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HARVARD Xfej^r COLLEGE
LIBRARY
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rtOM TME UlUtT or
Cown ALFKEO BOULAY Dl u MEURTHE
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IVHCMAIU) Aniu, Ifa?
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Ptiilt SCnVIi; K l'histoire de L\ morale U' I)E la PiiLK.K,
iiEPris Loris XIV iis^r a nos joirs.
par 3. JJcudjft,
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ARCHIVEjS DE LA POLICE
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MÉMOIRES
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HARVARD ^^F COLLEGE
LIBRARY
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PUKCHAUO Aral^ 191:
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par 3. PfUfl)ft,
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MÉMOIRES
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Par J. Penchel,
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CHAPITRE XLVl.
SoaTcntrt Uitluriifnet el noïki's tur ta \>aiict de pArU , par H. L«r,
Boir, tollB par lui ea iSoi. — Occaticm qui ■ doniu: liviiX
M. LctttHr d'éorirc cci (ODfcnir». — Adcmh gouTentemegl .^
l'irit. — De l'espionnage de l'anoiviiue police. — SiirveîMajice.
tUT li-s libtUes, 1(3 chansons satiriques et leurs auteurs. —
Conduite de U BoUce loachanl Ici faux bruits, les fausses noit-.
leWa. — Rapports du officirrs de police. — AiidiïDccsfiuMI-
quH de la police. — SpecUcles de Paris dans leur rapport itcc
la police. — Sur l' illumina lion de Paris. — Sur l'administra lion
des Jeux. — Sur les maisons libres. — Sur les femmes qui dimit
la jMunc iTenlure. — Observations sur l'état aciuel (brumaire
an i3) de la «iVreié ù Paris. — Vaes louchaat la mcndicllé.
A son retour de l'ëinlgration et pendantsa re-
Iraile à Crosne , M. Lenoir s'occiij)a «Ii; jeter sur
Iv jjjpier des notices et souvenirs sttr ia polici? du
ton temps. En juillet 1802, il me fil pari de ce
. traTail ; mes anciennes fondions d'administrateur
de la police de Paris, en 1789 et 1790, de chef du
bureau de conMiltation ou consril particulier du
ministre, en l'an iv et partie de Tan v , avaient
dirigé mes Tues sur le projet que j'exécute au-
jourd'hui. M. I^oif rédigeait alors assez irrë-
j;ulièrement, et k bàiom rampu$^ les notices qu'on
y^ lire ; elles présentent une suite de renseigne-
mens et de conaidéntions importantes et came-
tériftiqaes; ce sont des articles détachés, tans
4Hrdre et taiii liaison , mais entremêlés de fidts et
de eoiiTenirs kistoriques qui ne sont pas amt tn«-
terCt Pai glané dans tout cela, éliminaiit des
matériaux inutiles ou qui faisaient double em-
phH. JTai cru qu'on Terrait avec "plaisir et peut-
éfaréi iaatmction , le sentiment d*nn homme qui
t'est distingué dans de hautes fonctions , rar des
matières dîfficilet. J'ai consenré qnelquet-ans des
forojettet det Tuet qn'il aurait touIu faire adopter»
mj^.qne notre nouTeau tystème de Initiation
TCpouase comme contraires à la liberté cinie
que nous devons a la réTolution (1 ).
(i) Cet docomeiis toot entre noc nuiint , de rfrrilore de M. Le-
aoir, <Mi apotUtlé» par lai , loafent Bccotnptt^H de notes écrUrt
lie h main de J. Pe«chct. (Xaie et rrditemr,)
s
4 M^MOfRrs ni^TOliiritTS
ment après les barrières et lîinileii dt! la \illc ca-
pilile ; mais , dans les maisons dites royales et
comprises dans son enceinte, il y avait autant de
gooirernemens particuliers, gouTemement des
Toileries, coiivcrnenient du Luzembonrg, etc. ; il
y avait aussi les gouverncnicns militaires des In-
valides, de l'Arsenal, de la Rastîlle, et'*. ; legoa-
vernenient de la Bastille était aussi soos Tau-
forité du ministre de Paris et soos celle du
lieutenant général de la police , à titre de com-
missaire du roi, d'intendant de Paris, a lui seul
éCaient rendus des comptes , des détails qui con-
cemaientrintérieur de cette prison d'état.
Avant la révolution, U capitale nVtait pas as-
similée a une ville de guerre; on n'y connaissait
pas de commandant de la place ; une troupe de
sept a huit mille hommes, composée du régi-
ihent des gardes françaises et de deni compa-
gnies des gardes suisses, y faisaient seulement le
service militaire; elle était renfermée dans les
casernes destinées au maintien de la sûreté , et
éuit sédentaire; elle faisait un service eztérieur
pour la demeure du monarque et de sa famille.
Les officiers des deux régimens de garde à la cour,
allaient chaque jour prendre l'ordre.
Cette garde faisait des patrouilles de nuit dans
la ville et les faubourgs. Successivement « elle se
vit commise au bon ordre des trois ^zrands spec-
/
TIBÉS DES jtHClIlTES. 5
lacles, l'Opéra elles deux Coméclics-Franraise et
Iulicitne. Ceire police élait en accord avec la
police ordinaire. Des officiers des gardes fran-
raius, de 1,1 coniK^-trtliiie et de la police de-
vaienl journellement s'y trouver réunis; il existe
des ordonnances concernant 1.1 police des «pec-
Uclex ; elles sont ancieanes et modernes ; le roî
donnait à ce sujet des inslruclions particulière».,
La troupe mililaîrc, toujours placée sous un
commandement militaire, n'était pas ce qu'on
appelait vulgairement la force ordinaire ou la
force publique j celle-ci consistait spi^cialement
dans le guet , composé jadis de compagnies^
boni^eoises. L'expérience av.iil prouvé que ces
compagnies étaient plus propres à répandre le
désordn; qu'à l'empêcher. Les régimens des
gardes françaises et sui^^ses, et même les déta-
chemens d'invalides étaient régardés comme
force extraordinaire et auxiliaire, subordonnée
aux réquisitions de la police, et devant agir sous
sa direction ; mais il fallait , en toute circon~
stance (et jusqu'en i776, on a suivi celte cou--
tume) un ordre cïpit-s et particulier du roi.
Antérieurement à 1789, il n'y avait eu d'autres
troupes de ligne et infanterie en résidence dans
la capitale que le régiment des gardes françaises
*^t une partie de celui des Suisses. Depuis la
suppression des mousquetaires, gendarmes et
6 MÎMOmCS BISTOmQCES
dieVaihlégen, h seule cavalerie était celle du
gûêt.
En 1774, il y eut, ce qui ne t était pat vu pen-
dant preMjue tout le règne àe Louis XV, un
pnm\jBt et principal ministre, M. de Maurcpas.
Ii6 principe d^unité dans la marche du gouver-
nement el dans la marche de la police, fut alors
liien établi el mis en pratique ; sous son ministère,
tbnl se reportait ft lui et ii son approbation, tou-
jonrt au nodi du roi josqu*a son décès, arrivé
en 1781.
Vendant cet intervalle, il n'y eut dans le gou-
vernement ni tiraillement de mésintelligence, ni
con^t entre les ministres et diverses autorités.
Après M. de Marirepas, Tautorité ministérielle
tat divisée; toutefois, jusqu'au commencement
dès (roubles de la révolution nulle ditBculté,
niîAe prétention, ne se fit jour entre le gouver-
neur de Paris (M. de Brissac, neveu et héritier de
H. dé Maurepas), entre les colonels des gardes
françûses et suisses , et les administrateurs de
la police.
Le colonel du régiment des gardes franraiiies
avait, dans la capitale, phis de potivuir f|tu! le
gouverneur même, bien qu*» la ronr et ii la vinc
cç gouverneur oui n;i(iin-nr!i»rnt l.i |iri-sr.iiii r.
Le gouverneur ct.iii le* ih<T «lu ior|»^ ilr
\ille et le chef des cuq>^ rr.unif i[uu\, cncuro
TIRES DIS ARCHIVES, J
h'arail-il à ce titre que des droits honorifiques èi
de grande représentation avec quelques autres,
mais de simple utilité, pris sur les fonds et reve-
nus de la ville. L'emploi de ces fondii avait sa des-
tination spéciale.
Les droits, fonctions et prérogatives du gou-
verneur de Paris , de commandant général de
tontes les troupes en résidence, n'avaient pas
encore été réunis comme à présent daiis iine
iéulè et inètue autorité.
Le gouverneur institué récemment (1) ne
doit-il pas être considéré comme investi des
|»oaToirs attachés au gouvernement de la ville et
iu commandement général militaire? n'a-t-il
{tas encore li; droit d'autorité qu'avait ci-devant
le doyen des maréchaux de France, de décider
de certaines affaires militaires, de ri\es et délits
de la part des militaires, dont la police même
doit lui déférer la connaissance ?
Quelle que soit la latitude donnée maintenant
à la place de gouverneur de Paris, on n'estime
pas qu'elle puisse dominer et diriger l'adminis-
tralion de la police de Paris, qui doit être essen-
(i) M. Leiioir écrivait en 1801. Le dcmiiT gouverneur de Paris
tut M. di: Coisf de BrUsac.murt en 1795. Li plaça <fe gotiveroeur
dv ParU ne tut pas remplie pcndaDt la réioluUan. Kooitiarte la
i-i-i.-ililii II y nomma pour prïinii;r gouTcrncur JMcbitii Mtii'»t ,
8 MCVOlliKÀ HISTOAlQCKft
tieUemtiit an«, suiTaol son principe d'iotUlu-
tioD^ •ecouroe par les aulorilét sopérîearet el
obéie par les aulorilés inférieures.
Son autorité, dans lancien régime, était ba*
lancée par deux pouvoirs souTeiit en opposition,
le ministère et le Parlement. Elle était réglée,
limitée; sa règle et ses limites émanaient do
chef de Tetat^ qui donnait directement ses ordres
Il Padminiatrateor général , ou les lui faisait au
besoin tranamettre par les ministres ou par d'au-
tres intermédiaires.
D doit so présenter des circonstances impré-
Tuea« multipliées» oit le préfet de police n'a des
ordres à recoToir que du premier consul , et des
comptes il rendre quli lui seul ; telle a été, dans
des circonstances plus normales, la position en-
Ten le roi do magistrat chargé de la police de
Paris, depuis 1774 et 1776 jusques et corn*
pris 1785.
En mai 1775, il survint une émeute a Parin;
c'était k l'occasion de la cherté du pain. Dès
les premiers momens, elle ne put être répri-
mée, parce que le maréchal de Biron, malgré les
instances do lieutenant général de police , re-
fusa de fiiire marcher des détachemens de son ré-
giment, prétextant qu'il n'en avait pas d'ordre
particulier do roi (Tordre fut expédié deux jours
après). Le lieutenant de police perdit U place à
TIRES DES jUICRITES. g
l'occasion de cette émeute; et quelques mois
après (1), lors de sa réinstallalion, il demanda
des instructions signées^ lesquelles devaient servir
d'ordre supérieur à l'égard du service des deux
régimcns de gardes françaises et suisse», pour les
caa ordinaires ou extraordinaires de réquisition»,
ultérieurement exigibles par la police.
On rédigea ces instructions d'une manière
explicative; elles firent cesser toutes contesta-
tions. Le magistrat n'était pas tenu de soumettra
ses motiPs ; maïs ordinairement il n'en faisait au-
cun mystère, à moins de nécessité grave. Four
les choses de moindre importance, il s'adressait
aux états-majors; plus souvent encore, il appelait
à lui des officiers ou des sergens.
Avec le consentement du maréclial de Biron,
M. de Sartines avait fait placer un poste de
gardes françaises à côté de la maison du direc-
teur des pompes à incendie , sise rue de la Jus*
sienne. Ce poste avait l'ordre de marcher au
premier avertissement de son directeur. Le suc-
cesseur de M. de Sartines (2) avait obtenu pa-
reillement deux postes de gardes françaises, l'un
pour le faubourg Saint -Antoine, l'autre pour le
(0 Voyerdans lediapilrc àm Notices historiques sur les lieu-
Itnans de police , ce qite j'ai dil du reimii de M. Lenoir, eu '775.
(i) M. Lenoir.
rkfi
CuiBiMirg KunUMàrceâu, (dans rintenlion de con-
wHt um lubitiint de cet deux (|uarlicn, regardés
2iimtti âÀ foyiéirt lubitueU d'eflervcsceuce po-
IttEttra. Ce^ àint J^otlet aeiraient marclier au
âTertiisement de U clameur pubUqne ;
l^rlier niâin forte au guel» luiuf à ne se déployer
16 sous le commandemeol de rauloriic nûli-
L Lesidljhdanl où sergent qui commandaient
c6 j^Mla, étaient soldés en partie sur les fonds de
Ik^iâicè, et loi rendaient compte, ainsi qu*àleur
étitl-ttâjor. En solde, gratifications et récom-
^KieSi la déjiense s'élevait chaque année a
itngt inille liTrês ou enviroa; on payait le tout
éôr qtiltânce iin ^erta d*ordonnances du lieute-
nant général de police.
l>*àatrb instructions, signées aussi du roi, re-
paient lès diTeb éenrices dans Paris, entre les
irôiipéa de ligne, la compagnie du guet , et les
compagnies Bourgeoises. Les agens inférieurs*
ijui liriTàient aucun costume dittinctif, étaient
p^irteiirs d*unè espèce de brevet, conçu en de»
teVÀies coÂceirtës avec les élais-majors des r/gi-
méns (tes gardes firanraise^ cl siuisse& ; un ne (>ou-
vait leur refuser aide et assistance.
Dans les patrouilles de nuit , les oflicicr» et
préposés de la police étaient toujoun soutenue
par dés sergcns des deux réginicns et des rccmoH
qui se trouvaient ii V^m. Lo olip.urrs de pulite
IM MKIIOlEIi RISTORIQCES
ne doÎTtnt être coniidérées que comme set ta-
tellitet.
La diftcipUoe miUuûre n'est pas de son ressort,
bien qu'anciennement elle eût parmi ses attrî-
botions'le tirage de b milice de Paris, la revoe
menraoUe des recmleurs, la ratification des
engagemens, le ^isa des congés, etc., ce qui re-
Tient ë dire qu'une sorte de police militaire était
autrefiiis dévolue a b police ordinaire.
La troupe militaire ne pouvait s*introdoire
dans une maison qu'avec la présence d^un com-
missain de police , alors même qu*il eût été
question d'une bute commise par un militaire.
Les gardes suisses « en vertu des capitubtions
signées avec leur paySt avaient plus de^iriviléges
que les gardes françaises ; ils se conformaient ce-
pendant avec eiactitude à la teneur et à l'esprit
des instructions qu'ib avaient reçues» et ne pré-
textaient pas toujours de leurs privilèges. Les
Suisses avaient bur juge, et lui donnaient le titre
et qualité de grand-juge.
En 1778, un soldat suisse, arrêté pour un
crime, fut livré par la police aux tribunaux fran-
çais. Son état-major le réclama; il fut seulement
convenu que le prorès du criminel ne serait pas
fait au soldat, mai» au Suisse. En conséquence, on
joignit à la procédure un congé que Ton antidata .
De la déférence de la police et de la bonne
Tlttà DB AMmyMs,'- tS
discipline des deux régiineiis, il résulta qne les
troopes milîmlrcs , dont autrefois on avait à re-
douter journellement les cxcùs , y maintinrent
l'ordre et la sûreté.
En 1778, les gardes du gouvernement de Paris,
dans une f^te publique rjui se donnait k l'Hôtel-
de-VilIe, insultèrent gravement aux garJes-do-
corps qui lïrcnt leur plainte. Le lieutenant de
police en informa sur l'ordre du roi, et se trans-
porta chez le gouverneur, qui lui fit remettre
l'officier responsable de cette insulte.
Dans une autre occasion , le gouvernement
■'étant plaint qu'un a^ent de police avilit insulté
l'an de ses gardes qui, ssns être vêtu pour le mo-
ment de son uniforme à la couleur de la livrée
du gouverneur, avait pourtant fait connaître ses
droits et privUégcsi le même magistrat se rendit
auprbs (Ui gouverneur et le pria de prescrire une
ponilîon qui fut inlligéc nu préposé de la police.
En tenant la main a cette balance, les diverses
aulorilOs éloufTaient ainsi tous les conflits.
ftmAuite de la l'olice louckarU In fav.t BruiU , le» fautiei
yourellrs.
C'est l'ordinaire des g«ins désœuvrés de faire
circuler des menus propos, soit à mauvaise in-
tention, soit sans dessein ; quelquefois ils ne sont
que les échos d'un soupron , même en le don-
l4 muiOlBtt nilTOMQCIS
Qjwi amvt un fait ; mais Véàào u*e$t pai lop-
jours fidèle. Ua brait» quel qu'il soit, uqq fqis
lancé dans la circulation, Tarie, s*accroît et s*eza*
gèrc^ en it*éIoignnnt de m source.
Pendant les premières années caloies du rc«
gne de Lonb XVI, on ne voulut pas que la po*
lice ponrsniirit les mauvais propos , les histoires
et éy4Mm<iil>i supposés que de tout temps on se
plaît k propager dsni^ la monde. Le principe et
lji.wlw^ ^ M» 4fiMaucepas éuient qu on la)is-
sât tomber les m;Kères; les fausses nouvclUii 4^-
iraa( sq détruire s^ec le temps ou se voir absor-
bées par des événemens plus réels.
])|ipnt 1^ piinislère,da ce ministre principal ,
U n^'y: eq^ P9S de détenu pour discoiirs téméraici^f^
et cfUniinieqx , ni même pour écrt^ diflamar
tpfi;es, si cq n'est iAnguH et PMinri. ( La letti)f,
do c^het il l*<g>r^ du premier avait été de-
"*pffi#* au nom du tribunal des msrécbaqx dfi,
France ; celle contre le second , provoquée par
M. Necker.)
Après la mort de M. de Manrepas, Louis XVI
ordonna an lieutenant général de police de faire
surveiller et punir les auteurs et dislributeurs de
diffamations et calomnies, et a cet effet d'en
rendre compte chaque semaine ; on envoya des
émissaires dans les cafés, spectacles et lieux
d'assemblées. Des propos et des opinions de tous
i6 MÉvoinu HirroiiiQiT»
■
previTCt do contraire , il ett un grand nombre
d'anecdotes controuvéen dont la crédulité du
pobUc ne se désabuse jamais. Nous en citerons
un exemple.
En 1777, le bruit se répandit que le duc de
Fronsac« ayant résolu dVnlever une jeune per-
sonne , avait Tait incendier la maison oh elle lo-
geait avec sa mère. Nul rapport n'avait été fait
à la police. Louis XVI en écrivit de sa main au
lieutenant de police; il ordonnait de ne rien
épargner pour punir le crime ou la calomnie.
On colportait lliittoire; la supposition cban*
geait, à la vérité, quant aux personnes citées et
à rendroit^ et le fait se détruisait de lui-même
par la^ diversité des récits ; aussi les informations
furent longues. Le magistrat de police inter*
rogea de jeunes personnes et leurs mères qu'on
dé^goait nominativement. Ce fut en vain. Un
particulier» ii la veille de mourir, envoya cher-
d|€r un officier public pour lui confesser qu'il
pourrait être l'auteur du bruit répandu ; dans
un vieux livre » il avait lu le récit d'une violence
semblable; il n*avait pu sVmp«*cher, par une
préoccupation de colère , de dire que le duc de
Fronsac en serait bien capable. La supposition
s'était dénaturée en courant , el cVsl sur de pa«
rt* ils bruits que lot ou tard on «'crit lliisloire.
Le hanard , plus que la mullitndc dr< m-lirr*
c1wi,-«pin»MfHi des. dé'cotimriei; msK lé ^Im
Mwaat loB eSortsjde la polict ^nr reptoOMet* U
cstMnnie, ne terrent qu'à l'antoriBeT de {Atu'eti
M ■ - ....... -M...-:
MM. de Sardine et Lenetiveymt tentéd^-«sï^
naîlre ce qu'on disait sur leur administration ,
employèrent successivement les -vingt inspec-
teurs de police littilaires; les rapports contin-
rent plus de flatteries que de vérités et hcauconp
de récits arranges sur des bruits fondés ou non.
Les rapports des mouckea teeritet devaient £tre
plus véridiques et plus susceptibles de confiance.
(L'imprimé intitulé : Chasteté du Clergé dévoilé$ ne
contient que de vieux procès-verbaux rftjeunis
par l'éditeur Manuel, qui n'y a pas compris les
apostilles.)
Le faïQeux comte de MirabeaH et Brittbt de '
Varvîlle avaient été séparément occupés par Ta
police à faire des écrits, des bulletins et à les. ré-
pandre dans le public pour contredire de fiinues
histoires et anecdotes. On a soupçonné qn^ls e,n
composaient em-mêmes.
La Gazette de France était regardée comme
plate, parce qu'elle était véridique. Quand il y
avait de bonnes nouvelles, la police en envoyait
proniptement le récit en substance dans iesprin-
cipaux cafés et lieux de rassemblement, afin qu's
le fond n'en fût pas sitôt altérr.
j8 mkmoiiic» iiifl»i>aiQtTs
U €•! plus làcUa de ditiraîro (|«M de fi^er Ta!-
If i|tûm généf aie ; c*éuk un dee noyens dont te
MITTMt avec avaalage Tancienne pelîce pour
mettre au ncant les faux bniiu cl les propos ca<»
JllflWHfeWt C*eal uoo vérité non moins certaine
fgtêm hviqM le psbfic detÎM qu'on le mélange
4'fipMns» Si n'en eal ^ne pins «vide de médi-
«MM et de e^lomniea; senlemeni il tn parle k
kftm doe, ot sait se fiûre nn eerde (I ) .
Les moyens d'ètn; Tite au ffii de ce qp K
Ms^t dans Paris , n'étaient pu noleîns i on 9e
.l.(t)MjiaWaBeoe|pèélnMreet«epntledefliMtaMécH. Le-
«Mtr^rMbrttiti ^Foda bit epprir à fn^éf ^itiflltr
éifyiimi, n «Il «Hâla que le torpticliiiic à riurd 4» blu
nspeisa en ua-os eti weanMns ■■eênlras qoc Is poHoB s p^eir
OiÂiipf 4f lia^fiéM 4mi Vowéoii psor Iwrnir dn «iMt è Ms
ééCepMvrt. La lactique n'a ries (|e neuf. Qai»! auji hottmm éc
k révoHilloBy M. Lenoir en «irait la plut fa^iM idée. Set pr^nféa^
iB«eM« bfaiidilnil oMlaaicrvpaleut qoe rar les actes attri-
,bftii|f^fppp de TaKlco fé0m^ Ri irlMaC ni mnbraa ne fti-
Tcnt diarféa de cet prétendu» bnlIctiM. La nou«fiéié d*un panll
Irit n*li(Arait pai attenJo »i long-lenpt pour te produire; W halaet
OiTViSiéei de la aaur au de la ré^olnlion contre de parcllt
bomnnt t'«i fiwieni ftii aonirt cos de fuftatant aoyent de dU-
oMit et de démolition.
TIRES DES ARCmVKS. îg
mettaient mal en pratique avant l'administra-
lion de M. Bcrryer. Le public était contraial de
payer pour être admis aux bénéfices de la sur-
Tcillancc. !\ï, Berrycr fut le premier qui obtint
pour le service et pour ses dépenses fixes et im-
prévues, des fonds assignés d'abord sur plusieurs
caisses publiques.
Dès ce moment, la graluilé des fonctions du
chef de la police fit (pic tous les habitans rceou>
rurent à ton administration dans maintes af-
faires pour lesquelles on aurait eu recours aux
tribunaux de justice.
Ces temps rappellent beaucoup d'intrigues et
de divisions parlementaires qui nécessitèrent un
plus grand nombre de commis , de préposés et
de subordonnés pour entourer une magistrature
dont les pouvoirs et moyens venaient de s'éten-
dre : la police devint chargée d'une infinité de
détails et de soins de toute espèce.
C'est sous M. Berryer que fut montée l'oi^à-
nisation de la grande machine; c'est sous U. 4e
Sartines que les rouages de celte machine oqt
commencé à marcher. Il se créa des affidés, s'at-
tacha des créatures. Tous relevaient de son au-
torité , n'avaient affaire qu'à lui, ne relevaient
que de lui. M. de Maurepas disait que pour ai-
sumer toute la responsabilité, son arbitraire en
cela devait être sans contrôle.
au MKMOIlirS HISTORigLIft
Dam cet éUI de choses » tout individo non
avoué par la police qui se fôt mêlé d*espioDnaget
se scfpit mis dans le cas d*étre puoi sévèrement.
Un gueux Tétait par la détention à Bicvtre. Les
çspions de bonne compagnie se voyaient démas-
qués et diffamés.
Il y avait cependant dans les lieux oii résidait
1^ QO^tf des espions que devait entretenir le
Pl^^yôt de lliôtel. Il y avait aussi ^ tant a la cour
qife dans la capitale , des espions politiques;
ç<;ux-|ii étaient employés par le ministre des af-
faires étrangères; mais ce ministre en ftisait
connaître la Ibte au lieutenant général pour
9ff'^.i9'(^ les fiiire appqyer ou surveiller. Enfin «
j\ J^^iT^it à Paris des espions de circonatances ^
jfl^plf^yés par occasion» en a^ez grand nombre.
Qi^ a vivement affirmé que Tancienne police
sf^l^ûtpour Tespionnage de pauvres et mia^
rîJbles chevaliers de Saint-Louis (1 ). M. Lenoir
déclare A*avoir employé qu*un seul officier de
oét ffdre* U était garçon et sans fortune , mais
dans un certain bien-ctre toutelbis. On ne
■
donnait que des billets de ^ectades ; il rap-
, (i) Ce qol ftviiil éaonê lieu m répênârt oe bnUt, était «ne pai-
llon de ifAno lUrr^ que M IWnrer avait dit «wiffoer «ur U po-
Wt kmn dMTBlIcr <le Vouy, qnl était réelIcMirfit maavalt aalciw
iSciplMi : mmLtw anifr ti*a drp«lf M «ImI pmtkmuà.
; V fe Ha V. Lemtir. )
f^
%% nilOIRKS UISTOaiQUEft
obfarfêtiflpsel recherchci pour les divers dépir»
iMieM qui dénient eiercei^ leurs maîtres im-
médiats; de sorte qu'avec Taide de b garde , de
hk loree pobBqae» des patrooilles de nuit, les
iftsieni principaux de la police , dirigés par le
•inl lieutenant de police, suffisaient au bon or*
^bo dans les mes et dans les maisons.
C3m^pio commissaire et inspecteur de poHce
élail tenu d'avertir à Tinstant» ou faire aTertir le
Koulensnt de police de tous les événemens et
nc^idens survenus dans son quartier : il auruit
ottcofuru le blâme si Tun de ses collègues Tavait
prévenu* Le lieutenant de police était fini souvent
boueovp plutôt instruit par ceux qui tenaient de
lui des places lucfatÎTes ; il Tétait directement par
les mailws des académies de jeux , par quel*
ifues Anmies tenant lieux de débauche» par les
mitlras des petits spectacles placés sous son an«»
tawlé immédiate j il Pétait par des employés aux
institulisM de police» érigées par lui ou par ses
prédécesseurs; il Tétait par les entreprenews et
mspectemrs du nettoiement de Parts» de Tillumi-
aalion ; par les employés qu*il nommait dans les
kalles et marchés publics, etc.» etc. On employait
depuis long-temps dansTancienne police» le plus
secrètement possible, des domestiques retire»
du service et gagés bur 1rs «Irpcn^ci» mtcivIc». Il
/
24 MUIOUIIi lilft'IOUlQLES
ni trop peu d'espicms, et qu^îU ne doivent pet te
croiaer, ce qui arrive quand il y a plus d'une
police sur le même territoire; les espions se-
cretS| les espions de société, ne doivent pas, au-
tant qu'il est possible, se connaître; il faut savoir
se les attacher par l'espoir d'uoe forte récom-
pense. La quantilé et Tespèce d'espions a em-
ployer doivent se régler sur la nature des affaires
et des circonslances. Parmi les espions de so-
tiétéf BIM. de Savtines et Lenoir ont eu constam-
ment le soin d'avoir des auteurs et des avocats ,
classe d*bomme plus indépendante en apparence
que beancoup d'autres, besoigneui et avides
d'argent} toujours aux cent coups pour en avoir,
et par cela même faciles , quoique dangereux a
gagner ; car la vanité leur (ait débiter a tort et à
travers tout œ qu'ils savent. Les médecins et
chimi^ens sont très précieux ; leur profession
les met ^ même de faire tous les jours des visites
daoa diverses mi|isons, oii l'on débile des nou-
velles giulb font circuler. On disserte , on parle
sans réserve en leur présence. Leurs rapports
sont propres à faire connaître le moral des so-
ciétés, et conduisent â la connaissance de l'opi-
nion générale (1), ce qui est singulièrement
(i) Questionner el Uirc parler œm qui par éUl vemkaft in-
\^lkr avec le lioitcomil de police , et qui a^^ivut iks c- mpte* â
là l'origiDe d'nn goBVUiwiaotf jdffilWf^
Datu r^iat des dépenses anniK^M'ick-^kn-
dennepoUce, la dépenM d« l'eflpibiinémridil^
portée qu'à 90,000 Ht. Si le lieutenant de poliiM
n'aviit en d'aiilears H donnée dm |4alMi iit>ifcs
récompenses , s'il n'àTaît eu le droit d»J|É^uaafc'
des rétributions payées par les académies :dd)jew,
s'il ne s'était pas trouvé dans la situation d'obli-
ger ou de punir, il n'aurait jamai^puiatàifiMlré M
grand nombre d'espions. - - - ""^
Depuis M. de Sartines , il s' tétait établi un
genre d'affaires à titre de confiance^ en vas de
malheurs, de faiblesses et de délits, des particu-
liers et des familles venaient lui soumettre leurs
aveux , en dehors de l'action judiciaire ; on s'en
rapporlait de leur solution, a sa prudence ut cir-
conspection , à ses conseils; il indiquait les
moyens, prenait des décisions. Il s'agissait de
fîtes séduites j d'accouchemens clandestim, de duels,
desuicides, de lentatives de crimes, clc.,elc.MM, de
lui rendre, fermiers gcnérauï , directeurs des fermes, des bar-
rières, des poslus , des incssagcrjcs , agi^ns de cliiiiige , ccn.scuri et
ivndics du ta libniric, elc.,elc.,c'él3L('n(aurfiiit demoycDi d'êlre
bien informé en saclianl bien discerner. On aura aisêmcnl ce
mnjieu, qnatid luutesles pruf-.'ssionsd'ailt et métiers seront mises
en cor |>o[d tien et !>ynJi>)nécï par Te pi^fut de police sous sou au-
turilé, (A'oif <lc M. lonolr.)
awitalll M iiiMir»«l, mm cet dtvart rippatls
de oonfianMt rendu beencoap de senriceri ef m
M Aira deelfbUsét dooi la reconnaîsieiice leur a
^aèlqMim ppecllré des ans utiles au bien pa-
VÊHé
£m fût tooij^rendre que» malgré la CûUetM
le personnel de la police était
Jte téÊktÊHmUm et tmtlmmt PMcê cMcfinoal Im Li^
9Êmt$ I Mi flMMMwMf SHUtT€9 ti CMMMaf fl Ml ^WlilMNI mf$
CNitt )pe«t4taMi là gètnde nHté de« bonsitMiy
^ èèiii téof ét^tnlation plot rapide ; tout le
ôiàÉde iè AÉ(»lcli« «ië létf fiûre k soi! Mur en Uii
répétànf «ai |ferkotinM qui ne les cdfthMitéftt
•> ■
im qièUketi, les épigrammet et ki atiN»
rât lêiijMtirs égayé le pe(it>le français et partlcu-
Bèrédiefit Iè {Mliple fMtfisleii , surtout iftiaild îll
6iit êti poii^ objet tiil pfeHofitiflge reinarqtiible ,
un hotnnie en dehors de la foule par son rang ou
(i) Oè Stgsum de nMiM isdiqve ime pk> profon^le k la^vdle
e MM Stau dUlrile et porter remède. C'ctl W cjvbmw de U ré-
ilfdefé contre le ejfuimw det sururt , drvT ticr% «{u: »e
I.
Vc7t- v/. ru.'.'. *
38 MKMMIIKS RUTOMQttS
177S, toMa detpliiineft pour défendre tes opé-
rations et jeta le bl&me sur la conduite des Par-
lement. Les gens quil soldait entretenaient eux-
^ mêmes la dispute et se ripostaient pour avoir à
sa répondre. Il n'y a^ttit plus de raison pour en
finir i il fit cesser ce tripotage en disant : • Cela
c ne mord ni ne tue. »
En 1791 ou 1783, on exila des particuliers
qui s'étaient associés pour composer et débiter
des ouTrages, scandaleux ; la police avait saisi
leurs manuscrits et leurs presses. Elle sollicita
le ministre de les livrer à la justice criminelle ;
il répondit que les lois sur ce chapitre étaient
bien sévères, et que Ton travaillait a rendre
plus tolérante cette partie de la législation. Les
exilés s'établirent en Angleterre et en Hollande.
De la, plus impunément en effet, ils répa^irent
et firent pénétrer en contrebande les livres les
plus mauvau du monde. Ces pauvres diables
n'étaient qu'ennuyeux, ils devinrent assom-
mans.
Dans ce temps-U , l'ambassadeur de France en
Angleterre donna sous main l'avis que des ré-
^ fugics français faisaient imprimer k Londres un
libelle épouvantable contre le roi , la reine et la
cour. Le ministère français mit en route un né-
gociateur qu*il paya grassement pour avoir toute
1 édition de ce pitoyable ou\ragc. telle paco-
\
tl
«I •
TIRÉS DBS AHimnr^. 1^
iîUe, ^n'aurait pas eu le noindre débita lîil^dé-
posée précieusement a la Bastille (1 )r • ç • . ?
Ces moyens-là ne firent que multiplier les
écrits sortis des presses étrangères. '
A la Bastille on encageait pour on temps des
merceipudres qui se chargeaient de ces l^eUefi ;
on se pi^oppsait par la d'en découvrir l^s fppr
teuTs ; f:'était un tort de plus. Ces sortes de Tff4li|-
pieds ne redoutaient nullement cette citadellfPi
ils y étaient bien nourris, bien tintés. ll| ti-
raient vapité d'un pareil éqrou, et se. ^^rf^taji^iit
de martyrs. La police fit mettre à Bic&lfpr q^if^
qae%>uii9 de ces drôles pris en t|^çi4iyfiiil/^^Jal§f^
tificatioa leur imposa davantage; mais lç.iB^ep
ne /valait pas mieux.. ' /tm fn
Les beaux* esprits de la police avaient sonfr Ife
faire des recueils des pièces de vers, de chansons,
d*épigramnies. Les collections de cette chrono-
logie satirique étaient déposées dans l'un des
bureaux de Tadmifiistralion. Beaucoup de per-
sonnes se montraient curieuses de rassembler ces
sortes de productions et les recherchaient pour
leurs bibliothèques.
(i) Aprt's la prise de l.i Bisiiile, ou en a vendu beaucoup
d'exemplaires dans les brmîiques du Palais -Royal et sur les
quais.
3o mbioani ntrauquEs
OmumbI cMciMrrrir à lempi IwjNvmjin m-
tenrt de ces méchaiicetét chaotantat que Vmt
peut eo 4^nx tempi cUuer dans ta méinoÎK ,
•ans mime les écrire? Il arrive même iifvea $o«-
'TeDtque l'aulear du premier couplet n'esl pas
celui dn second : rimproTisalion Ait k pelolte.
Beaumarchab 9 renfermé a Saint -Lanre poor
dessotlisës comme il en satait fidre* pins spiri-
tuefles qiie Kttéraires, s'avoua Tanleur de fnél*
qttes-nnes ; mais an sujet d'une mauratte chanskMi
diaiftée dans nn souper qu*il airait doilni le
JMT nêmè de son arrestaliou t il déclara ^pnl
lAiiMÛt comjpoaé que le premier couplet » et qm
les aniMS avaittet été fiiits par ses conthîi.
** Fkrdieni dt-^l» Saint*Lasara provre asset qnë
je snis nn imbécile d'avoir mis les gens ém ttkte}
4|iWfl> 119 tf^ ioncîa pas de passer pow fMi«
l^ Taqité de l'vitenr peut mettre sur b ff^ifjfs
i^ cm ii|»éTreri«f ^ communément, aprip ^fk
lupf d9 ^inpSf lorsque la cninte qui le j^Mla à
m taiM eit passée, on y parrtent.
i^prèf le règne de Louis XV et l'exil dn chM-
celier Meaupou » on a su que les libellea tm^s
par milliers à l'occasion de Teiil des parlemens
étaient l'ouvrage d'une société de correspon-
dant, dont MM. de Malesherbct, de Lamoignon,
de Miroménil, Boindin, Target, le Maître et Je-
Uvénlé. . ,;;., -■: ,r .;
U- de Qlonne a écrit \9^Ut(r»éi0.tVf4*fiffi»
proilucUokuutiri^ea contire iX. ^wktscu^Hi/iijf
iêinmitiiA- I^m loup; 9» in^ngepf «pùp «ei^io r
Mi\I. de Moritesqitioii, de Crcqiiy, du Cb^iiipr
peneUel autres coiirlisans de concçrl avecBua"-
marcl^aîs, Champlort et bon non)brc d'éciiv^iof
^i ^nt encore vivans, 4v.iient compoB*^ àes
^llf^es contre la reine, contre Ic^ ministre^ et
flI'Tr cuiilrç cepx des ministres qai 1^ ew-
yloy^cnt. 11 e^t plus que pfob9t>le qi)e ^.^^jJi-
in^rchais avait compose: et porté » Lon4i^»i PQH'
){B lairc impriDier, le libelle intitulé ht Amonn ^
Chariot et Toinetle , imprimé avec des grftyyrw
obscènes. Les lieulenans de police ii'çur^pj^ j|^-
nais que des présomptions sur c^s d^lit?,
En 1785, M. de Vergennes Et mettre ffifn^j^
au collet d'un réducteur de nouvelle^ qu'^ f^jût
protégé. On faisait passer à l'étranger les nou-
velles manuscrites; elles étaient revues et cor-
rigées aux .lâaires étrangères. Dans la copie
d'une de ces nouvelles adressées a TimpéMltrice*
[i] Ou coiin:iil di-^ pi i50ii:icç qui n uienUc donner aujourd'hui
Ir mérite de cïs ou> rn^ot rempli" dViipril. (!Vot« de Jt Ptuekel.)
5 a MKHoiiits MfTCMQms
mkhC^ on wnit ajouta des T«n infioies ciNim k
rrfrie'ii fiRe. Le minblre fil mettre son Grpwi
k U Bastille. Pour te justifier de llnaertion ht^
tiTri, cet homme allégua que Tuo dea commis
«tilt pu seul commettre cette indipiilé* La per-
<|iiMtidn fit trouver la pièce de Tert dans «i ti*
roir On ne put saisir le commia infidtte, il «mit
iléii|^«aTolée.
Peut-êM <{u*en se tenant dana mi cerde de
Initié jplos sévère , on eût arrlté cette
gîôn dé pamphlets. Le mal était d'en tnulv lea
«uJfêurt par coups d*état, car ila prenaient enaaite
des aflnréi'de héros. Autant k Baatilk élail pen
Mdoiitéëjpar ka gens de cour et ka écrivaina^
lilftiûl BIcêtre Péuit par lea gêna dn penpie. Or»
Wl&qéemundt la canaille k k BaaIiBe n Ben de
Bi'l<$iirer k Bicêtre, etk noblesse reataitlibre. Ce
àféiih pas le moyen d'avilir ce comamrce de
lidiea injures et de pktes indigniléa qiTon aaaai*
ioif hait quelquefois d^esprit, mais rarement : k
UbifBlîaiice n'est jamau difficile.
9mrle9 «i»»pm en Of/iHerê éêpéim.
l'administration de M. Benryer, k
compagnie des quarante-huit commissaires de
police s*était composée (rhonunes hahiles et
inalniil»; presque tous avaient fuit leur droit et
f
tIRÉS DES ARCHIVES.' 53
travaillé dans de bonnes études; la finance 'de
leur charge s'était élevée jusqu'à 100,000 livres'.
Dans le nombre des quarante- huit commis-
saires, il n'y en avait que 'vingt- quatre qui
fussent spécialement chargés de faire eiécuter
les ordres du roi , les lettres de cachets ; ils
étaient en outre commis à certains départemens,
tels que ceux des halles et marchés publics, des
spectacles, des jeux, des étrangers, de là
Bourse, du Mont- de -Piété, des prêteurs sur
gages, des nourrices mercenaires, etc., etc., etiél
On avait distribué la ville de Paris en seize
quartiers; il y avait trois commissaires dans
chacun de ces quartiers. Le droit d'atacichnetè
restait a l'un de ces trois commis^ires. Left
seize anciens étaient des hommes d'élite, propres
a servir d'exemple.
Les charges d'inspecteurs de police , ainsi que
celles des commissaires , furent très recherchées
pendant les années antérieures a la révolution.
Les inspecteurs étaient sous Tautorité du lieu-
tenant de police et ne devaient compte qu'à lui
seul.
On renvoyait a chaque commissaire et à
chaque inspecteur ce que l'on appelait les af-
faires de quartier; elles consistaient en querelles,
en contestations de peu d'importance; mais par
cela mrnic plus réputées , q»ie l'inspecteur <'on-
m.
r>/| MÉMOIRES HISTORIQUES
cîUait» ou qui, faute de conetlUlion | pastaieut
au cominÎMaire ancien.
Le lieutenant de police, a chacune des au-
diences qu'il tenait deux fois par semaine , rece-
vait par cette voie une centaine de placets qui
donnaient aux commissaires et inspecteurs
rexpériencQ du caractère, des mœurs, des be-
soins et des intérêts de presque tous les babitans
de leurs quartiers. On se fera une idée de leur
influence en songeant que, dans cbacua des
arrondissemens, il existe une difi^érence bien
remarquable entre les professions, ei l'on ptiir-
rait dire les nations qui les habitent. Chaqna pro-
vince a sa représentation qpéciale d'étals et son
&yer de résidence particulière dans la capitale.
Ceci ne varie dans aucun temps } les hommes paa»
sent, mais les statistiques restent ; Téqnitthro se
maintient. C'était en quelque sorte le royaume
lui-même, réduit sur une petite échelle et n$«>
semblé par échantillons, dans un périmètre
d'uoe huitaine de lieues.
Les seiae étaient par là des gouveraews de
province au petit pied, d'où résultait, pour
Texpédition des travaux , une sorte de nécessité
de les garder en place, car ils étaient au fait des
habitudes caractéristiques de leurs administrés.
Les rapports se faisaient sur une feuille qui
contenait la récbmation.
TIBÉS DES ARCaiTI^. 2|Ç
Ces JTîipporis éïmwt apastîll^f 49 h inakl Al
magiiKrat ie police; Vapo#tiJU# 'm^qmi «I
décision , et le renvoi du tout aux l^uroaupc ifii
deTaîent ei) £)ire l'expédiiioq. - ,],
Celte méthode procurait a la (pis Tordrii #( M
célérité; trente ou quarante eniployés su^s^iPttc
M. de Sartines notait de sa maip 1^ rjippMtt
tenus çofjaine faux et attspeçtSf Oa 1«#^ Cyalil
iférifierpar d^ commissaires petîrés ^ àMM^
spectçujrs de polic§ ir^rMiSt ^m J>ie» #RMm
par d(is siirwniéraires ) dsfMs les a/Km^ délif^
cates, on sortait de ce cercùt ^9- s'iuireafysnt à
des personnes discrètes et honorables,
]Lief rapports sur des faits de Ubertinaf^ et mm<
des anecdotes galantes , toujours très itomhnML
en twf' temps , étaient recueiUis «ur les pvofos
des libertins; l'indiscrétion et l'exagération ea
étaient ordinairement la base. On a déshonoré
plus d'une femme par des vanteries dont les
auteurs ont avoué depuis leur impertinence. Les
conversations de beaucoup de sociétés conte-»
naient en foule des histoires de galanterie. Il
était bizarre, en remontant à la source, de
trouver l'imagination des anciens auteurs, les
contes de Bocace et de Lafontaine, par exemple,
au-dessous de la réalité même. Jamais on ne
dira le vrai mot des mœurs du pays, qu'en
allant consulter ces paperasses oîi les lûsto*
56 ^rrsioiftrs iiirroiiif^crs
mit6t graveleuses, les foorberies impudentes,
las ktrdiesses de roués et de rouées, se succè-
dent et se répètent sans cesse arec des variations
et des contrastes du tragique an comicpie sur un
éternel canevas, avec des broderies nouvelles
et sans 6n. On a trouvé dans les notes de M. de
Sàrtines un rapport sur le résultat d*un pari
fektitement k Tinvesligation des mœurs d*nne
cinquantaine de ménages que Tun des parieurs
avait choisis bénévolement et ii son gré , comme
des modèles de haute piété conjugale ; pas un
de cet ménages n'était épargné; Todieux, le
risible, Tefllrayant, le douloureux fiibaient le
fond des renseignemens obtenus. Qnelques
nrotea portaient seulement le mot d'êXÊféraiùm ^
el les rectifications marginales n'étaient certai-
nement pas de nature ii consoler celui qni s'était
porté le garant de leur chasteté ou de leur fiHi-
cité domestique.
Les rapports sur les étrangers contenaient
les motifs de leur séjour a Paris ; ce départe-
ment n'était confié qu'à celui des inspecteurs
auquel le magistrat reconnaissait des qualités
nécessairea pour ces fonctions difficiles. 11 devait
être capable de représenter, plein de formes,
habile en beau lan;;age. On évitait de prendre
des hommes de lettres, trop préoccupés d'eux-
mêmes pour savoir observer. On en avait re-
TIKÉS DES ARCHIVIS. $^
connu rinconTénient. Le^ gens du moni^^ ëtan^ii^
préférés et préférables. On adressait toiiteai Im
semaines aux ministres des notes . ipstraçtÎT^a
sur ce chapitre, tenu toujours au cou^raipJ^* jÇ[es,
notes contenaient des anecdqtes que Tîntc^i^-»^
médiaire adroit obtenait des ambassadeprs^VX-
mêmes en se glissant dans leur confiance. -,
Les rapports sur les jeux, les prêts ^i^ura^te^
et les affaires en désordre des jeune^ gens- Âe^
bonne famille, étaient plus marqués au coin ,^^'
la réticence que de l'exactitude; les joueu^,'
les esprocs» les agioteurs, les libertins, s^ntp|[iia|
habiles que les espions. . .. • .
Nous avons vu le rapport d'un espiqn se .p^i^rj}
gnant d'avoir été mis a sec de ses apppiptefXf|qpf^t
au jeu et par l'amant de sa femme; il deipaïf d^it ^
qu'on le débarrassât de la coquine en la fourrant^
h la Salpêlrière.
Les rapports k roccasion de la sûreté publique
devaient être accompagnés de preuves osten-
sibles; ces sortes d'aifaires étant presque tou-
jours renvoyées aux tribunaux de justice.
Les rapports sur les approvisionnemens se
véritiaient par la conirontation des états des
halles et marchés avec les registres des corn-
merçans en gros; ceux des directeurs et rece-
veurs des entrées de Paris, par les rendus de
compte (lu liculenanl de police intendant de
fMrfi, irec les tutret intendant des proTÎncet,
et tiinbondamiDent par les rdatiom des gros
nëgocians de Paris STec d^antres négocians des
j^ys étrangers. Ce département» regardé comme
*
essentiel, était confié an plus méritant des
qnarante-hoit commissaires.
Par là, du moins , on connaissait an jaste les
ftandes et falsifications et lear chiffre, en re-
gard des prodoits naturels ; inconTénient ton-
jours surveillé , toujours persistant.
On formait annuellement la liste des char*
latans, des escrocs, filles de spectacles, lêmmes
entretenues, de leurs amans et des libertins qui
firéqnentaient les maisons de prostitution; les
hommes entachés ou suspectés du rice de la
pédérastie étaient signalés. Ces listes chargées
de notes incGquaient le degré de foi qu'on poo*
Tait y ajouter.
liés pédérastes avaient été réunis aux Toletnrs
et escrocs, parce que, dans les hasses classes du
peuple, plus sujettes i Tincarcératton que les
autres classes, par la misère et le mépris, leur
constant apanage , les voleurs et les escrocs du
petit monde sont communément firrés 2i celte
débauche infâme; la privation de femmes dans
les prisons amenant d*aîllcur« ce% dt'r«*j;Iemrn<
de la force sur la faitile^sr , c?^ s ^.;^.(|> uh!^ iliii^
la verdeur de l'agc sur les \agab011rl9 a«lulesccns
TIRÉS OES AICHIVES. 3^
et «oftntj cti^onAtanCe tdétittd>le pflrtrtut dh il
j «m des prisons, «pi ne sont pas {nslttnéec
poor donner leurs aises h des scélérats ; attsti en
sorlent-îls dix fois plus infimes et corrotnpuï'.
Les salles de Bicêtre étaient il 7 a vingi-cin<{
ans Jes lieux de la plus afl&euse comiption ; «tt
lut un des motifs qui engagea le liêtitenaat de
police du temps h établir dans cet hôpital des
trataOY que la poHce actuelle y & sagement ttuX-
tipliés.
Sur l'Admlnïslralion det Jeux.
Les lois et les réglemens de police qui prohi'
faetit les jeux de hasard ne peuvent jamais être
eiécQtés !i Paris j deux causes en furent toujours
sensibles: on parvenait aisément à en éluder les
dispositions sévères, et la passioii ^u jeu, qui
s'exagère avec l'âge, ne cède ni au\ menaces , ni
aux représentntlons; elle domine ceux qui en
sont attaqués, et qui lui trouvent des issues d'au-
tant plus ingénieuses que les faiseurs de loi, qui
ne tiennent pas compte de la force irréductible
tics pcnchans, n'ont pas l'instinct d'imaginer les'
répressions snfTisnnles on les distractions néces-
saires. Le fait est que les répressions violentes
amenaient des pugilats et des bagarres lorsqu'on
venait à saisir les dés, les caries, et l'argent des
joueurs.
4o «KMOIIULS HlSToniQtl^
Peui-élre a-t-on éirité le pire du mal, en in-
sUiuaDl une administration publique de% jeux,
parce que la police est ainsi plus à portée de les
sunreiller, d*y établir une discipline^ d*y connaî-
tre les hommes , et d*empccher par-la une plus
grande quantité d'excès et de crimes qui se com-
mettaient dans des maisons qu'un appelait coupe-
gorgOf et dans d'autres maisons, où, par rapport
a leurs prÎTiléges, la police n'airait pas d'accès.
Deux ou trois fois, dans l'intenralle de 1774 à
1790, le Parlement de Paris a rendu, mais Tainc-
ment, des arrêts contre les jeux défendus; on cea-
aait pendant très peu de temps de les jouer dans
les académies et autres maisons publiques, et Ton
continuait de les jouer à la cour, chex les grands,
dans des maisons privilégiées, et dans quelques
tripots qui pouTsient demeurer inconnus durant
un certain intervalle , et qui circubicnt tantôt
dans la ville , tantôt dans les campagnes. Les
ministres du temps, notamment M. de Maies-
herbes et les principaux membres du Parle-
^tient, finirent par conclure qu*a Tégard des
jeux de hasard, une tolérance particulière et
directe et one surveillnnce très active valaient
mieux qu'une prohibition sans effet, d'autant
que Tétat en retirait quelque chose, et tolérait
qu'un certain nombre de chances mît le part de
lion du côté des maisons de jeu, double circon-
TIRÉS DES ARCHYES* ^l
siance qui a toujours affaibli, dans la consciencet
publique, la solidité de celle argumentaliaii. '
Le lieutenanl général de police eut totfjoiars
a son choix les personnes a qui il était pçrpÂ
de donner à jouer, et à sa disposition les rétôbii^
lions qui en provenaient > i
Si son choix est tombé quelqueifo^s . suie» dos
personnes favorisées , toujours elles se mainlîi}^-
rent (comme il était de leur intérêt) dansnne
conduite exempte de grands scandales , et iQjUf^)
jours elles durent rendre a la police d^. compt^St
propres a lui faire connaître ce qu'il lui impoc-
tait de savoir, par rapport au bon ordre et à Ji^
sûreté. On pourrait placer ici beaucoup dçcità*
lions, non qu'il n'y eût des abus, npn qu'il n'in-
tervint quelquefois des désordres; mais la police
pouvait être prompte comme mieux avertie à tes
réprimer.
En ce qui concerne Vemplol des rétribulions du
jeu, le public en a connu la plus grande partie;
les sommes totales de ces rétributions ne se sont
jamais élevées , clans la plus forte année, au-delà
de 400,000 liv. Il y avait des banquiers afiidésàla
police; on ne se nippclle pas qu'aucun d*enx ait
jamais donné lieu a une plainte fondée. Ils ren-
daient h la police soil une somme Gxe , soit une
somme proportionnée au bénéfice. Les sommes
et deniers ainsi reçus, étaient tenus dans une
49 inlIfnMES MltTOAl^Ift
arfM0 pwtkdièrt , iiidli|H>JaiH» Atê tttkêÊê ém
UétuitMP 4t là |MriiM; |Mr j^ftdkiit a ••nri A
Wmitoitmm I «ilrélieii M dépeMai de Hiôs-
flM ilt véttéfieM» titsé dUbwd k Vànglraird; ii
PiliMitiMiatit d^ dépdt ou mtgintt de ma*
tiens k filer, qu'oa dbtlilwut Mto lltiepectioii
dMcttPée fc dei pittyret de km pireisset ; k Pé-
iMMMMfleM dei ti'âvâu cnanteblee a BieêlKt et
fiiitrileuieiitt k huattàr des aeeenHi > MtiJBgettce
eei VtÊtÊÊiWM. SoM ce dernier rappel eevle-
•HM^ Pe»pM dttt être eecret; iMii II était
IMi' Ni eÉOii Miido, Mifia easMioii n réoeeMef
ptr le caitHer m lieateiHuit géniral de poCee»
diiéonpteede eet genres de reeelleset de dé-
ptneas. n les eiaminait et arrêtait} il les eèt
repMMitéi en miniUre du département def arist
A PelÉ etifé; ce «jiii jamais n'est arrité.
Les mimstres et les magistrats ém Fkrfement
(çidqnefws la reine et antres princesses) s^adras-
sidenl an lientenant général de policet et fan in*
dlqnaient des personnes et des familles dignes
d*ttre aidét» et soulagées.
Det Si^€€iêele$ et Pmriê.
Jasqne Yen le milieu du règne de Louis XV,
la poHce de tons les spectacles étitt dans la mnin
du ltetiten.int de police. Alon la gtirde int^-
thués DÉS Alitmiiê. ifi
tUsntt et éXtéHedfë déf O^é^ et d«^ èdttréffîéir
Fnn^Uè €t Italléhne fitf ifdtMée m yé^ifièntt
dés gàMei, Il la plàM dtt ^êt, lïHnfpé %oiiiiv
geoi06 et de là r(rbé'-e6tM€f , mlmtirîéêg tlfoii^
l6«qiiéUé« ik^n ititpdsaietttpMs àiiéi; pt^yniajh^^
tenir uiiè botine polide. IM piàtk frâAtïâiiéry
bicfii édtfidiàildéetf et di«dpliiilSM,pflHfinrèfltiiiéë'«
meiii 11 filirè ie^rer la plopan de« dériérditè t|tti
y tftsAèmtMérietireiiiélit ëtlÉté.
A Mlle épdqitê, lea géUtilèhoMkiie^dè li ehàtft^
bf6 du Mt É*etiipaffer«At d'une gfafldé aùtrttîté
fdf ridmitriéCfkMon deé deiit ciôDÏédié»/ét^tlF
\tê actetiir» qti« le publie appelait éûédte irtntpëi
dé MfNédJèm. Gem-el, glotièti^ d'être èôttt-
tfHmdé^ par de pttiaêahii seighénihft (ce d«nt iUlké
blfdèrent pat It ut reperitir), eherchèrent k se
soustraire autant qu'ils le purent à ^autorité, et
idême a la surveillance de la police ; tendance
qui sera toujours celle d(^s artistes.
Les comédiens fiançais se parèrent du titre
de comédiens ordinaires du roiy qualiticalion qu*ils
ne pouvaient prendre dans une capitale où de-
puis des siècles le souverain n'habitait pas, et
qu'ils ne pouvaient avoir auprès d'un public
payant a la porto du spectacle. Le mot passa; on
crut pouvoir faire passer la chose. Les petits
cmpiétcmens procèdent ainsi. Les anciennes
alTichcs portaient \qs comédiens français, les corné-
44 HBOlUi HISTOIIQVIK
4imm UmKims ilMMrMl, etc., etc. lU deTaîent aa-
noncer dans riotermèiie ans speclatenrt les
pièces qa*ik représenteraîent le leodemain ei
kt joars aniTaïu. Ib panrinreoi a s'abstenir de
cet a otiqiie usage oa obligation , ainsi qae de
plusieurs autres usages aazqueb ib axaient été
pendant lonf4emps assiijettis envers le puUic et
eiiTert la police de Paris. La police laissa fiiire.
Ib deiraient apporter tons les samedis le ré-
pertoirOf signé du semainier, des pièces que Ton
donnerait dans les jours de la semaine suitante ,
et prévenir la police des changemens que poo-
Tait nécessiter l'indisposition d*un acteur. En
cas de négligence, le semainier était puabsable;
tontes les punitions que pouvaient encourir les
actMirs et actrices étaient ordonnées par et an
nom du magistrat de police. Les gentilshommes
de b chambre du roi, en cas de tolérance ou de
pbinte , étaient obligés de s'adresser h ce ma-
gistrat.
En 1 781 , lorsque les comédiens firaaçak se
transportèrent a IXMéon, le gentilhomme de la
chambre (le maréchal de Duras) voulut s'arro*
ger le droit de taxer, par augmentation, le prix
des places, et de diminuer le quart de la recette
dévolu aux pauvres; le public se plaignît des
comédiens; les hôpitaux s'alarmèrent; le lieute-
nant général ne hn réda ni pour Tune ni pour
TIRÉ^ DES ARCHlTEâ. ^5
Taalre de ces prétentions; il fit un règlement de
police sur les prix de toutes les différentes loges
et places; il le fît imprimer et afficher : il pro*
Toqaa l'assemblée des administrateurs de Uho*
pital général, dont il était un des chefs, et bien-
tôt après il reçut des comédiens français une
soumission pour un abonnement ; on en fit le
rapport a l'administration des pauTres» tout
s'arrangea , mais ce fut un moment dé crise. Les
comédiens italiens étaient moins remuans que
les comédiens du roi.
On n'a pas oublié la levée de boucliers qui se
fit lors de l'incarcération de la demoiselle Clai«
ron, par Tordre de M. Berryer. En 1779, la
demoiselle Lu cy lut luise au fort TEvêque pour
avoir chanté un couplet que le censeur de la po-
lice avait raye. En 1780", Larive et Florence',
pours'rlro battus, furent également punis par la
police. Le parterre approuvait tour a tour ou
désapprouvait ces actes de sévérité, suivant que
les acteurs, et surtout les actrices, avaient alors
plus ou moins de partisans; mais attendu que
les salles de spectacles étaient gardées par la
force militaire , ers petits désordres n'allaient
jamais juM[u'à briser tout sous prétexte de li-
berté.
Le magistrat de police n'exerçait pas autant
d^autorité à Tt'aard de l'Opéra, genre de spectacle
46 mimoatî bistmioubs
qui réooit betocoiip d'arts à k fois» ei qm p•^tt
Ml moÎM tucepUbU d'alîmcnlar les divuioos ei
1^ luttes des coteries. L'Opéra était dans le dé-
parlement d*ua ministre; la direction en fut
donnée tantôt au bureau de la irille , au préirôt
des i^archands et échetins, tantôt à des direc«
tours particuliers ou enirepreoeurs.
Le magistrat de la police OTsit p!eine autorité
sur les théâtres des foires Saint-Gcnnain« Saint-
Laurent, et sur les spectacles des boulcvarifi,
regardés comme speclades forains. Les direc-
teurs on entrepreneurs des petits spectacles des
bouloTarts ftunent d'abord assujettis à cesser leurs
représentations sur les boulevarts durant les
mois fixés k Texercice des priTiléges concédés aux
bénédictins de Saint-Germain-des-Prés, et li la
congrégation de Saint-Laxarc, pour les foires des
firabonrgs Saint-Germain et Saint-Laurent.
L'établiaiemeot de trois petits spectacles ayanl
contribué a la chute des théâtres on Iréteaox
élevés dans les lieux clos et privilégiés » il fallut,
pour satisfaire le public, renoncera contraindm
les directeurs de ces spectacles à un déplacement
renouvelé deux fois Tan.
Cela leur donna plus de vogue ; ils devinrent
très fréquentés, ainsi que la promenade sur cette
partie de Paris, très embellie et très commer-
TIRÉ» DM» A^dfUyUf, 47
çanle. Ou en autorifa josqu'à^oiiif «m ttMft 4p
iroU, npinbre auquel iU.aygient été AtiMbpiiér
cédemoieul, sans y comprendre les paadea^^
Toutes les classes des habitans d^ Paria t^y
porlèrent en foule de préférence aux eomédleis
française et italienne : pour étiter l'afflueitee et
la confusion , il fallut permettre detkx MfMPéaen-
lations, une de jour, une de nuit. Celte dernière
ayant produit du scandale fut sapprinée.
Vers cette époque, l'Opéra coqslruit au Palatf-
Royal fut incendié; bientôt après, on irit s'élever
sur le boulevart de la Porte-Saint-Martin, pour
rOpéra, le bâtiment qui sert encore aujourd'hui
de salle de spectacle.
Les trois grands spectacles ayant pri* lAe lit
jalousie contre les petits , et formé des prétçi^'-
lions a la faveur de leurs privilèges, çeux-cl
furent obligés de contribuer aux dépenses d^
rOpéra, et conlrainls de communiquer aux co-
médiens français el aux comédiens italiens leurs
nouvelles pièces avant de pouvoir les représen-
ter. On voit les filières et les avanies par où l^
auteurs avaient a passer avant de pouvoir être
sifllés par le public; mais l'amour-propre ne re-
cule devant aucun outrage ; il brave les mortiti-
cations : c'est son élcmciit.
Les comédiens franoais avaient fait imprimer
jfS MBMOIlili BirroiiiQt'i»
ilet^lfiaHiim contre U quantité, contre Tabiu
oVtMHre le liberté des petits spectacles de Paris;
et certains moralistes qui aTasent avancé qn'il ne
àdlait an peuple quepmtm et circemêê^ se joig ni*
rent 2i eoZf ce qui était une inconséquence ; mais
on les payait pour £lre inconséquens , et ils
étaient logiques au principe de prendre de toutes
mains. Il y eut un procès commencé de la part
des comédiens firançais; le public s'étant déclaré
contre eux, et commençant li les tympaniser
d'importance, ils eurent la bonté de rbuloir ce
qu'ils ne pouTaient pas empécber.
La police fit établir des pompes dans l'inté-
rieur de tous les spectacles, grands et petits; on
plaça des pompien pendant la durée des repré-
sentations. Le quart de la recette des spectacles^
préleré dans llntérêt des pauTres, fut toojoura
plus exactement payé par les directeun et en-
trepreneura des petits spectacles que par l'Aca-
démie royale de Musique, la Comédie-Française»
l'Opéra-Comique et le Comédie-Italienne.
Le magistrat arrêtait chaque année l'état des
personnes qui devaient avoir leurs entrées dans
les petits spectacles ; chaque année aussi le mi-
nistre de Paris arrêtait une liste des agens qui
devaient avoir leun entrées à l'Opéra ; on en-
voyait aux comédiens français et italiens les
commissaires et inspecteurs gnénéraui préposés
TmÉs DU A«CBiTn. 4^
au bon ordre, de toncert arec les officiers de«
gardes françaises et de la connétaUie. t
Quand on avait le moindre motif de craindre
quelque insurrection de la part du partetTe des
comédies, on faisait placer, par extraordinaire,
en uniforme et sans armes, des sergens et capo-
raux, indépendamment des soldats armés mis en
sentinelles dans difi'érens endroits du parterre et
dans les corridors des loges : les sergens et ad-
judans venaient régulièrement lui rendre des
coEoptes,
Ob a dit qae la police payait des gens affijd^
pour applaudir ou pour ailHer; mw. depi^is .^fèt
longtemps lesspeetateursa'osaicntpbuaiffia^^Mp
Bo payait pas pour applaudir,, «oit la r^in^,, f^
les princes, quand ils paraissaient aux spectacle
seulement elle faisait distribuer à des afiidés des
billets qu'elle achetait et qu'elle avait a sa dispo-
sition. On peut exciter les applaudissemens et
les provoquer; mais quoi qu'on fasse on ne les
commande et on ne les obtient pas toujours. Le
public bat des mains, fait des huées, ou il im-
prouve par son silence, suivant les circonstances
et conjonctures. Le public de Paris est à cet égard*
et il sera toujours le même, et en tout temps,
très indiscipliné, capable de suivre ime tout autre
impulsion que kcMo qu'on lui dicle, et de s'irri -
5# MBMNU» BltTOlUQUIl
Itf'Oiam âM propMi ébpMkÎMMp «11 «pwçoit
trop ckireoMttl ftt'oa Iô gottTwat.
OlMlWtfMU Mr r^M âtêÊH éê la ntowif é iRonj M m» U$
mmmqiÊâ ptmmâ ^féMItr. tûfhniâr m fmH^klir (1).
Ce n*Mt pat looJD«n pa^ Tao^nenUiti^ des
reikorU ^W faU le mieû marcher la nachine,
c'eat plnlôt par un cnaembla aimpla , négnlier »
ipradoé comme il conTÎent.
Les crimes et délils, parmi les^eb on no
comprend pas les crimes d'Etat , sont OMuale-
nant pins fréqnens \ Paris qnlb ne rétsient il
y a ^pmse ans (S). Il sertit à désim ^pio k aft-
Toté pèt être MIMie partent sur nn pi
fti'isie} msis pins nne domination ait
]^ isn actfon ^aAiMit en partant dm
m ui vuufei wHCv*
(I) IteiMMt dt M ntoslff* • M cBt«yé ftrKl
(i) Od ffOibardirncBidoniir de roMiltade de cette.
de M. Leoolr. Le nonbre Aee crlnn et déliti pcot peretcrt pèw
seewIefiiMe s^owvTbttl « pefee^iielcicesieSf h
«eifeVi les ^Haeaeai t eatt MBdue fdilief per lee ,
leoipt de M. Lcaolr U a*eo telt pet ■ûult et » de j^u» t va ,
wamibrt de eeopebict , tnduiti deveot Ir» tribaseat toieot
trilu à le {Htloe cC cBlermli par ofdrv <1 o rc4 ea lettrée de
Lelecteardelteararptler eeqaej'aidiiplaekealy^aeje
bica lo&n d'adopter toute* lee opUiloas de M, Lcooir \ auli Je
tremerb ect notices tellct qu*il ne les e remues.
THtBS DES ABCRirES. Se
Il est diGTérentcs causes qui entretiennent le
désordre } ii en est de générales; il en est de
praticiilièrcs à l'exercice de la police a Paris :
la scission dans les esprits , la misère , les mau-
vaises pratiques et spOctilalions d'officiers civils
dans les actes de procédures et d'instruction a
l'égard des crimes etdûlils, et de ceux qui en sont
|>r^vcnusj l'impuissance des lois pénales dont les
coupables se jouent, etc. Tant que ces causes,
commîmes à tous tes dépaiiemcns subsisteront ,
on ne peut se Hatlcr d'avoir une sûreté entière
et parfaite, ni à Paris, ni dans les autres villes et
pays de la France.
Sous l'ancien régime, tout délinquant, tout
prévenu arrêté , devait soudain comparaître de-
vant un commissaire de justice et de police, le-
quel, suivant l'exigence des cas, prononçait son
emprisonnement ou sa mise en liberté ; s'ily avait
difficulté, gravité ou importance de fait, le com-
missaire en référait soit au magistrat de police ,
soit BU lieutenant criminel : il arrivait pea sou-
vent qu'il y eût lieu à référer.
L'exécution du régime intérieur prescrit pdUr
les prisons d'Etat ( la Bastille et Vincennes) aji-
partenait, sous la seule autorité du ministre de
Paris, au seul lieutenant général de police , en
sa qualité de commissaire du roi ; elle lui appar-
tenait à son titre de magistrat de police, potfr
5'S mXOlllKS BMITOIUQUFS
les priipiis de Tholel de U Force , destînéet ei*
clusÎTeBienl à des criminels et nniqaement aas
prisonniers de police , à ceax pour dettes , et
pour mois de nourrice , aux mondians et an
mendiantes. Les enfaus impubères et en bas-age ,
1*1 atts$î les vieillards septuagénaires (sauf cer-
tains cas ) n*étaient plus détenus dans les pri-
sons p ni dans les salles de Bicêtre ; on n'airait
que trop éprouvé combien U longue délenlion
el U confusion dans ces lieux rendaient bientôt
les enfims mécbans , voleurs , assassins et dan-
•g^nux. Les prisons étaient généralement répu-
tées écoles du crime.
^11 est très certain aussi que l'appant des
formes judiciaires est une solennité glorieuse
pour la plupart des coquins « qui font bravement
lissant d*espril et d*eflfronlerie sous les yeux des
inagtstrats, au bénéhce des curieux du petit
pi;iiple , attirés par le scandale de ces spectacles
Ur^tuits. Les rubriques de la défense , l'attaque
des principes légaux , la vanterie dans les ma-
nières et les répliques enlèvent quelquefois les
rires contagieux , les applaudissemeas frénéti-
ques d'une foule d'apprentis escrocs, gens de la
lie , enclins a justifier le mal , parce qulls y sont
exposés, et, grâce aux leçons c|u*ils puisent <lans
les audiences , a fr^ncbir les derniers scrupules,
lorsque le dénument les assirge.
TIRES DES jmcBiy^. S^
Tontetf les déclarations de.'t^rimes » de.vofe;^)
de délits attentatoires à la sûrélé' des kabitabs df(
Paris, étaient reçues gratuitenQfent par les cam-^
missaires de justice et de police, recueillies |Mt
les inspecteurs de sûreté* Ces derniers deyaieif^
s'entendre respectivemeht sur leurs opérâUoiiSy^
Les quatre oflSiciers de sûreté ponyaîent a^
suppléer réciproquement dans leurs iknctioâs. ^
L'un de ces quatre inspecteurs , accompagné
d'on commissaire et sous sa supériorité, faisait^
presque toutes les nuits des patrouilles. -Ils de*^
Taient s'accorder ayec les patro^uilles^ioilita^j^siif^
ksdifférens quartiers de la ville. Dans le çoujnsjdfi
ces patrouilles , ik devaient être assistés 4çlç,qi^
préposés et recors. Un militaire: devait s'ai^é^;i[
devant chaque corps-de-garde placé dans l'éteofi^
due des lieux inspectés , y donner et recevoir les
avertissemens que demandait Tinlérêl de la sû-
reté. La connaissance qu'avait le magistrat de
police de tous les jugemens pour cause de crimes
était transmise, annuellement, aux officiers de sû-
reté, et, journellement, celle des signalemensdes
gens décrétés pour crimes graves et non arrêtés,
11 n'entrait personne dans les prisons de Paris^
qui ne dût être inspecté .et examiné par un offi-
cier de sûreté.
En 1780, la poursuite des mendians, précé-
demment attribuée à d'autres^ fui confiée aux
^mn iiiipMteiin de svMté. Ib iWMÉt iéfiitar
kÉ étÊqXm nendiaiit non dUogetMK dl*«TM
ki BienditM iat|ieclt de npptnrls «rac le»
iMnrt iMbitaéi à Parb. Ut employkrwil ki
]^ Btendiim 2i obterrer ki Taglibondt ^ Iré»
qMttliicsnt les Toleun et ae retiraieiiil d'ardnunM
mtt em dent kt fimbomy et ke tmtmm au en-
Turotia de Paria.
Les itiatracUoDi recommandaknt d'arrAtar ka
ttialfidteiirt aau scandale, li vm eertaiiie dia«
tiiifce des «gUses et pkièt h k denûère heara
dti jiMir» étant la miiti ^a!\ toote aiitn bevt«
n était dit| dam ces nistnictioiia, ^ûb émmmA
CAiiflaftre ks tabagies «{ni serraient de retraite.
Lé pittpart des logevrs li deux wofn }fÊSt ovit , «•
des gens tenant tabagies , étaient d'andena pr^
fiteélr I k pofice , par elle sondoyéa, aealsnus sn
iftdés anx inspectenrs de sAreté ; ks parte-lii»
iMs , ^ôttt les hnlemes étaient ntaaéreléta, et
l|ttl d^iffienrs étaient enregistrés li k police t
deraient pas niant|iier de rendre eemple de
lé^fice pendant chaque nuit. On était ansai PI»
spection des bureaux d'enregistrement ponr ks
domestiques et les outrirrs.
M. Berryer STait reconnu la nécessité de ea
servir de voleurs éclinpp^s des mains de la jna«
Hce cl de les admettre au nombre desobsenrci^
tciirs, espion» et rceor» , comme plus propres
aux déç^nvems des vplenrardM^te* iatàmétàmm
KcéUun ,4'effets volés ^ nwfi <{iiand les agensde
polices d^ cette espèce se rendaient eempabltè
de U noindire prévaricatîeia ^ ib étaienltew^ati
cbenp mi^ a Bicêtre. Ces agent ndiMUai«iit<«Mi
parBÎUe punition } car on était forcé»de ks pMttw
aux cachots ^ enfermés dans les salles de fiBroa ;
l^^ws sincieiM camarades les aufaieiit; «assateif
amm^il^ traîtres et des apostats^ ^ ^ ^ r.* i
i^'azpéâence a démonlvé que de lengaeo lyrt»
sons et détentions devenaient ua châtimanl» dan*
La classe des escroes^ filous, êsofours jMmh
kreusi^ dans les grandes tilles^ ne Ifétaît :pas laM
autrelbis qu'à présent; les inspécteurè de suuMé
étaient parvenus à Taffaiblir ; c'était par leur in^
ielligence que Paris avait été purgé de ces as-
sassins en bandes et troupes qui , avant l'admi-
nistration de M. de Sartines, assommaient et
pillaient impunément les passans. Ce progrès ,
dans le maintien de la sûreté de la ville capitale,
s'était fait sentir sur les grandes routes pu-
bliques.
il se tenait une lois par semaine ime assem-
blée présidée par le lieutenant général, a laquelle
assistaient oxaclemcnt le commandant du guet ,
les deux prévols et inspecteurs des maréchaussées
56 MBHOiMS nvrowKiucs
«n tréndenca à Paris ; l)i , il était Modii compte
des criflMt et délits commis dans Tétendue de
Paris et avisé à de nomreaiix moyens de sAreté ;
les inspecteurs de sûreté , ainsi que tontes tes
maréchaossées de France, trontaient alors occa-
SÎOA de fiûre arrêter des coupables i(m , d*ordi*
naire » sortent de Paris aossitét aprte avoir com»
mb le crime » pour n'y rentrer que lorsqu'ils le
présument oublié. Si, du résultat de cette réri-*
aion t peu d*enlre eux seulement avaient pu sTé-
diapper» il était accordé une gratification rému*
nératoiro aux inspecteurs de sûreté.
Cet établissement intéressait ces inspocteufs
à apporter une grande vigilance k Tégard des
gem inconnus et des gens sans état ni profiBO-
sion circulant dans Paris. Us étaient à postée
de les faire suivre par des préposés incennns
de la populace , ou par des intelligences dans le
menu peuple, brocanteurs» écboppîers, regrat*
tiers sédentaires où ambulans; peu soudoyés «
mais protégés en quelque sorte « cas gens -là
aidaient à la découverte des volaors et des repria
de justice.
Des bommes accusés de crimes graves et re»
connus pour être criminels , mais non con-
damnés à défaut de preuves juridiques, étaient^
par mesure de police administrative , ou con-
duits bBicêtrc on exilés dan» des endroits à une
rais Ms AMnf««' S^
certaine distance de Paris /ious la snihreiilanee
d'an officier de maréchanssée , tenu de rendra
compte tons les mois de leur condoite au macis-
trat de Paris. ^> A
SaÎTant des instructions générales ; tei j^Mflft
inspecteurs, chargés de veiller au nettoieWém
des rues et à leur illnminalien pendant la istf i^
étaient obligés, sous peine de destitution, ^ilHiip^
tir le commissaire ou Tinspecteur de sûf(fîé^tf&
quartier : cette obligation était encore impciéi
il toutes personnes ékmi ViUU d^pendaU ds^Wjpo-
liée. * ^ ^ Hieq
Les audiences publique» de la poUoe 'étaisat
derenues k certains égards un moyen de sAisii
. et d'espédier avec célérité une grande quâuEtil^
d'afiaires. , i.: 'Mi^ti*
Dans une place où beaucoup de détails et de
rapports ne peuvent parvenir que par des Toies
subalternes, le chef qui roccupe est de tous les
administrateurs le plus exposé a être trompé s'il
ne connaît par lui-même l'esprit public; il peut
le saisir en écoutant bien dans des audiences
publiques et particulières le langage des per-
sonnes de tout rang et condition , en discernant
leur esprit, la nature et l'espèce de leuru dcr*
mandes et de leurs besoins.
M rtinuMnii mnTimin ^
A CM audiences, la curicmlé et la désauvre^
pmtt attîraieBt boo nombre de personnes. Elles
jtjlint fatigantes pour le maf^trat» et consom-
BMMDt un temps que c|ueh|uefois il eut mieux
SBiployés cependant il en résultait des arantag^
Mnaibles pour Tadministration de la police et
jfonx I0 senrice public,
IMdoMt» reacyclopédiale » qui ko firéqnanlait
pour obserrer les mœurs, y trouvait un livre pli»
mille Sou que tous les livres , k c«nr
f qu'il feuilletait avec avidité} le cbaos
pmsMSs'yreflétait en miniature. Les pourvoyeu-
ses de maisons suspectes, étalant un embonpoint
monaoalt venaient se répandre en pUiiiIca amèrr s
ooniro tm espion mécontent auquel on n'avait
pis fini k part assea généreuse dam ksprémicos
dks focmea nêuvelles du séminairoi ol qui s*en
éloit vengé par des révélations. La lamiliarilé de
œa déliassas no se déconcertait pas d'un rappel
b Tordra; elles étaient naïves et tecbniques. Des
potitaa ouvrières émancipées réclamaient contre
<Mi goujat paternel qui tolérait les amoureui
pourvu qu'il eût k boire, et qui devenait moral il
faire trembler dèsqu*il était a jeun; elles ofifraieiit
d'en montrer la preuve. Des aciricos sifllccs.
TlUft DES ABAIUVU. 5^
GauMia fatares, dénonçaieot en tsnaec empour-
Ha d'abominables cabales qui let empêchaient
de plaire au public. Des maris ù proposer en
exemple venaient tout en larmes s'informer de
leurs femmes disparues, auxquelles ils pardon'»
aéraient tout, disaient-ils, si les amans se mon-
traient moins exclusifs; les amans le leur devaient
bien. D'autres demandaient la permission d'em-
prisonner leurs très cbères femmes, qui les souf-
fletaient dans la rue en les rencontrant avec des
rivales. Une bourgeoise éplorcje, veuve depuis
six semaines, dénonçait un ingrat amant disparu
de la demeure quasi conjugale avec une petite
bonne et toute l'argenterie; elle voulait ravoir
'%on argenterie. Des imbéciles conjuraient le
magislrat de casser leur contrat de mariage, à
l'occasion d'un certain lui^comple aperçu trop
tard. D'anciens voleurs retirés de l'état exigeaient
qu'on s'interdît de leur reprocher leurs antécé-
dens, et demandaient des certificats de ri;h:ibili-
t&tion, l'autorité leur devait celtejiislice, ou alors
il n'y avait plus de justice. Des mères réclnmaienl
pathétiquement leurs polissons de fils, cntriilnés
dans des Iripols il jouer l'argent qui ne leur ap-
partenait point. Et cfi sièncs biîrarrées, vio-
lentes, olisiiciu's , Loui:'..;j;icM , dîjiji-fssivcs à
l'exccs, toujours animcrs p:ir le ilyle ctiVrvusciiiL
de la passion, meltuienl à nu lo^ plities de ta
6« MBHOIMS BSTOUQinB
fociélé, des générosilét popolaircs, des rate» in»
croyables oq de rares finesses d*espril sons une
écorce mde et grossière. LlmperliDence de
quelques élns de la faasse bonne compagnie qoi
tombaient tont h coup au miliea de celte canaille
susceptible et fière , donnait lien a des conflits
nngnliers , )i des ripostes précieuses enire des
adTcrsaires de toutes classest les nns mnsqnés el
méprisans, les autres armés du boyau et de la
pioche, dans le costume traditionnel des ba«
layenrs des rues, ou stcc leur éventaire chargé
de marée; quelquefois on se prenait de bec, et le
holk n*était pas facile k rétablir sans horions.
C'était un Térilable carnaval perpétoel.
M. de Sartines, en remettant la police bll* Le-
noir, Tavait averti que, de tout individu admis h
se plaindre et à parler en secret , il avait reçu
d'utiles avis qui peut-être ne lui lussent pas ar-
rivés par une autre voie.
Les agens de police redoutaient les plaintes
qu'il était ainsi facile de porter de leurs négli*
gences, abus et prévarications ; c'était la contro»
épreuve de leurs rapports. La peur d'être pris
en flagrant délit de mensonge les tenait sur la
résenc.
Le lieutenant général de police ne fut jamais
suppléé pour lu tenue de ces audiences publiques.
ai ptf le KMienant particttliçr, ion Mottstpr, lA
par •ii4ieerélaire principj^L
Ces asdiencea furent bienlol fréqoentéea par
des perM>nnes éieTées en rang et en dignités, ce
qui oc<Ui4<Mia les murmures des gens dn peu*!-
pie , obligés d'attendre. MM. de Sartines et Le-
notr établirent une audience pour les auteors »
libraires et imprimeurs, aân que les classes au-
dessus du menu peuple pussent y Tenir et ne
pas dérober un temps essentiellement consacré à
la cobue.
JLeSeplacets étaient, dans les deux bpfii^ qui
soi^enl^les audiences, extraits a li^^o^ipe,, et
renTOjiés dans le jour à rinspect^urHfp j|i|,f:çip-
mi^ttrede police du quartier. Là, par.Toie de
coQciliatioii , se terminaient des contestations
qui seraient devenues des procès, des animosités
sans fin et même des causes de désordre. Des
malheureux sans ressources Irouvaient des sou-
lagemens ; sous ces rapports, les inspecteurs de
police parvenaient a gagner la confiance des ha-
biians de leur quartier, avantage médiocrement
obtenu maintenant par les juges de paix.
On assignait aussi des audiences particulières
demandées et annoncées, réputées bonnes pour
certaines affaires exigeant le secret ou le secours
caché de son autorité.
Le lieutenant de police était toujours accom-
9%
]^aglié» ÉMMi Mi wmâkmÊm fdUifMi, Abi
créUîre et d'an intpectaw dfl poli». Sm^tmI»
•nmn expMé dam le ce«n d'one wdience» il y
•▼ait lieu de preodn nat Ma «ne netare ad-
miaitlratiTe cxécutaMe MiMe-cliaaip. Lee atee
•eront leiijeOTt mieux répfiaâi |Nir km poliee
fltf4etêment eenlraliiée dana la aeole peraonae
de aeii ehef ^epar Uiia aMna meyeu (1).
«MIT f FlpMMIMIfBVI wi9 fWtê wÊ WtÊfW ff Wt 9tÊ
Eli 19i9, dMM «ne dktténieet <• MM^Ué*
eoiiUilfetBA«« «a ea«a le Ml qrtiwit fMi£
l'adlrfniÉttttettf de h poKee, ieni priMile ^
ce Ml mût été pttié et signé dii-Wt
amt Fesjnnlion dn bnl cenirint. Ce firt
Tani (pie lea enirepreneiiri nrenf lepraeeinv
a 1 aiheinMée cpi une entreprise de cette natMa
eilgeidt que Fen s'atrarlt préalakkannl dlnp»
prdVlMoniÉeniettt et de magaâna
L entrepîMe rat niae an coacem dn
Lei cbnettrrena t'étaient annoncée
Tant te diarger de Pentreprite ' à
compte; Ut reculèrent. On lut obfigé ff
(i) Il CAI bdie de ^olr que c*ta réteraclle
M. Le«>lr. nie revint à éeaMttder !• «mtoom de
le pveitt de poUee • J»
K^emr 4»iÎ6n fiaugfMi #1 àwB
demÎMi ^KÎgèniit nn pvÎK tairduÊmÊ^ém
perlé d«is le bail cassé; €e ns fi^t^pi^intisM
deoMMlé pOQF lear perte. k >
L'oit t reeoniia sans doMeyiiiM hirilÉfréiÉjppiMjf
qae le marché fait par la poUoe k «nrtÎMÉ yliii
ayantage^x qve le taux du bail préféilaMt (tm
éop eimr#» de ^noins par duufQe bte dUiia^K
leniey^ n'élaiit pas l'effet delà ftraavs^ fli Arnià^
ceoafveDCe. ^^ ^^
Les alipiibtians que fen fiât d|i partftdfawtsri
pour i^taUîssement de ees aoflea dPssMgsfrisaa
portent wmnt tout sur de certaafs (fiilpialiKaf
Les clairs de lune eèyeotés à qÉtWiifM elai|'
pl^ïf e, sont calcidés nN^idemeof^ 4'jtHPl^ i^ F^
Isudner, et déiatfués» ou p^n «'^ %4s4Wf'jl(f
t4^al de la somme disponible pour l'éclflpiagf
universel : ce qui est absurde ; mais les entrepfysr
ueurs ont le plus grand intérêt a s'adjuger )0H
allégement de charges en guise de bénéfice}
autrement ils se constitueraient en perte. -Cef
lésineries sont inévitables. Les épingles^ les
pots-de-vin , les conditions secrètes et eiUif
reuses environneront toujours ces marchés»
alors même qu'on appellerait sur eux toute la
publicité dont on dispose. La vénalité bureau-
cratique est connue. On supposera cette vénaTi té»
et la supposition seule en donnera renyîe.
/
Gif MnKMUi MUToaMicrs
L'impMMiioe d'écliappw k de temblablM »€•
cMftioM «ti ici dans U nature des choses, ei le
•cmpiile ae peai resler ieroie coaire iin doute
que Ton n'a pas l*espoîr de Taîncre. D'ailleuia
la* i^i petite économie qoi s*élend snr une
prif du échelle donnant k la longue une somme
tiès considérable t imagination des intéressés
tffavaiBB dans ce sens ; leur génie s*eaerce chaque
îiuf il Iffourerde nouireaux gains» et le pubUct
étonné de payer pour être 2i mime de se casser
lu eou> parce qu'un nuage se raillera des pré-
voyaucea udministratiTes, dira toujours, ramms
par le passé i que Ton lait k certains fiiToris des
pensions sur le clair de lune*
* '* Les anciens houlevarts n'étaient pas éclairés
JpMdaat la nuit avant Tannée 1 780 ; le bureau de
lu y9h arrêta d'y faire placer» comme dans les
tÊm de Paris» des réirerbères. On crut que Ton
uhtiendriiit un marché meilleur » et surtout un
ineilleur aer^ce de la part d'un autre entrevu»
Heur. LVfreur dura peu ; on fut obfigé de ru»
courir au sieur Sangrain» et de souscrire aux
mêmes conditions.
TmêÊ UmtkmU im Mfmdiriti.
De tout temps la mendicité fut un des grands
fléaux de l'Europe, et le nombre drs mcn-
TIAÉS DES ARCHIVES. £6
diftM, iùût il n'est guère posnlile île se fMfè
une juste idée précise, paraîtra si considëmUedi
quiconque voudra téfléchir sur les causes "qnî ièà
multiplient à mesure qu'on les extirpe i qu'on
désespérera d'en tarir les sources. Les guertugy
les incendies, les années de disette , le déiÉhfai[
ment de l'agriculture et de Findus^e dànsipIv^X
sieurs contrées où la population déborde inoe»»
samment, et doit déborder encore » parée >^ptt
le cabaret et l'amour sont les seules dâstracAiMHi^^
des misérables ; ces causes et d'^vtrei oni ;iuvî>
chargé dans les grands états l'adnMliistraiti09i>qnî^
ne peut y suffire. Dans quelques principauftés doi
l'Allemagne, on a défendu le mariage entrii ptii^
Très; mais ils se dispensaient d^)à des céf élM^^
nies officielles, et cette intofçdictiofnYaittO^n'tipÉ^
limiter la puUuIation ; an contraire, la mendîcitéi
s'est aggravée depuis quelque temps en Europe
à la suite des découvertes ingénieuses de la
science qui favorisent des vues d'économie dans
les manufactures. Quelques professions ont été
anéanties du coup par l'usage des cours d'eai^, -^
par les mécaniques mues par des chevaux e^
autres moyens qui dispensent de se servir d^
bras, et beaucoup de ces professions sont devenues
des recrues nouvelles pour le vagabondage et la
mendicité. Les journaliers, qui, dans ri^LervalIc
m.
5
66 .HUMMAIS nUTOmOTES
ém éeMaiUet «os oioittoiit, vagseni habîiualU-
»«Éi4l\lfi pays a Taalre, Belges, Boarguignone»
UiSMpikis, émigrés de la Haute-Flandre, 8a*
wyafvUt gens qui ne savenl a peu près que
çiMsduire U charme eu bûcher et figeter ; les
papalillnus déelassées de leur sol natal par b né*
ee^é de ehercher fortune ailleurs; des veuves
Jionifare chargées d'enhins en has Age { des
M d'f nfiiM sans père et mère, eu que leurs
pupens abandonnent fiiute de pouvoir les nourrir?
doo^veugles, usultipliés par les poys do muiito'
gnfs 0k les cHmats rigoureux et b neige rendent
les «abdiet ophthslmiques ri firéquentes; desfgene
eilropiés de miUe bçons par l'industrie « pur bs
tiUMos des mines, pur eut-mèmes et pur déguAt
duitruveil; bs Keencbmens européens h b suile
des émus de b guerre; les proscrits poEtiqnest
oefu dont les biens ont disparu parce qno faur
sol a été b théâtre des grands combats; une bo»
mencbture immense qu'il serait très diBcib et
Irts Intéressant d^établir, fournit coup sur coup
el'dé toutes parts des légions sans trarail et sane
rtisséurtés, toujours a deux doigts du pillage, da
Ffeitassinat et du vol. La mendicité sembb b
fransttiàti entre les classes laborienses et les
cesses criminelles; et les divers pays se les
renvo]ratil sans cesse de l'un li Tautre par des
mis SCS œntfts. ii^
Il iMM' de ycdiog tonjoiiw éeflhïit!fi^\itt-¥t^'
toictÏTn, îA ssT'ftcile éepvê^foié 1« ttoMTèÀf AS|'
H ]*of|;aiMMiion des lois aar ht mttndie^' m
prenfl un enseir^Ie eiirdpéen, en se MfotfftHm
rfaMValteniaiive tte I«s encoifnger saA^tWOnK'v^
e« da le* HMSsadrer tans pitié. L'Aiïglbtëhvf-^^
M yéthtwt {(éo^aphique îsdie Aé ttùtftr reMÏm
ikTtc Ica vag.iboii(ls du continent, est cependant
obéri^c par les rétributions en faveur de ses pau-
vre». Les dtux seuls moyens de venir à bout de
ce Hè»a sont peut-être dans le système de colo-'
ntsalion et dans k dissémination forcée des men*'
dians sur le territoire de leur commune natale,'
à charge par la commune d'y tenir la main avec
des réglemens sévères ; et, toutefois, il existe des
communes qui sont par elles-mêmes à la diargtl
du pays. ...
Pins une domination a de l'étendue, plusîteit
difficile que des mêmes mesures f;énéra1es y
soient partout bien exécutées ; il faut particula-
riser minutieusement leurs divers modes "Texé-.
cution.
En verlu de jugemens prëvôtaux rendus ,à
Montargis dans les années antérieures à ITWf -
il y eut un nombre considérable de mendtitAii
condamnés à la peine de la roue , pour nùaan
d'attaques, vols et assassinats, incendies. Leur»
68 MIMOIAU HISTOmQC»
banilii Inrani linti déiruiies (1); rinstmclMNi
de ce long procès el les déclara tiont des cou»
^ 4if"tiH^ è la mort fireiil coiinaitre que ces bri*
gapds n*éUicnl que des meudiaos réunis pour
commetlre le crime , et que leurs associations
s'étendaient dans différentes proirinces de la
Firance ; la plupart de ces malfaiteurs furent ar-
rêtés à Paris oii se réfngieni d'ordinaire las
échappés des autres lieu.
La Franoe esl divisée anjonrdliQi en départe-
mens; cette dÎTision et les sons-^dtnsions ont
^tffUfé las démarcMions provinciales, el «nlliplié
les «rapports en répandant les mêmes lois par-
tout* li'organisalion des départemoM a 6il
s|uyir 4ea;ijstèmes pour comprimer un fléon qni
sq pçopsge faute de répretsions eflteacos.
De teut temps, et surtout a Paris, on a ramassé
4f|00 les mes des individus frappés comme d*nn
»■!'
■*<M
^)J*flMjiéli«,mt7Sf9 mmwÊtmÊmî on |cqalmlil»ri
fmdtMteM4K|ftlité avait fiit K>nir des pritootife
d-émal vilt* de toa apanitxc, ce qui y rrtUit de
brifindt pour let attirer à P^rlf (i).
I.
TIHES DES AJICBIVES. OA
coup de foudre. On portait leur corps à l'hôpi^
lai, el l'aulopsie, lonjonrs secr?'(e , constatâtl
Cfu'ils étaient niorls de faim. Ceux-là ne sont pa*
des mendians; mais ils font conceioir anit ini ■
criidules la possibilité de mourir de faim an rtt'-
lieu d'une population de huit cent mille âme^î
Des suicides fréquens ont proii'vé des misères-.
inconnues auxquelles la fierté se résigne plutât
que de mendier. Faire envie plutôt que pitié (
c'est la maxime du peuple. Les voleurs déter.*
minés voient eux-mêmes les mendians avec nié*
pris; mais l'administration ne peut rien savo^
de ces plaies obscure.'i. ^
£o 1785, M. de Malesherbes , étant dans
•on carrotw arec roadune de Staél ^ iiiUit éaW
•er Buc ' la place Vendôme lÀi niaénbltf^^'ii^
ne put se ranger à temps et qui fiit lancé'fM*
terre du cboc des chevaux ; il ployait sur ses
jambes quand ou le ramassa, et sa pâleur, soir
tremblement, son haleine fiévreuse, tirent crier
au cocher que cet homme à coup sïir se mourait
d'inanition. Le moribond, se redressant avec
colère, repoussa le cocher, et répondit d'un ton
exalté qu'il sortait à l'instant du cabaret. U es-
saya même de tourner l'effroi de ce domestique
en ridicule; mais, au bout de trois pas, une
pierre heurtant ses pieds , il fit une chute nou-
velle ; el, pendant son évanouissement, on
troRVil dUiu M pocht uaê wéémmÊÛmm éê
ppf 4|ui donna son adreiM^ IL èê MileAcrim
KfMilttt le raÎTra. Use femme nne, es? eleppée éi
tV9u créatures aaos facehnâmiiief illeniieil k
mfjheoreoi^ dana iin grenier de laGiUi lew ae
çlpsinw^raBt comme dea apectree ea demandait
dn pain* Le père el les enfima n'aMient pea
miPK^ dep aie iroia jonra . Da divapiègeni el plan»
fjyrepit à chaadea larmes ipmnd on ienr El Ta»»
ni4li0f lent leur ergoeU ae eenlail fcnmiKéi fia
repoeamient ka offiree, et parlaient de «
lie père evona qu'il était aorlt depnia le
dana rinlention de commettre nn irelf mnia le
esMnr Ini avait manqué Tingt fob : e^liÉt ^ da
tmtm^ MA homme énergique» et le piéé lui pn*-
WMifwit une insulie. Cette rencontra les pnitn
henhenr; on remploya pour dea eimeee ÉMflm.
M. de Malesherbesy une fois sur eelln ireiney
Tmdut le aniwe. 11 e'introdaiait ehes «en iMde
de gène dn veiainage et dea fiinboufga. B diaait
elem qne le pejp îgooreit ee dnaèra* Bemeenp
de délita de peu se commettaient âusÉ dune en
tempe«>la, et les délinquans» amenée datant lue
oemmisaairm de quartier^ avouaient qu*ib a'é^
taient fiût mettre au cachot pour menger de
la aoupe. Dana les années de di«cL!e, l'incar-
<:ération de\î«nt d'oriliiiairc le Kystcoie d'onc
fenlc de gens qui se foui aduistire de cette f.iron
TiAÉs ras A^^^ioiq». M
toia. J^ «éiririté des régkmeM sa ttoimiki
paissante dès que le peqple s'en méle.i
qu'il ^jm^pfithise avec ces iofarhjiaep «injkssaittfes
sieonas U plupart du len^^s. La légiahlMni^ii
donc sei^xnameus de silence et nepisiit U^}fimtlS
préTaloir.^U n'est même pas toujoujpf, poseîUlf f
en prisoD , de fournir, du tn^i^ ^ cef spi^ff^fU
gepf qui mi savent que ^erUfnes prc^fiasKÎiailf 9 il
qni ka si|i^ iifftmd» pâT!^
sage dea^ 4^ts ^t abandonné k T^jMtvfÛM^ dai
chelaet des ^our^eois, toiy oui» plut intéreaséq
à splfiider sur les apprentia que Ton pe p^it, f9$$
que sur les 0HVjriei;s que Von paie* Lan htmttmf
danannant jûnai des «i^hints 4a. rdmiy aw4»
tant dans les états ok l'on peut ranplacer iaar
meroenaires par des inventions et des pvdaédéa'
plus rapides.
En législation comme en administration , on
a toujours distingué les pauvres d'avec les ibei^'
dians, les valides d'avec les non valides, lesiA-
digens sans secours et sans ouvrage d'aveo les*
m<!ndians d'habitude qui se font une sorte de*'
profession de la mendicité; mais la mendicisé^
n'a pu compter au rang des professions, et la
distinction établie par les réglemens n'a jslnbàîs
été bien observée. Sans cesse il y a eu uA mé-
lange de bons et de mauvais pauvres; ces der-
7 s mbioiiucs mSTOfttQincs
wtft «iilèTeiit une portion des amnônet qui tle-
Wttonl être nniqaement appliqnées au mu
nallieur.
Une sage-femme du faubourg Saint-Antoine
lut un jour appelée. C'était en hi^er. Elle trovra
dans les douleurs et sur le carreau d*un mé-
dhant grenier, la femme de celui qui Yenut la
^piérir. Une paille infecte, une couirerture trouée
eomposaient avec de chétifii ustensiles de cui-
sine, tout nuTontaire de ce misérable intérieur.
La cesur saigna à la sage-femme; eHe fit ap-
porter au plus vite par sa fille pn lit de sangle et
un maigre matelas , puis du Knge , du bob et
quelques bouillons. On fit encore une quête
d«is la qmurtier. Le temps fini des visites ordi-
naires , vitttes faites régulièrement, moins pour
se conformer h la routine que par bonté deessur,
le mari demanda ce qu'il devait.
•~ Mon Dieu I mes brares-gens , oo que ipous
^awdrsa , dit-dle.
GeHe jactance Tétonnaif . Par derrière un pot
à beurre, le goujat alb prendre un mauvais bas
rempli de pièces d'or et d'argent qu'il fit ré-
sonner sur le lit en le vidant.
-^ Et vous laissiez votre femme manquer de
tout! lui dit la sage-femme en colère.
— > Oh ! reprit-il , c'est pour nous acheter du
dans le pays ! . . .
TMÉS DES ABCHITU. ^3
Cet homme mendiait sur les boiilevarts.
Un antre couvert de plaies qu'il faisait dispa-
raître il son gré par des procédés a lui connu»,
«e Ivadait tous les ans en Franche-Comté, dana
une carîole , pour aller faire ses vendanges. It
s'était de b sorte amassé quatre bonnes mille li-
Tres de rente. Les protections ne lui manquaient
pas, parce qu'il cédait quelque chose de son
gain à des subalternes de la police qui le favo-
risaient, n portait toutes les pièces justiKcatives
nécessaires qui constataient ses droits h la pitié
publique.
11 a encore existé dans tous les temps des men-
diansqui, par les amas qu'ïb font des charités
par eux ainsi dérobées, nuisent ^ lenr circulmon
et bonne application. On en citait tous les ans ,
à Piaris, bon nombre à la mort desquels on arait
trouvé des trésors. 11 y en doit avoir encore à
présent. Si ces sortes de mendians ne sont pas
aussi dangereux qvie les vagabonds, ils sont per-
nicieux à l'indigence véritable, et rendent la
pitié plus circonspecte.
Tous les ans , une somme considérable , ordi-
nairement en menue monnaie, se trouve sous-
traite il la circulation et paralvséc an fond des
lacheltes, au lieu de servir h l'alimentation de
l'industrie et dn trnvail. Midliplîez celte somme
par le chiffre prcsiuné des mendians, et le total
gf4 MMOlilES HISTORIQUES
▼ont effinien* Les déteAtanrt de cet dobt Murî-
chistecreUf jai£id*ttn ordre noateau » n'en pour-
risient pas moios dans une crapule indigne ,
«ptea ennemii d'eux-mêmes, habitucUemeiity pour
se refuser toul , en se créant , à force de larmes
et de prières, des ressources futures dont ils n'a*
swont jamais , car leur aTarice s'exagère avec
rage. Tout Paris se soutient de Thistoire de ce
marchand de bric-à-brac 4^ pont Saint-Mklielt
qui , pour se chauffer , sur la fin d'un kîrei
rade , et n'ayant plus de bois, tonlnt mettre
pièce un yieux meuble, acheté lors dn dicèa
d'une pauvresse ifoà demandait Tauméne sur les
degrés de Saiot-Roch, et que l'on avait tramée
morte de firoid et d'inanition dans sa rhamhra ;
cette fin tragique était bien de sa fimte. Lespieih
d'une vieille table avaient été cransés, par elle,
dans toute leur longueur, et contenaient ém
rauleanx de pièces d'or , qu'un jeune Pieaidt no-
veux de la défunte , conmiissionnaira an coin de
la rue Saintonge , revendiqua sur le brait de In
découverte. L'honnâtc marchand lui remit tout ;
la somme totale se moulait à huit cents louis. On
peut présumer que , dans une foule de circon-
stances analogues , de semblables cufouissemens
n'ont pas été découverts. L'avarice de la plupart
de ces détenteurs d'anmunes les réduit a une
miscrc plus grande que i*on peut imaginer } ils
te méÇwpt d'eax^mêiaQi çt,«« iietireiit jp^u'9i^[
mcorçMin: de la bouche. l/efUnuaiM^n oéré^^a^
dans laguelle ils tombent » par saUe de cea fp^-i
Talions t en a fait porter bop noml)ir9 à Vbopil^i
et qui soiit morts en criant q^u'on ^pulaît W.T^lwt
mak sans indiquer les trous où ih^cacbaîe^t loiiiff
économies. En vain Ton faisait des fouilles^ aprèff
une enquête. On en citait dep^ ou trois et^iïMîJtf
très coapfis de la poliee^ qiû^prâtaîenfc à la gttisse
Bsai€ do la peUte semaine^ e| quî| pour d<M tovoM
dicationsde li^ds, ne craig^aiaot pas dafiiire aiN
sigwfr de véritables pauvres diablea. Leurs Irééoft
n'ont jamais été trouvés. Toutefois les ëatrinraféii
tonejbent; le faste dés mendians^eli cerf ifiniwr efW
casioB$9 touche de pris à la prédigatké f dk lièQs
cîtoroiis» pfow mettre ee fasiie en Immère^ m^
rapport du siettr Yincenli agent de police^ sur le
dinar que rétat-majot de la confrérie des men*-'
dians de la capitale donna , dans l'année 1 786 ,
chez un marchand de vin de la rue SainUJacques.
tf — Je me suis transporté chez le sieur Drouet,
cabaretier, près de TEstrapade. Il avait fait^
dès le malin 9 enlever les cloisons d'une salle
basse 9 dont les fenêtres grillées donnent^ sur le
clos des Génovéfains. Une table en fer-à-cheval ,
large et clouée sur de puissans tréteaux, se trou-
vait disposée , chargée de près de deux cents
couverts. Le sieur Drouet , (juc je connais de
s
76 HXMOiiiis nnoiuQOis
longue date , consentit 2i tttitGûre ma corioailé
et me fit passer près des commissaires ordonna-
teurs du festin pour un de ses nereui ; en cette
qualité, je dus mettre la main aux accessoires du
senrice, afin que mon cmcle prétendu vaquât
librement aux soins de la cuisine « ob dix aides ,
appelés pour ce surcroit de besogne » sTagitaient
dans une épaisse fiimée.
«Une loueuse de cbaises d'un jardBn puMic aurait
fourni deux cents tabourets , et Pon avait fouiHé
dans Tarsenal des théâtres foraina h l'efet de
tapisser les parois de cette care , dont la vétaaté
disparaissait sous un bariolage de décoralions
bétéraolites; des potences de bois simulaient çb
et la des candélabres, et, comme autant de |kN-
gnets, portaient des régimens de ciiandelles qne
messieurs les commissaires moucbaient fort les-
tement avec les doigts. Malgré les temples et ke
caacades des décors tacbés de graisse , rien ne
fiiisait présager encore le luxe dont on m*avait
promb Tétalage. A la vérité, messieurs les pau-
vres de Paris ne donnent pas dans ces babiolee,
et comprennent beaucoup plus le faste de Tee»
tomac que la prétinlaille des omemens. Les vins
furent dégustés Tun après l'autre , patiemment ;
et , malgré ma fatuité de connaisseur et Tastuce
de mon très cher oncle qui chicanait sur les qna*
lités et sur les âges . je fus obligé de rendre des
TIRES DE8 Am^mvM.- 77
poînts èvMft gourmets éçnéfHiit^ttî H^iKsiSl^tà-^'
rent çamai0 une assemblée de roÎMur b^ dlof det
diveis pays et sur les procédés des particuliers et
des marchands , dans la falsification de leurs den-
rées^ les liouteilles suspectes furent écartées et^
remplacées;, on aura pu les vendre à des bour-
geois. C'est parmi ces fins déguetateqrs qu'il
iaul preodre les surveillans des cabiretieii. Les
vins acceptés furent rangés en pyramide dims
un coin , et Ton ne les perdit pas de Tue*. Oa
chargea les tables de fnan^dises; le déploiement
des horsp-d'œuyres me donna de Tappétit: $t^^:
dines I anchois , olives^ mille délicatessef ,d9 l|l
saison^ dés pâtés de venaison tout chajudSf qui
jetaient un fumet exquis; des chapofis-de la
Bresse, des gigots musqués de cette petite pointe*
d'ail dont Tcau vient a la bouche rien qu'en y
songeant ; des forteresses de côtelettes désossées
el poudrées de fine chapelure; quelques hures de
sanglier dans leur gelée crénelée comme une
forteresse ; des saladiers remplis d'oranges de
Portugal, coupées par tninches , baignant d'eau-
de-vie ; bref, tout un assortiment de dessert
comme dans les galas de THotel-de-Ville pour
les élections des échevins, chargeait a la fois
cette table, tandis que Ton marquait les places
avec un soin que Ton n'a pas toujours dans les
meilleures maisons de Paris. Un ordre merveil-
^8 mfafom» ■STORiQues
levft M iiinit Comprendre dam les dîslrib«li«m
de ee pêle-mêle. Dnmet me 6t sentir que noi ne
détail -am«ler ii ce festin qne les élus, et que,
pour cet eflct, on dcYait servir tout a la fois, je
vis qui! me faudrait déguerpir. Les précautions
prises pour qu'il ne se glissât pas d'intrus parmi
les convÎTes étaient extrêmes , et consistaient en
certains mots de passe auxqueb on devait en ré-
pondre d'autres qui se succédaient comme des
numéros d^ordrc. Sur une table particulière,
dressée an centre du fer-k-cheva! que formait la
table des convives, on plaça , quand vint le grw
de rassemblée , des soupières enveloppées avec
soin pour que leur cbaleur ne s'évaporH pat.
Je n'ai pas pu deviner ce que contenaient ces
bienbenreuses soupières. Mais 3i la grimace de dé-
lectation qui gonfla toutes ces figures de bandila,
k leurs yeux étincelans comme des escarbon-
des , je compris qu*on était satisfiiit du cabave»
tier. Quatre cocbons de lait , dont les entraiBea
étaient recousues , devaient contenir également
den merveilles gastronomiques dans leur inté-
rieur. Les invités cependant arrivaient coup tnr
coup , se groupaient y se félicitaient , s'inté-
ressaient Tun à l'autre ; quelques*uns vinrent
en fiacre. Je reconnus I^ des gourgandines
qui se tiennent 3i la porte des églises , parées ,
bichonnées « décrassées pour co jour»I3^ , et que ,
•mtS BtS ARCRITtS. jg
dans tout «Btre temps , on né totfcfaerrfil iiëiti/l-
ncmcnt pas avec des pincettes. II fallait voir la
tnélamorphosc pour y croire ; les estropiiis Étaient
en fori grand nombre; on n'a pas plus de cîvi-
vïtilés dans les fiiçons chez les riches bourgeois
de la rue des Lombards. Le Irait caractéristique
de U plupnrt de ces physionomies (îtaîl un re-
gard perçant et moqueur. Quelques aveugles fu-
rent amen«!s par leurs soi-disant filles, squelettes
liés au sort de ces braves gens, pour l'intérêt de
leur commerce , et sur lesquelles un carabin
prendrait des leçons d'ostéologie sans avoir be-
soin de les faire écorcher. Du reste , il faut que
ce «dt leur acabit naturel , car lorsqu'il fut ques-
tion de déplacer une des longues tables, pour
établir un courant de circulation entre les ta-
bourets et les murailles, quatre de ces momies,
dont les articulations semblaient devoir se dis-
joindre an moindre choc , soulevèrent le massif
ïTCC une prestesse dont on ne les aurait pas
crues capables. Bes mendians galantins apportè-
rent des ûeurs qui, bientôt, sur le corsage de ces
dames, jurèrent avec leurs figures rancies et re-
vêches ; leur sourire de remerciement aurait fait
fuir le diable , il m'ôta l'appiîtit. Les pralines et
tes bonbons, les pastilles ambrées, tes Kqtteurs
pour s'ouvrir l'estomac , circulèrent au choix des
invites; et deux clarinettes donnant le signal,
8o MÉMoiiiis nfxoMQimi
car cas tnlkrd*4a onangemat ao $on dca iaalm*
OMM^ lea coouBiiiaires me firent dégoerpir vmc
les aoiret gens de service. Oo ferma soignsme
ment les portes ; le sienr Drooett avec qm je re*
nouai plm amplement connaissance , en jngeaal
quelqiies-nnes des booteilles mal à propos dé-
clarées suspectes et qni se laissèrent hoirs, m'ap-
prit qne chaque convive payait par têtola sommo
de sis litres, sans compter les liqnenm tt le caft»
Les princtpanx gueux de Paris , la hanlo dasso
des mendians, connus pour les pins huppés»
protégés par les dévotes de M. rarchevéqna do
Paris, dont ik sont les courtiers et les espions,
font de ces solennités quatre fiiis par an , rare*
ment dans le même endrmt deus tm do suite;
ils ne manquent jamais , au préalable , d'envoyer
des commissaires chargés de déhaHre ks prix.
Malgré toute leur finesse, on les attrape enoore.
n est probable que » dans ces r^as,sra|plantlm
grands intérêts du métier, les conventions pour
interdire de force ou de gré la place k des de-
mandeurs qui ne sont pas de la confirérie. Ole
sait Tart d*écraser un (aux firère et de Texpuleer.
Je dois me trouver avec un de» commissures, ot
si c*est Tîntontiou de M. le lieutenant de polioe»
en ma qualité de joueur de flûte, j*espère obtenir
la faveur d'assister en personne à Tune de cea
prochaines bacchanales. »
TIRÉS DES ARCHIVES. 8l
Au nombre des rases nombreuses de la men-*
dicité systématique qui surprennent la pitié des
passans, et qui, pour la plupart, sont racontées
a^ec une Terre souvent exagérée dans le^Gusman
d'Alfarache de Lesage , il ne faut pas oublier un
fait <pie cet auteur a connu sans doute, mais qu'il
n'aura pas voulu citer de peur de sortir de son
élan habituel vers les récits comiques.Un jeune
ménage d'ouvriers éventaillistes logeait dana^la .
me Beaubourg et se montrait justement fierdHine
très jolie fillette de quatre ans , l'idolâtrie , le
joujou, la nierveille et les amours de tout le
quartier. On nommait cette belle enfant la petiu
bUmde. Alerte, rieuse, espiègle, on citait sea,
malices ; on mangeait de baisers ses petites cou^
leurs ; jon se faisait un plaisir de lui donner des
cadeaux de toutes parts, et ses parens, par suite,
avaient la vogue dans leur état. C'était, du Veste,
un bon ménage et méritant. A la sortie d'un feu
de joie donné par la ville sur le port de la
Grève , le père et la mère, qui s'étaient fait un
plaisir de montrer la bravoure de leur fille,
furent débordés tout à coup dans une rue mal
éclairée. Violemment séparés Tun de l'autre à
Toccasion d'une alerte qui survint , ils se jetèrent
hors du courant de la foule. On criait, on hur-
lait, on jetait des pétards. La mère avait vu son
mari s'emp;ircr de Tcnfant; \c père avait vu sa
Ml. b
ià MIMOIRCS llIfTOIIIQtmS
femniie s'emparer de leur 6Ue; cependant ils
élaie»! inquiels. Quand le torrent de manraia
anjels qui Tenait de mettre ainsi le désordre an
■ûUeu des bourgeois se fut éconlé, les deoi époux
•ccowMrent l'un a Tautre. Jngts de knr déses*
fùêM : une donUe erreur los avail abntés ; on ve-
mtôk de leur enlever la petite blonde. Tons dens,
apeès s'être tordn 1^ mains et confondus en
rqprodies au milieu du peuple qui s^ansaosUf
coururent de droite a gauche, s'erténnèrent nn»
peès des antorités , prirent des renseigneHipM ,
firent la besogne de vingt agens do pelicti #n
no voyait qu'eux partout; ils n'avaient qufWe
pensée , ne cherchaient , n'écoutaient , ne
laient rien que leur fille : ik se déiespéini
entraient en cenvulsiims, n'entendaient |paa
vivre à ee asalheur. Le lieutenant de peUce
hUme* fisrt leur imprudence de venir mx Atee
publiques avec un enfant; ce qui revient b dire
que les lleutenans de peUce ne devraient janude
tolérer de fttes publiques , ou savoir mieux les
ordonner, ce qu'ils ne sauront de long-^tenqpe.
Les recommandations expresses des babîtans de
la me Beaubourg abondèrent de toutes parts;
chacun souscrivit. Une récompense énorme Ait
promise à l'inspecteur qui retrouverait Tenlant.
Le aèle fut stimulé par tous les moyens possible,
et cet événement devint l'entretien du jour. Six
TIRÉ^ DES AMRIYÏS. i$
semaines, six mois se passèrent pourtant tàÉi
qu^if At possible (tfaToir lé plue I^èir indice/ Si
Fattention publique, qu'un rien distrait , M
inaintint sûr cet événement , c'est qiie lé père^
à la suite des reproche^ sanglans dé èa fen^mé el
dans un accès d'exaspération, si'otivrit tu!*mêlif6
1^ S^^^ ^ coups de rifsoir. On le sauta de eefttf
futetrr; mafs, eii peu de temps; !ft paii^M mèlhB
dépérit et ne fbt bientôt ^ûe Pomk^ âW»^
méime. Sut quelques in^cèé de tàift dèHt ^
accusait de riches KberHns de boniie iMAmm^
et boâitiie on Tenttit de trouTér le eofpa de^ àmm
jetuokls enfants, scandaleusement outrayélr «i
^és depuis huit jours ewiron dans litfè #tjf itrf^
ries situées au-dessus du coûtent des MinlilMiÉ ,
lis père dut assister un jour à TautopiSe ê^ éëé
tristes victimes de la plus obscène brutalité. L'i^
dentité ne pouvant se constater facilement, on
resta dans Tincertitude. Ceci tint réventailUste
une partie de la nuit près des gens de Tart. L'é-
motion, rhorreur du spectacle, le dégoût, lui
donnèrent une fièvre ardente. Des symptômes
alarmans firent croire qu'il allait devenir fou.
On lui prodigua des soins , et l'on hésita sur les
moyens d'avertir sa femme. Elle , sur les cinq
heures du matin , ne le voyant pas rentrer après
avoir attendu toute la nuit, vint a réfléchir que
la veille son mari s'était montré plus soucieux
84 MÎMomcs iiKiomgixs
encore que d*habilode, et, tur celle donnée,
beilii les champs. Des ToUins Tescorlërenl en
dépil de ses supplications : on craignait quelf|ues
lésolutions/désespérées , d aatant qu'elle s'eias-
pérail. C'était un miracle qu'elle pût marcher
seule. Dans la rae du Cloitre-Saint-Médéric , a la
pUceoii Ton arait ravi l'enfant, cette sureicita-
lîw tomba. Ses forces rabandonoèrent ; elle se
laissa choir sur les pavés qu'elle embrassa vinf;!
(ms v parce qu'ils avaient été , disait-elle , sancti*
Çéa par les pieds de sa 611e. Elle appehii la
WBm% 9 elle priait Dieu , elle voyait sa 611e parmi
ba anges. C'était un spectacle à fendre Time; et
des maraichers de Villeneuve-Saint-Geoi^ , des
daiWfM de la halle qui se rendaient a cette heure
9iix Innocens , s'oubliant autour d'elle et n'osant
U consoler, sanglotaient à chaudes larmes près
4ili cette femme qui , dans sa volubilité déchi*
nnle.t leur contait avec un accent veni^d* cseur
les gentilloMes, les mots^ les manières de sa
qhère petite.
^ Tout est objet de souvenir dans la pensée
d'une mère , et personne mieux qu'elle ne pou-
vait tracer un signalement avec cette énergie.
La nuance particulière des cheveux de sa petite
et leur bouclure abondante, un signe brun au-
dessous de l'œil droit; les ongles tins et trans-
parcns comme ceux d'une véritable main de
TIRÉS DES ARCHIVES. tS
marquise, car on en avail pris un soin ezyréâëf^
une fosselie au menton , se dàtthant cdoeimei
un triangle; le pli particulier de sa bouche; alorsf
que la mutine enfant abusait arec coqucttefMc
de son autorité sur ceux qui l'aimaient , c!est<^)H^
dire sur tout le monde , elle détaillait, elle îm-'
mait chaque trait, les gestes, la Voix et juë^fttf1i>
ses colères; on Técoutait, on croyait Voir Fèth^
faut. Chacun pleurait et n'osail atrêter céit#
douleur. Enfin , on vint FaVertir du retour* de^
son mari. Deux forts de la halle se ehargèrenlf
de ramener la mère chez elle , et, pour lui ren-j
dre plus de calme, ils lui jurèrent, en présenov
de plusieurs de leurs camarades attendris coimnef
eux, de redemander la petite blonde à Dreu.efc
à ses saints, de se consacre^ dès ce mom'enl i(
cette recherche; d'y entraîner leurs amis, d'y
dépenser leur peine , leur intérêt, leur argent,
s'il le fallait. Puis, dans leur entraînement, ils
agitèrent entre eux de faire dire une messe, qui,
^ers les dix heures, fut en effet dite a Saint-
Euslache. Le peuple a des superstitions de sen-
sibilité qu'il regarderait comme un sacrilège de
ne pas écouter quand elles lui parlent. Cette
messe prenait le caractère d'un engagement sa-
cré; c'était la ratification d'un serment solennel.
Tous y assistèrent , sauf celui qui, le premier,
avait mis la chose en branje; circonstance qui
M MJanww ■iifiouQns
fkjiÉif MT n fnmihn dialmur^ tonibée a Tita
Êftèê tant d'étalage. Cel kommei moint ceopt*
U» fo'Mi »t fe croyidty tTail «m cMrariHiaftt
WÊjfmUmtfêk noiplîr daMleTokinagi do Lmem»
kiofl^ «I il »t comptait pat svr «a maadîl re-
tapd fiMlaiail hMi de lui-aaêaM. U calcnUil le
taa^ «pi lui ratait encore, et penaait, maia à
levt» (ooreir aeeoerir k propoa. Kwoaflé de aa
eewae 9 e» panant anr le PonvMenf , il enlendil
nieaae caffiHennet à la Sanunlaine. U était trop
t^prd. La pensée de cet heaaaae int qoe ceci Ini
t aaaihenr. Sor lea mafiAea dn cariiloav
el tenait enteloppé dana nne confetftut»
enfital qw plennit arec des
Sona la daminatiott desa crainte
li fini de la Ule Wgajra one prière, et jeta de
Ï^BMift il lé wandjinaa^ en regardant
qnt lai rappelait l^artrt. U
lordMn enipeleppait lea
de e«Mo petite. Le signe an disseaa de
y«il resté libre, le pli de la bencheqne la asère
Sffait dépeint, notre honnne cmt voir et vît cela.
Maia-sena eea haillona , «ans la ceiileiit biae et
tannée de la nuaère , et n'avisant pas, graee à l'en»
^fdoppe de laine « les joKs cheiren dont il avait
fesprit fifappé , il se méfia de rinvincîUe obsci*
sien ipn VeaAaainatt malgrô lui , fil quelques pas
• TIRÉS DES ARCHI\'ES. 8^
ave£ honte, revint à la charge, hésita , elpenk-êUt^
se serait éloigné , si ces mouvemens contraires
n'eussent semblé mettre martel en têle k la wi*
sérable qui vouhit aussitôt quitter sa place. L'în*
vraisemblable est ce qui se fait le plus hardi-
ment ; l'effronterie , après un vol, est ce qui en
* cache le mieux la trace.
— De quoi donc cette enfant a-t-elle à se plain-
dre? dit-il à la mendiante.
— De coliques de miserere , mon &011 mon^
sienr, lui dit-elle.
— Et qu'a-t-elle à l'œil gauche? P^int^an If
voir?
— Nonl^le médecin la panse tous lesjottrs/
C'est un bouton qui ne veut pas abomtnr.
Des curieux s'approchaient ; Teffiroi s'empara
décidément de la pauvresse. On se communiqua
des doutes; et, repoussant le cercle, elle voulut
se frayer un passage. Le fort de la halle tremblait
comme un coupable.
— Pourquoi fuir? disait-on à cette femme.
Restez! On ne veut rien, on ne peut rien vous
faire.
Mais elle persistait; il s'empara de l'enfant
dont on défit les haillons. A son nom de petiie
blonde (ju'elle entendit prononcer, et qui trouva
des échos , Tcnliint parut oublier ses douleurs,
et demanda s;i mère , avec des cris et ties fris-
88 moêoikms historiques '
•onDemens. Ce fut un incfigne spectarle qu'eu-
rent alon tous les tisistans attroupés là. lie lam-
beau de laine étant arraché, on aperçut une
grosse coque de noix, qui recouvrait dans son
entier Fcril droit de la petite ; et dans le creux
de cette noix, dont les bords blessaient les pau-
pières violemment distendues , \ travers les fils
cfoisés d'une toile d'araignée, un insecte de cette
espèce et d*un volume énorme , dont les pattes
et les aiguillons devaient darder continuellement
et causer ainsi des picolemens affreux sur le
globe de Tcsil; Tinflammation se répandait sur
la joue en larges veines remplies de sang extra-
vase. On parlait de massacrer la mendiante, de
la jeter a l'eau. Des coups lui furent portés. Les
finîmes, hors d'ellesHaoêmes , ne pouvaient plus
se contenir .On se tentait atteint dans ses propres
eofims. Des gardes-firançaises accoururent. Des
huées, des cris, des insultes accompagnèrent
Finfame créature; et, sous la protection de b
force publique , le fort de la halle, qui oe voo*
lut pas se dessaisir de la petite blonde, l'em-
porta vers Téglise de Saint-Eustache , tandb que
d'autres, au courant de ce malheur, allaient
chercher le père et la mère. Ce fut un cri uni-
versel dans Paris contre lesmendians« et l'on
répéta sur eux les vieilles histoires dont le peuple
a le souvenir, jusqu'il ce quo de nouvelles mi-
I
TIRÉS DES ARCHIVES. 89
sères» bien avérées, suivies de ces catastrophes
dont la pitié publique est toujours émue , vint
réagir contre ce mouvement porté a rextrême.
La scène des père et mère ne se raconte pas ; elle
se devine. Quant à la mendiante, on ne put lui
faire son procès , car elle mourut k l'Hôtel-Dieu
d'un coup de pied qu'elle avait reçu dans le ventre
pendant la bagarre. Elle tenait'FenfiDt de la troi-
sième main, et n'avait pas craint de rester à
Paris, en raison de la facilité qu'offre la plupart
du temps celte vaste agglomération d'individus
sans liens entre eux pour vivre porte à porte et
dans le voisinage même de ceux qui cherchen^t
toujours fort loin ce qui se trouve à leur portée.
Après six mois de recherches inutiles, elle ne crai-
gnait rien. La petite blonde perdit un œil, mais
n'en resta pas moins une très jolie fille dont les
anciens habilans du quartier m'ont vingt fois
conté rhistoire. A Tàge de seize ans, elle tenait
le comptoir d*un gros marchand de vin de la rue
du Roi-de-Sicile , oîi je me souviens de l'avoir
vue (1).
Entre ces renseignemens contrastés, il est
(1) Celle histoire sVst rcnouveli'j <l^!!s nos demicrs temps. Ou
rimitera pcr.t-êtrc encore. Le*; f.iutrs se rojjieiït parce qu*oii
les raconte, el si* propagent de pUiS in plus à l'nccasiou de ces ré-
cidives. Coinmrnl donc éviter ces infamies et en prévenir le re-
tour ?* J. Ptuciir.T.
go Mnomst untmiQUEs
dificila et peal*être impottUile de conclure et
âlndiqver les moyens edmànisiralifs. Dans Tin-
lérêl de la sécnriié générale et indiridaelie , il
iint sans doute réprimer o« prévenir la mcndi*
eité; mais Tiniérêt indiridoel du rérilable pau-
irre ne saurait être méconiin.Cette partie de notre
l^islation laisse étrangement à désirer, et doit
ÛsLtt Tattentien de tous les liommes iincères. Le
patnrre est un membre de la grande fiimille } on
le précipite dans le désespoir et peuMtre daM
la barbarie «piand il est abandonné saM res*
sources. U fiiut que la cbarité publique soU tons*
bée bien bas , pMf que le erime ah reeoufs b de
semblables moyens t
Au nembre des irrégularités, normilee pour
ainsi 4m^ dont il rérolte un nombre incal*
culaUe d'incouTéniens I il ne but pas oublier
de porter en ligne de compte les firaudos son»
tenues dans le monde par les personnes qui
▼ÎTcnt depuis long-temps en plein état de con-
cubinage , sous la rubrique d'une union que
chacun autour d'eux croit légitime. Contraints
de soutenir la fraude vis4-Tis de ceux qui les
fréquentent, et qui, sans ce mensonge, cesse-
raient de les estimer ou de les voir, les pscu-
domariés se laissent entraîner à baptise^ Içufirt
enfans e^ à les porter ostensiblement sur les
registi^es de l'état civil comipe bien et dûment
issus d'une alliance honnête et cpntrac^éQ sous
le ré^me des lois; ce faii^ arrive babijtueU^r
ment, l'el homme a tour à tour et dans les
divers quartiers de Paris y six , ou bui^ femmes
psetidonymes , et autant, ou ^elquefois pljis
d'enfans enregistrés k son nom et au nom de la
mère, comme issus de pur mariage ; ce «gui plus
tard sauve les enfans^ de Faccusation de bâtar-
dise et couvre le délit des père et mère. Lé
premier témoin , pris au hasard , suffisant en ce
cas pour constater, devant un employé muni-
cipal, lï^s choses que cependant iligpore» les
concubinaires ne se font nullement £iute de ces
entorses à la loi ; et , dans l'espèce , il serait en
effet bien rigoureux de procéder a la rectifi-
cation absolue des registres de l'état civil. Le
nombre des délinquans ferait reculer toutes les
autorités. On porte ce nombre aux trois quarts
des habitans dans les grandes villes. 11 serait
essentiel, néanmoins, de restituer, par des
mesures convenables, un caractère aulhen-
lique a Tétat civil dont on ne cesse de pro-
clamer le respect de toules paris , sans qu'il
y paraisse beaucoup dans les mœurs. La pos-
session d'état finit par faire litre, et la prcscrip-
9» mimoiMU HitnâiQOts
tioiit ici» 8*établlt en ftilt. comme poor bon
nombre d'ântret cboees. Un irice doTient par ce
moyen constitutionnel. Ceci mérite Tattenlion
de radminittntion politique» Gantant que le
registre citil» seole preuve de Peiistence de
cbacuh Tis-li*Tis de la loi» devient Toccasion
d'une suite de délits asset firéqnens» soit par
les fausses déclarations de seaes qu'on ne Té*
rifie que fort à la diable sur td ou tel enfiinl
dont l'identité de nouvelle date est cmistatée
par des intrus ou des sages-lemmes complices»
soil par l'oubli total de présenter les nouveaux-
nés ^k la mairie, circonstance plus ordinaire
qu'on ne le suppose , en dépit des menaces et
des recbercbes. A ce point de vue » les ^dénom*
bremens réguliers sont impossibles jusqu'à pré*
sent. Les municipalités de village sont» k cet
égard» dans le plus triste désordre } nous nous
souvenons d'avmr trouvé les feuillets d'un re-
gistre de l'état civil collés sur les carreaux de la
maison commune d'un petit boui|; des environs
de Montlhéry » on hiver tris intense ayant forcé
Tadjoint de se garantir du froid tant bien que
mal. L'événement comique du Lutrin vivant de
Gresset n'a pas lieu que pour des antiphonaires.
Nous maintenons» arec cela, que les substitu-
tions d'cnfans , chez les nourrices , ne sont pas
aussi rares qnc pourrait le donner à penser
TIRÉS DES ABCBITKS. 9^5
t'abus énorme que les hommes de lettres en
font dans les romans. Sauf ce dernier cas , qui
résulte quelquefois de la peur que ces paysannes
ressentent de faire connaître la mort d'un en-
fant tombé dans le fen , ou mangé par les co>
cbons ; s&uf ces sobstitutions de faux noms , il
est *a croire que lors même quç la tolérance
officielle proposerait aux faux mariés de régu-
lariser sans amende ni prison les entorses qu'ils
ont faites aux réglemens généraux par cette lé-
gitimation frauduleuse de leurs bâtards , peu
vendraient proBter de l'amnistie et rentrer
dans le Ytai, L'amour-propre serait plus fort
que la menace, et rougirait devant la tolérance.
On se lalse de faire la guerre quand les sujets en
abondent. Les registres de l'état civil sont par
conséquent remplis de lacunes et de mensonges ;
et l'un des mensonges les plus exorbitans U
coup sûr, celui qui constate sous la rubrique
d'un père incrédule la légitimité d'un petit
adultérin qu'il ne peut mettre an ban de sa
famille, malgré ses certitudes et la certitude
universelle, ce mensonge n'est pas le plus fré-
quent de tous; à la vérité, il est si gros qu'il ne
compte pas. A part cette convention faite dans
l'intérct de l'ordre, sinon dans l'intérêt des
particuliers, on ne peut s'empêcher de conve-
nir que, diius les plus sunples branches admi-
94 mEmiais wmtOÊMqfm
niftntlTeti PoiKtiûsation «il coonidélemant li
"reibndre n Ton Teot y jeter une ombre d'ordre
et de vérité. Un phn administralif complet
manque sur cette matière comiàe sur beaucoup
d'autres.
En 1770, sur la paroisse Saint-EiMladie , vi-
Talent depuis iong-tf mpe sous le même |oit et
fort paisiblement, un porteur dTesn ek une regralr
tière. On lès croyait mari 'et lemkiie; ila émnNH
Tarent cette année-la 4es ctÙMlns» et nwmp»
se iéirâniea. Un soir le portfor d'eav i^tn
dans an état dlnesse complet; il ^pen^ s|
femme et se)eta sur elle avec «n contmi; q^U»
d, se sentant blessée, lui cassa snr li tète fui peé
b eau} fe coup porta ytn la tempe^ 'k P9>teq^
dTeau mourut au coup. Un déoétà la iemaso
de prise de corps; elle (ut emprisonnée. Daap lu
prison, die déplorait son malbeuri éDe se ce»-
sait de £re que son intention n'a? ait pas é|i|
de tuer cet bomme , qui d'ulleum n'étrit ms
son mari ; circonstance atténuante, du n^ouu
quant aux femmes. N'ayant pas d'économies do-
tant eux pour se marier et pour fiure la noce,
chose toujours fort importante dans Festiose des
gens du peuple, ils ne s'étaient même pas rendue
i Féglise ^ le mariage ayait eu lieu sans cérémo-
nie ; cependant ib ataient cru detoir fûre bap-
tiser leurs enfans b Saint-Eustache pour ne pu
TljgÉS I»SS ARCHIVES. ^
leur laisserlaqvâUficatioiiileMlarcIs. C'^ail ui|
coup d'étal à la mamèro ^ 1/on» ^f V ÎMHir les
sieB9. M. Lenoir fit part de ^ette infractîsii à
l^oisemblée de police qui se tenait dexpiiBcaitte
en quioamne. M. de Sartînes fit co»pnl8er les
registres de k paroisse Saint-^Eustadie ; il ne s'y
iTMiTa bhI acte de célébratton ^att|(iau manage;
mais en ant les actes de baptême des eniaoa de
la tegr^ltièra et du porteur d'eau. L'fsseniblée
demanda de» lettres de rémksion pour eetle
maHieareMe, dont le menitre eerlainemeitt in-
Teienlaîfa qffiraît un cas de légitiaae défenseï Ces
lettMs inrent eipédiëes et scellées^ dé^mttèê et
enfigistréies gratuitement .^ . : >\ /
A eelte occasion, on vérifia q«^l |f «1^ k
Pavîs grand nombre d'antres néniiges ^ "^^eM >^
pauvres qui n'avaient pas été conjoints en fecé
de l'égKse. L'église tenait alors les registres de
Tétat civil, ce qui, par la simplification des roua-
ces, devait diminuer les cas de fraude, et ne les
diminuait nullement. On fit appeler les curés
des paroisses sur lesquelles existait un plus
grand nombre de familles indigentes ; il fut
arrêté que les curés provoqueraient une délibé-
ration des marguilliers et sacristains, pour qu'à
l'avenir les mariages des indigens fussent célé-
brés sans frais. Les délibérations furent lues au
96 Mnoiut ■mtNUQUis
prtea et raécatéet; b«i«co«p de |iftaTret gens
•*y présentèrent STec lem enfrns, et lenrs ma*
riaget furent célébrét. Mais la plepart retièrent
en dehors de cette tolérance; et le scandale
ae conlinna dans les classes aopérienres qoî
n'aTaient pas la même escnse. Les recherdies
proavèrent qne des femmes de bourgeois, non-
tellement enrichis et derenm margnilKers t ^*
iraient depuis longtemps dans cette irrégularité
lagrante et sans que Ton s*en doutâL L'une
d'elles était d'une sévérité fort grande sur le
chapitre des msrarSp ris-è-^ de ses pruptua d^
mestiques. Us se vengèrent en révâanl le 6iL
Vers Tannée 1780, la poliee ont avis que dune
la rue Quincampmx et dans les rues adjacentes ,
plusieurs garfonset filles de la mêuse profession g
ouvriers en éventails^ dont la conduite était en
a^arence fort régulière, payant les imp6lSt élo*
vaut leurs enfims, disaient s'être unis par inapi-
ratioui sans obéir aux formalités ridicules preo*
crites ponrle mariage* Ils ne fréquentaient pus
leurs paroisses t ne finsaient aucun ado esten
sible de reli^on, se prétendant illuminés. Cet
iUuminisme pouvait devenir contagions, et rom»
pre les derniers fils du réseau de la loi. La po-
lice fit arrêter douie de ces garçons et autant de
ces filles, qui formaient une sorte d'association
TIEES DES IRCHITES. ■' 0?
indépeiidanle de leurs toîuiu. Ua araîent, du
eniaiueii très grand nombre j uae seide d«-ces
filles en ciamptait neuf.
