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Full text of "Mémoires tirés des archives de la police de Paris, pour servir à l'histoire de la morale et de la police, depuis Louis XIV jusqu'à nos jours"

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HARVARD  Xfej^r    COLLEGE 
LIBRARY 

♦ 

rtOM  TME  UlUtT  or 

Cown  ALFKEO  BOULAY  Dl  u  MEURTHE 

♦ 

IVHCMAIU)  Aniu,  Ifa? 

Bt^M®1^3i 


T  I  R  ^.  s     DES 


Ptiilt    SCnVIi;     K    l'histoire    de    L\    morale    U'    I)E    la    PiiLK.K, 


iiEPris  Loris  XIV  iis^r  a  nos  joirs. 


par  3.  JJcudjft, 


IVVUIS, 


A.    LKVAVASSICIK     KT    < 

riiii .'  «Il*  lii   liimr<i',  S. 


•ir 


>»••••!••' 


i 


1 


HUSHKDmBIBS 
ARCHIVEjS  DE  LA  POLICE 


DE     PARIS. 


MÉMOIRES 

[lut 


DE    PAHIS, 


I  tUTIII   t  l'bistoini    I>>   I 


DtPtTIK   LOCIS    XIV    JCKQV'A   KOS    JOL'RK. 


jr,  Peiichet, 


PARÏS, 


A.    LEVAVASSEIR    KT    t", 

Pllip  de  11  Riiurtr.  ft. 


HARVARD  ^^F   COLLEGE 
LIBRARY 

* 

FROM  THE  UBKAKV  Of 

Oatn  ALFKEO  BOULAY  01  LA  MEURTHE 

+ 
PUKCHAUO  Aral^  191: 

X 


Bt^M®l^S 


T  I  II  K  s    I)  F.  S 


r<iiR  stnviii   \  L'nisTOiRK   ut  lv  vop.all  kr  dil  m  poluk, 


IIKPriS    LOl'IS    X\\    àVSi}\'\    NOS    JOl'RS. 


par  3.  PfUfl)ft, 

Ar  I  lii*  i«tc   iK'    lu    l''li'  f. 


PAULS, 


.^  'i'     g-\9 


A.    I.KVAVASSKl  l«     VVV    i 

IViii-.-  «le  'il   lliiiir*!',  S. 


lur.n 


f 


>s  i:' 


Bt^StOlUS 


T  I  K  <:  s     n  F.  !» 


roiK  &Envm   k  l'histoire  ut  i.v  mokall  ki  uk  li  polu.k, 


llCPriS    LOTIS    XIV    JISCH'A    NOS   JOVRK. 


par  3.  \)cx\c\)ct, 

\r  .-liiviN'»'   i\v    I J    l'-'lii  !■ 


PARIS, 


'■••         /■!* 


A.    LKVAVASSi:i  l«     Kl     C 

ÏV.ir.'    ili-    la    l'.iHir<i".    ^*. 


>(*•••!••* 


ARCmrVEj»  DE  LA  POLICE 

DB     PARIS. 


MÉMOIRES 


DE    PARIS, 


LniSTomi    ns    Lt    aûRtLE   ET  ue  li   folile, 


OCPUtS   LOCIS    XIV    JCSQC'A   NOS   JOl'tlS. 


Par  J.  Penchel, 


T^M^     ]]], 


PARIS, 

A.    LKVAVASSEl'R    K T    V% 

Pltrp  <le  II  iliiurtr .  lt, 


L 


Ta^   '/iK^.^  i 


^_.  HAr>v»c-  r'^îLrtC  LiBtAtT 

rp-  •    ►•r  i:p''*»v  or 


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ta  i«n**-c«  de  1*1.  M 

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CHAPITRE  XLVl. 


SoaTcntrt  Uitluriifnet  el  noïki's  tur  ta  \>aiict  de  pArU ,  par  H.  L«r, 
Boir,  tollB  par  lui  ea  iSoi.  —  Occaticm  qui  ■  doniu:  liviiX 
M.  LctttHr  d'éorirc  cci  (ODfcnir».  —  Adcmh  gouTentemegl  .^ 
l'irit.  —  De  l'espionnage  de  l'anoiviiue  police.  —  SiirveîMajice. 
tUT  li-s  libtUes,  1(3  chansons  satiriques  et  leurs  auteurs.  — 
Conduite  de  U  BoUce  loachanl  Ici  faux  bruits,  les  fausses  noit-. 
leWa.  —  Rapports  du  officirrs  de  police.  —  AiidiïDccsfiuMI- 
quH  de  la  police.  —  SpecUcles  de  Paris  dans  leur  rapport  itcc 
la  police.  —  Sur  l' illumina  lion  de  Paris.  —  Sur  l'administra  lion 
des  Jeux.  —  Sur  les  maisons  libres.  — Sur  les  femmes  qui  dimit 
la  jMunc  iTenlure.  —  Observations  sur  l'état  aciuel  (brumaire 
an  i3)  de  la  «iVreié  ù  Paris.  —  Vaes  louchaat  la  mcndicllé. 


A  son  retour  de  l'ëinlgration  et  pendantsa  re- 
Iraile  à  Crosne  ,  M.  Lenoir  s'occiij)a  «Ii;  jeter  sur 
Iv  jjjpier  des  notices  et  souvenirs  sttr  ia  polici?  du 


ton  temps.  En  juillet  1802,  il  me  fil  pari  de  ce 
.  traTail  ;  mes  anciennes  fondions  d'administrateur 
de  la  police  de  Paris,  en  1789  et  1790,  de  chef  du 
bureau  de  conMiltation  ou  consril  particulier  du 
ministre,  en  l'an  iv  et  partie  de  Tan  v ,  avaient 
dirigé  mes  Tues  sur  le  projet  que  j'exécute  au- 
jourd'hui. M.  I^oif  rédigeait  alors  assez  irrë- 
j;ulièrement,  et  k  bàiom  rampu$^  les  notices  qu'on 
y^  lire  ;  elles  présentent  une  suite  de  renseigne- 
mens  et  de  conaidéntions  importantes  et  came- 
tériftiqaes;  ce  sont  des  articles  détachés,  tans 
4Hrdre  et  taiii  liaison ,  mais  entremêlés  de  fidts  et 
de  eoiiTenirs  kistoriques  qui  ne  sont  pas  amt  tn«- 
terCt  Pai  glané  dans  tout  cela,  éliminaiit  des 
matériaux  inutiles  ou  qui  faisaient  double  em- 
phH.  JTai  cru  qu'on  Terrait  avec  "plaisir  et  peut- 
éfaréi  iaatmction ,  le  sentiment  d*nn  homme  qui 
t'est  distingué  dans  de  hautes  fonctions ,  rar  des 
matières  dîfficilet.  J'ai  consenré  qnelquet-ans  des 
forojettet  det  Tuet  qn'il  aurait  touIu  faire  adopter» 
mj^.qne  notre  nouTeau  tystème  de  Initiation 
TCpouase  comme  contraires  à  la  liberté  cinie 
que  nous  devons  a  la  réTolution  (1  ). 


(i)  Cet  docomeiis  toot  entre  noc  nuiint ,  de  rfrrilore  de  M.  Le- 
aoir,  <Mi  apotUtlé»  par  lai ,  loafent  Bccotnptt^H  de  notes  écrUrt 
lie  h  main  de  J.  Pe«chct.  (Xaie  et  rrditemr,) 


s 


4  M^MOfRrs    ni^TOliiritTS 

ment  après  les  barrières  et  lîinileii  dt!  la  \illc  ca- 
pilile  ;  mais ,  dans  les  maisons  dites  royales  et 
comprises  dans  son  enceinte,  il  y  avait  autant  de 
gooirernemens  particuliers,  gouTemement  des 
Toileries,  coiivcrnenient  du  Luzembonrg,  etc.  ;  il 
y  avait  aussi  les  gouverncnicns  militaires  des  In- 
valides, de  l'Arsenal,  de  la  Rastîlle,  et'*.  ;  legoa- 
vernenient  de  la  Bastille  était  aussi  soos  Tau- 
forité  du  ministre  de  Paris  et  soos  celle  du 
lieutenant  général  de  la  police ,  à  titre  de  com- 
missaire du  roi,  d'intendant  de  Paris,  a  lui  seul 
éCaient  rendus  des  comptes ,  des  détails  qui  con- 
cemaientrintérieur  de  cette  prison  d'état. 

Avant  la  révolution,  U  capitale  nVtait  pas  as- 
similée a  une  ville  de  guerre;  on  n'y  connaissait 
pas  de  commandant  de  la  place  ;  une  troupe  de 
sept  a  huit  mille  hommes,  composée  du  régi- 
ihent  des  gardes  françaises  et  de  deni  compa- 
gnies des  gardes  suisses,  y  faisaient  seulement  le 
service  militaire;  elle  était  renfermée  dans  les 
casernes  destinées  au  maintien  de  la  sûreté ,  et 
éuit  sédentaire;  elle  faisait  un  service  eztérieur 
pour  la  demeure  du  monarque  et  de  sa  famille. 
Les  officiers  des  deux  régimens  de  garde  à  la  cour, 
allaient  chaque  jour  prendre  l'ordre. 

Cette  garde  faisait  des  patrouilles  de  nuit  dans 
la  ville  et  les  faubourgs.  Successivement  «  elle  se 
vit  commise  au  bon  ordre  des  trois  ^zrands  spec- 


/ 


TIBÉS   DES   jtHClIlTES.  5 

lacles,  l'Opéra  elles  deux  Coméclics-Franraise  et 
Iulicitne.  Ceire  police  élait  en  accord  avec  la 
police  ordinaire.  Des  officiers  des  gardes  fran- 
raius,  de  1,1  coniK^-trtliiie  et  de  la  police  de- 
vaienl  journellement  s'y  trouver  réunis;  il  existe 
des  ordonnances  concernant  1.1  police  des  «pec- 
Uclex  ;  elles  sont  ancieanes  et  modernes  ;  le  roî 
donnait  à  ce  sujet  des  inslruclions  particulière»., 

La  troupe  mililaîrc,  toujours  placée  sous  un 
commandement  militaire,  n'était  pas  ce  qu'on 
appelait  vulgairement  la  force  ordinaire  ou  la 
force  publique  j  celle-ci  consistait  spi^cialement 
dans  le  guet ,  composé  jadis  de  compagnies^ 
boni^eoises.  L'expérience  av.iil  prouvé  que  ces 
compagnies  étaient  plus  propres  à  répandre  le 
désordn;  qu'à  l'empêcher.  Les  régimens  des 
gardes  françaises  et  sui^^ses,  et  même  les  déta- 
chemens  d'invalides  étaient  régardés  comme 
force  extraordinaire  et  auxiliaire,  subordonnée 
aux  réquisitions  de  la  police,  et  devant  agir  sous 
sa  direction  ;  mais  il  fallait ,  en  toute  circon~ 
stance  (et  jusqu'en  i776,  on  a  suivi  celte  cou-- 
tume)  un  ordre  cïpit-s  et  particulier  du  roi. 

Antérieurement  à  1789,  il  n'y  avait  eu  d'autres 
troupes  de  ligne  et  infanterie  en  résidence  dans 
la  capitale  que  le  régiment  des  gardes  françaises 
*^t  une  partie  de  celui  des  Suisses.  Depuis  la 
suppression    des  mousquetaires,  gendarmes   et 


6  MÎMOmCS  BISTOmQCES 

dieVaihlégen,  h  seule  cavalerie  était  celle  du 
gûêt. 

En  1774,  il  y  eut,  ce  qui  ne  t  était  pat  vu  pen- 
dant preMjue  tout  le  règne  àe  Louis  XV,  un 
pnm\jBt  et  principal  ministre,  M.  de  Maurcpas. 
Ii6  principe  d^unité  dans  la  marche  du  gouver- 
nement el  dans  la  marche  de  la  police,  fut  alors 
liien  établi  el  mis  en  pratique  ;  sous  son  ministère, 
tbnl  se  reportait  ft  lui  et  ii  son  approbation,  tou- 
jonrt  au  nodi  du  roi  josqu*a  son  décès,  arrivé 
en  1781. 

Vendant  cet  intervalle,  il  n'y  eut  dans  le  gou- 
vernement ni  tiraillement  de  mésintelligence,  ni 
con^t  entre  les  ministres  et  diverses  autorités. 

Après  M.  de  Marirepas,  Tautorité  ministérielle 
tat  divisée;  toutefois,  jusqu'au  commencement 
dès  (roubles  de  la  révolution  nulle  ditBculté, 
niîAe  prétention,  ne  se  fit  jour  entre  le  gouver- 
neur de  Paris  (M.  de  Brissac,  neveu  et  héritier  de 
H.  dé  Maurepas),  entre  les  colonels  des  gardes 
françûses  et  suisses ,  et  les  administrateurs  de 
la  police. 

