 
coaUtion comptait que les souverains de la Con- 
fédération du Rhin, se joindraient à elle, soi^ 
de gré, soit de force, à mesure que les armées 
autrichiennes s'avanceraient sur leur territoire. 



(i) Bistoire des Traités de jJoix du cOTueSUr prutsim 
Schosli, tom. IX, p. aSo. 



hyGoogIc 



(97) 
Des promesses et des menaces leur avaient été 
déjà adressées; et s'il faut juger de cette épo- 
que par celles qui ont suivi , les espérances des 
coalisés n'étaient pas entièrement dénuées de 
fondement. Un tel développement de forces 
avait exigé que, contre l'usage constant de la 
maison d'Autriche, toutes ses troupes fussent 
mises en première ligne; aucune réserve n'était 
préparée dans l'intérieur, du moins assez com- 
plètement organisée, pour couvrir la capitale. 
Aussi Vienne fut-elle envahie, dès que cette 
première ligne eut été percée par une seule man- 
œuvre. Un tel système d'opérations adopté par 
l'Autriche, prouve suffisamment qu'elle comptait 
sur d'autres moyens; comme elle l'a annoncé 
d'ailleurs dans ses manifestes. 

En *flfet l'Angleterre devait coopérer direc- 
tement à la principale attaque en Allemagne; 
et faire de tous côtés de fortes diversions. Ja- 
mais l'empire britannique n'avait eu tant de 
troupes; il rivalisait avec les puissances continen- 
tales. Un armement, le plus considérable qu'il 
eût rassemblé, était dans ses ports de la Man- 
che. Il pouvait jeter une armée de plus de 
quarante mille hoinmes, soit dans le nord de 
l'Allemagne, soit dans la Hollande, ou dans là Bel. 
I- 7 



hyGoot^le 



(9») 
gique qu'on supposait mécontente, et qui à toutes 
les époques avait eu sa part séparée dans les 
projets de ïa coalition. Cette armée marchant au- 
devant de la grande armée autrichienne, pouvait 
se joindre à elle sur le Rhin, au travers des 
pays qu'on voulait insui^er. Des troubles écla- 
tèrent efiectivement , dans tout le nord de l'Alle- 
magne, en Hollande, et dans l'ancien électorat 
de Trêves : ces pays étaient les plus tavorable- 
meat situés pour une telle opération; car des 
bouches du Weser et des côtes de la Hollande 
aui frontières de la Bohème, il n'y a guère plus 
de cent lieues de distance. Il suiBsait donc de 
quelques succès et de peu de jours, pour accom- 
plir cette jonction. Diverses circonstances retar- 
dant le départ de ces troupes, empêchèrent l'exé- 
cution de ce plan trop étendu. Une autra armée 
de quinze mille hommes , réunie en Sicile, de- 
vait débarquer à Naples, faire soulever lltalie 
méridionale, et aider ainsi aux opérations de l'ar- 
mée autrichienne dans la Lombardie. Une troi- 
sième armée anglaise, soutenant la défense des 
insurgés Espagnols , empêchait la soumission de 
ce pays, combattant pour un hmc. point d'hon- 
neur contre ses véritables intérêts. Cette armée 
fÊûsait la plus puissante de toutes les diversions. 



hyGoogIc 



(99) 
en Êiveur de la coalition; elle ourdissait en même 
temps un complot , duquel pouvait résulter 
contre ia France, la plus dangereuse de toutes 
les attaques , au travers de la frontière des Py- 
rénées, tout-à-fait indéfendue, et par des lignes 
qui menaçaient directement le centre de notre 
territoire. 

A l'aide de ces divers projets des armées 
et des insurrections étrangères, il se tramait 
dans l'intérieur de la France, des machina- 
tions encore plus terribles contre Napoléon. 
Les agens de la coalition avaient renoué les fils 
de toutes les anciennes intrigues ; et s'étaient 
adressés aux hommes de tous les partis. Le con- 
ventionnel Fouché qui s'était formé une im- 
mense clientelle , en disposant d'une partie des 
emplois du gouvernement , réunissait alors les 
ministères de l'intérieur et de la police ; ce qui 
metlSit dans sa main une grande partie de la 
France. Il est à peu près reconnu maintenant 
que, depuis long-temps, il servait la famille 
des Bourbons. Chaque semaine, il lui adressait 
le bulletin secret de l'Empire, destiné à Napo- 
léon seul. On a prétendu aussi que Fouché voa- 
lait se saisir du pouvoir, lors des nouvelles de la 
bataille d'Essling et de la rupture des ponts du 
7- 

D,gn,-.rihyGOOgle 



C ïoo) 
Danube. D'autres disent que par ses soins, la 
couronne impériale devait être déférée au prince 
Bernadette (i). Il est plus aisé de pressentir que 
de connaître exactement, les intrigues auxquelles 
se livra ceministre, investi de si grands pouvoirs, 
et ayant des relations si étendues : il traitait 
avec tous les partis, toujours prêt à les sacrifier 
à celui d'entre eux , qui lui assurerait le plus d'a- 
vantages et de garanties' 

D'un autre côté l'Angleterre n'avait jamais 
cessé d'entretenir d'obscures correspondances 
dans la Vendée ; et quoique ce pays fut entière- 
ment soumis par une administration douce et 
éclairée, les agens de l'étranger y trouvaient 
-toujours quelques accès. Pendant la campagne 
<le 1807, lors des douteuses affaires d'Eylau, on 

(1) Le temps a dévoilé beaucoup d'intrigues secrètes, sans 
«omptcr ce qu'il nous fera connaître un jour. Pour ra con- 
spiration de Portugal, voyez les pièces... consulte! Lenoble, 
Campagne de Galice et Portugal en 1809; ùtX Histoire de la 
situation de V An^eterre , par Montvéran, tom. V, pag. S?. 
On trouvera aussi quelques éclaircissemens dans la corres- 
pondance rapportée par Roccaj dans Sarrazin , dans Naj- 
lies, etc. Pour les intrigues de Fouché\e mémeouvrage de 
Montvéran, tom. V, p. 4a;etU Ga^riedesConUmporeàns, 
tom. II, pag. 49; tom. rv,pag. 417 et 4aS. 



hyGoot^le 



( lor ) 
avait tenté de la soulever, a On voulait dans I» 
«upposition où a Napoléon viendrait à être défait 
s dans une grande bataille, prendre les armes et 
» recevoir le duc de Berry.... Dix mille conscrits 
s réfractaires étaient prêts à se soulever..... De 
o la Vendée le complot s'étendait dans la Breta- 

ngne, le Maine, la Basse -Normandie Bop 

D deaux n'y était pas étranger Au moindre 

» revers des années de Napoléon et à la moin- 
» dre crise politique , le feu de l'insurrection 

D laissait échapper ses étincelles Le parti 

» de l'opposition- même avait dans la Vendée 
» ses points de correspondance et de rallie- 

B ment (i). » Ainsi on travaillait de tout côté 

à renouveler dans ces pays les horreurs de la 
guerre civile. 

Nous avons vu que l'Angleterre préparait sa. 
principale machination en Espagne : c'était une 
conspiration toute militaire. Des écrivains dignes 
deconfiance, ont dit qu'elle avait été ourdie dans 
l'armée française de Portugal, qui se trouvait 
alors à Oporto en fece- des Anglais ( mai 1809 ). 
On mettait en avant le nom de Moreau; on pro- 
mettait son arrivée aussitôt que les régimens 

(.1) Beauchaa^, tom. IV, pag. 5a6 , Sa? et 53o. 



hyGoogIc 



( I02 ) 

se seraient déclarés; on voulait le placer à la tête 
des années et du gouvernement , marcher de 
concert avec les troupes de Wellington vers les 
Pyrénées, où l'on trouverait une autre armée an- 
glaise de 60,000 hommes, et s'avancer ensuite 
vers Paris. On devait engager les autres corps 
d'Espagne à suivre cet exemple. Nous n'avons pas 
encore des renseignacaens sufBsans, sur ce qui a 
pu se tramer dans les autres parties de la pé- 
ninsule. Mais vers cette époque deux conspi- 
rations assez constatées éclatèrent dans la Cata- 
logne. Cette province, par son rapprochement 
du midi de la France, et ses rapports avec le 
bassin de la Méditerranée, plein des vaisseaux 
de l'Angleterre et entouré de ses intrigues, offrait 
plus d'avantages et de facilités aux desseins de la 
coalition : la Catalogne a dû fixer particulière- 
ment son attention. Les Anglais avaient fait cir- 
culer dans le nord du Portugal , et parvenir dans 
l'armée du maréchal Soult, le manifeste et les 
proclamations de l'Autriche; ils exagéraient ses 
forces et ses préparatifs ; ils annonçaient déjà 
des succès. Ils avaient aussi répandu de l'or. 
Des officiers étaient gagnés , et avaient déjà 
communiqué avec Wellington et Beresford. Un 
crédit de 600,000 francs avait été déjà ouvert par 



hyGoogle 



( .o3) 
PAngleterre. On ajoutait même que si le maré- 
chal qui commandait en ch.eîjaisait l'entêté, le 
conunandement serait doniié à ud autre. On 
aTait enfin l'espoir de se concerter avec les ar- 
mées d'Allemagne , d'Italie , etc.. 

Nous usons de la liberté que les mémoires 
autorisent, pour rapporter les bruits qui ont 
couru, sans les affirmer et sous la garantie 
d'auteurs dignes de foi. Ces bruits sont appuyés 
du reste sur des circonstances remarquables , 
sur le jugement et la condamnation de d'Ar- 
gentou. La conduite des hommes éclaircit tous les 
jours tant de choses, que nous avons droit de 
n'être surpris de rien. En mettant de côté ce sen- 
timent intime d'honneur , qui nous persuade 
qu'il eût lallu tromper complètement nos soldats, 
pour obtenir leur coopération à de tels projets; 
il faut reconnaître que le plan en lui-même est 
loin de se montrer inexécutable. Reportons-nous 
d'abord à cette époque. Le nom de Moreau était 
encore de quelque poids en France, dans l'ar- 
mée et parmi les autorités civiles. Certaines 
personnes étaient enthousiastes de la réputa- 
tion de celui qu'un écrivain plein de saga- 
cité, assure avoir été enlevé par les batteries de 
l'armée française, aux desseins de la minorité du 



hyGoo^le 



(io4) 

Sénat (i) : minorité dont on a vu deux membres 
feire publiquement l'éloge de Moreau, l'année 
après sa mort dans les rangs ennemis. Ce nom 
pouvait donc servir encore à abuser l'armée et 
la France. La Vendée et Bordeaux, pays les plus 
travaillés par nos ennemis, à portée des côtes 
infestées par leur marine, et désolées en ce mo- 
ment par leurs incendies et par le triomphe 
récent de l'île d'Aix, étaient sur le chemin des 
années d'Espagne pour se r»idre à Paris. Or 
de cette capitale à Bayonne et Augsbourg, la 
distance est la même : ainsi à mesure que Na- 
poléon dépassait cette dernière ville, les chances 
augmentaient en faveur de la con^iration 
d'Espagne. Si Napoléon s'avançait dans la Ba- 
vière et en Autriche, il s'éloignait d'autant du 
centre de la France, et le laissait exposé aux 
tentatives de tons ses ennemis; pendant que les 
derrières de la grande armée étaient menacés par 
les soulèvemens de l'Allemagne. Si même dès le 

(i) Montvértm, rom. VI, pag. 493, où 3 dîl aussi que : 

■ vers le tS septembre 18 1 3 le roi de Suède était montré 
» à ce parti (qui maintenait ses relations avec les étrangers) 
> comme le plus digne d'être à la tête du gouvememest de 

■ U Fronce.» 



hyGoogle 



C -oS) 

commencement, il eût votilu revenir sur ses pas 
pour s'opposer à cette entreprise; sa marche eût 
été retardée par les attaques combinées des Au- 
trichiens et des insurgés allemands; tandis- que 
celle des armées d'Espagne à peu près libre, et 
même ÊiTorlsée par tant d'intrigues, eût été bien 
plus rapide. Elles pouvaient donc arriver bien 
avant l'Empereur à Paris, où elles trouvaient le 
secours de Fouché et de tant d'autres. Me fussent- 
elles parvenues que sur la Dordogne ou vers la 
Loire , la diversion était faite ; . Napoléon était 
rappelé dans l'intérieur, ou forcé de partager 
son armée, et par conséquent aâaibli devant les, 
Autrichiens. L'Espagne, l'Allemagne et l'Italie 
abandonnées par nos troupes, augmentaient la 
masse et les ressources de la coalition. Si enfin 
ce projet échouait entièrement, qu'importait au 
machiavélique gouvernement d'Angleterre? Il y 
avait toujours quelques gouttes de sang français 
répandues, et des semences de trahison qui pou- 
vaient fructifier plus tard. 

Tels étaient les projets de nos ennemis , et les 
horribles apprêts de cette guerre, que nous susci- 
taient sur toute la surfece de l'Europe ses légi- 
times puissances. Le signal frit donné par des 
proclamations excitant à la révolte et à l'insur- 



hyGooglc 



(■06) 
rection ; moyens peu honorables autant que dan- 
gereux , dont jusqu'à cette époque s'étaient abs^ 
tenus les gouveraemens monarchiques, et dont 
les preuves restent pour leur condamnation. On 
fut encore plus étonné de retrouver dans la 
bouche des princes autrichiens, ces provocations 
adressées à des peuples, qui avaient été de tous 
temps étrangers à l'Autriche, et dont elfe avait 
reconnu les gouvemeroens. C'est, disaiept-ils, 
pour la lièerté de l'Europe , pour la délivrance 
des ^Uemands, pour l'indépendance de t Italie , 
que l'Autriche combat... sa cause est celle de l'Al- 
lemagne, et elle ne recormatt pour ennemi que 
celui qui oublie qu'il est allemand.... Levez-vqus , 
suivez le grand exemple des Espagnols, etc. 
La coalition aveuglée par sa haine, puisait ses 
armes dans l'arsenal révolutionnaire , imitait 
l'exaltation et les fureurs des insurgés espagnols. 
Ainsi après avoir employé tant de temps et de 
moyens, versé tant de sang, pour combattre la 
révolution française; elle en invoquait les pliis 
violeus principes , en empruntait le langage. 
L'histoire remarquera que c'est du conseil au- 
hque de Vienne, que partirent ces premiers cris 
de liberté, ^indépendance, ai insurrection, qu'ont 
répété depuis en i8i3 et i8t49'tous les rois de 



hyGoogle 



(,07) 
l'Europe, contre celui qui voulait raffermir les 
trônes ébranlés. Ces rois tenfciîent de soulever 
les nations , de corrompre les armées : ils li- 
vraient au Nord et au Midi (en Portugal, en 
Suède, en Prusse, comme ils l'ont fait depuis 
en Allemagne et ailleurs) le sort des peuples et 
des souverains, à des troupes aveuglées, à des 
chefs parjures , à des conspirateurs condamnés 
par des jugemens publics. 

Cependant qui assurait ces souverains qu'ils 
pourraient disposer à leur gré des armées re- 
belles et des peuples insurgés ; que les maré- 
chaux ayant tous leurs prétentions et leurs par- 
tisans, que les vétérans de la répubHque ins- 
truits et aigris par de cruelles expériences, ne 
refiiseratent pas de se soumettre à l^oreau , à 
Bemadotte , à tout autre , ne renouvelleraient 
pas de nos jours, les décbiremens de l'empire 
romain, les guerres civiles modernes, enfin ne 
susciteraient pas de nouvelles révolutions, qui 
pouvaient s'étendre bien loin? Quels moyens ! 
quels exemples donnés pour le ptésent , et sur- 
tout pour l'avenir ! Lequel d'entre ces rois pou- 
vait se confier assez en lui-même, et dans ses 
alentours de Ëunille ou de cour, dans ses peu- 
ples même, pour risquer de telle» épreuves? Le- 



hyGoot^le 



( >o8) 
quel pourrait désormais s'assurer contre les pro- 
jets d'un général victorieux, ou d'un prince 
réellement cher à sa nation? Un ministère insu- 
laire y et à l'abri de tels dangers de la part de ses 
flottes, pouvait seul conseiller de telles mesures. 
Singulier contraste! pendant que l'homme de la 
démocratie et des nations, peut-être eu Ëdsant 
taire par conviction les impressions si vives de 
sa jeunesse , employait tous ses efforts pour 
éteindre les révolutions; les anciens gouveme- 
mens en semaient sur la surÊice de l'Europe , les 
germes à pleines mains. £n vain prétendront- ils 
les comprimer éternellement? Ces provocations 
kX insurrection , ces promesses de liberté, de g-a- 
ranties, d'institutions libérales, ces appels ausc 
droits des nations, ne seront plus oubliés. Ils fer- 
mentent dans tous les coeurs; ces cabinets doi- 
vent recueillir tôt ou tard les fruits de leurs im- 
prudens travaux. 

Comment Napoléon pouvait-il prévoir ou com- 
battre ces projets aussi coupables qu'inconsi- 
dérés, lorsque tant d'intérêts communs, tant de 
protestations, tant de désaveux devaient l'empê- 
cher d'y croire. Ce n'est qu'en i8i3, lorsqu'on 
a pu dire : Ze lion est blessé, il faut l'assommer; 
que la coalition a montré ouvertement ses in- 



hyGoogle 



( Ï09 ) , 
tentions et ses moyens. Alors il était trop tard. 
Si dès 1809 Napoléon avait usé de représailles, 
s'il avait soulevé la démocratie dé l'Europe contre 
les vieux gouvememens, où en serions -nous 
maintenant? Voyons quelle vengeance il va tirer 
d'eux? Vainqueur pour la seconde fois de l'Au- 
triche, tenté par l'un de ses princes (i), il sait 
qu'elle est nécessaire à l'organisation de l'Eu- 
rope; et il la conservera à peu près telle qu'il 
l'avait laissée à Presbourg. 

Ainsi la France pouvait être assaillie sur toutes 
les frontières, pendant qu'elle était menacée au 
cœur de sa puissance , et au sein même de ses 
années , par les plus odieux complots. Nos 
troupes étant disséminées sur tous les points de 
l'Europe, de l'Oder aux bouches duKhin, du 
golfe de Tarente aux rives du Tage et du Douro ; 
la coalition espérait non -seulement tenir tète à 
nos armées du Bhin, mais prendre hautement 
la supériorité avec les forces qu'elle accumu- 
lait depuis si long-temps; et pousser l'offensive 
de toutes parts. Elle presse le commencement 
des opérations en Allemagne : c'était là le point 
capital. Si les corps autrichiens obtenaient le 

{i)Las-Castt, tom. in, pag. i3o. 



hyGoogIc 



{ ■">) 

moindre avantage, s'ils parvenaient seulement à 
se réunir au milieu de la Franconie ; les insur- 
rections préparées dans toute l'Allemagne , écla- 
taient derrière eux ; les souverains de la confé- 
dération se trouvaient forcés à s'eniuir ou à se 
soumettre. Peut-être ceux-ci ou leurs ministres 
n'attendaient-ils que le moment fevorable; peut- 
être même leurs armées se déclareraient- elles 
sans eux comme en idi^? Alors les forces de 
l'Autriche se trouvaient doublées sur-le-champ ; 
les nôtres diminuées d'autant. Une vive attaque 
suivait aussitôt contre la principale armée fran- 
çaise; la Prusse et la Russie marchaient contre 
nous. Napoléon assez occupé devant lui , ne pou- 
vait songer à ce qui se passait au loin. Les enne- 
mis surgissaient et accouraient de toutes parts... 
Ainsi tout va dépendre des premiers coups por- 
tés en Allemagne. 



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CHAPITRE V. 

DEBHIÈBBS NÉGOaATIOHS ENTRE 'LA FRANCE 

ET l'Autriche, 



Le» cabiaelj de Vieillie et de Londres soot divisés par des inlri- 
gaea de cour et par divers projets sut la conduite des opératioiia 
militaicea. — Le mÎDÙlète bntannique remplit en 1809 les vues 
■ecièles de l'oligarchie anglaise, mais il succombe «o us les attaques 
de l'opinion publique. — L'Autriche change ses plans an moment 
de l'ei^cntion. — Elle continue à pcotester de son désir de con- 
server la paix , et retarde l'émission de la déclaration insignifiante 
dn 17 mars. — Elle cherche à endormir Napoléon, pour atta- 
quer l'armée francise pendant son absence. — Celni-ci déioavre 
très-tard les nonveani desaeioB de la coalition , en enlevant par 
représailles un courtier autrichien. — Dès le premier avis de la 
mise SUT pied de guerre des troupes autrichiennes, il donne ses 
ordres i l'armée d'Espagne. — Il nomme le majOT'^énéral , et 
régie l'organisation de Farmée d'Allemagne. — Il attend à Paris 
l'agrewion de nos ennemis. 



Pêhdaitt que la coalitioD termine les prépara- 
tifs ostensibles ou secrets, d'une guerre la plus 
TÏolente qui jamais ait été faite , avec des me- 
sures qui semblent anntHicer de si vigoureuses 
résolutions ; lorsqu'il semble qu'elle n'a plus qu'à 
saisir les armes et fondre sur l'ennemi : elle se 



hyGoot^le 



(■■«) 

livre dans Tintérieur des cabinets aux fluctua- 
tions de la faiblesse , à de misérables intrigues 
de cour. Partout manquent une décision ferme, 
des lumières sûres; partout un homme capable 
de diriger cette hydre aux cent têtes. De notre 
côté c'est le contraire : une seule main conduit 
et dirige tout. Ici se présente à la fois un grand 
spectacle et une grande leçon : en France on voit 
la toute-puissance d'une volonté forte et éclairée, 
enfontant des prodiges; chez l'ennemi, nous ver- 
rons à la longue la puissance encore plus forte 
du temps et de la corruption qui surmonte tout. 
La cour de Vienne qui s'est mise à la tête 
de la coalition continentale, qui depuis ne cesse 
de provoquer son ennemi, veut la guerre de 
tout temps; la veut terrible; tout est prêt, 
tout, excepté le plan d'après lequel on doit agir. 
Le moment est venu où l'on va mettre les troupes 
en campagne; et les deux partis de la cour 
se disputent où l'on doit les &ire marcher, 
encore plus d'après leurs passions et leur animo- 
sité, que d'après les liunières de la raison. Deux 
grands projets se présentent : l'un d'une ofFensivc 
franche et vive, au travers.de la partie la plus 
saillante des frontières (la Bohème), pour arriver 
le plus vite possible sur le Rhin; l'autre d'une 



hyGoogle 



( "3 ) 
ofiensive méthodique, chemiDant parle centfé) 
s'échelonnantsur le Danube^et couvrant toujours 
le cœur de la monarchie : projet sage, mais exa- 
géré comme tout ce qui est systématique; car il 
ne laissait qu'un corps d'armée peu considérable 
en Italie. Le premier était plus conforme aux 
Vues politiques de la coalition; il .pouvait avoir 
les plus grands résultats : le second était meilleur 
et plus sûr. Cependant il Êdlai t se décider à temps, 
et choisir l'un ou f autre.On ne peut être qu'assez 
difEcilAnent instruit de ces débats, surtout des 
détaib et [des époques. Il &Lut en quelque sorte 
les deviner au milieu des correspondances aux- 
quelles ils ont donné lieu; mais on dirait que 
chaque parti adopta le projet qui paraissait le 
plus opposé à ses vues et à ses principes : il 
semble que le général Griinne, et par conséquent 
le prince Charles, se prononçaient en laveur du 
premier projet; le général Mayer et les ministres 
pour le second. 

Au moment où les troupes se trouvaient ainn 
sur le pied de guerre, le ao février, Mayer dont les 
plansétaient rejetés, perditla place de quartier-maî- 
tre général et partit le aa pour Brod sur la Save; 
soit que ce iiiît une disgrâce , soit plutôt qu'il allât 
comme il le dit lui-m^e , s 'occuper des affaires 



hyGoot^le 



( "'4 ) 

de l'Orient. En effet il se trouvait à portée de 
l'Adriatique pleine d'Anglais, et de la Turquie où 
la Russie négociant encore à Jassi, combattait 
bientôtsurle Danube. Mayer était donc au centre 
de relations fort importantes pour la coalition, 
entre lès insurrections projetées en Italie , les 
intrigues des Anglais et celles des Kusses ; peut- 
être même traitait-il avec la Porte pour les se- 
cours promis. 

On nous dit à Vienne que le public vit avec 
peine le triompbe de Grùnne;*que le "général 
Mayer fut très-regretté , lorsqu'il quitta l'état-ma- 
jor général, dont il reprit la direction, dès que 
l'empereur François eut jugé convenable de rem- 
placer son frère dans le commandement de l'ar- 
mée.On nous assurait aussi que dans unconseilde 
guerre, oùl'on discutait le plan d'opérations avant 
le commencement de la campagne ; \e général 
Mayer ayant dit de celui qui fut présenté et pré- 
féré : Il est mauvais; l'archiduc répondit qu'il était 
de lui; Mayer répliqua : J'en ai bien du regret, 
mais le mot est prononcé. Jusqu'au 20 février tes 
troupes avaient marché vers la Bohème ; du ao 
février au 19 mars elles continuèrent à s'y 
porter. Mais le champ de l'intrigue resta ouvert 
jusqu'au dernier moment ; et les ministres firent 



hyGoo^le 



C "5 ) 
abandonner ce projet, lorsqu'il allait être exé- 
cuté, pour revenir à celui qui, sous le manteau 
de la prudence , convenait mieux à leur faiblesse. 
Le ministère anglais, ce directeur suprême de 
toutes les guerres de l'Europe, uni en ce point, 
n'était pas moins divisé sur tout le reste. Ici nous 
trouverons bien plus de lumières , parce que 
dans ce simulacre de gouvernement représen- 
tatif , le ministère du moins en apparence , res- 
ponsable et soumis au contrôle des Chambres, 
voyait quelques parties de sa conduite dévoilées 
et accusées dans les débats du Pariement. Soumis 
à la CamariUa britannique , il avait obéi à l'or- 
dre de faire la guerre , et était ensuite resté 
dans la fluctuation des intérêts privés. Les 
forces anglaises destinées au débarquement , 
prêtes dès le mois d'avril, étaient inactives dans 
les ports, pendant la discussion sur le choix 
du commandant, que le parti de la Eeine 
Bnit par leur donner : l'année précédente on 
avait vu l'armée de Portugal changer dnq fois 
de général en chef, en moins de deux mois. 
Ce ministère de 1809 n'ayant de consistance en 
lui-même, ni par ses tataps et par ses alliances 
de famille, ni par sa popularité, ni enfin par 
l'appui des véritables hommes. d'Etat qui s'en 



hyGoogIc 



(.,6) 
tenaient éloignés , s'était vu dénoncé par l'oppo- 
sition pour défaut d'habileté et de prévoyance 
dans les afifeires d'Espagne et de Suède ; pour ses 
profusions, pour les désordres dans les fina'nces 
et dans toutes les branches des dépenses publi- 
ques; pour concussions particulières; enfin pour 
trafic de sièges et de votes parlementaires , le 
plus grand des crimes politiques dans un gou- 
vernement national. Bientôt il avait été réduit 
par la force de l'opinion, qui du moins peut 
en ce pays se soulever contre lui , à donner sa 
démission; mais il n'en avait pas moins rempli, 
pour la session de i8og, le but permanent du 
Conseil secret, celui d'éloigner par la guerre 
toute réforme parlementaire et les propositions 
de M" Maddodi, Withbread, Burdett. II avait 
obtenu dans ce moment l'objet particulier de 
priver le duc d'Yorck, du commandement gé- 
néral des troupes anglaises dans la péninsule, qui 
« devait lui frayer les voies aux trônes d'Espagne 
» ou de- Portugal, qu'on regardait comme va- 
» cans (i) en le laissant compromettre au mi- 

(i) On trouve aussi danaTouvrage de M. de Montveran, 
fîeond en faits curieux et en observations piquantes , que 
rarùtocratie angiaise avait le dessein malheureusement 



hyGoogle 



( "7 ) 
lieu du Parlement et à la face de la nation an- 
glaise, dans l'affaire de la dame Clarke et du 
colonel Wardle. 

Telle était au moment où ils se préparaient 
à la guerre, la situation intérieure des deux ca- 
binets , qui devaient y prendre la plus grande 
part. L'Autriche retardait maintenant le moment 
de se déclarer : elle voulait ne le faire qu'après 
avoir déloyalement commencé les hostilités. De 
telles variations dans ses plans militaires et l'at- 
tente de la coopération des autres puissances , 
ajoutant encore à ses lenteurs ordinaires, firent 
beaucoup de tort à ses projets et à ceux de la 
coalition. Des notes s'étaient échangées de nou- 
veau, après le retour de Napoléon. Dana ces 
notes l'Autriche continuait à protester du désir 
de la paix, et de l'obhgation où elle se croyait 
de terminer ses préparatifs purement défensifs. 
Quand elle eut mis ses troupes sur le pied de 
guerre, elle le communiqua assez tard au mi- 
nistre des relations extérieures , dans ime simple 
conversation de son ambassadeur.. 

Mais il faut désormais rapprocher la marche 
de sa diploipatie de celle de ses opérations mi- 

trop démontré d'aoUir les membres de la famille régnante, 
et même le pouvoir royal. Tom. V, Pag, 1 5. 



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(,i8) 
litaires, afin d'éclairer l'une par l'autre. Le ca- 
binet autrichien, croyant avoir gagné par ses né- 
gociations le temps de renvoyer au 8 avril, l'ou- 
verture de la campagne et l'exécution de ses 
nouveaux projets , retarda jusqu'au 27 mars, la 
publication d'une sorte de déclaration , qui pré- 
sentait un exposé adroit, mais fort inexact de sa 
conduite. Ce n'était pas une déclaration de 
guerre ; car elle n'énonçait aucun grief, ne con- 
tenait rien de positif, et finissait par des vœux 
pour que h Napoléon restât dans des bornes 
» compatibles avec le repos de l'Autriche, n Peu 
après, elle fut suivie d'un manifeste- du gou- 
vernement autrichien. Cette déclaration n'était 
pas même une réponse à la dernière note du mi- 
nistre français (10 mars), donnée après ta no- 
tification de Metternich ; puisqu'on avoue qu'elle 
a été dressée avant l'arrivée de celle-ci , et qu'on 
n'a pas cru devoir y rien changer. Son émis- 
sion avait pour but de prolonger la négocia- 
tion; ,et on retardait encore jusqu'après le 3i, 
son départ de Vienne, pour la faire arriver à 
Paris (en 9 ou 10 jours), lorsque les hostilités 
seraient commencées. Rien n'empêche de croire 
que l'ambassadeur Metternich ne dût en diffé- 
rer la communication. Il avait ordre de ne 



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( "9) 
pas demander ses passe -ports, si on voulait le 
laisser tranquillement à Paris; et d'y attendre le 
commencement des hostilités. On lui disait que 
les personnes de l'ambassade française à Vienne 
répondaient de sa sûreté; qu'il devait rejoindre 
ensuite le quartier où serait l'Empereur, qu'on se 
proposait de faire suivre en arrière des armées. 
Metternich était remercié des renaeignemens 
qu'il avait envoyés par un courrier russe; ces 
renseignemens ou ceux qui les avaient précédés, 
ont pu être utiles aux changemens iaxXs dans le 
système d'opérations de l'Autriche. Ainsi cette 
puissance prenait tontes ses mesures pour porter 
à son ennemi des coups d'autant plus sûrs , 
qu'elle croyait avoir endormi sa vigilance, -et 
être parvenue à le retenir jusqu'au dernier mo- 
ment loin des champs de bataille. Elle croyait 
surprendre l'armée française hors de mesure dans 
ses canlonnemens étendus, et la battre ou la dis- 
perser pendant l'absence de l'Empereur. 

Mais Napoléon veillait de tous côtés. II avait 
fait différer d'une huitaine de jours, la réponse 
de son ministre à l'ambassadeur autrichien; 
( 10 mars), sans doute pour gagner du temps et 
expédier ses premiers ordres. -Dans cette note il 
se plaint du triomphe de la faction anglaise à 



hyGoot^le 



C lao ) 
Vienne , des arméniens qui l'ont suivi ; d'avoir dû 
» opposer des armées à des années, lorsque au- 
» Clin différend , aucun sujet de litige n'existent 

» entre les deux cours ; l'initiative des me- 

» sures et des arméniens sera provenue de l'Au- 
» triche , etc. » Mettemich y répondit te i a en 
reconnaissant « le feit certain que depuis l*éva- 
» cuation de Braunau, il n'existe nul sujet de 
r> litige entre ces deux puissances , et qu'il règne 
» au contraire des i^lations amicales; il an- 
» nonce que son cabinet , fidèle au vœu d'entre- 
» tenir les meilleures relations envers la France, 
» fait faire des enquêtes sur deux plaintes de peu 
» d'importance : » il présente pourtant une sorte de 
tableau de la conduite de l'Autricbe, depuis le 
mois de janvier, pour excuser ses préparatife, etc. 
Bientôt, par quelque motif secret, ou pour 
cacher le dernier mouvement de ses troupes , 
la cour de Vienne rompit toute mesure; et donna 
un funeste exemple de la violation des corres- 
pondances ofBcielles, par l'arrestation à Brannau , 
le 1 7 mars, d'un officier français, portant des dé- 
pêches authentiques de notre légation. îf apoléon 
voulut user de représailles, et "s'assurer en même 
temps des véritables intentions de l'Autriche, 
peut-être même de la Riissié; car nous avons 



hyGoogle 



( "" ) 

TU que jusqu'au Somars, il avait compté que la 
guerre pourrait. ne pas avoir lieu, surtout d'a- 
près l'interveution de la Russie. Désirant néan- 
moins respecter le territoire de France , il donna 
l'ordre, le ^4 mars, d'arrêter en Allemagne un 
courrier autrichien. Enfin il se décida à en faire 
enleve^ un à Nancy, dans la première semaine 
d'avril. Ce courrier était porteur de diverses in- 
structions, de la déclaration du 37 mars, des 
dépêches partictilières du ministre Stadîon, et 
de quelques lettres qui dévoilaient les intentions 
du ministère autrichien et les'sentimens de 4a 
cour de Vienne, ainsi que le peu d'égards qu'on 
j conservait pour les rois de la Ginfédération du 
Rhin.Un des correspondans intimes de Metternich 
qui trouvait « qu'il fallait aux Autrichiens i5 ans 
» pour se préparer et que leur courage était celui 
» d'une femme qui accouche, lui. écrivait de se 
» Élire chasser de Paris, parce que ta poUtique 
» à présent dépend uniquement des canons. » 
Napoléon s'élant assuré par la lecture de ces 
pièces, que la guerre était imminente,, expédia 
par le télégraphe les premiers ordres de mou- 
vement au major-général le 10 avril : cette date 
indique probaM^n^it celle de l'enlèvement dq 



hyGoot^le 



( ■" ) 

Cependant après la conversation de Metternich 
avec le ministre (a mars), Napoléon qui savait 
à quels ennemis il avait affaire, et qui connaissait 
toute l'étendue .des dangers qui pouvaient me- 
nacer la France , avait pourvu de tous côtés aux 
besoins et aux préparati^ de la guerre. Ce même 
jour -il donne des ordres à l'année d'Espagne. Il 
prescrit au maréchal Jourdan, major-général 
dans la péninsule , de réunir autour de Madrid 
les divisions Dessoles , Sébastiani, Valence , Mil- 
haud et la garde du Boi ; forces suffisantes pour 
tefiir tête à tous les corps Espagnols; de net- 
toyer les environs de Cuença et les plaines en- 
deça de la Sierra -Morena; de se mettre en 
mesure d'opérer sur ces' montagnes, pour faire 
une diversion en faveur du maréchal Victpr, qui 
était sur la Guadiana. Le major-général avait trois 
mois avant les. fortes chaleurs, dont il pouvait 
profiter pour occuper l'Andalousie , ce qui lui 
était recommandé fortement. Napoléon accorde 
beaucoup de récompenses aux troupes du ma- 
réchal Lannes, qui venait de prendre Saragosse. 
Lui annonçant que le commandement du 3™« 
corps et le gouvernement militaire de l'Aragon 
sont confiés à Junçt, il lui ordonne de prendre 
Jaca, pour ouvrir cette commimication directe 



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( -'i) 

avec la France , au rétablissement des relations 
commerciales; et de préparer l'expédition de 
Valence. Le 5^ corps devait avoir une destination 
particulière : c'était de former sur l'Èbre, entre 
l'Espagne et la France, une réserve contre tout 
événement. Napoléon ordonne à Bessières de 
réunir de la cavalerie, pour éclairer les plaines 
de Valladolid; de diriger sur Bayonne la garde 
impériale qui était encore en Espagne , et qui ne 
put rejoindre la grande armée que sur l'Inn ou 
à Vienne. A cette époque Soult partait d'Orense 
pour entrer en Portugal; Ney restait en Galice; 
Saint-Cyr occupait la Catalogne et couvrait le 
siège de Gironne. 

Le deuxième jour après l'annonce de la mise 
sur pied de guerre des troupes autrichiennes, 
le 4 mars, Napoléon a déjà préparé ses mesures 
pour l'Allemagne. C'est à ce jour que commence 
sa correspondance , relative à cette armée avec 
le prince Berthier, qui prend le titre de major- 
général, et remet au ministre de la guerre la 
correspondance avec l'armée d'Espagne. Napo- 
léon se fait présenter la composition et la situa- 
tion des corps, qui étaient en Allemagne; il fait . 
donneraumaréchalDavoust l'ordre déconcentrer 
l'armée dû Rhin sur Bamberg, et de porter son 



hyGoot^le 



( >M ) 

quartier -général à Wurtzbourg : au maréchal 
Masséna de se rendre à Strasbourg; et ensuite, 
(7 mars), de réunir le 20, à Ulm, son corps d'ob- 
servation de l'armée du Rhin, composé des 
divisions stationnées jusqu'à ce moment sur la 
Saône et la Meurthe, destinées pour l'armée 
d'Espagne ou pour des expéditions maritimes : 
au général Oudinol, de se porter sur le Lech 
à Augshourg, avec son corps cantonnné d'abord 
à Hanau : au maréchal Lefèvre d'aller prendre, 
le ao , à Munich le commandement de l'armée 
bavaroise : au prince Bemadotte d'être le même 
jour à Dresde, où il aura sous ses ordres deux 
divisions saxonnes et celle de Dupas; il est 
prévenu que l'ambassadeur français presse la 
réunion de trois divisions polonaises k Var- 
sovie, pour couvrir la Gallicie et menacer Cra- 
covie. . 

Le 7 mars, Napoléon fait inviter les souverains 
de la confédération, à rassembler leurs troupes 
pour, le 20 : les Bavarois à S'traubing, I-and- 
ehutt et Munich; les Saxons à Dresde; les 
Wurtembergeois à Ellwangen et Aalen; les Ba- 
dois à Pfortzheim; les Hessois à Darmstadt; les 
autres petits princes à Wurtzbourg. Dès le com- 
mencement (6 mars) Napoléon donne à la for^ 



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( 1.5 ) 
.mation des magasins et à l'établissement de ses 
bases d'opérations, des soins qu'il laut bien faire 
remarquer; puisque, selon certains écrivains, it 
ne s'occupait nullement de ces parties impor- 
tantes. Il réunit une, grande quantité de biscuit, 
de souliers, d'hid>illemens, de cartoucbes arri- 
vant de toutes parts , sur UUq et Donawerth. Ce 
dernier point était le grand magasin de l'armée , 
d'où l'on pouvait diriger tout par le Danube. 
Dès le 7 , Napoléon demande au roi de Bavière 
de faire ' travailler avec activité à Passau ; ap- 
préciant son importance dans ujie guerre dis- 
putée, comme dans la brillante offensive qu'il 
prépare. Il j envoie même le général du génie 
Chambarlhac, et offre les sapeurs de l'armée 
pour presser les travaux. Il demande en même 
temps à son ambassadeur Otto et au général 
Qudlnot, dans quel état se trouvent les diverses 
défenses du Lecb : il ordonne de reconnaître 
avec le plus grand détail les frontières de la 
Boljème, les bords du Danube, etc. Enfin il 
s'occupe de tout ce qui peut être nécessaire à 
l'artillerie si considérable de son armée; au 
génie auquel il prescrit un grand approvision- 
nement en outib; aux pontonniers qu'il aug- 
mente , et auxquels il joint laoo marins de 



hyGoot^le 



( ,,6 ) ■ 
réquipage de la flottille de Boulogne, pour le- 
passage des rivières et leur mvigatioD; 

Napoléon ne donnait pourtant ses ordres que 
jour par jour : le 7 seulement, il indique les 
derniers points de rassemblement des corps, 
et il fait rester les troupes des petits princes 
dans leurs premiers cantonnemens, jusque vers 
la fin de mars. Le 1 1 , le lendemain de la note 
remise à Mettemich , il envoie des ordres de 
mouTement au troisième corps, qui ne peut 
commencer à les exécuter que le 17; et il pres- 
crit la concentration générale sur le Danube, en 
cas d'attaque imprévue des Autrichiens.- 11 prend 
ainsi ses mesures pour prolonger l'incertitude 
de l'enriemi sur ses projets ; ne pouvant compter 
entièrement sur la discrétion des cabinets d'Al- 
lemagne. Il paraît du reste que l'Autriche avait 
eu connaissance dans le commencement de mars, 
de quelques dispositions qui occasionnèrent les 
changemens survenus dans ses plans. Mais d'où 
lui vinrent ces communications ? était-ce de L'Al- 
lemagne ou de Paris ? 

Toutes ces mesures de Napoléon étaient de 
simple précaution et de pure défense ; elles 
répondaient seulement à la mise sur pied de 
guerre des troupes- autrichiennes. Toute initia- 



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tive, comme il le dit, restait sur le compte de 
la cour de Vienne. Napoléon menacé de toutes 
parts ; prévenu des intentions de ses ennemis par 
leurs mouvemens et par la correspondance inter- 
ceptée,; voyant depuis ce moment les hostilités 
imminentes; veut prouver à la France et à l'Eu- 
rope , que tous les torts sont de leur côté : il 
attend dans sa capitale la nouvelle d'une agres- 
sion que rien ne justifie, que rien n'annonce. 
Vaine prudence ! l'Europe l'accusera d'avoir,_çté 
le provocateur en toute occasion , même 'dSns 
celle-ci; et la France qui a tant vu lé contraire, 
qui aurait dû lui reprocher trop de longanimité , 
finira par croire à ces absurdes inculpations , ou 
du moins les laissera répéter sans en faire justice. 



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CHAPITRE VI. 

ooTTP d'œil sur le théatee dk la. GHEBSE 

-ES 1809. 



La goerre de h coaUtûm s'^tendeit coiutanimeiit sur nue gniid« 
partie de FEurope. — le yéritabla théllce de la guerre entre la 
France el TAutricIie, était jur la direction de Paru à Vienne. — 
la frontière de l'Antriclie présente à Tonest , on front btutiontié, 
dont Ica laiJIaDi, entoar^ de montagnei, malIfLMnt la Bavière et 
hs plainea. — La frontière de k Fiance lëgnlière alors, autour de 
£•119 , s'étendait par ae« extrëmîtéa , et embrassait celle de l'Au- 
triche. — L'échiquier particulier de l'Allemagne méridionale est 
entre les deux Etats , les Alpes et les montagnes de la Thuringe. 

— Le Danube le divise en deux ibëître» particulieia , sur les deux 
mes. — Tout s'j rattache à ce grand fleuve. — Chacune des 
puicsancea exerçait de l'influence au les pays intermédiaires. — 
Des baseï française et mtrichienne, la première étaii la plus fa- 
vorable à l'offensive,- la seconde i la défensive. — La véritable li- 
gne d'opérations est celle dlJlm ï Braonau et Vienne. — Les 
rapports de distance et du terrain étaient en faveur de la France. 

— Le système des manœuvres doit l'établir sur la ligne d'opéra- 
tions du midi, et se rattacher au Danube. — P^jini les pointa 
militaires, Batisbonne est le pins important. — Le théâtre d'Ita- 
lie , présentait des combinaisons en général plus favorables à la 
France qu'à l'Aouiche. — La ckf des plaines de la Pologne est 
an confluent de la I4arew. 



Jamais les opérations militaires conduites par 
un seul plan, et se proposant un même but, 
n'ont embrassé une si vaste étendue de terrain. 



hyGoogle 



( "9 ) 
L'Europe entière est sous les arme» : partout on 
voit des camps et des préparatifs de guerre; des 
bords de la Baltique à ceux jle la Méditerranée 
et de l'Océan, des ports de l'Angleterre aux rires 
de la Dwina et du Borysthène. Il faut jeter sur 
l'ensemble de cet immense théâtre un coup-d'œil 
rapide, afin de saisir les rapports généraux du 
grand plan de la coalition. Mais nous traiterons 
avec quelques détails, le terrain où ont eu lieu . 
les opérations des grandes armées (i), 

(i) Cette description est en partie extraite, d'un mémoire 
que j'ai Tenus au maréchal Af asséna à Ulm,le ii mars 1809, 
intitulé : Système de défense et d'attaque de la Jhontière 
occidentale des Etats autrichie/rsi de diverses notes que 
je lui ai remises à différentes époques de cette campagne ; des 
reconnaissances faites d'après les ordres de l'Empereur, du 
Lech et du Danube, le 3i mars; dapays en avant d'Augs- 
boarg, le 17 avril; des bords de l'inn et de Passau, le aS 
avril; àxLDanubeet de l'Qe de Loimu, joumelleiUent depuis 
le 30 mai jusqu'au 4 juillet ; des routes de la âfyiwie dans 
la Bohème, 18 septembre. (Voyec la lettre de l'Empereur 
dn i5 septembre. ) Le prince Charles a traité ces mêmes 
matières dans ses Principes de Stratégie. Il m'a été impos- 
sible de me procurer un exemplaire de l'éditioD française 
faite à Vienne; et je viens d'en avoir seulement un de 
l'édition . allemande. Je ne possédais que celle publiée en 
France , où l'on trouve une telle quantité de- fautes, qu'après 
les avoir corrigées à la lecture, je n'ai pu avoir asses de 

1- 9 • 



hyGoot^le — 



( i5o) 
- Que Ton considère t«s capitales comme cen- 
tra d'acfion des puissances belligérantes, ou 
comme but des - opérations de leurs ennemis, 
elles ont maintenant une grande influence sur 
les afStiresde la guerre. Examinons sous ce double 
rapport la position de Paris, qui surtout depuis 
la révolution, est plus que toute autre capitale 
de l'Europe, le centre de l'organisation, des ri- 
chesses, du COTnmerce , de la vie enfin de l'Etat ; 
et contre lequel ont toujours été dirigées les atta- 
ques de la coalition européenne. 

Paris, est bien loin de se trouver au centre 
du Royaume; il est placé vers te nord, aux trois 
quarts de la longueur d'une li^te tirée de Dun- 
kerque à Perpignan; très -rapproché des côtes 
de la Mandie^ et à quarante-cinq lieues de la 

«onâance dans mm èditios aiusi infbraie , pour travailler sur 
<!e gi^ et important Plus tard Je comparerai et je me per~ 
mettrai de discuter les ilem Echiqiàett Stratégiques. J'ai 
cherehé ft éviter dans mon coup-d'nil puremeot militaiie , 
les détails géograpbii|iies qui peuvent se lire duu les livres, 
ou se voir siir la earte : oe qui est l'écoeil ordinaire de ceux 
qui s'occupent de ceS' matières. J'ai préienté seulement les 
rapports militmres des |vkicipales parties de ce vaste ter- 
rain. Ce chapitre étuit cooiniun ji toutes les campagnes 
iJ'MeiiMgM » il servira pour toutes. 



hyGoogle 



( >3> ) 
frontière actuelle de ta Belgique : ce qui rend au- 
jourd'hui la défensive de la Fi-ance si défavorable 
et si diAîcile. En 1 809 , la situation était bien diffé- 
rente. La distance de Paris aux frontières de l'Al- 
lemagne et de la Suisse, étant d'environ cent lieues 
sur tous les points ( Nimègue, Coblentz, Stras- 
bourg, Genève), les limites s'arrondissaient, à peu 
près i-égulièrement autour de la capitale; mais 
nous venons de remarquer que son éloignement 
de l'ancienne frontière du Nord, était un peu 
moins de moitié. Il y a aussi loin de Paris à 
Bayonne et à Nice (portes de l'Espagne et de l'Ita- 
lie) qu'à Augsbourg, à Gotha et Embden, envi- 
ron cent soixante lieues : de Paris à Madrid deux 
Cent soixante lieues, comme de Paris à Rome, 
Vienne, Breslau (porte de la Russie), Stralsund; 
Berlin et Dresde sont un peu plus rapprochés. 
Enfin la distance de Paris à Londres n'est que de 
quatre-vingts lieues; comme cdle d'Anvers , de 
Nantes et des pays de l'ancienne Vendée. 

Ainsi Paris était au milieu de plusieurs cercles 
passant, soit sur les frontières ou sur les lignes 
qui devaient le couvrir, soit sur les capitales de 
la coalition. Les armées françaises avaient t'avan- 
tage d'une position centrale, tant qu'elles pou- 
vaient faire face de divers côtés. Mais à mesure 



hyGoot^le' 



( '3» ) 
que les lignes d'opérations des Qotnbreuses ar- 
mées ennemies se multipliaient et s'écartaient, 
l'offensive nous devenait plus difficile. Il Ëitlait 
opposer partout des armées; et si nos forces prin- 
cipales s'avançaient sur un point, elles décou- 
Traient nécessairement le reste de l'Empire. Nous 
devions donc nous trouver successivement ré- 
duits à la défensive, et enfin resserrés sur la ligne 
de la frontière du nord , qui , prolongée cîrculai- 
rement vers Lyon et le Cantal, abandonnait à 
l'ennemi les provinces du midi. La coalition a 
fini par calculer sur ces données, son plan d'in- 
vasion. Elle a attaqué Napoléon sur plusieurs 
points à la fois, pour le vaincre là où il ne pou- 
vait commander lui-même. A cette époque elle 
établissait deux systèmes d'opérations diamétra- 
lement opposés, en Allemagne et en Espagne, 
tandis qu'elle assiégeait la France p^r les côtes, 
par la Belgique, ou par les révoltes préparées 
au dehors. Une observation glorieuse pour la 
France d'alors, est que l'Angleterre, si rappro- 
chée, de nous, pouvant arriver avec ses nom- 
breuses escadres jusqu'à 35 lieues de Paris, y jeter 
des armées, n'osa jamais malgré ses intelligen- 
ces, en approcher plus près que Flessingue; 
Pédant que nos troupes étaient toutes en Au- 



hyGooglc 



(133) 
tridie, en Andalousie, à Naples: tant le sol fran- 
çais, même dégarni de soldats, imprimait alors de 
crainte et de respect à nos ennemis! 

De la Baltique à la Méditerranée, la coalition 
voulait attaquer en 1809, sur un front presque 
continu, nos frontières de l'est; l'Autriche en 
I" ligne; la Prusse se préparant à former la droite 
de l'attaque ; la Russie assurant une grande ré- 
serve. Les Anglais allai^it marcher du fond de ta 
péninsule Italique, dans la Lomhardie et même 
contre la Provence. En avant de là frontière du 
Rhin, étaieiJt des aUiés douteux, comblés de nos 
bi»3&it3, que le moindre revers a tournés contre 
nous en t8i3. Vers l'ouest et le nord, les arme- 
mens de l'Angleterre menaçaient nos côtes et 
Paris à travers la Belgique. Au midi , nos armées 
combattaient les Anglais et les Espagnols; mais 
dles étaient attaquées elles-mêmes dans leur fidé- 
lité et leur dévouement. Cetlevaste zone d'enne- 
nus, qui entoura et menaça la- France pendant 
aa ans, a toujours eu pour but général de, ses 
opérations, la conquête de Paris. On verra dans le 
volume suivant, notre opinion sur les mesures à 
]H%Ddre, pour la conservation de cette capitale. 

Tel est l'échif^uier- général de cette guerre, le- 
quel embrassait «fFectivement une grande partie 



hyGoogIc 



( "34) 
• de l'Europe. Eutouré de tant d'ennemis déclarés 
ou secrets, Napoléon , dont les forces se trouvent 
tellement partagées en ce moment, se gardera 
bien de les disséminer encore. Son plan géné- 
ral est de tomber rapidement sur l'ennemi le 
plus voisin et le plus menaçant; de l'écraser d'a- 
bord, afin de revenir sur les autres, si toutefois 
tes premières victoires n'ont pas détruit leur ligue 
toujours renaissante. Tel a été pendant long-temps 
son avantage sur la coalition, divisée par de gran- 
des distances et encore plus par ses intérêts; il la 
gagnait toujours de vitesse, et dispersait successi- 
vementsesforces, aussitôt qu'il avait pu les attein- 
dre. Mais il devait finir par succomber un jour. 

£n ce moment l'ennemi le plus rapproché était 
l'Autriche : c'était donc par elle qu'il fallait com- 
mencer. Examinons les rapports stratégiques de 
son territoire avec la France d'alors, surtout 
ceux des centres d'action des deux États. Nous- 
occupions en effet par nos troupes ou celles de 
nos alliés toujours douteux, le grand-duché de 
Varsovie, la Saxe, la Bavière, la Lombardie, des 
places dans la Silésie. Mais ce n'est pas sur des oc- 
cupations précaires ou éloignées, que de tels 
rapports peuvent être établis ; ils ne doivent 
l'être qu'entre les fi*ontières et les capitales des 



hyGoogIc 



( >35 ) 
fniissances. L'abservatioo de cette rè^ était' dW 
tant plus Ksentielle alors , que ia Franœ s6 trou- 
vait engagée dans une guerre qui couvrait toute 
l'Espague, et menacée d'une iovasKHi géoérale, 
qui ne lui perroEttait pas de disséminer ses for- 
ces, iU'ddk d'un certain rajton. C'est donc par 
une Ëiute qui se ctmçoit peu , quoique bien fré- 
qvente à cette époque suitout cbez nos ennenàs , 
que les Authchiens paraissent avoir supposé 
dans leurs calculs, et persistent k constdéixn' le 
théâltre des opérations principales, comme em- 
brassait toute la surface des bassins de r£tt>eet 
du Danube, ou mérae depuis la ïkdtique jusqu'à 
l'Adriatique. C'était sur la «érection fédle de Pari^ 
i Vienne, ou peu loin à droite et à gau(^e,qn'il 
allait alors étaler les coinbinaisops: là devaient 
se porter les grands coups,, et se décider le sort 
des pays plus Soignés. 

La frontière de l'Autridie, tournée direc- 
tement vers nous , s'étendant de la pointe occi- 
dentale de la Bi^ème à l'en^ouchure de 11- 
sonzo , était d'dbord parallèle k peu près à la 
partie méridionale de l'Alsace; mats en descen- 
dant vers le midi, «Me s'écartait <^>Kquement 
de notre frontik^ orientale. Cependant elle se 
trouvait [^aoée «i lace du c«Qb« de celle^. 



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( '36) 
qui la débordait au nord et au sud. L'Autri- 
che s'avançait vers l'ouest par deux grands sail- 
laos, entourés de hautes montagnes : la Bo- 
hème , couverte par une chaîne continue vers te 
Palatinat, la Saxe et la Silésie; très-fortifiée au 
dedans, et présentant des trois côtés une grande 
masse de résistance : le pays de Salzbourg- et la 
Carinthie, appuyés aux Grandes-Alpea et au pays 
dévoué duTyrol; également forts, et prenant des 
revers sur la Bavière comme sur l'Italfe; oppo- 
sant du côté de llsonzo plusieurs lignes de dé- 
fense assez redoutables. Entre ces deux saiUans 
se trouvait le bas Inn, formant un rentrant très- 
prononcé, qui avait derrière lui ua défilé 
continuel jusqu'à Vienne. Ce serait sortir en- 
tièrement du ^ cadre actuel, que de nous occu- 
per de la Moravie et de ht Hongrie, qui tcmt &ce 
au nord, et sur lesquelles pourtaiit s'était tour- 
née toute l'attention de leur gouvernement : 
car pendant que nos troupes cantonnaient en Si- 
lésie, il dépensa ses trésors pour élever à Comom 
une place t:entrale. Nous reviendrons sur cette 
partie des États autrichiens, lorsque nous donne- 
rons la cfflnpagne de i8i3. 

La frontière de l'Empire était étîdilie aloi^ 
suivant la nature du terrain et le système de dé- 



hyGoogle 



fense le mieux approprié à une juste balance de 
l'Europe; car la défense de la France étant aisée 
et régulière, rien ne la poussait qu'accidentelle- 
ment à porter la guerre au dehors. Nous avons . 
vu que le Rhin formait une ceinture autour de 
Paris ; elle était appuyée par' un grand nombre 
de forteresses, en partie nouvelles et très-remar- 
quables par leurs travaux, qu'avait créés la pré- 
voyance si contestée de l'Empereur, dont les 
soins s'étendaient aussi à la conservation et à l'a- 
mélioration de l'ancienne frontière de Vaubao. 
Le Rhin était doublé en arrière par plusieurs 
rivières et par les Vosges, présentant une seconde 
ligne. Vers le Jura la frontière s'arrondissait; 
elle était défendue par ces montagnes, par le 
Doubs , par plusieurs places ; et couverte par la 
neutralité encore intacte de la Suisse. Elle deve- 
nait de plus en plus forte, à mesure qu'elle s'é- 
loignait davantage de la capitale; et jusqu'à la 
mer elle était formée par la grande chaîne des 
Alpes ; précédée par le Piémont , devenu le 
camp militaire de la France vers lltalie et l'Au- 
triche méridionale. Il avait pour réduit les admi- 
rables fortiBcations d'Alexandrie , qui se liaient 
à celles non moins remarquables de Mantoue, 
de Peschiera, de Legnago, de Rocca d'Anfo, etc., 



hyGoogIc 



( -38 ) 
toutes créations nouvelles de Napoléon. Entré 
le lac de Genève et les bouches du Vahal , 
cette frontière s'avançait vers l'AUemagne : le 
centre ou la partie la plue saillante était à l'em- 
bouchure du Mecker à Manheim; à peu près 
en face du saillant de la Bohème, à une dis- 
tance de soixante-dix lieues; tandis que la paiv 
tie de l'ancienne France, reculée vers les bords 
du Var, s'éloignait obliquement de I'Iscmizo, à 
cent cinquante lieues. 