On les interrogea; tous prétendirent (ju'iU
croyaient en Dieu; mais qu'il fallait nier l'é-
gEse; qa'ils s^étaient pris par inspiration fran-
che et nitnrelle , de commun accord ; qu'il n'y
arail en conséquence nul crime à leur faire pour
cela; qu'ils ne faisaient de mal à personne, sinon
% laboatiqoe des prêtres. On les Bt enfermer; les
ans et les Wtres avouèrent alors qu'ils avaient été
poussés k se conduire si librement, par les exhor-
tations d'un auteur qa'ils nommèrent. On voulut
jkrannÎTlre ce corrupteur de la morale publi^p^
mats, sur le bruit de cette arrestation, il iwiait^
de partir pour l'étranger; trois des jeunes. .0^f•
ayant persévéré plus opiniâtrement que les au-
tres, furent conduites à l'hôpital de la Salpê-
trière ; les ecclésiastiques de cette maison , gen»
de moyen et d'érudition, firent de vains efforts
pour les instruire ; elles manifestèrent un courage
opiniâtre et ne voulurent pas revenir de léuÀ
égareraens : on les mit au cachot et elles persé-
vérèrent; les autres sectaires ne lardèrent pas à
être remis eu liberté, en se soumettant à la Con-
dition de se mariera l'égttse et d'y faire baptiser
leurs enfans. Ils reçurent les sacrumens par le
gS HtMOlRKS RISTORIQUCS
cwé de la paroisse, qui aYaii concouru k donner
Iw nffîfeîgfienieM a la police.
Ainsi Aliparùt, pour un temps du moins, une
prétendue secte d'illuminés, qui sanclifiaienl les
paiiioi^ et leurs désordres. La police , tigîlante
céJisérVatricd dèt ihœurt, n'eut paa lieu d*en
Wû^ëcëHhet ^Tâùtref. On connaisait toutefois
éim hl bdiifné compagnie des martinistes et des
MBilttlM, rfèctes séparées» ViTanldana ces man-
VtfU* principes. Peut^-ètre n'aurait«on pas ap
tëntifir'ttai, parce qu'ils tenaient ii dà&millea;
hH élaitièistés *e furent pas inquiétés ; fB^ ^*ar-
immdii des illuimnés de la rue QniRcampm
Mf îMHtIr' de Paris lès ralmlistes, qui dej^iyis ae sont
*i-l«S'
.• •<
r. . t
\, mr In Fêwmn émmi te
drsiil «t rsrln.
;• - ■ • i
Il n'y -m p» d'année qu'on né frbriqné » à
M»» dos InsttfiKi dé rerenans. Ce n'ert pts
VUli orojanM si |;teértiement éteinte qu'on Teol
Mon k supposer : peur l'ordinaire ces crédu-
lités tiouMoi h des ruses de galanterie ou ii des
fourberies d'escrocs.
Dans une des audiences de M. Lenoir, un
obeur des en\irons du Jardin des Plantes »
TUtU DES iUHITta. -99
pdMiblaiièBt bMeetfort ^«atvÉïBÎi'Iolil^^
omnDeiit «vtc uB« femibe dW»l«M«Mn^iP|iM
mdf*opreté pabliques, lai-âe voir qD*|Mi«é^
toritéfl secondairQà de arm quartier jirt »laUlt
itt nez et lui tournaient \6 âéi êh le traçant iA«
boahomine lorsqu'il eontdit^ltp pratmsel HiuA
ccrlciin revenant 1res hostile envers lui dans
ses liiçons il'iigir, déclara qu'il ne sortirait pas
de chez le lieutenant de police qu'on ne lui
prêtât main^forte. Sur ce |)oint on ne pal la
faire démordre ; il contait sa mésaventore îi tOOt
le inonde. Les visites du revenant duraient de-
puis le jour de son mariage et l'empêchaient, par*
fois, de consommer l'acte conjugal : d'où son
chagrin. Vers l'heure de minuit, de deux jours
l'un , sa lampe s'éteignait toute senle ; sa femme
pouvait l'attester. On entrait par la fenêtre qtti
donnait sur le ruisseau des GoheUns , rtéh qu'eit
poussant les ventaux. Pour conjnrtt les écfoti
de ce démon qui parlait de lui briser les reiiMJ
le chamotseur devait promptement aorûf du Ut
de sa femme, se mettre h deux genoux dans le
beau milieu de la chambre, malgré lefroid'M
les ténèbres, et là, débiter Jt'voix haute airtam
d'orémus que le fantôme l'exigerait par ses ^M^
gnemens. A la demande des rieurs, satisfaits de
le mystitier, le chamoiseur imitait les grogne**
meiu de cet hôte importun avec une vérité qui le
100 aobioiut nisToniQCES
iMiitiréiiiir ltti-aii£ine. « PurcUen! lai dit «n det
iMpOGlews de leevice, je perie que c'est «n co*
dboD 4|ui irient covdier avec irotre fiemne. • Cette
MMftion pentt aiies TnitemUaUe aa chamoi*
iOuri il prit la métaphore k la lettre, et la
famne» airertie par* la police de ne pas cooti-
MMT aea fredaines en reccTant a^ec tant d'eT*
fayterie, aea anomeva t traoTa le moyen de ae
tiUNT .d'iffiires. C^était eUe-rnSmOt on le com»
prend» ^ aonflhit h bmpe. Les crocheta dea
lUmwm^ de. la croiaée ne tenaient k rient «if
pMr Mi.b4lMii» i*on ae glissait dans la chambre.
Q»,f^qne c*|laift un pari de la commèn» ponr
VuPW^ M|i.nocea» et qu'elle y airait pris goAl.
lA,l|iefÂifeipétMi dmiement» bien long*temps
iplaleo pseawes d'esorcisme qn*on loi con«
MJPlHI>iqid réoMp^t» qne le cochon qm nnfeait
imi^MnipO'djBTait deseendrot en droite ligne, des
flfM^na.|nfwdaU par . Jésas^Cbrisl snr les hoids
jIAiM de Tibériade. U n> aTait nnl mérite 11
imr> milel imbécile { mais il fidlait qne la plaâ*
MT^d* tenAer celte audace eût bien de raHmil
fpfr qn'on m dispensât d'en eiiger de la femme,
l^ii fslant d'une pareille drolesse méritait le
mM de l'inspecteur de police.
.. jLa plus graw des histoires de rerenana eat
Csodée en principe sur lenterrement précipité
de plusieurs personnes tombées en léthargie et
que Ton croyait mortetl L'ignoraivce; afbté|oé
de la preitque universalité' des familles rar-' 1m
moyens de constater jusqu'à TéTidence les» dé^
ces des leurs y lacune étraiyge de rédotatlMÎI
publique ; la sottise de certains cuistres' refui
docteurs sans connaître un mot des premîers
élémens de la science , et ceci toujours k la.fi^
Teur de certaines formalités qui ne prouTent'Keq^
mais qui leur servent de litre à la crédultlérlt
nécessité fiitale où se trouvent les ignorans 4e
se rapporter aveuglémeàt k la décision de jték
sortes de bourreaux/ ont amené plus d'uue ctirr
tastropba de ce genre , surtout dans les teiîqjs
de peste et dans ceux de. disette, pardj^ue iW
feclion ordinaire des moribons présumés iren*
dait plus hâtives les mesures d'ordre et de salu*
brité. On a parlé d'un fossoyeur qui, voulant
dévaliser les derniers effets d'un cadavre, trouva
le mort en vie , le soigna sans mot dire a per-
sonne , obtint un testament ab irato en faisant
croire à l'ex-enterré que ses neveux avaient agi
sciemment , puis replaça de plus belle notre
testateur, au moyen d'un narcotique violent ,
dans sa bière, après en avoir obtenu ce qu'il
désirait. C'en devait être fait cette fois de notre
homme. Un chien qui rôdait dans le cimetière
et hurlait en entendant du bruit sous terre , fit,
par hasard , arriver du monde , et Ton restitua
iM wnMwn ■liioiiqiiis
kJMrtv pMV la itconcb IbU» a« Bfribood qm
M' imigM OMime il fiiml àm «liténUet et Téci*
€iieon de kmgMi mnétê. LlMtarielU est dÎTer-
lÎMUite'; mais tnem m% nous déaientie qa*elle soit
avi^pse» •
C'est fiirteot dans llselemeiit des cami^giies,
mkf h n«t f ehatun ee sent pins ftible» séparé
qtm Tônest qndqaeisis dm anltes habitaliens par
Je^grsndes distances» qne Fespritde rase» afin de
aÉiens uniler les mystères de h irie privée, propage
hïk rende des codtes de revenmis. Les intrigoes
— iweeiiiie vont leur train aene cm tra<Ktioos
q|rfi depuis dm sièclm» smit Im mimes* Lm ve^
imbans. sont toajenm en ehemim; voilà ce ipri
est t constater. Les; habilm mtent le fin nmt de
oeà èifivernm et rapprennent h qni de droit.
An Jio' sût lm aecrots qno par lm garçons. Lm
linmms eonIkiDent dtevoir pont. On comprend
po^rfQoL L'iaoleaaont, si Ton vmt» se tronve
nnen Ham lm vilm ou nnl ne eonnaSt son voir
aîn ut no Mooncie do lo oonnailM ; mais nn eai
d'klanne mettait trop lot les espièglm dans Tem*
barrmi et I9 préjugé court moins dans lm villes»
h came dm risqaes que» les rfienans y ooorent
eaKfmlnies d'èUe mililairemenl élrinét.
Bni777, il s'éleva» dans la maison d'an Inlhier,
rne de la Comt:dîe*Francaise, nne rumeor à Toc-
casion d*uo bruit nocturne ric chaînes qu'un
TIRES DES ARCHIVES. io3
agitait fveç furie. De toos J^ fpurti^j(fs,M ae*
courut poiir voir le revenânt'aQS l'fn nfi, vit
pas. La police ât enlever un garçon de bonligus ^
qu'on soupçonnait de courtiser la servante. L^
garçon, obligé d'avouer sa fourberie, èxt mis
k Bicêtre. La servante était jolie et trouva des
protecteurs.
Dire la bonne aventure et tirer les cartes,
c'est uup espèce de profession qui a. toujours
été le partage de femmes. Leur tact ordinaire,
même chez les plus communes>et leurcerliLudet
qpelsqnesoîtla physionomie et le rang de lapçr-
lonne qui les consulte, que les cordes du cœur
humain sont semblables chez tous le^ individus,
à l'éducation près, leur donne de l'iplomb et
par conséquent de la vogue. Grâce à la naïveté
on à la iauEseté de ceux qui viennent s'enquérir
de mille choses près d'elles , ces devineresses
reçoivent plus d'aveux que les prêtres et les
curés de Paris. La forme captieuse des questions
les exerce et les rend fines comme de vieux
juges. La police peut tirer le plus grand parti ^
de ces bohémiennes qui disent volontiers la
vi^rilé pour de l'argent et ne se refusent pas
plus aux séductions de l'autorité qu'au vœu de
leur clientelle sur ce point, — La science de la
chiromancie, plus fondée qu'on ne le croit,
aidée des indications de Gall et des conjectures
104 MMOnm BISTOAIQUES TIRES DES ARCBITES»
de LaTster, repose en oatre sur des élémens
fort simples. Une démarche , on mot , donnent
la clef. Le métier forme ensuite k Taudace.
Atec la donnée du caractère d'une personne ,
il y a des suppositions inbillibles.
Ici se terminent ks sonrenirs hbtoriques et
les notices de H. Lenoir. Leur intérêt excusera
nntercalation ^e je me suis permise, sans
oser prendre sur moi de retrancher un mot de
son manuscrit, qui est d'ailleurs annexé aTcc
les miens et a^ec les nombreuses pièces justi*
ficathres ^nt j'ai cru deroir lerer des extraits.
(Ntê éê J. PnoBf .)
»
. 'M*
ê
CHAPITRE XLVII.
Corruption de TaDcieBDe police. — Afbiiref de la demolaella iPlër-
celin et de Loais XV. — Correspondance immorale de ta ^tt0è
•Tcc la oonr. — Filles publiques et récits de ee qal s^j passai t^
« Le marquis d'Argenson ; le comte d'Aranda ; la oomtcssè de
Sabatini ; le duc de Chartres ; le comte de la Marche ; le duc de
Richelieu \ le baron d*Ogoy ; le duc de Rohan-Chabot ; le mar-
quis de Barbançon , graud-^eneur de France ; le comte du
ftarri et la demoiselle Pouscarclle.
Un des traits qui ont le plus mis en évidence la
corruption de la police sous le règne de Louis XV,
c'est l'affaire de la demoiselle Ticrcelin.
106 MÎMotiff ntroAiQUis
Celait mnt enfiunt d'mie figure charmante»
Ifie tiHit an plus de onie ans, mais déjà sTelte el
parfidtement formée, qne Lonb XV remarqua
•nrion chemin, en paatant h pied dans les Tui-
leries, nn jour qn'il Tenait de Versailles à Paris,
poiirnne cérémonie publicpe. Elle se promenait,
sons la conduite de sa bonne, aTOC d'autres jeunes
ftDes de son âgf^ tlqioqup ^npi passa; sa gentil-
lessOt un teint brillant et pur ou Pingénuité de
Ponfimce édatait atec feu; la transition de Ten-
fimee h Tadolescence, accusée de bonne heure
par une santé si naiTe, tout cda , et la eoqurt-
Ipîs d^ sof sonrire, n*eut pas plutAt frappé le
flia i|u1l ^ déwa fbrtçinent.b jouissance. JX en
pida ip spr même à Lobel • son ^alet dst cham-
hffo. Geln-ci, pour ^ui les goikis de son snaUre
iMlmont pas un aqfstère, pensa Tito ans mefens
de satiiMn les nouToaws désira du aaonw|uo.
4.11 oui trûouw au lieutenant do poKoOt c'était
M. Berryer. Sans dira k H. Benrjer son molli,
que celui-ci soupçonna sans doute, Lebel le
pria de s'informer au plus TÎle et de savoir b tout
pris ce qu'était deTcno le joli petit minois de dis
Il onse ans, beau comme l'amour, et gardé par
une bonne dans les Tuilerie» le jour que le roi
les atait tratersées.
(ht dressa le signalement d'après les paroles
mêmes do Louis XV; les particolarifés de cette
TIMÊS PfB AMUVBi. 1^^
nutwlf» devraient mefttmttir Ikitatmiémàéi*^
lUilb jiMqii^au cdstilnie^ ; , A if , ^
]4e lieiUènànt diè poUce JTficomma^dbispéiiîak
iit€iil Cette recherche k i'tmdeâfe^tdbfcfr àà fcu^*
reaiix. Oa n'était pat l^n^ Su aîeqttndra «or jA^
«mibU^ljeè tnatières; elles fofiiiaient de» attrilMvr
tions en qodque sorte 8pécûilâi.:Jtieeliargé dexa
vuquîgiiiéiinage mit en câmpëgné .1)0» aç mire
4'ageiks des pllks adroits, qm-MDiprifftBÉl'isdpMN
taoee de;'la mission 4opt #ii se fiait alèiiraèhi>
Ha ^'adressèrent naturdlement .aax. bonnes qui
venaiebt promener des enfans éux^ fOnileriei^ w^
pèceb)aftdiite dont on fail; todt'ce ^e l^oif iwiil
avec die» cajoleries et des colificfaets. Aveqiânil
fiett tde patience , en .Cuisant . Hinvieniaii^e des
bonnes e( du^jardin^ on parvint à découvrir la
petite fille que Lebel avait ihdiqué; le lieutenant
de police en fit aussitôt part au pourvoyeur de
Sa Mqjesté; mais ceci ne suffisait point encore,
il fallait gagner la bonne. La séduction de
cette fille ne présentait guère de difficulté, des
vertus plus rebelles ont capitulé devant les ar-
gumens irrésistibles de la police. Il fut convenu
bientôt avec celle fille que, moyennant une
somme assez ronde, elle se prêterait a Tenlève-
ment de Tenfant, sauf k la supposer égarée; il
fiit d'ailleurs stipulé clairement que, dans le cas
de plainte de la part des père et mère, de puis-
atnlM iiitirpntioiit fenrient jouer tout les leviert
d'otage. Ilab n*eùt-il pas été du dernier ridicale
qm'aprèa b ffenier moment donné k la torpriae
et à la colèn, de chiûk bourgeois timaent ri-
gnenr sur wn point dont ilionoraient les pre-*
mières fiunilles dn royanme? La bégnenlerie
n'était pas waiseinlihMe, on risqna le rapt .
La jenno ftUe fiit donc enlerée et fi?rée an
roL Le aecrat ne pondait gaère être gardé snr
celle criaMnelle arenlnre» <|Qoi<pi'on le recom*
mandât an agens de police; mais la plapwt
étaient ^endin à tontes les coteries. L'afidre
transpira irila » et la chronique scandalense dn
temps en recneillit toutes les particularités.
Instruit de tout ce qui s'était passé par FeSmi
qne ses premiers emportemens donnèrenik la
bonne qui se coupa dam aw explications» le pètu
jeta Im hauts cris; paria de rendre plainte et de
dénoncer au Parlement cette riolation dm
et de la morale, cet attentat aux mmus de
millesL
Hais quelle justice pouTsit-il attendre dm
gisirals qiuuid le prince lui*méme était llnstig»*
leur et le complice du crime? Une leltra do
cachet pouvait Ciire disparaître un pire impor-
tun et délivrer le roi de ses cris ; c'est ce que
des intermédiairm habiles donnèrent à craindre
a M. Tiercelin; il ataii en tétc une forte partie cl
qui diipoèait de tout; on hd conseillai de lie
point faire de tapage ; on lai fit séfitii^ qu'il ex-
posait inotilement sa liberté ; qu'on le représen-
terait comme un séditieui, comme un père qUe
sa fille ayait quitté, pour se soustraire k quelque
ayante du genre de celle dont il osait se plain-
dre, et que dans tous les cas sa fille ne lui serait
pas rendue.
L'agent de police , qui s'était chargé du rapt,
8é chargea pareillement, comme plus avancé que
personne, et plus compromis vis-k-vis des suites,
d^étodffér le scandale et de faire capituler le père.
Il fit entendre h M. Tiercelin que datis ilii évé^
kemeni irï^éparàblè qui, par l'effet d'ilit ééiat
lîdicule, pouvait entraîner des périls sans nom-
hrè, exil, lettre de cachet incarcération, àcdusà-
tion de lèse-majesté, il serait bien plus sage de
tirer philosophiquement parti de son malheur
pour sa fortune.
On est homme d'honneur, mais on ne se soucie
pas de la Bastille ; car k quoi bon la Bastille?. ..•
Sous les anciens rois des gens y avaient pourri
pour moins. Les monarques tiennent tête comme
de simples particuliers, surtout quand ils sont
amoureux ; et s'ils ont les bras plus longs que per-
sonne , ce n'est pas pour être bravés impuné-
ment. Et puis, il ne s'agissait pas ici d'une séduc-
tion de bas aloi, d'un raprice de va- nu-pied.
IIO MUiaUllS USTÛlU^tCS
titrder la ?erUi des filleA» on le «ûi, m petîUs
qu'elles ioîentt rien n*e«l plus cluiiceux k Paris,
où lout travaille à les rendre précoces. L'ensor-
celeur lui cita des dames qui iren faisaient pas
scnblant, mais qui pouvaient lui en dire queU
que chose. Toules n'avaient pas eu Is chance de
madcmoîselle Ticrcelia. Ce qui est ignoré d'ail-
leurs est pardonné, et faire jaser le monde sur
Tavenluret co serait accomplir volontairement,
et de soi-même, le mal que l'on redoutait. La
helle avance que de sortir d'une si chétive an-
goisse par des animosités implacables q/Êà ne
manqueraient pas de se donner lihre carrière!...
Après tout, le roi valait bien qu'on le prit pour
cendre t quoiqu'il ne pût s'agir en cette ooca^
sion que d'un mariage à la diable. Louis XV étai^
généreux» très généreux } l'argent ne lui coûtait
rien. Le ridicule» la crainte» b corruption, notra
fine mouche employa tout et trouva bientôt In
coté ^laible. U ne s'agissait que de déplacer U
bonhomme pour le soustraire à l'influence dfi
animosités sournoises de deua ou trois coaiivèna
jansénistes, vexées contre la cour, et qui faisaient
chorus avec lui sur cette indignité, pour le porler
à jeter les hauts cris. Avec un peu d'autorité»
dont on Tinvestirait quelque part, on pourrait se
débarrasser de ses clameurs paternelles.
Quand ou n'est pas vénal par un point on Test
TIRES DES ARCHIVES. III
par un autre; il n'y a rien de plus facile que do
corrompre un honncle homme, rcssentiel est Je
mettre le doigt sur la plaie. Le difllcile, une fois
M. Tîercelin lancé sur la pente de la corruption,
fut de le retenir ; car, en ayant pris son parti , il
y mit une frénésie d'apostat, réclamant des choses
par dessus la tête, exigeant des honneurs, de-
mandant vingt espèces d'ordres; voyant déjà sa
tille a la place de madame de Fompadour, et.
devant cette perspective, se montrant sï plein de
reconnaissance envers l'espion, que ce fut bien-
tôt à celui-ci dese défendre contre la séduction.
Bref, à la suite de cette conférence , et d'uns
autre avec AI. Berryer, qui demeura secrète,
M. 'riercelin resta tranquille. Le pouvoir conv
met beaucoup d'actes arbitraires, par la simple
puissance de la persuasion, et dont on ne se ptaini
pas, parce que la faculté de faire impunément le
mal étant dans ses attributs, plutôt que d'en
loufFrir a ses propres dépens, on se résigne à Vou-
loir tout ce qu'il veut pour en profiter. C'est
toujours cela que l'on sauve du naufrage.
Mademoiselle Tiercelin, lorsque tout fut ar-
rangé , fut baptisée par le roi du nom de ma-
dame de Bonneval, et introduite sous ce non
dans les petits appartemens à Versailles. Lepèse,
lancé par tes conseils qu'on lui avait donnés,
tenta de faire tourner à son profit le sort nouveau
du n €lk» et tlntrigiia ▼aîliamaient , pôttr «I
téotr k bool f atec une efironterie pleine de can-
deor et Traiment digne d*nn meiDear sort ; ce
fiit précisément ce qm les perdit Ton et Tantre.
L^ correspondances secrètes du temps , qni
né inanquaient pas de publicité comme on sait »
assurent en dTet que M. Tiercelin prétendit aux
bomieurs et )i Topulence par le moyen de ma-
dame de Bonne?al. Le roi, cliarmé de m jenneaw»
el (AiubleflMnt soumis par rascendance de ses
pêlitiBS grices enbntines , était comme un enfimt
IniHuifelM et s'en UMnIrait tmtt éfm. 8m aena
1Iés& âimaieiit rétnmge; il commentait k mlas-
beir dulbmt ton et dm prétentions des damm de
Il cour. Son pendiant k s'encanailler m mani-
fliMiait, et 1« courtisans ne manquèrent pm de
Wr eAlé d*en conceiroir quelque espérance pour
ftrôriaer leurs projets. Cétait surtout la cdkalo
opposée' ans Qioiseul qui comptait le pim aur la
nourrie frTorite. Les coteries étaient mm
n6iÀbre alom; oIIm tournaient sur Im ynom du
' Ifdsle principal ministre n*M fiit pm long*
temps la dupe; m jalousie perça contre maiisme
de Bonnetal ; il redoutait surtout le crédit qM
M. Tiercelin m flattait d'obtenir par elle. Le to*
niteui bourgeois , circonvenu par des ofideui ,
afediait un rontèra inquiétant sur des préten-
TIRÛ DES ARCHIVES. lî^
lions que l'on cherchait à scruter. Il se laisaît im-
péiiOlrable parce qu'il n'avait rien â dire. U ne,
fut pas difficile de faire entendre a M. de Choj-!
seul, sous le secret de la poste et par une tac-{
tique d'avertisseinens anonymes, que te roi 4e'
Prusse, ennemi juré de madame de Pompadooc»
alors toute puissante (1754) et grande amie des;
Choiseul , travaillait sous cape à fuire déclarer lat
jeune Tîercelin maîtresse en titre. On donna I4,
tournure que Ton voulut aux rorfanterios du boiv^
hooune; on fit mieux, on le poussa lui-u)êia%
daas le piège ^ il s'élança sur cette donnée comtne,
un vrai braque, el, grâce à la sottise de notrç;
fou, M. de Choiseul vit trt:s clairement que.l^-
père s'occupait à faire réussir celte intrigue étraiiTt
gère qui, dans le fond, n'avait pas le plus légeq,
root de vraisemblance. Inquiétez un ministre su?,
sa place, il croira les plus lourdes biUeves^K,aet:'
■vous lui donnerez une verve de démon.
La marquise de Pompadour saisit avidement
cette occasion de se débarrasser d'une rivale qui
pouvait devenir en effet très dangereuse j elleipiv
tifia M. de Choiseul dans ses soupçons, et, sou-
tenue par les terreurs du ministre, glissa dan^,
l'oreille du roi quelques mots de ses craintes wir
les vues mystérieuses du roi de Prusse. Elle prit
son temps, bien entendu , en créant au roi des
distractions de son s;oùl. Ce prince, assez soup-
Ir4 mkwmms msTomQnts
^<Wiifti* 9 te montra éhpMi cottime de raitofi h
éeènier étn méinitatiom tonttt qifl l'im ttalÉl.-
Uàe jèrilbtancè le consolait d*àne tjMè . et ytt*
iMÉllëltt il raUait fi d« rarenrf et Un pisié |>o«r l«
(MfeiMH. L« Mî de Ttumé était partictanèrement
Ml kêlë liolrv; CÉf ee moAtfqtiè; aetf rt ralleti^
M îbMWitilt «ik tè^iftte Uie£ lefelè* ifui ftliaièM
ItMMMfr vMHi M |ititnic« Il B^nÉ dtfM An mMhCtil
de cIMMI vMie IMIVe de eÉCliM ccMffMf TlérceMI
et d Ëito, thne ^ne le miiihttft iM blIiW |lil
MMOMr* MmIUM de BotmeTu M eWi pelrè NNM
dtfllfVn riSK Mfàii itlÉud ttl*iinÉ ■ U BAlHHè jH!^
iMlMneJlt juii|ul il A>rliè de M* dé CUmmi dM
ililriiMèrè*i VimMMl jdtqifett ^Hù, péiàm
i|BiiuiM inflj eimige renierciineiif flpnt cm»
d» |Mblll«Mi «f qui dfit èciàdaliiëf HI.TlëMfik
jtMfif Éà Ibua 4e limé. Poter phu à» toàtknÈAdIti
IVgâni éé Ma édlHfûp\S6à l^t en«iiM cèiàf d» ébè
incarcéntiMi. La tâMoti dà ittbàltètas ttfiMII
dMlilMI dtt tAtfUre.
Lél liMéft tétrtM nitthet Ik cette igUoiéi-
iriMJie iblHgné §oM «otr qu'elle doii jtamf'Mf
17B#, qAe b jeune Tiereelin fut mise dans le IK
dé Lôoif XV, jusqu'en 1796, que l'ordre de rtfl-
iètûktt le père et la fille à la Bastille fut signl;
déttéAment digne de la duplicité du monarque
et de celle du père.
On écrirait des volumes d'anecdotes sembla-
Tritis DÈS â.itCHiVES. iTs
VU»^ tÔbtM serviraiont à prouver là comiôtion
dé la cotii' ot la patl que la police y prenait dt"
reClenient ou pflri'intcrmddîali-e des courtisans.
Les affaires de l'Etat en dépendaient. Les défé-
rebces de la police pour la cour allaient plus loin
ehcoYÈ ; on tenait la cour au fait des uiille et une
scènes de libertinage qui se passaient dans Paris,
el dont les récits pouvaient alimenter la luxure
du prince.
On accuse M. de Sartints et M. Lenoir ct'aToir
été les cr^alètirs d'un butlelih scandaleux ; c'esi
une erreur. Biëii a^ant eux, tes lictiienans de
police exigeaient des mûUresses de maisons certains
délaik sur ce qui se passait chez elles , et qu'elles
fissent connaître à la police le nom des personnes
et des 6IIes que l'on y mettait en rapport. Sur
de semblables journaux, un employé spécial lèr
digeaît un bulletin pour la cour, différent du
ballelin politique ou d'espionnages qui avait un
autre emploi.
Au nombre des renseignemens que l'on don-
nait sur les femmes publiques , je peux faire en-
trer le journal de la dame Dufresne, célèbre
matfreSse de maison sous M. Berryer ; il se rap-
pôiie à t'ailnée 1753. Elle y dit que le 30 juin,
un M. Cottel , mathématicien du roi , demeurant
à Versailles, âgé d'environ quarante ans, était
vend chez elU ^ qu'il y était entré à six heures
ll(> MKMOIRES HlSTOAlQCTi
da «oir et en était sorti à huit , et qu*il avait Tm
la pedie Raion de chcx madame liuguet, aulra
mailresse de maison qui faisait quelquefois des
écbaoges de son personnel contre celai de la
Dufiresae pour oiTrir de la dÎTenité aux amateurs ;
que le 31 « M. de Laroche , gouterneur de la
ménagerie du roi, chevalier de Saint-Lonis» âgé
d'environ quarante ans, garçon , avait vu la pe-
tite ÀdilaUi j qui demeure au Bm Solomon , me
Saint-Honoré; quele22,M. lebarondeRamliacq»
chevalier de Saint-Louis, demeurant rat Ha»»
telSeuille, âgé d*envirpn soiunta-dix ana» a va lu
nommée Vielairêj qui demeurait ches la daam
DuGresne, il éla|t entré à six heures e^ sorti h;
sept ; que le même jour, le prieur do Séaanno*
en*Brie, demeurant rue ThérèsOt bulli Saial-t
Roch» âgé d'environ trente-cinq aoSt ai qni
sli^hille quelquefois en petit-maltra et en éféê ,
a vu la nommée Vicîoin : il était entré à haàl
heures et sotli à neuf; que le 23, M. le haren
dUrsé, vivant de son bien, demeurant plaee
Vendôme, âgé d'environ quarante^cinq antt
garçon, avait vu la nommée d'Arbg^ demeoraat
près le Luxembourg : il était entré a sept benne
et sorti & neuf; que le mâme jour, M. de Cra*
mille, grand chevalier de Tordre du Cordeo*
Rouge, lieutenant-général des armées du roi,
frère du trésorier des états de Bretagne , denaen-
TIBES ors ARCHIVES. HT
rant avec lui, rue des Capucines, près la place
Vendôme, âgé d'environ cimjuanle-cincj ans,
avait vu !a nommée Adélaïde , qui demeure au
Roi Salomon : enlré ù neuf heures du soir el sorti
à dix heures et demie ; que le 24, M. de Gervilie,
Cordon-Rouge, trésorier de la marine, garçon,
âgé d'environ cjuarantc ans, demeurant place
Vendôme, a vu P'ieloire : entre à huit heures,
sorti à neuf; que le 23 , M. Paulmy d'Argenson
est venu à dix heures du soir et s'est fait cares-
ser par Victoire (1); que le même jour, M. de la
Serda, ambassadeur dePorlugal, demeurant rue
de Richelieu, âgé de Ireiile-six à quarante Jyis ,
a vu Agathe de chez la Desporles: il est entre à
huit heures et sorti à neuf. Ces nomenclatures
n'étaient pas toujours arides 3 on y donnait cer-
tains détails que je supprime.
Ces journaux n'étaient pas les seuls documens
que tes lîeutenans de police se procurassent sur
les personnes qui allaient chez les filles; leurs
agens leur en fournissaient de plus complets.
J'en trouve un du fameux Duroclier , inspecteur
de pohce sur la maison de la Baudoin , maîtreaM
de maison, rue Saint-Tbomas-du-Louvre j il est
(1) Voyez (lins îcchapilie des lir/iitciiansdc police, l'article du
maïqiils iC.-frgeiiiO'!.
iiS HÛioiUi nitroMQVcs
eu ^ ppai 1753, par coniéquenl 101» M. B^-
« La comte d'Aranda , seigoeiir espagnol (1 ) ,
Mt Tenu deux fois b sematoe dernière chex la
l^ndoin ; ^lle le conduuil , il y a mercredi huit
jours , ches la Flamkerg , demeurant me SainU
Hoqoré i le comte s'amusa quelque tempe ayee
cette fiUe et loi donna six louis 4'or. Le lende*
main , il vit ja demoiselle Lemaire » qui a de-
■lenré autrefois ches la Pain» et qui demeura
actuellement rue Saint-Iionoré • chei le man-
çhoiinier , tout près du doitre. C'est cette mêsM
fille p iQaitresse d'un monsque^ire noir , qui fui
arroge , habillée en homme , par le sieur Du-
mon| » il y a euTiroq un an » et mise au Forf-
Lévéque.
« liadite demoiselle Lemaire fut» Tendra^
MBte d'Amda fat, peu de Inapt apréteeUt ipoyii ,
i HsbsMidnir dlUpagoe à ?iirif. Rctoarnl en lipefe, en
IMiplefa ^Mi k nfaïUièra le cami* de risffMs aisap. Il
Ifp pfniffa su perti Crsnçiis ra JUptim » & ripsqasdsip
répabl^M. 11 rcaih le portrfeuilk des elblret <tre«s*rei , le i$
*79^i **> comte «fAtciadte. Le oomtr d'Areade ffbt pcr>
\im Bifefie,H0illé ea i^poar e^iiir éiè Uop iiiiwWs
•Il psrU frpfiEflf^ Il n« «urv^nt pe« lorg-irnipi h m dl^frte »tt
momt en Afifoii un aii apr^ *
Cétaii iifi dn pliit riche* trifiietifn r«pagnol« : il k'rieH fett re*
mergif^r t*» FrAiicc pir m |'Ui("V-(*li1 * * i : a p*nt pour 1*. i It iUc%
vî les «a«4ti«.
TlRfS DES AtCfitVtS- lig
dernier, sur le soir, iraveslie daus cet )iabij^^
ment , chez le comte d'Aranda , qui la reçatfytt
bieo ; elle y a été depuis dans le même costame ;
elle paraît plus jolie sous cet habillement qUQ
sous celui de son sexe.
Hier, sur un petit mot de sa m^in , il a &Ua
courir chez un sergent du guet pour la réclamer.
Sous ce costume , qui ta rend impertioenle
comme un garçon, la veille, après un souper ,
elle a cru pouvoir, sans risque, prendre dci
libertés cavalières avec une danseuse, dansons
des guinguettes les plus populaires du Roule'^
et balafrer d'un coup de cravache la figuce Àa
l'amoureux en titre de la belle, qui s'en est ior-
malisé comme un jaloux. Les témoins du fait ont
pris la mouche ; des mots, on en est venu aux
coups. Dans la mêlée, la Lemaire a reçu des ho-
rions ; et le comte d'Aranda , qui s'est tenu à
l'écart , n'a pu ta soustraire aux mains de la force
armée : on l'a du moins préservée d'une bonne
danse en l'arrêtanl. Il en a coûté vingt bons
louis au comte d'Aranda pour que l'on ne fît pas
de bruit à propos de celte algarade.
■ Le sieur Jouslty, Polonais, qui Tient de
temps à autre voir la Baudoin , a vu chez eHe ,
il y a quelques jours , ta demoiselle Hippolyte ,
Bile cnti-clenuc , qui a demeuré chez Lafosse , et
qu'elle a fiiît sortir d'une communauté où elle
laO MBIMHIIES HISTOaiQLt»
était en pention ; il lui a donné quatre louia
« Mercredi dernier « te vieux Montremant ,
concierge au Palaisi-Royal , vint cfaes la Baudoin
lui demander une lille jolie et qui ne fàt pas en*
eoîro attchée , pour fiiire une partie chex lui. On
alla chercher la demoiselle Dumsay , arrivée de-
pans peu de Lyon -et demeurant rue Croi%«des-
rtti|8^hamps,aucaféilltMMlrv. Celte fille est
gvhndo et bien fiiito , asseï jolie ; elle est âgée de
WBgtrans) elle se dit musicienne et travaiUaat
pour ebtrer a TOpéra ; elle a effectivement de la
nèîz , mab on dit qu'elle connaît mieni la ciff
dslaMss que celle de §éréêol. M. de Montremant
IfemawMi chex lui , sur le soir , et elle y a sovpé.
Ella aoopçonna que M. de Paulmy était de ce
so«per(1).
« Sigmé Ucaocnaa. •
■
Les préposés de la polîce'chargés de ces bon*»
Isuses missives changeaient avec les lienteaana
de police. Sous M. de Sarlines ce lurent les in-
specteurs Marais et Quidor , aussi célèbres, dans
leur temps , pour les affaires de filles publiques
et dlntrigues galantes , que les Yeyrat, les Fou*
(i) Cas ftâremmt M. de PïmlmT d'Arçcu-on , l«kii lvduu pour
TIRES DES AncHrm. IS)
dras l'ont été pour l'espionnage politique, cjui en
eurent l'attribution de nos jours.
Leurs rapports offrent de nouvelles preuves du
syslÈme de dépravation , suivi par la police, en
même temps que de la corruption des mœurs qui
régnait dans les hautes classes. Je crois devoir
fki donner un aperçu en faveur des personnes
pour qui de semblables anecdotes ont d^'atlrait.
« La demoiselle Desjardins , dit l'inspecteur
Marais , est de la paroisse de Sainl-Roch ; il pa-
raît qu'elle a déserté la maison paternelle par un
coup de sa tête, et parce que, dit-elle, sa mère la
ronait de coups pour lui faire épouser un homme
qu'elle n'nimalt pas; maintenant elle n'a guère
le choix ; peut-être qu'elle ne voulait pas avoir
de préférence. Elle entra dans une troupe de
comédiens à Kochefort, et les beaut-arls ne
fournissant pas nsscz à son amour pour le luxe,
elle revint ensuite a Paris. M. le duc de Mont-
morency en Bt alors la connaissance , lui donna
une maison , et lui lit prendre le nom de baronne
de Franqueville ; M, de Montmorency avait une
épouse belle et charmante qu'il sacrifiait h cette
prétendue baronne. Mais, ajoute Marais, la
Desjardiiis était très liberline et d'un genre qu'
plaisait au duc, ce i[iii fait assez la critique de
madame la duchesse et explique la préférence.
■ Lu demoiselle ^uOt est iiKiilresse en tilrfi du
fl^ MC|K)1RE5 HISTOIUQUES
ppipfir Rop4Af j^^^ ^^ diamaps de la coaroont ,
^ ^enl d'avoir une aflîure atsez grave , pour
Ifl TffVt^ ^^ 500,000 frapci de diamans dont il
fllfii limpleioenl le dépositaire, nais afin de
Hf xw&booner 4es sommes que la cour lui de-
Tffj^ JH ae p9«vait pas mourir de bim et de soif
JUfffl^tfi des diafnaos» Sa sultane affecte le plus
§/(nf4 I<l^ f ^t Cm^ beaucoup jaser sur son riche
ff p% fontesse d« Sabatini , qui fit telleaenl
yjpfplenlie dernièrement pour que l'on eipubit
^ t(hfQi|eiirs de la canaille arrêtés sons ses fe-
If^tn^ I est toni bonnement la fille d*nn sergent
jfo fég^ent de Barrois et d'une TÎTandière. Elle
pfH à^ bomie beore débauchée par le oolo*
V^ 4tt ^f régiment , très bel homme , qui sot
fie réserry le morceau. Elle lui fut pendant trois
Vff ^d^t il était du reste assez brutal et ne la
ynépagepit pas. Cet officier apnt été arrêté k
piifO f ppw UP duel qui avait une coolenr d'
lassiml» fut fuivoyé en prison , jugé par dos
fiîfurs ^ et condamné à perdre b vie. Sa jenno
maîtresse, avertie sous main et par lui de ce
qu'elle avait ii faire , alla parler au ministre de
Modène, le comte de Sabatini. l/aflfaire sembbit
désespérée ; le ministre se bi&sa prendre aua char-
mes de b jeune solliciteuse. fcUc était coquette
comme b femme d*uii <*clie\in, il ét^it friami
TIRÉS DES ARCHIVKS. J2^
comme un séminariste; ejje accepta facilement
la proposition d'être entretenue : c'étaient deuf
bonnes fortunes au lieu d'une seule. L'officief
ent sa grâce du minisire, et reçut un congé de
ia belle (|ui lui conseilla d'être $3ge ; le minjstre
laissa prendre à celle-ci le nom de comtefse Sa-
balini. Malgré l'éclat du litre , après son veuvage,
elle n'en tut pas moins tong-temps à Paris saqs
liaison avantageuse. On lui connut vingt passades,
mais pas une inclination. Pour tuer le temps.
elle fit connaissance d'un sieur Bertlielîn , offi-
cier de maréchaussée, liaison sans coosi^qiience,
fondée sur des rapports d'esprit , car elle en a j
el puis, ayant trouvé moyen de se Irouveren pré-
sence de M. le comte de Saini-Forentin , qu'elle
ensorcela par ses résistances et par des larmes
sans fin sur le sacrifice de sa vertu, que le per-
sécuteur osait exiger, elle devint enfin sa maî-
tresse en titre , toujours sons le nom de comr
tesse de Sabatini. Probablement que cette
canaille de chanteurs qu'elle prétendait chasser,
lui rappelait sa voix abominablement fausse et sa
basse origine ; avec l'organe d'une cabaretière,
elleadesprélenlionshia musique. (Juillet 1760).»
Les récils de Mamis ne se bornaient pas à
ces aventures de fillettes , ils rendaient compte
aussi des fredaines des princes et des grands.
ia4 ■EMOIIlIt WSTORIQCIS
ff H. le doc de Chartret (depuis doc d'Or»
léaoft EgmKiét a soopé roe Blanche, n* 9^ avec
k doc de Lauson, les doct de Fronsac, de
FiUt-Jamet , de Gonflant , le marqoia de Laval »
le chevalier de Coigny , en société de trois de*
moiselles qoe leor avail procurées la Brissaoll.(1 )
n y fot qoeslion , entre autres saletés d'usage ,
de la fille d'un peintre de la foe des Saints-
Pères , <pii résistait a M. le duc de Luxemboorg,
quoiqu'on abbé de beaucoup d'esprit eAl offert
aux père et mère de la jeune personne « de la
part du duct pour qu'on la livrit, six nille
livres de rente et 10,000 fr. d'argent comptant}
M. de Sainte-Foixt trésorier de la aiaiino» avait
offert davantage. M. de Fitz-James« raillant la
sottise du messager dont on s'était servi, voulut
parier cent cinquante louis que, sous huit jours,
il la livrerait à M. de Conflans k moins de firais;
la Brissault fut choisie pour négocier cette af-
faire , et Ton promit k cette entremetteose une
forte récompense si elle réussissait. La fille dn
peintre prit en mi^ine temps M. de Sainte-Foix
et le duc de Luxembourg ; elle s'en trouva bien.
[tj On «err» plut ha» que celte f-Mninr. uimX que bm ilauliv»,
^•It une umrlicre dr liKrtiub^^r ciMpinc AujuurJ'hui In l>c»1aic-
f lllr, Ict BcMrmi'i , etc.
TIRES DES AltCRITES. 12$
et les compétiteurs ne se doutèrent de la ruse
qae long-temps après (1). ■
11 était passé en force de convenance, dans
la hanle compagnie de ce temps, soit à propos
d'an coup de dé, soit sur le moindre pari,
comme], par exemple, sur la question du temps
qu'il ferait le lendemain et sur d'uutres baga-
telles, de 8C compromettre d'honneur pour des
enjeux que l'on n'évaluait pas soi-même et dont
l'objet devait être mis 'a la discrétion absolue
d'un tiers. Quoi qu'il en coulât, il fallait en venir
à bout, c'était un point d'honneur.
— Je parie retourner le valet de pique en moins
de dix cartes, dit un jour le marquis de Laval.
— Je gage que non! dit le duc de Lauzun. Le
duc de Lauzun perdît. Le duc de Chartres,
cliargé de décider de l'enjeu, très embarrassé
pour imaginer quelque chose de piquant après
les mille roueries déjàfiiites, ouvrit tout sim-
plement la fenêtre, et désigna une jolie dame
qui montait en voiture à la lueur d'une bou-
tique. Lauzun devait la payer à Laval. Les
dettes du jeu sont sacrées. Le perdant était
déshonoré s'il n'en venait à bout. L'experte
Brissault, à laquelle revenait de droit cette expé-
dition, se chargea de l'aiïaire j et, munie d'une
ïf6 HiMoiais umMUQUis
Idfj^élte d'opéra , tandis qu'on lui prépanît nn
cabriole!, suivit du regard fa Toiture dont elle
se grara la forme et le signalement dans la tête.
Elle resta près de trois heures dehors, et Ton
était en trtuh de jouer un jeu d'enfer ians s'in-
<|iiiéter des suites; car llntrigante avait de
TentMin comme le premier des roués , et opé*
Mit des lÉiMcles. Quand elle rentra , sa poissote
É^Oi^ de matronne était Temûllonnée de
léMfi ëub if^tènta et but trois verres d*ea«.
— Sijpfrîstîe! dit-elle enfin; en ^la d% V
mgtl Devinèâ qui ce pouvait être qno cotte
PMlûiêi Je 4ôiis le donne en cent !•••.. On jm
detiiii pas. —A C'est ma cousine; oui» cm fini
iiilf pMJpjre germaine , le sang du aan^ do
saà^, M 4ne j^ai ^nue sur les fonts de
on65ra 1
:^Bi>âtof loi dit le duc de Chartres»
nV ^pkflt inehtir. A moi la filleule après
LiMÉf f ••• Voui iteà toutes d*une race do
dillélr dépuis le commencement du monde I
je té crois bonne parente, et cela va ooAler chîr
à ee JNrtltrê Làuaun. Voyons, mon en&nt! il no
fatit jtas l^essoufter pour cela , on te paiera tao
scrupules.
'^^ Pour qui me prenez -vous? dit -elle plus
en colère ; je suis connue pour faire honnête-
ment mon état! Il n'y a pas de duc pour m'en
/
TTRKs nri ' AKcftiVfe*. fi^
rtymùnirer , toyez-Tons ! « jattrai* oA fle tii'*
dit en face qhe fatals deé scrapiiïeX. Oti yôR
bien dltfe voua avez soiip6.
— Lit! 1.-1 ! la Rifcrc ! on ne se fSthe pi». \A
qualité de filleule vaut céilt louis de ^lus ; on léi
mettra. , - i. . ■
^— Mettre! mellre! mettre! repHt-éfle «n
hochant de la tcte ; cela vûus plaîï à dire ; Voiis
niAaàgtrttiZ pas le contre-lenips, et j'en suis « «if-
foqu^e que j'en étouffe. C'est le premier échec
de m» vie , tnessîcurs! le premier, et le guJghoH
feUt que ce soit dans ma Famille ehcore ! Ecoutez
là chose ! Ititùrméë, par le pof liëi', dii ribùi de la
dâldc, daf, daf, je monte quatre à quatre, et je'
me jette k son cod ; mais , lu , de tout mtin cœur.
Oh! là meiUeure ci'éalufe du monde de ce èôti*!
c'éA une vraie justice a lui rendre ,- elle me ba-
sait comme du pain, que j'en avais tes lariïlét
aux yeux. Quinze ans d'absence; jugez dotici
Et ma marraine par-ci, et ma filleuïe |>^f-fi:
Ifès bien!... Les tendresses finies, je pehde Si Fait
faire. On sait comme je m'en acquitté. J'aî toù^ife
lés ctieses comme entre deux yeux, êri jfa flâl-
tant, en la trouvant belle, en lui prehkif^ It
taille, en l'embrassant sur les bras, la gorge et
le cou comme un libeilin, car je l'avais troiivée
qui se déshabillait, en attendant son mari. Bifrl
dès le premier mot un peu clair, la bégueule
laS MUIOIIIRS HISTORIQirBS
a fiût on cri d'aigle, un cri de merluiine, quoi!
ne damaodantt si c'étail par hasard moi qui
étais ce que je suis» la Brîssault enfin! connue de
U>ui le monde. Puis, sur mon atru, et que je
m*eif Tantais, dii!..«sans vouloir m'entendre,
elle m*a dit de déguerpir, et plus \îte que ra ;
qujB aon . mari « s'il rentrait, me donnerait une
fiuneuse chasse, et des sornettes, des imperti-
Qçiices par milliers, de la morale, messieurs,
copme à me créature de rien. Jour de Dieu!
Je^ sais le prix de toutes les plus helles de la
coiiir |k vn écu près ; je puis fournir des femmes
deme^trats, en in*y prenant trois heures h Ta»
Tance. Les houi|[eoises » on en est las. et <^ m
uit rien ; le peuple , ça n'en vaut pas la peine ;
j'ai. dit cent mille, cent-cinquante mille liiwesl
j'ai dit des choses par- dessus les montagnes;
et ma filleule, ma propre filleule me refuse!...
Je n'en revenais pas , je croyais qu'elle voulait
davantage! Que diahie, dans une boutique de
drapier, deux cent mille francs sont un joli jour
de recette. Elle m'a traitée comme la dernière
des dernières; elle m'a fait mettre à la forte.
Concois-tu ra , mon pauvre Lauzun ?
— Je conçois, lui dit le duc ;que veux-tu, mon
enfant ! nous sommes déshonorés tous les deux.
LaBrissauIt exaspérée se leva.
— Non! dit-elle, en frappant du poing sur
Tr
nhis DES ARCHIVES 139
la table, je réussirai ou j'y perdrai mon nom.
Si je manque ma filleule, je me retire à l'instant
du commerce. IL ne sera pas dit qu'une mor-
veuse me perdra de réputation.
U est de fait qu'elle tient encore sa maison,
sons le même nom et dins la même rue; mais
je ne sais pas la fin de l'Iiisloire.
On lit dans une autre note que c'est uA
miracle que le guet n'eût pas encore surpris
M. le comte de La Marche s'inlroduisant la nuit
par un soupirail de cave chez la princesse de
Chimay. Mais veici sur U princesse d'autres
détails qui ont dû, plus encore, faire rire la
cour lorsqu'elle en eut connaissance.
■ Monseigneur le comte de La Marche (1) est
venu chez moi, dit l'inspecteur Marais, dans
une note à M, de Sarlines (17G2)i; il m'a prié
de lui procurer, sous le délai le plus bref, un
homme qu'il pût avec pleine confiance employer
dans ses affaires de galanterie. Après avoir reçu
vos ordres, Je lui en ai donné un, et voici les
consignes que Son Altesse lui a dictées j savoir,
de faire en sorte de se lier avec les gens de la
maison de madame Thiroux de Montgirard (2) ;
(i)COiiiillL-û's ilii priiicuckCoiitii il ai'jii, ii l 'époque i1« tre-
daiiKs <lo.it il r:.l ici qiiolion, lrtiil.;-,six nii*.
i5o wrjfoiiirji iiistoiiiques
^ 4^iDenre roe Feydetu , «fin d^ conniSUre ce
qo'QO y diiiiit de lui ; de s'informer « W éinc
de FroQiac n'y allait point, ou quelques antres,
sur le pied damans; et de ripslmire exacte-
ment des jours que cette dame irait an spec-
tacle.
ff Notre homme, jusqu'à présent, s'est bien
acqi^itté de sa commission. 11 s'es( lié avec un
des laquais de la dame » lequel l^i a dit qi|e (e
comte de La Marche était fort pmoareos 4t
sa maitresse , mais qu'il n'était pu le seul j oee
H. le duc de Fronsac l'était aifs^a « et ye^9f^ ^«4
senvent la Toir, ainn qn'un gnn^ qfRcifV iihk
gardes qni paraissait au mieux avec ffllf.
Telles étaient les mœurt du gnnd naqpi^i
wqssi libres que celles du petit mon49» et les
4éUMlt qu'on mettait sens les yen 4^ roi e( <lf
pe maîtresse i mais suirons Maraia dans «ça
récit.
Par une seconde note , il fait part i M. df
Sartines des atteptions qu*un M. de Mon^m^
montre pour madame de Montgirard , au i!pcMh
tacle , et des moyens qu'il employa pour saToir
jusqu'où cette liaison pouTait aller, m Je fis par-
ler Il cet effet, dit-il, au n^grc de ce monsieur,
qni tout naturellement avait dit que cette dame
TinsS DES ARCiOVItS. I^t
é^k «»«Hr^^ de »q^ WÎJrejqji^j » J(b
'voytft quelquefois àt sa pe^^ j^t^ai^o^: 4^,;JU
duuM^e-xi'AnUn. Une b«lh (emm^ ft# éitkmm»
«tt l'p^nei^i le plvi iangerevm ^ t/m fl^ir^...Qnjj|p
^t)r^i( trop avoir l'œil à ces. papjiganf flf ;. jKfi
H^e temm^ P^fiée, quao4 ^Uft ^fl||et4mHM|.
la petite maison, et la (sini^ii» .^ /c(^jQ^if)fg% |i|i
* 4f^ T«W en ayoir copu^ttui^» jfmv
iWrtïWi B*, le comte de 14a 1M|9Çp)m» 4<i (>^pCliMtf
Wr mon rappojrt, n»'a fait Vh^ttnfafn^^ytif^
«j^^mçir ^f» <iéo<>ttYer|e»,l'«iBi^qïifi^«<M,#|l5f
Vil dit; il m'a fait connaître qu^ gasj^^ffeiny
étaient beaucoup plus avancées auprès df^ çeJ^t^
dame que je ne le croyais. Il lui écrit par la pi^
tite poste \ elle fait réponse par la même voie ;
il m'a fait la lecture d*une phrase ainsi conçiia:
«|Mon prince, plaignez-moi! vous êtes sawfi
« contredit Thomme du monde le plus aimabt4^
ir mais j'entrevois mille obstacles au plaisir cplJK
If j'aurais de vous voir. » Vous voyez bien,
m'a-t-il dit, que c'est une femme qui capitula;
elle entrevoit mille obstacles, mais elW n^ àilL
pas qu'ils soient insurmontables ; aveq ui» pw
l5u M^MOIRKS UUTORIQCES
de patience, j'en viendrai à bout. Elle m^adore!
et elle est Tictime. Lct femmes sont bien i
plaindre d'avoir a leurs trousses tant de jalou.
Je lut ai fait réponse a sa dernière lettre ; et, après
%i aToir d^*bité mille tendresses, comme* par
t^emple » cpc je serais au désespoir de rien faire
-qui pût la compromettre, qu'il fallait qu*elle eût la
bonté de te prêter un peu, je loi laissau le choix
'des moyens ; présentement , mon cher Marais ,
tijbnla le pritoce , il me sdfirt de savoir qnand
elle ira )i la comédie. »
Les récits de Marais n*étaienl pas toojoors
Èum particularisés; car il ne s'agissait pas ton*
•joMra d'un prince du sang ; mais ils n'en frisaient
■
yftà» moins connaître les exploits de même na-
'MM , et bien d'autres même plus bicarrés. J*en si*
^ilbrai quelques-uns qui feront d'autant miens
'4Séhîkt6trt les révélations que se permettait k
f^tlfce dttM sa correspondance.
On lit dans une note qui en fait partie que la
Brissault, nne des courtières de débauche dont
il a été déjà question , instruuit Marais (S avril
4774) que le duc de Chartres, le chevalier de
Coigiiy,le comte de Noailles, le prince de Ligne,
le baron de Besenval (qu'on prononce Beceval),
M. de Vaudreuil, le comte de Stainville, sou-
)pèrent chez elle avec des filles , et qu'après une
wgie qui dura presque tonte la nuit, ils eurent
TIRES DES ARCHIVES. 1.10
la lésinerie de ne lui donner t[ue neuftouis pour,
les frais dn souper et de la sé;ince; le baron d'O-
gny (1) avait été plus magnifique vis-à-vis d'une
l>:ironnede Brévcuan, lllle publ)c|uc, long-temps
connue sous le nom de la |>etite Lecoq. Il la logea
dans un superbe hùte), lui faisait de nombreux
cadeaux, tantôt cent louis, tantolde l'argenterie,
une autre fois pour 1 ,500 fr. de porcelaine. La
vanité est l'émulation des sots et des femmes
galantes, dit-on. Quand les coiu-lisancs s'aperr
çurent que pour s'enducatUer, de celte façon du
moins , car il s'en fallait de toute l'élégance des
bonnes manières que l'ianitation fût complète,
les amateurs de la robe et de la finance met-
taient l'enchère sur leurs attraits, elles Brent les
renchéries; et la correspondance de Marais'fut
remplie des dépenses scandaleuses que les vam-
pires publics et les gens de cour faisaient pour
les obtenir. Tout ce que nous avons vu de nos
jours des prodigalités des gros financiers et de*
grands seigneurs du règne de Bonaparte, à part
la grossièreté qu'ils tenaient des camps, n'appro-
che pas des extravagances dont les détails pa-
saient sous les yeux de la police de l'ancien ré-
gime. Le pillage a passé de la France à l'Europe;
{i) Intendant gùuûrnl de.', poslcs
|34 HàlOlRES niSTOAlQlTHS
k fomâ des mctun est le tnême. On se prend ï
nneUer la forme quand le fond ne change
On m alors un étranger (1)» le Polonais Po-
iockiy donner a une demoiselle ToateTiUe, le
même jour, des boucles d*oreilles de 1S,000 Gr.,
une maison, un carrosse, des laquais h livrée, et
tout Tattirail du luxe , pour avoir le privilège
êàHmifât coucher avec elle (juin 1763). Ou
Tfaorit d'exclusion va-4-il se nicher?. . .
Plus tard ne vit-on pas M. Bertin , llntendant
dw parties casuelles» louer pour une flle nou-
ToUitment arrivée de Lyon (2)| un appartemeni
4fi 3UQ0O fr.^ y mettre des meubles magnifiques.
Vu^tanle trouva une bourse de deu mille
Iffffu pour la dépense» et dans une antre cinq
(^ts pour ses menus-plaisirs; plus un écrin de
^Q/ÉO (t.; enfin du linge, des étoffes et des den-
tel|ef j excès que Ton révoquerait en doute» s*il
n'^ti^t ceinstaté dans des rapports que celui qui
*■ '1^1 fil fi ■ I ■■
(i)éblto l%lMUdMil ilM ti Msmt pirlé danA I hiMalrv
èmwmU^mnée laPolmoc. Voj^rtociic histoire par M. de aka-
(9* O M. B Tlin fut lin drt ^tii% inir>-|ilfl- « riitroi iicur» de
fil'M dm r«ii«.icn jt-i;.ii.i , uulit* c.-l'f-« qui , c*>iiinic U L^ofiiMix •
élairot ciitrclrnut-ft »iir Ir (ijinil |<ir<!. :l «««il iê %*-% K*it*'* '*"^* l>***^c
de Jriin* 'i Jiî »li»-« .îan- ^••^!^ f*^ qn»li.. r« «Ir r»r**. V HaH fsiil
|»4ittil *\a ir>iM «*i. H.itiii
riKÉs DÈS AkbkiVk^. iSti
lés fiMÉtt h'aVàit nT droit, m àl\)tif d'éià^^i^éi^.
Qike péiÉsci* dé ce iju'oh ]^a][>pbhe du âixé de fti^
ch^en , qài àiit son lîtachat au l!ilotit-d'e^]^iéi|
daAè hih làoilièiit pressé, po«ir à^àdier la li|aii-
ipin,qllélous les libertins dé l^aris se disputaieiill
11 cAuihit à ee sujet le couplet suivant :
Ja<kM Tendit JésaM^irial» : ^>
Et s'en pendit de ragf^ ^ / n
Eichelieu y plus fin qne lai ,
ira niis ^ le àâth^^ÉspHt
I
I
< ' î ■> ^
|1 %|inhïait que les noms les plus djatinfu^p
Iwseiàt destinés à fournir à cette chironiqu^ jf^or
daleuse. . Mi i.
Marais écrivait au lieutenant de p^U^ nur
M. de Rohan-Chabot : « Ce seigneur est venu
chez la Montigny (1) lui faire une proposition
qui a paru fort extraordinaire. M. de Rohan-
Chabot, après avoir exigé d'elle un service in-
violable (très bien gardé comme vous voyez), lui
a dit qu'il fallait qu'elle lui trouvât un jeune
homme, grand, sain, fort, vigoureux, qui ne fut
point connu, pour avoir affaire a une dame de la
(i) Il est inutile èii dire que la Moiiliguy ctait uti'e c^'ltbWeii-
IrciiïeltciKC de celte époque; son nom e.'-t nusslcontixl Vlafts l'hte-
toire de nos mœurs que ceuï de Sully el 'l'urcnnc dans Thisloire
de France.
|36 MÉMOIRES HISTORIQUES
première condition , fort aimable , qui n*aTiit
jamais communiqué qu*avec son mari, mais qui
était curieuse de goûter d^ plaisirs avec un antre
homme. La Montigny loi a demandé pourquoi il
ne la satisfaisait pas lui-même; il lui a fépondn :
Que cela ne se *)ouvait pas , et que cette dame
avait bien touIu se coniier à lui; il y a dea rai-
sons pour cela, et il faudra, a*i-il dit a la
Montigny, que celui que ta trouTcras consente
que je vienne le prendre chei toi le soir, et que
je remmène les yeux bandés dans une maison
où sera cette dame, et qu*il la satisfasse en ma
présence. Surtout qu*il ne soîl ni gard»dn-roi,
ni gendarme , ni mousquetaire, ni soldai aux
gardes, parce qu'il pourrait reconnaître cette
dame lorsqu'elle va k la cour. Je Toadrais, con*
ttnua le comte, que ce fût un beau garçon, de
la lie du peuple, et qu*il arrivât, si faire se
peut, de province. Au reste, il sera bien payé,
et toi, tu peux 6tre sûre que tu seras pins que
contente; mais aussi, si tu commets la pins
légère indiscrétion, tu es une femme perdue
sans ressource. •
« La Montigny lui promit le secret et de donner
ses soins pour trouver un homme tel qu'il le
demandait; mais qu'il lui fallait, la chose sortant
de ses attributions, un peu de temps pour y par-
venir. M. de Chabot, trlrs ardent a la curée ii ce
-qu'il ^nib,<e>k dèj^ rereim ^«atn.jGiiî»»: ajoql^
l'agent dee^^Kce; mais la Moiiji^y n'.m rie»
voulu faire sans me communiquer la chose, dans
la crainte où elle esl qu'on ne détruise son étalon ,
et que pour ensevelir le mystère on ne Inilaasek
elfe un mauvais parti. J'ai demandé a la Montigny
S) elle ne se trompait pas et si elle connaissait bien
M. de Roban-Chabot ; elle m'a répondu cpi^le
était aâre de son fait; que -ce Chabot âvaîi.b
livrée de Rohanj qu'il avait été ci'de'^aiMicoloBa^
deé^grenadlera.de France; qu'elle W4ir«f ait àn-
jatard'^mi maréchal-de^amp; qn'ilpdwiititkTdfr
an p|i&trente ans(1):;qa^il était l>lanë.<U cW
veux, le visage fort maigre etiles' jonei'cnwitL
En outre , qu'elle ne pouvait pa* <e tromper,
parce qu'elle avait eu affaire avec lui du temps
qu'il était encore aux grenadiers de France.
K Je soupçonne , c'est Marais qui parle , que
cette dame est dans l'impuissance d'avoir des
enfiins avec son mari, qu'il lui est intéressant,
ainsi qu'à son mari, d'en avoir; que ce peut
être mètne la femme de M. Rohan>Chabot , et
(i) La Monligny se trompait ; ce Rohan-Chaliol, si c'iiail Tui ,
derail avoir quaraiiK'-fppl ans: né en ''tj. il a'ait été d'abord
d»tiiié à l'eut cccléïiasiiqui; , et ap^iilé Vabbà de Léon , puis (ait
iiiaiire-ile-uin:p d'un régimoiit du cavriltTÎu de Mninom, ensuite
ni:irfchai-dc-cainpcii 1748. Il avait i^pousc, tn 1753, lalîllcd'uD
conseiller un l'arlaiiciit de l'aiis , <iu»l il n'tnt puini d'eutaul,
piTMit iatrigM galante* ils mhI 4racôord. J'ai
11» il f^MBUMndé h la II «mtigay da n'èa mn
flIM ftMt m'M fftteëra caoiple, afi» 4*iv«ir la
fl dU l^wriUrs «vealWM dbviitMfc
|ps kwilK kir plâirei
Là BihiwÉli iéç«t m jour wia Vitra éW
■i dU BmAm^o {1)f doal tile •• oral pM 4v»
m. La Toid.
< y^ tel— il > %«ot» DM chèn BriMMdLi je
amvé lûw» et je voudrais que Toiift «'en-
éafluia an aoiTy rar lee dix heaiaa ai
daoMaf ase Irèt jolie fiUe. Veostaves qve jetaii
4ifllcila, ai que )e lea aime grandes, jeunes»
bien faites » minces de laiUe « el , cooMue iraas
penses bien » très sures. Il faudra qu'elle m*ap-
porte une lettre pour prétexte , afin que mes
. 1
(i) l4Miit*Aotofiie Duprat, marqyi» de Cnnjr. tiuitécli*l«av-
SiSip» §nMé'^tù9mrân duc d*OrléaiM, «pprlé le marqub de Sar-
laaçM; R avait fpovsé en ftrcnnde» uoeet une ÈVt du min|qH dr
UTMMbebowf finorttn 1::$.
TIH^ DIS UOÊÏÏfMBi t|§
glHls Iftf iè iloiltetttrde Hem; Je Toiit dbiwo k*
BMlièl^, et tdUs ëdibinMe.
V
^ .
Ce fut tkhe fiUè nonliiiéèDtiVteitaejr^pMa la Bwf
mit M éilToya. M. dé Bàiiiân^tm ^ dit MalPâii |
là tt>bttVà nt telle qu'il la dééirài t^ hii dit t é MA^
à deifadiéëllë, j6 vou^ trouTé fAtt àioMMe} il n^mt
i pis ^Qéittbn de moij pdri^ kf AéttiMtt T Élëtt
i biéh de itton filé , ^ne toM tti^ J il i d)j|4ifltl
k klié fëTÔlas , et c'est iln ftèfit httitl ((«lë Itt tti;^
k Mè AoihîAe ; il ii^ë tduràlëiltè MU» ëeséè fdlié
« sM^ôii' ce ^ë c'ëât qtt'tttte joH« fepéie,' ^^i
« qU ^œii de tàn âge , et vdMr ê«é§ joHë. 9i |è M
« l'autorisais en le diri^atit , je iilè crbiràlk VèH^
é pohsable des détordrës qtti ré^ltélrttient Se sa
^ timidité. Des sols hésiteraient, et le perdrâiérit
ir en le laissant à lui-même. Voyez k lui donner
« la preitiicre leçon dd courage et de plaisir. Je
9( vous laisse ensemble ; je m'en rapporte com-
<f plétement a votre franchise pour savoir de
f( vous comment il s'y prendra. Apprenez-lui ce
<f que chaque sexe doit a l'autre, dans un hon-
'( nête échange amoureux. En méritant sa re-
« connaissance, vous aurez la mienne. * Et, aus-
sitôt, il les enferma tous deux sous clef, et passa
dans une chambre voisine. Le jeune homme se
voyant Ictc à tCtc, sans perdre de temps, se jette
i4o MBMOiitf ■snÛQims
au Mtt de la jeone fille , reuihriMe t {Murcooft set
cluurmes; il loi fait connaître énergiqoement
qa'en amour les noTÎces talent les profts« quand
ils ont de la docilité sortoot. M. de Barbançon
pèn , inqnîet et attentif k la povte » se donUnt
enfin, par la tranquillité qui régnait dans la
chambre » que son fils en était k la reconnaia*
sance , entre , et demande à la jenne fille si aon
fib loi parait atmr d^heoreoses dispositions* Elle
ne répond k cette demande qf 'en se jetant am
cott do )eone homme , qu'elle cootto de baisers.
Le père , comprenant par cette éprenta qne wn
fib est digne de le remplacer dans la canrtèn
galante, les embrasse Ton et Taotrei le reoMr»
ciment capital Ait de tingt loois.
Parmi les roués qui fournissaient le plus ans
récita de la police » on trouvait aoutent le bmeas
comte Dubarry dont le nom rappelle une des
femmes célèbres par leur beauté , et dont la fin
fut si déplorable. On sait que ce Dubarry TaTail
épousée pour qu'elle pût changer son nom do
Vaubemier et atoir le titre de comtesse ; mais
ce n'est pas d'elle qu il est question ici ; c'est de
son épous. Un mémoire adressé ao lieutenant de
police I pour une des femmes qu'il atait séduites,
lait connaître toute l'étendue de sa dépravation.
« La demoiselle Bouscarelle avait mallie oreu-
sèment, dans sa jeunesse, quelque beauté, dit
tlR^S DIS ARGHIYÉI. t^l
la MBor de cette jeune femme^ dans le mémoiK
cite ; ce don de la nature n'a servi qa'k l'envi-
ronner de séducteurs , mais jamais elle n'en
poovait rencontrer un qui approchât du comte
Dobarry . Cet homme odieux la fixa auprès de
lui , au commencement de 1773. La crainte
qu'avait le comte Dubarry que ses crinies inté-
rieurs et domestiques fussent connus, l'empê-
chait de permettre a la demoiselle Bouscarelle de
Toir même sa sœur, hors de sa présence. Elle
Tivait publiquement avec lui, faisait lés hon-
neurs de sa tabte et de sa maison. Le juste mal-
heur qui est venu fondre, dans la suites sur la
famille Dubarry , à la mort de Louis XV, n'a
même pu la séparer d'avec le comte , qu'au mo-
ment oii celui-ci s'est enfui du royaume. Ce qui
attachait si fort la demoiselle Bouscarelle au sort
du comte n'était pas seulement l'amour: elle ne
pouvait plus avoir pour lui que de l'aversion et
du mépris j mais la nature, la tendre inquiétude
qu'elle avait pour un enfant né de sa liaison avec
le comte, lui donnaient le courage de surmonter
ces sentimens ; elle ne s'est séparée du père de
son enfant que pour venir mourir dans sa maison
sans crainte et sans alarmes,
(c Voici, monseigneur, la déclaration que cette
malheureuse a faite de sa main défaillante, le
30 avril dernier, veille du jour où elle a reçu
|4S MfafOlBtt ntTORIQVIS
fmfBÊ b ihMitic ioM les tâcremaift de llbfliii :
« Cenuie je Tait paraitre devanl non Dieu f
dont je reconnais U toale - poiitanee et la
bonlé, je lui demande pardon de tout oion
ciEiir de tontes ks lantes qne j*ai comeaises ; je
ne puis donner de meilleure prévue de mon
repentir du scandale que j'ai causé daM les
dernières années de ma vie « que de faire la
déclaration ci*jointe <|ue î'aftraae sÎMève «t
valable. Je déclare qm reafiint do«t je «vis
aeceuchée dans les derniers jouis do 1)71 ert
du sieur oomie Dubarry, aree leipiel î*elinpie
avoir eu des particularités d'où provio^l o#t
eofiiut. Je déclare que lorsqu'il s«l^pioJ*éteii
grosse » il me promit arec les plut grandi est*
mens d^ea avoir soin ; ee qu'il a effsetué juif nli
son départ de France t qui est arrivé au mois
de mai 1774. Je me crois obligée do fondM
eomple ici d'un fait que je voudrais cMbet à
moi-même ; il est trop important k f élit de
mon enfiint , pour le laisser dans ToublL
« Un jowp que j'étais seule avec le siou» Ili-
barry t elom iueommodé des yeua , il fit mam
ter dansm ebambrt h coocbert où il était» b
nommé Creps, hm de sm domestiquée « ut
lorsqu'il lui entré , il ferma sa porte à double
tour, et mit la clef dans sa poche « lui ordonmi
d'avoir sor-le-ebamp avec moi et devant lui
YM, et que je veg4r4ai d'^lMiis4 wmmâ m*
plaisanterie , ce qui angnieiAta h fwem 44 iV^-
heureux, au point de neii/s menaceii ïi^âk
Taulce, le couteau a U maio » de nom poigMHb
der , ai nous ne aatisÊiisions see déaira, etti^|ufii
la nécessité me contraignit. Ton! oa qsi i*
paa^t pendant ce temps, entre softiTaliAél
lui, m'a. troublé le saug au pAÎotqiuije^lMUii
de vegpf t et de chagrin d'y «r#iiv ÎMf oeaiiliris»
contribué. Le sieur Dubarry a chescàé dleptiii
k me Génaoler par des promesses qa^i| tt^a^ls^
mais tenues. C'est lui qui a ordoimA le bè|N
tême de l'enfant à Saint-Eustache ; on le trou-
vera baptisé comme fils légitime , sur le
registre , ainsi qu'il l'avait ordonné, n
On voit que la sœur de la demoiselle Bousca*
relie avait pour objet, par son mémoire, d'attirer
la bienveillance du magistrat sur Venfant qui
était né du comte Dubarry ; elle demandait des
dommages- intérêts et des moyens d'existence
pour ce malheureux enfant ; mais on ne voit pas
trop k quoi bon la déclaration ou plutôt la révé-
lation de la lubricité du comte Dubarry; il était
difficile de faire croire que c'était cette scène de
débauche qui lui avait causé la maladie dont elle
mourut. Quoi qu'il en soit , M. Albert, qui était
alors lieutenant de police , ne fit point de ré*
l44 MttfOim MVTOilQIIIS TniS OtS AftOUTIi.
pt«M BU mémoire ; au moini ne ToiUon rien»
dbmt U mite , qoi proove qnll y ait fait droit.
A Tépoqae oii ceci ae paaaait, lea bulletins
aeandaleux de la police avec la cour avaient
ceaié t Louis XV était mort , et Loois XVI était
mr le trône. Le jeone monarqne et la belle
Mono-Antoinette auraient pen goûté de sem-
bhblm récits, la correspondance de la police
a^ee les ministres dv roi se borna donc ans ré*
délations politiques » h des faite qni poniraient
donner des éclairciammens sur les flMmromens
pnblics I elle ne diflférait guère dm wsnsinii é Im
9 dont je Tab parler dam Tartido enhrint.
CHAFITREj XLVIIl.
LoiiUThinMndeCrof)ie,matut des rcqQMct, arislènw HcaHr
naatginitml. — Il août 1785-16 Juillet 1789. — IdMo i»
M. de CrMM 1 la poKoe. — Son caraotèie. — Son intradwts i^
Konen. — DertcluirBéde U rérlilon do prooit de la hmlt|«idM
CaUi.^n ^MCnpe h Parii de b tmtbtion de* cimclliref h^a
de k Tille. — Sappret^on dei raalaoïu *ur les poa u-, ~ Heu -
dtdté. — Commencemenl da troubles publics. — Le chmaller
Dubois, commandaDt du guet. — Afbire du coUisr de la reine.
— Nooieaux et authentiques détails à ce sujet. — Jugement
prononcé par le Parlement. — Hadsme la Molle. — Agitationa
parlementaires. — Desordre? dans Paris. — Relraile de H. de
Crosne. — Il remet ses pouvoirs au comil( permanent. — Sa
morl. — Fin des lieutenans de police.
Né à Paris, en 1736, M. de Crosne devint
promptement avocat du roi au chàlelet, con-
seiller au Parlement, maîlre des retjuijtes, enfin
lieutenant général de police a l'àgc de quaranle-
neuC ans.
l/|6 aiBMOIIICS HVTCmiQCES
11 avait eu Ilionneiir en sa qualité de maître
des requêtes, d*c(rc choisi par le chancelier» en
176S, pour la révision du fameux jugement du
Parlement de Toulouse contre la famille des Ca-
las ; triste méprise qui frappa d'un discrédit pro-
fond l'ancienne magisirature ; car, sous le coup
•des éloquens plaidoyers de Voltaire, il y eut
alors un moment où on comprit avec énei^e
q«e les passionls des hommes auraient toujMfs
plM de puissance dans les actea de h vie mh
eirfe que les règles et les formaUlês âéht te Ju-
ridictions s'environnent. Si la cbndâmhaOdn
de Lesurgues, poiir premier fait d'armes de
llnstallation du jury dans nos meeurs , n'a pas
eu (e même retentissement et le même eArt,
c'est qu'à Lesui^ues il a manqué un Voltaire.
Lorsque l'homme connaîtra mieux lliomaiet il
accomplira la vraie réforme sociale et les iasti-
tations répressives s'écrouleront.
Appelé / en 1 747, à l'iniendance de Roaco ,
M. de Crosne s*y était conduit asses bien pour se
faire regretter des habitans qui, pour peu qu'ils
n'eussent pas à se plaindre d'un intendant, crai-
gnaient de perdre aU changement du personnel.
Il s'était occupé de soins d'utilité publique. A
Rouen» il avait fait exécuter quelques embellis*
semens dans la ville.
M. de Crosne était un génie des plus ordi*
TIRÉS Dt8t MOniWMé #^7
nmaif WBOM Msecplîbte de jrisèfes cri éè «riiMij
ce qiti €ii déjà bèâBcoup pcmr «iii'-hdlliim «èVéM
d*«n ètiéÉi grand pouvoir. On ne^rtiiiM«ni#?l^fM
toajourftailssi'bîen. ,i.oiij.i:.;
Il s'occupa pendant sa magi^tf aUnré' dé ^tDfllM
reni pmjeis q«ii detaieni llrq aiFimia^ttà f¥ÈH^ la
Tille de Paris. La suppres^roA de# oinMlèPei^éit
de ce netaère. Elle avait été difcidë#^ eii'li^;^
sqnà Ml de Sartlnet et M. Big«efiy qpff<Srô»4«t
fiaafchands. ]VP^ de Brëteml f MloC dif éwnifcrti^
cer r^etiti^; le ^h\e de M. de *&«>««% l lé^
ëonda pitiBsaniiiimi* . i liv
On était générâleméttt persuadé que lèH éliMU
tiëf«3 dànd Paris, surajoutés II tatU de èaéHA^ d^
létèM», tdleS ^tie la disparition pkêâéllë^9é8
jardins, l'entassement pareillemefrtt glt^dtièl'dSi
édiâces , et d'autres causes , pô^rtaient préjudice
à la salubrité de la \iUe et a la santé des habi^
tans ; les boucheries en divers lieux éparses , nit
système fort incomplet d'écoulement ponr leaf
eaux et les immondices, mille professions insflf^
lubres, libres ou peu s'en faut de s'établir où boW
leur semblait; tout cela faisait nécessairemeM
partie de l'hygiène édilitaire et de la prévoy?inCé^
municipale; mais on ne s'en doutait pas; et leS'
médecins, qui, par une inconséquence funeste ,
gagnent plus avec le mal-êlre qu'avec le bien-être
général 9 gardaient là-dessus le silence. Là con*
l4& MBMOmBS mTOMQOU
ymmndt fit ce que le bon teu ne demaoïUil paît
eiuréclaouuit avec énergie qu'on éloignai des
fagarda pobUct ces asiles de la mort et de b dat-
iructîon ; et qu'on plaçât dofénarfant les cime-
titras hors de la ville.
L'ioïkécililé de quelques dévola a'alamna de
ealto Bésiire. Que ne prenaient4lst dans llnté*
^de la combinaison du culte dea moiia avec le
auUe des irivanst KnitiatiTe d'une proposition
iglolKgente I Teindro obstinément k conaorver
dea fbyeia pestilentiels au milieu de la ville, dans
llntérêt des boutiquiers de aacriatio, et pbgusar
inutilement des anathémes sur ce ehapiln, ce
fui tout leur génie. Les promoteurs de eallo
«Misura agissaient incontestablement d'après un
principe salutaire.
UiK arrêt du conseilt du 9 novembra de 1785»
ordonna de procéder à la suppression du cime-
tfi^ dro Innocens. 11 s'en eahalait, disail^on ,
dea :Wapeurs méphitiques tellement activas ,
qu'elles corrompaient les alimena dans les asai*
apns voisines « et empoisonnaient ratmosphère t
an raison du peu de profondeur des fosses» et
de l'obligation oit Ton était de déloger les orne-»
mens k mesure qu'il fallait fain place pour do
nouvelles sépultures.
Les cimetières avaient été fermés dès 1776}
on avait cessé d'v enterrer avant on'on en «xhu*
Tuixs DES iaiGimnEs, a49
mât les 08 poi!i^ les^ tratiatpoMér datts det^liéfB:
souterrains applelés Coiaéémbei. Ve nbtkiikHk
cimetières forent ouverte anx environs ëtt^HfWj
et se sont étendus et multipliés depirir. ^' *^"**'^
Avant de coTisacrer le terraini dti ciniëttirte^^es
Innocensrli des usages civils, on y fit de gttiiâMb
travaux; miis la séparation des es et de lÉ'téHk
fut tellement ]ncom^lHe,46'^ctfl^maiiitëftAfe,
pour la place d'un pilier, 'd^iél^iste de 'pierre,
ou t^ou# b|«ttser la rigolé 'd^Êlhe bonfe^feiWiMiiJ,
<ori ret^l^ dèi^dèilfts, des jmàèUoHnéÉ, des'fréfj^éSs
'd'os; ^Le^sp^t^urs dkk (hWséiàb^ VttMféVt
q«ie ' ta pkhjièré transIâiSèi^ dé» ^ osnenMtis Wft
au lÉiois de décembre 1789; il èe ^M^tèÉiïX'tS^
c&té qàè des osseitténé eirtaétfés^diMd^sl^gMmt^
situés au-dessus de!t ehatnieiiiy ùii ^lerièé VttttiS^
qui entouraient le cimetière du c6té du noi^d. La
dernière translation des ossemens de ce cime-
tière eut lieu en janvier 1788. "'
En 1808, lorsqu'on fit de nouveaux travaux
au marché de^ Innocens pour établir Taqueduc du
canal de TOurcq, beaucoup de squelettes eAfiers
se présentèrent encore. Les ossemens en furent
transportés au cimetière de Montmartre. De
semblables découvertes eurent également lieu ,
a diverses époques , lorsqu'on travailla aux con-
structions du marché. En 1811 , particulière-
ment, on mil a jour un nombre considérable de
\
l4& MBMOmBS HliTOMQIlES
TtiMinaf fit ce qoe le bon teu ne demmodaîl pat,
eaMclauuml avec énergie qu'on éloignât des
fagarda publics cet atilet de la mort et de b det-
truction ; et qu'on plaçât dorénairant lea cime*
tièret hort de la ville.
L'imbécililé de quelquea désola t'alarma de
eotto aeture. Que ne prenaient-ila, dana llnté-
fil de la coMbinaiton du culte dea morta avec le
eulte dea irivana t KnitiatÎTe d*uiie propoaitîoB
igliiiiigeate I Teadre obatinément k conaerver
dea foyeia pettUenlielt au milieu do b TillOf doua
llntérèt det bouliqoiert de tacriatîo» et phgtar
uutilement det anathémea aur ce chapitre» ce
fut tout leur génie. Lea promotem de cotte
«MIture agitaaient incontetlablemeat d'aprèa «o
principe talu taire.
Uq arrêt du cooteil, du 9 noTembvo de 1785»
ordonna de procéder ii la tupprettion du câme-
tîère dea Innocent. 11 t'en eabalait, diaaiUon ,
dea wapeurt méphitiquet tellement uctiiroat
ipi'ottet corrompaient let aliment dana lea aaai*
aoaa voitinett et empoitonnaient ratmotphèro»
on raiton du peu de profondeur det ffottet, et
do Tobligation oii l'on élail de déloger let oaae-
mena k meture qu'il fallait faire place pour do
nouvellet tépulluret.
Let cimetièret avaient été fermée dèa 1776;
on avait cette d*y enterrer avant qu'on en oku-
Tinss DES JkRCHiTss. a49
mât les os poW les' tihihspoMër dstts des^liéfa:
souterrains appelés Cataéimbn. Jh ribéVëJriiic
cimetières forent otiverté anx entirdns ëé^HfU^
et se sont étendus et multipliés deptnr. ^' '*"*'^
ÂTant de coTisacrer le terraiifi dti cinîëtlii^^^es
Innocefnsrà des usages ciTib, on y'fif de gtiifiMb
travaux; miiâ la séparation des 6s ttàehi'Xéffb
fut tellement incomplète, 46'MdM^maitftiMI^
poor'la place d'un pilier, •d^KéJi^iste de '^i^rre,
ou tloWfcmiarer la rigolé 'd^Ktie Ik^
<oiil r^il^'dèë\lèiirts; des màèUoHhes, desYréfj^éSs
^08. ojLejpjosp^t^urs d^ Gaftft^mbèlB ifttMfélft
^e tapkhiièré traiii^stâiîèlV'dê» osséttMiis^ft
au lÉois de decfembte 1 78»^ it' ^ ^M^ièêiîl^iS-
c&té qàë' des ossëiifëns eirtaéàéb^ dàMéeér gMWf flt^
situés àu^des^s de!t ehatnieny Oli ^lerièé VMt^
qui entouraient le cimetière du c6té du noi^d. La
dernière translation des ossemens de ce cime-
tière eut lieu en janvier 1788. *'^
En 1808, lorsqu'on fit de nouveaux travaux
au marché de^ Innocens pour établir Taqueduc dti
canal de TOurcq, beaucoup de squelettes e^iiers
se présentèrent encore. Les ossemens en furent
transportés au cimetière de Montmartre. De
semblables découvertes eurent également lieu ,
à diverses époques , lorsqu'on travailla aux con-
struclions du marché. En 1811 , particulière-
ment, on mit a jour un nombre considérable de
\
i6o MBHouuES ntrouQms
ffrpnfili f pannî Le«qaeb on en vit qai conto-
I^Mnt des corps e peioe détroits, entre autres
]II|M femme et son enfiuit nonveaa»né « placés
dans la marne bière et assea bien coneerrés (1 )•
, ' Jjflp CnUcombes doivent lenr nom k cette stip-
fWSfing des cimetières; eUes ne contiennent
pis sealement les otiemens des Innocent, maïs
.dilipresqiie tons Im antres cimelikres.
A U même épo^e, 1786» nn préfet d'smbsl
IjpfWi^iSBt ponr Paris reçut aussi ilmpnliion de
JÇ« do Breteuil; Inexécution en ht conosrtéo
jfplre ce ministro et M. Pellelier de MotCmi-
ilpino» prévôt des mardiands. Un édit dn foi, dn
jr,#eptomhre 1786» enregistfé «n Ptelomonl or-
Aamkmkm 1a démolitiott des maisons cnnatrailea anr
J^liputs do la «iUo do Foris, sur les <^nais ot
fS4 do Gàvreo» do U Pellolerio et oniMO odja*
4MII9S9 wr les doux rives do la Seine»
méroent au projet «H^é on 1769; lo
lion «d 01 poot on lêfce*de la ploco do Louis XV;
«Uoid'nno noutoUo saUo d'Opécse ; |o ponolièvio*
snmldn i|uai d*Onsy, et aniMa obfola relaliii k
lo ealubrilé pnbtiiiue et é i embeUisBement de la
Mpîtale.
Dans l'origine , un de nos plus bcaua ponte,
11* isàii^aiJfê J* Vfciimrt.
le pont du Châtelet, ne devait pas porter denai»
awf^ h'eafféfhnw avaîtappm ({ntceasortMide
€/^jfkçmm^ ffiuiM)GipflJ$8» qoe^ue^ ptj^ès ifiddke
MÎenf» d^y^onent ruineu«^» et que k«qrdiMg«
Wtelfl 4et édîfiçm dojiQaii beaucoup plue^^
lîgiieuir Ml jçu du courant de Ja riiyièM. Be plM^.
lei Tupeurs des coiiraaa^ étonflSées ^pant Ifà manqué
d# iCiccplalioii isérieane, é^m^t U «ewco dfi
, |À li^ hIîIm j çbengemeasi fticaient ébé fMjélie
^mM'Mg^^f pr/âvÂt deafosarçhaiide eii4M9j
•l^lLéA^Svtînes, ÏJBntenmt da^i^ioèke;^ ]j%KéMN
tiMt f e fut eommencée iiTOo acCiidié que souple
WM#tte« de M* de.Breieoii etliBi^tnagistiyitiaii4#
M* Pelletier de Morfoifla^ne , ainsi quede M. 4er
Crosne, il faut lui en savoir gré.
£n succédant a M. Lenoir, M. de Crosne
avait trouvé uiie police toute montée et organisée
sur le modèle de celle de M. de Sartines; il
n'eut qu'à tenir la main à l'exécution des ordon-
nances de 1778-1780 et 1784, pour les diffé-
rentes parties du service de la sûreté et de la
tranquillité de la capitale. L'époque où il prk
les rênes de la police ne lui permit pas de se
livrer aux délails qu'elle exige , avec autant
d'application que son prédécesseur. En effet ,
les troubles de 4787 et Vhffaire du collier ont
i5a naoïus HUTouQOts
dû liétonmer ton alteniMNi Tort àm Mint diffé-
La mendicité éuit on mal anqnal on ne pon*
irait remédier qn'aTec de grandes diftcnKés. On
n'était plus an tempe de M. Berrjer , oii les
agent de la police te permettaient tontes sortes
de Tezations envers les mendians, dont ib se
fusaient payer les captores à raison de 45 fr.
chaque tète, ce qoi était transformer TespioiH
nage en mendicité ; on Toolait nn pon dlinas^
nité dans rezécntion des ordonnances; on piéf
tendait offrir qoelipoies moyens d'osislenco ê
cenz quit lanto d'antres ressoorcest se lésignaiont
aox aTanies de la charité publique. Le wm parut
désirer qu'on établit des ateliers de Parité pour
donner du travail aux p*Tres et ans mendisuii
▼alides. Or, en France, effeclivement, M. do
Croene partagea avec M. Berthier de Samignj,
intendant de la généralité de Paris, les soins né-
cessaires pour mettre à eiécution les ordres du
roi. Le sèle que ces deux magistrats y apporté*
rent aurait peut-être eu les plus heurem soccèOt
et leur généralisation en France aurait pu ifélover
jusqu'à la juste répartition du travail entre tentes
les classes , dont l'état n'eût été que le contre*
maître supérieur, sans les embarras qui afli»
gèrent l'administration dans le même temps, et
dont il est de mon sujet que je fiiise mention ici.
TOUCS DES AMHinS. ^ 1^5
M. 4e Groaiie» qui était plut qu'aoeone avitf^
aulorité^^chargé de veiller à la ti^anquillité de'IA
capitale, se trouva tout à coup dans une siluaiieik
au-desfos de ses forces pour réplimer les èésîM^
dres de la licence que les drednstances eiiigM*^
draient. Il le pouvait d'autant m<rfns que, faibfé
par lui-inéine, il était dominé et maîtrisé danlisU
conduite de magistrat, par le chevàUér JMMéi
commandant de la garde de Paris, charge île 1*
police d'exécution; homitte dur, insolbhtv^li-^
vuoBi du peuple, dont il avait plusieuM -fbië
épreuvéle ressentiment. IVèsIemois^âéAtf 781^
il y avait en dés mouveibens popittàirès,' èè i>ë
commandant avait agi avec brutàlilé*'tft'^^ftÉ$l
attiré iâ liainè de la multitude ; maïs n'ani tidipeiia
pas sur les événemehs.
Au mois d'avril 1785, il venait de se passer
un événement dont Téclat avait occupé tous les
momens de la police. Ses agens n'avaient pu
s'employer qu'a des recherches nécessitées par
les intrigues de cour et par les ennemis de la
reine. J'essaierai, par l'analyse des pièces authen-
tiques , de guider le lecteur a travers les bruits
multipliés et contradictoires qui circulèrent dans
le public a ce sujet.
Le joaillier de la couronne, M. Bœhmer,
avait ti'ouvé dans le commerce, dès 1776, une
grande quantité de diamans d'une parfaite
bfMttté i il les réonit daM rinteotion d'en dire
pn «ollier digne de b reine , soil que ce prejel
jirUit de iui , toîl qu'î) lui eût été fuggéré par lee
ennmûi de Je jeune iirinceMe, dent Tespoir de
h cevpioaieUre • en Ini impireni le dét îr de
fmn reeqoisîlion de cette riche penire. Cepen-
4aatil ne fat plut qnettion k la coor de ce col-
lier qve vert le noîa de janvier 1779. La veine
Tfniit d'accoucher de madame d'àngoallaet le
19 "décembre précédent. C'était une belle occa*
lioppoiirM.Bcdmierdelaire &ire an roi Facbat
df ce préaent pour k nonvelle acconchée. 11
C^pperU efectivemeot. Sa BlajeMé le trouTa
mgni6qae ; niaîe la reine ayant témmgné peu de
goAt pour TaToir» M. B«hmer le remportât lé*
•oln d'attendre un moment plue prapice* La
raine accoocha le 31 octobre 4781 d*nn prince
dofit la naUtance in»pira le plut ▼ifenthonaiaime
à Lonii XVL Le joaillier ne tarda paa à repro-
duire eon collier t et le prétenta de nonvaan an
roi qui Toffrit a la reine , avec quelque inetanco
de Taccepter ; mâme refus d^ la part de la prin*
ceam; le bruit mime counil à VeraaîUes que la
reine s'était plainte que M. Bœhmer troablaitsa
tranquillili^ par son opiniâtreté et sca démarchée
intéressées. C'était le supplice et la lièvre de
Tantale pour une femme m belle et si justemait
fière de Tctre , c|uc d*avoir à re|;arder el à re-
4iHiimtion8 effirénées dii règp« pi^c^d^çj^,, ,,; .
Il y ayail à Paris «na.||»p^4tfj 4'w|iç»jj(|^jj./}f
4:«scrpct *)ntle d»ef <^«|it^g%|i)|jiA4^^te
zwVi art « piropre <^upi|.f g9ujyep,;^irçflft
pojrisi) 4'f5ç>atr Jf^rmi Ipp^mW 4» miWi^b
4» «9n car«iç|è|^ , r^49M pK9HC)À>f%r
«^itcîw^» éjail épris de îa win», );<% #€içî#t|t-()^
(Sagfiostro, ail ^ rendait souvent It c$rdi^4»
^ait en partie composée de jeunes femmes
amies du plaisir et de la dépense, et dans le
nombre était une demoiselle de Saint-Remi de
Valois, épouse d'un mauvais sujet, nommé le
comte de la Motte, homme perdu de dettes et
de besoins. Cette comtesse de la Motte avait la
confiance particulière du cardinal. Elle sut de
lui que son plus ardent désir était de pouvoir se
mettre bien dans l'esprit de la reine et qu'il en
était amoureux. Cen fut assez avec la connais-
sance qu'elle avait de ce qui s'e(ait passé et dit k
la cour a Toccasion du collier de diamans, pour
l56 «KHOmV ■ttTOftlQClS
coBceroir le projet d*eBtniiner le cardtoal dam
des démirchet dont elle retirerait tout le profil;
elle aeiitit qu'elle poiiTait Taboser et derenir
propriétaire da collier.
Elle pemada donc an cardinal de Tacheter
ponv la reine, se faisant fort de le fiiire accepter
k Sa Majesté par les relations et les liaisons inti-
mes qn*elle se Tantail d'avoir avec eDe; c^étail,
disail-ellet mi moyen sAr de plaire li la reine et
de mériter aes bontés. Elle eot l'andnciettse
■dresss de nénag er nne intrigve , celle dmt on
a tant parié som le nom de eftnft dt la rait « penr
convaincre le cardinal des senlimena de la reine
ponr Ini. En échange dn magnifiqnn prisent
qu'il Ini voobit faire , elle imagina d'engager
nne belle fille, nommée dPOliva, à joner le fêHm de
la reine dans nne soirée dn mois de jnillel 47tt,
et d'avoir un entretien favorable avec la cnrdi«
nal ; il était convenn qu'elle tiendras! nne raee à
M main et la laisserait tomber en signe d'appsn
balion de ce qu'il demandait. La scène eut Hen^
la NsetoadMi, et le cardinal se crut en
dm bonnes grftces de la reine. La
étrange de cette fille avec la reine, dn
pour le geste et la tournure , ont passé dans
tains esprits pour une trouvaille romanesqno
apvès coup imaginée. On soutient que le prince
de Hoban rit la reine elleHuême, et que, par un
TIRÉS DBS ARCRi¥|E^. 1 $7
qmpr<M|ii0 trè$ hid^ilement ourdi par. l^^spiit
subtil de la comtesse de la MoltOt la çh^te délai
fleur fie répondit dans la pensée de fiifarie-An-
toineite qu'à des circotistaoces fort secondairea
etdemkice aloi. Quoi qu'il eu soit^le cardim^l^prît
des engagemens avec M. Bœhmcr pour rachat
du collier. Cependant, pour que racquiûtioa pût
être faîte, et que le cardinal se chargeât du
paiement^ il lui fallait, ce qui lui paraissait fiieâle
après la scène de la rose , une preuve du con<*>
sénteineot de la reine à cette acquisition. Il ré-
siste ici, de l'instruction et de divers aveux, que
la4iiiie)de la Motte contrefit ou fit contreiairsi
t^critwe et la. signature de la reint sur un. écrit
ou Sa Mlgesté approuvait les arrangemens pro-
peiés pour l'achat du collier par le cardinal. Qes
bUlets furent faits en conséquence et signés de
lui pour une valeur de 4 ,600,000 francs paya-
bles a diverses échéances.
Les termes des premiers paiemens échus, le
joaillier ne les voyant pas s'eflfectuer, s'adressa au
roi sans en parler à la reine ; Louis XVI, indigné
qu'on eût ainsi compromis son épouse , fit arrê-
ter le cardinal.
Il est nécessaire ici de recourir a une pièce
authentique pour connaître comment s'est faite
cette arrestation qui fut si diversement racontée
dans le public et les écrits du temps. Un rapport
\
t
iiè MÉioniti airroiuQUEs
«Adttl et inédit, fait il M. de CrMtie, ai
liefit le récit , tel ffût je ▼«• le tmoacrire.
« Le 1S août 1785, le rei a donné ordre an
{Tftrde des sceaox et a M. le baron de Breteoîl de
ie tendre à dix heores da matin aaprki de Sa
Majesté.
« Le roi et la reine ont renia à II. le baron
deBreteail ttn mémoire signé de deoa mardiaiida
joailHera de Paris (4). Ib ont dit à ee amaisln
d'en dire bairtement la lectare.
é Le mémoire aTsit pour objet an eaMar da
diamans, estimé seiae cent mille liTtes, daat las
dette mardiands etposaient que M. le eariinai
de Roban , grind-aomfinier de France » atak Ml
Taequisition êtt nom de la reine ; qae Mi la
dinal atait frit toir à ces deux joaillieti
binets t dont on entre antres signé de la
par lesquels S« liajeslé antorinit M. le
à faire cette acquisition. Le mémetra
entre antres cboees, la copie d'une letti% da
Bf . le cardinal ans deux joaiDiers , pont
pria dn colHef , et la manière dont Us
payés. U pintt, par Pesposé de ce méasaire, qv%
le prix lait , les intérdu et les termes de palt^
ment conrentis, SI. le cardinal avait estvnjfé
chercher les dettx marchands pour les obliger I
(i) Ce tcNit MM. tcKhaMr ci SêSMoft.
/
comentir à une diminoiiw di SKXM)Ml lU^
eiffin il pftraît anssi ({ûc Mi le ëat(ift«i^ llMr éièk
dit de ttmeircier la reine de ktbontélqutSa^ Ma-
jesté avait eue de les employer, ef que nfàyaififcf «
approcher de Sa Majesté, ils avaient adreaséèlA
reine un premier mémoire à cet effet» < :
«Après la lecture de ce mémoire^ Je r^ a
(ait dure a M. le cardinal de se rendri^ .^uf;^ j^f )de
Sa Majesté ) il s'y est rendu , et s^ors en pri^n^f)
de la reine; Leurs Majestés ayant retenu If
garde des. sceaux et M. le baren de Breteuil, \^
roi a demandé à M. le cardinal ce que c'était
que racquisition dun collier de diamans qau
avait àcliéié au nom de la reine.
« M. le cardinal a répondu : — Sire , cela est
ttoî i j'ri été trompé.
k Le roi lui a dit : — Ecrivéif à llnàtahf <fé ïchSi
tôtiàâVez k me rendre cornpte.
(( Sa Majesté est passée dans sa biblidthëque
avec la reine , et a ordonné au garde dés éceâùx
et à M. le baron de Breteuil d'y suivre Leurs Ma-
jestés ; il a laissé M. le cardinal seul dans le ti^^
binet, afin qu'il pût écrire tranquillement.
t Quelque temps après , M. le cardinal a ap-*
porté au roi sa déclaration, qu'une femme,
nommée de Valois, lui avait persuadé que c'é»
tait pour la reine qu'il fallait faire l'acquisition
du collier, et que cette femme l'avait trompé.
i6o Mnoniit ufTomiQtTift
ir t# rai lai a demandé ou était cette femme;
11. le cardinal a réponda qo*il ne le saTait pat.
« Le rai lai a demandé s'il arait le collier , il
a réponda qu'il était entra les maint de celle
femme.
« Le roi lui a dit de ratoarner dans le cabinel,
et d'y attendra. »
Quekiuei instant après , le rai et la raine ont
été dans le cabinet oit M. le cardinal attendait ,
Leun Majestés ont ordonné au garde des sceaux
et à M. le baron de Breleuil de les suifra.
• Alon le rai a ordonné à M. le baron de
de Brateuil de faira lectura du méomira des
deux marchands joailliers.
« Ensuite le roi a demandé a M. le cardinal ou
étaient ses prétendus billets d'autorisation, écrits
et signés par la reine. M. le cardinal a répondu :
— Sira, je les ai» ils sont faux ; je croîs bien qu'ib
sontfiiux, je les apporterai à Votra Majesté.
« La rai lui a parlé de b lettra éciiu par lai ,
aux marcbands Joailliers , et qui est copiée dans
le mémoira ; il a réponda : — Sira, je ne me np*
pelais pas l'aToir écrite, mais il &ui bien qne je
l'aie écrite pour qu'ils en donnent copie; je
paierai.
•Le roi lut a dit : — Monsieur, je ne puifme dis*
penser dans une pareille circonstance de faira
TiaÉS DES AHCHIVeS. n6i
inetlre les scellés chez toiu , et de m'assaiONée
Totre personne. Le nota delareine m'est. pMé-
cieux; il est compromis, et je ne dois mai<Aé-
H M. le cardinal a supplié le roi de lui éviter
l'écUt, surtout dans un jour comme celui-ci, et il
a înToqué les bontés de Sa Majesté pour ma-
dame de Marsan, pour M. de Soubise et pour
SOABOmi
« Le roi lui a répondu : — Je tâcherai de les
consoler autant que je le pourrai , je désire que
vous puissiez vous justiGerj je fais cb que le
dois, comme roi et comme mari.
■ Ensuite Sa Majesté a donné ordre 'n M. le duc
de Villeroy , capitaine des gardes , de mettre au-
près de M. le cardinal un officier des gardes-
du-corps, avec ordre de ne le point quifter.
« Sa Majesté a aussi ordonné à M. le baron de
Breteuil d'aller aussitôt mettre les scellés par-
tout che<^ M. le cardinal , en sa présence et celle
de l'officier des gardes- du-corps.
« Après quoi , Sa Majesté a eu la bonté d'é-
crire a M. de Soubise et à madame la comtesse
de Marsan. ■
On ne reconnaît dans ce récit authentique
rien de l'acerbité qu'on a dit (|ue le roi et l.t
reine avaient fait parnître dans celle sri-ne. di'-jà
i6a MCMOiRKs msToiiiQrfN
aMK triste cl richcute pour on pbrt de l'église •
Aq>é par one femme intrigante et drs sociéléi
4*eferoct.
Ce ne fut, au reste, que le lendemain, IGairiil,
«{de te prince de Rohan fut mis à la Bastille ,
ahiti qu'il résulte du registre de cette prison.
m
Quatre jeurs après son entrée» il y 6l uae
déclaration en présence de M. le maréchal de
Castries el de M. le comte de Vei^ennes» que aana
doute par égard pour le rang à^ Taccusé » V^ roi
nomma pour y assister. De pareilles pièces » je ^
répète » son! ici les plus sûres bases dejugemonâ;
cette dernière oflire un aveu naïf des torts et de
Fareuglement do cardinal , b voici :
^^VvWBv ^OOe^^^W wV^VV^^W^W^^PSvV ^^^B ^^B # w^^ v^W ^^^^^^^^W ^^^p
a La dame Valob de la Motle » qoe favab
emumt par ses besoins , après plosiews mois ,
yntA me dire qu'elle avait trouvé moyen d'avoir
accès auprès de la reine ; elle m'ajouta , qnelqoo
temps après , qu'elle croysit la reine disposée à
me permettre d'espérer de poovoir n'être pln$
dans sa disgrâce. A d'autres époques, voyant qoe
je ne voulais pas me livrer u cette espérance ,
elle m'ajouta qu'elle m'en ferait donner dos
preuves, et que Sa Majesté m'honorerait » en
TIRÉS DES ARCHIVES. 1^3
passant , d'un salut (jtii inarquerait de la bonté ,
et je crus plusieurs fois reconnaître cette nuance.
Ensuite il me fut dit ijuc Sa Majesté me ferait
venir pour me donner un ordre sur un objet
quelconque , et qu'elle me dirait alors elle-même
que je pouvais espérer de n'iître plus dans sa
disgrâce.
I' Celte audience n'eut pas lieu, et ma mé-
.fi«Boe f«it <très marquée. Aloin il toa^ ùt ttMttlfi
^fUà, |fi,rwu««e4i^aU<)W pvife^lMil^ebiifi-
Se^iatt^ jà ,w»« é^i paraîtrait «i^^i^ ,tt
jiftt^vUe aurait la bonté de mo dwuer un^.powvw
ylw jnarqaée ; qu'an soir je. U rencpfitrarfHii «B
pramenant dans Ua ^urdmi , D'étant .paa.-MÛsie
4e^rte4«son monde, Ce ioir.£M^ fut dévgué
dans le mois de juillet 1 7M. J« rencoolvai ^e«-
tivement , à l'heure indiquée , une personne que
je crus la reine : il était minuit à peu près. La
dame de Valois vint au-devant de moi pour me
conduire près d'elle ; je m'approchai avec res-
pect. Cette même personne me dit que je poa-
VMB espérer qu'elle oublierait le passé ; j'expri-*-
mai ma reconnaissance dans les termes les fhu
respectueux ; j'observai que , pour me parler*
«lie avait levé sa coiffe d'un côté avec sa main ,
et de l'autre avec son éventail.
H Un homme vint dire que Madame et ma-
1<)/| MRMilllll.S IIISIiiUlMl »s
dame la comtesse (l*Artois se promenaient. Je
me retirai précipitamment, et cette Jame de
la Motte, qui était avec celte personne quelle
supposait la reine, iiic rejoignit. Elle alla une
demi-heure aprin dans le tliûleau , d'oii elle res-
sortit avec un mot qu'elle prétendit lui avoir été
écrit par la reine , pour la rassurer sur sa santé,
et qa*on lui avait remis.
« Depnb celte fatale soirée , la croyance qae
c^étaii la reine que j'avais vne m'a fiitt tomber
dans nn enchaînement d'erreurs qui m'ont con-
duk dans le ptége. Ce prétimmaire jmtifie la
confiance aveugle avec laquelle je me suis prêté
à traiter racquisiiion du collier. Ce qni pnm^n
'onoore mieui mon abot de conviction, aont
tontes les démarches que j'ai fait Cure ponr
avancer le paiement , puisque c'est moi qoS ai
pressé les Bœhmer de s'adresser k la reine, et
cola même itérativement ; puisque c'eat encore
■mi qui ai dicté la note qu'ils ont en l'honnonr
de remettre k Sa Majesté ; et en6n pniaqn'avant
tant , j'ai donné un gage écrit de ma main , qni
ne m'était pas demandé , qu'ils ont mémo Tonln
rainser, et que je les ai forcés d 'aeeepter ponr
leur sûreté. J'étais donc trompé moi-même, et
je ne trompais pas. Mais encore nne réiesion
importante que je dois ajouter : comoaent an*
raia-je hésité un moment à payer le terme con«
TIRÉS DES ARCHIVES. itÊ'
venu, par un fort à-compte qui faisait to^t rëê-
ter dans le silence. ''_
« J'avais porlé moi-même le collier en que*-
lion chez la dame de la Motte, demeurant à Ver-
sailles, chez le sienrGobert, place Daiiplûne,
et j'y étais encore lorsque le mi'me liomme que
j'avais vu le soir de la promenade citée, y arriva,
et remit un billet. HUe \p. Bt sortir, et me com-
muniqua ce billet i il portait qu'on devait re-
mettre le collior au porteur du billet. Cet homme
étant rentré, je vis qu'on le lui remettait ; il re-
partit. J'étais retiré pendant ce temps derrière
la porte en papier de l'alcove , d'où j'enicndis et
vis tout , la porte étant entr'ouverte. Il m'a été
dit par cette même la INIotte que cet homme
appartenait à la chambre de la reine, et à la
musique. 11 est d'une 6gure mince, visage alongé,
sourcils hruns et couleur pâle.
■ Je ne puis pas indiquer le jour Bxe où j'aî fait
la remise du collier à la dame de la Motte, mais
c'est le jour même ou le lendemain de la livrai-
son qui m'en a été faite par les sieurs Bœhmer.
« J'approuve l'écriture, et aâirme la présente
déclaration faile en présence de M. le maréchal
de Castries et de M. le comte de Vcrgennes.
Fait à la Bastille, ce 20 août 17S5.
■ Signé le cardinal de Rohan. »
l66 MCMOIIIES aiSTOniQUES
ÇepcndâDt, U nouTelle de rarresUtion da
cardinal fut presque auisitot sue à Paris qu'a
Versailles; le lieutenant de police reçut tous les
ordres nécessaires pour arrêter et faire conduire
à la Bastille ceux dont , d*aTance , on connais-
sait la complicité dans cette criminelle escro-
querie. La dame de la Motte fut arrêtée le 30,
conduite à la Bastille et transférée a la Concier-
gerie ; le comte de Cagliostro le fut le 33 et y
resta jusqu'au l'"* juin 1786; la demoiselle d*0->
lÎTa, cette prétendue femme imaginaire , que
Ton aOa chercher et appréhender h Bruxelles »
où elle s'était retirée après Taflaire de le ross , y
fut amenée le 4 novembre de la même année, et
y resta jusqu'au i i mars i 786. Toutes ces arres*
tations et un grand nombre d'autres fiirent exé-
cutées par des agens de b police , et ceux on
celles qui en furent l'objet interrogés à la Bas-
tille.
On aurait désiré à h cour et dans une certaine
clisee de la société il Paris , que celte aflain eAt
été traitée a huis clos , c*est-ii-dire dans le secret
des bureaux du ministre de la maison du roi et
de h police, et par lettres de cachet ; maia le roi,
par une fermeté qu*on vilipenda comme on ^B-
penda plus tard ses faiblesses , voulut que Kaf-
faire suivît la marche des procédures ordinaires »
et il rendit des lettres-patentes qui en saisirent le
TIRÉS DES ABCBITKS- 1^
Parlement. L'arrêt que rendît cett/ç c«wr vtvn^..-
raine^ 1« 31 mai 1786, prononça nar tQiH |e4
prévenus , condamna les uns "k ditÇVH}lk|t^Wi'
et acquitta les autres.
Madame de ta Moite, la plus coupable sans
doote de tons ceux qui ont paru dans cette în-
trigne, et la principale accusée , fut condamnée,
par cet arrêt, au fouet et à la marque sur les
deux ipatdes, et à ôtre renfermée à perpétuité à
la Salpêtrière, d'où elle s'évada le 5 juin 1787.
On fit , dans les Mémoires de mademotteUe Ber- ,
fNi^ jur la reine Mane-Antoinelle (1 ) , « que loi>-
qae la reine apprit la manière cruelle dont ma-
dame delà Motte avait été traitée lorsqu'on lui
appHqna le fer chaud , qui porta en partie sur le
•cin gaache , elle oublia les chagrins que ses in-
trig;ue8 lui avaient causés pour ne s'occuper que
d'adoucir son sort. A diverses époques , elle en-
gagea madame la princesse de Lamballe à se ren-
dre , sous prétexte de curiosité , à la Salpêtriàre ,
d'en visiter les diverses parties, et de se rendre,
(i) Ci-s Mémoires , réimprimés en 1854 1 pai" les frères Bossange,
Miat du p1u» haut intérêt pour connotlre la vie de là rriue de
Francis et quelques perso on es di; sa cour; ils pr&eDteot dc« faits
tt des aïK'cdotcssurLouisXVIetrafbiredu collier; il est péi]ll>le
que des susceptibilités inconnues aient empAihé Is Tente de ci-s
turleui Mémoires , faits avec soin et accompa(;n^s de pièces rares
sur inadnme Dubairi.
l68 MÊMOinr^ lllbTUHKjtl.S
sans iftecUtion , dans la chambre de madame de
la Motte , de s'informer de son étal « et de don-
ner h la tupérieore des secours pour elle. » Qui
peut douter que son érasion n*ait été facilitée ?
Cependant I les gens d'affaires du cardinal,
Tabbé Georget, son secrétaire, entre autres,
ses créanciers et ses amis firent de nombreuses
démarches auprès de la police pour retrouver,
a'U était possible , les diamaoa enlevés par le siear
de la Motte , et mettre la main sur ce fripon , re-
tiré I Londres , où un an après sa femme vint le
rrijoindro*
I^e gouvernement eut égard à ces solttcita-
tiÔDs , et d'ailleurs b justice réclamait la punition
d'un vol aussi considérable que celui dont le
sieur de la Motte était coupable.
U existe une lettre officielle a oo si^, adsM*
sée par M. de Vergennes, ministra des aflûres
étrangères, è M. de Crosnes, en date dn
septembre 1 785 , qui prouve la célérité qne
la police fi^nçaise dans cette poursuite , qnoiqne
fort inutilement.
On y lit ■ que les recherches qui ont été finies
et qui se continuent en Angleterre , su sujet du
collier de brilla os que le sieur Bœhmer et Bas-
sange ont livré a M. le cardinal de Rohan , ont
déjà fourni la preuve que le sieur de la Motte a
TIttÛ DES AKCHITBS. 169
produit , dan* les mois d'arril et mai dernier,- n
■iear Gray, joaillier à Londres, une quantité'
conndérable de magnifique! diamani dont il di-
sait avoir hérité par la mort d'nne de «et pa-
rentes, qui lai en amCme vendu plunenra'dAii'
il a tOBiM le prix, soit en argent, 's<nb''pif'-
échanga contre d'autres briHan* , peries et biJOTiK *
divers; qtt« le siear de la Motte avait encore'!
laissé an jieur Gray de très bellea pierres poWfM';
monter en collier et boucles d'oreilles; >^^li^'
avait ensuite proposé de les lui vendre , prétex-
tant avoir besoin d'argent; mais que n'ayant pu
-s'accorder sur le prix, le sieur de la Motle les
avait retirés. Le dessin du grand collier qui fait
l'objet des recherches , ayant été présenté au
nëor Gray , il y a reconnu presque toutes les
pierres que le sieur de la Motte lui avait montrées
toutes démontées.
« M. Barlhelemy , chargé d'affaires du roi à
Londres, dont je liens ces éctaircissemens,
m'observe que la loi anglaise met un obstacle à
la saisie des diamans qui pouvaient encore être
découverts en la possession du sieur de la Motte ;
mais qu'à tout événement , il serait à propos de
se munir d'une procuration du sieur Bœhmer,
dressée en français ou en anglais , sur le modèle
que M. Barthélémy a envoyé, le 29 avril dernier,
il M. Lenoir, a l'occasion d'un \o! qui avait été
comniê cbei M. Dmau , tncUn ienmer géoénl*
par !• Bommé Dubois , dit TrisUn , too dome^
tiqne. J« tous prie , en conséquence « de faire
fiure des recherches de cette pièce, el de proposer
t« tienr Bsehmer de fournir sa procuration dres-
sée d'après le modèle énoncé. Lorsfu*il iroM
Taura remise t tous ToudreaUen me renvoyer;
je« redresserai de mon côlé h M. Barthélémy ,
peur en (aire umge selon ka heseina al ka
« Signé VE Vi
CSette lettre officielle du miniatre dea aftirea
étrangères prouTe un fait important , c*eat ^na
Tecs le mob d'ami 1 785 , par conséquent long-
temps avant que rescroquerie ne fikt connue h
Paria » le sieur de la Motte trafiquait dea dia*
mans du collier à Londres , ce qui jeta dn
jour sur plusieurs points de cette flchenae af-
faire. En rapprochant les dates , non seuleaaeal
on eut connaissance de ce fait par lea roa*
se^emens que le chargé d'affaires dn lei à
Londres fit passer a M. de Vergennea, maia
encore par la copie authentique des déda»
rations du joaillier anglais Gray , dont Tabbé
Georget, secrétaire du cardinal de Rohan,
donna communication au Tieux ministre ; elles
«ont datées de Loiidren. a la date du 35 octo-
TIRES DK5 ARCHITU. I7I
bre 1785,' par conséquent deux mois après l'ar-
restation du cardinal, et avant le prononcé do
jugement qui l'a acquitté.
Ces déclarations et renseignemens suffisaient
bien pour constater l'escroquerie du sieur de
Lamotte , en connivence avec la coRitesse , sa
femme. Mais il restait toujours au gouverne-
ment à parvenir à avoir à sa disposition ce même ■
sieur de la Motte. Voici , à ce sujet , une lettre \
assez curieuse , écrite de la main de M. de Ver-
gennes à M. de Crosne.
iî'St tiens, monsieur, dFe Bf."fé àuc ie^È^ir- ]
set (f), qu'on croit k Londres, que le sieti^ de
la Motte est réfugié datis le pays de Galles, ou if '
doit avoir changé de nom et adopté Thabit des
gens de ta campagne; peut-être cet avis pourra
être utile aux observateurs que vous pouvez avoir
en Angleterre.
« L'ambassadeur de cette nation m'a renou-
velé hier la demande du sieur Chamoran et de
la femme qui l'accompagne ; ma réponse a été
que leur extradition ne pourrait avoir lieu qu'au-
nibissadeur d'Ang'rl
173 MUiOllUâ» UUTOMl^tft»
Uni qu'elle serait le prîji de celle du sieur de U
Molle.
9 J'ai llionneur d*êlre , elc.
« Sigmi DS \wmgmmwu. •
On iroit par un rapport du mois de septem-
bre 1785, adressé k M. de Crosne, qu*un sieur
Le Mercier , agent secret , collègue du fameux
Chorandi, autre espion du gouTemement en
Angleterre , dans Timpossibilité de parvenir à
mettre la main sur le sieur de la Motte par les
^oiea ordinaires, avait proposé de Tenlevcr par
force. « Si Tadrease ne suffit pas , dit-on , dana
ce rapport, on emploiera la force pour conduire
la personne au bord de la Tamise , dans un eop
droit isolé , ou Tonr aura soin d'avoir en stalâoo ,
quinze jours, s'il le faut , un de ces vaiesean qmi
portent le cbarbon de terre a Londres. lia aonl
d'une épaisseur ai considérable , qu'il aeriil im-
possible à quelqu'un renfermé dans la cale de
se faire entendre par aes cris. Les équipages de
ces Taisseanz sont ordinairement composés de
quatre k cinq brigandi^qui font tout quand on
les paie. L'homme une fois ii bord, on descen-
dra la riviëre jusqu'à son embouchure , et ft , à
l'ancre , on aJcndra une embarcation de con*
trebandier pour le prendre la nuit et le conduire
sur les côtes do France. • Mais ce projet ne fut
TIRES DFS ARCI?IVES. 1^3
point admis; el , malgré tous les efTorts de la po-
lice, on a vu pnr l:i feUre de M. de Vergennes,
que je \iens de rapporter, qu'on ne put se saisir
de celui qu'on poursuivait avec tant de soins.
Comme je n'ai dû m'occuper de cette affaire
que sous le rapport qu'elle eut avec la police,
je ne me suis pas arrèttï aux nombreuses ver-
sions qui en ont couru dans le public, et dont
s'empari-rcnt les cotteries, au point de laisser des
préjugés sur les diverses circonstances que le
roi s'efforça de mettre en lumière. Je n'ai ,
d'ailleurs, voulu parler que d'après des pièces
certaines et dont ceux qui ont écrit sur le même
sujet n'ont point eu connaissance. A la vérité,
ils n'informaient pas, ils combattaient; et c'est
ûnsi que ces contes haineux s'invétèrent dans
la conscience publique. J'ajouterai seulement
qu'on a dit et assuré que la partie des registres
du Parlement où devait se trouver l'affaire du
collier a été enlevée. Le fait peut être vrai; mais
ce qui est indubitable , c'ost qu'aux archives de
la nouvelle police, où sont déposées le peu qui
reste des pièces de l'ancienne, et où s'en trou-
vent encore d£ relatives à l'afiàire du collier,
on y chercherait vainement les interrogatoires
subis par les prévenus , soit à la Bastille ou de-
vant M. de Crosnej ainsi que les notes adressées
174 MCMOIKES H1STOAIQCC5
par celui Cl k M. le baron de Breteuil, et qui
devaient faire partie de cet immente douicr.
Les document sur cette affaire avaient-ils élé
rouservés? ont-ils élé ôté< à dessein après le ju-
gement prononcé , ou perdus accidentellement
pendant les révolutions qu'a éprouvées b police
depuis 1789? On voit par un ordre do roi, con-
tresigné le fttfrofi de BreUuU^ daté de Saint-
Clou^, 5 septembre 1786, que dès ce mo— ni
le ministre avait (ait redemander a M. de Crame
toutes les pièces de la procédure , et qu*il n*on
laissait qu*an petit nombre, c*ost-h-dir« ka
lettres au lieutenant de police pour presser lea
interrogatoires , et en aToir copie aurJo-champ;
il bissa également les interrogatoma du aîo«r
Toussaint de Beanure , de la demeiseUe OEva ,
des lettres de madame de b &f otte et dn coflsU
de Caglioatro. &tais , eicepté rinterrogaloire ds
Cagliostro » et quelques pièces insignifianlea el
des bttres de madame de la Motte, b reste a db-
paru par ordre ou par accident , depob r^»oq«a
do procès terminé.
On a dit , dans le temps , que Ton mettait mn
soin particulier à ce que b cardinal de Robaa p
qui étiût à b Bastille , ne pût communiquer m
de loin ni de près avec personne; on a dit vrai.
Cette surveillance était portée jusqu'au ridicok.
Tifi^ DBS ARoames. t^5
Jfi. dfti Crosne rcçnt une note cA il^oM'ftiitt
> ^'imcwflonnier dé la r«e)SMAfrAiiit*iii«ijiiM-
nait deux sous par personne poâr Ainvuiff' du
haut de son grenier, M. le cardinal , lorsqu'il se
promenait dans les tours de la Bastille. »
Le sieur Quidor, inspecteur de police, fut
chargé par M. de Crosne de vérifier cette nolfi.
Par un rapport du 9 a\ril 1786 , il répondît au
magistrat * qu'il paraissait qu'elle était inexacte;
car, malgré les inrormationa scrupuleuses qu'il
avait faites, il n'avait découvert, rue Saint-An-
tràic<i «Bonb corâoflSfier tn bdtlH^tM ^iri'' «b
«^flibre atu enwMidB l« BtMÎWfe.''';"^')'^ -'^
« ^^1 avait su senlemelit que la feinine.4L'«i
heidaqne dcM. le cardinaf, logée au cinquième,
mÙBon de M. le commistàire Crepy, éè menait
souvent a sa fenêtre , ainsi que plusieurs autres
personnes qu'on y avait remarquées , et qu'on
lui avait vu faire beaucoup de salutations à ceux
qui se promenaient sur les tours de la Bastiïle.
Que ceci lui avait été cerliBé par la TeuVte B^as-
sarc , marchande de meubles , dans la même
rue.
« Que, peu de momens après cette manifes-
tation, sur les six heures du suir, il avait aperçu,
sur la terrasse de la Bastille, deux particu-
liers, l'un vêtu d'un habit bleu , chapeau rond ;
1^6 MKHOIHCS ■lSTOIIIQI'F&
raaln ayant un frac Tert , ainsi qu*an faction-
nairt; auasilôila femme de rheidiique a*ett mise
à la croisée » pour les regarder , mab sans faire
de gesles. *
L'inspecteur ajoute « qu'il a questionné les
commissionnaires de la rue , en leur offrant de
Pargcnt, s'ils pouvaient lui indiquer un endroit
d'oii il irît se promener les prisonniers de la Bat-
tille i tous ont assuré unanimement qu'ils n'en
connaissaient aucun (1),»
Cette aflbire, toumentante pour la polîc«»
était h peine terminée, que M. de Crasoe en ont,
sinon de plus pénibles, au moins de pins sérieuses
dans les événemens publics qui agitaient b ca*
pilale.
Le peuple était animé contre b fonneme-
ment ; et les débats de l'assemblée des notables ,
ob suscitaient toutes les grandes queslbos d'or-
dre public , avaient encore accru b cbabnr des
esprits.
. Un conseiller au Parbment , U. Solfier, an*
(i) Od folt par une lettre de U. de Croiiie. mdrtuét Mi biraii
de SRlnilt ca date du iS Juin 17^. que lr« vHnmn allenApt mmm
•iror» Qoldor et Siuboi« , lnf|iectrur» df i-ulice , rt que 1« HMf^
trsl réclame pour frali de voyagn , c^i^ium , pervjii.«iitc!is ri aa-
m «pénUona ralativeaè rcsiraiiim dr« ordm du roi , r%^âSM
ootiirelraticorfldamcdeli Uolte. «r isntiirni » ^.w»^ M«ie«.
TIRÉS DES ARGRITES* fJ^J
jourd'hili conseiller d*Etat, a tracé, eo aiyle
sévère et quelquefois partial, les iropoiUantel"
scènes de cette époque. On verra, paries feits
qui s'y passèrent, si M. de Crosne. pouvait tenir
le gouvélrnail au milieu d'une pareille tourmente.
« A la rentrée du Parlement (sept. iTW)-^
dit-il , le désir de ci^server la faveur populaire
autant que le besoin de veiller a la tranqniHité
de la ville , attira les regards du Parlement
un objet essentiel de police.; Depuis le renÎToi
principal ministije (1), le peuple, conduit par
de jeoms praticiens, et licite par des ageni
d'Orléans (2), se livrait, tous les soirs, kdeb
témc^gn^es d'allégresse qui avaient ^rwmftJê ■
ment dégénéré en licence. Cette troupe dés<Mt*
vrée se rassemblait, a la chute du jour^ ik «ftlédtf
Palais , sur la place Dauphine ; elle forçait les
habitans du quartier a illuminer leurs maisons ,
en réjouissance du renvoi du ministre et de la
rentrée du Parlement (5) , en cassant les vitres
(i) M. de Bricnue, renToyé le a5 arril 1788, avec 5oo,ooo livres
de revenu, et des bienfaits de la cour.
(a) Qui ne reconnaît ici cette monomanie de voir des agensdu
duc d'Orléans partout ?
(3) On sait assez que Louis XVI, par le conseil de ce ministre
et par égard pour la reine qui le prolégcait. avait exilé le Parle-
ment de Paris î» Troyes, le i4 i»vril 1787, parce que cette cour n'a-
vait pas cru pouvoir enrcfîislrer les emprunts propos'js par ce
prêtre mnIf.iisMnt.
1-2
à'^H MÉ1IOIIIE5 HttTOMQCIS
de ceux qui refiisaieiit ou n'oliéiwicBt pat il
pMnpUoient.
ir Cet iéditieuaL (c*e&t tMJowi M. Sallier q«i
iurle» et qui ne parlait pas de nêoie alon)
r^mwîrrat difiercns déserdMi. Leur nMnbra
9'iiceroift$ak loua lea jonn. RépiÛDéa d'akofd par
dea déUcbemens de gar Jea fi antMaei » il t'en
élMel Teagéa aar le guet , gude municipale
qaî en inpoaait nMÎna qae lea ■ttlilairea. Dea
déaordrea grarea, et lela q«e nom en artima
eaa daaa lea premiera tempe de le féf^aMen •
eweient anîn cea acènea temrfteewti, ^eicmpe*
de^garde «arment été piUéa et biMa ; fl ereit
iellei cenlNittre aforoe oeirerce eee pieiMilevni
qjÊit encoeregéa par la modénlMm deal mi erall
lié eavera eux, avaient manileitf Kntenllon
d*nicendier lea hoteb dea mimUtea et dn coea-
mandant da geet ; ila a*y étaient pevtéa en Mfe,
avec dea terabea alloméca. Penr parvenir k lea
dianper, il avait falh laire fen anr eez ; phnwnn
d'entre eux avaient été bleaaéa, qnelqnea-nna
tuéa(i).
« Le Parlctocnt crut devoir prendre connaia-
(i) L« ciMvtlier Dobou qui, par m barlurip et toa lnwlc»c»«
•fah Irrita In Pari*iei« , en crilinit à twn Hr* il U venfMnoe; H
qaitu la France en 17H1), et ir relira en Anf*eierrr , oà II moorvt
en iao3. On a aMoré que le» AnglaU Ini aTaient Calt une pi niin» ;
cVftt un men^onffr.
TIRÉS DES aucrites. 17^
mum 4^ €68 événeniens/ et â& pteïinèké '4^
bénli^iifbt un hommage à la populace (^);'tti^
^enreꀀnce inexcusable , des sdbnes de révbltè
et de brigandage parurent innocens à ses yéilk\
et -ce furent les officiers de police et les chefs de
la fÎMrce armée qu'il trouva dignes d'être àccuèéjtl.
Ou les dénonça conÉbe coupables dlnâpruélehce,
de fMPoir^Gation et presque de fétoëîté. îiëÀ'di^
ckratifns des chefe de parti Ibrentrésfièc^iM
par les na^t^als ; ils parlaient c^Mi^is htéè viki
aaime indigHàtfon du ctiine d'avoir tire sii'r'lë
peuple j d'un nombre inconnu qu'on sttp^c^
sait prodigieux de tués et de blessés. A fk* ra^é
àêwem difteourSj le lieutenant de pdlicre et le
coflHBandent dta guet furent mandés & là lUahté
4r Pariém^nt; oUk les fit comparaître, séahéè t^
tante. Le peuple , répandu dans les salles, redou-
bla de joie et d'insolence. Les officiers mandés
furent insultés a leur passage , et il fallut les faire
évader secrètement pour les soustraire aux ou-
trages qui les attendaient à leur passage. Le Par-
lement termina sa séance par un arrêt qui or-
(1) M. Sallierne ménage guère sa compagnie; pour savoir qui
a raison de lui ou d'elle, il faudrait entendre le Parlement qui,
sans doute, avait aussi ses motifs.
M. Charles de Lacretelle a rendu compte d'une manière très
partiale des mêmes événemens dans sou Précis de Vlllstolre du
dix- huitième siècle.
iKo MFJIOlKrS IIISTORI^Lrs
donnait d'informer, non pas des aUrouperoens
el des actes séditieux , mais des excès commis,
disaient • ils, par les préposés a la garde de
Paris*
u Un antre urrét plus sage défendit les attrou-
prmens et de tirrr des fusées; mais, poar ne
rien perdre de l'affection d#.la multitude, dans
ce même arrêt, le Parlement enjoigiût de traiter
le peuple avec prudence et modération (t). Le
peuple comprit si bien cet arrêt, quo les réjaui»>
sances continuèrent comme aupam^nt, et la
garde de Paris fut régulièrement insultée lo«s
Iqs soirs (2). •
Malgré TKabileté de MM . de SartiMS H Lnoir,
on peut douter qu'ils se fussent tirés phu habilo
ment que M. de Crosne de cet emburiM. Déjà
1^ éTénemens, avant -coureurs de la révolulion,
absorbaient la police.
Aussi fut-il loin de pouvoir exercer, a Tégard
de ses prédécesseurs , la surveillance nécsasaire
a Texécution des ordres de la cour. Il aTail été
réduit a Timpuis^ance , lors(|u'il fut question do
faire surveiller les députés bretons venus a Paris,
(0 Qu*aur;iit donc viiiitti M. S4liicr«)*«ui«»uril'bul ? Qu'on c4t
Arrf dr% potmco» «ut qn-^'ie cii\n\ de r.«rU. pcMir lie» rffctÊià»
smmcts tmmuUiicuset,
(«) jinnafes frmnçn/iet , pir M. S»Uiit, fi»n«rlllw tu Psrie*
TIRÉS DES ARCHIVES. l8l*
en 1787. Il ne fut. pas plus heuceux dans €e qw
lui prescrivit le ministre , pour la fermeltirè'
des clubs et des salons littéraires oîi Ton tenait
des discours hardis sur les affaires du temps.
D abord on céda ; bientôt on obtint des excep-
tions ; il y eut des c€Àcessions de part et d*^utma
Le public , qui hanlait ces réunions, triomplia àm
la défense du ministre et des efforts de la po|i49ti*
Sa surveillance n'était guère plus assuk^e eiP
ce qui concerne les individus; iU échappaient
facilement aux recherches. On sait que Ml ésr
Crosne avait reçu Tordre, au mois de mars47W^
de faire arrêter le comte de Mirabeau, ^(^^
dans un mémoire en réclamation au caAbeil
d'Etat , contre un arrêt du Parlement d'Aiz^ ataiV
insulté et bafoué le garde des sceaux, M. H110
de Miromesnil; mais le comte échappa a M. de*
Crosne, se sauva à Liège, puisa Maestricht ,
d'où il fit répandre son mémoire a Paris, un
mois après , malgré la police et la surveillance
aux barrières. Et, pour finir ce récit par une anec-
dote, je dirai , pour l'avoir bien su , que ce fut
dans la voilure même de M. Lavoisier, fermier-
général, ami de RI. Dupont (de Nemours), ami
de Mirabeau , que les exemplaires passèrent a la
barrière. Les commis ne visitaient pas les car-
rosses des fermiers-généraux.