Le  colonel  du  régiment  des  gardes  franraiiies 
avait,  dans  la  capitale,  phis  de  potivuir  f|tu!  le 
gouverneur  même,  bien  qu*»  la  ronr  et  ii  la  vinc 
cç  gouverneur  oui  n;i(iin-nr!i»rnt  l.i  |iri-sr.iiii  r. 

Le  gouverneur  ct.iii  le*  ih<T  «lu  ior|»^  ilr 
\ille  et  le  chef  des  cuq>^  rr.unif  i[uu\,  cncuro 


TIRES   DIS    ARCHIVES,  J 

h'arail-il  à  ce  titre  que  des  droits  honorifiques  èi 
de  grande  représentation  avec  quelques  autres, 
mais  de  simple  utilité,  pris  sur  les  fonds  et  reve- 
nus de  la  ville.  L'emploi  de  ces  fondii  avait  sa  des- 
tination spéciale. 

Les  droits,  fonctions  et  prérogatives  du  gou- 
verneur de  Paris  ,  de  commandant  général  de 
tontes  les  troupes  en  résidence,  n'avaient  pas 
encore  été  réunis  comme  à  présent  daiis  iine 
iéulè  et  inètue  autorité. 

Le  gouverneur  institué  récemment  (1)  ne 
doit-il  pas  être  considéré  comme  investi  des 
|»oaToirs  attachés  au  gouvernement  de  la  ville  et 
iu  commandement  général  militaire?  n'a-t-il 
{tas  encore  li;  droit  d'autorité  qu'avait  ci-devant 
le  doyen  des  maréchaux  de  France,  de  décider 
de  certaines  affaires  militaires,  de  ri\es  et  délits 
de  la  part  des  militaires,  dont  la  police  même 
doit  lui  déférer  la  connaissance  ? 

Quelle  que  soit  la  latitude  donnée  maintenant 
à  la  place  de  gouverneur  de  Paris,  on  n'estime 
pas  qu'elle  puisse  dominer  et  diriger  l'adminis- 
tralion  de  la  police  de  Paris,  qui  doit  être  essen- 


(i)  M.  Leiioir  écrivait  en  1801.  Le  dcmiiT  gouverneur  de  Paris 
tut  M.  di:  Coisf  de  BrUsac.murt  en  1795.  Li  plaça  <fe  gotiveroeur 
dv  ParU  ne  tut  pas  remplie  pcndaDt  la  réioluUan.  Kooitiarte  la 
i-i-i.-ililii  II  y  nomma  pour  prïinii;r  gouTcrncur  JMcbitii  Mtii'»t , 


8  MCVOlliKÀ    HISTOAlQCKft 

tieUemtiit  an«,  suiTaol  son  principe  d'iotUlu- 
tioD^  •ecouroe  par  les  aulorilét  sopérîearet  el 
obéie  par  les  aulorilés  inférieures. 

Son  autorité,  dans  lancien  régime,  était  ba* 
lancée  par  deux  pouvoirs  souTeiit  en  opposition, 
le  ministère  et  le  Parlement.  Elle  était  réglée, 
limitée;  sa  règle  et  ses  limites  émanaient  do 
chef  de  Tetat^  qui  donnait  directement  ses  ordres 
Il  Padminiatrateor  général ,  ou  les  lui  faisait  au 
besoin  tranamettre  par  les  ministres  ou  par  d'au- 
tres intermédiaires. 

D  doit  so  présenter  des  circonstances  impré- 
Tuea«  multipliées»  oit  le  préfet  de  police  n'a  des 
ordres  à  recoToir  que  du  premier  consul ,  et  des 
comptes  il  rendre  quli  lui  seul  ;  telle  a  été,  dans 
des  circonstances  plus  normales,  la  position  en- 
Ten  le  roi  do  magistrat  chargé  de  la  police  de 
Paris,  depuis  1774  et  1776  jusques  et  corn* 
pris  1785. 

En  mai  1775,  il  survint  une  émeute  a  Parin; 
c'était  k  l'occasion  de  la  cherté  du  pain.  Dès 
les  premiers  momens,  elle  ne  put  être  répri- 
mée, parce  que  le  maréchal  de  Biron,  malgré  les 
instances  do  lieutenant  général  de  police ,  re- 
fusa de  fiiire  marcher  des  détachemens  de  son  ré- 
giment, prétextant  qu'il  n'en  avait  pas  d'ordre 
particulier  do  roi  (Tordre  fut  expédié  deux  jours 
après).  Le  lieutenant  de  police  perdit  U  place  à 


TIRES   DES   jUICRITES.  g 

l'occasion  de  cette  émeute;  et  quelques  mois 
après  (1),  lors  de  sa  réinstallalion,  il  demanda 
des  instructions  signées^  lesquelles  devaient  servir 
d'ordre  supérieur  à  l'égard  du  service  des  deux 
régimcns  de  gardes  françaises  et  suisse»,  pour  les 
caa  ordinaires  ou  extraordinaires  de  réquisition», 
ultérieurement  exigibles  par  la  police. 

On  rédigea  ces  instructions  d'une  manière 
explicative;  elles  firent  cesser  toutes  contesta- 
tions. Le  magistrat  n'était  pas  tenu  de  soumettra 
ses  motiPs  ;  maïs  ordinairement  il  n'en  faisait  au- 
cun mystère,  à  moins  de  nécessité  grave.  Four 
les  choses  de  moindre  importance,  il  s'adressait 
aux  états-majors;  plus  souvent  encore,  il  appelait 
à  lui  des  officiers  ou  des  sergens. 

Avec  le  consentement  du  maréclial  de  Biron, 
M.  de  Sartines  avait  fait  placer  un  poste  de 
gardes  françaises  à  côté  de  la  maison  du  direc- 
teur des  pompes  à  incendie ,  sise  rue  de  la  Jus* 
sienne.  Ce  poste  avait  l'ordre  de  marcher  au 
premier  avertissement  de  son  directeur.  Le  suc- 
cesseur de  M.  de  Sartines  (2)  avait  obtenu  pa- 
reillement deux  postes  de  gardes  françaises,  l'un 
pour  le  faubourg  Saint -Antoine,  l'autre  pour  le 


(0  Voyerdans  lediapilrc  àm  Notices  historiques  sur  les  lieu- 
Itnans  de  police ,  ce  qite  j'ai  dil  du  reimii  de  M.  Lenoir,  eu  '775. 
(i)  M.  Lenoir. 


rkfi 


CuiBiMirg  KunUMàrceâu,  (dans  rintenlion  de  con- 
wHt  um  lubitiint  de  cet  deux  (|uarlicn,  regardés 
2iimtti  âÀ  foyiéirt  lubitueU  d'eflervcsceuce  po- 
IttEttra.  Ce^  àint  J^otlet  aeiraient  marclier  au 
âTertiisement  de  U  clameur  pubUqne  ; 
l^rlier  niâin  forte  au  guel»  luiuf  à  ne  se  déployer 

16  sous  le  commandemeol  de  rauloriic  nûli- 
L  Lesidljhdanl  où  sergent  qui  commandaient 
c6  j^Mla,  étaient  soldés  en  partie  sur  les  fonds  de 
Ik^iâicè,  et  loi  rendaient  compte,  ainsi  qu*àleur 
étitl-ttâjor.  En  solde,  gratifications  et  récom- 
^KieSi  la  déjiense  s'élevait  chaque  année  a 
itngt  inille  liTrês  ou  enviroa;  on  payait  le  tout 
éôr  qtiltânce  iin  ^erta  d*ordonnances  du  lieute- 
nant général  de  police. 

l>*àatrb  instructions,  signées  aussi  du  roi,  re- 
paient lès  diTeb  éenrices  dans  Paris,  entre  les 
irôiipéa  de  ligne,  la  compagnie  du  guet ,  et  les 
compagnies  Bourgeoises.  Les  agens  inférieurs* 
ijui  liriTàient  aucun  costume  dittinctif,  étaient 
p^irteiirs  d*unè  espèce  de  brevet,  conçu  en  de» 
teVÀies  coÂceirtës  avec  les  élais-majors  des  r/gi- 
méns  (tes  gardes  firanraise^  cl  siuisse&  ;  un  ne  (>ou- 
vait  leur  refuser  aide  et  assistance. 

Dans  les  patrouilles  de  nuit ,  les  oflicicr»  et 
préposés  de  la  police  étaient  toujoun  soutenue 
par  dés  sergcns  des  deux  réginicns  et  des  rccmoH 
qui  se  trouvaient  ii  V^m.  Lo  olip.urrs  de  pulite 


IM  MKIIOlEIi   RISTORIQCES 

ne  doÎTtnt  être  coniidérées  que  comme  set  ta- 
tellitet. 

La  diftcipUoe  miUuûre  n'est  pas  de  son  ressort, 
bien  qu'anciennement  elle  eût  parmi  ses  attrî- 
botions'le  tirage  de  b  milice  de  Paris,  la  revoe 
menraoUe  des  recmleurs,  la  ratification  des 
engagemens,  le  ^isa  des  congés,  etc.,  ce  qui  re- 
Tient  ë  dire  qu'une  sorte  de  police  militaire  était 
autrefiiis  dévolue  a  b  police  ordinaire. 

La  troupe  militaire  ne  pouvait  s*introdoire 
dans  une  maison  qu'avec  la  présence  d^un  com- 
missain  de  police ,  alors  même  qu*il  eût  été 
question  d'une  bute  commise  par  un  militaire. 

Les  gardes  suisses  «  en  vertu  des  capitubtions 
signées  avec  leur  paySt  avaient  plus  de^iriviléges 
que  les  gardes  françaises  ;  ils  se  conformaient  ce- 
pendant avec  eiactitude  à  la  teneur  et  à  l'esprit 
des  instructions  qu'ib  avaient  reçues»  et  ne  pré- 
textaient pas  toujours  de  leurs  privilèges.  Les 
Suisses  avaient  bur  juge,  et  lui  donnaient  le  titre 
et  qualité  de  grand-juge. 

En  1778,  un  soldat  suisse,  arrêté  pour  un 
crime,  fut  livré  par  la  police  aux  tribunaux  fran- 
çais. Son  état-major  le  réclama;  il  fut  seulement 
convenu  que  le  prorès  du  criminel  ne  serait  pas 
fait  au  soldat,  mai»  au  Suisse.  En  conséquence,  on 
joignit  à  la  procédure  un  congé  que  Ton  antidata . 

De  la  déférence  de  la  police  et  de  la  bonne 


Tlttà  DB  AMmyMs,'-  tS 

discipline  des  deux  régiineiis,  il  résulta  qne  les 
troopes  milîmlrcs ,  dont  autrefois  on  avait  à  re- 
douter journellement  les  cxcùs ,  y  maintinrent 
l'ordre  et  la  sûreté. 

En  1778,  les  gardes  du  gouvernement  de  Paris, 
dans  une  f^te  publique  rjui  se  donnait  k  l'Hôtel- 
de-VilIe,  insultèrent  gravement  aux  garJes-do- 
corps  qui  lïrcnt  leur  plainte.  Le  lieutenant  de 
police  en  informa  sur  l'ordre  du  roi,  et  se  trans- 
porta chez  le  gouverneur,  qui  lui  fit  remettre 
l'officier  responsable  de  cette  insulte. 

Dans  une  autre  occasion  ,  le  gouvernement 
■'étant  plaint  qu'un  a^ent  de  police  avilit  insulté 
l'an  de  ses  gardes  qui,  ssns  être  vêtu  pour  le  mo- 
ment de  son  uniforme  à  la  couleur  de  la  livrée 
du  gouverneur,  avait  pourtant  fait  connaître  ses 
droits  et  privUégcsi  le  même  magistrat  se  rendit 
auprbs  (Ui  gouverneur  et  le  pria  de  prescrire  une 
ponilîon  qui  fut  inlligéc  nu  préposé  de  la  police. 

En  tenant  la  main  a  cette  balance,  les  diverses 
aulorilOs  éloufTaient  ainsi  tous  les  conflits. 

ftmAuite  de  la  l'olice  louckarU  In  fav.t  BruiU ,   le»  fautiei 

yourellrs. 