Les pays qui se trouvaient entre les frontières 
des deux empires, étaient sous l'influence poli- 
tique de la France, par nos précédens triconphes, 
par leur position, encore plus par leurs intérêts 
de tous les temps ; mais ils ne lui étaient pas 
également affectionnés. Lesaadennes possessions 
de la Prusse, quelques cantons de la Souabe» 
manifestaient leur éloignement pour nous. Le 
Tyrol et le Voralberg avaient conservé leur an- 
tique attachement pour la maison d'Autriche, et 
supportaient impatiemment leur réunion avec 
la Bavière. La Suisse touchait au Tyrol ; re- 
devable de tant de bienfaits à la France, elle 
tenfennait dans son aristocratie des partisans 
ardens de l'oligarchie £éodale. Ces pays in- 
termédiaires, qui devenaient naturellement les 



hyGoogle 



( i39) 
théâtres de la guerre, sont traversés de l'ouest 
à l'est par deux chines de montagnes , qui les di- 
visent en trois théâtres particuliers d'opérations : 
les Alpes qui présentent les plus grands obaa* 
clés et de bien rares passages ; les monts de la 
Thuringe et de la Hesse, où tous les courans 
d'eau se dirigent vers le nord, où les grandes 
communications sont très-rares, et qui n'en pré- 
sentent presque aucune de l'est à l'ouest. Le 
théâtre dé la guerre au nord de ces montagnes 
s'étend vers la Westphalie, l'Yssel et le bas Rhin ; 
il menaçait la Hcdlande, mais prêtait le flanc au 
centre de nos frontières : ayant une direction 
oblique et divergente, il était accessoire et d'une 
importance secondaire. Le théâtre au midi des 
Alpes comprenait les plaines de la Lombardie, 
qui, de tout temps, ont fort tenté l'avidité de 
l'Autriche; elles lui offraient ime riche conquête, 
de puissans secours, mais ne conduisaient l'in- 
vasion que vers l'extrémité méridionale de notre 
territoire. Entre les deux chaînes, s'étendait le 
véritable théâtre de la guerre d'Allemagne, dans 
les bassins du Danube, du Necker, du Mein et 
du haut Elbe. 

Considérons maintenant avec quelque détail 
ce grand champ de bataille de l'Allemagne où 



hyGoot^le 



( "4o ) 

vont se décider encore une fois les destinées du 
continent, où vont lutter deux grands capitaines; 
car dans les rangs ennemis, le prince Charles 
est le seul qui ait mérité, quoique de loin, une 
telle assimilation. Dans ta campagne de 1809,- 
les opérations n'ont embrassé que l'Allemagne 
méridionale; bornées au nord, non comme nous 
l'avons déjà vu, par la ligne de neutralité éta- 
bUe jadis sous l'influence prussienne , mais par 
la seule nature de 'ce terrain montagneui et 
difficile. Telles étaient donc . jusqu'au mo- 
ment où la Prusse se déclarerait, les limites de 
ce vaste tbéâtre de guerre : au nord et au sud 
les Grandes-Alpes et les montagnes de la Thu- 
ringe, qui peuvent les unes et les autres, quoi- 
que de nature bien di£Férente, servir de barrière 
aux opérations militaires; les limites occiden- 
tales et orientales étaient alors les fix)ntières 
même des deux États; le Rhin et le Jura d'un 
côté,- de l'autre la ligne formée par les saillans 
de la Bohème et du Tyrol , et par le rentrant 
de rinn. 

Ces Umites diverses, nord et sud, est et ouest, 
encadrent le théâtre de guerre, et forment une 
espèce de carré. Entre la frontière de France 
et riUer (avec le Rauhe-Alp), le pays est mon- 



hyGoogle 



( i4i ) 
tueux et très > défendable. Mais de là au bas 
Inn, s'étend une vaste plaine longue de 60 lieues, 
large de 5o vers le milieu; entourée de mon- 
tagnes, et fermée à son entrée comme à sa 
sortie (à Ulm et à Passau) par deux grands dé ■ 
filés, où passe le Danube , et où vont se diriger 
la plupart des grandes routes. Au travers de 
cette plaine se trouve un accident de terrain 
fort remarquable; le Danube qui la divise en 
deux théâtres d'opérations, par l'étendue de 
son lit, la violence et le volume de ses eaux, 
le nombre de ses affluéns. La largeur, la pro- 
fondeur, la vitesse du Danube varient beaucoup : 
dans sa partie supérieure vers Ulm, n'ayant 
encore reçu aucune grande rivière, il a déjà 
5o toises de large; à Ratisbonne, environ 70; à 
Lintz, à peu près 100; à Vienne et aux en- 
virons, le grand courant est en général de 300 à 
a5o toises; souvent le fleuve se subdivise en 
plusieurs bras, quelquefois dans un lit qui a plus 
d'une lieue de largeur. Vers la partie supérieure 
les ponts sont assez nombreux : les plus remar- 
quables se trouvent à Ulm, Lavîngen, Dona- 
werth, Neubourg, Ingolstadt, Neustadt, Kelheim, 
(celui-ci avait été enlevé par les glaces)B.atisbonne 
beau pont en pierre, Straubing, Passau, Lintz et 



hyGoogIc — 



(i4. ) -, 
Vienne. Le cours de ce fleuve doit être bien 
attentivement étudié. Entrant à Ulm dans la 
plaine, il la coupe obliquement du sud-ouest 
au nord-est, jusqu'à Ratisbonne : là, changeant 
de direction, il coule en sens opposé; ce qui 
produit vers cette ville , un angle bien moins 
éloigné des montagnes du nord que de celles 
du midi, et surtout fort rapproché du sait 
lant de la Bohème. La chaîne du Rauhe-j4lp 
qui se détache de la forêt Woire, côtoie et res- 
serre la rive gauche du Danube; elle s'en écarte 
après avoir entouré l'Âltmuhl, en se dirigeant 
sur le saillant d'Egra, où elle se lie par le Schnee- 
Berg aux montagnes de la Bohème et de la 
Thuringe. Cette chaîne de hautes collines, 
traversant obliquement le théâtre de guerre, le 
divise en deux bassins : celui du Danube sur sa 
pente méridionale , ceux du Mein et du Necker 
sur le revers septentrional. Cependant cette 
chaîne peu élevée, croisée par plusieurs routes, 
ne forme d'obstacle que comme grande berge du 
Danube , et disparaît en quelque sorte dans la 
vaste plaine dont nous nous occupons. Celle-ci, 
voiturable dans tous les sens, est croisée par 
une grande quantité de bons chemins; Mais dans 
ce théâtre de guerre, on ne trouve entre les 



hyGoogIc 



( >43 ) 
deux bases française et autrichienne, que deux 
directions principales de routes pour àt grandes 
lignes d'opérations : l'une du bassin du Mein par 
la Bohème sur Tienne, au travers de pays assez 
difficiles; l'autre. par te bassin du Danube. Dans 
cette seconde direction , d'Ulm à lintz , on peut 
s'avancer sur la rive méridionale du fleuve , en 
ligne droite, et même par plusieurs routes; 
tandis que sur la rive opposée , il faudrait Ëdre 
un grand détour par de mauvais chemins, qui 
presque entièrement interrompus au-dessous 
de Ratisbonne, rentrent dans la Bohème. Celle- 
ci n'a aucune bonne communication , arri- 
vant sur le Danube, entre Ratisbonne et Lintz. 
Vers le nord tous les chemins se terminent à la 
grande route de Dresde à Mayence, et encore 
sont-ils assez rares et difficiles. Vers le midi on 
trouve les Alpes à traverser; et pour commu- 
niquer avec le théâtre de guerre en Italie, on 
a seulement les chemins voiturables de la Carin- 
thie et duTyrtil; par Rlagettfurth et Villach, par 
Inspruckt le Brenner et Trente. Inspmck est un 
point de réunion des routes, partant du Da- 
nube depuis Ulm jusqu'à IJntz, et se répan- 
dant également dans le bassin du Pô. 

Dans ce théâtre de guerre d'Allemagne, tout 



hyGoot^lc 



{ -44) 

se rattache au D^iube : c'est sur lui et ses af- 
fluens , que s'établissent toutes les combinaisons. 
Ce grand fleuve reçoit par sa rive droite un 
grand nombre de tributaires assez considérables et 
descendant du versantseptentrionaldesGrandes- 
Alpes : Vlller, la Gunz, le Lech, tombent direc- 
tement dans son lit; et traversant aiusi la Bavière, 
présentent d'assez bonnes lignes de défense. 
Ulser, ï'Irm et la Traun formant une sorte 
d'augle en entrant dans la plaine, ont ta partie 
basse de leur cours presque parallèle au Danube. 
D'après cela ces rivières sont indéfendables en 
ligne continue, et présentent à leurs embouchu- 
res comme de grands cids-de-sac, où les armées 
peuvent être refoulées, maisoùelles peuvent aussi 
appuyer leurs ailes de deux côtés. Les mêmes 
particularités et les mêmes résultats se font re- 
marquer dans le bassin du Fô, par suite de la 
contre-pente de son lit et des Alpes; ses af- 
fluens de la rive gauche prennent symétrique- 
ment les mêmes directions, que ceux de la rive 
droite du Danube. Sur la rive gauAe de «e 
dernier fleuve, on ne voit que des ruisseaux 
qui descendent des crêtes voisines de la Souabe. 
Au nord entre le Danube et les montagnes de 
la Thuringe, se trouve le bassin du Mein, par- 



hyGooglc 



( •ii) 
tout accessible et traversé par plusieurs bonnes 
routes,' mais bientôt borné à l'est par la cfaaine 
de la Bohème. La nature de ces mémoires ne 
permet pas d'entrer dans de plus grands détails 
sur ces diverses rivières, qui ne sont que d'une 
importance secondaire. 

Si les pays compris entre les limites, étaient 
soumis alors à la politique de la France, tous 
ne l'étaient pas également sous les rapports mi- 
litaires. On pouvait considérer comme annexée 
à son systènle de guerre, environ la moitié de 
■ ce terrain jusqu'à llller et Rauhe-Alp, ou même 
jusqu'au Lech et Rednitz; quoique la droite de 
la ligne du Lech fut prise à revers par le Tyro! 
depuis Inspruck. Ces deux rivières ( le Lech et 
l'Iller ) formaient nos premières bases d'opéra- 
tions > doublées en arrière par la forêt Noire et 
le Rhin. Nous avions à notre disposition les for- 
teresses créées dans ce pays par une sorte de ha- 
sard. Elles n'étaient point assujetties à un plan 
régulier de défense j' mais n'en assuraient pas. 
moins l'occupation du terrain : Augsbourg et 
Rain , les deux portes du Lech ; Ingolstadt et 
Donawerth, points importans du Danube, aux- 
quds on travaillait ; Forchheim , poste sur la Red- 
nitz; Amberg, nœud de routes sur la Vils, pro- 
I. lo 



hyGoogIc 



C '46) 
longementdela Nab;Kronach sur une des routés 
de laThuringe à Bamberg; Wurtzbourg, nceud 
de routes principales et pont sur le Mein ; Kufs- 
tein dans la vallée de l'Ino, à l'entrée du Ty- 
. roi , éloigné des grandes communications , con- 
sidéré cependant comme la citadelle de ce pays. 
À Textrémité de la plaine nous avions une gar- 
nison bavaroise à Passau, clef des confluens du 
Danube, de l'Inn et de l'Ilm. 

L'Autriche exerçait de son côté ime influence 
militaire plus directe encore , sur la majeure 
partie des plaines de la Bavière, à cause des 
saillans de la Bohème, de Salzbourg et même 
du Tyrol, qu'elle eut bientôt insurgé. Cette in- 
fluence s'étendait jusque sur la Nab, le haut 
et le bas Iser, enfin jusqu'à une ligne tirée par 
Weyden , Batisbonne et Munich ^ les saillans 
prenant de revers tous les pays enclavés, de 
manière à compromettre les troupes qui s'y trou- 
vaient. De notre côté nous ne pouvions y avan- 
cer qu'avec les plus grands ménagemens ; afin de 
ne pas précipiter la déclaration de guerre, de 
ne pas en encourir la responsabilité,- et même 
afin d'attendre la réunion de .toutes nos troupes. 
Mais si l'Autriche trouvait tant de facilités pour 
envahir ces pays, elle éprouvait autant de diffî- 



hyGoogle 



( -47 ) 
cultes pour les cohserver, à cause de l'obliquité 
de tous les aftluens du Danube, qui coulant pa- 
rallèlemeut a ce grand fleuve, ne se prêtent nul- 
lement à l'établissement de ces longues lignes 
qu'emploient les Autrichiens et leurs imitateurs. 
Ils ne pouvaient les défendre qu'avec des ma- 
nœuvres actives; à moins qu'ils ne se portassent 
sur les lignes du Lech et Rednitz , ou Hier et 
Rauhe-Alp. Ces désavantages des plaines de Ba- 
vière pour la défensive, se prolongeaient encore 
du côté de l'Autriche, et en arrière de sa fron- 
tière. L'Inn même, malgré la largeur de son lit 
«t la rapidité de son cours, qui dans cette par- 
tie rivalise avec le Danube, ne pouvait lui 
servir de barrière; car à son embouchure la for- 
teresse bavaroise de Passau, où nous faisions 
travailler activement, nous donnait une double 
tête de pont sur la rive droite de llnn et sur la 
rive gauche du Danube, à cinquante lieues de 
Vienne; tandis que la place autrichienne de 
Braunau avait été démantelée. Cette première 
ligne de défense dépassée, il semble difficile d'en 
rétablir parallèlement de nouvelles, du moins 
sur une même étendue. Cependant on trouve en 
allant à Vienne une sorte de ligne formée par la 
Moldava et l'Ens, depuis l'Elbe jusqu'aux Alpes; 



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( -48 ) 
ligne de communication et de défense, qu'il se- 
rait utile de fortifier; au-delà sont les portions 
de la Trasen et du Blederberg. Mais de Passau, et 
surtout de Lîntz à Vienne, le défilé dans lequel 
coule le Danube , et qui renferme Tunique route 
de cette capitale , resserré par les montagnes de 
la Bohème et les appendices des Alpes, est telle- 
ment étroit; il est coupé d'une telle multitude 
-de rivières, de torrens, de contre-forts, qu'une 
armée y rencontre à chaque pas des positions 
très-avantageuaes, pour défendre le terrain pied 
à pied. C'est là que doit être établi le véritable 
système de défense, destiné à couvrir le centre de 
l'Autriche. 

Cette puissance n'avait pour elle aucune place 
ni au dehors ni sur ses limites; et dans ses 
projets d'offensive, elle semblait dédaigner de 
se créer des postes ou des camps retranchés , pour 
les remplacer. Quelque temps auparavant elle 
s'était pourtant occupée de fortifier sa frontière 
occidentale. Les intrigues de cour et d'état-major 
avaient contrarié les divers systèmes. On voulait 
alors élever au Confluent de l'Ens, une place-du 
premier rang , avec une tête de pontàMauthausen 
sur la rive gauche du Danube, et un fort dans 
l'ile de Spilberg; pour maîtriser en même twnps 



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( -49 1 
le fleuve, les deux rives, la principale ligne d'o- 
pérations contre Vienne, et former un centre 
général de défense entre la Bohème et la Styrie. 
A notre arrivée en Bavière nous entendîmes beau- 
coup parler de ce projet ; nous croyions qu'il 
avait déjà reçu un commencement d'exécution; 
ce qui influa sur les opérations du quatriètoe 
corps dans cette partie. L'Autriche voulant aussi 
construire une forteresse du second rang à Bruck , 
confluent de la Mur et de la Murz; nœud obligé 
des routes de la Camiole, de la Carinthie, de la 
Styrie sur Vienne; et ligne principale de com- 
munication de l'Italie avec celte capitale. Enfin 
on avait projeté un fort poste à Contrabruck 
près d'Altenmarck , dans la vallée de l'Eus, à 
égale distance d'Ens et de Bmck ; pour occuper 
la seule route qui fasse communiquer entre elles 
ces deux places, ainsi que l'Autriche avec la 
Styrie ; et pour intercepter quelques débouchés 
de Salzbourg. Ce poste aurait lié les. places 
d'Ens et de Bruck, au moyen du cours de l'Ëns 
et des montagnes qui le bordent; il aurait sé- 
paré les armées ennemies , agissant de concert 
dans les bassins du Danube et de la Mur. Ce. 
système de fortification très-bien entendu, pro- 
longé par le château de Gratz sur la Mur, 



hyGoogIc 



(i5o) 
barrait les pays entre la Hongrie et les forte- 
resses de la Bohème. Il fait honneur aux talens 
du général Mayer, qui s'en est déclaré l'auteur. 
D'abord opposé à la fortification de Salzbourg 
comme trop isolé , surtout depuis le démantè- 
lement de Braunau, ce général proposait des 
postes à Valsée et à Tulh; il avait visité les 
lieux avec l'archiduc Jean. Mais le gouvernement 
portait toute son attention vers la défense du 
nord, où il faisait travailler, principalement à 
Comom : place qu'il créait pour renforcer cette 
frontière, plutôt que pour former un réduit 
central; car dans ce dernier but, il semblait 
préférable sous beaucoup de rapports de choi- 
sir Vienne. Il faut remarquer pour l'instruc- 
tion de tous, que trente ans auparavant , l'im- 
prévoyance de Joseph II avait démantelé Co- 
mom ; la seule place de la Hongrie que les 
Turcs n'eussent jamais prise. Il faut insister sur 
cet exemple, à une époque où l'on voit des 
esprits inconsidérés, et n'entendant rien à ces 
-questions, proposer si légèrement la démolition 
de nos forteresses. Nous verrons plus tard quels 
services Comom a rendus à l'Autriche; et nous 
ferons observer qu'en des temps fort rappro- 
chés, trois misérables bicoques, Landredes, 



hyGoo^le 



C ,5i ) 
Soissons et Vitry, ont décidé du sort de la 
France. 

L'influence offensive des deux saillans de la 
Bohème et du Voralberg, ne s'étend guère plus 
loin que la plaine du Danube. Ils menacent 
d'assez près notre frontière; mais ces pays sont 
montagneux et difficiles; le dernier est de plus 
pauvre et peu propre à de grands rassemble- 
mens de troupes. Les lignes d'opérations qui 
sortent de ces deux saillans, par des défilés, sont 
fort écartées , séparées de celles du Bas-Inn; elles 
peuvent difËcîlement se rejoindre et se com- 
biner, même au moyen de cette dernière; ce 
qui est un inconvénient très-grave. Enfin ces 
lignes laissent inoccupées des plaines où il est 
aisé de manœuvrer contre chacune d'elles, et 
d'empêcher leur réunion. 

Les bases réciproques d'opérations entre la 
France et l'Autriche sont ainsi établies : les pre- 
mières qu'on pourrait aoramer _fi)ndamentales , 
sur les frontières de chaque puissance; les se- 
condes acciV/enW/ej', dans les pays intenjoédiaires, 
suivant les progrès de l'une ou l'autre armée. Il 
feut remarquer dans les premières, celte diffé- 
rence que la base de la France fort étendue, em- 
,bras5e beaucoup de terrain par un front vaste et 



hyGoot^le 



( -s» ) 

continu, où nos débouchés sont très-multipliés; 
tandis que celle de l'Autriche, bien moins longue, 
se trouve resserrée au centre dans le défilé du 
Danube, flanquée par les montagnes du Tyrol et 
de la Bohème ; ce qui présente comme une sorte 
de front bastionné. Ces deux conformations de 
terrain avaient des avantages divers. La première 
était plus favorable à l'ofFeusive ; la seconde 
l'était tellement à la défensive, qu'il est difficile 
de concevoir qu'une armée supérieure en nombre 
n'ait pas su la défendre. 

Pour mieux établir quelles étaient les Ugnes 
d'opérations des deux armées dans ce théâtre de 
guerre , il faut cherclief quel était Vobjet que 
chacune d'elles se proposait. L'ennemi annonce 
que le sien était de battre l'armée française , de 
s'avancer entre le Mein et la forêt Noire; et là 
d'agir selon ses forces et les circonstances, c'est- 
à-dire de porter en France la guerre d'invasion 
et ses suites. Le nôtre était d'abord de réunir 
les corps de l'armée le plus avant possible sur 
lé Danube , à Donawerth , Ingolstadt ou Hatis- 
bonne; et de profiter ensuite de Passau, pour 
traverser l'Inn et aller chercher. la paix dans 
Vienne. L'Autriche avait tous ces points du Da- 
■ nube sous la main : nous n'avons pu les gagner 



hyGoogle 



( .53 ) 
de notre côté qu'avec beaucoup de ménagemens. 
Nous avons vu comment le Danube divise le 
théâtre de. la guerre dans l' Allemagne méridio- 
nale, en deux parties bien distinctes, et assez 
inégales, qui présentent chacune leur l^ne d'o- 
pérations. Celle du nord, longue d'environ qua- 
tre-vingts lieues,' conduit de la Bohème dans le 
bas Palatinat du Rhin, entre les bouches du 
Mein et du Necker : elle peut suivre deux routes; 
l'une d'Egra à Dareuth, Bamberg, Wurtzbourg, 
et Manheim; l'autre de Teinitz à Waldmunchen, 
Araberg, Nuremberg, Mergentheim et Manheim: 
la première traverse les diverses sinuosités du 
Mein ; la deuxième la Vils, la Rednitz; toutes deux 
MU assez bon pays. Le prolongement de cette ligne 
d'opérations sur Vienne est oblique, et passe att 
miheu de pays difficiles dans la Bohème ; ce qui 
empêche qu'elle ne devienne ligne d'invasion con- 
tre cette capitale. La ligne du nord ne peut com- 
muniquer avec le haut Danube et avec celle du 
midi, qu'à partir de Ratisbonne; les montagnes 
de la Bohème n'ayant que de mauvais chemins 
en face de l'intervalle de Rati^onne à Lintz. 
Avant cette dernière ville, on trouve les routes 
de Stadt-Gmund et Stadt-Zwettel, sur Melk et 
sur Krems. 



hyGoot^le 



( -54 ) 

La ligne d'opérations du midi conduit directe- 
ment de Vienne au travers de la Bavière, de la 
Souabe,dâns le Brisgau et l'Alsace. Resserrée 
dans les deux défilés du Danube , vers Ulm et 
Passau ; elle se divise dans la plaine en plusieurs 
routes, depuis le Chiemsée et l'Anunersée jusqu'à 
Ratisbonne; et peut passer par Landshut, par 
Haag, par Wasserbourg ou par Rosenheim. La 
route la plus courte est celle dTJlm à Augs- 
bourg, Munich, Braunau et Lintz. Cette ligne 
d'opérations du midi , est celle des grands mou- 
vemens, de Vienne sur le haut Khin , entre Bâlc 
et Strasbourg, et réciproquement. Le but prin- 
cipal de la campagne dans ce théâtre dé guerre, 
est de maîtriser cette ligne par des dispositions 
et des manœuvres , plutôt que par la vive force , 
dont les résultats sont toujours incertains; en 
même temps de s'assurer et des ponts du Danube, 
et du fleuve comme barrière ou appui , afin de 
ne pas rester étranger aux opérations qui peu- 
vent être conduites sur l'autre rive. 

Entre ces deux lignes d'opérations, se trouvent 
quelques routes transversales <\aï, les faisant com- 
muniquer, coupent les bassins du Danube. Les 
principales sont celles de Budweîss, par Lintz à 
Salzbourg; d'Egra ou de Bareuth, par Ratis- 



hyGoogle 



( .55 ) 
bonne , à Munich ; de Bamberg et Murembet^ , 
par Donawerth, à Augsbourg et Landsberg. Il y 
a aussi quelques routes obliques qui lient les 
deux grandes lignes, ou qui les prolongent dans 
l'une et l'autre direction; telles que de Dona- 
werth à Stuttgard, Heilbron, ou Wurzbourg; 
dlogolstadt sur les mêmes points et sur Nurem- 
bei^,(nœud principal des routes qui vont sur 
Francfort, Manheim ou Carlsruhe,et qui com- 
munique avec toutes celles de la Bohème) ; de 
Passau à Katisbonne et Nuremberg; enfin de 
Braunau à Landshut, Neustadt, Beilengries sur 
l'Altmuhl, Nuremberg, etc., route de poste, 
qui paraît avoir été la ligne d'opérations de l'ar- 
chiduc dans cette campagne. 

' Tels sont les traits principaux qui dessinent 
l'échiquier militaire dé ce pays. Il &ut, pour le 
compléter, examiner les rapports des distances 
des parties les plus importantes. Alors on re- 
marquera que la moitié du chemin du bas Inn 
au Rhin (go lieues), est sur le Lech; et celle 
du saillant d'Egra au Rhin (70 lieues), vers 
Schweinfurt : par conséquent que l'une et l'autre 
se trouvent dans les terrains soumis à notre in- 
fluence militaire. D'un autre côté il y a infini- 
ment moins loin de Passau sur le bas Inn (frontière 



hyGoogIc 



( -56) 
de Bavière) à Vienne (5o lieues), que de F 
au Rhin; et même que d'Egra ( point le plus 
saillant du pays autrichien), au Rhin; enfin 
presque pas plus loin que de l'extrémité du Vo- 
ralbei^, au territoire français (45 lieues). Du 
LecU, première base d'opération de Napoléon 
sur Vienne , la distance (90 lieues) est la même 
que celle du bas Inn au Rhin ; et seulement plus 
longue d'un tiers que celle d'Egra au Rliin. Du 
Lech au bas Inn (d'Augsbourg à Scbarding) on 
compte 42 lieues (Landshut sur l'Iser se trou- 
vant à moitié chemin ) ; lantlis que de Lands- 
berg à Rosenheim, on iie compte qu'une ving- 
taine de lieues; et que plus haut les sources 
du Lecli et de User touchent à l'Inn supérieur ; 
ce qui indique suffisamment l'écartement vers 
l'est de ces deux dernières rivières. 

Remarquons encore que du champ de ■ ba- 
taille entre Landshut et Ratisbonne , la distance 
est la même à Mayence et à Hujiingue; et que ces 
trois points forment à peu près un triangle 
équilâtéral , qui , selon les méthodistes, donne la 
base d'opérations la plus solide : que ce triangle 
s'ouvre de plus en plus, et que par conséquent 
les avantages augmentent, à mesure qu'où se 
rapproche de Donawerth et d'Ulm : enfin que 



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( >57 ) 
de Vienne à Mayuice, il y a à peu près la même 
distance, que de cette capitale à Mantooe : et 
que ces trois points font presque un triangle 
équilatéral; comme Vienne, Landsfaut et Tarvis 
(moitié chemin de Mantoue) le forment éga- 
lement. 

D'après tous ces rapports, les armées françaises 
avaient beaucoup moins de chemin à faire que 
celles de l'Aulriclie, pour pénétrer, sur son terri- 
toire, et même pour approcher de la capitale, 
objet de toutes les opérations. Celle-ci pouvait 
être menacée directement par une manœuvre 
solidement basée ; dans ce même espace de temps, 
où les armées autrichiennes, marchant de leur 
côté au travers de la Franconie, librement mais 
non aussi solidement, n'auraient pu arriver que 
sur notre frontière du Rhin. Vienne pouvait être 
l'objet d'opérations combinées en Allemagne et 
en Italie, soit depuis le Rhin et le Mincîo, soit 
depuis risonzo et User. L'eitréniité de Vo- 
ralber^ a été dans cette campagne, la partie 
ennemie la plus voisine de notre frontière; 
mais cette pointe de l'ancien territoire autri- 
chien, ne présentait pas des moyens suffisans 
pour une invasion. Ainsi tous les rapports du 
terrain, pour la configuration, pour les dis- 



hyGooglc — 



( -58 ) 
tances, pour les calculs stratégiques, étaient 
à cette époque à l'avantage de la France contre 
l'Autriche. 

Les deux grandes lignes d'opérations du nord 
et du midi, sont éloignées entre Augsbourg et 
Nurembei^ , d'une trentaine de lieues de distance 
moyenne; qui s'étendrait bien au-delà, si on 
embrassait tout le terrain , depuis les montagnes 
de la Thuringe, jusqu'au pied des Alpes. On 
peut agir sur chacune de ces lignes, ou passer 
de l'une à l'autre. Mais observons encore qu'il est 
dangereux d'opérer sur les deux à la fois ; parce 
que celle des armées belligérantes qui pai^ 
viendrait à se réunir au milieu des deux lignes, 
pourrait, avec des forces inférieures, détruire 
successivement les deux parties de l'armée op- 
posée, ou deviendrait du moins maîtresse des 
opérations. Ces inconvéniens sont d'autant plus 
grands, que les deux lignes étant séparées par 
\m obstacle aussi considérable que le Danube, 
l'armée ainsi concentrée sur les bords du fleuve, 
et maîtresse de le passer, arrête les mouvemens 
de son ennemi, sur les derrières duquel elle 
peut manœuvrer. 

De ce qui précède , il résulte que les points 
miStaires les plus importans de ce théâtre sont 



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( '59 ) 
ceux qui occupent les passages du Danube , sur- 
tout là où aboutissent les grandes communica- 
tions, et où se trouvent les conflueus des ri- 
vières, qui latéralement forment obstacle ou 
servent de lignes de défense. Ensuite viennent 
les principaux passages sur les grands affluens 
du Danube, les capitales, les places fortes, les 
villes les plus considérables, les nœuds de rou- 
tes , les accidens de terrain les plus remarqua- 
bles , etc. Parmi ces points il faut distinguer 
d'abord Ratisbonne , centre de tout l'échi- 
quier '.Vbn et Passau, qui maîtrisent les deux 
défilés de l'est et de l'ouest , aux deux extrémi- 
tés de la grande ligne d'opérations sur Vienne, 
ainsi que la défense de l'Iller et de l'Inn : Do- 
navcerth, point intermédiaire entre Ratisbonne 
et Ulm , tète de pont sur la rive gauche du Da- 
nube , -qui Ue la défense du Lech avec celle de 
la Rednitz ; Ingohtadt, autre échelle d'opérations 
sur le Danube, et double tête de pont sur les 
deux rives du fleuve : Augsbourg, principal pas- 
sage sur la hgne du Lech, centre de sa défense, 
et de celle du pays entre llller. User, le Danube 
et le Tyrol : Bhain, autre petit passage sur l'im- 
portante ligne du Lech : Landshut, principal 
passage sur l'Iser, qui détermine la direction 



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( l6o) 
des opérations entre cette rivière et le Da- 
nube, etc. (r). 

Nous avons déjà eu occasion de remarquer 
les rapports militaires qui existent entre les théâ- 
tres de la guerre en Italie et dans l'Allemagne 
méridionale (2). Ces rapports avaient éprouvé 
des modifications par le traité de Presbourg. La 
frontière du royaume d'Italie, ayant été poussée 
jusqu'à llsonzo et au col de Tarvis , se trouvait 
à la même distance de Vienne que Landshut et 
Straubing; et par conséquent plus près de cette 
capitale que la base militaire du Lecb. 

Du royaume d'Italie on pouvait marcher di- 
rectement contre Vienne, par Villach et Bruck, 
ou par Laybach, Gratz, et CEdembourg. Il y 
avait cette différence essentielle entre les ar- 
mées françaises et autrichiennes, agissant sur les 
deux théâtres de guerre, que les premières 
étaient nécessairement et directement conver- 
gentes sur Vienne, tandis que les autres opérant 

(i) Afin de ne pas allonger ce chapitre, déjà bien plus 
long que nous ne l'avions voulu , et de conserver des détails 
que les militaires retrouveront avec plaisir, nous avons 
placé en note à lA fin du volume , ce qui concerne ces princi- 
paux points stratégiques. 

(a) Campagnes précédentes. 



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( >6' ) 
contre la France , ne pouvaient se réunir que 
dans la Suisse ou bien au-delà de ce pays. Les 
Alpes helvétiques et tyroliennes^ séparent ces 
deux théâtres de guerre, par leurs masses, leur 
stérilité et les difficultés de leurs passages. On 
a été jusqu'à prétendre au contraire que ces 
montagnes devaient servir à Her les opérations 
sur le Danube et sur le Pô. Mais la guerre 
d'Allemagne peut être terminée dans ses vastes 
plaines, si on agît un peu vivement, avant que 
les armées aient franchi l'immense chaîne des 
Alpes. Nous en verrons la preuve dans la con- 
duite de Napoléon. Il en a tenu son armée 
constamment éloignée, pendant ses campagnes 
manœuvrières ; il annonce même dans sa cor- 
respondance de 1809, que tel était son ^stème: 
s'il fit traverser le Tyrol, ceiiit seulement pour 
rouvrir cette communication, et tranquilliser les 
pays qu'il laissait derrière lui. 

En 1809, la guerre devait s'étendre sur toute 
l'Italie : les projets-, les intrigues de l'Autriche 
et de l'Angleterre embrassaient sa surface, de- 
puis l'extrémité de la péninsule, jusqu'au fond 
du Piémont. Nous ^vons déjà traité de ce tliéâtre, ' 
dans les campagnes de t8o5 et 1806, pour la 
Lombardie et Naples. 



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( -e» ) 

Ce n'est pas le moment de nous étendre 
sur la partie de l'Autriche qui regarde la 
Pologne; nous aurons occasion d'y revenir, et 
de compléter ainsi dans nos divers mémoires 
la Balance Stratégique de tous les États de l'Eu- 
rope, ou pour parler plus simplement, le 
fort et le Êiible de chacun d'eux, dont -nos 
divers travaux nous ont forcés de nous occuper 
successivement. Nous attendrons aussi pour 
tracer le système dç défense central de l'Au- 
triche, la fin de cette campagne, lorsque pen- 
dant l'armistice, les deux armées semblai^it se 
disposer à recommencer la guerre. Maiatenant 
il est inutile de prolonger cette si longue des- 
-cription , et de chercher qudques rapports mili- 
t3ires,4u milieu des plainesde la Pologne, pour la 
pointe qu'y faisait l'Autriche. Elle marchait sur 
Varsovie et sur Thçrn , afin d'envahir et d'insurger 
ces pays. Si elle n'avait pas eii des espérances 
fondées de déterminer la déclaration .des cours de 
Russie et de Prusse; cette ligne si divergente des 
opérations principales, eût été la plus grande de 
toutes les absurdités. Cependant il était plus 
convenable dans toute supposition, de diriger 
Ferdinand au travers de 1? Saxe, et de le porter 
plutôt sur Berlin ; où l'on aurait soulevé la Prusse , 
même malgré le roi, pour lequel on ne montrait 



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C -63) 
alors nuls ménagemens. Les Autrichiens ont cru 
tout terminer, en s'emparant du grand-duché, 
en occupant Varsovie, et en rejetant l'armée 
polonaise de l'autre côté de la Yîstule, entre ce 
fleuve, la Narew et la frontière de la Gallicie, 
qui s'avançait alors à quatre ou cinq lieues, il 
faut remarquer soigneusement ce petit triangle 
de terrain, où la prévoyance de Napoléon avait 
créé, au confluent de la Vistule et de la Narew, 
la forteresse de Modlin, véritable clef de la Po- 
logne et des opérations miUtaires de ce vaste 
théâtre de plaine; indiquéedepuislong-temps par 
le maréchal de Saxe. Elle avait été soutenue par 
Siérosk au confluent du Bug. La tête fortifiée 
deTraga, était la porte de cette sorte de camp 
retranché. Dans ce petit triangle se réfugia le 
patriotisme des Polonais; il se montra hrillant 
de tout son é^lat à cette époque , et annonça à 
la coalition une nouvelle France, sur les confins 
orientaux de l'Europe. Les Polonais toujours 
dignes de cette noble confraternité, ont conservé 
l'affection et l'estime des soldats français, et tous 
leurs droits à un absolu dévouement, de la part 
de ceux qui ont eu l'honneur de combattre avec 
leurs braves troupes. 

La Pologne qui a préservé pendant long-temps 



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( -ei) 

l'Europe de l'invasion des Barbares, qui l'a sau- 
vée au dix-septième siècle de celle des Turcs, qui 
était destinée à contenir les irruptions du nord ; 
la Polo^e, après avoir été indignement parta- 
gée par trois souverains qui se disaient philoso- 
phes , est envahie maintenant par la Russie. Cette 
puissance colossale s'est depuis un siècle, avancée 
de 3oo lieues vers le centre de l'Europe. Aujour- 
d'hui elle touche à l'Oder et à Breslau , que nous 
avons appelé l'une de ses portes , et qui n'est pas 
plus éloigné de Paris que Vienne et Rome. Au- 
jourd'hui les frontières de la Kussîe sont à moin» 
de quinze marches de Berlin, Dresde et Vienne : 
elles touchent presque aux Dardanelles et à la 
Grèce, Sujet de réflexion pour les puissances eu- 
ropéennes, et de comparaison entre l'ambition 
de la France et celle de la Russie! ! ! 

Tel était cet échiquier stratégique, sur lequel 
les deux armées allaient commencer le terrible 
jeu dç la guerre : ses principaux traits déter- 
minent d'une manière assez précise, leurmarche 
principale et les grandes chances. Le génie est 
obligé de se soumettre parfois à ces règles; mais 
il lui est donné aussi de les franchir, de les ployer 
à ses desseins. L'art consiste à s'emparer des avan- 
tages du terrain , pour en tirer tout le parti possi- 
ble, et en opposer les obstacles à son adversaire.- 



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CHAPITRE VII. 

COMPOSITION DES ARMÉES FBAKÇAISES ET 
AUTRICHIESHES. 



L'Autriclie rëoiiit en iSogdes lorces coiuidéiabtes et les organiu en 
corp* d'aimée. — Elle forme en Allemagne huit corps aoua le prince 
Chartea , deux corps èia Italie looi le prince Jean , an corps dans 
le TjrroL — ^e enToie une armée en. Pologne aoui le-pdnce Fer- 
dinand. — Le» tfoupm françaises moina nombreusea, lontdiviiées 
depnia le mois de janvier jaaqn'au nioi« de mars, en troia grands 
oorpa. — E|Ua occupent par dea gamisona , lea plaoea de la PnuM. 
— La Confédération du Rhin met aea trODpea sur pied. — I^Buasie 
fournit un faible contingent. — L'année francise en Allemagne 
et en Italie, eat partagée en ploaieura corpa. — Elle renferme beau- 
coup de jeunes ^Idata > et a moina d'artillerie que les Autrichiens. 



Au commencement de 1809 toutes les probabi- 
lités , toutes les cbances de la guerre et de la 
politique, semblaient être contre la France. Dès 
le mois de février, l'Autriche avait sous les armes, 
deux cent soixante-trois bataillons et deux cent 
cinquante -deux escadrons, qu'à raison de 11 00 
hommes par bataillon et 1 20 par escadron , on 
évaluait à 290,000 hommes d'infenterie et 3o,ooo 
hommes de cavalerie; en tout 320,ooo hommes,. 



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( .66 ) 
sans compter les troupes d'artillerie et autres 
accessoires : cette armée avait sept cent cpatre- 
vingt-onze pièces de canon, dont cent trente et ■■" 
un obusiers. L'archiduc Charles, ministre de la 
guerre, s'était fort occupé depuis long-temps 
de l'organisation de l'armée. Celle-ci avait été 
divisée, comme celle des Français, en corps sé- 
parés, qui, composés de troupes de diverses ■ 
armes, avaient en eux tous les moyens d'exé- 
cution et d'administration, de manière k pou- 
voir agir isolément ou combinés. Il y avait neuf 
corps et deux réserves. Derrière ces forces entiè- 
rement disponibles, et formées en ligne sur les 
fiTjntières, était une réserve imposante, prépa- 
. rée depuis long-temps, non entièrement organi- 
sée, mais qui pendant la guerre fournit a»m ré- 
gimens d'abondans renforts! Les landwehrs ou 
défenseurs de la patrie devaient former cent cin- 
quante-quatre bataillons, les dépôts d'in&nterie 
et de cavalerie cent soiianteKieux compagnies et 
trente^uatre escadrons ; enfin l'insurrection hon- 
gï-oise comptait dix-neuf bataillons et quatre- 
vingt-dix-huit escadrons. On évaluait tout cela à 
324,000 hommes. Ainsi l'Autriche était assurée 
pour le début de la campagne, d'une armée de 
plus de 3ao,ooo hommes, et en total d'une masse 



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■{ "67 ) 
Je 544)<><^o» *l"î bîsntôt pouvaient prendre part 
aux opérations; car elle espérait que ses pre- 
miers succès lui donneraient les moyens de ter- 
miner l'organisation de sa réserve. Suivant le 
général Stutterheim , les bureaux de la guerre au- 
trichiens comptaient le nombre de bataillons et 
d'escadrons déjà indiqué, mais dcmt ils portaient 
la ferce à 302,865 fantassins et 3^,799 cavaliers, 
non compris l'artillerie et les autres corps pour 
le service intérieur de l'armée : calculs sur les- 
quels ce général prétend qu'uii& assez grande- 
diminution doit être faite. 

Le prince ministre de la guerre, avait été 
nommé généralissime, avec le pouvoir d'a^r de- 
luî-méme, sans, attendre de nouveaux ordres de 
sa cour : pouvoir accordé très-rarement en Au- 
triche; Les trois armées d'Allemagne, dltalie et 
de Pologne, fièrent commandées par trois archi- 
ducs; tous les princes de cette maison prirent 
une vive part à la guerre. 

Le prince Charles dirigeait la principale ar- 
ifiée, destinée à agir en Allemagne et formée 
de huit corps. Voici leur composition, avec l'in- 
dication du premier lieu de rassemblement dès 
le ao mars , et de celui qui fut indiqué au 8 avril. 
Le premier corps sous les ordre.'! du général de 



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( i68 ) 
cavalerie comte de Belleganie ( vingt -quatre 
bataillons, quatorze escadrons, 35,700 fantas^ 
sins et 2,100 cavaliers) réuni à Saatz en Bo- 
hème, ensuite à Kolten, Tachea et Fraven- 
reith; le deaa^ième r général d'artillerie comte de 
KoUowrath (dix -neuf bataillons, vingt esca- 
drons, 23,3oo fentassins, 2,700 cavaliers), vers 
Pilsen, ensuite à Frauenbei^, Sainte -Catherioe 
et Rosshaupt ; le comte de BeUegarde comman- 
dait ces deux corps , qui formaient la droite de 
la grande armée en Bohème. Le troisième corps, 
lieutenant-général prince de Hohenzollern (vingt- 
trois bataillons, huit escadrons, 23,9i3 feotassins, 
1 ,0 1 o cavaliers), ayant été rassemblé à Prague, mar- 
chait ensuite vers Antishofen, Beigenberg, etc. : 
le ^uaïn'ème corps, lieutenant-général prince de 
Rosembei^ (vingt-deux bataillons, vingt-qua- 
tre escadrons, 24,9 1<4 fantassins, 2,894 cava- 
liers), vers Piseck, plus tard autour de Sehar- 
ding : le cinquième corps , archiduc Louis 
( vingt-trois bataillons, seize escadrons, 24,383 
fantassins, 2,042 cavaliers), d'abordvers Budweis; 
puis entre Obembei^ et Bràunani : le sixième 
corps, général Hiller (vingt bataillons, seize 
escadrons, 23,374 Êmtassins, 2,139 cavaliers), 
d'abord près de Wels, ensuite à Braunau : le 



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( -69 ) 
premier corps de réserve, général de cavalerie 
prince Jean de Lichtenstein (douze bataillons de 
grenadiers et vingt-quatre escadrons de cuiras- 
siers, 12,998 grenadiers et 2,564 cavaliers), à 
Iglau et Neuhauss, plus tard à Taufldrchen : lé 
deuxième corps de réserve, général Rîenmayer 
( cinq bataillons de grenadiers, vingt-quatre 
escadrons, dont moitié de cuirassiers, 6,950 gre- 
nadiers, a,46o cavaliers), d'abord près d'Ens, 
enfin près de Braunau. Le général Jellacfaich 
avait près de Salzbourg, une division de huit 
bataillons et hiiit escadrons (9t96a &Qtassins, 
1,009 cavaliers), dépendant du sixième corps, 
mais bien mal à propos dirigée vers Munich ; 
son avant -garde était déjà à Dittmaning : il 
devait avoir de plus six bataillons de landwehrs; 
sa destination première avait été de marcher sur 
Ins^nick. Le général Hiller commandait séparé- 
ment jusqu'à la fin de mars, le sixième corps et 
le deuxième de réserve, sur la rive droite du Da- 
nube; plus tard le cinqmème(du prince Louis) 
fut mis sous ses ordres. Les autres corps sous le 
commandement immédiat de l'archiduc Charles i 
devaient agir d'abord de la Bohème dans le Pala- 
tinat; à la fin de mars ils passèrent, après un 
long circuit, le Danube à Lintz, pour se porter 



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{■7°) 
des bords de llna dans la Bavière. Le total gétié~ 
rai de cette armée était de 1 56,5^6 hommes d'in- 
faiiterie et i8,gi8 cavaliers; en tout 175,494 
hommes, dont ia6,494 &ons l'archiduc Otiarles, 
à la rive droite du Danube, dans le commence- 
ment d'avril. II faut joindre à ces nombres 1 2,976 
hommes d'artillerie, ayant 5 18 pièces de canon. 
L'archiduc Jean fut chargé du commandement de 
l'armée dltalie , formée des huitième et neuvième 
corps : son premier ordre portait d'envoyer un 
corps séparé dans te Tyrol, et de s'établir ensuite 
en position défensive sur les frontières du Frioul , 
jusqu'à ce qu'il crût pouvoir prendre l'offen- 
sive avec succès. Le prince Jean voyant le mo- 
ment Êivorahle, demanda de pénétrer en Italie par 
Prédil, Caporetto ej Cividale, pendant qu'avec 
un détachement il attirerait l'attention des Fran- 
çais sur la route de ta Ponteba. Le huitième 
corps sous les ordi^s du général mavquis de 
Chateler, ensuite sous ceux du lieutenant'géné- 
ral comte Albert Giulay, réuni à Klagenfurth et 
à Villach, enfin près de Tarvis ( dix-huit ba- 
taillons et seize escadrons, i8,25o fantassins, 
et'i,943 cavaliers), avait trois bataillons etdeux 
escadrons détachés dans la vallée de la Fella , pour 
marcher sur Venzone. Le neuvième commandé 



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{ ■?■ ) 

par le lieutenant -général Ignace Giulay, ban 
de Croatie, réuni près deLaybach, ensuite près 
de Wurgen-et Kronau, composé de vingt et un 
bataillons et vingt-quatre escadrons (a4i348 fan- 
tassins, 3,7^8 cavaliers), avait cinq bataillons ' 
et deux escadrons SQus les ordres du général 
Cavassini, vers llsonzo et GoHcia, et quatre ba- 
taillons à Saya et Caporetto. Le total de l'armée 
dltalie était de 47)298 hommes avec cent qua- 
rante-huit pièces d'artillerie, dont huit de douze 
et vingt obusiers. Il &ut joindre à cette force 
trente -trois bataillons (26,000 hommes) de 
landwehrs de Carinthie, de Camiole etM'Istrie, 
destinés d'abord aux travaux de Tarvis,.Malbor- 
ghetto, Prédil, Laybacb , Sachsenbourg, etc,,qm 
rejoignirent en Italie ou dans le Tyrol. Àin^ le 
prince Jean avait un total de 73,378 hommes. La 
brigade du général Stoïchevitz (six bataillons, 
quatre escadrons), détachée du neuvième corps 
en Croatie , pour agir contre la Dalmatie , se trou- 
vait le 27 mars près de Gratchacz avec deux bat- 
teries d'artillerie. 

IiC marquis de Chateler fut chargé d'entrer 
dans le Tyrol et de l'insurger, avec un corps 
particulier de neuf bataillons, trois escadrons et 
dix-sept pièces d'artillerie, placé à Oberdrau- 



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( 17^ ) 
bourg dans le Pustherthal. L'Autriche comptait 
fort sur les intelligences préparées depuis long- 
temps dans ce pays ; et qui ne tardèrent pas à 
se manifester avec éclat. Plusieurs bataillons de 
landwehrs allèrent appuyer lesopérations de Cha- 
teler. Ses instructions portaient de marcher sur 
Srixen , et de couper la communication la plus 
courte ^itre nos armées d'Allemagne et dltalie, 
pour se rendre ensuite vers l'un ou l'autre pays. 
On a vu que Jellachih devait marcher vers 1ns- 
pruck. Ainsi on réunissait dans le Tyrol plus de 
20,000 hommes de troupes de ligne, qui, aidés 
des landwehrs et des insurrections, étaient pro- 
bablement destinés à se porter par le Voralberg 
sur les derrières de la Grande Armée ; projet 
qu'ils n'eurent pas le temps d'accomplir, comme 
il arrive toujours, quand on veut combiner des 
opérations avec des corps détachés au loin. 

Le septième corps d'armée autrichien devait 
envahir le grand -duché de Varsovie, sous le 
commandement de l'archiduc Ferdinand : d'a- 
bord rassemblé à Cracovie, Konski et Radom, 
plus tard à Odrzywol pour passer la Piliça à 
Novemiasto, il était composé de vingt-cinq ba- 
taillons, quarante-quatre escadrons ( 3o,20o fan- 
tassins et 5,200 cavaliers), avec quatre-vingt- 



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C -73 ) 
quatorze pièces d'artillerie: une brigade déta* 
chée à Oliutz et Slaukovo (deux bataillons, 
buit escadrons ) marchait sur Czenstochaw. La 
force de ce corps, qui n'était nullement en rap- 
port avec l'objet apparent qu'on lui supposait, 
prouve qu'il avait le but secret, que Scboell nous 
a révélé, de faire déclarer la Prusse. Ferdinand 
n'a commencé son mouvement que le i5 avril, 
époque où Charles devait se trouver maître des 
passages du Danube. Les Autrichiens crurent 
même ne pas rencontrer l'armée polonaise, qu'ils 
croyaient devoir se joindre à la grande armée 
avec les Saxons. 

La récapitulation générale des armées autri- 
chiennes en troupes de ligne, à l'ouverture de la 
campagne, donne donc deux cent trente-huit ba- 
taillons , deux cent quarante - trois escadrons 
( 265,092 fantassins, 29,4^3 cavaliers ) : il ne faut 
pas perdre de vue, surtout pour les corps d'Italie 
et de Pologne, que les Autrichiens comptent 
toujours séparément les artilleurs, sapeurs, etc. 
En comprenant ceux-ci , Stutterheim fait monter 
le nombre total de l'armée offensive d'Autriche 
au-delà de 3oo,ooo hommes, avec près de 800 piè- 
ces d'artillerie. 

Indépendammentdecesforcesf^n s'occupait de 



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( >74 ) 
rassemblerdaDsrintérîeur de l'Autriche, au com- 
niencanent de la guerre , les troupe» de réserve 
déjà mentionnées; et que Stutterheim porte à 
i88,5a8 fentassins et 3,3i8 cavaliers. L'armée de 
rïnsurrection hongroise, sous les ordres de ^a^ 
chiduc palatin Joseph, aurait dû former dans ses 
quatre districts dix-huit bataillons, plus deux régi- 
mens d'infanterie, et quatre-vingt-dix-huit esca- 
drons; ou 22,844 ^t^ssins et iSio^ cavaliers: les 
plus rapprochésdevaient être réunis sur-Ie^hamp, 
et les plus éloignés , au plus tard à la mi-mai. Ils ne 
le furent pas entièrement à l'approche des Fran- 
çais. Ce calcul donne pour total général de la 
réserve 229,794 hommes; et pour total général 
des forces autrichiennes, tant en première qu'en 
seconde ligne, plus de 5oo,ooo hommes. Tous 
ces détails sont extraits de l'ouvrage de Stut- 
terheim; ils confirment les autres évaluations 
qui nous sont parvenues. Nous allons voir quel 
parti on sut tirer de cette masse imposante, tant 
dans le projet général d'opérations que dans 
l'exécution des mouvemens. 

Les principales armées de la maison d'Au- 
triche», devaient agir en Allemagne. C'est là 
qu'allaient se décider les grandes aflaires. Tout 
le reste était accessoire, iquoique tout fut of- 



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( -75) 
fensîf. Les troupes françaises n'étaient nulle part 
«n mesure de résister à de pareilles forces. £n 
Allemagne où il y avait le plus à craindre ; sur- 
tout à cause des sentimens et des intérêts des 
peuples voisins de notre frontière, et de la Bel- 
gique, nous n'eûmes pendant long-temps que le 
coips du maréchal Davout, qui avait pris le nom 
^jirmée du Rhin, Il passa l'hiver dans la Prusse, 
le Hanovre, la Thuringe et la principauté de 
Bareuth. Pendant les mois de janvier et de fé- 
vrier, le quartier-général resta.établi à Eriiirth; 
la i"= division à Magdebourg; a* à Bareuth; 3" à 
Hanovre ; 4" à Stéttin. En janvier cette armée était 
de 8o,o3a hommes sur un efiectif dé 93,570 ; et 
à la fin de février de 93,114 hommes présens; 
efifectif 108458 honunes, çt 26,933 chevaux: 
sur le nombre des hommes présens, il y avait 
88,866 Français. Le Corps d'observation dé la 
Baàique ou du gouvernement des villes euïséa- 
tiques, sous les ordres du prince Bemadotte, 
était composé de deux divisions ; dont l'une 
française à Lubeck ; l'autre hollandaise à Bremen. 
Ce corpis fort de ia,933 hommes présens, au 
comibencement de janvier, était à la fin de 
février de 11,507 hoiumes présens; dont 4*936 
Français sous le général Dupas, et 5,958 Hol< 



hyGoo^le 



( '76 ) 
landais. Il fut d'abord destiné à agir contre U 
Suède, avec les Danois et les troupes Espagnoles 
de la Romana. Celui-ci au milieu des plus vives 
protestations de dévouement envers le roi Joseph , 
s'était échappé en s'embarquant sur une escadre 
anglaise, pour retourner en Espagne {17 août). 
On dut être surpris de la désertion d'un corps 
assez considérable , à l'insu de son commandant 
en chef et de nos alliés les Danois. On saura 
peut-être un jour comment cela s'est passé. La 
révolution milit^requi, à l'approche des trou- 
pes russes, avait détrôné le roi Gustave , beau- 
frère de l'empereur de Russie, et qui avait 
changé l'ordre de succession dans ce royaume, 
terminant la guerre de ce côté, laissait libre le 
corps de Bemadotte. La Réserve de Cavalerie 
dont la force se trouvait comprise dans l'éva- 
luation de l'armée du Rhin, était composée de 
trois divisions de grosse cavalerie ; les deux pre- 
mières à Verden sur le bas Weser; la troisième 
à Erlang en Bavière; et de trois brigades de 
cavalerie.légère, dont les deux premières étaient 
à Erfurth et Ascherleben. Le Corpsde réserve{o\i 
d'observation) du général Oudinot, avait dès le 
mois de janvier son quartier général à Hanau ; 
ses trois divisions devaient partir vers la mi- 



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C '77 ) . - 
février de Darmstadl , pour être rendues à la 
fin du mois à Augsbourg; il était fort alors 
de 26,480 hommes présens, sur un effectif de 
28^861 , et de 2,646 chevaux : la troisième di- 
vision de grosse cavalerie et la troisième brigade 
de cavalerie légère, devaient rejoindre ce corps. 
A la fin de ce mois; le total général des troti' 
pes françaises dans l'Allemagne était, en pré- 
sens de i3i,io3 homri!ies et 34,281 chevaiix, 
(dans ce nombre d'hommes se trouvaient 1 20,897 
Français et 8,42 1 Polonais, Hollandais ou Saxons) 
en effectif A% 149,74^ hommes, dont 8,636 dé- 
tachés, 9,997 aux hôpitaux, 6 prisonniers de 
guerre. Cette armée s'étendait dans toute l'Aile' 
magne septentrionale ; de l'Oder et même de la 
Yistule, jusqu'à la Baltique, la mer du Hord et 
le Danube : elle était ixès-disséminée, surtout 
pour la force dont elle se composait. 

A cette époque nos troupes occupaient aussi 
quelques places de la Prusse et de la West- 
phalie : l'armée du Rhin en formait les gar- 
nisons. Vers le mois de mars, lorsque Davout 
se mit en mouvement, ces garnisons furent 
réduites au nombre suivant : celle de Dant- 
zick, la plus considérable de toutes, général 
Rapp, gouverneur, 4,761 lAommes présens, 



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■ ( '78 ) 
de diverses nations : Magdeboui^, général Mi- 
chaud, 599 hommes : Glogau, général Bhinwald , 
i56 hommes : Custrio, colonel Armand, 168 
hommes : Stettin, général Liebert, aoi hommes : 
Stratsund, général Candras, 748 hommes. Des 
corps alliés durent renforcer ces faibles déta- 
chemens , en partie composés des cauonniers né- 
cessaires au service des places : ainsi les troupes 
du prince de Mecklenbourg, furent destinées 
à garder la Poméranie suédoise. 