Il (Ml fui h peu près de même de Tordre Irans-r
l&a wfjIKOTiS BliTMIQOli
aiiàll. dtfÛNMiedimklMtnd»!!. Lmrm
d» ViHecUuU , mw Toiei :
« T€nallltt»i4i«fai ijÊ^
« Je mm préreiitt, nomisMr, ^od fiûl
kt atrélé» des Uen (4^ nt k contlilatkHi,
•lqM*«ii émî lêêùàn pukfitr tl oriv dans Farte.
J'cp^ramb qu» II. !• garde dea acaaai a dminé
aaa wdraa po«r en empêcher k puMicati— > '41^
oaanmepcée dans ka maa da Veraailka. Ve*
ipeodrei Uan ea donner ponr que celle pdblice
MMI ttttt paaUen à Paria, paa pka qee cellea de
teMaa détthéreliona dea diflUreiie eedrei dee
état» géDérana> aana nae permianea de rai Vew
MMrest naonaieer, k remécnlioa de œl erdralâ
pnléeoee que ^reoa Betlee dana levMa iree ae»
Une peraonne angnate m'a déneseé k
pnbliqne d'an imprimé arandakei
talé JVaea'ur miÊp de Vêfrm/ û eal trèa
dfea (Miremr k ^nle, el de Teilkr k empéelMT
ka dklrikalieaa d'oa^rafea aemMaUea. ê
C'était an boiteax qni demandait dea teeoafa k
an paralytique; an moment oii M. de Villedeail
^^rit ainti , M. de Crosne perdait toat poaroir.
(i) Le itiioUtre cnlrnd \c% ftrrélc% «|uc le Ttct»-Cl«l. ^ui t'fUil
cooêtitu^ rn M^riiiM- n4'k^na!#. fr •- juin. a«aîl pr'» Mif tf %
b«icsci«RlloeTci et Mm «tticnté.
TIRÉS DES ARCHIVES. l8S
et la force de l'opinion l'emportait sur la puis-
sance de la police ; Texéculion de l'ordre lui fut
impossible, mille brochures sortaient des presses
et inondaient le public y lui-même aidait la mis-
sion d'en faire passer les plus marquantes au mi-
nistre ou au roi même , de crainte qu'on ne les
lui laissât ignorer, comme il était déjà arrivé.
M. de Crosne est le dernier lieutenant de po-
lice. 11 vint au comité ptrmanmê de l'Hôtel-de-
Ville , le i 6 juillet i 789 , et remit ses pouvoirs
entre les mains des clubiers qui reconnaissaient
alors tous les pouvoirs de police et d'administra-
tion dans Paris.
En lui finit la magistrature de police créé en
i667j il était le quatorzième de ceux qui avaient
occupé cette place, dont la durée a été de cent
vingt-deux ans.
Passé en Angleterre dans la première année
de la révolution, il revint k Paris ,et fut arrêté et
renfermé dans la même prison que M. Angran-
d'Aleroy, ce grand et intègre magistrat, avec
lequel il périt sur Téchafaud, Ie^28 avrilj1794.
CHAPITRE \L1X.
Kilrmdiiioii d*iiii Déleou évadi.
Dans les iempi de l'ancienne monarchie, U
facilité de Toyager sans passeport et de jouir ainsi
d'one faculté contre bquelle rien ne devrait pré*
TUIES DES ARCHnrxs. l85
valoir , rendait les évasions k Fétranger beaucoup
plus fréquentes qu'aujourd'hui et plus fisiciles.
Une fois réfugiés dans quelque ville d'Âllema*^
gne, les anciens détenus, l'eussent-ils été par les
ordres formels du roi , dont rintervenlioii d'ail*
leurs était réclamée dans les plus simples affaires
de famille, ne pouvaient être revendiqués et remis
aux agens de la haute police de France qu'avec
un grand nombre de difficultés. Il était facile d'é-
lever à ce sujet un conflit entre les diverses puis*
sances et de se servir des plus légers prétextes
pour décliner l'autorité de son propre pays. JPea
citerai un exemple dans la personne du jèùlM
Tolosan. ^*
Ce n'était pas le fils de M. de Tolosan , ihten-
dant du commerce , mais d'un Tolosan , muni-
tionnaire des vivres.
Si l'on s'en rapporte au mémoire présenté par
le père a M. le baron de Breteuil, en mai 1786,
le fils Tolosan, coupable de la plus mauvaise con-
duite , s'obstinait a vouloir faire un mariage
déshonorant. D'une part, on Taccuse d'avoir
séduit une fille qui le servait et qui n'attend que
le terme de la grossesse pour intenter un procès
h son séducteur; d'une autre part, on l'accuse
d'avoir couru l'Alsace, pays de sa famille, avec
une fille nommée Mathis, escortée de ses père
et mère , afin de chercher un curé qui les mariât.
iM niONLii nrrottiQccs
Qm Êgmàm fwi« n'ayaal |mmi Iromré dt pvêlTC
MÉkpèiiaMM |H)ar ce mariagt, îl anrait pbcé la
4HMdiele lliUiia, fiUe d'iui benUngcT , dans an
#iuwot^ pfta dt 8aTcm#^ en ^tendjMH qu'il fàl
i iUlme de répomev.
tt est aisé de creire que diaprés cet exposé de
&tti, dont Peuclitiide fui constatée, le ministre,
dbins Fintérêt du pouvoir paternel, ne refusa pas
IVrdre que demandait le père de faire enièrmer
son fils I âaint-Laaare.
H 9m a*agit pas ici de remonter à la sowce
4» droit palamoL et d'en déterminer les fimiles »
nous anrions trop de préjugés à comballn» al
now ne Tenions raconter qu'un fait. Qu'il nous
•ufiae de dire que les publicistes les plus atan*
ces sont en général d'une pâleur eitrême et
d'une étroite partialité sur ces questions. Fib ,
ilo nient le droit absolu des pères } pères, ils
nient la liberté absolue des fib. Pour condfiet
ces diTergences , il faudrait Toir do pins hant.
En général , devant les lois , les fib étaient sa-
crifiés et avaient tort. Cela s'appelait du pou-
voir paternel. Mais , vis-a-vis de Topinion , ib
prenaient leur revanche. On se souvient de Mi-
rabeau.
L'ordre d'incarccration du jeune Tolosan
est du 31 mai 1787; îl fut exécuté le 17 joîn
Tuns us Aitfwvis. i9j
mWant. L^ jeune homme kyfsin alol» TiAgt^
neuf ails; il réekma contre sa détention auprèv
4o M. de Crosne , alors lieutenant de^Uee^ et
représenta son pire comme UA homnie dnr , ki«
jttsie, qui voulait dispoèer iinpuiiâne&t dd ai
légitime ; assertion qui fut prouvée fausse pà»
l'enquête^ sur les pièces produites par le père dui
jeune détenu. Racine a tort de dire :
Les^ténioUit aoDt fort cherv, et n'eta à plié({ui i^ni.
Le |>ère eut tous les témoins qtfil Véviut.
Le prisermiier s'ennuyait trop pettr ne putf
cfaerober à a^évader : tous l^ prisonniers sont
aiiisi fdis. Le père, par fei^me d'airieMdèixieM II
sa propre sétériié , avait obtenu que son fils se
promènerait dans le clos de la maison de Saint-
Lazare , suivi d'estafliers a la discrélion du pré-
fet chargé du soin des prisonniers. Le 31 août
1787, le jeune homme , ayant pris ses mesures ,
abusa de la permission et de la sottise de ses sur-
veillans, franchit les murs et s'évada. Ce qu'on
ne manqua pas de regarder comme très irrépré^
hensible.
On mit des limiers a sa recherche ; après bien
des démarches inutiles , M. Tolosan, le père,
apprit que son lils s'était réfugié a Oifenbourg ,
ville impériale j située a six lieues au-delà du
l8ft lUttOIMt USTORIQUBS
RUa, el s'y éuil mis sons la protection en msgis-
tral. CeTolosan éuil on gircon dt tact el d*esprit
capable de séduire josqo'à des magislrals, après
aToir sédoil des filles. On soUicila el en obtint
fiMnlemenl do ministre de nooTeaox ordres pour
aller arrêter ce dangereux personnage qne tout
le monde aimait et qui ne pouvait, parcopsé*
quant, être au bout de ses setlises.
La chose pressait. Le sieur de Bruguières ,
agent et inspecteur de police, fut chargé de Texé-
cution des wdres. Mais le magistrat d'Ofen*
bourg , pris par les sentimens, comme cela était
à craindre , se refusa complètement à rextmdi-»
lion demandée. C'est ce que fait connalln M* do
Montmorin dans une lettre ii II. de Crosse , du
95 mars 1787.
« Vous STes été informé, monsieur, écrit lo
ministre , des diff cultes que le sieur do Bruguib-
res , inspecteur de police , a rencontrées b OP
fenboui^ pour obtenir la remise du sieur To-»
losan fils, au sujet duquel tous m'ares fini
llionneur de m'écrire le 21 féTtier dernier, et dn
refus qu*a fait le magistral de cette Tille impé-
riale de liTrer le jeune homme à Totre oftcier de
police. J*ai l'honneur de tous adresser , mon*
sieur , une nouTcUe lettre réquititoriale, spécia-
lement adressée au préteur, magittrat et conseil
rtnis Dfis archites. 189
de ladite ^ille ; elle est accompagnée d'une lettre
de ma part pour ce magistrat et d'une autre de
M. le comte de Mercy (1), qui y est relative.
Vous recevrez la mienne k cachet volant , afin
que TOUS puissiez en prendre lecture. Je vous
prie de remettre le tout avec des instructions k
Tofficier qui sera chargé de cette nouvelle com-
mission , pour l'exécution de laquelle il se con-
certera avec M. Toiosan père. Si, en remettant
le filsyle okagistratd'Oflfenhourg paraissait désirer
une copie de la nouvelle lettre réquisitoriale , il
n'y aurait point d'inconvénient k la délivrer ;
voua voudrez bien en pourvoir l'officier de
police.
« J'ai rhonneur d'être très profondément,
monsieur , votre très humble et très obéissant,
serviteur ,
« Signéy le comle de Montmorin. •
11 est important de voir la forme dans laquelle
la lettre réquisitoriale, dont parle M. de Mont-
morin, était conçue; la voici, elle est revêtue de
la signature du roi Louis XVI.
(1) Célnil rnmlinssajîrnr de l%nipcrciir (rAllemognc à ïa cour
de France.
1^ MBIlOmM mUTOÊLUfCWS
^ Deptr leroi,
« A tous gouTeraewt et lieutantM féairus
dB nof praviiiQti , comouD^nt de ne» Ttllce et
pUcet , née aoi^aiiadenfff , mîfiîslret el cherfit
(de no» affaires ea pay» étrangère el aelre», mm
officiera » jwtîcieri el rajeU qu*îl appartiendra •
aaliU. Noof froua jMttdona el erdonoen» de laiar
nos in»epea t al Jb iieer Aaai» iMféekal dea legiit
albnk )t OJea^eeift ckaryéa de née erdraiei de
\m Uîwer repaiier eceeeipegné dn eîeer Tel
fila, iteiaa erdenneni de leî donner et
tous lea secours , bcilités et mûn-forte qn il
qiierra de iroos pour Teiécution deidin jpfdeea.
Requérqps loms gamTemennit cenMjjiil^tl»
magisirata et autres officiers qo*il appastieffdiV»
des villes et lieux hors de notre domination , de
prêter , en cas de besoin , au dit sieor FrilKli et
autre sieur Russ les mêmes secours que nfna
nous prêterions à ordonner et permettre dfne
les Tilles et lieux de notre royaume en pardBee
circonstances. Requérons spécialement et imii-
tons les préteurs, magistrats et conseib de la ynttm
impériale d'Offenbourg de remettre ledit sienr
Toloian fils entre les mains des sieurs Fritsch et
Russ pour le ramener en France et le rendra à
TIUS DSS ARGHI^rCS. t§t
b ^UpMÎlion £l aux soins de si éainttlè. IhftMUéft^
tant d'avoûr les mêmes égards aux réquMtiéVM
qui pourraient nous ctre faites, a nous on àfios
cours fio«Teraines de justice , de la pail àt/êÊtUi
préteurs, magistrats et conseils d'OffeRiK>arg, èl;
d'user d'une entière réciprocité en pareil cts,
en faveur de la ville impériale. Le présent ûtite
valable pour un mois seulement. Donné a Ver-
saines^ Je SI? mafs 1 7S7.
« Par le roi ,
ir Le comte de Montvorin. »
Le duel d'état à état engagé de la eprtë. Y^^lci
comment le magistrat de la yille d^flenb'éurg
répondit h. cette réquisition, et les motifs appâ-
rens sur lesquels il s'appuya pour refuser l'extra-
dilion qui ne put s'exécuter.
iSous disons les motifs apparenSy parce qu'il est
dairpour quiconque aura le sens commun qu'il
y aura toujours deux marches contraires suivies
tour à tour dans les problèmes d'extradition.
On fera sans scrupule une différence expresse
entre les criminels qui intéressent tout le monde,
et les criminels qui n'intéressent personne ;
et , suivant les temps , les lieux , les circon-»
stances , ces mesures porteront un caractère
19a MIVOIIIES RtSTOlUQrFS
de pariécatioD ou d'impuDilé. N'en éuil-tl pat
aÎM do droit d'asile daDt les temples incienf,
droit qoe Ion respectait îi charge de Uisser
mourir de fiiim dans le temple le réfagié frappé
de la Tindicte publiqoe ? Ainsi Ton disait d'une
main ce qu'on défaisait de Taotret jésoitiame or*
dinaire dans toutes choses.
BMrait du ngiêiri du emuêU iê la eiBi imffriêh
é^Offinbaurg , du 10 arrâ 1787.
« Le sieur Fritsch , officier des tronpea firan*
çaises, se présente et remet :
1 * Un réquisitoire ouvert » expédié el signé
par Sa Majesté le roi de France et son premier
ministre, M. le comte de Montmorin,dn V man
dernier, portant ordre aux sieurs Fritsch et
Russ, maréchal-des-logb, de prendre ici le sieur
Tolosan et de le conduire li Paris.
9* Une lettre de Son Excellence M. la
de Montmorin, par laquelle il mande en réponse
Il la lettre qui lui a été adressée, qull n*a jamais
été question de faire le procès au jeune Tolasan,
entraîné par les passions de la jeunesse } que su
famille ne veut que le retirer de ses extruTa-
gances, et nullement s'attirer la lionte ; qu'en
conséquence son père Tent le mettre dans une
TJHES DES ARCHIVES* igSi
maison de correcUon, par forme. de châtimait
paternel, où il serait traité conTenablement^
et où il restera jusqu'à ce que ta famille ptusse
espérer un changement dans sa conduite. : < .
5^ Une lettre de Son Excellence le comte de
. , . . • ■ ■ ■ ' . '.»
Mercy, ministre impérial, résidant k Paris , eif
date du 24 mars dernier, portant qu'il a été in-
formé par M. le comte de Montmoriii , ministre
sieur ToIosm^ qui se tient ici; qu'en ùonsé^enèé'
il nous serait fait part des motifs de cetté^d^-
manée en extradition ; que ces motifs paraîssaienf
assez paffisans pour rendre ledit siéiirlt6lôilà'6?\i'
l'officier ée police , et que cette éxfi^adiïion h^é-*"
tait pas ooittrairç aux ordonnances' de Fënittb-'
reur et de Pèmpire ; Son Excellencié^ lié miiAM^
était d'avis que, par égard pour la coxir^^ëiP
France , et pour agir en bon voisin , on ferait
bien de se conformer a ses intentions , puisque
la cour de France saura apprécier celte condes--^
cendance , et qu'elle ne manquera pas d'user de
réciproque en pareil cas.
« Ensuite, il fut aussi rapporté que le bruit
général était, tant ici dans la ville qu'à Strasbourg,
que le magistrat avait été gagné par une forte
somme d'argent pour l'extradition du sieur To-
losan.
« La lecture de ces lettres ayant été faite , le
ni. * 1"
194 MKMoniu ■i0ToiiiQinr^
lieor Tolosan a été imnidé; qui refiite de re*
têmnmtf parce que b tArelé dont il avait fiiil les
ceodilioiia lai manqaait, el îl a reqois d*élre
mainieiui dans b proteclioD de b Tille.
« Aprte aToir réfléchi tar ces circonslances ,
il a été arrêté :
ii Que, faute d*af oir rempli b coiiditio* mtie
dans Vair^té du 6 da omis dernier» aaToir : « que»
ic dans Peepace de six semaiaea, oa peiMTetail b
« etose de b déteotioA, et que ïom preduigait
« arec «Murance que lors de resInuiilMfc eu
« sieur Tt Iman, il ue serait ui eafimué, i
« JMUU être eufteodut inais qu'il lui sendt
t d^ soigoer ses intérêts eo pleine KbuMé
Qlf^ contraire b bttre du miniatM
eayfssément un emprisonnement} qi
l^qMpA s'éiant en outre eofagé au serrha 4a
Prwif » on n*a pas produit U roujontement dsi
lUÎQpblfu de Prusse; que par conaéqneni oo an»
rait agir contre b constitution de Tempira» et
manquer aux égards dus k Sa Majesté b Ma dn
Pffusse, si Ton rendait bdit sieur Tolosan }
m En conséquence 9 et tant , et si long-tempe qnn
toutes ces conditions n'auront pas été remplies,
il est impossible de consentir, quant à présent, k
Textradition , malgré le désir que Ton en aundl
par respect dd a Sa Majesté très chrétienne ; en
TIRÉS DES ARCRtTE9. ig5
attcndnit, U' protection demandée par le sieul*
TotoMK hà wrâ! accordée ici, jusqu'à ce qne ces
dcToirs ftt conttilions, joints au consentement'
du mïnîfltre de Prusse seront remplis sous la si-
gnature de Sa Majesté tri^s clirélicnne.
■ De la cliancel lerie de la i Ille d'OtEenbonn. *
■ Traduit 4(î l'ori^Q^ »ll4(paiui«,f)t4W^ÇWr/
forme fat U 90UHà|ri4 i^i^i^èt^^ cffVWii pKT
MNa{:iVJM4i,]><<évQt.gé(i^r^j(4Ql;iQiWF4<;lMmM4^
d:ÀlsJwte,cçia3rvry,l:789.. ,- ! :,<
ti^gageoient ai; service du roi de Prusse étai]^.
ici la grande pierre d'achoppement, l'honnête
excuse , le merveilleux prétexte. Le magistrat
d'Offenbourg pouvait '■Ire soupçonné d'avoir
quelques scrupules contre fomnipotence de la
paternité ; les rigoristes qui estimaient M. Tolo-
san le père durent soupçonner le profecteàr
du mauvais sujet d'en être un lui-même, et titf
s'arrêter pas à la lettre formelle de Pexcuse , tout
en étant forcés de s'y soumettre. L'extraditfoiY
ayant été refusée , le jeune Tolosan resta deirt
années encore en Allemagne ; il ne revint eSi
France qu'en 1789 , quand les conflits entre ion
père et hii se furent arrangés , entre chien et
loup , de gré îi gré , tournare habituelle de ces
1^ «KVOIRrS HISTOKl^r^
ftortes de cbotetf quand on vit dans un mnluel
éloigipeiDent » et sans s^exaspérer mutoeUenienl
sons le îong el par remploi de la contrainle ; c est
ce qui résulte d'unei lettre de M. de Villedeuil à
M. de Crosne.
• VerMllIrt , 5 •▼ril 17S7.
« Le sienr de Tolosan , mnnitionnaire des
vitres f monsienry n'a pné de retirer les ordres
qin Youi finrent adressés, le l/ftrrier 1787 » en
Terta desquels son fib , retiré à Ofenboorg» de*
▼ait être reniênné a Marseille. Je tous prie » en
conséquence » de me les (aire repasser et de you-
loir bien tous concerter avec loi pour fidre par*
rtéSr I son fils Tordre d^oint , qui rautoriee k
rentirer dans le royaume.
• Tmi rhonneur d*être , etc.
Kt *
m Sigmé^i» Voximeuil. »
t •
Cô réoit a deux objets» cosnme on a |
▼oîr } d*abord de donner une exemple de Is
nière dont les affaires de familles se traitaient
sous le régime des ordres du roi , et dlmU^ner
U marcbe suivie dans la demande en extradition
d*ttn bomme qui s*éuit soustrait à un ordre du
roi par Tévasion. Ici, comme très souvent, le
pouvoir est battu. Otex au jeune Tolosan mm
ascendant sur les femmes et sur les mêpâltnlM »
TIRÉS DES ARCHIVES. t^
on ne se serait pas fait scrupule de complaire
aux ordres de Sa Majesté très chrétienne.* Les
principes se courberont toujours devant les faits,
et l'homme prendra partout le pas sur les lois.
Quand les lois ne sont pas nos complices , elles
sont nos ennemies !
V.
■• J
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1
CHAPITRE XLIX.
VIoUilloo dn feerel'det letirct à la potia* ^MmmntmàÊM^éê
Cholteal pour tromper le roi. — Ialt||«ai ouaHn li OwpliiB* ,
oière do roi régnant* ^ Faiu bmitt CÊÊiÊn %m GMimI , mv la
mortda Daopbin. — Ucage da cabiaal aalr par ki <■» d^âl-
gnilloo et de Elchelleo. — Gontidératioa nr la
aecrel dct lettre» à la potie. — Friocipca d
blée Constituante à cet éf^rd. — Do Diredalri
l>oetrine de Bonaparte à ce sojet. » 800 npinJa» ^1
la ieMion de 18^8 sur le m^me sujet. — Inccrtitode fol
àcetéfard.
De louii temps on a violé le secret des lettres.
La nouvelle police ne peut rien envier, sous ce
rapport , à l'ancitMinc. Bonaparte et les ministres
(ic la rt*publi«|uc, ainni rpie pliiMrurs de ccui
MEMOIRES HISTORIQUES TIRES DES ARCHIVES. 1^
<jpi ont gouverné depuis le rétablissement dé la
famille des Bourbons , ont ùat usage , dans des
circonstances et pour un but identiques de ce
triste moyen de surveillance.
Le duc de Choiseul Stainville , si long^temps
à la tête du ministère , sous Louis XV, et alofs
tout-puissant , doit compter au nombre des mi-
nistres qui, k cette époque, en ont le plus abusé.
Il s'en servait pour inspirer au roi les idées et Ibs
sentimens qu'il lui convenait qu'il eût air les
personnes et sur les événemens. On lit dans les
Mémoires du due d'ÀiguUlan « que le duc de Ghet-
c seul employait à volonté la poste et la pMn
« pour faire parvenir à Louis XY tout ce-^^U
« fabriquait lui-^même ou par le moyen de aes
« affidés. »
C'était surtout par des mémoires ou des coir-^
respondances de sa façon , interceptés h la poste,
disait-il, et mis sans aflfectation sous les yeux du
roi , qu'il portait des coups ou cherchait à les
parer.
Le trait suivant montre a quel point cet abus
de la poste tournait contre ceux mêmes qui se
le permettaient, à la tcte desquels était le roi.
« Après la mort du Dauphin (1), disent les
(i) Arrivéo le 3o décembre 1765. C'élnit le Dauphin , père de
Louis XVI , (Iv Lujis XVUI cl tic Charles X, anjourd'hiit régnant.
300 MKHotitc» aiSTOiiiQrrs
Mémoires que je Yiens de ciler, ta Teuve driôlée
recevait do roi (Louis XV) les plos affectuenses
consolations, et en éprooTait des bontés, des
attentions qui seules auraient pu parvenir k adou-
cir une si cruelle perte. On devint jaloux de la
confiance intime du père et de la belle-HIle ; on
oenaposa, pour saper cette confiance « des let-
tres entre certaines personnes qui se ftlicitaient
dli nouveau crédit de madame la Dauphine.
c Les motiCi de ces félicitations étaient h dea»
•éin envenimés dans ces lettres soppoaéee , al
«rr&téea k la poste ; mais avec on art si perfide,
une légèreté de ton si naïve et si naturelle, que
•le succès fut complet. Le roi, siNiproimant
Malgré des preuves tnfA violes du contraire « oo a irodhi Merèdt>
lÊf.qpt ea prioœ avait été enpolsoiiiié par le parti ésGkalaeal.
Oa veut f tte M. de M Aurepas ait persuadé à Loub XTl cttlt alro>
Wéf on du moiot ait ébranlé sa cont iction du eootrairt; éi là*
liW'èii^tfHiiours , foppmition que ce roi marqoa è la rrtee sm
^ftf^ufkp four rapiMer les Choiseui li la «oiir, f^olfiMcr OSmi
duc de Choi^eul qu*il dût sou mariage avec U jenae d Wic
Marie-AntoiDeltc.
Mirabeau, daoa tao Efpiom éêvmhêé^ libeUe !■<%■• é» Uk ,
^^^ de i*enipoisonnriiicnt da DaupKàa oaww étWÊft cbMi
a%érée, ei prétend que ce (ut a«cc f!e l'a^iia topkmmm q«*oii hA
fit prendre ta maladie de l^n^ueur dooi il mourut. Mais Mlrabea«
naipitiddlt aucune preuve , et Vaqum tophmmm • prétfâ» potiin
•|4ie l'on trouvait dans la bave d*un cochon mort de rafe et ao«s
les coup» de bâton , en le suspendant en l'air, Vmqum icpkmmm n'a
iamala tue personne. La rafc drs enmmrm politiques est de ne
laitacr nourir aucun prince de m U-He mori.
TIAÉS DES ARCHITES. SOI
qu'on s^était emparé de Fesprit de la princeMé,
et qu'on cherchait par ce moyen a le tourner
lui-même, devint plus réservé. U se défendit de
ses propres résolutions comme d'un piège dans
lequel on avait eu l'art de le faire donner sans
qu'il s'en doutât , et devint ainsi le subalterne
des influences ministérielles pour conserver plus
habilement toute son indépendance.
r La daplicité et l'abus étaient portés, dans
la hiérarchie des divers agens, à ce poirit que
les copies des lettres décachetées, qu'on mettait
sous les yeux du roi , n'étaient pas même fidèles.
Xia filière pal* laquelle on était obligé de faire
passer ces sortes de missives laissait encore le
champ libre a des altérations; mais les ministre$,
comme on le pense bien , étaient à même de
contrôler les copies et les minutes ; et ce con-
trôle leur indiquait nettement la main qui se
rendait furtivement coupable de ces inexacti-
tudes. Par là même, ils étaient au courant des
intrigues des bureaux, et démasquaient les créa-
tures de certaines coteries. L'intendant des
postes , qui ouvrait les lettres et qui faisait passer
au ministre ou a la police celles dont il jugeait
a propos de donner connaissance, était regardé
comme le plus honnête homme du monde ,
comme un intègre serviteur du ministre, tant
(ju'il se bornait ii n'envover que des copies ti-
JOJ MKMOUIS ■STOAiQCE.S
dèlas i mais da moment qn'eiitniiii par le ilésîr
4*y retrancher ou d'y mettre dn lîen « an profit
de aes prédilections sécrétée» il altérait la cor*
reipondance et tournait à son sYantage partial*
lier la banewe de tes ionctioos spéciales» on
commentait à manifester la plus mauvaise opi*
mon de loi; une disgrâce impréme le firappait
pour un préte&te en Tair; une intrigue nounelh
oroisaitles siennes et le renversait.
Ainsi» la violation des lettres coniées à h
poète» et remploi qu'on en fiûsait» tonnait an
détriment de ceu qui en avaient introéMt ut
on secondaient Tusage ; c'était une arme dbttt la
ministre en place se servait pour nuire k
qu'il voulait perdre. Louis XV fiit
comme on l'a vu» par cette voie; et
cesse vertueuse se vit privée des drsils qu'elle
méritait à la confiance et à la iMenveilInnoo ém
monarque.
Un autre usage que M. de Choiseul» k rims»
tation de ses prédécesseurs et successeurs»
fiure de ce moyen odieux de tromper le roi»
dans Tintérêt de sa propre conservation au
nistère » pour mettre le roi en dépense de
testations sur ce point. S*apercevail*il de quel-
que refroidissement dans son travail avec le ni »
le lieutenant de police Tavait-il prévenu qu'il y
avait à la cour cl dans les petits soupers quelque
TillfiS DES AAGHIVX^* d03
projet de décrier son admiiâstiMaUm i ausfiitdl il
faisait paraître M. de Sartiœaqui rendait ooiii(^
au roi et à madame de Pompadour de )fi Uraiir
quiUité et de la satialaction qiû régnaient daâa
Paris. M. de Sartines assurait surtout que ceux
qui ayaient mis leur fortune dans les fonds
publics n'avaient qu'une seule crainte» qu'une
seule inquiétude , une alerte ; c'est qu'il caliràilt
quelques luruitsde changement dans le ninistk«(
que cela ébranlait le crédit 5 qu'on s'ein apercé-
Tait à la Bourse, par la baisse des effets royaux^
et qu'il fiiudrait rassurer les gens k portefei:âUk
par qaelquti déclaration authentique. Les mœurs
ont gagné sur ce point ; ces sortes de lâdietés se
fimt maintenakit tout haut , et trouvent des pu«-
blicistes en crédit assee dévoués pour les auto*-
riser officiellement ; ce qui explique la consom-
mation prodigieuse de renommées que fait parmi
nous le gouvernement représentatif. Au bout de
quelque temps, on ne sait où en prendre. Les
réputations d^inlégrité se fanent vingt fois plus
vite avec cette nécessité de les compromettre
publiquement.
Ces manœuvres , favorables aux intrigues des
gens de cour, ne se sont bornées ni au règne de
Louis XV, ni au ministère du duc de Choiseul ;
elles se sont étendues sous le règne de Louis XVI.
L'histoire contemporaine et les annales de la
/
s#4 MÉMomEs airroiiiQucs
police tecrète ont contenré Im connaittance d'un
irériuble complot ourdi par les docs d*At|(uillon
•t de Richelieo. Ik a'engageaient a circonTciiir
de meDSonges le roi et le comte de Maorepat
que Loiiit XVI avait rappelé auprès de lui. Ils
deraienl se serrir do secret de la poste a6n de
se ménager les ressources des &ox rapports , à
rimitation dn doc de Choiseul ; le chef du ca-
iHnet noir était gagné. • Le lieutenant de police»
disaientpib (1), n'ose parler an roi; le dief dn
cabinet oè Ton décacJiète les lettres k h poste
a'est arrangé pour ne porter des paqnels fn'a»»
tant qu'il le &nt pour augmenter aes iBnnooB ot
non pour les détruire, et pour reiranclwr les
lettres qui pourraient Tédairer; les petites non*
irellesy sll en est qui pourraient lui fiun con-
naître la mérité, sont perdues au milien dftew— I-
tttade d'antres. •
Sur cette donnée , les deux cabalenrs fermé*
rent le projet de transmettre à M. de ManNpaa
et au roi, toutes les suf^festions, les fims rapporta
qui leur seraient faTorakles , et de tromper ainsi
la bonne foi de leur maître par k facilité que
leur donnait le eahmêt ncir.
Ce n'est donc pas sans raison qu* on a regardé
>; CcUllM. l.rt:oir.
TIRÉS OIS auqhitks. , ao5
l'abus dont nous parlons comme «un. nvîiible
à In sûreté du gouv^rnemiSDt » qne contraire
au re^ect des secrets .^«apQCt.. si. /vivemeitt
réclamé par les famille^ , et à la liberté cÏTile^
mot toujours, invoqué , m^is,qne.ron n'a pas eo-
core intégralement défilai, , i
La police en faisait pareillement nii grand
usage , iteài^ jamais avec une autorité discrétron-
naire auMilarge que 1^ iiiiiitstreé du ni , dont
l'arbiti^in 'kbsola s'étëMdait «firectempnt lor
radministn'tittn des postèa. .
Ce désordre n'eut de terme, ou plutôt de
irève, qu'à l'époque de la révolution j il ne re-
prît faveur depuis l'organisation d'une police
nouvelle, que sous les divers régimes qui se sont
succédé depuis 17%i.
Une remarque à ce sujet ; tant que , à tort ou
à raison, le principe du pouvoir, soit absolu
comme chez les Romains, soit tempéré comme
chez nous , sera constitué de fait entre les mains
de l'individu qui , dans la foule , porte sans con-
teste le titre de chef de cette famille, quelles que
soient les maximes de la liberté qui se répandent
dans les esprits , elles rencontreront toujours
une réfutation plus ou moins tardive dans les
mœurs. Car il est à remarquer que d'habitude
le père et le mari, fussent-ils chauds répn-
afS Mmomis msTMiQim
blieaim, t'arrogenl sans bçon, Tb-k-tw de
enfiiBt et de leur femme » les droits que revendi-
que un souverain quant à TouTerture des lettres
e( autres menuspri viMges. Ici, les meurs tuent les
principes, et les mœurs n'en font jamais d*attlres ;
de telles mœurs sont évidemment attenlateîras k
la liberté. U serait curieux de passer en reme
dans une fidèfeuMlyse tous les germes de mo-
narchie qtt« la révohitioa n*a nullement extirpés
dff nos coutumes , et dwi les plus enthoMUMV
adorateurs de la république se puéwle»! n^
faste au sein de leur propre méninge, sans se
douter qu^b outragent grossièrement la logiquet
sans s*aTouer le moins du monde qu*illi ne pen-^
Tent revendiquer honnêtement à tenr profit eo
qtills flétrinent du nom de liche ahui OÉlire Ito
mains des gouvernemens. S'il n'y a qu*mie lo»
gique, il ne peut y avoir qu'une bmmIs. Cim-
ment ce qui est légitime et sacré dans le
nement du ménage , deviendrait-il donc ii
et sacrilège dans le ménage du gouvernement t
Le verbiage est la seule manière d'éqnrvoqntr ii
de disputer lA-desius , mais passons ; noos nV
vons pas 3i faire le procès de la famille.
La première marque d'improbation quedoni
rassemblée constituante de la violation du
cret des lettres et des correspondances particn*
Itères,' fut à Toccasion d'un fomil^
rmih Dti ARflRrru. zc^
«fAn^MKmc.'Ce comité s'était permis d'omrir
lal«tir&4'un abbé de Blîgnitres et d'un marquis
de Bandin , que l'on soupronnait de malveil-
lance. L'assenibtéc se prononça liautcinent con-
tK cette Tiolalion des correspondances particu-
lières; eHe décréta plus tard, c'est-à-dire au
40 »aûl i790, que le secret des lettres serait res-
pecté ; ^e soumît à des peines rigoureuses ceux
qaî les otirraicnt; ce décret fut rendu à l'occa-
^D die' Fouverture de paquets adressés , l'un 11
llotendnt général des postes , les autres au mi-
mstère des affaires étrangères et à celui de I.i
COUP de Madrid, pour la municipalité de Saint-
Anftib. L'assemblée improuva celte conduite,
el dédtra de nouveau que le secret des lettres'
étsèt în\ïolable, il ne pouvait sous aucun prê-'
texte y être porté atteinte , ni par les individus,
BÎ par les corps constitués. La loi peut déclarer
tont ce qu'elle ■vent , l'bomme n'en vent prfs
moins tout ce qu'il pentj les déclarations d'in-
violabilité ne sont tout au plus que des cris dV
larmes ; il faut trembler pour les choses que l'ott
déclare inviolables par un décret.
Le 26 août 1790, elle ordonna encore qO«f
les commissaires des postes et les administra-
teurs prcleraient serment de garder et observer
fidèlement la foi due au secret des lettres, et
UO$ HSMOmii BliTORIQUES
déiionGenît aux tribunaux toutes les contraven*
lions qui Tiendraient à leur connaissance , et que
les employés des postes prcleraient le sermrnt
devant les juges ordinaires des lieux.
Quand la législation en est réduite a prescrire
des sermens, elle montre â nu son impuissance.
Un coquin prête tous les sermens que Ton veut,
an honnête homme va droit son chemin sana
cela. Les caractères sont plus puissans que les
fomalités, et les formalités n*abuseat que les
imbéciles; identifiez les intérêts» le secret social
est tout entier dans ces trois mots.
Le 91 juin 1791 , époque de ariao » momoni
de fermentation et d'inquiétude » où le roi et la
fiimille royale avaient furtivement quitté la capi*
taie » l'assemblée ne tint pas moins an prinâfo
de llnviolabilité des correspondances. Comaae
ekle avait ordonné que le ministre do rialérioiir
expédierait des courriers dans tous les départe*
meus, avec ordre aux fonctionnaires publics»
gardes nationales et troupes de ligne , d'arrélert
on faire arrêter toute personne sortant dm
royaume, et d'empêcher toute sortie d*efela«
armes, munitions, espèces d'or et d*argeot, etc.,
les autorités locales abusaient de ce décret et
portaient atteinte à l'inviolabilité des lettres;
rassemblée rendit, le 20 juillet , un décret pour
TIRÉS DES ARCHIVES. «2Ô^
<r enjoindre aux corps administratifs desurveillier
reiéootion du décret du 10 août 1790, concer-^
nant le secret et l'inviolabilité deslettres^ > L'as^
semblée Qe voulait suspendre que Tinviolabillté
des individus ; de plus, elle confiait aux coupables
le soin d^aVoir la main à l'exécution des loi^i
c'était Finconséquençe dans l'impuissance. Le,
même jour, 21 juin 1791 , sur la connaissance
donnée a rassemblée d'un arrêté du déptfrtfs-^
ment de Paris , qui avait ordonné que la dtqpr»^
bution des lettres serait provisoirement wMpeli^
dite , l'assemblée décréta que le service de la
poste aox lettres ne souffrirait aucune interaipv
t,îon. Jamais le principe du respect des ^as n«4
fut si méprisé que lorsque les gens portèrent jn^'
qu'au ciel le respect des principes. Ici le renver*
sèment des mots marchait avec le renversement
des choses.
Cettelégislation éprouva, sous laConvention, un
changement qu'il faut faire connaître. Le 9 mai
1793, on rendit un décret relatif aux lettres char^-
gèes ou non chargées à V adresse des émigrés; celte
assemblée ordonna « qu'il serait procédé de
suite, k l'hôtel communal, à Touverture de toutes
les lettres et paquets, en présence du conseil géiié-
ral de la commune, qu'il en serait dressé procès-
verbal, ainsi que de ce qu'ils pourraient con-
III. 14
210 MKMOIRtS intTORlQUrS
tenir de rebtif au talut de h répobliqiie , et des
objets de taleur réelle qu*ils pourraient eontenîr. a
L*époque aenle d*un pareil décret , et Tantorité
à laquelle Teiécution en fut confiée , seraient
dea ténoignaget suffisant contre la doetrine
qaon y professe ; en effet , poutaît^elle awoir en
sa fawenr d'antres motifs que cen des cireon-
stances à Vépoque oit le décret bt nndn? fia
bonne politique , la nécessité sert d'ticnsa b lont
lo ponde ; mais cela ne peut paaaer dbtos If elpfil
de poraonno pour une base fixe.
Le Directoire exécutif crat cepaniirtfbjiirrtè
y retenir dans un temps oii Ton /jr «BMll li
moim attendu. Il s'appuyait sur un pafignpho étf
Co^e du 5 brumaire , du iéii$0têê$pmm$. ApiCt
a^oir parlé des crimes de la Tiolation été iMrtf
oaaftées à h poste, et prononcé des peinos coMNf
ceux qui s'en rendraient coupables, TaMMé 689
do ce Code, ajoute : « Il n'est porté par lo fré-
sent article aucune atteinte à la surfeilhaeo ^jÊê
le goturemement peut exercer sur les loMMtf
Tenant des pays étrangers ou destiViéeÉ ponr ctÊ
mêmes pays. » Mettre le dol en regard dk pvfal«
cipe, et légitimer la Tiolation du droit pfr Fuit*»
cation d'une pénalité rigoureuse en sa fr^eurp
c'était un chef-d*cuTre d'impertinence tégislalhrt.
Mab le moyen de tuer la règle par Peicepllda
Tïhis DES AAcmvcs. àti
ifitt&t piÈ neuf dàtis ririsfolre deé ettip'i^êi ïïèlt
républiques.
En conséquence de cette di^oaiitidh, lé D&étv
tèire eiéctttif prit rarieté du 41 floréât aii 4, psé-
tant: « que, dahâ chaque bui'eàir Ht ^'ôétë, it
rcicétJlîôn dePâHs, lé coriîMîssàîré drfïlirèctW^
exécutif prè^ ratfi^iriistràtiôù Miitiicipiàëià^iM
fixés des bureaux de poste, ouvrira iàiîbèiiék lët^
n'es Vëriftitdlësi^sî^é et (TltaTlé , et t(iMg^ éSMes
qùî imà tittisës i\iiàiû bureau^ p6wm
nifiméipîifsi ^ifé di i^^tffi^if^é rétîeÀar^^l/dté^
m Mm àotéàièi^ à des ^èirës aiiimà &w f
àèi êHAètèé, et celles écHleé ]|>26r éii^l: quéfo ^^ët
stiiëhi tés objea , et toute^ ^utrèy fettféèf Mi
potii^îfieni! indique^ âèé relàtionè cùnîMéëàVîé
^iilnéktë de lai^pùblïqué. »
En fait , il y a toujours un moméiit décisif soiià
les gouvernemens, quels qu'ils soient, oîi la con-
science les avertit de tout se permettre pour leuiJ
propre durée; c'est celui où ils s'avouent qu'ils
n'ont aucune base ferme; et l'histoire nous dit
assez qu'ils ont tour à tour et tous passé par-la.
IVf ais, quels que fussent les motifs du Directoire,^
les deux conseils désapprouvèrent hauterhenlsbÀ'
arrêté; et, comme il s'appuyait, pour se défendre
contre le reproche d'illégalité flagrante, sur le
paragraphe du Code cité plus haut, ils portèrent
U\À MMiDlhfS IIISTOilKM'Fii
une loi qui abrogea ce paragraphe cl frappa ainsi
dîllégalilé l'arrêlé du Directoire (1).
Les directeurs n*cii continui^rcnt pas nioin«,
mais avec plus de mciiagemenl, de frire arrêter
et ouvrir les lettres, aux termes de leur arrête.
Si ce ne fut pas légal » ce fut plus commode. La
convenance l'emporta sur le principe, ei c*esl
son habitude.
Bonaparte qui succéda au Directoire ne chao-
gea rien a cette inqu'isition ; il la perfectionna ,
rétendit et en fit de ses moyens de gouverne-
ment. Il est intéressant de l'entendre loi-aiêaae
s'expliquer sur cet usage qu'il paraissait ne pas en-
tièrement approuver, quoiqu'il le conservât tout
le temps de son règne. La reconnaissance qn'one
chose est honnête suffit a beaucoup de gens qni
le proclament et qui s*en dispensent: moyeafrctle
de tuer les criailleries et d'en agir tranqnilieaieiit
à leur tête.
Voici les paroles de Napoléon : « Quant a«
secret des lettres sous mon gouvernement , quoi
qu'on en ait dit dans le public « ou en lisait très
peu a la poste ; celles qu'on rendait aux partial»
tiers ouvertes ou cachetées n'avaient pas été li
(i) Bapport bit par le dt'*pitté Riinli«tt<f sn CootHI «let
GeoU, ftéitire Hu 16 inrMiiIor an 5.
TIRÉS DES ARCHIVES. âl3
la plupart du temps; jamais on n'en eût fini (f)i
Ce moyen était employé bien plus pour préve-
nir les correspondances dangereuses que pout
les découvrir. Les lettres réellement lues n'en
conservaient aucune trace ; les précautions
étaient des plus complètes. Il existait depHJlii
Louis XIV un bureau de police politique pour d^
couvrir les relations aveN| l'étranger. Depuis cq
souverain, continue Napoléoq, les mêmes £i<^
milles en étaient demeurées en possession } 1^
individus et leurs fonctions étaient inconnues»
c'était un véritable emploi. Leur éducation s'éts|i^
achevée à grands frais dans les diverses capiU^|f|f
de l'Europe; ils avaient leur morale particulier^
et se prêtaient avec répugnance k l'examen dra
lettres de l'intérieur ; c'étaient pourtant eux cpii
l'exerçaient. Dès que quelqu'un se trouvait cou-
ché sur la liste de cette importante surveillance,
ses armes, son cachet étaient aussitôt gravés par
le bureau, si bien que ses lettres, après avoir été
lues, parvenaient néanmoins intactes et sans au-
cun indice de soupçon à leur adresse. Ces circon-
stances, malgré les graves inconvéniens qu'elles
pouvaient produire , faisaient la principale im--
(i) Pourquoi prendre la peine de les décatheler alors?
J. l*EUC»ET.
ai 4 mémoiuks ajsTORiQtBs
portance du directeur général des pattes , d
commandaient dans sa personne beaucoup de
prudence , de sagesse et de sagacité. •
M. de Las Cases , qui rapporte ce discours de
Bonaparte (1 ) , ajoute que Tempereur lui a plu*
sieurs fois dit qu'il n'était pas partisan de eet
mesures; et, quant aux lumières diploraatiqnci
qu'elles pouvaient procurer, il ne pensait pas
qu'elles pussent répondre aux dépenses qu'ellei
occasionaient : ce bureau coAtait 000,000 tr. Et
quant k la surreillance exercée sur les lettres des
citoyens , il croyait , lui Napoléon , qu'efles pou-
Talent causer plus de mal que de bien. « Rare-
« ment, disait*il, les conspirations se liwtent par
« cette Toie ; et, quant aux opinions indiriduelles,
« obtenues par la correspondance épistotaire,
« elles peuvent derenir plus funestes quVitfles
« au prince , surtout avec notre caractère. De
9 quoi ne nous plaignons- nous pas, arec notre
« expansion et notre mobilité nationales ? Tel
« que j'aurai maltraité k mon lever écrira , dans
9 le jour, que je suis un tyran ; il m'aura comblé
« de louanges la vrille, rX le lendemain, peut-
« ^trc, il sera pn^t a donner sa vie pour moi.
V- •.*nttnt V Art n\ Il .'« ttr . I. 1.
TIRÉS D^ ARC{i|¥B|. 2ïS
f La Ti9lation du secret ^s Uu^e» f concliiiiiik
« l'empereur I peut donc f^irt p^dre au pnndtt
ir ses meilleurs amis , en lui inspirant à tor|^
ff de la inéfiance et des préventions, d'autant
tf plus que les ennemis, capables d'être dangB"«
« renz, sont toujours assez rusés. pour ne a'txr,
M poser à aucun danger. Il est tels de mes mini»*
« très dont je n'ai jamais pu Surprendre une
ir lettre. » Et ces ministres', aurait-il pu ajouter^
étident Talleyrand et Fouché.
Qn a fPfilu distinguer dans la violatioa des
cprre^pepdances épistolaires celles ipil neqaîenî
de Ji'ét^nger ou y allaient ^ de celles qui ont lieu>
dans Vintérieur. On a prétendu qu'autant ia tîo*
la^p était coupable et abusive dans oM dev««
nîj^s , autant elle avait d'ulililé et de motifc ijb
tolérance dans les premières. Mais , en appro*»-
fondissant la question, ne irouve-t-on pas que
les inconvéniens attachés aux unes se présen-
tent également dans les autres ?
Ce point de haute police , comme on l'ap-
pelle, a été Tobjet d'un débat long, violent et
inutile (comme tant d'autres débats) , à la Cham-
bre des Députés, dans la session de 1828. On
s'y est beaucoup plaint de la spoliation d'eflFets
de commerce soustraits dans des lettres mises
h la poste. On prenait ainsi la nation commer-
ai6 acMoiHES historkiles
çanle el électorale par ton faible ; U qoetlioii
d'honneur se posait mieux sur la question d'ar-
gent; mais c'était la moindre des accusations
que Ton pût faire contre celte administration.
Car, enfin, mille causes, mille infidélités étran-
gères a la poste , avaient pu occasioner la sous-
traction de ces Taleurs. De véritables soustrac-
tions ont cependant été reconnues et leurs au-
teurs mis en jugement et condamnés. Quant ans
plaintes contre la violation en ellenaiême , dlos
ont fait peut-être moins d'impression que celles
de U perte des effets de commerce : tant ce qnt
tient k l'argent l'emporte natnrellemeni snr tint
le reste I On a parlé du cabinêi noîr, oii les lettres
étaient décachetées. Ce cabinet , trop réel , a été
supprimé ; mais qui assurera qu'on n*y a pas sub-
stitué un eabmêt clair ? Au reste , f onMi des
principes d'administration a été poussé, dans
cette discussion, jusqu'il demander qu'on fit des
postes une entreprise commerciale et particn*
lière. C'était demander, sans plus, qu'on aalt
entre les mains des uns l'abus qui se trouTail
entre les mains des autres. La question n'y
gagnait rien ; on aurait déplacé la subversion ,
voilà tout.
Sans s'attacher aux détails de ces discussions,
notons seulement qu'il en résulte qu'un fait de
TIRES DES ARCBIYES. 21'J
guerre existe dans les entrailles de la société
moderne entre les gouvernans et les gouver-
nés, sous quelque régime que ce soit; que, par
suite, le pouvoir en titre ne se fait jamais faute
de maximes honnêtes et d'actions détestables^
toujours simultanément; et que les révolutions,
en déplaçant les hommes, ne mettent pas au
néant, par leurs réformes, toujours moins ra-
dicales qu'on le pense durant la chaleur d'an
premier enthousiasme , ce venin secret et ron-»
geur dont il est dit, avec tant de tristesse, par
Montesquieu, que la civilisation est attaquée.
^C.o
CHAPimp L
QwtBlyiti de fiiu relatifi k b poHee a^rnil tC 4i^ li wèm»
IvUcm.
Sous ce litre assez vague , je réunis dans un
ordre h peu près chronologique des événeroens,
lies faib, des acles « qui laraclcriscnt les tcmp» y
TIRÉS DES ÀRGHiySS. AIO
les opinion^ et fes personnes dans leur rapport
avec l'^idmmistration et Ifi surveillance de la por
lice: c'est une sorte de halte à travers des élé-*
mens plus sérieux , une clironiaue rapide ^1 fri-
yple. Le bien , le mal , je dirai tout ^ saiu» colèiff^
sans iréticence.
Je -•■iia.n.i, cherché. «Io«u,i.rp.„«„.,
à présent^ les choses avec humeur çt sous un
jour sombre ; loin de là, j'espère , en me If^ssant
aller firanchepaent a mes impressions , ^mençf
les lecteurs eux-mêmes à plus dq tolérance , et
leur apprendre \ réfléchir sur leur propre vie.
On cesse d'être sévère en jugeant des autres par
soi-même. A l'échelon près, Thomme se ressem-
ble partout} et, quand sa prévoyance ne com-
mande pas aux événemens, ce qu'il y met de sa
volonté me semble peu de chose.
Parmi les faits et les événemens consignés ici,
on en trouve plusieurs d'un faible intérêt sans
doute , mais beaucoup aussi se rapportent a des
circonstances ou à des personnages remarqua-
bles , que je présente en déshabillé. Beaucoup
d'autres que nous , plus romanciers qu'historiens,
en ont fuit des hommes conformes de tous points
a leurs principes d'apparat , taillés en bloc dans
leur manière de dire, esclaves nés des moindres
paroles dont ils faisaient un si magnifique éla-
lajçc. Sous celte apparence, cepcmlant, ils se
V
320 MÉMOIABS HUTOIUQUES
sont Irouvés fort souvent ao niveau do vulgaire ,
hommes dans toule la force du mot j faibles , in*
grats , hostiles^ suivant Toccasion , mais en sau*
Tant leur renommée. Celte publicité, aujoor-
dliui qulbsoni morts , appartient a lliisloire du
cœur humain et ne peut les atteindre ; nne leçon
en résultera pour ceui qui tiennent leur place
ou jouent le même rôle. C'est que la vie privée
est Tétemel démenti de la vie publique , et qM
les mots ont été , jusqu'à présent , les plus
tèk ennemis des choses.
CHRONIQUE MODERNE.
GstmImI tm S (aart 1797).
Un jeune écriTsin d'un caractère intrépide ^
Jardin , qui rédigea depuis le Cawrrûr réfmUt
eaim, et qui , en Tan 5, rédigeait la Ckrmtiquê éê
Parié ^ fut, au mois de germinal de la même as*
née (1 797) , l'objet d'une vive attaque de la part
de la police. Son dénonciateur fut le général An*
gereau , nommé duc de Dantzick par la suite, et
que Bonaparte, duii» ses «uiilidcnce» de Sainte-
TIRES DES ARCHIVES. 33^
Hélène, accuse d'inconséqDence, sinon de trahi-
son , à l'occasion des dernières campagnes oîi
li'engloutil la fortune de l'empire.
L'article qui fut l'objet de la dénonciation
d'Augereau offre sans doute des exagérations de
plos d'nn genre; c'était le caractère et la manie
du temps* le courage devenait une fonction ci-
viqDe; mais l'on n'y reconnaît pas moins la sil-
bouette énergique du caractère de celui qui ,
pendant quinze ans , tint la France et l'Europe
sous sa domination. Ily a mieux qu'un horoscope
dans ce pampblet; c'était peut-être le procès,
mais c'était aussi la révélation d'un caractère.
Prédire estune science plus facile qu'on ne le croit. '
Bonaparte n'était encore que général del'armée
dltalie ; la lettre d'Augereau au Directoire est du
4 germinal an 5(24 mar8l797). Par conséquent
antérieure au 18 fructidor de la même année.
De pareils faits doivent trouver place dans la
chronique de !a police , puisque c'est à son in-
tervention que l'on recourut pour venger le grand
homme outragé; ils doivent figurer dans l'his-
toire du temps, puisqu'ils se rapportent à des
personnages qui jouaient alors un grand rôle.
Voici donc ce qui excita le zèle d'Augereau et
lui fit prendre la plume en faveur du général
sous les ordres de qui il servait.
222 MTMOniC.^ RiSTORIQCrS
Réfifxion» tmr BimapmrU (1;.
• L'cipéricncc des temps passés dëmootre le
danger qu'il y a, pour les républiques, a sonflirir
que les ciloyeiis qui commandenl les années ,
ou qui occupent les premières fooctions de Té-
tât, se mettent trop au-dessus des loia; c'est ce
danger qui fait qu*on ne saurait déa^preuver b
maiime constante des états répubUcaina, qei lea
porte a l'ingratitude envers les bonmes qui ont
rendu les plus tmportans senricas. Uaaagislrat
ou un général ont été jetés par le hasard dme
des circonstances épineuses eu le saint poUic
était compromis, soit au-dedans ^ soîk ^dekose^
l'un a rétabli les choses dans lenr aasietta par
des mesures de gouvernement prudentes et vi-
goureuses, l'autre par sa vaillance; tona dens,
déjà au-dessus de la foule, cherchent a angmett»
ter leur réputation par des actions d*édal qpâ
frappent la multitude, la séduisent et ren--
traînent. Um se font des partisans , ik ont d^
acquis du crédit par les voies publiques, en §ih
gnant des batailles, prenant des places, don-
nant des conseils sages et suivis d'un heuiens
(i) Cet reflet iouA cuicnl iiiAércts dan^ d^ numcrot de k
nique de Pmrts , 4 b date du 3 gvrtnioal an '^ i3 mars 179;%
siiccfc* , pour la conduite de l'élal ; ils en acquiè-
rent encore par des voies parriculitrCs; ils fohi
du bien aux uns , défendent les autres des pour-
suites exercées contre eux , aident ceux-ci de
leur argent, font,, par leur crédit, parvenir
ceni-là aux charges , et gagnent ainsi Un grand
nombre de créatures toujours prêles, commelei
cliens des patriciens à Rome , à les suivre Sur ta
place publique , ïi se dévouer poiir eux , éi a pré-
fëref* la ruine de la patrie à la leur. Un crédit
acquis par de semblables voies est très pernî-
ciètit. Comment en prévenir les suites? Je n'en
sais rienj ceci est l'affaire des gouvernemens,
qnî, placés plus favorablement pour juger Tes
choses , connaissent aussi mieux tes remèdes et
peuvent les appliquer. Tout ce que je sais, et
qu'il est permis de dire, c'est qu'il vaut mieux
chagriner un personnage important , lé dégbûtéî'
par des chicanes, des persécution^ , que d'avoîf
à craindre, en le laissant en repos, son ambi-
tion , lorsqu'elle peut devenir dangereuse, qu'il
n'écoute qu'elle et lui suboMonne tout.
N Si les hommes dont je viens de faire le por-
trait peuvent déjà mettre la liberté en péril, à
quels plus grands périls encore est-elle exposée,
lorsqu'à la lête des armées, un homme qui exerce
les pouvoirs absolus d'un dictateur, se moqué
des lois , brave l'autorité ii laqiieHe il cfoit être'
2I2/| MEMOIRES lUSTORlQUES
soumis, ne reconnaît aucun frein, et satîafait ,
sans opposition et sans danger, les plus sanglans
caprices?... Je. parle de Bonaparte, qui, non seu-
lement est un citoyen dangereux, mais encore
un tyran cruel ; je laisse l'homme féroce pour
ne m*occuper que de Thomme dangereux. 11 ne
pourra plus rien du moment qu*îl ne sera plus
rien, et le seul devoir que jaie maintenant a
remplir, est de dire connaître les Tuea politiques
de ce soldat audacieux , qui réunit la vanité d*nn
enfant a Tatrocité d*un démon. Je prends mon
texte dans une lettre d'un défenseur de la patrie,
blessé a l'armée d'Italie et retiré du aerrice.
Cette lettre contient des faits inoois , des récits
de crimes atroces, dont auraS frémi Néron , et
que Suétone ou Tacite n'eussent pu loi imputer
sans £tre accusés de mensonge ; mab, je le ré-
pète, je laisse lii les faits, quelque horribles
qu'ils soient , pour ne révéler que les vues cri-
minelles.
m Certes , on ne peut refuser des talons à Bo-
naparte ; ses succès parlent pour lui , ses vic-
toires sont trop récentes et trop utiles pour qu'on
y cherche des causes extraordinaires j il combat
comme Alexandre et négocie comme Philippe •
mais il est citoyen a la manii.-rc de César : c'est à
la manière de César qu'il aime l'égalité, et c'est
avec tout le méprisqu'avaitCésar pour le sénat dv
TIRÉS DtS AUCHIVÉS. âtsS
Rome, que Bonaparte parle du gouvernement
actuel de la France ; c'est Gustave au milieu des
combats ; mais , comme Gustave , il vent un trôné
pour s'y placer lui-même et une couronne pour
en orner sa tête; les satrapes du grand roi
eurent moins d'insolence dans Texercice de leur
pouvoir que n'en montre Bonaparte. '\\
« Bonaparte a un plan , et la place qu'il oc-
cupe n'est pour lui qu'un des moyens dé l'exé-
cuter. »
Ici , l'auteur attribue à Bonaparte le projet ^e
former une république fédérative des divers états
d'Italie dont il se ferai tj>ro/^c(^ur, et d'établir le
siège de son gouvernement en Corsé. Il était |>bt-
sibte que Bonaparte en eût la pensée , il était
impossible que cette prédiction ne la lui donnât
pas. Un accusateur est souvent un inspirateur.
Jardin ajoute :
*< C'est au Directoire a examiner tout ceci. On
a du lui faire passer, et surtout à Rewbel , de
plus amples détails ; qu'il songe h la hauteur avec
laquelle il est traité par Bonaparte , à l'insolence
avec laquelle celui-ci s'est conduit et expliqué^u
milieu de son armée au sujet de rafflûre des tré-
soriers; qu'il pèse toutes les circonstances de son
commandement et de ses actions , et s'il le juge
un républicain , il faut convenir que la républi-
que est une étrange chose. »
in. ir»
aati MÉMOIRES IIISTOmQUtS
Ces accusations devenaient plus que suflbantce
peur fournir le sujet d'une dénonciatioo et de-
mander la punition de l'auteur qui se les était
permises. Augcreau en prit l'inîtiatite ; il adressa
donc au Directoire une longue lettre , oii , tout
ef) faisant l'apologie du grand homme qqe les
circonstances favorables portaient à la glQure, il
demandait au Directoire la punition eiemplaire
de Taudacieux journaliste. L'attaqiie atait toiiclié
le point sensible. Voici cette lettre , on du qmîns
une copie certi6ée par le ministre ^ k police»
M. Cocbon de l'Apparent.
L$ féiéroi de èwitiim, Àugêrêâu^
poêotu le Dirêciùiff,
« Ptrli, le 4 fermioal fto S It ^
« Citoyens directeors,
« Organe de Tarmée d'Italie anprès de n
pour vous transmettre ses sentimens et les tre«
phées de ses victoires, je m'honore de cooserrer
ctf titre, pour âtre auprès d'elle l'interprète des
témoignages sincères de votre reconnaissance et
de votre satisfaction. Ma mUsion n'est donc pae
terminée; aussi m'oblige-t*elle de tous témoi*
gner l'indignation qui doit pénétrer tout cilojent
TIRÉS DES ARCHIVES. 22<^
ami de son pays , jaloux de «on honneur él dé
celui de «es braves frères d'armes, à la leeltMre
du journal intitulé ChronMpM de Paris ^ n^ S, du
3 germinal.
« Ennemi de la flatterie , je méprise les adu-
lateur»; ami de la justice et de la vérité, je ittt
fais une loi de défendre les absens et de lés vengeé
de la calomnie. La soumission ^Mt Xoki doit êttré
le devoir de tout citoyen; je viens vous en donner
une preuve éclats^nte , en vous dénonçant V^u-
teur de ce journal. ;
« Les réflexions sur le général Bonaparte, qu'il
a Vaudacede traiter de tyran emel, de dictateur,
d'Miaime ambitieux, de conspirateur, ta tsrcliie fai-
fiunante imprimée sur les généraux qu'il astocie
a ses projets ambitieux , enfin les comparaisons
révoltantes qu'il aTimpudence de faire , tant du
général en chef que des militaires a ses ordres,
tout cela, citoyens directeurs, a excité en moi,
et dans le cœur des ofliciers qui m'ont accom-
pagné, rindignation la plus profonde. Si le
mépris pouvait quelque chose sur les âmes viles,
ce serait la seule arme dont notre honneur se
servirait pour venger une pareille injure; nous
déclarons que nous sommes au-dessus de la ca-
lomnie , et ce sentiment de nous-mêmes nous
yenge assez ; mais les suites funestes qui pour-
*J'À& MKMOinrS HHTOmoLTS
raient suivre du silence et de rioiponité d*une
conduite aussi contraire à Tordre qu'à la pro-
priété du premier bien d*ua militaire , Thonneurt
auraient de quoi alarmer tous les citoyens.
9 C'est donc a tous , premiers magistrats du
peuple , à qui il appartient de Tonfer par les
lois ceux des citoyens envers lesqneb on en-
freint » tans honte » celles de Tordre aodal.
« Comment le rédacteor de ce journal oee-l^il
autoriser ses réfleiions Timlentes , de Tanihen-
ticité d'une lettre écrite par an militaire blessé
a l'armée et retiré ?
c Citoyens directeurs » il y a wie loi qm rend
les journalistes responsables de tonl ce ^Mb
impriment. Cette lettre doit ensler mm origÎBal
dans le portefeuifle du rédacteur. Je irow prie
de la faire saisir, afin d'en connattn Tanlemr, ei
d'établir entre la lettre et les réflexiotts • le jn»
gement qu'il importe a l'honneur dn géttéral et
de Tarmée d'Italie. Salut et respect.
« Signé AcGsasAO. •
Le ministre de la police , quoique très gnad
partisan de la constitution de Tan 3 el ds IK*
rectoire, n'avait point la même affection poar
Augereau; disons-le nettement, il ne raimaii
pas f il ne s*eii empressa pas moins de faire ce
TIRES DES ARCHITES. Û^Q
que sa position personnelle lui prescrivait pour
répondre auMésir du général, arrêter et lancer
ses émissaires a la piste de Jardin , qui pourtant
parvint à se soustraire à l'incarcération. Le jour^'
nal fut supprimé ; mais les événemens qu^il avait
pressentis né le furent pas. Le ministre écrivit au
bureau central pour lui recommander la inesarer
proposée.
Le ministre de la police générale au bureau central
du canton de Paris.
n 8 germinal an 5.
« Je vous tranmels , citoyen, copie de la lettre
qu'a écrite le général Âugereau au Directoire,
et je joins le journal qui Ta si justement indigné.
Je ne doute pas que vous ne vous empressiez
de mander le citoyen Jardin , rédacteur de
cette feuille , afin qu'il dépose en vos mains l'o-
riginal de la lettre où il prétend avoir puisé ses
réflexions virulentes contre le généralBonaparte.
Vous voudrez bien me rendre con)ptc , sans dé-
lai , de vos diligences et des mesures que vous
aurez prises pour venger l'honneur d'un héros
dont la gloire est la propriété de tous les vrais
Français.
«
i( Signé Cochon. »
aSo MUIOlâBi HltTOAlQlllS
If étail-il pas curie ox de tmt p«oir t ao nem
des lois, celui qui démonlnat afec fisrce ipi'eUee
étaient en péril , et de le iroir pnair par Tin-
fluence de llioaime onâme qui p plus tard » devait
étouffer ces constitutions éphémères mm verUi des
pleins pouvoirs que lui décernerait Tantlien*
siasme national ? Les puissans de ce moud* ne
pardonnent pas à ceux qui les derinent » M il n'y
a pourtant que ceux qui les donnent bien qui
soient légitimement capables de les compren-
dre , de les aider et de les soutenir.
WHaÊàkn «i S (—te ■Ni ijee)*
A toutes les époques signalées par dasdmo»
geoiens dans le personnel politiqoe » sesda éfém^
mens réeb de l'histoire de nos deraieiH Ocles t
où les réformes » dont on parle beaoeonp trop t
sont faites , sans plus , dans le ▼ocabnlaire dn
jour et dans les couleurs du drapeau , on remar»
que dans l'autorité de fait du moment an em-
pressement caracléristique à connaître et à diri-
ger l'opinion pubii(|iic. C'est au théâtre surtout
vi dans lc5 lieux de gran(l«:!> réunions c|tie ccttr
TIR^ DES Aft^ÉIVÈ^. * 2%i
aiîtdrité cherche à è'éclaitër Mir ce i)tié Ton jpéUiè
d'elle , soit par les applaudisseitieiié dtftifles K
certaines pièces , soit par ItÉ discours tenus dans
les fojérs et dans les coulisses sur sës*pirincipes
et ses actions. Les manifestations publiques m
font surtout avec une grande variété de (birttlës
dans les auditoires des théâtres. Là , l'opinion
dominante étale ses préférences et rient proYë^
quer ses adversaires ; c'est nn fôyér de càbi4«r^
où les mille et une cabales , si divergentes qu'èlhfl
soient I trouvent par cela même a se naluralLler.
Après le dia>-huU brumaire » qui réunit touW la
puissance dans les mains de Napoléon » la pplkai
héritière des soupçons de l'ancien tépxrie eC ^
ses coutumes, exerça sa vieille sagacité a cet
égard , elle s'attacha a savoir ce qu'on pouvait
dire ou faire dans les spectacles de contraire ou
favorable a ce que Ton appelait sérieusement un
nouvel ordre de choses. On conçoit que, de la
part du pouvoir, l'empressement mis a s'éclairer
sur ces sortes de démonstrations vient beaucoup
jdIus du désir de les savoir pour s'en lâcher, que
de Venvie de s'en instruire pour s'y conformer.
Les ouvrages dramatiques offraient, dans ce cas,
le sujet d'un examen dont on pouvait lirer des
conséquences , quelquefois pour en permettre la
représentation , le plus souvent pour l'interdire ,
25 a llilK>IIIE5
•lugrint les vues plus oo moins larges des nou-
TeaQz pouToirs.
On siil le mol d'un apprenti censear de ces
temps de liberté sur une pièce très inoflensive :
« U n'y a pas d'inconvénîens h la permettret écri-
ynt4i en marge du manuscrit; mais il y en a en*
core moins à ne pas la permettre ! • Et, sur cette
décision cavalière, le manoscrit fnt biflii. L'n
trail d'esprit fait passer bien des sottises; ccHari
passa et fit rire.
Les rapports de la police d'alon présenlonl
donc plus d'un intérêt ; on en pourra juger par
cehii que je Tais transcrire tel qu'il fut rembdans
le temps au premier consul ; c'est le hureuu
tral qui parle.
Jlappon iur U$ am^raga drawmiiquês dmmmâ Km é
des êUuiùmê poKftfuti ou de rti^tsn.
• 6 IHamlre m S (97 non «An tTSSÎ*
tr L'heureuse révolution que le 18 brumaire a
opérée dans les esprits a élé très sensible sur
tous les points et dans toules les parties de la
société de cette commune ; mais on a pu mieux
l'apprécier encore au théâtre , où se rassemble
un plus grand nombre de citoyens. Là, dès
les premiers jours, une joie pure et vraiment pa«
TIRÉS DES ARGHinS. ^33
triotique s'est manifestée ; les airs civiques étaient
aqpplaudis, redemandés; des couplets impro-^
visés d'enthousiasme reçurent l'accueil le plus
flatteur.
ff Mais (1) de vieux amis du trône tentèrent
aussitôt de réagir. Us essayèrent d'abord de faire
croire que le 18 brumaire n'était qu'une prépa-
ration au régime de 1791 , et bientôt ils cher-
chèrent à faire germer quelques espérances pdttîr
celui de 1788.
ff II avait déjà paru quelques pièces de circon-
stance au moment où les royalistes cherchaient
ainsi à donner le change sur la nature et le but*
des derniers changemens dans les premières au*
torités.
u Ce qui , dans les premiers instans, avait été
applaudi par admiration pour le général Bona-
parte , par reconnaissance pour des magistrats ,
par amour de la paix , le fut ensuite en haine de
l'ancienne terreur. On réveilla par des applica-
tions toutes les animosités entre ceux qu'on a
tant de fois poursuivis sous les noms de terroristes,
jacobins et révolutionnaires. Ces mots de haine se
fussent même prononcés h la scène , si on ne les
(i) Les auditoires se suivent, et uc ^e resscmbicul pus.
{Xote de J. Ptuchcl.)
SS4 , MIIIOIRU HOTOaiQimS
ATtit pM fait nyer dés pradoclioM de eircon*
9lUm€9ê; dtns toutes on Tôaail bien an ridtenla
M k reiécraliofi les partttana de lafireni régime
de 1 793 , mais dans aucun , le royaliste tenace
et dissimulé , et le réactionnaire Tindicalif n*é-
taient dépeints comme ils ponrraient l'êlnt il
n'en était pas même question. Les apphudisse
mens anx passages patriotiques devinrent
tés } sous le préteate de témoigner dn
pour les ennemis du bien public el de In f^re
nationale , on en proToquait contre le eamctère
du magistrat républicain , contre les antochés
républicaines. Le mot de rrfpuHifs était évité
* bien plutôt qu*omis* Le mot de Frmutê^ que les
royalistes interprètent et goètent nûeaz « aïs*
tait seul; Tadministration fut obligéo d*srvertir
les autenn de cette méprise (1 ) . En un mol , dans
tons ees ouvrages , la saillie devint mafigrilé { In
satire 9 diatribe; Te^rit de plaisanterie, esprit
de parti ; l'éloge , basse flatterie ; et Tadministm»
tion t pénétrée des malheurs qne do telles pièceÉ
devaient entraîner, pénétrée encore du mal ir*
réparable peut- être qu'elles allaient faire Ik Tes*
prit pnbKc , provoqua , etécuta avec empresse*
ment Tordre de faire suspendre la représentation
H' Votlt un<* police ItUn r;inJ:'tc ou .!.« .riiriirt bim ionucrat.
J !*t»tiilT
TIRÉS DES ARGHinS. i95
de Uutû Us pièces relatives aux derniers évé^
K Cet ordre salataire vint à propOi su^en^e
l'eiariien et U correction de plusienn aatrcM
pièce* de même nature , pleitie* dei plni vigdQ-
renses sorties contre la («rrtvf^ les terroristtti
les rétfoiuti»naireij les ntembres des eomitéi fiéti-
/utiwinaH'Mjetc., etc.De rirréconciliaUft dtèrttel
royaliste, du sanguinaire partisan desTëtigdailCËS
et des réactions, pas an mvtl Tout itmlaH. h
iM«rrirleBhaineSyrienfanipprMkeïleiespritii(1).
< Mais la suspension on suppression des pièces
de drconstances, pour avoir unentier effet , né-
cessite peut-éire une autre mesure. Dans des
siijets en apparence purement littéraires, les
auteurs cherchent li faire naître des applications
purement politiques ; l'éloignement de tout sys-
tème de persécution des cultes, la tolérance à
cet égard commandée par la philosophie sont
déjà pour des ennemis de toute espèce de
gouvernement libre , le prétexte d'une sourde
vexation.
H L'administration croit donc très essentiel
[i) Pmir rapprocher les cjprils, il tallail donc parler de l'îfré-
:oiiciliablc et cruel royati&le, du laugiiinaire partiïau des vcii-
;-;iiiicc»l... Piiàum tencatls.
336 aiDlOIIIES WSTORIQCES
d*oler à U malveillance cet alineiit qn*elle con*
Yoile déjà; elle désire en conséquence eoipécber
la représenlation de tontes les pièces qui offri-
raient des applications on de poKqne on de re«
ligion. Elle demande encore (et ce point, ii son
avis, est de la pins grande importance poor le
maintien de la tranquillité dans les théâtres)
que les pièces présentées ans différentes épo-
ques de la révolution et connues pour avoir été
alors la proie des factions no puissent etm re-
produites quels que soient les changffmens que
les auteurs^muIli/bruMi (1 ) se seraient dtM obli-
gés d'y (aire.
c N'est-on pas plus fondé encore à insister
sur ces différentes mesures aujonrdiini qne Ton
apprend qu'à Lyon deux jeunes gens ont péri
victimes d'une querelle survenue an ibéilK de
cette ville , à l'occasion d'une pièce de circon-
stance? Les journaux annoncent qu'au théâtre de
Bordeaux on fait chanter le Rémi dm pnflêJ •
L'on connaît asses l'impuissance des mesures
prises dans tous les temps par l'autorité par arrê-
ter la marche ou les élans de l'opinion publique
lorsqu'une ardente passion s'empare des mnlti*
(0 11^ ter ont tniijmir« muftifor-met pour gai or r bnwoup
d*«rgent ; mM.*fnMjncc qu'iK ont a «ce la |iulicc.
J. Ptickti.
TJRÉ8 DES ARCRIYEd. ÛO'J
tudes. Hais ce que la police doit aux citoyens
naturellement calmes , en attendant que des ré-
formes réelles rapprochent les caractères par la
fusion des intérêts , c'est , comme le demande ce
rapport, de les mettre tant bien'que mal, avec
le moins de frais possible , à l'abri du trouble ,
des dangers , des inquiétudes auxquels le choc
des factions et de ceux qui en sont animés , ex^*
posent les spectateurs dans les lieux de réanion
tels que les théâtres ; faute de mieux, le moyen
le plus simple jusqu'à présent pour y parvenir,
surtout lorsque ces spectateurs, indiflTérens pour
la plupart sur les coteries politiques , vont cher-
cher des distractions purement littéraires dans
ces lieux où les factions se rendent avec le parti
pris d'échanger ensemble des coups de poings ,
le moyen le plus simple a été d'exiger dans les
pièces les changemens que les circonstances
commandaient. La censure est la guillotine des
manuscrits turbulens, comme la guillotine est le
grand moyen de censure des individus dont on
ne peut pas venir à bout. Nous ne donnons pas
ceci comme l'éloge des deux moyens. Il y a sans
doute quelque chose de mieux a imaginer; mais
on ne Ta pas encore produit.
aSS ]dbionim aiirDKfQims
AgUrê if MMM> Al VBiÊMf^ êê H MêtkàUMm éê M.
Dans le nombre des lÎTnt q«I oui «Bcilé les
recherches de le police et sen anuMieilé, «i TmiB,
les bonoes gens qiû s'ebstiMst à ehercheff èm k
logique enUre Ue Ktioiie M lee éMOue des pe«*
^oirs t seol éunnés de trouver leoimafai di le
IbeelulÎM fnmoùiÊÊ^ tndailee àm IWgW», ^
M. Bertrend de MoUeviUe , ueien BiairtM eew
Louis XYIi car ce liwe» écnk mmm talent et
cherchant à déprécier la lévolmio» par IIb-
crinùaatioa de ceuL qui josèveM wm tel*
noa bagarres, aembbitt à l'épetpe ok f\
aait contre loi » Irèa CiToraMe avs idéea de
Toir abaolm dont le govremeaMnt do
allait a¥oir besoin pour se fertiier et a*lfaier.
Cet ovrrage a le grand défiint de pféaealat
Louis XVI sous un jour sinon ftux , ew ms II
conteste , dn moins très défavorable i an aé»
moire. A force de Touloir montrer que jaoïaia ee
prince n'approuva la révolution , M. de MoHh
ville le fait passer pour manquer d'intelligence on
de sincérité dans la plupart de ses actes; M. Ber-
TlUfiS m$ AHCWTCS. ^Sq
tr^nd ne ^a laÏMa sms doute aller à cçt|e étnnge
manière d'accuser la révolution que povr sovt-
crire aux plaintes et à la mauvabe humeur des
éipigrés gui chargeaient ce prince de tout le
mal qui leur avait été fait par la fathleut.
Quoi qu'il en soit de ces consîdératioas, et tf^tfl
qu'ait été le moLïf du gouvernement da l'an &,
qui ne jouait pas cartes sur tablç et pciK ift%-
ciait pas qu'on lût trop tôt daiu «,f ^ jeu , ti|\ iç^
port lui fut fait au mois de thermidor de V^tt 9
(juillet 1800) pour la saisie de cet ouvrage ; on
y Ht : ' Qu'on imprimée les Annales de la Révo-
lution françaUey par M. Bertrand de Molleville,
ex-ministre de la marine , émigré , présentement'
à Londres, traduites de l'anglais par M. de Li-
guières, homme de lettres, et vendues par
celui-ci au sieur Riche, libraire, commission-
naire pour les ouvrages étrangers et contraires
à la révolution ; l'ouvrage est en deux volumes,;
quinze cents exemplaires sont déjà tirés, à quiiue
fpancs le volume. »
Sur ce rapport, que j'abrège, M. Dubois, alors
préfet de police, instruisit le ministre, le 1 ^' fruc*
lidor de la même année, que le nommé D«-
caiiroy, imprimeur, imprimait un ouvrage in-
titulé Annales de la Révolution française j et que
ce livre était contraire aii\ principes du gouver-
34o aiCMOIlIRS fllSTOMQtKS
nemeni (1). J'ai donné Tordre, en conséquence,
de faire une perquisition, hier de très grand ma-
tin, chea le citoyen Ducauroy, et Tordre a été
exécuté. Le commissaire de police a trouvé en-
viron trente rames de cet ouvrage en feuilles,
et il a amené l'imprimeur à la préfecture de
police. J*ai décerné un mandat d'amener contre
le citoyen le Riche, qui m*a été désigné comme
Fauteur ou le traducteur de cet ouvrage ; et le
citoyen le Riche est actuellement au dépôt de la
préfecture. Je fais examiner Tonvrige saisi. •
Est-il rien de pluK gauche qu'un semblable
rapport? On y confond le traducteur avec le K*
braire-éditeur; on ne sait pas même s*il n*esl pas
l'auteur de l'ouvrage ; certes, c'eût été un libraire
(i) A Vépoqi» oà M. DaboU >'eipilwiH avec «ttfe
qoMft républicalDc , on n« voyait pM tmtmt • dtM lai
la préfactnre , la révolutloo tout la point 4a «ne ^na Bavapnria ta
propcftalt de mettre k U mode. La plupart dct employai aanacr*
iralant le» Idte pretqoe dâmocratiqoca dn bnrean ctntral. et Im
rapports qai lortaient de leur plume te tentaient de em prtnc%aa.
Mali let choir» changèrent , et le Ion des rapportt avec ellca, k
metore que la puliMnce de Bomparie t'élcva amdeaHia de Ion» lea
pouvoirs; on fut alor» at.wIittt%U k la polka comme partant
ailleurs; tout manceuvra comme un hataillcm. Fonché senltsH
parut tel , ne le parut que pour ifecondcr U% «uet de ion maître;
au fond , le duc d'Oirante ne (ut jamais qu*uo mandais
chute, \jf Hure monlag oard , afluli!r de U couronne ducale ,
Adèle à ftrs premiers instincts »ou% «a pcail de l*rebis.
J PricarT
TIRÉS DES ARCHIVÉS. ^4^
distingué; on n'en cite guère de tels, et le
préfet connaissait mal son inonde. Voila donc
sur quels aperçus on saisit un ouvrage de grand
mérite, tout en claquemurant un citoyen dopii-
cilié dans un cul-de-basse-fosse, au dépôt de la
préfecture, sans plus de scrupule que s*il se fôt
agi d'un simple vagabond.
M. le Riche se plaignit d'une semblable vexa-
tion, et réclama sa propriété enlevée, sur la déi-
nonciation d*un ignorant agent de police, qui
croyait en cela plaire a ses supérieurs, et gagner
son argent.
«r J'avais, sous la garantie des lois^ dit M. le
Riche dans sa lettre au préfet de police du 6 fruc-
tidor an 8 (24 août 1 800), entrepris la traduction
des Annales de M. Bertrand de MoUevillé; elles
ne pouvaient attaquer le gouvernement, puis-
qu'elles ne comprennent que l'époque de Tou-
verlure des états-généraux, jusqu'à leur dissolu-
tion. Les mémoires d'un ancien militaire sont du
domaine de Thistoire; il n'y a qu'un zèle indis-
cret, une surprise de religion, ou un despotisme
oriental, qui puisse empêcher le burin de tracer
des événemens qui se sont passés il y a dix ans-
\ous m'avez fuit arrêter, vous avez même fait
saisir le second volume de mon ouvrage.
« Permettez-moi, citoyen, de vous observer
que vous n'aviez que le droit de mettre les
III. u;
2^U MCMOIRrS HlflTORIQVrs
«celles fur louvragis potir ma garantie, comme
pour celle de TautorUé.
«J'ai subi interrogatoire; des demandes insi-
dieuses m'ont éié faites, j*y ai répondu avec la
franchise de celui qui n*a rien à se reprocher; et
cependant on m'a laissé entrevoir que le TtmpU
pourrait bien m être ouvert , si je n*étais pas
docile à la demande qui m*était faite de livrer
toute Tédition de mon premier volume.
• N'étant coupable d'aucun crime d'état» par-
tisan du nouveau gouvernement , j'ai dik 1110 dé-
rober k l'ordre arbitraire dont j'étais menacé ; je
me suis évadé.
« Remarques, citoyen, la marche biarK dt la
police : le préfet saisit an ouvn§a fA m omi-
tinue paisiblement chea un antre impciaenr; et
le ministre de la police semble IninnéoM m^mt
reconnu qu'il ne peut être dangerms.
« 11 est temps que le citoyen paisible ne ré-
clame plus en Tain la protection des lois; je ania
prêt k paraître devant les tribunaux. Que 000
affaire soit remise k un directeur de jury, et je
me constitue sur-le-champ prisonnier.
« Je sollicite de votre justice la remise de mon
second volume . en m*ciig.iî;rant h ne le publier
qu'après y avoir fait les corrections et les chan-
gemens que vous exigerez.
TIRÉS DES ARCHIVES. 2/^0
«f Veùill^^ citoyen, m'honorçr d'une réponsj^;
il me sera doux de pouvoir vous offlrir ma, recon-
naissance lorsque je ne demande que justice.
w Salut et respect.
« Signé le Riche. <
V P. S. Vous poiiv^z m'ddressef vqs Qrc|irpi^.a
mon domicile, rue Neuve-Saint-Aujg;qstin, ^^^^ *
M. le Riche adressa à peu près les mêmes i^*
danalmis au ministre de la police, FoucM;
celvi-bi, moins superstitieux, moins timide, Ou
plus éclairé que le préfet de police dans dé seiÀ-
blables matières, fit rendre l'édition au librait'e
It Riche. Il savait, en cela, plaire k Napôléoii ;
c'était une flatterie indirecte et qui voulait dire :
— Quand vous voudrez!
Ne serait-ce pas un travail curieux et fort
édifiant surtout que de réunir dans un parcours
chronologique les notices des saisies de livres,
en même temps que les motifs qui ont déter-
miné ces saisies , le tout en regard des nom-
breux changemens de dominations et de gouver-
nemens qui se sont succédé dans la lanterne
magique de notre siccle?On\errait dans les lieux
destinés a ce séquestre , tout à côté d'écrits en
faveur de la république , des écrits publiés pour
la cause du roi, puis les apologies que la défense
sit\\ MrMomrs nisToniQnrs
de Bonaparte a cnfantëen a l'époque de 1S14;
pnii, celles que Ton a saisies en 181 5, au sujet de
la resiauralion ; puis eufin, ces écrits condamnés
au même sort dcpuin 1815, sans cependant qu'au-
cun d'eux ait entièrement disparu lorsque le
mérile de l'ouvrage devait le faire rechercher.
Ainsi les hommes s'effacent, mais les passions
restent; les lo» et les réglemens varient, et le
fond de notre nature persiste. Le csenr humain
manseuvre d'après des principes contre lesqneb
rien ne prévaut » et produit un chiflb« iairafiahki
d'événemens. Quand on se rendra compte de cette
vérité qui porte un caractère mathématique , et
que l'on en verra la cause en nous-mêmes, on sera
sur le point de procéder à des réformes profi-
tables. Ces réformes, à coup sûr, porteront voios
sur l'homme et contre lui que sur Tof^Misition
des rapports de cha<run avec tous.
On l'a dit, on le sait, on le répétera sans ceme,
la prohibition d'un livre ne fait que le rendre
plus intéressant , ou tout au moins d'mie pins
grande importance. La pemécution est une prime
pour le commerce des pamphlets. Que d'ott»
vrages, sous les règnes précédens, ne jouissent
d'une grande célébrité qu'en raison de la pro-
scription, et liont oubliés aujourd'hui que tout le
monde a le droit de les lire ! la persécution en fiû*
sait souvent tout le prix. Quant aux bons livres.
TIRES DES ARCHIVES. 3^
rien na pu les anûaïUii'i lui-squ'on ne les im-
prime ni à Paris, ni ii Vienne, on les publie a
Londres ou à Bruxelles. Pour les proscrire abso-
lument, il faudrait iibalU-e les frontières de tous
les royaumes, et les .ibatirc un peu mieux que
Louis XIV ne rasa les Pyrénées, Des mesure»
dépourvues d'unité scron
insuffisantes et absurdes.
Le CUMliére de la Madeleine. — ItegtuuUl-Warin.
Vealote an <>(KvrieT iSoi)-
Les archiTCB de la police ressemblent aux char-'
niers des vieux cimetières j on en relire souvent
des os de morts dont nul ne saurait dire le nom.
Les noms mêmes n'ont pas toujours assez de no-
toriété pour que le public se les rappelle.
Le Cimetière de la Madeleine , cette espèce de
romati Iii5loric|ue , dont un ne soutiendrait pas
aujourd'hui la lectiu';: pendant plus de dix mi-
nutes, dut sa célébrité , îà l'époque oii il parut,
-à l'espèce de persécution que l'on crut devoir
susciter h Tauleur. On regardait son style h fra-
cas descriptif comme [)roprc à réveiller desidées
que le gouvcriicmcnl avait inlérèl ;i laisser
a^d MEMOIRES lilSTOllJQlTS
tomber dans Toubli. Toutes les grandes ombres
monarchiques s*y dressaient , dans des phrases
démesurées, leur tête à la main. C'était le pin-
ceau de Ducray-Duménil sur la palette de l'an-
glais Young. Les femmes , toujours sensibles, en
avaient des attaques de nerfs. On Toolat sus-
pendre ces spasmes monarchiques. En les frap*
pant d*interdit, on les propagea. Ici, comme dans
une foule d'autres circonstances, rautorité se
méprit.
Les premiers Tolumes de cet ouvrage avaient
été saisis; Tauteur avait été mandé à la police,
et menacé de plus de rigueur. On loi défendit
de continuer; il le promit; mais il ne tint pas
parole, comme on devait s'y attendre. Cétait
promettre , en effet , de résister k ses «wa « à
ses lecteurs, à son orgueil, au plaisir d^êbreré-
pottvantail du pouvoir. Un auteur a'esl pas 4e
bronae devant ces sortes de séduGtioM4à ,
tout pour le seul bon plaisir de de«z ou
mouchards. Rcgnault-Warin reprit la plame. 11
en eut un redoiihlcincnt de verve , et se montre
pathétique au superlatif. La bonne cause eut un
mauvais livre de phis. Le préfet de police en fut
instruit le 2 vendémiaire an 9 (16 oct. 1800).
• Le ininistrrr ;i i!rjii fiit sr\\v rnnire Tautcur
«lu Cimetîèff tlf ht }tiuUlnne^ lui éirivit-on î il
.ivait m.inîlcstr ^«mi in'>*:)li >ii «I** i:r |ioiiit voir
TIRES DES ARCiillVÇS. ^4?
terminer cet ouvrage qui rouvrait les plaie9 et
exaltait les têtes. Loin d'obtempérer à un par^iji
ordre, Fauteur s'est obstiné. Les deux derpiçr^
volumes vont paraître incessamment , et rpu-
vrage continue k se vendre, au point que le Ji«-
braire Petit va de nouveau faire imprimer iff^;Ç
seconde édition du premier volume. Que Xw^
juge de l'esprit public de Paris (1), d'après ||^
vente de cette histoire prétendue romane^i^f^^
puisqu'on est obligé de faire une nouvelle éclî-
tiotii , et ^ue le libraire trouve uil bénéfice ebn-
âdérablé, inalgré la Vente clandestîncf ! '
« Le liihiistre est prévenu que I^ouvrà^e Ké^
cèniinne, et ^tie le libraire a le sbih de c^^tii^,'
au fhr et a iîiéèure qu'il imprime , les fbuilletàiii^
du dernier volume; que, sous peu de joùi^s, ik
doivent être totalement imprimés et livrés au
public. On peut s'assurer de ce qu'on avance
ici, en faisant une fouille chez l'imprimeur 5 on
trouvera les pièces probantes , et on arrêtera la
spéculation i|oyale du libraire Petit. »
A la suite de cette note, on lit : « Le rapport
est certain, le citoyen Regnault-Warin demeurant
chez celui qui Ta fait. »
(i) Co irélaii j>as resprit public ^ c'était celui d'un parti, c*é-
\\\\\ Il cnrJositr . cYlait fui tout parce qn'cn rechercha les n\rcs
signalés comme tl. ftgcrcux . no ImI-co qtu pjur ôvahier la piofOD-
(kiv du péril.
a.|8 yiùuiihvji HisTOKis^ir^
Evidemment la dcnonciatioii se fiUail sous le
tna»que. l/liôtc de Rcgnault- Warin le lÎYrait ,
peut - (^tre pour quelques tricheries de la vie
privée que Tauteur Itii-même fais^iit a son liûte.
L«( bonnes dénonciations viennent de cette
source; elles dispensent un lâche du risque de
recevoir un coup de pistolet en duel de la part
des gens qui se sont rendus coupables de cer-
taines peccadilles envers lui.
M. jDubois n*ctait pus très jaloux de tourmen*
ter cet auteur; le livre ne lui paraissait pas ausdi
coupable qu'on le faisait ; il ne le trouvait qii*as-
sommant. Mais la note venait du ministre , il fidlut
obéiri quoique le ministre luimêne eut trop
d'esprit pour mettre une importance extrême m
cette'production, certain, après tout, q«e la pro»
scription le ferait plus rechercher encore. La
complaisance du ministre pouvait cacher linéi-
que autre motif.
Des ordres furent donnés ii la police; ot, MÎ*
vant les formes ordinaires, on saisit ches le li«
braire et l'imprimeur les exempbiresda CiwMiin
de la Madeleine^ qui n'en continua pas moins h ••
vendre.
M. Uegnault-Warin porta sa réclamation au
préfet de police , et lui soumit son <Hivrage. Sa
lettre ne manque pas , si Ton veut , d'une cer-
TIRES DES ARCHIVES. a^ï)
laine habileté de raisonnement, et de réflexions
parfois judicieuseBj elle mérite de trouver place
ici, quoique écrite avec ce ton particulier d'em-
phase que les plumitife prennent si volontiers
vis-à-vis de leurs œuvres, paur les adresser à la
postérité et à la patrie reconnaissante , puissances
qui ne font pas toujours honneur aux mandats
que l'on lire sur elles. Les volumes n'en furent
pas moins saisis ; mais l'ouvrage se vendit, à cela
prf:s des tracasseries de détail et des entraves,
comme au premier moment de son apparition.
Re^nault'Warin j citoyen fronçait , au eitoymlhtT
bois, préfet de police.
' ' ' ' ■ i.'-jij
H 5 pluTiose fa g.
« Citoyen Préfet,
« Lorsque, par un élan unanime et des ef-
forts simultanés , tout tend à la perfectibilité de
rtintcndement des hommes et ii l'amélioration
de leur espèce, j'ai essayé de relever, par Tim-
porlance des résultats, la frivolité d'un genre
de litlcralure ordinairement consacré aux lie-
lions ianla^tiqucs. Armé île trop faibles armes
pour détruire, dans le clicmiu de la vérité, Ivs
ronces que l'erreur y fait croilre , j'ai du moins
réuni cjuclqucs tcnlittivc,^ pour K-s compter et
MI.M(ilhE.S HISTOIHgl r^
pour diriger jusqu'à celle vérilé , toujoun inTo-
quée el loujours méconnue , \c% rcj;ards de mes
conlemporaîiis. Ainsi « pendani qu*au-dehon le
ffonvernemenl afTcrmil rindépendancc de la ré-
publique par la victoire , cl qu*an-dedans il b
tranquillise par sa modéralion , retraçant dans
mes tableaux quelques-unes des vertus qui lui
•ont familières, je lui donne le double avantage
d'attirer sur elles la publique estime , et sur les
magistrats qui les professent , la reconnaiastnce
et Tamoor (1 ) .
« Parmi les écrits que je leur ai déjk consa-
crés et qui 9 par leur nature , se lisent et se mé-
ditent dans toutes les classes de b nation , cefaii
dont je vous offre la suite éveilla (2) rextrême
sévérité de la police et excita contre moi ane
persécution que j*ose croire peu fondée. En
effet, celui qui, d*une plume véridiqvo» fooet-
tJMt les crimes de toute espèce de tyrtniii6« et
célébrait les qualités conservatrices de Tordra
social, par cela même ne faisait-il pas Télogo
de votre administration ? N'est-ce pas sous la
tutelle des magistrats génértMix quon peat
louer ou censurer leurs prcdcrcMcurs ! N*était-co
Mut«ric, J. l'ciiMt.
^j) Il n'turait p*« «!'i •'. i:. i 'cm.
Tiaci mes. arceivis. sSii
pas 801U l'empire protecteur ^e Tr^an que Ta-
cite peignait, ses hideuses effigies dç Gaude et
de Tibère? Et pourquoi penser qu'en p^nt
dans la balance de sa plus stricte équité un mo-
narque dont la mort a rendu la vie célèbre , je
cherchais Ïl remuer, h réchauffer ses cendres,
pour en faire naître , comme de celles du phé-
nix y un rejeton l\ la tige monarchique ?
« Ctii ibdn livre lui-même que je charge
de rtfpOÛdrfe b ces inculpations. La suite, dont
j'ai llionnélif de \ous adresser un exemplaire,'
est écrite dkiis les mêmes principes , dans te
mSmestj'Ie, dans le même but. J'ai Usé du prî-
vitégë qaè le génie poétique accorde à l'imagi-
natîbA ; kt, coitimc les peititres, qui, après avoir
cboM lebh Jyersonnages, les placent sur la toile,
avec des attitudes ot des expressions convenues,
j'ai arrangé les miens d'après les proportions
de mon tableau. Quant aux maximes , elles sont
celtes que tout homme de bien pratique , que
tout gouvernement régulier approuve. La vic-
toire et ta volonté du peuple ont créé la répu-
blique. Quelques larmes ou quelques fleurs je-
tées par un pieux attendrissement sur les tom-
beaux d'une famille éteinte , n'altéreront pas
une constitution qui promet la félirilé. Citoyen
préfet , les hommes religieux sont soumis à l'au-
lorité , cl ceux qui pkitratt u'assassuieiil pas.
j5s MEMOIRES ■ISTORIQt'ES»
« Je MomeU le Cinuiiin de la MadêUinê ( I. 3
el 4 ) à Totre eiamen , et me repose sur Toira
niton et Toire impartialité.
« Salut et respect ,
« J.-J. ReG2« ALXT-W AAI9I . ■
Q«iBlldl,S pla^ioteui 9.
On conçoit que la lettre n*eut pas de réponse.
Les dialogues que Ton entame a^ec Tautorité se
réduisent toujours à des monologues. Si Tau-
torité était obligée de donner des raisons, elle
ne serait plus l'autorité ; elle consenra son came-
tère. La lettre fit fortune dans un pobUc d*amis,
surtout k cause de la phrase absurde qni la ter*
mine : Ctux fui pUurtfU n'otiaiitmni pu ! Pathos
a la mode chez les partis qui n^ont pas le poiiToir
pour le moment , mais qui ne nous fimt jamais
rien perdre pour attendre.
Nous demandons grâce an lecteur ponr
être permis d'eahnmer cette relique.
PrhU tkééirfê bomrgemi.
Dison^-noiiA souvent que l«-s d<'*taiis, et sortoot
les plus niininie» . pctni-iit vmiIs donner l'idée
TIRES VU ARCHIYÏS. jSS
vraie de la conduite et des principes de la police.
Il faut y chercher rintention de ses maximea et
la 80UFce de ses iiispiralions. Le sujet qui fait
l'objet de cet article en fournira de tiouveau la
preuve. Dans le. fond , il n'est nSiinime que vis-
à-vis de nos préjugés; tout ce qui touche aux
relations sociales est d'un immense intérêt, mal-
gré son apparence frivole.
Le goût du spectacle, en 18Q2, avah pris i|n
tel essor dans les sociétés bourgeoises que, beau*
coup déjeunes gens établissaient des petits théâ«
Ires pour s'amuser et jouer eux-mêmes la comé-
die. Cela devint une fureur. La police constata
dans cette manie un désordre qu'il fallait arrê-
ter : si elle ne sévit, la pojicese meurt. La police
est parmi nous Torganisation de là colère, la
haine levée sur tout. Un rapport lui fut fait ,
dans lequel un fonctionnaire public, dont je tais
le nom , s'exprimait ainsi , le 29 pluviôse an 10 :
«r Depuis quelque temps je suis chargé de vi-
siter une infinité d'endroits où des particuliers ,
la plupart jeunes gens de quinze à vingt aus,
veulVnt jouer la comédie.
« Ces spectacles présentent des inconvéniens
trop graves pour ne pas mettre des entraves a
leur établissement. Ils favorisent la corruption
des mœurs en rapprochant les deux sexes dans
TIRRS DXS ARCHIVES. ilSS
portans dans la socii5lé. Leur petite VaqîU ittu^
faite de l'intérêt qu'ils ont inspiré anx sot» qfii les
(écoutent, se révolte contre l'idée d'être poprdus
<]an9 la foule des gêna utiles (1). Ils veulent al^-
solument ne rien faire, si ce n'est ennuyer lé
public et le mettre à contribution.
< A ces motifs assez puissans pour déterminer
la suppression de ces rqssemblemens d'histrions,
se joignent la conservation dt^ bon goût et la
sûreté publique qui les proscrivent également,
enfin la protection que l'on doit aux grands
théâtres (2). Dans ces écoles à'aboiemmt ^ ojn
écorche impitoyablement tous les autçi^r^, JLp
public, présent et absent , y' est s^us Jj^ Vi^yj^
garde du hasard qui seul est chargé d'çii)pêç))<lf
l'incendie des décorations en papier, et si le fe)l
prenait, de l'élcindrc dans un tonneau vide (3).
■ Je ne parle point du tort que tous ces spec-
(i) Ulilus comme les espions, n'csi-ce pas ? et surtout comme
les l'spioiii, iiioralisles. J. Peucket.
(i)Ah: voici le bout de l'oreille qui pnssc!II a pris le dêlourdn
mrcLirs pour en Tenir k Ki sanclilïc^ilion d'un monopole. Idem.
(3) Mais , si je ne inc trompe;, je n'ai point ouï dire qu'à l'i-
pDq;i(! iiii M. H^ippe (') disait ci s 1>l'IIi:<; choses au prdfi:l,un ait cp-
leti'Jn pailcr d'iiici:ndic de petits lliLi'itres bourgeois , el l'oD tait
assez que , dupiiis , deux ou liuiî grands llnàtres ont été Ja proie
des tlunlnies. IJem.
a 56 MKMOIRKS ■UTOIIIQCES
taclet bourgeois font au grands ihéàlres. Tout
le inonde sait que pour une infinité de gens,
un théâtre n*est (|u*un théâtre, elque sans s'in-
quiéter de la qua!ité,le peuple rourt toujours
au marchand qui vend le moins cher (1).
tr Pour éviter le» progrès de cette fureur ihéâ*
traie , il me semble , citoyen préfet « qu'il faut,
non pas proscrire directement les spectacles
bourgeois , mais exiger des directeurs les infimes
précautions voulues pour les autrea(9). Je de-
mande en conséquence, 1® que la salle soit dans
une maison inhabitée ; 2° qu*il y ait nne pompe
à deux pistons , des seaux et des tonneaux
snffisans avec les autres ustensiles pour arrêter
les progrès d'un incendie ; 3* qnll y ait au moins
deux pompiers de garde a chaque représenta-
tion, p
(i) Le peuple • bien raifton; et, en bit d'amuicsMvl, cfcti Wn
k parti !• plu» ui|e cl te plut éoonomlqiie. S'il en tffait èe arfine
poar U police , Il voudra il économiser Mir bêcn de« «Inu • Mat
•Inquiéter de ta qumttlé prélniduo que ce* ncMieurt t'arrofral
tout leuU dan% leurs rappcirt«. J. Paccarr.
(«) On atlendail qu'il arrivai aii\ nrnyrnt de pfa«crire iodirrc
teroeni cet ipectaclesi il n'rn f lit rirn. CetI iou|Qiir« la prapoai
UcHi en t*air, et kl toutent rrp- i«f<.* uni «uccct par lea bn»wliim
de reconduire trt danvurs . a^rc at-<-iirnp.*(;nrmeiit de wnéqiif
Jutqu*à U frontifrr, a thant^ il** OMi^icnrr le lotit Ji ta frasUerc
et cela , parce que les phitoMipln % n'jim'-fil pat la mntiqne. El» '
qui t'attmdaii k une telle »c\ef îié de | rincipes dant ns
philowphe > iéem
TIllKS DES ARCHIVES. 2$^
M. Dubois adopta cette conclusion ; mais^ ppur
l'établir, il n'avait pas besoin des raisons dé^
pourvues de sens et des grossièretés qu'allègue
le rapporteur : les imbéciles n'ont pas de frein.
On a vu au reste dans divers articles de ces
Mémoires que presque toujours ces chicanes
suscitées aux petits spectacles ne tenaient, au
moins de la part de ceux qui les provoquaient»
ni à l'intérêt des mœurs, ni à celui du goût» ipii
n'a que faire ici, mais h celui des grands specta-
cles; et, sur ce dernier point, il faut entendréjea
raisonnemens creux que débitent gravement les
amateurs ou directeurs de ces établis8ejne|i8..A
les eu croire, la gloire de la nation, sa; puilrr
sance, ses lumières, son crédit, 9e mesurent^^'llr
près l'abondance; de leurs recettes privilégiée)» et
sur les faveurs particulières que le gouvernement
leur accorde. Le summum de la prospérité des
états doit par conséquent se mesurer au degré
d'insolence d'une ingénue. Pour forcer Taudiloire
à courir en masse auprès des comédiens français
et autres, on finira quelque jour par licencier les
compagnies de Tare et par mettre haro sur les
jeux du tir k Toie. ,
Quand donc bafouera-t-on, mais comme il le
faut, et sans scrupule, ces prétentions au mo-
nopole et à Tcscamotage absolu de toute la
littérature nationale au profit de quatre à cinq
m. 17
a56 MÛIOIIIIS RISTOIIIQCFS
iodiTiclas ? Q\\\l% Tantetil leiir sopëriorilé , ooiu
verrons ! Mm alors poarquoî ces pretcnlians
an despotisme , et ces cris de désespoir sor le
rîsqec que cela Irnr fait co«rir?En dépil de cette
heînepour la conciinrciiceet centre le développe-
ment du génie drsmstiqne dans nea contâmes ,
le goût du théâtre doit se répandre partant arec
oeint dn chant et de la danse i ne fut-ce qna
comme moyen d'enseignement et ponrrexerdea
gymnastiqne des facultés de chaeniii aans la sur*
▼etllance des familles et des mmricipalilés. liane
vaudrions voir un théâtre s'élever dans lem Im
villages I de mauvais cabotins ne fiwaient plne
alors la loi , et ne transporteraient pm de toulm
parts ^ avec privilège » leur génie de Imsard et
leur moralité de vagabonds.
ÀffêéÊTt im èmnm éê W^mad m VmMd.
An II (180};.
Rien ne montre mieux a quel point la
est aoavent induite en erreur que cette aiaira.
Le baron de Wcnzel fut dénoncé k la poliee,
en germinal an 11, comme un ennemi do gnn*
vemement ; il fallait s'en ansnrer. Il tenait , di*
"TtTÎÛ nÉs archives!' "aSg
sait-on, des pfojjos affreux contre le premier
consiiïavec un sieurRoquèûibnl, ilèja surveilla.
L'officier de paix , Veyrat, depuis inspecteur
général de la police , fut cliargd de prendi^ e^
de donner au préfet ilc police, I\T, Dubois , ttes
rertscigiienicns e\acls sur ce parLiculicr.
On fit beaucoup de démarcbes; ôri s^aaréssa
aux voisins, aux fournisseurs, aux connaissapces
du baron , (juï logeait alors boulevarl Saiut-Mar-
lih ; et, le 21 germinal, l'agent de la police écri-
vit au préfet : « qu'eu etfet le baron de Wenzel
recevait qucK^fuefois chfz lui le sieur Ro^ue-
mont, demeurant rue de Lille, et qu'on croyait
émigré rentré, homme d'un caractère dur et
sur lequel on n'^avait pu avoir d'informations
bien précises. Quant à Wenzel, dit-on, c'cat
un homme facile h aborder, d'un air franc d'a-
bord , mais bientôt remplacé par une sorte dâ
défiance qui fait croire volontiers à ce que l'on
dit sur son compte : on fait de nouvelles infor-
mations pour le pénétrer. »
De nouvelles tentatives furent faites en effiet,
plusieurs espions mis à la suite de Wenzel, et
le préfet reçut une seconde note ainsi conçue ;
« On a pris de nouveaux renscigncmens sur-
Wcnzel ; il en résulte qu'il est logé chez une
demoiselle Moreau qu'il cutrelieiit et avec la-
quelle il vil marilalenuut. Autrefois cet homme
ëuU répantiii dans le grand inoii«ir vi \ iî^u-
raii d*iinn manière «liftlingiiée ; il a prrdii une
partie de «a fortune; crjYi'ndant il lui ri*HtR drs
propriélçH l'onriôrr.s dan» le drparlemeni de
TYonne et de le Cûtr-iî'Or; il v Liii de Iré-
quens voyages et se dispose dans ce nioineat à
8*y rendre. Il parait certain que cet homme
n*aime point notre gonvenicmcnt , et qu il n'en
parle jamais avantageusement ; toutefois il ne
fail rien qui puisse troubler , étani plus occupé
île ses plaisirs et de ses affaires doroealîques que
de politique. 11 ne peut décemment recevoir
personne où il est lot^é , puisi|u'il est ches une
fille et qu'il ne peut avouer dans la société uo
domicile qui n*est pas sous son nom. 11 voit
quelquefois le prieur de Iloquemont, ancien
officier du génie , rue di* TErhelle. Celaî-la a
plusieurs fois été arrêté « tant pour alTairea po-
litiques que pour deMes; on le soupçonne
d'intrigues qui nécesiiairement rejaillissent sar
ceux qui le fréquentent . tel que le baron de
WenEcl. ■
Ces détaik ne calmèrent pan les inquiétudes
du gouvernement et ne satisfirent pas le préfet
de police ; de nouveaux ordres furent donnés a
Tinspecleur grnér.il de lontinuer la surveil-
lance sur le h.iron. >ur la ileiiiui«i*lle Morean
et le prieur de lloquemont. l/ordre donné a
cet égard se tefFnftirie par <:eé mois : DtkeréHàri^'
cékrùéj^ adresse. "V '< ?:; ^4
Nui rapport antérieur n'expli<îtie ces redt>%^^^\
blemens de 8iit*veilkl>ico é^ 4^G^siina!lioh'4|W^
Ton y met. - '**^ i?ii/îoq
M. Veyrat fit ses dilij^ences, et les iusp^ét^
furent plad surveillés , espionnés que jahiàik^
el sans s'en douter; c'était esséHlîèl.Urre^nbti*^
velle note^ adressée au préfef , leOAoréal àÀ «j^
portait :'é que lé baron de Wëil2el est âgé^è^
quaranteHMnq ans; que, pendant son émigfatttM^
il a servi chez Tempereur en qualité d'^ffièië^f
que,depiiis environ un an^^î^I^^st à Paris àved IfAtf
épouse qu'il a fait venir de Mâcon, où il était prd^
priétaire et domicilié. Sa^meure actuelle^ eiW
bien boulevart Saint-Martin, n*» 69. Il y est dany
ses meubles. Depuis qu'il est rentré en France ,
il fait le commerce des vins en gros; il vient
d'acheter une maison rue de Bercy, où est sort
magasin de vins. On ne voit, à son domicile,
que des marchands de vins en gros ou des per-
sonnes qui vont le voir pour faire des achats en
détail. Les renseignemens obtenus dans sori
voisinage sont tous en sa faveur ; on assure
qu'il ne se mêle jamais de pohlique et qu'il ne
parle du premier consul qu'avec vénération. »
La police tenait, on n^î voit pas trop pour-
(|uoi, a savoir si le baron de Wcnzel vivait avec
^3 njfmuMS Bwntjqvu
M Spmmn ou avec la demaisallt llorM» , qa*ttn
précédent rapport qualifie mal à propoe àù
fitt$* Une inaulle coûte rarooHNii a de pareils
drMea, fiiçonnéa eoi-mimea a Taulnge et c|«
perlent un ton de magistrat dans ces sortes de
jiyridictioos secrètes. On iroulaii sur colle ques-
tion une ripann caiégariqm at sauf iêus jmn.
Le terme était de rigueur j il s'agissait poul^^lra
d'avoir des renseignemens utiles par
trigae et des aTanies de bal maeq«é« Om
%mm obsenrer a M, Veyrat que las daas aap»
parts qu'on avait reçus étaient aa
tiom on mit de nouTeaoJL espions sur las
du baron de Weaaal et de la dsmaiedHs !!••
laau. Hp Dubois apprit en réialial i « Qna las
tantradictions qui pouvuMnt esialar dbas las
npporis précédons provenaient da la
«lé'Oii Ton se trouvait de changer dl
diaqae fois qu'on eaigeait de nouvi
gmMnans sur le même individu. La misa en
vement du rnume personnage aurait fiût doviaat
la police. Or, les inspecteurs ne s'adrossanl pas
toujours A la même personne, oblienoenl wom^
vent des renseignement opposéa les sma a«v
autres.... Le baron de Weniel vit marilalemovl
avec mailumoitelle Mureau, dit le nouveau rap*
port ; le plus parr«iil aiTord règne enire onit au
paini qiio Kl uujcitrc parlic de» connaissances
TIRES DES AnCHlYfiSi^ ^63
du baron le croient marié à\eQ elle. Les itieM
Mes apparlienneni a la dtm^iaelle Morean ^ cà
Wentel demeure chez elle. »
On Yok ici combien les renseignemena
qu'obtient la police sont souvent peu sûrs , et
encore avec quelle facilité elle se laisse aller k
soupçonner des individus qui ne se mêlent e»
rten d'affaires politiques; délit assez siAgalrer
du reste chez un peuple qui a lait pis que dé
bavarder a tort et à travers sur ces aaatîèrëi
difficiles.
U faut pourtant dire ici qu'a l'époque m^ oeci
sa passât) et même pendant tout le temps 4)4
règne de Bonaparte, les projets sinistreai h^
eomplots dirigés contre lui étaient si fréquewii
si réels, quoique mal conçus, les s^ens des
émigrés et des royalistes étaient si adroits, se
déguisaient sous tant de formes, que le gouver-
nement pouvait être excusable d'avoir des in-
quiétudes sur un homme qui, comme le baron
de "Wenzel, avait des liaisons avec le prieur de
Roquemont, un des plus adroils, des plus ar-
dens et des plus constans agens et intermé-
diaires, disait -on, des projets hostiles contre
Bonaparte. L'air était plein de complots, et il
en'' éclatait quehjucs-uns. On saisissait d'ailleurs
phis de fiinfarons que de coupe -jarrets dé-
terminés. Mais quel intérêt pouvait avoir la po-
a6/| MWOlRfcS HISTORlQCEft
lice k savoir m Weiizcl Tirait ou ne vivait pat
maritalement avec la dcmoinelle Moreau? Voila
ce qui n'est pas aise b deviner» a moins que ce
ne fut pour satisfaire à quelques questions d*un
autre intériH que celui dont il est principalement
mention ici. Dans un projet d'humiliation d'une
fiMnoie par une autre femme « c'était nécessaire
sans doute; rien ne dit que cela dût être plus se*
rieui ; et les bureaux furent occupés buit jours
d^une malignité pour aboutir à une ioaoleiiet et
k un mensonge.
Toute cette affaire n'eut aucune soite; le ba-
ron continua de vivre avec sa maitKsae, de
vendre du TÎn en gros et de voir le prieur de
Roquemont, qui buvait et conspirait, et qui
bmrait bien. Il serait curieux, pour décider du
tarif administratif y de savoir ce que cette sur-
veillance coûta.
E$p%mma§€ politi^me. ^ M, MÊHêermck H
On a tant parlé de Fespionnage politique
sous Tancien cl le nouveau gouvernement, s«us
Tempire comme depuis la restauration . que mes
TIRÉS DES ARCHIVES. i6S
lecteurs me sauront gré , sans doute , de leur en
présenter ici quelques échantillons.
Cet espionnage n a pas toujours atteint lé but
que s'tîn proposaient ceux qui en faisaient lisagéV
Napoléon lui-même, avec toute sa police lâlp-^
gement payée et dont il fait un si grand élo^
dans ses confidences de Sainte*Hélène, ignoraili
souvent ce qui l'intéressait le plus. Oh en trouva
une preuvs 9 ^ntre autres, dans M. le comte dé
Nesselrode, aujourd'hui vice -chancelier de l'eolH
pereur Nicolas et son premier ministre. On aeit
que ce seign^r russe vint en. France en ISiOv:
avec deux missions de son maître , Alexandw^
l'une ostensible et l'autre secrète. Pendant six
mois qu'il fut à Paris k cette époque, il ne ceàsa
d'intriguer contre la puissance et l'avenir de
Napoléon. Je me suis trouvé plus d'une fois chez
ce ministre; des relations littéraires m'avaient
procuré sa connaissance; il logeait rue Taitbout.
Je n'ai jamais vu personne qui ait une haine
plus profonde et plus dangereuse que M. de
Nesselrode pour l'empereur des Français. Il ne
cachait pas très soigneusement, par irréflexion
ou a dessein , l'espoir qu'il avait de le voir ren-
verser du trône; c'était cepcndjnt avant la cam-
pagne de 1812, plus fatale encore à la France
que l'incendie de Moscou ne le fut à la Russie.
On pouvait regarder les menaces et les désirs
3fi(& MÎMOUOtt JUIlPIlH^IJKft
4a miirittffe ratto cominc «im it cet CiDfiMroii*
nides dont le Irâae de Booaparte fat le platima
yeildani m loDg-temps. M«ii quaod, quelques
ntîi UfHê le départ de M* de NeMelrode de
fftnce, on ¥ii« par les papien pitbUca^ qu'il
était premier nuoislre k Seial-Péteiabourg » je
me rappelai set parolea. La eouetaiice airec la*
fMlle il a eolreteno Alexandre «i élal dlmali*
Mlée eentre Napoléon.^ m*es expliqqp el m'en
il aentir loete le perlée. Eh lûett! Nepelées
iiponut de M. de Measelrode , 'pendMt f«*il
éliil en France» ce que mei el qfelqnm «nlrw
pemonnee saTiena eu deiriniena à prepee de In
eenénite de cel éUrengtr (i ) .
Celait cependant an homme bien tnleni à
videnler pour Napoléon que M. de Mallefniii,
dent il ironlaii cennaiire Im démarchée et
tie de qni ta police airaii établi une
jennaalière } il parait que ramhaatadent de Pknme
hn donnait aotai de rinquiétude. Meia fui m Inl
en donnait pat 7 Trop heureux s'il êàl pn réprfc»
mer un aenliment qui lui fit faire tant de fentot
et lui aenrit ai peu dana tes granda projeta. Le
haipardege des aalona el lei mauvata hone mole
des miniairea étrangers le tourmenlaient plue que
(t) Le4iiecrOtranic. FmtcM, ti*ét«if pl'ittfiinltlredefti
)c iMfat ifevary, iluc Je ao^i^.i , !'«% jic rcnip'sU U- 3 aMi tê%m.
les «rinfineDS de ses enneipw, U Toulait donc à.
cette époque Mvoîr à quoi tenaient les bruit*,
qu'on répandait sur les mlnislres de Vienne et,
de Berlin. L'un et l'autre avaient été dénoncés
au ministre de la police Fouclié; on lui avait
écrit qu'il se tenait des conciliabules cbcz le mi-
niftire de Rusaie(le prince Kurakin) avec le
comte de Mettemich et les membres de la léga-
tion russe; on assurait que ceux-ci avaient dit
que l'empereur Napoléon ne détrônerait pas plus
l'empereur d'Autriche qu'il n'avait détrôné le roi
de Frusse , quoiqu'd eût dit de l'un et de l'autre
ju'tii avaient eeisé de rigoer. ,
Le ministre de la police renvoya la ^énoncifl-
tion au préfet de police comte Dubois, ayec ordre
de vérifier s'il y avait effectivement des concilia-
bules entre les trois ambassadeurs.
Veyrat, le même qui a joué un si grand rôle
dans la police de celle époque , fit ses diligences
pour connaître la vérité ; il en adressa le rapport
ait préfet de police , le 25 mai 1809. « J'ai fait,
dit-il , surveiller la maison du minislre de Prusse
avec tout le soin qu'exigeait une affaire aussi dé-
licale cl aussi importante ; le baron de lirockau-
sen , envoyé prussien , demeure depuis dix jours
seulement rue du Faiibourg-Sainl-IIonoré, au-
paravant il demeurait rue de la Michodière; il
lie se tient point de coiR'iliabtdcs chez lui , et je
J(ÎS MÛOIIIKS ■ISTOIIIQUC&
crois poQToir Tassiirer potilivemcnl ; il reroit
même très peu Je monde» el son éui de maison
est 1res peu considérable.
« J*ai mis tous mes efforts k connaître quels
pouvaient dtre les degrë« de relations et d'mti-
mité qu'il avait avec les légations russe et autri-
chienne, et voici ce que j*ai appris.
« M. de Brockausen est lié avec le prince Ka-
rakin et la plupart des membres de la légation
russe à Paris. Il voit fréquemment le prince Ko-
rakin , mais sans mystère et sans affectation , et
comme deux ambassadeurs dont les nations aoot
en paix. Il va dîner chez le prince, qui k son lonr
est venu dîner quelquefois chez lui , et notam*
ment lundi ou mardi de la semaine dernière.
« Les dîners qui ont lieu ches le prince Knn-
kin sont splendides et d'apparat, tant a Paris qn'k
sa maison de campagne de Neuilly (1 ) ; ma» le
petit nombre de ceux que donne le baron de
Brockausen sont sans faste et en petit comité.
« Quant a M. de Metternich , il ne voit point
Tambassadeur-de Prui^se depuis près d'on mois.
Il est venu le voir quelquefois avant la guerre,
lorsqu'il demeurait rue de la Miel
(i) Tout le inon(l«* a i.i>iiii'i ce priiii.' U l'in;» . hxi |iIm« gf imI
nit^rite était d'avoir • v^u lulut ilr^ l)it.iti>i7« d tiu'iuji«, Ju:il clu*
LUil %A'jil ).«*•*<■ 1 tri-. !i •.' « ■'.
TIRES DES AHGHIVBS.. 2169
il n*a nullement paru à son nouvel hôtel rue
Saint-Honoré.
« Le comte de Melternich depuis un mois vit
très retiré. Je Tai fait surveiller spécialement
pendant plusieurs jours. On ne Ta vu rendre de
yisite h aucun ambasss^deur. Il est sorti la plupart
du temps avec sa famille, lui a cheval, avec un
de ses secrétaires , son épouse et ses epfans en
calèdie^ ils ont été pluèieurs fois le soir de cette
manière se promener au bois de Boulogne, ji
,Ce$ reiiaeignemens n'apprenaient pas grand'-
pliose 4u9 la conduite des ambassadeurs surveil-r
lé8> c^ux qu'on fit passer au ministre de la police
partioulièrement ne sont guère plus instruclifi|
ob en jugera par la piè^ce suivante. De pareils
renseignemens ne pouvaient que bien faiblement
servir le chef du gouvernement pour ses vues et
ses projets ; aussi fut-il souvent trompé dans cette
partie de sa haute politique.
" "iG mai 1809, à six heures du soir.
«r J'avais chargé un inspecteur, c'est M. Veyrat
qui parle, de se tenir aux environs de Thôtel de
M. de Melternich pour connaître Tinstant et les
circonstances de son départ; voici ce qu'il rap-
porte :
<f M. de Melternich devait partir à trois heures
970 MtttOIIICS BISTCfRfQrKS
préciiei. EffSecliTemenl k cette heare, dit-huit
cliCTaux de poste, tant pour lui que pour sa
suite, se sont présentés 3é Thctel. Mais le départ
fut différé de cinq quarts d'heure. A quatre heures
et un quart, M. de Mettemich est monté en voi»
tare avec un officier de gendarmerie. 11 a été
suivi de son secrétaire , et , de six ii sept heures «
de ses domestiques qui occupaient trois autres
▼oitnres. Son courrier Taviiit précédé h chetal
d^enviroii une heure d*aTance.
m Cette dfcomtanoe avait fait coMudm It dé-
pari et M. de Mettemich dans son fiUHgi%
Aussi t au moment où il s'est effsetuét il j wt^k
bieai soixante curieux dans h roe Gfraag^AaiM
lière, qui étaient attroupés autoaf de la poita éê
cet amhastadour,
■ La oomlesse de Metleroich est resléat Jdifi'^
BOttvel ordre, avec aes femmes de aer^iety k PlMi.
« M. de Mettemich B*est point parti cmtant
détenu ou gardé a vue, mais comme escorté,
d*apffès Tordre de Temperenr, par un oficier éê
gendarmerie jusqu'à Vienne , où Ton dit ^*il sa
rend directement.
« H ii*y a eu aucune rameur popolairo an
ment de son départ. M. de Mettemich était
scK aimé dans son quartier; il avait eu le soin
pendant son ambassade de faire beaucoup da
bien aux pauvres , et cette conduite natorelle
TIHÉS Des ARCIHTCS*^ ft^t
OU calculée lui avait concUië i'eslitte «t VwkÈÊf^
chement de la plupart de ses yoisins. >'
Celte surveillance explique un fait dont il fut
beaucoup question 'dans le temps. U ^n réédite
que ?lapoléon fit accompagner , c'<si*k-dire a«f*
veiller, M. de Metternich , pendant sa ronto^^
par un officier de gendarmerie; fait qui fut nîl
ou révoqué en doute par beaucoup de àloii4e M
qui ae trouve constaté ici.
De tons les ambassadeurs 'a la conr de Hi^M
léon , M. de M etteraich est celw qui lui dMisop
le plus d'inquiétude ; il était en effet ftn yseerdl^
adroit, «t, aTec une grande habitude de diaiMMiii
latton, savait affecter une sincérité apipirvisnié
qui a trompé plus d'une fois ceux avec <q«i ilfvi
des relations politiques. U faisait luî^flÉémiS mit»
veiller Bonaparte ; il avait a la cour et 4iiet le
gouvernement des gens qui lui rendaient cooipté
de ce qui s'y passait d'important et secret»
Je rappellerai encore un autre exemple de la
surveillance politique de ce temps; je veux par-»
1er de celle qui eut lieu pour M. de la yaugujdil,
aide-de-camp du roi de Naples, dont la poisce
eut ordre de faire connaître In conduite et les
personnes qu'il fréquentait.
L'officier de paix Fondras, qui depuis a ét«é
inspecteur général de la police, a la restauration^
fut chargé de ces recherches, et voici ce qu^il en
TIRÉS DES ARCHITKS; S^S
Puisque j'en suis sur les recherches dé Véf^
pionnage de la police du temps de l'empereur ,.
je vais montrer, par la même occasion, que sou*^
vent elle n'exerçait sa sagacité que sur de iausises
dénonciations; telle que celle du comte d'Olrai,'
que voici. Le 20 octobre 1809, là pbliïré réçW
contre cet étranger une note oit oA lui disailf?
« Il se trouve à Paris, depuis six ou huit moî^^
un [Espagnol nommé M. d'Oraa , qui lo^ea d'a-
bord rue Pelletier , au coin de la rue Pinon , e(
qui demeure maintenant rue de la Mièhodière^ ■
c Cet individu est natif de Maj^aga, !^}fi^^ 4 m
famille, et une fortune, à ce qu'il di^; i|l:ei)tf^ljîf$rt
une correspondance très active avec lea in^^H^
espagnols , et répand dans Paris, les.i^|()^^^yiça^{c||
plus défavorables au gouvernement. Il a uq ami
intime en Angleterre, oii il se proposait de passer,
s'il avait pu avoir des passeports. Cet homme
doit être surveillé.»
Cette lettre signée V. Duf. . . , et par conséquent
anonyme , n'en fut pas moins l'objet d'une sur-
veillance et d'un espionnage qui prouvèrent que
la dénonciation (était fausse. L'officier de paix
Foudras fut chargé de la vérifier 3 voici ce qu'il
apprit :
cf Le sieur d'Oraa est un négociant espagnol,
réfugié en France depuis quatorze ou quinze
ni. 18
2^^ «Knoinrt HiSTOiiiQrrs
moi! ; waiii il ue tlemciire cpe depuis quelques
jo^m dans ses meubles , rnc Je b Michodierc ;
iMparavant U logeait rue Pelletier, en f^rni.
« Le sieur d'Oma eut un ami de la France, et
ey 4 4woé des preuves ; il était à Madrid lors
4§ U première inenrection de TEspagne; aea
piÎ9Cip9f français lui ont valu toutes seriM 4c
persécutions de la part des insurgés ; il a été
obligé de s^enfuir de Madrid , en réalisant «ne
partie de sa fortune qu'il a placée eo Pranctt fï
qui lui rapporte aujourd'hui environ dif mlU
livres de rentes.
e Fendant les quatorze mois qu'il a log^ rot
Pdktier, il n*a reçu que trois ou quatre lettres
tMiant d'Espagne , et encore la dernière est déjà
fl^ftstes irf eille date.
' « n n*a k Paris qu'un ami intime « qui est le
cftnie dlJrbina , Espagnol , réfugié en France
comme hri , et qui jouit de la meilleore répnle-
tion ; il le voit régulièrement tous les joon.
« Le aieur dIOraa ne fait aucune affaire à Paris;
41 vit de son revenu , et tient une conduite fort
féfdlièw ; il va sonrent avec son ami , M. dUr-
bmiit chee M. le duc de Frias, ambasaadenr
d*£ipagne , oit ils sont !r^s bien rrrus. •
Combien de dénonciations pareilles ne poor-
rait-on pas citer, où le faux cèle , une baine se-
crète peut-être , ont travaillé a troubler le repea
TIRÉS DES AKCBIW. S^S
et compronieUre la liberté ou la vie dlioinmîès
fa«DBtlM A tranquilles ! Tel est an dés piégé» &è
la police, et lorsque l'on n'y tombe pas, il n'en
résulte pas moins une inquisition , un espion-
nage désagréables pour l'individu qni, en esï
l'objet. '"
■ . ' .■ ■:,■'!
^8*- -Il
On a pv voir dans to,ut ce qui précède, en
pIlBJi^rs endroijts ^e ces mémoires, que, plus
d'une /ois , la police avait contribué à repousser
des caVooiQ^es secrètes et à mettre des hommes
estimables à l'abri de fausses dénoncialions : ce
qui s'est passé à l'égard de M. Maltebrun -vient
a l'appui de celle remar'iue.
Le nom de cet écrivain a trop de notoriété
pour qne je m'occupe a rassembler des détails
sur sa vie ('l)ïje ferai connaître seulement les
résultats d'une mission d'espionnage donnée sur
M. Maltebrun, qu'on présentait, en 1809, com^e
un étranger dangereux.
Le 11 septembre 1809, l'inspecteur général
(0 On eu iruiivc une nullce ou |>liilôt un oli>gc laut soit peu
de la police Veyrat recul, à propo« de rel
homme de Icllres, la dénoociatioii anonyme
fQÎTante :
« Le nommé Mallcbrun, folliculaire du Jour^
noi de l'Empire 9 e%V dangereux pour Télat; je
sais, de très bonne part, qu*il reçoit de Targeot
de la Pmase pour faire des écrits séditieux ; il a
reçu dernièrement une somme aaaex forte d*an
banquier que je sais en correspondance avec
TAnglelerre ; ceci est un fait certain. 11 tnTaiOe
nne partie de la nuit à faire des écrits sédilienx ;
il paie son scribe principalement pour les trans-
crire, afin que son écriture ne soit pas re-
connue. C'est lui qui a fait l'alBclie incendiaire
de la phce Maubert , dans laqneUe on détone
au poignard trois têtes , Bonaparte « Cambacérès
et le ministre de la police. L'impudence de ce rit
et méprisable ap^iit des Anglais ne pent se con-
cevoir : il a des amis chauds au journal de l'Em-
pire , où la contre-réTolution est désirée avec
impatience.
m Cet impudent étrans^er, chassé de son pajrs*
a sans doute des agens qui le senrent dans la
police « puisqu'il ne se cirhe guère de porter
ses pamphlets dans svs porlips ; il les laisse tom-
ber à df?\seiii dans Irs fa^rs. dans les boutiques.
« Cet avis, ji> ne saurais trop le répéter, est
d'un ami de l'état et de l'empereur.
TIRJBS DES ARCHIVES. 2JJ
« Il tente tous les moyens d'avilir là nMion
française. Tous ses écrits /dans le Journal êe
l'Empire, peuvent éclairer notre religion 'à* ccrt
égard. Il est inconcevable même qu'il n'ait fMb
été chassé depuis long-temps ; sa conduite e^
bien connue de quelques personnes, mai» elle»
sont tièdes, sans doute ^ puisqu'un pareil homttlb
n'a pas encore été chassé du territoire français.
«r II n'y a pas long-temps qu'il me disait '^'e
sans doute il irait dans son pays. Je n'ai pas été
dupe de son artifice ; il voulait passer en An-
gleterre, quoiqu'il a£fecte d'en dire du mkl Mi
apparence , afin de voiler ses desseins criniMMi.
w Je vai« encore , ce soir, l'observer ; jé tous
ferai part de mes découvertes ; faites, de votre
côté , usage de ce que je vous marque. *
u Je vous salue.
« Un Français ami de son pays,
tf Plus tard je me ferai connaître.
« Aussitôt après son arrestation , je me pré-
senterai à volrc cabinet. »
A la lecture d'une pareille dénonciation , ne
semblait- il pas que, pour la police, il dut y avoir
un motil' suffisant de faire arrêter tout aussitôt
M. Mallebrun : mais on est fait aux exagérations
de toutes borles daiis cette boutique à révéla-
^7^ IlillOlUS RJSTOftlQUXS
tîou, La police se borna ngemenl a recem-
«lander k M. Veyrat « de vérifier le plus socrè»
lamenl possible , cl avec le plus grand soiii » le
contenu de cette lettre. » Un agent adroit et
intelligent fut chargé de celte nisâon ; il en
rendit compte dans une note en date du 13 sep-
tembre 1809 j en voici le contenu :
« M • Mallebrun , qui vous a été dénoncé ptt
une leltre anonyme » est un des rédacteurs du
Jeumoi de VEmpirê^ et de plus rédacteur en ckef
des if unolsâ dti Vayage$ , dont la libraire Buissen
est Téditeur» et qui s'impriment dMi la ymnû
itannehomme,
a Les inculpations portées conttPa ku sont
d*une nature si grave , et en ainse leaipi
crête, quil est bien difficile de iKvnir ji
quel point elles peuvent être fondées.
c M. Maltebrun est Suédois (1)» retiré en
France depuis huit à dix ans. Dana les pre-
mières années de son séjour k PaMat il |iasaait«
aux yeux de beaucoup de monde« p#ttP un élran*
ger intrigant (2; , qui voulait se rendre MBlé-
tO l.*«t»tit Et trompe} lUhirliraii était mé é«H Is Ji
piii%imr (Ji-|cuJaiit du I>-*ne::<arik ; atiul pmuilt II W litre àt
geogtffphe datuni. Il \s\ im rt m nu > iSj- , « rari%.
TIWÉS DBS AHêWfPÈêi ^^
ressant, eii se ptétemteti^ vfétîfiie àtk Aéif ètisme
de son gonvernemeikt, elqtiv amnfMdadr ft^âu^
moins ^elques talens, suMout àam là jgÊcl^
graphie. -" ■'-' .:>^ ;j î Ul^i
tf U se lia avec plusieurs gens dé leftM»i'ic(jrfl^
tribua k la rédaction de plusîMr» dtrVfli^ -^é^
riodiques et notamment du JomriKt) dû tEtâpire ,
depuis quatre à cinq ans. c !.* ^ ^n.
« Il s'est fait beaucoup d'eniMUfs «t k élhrtfttlÂi
époqnes; il fut même traité ^ dans éfâékpLeÉj^JÊÊP-
naux, d'une manière peu honorable t^oupliii4t
pour ses talens. , )
<c Aujourd'hui M. IVialtebruif a 4^ P^wpar
tions fixes et connues, qui l^i assmr^pt U{ff^>fiexf
taine aisance; il s'est fait des ^m^ çt àessfjfçfir
tecteurs distingués. Il travaille^ îi esl? imii|
beaucoup chez lui; mais son double emploi, d^
rédacteur du Journal de VEmpire et des Annales
des Voyages exige ce travail forcé. On l'accuse
d'avilir la nation française dans tous les écrits
qu'il publie et dqns le Journal de VEmpire. J'ai
relu ses différens articles, et notamment le der-
nier qu'il a fait insérer dans celte feuille, et je
n'y ai rien trouvé d'avilissant pour la France.
se mêla do !)oaucoiip d'affaires, ou pourrait dire (Tintrigues
politiques ; mais on n'y voit rien qni rc'^'^eniblc à ce qu'on lit dans
la déiioncialiou.