C'est  l'ordinaire  des  g«ins  désœuvrés  de  faire 
circuler  des  menus  propos,  soit  à  mauvaise  in- 
tention, soit  sans  dessein  ;  quelquefois  ils  ne  sont 
que  les  échos  d'un  soupron ,  même  en  le  don- 


l4  muiOlBtt  nilTOMQCIS 

Qjwi  amvt  un  fait  ;  mais  Véàào  u*e$t  pai  lop- 
jours  fidèle.  Ua  brait»  quel  qu'il  soit,  uqq  fqis 
lancé  dans  la  circulation,  Tarie,  s*accroît  et  s*eza* 
gèrc^  en  it*éIoignnnt  de  m  source. 

Pendant  les  premières  années  caloies  du  rc« 
gne  de  Lonb  XVI,  on  ne  voulut  pas  que  la  po* 
lice  ponrsniirit  les  mauvais  propos ,  les  histoires 
et  éy4Mm<iil>i  supposés  que  de  tout  temps  on  se 
plaît  k  propager  dsni^  la  monde.  Le  principe  et 
lji.wlw^  ^  M»  4fiMaucepas  éuient  qu  on  la)is- 
sât  tomber  les  m;Kères;  les  fausses  nouvclUii  4^- 
iraa(  sq  détruire  s^ec  le  temps  ou  se  voir  absor- 
bées par  des  événemens  plus  réels. 

])|ipnt  1^  piinislère,da  ce  ministre  principal , 
U  n^'y:  eq^  P9S  de  détenu  pour  discoiirs  téméraici^f^ 
et  cfUniinieqx ,  ni  même  pour  écrt^  diflamar 
tpfi;es,  si  cq  n'est  iAnguH  et  PMinri.  (  La  letti)f, 
do  c^het  il  l*<g>r^  du  premier  avait  été  de- 
"*pffi#*  au  nom  du  tribunal  des  msrécbaqx  dfi, 
France  ;  celle  contre  le  second ,  provoquée  par 
M.  Necker.) 

Après  la  mort  de  M.  de  Manrepas,  Louis  XVI 
ordonna  an  lieutenant  général  de  police  de  faire 
surveiller  et  punir  les  auteurs  et  dislributeurs  de 
diffamations  et  calomnies,  et  a  cet  effet  d'en 
rendre  compte  chaque  semaine  ;  on  envoya  des 
émissaires  dans  les  cafés,  spectacles  et  lieux 
d'assemblées.  Des  propos  et  des  opinions  de  tous 


i6  MÉvoinu  HirroiiiQiT» 

■ 

previTCt  do  contraire ,  il  ett  un  grand  nombre 
d'anecdotes  controuvéen  dont  la  crédulité  du 
pobUc  ne  se  désabuse  jamais.  Nous  en  citerons 
un  exemple. 

En  1777,  le  bruit  se  répandit  que  le  duc  de 
Fronsac«  ayant  résolu  dVnlever  une  jeune  per- 
sonne ,  avait  Tait  incendier  la  maison  oh  elle  lo- 
geait avec  sa  mère.  Nul  rapport  n'avait  été  fait 
à  la  police.  Louis  XVI  en  écrivit  de  sa  main  au 
lieutenant  de  police;  il  ordonnait  de  ne  rien 
épargner  pour  punir  le  crime  ou  la  calomnie. 
On  colportait  lliittoire;  la  supposition  cban* 
geait,  à  la  vérité,  quant  aux  personnes  citées  et 
à  rendroit^  et  le  fait  se  détruisait  de  lui-même 
par  la^  diversité  des  récits  ;  aussi  les  informations 
furent  longues.  Le  magistrat  de  police  inter* 
rogea  de  jeunes  personnes  et  leurs  mères  qu'on 
dé^goait  nominativement.  Ce  fut  en  vain.  Un 
particulier»  ii  la  veille  de  mourir,  envoya  cher- 
d|€r  un  officier  public  pour  lui  confesser  qu'il 
pourrait  être  l'auteur  du  bruit  répandu  ;  dans 
un  vieux  livre  »  il  avait  lu  le  récit  d'une  violence 
semblable;  il  n*avait  pu  sVmp«*cher,  par  une 
préoccupation  de  colère ,  de  dire  que  le  duc  de 
Fronsac  en  serait  bien  capable.  La  supposition 
s'était  dénaturée  en  courant ,  el  cVsl  sur  de  pa« 
rt* ils  bruits  que  lot  ou  tard  on  «'crit  lliisloire. 

Le  hanard ,  plus  que  la  mullitndc  dr<  m-lirr* 


c1wi,-«pin»MfHi  des.  dé'cotimriei;  msK  lé  ^Im 
Mwaat  loB  eSortsjde  la  polict  ^nr  reptoOMet*  U 
cstMnnie,  ne  terrent  qu'à  l'antoriBeT  de  {Atu'eti 

M  ■  -        .......     -M...-: 

MM.  de  Sardine  et  Lenetiveymt  tentéd^-«sï^ 
naîlre  ce  qu'on  disait  sur  leur  administration , 
employèrent  successivement  les  -vingt  inspec- 
teurs de  police  littilaires;  les  rapports  contin- 
rent plus  de  flatteries  que  de  vérités  et  hcauconp 
de  récits  arranges  sur  des  bruits  fondés  ou  non. 
Les  rapports  des  mouckea  teeritet  devaient  £tre 
plus  véridiques  et  plus  susceptibles  de  confiance. 
(L'imprimé  intitulé  :  Chasteté  du  Clergé  dévoilé$  ne 
contient  que  de  vieux  procès-verbaux  rftjeunis 
par  l'éditeur  Manuel,  qui  n'y  a  pas  compris  les 
apostilles.) 

Le  faïQeux  comte  de  MirabeaH  et  Brittbt  de  ' 
Varvîlle  avaient  été  séparément  occupés  par  Ta 
police  à  faire  des  écrits,  des  bulletins  et  à  les.  ré- 
pandre dans  le  public  pour  contredire  de  fiinues 
histoires  et  anecdotes.  On  a  soupçonné  qn^ls  e,n 
composaient  em-mêmes. 

La  Gazette  de  France  était  regardée  comme 
plate,  parce  qu'elle  était  véridique.  Quand  il  y 
avait  de  bonnes  nouvelles,  la  police  en  envoyait 
proniptement  le  récit  en  substance  dans  iesprin- 
cipaux  cafés  et  lieux  de  rassemblement,  afin  qu's 
le  fond  n'en  fût  pas  sitôt  altérr. 


j8  mkmoiiic»  iiifl»i>aiQtTs 

U  €•!  plus  làcUa  de  ditiraîro  (|«M  de  fi^er  Ta!- 
If  i|tûm  généf  aie  ;  c*éuk  un  dee  noyens  dont  te 
MITTMt  avec  avaalage  Tancienne  pelîce  pour 
mettre  au  ncant  les  faux  bniiu  cl  les  propos  ca<» 
JllflWHfeWt  C*eal  uoo  vérité  non  moins  certaine 
fgtêm  hviqM  le  psbfic  detÎM  qu'on  le  mélange 
4'fipMns»  Si  n'en  eal  ^ne  pins  «vide  de  médi- 
«MM  et  de  e^lomniea;  senlemeni  il  tn  parle  k 
kftm  doe,  ot  sait  se  fiûre  nn  eerde  (I  ) . 


Les  moyens  d'ètn;  Tite  au  ffii  de  ce  qp  K 


Ms^t  dans  Paris ,  n'étaient  pu  noleîns  i  on  9e 


.l.(t)MjiaWaBeoe|pèélnMreet«epntledefliMtaMécH.  Le- 

«Mtr^rMbrttiti  ^Foda  bit  epprir  à  fn^éf  ^itiflltr 
éifyiimi,  n  «Il  «Hâla  que  le  torpticliiiic  à  riurd  4»  blu 
nspeisa  en  ua-os  eti  weanMns  ■■eênlras  qoc  Is  poHoB  s  p^eir 
OiÂiipf  4f  lia^fiéM  4mi  Vowéoii  psor  Iwrnir  dn  «iMt  è  Ms 
ééCepMvrt.  La  lactique  n'a  ries  (|e  neuf.  Qai»!  auji  hottmm  éc 
k  révoHilloBy  M.  Lenoir  en  «irait  la  plut  fa^iM  idée.  Set  pr^nféa^ 
iB«eM«  bfaiidilnil  oMlaaicrvpaleut  qoe  rar  les  actes  attri- 
,bftii|f^fppp  de  TaKlco  fé0m^  Ri  irlMaC  ni  mnbraa  ne  fti- 
Tcnt  diarféa  de  cet  prétendu»  bnlIctiM.  La  nou«fiéié  d*un  panll 
Irit  n*li(Arait  pai  attenJo  »i  long-lenpt  pour  te  produire;  W  halaet 
OiTViSiéei  de  la  aaur  au  de  la  ré^olnlion  contre  de  parcllt 
bomnnt  t'«i  fiwieni  ftii  aonirt  cos  de  fuftatant  aoyent  de  dU- 
oMit  et  de  démolition. 


TIRES    DES    ARCmVKS.  îg 

mettaient  mal  en  pratique  avant  l'administra- 
lion  de  M.  Bcrryer.  Le  public  était  contraial  de 
payer  pour  être  admis  aux  bénéfices  de  la  sur- 
Tcillancc.  !\ï,  Berrycr  fut  le  premier  qui  obtint 
pour  le  service  et  pour  ses  dépenses  fixes  et  im- 
prévues, des  fonds  assignés  d'abord  sur  plusieurs 
caisses  publiques. 

Dès  ce  moment,  la  graluilé  des  fonctions  du 
chef  de  la  police  fit  (pic  tous  les  habitans  rceou> 
rurent  à  ton  administration  dans  maintes  af- 
faires pour  lesquelles  on  aurait  eu  recours  aux 
tribunaux  de  justice. 

Ces  temps  rappellent  beaucoup  d'intrigues  et 
de  divisions  parlementaires  qui  nécessitèrent  un 
plus  grand  nombre  de  commis ,  de  préposés  et 
de  subordonnés  pour  entourer  une  magistrature 
dont  les  pouvoirs  et  moyens  venaient  de  s'éten- 
dre :  la  police  devint  chargée  d'une  infinité  de 
détails  et  de  soins  de  toute  espèce. 

C'est  sous  M.  Berryer  que  fut  montée  l'oi^à- 
nisation  de  la  grande  machine;  c'est  sous  U.  4e 
Sartines  que  les  rouages  de  celte  machine  oqt 
commencé  à  marcher.  Il  se  créa  des  affidés,  s'at- 
tacha des  créatures.  Tous  relevaient  de  son  au- 
torité ,  n'avaient  affaire  qu'à  lui,  ne  relevaient 
que  de  lui.  M.  de  Maurepas  disait  que  pour  ai- 
sumer  toute  la  responsabilité,  son  arbitraire  en 
cela  devait  être  sans  contrôle. 


au  MKMOIlirS   HISTORigLIft 

Dam  cet  éUI  de  choses  »  tout  individo  non 
avoué  par  la  police  qui  se  fôt  mêlé  d*espioDnaget 
se  scfpit  mis  dans  le  cas  d*étre  puoi  sévèrement. 
Un  gueux  Tétait  par  la  détention  à  Bicvtre.  Les 
çspions  de  bonne  compagnie  se  voyaient  démas- 
qués et  diffamés. 

Il  y  avait  cependant  dans  les  lieux  oii  résidait 
1^  QO^tf  des  espions  que  devait  entretenir  le 
Pl^^yôt  de  lliôtel.  Il  y  avait  aussi  ^  tant  a  la  cour 
qife  dans  la  capitale ,  des  espions  politiques; 
ç<;ux-|ii  étaient  employés  par  le  ministre  des  af- 
faires étrangères;  mais  ce  ministre  en  ftisait 
connaître  la   Ibte  au   lieutenant  général  pour 

9ff'^.i9'(^  les  fiiire  appqyer  ou  surveiller.  Enfin  « 
j\  J^^iT^it  à  Paris  des  espions  de  circonatances  ^ 
jfl^plf^yés  par  occasion»  en  a^ez  grand  nombre. 
Qi^  a  vivement  affirmé  que  Tancienne  police 
sf^l^ûtpour  Tespionnage  de  pauvres  et  mia^ 
rîJbles  chevaliers  de  Saint-Louis  (1  ).  M.  Lenoir 
déclare  A*avoir  employé  qu*un  seul  officier  de 
oét  ffdre*  U  était  garçon  et  sans  fortune ,  mais 
dans  un  certain  bien-ctre  toutelbis.  On  ne 


■ 

donnait  que  des  billets  de  ^ectades  ;  il  rap- 


,  (i)  Ce  qol  ftviiil  éaonê  lieu  m  répênârt  oe  bnUt,  était  «ne  pai- 
llon de  ifAno  lUrr^  que  M  IWnrer  avait  dit  «wiffoer  «ur  U  po- 
Wt  kmn  dMTBlIcr  <le  Vouy,  qnl  était  réelIcMirfit  maavalt  aalciw 
iSciplMi  :  mmLtw  anifr  ti*a  drp«lf  M  «ImI  pmtkmuà. 