Nous trouvons la force des armées de la Con- 
fédération du Rhin établie seulement par aperçu : 
celle de Bavière de trente-quatre bataillons et 
vingt-quatre escadrons, formant 3o,8oo hommes, 
en trois divisions de onze bataillons, huit esca- 
drons, avec dix-huit pièces d'artillerie, était ainsi 
placée : quartier-général, et première, division De- 
roy, à Munich; deuxièime division de Wrede, à 
Augsbourg ; troisième division Sieben , depuis 
Prince royal , à Altdorf ; douze bouches à feu 
étaient en réserve, et trois bataillons répartis 
dans les places. L'armée saxonne de 'i5,8oo 
hommes, en deux divisions de huit bataillons, 
huit escadrons, avec dix-huit canons et huit 
pièces de réserve., était réunie autourde Dresde. 
L'armée polonai'ie de 19,200 hommes, en trois 



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( "79 ) 
divisions de six bataillons, huit escadrons, avec 
quatorze canons et une réserve de dix pièces, 
se trouvait autour de Varsovie et dans le grand 
duché. L'armée westphalienne de i4,ooo hom- 
mes , avait deux divisions de huit bataillons, 
huit escadrons et quatorze canons, avec une 
réserve de huit pièces. Celle de Wurtemberg 
comptait i a,ooo hommes. Tous ces corps alliés 
avaient dans leur parc d'artillerie, un approvi- 
sionnement en réserve. Enfin les troupes des 
petits princes, devaient d'abord former im Corps 
d'armée de la Confédération du Rhin, qu'on 
portait à 29,^40 hommes, en trois divisions ;1a 
première de Badois; la deuxième placée au 
quatrième corps; la troisième sous le comman- 
dement du général Kouyer. Mais une partie des 
troupes de la deuxième division étant en Es- 
pagne, ce corps ne fut pas réuni. Il y a de 
grandes déductions à faire sur ces troupes al- 
liées, dont la récapitulation par aperçu se mon- 
terait à i2i,o4o hommes; toutes ne purent 
se compléter à ce degré de force, parce que la 
guerre interrompit leur formation. Quelques- 
unes même ne prirent part que . très-tard 
aux opérations de la campagne , ou occupèrent 
seulement les derrières, comme les Saxons, 



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( iSo) 
les Westpbalieos, la division Rouyer, les Meklen- 
bourgeois, etc. En6n les princes allemands gar- 
daient te plus qu'ils pouvaient de leurs troupes , 
auprès d'eux. 

Il est presque inutile de faire entrer en ligne 
de compte, le corps russe qui agit en Gallicie. 
Selon le rapport du ministre des relations exté> 
rieures du ai juin 1813, dont les assertions se- 
ront assez démontrées dans la suite de cette cam- 
,pagne : « Ce corps , contre le texte précis des 
B traités, ne fut d'aucun secours à la France. Au 
» lieu de i5o,oôo hommes, que la Russie pouvait 
w faire marcher, ei. qui devaient seconder l'armée 
» française, i5,ooo hommes ^seulement, entrèrent 
» en campagne; et lorsqu'ils dépassèrent la fron- 
» tlère russe, le sort de la guerre était déjà dé- 
» cidé. o Nous verrons en e£fet quelle fut la con- 
duitje de ce corps, contre lequel l'Autriche ne 
paraît pas avoir pris de dispositions; car l'ar- 
chiduc Ferdinand était assez occupé par les Po- 
lonais. 

Plus tard et vers la fin du mois d'avril, fut 
réuni à Hanau le corps d'observation de l'Elbe, 
q\ii finit par s'élever à 13,788 hommes, et dont 
nous donnerons la composition. 

ËQ Italie les troupes françaises étaient dissé- 



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( .8, ) 
mjuées depuis l'Isonzo et les Grawdes-AIpes', 
jusque dans le Piémont et au fond du royaume 
dé Naples. Une armée devait se former sous les 
ordres du prince Eugène ; mais il n'avait encore 
à opposer à l'archiduc Jean , que les divisions 
Broussier et Serras : la première sur la Lœdra, 
la ^deuxième entre Udinc et Cividale, Du reste il 
n'était pas désavantageux au plan général dés 
opérations, que le prince Jean se laissât entraîner 
par l'appât de cette riche conquête : plus il s'a- 
vancerait vers l'Adige, plus sa retraite serait dif- 
ficile, moins il pourrait prendre part aux grands 
événcmens. 

Bientôt les renforts arrivèrent de tous cotés, 
aox troupes qui étaient cantonnées en Allemagne 
et en Italie. Les régimens qui se trouvaient dans 
l'intérieur , et qui avaient été arrêtés sur la 
Meurthe et sur la Saône, allèrent directement 
rejoindre les armées de l'Est. Celles-ci furent 
divisées en corps séparés, dont voici les disposi- 
tions projetées ,• qui subirent plus tard divers 
changemens. Il n'y eut pas de corps avec le 
n" I*'. Le deuxième, sous le commandement du 
maréchal Lannes, et ensuite du général Oudinot, 
fut formé par dix-huit bataillons de grenadiers 
anciens et nouveaux , dans lesqpels étaient en- 



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( .80 
très beaucoup de soldats de la ligne et même 
de coiisciits (divisions Claparède et Conroux), 
stationnés à Hanau et sur le Mein; par la di- 
vision Dupas, qui arriva de la Baltique; par 
2000 Portugais venant de Toulouse; et 3ooo 
hommes de cavalerie légère , soiis le gteéral 
Colbert. L'armée du Bhin, divisions Morand, 
Fri^d, Gudin et SàJnt-Hilaire, division de ré- 
serve Demont composée des quatrièmes batail- 
lons des trois premières divisions, cavalerie lé> 
gère Montbrun, forma le troisième corps sous 
les ordres du maréchal Davout. Le quatrième 
renfermait les divisions Legrand, Saint-Cyr, 
Molitor , qui avaient appartenu à l'ancien 
quatrième corps de l'armée d'Allemagne, la 
division Boudet du corps de Bernadotte, et 
la cavalerie légère de Marulaz. Ce corps com- 
mandé par le maréchal Masséna, fut renforcé 
par les contingents de Hesse et de Bade. La 
réserve de grosse cavalerie , qui comprenait 
les deux régimens de carabiniers et les douze 
de cuirassiers, répartis dans les divisions Nan- 
souty, Espagne et Saint- Sulpice , était sous 
les ordres du maréchal Bessières; ime des di- 
visions de grosse cavalerie, fut attachée aller-- 
nativement aux deuxième et quatrième corps. 



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(.83) 
La. division Dupas , restée long-temps en arrière, 
lut remplacée au deuxième corps par la division 
Saint-Hilaire. 

La Confédération du Rhin directement me- 
nacée par les Autrichiens, fidèle en ce mo- 
ment aux traités qui la liaient à la France, 
. son ancienne protectrice, contre ses a&ciens en- 
nemis , tenait depuis l'année précédente ses 
troupes prêtes à entrer en campagne. Le sep- 
tième corps fiit formé par les trois divisions ba- 
varoises, Prince royal, de Wrede et Deroy, sous 
le commandement du maréchal Lefebvre ; elles 
avaient été placées en première ligné à Strau- 
bing, Landshut et Munich. Les Wurtembergeois 
{huitième corps) qui furent commandés par le gé- 
néral Vandamrae , se réunissaient à Neresheim , 
£lvangen et Aallen. La politique et la raison de 
guerre n'avaient pas permis à Napoléon, de lais- 
ser les alliés s'avancer davantage , dans l'intérieur 
des saillans 1 Bohème et Salzboui^ ) occupés par' 
l'Autriche : car pourquoi n'aurait- on. pas- vu 
alors, ce qui est arrivé en octobre i8i3? Et 
cependant les souverains de la Ckmfédération 
étaient aussi intéressés que Napoléon dans la que- 
relie, comme nouvellement revêtus, et par lui, 
de la pourpre royale. Les Saxons s'organisèrent 



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( .84 ) 
plus tard en neuvième corps, sous les ordres du 
maréchal prince Bernadolte : il fut momentané- 
ment question d'y réunir les Polonais; ce qui fit 
croire à l'ennemi que ceux-ci allaient quitter le 
grand duché, pour se joindre à l'armée d'Alle- 
magne. Enfin le dixième corps, composé de trou- 
pes westphaUennes , et d'un corps de 4ooo Fran- 
çais, ne quitta pas ce royaume et ta Francodie; 
il formait la garnison des places, ou défendait 
le pays contre les insurgés et les détachemens 
autrichiens. Notre armée, bien moins forte que 
celle de l'ennemi, n'avait pas tous ses corps 
en ligne; la garde ne rejoignit que sur l'Inn, 
et sa cavalerie après Essling. On assure que Na- 
poléon, avait près de 40îOoo hommes dé moins 
que son adversaire , quand les opérations com- 
mencèrent daiis la Bavière. Le général Stutter- 
heim porte le total des troupes autrichiennes à 
175,000 hommes, et celui des Français ou con- 
fédérés seulement à 140,000. Pour la force des 
deux armées, il faudra consulter les états de si- 
tuation. 

En Italie le prince Eugène devait avoir quatre 
divisions françaises et une italienne d'infanterie, 
trois de cavalerie, au plus 60,000 hommes. Mais 
quelque temps après le commencement des 



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( '85) 
hostilités, il ne pouvait encore disposer que de 
45,000; le reste se trouvait & Naples, dans le 
Piémont, ou dans l'intérieur de la France. Le 
onzième corps en Dalmatie, était de 12,000 
hommes. Ainsi l'ârchidnc Jean n'eut en totalité, 
devant lui que 67,000 hommes. En Pologne, le 
prince Poniatowski n'avait pas 18,000 hommes 
disponibles, à opposer au septième corps autri- . 
chien , bien plus considérable : oïl levait en'toute 
hâte 9,000 conscrits et une garde à cheval, mais 
ils ne purent être d'une grande utilité dans cette 
campagne. Les armées d'Italie- et de Pologne 
conservèrent seules leur nom. 

Nous devons observer que les cadres de nos 
régimens d'infanterie, étaient en très-grande 
partie remplis de conscrits, levés peu de mois 
auparavant, et n'ayant jamais vu le feu. Le nerf 
de notre armée , nos vieilles bandes du camp de 
Boulogne, d'AusterlItz, dléna, étaient alors en 
Espagne. Il y avait aussi beaucoup de corps de 
nouvelle formation, organisés pour les besoins 
pressans du service. Il eût été nécessaire de soute- 
nir des troupes encore bien jeunes, par une bonne 
artillerie. Cependant l'année française n'avait en 
tout que 4^8 pièces de tous calibres, nombre 
inférieur à celui que possédait l'armée autri- 



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( 186) 
clùenne, quoiqu'à peu près dans les rapports 
ordinaires. Il fellut suppléer encore à l'infério- 
rité numérique des pièces qui devaient entrer en 
ligne, par leur bonne disposition, leur excessive 
mobilité et le courage des artilleurs. 



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CHAPITRE VIII. 

PLAN d'opérations DES AHHÉES FRANÇAISES ET 
AUTRICHIENNES. 



L'Autriche conceotre ses troiip«a en Bohème , pom se diiiger mr le 
Bbin lu tisTer* de la Franconie, en eaulereat ce« pays. — Elle 
se méprend sur les avanuges de cette position centrale, en face 
de la ligne fort étendne des troupes françaisefl. — Elle compte 
s'avancer ver» remboncliuTe du Hein, pOnr agir ensuite selon les 
circonstances. — les opérations des corps d'Italie et du Tyrol, 
gonlsubordonnéesàaellBsderâUeniBgne.— Ferdinand' est chargé 
d'enTahir la Pologne. — Ces projets du général Griinne présen- 
tent plusieurs inconvéïùens. — Le prince Cliarles les aperçoit, 
et se porte suc l'Inn. — Son nouveau plan est de marcher par la 
ligne centrale , sot le Danube , an-dessus de Batiabonne. — Napo- 
léon veut établir son armée sur le fleuve, entre cette ville et Done- 
veith. — lldaniiBsesordTes,du4ao 57 mars. — Dans ses instruc- 
tions au major-général du 3o de ce mois, il établit deui suppositions : 
de Pattaque des Autrichiens, et de la réunion de notre armée vers 
Ratisbonne.avanlonapr^leiSavra,— Dui" au 10 de ce mois, 
a faitavancer des troupes vers cetteville. — Les années françaises 
et autrichiennes se rapprochent successivement de Flser. 



Noos avons vu la part qui, dans le plan géné- 
ral de la coalition, était destinée à la grande 
armée autrichienne : il est nécessaire d'espli- 



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(■88) 
qoer avec quelques détails son projet d'opéra* 
tioDs. L'Autriche avait conservé des relations 
avec la Belgique et avec les pays allemands 
d'outre- Rhin, cédés depuis long- temps à la 
. France. Ayant à son service beaucoup de mem- 
bres de l'ordre équestre et de la haute noblesse 
allemande ; ayant maintenu avec les souverains 
dépossédés et autres médiatisés, xme partie des 
liens qui de tout temps, les avaitnt attachés à 
la maison impériale; l'Autriche croyait soule- 
ver facilement, contre la Frimce, les pays où 
elle ferait entrer ses armées. Pour cela , d'après 
le premier plan arrêté , les principales forces 
autrichiennes débouchant de la Bohème , sui- 
vaient d'abord la ligne d'opérations du Nord, 
par la Francooie. En quinze ou dix-huit mar- 
ches, elles devaient atteindre aisément l'embou- 
chure du Mein. Pénétrant au travers des can- 
tonnemens de l'armée du Rhin , elles pouvaient 
espérer avec leurs masses supérieures, de les 
battre en détail, et d'empêcher ainsi la réunion 
des divers corps fran^is du Nord et du Midi ; 
c'était un succès capital; il était aussi avantageux 
de gagner rapidement du terrain , pour faire dé- 
clâtdr les souverains de la Confédération et insur- 
ger ïes peuples. 



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( "89) 
Rappelons d'abord queU furent les points et 
les époques de rassemblement des corps aiitri- 
cbieus. Pendant le mois de février , cette arm^ 
-s'acbeminait presque entière ^i Bobèmë. Le 
prunier corps fiit rendu à Saatz le jo mars; le 
deuxième à Pilsen le i" de ce mois; le troisième à 
Prague le 1 7 ; le quatrième devait être à Piseck ie 
27, et arriver jusqu'à Budweiss^ où le cinquième 
était dès le 19; le premier corps de réserve était^ 
à Iglau et Neuhauss le 17. A la rive droite du Da- 
nube, les sixième corps et deuxièrae réserve se 
réunissaient à Wels et près d'Emis le 1 8, sous les 
ordres du général Hiller. Le 19 tous les corps 
étaient en ligne , à l'exception du quatrième. La 
grande armée autrichienne devait avoir à la fin 
de mars , cent cinquant&'Sept bataillons et cent 
cinquante - quatre escadrons, sur la irontière 
de Bohème. Mais dès le 10 mars, elle avait à 
Saatz et à Pilsoi, cinquante-quatre bataillons et 
trente-deux escadrons, menaçant la Franconîe; 
ils pouvaient être promptement rejoints, par les 
vingt-huit bataillons et les seize escadrons du 
troisième corps, qui arrivait le 17 à Prague, et 
par les vingt-huit bataillons et les seize eaca- 
drona du cinquième corps à Budweiss : ce qui 
fait en Bohème , cent dix braillons et soixante- 



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( -go) 

quatre escadrons, ou ia8,ooo hommes. Ce même 
jour trente-six bataillons et quarante-huit esca- 
drons étaient sur la Traun. Ainsi le 17 mars au 
plus tard, l'Autriche avait cent quarante-six batail- 
lons et cent douze escadrons, ou 1 74,000 hommes, 
sur les deux rives du Danube, à six ou huit 
marches de Ratisbonne, pouvant donc y être 
rendus en entier dans autant de jours; et dont 
la tête y serait arrivée en moitié moins de temps. 
Le 17, Davout levait ses cantonnemens du nord; 
Masséna passait le Rhin; Oudinot se trouvait 
seul à Augsbourg; les Bavarois sur llser. It était 
donc facile à l'ennemi de nous prévenir à Ratis- 
bonne, «t même sur la Rednitz pour empêcher 
la jonction de nos corps. 

Les avantages de la position centrale de la 
Bohème paraissent avoir fortement frappé l'es- 
prit de l'Archiduc : ce pays joue un grand 
rôle dans cette campagne, à son début et à la 
fin. En e£fet, situé au centre de l'Allemagne, 
dont il est comme le réduit; semblable à un 
vaste camp retranché de montagnes et de 
forteresses , d'où l'on peut se diriger de 
tous côtés, contre la Pologne, la Prusse, la 
France, la Bavière; ancien champ de bataille 
de la maison d'Autriche , quelquefois heureux 



hyGoogle- 



{ '9- ) 
contre Frédéric ; ce royaume présentait encore 
des considérations politiques, qui venaient se 
joindre à ces calculs militaires. Toujours l'Au- 
triche avait porté ses principales vues en Alle- 
magne, et avait sacrifié pour s'y agrandir, tou- 
tes ses possessions lointaines. Maintenant elle 
faisait la guerre pour reconquérir l'influence 
et l'empire, qu'elle-même avait abdiqués. Son 
oi^eil mettait ses possessions héréditaires au- 
dessus de la couronne élective de Hongrie sou- 
vent disputée, malgré les ^ands avantages qui 
•s'ofifraient à elle du côté de l'orient, où du reste 
elle avait deux terribles adversaires : la Russie , 
et la Turquie presque toujours victorieuse de ses 
armées. 

La Bohème étidt choisie par les Autrichiens 
pour le -rassemblement de leur armée, entre 
l'E^er, l'Elbe , la Moldava et la Wittawa, comme 
point central de l'Allemagne, d'où ils étaient maî- 
tres de sortir dans toutes les directions; pendant 
que nos troupes occupaient des cantonnemens 
étendus, depuis l'Oder et la Baltique jusqu'au- 
delà du Danube. C'est sur cette disposition, ab- 
solument passagère, dont le centre était momen- 
tanément sur l'Ktbe, mais qui pouvait changer 
d'un instant à l'autre, que l'Autriche établit son 



hyGoogIc 



( 19» ) 
plan d'opérations ; plutôt que sur la base du ter- 
rain, et sur les rapports fondamentaux entr« les 
deux États. îjb but principal de l'armée autri- 
chienne reconnu par elle, ^tait de s'avancer ra.- 
pidement p^r le pays ^e Bareuth, vers nos tron- 
tières; de cLercher à atteindre l'armée du maré- 
chal Davout; et de la battre avant qu'elle eût 
reçu ses renforts de France. Les Autrichiens cal- 
culaient que sur cette vaste ligne, le maréchal 
avait à choisir entre plusieurs systèmes de con- 
centration : sur r^he^ dans la Saxe ; entre l'Ëlbe 
et les montagnes de la Thuringe , le long des rives 
de la Saal; sur le Haut-Meln, vers Bainbei^ ou 
Bareuth; sur la ?ïab, en avant d'Âmberg; enfin 
sur le Danube, autour de Batisbonne. Nous ne 
saurions nous empêcher de remarquer que les 
deux premières suppositions avaient peu de pro- 
babtUtés eo ^ur faveur : car de teUes lignes 
d'opérations n'auraient pu se rattacher de notre 
côté, et même fort obliquement, qu'avec l'extré- 
mité de lafrontière du B.hin; et laissaient entière- 
ment à découvert, la partie au midi de Mayence. 
D'ailleurs ces théâtres é^ent trop éloignés du 
jaassin du Danube et du Pô, qu'il nous importait 
par dessus tout d'occuper, et avec lesquels il Éd- 
lait conserver des relations. Si nous avons dé- 



hyGooglc 



( '93 ) 
fendu en i8i3 les deux rives de l'Elbe; c'était par 
nécessité et non par choix : encore a-t-il fallu les 
abandonner, dès que tes hostilités ont commencé 
en BaTÏèrc. On ne reconnaît pas dam ces combi- 
naisons, le savant auteur des Principes de la 
Stratégie : science du reste qu'il est bien difficile 
de réduire en axiomes. Malgré ses pouvoirs pres- 
que illimités , l'archiduc était contrarié, sinon 
dominé par les intrigues de la cour devienne ;'cap 
dans les cours il se trouve toujours des gens bien 
étrangers au métier de la guerre, qui veulent se 
mêler d'en diriger les opérations. Peut-être aiissl 
la politique quintessenciée de l'Autriche, espé* 
rait-dle attirer nos armées sur ces parties éloi- 
gnées, afin d'exercer avec plus de liberté son 
influence sur la Bavière, et de la forcer, comme 
à diverses époques, à se déclarer contre nous. 

Le développement de ce plan général, portait 
que l'armée autrichienne marcherait rapidement, 
sur la plus grande masse des troupes françaises, 
pour la combattre , soit qu'elle se réunît sur 
l'Elbe ou sur le haut Mein , soit sur la Hab ou 
le Danube; pendant qu'un corps détaché agirait 
secondairement, sur les pays non occupés par 
nous. Si un corps français entrait dans la Sa- 
vière , la grande armée autrichienne n'en de- 
ï. i3 



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( -94) 
Tait pas m(»ns continuer sa pointe; espérant 
arrêter l'opération contre la Bavière, par une 
manœuvre de flanc sur Ratisbomie ou Dona- 
werlb. Si enfin le maréchal Davout se retirait , 
pour éviter tout engagement avant l'arrivée de 
ses' renforts ; l'armée autrichienne le faisait sui- 
vre par un corps d'observation et continuait 
son <t mouvement avec célérité, pour aller 
s prendre une position centrale entre la forêt 
» Noire et le Mein » ( c'est-à-dire en face de 
Manheim ), a Le général autrichien comptait 
s alors régler sa conduite sur les chances et les 
■a combinaisons qui s'ofiriraient à lui « et qui naî- 
» traient des mouvemens de l'ennemi , du résultat 
u des premières opérations, et enfin du calcul 
u général désirées qi^il aurait à sa disposition , 
u tant en ^Uemagtie que dans le Tjrrol et l'I- 
o taàe. » Ici le secret de la politique est con- 
servé; mais on devine facilement qu'il s'agit des 
forces que les insurrections et les défections 
auraient fournies à l'archiduc. Nous trouvons 
d'ailleurs dans la correspondance du comte de 
Grtinne, que «l'armée autrichienne sortant de la 
B Bavière, tendait les mains iiux mécontens de 
» Bareuth, contenait la Saxe; etquel'issue de cette 
» guerre était calculée sur la première victoire > 



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( '95) 
a et sur les arméniens, en Ëiveur de TAuttiche^ 
» de la Confédération du Bhin, qui s'était décla- 
B rée contre elle. » 

On voit que ce plan avait été établi trop à l'a- 
vance, et dans la supposition d'une seule armée 
française du Bhin, pouvant être renforcée direc- 
tement, ou appuyée plus tard par un corps se 
rendant en Bavière. L'arrivée d'Oudinot sur le 
Lech-, à la fin de février, et surtout les ordres 
donnés pour la réunion du corps de Masséna et 
des troupes alliées le :ïo mars, firent changerles 
dispositions de ce plan. S'il eût été exécuté vi- 
vement vers la mi-mars, lorsque l'armée autri- 
chienne était en ligne, ou lorsqu'elle allait y en-' 
trer, les troupes françaises auraient eu beaucoup 
de peine à se rejoindre sur la Kednitz ou le Lech. 
Mais à cette époque l'archiduc était encore à 
Vienne; il fallait que son armée attendît ses or- 
dres..Une fois décidée à ToiFensive, et après avoir 
mis ses troupes en mouvement, l'Autriche aurait 
dû déployer plus d'activité. Aussi cherchait-elle 
à remédier à ses lenteurs, par ses déceptions 
ordinaires. 

Le plan de l'ennemi coordonnaltles opérations 
de l'Italie avec celles de l'Allemagne. Les trou- 
pes destinées au premier pays « devaient se con* 
i3. 



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( -96) 
Il centrer entre Willach et Ktagenfurth , et s'a- 
o vancer sur deux colonnes : l'une par le Pus- 
» therthal, dans leTyrol, sur le Brenner el sur 
» Trente; l'autre par la Ponteba, sur Bassano; 
» tandis que l'insurrection de Croatie et la land' 
» wehr d'Istrie observeraient le bas Isonzo. Les 
a Autrichiens comptaient sur les soulèvemens du 
» Tyrol (où il n'y avait que 4ïOoo Bavarois) , pour 
» seconder puissamment tes opérations des deux 
» corps, dont nous venons de parler (i). ■ On a 
déjà vu que l'arcliiduc Charles attendait aussi 
la coopération des forces du Tyrol, lorsqu'il se- 
rait parvenu en &ce du Rhin. Cette partie du 
plan des ' Autrichiens en Italie , doit avoir reçu 
quelques altérations, attribuées au peu d'har- 
monie, qu'on prétend avoir existé entre l'Ar- 
chiduc lean et son frère. Du reste, quoi qu'en 

(i) Ces détails ainsi que ceux qui précédent, sont extraits 
dt la Guerre de 1809, Vienne 1811, ouvrage attribué au 
(;én«ral Stutterheim. I4ous n'avons pu nous procurer que la 
première partie, qui s'arrête àl'afTaire de Neuniark,34 avril. 
On Dé peut l'avoir à Vienne qu'avec l'autorisation du con- 
seil de guerre. Nous regrettons d'être privés d'un guide 
aussi sAr, pour le reste de la campagne. La mort du général 
Stutterheim a interrompu ce travail,^ l'époque de notre en- 
trée à Vienne. 



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( '97 ) 
(Usent certains stratégistes modernes, toute com' 
Hnaison était bien illusoire,' entre les armées 
descendant des saillans de la Bohème et du 
lyrol , ( encore plus avec celles de la Lom- 
bardie) liées seulement dans la plaine du Da- 
nube, par deux faibles corps. Telle était aussi 
l'opinion du général Mayer. Il allait dès le 
commencenieat Ëiire le contraire de ce qui a été 
exécuté ; il fallait réunir les d^ix masses autri- 
chiennes autour de ces deux saillans, menaçant 
les pays situés directement devant eux; tes £ùre 
rejoindre obliquement eatre le Danube et User, 
de Ratisbonne à Landshut, ou dlngolstadt à . 
Munich , en conduisant le long du Danube la 
grosse artillerie : on pouvait marcher ensuite vers 
le Rhin. (M revint k (Xtte t»ncentration , mais 
trop tard et par de trop longs détours. 

Le septième corps de vingt-cinq bataillons et 
quarante-deux escadrons, ou Année de Pologne, 
eanumnait dans la nouvelle Gallicie, sous Les 
ordres de l'archiduc Ferdinand. Elle était destinée 
selon les Autrichiens, à occuper Varsovie ; « afin 
» de tenir ce pays eo respect, et d'empêcher les 
» troubles que les PcJonaîs voudraient susciter 
» en Gallicie. Elle devait agir avec la plus grande 
» célérité , pour prévenir les différentes ocmiplica- 



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( '98 ) 
» lions qui pourraient survenir , et être employée 
» ensuite selon qu'H serait jugé convenable. 
D Xi'armée russe rassemblée à Dubno, donnait de 
«justes alarmes à la cour devienne; et le corn- 
» mandant du septième corps autrichien , reçut 
B des instructions à cet égard, n 11 serait curieux 
de connaître ces instructions, et quels rapports 
pouvaient exister entre le corps de Ferdinand, 
qui s'étendit de Varsovie sur Thorn vers le 
nord, et les Russes placés à Dubno, à cent 
cinquante lieues de ces villes, et dans des direc- 
tions entièrement opposées. On verrait que les 
alannes de l'Autriche n'étaient pas bien vives, 
ou plutôt quels étaient les sentimens v^tables 
qui existaient entre ces deux puissances. Nos 
lecteurs n'ont pas 'oublié le but politique que 
le Prussien Schoell prèle à cette expédition de 
Ferdinand. 

On attribue au général comte de Griinne ces 
dispositions militaires : elles reçurent un commen- 
cement d'exécution ; puisque six corps d'armée 
étaient déjà en Bohème, tandis que deux seule- 
ment se trouvaient en &ce de la Bavière. Ce plan 
était bon, et aurait peut-être réussi, s'il eût été 
exécuté sans retard. Il n'est pas difficile d'établir 
des projets, ni d'en reconnaître les défauts : le 



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( 199 ) 
caractère qui décide leur exécution, qui frau- 
diit les difficultés , est plus rare , et manque le 
plus souvent. Ce plan avait pourtant des in- 
convéniens, qui ne pouvaient échapper à un 
général aussi habile que le prince Charles. L'Ar- 
chiduc connaissait parfaitement son terrain et 
son adversaire. Pendant que la grande armée 
autrichienne aurait marché par la ligne d'opé- 
rations du nord, sur les frontières de France, 
éloignées de 70 lieues, où eUe eût trouvé nos 
réserves et la défense nationale ; le centre de la 
monarchie autrichienne, et la capitale même, 
restaient à découvert par la hgne du midi longue 
de 5o lieues (i), devant uo ennemi si actif; l'Em- 
pereur pouvait y diriger, en même temps que l'ar- 
mée réiuie en Bavière, une seconde armée par 
les Alpes noriques , n'ayant guère plus de che- 
min à faire que la première. L'Archiduc n'au- 
rait certainement pas arrêté, ni détourné Na- 
poléon, en l'inquiétant sur ses flancs, surtout 
lorsqu'il s'ouvrait une nouvelle ligne par Brucï 
et Klagenfurth. D'après les grands rapports du 
terrain déjà établis, entre les frontières et les 
capitales respectives de France et d'Autriche, 

(t] cinquante lieues à partir de Passa» jusqu'à Vienne, et 
quatre-vingt-dix depuis te Lech. 



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( aoo ) 
d'après la grande courbure du Danube , l'armée 
autrichienne était bien plus exposée aux ma- 
nœuvrcs de Napoléon. Maître de la rive droite 
du fleuve, il pouvait marcher contre l'unique 
ligne d'opérations de la Bohème; soit par Strau- 
bing, après avoir battu les corps de HiUer; soit 
par un des ponts du Danube , sur les directions 
de fiambei^, de Wurtzbourg, de Hanau, Jjcs 
chances n'étaient pas égales : car il restait tou- 
jours à l'armée française, la ligne de retraite par 
le haut Danube et Huningue; tandis que l'ar- 
mée autrichienne eût été facilement coupée du 
saillant isolé de la Bohème. Le prince Charles n'a- 
vait pas oublié la poursuite du Tagliamento jus- 
qu'au-delà de Leoben en 1796; la prise devienne, 
une vingtaine de jours après la capitulation 
d'Ulm en i8d5; la destruction des années pras-' 
sioines à léna, opérée en quelques instans, par 
ime seule manœuvre de flanc. Il ne voulait pas 
se placer, presque sur le même terrain, et dana 
la même position, que les Prussiens. L'archiduc 
savait bien qu'il n'était plus en présence de 
Moreau, qui sans se mouvoir, le laissait aller 
tranquillement , de l'Iser sur le bas Rhin (i). 

(i) Lorsque je doniierai les campagnes de Napoléon en 
1796 et en 1800, je présenterai sut l'ensonble <ie3 manœu- 



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( aoi ) 
Ces inconvéniens du plati de Grunne étaient 
réels, mais -il y en avait peut-être davantage à 
le changer, au moment de l'exécuter. C'était 
une de ces circonstances assez ordinaires à la 
guerre , où le plus sur est d'agir avec vigueur, 
même contre les règles de l'art. II fallait faire dé- 
boucher dé Ta Bohème l'armée autrichienne le 
i8 ou 20 mars, et la porter rapidement sur la 
haute Rednitz ; tandis qu'en occupant Ratis- 
bonne, et Ingolstadt ou Donawerth, par le 
corps de la rive droite du Danube, on se rendait 
maître de ce fleuve. Au lieu de cette résolution 
vigoureuse, dont l'exécution aurait trouvé l'ar- 
mée française inférieure en nombre, autour des 



vres dans les bassins du Danube et du Pâ , quelques ré- 
flexions avec des rapprochemens, qui répandront snr ces 
événemens des lamières nouvelles; je crois qu'ils opére- 
ront d'assez grands cfaangetnens, dans l'opinion qu'on peut 
se former snr le raérite des deux généraux, autrichiens et 
français, qui ont commandé ea chef ik la rive droite du 
Danube en 1796. Te n'ai pas fait cette guerre d'Italie , mais 
je l'ai étudiée à fond pendant mes levers comme ingénieur 
géographe; ce que j'en ai écrit et dessiné dans mes travaux 
topographiques, déposés depuis vingt ans au ministère de 
la guerre, a été copié par ceux qui ont traité cette cam- 
pagne. 



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( 302 ) 

points àe Wurtzbourg, Ulm et Augsboiirg; le 
prince Charles suivit les conseils de la prudence, 
ou plutôt les injonctions du ministère. Le général 
Griinne accuse le général Mayer d'avoir exercé, 
sur cette détermination d'entrer en Bavière, une 
influence dont celui-ci s'est défendu. 

Quoi qu'il en soit, le prince Charles fit à cette 
époque, un mouvement pour repasser le Da- 
nube à lintz, avec la majeure partie de son arr 
mée, ne laissant en Bohème que les i" et 2* corps. 
L'Archiduc avait senti la nécessité d'occuper 
avant tout, la ligne d'opérations sur la rive droite 
du Danube : il revint au projet d'une offensive 
directe, qui le tenait sur le chemin de la ca- 
pitale, et qui était réellement mieux appropriée 
au terrain et aux règles de l'art. Mais ayant &it 
un circuit considérable, il perdit un temps pré- 
cieux que Napoléon employa bien ; il finit par 
ne pas se maintenir sur cette ligne, se laissant 
repousser dans la Bohème qu'il venait de quitter. 

Les Autrichiens prétendent s'être décidés aux 
changemens opérés dans leur prenner plan , d'a- 
près les avis de la concentration des forces fran- 
çaises à la rive droite du Danube : ils ont même 
cru alors que nos armées devaient se réunir sur 
le Lech. Si tel est leur véritable motif, ils doi- 



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( 203 ) 

vent avoir eu communication des ordres donnés à 
nos corps ou à nos alliés; car celui d'Oudinot ar- 
riva seul vers la fin de février à Augsbourg; et il 
n'y eut de mouvement dans la position de l'ar- 
mée bavaroise, que celui de la division de Wrede 
portée d'Augsbourg à Straubing. Le corps de 
Masséna ne fut rassemblé à Ulm que dans les 
derniers jours de mars, et celui de Davout arri> 
vait à la même époque dans la Franconie. Ces 
rapports et les ordres auraient dû aller et reve- 
nir de la Bohème- à Vienne ; et la contremarche 
de l'armée ennemie a commencé le 19. Ces 
variations furent très -préjudiciables aux in* 
téréts de la maison d'Autriche. Cette puissance 
semble être tombée dans le piège , où elle vou- 
lait précipiter son adversaire. Quand il faut agir 
pour le surprendre , elle hésite : elle croit pou- 
voir à sa volonté commencer ou retarder la 
guerre; et changer au moment de l'exécution, 
par une manoeuvre de seize marches, qui a em- 
ployé vingt et un jours, un projet dont la réus- 
site était dans la célérité. Grande &ute de ce ca- 
binet! sur laquelle on ne saurait trop insister, 
afin qu'elle serve de leçon pour toutes les circon- 
stances de la guerre . 

Le nouveau plan des Autrichiens n'est pa« 



hyGoogIc ,_ 



( ao4 ) 
aussi clairement énoncé que le précédait. Voici ce- 
qu'en dit Stutterheim : « L'armée autrichieime 
B d'Allemagne n (fonnée des 3*, 4% 5*, 6* corps, 
i" et 2* réserves), « devait passer l'Inn, entrer 
B en Bavière et agir le long da Danube. Deux 
» corps d'armées ( i*' et a* ) devaient déboucher 
T) de la Bohème dans le haut Palatinat; s'avancer 
» et attaquer les armées françaises, qu'ils rencon- 
n treraient; mais dans tous les cas diriger les opé- 
I) rations, de manière à ne pas trop s'éloigner du 
» Danube. Ces corps étaient destinés principale- 
» ment à couvrir la Bohème, et k s'assurer des 
tt communications qui conduisent vers le Da- 

n nube Celui des deux partis qui était mai- 

» tre des deux rives du fleuve, depuis Ratis- 
D bonne jusqu'à Donawerth, devenant également 

» mattïe de la Bavière : l'archiduc ayant senti 

» en 1796, 1 importance de Donawerth, clef 
» d'une partie de l'Allemagne :.... le but des deux 
» parties de l'armée autrichienne, rassemblées sur 
» l'Ion et sur la frontière de la Bohème (9 avril) , 
» devait être de se réunir sur le Danube, et de 
» chercher pendant leur marche , à battre en dé- 
fi tail les dififérens corps de l'armée française, qui 
» pourraient se trouver sur leur chemin. » Du 
reste l'Autriche s'attendait tseltement au succès 



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( 2o5 ) 
de son ofiénsiTe, que nulle précaution n'avait 
été prise, pour assurer les divers points de la 
frontière. Seulem^it à Lintz^ nous trouvâmes les 
hauteurs de l'ouest, occupées par quelques re- 
tranchement informes , qui avaient pu être com- 
mencés depuis les premiers revers de l'armée 
autrichienne. Ses généraux ont mentionné des 
camps retranchés, mais à peine ébauchés, dans 
les paya de Salzbourg, en Carinthie, en Car- 
niole, etc. L'armée de réserve qui devait les 
occuper, n'eut pas non plus le temps de se 
former. 

Ces retarde furent aussi funestes à l'exécution 
du plan général de la coalition, qu'au succès 
des entreprises particulières de l'Autriche : car 
les insurrections qui éclatèrent dans le mois 
d'avril en Allemagne , et qui pouvaient em- 
braser le nord de l'Europe , se trouvèrent dé- 
nuées d'appui, he départ de la grande expédi- 
tion anglaise , dont les préparatifs étaient termi- 
nés depuis le mois d'avril, Ait aussi différé. On 
ne sait si ces changemens dans l'exécution des 
deux parties de ce grand projet, réagirent l'un 
sur l'autre; ni quel est celui des alliés qui exerça 
ta plus grande influence , et qui manqua à ses 
Nigagemens : mais la coalition pouvait-elle espé- 



hyGoot^le. 



( 2o6 ) 
i<er mieux, lorsqu'elle violait tous les traités 
qu'elle avait faits? lorsque dans ce marché, il al- 
lait concilier les intérêts et les vues particulières, 
réunir les efforts, de tant de puissances et de tant 
de cabinets? 

Dès le commencement de la campagne, il nous 
fat facile de voir queb étaient les desseins de 
Napoléon. Ayaht résolu de battre la grande ar- 
mée autrichienne, et de revenir à Vienne pour 
y dissoudre la nouvelle coaUtion, punir cette 
attaque injuste, et dicter encore une fois la pais; 
il rapproche successivement ses corps d'armée ^ 
de la ligne d'opérations du midi et des bords du 
Danube : il veut se concentrer sur l'une ou l'au- 
tre rive, le plus avant possible, entre Donawerth 
et Ratisbonne. De là maîtrisant le terrain et lés 
manœuvres , il ira chercher son ennemi , et en 
peu de temps il terminera la lutte. Tels sont les 
secrets de sa stratégie. En partant du Danube 
vers le bas Iser, il suffira d'un seul mouvement 
sur le flanc: s'il était parti de ses bases du Rhin 
ou de la forêt Noire , il aurait fallu dix opéra- 
tions de front et autant de batailles. Il attend à 
Paris que l'agression soit bien constatée, et que 
les projets du général ennemi soient démasqués, 
pour venir à la tète de ses troupes donner ses 



hyGoogle 



C 407 ) 
derniers ordres; et le prendre, comme il le dit 
lui-même, en flagraia délit. Contre les idées 
reçues, il abandonne entièrement les montagnes, 
dont 11 deviendra maître quand il le sera des plai- 
nes : là est le chemin de Vienne, vers lequel il 
fera voler rapidement ses masses, lorsqu'il aura 
dispersé celles de l'ennemi. Sans s'inquiéter de 
la force et de la composition de son armée, des 
conscrits qui s'y trouvent en grand nombre, des 
corps allemands avec lesquels il devra agir; il a 
résolu de ne pas retirer un seul homme de ses 
vieilles bandes d'Espagne, où il combat plus di- 
rectement nos véritables ennemis, les Anglais. 

Voici cependant les dispositions successives 
qu'on retrouve dans sa correspondance. Le 4 mars, 
il avait organisé ses corps; réglé le 6, ses maga- 
sins à Ulm, Donawerth et Ingolstadt; le 7, il Of 
donne de presser les fortifications de Passau^ 
de relever les têtes du Lech, de réunir le corps 
de Masséna à Ulm , les Saxons à Dresde, etc. i le 
1 1, il prescrit le mouvement général de concen- 
tration de l'armée, sur les deux rives du Danube, 
à Ingolstadt ou Donawerth. Jusqu'au v) mars, 
la correspondance nous a prouvé que l'Empe- 
reur ne croyait pas encore à la guerre. Cependant 
il doit se précautionner : et en cas d'agression 



hyGoogIc 



( ao8 ) 
imprévue, les maréchaux Davout, Masséna et 
Lefebvre, le général Oudinot, reçurent les ordres 
suivans. Au 20 mars le troisième corps devait 
être ainsi placé : le quartier-général à Wurtz- 
boui^; la division Priant qui n'avait pas quitté 
Bareudi depuis la fin de 1808, couvrait de là 
tous les mouvemens de l'armée du Rhin; Morand 
était venu de Magdeboui^ à Bamberg; Gudin, 
de Hanovre à Amberg et Nurembei^; la divi- 
sion Saiut-Hilaire arrivait de Stetlin, et devait, 
avec la grosse cavalerie, s'étendre comme une 
réserve cachée a l'ennemi , depuis Nuremberg 
jusqu'au Danube vers logoUtadt. Ainsi ce corps 
d'armée occupait les deux routes de la Bohème, 
vers Francfort et Manheim ; ses forces principales 
étaient réunies versla gauche, sur la route d'Egra à 
Wurtzboui^parBareuth; les places de Kronach , 
Forcheiro, Amberg, Wurtzboui^ , avaient été ar- 
mées et approvisionnées: les dépôts et les maga- 
sins étaient dans la dernière. Le 3* corps avait or- 
dre dft se rassembler à Bamberg vers le i^"" avril, 
la droite se prolongeant vers le Danube; la divi- 
sion Priant restant toujours à Bareuth, en fece 
d'Egra, afin d'en imposer à l'ennemi. Dans le cas 
d'une attaque soudaine, l'instruction du maré- 
chal Davout portait, de mettre tous ses soins à 



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( 209 ) 
maintenir libre sa communication avec le Da- 
nube, et de manœuvrer de manière à se joindre 
aux troupes de la rive droite, à Ingolstadt ou à 
Donawerth. 

A la rive droite du Danube, les corps occupaient 
les positions suivantes. Les Bavarois, cantonnés à 
Straubing, Landshut et Munich, avaient ordre, 
s'ils étaient attaqués, de se concentrer sur le Lech , 
au-dessous d'Augsbourg. Le corps d'Oudinot s'é- 
tait rendu de Hanau à Augsbourg. Celui de Mas- 
séna devait arriver autour d'Ulm, ayant son quar- 
tier-général et une division dans cette ville; une 
division à Memmingen; une au-delà- de Gxmz- 
bourg, route d'Augsbourg; une du côté de Do- 
nawerth: formation adoptée par l'Empereur, afin 
que la tête des corps gagnât une marche, de 
quelque côté qu'ils dussent se porter. Les Wur- 
tembei^eois étaient toujours en arrière d'Uhn, à 
Heidenheim, IVeresheim, Elwangen, etc. Tous 
ces corps devaient agir de manière à opéier 
leur jonction sur le Danube, avec ceux de la 
rive gauche , vers les points déjà indiqués. Ainsi 
l'armée française, qui s'étendait d'abord de la 
Baltique aux bords du Rhône; qui se resserrait 
successivement depuis les montagnes de la Thu- 
lînge jusqu'au pied des Alpes; et dont les deux 

l. i4 



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masses principales gardaient en dernier lieu, les 
lignes d'ppérarions du bord et du midi , dans la 
Franconie et dans la Souabe : cette armée était 
soumise d'avance, dès le ii mars, à un plan gé- 
néral de coùcentration sur le Danube , là où elle 
pouvait le mieux manœuvrer sur l'une ou l'autre 
rive. Mais son mouvement étdit gradué selon les 
circonstances. 

Le 2 1 , Napoléon prescrit de nouveau à Davout 
et à Masséna,de se reployer, en cas d'agressibn. 
sur les deux rives du Danube à la hauteur du 
Lech; la droite à Augsbourg, la gauche à 14 eu- 
bourg. L'armée devait y être concentrée, et 
présenter ime masse de 1 80,000 hommes. L'ar- 
restation du courrier français à Braunâu, fei- 
sànt craindre k l'Empereur des hostilités immi- 
nentes, il ordonna le 24 de se tenir prêt, mais de 
ne pas attaquer. Le lendemain sS et le 27, il 
feit renouveler à Davout les instructions pour 
la marche sur le Danube , vers Ratisbonne ou 
Donawertb, suivant les événemens. « Peu îm- 
» porte, écrit le major - général , que l'ennemi 
» débouche en Sil^ie, en Saxe, dans le Hanovre 
B ou ailleurs; le point important est de se réunir 
» sur le Danube : que Davout ne détache pas un 
» seul homme sur Dresde; et qu'en s'emparant 



■Pri'SyGOOglC 



» de ces pays , Tennemi ne puisse prendre un 
» seul Français. » Le major- général discute les 
projets des Autrichiens, et fecoDunande surtout 
d'éviter qu'ils ne se placent entre le Danube et 
te troisième corps. Il prévient Davout de la for- 
mation du deuxième corj>s, des Bavarois, de la 
réserve de cavalerie. Il prescrit à Masséna d'avoir 
huit jours de vivres prêts à emporter; et de mé- 
nager les fourrages du Lech , que nous serions 
peut-être obligés de défendre. 

Mais c'est dans les instmctions de l'Empereur 
au major-général (i) du 3o mars, qu'il faut dier^ 
cher son véritable plan de campagne : là tout se 
trouve annoncé, préparé, développé à l'avance. Les 
bases de ces instructions étaient érentudlement 
arrêtées, pour le commencement. des opérations 
au i5 avril; puisquecles Autrichiensn'avaientpas 
» encore déclaré la guerre, et qu'ils devaient être 
» retenus par la Russie. » Le i5 avril seulement 
une partie de là garde et les équipages de l'Em- 
pereur pouvaient être rendus à Stra^ourg. « Le 
» I*' avril, dit Napoléon, le corps de Davout 
(mis en marche vers le 1 5 ou 1 7 mars des bords de 
l'Oder et du bas Elbe) pourra être étabh entre 

(i) VoycK les pièces. 



hyGoot^le 



(.1.) 

» Nuremberg , Bamberg et Bareuth ; la division 
o Saînt-Hilaire , entre Nuremberg et Ratisbonne : 
» le corps de Masséna, autour d'Ulm : Oudinot, 
o entre Augsbourg et Donawerth. Du i"" au i5, 
» il y aura donc trois corps d'armée de i3o,ooo 
«Français et 10,000 alliés »{ sans compter les 
Bavarois en première ligne sur User, et les 
Wurtembei^eois encore en réserve), « en tout 
o 1 40,000 hommes, qu'il faudra réunir sur le 
B Danube, soit à Ratisbonne, soit à Ingolstadt... 
» Il faut Êùre travailler à Augsbourg, aux têtes 
D du pont du Lech, à Ingolstadt, pour pou- 
» voir déboucher sur la rive gauche du Daniibe; 
» et surtout à Passau , afin que cette place im- 
B portante puisse tenir deiix ou trois mois.... II 
nfaut réunir beaucoup de magasins à Dona- 
» werth, qui sera le quartier-général de l'armée, 
B si l'ennemi attaque de suite... Cequartier-g^érid 
» et la position à prendre sur le Lech, ne sont 
u que dans le cas où l'Empereur serait prévenu 

«par les Autrichiens Son but est de porter le 

» quartier-général à Ratisbonne, et d'y centrali- 
» ser l'armée... Saint-Hilaire et Oudinot doivent y 
» être vers le 10» (ce qui formait le 2* corps). Le 
maréchal Bessières y arrivait le même jour, et 
rassemblait ta réserve de cavalerie; Davout venait 



hyGoogle 



(>i3) 
à Nuremberg , n'occupant Bareuth que par l'extré- 
mité de la gauche; Masséna,à Augsbourg; Lefeb- 
vre, à une ou deux journées de Ratîsbonne, etc. 
Cl Le quartier-général se trouverait alors dans 
» cette ville, au milieu de aoo,ooo hommes, à 
«cheval sur une grande rivière; gardant depuis 
«Ratisbonne jusqu'à Passau, la rive droite du 
» Danube, qui apporterait promptement à l'ar- 
» mée tout ce qui lui serait nécessaire. » Que fera 
alors l'ennemi? marchera-t-il à Cham, à Nu- 
remberg, à Banaberg, sur Dresde, dans le Tyrol? 
partout il sera contenu, coupé ou poursuivi. « Si 
n l'ennemi veut agir par les extrémités de la gau- 
» che ou de la droite; il faut accepter le centre, 

» ayant sa retraite sur le Lech et Augsbourg 

»Que peut -il entreprendre aujourd'hui qu'il 
oest prêt? » Se porter de la Bohème sur Ra- 
tisbonne? Alors Davout et Ijefebvre se reploient 
sur Ingolstadt ou Donawerth , dans lequel s'éta- 
blit le quartier-général, etc. Ensuite viennent les 
ordres pour les magasins, pour les divers servi- 
ces, le génie, les reconnaissances du Danube, 
des ponts, des positions autour de Ratisbonne, 
pour la formation des corps d'armée dans tous 
leurs détails, la destination de tous ceux qui sont 
détachés, etc. 11 fout remarquer cette habile dis- 



hyGooglc 



(ai4) 
position de l'année , placée en triangle à Ratïs- 
bonne, Augd>ourg et Nuremberg; pouvant se 
réunir eu trois marches, sur le saillant très^vancé 
de Ratisbonne. £lle faisait en même temps &ce 
'par les côtés à la Bohème et à l'Iser ; prenait de 
revers tout ce qui marcherait au-delà de l'im 
comme de l'autre; atteignait jusqu'à Passau par 
la rive droite du Dantdie, et s'ouvrait par là le 
chemin de Yieuue. 

Telles étaient les instructions que le major- 
général emporta à son départ de Paris. Clairea et 
précises, elles reposaient sur deux suppositions: 
l'ennemi attaquerait ou non, avant le i5 avril; 
l'armée pouvait occuper ou non avant les hos- 
tilités , les pays autour de Ratisbonne. I^us la 
supposition de l'agressicoi avant le 1 5 , et l'armée 
n'étant pas rendue à Ratisbonne; elle devait se 
0(»centrer autour de Donawerth et du Léch. 
Une des- principales conditions de ces problè- 
mes, était toujours la présence de l'Empereur 
pour remuer ces masses : il comptait se rendre 
sous peu au quartier -général. En attendant, 
comme il paraissait probable que les Autrichiens 
ne commenceraient pas la guerre, le prince Ber- 
thier devait inspecter les cantonnemens : s'ils 
attaquaient, il avait été autorisé à former deux 



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(a.5) 
grands commandemens sur les deiix rives du Da- 
nube, et à les remettre aux maréchaux Masséna-- 
et Davout. 

L'Autriche en interceptant nos courriers, avait 
aussi voulu cacher ses derniers mouvemens. 
L'Empereur ne dut être prévenu de ceux-ci, 
même imparfaitement, que dans les premiers 
jours d'avril. Le major-général était parti avec 
ses instructions; cependant la direction des af- 
faires venait toujours de Paris. La correspon- 
dance de Napoléon continue de presser l'exécu- 
tion de ses ordres. Il fait prescrire successive- 
ment au maréchal Davout (i*' avril) , d'envoyer 
les divisions Saint-Hilaire , Nansouly, et Mont- 
hrun à Ratisbonne; de porter son quartier-géné- 
ral à Nurembei^; et d'établir son corps entre 
cette ville et Jlatisbonne, en laissant la division 
Friant à Bareuth, toujours destinée à couvrir son 
mouvement. Il hâte la marche des troupes sur 
Ratisbonne; ordonne le 6, de rapprocher le troi- 
sième corps de ce point important, de manière 
à pouvoir s'y rendre en un jour. Quand, Ratis- 
bonne sera occupé par les troupes de Saint-Hiiaire 
et par la cavalerie , le quartier-général et les parcs 
se rendront a Ingolstadt et à Donawertfa. Enfin 
le 8, Napoléon décide qu'à partir du i*' avril, tes 



hyGoot^le 



( ai6 ■) 
troupes prendront le tîlre d'armée d'Allemagne : 
le dépôt général est à Strasboui^; le deuxième à 
Ulni,d'où les lignes de communications se diri- 
gent sur Nuremberg et sur Augsbourg; les troi- 
sième et quatrième dépôts sont à Donawerth et à 
Ingolstadt. Cet ordre du 8 fut expédié aux corps 
d'armée, par le major- général le ii, de Stras- 
bourg : c'est le dernier qu'il dut recevoir, avant 
' le commencement des hostilités. 

Telles furent les dispositions prescrites. En les 
lisant dans les pièces, on pourra se convaincre 
qu'elles ne laissaient rien à désirer, ni à inter- 
préter; que tout y était conforme aux vérita- 
bles principes de l'art, malgré les assertions des 
écrivains légers ou partiaux. Voici quelle était 
à ces diverses époques, la position exacte des di- 
visions de l'armée française. Le i*'".avril, le quar- 
tier-général du troisième corps était à Bamberg : 
la première division sur la route de Nurembei^ 
k Ratisbonne, la gauche à la première ville; la 
deuxième division à Bareuth , Turhau et Cùlm- 
bach, ayant pour points de rassemblement Ba- 
reuth et Bemeck ; la troisième à Forcheim, Erlang 
et Bamberg; la quatrième entre Bamberg, For- 
cheim et Mulhausen ; la division de réserve à 
Auspach; la grosse cavalerie vers Schwabach et 



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Schweiphirth, Le 8 avril, le quartief-général de 
Davout avait été porté à Nuremberg, depuis la 
veille; la division Morand, en route pour Ratis- 
■J»onne, était à Neumarck; Friant n'avait pas 
quitté ses cantonnemens; Gudin, en marche sur 
Amberg, était ce jour-la entre Ërlang et Nu- 
remberg; Saint-Hilaire avait le lo^ régiment à 
Ratisbonne depuis le 4 ^ le reste à Kelheîm, Im- 
zing, Roscbing et en route; la grosse cavalerie' 
était à Monheim etNeukircheim,etc. Le lo avril, 
la première division était sur la Nab, entre Penck 
et la Vils; la deuxième vers Amberg, où elle 
allait se concentrer momentanément; la troisième 
entre Neumarck et Amberg; la quatrième autour 
de Ratisbonne; la grosse cavalerie àVilkebausen 
et Salzkirchen; la cavalerie , légère à Nittenau, 
Hirscbau, Mulbausen. 

Pendant que le troisième corps tendait ainsi à 
se rapprocher du Danube , les corps de la rive 
droite restaient dans leurs quartiers. Du i*" au 
lo avril , les Bavarois étaient toujours à Straubing, 
Landshut et Munich; le corps d'Oudinot à la rive 
droite du Lech, occupant Augsbourg; les divi- 
sions de Masséna à Ulm, Gxmzbourg, Gundelfin- 
gen et Memmingen. Celles-ci , renforcées par les 
corps alliés de Bade et Darmstadt , ne se mirent en 



hyGoogIc 



(a.8) 
marche que le ii. Le la, elles se trouvaient 
à Scbwabmûnchen, Zusniarshausen, Ursberg et 
Landsberg , où était une partie de la cavalerie 
légère; le quartier-général du maréchal s'établit 
à Augsbourg. 

Examinons la position de l'armée autricbienne 
aux époques correspondantes. Nous avons vu 
que le i g mars , elle avait dans la Bohème , le pre- 
mier corps à Saatz, le deuxième à Pilsen, le tn»- 
sième à Prague, le quatrième à Wodnian au sud 
de Piseck, le cinquième à Budweis, le premier 
corps de réserve à Iglau : dans l'Autriche, le 
sixième corps à Wels, le deuxième de réserve à 
Enns. Ce jour-là, commençait le mouvement que 
le centre opéra sur Lintz , par la route de Freys- 
tadt. Le i*' avril, les premier et deuxième corps 
étaient encore à Saatz etPilsen, d'où ils ne par- 
tirent que le 5 et le 8 : le troisième corps était à 
Lintz, le quatrième à Galluenlirchen (une mar- 
che avant d'arriver à Lintz), le premier corps de 
réserve à Sandl , le cinquième à Lambach : Iç 
sixième et le deuxième corps de réserve à Vock- 
labruck. Le 6, cette armée s'étant rapprochée de 
rinn, se trouvait : le sixième corps et deuxième 
de réserve à MattighofFen ; le cinquième corps à 
Aurolz et à Munster, le qnatrièmeàRiedau, les 



hyGoogIc 



( ="9 ) 
premier et deuxième corps de réserve à Weîzen* 
kirchen et à Haag. Dès lors les avant-gardes éclai- 
raient rinn, en Ëtce du territoire bavarois. Le 8 
l'armée autrichienne bordait l'Inn à Braunau, 
Obemberg et Scharding; elle commença le pas- 
sage et les derniers préparatife des ponts ce jour 
même : les corps de Bellegarde s'étendaient le 
IfMig des frontières de la Bohème. 



hyGoogIc — ^ 



CHAPITRE IX. 



LES HOSTILITES COHMEVCEMT : LE PBlIfCB BERTHIER 
SR TROUVE OPPOS1É ±V PRINCE CHARI,£S. 