« Qtiini aox écriu tédîlMux dont on laccute,
à:t'tficbe iocandiaire de U place Haubert, m
Targent qu*il reçoit de la Pmste et aux pam-
phlets qu'il laisse tomber dans les cafés et dans
Jes boutiques , ce sont des faits sur lesquels je
ji'ai pu me procurer aucun renseignement.
« M. Maltebron demeure rue Christine, n* 1 ,
au 2" étage; il occupe, pour secrétaire, un indi»
▼idtt de son pays , qui se nomme Friedwinck ;
on Ae OMUsaii aucun banquier de qui il roçoîve
de Târgent. a
Ces renseignemens , comme on pense, ne
parwrent pas snffisans k M. Veyrat pour éclairer
là péKce sur ce qu*on devait penser do f4o§rmfk$
dmmù; il en demanda de nouteatts et ordonna
a M: Fondras de tt continuer de prendre des
renseignemens secrets dans les endroits que firé-
qifeiltiait M. Maltebrun, connaître les persoanea
qiTH TÔit et ses conTcrsations. s
De nouYcIles recherches furent donc faites;
en Toici le résultat :
« I..es nouveaux renseignemens qu'on a pria
sur le compte de M. Maltebrun ne justifient nnl^
lemcnt les graves inculpations portées contre
lui. Il s'occupe, a la vérilé, beaucoup à écrire,
tant chez lui qu*au cabinet de travail, qu'il a
elles Timprimeur Leiiormand^ mais c'est pour le
TIRÉS DBS ARGBIVSS. sSl
Journal de V Empire , où il met de fréquent aiti^
clés , et pour le compte de Fimprimeur Buisson ,
qui a pris des arrangemens avec lui pour la ré-
daction des annales de$ Voyages j ce qui Tocçupç
considéralement.
« Indépendamment d^s AnnaUê , M. Malle-
brun a aussi composé la Description de$ Qtêatre
Parlùi du Monde , en 4 Tolumes et un abrégé
de géographie a l'usage de la jeunesse.
c En ce moment, il s'occupe de traduire plù->
sieurs voyages allemands et anglais.
« J'ai introduit quelqu'un chez lui , sous nj^
certain prétexte , et on n'a vu sur son bureau
qu'une foule de papiers relatifs aux voyages. ,
« Les personnes qu'on m'a citées pour être
de la connaissance de M. Maltebrun jouissent
d'une bonne réputation ; ce sont tous ses colla-
borateurs au Journal de VEmpire , dont il parait
généralement aimé : M. Buache, ingénieur géo-
graphe; M. de Guignes, attaché aux relations
extérieures; M. de MontroUe, homme de lettres,
et MM. Millin et Langlcs, membres de l'In-
stitut. »
On ne porta pas plus loin les recherches; et
un rapport général au préfet, écrit dans le sens
de ces notes, termina l'affaire; mais M. Malle-
brun n'en resta pas moins au nombre de ceux
àêà mimomm ntroaiQUEs
•ÉlPqtii If poiM cnt demr tenir las yawi
La rftia qu'il avril joué en Snède et en Dane-
tihirck , qnoiqoe snbaheme , le jngenenl porté
contre Ini» et qui, en raiion de set écrits, le banni»-
alAt de son paya , étaient propres sans donte h le
féridra SMpeet h on gooTememant coaania calai
êè Bonaparte; maia Texcèa daa &ila m\
dans la dénonciatioii la rendail abanrde}
■Tant-alla aocono suite.
Maltebrun était un homme entortiDé ; il avait
Irf gdAt de l*iAtriguo , et ce faranl las circon-
ÉMinces et le besoin qai le firent anianr al écri»
vain (1). il atait le jugement fiinm al aaasqnint
était laborieux , peu profond et dfÊdÊHâm îitlé*
•ain, fuoiqno passablamant màÂtài éViail nn
vriai gaaoon du nord.
Ses èttceèa aa Jêmmi éê VEwfin
iMCuM et sa célébrité ; il élait davann la
dfM éfMvrina » par ses critiquas amkna aa
WuiM I passioïknées souvent , écrites n un atyla
(i) Les dl«po»iliont de lla1t«bruu yovkr \r% rAlcs polttiyiei m
iS»t «Mort HMBlrétt cfi i8i(. (Hi le «Il alorsflrifv UmmAêém
«Met t aaa» les alblfVA da nord. Il w iraaiporU ca
po«r taplclirr U réanion de U ?(orii««Kc • !• Surde, d
t'oppoter • r^?^\«t:oii ilr BrrnAf!o!f . W^y r %iir tout eed li Ce»-
fhyè» éê Mtrkmmé,
TIRES DSS ARQBnrBSé jK
rapide et recherché. Tout ce qui portail ua ca-
ractère de généralité scientifique , de tendaite*ii
la systématisation , devait être sa préîei favorite ^
et sa réfutation, lorsqfu'il s'avisait de râfuteiti
n'échappait à la flagellation des ripostea (](ne par
rimpos^iUté de le retenir dans les bornes d'fii^
discussion franche et sérieuse ; l'esprit jfi^ondevr
du scepticisme était enfin sa passion et sa loiéU
ne se preqait pas au sérieux lui-même^ qitc6qHi^il
s'aimât beaucoup. Ses articles deveftâiiént défc
oracle» d'autant plus fâcheux pour ceum coiitfb
ksquek il les lançait , {fue le Journal Bè VEmfiu
était le phis réjpandu et en (j[uieîqèé sorte le* eeai
qu'on lui dans le monde. TMJdur» diispds'é à
fiAtlei^ l'autorké, Maltebmh sacrifiait sans éqnîl^
leè auteûrsi-^'il sav«it lui dépikrre. Janvéi^da
a plus abusé de la facilité d'écrire dans une
feuille publique que n'a fait Maltebrun 3 la petite
monnaie des esprits bourgeois le prenait pour
son oracle. Assez instruit eh géographie, il
n'entendait rien à ce qu'en termes de la science
on appelle géographie astronomique; ceci n'em-
pêche pas que son Précis de Géographie qu'il a pu-
blié en six volumes, ne soit très eslimé. J'ai
connu Maltebrun à son arrivée en France; il
m'avait pris pour un personnage important
sans doule, et je ne sais pourquoi; mais, dé-
Irompé de celle idée , je ne le revis plus.
MEMOIRES HISTORIQUEE
Le caractère de Malubmn s'était poartani
amélioré dans les dernières années de sa vie.
Dereno moins TanileuE, il montrait du goût
ponr la retraite et la philosophie. Son éntdition
aTtît fini par lui suggérer des doutes contre son
scepticisme, et il avouait qn*il pourrait bien y
SToir quelque chose de certain dans Tasaocia*
tion des sciences qu'il s'était fait un jeu josqne-lii
d'isoler les unes des antres pour les opposer
Tune à l'antre au lieu de les unir. On a romlu
fiûre soupçonner ses mœurs, a cause des fda*
tioDS qu'il se vantait d'avoir avec Cambacérès';
mais quoiqu'il lut blond , asses bien taonié , el
qu'il cherchât des protecteurs , on n'a ancnne
preuve de cette odieuse imputation , fondée
d'ailleurs sur de sots bruits Mh|ttfc h rardû-
chancelier.
Ontre ses traités de géographie et aea anaiH
breuz articles du Jaurmâl de VEmfing et des
iinneki féeyrop WfiMi ^ il a laissé nno invtilo et
fode apologie de Lonis XVI, qu'il pnUin ta
1S15 ; il a donné , en ISsH , un triste écbmtillMi
de ses connaissances en diplomatie» dans son
TMêom poUiique de V Europe; c'était bien à iwt
qu*il regrettait que le hasard ne l'eût point favo-
risé pour entrer dans cette carrière, b moins
qu*il n*eitt ref^ardé la l'aune té de jugement
jointe à 1j lincb^c , à raiiioiu' du travail et .i
nncs DES ARCBJi^*. t85
l'ambilion, comme les seule^^ qualités néùessaires
pour y réussir. Bref, il se croyait un homme
supérieur, parce qu'il avait Tart de faire jouer
les mots , comme un joaillier qui montre des
diamans à la lumière; et Téloge hyperbolique
qu'on a fait de lui quelque temps après sa mort
pourrait le faire croire à ceux qui ne le connaî-
traient que par cette pièce.
La imm B^Mtrdy tireme de earta, *-* L'impéralrieê
Joêéphine.
Juin i8oQ. ' .
L'astroTof|î JNwiiciaire ne s^est pas absohtmeat
éteinte, comme on le suppose, avec Tapparition
moderne de nos prétendues lumières philosophi-
ques, dont on fait beaucoup trop de fracas, car,
après tout, des négations ne sont pas des réfuta-
tions. On écrirait infailliblement plus de bonnes
choses en safavcur que noshonnelesbourgeois vol-
tairiens ne sauraient lui opposer d'apophthegmes
bouffis et tranchans. Il est vrai que cette science,
au lieu de prendre le zodiaque pour livre, en-
veloppée maintenant de moins d'apparat qxre par
le passé , se rétrécit de plus en plus dans les li-
mites de l'appréciation des temps et des carac-
s86 HéMmii untNiiQUEs
lèMt. Lflt femmes, )i cet égard, MUt A^méu
d'one finesse d'apperception qu'il ne saurait Hrt
inutile de consulter.
Il a été fort question, a une certaine époque,
d*nne tireuse de cartes, nommée Catherine
Huart, chez laquelle rimpératrice Joséphine et
quelques personnages considérables se rendaieat
pour se faire dire la bonne aventure. La cir-
constance était assez controversée pour que je
voulusse savoir le vrai dans les récits divers qn*on
en Cûaait # ^a roa4€ ; iroiû ce ifêB noa ndkcr-
ches m'ont mis â portée de déclarer certain.
Instruite de différens bruits sur une tireue de
cartes chez qui , disait-on , Temperear loi-même
s'était rendu , pour consulter son M^t U p«^«
donna des ordres pour que la dmrie Hnart fl^
arrêtée et conduite à ta préfecture. Ce liatM. Vej-
rat, dont il doit être souvent question dans cca
Mémoires, qu'on chargea d'interroger cette
femme sur ce que Ton disait d'elle ; mfifa Ptf^
culièrement , et sans affectation , sur ce ^«pou-
vait concerner l'empereur.
Je donne les questions et les réponses.
/>. Depuis quelle époque vous ête»-voM lâsin
tireuse de cartes ?
A. Depuis dii-sept ans.
D. Vous aves dû gagner beaucoup d'argesit
se wiKdMt chw yf^w (x^inur 4Q[?t 9)^?
IL Jf^ n'jû pas gagné beaucoup d^rgm^ jt 1^
état; il^t yrai quie je reçois m^^ ^$^^9^ IE^wIa
qu^f^j^ 4is persoa»^ iq^i #e r^iiden,t q)|i^.f9i§|
piour c^l 4>b}et. « ,
captffi $AP Jl y a )i^pt à b Wt ^9 qn^ Kimfitki
^smàsitïfi TaUien. $pfi jfLmif^itX ^9 pmiWf
htm Jhgré 4^ piÛ^9fMN0 ; cpA^l^H)nMr«ÎS H^jff
gmiHte pacÂ^fle 4^ jerr^e ; qii^#Hi;wt ^fiWlSiMI
d'ennemis qui chercherajie^jt ii JU^ l^v^l^ii ^NHf
qu'ils n'en viendraient pas à bout, et qiji'ji^ «ne
périrait pas par la main des hommes. Je djji^^
core a l'impéralrice qu'elle aurait beaucQi\p fj^
fatigues; qu'elle serait obligée de suivre son pipui)
dans ses voyages, et qu'elle éprouyer^^t b^iVWt
coup d'ennuis. 11 y a six ou sept ans qM^ je neçmf
la visite du maréchal Lannes , avant son .4^^^
pour l'Espagne , et je lui prédis qu'il périrai^'par
suite d'une imprudence ; je lui dis m&^ie td|^
quelle manière il devait se conduire pour ^J}^
ce malheur. Je lui prédis encore plusieurs <:hp^
que j'ai su depuis lui être arrivées. J'ai r§ÇV^9!4ffM
TIRES DES ARCniVKS. ^^
caractères sur notre globe , par Texamen Hé la
conjugaison variée des diiférens corps plané-
taires dans l'espace : problème sublime et qui
donnerait la clef de tant d'autres problèndes, s'il
est juste de reconnaître, comme le pressentiment
nous le dit , que tout est lié dans le système des
mondes.
». ' • ' '
M. Yeyrat lui ayant demandé camftien. cUc
exigeait pour tirer les cartes, elle répondit q^tfa
lui donnait ordinairement 6 fr. ; que les geili
peu fortunés lui donnaient 3 fr., ou seulemeof
trente sous; qu'alors elle ne leur faisai^t qu« le
jeu ordinaire. ^ ■
— Connaissez*vous une dame Dussàùlt-^r:
guin r
— Oui , je lui ai tiré les cartes il y a huit ou
dix mois.
— Vous avez rendu cette femme malade par
toutes les extravagances que vous lui avez débi-
tées ; vous lui avez dit, entre autres choses:
«Voilà un homme menacé du tabouret; c'est
« un père de famille, il ne tiendrait qu'a vous
« de le sauver; vous-même irez au tribunal,
« vous pourrez y être acquittée, parce que vouff
« ne serez pas coupable. »
La flame Hnart répondit qu'elle avait bieiT
III. }9
UQi* MIMOtHFs lllsIoHiMl t>
ilit cela il la d.imr Srgnin . mai*» siîîh inlonliun
de lui iniirr.
— Je lui ait dit qui: son mari se coiuluîrjit si
mal, ou'il M'iMÎt Mcn sn.tlli'nroux ; qn il i lier-
chcrait niriur a attenter li srs jours i)ar sa bru*
talité ; qu'il avait des parentes ei autres femmes
qui lui ilonnaient des conseils; mais que, par sa
prudence et sa douceur, elle pourrait éviter bien
ikt milhaurs ; qu'il fallait qu'elle prit garde à
elle, ear ton mari chercherait k lai emporter
lOQt ce qu'elle avait; mais quSI ne le ferait
paa, etc.
-^ Mais, lui dit l'interrogateur» la dame Sé-
guin a eu une attaque de convulsione dmt rolra
di^icile ?
— Il est vrai que cette dame sW trouvée mal
une fois chez moi. Elle me demanda ai on ne lui
arait pas jeté un sort, et je lui dis que je ne pou-
vais pas lui répondre a cet égard; elle ajoota
qu'elle irait à tous les devins possibles pour m-
voir si quelqu'un avait exercé anr «Ue qnolqno
maléfice. Elle me demanda ladresae de madame
deCalonne, qui, par état, fait b devinereasc, au
mojfen d'un grimoire» et je lui dis qu*elle démon*
rait dansTenccinte du Temple, n* i2. Elle y lui
tout de suite; quelques jours après, elle se rendit
chez moi et me dit que la dame de Calonno loi
avait annoncé que c'était une jeune femme et
TIHES DIS ARCMiKBS. â^
une femiiie d'âge qui d^ercliâienl à la séparer 4le
son Hari, et lut faire é^user noe autre ^mÈip^ i
M. Veyiat lui rappela ensutte que dam Jà
conversation qu'il aTait eue précédemitieiit arnec
elle, elle lut avait dit qu'elle savait quelque
chose qai intéressait la persenine de Temperetir)
il exigea qu'elle lui déel^rât ce qa^elle en sàvis^
-— J'w fiit j^usieurs jeux pour Sa Majesté^ dk>i*
elle; dans un de ces jeux, j'ai vu pan)itire dkmk
km^naea tcahres à sa personne, cbnt un petit»
mince, tm brun, paraisi^aot être d^uitpays élMpi-
ger a )a France, très éloigné, et aysfnl ^oyafjé
avec Sa Majesté l'Erapereur dans dea déacirlaii
Vaotre étiût un grand homme brun, ayant wi
raafque extraordinaire au vis^e^ commet ;«af
cicatrice. Ces deux hommes paraissaient avsair
défà attenté a la vie de Sa Majesté dans une
campagne aux environs de Paris ^ mais n'ayant
pu réussir, ils sont restés inconnus, en raison de
leur déguisement. Us ont tenté encore plusieurs
fois de l'assassiner; mais ils n'ont pu réussir, Ji
cause que l'empereur était escorté (1); et j'ai lieu
(i) Napoléon se faisait peu escorter dans ses promenades, lors-
qu'il était à Saint-Cloud. On l'a \u plusieurs fois dans une pelll^
calèche découverte, rimpératrice Marie-Louise à sa droite, fe
promenant au moyen trot sur la roule de Paris à Sèvres , n'ayant
que trois ou quatre cavaliers à cinquante pis derrière lui, et un
ou deux en avant , sans autre train de suite : c'était en 1810.
2^11 Mi-:Moiiir$ insTimivirs
de croire que ces deux personnages , donl Ynn ,
le plus petit «est un homme de distînctioo « ci
Taulre dans b classe bourgeoise, tenlerool en-
core de Tassassiner; mais ce sera de nnit. •
Ce fut le 1*^ juin 1809 que cette explication
eut lieu ; il en fut rendu compte à rempereor
par le ministre de la police; la daoM Hnarl»
rendue ii la liberté, resta sons la anr?eillanco de
la hante police.
Sans trop donner id dans ces hngaleUesy ponr
agiter vainement Timagination dn ladenrt car
de telles prophéties sont dénuées de règles et
de lumières, nous le prierons tontefins de se dé-
lier des préjugés philosophiques, lesquels, sons
prétexte du droit d*examen, ne permettent pins
d'examiner ce que croyaient ou prementaieiit an»
trefois nos ancétrrs. Il n'existe pas nn instûicl
dont on ne puisse tirer parti. Les grand» décon*
vertes proviennent toutes de l'instînct, el ans
aaeêtres nous ont mis sur la trace en a'^
quelquefois dans les ténèbres. Ce sont les
seniimens qui conduisent Tesprit humaia à
découvertes; et si, ce que nous croyons, 1'»
ainsi que le corps, est subordonnée à des lob d'é-
quilibre mathématique, il est certain que lecalenl
lui-m^me peut s'élcvrr à b |)révoy4nce des
tats universels par l'estime approfondie des cai
pnmordiales. De quel droit a«t-on rois Time an
TIRÉS DES iRGHlYISv ^^
ban des lois mathématiques quand on toH T^n*^
spiration s'y subordonner dans ses plusfoqg^^ujs;
élans, et se revêtir d'un rkytfame dans le ç^rvea^
des plus grands poètes? La phrénologio n'es^^H
pas sur le point de réhabiliter U cl^pmanci^?,
Tout admettre sans raisopner est d'un ioji^ Xfi^t
rejeter avec un mépris brutal est d'un sçt.^Qelifi^-^à
seul est capable de trouver la vérité qipir^pèi^
discute, ose et cherche. Le doute n'çst qu'un j^t
de paralysie s'il ne conduit pas à l'affirmation ;^^
' •-•.(..
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Le caporal Laurel, — FUleê pubÙqnes,
Mai 1617. ,
La police des tilles publiques, dans leur rap-
port avec les mililaires, est une des branches les
plus pénibles de cette administration , par les
mille et un désordres qu'elle offre journellement
k réprimer. Le goût que ces lilles ont nécessaire-
ment pour les soldats et les gens de la troupe
s'explique en cela que le soldat est généreux pour
elles; qu'il ne craint pas. comme leurs timides
amateurs des autres classes, trop connus dans les
villes, de se produire en tous lieux dans leur com-
pagnie, el que le soldat devient ordinairement le
zélé protecteur de ces demoiselles d.^ns les bastrin-
^94 MIMOilIBS IIISTORIQL'KS
girat et cabtrels, ne fûl-ce que par esprit de Mrpe,
et en rertn da respect qti*il entend qne les pékins
aient toujours pour son unifonne. Les filles en
raffolent donc pour ces diverses raisons, et ponr
d'autres qui tiennent ï leur bon csenr. Si ce
goût les etpose ii de mauTais traitenens de lé
part des militaires, de pareils iaconTéniens m
les dégoAtent pas; car ces brutalités ne sont
guère sans compensations. H n'en est pas do
même a^ec les citadins , plus bégMulea et pins
insolens, quoique aussi Yicieui. Pftr contraste,
U Yiolence et l'indiscipline des soldats font naître
des éTénemens qui nécessitent h sérérité des
chefs militaires; seul moyen auquel il soit pos-
sible à la police de recourir dans les circon*
stances comme celles que je Tais faire coniuitre
ici. Ces détails, dont on acctÉsera pasMlrs U
iriYialité, ne sont nullement li dédaigner, pnb-
?u*ils font connaître les difficultés de aadfilMir
ordre public Yin-avis des militaires, et entrent
naiiirellcinent dans la chronique des érénemêns
de la police. D*ailleiir«, il y a plus de soldats qne
de colonels, comme il y a plus de populace que
de beau monde; et les irn onv^niens qui se
sent iiur une grande échelle ont droit d*éTetller
la soliicittirlc clr4 prfKrurs. P.iire fi d'un détail,
i *e?kf s'oxpoMT a n»* savoir i!i' v.i ▼!•• ijiic la somni^
l'IRES DES ARCUITES. agO
Un caporal de la 6' compagnie du 72* r^gi-
inent de ligne , le nommé Lauret , commandait
dans la nuil du 2 au o mai le posle de la Postè-
aiix-Letlres, rue Jean- Jacques -Rousseau. En
cette qualité, il dirigeait une patroui'le, qui, vers
les dix heures et demie du soir, était arrivée ru0
Croix-des-Petils-Champs, devant une maison aé
femmes publiques , donna l'ordre aux filles qîil
stationnaient sur le seuit, d'avoir à rentrer àusn-
tot. La dame Kousselle, maîtresse de îa maison.
fil observer au caporal qu'il n'était pas encore
rheurc. Une discussion s'éleva entre le caporÀI
et cette fpmme; elle fut emmenée avec une cer-
taine violence et de mauvais traitemens au poste
du Lycée , et consignée jusqu'au lendemain, $
mai, que le commissaire de police s'y transporta,
prit connaissance des faits, et la mit eh "li-
berté.
En revenant rue Croîx-des-Petits-Champs
avec sa patrouille , le caporal Lauret rencontre
une fille de la maison de la dame Rousselle , et
ensuite une autre de la maison de la dame La-
cour, rue lies Deiix-Ecus; il emmène l'une et
l'autre à son poste , rue Jean-Jacqucs-Rousseaii.
La , le caporal proposa a la première de ces
filles , lUsc Boubcrl , de la meUrc en liberliS , si
elle conseni a ce qu'il passe la nuit avec elle. La
convenlioii ayant clé acceplOc, Lauret quille son
poste oi s'en va rouclier avec sa pri»oniiicr«,
dans la maison de la dame Roussclle, eu ce mo-
ment détenue au poste du Lycée; il y resta toute
la nuit et retourna à son poste au point du jour.
Cependant, Tautre liile, nommée Uosr Hu-
bert , demeurant rlir/ la dame Larour, rue d«*s
Deux-Kcus , s*étaiit trouvée incoromodre au
poste I pria le caporal de permettre qu'on allât
chercher pour elle un cliàle chez la dame La-
cour. L'n militaire , autorisé par lui , se dui^ea
do cette mission , et revint , une demi-heore
après avec la dame Lacour, qui demanda la li-
berté de la fille Robert. Après bien des débats .
le caporal Lauret , qui n'avait pas encore quitté
son poste à ce moment , se décida à la faire con-
duire chez elle par deux hommes de garde j
nuis I à cinquante pas du posie , trois autres sol-
dats accoururent et accompagnèrent les deux
premiers jusqu'au domicile de la dame Lacour» où
il leur fut ofl'ert de Teau-de-vic et vingt sous
qu*ils ne voulurent pas accepter. L*un d'eux , en
entrant dans la maison . se prit de la fantaisie
d'entraîner la iille llohert au fond de l'allée , ou,
sans plus de fjron , il la contraignit , par quel-
ques gourmadcs, de se prrler a sa brutalité. C'é-
tait se conduire comme eu pays conquis, où l'on
n'a pas le tempA de demander la permission des
femmes, et où on les assomme pour les i ourttser.
TIH£S DES ARCHIVES. HfCn
On aurait très difficilement fait comprendre}^ de
pareils butors que cette espièglerie passait' le^
bornes, et que, même vis-à-vis de la dernière dm
créatures, l'homme quiToutrage est au-dessous
de tout. Sur les réclamations de la dame La-
cour, qui criait que Ton n'avait nuUemenl^ le
droit de s'introduire dans sa maison pendant la
nuit sans ordre , et de se porter à de semblables
excès, les militaires prirent le parti de vi^ér
les lieux , en disant toutefois qu'ils revjea-
draient le lendemain matin déjeuner. Deux , en
effet , d'entre eux y vinrent, mettant quelque
fanfaronnade k prouver qu'ils ne craignaient
rien ; m^is le sieur Lacour, assez bonne lamei|«et
qui en avait vu de plus crânes, s'y étant trouvé,
rabattit leur caquet, et ils s'en allèrent.
De semblables gentillesses , ou d'à peu près
semblables , furent assez ordinaires pendant plu-
sieurs années. Depuis ISi^^J , a Paris, la troupe
avait pris un ascendant marqué dans les matières
de police ; il n'en résultait qu'un surcroît de dé-
sordre, et presque toutes les nuits offraient des
preuves d'inconduite des patrouilles de ligne,
dans ce qui regarde surtout les filles publiques,
souffre-douleurs des héros a cinq sous par jour.
Le mépris répandu sur ces sortes de malheureuses
les faisant regarder par les rigoristes comme k
peu près en dehors du droit des gens, et cela.
1^ MMiuinis iiisToi.ivi IN
diaprés les maiimes à la modj qu'on trou\c sur-
tiMit dans la botirlic ilcx reinmcH (|ni sv. «lisf*nt
fkonntftcs, il nV>t sorlo fl'iii(Iiunît«'S qiK? It* ^ ^nu-
jilt, ceux qui portent le liri(|iirt p.irllc uliîro-
menl, ne se pennctient ; penitant iicul-rlrc tra-
vailler de la sorle à la vraie rég«*nt*ration de la
morale. Ils ne craignent pas d*ctre inhumains, et
^j croient m£me autorisés ; leur mauvaise édu-
catiùD s*y met à Taise. Habitués a la police des
▼illat de garnisons, les soldats et ceux qui les
couunandaient se croyaient « lorsqu'ils étaient de
service, le droit d'arrêter les prostituées qu'ils
rencontraient, et d'en exiger, par capitulation, ce
qnlls jugeaient bon de leur demander. La peor
dn violon et des avanies qu'on leur lait sobir
entre camarades, qui, mutuellement, s'excitent à
faire pis que pendre entre eux , était un moyen ,
pour ces hommes , d'en arriver vis-â-vis de ces
femmes a tout ce qu'ils voulaient.
Les plaintes étaient rares , parce que Tesprit
de corps s*en mrlait ; il a fallu lutter fortement
et pied Ii pi(*tl , puur réprimer ce scandale , dont
le public avait , ati rcNtc. peu de connaissance
et encore nioliis di* souci, ut «|ui , se passant
daiis une classe nu'pri^rt* , d« nu ur.iit dans t'oL»*
curité des bureaux et des rapports de la police.
Dans l'acte du lapor.d Laurel, on ju^uea né-
( rs^airc de Tiire un evcniplc. On eut n*rours â
Tïidh DÈS JkRintavÉs. ûy^
M. le général Lihbiâ , cdiùmâtidatlt éé Itk fUté
de Pariai; ta punition fat 8étët*e ; pluBteùrs mdir
de prison furent la peine qu'on initgéa àint ixâ^
litaires coupables. Lëé IdUrd^ coii^ri%9 - de îîM
campagnes, assez patauds, malgtré l'itfnifélriirip^'
eomprirent, à force dé cachet, ic(u^ les fllli^
tdilêes à la prostitution pbrle ëakctèir«*o« pbr k^
jtiisèrfey ne deyaient pas être leurs jéiAèts et leuM>
Wctiiiles; ihais, datis le fond , ilé ëri fbrëiil if^>
atandalisés. ; mi «i u^p
De son d6té , Tétat-n^ajor de là |^1ac« adècfÉ^lti
et adiressë encore des plàîtitéè k U pdlltié Mr \ët^
stdteéfêcheuses de la fréqtienlàtiàtt dèM ébldàl»^
soifo4)fficiers avec les filles puMi<}aési II il^ëilWér
à èM égard , qbe deux ttioyens de réfotiht triAf-
nfètlt Éfflcàce^.Lè fàtnent 8cet>ti4iieB^ylëpi'ot«i^'
tant et rigoriste , aurait voulu que le premier dé
ces moyens, expéditif, mais violent, fût employé
pour Henri IV et dan^ rinlérêt de la gloire de ce
roi, qui fut, en eflfet, grand coureur de femmes.
L'opération, on le conçoit de reste, ne peut
être mise à Tordre du J6rur de l'armée; la patrie
ne trouverait pas de défenseurs à cette condition-
là. Le second moyen serait d'organiser une qua-
rantaine générale dans le pays, atteint , jusque
dans la moelle des os , de cotte peste qui vicie les
c^cnérations. La Faculté de Médecine n'a jamais
pensé a nictlrc an ronrours ccHc (juestion pjravc.
30O MÊMUIHM HlSlUKJQtl.3
qui, publiquement, ne lemble occuper per-
sonne , et secrètement , occupe ei désole toutes
les familles de la France. Ici , les lâchetés offi*
cielles de notre puritanisme d*apparat sont en-
core un obstacle; nul n'ose dire ce que tout le
monde sait. Il s'est rencontré des années oii le
nombre des soldats qui gagnaient la contagion
a^ec ces femmes était si considérable , que las
chefs jetaient feu et flamme contre le peu de aoia
que la police apportait à surveiller la santé dos
prostituées , et lui envoyait les noms des fcmmrs
qui avaient infecté leurs hommes, usage qui
subsiste toiijours , et qui seul a été trouvé conve-
nable jusqu'à ce jour pour introduire quelque ré-
pression dans cette effroyable partie de radmi-
nistration. En fait, laissant de coté ka acffvpska,
il s'agit ici d*une affaire de familloi et» par coo*
séquent, d'une mesure universelle à prendre. U
faut commencer par la dénonciaition franche el
officielle d'une foule de charlatans qui « grâce an
débit assuré de leurs misérables drogues, vnntéoa
d'ailleurs a grand renfort d'annonces josqve
dans les journaux les plus religieux et les plus
populaires, mettent à profit l'imbécile puaîUa-
nimité des mœurs , et vivent richement, à la fa*
veur de notre silence , d'une plaie qui s'enve-
nime au lieu de se fermer, l'n gouvernement
( ommclc nôtre , donl on traduit ton» le» jours la
TIRES DES ARCHIVÉE. 3oi
portée par cette assertion ambitieuse et dou-
teuse qu'il est le gouvernement do pays par le
pays , doit livrer loyalement la guerre à ce mer-
cantilisme abject , dût-il se mettre à dos quel-
ques centaines d'électeurs , vampires de la for-
tune et de la santé publique. Laisser ce moyen
périodique de massacre à la disposition de quel**
ques boutiques de chirurgie , c'est devenir com-
plice des charlatans. Par malheur, en France,
les choses qui concernent visiblement tout le
monde sont encore celles dont on s'occupe le
moins, quoique toutes les questions bien appro-
fondies , si triviales qu'elles soient , ramènent
toujours l'esprit vraiment libre à des préoccupa*
tions d'organisation sérieuse.
Ars< liai (le Justine suisi chez la iiommée Àdnnt.
Juillet 1817.
Quel est celui qui ne connaisse, quoi qu'il en
dise, le roman de Justine j dernier effort du sen-
sualisme philosophique k la iin du dix-huitième
siècle, sous lequel ce siècle a péri avec ses pe-
liles maisons obscènes et ses marquis gangrenés
par la débauche!... Entre Voltaire et le mar-
quis de Sade , entre la gracieuse pièce de vers
iutitulée le Momâam, preiteuLimcoicrun liomine
de goûl qui rêve le luxe mit à portée de tout le
monde , et Tignoble roman dt Jostîne , tour de
force d*uii e»prit voué froidement à U propaga-
tion de toutes les souillures, entre ces deux ma-
nifestai ion« de la pensée il y a Tinfini. L*auteur
de Justine a réuni dans ce roman, qu'on lit
une fois au n^oins , tout ce qu*nno imagination
dépravée peut concevoir et cféer do scènea li-
cencieuses cl de pbisirs criminels. U ancail dé^
honoré la vqlupté si Dieu Teût permis. Bl^ aof
les seuls moyena sensuels que U natam f^fokm
avoir mis a la portée de l'homme, et dMfduinl
à supérioriser nos jouissances , mab m fiûtMl
abstraction de la tf^te et dn c«or po«r M«t fé»
duire au bas-ventre , llgnorant aaarqnia de
Sade a voulu trouver dans les idéea de onppKccs
appliqués à des dtres faibles , des aalisfi|ctiooa
violentes et dénaturées. Dans son araenal fan-
tastique, des instrumens vraiment démonia-
ques sent employés pour réveiller las vignann
engourdies, ponr inspirer des désira aentint
bixarres, plus souvent encore révolcans. Qn'«i
ne pense pourtant pas que ces désordres ée
b dépravation n'existent qu'en théorie et doM
ce livre si misérablement célèbre. Sans rap*
peler aux érudits les royales obscénités ém
de Naples , les révélations sci
TlUtS DKS AKCHiyKS. ^jl^
Icusc^ de Vhi&ïQir^ suvle^ orgies deCapréei el timt
de crimes accomplis dans les ténèbres du clailc^,
ou dans le fond des cellules, le fait suivant prouve
qu'ils ne sont que trop réels parmi nous. Lea
insirumens de martyre auxquels je viens de fwlB
illusion, ces moyens étranges et destinés à ai^
guilloner les sens, ont été trouvés chez uiie fille
du mQnde; il a fallu pour cela des révélations
exprc;sses. Dans le$ ténèbres de la vie priy^ qti
sait au juste ce qui se passe?.. •Personnellemeàf^
et ^ns vouloir en faire la dénonciation (ear cf
i^'e^t pa^ mon métier) , je connais des profesBMiis
fondée sur ces œuvres immondes; j'ai m ém
jeuaes fîUes de quinze ans et quelquefois paéitiii
vivre honnêtement de ces ignobles indosUpeè; It;
père lui-même était le chef de Tateliet , paioè
qu'il faut vivre et que cela rapporte. On éj^
que j'invente; mais suis-je forcé d'en donner la
preuve?... Dieu merci, non.
Instruite d'une manière indirecte , mais assez
positive, qu'une nommée Adam, tenant une
maison de prostitution rue du Petit-Lion-Satdl-
Sauveur, recevait chez elle des hommes <}ui se
livraient a d'étranges déportemens, la police
prit la résolution de s'assurer du fait et de
saisir dans ce lieu tout ce qui pourrait servira
constater le délit. Que d'exceptions h la maxime :
— Laissez faire ! laissez passer ! Tachez donc
!mM| MI^.IIOIIltS HISTORIQl'Fii
«n peu de concilier les économislet atec les mo-
nKiles.
Un commissaire de police el deux inspeclenn
se transportèrent chez la femme Adam, el, après
lui avoir donné communication des ordres dont
ils étaient porteurs , procédèrent à la recherche
des objets désignés.
« Commençant par une chambre sise au
Sh étage « disent •ils dans leur procès-verbal du
X juillet 1817, nous atons trouiré, dans «ne
petite armoire pratiquée au-dessus de la porte
d'entrée et fermée avec un bouton , va paquet
runfermant :1® deux instrumens i|uo Ton nmu
dit s'appeler di$eiplime$, en fer, forméa de oMÛlIes
el de pointes aigucH , en fil de fer ; «ne étrille en
Ibrme de brosse, hérissée de pointes avasi très
aiguës ; 2^ plusieurs disciplines en ficelkt MMiées
aux extrémités et teintes de sang ; S* de«x galets,
deux culottes de crin ; 4" une culotte et «n gilet
de mailles de fer avec des pointes en dedans ;
6^ trois ceintures assorties de même espèce;
6^ deux autres ceintures en crin ; 7* deux col*
Uersde fer avec leurs chaînes, dont Tune «legroe*
seur peu commune; ^ deux instrumens en fer,
avec vis, dont le plus çrAïul est nommé
cA#lls de piedi; le plus petit mantheM de
9* en examinant tous les points de la chambre •
nous avons remarqué un crampon 6xé an mur.
TIRtS »ES AACniVkS. M&
nuquel on attache l'extrémilé de la clinîne du
collier, tandis que le jiatient , objet de tortures,
est suspendu ou retenu par une courroie qui
part du plafond de manière que , placé entre
deux glaces , il peut se contempler tout le temps
qu'il lui plaît de rester dans cette position c5te
de mortifieaiion. Après quoi, il va se poser, sui-
vant te commandement qui lui en est donné, au-
dessous du crampon par lequel sa chaîne est re-
tenue; alors, saisissant deux petits crampons.,
dont l'un à droite, l'autre k gaucïie , il invoque
les peines dites Itagettadam. ' "" '""
■ Poursuivant nos recherches ,contiiilwn('>I&t
mêiiies agens de police, nous avons trouvé dans
une armoire paraltcle à la précédente, t" un
mors ou bâillon en fer, garni de toile, a'ouvront
et se fermant à volonté , par le moyen de deux
charniùres, et dont l'extrémilé des deux bran-
ches se fixe derrière le cou avec une ficelle 5
2° plusieurs chemises , pantalons, un gilet roufti,
deux bonnets de laine, une paire de bas de
même espèce, le tout formant un costume (te
galérien.
« Dans le tiroir d'une commode placée ddri&
la chambre oii nous étions, se trouvaient diTefs
emblèmes des parties sexuelles de l'Un et de
l'autre sexes, formés eu cuir, avec tous les accès-
•oiret imitant la nature oulragée par riuagc au-
quel l€< consacre la débauche la plut odieutt.
V Interpellée de dire de qui elle tient cet in*
strumens, la fille Adam a répondu que partie de
cet objets ont clé apportés et laissés par des in-
diwdus qui ont Thabitude de s*en aenrir ei dont
eUe ignore la demeure et les noms; qu*ik
sont au nombre de cinq , et ne tiennent que
par intenralles ; que le surplus a du être fabriqué
et fourni par un ouvrier de la rue MonlorgueU i
que ledit ouvrier les a livrés directement auf in-
dividus qui les lui ont ftyés eusHuéuMi g de
sorte que ces instrumens ne lui appartenant pas,
elle n'en reste que dépositaire et les reniet a
celui des propriétaires qui vient pour en fniu
usage, avec telles ou telles de ses femmw, dites
« Inlei^llée de dire si le sang que Tnn iu«
marque sur le mur près lequel l'individu appelé
puiinil est attaché par le cou , ne ptuvienl pas
de l'excès des mauvais traitemens duni 3 est
Tobjet, la Bile Adam a répondu
ment.
V Interpellée de dire si elle pense que Ti
qui a fourni ces instrumens soit en ce moment
détenteur de semblables objets ou de tous au*
très destinés aux mêmes usages ; a répondu
avec assurance qu'il n en avait aucun , attendu
TIRKS DES ARCHJ^YfS. "^J
lui en commande. * i .,,.„
Voilà bien le mobilier d'ua dça^^b^afji^ du
ramaa de Justine. On y devine V^garç^p^ei^ n/
pelé ,iiu secoura de VioisigtQatîonpfMir r^poof^
k ce <|ue celte imaginalibn désire çpcçiçe > Mwi^
indin^ que la pt^iiss^nce d^# ss^nsi 9^'y t§bff^.,^
n^lure eH solljicilée dan^ se^ seqret^ (fH^.plUf^
hardii; la Tolonté cbm^^ «^-4«^à, #^^ ftltolff
m^me pQw ^ évoluer à'a£kem^^^lmwh\9l^9lf^
U vobi|it4 , d4«oa au bep^MM , aoilv 9§tp }^fi^i^
4e béfayer t^e langue in<î«Aii)H^« # 4lre 4i|
saota violen» et en dehora deâ o^sç^mtéif^fnj^
gaÂr^a^ e« de produire au viiliw 40 noM 4<llk
monstee». C'est le maximu«D d9i|S Vafflfemt,^ Ktltt
liance de la volupté et de réchpiCau^.» i^ ^wrjf^ttk
rbylhme du vertige. Les désirs s'y tirouvMjt {Kfo-
voqués ou allumés par le supplice de feampL^h
nues et ruisselant le sang de tous leurs membres ;
elles ne peuvent crier , elles subissent forcée
ment tout ce qu'il plaît a la lubricité de leurs
bourreaux. A quoi peuvent donc répondre cQf
surexcitations à froid? Pourquoi tant de génie*
dépensé pour le désordre et le mal ? Serait-il
possible d'imprimer à ces forces dépravées ufiji^e
direction plus salutaire ? Que de questions pour
le physiologiste qui ne prend pas parli contre
la nature humaine sans vouloir sonder préala-
rio8 >u%ioincN HisTuRivirs
liblement les vtie^i mystérieuses de ret uni*
Ters!
J*ai su que , sur cette demande bite k la fille
Adam , comment il pourait se trouver des fem-
mes qui se soumissent a ces barbaries, elle ré-
pondit que celles qui se mêlaient k ces concilia*
bnles de frénétiques ne se doutaient pas le moins
du monde jusqu'k quel point les choses pou-
Taient y être portées ; mais qu'une fob dans le
cercle , tout moyen de s'échapper leur étant in»
terdit, elles se résignaient a souftrir; qu'au sur-
plus, elles étaient bien payées ; qu'elles en étaient
quilles pour quelques soins et pour garder la
<4iambre quelques jours ; qu'aucune de aaa fem-
vîùê n*aTait jusqu'à ce jour porté plaiata , ai k
elle ; ni a Taulorité.
- La fille Adam, akgée de 35 ans, aatiipe de Ver-
dun, a été condamnée, par M. le préfet Angles,
k un an de prison k Saint-Lazare, et ensnile ran-
Toyée dans son pays.
• Que ne puis«je , répondait Jean-Jaeqiiee k
M. de Reaumont , k propos d'un anathéoM de
l'archeTéque contre la Nouvelle Hélotse , faire
succéder dans tous les cœurs le charme de la
Tolupté aux désordres de la débauche!...
TJKES DES ARCIIIVJtS. ,^f%
BUU de }a Proititulion A Pariten 1818.
ScpIcnAre 1818. < ■ .■' il-'^
11 est constaté par un rapjiorl ofilciel sur l'élat
sanitaire des filles publiques soumises , qu'on
avait réussi à obtenir des rtsnlials salisfaisanj
sur la proportion de celles qui sont malades de
la syphilis à celles qui sont saines; cette proi-
porlion était, au mois de septembre 1 818, d'une
femme attaquée de celte maladie sur trente-six
femmes saines. Je parle, bien entendu, dt^^ca-
tégories de femmes soumises à rfnTestïf^n
de la police ; les clisses 1>oui^eolieB atittt' hèn
de ligne. >!. aid
Mais on s'attendait à voir cette pro{Jomon
augmenter â l'approche de l'hiver qui est la
saison où la prostitution cl ses conséqnences
prennent ordinairement un ;iccroisseinent pé-
riodique. On devine pourquoi. L'hiver est la
saison la plus coûteuse pour les malheureux.
On aime mieux vivre de la prostitution que do
mourir de froid. La suiveillaucc devient alors
plus uécesisaire, surtout dans un moment comme
celui dont il est question , où beaucoup de mlU-
taires arrivent à Paris; car ce sont en général
les gens de troupes qui répandent a^ec pli)s
d'atlivitc la mnladic dont il s'airit.
Jto MDfomti ntromiQuis
Un des graves incooTéniens des armées per-
manentes el des changemens périodiqiies de
gimîson auxquelles les troupes sont habituelle*
ment soumises , est celte propagation du mal
Tënërien sur tous les points du royaume. On
conaait le go&t des filles et femmes du peuple
pour les soldats ; esl-il étonnant que le mal se
propage si aisément , non seulement parmi les
Allés publiques , mais encore la classe des petites
bourgeoises libres 7
On, va Toir dans le tableau qui suit » Télat 4m
4» .ffMtitution à Paris pendant les moisdn jnîb*
|«|^ aottt, septembre 4818, c'est-à-dîra In
bre des maisons tolérées par la police,
HJfm fU Jpaaison , celui des fiUes isolées m la
groportion des malades k celvi dos
SSII
m •
jwiL m
m
%n^ ! irj
M
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191
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l*i
3.IM 3.965
).OIS
TIRES DÉS AlliîkttEi. 5it
4 'J-'.:
;<» \
/
Prcforlion moyenne des deux imalaSièi eoMâgieuM pi
ee itîmeétre,
1 femme atteinte de syphilis star 36.
4 femme atteinte de gde sur 447. * ' ' "^
^ùpùrli&n moyenne des dèuit malàéi^ €&lïtàjiéùiéi pn
le irimèHre précëdefU. \''
4 femme attente de sypb^ fut! 3S.
4 femme atteinte de gale sur 444 (4). ^^
Voyez au chapitre du DièpénÈàiire et àé il
pttistitution dans les atlrihuttims de tâpoKèij dt^
détaik plus étendus sur le nténiebujét.
EnUvemenl de Filles publiques à Versailles, — M, le camAe de
Toqueville,
i8i3.
M. le comte de Tocqueville n'était pas préfet
du département de Seine -et -Oise, lorsque
M. Pasquier, alors préfet de police, concerta
fi) RapforlscVtin Conseil Je 6aîuhhti\ 18 if).
3lS WÛIUIIIKS niSiOllIQt'f.s
cette opération avec Ici autorités municipales de
Versailles -, car Traisemblablemenl il IVtit regar-
dée comme un empiélcmeni sur ses droits légis-
latifs dnns cette matière. Je suis fondé à penser
ainsi, à cause de l'arrêté que le noble pair prit
en 1816, étant préiet do la (lote-d'Or. On y dis-
tingue tous les caractères du pouvoir de faire des
loî# et d'ordonner des peines contre ceux qui ne
s*y soumettraient pas ; avec une pareille préten-
tion, le préfet de Versailles n'eût pas trouvé bon
que celui de Paris voulût se mt^ler d'une matière
qui ne recennaitaiit d'autre juridiction qne celle
que ftl. de, Tocqueville exerçait. I/acle législatif
du préfet de la Çôte-d'Or s*accorde an reste»
en plusieurs points, avec le système de police
suivi dans presque toutes les grandes commnnes
relativement ii l'opécaiiondont je vais parler ;-cea
cnlèvemens, quelque bien motives qu'ils soient,
n'en sont pas moins illégaux , mais la natnre àm
mal contre lequel on les emploie , semble en ex-
cuser Tirrégularitél le nombre des proatitnées*
pouvant en effet , dans une ville peuplée de ou-
Ktaîres , devenir si considérable, si dangerenx»
qne le public en fut incoinmodé, et la tranqmililé
compromise.
Les bonnes législations sont comme la bonne
casse , une bonne chose ; mais la santé pnbliqne
TIAÉS DES ARCHirCS. ^t5
vaut bien mieux. Avant d aller plus loin , je doig
mettre sous les yeux du lecteur le c^èbre ar-
rêté de M., de Tocqueville , ou plulôt la loi pé-
nale et administrative qu'il promulgua , lontju'i)
gouvernait le département de la Côte-d*Or«
« Le préfet de la Côte-d'Or , chevalier de la
Légion-d'Honneur,
ff Considérant que ^ s'il ne dépend pas de Tail-
torité de détruire entièrement la prostitution, on
doit cependant, par des réglemens de poUce, la '
restreindre dans les limites les plus^ étroites , et
prendre des précautions sévères pour empêcher
la propagation des maladies sans nombre qu'elle
entraîne à sa suite ^
ff Vu les propositions de M. le maire de Dijon,
A. t i
arrête :
V Art. 1^* . IjCs prostituées de la ville de Dijon
seront soumises aux articles réglementaires qui
vont suivre:
« On entend par prostituées , toutes les hlles
ou femmes connues pour se livrer à plusieurs
hommes pour un profit quelconque.
cf Art. 2. A dater du 25 avril prochain , toute
fille publique sera tenue de se présenter a la po-
lice pour faire inscrire sur un registre à ce des-
tiné, ses nom, prénoms, âge, lieu de domicile
cl de naissance. Passé cette époque, toute fille ou
femme qui se livrera à la prostitution , sans
3i4 w. nomes uistoiiiqlxs
trolr fiiil k la police la déclaraiioo ci*d<
érigée, sera renfermée (1).
An. 3. Avant de se présentera la police, toute
fille publique devra s'fitre fait visiter par le sieur
Saumois, chirurgien à Dijon, commissionné à
cet effet , et obtenir de lui un certificat consta-
tant Tétat de sa santé. Elle devra aussi , si elle
n*est pas domiciliée dans la ville de Dijon , être
munie d'un passeport délivré par le maire du
lieu de son domicile.
«Art. 4. Ces conditions remplies» la p^rfice dé-
livrera une carte qui contiendra les nom , pré-
noms , âge , signalement de la prostituée qui Ta
réclamée. Cette c;irle indiquera aussi la classe à
laquelle la prostitaée appartient, conformément
a ce qui sera expliqué plus loin.
• Ail. S. En tout temps et en tout lseu« iMila
fille publique est tenue d'dtre munie du la cmie
do police et du certificat du ckirurgien. EUu les
eihibem k toutes réquisitions qui lui lerealfiiltu •
[i ) L.4 *ui . Tur Joiinaiii i- J • i ; 1 1 . pjr r«<*iii{«lr , dcfcOil U
«lilulion piiMIqnr*. rumnir «irrinlr »\ix tii«riirt; lash cUc ne 4lt
païqa'k iléCaul dVtrr iiucritc Mr ud rrgiUrr, toat« ^raUMiét
•cm renferma. L*iiMcripiiun ne f«it rien ëu dclic • et U pHtoa ac
|iN-iil ^Irc iiitlini^* » rrlli- f{iii % niaTiqurrjit , rumnic c-Mc uc pr«C
«ii|iirlM*r 1 1 ÏV .«i.i *\ Mic-iii f. !. I f.-j-^'j'îi.îi .|i- U. »••■ Tur^iinlltr
•tt kl rii «Mftut. J. Kl '.m%i.
min 1» JMM^mM. %a
mmm fmff d^étre trâfdkntt de? «ht 1* tpélicà4 fui
tAiti'O. Le certificat du ffaiffniniMi MÉttftr
iMt lé hmi état de «anté d^BlMi fillé^ ]^ilbKqae ,
tl6 vaudra quts pour nnû aetHaintew C1mh|ivp fille
pvMi^ê est obligée àé se fiiireiriaiter fineifaU phr
«Maalne , et d'obtenir im iMirfèaa e«itifif{at d«
Bàiité, ^«ifèlle fera viser par Fagênt de police de
aèti ({uaHieri Les visites ^eroiit ftites à doioioiie ,
•H à la iréloiité in chirurgieii i dkez IHtne d'elles
où elles potirront se réunir j«lsi|ii^« ttumbre de
sin il iMik. V j
«r Airl. f . Le chii<nrgi^^ ne pètiil¥tf Migér q«è
tîfi^afite ternîmes par visite jt). '
«Alt. <ê. Lorsque fe lîilili^gien reolmriatti^a
^^Mteifille ^tfbliqu« est itHmét^ il lui retirent
sur-le-cbaiÉip le certificat dé santé précédem-
ment donné, et sft carte qu'il enverra a la police.
(i) Oo conçoit cependant qu'une fille ne peut être tenue d'exhi-
ber sa carte, sous peine d'être traduite à la poHce, qu'Ii l'agent
Mtorisé ou à Tofficier êe pcAite ; il y aurait circès de scf^ndale à ce
que Tautorité se mêlât delà convention que ferait un libertin a^ec
une fille, pour qu'elle lui montrât sa carte avant de faire usage de
sa personne : c'est néanmoins où conduit l'article de M. deTocque-
vilîc. La carte de la police devenait ainsi la garantie du libertin j.
mais où était sa garantie vis à-vis de la carte de police ?...
J. Pecchet.
(j; N'y aujail il pas à cxigrr une garantie du chirurgien pour
IvlticaLilc de *>cs "visites ^ J. PtucHcx.
Sl6 MÛOIIIIS HISTOmyUb
€0 loi délÎTranl un certificat sur leqad m»
mentionnée la nature de la maladie doni elle Ml
atteinte, et aa complication plus ou moins gruide.
cArt. 9. Tonte tille publique infectée, qm
sera jogée hors d*état de pouvoir se faire traiter
ches elle , par le chirurgien désigné a cet det »
sera conduite , aussitôt que son état de maladie
sera constaté, dans le local désigné pour le
lement de la maladie vénérienne ; elle ne
en sortir que sur le certificat du chirargica « qm
•Uesteraqu'il nVziste aucun danger de renlagpi^D
« Art. 10. Toute fille publique qui , dMal'»-
lenralle d'une visite a Tautre « s'apercerm i|«'clle
est infectée , est tenue de s*abstemr de
des hommes chea elle. La peine à Int i
pour censé d'inlmclion k cet article ém lé^U»
ment « sera déterminée par la police (1).
« Art. 44 . La police accueillera
dea hommes qui iront porter des plaint
elle , du mal qu'ils auront gagné chea les fiflea
publiques (9) ; la fille publique aéra arrêtée
le-champ , et s'il est reconnu qu'elle
elle sera enfermée , traitée en prison , et de plw
(i) E«l<«c une amende? e»l-t:e la priioo ' U. de TpoqtiIIW or
1r du pftf .
(3) A Pferb, la poUce ne peut t'mipfcher d'entendu qatifw»
fc*ik de parelllr^ plalnlr^, nuU rllr oc lr« mecm^th pas . Iri Me*
¥%nm MliiUlir« quVI'r pffKrii rr&''inp(rnl dr «.riir turpitude
TIHKS DES ARCRinS. Sl^
passible ^'une amende qui, dans loua ka caa, ne
pourra excéder les frais de son traiteonenl (4)« .
« Art. i% Les prostituées sont riesponsablea
de tout ce qui se passe chez elles dç contiraire
au bon ordre. En conséquence , toute piN)8liliiéÉ
chez laquelle la force publique on Tattion de la
policé aàront été obligées de se porter, swa en*«
fermée sur sur-le-champ; la police fixer» le
tempaile'Sa détention (3). • C) -y » ,
' (T Art. 13. Toute fille publique qui se permet-^
tra, dans la rue, des actes coniraires k la pudenr,
et qni sera rencontriSef sfprës ^a héurèa ém soin,
sera' renfermée sur-le-chaiDfp ; hi iétenûtm sera
d'un k t]^ois mois , sahs* préjudice des poursuites
qui pourraient avoir lieu contre eUe derànt les
tribunaux , suivant les cas préVus par le Code
pénal.
« Art. 14. A Teffet de pourvoir aux frais
qu'occasionera le traitement des filles publiques,
(i) Un mauvais sujet peut infecter à dessein une fille et|la dé-
noncer! Mais, sans s'arrêter h ceci, pourquoi prescrire des me-
sures d'une ext^culion impossible? Comment faire payer une
amende de ii à i5 francs à une femme qui n'a pas souvent une
pareille somme pour toute fortune ; qui (et il y en a plus d'une)
ne se livre à la proslilulion^ue pour se procurer du pain ? Voilà
donc une peine bien inutilement prescrite.
(a) Il est possible qu'à Dijon toute cette police soit exécutable ;
mais elle serait impraticable a Paris, d'une manière aussi absolue.
'ne MtHoiRift mnotigns
o« IîUm iovHU MiNwict il «ne cotMlUra (A) ,
qu'eUet paieront chaque meîa. A cet ellet« la
police de Dijon dÎTisera lea filles prostituées de
celte ville en quatre classes, d*après les bases
iuées(3).
« La première classe paiera 4 francs par mois ,
la seeonde 3 francs , la troisième 1 franc « la
quatrième rieau
ce Cette cotisation sera p«fie d'smmos » ealM
Im mains de la personne que la police il<tfgn<ra
à cet effet , et qui M pourra être ua cnmpiimi w
de pcike m ua agent de police. Cette p^feuami
sera seule dépediaire des fonds. |«'élat de su
caisse aaita a#rAté chaque mois par le rnmmm
sahre de police. Les sommm à payer peur lt
traitement des fiHea infectées seront dlKném^
sur la demande du chirurgien, en Tcrtu d*ei||
mandat de M. le maire de Dijon.
m Art. 49» Chaque fiUe puhlique recevra ^gàtr
tsnce , sur papier libre, de la somme qu'elle aura
payée. Elle ne pourra refuser d'exhiber cette
quittance , lorsqu elle en sera requise par la po-
lice.
( I I^ tcrmt m DOOTCBU ni fNirvl1<
(3 II y m dan* cet arrêlé , il maavak et réiréd ^«11 Mit» Is f»
dlmeol d'noe bftai» mcMir* ; ar, après Umu . kê «àni ^mm as*
lion doivent ie porfw en famille. J.
TtRÉS DES ARCHIVCS. ^1$
(I Ali- iG. II e&t cxpresséiiK^nt c|*ifçn4it 4W
ûlles publiques d'établir leur domicile sai^IK^
des édifice» consacrés au culte , soit dan^ \% (ue
du Collège royal , soit près des casernies. , .
« Art. i7. M. le maire de Dijon est clKH-g< «|a
sunciUer aiirèreinent l'exécution du présent ré*
gWmenI, qui sera imprimé et remis, à la diUf
genoe des commissaires et ageps da police.,. auri
filla* publiques , afin qu'elles n'en ptHSSsnfrp<é«
texMr cause d'ignorance.
K Fait il Dijon , le 19 avril 1816.
r Siqné comte de Toc^ueyille. »
On ne saurait dire si un pareil règlement eût,
à Versailles , produit beaucoup d'eJl'et , et empê-
ché la contagion et le désordre que le nombre
des filles publiques occasionait , lorsijncM. P»s-
quîer prit la mesure dont nous allons parler.
Au mois de septembre IHIj, le mmistre de
la police , M. de Kovigo , lit part au pri;fet de po-
lice des plaintes qui lui parvenaient sur Iç
nombre et les désordres des filles publiques à
Versailles. Le préfet fit diligence pour satisfaire
à ces plaintes. On va voir, dans la correspon-
dance de SCS agens, comment il s'y prit, et les
difliculttis qu'il rencontra.
L'officier de paix chargé d'une mission a
32Q MKHOIRKS IlItTORKjl'E^
VertaiUe!!» a celle fin, lui écmait, le SB sep-
tembre 1813 :
tf Je me suis rendu a riiùlcl de M. le comte de
(îavre, préfet de Seinc-et-Oise. M. le comte,
après avoir fait lecture de la lettre qui lai était
adreasée par son excellence le ministre 4e la
police générale, a appelé M. le comoaa
Billaud , avec lequel je me suit concerté
opénr ce soir même. En effet, a huit
nous nous sommes rendus, accompe^ net de U
force armée, dans deux salles de U nie de Pota-
ger et du Vieux- Versailles. Nous aYona Ireavé
une grande quantité de militaires, de lanctcrt et
de gardes d'honneur en société de femmes pu-
bliques. Dans ces deux bals , nous en avons ar-
rêté vingt et une ; elles ont élé provisoirement
conduites dans une salle de discipline disponible^
h la mairie , où elles ont pas^c la nuit.
Ce matin « a cinq heures et demie, nous nous
sommes transporlés avec deux inspecteurs et six
gendarmes dans cliversrH niaiiion^i garnies de Tar-
rondissement du sud. Oii/.(! fi-inmes, et en plus
mauvais genre, qui étaitMil couchées avec des
militaires , v ont éir .irrrirrs et conduites au
m
même endroit.
« Toutes ces prostituées, au nombre de trente*
deux , furent transférées , par ordre de M. le
préfet, à la maison dnrrrf , vrru midi.
tlRFS DES ARCRirfefi. Sâl
« Ces deux opérations , dans lesquelles j'ai été
aidé par M. le commissaire de police, se sdnt
faites avec un calme parfait.
«r 11 n'y a a Versailles que vingt-trois koiiitaies
de gendarmerie , qui sont chargés en ce mèiéètft
d'un devoir très actif pour la conduite d-U|l
grand nombre de conscrits réfràctaires qui zeM^
vent dans cette ville. Je ne pourrai par cpiisé-
quent faire conduire aujourd'hui ces feminesîila
Petite-Force ; demain je crois pouvpir ^n stvoMr
la possibilité.
« Il y a beaucoup k faire ici; les,|K|iitç|( 4&
Saint-Cyr, de Viroflay, de Villenl^'yily^inde
Monireuil et le bois de Satory, sfu^vVtil^l^
de femmes sans asile et tout-k-£iit jrévolfMitM^
« On m'assure même que plusieurs couchent
dans les bois et se rassemblent sur la route pen-
dant le jour.
« M. le procureur général , que j'ai en l'hon-
neur de voir, m'a paru très satisfait de celte me-
sure qu'il m'a dit être du plus grand intérêt pour
le fifouvernement. »
Les quarante-cinq femmes enlevées dans ces
visites furent envoyées a la prison de la Petite-
Force à Paris, deux jours après, et l'officier,
continuant ses opérations, en enleva encore huit
qui eurent la même destination. Le désordre
III. :ri
.)SI9 MkMolHIS lllSriiRIf^l'rN
provoque rarbilr.ûrti cl rarbiirairi; provoque le
déftordrc ù son tour. VoiVa le renie; cooiinent
en sortir.*...
^iisi rcxécutiuii de la meMira prodiiuil l'jr-
rcsJLalion de rinquanle^roift feiumet pui4i^Heft;
«iirce nombre, treiile-lroisclaieiUpkuou moin*
atteintes du mal Ténérien.
Quelque utile que fiît celte opmtîon , il paraît
cependant qu'elle éprouva d'abord Je roppaaitwm
de la pari de l'administration de VenaMIea.
En effet, Tofficicr de police qui en était cliargé
avait écrit, le 13 août 481S , k M. Piaaqiâcr, que
aVtant rendu chez M. le comte de Gavre poar
lui faire part de sa mission et recevoir de M les
nistractions qu'il jnf^ait convenoMes, cet adan*
nistraleur, après avoir pris comMÎsaattco d «ne
lettre à loi adressée à ce sujet , par son oolltf
M. Rt^al, lui avait dit que les magistrulsdo polÎM
de Paris ne pouvaient (aire exécuter de sembla*
blcs mesures a Versailles; et qu'enfin il n'avait
pas besoin des secours et de TintervenlioB de Jb
police de Paris pour une semblable opéralioo, ai
elle était jugée nt-cessaire.
M. Pasquicr lit part aussitôt de colle dificaké
à M. Real, qui ne manqua pa» d'écrire une aoa
vellc lettre au préfet de \ crsadlei :
« Vou<« molivrr. le refu4 que voin avei fiât
THiés DF3 Aitawves. !^
4'M^oyer Je sieur DueMmi , «^us M..le'lnnf
Païqvier ei >Mi «vtoM ehav^i d'sUer à Vusailléi
ezécHler une mission de police', svr ce 4|iie e«t
officier de pait n'était point 'chargé j^UMnlret •«•■
périeurs. C'est précisément em vertu dWJiwi
M{>iéffiear9 que M. le préfet de pftlice aimàJttià-
giié 1:1 nùssion dont il s'agit, puisque sua agent
était chargr. par mon inlermétliaire des ordres
du ministre. Au surplus, je vais soumettre à Son
Excellence (le duc de Eovigo) la réponse que
vous m'avez failc à ce sujet. i>
Une lettre de ce dernier fut donc adressée au
baron Pasquier, où le ministre, en rappelant les
rnoti^ qui avaient engagé à faire exécuter l'enlè-
vement des femmes publiques k Versailles, l'in-
vitait a donner des ordres pour que l'opération
futrecoDHBcncéeaa JAurcpicM . Pasqoier jugerait
convenable de cboisir.
En vertu d'un ordre donné en conséquence
par le préfet de police , l'officier de paix retourna
donc à Versailles et fit les enlèvemens indiqués.
La dépense n'en fut poîht considérable. Voici
le compte qu'en rendit le préfet de police au mi-
nistre i ta lettre est du 8 octobre 1 81 3 :
H Monsieur le duc ,
« L'opération qui a eu lieu h Versailles le mois
dernier, avec l'autorisation de Votre Excellence,
pour rarreslalion des bllef publiques qui aflloâienl
dam cette TÎlle et où elles ii^fectaienl de maladie
les gardes*d'honneur et autres militaires, ayant
été terminée avec tout le succès désirable , je ne
auia fait remettre un état de la dépense qu'avait
occasionéc cette mesure; les articles de cette
dépense sont :
1* Tant pour frais de voyage , de se-
jour, de logement, de nourriture de l'of-
ficier de paix et de ses deux inspecteurs»
que pour menus frais et indemnité aux
gendarmes 388 Gr.
3t^ Pour frais de transport, de Versail-
les à Paris, de cinquante-six femmes ar-
rêtées 80
5* En outra , comme j'ai été satisfiûl
du xèle et de Tintelligence avec lesquels
l'officier Ducoures et set deux inapec*
leurs avaient conduit cette opératioo,
j'ai cru juste de donner au premier 100
fr. et aux deux autres 52 fr. de gratifi-
cation 15SI
Total. . . . eOO fir.
M J'ai l'honneur de prier Votre Excellence de
vouloir bien approuver cette dépense et d'en or-
donner le remboursement par la caisse de
TIRES DES ARCHIVES. * 3a 5
ministère, entre les mains du sieur ' Arinand^
caissierde ma préfecture. b i i-v.
I . 'à- '/.) i
« Le conseiller (Fétat,
« .Sian(^ rASQUiER. »
Je me suis étendu sur cet article, parce (j^il^il
en résulte plus d'une* instruction sur la fiîi^dâ
dont la police procède en pareille matière. lèi
les lois sont insuffisantes, et les circons^ahtes
seules créent des antécédens dont l'administirâ-
«
tion s'arme par la suite. H est plus facile de'irèJ-
monter à la source du fléau pour le v^inéteqiië
d'en étoufièr une par une toutes les consé^tfènèei?
On le sent bien ; mais on n'en convient^ j^&'l
r •
Chute et Mort de Madame Blanchard , aéronaulf .
1819.
Je parle de cet événement tragique, parce
que la police y fut intéressée , sous plus d*un
rapport (c'était elle qui avait accordé la permis-
sion de l'ascension), et parce qu'un sieur Wider-
ker, homme étrangement intéressé, sur la mai-
son de qui tomba la malheureuse, tracassa Tau-
torité pour obtenir le dédommagement du dégât
que Ivi (lame jîlancliard avîul occasionc ii sa loi-
390 ' MMOmU HISTOIIIQUIS
tlM. lit ladrerie , dans celle eifiresûon «
semble a son terme le plus admirable de sëclw
resse. Un tel (ait mérite d'être oooservé parce
qui! est bistorique. Combien n'eût-il pas été k
désirer que , sur une pareille demande » la po*
lice eût le pouvoir de se débamMcr» par un
prdre supérieur » d'une aiissi impertinente pré-
tention.
Le 6 juillet 1 819 » madame Blanchard t qoi s*é*
tait élevée dans un ballon et qui avait fiût drja phi*
eieurs ascensions heureuses » Ait précipitée^ avw
ce même ballon » rue de Provence » à dis hewes
et demie du soir; c'était sa soiianle aaplit—
ascension.
Bl. Widerker, fort peu touché d'un pareil ac-
cident , mais beaucoup de quelque dégit que la
chute avait causé )i h couverture de sa oaaîson ,
se rendit chez M. Chardon , commissaire de po-
lice du quartier, pour se mettre a même d'établir
ses répétitions en dommages et intérêts contre
qui de droit. M. Chardon , très étotoiié de la M-
cisimiition « mai» enfermé dans le cerole de li lait
UB ir«insporia donc a la niaifton do plaignant et
i-oiiaiala que , « dan« la partie sud du toit qni
donne ^ar la me de Provencee , il j avait one
ouveriure d'environ trois mfctres carrés; q^n
qlMtfo ihevrons, d'environ neuf rentimètres
carrés, étaient entièrement brisés, ainsi que le
TIHES DES AKGUIVES. ^2']
châssis à tabatière d'une fenêtre qui y était éta-*
blie , ce qui avait paru évidemment le résultat dç
la chute de la nacelle et du corps^de la dame
Blanchard. »
Le propriétaire de cette maison s'est en consé-
quence pourvu près de l'autorité qui avait permis
l'ascension, pour se faire indemniser de ce dégâl :
magnifique exemple d'avarice , et qui , dans ma
pareil malheur^ présentai! quelque chose de ré-
voltant !
Il est dommage que les notes de la police n'of-
frent pas le chiffre de l'évaluation qui fut attri-
buée au sieur Widerker.
" u/:
CHAPITRK Ll.
HottTdlcià la maio ou Eullctiu^dc l*«ri». — Lx. uurquis d'Arfnt-
•on, mInUire drs aflalrcf ctraofèro. — Madime Dunblcl. ^
Boreao det !Vouvetlc4 » la nmin. — M. dt- Choiicol. — Faiotci,
Réclaouttont contre Irt ^outellc^ • U main. — M. 5
M. LcQoir. — Corie«pnnd4itce avrc !a Uo^^and^. —
Kaiiilar. — Mystification <lii marquis i\r VtiVrf^ur.
U ne circula pendant long-temps d'aotret
journaux français en France que la GûMêiie e€
ensuite le Mercure . pour instruire le public d»
MEMOIRES HISTORIQUES TIRES DES ARCHIV1&. 5^9
nouvelles politiques , des découvertes utile)»;
des décès et des naissances des grands^ ainsi que
des ouvrages qui paraissaient avec apprèbation.
D'un mal résulte quelquefois un bien ; é'est cela
qui donna de la vogue au-dehors à notrelittéra-
tare. Le Mercure et la Gazette de France étaient
soumis k la censure, et rien de ce qui pouvait bles-
ser les gens en place n'y était toléré. La sécheresse
était le principal caractère de ces feuilles, irittbin^
que Ton en exceptât quelques articles littéraire^
fournis de temps en temps an Mercure par des
hommes de lettres distingues. '*^ . <4
( i
Le public était dé'dommagé^de cette stérîlitë
par les Bulletins ou Nouvelles à la mainj^ qii'on
appelait aussi Correspondance secrète ^ et q«i circu-
laient dans le public avec assez de facilité.
Leurorigine remontait au ministère deM. d'Ar-
i;enson (1) , c'est a celle époque du moins qu'on
s'apercoil des plaintes du gouvernement, qui en
prit ombrage.
Une madame Doublet, de la maison de Choi-
seul , tenait chez elle une espèce de bureau où
se rédigeaient ces Bulletins qui circulaient dans
{i) RcîK'-Louis (]c \ < ver de P.iuiniy , marquis d'Argcnson , ijîs
du parJo (îrs scfniix,, .'uic'u n licultnîiiil de police, fut nomnié, par
Louis XV. iiU (Iqiarh itiehl <'is iaf.rn'-s '.'t'iii.tgriLS , au mois de
Puis et même daiiK les provinces. Ou n'y mena-
geail aucun ilc6 p^.'rsonnagcs en place (|ui poi^
raient prclcr le liane ii la cnLi(|uf. Le ton en
était d*aulanl pluH amer que Tanonyme clait de
riguaur. La peur furcc a Thypocrisie et la lâ-
cheté au mensonge. Celte liberté déplut promp»
tement au rui, à qui Ton ft*en plaignit. M. d*.Vr*
genson en écrivit à .M. Berryer « alors lieutenant
de police ; je rapporterai un eilrail de sa leCtR
(octobre 1753).
« Le roi c«t informé que madame DooUei
reçoit dans le nombre de ceux qui yooI chea
elle plusieurs personnes qui débitent des nou-
velles fort hasardées et qui ne penvenl fiûre
qa'un mauvais effet lorsqu'elles viennent a se
répandre dans le public ; que souvent
personnes y tiennent des discours pea
et que madame Doublet , au Ueu de
une licence aussi scandaleuse, leur permet t an
quelque façon , de tenir un registre qni wml à
composer des feuilles qu'on distribue dana IMa
et qoi s'envoient mùme dans le,s provinces.
« Une pareille conduilt.* do sa part ne pondant
que déplaire au roi , Sa ftlajesti* • avant d^eaa-
ployer des nioven» plus siovùrc!», m'a chargé
de commander que \ous ayez ii \oir inceasam*
ment niadaino Uotibirt, pour lui rrprcMnler
qu'elle ait à r.iiri' t c.<«M*r an plus tôt un semblable
TIRÉS nw AMii^nà^ 33f
aiMÉ^ 4q éloîpiant de chez elle leep^rsotaei
qui condrâmenf a l'entretenir^
« Vaas' l'avertirez que Sa Maje$iét<kfe];9VAidvii
eMUpte exactement de la inanière doîiileàcIuisM
ie passeront à rairenir, et que sîrdle vcaaîl i|
t'écarler de la conduite qui lui est prtaerite ^ elld
dfeposeraita desévénenensquiae pouf l'aûsnl que
lui être désagréables. Vooa lui ajouterez; quetlas
ÂéDagemens dont Sa Majesté vevftiiîien usèlr k
son égard, étant un effet de sa faonlé at une
grâce pafticufière , elle ne doit en £df e pi^rttà
personne. Je compte, moiMÎear, qnë Ianie|ae
i^ous aurez parlé à madame DoMUel^^ jo n^aorai
« déporter à Sa Maîssié qoe des oènÉHnens
d^mio oatière éoumissiooiy eii 1» reoomuûssiftee
b phs paiénle et la plné ireépèitueusri 4I0 Faver^
lÎMOÉient Qu'elle veilt bieii lui! doMMVè » r
Mais mmaidame Doobkt^ wkXaà fiitseifrs do
BMetiàê à la itiam ^ c)ui ise réumsaicfit chez
elle, ne tti(ldrent nul compte des itrjènctions de
M. d'Argenson , d'autant qu'en traitait avec ce
cercle de puissance à puissance, et qu'en avan-
çant de la sorte, le pouvoir reculait de toute
la perte de sa dignité. Les Nouvelles à la main
continuèrent à se mêler des affaires d'état.
M. de Choiseul, qui succéda à M. d'Argen-
son dans le ministère des affaires étrangères
ci ([ui y réunissait celui de la guerre cl de la
.)Ss MÉMOmiS HIATORIQtrS
marine, ettaya vainement «rarreter les BmlUkÊê
à lu main; le besoin était créé , il persitlait. Soîl
en bien, toit en mal, un progrès suit sa ^oie.
Il en témoigna son mécontentement à la polka
par une lettre do mois de juillet 17G3. On y voîi
U susceptibilité du gouvernement et Timpor»
tance qu'il mettait aux bruits faux ou réels qu'oa
répandait sur les affaires publiques.
U est certain qu'on assaisonnait d'un peu de
mensonge une foule de vérités importunes. Les
propos écrits ne sont que les reflets de prapw
pariée, à U broderie près, que l'on fait buaacoup
mieux, sans contredit, la plume à la mam.
m Madame Doublet lait dire à l'abbé de
teuil, écrivait M. de Ckoiseul à 11. de
que Tescadre de M. de Bleaac a été
par les enneous ; la nouvelle de
blet, qui est busse et dont je n'ai aucune
sance , ne fint pas de tort à l'escadre du iw ^
nub elle dit tort aux papiers publics qui y^
rient d'après de semblables nouvellea. Je nV
pas pu m*empécher de rendre compte au lui dn
cft fait et de l'impudence intolérable des non*
vcUes qui sortent de chez cette femme, ma très
chère tante. En ron!(équencr , Sa Majesté ni*a
ordonné de vous faire connaître que son inten*
tion est que vous vouh rendiez chez madame
Doublet, et f|iir vom lui déc-laricz que s*il sort
TIRÉS DES ARCHIVES* 553
derechef une semblable nouvelle , de sa maison,
le roi la renfermera dans un couvent, d'où elle
ne distribuera plus de ces sortes de nouvelles aussi
impertinentes que contraires au service du roi. >
Ces menaces plus fières efifrayèrent peu ma*
dame Doublet; la Correspondance à la matn ac«
quit plus d'activité et d'inti^f et encore par cela
même que le gouvernement s'y opposait; lalia*
taille prenait tournure; les éombattans Vaai*
maient j la police redoubla de zèle pour se tenir
au courant de ce qui se passait chez celte dame
et pour connaître ceux qui fréquentaient sa
maison. Elle employa, pour cet effet, un homme
adroit, un certain chevalier de Mouhy, de l'A*
cadémie de Dijon, connu dans'la littérature dé
l'époque par de nombreux écrits, entre autres
sa Paysanne parvenue (1 ) , homme ruiné par ses
folles dépenses, et qui se fit espion de police aux
gages de M. de Sartines pour exister. 11 fréquen-
tait la société des Nouvelles à la main, et tenait le
(i) Ce chevalier de Mouhy ,'né en 1703 et mort à Paris en 1784,
était de Metz. Ses ouvrages sont autant de mauvaises imitatious
d'autres éorils qui avaiLiitdela vogue. La Paysanne parvenue
lui fut suggérrc j) 1: II- Paysan parvenu, dt Marivaux ; ses . Wtf-
moires d'une I') Ht' 'h' q'uihtc viiircMit après les Mémoires d'un
Homme de quahti\ de l'al.bt!' î'ri'vot ; ses Mille et une Faveurs y
qu'on aurait pu appeirr les Mille rt nue Sottises , sont une plate
imitation des Mille et une \uits. IS'ous avons de nos jours plus
d'un chevalier d^^ Mouhy dans la littérature et parmi les espions.
534 MKMOmiS mtTdRHriT^
lieotenant de police au co«r«ttl de ce q«i t*y en
•ail el ft*y pavait, «f Quoique ma aanlé « lui éeri*
▼ait-il , ne me permette paa encore de fiiire de
longuet courtes, je me ania donné beaucoup
de mouTemenl pour eiécoter irot ordres , bien
fiché de n'avoir pu en découtrir davantage. Il
eat Irèa vrai que madame Doublet tient depuis
longtemps un bureau de nouTellea, et ce nVot
paa la aeule; madame d*Argeiital(1), qui eatrâ
time amie de madame Doublet, on tient m
tre ; Ton y rédige lea buHetina qui aoot oaauilu
envoyée aux diuem abonnés , tant è Fana c|UO
dans les pronoœs. Pluaieuiu pesuoanesd'un rmig
distingué et uaême dea ecrféaiaaiiquea Créqnes*
tant la asaison de ces dames et leur
quent les nauv elles qui sont b leur <
Ce n*était guère que lorsque cea &dlllus
toMÛont des choaes désagréables aux grandi et
aux ministres , que la police appeaantiaaait aoa
bras sur leurs auteurs ou les menaçait de ses li-
gueurs. Autrement on les laissait aller en paix 41
circuler ii leur aise , sans se douter que foo
une occupation à Tesprît public, et que l\
(t , Uadane d'ArgraUl , dooi il rtl ici qyentoa, teêl k
d*iio ambMHdcur étraoflvr k Parit . avec q«i Vtillalrv «I Im
de Irttrm ^uicQt en correapoodaDor. M. i1'li|iaf1 tek
homme de ktira», el a laiiaé de trà Jolta ?ert. Mort m •;
TIRÉS m» ABGHIVES. iSS&
gence ^i^enant de plus en pki^ aciU^, ies Mou->
Telles a la ma'm prendraient' plus de mar^. 9h
en vil un exennple Térs l'époque dont il est fei
qaeslîon. Dans un bulletin de Tannée 176à, il
arait élé dit que M, d'Hérou ville Tenait d*êtt*
nommé par le roi pour comn^ander l'armée en
f latedre , et que M. le prince de Beanvau était
destiné à servir dans cette partie, le roi nzyittit
pas vonhi le faire servir dans la même, artdée
ooe 'M. die Castries.
C^en fat assez pour exciser la bile de M. "Ae
Cbor5eu1;il écrivit h M. deSartines : ^ ^xm^yùn-
éreziiien^, monsieur, faire venir chézTotlÉle
faiseur de ces bulletins ridicules, et lui dire^e
vous le ferez mettre au cachot s'il s'avise Ae tàWe
paraître aucune feuine qui n'ait pas été revue de
la part de la police. Rien n'est plus indiscret lit
plus contraire a Tordre pubTic que de souffrir de
pareilles distributions de nouvelles. L'intention
du roi est que vous réprimiez avec sévérité cette
liberté indécente. M. le prince de Beauvau de-
mande avec raison la rétractation du bulletin,
qui se (ait chez madame à'Argental. Comme ce
prince est fait à tous égards pour obtenir la satis-
faction qu'il peut désirer, je vous serai obligé de
concerter avec lui les moyens de lui donner celle
qu'il demande en cette occasion.
« Le dlc de Choisedl. »
M. de Beauvau obtint naliiiraclion ; la nouTcUe
fat démeiilie dans un builelin suivant; mais tout
le monde nut c|uc c: 'était par ordre \n la police.
Ces Mouvtilies II lit main douiiairnt apparcm-
menl de î;rus bénriices; rar le nombre des dame»
qui en ctnitMit diri*rlrir«rA s'augmentait chaque
jour, et Uis bruits souvent les plus faux s'aecré-
ditaient avec cl*aulaiil plus de facilité qa*il n'y
avait pas moyen de les réiuter par des aitidea
patens, insérés dans d«>s feuilles publiques. Dé-
mentir certaines usscriions, c'est leur donner de
la vogue , parce qu'on n'ignore pas qae k poo-
f oir ne se fait pas f'jute de mentir Ini-nénie. Et
qu'est-ce qu'une autorité matérielle sans autorité
morale ?
M. de la Vrilliire, parvenu an minialèfc, se
mit en tt^te de couper court a cet abus; on verra,
en effet, par les l'ragmcns que j*en rapporterai,
qu'il était bien autrement craint que tout ce que
la presse b'est porniin, nit'me depuis quelque
temps, en Franrc. l/es|)èr(' de clandestinité dea
Nouvelles à la main pcnnci tait d y consigner des
anecdotes scandaleuM.*N en nommant les per^
sonnes, ce qu'on n*OM rail {i.ih se permettre an-
jourd'hui. Ce ministre rciutuniaïuL donc à M. de
Sartlnes un redoublrnimt dr «^(irxcMllancetetl'an-
lorisa a auir avri* l.i |iliis gr.indc ri^urur contre
les auteurs d(ï bulletin*» vi (-(ii:lro ceux qui en
tenaient bureau. Mais il en fut de cet ordre
rigoureux comme de tous ceux qui avaient été
donnés, Les honiniGS publics, les gens du mondé^
des niagistr<t(s, des évéïjues, étaient abonnés aax
INouvelles à ta main, et la police elle-même tirait
paru de ces feuilles comme d'un contrôle à son
espionnage et d'un guide pour suivre certaines
intrigues. De tout temps, en6n , il s'est troafé
nombre de gens pour jouer un double rôle, cl
l'efipionnage fournissait alors , comme aujour-
d'hui, son continrent de matériaux au journa--
lisme. Je ne dis pas" qu'il y ait une identité
absolue entre ces deux spécialités ennemies, tnaïÀ
il y a des rapports.
Outre ces bulletins qui circulaient dans l'inM-^
rieur, il y avait une correspondance élabHM
entre les gazeliersdc Hollande et les nouvellistes
de Paris. Ces derniers taisaient passer aux -a ufre»
des nouvelles qui paraissaient dans leurs feailles.
On s'abonnait en France aux gazettes d'Utrecht^
d'Amsterdam et de Lcyde, pour savoir ce qnÂ
se passait à Parisj ce métier était lucratif, «b
avantageux. M. de Vergennes, plus ombrageux
que personne sur ce qui le touchait, manifestait
une grande aversion pour une pareille conret-
pondance; il y signalait une tendance d'esprîc
très contraire aux véritables intérêts de b.
France, et propre à donner de toutes parts m|
S5ft MMOIRM IlIftTOIIIQCCa»
fiui«ste crédîl à des luensonfn sur Ut îiitonlîaiit
•t 1m tuet du gottverneni€nL La protaclMH
awUt ou la hâino mercaulile des gaielien* «i
•o eflbt une cause de transes conlin«elles. Des
secours maladroits ou des haines sna lamièfc,
ToUkrallernalivei M. de Vergennes s'y apf tau ds
tant SMi peuipoir» mais Tainemént; et» dn ta»
IM»^, cname a^nnt, les gazeues de Wellende
conlionèrent h donner les nouvettes de In ennr
eo tranaerivant les buUetina qui
\ayéa de Paria.
|i# minialre dee aflairéa éiiattgèws
casîon de «anifealer son epîni
tiens des gaaetiers, que je compare
^eMwssi fmém fnà ont fait tant d
ilfrtrotempat etanrtant pendant
cepmn et aona le minîatère de M.
H. Soard (4), en m qnaKtd do
■ H ■ ■ ■
■ ■ • • •
(i^ 1|« aesrd « M «I de» UnéraiMn lii
4srokr rièdt ; il ftil oeoiear rojral de U polio
fllllr*» Mfeiteire dtT Aeodémie f roBOilic , Irèi
•Ué itt eew do lottm Ifo plw céMbrw.
r«bbé MoRlId , doei il dillèraii ooum por h fâÊÊmm m r«b
biBlté , qiM par le Ulenl d*écrLr« ; d*eieellcw oeviafn ises
ibrtfc ëè û plume. W. Garai . rancira ministre de U p^Qn, ■
donne osf V» Smrd drs Mémolrpe înt^remaiii , es onv Ssrfi ^N^
Imdci Id>8*.
M-SoaHéUlt royalUlc «l'opinUNi ; n\u\% il fat loMroM A
fllBrddrtr^publioBlnft.donl II lav. lUappiVcierlrgrBod
tel errvwv et Ico ricè«^«>ii #^ff en dfsll de
TmKs DES iHcmvts. %9
police, avait dos relations lialiîlueltcs avec M. Lc-
noir; il lui présenta un écrivain qui 9e proposait
de iaire passer aux gazeliers de Hollande des
bulletins de nouvelles si l'on voulait lui en accor-
der la penuissiotij iiioiihint qu'il s'engngcaît a
o'y iuKérvr uucnne réUexioii pour ne ijlcsscr »jui
que ce fut.
M. Leiloir permit à M. Siiard d'en écrire à
M. deVergennes que cela regardait corame mi-
nistre des affaires étrangères. Celui-ci n'aurait
pas voulu Siins doute se priver hii-mcmc des res-
sources d'une pareille c(rrresptmdance privée ; mais
il ne voulut pas en donner te droit à un simple
particulier; il répondit donc a M. Lenoirfl) :
« J'ai reçu la lettre qne vous m'avez fait ITion-
plusicurs d'entre eux. Il ne confondait point, BTec les républicains,
des homme» obscora qui se jelaicni dans la ré'olullon pour l'y
enrichir et l'iibtindonner ensuite. 11 niouait leur dévouement , on
Uiimant leur gûiiit: criard, et leur reconnalsuit de la puissanoe
en leur niant des lumières. Parmi les élémens qui doivent régir le
monde, le HpuWiarnistne est encore rélémcnt le plus vigoureux,
car il a de l'âme et des bras; son malheur est do ne pas avoir^dc
téle; ses éludes sur les dévelapprinens de la tibcrlé sont tronquées
et illogiques ; il n'a pas le secret , il n'a que l'instinct de sa force.
Ihi dogme d'of^anisation doit porter en lui-mL'mesa saDCtioDjei,
toutefois, .jusqu'à ce jour, les plusCuugueux raisomieursdu yarti,
Iremblcurs secrets , se sont arrêtés a mi- chemin , cl ont rtbroussé
devant la plupart des conséquences qu'eniraîue ce mot de hberié
tl pea défini , malgré tant de controverses en thoa blattes.
(.) Jaillet 1791.
'^I^n MkMOII'.CS IIISKiP.Kil In
neur de in'écrire, el celle qui y élail jointe «le
M. Suard, touchant la permission que demande
un parliculicr inconnu, d*établir une correspon-
dance de nouvelles iivcc un gazelier de Hollande,
sous rotfrc, dr la pari du Tanonymc, de se faire
connailrr et desounirlire sa correspondance a la
censun:.
« Vos réflexions sur cette demande m*ont para
pleines de sens et de raison. Apres les avoir
bien pesées , je pense que les înconTénieos de
la tolérance, en pareille matière, remportent
sur Tutililé qu'on pourrait s'en promettre, mémo
sous la surveillance de ladmiiiistration. L*e%pé»
rience nous a convaincus que de lootes les rlaitra
des écrivains, celle des nouvellistes à gages est U
plus diflicile à contenir. Quel homme sage osera
se rendre garant de la c oiidiiiie d'un bnlletîliâste,
qui calcule ses profils sur le nombre d'anoolotefl
secrètes qu'il pourra n*cueillir? Kt quel honmo
lionn<^te se permeltra d'accepter uœ pareille
commission, après l'abus que d'autres en ont faîi
et la honte qu'ils y ont imprimée? Je suppose
cependant qu'un homme d'une prudence recoo-
nue obtienne la permission qu'on sollicite, et
qu'il en soit dip;ne personnellement, il ne pourra
pasemprcher, uLilgrc s.i xages^, que le gaxetier
avec lequel il sera autorisé à correspondre
n'emploie de!( moyens drtournrii pour se pro*
TIRÉS DES ARCHITSS^ 34Î
curer des nouvelles particuKères et souvent pé«
préhensibles , et qu'il ne les débite dat» sii
gazette. Qu'arriverait-il dans ce cas? que lé pu-
blic se plaindrait d'une tolérance légèrement
accordée; que les particuliers demanderont
justice de la méchanceté ou de Tindiscrélion du
gazetier; que Tadministralion sera rédciitè à' tk^;
nécessité de sévir contre le correspondant conltA^
et censé coupable malgré les protestations d#
son innocence; que le public et les particuliers^
fondés sur un seul exemple de tolérance, iniMi-
teront au gouvernement toutes les impertiilcncift
des gazetiers étrangeirset de leurs côrresponflbns
ténébreux. Ces observations, jointes à celk^ qtM
contient votre lettre^ monsieur, me confirlAlètit
dans l'opinion que nous ne devons point ànto^
riser ni reconnaître de correspondans français
avec les gazetiers; que ce genre de commerce
doit continuer a cire prohibe , et que ceux qui
s'y livreraient, malgré la prohibition, doivent être
sévèrement réprimés. Je compte toujours sur
volrc vigilance pour éclairer leur conduite. Des
avcrtisscmens sccrels et des conseils de douceur
peuvent en ramener quelques-uns d'un égare-
ment passager. Des penchans pervers, Thabitude
et l'esprit d'avidité ont rendu le mal incurable
chez d'autres; les conseils sont impuissans pour
34^ MÛIOIRES HISTOlUgUtS
ceaz-d, el les moyens de rigvenr sont les ee^b
^i poissenl leur conirenir.
9 J'ai l'konnear d*èlrei elc.
V De VnGEmm. •
Celle pièce est curieuse , comnM élua «do do
celles du procès engagé entre le poirrov ol ki
frondeors du pouvoir sur leur coatrco wéA^
proque; commerce d*arbitrairo d*«M pwt« cooi*
Borce de médisance de Taulre, Cooduo ^êê
Toodra I Les avocats respectîbont, flomnl
niion de part et d*atttre.
. Je citerai encore un fait. Le 7
M. de Vergeanes écrivait h M. Lonoir i • Le
aiow Dm Essarts» auteur de la GeHMt
d'Vîrêclu^ a donné lieu, pluieim Ma, k
plaintes sur la licence de cette liiaiUob ^
ment encore dans deux arliclea coImbmni «I
QUtrageans pour MM. Fleury et do G
c 8ur b réclamation des parties i
i'oi écrit a l'ambassadeur du roi, k la Haie,
a fiiH réprimander l'auteur par les mogisirols de
la ville d*ljlrerlit. Ot écrivain a reni lu léprî-
mando avec quel(|uc apparence de repentir;
il a ^n mAme temps adressé à son c
dant« ;i Pari«, mu* lettre d.ins laquelle il tonmc
en riHirnIf les Iwinr ;iirmr«»treH hollandais H leur
iiirri tiri t!r . «t r<*i oiM':i.ni !r ;i«i f orre«pondant
w
TIluis DES AEGIHVSf. $4$
de w$ n^n changer à «es bvUejUna $ ir^nolii iJb
conserver à sa galette TaTantage 4$ fêkt^ en ïmA,
tiiivanl son expression.
*« L-inaolfsnce obstinée de ce gaietier neu «
déteraiiné à intecdire l'entrée et le débit de sa
feuille dans le royaume, le uÉarque à M. d'Of
gjay (1 ) de donner des ordi^ en censéqwvlwe
an bureau des gazettes étrangères ; j-ea infamin
M. de la Vauguyon (2) et lui mande dé-^paév^
nir le sieur Des Essarta , en Favertissânt que sH
tombaibl^ dfH^ d^4 écarts semblables a ceux qu'il
a a se reprocher , nous poursuivrions sa punir
tidU' penonnèlle auprfes dés état^géiiérsMs^ de
ta pré4iiice dTftrëcht. Le cdrrespôhdénl: Aef ÎSèb
Essarts, qui l'est éh même ténii^ d^autr^^^é-
tiérs, tels que celui de BruieHiéa, est littmur
Foalhioux, logé à Paris, maison du magasin dés
eaux minérales, rue Plâtrière ; il reçoit ses let-
tres sous le nom de la demoiselle Rosalie Thon-
nos, qui n'est autre que sa femme. Il s'est avoué
auteur des bulletins dont le gazetier a tiré les
deux articles qui forment le corps du délit. Une
pareille indiscrétion mérite un châtiment exem-
plaire; mais son aveu, d'un côté, et la présomp-
tion qu'il y a eu plus d'imprudence que de
(i) M. le baron d'Ogny iHhiI inlcndant di-s portes.
(i) C'cUit rnmbassad'»wr de France h La Haie.
/ »
maiivaiHe iiitcnlîon dan» na conduite , nnoa mil
déterminé à ntrr d'indalgcnci! cnrers lai. \omm
Toudrez bien « cependant , lo mander par de-
Ten vous, lui faire une séTèrc réprimande el
lui défendre d*avoîr désormais aucune correa-
pondance avec Des Kssarta , sous peine de dé-
sobéissance et de punition. Je vous serai oUig^
do m*informer do tout co que vous anres fait m
co sujet.
ic J*ai rhonneur d'i'tre , etc.
• De VEaGl53iB. •
Continuons a scruter l'espèce de sunrcîUasiee
qu'exerçait Tancien gouvernement snr l«a cor-
respondances qui l'inquiétaient.
Foulhioux , dont il vient d'être question , élail
un de ceux qui lui donnaient le pins de aoncss
à cet égard. Il était souvent Tobjet de plaintes cl
do réclamations : aussi le teiiaît-on sons
surveillance étroite. On lui avait pardonné
bulletins dout.il a été question plus hanl;
ayant repris sa correspondance avec les
tiers de Hollande, il fui arrêté (janvier I7M) el
envoyé à Biccti*e. Tout son crime se beraeil
pourtant à avoir écrit qm: l'intendant de U gé-
néralité de Clcrniont avait fait emprisonner des
collecteurs en relard de fournir les rôles tie
contributions qu'ils étaient iliargés de lever.
TIRÉS DES ARGBIVSS. 34^
Ce Foulhionx si malttaité éiak fort inatiirfl
des ffrito de' chacun , et la connaissance qu'il
en donnait aux gazetiers hoRandaia lui fil pies
d'une fois des ennemis opiniâtres , tel q^ k nt
Arnaud-Baculard. .. i
Néus avons tous vu, à Paris, cet autCBr 4|m
Epreuves du sentiment j et de quelques anifts
écrits, aujourd'hui peu rocfaerehés. CrapulMlt
dans ses actes , et pastoral dans ses pardUt,
d'une larme Ârnaud-Baculard faisait n^ne bêi|-
teille d'encre et d'une goutte d'encre un yoluvie ;
il jouissait d'une célébrité bourgeoise.^lls'ét^
du reste, rendu méprisable, aux yeux de cei
qui le connaissaient , par son cynisme et sa coa*
duite ignoble. Le nouvelliste Foulhiôux àViit
dans cet homme un excellent texte à glosée,
une victime a jeter a la risée publique, néces-
sité de tous les temps. Les ninllitudcs ont be-
soin d'un plastron. i>aculard prêtait le flanc kla
morsure : Foulhionx n'y manqua pas. H adressa
au rédacteur de la Gazette d'Utrecht des parti-
cularités qui ne faisaient que trop connaître le
vice honteux de ce larmoyant romancier. Ba-
culard s'en plaignit a la police, avec cet accent
de douleur qu'aurait à peine employé le plus pur
des hommes : «f Monsieur, écrivit-il a M, Le-
noir (juillet 178.)), je vous prie de ne pas ou-
blier (|ue ma vie cbt conlbrme à mes écrits, et,
J^6 .Mk.UOIHCS UUlOklvLES
en cooséquence , j'implore votre jutlice coBtre
ce trélëral obscur de Uoy«r (1) qui m'a d\tUwU
dausi U Gauiiê d'Vir$$ktf du 7 juin 1786; je
vous en conjure, lî vous me rcfuûcA ce qM
l'humanilc mrmc oulragée exige, coMÎdéres k
quelle exlrémiié vous me réduis». J*aî llion-
neur d'être gentilhomme et attaché à
giieur le comte d*Artois; je porte aussi
pbintes à M. de Vergennes; j'inû bm jeler aax
pieds du roi , s'il le faut. »
La lettre que M. Arnaud écrÎTil k M. de Ver-
gennes est encore plus pathétique.
« Ce n'est point ce Boyer, dit-il, qui a écrit
contre moi, quoique aussi ouvrier de mensonge.
Le scélérat est un nommé Foulhion, asauvaie
sujet déjà repris par la police ; il ne fuftt pea
que sa rétractation soit consignée dans
publics. Je me flatte que votre équité si
plongera pour quelque temps ce monalre daw
|me prison infamante. C'est un assafiin aoryl.
On lit en Amérique, en Angleterre, parlqui, cet
horreurs qui ont des ailes. Encore uqe ffia, ce
■■ ^
( I ' Cr Oo) cr n» Ir »/i»r qui rrdictt, prndanl mm ystllt éê li
rt«o^llioll, Ici i\ou%tiées pnflti^neSf dr^mucs» «prèi éà^wnm
iiitt.iiiinr|ihiiMr«, Journal éi^t Pétais. €Tèu\t un hommt loalnril,
rl'tii: f Mt I ur;.irf*i I , tl a |i*fi. l'i ninir ctMnaiiicu df
daiiLC atrc In riiuuiii» de la France , m l'ii^.
nW pas le gentilhomme , lliemflke éé tMt^lti
attaché à monseignear le cdtbCe tl'ftWoin, ék
qnaDté de son secrétaire, c'est l^énMIèdë-^
ponillé de tous ces valons alentoaf^, Mi ëttH^Mfe
tos genoux, et vous demande jtîsttee. nt ' ^ ' !
M. le comte d^Artois avait daiîë Bactttkfrd «A
secrétaire de bien mauvais Ab\ , et si liiiyét ^Û
Ponilhioux avaient pu le coirrigér^ ée sèfli vilflitt
goût en lui donnant delà piihllciiéVlblii^qQ^t^
police eût dû les en punir, 9s nriéélétk Mérité
une récompense. Mais, hélas! tés ^Éetlers lât
corrigent personne, pas plus qàé/Pèfh|B[e cof^
rige les gazetiers.
Louis XV n'avait pas éîfi aussi vindicatif iiO^Af^
naud , k Poccasion d'une myslîflcation d^titrf-
gans, publiée dans les Suïïéiinê à Itf mtftn, ipA
se rédigeaient chez madame D(fublet, sous le
ministère de M. de Choiseul. On y avait inséré :
« Que M. le marquis de Puîségur, lieutenant
général et cordon bleu , cherchait à faire un bon
mariage , frappant h toutes les portes dans ce
but; qu'en conséquence, on lui avait proposé
une bâtarde du roi , dont madame Adélaïde était
la mère ; que cette bâtarde aurait 60,000 livres
de rente , et qu'un présent de 50,000 mille fr. ,
s'il déboursait, mettrait la royale adultérine
entre les bras de M. de Puiségur; ce qui deve-
nait une affnirc dor. Celui-ci emprunta cette
548 MKMOIIIIS lUSTOAlQtfcS
somnie. On ajoiilait que ceux qui lui propoMÎant
ce mariage le firent condaire a Versailles , ci laî
recommandèrent de se tenir sur un escalier par
où devait passer madame Adébîde. — • Remar-
quez bien « lui dit-on , si madame se frotte le nés
avec son éventail » c'est une preuve qu'elle voua
agrée pour son gendre. » — La princesse , en
effet, se frotta le nea , c'était aon tic ^ les entra»
metteurs touchèrent l'argent , el M. de Pniségvr,
au lieu d*un mariage , eut à s'occuper des fripooe
qui l'avaient joué pour en obtenir en jnalice le
remboursement de la somme escroquée.
Cette baliverne , qui fit rire aux dépens 6m
marquis , n'en excita pas moins b colère do la
maison de Puiségur; rien n'était d'aillcnrs plan
faux; la plainte en vint aux oreillea du rai;
Louis XV paraissait disposé à se fâcher, maïs le
duc de Choiseul eut le bon esprit de Im &m
apercevoir que ce n'était qu'une plaisanierio,
peu déplacée sans doute , mais qui n'avait
de criminel dans l'intention ; l'auteur dn bnlls-
tin en fut quitte pour £tre vertement adoMmaalé
par M. de Sartiiics ; mais la mystification n'en
eut que plus de vogue et de mérile.
On peut juger maintenant quel casse-lêlc an
donnait la police pour contenir les écarta 4a
ces rorrcspondanccs 8ccr«'te5 ii Ididc desqucDca
ou remplaraii la iilicrti* de I.i |irc&»r. Leur vo-
TIRES DES ARCHlVtS. 549
gue élail soutenue par la malignité et la curiosité
publique ; les évêques mêmes voulaient recevoir
les Bulletins àla muin. M. l*évêque de Lisieux écri-
vait à M. Lcnoir : « M. Tévêque de Lisieux assure
de son respect et de sa reconnaissance M. Lenoir ;
voudrait-il bien lui faire dire si une gratification
de quarante ou cinquante écus , tous les an», a
l'auteur du Bulletin sera suffisante? Comme il
ignore son nom et son adresse, il prendrait la
liberté de les lui faire remettre. »
Le lecteur est suffisamment instruit désormais
de l'histoire de ces JNouvelles à la main ou cor-
respondances secrètes qui, fréquemment, étaient
par un double contraste, l'objet des rigueurs et
de la bienveillance de la police , surtout lorsque
la police en faisait usage pour divulguer des faits
dont elle ne jugeait point polilique d'avouer elle-
mcme la circulalion. La liberté de la presse a
rendu ce manège imUlle et la lâche de la police
moins compliquée. Mais, comme Tinconvénient
persiste et se reproduit dans un pays dont Tad-
ministralion est à refondre tout entière, on en
a surchargé la magistrature, et la régie de ces
paperasses est maintenant tombée sur les bras
de nos tribunaux.
CHAPITRB LU.
IL <• MMllHlwi rt to
M. de Chtpauel de Gaerriné , riche
habitant de Saint-Domingue, aTait, danawi
jour en France » en 1 775 » (ait U con
MÉMOIRES HISTOniQUES TIRES 0KS ARCHIVES. Ht
d'âne cfamoisello Ner^illé^ il en atiaifl été t|<M^
amoureux, et cette possession lui avait pafr^' fie^
comble du bonheur. Pendant un assez tonsg €|l{>ace
de temps , la jeune personne, poussée par une
ambitîoa <]ue Ton conçoit de reste et voulant
donnera cette union libre un caractère de légî«
tîmité qui trompât les scrupules de son eniou*'
rage, prit , sans doute avec le consentemeirt'tii'^
eito de M. de Chapuixet ^ lé ndm même ^ Mm
amant et sél armes. Des orages s'ôtant éievéa
entre eum, M. de Chapuizet véulut rentrer; ca
poÉseÉbioR des lettres que sa maîtresse , qui avait
eéaaé de l'être > gardait entre ses mains. Il 4it^
%Mii aussi qu'elle discontinuât de se servir de aéa
armes; eafin, il exigeait la restitution d'un test»»
ment , et que l'autorité le mît à l'abri des ponr^
suites dont la demoiselle Nerville semblait le
menacer. Dans de semblables affaires , il faut
s'attendre à voir les gens qui se plaignent, exa-
gérer grossièrement les charges qu'ils font peser
sur leurs adversaires. Les arrangemens d'amour
sont plus assujettis que tous les autres, quand ils
se rompent, soit par lassitude, soit par incon-
stance, k ces exagérations, dont il résulte des lut-
tes de mots piquans ou de sales calomnies. Aussi
doit-on se tenir en garde contre ces animosil'és.
Il faut entendre parler M . de Chapuizet Itti-mcme j
r>52 MÉMtHRCiî HUTOniQUU
voici ce qu'il diaaii à M. Leaoir au mois d'aoàl
1783:
If MoDiieigncur • le sîciir Chapulset de Gner-
riné« habitant de SainUDomiii{;ue • a Plionneur
de vous «*xposer qu'il vint pour h première foM
en France, en 177!>. Il y litail depuis six mois
lorsqu'il reçut une lettre d'une femme nommée
Monijette ; on lui indiquait une jeune pertonae
qui avait envie de faire sa cpnnaissance. Celte
lettre piqua sa curiosité ; il se rendit k l'adwase
qu'on lui avait donnée, rue Saînt-HoBoré, en
face de celle de Champfleuri. 11 y trouva la de-
moiselle Nerville , qui pouvait bien alors avoir
vingt ans« etqui lui plut. Il vécut avec celte fille
pendant dix-huit mois, et elle loi déptosa <pia-
rante mille frams.
« Kn 1777| il retourna à Saint-Domingue; et,
dans les premiers temps, il écrivit à celte fille
plusieui*» lettres tn*» |i.issionnées. Elle lai avait
demandé, avant son départ, son cachet, sa livrée
et la permission do purtcr M»n nom ; tout fut
accordé. L'exposant a :ipj»ris (|ue sous ce nom
cette femme a\aitfait ptmr quarante mille francs
de dettes pendant miii al)!»enci'.
« Le sieur Chapuizet se trouvant de relonr à
Paris pour une att'aire majeure , cette fille voninl
TIRÉS DES AKGHIVla*.. ^55
renouer avec lui; elle a tout tenté {MNir celaj(i).
Ne pouvant y réussir, elle veut le rançràner ;<dUlè
le menace de fe déférer aux miiii|sli;Q8%:^i')tîri^
bunaux; et tous les jours , dans ton conciUalmle
cpmposé d*une douzaine de garçons] perimipuÉr^
ou d'autres gens de cette espèce , elle maclûne*
quelque chose contre Texposant (2).
« Cest dans ces circonstances 5 nionji^îgneu]^^
que Vexposant a recours à la justice deivptjçe g;{fi|;ç-
deur ; il vous supplie de faire qujttef«.8^i)|jn|9P4
ses armes , sa livrée à la demoji^el^le ]^çi!:Yil|l^ ^^
(1) M. ^eChapaizct se tait, dans cette feqaéte^ iticde fnédtHi^
térieurqui lui avait fait répudier celte fille. Slle^f ut ipQonfc^tfl4f|]
ment tort de prétendre aie rançonner; elle eut tort de faire, jons
)e nom de ikiadame de Cbapuizet ^ potir env ifoti '$o/,oob mÂA é%
dettes; mais pourquoi , lorsqu'ils TiTaieot enseoibleV'l^^iitlit
m\sc sur uo pkd à dépenser en dix-huit mois une autre soninie
de 40,000 francs? La police ne pouvait a\oir que fort peu d*égard
à ers coijsUicraiions; elle ne \oyail ici qu*un homme dupe de sa
faiblesse et de Taitilke d'une jeune femme sous main couseillée
par de fins donneurs d'avis. Il importait seulement de mettre
un extravagant à l'abri des suites fâcheuses de son imprudence.
[•y.) C'est par la connaissance qu'elle a si souvent acquise que les
intrigantes de cette espèce sont en secret dirigées par des aigrefins
de troisième choix ou par des spéculateurs den bas, auxquels elles
s'abandonnent en affichant tous 1rs dehors de la fidélité, que la
police a traité durement ces sortes de femmes, cl a employé l'ac-
tioii disci étionnairt" de son pouvoir à soustraire les hommes en-
sorc lés aux résultats inévitables de ces liaisons. Un abus corri-
gerait un autre abus. Selon qu'il fera plus ou moins rigoriste, le
lecteur prendra parti.
Ml. -ir,
dt fiîre rendre b Ti-xpo^nnl Im Irltn*» qull a m U
ftîbleucde lui rrriro, aitiHi qtrunteslamriil qu'il
loi confia en 1777. O faisant, il ne ce^^vrz d\i-
drester au ciel di*s vœtit pour h sinlc f t la pros-
périlé de voli*c grandeur. •
En pareil cas, les plaignans ne se bornaient
pas a s*adresscr au lieutenant de police i iU
voyaient les commis h quiTaflairc était renvoyée.
LIriRpectcur Quidor , a Tépoque dont il s agit ,
avait la partie des filles publiques et des Tetaimes
entretenues; c'est à lui que M. de Chàpuizet
porta sa plainte et en détailla les motîft. L'obli-
geant Qoidor ne demandait rien , mais reccTait
ce qu'on lui offVait (1). 11 écouta donc arec com-
plaisance tout ce que lui dit le plaignaat wur la
tille ^'errille, et toîcî le rapport qa^l fit un
magistrat.
(i) Madame U ourquiic «le Ruffrjr , mère de la
Sophie marquise de MooDier, al célèbre par tei avcal
comte de Mirabeau (i77<») , donna ceut luuU j Quidor _
fait la capture de m fille m Amvtcrd^m , où elle «avait avec la
comte, toui le nom de .*/. et ma iame de S^int-Mmikiem, V
sur ta conduite de \m police dan» cctt« affaire , le prrmicr té
drs Mémoires sur la v/r privée et publique du comte et Jtfra*
hemut 4 vol. in-tt*; ihtz B4»^wiigr, ù l'an^. 1817. Ot ou«rafr, «■
des plu» propn-% ii faire comi.iitr^' ri'i'nq .« , Il« rtcr.rment et les
persoiiuagi» «:oiiirm(«oraiiUcJr la %ir |.oiitii|»c du célèbre drpulé,
e\\ d'un auteur qui !*■ connu et qui a lu d'rsorllcna ouiériaas
|Miiir rêdiff-r i r« Mémoire, s.
TIRES DES ARClllVES. ^55
> • i
Itàppori pàrUautier sur là ikinoUétle Nèhtirp. ' •
* ■ t .■ : 1 . i
« Monsieur, j ai difTérc jusqu'à ce jon)r ip^pn
rapport sur le compte de la prétendu^ in%rq\|j^
de Chapuizet , voulant avoir des détails certains
et circonstanciés de sa coriduite etTormnlettlre k
mèine de prononci^v sans crainte d'eh^ilr iilili^ lii
dethbhde At M. dteCfaà^ûis^èt de iïMttiiif:^*
c Je ne crains donc point de vous àssiirèr qiije
la lecture de mon rapport vous inspirera le^ius
souverain mépris pour cette miséirable, eï que
TWkwt «riMridreEpas vious-lméme d'dser dé Votre
aMonté pour lin défendra 4e porter un tioii qui
M lui appartient pas et qu'elle n'a déjli que trop
indignement traîné dans la rue.
ir Native de Châlons-sur-Saône, et se disant
bâtarde de M. Voyot de Nerville, nom que per-
sonne ne connaît et ne porte a Châlons, elle
débuta sous ce nom, quoiqu'elle eût un frère
garçon limonadier au café du Commerce à Bor-
deaux, et qui s'appelle Dodile.
€ M. le baron de Crcmeville eut ses premières
faveurs dès l'âge de douze ans, et vécut avec elle as-
sez long-temps; mais elle lui fut enlevée pour être
rî36 M»MiilHI<» IIIMiihlvl r*"
livrée il M. le marquis lie Moiirr|iuA, dv^ œiivrc%
duquel elle devînt grosse , el lit une iauise cou-
che.La nommée Durand, qui lui avait procuré cet
entreteneur , fut , pour nrcompcnse « placée
femme de chambre à sun servlre, où elle est en-
core avec le» fondions de confidente , de pour-
voyeuse et de marcheute dans l'occasion.
CI Ce fut dans ces entrefaites que M. de Cha-
puizet en fit connaissance , par l'entremise d'ane
nommée Mongé, courtière d*âmour sous le intB-
teau ; elle n*avait alors encore queseixe ans, nuit
Texpérience la plus consommée des nibriques et
des finesses du libertinage.
« M. de Chapuizet, amoureux el igaorani
aventures antérieures, lui monta ta
Tentretint sur le ton le plus brîllanl« et
m^me qu'elle prit son nom dans tous Ira endroits
publics oit elle voulait se montrer. Forcé de re-
tourner en Amérique pour améliorer ses habita*
tiens et pour réparer ses aflaires que la prodiga-
lité de cette femme avait dérangées, il lai laiwa
deux cents louis en or, un mobilier de donae
mille francs, et une garde-robe de la mime
valeur à peu prè5, avfc promesse de lui conti-
nuer ses bienfaits.
« La prétendue marquise ne se vît pat plalôt
TIKÉS DES AKCliffVES. 557
libre que , donnant essor a son goût pour h li-
berté , elle se donna pour grètucKon lé nommé
Seigneur, son coiffeur, ()ui /dans ce nràdiélii
même, use de ses droits toutes les fois (jdtf'Bo^'
lui semble. 11 en fait sa curée ; eHé rëtilif^eAi ^'
ensuite , renouant avec M. le marquis de Mèbré^'
pos, elle voulut lui faire partarger ses ftvètft*'
avec uti sieur Mainguet , qui était au monléilt dé
traiter d'une charge de notaire; maii ccfs ^^t'
rivaux, ayant pris de la jalousie ',i finirent ptitst
battre , et le sieur Mainguet fut obligé dé passer
en Amérique, où il est mort depuis. 1 .
< Le choix inconsidéré qu'elle fit de seé caitift*''
rades de lit dissipa bientôt rargent , les meuUesy
le linge. Alors il fallut avoir recours aàxlettlres^
pour attirer les chalans. Ce moyen eut d^abotd:
quelque succès , car un financier , dont j'ignore
le nom, vieux garçon, et dont les domestiques
sont habillés en bleu, vint a l'adresse indiquée
dans la lettre , présenta quelques ofi'randes, dont
il reçut le prix , mais disparut au bout de quel-
ques jours, dégoûté par les desordres dont il fut
témoin et par l'ivrognerie de la princesse. 11 en
fut de même de M. Faucheux , qui est à la tête
des poudres et salpêtres; trois ou quatre visites le
rassasièrent. M. leducdeGcvres, h qui les mêmes
lettres avaient ctc adressées, fut effrayé de la di-
l>rnbc 3 il ne voulul [»as niui'drc k la Jii'i»ppc.
.156 MKMOIRES HISTORIQUU
ir Acetlc époque, M. Savalelle de Lange (1)
ira en fonctions pour ses dix louis par oioît, \}mm
si petite somme ne pouvait suffire qu'à la loileUe
de nuit ; auui eul-elle recours aux apparcilleBre.
MM. le marquis de Tboin , le comte de VaMBié-
nil, etc. , introduits par le nommé Ilébert , dont
le métier vous est connu , entèrent leur nobleas
sur la sienne. Un M. Lanet, financier, paml»
pendant un mois, vouloir se fixer; maia les
mêmes causes qui avaient fait fuir les premien
firent aussi disparaître ceux-ci.
« Enfin , chassée de son appartement par la
vente des meubles , et , retirée dana an hôlel
garni , me Baillif , elle n'eut pas honte daller
tenter la fi>rtune , chaque soir , dans le jardhi ém
Palaia-Royal » accompagnée de la flle Bënuwi ;
et M. le vicomte de Poiignac^ legi an Tni»
leries , attestera la prestidigitation anpérievre de
la belle dans les fnrtives complaisances qne Ten-
bre favorise et qn*nn gentilhomme paie si géné-
reusement.
Depuis six mois que la demoiselle NerriHe ert
rentrée dans ses m«:tiblc8 9 rue de Richehen. gràea
à M. Savalellc de Kanere, qui lui en a acheté ponr
mille écus, elle ne sort plus pour chercher pm»
Il -'t il' ^ t-ilr il I t. •' t !• «4* -;i -UM (Uiiii* . il r^Mplj* •
TIRÉS DJfS iRCHlVW. 3tfi|
tique, mais elle n'en est paanidiiia entourée. dhm
CQDcillabale de favoris. Un liei^ deSainV3laiie^<
espèce d'aventurier, venu a Paris pour «Sipcpcèe
qu'il ne fl»it guère , paie les faveota dt tMfMit^
par les conseils qu'il lui donne , et ^e bttsonnde
Gremeville, qui, depiûs six semaiaM^ a ralluifé «M)
premiers feux, vient de lui payev sop teréie;r. iia-i
if Une pareille créature peut-elle revendiqfaff
le droit det porter pubUqme^ei^t 1^ pf^g /d'jin
l|pq[une4eqw elle n'^ Ri ^Jfqm*^^Mmfm%^m
efifans? A )i| v<rit^, U. d<i Chap^s^ti deAik^^Arr
lir« de runM^pr, Ini i^yai^ pflri»M<r i)9»i%iR|0aMnfr *
depçjB^nir de sop now ç| dn AU Jfxf^»^ l»4l»
même il avait fait un testament olographe , m'ÎJIi
a cass^ d^pu^s , et lui écrivait d'Amérique k l'a-
dresse de madame de Chapuizet. Revenu de
son erreur, et instruit des désordres auxquels
elle s'est livrée pendant son absence » n'est-il pas
{onde k réclamer l'autorité de la police , dont
cette fille est naturellement la subordonnée ,
pour lui faire quitter son nom , sa livrée et ses
armes? S'il souffrait au contraire plus long-*temps
cette usurpation , ne deviendrait-il pas le com-
plice des escroqueries qu'elle se permet journel-
lement a l'abri du titre de marquise , et qui ne
se sont déjà que trop multipliées, puisqu'elle doit
près de 40,000 fr.? Il me semble que M. de Sava-
lette se compromet en protégeant cette fille et
Tlfio >irM<IIR»S Hl^lOKlol'IS
nn lui coiiftfMlhnt d'attaquer M. de llli.ipui£et eu
justice 1 1* parce qu'il eut impossible qu'elle con-
serve sans sacrement nn nom qui ne lui appar»
tient pas; 3" parce qu'ayint été un de ses amoo-*
r<fliY« eine pouvant manquer d*étre mis en cauae
par Ai* de Cbapuizet , il se fera rcfrarder ou
comme le mignon, ou comme le prugeur de cette
coi|iiine«
« Vous pouvez , monsieur, prévenir l'éclat en
vous serrant de votre autorité , arec d'autant
pins de justice que cet eitrait de sa condnile
vo«s apprend sufisamment dans quelle classe
éé femmes galantes ladite personne doit être
rangée.
• 4jO rapport « comme ou en fera sans donle par
imlliors dans les époqnes oii les unions libres ae
nanllipUeroBt (et elles tendent à se multiplier
plus que jamais), engagea le lieutenant de po-
lice, non pas à des actes arbitraires via-â^vts
de la demoiselle iNer%illc , mais à la —ander
ponr l'entendre dans ses justifications. Qnidor
se rendit chez elle pour lui faire savoir oclle
détermination et l'accompagner chez le ma*
gistrat. Elle refusa de s*v rendre , prétestant
de sa santé délabrée ; alors l'inspectenr en-
g:igeii avec clic une conservation dont il rendit
TIRÉS DES ARCdlVeS* 56 1
compte au lieutenant de police. On y lit qu'elle
reconnaît ses torts ; qu'il n'y avait que Vinexpé-*
rience et les mauvais conseils qni l'avaient en*
gagée à mettre de l'opiniâtreté dans celte aflfaitre
et à refuser de quitter lé hom qu'elle porte,
•r Mon parti est pris, ajouta-t-ellé; je m'ojecfàpé
avec Préville à nie mettre en état de débuter
dans quelque temps aux Français. Je vais 'cesser,
dès ce moment , de signer marquise de Chàfmtet;
et , comme il serait impossible d'empêcher toua
les voisins de m'appeler de ce nom , Iq iéi^ ffius
lequel ils i^e connaissent, je délogerai au tejçip^
prochain. »
« Comme il aurait été à craindre que la légè-
reté ordinaire a ces sortes de femmes , ou des
mauvais conseils , dit l'inspecteur Quidor, lui fis-
sent changer de résolution , je lui ai fait pro-
jucltre de vous écrire pour s'excuser de ne s'être
|Kts reiîduc a voire hôtel , reconnaître le tort
qu'elle a de vouloir, saijs aucun titre , continuer
rie porter un nom respectable qu'elle reconnaît
ne pas lui appartenir, et se soumettre a le quit-
ter, ainsi que sa livrée et ses armes. »
11 paraît que M. Savalette de Lange portait de
l'intérêt \\ cette (illc, qu'il avait parlé pour elle
il M. Lenoir, et avait défendu ses intérêts auprès
de lui. Il chercha surtout à excuser la demoi-
vSclle.Ncrville par la ( onsidératiou assez spécieuse
r>Ûl MrMi»lRE« UISTOHIQLES
que M. de Chapuiict la laissa livrée i elle*
mcmc 9 k «a jeunesse et à |a séduction eu partial
pour rAinérique; que le nom quil lui aTâit
donné , et sous lequel il lui écrivail de Saiol*
Domîngue , était un motif très excusable poof
prendre , et qu après Tavoir pris du consente-
ment de M. de Chapuizet, c*était faire un affrool
public à cette femme que de Toblig^ à le quitter.
M. de Savaicttc demanda qu*au moins M. de Cka-
puixet aMuràt un sortk sa protégée.
Le magistrat , qui aurait Tonln obliger le atl-
licitenr, chargea Quidor de traiter «Tec M. 4m
Chapuizet celte affaire , et voici le rétnltst et m
démarche :
a5 avril t7#a.
« J*ai vu M. de Chapuizet » qui m*a &il pivt
de ses objections à la proposition d'aMVWU
sort a la demoiselle Ncrville , soit par une fMlc
viagère , soit par une somme donnée eoaipteol.
J*ai encore tenté de l'engager à quel^piM pcrî-
ficcs; mais inutilement, car, outre lee glMat kl
plupart fondes , qu'il a contre elle , je le rreit
dans une grande détresse par rimpotfUHlité de
jouir du produit de ses habitations , et il a c«b
de commun avec tous les Américaine depuis le
commencement de la guerre. Quoiqu'il ni*ait as-
sure que \aiu hii avic^: promis la remise de son
TIKÉS DES ARCHIVES. 56^
testament ainsi que les copies de ses lettres , je
n*ai pas cru devoir m'^én dessaisir jusque hôt|v$ii
ordre de votre part.
Mal^é le premier refîi^ de fairi^ qàèlqtiëé sslV
crifices en faveur de la demoiieltë ifiTérvIIlè,
M. de Chaj^uizet fut oMtgé d'en vëhii^ X (fé dé^
neâment: ce fntk cette condition qu^il éHt ses'
lettres et son testament. Dans le désir qti'atvait lé *
magistrat de prévenir l-éclat et par chiMte de'
voir cette femme triotripher dè^aal léÉT tîKbiîtiàhii,
il fit ce qui dépendait de lui potlf cônciliéi^ cëitè af*
faire é^neuse ; il craignait qné^, suivant iè €ëtisèSI
de M. Savalette, la fille Net^ville n'assigt](4tM. de
Ghapuizet au Châtelet v et qu^nn^e fois le j^rocèa
^g^g^ 9 on ne Mtplus maître dé Tévëhement.
Malgré le ton affirmatif de Vagent Quîdor, qui
voulait subordonner la demoiselle Nerville a
Tautorité de la police comme fille de joie, celte
affaire était d'un tout autre ressort; et, devant
la magistrature , un oubli de forme , un men-
songe intrépide , une séduction mystérieuse ,
l'éloquence d'un beau parleur, ont fait rendre
de si singuliers arrcls , qu'il n'est pas toujours
prudent et économique d'en risquer ia cbance.
Je passe à une affaire do mcme sorte pour le
564 nm iftiA m.^: ttiv<i.*
rétaltjit, el prevj^ie Je mêui*? c^pcce djn» mio
origine.
M. de Slonth loa éiait un inaii«lr«t ilunt on
proclamait généralement I intégrité, bon. l'jrile,
ami de* plaisir», comme le »ont assez ordinaire-
ment les hommes li^rë^ à de» tra«au\ pénibles el
qui cberchent des délassemens a les ialîgues do
tête entre les bras des femmes dont leurs com-
plaisances et les atf entions di-!icates sVmparenI
facilement de leur espri*. Sans s'affranchir abso-
lument des obligations dn mana^e , il lui iallaity
au-delà de ce devoir froid et sévère, des lieno
plus fertiles en distractions agréables. Sa femme
ne l'enchaînait pas absolument. D'abord moos-
quetaire , ptûs conseiller au parlement de Mêla
et maître des requêtes , M. de Montholon éuii
procureur général à la chambre des complca«
lorsqu'on i77i il fit connaissance d'aae jennr
fille du nom d'Elisabeth Remy, âgée de dii aepl
à dia-huit ans, née au château de Prège, pièi
Luaembourg.
dette liaison avait duré six ans et n*aTail paa
«':té sans agrément pour le génércui magistrat.
11 couiblail sa jeune ronquêlc Je bienfaits; Texi-
grnrc augmentait d'une* part et la facilité de
r;iiitre , sans obsession rommc san« faiblesse*
l«)u( naliirrlIirnuMil I nr < orn>|>fHiii.incr pleine
TIKES DES ARCHIVIÎS. 365
de tenclresse de la part de la maîl^esse et M
l'amant , se soutint pendant tout le temps 4^
leur Irtitiuenliitioii. CcUu currespondaiice fut
l'objet principal et le motif du rccoui'â k la po-
lice. Grùcc II des conseils pcrtïdes ou intéress(;s, '
la jeune Hlle, qui priîtciidalL avoir étû mère de
plusieurs cnOins, dont tiii seul vivait, devint
exigennie et laissa percer l'inlenlion d'abuser
de la faiblesse du magistral pour en obtenir un
sarcrùit de générosité. La fortune de celui-ci
ne lui pcrineltait plus de se rendre aux désirs
de la demoiselle Kemy. Un peu de froideur de
li,part de M. de Klontliolon aigrit la jeune
Femmo ; elle lui fit entendre que s'il ne satisfai-
mt pas à ses exigences, elle pouvait le perdre.
Usuffisait, suivant elle, d'un éclat j de communi-
quer, par exemple, les lettres qu'elle avait en sa
possession a la femme légitime et à la famille
de M. de .Monlbolon. Le public, alors, grùce aux
indiscrétions des scènes de famille, saurait à
quoi s'en tenir sur un magistrat qui déclamait
parfois en public sur les déréglemens des mœurs
et ne se grnail pas dans les siennes. Ceci deve-
nait sérieux : l'amour ne s'étant pas développé
dans la jouissance , mais y étant mort de mono-
tonie et de saticté, el de |)lus, Aï. de Montholon
ayant mis à jour des inlrij^ues de ta part de la
demoiselle llcmy, appela à son secours M. l.c-
noir, alors lieulenant de police. 11 lui admisa, le
6 décembre 1 776 , une lettre dont nous ne ov
tiquerons pas l'amertunie, mais qui prouve i
que! point on a\ait confiance dans la prudence
et dans rintelligcnec de la police pour arranger
de semblables aflaires « qui , soit dit sans épi-
gramme contre la magistrature, abondaient
fréquemment devant le tribunal secret.
« J'ai recours à votre amitié et 2i votre j
tice, écrivait M. de Moiltbolon , pour bm
dre un service dont dépend ma tnnquillilé et
le bonheur de ma vie. Très attaché î mé ré-
putation , je me vois à la veille de là IfMvtt
compromise par l'atrocité d*une femiBe pMÉ
laquelle f ai éptiisé tous les genres de bieabili :
j'ai été dupe , on me veut victime ; et le Uh
bleau que j*aî à vous faire contient , avec b pltt
exacte vérité, tout ce que le libertiaag». li
fausseté , Tinfiimie ont rassemblé dltoireaii.
• En vous parlant de mes faibleaaes , je ma
distingue pas Tami du magistrat ; en vbw pi^
gnant les pièges auxquels j*ai sncooBÉbi , lll
dangers que je cours, je me mets entiènmtttt I
votre justice.
« Il y a environ six ans, qu'occupé dans OMh
cabinet , je fus distrait le soir par Tarrivée d*aM
jeune personne qui se dit de Mets , et appar-
tenir aux plus honnêtes gens. Elle se réclamA
tlftÉli DES A^fcttlVfei; ^67
4e la ftfkme d'txtï béH^illét- àlH' PàVlëMént de
fàtlz qihte f àvdiâ cltlliYé péiidMit hitth èéjdà^
dans cette province , et tne deiAèhda t)h)teoi{6tt
ponlr la placer. Aprbs quelques répughani^es , je
Tadresëal a une marchande de mod'di de Pèth
que j'avais connue en entrant dans le monde;
Pén de jôut^ après ^ ma protégée tint me i^hdi^
cotopté àes humiliations qu'on avait fait sonifi^it
à sa vëMu.
« Àa iagés^é prétetrduè th'intéiressâ ; je mé
prêtai à lui fouthit !'és ùioyens de vivï*6 'de iô^
tftVkit ^ d«^uib , eHlè m'occupa dàv^ïftage , feii^
dïiti ftiblé^M y fé le^ ][>ayài ; j'enis dëJa ctiVifîiDii;^;
elle se porta jusqu'à Tabus dans une conrl^i^fMi-
dàiil^è dotat la publicité cèmptottiéttràit la 'dbu-
cfeur Aek lietls les plus respectables. Vîek fiii-
bleues tarent alimentées par les réponsies lèrs
plus séduisantes a mes Icllres , et enfin pat lé
cri delà nature que je crus entendre pour quatre
enfans donfon me fit hommage.
cf En un mot, monsieur, sans avoir débauché
une jeune personne bien née , je crus avoir
rendu sensible une honnête créature ; je m'ap-
plaudissais de ma faiblesse et je multipliais des
sacrifices énormes, lorsque la lumière que je
vai^ vous dévoiler , en m'arrachant mon erreur,
m'a montré le tissu d'horreurs que je défère à
votre justice.
3(i8 MI.«|t»|flF.I» lllMtiHIuLlS
K Voîci quelle lui l*occa»iuii qui me donna lieu
de percer ce uiy«tcre d'iiH(|uilé. J avais renda
celle ieiiiuii*, que ji: cuiiiiai^sain miuiî un »iinplr
nom ii'llenrieiie uu sousi i:clui de f'ainill«* quelle
s'éUil donne , madame lleniy , tlcponitairc d'une
.somme de S,(M)t) ii*. , lic l'intéri't de laquelle je
pouvais me p:isiHcr , avec |>crmis»ion de s'en
servir |M>ur faire les bonnes affaires bonncles
dont un peu d*argent compt.iiit pouvait la rendre
susceptible , mais sans compromettre les fonds
dont je ne voulais, ui ne pouvais disposer. J*eiM
besoin de cet argent ; je lui écrivis de me l'en-
voyer ; elle le refusa d*aburd , et me le reairoja
ensuite.
• Dès cet instant, je soupronnai la réalité de
son attachement \ les reproches , les excès, lc«
menaces d*abuscr de mes lettres, de mes bien*
faits, convertirent meii suuprons en certitude,
et, de ce monienti jappi i> suL-Le!toivement ce que
vous allez lire.
« La créature à laquelle j*ai eu affaire est ori-
ginaire de Met/, et ne nomme llenrietie Marié ^
ou, de son nom de guerre, l.i pfii'f Marie. Klle a
servi a Metz , y a fait riiitVniH* métier de fille pa-
bliquc, a eu un enfant de jt* m- ^ai^^ ({ui ; cet enfant
ent une iille , que j*ai vue ni a rari!^ , chez elle,
sans la connaître, souh le nom de peiiie Manon ^tl
qui est artuellonient à (ihMons en (Champagne.
■illll.S LES ARCHi^F^. S6î)
■ Pour raison de débauche, elle a él& ren-
lèrmée au Refuge b Metz. £[le s'est évadée par
une fenêtre à l'aide de ses draps, et porte encore
à un genou la blessure qu'elle s'est laite en se sau-
vant de sa prison.
<■ Elle a été amenée à Paris par un dragon,
grenadier ou officier, qui l'a. f:oadmte avec nne
compagne de ses débaudies et uR frë^e li elle.
A leur arrivée à Paris, pouf iraiitoadlincoadaîtCf
ces deux femmes ont été conduites prisonnièMlj
par ordre de police. Interrogééjî'ïUe i^estréda-
mée de sa mère, qui gardait à-Pftrii des malàdeif i
et elle a été reconnue par eUe<i et lui a'Àé'V«^
mise avec les injonctîonsdedvoit.'. ^ . -'■•■'^ -' ''
. « Cest à cette époque, atQntieur,-^ue' i'ent
formé l'odieux complot de me reiidre du{F4'î
qu'elle s'est présentée chez moi , etya joué lô
rôle qui fiiit la preoiièrc partie de cette longue
hîlirc,
< L'inconduite de ses mœurs pendant qu'elle
:i vécu avec moi, pourrait m'oiTenser; mais il
i'aul rire juste, quand on a des faiblesses ,;0n
s'interdit le droil d'en reprocher , je me tais sur
rel objet.
H Mais ce qui m'intéresse essentiellement,
c'est l'irifamie , la fausseté et les suppositions
prouvées , les abus de conBnnce déjà existans et
ceux dont je suis menacé.
TIKÉS DES ARCÏlIVEfS. Zjl
drir, et que l'on a eu Timpudenoe et Tâllaâee, il
y a peu de j^ur$^ de me djémanèei^ ùti soft! ll^t'
vrai que Ton ne me croit pas instruit.
<r Enfin, monsieur, une fausseté reste premvée!
J'ai éié séduit par les lettres de cette Setù^è;
ces IcUres sont toutes supposée^ : elte ne sait pas
écrire.
« Cette créature, pour se fuire des partisans èi
me compromettre dans mon honneur ,* débite
une histoire que voici. Elle dit qu'elle est de
famille plus qu'honnête, et a été mariée ; que je
Tai déhaujchée ; que j'ai fait passer son màti aux
îles; que je lui ai mangé tout ce qu'elle avait;
que je lui ai fait des enfàns, et que j'aban-*
donne sans pitié k la misère la mère et les en?-
fans.
ff II me reste, monsieur, a vous entretenir des
abus déjà existans , et de ceux dont je suis me-
nacé. Les premiers sont les violences et les
menaces réitérées et directes faites à moi , ou
répétées, de me faire périr empoisonné, de me
déshonorer, etc. Mais je pense que ce sont de
vains mots , cris de sa fureur, que j'ose croire
impuissans, mais assez dangereux pour mériter
votre intention. J'ai beaucoup été rançonné; j'ai
beaucoup sacrifié avant que le rideau fût tombé ;
c'est le moment de la justice.
« Les abus dont je suis menacé sont la publi-
cité de mes leltret; on en a déjà monUrv, et
Ton a fait avec de l'argent , fruit de mes bien-
faits, la tentative d'en faire parvenir à ma femme
et a ma belle-mère. Pins ma confiance a été
grande, plus j'ai à craindre, et je ne dois pas
vous dissimuler qu'elle a été sans bornes.