;  V  fe  Ha  V.  Lemtir.  ) 


f^ 


%%  nilOIRKS   UISTOaiQUEft 

obfarfêtiflpsel  recherchci  pour  les  divers  dépir» 
iMieM  qui  dénient  eiercei^  leurs  maîtres  im- 
médiats;  de  sorte  qu'avec  Taide  de  b  garde ,  de 
hk  loree  pobBqae»  des  patrooilles  de  nuit,  les 
iftsieni  principaux  de  la  police ,  dirigés  par  le 
•inl  lieutenant  de  police,  suffisaient  au  bon  or* 
^bo  dans  les  mes  et  dans  les  maisons. 

C3m^pio  commissaire  et  inspecteur  de  poHce 
élail  tenu  d'avertir  à  Tinstant»  ou  faire  aTertir  le 
Koulensnt  de  police  de  tous  les  événemens  et 
nc^idens  survenus  dans  son  quartier  :  il  auruit 
ottcofuru  le  blâme  si  Tun  de  ses  collègues  Tavait 
prévenu*  Le  lieutenant  de  police  était  fini  souvent 
boueovp  plutôt  instruit  par  ceux  qui  tenaient  de 
lui  des  places  lucfatÎTes  ;  il  Tétait  directement  par 
les  mailws  des  académies  de  jeux ,  par  quel* 
ifues  Anmies  tenant  lieux  de  débauche»  par  les 
mitlras  des  petits  spectacles  placés  sous  son  an«» 
tawlé  immédiate  j  il  Pétait  par  des  employés  aux 
institulisM  de  police»  érigées  par  lui  ou  par  ses 
prédécesseurs;  il  Tétait  par  les  entreprenews  et 
mspectemrs  du  nettoiement  de  Parts»  de  Tillumi- 
aalion  ;  par  les  employés  qu*il  nommait  dans  les 
kalles  et  marchés  publics,  etc.»  etc.  On  employait 
depuis  long-temps  dansTancienne  police»  le  plus 
secrètement  possible,  des  domestiques  retire» 
du  service  et  gagés  bur  1rs  «Irpcn^ci»  mtcivIc».  Il 


/ 


24  MUIOUIIi   lilft'IOUlQLES 

ni  trop  peu  d'espicms,  et  qu^îU  ne  doivent  pet  te 
croiaer,  ce  qui  arrive  quand  il  y  a  plus  d'une 
police  sur  le  même  territoire;  les  espions  se- 
cretS|  les  espions  de  société,  ne  doivent  pas,  au- 
tant qu'il  est  possible,  se  connaître;  il  faut  savoir 
se  les  attacher  par  l'espoir  d'uoe  forte  récom- 
pense. La  quantilé  et  Tespèce  d'espions  a  em- 
ployer doivent  se  régler  sur  la  nature  des  affaires 
et  des  circonslances.  Parmi  les  espions  de  so- 
tiétéf  BIM.  de  Savtines  et  Lenoir  ont  eu  constam- 
ment le  soin  d'avoir  des  auteurs  et  des  avocats , 
classe  d*bomme  plus  indépendante  en  apparence 
que  beancoup  d'autres,  besoigneui  et  avides 
d'argent}  toujours  aux  cent  coups  pour  en  avoir, 
et  par  cela  même  faciles ,  quoique  dangereux  a 
gagner  ;  car  la  vanité  leur  (ait  débiter  a  tort  et  à 
travers  tout  œ  qu'ils  savent.  Les  médecins  et 
chimi^ens  sont  très  précieux  ;  leur  profession 
les  met  ^  même  de  faire  tous  les  jours  des  visites 
daoa  diverses  mi|isons,  oii  l'on  débile  des  nou- 
velles giulb  font  circuler.  On  disserte ,  on  parle 
sans  réserve  en  leur  présence.  Leurs  rapports 
sont  propres  à  faire  connaître  le  moral  des  so- 
ciétés, et  conduisent  â  la  connaissance  de  l'opi- 
nion  générale  (1),  ce  qui   est  singulièrement 


(i)  Questionner  el  Uirc  parler  œm  qui  par  éUl  vemkaft  in- 
\^lkr  avec  le  lioitcomil  de  police ,  et  qui  a^^ivut  iks  c-  mpte*  â 


là  l'origiDe  d'nn  goBVUiwiaotf  jdffilWf^ 

Datu  r^iat  des  dépenses  anniK^M'ick-^kn- 
dennepoUce,  la  dépenM  d«  l'eflpibiinémridil^ 
portée  qu'à  90,000  Ht.  Si  le  lieutenant  de  poliiM 
n'aviit  en  d'aiilears  H  donnée  dm  |4alMi  iit>ifcs 
récompenses ,  s'il  n'àTaît  eu  le  droit  d»J|É^uaafc' 
des  rétributions  payées  par  les  académies  :dd)jew, 
s'il  ne  s'était  pas  trouvé  dans  la  situation  d'obli- 
ger ou  de  punir,  il  n'aurait  jamai^puiatàifiMlré  M 
grand  nombre  d'espions.  -    -  -  ""^ 

Depuis  M.  de  Sartines ,  il  s' tétait  établi  un 
genre  d'affaires  à  titre  de  confiance^  en  vas  de 
malheurs,  de  faiblesses  et  de  délits,  des  particu- 
liers et  des  familles  venaient  lui  soumettre  leurs 
aveux ,  en  dehors  de  l'action  judiciaire  ;  on  s'en 
rapporlait  de  leur  solution,  a  sa  prudence  ut  cir- 
conspection ,  à  ses  conseils;  il  indiquait  les 
moyens,  prenait  des  décisions.  Il  s'agissait  de 
fîtes  séduites  j  d'accouchemens  clandestim,  de  duels, 
desuicides,  de  lentatives  de  crimes,  clc.,elc.MM,  de 


lui  rendre,  fermiers gcnérauï  ,  directeurs  des  fermes,  des  bar- 
rières, des  poslus  ,  des  incssagcrjcs  ,  agi^ns  de  cliiiiige  ,  ccn.scuri  et 
ivndics  du  ta  libniric,  elc.,elc.,c'él3L('n(aurfiiit  demoycDi  d'êlre 
bien  informé  en  saclianl  bien  discerner.  On  aura  aisêmcnl  ce 
mnjieu,  qnatid  luutesles  pruf-.'ssionsd'ailt  et  métiers  seront  mises 
en  cor |>o[d tien  et  !>ynJi>)nécï  par  Te  pi^fut  de  police  sous  sou  au- 
turilé,  (A'oif  <lc  M.  lonolr.) 


awitalll  M  iiiMir»«l,  mm  cet  dtvart  rippatls 
de  oonfianMt  rendu  beencoap  de  senriceri  ef  m 
M  Aira  deelfbUsét  dooi  la  reconnaîsieiice  leur  a 
^aèlqMim  ppecllré  des  ans  utiles  au  bien  pa- 
VÊHé 
£m  fût  tooij^rendre  que»  malgré  la  CûUetM 

le  personnel  de  la  police  était 


Jte  téÊktÊHmUm  et  tmtlmmt  PMcê  cMcfinoal  Im  Li^ 

9Êmt$  I  Mi  flMMMwMf  SHUtT€9  ti  CMMMaf  fl  Ml  ^WlilMNI  mf$ 

CNitt  )pe«t4taMi  là  gètnde  nHté  de«  bonsitMiy 
^  èèiii  téof  ét^tnlation  plot  rapide  ;  tout  le 
ôiàÉde  iè  AÉ(»lcli«  «ië  létf  fiûre  k  soi!  Mur  en  Uii 
répétànf  «ai  |ferkotinM  qui  ne  les  cdfthMitéftt 

•>  ■ 

im  qièUketi,  les  épigrammet  et  ki  atiN» 
rât  lêiijMtirs  égayé  le  pe(it>le  français  et  partlcu- 
Bèrédiefit  Iè  {Mliple  fMtfisleii ,  surtout  iftiaild  îll 
6iit  êti  poii^  objet  tiil  pfeHofitiflge  reinarqtiible , 
un  hotnnie  en  dehors  de  la  foule  par  son  rang  ou 

(i)  Oè Stgsum  de nMiM  isdiqve  ime  pk>  profon^le  k  la^vdle 
e  MM  Stau  dUlrile  et  porter  remède.  C'ctl  W  cjvbmw  de  U  ré- 
ilfdefé  contre  le  ejfuimw  det  sururt ,  drvT  ticr%  «{u:  »e 
I. 

Vc7t-  v/.  ru.'.'.  * 


38  MKMMIIKS   RUTOMQttS 

177S,  toMa  detpliiineft  pour  défendre  tes  opé- 
rations et  jeta  le  bl&me  sur  la  conduite  des  Par- 
lement. Les  gens  quil  soldait  entretenaient  eux- 
^  mêmes  la  dispute  et  se  ripostaient  pour  avoir  à 
sa  répondre.  Il  n'y  a^ttit  plus  de  raison  pour  en 
finir  i  il  fit  cesser  ce  tripotage  en  disant  :  •  Cela 
c  ne  mord  ni  ne  tue.  » 

En  1791  ou  1783,  on  exila  des  particuliers 
qui  s'étaient  associés  pour  composer  et  débiter 
des  ouTrages,  scandaleux  ;  la  police  avait  saisi 
leurs  manuscrits  et  leurs  presses.  Elle  sollicita 
le  ministre  de  les  livrer  à  la  justice  criminelle  ; 
il  répondit  que  les  lois  sur  ce  chapitre  étaient 
bien  sévères,  et  que  Ton  travaillait  a  rendre 
plus  tolérante  cette  partie  de  la  législation.  Les 
exilés  s'établirent  en  Angleterre  et  en  Hollande. 
De  la,  plus  impunément  en  effet,  ils  répa^irent 
et  firent  pénétrer  en  contrebande  les  livres  les 
plus  mauvau  du  monde.  Ces  pauvres  diables 
n'étaient  qu'ennuyeux,  ils  devinrent  assom- 
mans. 

Dans  ce  temps-U ,  l'ambassadeur  de  France  en 
Angleterre  donna  sous  main  l'avis  que  des  ré- 
^  fugics  français  faisaient  imprimer  k  Londres  un 
libelle  épouvantable  contre  le  roi ,  la  reine  et  la 
cour.  Le  ministère  français  mit  en  route  un  né- 
gociateur  qu*il  paya  grassement  pour  avoir  toute 
1  édition  de  ce  pitoyable  ou\ragc.  telle  paco- 


\ 


tl 


«I   • 


TIRÉS  DBS  AHimnr^.  1^ 

iîUe,  ^n'aurait  pas  eu  le  noindre  débita lîil^dé- 
posée  précieusement  a  la  Bastille  (1  )r      •  ç  •  .  ? 

Ces  moyens-là  ne  firent  que  multiplier  les 
écrits  sortis  des  presses  étrangères.    ' 

A  la  Bastille  on  encageait  pour  on  temps  des 
merceipudres  qui  se  chargeaient  de  ces  l^eUefi  ; 
on  se  pi^oppsait  par  la  d'en  découvrir  l^s  fppr 
teuTs  ;  f:'était  un  tort  de  plus.  Ces  sortes  de  Tff4li|- 
pieds  ne  redoutaient  nullement  cette  citadellfPi 
ils  y  étaient  bien  nourris,  bien  tintés.  ll|  ti- 
raient vapité  d'un  pareil  éqrou,  et  se.  ^^rf^taji^iit 
de  martyrs.  La  police  fit  mettre  à  Bic&lfpr  q^if^ 
qae%>uii9  de  ces  drôles  pris  en  t|^çi4iyfiiil/^^Jal§f^ 
tificatioa  leur  imposa  davantage;  mais  lç.iB^ep 
ne /valait  pas  mieux..  '     /tm  fn 

Les  beaux* esprits  de  la  police  avaient  sonfr  Ife 
faire  des  recueils  des  pièces  de  vers,  de  chansons, 
d*épigramnies.  Les  collections  de  cette  chrono- 
logie satirique  étaient  déposées  dans  l'un  des 
bureaux  de  Tadmifiistralion.  Beaucoup  de  per- 
sonnes se  montraient  curieuses  de  rassembler  ces 
sortes  de  productions  et  les  recherchaient  pour 
leurs  bibliothèques. 