I« 8 , lei Autrichieiu commeneeDt ragrcukm sur toni les [toiiKi , 
et répandent des proclamationB. — La Bariére y répond. — L'ar- 
chiduc eit combattu, entre «an palriatiameel les théories militaires. 
— n a le plus grand intérêt à k porter r.ipidement sur le haal 
Danube. — Cependant le aiiiéme jour. Tannée autricliienne n'afait 
encore que six lieaes. — Le iS.elle eat sur la Rott: Napoléon part 
dn Paris; le prince BerthJer arrive à Donawerth^ les deux rnaaaea 
françaises sont à IngoUtadt et à Augsbourg. — Le prince Charles 
ne passe l'Iaer que le i6 , Cl marche sur NeulUdt. — U ordonne 
à Bellegarde de se réonir à lui vers Eïchsledt. — Le prince Ber- 
thier prend le coDamandement de l'année. ■ — Il donne des ordres 
L-ontradictoires à ceux de l'Empereur. . — Il renvoie Datout a Ra- 
tiabonne, malgré ks représentations j et écurie ainsi les deux 
masaea de l'armée, aux extrémités de sa longue ligne. — Le prince 
Berlhier voit l'ennemi partout. — Il reçoit eniin les derniers ordres 

, de l'Empereur, et va à Augsbourg. -:-L« prince Berlhier se montre 
fort au-dessous de ce commandement temporaire. '- L'Empereur 
arrive a Stultgard le iG. 



Aussitôt que la grande armée autrichienne 
d'Allemagne eut achevé son mouvement circu- 
laire, et que ses avant-gardes furent arrivées sur 



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( "■ ) 

llnn; elle commença les hostilités, sans aucune 
de ces formalités en usage chez les nations poli- 
cées. Il faut répéter encore que ce fut sans motif: 
car le manifeste publié n'énonçait aucun grief po- 
sitif, et qui eût été mis en discussion. Le i^' avril, 
l'archiduc Charles quitta Vienne. Le 6, il dénonça 
la guerre dans sa proclamation k l'armée autri- 
chienne, dont les avant-gardes bordaient llnn 
ce jour-là, et commençaient les préparatifs de ' 
passage. «Le salut de la patrie nous appelle à de ' 
D nouveaux exploits, dit Farchiduc; ta liberté de 

» l'Europe s'est réfugiée sous vos bannières 

M Vos frères les Allemands, qui sont forcés de se 
y> placer dans les rangs ennemis, attendent de 

» vous leur délivrance Notre monarque ne 

» veut pas opprimer les peuples voisins, mais les 

» délivrer de leur oppresseur Bientôt des trou- 

» pes étrangères, étroitement alliées avec nous, 
» combattront avec nous l'ennemi commun, etc.» 
Quel long commentaire mériteraient ces mots! 
Bientôt les princes de la Confédération y répon- 
dront pour nous. Le 8, l'empereur François quitta 
solennellement sa capitale, annonçant qu'il allait 
se mettre à la tête des défenseurs de îa patrie. Le 
quartier-général del'aTchiduc était ce jour à Ried, 
à une quarantaine de lieues de Munich. Le leo- 



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( aaa ) 
demain , un de ses aides-de-camp remet an roi 
de Bavière et au maréchal Lefebvre à Munich, 
des dépêches en date du 9, et probahlement 
écrites sur le territoire bavarois. Le billet du 
prince au général français, est ainsi conçu : «D'à- 
» près une déclaration de Sa Majesté l'empereur 
» d'Autriche à l'empereur Kapoléon, jeprévi^is 
B monsieur le général en chef de l'armée fran- 
B çaise, que j'ai l'ordre de me porter en avant, 
avec les troupes sous mes ordres, et de traiter 
» en ennemies toutes celles qui me feront résis- 
u tance. » La déclaration dont il est question 
dans ce billet, doit être celle du ay mars, qui, 
comme nous l'avons vu, n'avait pu encore par- 
venir à Paris; et n'ex[»-imait ni plainte, ni même 
la volonté de faire la guerre. Des billets sembla- 
bles furent envoyés par les archiducs comman- 
dant les armées dltaiie et de Pologne, aux avant- 
postes qui étaient en îace d'eux. La lettre adres- 
sée au roi de Bavière, l'engageait à accéder au 
prétendu voeu de son peuple , a qui ne voit que 
» des libérateurs dans l'armée autridiienne, et à 
»ne pas faire peser sûr sra Etats, les chairs 
» d'une guerre entreprise pour la liberté géné- 
9 raie. » Le Roi répondit par la proclamation 
suivante, adressée aux Bavarois, le 17 avril, de 



hyGoô^le 



( aa3 ) 
DUliogen : « Sans déclaration de guerre, sans au^ 
u cune explication préalable , notre territoire a 
» été envahi le 9 de ce mois; et nous avons été 
» contraints de quitter notre capitale , qui a été 

» occupée par les troupes autrichiennes Cette 

n violation du droit des gens sera punie Leurs 

n projets injustes et insensés seront confondus 

» Nous répondrons par des victoires, aux procla- 
n mationsinsidieuse^ répandues en Bavière, ten- 
» dantes à détruire les droits des souverains, et 
a à fomenter partout un esprit de vertige des- 
» tnictif de l'ordre social, etc. » Chaque souve- 
rain de la Confédération protesta contre cette 
agression et ces provocations, par des procla- 
mations non moins vigoureuses. 

Le 8, l'Autriche violant la foi des traités, 
commence la guerre, en prenant l'offensive sur 
tous les points. Elle fait envahir la Bavière, la 
Franconie, le Tyrol, Iltalie et la Pologne. L'em- 
pereur François arrive à Lintz, à la'suite de son 
année-. Par quel manque de respect , par quel 
oubti de tous les devoirs et de toutes les conve- 
nances , se fait-il qiie le général Stutteriieim n'ait 
pas, du moins dans la première partie de son 
histoire, fait mention d'une circonstance telle, 
que la présence de son souverain auprès de l'ar^ 



hyGoot^le 



( ÏM) 

mée , quoiqu'elle soit assez constatée et procla- 
mée par ses manifestes et les bulletins officiels: 
comme si tous les monarques étaient obligés de 
se tenir aux avant-postes, et d'aller exposer leur 
personne sacrée, aux coups de iusil et de lance, 
ainsi que le faisait Napoléon. Il est vrai que 
Stutterheim écrivait en 1 8 1 1 , temps de relâcbe- 
ment, où les hérésies du rigorisme politique, et 
même de l'égalité, se glissaient jusque dans les 
anciennes cours ! 

Pour Doiis qui sommes pénétrés de la sévérité 
de nos devoirs, nous nous croyons obligés de 
mentionner toutes les circonstances, et de ju- 
ger tes hommes indépendamment du rang qu'ils 
occupent dans le monde. Mous nous croyons 
aussi obligés d'examiner non-seulement la con^ 
duite et les actions des chefs, mais leurs systèmes 
et leurs théories; car si les premières établissent 
leur réputation, les autres servent de base à la 
science de la guerre, composée d'expériences et 
d'observations, bien plus que de règles et de 
principes. Nous sommes donc forcés d'émettre 
notre opinion, à mesure que les généraux se 
présentent sur la scène , même pour de courts 
instans. Ici le prince Berthier est momentané- 
ment opposé au prince Charles. On trouvera à 



hyGoogle 



( 225 ) 

la fin de ce chapitre des observations sur la ma- 
oière dont le major - général a exercé ce com- 
mandement de cinq jours. Nos réflexions sur 
la conduite de l'archiduc , sont placées après 
les journées dlIckmuhL Rappelons cependant 
que le générahssime avait été, dès le principe, 
opposé à la guerre ; qu'il n'avait ni approuvé les 
moyens adoptés , ni partagé les espérances de 
réunir les puissances de l'Europe; que par suite 
de ses sentimens, il avait dû choisir le système 
d'opérations le moins hasardeux. L'archiduc a 
donc pu se trouver pendant cette campagne, 
constamment combattu entre ses théories mili- 
taires et son patriotisme ; il a pu se laisser do- 
miner par le désir de conserver , autant que pos- 
sible cette armée, à laquelle était attaché le sort 
de l'Empire. Mais nos rigoureux devoirs nous 
permettent seulement d'énoncer ces motife ho* 
norables, sans pouvoir les faire entrer dans la 
balance des opérations militaire. 

Essayons maintenant de pénétrer dans les cal- 
culs du prince Charles , et d'examiner les ordres 
qu'il donne,' pour l'exécution du projet dont 
nous avons indiqué les principales dispositions. 
Nous savons que ce prince renonçant à manœu- 
vrer par la ligne d'opérations du nord, et s'étant 
I. i5 



hyGoot^le 



( 2a6 ) 
reporté vers celle du midi , va agir par le centre, 
pour se rendre maître du Daniibe , entre Ratis- 
bonne et Donawerth. De ta il va accomplir sans 
doute la dernière partie du premier plan, et 
après s'être avancé entre la forêt Noire et le Mein, 
commencer un nouveau système d'opérations. 
L'Autriche a pris toutes ses mesures pour ca- 
cher son attaque , et pendant l'absence de Na- 
poléon , tomber sur les corps français. Alors 
elle ne saurait mettre trop de célérité et de vi- 
gueur dans ses premières opérations, pour avoir 
gagné le Danube et dispersé nos troupes , avant 
que l'Empereur ne puisse être prévenu et arrivé 
de Paris. 

Le prince Charles savait que les deiix grandes 
masses de l'armée fi'ançaiBe étaient le l '^ avril , à 
Bamberg et Jk Ulm , leurs avant-gardes à Àugsbourg 
et à Bareuth, Au commencement des hostilités, il 
devait les croire à peu près dans la même position; 
puisque le quartier-général de Davout ne s'est 
porté que le 7 à Nuremberg. L'archiduc est sur 
le bas Inn, plus rapproché que Davout et Mas- 
séna, du Danube au-dessus de Ratiâbonne, là où 
passe sa nouvelle ligne d'opérations , où il a tant 
d'intérêt d'atteindre ce fleuve. Il en est surtout 
bien plus près, par les troupes qu'il a en &ce de 



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( a»7 ) 
Waldmûnchen. Les divers corps français qui, 
par leurs mouvemens depuis un mois, tendent 
constamment vers le Danube et le Lech, doivent 
avoir nécessairement pour instructions , de se re- 
joindre sur ce fleuve , vers l'embouchure du Lech. 
Napoléon qui est encore à Paris, va accourir à la 
tête de l'une des grandes masses, ou sur le point 
indiqué pour leur jonctipn. L'archiduc n'a de- 
vant lui que des Bavarois. Il doit donc se porter 
vivement sur l'Iser, le passer avec son armée à 
Landshut , et gagner rapidement les deux ponts 
de Kelheim et de l^eustadt sur le Danube; de 
là marcher sur l'Âltmuhl, vers lequel il diri- 
gera Bellegarde etKoUowrath, par Tirchenreidt 
et Waldmûnchen ; après s'être assuré du point 
important de Ratisbonne. De cette nouvelle base 
de l'Altmuhl, doublée par le Danube, il manœu- 
vrera sur la Rednitz et sur la route de Nurem- 
berg à Donawerth; afin de pénétrer par le cen- 
tre entre Masséna et Davout. Peut-être ue leur 
laissera-t-il de probabilités de réunion que vers 
Dinkelsbuhl; lorsque son armée sera entièrement 
rassemblée, la Bavière occupée par ses troupes 
unies au corps et aux insurgés du Tyrol. Suppo- 
sons même que l'archiduc arrive trop tard, et 
trouve les maréchaux français autour de Dona- 



hyGoot^le' 



( 2^8 ) 

werâi : maître des passages du bas Danube , à 

partir de Neustadt ou dlngolstaldt, U l'est aussi 
de la plaioe jusqu'à la rive droite du Lech; il 
peut le devenir facilement des opérations. 

Pour obtenir tant d'avantages , l'archiduc a 
moins de trente lieues à feire (dix-huit lieues de- 
puis llnn jusqu'à Landshut; de là, douze jusqu'à 
Neustadt et Rehleim) : il ne lui fout que quatre 
fliarches de guerre, cinq au plus, pour atteindre 
ces points importans. Plus que jamais il lui est 
avantageux de frapper, dès le commencement de 
la guerre , quelque grand coup, afin d'entraîner 
les alliés incertains, et les peuples préparés à 
t'insurrection. Toutefois dans le début de la 
campagne, après avoir fait à sa volonté toutes 
les dispositions, l'armée autrichienne est telle- 
ment embarrassée par ses magasins mobiles, par 
ses équipages, par son ordinaire lourdeur; elle va 
marcher avec une telle lenteur, que le huitième 
jour après le commencement des hostilités et du 
passage de l'Imi, elle n'aura fait que dix -huit 
lieues, et arrivera seulement le 1 5 au soir sur 
les bords de l'Iser. 

Nous avons vu que le général Stutterheim 
porte à cent cinquante-sept bataillons et cent cin- 
quante-quatre escadrons (ou 176,494 hommes, 



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C 229 ) 

dont 18,000 de cavalerie) les forces autrichiennes 
en Allemagne : cent treize bataillons et cent vingt 
escadrons, 1 26,494 l^ommes, dont 14,000 de cava- 
lerie, sous l'archiduc; 49)OOOï sous Bellegarde. Ce 
niéme général évalue à 100,000 Français et 4o,ooo 
confédérés, les troupes qui furent d'abord sous 
les ordres de l'empereur Napoléon. Elles étaient 
encore cantonnées à Bamberg et à Ulm, lorsque 
le 6 avril, les avant-gardes autrichiennes bor- 
daient la frontière, et terminaient les préparatifs 
de l'invasion. Le 8, l'armée ennemie est sur l'Inn, 
et en commence le passage. On a dit que ce 
même jour, le pont de Mulheim vers Ehring, 
était déjà construit. Le 9, on donne séjour. 
Le 10 , les corps passent : le sixième ( vingt 
bataillons et seize escadrons } , le cinquième 
( vingt-trois bataillons et seize escadrons ) , le 
deuxième corps de réserve (cinq bataillons, vingt- 
quatre escadrons), traversent llnn à Braunau. 
Du côté de Weissembourg , est la division de 
huit bataillons et huit escadrons, sous les ordres 
du général Jellachich, partant de Sàlzbourg, et 
se dirigeant sur Munich. I* troisième corps 
(^vingt-trois bataillons huit escadrons) passe au 
pont de Mulheim ; le quatrième corps (vingt-deux 
bataillons et vingt-quatre escadrons) , le premiep 



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C -3» ) 
corps de réserve (douze bataillons de grenadiers 
et vingt-quatre escadrons), à Scharding. Le total 
des troupes qui passent llnn le 8 , est de cent 
treize bataillons et cent viagt escadrons. Ce 
jour, le premier corps était à Plan; il traversait 
la frontière le lo, à Tirchenreidt; le deuxième 
à Frauenberg, d'où il suivait la route de Vein- 
berg. 

1.6 12, le sixième corps, retardé par la re* 
construction du pont de N-Œting, se trouvait 
sur les bords de llsen; le cinquième corps avec 
le quartier-général, à N-Œting; le troisième, à 
Tumstein ; le quatrième , à Ëggenfelden ; le pre- 
mier corps de réserve , à Pfarkirchen. Ainsi le j a , 
cette armée n'était encore que sur la Bott ; ses 
avant-gardes, à deux ou trois lieues en avant; la 
brigade Veczay, destinée à éclairer la droite, et 
à établir la communication avec Bellegarde, était 
ce jour-là à Euchendorf, envoyant des détacbe- 
mens sur le bas Iser : trois bataillons avaient 
été détachés sur Passau, pour bloquer cette place. 
Le lendemain i3, sixième jour des hostilités, 
l'armée autrichienne , ayant fait six lieues envi- 
ron en pays ennemi , prit méthodiquement un 
nouveau séjour, qu'elle a attribué aux mauvais 
chemins et au besoin d'attendre ses magasins 



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(a3, ) 
mobiles , gui devaient la suivre. Tant de mé- 
thode dérangea entièrement rexécuticm du plan 
arrêté. 

Pendant que les Autrichiens pensaient avoir 
retenu Napoléon loin de son armée; il était déjà 
ce même jour i3, à moitié chemin de Stras- 
bourg. Nous avons vu que comptant sur la Rus- 
sie , il n'avait cru à la guerre qu'au dernier 
moment, et qu'il avait voulu rester àParis, afin 
de constater l'injuste agression de ses ennemis. 
Pour tout autre, ces retards pouvaient être bien 
funestes. Mais prévenu le i a à huit faeiu^s du 
soir par le télégraphe, il part deux heures après, 
sans équipage , sans garde , presque sans suite. 
L'impératrice Joséphine l'accompagna jusqu'à 
Strasbourg , où elle s'arrêta pendant une partie 
de la campa^e. 

Napoléon se fit précéder par une dépêche, qui 
renouvelait les anciens ordres de centraUser l'ar- 
mée sur le Lech. Le major-général était encore 
à Strasbourç le 1 1 , lorsqu'il fut averti du pas- 
sage del'Inn. Il l'annonça à l'Empereur; et ex- 
pédia à.Davout ainsi qu'à Masséna, l'ordre de 
prendre le commandement des forces qui étaient 
sur les deux rives du Danube, et de les réunir 
d'un côté sur le Lech, la droite à Augsboui^, 



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{ ^^3- ) 
de L'autre à Ingolstadt; la concentration géné- 
rale de l'armée devant avoir lieu vers Dona- 
werth, selon le premier ordre du ai mars. Le 
prince Berthier arriva dans cette ville, le i3 avril 
au soir. Ce jour, l'armée française était rappro- 
chée à droite et à gauche du Danube. Le ma- 
réchal Davout, commandant toutes les trou- 
pes qui se trouvaient à la rive gauche , se reo- 
dait de Nuremberg (où il était' depuis le 7), 
à Ingolstadt , en passant par Neumarck. La 
quatrième division logeait dans Ratisbonne, et 
y attendait son dernier régiment , couchant 
cette nuit à Hemau. La première division de 
grosse cavalerie, s'était portée depuis le 10, en 
avant de Ratisbonne, sur les deux rives du Da- 
nube; les première et troisième divisions d'in- 
fanterie et la division de réserve Demont, autour 
d'Ingolstadt. La deuxième ayant quitté Bareuth, 
se concentrait sur Amber^ ; et avait eu le 1 1 et 
le 1 3 deux engageroens avec l'ennemi à Hirschau 
et Amberg. Suivant le mouvement général sur 
Ingolstadt, elle venait se placer le i3, la droite 
à Neumarck, la gauche à Castel. Ce même jour, 
Masséna prenant le commandement des troupes 
à la rive droite, arrivait à Augsbourg avec le 
quatrième œrps, dont les divisions étaient can- 



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(.33) 
tomiées; la première et cavalerie légère, à Schwab- 
munchen; deuxième, à Zusmarhausen; troisième, 
àUrsberg; quatrième et cavalerie légère, à Lands- 
berg. ]> corps d'Oudinot qui bordait le Lech, 
fiit porté ensuite à Aicha , et sa cavalerie à Da- 
chau- Les Wurtembergeois occupaient Rain, et 
l'emboucbure du Lech. Le^ Bavarois tenaient la 
première ligne de l'année, à Munich, Landsbut 
et Straubing; ils avaient eu d'abord ordre de 
marcber sur Augsbourg, ensuite sur l'Abens. 

Ainsi le i3, les deux masses de l'armée fran- 
çaise se trouvaient, selon les premières disposi- 
tions de l'Empereur , à Ingolstadt et Augsbourg. 
lie point important de Ratisbomie, occupé à l'ex- 
trême gaucbe par . une division d'infenterie et 
une de cavalerie, était fort exposé d'après la di- 
rection générale du gros de l'armée ennemie et 
de son corps de droite. Cependant la division 
Saiat-Hilaire avait encore pour se retirer sur 
l'armée, à choisir son chemin par l'une et l'autre 
rive du Danube ; quoique ceux de la rive gauche 
fussent très-mauvais jusqu'à Wobbourg. Il pou- 
vait être utile de conserver Ratisbonne jusqu'au 
dernier moment ; car si le prince Charles s'en 
emparait, il nous primait sur le Danube, y réu- 
nissait toutes ses forces, était maître de manœu- 



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( »34) 
vrer sur l'une et l'autre rive : il ne restait plus 
que la ressource toujours incertaine d'une ba- 
taille générale, pour décider les afFaires et s'em- 
parer des plaines de la Bavière. D'un autre côté, 
en y laissant une division , on courait le risque 
de la compromettre; ou en la renforçant, de dis- 
séminer rarmée et dé l'exposer à des combats 
partiels. L'occupation de Ratisbonne- devait donc 
être subordonnée , à la vitesse des mouvemens 
de l'ennemi sur les deux rives, à la possibilité 
de défendre cette ville et Stadt-am-hof, ainsi 
que le cours du Danube jusqu'au Lech. Au fond 
cette occupation était contraire aux instructions 
de l'Empereur, qui avait voulu concentrer l'ar- 
mée sur Ratisbonne ou sur Donawertb, pour 
l'avoir dans sa main et commencer de suite les 
grandes opérations. 

L'armée autrichienne aurait dû arriver avant 
le i3, autour de Ratisbonne, par le bas Iser 
et surtout par la Bohème. Le i4 seulement, 
les corps de l'archiduc recommençant leur 
mouvement, se portent à Neumarck et Ganko- 
fenj leurs postes arrivent sur la Vils. L'avant- 
garde de Veczay et celle de Stutterheim ( qua- 
trième corps), entrent dans Landau et Din- _ 
gelfing sur l'Iser : elles traversent cette rivière 



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{ a35 ) 
le i5 au matin, et poursuivent des chevau-lé- 
gers bavarois chargés de couper les ponts. Ce 
fut de ce côté le premier engagement de la 
campagne. L'ennemi fiit prévenu alors que le 
corps de Davout marchait en même temps, sur 
Ratisbonne et sur Ingolstadt. 

Le i5, l'armée autrichienne alla cantonner sur 
la grande Vils, depuis Vdden jusqu'à Fron- 
tenhausen; les réserves en arrière; et le cin- 
quième corps au-delà, sur la grande raute de 
Landshut. Ses avant -gardes bordaient les ri- 
ves de User; à sa droite, les ponts de Dingel- 
fing et de landau étaient déjà dépassés; à sa 
gauche , on réparait celui de Mosbourg. Llser 
était par lui-même facile à traverser, surtout dans 
les environs de Landshut, à cause de la multi- 
plicité de ses ponts, qui n'avaient pas été tous 
rompus ni assez ruinés, et des coltines de ta rive 
droite qui dominent beaucoup les bords oppo- 
sés. Cependant à Landshut, le lit de la rivière est 
large de a,ooo toises; d'un bord à l'autre, User 
en a au moins 60 ; mais il est divisé en deux 
bras , qui entourent une partie de la ville , et 
dont le plus large est à la rive droite , où se 
trouve aussi la partie la plus considérable de 
Landshut. Le château de Trauanits couronne les 



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( -36 ) 
hauteurs. Le Êiubourg de Seiligenthal est hors la 
rive gauche qui s'étend au loin, basse, remplie 
d'alluviqns et de prairies marécageuses, traver- 
sée par deux chaussées fort élevées, qui forment 
deux défilés de 1800 toises. A l'extrémité de 
celles-ci , se trouvent les villages d'Ergoltingen 
et d'Altdorf, au pied des collines qui bordent la 
rive gauche de User. Le général bavarois Deroi , 
. chaîné de la défense de Landshut, avait établi 
sa diviâon en bataille sur leur crête; et Ëiit oc- 
cuper par les régimens d'Isenbourg et de Pre- 
sing, les approches du grand pont, ainsi que 
Seiligenthal. 

Voici quelles furent les dispositions du prince 
Charles pour le 16 au matin : à la droite, le qua- 
trième corps débouche de Dingelflng -, envoie 
son avant-garde sur Erbelsbach; il menace ainsi 
les derrières du général Deroi , et lui coupe la 
communication avec Ratiabonne : Veczay s'étend 
par Mengkofen jusque vers la Laber , et recon- 
naît le pont de Straubing, pour communiquer 
avec Bellegarde. A la gauche, Hiller a ordre de 
s'avancer par Môsbourg , d'observer la route de 
Munich et d'avoir des nouvelles de l'ennemi. Le 
prince Charles marche au centre, à la tête des co- 
lonnes du cinquième , troisième corps et des deux 



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( r.37 ) 
réserves, par la chaussée de Landshut, L'avant- 
garde était arrivée de grand matia près de la 
ville. Vers onze heures seulement, le prince 
ordonna d'attaquer , afin de reconstruire le 
pont. L'artillerie des Autrichiens, supérieure en 
nombre et en calibre, avantageusement placée 
sur les hauteurs, fit taire les pièces bavaroises, 
et délogea l'infanterie qiii défendait les mai- 
sons voisines du pont. Quelques compagnies de 
Gradiscans passèrent à la faveur de cette canon- 
nade; et bientôt le pont fiit raccommodé. Vers 
deux heures l'avant - garde le traversa , suivie du 
cinquième corps; ces troupes se ployèrent en 
colonne sur la chaussée, et établirent leur ar- 
tillerie. Après une courte canonnade et quelque 
tiraillefie , le général Deroi prévenu des mouve- 
mens que faisait l'ennemi sur sa gauche par le 
pont de Dingelfîng; menacé par celui de Werdt, 
qui était bien plus rapproché; se retira avec or- 
dre et en échiquier par brigades, sur la route de 
Pfeffenhausen. J^a cavalerie autrichienne suivit 
son mouvement; son avant-garde occupa Pfetrach; 
ses postes, Weichmihl. Le cinquième corps était 
à Seiligenthal et Ergottingen; le troisième, à 
Iiandshut; les réserves, en arrière. Le quatrième 
corps avait passé l'Iser à Dingelfing , et remon- 



hyGooglc 



( »38 ) 
tait cette rivière par te chemin de Worth, pour 
aller s'établir à Och. Son avant-garde le côtoyant 
par la chaussée de Straubing, chassait de Weng 
quelque cavalerie bavaroise; et arrivant dans la 
soirée à Altheim , poussait jusqu'à Erbelsbach. 
Le même jour, Hiller avec le sixième corps, ' 
n'avait pu atteindre Mosbourg , que ses coureurs 
avaient pourtant dépassé. Jellachich entrait à 
Munich : on lui a reproché de n'avoir pas battu 
le pays jusqu'au Lech. 

L'archiduc devait, plus que personne , souffrir 
de tous ces retards , et sentir la nécessité de se 
hâter. Mais il avait à craindre de désorganiser 
par trop d'activité, cette lourde machine, accou- 
tumée à ne se mouvoir qu'avec lenteur. Le 17 , 
ce prince fit faire à son armée une marche de 
deux à trois lieues , et se porta avec le cin- 
quième corps à Weichmihl , sur la chaussée de 
Landshut à Nuremberg (par Pfeffenhausen et 
le pont de Neustadt); les troisième et quatrième 
corps, suivant la route de Kehleim par Rotten- 
bourg, s'arrêtèrent, l'un à Hphentham, l'autre 
à Essebach ; les réserves , à Altdorf et Ergol- 
tingen ; les avant-gardes , vers les deux Laber. 
Les coureurs du cinquième corps s'engagèrent 
avec les Bavarois, vers- Hompach, et s'avan- 



hyGoogle 



( -39 ) 
çèrent jusque sur les hauteurs de Siegen- 
bourg : ceux du quatrième corps s'approchant 
à trois lieues de Ratisbonne, annoncèrent qu'ils 
avaient trouvé des troupes françaises à Kof- 
fering, et que le corps de Davout était k Ra- 
tisbonne. Ces rapports importans furent . en- 
voyés aux quartiers- généraux des corps d'ar- 
mée. Ce jour 17 , le sixième corps arrivait à 
Mosbourg , ses avant-gardes s'étendaient jus- 
qu'à Mainbourg, Nandistadt et 2^11in : il pous- 
sait un fort détachement sur Pfaffeuhofen. Ce 
corps qui suivait sa direction par Au , pour con- 
tenir et observer ce qui sortirait d'Augsbourg, 
devait être rejoint par Jellachich , à mesure qu'il 
s'avancerait vers le bas Lech. 

Ces mouvemens du 17 et ceux de la veille, 
avaient évidemment pour but de diriger l'armée 
autrichienne sur le Danube, par les deux routes 
et sur les deux ponts de Neustadt et Kelheim : 
soit que l'archiduc voulût se porter ensuite sur 
la Rednitz, soit plutôt qu'il désirât se réunir sur 
les bords de l'Altmuhl , afin de consolider son 
établissement en Bavière , et de voir de quel 
côté il devrait ensuite tourner ses opérations. 
Une lettre adressée à Bellegarde, indique pour 
« motif de ce mouvement , la dispersion des 



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{ »4o ) 

» corps ennemis; et pour but, de percer au mi- 
» lieu de ces corps, afin de traverser le Danube 
» entre lugolstadtet Batisbonne, et de prendre 
» !a direction d'Eichstedt , où le deuxième corps 
H se porterait par Beilengries, et le premier par 
» Neumarck. B Cet ordre avait dû être donné 
d'après l'avis de la position du maréchal Davout, 
le 12 vers Nuremberg, avant son départ pour 
Ingolsladt. Le i8, l'armée autrichienne devait 
continuer à se diriger sur l'Abens, par les deux 
grandes routes de Neustadt et de Relheim ; 
lorsque la nouvelle inattendue de la concentra- 
tion de Davout sur Ratisbonne, ou plutôt de 
l'arrivée de Napoléon , détermina l'ennenû à faire 
un faux mouvement vers sa droite. 

Heureusement pour l'armée française, les Au- 
trichiens marchaient sur elle à pas de tortue. 
Mettant neuf jours à parcourir le chemin qu'ils 
auraient dû franchir en deux ou trois , ils don- 
naient à l'Empereur le temps de venir de Paris, 
et de réparer les fautes que le major-général 
multipliait chaque jour. Le mal aurait pu être 
sans remède avec d'autres ennemis; mais ceux-ci 
semblaient rejeter tous les avantages que leur 
offraient leur bonne fortune et l'insufifisance du 
prince Berthier. 



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{ =4- ) ■ 

Arrêtons -nous ici quelques instans; et sans 
écouter de pusillanimes considérations, disons des 
vérités dures, mais nécessaires. Il feiut qu'on sache 
combien de dangers courent les armées et les 
empires, lorsque les commandemens tombent, 
même pour peu d'instans, dans des mains fai- 
bles ou inhabiles; combien peu l'habitude des 
grandes affaires, supplée aux qualités si rares 
du général en chef; enfin ce que les rois et les 
peuples doivent apprécier l'épée qui peut dé- 
fendre et sauver l'Etat. On ne saurait trop in- 
sister sur ces vérités, parce que maintenant 
moins que jamais, elles ne sont assez con- 
nues, ni assez senties d'aucun parti- Examinons 
donc la réputation militaire d'un homme que, 
dans l'étranger comme en France, la légèreté, 
la malveillance ou une "aveugle amitié, ont 
voulu non-seulement trop rapprocher de Napo- 
léon, mais même élever au-dessus de liu, comme 
le conseiller de ses grandes actions, comme le 
prophète de ses catastrophes. Jugeons par ses 
actes et sa conduite , le prince Berthier, momen- 
tanément livré à lui-même. Ce géoéralat de cinq 
jours, dont notre mauvaise fortune l'avait in- 
vesti , contre toutes les apparences et probable- 
ment contre les intentions de l'Empereur, pou- 
I. 16 



hyGoogIc 



( Ma) 

vait compromettre l'Empire, si nos ennemis 
avaient montré autant d'activité que d'acharne- 
ment (i). 

Le major -général qui devait seulement par- 
courir les cantonnemens et visiter l'armée, en 
prit le commandement, sans que l'on tit)UTe 
aucun ordre qui Vj ait autorisé. Mais il s'at- 
tendait à voir arriver promptement FEmpe- 
reur; il croyait aussi que les Autrichiens mar- 
cheraient encore plus lentement qu'ils ne firent. 
Arrivé à DOnawerth le 1 3 au soir, le prince dut' 
y apprendre la situation exacte des deux armées, 
ï^es dispositions formelles de l'Empereur, sci 
instructions si claires et si précises, la raison de 
guerre, le terrain, les circonstances, tout vou- 
lait que l'armée fût concentrée entre Augsbourg 
et Neubotirg ou Ingolstadt. Cependant Berthiér 
expédie à Davout et à Oudinot , l'ordre de marcher 
sur Ratisbonne. Il se plaint que Lefebvré ne s'y 
soit pas rendu, et l'envoie à Landshut, quoiqu'il 
suppose cette ville occupée par l'ennemi. Il veut 
y diriger aussi Saint-Hilaire, auquel il donne k 
chaque instant des ordres différens. Le major- 

(i) Nous avoDS placé à la note deuxième, le détail des 
dispositions du prince fierthier dans ces cinq journées. 



hyGoogle 



( »43) 
général se inontre dans cette journée, plein du 
désir d'en venir aux mains avec l'ennemi. 

Mais le 1 4 > se trouvant sans nouvelle direction 
deParis,Ie prince Bertbier ploie déjà sous ce far^ 
deau de cpielques heures. Jamais on n'a tant écrit, 
jamais si peu feit. Chacune de ces lettres atteste 
la grande différence qui existait, entre sa cor- 
respondance propre , et celle qui lui était dic- 
tée (i). Les expéditionnaires envoyaient de tous 
côtés une foule de dépêches. Ce jour il n'en fiât 
pas adressé moins de quatre au maréchal Da- 
vout, établi à Ingolstadt. Le major-général lui 
prescrivait de se rendre à Batisbonne; et malgré 
ses sages observations, il Tobligea à faire ce 
mouvement. Iji même temps il donnait désordres 
à Masséoa, comme s'il devait défendre les bords 
du Lech, pour quelques dispositions de Yen-' 
nemi sur le moyen Inn. Ainsi il écartait les deux 
corps de l'armée française, en les poussant aux 
deux extrémités d'une ligne de trente-cinq lieues; 

(t) Le mijor-général ne faisait ordinairemenl: qu'extraire 
et copier le plus textuellement possible, les lettres d'ordres 
qu'il recevait de l'Empereur, ou qu'il écrivait sous sa dictée; 
comme on peut s'en convaincre dans les pièces justiScativei. 
On peut y voir aussi quelques-uns des ordres qu'il a donnés, 
pendant son court commandement. 

16, 



hyGoot^le 



( a44 ) 

lorsque les masses de l'ennemi , réunies en &ce 
du centre, le menaçaient d'une prompte at- 
taque. Au moment où le major^énéral allait 
partir pour Âugsbout^, l'apparition d'un déta- 
chement autrichien en face de Ratisbonne, sur la 
rive gauche du Danube, le £ait courir à Neustadt 
pour conférer avec le maréchal Davout. Il persiste 
pourtant dans la séparation et l'isolement des deux 
grands corps de L'armée. I^ i6, il change les 
ordres donnés à Lefebvre , à Wrcde et à Oudinot : 
il les place sur trois lignes, où leur droite est en 
l'air et fort exposée. 

Toutes ces dispositions étaient tellement Ëiu- 
tives, elles surprirent tellement les chefe de l'ar- 
mée, qu'on a pu entendre, il y a encore bien peu 
de temps, un des maréchaux qui commandait, 
les attribuer à une défection, qu'il prétendait 
n'être pas nouvelle (i). Le major-général reçut 

(i) Ce maréchal n'est pas le seul qui ait inculpé le dévoue- 
ment du priuce Berthier. H ]> a eu réellement des lettre» 
écrites et des paroles dites : mais ce prîUGe'part^t entièrement 
à l'abri de telles inculpations. Il n'avait contre lui que beau- 
coup d'indécislm et son insuiSsance pour les hautes parties 
de la guerre. Nous l'avons vu seul, pendant quelques heures, 
à Chàlons en i8t4til était encore plus embarrassé qn'& 
Donawei^. 



hyGoogIc 



C ^45 ) 
enfin des ordres de l'Empereur, qui lui mon- 
traient «l'espoir de trouver l'armée réunie sur te 
■> Lech, et le quartier- général à Augsbourg. » 
Berthier se hâte de s'y rendre, après avoir donné 
de nouveaux ordres à Davout et à l^efebYre, tou- 
jours dans le même système. 

Le i6, nous vîmes arriver le prince au quar- 
tier-général de Masséna. Jamais homme ne se 
montra aussi étranger aux grands coramande- 
mens. Fort inquiet de quelques légers mouve- 
mens de l'ennemi sur le haut Lech , vers Schon- 
gau et Landsberg; il l'était beaucoup moins de 
■ce qui se passait vers Neustadt et Ratisbonne, 
à plus de six marches d'Atigsboui^ ; dans ces 
points où le prince Charles pouvait nous porter 
les coups les plus funestes, partager l'armée, 
détruire un des corps, et poussant vivement ses 
avantages, nous ramener sur le Rhin, en soule- 
vant tout le pays derrière lui. 

Ce n'est qu'avec beaucoup de peine que nous 
traitons aussi sévèrement un homme qui a oc- 
cupé une des premières places dans l'armée im- 
périale , qui n'étant pas dépoiu"vu de hautes qua- 
lités, a mérité la confiance et l'amitié d'un 
grand homme , et a su conserver l'attachement 
<le ses anciens amis; qui en second rang, a 



hyGoogIc 



(a46) 
rendu beaucoup de services, et qui s'est trouvé 
mêlé à tant de grandes choses. Mais nous serions 
au-dessous de la tâcha que nous nous sommes 
imposée, si nous avions laissé échapper cette oc- 
casion unique, de juger ce prince qui jamais 
ne fiit investi d'un commandement pareil, en 
présence de l'^iaenû. Irrésolu' et faible dam le 
cabinet, il l'était bien davantage sur le champ 
de bataille, quoique d'une bravoure à l'épreuve 
qu'il déployait au milieu des plus grands dan- 
gers. D'un autre côté, si nous reconnaissons que 
le prince Berthier avait, au physique et mi mo- 
ral , toutes les quaUtés spéciales pour ^re ie chef 
d'état-major de l'Empereur, l'expéditicmnaire de 
ses ordres, et qu'il aurait été difficile de trouver 
mieux que lui pour cela : il Haut aussi répondre 
au reproche qm a été adressé souvent à Napo- 
léon, d'avoir voulu, par calcul d'amour-propre, 
placer un homme médiocre auprès de lui. Qu'on 
ne s'y mépremie pas : les grands mérites mili- 
taires sont bien moins communs qu'on ne le 
pense, dans ce degré d'accomphssement, où il 
faut une réunion si considérable d'éminentes 
qnaUtés et de hauts talens. On peut les compter 
dans l'histoire des deux, derniers siècles. Gdle 
de nos guwres nous fournira , chez l'ennemi , de 



hy Google 



(M?) 

nopibreusçs preuves de qe que nous avançoos; 
et dans nos armées , nous en verrons les exemples 
Sjemultiplier,partoutoù Napoléon ne dirigera pas 
les ppér^tions. Ne pouvantaccuserTËmpereurdu 
choix qu'il avait fait du prince Berthier, avec le 
soin qu'il eut de le tenir toujours éloigné des grands- 
coipi^andemens ; voudra-t-on lui faire un re- 
procl^e d'avoir comblé de &veurs,son plus fidèle 
et constant con^pagpon; celui qui n'a cessé, pen- 
4ant tant d'années, de contribuer aux miracles 
de no];re.époque,AutaiiJ: qu'il était en lui , et sur 
1^ <jiamp de bataille où il se montrait si brave, 
et dans le cabinet où il travaillait presque sajis 
oui repos? Nous demanderions qui en Europe, a 
mérité c^ récompenses, mieux que Le major- 
général àfi nos grandes armées? Enfin accusera- 
t-on Napoléon d'ingratitude envers Berthier, 
pour ce jugement quç l'amitié a porté sur le 
compte de celui-ci , et qu'on a si sévèrement blâmé ? 
Fpntaineblef^u a décidé qui des deux fut l'ingrat. 
Les chefs ^mme les soldats appelaient de leur$ 
vœux la présence de l'Empereur : car dans les 
momens de crise , tcHit le monde se rendait jus- 
tice ; tous savaient bien que lui seul était capable 
4e remuer une telle armée. Les grands dangers font 
toujours taire les ^ivE^^tés et les prétentions. Enfin 



hyGoot^le 



( ^48) 
Napoléon arriva en trois jours de Paris à Stutt- 
gard. Il était temps qu'il vint mettre de l'ordre , 
dans les corps bouleversés par le major-général. 
Aussi Napoléon dît-il à un de ses ministres, qui 
le rejoignit peu de jours après : Vous ne pouvez 
vous figurer dans quel état se trouvait Varmée, 
et à combien de malheurs nous étions exposés, si 
on avait eu affaire à un ennemi entreprenant. On 
ne me surprendra plus ainsi. De Stuttgard , où 
il arrive le i6 dans la nuit, il se plaint amère- 
ment au major-général , des mouvemens ordon- 
nés à Oudinot sur Ratisbonne^, à Lefebvre et à 
Saint-Hilaire sur Landshut. Il rappelle ses dispo- 
sitions de tous les temps, pour tenir l'armée 
dans sa main , pour la réunir entre Ratisbonne , 
Ingolstadt et Augsbourg. Napoléon envoie ses 
ordres directement aux maréchaux; mais ît est 
encore retenu par rincerlitude des mouvemens 
de l'ennemi. Il va dans la soirée à Dillingen; il 
rassure le roi de Bavière , en lui promettant de 
le remettre avant peu de temps sur son trône, 
et de le faire plus grand que jamais ne le fat 
aucun de ses ancêtres. Le 17, à deux heures du 
matin , il arrive à Donawerth , et n'y trouve pas 
le major-général : celui-ci qui était allé l'attendre 
à Augsbourg, où l'Empereur avait eu le projet de 



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( »49 ) 
se rendre, revient aussitôt Napoléon n'a pas 
de rapport positif sur la ■ situation des deux 
années; il ne sait où est le troisième corps; 
Vandamme assure que l'ennemi est maître de 
Batisbonne. De tous côtés l'Empereur avait de- 
mandé des nouvelles de l'armée autrichienne, 
« Quel corps a débouché de Landshut : où sont 
» les autres colonnes, etc.?» Il attend des rensei- 
gnemens, en fait chercher partout;. et reste àT)o- 
nawerth, indiqué toujours comme le point de 
concentration de nos troupes. 

Nous venons de voir momentanément, à la 
tête des deux armées opposées, un prince, sa- 
vant tacticien, déjà illustré par ses hauts faits, 
par un long généralat; et un homme qiii joi- 
gnait à une ancienne expérience, plus de théorie 
et de capacité , que la plupart des généraux en 
' chef, mais qui manquant des qualités propres 
au commandement, allait faire battre ou écraser 
la meilleure de toutes les armées. Un autre spec- 
tacle, le plus brillant de nos guerres, va se pré- 
senter à nos yeux; car de nos grandes campa- 
gnes, celle-ci est la seule qui ail été disputée 
entre des forces à peu près égales. Nous allons 
contempler la lutte du plus beau génie militaire 
qui ait existé depuis des siècles, apparaissant 



hyGoogIc 



{ aSo ) 
sur le champ de bataille , comme le dieu des vie 
toires; contre un des plus habiles ef: des plus 
sages guerriers des temps modernes , qui loettait 
ses efforts et son honneur à se défendre, et à 
conserver ses soldats, pour sauver sa patrie des 
fautes de la cour ^ des ministres : d'une ar- 
mée passionnée pour la gloire, pleine de senti- 
.mens gépéreux, accoutumée à vaincre; contre 
une année qui sait résister ajfx défaites et au^ 
revers, que rien ne décoprage, et qui se main- 
tient sans passions comme sans intérêts indivi- 
duels, par les liens d'tme forte et rigoureuse 
discipline. Nous allons voir )a lutte d'une poli- 
tique loyale, magnanime, toujours provoquée, 
toujours prête à pardonner, qui après avoir 
triomphé si long-temps, a fini par succomber; 
contre une politique pleine de déceptions et 
d'intrigues, ne se rebutant jamais, et qui a fini 
par écraser sa rivale. Nous dirions presque le 
combat du génie du bien contre celui du mal , 
si nous n'avions reconnu dans l'armée qui nous 
ét^it (^posée , et xlans le peuple que nous avons 
vaincu, plu^ de vertus, de qualités, et sxn-tout 
(Je patriotisme , qu'on ne ■ devait en atteindre 
sous un tel gouvernement. Ce spectacle si im- 



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( a5, ) 
posant est encore plus instructif : le militaire 
comme le politique, les nations ainsi que ceux 
qui les gouvernent, y trouveront de grandes et 
utiles leçons. 



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CHAPITRE X. 



L EMPEREUR ARRIVE LE I7 A DOHAWERTH, ET 
DOaiîE SES PREMIERS ORURES. 



La guerre est on jeu des peseîoiu, basé sur des cotnbiniisoni mo- 
rales autant cjiie stratëgiquei. — Napoléon est le grand maître 
de ces hautes partie?. — Mais les avautagea du terrain et de la po- 
sition sont en faveur de l'archiduc. — Tîapoléon arrivant le 17a 
Donawertli, trouve l'armée divisée à AngdMurg et k Ratisbonne. 
— Celle de l'ennemi est en face du centre da cette longue li- 
gne, plus près du Danube que Davout. — L'Empereur pro- 
jette d'abord, de réunir les corp» sous le canon de l'archiduc. — 
II étend ensuite sa manœuvre par sa droite sur Landahut. — Il en 
eip1i<[ue l'eaprit à Masséna, et lui en prédit le succès. — Il annonce 
aux troupes sa présence , par une belle proclamation. — Le princa 
Charles concentre ses masses vers Rohr — Il donne l'ordre de mar- 
cher vers Kelheim, et ensuite snrBalisbonne, diaprés la nouveUe da 
rarriiée de Napoléon. — Malgré les précautions prises, l'eiécution 
des ordres de l'Empereur estretardàe. — Le 18, Davout et Mas- 
séna'sont à Ratisbonne et à Âugsbourgj mais ils ont des divi- 
sions a Dasswang et à Landsberg. 



Le tacticien et l'homine ordinaire ne voient 
dans la guerre , que les détails et l'oi^nisation 
des années, les mouvemens et l'emploi de for- 



hyGoogle 



{ «53 ) 
ces aveugles, des calculs ou des lignes straté- 
giques; l'homme de génie et le philosophe j 
découvrent encore, le plus vaste champ de com- 
binaisons morales, dont la hase est l'homme, 
avec ses passions, ses sentimens, ses mtérèts. 
Pour les uns, la guerre est une science assujétie. 
à des. règles fixes, à des méthodes régulières; 
pour les autres , c!est l'art le plus étendu, le plus 
sublime , dans lequel ils font entrer avec l'homme 
et ses passions, l'espace, les élémens, la poli- 
tique plus variable qu'eux, le monde physique 
et moral. Avec des ordonnances et des années, 
le tacticien Ëiit des soldats, machines suffisantes 
pour les temps c«dinaires; avec les passions, le 
génie . crée des héros. Cependant les passions 
étant passagères , comme tout ce qui est excessif, 
on ne doit pas négliger les secours d'une discipline 
généreuse, qui formant et maintenant les armées, 
y organise l'héroïsme. 

La guerre est en effet un immense jeu des 
passions humaines, où elles se développent avec 
le plus d'impétuosité. L'homme étant, dans tous 
les degrés, le mobile de ses opérations, l'instru- 
ment de ses succès comme de ses revers; les ré- 
sultats dépendent nécessairement de la force 
avec laquelle il agit, et par conséquent de la ma-- 



hyGodt^le 



; ( ^54 ) 

niére dont il est impressionné, autant que des 
diverses organisations auxquelles il est soumis. 
C'est donc sur lui et sur sa nature, que tout 
doit être basé. Aussi &ut-il d'abord étudier dans 
tous ses rapports, cet inexplicable phénomène : 
né avec Tinstiact du courage, il devient par 
l'émulation, capable des miracles de dévoue- 
ment et d'audace qui surmontent tout ; mais il 
peut retomber l'instant d'après, dans le plus ex- 
trême découragement. Il faut connaître et le pou<- 
voir qu'on prend sur cet être de si ondoyante 
nature, et l'action qu'il exerce sur ses sembla- 
bles I action qui s'accroit prodigieusement en 
raison de la grandeur des masses, où les pas- 
sions sont bien plus Violentes et bien plus va- 
riables. 

Chaque Mècle a sa passion particulière. Mais 
celle-ci dominant les autres, se fait entendre et 
obéir, comme s'il n'en existait qu'une seule; gé- 
néreuse ou non, elle produit toujours la même 
exaltation. Heureuse notre époque , d'avoir eu 
pour passion, cette liberté et cette gloire, qui 
se confondaient dans nos cœurs, et pour les- 
quelles nous avons versé tant de notre sang! 
Certes, si, en écrivant ces Ëgnes, nos sentimraiS 
nôu* égarent ; si nous généralisons trtïp ces asser- 



hyGoogle 



(,55) 
tious, du moins pouvODS-nouâaiBrmer que jamais 
aucune armée ne s'est montrée autant que celle 
des Français, susceptible de passions généreuses, 
capable d'héroïsme, depuis nos soldats qui lut- 
taient de dévouement avec les plus hauts rangs, 
et ont prouvé si souvent qu'ils préféraient l'hon- 
neur à la vie. 

Par la nature même des choses, la guerre a 
peu changé , depuis l'existence des sociétés. Le 
grand homme nous ïe disait, il y a déjà longues 
aainées (i S II): La gtierre a toujours été la même. 
A quelques rares exceptions près,, nous tenons 
cette vérité pour constante , malgré les variations 
des moeurs, des armes, des systèmes : cai* la base 
fondamentale, l'homme, ne change pas; il reste 
soumis & l'influence des mêmes pasâlohs et deï 
mêmes besoins. Comme il est toujours l'instru- 
ment de la guerre , dont la victoire est le but , la 
tactique et l'audace, leâ moyens; le génie a pu 
modifier ceux-ci, suivant les temps et lëslieux.Maid 
avec des méthodes diverses, le fond est toujours 
le même. En effet, quoique là guerre, Suivant le* 
progrès de l'esprit hutnain, se soit rendue toutei 
les sciences tributaires; quoiqu'elle ait singuliè- 
rement perfectiotuié tous ses ressorts; cependant 
comme lèâ divers peuples s'avancent vers la civi- 



hyGoogIc — 



( 256 ) 
lisation avec des progrès à peu près égaux, et 
comme les rapports entre les hommes restent, 
ainsi les mêmes; la guerre, pour avoir employé 
des instrtimens plus parfaits, n'a pas chaugé 
dans son principe. De nos jours , au milieu de 
ces longues lignes de feu, qui se meuvent et 
vomissent la mort avec tant de précision; ce sont 
encore l'audace et le dévouement qui détermi- 
nent la victoire. Le génie bien plus maître de 
diriger tous les mouvemens de cette machine si 
régulière, peut mieux dans le moment décisif, 
électriser et précipiter ces masses qui renversent 
les masses opposées. Ainsi ce sont encore les pas- 
sions de l'homme qui , de l'un et l'autre côté, 
décident des succès ou des revers ; ce sont elles 
qu'avant tout il faut interroger. L'invention de la 
poudre, qui a tout simplifié et régularisé dans 
le métier de la guerre , y a produit une révolu- 
tion immense, et qui doit avoir les suites les 
plus étendues. L'esprit et les moyens militaires 
se sont tellement popularisés, surtout pendant ces 
longues luttes où les nations sont intervenues, 
que celles-ci pourront, quand elles le voudront, 
prendre part aux guerres et devenir d'immense% 
et véritables armées, qui ne craindront plus les 
invasions et les armées régulières. C'est une vé- 



hyGooglc 



( 257 ) 
rite sur laquelle tout le moode devrait réfléchii' 
profondément, et qui a été prouvée par un exem- 
ple trop mémorable , pour que uous ayons besoin 
de la développer. 

On s'est demandé s'il faut être passionné soi- 
même, pour passionner les autres. Nous n'hé- 
sitons pas à nous prononcer pour l'affirmative. 
Il faut qu'Hun chef suprême ait la passion du 
grand et du beau; il faut qu'il soit animé par 
tous les 'sentimens généreux. L'homme froid et 
dépourvu d'élévation, ne fera jamais dans notre 
noble métier, rien de transcendant. Il faut , avant 
tout, dans ces hauts rangs, un cœur chaud, une 
âme de feu, maîtrisés par une tète froide. Il 
faut ensuite, comme le MeUtre t'a dit, le par&it 
équilibre entre l'esprit et le caractère ou le cou- 
rage. Si à tout cela , si au génie de l'art qu'on 
tient de la nature, se joignent les connaissances 
fondamentales de la science, les théories de ses 
principales branches, les qualités physiques qui 
peuvent développer ces dons; si enfin les-çircon- 
stances favorables se rencontrent : alors apparaît 
sur la scène du monde, xm de ces prodiges qui 
se montrent à de rares époques, et qui jettent 
tant d'éclat. 

Tel était Napoléon. De là venait surtout l'é- 
I. .7 



hyGoot^le- 



(258) 
norme distance qui existait entre lui et les géné- 
raux des temps modernes. Maître des parties su- 
blimes de ta guerre, possédant à fond tous ses 
détails; il fiit plus passionné que tout autre; et 
c'est une grande erreur de lui avoir cnï une âme 
froide et insensible. Malheur à ceux qui l'ont 
approché, et qui n'ont pas su lire dans cette âme 
ardente! Là était le foyer du feu sacré, qu'il ré- 
pandait sur les masses. Plus qu'aucun guer- 
rier, il sut d'un mot, d'un regard, ^flammer 
l«s passions; il sut maintenir et diriger l'ar- 
deur des armées, par ces ordres du jour qui 
serviront de modèle. Dominant les coeurs et 
les esprits, il agrandissait à sa volonté, les 
efibrts du soldat, suivant les nécessités et les 
résistances. Nul ne prit jamais un tel ascen- 
dant sur les troupes nationales, étrangères et 
même «inemies. Aucun n'a pu comme lui , éta- 
blir et conserver dans nos corps, cette disci- 
pline digne du nom français, qui avait l'hon- 
neur pour principe et la gloire pour récom- 
pense. 

Jamais les hauts talens de Napoléon ne se 
sont manifestés avec plus d'éclat, qu'en i8og. Il 
nous a prévenus lui-même plusieurs fois, que les 
batailles SJbensberg, de Lansdhutetd'Eckmuhl 



hyGoo^le 



( .59 ) 
sont ses plus belles , ses pbts hardies, ses plus 
savantes manœuvres. Nulle époque en efifet n'a 
présenté d'aussi beaux exemples, d'ausM utiles 
leçons , un cours aussi complet de l'art de la 
guerre et, si nous osons le dire, de théorie mo- 
rale des passions militaires. Nous devons déve- 
lopper avec soin , cette merveilleuse campaglM 
de cinq jours, dont chacun est marqué par un 
trait de génie, par de brillantes dispositions, par 
un nouveau triomphe. ■ 

En arrivant à Bonawerth , l'Empereur étend 
ses combinaisons sur les armées en présence, 
sur l'esprit qui les anime, sur tous les éléméns 
qui les composent, depuis les soldats jusqu'aux 
che&. Il connaît parfaitement son adversaire; 
il t'a jugé dans de courts instans d'entrevue, en 
i8o5 près devienne; il connaît aussi la plopart 
des généraux de son armée. Au miUeu de ce chaGs 
qui a bouleversé tous nos corps, Napolétm vq 
ramener l'ordre et la victoire. 

Il n'est pas hors de propos de jeter un coïtp 
d'oeil rapide , sur l'échiquier particulier du pays 
qui, entre l'Iser et l'Altmuhl, borde les deux 
rives du Danube, et qui va servir de théâtre aux 
opérations de ces immortelles journées. Nous 
allons le rattacher à ce grand fleuve, qui est 
»7- 



hyGoogIc 



( a6o ) 
la base de tout le système militaire de l'Alleinague 
méridionale (i). 

Nous avons vu que le Danube fait à Ratis- 
bonne, un angle de cent trente degrés, ouvert au 
midi ; que le Lech s'y rend en ligne directe; tan- 
dis que Viser, après Munich, coule parallèlement 
au fleuve, avant de s'y jeter au-dessous de Ratis- 
bonne. L'Inn suit les mêmes inflexions. Il en ré- 
sulte à la rive droite du Danube, et à l'embou- 
chure de chacune de ces deux rivières, de grand» 
ml'de-sacs, larges d'une dixaine de lieues; nous 
ne nous occuperons pour le moment, que de 
celui du bas Iser. Une fois engagée au-delà de 
User, surtout au-dessous de Freysing, une armée 
ne peut s'avancer de l'est à l'ouest, qu'en traver- 
le Danube ou le Lech. 

La ligne formée par l'Iser, en opposition 
avec celle du Danube, est courbe, plus pro- 
pre à la concentration, et plus courte que l'au- 
tre : le milieu est à Landshut. Au-dessus de 
cette ville, se trouvent les marais d'Erding. De 
Landshut, la route directe en venant de Braunau 
et d'Cffitting, se prolonge vers Neustadt : c'est celle 

(i) Nous avons rejeté aussi à la 6n du volume, note 3, 
les détails de ce champ de bataille , <ini ne peuvent intéresser 
qne les militaires. 



hyGoogle 



C ^6. ) 
de Nuremberg. D'autres routes conduisent à Kel- 
beim , à Ratisbonne . à Munich ; aucune direc- 
tement sur logoUtadt. Le terrain entre User et 
le Danube, est assez boisé et coupé de petites 
vallées; mais le plateau de Rohr s'avance, sans 
présenter d'obstacles, entre la Laber et l'Abens, 
jusqu'au pont de Relheim. 

De Neustadt à Ratisbonne et Landshut, la 
distance est à peu près la même-, mais jusqu'à 
Augsbourg , elle est presque triple. Ainsi le» 
masses de l'archiduc, qui avaient dépassé Land- 
shut k i6, étaient plus près de Neustadt, point 
obligé de jonction sur !a rive droite du Danube , 
que le corps de Bavout, placé autour die Ratis- 
bonne : celui de Masséna en était à une trentaine 
de lieues, vers Augsbourg. 