• Quoique je me sois interdit de tous parler
de rincondnite qu'a pu ou peut a^oir la per-
sonne dont je vous parle, je ne puis tous laisser
ignorer ici, monsieur, que je la crois sooflléev daaa
la menace d'abuser de mes lettres, de mon por»
trait et d'un étui d'or à mes armes que je ré-
clame, par un sieur Francfort, commis dans les
bureaux de M . Rouxiëre, commissaire deagoerreSt
qui a avec elle des liaisons dictées par dee aesi-
timens quelconques, sur lesquels il vous eppw*
tient de prononcer.
« D'après cet affreux tableau , monsieort éomi
je vous ai donné de vive -voix tous les détails
odieux, plaignes-moi, secoorex-moi ; je me lierre
entièrement à votre amitié , et j'espère de iroln
honnêteté, monsieur, que vous voudree bien» en
me délivrant par votre justice des inqwétasdlea
affreuses auxquelles me livre ma position,
courir le plus promptenieiit possible a la
vation de ma réputation par tous les ménagemens
qui sont en vous.
« Il est dans la nature d'avoir des laibli
TlKts ULS AKCHIVKS. 5^5
je tiens peiit-èire ii riiumaiiilé plus qu'iin autre;
maïs vous possédez, morii'ieur, un mantenu pour
l'honneur h Pabri duquel une âme sensible, mais
droite, unmagisLiMl, se met avec conBance. Soyez
mon égide, et je sentirai moins mes tourmens.
■ J'ai l'honneur d'être , avec un allachcmenl
bien réel et 1res respectueux, monsieur, votre
très humble et Irsjs obéissant serviteur.
<< F«^ DE MOKTBOLOK,^
11 fut aisé a M. Lenoir de se mettre face à face
avec la \erite. M. de Monlholon ne voulait pas
être compromis; il tenait au décorum plus qu'à
tout le reste. Cette lettre, où l'on s'abandonnait
an lieutenant de police, dut lui donner, par cela
itlStne, le plus vif empressement de venir au se-
cours d'un galant homme, en contradiction avec
ses principes, craintif des suites comme de raison,
inaj^istrat qui se sentait en vue, ranronné sans
retenue, et finalement allié d'une famille qui ne
se doutait pas et pouvait le blâmer hautement
de son imprudence. A tons ces titres, il fallait
étouffer un éclat , et venir en aide à fa corpora-
tion dont il était membre. La colère d'une
femme, cruellement conseillée, allait peut-être
sans cela plonger toute une famille dans la plus
vive afllicl ion. Il était plus simple de plonger cette
lemmc dans un tal-ile-bassc-fus^c. La lille Hcmv
J^^ MCMOIAKS liiNTOhlQL'b
n'élait au fond qu'une fine intrigante, dirigée |iar
des amant intéresses aux succès de ses friponneries
amoureuses , et qui avait su en imposer à M. ^
Moniholon et abuser de sa confiante tendresse;
l'intervention du sieur Francfort dans ks dé-
marches de cette créature prouve que sa con-
duite nY*tait ni pure , ni à Tabri des soupçons,
mj^roe depuis qu elle avait les secours da ma-
gistrat.
Mais M. Lenoir, en se laissant aller compbi-
samment à discerner tout le bon droil da côté
qui lui convenait le plus, n*en aboai pas aoîiu
du pouvoir que lui donnait sa place poar &îr
arrêter la fille Remy et la mettre k Sainlo-Pé-
hgie, au secret. La légalité n'y consenlail point,
et ce fut un vrai coup d'état. A la Tenté, c'étaîl
le seul moyen de prévenir le scandale anqnd il
était urgent de remédier. Les magialnlty dans
ce qui concerne leurs prévarications pwn*
nelles, ne s'en remettent pas toujoars Tolonikn
aux bons offices de la luute magistrature, autant
dès qu'ils avisent un moyen tréchapper anxaTaiiîes
d'une puMicité dont les simples citoyens portant
si tristement le fardeau. Entre eux, ils préfèrent
ai;ir (mi gens du monde plutôt qu'en hommes de
loi; ri |)t*iit-rtre quVn y mettant de la bonne
gràit', on lâUiiMMuit ici «|U€lquc excuse à l'arbi-
tr.iirr ik* i L'itt' lai^f^ii i{'.i^ir. L ingratitude , T^bu»
dfw bontés «t 4e b tep4re)iifr,ft4 M. de UoadMt
loa caractérisaient la conduite de la fille ilolDjf J
DfM i'esprit.^ftèquicopciiMi « vu'ds.psis Aes
affures et ^.fmkivnM ^wM^ot^ nbatipciBcâ*
|l|il«liieDt ]g9er..«tO pvop» c«mpte , nt! pandWi
plu» JMste qoft d'^yorter u» £rwn à l'miàtm «b i
Vp^c* des çoiur<iiueft-.4Jaf^«t^ ^n\, pfvaiaéit
prwqiw tQwjovn paTidef f«roiw necni*,
eux en révélations in«p4rtitie|ijt«$ «|t |^M,«»iivpiit
«nmenMmgfMSi^ËiA deJl«ti«i«Mr« kqoDtoibaâon
par les moyens de contrainte et par la frayeur.
La leçon, à la vérité, ne pouvait être qu'indivi-
duelle, et le aecret dont il fallait entourer ceci
contrariait l'effet moral qu'on se proposait d'en
tir«r. M. Lenoir voulitt avoif aoe cottBainaflc*
approfondie de l'afiaire et entendre Ite raisam df
la demoiselle Remy avant de prendre un parti
qui fit cesser les craintes de M. de Montholon.
La curiosité l'aurait conduit à se montrsr équi-
table à défaut de l'esprit de justice: on n'est pas
fâché de savoir pourquoi l'on se permet de l'ar'
Ititraire au service de ses meilleurs amis. M. Le-
noir donna des ordres au commissaire le Bel de
se transporter h Saiiite-Pétsgie, et là, de procé-
der à l'interrogatoire de la prisonnière. Le com-
missaire s'y rendit le 10 déi'erabrc 1770, dix
KMir» aiMTvL *ji AàXc 4e la \tl\rt de M de Mi
Il nMiite ^l«« pivoiièrM qaeslioni du coi
^iiv« que h je«ne kMnn>e se iNimmaît ElitabeA
l\ow\ « hfv«Wir«e en or r( en argent ; ipi'ds
avait irmtt-^ttairr an», el élail native du cUtca«
%le IVif r. |H>^« l.uxemkonrç : que son père étaH,
de ton \i%ani« n>archan J à Francfort et recev<
dea divita de b seigneurie de la dame Conl
à qui appartenait le chilean.
Swr lea aulres questions, elle a répondu qvV
ixinnaisMÎt M. de llontholon de ches
UenouTi^, épouse d*nn conseiller au
de Metz« el qu'elle avait eu des lettres de
numdatîon de cette dame pour lui ; qu'arrivée
a Paris, elle se présenta chez M. de Montholoa
pour être placée ; qu elle se mil à travailler duM
sa chambre, oii M. de Monlholon lui avait pra*
mis de b secourir; que, peu de temps apri-s , lui
ayant témoigne le désir d'apprendre les modo»,
il Tavait placée chea une marchande âe modes;
que cette marchande de modes b 6l mettre est
cheniiac, lezamina des pieds a la tête, aiio , et
lui dit qu'elle ferait quelque choie d'elle tjuMid
elle serait décraMéc, et que. comme elle téaoi-
çnait sa surprise de rcttc conduite, puisqu'elle
»*était présentée avec une lettre de M. de M<
tlRES DES ARCBIYES. S77
tholon^ celte femme se servit du prêta té ^e
quelquefois il lui était venu des filles atteintas
de la gale ou de tout autre inal; que, sur iè
refus de se laisser examiner, cette femioie' vou-
lait la renvoyer; qu'en conséquence, la demèt^
selle Rettiy se laissa découvrir le sein, mais qu'elle
se plaignit que Ton èortât plus loin les regards,
*
qu'elle quitta cette marchande et vint rendre
compte de Tévéncment a M. de Moththoldn ;
que ce magbtrat lui témoigna être très inécon*^^
lent de cette marchande de modes, que d'ailleurs
il ne ^ppnnissaitt pas. . V :- i
' Le commissaire . l'ayant in terrogée .sur If upi d^
moyens, cie. séjduction employés par.:eUer.|H>¥ir
surpr#Qdf?e les sens de M. deMontholoif^.eta'U
n'était) pas vrai qu'un. certain jour, en m^i^ifes-
tant.un excès de reconnaissance pour les bontés
de ce magistrat , elle eût affecté de tomber en
pâmoison dans le cabinet, ce qui détermina l'as-
cendant qu'elle parvint a prendre sur l'esprit de
M. de Montholon; elle a dit que depuis sept
ans, cette crise lui était arrivée plusieurs fois;
mais que ce n'avait pas été dans l'intention qu'on
suppose, ajoutant qu'elle n'allait point chez ce
magistrat, et qu'il venait la voir chez elle tous
les quinze jours, tous les mois, et que ce fut la
|)renîière t'ois seulement que se trouvant mal,
y\. dc-MonlhoIon lut obligé de la délacer.
ô'jB MLMOJhKS HlSTOKlSjL'CS
L'interrogateur ayaut également demandé t*3
n'était pas vrai (|u*elic eut entretenu la aéductioa
de M. de Moutliolun par un commerce de lel-
tres dont la pudeur et la réserve paraisaaieol
former le fond , et , sur ce que le commiitaîrv
lui reprochait avec raison d'avoir laissé croire
au magistrat qu'elle était l'auteur de cet lettres,
pendant qu'elles étaient écrites par an sicar k
Rous, alors secrétaire de H. de Moatholoo; cUc
a répondu que c'était elle qui dictait les lettres
et qu'elle pensait comme elle les dictait (1).
Lui ayant demandé s*il n'était pw
M. de Montholon lui fournissait JOÊf/fk
et ^ingt louis par mois, indépeadaa
eadeaui en bijoux , argenterie «
meubles, et aussi des sommes d'argeiil
en diverses circonstances; elle a répenAsqall M
^1} Ceci partit l»i«-n obtcur. Comneni M. de
ctniiultull-il pat r^critorr âr too iccr^Ulrc '
HMimi Sttflrt iBlime , tn éuiHI à appctoieps
Hrav nrMtml pitinlrtrirr-MI réMille cncurc de lÀ e^ i*
ijtti- Ju nugiftir^i »«,' inivM:jii de lui ««tc m ii<aSlreMe. or ■•rsii fl
r\-fit lit» Ultri*» *it\\\ (tMifiiIrntirMr» , \MUà Cire daa» les
Cl .ii-r« c!f* Iji rn\A' iiv|ii|nr 'Au tT%\c , c*r%l Ir ««rt
Trial ri du rauf t!c M Av M^aih^ilon d'cirr
(tninir»iiwniiii* Ij Jcini'i^-lU* Rrmv , * «ic» ««Vit» dca
«lr% a^rnUirii r^.rtinOinr * ii*^ « J^alvil I«. «{u'cMm cKM%irfll d*as-
' iiii |-tu« qu'ilTi-^ V Jr li< i-fitoc ttl ainr r*i« de la cuatriffifr
f effectivement doqné» rn^u daii^jes prepiîi^rs
temps seulemeHl, un l(^\$ 0ndw%>d^àq^e\{w
qu'il venait la voir; quelquelpis 4e ({»}Q|U^#'<eii
quinzaine, d'autres fois de mois en mois, ÇM
^i a duré pendant entîra^ deux ans v qfi^fn-
suite il Ittf a donné quafre ipiiis par n$mw^9
ce qui a duré jusqu'à Vhiyer de i77]E|, q^'il lui ^
donné cinq louis par semaine. Depuis l'hiver 4^
i77&j fl ne lui a plus donné qne deuJc If^uîf par
lemaine ; qu'il est vrai aussi qu'il lui a d^npé uite
robe de velours et quelqueis autres K^lfls ) six
cpu ver ts d'affient, deux cuillers krag^9 4oux
port^lmlUiers, aussi d'iirgenl} ui^e tijpçi|i|f4|e djSMT-
geni f qfàSLire vases pour mettre des baiit|^}#4 d^
irin, un autre pour mettre des liqueiirSt^iU^liw
argent, une montre enrichie de diamaais) que,
peur le surplus de son argenterie et de sa garde-
robe, elle se l'est procuré de ses épargnés, et
qu'à l'égard des sommes qu'il lui a données,
il a eu soin de se les faire remettre sous le titre
d'emprunts, et qu'elle ne croit pas avoir manqué
a M. de Monlholon.
Du grand nombre de questions adressées a la
demoiselle Remy dans cet interrogatoire, sur
les enfans qu'elle prétendait avoir eus de lui , il
résulte, à l'en croire, qu'ils étaient bien de lui,
(|Uoic|u'ils n'aient pas été baptisés sous le nom
du |»cro; et (jue ce qu'on dit do la supposition
38o MKMnmcs Hisroni^tra»
qu'elle Iqî a faite d'eiifans qui n*6laîent pat de lui
est faux; ses réponiieii a cet éi;ard n'ont pat été
péremploires , mais elle n'a point iniîsté sur ce
point.
Elle a confessé que M. de Montholon lui avak
demandé plusieurs fois les lettres écrites par lui,
et que ce n'était qu'au bout de cinq mots et ae
voyant abandonnée , que la menace d*en tirer
parti en les publiant avait élé faite. M. de M#o*
tholon avait répondu , disait-elle , qu'elle était
trop bête et trop trembleuse pour le Kiire, et
qu'en effet ellr n'en avait rien bit. Elle a nié
avoir jamais cherché à faire passer set lettrée à
madame de Montholon, et elle a dit ne les avoir
déposées chez le sieur Francfort que parce fpe
iM. de Montbolon l'a menacée d'obtenir m er*
dre du roi pour faire une perquisition chea elle.
Elle a persisté a dire qu'elle n'avait point à ae
repentir de sa conduite vis-a-vis de M. de Moa*
tholon ; qu'elle est reconnaissante de aea bit
faits; qu'au surplus, elle consente la reniée
lettres ; qu'elle proteste ne lui avoir jamais
que en les communiquant h qui que ce ooit;
qu'elle promet mrme de ne jamais prononcer le
nom de ce ningititrat , bien loin de se répandre
en rcprochcH contre lui , s*il veut bien M>lltcîlcr
»à liberté et lui l.iissrr «on mobilier dont elle
otimait U \.ili'iii* ii rtMJrnn •"MiJH.HIfmiu^ , enfin
TUVBS DSS AltCBlYKS. 38 1
« *
elle a répété qu'il n'y avait point eu de supposi-
tion de sa part et que ce ne pouyaient être que
de faux témoins qui eussent assuré le coniraifre*
Ainsi se termina ^ cette affaire épineuse,. pii
J'intrigue des deux parts, la faiblesse égale de
part e^d'autre, la colère et l'animosité mutuelles,
exposèrent un magistrat, homme du monde , a
^oir sa réputation attaquée, moins par le fait en
li^JUpiême, que par les accessoires jel les enjoli-
vemens. inévitables. .
JLe public eût été probablement fort aise dç
voii^ f^n homme qui, dans, la sévérité de ses
SbiDCliovis , disposait quelquefois de la r^puta-
ùo^ des autres , mis à son tour à la disposition
des rieurs et des rigoristes: et c'eût été l'occa-
àon d'une revanche éclatante de la part des
moeurs contre la morale et les lois.
Le lecteur sera bien aise , peut-être , de savoir
comment M. Lenoir rendit compte k M. Amelot,
ministre de la maison du roi , de ce qui s'était
passé dans tout ceci. Voici les propres termes
de son rapport :
« Sur les plaintes portées au mois de décem-
ire 1776 par M. de Monlholon, procureur gé-
néral a la chambre des comptes, contre la fille
Remy et sa mère, et dont il a été rendu compte
au ministre, il a été expédié des ordres du roi en
exécution desquels la fille Remy a été conduite à
Sainte-Pf lagie , le 0 dodil mois, et la v<
Remy, la mère , dans les prisons du Petil-CU-
tclct.
« liors (le la perquisition faite chez elle « les
officiers de police ont retrouTé les effets récit'
in^s par M. de Montholou , savoir : an étai d'or,
^ravc h ses armes , et des bracelets sar Ti
quels est son portrait ; on en a fait un
sur lequel le commissaire a mis ses sceHési tn a
chargé le sieur Vaugien , inspecteur de piBce,
qui l'accompagnait, et en a dressé piottt-fcrWI.
« Sur la demande faite a la fille lltaf Aeabl-
très et papiers qu'elle devait avoir , cHe a 4ft*
claré qu'an sieur Francfort, employé M
général des invalides , et demennml
Louis au Marais , en était dépositON.
m Les officiers de police ont été le
faire perquisition chez le sieur PrancfiNt^h^vel
leur a représenté un petit coffre , conte «MH
lettres et papiers qu'il a dit appartenir II 1i
Remy, et leur a apporté le lendemain
de lettres qu'il leur a déclaré lui avoir été!
elle, indépendamment du petit coffre. Le
saire a mis ses scellés sur le tout , en a ckargile
sieur Vaugien, et a ausKÎ dressé procèa verfcnl.
« La veuve Remy a subi un interrogatoire «li
10 décembre , devant le commissaire L^e!* it
sa fille en a subi un autre, le 16 du même
TIRÉS DES ARCHIVES, S85
n De ces interrogatoires il réàilHfe t^dè Iles
plaintes de M. de Monlliolon étiiehl ï>ieii fon-
dées ; mais, comme il a, par l'effet des perquisi-
tions, retrouvé les lettres et efTcls qu'il avait inté-
rêt de se faire rendre, il consent que les femmes
Remysoient mises en liberK-, si le ministre juge
à propos de le leur accorder.
■ Je n'y vois point de diflîciillés à l'égard de
la fille Kemy ; mais si le ministre consent a l'ac-
corder a la mère , je crois qu'il estîl propos de la
séparer de sa fille et de l'éloigner de Paris.
« En conséquence , je supplie le ministre de
fiire expédier un ordre de liberté pur et simple
pour la fille Remy, et pour la veuve Remy un
ordre d'exil au village de îVoménil, près Nancy. »
Les choses se passèrent ainsi , les ordres furept
délivrés dans cette forme, l.a demoiselle Remy
resta à Paris et eut de nouvelles liaisons avec des
personnes de distinction. Sa mère étant revenue
malgré l'ordre qui lui avait été donné de rester
i Noménil , fut arrêtée et détenue quelque
temps ; mais, sur la réclamation des amis de sa
fille, elle fut mise en liberté.
J'ai bien eu raison dv. dire , comme on le voit
par ces deux niiaircs de ÎMIM. de Chapuizel et de
Montbolon , que la police savait fort 'a propos
venir au secours des personnes que la justice or-
dinaire aurait précipités dans une mine inévita-
!lik| MKMOIMft NLSroKlvt'I'i MKKS i»%> ARCHIVEE.
ble, à défaut de moyens suffisans pour coanallre
la Térilé et cmpccher le scandale et réclat , ai
funestes an bonheur des familles el de la société;
après tout, l;i loi «Irvaiil se pritposrr l'avantage
de chacun dans rinh'Trt dr tous, son premier»
MÈn seul nit*rito v^i nul , si , dr^ qu*on %fi pro-
pose d*en sui\rc liUL'rdt'nirnl les prescriptions,
on s'expose Ii la douleur, au scandale et a l'ava-
uie. Dans cette histoire, du reste, toutes les con-
clusions se choquent. La contradiction des faits
jette la contradiction dans les idées. Malgré les
maximes ofliciellcs d'équité qui dupent les pe-
tits et font sourire les esprits clainroyans, voilà,
tout compte fait, comme on se pique d*indulgence
envers les maj^istrats qui sont la plupart du temps
si sévères. Ne vaudrait-il pas mieux que la loi
fut douce pour les uiiNcoinnie pour les autres? Et
doit-on prélever de richi's appui ntcuicns pour les
juges sur les amendes auxquelles on condamuc
les coupables, atin de nii'Urc ces graves prédica*
teurs a mcme des joifs qirîN fr.ippent de la prison
et de Tamende vu tonn.iMt 'otitr«: l'adultère? La
sévérité des lois nr smilili* rtn* c|u*un prétexte
pour fournir à de iv\> |iriMli'::ir<i les mo\etis de
faire cent l'ois pi^.
UN m iriiihu.iii. \4iiiMi'.
9% livraîHCi 4t 4ni\ fruîDM 4'imfntmùn ,
I
DICTlOÎV^AniE DES D.V
f^e» Tablem tie l'iftmliti$^
tlimm. m-" ■ - r.nnivnii^
II) iH-nii l'A pi-lil .'•-•. <> .' >>u>^. d'au B— M ij
Mil) (IviatMM *t U<à% (iwlIW* IM* ti* I
■Aat€»amais
PÂUIS,
A. LEVAVASSEIB ET V;
PIma de 1b BoUtip. S.
\
aiiSm(DiiiBiB8
JJRCHIVIIIS DE LA POLICE
DE PARIS.
é
|^> MÉMOIRES
II
fc DE PARIS.
i Huiui.E fct i>E u pucne ,
DWU» i.ovts siv ^SSQU'A von iMCma.
Par J. Peuchet,
PARIS,
A. I.RVAVASSEt'H ET O"
l'Iaci' ifn la Roiir*!', .S.
^_ - MÉMOIRES
ï, DE PARIS,
HPITIS VUetS XIVJ|ft|QU'A HOS JOCMS.
Par J. Peuctaet,
PARIS,
A. LF.VAVASSEUR KT C",
l'Iocp il(! la Roiir-c M.
l
CHAPITRE UI.
» » • • 4
î
I>os leltrcs de cachet et des ordres da roi dans Tadminlstratioii de
1.1 police.
liCs lettres tic cachet , ce moyen d'action arbi-
traire auquel nous devons la colère et la gloire
d<» INlirabcau , ('(aient les pivols de Tautoritr du
IV I
TIRÉS DF.S ARCHIVES. 5
Enfin, comme le roi signait aussi quelquefois ces
lettres de son signet, comme il en est fait mention
dans quelques ordonnances, on en contracta
l'habitude a la cour, pour cacheter les missives
secrètes, en remplacement du scel secret ou petit
scel dont Tusage tomba en désuétude , de ne se
servir que de ce signet ou cachet qui représentait
les armes de France. Le nom de lettre de cachet
resta donc aux ordres en forme de lettres qui n é-
f aient scellés que du signet ou cachet du roi.
Le savant auteur des Maximes du droit puhlic
français (i ) a développé dans cet ouvrage , aussi
bien écrit que fortement pensé , tout ce que la
raison ^ la justice , la liberté civile , les droits et
les privilèges de la nation offrent d'argumens
et de titres contre l'emploi qu'on a fait des let-
tres de cachet; j'y renvoie le lecteur, il y trou-
vera une source d'instruction supérieure, même
après ce que le comte de îMirabeau a pu réunir
dans son traité des Lettres Je cachet et des prisons
iVètal (2). M. de Monlblin, moins véhément que
Mirabeau , mais plus méthodique , plus savant ,
(i) L'.ivocat Montbliii; un volume in-^", Amsterdam , 1775.
(1) Composé eu 1778, dans le doujon de Vincennes, comme
Mirabeau le dit lui-même, et imprimé eu 1782 ; ouvrage mal ré-
digé et fort au-dessous de sa réputation , qu'on vante cependant ,
mais boufti, déclamatoire, et dont ou ne saurait supporter la
Icclin c.
f ç%
-Oo* i. .:;-": ... /-Mi iiiMUi l'I les a«.lc« pu-
jkL^s .iii Àu: .-.r* --Ï -mrf» irbttriires, que s'il
.-r^ . '.Atinen di"* |»rinc»-
•in* .." • 1 *î- ;>*tun * *^t«î 4 l'cxcir* et «acu
1.^ t.:r-*? ir .• ar'.. :-rrLi9parui ordre du
vnr-r?» u: ji. .'.^ieat uujuim cootresà^ces
z:i zi«:xi:4r^ v. aiTHrttfg» iu cachet du roi.
rroixun r'.uii uuiuim a celai <m a cen
i-n** : ^leni joi-i--^ i «"ir unti't^tÂon par nn
•ifii-if." iif :in:» •. :'., :>^-£ .'jrT::!: ir.t'aeal. parun
iifii::i':- ir ir .r: n.Ui ..r -. «ui-viai l ifliportanct*
ie ^ 3tfr^iii:ii« [*i»f :-?'.i^ -niMti'ra coaceruiC.
li r-TT-^ii. n^^ iuisL ;'ii!:j.» ^ae Teficâer qui
-à pi:r*.i. :/•>-.;.- ut*: !>ç* •,*• i< procrs-Ycrbal
df* l'-i^ : :-i .. . : : ! ?a :^ieuju».':a, en tête daqacl
la Ifftir** -î'.a : ma-s.ri-f. -f c . la bas. il faisait
dor.r.ffr ?i* .ili. : i^ . i^ii: rfvTK une recMinaift»
«r- ^ ri -îu-t Iii 1- i.c -L-i r*nij*e • ou m la p^r-
I. o.Srt i-"* l>f.- - !^; 1 h-; > uit le plasorda-
fj;*ir*'r/i*-r • '1 ^n^ ■. r e. » \.I le^ sr -* à qnî elle«
%'* lr*-*;ii' r*" . tj.* . • •: o ii ifc j i^ai- .^ue l'orii» po-
liM«jtir *lfr % i^^trij.'. r, lfUij-:e le^ i Cai« tie r»rrla-
vu^. (•;ir •\*-frjp!#': rni.rn.oro. lie leur enjoimirr
TIRES DES ARCHIVES.
fie délibérer sur une matière indiquée, néces^té
tant de fois sentie vis-à-vis de ces autorités tfsiir- '
patrices, qui, dans leur incapacité sêrknoiin'etUMS, <
agitaient l'état par de vaines disputes d'apparat ^^
trop souvent par manque de lumières spéciales *
sur les intérêts positifs abandonnés à leurs dëli'-\
hérations.
Lorsqu'il était question de faire enlever 'c(ttw«.'-
qu'un , de Tarrcter ou de le conduire en prisoh ,
c'était un ordre du roi qu'on délivrait a un agent
de l'autorité , et cet agent rendait compte de son
e>^écution au lieutenant de police.
Les lettres de cachet, ou les ordres du roi,
ne suspendaient pas la jouissance des droits ci-
vils ; ceci ayant été décidé au Parlement de
I
Paris par arrêt du 9 juin 1769 (1) , sur les con-
clusions de ravocat-général Séguier, dans l'al-
lairc d'une dame LoucharJ, enfermée par lettre
de cachet.
Lorsqu'un homme était détenu par lettre de
cachet , on ne recevait point au tribunal de com- ^
incr( e les recammcvulatioiis que ses créanciers
auraiciiL \uuhi faire, il n'aurait pu être retenu
en prison pour de semblahles recommandations,
après que hi lettre de cachet aurait été levée.
i" \ry^z le a jiKi lotie 'l.c jiif i^fii H'Jctia' ^ -tu mol lettre de
6 MÉMOIIIES HISTORIQUES
Il est même arrivé quelquefois* comm« dans
raffaire de la dame Louchard , que des détenu
par lettres de cachet ou ordres du roi, ayant
prouvé linjustîce et la fausseté des motib qu*on
avait allègues pour les faire arrêter et détenir,
ont obtenu, en justice ordinaire, des dommages-
intérêts contre les auteurs de leur détention.
L'abus des lettres de cachet et des ordres du
roi avait été senti à la cour même. Lorsque
M. de Mallesherbes fut nommé ministre de la
maison du roi, en 1774, il voulut tenter une ré-
forme a cet égard. Il fit goûter même , dit-on ,
son projet à Louis XVI; il ne voulait cependant
pas ôtcr au roi ce grand moyen de pouvoir,
mais Tassujettir ii des formes régulières qui pus-
sent en prévenir les mauvais emplois. Tonte de-
mande tic lettres de cachet ou ordres du roi
aurait clé soumise a un conseil convoqué dd Aar,
et composé de maîtres des requêtes, des conseil-'
1ers d*état cl du ministre dans les attributiona
duquel se trouvait la demande; on y aurait ei-
posé les motifs du pétitionnaire , on les aurait
discutés , et , avant de prononcer, on aurait pris
des renseigncmens contradictoires sur les pointa
qui auraient paru douteux. Cette forme n*a-t-dle
pas i|iii-l<|iu! rapport avec ce que M. Dcraxcs ,
.tlnis iiiinisin* lit* l.i polit t* , obtint de la rhanibie
«1rs fli-|iil<'> . il |;i M ssion (le 1820, pour auto-
T1RE$ DM» AIlQlil¥|l$w J
viser les ministres à faire iisago d'Mdras arbi-
traires?
Le projet de M. de Mallesbeilies Mn»uva JAsint
cères et adroits contradicteurs^ lie paUîaiif pvo^
posé fut montré comme une négation abspliiA
du droit royal ; le roi ne pouvait p}u^ avoir rais4in
quand même, et la publicité des délibérations. t
quoique indirecte, devait mettre en Imniève dta
scandales que Finvention des lettres de cachet
avait eu surtout pour intention princîfiale ^é-
touffer sans bruit. Le ministre sertit de |>Ià€e
avant d'avoir pu répandre k ses conlradÎGtetfS ,
et donner suite à ses idées de justice et de llbetté.
On sentait cependant le besoin d'apporter
quelque changement dans cette partie du gou-
vernement ; ridée ne fut pas entièrement aban-
donnée. Les ouvrages qui avaient paru sur cette
matière , les réclamations des Parlemens et des
cours souveraines , avaient produit une impres-
sion profonde.
Le ministre de la maison du roi , le baron de
Breteuil , sans revenir aux idées libérales de
IVL deMalIesherbes, s'en occupa; plusieurs plans
lui furent présentés , mais il ne s'arrêta ù aucun
de ceux qui touchaient au fond de la question;
il ne voulut régler que l'usage des lettres de ca-
<:het, et non mellrc des cnlravcs ou des condi-
lioris h ce (jui sciait fût jusqu'alors.
^ MÉMOIRES IIISTORIQtlft
Les instniclîons qu*il adressa an mtenilans
sur Tusage qu'ib faisaient des ordres da rai eC
des lettres de cachet diminuèrent le mal qMi en
résultait. Sa circulaire du 15 octobre 1785 est
une pièce remarquable dans l*histoire de b po-
lice ; et, ce qui ne Test pas moins, c*esl que les
intendans se conformèrent assea généralement
ans prescriptions qu'elle contient (I).
C$piê de U lêUfê dttMiàiirê édruê4$ pmr M . k froron
d§ Br$i$M^ mimiUrê d'iUU , à MM. Im latmdam
dê$ proptagii de iom ddJpontaiMl, mm siysl dm
hUrêê d$ eachêi $1 ordru de difsMlîsM.
« VenAllIc», l« i5 octobre i;SS.
m Vous trouTeres ci-joint, monsieur, un étal dm
différentes personnes de Totre départomeM , ae»
tMollement renfermées en vertu d'ordres dn roi ,
expédiés d*après tos informations et volru avis,
ou sur les) informations et a\is de messieurs vos
prédécesseurs. Vous Terres que cptelques mmoi
de ces détentions sont déjà fort andennea : je mm
doute point qu'il n'y en ait plusieurs qu'il asi
à propos de faire cesser , et je vous prie de ne pus
perdre un moment pour le vérifier, et pour me
'•) I.« Uijik* %tit«atilc r%l Liîlr siir liitLiml , (|«ii a Cfc II
I -icli|uic drfii» «|uct<|iicft tfUTr^ierï «Jt* fMtii.
TIRES DES ARCHIVES. 9
marquer quelles sont celles dont la révocation
vous paraîtra devoir être prononcée dès à pré-
sent, et quels motifs vous détermineront a penser
que les autres doivent subsister.
« Je conçois que la diversité des causes de
détention , et les différences que le sexe , l'âge,
la naissance et l'éducation mettent nécessaire-
ment entre les personnes détenues , s'opposent
à ce qu'on établisse sur cette matière des princi-
pes fixes , et qui embrassent généralement toutes
les circonstances; mais il me semble qu'on peut
cependant se faire quelques règles , auxquelles
on devra ramener le plus grand nombre de cas,
s'il n'est pas possible de les y ramener tous.
ff La suite des affaires de cette espèce , qui
passent journellement sous mes yeux, m'a fait
rcconnaîlre que ceux que Ton renferme le plus
ordinairement se divisent en trois classes.
« La première comprend les prisonniers dont
l'esprit est aliéné , et que leur imbécilité rend
incapables de se conduire dans le monde, ou
que leur fureur rendrait dangereux. 11 ne s'agit
à leur égard que de s'assurer si leur état est tou-
jours le même; et, malheureusement, il devient
iridispensal)le de continuer leur délention tant
cju'il est reconnu que leur liberté serait ou nui-
sible a la société , ou un bienfait inutile pour
eu\~mO!îics.
lO MI.M«jinSS HlSTOlUQtES
« Je melfl dans la leconde cUaae eevz qm •
tana aToir iroublc Tordre public par des délili«
•ans avoir rien lail qui ail pu les eipoaor à la té-
Tenté des peines prononcées par la loi , se sont
livrés à l'eicès du libertinage ^ de la débauche et
de la dissipation. Je pense que, quand îl n'y a
que de l'incondiiite, et qu'elle n'est accompagnée
ni de délits , ni de ces bassesses caractérisées qnî
mènent presque toujours aux délita» la détenlîoa
ne doit pas durer plus d'un an ou deux. Cesl
une correction très forte qu'un ou deux ans de
privation! de liberté : elle doU suflire ponr in-
spirer de sages réflexions et pour opérer le wteur
au bien dans une ame qui n'est pas Innlpà-iail
corrompue. Ces familles, et même Ica pèns et
mères , quoiqu'en général plus disposés fc l'in-
dulgence que les aulres parens , exagèrent quel-
quefois le tort des sujets dont ils ont sollicilé la
détention ; et si l'on se prî^tait trop facileoMnl b
la rigueur dont ils voudraient user » il arri
souvent que ce ne serait plus une
mais une vérilable peine qu'on infligerait. C*
ce qu'il est essentiel de distinguer, et ce qaej^
vous prie , monsieur, de ne pas perdre de vne.
« Lorsque, indépendamment du libertinage,
les sujets détenus se sont rendus coupables de
vol d*iirgent, ou de soustractions d'effets dans la
nuison palernrilc seulement « ou lorsqu'ils ont
TIRES DES ARCHIVES. 11
commis quelques infidélités , ou qu'ils se soqt
permis des abus de confiance , où en^n que ,
pour se procurer de l'argent et satisfaire leurs
passions, ils se sont servis de ces moyens peu
délicats que la probité désavoye , mais que les
lois ne punissenf: pas, la détention doit alors
être plus longue. Je pense cependant qu'elle ne
doit jamais être prolongée au-delà de deux ou
trois ans ; et même que c'est assez d'une année ,
lorsqu'il sera question de jeunes gens au-dessous
de vingt ans, qui ont été entraînés par la fougue
de l'âge , ou séduits par de mauvais conseils , et
qui , par inexpérience , ont pu ne pas sentir la
conséquence et toute l'étendue de leur faute.
« Je comprends aussi dans cette même seconde
classe les femmes et les filles qui se conduisent
mal, et les mêmes observations doivent leur être
appliquées, c'est-à-dire que quand elles ne sont
coupables que de simples faiblesses , une ou
deux années de correction sont suffisantes, et
que la détention ne doit être prolongée jusqu'à
deux ou trois ans que quand il s'agit d'un liber-
tinage poussé jusqu'au degré du scandale et de
Téclat.
(( La troisième classe est la classe de ceux qui
Ont commis des actes de violence, des excès, des
ticlils ou des crimes qui inléresscnl l'ordre et la
13 MF^^inC» HI»Tf»r.lot'ft>
siirelt* publique, et que la-justîre . si elle en eût prà
connaissance, eut puniii parcles ptrine^afllirtivriiel
déshonorantes pour les famille!^. Je conrui« qu*îl
n'est »iière possible de rien pn*jup:ersnr la dorée
de la détention de cette espèce de prisonniers ;
cela doit dépendre des circonMances plut ou
moins graves du délit, du caractère plus on moins
violent du coupable , du repentir qn*il peut
avoir témoigné , des dispositions qa*il annoncr,
et de ce qu'on doit raisonnablement présumer
de l'usage qu'il ferait de sa liberté , ai elle lui
était rendue. H faut seulement considérer que
s'il est vrai que les prisonniers détenus pour cri-
mes doivent en général s'estimer trop hcuren
d'avoir échappé aux peines qu'ils ont néritécs, il
est constant aussi qu'une détention perpéinellc ,
et même une longue détention, est la pfan rigou-
reuse de toutes les peines pour ceux d'entre en
dont les sentimens nesont pas totalement anéanUs
ou do;;radés.
« Uu reste , ce n'est pas seulement par rapport
nux prisonniers renfermes pour crimes ou délits,
« I* nV^t pa<poiir tous les prisonniers, quels que
srâent les motifs de h^ur détention, qu'il convient
il'avuir c'g ird li la ronduite c|u'ils tiennent de-
puisqu'ils sont dtrlcnus; rt,ind«'pendaminrnl des
autres considi'ratioii** «|iii prirent tunco'inr a
TIRES DES ARCIIIVR9. l5
retarder ou accélérer leur liberté , il est juste de
la faire dépendre surtout de la manière dont ils
se comportent ; du plus ou du moins de chan-
gement qui se fait en eux, et de ce qu'on aura k
craindre ou h espérer d'eux lorsqu'ils rcdevienï-
dront libres. .
« II est même k souhaiter que , sur cet article,
vous ne vous en rapportiez pas entièrement au
témoignage des personnes chargées de la garde
des prisonniers: je désirerais que, pour tous
en assurer vous-même, vous voulussiez bien,
dans le cours de vos tournées, visiter , avec un
soin particulier, les lieux de détention de votre
département, soit maisons de force, maisons re-
ligieuses , forts ou châteaux ; interroger vous-
même les prisonniers , et vous faire rendre
compte en leur présence de tout ce qui les con-
cerne : je suis persuadé que de pareilles visites ,
faites une lois par an dans chaque lieu de dé-
tenlion , produirait un très bon effet; elles au-
raient ravanlage de vous faire connaître, non
seulement la conduite des prisonniers , mais
«ncore la manière dont ils sont traités ; vous
écouteriez leurs représentations , vous sauriez si
leur noiirriUire et leur entretien sont propor-
tionnes il la pension qu*on paie pour eux; quel
est Tordre et le régime de chaque maison,
cjuellesprécaulions on y observe pour maintenir
1 I MKMomps nisioftiQt c«^
1.1 tranquillité entre \c% cl^tcnnn, quelles me-
sures on prend pour prévenir les évasions ; enin
qncis nbiis il pourrait cire essentiel de réprimer.
TouH ves détails sont dignes de l'attention de
ladininistrateur ; si vous ne pouvez pas vons en
occuper vous-même pour toutes les matsoiis.
forts ou chàteaui de votre département, votu
pourriez du moins visiter ceux oii il y a plat de
prisonniers, et faire visiter les antres par ym
subdélégués, on d'autres personnes de confiance,
sur reiactitudc desquels vons croiriet pnnvnir
compter. Je vous prie de ne pas onblier de nan
faire part, tous les ans, du résultat de ces risiles;
vous ne devez point douter que je n'en tende en
roi un compte très exact, et que je ne lui prepoae
d'adopter vos vues sur les changemens et les ré-
formes qui vous paraîtront utiles ou n
« Il ne vous écbappera sans doute pas que, I
que je vous invite 3i prendre par vous-même
vos subdélégués, des éclaircissemens snr la
duite des prisonniers , je n'entends parier qne
de ceux qui sont renfermés dans des maisotiÉ,
forts ou chtUeaux de votre département. A 1^
^ard de ceux qui , d*après votre avis on
de MM. vos prédécesseurs, sont détenus b
(le votre intendance, je suis persuadé qn*
vous adressant a MM. les intendans dans le dé«
partement desquels ils se trouveront » vons
TIRÉS DES ARCHIVES. |5
recevrez toutes les informations dont vous aurési
besoin.
« Je n'ai jusqu'à présent fait mentioti (Jue des
prisonniers actuellement détenus, compris dand
l'état ci-joint , et sur le sort desquels il s*àgit
en ce moment-ci de statuer. Mais tout ce que
j'ai observé à leur égard, les mêmes principes,
et les mêmes règles qui m'ont paru detoit* en
général servir h décider si les ordres expédiée
contre eux seront ou non révoqués , me parais^
sent devoir s'appliquer aux personnes qUe , pâlf
la suite , il pourra être question de renfefiiieh
V Ainsi, monsieur, lorsque vous me prôjMtiMfc
l'expédition d'ordres démandés parles fdihîHéë,
je vous prie de me marquer en même temp^ de
qu'elle durée vous penserez que doit être là
détention , et je crois qu'en général , et sauf les
circonstances parliculières qui peuvent se pré-
senter, elle ne doit pas s'étendre au-delà de
deux ou trois ans pour les hommes, lorsqu'il y a
libertinages et bassesses, ou pour les femmes,
quand il y a libertinage et scandale; et au-delà
d'un ou deux ans lorsque les femmes ne sont
coupables que de faiblesse , et les hommes que
d'inconduile et de dissipation.
* Je vous prie de me proposer un terme pour
la détention même de ceux qui seront prévenus
d'excès, de délits ou crimes. Cela doit, comme
i(i Mi'Momu msTomocis
je lai dit, dépendre des circoniUncct , et ce
sera à TOUS , monsieur , de les apprécier.
« A l'ëj^ard des personnes dont on denaulera
la détention pour cause d aliénationM*cspril« h
justice et la prudence exigent que voiis ne pro*
posiez les ordres que quand il y aura nne in-
tcrdiclion prononcée par jujçementt anmosqM
la famille ne soit hors d*étai de faire les frais de
la procédure qui doit précéder FnterdicliMi.
Mais , en ce cas , il faudra que la déoMnoa toit
notoire et constatée par des éclai
bien eiacts. Quand il s'agit de faire
mineur , ne fut-ce que pour forme de
tion p le concours du père el de la mère a §
qu*a présent paru suffire. Mais les permet
sont quelquefois injustes , ou trop
trop faciles a s*alarmer , et je pense qaH
toujours exiger qu au moins deux oo
principaux parens signent arec les pèrm d
mères les mémoires qui contiendront la d
des ordres.
• Le concours de la famille maternelle
indispensable lorsque la mrre est morleteC
des deux familles lorsque ii* père n*e»iita,ylm i
à plus forle rai?(on» quand il n'y a plot ni pcra
ni mère.
' Kniin » il ne faut accueillir qu'aTcc la pina
grande circonspection 1rs plaintes des mari
TIRÉS DES ARCHIVES. I^
contre leurs femmes , celles des femmes ciiriilK
leus maris ^ et, c'est surtout alors que les ;deux
familles doivent se réunir, et autoriseèfMÉru»
consentement formel le recours. à rattlorilé.:> o
« Ces principes sont connus , et je sais qii'^ir
général on les a toujours; suivis. Mais ^je croîs
avoir remarqué que Ton a quelqUelois demandé
des ordres, et que MM. W inteddana en ont
quelquefois proposé , dans d^a circoiislanoesi oii
je vous avoue qu'il ne me paraît pas conveqabte
d'en accorder. Par exempJbe , une personneL^mar^
jeure, maîtresse de se$ djroic^rJi'éUiilpbÉiSiHNi
l'autorité paternelle, ne doit point être riafi^^
mée, même sur la demande des deux^&nsilles
réunies, toutes les fois qu'il n'y. a point d^^déUftl
qui puissent exciter la vig'dance du inimslère
public , et donner matière à des peines dont
un préjugé très déraisonnable , mais qui existé,
f^ût retomber la honte sur toute une famille.
Il est vraiment essentiel, par rapport aux faits
dont on accuse les personnes qui ne dépendent
que d'elles-mêmes , de bien distinguer ceux qui
ne produisent pour leurs familles que des désa-
grémens, et ceux qui les exposent a un véritable
déshonneur. C'est sans doute un désagrément
pour des gens d'un certain état , et ils sont avec
jraison humiliés d'avoir sous leurs yeux une sœur
ou une pareille dont les mœurs sont indécentes,
IV. j
l
et dont les gabnlerif h et les faiblesses ne sont
pu tecrëtes. C'est encore nn désagrément pour
nne dmille honnête » et il est naturel qu'elle no
voie pas avec indifférence qae, dans la némc
vUIO|dans le même canton qu'elle habite, nn
do aea mombrea a'avilisae par on mariage hon«
tau , ou so ruine par des dépenses inconatdé-
séos f ou ao livre aux excès do la dAoncho oC
vivo daaa la crapule. Mais rien do tout ooh no
mo parait présenter des motift asaoi ffsrla poot
priver do leur liberté ceux qui sont, comoM
disant ks lois , mi juri$. Ils ne font do toK quA
ooz i la goaro do déshonneur dont ib ao convreal
no tombe que aur eux , et leurs parona ao lo
partagent point , et no me paraiasont avoir an*
cm droit à l'intervention do Tautorité.
V Telles sont^ monsieur, les réflexiona qno na^
yuggéréoa l'attontion particulière que jo
à tout co qui concenao lea ordres do
depuis que lo roi a bien voulu mo noosmor
orélaire d'état. J'en ai rendu compte a So
joaté • qui lea a trouvées conformes aux vnoa êê
justice et do bienfaisance dont elle est
Elle désire qu'on no s'en écarte que k
qu'il sera possible ; et , comme elle mit qno c*i
surtout d*après l'usage que l'on fait de son
torité contre les particuliers , que se forma ot
s'établit l'opinion publique sur le gouvememeat.
TII^ÉS DES ARCHIVES. |jf
e a jugé à propos que ses ÎD^i^iifVDf à çi^
ard fussent connues 4e toutes 1(^ p§]^i^^
li concourent plus ou mpins direçtei^ai^^^
ixpédition des ordres. Elle m'^, en coaséqH^fVPÇj^
itorisé à faire imprimer ceinte lettres fi;a 9V^h^
I envoyer un certain nombre d'exeKi^pliiibref
48 vous voudrez bien adresser à vos ajubd^H"^
lés» ati^ quîis puissent en ^a^iir V«9p]^îtt ^^
^ conformer , autan| que le^ circo^aMM^^es lf^
armettront, d^n$ Içs inl^rviAlio^s ^^!^f l(^9fff^
prendre et à vous tr4n9n|^^tir^ /lurlçft; 4frn
lapdos f^nfi^e^ par les fs^miUes.
tf J'ai llionneur d'être très parÇEiiteoMmfc ^
tqnsieur , votre très humble «fc Irèa obénfanf
urviteur.
c Signé le baron de BRÎTEniL. »
Cette circulaire en dit plus que tout ce que je
ourrais ajouter sur le même sujet. Si l'on mit
lus de réserve dans la distribution des lettres
e cachet , on ne fut guère moins prodigue des
rdres du roi. Dans Tadministration de la pp-
ce y M. Lenoir en fit un grand usage » et le
lombre de ceux qui en étaient victimes fut un
les premiers objets qui attirèrent l'attention de
assemblée constituante. Elle nomma un comité
larticulier pour s'en occuper, et M. le comte de
!Iastellane fit , au nom de ce comité , le 30 fé-
an MKMOiitrs iiiSTonii.irrs
frîcr1790, un rapport sur le» mcturc» a prendre
pour prononcer sans danger la liberté de ceux
qni gi^missaient dans les pri<on< par reflfeC des
ordres arbitraires de Tannen îrourernement.
L*art. 10 du décret qu'elle rendit « le 1!ï mars
17!Ï0, porle : « Les ordres arbitraires compor-
tant exil » ou tous les autres de même nature ,
ainsi que toutes les lettres de cachet sont abolis;
il n'en sera plus donné a TaTenir. Ceox qni en
ont été frappés sont libres de se transporter par-
tout où ils jugeront k propos. »
Une multitude d'individus recoQTrkrent la K*
berté ; en peu de temps « les maisons de force et
les prisons d'état furent vidées , il n'y resta qae
ceux qui devaient aux lettres de cachet ma avx
ordres du roi d'avoir échappé A la juste pvnition
de crimes ou d'attentats constatés et restés impu-
nis ; ce ne fut que plus tard qu'une longne et
cruelle détention ayant paru une peine anC-
santé , Fautorité les rendit n la liberté. Rendom
justice a l'arbitraire lui^mf'me; les lettres de
cachet sauv^rent l'existence a des individos
qu'une légalité plus strictement suivie aurait esi-
voyés h la mort.
Les lettres de csrhet et les ordres du roi nV
vaient pas peu contribué a déshonorer Tan*
ciennc police, p.ir la facilité qu'ils donnaient
d'exercer des vengeances et de servir de viles
TIRES DES ARCHIVES. 21
passions ; on ne voyait pas le bien dont quel*
quefois ils avaient été la source , on ne s'aita-
chait qu*aux abus, dont la police offrait d'ail-
leurs bien d'autres exemples encore.
De ce nombre était la violation du secret des
lettres, dont j'ai entretenu le lecteur.
i: ..•:
CHAPITRE LIV
Gomtlé dat recherchefl d« la oomMOBe de fwii ^ %t «■okra !?(
— AissMioat du boabmfer Français. — Hollii 4a Malikar-
mcat du oomiië d<t rcchcrdirt. ■» Comtààintïomê wm — tèiliA
ei m aitriliuiioDs. — Se» pourMitct ooalre las Hriairtrak — Le
prince de LambcM: , M. de Barentio , de BragHc « ér ■mwal-
— Arrêté concernaot les «f éneaens du 6 odubrew «• â&lw da
F4vrM. — Mooftkur, frère du roi , ■ Tasscabléa de b caM-
mune. — Rapport dr M. Agicr »ur \r% peévenus de
— Supprcuit>ii du coiullc de» recherche».
Le roi Louis \VI avait enfin fixé ta demeore
à Paris , .ipris Il*s i':\rnrmenH ilii (i oclobrc 17X9.
lorsqiii! la I luTtr \\k-^ MibMstani'o fctirnil le prr-
MEMOIRES HISTOIUQUBS TIHES DBS ARCHIVES. ' !l5
telle '^t l'occasion de nouveau! désordres, ^i
paraissaient tenir a des desséiiH <3ftthër^ d'oc*
cuper la révolution et d'obligei* le rbi k iUir dé lu
capitale.
Il est à remarquer, sur ce point, que ce pré-
texte, si fi*équent parmi nous, précède habituel-
lement les grandes catastrophes. Peut-être, au
neu de l'arbitraire et du vagué (}ui régnent datis
ées matières , faudk'ait-il crééi* nû dé^rtéMètit
spécial des subsistances pôui^ là stifVèilfeiÙtée êk
la production et la répartition déS déïri^élss. Il éit
ésfirentiel de vbir clfiit, et èùrtëttt de)^Vctt, Aans
un besoin de tous lés jéurs. La Hbéi^té daM iéti-
gue n'aboutit <|U'âu détèrdté.
Un botdarigér > tibmmé î^éançttU , élîiit Wlàp-
çonné de fraude et d'àctapàreiiiétit dàM stttk tùth-
merce ; on l'arrête dans sa boutique , on l'em-
mène au comité de police , a l'Hôlel-de-Ville; il
en est arraché par la multitude avec violence ,
traîné sur la place de Grève , jusqu'au-dessous du
fatal réverbère ; il y est pendu ; sa tête ensuite est
coupée et portée dans Paris, au bout d'une pi-
que (1), le 21 octobre 1789.
Un pareil crime était fait pour alarmer les gens
de bien qui savaient que le crime appelle le crime
{\) V\ocvs-\uhn] (Jcs lei'M'sciiîaiîi. de la coiniiiuuc , du ai oc-
^4 MÉMOIimi HtVlUAKiL'Câ
et que lodeiirciu saog en allume la toîT. L« roîcft
la famille royale étaienlaux Tuileries; on craî*
goait quelques excès contre eux qui les forçai à
fuir une ville oii de pareils allentals resicnicnl
impunis.
Le garde des sceaux écrivit a la mnnkipalilé
provisoire d'en faire rechercher les antcurs d
provocateurs. Elle en prit la délcmînalion d
promit 20,000 francs à quiconque dénooceraîl
les agens ou instigateurs de l'assassinat du bon -
langer François.
Mais comment les découvrir ? comment p oa se
prêtant à la demande du roi , connailre cl aar-
veiller les agitateurs secrets, s'il y en avait, el les
livrer a la justice ? L'idée d'un aumilé iê wànU Sal
mise en avant , c'était la plus naturelle qn'on fil
proposer ; le conseil général de la commane 1'*-*
dopta ; et , le 21 octobre 1780, il prit un arrclé •«
il déclara « que, vivement affligé de voir que, mal-
gré ses invitations aux habilaus de la capitule
pour les engager à ne plus troubler la Iranqoil»
lilé publique par des insurrections aussi pnéjad^
riabirs aux |iarliriilior» qu*ii la ville entière, de
nouveaux airles dr. violence c*l de meurtre uièuke
se commettaient eiuorc peudant le séjour da rei
dans sa bonne ville de Paris et pendant les séances
de ra»»emblrc nationale ; coiisidtTant qu'il cs|
lie bun (lt*%tiir Je < lien in i* a cii.i ouvrir le* ma-
TIRÉS PSS ARCHIVES. â5
nœuvres odieuses que des gens mal intentionnés
emploient pour dénaturer le caractère doux et
humain du peuple français et pour Texciter \ des
troubles qui ne tendent qu'à tourner contre ses
propres intérêts, a unanimement arrêté qu'ilserait
établi un comité des recherches , composé de mem-*
bres pris dans son sein, qui se bornerait, et,
sans avoir aucun pouvoir administratif , a rece-
voir les dénonciations et les dépositions sur les
trames , complots et conspirations qui pourraient
être découverts; s'assureraient, au besoin, des
personnes dénoncées , les interrogeraient et ras-
sembleraient les pièces et preuves qu'ils pour-
raient recueillir pour en former un corps d'in-
struction. En conséquence, elle nomma, parla
voie du sort , les commissaires pour faire les fonc-
tions ci-dessus énoncées. »
Cet aiTcîlé, signe Bailly, niairc , Blondel , de
la Vigne, Marchais, président de rassemblée des
représenlans de la commune, et de Bertolio et
Vigée, secrétaires, fut afliché et proclamé dans
Paris. Au lieu d'éloges , au moins inutiles k des
aflfamés, que la terreur de voir leurs familles périr
des suites de la disette, rendait indomptables et
féroces, au lieu d\\n comité de menaces, qui
devait employer un certain personnel , il eût été
plus simple, plus convenable, de prendre des
mesures f^éncralcs d'approvisiounemenl ; on ou-
:i6 MiûMoiius auTOAivuts
vrail des Toîes k la dénoncîaiion ei à U
sion ; mais l'échafaud eirespîonuage ne
pas à tous les besoins.
Les commissaires nommés par le sort ponr
composer ce comité , furent MM. Agier, Oudart,
Perron, Lacref elle (l'aîné), Garran de Couloa tt
Rrissot de War ville.
MM. Garran de Coulon , Agier et Brissot de
>Vanrille se montrèrent les plus lélés et les pins
actifs de cette autorité nouToUe. Leurs noms
sont si connus , que je ne m'arrêterai pas k rap-
peler les circonstances particulières ijni les coih
cernent.
Leurs fondions étaient , comme on le voit t
tout 11 la fois de police secrète ou admiiiistralhre,
ci de police judiciaire; ils pouvaient ncevoîr
des dénoncialions , arrêter les prévenoSt ki in-
lurroger, dresser procès-verbal de la prcosièN
iiislruction » et renvoyer les accusés devant les
tribunaux. C^était le Châtelet devant le^nel se
portaient les accusations de conspiration et As
i rime de lî-sr- nation.
\ mesure que les travaut du comité
de rimportance , il devint l'objet des pins v
ré4 lamations de la part des adversaires de la
Vdliition; pluMiMirs actes arbitraires, et la
t|iic l'on portr sicnéraleaienl û l'expionnaf^e
TUt£S DES AHCHIVBS;. S?
tique , fournirent des argamens coAtre lut. La
«lémarche imprudente qu'il fit , entre autres ,
d'arrêter madame de Jumisfaac , r^tirét dan* une
de ses terres , et dç la faire oampandtra devant
lui pour répondre k de frÏTolès déooiloiaticns ,
donna prise aux mécontenside jrter liu ndûmlË
et de l'odieux sur le comité. M. de Clttmont'
Tonnerre fut uH de ceux qui crièrent le plus
haut; il en attaqua les membres et leur prodi-
gua les noms les plus odieux ; le comité lui-même
n'était , suivant le violent député , qu'une tyran-
ni* organisée ; mais c'était moins du comité et de
8on pouvoir arbitraire que de l'objet de son in-
stitution , que M. de Clermont-Tonnerre était
blessé. Tdutc«qm avait pour- but de défendre
la révolution datait préduïn iflteâÎBt parmi les
ministres de la noblesse , dont U était un des
plus illustres ; aussi , ses plaintes et ses démons-
tralions se perdirent-elles dans la foule des avis
qu'excitait le nouvel ordre de choses. Cepen-
dant, Brissot de Warville voulut défendre le
comité ; il répondit à M. de Clermont-Tonnerre
et réliila sa brochure. Il s'attacha à montrer
(juc , sans les pouvoirs dont était revêtu ce co-
niilc, et sans les actes arbitraires qu'il se pcr-
meltaîl et auxquels il était en quelque sorte né-
<:i'!>ïtil(3 pour remplir s:i mission, il aurait été
îiiip()5-iblc (l'en oblLuir quelque résultat ulJU^
a6 MCMoiiies histori^ucs
pour la recherche des agîuieun et la répreiaioa
dea déaordrea dont M. de Clermonl-TonnerTC
ae plaignait plus que personne. Ces raiaons ne
parurent pas également plausibles à Ions les
yeux , et le nom du comité des recherches resta
toujours entaché d*un ternis inquisî tonal qoî ne
s'est pas efiacé.
Parmi les procédés auxquels il se Ipra pour
répondre au but de son institution , je dois riler
Tenquéte qu'il ordonna et fit faire sur les
auteurs de ce qu'il appelle la consjMralion Ircairt
par la ecur contre la tUU dt Parti , enjwm tl jmS^
letiTW.
Les pièces qu*a cette occasion il produisit
contre MM. de Barentin , garde des sceau. Be-
xeiivalt Broglie et autres personnes signalées
comme complices de cette conspiration « pradvi'
dirent un grand effet dans le public , et contri-
buèrent a éclairer l'opinion sur les maiMNWCs
auxquelles on entraînait le roi et le goaTcmc-
ment à cette époque (1).
MaU une de %v% plti^ imporlantirn opérations 9e
,1} On rii|agc In |N'm»Dnrft qui «nudr^icut prmdrr
«>«iH.e Jr cjr« pttxn rC aiilro4cln aiilliculiqui^ du ruiiifr érs 9^^
TIRÉS DTS ARCHIVES. 5)9
rapporte à la recherche des auteurs et des cir-
conslances des événemens du 6 octobre précé-
dent, le 5, n'ayant été considéré que comme
un tumulte populaire, qui ne lui parut pas
criminel. L'arrêté qu'il prit à ce sujet caractérise
sa mission et son opinion sur les scènes de Ver-
sailles j c'est une pièce historique que je dois
consignerJci.
. . (c Le comité des recherches , y estril ^l , se
propose de dénoncer le forfait ej^écrable qui a
souillé le château de Versailles JJAns la matinée
du mardi 6 octobre, forfait qui n'a eu pour in-
strument que des bandits poussés par dçs ma-
nœuvres clandestines , et qui se sont mêlés avec
les citoyens. Le comité ne rappellera pas les ex-
cès auxquels ces brigands se sont livrés , et qu'ils
auraient multipliés sans doute s'ils n'avaient été
arrêtés par des troupes nationales destinées a
repousser les désordres et à assurer la tran-
quillité du roi et de rassemblée nationale. Le
calme et 1 harmonie régnaient partout; on ne
parlait que de reconnaissance, d'amour et de
fraternité, lorsque, entre cinq et six heures du
matin du mardi, une troupe de bandits armés,
accompagnés de quelques femmes, fit, par des
passages intérieurs du jardin , une irruption sou-
daine dans le château, força les gardes-du-corps
3o nirMOiRFS nisToniQcr*
on sentinelle dant rtnlériciir(l) , onFonr^ ks
portes , se précipita Tcrs les appartemcns de h
reine, massacra quelques-uns des gardes qm
vcilinicnt a sa surrté; il pénétra dan< cet appar-
tement que Sa Majesté eut à peine le temps de
quitter pour se réfugier chez le roi. La furnir de
ces assasins ne fut réprimée que par 1rs garda
nationales qui , averties de ce cama|B « acrov-
nirent de leurs postes eitérteors povr les re-
pousser et arracher de leurs maûns d'aolree
gardes-du-corps qu'ils allaient immoler.
« Le comité, considérant que des atleoMi
aussi atroces» s'ils restaient sans pounnitcs, Ml-
primeraient à Thonneur de la capitale il 9m
nom français une tache ineffaçahle , eeâme omm
M. le procureur-syndic doit , en ▼erto de I|HM^
sion qui lui a été donnée par les reprfisnlai dm
(0 2î'il bat t'ca rapporUr kU.lt mn|nb de Pcrrtèr»
de la noMeiie da btillUge d*Angcn , M. de LAfi/cliv. %
roaudalt la garde nsUonalc TenHe de Parit, oflHC
IqI demanda avec lB%lanac , de faire svidtr lai
du château par dci grenadiers de la prde naUosalc. 1^ roi IIÉ^
et Toulul que ce funeol le« gtrde«-du-corpi. .WwJt^êS db Jl^
r/fTi».f sur ta Hévolutlon , lomr i*".
Prrniit Je douter akira que tl le roi cAl ac^wvsé h
maiiilir , les grenadier» de U prJe nationale aunicat
briiSiiiiiK ; leur truir pn-^lirr rût Mlffi pour r^pHoMT W
Il nVtiit pfuf temps lonquMl fut a ton oomlrfe.
TIRKS DES ARCHIVES. 3l
la commune, et en conlinuani les dénopciaiions
fartes précédemment d'après les mêmes péuvoirs^
dénoncer les attentats ci-dessus mentionnés aiosî
que leurs auteurs , fauteurs et complices, et touf
ceux qui, par des promesses d'argent o^ par
d'autres manœuvres, les ont excités e^ provp-^
qués.
« Fait audit comité, le 25 novembre 1789.
":s.
« Siqni , Agier , Perron," Oudart, Garrat*
DE CouLON et Brissot de Warville. *
Je n'^i point dissimula les plaintes qn'ojicita
ce comité , pas plus que les actes arl^Hrffurf ;^ 4ç
M police y mais , encore une foiai>, ppuvait-il
remplir sa mission? pouirait-il ^éi^ppciur et ^\-
^aler aux tribunaux les auteurs et coaipUces
des excès commis à Versailles le 6 octobre, sans
procéder par voie d'investigations , de recher-
ches , d'une sorte d'espionnage ? Si, devant cer-
tains accusateurs, dont les chicanes portent plus
sur la forme que sur le fond, et qui veulent que
Ton apporte quelque modération dans l'usage
de la force, cette nullité n'excuse et ne légitime
pas tout ce qu'il y eut d'irrégulier dans la con-
duite du comité des recherches , c'est une con-
sidération importante qui doit atténuer les ac-
cusations étranges que l'on a portées contre lui.
Sa création emportait son action, et son action
des abus; mais on est toujours scandalisé, parmi
nous , de voir un principe engendrer set cooeé-
qucnccs : on ne Mit que déclamer» on ne sait
pas prcvoir.
Du moment que les circonstances et l'état de
Topinion ne rendirent plun ses fonctions né*
cesfiaires, le pr^sidunl du comité vint annon-
cer an conseil général de la commune (le 5 octo-
bre 1 79i ) que ses travaux étaient à leur tenoe ; en
conséquence , le conseil général arrêta «il* que
le comité cesserait ses fonctions; 2" que le« pa*
picrs inventoriés Kcrai<*nt déposés an départe-
ment de la police ; 3^ que des remercînem se*
raient votés au comité pour le cèle et la prfdence
avec lesquels il avait rempli les devoirs ki phis
pénibles.
« Signé Bailly, maire; Rovra, sicrteârr-
grêffer-adjoiiii (i). •
Comme autorité de Paris, le comité des
cberchea de b commune de Paris a exercé
(i) Ce drrnirr rtt riinnu raine M. Roy-T-Oifanl «
mo^ihlc de U rhamlire dr« dê;titt''«. qui, din^ fm«
crrtitutle , ■ loujuur^ rir, pirur I» 11111111111*1 liétàlcotlc»
V(iir%, et J4I011V dr le» a^MKirr atu |»rt»i;r>-« du |«A]r«. !r
Uni d*k Plierai J** 1j liaiiti* li'inurr.iti''. **« «-i i-f.'j rmrrl .-uk»ï«, «M
ippariiiiiiH prnf»|iriiqtie« lui duniK^il uiir imp*rta*irra *a^«cSr
Km caractère 4 o^riaincmnii dntii . Vxv q«te «a prn^rv «r «r mH
TIRES DES ARCHIVES. 33
pouvoir en livrant aux tribunaux plusieurs de
ceux qui étaient accusés de conspirations ou de «
complots contre l'Ëlat.
M. Agier, aujourd'hui membre de la cour
royale et de la chambre des députés, éii àthit
rendu compte à l'assemblée générale' deï réj^i^é-
sentans de la commune dès le 30 nWeiil*^
bre 1789; son rapport fut imprimé pai^ ordre
de cette assemblée. ' • * ' ^^^
On y voit que le comité des recherches de là
commune avait dénoncé au tribuVial^ dù-ChlVélëti
chargé de poursuivre les auteiirs des' com^lMè
contre la révolution, d*abord M. de Làihl^és^:
Quinze témoins avaient été ententlus; tbiis aé^
posaient de l'assassinat commis diins lés'Ttiilé-*
ries par ce prince ; mais ces dépositions hë liii
ayant pas paru suffisantes , il multiplia ses re-
c herches : vingt-cinq nouveaux témoins firent
la même déclaration que les premiers. Le co-
mité apprit, de plus, que M. de Lambesc , qu'on
ne croyait coupable que des violences exercées
jan>'»is Im»mi ii'ttttr.cnt \ulgniis'!'c. jN'ou*; croyons qu'il peut beau-
coup [)îns , cl noiif regrettons de voir son influence pâlir après
uv()ii- jitc <Je :>'i vifs éc ..lis, ce serait u:)C' accusation douloureuse
C(v;îi(' ]r sy:^!-'i;i(' c()!!sii: uii* u;kI, où les plus belles forces tombent
et s'effarent , après s'êUe un nioineiir pi i» .'es en évi.îciicc , rem-
placées pnr d'autres cpii or.t le nîème écîftt , la même inutilité, le
riK^ni'' sort. 'SnfrdeJ. Pruch^^.
iSIXft t-A
m
i.i4^!?
IK «t .ter^ Tvi^._..,-^ •. .AA^'.i.^: . .Mk.': . i. -^2 IH"?
>? ^«."iul lift i«t^i<!l'Aft TL lCi*?4 LIrt fttÇK PV^*
v^ t
■
dta^^t iei traspe» ^ ccrxMctu Patm^ nrk
A4X-f.^ dA3ti-:kAmp. nu/M'-çeocrftl daat celle
arm^c; ^o&a, «or \l A:iieari. qai Avail prc*
ptfé nn pro)Cl «I rcrdisc riùoênire de h fûlc
du roi <:t d^ M relr&iie a ^[^ll . aa 14 jailict.
M Ag.»-r :»:;.lr • r**-i.tr- !i -j'ie^li »n Je U rr*-
|iori«at»!!itf' d-* nnn •'rc* d-rion.-- *, rt »'altaciie
4 rt'ïn\»r I n^iii.i ji li*- • ai ijTii ^oulenaicnl
i|'i iv.'ini fT* ' Ml»- t]..^ «If ir** -i iii* là *p}i^ rc de
|i-iir«i 'I' w, f. . jU f '.MPrit iiMll.i Ml iM''* , t't que
Ir dr< rf-t f|iji \vs rcnd.iil re^p>'i)«ables, n'ivanl
1 f' |i»irl«' #|iir II' 1" j'iilli r 17S'>. . 'f*l-'i din-
TIRES DKS AnCHlVES. 35
postérieurement aux (^vënemens, les chefs d'àë-
cusalion contre eux étaient inadmissibles.
« Nous croyons, cependant, dit M. Agîer,
que , malgré la date du décret et le manque so-
lennel de sa publication , ces agens du pouVoîr
n'en sont pas moins coupables d'avoir exefctité
les ordres rigoureux qu'ils avaient reçus; cfuêla
responsabilité n'a été que déclarée et non éta-
blie par le décret du 13 juillet; qu'elle a soti
fondement dans les lois anléHèures eV détn^ie
de la nature même du contrat social. Les agërfs
civils et militaires se mettaient donc au-dessus
des lois, en alléguant les ordres qu'ils orit
reçus. » Invoquer la nature même du c'ôtilrat
social, c'était subordonner la responsabilité dés
agens du pouvoir a de bien autres disputés
encore.
Le rapporteur se plaint ensuite du manque de
moyens qne le comité éprouvait pour remplir sa
mission. « Nous avons été privés , dit-il , d'un
nombre suffisant d'observateurs , espèce d'armée
qui était aux ordres de Tancienne police et dont
elle faisait un si grand usage. Si tous les dis-
tricts étaient bien organisés, si leurs comités
étaient bien choisis et peu nombreux, nous n'au-
rions vraisemblablement aucun sujet de regretter
la privation d'une ressource odieuse que nos
oppre^icun ont >i lon;;-temp^ employée rontrr
nous. •
Transtormcr 1 e^piunn^^^. i-l û fiicui \v ren-
dre tout i t ou^i iiJtion.iL ic n'e^t T\tn ir\\i\z\s
qu'abolir la vie pr;\c'cr et »c» U;ubrc!t pour lo«
lumières de la Me pub'.i'juc. 11 faudrait trouver
pour cela le mo>ca de donner de toute* part^
le pas il Tesprît corporatif sur l'esprit de famille;
problème digne d'exercer les sptculations de
ceuK qui mentent vraiment le nom de légisb-
leurs!...
M. Ag;ier combat ici ce qu il appelle une fmmèÊ
délicatesse, w Re*>tc, dit- il, de nos ancirniieft
mœurs, qui lait qu*oii rougit de déclarer ce qae
Ton sait, uième lorsqu'il est question du salut lie
la patrie. Qu'il me soit permis de le dire, sgoalc-
t-ily il est temps de déposer ces prt-jugés. Antre*
fois» on abhorrait le nom dcdclaîemr^ ci Ton a^ait
raison ; car à quoi aboutissaient les délaliona? A
faire connaître souvent des actions très înna*
centes, quelquefoi» luème viTlucuses, et à livrer
le prétendu coujiable au pouvoir arbitraire eiâ
une justice preycjue ausM redoutable au&geas de
bien; partiale dans son iii^lriictioii, cruelle dans
ses nio}en*i,M*rr<'te et iii«péiiélrable dans »a nur^
ilie. Aujourd'hui « tout r^t di^mué^ te ne toni
plu» de< at tes du vertu ou dt» démarches in-
TIRÉS DES ARCHIVES. 3Î*f '
différentes qu'il s'agit de dénohcer^ mais dèi"
complots funestes h la patrie. Le but des dé^*
nonciations, quel est-il? Ce n'est pas de pérdî^e-
obscurcment la personne dénoncée ou de com'-^
promeltre son existence; mais de l'amener de-
vant ses pairs pour y être examinée sur-le-champ^
renvoyée, si elle se trouve innocente, et dans le cas
contraire, livrée à une justice humaine, publiques-
impartiale, qui ne peut être terrible qu'aux mal-
faiteurs. Le silence, en matière de délationV e^
vertu sous le despotisme; c'est un criîne souf
l'empire de la liberté. » - ' ^
Cette doctrine, trop périlleuse, trop favoraUé
à la tyrannie pour être adoptée, fut, malgré
tout ce que M. Âgier put dire , généralement
repoussée du public et de ses collègues. C'est
surtout dans les troubles politiques, disait-on,
qu'elle est funeste, et trop d'exemples le prou-
vent. Ce qu'un parti appelle vertu, courage,
Taulrc le nomme trahison; tel est coupable le
lendemain pour avoir fait ou dit une chose qui
la veille hû avait valu une couronne. La dènon-
riolioii des crimes dans la société est a peine
lulérable, malgré les garanties qu'oflVent a l'ac-
cusé l'institution des jurés , la publicité de la
procédure et l'intervention d'un défenseur. Mais
c[ue dire de la délation qui porte sur des délits
)W)!iii(U!es , csscnliciicinenl variables, incertains,
58 >Ii1moIH£!» III^TUIIIQUES
ii sujets aux caprices du pouvoir? N*esl-ellc |ms
elle-même un crime, un danger, qu'il (aul repovs-
ser, et que Tacite a eu raisMin de cljsser parmi
les plus honteux titres des courtisans de Tibère?
D'ailleurs, on ne rëgiiiurise pas Teipionnaîre
aTec des phrases phis ou moins bien toamécs
contre les abus de la déhcatesse. Cette délîca-
tesse est et sera ; elle a ses abus comme tout le
reste. Tous les partis, dans leur propre isole-
ment, se posent comme les repcésentans aoi-
qnes de la patrie ; tous se disent Tertueax, JMlcs
et bons; rien ne sera plus saspeci tttil qna
leurs adtersaires n'en seront pas iTaccord. En
présence de leurs nombreux eicès et de Icnrs
dÎTorses représailles, l'impartialité serait de
absoudre ou de les condamner tous. L
et la Tertu sont en effet des mots ^ne Innr k
tour ils ont cruellement prostitués k ém hmmm
et à des vengeances. Nous aurions vonk lonr
voir un peu moins de cet honneur impitoyuhU
et de cette vertu sanguinaire en leur
aant plus d'humanité ; c'est ce qui reste b
demandt-r lorsque Ion parcourt leurs annales.
Au nombre des faits qui se rattachent m la
mission du comité des recherches de la ceei
niunr , il ne faut p^is omettre la dcW-oiivrrte cl
la drnoiif iati(»n t\v la run!«|iiration du marquis
(If l'\iM'.i!i. un |iiiitnt du nrojc't que rel rnfjnt
TiR£S DES ARCHIVES. 3^
perdu de Tenthousiasme rayalUte avait formé
dans rintérêt de la famille royale , et auqufl
prirent part, mais avec une pasillanimité ^
connue, des personnages qu'une haute oonsidéf
ration empêcha de signaler alors. Favras fjat
victime de son zèle et de son imprudences ^^aip
le comité accomplit strictement son devoir «n
le faisant arrêter; car la tentative que n^H^it
le marquis de Favras, et pour laquelle i]L fspmprr
tait sur une puissante intervention , pouffait
avoir sur le moment des suites déplorables, qui
fiirent ajournées par son arreltation. J'en ferai
donc connaître le commencement et riasue: jj
ajouterai quelques circonstances dont, comine ui^
des témoins de ce qui se plissa dans je temps^îf
pourrai garantir l'exactitude.
On savait d'une manière confiise dans je pu-
blic que l'auteur d'un complot, dont l'objet
aurait été de s'emparer ou de se défaire du
maire de Paris, du commandant général et de
faciliter au roi une évasion , avait été arrêté. Un
bruit vague désignait Monsieur y frère du roi,
comme le chef de celte espèce de conspiration.
Les personnes au courant de ce qui se tramait ,
des inlriiijUes et des tentatives secrètes des roya-
listes niéconlens, avaient sur le fond de ce projet
des données (jui ne leur pernictlaient pas de
Joulcr (jiic le prince ne se fut en cflct engagé
40 MF.MOIhrs IIISIORIQUCS
aTec prudence k en faciliter l'eiécntton. Comme
il était nécessaire d'avoir des fonds en aaaex
grande quantité pour fournir aux dépenses de
levée d'hommes ou de moyens de rorruplion
pris de certains chefs, il fut convenu que, soq«
prétexte de liquider l'arriéré de sa maison.
Monsieur ferait un empnint de quelque* mîU
lions que le marquis de Favras se chargerait de
négocier chex les notaires les plus solvables.
Mais quoique ces bruits acquissent une cer-
taine consistanccpar les autres conjonctures et ce
qu*on savait des vues du parti de la eonr , on
ignorait encore ce qu'il en était au fond ; sur*
tout on révoquait en doute la participation de
Monsieur au complot , lorsqu'à la séance du
décembre 88 , on reçut une lettre de Moi
aihsi conçue. Elle était adressée au préâdenl de
rassemblée :
• Je vous prie , monsieur , de demHder b
« MM. lés représentons de la commune
« semblée extraordinaire pour ce soir»
« communiquer avec eux pour une
w m*inléresse. Soyex bien persuadé, m
m ai tous mes^cntimcns pour vous.
« Siynr Sjamnms Xaviui. »
M. de Maîs«emy, qui pr/*«idait TaMemblée,
fit en son nom la réponse suiv.inte :
TIAES OIS ARCHIVES. 4^
« Monseigneur y
« J'ai fait lecture a l'assemblée générale des
« représentans de la commune de la lettré
« dont Monsieur m'a honoré; elle m'a chargé
« d'avoir l'honneur d'assurer MonsietÂr de son
* empressement a s'occuper de ce qui peut Kn-
«r téresser ; elle se réunira ce soir a six heures,
« et attendra que Monsieur daigne lui faire con-
r naître ses intentions.
t( Je suis, avec un profond respect , monsei-^
•f gneur, votre très humble et très obéissant
« serviteur.
« Signé De Maissemy ,
a Président de rassemblée générale des représentans de
la coii.iiinnc. »
J'ctals présent a la lecture de cette réponse, et
il nie lut facile de remarquer que quoique les
membres de i^assemblée sentissent leur amour-
propre chatouillé par cette espèce d'appel que lui
faisait le prince dans une affaire qui Vintéressait.
II y eut néanmoins quelques murmures h propos
(les exj)ressions Irop obséquieuses de la réponse.
Mais M. c!e ^.lai; scmy avait été directeur de la
lilirairie ; il étas! homme de cour et ne croyait
pas pouvoir cn^.jdoyer d'o:\ipi'cssions trop res-
4a MÉMOIRES HlfTORIQCCS
peclucuscs en écrivant au frrre du roi. Le ton
prévalut. '
Tout Paris fut instruit que Monsieur Tiendrait
le soir à la commune pour se justifier sur la frc-
hiion de Favras : c'était Texpression qull em-
ployait. On va voir, par le discours que le prince
prononra , jusqu'à quel point le public pouvait
concevoir des inquiétudes et désirer savoir le
résultat de la séance du soir.
Elle s'ouvrit à six heures, et la salla était ^jà
remplie ; M. le maire la présidait. A roavcrtmnt
il proposa de nommer une dépntation poor aller
recevoir Jf oniifur, lorsqu'il entrerait à Ili5lcl^
la commune ; elle fut composée, par le chaii 4m
l'assemblée, de douze de ses memlmat nr la
proposition de M. le maire; ce fitrent
llaissemy, président, Lourdet, Calliar,
riquet, de Semon ville, de Condorcel,
sarts, Daval, de Santeuil, DertoUo» ém Fi
et Callot.
Au moment ou on est venu prévenir Ti
blée de Karrivée de Monsieur^ les dépaléa
allés au-devant de lui ; introduit, il a été placé
sur un riuleiiil qui lui était prép.iré a la ganckt
(!r M. le maire. Ke | rinre n'a%.iil aucun de osa
^.'irdrs, «*t l«*s |i(»sirN iïiit'riiMirs il** la salle étaient
lonliés :iu\ i::irdc» de l.i ville qui n'avaient point
TIRES DES ARCHIVES. 4^
encore été supprimés , comme ils le furent plus
tard. De nombreux applaudissemens se sont Êiit
entendre, non seulement de la part de Tassem-
blée\ mais encore des galeries. Ce bruit flatteur
a paru donner un aplomb à Monsieur, que peut*
être il n'avait pas en arrivant. Assis et découvert,
il a prononcé le discours suivant :
« Messieurs,
(( Le désir de repousser une calomnie atroce
m'amène au milieu de vous. M. de Favras a
été arrêté avant-hier par ordre de votre comité
des recherches , et Ton répand aujourd'hui avec
affectation que j ai de grandes liaisons avec lui.
En ma qualité de citoyen de la ville de Paria,
j'ai cru devoir vous instruire moi-même des
seuls rapports sous lesquels je connais M. de
Favras.
« En 1772, il est entré dans mes gardes-suis-
ses; il en est sorti en 1775, et je ne lui ai pas
parlé depuis. Privé depuis plusieurs mois de la
jouissance de mes revenus ; inquiet sur les paie-
mens considérables que j'ai k faire en janvier,
j'ai désiré pouvoir salisldire à mes engagenieiis
sîiis rire a charge au Ircsor public. Pour y par-
venir , j'avais formé le projcl d'aliéner des coii-
Irits pour la somme ([ui m'était nécessaire 3 ou
44 MLMOiRES HISTORIQtES
m'a représenté <|u*il serait moins onéreai à mca
finances de fain* un emprunt. M. de Fams m'a
été indiqué « il y a environ quinze jours « par
M. de La Châtre , comme pouvant rcffectner
par deuK b.inquîprs, MM. Schjiumel el Sartorîos
En conséquence » j*ai souscrit une obligation de
2,000,01X1, somme nécessaire poar acquitter
mes engagement du commencement de rannée*
et pour payer ma maison ; cl cette affaicc étant
purement de finances , j*ai chargé mon Imorîer
de la suivre. Je n*ai point vu M. de Favna. je
ne lui ai point écrit , je n'ai eu aucune cmmmmaih
cation quelconque avec lui. Ce qu'il a Cût, éFâê^
leurs, m'est parfaitement inconnu.
« Ci^pendant, messieurs» j'ai appris hier qn'«n
distribuait avec profanon dans b capilah «•
papier conçu en ces termes :
« Le marquis de Favras(PliM-Rojafe)aélé
« arrêté avec madame son épouse, la Bait Ai M
« au 23, pour un plan qu'il avait de
• lever trente mille hommes pour faîra
V M. de Lafavette et le maire de h ville.
• ensuite de nous couper les vivrez. Jfi
« iVcTc lin roi, êtail u i:i tcrte.
« Signé Bih.
• \ uns n'attendez pas de moi, sans doute,
]v nrabaisbc* jiiM]ira nji* jiutîlior d'un Lritsea
j
TIRÉS DKS ARCHIVES. 4^
bas; mais, dans un* temps ou les calomnies les
plus nbsnrdes peuvent faire aisément confondre
les plus honnêtes citoyens avec les ennemis de
la révolution , j'ai cru, messieurs, devoir au roi,
a vous , et a moi-même , d'entrer dans tous les
détails que vous venez d'entendre, afin que l'o-
pinion publique ne puisse rester un instant
incertaine. Quant a mes opinions personnelles,
j'en parlerai avec confiance à mes concitoyens.
Depuis le jour où dans la seconde! assemblée
des notables j^ me déclarai suîr la question fon-
damentale qui divisait encore leë esprits , je n'ai
point cessé de croire qu'une grande révolution
était prête ; que le roi, pat ses intentions, ses
vertus et son rang suprêiblé^, devait en être le
chef, puisqu'elle ne pouvait pas être avantageuse
à la nation , sans l'être en même temps au mo-
narque; enfin, que Tautorité royale devait être
le rempart de la liberté nationale , et la liberté
nationale la base de raulorlté royale.
V Qu'on cite une seule de mes actions, un seul
de mes discours qui ait démenti ces principes,
qui ait montré que dans quelques circonstances
où j'aie été placé , le bonheur du roi , celui du
peuple , ait cessé d'être l'unique objet de mes
pensées et de mes vœux. Jusque-là j'ai le droil
d'être cru sur parole ; je n'ai jamais changé de
\6 MBHomES ni&TORiQiirs
«entiment ni de principe», ei je n'en clangcraî
{amais. »
De nombreux appUudiMcmens te sonl reno«*
Tcioft rliaque fois que Monsieur, renonrani à Mi
ùivc* puur ne prendre que celui de citoyen de
la \ille de Parii» , aemblail annoncer par là k
prix qifil meUait a Topinion de la comoMUM.
C'était un trait 4*eapril de ta pari , «1 ^tû im
rcusMl parCiitenienl. U prouva depiiia ^'d a*en
manquait paa à Toccfiion* U parla d'aillewa a
beaucoup d'awirupce , dn ton d*Qn Iimhm
de »un innocence et qui ne craûit pnial
învetligationa. L*aiieaiblée lont enlièra ajai
aes applaudiasemeM a cens du poUk
étrangers qui étaient présent.
Montienr ayant dépoté ton dieeôoi
le bureau de M» le naaire , cdni-d
le suivant :
« Montieuri
« C'est une grande talitfiKtÎMi ponr Im ■tpeè»
sentant de la commune de Parît de vnir
eux le frère d*an roi chéri » d'mi roi In
leur de l.i liberté française. Aognatet firèNig ti
rt<'!« uiiÎH par let m2me« sentimens. Jfi
montré le premier citoyen dn royanme
tant pour le tiert-élat dans la seconde
1ÏRF.S DES ARCHIVES. 4?
des notables ; il a ctc presque le seul de ce* avis^
du moins avec un tràs petit nombire d^amiç du
peuple, et il a ajouté la dignité de la raison à
tous SCS autres titres , au respect de la nation.
Monsieur est donc le premier auteur de Fégalité
civile; il en donne un nouvel exemple aujoup*
d'hui en venant se mêler parmi les représenlan»
de la commune , oà il semble ne vouloir être
apprécié que par ses sentimens palriotiqtnes ; ccifa
senlimens sont consignés dans Jes explication/i
que Monsieur veut bien donner a K^ssennlilëe.
Le prince va au-devant de l'opinion publique,
le citoyen met le prix à l'opinion de ses^ conéi*
toyensy et j'offre a Monsieur , au ném de Ta^^iiH
blée , le tribut de respect et de reconnàîssàiiéé
qu'elle doit a ses sentimens, k l^hortneur éé 9S(
présence , et surtout au prix qu'il attache h Ves*
time des hommes libres. >»
On remarqua que ce discours, assez vide de
pensées d'ailleurs, ne disait rien dont on pût
conclure que rassemblée était convaincue de
rinnocence de Monsieur dans l'affaire dont il
était question, point délicat sans doute, mais
que M. Bailly aurait pu touchrr sans compro-
meUrc son jugement s'il rcùl fait avec adresse.
Il s'en abslint, soit qu'il le crût inutile, ou qu'il
y vît quelque chose de dangereux.
Après avoir parlé , et en présence de Monsieur
/|S MKMOIRKS HlftTUlUQUn
le maire lut une proclamalion du départ— eat
de police , pour annoncer qu*on élaii à Im
cherche de lautcur de Vine^dpaiiom atroce
Barauz^ aliii de le livrer Ii la justice des liiks*
naux. 11 ajoula que le coininandani géoënl»
M. de Larayctle, avait fail arrêter <|ueli|Q
•oiinea nuaperléci» d*avoir colporté récrit
nieux dont Monsieur avait a se pUîndM. Sm
quoi, M. de Lafayette prenant la pnrak, A
qu'en effet, averti la veille vert les qnalra
du soir, que cet écrit avait été porté
des clubft du Palais-Royal; qu'on en «mil liri
des copies, il avait donné des ordres à «o ts^i
ei que celui qui avait copié le InUat , colri ^fà
l'avait dicté, celui qui l'avait écrit,
les mains du comité des reelMrclies.
Alors Monsieur reprenant la paroio nvoel*
pression d'un homme pénétré do
•i aflfecté de ce qu'il venait d'enleadM •
cesjparoles à l'assemblée. « Le devoir qin fo
de remplir a été pénible pour mon e«nr ,
je suis dédommagé par les seniimens qae T
semblée vient de me témoigner ; el
ne doit plus s*ouvrtr que pour
grâce de ceux qui m'ont offensé. •
Après cfîs mots, le prinrc descendit de
place* qu*il ocrupiiit « et traversa la salle
milieu dos appUudissemens et di^s ex
TIRÉS DES ARCniVlS. 49
d'une satisfaction , tels que ne pouvait manqiier
de produire sa démarche.
r
Aussitôt que le silence fut rétabli dans là ialle^
on délibéra sur ce qu'on avaiit a fhire r^âlitle^
ment à la plainte de Monsieur. Après aTOii^'éhi
tendu quelques membres qui déraisonnèi^t'àii
dirent des choses qui sentaient plus la JÉàûëééé
que le sentiment de la justice , on reèueilUt lek
voix , et il fut arrêté qu'fl serait enjoint an pro-
cureur de la commune de dénoncer, au nomade
la commune, l'écrit signé Sàraétet}lé%'àkifi%if^
par-devant les tribunaux. '■•■'[n'-m
Mais ce qui parut remarquable ici , ce fut la
proposition que fit un des membres, M. de
Saisseval, d'arrêter que le comité des recher-
ches ne pût faire aucune dénonciation au nom
des représentans de la commune , sans en avoir
pré«ilablement communiqué a l'assemblée. Etait-
ce pour être a même d'étouffer des dénoncia-
tions défavorables k Monsieur , ou au contraire
T)onr soutenir le comité des recherches dans ses
pénibles investigations et la poursuite des cou-
j)ables ? C'est ce que le discours de M. de Sais-
seval ne fit pas explicitement connaître. Il pa-
:M'aissait n'avoir pour objet, dans une cause aussi
importante , comme dans tontes celles dont le
comité était chargé, que de l'assujettir h ne faire
IV. 4
nn nom de la commune, aiii;ttn« dénoncialMn
qu'elle ne Tetil approuvée.
Une pareille discussion ne pouTait être ^oe
longue cl vÎYc ; mais, après atoir tout bien pcié,
l'Mseinblée décida qu*il n*y avait pas lieu â dé«
hifépesif et que la conduite du comité des iv*
cherches cpntînuerait d*ctre réglée par l'arvil^
q«i l'atait institué.
Les dernières traces du déToaemeiit d% Faifip
disparurent dans son supplice. D« t aimai dé-
nonciations auraient avili son caractère j 1
mourir !
i
;7
CHAPITRE LV.
- '> j
1799. — COKTRE-POUÇE ROYALE.
■ ' * » • ■ ' I
Agcns supérieurs et ordjnaires delà contre-police : Mil. Hyiïe-ijc-
•■■":, '"■//•• ' ." ■■ "^ ' î '* i*
NeuTÎlle, le chevalier de Coignj, de Larue , Bapeyron , râDDé
Bodart. — Le dnipean noir au oloçher de la Mai^leliie. -^
JMorgaiiisati^ de U co;ilre-pgU^« -^ Sea déyebiei» — 9fl^
TeiUfimçe fie VfbW W^es. — aperça dcis q^érttiqm Ae k 4Mm*
police. — Pillage de diligence^. -*- Pifojel d'uq^ chouan^fie 4^fia
Paris. — Notice sur les personnes propres à gérer la contre-po-
lice.— MM. de Barenlin, Jourdan (des Bouches-du- Rhône) ,
Qualremère (de Quincy), Royer-CoUard, Fiëvëe. — Dispersion
des agens de la contre-police. — Saisie de la correspondance k
Calais , au mois de florëal an 8.
D'après l'ordre des temps, ce chapitre n'a pas
ici sa vraie place j mais je n'écris pas Tliistoire^
je raconte les faits, j'ai les matériaux sous la
main. Les év(*iu*mens de la police K*Toluti#n*
naire Tiendront plus tard.
Tandis que le bureau central rxerrait sa sur-
veillance dans la capitale et que le ministre de la
police générale s*ocriipait drs mrmes soins poli-
tiques sur une plus vaste échelle , pour toute U
France, les agens secrets des princes avaient
organisé parallèlement une contre- police, dont
le but était nécessairement de fomenter des
blés dans le royaume , d'entretenir Tespril
tilité contre le gouvernement établi el de
to\it ce qui pouvait le contrarier et lui nuire.
Les plus distingiii^ft d'entre les cheb ëUîwl
MM. le chevalier de Coigny, Hydenle NuniMft
de Lame, l'abbé Godard, Dupetron,
sons le nom de Marehand.
M. le chevalier de Coiîsny, qui avait
long-temps en Angleterre auprès dea
français , fut un des premiers agent de Tenlre*
prise. M. Ilyde-de-Neuvillet lié avec lea dw6
vendéens, s*y associa plus tard. C'est lui qni«
dans la nuit tiu ^1 au 21 janvier 1799, avait fait
mettre le draprau noir au clocher de la Made*
leine, dans U^ rimelirrr fie laquelle Louis \VI
avait été entern^ ; tlémonstnition qui devait prin-
cipalemi^nt a^r sur l.*s rsprits et mettre lea Im*
biles \ mi^'me de scruter rt de recruter dea pim-
TIRÉS DES ARCHIVES. 53
sélytes pendant l'effervescence causée pur- 'ce
hardi coup de théâtre. M. Hyde^e-Neu ville doûH
uait les ordres et procurait les fonds nécessaires
aux opérations de rétabhssement. <
M. Dupeyron, qui avait été employé dails détf
missions diplomatiques^ du temps de la Cotiven*'
tion sous le ministre des relations extérieures
Lebrun, avait la direction des mouvemens et
Texécution des mesures ordonnées par le chef. ^
Quelque active que fut la contre-police royale,
le secret était si bien gardé que le gouvernement
fut long-temps sans en découvrir la trame et sans
pouvoir en saisir les membres ; il en ignorait les
moyens sinon les vues', aases présumables du
reste y lorsque la fuite de quelques-uns' d'eux en
Angleterre, et particulièrement de M. Hyde--de-
Neuville, qui fut sur le point d'être arrêté, fit
tomber entre les mains du gouvernement toutes
les pièces de Tagence j elles furent saisies a Ca-
lais au mois de floréal an 8 (avril et mai 1800) et
envoyées aux consuls. Le plus periidc de tous les
conseillers après la faim, e'e.sl la peur. Des
conspirateurij qui ne savent pas donner leur eoii
devraient ne jamais se mêler de conspiration.
Deux mémoires principaux trouvés parmi ces
pièces, et écrits de la main de Dupeyron, jettent
un grand jour sur ce qui s'éluit lait et sur ce
(ju'un voulait faiio
54 MEMOmiS HISTORIQQB
Dans l'un , intitulé : EiûUiêêêw^tni éê fa
ppliet > on y proposait de conserver ce qai sTaît été
établi , mais d'y introduire des changemena pr^
près à rendre la marche des agens plus aôre cl
plus régulière. « U faut, disait Dupeyron , oon-
serrer et perfectionner ce qui eûste déjà t mie
aussi faire cesser ce qui atait été bissé h rarbi»
traire des agens. U faut une organisation pins
gulière à l'aide de laquelle les diefii conaoi
secrets de la contro*police trouirenl le«r
confondue avec ceUe de la généralité.
( Dupeyron ) est en état de reasplir ce aorvice. ■
a déjà eu la direction secrète de la poBeo àê
Paris dans le temps que la Gironde luttait
Pache et la Commune. »
Dupeyron demandait deux cents Uub
pour les dépenses de son établissement. Gui
penses parurent trop fortes aua chefs, cl
ne fut pas accepté.
L'Mploîtatîoii des royalistes se fabail
une grande échelle , et les dépenses dn
anglais, Térilablcracnt énormes » ont dft
naître dans l'esprit des idiots ce préjugé
que nos moindres troubles se faisaient alon onr
ipiittarirc avrc les guinées anglaises. Ces gnîaén
ne circiilcmit pas de re rôté-là. Des escrocs im
loii<ii*N «Ir^ii'A riv.ili«i.iifiii autour des principan
ilii p irii. I oii^>.(ii'iit .iiix (.'iiiimuiiIn, promettaient
BÉonls et merve^leB, se gorgefieat d'^cuS| s^^if*
tribuaient avec fatuité les effervescences, popu^
lâires du moment, et menaieqt Joyeqsç vie sans
prétexte d'ensorceler les pa^iiotes. On en guîUa-
ûuB, quelques-uns stir leur parole, et qui n'étaient
iki profondément niais, ni prf^And^ment pq^
rats. Plus d'un innocent se 4t l^asser pçiiu: fauteur
4
de troubles parmi les gens cré4m]lpt lif» 4i^fny
èoteries royalistes que les 69|^9tisj4i çwtÀUjteUf
irai envoyèrent à l'éebifAuds Ti«|i||tfttH^ épAf M»
analysée sétèremettt ^ est i ,Mg^^h^ 4# ÏWXfl«-
eer les états ^ Unt h évi^M^ 4m.mfm^4§*f0m
s'y montre ingénieuse à se <r4ffr 4w f ^tMf|]rÇ^-
Maii de temfifs en i^bfSit^u se bssiiit ^'ei»/<!»||Mt!r
nir; et ces latitudes ^ eomnie Jim a^fyyhif m^ns
ebnti>aitlBs, venâiei&t sbitvisothfOT de pyppqpi •»>
Cependant on ne voulait point suspendis Un
service que Ton croyait utile à la cause royale ;
il se passa quelque temps au bout duquel Dupey-
ron modifia son projet et en présenta les détails
dans un nouveau mémoire sur le Service 4e la
nontre-rémlution ^ en date du 18 nivôse an 8.
Il y déclare que, d'après le système d'économie
que roii veut adopter provisoirement , il ne
pourra ni tenir de vedette à Tétat-major de Pa-
ris, ni organiser une pclile poste 3 cependant, en
attendant qu'il puisse (aire mieux, il garantit:
l"* D'ohlenir lous les jours du bureau central
W MCMCIinCâ Hl5l'UlilQLE5
les rapport» de police; ^ de connaiire Ict dé-
nonciations qui s'y feraient contre les roymiMtcay
3* de savoir quels seraient les indîvidns qac la
police mettrait en surveillance ; 4* d'dtre înalrul
a temps de tous les mandats d'arril qui «levraioM
Stre lancés contre des personnages atlacliéa à b
cause , et 5* de suivre les individus dont oa lu
remettrait la liile.
Ce plan fui définitivement adopté, himm le
btureau central (ut le point où venaient aboutir b
surveillance et la contre^police de Dnpsjtusi, Il
voulut, comme on voit, que les persoiinoa ^^ ae
seraient point employées, et qui, cependaal, a^
nient observées par b police de la
■ ftiiaent protégées par celle qu'il dirigeait. •
ce rapport, il est essentiel , dit-il, que M. Byde
•de-Neuville s'entende avec moi , afin que ém ces-
oéM *nous avisions aux moyens qui noua peni-
Wuieoi les plue appropriés aux intérêts de h
cause, j»
Aiuai la centre-police couvrait de
tous les ennemis du gouvernement )
cée; et c:e ne pouvait ctre, disail-oa à
mécompte , que par quelque évcnemeni k
par la diviMon mise entre »c^ agens, qu'eu
espérer de l'^iltcindrc et de prévenir b féaoliat
de ses manœuvres. Le comité royaliste oubliait
de tenir Luiiipic îles p«inii|uc»; et le» conspira-
TIRÉS DES ARGHITES. 5^
leurs sont d'habitude sur le qui-vive. C'est pres«-
que toujours Tessenliel que l'on oublie.
Suivant les détails donnés dans les pièces sai-
sies , on comptait plus de deux cent trente indi-
vidus qui y dans Tintervalle du 12 lûvose au 18
ventôse an 8, avaient été l'objet des révélations
officieuses de la contre-police , et qu'elle avait
soustraits à la surveillance et aux poursuites du
gouvernement.
Une question £siite par M. Hyde-de-Neuville, et
à laquelle le directeur Dupeyron eut k répondre,
explique la marche et les ressources de la contre-
police. On avait transmis au premier un rapport
dans lequel on posait en fait que le drap mor-
tuaire attaché le 21 janvier au clocher de la Ma-
deleine était l'ouvrage des agens du roi, et on
noinmait comme y ayant coopéré MM. Devil-
liers, Castillon, Fabry, Luly, Durocher, Malles,
Marchand et d'llaiin\ille; on ajoutait qu'ils
avaient été mis en surveillance.
<' J'ai fait, répondit Dupeyron, toutes les re-
cherches nécessairies, et pris les informations sur
les faits ci-dessus , je me suis assuré qu'ils sont
entièrement conlrouvés; non seulement les in-
dividus nonmiés n'ont point été mis en surveil-
lance, mais l'aflaire elle-même, tout en faisant
une grande sensation sur respril public , tout en
55 M£>IOlAES HISIOHIQLCÂ
étonnant la police, n*a point eu deMÎte« par la
raison que la police s'était laiasée pennailir ^c
le drapeau noir avait été mis par les jacobâna. •
Cependant le minisire de la police génc
Fouché, tri» au fait de ces tactiques
blés dont on se sert pour dérouter les cré-
dulités des partis , ne se laissa pas tromper
les bruits , a dessein répandus , que cetta
d'un drapeau noir était le lait des jacoUna } S
ne doutait nullement que ce ne f&t TouirnfB Jv
royalistes : ces démonstrationsleor rf fwihiènt
M. le chevalier de Cdigny d'aiOeiirs étiil iftlM
depuis peu sur le sol de la France ; DapeyiMl «I
que le chevalier était mis en snrreiUaacé, et |n
M. Hyde-de-Neuville était menacé ; Ti
dait, suivant un rapport de la contro-paBet ,
7 janvier 1801). Le ministre Fouché
au bureau central Vexiêtenee if «m e
dan( au réiabUs$emeni de Faneien r^imê. Le
central avait été invité a redoubler de vi^BiACC
Fouché avait annoncé que des mandais dTafffil
allaient frapper quelques conspirateurs.
Si Fouché parlait de la sorte , c*csl qM^ kt
voulait pas encore s'emparer des fçens,
leinent les mettre en rirculation par la fray
IcH surveiller , après \e> avoir forcés de
(luire en évi ieiice , et par ce moyen • les suivra
partout , putir Irajipci* a propos sur eiii et
TIRÉS DES AAGBITE5. 5^
leurs Gomj^lices un coup ferme el décisif» A la
police , les hommes d'état ne se décident pas
pour peu; ils àttehdént que le trésor de la cen-
spiration se grossisse pour faire uti plus riche
présent a Téchafaud. L'iiidiscrétiôn d'un ministre
est un moyen de première Ibrce dans ce calcul,
surtout avec des gens qui sont ôbètinés.
A l'approche de ce danger , 0ùpeyron ce-
pendant cherchait a rassurer ses co-associés. tl
écrivait a M. de Neuville que , d*aprés des ren-
sèigiiemens particuliers, it savait que le ministre
de la policé n'était dépdsitâire d*aucùn isecret
important, «r Je crois bien, ajoùtait-il, que aes in-
discrétions, plus encore que dlës délations, au-
ront procùifè àù ministre qûël)|ilèi données, qui,
pour être tàguës, ht lui èri |ià^ài!»ienl pas moins
importantes.
« Evitons les démarches qui pourraient porter
l'empreinte de Tirréflexion , et j'oserai garantir
J'avance que la police, malgré ses espions, les
moyens du gouvernement et son or corrupteur,
lie pourra jamais pénétrer dans Tenceinle du
<-'*Unj> royal. >»
Tout ceci n'était pas rassurant ; mais les partis
^>t^niM'nl tctc jusqu'au dernier soupir : on ne tue
pas 1( s partis, et, dans leur atmosphère crnbra-
^^•o . !(s (()ni[»li(:cs s'cxallcnt juscju'a se croire
TIRÉS DIS ARCHIVES. 6l
de l'argent du ministre de la police fiour Tinf-
f ormer de ce qui se disait et faisait dans la grande
société ; les rivalités individuelles grossirent quel-
quefois cette liste.
Une autre liste contenait les noms et la de-
meure d'un très grand nombre d'explorateurs
ou agens de la police générale , depuis ceux qui
exercent dans les rues et lieux publics, jusqu'à
ceux qui sont reçus dans les^salons.
Cette dernière liste était destinée à Timprea^
sion; elle devait être affichée » répandue avei^
profusion au moment où Ton aurait eu besoin de
paralyser tout à la fois l'action de la police et de
porter un grand coup, Çe»mom^t d^w^it être
celui du débarquement fies princes sur les côtes;
on leur aurait en même tenaps livré }e port de
Brest , fait arrêter Bonaparte à Paris , et parlir
des courriers qui, annonçant par toute la France
ce vjui se passait , auraient excité un soulève-
ment général, et fait proclamer Louis XVIII.
Tel était le but avoué et annoncé de la contre-
police et de son agence ; le plan était séduisant
pour la foule , du moins par une apparence
d'ensemble , et ne paraissait pas inexécutable k
quiconque voulait voir les choses par le prisme
de son idée fixe. C'était le plan auquel les roya-
listes paraissaient sNHre ralliés ; le principal
69 iiiMOiiivs niiToiiiQrvs
«lait surtout de se rendre maître du prem
ceRMiL
Quelque habiles que fussent Duperron et ace
agcns ou ses collègues, ils ne furent pas k TaM
de la rcprimande de leurs supérieurs. On lési-
nait ; mais on aurait voulu des menreillcs. L*ar*
gent est le nerf de l'intrigue , et, par mallmr •
on mettait le senrice au rabais, comme sTil jr eAl
eu de la concurrence. M. Hyde-de-NoanlU
prêchait à Uopeyron que Ton eul arrêté
listes sans qu'il en eût été informé. • La
leure réponse k fbire à cette queslmi » M
dail Dupeyron, serait de vous en faire uat
Comment se fait-il qne la poHee «é
ayant trois cents mouchards il ses
près de sn millions il sa dbpoaitioii daoa It
rant d'une année , ne pnîsse pat téwar h
couTrir les prineipam anneaux de la
royaliste ? Gomment se ftit-il qu'elle ne
malgré ses efforts, ses sacriBcea et aes
pondances dans fes département , n'i
des individus subalternes, quoique
hommes de notre parti s'abandonnenA h ai
quentes indiscrétions? Vous me
1(IO,00() francs par mois qu'il me serait i
sible de prévenir toutes les arrestations. Croyci»
vous que ce soit avec quatre-vingts louit d'or
mois , que je «QJ? i n^^e 4e pén^^t^sf ^IPff^'?'^-
lr4$ 4p Polyph^me ? CpHt ^t^ unç iffl^e « opiq) 4p
vous le promettre , c'eût été une diipeiie ^ yp^s
de le croire. »
C'était répondre ad rem ; et , du resjte , )e9 pe-
tits du grand parti s'étonnaient qu'on n'arrêtât
pas de temps en temps parmi les hauts meneurs^;
d'où j et par suite de méfiance , des décou-
ragemensy des soupçans et des doutes. 11 p'e^
coûtait pas beaucoup aux trem^lei^rs d§ djj^e
que ceux qu'on laissait libres «efyaieot dV
morce ^ menu fr^ Un. U n§ faut pas crcûrci ^ 1^
fraternité complète et à la co^fi^acfi X9^i|||^
des complices.
Mais ce n'était pas seulement k 1^ i4gîl|fHff
des agens de Dupeyron et a sea I^oyen| fi^cm^
qu'était dû le petit nombre d'arrestations ^t
qu'elles se bornaient a des individus subalternesf ;
ce résultat tenait k Torgauisation même de l'a-
gence et de la contre-police royale. Ceux qu'elle
employait étaient divisés en différentes sections.
Chaque section de deux ou trois agens cpixçsr
pondait avec un chef; les chefs correspondaient
avec un supérieur , et la réunion de ceux-ci avec
les princes ou agens du roi au-dehors. Il en ré-
sultait que sitôt qu'un individu d'une section
était surveillé ou arrêté par la police républi-
caine , en faisant disparaître, en éloignant le chef
G4 MF.MOIIIKS aiSTOillQUtS
qai la dirigeait , la chaîne était rompt t «t b
police ne poaTait remonter phis IuhH, nrtovl
quand elle tenait a voir reparaître ce chof ^,
de retour après »on alerte, renouait de iiMnoM
tes filets et sa trame, sauf a laÎMer cncoro aa
p6che de royalistes entre les maint dn
Cette organisation qu'on pouTait
très habile ne réussissait pas tonjonra ,
qu'enfin la trame fut décooTerte et les
de Tagence dénoncés , pourraim et ohigia et
se réfugier en Angleterre, et leur ci
saisie k Calais en floréal an 8 «
dit nn peu pins haut.
L'on Toit dans ces pièces encore qne loi
police exerçait une surveillance particvfilM
certains personnages , autant poot-ftro
riosité ou pour voir si Ton pourrait
parti que par des motifs de crainte on
Ainsi k contre-police faisait sorveillsr
Dupeyron en avait reçu l'ordre ; c'était
dant, suivant lui, une chose fort diKcHo, Oli*
dirait que ce prêtre était destiné k eierecr la
tience et lasser tous ceux qui ont voahi !•
naître. « La mission qu*on nous domio«
Dupeyron, est d'autant moins aisée cpso
nous trouvons en concurrence avec le mil
delà police (Fouché), qui lait suivre Sioyaa 4m
son côté , et que nous aurons à lutter contre les
mis nrs AUcnrrM.' 69
moyens de défense qaè l'abbé^ empKrfëlU'ide'Mftt
côté. Cependant nous atteinclM&S ti' ÏMt'i'^i
j'aime à vaincre les grandes diffiAiltérii'MiM^jt
vous préviens que nous serons' ibrCéS^ bikUttof
penses extraordinaires; an inspectDUir gédéAI
s'est chargé lui-même de vempHr ««tMjWiiU
sion. Il est indispensable qttll ÂCiXirfiftltftnlq
afin de pouvoir suivre Swjmiil ■'Ja"(i>iWt"t(H
n'attend que l'adresse de la ^UWpl^M »h)tlt4M
retiré cet abbé. Donne2^moN4«Û«<)U"î»4^ -ttf
nom de cette campagne , ee dU|ft8-ftfoi>^>qu^
côté elle est.' M ' ' '^'-i •■'^- l'-'-nh i ■tJntTfi
II serait difficile de dire ce que voulait luire
M. de Neuville de cet espionnage sur l'auLé
Sieyes; quelle utilité en pouvait-il résuller pour
la cause du roi? Mais ce n'est pas le seul e^em-,
pie d'aussi fi-îvoles démarches et des dépenses
qu'elles occasionaicnt ; et puis, M. Dupeyron
était trop habile agent de police pour ne pas pro-
fiter de si bonnes occasions de se donner de
l'importance et de motiver des emplois de fonds
qui lui devenaient ainsi indispensables.
Un défaut bien plus grand sans doute , et qui
a toujours caractérisé ces agences et entreprises,
sont les exagérations et les fausses idées qu'elles
présentent dans leurs correspondances. Econ-
Hê MKHOIUKS HISTOMOVIS
tiwt celle-ci sur l'état des choMi en FnuM
répocpM de 41I0Q. « On le plaint plna f ne
M^» difc-elle , de la rareté du numéiaîra i
prttend que Ica mena ent doublé depnia
tS Jwuineirc; let treupea nuroMienl
Bonepene; e'eei en étranger» un aakilienn» fl
paieilTeil que lee Vendéena enC d^ MPd
nnefMiîe 4e l'étal iiijnr de Parie} (
greupee ee fmnent (31 nivete en 1
lei pleeea pnUifnee; Topinien dei
la police eei que li le roi on ni
monté à cheral le matin a huit henree» lei
•iena le seraient jointe a loi avec en
on cherche k jeter mr le consul Bonepnrie de ||
défaveur , en répendent qull n*e quille rB||pte
qù^a^rèe la destruction de son emée ;
le gouYcmement d'accaparer les frvns et
farines; des cris dlndignation ont accneiiil
prodamstions de Bonaparte contn
de la Vendée ; il se prépare un coup d*élel qM
ne tardera pas k éclater ; Bonaparte viee à le tf»
rannie la plus entière ; sa chute parait non
leroent certaine , itiais encore prochaine , i
hommes qui sent dana b police. Le penpie
Paris croit assez généralement que la p
pas lieu tant que durera la forme de
ment révolutionnaire; b masse infétieniv
TIRÉS DES ARCHIVES. 6^
peuple crie misère, se plaint de rester sans tra-
vail et invoque l'ancien ordre de choses. Bona*
parte perd de plus en plus dans Topinion publi-
que; les honnêtes gens sont indignés des mesuras
révolutionnaires qu'il a prises contre les dépav*
teniens insurgés; on rappelle aussi sa conduite à
Tépoque du trop fameux 13 vendémiaire; les
conscrits et les réquisitionnaires désertent en
grand nombre, et on assure qu un régiment de
dragons est passé a. l'ennemi avec armes et ha«
gages, etc, etc. •
Ce n'était pas a écrire de pareilles absurdités
et mensonges que se bornait la contre-police ; on
voit, par quelques-unes des pièces sabies, qu'un
de ses objets était encore de dévaliser les voitu-
res publiques et de piller les voyageurs. « Dans
ir la position où nous nous trouvons , dit Dupey-
« ron , nous ne pouvons faire autre chose que de
V transmettre des données sur Télat des choses;
« que pourvoir a notre défense par une surveil-
r lance active exercée dans l'intérieur du camp
ce de la police 3 nous ne pouvons que tenter Ten-
« Icvement des caisses publiques ou des message-
V ries, fourgons ou courriers de malles qui se-
« raient porteurs de fonds appartenant à la
« république ; tout ce qui serait au-delà devien-
« drait inutile et nuisible aux intérêts de la cause.»
(i> MFMoir.r^ iif'iTiiRiovr'i
Ces petite coiip<% de main aaraicnt du rrndre
Dtipeyron moins f^rognon sur les létineries de
SCS capitaines; peiit-rtre aii«si que ces messîean
s'adjugeaient le t«)nt, ce. qui n*étatl pas loTal.
RrcF, la contre-police était un mnyi'n de fiîre
fortune comme nii autre.
On voit aussi que ces messieurs trouvaient bon
de se faire complices de vols avec violence et
cflfraclion. «^ J'ai l'honneur de vous annoncer «
« écrit Uupeyron à ses chefs , que, dans U noiC
« du samedi au dimanche, il y aura une allaqne
« contre la maison d*un acquéreur des domaine»
« nationaux , a trois lieues de P.iris; on ni*a fait
« espérer que nous y trouverions quelque argent.
« Je m*empresserai de vous rendre compte dn
« résultat de la démarche (1). •
Mais de tous les projets hostiles, on poamic
dire criminels , s*îls n'étaient point insensés» de
Ci)Fvlr;tît rlii prorr^-ifcrbal rrlafif U la rrmiw , avi
(Ili:i|il:i1 . Kmin<rr> • ( Jiamp.if iiy rt Rrune , tir» pi|iéii» I
cli< /. I«i «Itiitir Anii> -l.4iiii\ Ji-^iiniii , Tnivr M> ri ier. lort àt toa ar*
rr^tulioii |.;ir Ir tuin'iii^H lirr il'- j ol'f SVrt , 1r : 3 florr»! An S.
I.rs'Iii* i iii\« f^ ' li.ij î I* . K.inmi-r\ , Rri:nr rt Cluiai
ni»fnfiir« |>.'ir «rri'it* «If % n n^'.tU |Miiir f-v^mlffifr \r% pi^vr* iAM
pari*|*lit'r t r!'i-\ f|>ii |Mr.ii?r«i:it ]■% |.1..% iii.p 'rUiiIrt rt r« lairr
pri'i is l.:-tfri {III )•;!•« .1 .it) .s . inij : iri<- «d'^ Ir litrr «le C^mi-
f t,jt'09* rt- •'; .f', . ''i-Hir.-ii,- ,■ ],• ',1 ftj'.t Ji' |||^ , an t|.
TIRES DES AKCaiYES. ^
celte contre-police, celui d'organiser une chpiia-
nerie au sein de la capitale paraîtra sans doute le,
plus ridicule et les plus impraticable. Comment
pouvait-on bercer les princes et les amis de la
monarchie de semblables balivernes? 11 fallait
supposer qu'ils avaient encore cette naïveté des
premiers temps de la crise révolutionnaire, alors
qu'on se flattait de désorganiser l'esprit des ré-
gimens avec des cris de vive le roi! cris aux-
quels les va-nu-pieds de la république ripostaient
si vertement à la baïonnette. Les marquis battus
n'en avaient pas moins conservé leur outrectii-
dance de marquis. Ils voyaient toujours de la
valetaille dans cette nation irritée qui leur avait'
tant de fois fait sentir ses griffes de lion.
i< Cette chouanerie serait composée de vingt
« hommes par section , commandés par un ser-
« gent, un lieutenant et un capitaine. Les capi-
« taines correspondraient avec douze colonels
« établis dans les douze municipalités de Paris.
« Les colonels rendraient compte a quatre géné-
^ raux qui se partageraient Paris et ses environs;
« et les quatre généraux recevraient les ordres
« d'un commandant en chef , lequel ne pourrait
« agir que d'après les instructions qu'il tiendrait
w directement et indirectement du principal
« agent ou des principaux :i;:;ens du roi Ii Paris.
JO MCMOIMS HltTORlQlTCS
«V Le total de la garde s'élèrenît k onze
« vingi-un hommes.
« Le but particulier de cette organUalioa
serait d'établir une excellente contre-police»
et la destruction des chefs des réTolution*
naires -, Tembauchagc et la protection des coq*
scrîts ; Tarrestation des courriers militaires;
renlèverocnt de quelques émigrés des maiM
de la commission militaire , a l'effet de pronvcr
a la faction que , mî^me dans son cpiarticr-
général, elle n'est point a l'abri des défciict.
Le but serait enfin de contrecarrer» anUal
que faire se pourrait, les Tues de la polÎM.
« Ainsi, le point principal de celle inlîMiM
serait de faire la petite gaerre en allendal 4e
frapper un grand coup; ci le gnuid
devrait su donner que lorsque les dans
eûstans au sein du Directoire et dee dan
seils se seraient déclaré la guerre (1). m
De pareils projeta n'ont fÊM in
mentaires; il faut connaître à quel point
de parti est susceptible d'aTeagleoieBt
peut rêver l'idée d'une organisation
craindre qu'une indiscrétion se jalio à la
I.. ihi .|. M» ' \ fon , Il ffmtMt«n' •n T ; ? WfiHsiNt t*
. •
TIAÉS DES. IMmmKk 'fX
et faste tomber dbns un giiet«>àpeiistiKis MkiHi
kéoUes recrutés 8o«b de tels dféj^ealHr; ••[ ^/^ ^^^^
Dans une autre lettre du oMUfuièii^if'foeylcwa^
pUmen taire de Tan 7, Dupejjhron ^a^l el^pdsé
les opinions des royalistes euv -lespets^ilnetiiii^
désireraient avoir à Patis. pour y 'diei{fÉt'4oi
affaires du roi. u Pour pwulre loé qitaliléo 4^e-
quises en un seul mot^ envo;fta;«lioits lAi^<4é
Barentin, qui allie à un nom dislîttgiiiél'éèiM diil
irértus ! . . . C'est de l'hitérieilr, ajoote^l^ilv^*^^
pend le retour k l'ordre monâreliîque j mUtàfûime
l'intérieur qu'il faut consulter daM tes àêttAmi
taons è fiiire; et eotnutnt presémlivrilMèii^es
disposilioM) si ee n'est en AomiftMft fmâ'Êgm»
subordonné à un chef coHHpe M. de lensbtki^
dès individus honorés de la conAafiOe p^K^e,
tels que les Qoatremère (de Qui^cy), leslo^ul*^
dan (des Bouches-du-Rhône), les Royer- Col-
lard, 6tc. Je dois vous dire que M. Royer-Col-
lard m'a fait chercher pour me communiquer un
manuscrit de Fiévée, servant de réponse k la
proclamation du Directoire, suries dan^rs de la
patrie. Nous allons le faire imprimer. J'en ai
parlé k M. le chevalier de Coigny. Dire que cet
écrit sort de la plume de Fiévée, c'est en faire
reloge, et sous le rapport des principes et sous
celtii de la diction. Fiévée a déjà fait une jolie
^2 MKXOIIIIS
brochure sur lus évéaenieiu du 18 fnactiiUr et
du 30 prairial. C'est un homme întérrtsenl ••••
tons les rapports, courageux « d'un dévoucamit
à toute épreuve. 11 pourra rendre à la causo ém
services d'autant plus essentiels qu'il dispose de
sa section comme moi de la mienne. •
En eflet , ils en disposaient autant Tuii que
l'autre; c'est-à-dire qu'ils n'en disposaicol
du tout. En somme, le conseil de Dupey
aboutissait a ceci : — Nommea-nous tout de
vos ministres; c'est évidemment ce quo vow
pottvea la ire de mieux.
£a attendant , ils étaient sous le coup de b
surveilUnce de Fouché , qui s'en jouait ei allen
deît l'instant de frapper.
On était encore, sons le gouvernement ém Di-
ritctoire, partagé, affaibli par la conduite iwpni"
doute de set membres , quand Dupeyron înMnusit
ainsi les chefs du parti royaliste ; Tarrivée dt
Uonaperte on France , après son retour d'E^yplc*
qu'on apprit à Paris le 14 oct. 1799 i^SK v
an 8), donna une nouvelle direction mus î
et une organis:ition i\ la rontre-pohce, telle qv'on
l'a expukéc au rommcnrcniciit de ce chapiln.
Lllti entra en uitivilé au mois de nivôse de h
même annce et dura jusqu'au mois de floréal
vanl y Min existence iiepuisï ne peut plus se
TIRÉS DES ARCHIVES. 'jZ
parer k ce qu'elle ^^était avant; mais', à Tune
comme à l'autre époque , on citerait difficile-
ment les services réels qu'elle rendit à la cause
royale.
Ce ne fut qu'un rêve qui coûta beaucoup a ceux
qui prirent de cet opium politique. Il est dou-
teux qu'en payant plus on en eût obtenu davan-
tage. Les meilleures stupidités sont encore celles
qui coûtent le moins.
CHAPITRE LVI.
Anecdote mit leCoflOlé rojraHilc.
A l'époque où cet intrigues se croitftienl
vrrscmcnt, Merlin de Donay, Iris conir
pour sa part du rôle sournois que Tabbc de
MEMOIRES HlStORIQUteS tlR^S BfiS iRGHlVES* ^S
tesipiiou jottait en France, ilikis tout-k-^fiiit
sans inquiétude sur la portée ^Ittiagmalion et
de jugement de ce conspirateur) fit la goçeure
avec Barras d'ébtenir à jour fite ^ et de Tabbé
lui-même, tous les secrets dil parti royaliste.
Le moyen direct, quoique effronté, lui paraîs*-
sait le plus facile de tous. U paria d'emporter la
place de front. Barras en doutait; U trouva que
c'était s'aventurer beaucoup ^ Merlin insista. La
gageure fut acceptée. On conTÎnt d:'un déjeuner
splendide, dont tous les frais deraitot être à la
charge du perdant. On ne trakàît pas autrement
alors les affaires sérieuses. Xes eeigneurs nieses
jouent , dit-en , des esclaves en guise de roubles ;
ici, l'on jouait des têtes et l'on mangeait des
huîtres. Les grands esécuteurs politiques ont
d'ailleurs des valets pour ta besogné subalterne ;
ils ont des incarcérateurs et des bourreaux; et,
comme ils se dispensent de salir leurs mains ,
ils font le meilleur marché possible de leur
conscience.
Pour intermédiaire de l'intrigue a monter,
Merlin de Douay prit une certaine Amélie de
B , d'une assez bonne famille de Provence,
jolie et très dépensière, qui, sous une appa-
rence de royalisme , servait d'espion depuis
qucU[ue temps au Directoire. Ces sortes de
femmes foiumillcnt dans tous les temps. Pour
7G MKaiUlIlKS NISTOmQUE»
s'assurer de la fidélité de celle-ci , oa proinîc de
lui compter autant d'argent qu'elle en soatîrc-
raît aux dupes de la faction. Elle avait de reaphi»
elle ne se montra que plus âpre a U curée.
On lui laissa cartes blanches sur cette coavca-
tion.
Le lendemain même, Amélie de B.... ae pié-
sentc chez l'abbé de Montesquiou et soUîcîle «m
audience particulière. Une fois en t£le-é-4êiB«
et personne ne devant intervenir , car elle pria
l'abbé d'en donner l'ordre, après un pot d'hé-
sitation , elle tombe ans pieds de l'ec
philosophe et lui demande au préalable
dulgencc et son pardon pour ce qu'elle va Inî m-
vcler. L'abbc, naturellement galantîn, a*
de voir une jolie femme à ses pieds; il s*
de ses sanglots et cherche à lui rendre dm
rage. U craint peutnitre qu'elle ne prenne an
rieux son caractère de prêtre» et ne
que pour lui demander l'absolution.
— 11 n'y a pas assez de mépris pour
monsieur I lui dit cette pénitente avec
duiiblemcnl de larmes} Tindulgence dont j*j
il \ou.s pn'suiucr capable ne saurait, si gran^
qu'elle suit, me rôle v or a mes propres yeux, à
moins f|uc nu dégradation même ne m*aîde il
fa\(>n!»cr le triomphe de la bonne cause. Le n
que je porte , et qu'ont tant honore me» p
TIRÉS DtS ARCttrV^KS. 77
est aujourd'hui mon seul moyen de retour à la
vertu , pour peu que vous consentiez a me ten-
dre la main en m'honorant a votre tour de quel-
que pitié.
Ce début déconcerta quelque peu Tabbé, qui,
d'après le luxe de la dame, croyait voir une con-
tradiction entre sa toilette et ses paroles. Un
moment il pensa qu'elle se bornerait h lui de-
mander un secours pécuniaire. Il l'engagea d'un
geste à continuer , mais en ayant l'air de ne rien
comprendre k cet éclat de royalfeme. 11 se garda
bien d'en faire parade pour son propre compte.
— En quittant la France , reprit-elle , ma fa-
mille dénoncée, poursuivie, suspectée, m'a laissée
aux soins d'une ancienne femme de confiance,
l'honneur et le courage même , dont les tendres
empressemens et le dévouement sans borne de-
vaient me préserver des soucis et des douleurs
de ces temps de trouble. Par malheur, cette gé-
néreuse et loyale amie n'a pu survivre aux hor-
reurs qui nous entouraient. Ces indignités Font
fait mourir à petit feu ; je l'ai vue s'éteindre
entre mes bras, sans être en mesure de correspon-
dre avec les débris d'une triste famille décimée
par Tcchafaud et ruinée par les confiscations ;
des secours m'ont été promis, qui ne sont pas
venus. Que pouvait flevenir une orpheline sans
J& Bfiiiouiss niSTOHi^ns
expérience? Oh! monsieur, tous no
pour sûr quand tous saorex tout!...
Eflcctivement , le front de l'abbé se pUssaîl de
plus en plus, car de tels aTeus, quoique entt*
loppés de réticence , étaient assez significatif.
— Croyez, monsieur, continua la belle éplorto,
que je me juge plus sévèrement pent-ilre qps
personne. Mais il ne s*agit pas de moi ; et qalm*
porte après tout qu'une misérable créalaR de
plus grossisse les rangs de ces lemaMa fui iwi-
gisseiit encore après ea avoir perda le dnii»-
Des suggestions infâmes ont obsédé ma WÊUkf^
J ai ployé sans m'aboser sur ma fiuate, olltftr*
deau de mon ignominie est Toon me c
plus en plus sous un hixe que je déteile p
je le dois aux plus ardens persécuteurs de
ce qui luisait le culte de mes nobles et
rcux parcus. Si bas que je sois tombée « je ■•
rends encore nue justice. Je n*ai su U profaii
dcur de Tabime où je tombais qu'après
Une femme indigne m'a Tendue, par
sans doute , sans me dire le nom de 1
entre les bras duquel je fcrmaU les yemu
tout ; maudisM^x-mui, jetez-moi la pierre. Je MS
la maîtresse , monsieur , du directeur de h
police.
1/abbé do Montesquieu prit un Tisage freîd.
— Et quel service attendez -tous de moi?
•rr-- Je n'en prétende aucun , monsieur j je n'en
mérite pas. Je viens au contraire m'huipilîer et
me sacrifier devant tous^ Je ne tous demande
que de m'entendre et de ne pas m'abandonner
au désespoir. Eh bien! vice ou malheuTt entraî-
nement ou inexpérience , de qiif Ique n$m q^%
vous plaise de nommer pion sort , sa^ insi^ t^r
sur ce qui est a^cconipli, ^r upe (açbe %^ je HK
puis effacer de mQn ftwat , mêoie au piria^n}^ mon
sang, puisqifç l'homme auqu^ on i9'filrvi#§ w'^P^t
€Oi^nu , et cherche ^ 91e retenir d^p^s jppn i^vi»
lissement en m'environnant à de^^ei^ àp ^Ml**
ques égards ; disposez de moi pour Q0^9 f aint^
cause , pour les services que je pourrai vous ren-
dre , pour tout ce que vous voudrez. Si je suis iii-^
capable de vous dire a quoi je puis vous être ulile^
c'est a vous de me le dire. Il m'a semblé que c'était
une expiation qui serait reçue. Cela seul, vousde*
vez le comprendre, me fera rentrer en grâce auprès
de ma famille , et j'ai besoin de me soustraire à
la malédiction si méritée des miens en faisant
tourner au profit de vos efforts pour le rétablis-
sement de nos rois sur le trône l'abjection deplo-
rable où je me trouve.
Se M^Momtt iiiflTORrQUffs
L'abbé restait toujours impénélnUe et
cicui. Il attendait pour satoir ce qu'il
Liire.
— Ali ! j'oubliais ! dit tout à coup Fétnagc
solliciteuse.
Kt , sons la doublure de soie de saléTite, AméKt
de 11... tira de son sein un petit papier
de cbiflres qu'elle traduisit. C'était «ne
mandation que l'oncle de la triste orpbelnw ,
ce moment avec les princes , avait cro
de lui faire parvenir, après la mort de h
de confiance, pour qu'elle obtînt dei
auprès de leurs communs amis. Le noai de M. de
Montesquiou s'y trouvait mêlé dans
parmi beaucoup d'autres , avec des desni*!
très significatifs.
— Ceci m'est arrivé trop tard , reprit-cVe , et
dans le moment oii je ne me sentau plw dHv la
position de m'en faire un titre ii voe
Peut-être, en regrettant mon malheur , n'i
je jamais eu le courage de me présenter ici ;
j'aurais certainement évité votre mépris par
silence. Mais des rapports secrets, qQeSottia(li
directeur de la police) a laissés, ce matin
traîner chez moi , m'ayant appris que l'on
lait très activement plusieurs de ceux dont
oncle ni*avnit envoyé li*s noms, j'ai coroprii«
TIRÉS DES ARCHIVES. 8l
> *
monsieur, qu'au risque de m'incliner devant des
humiliations sans nombre , il fallait vous en aver-
tir à tout prix. Ce sont vos amis , ce sont les amis
de ma famille. On peut les surprendre : on l'es-
père. Je n'ai consulté que mes frayeurs. Rien
n'est plus facile que de s'assurer de cette surveil-
lance; car, vu le peu de temps écoulé ei^tre la
dénonciation que les agens de mon protecteur
ont faite , et celle que je viens voi|s faire, les
hommes chargés de ce soin, ne sont pas en me-
sure de se douter que vous puissiez mainte-
nant les surveiller eux-mêmes. On peut les dé-
router; vous le devez ! je n'ai vu que çeja. Véjri-
fiez ce fait, et vous serez en mesura 46 me croire.
Votre rigueur pour moi cessera sans doute. a|9rs
d'avoir tant d'amertume dans ses formes. Je ne
vous demande pas votre estime; la sincérité de
mon aveu doit m'ôter a cet égard le moindre es-
poir.
L'abbé, persuadé dès lors de celte fable , a la-
quelle rien ne manquait, depuis le désespoir jus-
qu'aux preuves écrites, vit tout d'un coup l'im-
mense, parti que l'on pouvait tirer de ces re-
jnnords, et les facilités nombreuses d'actions que
lui présentait, pour nouer des intrigues nouvelles,
vin auxiliaire engagé dans le camp ennemi. Toute-
fois le revirement se fit dans ses manières par des
IV. c
Ma nsfoiRis iirroRKiijEs
niumces d*une délicaletse inBiiie. Afantde
cher résolument du politique « il cml
trancher du capucin ; et , tans s'élerer conin ki
larmes de la paurre enfant « car il devenait cos-
Tenable de tenir un si iriolent repentir ca ha-
leine, il se mit k réfléchir que cette naodeg—
prostituée de Jéricho pourrait effectiTCOMBl Hm
fort utile au peuple de IKeu. L'émditioo hihBfw
oflre des exemples et des moyens de totéraafc I
en Tint tout doucement k réqmraleal
cpnclosion par un discours des plus
sur les corruptions de la chair et s
denr qu'il peut y sToir dans une
courageuse aux tortures de Popprobre,
s*agit des intérêts sacrés dn trène et de Ti
Sim intention n*étant pas qu'Amélie do %.... ,
qui sentait trop tî? ement la bassesse
retint brusquement k résipiscence.
Bref, son front s'éclaircit; lIioauD
succéda au cagot ; le ton de la galaatcrio ]
place de l'ascétisme ; une rirt cordiaKli
Mit. S'il ne donna pas des renseigni
rects , ceux dont il mit la maîtresse de Solâa h
même de s'enquérir pour le compte dnyarti»
pouvaient guider les habiles de la police enr k
Toie et montrer le sillon que la contre pefco
royale traçait. Au bout d*une conférence de
TIRES DES ARCHIVES. 85
quatre heures, Amélie de B.... rentrait chez son
amant , munie de toutes les instructions néces-
saires pour surprendre les sécrété dé la réptr-
blique; et, comme on ne s'arrête pas à itimtifi
chemin, la chronique prétend que le diplo-
mate acheva Téducatién de sa dévouée Com-
plice par des conseils mystérieux sur Tart dé
bien choisir le bon moment lorsqu'il s'agit de
rendre indiscrets les hommes d'état dans les
doux abandons du tete-'à^tête. En fidèle servi-
teur de la monarchie, i'abbé dé Montesiquibti
devait aller jusque-là. Sanchez permet démon-
trer le nu sous la gaze quand il s'agit dé sdlfi-
citer pour un proêès : proportion gardée , son
disciple devait permettre bien davantage.