(i)  Aprt's  la  prise  de  l.i  Bisiiile,  ou  en  a  vendu  beaucoup 
d'exemplaires  dans  les  brmîiques  du  Palais -Royal  et  sur  les 
quais. 


3o  mbioani  ntrauquEs 

OmumbI  cMciMrrrir  à  lempi  IwjNvmjin  m- 
tenrt  de  ces  méchaiicetét  chaotantat  que  Vmt 
peut  eo  4^nx  tempi  cUuer  dans  ta  méinoÎK , 
•ans  mime  les  écrire?  Il  arrive  même  iifvea  $o«- 
'TeDtque  l'aulear  du  premier  couplet  n'esl  pas 
celui  dn  second  :  rimproTisalion  Ait  k  pelolte. 
Beaumarchab  9  renfermé  a  Saint -Lanre  poor 
dessotlisës  comme  il  en  satait  fidre*  pins  spiri- 
tuefles  qiie  Kttéraires,  s'avoua  Tanleur  de  fnél* 
qttes-nnes  ;  mais  an  sujet  d'une  mauratte  chanskMi 
diaiftée  dans  nn  souper  qu*il  airait  doilni  le 
JMT  nêmè  de  son  arrestaliou  t  il  déclara  ^pnl 
lAiiMÛt  comjpoaé  que  le  premier  couplet  »  et  qm 
les  aniMS  avaittet  été  fiiits  par  ses  conthîi. 
**  Fkrdieni  dt-^l»  Saint*Lasara  provre  asset  qnë 
je  snis  nn  imbécile  d'avoir  mis  les  gens  ém  ttkte} 
4|iWfl>  119  tf^  ioncîa  pas  de  passer  pow  fMi« 

l^  Taqité  de  l'vitenr  peut  mettre  sur  b  ff^ifjfs 
i^  cm  ii|»éTreri«f  ^  communément,  aprip  ^fk 
lupf  d9  ^inpSf  lorsque  la  cninte  qui  le  j^Mla  à 
m  taiM  eit  passée,  on  y  parrtent. 

i^prèf  le  règne  de  Louis  XV  et  l'exil  dn  chM- 
celier  Meaupou  »  on  a  su  que  les  libellea  tm^s 
par  milliers  à  l'occasion  de  Teiil  des  parlemens 
étaient  l'ouvrage  d'une  société  de  correspon- 
dant, dont  MM.  de  Malesherbct,  de  Lamoignon, 
de  Miroménil,  Boindin,  Target,  le  Maître  et  Je- 


Uvénlé.  .  ,;;.,  -■:  ,r  .; 

U-  de  Qlonne  a  écrit  \9^Ut(r»éi0.tVf4*fiffi» 

proilucUokuutiri^ea  contire  iX.  ^wktscu^Hi/iijf 
iêinmitiiA-  I^m loup; 9» in^ngepf «pùp «ei^io r 

Mi\I.  de  Moritesqitioii,  de  Crcqiiy,  du  Cb^iiipr 
peneUel  autres coiirlisans  de  concçrl  avecBua"- 
marcl^aîs,  Champlort  et  bon  non)brc  d'éciiv^iof 
^i  ^nt  encore  vivans,  4v.iient  compoB*^  àes 
^llf^es  contre  la  reine,  contre  Ic^  ministre^  et 
flI'Tr  cuiilrç  cepx  des  ministres  qai  1^  ew- 
yloy^cnt.  11  e^t  plus  que  pfob9t>le  qi)e  ^.^^jJi- 
in^rchais  avait  compose:  et  porté  »  Lon4i^»i  PQH' 
){B  lairc  impriDier,  le  libelle  intitulé  ht  Amonn  ^ 
Chariot  et  Toinetle ,  imprimé  avec  des  grftyyrw 
obscènes.  Les  lieulenans  de  police  ii'çur^pj^  j|^- 
nais  que  des  présomptions  sur  c^s  d^lit?, 

En  1785,  M.  de  Vergennes  Et  mettre  ffifn^j^ 
au  collet  d'un  réducteur  de  nouvelle^  qu'^  f^jût 
protégé.  On  faisait  passer  à  l'étranger  les  nou- 
velles manuscrites;  elles  étaient  revues  et  cor- 
rigées aux  .lâaires  étrangères.  Dans  la  copie 
d'une  de  ces  nouvelles  adressées  a  TimpéMltrice* 


[i]  Ou  coiin:iil  di-^  pi  i50ii:icç  qui  n  uienUc  donner  aujourd'hui 
Ir  mérite  de  cïs  ou>  rn^ot  rempli"  dViipril.      (!Vot«  de  Jt  Ptuekel.) 


5  a  MKHoiiits  MfTCMQms 

mkhC^  on  wnit  ajouta  des  T«n  infioies  ciNim  k 
rrfrie'ii  fiRe.  Le  minblre  fil  mettre  son  Grpwi 
k  U  Bastille.  Pour  te  justifier  de  llnaertion  ht^ 
tiTri,  cet  homme  allégua  que  Tuo  dea  commis 
«tilt  pu  seul  commettre  cette  indipiilé*  La  per- 
<|iiMtidn  fit  trouver  la  pièce  de  Tert  dans  «i  ti* 
roir  On  ne  put  saisir  le  commia  infidtte,  il  «mit 
iléii|^«aTolée. 

Peut-êM  <{u*en  se  tenant  dana  mi  cerde  de 


Initié  jplos  sévère ,  on  eût  arrlté  cette 
gîôn  dé  pamphlets.  Le  mal  était  d'en  tnulv  lea 
«uJfêurt  par  coups  d*état,  car  ila  prenaient  enaaite 
des  aflnréi'de  héros.  Autant  k  Baatilk  élail  pen 
Mdoiitéëjpar  ka  gens  de  cour  et  ka  écrivaina^ 
lilftiûl  BIcêtre  Péuit  par  lea  gêna  dn  penpie.  Or» 
Wl&qéemundt  la  canaille  k  k  BaaIiBe  n  Ben  de 
Bi'l<$iirer  k  Bicêtre,  etk  noblesse  reataitlibre.  Ce 
àféiih  pas  le  moyen  d'avilir  ce  comamrce  de 
lidiea  injures  et  de  pktes  indigniléa  qiTon  aaaai* 
ioif hait  quelquefois  d^esprit,  mais  rarement  :  k 
UbifBlîaiice  n'est  jamau  difficile. 

9mrle9  «i»»pm  en  Of/iHerê  éêpéim. 


l'administration  de  M.  Benryer,  k 
compagnie  des  quarante-huit  commissaires  de 
police  s*était  composée  (rhonunes  hahiles  et 
inalniil»;  presque  tous  avaient  fuit  leur  droit  et 


f 


tIRÉS    DES   ARCHIVES.'  53 

travaillé  dans  de  bonnes  études;  la  finance 'de 
leur  charge  s'était  élevée  jusqu'à  100,000  livres'. 

Dans  le  nombre  des  quarante- huit  commis- 
saires, il  n'y  en  avait  que  'vingt- quatre  qui 
fussent  spécialement  chargés  de  faire  eiécuter 
les  ordres  du  roi ,  les  lettres  de  cachets  ;  ils 
étaient  en  outre  commis  à  certains  départemens, 
tels  que  ceux  des  halles  et  marchés  publics,  des 
spectacles,  des  jeux,  des  étrangers,  de  là 
Bourse,  du  Mont- de -Piété,  des  prêteurs  sur 
gages,  des  nourrices  mercenaires,  etc.,  etc.,  etiél 

On  avait  distribué  la  ville  de  Paris  en  seize 
quartiers;  il  y  avait  trois  commissaires  dans 
chacun  de  ces  quartiers.  Le  droit  d'atacichnetè 
restait  a  l'un  de  ces  trois  commis^ires.  Left 
seize  anciens  étaient  des  hommes  d'élite,  propres 
a  servir  d'exemple. 

Les  charges  d'inspecteurs  de  police ,  ainsi  que 
celles  des  commissaires ,  furent  très  recherchées 
pendant  les  années  antérieures  a  la  révolution. 
Les  inspecteurs  étaient  sous  Tautorité  du  lieu- 
tenant de  police  et  ne  devaient  compte  qu'à  lui 
seul. 

On  renvoyait  a  chaque  commissaire  et  à 
chaque  inspecteur  ce  que  l'on  appelait  les  af- 
faires de  quartier;  elles  consistaient  en  querelles, 
en  contestations  de  peu  d'importance;  mais  par 
cela  mrnic  plus  réputées  ,  q»ie  l'inspecteur  <'on- 


m. 


r>/|  MÉMOIRES    HISTORIQUES 

cîUait»  ou  qui,  faute  de  conetlUlion |  pastaieut 
au  cominÎMaire  ancien. 

Le  lieutenant  de  police,  a  chacune  des  au- 
diences qu'il  tenait  deux  fois  par  semaine ,  rece- 
vait par  cette  voie  une  centaine  de  placets  qui 
donnaient  aux  commissaires  et  inspecteurs 
rexpériencQ  du  caractère,  des  mœurs,  des  be- 
soins et  des  intérêts  de  presque  tous  les  babitans 
de  leurs  quartiers.  On  se  fera  une  idée  de  leur 
influence  en  songeant  que,  dans  cbacua  des 
arrondissemens,  il  existe  une  difi^érence  bien 
remarquable  entre  les  professions,  ei  l'on  ptiir- 
rait  dire  les  nations  qui  les  habitent.  Chaqna  pro- 
vince a  sa  représentation  qpéciale  d'étals  et  son 
&yer  de  résidence  particulière  dans  la  capitale. 
Ceci  ne  varie  dans  aucun  temps }  les  hommes  paa» 
sent,  mais  les  statistiques  restent  ;  Téqnitthro  se 
maintient.  C'était  en  quelque  sorte  le  royaume 
lui-même,  réduit  sur  une  petite  échelle  et  n$«> 
semblé  par  échantillons,  dans  un  périmètre 
d'uoe  huitaine  de  lieues. 

Les  seiae  étaient  par  là  des  gouveraews  de 
province  au  petit  pied,  d'où  résultait,  pour 
Texpédition  des  travaux ,  une  sorte  de  nécessité 
de  les  garder  en  place,  car  ils  étaient  au  fait  des 
habitudes  caractéristiques  de  leurs  administrés. 

Les  rapports  se  faisaient  sur  une  feuille  qui 
contenait  la  récbmation. 


TIBÉS   DES   ARCaiTI^.  2|Ç 

Ces  JTîipporis  éïmwt  apastîll^f  49  h  inakl  Al 
magiiKrat  ie  police;  Vapo#tiJU#  'm^qmi  «I 

décision ,  et  le  renvoi  du  tout  aux  l^uroaupc  ifii 
deTaîent  ei)  £)ire  l'expédiiioq.  - ,], 

Celte  méthode  procurait  a  la  (pis  Tordrii  #(  M 
célérité;  trente  ou  quarante  eniployés  su^s^iPttc 

M.  de  Sartines  notait  de  sa  maip  1^  rjippMtt 
tenus  çofjaine  faux  et  attspeçtSf  Oa  1«#^  Cyalil 
iférifierpar  d^  commissaires  petîrés  ^  àMM^ 
spectçujrs  de  polic§  ir^rMiSt  ^m  J>ie»  #RMm 

par  d(is  siirwniéraires  )  dsfMs  les  a/Km^  délif^ 
cates,  on  sortait  de  ce  cercùt  ^9-  s'iuireafysnt  à 
des  personnes  discrètes  et  honorables, 

]Lief  rapports  sur  des  faits  de  Ubertinaf^  et  mm< 
des  anecdotes  galantes ,  toujours  très  itomhnML 
en  twf'  temps ,  étaient  recueiUis  «ur  les  pvofos 
des  libertins;  l'indiscrétion  et  l'exagération  ea 
étaient  ordinairement  la  base.  On  a  déshonoré 
plus  d'une  femme  par  des  vanteries  dont  les 
auteurs  ont  avoué  depuis  leur  impertinence.  Les 
conversations  de  beaucoup  de  sociétés  conte-» 
naient  en  foule  des  histoires  de  galanterie.  Il 
était  bizarre,  en  remontant  à  la  source,  de 
trouver  l'imagination  des  anciens  auteurs,  les 
contes  de  Bocace  et  de  Lafontaine,  par  exemple, 
au-dessous  de  la  réalité  même.  Jamais  on  ne 
dira  le  vrai  mot  des  mœurs  du  pays,  qu'en 
allant   consulter  ces  paperasses  oîi  les  lûsto* 


56  ^rrsioiftrs  iiirroiiif^crs 

mit6t  graveleuses,  les  foorberies  impudentes, 
las  ktrdiesses  de  roués  et  de  rouées,  se  succè- 
dent et  se  répètent  sans  cesse  arec  des  variations 
et  des  contrastes  du  tragique  an  comicpie  sur  un 
éternel  canevas,  avec  des  broderies  nouvelles 
et  sans  6n.  On  a  trouvé  dans  les  notes  de  M.  de 
Sàrtines  un  rapport  sur  le  résultat  d*un  pari 
fektitement  k  Tinvesligation  des  mœurs  d*nne 
cinquantaine  de  ménages  que  Tun  des  parieurs 
avait  choisis  bénévolement  et  ii  son  gré ,  comme 
des  modèles  de  haute  piété  conjugale  ;  pas  un 
de  cet  ménages  n'était  épargné;  Todieux,  le 
risible,  Tefllrayant,  le  douloureux  fiibaient  le 
fond  des  renseignemens  obtenus.  Qnelques 
nrotea  portaient  seulement  le  mot  d'êXÊféraiùm  ^ 
el  les  rectifications  marginales  n'étaient  certai- 
nement pas  de  nature  ii  consoler  celui  qni  s'était 
porté  le  garant  de  leur  chasteté  ou  de  leur  fiHi- 
cité  domestique. 