Sur la rive gauche du Danube , l'Altmuhl , 
ruisseau iacile à défendre, coule dans un vallon 
profond et encaissé , à peu près parallèlement aa 
fleuve, dont il s'approche à Ëichstedt, s'éloigne 
à Beilngries, et dans lequel il se jette à Rel- 
heim, à quatre lieues au-dessus de Ratisbonne. 
L'archiduc comptait réunir ses corps derrière 
rAltmuhl,d'oùil aurait menacé tous les points des 
bassins du Mein et du Necker. Près de Kelheim se 
jettent aussi la Laber, la Nab, la Regenz,dont les 



hyGoot^le- 



(A ) 

cours s'étendent en éventail vers le nord. Leur 
rapprochement rend la rive gauche du Danube 
difficile à parcourir, et force la càmmuoication 
entre Batisbonne et Ingolstailt, à faire un long 
détoiir par Dietfiirth et Hemau. 

En définitif^ tes avantages du terrain étaïmt 
pour l'archiduc, autant que ceux de la position 
réciproque des deux armées. Nous avons vu 
qu'avec lin peu d'activité, il aurait pu dès le i3 
ou le i4, s'emparer des ponts du Danube; même ' 
en ne passant ITser que le 16, être le lende- 
main sur les bords du fleuve : c'était se rendre 
maître des opérations pour la campagne. Ainsi 
tous les moyens de succès se féunissaient en la- 
veur de l'arcbiduc : il pouvait tirer le meilleur 
parti des accidens du terrain, qui lui ont été le 
.plus nuisibles. Nous croyons inutile de chercher 
comment il eut été préférable d'établir les Ugnes 
d'opérations de l'archiduc, sur la rive droite du 
Danube , à cause des rapports que son plan lui 
imposait à la rive gauche. On va voir avec quelle 
rapidité, quelle audace, quelle précision, Napo-* 
léoQ s'empara des circonstances et surmonta les 
obstacles. 

Depuis les prsaniers préparatifs de cette 
guerre , tous les soins de l'Ëmp'ereur avaient 



hyGoo>îlc 



( a63 ) 
tendu à concentrer son anvée sur un des 
points du Danube. Il voulait la tenir dans sa 
main , de manière à prévenir Tennemi partout, 
, et manoeuvrer contre ses corps, au milieu de 
leurs mouvemens, soit sur leurs flancs, soit 
par le centre. Cependant à son arrivée dans la 
nuit du i6 au. 17, l'Empereur trouve l'armée 
partagée en deux masses , à peu près égales, 
éloignées de trente-cinq lieues, et offrant au 
milieu d'elles un vide effrayant, par où la ligpe 
pouvait être bien Êicilement coupée. Ces deux 
masses étaient rangées, comme nous venons de 
l'indiquer, autour d'Augsbourg et de Ratisbonne. 
Le i5, Berthier ayant Êiit repartir des envi- 
rons- d'Ingolstadt et de Vohbourg, le 3* corp* 
qui avait quitté la veille les bords de la Regenz; 
celui-ci avait dû re&ire ce long détour, par les 
mauvais chemins de Dietfurth et Hemau, de Kîe- 
denboui^ etPointen. Le 16 au soir, le quartier* 
général et la 4" division étaient à Ratisbonne; la 
grosse cavalerie, autour de cette ville; la i''^ dir 
■vision, à Eterhausen et Nitlendorf sur la lîab; la 
3^, à Hemau; la a^, à Dasswang, venant de Castel 
et auparavant d'Amberg. L'ennemi ayant tenté 
vainement de couper la division Priant , s'était 
jeté ensuite sur la Regenz et TAltmahl : il y avait 



hyGoogIc 



( ^64 ) 
eu encore à Àmberg le i^, un engagement sans 
résultats comme les précédens. La division ducale 
commandée parle générât Rouyer, étïiit restée 
avec le grand parc à Ingolstadt, où se rendait la 
division Demont. Les troupes de la .droite réunies 
sous les ordres de Masséna, étaient dans les po- 
sitions déjà détaillées autour d'Âugsbourg. Contre 
toutes les raisons politiques et militaires, les 
confédérés gardaient seuls le centre de la ligne 
française , barrée à la véf-ité par le Danube et le 
Lech : encore les Bavarois ayant eu l'ordre de 
se retirer, allaient^ls repasser le fleuve. 

Le 17, Napoléon reçoit en même temps, des 
rapports sur la position de l'armée et quelques 
renseignemens sur l'ennemi. II apprend que les 
Autrichiens ont prononcé leur mouvement, ^1- 
tre la rive droite du Danube et le bas Iser : ils 
ne peuvent plus sortir de ce vaste citl-de-sac, et 
atteindre la rive gauche du Danube, qu'en for- 
çant le passage du fleuve ou du Lech, dont l'ar- 
mée française à retranché et occupe les ponts à 
Landsberg, Augsbourg, Rain, Ingolstadt et Ra- 
tisbonne. L'ennemi se montre sur une ligne 
étendue, depuis Landau jusqu'à Munich, et dé- 
bouche avec de grandes forces, dans le bas Iser 
par Landshut, en face du centre de, notre ligne. 



.^hyGoo>îlc 



( 265 ) 
si dégarni, et fort important pour l'une et 
l'autre armée. A la rive gauche du Danube, Bel- 
l^arde avec deux corps considérables, concen- 
trés d'abord à Wemberg, ensuite à Schwandorf 
et Scbwarzenfels, menace l'AItmahl, la ligne de 
communication de l'armée, et fait battre par ses 
coureurs la route de Nuremberg à Neustadt. 
L'archiduc Charles, marchant de son côté sur 
cette direction, par les deux routes de Neustadt 
et de Retheim , est déjà à Welnting et Ëssefoach, 
plus près du premier de ces ponts, que la masse 
française de gauche. Celle-ci, arrivant à Katis- 
bonne, se trouve placée entre Charles et Belle- 
garde ; tandis que notre masse de droite est à 
Augsboui:^ , entièrement isolée. Tout dépend 
de la réunion des forces et de la concentration 
des deux armées sur les bords du Danube. Les 
Autrichiens touchent au moment de l'opérer. 
Maisy sommes-nous à temps désormais? Pouvons- 
nous surtout espérer d'y réussir par la rive droite : 
osera-t-on seulement le tenter? Ne fout-il pas 
d'iibord s'opposer à Bellegarde qui, sur la rive 
gauche, menace les derrières et les dépôts de 
l*armée? En manœuvrant sur cette rive, il fau- 
dra foire un détour considérable par Hemau, 
abandonner le pays jusqu'au Lech, et plus tard 



hyGoot^le 



( a66 ) 
exécuter ud grand passage de fleuve, devant lés 
forces autrichiennes réunies. Cependant l'archi- 
duc, outre les avantages de son rapprochement, 
s'avance par une de ces marches de &ont, toujours 
solides et régulières;tandis que Napoléon ne peut 
faire rejoindre ses ailes , que par des marches de 
flanc : ordre si &ible et si décousu. 

Au milieu de tant de circonstances défavo- 
rables , ^Napoléon combine rapidement les di- 
verses chances de succès et de revers, la situa- 
tion des deux années , surtout leur caractère et 
leur composition : il compte sur l'activité et le 
dévouement du soldat français, sur la lenteur de 
l'ennemi dont il mesure la progression depuis 
huit jours. Il calcule que dans la journée du i8, 
Davout peut être rendu de Ratisbonne à Tleu- 
stadt (huit lieues); Masséna d'Augsboui^, auprès 
de PfafFenhofen ( douze à treize lieues ). A toutes 
ces combinaisons, il ajoute celle de l'effet que 
doit produire sur l'ennemi, sa présence inatten- 
due. Alors il n'hésite plus : et en de tels momens, 
c'est peut-être la plus hardie et la plus belle ré- 
solution d'une vie, dans laquelle ont été prises 
tant de grandes décisions. Il ordonne aux deux 
maréchaux le mouvement général de concentra- 
tion, parla rive droite et par des marches de 



hyGoogle 



( -e? ) 

flanc. Lui-même il se porte au centre, au poste 
du danger et des difficultés, à la tête des confé- 
dérés allemands, pour arrêter les colonnes au- 
trichiennes, et laisser le temps à ses rapides ailes 
de se rejoindre. Pour tout autre, et avec d'autres 
troupes, cette manœuvre eût été difficile autant 
que périlleuse. Mais pour Mapoléou et avec de 
tels soldats, c'est, comme il le disait, un calcul 
d'heures : c'est aussi un calcul de terrain. Mais il 
ne faut se tromper, ni de quelques minutes ni 
de quelques toises; car il y va du sàlut de l'armée 
et de l'Allemagne. Enfin c'est par dessus tout un 
calcul tnoral. 

Par ses habiles mesures, Napoléon va se rendre 
cet audacieux mouvement parfaitement assuré. 
Si l'ennemi s'avance sur le centre , Napoléon ga- 
gnera du temps par ses dispositions, dans ce pays 
difficile , pour attendre une partie de son armée ; 
et il livrera une de ces batailles savantes , où il est 
presque sûr de la victoire. Si l'archiduc Charles 
cherche à le tourner par Augsbourg, cette place 
est fortifiée de manière à tenir tête à son armée 
entière. S'il veut atteindre Ratisbonne, il doit la 
trouver aussi en défense. Dans ces deux dernières 
suppositions, Napoléon tombait sur les derrières 
du prince, et le poussait sur le Danube ou sur 



hyGoogIc 



( a68 ) 
les Alpes. Ainsi la manœuvre contre l'arc^duc, 
qui finit par se diriger sur Ratisbônne, sera 
aussi désastreuse pour lui, que brillante pour 
nous; car avec son année portée entre le Danube 
et User, Napoléon va refouler dans le cid-de-sac 
entre les deux rivières, l'ennemi qui s'y est si 
imprudemment enfonce. Il pouvait en résulter 
la destruction totale de l'armée autrichienne, si 
les ponts de Ratisbônne et de I^andshut ne s'é- 
taient pas trouvés libres. 

Tels durent être les calculs de l'Empereur. 
Nous allons en donner la preuve, par les ordres 
qu'il fit expédier à ses maréchaux. Le 17 à deux 
heures du matin, il écrit à Davout o de se mettre 
D en marche sur Ingolstadt, par la rive droite, 
» en passant à Neustadt, où il, peut être le 18, 
» et où il recevra de nouveaux ordres... Dans tous 
» les cas, il se prolongerait sur Geissenfels... l'ob- 
B jet du mouvement étant de rapprocher l'armée 
» du Lech, comme il en avait toujours eu l'in- 
» teution , et de la réunir entre Ingolstadt et 
y Augsbourg. » Cet ordre fut envoyé de nou- 
veau à onze heures, par un officier d'ordon- 
nance; enfin le major-général le fit passer en- 
core à midi, par le général Wrede. Celui-ci qui 
était en pleine retraite sur Vohbourg, fut arrêté 



hyGoogIc 



(»69) 
à Neustadt par l'ordre de l'Empereur, portant 
de reprendre sa position derrière l'Abens : Le- 
febvre qui se retirait également, reçut celui 
« d'aller auprès de Wrede à Bibourg, d'y réu- 
» nir le corps bavarois, et de manœuvrer entre 
. B l'Iser et Neustadt, pour contenir la tête des 
D colonnes ennemies, et favoriser la raarcbe de 
» Davout sur Ingolstadt. » Afin de gagner le 
plus de temps possible, Napoléon envoyait 
l'avis de ces dispositions à Masséna, qui devait 
se tenir prêt à marcher. 

Jusqu'alors, il n'était question que de rap- 
procher les deux ailes de l'armée, par une 
longue et audacieuse marche, couverte par les 
troupes alliées que le hasard mettait dans le 
centre , sous la main de l'Empereur. Les deux 
points de direction indiqués aux deux ailes, 
étaient Geîssenfels et P&ffenhofen , où l'armée 
allait se concentrer derrière l'IIm, en face des 
débouchés de l'Iser. Ces ordres partis rapidement, 
ne pouvaient être aussi rapidement exécutés : 
car dans ce moment , la division priant du troi- 
sième corps, marchait de Dasswang sur Hemau; 
et la division Boudet du quatrième corps, se 
trouvait à Landsberg et Schongau , à huit ou dix 
lieues d'Augsbourg. 



hyGoot^le 



A midi (le 17) Napoléon prévient de nouveau 
' Masséna, « de se tenir prêt à marcher avec qua- 
» tre jours de vivres, pour foire un mouvement 
» combiné avec le reste de l'armée... il lui recœn- 
j> mande fortement Âugsboui^ , qui doit être mis 
» en état de résister à l'année autrichienne tout 
» entière. » A sept heures du soir, le major-gé- 
néral lui développe le mouvement, et lui an- 
nonce , « qu'il doit se porter rapidement par 
» Aicha sur Pfeffenhofen ; que Davout débouche 
D sur Neustadt, et que les Bavarois sont entre 
» Bibourg et Pfeffenhausen. » Le général Van- 
damme reçoit l'ordre « de partir le 18 de Dona- 
» werth pour Augsbourg... il doit laisser un ré- 
B giment de cavalerie -wurtembergéoise, pour la 
» garde de l'Empereur... et remettre les postes 
» de Donawerth au général Rouyerqui arrivait, 
» avec ordre de repasser le Danube, et de brûler 
» les ponts, si l'ennemi se présentait. » Le ma- 
jor-général prescrit au général Marion, qui con- 
duisait un détachement de huit bataillons de 
marche , de s'acheminer sur Augsbourg; et à un 
officier de confiance, placé au commandement 
de Diilingen, de diriger tout sans distinction sur 
cette même ville. 

11 régnait encore quelques incertitudes sur les 



hyGoogle 



( .,, ) 

projets des Autrichiens. L'Empereur savait seu- 
lement que ceux-ci ayant débouché de Laodshut 
et de Freysing, se portaient vers le Danube. Il 
fallait découvrir le reste du mouvement, et sur- 
fout sa véritable direction. Ces conjectures ne 
sont pas bien difficiles, quand des deux côtés 
on manœuvre en règle : elles le devenaient, au 
milieu des fautes qui se commettaient de part 
et d'autre. Pendant la nuit du 17 au r8, l'Em- 
pereur reçoit de nouveaux renseignemehs : il 
sait exactement , où se trouvent les colonnes en- 
nemies, comment et par où elles marchent. 
Malgré toutes les apparences , il juge l'opération 
sur Neustadt et sur notre centre, trop hardie 
depuis son arrivée pour ses adversaires, trop 
étendue pour leur lenteur ; il devine que l'archi- 
duc se portera sur Ratisbonne; il examine les 
mouvemens de Bellegarde , et les réduit à leur 
juste valeur. Voyant d'un coup d'ϔl ce - qu'il 
doit Élire, tout ce qu'il peut tenter, Napoléon 
agrandit la manœuvre déjà commencée. Il ne 
s'agit plus seulement de réunir l'armée française : 
elle va gagner en combattant, la gauche, les der- 
Hères et la base dé l'ennemi. 

Laissons l'Empereur donner encore lui-même 
les preuves de ce que nous avançons, et s'ex- 



hyGoot^le 



C 27* ) 

pUquer de manière à lever tous les doutes. 
Il écrit à Masséna de Donawerth le 18 ; <> Dans 
un seul mot votis allez comprendre ce dont 
» il s'agit : rarchiduc Charles a débouché de 
» Landshut sur Ratisbonne, avec trois corps éva- 
» lues à 80,000 hommes... Davout partant de Ba- 
s tisbonne marche vers Neustadt... Ce maréchal 
» agira avec les Bavarois, contre l'armée autri* 
» chienne , et peut s'en tirer honorablement,,, 
» Mats l'ennemi est perdu , si votre corps et celui 
n d'Oudinot débouchent avant le jour par Pfaf- 
» fenhofen , et tombent sur les derrières de 

» Charles, ou sur ce qui sort de Freysing 

V jéinsi entre le 18, le i^ et le ao, toutes les 
s affairesde VAlhmagne seront décidées..., -a Na- 
poléon ajoute encore , « que l'importance de ce 
a mouvement est telle, qu'il pourra venir se 
» mettre à la tète du corps de Masséna. » Il écrit 
de sa main à la fin de sa lettrej « activité, activité, 
■> vitesse; je me recommande à vous. » L'Empe- 
reur feit donner l'ordre à Nansouty, de se rendre 
de Donawertli à Ingobtadt, et de se hâter, s'il 
entend le canon. Il part ensuite pour cette der- 
nière ville, escorté du régiment wurtembergeois 
des chasseurs du duc Louis,- • 



hyGoogIc 



(a,3) 

L'arrivée de Napoléon fut annoncée à l'jirinée, 
par cette belle proclamation : 
a Soldats^ 

» Le territoire de la Confédération a été violé. 
» Le général autrichien veut que nous fuyions 
» à l'aspect de ses armes, et que nous lui aban- 
» donnions nos alliés. J'arrive avec la rapidité de 
» l'éclair. 

» Soldats! j'étais entouré de vous, lorsque ]a 
» souverain de l'Autriche vint à mon bivouac de 
» Moravie : vous l'avez entendu implorer ma 
j> clétnmce , et me jurer une amitié étemelle. 
» Vainqueurs dans trois guerres, l'Autriche a dà 
9 tout à notre générosité : Iraii fois elle a été 
» parjure ! ! ! Nos succès passés nous sont un sûr 
» garant de la victoire qui nous attend. 

» Marchons donc , et qu'à notre aspect l'en- 
» nemi reconnaisse son vainqueur. » 

^ les corps de l'archiduc Charles et surtout 
ceux de Bell^arde, étaient arrivés même le 
i4 awil à Ratisbcmne, ils auraient trouvé ce 
point tellement dégarni, qu'il n'aurait pu se 
défendre contre aucune des deux masses autri- 
chiennes. L'archiduc serait parvenu sur le Da- 
nube , vers Keustadt et Kelfaeim , avant le i6; et 
aurait surpris avec son armée réunie, les trou- 
L 18 



hyGoogIc 



( »74) 
pes françaises encore dispersées. Plus ce prince 
mettait de lenteur dans ses mouvemens, plus 
étaient grands les changemens qui s'opéraient 
autour de lui , dans la position respectiTe des 
deux partis. Cet intervalle entre Masséna et Da- 
vout , au milieu duquel l'archiduc comptait ma- 
nœuvrer, allait se rétrécir et se renforcer à chaque 
instant. Charles aurait dû penser qu'il avait peu 
de temps à lui, pour profiter de l'absence de son 
redoutable adversaire. Mais U présuma que Napo- 
léon, trompé par les négociations de Mettemicfa, 
retenu par ses préparatife et par ceux de sa 
garde, irait ensuite se mettre à la tète de l'une 
des deux masses françaises. L'archiduc devait 
s'attendre à le trouver partout ailleurs qu'au 
centre, avec les troupes allemandes. 

L'avant^arde du cinquième corps autrichien, 
avait poursuivi le 17 au-delà de Schwambach, 
les troupes de la division de Wrede, qui proté- 
geaient la retraite du général Deroi. Les Bavarois 
ayant reçu ordre de se retirer sur Vohboui^, 
les Autrichiens avaient occupé Sîegenbourg dans 
la soirée, et s'étaient portés au-delà de l'Abens 
jusqu'à Mulhausen. Si au lieu d'une petite avant- 
garde, l'archiduc avait poussé sur ce point un 
corps d'armée ou ime seule division ; il fallait 



hyGoogIc 



{ ^75 ) 
peubêtre renoncer à réunir l'armée fraoçaise, sur 
la rive droite du Danube; peut-être n'y aurait -on 
réussi que loin de ce fleuve. Nous perdions à 
cela beaucoup de terrain et de grands avanta- 
ges; de plus grands encore étaient assurés à 
l'ennemi. 

Le i8 , troisième jour après le passage dé 
Landshut, l'armée autrichienne n'était encore 
qu'à sept ou huitlieues de l'Iser. Dans cette jour- 
née, elle avait continué son mouvement de 
Veichmûhl et Hbhenthan, vers le Danube et 
l'Abens; le 5* corps et les deux réserves, sur 
Pfelfenhausen ; les 3^ et 4^) sur Kottenbourg. 
Pendant la marche ,'mi nouvel avis de Pari|ivée 
du corps de Davout à Katîsbonne, apporta des 
changemens dans les dispositions premières. Les 
deux réserves , avec les 3^ et 4* coi'ps , allèrent 
à Rohr. Le 5^ corps resté seul sur la route de 
Siegenboui^, prit position sur les hauteurs en 
avant de ce boui^. Le général Mesko fut en- 
voyé à Mainbourg, au-devant de Hiller, qui avait 
ordre de venir appuyer le prince Louis. Onze 
bataillons avaient été séparés du 5^ corps, et 
joints au i" de réserve. 

Les troupes campées à Rohr, avaient des avant- 
gardes à Langqwait et Bachel, avec des détacfae- 
i8. 



hyGoot^le 



{«76) 
mens qni s'approchèrent de Aatisbonne, et se por- 
tèrent sur la route de cette ville à Àbensbei^. Ces 
détachemens enlevèrent, à Abach une ambu- 
lance du 3' corps, qui se rendait vers Neustadt, 
et à Reising une dépêche du maréchal Lefebvre 
au maréchal Davout. Le premier prévenait l'au- 
tre, «de son arrivée à Neustadt et sur l'Abens, - 
» pour le soutenir et attirer l'attention de l'en- 
u nemi.... » Cette lettre, qui devait certainement 
cooteoir la nouvelle de l'arrivée de l'Empereur, 
fit changer toutes les dépositions de l'archiduc. 
X^es généraux; autrichiens rassemblés au quartier- 
général de Rohr, avaient déjà reçu des ordres 
pour continuer le lendemain leur mouvement , 
pendant un espace d'environ deux heues au-delà 
de ce village, dans la direction de Kelheim , a. entre 
j> l'Abens et le Danube, pour empêcher la jonc- 
B tioB des Français et des Bavarois, u L'armée 
devait se former sur trois lignes, dont la pre- 
mière borderait la route de Ratisbonne à Abens- 
berg : elle était ainsi liée avec le 5^ corps. Ces 
ordres furent retirés; et on marcha le 19 de 
grand matin , en trois colonnes par Tengen , 
Dinzling et Eglotsheim, vers Ratisbonne. 

L'archiduc n'avait encore devant lui dans la 
soirée du 18, que le corps bavarois, qui après 



hyGoogle 



( ^77 ) 
avoir disputé le terrain et retardé les prt^rès de 
rennemi, se trouvait apjmyé seulement par les 
Wurtembergeois; tsuidis que les cinq corps au- 

■ trichiens, étaient réunis à Rohr et ^egenbourg, 
à deux ou trois lieues de distance. L'archiduc 
avait doue en ce moment sur nous, la supé- 
riorité du nombre et l'avantage des lignes inté- 
rieures; il pouvait à son dioix, attaquer ce fai- 
ble corps du centre pour attendre le Danube, 
se porter contre Mass^a ou contre Davout. 
Commet se fait-il qu'arrivant si près des points 
sur lesquels il s'était dirigé jusque là, à moins 
de trois lieues du Danube , des ponts de Kel- 

■ heim et de Keustadt; dans l'intervalle des deux 
corps français, avec la majeure partie de son ai^ 
mée; le prince Charles la divise et change subite- 
ment de direction pour marcher sur Ratisbonne? 
Ce prince que nous verrons si valeureux , voulait- 
il éviter une bataille générale : terreur et écueil 
des grande -réputations; véritable pierre de tou- 
che des talens du chef suprême; où rien d'étran- 
ger ne peut suppléer aux ordres qui, à tout 
instant, doivwit jaillir directement de lui? L'ar- 
chiduc a-t-il craint, comme il l'écrit dans la jour- 
née du 19 au prince Louis, d'être attaqué par 
Davout sur tous les points, pendant qu'il forcerait 



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( ^78) 
le centre de la ligne, et qu'il exécuterait le pas- 
sage du Danube? A-t-il voulu profiter de l'isole- 
ment de notre gauche, de son éloignement de la 
droite, pour la cerner sur les deux rives? Alors 
pourquoi ne pas s'avancer rapidement sur Da- 
vout : pourquoi ne pas l'attaquer aussitôt , le 
battre, et ensuite revenir sur l'autre aile, comme 
le fit si bien Napoléon? Charles averti de l'éva- 
cuation de Ratisbonne, a-t-tl voulu s'en em- 
parer? mais dans quel but, puisqu'il ne s*est 
servi du pont de cette ville, ni pour manœuvrer, 
ni pour concentrer son armée? Ce prince avait- 
il eu toujours l'intention de se porter dans cette 
direction? il aurait alors marché par la route 
d'JEckmuhl, et envoyé une colonne par Plattling 
'et Straubing. N'est-il pas plus convenable de 
croire qu'à la première nouvelle de l'arrivée de 
Napoléon, l'archiduc avait suspendu tout projet 
d'offensive : que cette fois, comme toutes les 
autres, il avait choisi le parti le plus prudent et 
le plus sûr pour conserver son armée, au mi- 
lieu de toutes ces manœuvres : enfin que ce 
prince , avant de continuer son opération calcu- 
lée sur l'absence de l'Empereur, avait au moins 
voulu s'assurer d'un point aussi important que 
Jtatisbonue , et de sa communication avec le 



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( 379 ) 
corps de Bellegarde? Quoi qu'il en soit, au tort 
d'avoir arrêté leur mouvement lorsqu'il touchait 
au but , coihme un mois auparavant , les Autri- 
chiens ont joint celui d'avoir recommencé ce 
mouvement, en laissant encore leur armée sépa- 
rée par le Danube, au lieu de la rassembler sur 
l'une des deux rives, 

Malgré la précaution prise par Napoléon , de 
prévenir ses corps, les ordres éprouvèrent quel- 
ques retards. Davout dut attendre la deuxième 
division (Priant) qui arriva dHémau à Ratis- 
bonne dans la soirée du i8, peu avant l'attaque 
faite par les Autrichiens, et qui alla de suite 
prendre position en avant de la ville, sur les 
routes de Neustadt et de Landshut. La quatrième 
division était dans Batisbonne ; la première et la 
troisième se trouvaient déjà à une petite lieue 
à Grass et Weintîng; la cavalerie légère, au-delà 
d'Eglofsheîm. Les divisions de Masséna étant à 
six ou huit heues en arrière d'Augsbourg, ne 
pouvaient y être réunies que dans la nuit du . 
i8 au 19. Elles ne fiirent rendues à PfafFenhofen 
que du 19 au 20; car elles avaient à faire une 
vingtaine de lieues pour y parvenir. Mais le corps 
d'Oudinot déjà campé à Aicha, put arriver le 19 



hyGoot^le 



(a8o) 
au matin à F&£fenhofen, où il formait la tête du 
quatriàne corps. 

Le général de Wrede avait exécuté le i8 les 
ordres reçus la veille. Se mettant à la tête de ses 
troupes légères, il attaqua une avant-garde au- 
trichienne, déjà postée sur les hauteurs de 
Mulhausen, entre l'Abeos et Neu^adt; il la cul- 
buta de l'autre côté du ruisseau , reprit le pont 
de Siegenbourg, et s'établit à Bibourg, bordant 
la rive gauche avec sa division. Lefebvre ne tarda 
pas à le suivre , et l'appuya avec les deux autres 
divkions placées k Neustadt. Cette opération 
était fort importante, afin de nettoyer et d'élai^r 
le terrain, où devait se foire pendant la nuit , la 
jonction du troisième corps. L'ennemi sentit pro- 
bablement la faute qu'il avait faite, de ne pas 
assurer ce point si essentiel, en y portant des 
forces plus considérables. Il tenta peqdant la nuit 
quelques attaques, pour repasser TAbens et re- 
gagner la position perdue : il fut repoussé par- 
tout. 



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CHAPITRE XI. 

L'A.RHéE FRANÇAISE SE HÉUHIT EN COMBATTAMT LE I9 
A THAHN, ARMHOFEN ET PFAFFENHOFED. 



La présence de Napoléon déconcerte les projeU de la côiililion et 
de l'Autriche. — H donne le 19, de» qrdiea aux corp» pour la 
□lanœurre qa'il fait eiécnter. — 11 peint à Maaiéna le véritable 
état des choses , en lui prescrivant le mouvement sur Landahut. — 
DaTout et Charles s'avancent l'un contre l'autre, eut un terrain fort 
réttécL — Le maréchal ^gne une marche de nuit, et s'appuie au 

Danube Le priuce part à gis henres dn nalm, et e'étend à 

droitej il Mste Hiller devant les Bevarois. — Un engagement gé~ 
néral prépare la réunion de l'armée , et la manœuvre sur la 
gauche de renoemi. — A Thann, le combat coaimence entre la 
queUBdei-colonne» du centre fvanfaia, etlaléteju centre autri- 
chien. — Id priace Charles s'arréls sur les hauteurs de Grub , 
avec Ja réserve de grenadiers , et fait fîler le reste des colonnes 
vers la droite. — A Arahofen, I«fehvre bat le général Thierry. 
— A Ptaffenbofen , Hassëna culbute un détachement d'Hiller. 
•:-. L'archidnc Charles écrit an prince Louis de le rejoindre. — t>e 
soir, les Français occupent une position concentrée , devant Fin- 
tervalte de la gauche et du centre de l'ennemi , sur la ligne d'opé- 
rations de Landshut. — 11 est difficile d'expliquer la conduite de 
l'ar^dnc danx cette journée. 



La subite arrivée de l'Empereur exerça beau- 
coup d'influence sur les opérations des Autri- 



hyGooglc 



C»8, ) 
chiens; ils se trouvèrent battus en quelque sorte, 
et désoi^anisés du moins dans leur plan , avant 
d'avoir été attaqués. On peut mesurer cette in- 
fluence, sur le soin qu'ils prirent de cacher te 
moment où ils forent instruits de sa présence. 
Stutterheim , qui développe soigneusement tous 
les détails, n'en donne aucun sur cette nouvelle 
importante. Le comte de Grunne indique pour 
époque, «le 19, sur le cJiamp de batailte-nCepen- 
dant il parait impossible que la lettre du maré- 
chal Lefebvre au maréchal Davout, écrite après 
les' ordres que ce premier avoit reçus, dans les 
journées du 17 et 1 8 , interceptée dans la nuit du 
18 au 19, n'ait fait nulle mention de la présence 
de Napoléon; que l'archiduc ne l'ait apprise, ni 
par l'ambulance enlevée à Abbach , ni par les 
divers prisonniers, lorsqu'elle avait été annon- 
cée à l'armée dans la proclamation du 17. La sou- 
daine apparition de l'Empereur, produisit l'effet 
de la tête de Méduse, et déconcerta l'ennemi; 
elle prouva combien les puissances coalisées 
avaient compté sur les avantages qu'elles trouve- 
raient dans son absence , et tout ce qu'ont pu 
faire divers cabinets, pour le retenir à Paris. ■ 

Nous allons suivre Napoléon pas à pas, et en 
quelque sorte heure par- heure, dans cette cam- 



hyGoogle 



( a83 ) 
pagne, surtout pendant ces cinq mémorables 
journées. A qtiel général, l'histoire a-t-elle ja- 
mais pu demander compte de tous ses instans et 
de chacun de ses mouvemens? L'Empereur avait 
été enfin prévenu, par une lettre de Davout,que 
le troisième corps se mettrait en marche le j8 à 
neuf heures du soir; et comme le maréchal n'a- 
vait pas plus de six lieues à faire, pour atteindre 
les bords de l'Abens, il devait y être rendu de 
bonne heure le lendemain. D'un autre côté Napo- 
léon n'avait pas encore de nouvelles de Masséna 
et d'Oudinot , qui arrivant le 1 9 de grand matin à 
Piaffenhofen , avaient l'ennemi devant eux. Na- 
poléon se trouvait ainsi à Ingolstadt, au centre 
de la manœuvre générale qu'exécutait l'armée 
sur Abensberg et Pfafienhofen ; attendant de sa- 
voir, de quel côté il devait se porter, où auraient 
lieu les premiers et les plus forts engagemens. 
Quoique dès la veille il eût deviné, ainsi que 
nous l'avons vu, les projets de l'archiduc; ce- 
pendant comme le mouvement de l'ennemi 
s'opérait derrière l'Abens et le. rideau du cin- 
quième, corps; et comme les coureurs de Belle- 
garde attaquant nos postes ' de l'autre côté 
du Danube, se rapprochaient de l'Altmuhl; 
l'attention devait s'étendre sur ces divers points. 



hyGoot^le 



C »84 ) 

Au milieu de la nuit du i8 au 19, le major- 
général écrit à Masséna au nom de l'Empereur, 
«de manœuvrer dans un double but, en por- 
» tantdes renforts à Ahendierg, et en se dirigeant 
» sur Landshut. » A trois heures dii matin Napo- 
léon ordonne à Lefebvre « de prendre une bonne 
D position pour combattre l'ennemi à nombre 
D ^(fd; de faire jouer au besoin ses soixante^ooze 
m pièces d'artillerie... Il lui £Uinonce qu'il arrivera 
n au premier coup de canon , avec les Wurtemi- 
B bergeois,les cuirassiers et la division Demont... 
n II recommande de faire des ponts sur l'Abehs 
t> au-dessoi}s d'Aben^>erg ; de tenir fortement et 
s à tout prix le pont de ce bourg, sur lequel doit 
» s'opérer la jonction du maréchal Davout; de 
» combattre en masse et réunis.... d'attaquer for- 
v tement, quiand on verra la tête du troisième 
B corps, qui rejoindra de bonne heure. » Il re- 
nouvelle plusieurs fois les mêmes ordres ; et à 
une heure, informant Ijrfebvre ainsi queWrede, 
du petit succès de la droite à Ptaffenhofen, il se 
plaint d'être sans nouvelles et de ne pas entendre 
le canon: Cependant vers midi le 19, Napoléon 
prescrit à Masséna, qui dès sir heures était k 
Pfeffenhofen, a d'envoyer une division d'Oudinot 
n sur Neastadt , » (ce fut la division Boudet du qua- 



hyGoogle 



( »85 ) 
trième corps qui s'y rendit, comme étant ta plus 
rapprochée), «et r»utre dfrision sur Freysing,.. 
B de tenir ses quatre' divisions autour de Pfeffen- 
D hc^en, sur les directions de Neustadt, Freysing 
» et Au , de manière à gagner du temps et du 
B terrain des divers côtés, et que chacune puisse 
» servir de tête de colonne. * 

L'iinpereur va noifs indiquer lui-même ta si- 
tuation -des aâàires, et l'esprit des manoeuvres 
qu'il exécute : a Les opérations se dessinent : d 
(dit-il àMasséna dans cette même lettre) «voici 
o le véritable état des choses. Le prince Charles 
» avec toute son armée était ce matin à une jour- 
» née de Ratisbonne , ayant sa ligne d'opérations 
» sur Landshut... Davout a évacué Ratisbonne, 
n pour se porter sur Neustadt et se joindre aux 
i> Bavarois. Je m'attendais donc aujourd'hui à 
B une affîtirej cependant iLest midi, et le canon 
B ne M feùt pas entendre... Vous voyez que par 
» cette manœuvre, je retire ma gauche, voulant 
» avancer ma droite qiic vous formel , et qui dès 
» aujourd'hui entre en jeu... Poussez Oudjnot sûr 
» Au étFrey^ng;» (dans le post-scriptum il fait 
marcher Oudinot vers Neustadt, pour renforcer 
le centre) « de là, selon les renseignemens que je 
n recevrai , je dirigerai le 4^ corps sur Landshut; 



hyGoot^le 



( î86 ) 
k> et alors le prince Charles attaqué sur la gauche, 
y> se trouverait avoir perdu sa ligne d'opérations 
B et sa protection qui est l'Iser... Je vous dis de 
» porter une division vers Au, parce que si la 
B gauche était engagée plus que je ne le désire, 
» cette division mira fait une marche, pour aller 
» au secours de la gaziche...Toutceci doit s'éclair- 
» cir dans la journée; lesmomens sont précieux : 
» ici tout est calcul d'heures. Douze o^ quinze 
» mille hommes de cette canaille , que vous avez 
B battue ce matin, doivent être attaqués tête bais- 
» sée par six mille de nos gens... » Cette lettre si 
remarquable , est surchargée de correctioDS de 
l'Empereur (i). 

Après avoir pourvu à ce qu'exige la partie de 
l'armée qu'il met en mouvement, Tîapoléon écrit 
à Dresde à M. Bourgoing, et lui annonce « avant 
» sept ou huit jours des événemens, qui confon- 
» dront l'orgueil et l'ingratitude de l'Autriche. »■ 
Il expédie à Bemadotte, des ordres sur lesquels 
nous devons revenir plus tard. A une heure il 
monte à cheval, parcourt et étudie ce terrain 
difficile et couvert, qui va devenir te théâtre 

(i) Voyez la lettre aux pièces : les mots mi italique sont 
écrits de la main de Napoléon. 



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( ^8, ) 
d'opérations si importantes ; dans lequel l'en- 
nemi montre encore des têtes de colonne , 
sur chaque route, le long de l'Abens, depuis 
Pfaffenhofen jusqu'à Abensberg, et même de- 
puis Dacbau jusqu'à la route de Kelheim. 

Tous les généraux ne donnent pas , comme 
Napoléon , des ordres qui sont le programme 
détaillé de leurs opérations et qui indiquent 
clairement leurs moti&. Il est difficile de con- 
naître ceux qui font agir les commandans en 
chef, en toute occasion, et principalement quand 
ils ont été battus. Nous ignorons donc ce qui 
a pu déterminer le changement de direction 
du prince Charles. Son nouveau projet sem- 
blait lui présenter encore quelques espérances 
de succès. L'archiduc n'avoit d'abord devant 
lui dans le centre, que Lefebvre avec les Ba- 
varois : les dispositions furent faites sur cette 
supposition. Il leur opposa les corps de Louis 
et dlliller. En se jetant vers la droite, il s'éloi- 
gnait des corps français, venant du côté d'Augs- 
boui^ , et qu'il croyait rendre ainsi inutiles. 
L'armée ennemie marchait, comme en tuyaux 
d'orgues; la colonne droite en avant; les têtes 
des autres colonnes successivement en arrière, 
et formant un front oblique. Le prince Charles 



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(288) 
maintenait autant que possible, U ligne d'o- 
pérati(His et ta base de son armée, sur Land- 
shut. Cependant celles-ci restaient exposées 
aux attaques de notre centre, et surtout de la 
droite. Puisque le prince supposait la possibilité 
de la retraite du cinquième corps, il aurait dû 
changer sa ligne et sa base, en les portant 
sur Dingelfing, liandau ou PlattUng : ainsi il 
remédiait à tout. Deux choses ont manqué 
aux AutrifjiieDs; le bon emploi du temps, si 
précieux à la guerre, élément des snceès et 
des revers, que l'activité double et semble fixer; 
la déci&ion ferme, pour exécuter les disposi- - 
tions arrêtées d'après le terrain et les mouve- 
mensJamaià on ne vit un exemple plus frappant 
de toat ce que peuvent l'à-propos, le caractère 
et le coup d'œil. Quelques minutes et quelques 
toiKs de terrain , décidèrent du sort des deux 
monarchies. Les armées allaient l'uoe vers l'au- 
tre, dans un espace étroit, qui n'a pas quatre 
lieues entre le Danube et la Laber, sur les mê- 
mes directioDS, presque vers les mêmes points 
de départ, et le long d'un obstacle qui ne per- 
mettait nul détour. Les a>rps de Charles étaient 
du double plus forts que l'aile gauche de 
Napoléon. Celle-ci fit lestement sa marche pen- 



hyGoogle 



( aSg ) 
tlant la nuit. Au moment où l'ennemi commen- 
çait à se mouvoir; la tête de nos colonnes 
était déjà arrivée, la jonction déjà opérée par 
la droite. Le reste du troisième corps put se 
mettre sur une ligne , que prolongea le cen- 
tre de l'armée française. Cette matinée vitnos 
forces réunies et plusieurs victoires obtenues 
en marchant, à Pfa£fenhofen, Amhofen et Thann. 
Développons ces événemens qui méritent d'être 
examinés en détail. 

Nous avons vu que l'armée française s'avançait 
par ses deux ailes, de Eatisbonne et d'Augsbourg, 
ou même de Dasswang et de Schongau, pour se 
masser au centre, soit sur l'Abens entre Abens- 
bergetAu,soitsurnim entre Geissenfeld et Pfaf- 
fenhofen. Napoléon avait pris ses mesures pour 
que cette jonction, surtout de la part de la gauche 
qui étaitla plus exposée ^ fût commencéedès le 1 8. 
Elle se trouvait retardée de quelques heures, par 
l'éloignement de la division Priant, et par les soins 
qu'exigeait la marche difficile de Davout, au mi- 
lieu des corps autrichiens. Ce maréchal avait lait 
reconnaître l'ennemi sur la route de Landahut, 
par t'avant-garde du général Montbrun , qui ayant 
rencontré des forces supérieures, à une lieue 
d'£glofsbeim , s'arrêta et prit position. Une autre 



hyGoot^le 



( ^90 ) 
reconnaissaRce du onzième de chasseurs , pous- 
sée sur la route de Slraubing , y perdit dix- 
sept prisonniers. Davout avait laissé à Ratis- 
bonne, le soixante-cinquième régiment de trois 
bataillons et de dix-huit cents hommes, pour 
garder le pont , jusqu'après l'exécution de son 
mouvement. Il avait fait occuper par un batail- 
lon , l'important défilé d'Abac^, resserré pen- 
dant l'espace de deux lieues , entre le Danube 
et des collines roides et boisées ; au milieu de ce 
défilé passe la chaussée de Ratisbonne à Neus- 
tadt : c'était la clef du terrain et des manœuvres. 
Dans la nuit du i8 au 19 , le troisième corps 
se mit en marche sur quatre colonnes. Celle des 
bagages et du parc,, qui était la quatrième, sui- 
vit la chaussée; la troisième, composée des divi- 
sionsMorandct Saint-Hilaire, se dirigea de Grass, 
par Gebraching, Peisîng, Tengen et Feeking: la 
deuxième (divisions Gudin et Priant), deWein- 
ting, parWeichenloe, Salhaupt et Ober-Feeking; 
)apremière,ouravant-gardeauxordresdu général 
Montbrun (brigades de cavalerie légère Pajol et 
Jacquinot, avec deux bataillons du dix-septième 
léger) partant d'Eglofsheim , couvrait la manœu- 
vre sur la droite, par Lukepoint et Dinzling. La 
cavalerie légère du corps d'armée et la divi- 



hyGoogle 



( 29» ) 
sion de cuirassiers, étaient réparties autour des 
deuxième et troisiènie colonnes, pour éclairer 
le pays en avant et en arrière. La quatrième co- 
loûne et la tète .des troisième et deuxième, com- 
posée des divisions Morahd et Gudin , avec les 
premier et deuxième remmena de chasseurs et 
la division de cuirassiers Saint- Sulpice, étaient 
déjà arrivées peu loin de TAheas, vers six heu- 
res du matin. Les divisions Priant et Saint-Hi- 
laire suivaient; mais ayant dû sortir la veille de 
Ratisbonne, elles ne pouvaient être aussi avan- 
cées. Dès neuf heures elles rencontrèrent l'en- 
nemi. Vers cette heure , l'armée bavaroise était 
ainsi placée : la deuxième division près de Bi- 
bourg, sur les borda de l'Âbens; la première 
en avant de Muthausen; la troisième près de 
Neustadt. Leièbvre était encore à Alt-dumbach, 
en retard pour déboucher d'Abensberg, avec 
les première et troisième divisions. LesWurtem- 
bergeois se trouvaient en arrière de Neustadt, 
à la croisière des ix>utes de Munschmûnster; la 
division Demont, à Yohboui^; Nansouty, eh avant 
de cette ville. 

Le 19, à six heures du matin, les corps du 
prince Charles exécutèrent le nouvel ordre qui 
les portait vers Katiabonne, dans cette même 

D,gn,-.rihyGOOt^le 



( *9^ } ; . 

direction que suivaient de leur côté les troupes 
de Davout, mais lorsque le maréchal avait à 
moitié terminé son mouvement. L'armée autri- 
chienne était sur trois colonnes. Celle de gauche , 
3^ corps ( 19,000 hommes ), se portait de Rohr 
et Bachel vers les hauteurs d'Abach , par Gros- 
muss, Thann, Hausen et Tengcn, où elle devait 
se diviser pour attaquer Abach, par Deutchhof 
et Peising : le prince Hohenzollem détachait le 
général Thierry avec 6,000 hommes, sur les col- 
lines en face d'Abensberg, pour surveiller ce dé- 
bouché et assurer la communication avec l'ar- 
chiduc Louis. La colonne du centre , sous le 
prince de Bosemberg, 4* corps avec les douze 
bataillons de grenadiers de la i'* réserve (28,300 
hommes), marchait de Bohr, parLangquaid, sur 
Dinzling et Weichenloe. La 3* colonne, division 
Lindenau du 5* corps et cuirassiers de la ré- 
serve, sous le prince de Liechteinstein (20,000 
hommes), se dirigeait par Laogquaîd, Schierling, 
Eckmuhl et Eglofsheim , sur la chaussée de Land- 
shut à Ratisbonne. Ainsi 73300 Autrichiens au- 
raient pu opérer contre notre 3* corps , qui n'avait 
qu'un peu plus de moitié de cette force à leur 
opposer. L'archiduc Louis resté en face de Sie- 
genbourg, destiné à contenir les Bavarois, n'avait 



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{ >93 )■ 
plus qiie 1 4iOOO hommes , sans compter les trou- 
pes envoyées à Mainbourg; la 2* résel^e qui l'ap- 
puyaît à PfeffeDhausen , était de 4)300. Une masse 
de 93,000 Autrifchiens , selon les calculs même de 
Stutterheim, s'est donc trouvée réunie dans la soi- 
rée du 1 8 , entre Rohr et Siegenbourg, sans qu'on 
ait tiré de cette' circonstance aucun des avan- 
tages immenses qu'elle offrait. On pouvait aug- 
menter encore ces forces, avec le 6* corps parti de 
Mosbourgpour Au, et qui avait reçu l'ordre de 
rejoindre au plus tôt le 5*, par Lutmausdorf. Le gé- 
néral Hiller devait prendre le commandement des 
deux corps et de la réserve. En cas de retraite » 
ces forces devaient se diriger sur Landshut; Louis 
par la chaussée de Pfeffenhausen, Hiller par le 
plus court chemin. \ la rive gauche du Danube , 
le 1" corps était en ce moment devant Ratisbonne 
qu'il attaquait ; le i *' à Aroberg, marchant le len- 
demain sur Neumarkt; mais l'ordre lui avait été- 
adressé de se rendre aussi à Ratisbonne.. 

Ainsi se préparait sur toute la ligne del'Abens," 
un engagement général qui n'était que le prélude 
d'afEaires plus importantes, et le développement 
des premières dispositions de Napoléon , pour la 
concentration de son armée, et pour la manœuvre 
qu'ilexécutaitparsa droite,sur la gauche etlesder- 



hyGooglc 



( "94 ) 
rïères de l'Archiduc , à mesure qu'il voyait celui-ci 
se masser sur Ratisbonne. Davout allait résister 
glorieusement, avec deux divisions, à la majeure 
partie de l'année autrichienne. LeCebvre poussait 
le corps de Thierry au-delà d'Offenstetten , et 
commençait la séparation du coitre et de la 
gaudie ennemie. Masséoa, à la tête des divisions 
d'Oudinot, dispersait les flanqueurs du général 
Hiller, les rejetait sur le 6* corps arrêté à Au, et 
formait ainsi Voile marchante de cette grande 
opération , qui allait dès les premiers coups , 
s'emparer des bases du prince Charles et le re- 
pousser entre l'Iser et le Danube. 

Le maréchal Davout avait habilement éche- 
lonné ses colonnes , la droite en avant, le long du 
Danube et du défilé d'Abach. L'Archiduc aurait 
dû, pour combattre , s'échelonner dans im ordre 
inverse. Mais ce mouvementde tactique aurait été 
en contradiction avec son mouvement de straté- 
gie, ou pour parler plus simplement, la disposi- 
tion particulière, çn opposition avec la disposi- 
tion g^érale, toujours aoumisej dans les calculs 
de l'Archiduc, à la base de Landshut. Ce prince 
laissait donc àson adversaire, le débouché de Post- 
saal ouvert, et de plus, le temps de devancer sa 
marche. Sa colonne de gauche était encore fort 



hyGoogle 



(-95) 
en arrière; celle de droite déjà en avant;-lor3qu'au 
centre, vers les neuf heures, eut lieu la première 
rencontre. 

Des éclaireurs de la deuxième colonne autri- 
chienne, ayant découvert vers Schneidert des pa- 
trouilles françaises, la fusillade s'engagea, et aug- 
menta rapidement. Le quatrième corps, où était 
l'Archiduc, s'arrêta sur les hauteurs de Grub, et 
attendit long -temps l'arrivée de la colonne de 
gauche (troisième corps), qui parut enûn devant 
Hausen, débouchant deXhann : village qui, sans 
motif, a donné son nom à cette afËiire. Le maré- 
chal Davout prévenu vers Salhaupt, par ses cou- 
reurs , de l'approche de l'ennemi , se porta en 
avant; fit placer la division Saint-Hilaire sur les 
hauteurs de Tengen; et lui fit occuper Hausen. 
A mesure que la division Priant, la plus retardée 
de toutes, arrivait, le maréchal fit entrer ses ré- 
gimens en ligne, à la gauche de Saint-Hilaire, et 
se prépara à soutenir un combat, plus difficile en 
apparence qu'en réalité. Les circonstances en ont 
été dénaturées dans l'étranger, comme en France. 
L'ennemi avait le plus grand intérêt à Ëûre de 
cette rencontre une affaire importante , afin de 
couvrir les fautes qu'il avait commises pendant 
la journée. Dans notre pays , on" a voulu exagérer 



hyGoot^le 



( ^96 ) 
la gloire du maréchal Davout, ans dépens de Na- 
poléon , qui de sa personne ne se trouvait pas sur 
le champ de bataille, mais qui dirigeait l'action 
par ses dispositions. On a prétendu même que 
le maréchal agissait de son propre mouvement. 
Cependant nous venons de voir les ordres que 
reçut Davout. S'il les avait exécutés le 1 8 , même 
dans la soirée, aussitôt que Frlant eut rejoint, il 
serait arrivé avec tout le troisième corps, sans 
tirer un coup de fusil , ainsi que trois de ses di<^ 
visions. Si, comme on l'a observé, ce maréchal 
avait Iç Danube à dos, ou plutôt à sa droite; il 
est vrai aussi que d'après les contours du fleuve 
et la forme du terrain , il pouvait regagner fa- 
cilement, et par une manœuvre fort simple, 
le pont de Ratisbonne , ou le défilé de Postsaal. 
D'ailleurs les divisions Morand , Gudin et Saint- 
Sulpice, qui avaient dépassé Feeking et Sail- 
bach, menaçaient la' gauche de l'ennemi > et se 
liaient avec les Bavarois ; elles faisaient ainsi partie 
de la ligne française, <fui se prolongeait de Ten- 
gen à Abensberg. Le champ du combat était aussi 
en faveur du maréchal : fort resserré, n'ayant pas 
plus de raille pas, il occupait une hauteur peu 
rapide, boisée, où la défense était favorable, et par 
laquelle notre droite pouvait s'étendre aisément, 



hyGoot^le 



( »97 ) 
puisque ta chaîne s'allongeait dans cette direction. 
Vers les onze heures , le troisième corps autri' 
chien et la moitié du troisième corps français ^ 
àpeuprès d'égale force, étaient vivementengagés. 
Le village de Hausen, défendu par peu de trou- 
pes, avait été enlevé par l'ennemi; pendant qu'il 
était tourné vers la gauche par le général Wukas- 
sowich : celui-ci manœuvra de ce côté avec l'a- 
vant-garde, pendant toute la journée. Il était 
moins aisé de s'emparer des sommités couvertes 
de bois, sur lesquelles notre ligne s'établissait. 
Les Autrichiens s'y portèrent avec ardeur. Re- 
poussés, ils revinrent à la charge, s'essayèrent 
sur tous les points, où ils furent ramenés plu- 
sieurs fois par leurs généraux. On combattit de 
part et d'autre avec le plus vif acharnement. Les 
Autrichiens éprouvant une perte considérable , 
parvinrent à occuper quelques parties de bois ; 
mais ils en furent constamment chassés. Davout 
qui était resté en communicatioQ avec les di- 
visions Gudin et Morand, passées de l'autre 
côté de la vallée de Postsaal, fit revenir une bri- 
gade de la première,. et la plaça à sa droite. Le 
maréchal attaquait de son côté l'ennemi, ef re- 
poussait l'avant-garde de Wukassowich ; il la prit 
par te flanc gauche, où il fit des progrès fort im. 



hyGoogIc 



( '98 ) 
portans, dans la position où se trouvaient les 
deux corps opposés. Hohenzollera fut obligé de 
replier son avant-garde, et de la porter en ar- 
rière sur les hauteurs de Buch, afin de couvrir 
sa gauche. I^e général Stutterheim , acteur bril- 
lant autant que digne historien de ces journées , 
conduisit du côté de Schneidert, à l'appui du 
prince de Hohenzollern, l'avant-garde du prince de 
Rosemberg. L'artillerie gênée par les bois, rendit 
des deux côtés peu de services; mais la nôtre 
eut toujours l'avantage. Chaque régiment du 
troisième corps autrichien, fut successivement 
engagé; tous les généraux se distinguèrent à 
leur tête; presque tous furent blessés. 

Pendant cette action si vive , le généralissime 
s'était arrêté à une demi-lieue, sur les hauteurs de 
Grub, avec les douze bataillons de grenadiers. 
Vers le soir seulement, il en détacha quatre sous 
le prince Victor de Rohan , au secours de Ho- 
henzollem qui était vivement pressé. A six heu- 
res le combat cessait; un grand orage le ter- 
mina entièrement. Chacun resta pour le moment 
(fans les positions qu'il occupait. L'Archiduc 
avait fait continuer au quatrième corps, sa route 
dans la direction première de Dinzling , où , 
après une légère affaire avec la petite avant- 



hyGoogle 



( »99 ) 
garde de Montbrua, îlbivaqiia à une bonne lieue 
du champ de bataille; sans prendre aucune part 
à l'action. La colonne de Lîchteinstein poursuivit 
sa marche , encore plus à dt-oite jusqu'à Eckmuhl ; 
son avant-^arde, k Eglofeheim; ses avant-postes, 
vers Lukepoint : elle fut entièrement étrangère 
aux engagemens de cette journée. 

On voyait parfeutement des hauteurs de Grub, 
où se trouvait cette réserve de grenadiers, le 
champ de bataille éloigné d'une-demi-Ueue, sur 
le penchant opposé de la vallée. L'Archiduc y 
resta tout le temps, sans disposer des nombreuses 
troupes qu'il avait autour de lui , pour accabler 
Davout. Quelle apu être la cause de l'inaction du 
prince Charles, pendant cette af^re ? Le général 
Stutterhéim ne l'explique nullement. M. de 
Gnmne la dissimule dans sa correspondance , 
où il prétend que l'action fut fort vive, que 
Davout combattant avec l'opiniâtreté du déses- 
poir , ne se sauva qu'à la faveur de la nuit , et en 
sacrifiant la garnison de Ratîshonne : assertion 
entièrement inexacte , puisque le maréchal con- 
serva son terrain jusqu'au aS , et ijue le prince 
Charles retira ses groupes dans la nuit du 19! 
M. de Grunne prétend aussi, contre toute appa- 
rence , que c'est sur le champ de bataille qu'on 



hyGoot^le 



( 3oo ) 
apprit l'arrivée de Napoléon. L'Archiduc n'avait- 
il pas déjà reçu des rapports, ou fait des pri- 
sonniers, qui durent, lui annoncer ce qui se pas- 
sait dans notre armée? N'avait-il pas dû par ce 
mouvement si hardi , deviner la présence de son 
adversaire? Ce prince pouvait-il croire qu'il trou- 
verait encore des colonnes françaises vers Ratis- 
bonne, lorsqu'il avait laissé au maréchal pour 
déboucher, tout l'espace entre Tengen et le Da. 
nube ; tandis qu'il aurait Ëdlu appuyer au plus 
tôt son mouvement au fleuve? 

L'Empereur avait donné à Lefebvre des ordres 
pressans, plusieurs fois renouvelés et développés. 
■ Cependant le maréchal ne sortit qu'assez tard 
d'Abensberg , avec les première et troisième di- 
visions, renforcées par le sixième régiment de 
la division Wrede. Les divisions Gudin , Morand 
et Saint-Sulpice , déjà arrivées dans les environs 
d'Amhofen, se formèrent en ligne avec lui. Si 
d'après les ordres qu'il avait reçus, Lefebvre 
s'était un peu plus rapproché du défilé de Post- 
saal ; les Bavarois auraient pu opérer contre le 
flanc d'HohenzoUem , et auraient aidé puissam- 
ment Davout ; tandis qu'ils n'eurent afÊiire de- 
vant Abensberg, qu'au général Thierry. Celui-ci 
parti de Bohr, à six heures du matin, se portait 



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{ 3o, ) 
par Kirchdorf, en fece de l'Abens. Il s'étendait 
avec ses 6,000 hommes , bien au-delà de ce qu'il 
devait le faire, sur les hauteurs de Kirchdorf et 
de Pruk; et marchait aussi dans ta direction 
d'Ambofen, vers la chaussée d'Abach. Prévenu 
du mouvement des Bavarois, au-devant des divi- 
sions qui venaient de Ratisbonne, il voulut l'in- 
quiéter ou l'empêcher. Ayant rencontré les che- 
vau-légers, sur les hauteurs entre le ruisseau de 
Falingber et la route d'Arnhofen, Thierry les ca- 
nonna; mais il fut bientôt chargé par cette 
cavalerie bavaroise , et attaqué par les bois de 
la gauche. Après quelques engagemens, et vers 
les quatre heures, le général autrichien beau- 
coup trop faible pour occuper tant de terrain, 
iiit repoussé au-delà d'Offenstetten. Il s'appuya à 
un détachement du général Pfanzetter, que l'ar- 
chiduc Charles avait placé à Bachel, pour ob- 
server ce qui se passait à la gauche. Les Bavarois 
soutenus des divisions Morand et Gudin , s'avan- 
cèrent jusqu'à Olfenstetten. Ainsi commençait 
l'exécution des ordres de l'Empereur, pour opé- 
rer la séparation du centre et de la gauche de 
l'armée ennemie. 