Cette intrigue de Merlin de Douay ne fut con-
nue que par l'événement et fort tard; elle dura
dix-huit mois. Amélie de B — ,qui, suivant une
convenlion faite avec Tabbé, n'eut de rapports
qu'avec lui seul , tint les fils de beaucoup d'in-
trigues, plus prudente d'ailleurs qu'on ne l'ima-
gine, et que ne le diront, s'ils écrivent l'histoire ,
les gens qui s'en mêlèrent. L'esprit d'intrigue
est moins a redouter que les passions rudes et
aveugles de la multitude. La Vendée, avec ses
recrues de paysans , ses crucifix , ses prêtres-
soldats, son manque d'armes qui faisait que tout
devenait une arme; la Vendée inspirait pku de
craintes au Directoire que ces petits tripotages
parisiens que l'on 'croisait et qu'on déconccr*
tait , comme en se jouant » par des manœuvres
du même genre. Quelques légers services abu-
sèrent ces fous diplomates sur riiabiletc dcsqack
la royauté se reposait. Au 18 brumaire , Tabbé
de Montesquiou, put voir a vif sa duperie et
compter avec d^pit les fonds que sa belle péni-
tente avait prélevés sur la masse royaliste. Bams
paya gaiement son pari. Le trait le plus iosperlft-
nent de cette mystification fut dans la préeeaei
à ce déjeuner du marquis Qermont de Gale-
raude, complice de Tabbé de MontesqoiiNiv
qui , pour sa part « se flattait de cacher
blement son jeu en irayant avec les hahitaas da
Luxembourg. Merlin de Uouay n'en eut dooc
le démenti. *
La crédulité des partis est toujours et
la même. Un ne peut la comparer qsli
des pauvres diables qui se ruinent b la
et qui depuis le jour de la mise jusqali ccbn 4m
tirage, rrvcnt des millions, des joies et ilea
cités incomparables , au risque de se prt
nécessaire à rclTet de poursuivre la
de Teurs châteaux en Espagne sur de nottv<
frais lécs t:ouvrrn«*mens. on ne saurait trop
TIRÉS DES ARCHIVES. 85 ^
dire, ne périssent pas de leurs ennemis /ils
périssent de leurs fautes. A lai vérité , les spécif-
lateurs sont intéressés a soutenir et à répatidtie
le contraire. On fait commerce de conspiflitîafas
comme de toute autre chose. t ^ '*« j
A la même époque , une manière de chéiiipati
de la garde du Directoire, nommé Dutour, man-
geur déterminé, toujours aux expédiens, homme
sans scrupule, quoique vrai patriote, sorte de
Figaro républicain , alla trouver Tun de ses che&
pour lui demander résolument une haute-paita,
prétention qui sembla fort exorbitante defaa
part, et dont le chef se moqua ^''la demande était
insolite et inadmissible , de sa part surtout.
A Très bien I lui dit alors Du tour ; mais puisqu'il
n'y a rien a frire avec la république et que je
ne veux pas me laisser mourir de faim , on ne '
s'étonnera pas si je fais un quart de conversion
pour m'arranger avec les royalistes. » Ce propos
offrait quelque chose de leste et de Suspect
• qu'on le pressa d'expliquer, c'est ce qu'il vou-
lait; il le dit avec son eifronlcrie naturelle. 11
s'agissait, pour Dulour, de se mettre en rapport,
par le moyen d'un tiers, avec%n certain che-
valier d'Antibes, résidant alors a Paris sous le
nom romanesque de Blondel, vrai cerveau fêlé,
dont il suffisait de flatter les espérances royalislCvS
TIRÉS DES ARCHIVES. 8^
, t ■ p ,■ . » » ' ■ .
sécf dans toutes ces sornettes et se crut a la tête
d'ui^e contre -révolution. Il n'éûit pa9 ri^e
per^Qpnellement ; mais sa qi^idité de principal
^gent de Tabbé de Montesquiçif lui donnait .1^
clef de toutes les bourses du parti. La perspec-
tive d'expédier d'un seul coup les cinq direc-
teurs k Sa Majesté Louis XVIII au-delà du dé-
troit , en preuve de la facilité que présentait le
rétablissement de la monarchie ; cette perspec-
tiye échauffa les imaginations des complices ; on
se promit de favoriser les projets du rayalisie
Dutour. En un cUn-d'œil les cotisations furent
versées j Dutour en eipploya la majeure portion,
et mena dès ce moment un beau train de vie*
Près de 40,000 fr. étaient disparus de cette façon
dans le gouffre de ses fredaines et de ses bom-
bances , et la crédulité des bailleurs de fonds ne
semblait pas a bout de ses sacrifices, lorsqu'une
fausse démarche du Directoire fit naître enfin
la défiance parmi les conjurés et livra le secret
de la jonglerie. Blondel , au désespoir, finit par
où il aurait dû commencer, par s'informer de
ce que c'était que ce Dutour. On acquit la cer-
titude que ce n'était qu'un hardi charlatan,
percé de tous les côtés , d'un front d'airain,
d'un estomac insatiable, et plus soucieux de
vexer les royalistes (jue de leur faire la courle-
88 MEMOIRES HISTORIQUES TIRES OEt AftCMITtib
échelle. Ce nouveau mécompte les affligea sans
les désoler. Quant â ce Dutour , il fat très clu-
grin d*aYoir perdu ses entreteneurt ; mais la
connaissance qu'il avait faite de la phpart des
mat-intentionnés , lui facilita des prMBolioBs
rapides dans les rangs de la police poKtiqne.
CHAPITRE LVII.
Dciails historiques sur rilôtel-dc-Vi1lci son antiquité* -— Orgaui-
salion , poufoirs, juridiction et police du bureau de irille et du
prévôt des marchands. — Forme d'élection des échevins de
>il!r. — Ccrcmonie du serment prêté au roi par les cchcTins
nouvellement élus. — Keveaus cL officiers du corps de ville.
— iSoinbrc des prévôts di s marchands, flepuis leur orighic jus-
qu'à M. de Flessellcs. — Récit de la mort tragique de ce dernier,
au i4 juillet 1789.
A l'époque où l'aigle des Romains déploya ses
ailes conquérantes dans les Gaules, il existait
une administration municipale sur Tembryon de
go MicMoiiiES ai&ToaiQtts
territoirequi devinti anse développant, kCvjw de
la cÎTtlitation française. Des recherches savantes
ont mis en évidence qu'après l'envahisumsiit dm
pays par les Francs , il se fit peu de osodifica-
lions notables dans le régime poUtiqna ém
grandes villes. Les nouveaux nuitrea du tcni-
toire laissèrent subsister la plus essentieUe partie
* de cette organisation.
Sous les Romains , diaque ^e un
dérable avait un sénat, des ■■f^mhiéas om
seils de ville, et des magistrats qu'on appelaîl loi
défen$eur$ de la eiié', ils étaient chargea de
tenir les droits des habitans contrc lea
des gouverneurs des provinces; ib
les commerrans, ordonnaient et
dépenses communes. Ces défimseara
dinairement tirés a Paris des corps dea
association de marchands qui laisaioBlf
tcinps-la, le commerce par la Seine et les
aflluentes.
Les inscriptions trouvées pendant le
iniirs 1711 , en creusant la terre sons lo
de Notrc-Uame , pour rétabltucment dn ca
<ic iicpulture des arches t'ques, nous apprvn
(jiie sous Tibcrc la compagnie des naiilci
$iaci^ comme porte une de ces inscrip
rl4*\a un autel .-i Iv(us, à Jupiter , a Vulcain t h
li.ihlor et Pulhu. Il e»l !i présumer que les aMr*
TIRÉS DES AAGHIYBS. Ol
il.', ^^ I
catêTês uqumpariiiaei dont il est piyrlé dan» quel-
ques actes du règoe de Louis-le-Grbs «t deL0aifr-
le*JeuAe aTaient succédé i sous un autre nom, à
ces anciens commerçans» et (^'fl' ne Êiut pas
ehércher ailleurs Tori^ne du corps municipal,
dont le chef portait le nom^ d9 priêôt des mar--
dumds; ils avaient, en effefei la pEOlîce de la navi-
gation des iparchandises qui viennent pjar eau^
il était naturel que leur chef 'reçut le titre de
l^révot des marchands.
' On ignore où ce corps db viUe ; s'asiiemblait
60US la première et la secondé iteces des ifois de
France; on le voit, au cpmmencemeiit de la
troisième race,, établi dans une maison de la Val*
U^ d0 Ijtisèrt ^ c^ui^ esl^ deveniM depuis le marché
^ la volaille, et que l'on appelait la Vallée^ rempla*
cée aujourd'hui par un marché couvert. Ce lieu
d'assemblée s'appelait Maison df la marchandise;
il fut ensuite transféré au parloir aux bourgeois^
près du grand Châtelet, maintenant abattu, et
plus tard dans un autre parloir aux bourgeois^
placé dans une tour de renceiiile de Paris, près
des Jacobins de la rue Saint- Jacques (1). Les
officiers tirés du corps des mercatores aquœ pari-
siaci furent , sous le règne de Philippe-le-Hardi ,
(O^c mol parloir signifie tout l)Oiiiirrncnt un lieu où Ton parir,
"M i'ou tient bourse ; le nom s'en est conservé dans les convcns ,
'-> piiHiUb, l'.-s hôpitaux.
^1 MEMOmU HISTORIQCIS
en 1274, qualifiés de prévài des mmttl
iehêviu de U «îUe éê Paru. Dès Ion le corp ■»•
nicipal prit de la contistanee et une orgiaiii
lion. En 1337, il acfaeU U Mai$m éê Gf*tf, mk
trement la Maitùh oiur pUiên^ déâgnés mm ce
nom parce qu*une mite de piliers la
comme la Mawm dêi m/Jmi 61mi , aloM
et contigQë k rHôtel-de-ViUe. Sur Vi
ment de cette maÎMn de Grève el^de
antres, on commença de bâtir rHôtrf d> VÊk
en 1553 ; cet hôtel fut acheré ea IfBK, m«s le
règne de Henri IV , dont la statno éqvartn ss
voit en bas-relief au-dessus de la p«tto dTe»
trée(1).
En 1789, à Tépoque de sa soppnsBM, b
corps de TÎUe de Paris était compoif #1
dignitaires, d*officiers civils » dToflcM
daires et d officiers militairM; il a^ûl
diction, des revenus, des chargM b
des formes d'élection et un cérémonid
liers.
Je rrois devoir eiitreiT dans quelqvM
(0 l^ethomniMdeçS, prmUntlcurrèfDcavaltalMilV*
iM^-itflicf , ils imagliMienl effacer U royauU de IftitinÉff m#
Iriiis^iil Ifi ftUiucft iU'^ rois; viliiic tl«»iil il» otil Jutiné Tf**?*'
j ! «Il ^ MjGcr«%riiii . «t }iir Vf honiMiv^ •!•■ |«an wat ï^i iAi »*•
•■•iiv li» If «{iinrt.
TIRÉS DES ARCHirSS. 9$
en prenant pour guide un pr^cif autjientique,
dressé par le bureau de ville en IT^S.
«r Les officiers dignitaires étaient le gouverneur
de la ville de Paris , nommé par le roi, le lieute-
nant au gouvernement , office dont la finance
avait été réglée par l'édit de création; ces creux
dignitaires faisaient partie du corps de ville.
•r Les officiers civils se composaient d'un pré-
vôt des marchands , nommé par le roi ; chaque
prévôté était de deux ans, et assez ordinaire-
ment ce titulaire prolongeait la durée de ses
fonctions pendant trois prévôtés. Il donnait des
audiences publiques chez lui; il était considéré
comme un magistrat du premier ordre , avec le
titre de chevalier; il portait dans les cérémonies
publiques la robe de satin cramoisi (1).
(( Quatre échevins choisis, savoir : un, parmi
les quarteniers, et deux, parmi les notables bour-
geois. Chaque échcvin restait deux ans en place.
Pour être échevin,il fallait être de Paris; Téche-
vinage donnait la noblesse.
« Un procureur et avocat du roi et de la ville ;
il avait un substitut, un parquet, dans l'Hôtel-
(i) Dans les Icltres écrite.^ par M. de Sartines à M. Blgnon, pré-
vôt des marcliinds , à roccasion de rcT^ûnemenl du 3o mai, od
peut voir avec quelle respectueuse déférence te premier parle à
celui ri.
«m MEMomrs nisTôRiQir^
fie-Ville, et un secrétaire dont le tra temrnt était
pavt^ sur la caisse de la ville.
' Un prrefller en chef; il avait son logement
dans riirilel-dr-Villc.
V l'n In-sorier, rcccvnir cénéral des dont et
octjbis <lc la ville ; cet oflice exigeait un caution-
nement d'un million.
« ilc% huit personnes composaient ce qu'on
appelait le bureau de ville. On y traitait les af-
r-iirr» courantes, parliculi^ros et secrètes; on y
jii^c.tit, Mir rapport, des affaires mises en déli-
béré; on y répondait aux plicets, demandes et
rcqiirlcs. Le greffier et le receveur, qui n\
avaient eu d'abord que voix consultative, ûm-
rt'iit par y avoir voix délibérative.
■ Le corps de ville était en outre compilé :
« De vingt-six consrillers de ville dont sene
étaient de notables bourgeois qui parvenaient k
récnevînage , et les dix autres étaient roembra
des cours souveraines et n'y parvenaient jamak;
Ht* seize quarteniers : ce nombre était aÏMÎ
lixé parce que Paris n'ayant ^ié long-temp* dî«
visé qu'rn sei/.e quartiers, on avait %oalu qv^i
s't*ii (roiivfit un dans rhj(]ue quartier. Ces oC*
( t's t'taii'nt achetés par dt* notables bourgeois et
jouissaient de difTérens privilr};es.
* licsi seize conseiller:» bourgeois et les leB
TIRES DES ARCHIVES. 95
q^arUni^r9 pajPf«naient alternadycs^pnl à |'éçl^e-
vinage ; on y faisait aussi arriver aai||is^ ^^|f«r~
geois qui n'épient point pourvus a office , fnais
qui étaient compris dans une liste de notables
que les conseillers et quarteniers dressaient, après
avoir pris sur leur compte les plus scrupu-
leuses informations.
« Ces conseillers et quarteniers réunp^^x huit
meipabres du bura^u 4? ^}H^, ^9^P^lff9'%^^ ^^'
ml général de la vUk. ^ ^ ..
a On comptait ^«cofe dea officierp secon-
à^fis qui j^'en fyimt^^ pmnt paciûi» savoir:
i|oûante.<mati9 m9»a»'imm k raison 4e quatre
dans chacun 4^ smo ^ uairticn.
_ ^ ré
1 11 y avait en outre un colonel dés j^des d,e
la ville , un lieutenant^colonel , un major , un
aide-major, quatre compagnies de soixante-
douze hommes chacune y une musique composée
de plusieurs tambours, haut-bois, trompettes et
un timballier.
tf Le traitement du gouverneur était de
55,000 francs. Le prévôt des march^ifids , les
quatre échevins , le procureur-avocat du roi de
la \ille , le greffier et le receveur se distribuaient
à litre de droits honoraires une somme qui fut
d'abord de 180,000 francs qu'ils étaient autori-
sés a prélever sur la caisse de la ville , mais qui
96 MCMOIREI HtSTORlQVtt
par une déclaration du 25 avril 1 783, fui réduite
à 136,380 francs.
« Pour procéder aux élections des membres
sortans » le conseil général de la ville s'assembUc
tous les ans dans la grande salle de lliôtel, b
16 août; on y procédait h rélection de deux
nouveaux échevins» en remplacement de
qui avaient fait leur temps.
• L'assemblée , après avoir entendu h
du Saint-Esprit dans la chapelle , commwirait
par élire quatre scrutateurs, un pour le roi tcTélMl
ordinairement un officier marquant 1
cature; un pour les conseillers de ^e,
parmi les conseillers ; un pour les
choisi parmi eux ; enfin, un pour les
choisi parmi les notables bouif eois ,
étaient mandés de chaque quartier ,
ter et procéder a l'élection.
• Les scrutateurs, après avoir prêté
procédaient au dépouillement du scmlis (1) • el
les deux candidats qui avaient obtenu la
rite des suffrages étaient nommés et
pubhquement échevins. Le procès-verbal i
lection était présenté au roi.
■ Le prévôt des marchands écrivait au
(0 Chaque bitlMindr^Bil |>orirr drui iit»m« , un
^rbcvln à rlirr.
j
TIRES DES AHCHIYES.c^ g^
verneur de Paris et au ministre fow leur amloilri
cer celte nomination, et prier en giAaie Umy le^
ministre de demander au roi lé jènr qu'il plai* i
raità Sa Majesté de choisir poui^ reee%6ir !• MfWi
ment des deux nouveaux échevins*
« Le jour ayant été indiqiiéy lé-eomps df lîUé^
se rendait k Versailles dans cinq voîtiirea, doMt
deux à six chevaux et trois k quatre. Le i{orps4e'i
ville était introduit dans la salle du ci#i»seU»p#iin}
y attendre les ovdres du roi. Lf) auiib^«dM;cé«é^;i
monies venait ep^uit^ le chtpobéSfr. h^ poiïl§ >ii<\^.
la chambre du roi étant ouyerti»» 4ii^ wmciliçrà^)
la ville de Paris, et le goùveriieiii:!. qui y.yéiili%f
déjà, venait aurdevant du ç^M^p^ de viU|9tQ|;4#)
présentait. - tr»,.
« Le roi était assis dans un faUtelul; la tlt0^
couverte , environné des princes et seigneurs de
la cour.
•f Après les trois révérences d'usage , le corps
de \illc s'approchait et mettait un genou en
terre. Le scrutateur royal, placé devant le roi, lui
adressait un discours analogue a la circon-
stance (1), et lui présentait le scrutin. Le roi
(i) G'éuit , comme on le pense bien , un discours \raiment offi-
ciel, bouisouflé de vcnl, plein de rien, \érilable remplissage
crrtiqneUf. Toute innovniion sur ce point nurait paru scandii-
louse. Dans Its discour» f.nts au scrnlin , rr«prit de la majorité se
met toujours en reli«.*f.
^ MF.MOniU HItTOKIQUI»
faisait niM très courte réponte , prenait le
tin et le remettait an ministre chargé an
tement de Paris , qui se tronvail k sa droile. Le
ministre déoacketait le paquet et en fiûaait
iure a haute vois. Dans ce moment, le
de h ^lle plaçait sur le genen 4lu fi le cracifi
snr lequel les ilci)i éche^ns élna devnient
leurs inaina pour prêter le serment ; nlnn le
mier oemmis^grefier présentait an mi
li^re des ordonnances , contenant In
serment et en faisait lecture, aprèeqnel,
cun des élus disait y# If jurs. Enanitn In nnsfo 4e
Tille se retirait avec la même rlpjmnnân, Lm
deux nouTcanx échevins étaient éga
sentes à la reine , à la famille royale i
nistère de Faris, qui sentent invitait le
ville 11 dîner.
c Les revenus de la ville étaient pen
rablcs en comparaison de son împnrtBnee; 3i
consistaient en droits qu'elle préleveh,
légers et redevances.
• Elle était chargée de rillumination,
tien du pavé et arrosement des koulevnrtay ^b
réparation des maisons de son domaine«d
fontaines, égouts, port«, qusi^ ef pompes
bateaux pour les iiirendics; en outre, chargfs
du paiement des rentes constituées sur son
maine «*t sur Télat ; des pensions par elle
TIRES DES AKGH1YES. 99
dées dont les fonds étaient fixés et autoriség par
le gouvernement; enfin des frais de son adm^
nistratîon et de ceut de l'Opéra. »
L'Hôtel -de- Ville offrait donc, même alors,
quelques vestiges d*un corps politique, jadis puis^
sant; il avait conservé des formes» des pr<ï*o-
gatives, des usages popp)air^3 qui v^pdaient
les anciennes comoiun^s,
Les Mémoirçs ^a c^rdjp^l dç ÏVeU e\ J'Hj^liÇfre
de la Fronde font assez connaître à quel point
l'organisation politique du corps de ville de Paria
pouvait favoriser les faction^ contre la cpiir f^t l^
ministres qui , n'osant s'attaquer aux privilèges
de ce corps , se voyaient obligés de les respectera.
Dans les temps ordinaires , les assen^blées 4tB 1^
ville et les pouvoirs des membres qui les com^^
posaient n'avaient rien de remarquable ou d'in-
quiétant pour l'autorité royale; mais, aux épo-
ques d'ébuUition , quand les partis se faisaient
des menaces, ces pouvoirs devenaient un appui.
Celte assemblée se métamorphosait en centre
d'action pour les factieux déjà puissans, qui sa-
vaient mettre l'Hôtel-deVille dans leurs intérêts.
Le peuple y voyait une protection à laquelle se
joignit plus d'une fois celle du Parlement.
La municipalité de Paris n'offre plus aujour-
d'hui (|u\m corps administratif soumis h l'auto-
rité du minislcrc.
Dans les crrémonios où le corps de ville
chail avec les cours souTcraines, il prenait b
patiche clii Parlement ; il r*l«iît rs^alenient à iranckc
(lu lieulenaiit de police lorscprils marcliaient es-
semble.
Tous les an« , le corpsi de \ille, ^ur llnvitatioii
des ehmoaliêrg de Varquebu$e , assistait an tir de Taî-
$fau, et donnait le prix au vainqueur (1).
Lors dr l'inauguration d'un monument on cTane
(i) l.eft chetalicrs Jo Tarqurbuir avilofil été étal4«
ordoniiincP% des ruii. H joui^viknt Je pluiieuri pHviUfci.
rèfoc de I^uls-le-iirot. >alnt-I.AiiUSxa h- ncNnbrt
k cent quatre- vioKt» ; Lharlr» , dauphiu , le» p«rta è
en I'«|ikeiici* du roi Jean , son \tvre ; (Uiar'et VI
pri«ll^«^ et fn ajouta d*autrci^ ; il» furent , dant U
veau CDnSrtnés par l^wli XI et Chirtri Vm. lU
vcrars époque* , df\ ni.'«rqui « de I» proicctioa de
Liiuift XIII, dr LouU M\ , ilr Limiu X\ et de Louât XTU
IjTiir^ lircvrl» flairni tliini^ par Te irou^rriievr é
qui était colunrl de tvttr con'paKnie rorale , dont la
ordinaire riait le licgc dr U cunnctab^le H
France.
Leur uiilformr était rcarlutr . ipiToiiné d'or, a
re«rrfl dr ^rlciur« bleu , le luutoii dorr, avec a
lélc m Mutoir, couronné^-
l\\ éiairnl If nu% dr «^c |H*rfr<tiiiinirr dan« let
faire* , parer que , *ïnus li>^ ra« urceo« , un lea nundall
dre lr« urinrft « I f4irr I*' «rr« •!• rn qualité detrtMpe rfifWvw
t.i>rs4|*i'i* ariMiiif i|i>- i ]■. •'•«l'iifiiirul hrtifrut , Ha a«
drf*it d'fTMiiyrr d !• j> .ti*. pour o iii)'l tnrnirr le n*! ci !■!
mander un |»rii m rf-:iiii;«%»t.f •- f|f IV^'^nrfnf iiff.
1^* dmisiii lir It yUi^ pr.-. fii* 1 1 Sainl-l..-ii4rnil , le caeM éê «
J
TIRES DES ARCHIVES. lOI
publication de la paix , le corps de ville montait
à cheval, vêtu de son grand uniforme; le gou.-
verneur de la ville, qui en faisait partie , avait,
dans celle occasion, le droit de jeter de Pargent
au peuple.
C'était le bureau de la ville qui arrêtait le rôle
de la capitation des habitans de Paris. Le prévôt
des marchands, commissaire en cette partie,
rendait les ordonnances de décharges et de mo-
dérations.
Depuis Jean Augcr , nommé prévôt des mar-
chands par le roi Saint -Louis en 1258, jusqu'à
M. de Flesselles, qui entra en charge en 1789
et mourut la même année , il y eut cent diz-sept
prévôts des marchands.
La fin tragique du dernier doit faire époque
dans rhisloire de la municipalité de Paris; c'est
pourquoi je m'y arrclerai , puisqu'en lui ces^a
loule rancienne administration de Fllôlel-de-
Villc.
.'ipport.iit à ct!t<' r{.in['.'ï'4iilt; trois piix »^i,i ètaicnl lires en sa prc-
svnco ; ils con.s'.st .icr.t cn.icuu ii» une luéfîaillc d'ar^îeiit aux arnie^
do la ville de Paris d'uu cùlé , et de l'antie , poilunt la devise sui-
Tante :
Equitum scloj)i'.tiv io viclon pn/num /n (Uf/iiur/i uih^ pni'bct.
I ) jiiillul 1789 [Ji'ui' 'e i!!jiiiUcu de l'oiJi'. il^j ircA'L-leiiî i»lii>.
109 MEMOIRES RISTORIQrLS
Lonqu'en 1789, les électeurs, qui, d'apris
une invocation du roi , Tenaient de noBMBer les
députés des trois ordres aus états - généraom , se
fiirent rassemblés a Tliôtel-de-Ville pour le rrai-
placcmcnl des aiitorîlés de police et d*adfliîiiis-
Iration , renversées par le fait de rinmrrectîoB,
une députalion se rendit de leur part près 11. de
Flesselles , prévôt des marchands , poor
ger a joindre son zèle et ses efforts aux leon ,
le soin de la chose publique. Ce magistrat i^
dit et fut accueilli avec de grandes dénoiMlnti
de satisfaction par la foule immense qv
la place de Grève et Tintérieur de raôld
présidence de rassemblée lui fiit offerte
chef de la municipalité » mais il la
désir n*ctant d'exercer d*autre autorité
qui lui serait déférée par les habitant 4e h
taie : c'était , par une manifestation
mettre a la disposition du peuple pou
rir la confiance. Il li ronquit d'emblée. U
électeurs dit h la multitude présente qoo 11. It
prcvot (les marchands ne désirait consenreret
tinuer les fonctions qui lui avaient été
par le roi que dans le cas oli ses concilotena b
trouveraient agréable et le confirmeraient éâm
re« meniez fonctions. Cette confirmation fut dè-
tiri iiirr «1 nianifc»tri* pjr une acilamation gr«
iH-r:il
V
^TlAfig DES AAGfiAVli^* 1q3
On forma dès ce moment, ii jtûUiat nu matin;,
sur la proposition do Mi Ethîs de Gnray, ftta^
cureur du roi de la ville ^ CA^^mképèrnUimènt^
si célèbre dans l'histoire tuiaidtiieusè de. cette
époque; il fut cpmposé de treize .éleoteum et
du bureau de là yille« M. de ïl^^elles en fut
le président; ii continua de prstfidre le titre de
pi^évôt des marcbâdds dans les HAbiêihé témM
permanent fut chargé dâ l'admMiialtaliiMk poronf-
Bôire et de là direction desr liiouTemeés^ dé^ia
réTolutioQ qui se buUciféiaioBt alorofviet se ddfl^
lopt>aient atec la plus ard^te aMîyité; On, y
aj^prenait, à ohaifuë instant , lës/sdmea ipÉlidi
passaient dans la ville; de nomb^reèsea dç Blaod^
d'armes et de munitions étâieatiéiitinnelloflàènt
adressées au eamiii perikanehi, €e f«l €é joué^ik^
i 3 juillet , qu'environ sur les une heure après-
midi M. de FlesseUes déclara spontanément
au comité et au public présent que M. de Près-
soles, intéressé dans la manufacture d'armes de
Charleville , lui avait promis douze mille fusils ;
on les attendait, ajouta -t -il, d'un moment à
l'autre. Le même M. de Pressoles avait fait es-
pérer d'en envoyer encore trente mille sous
trois ou quatre jours. On ne manqua pas de
faire part aussitôt de cette nouvelle aux députés
des soixante districts accourus pour demander
(les armes : on leur dit, en conséquence, de
TIAÉS DBS ARGHIYIt. I05
manent. Les armes promises n'arrivaient point;
les députations des districts qui les attendaient
dans un très petit bouge de THôtel-de-Ville , té-
moignaient avec chaleur de leur méfiance et de
leurs soupçons contre le prévôt des marchands,
dont ils disaient que le comité même était com-
plice. M. de Flesselles répondait à toutes les
demandes, a toutes les objurgations qu'on lui
adressait, avec la plus grande appareifce de
calme. 11 semblait sûr de son dire, et, d'après
cette assurance, on temporisait encore. Les mi-
nutes semblaient alors des siècles, et le moindre
retard ajoutait k l'impatience des esprits.
Entre cinq et six heures du soir, on annonce
enfin que plusieurs caisses étiquetées artiUerie
étaient arrivées dans THôtel-de-Ville. C'étaient,
disait -on, les armes promises a M. le prévôt
des marchands par M. de Pressoles.
Quelles furent la surprise et Tindignalion du
public et des électeurs, lorsqu'en présence de
M. Hay, colonel des gardes de la ville, de M. le
marquis de la Salle, des députés de plusieurs
districts et d^m nombre considérable de per-
sonnes impatientes de procéder a la distribution
de ces armes, les caisses furent ouvertes! Au
liuu d'y trouver ries moyens de combattre, on
106 MfcMOIAEÂ HMTOAi^E&
n'y Irouva que de \îettz linges, des hùÊÊB et
chandelles, dos chiflbns (1).
Un cri général de Irahison •'éle%a "^ — ilil
contre le prévôt des marchanda, cottire I»
membrea du comité pernummu i et tout ce que Taft
tenu pour calmer cette fermentalioa lerrihb,
ne senrit qu'à la rendre plua k craîndr«
Dès cet instant, la mort du prévAt dea
chands fut résolue dans le public » et le Fj
Royal retentit des plus violentée m
contre lui ; sa perte y fut décidée géi
Le bruit se répandait en même leaipe ^V |
avait des fusils dans le couvent des
dans celui des Célestins. Aussitôt le
manMl donne un ordre, signé deM.de
de se transporter dans ces maiaopa
les annea qu'on y trouverait. On s'y
l'on n'y trouva rien. La colère du
porta de nouveau contre le prévôt
«»■
( I ) On lu CHIC iMie mu In» eu proei*- varksl àtâ
f^it «u ena^lgné. « l/rnifmc de c«t ailticf n'a Jawaii M
Coinmenl oni-rPr» été rnvoj^ k ritAlrl-de*T|lk?â
D*uù «enill la noutrlle qu>rc« éuicnt rt«i|illsi
cp qu'oa n'a pudccoavrir. •
On acrait fondé à croirv qoe M. de FInidWt a'toil
|i1ue de cette Indigne myUiftcatiun , al let calMca q«'it ««ail p»-
ini%i-« de M. de rrcftM>1e% fuMciii am«^« . maka ctlea u*mf^
ti'nl pa<
TIRlfS DSS AMKlTli* (CI7
chands qu'on accusa d'avoir fait réj^atidf^e éeê
bruits et signé des ordres potir aniuier le peuple
el donner le temps aux troupes d's^ii^ contre la
capitale sans armes.
Le lendemain, dans la inaiihée, le prieur et
ie procureur général des dbartrejiz se présen-
tèrent au comité permanent j conduits par M. Pons
de Verdu#et Joly. Ce dernier tenait k la main
Tordre que M. de Flesselles avait donné la veiUe
au district de Saint-André-déi-Ai^cs ^oûi* aller
prendre dti ^tthes âUx Ghft^trëut. 11 adressa
la parole à té tnâgisbat :
9
/
« Voilà, monsieur, lui dit -il, l'ordre que
vous avez donné hier au district de Saint«André-
des-Arcs pour l'autoriser à aller prendre des
fusils aux Chartreux. Envoyés par ce district,
M. Pons de Verdun et moi, nous nous sommes
transportés ce matin au couvent des Chartreux
avec cinquante hommes. Nous avons sommé
M. le prieur et M. le procureur général de nous
délivrer à Tinstant les armes demandées, en leur
faisant observer que votre ordre ne permettait
pas de douter de Texistence de ces armes. Ils
nous ont répondu qu'ils étaient fort étonnés de
ces ordres; qu'ils n'avaient jatnais eu aucune
arme dans leur maison; que ces ordres cependant
les exposaient aux plus grands dangers, en accré-
io8
diUiit ce brait qnc
«n nugiiin ; qae, depuw pli» dr. donic lid^
le couTent était iwmpli d'une foule prodii|[
de penonnn qai M raccédgicnl, et ijui, dbi
ellei , ventient chardur le» ^nne* cachéM
des recherchiM milla fois r^p^t^cs, •( ^
vingt patrouiUea dîffilr«htc« dcvuenl «M
Imo cartiinement, qnll n'y avait u» ■
IômI dam lenr coaTent.
« Sor celte décbntàoot nous 1» avonei^ i
à nom laivre à IVôtel-de-VUle. et
Voulex-Toiu bien , moniicitr * notu
mystère 7 «
M. le prévôi dei ourclund*, aprti nHl
plonean m^tt d'embuns cl dl» "^
pondit : ■ Je me *ui (msip^ ; jù
HH. Poni de Verdnn et Joly
qudqun obeenilione mmc vive* ■ ]
■ellei MUT nna «unbUbla m^priM , oi lu i
dèrent 'tt rtponie par écrit , nha, direai
rendre compte à leur «fistrici de leur ■
et comme nécewaire ant^î .iii\ rliartfwa
Id gariinlir de lâ fureur du pcuiile. '
Le privât des iqarchandt leur doaui^
ligné de lut , ain^ conçu : ■ I.e* vhartnioi'
déclaré qu'ils n'avaient Aucune «rme.fel^ !
révoque l'ordiii qu'il a douuc Uîcr. « ^ j
110 MKHOmit HISTORiQCIi
contre rînquiëlude que cet alUupet ëuîcnl
certainement bien capables dlnapîrer, rrfnmAii
avec fermeté et tranquillité que aa conicieooe
était pure ; qu*il avait rempli set devoirs ^ qnV
ne demandait pas micuK que deiposersa
diiite aux yeux de ces concitoyens ; que l'ac
tion relative à son intimité prétendue avec Is
prince de Conti était une insigne fausaclé $ qaV
n*avait vu oe prince que deux fois ean vie , et
encore dans des oîroonslances fortoîtcs ; q«ï mm
lui a jamais écrit , et qu*il n'a janui» vm
seule lettre de lui.
Un membre du comité pomanent prit
la parole et s'exprima avec beancoop^
sur le crime et les dangers d'une a
capitale qui n'aurait pour tout fond
des suppositions , des inductions , des
quences fausses, d'un fait dont tous les i
ne pouvaicnl être parfaitement conniia
multitude. Il ajouta que depuis le nomosi
M. de Fleaselles était monté la veille à
de-Ville , oii il avait été confirmé dans la
de premier administrateur municipal par
peuple lui - même , il n'avait donné qoc
preuves de fidélité , ile zèle et de patrioliaaW|
qu'il nVïtait pas sorti un seul instant de l'Hôlel*
iIr-\ lUt' ; qu'excepte truis ou quatre heures ém
la nuit j il n'avait point ccsȎ de travailler avec
TIRES DES ARCHIVES. 111
les membres du comité» dé doiinei^, coneui^em^!
ment avec ehaouli d'eux, tous lés oirdfes néces-
saires k la défense de la yill^, conti^e les ti^oupes
dont elle était environnée; qu'en cet état, il
était bien difficile de concevoir comment M. de
Flesselles aurait entretenu , sans que peirsonne
s'en aperçût, des intelligences contraires au
salut public.
Ces raisons ne faisaient qu'une faible impres-
sion sur ceux qui étaient a portée dé iè^ èh'^*
tendre ; Teur inutilité était encore aecrâe par
ragitation, le bruit, la fureur, qui irégtïàfièM'
dans une foule immense répandue^ deés fed
escaliers, les corridors, les salles de rHéV^-dé^'
Ville. C'était le moment où on aSsiISgeatt la.
Bastille et oh continuellement on apportait jus-
que dans la salle des électeurs ceux qui avaient
été blessés par le canon de ce château. L'instant
n'était donc nullement favorable a M. de Fles-
selles. On venait demander a tout moment des
munitions , de la poudre dont on savait qu'il y
avait une assez grande quantité à THôtel-de-
Ville. Ce fut alors que M. Francolay , un des
électeurs, s'adressant à IVI. de Flesselles, lui re-
procha de refuser de la poudre aux soldats- ci-
toyens qui en avaient si grand besoin ; a quoi
M. de Flesselles lui répondit de se taire, «Je ne .
me tairai point , reprit Télecteur ; le temps
112 MF.Moinrs niSTomQUfs
presse , et l'on massacre nos frères a k
J'ai rencontré dans l'escalier un jeune
qui a eu le bras cassé à celle forteresse et ^
pleurait la mort de son camarade tué à wm
côtés. »
Le comité permanent était assailli et
de toutes manières; plusieurs de i
jugrrent à propos de se rendre dans Ift
salle des électeurs ; elle était pleine tl*i
titude agitée de sentimens violens: M. ém
selles était le principal objet de leurs
nations. Arrivé lui-même dans cette salle « iL
persista, malgré les obserfations ém
du comité qui voulaient l'en empAdiOT
placer sur l'estrade , tout près de M.
de Saintp-Méry , qui présidait l'assusUét.
moment après, on apprend la prise dé la
tille i les ciels de cette prison d'état sont
sur le bureau } mais la victoire mêoM,
'vnint un champ plus large a l'imagîni
patriotes, exaspérait leurs t£tes, et Teflli
ne diminuait pas. La nécessité da
triomphe ajoutait a celle de puriBer In
permanent pour qu'il lut investi dm ImmÊm h
confiance et procédât résolument. On
de trahison, de perfidie, de mancnvrea;
continuait d accuser et d'interpeller lianli
M. de Flesselles. Les premiers mots qu'il loi fat
TIRÉS DES ARCHIVES. II 5*^
possible de prononcer au milieu de cet orage
furent ceux-ci : « Puisque je suis suspect \k mes
concitoyens, il est indispensable que je me re-
tire, il II voulut alors descendre de Tesirade ;
mais plusieurs personnes s'opposèrent a ce mou-
vement qui l'exposait à devenir l'objet de la
fureur populaire ; et , pour le moment, il ne
s'éloigna pas.
M. deLeuze, un çlcs électeurs, voyant que la
résolution de M. de Flesselles était de résigner
ses fonctions, éleva la voix^ et, lui adressant la
parole, dit : « Vous serez responsable, mon-
sieur, des malheurs qui vont arriver; vous n'a-
vez pas encore donné les clefs du magasin de la
ville où sont ses armes et surtout ses canons. »
M. de Flesselles, sans répondre, tire les clefs
de sa poche et les présente à un électeur qui lui-
même les remet a un autre placé près de lui.
Dans ce moment, plusieurs personnes se pressent
autour du bureau et interpellent plus directe-
ment M. de Flesselles, en lui disant, les uns qu'il
fallait se saisir de lui et le garder comme otage ,
les autres qu'il allait être conduit en prison au
Chàtelet. Un certain nombre exigeait qu'il se
rendît au Palais-Royal pour y être jugé ; toute la
salle élcctrisée retentit alors de ce seul cri : « Au
Palais Royal! au Palais-Royal! » iNI, de Flesselles
IV. 8
Il4 MKMOIKSI nWTOIll^CtS
répondît : ff Eh bien ! mesiîcun, aUons aa Pakît-
Royal. •
0» crut remarquer en ce moment dans
iXutê un peu plut de tranquillité ; peut-être
pénit-îl que cette démarche lai fonmirail une
occasion do se soustraire à la foudre qui groodait
suc sa tête. Quelques électeurs, effrayés de u
témérité» Toulurent l'en détourner par lemn
instances. L'abbé Fauchet, apr^s lui mtmr dît
quelques mots en particulier, tenait do parlîr
pour se rendre au comité du district de
Roch; il y portait des paroles en Cireur
M. de Flesselles. Sans attendre le retour de T;
Fauchct, M. de Flesselles descendit de V
et traTcrsa la salle; la multitude qui le
de toutes parts ne lui fit pits la moindre ti
J'aflurme cette disposition de la foule pour T;
Tuo. On spéculait encore sur la possibiKlé
justification ; on le croyait dupe d'un Ims
p<Hrt dont il aVail éà se réserver le secret,
on apprit qu'il avait traversé la place do
suivi de beaucoup de personnes et sans épi
aucun mauvais traitement; mais un coop éê
pistolet , que nous entendîmes du miliea 4t la
salle, parti d'une main inconnue, le renversa
presque aussitôt par terre au coin du quai Pel-
letier.
Les conjectures ne sont pas des preuves qu'es
.i
TIRÉS DES ARCHIVES. Il5
puisse à la légère admettre dans l'histoire; mais
ne paraît-il pas évident , d'après tout ceci, que
M. de Flesselles fut tué par un de ses complices?
liC torrent de Tinsurreclion noya toutes les traces
de ce mystère dans son passage.
Le peuple , simple accusateur d'abord , se jeta
tout aussitôt sur le corps du prévôt des mar-
chands; la tête de M. de Flesselles, coupée, fut
placée au bout d'une pique et promenée dans
Paris avec celle du marquis de Launai , gouver-
neur de la Bastille, qiji périt le même jour et
par les mêmes motffs.
Telle fut la fin du dernier magistrat de Tan-
cienne municipahté. Tout fut changé; une orga-
nisation, d'abord provisoire, ensuite définitive,
fut substituée au corps de ville pour faire place
un peu plus tard a Tadminislration actuelle de la
villes de Paris.
Tout prouve que M. de Flesselles agissait a
contre-cœur, et par suite de quelques ordres,
en prenant part h Pinsurrection ; qu'il s était
mal a propos flatté de saisir quelque circonstance
opportune pour favoriser les vues de la cour, ou
du moins pour arrêter la marche des choses , et
qu'il pensait, pour ce dessein, devoir persévérer
dans ses fonctions publiques; il n'y trouva que
la mort avec la réputation d'un traître.
CHAPITRE LVIII.
Iiu !^ulciil< cl il' Mr« causr^.
Le chîiTrt* nnniirl «Iimi siiiriilcs, en quelque
faron nuriii.'il i*l porî(Kli(|iit* |'arini nous, iir pe«t
rire consiclrri^ <|iie «'oinme le «vinptùiiie d'an
MEMOIRES HISTORIQUES TIRES DES ARCHIVES. JII7
vice constitutif de b société moderne, car àrépo-
que des disettes et dans les hivers rigoureux, ce
symptôme est toujours plus manifeste, de même
qu'il prend un caractère épidémiquèlorsdes haltes
de l'industrie et quand les banqueroutes te suc-
cèdent en ricochet. La prostitution et le vol
grandissent alors dans la même proportion, .^n
principe, bien que la plus large source du suicide
découle principalement de la misère » nou^ le
retrouvons dans toutes les classes, chez les riches
désœuvrés, comme chez lesartisteset les hommes
politiques. La diversité des causes qui le motivent
nous paraît échapper au blâme uniforme let S2|ns
charité des moralistes.
Des maladies de consomption, contre les-
quelles la science actuelle est inerte et insufiisante^
des amitiés méconnues, des amours trompés,
des ambitions qui se découra2;ent, des douleurs
de famille, une émulation étouffée, le dégoût
d'une vie monotone, un enthousiasme refoulé
sur lui-même, sont très certainement des occa-
sions de suicide pour les natures d'une certaine
richesse, et l'amour même de la vie, ressort
énergique de la personnalité, conduit fort sou-
vent a se débarrasser d'une existence détestable.
Madame de Staël, qui ressassa beaucoup de
lieux communs et les réhabilita quelque temps
dans le plus beau style du monde, s'est atta-
••
ll8 MÈMOinCS aiSTOlUQOES
chëe à démontrer que le suicide esl one adioa
contre nature , et que l'on ne sanrait !• regv-
der comme un acte de courage; elle a swtont
établi qu'il était plnt digne do lutter coniK le
désespoir que d'y succomber. De
raisons aflfectent peu les âmes que le
accable. Sont -elles religieuses, elle
sur un meilleur monde ; ne croient-eU<
au contraire, elles cherchent le repos da néast.
Les tirades philosophiques n'ont ancua valenr
k leurs yeui, et sont d'un faible ncovrs daas le
chagrin. Il est surtout absurde de prétendra
qu'un acte qui se consomme ai firéqueouBent soit
un acte contre nature ; le suicide n'est d*i
manière contre nature, puisque noua en
journellement les témoins. Ce qui est
nature n arrive pas. Il est au contraiee de la
nature de notre société d enfanter beaoeaup de
suicides ; tandis que les Uerbbres et les Ti
ne se suicident pas. 'routes les aociétéa
donc pas les m«^mrs produits ; voilà ce qvH bal
se dire pour travailler à la réforme de la aôtn,
et la faire gravir un des échelons supérîaara de
la destinée du {"enre humain. Quant aa c— raga,
si Ton pas^e pour en avoir drs que Von brave la
mort en plein jour et stu* le champ de bataille,
sous Tempire ilc loulei» le» excitations K*unies,
rirn ne prouva que Ton vu ma:iqTie néro»sairr-
TlfŒS DES ARCHIVES. II9
nçnt quand on se donne la mort soi-même ^t
lans les ténèbres. On ne tranche pes une pareille
controverse par des insultes contre les mjairts, Qae
e motif qui détermine l'individu k se tuer soit
éger ou ne le soit pas , la sensibilité ne saurait
)e mesurer chez les hommes sur la mêpo^e échelle ;
on ne peut pas plus conclure à l'égalité de^ sen-
sations qu'à celle des caractères et des t^mpé-
Irakhens ^ et tel événement n'excidé qu'uii sen-
tiknent imperceptible chez l6s uns, qui ïait iiàître
Qhë douleur violente chez les autres. Le Ibi^'Àhiéur
ou le malheur ont autant de manières d'êtire, et
dlè se manifester qu'il y a de dinéi^nces entre
les individus et les esprits. Un poète *à dit :
Ce qui fait ton bonheur deviendrait mon tourment;
Le prix de ta \ertu serait mon châtiment.
Tout ce que Ton a dit contre le suicide tourne
dans le même cercle d'idées. On oppose au sui-
Me les décrets de la Providence , sans nous
tire lire ces décrets crune façon bien claire 9
puisque, après tout, ceux qui se frappent en
^âilutenl. Ce peut être par la faute de ceux qui
i n'auront pas rendu les termes de ces décrets-la
iilellitjibles et satisfaisans. Le ^i^miant de l'Evan-
{ile est lui-même resté dans son argile. On nous
parle (Lî nos devoirs envers la société, sans que
••
ll8 MÊMOinCS BISTOMQOES
chëe à démontrer que le suicide est mie aciion
contre nature , et que Ton ne saurail b rtpr-
der comme un acte de courage; eU« a swtoat
établi qu'il était plut digne do lutter conlK le
désespoir que d*y succomber. De
raisons aflfectent peu les âmes que le
accable. Sont -elles religieuses, elle
sur un meilleur monde ; ne croient-elles eo tien
au contraire , elles cberchent le repos de néant.
Les tirades philosophiques n'ont ancvne valenr
k leurs ycui, et sont d'un faible recevra daas le
chagrin. Il est surtout absurde de paétcnéia
qu'un acte qui se consomme si fréqaeouBent soit
un acte contre nature ; le suicide n*e8l d*i
manière contre nature, puisque nooaen
journellement les témoins. Ce qoî ert
nature n'arrive pas. 11 est au contraiae da b
nature de notre société d enfanter beaoeaep de
suicides ; t.mdi^ que les Berbtres et les Tartves
ne âc suicident pas. Tontes les aoctétés B*eal
donc pas les mrmt*s produits; voilà ce ^prtlbel
se dire pour trivailicr ï la réforme de leMlrt,
et la faire gravir un des échelon!» supéiiewt da
la destinée du }:pnre humain. Quant ea cesragt,
si Ton pasKfi pour en avoir dt*s que Von brave b
mort en plein jour et siu* le champ de batailkt
souH IVmpiru fie inule» les excitations réunirt .
ri«'n lie proM\r t|itr Inn eu ma;u|uc nt:ri*s»ain:-
TljflÉS DES ARCHIVES. HQ
mçnt. quand on 3e donne la mort soi-même ^t
dans les ténèl^res.On ne tranche pes une pareille
controverse par des insultes contre les mioirts, Qoe
le motif qui détermine l'individu à se tuer soit
léger ou ne le aoit pas , la sensibilité ne saurait
se mesurer chez les hommes sur la même échelle ;
on ne peut pas plus conclure à l'égalité des sen-
sations qu'à celle des caractères et des tçippé-
rathens ^ et tel événeinent n'excité qu'iiii sen-
timent imperceptible chez Ws uns, qui fait naître
une douleur violenté chez les autres. Le li<iiih<éur
ou le malheur ont autant die manîéfes d'êtire' et
de se manifester qu'il y a de ditféî^nces entire
les individus et les esprits. Un poète a dit :
Ce qui fait ton bonheur deviendrait mqn tpumifipi^i t
Le prix de ta \ertu serait mon châtiment. ^
Tout ce que Ton a dit contre le suicide tounpie
dans le même cercle d'idées. On oppose au sui-
cide les décrets de la Providence, sans nous
faire lire ces décrets d'une façon bien claire «
pins(|ue , après tout, ceux qui se frappent en
doutcnl. Ce peut être par la faute de ceux qui
irauront pas rendu les termes de ces décrets-la
inteUii^ibles et salisfaisans. Le^i^iniant de l'Evan-
tilhi est lui-inême rcslé dans son ar^rile. On nous
'^>arle <!(' nos devoirs envers la société, sans que
ISO MRvomrs insToniQtu
nos droits sur la société soient à leur tour net-
tement définis et établis; et Ton exalte enfin
le mérite plus grand mille fois, dit-on, de snr-
monter la douleur que d*y succomber, ce ^
est un aussi triste mérite qu'une trbte pcr*
spective. Bref, on en fait un acte de lâcheté, ma
crime contre les lois et Tbonneur.
D'où Tient que, malgré tant d*anntb
lliomme se tue ? C'est que le sang ne cenk
de la même façon dans les reines des gens dé-
sespérés que le sang des êtres firoîds ^ at
donnent le loisir de débiter toua ces
raisonnemens.
Peut-être n'a-t-on pas encore étadié teet
les causes qui président au suicide ; on b'
mine pa« assez les subversions de Tame i
terribles momens, et quels germes vénéseet de
très longues douleurs ont pu développer i
siblement dans le caractère. L*homme
un mystère pour Tliomme ; on ne sait qne
et Ton ignore.
A voir combien les institutions sona TesKpiR
drsqiiellcs vit l'Europe di^ptisrnt légèrement de
sang et de la vie iIch peuples, et, ansai, cooiew
la justice* civilini^e s'environne d'un riche maté-
riel de prisons, de rluitimcns, *d*instnimen« de
supplice pour l.i s.-imtiun de ses arrêts incrr-
TIRES DES ARCRITES. 121^
tains ; et le nombre inoui de classes laissées de
toutes parts dans la misère ; et les parias sociaux
qu'on frappe d'un mépris brutal et préventif
pour se dispenser peut-être de les arracher à
leur fange^ à voir tout cela, on ne conçoit guère
en vertu de quel titre on pourrait ordonner à
l'individu de respecter sur lui-même une exis-
tence dont nos coutumes, nos préjugés, nos lois
et nos mœurs font si généralement bon marché»
Quel que soit le motif principal et déterminant
du suicide, il est certain que son action agit avec
une puissance absolue sur sa volonté. Pourquoi
donc s'étonner si , jusqu'à présent , tout ce qu'on
a dit ou fait pour vaincre cet entraînement
aveugle, est resté sans effet, et si les législa-
teurs et les moralistes ont également échoué
dans leurs lerilalives? Pour en arriver a com-
prendre le cœnr humain, il Huit d'abord avoir
la miséricorde el la pitié du Christ.
On a cru pouvoir arrêter les suicides par des
peines flétrissantes et par une sorte d'infamie
jetée sur la mémoire du coupable. Que dire de
l'indignité d'une flétrissure lancée sur des gens
qui ne sont plus îà pour plaider leur cause? Les
malheureux s'en soucient peu du reste; et si le
suicide accuse quelqu'un vis-a-vis de Dieu, l'ac-
tusalion plane surtout sur les f;ens qui rcs-
12.i MLMOIKES HISTOaJQLXt
tcni, [.m^quo, dans celle foule, pas un n*a
que l'en Mii ùi pour lui. Les moyens psérUs cl
atriM-c^ i^.rtui a imaginés oni-ik Intlé tidoiic»
seiiicri'. contre les suggestions dn déMspMr?
Qu*iin[iurtc!ii a rûirc qui Teai fuir le monde ks
înjun's que le monde promet il son cndnvreïB
ne v«iit (lans rignominîe de U claie qnc Tops*
nion \\\\ pri'pare qu*une lâcheté do pins di h
part dfs vivans. Qu'est-ce, en eflet, ^V
ciétr oii I*uii trouve la solitude la pina
au sein de plusieurs miUiona d*imn; nà Ti
peut rire pris d'un désir împlacabb éê ■
sanft (j'ie qui que ce soit nona donnn?
sociélti-là n*est pas unesodélé; ^Wlf
le dit Jean- Jacques, un désort penpié da Mlts
l!^roci*s.
Dans les places que j*ai rempKoa à
tration de la police, les suites dm
en pii'iir dans mes attributions i j'ai
nalirr si dans leurs causes déli
ne !('cn trouverait pas dont on pût
prr\c'nlr IViïnt. J'avais entrepris
ini|>(iri.int un travail considérable.
nantir sur des théories , j'esmierai do
di's l.iit.s
ranni les causes de désmpoir qui iMrt f^
i!:<r. l.rr la mort aux personom douéca fmê
i:iMi.«lr sii«i rpiibilité nerveuse, aua vira
ftXÉS 0£8 ARCHiyE$. 133
sionnés et mélancoliques^ j'ai^refl[iarqué,çomnie
fait prédominant^ le3 mauvais trajAemens^^e/s in-
justices, les peines secrètes, que jijles, pareps dqrs
et prévenus, des supérieurs ir^it^ çt menaçons,
font éprouver aux personnes qui, sont dansle\ir
dépendance. La révolution n'a j/m fait tomber
toutes les tyrannies -, les inconyéniens reprochas
aux pouvoirs arbitraires subs^tent da^is les fa-
milles ; ils y causent des crises analogues à celles
des révolutions. Est-il sûr, comme on le suppose,
que la crainte de voir leurs àmi#, leurs parens ou
leurs domestiques, livrés à l'mfamTe, eX les corps
traînés dans la boue, ramènerait ceis hommes
impitoyables à la prudence, 2i la modération , a
la justice envers leurs inférieurs, et les porterait
à prévenir ainsi des meurtres volontaires, com-
mis dans la pensée de se soustraire a leur domi-
nation? Je ne le pense pas; ce serait, par un
double sacrilège, souiller deux cultes a la fois, le
culte des vivans et le culte des morts. On ne voit
pas jusqu'ici que ce moyen ait atteint le but; on
y a sagement renoncé.
Pour obtenir un bon résultat sur l'esprit des
supérieurs envers leurs subordonnés, et princi-
palement sur les parens entre eux, on a pense
que la crainte de se voir atteint par la diffama-
tion et le scandale public serait encore une me-
sure efficace. Celle mesure ne suffirait pas, et le
1X4 MfMOiniS mSTORIQUES
blâme plein d'amertume qu'on Vene k
le malheureux qui s*efll arraché la vie,
chez les provocateurs, si même il n*c» éteint le
sentiment en eus, la honte de tous ces
et la conscience d'en avoir été les vrais
teurs.Le clergé mesemhle plus irreligicos q«c h
société même lorsqu'il donne la naio à do si
lâches préjugés par le refus de toute wtfmÊtmt
religieuse.
En somme, les rapports entre les inlérilsel les
esprits, les véritables relations entre il
dus. sont à créer de fond en comble
et le suicide n'est qu'un des mille et
tûmes de celte lutte sociale, toujours
dont tant de combattans se retirent
sont las de compter parmi les victîincect pam
qu'ils se révoltent contre la pensée de pseadit
un grade au milieu des bourreaux. En stni oe
<|nelques exemples; je vais les extraire
crH-verbaux authentiques.
Dans le mois de juillet 1816, In fille
tnilicur, domicilié sous les piliers des fcsBn.
était promise en mariage 3i un étalier bencktf ,
joimr lidiiimc de bonnes mœurs , é<wnonM cC
l.ihoririix , trî*s épris de sa jolie fiancée, qeîlr
lui rrn<l;iit btrn. L.i jeune tille était conturièffv^
rlli* avait r<'<«tim" 'IflrMtsrfux qui la ronnanuicet:
TIRÉS DES A11GHIVE8. 125
et les parens de son futur Taiinaient tendrement.
Ces braves gens ne laissaient échapper aucune
occasion d'anticiper sur la possession de leur bru;
on imaginait des parties de plaisir dont elle était
la reine et Tidole. L'estime générale ajoutait à
l'estime que les fiancés avaient l'un pour l'autre.
L'époque du mariage arrive; tous les arran-
gemens sont faits entre les deux familles, et les
•
conventions arrêtées. La veille du jour fixétpour
se rendre à la municipalité, la jeune fiUe et ses
parens devaient souper dans la famille du jeune
homme ; un léger incident iutvint. De Touvrage
à rendre pour une riche maison de leur clientelle
retint au logis le tailleur et sa femme ; ils s'excu-
sèrent ; mais la mère de l'étaUer s'obstinant, vint
chercher sa petite bru qui reçut l'autorisation de
la suivre.
Malgré l'absence de deux des principaux
con\ives, le repas fut des plus joyeux. Il se dé-
bita beaucoup de ces gaudrioles de famille que
la perspective d'une noce autorise. La belle-mère
se voyait déjà marraine d'un gros poupon. On
but, jon chanta. L'avenir fut mis sur le tapis. Fort
avant dans la nuit, on se trouvait encore a table.
Par une tolérance qui s'explique, les parens du
jeune homme, enthousiasmés de leurs enfans et
jouissant de leur double tendresse, ferme renl le
IS6 MBMOnOS nSTOUQIIB
yeux sur le tacite accord dn
mains se cherchaient; le fcu a
dres. l/amour el la familiarité I
tête. Apres toQt, Ton regardait h
fait ; et ces pauTrea jeooea gêna
depuis long-lerops aana que Fon eAl In
rcprodie à leur adresser ! Jamais laa
bon mariage n*atiaient été ana^yaia
ment^ L'attendrissement dn pève et
du fiancé, à qui ce conpk d*i
des souvenirs de jeuneeM» lltensn
désirs mutuels et dépriaonnén pair b
leurs mentors, la gaieté sam gêne qn
jours dans de semblables repas* tMU
et l'occasion qui s'offirait en aonriaati
qui pétillait dana les cerream;, tant
un dénoument qui se doTine. Lea
retrouTèrent dans Tombre, lonqvo Tes
éteint les lumières. On fit semblant do lÊf
comprendre « de ne paa s*en donler.
heur n*avait là qne des amia et pm d*<
fond prit un instant le pas snr la
plaisir a demi dérobé ne dot en tara fBÔ |kl
douK.
La jeune fille ne retourna cbea
le lendemain matin. Ce qni proOTO
elle se croyait peu coupable , c'est qnVBe y
Tint seule. Son tort était grand aana
'i
TinéS DES AKCHIVËS. 1 27
n'eût-elle coi;isîdéi:é que rinqtuétude' des siens
grâce au prolongement d'absence ; mais si ja-
mais la bonté , l'indulgence , la prudence , la re-
tenue, furent imposées à des parens envers un
enfant, ce devait être dans une circonslance pa-
reille, puisque tout s'apprêtait pour légitimer
l'escapade amoureuse. De plus coupables ont
été plus beureux.
La petite se glissa dans sa cbambre et dépScba
sa toilette; mais ses parens l'eurent a peine
aperçue, que, dans un accès de colère dont on
ne put les détourner, ils prodiguèrent à leur
fille, avec acharnement, tous les noms, toutes
les épithètes dont on peut se servir pour vouer
l'imprudence au déshonneur. Le voisinage en
fut témoin, le scandale n'eut pas de bornes.
Jugez de là secousse dans une âme qui se sen-
tait vierge par sa pudeur et par le niyslorc (jue
Ton outrageait. Vainement Tenfant épertiuc re-
présentait a ses parens qu'ils la livraient eux-
mêmes a la diffamation; qu'elle avouait son îort,
sa folie, sa désobéissance; mais que tout allai! cire
réparé. Ses raisons et sa douleur ne désarmèrent
pas leur furie. Compères et commères accou-
rurent à Téclat, et firent chorus. Le sei liineat
de la honte qui résultait de cette scène ail cuse
fit prendre a l'enfant la résolulion de s'oier la
vie; elle descendit, d'un pasi^apide, h Iravers
128 MlLuOIRKS UISTORIvt'ffS
les malédîciioiu, et courut, ri-garemcnt
les yeux , se précipitar LU rinère ; las
ne la retirèrent de Tcau que morte » et parée ^
ses oriiomens de noces. Comme de raison »
qui 8*élaicnt d'abord mis contre la fiUe« s
nèreni aussitôt contre les parcns : ceita
troplic (^épouvantait leurs âmes.
Peu de jours après, les pare ns vinreni
a la police une chaîne d'or, que Tenfant
à son cou, et que le père de son fatnr
donnée « une montre d'argent duré,
clés d'oreilles et une bague garnie il*i
émeraude , tous objets qui avaient été
dans les bureaux , comme on le pensa
Je ne manquai pas de reprochar avae
à ces gens leur imprudence et leor
Dire k ces forcenés qu'ils en rendraiaol
devant Dieu , tu leurs préjugés étrails, d k
manque de religion qui règne dana las haas
classes mercantiles , c'aurait été leur tm% liap
peu d'impression ; la cupidité les attirail,
le désir de posséder deux ou trois reliqaes;jai
pouvoir les punir par là. Ils réclamaiaat las K-
joux de la jeune fille ; je les leur refusai; ja
dai les certificats dont ils avaient baaoîa
retirer ces eflots de la caisse oii, suivant V\
on les avilit disposes. Tant que jr fiis a ce
ils eurent tort dans leurs r^claniation*, H f
TIRES DFS ARCHIVKS. 1 29
»
pris plaisir à braver leurs injures. Ce n'csl que
depuis ma sortie qu^ls en ont obtenu la remise.
La même année, up jeune créole, d'une figure
charmante, appartenant à Tune des plus ricliei
familles de la Martinique, se présenta dans mon
bureau, et, dès que nous iumes seuls, me fit
la révélation d'une de ces plaies qui laissent
d'incurables ulcères an foyer de la irie privée. Il
venait s'opposer formellement a la remise du
cadavre d'une jeune femme , sa belle*sœur , qu0
le mari, propre frère du. créole, réclanifiit 4^^
puis la veille. Cette femme s'était noyéç. Ce
genre de mort volontaire est le plus firéque^^
Les préposés a la fouille de la rivière ayaienl
retrouvé le corps non loin de la grève d'Ârgç^nr
teuil. Par un de ces instincts réfléchis de pu-^
dcur qui domine les femmes, jusque dans l'aveu*
glemcnt du désespoir, la triste victime avait
noué soigneusement la frange de sa robe autour
de ses pieds. Cette précaution pudique prouvait
le suicide jusqu'à Tévidence. A peine était-elle
défigurée lorsque les mariniers la transportèrent
a la Morgue. Sa beauté, sa jeunesse, la richesse
de ses vetemens, prêtaient h mille conjectures
sur la cause première de cette catastrophe. L'af-
fliction du mari , qui la reconnut le premier,
passait d'ailleurs les bornes; il ne comprenait pas
le premier mot de re malheur, du moins me Ta-
IV. '^
i >o Mfvonin HiSToftigtrs
vait-on dit ; je n'aviîs pas encore m cet bi
Je représentai au crrole yne nul
prévaloir c ontre les droits et la
mari f|Qi faisait en ee moment élcrer an
fique tombeau de marbre ponr enscveUr ki
reste* inanimés de sa femme. « Apres fawoir
tuée, le monstre ! s criait le créole en
nant avec agitation.
A la chalenr du désespoir de ce J<
k ses supplications pour que y
ses Toent , à ses larmes , je crus
symptômes d'amour , et je le hii db. ■
Toua ; mais en me jurant , avec Ici
les plus ^Itcs , que sa belle-simir nVfe m^M jfe^
mais rien su. Seulement , ponr rtacttta I HM
la réputation de sa belle-sceur q«è n
Tttlontatre pouvait faire accuser tPwÉb
par l'opinion publique u ujous proMple I
cirle chagrin» il prétendait produire i li
les barbaries de son firère, falMt-fl
pour cela Ini-môme sur la sellette dVni
Il me suppliait de le guider dans cell«
A travers le décousu de sa révélation
Toici ce que je recueillis. M. de Rf....,
créole, homme h bonnes fortunes» arec
gofits d'artiste aimant le luic et la vie de l^
présentation , s*était uni depuis moins d*mi fli v
h cette jeune femme , sous les auspices
TIRÉS DFS AHCniVES. l3l
inclination réciproque ; ils fonhatent le p\tk
beau couple que Vàh put voir. Aptèk le thaHagë,
un vice cie ^ang, venii de famille jpëut-éll^e,
s'était déclaré tout à coup et Tioléititneht dans
la cotlslitution du nouvel époiix. CëiUbihUlë,
si fier d'un beau physique, d\ine tournure élff-
gante , et d'une perfection de formes qui Sem-
blaient ne pas lui permettre de craindre des H-
vaut autour de liii, travaillé ibût à couji par lik
mal inconnu ton(k*e lèsl taVdgesi9tiquél la éëletiiib
avait échoua, i'ét^t mi^érdblèiiiettt trkUibriiië
des pîed^à la tête. 11 atlait {ierda së§ tlievéaî; èk
colonne vertébrale s'était déViéd; dé jour èk
jour, la maigreur et lôs ridés lé métamof^hb-
saient à vUc d'œil ; pOui^ les aùtteë , du mbiiiè !
car son aitloUi'-propk'e essayait de se éoustràiré
h l'évidente. Mùis ceci ne l'alilàit pas; une vi-
gueur de fer semblait triompher des atteintes de
ce mal ; il se survivait vigoureusement dans ses
propres débris. Le corps tombait en ruines et
Famé restait debout. Il continuait de donner
des fêles , de présider à des parlies de chasse , et
de mener le riche et fastueux train de vie qui
paraissait la loi de son caractère et de sa na-
ture. Cependant , les avanies , les quolibets , les
mots plaisans des écoliers et des gamins lors-
qu'il se promenait a cheval dans les prome-
nades , des sourires désobligeans et moqueurs ,
dofficîcux avcrli!ftS€ineDs «l'aoïb snr la
breuz ridicules qu'il se donnait par
lioQ de ses manières galantes auprès des
dont il i!c\enait le plastron, dîsûpcreal caia
son illusion el le mirent sur ses gardes m4-vis
de lui-même. Dès qu'il s*aToua sa laidcv et m
difformitc , dès qu'il en eut la coni
caractère s*aigrit, des pusillanimités loi
il parut moins empressé de condaîra as
aux soirées , aux bab , aux concerts ; il
gia dans sa demeure, à la campagne ;
les invitations , élimina des gens swm
textes; et les politesses de ses amis cavt
femme , tolérées par lui tant q«a ToffM!
donnait la certitude de sa supériorité « k
dirent jaloux , soupçonneux , tîoIchI. B
dans tous ceux qui persévéraient k le
ter le parti pris de faire capittdcr le
celle qui lui restait comme son dernier
et sa dernière consolation. Vers ce Icnys « b
créole arriva de l.i Martinique ponr ém tt
faircs dunt la réinst.iliation des Boni
le tronc d(* France semblait devoir fiii
réussite. Sa belle-sœur lui fit un
rueil; rt « dans le naufrage des rehtîons Siii
nonibrr qnVllc; avait cuntractées, mais qn"!! W*
lut voir Kcniflontir, li! nouveau vena consens In
avantages i|i]r son litre de frire lui donnait
j
TIRÉS DES ARCHIVES. 1 53
naturellement auprès de M. de M.... Notre
créole prévit la solitude qui se foimerait autotir
de ce ménage, tant par les querelles directes
que son frère eut avec plusieurs amis , que par
mille procédés indirects pour en venir a chasser
et a décourager les visiteurs. Sans trop se rendre
compte de l'impulsion amoureuse qui le rendait
exclusif lui-même , le créole approuva ces idées
de retraite, et les favorisa même de ses conseils.
M. de M.... taillant dans le vif, finit par se re-
tirer tout'à-fait dans une jolie maison de Passy,
qui devint en peu de temps un désert.
La jalousie s'alimente des moindres choses.
Quand elle ne sait a quoi se prendre, elle se con-
sume et s'ingénie ; tout lui sert d'aliment. Peut-
être la jeune femme regrettait-elle les plaisirs de
son âge. Des murs interceptèrent la vue des ha-
bitations voisines; les pcrsicnnes furent fermées
du matin au soir. IM. de M.... rôdait avec des
armes pendant la nuit, et faisait sa ronde avec
des chiens. 11 s'imaginait apercevoir des traces
sur le sable, et créait des sni)positions étranges
U propos d'une échelle changée de place par le
jardinier. Le jardinier lui-même , ivrogne pres-
que sexagénaire, fut mis h la porle. L'esprit
d'exclusion n'a pas de frein dans ses outrages,
il va jus(ju'a l'imbécililé. \a) (rcre , innocent
complice de tout cela , comprit enlin qu'il tra-
l34 MÉMOIRES BISTOIUQUIS
Taillait au malheur de la jeune femme» f«i«
de jour en jour surveillée , inmllée , privée
de lottt ce qui pouvait diiiraire une imegîne-
lion riche et heureuse , devint chagrin
lancolîquo autant qu'elle avait été francbt
rieuse. £lle pleurait et cachait ses brmw ,
la trace en était assea visible. Un remenés
au créole. Résolu de s'expliquer nai
sa belle-sœur, et de réparer une faute à
un sentiment furtif d*amonr donnait
naissance , il se glissa de bon malin
quel oii de temps en temps la captive
dre Fair et cultiver des fleurs. En nmnt et ctlle
liberté si restreinte, elle se savait, il but le
sous Toeil de son jaloux ; car, a respect
beau- frère, qui se trouvait pour la
et aTimproviste en téte-à-téte avec ellr«laî
femme montrn la plus grande alarme.
gnit les mains : — Eloignez-vous , aa
ciel ! lui dit-elle avec terreur; éloignée vensi
Et , de fait , le beau-frère eut k peine le
de se cacher dans une serre, que M. ém
survint. Le créole entendit dtB échts , il
écouler ; le baticmcnt de son cienr Pampi
c'ha cil! ««lihir le plii« létrer mot d'une eipkce-
tiun (|iio rritc iiiitr . si le mari la décoevrail,
poii\.iil rrmlrt' plus tl r*| il or.ihie encore. Crt inci*
dciil aifinilluriii.i le bcati-lrtrc* ; il v vit la
TJlUCS DES AflGiUynÇ. |35
site d'être dès ce jour le pi:fi{fficieur ^'^^P
y^ctime. Il $' efforça de sacrifier, tpu^^ f^^rièli^^-
pen^éq 4'aii^o^i'9 dans la résplutioo de §ç d^
Touer pour sa belle-sœur. L'amour peut aller ju^
qu'au renoncement le plus a^solq, sans ali4i4uer
néanmoins son droit de protectorf^f | car ç^ der-
nier renoncement serait d'i^n lâche. Il con^if^u^ de
\oir son frère , prêt à lui parler frano^epieifi^ , }l
s'avouer, à lui dire tout. IVf- 4^ M,... n'fiT^|; gfv»
encore de soupçons dp ce côté ; ip^s Ç^ttfl Pfl?^
s^stance de son frère en $t n^^^tre. S^na Uf^ tf^pp
clairement dans le3 causes d^ c^t f^térêt, Qf . |^
M. . . . s'en mé^a, prévoyant c^ quç V^^^érilt pour-
rait devenir* Le créole cpmpri^ )>ien(f^t ^W 4W
frèrç n'était pas tpujoiu*^ abj^ent» çojffj^e^ i\ le pré-
tendait après coup, toutes )es fois que l'on irepait
inutilement sonner a la porte de la m^spn de
Passy. Un ouvrier serrurier fit les clefs que Ton
voulut sur le modèle de celles que son bour-
geois avait déjà forgées pour M. de M Le
créole ne s'effrayait pas des chiens de garde :
les chiens le connaissaient. Après un éloignement
de dix jours , rouerie assez hqbile de l'époux ,
le créole , exaspéré par la crainte, et se met-
tant lui-nienic des chimères dans Tesprit, pé-
nétra de nuit dans rendes , franchit une grille
placée devant la cour principale, atteignit les
toils au moyen d'une échelle , et se glissa le
l3(l «ÉMOIHES lllSTOItlQCES
long des plombs jusque sous la ien^lre d*BB {m*
nier qui lui permit d*arriTer près de la c
a coucher de son beau-frère. Des exe
violentes lui donnèrent la facilité d'armer
contre une porte vitrée. Ce qu'il vit le navrL
La clarté d'une lampe écbirait Talcove. Sovski
rideauK, les cheveux en désordre et b figwt
pourpre de rage, M. de M.... adciniHin,
nouille près de sa femme et sur le lit mine
elle n'osait sortir, quoiqii'en sedérobaiitii
l'accablait des reproches les plus sao^bas
^mblait un tigre prêt a la mettre en pièces.
— Oui ! lui disait-il , je suis hidevs « je
un monstre , et je ne le sais que trop ; je le
peur. Tu voudrais qu'on te débarraaaftt de
qu'on le déliTrât de ma vue. Tu désirai
qui te rendra libre. Et ne me dis pas le
je dcYine ta pensée dans ton effroi, daMte
pugnance , dans tes larmes. Tu rougis 4ea
dignes sourires que jVxcile , et |i* le révehe!
comptes sans doute une par une les min
doivent sVronler jusqu'à ce que je ne t'<
plus fir mes inlirmilcrs rt de* m.i présence.
il nu? prirnd Aqs tU'sit* :iH'riMit , des rages éê
dclii^urcr, de te rrndre semblable a me
que tu ne |Miiss«>s runservrr l'espoir de te
l«*r awx t(*s nin:ins ilu malliiMir dr m'avoir
Je bri^enii toutes le» (•l.u-cs do cette
TIRÉS DES ARCHIVES. l^'J
pour qu'elles ne me reprochent pas un contraste,
pour qu'elles cessent d'alimenter ton orgueil.
Ne faudrait-il pas te mener ou le laisser aller
dans le monde , pour voir chacun t'encourager
a me haïr? Non , non! tu ne sortiras d'ici qu'a-
près m'a voir tué. Tue-moi ! Préyiens ce que JQ
suis tenté de faire tous les jours. Tue-moi !
Et le forcené se roulait sur le lit avec des cris,
avec des grincemens, de l'écume aux lèvres et
mille symptômes de frénésie, avec des coups qu'il
se portait lui-même dans sa fureur, près de cette
femme éperdue qui lui prodiguait les caresses tes
pins tendres et les supplications les pins pathé-
tiques. EnSn elle le dompta. La miséricorde
avait sans doute remplacé l'amour; mab ce
n'élait pas assez pour cet homme devenu si re-
poussant, et dont les passions avaient encore
tant créncrgle. Un long aballcment fut la suite
de celle scène (jui pcHrifia le créole. Il frémit,
et ne sut a qui s'adresser pour soustraire la mal-
heureuse a ce supplice. Cette scène, évidemment,
devait se renouveler tous les jours; car, dans les
spasmes qui la suivirent, madame de M.... recou-
rut il des fioles prrparros par elle, à dessein de
rendre un peu d(* calme :i son bourreau. Le
créole , à Paris, représentait a lui seul, pour le
momenl, la ramille de M. de M....; peut-être
deviendrait-il dangereux de risquer une démar-
|S6 MKMOIIOS HISTORIQUES
çhf . C'est dans ce cas surtout que Ton pourrait
paudire la lenteur des formes jurîdîc|ues el Tm-
Hovci^nce des lois que rien ne ferait eorlir êê
Ifurs allures compassées , parce qu'après lovi, il
pe f'agissaît que d une femme • Tctre que le lé|îa>
jbtfiur entoure le moins de garantiea. Loc Ictlfi
de cachet , une mesure arbitraire auraient
pV^Tona des malheurs que le témoin àt
pr^YOyiût trop. 11 se résolut pourtant a
font pour le tout , sauf à prendre lea suitca k
coQipte , sa fortune le mettant à même dt
4'énormes sacritices, et de ne pas craiodnh
reaponsabililé de toutes les audaces. Dé^
ati^klecins de ses amis^ déterminés
même» préparaient une irruption dans la
4e M. deM..«. pour constater ces mosMW ^
4AUn et séparer de vive force les
Iqinqoe l'événement du suicide, en
i^MÎ^ 4^s prévisions tardives et trancha la di^
Certes, pour quiconque ne borne pas
r^rit d^ mots à leur lettre, ce suicide é|ail
assassinat ; mais il était aussi le résultat 4*nn
lige ealraordinairc de jalousie ; et le
mari, qui survécut fort peu de temps à sa
échappait à Tncruftalion île son Irère autant à Is
faveur des tmni's r\|in*s de notre K'gislatîoQ qac
par re&agéralioii inOnie du penchant qui le
TIRÉS DES ARGHIVKS. tS^
dait coupable. On juge bien que cette nffiiii^e
n'eut pas d'autres suites, et que je parvins/ siiton
à rendre la paix au créole , du moini k Fettiji^ê-
cher de faire un éclat inutile et dangereux. J>an«
gereux surtout pour la mémoire^de celle qu'il
aimait, car les désœuvrés auraient aocitisé la
victime d'une liaison adultère avec le frèire d^
son mari. Le cadavre fut remis k M. de M....»
dont la douleur occupa la capitale par une scène
déchirante au cimetière Montmartre , lorsque le
prêtre jeta la dernière pellerée de cendre sur le
cercueil. J'en fus témoin , et le reproche expira
sur mes lèvres. Personne ne sut, sinon le frère et
moi, la vérité de cette triste affaire, et le cou*
pable nrême, trop amoureux de sa victime pour
lire dans son propre cœur, semblait l'ignorer
comme tout le monde. J'entendis murmurer au-
tour de moi des ignominies sur ce suicide, et je
les méprisai. On rougit de l'opinion publique
lorsqu'on la voit de près, avec ses Ifiches achar-
nemens et ses sales conjectures.
Peu de semaines au reste s'écoulaient sans
m'apporter des révélations de ce genre.
Dans la même année , j'enregistrai des conven-
tions amoureuses, causées par les refus de parens,
terminées par un double coup de pistolet.
Je nolai pareillcnienl des suiriJes d'hommes du
nioncîc, réduilsh l'impuissance h la fleur de l'âge,
l4o MÉIIOIUS RISTOMQUES
el que l'abus des plaisirs avaii plongés dans «m
insurmonlable mélancolie.
Beaucoup de gens melleni fin ii lenrs j
Tempire de celle obsession que la
après les avoir inulilemenl lourmenlcs
prescriplions ruineuses, esl impuissante k ks dé-
livrer de leurs maux.
On feniil on curieux recueil , aossi •
lions d'auteurs célèbres el des pîècoa dt «
écrilcs par les désespérés qui se piqoeol d'an
lain fasle dans les préparalifs de leur
dani le momeni d'élrange sang-firoid
à la résoluUon de mourir, une sorte d*i
lion contagieuse s'exbale de ces a
sur Je papier, même au sein des c
dépourvues d*éducalion. En sa
vani le sacrifice doni elk i sondoni In
toute leur puissance se irésume poar o*(
dans une expression chaude el
Quelques-unes des pièces de vers qw
fouies dans les archives soni des
Un lourd bourgeois qui mcl son i
iratic et son Dieu dans le commerce ,
ver tout cela 1res romanesque , el réfnicr
ricanemeiis dt% douleurs donI il n'a pas
ligencc : sou dédain ne nous élonne
que dire dv» bonni*» gcMis qui foni les
cl qui rt'*|ictcnt ic^ gro»»icrctc«.'... San»
TIRÉS ni» AHCHIYFJ. 1^1
il est d'une haute importance que les pauvres dia*
blés supportent la vie , ne iut-ce qoë dans l'in-
térêt (les classes privilégiées de ce monde que le
suicide universel de la canaille ruinerait; mais
n'y aurait-il pas d'autre moyen de faire supporter
l'existence h cette canaille que les avanies, les
ricanemens et les belles paroles? D'ailleurs il doit
exister quelque noblesse d*âme dans ces sortes de
gueux qui , décidés qu'ils sont k la mort , se frap-
pent sans chercher d'autres ressources, et ne
prennent pas le chemin du suicide par le détotir
de l'échafaud II est vrai que, dans les époques
d'incrédulité^ ces suicides généreux de la misère
tendent à devenir de plus en plus rares ; Fhostilité
se dessine, et le misérable court franchement les
chances du vol et de l'assassinat. On obtient pins
facilement la peine capitale que de l'ouvrage.
Je n'ai remarqué dans la fouille des archives
de la police qu'un seul symptôme de lâcheté bien
manifeste sur la liste des suicides. Il s'agissait
d'un jeune Américain , Wilfrid Ramsay, qui se
donna la mort pour ne pas se battre en duel. Il
avait été souffleté par un garde-du-corps dans
un bal public. Sa justification fut donnée par
un quaker dans une feuille du temps que j'avais
gardée et que je ne retrouve pas. Son défenseur
Taccusait encore , et lui reprochait de ne pas
avoir su porter noblement le poids de cet affront.
j/|U MÉMOmES UUTORlQL'rs
iiU clatttificalioii àe% divcnc* cauMs dt
des seriiit la clauificalion même dn vicn 4m h
«odclé. Mon dessein n*esl pas de me livrer à oUc
aiialy&c difficile , que le légi Jaleur doil âbepdv
|»oui'laiU &*il veut extirper souveraiiieoMal 4m
noire »ol les germes de dissolution
gêuèration croil el dépéril comme au ecMid
i%raic qui la ronge. On i*esl tué ponr *
Uaiiou dune découTcrle par des in
l«Kxasiou de laquelle Tinvenleur,
U |dtts afircuse déirene par tuile dea
ihcs M\iulcs auxquelles il avail dA
pouvait même t un lireTal. 0^ ^<
pour éviter les fn i r nés al 1*
poursuites dans >arraa
fréquent, du reae, que les hnmmm
la régie dee inlérêts généraux n« a*
pat le maint dn monde. On a*
de pouvoir se procurer du travail»
long-tempa gémi sous les avaniei a& !'«
ceux qui en sonl« an milieu de
buteurs arbitraires. La législalio
sociale et secondaire » doit un coapia 4a
Dieu» ton premier législateur
tout ce qui avorte dans les miserai dn
ilaii» les souffrances de Tàme , dana lea
l'c»|irit. Un ne peut pas se trouver ^Ua
les \naus par des insultes sur iet
TIRES DES ARCHIVES. 14^
Je rentrb dans les hiisèl'és dé là vie Jk)^^;
ma thèse favorite.
Une (lame Tèrson , qui tenait soiYs r^Éj^féë
un pensionnat de jeunes demoièelieii dans lè fttt«
bourg du Temple, ruinée pai* Tèffet dU héidl^
partisrtie extravagant qu'elle se fit uti dé^81t^
d'afficher après le désastre de Waterlod , ce '^iA
donna des scrupules a tous les pareils, jpafte ^ttd
Ton rassemblait chez elle des conciliabules, vivait
depuis 1816 hors barrières, avec sa flUë yoiEiHI
tin état voisin de la itiisère , quand un cà^i^tflfl
retraité , sachant leurs malhëuH , et d'ÀH tel
ihalheut*s provenaient , lia coiinai^iance^vlèiïléi
deux éolitilire^. 11 s'éprit même de là jétihiiiilllg $
et, malgré la dispi*op6rtion dès âge^ , inttitil |âlf
sjrmpathie d'opinions , moitié poùi* ùtècit àÙ j^ëttl
ménage des secours que ces deux fehiiiidi litii^-
sent accepter sans rougir , il parla de se mariet J
la more le prit au mot.
Quant a la fille , comme toutes les fiUeé te-
nues sons la discipline de la famille, elle ne isèiii-
blait avoir d'autres volontés que celles de sa mère.
La dcclaralion du capitaine fut reçue avéd fè-
connaissancc. Deux mois après, mademoiselle
Terson devenait madame Dufresne. A la ëuîte
de ce mariage, madame Terson, femme d*uA
caractère absolu , faite pour se déployer danà
un vaslc cercle d'occupations et non pour se ré-
l44 MICNOIIIK.^ HfSTOmQUrS
signer à la monotonie mesquine à^fum ^
Urée, s'aperçut que Tautorîté qu'elle
autrefois sur sa 611e déclinait i
elle no s'y résigna pas et se mit en iêle de
quérir son pouvoir. Ces trempes de caraclèn^
montrent tant de rcuorts dans un large
dépensent sur un seul personnage, an
l'excéder et lorsqu'ils sont raballus enlM
tre murailles de la vie domestique, h
qu'ils emploieraient si magnifiqoemcai
fice d'un ménage de cinq cents
se font insupportables î elles tous
matin au soir pour se tenir en haleine. La
de leur nature devient un fléau. Dea
mère en vint aux reproches, des
allusions piquantes , que sa fille la
quer, n*y concevant rien, disait-eUe,
un certain tremblement. Le mari
disait rien. 11 entrevoyait le moment
il lui fiittdrait intervenir et se déddar
rupture , tant le calme semblait inpoeaMa
mener entre ces natures dont il
tard l'antipathie. Une très jeune fi
mais tort devant une vieille belle-
devine que le capitaine penchait vers
il ne s'en cachait pas. De jour en joar,
en plus » les deui femmes semblaient ai
et préluder par «les escarmouches 3i de pi
TIRÉS DFfï AnCniVM. t4^
batailles. M. Duirusne prûvuyiiil. un cnfur. Tont
à coup, comme par enchantement, la paix re-
vint , et , avec la paix , des témoignages de cor-
dialité plus que suspects. La régie du ménage
revint par la même occasion tout entière à ma-
dame Tcrson , qui trancha, décida, régna.
M. DuTresne en fut intrigué malgré lui. Les
jeunes femmes ne sont Jamais si résignées à re-
tomber sous la grifl'e maternelle, à moins qu'elles
n'aient de certaines raisons. Quelles pouvaient
être ces raisons? Il pressa sa femme de lui don-
ner le mot de cette énigme , ce qu'elle écarta
d'abord en riant, puis, et parce t|u'il y revint, par
des excuses en l'air dont il ne crut pas un mot,
tout en y donnant les mains 4e peur d'irj^il^ sft
petite amie. ' i
Ce fut du côté de la mfsre qu'il dirigea ses
questions , en lui rappelant des paroles singuliè-
rement équivoques dont il avait commenté le
sens de mille manières. Comme on éludait. aussi
de ce côté-là , il se tut ; mais il observa les moin-
dres symptômes et ne tarda pas ^ savoir au plus
juste que la mère imposait une étrange réserve
aux scrupules de sa fille dès que celle-ci se met-
tait en révolte, rien que par une indication
mystérieuse vers une certaine armoire de l'ap-
partement. Prendre prétexte d'une acquisition
intéressante à faire, écarter ces deux ennemies
|'|G MI%l«"»IRr5 llliTi»»'l'»l Tn
m 1rs rxp/-fJi:ini MHi«i re pn'h'xl»'. f.iir^ Tenir
un »orrui'ier ri procrilrr ii l'in%'f<tî'jation tics ça-
|>ieri de la caclif*H«* , i-«* lui l.i nihriquo nnturrllr
(lu mari: s.i < iiriositr fui nnlliriirpiivmrnt «rme
par un«! di'Co:iv<>rlo rnirlli*. Madinir^ !>ufre«iif,
filon qu'elle n'<*t.iil pnrorr <|iic maJrmotirUe
Ter^uii , avait imi , dans h* nirinf» temps . tros
l'antaisies de cceur avec dv^ jeunes oSctcrs boe»-
pariistcft qui vouaient tlatlcrr les opinions de h
iiuTtf pour profiter «les bonnes Tolontés de la
tille. Malgré la s^ravitc du chiflrc , Vhze Ycxnatn
pent-Atre auprès de ceui qui se disent combit*
la réserve idiote des nirres drvient fun
filles II l'époque oîi leur constitution
sVnrirhit tout h eoup d'un élément îndooipCjbk
(|ui les rend inquiètes et curicuNes. Les klliu
étaient , du reste , rangées aver les rëpoMCs par
ordre de date , en liasses parfaitement spéctaks
et distinctes. Hien de plus audacienv, de pkft
mêlé , de plus hardi que cette triple intripie, ek
rliacun des amans avait rei-u, dans unebriHaalf
variété de style , les assurant es d*aii «unir
unique vt d'une éternelle fidélité. Les dites, tf
peu trop rapprocbéos, fiisaicnt foi d*«n trifif
nieiiftoni-e ii tv\ é;;aril . *t , }rr.'«te il Tin^énaii'
«le 4i'< i:i'i)tillesscs épi<4tnlaire*( . on ne pootiit
iormer le plus lésxfnloute. Mais romment lesbi*
1res de nLidemuisi^He Terson ^v trouvaienC-ffc*
TIHES DKS ARGII{YBS« l^^
atec les lettres c}e ses bons amis? If • "Du^
fresne eut i'explicàtion de oeiie réunion immé
par la mention ëam ces knt^ 4u nota d'iilfei^
ouvrière que maileiDoiselle l^etsim chargeaâlt fte
porter les missives a la poste. Il se soiiv4li|i4é
raversion décidée que sa femme avait poér c^ttè
ouvrière, ainsi que des regards triomplunas «t
des chucfaolerles insolentes de madame TetéoUk
lorsque cette ouvrière venait la voir.il^^n cob*
dut, saris recourir k de plus amples informa^*
lions, que la confidente avoil trahi 89 jeione ataié
par la suggestion de la mère, et , sipr eette dkMV
née y se convainquit, en euininant 'bi|pa:<^ «pit
la confidente avait encore -«iiggéré la corrts^
pondanoe pour «^ aiM»ea| duios d'infiimies dont
les intrignes de mademoisdïe Terson étaient en-
core les plus vénielles.
L'ascendant tout nouveau de madameTerson se
trouvait dès lors molivé par quelque explication
récente k cet égard. La mère s'était indignement
forgé des armes contre sa fille pour la dominer
en quelque temps que ce fût. Dieu sait dans
quels desseins!... M. Dufresne était un galant
homme; quoique de son siècle en beaucoup de
points , il n'établissait pas complaisamment deux
morales contradictoires, l'une au profit des hom-
mes, sans frein et sans mesure , Fautre au désa-
vantage des femmes, puritaine , retrécie ; et, par
se% tred.iincà pasi^-en, il a^alt apprU à M moalRT
tolérant. La fourberie produîftaii sur lai Tcfct
qu'elle prorliiit sur lc« mcilIcQreft âmes, 0fû h
conçoivent quand ils comprennent
Texcnsent et la juMilieiU au besoin , parct
la fourberie e!»l le droit de rescla%'e , et ^m la
feiniues sont esclaves. Mais on a bean la
voir, on en souffre. En vain il ettayade
son train de vie et son air de confiance • k
saignait. Il ne put cacher asseï habilancalM
tristesse « que madame Dufresne ne icn îe*
quiét;U. De plus, à toutes les maximes de ri*
guetir qu'elle se permettait dans IV
les menées secrètes du tiers et du cpiart*
tnatic courante des fiemmes qui
vailler m leur propre apologie eia
d'une inflexible sévérité de princtp«,k
laine répondait quelquefois avec
d'amertume.
Madame Dufresne, éclairée par cesi
se sentit perdue dans l'esprit de son mmi Si
lierié s'en effraya. Lorsque nous ne pnitent f^
noire force dans nous-mêmes, notre vie
entière dans le rœur des autres ; s*ik
verts et bons , nous reprenons notre eflîflt '
notre roiira};(: dans leur intelligence. De faît,ik
se sentait irn'prorliable ibns le présent, et ■<'
devait il son niariqu'ii partir du jour de sa libfcf^
TIRES DES ARCHIVES. *l4ô
messe. La fidélité du passé n^st pas oblir^lMm\
Elle voulut parler, tomber à ses pieds, obleiAr
un pardon, dire à cet homme les tourmem d'irne
adolescence de flamme au milieu des preinièrc$
fièvres d'un tempérament plein d'énergie. Puis
elle se révolta contre l'idée de s'humilier «ii« den
vanl l'un de ceux que son sexe se reconnaît le^drok
de tenir a ses genoux. L'amour , c'est Id royamté
des femmes , leur élément , leur vie. Touids
répugnent dans le fond du coeur a se créire sou-
mises au jugement de qui qud ce soit sM rée
point. Quand vous devinez leurs anl^éoédeaiSy
vous ne faites que voir clair dans leur nadiÎDe^
mais vous n'avez pas le droit de blâmttppmie
que, à moins que Ton ne soit un sot, on nel)làiiie
pas un élément qui ne saurait s'empêcher>d'êtrq.
Dès ce jour , ellesouffirit mort et martyre , s^irri-
tant et pleurant tour a tour , devenant sombre
et emportée. Les querelles entre elle et sa mère
reprirent avec de nouvelles alternatives de ré-
conciliations et de récriminations; si bien, qu'un
jour, sous un prétexte en l'air et par un raffine-
ment Je cruauté dont une l'eniine seule est«ca-
pable dans ses vengeances, les trois officiers
bonapartistes se trouvèrent invités à une soirée
de M. Dufresne. La mère , à lu vérité , ne
croyait pas ce dernier instruit , et ne voulait que
faire ployer sa lille par l'audace et l'éclat de ce
l50 MÉMOIRES lUSTOlUQl'b
coup de théâtre. Elle supposait la délîcateMO ég
chacun de ces jeunes gens , et qu'ancnn d'eas
ne pensait dans le fond de l'âme avoir été k
jouet de sa fille. Le capitaine ne put nipportar
cetle avanie ; il se retira, et sa femme l'c
murmurer tout bas : « C'est trop fort!... •
dame Dufresne s'échappa de son coté, fil
par un domestique un mot a sa mère, et
On s'étonnait cependant de ne pas vmt les
Ires de la maison ; leur absence devenais va
d'étonnement et de mortificatîoa. Ce
devant tout le monde et de la patft de b
qui devait faire les honneurs du e
des cris k la mère. Elle comprit,
que son slupide acharnement v
perdre. On courut vainement sur les
rhifortunée ; nul ne pnt donner de
M. Dufresne manislesia , mais in
indulgence : le coup venait d*étre
trouva le lendemain malin le corpe de
Dufresne horriblement mutilé sur un
de charbon qui stationnent contre les
pont Marie.
C'est presque toujours avec an to
d'incrédulité que l'on repousse les
iiifliscrets sortis lic la bouche du
Ith ÏAXi: «l'.ibonl ili* banalités \amcs;
* icit* dcv.ini fl*tri* , Miiv.ml l'opinion asarc
TIRÉS DES iKRGHlTfiS. I&l
de ceux qui ne veulent pas qn'im Im en M-
cupe, du nombre de tei choses que T^ii ftH
et dont on ne se vante point. Bn génélf^al^ Te^-
pression du malheur des autres ngns importuné.
A celui qui se plaint de ses dbtdeurs^ on r^p#nd :
-^ Croyez -TOQS donc ^ue nous n'àtons ^s lob
nôtres ?... Et Ton s'imagine avoir mis un bannie
suffisant sur sa plaie. On se dispense du ireale.
S'il est juste de dire qne tons les gêné ifin
ont parlé de se mettre à mert se ècmt fmm 4k
]^lupart résignés à vivi^, tèiqônrs est^tfàc^^c^
symptôme n'a jamais £lh défimt ku^id^glâé dfe
ceux qui prirent urie détëiJwbsÉioïl» pi«g:uni
rapport avec leurs fnolef^. Amn^ 9^tmàÊlÊt
dans l'âme un chagrin secret ,- i^n se védi^dcfM-
nera pas; mais que le seeret/ tous «iil4iA(a|^e,
on sourira de ce que vous aurez dit. Voil^ tbtrè
alternative. Cherchez ou ne cherchez pas de
recours , c'est tout comme.
Le désespoir se trouve donc parmi rtoiis tt-^
poussé de la cécité a l'incrédulité, double fé^iiltat
de l'isolement des familles et de Tinsouciafiftcè
inévitable des mœnrs; et c'est entre ces déul
écneils ^jue Ton se tue. Il va bien à la sOrriété
de déblatérer après cela sur ses victimes î...
Marianne Flidorf , jeune brodeuse , qui pa^
raissait avoir des disposîlions pour les lettrés,
avait épousé en 1814 un nomme Charles Guin-
l5a MÉMOIRES HUTOIllQnS
chy, modesle employé d'ooe adminHimMi
publique, que se» cheft aimaieni et
lancer. Ce mariage était le résultai d'an
de tête , après le conseil d'une amie ,
mouche qui , politiquement , avait fiiit
prendre k Marianne qu'elle ne pourrait s
duire a sa guise dans le monde que mmm h
chaperon d'un mari. Ce conseil « colpotlc de
droite à gauche , transpira quelque tempa
la noce , et Charles s'en alarma de peor da
La brodeuse, résolue d'en venir h aesinst b
guérit pour le moment de ses scrupulea par «■
argument qui lui ficrma la bouche , et qw las
jeuoea femmes ont toujours a leur
Jes cas désespérés.
L'employé , convaincu des lors qne
lui ferait tous les sacriBces, et que IV
de eensidération le cédait m l'amour q«'i
pour lui , passa par-dessus ses pi
reura. Le mariage légitima cette dënaaRha da
confiance. Lorsque les premièrea ivrcaaM et
lien matrimonial se furent dissipées
bruit des violons, lu mari crut toutefois s*i
cevoir que safcmiiK*, impatiente deaV
le reléguerait volontiers au second
une ombre. Tout son génie s'empinyndèa
pour eoutrrcarrcr ce dessein ; ce fiit
des moiudrcb in^liinb • ^a fièvre , son ol
TIRES DES ARCHIVES. l55
sa manie. Il TenTeloppa de petits sôimôksé^
quieuxy Tassiégea de craintes qu'elle réféiàiî^
mais en vain : il promettait d'être tranquille; et
tremblait de plus belle. Entre eux s'ouvrit HaS^
lutte où de part et d'autre ik firent astaiit éè
ruse , elle par crainte ^ lui par jalouisie ; éC In
témoignages d'amour qu'ils se prodiguèrent àl^
lèrent jusqu'à TeEtravagance ; tant et si bpn*^
qu'ils signèrent un acte , entee-vift , pur leqvwt}
surenchérissant sur lés sermens de fidélité ^fifti
à l'église, ils promettaient que celui deè deM^
survivrait à l'autre se donnerait la ' ttniifiî'd
coup d'épingle fournit l'encre de oé 4iliiMrtt:$
ils signèrent de letfl^'sang. Dé pareib^tèf litfift
aussi nub devant les tribunaux que dei4rfrtl
cœur humain ; on ne cautiotine pas^ te^'ftdlSlifé
par des sottises. . ' ..' »
Pour ne plus donner l'éveil k Charles, puis-
qu'il se montrait si chatouilleux sur les moindres
manifestations , Marianne essaya de s'acclimater
dans ses devoirs 3 il fut évident pour ceux qui
connurent les habitudes de leur intérieur, que
cet effort contre nature la conduisait en peu de
temps au sublime de la fausseté sans l'acheminer
pour cela vers son but. Le détour était trop long
pour une nature un peu romanesque; elle de-
vint la dupe et resclave de son hypocrisie. Sous
une livrée systématique, on b avilit. Le marasme
tS4 MtMOiaES UlSTOIllQCES
la gagiNi i elle se montra négligente au-delà àt
lente expression , perdit cette fleur de co^nelle-
fie, innocent apanage dca femmes, aases étran-
§ev dn reste à celles dont la l2te rè^a non
an lieu d'un amant, se rompit tont-a-laU
Mensonge, perdit enfin la venre d'esprit
«Ile a^ait donné des preuTca; et,
toqours indiscrète dans ses propoat a
siMa ménage au ridicule par ses plainitas
et ians prudence à de bonnes amiea env la ja-
iensie de cet homme qui lagar
VlÊnaà les bonnes amies , suiir
caractères , les unes jasèrent,m
fiit le plus grand nombre i les antna « qni
not très habiles , moralisèrent le mar^
tettir compte des maûmes de liberté
cherchait a lui donner le go
plaa rudement la courroîa du
de propriété nous rend tigres. U fiit j
idées qu'elle jetait sur le papier ; Vi
éà Hentaigne, est la IbUe du logia
ne vit que de hardiesses i Marianoa a'
idias.
Un mal enfante inévitablement
Charles se mit au service des faulô
dans l'esprit et perdit sa place pow s'él
sentinelle autour de sa lemme. Les pral<
rciirayaient ; ton» li> prolecteurs en vonlahil'
TIE£$ DES AKOUVIS*. iS^
son bien , auivant lui. La xniBèrQ t^ot^ jet^ ^yci^
la misère, les mde^es qu'elle d^vi^qj^p^^ )^J^r
fant leur amena des embarras, sans cinfieQler
ces âmes qui se blessaie^ da pUif e^^ .p^§j.e^
cberchaient a s'effacer l'ion^ devanti V#UU;^
Charles eut moins de ménageçdieps. d^nsi ie&^ fo|^-
mesy quand les soucis raasiégèiçeffUBf^f^îLi^lfP^
prit au hasard de les iÇaire Tiyre f p^a s|b ^^qi^tf
de rien, pourvu qu'il nf quittât paa s^a fem^ne
d'une minute^ Une homme q«i a Y^civsaif f if'ifn^
infidélité se commet très lesteiideiiti^t Ç^ia^^^s
avait vécu* Qu'une feoime aitt 4^ L'ufiio^rt^qmr
un jaloux, cela même le £ût tram|>)f^r^>,^,;ip
dit qu elle peut en avoir anUuiit f^f^ i^.^*
très. Lea ménages dont il était e^tiyqr^/^a le
|]^ssuraient d'ailleurs pas; son amlnt4QU é^t
d'éviter le sort commun. Marianne, s'incaroérant
elle-même, ajoutait à sa propre servilité par des
maximes de complaisance que le mari prenait
au mot } elle ajoutait des anneaux à sa chaîne.
Un jour, il lui proposa de l'enfermer chez elle -
à double tour quand il irait dehors j; bien entendu,
disait-il, pour qu'on ne Timportunàt pas, puis-
qu'elle se plaignait des visites; elle esquiva la
proposition , mais non sans peine. Tous deux
s'acoquinèrent ainsi dans la fatigue du têle-a-
lelc , avec leur idée secrète , leur affection men-
songère, leur double supplice. Plus de toilette,
l56 MÉMOIRES HISTOaiQUES
pliu de travail littéraire » pins d'aTenir: U
morphose était complète , au point de
jalousie mfime inconceTable. Tout cela ne
Tait darer : les efforts trop tendus dotTenl
pre les forces. Charles étouffait , et avmt
d'air ; il fiillut ouvrir un peu la prison »
monde , chercher des liens nouveaux .
sions de respirer , des amb , des moyena 4a
vie. Lés parens de Marianne , aiicin
enrichis , vinrent les voir du fond de
vince ; cela servit de prétexte. On
monter une certain matériel, d'étabBr
commerce. Les parens étaient des
sonnels pour voir clair dans le
enfans. Marianne et Charles anrrienl
ques scrupules k s'expliquer devant
vécut plus au large pendant qudqne iHip^ Ob
revit les anciens amis ; on renona ém
rompues. Mais^ pour aller doneemesrt
nouvelle phase d'existence où tons les
traient pas sans abrme » Marianne » ^Êà
blait de perdre pied sur le sol en s^
trop h Taise, fit promettre k Chariea qnll ntli
quitterait pas ; et , de la sorte, qneiqn'en
gissant, leur prison ne fut rependant
prison. A dîner, ils se mettaient diaiae
chaise, pieds sur pieds ; où Ton voyait
découvrait ranlrc. CliaHcs n-pond.iil
TIlUCS DES ARCRIVSS. 167
femme ; il s'emparait de son bras pour sortir ; il
résistaitaux agaceries 4es femmes qai lui tendaieat
la joue de peur que Ton ne prît la Jiberté d'em-
brasser Marianne. Elle se formalisait de la moin-
dre vétille afin de le rassurer , et ne disait pas
un mot de peur de s'attirer un compliment. Sa
servitude affligeait; cette servitude était trsp
marquée pour ne pas être un calcul. Les im-
béciles disaient: — Quel ravissant ménage l...
Sur cinquante ménages, il y en a ub comme cela ;
le sacrement n'est qu'une loterie. Avec rni pfTeil
jaloux, on doit redouter les antécédens» et quelle
femme n'a pas des antécéd^ns! Marianne, avant
de connaître Charles, entraînée par le démopi
épistolaire, avait noué une relatioi^ de |êle avec
un jeune poète ; et tous deux , platoi^içicns mé-
lancoliques , séparés par les circonstances , s'é-
taient écrit tour k tour des billets-doux a la
façon de lettres de Démoustiers , absolument
innocentes, assaisonnées de madrigaux. Ce com-
merce de céladonisme avait duré jusqu'aux envi-
rons de la noce ; une infidélité du correspondant,
ébruitée mal k propos, avait tout rompu ; rien de
plus exigeant que le céladonisme. Parce qu'il est
timide, il se nourrit de susceptibilités inouies.
Le dépit, aussi bien que le conseil de la bonne
amie, joint au caractère de Marianne , fut cer-
ainement pour beaucoup dans le coup de tête
i58 M^MomFS msToiiiQims
do mariage. Une amante colère w jette
an premier Tcnn^etles hommes te confieat tNf
SI lenr mérite pour ne pas s*y tromper. Lm lollfv
existaient encore. L'occasion se présenta ée Isi
reprendre et de les anéantir; ce fbt a«
d'une dame qui se chargea de mener la
tion k bonne fin. Marianne remt M
les siennes , et se proposa de les bvMcr;
Pamonr-propre recole toujours deranl It
fice de lui-mtme. Marianne se plot k
c'était le parium de sa destinée perdne frf)
prenait à respirer. Elle ne quittât pat
pensant qu'une femme est encore -tl
et sa plus sfire cachette ; en qaol ,
enfiint raisonnait juste , mais
Un jour, son mari, prêt k sortir et
ne sais quelle petite clef qu'il ne
pria, par impatience, de chercher tnr
ce que naïvement elle fit, en tirant
papiers mysiérieui dont il prit inqwtMiiib'
lant Toir autsitfit ce que ce poufafc
résista; il persista. L'adultère fut la
pensée de Charies ; ce fut comme une
dans son cerreau. Puis , sur un é<irt
dont les amis n'ont jamais bien su tonte la
elle se réfugia derrière des meubles , ok I y
un corps a corps. La femme ne put
le mari s*empara du tout. Quand
TIRl^S DES AROniyflS. ift^
vit en (kce lies conêéqiiencos d^ntt m^sUttëi^
Charles , avec sa postHatiimiié eoèjtigale^^ -fteli^
gérait les yeux pour la première fois, SHatii'ëéfMl-
dérer qu'elle allait a^gi^aver les dbtfH^s^e Glmrlês,
elle se releva^ courut Vé^ la pôrlif,' dt 1^ inMIld^
de ne ptus remettre les pieds àiû «a^a, M
s'enfuir, de se tioyer, s'il né restîttiiaitte^féicl^
l'instant. Les lèvres pâles de Mariaritlé, M'IfIM
brève et délibérée, ra^cetidaHI qi/ieil)e fiMbilé
enfin quoique infinitneiit trop ffaird, loift'*tV^
trifia le malheureux, qéi\ feâ&cAft cfett àpptmM
plus qu'il ne pourrait en sn^péi^ter; éV^ât^lÊiéÊt
d'ailleurs qu'il briserait penf-etiré hi ^éHtmêlê
son escla'^e. An jalomt , H faut vth ' é9Ûk/¥é^ %k
jaloux peut être amant, nbfaî» raiiicHit> ti'^lf^tfli
sentiment de hixe péùr la jàloiisSe;Ki jUfelrfftM
avant tout propriétaire. 11 rendit les IctttW' *l
conjura Marianne de se calmer. Ses yeux troH»^
blés n'avaient rien vu de l'écriture, ou phitdf II
y avait vu toutes les écritures des gens suspeéii
de faire la cour à sa femme. Restitution faite-, H
leur fut impossible de se dire un mot de pki5, été
se regarder, de chercher à se rapatrier. Chafi^léi
sortit un instant pour se remettre, pour se tùvb^
sulter, pour savoir comment il reviendrait à* ht
charge sur l'explication interrompue. Tout var
cillait devant ses yeux; il se croyait devant un
autre avenir j et, comme lorsque la générosité
l6o HRMOinif mSTOlUQllK
devient une nécessité on 8*en iâit nn
il te promettait d*âtre généreaz. 11 no devait paa
en avoir Toccaiion.
Quand il revint, sa femme était diqiaroe« ai des
débris de papier consumé voltigeaienl
Titre. 11 essaya de lire ces fragmena
de surprendre a leurs cendres des
nouis au vol de la flamme ; et, s*inl
les amans qu avait pu se donner fuifidèkt il
résolut de courir ches ceux qui Ini
devoir mériter la préférence; tout cnla
jet bien arrêté, quoique le doute et
dussent lui faire enfanter des projeta ridioska. Du
deceuxqu*il fui pliitd*accuser i
ce prétexte qu'en revoyant le monde»
avait effectivement repris un peu de
sa toilette , et que cette circonstance
des visites ches le prétendu sédncteari
diaonsHious, dégoûta Charles d'aller plaalBm«ei
do colporter ses soupçons, en conpoMl conA à
toute explication sur ce point délicat. Il aa di^
cendit paa a se défendre : la négalâoa B'eil
rien prouvé ; l'affirmation n'aurait élé ^^^
ignominie. Même en supposant que le fait fiftwib
il y a de ces choses qu*ua lâche seul avoM
qu'un mari a des certitudes, c'est4 loi do
der; seulement, l'homme qui refusait de a'i
sur laselette, blâma cette révélation imi
TIRÉS DES ARCRIVRS. ^ l6l
ce colportage indécent des plus petUcs oistillffs
du ménage, comme très capable, tafnt de la pa^t
de Charles que de la part de Marianne v^e4és
aliéner souverainement l'un a l'autre; c^étâît se
rendre la fable des sots. Au suicide que Gkàrlés
pressentait avec trop de raison , îL oppom- con-
stamment son incrédulité; car ces sortes dé dé-
bals, suivant lui, n'en valaient pBÈ la peiii^. ^11
faut d'autres sévices et déplus- violents, ^cHuéi^il.
Le ton de cette entrevue, ûtr et àétibété j
mit noire Charles, phté «tord, éh vei*^'^e^'teh-
tenir que l'homme qui s'élatt pêrMis'dè'lQr^'één-
seillerle silence detait étrerauteurde Mn^i^fBi^'
tune. On verra pourquoi. Cette infoiitiinélik*4$l«(it
pourtant que la suite tl*op naturelle d'iifyiWéiriagc
posé à faux depuis son oii^ne.? ^ -' au^ut
Marianne alors courait de son côté. Une seule
amie lui restait de toutes celles que sa réclu-
sion dans le ménage lui avait fait perdre suc-
cessivement. Elle s'y rendit, et tout porte à
croire que ce fut a dessein de la prendre pour
conseil ou pour intermédiaire dans cette crise.
L'aniitio la plus franclic a ses momens d'éclipsé.
Occupée pour ce moment d'unt) étrangère ar-
rivée depuis la veille, l'amie ne lut pas et ne
put pas lire le mot de l'énigine ({u'clie avait
sous les yeux dans le désordre de sa folle amie;
l'évidence lui échappa , elle eut échappé h d'au-
[V. 11
iGa MKMOiurs historiques
trrs. Le spcclac lo du la joie glaco les tmmn
affligés; iU voudraient Irouverdea âniM ftitm h
les cnlendrc; el leur préoccupalion les rc«d
injustes contre les autres préoccupalîona. Ma-
rianne se retira sans dire le premier mol de smi
intention, et l'amie, très empressée d*aiil|te paU,
cournt k «es visites. La vie de L| melheanH^
tenait peuMtre a ce fil I... Si Mariamae «railip
quelque amant, la terreur Tattrait décjitét à Ip
demander un refuge. L'eflroi mène ans
tiens fortes; la peur enfante ploa d'aclea
ques que le vrai courage. Elle aurait qpill^ MP
mari; elle ne se serait pas noyéet caf
alors jusqu'au dernier refuge.
Elle erra jusqu'au soir dans les ruas;
inant de résolution, elle alla consulter
d'esprit et d'une trempe courageosot nr oo ^"3
iallait hasarder en cette circonstaaoo.
Marianne spéculait-elle sur une boepilailé
toutefois elle ne demanda pas. Or, loa
s'étaient croisées dans le jour, et celte
savait tout. Paris fourmille de iion?i
prompts a faire circuler les événeraens. Aansli
parcours des conjectures, on avait deviné jwqu'SB
secret des lettres. « Vn mari n'est dsn|^tsf
que de loin, lui dit la commôre ; le vôtre est dé^
désarmé, prétù toutes les capitulations; depl0
liera se sont soumis ;i pis que ce qui voua
TUUSS DES ÂBCniVES; |Q5
Osez donc ! frappe:&ui| dernier cpup» re89ai3i88ez
vptrç pouvoir sur Tpiis-mêm^! jd^ez lui» ^pj^s
êtes che^ vous; D'a|>an4onne:( pas vo^x*^ maispii ,
on vous blâmerait de prolonger cette nbs^nce
qui prêterait a des interpréta^ons stupid^s. (ips
vétilles d'avant le mariage ne comptent pas, qt
vous êtes forte de votre innocence. Après jun tfl
éclat, vous devenez libre de vou? |*econquj$rir« U
vous a donné sur lui quitte e^t quatoirzjs ; pr^PAZ
le point. L'exaspération çk^^ le^ hQm^lj^^ ti^
de près a l^ur spwaissiqp ^Qlup. Lorsque pops
sommes deippi^eUe?» Us, w mftptrent 4ptti^ «t
patelins , \ prompjbs k s'^Ji^japifr 4't9^ jp^price, h
ramper devant nos moindres rigueurs. Ou ne
doit pas cesser de s'appart^ir en letSir jurant
fidélité. Notre caprice est un frein qu'ils savent
subir, d'autant que de leur part nous en subis-
sons bien d'autres. Prenons quelquefois conseil
de ce souvenir pour nous croer dans le ménage
une sorte d'indépendance. »
Avec ces conseils et d'autres , la damo ramena
Marianne sur le chemin de son logis ; la croyant
persuadée , lui disant de revenir pour aviser sur
le reste , lui promettant de tenir cette entrevue
secrète, car il le fallait; et toutes deux se quit-
tèrent.
Marianne, copcndanl , ne rentra pas de la
nuit !
1<I| MlMOinrS niSTORIQt'FS
Le lendemain , redoiihlement de Iranws,
meur nouvelle , déchaînement de lo
conjectures sans nombre; puis les
obligés ! et If s gens qui saTcnt bien des
mais qui ne les diront pas; et ceus qui me
rien du tout , mnis qui ne sont pas en peine dV
maginer cent vanteries, cent contes phit wli les
uns rpie les autres. En s*y prenant k pMpv et
de la veille , avec le génie que Ton
le compte du prochain quand il n'est pl«B
on préviendrait toutes les catastro|dies.
reusement , la présence d'esprit
les jaseurs. Une version curieuse griiuy It jèm
grand nombre des crédulités contre
servait de but principal aux soupe
et vers lequel notre jaloux dirige
ment rartilleric de ses reproches,
pas s'en adres.«cr h Ini-m^me. Soi
sion « les lettres brûlées étaient de I
qui n'avait pas voulu se justifier la
avait tranché du Kobespierre vis-è-^de
en le malmenant sur un ton de
ne prouvait le contraire, et ^oilh
faiseurs d*historiettes procèdent
d'instructions. Mais narrons lliistorielta. Il
srduil .Mariaiiiio, disailon, pour exciter Iss d^
pits rt rrvrillrr le caprice d'une infidèle; pM.
au prix du sarrilirc* de Marianne, TÎclÎMde
TIRES D£^ ARCHIVES. lêS,
ce manège, il s'élait réintégré dans ses pro*
micres amours; d'où le désespoir de Marianne,
inexplicable sans cela, disait-^on. Ceux qui .en*
durent les avanies n'imaginent pas qu'on se tue
pour un soufflet donné par un mari. Deux jours
pleins furent consommés par les faiseurs d'his-
toires h deviner et à mettre en ordre les diverses
tactiques de cette scélératesse; et, l'imagination,
de ceux-ci venant en aide a l'imagination de.
ceux-là , l'on en fit décidément de l'authentique.
Le suicide pur et simple , par fierté , par réso-
lution prise de ne pas rentrer dans un cercle de
tortures morales, et de ne plus se confier a sa
propre faiblesse du soin de dompter un jaloux
dont la pauvre enfant s'exagérait les violences ;
tout cela n'aurait pas rempli les conditions dra-
matiques dont on a besoin dans le vulgaire. Enfin,
malgré Tincrédulité de celui que Ton accusait
alin d'avoir le plaisir d'accuser quelqu'un , le
corps de Marianne fut retrouve sur les grèves de
rile des Cygnes. D'après l'état du cadavre , elle
avait dii se tuer le soir mùme de sa disparition
du iogis conjugal. Par combien de rêves cette
pauvre enfant avait dû passer ! Quelle fierté s'é-
tait donc ranimée tout à coup chez elle après
avoir ployé si loi)g-leinj)s ^ Un amour sans épan-
chenicnl avait-il coulrihué a ( cl acte de délire !
(}y{\ sait! Les gens (|ui chérissent les malheuieux
l66 MÉMOIRES wtroBiQm
après leur mort , parce que c^est une
pathétique de faire preuve de sensibililé»
des déclamations sur tout cela. Dans Tr
des clameurs, Charles, intéressé, c<
pense, à se défendre contre ses propres
accepta ou parut accepter le change. Il se rfe-
pandit en menacer contre ce roué , ce séAi^
leur, ce Robespierre moral, doué de lapaissasce
de conduire les femmes à se tuer lorsqne km
maris les brutalisaient. Les curieux se firoltaieat
les mains, et attendaient un nouveaa drame. H
faut des combats de taureaux a la canaille. Ce
fut sur ces entrefaites que la dame a laquelle Ma-
rianne s'était confiée en se trouvant
et sans recours sur le pavé , vint me
la circonstance de cette entrevue ignoi
et une antre circonstance , plus décnhc « qui
disculpait de toute participation dii
directe, de tonte influence dans ce
rhommc dont il semblait que dès ce
jours fussent menacés. La rouerie
de la régence était nne fable, une ineptie,
rcve, et cela, par pliiMcnrs misons dont je
tai le seul d(:posltaire, et qn*il ne m'appai licsH
p;is i\v dire; j*<'ii eus les prriivr^, rela mr sufll.
<^*ti:iri«l j* ( iMis ficxoir a\crtir crt homme de se
triiir sur m:s ^anlcN, pour qu'il nu devînt pv
\ictimc d'un<j inculte ou d'un guet apcns, il m*sH
8Ura qu'il ne craignait ni Tun hiTtatrë, et ^*Û Ée
reposait sur la conscience des fautetim téi4*^
tablëà de cette sinistre àvenittM t>dur déIrMir
en paix sur ses deux oreilles. Si l'on ftvèHétt
des crédulités qvà nous disculpent, il li'eét ^kê
donné d'aller plus loin. Les reyéëhtittienS fildicës
sont sans conséquence. En efféft, là fab'^e ê^
propagea , mais les menaces tèibbèrerit ^ et c'^t
un exemple entre mille dé rinsoiiciance ^itti'
homme de séné doit èjppo^er à dëë àbsMAlitéS?
Tôt ou tard, elleèse réfutent tbuték âeulès. AHëlr
au-devant des criailleries, c'est teceTdir la 161 déâr
esprits subalternes. Mais, d'après cette fidèle iftfà^
lyse des tortures d'Un malheareal couple ^Véciit
de divorce et divorça par un suicidé, qdé^bàiét
dès jugeurs qui s'agenouillent surune tombé peut
graver sur l'épitaphe , avec de fausses larmes ,
une injure contre la morte, une calomnie contre
les vivans!... L'opinion est trop fractionnée par
risolement des mœurs, trop ignorante, pour avoir
dans nos consciences l'autorité d'un tribunal
équitable. Entre la version qui purifie et la ver-
sion qui injurie, Topinion prendra plus commu-
nément la plus accusatrice, a la manière des pro-
cureurs du roi et des magistrats. On ne doit,
d'aprcs elle, traîner qui que ce soit sur la claie.
Ajoutez a cela que tous les suicides ne sont
i68 >iKiiumik5 iiuiOKi^îUks
pas pour cire cuiiiiusi et que la préMoiplîiMi le
dâmonire.
U suffit, en eilety de citer cet arquebmicr ém
quartier du Uoulc qa'un dcrangeiDeol cians ict
affaires conduisit à se brûler la cenreUe. U élait
nuit; la détonation de TarmCi assourdie par d'^
paisses muraillcsi ne fut entendue de personne;
nuis la bourre du pistolet, aprcsavoir tnTCisch
cervelle , alla s'égarer dans les tentures de Fal-
cove qui prirent feu. Le quartier doraiîL Far
hasard un voiturier, qui conduisait nn tes-
bercau , donna l'alerte ; un cri mil teel k
monde sur pied. Sans la rapidité des
qui furent d*autajit plus actifs que le
savait que cet arquebusier possédait chcs lai
des tonneaux de poudre , on aurait pu le cnîfe
\ictime involontaire de Texplosion .cfirejable
qui serait venue couronner ce drame i
il avait mis des faux en circulation, par le
d*un tiers, comptant y parer avec des
qui lireut défaut , et se trouvait à la ¥cille
réchéance. Le salut du quartier ruinai
on s*aballit surriiéritagc.
M*a-t-on pas retrouve dans les liaigBeî
Vigier d(;s personnes au fond de l'eau?
les lettres reliisces et restées dans les burms
de l.i [luslc, une délits, deux ans apri*s, es*
TIRÉS DES ARCHIVES. 1^
pliqua le secret d'une mort de ce genre, aitrUbuée
par les amis et la famille du défuatau sommeil ou
a la défaillance, car on ne lui connaissait aucune
raison pour se tuer; ce que sa lettre ne démeip^t
que trop amèrement. La famille fîit déslumqrée
par la publicité qui mit la raison de cçtte iiçi^i^t
en évidence. Rien n'est donc plus hasardeux que
de conclure; et, s'il faut aller jusqu'au bout,
plus d'un assassinat fut si bien déguisé par les
assassins que l'on aurait tort de décider contre
le nombre de cas oîi ce déguisement aursiit eu
lieu avec plus d'habileté. La mort ne dit pas touf
ses secre
Un médecin vint me consulter un jour sur
une mort, dont je lui conseillai (ce qu'il fit) de
laisser les causes dans l'ombre , quoiqu'il jugeât
nécessaire de soumellre la question qu'une mort
pareille soulevé trop souvent a l'examen des
hommes de cœur et de tête. Il s'en accusait, et
je laisse aux consciences délicates à déterminer
si cet homme était réellement coupable. Ses scru-
pules m'occupèrent et m'en donnèrent.
Un soir, à Belleville , où il demeurait, en
rentrant par une petil(î ruelle au fond de la-
quelle élall sa porUî , il l'ut arrêté dans l'ombre
par une lenime enveloppée dont il ne vit pas la
ligure, et (jui le supplia d'une voix tremblante de
*"îMiT JifûnuiL ài mxniAK. les geoi
as sia b Ti^imiAtisnac po». La
f*!! tnmoé b :-jfLfai&:re «c Tcidnie
Ma BurL 7* ^f T^&f ?•» na cute. JeiB
împkie, el celi c::ac m'A
me icriez pu I« coaplke tma
■■ cniiBt. qvaiqne a
cmn aa monde. Vo«s rojtz ^*1 <^>V^ '^
aTortcflHoL Je ne m'ibâiiierii pai j>*fi'^ ^
pricre, jnsqua déguûer ce qui im HaUili
pins abominable des crimes. J*aî cééé
à des supplications ea i:i(*présealanti
je saurai mourir. J'appelle Li mort, et ponr odh
je n'ai besoin de personne. On fait «^mMf i df
se plaire à arroser un jar Jîii ; on met ponr cth
des salioU ; on choi>it un enJroit srlissant oûFtf
V.1 puiser tou>i I> juin ^. on s*arr:Mi;:e ponr clîsparv-
Ire dan:> le Ija>. \\i de la <uurL-e : cl les ccnsdiMt
que c'est un malheur. J'ai toni pr|vil| môftsieiir;i
Je voudrais que ce fut demain, j'irais de tout iabn<
cœur. Tout est prépare pour qu'il en soit ainsi.
On m'a dit -de vous le dire, je vous le dis. C'est
à vous de décider s'il y aura deux meurtreB ou
s'il n'y en aura qu'uri. Puisque l'dn a obtenu de
ma lâcheté le sei'ment que }é niëSdtdllettrA sSiiS'
réserve a ce que vous décideriez, pronotibto!
<c Cette alternative, Continua le docteur,,
m'effraya. La voix de cette femme avait un tim-
brc pur et harmonieux ; sa main, que je tenait
dans la mienne , était fine et délicate. Son
désespoir franc et résolu dénotait |une âme
distinguée. Mais il s'agissait d'un point sur le-
quel en effet je me sentais frémir^ quoique
dans mille cas, dans les accouchemens diffi-
ciles, par exemple, quand la question chirurgi-
cale se complique entre le salut de la mère et
celui de renfant, la politique ou rhumauilc
tranchent sans scrupule à leur gré sur ces graves
questions.
« — Fuyez a l'étranger, lui dis-je.
<^ — Impossible , me dit-elle d'un ton bref; il
n'y {.ait pas soiigcr.
« — Prenez des précautions habiles.
t< — Je n'en puis prendre j je dors dans la
173 MÉMOIHBS BlâTOHHfUtf
même aicove que la femme dont j*aî Inkî Ta-
mitié.
« — Vous êtes sa pareate ?
ff — Je ne dois plus tous répondre.
<r J'aurais donné le plus pur de mon
pour éviter a cette femme le suidde ou le
ou pour qu'elle pûl sortir de ce conflit aao
besoin de moi. Je m'accusais de barbarie en re-
culant devant la complicité d*un menrtie. La
lutte fut affreuse. Puis un démon ma mÊggin
qu'on ne se tuait pas pour vouloir mourir} qp'ca
ôtant aux gens compromis la puiaaanca de hitt
le mal , on les forrait à se résigner a itmn fmla^
Je devinais du luxe dans les brodcrias fai se
jouaient sous ses doigts, et les ressourças ^'1
la lortune dans la diction éléganta de
cours. On croît devoir moins de pitié aai
ma conscience se révoltait contre rUèt
séduction récompensée au poids de Tari
qu'on n'eût pas touché ce chapitra , ca
une délicateue de plus et la preava quV
mait mon vrai caractère. Je refusai ; maii k la*
fus une fuis parti , j'aurais voulu poaaair b t^
prendre. La femme s'éloigna rapidemasL LW
rertitude s'emp.ira de moi et me ratini m
balance. Le bruit d*uii cabriolet m'apprit f»
je ne pouvais réparer ce que je venais de Cv^-
^ Quinze jours» aphr>. Ic^ papier^ pubLos^iP'
J
TfR^ DES ARCniYCS. I73
portaient la solution de cet effroyaUe doute. La
jeune nièce d'un banquier de Paris, âgée tout
au plus de dix-huit ans , pupilk chérie de sa
tante, qui ne la perdait pas de vue depuis la mort
de sa mère , s'était laissée glisser dans une source
de la propriété de ses tuteurs , k Viliémomble.
Ses tuteurs furent inconsolables^ la qualité
d'oncle excusa sans doute les larmes amères de
son séducteur. Mais , moi ^ j'avais tué la mère
en voulant éparger l'enfant. »
Faute de mieux , on le irofit , le suicide est le
recours suprême contre les maux de la vie
privée.
Citerai-je maintenant le trait de cet^nfiint ,
enfermé , par la colère de son père , dans un
grenier , et qui se laissa bhoir d'un cincfuième
au milieu de ses proches , dans un accès de co-
lère frénétique ? Citerai-je encore ces malheu-
reux qui, chaque année, s'asphyxient avec leurs
enfans pour échapper aux avanies de la misère ?
Je quille ce chapitre attristant où le mal qui
ronge toutes les classes de la société se met Irop
énergiquement en relief. Il faut avoir raison avec
sobriété.
Parmi les causes des suicides , j'ai compté
fort souvent les deslitutions de places, les refus
de Iraviiux , Vabnissement subit des salaires, par
suilc de (|uai des famillçs se trouvaicjqt an-dessous
i7't MKifûnun nfroaiQUES
tics nécessités de leur enlretiev^ d\
plupart vivent au jow le îoor , et qti*eB
peu de gens sont au niveau de leur vev<
A l'époque oii , dans la maison do im , Tesi
réforma les gardes de la prévôté de rUôlel, tm
brave homme fut supprimé, comme toalk:
et sans plus de cérémonies. Les gon^i
représentatifs n*y regardent pas de m piia;
taille en grand daifs les économies , tank
les événemens de détail. Son ig» al
protection ne lui permirent pas de
dans le militaire ; Tinduslrie élail
ignorance. 11 essaya d'entrer dana Pat
tion civile ; les prétendans, nomheen tk
ailleurs , lui fermèrent cette voie. U pràti
grin noir et se suicida. On tronva
lettre et des renseignemens. Sa
pauvre couturière ; ses deux filles, &
à dia-huitans, travaiUaicntavecelle.Ti
« que , ne pouvant plus être utile à
et qu'obligé de vivre à la charge de i
de ses enfans, vivant à peine du Irisai! de
mains, il avait cru devoir s'oter la
suulai^er de ce surcroît de fardeau ; qull
mandait ses enfans û madame la duchesK d'As*
goiilrme ; qu'il espérait do la bonté de esM
princesse qu'on aurait pitié de tant de miaèia •
Jt: lis un rapport à M. le préfet de police Angk
TIRÉS DES AACmTBS. 1^5
On remit une note au vicomte de Montmorency,
chevalier crhonneur de Son Altesse Royale;
Madame donna des ordres pouffqtduiye sottime
de 600 francs fut remise à la famille 4umalfa6a-
reux Tarnau. M. Basticn Beaupré, commisiarâre
de police du quartier, fut chargé de la remise de
ce bienfait.
Triste ressource sans doute , afprèf iiae aem-
blable perte ; maisxomment exiger que la fiuniUe
royale se charge de tous les malheureux^ lifirsqae
tout compte fait, la France, telle quMlèesf , De
pourrait les nourrir. La charité des^ riches B^y
fiuffirak pas, quand même toute notre ^tîon se-
r ait religieuse , ce qui est loin d'êtce, Le suicide
lève le plus fort delà difficulté; réehafaufl,]e testé.
C'est à la refonte de notre système géo^i'al d'a-
griculture et d'industrie qu'il faut demander des
revenus et des richesses. On peut facilement
proclamer, sur le parchemin, des constitution^ ,
le droit de chaque citoyen h l'éducation, au tra-
vail, et surtout au minimum de subsistances.
I\Iais ce n'est pas tout que d'écrire ces souha^s
gi'nt'reux sur le papier, il reste à féconder ces
vues libérales sur notre sol par des institutions
matérielles et intolligcntos. La discipline païenne
a jclé Jes créations maii^niliqucs sur la terre; la
liberté moderne, cette Hl!e du Christ, sera-t-elle
au-dessous de sa rivale? (^ui donc viendra souder
17^ MRMOIRKS niSTOItlV»U» S
ensemble ces deux magnifiques élémens de
sance?...
Pour parvenir à des données certaines su k
suicide , j*a\ais formé le cadre d'un grand tra-
vail.
Je faisais d'abord un extrait analytique ft
raisonné des proccs-vcrbaux des suicides; en-
suite ou plaçait sur des tableaux divisés ca ph-
sieurs colonnes toutes les particularités
ristiques : 1 * la date de l'événemeni ; 9K le
de rindividu ; S*» son sexe ; 4" son étal aa
fession ; 5° s'il était marié , avec oo
Gp son genre de mort, on les moyens daot il s*^
tait servi pour se suicider ; dans la
lonne, je consignais les diversea
qu'on pouvait tirer du détail des aoi
Je me borne aux trois années IttB^llil cl
182& , et à la circonscription de Paris. J*i
que ces années suffisaient pour offiîr
de comparaison sur le nombre et les
nos des suicides ; j'y joindrai le résaoïé da
qui ont eu lieu depuis 1817 jusqu'à 18M.
T1RFS DKS ARCHIVIR. , tjj
ntulaiion du nomltre dei perte
dam Parii tt la hanUene^ pe
Dorobro des personnes suicidées ( i** semestre.^ '^îâ.e t
pendant cette année. .... . i t «* *i^fe«^c.- itg) ^^'
(\iTans 8i 1
morts. ..;;•...;.;.:;;. • ."^'^^ j tvin
Î masculin . '. aii 1
féminin ............... V^j'r'TilL,, ,„
r célibataires. .,,,'. '^7)
( mariés ...:...... 1 '.'..'.' . .'*. ">wp) ,h^.,.
^'^.' !».in i
/chutes graves volouiaircs. ..,...,• ^Sq
. i Strangulation • • •if,*., j 3i
T.
^Jlnstramens yancham. Biqua^!^;?^^
/Armes & feu . % « • . .io*)^^' *^
Empoisonnemcns .riXl .t«ou
. t. .^ fpar lecnarbçn.,* ......
Passions amoureuses ^^'^St* ^-^ • >^^o\
Maladies, dégoût de la fie, faiblesse et \
alicoalion d'esprit, querelles et cha- ^ 107
grius domestiques j
Mauvaise conduite, jeu, loterie, débau-
che, ivrognerie
Mi^( re, indigence, perles de places, d'em-
y. «au va ise conduite, jeu, loterie, débau-1 \ x.
cne , ivrognerie ) ^ 1
HT t'y indigence, perles de places, d'em- ) *
plois, dérangement d'affaires )
Craintes de reproches , de punition. . . i5
Motifs iuconnus ^ g5
1 (le moins qae pendant l'annôç pr«^cétlcnte (1819).
IV
1-J
nuis DES ARGfilVES. I79
TMf<ht cùmparatifdu nombre déi persànkes qui te sont tuici-
dée$ pendani Ut anmiti
1820 et 1821
1*^ semestre. ... 166
2* semestre. . . . iSg
»<?
T^l. ... 325; \iMk . . . 34e
DiffcrencQ eq (^lusdç ifinçt-lr$is ^ fendait )7Année i.S^f. .
M^iemi^stra. . . . 18B
2* sempslre. . . • 160
•5.
Eiat du nombre de^ tndividuf qui se fofU suiei^s à Parié
#1 dans la banlieue pendant Vannée 182^.
L« nombre en • été {f^ÏÏÏÏIÎ* ÎS}^*'*'? ..Mft-l24U)
^■-{^'::::::::::::.: '^1 •••••»'*
»••«« {«rS!ï.:::::::::: m] •••• "*
^ , f céUbatâires. 207) -7.
ï^^"^- ■•{ marié. IG^i ! ^^*
^ Chutes graves volonUires 47
Strangolation 38
1 1nslrumens tranchans , piquans , etc AO f
:'!ri!. <Aca.e.àfea Û2 > 971
EmpoUonneniens 28
Asphyxié. I P*' If charbon.. 6i
n^pujAiw ^ p^^ j.^^^^ ^j^ ^,y jetant 115
/ Pikttions araoaretue», qoerclles et chagrins domestiques. 71 '
- Maladies, dégoût de la vie, faiblesse oa «diénalion
d'esprit 428
.. .. I Mauvaise condaite , ieu , loterie, crainte de reproches l »«.
^^»'f*---< oa de poniUon. . : 53 > ^^
Miiere , indigence; perte de places, d'emplois; déran-
gement d'affaires TiO
\^ Motif» inconnus CO ■
(1) DtxHfuf dt moins qae pendant Tannée 1823.
ii>o
MKMOIRFS niSTOItl^LTS
Relevé du ntHnbre dei suicidei qui oui m iitm
jusqueê eî romprii 18Sb.