Les  rapports  sur  les  étrangers  contenaient 
les  motifs  de  leur  séjour  a  Paris  ;  ce  départe- 
ment n'était  confié  qu'à  celui  des  inspecteurs 
auquel  le  magistrat  reconnaissait  des  qualités 
nécessairea  pour  ces  fonctions  difficiles.  11  devait 
être  capable  de  représenter,  plein  de  formes, 
habile  en  beau  lan;;age.  On  évitait  de  prendre 
des  hommes  de  lettres,  trop  préoccupés  d'eux- 
mêmes  pour  savoir  observer.  On  en  avait  re- 


TIKÉS   DES  ARCHIVIS.  $^ 

connu  rinconTénient.  Le^  gens  du  moni^^  ëtan^ii^ 
préférés  et  préférables.  On  adressait  toiiteai  Im 
semaines  aux  ministres  des  notes .  ipstraçtÎT^a 
sur  ce  chapitre,  tenu  toujours  au  cou^raipJ^*  jÇ[es, 
notes  contenaient  des  anecdqtes  que  Tîntc^i^-»^ 
médiaire  adroit  obtenait  des  ambassadeprs^VX- 
mêmes  en  se  glissant  dans  leur  confiance.       -, 

Les  rapports  sur  les  jeux,  les  prêts  ^i^ura^te^ 
et  les  affaires  en  désordre  des  jeune^  gens-  Âe^ 
bonne  famille,  étaient  plus  marqués  au  coin  ,^^' 
la  réticence  que  de  l'exactitude;  les  joueu^,' 
les  esprocs»  les  agioteurs,  les  libertins,  s^ntp|[iia| 
habiles  que  les  espions.  . ..  •   . 

Nous  avons  vu  le  rapport  d'un  espiqn  se  .p^i^rj} 
gnant  d'avoir  été  mis  a  sec  de  ses  apppiptefXf|qpf^t 
au  jeu  et  par  l'amant  de  sa  femme;  il  deipaïf  d^it  ^ 
qu'on  le  débarrassât  de  la  coquine  en  la  fourrant^ 
h  la  Salpêlrière. 

Les  rapports  k  roccasion  de  la  sûreté  publique 
devaient  être  accompagnés  de  preuves  osten- 
sibles; ces  sortes  d'aifaires  étant  presque  tou- 
jours renvoyées  aux  tribunaux  de  justice. 

Les  rapports  sur  les  approvisionnemens  se 
véritiaient  par  la  conirontation  des  états  des 
halles  et  marchés  avec  les  registres  des  corn- 
merçans  en  gros;  ceux  des  directeurs  et  rece- 
veurs des  entrées  de  Paris,  par  les  rendus  de 
compte   (lu  liculenanl  de  police  intendant   de 


fMrfi,  irec  les  tutret  intendant  des  proTÎncet, 
et  tiinbondamiDent  par  les  rdatiom  des  gros 
nëgocians  de  Paris  STec  d^antres  négocians  des 
j^ys  étrangers.  Ce  département»  regardé  comme 

* 

essentiel,  était  confié  an  plus  méritant  des 
qnarante-hoit  commissaires. 

Par  là,  du  moins ,  on  connaissait  an  jaste  les 
ftandes  et  falsifications  et  lear  chiffre,  en  re- 
gard des  prodoits  naturels  ;  inconTénient  ton- 
jours  surveillé ,  toujours  persistant. 

On  formait  annuellement  la  liste  des  char* 
latans,  des  escrocs,  filles  de  spectacles,  lêmmes 
entretenues,  de  leurs  amans  et  des  libertins  qui 
firéqnentaient  les  maisons  de  prostitution;  les 
hommes  entachés  ou  suspectés  du  rice  de  la 
pédérastie  étaient  signalés.  Ces  listes  chargées 
de  notes  incGquaient  le  degré  de  foi  qu'on  poo* 
Tait  y  ajouter. 

liés  pédérastes  avaient  été  réunis  aux  Toletnrs 
et  escrocs,  parce  que,  dans  les  hasses  classes  du 
peuple,  plus  sujettes  i  Tincarcératton  que  les 
autres  classes,  par  la  misère  et  le  mépris,  leur 
constant  apanage ,  les  voleurs  et  les  escrocs  du 
petit  monde  sont  communément  firrés  2i  celte 
débauche  infâme;  la  privation  de  femmes  dans 
les  prisons  amenant  d*aîllcur«  ce%  dt'r«*j;Iemrn< 
de  la  force  sur  la  faitile^sr ,  c?^  s  ^.;^.(|>  uh!^  iliii^ 
la  verdeur  de  l'agc  sur  les  \agab011rl9  a«lulesccns 


TIRÉS   OES   AICHIVES.  3^ 

et  «oftntj  cti^onAtanCe  tdétittd>le  pflrtrtut  dh  il 
j  «m  des  prisons,  «pi  ne  sont  pas  {nslttnéec 
poor  donner  leurs  aises  h  des  scélérats  ;  attsti  en 
sorlent-îls  dix  fois  plus  infimes  et  corrotnpuï'. 

Les  salles  de  Bicêtre  étaient  il  7  a  vingi-cin<{ 
ans  Jes  lieux  de  la  plus  afl&euse  comiption  ;  «tt 
lut  un  des  motifs  qui  engagea  le  liêtitenaat  de 
police  du  temps  h  établir  dans  cet  hôpital  des 
trataOY  que  la  poHce  actuelle  y  &  sagement  ttuX- 
tipliés. 

Sur  l'Admlnïslralion  det  Jeux. 

Les  lois  et  les  réglemens  de  police  qui  prohi' 
faetit  les  jeux  de  hasard  ne  peuvent  jamais  être 
eiécQtés  !i  Paris  j  deux  causes  en  furent  toujours 
sensibles:  on  parvenait  aisément  à  en  éluder  les 
dispositions  sévères,  et  la  passioii  ^u  jeu,  qui 
s'exagère  avec  l'âge,  ne  cède  ni  au\  menaces  ,  ni 
aux  représentntlons;  elle  domine  ceux  qui  en 
sont  attaqués,  et  qui  lui  trouvent  des  issues  d'au- 
tant plus  ingénieuses  que  les  faiseurs  de  loi,  qui 
ne  tiennent  pas  compte  de  la  force  irréductible 
tics  pcnchans,  n'ont  pas  l'instinct  d'imaginer  les' 
répressions  snfTisnnles  on  les  distractions  néces- 
saires. Le  fait  est  que  les  répressions  violentes 
amenaient  des  pugilats  et  des  bagarres  lorsqu'on 
venait  à  saisir  les  dés,  les  caries,  et  l'argent  des 
joueurs. 


4o  «KMOIIULS   HlSToniQtl^ 

Peui-élre  a-t-on  éirité  le  pire  du  mal,  en  in- 
sUiuaDl  une  administration  publique  de%  jeux, 
parce  que  la  police  est  ainsi  plus  à  portée  de  les 
sunreiller,  d*y  établir  une  discipline^  d*y  connaî- 
tre les  hommes ,  et  d*empccher  par-la  une  plus 
grande  quantité  d'excès  et  de  crimes  qui  se  com- 
mettaient dans  des  maisons  qu'un  appelait  coupe- 
gorgOf  et  dans  d'autres  maisons,  où,  par  rapport 
a  leurs  prÎTiléges,  la  police  n'airait  pas  d'accès. 

Deux  ou  trois  fois,  dans  l'intenralle  de  1774  à 
1790,  le  Parlement  de  Paris  a  rendu,  mais  Tainc- 
ment,  des  arrêts  contre  les  jeux  défendus;  on  cea- 
aait  pendant  très  peu  de  temps  de  les  jouer  dans 
les  académies  et  autres  maisons  publiques,  et  Ton 
continuait  de  les  jouer  à  la  cour,  chex  les  grands, 
dans  des  maisons  privilégiées,  et  dans  quelques 
tripots  qui  pouTsient  demeurer  inconnus  durant 
un  certain  intervalle ,  et  qui  circubicnt  tantôt 
dans  la  ville  ,  tantôt  dans  les  campagnes.  Les 
ministres  du  temps,  notamment  M.  de  Maies- 
herbes  et  les  principaux  membres  du  Parle- 
^tient,  finirent  par  conclure  qu*a  Tégard  des 
jeux  de  hasard,  une  tolérance  particulière  et 
directe  et  one  surveillnnce  très  active  valaient 
mieux  qu'une  prohibition  sans  effet,  d'autant 
que  Tétat  en  retirait  quelque  chose,  et  tolérait 
qu'un  certain  nombre  de  chances  mît  le  part  de 
lion  du  côté  des  maisons  de  jeu,  double  circon- 


TIRÉS  DES   ARCHYES*  ^l 

siance  qui  a  toujours  affaibli,  dans  la  consciencet 
publique,  la  solidité  de  celle  argumentaliaii.   ' 

Le  lieutenanl  général  de  police  eut  totfjoiars 
a  son  choix  les  personnes  a  qui  il  était  pçrp 
de  donner  à  jouer,  et  à  sa  disposition  les  rétôbii^ 
lions  qui  en  provenaient  >  i 

Si  son  choix  est  tombé  quelqueifo^s .  suie»  dos 
personnes  favorisées ,  toujours  elles  se  mainlîi}^- 
rent  (comme  il  était  de  leur  intérêt)  dansnne 
conduite  exempte  de  grands  scandales ,  et  iQjUf^) 
jours  elles  durent  rendre  a  la  police  d^.  compt^St 
propres  a  lui  faire  connaître  ce  qu'il  lui  impoc- 
tait  de  savoir,  par  rapport  au  bon  ordre  et  à  Ji^ 
sûreté.  On  pourrait  placer  ici  beaucoup  dçcità* 
lions,  non  qu'il  n'y  eût  des  abus,  npn  qu'il  n'in- 
tervint quelquefois  des  désordres;  mais  la  police 
pouvait  être  prompte  comme  mieux  avertie  à  tes 
réprimer. 

En  ce  qui  concerne  Vemplol  des  rétribulions  du 
jeu,  le  public  en  a  connu  la  plus  grande  partie; 
les  sommes  totales  de  ces  rétributions  ne  se  sont 
jamais  élevées  ,  clans  la  plus  forte  année,  au-delà 
de  400,000  liv.  Il  y  avait  des  banquiers  afiidésàla 
police;  on  ne  se  nippclle  pas  qu'aucun  d*enx  ait 
jamais  donné  lieu  a  une  plainte  fondée.  Ils  ren- 
daient h  la  police  soil  une  somme  Gxe ,  soit  une 
somme  proportionnée  au  bénéfice.  Les  sommes 
et  deniers  ainsi  reçus,  étaient  tenus  dans  une 


49  inlIfnMES  MltTOAl^Ift 

arfM0  pwtkdièrt ,  iiidli|H>JaiH»  Atê  tttkêÊê  ém 
UétuitMP  4t  là  |MriiM;  |Mr  j^ftdkiit  a  ••nri  A 
Wmitoitmm  I  «ilrélieii  M  dépeMai  de  Hiôs- 
flM  ilt  véttéfieM»  titsé  dUbwd  k  Vànglraird;  ii 
PiliMitiMiatit  d^  dépdt  ou  mtgintt  de  ma* 
tiens  k  filer,  qu'oa  dbtlilwut  Mto  lltiepectioii 
dMcttPée  fc  dei  pittyret  de  km  pireisset  ;  k  Pé- 
iMMMMfleM  dei  ti'âvâu  cnanteblee  a  BieêlKt  et 
fiiitrileuieiitt  k  huattàr  des  aeeenHi  >  MtiJBgettce 
eei  VtÊtÊÊiWM.  SoM  ce  dernier  rappel  eevle- 
•HM^  Pe»pM  dttt  être  eecret;  iMii  II  était 
IMi'  Ni  eÉOii  Miido,  Mifia  easMioii  n  réoeeMef 
ptr  le  caitHer  m  lieateiHuit  géniral  de  poCee» 
diiéonpteede  eet  genres  de  reeelleset  de  dé- 
ptneas.  n  les  eiaminait  et  arrêtait}  il  les  eèt 
repMMitéi  en  miniUre  du  département  def  arist 
A  PelÉ  etifé;  ce  «jiii  jamais  n'est  arrité. 