L'archiduc Louis inquiet du feu qu'il entendait 
vers Abensberg, avait envoyé pour renforcer le 



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( 3o" ) 
général Thierry, la brigade de droite du général 
Bianchy. Celni-ci apprit la défaîte du corps au- 
trichien, devant le pont de Bibourg. Il y trouva 
la division de Wrede, qui débouchait du pont 
sur l'Abens. Bianchy s'étabUt en Êice d'elle, et 
engagea une canonnade très-vive, qui se prolon- 
gea assez avant dans la nuit. 

Le 19 à six heures du matin, Masséna qui 
pendant la nuit avait eu son quartier-général à 
Schrobenhausen , arriva à PfafFenhofen avec la 
tête des divisions d'Oudînot : il y rencontra un 
corps autrichien fort de 4 ^ 5,ooo hommes (t), 
qu'ilculbuta après quelques minutes de combat, 
et qu'il fît poursuivre vivement. Ce corps perdit 
assez de monde en tués et prisonniers. Les divi- 
sions du quatrième corps, qui avaient passé la 
nuit, échelonnées sur la route d'Augsbourg, re- 
joignirent Masséna dans la soirée, et bivaquèrent 
en avant de Pfafïenhofen , dans la direction de 

(i) Le général Etmtterbeim parle d'un corps dn major 
Scheibler, qui n'avait que deux bataillons et trois escadrons. 
Cependant le corps, que battit le maréchal Masséna, était 
composé des régimens de Kléber, de l'archiduc Charles in- 
fanterie, de Croates, des dragons de Schwartzemberg, des 
hussards de Liechtenstein ; sa force était réellement de 
4 à 5,000 hommes. 



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( 3o3 ) 
Au. Le général Hiller qui était dans ce bourg, 
s'arrêta pendant le combat , et ne continita son 
mouvement sur Mainbourg, que vers la fin de la 
journée , dans la crainte où it était de se voir 
attaqué pendant sa marche. Masséna lui ôta ainsi 
les moyens de secourir à temps le cinquième 
corps, et s'ouvrit le chemin pour arriver à Land- 
sLut, sur ta base de l'armée autrichienne. 

Ce grand bruit d'artillerie vers sa gauche, n'é- 
claira pas l'Archiduc sur \A manoeuvré qui s'opé- 
rait devant sa ligne. Il dut pourtant avoir des 
nouvelles des généraux Thierry et Pfanzelter, 
qui s'étaient rapprochés à moins de deux lieues 
de sa position , et dont le feu devait se faire en- 
tendre. Malgré les avis que ce prince avait dû 
recevoir de tous côtés, pendant la nuit et la 
journée, il écrit à l'archiduc Louis , à trois heu- 
res après midi, des hauteurs de Grub: a qu'ayant 
o rencontré l'ennemi, il est fortement engagé; 
» et qu'on annonce que le maréchal DavoufVeut 
» attaquer sur tous tes points : que te cinquième 
s corps ait à marcher pendant la nuit, par Rohr 
» et Langquaid, pour le soutenir; si toutefois il 
» n'a pas à craindre lui -même devant Siegen- 
» boui^ , où te général Hiller doit te remplacer 
» au plus tôt. B Le prince Louis reçut cet ordre le 



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( 3o4 ) 
soir, et ne put y obéir, d'après ce qui se passait 
autour de lui. 

L'ennemi éprouva une perte de ayooo morts 
et 700 prisonniers, dans ce combat de Thann, 
bien inutile après ta jonction des divisions de 
Davout, et que l'Archiduc supérieur en forces^ 
était maître de faire cessep, en retirant ses troupes 
vers la droite. Tous les généraux- ennemis et le» 
principaux officiers se distinguèrent : les princes 
de Lusignan, Louis et Maurice de Lichteinstein 
furent blessés. On voit par là, combien d'opiniâ- 
treté et de dévouement, les troupes autrichiennes 
montrèrent dans cette première action. Mais ces 
pertes assez considérables étaient peu de chose, 
en comparaison des suites, qui furent bien plus 
funestes pour l'ennemi. 

Les deux armées occupèrent le soir les positions 
suivantes : le maréchal Davout resta à Tengen ; 
les divisions Priant et Saint-Hilaire, bivaquèrent 
sur les hauteurs en avant de ce village; Morand, 
Gudin et Saint-Sulpice , sur les collines d'Arnho- 
fen;Lefebvre,àOfFenstetten;Wrede, àBJbourg; 
Vandamme, derrière Neustadt; Nansouty, peu 
loin de là; Masséna, à Pfafïenhofen ; Oudinot, en 
avant sur la route de Freysing, Masséna avait 
envoyé sur, les routes de Munich, des coureurs 



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( 3o5 ) 
qui coupaient toute communicatioo entre Jella- 
chich et l'archicluc Charles. L'armée autrichienne 
était ainsi placée : te corps de Liechtenstein, vers 
Eglofsheim; le quatrième, devant Dinzling; le 
troisième, sur les hauteurs derrière Hausen, oc- 
cupant le village par son avant-garde, et Bachel 
par le détachement de Pfanzelter. Ce corps reçut 
pendant la nuit, et exécuta vers le point du 
jour, l'ordre de se retirer de l'autre côté de la 
Laher, par Leierndorf. La réserve des grenadiers 
était sur les hauteurs de Grub; Thierry, près 
d'0£fenstetten ; Blanchi, devant Bibourg; le cin- 
quième corps , en face de Siegenbourg; le sixième , 
en position à Mainbourg; le deusième de ré- 
serve, à Lutmansdorf. Le prince Louis, en appre- 
nant la déroute du général Thietry, avait porté 
sur Rohr le général Schusteck avec quatre esca- 
drons de Kienmayer, pour garder ce point im- 
portant de la ligne d'opérations, et se lier avec 
le centre de l'archiduc. On a déjà vu qu'à la rive 
gauche du Danube, les premier et deuxième 
corps étaient ce jour-là à Âmberg et devant 
Stadt-ani-hof. 

Ainsi l'armée française, rassemblée sur une 
ligne de huit à dîxlieues de longueur, mais en-^ 
trant dans le même système de manœuvres, pou- 

I. .30' 



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{ 3o6 )■ 
vait se œncentrer en peu d'heures et en combat- 
tant, quoiqu'elle présentât encore deux masses; 
mais celle de gauche était vis-à-vis le centre de la 
ligne autrichienne. L'Empereur avait dans une 
seule journée, et malgré tant de fautes antérieu- 
res, ramené tous les corps au système de concen- 
tration qu'il avait toujours projeté, et menaçait 
déjà les derrières de l'ennemi. L'armée de l'ar- 
chiduc au contraire, forcée dès le commence- 
ment, de se resserrer dans le grand défilé du 
Danube, avant d'arriver sur Hnn, ne cessa en- 
suite de s'étendre, à mesure que le terrain s'é- 
largissait. Elle occupait maintenant un espade 
triple du nôtre, si on compte les corps au-delà 
du Danube, Mais là masse réunie sous l'arcbidùc 
Charles, était séparée par un intervalle de quatre 
à cinq lieues des corps d'HilIer; et ceux-ci se 
prolongeaient au loin en ligne Irès-mince. Cette 
dangereuse trouée se trouvait entre l'Abens et le 
ruisseau de Postsaal, justement au point obligé 
de rencontre des colonnes françaises, qui Ve- 
naient dlngolstadt et de Ratisbonne : elle était 
en face de la route même de Kelheim à Lands- 
hut, l'une des lignes d'opérations de l'archiduc, 
sur laqudle il venait d'établir sa nouvelle base , 
et qui se dirigeant par Braunau, vers Lintz, 



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(3o, ) 
tombait sur la véritable ligne d'opérations de 
l'Altemagne méridionale par Augsbourg. C'était 
cette ligne pour laquelle le prince Cbarles avait 
sacrifié tant de jours, et fait tant de chemin. 
Elle restait entièrement découverte , devant le 
centre de l'armée française, actuellement rassem-^ 
blée dans la main de Napoléon , et elle était me- 
nacée de très-près par Masséna. Cette route allait 
devenir notre ligne d'invasion sm* Vienne. 

Il est difficile de donner des raisons valables, 
pour expliquer là marche des opérations de l'ar^ 
mée autrichienne, et les motifs particuliers qui 
ont pu déterminer la conduite de l'archiduc- dans 
cette journée. On sera toujours autorisé à re- 
procher' à ce prince : i" de n'avoir pas ■marché 
plus rapidement sur Neustadt ou sur Ratisbomie, 
par les deux rives du Danube, même depuis le 
passage de User; 2° de n'avoir pas contionéà 
agir par la ligne du centre, sur les ponts de Neus- 
tadt et de Kelheim, en culbutant les Bavarois 
au-delà de lllm ou du Danube, le l8 au soir, ou 
le 19 à la pointe du jour; 3" de n'avoir pas atta- 
qué Davout tète baissée, avec les trois corps du 
centre, aussitôt que l'archiduc s'est-décidé à ma- 
nœuvrer sur ta droite, pendant qu'il aurait bit 
contenir les Bavarois par les troupes d'HilIer; 



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( 3o8 ) 
4" enfin de n'avoir pas muni tonte l'armée autri- 
chienne, après la prise de Ratisbonne. Jamais le 
prince Charles n'eut une plus belle occasion , ni 
plus de motifs pour combattre d'un côté ou de 
l'autre; car presque tous ses corps rassemblés à 
Rohr et à Siegenbourg, montant comme nous l'a- 
vons vu à plus de 92,000 honunes, se trouvaient 
entre ceux de Davout et de Lefebvre; tandis qu'il 
devait savoir par ses coureurs vers Pfaffenhofen, 
qu'aucune partie des corps de Masséna et d'Ou- 
dinot, n'avait encore paru de ce côté, avant' la 
matinée du 19. £n ce moment, tes motifs de 
guerre et ceux de politique, quel que fût le sys- 
tème adopté, les conseils de la prudence comme 
ceux de l'audace; toutsembtaitdevoir déterminer 
l'archiduc à persister dans son système de con- 
centration , à faire tous les sacrifices possibles 
pour empêcher la jonction des corps français, et 
à profiter de leur séparation, pour obtenir les 
grands succès sur lesquels la coalition avait 
compté dès le commencement de la guerre. 

;JN DV TOME PREMIER. 



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NOTE PREMIERE. 



I STKATiciQUBS 
N ri Kl DI OH A LE. 



Nous avons réuni dans cette note, quelques détails 
sur les principaux points stratégiques de ce théâtre de 
guerre, que nous pensons devoir être agréables et utiles 
aux militaires, et que nous avons dégages de tout ce 
qui est purement géographique. 

Ratisbonnb est le plus important de tous les points 
stratégiques, du théâtre de guerre dans l'Allemagne 
méridionale, à cause de ses relations générales et de 
ses localités. Centre des routes de toute TAlleinagne; 
placée au sommet de l'angle que fiait le Danube; à dis* 
tance égale de Passau et de Donawerth (points du sys- 
tème d'opérations français, que cette ville Uaît ou coli- 
pait), d'Egra, de Forcheioi, d'Augsbourg et de Munich; 
plus rapproché des montagnes de la Bohème, par où les 
Autrichiens pouvaient venir si facilement l'occuper; 
Ratisbonne possède un pont en pierre sur le Danube, et 
une vieille enceinte en maçonnerie , qui a soutenu plu- 
sieurs sièges remarquables. Ses murailles élevées sont 



hyGoogIc 



( 3.U) 
;s en partie; elles n'ont pluj qu'un fossé sec, peu 
Ur^e et profond, bordé d'une promenade- Mais sur 
un développement de quinze à seize cents toises, elles 
sont flanquées par quelques tours , et forment plusieurs 
angles saillans et rentrans, favorables à la défense. 
L'enceinte n'a que trois portes, et ses approches sont 
assez découvertes. Enfin elle réunit tout ce qui peut 
mettre un tel poste à l'abri d'une attaque de vive force. 
Vers le Danube , Ratisbonne est appuyée au fleuve , au- 
delà duquel se trouve la petite ville de Stadi^cun-of, 
qui paraît entourée par de simples murs de clâture, 
couverte à droite par le confluent de la Begen , et 
en avant parle mont de la Tmùté ; cdui-ci remplissant 
toutrespaceentrelaRegenxetleDanube,est par lui- 
même facile à retrancher. Le pont est défendu par de 
grosses tours, avec pont-levis. Les petites rivières qui 
environnent Ratisbonne, la Regenz, la Naab, l'Alt- 
muhl, les trob Laber, le ruisseau de Wentïng même, 
présentent divers appuis, pour tenir la campagne. €ette 
ville devenait pour les deux partis, le point capital des 
premières opérations. Elle était difficile à occuper pour 
l'aimée française, qui ne pouvait en approcher qu'a- 
vec beaucoup de mesure, l'ennemi en étant bien moins 
éloigné. Mais une fois arrivée en force, notre année 
était maîtresse des opérations, soit qu'elle voulût rester 
sur la' défensive et disputer le passage du Danube, dans 
toute sa courbure, de Donawerth à Passau; soit qu'elle 
cherchât à prévenir l'ennemi sui Vienne. Elle aurait 



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(3., ) 
mitnœuTTé avec, assurance dans toutes les direc- 
tions; puisque Rabsbonne est le sommet de toutes 
les lignes d'opérations de Mayence à Huningue, et 
forme presque un triangle équilatéral avec ces deux 
places. D'uD autre côté, Ratisbonne est à égale dis- 
tance deStrasboui^ et de Vienne, un peu plus rap- 
prochée de cette capitale qu'Ëgra, et ayant pour y ar- 
river un plus beau chemin. Les Autrichiens y trou- 
vaient d'aussi grands avantages : de là ils dominaient 
les plaines de la Bavière , devenaient maîtres des opé- 
rations sur les deux rives du Danube, paralysaient 
celles des Français sur la ligne du midi j libres d'agir 
par celle du nord, ils pouvaient espérer de séparer les 
deux masses françaises , pendant leur écartement sur 
k; haut Mein et sur le Lech. 

Passac, ville forte de la Bavière, située à l'entrée 
du défilé du Danube autrichien, au confluent de ce 
fleuve avec l'Inn et l'Ilz, petite rivière qui descend des 
montagnes de la Bohème j Passau occupe les quatre 
rives de ce double confluent, et une des routes de Ra- 
tisbonne à Vienne. La ville se trouve entre le Danube 
et rinn,sur une langue de terre longue de sept à huit 
cents toises, large au commencement de quatre cents. 
Elle est entourée par une vieille enceinte, un peu ar- 
rondie du côté de la campagne , n'ayant qu'une porte, 
et bien aisée à défendre de ce côté. Entre le Danube et 
rilz, sur un coteau irès-allongé, est le cb&teau d!Ober* 



hyGoot^le -~" 



( 3" ) 
hausen, vieux fort qui a été couvert du côté de la terre 
par deux petits fronts bastioimés de quatre-ving^ toi^ 
ses, formant une couronne. A droite de l'Inn, au-dessus 
du confluent, est la petite ville de Instadt, entourée 
de murs, dominée par le plateau de Notre-Dame-de- 
Bon^ecours, sur lequel il j a eu un camp retranché 
dans les anciennes guerres. Enfin au confluent et à la 
rive gauche de l'Ilz, se trouve la petite ville de Ilzstadt, 
également entourée de murs et dominée. Passau fonne 
donc une agrégation de quatre parties bien distinctes 
et séparées. L'ensemble maîtrise le cours du Danube 
et de rinn, donne par ses ponts des passages sur 
toutes les rives, et présente ainsi une clef très-inapor- 
tante des pays environnans : là se rendent tous les 
chemins qui sont à la rive gauche du Danube, et 
ceux qui descendent des montagnes de la Bohème, 
depuis Schusterhofen jusqu'à Hofflach. Sur la rive 
droite du Danube, Passau est éloigné des routes 
assez nombreuses , qui traversent l'Inn , à Schar- 
ding, Braunau, Burckhausen ; mais il en possède une 
fort précieuse et fadle à raccommoder, qui conduit 
par les bords du fleuve de Vilzhofen à Efferding, 
jusqu'à Lintz, et de même par la rive gauche du Da- 
nube. Cette place de Passau si importante, échelon 
de nos opérations entre le Lech et Vienne, avait vi- 
vement frappé l'Empereur, qui dès le 7 mars 7 avait 
envoyé un de nos généraux du génie. Nous engageons 
a lire dans l'ordre du i'^ mai, les mesures que Na- 



hyGoo>îlc 



-| 



( "3 ) 
poléon ordonna pour couTrir Passau du côté de la 
terre, relever le camp retranché d'instadt, renforcer 
le château d'Oberhausen , et maîtriser la rive gauche 
du Danube ; enfin pour établir le dépôt général de l'ar- 
mée, et un centre d'opérations défensives, en cas de 
retraite, jsur ce quadruple confluent. Cet ordre donne 
en même temps, une leçon aux militaires qui veulent 
s'instruire , et à ceux qui se permettent de critiquer le 
système de guerre de Napoléon. On verra dans ces 
Mémoires, comment il était assuré à chaque pas, et 
comment Passau se combinait avec les fortifications de 
Salzbou^, etc. 

Ulh, ancienne ville impénale sur la rive gauche 
du Danube, au débouché du défilé formé par les ap- 
pendices de Voralberg et par le Rauhe-Alp , nœud 
des routes qui vont sur le bas Necker, le haut Rhin , 
rinn et le long du fleuve; Ulm est situé au pied du 
Michelberg qui le domine, au-dessous et à dix-huit 
cents toises de l'embouchure de l'Iller, qui se jette à 
la rive droite du Danube. Celle-ci est couverte de ce 
côté, par les marais d'Ulm, qui s'étendent depuis l'Iller 
jusqu'à deux lieues au-dessous de la ville : ainsi cette 
place ne pouvait qu'assez dHBcilement, être bée avec 
le confluent et la défense de l'Iller., Elle était autre- 
fois fortifiée par une double enceinte,.dont l'une bas- 
tionnée, démantelée en 1800, conservait encore quel- 
ques parties, qu'on pouvait utiliser en i8ô5. Il ne res- 



hyGooglc 



(3,4) 
tait à Ulm ea 1809, que la vieille enceinte adossée 
aux maisons. Le pont du Danube, long de cinquante 
toises, est en bois sur piles de (oaçonnene. H avait 
été couvert à la rive droite, par une lunette également 
démolie. Bien ne fut fait en 1809, pour restaurer cette 
place , qui reçut cependant les premiers approvision- 
neniena de l'armée. 

DONAWERTH, ville anciennement fortifiée, et qui 
a joué an rôle dans toutes les guerres de la Bavière, 
est située sur la rive gauche du Danube, au confluent 
de la Wemitz, à deux lieues de celui du Lech, eti 
une lieue et demie de cette rivière, vers le pont de 
Rhaîn. La Schmutter, qui a son etnboucbure en &ce 
de Donawerth, est assez rapprochée du Lech; l'in- 
tervalle qui l'en sépare est occupé par des marais : 
malgré cela il serait assez difficUe de lier Donawerth 
avec la défense du Lech. Cette ville est dominée par le 
Schellemàerg, sur lequel on a travaillé à toutes les 
époques, et qu'on retranchait en 1809. IS^apotéon avait 
désigné DoQavi'erth comme le premier magasin ; c'é- 
tait aussi un des lieux indiqués pour le quartier-gé- 
néral et le rassemblement de l'année sur le Danube, 
n paraît que l'Autriche attachait de son câté, par les 
souvenirs de 1796, beaucoup d'importance à l'occu- 
pation de Donawerth, et à la partie du fleuve com- 
prise entre cette ville et Ingolstadt. Donawerth est fo- 
vorablement pUcé pour ce rôle stratégique. Au centre 



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(3.5) 
des cheBÙna (pà conduisent dans toutes les directions , 
et sur la route de poste qui longe le Danube d'Ulm à 
Ratîsboiuie, et qui le traverse à Gunzbourg, Neur 
bourg et Vohbourg (laquelle a joué un grand rôle 
dans cette camp^ie), Donawertb peut servir à lier ou 
à séparer les défenses des deux rives du fleuve, celles 
de la Beduitz et de ^ ligne du Le^h': il présente 
dans ses environs diverses positions, sur les bords 
de Uk Wemitz ou. du Lecb, de la Scbmutter, de ta 
Suzam, etc. 

XiB Lsca devait couvrir la concentration de la 
droite de famée fi^sçaise, si celte-d ne pouvait se 
réunir plus bas sur le Danube. On n'avait pas l'in- 
teation de remcAter le long de cette ligne, selon 
certains systèmes, jusqu'au Tyrol d'où descend le 
Lech, La défense s'arrêtait à Augsboui^, et la sur- 
vollance s'étendait seulement jusqu'à Landsberg. Le 
l^rol était totalement laissé de c6té; car pour frapper 
. l'ennemi au cœur, il était bien inutile de s'occuper de 
ses extrémités. Gett« rivière est torrentueuse, rapide; 
elle roule ses eaux dans un espace d'une demi-lieue 
et plus. Son lit souvent resserré de quarante à cin- 
quante et soixante toises, n'est jamais navigable,' mais 
flottable depuis Fnessen , et rarement guéable au- 
dessous d'Augsbourg. Â partir de cette ville, la di£B- 
culié des passages est triplée par la Scbmuttei et 
l'Acba, qui bordent parallèlement les deux rives. Au- 



hyGoot^le 



(3.6) 
dessous de Martingen, la rive gauche est embarrassée 
de prairies marécageuses, fort difficiles à traverser. 
On compte huit à neuf lieues d'Augsbourg à Rhain , ou 
à l'embouchure du Lech : la défense de la ligne repo- 
sait sur ces deux appuis. Il faut observer que le cours 
général de cette rivière, fort incliné sur le Danube, 
forme avec ce fleuve et le lac de Constance (prolongé 
par tes montagnes du Voralberg), un triangle équila- 
téralj querpar conséquent ta base extérieure du Lech, 
peut être facilement tournée et dépassée par la rive 
gauche du Danube; et que la défense va constamment 
en se rétrécissant , du Lech à l'angle opposé , vers Hu- 
ningue : ce qui donne plus d'importance à Donawerth, 
comme appui de gauche de cette ligne, et poste d'ob- 
servation. C'est le contraire à la rive droite du Da- 
nube, où le triangle formé par ce fleuve, le bassin du 
Mein et le Rhin, allant toujours en s' élargissant vers 
les frontières de la France, produit des résultats en- 
tièrement opposés. 

AuGSBOUHG était en même temps l'appui de droite 
de l'armée, et \& porte fortiâée de la défense du Lech, 
pour la ligne d'opérations du midi. L'Empereur avait 
ordonné de mettre cette ville en état de résister, jus- 
qu'à l'ouvermre de labrèche, même contre toute l'ar- 
mée ennemie. Dans les temps où les guerres étaient 
plus longues et quelquefois pour de si minces sujets, 
Augsbourg fut entouré d'une double enceinte presque 



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{ 3'7 ) 
circulaire, de vingt-deux fronts basiionnés. Il ne lui 
reste plus qu'une muraille encore plus ancienne, assez 
irréghlière, non entièrement terrassée , flanquée par 
des espèces de tours arrondies et des massifs en terre 
également arrondis, précédée d'un fossé en partie plein 
d'eau. En 1809, on ajouta quelques ouvrages en terre, 
et on répara l'enceinte. Quand nous l'avons reconnue, 
elle pouvait être regardée comme bientôt à l'abri d'in- 
sulte. Le beau pont de bois fut couvert par une bonne 
tête , formant couronne , avec un grand réduit ; le tout 
palissade et aussitôt armé. On voit encore sur les bords 
du Lech, des vestiges de ces guerres qui de tout temps 
ont désolé la terre, des ouvrages des Impériaux, des 
Suédtib, etc. 

Rhaih. Près de cette petite ville, et non loin du 
Danube se trouvait un autre pont du Lech, sur la 
route d'Ulm à Ratisbonne, également couvert par une 
tête en couronne : autre monument de la glorieuse 
campagne de 1 8o5. La petite forteresse de Rhain , vieille 
bicoque entouréed'une ancienne cbemise, est couverte 
d'un côté par les marab de la rive droite du Lech où 
elle s'appuie, de l'autre par trois mauvais fronts bas- 
tionnés en terre, assez inutiles d'après la tête de pont, 
dont Rhain forme comme un ouvrage avancé. Il ftit 
laissé dans son état de délabrement. 

Ikgolstadt. Pour occuper tous les passages de 



hyGoogIc 



( 3-8 ) 
la ligne sur kc[uelle l'EmpeireBi' voulait conceotrer 
l'armée, et clu champ de bataille où il voulait manœu- 
vrer; l'ordre avait été donné de fortifier aussi faigol- 
stadt, ancienne place sur la rive gauche du Danube, 
de forme arrondie, jadis basdonnée^, mais ayant con- 
servé des restes de ses anciens remparts^ ^i don- 
naient des ^dlités pour la mettre en défense, et y 
élever une double tête de pont sur l'une et l'autre rive 
du Danube , etc. 



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NOTE DEUXIÈME. 



SDR LE COMMÀNDBMBHT TEMFOHAIBB DD PBINCB 
BEBTBIER. 



Si on trouve trop de rigueur dans nos jugemèns 
sur le prince de Neuchâtel , il fem en accuser ses 
indiscrets louangeurs, et les détracteurs de la gloire- 
de Napoléon, qui nous ont obligé, pour détruire 
tant d'exagérations et d'inexactitudes, à leur opposer 
de suffisantes preuves , en consacrant plusieurs pages 
aux détails de la conduite du major-général. Il faut 
aussi que nous fassions connaître quels étaient les 
hommes qui se sont trouvés autour de Napoléon, 
dans les grandes choses qu'il a opérées. 

Le prince Bertbier arrivant le i3 au soir à Dona- 
wenh, à vingt lieues de l'Iser, où était l'armée bava- 
roise, dut apprendre : i" le passage du bas Inn p^ 
la grande armée ennemie, entre Braunau « Schar^ 
ding, se dirigeant nécessairement sur le bas Iser et 
Sur le Danube, entre Ratîsbonne et le Lech; a" la 
réunion de ses colonnes , marchant en masse vers le 
centre sur la Roit, où elles étaient le la , ayant seu- 
lement des corps de âanc vers Munich 'et le Danube , 



hyGoogIc 



{ 3m ) 
disposition qui portait l'année ennemie sur Land- 
shut, et par conséquent sur la route de Pîeustadt, 
▼ers le centre de notre ligne; 3° en même temps il 
dut savoir qu'un corps séparé, dont il pouvait con- 
naître la force, débouchait de la Bohème dans la 
direction d'Amberg. Les ordres de l'Empereur, qui 
n'allaient pas jusqu'au-delà du 6 avril, portaient de 
rapprocher le troisième corps de Raùsbonne, d'y en- 
voyer la division Saint-Hdaire avec la cavalerie; les 
instructions du 3o, indiquaient près de cette ville, la 
réunion du deuxième corps : mais tout cela dans la 
supposition , que l'ennemi n'aurait pas attaqué avant 
le i5. Dans ce cas l'ordre était formel (et l'Empereur 
ne s'en était jamais départi), de concentrer l'armée 
sur le Danube et le Lech, la droite à Augsboui^, la 
gauche à Neubourg ou Ingolstadt. 

Malgré tant de puissant motifs, malgré ce qu'exi- 
geaient évidemment le terrain et les circonstances, le 
major-général prétendant que "l'ennemi manœuvre 
» sur ses ailes, qu'il fait de grands mouvemens à son 
» ordinaire « prescrit pour le i4 au corps d'Oudînot, 
une marche par le flanc de quatre à cinq journées, qui 
allait le jeter aU milieu des colonnes de l'armée enne- 
mie, n se plaint à Lefebvre « de ce qu'il ne s'est pas 
- porté sur Ratîsbonne, et lui ordonne de revenir à 
!• Landshut: » à Davoùt, « de se réunir sur Ratisbonne, 
> où d dit que l'Empereur veut centraliser son anpée 
>> et manœuvrer. » En même temps il lui demande 



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(3.1 ) 

■ s'il y a une belle position entre Nenmark et Beiln~ 

■ gries. ■ Le prince Berthier semble brûler du désir de 
livrer bataille à l'ennemi. Il ^crit à Davout r ■ Si nous 

■ avons une affaire, il &Dt qu'elle soit décisive... H &ut 
« être à l'armée, pour- savoir la vérité : les rapports 
>. divaguent suivabt la t*te des gens. » A Lefebvre : 
Il J'aurai ainsi plus de 100,000 hommes, et si les Au- 

> tritdiiens veulent en tàter, ils en sont les maîtres. 1 
n mande à Oudïnot ■ de marcher en guerre; s'il ren- 
•• contre l'ennemi, de l'attaquer, de le culbuter, etc. ■ 

Plus tard dans la soirée de ce même jour, le major- 
général reçoit de nouveaux ordres de Paris, expédiés 
le 10. Alors l'Empereur devait avoir pris connaissance 
des dépêches interceptées sur le courriti' autrichien; 
mais il ignorait encore ce qui se passftit Ai Bavière. 
Napoléon prescrivait ■ de rassembler toute l'année sur 

• le Lech , et de porter le quartier^nérai à Augsbourg , 

■ si l'ennemi attaquait avant le i5 : sinon d'«tvoyer 

> Masséna sur Augsbourg, les WurtembergeÛB sur 

> cette ville ou sur Bwi , Saint-Hilaire et la cavalerie 

■ (qu'il supposait d^à anivée autour de Ramboone), 

■ à Landshut ou Freysing, suivantles événemens; le 
V quaitier- général dje Davout à Ratisbonne-, et son 

> corps à une journée autour de cette ville , et cela dans 

• tous les événemens. I^es Bavarois ne devaient faire 

■ aucun mouvement, si l'ennemi n'en faisait pas... >> Le 
major-général expédie de nouveaux ordres le 1 3, à onze 
heures du soïr. Cependant d'après sa lettre au maré^ 

I. ai 



hyGoogIc 



L-hal LtJorbvre, on voit qull supposait l'ennemi maiire 
clans (.-e moment de I^ndshut : ce qiu semUaîi l'anto- 
ricer snfiGsunment , à modifier les dispoàtkms rdatives 
â DaTOnt, et du' moins lui imposait l'oUigation de 
saiTie à la lettre, celles qui lui étaient prescrites. 
Mais en révoquant l'ordre donné â Oudin'ot, il en- 
Tc4e à Saint-Hibire et à la cavalecie, celui de se 
rendre à Landshat, anz BavartHs de se reporter dans 
leurs positions sur llser; il indiijue à Wrede la retraite 
sur le Lech , qui de Straubing devenait impossible. 
Ainsi loin de réparer par la connaissance exacte des 
circonstances locales, la &nle momentanée qui se 
trounit dans cette lettre du lo; loin de laisser Da- 
Toat à Ingolstadt, conformément à Tinstmction géné- 
rale et & t6us les ordres, ou du moins de l'éclielonner 
de Neustadt à RatidMMUie, selon la tenmr stricte de la 
dernière dépêche : Bertbîer aggrave encore ces incon- 
véniens , par ce qoi est prescrit aux Bavarois et à Saint- 
Hilaire. 

Le major-général croyait, comme tons ceux qui ont 
passé leur vie dans les états-majors, diriger la guerre 
à force de lettres. Il en existe une quantité con- 
sidérable, expédiées par lui dans ces cinq journées. 
Le i4 seulement, il en adressa quatre (i) au maréchal 
Davout, établi à Ingobladt. • 11 n'y aura plus de de- 

(i) N'^Soi et 5oa le i/| à midi, 5o4 k quatre heures du 
wtir , 5o5 fi dix heures du soir. 



hyGoo^le 



(3a3) 
■ COUSU du)s lés manœuvres , lui mandait-il à midi , je 
" viens de les fixer.... . Il persistait dans . la prompte 

réunion du troisième corps sur le point important de 
Batisboime : il prescrivit l'envoi de Salat-Hilaire, tan- 
tôt à Landshut ou Freysing, tantôt à P&fïenhofen ou 
Schrobenhausett. 11 se plaignait de la dispersion de cette 
division (qui étoit en marche forcée depuis long-temps), 
des divers mouvemens du tr(Msième corps, d'après les- 
quels il ne peut plus donner des ordres, etc. D'un autre 
côté le inajor-générsJ inontraît de vives craintes pour 
le I^ech : s'anendant à devoir le défendre contre une 
attaque générale de l'Archiduc sur tonte la ligne, il 
recommandait à Masséna d'en fortifier les passages, et 
de surveiller la partie supérieure de son cours vers le 
Tyiol. Cependant il éloignait Davout , et envo^t son 
corps entier sur Ratisbonne, à 5o lieues du Tjrol. U 
éparpillait le reste de l'armée vers Viser. Le maréchal 
Davout placé alors vers Ingolstadt ( à deux marches 
de Ratisbonne par de mauvais chemins ) , ouvrait un 
avis conforme aux principes : car en l'absence de l'Em- 
pereur, chacun avait le sienj devant lui, ceux qui ont 
parlé le plus depuis sa chuts, se prosteru^ient dans 
un religieux silence. Davout proposait « de delmucher 
» par Ingolstadt avec l'armée réunie, et la grosse ca- 
" Valérie qui était en face des ponts de Neustadt et de 
- Vohbourg, en occupant les défilés de l'AItmuhl con— 
> treles corps ennemis qui sortaient de la Bohème...... 

he major-général répondit par de l'humeur, et par 



hyGoogIc 



( 3a4 ) 
des iDJonctions réitérées , à la sagesse dé ses conseils. 
Comme il arrive toujours <kn3 dételles cipconstaoces, 
le prince Berihier comptant sur la lenteur de l'ennemi, 
afiiecte dans sa correspondance d'en faire peu de cas. 
Mais le i5, la simple anDonce*du rétablissement des 
ponts de l'Inn supérieur, quoique les Autrichiens fus- 
sent encore Iran de Munich, faisant croire au major- 
généra] que l'Archiduc voulait marcher avec son armée 
sur Augsbourg; il se hâta de l'annoncer à Masséna. 
D'un autre côté, la nouvelle de l'apparition d'une petite 
avan t-garde autrichienne , le 1 4 au soir à Reinhausen , 
sur la rive gauche de la Regenz , presqu'en face de Ra- 
tisbonne, ayant été transformée en une attaque contre 
cette ville, ne contribua pas à éclaircir les vues du 
miyor.g«néral. Il ne vit plus qu'ennemis de toutes parts. 
Le prince Berthier dut recevoir dans cette nuit du 1 4 
au i5,Ia lettre de l'Empereur du ii, qui prescrivait de 
nouveau » le mouvement de Masséna et du quartier- 
« général sur Augsbourg... et témoignait un rif désir 
!• de savoir quand Davout arriverait à Ratisbonne, et le 
>■ corps de cavalerie entre cette ville, Munich et le 
• Lech, de manière à ponvoirseretirersur cette rivière 
X si l'ennemi agissait.... » Mais ces ordres étaient tou- 
jours donnés dans la supposition, que les opérations ne 
commenceraient que du 1 5 au 20. L'Empereur ignorait 
l!attaque faite, peut-être même la direction exacte 
qu'avaient prise, les principales masses de l'armée au- 
trichienne, de la Bohème sur l'Inn. 



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( 3.5 ) 

Le r5, au moment de partir pour Augaboui^, le 
major-gàiéral est décidé, par la nouvelle de l'attaque 
de Ratisbonne , à se rendre à Neustadt pour jaser avec 
Davout (i). Ratisbonne étant alors menacé par toute 
l'armée ennemie, concentrée aux deux rives du Da- 
nube, 5UF la Naab et sur le bas Iser, qu'elle avait 
déjà passés ; fallait-il y placer un corps isolé de l'année 
française, exposer par là ce corps à être écrasé, et 
l'armée à se trouver coupée en deux, par la masse de 
l'Arcbiduc? Cependant le major - général renouvelle 
l'ordre au maréchal Davout,.» de marcher sur Ratis- 
i> bonne, au secoiu^ de Saint-Hilaire, par les deux 
» rives du Danube, et de prendre les positions pré- 
■ cédemment ordonnées, ou celles de l'Altmuhl. » 11 
prescrit au contraire à Saint-Hilaire, de se porter sur 
Ingolstadt par un mouvement croisé, lorsqu'il sera 
remplacé à Ratisbonne par le trobième corps. Enfin 
il donne à Oudinot l'ordre, bientôt révoqué, d'aller à 
Aichaî et à Masséna, celui de faire courir après Le- 
febvre, pour le rappeler de Landskut sur le Lech, 
tandis que Wrede devait se rendre à Ingolstadt. Ces 
mouvemms entassaient près (('Augsbourg , à l'extrême 
droite de notre ligne, 83,ooo hommes, en y.compre- 
nant les Wurtembergeois établis sur le bas Lech. 

Ainsi le major-général, dont les instructions et 
tous les ordres depuis un mois, tendaient à la con- 

(i) Lettre du i5 avril, à Masséna. 



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(3a6) 

centration générale de l'armée sur un point quel- 
conque des rives du Danube, entre Ratisbonne et 
le confluent de Donawer A , l'éparpillait dans des mar- 
ches croisées et sans objet. D la partageait en deux 
corps, qu'il éloignait autant que possible, aux deux 
extrémités d'tme ligne de trente-cinq lieues, à Ratis- 
bonne et Augsbourg; lorsque les masses ennemies 
réunies sur le bas Iser, autour de Laodshut, mena- 
çaient le centre de cette ligne, et pouvaient s'y porter 
en peu d'heures, le percer et culbuter l'armée en- 
tière jusque sur le Rhin, s'ils poussaient viv^nent 
leur opération. 

Le 16 au matin, le prince Rerthier donne de nou- 
veaux ordres au maréchal Lefebvre. Cette fois il lui 
prescrit de prendre une bonne position à Geissenfels ^ 
» et de bien garder Wohhourg et Ingolstadt... Wi-ede 
» devant rester à Biboui^... > Mais cette dernière di- 
vision suffira-t-elle pour garderie pont de Neustadt? 
Celui de KeUieîm ne restera-t-il pas entièrement décou- 
vert ? Si on ne voulait que garder les passages du Da- 
nube, ne convenait-il pas plutôt de se placer sur l'autre 
riveP Par sutte de ce système, Oudinot était laisse à 
Aicha. Ainsi les trois corps de Wrede, de Lefebvre et 
d'Oudinot, se trouvaient, non sur une seule ligne, 
mais sur trois lignes dififérentes, l'Abens, l'IUn, la 
Paar : positions en l'air et tournées par leur droite, 
comme si ces corps étaient là pour être culbutés dans 
le Danube ou dans le Lech. 



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( 3», ) 

Le niajor-général reçoit enfin des ordres de Napo- 
léon dans la matinée du i6. Mieux informé par les 
renseignemens qu'i] avait reçus, des mouvemens et des 
préparatifs ennemis, sur les bords du bas Inn, l'Em- 
pereur en annonçant son départ pour l'armée, ajoute 
qu'il croit trouver le major-général a Augsbourg, et 
l'armée concentrée sur le Leck. Le prince Berthier se 
hâte de se rendre dans cette viUe. Mais il donne l'ordre ' 
à Lefebvre «de se retirer les 17 et 18, par les deux 
» rives du Danube sur Baïn » ; à Davout qui est à Ra" 
tisbonne, -de garder Saint-Hilaire , si l'ennemi est 
« près de cette ville, et de retirer la division d'Ingols- 
" tadt où se trouve Lefebvre. ■> Il écrit à celui-ci : 
•' L'ennemi veut-il se porter sur Ratisbonne ou Augs- 
» bourg? Nous sommes en mesure pour tout. » Mais 
était-on également en mesure, contre une pointe dans 
le centre directement menacé , et contre tme attaque à 
IVeustadt et Kelheira? Le major-général mande aussi 
à Davout : • Nous allons voir ce que fera l'ennemi. 
» S'il marche à vous , nous vous soutiendrons. " Enfin 
le 17 au matin il prévient Yandamme « qu'il a fait 
x arrêter un officier autrichien à Donawerth; et que 
1 l'ennemi veut tenter un coup de main, sur cette ville 
» ou sur Nçubourg. » 

Tel fut l'emploi de ces cinq journées du prince Ber- 
thier , depuis le 1 3 jusqu'au 1 7. Nous allons voir com- 
ment ce mâme espace de temps, du 19 au ^3, était 
rempli par celui auquel on a osé l'assimiler. 



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( 3.8 ) 
Noufr n'héutons pas un îostant à îiiToquer le té- 
moignage de ceux qui ont tu le prince de NeucMtel , 
quand il s'est trouvé momentanément seul à l'armée, 
en i8og, à la fin de i8ia, et au commencement de idi4i 
ou de tous ceux qui ont eu des relations paiticu- 
lières avec lui. Nous ne reviendrons plus sur un sujet 
qui nous a attristé. Après avoir marqué la place que 
le major-général occupait réellement dans la grande 
armée, nous ne songerons plus qu'à l'activité extraor- 
dinaire qu'il déployait dans ses fonctions, et aux ler- 
vices qu'il y a rendus, pendant vingt années de 
triomphes. 



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NOTE TROISIÈME. 

CliBp. X, pag, 160. 



DETAIL DÇ CHAMP DE BATAILLE DES CINQ JOÇaNEES, 
DH 19 AD 23 ATKIL. 



Les opérations qui ont été exécutées dans ces cinq 
glorieuses journées, sont d'une telle importance pour 
l'art de la guerre , qu'il nous paraît indispensabla de 
donner une description du terrain, assez étendue pour 
permettre de saisir l'eoseinble et les détails de ces bril- 
lantes manœuvres. Tout dans cet échiquier, se trouve 
rapporté au Danube, base principale de la stratégie sur 
ce tbéitre. Si nous n'avions craint de sortir de nos li- 
mites, nous aurions comparé les dispositions de 1809 
avec celles de Moreau en 1796 et 1800; mais nous au- 
rons occasion d'y revenir lorsque nous écrirons ces 
campagnes. 

Le cours du Danube est à peu près en ligne droite, 
d'Ulm à Ratisbonne. Là il fait un angle d'environ cent 
trente d^és, ouvert au midi , et il entre bientôt en Au- 
triche. Le Leck descend directement des Alpes, sur le 
Danube , et forme avec son cours , au-dessous du eon- 
iluent , un angle d'environ cent dix d^rés , ouvert a 
lest. L'Iser coule d'abord dans la mênie direction 



hyGoogIc "^ 



( 33o ) 
que le I^ecb, et à dix ou douze lieues; il se détourne vers 
Freysing , parallèlement au Danube , à neuf ou dix 
lieues de ce fleuve, jusqu'à ce qu'il y tombe sous un 
angle très-aigu, à dix-sept ou dix-huit lieues deRatis- 
bonne. L'intervalle entre l'Iser et le Lech, au nord de la 
route de Munich à Lansberg, est rempli par des lacs, 
qui s'étendent au pied des Alpes. L'Inn suit à peu près 
les mêmes inflexions que l'Iser, et coule parallèlement 
à son cours, et à une douzaine de lieues, avant de se 
jeter dans le Danube. Ainsi ces deux rivières forment 
avec le fleuve, dans leurs parties inférieures, deux 
grands cul-de-sacs, ouverts à l'ouest et fermés à l'est, 
larges de dix à douze lieues, et qu'il faut remarquer. 
Les armées venant de l'Autriche vers la Bavière, après 
avoir pénétré dans ces vastes pièges , ne peuvent plus 
en sortir qu'en passant l'ime des deux rivières ou 
le Danube, et sont exposées à s'y voir refoulées et 
enfermées. De Muhldorf sur VInn { par Landshut 
sur riser), à Neustadt sur le haut Danube, il n'y 
a pas, plus de vingt-deux, à 'vingt -quatre lieues, 
trente au plus, si on veut partir de Braunau; en tout 
quatre, ou au plus cinq marches d'armées : le qua- 
trième corps a parcouru à peu près le même chemin 
en trois jours, du ig au ai avril. 

VAltinuhl descend du Raube-Alp , dii nord au sud- 
est. £n face du confluent du Lech et à cinq lieues, il se 
détourne à lest, et coule à peu près parallèlement au 
Danube jusqu'à Kelheim, à quatre lieues au-dessus de 



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( 33i ) ■ 
Ratisbonne. Ce ruisseau occupe le fond d'un Talion 
étroit et profond , à pentes escarpées , et forme plusieurs 
contours très-prononcés. L'Altmuhl présente, sinon 
un grand obstacle de forte résistance, du moins une 
interruption considérable dans les communications, 
et une barrière assez bonne , par la nature de la Vallée 
et la roideur de ses pentes. De l'Inii à l'Altaïubl { même 
de Braunau à Beîlngries), il y a moins de quarante 
lieues, que l'armée autrichienne pouvait faire en cinq 
ou six joiu-s. Nous n'avons à traiter en ce moment que 
du pays entre lAttmuhl etllser. 

Le Danube avait des ponts à Donawertb , Neu- 
bourg, Ingolstadt, Neustadt, Raljsbonne et Strau- 
bing; celui de Kelbeim ayant été coupé par les 
glaces. L'Iser en possédait à Freysing, Mosbourg, 
Landshut , Werth , Dingelfing , Landau et Plattling. 
On communique presque directement, entre chaque 
pont du Danube et de l'Iser, par de bons chemins, 
surtout à l'est de la route de Landshut à Nuremberg 
par Neustadtj partie dans laquelle se trouvent égale- 
ment un assez grand nombre de chemins voiturables. 
A l'ouest, ils sont plus rares; aucun ne va de Lands- 
hut àlngolsudt. De ce cdté, toutes les routes partent 
de Munich vers les ponts du Danube. Les principaux 
centres de routes, dans cette partie, sont Augsbourg , 
Munich, Ratisbonne et Landshut. De cette dernière 
ville, aux ponts de Neustadt et de- Kelbeim, il y aune 
dizaine de lieues, qu'on peut faire en une marche for- 



hyGoot^le 



(330 
cée ou deux petits; jusqu'à Ratkbonne, il y a treize 
ou quatorze lieues, deux marches. Nous avoDs vu que 
de Ratisbonne , l'Archiduc pouvait ae porter offensive- 
ment de tous càtéa, par les deux rives du Danube; 
■1 avait aussi d'excellentes lignes de retraite, sur Cham , 
ou plutàt sur Plattling et SchardÎDg, en longeant le 
Danube pour couvrir Vienufi. 

Entre l'iser et le Danube, les versans sont déter- 
minés par une chaîne de collines, qui borde la première 
de ces rivières. Elle descend en pente douce vers la se- 
conde, sillonnée par de petits vallons, d'oiî la Paar, 
Vllm et VAhens, se jettent du sud au nord directement 
dans le fleuve, bien au-dessus de Ratisbonne. Au-dessous 
de cette ville , la grande et la petite Laher et XAitrach, 
t'y jettent également, après avoir suivi parallèlement 
le cours de l'iser, de l'ouest à l'est. L'Ahens a peu d'eau ; 
il conle dans un vallon à pentes douces; passe à Au, 
Mainbourg, Siegenbourg, villages qui sont en Ugne 
droite; et se contourne à Abensberg , pour arriver 
dans le Danube : entre le âeuve et le ruisseau est la 
iorèt de Dumbuch. La grande Lober est plus considé- 
rable; et traverse une vallée plus prononcée, dont le 
fond est un peu marécagoix : elle longe Plafienhau- 
sen,&ottenbourg, se détourne à Adelhausen , passe à 
Eckmuhl, et se jette dans le Danube au-dessus de 
Straubing. D'Eckmuhl au Danube vers Abacb, on 
trouve des forêts peu étendues, couvrant des coteaux 
assez saillans , coupés de vallons fertiles et cultivés. 



hyGoogle 



C 335 ) 
Entre l'Ahcns et la grande Ljtber, est le plateau de' 
Rohr.ei Buchhofen, qui, assez accessible, s'avançant 
jusqu'au Danube entre Kelheim et Neustadt, facilitait 
les opérations de l'Archiduc. Ces deux ruisseaux se- 
ront long-temps célèbres par les combats qui se sont 
bTPés sur leurs bords, et dont la Laber a vu les plus 
célèbres. 

A la rive gauche du Danube, le terrain présente de 
grands plateaux, que tranchent profondéràent le val- 
lon contourné de YAltm-uM, ceux de la Laber (sep- 
tentrionale), de la Naab, de la Regen; ruisseaux dont 
tes cours s'étendent symétriquement, comme une sorte 
d'éventail, des hauteurs d'Anspachaux montagnes de 
la Bohème i mais qui ont leur embouchure réunie de 
Kelheim à Ratisbonne, dans un espacede quatre li«ues : 
ce qui rend les communicaboss d'autant plus difficiles 
sur la rive gauche du Danube, qu'elle est couverte 
de forêts. Au-dessous de Pappenheira , \'j4ltmukl se 
rapproche beaucoup du fleuve; d'Ecbstadt à Neu^ 
boui^, il y-a moins de quatre lieues. Il s'en éloigne 
ensuite^ car de Beilngries à Ingolstadt et Pfeustadc, 
on ccHupte le doi^le de distance. De ce bourg et sup- 
tout de Dietfurth, iJ se dirige presque en droite li- 
gne sur Kelh^m, bourg carré, fermé de murailles et 
entouré sur trois &ces , par les eaux d« l'AJtmuhl et 
du Danube. La pointe de son confluent fonne un 
camp très-fort, qui a été occupé jadis par lés Ro- 
mains. On retrouve dans ce pays de fréquens' vestiges 



hyGoogIc 



( 334 ) 
de ce grand peuple; il y avoit une voie romaine con- 
duisant vers Nordlingen. Le pays etitpe le Danube et 
l'Altmuhl , est en grande parue couvert de forêts. Il 
présente plusieurs positions de forte défense, à me- 
sure que l'on s'avance vers l'ouest : d'abord dans la 
forêt de Hienheimer ; et à trois lieues de Kelh^m , 
entre les ruisseaux de Schambach et de Tettembacb, 
qtai se jettent chacun de son côté dans les deux ri- 
vières, laissant un intervalle d'une petite lieue. La 
courbure de l'Altmuhl, dont le cours entre Ëichs- 
tedt et .son confluent , a une douzaine de lieues de 
longueur, mais dont on pouvait n'occuper qu'une 
partie, aurait fourni d'excellentes positions à l'Archi- 
duc, avec de bons débouchés sur Nordlingen, Dun- 
kespuhl, Anspach, Nuremberg. Là, était le but de 
sa première opération, qu'il pouvait atteindre le i4 ou 
le I S avriL 

Tel est le terrain où les années allaient manœuvrer. 
Le 1 6 , au soir, l'armée autrichienne avait ses grandes 
masses réunies vers Landshut, et en avant sur la rive 
gauche de Viser. L'armée française était éparpillée, et 
avait ses deux principales masses à Batisbonne et à 
Augsbourg. De Landshut k Neustadt, il j a dix lieues; 
mais de VeicbmuhlfOÙ se trouvait l'avant-garde du cin- 
quième corps, il n'y en a que sept; et moins encore 
pour occuper ea force la forêt jde Dumbuch , ce qui 
suffisait aux Autrichiens pour gagner le Danube, et 
empêcher notre réunion. De RatisbonneàNeustadt,iL 



hyGoot^le 



( 335 ) 
y a huit lieues. Ainsi le corps de Davout, le plus rap- 
proché de tous, était le i6 au soir plus éloigné que les 
Autrichiens , des points où il pouvait faire sa jonction 
avec notre centre, et s'opposer efficacement par la rive 
droite, à un passage du Danube. Mais de Ratisbonne à 
Donawerth, où était le quartier-général français, il y avait 
«ne trentaine de lieues , et trente-cinq pour arriver en 
droite ligne à Augsbourg, où se trouvait Masséna. 

De RaUsbonne à Donawerth la grande route passe 
et repasse le Danube ; jusqu'à Vobbourg, elle est sur 
la rive droite, et traverse des défilés presque conti- 
nuels à Abach,Postsaal, Abensberg, Neustadt, Munch- 
Munsier, Elle passe ensuite sur la rive gauche, à cause 
des bois, des alluvions et des marais qui couvrent le . 
bord opposé; elle revient dans la plaine de la rive 
droite, au-delà de Neubourg. Pour aller de Ratisbonne 
à Ingolstadt , par la rive gauche du Danube , il faut 
faire un grand circuit par Hemau et Dietfurtb, ou par 
Pointen et Riedenbourg, au travers d'un pays coupé 
et dificile, sur des chemins constamment éloignés du 
Danube. Ainsi le corps de Davout allant et venant par 
cette rive, d'après les fausses combinaisons de Ber- 
thier, laissait toujours les Autrichiens maîtres des pas- 
sages de Kelheim ou de Neustadt, et des bonnes posi- 
tions du bas Altrauhl. 

Considérons maintenant les rapports stratégiques 
de ce terrain et des deux bases opptisëes ,■ d'où allaient 
partir les deuxarmées. La base de ï'her inférieur,dànt le 



hyGoogIc 



( 336 ) 
centre est nécessairement à Landshut, ne peut guère 
s'étendre au-delà de DîngelBng (qui touche presqn'au 
Danube) et de Freysing à cause des marai» d'Erding. 
£lle est légèrement arrondie, plus resserrée que Vautre, . 
et plus propre k la concentration d'une armée, qai 
n'est pas obligée de se prolonger vers les deux ailes. 
De Landshut, de bonnes roiues conduisaient dans 
toutes les directions. L'ennemi pouvait eu une forte 
marche , atteindre le but de ses opérations , vers Neus- 
tadt. D'après cette configuration du pays, l'Archiduc 
avait certainement l'avantage des opérations excenr- 
triques et des lignes extérieures. 

La base du Lech et du Danube , depuis Augsbourg 
jusqu'à Ratisbonne, bien ptirs longue, fortement angu- 
laire, nous obligeait à manoeuvrer sur la rive droite de 
ces rivières, ou à Êûre de longs détours. Le centre 
était à Ingolstadt, ou à Geissenfcld si on se plaçait en 
avant de ces ohsbicles , qui formaient notre défense. 
Ces deux points se trouvaient à égaledistance de Ratis- 
bonne et d' Augsbourg, positions de nos- masses; d'A- 
bensberg ou de Pfaffenhofen , points de leur première 
jonction. Mais Ingoktadt était privé de bonnes routes 
pour se portev en avant, et surtout peur réunir par 
les flanc», les corps placés sur les iules. Ainsi nous 
avions pour rassembler les corps de l'armée, beaucoup 
de chemin à parcourir, avec des défilés continuels, et 
par des points dont l'ennemi était bien plus rapproché 
que nous. Cette ligne immense, fort exposée à être 



hyGoogle 



(33,) 

percée par le centre , eût été facilement tournée dans 
ses extrémités , par le haut Lech , ou par la rive gau- 
che du Danube. 

Les débouchés du centre de la base de l'Iser, ne 
pouvaient aboutir, d'après la nature du terrain et la 
direction des routes par Braunau et Landsbut, qu'en 
faceduDanufaéjTersNeustadt et Kelheim;laligne sur 
Batbbonne était trop oblique; Ingobtadt était sans 
route directe. Des points extrêmes de notre base, 
l'Archiduc avait à craindre , comme dans toutes les cir- 
constances semblables, que nous ne voidussions agir 
sur ses derrières et ses lignes d'opérations. Sa droite 
était moins exposée, parce qu'il avait toujours les 
moyens de gagner l'Inn, et assez d'espace jusqu'au 
pied des montagnes pour manœuvrer; mais aussi 
de ce côté, il pouvait être séparé des corps de la 
rive gauche du Danube, peut-être trop considérables 
et trop éloignés. Par sa gauche, l'Archiduc risquait 
d'être coupé de l'une de ses deux bases (l'Iser et l'Inn), 
et d'être refoulé dans l'un des grands cul-de-sacs , 
que ces rivières forment avec le Danube : ce qui le 
mettait dans de grands embarras, et le forçait à ha- 
sarder une bataille, pour en sortir. Telle a été l'extré- 
mité où s'est vue réduite l'armée autrichienne, qui 
aurait éprouvé les plus grands désastres, si Landshut 
et Ratisbonne eussent été occupés par nous. D'un 
autre côté on connaît tous les' avantages d'une posi- 



I. 



hyGoogIc 



( 338 ) 
tion centrale, le grand parti qu'on peut en tirer, et 
le danger que court une armée qui veut manœuvrer 
par les flancs et les extrémités de sa base. Ici les règles 
se sont trouvée» en défout devant le génie. 



FIN DES ROTBS DU TOHB PREMIER. 



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PIECES 

JUSTIFICATIVES. 