Annén.
1SI7. . . .
1S18....
ISIf . . . .
1831....
183S. . . .
ISM. . . .
L
Vil ait.
MorU
Vie
1
SCM
Totu.
6«
285
US
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^1) Le nonlire ikt Micîdt* a <l' de &I1 ta
deU
Ce tableau offre, corome oa voit,
2,80K personnes qui , dans le dé|
Seine, ont attente a leurs jours, ou •€
la mort par dUTcreiis luotifs. On y
que le nombre des femmes est JieaacMpîi
a celui des hommes , soit qu'elles 8MbiI plas et
courage pour soutenir les peines do la w» pki
de rcsignation , des sentiment pins wJBgitn
qui les soutiennent dans ces ummens Icfli*
hlfs ('2) ; soit entiii , ce (|ui parait ploa prokabk»
ë^Jtf^TwfV iPWi i^
TIRES DES AKCHIVfeS.
:t''h \r
que le chagrin leur ôlc lui-même , en les tuant,
la faculté d'en prendre la résolitlion. ' '" '^
MORGBE.
1
J'ai pensé qu'on voudrait savoir a cdmbieri
s'élève annuellement Texposîtlon des corps a là
Morgue y j'y joindrai lé résultât du repêcliagej
parce que ceux qu'on retire dejreau ne sont pas
• tous morts, et <jue, par cpnséqîieat, on ne doit
compter dans ceux qu'on expose qàe les cadan
vr es des premiers. '
) l'k
.\t>'t
f
Résultai du repêchage des noyés pendant plusieurs années»
Années.
1M1.
1812.
1813.
I8r(.
isi:».
IslO.
1817.
DU
SBXE
masculin.
féminin.
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|8a MÉMOIRES HISTORIQUIS TIRES DES AltCHim.
du noinbre de$ tméûffrm dé^oiéê à Im M
p/mmn amméeê.
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I
CHAPITRE LUL.
PEPUIS Ui GOMTirUAUfTE ^SQII'aU 10 A|^,r({
Rét étalions sur ta policé révolution naîrc. — Lcgîslalion reTotu-
tionnairc. — Etablissement des passeports et papiers dits de
sfiretë. — Commune du lo août. — Sa fyrâimic. — iôurnéc«
ck septembre. *« Organisatîoti de la poflcc rét6lutiodilafc'(;. —
Commission administrative de ^icc.
La police ne fat pas absolument litrée , AèM
Paris ) an désordre et a Tanarchie, tùttkwté ott
Ta tant répété. Mais moins de deut an^ s'élaient
184 >1KMOIRES lllSTUHKaiLS
u peine écoules , que l'influence des événemeni
y opéra de tristes et déplorables akéraUoos. La
police devint plus soupçonneuse, plus alrabî-
lairc, plus inquisiloriate ; la surveillance poli-
tique l'ut persécutante. Le 10 août aTait jdé
l'épouvante dans une partie de la nation , d pi^
cluit une irritation révolutionnaire dans fanlic.
Toutes les branches de l'administralion s*cn tm-
sentirent ; la volonté dos dominatenrs dn jott
prit, comme dans toutes les réactions, laphcs
des lois et de l'intérêt général. La légitUtisn et
cette époque eut une grande influence anr h f^
lice t et la modifia.
Dès le commencement de 1799, VA
législative voulant s'opposer aux
devenaient fréquentes et inspiraient desi
adopta des mesures préventives de rit
l'exécution fut confiée et recommandée
tontes de police.
La loi des passeports surtout occupa
rites ; cette loi était devenue le melif d'
sition qui n'est pas encore disparue. Elle
de nombreux rhangenions dans le
ripai î elle ticvint ociicuse par TusageonV
les hommes puissatis pour retenir
coups ceux qui sans cette entrave aiinîent
un abri conin* le danger. Jamais la pelîi
tique ne fut |>hi*i prrMcutriir, si pourtant
TIRÉS DES ARCBIVCS. l85
excepte quelques années du gouvernement de
Bonaparte. A chaque changement de domina-
tion , je ne dirai pas de gouvernement , cette fa-
tale loi des passeports , avec les accessoirai qui
s'y rattachent, devenait une arme meurtrière
contre ceux qui avaient succombé dans la lutte (4 ) .
Les partisans des actes révolutionnaires troti-
vaient ces mesures indispensables à la pàk du
royaume. Les nobles, les ecclésiastiques, di-
saient-ils, ne se bornaient pas a l'émigration
pure et simple , ce qui n'eût été que Peiercîce
d'un droit naturel où l'autorité n'aurait eu ii'ën à
voir; mais ils menaçaient sans cesse d'attirëir sur
la France la vengeance étrangère; ils se formaient
en compagnies hostiles et^ entretenaient dans
l'intérieur des correspondances pleines de mal-
veillance et d'inimitiés. On dénonça donc cette
conduite a l'Assemblée Icjjislative qui , des le 1"^
février 1792, rendit un décret, sanctionné le
28 mars de la même année , sur les passeports.
On y lit : « Que l'Assemblée prenant en considé-
ration que, dans les circonstances actuelles, la sû-
reté de l'empire exige la surveillance la plus ac-
tive, et ^u'il est nécessaire de prendre les
(i)Eu i8i/|, Monsieur y comte d'Artois, alors lieutenant gc-
m» al tlu ii').iiM!ii", M'.ii'itint, jku mu t riiiun.iDce du au août i8i4.
). ;, I ;r s<'|M>t t- 'I 1( ' I 'î:*'.!!)' n- <|ni 1*. <. 'Iilii lient.
l86 MLMOU&Ci HaTOHIS^tCS
mesures qui peuvent concourir à U suralé 4i
l'eut, décrète que toute personne qui
voyager dans rintérieur du royaume
jusqu'à ce qu'il en ait été autrement
de se munir d'un passeport. »
On était si convaincu cependant qn*i
blable police portait atteinte à la libarlé chric,
que, par un article spécial, on ajoaU : «
de multiplier temporairement !<
sûreté publique, TAssemblée dédaro
s'empressera d'abroger ce décret
circonstances qui Tont provoqaé
et que la sûreté publique sera
assurée. »
Ce qui démontre qu'on ne doit iMchar à la
liberté civile que lorsqu'on en sent leftmM. Em
définitive, la nécessité domine la loi;
leur n'oserait donner cette ezcnae
lemment devant les tribunaux.
De nombreuses réclamations %\
tôt de la part même des patriotea aHiei Si m
souvenaient que le général Lafayella n«it« éÊm
une des séances du mois de septoflsbn I7M «di
TAssembléc constituante, proposé HbUéétHÊÊt
que tout Franrais pourrait voyager libreoMSI cl
sans passeport. Les municipalités se pUgniraei,
(le \o\%r rôlr, «iVire a^siijetliesà un
lilt! cl inubilt*, il inlcrro;^(.*r le» voyage
TIRK8 DBS ARQHIVIS; tij
et que la circubtion en était ralentie, taat pout
le commerce que pour les affaires parliculîèrea.
Il fallut donc changer ou plutôt àliolit^ la loi
du 28 mars. Le 8 septembre, en consèqueiicé ,
parut un décret qui prohonda cette 'suppression ;
c*était , comme on toit » après le terrible lOâoAt.
Le Conseil eiséeutif^ qu'on venait de former, fut
chargé de mettre ce décret à exécution. U était
composé de la réunion des six Boittistères s
Roland, à Textérieur; Sèrvaa, à la guerre;
Monge, a la marine; Glavière, aux finances }
Danton, k la justice; Le Brun, publidate estioié^
aux affaires étrangères (i). Je n'en paiie ictcpie
pour dire qu'ils étaient tous républicains zélés ,
et qu'on ne pouvait les soupçonner d^Stre enne-
mis communs des mesures de salut public. Ils ne
se déclarèrent pas moins contre la mesure des
passeports , et ce fut sur la provocation de Ro-
land et de Tavis du Conseil , que le décret fut
rendu . On y dit « que, comme le meilleur moyen
d'assurer la tranquillité de Paris est d'y mainte-
nir l'abondance des subsistances , et que le
nioii)(Irc obstacle opposé a la circulation des
(i) i'x Le Bnin, qui eut une fin malheureuse, n*a aucun r.ij»|>«Mt
tic |>,i»<'nt»' nvrt l'hr'nronx cl Toi^if M. I-? B'*fin , Hcvi-tiu n»i'ç'c
lui , <hn (le P.iriiH» , cl mc»rt il v ;i iiii an , «♦ «f uro Ho richcsî.cb t\ rî*'
■88
TtHODDcaMiM <le fW» «1 ém mate «■• faa-
temr fiuiate , VAmt^ÊÊm ijifin fM b ttfc
circnUli»nerti^lilh,f lahi^aM— i —
•en exécnKc qali fis KiSM da f
dfli liens occupés pir !■ l
La liberté dnp
ceiiMft qu'on lortiîtJw
et de leptembre , q«e 1m fnMW f
étaient portées m jimkÊmtéa^ 4
tion. et qu'il étaitde tMls j«riBB4*liiMA<i«
qui pouTsient en ctn nelHMn ■■ ■■}■■ 4i^
soustraire. . ■ , li-i ■••
La commune confttiuitioni»eBe avait éH dis-
soute dans la ouït du 9 au 10 aoàtSl; dk lut
remplacée parunc assemblée de dépuib an«ay<s
par les quarante-huit sections , q« piil k umb
de CoMMM* dm dis aovt . et , peu aprts« a
de Comiuui rigétérét. On connaît Icu «sobal
actes tyranniques , le» usurpations e< k i
membres de cetic comfnnDe(1).
avait été marqua p-ir des scènes i
tûturicui <k la rctiituituii n'uat (imquc ti
• xixtAltfU.
TIRÉS DE$ ARCnim. 1 89
au nombre desquelles il fauft placée* celle des pre-
miers jours de septembre 1 79i.
Les membres de la municipalité qifi étaient
en fonctions au mois de septembre 1793 , ne se
trouvèrent pas tous parmi ceux qui périrent au
11 thermidor; un petit nombre seulement s'y
étaient maintenus.
Ce n'est pas ici le lieu de parler de ces scisnes
épouvantables , je dirai seulement qu'on a fort
exagéré le nombre des victimes, déjli trop con-
sidérable sans douté.
Il y avait , au 5S «epteikbre (9SQ, S^l^ per-
sonnes détenues dans les ^tiims àé V^Ahbaye j
de Bicêtre, du CkûièùiiAe la C(mcl0yi[^^>^' ilé la
Force j deà (raiéWei»^ de la 5afo#irHérè^ dà 5Ah^
naire-Snini^Fxrmin et dés (7àfffi«s de lii irhé de'
Vaugirard.
1,100 personnes y perdirent la vie dans les
journées des 2, 3 et 4 septembre; 276 furent
transférées ; 742 mises en liberté ; 276 évadées
ou dont on ignora le sort ; il en resta 243 dans
les prisons.
On trouve dans les notes de la brochure de
M. de Saint-Méard , intitulée mon Agonie de qua-
rante-huit heures^ que le nombre des tués alla
a 3,000; c'est une erreur; le nombre ci-dessus
est exact, il est tiré d'une pièce authentique ve-
nant du Comité de salut public de la commune.
cvcuparurcnt JcvjqI le trihao*! i|iû ft'Al
&lalU danf I4 pcJM>o pour le» juger.
(^c registre al (oui maculé (lu >M( <
£tûetiL HuiU<lcs lu naios de ccus i|in k |
i^ clungU^' U plupartdeaancieasa
Ix municipaliti' du 1U août catucm t*o
liuii iRlifMur» et U divîûou «n cia^ <
mcn>. Mais une grande fiAtUo de b polie*,,
ça ({ui concerne U survctUiDcc polit
d^vo^paux coinil^ rcvululioaiuire* ^m i
oréét en ITUj. au apoibre de duu^A, y^l
du 7 fructidor au 2.
Fertunoe ii'«ûl oii ùieveg U voit |
mer la vexatioo» d«> agcoa de crUe <
cUo avait penuadi^ qn'eUiï u'eurçiit au |i
auiàM rigeurnwt i|im pour comprinMr 1«* B^
Ira*; le* ciaij^raliufu tyran iiitjues ii'canBtahB
du koniu, «Um «UorauL au poioA ^«* pe« it
lemp* avAot fe 9 tfaeriuidor de l'in 3» •• 4 TA*
poqu« où l'iN» f«niM na «iay ^ AkM ttMmtf
k b plaine 4m JMbUw» ■» nMibvMfMMK»
dam le cowaU géa4nl 4>.eitli«iMll«Mv9A
éuil ji cniadrc ^m lea fil
patrie, il fut décidé et ordonné ^^*qff^^ffé^ q^^
la vertu était à Vordre dujour^ de^ yîfil^ 4<inM<^i*'
Uaireg Siéraient f^i^Lçs 4^ 9^t^ f^W ^fèifflt»
feiQmes de jp(iauvaÎ9e yie , qu q^î ne yiHW^
p^ dire de cjupi ell^ ^yiv^ient, ]^^ Ç9m\M i4^
sections furent chargés de Tex^utiai^j^ fÇ^be
mçsyre , à ^cjuçjle il? »|ip«rt^(fn^ W *W«^ IIMW»
ridic^}eque bairbairef . . . ' i;^
TQ^t devM^ femme de i^n^^is^ v^; Ifflffm-^
soTO garw^ ff»?^^* ^ft^esties 4e coinayifHwr^ë
et l'qf^ vit, d^i^ tPfi^ 1^9 4uai:^i«i^44»n4lW*<^^^^
nombreux <^pupçf d^4emines 9^ ^Qi^m 4*M 4w
cwps-dergîirde et qpi av^t 4^«q)^éjpf 4%wk
ces hideuses recherches. Dl^ m^r^ 4ff fivniUfsi^
des femmes mariées, de jeunes ouvrier^ qvÀ 9f^
pouvaient pas rendre raison de leurs moye^^
d'existence au gré des agens de cette Q4iem^
police, furent impitoyablement arracbé(^j tfftî^
nées aux Madelonettes et k la Pelile-Forc^, JMsqu'à
ce que des réclamations jugées vaUbb^ l^kis-
sent les en tirer.
La révolution, alors dans son apogée, conti-
nua de jeter le trouble et la perturbation dans
la police; c'était la Commune régénérée ^ surtout,
qui entretenait et fomentait l'anarchie. Aussi la
Convention se vit-elle forcée de s'en occuper.
19^ MÉMomn HitrofeKtns
Par un décret du 1 4 firnctidor aa 3 •
mina emnmmi ei par qui la C
rail administrée.
Les ministères avaient €lé supprimés d
placés par des rommîsiÛHu naiioma/ea,
14iruclidor, ordonna, l^que la
lionale du commerce et des app
serait chargée de pounroir im
subsistances et k Tappro^visionn
3" que celle des secours pnbfics li
Teillance et de radministration i
hôpitaux; 3" que la commiasion
pubfique serait chargée de Fa
écoles primaires, de tous les i
nanz et des établissemens d*i
que; 4^ que la commission des t
serait chargée des dépenses et de la
de ce qui les concerne ; 5" que ceHs
ture «t des arts aurait riilininiilraliM
diate des ateliers , filatures , et de Ivaa
dont h d&rection n*était point altriksie h h
commission des armes ; 6p et que la
des armes serait chargée de la directias
les arts rebtifii a la guerre , aux m— ils— a el a
rartillerie; 7* que la commission
ti\e des administrations ciViles, de
dti tribunaux , aurait la sunreiUance, I*;
iration et la police des maisons d'arrêt « de
TIRÉS DES ARCHIVES. IQS
ticc et (le détention ; 8^ enfin , que la commis*
sion des revenus nationaux serait chargée de
faire la perception de tous les revenus et des
domaines de la ville de Paris ; les commissaires
de la trésorerie restant chargés de^ autres re-
venus , de toutes les contributions publiques et
d'acquitter les dépenses.
L'administration municipale et la police de
Paris se trouvèrent ainsi confondues et mêlées à ^
l'administration générale de la république, ce
qui devait nécessairement apporter de la confu-
sion , de la lenteur et du gaspillage dans tous
les services de la capitale. La Convention l'avait
sans doute prévu; elle voulut l'arrêter, et or-
donna , par la même loi , que provisoirement il
y aurait sous la surveillance du département
de Paris une commission chargée de la partie
administrative de la police municipale.
Cette commission administrative de police pour
Paris fut définitivement organisée par le décret
du 20 vendémiaire an 5, et composée de vingt-
qualre membres, au traitement de4,000 fr. , nom-
més par la Convention nationale sur la présen-
tation des comités de salut public et de sûreté
générale.
On y allaclia un agent iialional, et la parlie
ronlciilicuse de la police municipale fut exercée
par le tribunal d(» police correct ionnelle. Les
ïcj\ nEMomis nKTwP.h^crs
cnmiUi n'nli Tl ' des sections forçai coi
un de leurs membres fui char^ de \hm ncJ .-
le comilé l'ctait de dresser U liste dcsêmigm
qu*n adressait au département de Parts. La
comités civib délÎTraient le^ certificats ^ ci*
visme et de résidence qae les comiici nffola
tionnaires rtiatVril. Les comités , tant cmb fse
révolutionnaires, correspondaient avec ccaade
la ConTention et les commissions nationales £-
rectement.
Les membres de la conmiission a<
de police nommés par le décret da
démiaîre an 3 , en exécution de b loi dn M
fructidor, furent :
Les citoyens Leroux, secrétaire dn
discipline militaire de la section de la
Duret, membre du comité de b
la section du fauboui^ Montmvtn }
secrétaire-greffier du juge de paia do la
du Mont-Blanc (2) ; Jacqaot, ébéoisto; Vii
Gauthier; Desestangs; Poterel } Roo^as
marchand mercier; Beurrier, capitaioo do
taillon des Gratilliers \ Champenois ,
' I O nom fir civû leur fut donné ponr 1rs
vcMhs réi*oiuttonnaires qui riUlaIrnI meore
(-i) Dcpuift commiftHiire d** police dans la
trur ilu Pii't'.onnahx *it' /Wù*c mitJemr^ imprimé m i9i>^
i
\
TIRÉS DES ARCHIVES. 105
gociantj Boquet - Destournelles ; ThéroUaniie ,
marchand de draps ; Pâté , homme dé loi ; Bar*
barin, architecte; Deschamps , ancien commis-
saire de la section du Gros-Caillou; Poteron,
orfèvre ; Ilenin ; Gosset; Babille^ l'agent natio-
nal fut le citoyen Léger , depuis chef du bureau
des passeports, sous M. Angles.
Telle fut l'organisation de radministrâtioA
municipale et de la police de Paris jaiqfa'm
38 thermidor de Taii S, que le nombre 4es
membres fui réduit âû vitigi-qvattfe a trots jeHc
subsista sous cette fiurme jusqu'à la nsise M wc^
tivité du bureau central qui lui succéda , et qui
dura jusqu'à l'époque de la création du préfet
de police, en 1800.
De nombreuses lois révolutionnaires avaient
été publiées dans cet intervalle; toutes portaient
plus ou moins atteinte a la liberté civile et per-
sonnelle ; les lois sur les passeports surtout
furent très multipliées , même pour les Français
citoyens qui voulaient établir leur demeure à
Paris ; on soumit ceux qui venaient y séjourner
vingt-quatre heures à des déclarations et des
formalités minutieuses. On exigea des arrivans
qu'ils obtinssent l'autorisation des autorités de
police, ce qui donna naissance aux permis de
Kjd .Ml'.MillRKS IIISTORlQtCS
séjour, surcroît Je précaulion 4u*on ne dcplop
pas dans les régimes appelés absolus (i ) .
Le pouvoir discrélionnaire , conservé a la p**
Hcc , lie refuser le séjour à Paris à reu^ qm Ui
en font la demande, cl Tobligalion de laire ctClc
demande, furent contirmés parla loidaiTTca-
tosc an 1. Cette loi porte que toute pcneaf
arrivée a Paris , sans y avoir anlérieuremcat ses
domicile , est tenue de se faire connailre il Tmkr
ministration municipale de son mnliNi (k
reau central alors, le préfet de police n
en vertu de l'arrêté du 12 netaidor as S)«
d'exhiber son passeport; que toat ci
aura chea lui un étranger, tout
portier de maison non habitée sont leavide
leur déclaration dans les vingt-qaaln
sous peine de trois mois d'cmpri
tout individu qui , dans le délai de
n*anra pas fait connaître, par certificats
tiques , le lieu de son dernier domicile ai
central, sera réputé vagabond et sani avcatCl
comme tel traduit devant les tribunaux oaaf^
t«Mis. De nos jours, au moins, on ne qualifie di
ce nom que les malheureux qui n'ont pat d^aak
(i) l^ii« (lu tmUirtnt* saii«.-cu1nliik*« .in i; ds (
an 3 ; du i tl»rr.il nu ^.
TIHÉS DES ARCHIVES. I97
et de pain. Les classes aisées ne subissent ces
avanies que dans les jours de revanches popu«
laires.
Je n'ai parlé ici de cette loi despotique du
27 ventôse que par anticipation , puisqu'elle fut
rendue par les deux conseils , a la demande du
Directoire y et que parce que les élément s'en
trouvent dans les lois existantes de la période
que j'ai parcourue. Gomme toutes celles de la
même espèce , elle fut motivée sur la nécessité
de déjouer les projets et les intrigues des roya-
listes et des contre-révolutionnaires^ mais depuis
qu*il n'y a plus ni royalistes ni contre-révolu-
tionnaires a craindre , on n'en a pas moins con-
servé la mise a exécution ; car les lois arbitraires
ont surtout la propriété de survivre aux circon-
stances et de s'amalgamer dans l'arsenal des lois,
pour servir a d'autres passions et à d'autres
hommes, alors mcme que ceux qui s'en servent
ont gémi des rigueurs de ces instruraens d'op-
pression dont ils ne sont pas fâchés d'user a leur
tour. Voltaire disait qu'il n'y avait contre les
vieilles villes qu'un remède : le feu. Contre les
vieilles lois , il n'y aurait pas de mal de se servir
aussi de la flamme. La mansuc'îtude et la servilité
parisiennes ne font éprouver aucune oj)position a
ces sorlcs d'allrihutioiis que les pouvoirs se con-
servent. Bien plus, il n'est pas un habitant de
icfi MCtfOIRES HISTORIQUCS TIRU OIS AECBTl
la capitale qui ne regarde cette serritade
une des bases du gauvtmemêfU refré$emimtif.
D'après ce que je viens de dire , il est aisé da
voir que la commission administrative de paKcc
différait peu , dans son organisation » da bmii
central , qui fut la quatrième métamorphsM ds
Tadministration de la police à Paris ; soo nifir
tance , les services qa*il a rendus , mérileal tbn
mieux apj^ciés par les écrivains et le
^
^
CHAPITRE LX.
Miubtère de la police générale; sa création.
Le minislcre de la police est de création récente .
Le Directoire obtint du corps législatif l'auto-
risation de répartir les emplois après en avoir
200 MiblOlAU HISTORIQl'ES
fait comprendre l'urgence ; on en fauaît rartovt
la demande par des vues politiques et pour l'af-
fermissement des nouvelles lois.
L'exigence de l'ordre se faisait aentir avec
énergie , jusqu'à l'usurpation même , après les
désastreux élans de la liberté ; ainsi donc c'cU
en vertu de la nécessité de leur fraternité b«-
tuelle que Tordre et la liberté se sont soppciaés
tour a tour, probablement faute de laaiire sa-
périeure. Le problème était et est cdoor de
concilier ces forces qui semblent irrécof ih
blcs a rignorancc.
A la surveillance politique pour dëjoacrici
complots et contenir les séditieux , le Directi
ajoutait, pour motiver la création d*un
ministère, les attributions de la police nmnkipak
pour toute Tétendue de la république; le su-
nislro do Tintérieur en l'ut déshérite.
Cette question devint le sujet d'un
conseil des Cinq-Cents, de la part d'une
5ion à laquelle on en avait renvoyé f^nnaf Le
rapport donna lieu à plus d'un débal dans Fis*
semblée. La pro|)OMlion passa, comme de r»-
son , mais bien et tiriinenl déshonorée par Is
discussion mrnie , de nirnie toutes les propss-
lions arbitraires et vagues qu'une maJMité fim
4111 moins rcprciientative fait tnunipber de vitv
ion c au >cniiiii contre une niinohtc plu» es
TlllES DES ARCHIVES. SOI
moins réelle. Chaque parti désirait en apparence
le maintien de l'ordre et la répression des
troubles dans la république ; mais si les roya-
listes et les ardens républicains manifestaient
ouvertement leur crainte qu'à la faveur d'un
semblable pouvoir le Directoire n'appesantît un
joug insupportable sur la France , protestation
éternelle qui cache d'autres pensées qu'on n'a-
voue qu'entre ligueurs et confédérés en secret,
les partis extrêmes avaient peur que cette création
ne nuisît a leurs intrigues mystérieuses et n'en
coupât la trame. Les constitutionnels de bonne
foi espéraient de cette création une arme offen-
sive et défensive contre les ennemis du .nouveau
gouvernement, c'est-à-dire pour eux et pour leurs
amis. Ni les uns ni les autres ne voulaient voir
que dans un pays ou la liberté se pavane comme
un drapeau de parade dans les institutions écri-
Ics et fait défaut dans rorganisation matérielle
de la commune, un ministre de la police peut
également contribuer a la destruction comme
au maintien de Tautorilé centrale; à l'oppression
des citoyens comme au bouleversement du pays;
à la provocation des troubles comme à leur ré-
pression ; cl (jiren définilive, les dangers d'une
police géiiér«ile en balancent assez les avantages
l)0ur (|ue l'un dul renoncer aux bienfaits de son
îmmciKse pouvoir, a moins (lu'un homme de
202 MUlOiaCS HlSTOhlQUES
génie cl (ic bonne volonté, profilant 4e ce
puissant, ne réalisât en le maniant a
dans le foyer de la commune, la Térilahlft
politique , encore ignorée parmi nous ;
que la vanité do chacun n'attend , il
personne.
MinUiir tif hi ptthrr grnérmir, —
prrmirr miniilrr de la police tam le
1 janvier i^f/î ^ 4 ^'u ^*
Le premier choix du gonvcrncmeal
tionncl de Tan 3 tomba sur le àéfÊi
n-conventionnel , homme dur ,
teux , ayant la prétention de p
nîste ; malgré le progrès de rirréligm»
de sa secte , et manifesta la dévotion b
tréc. Un magnifique crucifix ornait al
il y fiiisait ses priorcs matin cl soir. (Télul Jv
leurs un homme absolu rt farouche. Il i
que deut jours au miiiislère , ou plal6t il
de racccptcr.
\f': il VaïU r:\ IT it), vi destiné au barrcMfir
!iOS parons , il >'t:t;«il ;i|ipli«|uû à l'cludc du Airt
ancien et moderne ; isâ science du drcttt canon^
que lui valut la place d'avoué du ckrgé da
France , et de conseiller de l'élecleuf de Trêves^
rCommé député aux Etats-Généraux de 4789^ î^
se fit remarquer dans rasacnddée constitilanAc
par la fougue et la véhémence da ses opinions;
il jouissait d'une grande popularité; la eonstifto^
tion civile du clergé fut en grande partie son
ouvrage. Il eut la place de garde des archives
nationales après la session de l'Assemblée con-
stituante. Nommé à la Convention , il figura
parmi les votans pour la mort de Louis XVI.
Trois fois de suite député vers la Belgique avec ses
collègues, DumourieZy qu'il avait ordre d'arrêter,
le prévint et l'envoya prisonnier chez les Autri-
chiens. On sait qu'il fut en 1795 écKangé à
Baie contre la fille de Louis XYI.
Il siégea depuis au conseil d^s Cinq- Cents; le
Directoire ayant demandé la création d'un sep-
tième ministère, le choix portasur Camus. Comme
on ne pouvait pas être député et ministre tout à
la fois, préférant, par calcul peut-être, les fonc-
tions gratuites aux fonctions salariées, il refusa
le ministère, le 4 jan\ier 1796. Plus lard, on of-
frit k Camus le ministère des finances; il vou-
lait conserver en même temps les archives na-
tionales; la chose ne put se faire, il se livra dès
lors en entier à la littérature. Sa place à lin-
3o4
•ttCal, dont il étiil
occaâons et les fàdStéi
sodélé à M. PMtonC, m
pour U rédaction im w^cmék
ni df Pramee. Sa haine
notoire; il «oyait dans cet h
sassin de la liberté. Canms
bre 1804,d*ane atta^ne d a
MfrUn 4e ËkmêM , rx-r«m«filiMnf , m^mmi ■riaitfv A Ai
litemémtt
4 janiier 1796 « 3 avril
Philippe-Antoine Merlin (de DiniQnf
rôle distingué pendant la révnhliBA. On
Taima pas ; maïs on ne lai reihan
d'an grand] nrisconsnlte; son
prudence est un monument.
Né en 1754, a Arleuz, petite tîUo
sis, il embrassa la carrière da
ment de Douai, il plnîda sa premièn
éclat. Une demoiselle Dumonceau Ini nppostads
la t'oriune ; il vint â Paris, n*y resta i|n*nn an il
retourna se lixer ii Uouui. Lnc chaifn de
TIRÉS DES ARCHIVKS.^ 5àoS
taire du roi qu'il avait achetée, conférant la no-
blesse, lui valut quelques plaisanteries de ceux
que choquait son républicanisme. Il le professa
haulement dans les assemblées nationales dont il
fut membre. Le Directoire l'appela au ministère
de la justice ; le ministère de la police ayant été
créé, il y fut nommé, il n'y resta que trois mois;
il reprit son premier portefeuille.
Malgré le zèle et la fermeté de Merlin, la po-*
lice alla de plus en plus mal sous son ministère;
sans le bureau central qui était assez bien com-
posé et mettait beaucoup de zèle dans l'exercice
de ses fonctions , la propreté , la sûreté de Paris
eussent été fort compromises.
Deux conspirations remarquables éclatèrent
pendant que Merlin était à la justice; ceUe de Ba-
beuf et celle de Brottier et la VUle^Heumois. Le
minisire de la police déjoua la première. Celle
deBrollier fut pour Merlin un grave sujet de dis-
cussion. Ceux qui l'avaient tramée étaient tous
plus ou moins attachés au projet de rappeler les
princes de la maison de Bourbon. Merlin pré-
tendit que les auteurs de ce complot devaient
être jugés par des conseils de guerre; le 10 fé-
vrier 171)7, le Directoire adopta ses vues. Cepen-
dant le tribunal de cassalion jugea qu'un conseil
militaire élait incompétent. Le conseil des Cinq-
Cenls, malgrr les rc'rlamalions de M. Pastoret ,
inê uttmnm ■miiHKii
pÊtm k Vûtén da jov, fltkfcaOidlMHrihttÉÉ
vuMi> C6 cqqmH pMnMiçK h yiSBC Vv ■Hf|
BUk pour 11 fiinile , et la conuMa •■ «priim
années de priion . Neilhi, qû tcftdt tiMfean, fff^
flta de h riTolutioa da^Sfradldor HiB f««
drtenir h dépottation dee prlndpMi» eifiÊÊàÈÊÊà
a RnnaBiaii j lu pentsnt daiii es nMÉÉi wtL
Nommé direclctir apHs le 18 rrucHiIor,!
Ibi ne fbt dépbtc quo le 18 juin; il «e ■
Douai; 'des diafrîbci le pounniTÎnnt. As I
tenr d'Egypte, Honaparte le nomma i
dn procOMtar général à la coor de cusaiioB; i
fempin V toA i]e\6 à h dignité de ;
général k U même cour ; il monta de )
gradeljnaqi^coctieil-d'éUit, *ecUoD deb j
âce; lM4 cfamgea u dcsiinée. NipaléM, i
relonr de fHe dTlbe , le rappela . «t la d
meni dn Nord k nomma député à U c
dei réprfieutan*. Le* changemcns ■
Hgntrent Merttn dan» h \ie prÏTée; il rouNn
«
TIRES DES ARCQIYES. 20j
Charles Cochon de Lapparcni , ex-convenlionnel , irokièmt
ministre de la police.
3 avril 1795 — 6 juillet 1797.
Né en 1 750 , dans le département de la Y en«
dée, et conseiller au présidial de Fonienai^
M. Cochon de Lapparent fut nommé aux £tats«
Généraux. Il se fit jour dans le monde politique
par son attachement a la cause de la liberté : ce
fut la marque de son caractère. A la Conventiont
il joignit sa voix aux accusateurs de Lpuis XYI,
et remplit plusieurs missions aux armées. Mem-*
bre du Conseil des Anciens, Cochon se leva
contre les déclamations démagogiques. Il fut se-
condé, dans ses fonctions secrètes et dans la sur-
veillance politique dont il jeta les fondcmcns,
par un oflicier de paix, nommé Dossonvillc,
homme de mérite, zélé cl honnête.
Il dénonra la conspiration de Babeuf au Direc-
toire et aux deux conseils. Tallien Tayant accusé
d'employer le baron de Balz et Dossonville dans
une police royale secrète pour persécuter les répu-
blicains , il démentit cette accusation , et prouva
qu'il avait donné Tordre de rechercher le baron
de Batz. Quant à Dossonvillc, il fit l'éloge de sa
conduite, de la droiture de ses opinions et de
ao8
•on ràle à nÙTre i
coMpiralion des i
■ouiledn
taqner g rei
Ce n' pu ici qu'il
analyse de la cons
de gens
fortn lia croyant 1
gn I n le
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partialité kalb^ la
rpoor dMBfV •■ ift-
l cberdier «M ilMMt
ideBabeof.^HtMl
maître, f^t qn^U jnseat
iitiiprl sable que 4c nai-
,ea\. Comme transi6—
îd£c à l'aalre, ce coap
mît de r^chabvd . rt-
ogmc de rmdîriAâliK
et le dogme proGearf
< oncentratioD «yitteu-
Ics mains de raotsrttf.
J*û connn Babeaf; en le L-omhattaDt, je Tati-
mais. La communauté e« biens, ea taai qae
principe social, abstraction fiite des MTfidés
dn dottre , de fortes c lancci de réaurrertie»
dans I ^lairea et daiis le bcwia
devivre clcepcndant Babeaf et
fortar ris.li-Ti«den<in<i. On s'pxpo«eja r€^
de ces doctrines sans règle en érîtanl,d« pn»
dre aîtlenrs les élémcns d'une plus nobl« mût-
tive, et ces élément exi^lc'tlt. Ceav qui ■•■
disent qu'âne grande réMititiion rst d^
impossible'sont de bonnes ^cns . mat» fort i|
nos. C'est snr l'iialorité Ir^s^itsquclesp
TIRES DES ARCHIVES. SO9
s'endorment , c'est sous la main dfas^forieiiS'^tb
se réveillent. r/u
r
'...,., ^ ^ : ,. „• MukJ I:,.
Jean 'Jacquet Lenoir^la-Roche ^ 9fiali*i^^ «iWlfit ^fi:!^
6 juillet 1797 •» 36 du même mois.
L /o*i
Lenoir-la-Roche était peu fait pour le mi*
nistère de la police -, mais sa réputation d'écri-
vain politique avait un grand prix alors. Le
Directoire crut que de «errait! «njkùfl ckëix eiril
vue de l'exécution du coup que l'on préparait*
Il n'y a pas de stage et d'échelons iw^Cjcessifs pour
former les hommes d'état, d'où leur disette dans
tous les temps et Tembarras de savoir où les
prendre. Lenoir-la-Roche témoigna dès le pre-
mier jour le plus grand dégoût pour ses fonctions^
il n'y entendait rien 3 il entrait la dans un pays
inconnu.
Né a Grenelle, en avril 1749, d'un père juris-
consulte, il fut destiné au barreau; sa vocation
ctail littéraire. Non qu'il fut sans ambition, puis--
que nous Tavons vu de républicain constitua
lionncl devenir comte de la création de Bona-
parte , et sous liouis XVIU , entrer à la chambre
IV 1'.
2 m MKMOmFB niSTOmQUFS
des pain , oit il resta jusqti*k sâ mtrt, wrivée ai
février 1 825.
On sait a peine qu'il a été professeur de légis-
lation a Fécolc centrale du Panthéon ; ce n*éUîC
niunMontesquieu9niunDoniat;LcnoîrJa*RoclM
était d'on caractère doax , paresseax , babitoé k
parler politique , sans voir plus loin que le beel
de son nez , criant contre les anarchisles et ks
royalistes, et tour a tour Tun ou Tautre
féerrt Mm di le CuMUèrt , dUfaiAnf Mteii*t * k
aO Juniet 1797 — Il février i^gl.
Le Direetoin n'était point h
cImmul; Soliiiy jcane Nantais, n'efift
d'instmctkm politique que son
mais il paraissait mieux convenir ans
du gouvernement.
Né à Nantes , en 1764, le jenne Sotiii fiH
tiné à la profession d'avocat , ressoom de
d'esprits subalternes et stérilement chi
catégorie parasite qui vit de nos dooleon cl Jt
nos plaicsi de nos haines et de l'échafind. VéM
TlftCS DUS AltCBiVKS. ail
des avocats, dans un pays, est toujours en pro-
portion de SCS misères. Il se distingna peu danA
le barreau de Rennes. La révolution lui ouvrit la
porte des emplois. Dès 1790, il fut nommé
membre dit Utrcctoire du d<^p3rtement de la
Loire- Inférieure; ïl en exerçait tes fonctions,
lorsqu'au mois de novembre 1793, il se vit en-
velopper dans la proscription de cent trente-deux
Nantais, à propos deTaSaire à la suite de laquelle
on accusa Carrier, d'après une fable frappée dé-
sormais de mépris par les gens qui réÛécbissent
un peu , celle d'avoir voulu faire noyer ses enne-
mis au pont de Ce ; conduits à Paris, les proscrits
y arrivèrent au nombre de quatre-vingt-quatorze^
décimés à plusieurs reprises par les dangers et
les fatigues de la route. Après la mort de Robes-
pierre on les mit en liberté. Sotin s'attacha au
parti directorial, qui le crut propre à ses vues,
et le nomma ministre de la police le 26 juil-
let 1797.
Il facilita l'événement du 18 fructidor. Des
vaincus l'ont accusé, mais sans preuve, de bar-
barie i il est vrai qu'il fit exécuter la déportatîoa
avec promptitude. Jamais les émigrés turbulens
et les prêtres réfractaires n'eurent plus à souffrir
de la police qu'avec Sotin.
Sorti du ministère, par une faute qu'on ne lui
pardonna pas, celle d'avoir fait saisir des casij
mirs Je contre haiide (lL*!»tinr?> a îles inaiilraui
pour les députés, il passii en qualitr de rharjc
d'afTaircs ou de mlnislre du l)ir#'f:toirr j 9\*'ne%
Une gaucherie plus sérieuse lui fit perJre cciCc
place. On voidait sVnipan'r dr> Klats d : roi d^
Sardaiîine ; Sotin riait tians ic secret tri d<r«iii in
favoriser rexécutioii ; au lieu d'auir aTt-i 1j Ji^
créûon d'un conspirateur, Sotin , ébruiUni U
projet, écrivit ostensiblement au Directoire Je U
Ligurie pour l'inviter a secourir au besoin les
insurgés du Piémont. C^était imiter les efic:«n
français à la bataille de Tontenov, et dire i ^o
adversaire de tirer le prcniirr. Le Dirr.tvirr
trouva cette .solti>e tr(i|) ilii'\aleresquc. Solic lu:
rappelé ; il le nicritait bien. Après «p^I^cci
autres fonctions |Mil)lif|ues nous le Dirfcloinr et
r»(maparte , il mourut en 1SI0. ^ans fortune ,
dans rol)S(-nrité.
Sotin n'était pas sans (pielcpie mérite , il i^ui
de rinstrui'tion , mais de la présomption; auM
les présomptueux ne pouvaient le souffrir. Onl&i
n)it sur le dos tout(*s les àiieries ipie la toumore
urtttescpie du son nom pouvait fiire passer Ir^
facilement ilan^ IVsprit île la canaille, qui jusr
vuK'nliers les boinines en place d'après de ^s-
pides (]iinlibels. Kn soiniiic. il éta.l br.i\e. mt-
viablc, iMinnrte , nuis ouUei uid.int comme aa
avocat, I t lon(iiurs la pliraM* ii li m:iîn. Il <jii«C
TIRÉS DES ARCHIVES. atlS
surtout prendre un parti, quoiqu'il manquât de
grandeur et ne sut pas se faire estimer; mais il
savait anstii qu'il ne faut pas toujours mûriter l'es-
time de tout le monde. Il faisait son choix.
DondtaUf tixiéwu miniilre A* la f oUm jrMroJe.
la K»ricr «798^- 15 nui «aiaai.
Encore un mauvais choix du Directoire j Don-
deau était un grossier pe^bnnage, faisant mal à
propos étalage de son jacobinisme; à la korlic! aè
Sotin on ne savait qui nommer j'IVlerlin fit tomber
le choix, par forme d'intérim, sur son compa-
triote. Un intérim est le nec plus ullra des vœux
de beaucoup d'incapables; il en résulte poiii" leur
vanité le relief d'un litre à meltre fièrement à la
suite de leur signature. Dondeau traversa le mi-
nistère de la police sans y laisser de trace. II y
était chef de la division de la sÙTtié avant sa
nomination ; malgré la mise en circulation du
dogme de l'égalité qui semblait autoriser tous les
choix possibles, les employés ne purent s'ac-
cotitiiincr ;i le re;>ard(;r sériciisirmcnl comme
Icnr chef. 11 fut par la suite nommé maire de
T1R£S DES AEGi^V£S• Ul^
ment de l'Aîrae le nomma me^^fe cU CwimîI
des Anciens. Il mourut peu apr^.
On a remarqué que Le Carli^ 9;¥ak npi*^
dans le temps le projet proposé pfir If • Gui}}dtHi4
son collègue, pour la . substitution 4e rÂM4mr
ment de supplice ei^ vigueuir igqjom'd-l^Aii }k MM
les autres instruniens de sufip^ç^ | l'Aii^li!^
législative adopta cette propoiîti^Pi HW9&Mim
17192, elle décréta la foripe ii9 <iel ffi^bmiMiyii
que d'honnêtes royalistes ont pris en exécretlMè
sans que leur giénie pour e^tirpw hm gttrmM^ de
l'assassinat et de la nis^e a'fi^eTA^^pliMh blBlI;
qu'au désir de réféaérer h pot^fM-
>: ':
JeoH'' Pierre Duval^ huitième mmùtre de la poheê générale*
^9 octobre 1798 — 3a juin 1799.
M. Duval , porté au ministère par le parti di-^
rectorial, a conservé, depuis sa retraite comme
pendant les fonctions qu'il a remplies, l'estime
publique et laltachement de ceux qui l'ont
connu. Apres avoir clé membre de la Conven-
tion , il fut appelé au Conseil des Cinq-Cents ,
puis, au 29 octobre 1798 , ftiit ministre de la po-
lice. 11 servit le Directoire avec zèle, sans qu'on
!ii6 :mkmoiiiis mroiiiQDES
puisse lui reprocher des actes f oppresfiop , m
communs a celte époqae. D vtaH été qaeitiw
de le faire passer aaDirecloira ; nuns Sicjcs , qaî
voulait profiter de la aortie de Rewbell poi«r y
entrer, déjoua le pafd de Duiral par aes wgtÊmh
Paris , et ce dernier resta an miniilèw de h pa-
lice. Cet échec accrut la mâancdfie de BÉval*
naturellement triste et pM fidt po«r ka §nààm
intrigues , quoiqu'il eât la faîMaaia de ^màm iPf
mêler.
Rien de remarquable ne 8*est passé h h
générale sous ce minisfre; Dsvdi
l'obscurité jusqu'en 1800; il fit
législatif, sous Bonaparte, qû» Ti
vante, le nomma commissaire généni ds b
lice a Nancy, ensuite préfet da dé|
Rasses-Âlpes. U conserva œlte
aprcs Tcpoquc de 1814; mais, ayaBlaceifl
préfecture du département de la Cbreate
dant les Ccnt-Jours, il perdit son
second retour du roi.
TiRBS D£s ARcarvES. 317
BtmrgiligHm-DwHolarà, ntuèiime mjuttlre de la poliM gi-
sajulB 1799— aaJa(Uttd«tatHrfnfraa«ée.
■ ■■' -■■ '/'
C'est à M. Gohier, qui a laissé un Mémoire si
singulier et u tenu une conduite si républicaine
au 18 lirumaire , ({u'on dut la nomination de
IVl. Itourgiiignon-Dumolard,
Ce savant jurisconsulte naquit Ie34-nifqi:i760,
à Vif, arrondissement de Grenoble; U ytaxMK"
çait des. fonctions judiciaires içraque la n&f olu*
tion éclata.
En butte aux avanies , comme tous ceux qui
avaient alors un nom , des talens et de l'hon-
neur, ce que les mauvais apprentis de l'oeuvre
révoltilionnuire rei;:irdRif!nL comme une ten*
dance à l'arislocralie , M. Dumolard fut, pen-
dant quelque temps, le jouet de beaucoup tl'évé-
nemens et courut des dangers dont il sut tirer
quelque gloire. Nommé secrétaire du comité de
sûreté générale, il y rendit de grands services
aux siispecls; de là, il passa chef de division au
iiiini^tcre de l'intérieur, puis secrétaire du mi-
nistère de la justice, et eiitin commissaire du
Uircijloire prc^ le Iriliuiial de i a^satiun. On cite
ai 8 MÛOIABS IIISTOMQmS
ces diffcrcns emplois, pour montrer que
guignon n'était étranger a aucune des
sances qu'exigent les fonctions de minisiR de h
police. Le président du Directoire en parle ai
Sa correspondance t en entrant am
caractérisait un administrateur
ferme. Ce n'était pas assez poor SMjet (ff);
Bourguignon n'était pas jacobin, il 2 at
▼oyait que par ses yeux , quand Siejw
que le ministre de la police ne tSk ^m
siens.
« Bourguignon , qui n'avait que Fi
servir légalement son pays, né
mander deux fois sa démission. LSnliye éi
Sieyes , qui avait un homme a loi ,
qu'à moitié ; Bourguignon quitta ;
qui s'était réuni au président pour II
de Bourguignon, qu'il ne c
proposa Fouché qu'il crojrait miens
et , le 9 thermidor, la majorité dm
nomma Fouché , persuadé qnll ne
plus Thommc de Sieyrs cpie Bourgui
Cen intrigues sont i^^ins intérêt
mais cllc!i rarartcrisent IVsprit de Tépnque H
les acteurs qui jouaient les grands rôlem. Fav*
elle, qui rcmplara Rour«:uignon , eut llnjnrtke
TOUS PH ABOnVBf. 910
et la sottise de dire , dans nn écrit de ^a main ,
• que l'honnête Boui^ignon éttit tQD^4^-fitit
au-Jessous de sa place. * Si Fonché a Tonln Un
par-lk qu'il n'avait ni la rouerie, ni la fsauKH,
ni l'esprit de nmw>ngQ 4ont FqhcW a donné
tant de preuves , Fouché a raison. On ne dis-
pute pas à Fouché son savoir^fiùre; mais on ne
peut supporter qn^H titiklé it|M 11 {IM|»â' uiy
homme qui valait ttiiei» ^e Mi tè'i^ nW'f à^
beaucoup dire. ,-i ■^..
Bourguignon . sous le Consulat , se trouva
membre du tribunal criminel du département
de la Seine lorsque Moreau, Georges et leurs
coaccusés furent mis en jugement; il se borna
à demander une détention de deux ans.
Depuis la seconde rentrée de Louis XVIII ,
M. Bourguignon s'est occupé d'ouvrages de ju-
risprudence criminelle. U mourut sans fortune
au mois de mars 1829
thaà-
Joi«ph FMché dc««ftHm« b |
pêrc. Si tMMOé fM ■■ itMaiit ; n I
entrer asx orsiarieas î At i
lc« icicnca pbnaqvcs et b
reot bieniôc ca élit de prwtjm ^«|
maîioni de Tordre. ^^^
Le pèra Fovché ne troar* p*t ^ rél^^|
AMtiqne convînt à wa fib. FoocÙ f^ W ftnc
et K maria. H se fiu à Nantes eC csntinna ttm-
■eigner les oulliéoiatiqnes. 1^ réTot»ôin*d*n
dit l'abord , Foncfaé j prit une grande fart «■
•c faiiant recevoir dans an ctnb do jnealMn Jili
ville ; bientôt il parut aux jacolnoa de An; iV
(lélMit lixa les yeux sur lui. il le ripiah fKWÊK^
ment par une éner{;ic tonte rooMiaa ^Hl h
%ille de Lyon et le département d« la IViènaH
pcnlront jamait l.i mémoire. Ce n'cal paakili
lien (le iraciT rvsriuliuc d'un tableau qai lÎMl
une pl-ui: t>jn;^l,iiitc ((.m:» lu muMJc dca faal«R-
TIRÉS DES ARCHIVES» 221
Yolutionnaires.. Je m'occupe dur^^nw^slrft 4#Jbi
police et non du député à la Ço^f^ti^^ Oa'a
beaucoup vanté sasagacilé, son )^^p4|§f 4 » fi^^fp^aa^
cela est d'usage à propos de U^l^gemqui
tiennent long-temps en^ halei^e^Vp^f ^<¥i: F^-r
blique ; on en a même iSiit ui&J^^ipauDae d'un g^ie
supérieur , et ce sont la de çef p^irtU^pri^ dont
on ne revient guère. Peut-être ne ^-il cpiefia
et cauteleux ; mais enfin sa camèrodaji^li^qlLçe
lui a cr^é une g^i|t»tiftn.^if^^ fm^a^wui^ et
l'on ne peut s'empêc^j^ji^êlf^^yye^:
le véritable poids de la crédjol^é g/èf^^n^^
placer au premier rang des llo]9^5f.^(|uijf<^^^
rent ce ministère d^ la^^police f^^^^ckt.|e)L
bonheur. , » a i ir ^ t
On ne citerait pas fecilemeak .d'itilj^urs.iia
personnage sur lequel on ait répandu autant
de bruils de nature aussi contradictoire , de
Irails si peu vraisemblables, qi/on eu ferait un
volume, à part même ce qu'on sait de sa con-
duite révolutionnaire qui formerait seule un
tableau comme les archives des cours d'assises
n'en ont pas offert de plus dramatique.
De tons les écrivains qui se sont occupés de
recueillir ces laits sur Fouché et son ministère,
aucun, avant ce qu'en a écrit M. le duc de Rovigo
dans ses iMémoires , ne s'en était plus spéciale-
ment occupé que Tauteur des Mattlriaux pour
ftSt M^MOffMS HVfOMQini
é»è d'Offïmto(l) , non qu'il n
faits incertains, de récits oiseux, d'ani
trouvées dans ce recueil ; c'esllliabitudè despcllb
esprits de tailler des contes d'après le«r
patron sur les hommes dont ib s'érigcsÉl
toriens; mais on y trouve réunies gnad
de pièces qui viennent de ce petwnnuit \%ÊÊi
ou è iti soik eélibM , ce qui l'a Ut
Je prends Pouchë lorsqu'on iTtt
k cotte place par le IKrectoiro; le
qui changea le gontemement
la mime poMtion. Il se tourna du «Sto
parte , le flatta , lui montra josquH igmd
un ministre de b police dévoué
il ses grandi desseins ; Fouché eat iM
confiance de Bonaparte et la a
inteimption jusqu'au 15 se|
le mimstère de la police fut réuni h cJkà iak
justice.
Un des premiers actes de Fouché te Ji ftftl
arrêter les députés restés fidèles li la
il mit dans T exécution de cette
modération et des égards qui lui firent
dans les deux partis.
L-n ^ol. lo-ir ; Paris , Domerc , libraire, iSii- Oa T
Rtfgiuiilu^arlo , rauieor du QmcUère éiImMi
j
TIRÉS DIS ARCHIVES* ^±i
Foiicbé^ malgré lesCincinnatusde smi ^poquâ^
contempteurs affectés dts richesses 6i pronewt
déierininés des joies ineffables que ^procure la
vertu I secte vénale et mendiante v fqtioique fière
de son maintien d'anachorète^ Fonché, disons^
nous^ connaissait le pouvoir de Tiurgentf eida
bonne heure , à travers ces désintéresseBOiena
qui se mettaient a Tenchère , il se fit des cUena
au milieu de cette écume qui surnage a traner»
les partis tombés et les héroisiiieB^laf^ Mab U
est absurde 9 il est contre la vérité d-afirmev,
comme l'a fait M. Beauchamp dans ses Mém/mm
sUr Joséphine 9 qu'au moyen d'un storifice'lle
mille francs par jour» Foudié sût , par Ik cMa»^<
plicité de Joséphine, le détail de tout -ce qifi «e-
passait au château. Que Fouebé m aoil habîléi>i
ment acquis la bienveillance de cette princesse,
par la mise à sa disposition de quelques sommes
considérables, la chose ne serait pas absolument
impossible ; on connaît la prodigalité de cette
créole généreuse et dissipée , toujours harcelée
de créanciers, malgré les réprimandes de Bona-
parte. Mais la travestir grossièrement en mou-
chard domestique , c'est à quoi jamais elle n'eût
consenti. Joséphine avait trop de grandeur pour
s'abaisser complaisamment à des servitudes de
ce genre. Ou conçoit qu'elle le récompensa
sa4 MÉNomis insTORiQmi
de sa protection; elle n'accepta
pat une vaitalité dégradante.
Le minblre de la police diapoiait de k
des jeux ; il lui devenait facile de
pendons et de remettre secrètement
utiles aui personnes dont le crédit lai
nécessaire; c'est ce que Fouché
jours STCc adresse. Les choses les
se traitent encore ches les gêna de
avec nne grandeur qni les dépomBe
nis repoussant; mais les faiseurs
manquent de ton. • .
En même temps Fouché tenait la
Teiécution des mesores relativea
aux prêtres , aux Vendéens , au j
faisait sunreiller les domestiqnea
en place et même ceux du premier
La puissance des ressorts révolnli
il s'était résenré le secret, en^
premier comnl d'accorder une entièm
à rhomme qui pouvait employer
contre lui. Fouché représentait n
occulte a laquelle il fallait faire aen let«
en se tenant prêt à rctoofier dès qae celle
sancc voudrait nuire. Il était l'éniMCleire
plaie sourde qu*un parvenu comprend
qu'il ne saurait former sans péril et mm es
j
TinÉS DES ARCHIVES. !>St5
cesse pas d'clre un péril, quoiqu'elle soit ou-
verte. Pour se garder du côté de la carte sus-
pecte, Bonaparte imagina d'établir des contre-
polices destinées k surveiller la police et Fouché.
Le chef du cabinet, M. de Bourienne, était au
courant, par là, de tout ce qui pourrait donner
de l'inquiétude au chef de l'Etat. Ces contre-
polices datent de quelques mois avant le 3 ùivose
an 9 (24 décembre 1800).
Malgré son activité , ses agens , l'or qu'il ver-^
sait k pleines mains , Fouché ne fut pas toujours
servi avec promptitude ou fidélité. Des per-
sonnes très au courant des intrigues qui s'agi-^
taient chez les conspirateurs , ou royalistes , ou
démagogiques, à cette époque, lui i'efosent le
mérite d'avoir découvert la conspiration du 15
vendémiaire (17 octobre 1800), connue sous le
nom d'Aréna, qui avait pour complices Céracchi
et Demerville : celle découverte, assure-t-on, ne
doit cire attribuée qu'aux imprudentes confi-
dences de Demerville à Barrère, et aux révéla-
tions de ce dernier au général Lannes, comman-
dant de la garde consulaire, qui n'en porta la
nouvelle a Fouché qu'après s'en cire fait honneur
auprès du premier consul.
L'cvèncmcnl du 5 nivôse, que Fouché ne prévit
pas davantage, fui cependant une occasion pour
lui, cjuoiqu'après coup, démettre en jeu les res-
IV, 1%
TIRÉS DES ARCIEIIVES. 22^
cette cabale abominable. jPouché tin^ P^fol^ 9 .^
les recherches ainsi ^ue )a prop^dure, cpi^^r-
mèrent les précomptions qu'il avait formées.
Cependant Bonaparte avait réuni les attribu-
tions de la police a celles de la justice, au mois
de septembre 1802. .Fouchc, nommé sénateur
et pourvu de la sénatorerie d'i^ix ^ resjta v^igt
mois éloigné des affaires , non sans en repËpfp
tous les fils, tant à sa campagne qu'à J^ariji,
en conservant des relations avec les homqa^
marquans des ^ivers partis. J\ sç maintmt jifibi-
lement dans leurs bonnes gr.âces, pour êtrje^
même de les vençlre au besoin. C'était ref te^ efi
position d'être utile. Un homme fin, <Uios c^
sortes de fonctions, peut les quitter un instai^t
et ne pas désespérer^ cela dépend des bévueus
de son successeur. Il doit faire comprendre au
pouvoir qu'il est en mesure de le servir encore.
Touché n'ignorait pas qu'on le tenait sous la sur-
veillance j il agissait en conséquence, et pour qu'on
sût a quoi s'en tenir sur son propre compte.
Aussi Bonaparte ne tarda pas a sentir le vide que
lui causait la rupture de ses rapports directs
avec Fouché. Le murmure élevé tout autour
de lui par le jugement du duc d'Enghien , l'éclat
de la conspiration de Georges et de Pichegru ,
le procès inquiétant de Moreau, et la transition,
quelque peu chatouilleuse, du Consulat h l'Em-
TIRES DES ARCHIVES. U2Q
est permis de se servir de ce mot a son égard ,
pouvait se reconnaître. Le nouvel ordre de
choses lui donnait de la sécurité. Le moment
le portait h des vues de consolidation. II n'avait
plus besoin d'entretenir de la fermentation et du
doute dans les esprits; mais il n'était cependant
pas homme a reculer devant la nécessité de re-
prendre et de répéter ses premiers rôles. Il y
avait trois hommes dans Fouché : le grand scé-
lérat , rhomme d'esprit , et le misérable ; ou
plutôt son esprit avait deux manières de se ma-
nifester, suivant les temps ; et tous les hommes
sont ainsi faits. Si jamais , a partir de ce mef-
ment, police ne fut ni plus absolue ni plus arbi-
traire que la sienne , on avouera cependant qu'il
n'en exista pas de plus active et de plus protec-
trice , de plus ennemie de la violence dans
Vexécution des ordres , qui pénétrât par des
moyens moins choquans dans le secret des fa-
milles , et dont Faction, moins sentie , se laissât
moins apercevoir; c'est au moins 1 opinion des
gens qui jugrrent Fouché par sou second minis-
l( re , nouvelle phase de son aslre (jui grandis-
sait au-dessus de Thorlzon.
Nous ne devons pas oublier non plus que ce
fut pendant que Napoléon, contraint d'enchaîner
le ( onllnent pour nons donner enfin le dernier
mol (le sa pen^jée, portail la guerre aux extrémités
TIRÉS DES ARCHIVES. iSl
chef de l'Etat. Il ne s'agissaii pas îtioin^ que
d'enchaîner la puissance de l'empereur et' de
mettre Bernadote a la tête de ce grand mouve-
ment, pour lequel il y avait déjà une nombretiéë
levée de gardes nationales que Napoléon licen-
cia a son retour. L'esprit adroit, les ^andés
relations de Fouché avec les principaux pér^bif-
nages de l'Etat , rendaient fort dangereuse , à la
suite d'une destitution , la présence dé l'atKiièfn
ministre de la police en France; TeûipéJ^ifàlr
le nomma gouverneur de Rome. Disgrâce éô'àr-
noise dont Fouché comiprit le fin mot. Rëme
était pour lui le village de César; maîs^ apirèà
avoir été le premier à Paria , Fouché devait se
sentir dans la disgrâce à Rome.
Avant le départ de Fouché pour sa destina-
tion , deux conseillers d'Etat , Real , Dubois ,
préfet de police , se rendirent dans la rue des
Saints-Pères pour enlever certains papiers qui
provenaient du cabinet de Fempereur. Sous cette
rubrique , ils se seraient emparés du reste. Le
disgracié senlil rinlenlion et joua serré. Il ren-
dit quelques papiers et en retint quelques au-
tres. Ce refus excita la colùrc de Napoléon. 11
y avait un ordre (rarreslation au bout de cette
cormulic. l^^ouclu; ne perdit pas de temps; il
s'cloiijçna de la France ; mais il y revint presque
aussitôt, olîVant a Tompercur, iacilc a désarmer
a3a Hiaonn uitobiqi»
dte que l'on capitolùt ht ses maiiittliiiw, .fjt far
xançon de U liberté qall ridanôt, (la l^,l^
vettre le reste des pepura. FoulIiô t irut
quille diDS U TÎUe d'Aïs , ju>qu'uui ^r^mi
nemeni qui précédinat ci suivîrcni le np)
des Boacbons en France. Le *2U tnen Int 6i t
vrir de aonveau les paiU-« lics Tuilenc*^ il 4
réinstalla dans le «ûrâtùn: de la police j
la bataille de Wateriooi (|ui inncba de h 4
tinée da Bonaparte ao f refit de U iÀmilli t
Une commission fat cr<êe pour inûters^tcl
alliés; il en fat le pcéaîdEiii: il prit de* s
pour prédpiter le départ de ion anôea 1
qui» ditHm, sons lo coap d'une iiupifaùM <
soldat, réclamait atec insuacc qu'on U t
se meure un jimr encore ii U lêic Je tu
fiançaise en qualité de (cnéral eu clkcC, '
qu'il était de courpaner u gloire militaire p«t|
dispersion des armées cnucmic». FaecW j
laissa point Napt^éon en repot qu il ne tj^
contraint h t'eipalrîer au plus lile. Les 1
de Napoléon n'aboutirent qu'Ii le faire l
entre les mains des Angbi^.
On peut reconnaître le 1 .11.11 tire de Foocké l
la conduite qu'il tint dans rci tircoDstanco- 0
paraissait approuver, en conseil cl en public. 1»
principes et les résolution» de ses collcsoo^ Lfi
_^^^^
TIRES DES ARCHIVES. â33
démocrate fougueux semblait rajeunir; il prenait
part à des déclarations de principes, comme s'il
se trouvait encore sur les bancs de la Montagne;
son zèle patriotique enflammait 1^ assemblées ;
mais en particulier, c'était autre chose ; dévoué
en apparence à tous les partis, en réalité dévoué
à lui seul , il flattait royalistes et démagogues, et
les abusait tour a tour par de faux épanchemens,
de chimériques espérances. Il parlait de Uberté
aux républicains; de gloire et de Napoléon II aux
bonapartistes ; de légitimité aux amis d^u rpi; de
garantie et de paix générale à ceux qui crM-
gnaient les troubles et les agitations, e^^ parver
naît ainsi à se ménager de tous côtés, en cas de
besoin, des appuis et des chances favorables. Il
ne poursuivait qu'une pensée, et cette pensée le
concernait.
Le roi à son second retour conserva Fouché
dans le ministère; tant d'intrigues étaient cou-
ronnées ; mais la place n'était pas tenable , et
celte association hurlait. Il y avait une ineffaçable
date de sang h son front, que les Bourbons ne
pouvaient saluer sans ignominie. C'était salarier
trop cher riiabileté que de la tolérer au prix de
celte lionlc. Robespierre* eut été plus concevable
aux Tuileries que Fouché; car le grand monta-
gnard avait du moins porté répilhète d'incor-
ruptible. Enlin, vers la tin du mois de seplem-
des ecrrnias q« De le
nia» s^amosciit à coaposer des
satisfaction des enCtns et des
hommes en batte à TanimadTenioa
prêtent â des croyances de serrantca.
bouille phlrinf-nt toute leurrie,
fait de I» vif tlrn rois, des reines et
leur pnUaiit «1rs crimes imaginaires,
^C)Kiy»anl ^rossii.Tcmcnl les moindres
êOmk
TIRES DES ARCHIVES. 2ùS
leur existence. L'histoire, chez nous, est gêné*
ralement écrite par des ignorans, d'après des
récits d'aveugles. On ne sait pas éclairer ces
ténèbres en prenant le cœur humain pour crite*
rium et pour fanal.
Il ne suffit pas pour le but qu'on se propose dans
ces Mémoires d'avoir peint le duc d'Otrante sous
des rapports généraux d'administration et de po-
liticpie; on doit donner aussi une idée de ses
principes en matière de police, et de la marche
qu'il dictait k ceux qui se trouvaient sous ses
ordres pour leur conduite personnelle ; c'est ce
qu'on trouve exposé avec clarté et justesse dans
la circulaire aux préfets peu après sa nomination
au ministère; elle est datée de Paris, 30 brumaire
an 8.
« Citoyen préfet ,
« Vos rapports avec la justice sont intimes et
nombreux; les relations qu'ont entre elles Tac-
lion de la police et l'action de la jiisficc se tou-
chent rcellement; elles semblent se confondre,
Sans cesse elles concourent aux mêmes actes.
(Combien cependant ce concours est loin d'être
un accord ! Eiilourée de formesqu'eile ne trouve
jamais assez multipliées, la justice n'a jamais pu
donner a la police sa rapidité. La police, affran-
chie iW presque toutes les entraves, n'a jamais
356 HKMOIUS BUTOUODII
eiciué,daiuUjuitice,M«lAntMnïli _ _,
(|u*ellct M font ttDtnellenMiit. la wcîmW^
MOTent k l'on et k l'aalre. On wyJfc % h
police dlnqniéter 11iiiioceac«, k h|hrfiiiîiiM
UToir ni prévenir, ni MÎdr le criaiLlMM
qu'elle a été (Uni la msin Hes roU, la polw* i
paHéploa Jiénéraleniebi pour un instrameal^a
detpotîsnie; la jmtiee, parce qu'elle est ra^M
par la oi^nea dei Idf , a paru sonvcai ^^tKtt
dam lea» obscurités et Ican contradklîaM.
Chei certains peuples ombragruxà l'eseta, j»-
loDZ k l'eufes de leur liberté , on a sacrifié h
police à la jostice; chez d'aulru peapici. jUm
impatiens d'âtre tratni-s avec lenteur daw ta
formes et dans le labyrinthe de tant dabit.M a
fiiit de la jnstice die-mèmc une police.
N Qu'on porte un ail allealir sur las Isea t*
sur les momens de leur action , on |iëib— i^ qeo
la jnstice et la police ne pcuTcnt exister, pov W
Téritd>le ordre soôal , ni l'une sans Tanlf*. d
entièrement confbndnes l'une avec l'antre^-
Les momens qui précèdent les arrêts de la p»
tire, et les momens C{ui la latvent, aool ém
momens oùla joslice ellc-nii^me ne dmt pas S|ir,
et ces deux momens appartiennent à l'actiaei*
b police. C'est la police qui , ayant parloal i»
regards et des bras, peut riire arrêter les f«a-
pablea partout où les crimes pcnvn» ètn CÊm*
TIRÉS DES ARCHIVES. 23?
/
mis; c'est elle qui, disposant, pour maintenir
l'ordre public , d'une force armée supérieure à
toutes les forces qui peuvent le troubler, a tous
les moyens , et de mettre les prévenus sous la
main de la justice, et d'écarter ou de vaincre
tout ce qui s'opposerait a l'exécution de ses ar-
rêts Ce que les ordres positifs des lois vous
commandent le plus impérieusement , c'est de
ne tenir aucun citoyen sous la main de la police
que le temps strictement nécessaire pour le
mettre sous la main de la justice. Les lois font
elles-mêmes quelques exceptions à cette loi^
unique garantie de toutes les autres* Ces excep-
tions rares et bien déterminées , les lois les font
comme a regret et presque avec effroi; si nous en
ajoutions une seule , nous ne serions plus les
magistrats de la police, mais les agens delà ty-
rannie Pour toutes les arrestations et a tous
les instans , des ngens de la police doivent donc
elrc en état de produire les preuves écrites qui
constatent le moment précis oii un citoyen a été
arrêté , et le moment précis où il a été déposé
sous la garde des lois. La société tout entière a le
droit, a cet égard, d'interroger, et le ministère
de la police , et les préfets, et tous leurs agens.
IN 'oubliez jamais combien il est dangereux de
faire des arrestations sur de simples soupçons ;
songe/, que vos actes, alors même qu'ils seroiit
Hé wwyfa par la juSm i
pMccqa*ibbvMart4li i
« Cm vaut <ic lliainantlc , préaeotéa p» h
fliiltlIfMi 4e k France an pnJMwKW cl m
JÊf/m é» fBMWpe , ne st«t pam d« itat pv«4
duMle Afùmtàf6e ùm Wt; ib le «oal «bat li
c««r é» fbàa cen ipri •erretit h répwWiyr. G
n'cit pM lenlement ât la mcnotlre rigqev lia^^â
am rigaetm indUpAnutblr!» pour l'exécwUoa 4b
Imb «t dei xrritM de û jiuUce que ooaa aeriMi
coMpaMtij DOttt k aerioM encore ■ mw^
tenférwna pu cet rigonas par tan ka afl»
ciaaenaas qu'elles penrent receroir. •
D était difficile, en présence de la iealAc
ficelé é. bien mise en Imnièra dam W
nien pangnplies de cette circulAire
rielle , #éublir des princîpei de cimdwtc
propfea & guider les autorités de U police
rexercice de leurs fonctiotis pr^veatnes. L1
sUcle pernstait ; mais H était avoué
rare, et qui doit, si le progr^ n'est pas u
songe, conduire les riprili i rhtirrWr la
pM^le t par des méditatioBs n«WNlM{
TIRÉS DES AHCinVES. ^Sq
lion infatigable des autorités, qui nous doivent de
se retirer, ou qui doivent s'écrouler lorsqu'elles
ne veulent pas y souscrire. Si Fouché eût porté
cette dialectique lumineuse sur toutes les parties
de Tadministration , et, par conséquent , appelé
les consciences de ses contemporains à de fortes
études, si nécessaires dans les temps de gouver-
nemens représentatifs où toutes les traditions
vraiment ascendantes sont noyées dans le cou-
rant des médiocrités mercantiles, nous oublie-
rions volontiers la part toririble qu'il a prise
dans Ihistoire de nos troubles, pour ne décer-
ner que des éloges à sa mémoire.
I
cH m Jua-v
10 Ifliun MM. — U finxrr •«!•.
M. DuMf , pmnicr prikl éi Mot. — Sa ■
fecum. — Soiùt qn*» A h Mie atfi
■rréléi MT l« MTttee . — OrAoam
nld|Mih. — en ■ prMat éan W ptKn p
p I. — I n -- *•-'- . "■naa -
— cU lo. — I M^imiMi àm G>f fc -U
■nll de >M prgnkr fn— I- — m^m^^
la p ï da pi -. — i »c-lof«I. — AOUr * NAa. -
RMraHe de M. Oabob. - ■ ni., wcr^iabc «Imt*!. .
■te -
1
M. Diibou fui nommû îi h préfecisTe 4fg
lice le 21 meuidor an i'I, 1c mètne jour ^
Foacbé à la police g(^a<^ralc. Avocat et |ir«c«-
TIRFS DFS ARCHIVES. 24 1
reur au Châtelet avant la révolution, on le choisit
a Tépoque de l'organisation des tribunaux en
1791, pour présider le tribunal criminel du dé'
parlement de la Seine; depuis, il a rempli quel-
ques autres fonctions.
11 apporta du zèle a l'organisation de la pré-
fecture; les connaissances qu'il avait acquises au
bureau central l'aidèrent en ceci. L'importance
et l'utilité de cette nouvelle magistrature déter-
minèrent le premier consul k en étendre le res-
sort aux communes de Saint-Cloud, Sèvres et
Meudon. (Arrêté du 3 brumaire an 9.)
M. Dubois régla par des arrêtés particuliers
les divers services et les bases de la comptabilisé
très compliqué^ de son administration.
Par l'arrêté du 30 germinal ah i% il fixa les
frais d'expéditions des extraits d'actes «ur papier,
au timbre de soixante-quinze centimes; les bonis,
après le prélèvement des frais de timbre et de
papier , devaient servir aux pensions des em-
ployés vieillards et indigcns placés k Chaillot
dans rinstitution de Sainie-Périne, ainsi qu'aux
frais et dépenses d'un conseil particulier qu'il
établit k la préfecture, et aux gratifications des
employés en activité. Le service de la Morgue,
assez négligé, fut réglé par un arrêté du 12 mes-
sidor de Tan 13.
Il fut ordonné que ce service serait fait par un
IV. a.
ronciorgi» , un aiili* «l un liommc tlp peine ;
leurs trailenn'iis l'iinMil li\»''i.
Lt! ron«:ier:io ilut li*nîr «U'iix ri'iziilrr* ou *p-
raient inscrits, jour ^mt juiir, les tiidiTres jp-
portés à la Mnrj^ur, It-ur il('*^iunati«»!i air^n qu«
celle tlii lieu oit iU auiaienl vlù trouves, lei
causes de mort présumées , rautoritc qui en ann
ordonné l'envoi a la .Mordue et la date dcLaMT-
tie du cadavre; mention devait cire faite àt U
reconnaissance ou non des cadavre*. Les tctc-
mens des cadavres , reconnus ou non , ëUicot
conservés par le concierge ; il n'en dtfpoml
d'après l'ordre du préfet. Ln double dn
de la Morgue est remis à Lt préfecinre de poliot
Le traitement du concierge fut originaîrcaeflt
fixe à !2,0U0 fr. ; celui de Taide à 1 ,9U0, Hctim
de rhomme de peine à 5(J0 ; ils n*oiiC peùK en
d'augmentation depuis.
Ln arrête important de M. Dnbaîs fom rf-
glcr la comptabilité des dépenses de U
ture est celui du 3 vendémiaire an 1-1. Il
(r que, chaque année, Texercicc de la co«
lité sera liernic dans les trois mois qui »niTeMI.
en consé(|ucnce , rarcliilecte de la prciiedMt
et les rliefN do ser\iie« tant a l'intérieur fa'^
I'extérit!ur , sunl tenus de reniettn^ au s^citU-
ri;it de* la prclLM liire , pendant le courant éi
prrniirr triiiu>tri* de l'anm-i' , tous le» méawtrfi
TIRÉS DES ARCHIVES. ^'^
rectifiés et réglés cmî i^estent à produîrb pout les
4épe;nses de.l'amié^ précédente. > : . / li . 'it
fr Tout mémaire q^i oe ^i^ît pfii' pnéimté
dans ce délai est rejeté et lais$é ftU ;C#llipl0 de
celui qui aMrait négligé de se préséntet...»! <1
Par im arrêté du i9 septembre 4806^ M. Af*
1)918 avait réglé, que les /effets trouvés sulr It^^e
publique, abftndoniiés, ou déposés cbc^ilésûotn*^
x^is^aires de police et à U préteotuye » MWtiiit
annoncés dans les feuilles ,publiqiiesQl*livré»îMX
réçlajpatans >qMi JnfltilP^r^)^^ A^ kttf^)^^
m^,q^eJsi, au,bQ^^i4^;^fl» <^ f^tojV4l^^
pas réclamés , :i|s %^miÈii ^^^k{9^^t. pMMMkps
qui en i^Mrfd«ni^ le 4ép4tf . . 'j^:Mru»»
jlj'^sage de jrjipn0t«reil#s;4sl^ iré6ililil4^>à
pew.qui Jks pnt dépol^s^^i^ttft le$ mîisQiaiidMt ,
:^ést so^tettu ; msds Vannonce da«s les î^Ut^aipc
esttoinbée en désuétude; on a cru cet assujettis*
sèment inutile et sujet a quelques inconvéniens.
L'inconvénient contraire qui résulte du silence
de Tautorité nous parait beaucoup plus grave.
En général , la police est organisée sur une baie
étroite et parcimonieuse qui Fempêche de rendre
lUie foule de services et ne lui permet que de
faire sentir ses vexations ; d'où TelIVoi vulgaire
que son nom nous inspire. Le mot de police, là
lui seul , circule toujours avec une acception
désobligeante.
a44
iki poUca de la Cwwrièw,«tt
1m dwvaax «t aaMiMK truw<i ^m<
tion oa aiT<!l^B pir mesure de nhreté , fal f
d'nn arrêté du lit mnni 1K10.
Dans rordoiinafice du 9 floréal m S. le p
lircscrit les rifgics et les formalités paar h!
dei cadaTres, k l'usitpe dei instriiclioRi ji
Il îridH[Ue les priïcautions pour doantf 4ei W-
coare au\ gens rcliréa de la riviti^re et ^m 4an*-
raieot signe de vie. Les frais exig^ a b t
empêchaient souTcnt de réclamer le* c
' par un article de son ordonnance, M. I
'<Mi frais h la chargn de la préfectvre. ACa #<•-
counger les hommes de hvitrt! k vflnraa *-
'-«ours des personnes lubmer^ée* , U réfilt ^'3
• serait donné *23 francs de rtfcompcaa* fe« k
Tep^cliai;e d'un individu vivant ,l5pair a^i
ll'un cadavre , et 5 pour la visite do lUiaifiBi ^
■ ■officier de santé (|ui constaterait TéUl •■ a^-
■ninistreratl des secours; ces frai» fTMt—iyfc
-Bur U caisse de ta préfecture' et ■oUMa4'ifll*
le procJ»-verbal du cominiMaîre de palicc i*
pareils ré{:lemens, dont l'ulihté m i
■ans c]ue j'insiste , devraient tlr« pl«» i
(ju'ils ne le sont , afin de prévenir an pl«a ffmi
nombre de rapacités subalterne*. Ce ^mt n*
îçnorc le plus parmi aoos, c'e«t ce qui r^b !•
raille et un faits de la vie courante. A cfca^
_3
TIRÉS DES ARCHIVES. ^4^
instant et pour la moindre chose , on se croi^
perdu dans une sorte de dédale; et les spécii)ia*
teurs tablent sur la peur générale d'avoir afi^e,
avec les grandes autorités pour tondre le piol^Cç
jusqu'à Técorcher..
Le préfet s'occupa de perfectionner les éta-
blissemens de secours pour les personnes su^r
mergées , établissemens qui dataient déjà de
i 772 y mais qui reçurent depuis de nombreux;
accroissemensy trop contrariés par l'ignorance
publique et les bouleversemens admipistratUs.
L'autorité ne fait le bien qu'au moyen de ladur^e.
L'ordre dans les halles et marchés de Paris
avait été négligé sous le bureau central j M. Qu-
bois y préluda par des ordonnances de p(4^cç /lu
23 prairial, 1^^ messidor, l^'' fructidor, 26 fructi-
dor an 8; 6 vendémiaire, 13 brumaire, et 8 fruc-
tidor an 9. Les améliorations successives intro-
duiles dans celte branche de l'ordre public
présenteront long-temps des lacunes dans Tab-
sence d'un système régulier qui saurait se suffire k
lui-même. Mais le reproche que je consigne ici
doit se reproduire dans toutes les branches de
l'administration ; l'administration est une science
dont on ne semble pas encore avoir bégayé l'al-
phabet.
La police de la rivière, tant sous le rapj)ort
de la navigation que pour la sûreté des marchan-
r tet ports rt la tettuR des I
i'Aes réglemei»; ce fal l'objet (
I da pr^el en dale du 2R genanal , m
jirf^'teâipl^ninitaire an 8 , 19 hmaum, 4 fri-
BÛn* ^ TcntOBC , 5 Oort^at an 9.
l/«Molinancc qu'il rendit »nr le* carntnaaa
S'VMttl9can9, en rappelant les anoïKi ii^t~
ÈÊàaâ Mr la manière de lo exploiter «an «^
^fiblÉMttre la sàrett' ptiblirpe . réprum p«« ■
tttf^ les abui. Mai) c'est d'oae cooeCflM i
|iAM inr l'ensemble que peut Mmlamcnl rtarftal
llfâiAeroent régulier de» objeU de dAaaltiit
èUfté conception n'est pai soMîe jtmpi^ prtfisc
Jw OBTreaax adminisiralils; ils vmBta>J<Mrli
jfttf «t sur des roatînes.
' 'tt^lVuboift, par un écart de tble Mtt<CFa«|e,
jABnitla pliu sinjïnUèrc ordbnnanc* . Vc ^ft bn-
I an !f, cl dont les modfii parahiaët Un
[ Considérant , y ctt-il dit , ^Él ki
t travesties sont ttposétt b «fte HSlii
dtf Éttagrémona el mbne aux mjpriMa As ifl»
de h police , >i elles ne «int naniea ^mmt ^^
riattibn Hpécialt- ; celle qui détirera dt lluè^^
aSfin devra s'adrc^wr à ta préfeclata ée fdN
pouran obtenir l'autonsation ; tonte 1
guisée t'ii liuiumc qui ivra Irouvtfttfl
permission sera arK-lée et coBJiJle ft |
tore de police. »
TIRÉS DES ARCHIVES. 347
La grossièreté d'une pareille ordonnance , et
ringéouité de ses motil's sont assez palpables. En
France, pays de liberté et de galanterie, du
moins à ce que nous avons la bonhomie de dire
nous-mêmes à tout propos, interdire notre cos-
tume aux femmes et commettre des agens de
police à veiller sur l'exécution rigoureuse des
cas de tolérance, c'était plus qu'impérial; sur-
tout lorsqu'on sait qu'une fois la nuit venue , et
pour circuler à son aise en échappant à la licence
des manans , le costume de Thomme peut être
un porte-respect pour les femmes isolées. Cette
grossièreté a survécu dans nos mœurs. L'ordon-
nance subsiste encore.
La répression du vagabondage et de Ja m^n-
dicité , que l'on confond si mal à propos l'un
avec l'autre , éternel écueil de la justice , occupa
M. Dubois. Le vagabondage fut moins libre, la
mendicité resta la même. Ledépôtde mendicité
se trouvait insuflisant.
L'événement du 3 nivôse éveilla l'attention du
préfet sur les étrangers qui pouvaient trouver re-
fuge à Paris. On eut recours aux anciennes lois ré-
volutionnaires. Peu de jours après la catastrophe,
on remit en aclivîlé laloi du 27vontosc .in-i qui
oblige les propriclaires ou principaux locataires
de faire leurs dO cl ara lions li la police.
Quelque habile <{uy fût Napoléon pour tendre
*4> MNOaCS BISTOMQIIB
des pièges k ses ennemis, on ne pc«t fW
ncr b part qnll eut dans tontai les
(firifées contre Ini. Cétail encore dt h
mais sor on antre terrain. Les VÈMommé^Yi
ban ne 8*atifisent pas qne sor le chsflip et
Le S niToselet trop dangereux ponr fcenr fA
en ait été Hnstigateur, malgré le
tira. D n'en a pas été de même de
périr Aréna. Le piège est évidsBt
homme impartial. Le premîar
Aréna mortellement, et n*en
détesté. Il connaissait, en outre, ks
podtifr q.e romentaieni les teipis «t ki
glais. Une petite terreur pouTmt,
constances, avoir son mérite pom
grader des tactiques inconnues. 1h mml te
dépêché près des principaux jscslim
sonder. On a sous h main tout e^ fffm
dans tous les temps, quand on saita^
et faire un chois ; d'autant que In
un registre de coupe -jarrets a
qui, pour un peu d'or, tueraient
l'aYoir dévalisé. On jeta donc les
officier, capitaine ii la suite de la 45^
gade , qui n*était point en activité , et
cette raison , semblait mécontent de
ment.
Instruit de son rôle; , les uns disent par F<
TIRES DES ARCHIVES. ^9
ché , les autres disent par Barrère i (et c'est la
version la plus accréditée : on verra pourquoi!)
Harel alla trouver le préfet de police, qui lui
donna des indications et mit k sa disposition
tous les hommes dont il pouvait avoir besoin.
Harel avait connu un nommé Demerville au
Comité de sûreté générale de la Convention. Il
lui rendit visite. Â la suite de quelques plaintes
contre le nouveau gouvernement, Demerville lui
fit entendre qu'il surviendrait tôt ou tard quel-
que changement favorable aux patriotes. C'est
l'éternel lieu commun des partis ; mais il prête
à la provocation par les excellentes dispositions
qu'il prouve. Que l'on me donne un enthousiaste,
et je me charge d'en faire un assassin.
Harel revint voir Demerville , ne manquant
pas d'insister chaque fois sur ses opinioDS cl de
faire tomber la conversation sur un changement
futur du gouvernement.
Les choses en vinrent, suivant Harel , au point
qu'il fut question de tuer Bonaparte lorsqu'il irait
au spectacle ; déjh même un grand nombre de
gens prenaient part à ce complot : la fournée pro-
mettait. Suivant la police, Harel aurait seule-
ment fait part du complot h un agent de police,
Lcfèvre, son ancien ami ; et ces deux hommes se
( onccrtcrent pour faciliter iiux conjurés les
JÊto MiabUmiatiàÊtitm
xbàféàt ifttéaiiéé Mut'HuMUf m i
iM ànukcfidHiier «ir les soiles.
ÔÀ temptiènd ée qoe ccb 'veat dire ! B csti
éktà lé nni^d^ent de police d'iHre s
k lAAEndpe cfaMé p<!nttre dans la
ôrile. I/homÉtt d'un ageni de poUc* aaéfA
dé «hM» ^1^ ft'yl r^irda pu ds ù pcte fpw4
■iM nmitaftpluucura fois cbes I
QfMnilàoilni-ci de lui procurer i]aitn
• àfeaokvnirvprciidrc. UenaH
• aMt; U. Uuhou In kù «ÛA ft
SmwvîUa naïk^clquc argcni k fiUrd |
# •! a^ttjrer toute* U» |
Dentmllu ne voulût i
t qoe pir . la boune; mais
p«ur 1^ BMltre par U tt)t«. Harel c
Fllfl Ur4 Aud «e trouvant chcx 1
pour lia deniuMcr encore de l'u-gent ■
cbatar àm anoat (i-t ce fiit le méinoii* It |
lônri^ c6llùiw Ibiën on penic), y rencoalrtl
racchi, •calpten^ dUtin^^i j que l'on roa
Caaova ^W te talent, .lyant CtgurJ i
en ITÔOparmi les partiians rir U rfjiiMifai
rnaûi*/ depuis quM ri^aidail ru Fnnce, B
parte Pavait choisi |)oiir luoJ'Icr koo iMUe.
On avait annonci à UciiurviH*: qiie N» #/«r
devaient «ïtre joue» iil'QpiintJl
et qvie Bonaparte s'y réndhut. Il en UtéirbMi'
promptement Harel, en M dièant de* préi>afrér
totif don monde et àtk airûéi poufr dé |à^r-lk«
On rapporte que Bërti^ànd Èàtitèiêe ,' ijyton
retrouve partout loVscjitt'ilf "s'âj^t cfé battre dtôh-
lïaie sur les têtes, titit tbei DëitiéWfller, stveé'
lequel il avait eu des liaisbi^r. BaïU^è se' pt^-'
tait à Pespionnage d!e FôttcM. |Nl^t!M eëpioh
ne doit pas plus étonner qué^ Fmfcfaé itfiiibtrtf
de la police. Il était très piùpte » tlétMûét ié
càk'attèré ââibigu dû mlnirfÛ^^ daM^M iilàitéà
de éoiispiràtions. Vknàtikéti âé h ^îlfo-
tiàef était là daâs rfa s|rétialité. É^e^eWilIe,
plus sensible qn^un corhspi^téàr hB* ddSf Y^é ,
lui ccrtideflfe dtf nèf p»é aBëf « POl^érâ , cjftfîl y
aurait du trôûblë , que l'e sj^ectàéle pbuiirait être
cerné. L'état d'agîtaiion de Cemerville éveilla
les soupçons de Barrère qui se connaissait en
complots, pour en avoiiî' fait sans s'y mettre. Il
fit part de ses inquiétudes au général Lannes ,
dit-on, et vraisemblablement hFouché. Le lec-
teur décidera, d'après lui-même, sur ces on dit.
Le faux doit se rapporter de \ingt fanons con-
tradictoires, et l'histoire, jusqu'à présent, n'est
que le registre des mensonges.
Les quatre hommos fournis par Ilarel se trou-
vèrent le 18, à deux heures, au jardin des Tui-
leries j Harel les attendait. On commanda le
TIRÉS DES AR<2tllVi;S. a53
posés au greffe du tribunal ; il fut aisé de meU
tre sur ces listes les noms de ceni ijne Vwk roulai
y Tneltre.
On comprend surtout que l'utilité spéciale de
ces jongleries politiques est de se défaire des
innocens qui pourraient être dangereux.
Napoléon voulait d'une pierre frapper deux
coups. En taillant le complot lui-même , il met-
tait le génie de Fouché en alerte; c'était une le-
çon que le maître donnait au valM, en même
temps qu'un reproche pour tenir m ferre en
haleine. La haine se lève et frappe les gnM^es ca-
pacités qui se permettent ces jeux infimea ; le
mépris tombe sur les hommes de ^rieÀ' ^ui ies
secondent. i <- >•
Le procès de ces malheureux^ n^était pas ter-
miné que l'affaire xlu 5 nivôse offint la preuve
d'un complot réel contre le chef du gouver-
nement y c'était a se perdre entre le réel et le
faux. On accusa la police d'incurie dans l'exercice
de sa surveillance. L'affaire de l'Opéra^', donnée
pour l'œuvre des jacobins , dirigeait principale-
ment les recherches contre ceux-ci et donnait
beau jeu aux royalistes.
L'agence royale avait à Paris ime chouanerie
qui dévalisait les voitures publiques (i) et dont
(i) Voyez le chapitre de la coiilre-police.
a54 Mhm
Je pMM lies déiMb da cette aAi^if
CMM ifm l'iwlire .^faiMMNN^-AflÎMu
nue foule dvcnU coDlomporains.
noiLiporte, qui mirait ilû iueDi£e«lcr ^ «f
. snécoQlcnlenuDt contre M. Dubou et le éa^
toer, lo cooftcrra. U craignait vraîsemUaU^Mt
lie iÀira nn pU» mauvau choix , oa à» aMTe
M. Ditboi» k mùaiË de livrer qucl(|uee-«M it ^
mauviifl wcrcU <loul un pr«Uct de pe&9 p^
cD»qu« c»t touJQura le dcpiuilaire. L« pMHV *
-. souvent tlci affairett v^reue». Le prcmï^ cav^
ponMiL, en mettool on aalre homnM ê «fiiff.
que Ici fiU de 1.1 police auraient clé j
Itis rentejgncmeiu. perdus. Le
louraer k l'AccretHement da mal.
remplaçant à M. Doboia dani les léÊUKU^H-
lait le prendre à la courtc-pùllo.
La conspiration de Georges CaUowU, Ql)|^
gm, Morcm ot divers autres, décamn^^^
mois de pluviôse an 13, fut un autre d Md^
tant sojet d'occupation. De nombreoH» nt^fh
i;hcs ru furent la suite ; elles se m u 1 1 ipHrrnf ^
n'eicilérentcepeDdanl pas les plaintes et
d'autres époques, dans de semblibleié
soit que Bonaparte y mit de la niiKlérati«
que la nicceuioa des tfvtoemcos 1
TIRES DES ARCHIVES. ^55
Parisien aux visites domiciliaires. La servilité des
peuples est la raison de l'insolence des pouvoirs.
Chacun son tour.
Fouché n'était plus ministre de la police i les
fonjctions en avaiient été réunies à celles du grand-
juge, ministre de la justice, Régnier.
On a lieu de croire que le parti qui avait
échoué au 3 nivôse fut TauteUr, le soutien et le
provocateur du complot qui échoua de même
trois ans plus tard. L'abhé de Monq;aiUard a
prétendu que le plan avait été conçii pw t'évéqne
d^Arras , <jhef du conseil du cotnte fl^rlois,'qui
déshonorait un aussi noble emploi par déi pro-
jets fui^holnds et îASemés. M. de taûtié M fiil
que Torgane des émigrés et dti ftu^rneirtettt
angiats, tiéeidés; à qtiélqûe prix i^è 'M fût /à
se défaire de Bonaparte.
Une pièce importante et digne de l'histoire
est la lettre qu'écrivit Moreau h Bonaparte pour
sa justification, parce quelle constate certains
faits et révèle des circonstances dignes de re-
marque. Je vais la rapporter, sauf à m'écarter
un instant de la biographie de M. Dubois. Les
choses importantes, arrivées dans le voisinage
d'un homme vulgaire, font tout le mérite de sbn
histoire.
.a56 MàKMus ■iswiaignai
La tMnl «MMU M fMnl ImipiWi. ftMl»«H^*b
« Voilà ImiitAl an mo» que je st
• cauufte com^în de Grorgn et lic
■ ai ja MMa pea^tn décliné à Tenir I
■ per dawit les tribntittit «lu cnna d*)
• Il la tinU da l'EUl et du chef da
« OMOt.
« J'étM loia da m'ailendre . apria
« Invani h HvoiatîoQ et b goena , «taf
« <hi noÎDdra cipcocbe d'inâviioM H ^aafti-
■ lien f «t MTtoat quand , à la l<ta 4a
• aniflaB wtoriaaaai , où j'annù aa lu
« da lia aatîifinn , que ce ferait bu
aa wnpla particulier, occupé de
I, atTOjantan très petit nombre d*i
■ qu'on vlBi m'aecner d'une pareille folie.
« donto qaa saa ancienne* liaisons jvec U
■ néral KAt$ni ne Miîent les moUb d«
ttaâ,
1
■ Avant de parler de ma jutliScatioa , |
« mettes, général, que je remonte i U >■■
tr de cette liaiaon, et je ne doute pas de i
Tllir.S DES Ai;CHIVr-S. 25^
« con vaincra tjiu; les rapports qu'on peut conservef;
« avec un ancien chef et un ancien ami, quoiq^uç
t( divisés d'opinion , et ayant servi de^ partie dif^
cr /(frens . sont loin d'être cridiinels. ..
(< Le général Pic^^ru jvut pre|idre|e cpm-
<c mandement de l*armée du; No{d vx com-r
<r mencement de l'an 2; il y avaS^nviroi^ six
« mois que j'étais général de brigfide} jejrem-
tf plissais par intérim les foactioi:^9^ de diTÛôi^iH
« naire. Content de quelques svtccès ^^1^4? meii
« dispositions à la pr^mi^e<|l<^u^^ 4^r«na^e»
<r il m^ob tint très prQmpteinçn t ^ giçf^e qite iJQ
« remplissais momentanément., , :,^ . , ^
<c En entrant ^n, campagne ,, il n^e do^cma le^
« commandement de U .m^ifiév^e; l^rfçi[^(^2 je^
« me chargea des qpératiqnf^^l^ p)ua ijEoppf-:
« tantes.
. ' . . . •
^ Deux mois avant la fin de la campagne , sa
<r santé le força de s'absenter : le gouvernement
« me chargea , sur sa demande , d'achever la
^ conquête d'une partie du Brabant HoUandaia
« et de la Gueidre. Après la campagne d'hiver^
(( qui nous rendit maîtres du reste de la Hol-
« lande , il passa a l'armée du Haut-Rhin , ma
V cic'signa pour son successeur, et la Convention
i< iialionalc me chargea du commandement qu'il
i< (juiltail. Un an après, je le remplaçai à l'armée
V (In lUiin. II lut appelé au Corps Législalil , <ît
IV. 17
• I
t
258 ntuonits
alors je cessai d*aToîr des rapports hi^
aTec lui.
• Dans la courte ca^payn^ de Taa 5, i
prîmes les bureaux de TéUl-inajar de Fm
1
■il
iih
ennemie ; on m'apporta nnc grande
de papiers que le général Desaix ,
s'amnsa a parcourir. H nous parvt ,
correspondance , que le giméral
eu des relatiem arec les pniices
découterte nous fil beaacoap dt
à moi parfîdiK^esieiil. IVons coQ^tmMS dt
laisser en oubli. Fkkefru, aa Carps
pouvait d autant moins naire k la
bliqne , que b pus était assurée. Je
moins des prédations pour la
mée rehtivement k an espionnage
lui nuire. Ces recbercbes et le
aTaient mis toutes les pièces av
<f plusieurs personnes.
« Les événemens da 18 fradidor
« çaient , l'inquiétude étut aascs
m conséquence deox officion , qai
« naissance de eede eorreiposdanM ,
« (t m donner connaissance M go
« firent entendre qu'elle commençait k deva
« assez publique , et qu'à Strasbooi|[ on s'app
V tail à on inslmire le Directoire.
f JVlais ronrlionnnire public, et je ne posvi
à
TIRÉS DES ARCHIVKS, 2^9
« garder un plus long silence. Mais , safAs m*a-
« dresser directement au gouvernemetft'^ j'en
« préTÎns eonfidenHelkmefU le âir^clèût Bérthe-
a lemy j l'un de ses membres, en lé priant dé
« me faire part de ses conscib , et le ptèf^hànt
« que ces pièces, quoique àsseî {hrobafiies, né
« pouvaient cependant faire des preuve^ judiùtiirtsif'
•r puisque neh tt'étalit signé , et que pféiB^è tofut
* était en chiffres. '
jA i; h
« Ma lettre arriva ^ jifajr^ f^d'ipst^^^^l^è^
«c que le citoyçn iar(/i^I^«^^^^
« le Directoire , à qui e^eJ;^j^t jcfimif^j, W^.de^
« manda les papiers dont elle Jpij^t i«^ti€n^.
tf Pichégril fiit à Càjrehh^ / el , fle'^ift^oiir^
« sticcëésïvëmèni eiï A!tLetiïaj^% et erf ^^gIe->
•r terre ; je n'eus aucune relation avec liii. j^eti
cf de temps après la paix d'Angleterre ^ M. David,
K oncle du général Souham , qui avait passé un
9 an avec lui à Tarmée du Nord, m'écrivit que
•f le général Pichegru était le seul des fructidorisés
« non rentrés; et il me mandait qu'il était étonné
« d'apprendre que c'était sur ma seule opposition
•r que vous vous refusiez à permettre son retour
« en France. Je répondis à M. David que, loin
« d'être opposant a sa rentrée , je me ferais au
« contraire un devoir de la demander. Il comm-
it muniqua ma lettre à quelques personnes , et
TIRÉS DES ARCHIVES. 26 1
tt il m'a été quelquefois fait des ouvertures assez
tt éloignées pour savoir s'il serait possible de
« me faire entrer en relation avec les princes'
« français. Je trouvais tout cela si ridicule, que'
«r je n'y fis pas mêitie de répotise. Quant k la'
« conspiration actuelle, je puis vous affirmer
« également que je suis loin d'y avoir eu la'
« moindre parti Je vous avoue même que je suis
<r a concevoir comment une poignée d'homrnës '
« épars peut espérer de changer la face de*
i< l'état, et dé rémettre sur le trône une famille
« que les efforts de toute l'Europe et la guen^e'
•f civile réunis n'ont pu parvenir à y placer;'
« et que, surtout, je fusse assez déraisonnable/
«^ en y concourant, peur y perdre le fruit de
« tous mes travaux , qui devraient m'attirer de
cr sa part des reproches continuels.
« Je vous le répète , général , quelcjue propo-
« sition qui m'ait été faite, je l'ai repoussée par
« opinion , et regardée comme la plus insigne
(( de toutes les folies; et quand on m'a présenté
i( les chances de la descente ou An2:loterre
rr comme favorable a un changement de gouver-
{( nement, j'ai répondu que le sénat était l'auto-
•f rite a laquelle tous les Français ne manque-
i< raient pas de se réunir en cas de troubles , et
« que j(î serais le premier à me soumellre à ses
V ordres.
a6»
« ]k ptnUlM mnvteo» , fiôtM )k i«f*à» jpi#-
cnliff itoU • a'tfut tmOk cMM^imp «|||| PTt
litiaift* ni dans VjtfméÊ* dttat\mmm4^fifiitfik
ffflt Mrri aoii» mes ordrei , ni «Tec aacww ••-
^orité M^ulUuéc , ne pouvaient exiger Je ■■
pfot qa'nn refu». Une délation répnpuilirip
à q^>a caviKlitre ; presque toujonn jogèc me
sévérité I «Uft deTieDt odieuse et iiupn»t lA
sceau de r^robatioo sur <:elui qû s'en «<
rendn conpabic vif-à-Tis des penoao» » fw
OD deit de U reconnaisuncc , et aiec qvee i
ea d'anciaii&ct liniaons d'amitié i le devair
ip&iDa peut quelquefois céder au ctî <U l'wft-
]iionpabU(|se.
:« Vo^ , général , ce que j'aTaâa à ma en
PPT V* nlatioiu avec PUkfgrmj illiiiai on-
Yaincront sûrement qu'on a tînS doô
bien fiasses et bien hasardées de i
«t d'açUoiif, qui, peut-ftrc
étaiaatlaîiad'vtre criminetles, et je m da«i
pas qaa ai toiu m'aviez fait dctoander, no* k
plnpart de cet faiu, deftcxplicaiioasqaejest
aerau enipreaHv de vous donner, elles TeMaa-
raient évité les regrets d'ordonner mie dé^
tioo, et k moi rbumilùtion d'étM daaa 1»
fers» et peut>t:ire d'être obli^ d'alkr i
les tribunaux dtrt-- que je ncuiispas i
spiralcur, cl appeler, à l'appui de ma j«
TIRES DES AHGUiYES. 26'i
« lion , une probité de vingt-ciiiq anp qui i^e^'^sl;
« jamais démentie , et les service^ ytg^ jfsû -l^fi-'
« dus à mon pays. Je ne vous parlerai p<^ de
•f ceux-ci , général , j'ose croire qu'ils ne sont
(T pas encore efl&cés de votre mémoire ; mais je
•f vous rappellerai que si l'envie de prendre part
(( au gouvernement de la France a^it étékia
« seul instant le but de mes servîceiP et 4e ^ànà
« ambition , la carrière m'en a été ouverte 4'iitf€^
« manière bien avantageuse quelques instaftb
« avant votre retour d'Egypte ; et, sûremoRt,
« vous n'avez pas odblié le désintéressement qtiè
« je mis à vous seconder au dix-huit brumaire ;
« des ennemis nous ont éloignés deptris ce
« temps. C'est avec bien des regrets que je m6
<c vois forcé de parler de moi et de ce que j'ai
(f fait; mais dans un moment oîi je suis accusé
« d'ctre le complice de ceux que Ton regarde
« comme agissant d'après l'impulsion de TAngle-
t< terre, j*aurai peut-être k me défendre moi-
i( même des pièges qu'elle me tend. J'ai l'amour-
« propre de croire qu'elle doit juger du mal que
i( je puis encore lui faire, par celui que je lui ai
« fait.
t< Si j'obtiens, général , toute votre attention ,
i< alors je ne doute plus de votre justice.
K J'attendrai votre décision sur mon sort avec
V le calme de Tinnoccncc, mais non sans Tin-
ad'i .^fi.HOIRES HiSTOniQL'ES
tr quiétude de voir triompher les ennemi» qu'jl-
« tire toujours la célébrité.
V Je suis avec respect ,
b'
Bonaparte fit répondre avec insolence a cette
kUre qu'avec plus de caractère , Morean nu-
rait pas dû écrire a un rival jalons, liùncn(« ci
dont la vie , d'ailleurs, avait été menacée.
Le grand juge fit donc , par Tordre de pte-
mier consul , cette réponse ae prîaoïuiîer :
« J'ai mis, citoyen général More
d*kui à onze heures votre lettre de ce
sous les yeux du premier coneol.
« Son cœur a été vivement affeclé
de rigueur que la sûreté de TéUt lei a
mandées.
« A votre premier interrogatoire , el
la conspiration et voire complicilé n\
point encore été dénoncées aux preeùèi
tontes et a in France enlîère, îl i
chargé , si vous in*en iivic7. témoigné le
de votiH mrn«T a Phnirr iiirme deYanI tai^
vous eussiez, pu contriliuer à tirer l'état im
danger oii il se trouvait eni ore (1).
^1; l*our riitcii«lii (Il I* il (giiii - ■ ■.•|i|Hlti <|>»i- V«*fTMi !■! «•• "
TIRÉS DES ARCHIVES. ^65
u Avant de saisir la justice , j'ai voulu , par un
c^ second irtterrogatoire , m'afeurcr s'il n'y avait
« pas de possibilité de séparei^ Yotre nom de
tf cette odieuse affaire ; vous ne m'en avez donné
v aucun moyen.
ir Maintenant que les poursuites juridiques
(T sont commencées , les lois veulent qu'aucune
v pièce a charge ou a décharge ne puisse êt)rc
•f soustraite aux regards des juges , et le gouveir-
« nement m'a ordonné de faire joindre votre
•r lettre à la procédure.
i « Signé Régnier. »
La découverte de la conspiration de Georges et
la punition des coupables relevèrent le pouvoir
de Bonaparte et donnèrent k sa police un carac-
tère d'audace qu'on ne lui avait pas trouvé aupa-
ravant. Un spada^^sin heureux devient insolent de
son bonheur, (jui hû sert alors d'étoile. 1\I. Dubois
partagea et mérita l'aversion que le public en res-
sentait. Les royalistes et les contre-révolution-
naires n'épargnèrent pas les objurgations, mais
personne ne lui en prodigua plus dans la suite
([uc le fameux FaMclio-Pjorel, si connu par ses in-
trigues politiqties, et mort au mois de septembre
I«' • nl'IN ioM- , »| n'Ii- î' II* ;•' " 11 '' ''il !il ! "' > V d'.ij c , < l
1 ' I ^ J
de cette année iS29 (1) a Neafchâ
Si les platiludes de la haine faisaieat Cw .
en aurions de curieuses a citer contre M.
Il est certain pourtant que Tafiaire de Ti
let, espèce de Doublemain politique. ^«î
cent louis à la police le neveadcFaurhci BMj,€t
tira concurremment de Tonde six ceols
sous prétexte de travailler actÎTement à la
vrance de ce malheureux jeune homiiM à
même oii on le fusillait , excuserait des
plus amères et les avanies dont
câbla M. Dubois , qu'il regardait comme la
plicc d'un assassin.
Au reste, la réllexion montre F
que aussi coupable envers son
let. Comment , lui , qui connai«ait Im
les astuces , Tart infernal de ce qu'on
police politique , et qui en faisait
si long-temps ; comment pouvait-S
celle de Bonaparte , de Fouché , de
A eyrat, n'était pas en mesure de coimdkmt dl
déjouer et de punir les projets semblaUea à
que le nialhcurcux \ itel, son neveu,
d'exécuter '}
Les voleurs de diligence ont mauvaise grâce Â
TIRES DES ARCHIVES. 2^
crier contre des gredins. Tous ce monde-pt se
valait ; mais le malheur de ce méjtiçr , comme
dans le commerce, c'est que les conc^rrj&QS s^y
décrieiit. U faut s'en félicitefr. Que deviendrait le
monde entre leurs mains s'ils ne lavaient leur .
linçe sale qu'en fiimille ?
Ces fâcheuses impressions n'empêchèrent pas
qu'en i815 , M. Dubois ne fut élu meml^re de la
Chambre des réprésentans par le département
de la Seine. U fivait été nommé comte par Na-
poléon, qui, cependant, lui avait 6té sa placé de
préfet au 14 octobre 1810, et l'avait donnée k
M. Pasquier , dont je parlerai tout à l'heure. On
a voulu trouver la cause dé ce renvoi dans son
absence de Paris au moment de Fincendte de
l'hôtel de Schwarzemberg. L'empereur, qui l'a-
vait envoyé chercher , en conçut de l'humeur et
le destitua.
On lui doit rétablissement du conseil de salu-
britéy dont les fonctions se sont étendues depuis,
et qui a rendu de si grands services a la ville de
Paris; il jeta aussi les fondemens du cUspcnsaire
de salubrité, destiné à surveiller la santé des (illcs
publiques, et a prévenir la propagation de la
contagion siphylitique.
C'est encore à M. Dubois qu'est due l'organisa-
tion bur le commerce de la boulangerie à Paris j
a68 MÉMOIRES RISTOHIQCEI
organisation assez bien entendue dansTélat gtef-
ralement imparfait des diyerset admiiiHlntiaM
en Europe.
Il était membre du conseil d*état , 0k 1 avaic
été appelé par l'empereur; il y siègent en 1M 4,
au premier retour du roi, qui le conlima
celle place. U n'arait pas été étrmngi
aux dernières combinaisons en laveur ém la
mille royale. Il avait signé les actes àm
meni prùtiêoùref et donné son adhéâosi mm, réu-
blissement de Louis XVUI.
Le second retour du roi le rendil à h
privée; il s'est livré dès lors à des
commerciales et industrielles; sa
être colossale, est considérable. U
taire de l'ancien château de Vitry el d^i
grande partie des forêts de la
produits des jeux, de la loterie, son
les gratifications de Bonaparte l'avaieBl
ment enrichi , et en dix ans de tempe R
mis à même d'avoir plusieurs miDioiia h
sition.
Son sccrctaire général ne fit p
grande fortune, ou plutôt ne recueillit de se phcc
que de la gêne et du désagrément; c'est Piis,
dont, par disette sans doutc« on faisait an poète.
et qui fut à peine un chansonnier de t
ordre, célèbre n\iini Li n-Toluiion d'aiHcms
^ TIRÉS DES ARCHIVES. iîÔQ
son poëme de V Harmonie imùalwe^ dont nul ne
se souvient ; faible recommandation auprès des
gens de police. C'est le seul secrétaire général de
la préfecture dont le nom ne soit pas resté ignoré
du public.
Je ne puis rien de plus pour son éloge et pour
sa mémoire.
n
CHAPITRE LXII
14 ocTOBHB 1810 — 8 A van. IMC
Etif ane^DcDU Paiqnier, dcniitee préfet de
— Ln places qu'il remplit. — Difena
monicipale. ^ Celle sur les prlsoni cl éi
gadc de Vidocq. — Affaire de Malet. —
à rilûtcl de la Force. — Sa condulle à la
l'^ils d'un conseiller au Parlement*
ne en 17G7, avait embrassé la carrière de b fl^
i;islralurc avant la révolution. On ne mdkmf^
MÉMOIRES HISTORIQUES TIRES DES ARCHIVES. 27 1
qu'il ait rempli de fonctions publiques pendant
les orages liu milieu desquels son père tomba
sur l'échafaud. Sa marche vers les honneurs et
les grands emplois fut rapide à partir de l'éléVa-
tion de Bonaparte. Sur le trône , Tempereur, qui
voulait s'attacher les noms de quelque notoriété
en raison de la clientelle que ces noms entraî-
nent habituellement avec eux , comme une seule
et même famille, distingua M. Pasquier; il 10
nomma successivement maître des requêtes, offi-
cier de la Légion-d'Honneur, procureur général
au sceau des titres , et , enfin , préfet de police ,
au mois d'octobre 1 810. M. Pasquiei' remplit cette
place jusqu^âux événettiens de 1814. Louis XVIIl
le trouvant des premiers auprès de son trône,
le fit alors, par une raison contraire à celle de
Bonaparte, d'abord conseiller d'état, puis di-
recteur général des ponls-et-chaussées. Le re-
tour de Bonaparte, les Cent- Jours, éloignèrent
M. Pasquier des places et des affaires publiquesj
mais à la seconde rentrce de la famille royale ,
Louis XVIII le nomma ministre de la justice,
garde des sceaux et membre du conseil privé.
M. Pasquier est avec M. Pasloret un des hommes
sur lesquels se sont successivement amoncelés
pyramidalement les dignités et les emplois sans
raison évidente, sans prétexte individuel, sans
qu'on en puisse dire nu juslc la cause officielle
3^2 Mïmoima
etmajcarc. II y a de Hiéràlilc cl de iltiMoa^^Ê
biUté dans K-nrs fuinitles. Les Puqtàcr et ^|
Pattoret ont l'Iiabitade d'être clan« let a&îres et
on a t'habitodc di: l«> y voir. lU m»oI loujvun
coDiprU daasl'iti%'i:nUÛro du inobirier p»lilâi|oc
Cm exemples, pour ne pai êLru rare», n'en sont
paa au reste moins rcinaniuibiu».
M. PasquiL-r, tUus ta place de préfitt, «anit
à la leUreles erreutcns de «on pnïdécencxr ; k
mime «prit dirige» un opéralioiu. EUes i
été de deui Hortc« ; k-s uu«« •« rapport
la police mttnii-ipalc, le» attires à la ynlîcc ■
liiique ouwcrtric.
Depuia M. pA«qaier, la tpédalh^ |
acquit une si fameuse C4>lébrilé qu'il hm
féservor d'en parl<;r pluN aaiplemem »pri» ««a
épuiaé la aérie des préfeU.
Quant k la police municipale, i
moina qae de l'autre et ijui mérite 4
plua de conaîdération , je ferai ronnaitre en ^nà
H. Pasqniw a contribua k la maintenir par Vm-
trodaction do quelques réformes ulilo».
Un de aea premiers aclca, que beaacvop da
penonne* regarderont comme trca inijiMlml,
maia dont lu plus gi-nnd nombre posrrs him
révoquer en doulc l'utilité par suite Je Pasa^^
tîsaement qu'il entraîne, «st l'ordontiAorc sv
les domestiqi)<-t. C'p^I ';i M. de Ho^ifo qa'en al
TIRÉS DES ARCHIVES. a^5
due l'idée ; ce fut celui-ci qui fit tendre le dé-
cret impérial du 3 octobre iSiO , eoncemani le$
ifulividus de Vun et de Vautre sexes qui servent en
qualité de domestiques; mais M. Pasquier ne fut
pas moins l'exécuteur des mesures singulières
qu'il établit. On y assujettit les domestiques à deà
obligations minutieuses, et les maîtres eux-mêmes
sont tenus de s'y conformer. Dans le fisiit, on s'y
conforme peu ; on prend ou Ton renvoie ses
domestiques sans recourir au lioret et à l'intef^
venlion du commissaire de police, qui n'a vrai^
ment rien a faire dans les arrangemens de cette
espèce , tous de confiance ou de caprice. Mbrb
une arrière- pensée se cachait sous ces.méswrës
de régularité : on voulait savoir par qui chécùo
était servi chez soi, et connaître jusqu'à q«el
point on pouvait employer tels ou tels domes-
tiques a Tespionnage; la sûreté des maîtres,
la fidélité des domestiques n'étaient que des
prétextes. Pas plus que les maîtres, d'ailleurs,
la police ne peut se porter caution k cet égard,
et ce serait la plus triste caution du monde en
raison des méiiances légitimes que la police nous
inspire la plupart du temps.
Je ne ferai pas le même reproche aux régle-
mens sur la vente en gros des poissons d'eau
douce dans Paris pour l'exécution du décret
impérial du 24 janvier 1811 qui établit un droit
IV. 18
am Mlla laoâe et dm /■iiiiiiri ctam k h mmÊÊ
pMV m fiuM tes criiM. FLHd^OTAnrfiv»lM»
4wi à 4a hdUe dau oa eannMna iMib tm Éfr
OAdaiKfdMuntkH. EaeqMMMiiH
HMice 4« M Mi fM4, agfiMili « ~
nialiw 4a VintAnaar, nr I» <
yaiHarit k Wmki e
ê^nam»étfad\\vrtr, :,ti>vi qn« Im ed
, ém oatta aankanilise, à »e lure ioacni* k h
[■éftiulMt 4a polica. En mulliplianl kaaaMM
4a wriMliincB contre U Toota de* k^aa 4i
■amii aipt «l rontrB l'acbat ilta •^■kl «alVk
4aaUa dttt 4a ce conmarce. a« «^ ps i»-
pkM laa JhiJw , on ■ rendu ka iaaAaife
php àUflaib <r«tl dans le |iiiifiiiliii»»^^*
fjÉiMliMtliMiqne ^ propo* de* alliais 4r baa
fÉllArai ihmher le coairepoidi de la p
lai Vail h l'awociation des iatéfto <
t ^(lin'ftli^'4einaDder le contrcpoidt <
Dm ■rJwiimce dn 18 drner IS41 X«*>^
diliiltp— r fcin tuitr an décret da i% j
précédent, h nan^Uon de le Saîaa «1 I» |
n^ êÊm laa pontii , objet impartant fa* b
tavimeMa par eau dans Parii ; il r«ppch ptf «a
•Mr» afdaoawtc l'esécation de U lai dn M|W
■émI m 41 «I de l'anétâ du i
TIRES DES ARGHITSS. 1^
9 irunaire an 1 2 sur les Uvrels dont les <mmM8
doivent être pourvus.
L'époque de la magistrature de M. Pasquier
fut signalée par des fêtes publique très nom-
breuses en i'bonneur du chef du gonvernetnent
a propos de sa fête , de son mariage , et d'autres
circonstauces analogues. M. Pasqnier eut à «xér*
cer sa surveillance pour prévenir les accidenset
maintenir l'ordre public dans ces cérémonies ;^
elles furent Fobjet de quantité "d'ordorniattcé&qn^
je me crois disposé 4e citer.
Un chapitre spécial ponmait seul agiter cîEMe
matière pins importante en bonne administraâon
que l'on ne le <:roinût au premier abord ,- ptiis^
qu'indépendamment du gaspillage systématique
du tris^te -moBilier de ces fêtes , on en dterait
peu que la foule n'ait plus chèrement payées
encore par de déplorables événemens.
Les commissionnaires qui stationnent sur la
voie publique peuvent abuser de la confiance
des gens. 11 fallait une garantie ostensible de
leur fidélité : une ordonnance du 29 juillet ISIi
assujettit tout commissionnaire à se pourvoir
d'une permission et d'une médaille pour se
mettre au service du public. On conçoit que
cette médaille dont la police dispose la mettait
a même d'obtenir de ces commissionnaires des
renseignemens spontanés sur une foule d'objets.
9^6 mûmui iii»ou«i
Tonte la domoticiU
prifée, denit m tnMnr miu !•
filet
Denx ordoimaiicei de H. PaifaàHWj
doit un changement remarquable deu b
de la voie publique -y ce «unt Ica ordoi
90noTepibre1810etau-20aoùt 1811
nant les patM^M ouverts uu publi
priélét partiaditees , ot deTeona
par pnKriptien,desHsiTitudes.Ou j
les prepriétaîrea de cm punagcs
laiater lîiwei et ne point encombrer la
tion par dee d^âti de m&rcliandiaei an
It'firdonnaiwe eaûnûle les coiiiravi
poomit oomneurrâ'cct «gud ^sfO"* '
Ift oode piinal, toat pauiblei d'afieda
meinaloitei.
Son ordonnance sur le boUya^e , Aa^oo-
venlm 1811 , ïntroduUit un peu de |
dan» fane 1^^ h «trvcillance dcrwiot I
qnelqM leaip^fia» régulière. Ctsc ewti
cetteipécialUédelii régie municipale, âû
aente pour la sant^ publique, que m fcâc «re-
prendre Ilaaafiianco des réglemeae toefi^
partieb et tronqués de nuire adeainttlfeliiB*
puiaqoe chaque pregrct însUlU duu o«« hai^
tndaa, twmme, par exemple , la créabea ^fl
ttoUwi, àAégmUiM, dai bones-le&uip«i«|fl
i
TIRÉS DES ARCHIVES. 277
bien encore la mise en circulalitfn des grandies
lignes d'omnibus , la direction du courant des
ruisseaux, les plants d'arbres semés sur les quais
ou dans les places, la substitution des caildda-
bres fixes de gaz aux potences mobiles des réverr
bères ; puisque tout cela , disons-nous , doit
amener un progrès parallèle dans le transport
et le prompt débarras des immondices quotidiens,
afin de permettre une libre et complète circulât
tion de jour et de nuit. Si Tadministration se
trouve toujours en arrière k cet égard , c'eift
que le ressort n'est pas monté de façon à o6m>-
bler de lui-même les lacunes au ftir et à mesure
qu'il s'établit un vide entre le confortable de la
circulation fiJl^es routines du service. D'où les
plaintes éternelles de chacun sur l'indigne puan^
teur et l'horrible malpropreté de la plupart des
quartiers de Paris. Un particulier qui n'aurait
pajs pUis soin de lui-même qu'une grande ville
comme la nôtre n'a soin de sa voie publique,
serait en peu de temps pestiféré. Nous avons
hérité sur ce point des plaies et des routines
sauvages de nos ancêtres. On ne peut pas nous ac-
cuser de luxe dans la propreté lorsque Ton
parcourt nos rues.
Par son arrêté du 27 décembre 1811 , M. Pas-
quier assaya de régler la poUce intérieure et
^ixtérieurc des spectacles. L'arrêté du 15 jai^-r
wr4M9r<gkk_
^w^ de k flmmméÊ #UtMk;
ViAfe ; le transport des
e—lttuctiotn de Paris; le range «tU téfir.
fian des pniis ; h circulation des grûn et £u
SMI rapproTtsioiinrtnetit et U poBee dai mx
Aé» j U Bution dn prix dei hléa ; k )iAai
<k> kateinx sous let pontide ParM;k piifice
k mîère et det ports pendant l'hiver , dni I
tampe de glaces, de ^nme» ean el de flAldl
nnincc renouvelée tous les am et «Ml I
mIb Io nombre des «ccidens nir U fieiSf*
■ pcirts serait pins consîdi^rnblei umâ eas H
lOMïns antérieurs et ineomplele kraeC MMca
Kent renotivelÀ on rajeunie. OMeaseAt
^iril a dA se plisser d'arbilnire el
dam ces mesures d'ordre pnblic,
MMi, l'inlir^t particulier li in^éai«n % dte
cher le Tîce des arr^rés et des rÉ^m^,
ttntte éternellement en lotte avec fkmi |
néni . et lorsque cet intér^t général ert f^
•enté par des hommes peu vers^ dtMktlf
cklîlé^ sirr lesrfnalles )l« prononcent ; ce 4
dénadin; la police muniripafe et en bil a
Soorce de bnitalilifi fubatlenies, tfe
ces, d<- <rri ni I bries Mns iin, de déRUH
et d'amcnduï rtellvi. A h v^ntf, dl»
m
TIRES DES ARCHIVES. J^
parasites vivent sur ces misères et sont intérw*
ses à ce qu'elles se perpétuent.
M. Pasquier soumit les billards publics il d^
réglemens par son ordonnance du 6 noveoÉbftt
1812. Les gênes apportées à ces établisselbetti
sont généralement enfreintes , et le seront tou-
jours ; par le nombre des récalcitrans , la dâM«
béissance conquiert l'impunité. Il refiotiVèlÉ
semblablement, par son ordonnance du 23 Mn
vembre 1 81 3 , les anciennes mesures ^i eèÉ^
cernent les brocanteurs, très sujets h ti'ati j^
mais tenir compte.
De tous les réglemens de M. Pasquier t^ehii
qui a pour objet le régime des prisons dfttts
le ressort de la préfecture de police, est Un
des plus remarquables par son importance et
son étendue (10 septembre 1811).
Le désordre qui règne sur ce point ne sera
pas vaincu facilement , tant que Ton ne divisera
pas les prévenus en catégories spéciales; tant
que ces mêmes prévenus seront soumis dès le
jour de la prévention au régime de vie des gens
déclarés coupables ; tant qu'ils resteront enfin
sous la main de Tautorilé qui s'est chargée de
leur arrestation et qui les traite en ennemis.
Des vices obscc'ncs, domiciliés clans ces salles et
dans les préaux, un pr-Ie-nfitlc ignoble, l'infecte
malpropreté des édilices , des spéculations su-
ff
j
t
f
I
il
t
â8e M
baUerncs sur la TÎe et II amvritsre éem pM
nien , couchés et BMerii iJcigat k ret et
appellent TattentiMi àm Mprito Ihmûbs «t
ligieux que rathéttme inpit0yaUft 4t mm 1
révolte, et qui, du méprii do nnêhrièi. «t lin
pas le dogme rectear êm la tacîélé 4ni îb fi
partie. Une remarque feadasBealalt eA a fai
sur le régime des prisM», d^ffM waMm/L^
parle de les transformer en eleliega €wmm ta
plus régulière ; si Ton o _
- j la commune au bénéfice àm
r I on s*y prépare pour la geôle
i damné , les deux tiers des in
\ raient pas lieu. On semble
heureux devienne un scélérat
les moyens de redevenir hoandte
^J bien tird s*y prendre ; et nos I
T prévision qu'après coup. Mais
4 Une énigme resle dans la concfaBla4iM.1
quier comme préfet de police;
^ parler de son manque de sunrei
- faire de Malet qui lui causa de si
mens , o.i mit le gouvorncmonl
danj^er. Il était rvidcnt qu en magistral ét^
à son maitro , il ne devait jamais pcrJm et
dos liommes trU que Malrt , Goidal , Lak
oiTiricrs siipcricurs déjà repris pour de» o
ptols pulitiqtirs . v.l trop mal gardé
TIRÉS DES ARCHIVES. ^Sl
pas en ourdir de nouveaux. Je dirai un mot ici
de cet événement ; on trouvera plus de détails au
chapitre de M. de Rovigo sur le caractère de
ces individus.
Malet était lié avec MM. de PoHgnac et le
marquis dePuivert, renfermés comme lui dans
la maison de santé du sieur Dubuisson , grande
rue du faubourg Saint-Antoine ; Guidai et L^-
hory étaient à la force , mais peut-être ignorant
le complot. Les conjurés entretenaient des
correspondances actives et suivies avec les diffé-
rentes prisons où se trouvaient des hommes
dévoués à la même cause; ils étaient même arri*
vés jusqu'aux cardinaux détenus a Vincennes.
Ils avaient aussi ménagé des intelligences avec
quelques officiers des armées , surtout avec ceux
qui commandaient a Paris. L'isolement merveil-
leux du principal conjuré , affirmé tant de fois
alors , fut une des ruses de la politique impériale
qui craignit de faire sonder la profondeur de la
plaie et de mettre les servilités en verve de déser-
tion. Le cancer était plus large; on trouva des
(5chanhllonsdetouteslesinimitiés dans ce complot
cop.lrc Napoléon. Les casernes de Belleville j de
PicpuSy des Minimes^ avaient été gagnées; et tout
cela s'était fait sans que la police de M. Pasquier
cil eut la moindre connaissance.
Le 25 octobre 1812 , les conjurés tinrent cqn-
I fielhomme f
irla Unuiive. Us la ngartlaient twmaf
MiiM |lar les menm qu'ib iTatont fnim ,
le Mcnt qui avait éU bien garnie «1 li fa
tlwrilé de MM. PaMjoMr «t Ravies ,
aliÉi fàt \e BoÏD da lean miértte |
^ IjM casernes fureol viàlAcs !• 1& J
|M*ate t OD Tint * la nuison de Bdhm
parti* le mot d'ordre le mît j to«l teal
Ai oM de U troupe, m se»
riil|il- pendant la nuit par les c«
Cent pi^cc « invesiiBUH 1« )
■ tau les pouvoirs pour cmamÊmêar h tm
B; la mort de Bonaparte y était HSiai
I ayant eu U«a le 7 du ■■■■. W |H
bent impérial <(ait d^trKÎi.hnHi^
I akotie; on gourememcnl pr*iiMMA
I bfi, ddnt la première réonion AcrûtmtÊ^
n TBêkà-de-\\\\e:\afomemiioa rfeshMift
» et Aitiplots mainlenaf k cetix qui en joaMH
t tffMit que r.iïténabi1it« dM évnuOoe» atf
t Batil. » It n'y ■'(•lit point ipieallan dl lA
bUttement de> Bourhoni , soit qne c« «• tttf
II pemée de Malel , toit qu'on ne crds pM
propos dVii parier dans ce
amaît drfcidi' ! Oniconijne pcnl
s'établir. I,r rùlr dr Monk m tme <
Lesconittri^s soriircntb naît i
tme cxes^^l
TIRÉS DÉS Aààst^. aflS
iâmté od ib s'étaient réunis , et ke teioÉdirèirt k ta
caserne des Mhrimes où fui lù té Ééaahis-'con^
stfhe.
Des ordres farent ensuite cioniiéé par le géné-
rât à divers commàndans clés cohortes de tairO
fire également dans leurs casernes le mêilne acte,
de leur faire prendre les armes, et de se rëncjlltfi
avec leurs officiers à la place At (jrève, pour
attendre de nouveaux ordres.
On se rend aussi à "Bi prieon de la Force; on
y fait lecture au concierge du sénatus-consulte,
et les généraux Guidai et Lahory sont mis en
liberté.
Sortis de la Foreo ^ Gilid^i Lalbory $ un autre
prisonnier délivré , aaaaané Boebeiampe i et le
général Malet, prirent chacun le commandement
d'un peloton de troupes rassemblées sur la place
de Grève. Les deux premiers se rendirent au
xHinistère de la poKce générale , un troisième k
la préfecture, et Malet a l'état-^major de la place.
C'est la qu'il échoua.
Cependant Guidai et Lahory, rendus au mi-
nistère de la police, avaient donné lecture au
général Savary du fameux sénatus-consulle ; ils
le sommèrent de se rendre à la prison de Thôtel
de la Force, ce qu'il fit après quelques difficul-
tés j Guidai le fit monter dans un cabriolet, avec
ll-'D)W)arelK> chef df Ja tUriiioa ptthOtfn
inimstèrc, et le» coodsiiit a U force
Un mtre conjuré, nommé BouU wi . <IA
«l'une icharpe , se présente i U fftffatfafiB
police k huit hcnrcs et demi da ■ttia.OI
If. Pâsqtiier le Kénalu»-conuilte, inéfiÊÊ
inuidit cl l'ordre en Tcrtn dwjad il Ual^
M rendit en prison et fSt m» ea wlt-,
M ftit uns réplique ni obserratioa. Wrt
«■tnonuné préfet proTtsoire. Toot Icéi^h
polièeiont consi^éa; on laÎMC enirtr<Bi
'^ennent; main per»onne ne rewatt : AI
ordres «ont donnés parle nonvem jn^lÊ^é
sarreilhnce commence k s'orj^
La démarche (jue laîsaît le |^
Pétafc-inajor, place Vendôme, oàft/ttikpl
«rec un peloton Je troupe . p«ndagl ^W
pMMÏt, rendit inutiles cea premien tmeim. '
Je n'entrerai pajidana le» dëtaib deevA
ment» il est étranger au prélet da p^k*;'
leon iï en sera Hait mention en pniaat ^
de Rovigo dans le chupilre des ■tiaâatavt
police.
Le conseiller d'état Real avait 4lé ia
promptrnient de ce ipii «e paaatt; il ■• r
chei CambacércB. cl deui heiu'e* après U i
de la place Vcndûmc, les conjuré* 4
|ii, le préfet vt le minisire en liberté.
M
TIRÉS DES ARGRlVfiS^. a85
Livrés à une commission militaire, Malet, La*-
hory et Guidai furent fusillés à la plaine de Cré-
nelle quelques jours après. Malet mourut avec
courage et résignation.
« Helas ! me dit un jour sa veuve , mon mari
était comme bien d'autres, il travaillait pour
lui. M Supposition plus que vraisemblable, mais
qui ne dut pas Tempêcher d'abonder préa-
lablement dans les idées de tous les hommes
dont il se fit des instrumens. Que sa veuve ait
officiellement dit le contraire après cela, dans
une pétition au roi , cela ne m'étonne pas da*
vantage.
Un événement pareil devait inspirer à Tempe*
reur Napoléon un vif mécontentement contre
M. Pasquier; Napoléon n'eut pas Tair de s'en
affecter : M. Pasquier continua de jouir de la con^
fiance de son maître. Ses fonctions de préfet
furent continuées jusqu'aux événemens du mois
de mars 1814.
M. Pasquier rendit dans cet intervalle plu-
sieurs ordonnances utiles sur des objets de police
municipale; telle est celle du 9 février 1813,
pour le transport de la foire aux jambons, qui se
tenait avant celte époque au parvis de Notre-
Dame, devenu trop insuffisant pour contenir le
nombre des marchands forains qui y affluent
chaque année. On fut obligé de cherc)ier un local
plus conveiuibLo, et k qui de la V^lUt k
Le s«rvîc«<lcftiipeinvpompier*,*M ulik|M
la siireté de Paris, fal le sD)»l li'nnc aulrc «fa
fiance du %'i M»r* Iftlo. Od mO. gré ivé J
M. Pa»quicr d'avoir publié un rf^liiii— wfc
police (les fiacre* cl cabrioleU dmam Parâ{4s
1815), <juoi<]u'il n'oil été gairc pl»iti
sei prâfléccfiseur» «Un» lei prà
contre les accidem on loi <
ptr ces voitures.
Va curùux docvouni veaiifVBit kcaé»0k^
suUcr sur ce point ; ce serait d'étaUir chaakS
Ma lélat régulier lUi ijéMutmtmt, M cÂi et
ruM où c«t év^ocMMo» le puacat, «ia^iHâ
attjust« ce^ek paa de Ufg«g *•<—<&
gnorvice dei coclien OECMioi^ ^aAnHitte
ca conduniîi sao» Atmlo k ia i
'école pour les cocben , «t «{"m» i
qu'à la clôture ou à tVlargisaeoiCBt 4
voies 4rap étnites ou irop pafalowK.
Mus où M. Pwquier se rgiiUa k «alfes 4fê
que . cefut dans les ordres qu'il doBDa ^«^ iM
lirer «vec écUt l'&Bxiiverwùre dt la mmmmÊi^
l'ompereur, eu 1813. Les plus BÛialicaM»|ri
cautions furent prescrites pour piéveair e*^
aurait pu troubler la ftte. £Ue cal ■■ tmâm^
trompai' empereur loi-oiêaasuris
TIRES DIS ARGHIYD. dd^
pays. La cariosilé proTocpia lafoid#, el las |;r4MM!i
rassemblemens ont toujours un certain aîr d'eiH
thouâiasme. £n cette occasion ^ 9C9%c la dé]>enM,
qui , sur toutes les localités de noU'e sol^ ê'éva|^era
dans les airs en cris d'ivrognes et en fiunéé
d'artifice, chaque comnaune aurait pu s'enve-^
lopper de fortifications redoutables pour fermer
le sol de la France à l'invasion des coalisés. Maâ$
le pouvoir se garde bien d avoir de semblabki
idées qui ne concernent tout sW plw ^e h$
peuple i qu'on ravage la France , ^pt^^n^n p%Nll
vinp[t fois le sol au labour de la bfïomiAfttf 9 91M
luiimppr^^ ! U a toujouirf Ufésoryie d0 cafM^vlWf
à nos dépens en se r^b^tl^nt $w im Tiiîl#rie9t
Passons sur quelques téf^mfm^fe^p «atir« iiutrttb
celui très important dul*'^ octobre 1813, relatif
aux fonctions de l'architecte-commissàire de U
petite voirie, pour en venir aux ordonnances que
rendit M. Pasquier, en expiation sans doute de
celle du fameux et dernier anniversaire de Napo-?
léon; 1<* pour faire effacer les emblèmes et |ar-
moiries qui caractérisaient le gouvernement de
Bonaparte, conformément à un arrêté du gou*-
vernement provisoire , du 5 avril 1815j S** pour
prescrire les mesures d'ordre à observer a la re-
vue des troupes russes et prussiennes dans la
place Louis XV , le 10 avril de la même année ;
5*^ pour les mesures d'ordre k observer à Vocca-
Aûl £>( pMT rolcr es pè»c«.
haut, oonuD^ cotucitler ^Cfeal, ^M fai^i
qoe b pr«lccture de police , myimtt M ■!■■
U direction génénlc de U po&«c 4i njaiaM
■diaioiitrée par trois maître» de* refsiks^t}.
retour de Napoléon , au 30 nun f 9f 5 , Jf ■ I
qnier fol obligé du m: retirer ; auàê U mc*
re»tauntioQ le nppcU dans les aftinsfd
que* et au miniilèrv de U justice; damit
10 V«J. kl
TIRES DES ARCRinS. aOQ
parmi lc9 TaToris de la fortune et du ^incê, éti
membre de la Chambre des Députes, par le dé-
partement de la Seine (septembre 481 5), il n'y
montra , comme on doit le croire:* partïsui da
gouvernement , quoiqu'il eût été rempkcé à la
justice par M. deBarbé-Marbois; mais, cnlSI?,
il y revint et fut nommé une seconde fois garde
des sceaux, place qu'il remplit jusqu'au mois de
décembre 1818. Il est aujourd'hui pair de
France. Les écrivains railleurs l'ont surnommé
YJnévitabU , parce que , {temlaiit long-temps , dès
qu'il vaquait une place importante dans le gou-
vernement , on était sûr que M. Pasquier y se-
. rait inévùablemetu nommé. Il est assez bon par-
leur, bon triTailleur, quoique hoanme'de -plai-
sirs, qu'il ne soit plus de l*âge de la'TerdetuNj
cette vieille habitude n'a pas empêché qu'il n'ait
été un préfet de police passable. Il y en a eu de
plus mauvais.