Les  mimstres  et  les  magistrats  ém  Fkrfement 
(çidqnefws  la  reine  et  antres  princesses)  s^adras- 
sidenl  an  lientenant  général  de  policet  et  fan  in* 
dlqnaient  des  personnes  et  des  familles  dignes 
d*ttre  aidét»  et  soulagées. 

Det  Si^€€iêele$  et  Pmriê. 

Jasqne  Yen  le  milieu  du  règne  de  Louis  XV, 
la  poHce  de  tons  les  spectacles  étitt  dans  la  mnin 
du  ltetiten.int  de  police.  Alon  la  gtirde  int^- 


thués  DÉS  Alitmiiê.  ifi 

tUsntt  et  éXtéHedfë  déf  O^é^  et  d«^  èdttréffîéir 
Fnn^Uè  €t  Italléhne  fitf  ifdtMée  m  yé^ifièntt 
dés  gàMei,  Il  la  plàM  dtt  ^êt,  lïHnfpé  %oiiiiv 
geoi06  et  de  là  r(rbé'-e6tM€f ,  mlmtirîéêg  tlfoii^ 
l6«qiiéUé«  ik^n  ititpdsaietttpMs  àiiéi;  pt^yniajh^^ 
tenir  uiiè  botine  polide.  IM  piàtk  frâAtïâiiéry 
bicfii  édtfidiàildéetf  et  di«dpliiilSM,pflHfinrèfltiiiéë'« 
meiii  11  filirè  ie^rer  la  plopan  de«  dériérditè  t|tti 
y  tftsAèmtMérietireiiiélit  ëtlÉté. 

A  Mlle  épdqitê,  lea  géUtilèhoMkiie^dè  li  ehàtft^ 
bf6  du  Mt  É*etiipaffer«At  d'une  gfafldé  aùtrttîté 
fdf  ridmitriéCfkMon  deé  deiit  ciôDÏédié»/ét^tlF 
\tê  actetiir»  qti«  le  publie  appelait  éûédte  irtntpëi 
dé  MfNédJèm.  Gem-el,  glotièti^  d'être  èôttt- 
tfHmdé^  par  de  pttiaêahii  seighénihft  (ce  d«nt  iUlké 
blfdèrent  pat  It  ut  reperitir),  eherchèrent  k  se 
soustraire  autant  qu'ils  le  purent  à  ^autorité,  et 

idême  a  la  surveillance  de  la  police  ;  tendance 
qui  sera  toujours  celle  d(^s  artistes. 

Les  comédiens  fiançais  se  parèrent  du  titre 
de  comédiens  ordinaires  du  roiy  qualiticalion  qu*ils 
ne  pouvaient  prendre  dans  une  capitale  où  de- 
puis des  siècles  le  souverain  n'habitait  pas,  et 
qu'ils  ne  pouvaient  avoir  auprès  d'un  public 
payant  a  la  porto  du  spectacle.  Le  mot  passa;  on 
crut  pouvoir  faire  passer  la  chose.  Les  petits 
cmpiétcmens  procèdent  ainsi.  Les  anciennes 
alTichcs  portaient  \qs  comédiens  français,  les  corné- 


44  HBOlUi  HISTOIIQVIK 

4imm  UmKims  ilMMrMl,  etc.,  etc.  lU  deTaîent  aa- 
noncer  dans  riotermèiie  ans  speclatenrt  les 
pièces  qa*ik  représenteraîent  le  leodemain  ei 
kt  joars  aniTaïu.  Ib  panrinreoi  a  s'abstenir  de 
cet  a  otiqiie  usage  oa  obligation  ,  ainsi  qae  de 
plusieurs  autres  usages  aazqueb  ib  axaient  été 
pendant  lonf4emps  assiijettis  envers  le  puUic  et 
eiiTert  la  police  de  Paris.  La  police  laissa  fiiire. 

Ib  deiraient  apporter  tons  les  samedis  le  ré- 
pertoirOf  signé  du  semainier,  des  pièces  que  Ton 
donnerait  dans  les  jours  de  la  semaine  suitante , 
et  prévenir  la  police  des  changemens  que  poo- 
Tait  nécessiter  l'indisposition  d*un  acteur.  En 
cas  de  négligence,  le  semainier  était  puabsable; 
tontes  les  punitions  que  pouvaient  encourir  les 
actMirs  et  actrices  étaient  ordonnées  par  et  an 
nom  du  magistrat  de  police.  Les  gentilshommes 
de  b  chambre  du  roi,  en  cas  de  tolérance  ou  de 
pbinte ,  étaient  obligés  de  s'adresser  h  ce  ma- 
gistrat. 

En  1 781 ,  lorsque  les  comédiens  firaaçak  se 
transportèrent  a  IXMéon,  le  gentilhomme  de  la 
chambre  (le  maréchal  de  Duras)  voulut  s'arro* 
ger  le  droit  de  taxer,  par  augmentation,  le  prix 
des  places,  et  de  diminuer  le  quart  de  la  recette 
dévolu  aux  pauvres;  le  public  se  plaignît  des 
comédiens;  les  hôpitaux  s'alarmèrent;  le  lieute- 
nant général  ne  hn  réda  ni  pour  Tune  ni  pour 


TIRÉ^   DES    ARCHlTEâ.  ^5 

Taalre  de  ces  prétentions;  il  fit  un  règlement  de 
police  sur  les  prix  de  toutes  les  différentes  loges 
et  places;  il  le  fît  imprimer  et  afficher  :  il  pro* 
Toqaa  l'assemblée  des  administrateurs  de  Uho* 
pital  général,  dont  il  était  un  des  chefs,  et  bien- 
tôt après  il  reçut  des  comédiens  français  une 
soumission  pour  un  abonnement  ;  on  en  fit  le 
rapport  a  l'administration  des  pauTres»  tout 
s'arrangea ,  mais  ce  fut  un  moment  dé  crise.  Les 
comédiens  italiens  étaient  moins  remuans  que 
les  comédiens  du  roi. 

On  n'a  pas  oublié  la  levée  de  boucliers  qui  se 
fit  lors  de  l'incarcération  de  la  demoiselle  Clai« 
ron,  par  Tordre  de  M.  Berryer.  En  1779,  la 
demoiselle  Lu cy  lut  luise  au  fort  TEvêque  pour 
avoir  chanté  un  couplet  que  le  censeur  de  la  po- 
lice avait  raye.  En  1780",  Larive  et  Florence', 
pours'rlro  battus,  furent  également  punis  par  la 
police.  Le  parterre  approuvait  tour  a  tour  ou 
désapprouvait  ces  actes  de  sévérité,  suivant  que 
les  acteurs,  et  surtout  les  actrices,  avaient  alors 
plus  ou  moins  de  partisans;  mais  attendu  que 
les  salles  de  spectacles  étaient  gardées  par  la 
force  militaire  ,  ers  petits  désordres  n'allaient 
jamais  juM[u'à  briser  tout  sous  prétexte  de  li- 
berté. 

Le  magistrat  de  police  n'exerçait  pas  autant 
d^autorité  à  Tt'aard  de  l'Opéra,  genre  de  spectacle 


46  mimoatî  bistmioubs 

qui  réooit  betocoiip  d'arts  à  k  fois»  ei  qm  p•^tt 
Ml  moÎM  tucepUbU  d'alîmcnlar  les  divuioos  ei 
1^  luttes  des  coteries.  L'Opéra  était  dans  le  dé- 
parlement  d*ua  ministre;  la  direction  en  fut 
donnée  tantôt  au  bureau  de  la  irille ,  au  préirôt 
des  i^archands  et  échetins,  tantôt  à  des  direc« 
tours  particuliers  ou  enirepreoeurs. 

Le  magistrat  de  la  police  OTsit  p!eine  autorité 
sur  les  théâtres  des  foires  Saint-Gcnnain«  Saint- 
Laurent,  et  sur  les  spectacles  des  boulcvarifi, 
regardés  comme  speclades  forains.  Les  direc- 
teurs on  entrepreneurs  des  petits  spectacles  des 
bouloTarts  ftunent  d'abord  assujettis  à  cesser  leurs 
représentations  sur  les  boulevarts  durant  les 
mois  fixés  k  Texercice  des  priTiléges  concédés  aux 
bénédictins  de  Saint-Germain-des-Prés,  et  li  la 
congrégation  de  Saint-Laxarc,  pour  les  foires  des 
firabonrgs  Saint-Germain  et  Saint-Laurent. 

L'établiaiemeot  de  trois  petits  spectacles  ayanl 
contribué  a  la  chute  des  théâtres  on  Iréteaox 
élevés  dans  les  lieux  clos  et  privilégiés  »  il  fallut, 
pour  satisfaire  le  public,  renoncera  contraindm 
les  directeurs  de  ces  spectacles  à  un  déplacement 
renouvelé  deux  fois  Tan. 

Cela  leur  donna  plus  de  vogue  ;  ils  devinrent 
très  fréquentés,  ainsi  que  la  promenade  sur  cette 
partie  de  Paris,  très  embellie  et  très  commer- 


TIRÉ»  DM»  A^dfUyUf,  47 

çanle.  Ou  en  autorifa  josqu'à^oiiif  «m  ttMft  4p 
iroU,  npinbre  auquel  iU.aygient  été  AtiMbpiiér 
cédemoieul,  sans  y  comprendre  les  paadea^^ 

Toutes  les  classes  des  habitans  d^  Paria  t^y 
porlèrent  en  foule  de  préférence  aux  eomédleis 
française  et  italienne  :  pour  étiter  l'afflueitee  et 
la  confusion ,  il  fallut  permettre  detkx  MfMPéaen- 
lations,  une  de  jour,  une  de  nuit.  Celte  dernière 
ayant  produit  du  scandale  fut  sapprinée. 

Vers  cette  époque,  l'Opéra  coqslruit  au  Palatf- 
Royal  fut  incendié;  bientôt  après,  on  irit  s'élever 
sur  le  boulevart  de  la  Porte-Saint-Martin,  pour 
rOpéra,  le  bâtiment  qui  sert  encore  aujourd'hui 
de  salle  de  spectacle. 

Les  trois  grands  spectacles  ayant  pri*  lAe  lit 
jalousie  contre  les  petits ,  et  formé  des  prétçi^'- 
lions  a  la  faveur  de  leurs  privilèges,  çeux-cl 
furent  obligés  de  contribuer  aux  dépenses  d^ 
rOpéra,  et  conlrainls  de  communiquer  aux  co- 
médiens français  el  aux  comédiens  italiens  leurs 
nouvelles  pièces  avant  de  pouvoir  les  représen- 
ter. On  voit  les  filières  et  les  avanies  par  où  l^ 
auteurs  avaient  a  passer  avant  de  pouvoir  être 
sifllés  par  le  public;  mais  l'amour-propre  ne  re- 
cule devant  aucun  outrage  ;  il  brave  les  mortiti- 
cations  :  c'est  son  élcmciit. 

Les  comédiens  franoais  avaient  fait  imprimer 


jfS  MBMOIlili  BirroiiiQt'i» 

ilet^lfiaHiim  contre  U  quantité,  contre  Tabiu 
oVtMHre  le  liberté  des  petits  spectacles  de  Paris; 
et  certains  moralistes  qui  aTasent  avancé  qn'il  ne 
àdlait  an  peuple  quepmtm  et  circemêê^  se  joig ni* 
rent  2i  eoZf  ce  qui  était  une  inconséquence  ;  mais 
on  les  payait  pour  £lre  inconséquens ,  et  ils 
étaient  logiques  au  principe  de  prendre  de  toutes 
mains.  Il  y  eut  un  procès  commencé  de  la  part 
des  comédiens  firançais;  le  public  s'étant  déclaré 
contre  eux,  et  commençant  li  les  tympaniser 
d'importance,  ils  eurent  la  bonté  de  rbuloir  ce 
qu'ils  ne  pouTaient  pas  empécber. 