COKRESPONDAHCE DE L EHPEAEUR NAPOLEON AV3EC 
LE MAJOR - GÉniaAL , LES MARÉCHAUX ET LES 
COMMANDAIS EN CHEF ; DIVERS RAPPORTS , ET 
AUTRES 1*IÈCES INÉDITES. 



hyGoot^le 



(34» ) 

Sa Majesté est encore heureuse de s'apercevoir que les vues 
et les sentimens de l'Empereur, par rapport à la délivrance 
de l'Europe , et à sa tranquillité et sa sûreté future , répon- 
dent entièrement aux siens. En conséquence, le Rot désire 
entrer dans l'esplication la plus claire et la plus franche, 
tuT chaque point qui tient à ce grand objet, et former 
avec Sa Majesté Impériale l'union de conseil et le concert 
le plus intime, afin que, par leur influence et leurs efforts 
réunis , on puisse s'assurer de la coopération et de l'assis- 
tance d'autres puissances du continent, dans une proportion 
enalogue à la grandeur et à l'importance de l'entreprise, du 
loccès de laquelle dépend le salut futur de l'Enrope (i). 
Pour cela, le premier pas doit être de fixer, aussi pré«- 

(■} Nous ne donaoni qu'un extrail de cette pièce iin|DrtBnte 
mais noua engageoiuà la lire en eâtier, et à consulter daus VHii- ' 
taire abrégée dis traiufs de paix, tome vu, page34l,le Traité de 
concert dii n a.ytii iSoS, qui a été la base de« projeta de la coali- 
tion. Il rat ■ regretter que la plupart des articles séparés soient res- 
tés secrets, surtout oeox qui établissent les vue» Je F Autriche et de 
la Rusiic sur l'organisalion du continent, dans les négociations au 
sujet de la France. On verra dans ces pièces le détail des projets qui 
ont été exécutés preaque littéralement en 1814. Il est bon de con- 
lulter ce qui est relatif à la Conventioa de Bartenstein en BTril 1 807, 
même ouvrage, tome tiu , pages 406 et 4S7. On J trouvera la cou- 
linuation des plans de i8o5, la part que prenaient à la coalition 
l'Autriche et la Suède, ainsi que les propositions de Gustave IV 
Adolphe, pour He déclarer publiquement en fave nr de la maison 
Bourbon, On reconnaîtra aussi dans la Sainte Alliance, le ijrilime 
général de droit publia projeté déslors. 

On peut consulter également VIfisloire de ta situation de FAn- 
ghttrrt par M. de Monlverran, tome iv, page 1981 etc. 



hyGoogle 



( 343 ) 

ïément qne possible, les objets vers lesquels un lel concert 
doit tendre. 

Il paraît , d'après l'explication qui a été donnée des seoti- 
mens de l'Empereur, «usquels Sa Majesté adhère parfaite- 
ment, qu'ils se rapportent à trois objets : 

1° De soustraire k la domination de laFrance, les contrées 
qu'elle a subjuguées depuis le commencement de la révolu- 
tion, et de réduire la France à les anciennes limites, telles 
qu'elles étaient avant cette époque. 

a" De faire, à l'égard des territoires enlevés A la France, 
des arrangemens qui, en assurant leur tranquillité et leur 
bonheur, forment en même temps nne barrière, contre les 
projets d'agrandissemens fiiturs de la France. 

3° D'établir, à la restauration de la paix, nne convention 
et une garantie, pour la protection et la sûreté mutuellesdes 
différentes puissances, et pour rétablir en Europe un système 
général de droit public 

11 est trèft-rerlain^Dent de laplus haute importance, sinon 
de la plus absolue nécessité pour cela, de s'assurer de la 
coopération vigoureuse et efficace de l'Autriche et de la 
Prusse; mais il y a peu de raison d'espérer que l'une ou 
l'autre de ces puissances, puisse être engagée à s'embarquer 
pour la causegénérale,sionnelui offre la perspective d'ob- 
tenir quelque acçuùidbn imjwrtonM, pourlarécompenserde 
ses efforts. D'après ces motifs déjà allégués , Sa Majesté con- 
çoit que rien ne peut autant contribuer à la sécurité géné- 
rale, que de donner à l'Autriche de nouveaux moyens pour 
s'opposer aux plans de la France, du càté de l'Italie; et en 
plaçant la Prusse, dans une position semblable à l'égard des 
Pays-Bas. La situation relative de ces deux puissances fe- 



hyGoogIc 



( 344 ) 

rait natureltemect de ces deiuc pays, les points vers tesqoela 
leurs vues se dirigeront respectiTemenL 

En Italie, une bonne politique exige que la puissance et 
l'influence du roi de Sardaigne soient augmentées, et que 
t'Âutriche soit replacée dans une situation qui lui fournisse 
les moyens de porter, en cas d'attaque, un secours immé- 
diat et prompt à ses possessions. Sa Majesté voit avec sa- 
tisfaction, par les communications secret» et confidentielles 
que Votre Excellence vient de transmettre, que Us vues de 
la cour de Vienne sont parfaitement d'accord avec ce prin- 
cipe; et que l'extension à laquelle cette cour vise, peut 
non-seulement être admise avec sûreté , mais que, pour l'a- 
vantage de l'iotérét général, on peut encore / q/'outer. Sous 
d'autres points de vue, Sa Majesté adopte «uièrement te 
|dan d'arrangement que Sa Majesté l'empereur de Russie 
désire voir effectuer dans ce pays. Sa Majesté regarde cranme 
absolument nécessaire, pour la sOreté générale, que l'Italie 
soit soustraite à la domination et à l'influence de la France , 
et qu'on ne souffre dans ce pays , aucune puissance qui 
n'entrit pas facilement dans un système général , pour en 
maintenir l'indépendance. Pour cela, il est essentiel que les 
provinces qui composent maintenant ce que l'on appelle ré- 
publique italienne, soient données à d'autres souverains. En 
distribuant ces provinces, on devra sans doute donner une 
augmentation de puissance et de richesse, au roi de Sardai- 
gne; et il paraît utile que son territoire, aussi bien que le 
duché de Toscane, qu'on propose de rendre au grand-duc, 
soient mis en contact immédiat, ou en état de communiquer 
facilement avec les possessions de l'Autriche. Sur ce prin- 
cipe, la totalité du territoire (jui compose maintenant la Bé- 



hyGoogle 



( 345 ) 

publique ligurienne pourrait, à ce qu'il parait, être réunie 
au Piémont (i). 

Eu supposant que les eflbrts des alliés fussent couronnés 
du succès le plus complet, et que les deux objets qu'on a 
discutés jusqu'à présent, eussent été pleinement obtenus; 
cependant Sa Majesté regarderait cette œuvre salutaire 
comme imparfaite, si la restauration de la paix n'était pas 
accompagnée par les mesures les plus efficaces, pour donner 
de ta solidité et de la stabilité ati système ainsi établi. Beau- 
coup sera certainement fait j>our le repos futur de l'Europe, 
par ces arrangemeus territoriaux, qui formeront, contre 
l'ambition de la France , une plus forte barrière qu'il n'en a 
jamais existé. Mais pour rendre cette sécurité aussi parfaite 
que possible, il paraît nécessaire qu'à l'époque de la paci- 
fication générale, on conclue ua traité aaqacX toutes les prin- 
cipales puissances européennes prendront part, et par le- 
quel leurs possessions et leurs droits respectifs, tels qu'ils 
auront été établis, seront fixés etteconnus; et ces puissances 
devraient toutes s'engager réc^roquement , à se protéger et 
se soutenir l'une l'autre , contre toute tentative pour l'en- 
freindre. Ce traité rendrait à l'Europe un système général 
de droit public , et viserait , autant que possible , à réprimer 
des entreprises futures pour troubler la tranquillité géné- 
rale, et, avant tout, pour faire échouer tout projet d'agran- 
dissement et d'ambition, pareil à ceux qui ont produit tous 
les désastres dont l'Europe a été aiBigée , depuis la malheu- 
reuse ère de la révolution française 

[i)La coalitioua océ dooDer pour motif di son agcessioude i8o5, 
la réunion de Génes àTEmpirG, qui h eu lieu six mois après qu'elle 
avait projeté de s'en emparer. 



hyGoogIc 



( 346 ) 

Lettre de l'empereur d'Autriche à l'empereur Napoléon. 

Presboui^, le iS septembic iSoS- 
MonSlEUB non FRÈBE, 

Mon ambassadeur à Paris m'apprend que Votre Majesté 
impériale se rend à Erfurth, où elle se rencontrera avec 
l'empereur Alexandre. Je saisis avec empressement l'occa- 
sion qui la rapproche de ma frontière, pour lui renouveler 
le témoignage de l'amitié et de la haute estime que je 
lui ai vouée; et j'envoie auprès d'elle mon lieutenant- 
général, le baron de Vincent, pour vous porter, mon- 
sieur mon frère , l'assurance de ces sentimens invaria- 
bles. Je me flatte que Votre Majesté n'a jamais cessé d'en 
être convaincue; et que si de fausses représentations qu'on 
avait répandues, sur des institutions intérieures organiques 
que j'ai établies dans ma monarchie, lui ont laissé, pendant 
un moment, des doutes sur la persévérance de mes inten- 
tions, les explications que le comte de Metternich a pré- 
sentées à ce sujet à son ministre, les auront entièrement 
dissipées. Le baron de Vincent se trouve à même de confir- 
mer à Votre Majesté ces détails; et d'y ajouter tous les éclair- 
cbsetnens qu'elle pourra désirer. Je la prie de Ini accorder 
la même bienveillance, avec laquelle elle a bien voulu le re- 
cevoir à Paris et àVarsovie. Les nouvelles marques qu'elle 
lui en donnera me seront un gage non équivoque de l'entière 
réciprocité de ses sentimens; et elles mettront le sceau à 
cette entière confiance, qui ne laissera rien à ajouter à la . 
satisfaction mutuelle. 



hyGoo>îlc 



( 347 ) 

VeuillM agréer l'assurance de rinaltérable attachement ei 
de la haute considération avec laquelle je suis, monsieur 
mon frère, de Votre Majesté impériale et royale, le bon 
frère et ami. Signé Fbauçow. 

Lettre adressée à S, A. R. le grand~duc de Bade. 
Valladolid, le i5 janvier iSog. 
HOB Fbxbe, 

Ayant battu et détruit les armées espagnoles et battu 
l'armée anglaise; et apprenant que l'Autriche continue ses 
armemens, et fait des mouTemens; j'ai jugé à propos de 
me rendre à Paris. Je prie Votre Altesse royale de me 
faire connaître sans délai , la situMion de ses troupes. J'ai 
été satisfait de celles qu'elle m'a envoyées en Espagne. J'es- 
père que Votre Altesse pourra compléter à 8,000 hommes, 
les troupes qu'elle mettra en campagne; car il vaut mieux 
porter la guerre chez nos ennenais que de la recevoir. 

Sur ce, je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte et digne 
garde. Votre bon frère, Mamléon. 

Extrait d'une lettre du baron de Linden, ministre de 
WestphaUe a Berlin, au comte de Pursteintein, du 
i^oQ, au siy et de la mission du colonel au- 
trichien de Steigentesch en Prusse. (Ghap. m, p- 65.) 

MonsiEVK tB Comte, 
J'ai eu l'honneur de parler à Votre Excellence dans le rap- 
port , n" s 3 , de l'arrivée du colonel Steigentesch à Ksoisherg, 
en qualité de négociateur autrichien ; c'est le même individu 
dont j'ai parlé quelquefois dans mes rapports traités â Vienne. 



hyGoot^le 



(348) 

Un heureux hasard l'a depuis amené à Berlin; et je tiens 
de sa confiance, de sa légèreté, et peut-être aussi de ses 
vues plus éloignées, la confidence de plusieurs détails, 
que je crois asse> important pour tous les faire parvenir 
par un courrier. 

La lettre d-jointe, en copie sous la lettre A, et adressée 
par le comte de Stadion(g juin) au baron de Wesseml)ergî 
ministre d'Autriche à Berlin, mettra Votre Excellence d'a- 
bord au fait, à quel point de maturité les négociations 
autrichiennes sont parvenues dans ce pays; et prouvera 
que je ne me suis pas trompé, en énonçant si souvent mes 
craintes sur la disposition, non-seulement du peuple, mais 
aussi de la cour. 

L'empereur d'Autriche envoie cet officier à Rœnisberg, 
pour accélérer les déterminations' du roi. Il lut porteur 
d'une lettre du prince d'Orange, dont on peut aisément 
deviner le contenu, et d'une autre de l'Empereur {8 juin), 
dont la copie est ci-jointe sous la lettre B. 

Je tâcherai de rendre à Votre Ëscellence le résumé des 
différens entretiens qu'a eus ce négoàateur autrichien avec 
le Roi , la Reine et les personnes marquantes de Kœnisberg, 
autant que j'ai pu les retenir de mémoire, n'ayant souvent 
pas osé marquer un trop grand intérêt, pour ne pas lui 
fermer ta bouche. 

Le Roi t'accueilUt d'une manière asseï sèche, en lui de- 
mandant quel était l'objet de sa mission : à quoi Steigentesch 
répondit que la lettre, dont il était le porteur, l'expliquait 
parfaitement. Le Roi disait : « L'Empereur demande des 
u secours à présent, et peut-être plus tard fera-MI une paix 
» séparée en m'abandoimant. u Steigentesch observa à Sa 



hyGoogIc 



(349) 

Majesté, que ce n'était pas du secours que soa maître 
demandait, que la bataille d'Aspero avait bien prouvé que 
l'Autnche ne manquait pas de moyais de défense; mais 
<iue \« hut érmncé de cette guerre , étant que les puissances - 
rentrent dans leurs anciennei possessions, il était juste 
aussi qu'elles y contribuassent, et que le moment actuel 
mis à profit, ferait bien vite atteindre ce but; que lui 
n'était pas envoyé que pour discuter sur la question qui, 
déjà devait être décidée, mais pour concerter sur les moyens 
de l'exécution Le Roi ajouta : i Malgré les craintes 

* que je pourrais avoir que l'Autriche ne m'abandonnât, 
u je suis décidé cependant à me réunir à elle un jour; mais 
» il n'est point temps encore. Continuez; en attendant, je 
B me renforce peu h. peu, et ce n'est qu'alors que je pourrai 
» être utile. Je manque de poudre, de Aisils, d'argent; mon 
u artillerie est composée de jeunes gens. H est douloureux 
H sans doute de convenir avec un officier autrichien, de 

■ tout le malheur de sa position ; mais je dois le faire pour 

* prouver à votre maître ce qui me retient encore. Vous 

■ vous convaincres aisément que je tiche de vous être 
» utile par tous mes moyens. Vos malades sont traités che» 
s moi, et transportés dans votre pays; je donne le congé ik 
» tous les ofGciers de mon armée qui le demandent, pour aller 
V servir dans la vàtre ; mais de me prononcer actuelkment , 
» ce seriut vouloir ma ruine. Portez un coup encore; et 

■ j'enverrai dans votre camp un offider sans uniforme pour 

■ traiter sur les moyens. >> 

Cette narration renferme le résiuné de plusieurs conver- 
sations, que M. Steigenstecb a eues avec le Roi qui, ainsi 
que la Eelne, le firent appeler tous les jours dans leur ca- 



hyGoot^le 



( 35o ) 

binet. La Reine parla à peu près dans le même sens; elle 
se disait coavaincue que la haine portée par l'empereur 
des Français à la Prusse, ses projets d'anéantir toutes les 
djuasties, se lui laissaient aucun espoir. « Je me trouve 
» mère de neuf enfans, auxquels je désirerais cons^^er 
■ leur héritage, vous pouvez donc bien juger quels sont 
a mes vœux. • I^ Roi dit qu'il fallait remonter encore ses 
forces militaires. Ce prince est lent dans ses décbions, mais 
inébranlable aussitôt qu'elles sont prises ; << Bientôt nous 
> pourrons être réunis, frappez un coup encore, et nous 
I le sommes. • C'est de cette même manière que cette thèse 
fut souvent débattue. Si le Roi prononçait distinctemem 
sur l'adhésion à la guerre, il ne voulut jamais cependant 
changer d'opinion sur l'époque. 

Le Rot déclara qu'il subordonnerait entièrement ses 
troupes, aux ordres de l'archiduc Charles. 

M. de Nazel, premier chef du bureau du département 
des affaires étrangères, énonça à peu près les mêmes idées, 
et proposa, à la première entrevue, nnplan déjà commu- 
niqué, il y a six moit, au chevalier Rubi , chargé d'affaires 
autrichiennes. Ce plan ne consiste en rien moins , que la 
demande de la Pologne prussienne et autrichienne , des 
pays d'Anspach et de Bareuth jusqu'au Mein, en y ajoutant 
une partie de la Saxe et toutes les autres ancienoes pos- 
sessions prussiennes. 

Monsieur de Steigentesch répondit que lui n'était point 
chargé de ces discussions diplomatiques ; que l'objet de sa 
mission se bornait à se concerter sur les mesures mi- 
litaires i qu'il croyait ce moment trop précieux pour le 
perdre à discuter sur des provinces, qu'il fallait com- 



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(35, ) 

mencer par conquérir; et que , dans ce moment , la déter- 
mination pEomptc de la Prusse aurait un prix aux yeux 
de son maître, qu'elle n'aurait peut-être plus, si l'Autriche 
avait gagné encore nne bataille. Un des ennemis les plus 
prononcés du sjrstème français, est le ministre de la guerre 
Schanhort. Il a présenté un mémoire au Rôi, dans lequel 
il dit : 1 Je ne tçux point descendre déshonoré dans la 

■ tombe; je le serais si je ne conseillais de, profiter du 
t moment actuel, pour faire la guerre à la France. Voulcz- 
1 vous, continue-t-il , que l'Autriche victorieuse vous rende 
"VOS Etats corame une aumône, si encore elle est assez 
u généreuse; ou que Napoléon victorieux désarme vos sol- 
i> dats, comme la milice d'une municipalité !.... ^ Il tAche de 
prouver au Roi que l'armée serait ^rtei/e i%o,ooo hommes., 
au premier coup de canon ; qu'on était occupé jour et nuit, 
à fondre du canon en Si^ésie; qu'on ne manquait pas de 
poudre; que tous les chevaux étaient notés pour le service, 
ainsi que les recrues nécessaires pour porter l'armée k ce 
nombre. H observa à M. de Steigentesch, auquel il fit part 
de ce mémoire, qu'il y avait des intelligences établies dans 
quelques forteresses. Sans savoir si ces intelligences sont 
d'une nature alarmante; je dob voir, d'après une ex- 
pression de Steigentesch, que Magdebourg est travaillé par 
les émissaires prussiens, et qu'une très-sévère surveillance 
sera très-nécessaire. 

Le grand -chancelier, IW. de Beyme, homme modéré 
autrefois , très-prononcé actuellement , pria M. de Stei- 
gentesch de ne se fier véritablement, qu'à M. de Schanhort 
et à un aide-de-camp nommé Guvenais. "Le Roi, dit 

■ H. de Beyme, est faible; son penchant est de se liguer 



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(350 

* avec Tous^ mais la force lui manque. Comme tous ses 
» eatours sont cependant dans les boas principes, j'espèi'c 

> qu'on l'entraînera, i 

he général Blucher a écrit une lettre très-forte au Roi , 
par laquelle il demande son congé, « ne roulant pas, comme 
ï il s'exprime, être témoin de la chute du trône, et qu'il 
«préférait servir dans un corps d'étrangers, qui. ferait la 

> guerre aux Français, u Ce général adressa une pareille 
invitation au colonel Goetz, pour suivre son exemple. On 
ne sait pas encore si Blucher a reçu le congé demandé. 

Le Roi avait fait entrevoir distinctement, qu'il avait con- 
tracté à Pétersbout^, des engagemens ignorés même de 
ses ministres. Pressé un jour. Sa Majesté lui dit : «Ah! 
B vous ne savez pas ce que j'ai promis à Pétersbourg.... « 

Le Roi pria M. de Steigentesch de dire que le motif 
de son arrivée était pour demander la permission d'acheter 
des grains en Silésie, et des chevaux en Prusse. Â quoi 
ce négociateur , fidèle au plan de ne pas ménager ce prince , 
répondît t « que lui-même ne pourrait pas dire cela, mais 
a qu'il ne démentirait pas ce bruit si on le faisait naître. » 
La morgue autrichienne, qui, tout en réclamant du se- 
cours, méprise ce gouvernement, se prononce bien dans 
son envoyé, qui, du reste, a d'autres raisons qcte je dé- 
taillerai plus bas. 

Sur l'invitation de ne pas porter l'uniforme, il répondit 
qu'il en était trop fier, depuis la journée d'Aspem, pour 
s'en séparer. 

La princesse Guillaume lui fit des excuses, parce que 
les ordres du Roi ne lui avaient pas permis de le prier 
k dîner. 



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( 353 ) 

Le prince Guillaume lui- dit ; <> Vous ne tronverei pas 
«la dispositioD ici, telle que tous la désirez.; l'indécision 
u du Roi le perdra une seconde fois.... » 

Le Roi répéta dans la dernière conversation, qu'il enver- 
rait un officier sans uniforme dans le camp autrichien , si on 
frappait encore un coup. « J'espère de venir, ajouta-t-il; et 
j'espère même de ne pas venir seul, n Cette parole est d'autant 
plus remarquable que M. de Steigentescfa me disait, dans 
un nioment d'effusion, qn'il était persuadé que l'amitié dé 
l'empereur Alexandre était peu solide avec la France ; qn'H 
avait raison de croire qu'il se trouvait un Russe déguisé ^ 
au camp de l'empereur d'Autriche; et que, sans en avoir 
une certitude, il avait une grande probabilité que, quelques 
jours avant son départ, le roi de Prusse avait reçu une 
lettre russe dans ce sens. 

La guerre avec la Prusse est inévitable, d'après mon 
opioioo, dam les deux cas; si la Russie se séparait de la 
France, et si les Autrichiens frappent un grand coup, et 
que la victoire abandonnât un instant les invincibles lé- 
gions de Sa Majesté. 

La Reine encore fit demander H. de Steigentesch, à son 
départ; et lui répéta en pleurant, et en comédienne, comme 
il s'exprime, les mêmes phrases, ajoutant : «qu'elle espérait 
t le revoir bientât : ■ ce que Sa Majesté lui fit répéter par 

madame de Voss 

L'archiduc Charles, trop faible sans doute pour s'ac- 
coutumer tranquillement k cette Idée de gloire, dont il 
croit s'être couvert à Aspem, jette un regard de mépris 
sur le secours des Prussiens. Il disait à M. de Steigentesch ; 
- Mon frère le veut, il faut donc le faire; moi je ne l'aurais 

I. 23 



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( 354 ) 

• pas conseillé. Brusquez le Roi; et s'il ne veut pas se dé— 
« cider, comgromeitez-le. * Ce moyen paraît propre aux 
Autrichiens, pour envelopper le Roi dans la guerre , même 
malgré lui. C'est ainsi qu'une partie de cette confidence 
de Stei^'entesch s'explique. 

Cet officier tient le fil de l'assocUtion de toutes les per- 
sonnes qui veulent précipiter le Roi dans cette guerre. Il m'a 
assuré qu'on n'aurait pas besoin du Soi; que 3o,ooo hom- 
mes se prononceraient dans l'instant} que ^o.ooo Itomtnes 
se trouvent dans le plan de Schanhort, dans le cas où le 
Roi ferait la guerre, au tout premier signal. On a donné 
des congés illimités^ et on a remplacé les congédiés par 
autant de recrues, de manière que, par ce moyen, tous les 
bataillons se trouvent au double, au moment qu'on veut; 
et c'est ainsi qu'on a trouvé le moyen d'éluder le traité 
conclu avec la France, qui limite l'état militaire prussien 
à i4o,ooo mille hommes. La Basse-Saxe et le pays de Ha- 
novre sont soudoyés; et on vient, d'après l'assurance de 
M. Steigentesch , de payer vingt mille livres sterling en. 
Prusse. Jusqu'à la journée d'hier, il m'était cependant dif- 
ficile de descendre tout-à-fait dans l'âme de cet officier ; 
une conversadon, un épanchenient à la suite d'une partie 
de plaisir que je lui ai préparée, m'a fourni des notions 
plus distinctes; il me dit : « Aujourd'hui j'ai vu les indi- 
> vidus qui, il y a quatre mois, proposèrent en personne 
B à Vienne, aa moj^n infaillible, mais que la sotte re- 
s ligion de l'Empereur repousse encore, qui ne veut point 
» détrôner un souverain légitime : si l'on y consent dans 
n le cabinet de l'Empereur, toutes les diflicultés sont le- 
» vées. » Je lui disais en riant: «Vous voulez donc faire 



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( 355 ) 

• le petit fyida de l'Allemagne ; » de quoi il est parfai- 
tement convenu. Mon résumé est, monsieur le comte, que 
le projet principal de cet officier n'est plus de décider le 
roi de Prusse; qu'il espère le forcer en le compromettant 
vis-à-vis de l'empereur Napoléon. Mais son but principal , 
dans ce moment, est de surveiller la révolution dans la 
Basse-Saxe et dans le pays de Hanovre, de déterminer les 
Prussiens sitôt qu'il en recevra l'autorisatiDn qu'il de- 
mande, et qu'il se flatte d'emporter après son retour à , 

où il se rend demain 

L'impératrice régnante de Russie a dit au prince d'Ol- 
denbourg : ■- Vous devez vous réunir à Schill, râdaut dans 
» vos environs ; c'est le seul parti à prendre à un honnête 
» boinme. > Steigentescb tient cette anecdote du roi de 
Prusse, auquel le prince d'Oldenbourg l'a racontée. L'im- 
pératrice mère doit également détester le système français. 

Le comte de Golz a écrit il y a quatre semaines au Roi 
pour demander son congé, dans le cas que le Roi ne se 
déciderait pas. Les paroles du comte de Golz sont : « Il 

• faut lever le boudiet, Sire; l'Autriche seule est notre 
» planche pour nous sauver, k 

La cour d'Autriche est très-mécontente de l'ancien élec- 
teur de Hesse. M. de Stcigentesch espère trouver à Prague, 
l'aulorisatimi de déclarer à l'électeur que , s'il ne veut point 
faire les sacrifices nécessaires à la situation des choses, 
il doit quitter les Etats autrichiens. Ce prince a donné à 
Dormberg, qui s'était présenté à lui, un billet, de banque 
de mille florins, qui actuellement vaut à peu près trente 

quatre louis de France. D lui a jeté le biUet aux pieds, 

et l'a quitté 

a3. 



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( 356 ) 

Le roi de Prusse a communiqué à l'empereur de Russie, 
un [Jau proposé par un certain Wibiki, en Pologne, h l'em- 
pereur des Français, pour réyolutionuer la Polt^ne russe, 
et que le roi de Prusse dit avoir été accepté. Cest ainsi 
que la Prusse s'eicerce à se ereuser un abîme, dans lequel 
elle se précipite elle-même.... 

P. S. J'ai encore appris de M. de Steîgentesch qu'il se trou- 
vait dans la ville de Vienne i a.ocx» soldats autridiiens , tant 
de la Landwehr que des régimens de ligne, déguisés sous des 
habits bourgeois, et sur lesquels on comptiût dans l'ctcca- 
sion. Les rapports de police arrivent encore à l'archiduc 
Maximilien. M. de Steigentesch m'ayant dit qu'il espérait 
revenir bientôt , dans ces pays, pour traiter avec les chefs 
des insurrections dans le nord de l'Allemagne 

(N.) A cetlç lettre sont jointes celles de l'empereur François 
et du ministre Stadion. (Voyez la Correspondance inédite 
de Napoléon, tom. vu, pag. SgS, 408 et 410.) 

Lettre d'un officier-général de Vétat-major du prince 
Charles, Chap. m, pag. 59, etc. (i). 

Ponvei-vousétresurpris, monsieur le comte, qu'après une 
expérience de tant de campagnes, qui ont conduit la mo- 

(i)Ce9fragineQ3de lettres, adreuéeidans le moisd'octobre iSoS, 
par le comte de Grunne au mininre Stadion, ont été troavés en 1 8 1 a 
dons des mémoires înMita, \\s onl^lë publiés en 1817, dans la cor- 
TfRpoadnce de cet offider-gfnéral avec le prince dt ligne, qni a 
été impcioaée a la auile de FooTrage : net fnAeno^f JoAcnn y^eUxK^ 
Im Jahrt 1809, Ltipsick, 181;. 



hyGdogle 



(35,) 

nardùe -à deux doigts de sa perte ; après avoir oonûdéré 
de près, les calamités qni ont accompagné ces crises désas- 
treuses; après avoir survécn à la dérection de tous nos 
alliés; après avoir été témoin d'époques brillantes, dont on 
n'a jamais profité, et dont les résuhats au contraire ont 
été gâtés par de -faux calculs et par de fausses mesures; 
après avoir vu enfin épuiser vainemNit les ressources de 
notre population; pouvez-vons, dis-je, être étonné qu'un 
prince qui a passé par toutes ces épreuves, et qui est invité 
à" se déclarer sur la grande question , de laquelle dépend le 
sort de U dynastie et celui de r&npire, ne se montre pas 
extrêmement avide de cueillir des lauriers stériles, qu'iu 
seul jour de revers peut lui arracher sans retour? Mais 
prouvez-lui que la patrie est en danger, et que le maoïent 
est airivé où un denùer effort peut nous sauver à jamais 
du jong qui nous menace; et vous verres alors si son âme 
est rapable de vigueur et sou esprit de résolution. 

Vous me vantez l'appui que nous trouverons infaillible- 
ment, dans le secours de toutes les nations mécontentes, et 
subjuguées par ta France ; et vous faites entrer dans votre 
énumération la Russie et la Prusse. Hais ces secours sont 
incertains; ils sont à tel point assujétis à la vers^lité des 
drconstances, qu'il serait de la dernière imprudence de les 
faire entrer dans un calcul militaire, et qu'on œ peut les 
envisager que comme des chances heureuses, et nullement 
comme des données positives. Lorsqu'au contraire on prend 
en considération ce qui doit réellement servir de base à un 
projet de ^erre, on trouve que nos moyens physiques, oon- 
seulement ne sont point à comparer avec ceux de la France, 
mais qu'ib sont tellement inférieui-s à l'étendue de son pou- 



hyGooglc 



( 358 ) 

voir, à U force de son gouvernement, à l'unité des vfrfontés 
dans son intérieur, aux ressources de sa populaticm, aux 
avantages topographiques de ses frontières, que t6t ou tard 
nous finirions par nous épuiser au sein même de la victoire; 
û nous ne succombions pas promptement sous la masse de 
nos adversaires. 

Lettre de l'empereur Napoléon au prince majot^généraL 
Paris , le 4 mara 1 8og. 

Mon cousin. Je désire que vous me renaettiei un état 
de situation de mes armées en Allemagne, savoir; l'armée du 
Rhin, commandée parle maréchal duc d'Anerstaedt, qui est 
composée de qnatre divisions d'infanterie, chaque division 
forte de cinq régimms , de la division de grosse cavalerie de 
Nansouty, de la division de grosse cavalerie de Saiot-Sul- 
pice, et de plusieurs régimens de cavalerie légère. Je désire 
que vous me fassiez connaître quand toutes ces troupes se- 
ront réunies à Bamkerg, et en même temps le lieu de leur 
route où elles se trouveront chaque jour ; en comptant onze 
jours de marche de Magdebourg à Bamberg, et autant de 
Hanaù à Bamberg; et quant à la division Saint-Hilaîre, en 
calculant sur les renseignemens que le duc d'Auerstaedt 
pourra vous donner. 

a" Le corps du général Oudinot, composé de la division 
de grosse ca«ilerie du général Espagne, d'une brigade de 
cavalerie légère et de deux divisions d'infanterie, fortes cha- 
cune de six demi-brigades. Le fond de ce corps est déji sur 
le I.ech. Faites-moi connaître quand arriveront les renforts 
partis de France et d'Italie. 



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(359) 

3" Le corps d'observation du Rhin, commandé par le 
maréchal duc de Rivoli. Faites-moi connaitre oii arrivent les 
difTérens corps qui le composent , et quand les renforts partis 
d'Italie pourront le rejoindre à Augsboui^. 

Vous comprendrez dans cet état de situation, l'armée ba- 
varoise, et l'année -wurtenibergeoise. Vous y comprendrez, 
comme Corps d'armée du nord de l'Allemagne , les troupes 
polonaises qui doivent se réunir à Varsovie, à l'exception de 
deux régimcns qui sont à Dantzick et dans les places de 
l'Oder; tes troupes saxonnes qui se réunissent à Dresde; ce 
qu'il y a de dbponible des troupes de Westphalie ; la divbion 
Dupas,quiest àHanov|'e; enfin les troupes de HoUande,qui 
sont dans les villes anséatîques. Ensuite vous porterez dans 
cet état, sous le titre de Coips de garnisons des places, les 
garnisons de Dantzick et des places de l'Oder. Enfin vous me 
mettrez sous les yeux, tout ce qui manque pour former cette 
armée, et vous ne perdrez pas de temps pour organiser votre 

Quant aux troupes qui viennent de Lyon, je désire que 
vous fassiez bien spécifier le lieu où elles se trouveront 
chaque jour, afin que je puisse leur donner mes ordres, si 
je jugeais convenable de les diriger de Huningue sur A.ugs- 
bonrg, en droite Ugne et sans passer par Strasbourg. 
Napoléon. 



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( 36o ) 

l^etp-e du m<]^or-génèr9l à M. le maréchal Massent^. 

Paris, le 4 mars 1809(1). 

L'Empereur, moiuieur le duc, m'ordonne de vous préve— 
nir qu'à dater de ce jour, il a jugé utile &u bien du service 
de me confier de nouveau les fonctions de major^énéral. En 
conséquence, vous entrerez en correspondance avec mot, 
dans les mêmes rapports qui oitf existé dans les dernières 
campagnes. 

Sa Majesté, monsieur le duc, désire que vous soyee rendu 
àStrasbourg, le lamara; il pense qtf^ est à propos que vous 
envoyiez un officier d'état-mi^or ou un de vos aides-de-caœp 
à Darmstadt, et un autre À Bade, pour avoir l'état de situa- 
tion des troupes, et savoir ilaqs quel état elles Se trouvait. 
Chacun de cef princes doit fournir de plus 400 hommes dé 
cavalerie. L'Empereur désire que ces oontingens |Miissent 
être réunis le ao mars à Mergentheim. 

(i)Ce mâme joui 4i Uiu^r-généralaBaoncacesdùpositioiuaiii 
maiëcliaux P. BernadoMc n Pafout- Il prescrit an premier de pu- 
Lii pour le Hauoyie qni sera soua son cpanna^d émeut; ai;i second, 
de se rendre àWurzbourg. — Il écrit le a au maréchal Bessiéres à Bni- 
gos de faire paitir la garde pour Bayoune, et au maréchal Lanmesà 
Saragusfe , que le général Junot prendra le cOmmandemeat des 
troupes. — lie ^ il envoie l'ordre au prince Bernadotte de se rendre 
à Dresde où il commandera les Ssionsavecla division de Hamhourg; 
il le prévieut de la réunion des Polonais à Varsovie et des disposi- 
tions prises en Bavière. 



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C 36" ) 

Rapport du major-généial à t'Empeieur et Roi. 
! Pani, le 5 mari i8og. 

SlKE, 

J'ai écrit officiellemeat à monsieur 
Otto, et partieulièrenoent au Koi, 
pour faire cooDaître la e<Hi]position 
de l'année bavaroise ; ctMtformémeDt 
au règlement militaire que tous avex 
arrêté pour l'armée de la Conféd^tt- 
tion du Rhin. J'ai demandé les états 
de situatÎMi ; j'ai dit que Votre Ha-, 
jesté désirait qu'au »o mars , une di- 
vision fbt réunie à Munich, une h 
Straqbing, et une à Landshut. Je 

demande i Votre Majesté si son in- 

„ . . , . Oui, vuua ditei que rordoime 

tentlOB est que j ecwTe de même, à ,„ p,i„^ j^ Ponti^^tto de «e 

ses ministres près le roi de Saxe, le tendre > Dresde , pour en prendre 

roi de W«.tplialie, a pi*, le gruid- !• «>"""J™«". ^ io»»-" ' "■ 

•^ ° effet cet ordre. Faites-nioi connK- 

duc de Wnrtsbourg en d^uandant : ue quand Us régimeas de la divi- 

■• Que Farmée de Saxe soit for- "<>" ""P" ««™n' «'"d"» * =■" 
méé et réunie, au lo mars, aux «n- 
virons de Dresde, en deux divisions; 

a" Que l'armée de Pologne, for- 
mant trois divisions, soit rassemblée Qu'elle w réunisse à VarsoTJc, 

(i) Teui ka mots de la main de Napoléon, dans la correspondance et 
dani'Ui ailUes pidçci, sont en italique, et ce qui est de sa main daniceile 
pièce, m carortére petît-leste. 



hyGoot^le 



Demander aa Bq^son état de si- 
.uatiou, et ce qn'il poorca rémiif, 
1 b fin de man et ji la fin d'avril. 



( 362 ) 

la et réuoiele 30 mars, la gauche à 
Varsovie et la droite à Cracovie ; 

3° Que l'armée de Westphalie, soît 
réunie le ao mars sur -Magdebourg : 

Votre Maj esté ne m'a jant pas parlé 
de l'armée de Westphalie, je la prie 
de m'indiquer où elle doit se réunir, 

4° Que l'armée de Wurtemberg , 
formant une division, sous le titre 
de réserve, soit réunie le no mars, à 
Neresbeim, Heidenheim, Aal et El- 
vangen. 

J'aurai soin de faire connaître la 
composition de chacune des divisions 
de ces années , qui doit être la meute 
que celle que Votre Majesté a arrê- 
tée pour l'armée bavaroise i et je de- 
manderai les états de situation. 

Quuit au corps d'armée qui doit 
porter le nom de Corps d'armée 
réuni des princes de la Confédéra- 
tion, Votre Majesté veut-elle que j'é- 
crive à ses ministres près ces prin- 
ces , savoir : première division, à 
votre ministre près la cour de Bade, 
pour que cette division de deux bri- 
gades, Composée de deux baiailloos 
d'infanterie légère, de quatre régi- 
mens de ligne et d'un régiment de 
cavalerie, ayant dix-huit pièces de 



hyGoo^le 



( 363 ) 

canon avec le même attirail qu'une 
division bavaroise, soit réunie le 3o 
mars à Pforzheini; en indiquant 
qu'une brigade de cette division, 
composée du (o-emier régiment d'in- 
fanterie de ligne de Bade, de 1680 
hommes, du deuxième idem et troi- 
sième idem, d'un bataillon d'infan- 
terie légère, de douze pièces d'artil- 

leriectde4oohommesdecavalerie, Espagne- Ce^^ ii™iond. 6000 
" ■ ^ honoies, se réunira a Pïowheiin 

sont destinés à faire partie de la pre- 



3 rég. de lig- formant 5cm>o faoïn. 
I bal. d'in&nt. légère. 600 
1 rég. de cavalerie. 4'*' 



la pièces d'attil. 6000 

I comp. de a«peur<. 

Le quatrième régiment est c 



mlère division du duc de Rivoli. 

a" Deuxième division, au ministre 
de Hesse-Darmstadt , pour la pre- 
mîè re brigade, formant 4 000 hommes 
destinés à la deuxième division du 
duc de Rivoli, et pour que ce corps 
soit réuni le 30 mars à Mergentheim, 
ainsi que les huit pièces d'artillerie 



Pfonheim 
et Hasladt, sans perte de Mmps, 
à la diviaion Legtand. 



3" A votre ministre près le grand 
duc de Berg , qui doit fournir 4000 
hommes; à celui près le prince pri- 
mat, qui doit fournir six compagnies 

» . ■ r Efpapie, 

à 160 hommes par compagnie, toi^ ^ 

mant g6o hommes qui doivent être 
réunis le so mars à..^ 

Je prie Votre Majesté dcdéternù- 
ner à' quelle époque et où doivent 
se réunir ces troupes. 



Deux de ces régiman 



Un de cavalerie se forme à — 
Un d'infanterie qui se forme. 
Demandez qoand il sera formé. 



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nah tout cela. 



Se réuniront proTisoirement i 
'War^ur^i hiub lea Ordres di 
duc d'AueiiUKdt. 



( 364) 

4° Troisième divisioo, à vos mi- 
aistres près les nuisoDs de Nassau, 
de Hohenzolleni, deSalia, d'Isem- 
bourg, d'Arembe^, de licheatsteïiif 
et de LcyeD, qtt'ils doivent {brmer 
deux régimeus, chacun de deux ba- 
UilloDS,cfaaqnebaUiUoDdesiz com- 
pagnies, et 1 40 hoHUBes par compa- 
gnie, une compagnie d'artillerie et 
vne de sapeurs; dont un régùmmt 
doit faire partie de la quatrième 
division du duc de Rivoli , portant 
le D a. 

A votre ministre près le grand 
duc de Wurtzbourg, ptMir le régi- 
osent de deus bataillons, sous le 
a" $; chaque bataillon de six com- 
pagnies, à i5o honuues par compa* 
. . gnie, plus une compagnie de sapeurs 
de 200 hommes. 

A vos ministres prés tes m^srais 
de Saxe, pour le r^jimem n" 4, com- 
posé de trois bataillons, forts cha- 
cun de 840 boQunes, qui est destiné 
à la troisième division du duc de 
Rivoli. 

A vos ministres ^ès tes maisons 
de la Ii[^, pour former le batail- 
lon n" 5, fort de &40 hommes; ei 
enûn à Votre ministre près les mai- 



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{ 365 ) 

sons d'Anhalt) pour les deux batail- 
lons formant le ré^ment n" 6, forts 
de 840 hommes, destinés à la qua- 
trième division du corps du duc de 
Rivoli; faisant connaître à vos minis- 
tres que votre intention est que tou- 
tes ces troupes, fournies par les pe- 
tits princes, pour former la troi- 
sième division, soient réunies le 20 
mars a Wurtzbourg. En écrire àBacher. 

Quant à la brigade dite de ré- 
serve, composée d'un régiment, 
fournie par les princes de Mecklem- 
bourg-Schwerin, qui portera le n" 7, 
et qui doit être organisée comme les 
troupes de Wurtzbourg, ainsi que 
pour le bataillon de quatre compa- 
gnies de 100 bommes chacune, que 

doit fournir la maison de Mecklem' L'ordre est donné; ces troupes 
bonrg-Strelitzi je demapde à Voir* ^*''"'" °"="P*' UPoméraoie sué- 
, , doise; demander le our où elles t 

Majesté à quelle époque et où elle jemni, 

doit se rassembler. Doimer l'ordre au duc de Danl 

J'observe à Votre Majesté que je lickdeserendreàMiœicli, pourk 

, . , . „ , ao mars; il prendra Ig ôïinman- 

nai encore écrit que pour 1 armée détient de 40,000 Bavarois ; iUur» 

bavaroise, et que j'attends ses ordres avec lui pour chef d'étaU-major, le 

pour le reste. 6*"""^ P"»"^' 

Le vice-ronnétabte major^^énéral, 



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(366) 

Lettre du major-général au maréchal Masséna. 
Pari), le 5 maia 1S09. 
HORStEDK LE DUC, 

J'ai l'honneur de vous faire connaître la formation arrêtée 
par l'Empereur pour votre corps d'armée, sous la dénomina- 
tion, pour le moment, de Corps d'observation de l'armée da 
Rhin. 

L'état-major sera composé du général de diviâon Becker 
chef d'élat-major, d'un général d'artillerie, d'un général du 
génie, d'mi commissaire ordonnateur, d'un payeur etc. Cet 
état-major sera réuni le 1 a mars & Strasbourg. 

n y aura pour tout le corps d'armée, quatre compagnies 
de sapeurs , avec 6000 outils attelés ; au moins une com- 
pagnie de pontonniers. 

Votre corps sera composé de quatre divisions d'infan- 
terie , et d'une division de Ëavalerie légère. 

La i" division, commandée par le général Legraad, 
sera composée : 

i" du afi' régiment d'infanterie légère , 
du 1 8* idem idem de ligne , 

de la pièces d'artillerie française; 
a** d'une brigade de troupes de Bade, composée : 

du i" régiment d'infanterie de ligne, 1680 hommes, 
du a' idem idem idem 1680 idem, 

du 3* idem idem idem 1680 idem, 

d'un batailloD d'infanterie légère 600 idem, 

de li pièces d'artillerie badoise. 



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(367 ) 

I.a seconde division, commandée par le géRéra) Carra 
Saint-Cyr, sera composée : 

i" Du 34' régiment d'infanterie légère, , 

du A° idem idem de ligne, 

du 46' idem. idem idem, 

de I a pièces d'artillerie française; 
a" du contingent du grand-duc de Hesse-Damistadt, 
de 2400 hommes, 

de 8 pièces d'artillerie hessoise. 
La 3*^ division, commandée par le général JUoUtor, sera 
composée : 

1" du a* régiment d'infanterie légère, 
du t6* idem idem idem, 

du 67* idem idem idem, 

de la pièces d'artillerie française; 
a" du régiment des cinq maisons ducales de Saxe 
portant le n° 4 , a5oo hommes. 

La 4' division, commandée par le général Boudet, sera 
composée : 

1° du 3' régiment d'infanterie légère, 
du 93° idem idem deligne, 

du 56'' idem idem idem, 

de la pièces d'artillerie française, 
a" d'une brigade composée du régiment de Nassau. 
La diyiùon de cavalerie légère, sera composée des 3*, 
14'', ig' et a3*r^iiaen3 de chasseurs. 
Ce qui présentera im présent sous les armes 

de 4O(OO0 homines d'infanterie, 
de a,5oo hommes de cavalerie, et 
de 70 pièces de vanon. 



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( 368 ) . 
1 bauilb>n des équipages militaires sera at~ 
taché il votre corps. 

If brigade de Bade, faisant partie de la i^'' division , 
doit élre réunie le ao mars, à Pforzbeim. 

Le contingent de Hesse'Darmstadt et son artillerie, fai- 
sant partie de la a* diTision, seront réunis le ao mars , à 
Hergentheim. 

Le régiment de cinq maisons ducales de Saxe, attaché à 
la y division, sera aussi réuni le ao mars, à Wurtzbourg. 

La brigade composée du régiment des maisons de Massait, 
de HobenzoUem , de Salm , d'Isembourg , d'Aremberg , de 
Lichlensteio n° a, et le régiment n° 5, formé des coatin- 
gens des deux maisons de la Lippe , se réuniront le aomars, 
à Wurtzbourg. Les ordres sont donnés; et comme je vous 
l'ai mandé hier, ce que vous avez à ftùre, c'est d'en- 
voyer un olÏÏcier d'état>major à Darmstadt et à Bade, pour 
vous assurer de la formation des contingens des ducs de 
Bade et Darmstadt , et avoir les états de situation. 

ÂLEXAirnBE. 

Lettre de Veitiperêur Napoléon au major-général. 

Paria, le 6 mars iSog. 

Mon cousin, prévenez le maréchal duc d'Aoerstaedt qne 
j'ai donné ordre à M, Otto de demander au roi de Bavière 
qu'il soit fabriqué un million de biscuit; savoir : 200,000 à 
Ulm, aoo,ooo à IngolMadt, »oa,ooO à PaSSaâ, aôo,ooo à 
Augsboui^, et aoo,ooo à Munich. Chargez le maréchal de 
tenir la main k l'exécution de cette disposition. Donnez or- 
dre au duc d'Àuerstaedt de faire diriger sur le point le plus 



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(369) 

près dn Omiitbe, soit par HatlsboiBie sur Ingolatadt, toit 
sur Neobourg ou Donawerth*, la plus grande partie des 
souliers et biscuits qui sont dans les magasins de l'anuée 
d'Allemagne. Il y a dfs souliers à Magdebourg, à Hanovre, 
il faut les faire venir ; il faut faire venir ce qu'il y a dans 
les magasias de Stettin et de Custrin ; il y a aussi des 
soulier» à MByence , il faudrait les diriger sur Ulm. Les 
magasins de Magdebourg contiennent 5ooo habits d'infan- 
terie et d'artillerie, ia,ooo vestes, 1600 capotes, 4000 
chemises etc., etc.; faites diriger tout cela sur Ulm et Do- 
nawerth. n y a 400,000 rations de biscuit à Hagdeboui^, 
300,000 àFoFbbeim, 160,000 à Cronach, i3o,ooo à Amberg, 
210,000 à Wurtebourg, total i,3oo,ooo rations. Je ne parle 
pas de ce qui eet à Dantzîck, Stettîn, Glogau, Custrin. 
n serait bon de diriger nue grande partie de ces magasins 
sur Dooairerâi. Mon intentiou est que le premier magasin 
de l'année du Rhin, soit formé àDonawerth. H y aura sur 
ce point un magasin d'habillement, un magasin de snb- 
àstances et nn magasin de cartouches ; de là ces effets 
pourront être dirigés sur le Danube, selon les ordres qne 
je donnerai. Sur ce je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte 
et digne garde. Napoléon. 

Lettre du ma/or-général au maréchal Masséna. 
Paris, la 7 mars i8og> 
L'Empereur ordonne, monsieur le maréchal, que le corps 
d'observation du Rhin que vous commandez, soit réuni le 
ao mars Jt Ulm. 
Le ministre de la guerre a déjà donné l'ordre aux divi- 
I. a4 



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(37») 

rions Bondet et Holitor de se détourner à' fiefort de leur 
marche sur Strasbourg; de passer le Rhin à Huoingue ; et 
de se rendre directement à Ulm, où elles dotTeot arriver 
du ao au 3o mars. 

Le même ordre a été donné à vos quatre régimens de 
cavalerie légère, qui arriveront il Ulm du jg an 37. 

Quant aux divisions Carra-Saint-Cyr et Legrand, qui 
marcbent en ce moment sur Strasbout^, je leur donne l'or- 
dre de continueF immédiatement leur route sur Ulm, con- 
fonnément à l'itinéraire ci-joint. La division Carra-Saint- 
C3T y arrivera par conséquent du iS au 30, et la :divisÎQo 
Legrand du 20 au 33. 

Vous avez eu l'ordre, monsieur le maréchal, de porter 
votre quartier-général le la à Strasbourg; l'Empereur or- 
donne que vous soyez le 30 à Ulm, où se trouveront 
réunis du ao au 35, douze régimens d'infanterie francise, 
foraiant quatre divisions , quatre régimens de cavalerie 
légère et quarant»4iuit pièces de canon. 

Surv eillez .tous ces motivemens , faites-vous-en rendre 
compte, et instruisez ip'en journellement par des rapports 
détaillés. 

Il est nécessaire que vous envoyiez à l'avance un ofQcier ' 
supérieur de votre état-major à Ulm,, pour annoncer l'ar- 
rivée des troupes, désigner les cantonnemens de chaque 
division , et veiller à ce que toutes les mesures soient prises 
pour assurer les subsistances. 

A mesure que vos troupes arriveront, faites dresser l'état 
exact et détaillé de la situation et de l'emplacement de 
votre corps d'armée, et adressez-le-moi ainsi qu'au mi- 
nbtre de la guerre. 



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(37' ) 
Les brigades de Hesse-Dannstadt et de Bade , qui doi- 
vent faire partie des dJTisions Carra-Saint-Cyr et Legrand, 
ne seront réunies à Pforeheim et Mergenthùm , que le 3o. 
D'ici là. il lenr sera donné des ordres pour rejoindre leurs 
divisions re^Mctives. 

lettre du major-gènèral au maréchal Dapout. 
Rambouillet, le ii mais 1S09. 

Je vous expédie, monsieur le maréchal, un de mes aides- 
de-camp. Il est probable , monsieur le duc , que les ras- 
semblemens de l'Autriche, à en juger par tes notions mili- 
taires et politiques que l'on a, ne donnent lieu de leur 
part à aucune espèce de mouvement; cependant l'Empe- 
reur, en tout état de cause, a pensé qu'il était convenable 
de vous donner une direction générale. Le ao mars ,' toute 
votre armée , compris les deux divisions de cuirassiers qui 
étaient dans le Hanovre, sera réunie à Bareuth, Bamberg 
et Wurtzbourg; il parait convenable et prudent de faire 
occuper, armer et approvisionner Cronach, Forcheun et 
Ambei^. L'hôpital sera à Wurtzboui^. H ne faut point 
d'embarras à Btreuth; la prudmce veut que les choses 
soient disposées , de manière à pouvoir évacuer cette princi- 
pauté, sans perdre un seul homme, on seul chariilt, un 
seul cheval. 

Dans tout mouvement improviste de l'ennemi sur Bareuth, 
fait avec des forces supérieures, vous ne devez avoir qu'un 
faut, c'est' de manœuvrer pour être toujours maître de vous 
porter sur le Danqbe ; afin de vous réunir au maréchal Has- 
•éna et au général Oudinot , dont la division de grenadiers 
^4. 



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(37«) 

ainsi qde les cuirassiers du c<Mnte d'Espagne, qui accom- 
pagnait cette division, sont encore jnsqu'à ce moment à vos 
ordres. Le général Oodinot a reçu des ordres directement 
de l'Empereur, ponr qnitter Hanau, où il a été jnsqu'à ce 
joiir, etportersescantonnemeosà Augsbour^et surleLech. 
Dans le cas où tous feriez le mouvement prévu, vous jette- 
riez vos bagages dans U citadeUe de Wurtzboui^, qui doit 
être approvisionnée. 

Du 30 au 39 TOUS vous concentrerez sur Bamberg, avec vos 
quatre divisions d^fanterie, vos deux divisions de cuiras- 
siers, et vos huit régimens. de cavalerie; vous prendrai porâ- 
tion à Bambei^, la droite tirant vers le Danube. La ganche 
de l'aimée bavaroise est à Straubing; vous vous mettres en 
communication avec elle par votre droite. 

L'intention de l'Empereur est que la division Friiat reste 
dans le pays de Bareuth : la division Morand à Bamberg; la 
division Gudin à Nurembn-g et Amberg : votre cavalerie lé- 
gère sera placée, de maniée à observer tous les débonchés 
de ta Bobtoie sur rAUemagne, depuis %ra jnsqu'à Cbam et 
Ried, où s'étendent les postes de la cavalerie bavaroise. 
Quant à la division Saint-Uilaire et aux deux divisions de 
grosse cavalerie, tous les jetterei en seconde ligne ver» le 
Danube, ratre Nurembei^ et Ingobiadt, de manière que ces 
corps n'aient aucun point de contact avec l'ennemL 

Si les mouTcmens des Autrichiens continuaient à inquié- 
ter la famille royale de Dresde, et qu'elle voulût se retirer à 
Leipsickoii sur le Rhin, ce serait une chose avantageuse, et 
vous prendriez des mesures pour protéger sa marche. Cette 
retraite rendrait le prince de Ponte-Corvo, chargé d'aller 
prendre le commandement de l'armée saxonne, {dus libre 



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(373) 
de ses mouvemens. A.u reste, monsieur le maréchal-, il ne 
faut rien faire de prématuré. D'après l'opinion de l'Empeftur, 
il n'y a aucune probabilité que les Autrichiens veuillent en- 
treprcfidre quelque chose d'offensif. Cependant si des cir- 
constances ii]gprérues démentaient ce pronostic, il serait 
convenable que la famille royale se repliât sur Leipsick, 
puisque l'armée saxonne pourrait être dans le cas d'évacuer 
Dresde. 

S'il arrivait qudque chose d'imprévu, sans perte de temps, 
vous en préviendriez le commandant de Magdebourg et le 
roi de Vestphalîe. 

Voici maintenant la position de l'armée : 

Le corps du maréchal Mass^a , à Ulm. 

Le général Oudinot et la division des cuirassiers du coml£ 
d'Espagne, à jLugsbourg. 

Les troupes de Wurtemberç, sous les ordres du général 
ctnnte deVandamme, à Aal, Erlangen et Neresheim. 

L'armée bavaroise, sous le commandement du maréchd 
duc de Dantsick, à Straubing, Landshut et Munich. 

En cas d'événement et d'attaque inopinée de la part de 
l'emiemi, vous marchn«z sur ces corps; et ils sont prévenus 
de marcher sur vous; les uns en se portant en avant, les 
autres en rétrogradant ie leur position actuelle ; de manière 
que votre réunion s'opère, soit sur Ingolstadt, soit sur Do- 
nawerth. Vous sentes bien que vous ne seriez pas rendu i 
cette position, que l'Emper^r y serait arrivé. Ce mouvement 
concentrique réunirait plus de 180,000 hommes, maîtres de 
manœuvrer sur l'une et l'antre rive du Danube, et couverts 
sur la rive droite de ce fleuve par le Lecb , et sur la gaach« _ 
par la Rednitz. AxuuHnaz. 



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(374) 

Lettre au roi de Bavière. 

Paris, ai m«n. 

L'Empereur m'a autorisé à avoir l'hoDnejir d'écrire A 
Vorre Majesté , pour lui dire qu'il est prenable que les ar- 
mées resteront quelque tanps à s'obserrer, dans les positions 
oà elles vont se trouver. Il paraît impossible que l'Autriche 
soit prête avant la fin d'avril; d'autant plus que. la Russie a 
déclaré que si la moindre hostilité avait lieu , elle ferait en- 
trer en Autriche, les troupes qu'elle a sur les confias de ce 
pays. Mais, Sire, l'Autriche peut profiter du temps où l'on 
s'observera, pour fomenter des troubles dans le Tyrol et 
dans la Souabe, afiu d'obliger d'y envoyer des troupes, et 
d'affoiblir d'autant notre armée principale, au moment où elle 
pourrait avoir l'intention d'un choc ou d'une attaque impré- 
vue. L'Empereur désirerait donc, Sire, que Votre Majesté 
ordonnât qu'il soit levé sur-le~champ dans ses Etats, douze 
bataillons de milice, formant quarante-huit compagnies; 
dont huit bataillgns seraient dirigés sur Inspruck, pour la 
défense du Tyrol, un bataillon sur Forcheim, un pour Ant- 
berg, un pour renforcer la garnison de Passau,tm pour 
Kufïein- L'Empereur a aussi demandé pour le même objet, 
quatre bataillons au roi de Wurtemberg et au grand-duc 
de Bade, pour être placés sur les frontières du Tyrol, et 
marcher au secours de ses troupes dans cette province, en 
cas de besoin. Si la guerre se déclare, alors l'Autriche aura 
.trop à faire ailleurs, pour entreprendre rien de sérieox 
dans le Tyrol; et dans le cas où notre arMËe marcherait en 
avant, ces milices se porteraient sur Saltzbourg, et procu- 



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( 3,5 ) 

reraient l'avantage de maintenir les communications. sur les 
derrières. 

L'Empereur vient d'ordonner qu'il serait formé plusieurs 
bataillons de milice eo Italie, pour servir à la défense du 
Tyrol. 