Parmi les établissemens qu'on lui doit en
celte dernière qualité, il faut placer ce qu'on
peut appeler la police de sûreté , consacrée aux
recherches et aux investigations , pour découvrir
les voleurs , les assassins , les fripons dénoncés à
la police. Cet emploi fut confie par M. Pasquier
au fameux Vidocq , on plutôt c'est à celui-ci qu'est
due l'organisation telle qu'elle existe encore. Lui-
même rend compte, dans ses Mémoires, de
TïKis DES ARCRttllS. Û^l
et trente-Muf perquisitions oti saiéteé^A^liJëik
Yolés. En Toici îétat noiÀërâtif : Aâ^à)»èiiii iiii
meurtriers, quinze; Toleîlr^avéc^detiénoifpki^
violence , cinq ; voienrs atéc elfraeti(jiii . i^scà-
lade ou fkussès cfeft , cérii Ihiif $ tbteli muii lés
maisons garnies , douze ; voleurs et filous di^CTS,
deux\:ent seize ; receleurs nantis d'objets, trente-
huit; évadés des feMou de9 j^ïnét^y^ftBâofze;
forçaU libérés ayant rompu l««r Wi ^ tf&tSttàSOi^
trois; f^ua^aires, Qscrog|, priivennif d'ahàs^de
confiance, quaraa^(^#ii( ; yngubwdt, V€^dÉi«iA^
voyés de Pfiiri«|, 4ott^ €|»n( vin^iMifC^ ita| vwta
de mandats spéciiiv^ 4m préf«t,« quÉnhtaiikq
perquisitions ou saisis d'objets tolés f ireetèwcidl
Total, huit cent onze* . j !.
« Ce fut I continua Vidocq, dans le eonak im
années 1 825 et 1 824 que la brigade de s6ret<
prit son plus grand accroissement. X^e nombre
des agens dont elle se composait fut alors porté k
vingt et même à vingt-huit, en y comprenant
huit individus payés sur le produit des jeux que
le préfet, M. Delavau, autorisait a tenir sur la
voie publique. La police de sûreté qui s'exerçait
presque en totalité par la brigade de Vidocq, n'a
jamais coûté, suivant cet agent plus de 50,000 fr.
par an, et les détails en étaient immenses. »
C'est un fait dont on a lieu de s'étonner et
qu'on révoquerait en doute si Vidocq n'en don-
^y^{ Mi.MOii'.r.b iiisroniijir^
* naît point une prouve iirccusablc, que li soltl-*,
ou au moins une parlie de la solde det aceni dt
!.. sa brigade, était fournie par le produil des jeai
Il tenus sur la voie publique. Il n'est pas uni in-
térêt de rapporter Tarretc du préfet qa& le con-
state.
Pan* , I 3 îanvKT i*^
« Nous, conseiller d'état préfet de pobce, tu .
arrêtons ce qui suit :
« A compter de ce jour, les sieun Druim e
i Ripaudy précédemment autorisés a tenir ssr L
voie publique un jeu de irou^ madame, (trwk
partie de la brij^ade particulière de sûreté sos
les ordres du sieur Vidorq, chef de cette bnpi^
Ils continueront Ii tenir ce jeu^ mais il kvr ««m
adjoint six autres personnes qui ferooC tfilt'
ment le service d'agens secrets.
* Le conseiller dVtat, etc.,
« ^i^rif DriavAU.
« Pour copie conforme, le secrétaire génénl .
* L. HE roL'oijits. »
Vidocq y fait connaître que le montant de c<
jeux en plein air s*éleva, du 2U juillet au 4 aoû
182,1, à i,rJG-'i fr.; c'était donc l'argent de» ou-
vriers, des apprentis, chez, lesquels on décbi'
nait ainsi le goût d'un func^ito pcncliaut; et 1 im
TIRÉS DES ARGHITES. 2^5
tolérait une friponnerie publique pour avoir
lieu d'en pouvoir surveiller une autre. Etrange
remède qui consistait a doubler le mal!...
La brigade de sûreté changea de directeur
ou de chef sans changer d'objet; elle passa, sous
M. de Belleyme, dans les mains d'un agent se-
cret, nommé Barthélémy Lacour, ancien habi-
tué des prisons, comme Vidocq, et devenu son
ennemi déclaré. M. Veyrat avait surtout la
police politique; il ne cessa de s'en occuper que
lorsque M. Angles l'eut remercié pour le rem-
placer par M. Fondras, dont il sera question plus
tard.
Le lecteur a pu voir par ce qui précède que
la préfecture de police fut désorganisée par
M. Beugnot en 1814^ à la place d'un préfet, il
substitua trois maîtres des requêtes qui formèrent
ainsi une sorte de bureau central. Celte admi-
nistration complexe ou collective dura jusqu'au
20 mars, que Bonaparte rétablit Tancienne forme
et nomma préfet de police M. Real, conseiller
d'clat, qui fut le tro\;sicmc préfet de police.
CHAPITRE LXII.
la HAM 181B — 90 HAM 18UL
Loub FauvelM da Bourricnne , Uoiiièiae pcMel et
l
L'administnition de M. de Bourrienne émn
trop pcMi pour rien laisser de marquanl à II
]»rêrocliirc de police oii Louis XVUI le
MÉMOIRES HISTORIQUES TIRES DES ARCHIVES. JlgB
au 12 mars 1815 , sans doute à cau«e dea aoyofin^
sites qui régnaient entre Napoléon et son ahcién
secrétaire. Les événemens se succédaient rapi-
dement ; le gouvernement royal, entrauié pair
sa propre incurie dans un abîme que les fatuités
de cour n'avaient pas d'abord permis de sondeir,
chancelait sur sa base fragile, et Bonaparte, émit
l'extravagance faisait sourirp les émigréa, lAn-
stallait à Lyon. ' » .i/r»
Sous Napoléon, le rôle que M. 4^ Boninricmip
avait joué, son changement de paitiv Basée
d'hostilité qu'il faisait contre soaanoieii.mâkte
en acceptant un emploi pareil dans jeU* sem-
blables circonstances, sont les divwsei «pkiMs
d'une métamorphose qui pique le plue la otiiM^
site publique. Je ne puis m^mpêcfaer d'en. diHe
quelques mots.
M. de Bourrienne, n^à Sens en 1769, fit ses
études à l'école de Brienne; iiy connut Bonaparte,
et fut son camarade de classe. Il a démontré quel-
que part qu'il avait eu sur le grand homme une
supériorité marquée dans le courant de ses études.
C'est un argument contre les enfans précoces.
Bonaparte, au moment de sa puissance, ne re-
douta pas la supériorité de son ancien condis-
ciple ; il le (i\a auprès de lui sous le titre de
secrçtaire. On lira pout-clre avec intérêt dans
les Mémoires publiés par M. de Bourrienne, ses
9g6 MUIOIEES lllSTOftlQLES
relations avec 1 Vmperenr ; j'y renvoie pour pki
de détails.
Attaché au général Bonaparte , il le wvil m
Egypte; revenu avec lui auxTailefies, il y fmmÊL
d'un grand crédit pendant dix ans q«lL firt le
chef de son cabinet et le confident de tes dc»-
•eins ; il avait été fait conseiller d'Elai en IflM.
M. de Rovigo a peint avec des o
cales , mais avec vérité , au moins salant ^i
peot s'en rapporter à son témoignsge , la
duite et la nature des occupations dn
de Tempereur.
« Depuis que le premier consni f¥f irait Xi
rite» suprême , dit ce ministre de U psBee
ses Mémoires , sa vie était un o
il avait pour secr4laire particulier JL de
riennCy qui avait élé Tami de son anfanaStei Jnî
faisait partager ses iàUgues. U le aanAMl fln-
sieurs fois dans lu nuit, et exigeait
qu'il Kit chez lui dès sept heures dn
rienne s'y rendait assidûment avec les ji
qu'il avait déjà parcourus.
« Bourrienne avait une mémoire
il parlait , écrivait plusieurs 1;
courir sa plume aussi vile que la parole« U
naisttuit radniinistration, le druit public* et
uni: acli\iU:cl un ilt'rvouciiirnt qui enlaisaîenlas
hniimir indi.spcns.iblc au premier conanl. Tù
TIRES DES ARGBITES. 1^97
connu les divers moyens qui lui auraient valu
la confiance illimitée de son chef ; mais je ne
saurais parler avec la même assurance des, torts
qui la lui ont fait perdre. »
Pour ma part, imitant 1^ silence de M. dé Ro-
vigo , je ne répéterai pas ici ce qui se trouve
écrit d'ailleurs dans vingt endroits, des ipotifs
de mécontentement que Bonaparte eut contre
M. de Bourrienne ; ces révélations, présentées
comme des traits dignes d'occuper la postérité,
sont en grande partie des malignités exagérées
par le désir de surenchérir k force de Àèandale
sur des biographies écrites sous la "dictée diés
rancunes particulières.
Dans les temps, différens bruits coururent sur
rimprudence intéressée qui porta M. de Bour-
rieni\e à s'associer a uïie maison de commerce
tombée en déconfiture, et accusée, disait-on, de
se livrer a des affaires frauduleuses; le premier
consul, instruit de ce fait, destitua son secrétaire.
Que ce soit là le sujet de sa disgrâce, ou qu'une
tracasserie domestique ait brouillé les deux amis,
c'est ce qu'il est peu important de tirer a clair.
Une troisième version 8st celle qui réunit ces
deux versions; mais je n'écris pas pour éclaircir
ces sortes de faits. Les attributions de M. de
Bourrienne passèrent en parlie à M. Marct, de-
ag8 MEJIOIBB lUfTOftl^m
pus dae de Rassan», et M. de Ifcaseval
à la Icte du cabinet.
Bonaparte tenait tr»p par llubiUidn à
ciennes liaisons avec M. de Boorrienne*
refiiser aux insinuations o
sollicitèrent en sa CiTeur. Il nomma M. im
rienne son chargé d'affaires a IIaniboaK]|.
mission ne fut pas sans orages ek
sujet de plaintes contre M. de Bo
les grands et malheureux éTénencoa 4n In
pagne de 1813 firent perdre de
incidens, et M. de Bourrienne revûat
que tous les agens de la France ipii a
en Allemagne.
La contrebande sons l'empim ,
tématique dans lequel, el
TAngleterre tint la grandioae et i
rie du blocus continental , était na
cile de frire fortune , que cens qv H
richis alors en furent tous accnaés. Ci
tout , le moindre des griels que Pmi
contre Tadministralion impériale,
pourra paraître étrange , les con
nos frontières ont été désolt*s des m
se sont introduites dans la lé{*islation
pitre , oii iNapoléon ne badinait que tout j
Avec rnbolilion lU: l.i priiic rnpitnle â cet
les aventuriers dv:» contrées maritimes et
TIBES DES ARGBIVK$. aQQ
phes ont pwdu cent pour cent. Jfu W fait, lés
lois prohibitives 9e protègent nfiUtineni l'in^
dustrie nationale : ell^s dppnent «eidemeni une
prime aux douaniers int^lUgep^ qui ^avenl ac«
commoder leur intérêt avec l'ai^pwmce de lemr
devoir.
Napoléon, du reste, n'a pas plus échifppé k
l'accusation que ses serviteurs; maïs ie makna
pouvait se permettre impunénent rexoeplien «t
voulait maintenir sévèrement la rè^lè.
On raconte donc ^ et je lis tnpperte sans y
croire absolument, qu'an négociant de Haaib^urg
alla trouver en secret le chargé d'affidrea, àToè^
casion du magnifique chargement de ooclianilb
et autres denjréea » attendu d'tin jour k l'autre*
L'argument irrésistible fit son office. Le chairgé
d'affaires, après avoir, dit-en, laissé l'honnête
négociant doubler et quadrupler Tenchère sur
l'acte de condescendance qu'il venait lui den^n-
der, en détaillant k son séducleur et les obs-
tacles, et sa propre conscience, et la sévérité de
l'empereur et la possibilité d'être découverls ,
détermina finalement que les bâtimens attendus
frapperaient à telle porte plutôt qu'à telle autre.
Un supérieur connaît ses agens. Les bâtimens ar-
rivèrent, et contre tout espoir ils furent saisis. Dé-
sappointement du négociant qui parlait de se brû-
ler la cervelle , ayant spéculé sur la connivence
4MBM ém
M. de
nKan% de T
fiMliâte dt
TIRES DES ARGI1IVE5. 3al
En épousant le parti contraire qui ne lai de«
mandait rien , M. de Bourrienne lui porta son
talent et son activité. Il connaissait les replis du
cœur de Marmont^ il avait été intimement lié
avec lui pendant la guerre d'Italie et en Egypte}
il était trop habile pour ne pas avoir aperçu le
côté par où l'on devait l'attaquer. Il avait d'ail-
leurs un auxiliaire capable de corrompre le
cœur que Talleyrand avait intérêt à gâter; c'était
Montessin, ancien aide- de -camp du maréchal
Marmont , à qui aucun mouvement de l'âme de
son chef n'avait échappé.
M. de Bourrienne se trouva ainsi placé au
milieu de ceux qui signèrent cette capituUition
de Paris contre laquelle se sont élevées tant et
de si fortes plaintes. M. de Talleyrand était alors
président du gouvernement provisoire. 11 fit nommer
M. de Bourrienne a la place de M. de Lavaletle
à radministralion des postes, dont Tex-chargé
d'afiaires prit possession le 3 avril 1814. 11 ne
conserva cet emploi important que jusqu'à Tar-
rivée du roi en juillet suivant ; on lui donna pour
successeur M. le comte Ferrand, mort depuis
pair de France.
Pendant la courte durée de son administration
aux postes, il survint une affaire assez obscure
et équivoque, k laquelle il prit une part au moins
indirecte; c'est celle de Maubreuil, dont il a
TIRES DES AROHIVSt. 5o3
Tout prauTe qu'il s'agissait uniqMincnt^ d'«iip-
lever les diamans de la reine de Wetiphalie ,
en route pour se rendre en AUema^e.
L'année 1814 et partie de celle de 1615 s'é-
taieni passées dans les intrigues et Icb agitations
sous la direction générale de la police de MM« Beu*
gnot et d'André, lorsqu'on apprit que Bonaparte
était débarqué à Cannes. Ce ne fut qu'on postât
à rhorizon et que l'on méprisa ; ce nuage por^-
tait la fendre. Le 20 mars 181 S, Kapdlétm éCsH
k Paris.
J'ai parlé de la désorganisation qui! lé "pMCHitir
de ces directeurs générant, le t0mîé^9ettpié%^
introduisit dans la préfeieture dépdli<Kir,'éfiêh par-
tageant l'administiratidA entre trois tmâtreë dm
requêtes. Cette désorganisàftion nuiiait k la mai^-
che de la police , et les circonstances eiigeaient
une rapide exécution. M. deBourrienneftit donc
nommé , mais Napoléon était déjà k Lyon j le
50 mars, le nouveau préfet dut se retirer; il sui-
vit la cour k Gand.
M. de Bourrienne rend compte lui-même dans
ses Mémoires de la manière dont il se conduisit
pendant ce peu de temps. *
«f L'on pensera bien, dit-il , que pendant les
huit jours que j'y ai passés, je n'ai fait aucun
usage de ces indignes moyens employés par ce
qu'on appelle la police politique ^ c'cst-k-dire l'es-
3o.'i M&aoms HitrouQUEs
pîoDiuige 9 la délation et les proT
diflcrëdon dont je oie fais un deroi
d'en donner des preirres. J'ai oblom co ^
fallait obtenir, sans mesare Tioleala,
coosse, sans Texations; j'ose aflir
sonne n'a en i se plaindre de moi
la. Si je faisais imprimer la liste
qoe j'aiea ordre défaire arrêtar,odl0adr<
que n*a pas moi«onnées la mort »
nées de n'avoir su que par le M
préfet de police. J'ai obtenu par la
la persuasion et la douceur ce
pas eu par la violence. >
Il fait bon de se vanter
cas-lii, nul ne saurait trop se
cependant que M. de Bo
16 mars, comme on l'a écrit, I'
duc d'Otrante, qui, pourtant,
appelé par Louis XVIII au
Cette action , si le bruit public
M. de Bourrienne n'eut pas le
la main forcée par des ordres ac|
trasterait sûrement avec ce qu'il
cenr et de ses moyens de concilî
Nous nous souvenons aussi d*i
de la tête de Napoléon, et dont les
vèrent officiellement placardées
colonnade du Louvre avec une
TIKÉS DES ARCHIVES. 5o5
pérée qui souleva le mépris. On promettait avec
impudeur un million à l'assassin. Machiavel eût
conseillé d'en donner cinq, et jde ne pas s'y pren-
dre par le moyen des petites affiches. La police de
M. de Bourrienne ignorait-elle ce fait si connu?. . .
Le seul acte vraiment notoire qui subsiste de
la présence deM.deBourrienneàla préfecture est
une ordonnance du 15 mars 1815, concernant
les mesures de police relatives à la séance de la
Chambre des Députés, du 16, où le roi devait se
rendre et se rendit; où le comte d'Artois se con-
vertit a la Charte constitutionnelle. Cette ordbn-
nance est contre-signée par le secrétaire général,
chevalier de Piis.
Le mot d'un vieux soldat de la caserne Popin-
court, au duc de Berri, ce jour-là, dontià l'a
moralité de ces soumissions tardives aux néces-
sités politiques. Le duc de Berri se rendit à la
caserne pour fraterniser en mangeant à la ga-
melle. On Tattendit quelque peu; l'enthousiasme
en tomba d'autant. 11 comprit sa faute. Quand le
prince prit la cuiller des mains d'un vétéran :
— F ! monseigneur, il est trop tnrd, lui
dit celui-ci d'un Ion leste; la soupe est froide!...
M. de Bourrienne imitant en cela les moralistes
qui devinent après coup , a dévoilé autant qu'il
a été en lui le vice de la police publique de Bo-
naparte et signalé les honteuses manœuvre
s
IV. jo
LXUl.
-; .'j
91 MAES 1815 — 8 /uiiur WVi,
Le comte Real , cpDseiUer d'£tat , quatrième préfet de police.
La notice historique de M. Real serait un
abrégé complet de la révolution. Il naquit, au
mois de mars 1757^ a Chatou , département de
I!
I
3o8 II^MOIRKS IliSTOnigtTS
Scinc-eUOiso ; il se destina aux affaim du p
Pourvu f a Tage de vingt-cinq ans , d'une d
de procureur au Parlement , il la Tcndil m
ment de la révolution ; c'était le bon moi
Il prit goût aux changemcns et aax événa
du jour. Son entrée à la société des Jacsbî
lia d'abord aux nouveaux principes : bicnl
se tourna vers le système mixte , ccloi des G
dins. Le règne de la terreur réioigna des tM
Le 9 thermidor le rappela sur la scène psiti
il se fit défenseur officieux auprès d
et rédigea avec Méhée une feuille
le titre de Journal de% PaîrioUs de
étaient modérés , quoique toaj
de la révolution.
C'était une dangereuse cariièWt
temps de troubles , que celle de
cieux. M. Real se distingua
dans l'affaire de Babeuf, et n'em
tefois les deux chels du parti d'ètne
mort. On sait que Babeuf et d'ArlIié
dèrent lorsque M. Real leur appril
nation , et n'en furent pas moins
l'échafaud pour y subir rexécution (5 pn
\ an 5, 25 mai 1797).
Commissaire du gouvernement , en 4791
1 près du département de Paris , M. Réal en i
plissait les fonctions lorsque le 48
i
TIRES DES AHCHIVKS. 3o9
éclala. Il y prit une part active ^ et fut immédia-
tement nommé conseiller d'Etat. Depuis ce mo-
ment, il resta constamment fidèle et attaché au
premier consul. Dans l'affaire delà conspiration)
de Georges etPichegru, l'ex-défenseur officieux
ne fut pas très conforme à lui-même et a ses mi-
séricordieux antécédens. Utt(i;i,ommé Querelle,
condamné a mort, avait demandé par écrit Ik
faire des révélations; c'était en mafs 1804. Le»
premier consul chargea M. Real 4^ ^e^tendv^ejf
il en résulta la connaissance du projet ;46
Georges ; on se trouva sur la voie d'en suryeiU^r;
les démarches, et d'en prévenir les effets. M/9.éal
fut chargé des interrogatoires de Morj^u , Piche^
gru et Georges Cadoudal , arrêtés et reqfi^rjQaéf
au Temple ; il s'en acquitta avec un zèle et une
intelligence qui donnèrent au chef du gouver-r
nemenl une favorable idée du zèle de son par-
tisan dans les aÛaires de haute police. Aussi le
nomma-t-il commandant de la Légion-d'Hon-
iiciir en le chargeant des rapports de police, dans
retendue du premier des arrondissenicns, par
décrel du 21 messidor an 12 (10 juillet 1804).
Des nuages se sont élevés sur la loiiduite de
M. Real h propos de la catastrophe du duc d'En-
gliien , au 21 mars 1801. On a dit qu'il avait re-
lusé d'iulerroger le prince , et qu'il fui cause du
3io MBMoms ntMsiQW
jagement précipité fd ûl périr Tm\
victime. D'antres préleadsiit ipAl s'y Mil
de la faute de M. Real; ipte, dam b
du 91 man, le preaûer cenaal hvail
d'interroger le duc d^ngUetty
à Paris ; que ce ne Ait que le aeir àm
fort tard , qu'il sut que le duc était
Vinoennes} et que le lettdemaittM ,
disposait k s'y rendre il cinq
tt apprit que le prince avait été
la nuit. Nous ne compMneitta pa
argumentations improvisées de M.
pu changer k la résolution Uea
naparte. On ne procédait
irapt du duc dTngUen k sa miie
s'agissait pas ici d'une aflUre jitdiciâiiibi
acte politique ; il suffitait d'èbré ntt
fitre coupable. Let formalité* et fai
p\oji devant la rolonté de ftf i^
le prisonnier de Mncennes. U y
hypocrisie et une formalité de moiaa
acte de violence, et la violence nue ii
k la conscience que la violence fardée.
C'est k la présence d*esprit de M. liéal Mt àtk
se rapporter le manque de succès de la
Hère ronspiriiion de Malet. De sa di
coin de la rue de Kourbon et des Sainla-Pircii I
i'
TIRÉS DES ARCHIVES. Sll
entendait le bruit de la troupe, au moment où
les conjurés s'emparaient du duc de Rovîgo(1)i
M. Real ne perdit pas de temps, et courut chez
Cambacérès; la conspiration manqua. M. Real
se rendit au ministère, et fit arrêter Labory,
qui s'était déjà établi ministre de la policé et en
faisait les actes.
Que M. Real ait ou n'ait pas été du nopibre
des aspirans , lors du retour de Bonaparte 4o
111e d'Elbe , c'est ce qu'il importe peu de sayoïr^
Tout ce qu'on a dit d'une prétendue consjpira-
tion à ce sujet , est dénué 4e fondement ; on
n'en donne aucune preuve. L'outrecuidance
des émigrés en face des poltronneries intéres^
sées de leurs spoliateurs , la sottise fracas-
sière du clergé aux prises avec la sotte in-
crédulité de la bourgeoisie , l'enthousiasme de
l'armée, qui regrettait ses aigles et sa gloire,
l'étranger haï pour ses représailles sur notre
territoire, le grandiose de l'audace deNapoIéon^
le mépris niais de la gentilhommerie d'alors ,
qui se flattait qu'on ferait justice de l'usurpateur
avec quatre hommes et un caporal, expliquent:
(0 I/nncirii hôtel de Ponté t'.ilaîit , ruv des SaiDts-PtTcs , \is-à-
vib la rue (ie Jloinijon , fai^.'iil alors ir;c ilcpcw'Jaiice des bureaux
du miiiisîte de l.i (>o'iie, el i! coMiîP.Mni ]ii:t:l par des j.udiiis avec
sou h 'tleî , i\i\:\\ Vi'llM're.
atsex celle résurrection momenlaBé* 4m t]
pîre« sans recourir aux petites intrigvca
n'auraient jamais produit une si grande ck
Tous les militaires désiraient ce retoer c
cro\ aient. On se racontait, dans les
iDY^érieuse tradition de la Tiolelle ém
de Flore qui donnait ses parfums toos ks m
au âD mars , jour anniversaire de la
r«i de Rome, et dont IXmperenr,
tnMrrer cette ienrette dans les interstices de
balcoa . artait accueilli le pronostic cmmmi i
pruasesse de Dieu, pendant les doalensdsMi
Loaise, en s'fcrisnt : « Si c'est ane fille, jli
LitMKqne. «Celait une superstition
ce ^ee prédisent les masses arrive to^îsers» fni
Iss aaskîtienx en sont avertis. Le S ws ns
a^oie pjs un acte de courage de Napdfan, ce
fut qn en trait de bon sens. L'examen dm |iki
J«« cevrespondances • les révéhiiMis
rveUes montrent Terreur, rillusion,
les meiisoog:es et 1j petite crédulité des
t]ui ont Toulu flatter les Bourbons « en atlvibi
j des uiovens secret* re qui ne fat
i^ue le rvsultat de l'incurie des man^
ncmeus. de» ministres et des impmdt
nai ( s des courtisans. M. Real n'a donc pu
rtrc complice d'une conspiration qoi n*a p
c\i»t4'. Ia's clêmcn» con>piraient alocs et i
tihes des archivas. 5i}
seuls coniro las Bourbons , comme un peu pli^Av..
tard ils conspirèrent an leur faveur. Les événe-*
mens tournent dans un cercle vicieux.
Il n'en est pas moins vrai que le jour même
de son arrivée au château, Napoléon fit appeler
M. Real.
Un des premiers actes de son administration
fut l'ordonnance sur les mesures d'ordre à ^
observer lors de la présentation aux Tuileries
des confédérés du faubourg Saint-Antoine et
Saint-Marceau. Elle est à la date du 12 mai
1815.
Le peuple de ces deux quartiers de Paris,
provoqué par les partisans de Bonaparte , avait
conçu un projet de confédération ; d'oii le nom
de fédérés qui resta. Cette levée de boucliers
fut formidable ; il semblait une révolution dis-
ciplinée. C'étaient en général des ouvriers ,
des gens du peuple, et ce qu'on appela par
dérision des Sans-Culottes dans les temps de
la révolution. Matière première de toutes les
armées pour tous les gouvernemens; force im-
mense, mais désorganisée, mobile, inquiète,
dédaignée par tous les régimes qui lui donnent
des fêtes insultantes , qui lui prennent le plus
pur de ses économies et de son sang , et qui
révolutionnera toujours le monde tant que la
5l4 MÉMOIRES lllSTORIQmS
misère et le mépris étouffermift
très petit nombre fut nrmô de piqscB
lume se composait d'une Teste
espèce de casquette et d*un sabre. Le
nombre resta sans itre formé ea
Napoléon s'abstint de leur donner
U se conduisit en cette circonstance
allié des rois du continent.
Une députalion de ces fédérés,
mal k propos et si injustement
(après leur désarmement , bien e
d'être passée en rcTue par l'em
vain , et qui constata que Tem
homme de trop bon ton pomr
le dévouement des prolétsires. U ne
de terreur que sur le champ de
les routines de la guerre. Ces
parurent Tarrière-garde des ssoi
résurrection de 9S.
Le préfet de police, inibneé
inonie devait avoir lieu le diMsache 14
nux Tuileries , prescrivit les mesures é^
observer ce jour-ia dans Paris
embarras et les accidens. Bonaparte
î^na presque aucune satisfaction k
f]iii, l>ii*n que mal v^tus, et parmi lesqneb
i»li*.Nrs ilis v^mabontU cl (ir% srens c
aiiiirn ■ Icrrorislos, nm étaient pas
TIRÉS DES ARCHmS. 3l5
la presque toUlité, animés ^'enthousiasme et
prêts à d^endre le sol de là patrie contre l'tn-
vasion des étrangers.
La personnalité île reinpefeur étouffa cette
démonstration populaire. Ce né lut pas le sol'
dont îl s^nquiéta, il ciralgnil d'àVilîr sa tHé-
moire en se ravalant aux moyens anàrchiques.
Nos communes qni pouvaient répondre à cet
appel, restèrent sans autre protection que son
gtinie, et ce génie avait faibli, ne fût-ce que dans
la confiance des ioldats qui ne le croyaient plus
invincible. Un seul cri de sauve qui peut devait
amener de nouveau le ravage et la désolation
de notre territoire. On conçoit qu'un Bourbon
pût reculer devant de pareib auxiliaires ; mais
d'où sortait donc Napoléon pour en faire Ë7....
Le mépris que les gouvernans font du peuple
retombe sur eux. Nos guenilles et notre barba-
rie témoignent des imbécilités de leur admi-
nistration, et disent avec assez d'éloquence qu'ils
ne savent pas extirper, mais exploiter notre
misère.
D'iiiiportaiis (^vénonioiis se sont passés d;ins
le peu de temps que JI. Kéal fut à la préfecture
de police. De ce nombre est la grande réunion
des députés au Ckamp-de-Mat, convoqués pour
l'acceptation <!u nouvel acte conslùutionnel ou
additionnel, ainsi qu'on l'appela, et qui reçut,
5l6 MÉMOIKIS HISTOMQC»CS
comme on pouvait y compter » TapprobalM i
toute rassemblée. Ce fiit le tojet d*
cérémonie et de réjo«nsaocea pour
le préfet de police rendit deax
Tune du 30 mai 1814 eonctfmMil tu
poUee relaticeê aux tirtmamm fus
toccoêiam de VaeeipioiUm iê tm
Champ-dê'Mai.
Il est remarquable que M. Real sa p«k pi
de la fréêefUatùm de la Conatiintion, auiiéirfl
cepioiûm^ tant on doutût pea qve la vakitf é
Bonaparte pût être un seul instaot
tique dans son objet.
De laie, une Charte constitati
par le génie d'un grand homme ,
rait infiniment préférable b celle fi
fantée dans les avanies do
discussions errantes des rep:
diocrilé publique ; de même qoe
nons que l'Académie pouvait ae
critiques de détail contre le Cio,
indigne en masse de se montrer
Corneille. (!Vst du grenier d'un
nie que sortira définitivement la
sociale du monde. Et certes, en dépit ém 1%
mortalité que s'attribuent insolemment naa vsi
actions d'un jour » le suflfra^c nniverscl se d
liant il rOvi Icnet*. on saluera la preoialgiii
TIRÉS DES AHCHIYKS. Sl^
comme on accepte avec un empressement respec-
tueux les découvertes mathématiques de Kepler
et de Newton.
Il y eut aussi des réjouissances à la suite de
cette parade; M. Real rendit en conséquence
une ordonnance, en date du 3 juin, concernant
lea mesures de police relatives aux jeuœ qui devaient
avoir lieu d^ns les Champs-Elysées, le dimanche
prochain , 4 juin. La dernière ordonnance qui
émana de son autorité fut celle du 6 juin qui
prescrivait des mesures de police relatives a l'ou-
verture de la session des deux Chambres qui eut
lieu le 7.
Le retour du roi, au 8 juillet, suiteinévitable
de la bataille de Waterloo , ôta la préfecture à
M. Real. M. Rivière, maître des requêtes, qui
avait été de l'organisation ou désorganisation
de la préfecture opérée par M, Beugnot, remplit
les fonctions de préfet depuis le 2 juillet. Ce
fut M. Rivière qui signa le 8 juillet pour le préfet
de police Tordonnance concernant les mesures
d'ordre à observer à l'occasion de la rentrée du
roi dans sa capitale; elle est contresignée Piis,
M. Roland, secrétaire général sous M. Real,
s'étant retiré avec lui.
t
I
i
CHAPmE LXI\'
M. Rivière , miitre des reqattes » c«t la âg
ture pour le préfet de poUce depuis le 3 jalslj
qu'au 8 inclusivement , jour oit le roi il i
MEMOIRES iaiSTÛRIQUES T1R£$ DES ARCHIVES. 3 19
entrée a Paris; le lendemain, M. Coupliq fi^t
installé dans cette administration.
Avocat au Parlement de Rouen, puis li celoi
de Paris, M. Courtin avait exercé plusieurs fonc-
tions publiques; entre autres, en janvier 1811 ,
celle d'avocat général à la cour impériale, puis de
procureur impérial près le tribunal du départe-
ment de la Seine, jusqu'au 2 juillet 1815. La
commisiion du gouvernement le nomma à la préfec-
ture de police vacante par la retraite de M/ Real.
La famille des Bourbons allait entrer dans Tetris.
On le soupçonna fortement d'avoir mis des en-
traves à la libre communication des royautftes
de Paris avec la suite du rpi qui était a Saint-
Denis, en faisant fermer les barrières et eh
soutenant le zèle et le courage des fédérés coiRre
les troupes prussiennes. Que ces accusations fus-
sent ou non véritables, M. Courtin n'en avait
pas moins été, après la rentrée du roi, replacé
près du tribunal civil , lorsqu'il fut compris dans
l'ordonnance du 24 juillet 1 81 5, et obligé de quit-
ter la France, comme ayant exercé des fonctions
publiques pendant les Cent- Jours; il se retira, dit-
on, a Bruxelles oîi se trouvaient grand nombre de
fonctionnaires attachés au gouvernement im-
périal.
Le peu de temps que M. Courtin a été à la
I20
préfectore de ptfcoc
tion» et mesoRs #«rére reLative» aaz évé
qui te pasftAÎenL Les rt mg^rîi In ont
guerre pour a^oir, dtfeat-ilft
priiuer l'tUn tir> ro\iiifri«£> et Ca^
dérc» dévoués a U rrpabliqw avec
dont bon nombre de perM^anes
riaient guère.
M. Cour tin, rentré en France
adonné k la liltératnre. Il est l'an
treprite importante, mais fort an
fait, de ce qu'elle aurait pn devenir; c«
eyclopédie moderne en 35 toI. în-S*;
manque à la fois de méthode ei «le
Bon nombre d'articles» gonflés de celle pi
logio creuse et sonore que le c
a mise dans la bouche du premii
d*idées , ont un faus air de
, I les mauvais discours d'apparat qne F
avec tant d'aplomb a la Chambre de
( tout m£lé de U science la plus
vue bourgeois. Mais les coUaborateniedeH
tin tenaient le haut du pavé dans I
i et n'ont pas manqué de se mettre
qui a constitué U vogue de rentreptisc. l
Saint-Simonienne, quoique dépoarvee d
point de départ scientifique et
r f<era mieux dès qu'elle le voudra. C*(
• I î
' . I
CHAPITRE LXV.
10 JUILLET IBiâ — 90 SEPTEMPBE t<(»
. . . • : : : : f : ■• i ■ • :^ ii ■)'
. . . , ; ■ : > . ' *J : ^ . •
' 4
M. le comte dac Decazes, suièmp préfet .de poQof ; ^ < f n > 1 ,
... >.■..-• ^n iflii '
- . . . ').
M. Decazes est plus conna par son ministère
à la police générale et à Tintérieur que par ses
i'onctions a la préfecture, où il ne resta qu'un
peu plus de deux mois. Ces deux mois, il est vrai,
furent très orageux, car Texercice de ces fonc-
tions a Paris offrait des difficultés d'autant plus
grandes que M. Decazes n'avait rempli jusqu'a-
lors aucun emploi qui pût le mettre à même
<le suivre les ramifications diverses de cette
branche administrative. C'est ainsi qu'en France
tout se pratique ; l'école normale , le stage
de début et d'initiation des administrateurs
IV. ^\
* l> *
■• '«•.nit* ii^'z^:* c
:^iai:::.ii':> ': :.i f^it^Les^nt ou ace Mge-î
Ml*::»*- :• :-» ^iT 3i«nte oa «ie
pi7.-» M-! 1 .rr«!f^ea&c!îtê royale les
• * ^'.iiif*. ■'i ccu >» i'iece oa n^os les
LiuH Li plopart da te^ps il»
i*:» pè0 friUef girifltîgs .
ôeoi ffêciasx a noos ofirir .
que d« bnnir en atiendant
damestîcNé iTapparst des
MMBinet de Tétat et sur les àatérlto
fliîUioos d'indiridas, qu'ils cWr&hC (f
ils le cherchent) à se mettre aa mhb et 1
CB taîBMil ëaiis Ib Hf^ èlMilk
f eeMMie des éceiiers bo«
Leur célébrité, lerMp'ils ont le
qoérir k forée et Craies, i
r qnent des nilKons et d*îacalc«lahlB
ils portent le désordre de le«r éd«eallHi é
désordre de notre organisation ; Us mmÊ h
fans et les propagateurs de Ta
jienle routine, notre véritable
«iii jour.
Les esprits étaient alors dam
crise ; la présence et rinsolence de
TIRÉS DES ARCWyiS. ^S^
talent à tous les sujets de mécçi^ieipilenQient. Çwff
qui regrettaient le règne éclataift 4f) JRpns^lHffM *
se répandateni en dUcqur5,/ac|ielM^d^^ iNPf^fl
de conspirations réelles ou suppcfs^ t^nfûp^t Ifi
police en éveil. M. Dccazes avaH bCoiiiV^Ja.^ifK^'^
lice organisée fortement parles sojas ctô.AJK ti4ê\k
formé a Técole de Fouché. l^es TjCssoj^^ éjL^j^nt
tendus pour faire le jnal à yqlopté.jl^ mU4.j§n
état d'arrestation des homm^a qpe 1^ ^(yi4l^^
du parti royaliste et l'esprit de réaction l'Dl^^j
laient copfimir qoçeinis di| iio^4:irel^j9j|(^i^A >de
choses et coxani;e.des^^ traître^ ,^u!jL fa)l^(j|ii^l
employa tous s«s instans. Il efi|;Ja ,trî^ inspira
d'y réussir, et Ton fut à peu près up^^fiipiM ppfC
lui reprocher Farrestatioa du.gf§^gi4>^ ?i^iBgf4*
de Lahédoyère., dont la oiise en î^g€I^|Ç)i^ffi||
mort ne serrirent qu'à irritenrles cœui» ejt>6iOT
haïr l'autorité. On aurait mieuiL comprk ce soin
et ce zèle de la part des autorités étrangères , et
la France, dans la personne de ceux qui rece*-
vaient le pouvoir des mains de la coalition, n'a-
vait pas à se faire, de gaieté de cœur, par reçoit-
naissance , l'exécuteur des hautes œuvres de
l'animosité prussienne ou cosaque. D'ailleurs,
l'avanie que l'on faisait au sang de Ney rejail-
hssait sur d'ineffaçables souvenirs de gloire ; et
c'est de ce point de vue surtout qu'on peut laisser
tomber son mépris sur le stupide et impolitique
TIRÉS DES ARCHlVE^v SaS
époque, et s'est lai^é de toate . piArticipatioii ^
nous ne voudrions pas lui avoir tenu liett d^
serviette. j ^
Les étrangers étaient maîtres, de Paris, eH^
c'était à M. Decazes qu'ils s'adressaient. IJb M
plaignaient fréquemment des attaques 'di^ ÎQuif-
nalistes. Cette classe d'écrivains, qui fait icom-
merce de plaintes, mais quia le cQUifage d^ sa r^sr.
source, se montra 4a seule qui'nç craignit {(^sd^éfr
lever la voix contre lesabti^yfes actes d'intfolj^nc^
ou de rapacité des troupes alUées dis^lDiiilée^ 4^01
la capitale et logeant chez les ha]>itiû3S. ABeji^liii,
à Vienne , k Moskou , nos troupes n'Hi'i^iieat :pail
eu ce contre-poids, et ne l'auraient paa toléré.
Ce courage, qu'on traita nécessairement de li*
cence, déplut aux étrangers. A la longue, il
pouvait devenir dangereux en fournissant un
prétexte aux hostilités des troupes étrangères.
Le baron Mufïling, général prussien et gou-
verneur de Paris pour les alliés « se plaignit avec
amertume des journalistos à M. Decazes; il de-
mandait qu'on s'interdît formellement luute dis-
cussion ou observation sur les armées alliées. Le
préfet de police , secondé dans son espionnage
furtif par les dénonciations publiques de nos
écrivains , aurait bien voulu ne pas fermer la bou-
che a ces ressenlimeiis incjuisileurvS, qui, maintes
lois, révélaienl des laits graves et provoquaient
.. I
..'
;/
336 MÉMOIRIS HISrORIQCSS
l'attention de rauterité ; mab an comprit
I tite la nécessité de céder au gooTenK
< On ne joue pas avec la lumière sur des ■«
de |>oudre. M. Decazes adressa <lonc , k fif
let1815, la circulaire suivante ans
en chef des joumanx :
ic Son excellence le gouTemeor im
« plaint que les journaux s'occupent
, « années alliées. Il demande* qull
I m aux journalistes de n'en parler ni
\ « en mal. Il demande en outre ^
» t m tion soit faite aujourd'hui même. J« niV
« en conséquence de vous faire a
« tentions de son excellence, et je
m mande expressément de voas y
r réserve. »
Tous les momens de M. De<
ployés a répondre aux ordres de la
4 ministre delà police, Pouché, qni» malgré
! trée du roi , conserva sa place ji
tembre. C'étaient de continueilea
il fallait en constater la fausseté,
ceux qui en étaient Tobjct.
Len animo>iiés particulières prenaient p
texte tle«s întérrt'i de TKtat pour s*aaaMvir
Iroiivt* fl;ins les p.ipiers li'.ilors uni* dcnonciali
infiimc triui Miisin. ijin no vouliiil que fairr i
^ue^|lir^ol1 \oi^i^ pour.isr«iiiiNr son proprt ïm
TIRÉS DES ARCHIVES. Ss^
etsonensei^e. Les familles imitaient èfitré elles
ces indignités. Il y a de la bôné ^ reàïHef dans
les souvenirs de ces temps déplorables.
Le soin de la ville exigeait aussi quelque atten-
tion : on n'avait point le temps de recourir à des
ordonnances , il fallait agir suf-le-champ €!t pour-
voir à la tranquillité des marc^hés et dé là ^ojiu^
iation très agitée, mais aisée à contenir àvéc
un peu de force et quelques menâtes.
On sait qu'un spéculateur célèbre , qftâ W tdta-
jours trouvé moyen de receftôif et ^é ilé tf en
payer , fut le fournisseur des alliés , ëfei leur de-
mandant des troupes qu'il dirigeait dam nos vil-
lages pour en enlever les béstiaui. Tottt est de
la même force dans le sfieetade d@ ' la pàVice k
cette époqueu
Un autre objet occupa le préfet de police , ce
fut le soin de faire enterrer les cadavres et les
chevaux tués dans les combats qui eurent lieu
avant la capitulation ; après la guerre , on crai-
gnait In famine et la peste. Les dépouilles des
Français morls furent, dit-on, nettoyées, lavées
et vendues au prolit des hôpitaux. Le gaspillage
dut venir après le massacre, comme les corbeaitx
suivent les armées.
Les cérémonies pu!)lif[ues occupèrent aussi
i\I. Decazes. Par une urdonuancc du 2!) août , il
prescrivit des mesurée? d'ordre ii l'occasion de la
aU* ca âgii<e JlMiMi «1 c
crétaira géoénd éê JNmm*.
Fembot cm jo«n da «m. !•■>•• Infrta
P«tioiiid«pitiat<lc police ^lant remplic»pt
■ .eirorgencc de oMMnii
I par le* àrcoulancca. i ■
t ^ae la police ne »e «oit «en
d'aipafp 4MUMHtneat d'ntilîU publique ; tfm
({« M. Dacant, qui ne pr^teodût pM m
préfist, cooasauit unr. bonne partie de na IM
kfiwpaUj^Mtf «1 roi ((ai roiniait, et à emtâ
^nÎMRleifiBirtoBtflucbë dontîl voalMlb^
Il y paiH as V aeptembre , et c'eet U fifl m
cpB^^Xn, radarcbcr, oarcMcr, haîr. cdb
1^9 1*^ •> fcbimer tour n tour piatoal <
lyi^ngMiJinpIjii . doui j« parlerai c««cba
co^^ diiffU dans le chapitre qai le évasa
M. :I^ir|Biy » ni- en «eptembre 17B0, «
Inote-Qnq au Ursqu'il Fut noauné ptébl
police; il arail été atuch^ au senrîca de la
mîUa de Bcuapairtc ; •ecrétaire de* i nww
mena de JTadaaM m^rr , il eut pour aecrélaiRi
préfecture, M. le comlc lieDicnoe, et paavi
cesMur la conta ADglà, Mptij-toe préfet de
lice.
CHAPITRE LXVI.
2J SEPTEMBRE 18ltt — 90 DKCEMBM 1891.
Lf cuinlc Anglcî» , ininistic d'clat , ;>eplicrîie préfet de police.
Sans revenir sur ce que j'ai dit de M. Angles
lors de sa nomination au ministère provisoire
de la police, je dois le faire maintenant con-
naître plus en détail.
I
330 MKMOIRES IIISTORIQCCS
t II est ne à Grenoble en 1780. Son père , ^
nous avons vu depuis président d'âge de
Chambre des Députés, avait été conseiller <
Parlement du Dauphiné. Le fils fut destîatf i
bonne heure à Tétat militaire ; il était éfere d
l'école polytechnique. S*étant renda a
se faire recevoir dans lartillerie de la
il y fit connaissance de M. le TÎci
de Galles , dont la fille frétant éprise
passion, devint son épouse, et une grand»
lui servit d'échelon pour parvenir k
Sa destinée l'appelait ailleurs «pi'i
Recommandé a Bonaparte , il fat frit
au conseil d'Etat en janvier 4806 j
des conquêtes de l'empereor. La
l'Allemagne procura à M. Angles
cément. Intendant en Silésie » il y
mois de décembre 1808. Il passa
très fonctions qui prouvèrent sn<
1.1 faveur dont il jouissait près da
intelligence. Il fut appelé à Tintendanca dcSd
bourg , puis à celle de Vienne , et fat cal
nommé commissaire du gouvernement fraara
près des Ktats de la régence d'.Autrichc.
Ces laveurs de la fortune le forinèiant a Ih
ministration pour la<|nello il avait da gaAi. In
tré en FiMiirc, l'^wiipcrcur lo charsea. ra à
foinhrr ISMl), (!u U\>is iiar arrondisseascnt dil
Tins DBS ARCHIVES. 5Sl
police de l'empire, après l'avoir créé maître des
requêtes w coqseil 4'état. jLa dÂTÎaion de police
doni il avait la direciioA et la corcespondance
comprenait les 4éparfaQmiai9 iUTdfl& 4e9 Alpes.^
ce qui dans la suite i'm^twna i l'eicécmitipa de
ipesures rigoureuse^ ^pptrç \fê pv^tres îlsdiens,
dont je dirai quelque chose av9f4 <k poster plus
loiq.
£n juin ^m,U pJHie f'm YH avait 4té dé4
ppuUlé de ses f^s et traité Wk pi^^^^^^^^^ P^
ordre de r^oipereur. h^L baut^ polioe en oetia
occasion était du ressert de H« Angles. Il crut
servir son makre en sévissant avec tmpassUfililé
contre ks prêtres qui déblatéri^enty non sank
juste in<^ti|', centre l'Qiliwi^ tie^w^^t q4^ l'on
faisait fubir am duf de k lûérsrçhîe qath^ique.
M. Angles ordonna donc l'arrestation d'un assez
grand nombre d'entre eux; il recommanda a
ses agens et aux commissaires de police a Turin,
à Gènes, a Kome, à Civilla-Vecchia , de tenir
la main a la répression des ecclésiastiques mal-
veillansj et leur transmit une sorte d'inslniclion,
qu'on lui a reprochée dans certains écrits publics,
comme un acte de tyrannie; cette instruction
est adressée au directeur général de la police k
Florence, M. de Lagarde.
tarir, rilMntV^I
• La «vtttMm et TtaftH |rtKi *v 4
fijft et M milieu éa linwiirtwi*» ir^iftii ■
1«M difficile deo coaifffwer Ica écavti.
» a faut cepeDdanl f'ipp&qaer à haliwf^f
«M infloesce bronble le» dbcou» <lc» «mI>A
S. M. I'cmp€rcw ior le» ^mém aKte. ft 1
•■ pleine retnite . et \t» tférmntmimmm
jmÊT plai de coniisUnce. C'est mr ct^érémÊmm^
ip^ bal allirer l'atUntion des tHmm^)^^
CM ijeofl qu'il apputient d'éclairer owx 4ttaM
COMpatriolcB dont le nuanis e^Mrit chavÉari
minion nux lais. Si leur influrarc «i wb U
nuatiou» ne suOiMnl pw. il «vrait biM Jrttb
dîfigor Mir Nice , d'où iti rccemûeni «ne éuë
naUon ulti-riruro.
€uUe loin- oirm un siagulivr méhai^ ^jU
.^
tlKÉS DES ARCHIVES. 335
t
prit de servilité commun à la presque univer-^
salité des agens de Bonaparte, grands on petits,
et de l'espèce de pudeur que Thomme d'un cer*
tain sens apporte toujours dans les mesures dont
il comprend la dureté choquante. Qu'avait de
commun la splendeur prétendue des victoires du
conquérant avec la modération dont on égayait
de faire sentir l'importance aux vaincus? On eût
parlé d'un autre style si le fait avait été vrai.
Cela semblait dire : Attendez an moins que nouk
soyons tout-k-feit vaincus! Et il n'y avait paè
long-temps à attendre.
M. Angles a également encouru , datis ' Hik
laps de temps qui faisait ressortir le contMite, lé
blâme d'avoir mis à poursuivre comihe boita|]iar-
tistes ceux qui n'étaient pas pour les Bourbons^;
la même ardeur qu'il avait déployée précédebi-
ment contre les royalistes; ce blâme, dont nous
ne le disculperons pas, appartient à tous ceux
qui ont eu le courage ou la lâcheté de servir sous
deux règnes successifs et opposés, après avoir
prclé serment à l'un et a l'autre ; adultères assez
communs dans les mariages politiques. Zélés
pour eux-mêmes, et cliens de leur propre per-
sonnalité, ces hommes, restés fidèles a leur
seul intérêt, ont été traités par tous les par-
tis de Iranshiges. On se trompe; l'égoïsme ne
change pas de bannière en passant tour à
tour il lunhs. .Nous ne* Liisons pas llionan
M. AngU'S rt à d'autres comme lui, de m
(|n'ils se NoiiMit jamai!^ dr\ouL's \ï l.i forlune
]>unii|MrU-. I.ours hciilit tn li's l'ii i?\cti^nt
Am'i r.ilxl'u ation de Hun.iparlt^ , un , ^i
ncineiil |>ro\isoir«! s'ctant ctahli i-n a^nliS^I
M. Ani;U's fut noiiiiiié roiniiii«sair€ au dt^arl
nient di* la pulicc ^ciiéraU*; le roi le nommiez
st'illcr d'Ktat au nuùs dt* juilli.-l »ui> Jitl. I! a^
ctc remplacé à la police générale par M. Bcnpi
et restait sans fonction active, lorsque le Hw
arriva. Olil'mé, par les avis de sa coqscîcacc
non pas autrement, de quitter la France, i
fut facile de se rendre a Uand » grâce » i
d*Otrante , redevenu ministre de lapolinr,^
se ménageait des bâtons de vieillesc tiasi tm
les partis. M. Angles fut en quclfse lefftc I
ministre de la police a la cour die Gani. Ce ■
fut pas sans doute à TelTet de surveiller la
monnaie que Ton crut devoir ballrt
tenir lieu de liste civile , en aUendaal itmi
clamer les arrérages.
Le rétablisiicment du gouverneoient nj
après \N alerloo rappela M. Angles à Paris; 1
resta peu de temps sans plact\ Au mois àttf^
t«'nil>re 18L>, il fut iait ministre d'Etat, etptf
iuiinèdiatement a la préfecture de poUceoiC
par M. Uecazes.
I
TîRés mA AAcifrvirs. 355
Lefi circondùnces inondaient ces ibficl&miBUifH
ficiles; les subnstances seules Fmxmpaîiéist èssénn
liellement. Grâce sf L'occvpation dé Fari^ paiile»
troupes alliées, le peuple était aigri ; ces hoAes
de diverses nations prenaient des revandbes d'iii<-
solence. La classe militaire et populaire était,
provoquée par les diJQfércns partis a i^nttur^r^
surtout par les bonapariisles les plus irrités, et
aussi par des agens de Fennemi qui auraieilt tattlft^
faire naître un prétexte de jnettt eiteTilie su fîbi
lage. De part et d^aiilm^oft^teiiaît te préfet éndsf
une transe cèntinuçlle.
Les exigences de» royalistes diMbm6«lib blM*
d'amrës sujets de soiKeituâe. £ieu#<|^i$|MI^ dë>
l-éblotdssfeD^ient des eMft < ^ûm;;' Hi' 'SN#(fM' iiqp
peu perdA leur esprit ^ë tiiùfattmniàé^thii^
resque, et voyaient des conspifatieqtt^^aiHfoMî^
ils en faisaient naître par leur esprit de ten-
geance. Des chants haineux , des provocaftions
fiévreuses tenaient les vaincus en haleine. Tous
les jours, au Palais-Royal , on échangeait des
coups et des cartels. Les maîtres d'armes dont
Paris fourmille avaient beau jeu pour se poser
en héros. La police était sans cesse occupée à
mettre la main an collet des conspirateurs, à
réprimer les libelles et les écrits contraires au
nouveau gouvernement et aux opérations des
alliés. M. Decazes, devenu minisire de la police,
336
mm
ne laissait poînl en repM le préfet;
luûl dea instnictiona k suivre |
les bonapartistes <tt les révolutiiMio
Au milieu de cet tirailletnem, le prélat •■
plu» 4'uRe fois 11» règles de lu justice et 4il1
partialité, à auppoMr t|u'il les eût jaMM.
prises ? Ma» où les aurait • il apprises ? !!•■
verrons mj^me , suivant les os et coatama^
la Iradilioi) Tut écrite par Machiavel , ec, À^
lors, r(:(;ulîèrenient mise eu action |
ployer des agens provocateurs poor a
déf^oiivrir de* complots; ce qui en lait aMM
terre des factices en iu&dc temps qa* 4b ri
et complique ainsi la besogne MlBàaâMM
qu'on espérait cependant abréger par bfWM
tion. II serait p«at-£lre fausDéaninaMedb^
que M. Angli» ne fit pas quelque» A>% fa
amortir l'effet des réactions et pour MOÉnvI
mt-me contre une impulsion à laquelle SlâH
ai difficile de résister. L'ambition et le éàm
conserver sa place , très oflnandéc à ccll»4
<fue , le guidaient plus encore que la oomïtf
des besoins du moment, dans le* aaeaama
Cftisait exécuter. Il se serait volontien, aaa
croyons, chargé (oui seul des surei.citatâMei
ticci , pour être i uiLiue de toanifester aom alà
coup sûr. Mais l'on ne pourrait avoir la adoi
complète du détordre sans posséder ea mA
TIRÉS DES ARCHIVES. 33)
temps la science de l'ordre, et dans ce cas, il se**
rait plus agréable de briller et de s'enricbir par le
bien. C'est pourquoi l'on fait le gâchis lui-même
en casse cou , au jour le jour. Aussi les dénon-
ciations pleuvaient de tous cotés; M. Angles
était également en butte aux. reproches des
royalistes mécontens de sa modération, qu'ik
appelaient simplicité, et aux criailleries desbop-
napartistes et patriotes qui l'accusaient de saiHfi-
fier la liberté et la justice aux vuea deja ejoior
et à la haine des courtisans. ; i i ^^
La police politique fut donc pour lui^âlteratr
tivement, un sujet d'inquiétudes et de soins i elle
apportait des entraves aux autres occiipalions
de sa place. Si l'affaire de Maubreuil lui valut
des tracasseries sans nombre , sa conspiraliofi dis
patriotes de 1816 le compromit d'une manière
bien plus sérieuse. On l'accuse, non sans raisons,
d'avoir secondé les menées du duc Decazes par
des mesures odieuses, dans la création de ce
complot.
Un assez grand nombre de mécontens existait
dans les basses classes. Un nommé Scheltein,
espion , eut ordre de parcourir les cabarets où
les ignorans se rassemblent; Ta, cet homme
cchauffait par ses discours des gens qui n'avaient
réellement pas les moyens de monter une con-
spiration. 11 faut une mise de fonds pour le
IV. «2
1
t
cc de
\
»il4
n^ 'f 441 <|tii ha CbuiC
rir^^fm^ , il M oMtctn n
TIRES DES ARCUIYES. ^^Q
meilleures intentions du mon4e, a&ndfixi^ffippf^
la vertu sur la terre , en attcji^flanf V^*9^ }fPf
dise bien nelUment ce que c'est. Sc))içlt^
ajouta qu'un grand nombre «^'jqdiyidus fuafr
chaient sous la bannièrq de )a J^i^crtjé , xiïà\B^'jifi
fallait recruter encore, et prpn.dre )up siignje i|f
ralliement. Pleigniçj: prpmif; 4^ i^'jea ,oc(c;i^e^
11 en fit part au graveur ToU^jro^, ))|^j9yr))9i^((lf}^
écrivain pub^c, ^ Çbarl^, jipiprjli^iy^ f^9fÇ|P¥^8
de Bonaparte, fis p>pprf?ivèrent pM^oç* ^q^
leur dit Picigaipi: et yQ?f^}ire^* vojf^ c^ ^i
risquait de semblables propositions. ^^.fg'l^yPf^
rendez-vou^^ S^tc^tjBin liî^r^t ifûjej^fj^j^^
superbe j le prtyl.e eit les pi^çu^^es 1^ /él>]l^
On ne trouva pas ,to^ 4f? jpui^ r^cp^^9>^ 4'4^
complirunerévolutijGm^^i^oa i|iarch^.Jl^e pBoîft
leur allait à mefveille. U fallait un g^ayeur pour
fabriquer des cartes; ToUeron s'en chargea;
Carbonneau dut copier la proclamation ; Charles
se fit fort de l'imprimer pour qu'on pût la met-
tre en circulation dans les départemens. Ces
malheureux firent successivement tout ce qu on
leur demanda.
Mais y une fois lancés dans l'entreprise , -Us
commencèrent à en craindre les suites. Pleignîer
croyant prendre le plus court pour sortir de sa
misère, et sacrifiant sa révolution comme £saii
son droit d aînesse pour un plat de lentilles ^ M
f
tu connaître au minblro D«Gazcs; celai-ci Te
gagea fort à suivre cette affaire et à lui cnn
dre compte. Les agens du préfet de poBoe i
tervinrent dans les réunions oii les coupiralefl
\ 1 furent arrêtés. On connaît le résultat. Cette
il
I I nœuvre , aux yeux du public , resta com
preuve du coupable système des proT
^ ; elle n'a pas été la seule.
Pleignier avait remis des révélati
disait importantes a MM. Lambert et
officiers de gendarmerie, avant de
Téchafand.
M. Angles, en qualité de chef
gendarmerie, se plaignit que ces
remis Técrit au président de la cour 4*1
le fit passer a M. le chancelier.
Il appela donc M. Dîneur pour hà
son mécontentement , constata par écrit es ^
I ce dernier dit pour sa défense, et
M. Tessier, commandant de la gen
le conduire ii la salle des gendarmes
fecture, sans le laisser parler à
J en effet, une étrange gaucherie de le
subordonné d'agir plutôt suivant
que suivant sa consigne. L'obéissance h la
gne le mettait a couvert de toute
matérielle > mais il y a des gendarmes qpn «
que gendarmes, croient encore à la
TIRES D£S ARCHIVES* S4i
morale. Quand elle en trouve devant son che-
min, la police y met bon ordre. Soit donc que
M. Angles fut très ulcéré, soit que l'officier de
gendarmerie Feût offensé pour quelque autre
chose, on l'envoya définitivement a Bicâtre;
mais le concierge, qui ne recevait pas tous les
jours de pareil gibier, refusa d'emprisonner Foffi-
cier sans un ordre spécial du préfet de police.
Le concierge craignait les méprises et les ressen*
timens.
Ce refus irrita de plus en plus M. Angles ^ il
obtint du juge d'instruction a la c#ur royale lin
mandat pour que M. Dineur fut amené devant
le juge y puis réformant Tordre , il en donna im
autre portant que c'était à Bicétre que l'officier
de gendarmerie devait attendre M. le procureur
du roi et le juge d'instruction ; on reconduisit
donc M. Dineur a Bicêtre , et le concierge re-
fusant encore de le recevoir, car on ne met
pas comme cela et de but en blanc un officier de
gendarmerie en prison, notre prisonnier resta
dans la cour jusqu'à ce que M. Laine, lieutenant-
colonel, vint le réclamer c#mme justiciable d'un
conseil de guerre, en cas de culpabilité.
M. Dineur fut mis en liberté quinze jours
plus lard. Cette persécution gauche , et dont on
ne voyait pas le motif, devint un sujet de re-
proche conlrc le préfet. 11 fallait que les rêvé-
latîons (le ri('i|:^nier Inspirassent nn»r zrii
inquiétude pour nj:ir de rellr mnnirr'
homme puliliqne devrait avoir li nfï.^rîj!
d'avaler quel<[ues louleiivre.^ et de f'^i'-r j
pieds loul amoiir-proprc. Mais tout k :r:n
n'a pas le courage d'un Talleyrand.
Cel i'\éncnicnl n'eut aueune autre §u:s. ?
plus que 1 évasion de M. de Lavaictte.
Le 21 novembre ISIiî, l\ minait. M de I
valelte, direcleur i:«:néral des postes »o!z§ !>:
pcreur, avait élt: condamne a mort psrb:^
d'assises du département de la Seine, coa
un des fauteurs de l'usurpation de Botupirtf
20 mars, en prenant de haute lutte, liisf îhSt
des postes, le titre et les fonctions de dsrrctez
général pour expédier aux départemais la ^^^
ordres ofluiels émanés de Téchipp^ &e Vi
d'Klbe. L'é\asion du condamné ne pemùtp
Texécution de la sentence. On dut se boR«?
l'exécuter en efli-ie . le 1) janvier 1816. §sr
place de llrèvo, et .son si^Mialenicnt fut attacbc
un iiihet; firoîcNC|'ie rt i^uohlc t:omédie qui fi
desicndrc li hn |Uni|ii\i l.i r«dtiv , en afflcki
au\ veux de Iciî-- ^i)i\ iiii|im^N. nu r.
AjM'rs If |)niiiiiii( «'■ du piucnicnt à mort, V
L.l\a!rllr, iji.i ^ I l.iil pnîlTMi «M t a*^..!*'.!. !
rcnl(-l'in< i l.i (.ii:i. :r. . i rtr. !..• j^nfrl .îr r. I
}. -'>
TIRÉS DES AllCfirWS. S^fS
surveillance fût rigoureuse et qu'un ne perÉiit
au prisonnier de Toir qui que ce fût , (pia^fl
même on se présenterait avec une permisûoii
signée de lui. Le procureur général, sur la dfs^
mande qu'on en fit , permit pourtut au prîmi-
nier de voir sa femme et quelques amis î^dkpNs
par M. de Lavatette.
Le 90 déeenAre, veillé dte i'tkécutioai ,
trois heurel aplrès midi, réj^oim «t b fittb^dl^
condamné , et une femme âgée >de î^iadÉiitOMdiK
ans, nommée Ihiloil, fturid^iMiodoitMmlatfme
temps par le concierge Rèqmtte, 4ém in i#wii-
bire de fkf . de Larralettt. .x- ^oi
Madiitee de i^avalelte e'éliit fait ^trantfftlfar
à h Conderg^e danÉ una^ clufile à |^oHMir>
servie par un nommé étoMny àk Jlf«fiffj|#, gdn
porteur ordinaire , et un nk>mmt Brigani*,
commissionnaire choisi ce jour-là par Guérin
pour remplacer un autre porteur or^naire alors
malade. Les porteurs étaient dans Tusage de
conduire madame de Lavalette jusque dans la
c'ouir de la Conciergerie ; elle sortit «cette fois-1^
de sa chaise dans la cour du t^alais , et s'ache-
mina pédeslrement vers la grille de là Con-
ciergerie.
Madame de Lavalclte était malade bb censée
malade; son valet de chambre dit aux porteurs :
« Arrctez-vous ici ; madame est assez forte pour
544 HEMOIKES HlâTOHlQCU
achever à pied le trajet qui lui reste â faire.
Lt chaise fut rangée par les porieara vcff%
mur du palais de justice en dehors de U {^nll
On en tira uu coussin en Ufletas vert et ■
paquet volumineui. Madame portait an sac
ouvrage. Rien de tout cela ne aabît Tcubc
ordinaire. On envoie rarement les gens «la ke
ton a la mort dans les temps moaardiîq«ei« cl h
geôliers savent leur monde. Ud goojat «ni
moins de chance.
Madame de Lavalette , en arrivaaat k h Cs»
ciergerie, était vêtue d*une redingota de mimi
rouge 'garnie de fourrure, et avait aor lalllaa
chapeau noir à plumes mélangéca.
avec sa fille et la dame Dutoit dana la
de son mari -, le valet de chamhre ftppali
demeura dans la première pièce
$r€ffe. Les porteurs avaient été
corps-de-garde de la gendarmerie.
EberlOt Tun des guichetiers de la
lo diner et le café qu'il avait été
la cour du Palais. 11 quitta Tappa
n'y rentrer que lorsqu'on le sonneraift. Ce
chetier avait été spécialement attaché
de M. de Lavalette par le concierge.
i Lo valet de chambre Uenoist, qui était daasl
secret , voyant approcher le dénoûmeat, qmitli
ravant-grclfc pour aller s assurer des
TIRÉS DES ARCHIVES. 345
BenoisI trouva les porteurs an corps-de*>garde
des gendarmes y et les invita à venir boire avofC
lui. Guérin , un des porteurs , ne se fit pas priée,
mais un autre, nommé Brigant, ne bougeait pas.
— Allons donc I camarade , Ini dit Benoist «
vous ne serez pas de trop.
Brigant se laisse persuader, et sort avec son
camarade. Chemin -faisant , Benoist , d'un ton
déterminé , leur dit :
— Camai'ades, il y a vingt-cinq louis k ga-
gner. Vous serez un peu plus chargés, et il faudra
aller plus vite j mais vous n'aurez que dix nf»
à faire. ^
— C'est donc M. de LavaUette que nous allons
emporter ?
— Cela ne vous regarde pas , allez
Brigant rejette la proposition ; Benoist insiste,
et lui dit :
— Tu n'es pas un homme !
Guérin, Fâutre porteur, sejjoignit a Benoist, et
dit k Brigant :
— Qu'est-ce que cela te fait , dès que mon-
sieur nous jure qu'il n'y a rien a craindre?
Sommes-nous payés par la police pour examiner
les tigures sous le masque ? Viens donc !
Brigant voulait absolument savoir qui l'on de-
vait porter; enfin il quitte la bricole, et, sans entrer
chez le marchand de vin , s en retourne chez lui.
S46 mcMomES aBTOMQUts
Qu'on juge (le Tinquiétude de
blsait tout manquer. Heureiuement
iflf jtux sur un charbonnier en ttmm de biîe
tt lui propose la bricdle ; ils
pour aller prendre la chaise ; sept
sonnaient ; il était par conséqneni
fet. de Lavalëtte , installé daae
lait depuis quelques taioidfeiie.
nainutes d'attente durent lui
éMrmès. On partît enfin.
Parions de ce qui ^êuit pnmé
de la prison.
Après le café , un coup de
concierge. Eberle coUmt h la
concierge Roquette s'aTançeik de
savoir te qu'on Voulait, trùi
é'Ëberle, arrivaient en ce
f avant-greffe.
Un mouchoir bliîi'd coutMit
dame Lavalëtte; elle tanglotaft
selle de Lavalëtte marchait à
sant des cris de douleurs ; tout
^'une famille livrée aux déchirdlftfeiriÉ
nier adieu ; le concierge , âCteiiArt
vraisemblablement par ce dëgûiicoMÉI
lueur incertaine de deux lampes <fû Vi
nVnit |>a^ I.i |)rr.senrc dVsppit on lecfMHf'
80ulc\rr Ir niuuchuir qui couvrait la toodi
Tiaiss n» ARCHivnu* d^^
cette femme , veuTis déjà de son mttri tirant, lib
déguisènlent réu^ftit} Vt concierge prééentti IttUâfiHHi
h la prétendue madame li^valëtte et Itt condttiitif ,
aind que ses deui êOdipligMê ,^ jttèqiÉ'âti d«Mi(fr
l^ichet. L'épousé du oèriHe atlk M 4'aiidMi^tle
réMer dkné sd ehanibM. SànH êxagA-ev le mééHe
de ce déYduenleMj etf il ii'éMMlinâ( ]^«é la mtkj
c'était un jeu bien bàlîAi - *' * ^ * ' ^ î
Sok'tis cte la piriirà , Bbëi^v le^lbeik^^'ap-
péla les piirteuM. Lus p<irtettM têHmditertlhiMe
^uai des Oihftir«a, jus^uis pfk» é\ là ke SAttiK-
Ànne. M. dé Lâiralèitè Itlt temjplâiQè d|i]À la
chaise pUrià fille que liitft cAidiikit ad cëÀtMt
de l'Abbâ^e4uc^éts. -^ . .r> i .
Tandis ^tVvHsiën s'^kMtiiflil j le ebAeteir^
ehire dMA ïk-iéi^é âHê M; Lat^y^tl^, tt'y
aperçoit personne > ttàis ëniefld qiMdf(^'iltl ^i
remuait derrièlrfe un paravent ; îl regarda , et
reconnats^âht lÉadame de LaValette , il s'éct*ie :
t< Ah ! màdàMe , vou^ Im'avëz trompe. » Il veut
sortir pour donner Talarihe; la femibe résolue ,
qui craignait que son mari ne fût pas encore en
sûreté , le retint de toutes ses forces.
— Attendez, monsieur Roquette, attendez,
s'écric-t-elle.
On se débat, Thabit se déchire. Le prisonnier
était en sûreté !...
Celte évasion connue a la préfecluve de po-
MBIIOIUS HI8TOAKIDCS
lice I au ministère « de nombreiu
mb aosaitôt en actitité } le âgnalomcat é^ i
tif mis dans tous les joàrnaniL, ndrené k tm
les autorité ; on Tisîta les hôtels gnrms. La pd
ferma les barrières ; on ne sortit dm Parisfi**
un passeport. Tout fut inutile , nwà iadktp
diriger les poursuites; personne ne fit 4s iM
tion sur la retraite du fugitif.
Trois officiers anglais, dirigés par k|iBl
Wilson, rataient mb à Tabri d
▼ètu de Tuniforme anglais ,
ché quelque temps ches un ami » le
rendu, le 7 janvier 1816, rue dn
un camarade du général Wilsen* Le
à sept heures du matin , il
en cabriolet, firanchit les
Mons, d*oii il passa à Munich
Le concieq;e et les guicheti
tués; mais on ne poussa pas le
prononcer des peines contre
Valette et la veuve Dutoit ;
tribunaux, elles furent acquittées
Trtre. On ne trouva pas de juges
pour flétrir cet oulrage à la loL
raux anglais complices de Vér
une longue procédure, qui jeta
sur leur carat tt*rc el dOconsidéra leur
furenl ^culcrnciil condamnés à trob
TIBÉS ras ABCniTES. $49
prisonncment. Us tronvèrent des complices dam
toutes les âmes. Les lois ne préTalent pas coMre
ce qui est beau ; c'est quand elles s'en foriiiaUsent
qu'elles périssent.
On mit la responsabilité de cette évasion au
compte de M. Angles , en le taxant de conni-
vence. Il prouva^ car il y fut réduit , que la
chose était impossible de sa part, Taccès auprès
de M. de Lavalette ayant été permis à la fiimille
par le procureur généraL Croire qu'il applaudît
en secret à Theureuse ruse de madame de La-
valette , c'est lui reconnaître un sentunent hon-
nête. La magistrature aime à se rqeter sur les
événemens de tout ce que les principes écrits
retranchent k sa miséricorde. La loi porte bien
des crimes.
En revanche , on fit main basse sur les gra-
vures et brochures où l'évasion de M. de la
Valette était présentée de façon à vexer le gou-
vernement. Qui sait combien d'évasions furent
rendues impossibles par celle-là , et les rigueurs
sans nombre que les sarcasmes du public libre
occasionèrent contre les enfans perdus de la
politique alors tenus sous les verroux ! L'argus
des prisons ouvrit ses yeux de lynx, et se re-
pentit d'avoir eu par hasard des formes obsé-
quieuses. Ces sortes d'échecs rendent les geôliers
cent foh plus durs ; mais cette considération
^
I
350 MKHOmiS HISTOUQCU
philanlropiquc n'espécken pcrimae éi
dérober son cou.
Toutes ces coBiruîélét n'enapr rhèrt ni pi
pliisM. Angles de donner quelques ftomiâf
nisiralion ; plusieurs élaUissemeos
lui doivent des améliorations. De ce
le conseil de $alubrité qui rendîi 4«*
certaines branches de l*h]rgiène
mesures que Ton prit contre les
gieuaes.
L augmenUlÎQû de la
et le noonbre de labê^MO « ^*
factures qui s'y sont fiaonés
rendaieni cet étsblîsspmepl
Soos la lieuteiiaiice de AI. L
imaginé des boites de secoiin
en surveîUaifc 4'epplÎGslion m
tropique. 11. Csdat de Y
mais atec le tilre d'isyartiiir fdpinil
britéj a*ocGupaîl de ièiygîènc
dut la aiqp|ireaaîen du p
l'Evéque , delà prison de SaiafFMnMiBt^
de Saint-filoi ,• et la réunion des psiMli
rhôtel de la Force.
Le bureau central supprime le plneSt
borna à consulter le savant qni «mil i
mérité de la ville de Paris dans reaoRâeed
fonction. On en obtint le mêsie aèls • en I
TIRÉS DES ARCHIVES. 3i^
tirsiQt toute espèce d'honoraires. 11 faU^it ^i^
de ne pas être un pauxre diable ; ^on 4^Tpi|^^
ment n'y aurait pas suffi.
Chaque fois que le préfet de police avu^ j^
prendre une décision , il prenait Favis d'un fg^éf
decin, d'un chimiste, d'un agronome etfl*iw
chirurgien vétérin^re, suivaqt rphjet. Çf^fi
manière de procéder avait des ijiçoBvéniemi;
M. Cadet de Gassicourt proposa la formi|iiw
d'un conseil de ^uhr^t^^ 911 Von djscu^nit
tous les objeiB qifi lui ;^«raie^t iM^ifypy^^r J)iP
arrêté du 6 juillet 1802 ^j^ prdpnnf U çf^^^f^}
d'abord Gompo^ 4« <iv^^1^ in^P^^cs^jlçpo/gjflJ^
m. U Tarifé deji affaires p^ig^nt ^e ||9i:^iofp|^
filus d'estfei^ion. L^ ^ «^o})re i^7^ ^ tçg^
WE10 organisation nouv^Uf^
M. Ai^ès donna un soin particuli^ à ce^ ^-
blissement , qu'il présidait souvent ; il y appfAa
des hommes de mérite , et le composa de neilf
membres avec un traitement de 1 ,200 fr. poi^r
chacun , état de choses qui n'a point changé 4^
puis.
U créa pareillement le dispensaire; soi^s ce
nom Ton désigne le régime sanitaire des fillps
publiques. M. Angles tint sévtrement la main
à la régularité des visites. Le local consacré à
ces visites l'ut agrandi , des médecins y furept
attachés , et chaque hlle pubhque obligée 4^ ^'y
/
TIRÉS DI^S ARCHIVES. S53
sans lumière. On consulte ces législateurs d'oc-
casion sur la plupart des nécessités administra-
tives; ils répondent par des lieux communs suc
la vertu, et les questions imminentes sont écar*-
tées par cette battologie.Le dernier des homm^
spéciaux est plus en droit de prononcer sur sa
spécialité que ces tristes élus qu'on arme du
droit de divaguer sur ce qu'ils ignorent.
La gendarmerie occupa , dans la même année
(181 6) , les soins de M, Angles. Ce corps y dbnt
la bravoure se déploie en pleine. paix pour l'ar-
restation des criminels , ne fut que trop souvent
employé par des mesures de rigueur qui siole*
vèrènt tour ^ tour les fractions diverses de topi*
uion publique. Le préfet dressa une instruction
détaillée sous la date du 37 mai 1816, dév^
loppement de l'ordonnance du roi, dulOjan-
vier précédent. Les fonctions , les devoirs et les
obligations des gendarmes y sont tracés sans
trop de verbiage. Une inslruclion postérieure,
du 18 avril 1820, y a donné plus de précision
encore.
Les abattoirs, idée neuve , qui conciliait à la
fois les intérêts du commerce et la convenance
publique , soumise en 1809 k Napoléon sur les
plans et Tiniliative de M. Bruneau, furent enfin
mis en activité sous M. Angles et ouverts aux
bouchers le 15 septembre 1818.
IV. 1'
^3.4
\
if
^B* CCI
aicnir de
ksatciicrft
k coiicoan te
ks Wsliiués de b
ment
Oq nh que les ihaltoig»
tiens également sebde et
notre les Incens destinés n V
des booTeriss îmoienses, an
ries , sonnontées de
fnges. Des inntsînes y répnii4eBt
d'eau softsante poor b bniaH»M
l'entretien de la propreté.
Cette idée honore Trament 1
eooçne et le siècle qui l'a réalinée.
mière fois peut-être nn inrenleor n
spectacle de la mise en eiercinn
verte. Faisons des vœux poar que
que l'on peut étendre a tant d*nn
sur une foule de professions , ne
long-temps sans application analognn.
parmi nous un des plus beaux germes 4'i
Le produit de la location des abnltoin
hourhcrs monte il «S20,000 fr. tons les
TIRÉS DES ARCHIVES. K6
profit de la ville de Paris. Le préfet de poUc«
en a la police intérieure et nomme le* diff6reilk
employés
Les premiers réglemens sur U tenue et l'or<tr«
à suivre dans ces beaux établissemens s6nt de
M. Angles, du 11 septembre 1818. Tous les cai
y sont prévus, et jce travail est un des mieux
faits (jiil soient sortis de la préfecture.
Au rang des ordonnances utiles, maïs impar-
faites au possible, mettons celle de septembre
1816, à Toccasion des dlligonces , messageries et
voilures publiques. Peut-i^tre, pour la compléter,
ce qui est urgent, aurait-il fallu décider que les
foyers de messageries semés çà et là dans l'en-
ceinte de la capitale placeront à l'avenir leurs
bureaux de départ et d'arrivée à la circonfé-
rence de la ville , c'est-a-dire a l'entrée des fau-
bourgs, fallût-il pour cela les indemniser. Les
lîtablisseniens des messageries se trouvent assez
maladroitement placés au centre même de la
ville; leurs abords sont habituellement des rues
étroites, pressées, fangeuses, et, par cela seul,
d'un parcours difficile. Il en est résulté que des
voilures, la plupart d'une structure gigantesque,
réunies aux centaines d'omnibus, de tiacres, de
cabriolets, d'équipages de tout genre, depuis la
calèche aristocratique jusqu'au char-k-bancs des
tapissiers et aux tonneaux des porteurs d'eau ,
li.iqucU. ijrmt.iriN. cl.il.i::t'« imbulan^ • qui
mêlent et circulent contusément dani^ P^r
^'encombrent ot >*enchc\«!trent .1 un point <j
e^t de^ qa^rlier^ oii l'on iic pr-ii ^a-.^-nl.:
qu'au risque de Ij vii;, en $0 livrant a unt j^:
nastiquo iniroxablo pour •'\iur ii*''tr*î c .
pris entre le* roue'*, errasr. A cela prç^ 1
passades dont il tant ^ouhalter ^i\ecll^nt •?
Tusage se répande de plus en plus , il ^ssi
qu'il n'y ait de place dans les lieux courao^
la circulation publique que pour ceux qui to
en voiture; l'usurpation des chevaux sor i
hommes dépasse toute mesure, et la munKipaii
qui n'y songe guère manque de préTojanc^ iIa
la distribution des plus simples» spécialités. ». t
une débâcle universelle contre la liherte J
chacun et contre la llborté de lois. On peu
f invoquer en faveur du droit que la munki^.l
conserve de reléguer ces établissement a« ai
K.
hors de nos barrières, le même droit quel
s\irro£;e avec tant de raison contre les ateb«
insalubres et le» fabrications dangereuses. Il fa
I sortir île cette ananhie. A heure dite, ao rri:
j i:alup, au bruit delà tronipelto, Paris offre
spet tade d'une chasse au ]Méton qui s'eircv
dans tous It's son» ; des processions de ^oitar
coupent brusqncnienl toute circulation a lra«€
d'autres liants de voitures qui coupent 1rs pr
TIRÉS DES ARCHIVES. 557
mières à leur tour ^ et cela, qu*il fasse du brouil-
lard ou non, que les lanternes soient allumées ou
ne le soient pas. Nous sommes dans l'organisa-
tion du désordre. 11 semble qu'il soit dans nos
mœurs d'être écrasés, ahuris, bousculés, et de
s'épanouir avec délices dans la métropole de la
civilisation sous les coups de fouet des cochers ,
les roues des voitures et les pieds des chevaux.
Ce désordre, car c'en est un grand, et il est
l'antipode de toute liberté et de toute société,
n'existerait pas si, comme on vient de le dire,
tous les établissemens qui se rapportent au ser-
vice de l'extérieur, eussent été placés hors du
centre. C'est, par malheur^ une considération si
simple , et nous sommes , comme le disent tou-
jours les badauds , un peuple si léger, que l'ad-
ministration prétendue municipale ne s'en avi-
sera pas avant un siècle.
Le conseil de salubrité, qui prit une certaine
activité sous M. Angles, lui fournit l'occasion
cl(î rendre plusieurs ordonnances sur les ateliers
ou manufactures qui répandent des vapeurs in-
salubres et vicient Tair. Paris, encombré d'é-
tçouls, qui ne sont pas faits d'après un plan gé-
néral et bien entendu, de tuyaux de gaz mal
établis et presque a fleur du pavé, de parfumeries
nauséabondes et de latrines qui pourrissent la
raciiu; des maisons, renferme en lui de nom-
558 M£M0UIES BI:»T0IUQC1S
breux foyers de peste. L'atmosphère y
fièyres» et les médecins y récoltent. Qoe
s'il était abandonné a Tégoïsme induatrid el
mercantile qui ne craindrait paa d*y rriwir II
vapeur du soufre et celle de Teau fiatte, las
boyauderies, les fabrications de coUe fbrte
Ce serait alors un immense et abominable
oii les vapeurs emprisonnées de looi geeM« la
bruit , la fumée, les travaux délétèrea
mondes répandraient de plus en plaa le
lité parmi ses paies babitans, déje firepfia
mille fléaux, et qui ne se doutent
leur crasse ignorance, des plus petîlee
dliygiène. Combien de germes
sent et donnent des fruits en se divi
milieu du fumier des villes! Queiqne
qu'on aperçoive dans certains querliees
villages et villes présentent encore chei
vestiges de la plus ignoble barbeiie.
sens n'a pas encore dit son primii
tière administrative.
On a reproché a M. Angles plus
arbitraire dans Texercico de la police de
je citerai le suivant pour eu avoir eu
^uiicc.
Ëii 181 G, la seconde division de le
dont le ihcf était M. Henri, fameux par le
«le mctlrc la nuiii au collet des petit» frii
TIRÉS DES ARCHIVES. 5Ô§
mit M. Angles a même d'une opéfaiiott «bni il
lui détailla tous les expédiens pour saisir et Ceum
mettre à Bicêtre un certain nombre de flùiê»ut$f
sorte d'escrocs en matière de jeoX) dont Tin*'
dustrie spéciale est de s'introdotre dans les Iril^
lards publics, en y faisant venir des étrangers
afin de les dévaliser au moyen dt patis oà lot
compères des floueiirs sont sftrs de léttr dMjpî
On pouvait les prendre sur lé fait^ et Uiê éfr^
voyér en bloc, par mesure adtÀinhCirativfe , à Wf
cêtre. On avait la liste dies fléMurs d^ MH^
damnés pour cette eaose^ et rtndus à la lilierlé
après Texpiràtidn de leur peiive. Il était aisé et
les arrêter en flagrant déUt^ letir^ une foi» ce gettM
de vie adopté, tes floiiifiurs ii'efl Mi gttèi>d d'a»^
tre ; ils passent leur irie dans un cericl'e ddlit Ytê-
taminet et Bicêtre occupent les deux points
opposés 3 le cercle une fois parcouru, chacun
d'eux le recommence ; il n'y a plus de raison
pour que cela finisse. M. Angles signa l'ordre
proposé par la seconde division ^ portant à six
mois, trois mois, deux mois, les divers empri-
sonnemens pour les arrestations a faire.
La mesure fut si leste , si contraire à toute
justice, que des pères de famille, qui depuis
huit et dix ans \ivaient tranquilles et h l'abri de
tout soupçon , lurent arrCttjs et conduits à lîi-
cclrc. Ou fit la raîle un peu trop k la diable ;
p
• I
1'
5Go MKMOIIlEtt HI.SIlilllQi;E»
en général , tes mouchards ont la main Iw
ils procèdent en matière de justice coma
soldais éner^^uuiènes qui nurcluiîenl â La
de Kuint Domini(|ue proccdaîeni cuTeri les
pies des Cévennes que Ton accosail dl»
en tombant a bras raccourcis sur la fbnk,
k Dieu de s'y démêler et de reconaaîlf
innocens. Toiu les incarcérés » mis a»
flouenrs , réclamèrent; il fallut en
grand nombre. Une trentaine de
restèrent cependant détenus sans aecesM l
de procès, uniquement parce qe^sla
gardés par la police comme des
gereux. 11 est à penser qu*cn ai
contre tes officiers subalternes de la
tiers du privilège de ne permettre
lence à ceux qu'ik outragent,
méritèrent d*être gardés soi
de triples Yerrouz pour n*avoir peu ea fi^
Vauiariii dam$ l'eoierckê de iêê /baeiÎMS^ ci
on le dit encore ches un peuple ipii et fV
libre et qui a guillotiné des rois.
I.c gros du public bourgeois fort igpan
fort crédule en matière de police « ai^eaft q
vague connaissance de ce fait et le lelérj
sortes de pre%ye$ a la façon des enlèwBMiia
la inurine qui si* (ont dans les porta ai
b'cxccutciit s^inai Ia<;on sur nos pauTresdi
D ES ARCHIVES. 36 1
Personne ne réclame ; la police affirme que leK
incarcérés sont des coquins , et les journaux
continuent à rendre scrupuleusement compte
des vaudevilles. Le mépris de l'individu est , en
bonne civilisation , dans la moelle et dans Tâme
du moindre individu.
L'événement de l'assassinat du duc de Berri
est un événement notoire de la biographie ad^
ministrative de M. Angles.
Le dimanche 13 février ISSSO, le duc et 'la
duchesse de Berri, alors enceinte, dit-on , ce
qui esl possible , s'étaient rendus à l'Opéra. Le
deuxième acte du Carnaval de Venue venait de
finir. Il était onze heures, la duchesse témoigna le
désir de se retirer, le prince la reconduisit jusqu'à
sa voiture ; madame la duchesse de Berri, cédant
à un petit mouvement de jalousie bien naturel,
avait, a ce qu'il paraît, demandé à quitter le
spectacle en apercevant dans la salle une cer-
taine actrice, Virginie, maîtresse du duc. Le
duc , suivant cette version , refusa , sous un pré-
texte , de retourner k TElysée ; il voulut retour-
ner sur ses pas. On suppose qu'il avait à parler
à sa maîtresse. Comme il donnait la main à sa
femme pour Taider a franchir le marche-pied,
en lui promettant de la rejoindre , et qu'il se
relciirnait vivement pour rentrer au plus tôt dans
le vcstil>ulc de TOpéra , un homme se frayant
■■tôt «D 1« vit C
dbl,flfeflltka de ta phic <« lef^lft
tmtmÊÊmMUénan, tm ttimAmm» <^»— t»m
A et fKtÊmr rri , la dachcMe l^llàl !!■ fî
4e b «*il««| on t'eflurçait en vabi^littfMBr:
4b M jlli knr le prince , et fet «— K» tfi
■ÉBg Iffei njAliuut. Elle ne v«alrt ^ ^«kv
le éêt t^lftm Irantporla dant l« peiîl •■îaafr
le togt MJnlt» oii le» premier* t-titrar^tenaf^n
e«l eouift tabin Ini prodijntrreRi 4t» wea^t.
Le hêWtt ebMinuait , on n'âvait pei tacmi* &*
U Mlle la moindre idée de ceilt cataatrsplM
Dana l'élan ilii pn^nier cflhii , deos
du prince. MM. àe CboiMal ti il« i
dai adjtidaiu du pulka et plu
TIEfiS DES AEGiUYI^« 3d&
la garde, s'étai^tit précipité» sur leb traces dé
Tassassin qui s'était enfui du côté de Târcade
Colbert ; un fiacre barra d'abord sa course ; il
fut ensuite croisé par le nommé Patllniier , gar***
çon limonadier. Tous deux i^UPouettèrènt Un
instant. Bref, il fut saisi par Desbiès, soldat de
la garde royale , de faction à la sortie , et par
les militaires accourus à la hâte. L'asaassin fit
peu d'efibrts pour échapper i il se résigna sur<^
le -champ. Amené au bureau de police dtt
théâtre , interrogé successivement par le c«m*^
missaire , par le préfet de police et le proou*
reur du roi , en présence du ministre de Tinté-*
rieur, M. Decazes , il répondit san^ héMter qu'il
s'appelait Louis-Pierre Louvelî qu'il était né à
Versailles , âgé de trenlé-»x ans et demi , ett-*
ployé comme garçon sellier pour le compte du
sieur Labouzelle, sellier du roi, et domicilié
aux Petites-Ecuries , place du Carrousel.
Aux questions qu'on lui fit sur les motifs de
ce crime et sur les complices qull pouvait avoir,
il déclara du même ton de résolution et de sim-
plicité qu'il méditait cela tout seul et depuis six
ans ; qu'il avait voulu délivrer son pays des Bour-
bons , car les Bourbons étaient dans son opinion
les plus cruels ennemis de la France; qu'alors
il avait dû commencer par le plus jeune , par ce-
lui qui promettait de perpétuer leur race. Son
5«4
d«MiMn naît 6t6 , ^ovu-t-il . «"il «e !»( «ok
ceUe'feù, d'assassiner socceanvcment !«■ ■
princM et lo roi lui-même , n'a't} «rsit i
tner«i1ft14.
Tandis que l'asusaîa bânit de mu^ frai
tofribla aveux . les gens de fart , di^ r
awtoar da prince , ayant recoano qii*ott ac
vt&t ( tans empirer l'état da bleas^ , le ttzmmi
dani Mm palaii , on le porta dans la mB* d>
nûnntntion. Un lit foliireaé à la kftic- CM
les mimes inatelu sur lesquels, par «aaH
•ingolièn , le princu avait pris d« rrfm Ai
première nuit de son déb>iqa<fl h C
Imm^. U. Grandsire , aecrétacrB dr ftl)
ponr le monienl , «e troQTail â (
1814, «1 avait héb(!rgé Son AhsM
On avait porté ta noavelle danme wil
pourtant p»"
, Le Koi ne savait
gravité d« In blessnre. Monai
▼onfait en vain loi dérober ce aptoaàa. Htà
et moEHear le duc d'Angooléme, leiMBri
les grandit ofTiciers de la coDronne, wmtim
personnage!) distinfrués de la ronral 4tk<
une partie dans les habits de bal «A FUl
nouvelle le* avait surprit, accoarareat «kei
rirent le phncc.
M. Dupuytrrn flemeurait trop locale M
peur arriver k l'inalaoi inâmi-. Omt0ÊÊ
d
TIRÉS DES ARCHIVES. 365
comme une providence. Ce fut lui qui reconnut
tout le danger. Après une courte consultation
avec ses confrères , il traça des scarifications pro-
fondes; le sang jaillit abondamjncnt de la plaie
mise à jour; la poitrine parut se dégager; on eut
un moment d'espérance. Le duc de Berri sup-
porta cette opération avec le courage qu'on avait
lieu d'attendre de son caractère. U ne s'abusa
pas sur l'inutilité des efforts de l'art , et disait k
M. Dupuytren : « Je suis bien touché de vos
soins, mais ils ne sauraient prolonger mon exis-
tence; ma blessure est mortelle. » On remarqua
qu'il en avait eu le pressentiment a ses pre-
mières douleurs ; mais cette remarque n'eut rien
de décisif que par l'événement même. Un blessé
peut survivre a ses propres pronostics , et notice
personnalité conçoit des craintes en pareil cas ,
quelle que soit d'ailleurs notre bravoure. Il avait
demandé sa fille , Mademoiselle. La petite prin-
cesse lui fit de vives caresses , sans comprendre
qu'elle allait le perdre. L'évêque de Chartres
arriva pendant cette scène douloureuse. Le
prince témoigna le désir de presser entre ses
bras, avant de mourir, deux filles naturelles
qu'il avait eues en Angleterre. 11 les recommanda
tendrement aux bontés de la duchesse , qui les
connaissait et qui les adopta. Le 15 a six heures
du matin , il expira. Charles-Ferdinand d'Artois,
I
S66 méMMftis wntiMmgLm^
âne de Berri , né k Versailles « wnSt di
nats-deas ans. Il a^t le teint csleré, 1
Uesa et doox , la lèvre forte , une tdBe ■
et robuste. Il était dans l'énergie de Ti§
mait les arts, la chaaae, les pleisks. II i
distingué dans la guerre. Son édeceÉh
plus distiogoée que l'on ne Ta «lit ; 3 paA
sieurs langues , et les parlût fort ftiae. (
il ayait le caractère brus^e, Impstfai
Bonaparte , il se montrait bon et Ijl^
qui lui donnait un double rapHeW fli i
blance a^ec Henri IV, qui périt èèflMil
main d'un asaasrin.
Cet éTénement, que je n
prévu , car il est de ceux qui
riodiquement sous tous les régfaasi él^
▼ient absurde de ne pas préToir;
produisit une sensation étrange
proche en proche dans le royaiuBe. Lp ft
i diverses s'en emparèrent pour ecciekiti
quiétudes et les alarmes de la fiuipBl i
Le spectre de la Convention repareiasail Ai
seul homme. On pouvait deviner le esi
communiait encore avec leboufreaa de Leei
Qu'importait Tisolement matériel de fan
si la religion du régicide s'éparpillait da
masse» ! La grande pensée qui devait ni
de ce crime , la haute moralité de ce cei
TliifiS DSS MGHITES. 36^
poignard ne vint a Tespril de personne. M. de
Châleaubrianl Iqi-même n'y vit qu'un pâle pré-
texte de poésie. On se perdit dans le détail, ^u lieu
de voirie dogme apocalyptique de la solidarité des
petits et des grands se reproduire invariaUemerit
dans Ravaillac, dans Charlotte Corday, dans le
tonneau de poudredu 5 nivôse, dans ce morceau
de 1er aiguisé paf un homme du pe^iplo. On ne
croit chez nous 2i la guerre qu'au brait du cano»;
elle existe même au sein de la paix...«
L|i grande politique ne fut donc nullement îUu-
mipée par ce sombre éclairqui, dans If a téti^lnrds
de nps soi-disant époques de himièrea, sort pétH^
diquemeni du sein des masses pour aiFé#tn^ lkP9c
force les insoucians des hautes régions ëocf aies
qu'il existe un foyer petnftanefit de tiaiqfO dans la
misère et dans l'ignorance. La police de M. An-
gles fut seulement accusée d'incurie. C'était
prendre la question p[\r en bas. Les zélés de la
restauration n'en ont jamc^is fait d-autre.
(c M. Angles a la police de Paris, disait-on ; le
palais et la personne du prince sont spus s^ sur-
veillance , sous sa responsabilité immédiate.
H M. Angles dormait-il dans cefte aflreuse
nuit ou rimpitoyable poignard a frappé le cœur
d*un de nos plus vaillans princes? 11 était à un
bal dans le faubourg Saint-Germain ; ignorait-il
que les jours du prince étaient menacés? Non.
368
Ijn chef des bureaux de la préfeclare «le fa
«n arrivant , avait cainmaniqaé ma ftéh
avi* qui lui étaient parvenus sur la frémit
lion tl'un crinic aussi horrible- Ignor^ît'il
le pclit-Ols de Henri IV i.H.iit à neuf kcwa
Roir a l'Opéra avec son épouse? Non. t*^
ne s'estôl pas rendu dan» celle Mlle pair*
iwT si les agen» élaîent à leur poste? il Mni
c|u'ils étaient daiu les cafés , dana Isa u
gie.(1). .
Cet bruits, ces accusations fnreal Hf
long-tetnps encore après ra&euae cataAa|
par les ailTcrsaîres du préfet da pofcca, ^
semblable événemcot devait es afcl ànl
mai» nioins que ces accutaliona ;
Avait répondu cepeadant, non par <
publics, mais par sa destitution à
Pairs, lorsque Louvcl y fut tradoti.
■ Je dois, dit M. Angl^ k la *
Pairs, entrer dans quelques déCaili, afirt
làtre ma déclaration.
« On a dit que le service de la poGoa amM
négligé a l'Opéra, dans la nuit dn 43^ 4^"
agent de mon adminislralioa M«Vy«ftaia
(<} U poUct «MJ M.V. h iuc DvcMM . I I in t J
rr,"^
TIRES DKS ARCHIVES. ^ïOQ
et que le commissaire de police, à qu^ la surveil*
lance de l'Opéra est plus particulièrement attri*
buée, n'y était arrivé.que plus de deux heures après
•
l'assassinat. 11 est aisé de démontrer l'inexacti--
tude et la fausseté de ces assertions. MM. les
Pairs instructeurs savent sans doute que le ser-
vice aux grands théâtres de la capitale a éprouvé
quelques modifications depuis le 30 décembre
1815, date d'une ordonnance royale qui Ta
confié h la garde royale , a l'exclusion de toute
autre troupe de ligne. Le commissaire de polico
et les officiers de paix pouvaient néanmoins ^voii;
à leur disposition un piquet de gendarmçr^
royale de Paris , établi a l'extérieur. 11 ne reste
donc plus qu'à donner une idée exacte de ToiCr.
ganisation et de la composition du service .d^
la police établi à TOpéra , dans la soirée du 15
février.
« Quoique le poste de gendarmerie pour le ser-
vice de l'Opéra eût été fixé à vingt et un liommes,
et que le 13 février fut un jour où il fallait
veiller au bon ordre et au maintien de la tran-
quillité dans plus de quarante autres théâtres,
])als ou lieux de réunions publiques, on avait
pensé que la circonstance du dimanche-gras
pourrait attirer un grand concours de monde a
rO[)éru , et le poste de la gendarmerie fut porté
;i trente-deux liommes, savoir : un ofllcicr, (!(mi\
IN. 'j ;
. 1
I
.)70 M>-.MOIRF!l IIIJITOItlQCrS
Ailjudansde \ille, trois sous* officiers « ùx
darmes à cheval et vingt a pied. Il y arai
outre huit agens civils, savoir : M. Ferté , <
missairc de police ; M. Joly, officier de |
attache au ministère de rinlérieiir ; M. Davî
autre officier de paix , attaché a la préfectu
police.
« Le commissaire Fertc n*a point négfi|
service qui hii était confié ce jour-là. Il ri
son poste ; il faisait une tournée dans les i
a peu près à la moitié du second acte dm ki
Il se trouvait presque au bas de rescalàcr da
terre qui conduit :iu vestibule lorsqu'il ape
du mouvement, et qu*on faisait entrer q«ely
au bureau des ofliclers de cendarmerie eC Mi
dans de ville; il s*y rendit sur-lc-chaapi et jp|
le fatal événement.
î< L'un des ofliciers de paix , le âcar h
descendit peu avant la sortie du prince* i
rendit, avec un inspecteur, rue Rameao. A{
avoir pris un verre de liqueur dans le cale
fait l'angle de la rue de Richelieu , il s'ar
un instant dans la rue llanicnu qu'il In
prrs(|ue «li'serlr et foiil-a-l.»it fiéhlayée; ce
SCS f\prrssion<. H Vt'iiionl:! ;i «^oii bureais
iiiiMiuMit 0111*01) all.Mi pIaL<M*lts \rdi*Ues j ih
de {îciularmcric. A peine élait-il monté, qi
in*(|)rrtiMir. (|iii riait en face de la loge du pr
TiaRS Diis Aacgiyçs* 371
el qui s^perçut, h iravep$ le v^gi^s 4'aw loge
des troisièmes , qpe Vftif, y £^a^ qu^iiue mm^
veinent qui anpppçait la 9ortîe , li)j <l>t ^ * V^^iiik
le prince qui va fapis d<jiute ^ç rÇ^MT^^ » li«d||;
inspecteur descendit p|i^Q<f)ptpf9Çffjt î X^a}^ èfl^ll^
était-il descendu 4^j^f \p .j^ti^f^l^Q 4h i^lw^tre ,
que l'assassinat ay^jij; été .cpqijQ^i^i et ji'9s$MWII
arrclc.
« L'autrç pHiciçr f\^ p^i^, Jç f^ejaf Q^yi^^i^
descendit dans |a rue R2|m|e;^)| yçi?^ )ie# jIîil l^eu^O
et demie. \\ assure que tpu^e^ ]^e; fcpqfign^Q nlimt
jamais été plus soi^Qçqsçipçi^ p^s^e^^yées ; qwM
pe vit que quelquç^ yçiturejs danç la rpe^n^aji^
oïl il ne devait point cependant fm stAljopQm;
que ces voitures appartenaiçat à 4>9^ p^rsMOlkltf
4e la inaison du roi; qye, comme le^ agept
de police avaient constamment fait des effurU
inutiles pour les éloigner, et qu'il n'en restait
(|u'nn polit nombre, plus ua cabriolet au-dessus
de la voiture du prince, ilpensa que ses ordres
n'auraienl pas un autre résultat que celui ob-
leiui jusfju^ii ce moment. Les agens de ia pré-
lecture fie police se sont fréquemment plaints
des prétentions cl des résistances qu'ils ont
éprouvées a cet égard. 11 paraît que ce cabrio-
let a facilité les approclics de l'assassin qui ,
pendant quelques minutcb^, s'est appuyé contre
une de ses roues , afin qu'on le prît pour le
: é
5'-2^ MKMOIUES lllSTOmnLF'^
domestique qui le gardait , le jokei qui m i\i
chargé s'étant endormi en trayera do contaiii •
lequel il était assis. D'après le premier intern
gatoire, Louvel ne s'était paa encore rends âd
heures et demie rue Rameau.
« L'inspecteur Rousseau se renilit nn fc
ayant onze heures dans la rue Ramean, poer a
sister au départ du prince ; mais, comme k pi
queur ne faisait que de monter a cheval, et fi'
n'v avait aucun mouvement autour de la vaîM
du prince, il crut pouvoir prendre le lemps Al
1er h l'autre extrémité de l'Opéra, où ae Uaaia
la voiture de madame la duchesse d'Oiléaas ; i
revint presque immédiatement sur ses pas; d
comme il était arrivé au milieu de la bradr di
l'Opéra , il enUMidit crier : A la garâefmr/Êrz!
il aper«;ut un homme courant ii t ouïes jsafcci ;
il se mit à sa poursuite et fut un des ptcmcn a
lui mettre la main au collet.
« L'adjudant de ville Meunier commcaoil
sa ronde pour le placement des gendaïïWÊné
(les vedettes nécessaires au maintien dm ksi
ordre, opération qui a eu IIimi quinte â tm^
minutes avant la tin du spectacle. II sortjsl A
périslvlc pour entrer clans la rue Ramcja ai
moment oii il vit un homme passer devant lai
et il entendit immrdialenirnl crier : Arréitz' I
se nul A sa |M)ursnil'* et rM(U*i;^uit en ficc di
TIRÉS DES ARCHIVES. 3^5
Tarcade Colbert, au moment oîi une personne
venant du boulevart lui barra le chemin et allait
le saisir.
« Le maréchal-des -logis David s'empara de
cette personne qui était le limonadier Paulmier,
et le sieur Meunier remit Louvel entre le& mains
de quelques gendarmes et du garde royal Des->
biez, qui étaient à sa poursuite. On le conduisit
au bureau des adjudans de ville , sous le vesti-
bule. Cet adjudant termine son rapport en dir
sant qu'ah moment de Fassassinat , il n'y avai^
aucun groupe dans la rue Rameau. »
Après avoir exposé complètement les détail»
du service de police qui eut lieu ce jour-là à
l'Opéra, M. Angles reprend ainsi sa déposition:
« Quand il y aurait eu un plus grand nombre
d'agens de Tautorilé civile et de la force pu-
blique employés h l'Opéra (1), aurait -il mis
obstacle a rexcculion du crime de Louvel? Il
est (lilTicile de le penser, lorsque Ton considère
que Texécrable assassin a choisi pour frapper sa
victime le moment oii elle était entourée de
onze personnes, savoir : de cinq gardes royaux ,
de trois valets de pied, d'un gentilhomme d'hon-
(i) Il y avait, d'après la déposition de M. Angles, vingt hommes
de la garde royale et quarante et un gendarmes ou employés de
la |3réfcclurc de police.
I
• i
574 Mi:MOIRES BISTOHIQCCS
neur et do deux aides -de -camps. Lortqi
homme a fait le sacrifice de sa vie pour ai
celle d'un anlrc homme , il est bien rare
moins de quelque circonstance due an hasai
qu'il n*accomplisse tut ou lard son honS
dessein. »
Ces raisons spéciales et détaillées salisGrefil
Chambre des Pairs et avec elle les personacs i
partiales. La question une fois desceodac
agenouillée sur ce terrain stérite , M. Angles
pouvait mieux se dércndre, car, certes, il m
savait pas davantage. Une tête forte , a sa pi»
aurait assis les législateurs mi^mes s«r b sdkt
auprès de Louvel. Il est de fait qn'ane fsfc
vénale, obscure, mal salariée, semaolb
par ia grossièreté de ses formes et h ^
de ses actes , prise dans les gens d'en Ws, tt
se refusant pas plus ses aises c|a*aa
un prince I ce qui est assez naturel , a
une propension invincible a se reiiciMr ^ ^
consignes; on ne peut pas être gendarme pi
dant vingt-quatre heures de suite; et, cTaiBci
toutrs les consignes du morde n'eropêchen
pas la plupart des crimes civils et poliri<|«ès A
uiu: soriété filte au rebours du bon sens d
êli 1* le t'ovLM* perpétuel. Otiand vous anm p
po^ô r|fMi\ r>pioii>ii l.i :'.arde de chaque iriJi^k
i|Mi \ou> piiaiitii'a «in'il ne Idille paa »ur%cti
T1K£S DES ARCHIVES. 07 5
a leur tour ces espions eux-mêmes, et ainsi de
suite ? L'ordre est donc a refaire de fond en
comble; et jusqu'à sa refonte» l'assassinat est
dans la destinée des particuliers et des rois.
Certains royalistes ne furent pas satisfaits des
argumens du préfet de police , et lui firent un
crime de ne pas avoir attaché pour le moins un
agent spécial a la personne du duc de Berrij
obsession a laquelle le prince ne se serait certes
pas soumis , ni dans celte occasion ni dans une
foule d'autres; car il était à cet égard comme
tout le monde : il auraft pris plaisir à dépister
les officieux qui se seraient perchés sur ses
épaules. Condition étrange, après tout, que celle
d'un prince qui ne pourrait avoir a sa guise, ni
les vices, ni les plaisirs, ni la libre allure d'un
simple particulier. C'eût été la menue monnaie
du poignard de Louvel (jue cet étouirement
systématique.
De tels reproches faits après coup ne changè-
rent rien ii l'opinion, et la procédure suivie a la
Cour des Pairs ^ ne présenta rien de plus qu'un
fanatique résigné au sacrilice de sa vie pour
exéculei' son dessein. On en triompha dans le
parti libéral ; mais en dépit de l'hypocrisie ,
ce fanatique eut ses admirateurs, comme cela ne
peut manquer a l'occasion de tout ce qui est
marqué au coin de la passion cl du courage.
TJRÉS DES AHCUIVES. 577
server au. chef d'escadron Leroy,, continua
M. de Nantouillet^que le prince n'aimait pas ces
dispositions extraordinaires; le chef^^d'escadron
nie répondit que cette surveillance serait exercée
et que les patrouilljes seraient^faites parles bri-
gades de Passy et d'Âuteuil, ou par quelques
hommes de la gendarmerie des chasses, ce qui ne
présenterait rien d'extraordinaire. Il me demanda
même quelles étaient les heures les plus conve-
nables, et je lui fis connaître celles où le prince
allait le plus ordinairement à Bagatelle. Posté-
rieurement h cette époque, le chef d'escadron
vint chez moi (c'est toujours M. de Nantouillet
qui parle) pour me faire part des nouvelles
inquiétudes qu'il avait conçues. Il me dit qu'une
de ses connaissances lui avait fait craindre que
des ennemis du gouvernement ne se prêtassent
k quelque tentative d'assassinat contre monsei-
gneur le duc de Berri ; il m'invita a en parler au
prince, afin qu'il prît plus de précautions pour
sa sûreté. Je lui répondis, vous savez que le
prince n'aime pas qu'on l'entretienne de pa-
reilles inquiétudes. Cependant je lui en parlai ;
et lui fis part de ce que m'avait dit le chef d'es-
cadron Leroy, qui devait prendre de nouvelles
informations auprès de la personne qui lui avait
donné le premier avis.
i< Eh bien! mon cher Nantouillet, que voulez;-
TIRÉS DES ARCHIVES. 37^
l'aSectîon de ce magistrat au gouTernement du
roi(1)!
Lors de la prétendue conspii-alion de Gravier,
W. Angles se prêta aux volonU's du minislrc
pour mettre la main sur le f'abricjtuur des
pétards trouvés sous les fenêtres du Louvre ,
tout près des appartemeiis de la duclicssc de
Serri, aldi-8 enceinte dd duc dé fifatdeàQi j t'é-
tait dans les derniers joUrs dd iWWs d'iWfH 1820;
T/èspoir des cdupdbics éUît iii^psiëiitiiiënt qù'è'
la frayeur ocfcaïiohée par rèi|>fos'i(Jn aàfjït f(ii
faire avorter la f^Hiiceske. Là piAlkë proHlIt
3,000 fr. H celtfi qili dâcbuiinr^if l'iatctir de
l'attentat. L'appât crciti lU captdltë; dli ne
connaissait pas le conpabte; h tout èvénctneiit ,
on en voulut un.
Rivoirc , oilicior de paix, reçut ii cet ellot
l'ordre de M. de Foudras, inspecteur g<înéral
de ia police, li découvrit r^iielques honimcs (|tii
tenaient des propos et s'asseitiblaient dans un
cabaret rue Montmartre, Sous le norn de aociilé
des chevaliers du poignard; ces buveurs avaient
pour président un liominc exalté et cjii'il de\ait
('tre lacilo d'entraîner :i laire éclater un pétard
580 MÉMOIRES HISTUHIQL'CS
près du logement de la princesse. A Taide à'
nommé Leydel , âme damnée de la police, 1
voire pnrvint à séduire GraTier. Le jour fal pr
au moment où GraTier déposai soo péUrd m
le guichet du Louvre , des egene de peEct
saisirent et le remirent entre les mains ém pH
qui s'était transporté sur les lieaz.
Gravier , traduit en justice , se
une prudence que Ton n'aurait pas
son exaltation. 11 fit sentir tout ce que
d'odieux la séduction employée contre
avoir a le désigner à la faveur d*oi
récidive , comme le coupable da
qui, du reste 9 ne fut jamais connu.
C'est ainsi que lorsque le ministre
de trouver, a prix d*or, Tautear
d'un crime politique, les espions , ontniaiB|
l'appât du profit, poussaient quelqm
l'imitation de ce crime, pour le
vaut les tribunaux, le charger d*i
cusation, et mériter ainsi la primo
quiconque paraissait avoir résola le
Gravier fut condamné a mort ; la
dation de la princesse de Berri fit
peine en celle des travaux forcés à
Lcydct , cet infâme agent de Rivoire t se réli
TIRF.S DES Aactijvr.s. 3Si
dans la Belgique. Il habite maititepani Paria
sous un nom supposé (1).
Indépendamment des accusations graves dont
je viens de suivre la filière, M. Angles fut en
butte a de rudes tracasseries de la part de l'a-
vocat Robert. Cet avocat l'attaqua tlans une
adresse aux Chambres , sous prétexte que le
préfet s'était démesurément enrichi dans* «a
place; grief qui ne manque jamais d'être fa^»
vorablement accueilli par le public lorsqu'il
s'agit d'un fonctionnaire de la police.
« M. Angles, disait son censeur, s'est etiridii
dans ses fonctions au point d^avoir acheté dans
le département de la Loire la terre des anciens
comtes de Forez, appelée le domaine de Comillon^
et de l'avoir payée 500,000 fr. ; le château était
gothique, le préfet a fait tracer un autre plan,
et sur de telles proportions, qu'un prince ne
pourrait mieux désirer. Vers le mois de jan-
vier 1820, M. Ani^lès avait même déjà fait
compter à son inleiulant deux cent mille francs
cl plus, pour acquitter une partie des dénenses. >i
Cette accusation et plusieurs autres chicanes
non moins désagréables contenues dans le pam-
phlet de Uobert, obligèrent M. Angles pcre.
[i] l'r.oMr.NT , Police >l''.\-c:l'r , t. T, p. 7
<>,
7}i>2 MF%IOIIir5 RKTOMQCtt
préftidenl d âge de la Chambre dea pêmâ
prendre la plame ; il atténoa par dea aapKci
sur lesquelles on n'eut d'antrea pimwa ^
assertion même , les fiiîta allégséa
(T Mon fils davani se rapproclier da
Vougy, son beau-frère, dît M. A«|^ mi
acquis en 1890| dans la commime êm lUI
n'ca séparée de celle de Vongy que parlai
le pl)ateau de ComiUon , avec Wa nvBHB ^
dépendent an prix de 00^000 |r. B • |
rieurement acheté des
d'Harcourt, ancienne
480,000 fr., des bois qui en
lui avaient été restitués par le
ff 11 a payé ces acqnisilioiia,
seur paternel, par le rempliai du
Tente d'unjs nuison de caniipagiQ^
Teciennes, vendue SMjOQO fr. m
gbise. Mon fils, outr^ cella dari
eu à sa disposition 310,000 fir. d« In
meubles situés dans le déptrlflOMOft ^Hd
de quelques économies et conicsala
la succeMiori de sa mère, elc. m
Ces raisons ne parurent pas si
rcinploircs ii tout le monde; on y
l.irunc considérable dans réTaloalisa da <
total (!o la fortune du comte Anglis; Ott j
trc bicncomment il a pu se rendre acoaén
TIRF.S PFS ARcmycs. 3S3
domaine de Cornillon, et des biçns riip^^^ fit 5)168
bois de madame d'^arcourt; çiais to<^ ^elf fiy^
formait pas un revenu en rapporjt ay.çp )^ J|f|e
de représentation et les déjpe^sçf P^îç)}^ df^
M. Angles; dans riiypollièse la pluf fyygfffî^^
un domaine de 50Q,0Q0 fr. ;ne pçii( |9|it 99 plus
rapporter que ^»P0P fr. 4? MP^I!f> flP W
n'auraitpas suffi à la teni^e de l'étal 4(^ M* 4^^*
Je n'entre qu'a regret da^? ce» ^é^j^; f!^^m
ils font connaîtrie la fausse modes^ijs df^ ce$^^lf
fonctionnaires publics qui^ dans }<^^r^ ,pljijçe||»
trouvent a se créer une fpr^ne S^g^nl^sgJV/^ iW
peu de temps. Croit-on , après tout, que , devant
lin tribunal sévère , beaucoup de patrimoines
supporteraient un examen rigoureux si l'on vou*
lait remonter scrupuleusement a l'origine des
moyens mis en œuvre pour leur acquisition?
Comment les fonctionnaires publics, en général,
sejmonlreraient-ils patiens \\ procéder pour leur
fortune clans un pays mobile et ruineux comme
le nuire? Les commerrans, les avocats, les in-
diislrieîs fonl-ils autrement parmi nous que les
fonctionnaires? Le mot de Diogène sur les petits
voleurs et sur les i^rinds magistrats de son temps
n'a pas encore cessé d'être juste.
i\l. Angles eut une lutte plus sérieuse avec
M. Duplessis de Grénédan, membre de la Cham*
brc des Députés. Voici le fait ;
Ce clépiilé avait clit, clans la séance du 2j
i821, qu'il n'y a\ail pas de justice a do
1 ,000 fr. de dotation a M. le comte Ansslrs ,
la brillante fortune et le niagiiîlîque chitei
sont élevés en si peu de temps.
M. Angles écrivit à M. de Gréaédan pM
J plaindre et demander réparation d'une 9
biable personnalité. La querelle s*cngafei ^
ment dans une correspondance rendoe
1 1 blique , et fit craindre une allaire dliona
M. de Grénédan se trouvant traité de rabi
leur par son adversaire.
A M. Du pif ai à de Grmedmm^
Pari», iC JHB ifo^
,
V Vous avez laissé sans réponse,
les lettres que je vous ai écrites le S da i
dernier. Je vous y rappelais qu*nn ksi
homme , lorsqu'il a été induit en errear, i
presse de réparer le tort qu'il a fait înTsIs
romeiit à autrui. Jr vou-s ai oifert les navci
vous éclairer I sur la fausseté des faits
vous avez avancés a niun é^.ird. Votiv til
■ ' M. An'^'v, a%.i:i iii.iiijui: ^ M. lii- (jr^-n 'iL>r 1%% M^««r
li*gitlnitt^ J'' M f'ir!!!".." « . j.. :•• i.i^ le III- 11-. à i. «.
il
TIRÉS DFS AHCtflVFS. 58f>
me prouve que vous ne l'avez pas voàln. J^àvais
cependant lieu de penser qu'après vos propres
expressions , vous auriez confessé votre erreur
aussip u bliquement que vous l'avez commise:
<r Le public jugera votre conduite. Votre refus
de vous assurer de la vérité \ en dévoilant votre
première intention , ne permet plus de voir en
vous qu'un calomniateur méprisable.
« Le ministre d*élat préfet de police ,
« Comte ANGtFS. »
'. > »
L'obscurité, toujours invoquée comme un
dogme dans certaines fonctions , légitimera con<*
stamment sur elles les accusations les plus ha-
sardées. L'épée ne peut rien contre les soupçons
de la foule. Je ne rapporterais donc pas un autre
désagrément que suscita au comte Angles un de
ses employés, s'il ne tenait a un lait de police.
A Tinstar des chefs d'administration qui , sur
desimpies fantaisies, privent assez légèrement
des hommes estimables de leur emploi , M. iVn-
glos avait renvoyé de ses bureaux un employé
supérieur, M. Trouvet, homme instruit, roya-
liste ardent , père de famille, qui s'était à la vé-
rilé pcîrmis (juelques discours dont le préfet avait
été r hi)qué. On avoue qu'un supérieur ne sau-
rait tolérer do certains écarts; on estime cepen-
iV.
iUdI fR'ii IwU n^tVttr I ina<-p«nda»c«^|
n^e^ donc coBcilwr «^ uilum; ump* UbM
d« Ja Uénrdiis •«•« !■• drokU de U firmachâ
La question cit délinla . et vaudrait ^«W
résolût; U «al plu «aple de l'esquiTer» emm»
on fait for bon nonk-e d'i aires ^oomm
M. Tronvet ne aianqsa pa* d'inttrmra k|iièl
de M disgrico et de U rigueur do trvèemm
qa'on loi fcîsait ëproaTor. M. Angles fit U p
cherté de Int répondre pi r an article iaaérédi
le ioHTMl di PoTM (18 Bbvtrmbre ISaO) . •■ n
dÏHÎt : — « A c6té de quelques pcr*onDalîlé»
impacations cslonmieiii»* contre M. le pr4fc
on lit don» le pampbkt de M. TrawM di p
tondwi anecdotes q«i ont U préieatioa dM
seandahoMS, et de véritnblcs fiidaiocaiMaaHi
dSia to« emphetiyw, ^i n'en fait ^■hi
i«M«rtir la paéiWté.
■ C^ dans cette derniL-re ratégvri* (ha I
dAise«)qult coimaatde ranger an prapoafil
à M. k pféfet de peliee» au nijet d'«no lafcifii
qui aanit été perdne pur M. raetbanoAitt' <
PrasM. Cf ne sevait qu'eue [daiunAanoftnî
différcDle «• soi , qni , dant aocan cas ••ta
rait ilre oiînuantc ponrlc pcrronna^ dfatia^
aaquel en en dût l'applicatîon Ce n'col pas
que voudrait fiUre accroire l'auiear da pai
plilct , il ne tiendrait à ftcn qtie , diM «m a
TIRÉS DFS ARCHIVES. S87
étrange , il n'y vît une insuHe contre des iStes
couronnées , ou du moins contre les miniâtres
qui les représentent. Une telle imputation est
trop pitoyable pour être relevée. »
Ce Ion de mépris convenait mal. lleprocher a
quelqu'un son emphase , ce n'est pas le rétuter.
9 II ne s'agit point ici , répondit M. Trouvel,
d'un propos qui vous aurait élé prêté , mpnsieiM^ le
comte, mais d'une apostille de votre main^ en
marge d'une déclaration faite par INI. le comte
de Goltz (1) , qui n'avait pas j^^rdfu , il faut dire
la vérité , mais a qui on avait volé pour la ee*
conde fois sa tabatière en sortant du spect^pjje.
Vous avez écrit avec ou sans réflexion ces mets :
Il faudrait donner un tuteur à M. le conUt de Golfti»
Il est évident que cette apostille est devenu^
insultante pour ce personnage distingué, par
Tapplication qui en a eUc faile, et parce qu'elle a
()) I/* comte Ilnii Je G(»]l7.. doiit iî fsl ici question, t-tait né
Prus.si<'i!; .lidc (l.:-cfîinj> (Jug^'nér.i! Ka1lw<,'iilh i\ Danîzickcn 1807,
cl f*n-n;!e di: <:;>''tur:iî }»'iic]ipi-, il fut iioniiiic en iSi4 iwinîstre
p!énijn)J«'Pii.iii L- ;iui)ii'^ <îc.S« M;»j'!stj Loiii> \ VIII. Il se reridit
à Vit 11 :)c il 1.1 Mille il'-s ''v.'iicmL'ns de iSij < t retourna auprès du
roi ù (juiil. .^î. de (ioll7. /lait un Iioniine (ie plaisir, aniateiir du
l'Cau .<L\e, i;n j^eu trop saus ex option , et connu par ses suc*
ces, quelquefois liés ficiles. En r;<ppe]ant le propos du préfet^
M. Tronvet avait torl de rjvcler la peilo d'une tabatière de prix,
L'inJiicrèlion n'était p;:5 cumloisc.
pa»ii- sous les yeux d'un i^ranJ nomlire d'9%
ployés de votre administralion. •
M. Trouve! n'en resta pas la dans tes fiamâ
contre M. Angles; mais TaffAÎK da csoilc
Goltz amusa le public , et ne jusUfia paa cd
qui en faisait la révélation.
La disette des subsistances, en 1816 et IM'
fut un autre texte pour attaquer l'adoiiiii
Si Paris se trouvait dans le cas de
grains, dUait-on« par la raison que 1
ne fournissaient pas ù l'approvision
tral dans la proportion des besoins « le ftë
n'avait-il pas été dans l'obligation , alors qac
prix du sac de farine ne dépassait pas eaca
&t francs, d'appeler le gouvernement an scrsa
de la capitale? Il n'-iiilti de cette négligowcqi
le gouvcrnemt*nt mil en avant prc» de
lions pour acheter des grains chez I'
tous les prix que rélraiigrr voulut.
n*arrivc*rcut en France qu'après Taffloencc s
halle d'une quantité considérable de farincsji
qu'il ce moment cachées et tenues en ffénr
par (ii*s accapareur^ qui nn 1rs mirent snr
place (|iic lorsque la c oiicurreiice prrle à %ik
hlir nnMiara de leur porter un notable pH]
dicr. Dans rit)(ri-val!i' ciilre la cli^ctle et labo
danre , los haliilans de Paris s'étaient montff
iiuinirts ^iir |r f !ia|)i!rp (li*s «iuliHisianrr*. Pei
TIHÊS DES ARCHIVES. 589
apaiser les cris, M. Angles prit toutes les me-
sures réclamées par les circonstance ; mais en
même temps la dépense fut énorme. En juin
1816, il promit aux boulangers de Paris une
prime de 15 francs (1) par sac de farine qu'ils
achèteraient sur le carreau de la halle ; et
comme quinze cents sacs de farine suflisent à
peine tous les jours pour la consommation pa-
risienne, il fallut, pendant les qMatre mois et
demi que cette indemnité fut accordée, faire la
dépense d'une somme de 3,057,500 fr. (2).
Cependant le préfet de poUce s'apercevant
que cette prime trop forte de 15 fr. par sac
ouvrait une voie à des abus, et prétait à de cer-
taines spéculations, la réduisit à 10 fr. Tous les
boulangers se plaignirent; ils prétendirent que,
d'après le coût des farines , il était impossible de
donner le pain au prix de la taxe; ils menaçaient
(i) Kn i8i<), If prix du [)ain s'êtanl êltvc à dix-neuf et vingt
sous les quatre livres; ce prix était disproportionné aux facultés
du peuple et des ouvriers: on fit distribuer, par les bureaux de
charité , des cartes au moyen desquelles les boulangers donnaient
le pain de quatre livres à soize sous. Chaque boulanger recevait
à la caisse syndicale le montant de la différence. Cette mesure eut
le plus grand succès; la dépense fut cependant considérable; le
nombre des cartes distribuées s'est élevé jusqu'à cent mille.
{i) M. Roy , ministre des finances , dans un rapport aux dé-
putés a dit que les ])erles sur les subsistances de la ville de Paris
rn iSiT) cl ]8i; s'etaicnl élcvceb à 2\ niiliious.
1
I
u
390 MhMOIRES HlSTOKlQrKS
de ne pas continncr lenr commerce. Pourap»
ser ces clameurs, M. Angles prit on arrêté n
mois d'octobre i816, portant que 1rs boahogcrs
seraient indcmnîsc^s intégralement de leon per^
tes sur lus cuissons réelles. En conséq^escc. ib
continuèrent leurs achats, et reçurent éesk*
comptes sur les indemnités promises. Cet état
de choses dura, tant bien que mal , jvsqv'cn éé»
cembre1816, et l'embarras se fit de s
sentir. Il y eut foule h la porte de qnelqoi
langers. Il fallut prendre de nonTellet
et prévenir une crise. Le pain est ThaUti
vétérée, la routine, la manie da ParÎBBBa;ls
Viande de boucherie serait m deux sooa li fine.
le riz et les légumes se donneraient aa plas li
prix sur le carreau des halles , qu'en V\
du blé , le Parisien crierait fansine. il
t|ue , pour lui , la farine contienne en rdaliii h
seule véritable substance alimentaire , ce qaî
n'est pas. La négation de ce préjogé gtetal
peut se démontrer par la similitade plijrisala*
giqne des Keaucerons rt des fanboarieot dt
P«iris , également grêles et rachitiquet tovi Isa
deux, biiMi que le premier se nourriaae
imI dos drchcls de la muisson et Taotre de
I ÏÏN*. tVot Li vartéti' des alimens qui
x(Mi)r ri*i]*iddiri* i\v\ i*an«lilutions et fa%<
I M|- 'Il '^t î pp'MVfM'f. 1 -H . oi:imi>v.iircs de polkc
TIR£$ DES AR€HIV£S. Zqï
furent y chacun dans son quartier, chargés de
yérifier les cuissons, et d'encourager les boulan-
gers h continuer le nombre de leurs fournées ,
toujours sous la promesse formelle de K^cevoîr
les indemnités convenues. Ce moyen réussit
quelque temps ; la foule cessa d'obstruer la porte
des boulangeries. La distribution du pain se fit
eomme k l'ordinaire, jusqu'aux jours du mèis de
mai 1817 : alors la gêne et l'embarrïis du p^
recommencèrent. On recourut, yers la fin dé ce
mois, a un moyen qui excita des clameutli contre
le préfet de police.
A la commission des subsistances ^ que M. Angles
présidai! , on délibéra Vil ne cenviendrah p^s
de se saisir, en les indemnisant , des Ihrines en
magasin chez les boulangers. Plusieurs, h l'aide
de la prime, en avaient fait des réserves assez
fortes. La mestire fut iulopléej on décida qu'on
s'emparerait des farines au prix courant; les
boulangers ne seraient pins alors que des fabri-
cans auxquels on accorderait 10 fr. par sac de
farine pour la cuisson. Les sacs furent comptés,
et les scellés apposés sur leurs magasins; des
préposés venaient vcriticr chaque jour la ([uan-
tité de sacs que les commissaires de police déli-
vraient pour la cuisson.
Cette laborieuse opération, qui parut des plus
étranges, dura près d'un mois; les farines des
3ç)^ MCMoini;» ujmviiiqi;l»
bouiiingeni se iruuvaioni prcM|ue
«'•puisées a celle époque; on fat coiilnial ^
renoncer, lit*» boulaii^ser» lurent alorm daa» h
bligalion de recevoir les farines que le g—f
\ nement leur distribua pour le soalMB dt ki
commerce et les besoins de la
journalière.
Or, on avait mis précédemmcnl
gasins de la réf^rre des farines de pîèlK
à raison de 92 fr. le sac ; mais, ea juillet iSII
elles augmentèrent considérableoieai s apièi I
récolte» on contraignit les boubiDgenà
dix a douze mille sacs de ces fariwici.
c|u'elles avaient coûté. On en défak|aa It ftà
sur le montant de l'indemnité piWMifc La
conimercans réclamèrent et firenlde
mémoires. M. Angles y élait accuaé da
I \aise administration , et ses agena de
de foi.
Le pain éluit d'une qualité déIcsiaUat
tat inévitable de ia position des lHmLMgan>Li
désir de consener leur riientelle les fiMfakdl
vendre k moitié perte les larines îmj
gouvernement, tandis que ces
achetées en grande partie pnr les agena de Tad
niinistrution, se revendaient de ploa bella afl
boulangers réduits Ii mettre dans le cmbhmm
un pain inédiuirc. On tournait dans ua ceidi
TIRES DES ARCHIVJCS. SgS
vicieux, et les agens faisaient leurs orges dans
1 e gâchis. . -
Cet aperçu doit expliquer les reproches faits
à M. Angles. Toutefois^ les menées politiques
des partis qui divisaient la France absorbaient
tellement la curiosité , que cette aflfaire des sub-
sistances se passa pour ainsi dire en famille et
dans l'intérieur du gouvernement, entre gens
intéressés à ne point donner Téveil à Tatlention
publique; M. Angles en fut quitte pour de mdes
apostrophes qui lui donnèrent un peu plus de
réserve ; il encourut également de très inutiles
observations de la part de quelques hommes
étrangers aux moindres notions sur cette ipa-
tière ; et c'est encore la plus légère de toutes ces
tortures administratives. On doit s'attendre aux
conseils des aveugles, quand on est dans le chaos.
Ces malices réciproques , tant des accapareurs
mercantiles sur le peuple affamé, que des préfets
dans rembarras vis-à-vis des industriels sans lu-
mières , ne pourraient certainement avoir lieu ,
si le pays, comme Tefironterie de certains pu*
blicistes ose le prétendre, formait décidément
un tout compact d'intérêts homogènes, et s'ad-
ministrait Ini-meme en réalité. Dans un pays
où les intérêts s'entre-choquent avec acharne-
ment pour prévaloir les uns sur les autres , où
le revenu de ceux-ci se compSse de tout ce qu'ils
1
S94 MÛNNtU BISTORIQintS
peuTênt dérober ans reTenut de oe«s-Ki • il bN
ni nationalité » ni moralité, ni liberté, ni
on ne peut y Toir qu'une banqueroale
dea forces indiTiduelles et sociales, deal îl c
même impossible de dresser le bilan.
Je n'ai pu suivre un ordre rigosrcaHSMi
chronologique en parlant de radaHDMtnlioa i
M. Angles , les opératioM do giuido peSee<
de poKce municipale s'étant croiiéM
espace; j'en ai dit aues loalcfiMS
connaîlre Thomme , et montrer T
ment. Les partis royalistes et libérMR
chaque jour de la consistance ; «n
s'annonçait dans le ministère, c'Moit
coureur de la retraite de M. Anglèo.
eut lieu au mois de décembre
Il (ut peu regretté. Le parti q«i
le peignait comme un enricU el
agent passionné du pouvoir deapetiqw ,
sation pour le moins fiÎTole , phie
profondie , et dont on abuse eoi
lieux communs. Pour enrichi , e^esl mstra
personne ne crut au désintéreaaement éeW.àÊ
glès , non plus qn'ît celui de ses
dans la même place.
Il n'était pas homme de plaisirs;
Angles n'en était point ennemie. Quoi^we té
avec des damc« du prend monde , ^
TIRÉS DTS ARCHIVES. 5g5
peut-être , son mari ne se laissait , en aucune
manière , influencer par ses recommandations
ou celles de ses amies. La seule faiblesse qu'on
peut lui reprocher, c'est d'avoir permis des bals
dans l'hôtel de la préfecture. Donner des bals
sous les yeux des détenus renfermés dans la
même enceinte est, dit-on, une grave inconve-
nance , un scandale. Pourquoi cela ? L'honnête
vicomte M. de Montmorency, un peu jésuite ,
et par conséquent bon homme , ne le pensait
pas quand il introduisit àes écoles de chant dans
les prisons. La musique et le plaisir ne sont pas
des outrages ; et nous pensons que les prison-
niers préfèrent en général le bruit 3es violons,
dût-il les tirer de leur sommeil , aux cris des
verroux et des grilles. Il ne faut pas chercher des
motifs de reproches parlent.
On a inséré, dans \e Moniteur du 17 mars 1828,
une notice biographique sur le comte Angles.
Elle est d'une main amie. Si, comme dans toutes
les oraisons funèbres , on en fait un homme
accompli, bannalitc de panégyriste, au moins
doit-on convenir qu'il s'y trouve des traits de
ressemblance. Il est mort ii sa terre deCornillon,
le 1 0 janvier 1 828 , âgé de cinquante-neuf ans.
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