Lettre du major-général au-marécluil Maiséna. 
Hambouillel, le ii mais i8og. 

L'iutentioa de l'Empereur, monsieur le duc de Rivoli, 
«st que vous placiez votre corps d'armée de la manière 
suivante : 

Votre quartier-général et i" division k Ulm; 

Une division à Guiid>ourg ; 

Une idem à Hemmingen ; 

Enfin une quatrième division entre Ulm et Oonawerth; 
de sorte que de quelque cAté qu'il faille marcher, vous ayee 
toujours une division qui aura la tête et quelques marches 
d'avance sur les autres. Il sera nécessaire de mettre du 
côté de Donawerth, sans cependant occuper cette viUe, 
la division Carra-Saint-Gyr, dont les troupes de Hesse- 
.Dflrmstadt font partie. Si rien ne [wesse, mensieuF le duc, 
il faut laisser pendant quelques jours à Mergentbeim et 
Fforzhdm ces troupes et celles de Bade , pour leur donner 
.le temps de se former avant de rejoindre leurs divisions. 

AxEXkND^ 



hyGoot^le 



(3,6) 

Lettre de Vempereur NeipoUon au major-général. 
BMaboRiUet, le i4 mu* iSog. 
Hoir <M>iPSi«, 

Je Femarque que dans le projet remis par le général 
Songis, il porte seize pièces en excédant j^e ce qu'il de- 
mande, mais il ne faut pas les réformer; il est nécessaire 
qu'il 7 ait quelques pièces k chacun des parcs des trois 
armées; je voudrais bien qu'il fAt «possible, sans faire 
trop de dérangement, de n'aroir qu'une seule e^ièce 
d't^ttûer it l'armée. Les loo hommes d'artilleri« qui soirt 
àDantzick, peuvent être réduits à loo; les loo hommes 
d'artillerie qiù soat à Stralsuad,y scot inutiles; les aoo 
hommes qui sont à Magdeboiirg, peuvent également être 
réduib à loo. Les 34oo canonnisrs à pied, que demande 
le ^éoiéral Songis ne me. paraissent pas suffisana; il y aura 
Patsau M d'autres places à garnir. Il faut les poiur à 
45oo eanonoiers à pi^d. Uills hommes d'artillerie 1 dieval 
ne sont pas non plus suiSsans, il faut les porter à i5ao 
homme* ; ce qu) ne ferait que 6ooo hommes d'artillerie, 
lies £oa pontonnier* ne me paraissent pas suflisansi il fau- 
drait au moins huit compactes de i30 hommes chacune. 
J^ fout %al«neqt me présenter un projet pour l'oi^aui^ 
wtioa de l'arme du génie, répartie entre les trois corps 
suivans ; l'Armée du Ethin, Corps d'observation du Rhin, 
Corps d|i général Oudinot. Il faut k chacun un officier 
supérieur du génie, au moins 3 of^ers, au moins la 
compagmes de sapeurs ; nue compagnie de mineurs au 
moins par corps} et 3djOoo outils pour toute l'armée, à 
raison de id,ood outils pu* corps. Je nomme le général 



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(377) 

du géoie Bertrand, mon aide-de-camp, pour commander 
le génie de mon armée d'Allemagne; concertea-voiis avec 
lui pour l'organi^don de son ,arme et les propositions à 
me faire. 

J'ai demandé au ministre de la marine un des quatre 
équipages de la flottille de Boulogne, formant laoo marins, 
pour servir au passage et ^ la navigation des rivières. 
Entendez-Tous avec ce ministre pour pourvoir à l'arme- 
ment et à l'habillement de cet équipage; et proposez-moi 
sans délai sa mise en activité. Il faut qu'il soit commandé 
par un officier de marine intelligent : on pourrait y nom- 
mer le capitaine Baste, qui a déjà fait la guerre de terre, 
et qui pardt s'y être distingué. Iïafol^k. 

Le&re du major-général au maréchal Masséna. 
Paris, le i6 mars 1809, 
L'intention de l'Empereur, monsieur le duc delUvoli, est que 
vous laissiez les troupes de Bade à Pforzheim, mais, comme 
je vous l'ai déjà mandé , que vous en fassiez passer la revue. 
Vous pouvez également laisser les troupes de Hesse-Darm- 
stadt à Mei^entheim, et en faire passer la revue par le géné- 
ral qui doit les commander. Cependant, monsieur le duc, vous 
êtes autorisé à faire venir ces troupes si les circonstances 
l'exigeaient. Mais l'Empereur ne croit pas que l'Âutriclie soit 
sur l'offensive , et que , dans le cas contraire , elle puisse faire 
aucun mouvement sérieux avant la fin du mois d'avril. J'at- 
tends, monsieur le duc, des nouvelles de votre arrivée. L'Em- 
pereur désire que vous m'adressiez un rapport sur la situa- 
tion des choses, sur celle de votre armée. 

Albjuhurb. 



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( 3,8 ) 

Lettre de Pen^ereur Napoléon au major-général. 

Paris, le ao man iSog. 
Hoif COUSIN, 

DeœaDdes au duc d'Auersttedt l'itinéraire des vingt régl- 
mens d'infanterie, des douze ré^mens de cavalerie, des 
dix régimens de cuirassiers, des deux bataillons d'équi- 
pages militaires, des sapeurs et des parcs de l'armée qui 
se trouvent sous ses ordres; afin que je sache où. tout cela 
se trouvera le i" avril. 

Sur ce, je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte et digne 
garde. NAPOLion. 

Lettre de VEmperetw au major-général. 

MalmuaOBiIe ai maia 1S09. 
Mon coDsiir-, 
Donnez ordr,e au général-sénateur Denlont de se ren- 
dre à Wurtzbourg, poor être employé au corps du duc 
d' Auerstaedt. Faites connaître au duc d' Auerstaed t , que je dé- 
sire qu'il mette sous les ordres de ce général une réserve qui 
serait composée des 4" bataillons des 3o', 61:°, 6&", 33", du 
1 1 1', du I a" et du 85* de ligne; ce qui fait sept bataillons. 
Ces sept bataillons ne sont encore qu'à 5oo hommes; ils ne 
forment donc qu'une force de 3, 5oo hommes; mais ils vont 
bientôt recevoir une compagnie, qui leur produira une aug- 
mentation de 1 100 hommes. Les 4"' bataillons des 4S^ lott". 
13* légers, et aS" de ligne, ne doivent pas tarder à partir de 
Boulogne, ce qui portera le nombi-c des 4"' bataillons à onze. 



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( 379 ) 

On pourrait yjoindre ceux des 7" léger, ij'et 31' de ligne, 
t:e qui ferait quatorze bataillons. Cette réserve paraît néces- 
saire; les divisions restant composées de cinq régimeos, et 
chaque régiment ayant un complet de a,5oo hommes; les 
divisions aéraient de plus de ia,ooo boBunes; si l'on y lais- 
sait les 4" bataillons, elles seraient de i^ à i5, 000 hommes, 
ce qui est trop pour une division. La formation des 4" ba- 
taillons n'est pas encore terminée; il sera bon de tes avoir 
sous la main, et en dépàt pour être réunis. Il y a aussi ub 
avantage à cette mesure, c'est qu'un régiment qui a dans la 
bgne im bataillon à la division de réserve, qui peut ne pas 
se trouver compromis le même jour, peut trouver dans ce 
bataillon des ressources pour réparer ses pertes; Je désire 
donc que le corps du' duc d'A.uerstaedt soit composé de la 
manière suivante : des divisions Horand, Gudin, Priant, et 
d'une division formée des 4" bataillons de chacune des trois 
premières divisicms. Chacune de ces trois premières divi- 
sions , doit avoir trois généraux de brigade ; un pour l'inEui- 
terie légère, et deux autres commandant deux régimeos de 
ligne en six hataillcms. La division du général Demont devra 
avoir trois généraux de brigade ; un comjnandant les 4"' ba- 
taillons de la I " division , un commandant les 4"' bataillons 
de la a' division , et uo commandant les 4" bataillons de la 
y division. Deux ou trois bataillons de la même divisiim 
seront réunis sous le commandement d'un major; les 4" ba- 
.taiUoos des iV léger, 17* et 3* de ligne seront réunis sous 
un major d'uii des trois régimeos; les 4° bataillons des 61° 
et 65' seront commandés par un major d'un de ces deux ré- 
^mens. Par cette formation tous lés avantages se trouvent 
réunis; et le duc d'Auerstuedt aura quatre généraux de divt- 



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( 38o ) 

sioDfdouie généraux de brigade, quatre adjudans comman- 
dans et 60 pièces de canon, à raison de iS pièces par divi- 
sion, iadépendanunent de l'artiilerie attachée à ta cavalerie, 
et des généraux et adjudans commandans attachés à son état- 
major. 

Sur ce, je prie Dieu, etc. NATOLtoir. 

Lettre da major^énéral au maréchal Masséna. 

Paris, le ai mars 1S09. 

Rien , monsieur le diw, ne porte à penser que les Autri- 
chiens puissent être prêts k prendre l'offensive, avant la En 
d'avril. On peut ajouter que, même à cette époque, rien ne 
prouve qu'ils soi«it dans l'intention d'agir, car ils n'ont fait 
Aucune dédaration ni manifesté aucun grief; d'ailleurs la 
Russie pourrait agir crmtre eux. 

L'intention de l'Empereur est que vous placiez vos quatre ' 
divisions, de manière à occuper beaucoup de terrain dans 
vos cantonnemens. Vous ne devez pas craindre de chaîner 
le pays appartenant à la noblesse immédiate qui est eb 
Allemagne. J'écris à M. Otto de vous en envoyer confiden- 
tidlement l'état. 

Le ministre du trésor public a assuré l'Empereur que 
la solde de votre corps d'armée était an courant ; faites-moi 
connaître ce qui en est. Le prêt doit être fait tous les cinq 
jours. De nombreux détachemens sont en route pour vous 
rejoiodre, ce qui portera les ciHps de votre armée au grand 
complet- Le la* bataillon des équipages militaires, qui 
s'organise eu Lorraine, est prêt, et va incessamment vous 
r^oindre. Arraugei-Tous pour avoir toujours i l'avance 



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( 38. ) 

six jours de biscuit el de pain, en cas de marche imprévue. 
Envoyea-moi l'état des souliers de votre corps d'armée, 
ies'états de situation de toute espèce, celui des places va- 
cantes dans les difTéreiis corps, la situation du génie, de 
l'artillerie. Faites-moi connaître oà vous en êtes pour vos 
cartouches; les soldats sont partis avec cinquante cartou- 
ches dans leurs gibernes; ils en ont sârement pris va pas- 
saut le Rhin; les corps doivent en avoir d'ancienne date. 
S'il y a des poudres à tJlm , il faut faire des cartouches , 
afin de n'en pas manquer dans un cas imprévu. Je viens 
d'autoriser le commandant de votre artillerie, à acheter cent 
chevaux dans le pays pour votre artillerie; le ministre a 
ordre de faire les fonds. Aussitôt qne vous anrez assb les 
cantonnemens de votre armée, vous pouvez, pour votre 
compte, faire la reconnaissance du Lech, En cas d'une at- 
taque inattendue des Autrichiens, l'Empereur' a ordonné 
au duc d'Auersiaedt de se reployer sur Donavrerth et sur 
Neubourg; dans cette circonstance vous vous reploierez 
vous-même sur le Lech. Les trois divisÎMis de l'armée ba- 
varoise qui se trouvent à Munich, Landshut et Straubbig, 
en feraient autant ; le corps de 'Wurtembei^ , qui est à Hei- 
denheim et Aalen, sous les ordres du général Yandamme, 
doit se porter égalem^it sur le Lech. Ainsi en supposant 
que les Autrichiem voulussent attaquer brusquement le 
i" avril, sans déclaration de guerre, vous rassemblei^s 
vos cantonnemeïis pour vous porter, <»nnme je vous l'ai 
dit , sur te Lech avec vos 3o,ooo Français et les io,doo Al- 
lemands; les Wurtembergeois, qui ne sont qu'à un jour 
de Ponavrerth, appuieraient sur vous avec 10,000 hommes; 
te général Oudinot, avec 3o,ooo; les Bavarois, avec vu 



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(38. ) 

pareil nombre. Enfin le 4uc d'Auerstaedt appuierait aussi sur 
vous avec plus de 70,000 Français; ce qui réunirait sur un 
seul point 180,000. Maîtres de pouvoi'r manœuvrer sur 
l'une ou l'autre rive du Danube, la droite de votre ligne 
serait donc appuyée k Augsbourg, couverte par les têtes 
de pont de Lecb. 

le donne l'ordre à M. le général Bailli de Monthion de 
partir le aS pour se rendre à Ulm, où il s'établira comme 
section de mon état-major, et d'où il correspondra tous 
les jours avec mol. 

Je donne ordre au général Legrand qui est à Paris , d'être 
rendu le 37 mars à Ulm, pour y prendre le commandement 
de sa division, et au général Kister d'être rendu le a5 à 
Ulm, pour prendre le commandement de la division de 
troupes alliées qui lui est confiée. Alexarulb. 

Lettre du nuyor-géTiéral au maréchal Masséna. 
* Pari», le aa mars 1809- 

Je vous préviens, monsieur le maréchal, que je donne l'or- 
dre au général commandant la 5' divison militaire, de faire 
continuer aux troupes leur marche de Strasbourg sur Ulm, 
pour rejoindre votre corps d'armée; 

: 3° bataillon du 46" régiment d'in^terie, d'environ 
811 bommes, arrivant te a4 mars à Strasbourg, pour re- 
joindre la division Saint-Cyr ; 

Détachement idem, $4$ hommes arrivant à Strasbourg, 
peur compléter les deux premiers bataillons; 

3' compagnie de mineurs, de iSo hommes, arrivant le 
aa mars à Strasbourg; 



hyGoot^le 



( 383 ) 

4* et 5* compagnies du 3' babùllon «le sapeurs, 3oo hom- 
mes, arrivant le 3 avril k Strasbourg ; 

Bataillon de marche des a", 4' et la" I^ers, 6oa hommes 
arrivant à Strasboni^ le aS mars, pour être incorporés 
dam la 21," l%ère; 

DéUch. du 44° de lig. 4o» )>' airiv.Ie 3btt. p. Jtre inc. an 44° de lig. 
idem du i4* 1'''''* Sooh.idem a S mars ideiH aii ]8* iJtm. 
idem du 34* "^'" '^ h. idem 37 idem au i> idem, 

idem i^xS''idem aSob.iffem Save. aa i5' idem, 

idem du 55' iiiem 300 h, idem g l'i^nt au S^f tt^eni. 

idem du 43" i'^em 1 00 h. idem 8 idem au 67' iiJem, 

J'ai ordonné aa général commandant la 5* division mi- 
litaire, de vous informer de la marche de ces troupes; 
je vous prie de m'instruire exactement de leur arrivée à 
leurs corps respectifs. Quant aux détachemens qui doivent 
être incorporés, je vous préviens, monsieur le maréchal, 
que cette opération doit être constatée par procès-verbaux, 
qu'il faudra adresser au ministre de la guerre. 

ALmXAHDBI!. 

Lettre du mJy'or-général au maréchal Masséna, 
Paria, le i3 mars 1809. 
' Je VOUS envoi*, monsieur le maréchal , amplîation d'un 
ordre que vient de signer l'Empereur , concernant les trou- 
pes du génie des armées d'Allemagne, les outils qui doivent 
leur être attachés, les caissons, attelages et moyens de 
transport. Examinez les différentes dispositions de cet or- 
dre ; et occupez- vous , sans perdre un instanl, des me- 
sures d'exécution qui vous concernent. Vous allez ri 



hyGoogIc 



(384) 

les fonds pour le service du génie ; en conséquence l'inten- 
tioD de S. H. est que vous fassiez de suite les réquisitions 
qui vous sont ordonnées, que vous fassiez les marchés, 
enfin que vous preniez toutes les mesures en ce qui vous 
est relatif. Je vous prie , monsieur le duc , de me mettre à 
portée de rendre à S. M. des comptes fréquens sur les 
dispositions qne vous aurea faîtes, pour remplir à cet 
égard ses intentions. H. le générât Bertrand, commandant 
le génie des armées d'Allemagne, va se mettre en cor- 
respondance avec vous sur ces objets. Alkxah'dkb. 

Ordre de VEmpereur. 

Malmuson, s3 raan [8og. 

n sera fait les fonds nécessaires pour que les 8" et g" 
compagnies du i*' bataillon de sapeurs, les a", 6" et g' du 
a* bataillon , la i" et la 8* du 4', la 3" et la 7* du 5' et 
la 6" compagnie de mineurs , puissent avoir chacune les 
deux caissons et les la chevaux harnachés qui leur sont 
nécessaires, ainsi que les Soo outils qu« chacune de ces 
compagnies doit avoir. 

a" 

Il sera accordé aux 4", 6" et >f dompagnies du 4" ba- 
taillon des sapeurs, à la i" et à la g" du 5°, les fonds né- 
cessaires pour porter les attelages de chacune de ces com- 
pagnies à six chevaux par caisson , et compléter les outils 
par compare. 

3" 

Ces fonds seront mis dans le plus court délai à la di»- 



hyGoot^le 



( 385 ) 
position du géDéral B^rtrandr commandaDt le génie de nos 
armées d'Allemagne, lequel prendra sur-le-champ toutes 
les mesures pour se procurer ces objets , les envoyer aux 
coips, et pourvoir enfin k ce que les 3o compagnies dn 
génie aient trente caissons, iSo chevaux et 7600 outils. 

Les soldats du train de ces compagnies seront fournis 
par ces compagnies, et pris à Strasbourg sur les détache- 
mens que les dépôts ont envoyés. 
5° 

Le général Oudinot ayant déjà 3ooo outils , sera auto- 
risé à considérer les hommes du train qu'il a, comme 
un fonds de compagnie; à les compléter k Sa hommes; k 
nommer un Ueutenant pour les commander, un maréchal- 
de-logis et deux brigadiers. 11 sera autorisé à se procu- 
, rer sur-le-champ les voitures nécessaires po'ur porter ces 
3ooo outils, à six chevaux par voiture. 

11 sera en outre autorisé h se procurer 3ooo autres 
oBtils qui compléteront à 6000 , l'approvisionnement d'ou- 
tib de son corps d'armée, et à pourvoir à leur attelage, 
comme il vient d'être dit pour tes 3ooo actuellement 
exbtans. 

11 sera fait les opérations nécessaires à Augsboui^ et en 
Bavière, de manière à ce que tout soit prêt au ao avril. 

Enfin le général Oudinot sera autorisé à prendre les hom- 
mes, dont il aura besoin pour le train du génie, parmi ceux 
des conscrits qui arrivent, qui sont accoutumés à conduire 
des chevaux ; il leur donnera l'habit du train du génie. 

Des fonds seront remis pour ces diverses dépenses au 

I. 25 



hyGoogIc - — ' 



( 386.) 

général Bertrand, qui les fera passer au général Oudiaoi, 
avec les instructions nécessaires. 
6" 
Le maréclial duc d'Auersiaedt, ayant to,ooo ourils attelés, 
recevra ordre d'en diriger 3ooo, avec leurs caissons, sur 
Ulm , où Us serviront pour le corps du maréchal duc de 
Rivoli. Le ministre de la guerre mettra à la disposition 
du général Bertrand , les fonds nécessaires pour que l'atte- 
lage des 6000 outils, restant au corps du duc d'iuerstaedt, 
soit complété à six chevaux, par voiture. Le général Ber~ 
trand transmettra ces fonds au maréchal duc d'Auerstaedt 
qui, comme le général Oudinot , sera chargé de cotnjJéter 
une compagnie de 5o hommes du irain du génie, et sera 
Butoiisé à donner à ces hommes l'habit du train dn gàùe. 
Enfin le maréchal prendra les mesures nécessaires pour 
avoir , au 30 avril , 6000 ontils attelés à six chevaux par 
voiture. 

Le duc de Rivoli sera informé que 3ooo outils sont di- 
rigés snr son corps d'armée ; et it sera sur-le-champ au- 
torisé à faire l'achat des voitures et chevaux nécessaires, 
pour atteler cet approvisionnemait, et k former une com- 
pagnie du train du génie, composée comme les deux pré* 
cédentes. 

8" 

Le général Bertrand fera sur-le-champ organiser à 
Strasbourg, une compagnie du train de i%o hommes, pris 
parmi les conscrits du 18" de ligne, et composée d'un ca- 
pitaine, d'un sous-lieutenant, de deux maréchaux-de-logis, 
de quatre brigadiers et de lao soldats. 11 choisira les 



hyGoo^le 



(387) 

officiers parmi d'anciens officiers de cavalerie ou de sa- 
peurs. II fera sur-le-champ habiller cette compagnie d« 
l'uniforme du train du génie; il fera faire ia,ooo outils, 
et se procurera vingt-quatre voitures pour porter ces 
la.ooo outils, deux forges et deux autres chariots pour 
porter des cordages, des înstrumens et autres approvi- 
sioDsemens nécessaires pour le raccommodage des ponts; 
total vingt-huit à trente voitures. Il fera sur-le-champ 
acheter les aoo chevaux et hamois nécessaires, de sorte 
quau ao avril, ce train puisse partir de Strasbourg. 

9° 

13,000 outils seront envoyés sans délai de Strasbourg, 
sur des charrettes du pays , à Ulra pour y rester en dépôt. 

Aussitôt que les six premiers mille seront arrivés à Ulm, 
on prendra mes ordres pour pousser plus loin. 

Ainsi le génie aura 6ooo outils attelés par corps d'ar- 
mée, ce qui fera douze voitures pour les porter; plus un 
chariot, pour porter des cordages et autres ustensiles né- 
cessaires au raccommodage des ponts, et une forge; total 
1 4 voitures et 84 chevaux par corps d'armée; total porr 
les trois corps d'armée, i8,ooo outils, 4a voitures et 
a52 chevaux. 

Plus ii,ooo outils , portés k la suite du parc général sur 
3o voitures ; 

Plus 5oo ontils attelés par compagnie de sapeurs; total 
•j5oo outils; 

Il y aura donc 37,5oo outils, attelés à six chevaux, à 
la suite de l'armée; et en outre ia,ooo outils en dépôt sur 

25. 



hyGoogIc — 



( 388 ) 

les derrière» de l'armée, qu'on chariera d'un établisse- 
ment à un autre sur les voitures du pays; et qui peuvent 
être considérés, comme un approvisionnement de précaution. 
Récapitulation générale. 
37,5oo outils attelés, 
ia,ooo id. non attelés. 
Total, 49)^00 outils, portés sur 73 à 74 voitures attelées 
de 4^0 chevaux (indépendamment des attelages des compa~ 
gnies de sapeurs], et conduites par trois compagnies du 

train, de 5o hommes chacune, ci i5o hommes. 

Et par une 4' compagnie de lao 

Total. 370 hommes. 

Le décompte des sommes nécessaires pour ces diverses 
dépenses sera fait, dans la journée de demain, par notre 
ministre de la gucrre,qui remettra au général Bertrand, une 
ordonnance sur le trésor public, pour la valeur de la moitié 
desdites sommes. 

Il sera pourvu au paiement de l'autre moitié , aussitôt que 
le besoin en sera. 

On retirera des places de Strasbourg, Landau, et autres 
places du Rbis, tous les outils qu'il y aurait de disponibles, 
et on les emploiera selon les divers besoins de l'armée. 

Notre ministre de la guerre est chargé de l'exécution du 
présent ordre. Signé Nafoléoh . 

£t pour ampliation , le prince de Neuchâtel, major-général . 
Alexindbb, 



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( 389 ) 

Lettre du major-génèral au maréchal Massènà. 
Paru, leaSnara 18091 

L'iotention de l'Empereur, monsieur le maréchal, est que 
vous demandiez à S. A. R. le grand duc de Hesse-Daroistadt 
que son contingent soit de 4786 hommes et 564 chevaux, 
ainsi qu'il l'a proposé, au lieu de 3400 hommes qui avaient 
été primitivement demandés- Sa Majesté pense que les six 
pièces de canon que propose ce prince seront suffisantes; 
mais il faut avoir soin qu'il y ait un approvisionnement- et 
demi, et qu'il 7 ait un approvisionnement d'infanterie à rai- 
son au moins de cent coups par homme. Je fais tes mêmes 
observations au minbtre de l'Empereur près le grand-duc 
de Hesse-Darmstadt. 

Je donne l'ordre au généra) Songis , de faire diriger sur 
Ulm 6000 fusils, aooo sabres, aooo paires de pistolets, 
6000 baïonnettes, 1,000,000 de cartouches d'infanterie, 
5ooo cartouches à balles et k boulets , i a,ooo outils de pion- 
niers, et autres objets d'artillerie. Je le charge d'établir en 
résidence à Ulm , un officier et un garde^nagasin , qm pren- 
dront à cet effet un emplacement près de la rivière. 
AtEXUtnKE. 

lettre du mty'or'général au maréchal Masséna. 

Paris, le 34 mura 1S09, nue heure apréa midi. 

L'Empereur, monsieur le duc, est instruit qu'un officier 

françab a été arrêté à Braunau, et que les dépêches dont il 

était porteur lui ont été enlevées de vive force par les Au- 



hyGoot^le 



(390) 

trlchiens, quoique scellées des armes de France. L'intention 
de Sa Majesté est que voua tâchiez de faire arrêter quelques 
courriers autrichiens. Vous devez faire ces expéditions très- 
secrètement; accélérer la marche des troupes sans les fati- 
guer ; suivre ponctuellement vos instructions ; enfin être prêt 
i vous porter sur le Danube. Huit cents cuirassiers doivent 
' être arrivés à Donawerth , ainsi qu'un certain nombre de dé— 
tachemens d'artillerie et de sapeurs , destinés à renforcer les 
compagnies quand ils se rracontreront. Tenez-vous prêt, 
monsieur le duc, mais l'Empereur recommande que l'on 
n'attaque point sans son ordre- âlexahdke. 

Lettre du major^général au maréchal Masséna.- 
Paris, le aS mars 1S09. 
Il est inutile, monsieur le duc de Rivoli, que vous établis- 
siez une estafette de Hagdeboui^ à Ulmj il 7 en a déjà 
une d'établie par M. de Lavalette, it faut en profiter. Des 
ordres ont été donnés pour organiser l'artillerie de votre 
corps d'armée; écrivez au géuéral Songis i Strasbourg. 
Chaque corps doit avoir ses ambulances. Quant à la gendar- 
merie, je prends des mesures pour tpie vous en ayez une 
compagnie. AtEXiBDBB. 

Xetfra dM major-général au marédud DaootU. 

Paria, le aS mars 1809. 

J'ai mis SOUS les yeux de l'Empereur, monsieur le duc, vo- 
tre lettre du 1 7. Sa Majesté trouve que les dispositions que 
vous avez faites sont l'inverse de ce qu'il fallait faire, car 



hyGoogIc 



(39> ) 

l'armée saxODoe aa lieu de marcher sur Leîpsig, si elle de- 
vait faire un mouvement de retraite , le ferait snrBayreutfa, 
Donawerdi ou Wurtzbourç , pour se centraliser avec toute 
l'armée sur le Danube. Du reste , monsieur le duc , le prince 
de Ponte-Corvo va arriver à Dresde pour y prendre le com- 
niiuideRieiit de l'armée saxoone , et il recevra directement 
des ordres. Activez' la marche de la division Saint-Hjlaire 
sur Wurtzbourg et Bamberg; Faites les mêmes dispositions 
pour les compagnies de sapeurs et d'artillerie, hormis une 
compagnie d'artillerie, qui restera pour la citadelle de Wurtz- 
bourg. L'Empereur suppose que les régimens de la division 
Sain t-Hil aire, qui ont passé l'Ëlbe le 2a, ont reçu actuelle- 
ment l'ordre de se porter sur Bayreuth et Bamberg. Activez 
l'arrivée du io5* régiment et du $'. de hussards. Feu im- 
porte à l'Empereur, monsieur le duc, que l'ennemi débouche 
en Silésie ou ailleurs; le point important est de se réunir 
sur le Danube. parait que le 17, vous n'aviez pas encore 

reçu les instructions que je vous ai adressées le 

Des vingt régimens qui composent vos trois anciennes 
divisions, de la division Saint-Hilaire , des onze régimens 
de cavalerie légère et des quatorze régimens de cuirassiers 
et de carabiniers, pas un seul homme ne doit rester en 
Hanovre et en Westphalie. Tout doit être concentré à Bam- 
berg , Wurlzbourg et sur le Danube; et vous devez disposer 
les choses de manière que si l'ennemi s'emparait de la Saxe 
et du Hanovre, vous ne puissiez pas perdre un seul Fran- 
çais; il faut donc vous concentrer. Le général Morand vouâ 
aura sAremeot rejoint. L'Empereur me charge de vous dire 
que vous devez bien vous garder de détacher un seul homme 
de cavalerie et d'infanterie du cAté de Dresde. Sa Majesté 



hyGoot^le 



( 39- ) 

' es{)ere qji'au i"* avril , toi vingt régitnms d'infanterie, 
renforcés de tous les régimens de marche, et votre cava- 
lerie seront entièrement réunis. Je donne l'ordre à la bri- 
gade de cavalerie légère du général Bruyère, qui est en 
Hanovre, de se diriger sur fiambei^, où elle fera provi- 
soirement partie de la division Montbrun ; ce qui portera 
cette division à sept régimens. Ayez l'œil sur le mouvement 
de cette brigade , afin de pouvoir la prévenir à temps en 
cas d'événement, et de changer sa direction. Active* sa 
marche, sans trop fatiguer les troupes. Faites-moi comudtre 
où vous avez placé le quartier-général de la dirision Nan- 
souty,. et de la division Montbrun, ainsi que les lieux 
qu'occupent ces divisions. Je crois tous avoir fait conn^tre 
qu'elles doivent être placées entre vous et le Danube, en 
seconde ligne. 

f Le général Baillyde Honthion s'est rendu à Donawerth, 
où il forme un bureau intermédiaire d'ètat-major général 
entre voits et Le dnc de RiVoU, pour l'instruire de tant ce 
qui peut se passer. Alesaitbre. 

Lettre du major-général au maréchal Masséna. 

Paris, le 36 mars 1809. 
L'Empereur m'ordonne, monsieur le maréchal, de lui 
présenter l'état de ses armées du Bhin , en y comprenant 
tous les hommes qui ont rejoint jusqu'aujourd'hui. Je n'ai 
aucnn état de situation de votre corps d'armée , je vous 
prie de m'en envoyer un le plus promptement possible 
et bien complet, indiquant les forces des présens sous 
les armes, leur emplaeement, les hôpitaux, les détachés > 



rih-Google 



( 393 ) 

l'emplacement des détachés, l'eflectif des corps, la com- 
position' de votre ét&t-major, de vos administratioas, ceuK 
des divisions, ce qui peut manquer de généraux d'infan- 
terie et de cavalerie pour commander les difTérentes bri- 
gades. Il est indispensable, monsieur le maréchal, que votre 
chef d'état-major m'adresse au moins tous les quinze jours 
un pareil état, et tous les cinq jours l'état sommaire par ré~ 
giment indiquant les présens, les hôpitaux, les détachés, 
l'eFTectif , les emplacemens , comme cela se faisait à la grande 
armée. Il faut mettre à cela la plus grande exactitude, et 
surtout avoir soin de ne rien oublier. Il faut aussi que le 
grand état de quinzaine, soit envoyé régulièrement tous les 
quinze jours au ministre de la guerre. Veillez , monsieur le 
duc, à ce que cette partie du service soit bien assurée. Lors- 
qu'une division est détachée loin de son corps d'armée , ÎI 
faut prescrire au général qui la commande, de m'adresser 
directement son état de situation des cinq jours, indépen- 
damment de celui qu'il doit adresser à l'état major du corps 
d'armée. Alexandre. 

Lettre du major-gènéral au maréchal Davout. 
Fana, le 37 mars 1809- 
J'ai mis sous les yeux de l'Empereur, monsieur le duc, votre 
lettre du 30; Sa Majesté vous ayant écrit directement, par 
un de ses ofhciers d'ordonnance, de détourner les troupes 
qui passent & Wittemberg, pour leur éviter deux marches sur 
Magdebourg, la division Saint-Uilaire se trouvera d'autant 
plus tôt prête. Les détachemens de marche du as' régiment et 
le 4" bataillon de ce même régiment, doivent rester àMagdc^ 



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(394) 

bourg, oii le roi de Westphalîe a reçu l'ordre d'envoyer des 
troupes, pour assurer cette place importante. Sa Majesté sup- 
pose , monsieur le duc, que vous avez dirigé la division Saint- 
Hilaire, l'ancienne division Nanzoïity, les régimens de cava- 
lerie légère delà division Honlbrun, sur votre droite; que 
vous avez aussi pris toutes les précautions pour vos hôpi- 
taux , vos traîneurs, etc., de manière à pouvoir, sans rien lais- 
ser, effectuer votre mouvement sur Ratisbonne, Ingolstadt 
ou Donawerth suivant les circonstances. 

Si l'ennemi a un plan , il est probable qu'il cherchera k se 
mettre entre vous et le Danube; c'est surtout ce qu'il faut 
empêcher. Cependant Sa Majesté reste à l'opinion, que les 
Autrichiens ne peuvent pas être prêts avant la fin d'avril; et 
que d'ailleurs elle ne les croit pas décidés à une agressim, 
qui leur attirerait l'animadversion de la Russie, qui a des 
années vei^ la Gallide et la Transylvanie. 

Vous avez dû recevoir, monsieur le duc, l'ordre de mar- 
che pour la brigade de cavalerie légère dn général Bruyère, 
qui du Hanovre va rejoindre la division Montbrun. 

Jusqu'A cette heure, monsieur le duc, vous restez coDi' 
mandant de toute l'armée du Rhin, y compris la division du 
général Oudinot. 

Le duc de Rivoli se trouve en réserve. L'intention de 
l'Empereur est de no laisser sous votre commandement, 
quand il sera à l'armée, que votre ancien corps, composé de 
quatre divisions, dont trois divisions composées chacune de 
1 5 bataillons, et la quatrième division composée de tous les 
4" bataillons; cette quatrième division formera votre réserve. 
Il vous reste'ra également trob régimens de cavalerie légère, 
cl la division de cavalerie du général Saint-Sulpice; l'iiiten- 



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( 395 ) 

tion de Sa Majesté étant de faire un «xirps d'année de la di- 
vision Saint-Hilaire et du corps du général Oudinot, dont 
elle désignera le commandant en chef. 

Le duc deDantzick et les alliés forment un autre corps 
d'armée. 

Le maréchal Bessière va se rendre à l'armée, pour prendre 
le commandement de la réserve de cavalerie, qui sera com- 
posée des sept régimens du général Montbrun, des six régi- 
mens de grosse cavalerie du général Nansouty, et de quelques 
régimens de dragons. 

La division de grosse cavalerie du général Espagne, est 
destinée à faire partie d'un des corps d'armée, soit de celui 
du duc de Rivoli, soit de celui qui sera formé du corps du 
général Oudinot. 

L'Empereur ne croit pas devoir vous recommander de 
bien ménager les cuirassiers, afin de les garder pour une 
opération impoirtante. 

Alexandre. 

Lettre du major-général au maréchal Massèna. 
Parb,le i^ mars i8og. 
Je vous préviens, monsieur le maréchal, que je donne 
ordre à M. le général Oudinot, de placer tonte sa cava- 
lerie et son infanterie sur la rive droite du Lech, et de 
n'occuper de la rive gauche que la ville d'Augsbourg, afin 
de laisser de la place à votre corps d'armée : concertez -vous 
en conséquence avec lui, pour vos cantounemens respectifs. 
Alexahpbe. 



hyGoogIc 



( 396 ) 
Lettre du major-général au marécftal Masséna. 



L'Empereur ordonne, monsieur le maréchal, qne vous 
fassiez de suite rejoindre les troupes de Bade et les troupes 
de Hesse-Dannstadt à leurs divisions respectives; c'est- 
à-dire le corps des troupes de Bade, à la division du général 
Legrand; et le corps de troupes de Hesse-Darmstadt , à la 
division du général Carra -Saint-Cyr. Faites opérer de suite 
ce mouvement, et ordonnez & ces deux corps de troupes de 
partir bien entiers , bien complets^ne laissant rien en arrière. 
Prescrivez aux généraux commandant les divisions, de les 
faire manceuvrer tous les jours. Instruisez-moi de l'eiécution 
de ce mouvement. Ainsi que je vous l'ai déjà mandé, le géné- 
ral Oudinot a ordre de porter ses cautounemens sur la rive 
droite du Lech, à deux lieues autour d'Augsbonrg. Il ne faut 
pas mettre de cavalerie près La rive gauche du Lech, at- 
tendu qu'il est nécessaire de ménager le pays, en cas que 
l'on soit obligé de tenir la tigne du Lech. 

L'intention de Sa Majesté est que vous preniez des mesures 
pour avoir toujours dans vos cantonnemens quatre joues de 
pain, et du biscuit aussi pour quatre jours, afin de pouvoir 
partir avec huit jours de biscuit. Ai.BSAiiDaE. 



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( 397 ) 

Lettre de Vempertur Napoléon au major-gérUral. 
FaTis, le I" STril 1809. 

Mon cousin, donnez ordre au duc d'Auerstaedt de por- 
ter son quartier-général à Nuremberg, et de diriger sur 
RatisbiMme la division Saint- Hilaire, la division de grosse 
cavalerie du général Nansouty, et les sept régimens de ca- 
valerie légère de la division du général Montbnui; ce qui 
fera cinq régimens d'infanterie et treize régimens de cava- 
lerie, à Ratisbonne. Vous lui prescrire! de laisser du côté de 
Bayreuth , une de ses divisions, d'en avoir avec lui à Nurem- 
berg, et d'en placer une troisième entre Nurembei^ et Ra- 
tisbonne. Donnez ordre au général Dupas, de se rendre avec 
sa division à Wurtibourg. Sur ce, je prie Dieu qu'il vous 
ait en sa sainte et digne garde, Nj^roiiéON. 

Lettre de l'empereur Napoléon au major-géaéral. 
Paris, le 3 avril 1809. 

Mon consin, écrivez au sieur Otto pour savoir quand le 
million de biscuit que j'ai demandé, sera confectionné, et ce 
qu'il y a de fait. Informez-vous aussi si l'on a établi des fours 
à Munich et à Augsbourg. Il est indispensable d'établir à 
Augsbourg, des magasina de cartouches d'infanterie, de fa- 
rines, d'avoines. Je suppose que vous êtes arrivé aujour- 
d'hui à Strasbourg. Il me tarde d'apprendre que la division 
Saint-Hilaire et la réserve de cavalerie, sont arrivés à Ratis- 
biHine. 



hyGoot^le — 



( 398 ) 

Mes chevaux et ma garde doivent être arrivés à Stras- 
boai^; faitesHnoi connaître eu qnel état ik se trouvent, et 
donnée des ordres pour qu'ils se reptwent. Sur ce , etc. 
Napoi.]£om. 



1 PIECES ITlSIiriCATITES DV TOME 



hyGoogIc 



TABLE 

DU PREMIER VOLUME. . 



lanoMiCTioR 1 

CHAPITRE PREMIER. 

COAMTlOIf DE l'zDKOPS PEaMANENTS CONTRE LA 
PfiARCE. 

L« Coalition des aomenâo» et de Foligarchie contn U té- 
Tohition française, acammencé en 1791 i 

Son but en dévoilé par la note du ig janner i8o5. ... 6 

Napoléon ï'occape de maintenir la paix en Europa, et de 
guérir les maux de la rérolution ^ 

L'Anf^eterre , chef de la Coalition, suscite les gueires de iSo5 
et 1806. 9 

Le GODtinsBt est battu , maia l'An^terce r 



Les destinées de FEurope dépendent de la mort, de Piu et 
de Fox la 

Napoléon, Talnqueur de l'Autriche et de la Pcusse, accorde 
deux fois la paix, et dirige la traité de Tilsitt contre les 
Anglais. . . ' i 3 

L'Autriche, laissée trop forte à l'resbourg, arme en 1806 

" emeoj ï5 

I. 36 



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(4oo ) 
CHAPITRE II. 

NAPOLBOK SB MBT EN OBFBNSS , CONTHE LE SYSTEME 
DE GITKtlRE PBHFBTTIBI.LB, 

L'cmpiie de la Urrs et de ta mer iembl« pactagé eotie la 

France et l'Aaglelerre a3 

MapoUon, durant tonjoDis la paix, a deux najetu pour y 



htà arnogemeiu teiritoriaiu , poui se metlre en défense sar 

les Iranûiie» d« terre j 16 

Le sjitème Gonlineotal, du cdté de la mer 34 

Il doit détraire l'influence anglaise soi le continent, piinci' 
paiement dans le Hidi 39 

Il fait la guerre à l'Espagne, qm L'Ai^IeterTe aonléve entiè- 
rement 3o 

L'Autriche armant encore en 1S08, traite avec Londres et les 
Espagnols. 34 

L'Empereur réclame contre les préparati& de la conr de 
Tienne 38 

nvas'entendreàErfiirlb, arec Alexandre, soi leurs communs 
projels 39 

Il renouvelle ses proportions de paix à l'Angleterre , et dissout 
la grande armée d'Allemagne afin de rassurer rAucriche. . ^i 

Tiapoléon va en Espagne pour en chasser l'armée anglaise. . Ifi 

■I est rappelé à l'aria par les arméniens de FAutriclie et par 
les intrigues de rintëriear 47 



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( 4oi ) 

CHAPITRE m. 

POLITIQUE ST MORALE DE 



Le cabinet anglais eit dirigé par le conseil occaite de sa, hanU 
oligarchie} elle a denx politique*, l'uite Moréte, TantoB oo- 
tensible 49 

L'Angleterre a de grand» nu>Li& pour susciter cette nouvelle 
guerre 5î 

he» écriTains étiangera TecotuuÎMent que , comme la Coalitton , 
elle n'agit que pour ses intérêts propres 54 

Elle tait des préparatifs considérable* et compte piindpale- 
menl sur aa machinations ., £6 

Deux grands partis, l'un anglais ou de la guerre, l'aati« fran- 
çais ou de la paix, diriaent les nations et les cours de 
l'Europe S^ 

CeUe de Vienne est auut drrisëe par les intrigues militaires. . 95 

L'Autriche, la Fmsse, la Kussie et une partie de FÂUema- 
gne , sont déterminées k la guerre , mais chacune d'une ma- 



La Russie est d'accord arec la Prusse ; elle négocie encore avec 
Napoléon, pour les afiiôres de Flnde ........ 66 

Depuis Tilsitt, elle le prépare k combattre un iouc contra U 
France 68 

L'Empereur, de l'aven mJme des étrangers, inil loul ce qu'il 
peut pour éfiter cette guerre; il n'y croit pas, et .compte 
sur t'intervenlion de la Russie 53 

La cinquième agression de la Coelition est décidée, ouverte- 
menl par l'Angleterre , l'Autriche et leurs aUiés, secrètement 
par les autres puissances ^5 

a6. 



hyGo.ot^le 



( 4oa ) 
CHAPITRE IV. 

ATTàQUSS militaires BT POLinqUES DE LA CO*LITIOIT. 

he plan d'aLlaque tle !■ Coalition, eit politique aatant que 

militaire 77 

Elle adopte contre NapoUon, le sjstème de gaerre fiagére, 

d'eiterminatioo et d'iniarreelibn •)8 

I>« Honitaiir accoM l'Aatricbe d'avoir touIu rérolatîoDner 

les Étala confédéré, 79 

Dea £nii«uîrei sont répandua de toaa câi&, poar petrertir 

Topinion So 

Ua céusdiBent «n partie dans l'Allemagne et l'Italie. ... 63 

L'Autriche avoue et nomme les sien». . . .- 87 

IiCf ageoa de l'étiangei pénétrent len France et dans n09 ' 

La Coalition veut porter en même tempi l'offeniire de tons 
côtéi gS 

Elle combine le> op^rationj des Autricbiena sur le Hhin , par 
la Franconie , avec celle* âea Anglaia , au naven de la BeU 
gique. 93 

Duu l'intérieur, Foucbé sert le parti dea Boorfaons. ... 99 

L'Angleterre a dca correipondancea avec la Vendée; ... 100 

Elle ourdit une conspiration dans l'armée de Fortogal, pour 
mettre Moreau à la tâte dea affaires '*" 

L'Autriche provoque, par ses proclamationa , les peuples à 
U révolte ">5 

Conduite opposée de Napoléon 1^ 



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( 4o3 ) 
CHAPITRE V. 

DXKNIÈBBS NÊ^GOCIATlOnS BnTBB lui FRANCE ET 

' l'avtbjcbe. 

Les cabinets d« Vienne ei de Loadns soat diiiiëi par des 
intrigues de cour et par divers projets sur la conduite des 

opérations militaires. m 

La miniatère britannique remplit en 1809, les vues secrâte* 
de l'oligarcbie anglaise, mais il succombe sons les attaques 
de l'apinion publique 1 1 5 

L'Autriche change ses plans au momMit de l'exécution, . . 117 

Elle continue à protester de son désir de conserver la paix, 
et elle retarde l'émistioi] de U déclaration insignifiante du 
37 mars 1 1 S 

Elle cherche à endormir la vigilance de VapoléoD, jiour atta- 
quer l'armée française pendant son absence 1 1 g 

L'Emperenr découvre trés^tacd les nouveaux desteins de la 
Coalition, en enlevant pat leprésBillesuncoorrierautrichien. iso 

Dès le premier avis de la mise sur pied de guerre des troupes 
autrictiiennes , il donne ses ordres. à L'armée d'Espagne. . lai 

Il nomme le major-général, et régie l'organisatioii de Farmée 
d'Allemagne I33 

Napoléon attend 1 Paris l'agresnoo de nos ennemis 1 36 

CHAPITRE VI. 

CODP o'ceiL SDR LB THEATRE DE LA CUERRE EK 1809. 

La guerre de la Coalition s'est constamment éteodne sur une 

grande partie de l'Europe 138 

Le véritable Tbéitre de la gnerre entre la Fïan«e et l'Autriche., 
était (01 la difeuion de Paria à Viorne. ....... i34 



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( 4o4 ) 

La fronliite de l'ANtricfae prétente , i l'ouest , nn front bat- 
tionoé, dont Ici uilloiu , entouras de montagnea , maîtrisent 
la BtTién et le* pleinea i35 

La frontiÉTe de la France, courbée régnliérement autour de 
Parii , a'éteiidait par m* extrànit^, et embrauBÏt celle de 
l'Anlricbe i36 

L'Échiquier particulier de TAllemagne méridionale , est entre 

tel deux Eut» , les Alpes et les montagnes de la Thnringe ; 1 38 

I« Danube le divise en demi tbéàtretparliciilien, sur les deux 

rÏYCsj tout s'f rattache à ce grand fleavc. . .... ifo 

Chacune des deoi puissances exerçait de Tiiiflaence sur les 

pojs intermédiaire* l45 

Des bases française et' autrichienne , la première était la plus « 

farorable à Toffenaive ; la seconde , a la défenaire .... i5i 

La véritable ligne d'opérations est celle dTItm à Brsunau et 
Vienne iSa 

Let rapports de terrain et de distance étaient en faveur de 
ta France iSy 

Le s^téme des mancenvrea doit a'étalilii suc b ligne d'opéra- 
tion* da Midi, et se rattacher an Danube tS8 

Parmi le* points militaires, Itatisbonne est le pins important. i59 

Le tbélitre d'Italie, préMntait des combinaisons, en général, 
plus favorable* k la France qu'à l'Autriche i6o 

La def des plaines de. la Pologne est an conlltient du Bog k 
Blodlin 161 

CHAPITRE Vil. 

COUPOSITION DES ARHBBS FSANÇAI3ES ET 
AUTHICBiaifSES. 

L'Autriche réunit en 1809 des foraesconiidéiaUes, et la* or- 
ganise en corp* d'année iGS 



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{ 4o5 ) 

P.ga.. 

Elle forme ta ÂUemagne , huit corps sons le prince Chailea , 
deiocorps en Italie aous le pnnce Jean, et un corps dans 

leTjrol 167 

Elle cnToie une wmée dam la G«llioie , aoaa le 'prinoe Fer- 
dinand 171 

Lea troupes frmçaises, moiiu nombteiuDs , son t dÏTiséec depuis 
le mois de janyier jngqn'aa moia de ma» , en trois giuids ' 

cotpg. 174 

Elles occopent par de» garnisons les pl«<es de ta Pnuie. . 177 
La Conféd^cHtioD da Rhin met ses tioupes sur pied. ... 178 

La Russie fournit un faible contingent. . * 180 

L'année française en Allema^e et en Italie, e«t formée plus 

tard CD pliuienrs corps 181 

Elle renferme beaucoup de jeunes soldats, et a moins d'artil' 
lerie qoe les Autrichiens. ... * . . . i85 

CHAPITRE VIII. 

PLAN d'opérations DES ARMEES PRAMÇAISES ET 



L'Autricbe Concentre ses troupes en Bohème , pour se diriger 
sur le Shin , au travers de la Franconie , en soulevant tous 
ces pays. 187 

Elle se mépre^ sur les avantages, de celte poeitloD cen- 
trale, en face de la ligne fort étendue des troupes fran- 
çaises , igi 

Elle compte s'avancer vers l'embouchure du Hein , pour agir 
ensuite selon les circonstances tg3 

Les opérations des ciorps d'Italie et du Tyrol, sont subor-< 
données à celles de l'Allemagne ' IqS 

Ferdinand est chargé d'envahir la Pologne I4|7 



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(4o6) 

Cu projeta du général Gmnne ptàenuiit pluiienii io 

uieni; la prince Chulei lu aper^oh et ae porte sui l'inp , 

du 3o mari BU 8 avrU 19S 

Le QouTeaB plan eit de marcbeT par la ligne ceuLrale, sur 
le Danube, au-deuui de Hatiibonne 3o3 

Napoléon Tcut établir ton année mr ce fleuve, entre Uatisboune 
et Donawerlli j il donne lea ordrei , du 4 ■» 37 mars . . . 306 

Dana «sa instructions an majoT-général , il fait deux suppoai- 
tions : de l'attaque des ÂuUicbiens, et de la réunion de notre 
armée fers Ratiabonnc, avant ou après le i5 avril. ■ . ■ 311 

Du 1" BU 10 de ce •oll, il fait BTBncn des troupes vers cetle 
ville. 3i5 

Lu armées françaises et autrichiennes m lapprocheul succes- 
sivement de l'ber 3i€ 



CHAPITRE IX. 



LES HOSTILITES COMMENCSHT; LB PBIRCB BESTHUa 
SE TROUVE OPrOSÊ AU PRIRCB CB1.BI,B$. 



Le 8 avril, les Autrichiens commencent TagressioD sur tons 
les points attaquables, et répandent des proclamations aux- 
quelles la Bavière répond - ■ ■ >>o 

L'Archiduc estcombattu entre son patriotisme et ses théories 
mililaîres 334 

Il a le plus grand intérêt ii se porter rapidement sur le haut 
Danube ; 335 

Cependant, le sixième jour, l'armée autrichienne n'afait encore 
que sti lieues 33S 

Le 1 3, Charles est sur la Boit : Napoléon part de Paris; BeKhîer 
arrive à Donavrerth j les deux masses françaises sont à Ingol- 
sladt CL à Augsbourg 33 1 



hyGoot^le " 



Le prince CharlM ne pane Tlger que le i6, et marche sur 
Neusudtj il ordonne à BeUegarde de le lénnic. à lui len 
Eidutedt 336 

Le prince Berthier prend le commandement de l'armée, et 
donne dei oidrei contndictoirea à ceni de l'Empereur. . 94» 

U renroie Darout à Ratisbonne, inalgré les repréaeniS' ^ 

tions a4î 

Leprince Betihier voit l'ennemi pactont; il le^U enfin les der- 
niers ordres de l'Empeienr, et va à Augsbonrg 14S 

Ce prince se montre fort an-dessoos de ce commandement 
temporaire. 346 

L'Empereur est à Stnttgard le 16 34^ 



CHAPITRE X. 



I. EHPBSBUB AHHITE LE I7 ÀVSIL A DOKAWSRTH , ET 
DOHNB SES PBBUIEHS ORDBES. 

Le goerre est un jeu de pasrioni, basé snr des combinaisons 
morales antBDt que sUaliSgiqucs i 3S4 

Napoléon est le grand maître de ces hantes parties .... 357 

Les avantages du terrain et les cîrcoiuuncea sont en Avenr 
de l'Archiduc iSg 

Mapoléon, arrivant le i^ àDonaverlii, trouve l'armée divisée 
autour d'Âugsbourg et de Batislionne 361 

Celle de l'ennemi est eu face du centre de cette Longue ligne, 
j^DS près du Danube que Davout 364 

L'Empereur projette d'abord de réunit les cotpa, sous le ca- 
non de l'Archiduc 366 

11 étend ensuite la manœuvre par sa droite sur Landshuti 
il en explique Tesprit à Maiaéna , et lui en prédit le 
succès ana 



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(4o8) 

P.B«. 

Il annoitce m pré«nice aax troupes par une belli procla- 
matioii 3^3 

Le prince Charles coacentie ses mawei ren Rohr a;;4 

Ce prince donne l'ordre de marcher vert Kdheini, et en- 
mite lOT Ratiaboone, d'après la noaTclle de rarmée de 
NapoWon 376 

Malgré lea précautions prises , l'exéculion des ordres de l'Em- 
pereur est retardée : le iR, Davout et Hasséna sont a Batis- 
bonne et Âuf^bourgj nais ils ont des divisions à Dasnrsng 
et à Landaberg - 379 

CHAPITRE XI. 



I.ABHEB PKANÇAISE SE REUNIT LE I9 AVRIL, EN COM- 
BATTANT A THANK, AttHHOFEN ET PFAFPENHOFEN. 

Id présence de Napoléon déconcerte les projeta de la Coali- 
tion et de l'Autriche 381 

Le ig, il donne des ordres aux corps pour la manceuyre qu'il 
fait eiécuier 384 

Il peint k Matséna le t^éritahle état Jet ehotet , en lai prescri- 
vant le mouveioeot sar Landsbut. aS5 

Davout et Cbarles s'avancent l'un contre l'autre , sur un terrain 
fort rétréci. 187 

Le maréchal gagne une merclie de nuit, et s'appuie an Da- 
nube * 390 

Le prince part à six heures du matin, et s'étenil k droite, 
laissant Biller devant les Baiarois 291 

0n engagement général prépare la réunioa de notre année, 
et la manceuTre sur la gauche de l'ennemi 393 

A Thaon, le combat commence entre la queue des colonnes 
du centre français, et la tête du centre autrichien. . . . agS 



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( 409 ) 

Le prioce Charles s'arrête snr lei bauteiua de Grub, avec lu 
réseiTe de grenadiers, et iàit filer le reste des colonitea 

vers la droite 19S 

A Arnbofen, Ififebvte bat le général Tbierry. %ik> 

A FfaSenhofcn, Masséru culbate imdétschement d'HiUer. . 3oa 
I/archiduc Charles écritau prince Louis, dele rejoiadre. . . 3o3 
Le soir, les Fiançais occupentune position ooncentrëe, devmt 
fintervalle de la gancbe et du centre de l'ennemi, mx la li- 
gne d'opérations de Landsbnt. 3aS 

Il eat'diffîcile d'expliquer la conduite de rArohidnc dans cette 
journée lo^ 



Note première. Sur les points stiat^quea de l'Allemagne nxé- 
ridionale 3o9 

Note dediièhe. Sur le commandement temporaire du prince 

Berthier , . 3t9 

■ Note teoisièhe. Détail du diamp de bataille des cinq jour- 
nées du igau a3 avril 3ig 

PIÈCES JUSTIFICATIVES. 

Extrait de la communication faite a l'ambassadeur de Russie 

à Londres, le ig janvier i8o5- - . . 34i 

Lettre de l'empereur d'Aatiicbe à l'empereur Napoléon, iB 

septembre 1S08 346 

Lettre de Napoléon au grand-duc de Bade 347 

Extrait d'une lettre du ministre ifestpbalien à Berlin au 

comte de Furlenstein, 1809 ihid. 

Lettre d'un général de réiat-ua)or du prince Charles, 1809. 357 

Lettre de l'Empereur au major -général. . . 4 """ ^9og. 358 



hyGoot^le 



(4.0) 

Lettre da mnjor^ëiiénl an marécbil Ifuiàia. 4 ">"" 
Happort du major-gënéril à L'Emperear. ■ ■ 5 
I^Ure da iiiajor-|;éncral au maréchal Haujna . ùfem. 
Lettre de l'Empereur au majoi^én^rRl. . . G man 
I«ltre du nuijor'géiiéral an maréchal Haasëna. 7 
Lettre da niajOT'géndral au maréchal Davont. 11 
Lettre du major^jénéril an roi de Bavière. . idem. 
Lettre du major'^^iral an maréchal Ha^séna. idem. 
Lettre de l'Empereur an tnaj or-général. . . i^mar? 
Lettre du majoi'^iiJTal au maréchal Masséna. 16 
Lettre de FEmperenr an major-général. . . 30 
Lettre de FEmperenr an major-général. . . ai 
Lettre du major-général *n marédial Mauéna. iJan. 

Idem 33 man 

Idan 33 

Ordre de l'Empereur tdtm. 

Lettre du majar.^énéral an maréchal Masséna. idem. 
Idem. 34map 

Lettre du major-général au maréchal Davont. idem. 
Lettre du major-génjral au maréchal Maaiéna. 36 man 
lettre du major-générBl au maréchal Davout. 37 
Lettre du mujor-général , ittaréchal Mauéna. idem. 

Idem 38 

Lettre de FEmperenr aamijoi^éoéra]. . . i*^aTri 

Idem 3 



3fi9 
37. 
374 
3,5 
376 
377 
378 



384 
389 



39» 
39Î 

396 

397 



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