La  police  fit  établir  des  pompes  dans  l'inté- 
rieur de  tous  les  spectacles,  grands  et  petits;  on 
plaça  des  pompien  pendant  la  durée  des  repré- 
sentations. Le  quart  de  la  recette  des  spectacles^ 
préleré  dans  llntérêt  des  pauTres,  fut  toojoura 
plus  exactement  payé  par  les  directeun  et  en- 
trepreneura  des  petits  spectacles  que  par  l'Aca- 
démie royale  de  Musique,  la  Comédie-Française» 
l'Opéra-Comique  et  le  Comédie-Italienne. 

Le  magistrat  arrêtait  chaque  année  l'état  des 
personnes  qui  devaient  avoir  leurs  entrées  dans 
les  petits  spectacles  ;  chaque  année  aussi  le  mi- 
nistre de  Paris  arrêtait  une  liste  des  agens  qui 
devaient  avoir  leun  entrées  à  l'Opéra  ;  on  en- 
voyait aux  comédiens  français  et  italiens  les 
commissaires  et  inspecteurs  gnénéraui  préposés 


TmÉs  DU  A«CBiTn.  4^ 

au  bon  ordre,  de  toncert  arec  les  officiers  de« 
gardes  françaises  et  de  la  connétaUie.      t 

Quand  on  avait  le  moindre  motif  de  craindre 
quelque  insurrection  de  la  part  du  partetTe  des 
comédies,  on  faisait  placer,  par  extraordinaire, 
en  uniforme  et  sans  armes,  des  sergens  et  capo- 
raux, indépendamment  des  soldats  armés  mis  en 
sentinelles  dans  difi'érens  endroits  du  parterre  et 
dans  les  corridors  des  loges  :  les  sergens  et  ad- 
judans  venaient  régulièrement  lui  rendre  des 
coEoptes, 

Ob  a  dit  qae  la  police  payait  des  gens  affijd^ 
pour  applaudir  ou  pour  ailHer;  mw.  depi^is  .^fèt 
longtemps  lesspeetateursa'osaicntpbuaiffia^^Mp 
Bo  payait  pas  pour  applaudir,,  «oit  la  r^in^,,  f^ 
les  princes,  quand  ils  paraissaient  aux  spectacle 
seulement  elle  faisait  distribuer  à  des  afiidés  des 
billets  qu'elle  achetait  et  qu'elle  avait  a  sa  dispo- 
sition. On  peut  exciter  les  applaudissemens  et 
les  provoquer;  mais  quoi  qu'on  fasse  on  ne  les 
commande  et  on  ne  les  obtient  pas  toujours.  Le 
public  bat  des  mains,  fait  des  huées,  ou  il  im- 
prouve  par  son  silence,  suivant  les  circonstances 
et  conjonctures.  Le  public  de  Paris  est  à  cet  égard* 
et  il  sera  toujours  le  même,  et  en  tout  temps, 
très  indiscipliné,  capable  de  suivre  ime  tout  autre 
impulsion  que  kcMo  qu'on  lui  dicle,  et  de  s'irri  - 


5#  MBMNU»  BltTOlUQUIl 

Itf'Oiam  âM  propMi  ébpMkÎMMp  «11  «pwçoit 
trop  ckireoMttl  ftt'oa  Iô  gottTwat. 

OlMlWtfMU  Mr  r^M  âtêÊH  éê  la  ntowif  é  iRonj  M  m»  U$ 
mmmqiÊâ  ptmmâ  ^féMItr.  tûfhniâr  m  fmH^klir  (1). 

Ce  n*Mt  pat  looJD«n  pa^  Tao^nenUiti^  des 
reikorU  ^W  faU  le  mieû  marcher  la  nachine, 
c'eat  plnlôt  par  un  cnaembla  aimpla ,  négnlier  » 
ipradoé  comme  il  conTÎent. 

Les  crimes  et  délils,  parmi  les^eb  on  no 
comprend  pas  les  crimes  d'Etat ,  sont  OMuale- 
nant  pins  fréqnens  \  Paris  qnlb  ne  rétsient  il 
y  a  ^pmse  ans  (S).  Il  sertit  à  désim  ^pio  k  aft- 
Toté  pèt  être  MIMie  partent  sur  nn  pi 
fti'isie}  msis  pins  nne  domination  ait 
]^  isn  actfon  ^aAiMit  en  partant  dm 

m  ui  vuufei  wHCv* 

(I)  IteiMMt  dt  M  ntoslff*  •  M  cBt«yé  ftrKl 

(i)  Od  ffOibardirncBidoniir  de  roMiltade  de  cette. 
de  M.  Leoolr.  Le  nonbre  Aee  crlnn  et  déliti  pcot  peretcrt  pèw 
seewIefiiMe  s^owvTbttl  «  pefee^iielcicesieSf  h 
«eifeVi  les  ^Haeaeai  t  eatt  MBdue  fdilief  per  lee , 
leoipt  de  M.  Lcaolr  U  a*eo  telt  pet  ■ûult  et  »  de  j^u»  t  va , 
wamibrt  de  eeopebict ,  tnduiti  deveot  Ir»  tribaseat  toieot 
trilu  à  le  {Htloe  cC  cBlermli  par  ofdrv  <1  o  rc4  ea  lettrée  de 

Lelecteardelteararptler  eeqaej'aidiiplaekealy^aeje 
bica  lo&n  d'adopter  toute*  lee  opUiloas  de  M,  Lcooir  \  auli  Je 
tremerb  ect  notices  tellct  qu*il  ne  les  e  remues. 


THtBS    DES    ABCRirES.  Se 

Il  est  diGTérentcs  causes  qui  entretiennent  le 
désordre }  ii  en  est  de  générales;  il  en  est  de 
praticiilièrcs  à  l'exercice  de  la  police  a  Paris  : 
la  scission  dans  les  esprits  ,  la  misère  ,  les  mau- 
vaises pratiques  et  spOctilalions  d'officiers  civils 
dans  les  actes  de  procédures  et  d'instruction  a 
l'égard  des  crimes  etdûlils,  et  de  ceux  qui  en  sont 
|>r^vcnusj  l'impuissance  des  lois  pénales  dont  les 
coupables  se  jouent,  etc.  Tant  que  ces  causes, 
commîmes  à  tous  tes  dépaiiemcns  subsisteront , 
on  ne  peut  se  Hatlcr  d'avoir  une  sûreté  entière 
et  parfaite,  ni  à  Paris,  ni  dans  les  autres  villes  et 
pays  de  la  France. 

Sous  l'ancien  régime,  tout  délinquant,  tout 
prévenu  arrêté  ,  devait  soudain  comparaître  de- 
vant un  commissaire  de  justice  et  de  police,  le- 
quel, suivant  l'exigence  des  cas,  prononçait  son 
emprisonnement  ou  sa  mise  en  liberté  ;  s'ily  avait 
difficulté,  gravité  ou  importance  de  fait,  le  com- 
missaire en  référait  soit  au  magistrat  de  police , 
soit  BU  lieutenant  criminel  :  il  arrivait  pea  sou- 
vent qu'il  y  eût  lieu  à  référer. 

L'exécution  du  régime  intérieur  prescrit  pdUr 
les  prisons  d'Etat  (  la  Bastille  et  Vincennes)  aji- 
partenait,  sous  la  seule  autorité  du  ministre  de 
Paris,  au  seul  lieutenant  général  de  police ,  en 
sa  qualité  de  commissaire  du  roi  ;  elle  lui  appar- 
tenait à  son  titre  de  magistrat  de  police,  potfr 


5'S  mXOlllKS    BMITOIUQUFS 

les  priipiis  de  Tholel  de  U  Force ,  destînéet  ei* 
clusÎTeBienl  à  des  criminels  et  nniqaement  aas 
prisonniers  de  police ,  à  ceax  pour  dettes ,  et 
pour  mois  de  nourrice ,  aux  mondians  et  an 
mendiantes.  Les  enfaus  impubères  et  en  bas-age , 
1*1  atts$î  les  vieillards  septuagénaires  (sauf  cer- 
tains cas  )  n*étaient  plus  détenus  dans  les  pri- 
sons p  ni  dans  les  salles  de  Bicêtre  ;  on  n'airait 
que  trop  éprouvé  combien  U  longue  délenlion 
el  U  confusion  dans  ces  lieux  rendaient  bientôt 
les  enfims  mécbans ,  voleurs ,  assassins  et  dan- 
•g^nux.  Les  prisons  étaient  généralement  répu- 
tées écoles  du  crime. 

^11  est  très  certain  aussi  que  l'appant  des 
formes  judiciaires  est  une  solennité  glorieuse 
pour  la  plupart  des  coquins  «  qui  font  bravement 
lissant  d*espril  et  d*eflfronlerie  sous  les  yeux  des 
inagtstrats,  au  bénéhce  des  curieux  du  petit 
pi;iiple ,  attirés  par  le  scandale  de  ces  spectacles 
Ur^tuits.  Les  rubriques  de  la  défense  ,  l'attaque 
des  principes  légaux ,  la  vanterie  dans  les  ma- 
nières et  les  répliques  enlèvent  quelquefois  les 
rires  contagieux ,  les  applaudissemeas  frénéti- 
ques d'une  foule  d'apprentis  escrocs,  gens  de  la 
lie ,  enclins  a  justifier  le  mal ,  parce  qulls  y  sont 
exposés,  et,  grâce  aux  leçons  c|u*ils  puisent  <lans 
les  audiences ,  a  fr^ncbir  les  derniers  scrupules, 
lorsque  le  dénument  les  assirge. 


TIRES  DES  jmcBiy^.  S^ 

Tontetf  les  déclarations  de.'t^rimes  »  de.vofe;^) 
de  délits  attentatoires  à  la  sûrélé'  des  kabitabs  df( 
Paris,  étaient  reçues  gratuitenQfent  par  les  cam-^ 
missaires  de  justice  et  de  police,  recueillies  |Mt 
les  inspecteurs  de  sûreté*  Ces  derniers  deyaieif^ 
s'entendre  respectivemeht  sur  leurs  opérâUoiiSy^ 
Les  quatre  oflSiciers  de  sûreté  ponyaîent  a^ 
suppléer  réciproquement  dans  leurs iknctioâs.  ^ 
L'un  de  ces  quatre  inspecteurs ,  accompagné 
d'on  commissaire  et  sous  sa  supériorité,  faisait^ 
presque  toutes  les  nuits  des  patrouilles.  -Ils  de*^ 
Taient  s'accorder  ayec  les  patro^uilles^ioilita^j^siif^ 
ksdifférens  quartiers  de  la  ville.  Dans  le  çoujnsjdfi 
ces  patrouilles ,  ik  devaient  être  assistés  4çlç,qi^ 
préposés  et  recors.  Un  militaire:  devait  s'ai^é^;i[ 
devant  chaque  corps-de-garde  placé  dans  l'éteofi^ 
due  des  lieux  inspectés ,  y  donner  et  recevoir  les 
avertissemens  que  demandait  Tinlérêl  de  la  sû- 
reté. La  connaissance  qu'avait  le  magistrat  de 
police  de  tous  les  jugemens  pour  cause  de  crimes 
était  transmise,  annuellement,  aux  officiers  de  sû- 
reté, et,  journellement,  celle  des  signalemensdes 
gens  décrétés  pour  crimes  graves  et  non  arrêtés, 
11  n'entrait  personne  dans  les  prisons  de  Paris^ 
qui  ne  dût  être  inspecté  .et  examiné  par  un  offi- 
cier de  sûreté. 

En  1780,  la  poursuite  des  mendians,  précé- 
demment attribuée  à  d'autres^  fui  confiée  aux 


^mn  iiiipMteiin  de  svMté.  Ib  iWMÉt  iéfiitar 
kÉ  étÊqXm  nendiaiit  non  dUogetMK  dl*«TM 
ki  BienditM  iat|ieclt  de  npptnrls  «rac  le» 
iMnrt  iMbitaéi  à  Parb.  Ut  employkrwil  ki 
]^  Btendiim  2i  obterrer  ki  Taglibondt  ^  Iré» 
qMttliicsnt  les  Toleun  et  ae  retiraieiiil  d'ardnunM 
mtt  em  dent  kt  fimbomy  et  ke  tmtmm  au  en- 
Turotia  de  Paria. 

Les  itiatracUoDi  recommandaknt  d'arrAtar  ka 
ttialfidteiirt  aau  scandale,  li  vm  eertaiiie  dia« 
tiiifce  des  «gUses  et  pkièt  h  k  denûère  heara 
dti  jiMir»  étant  la  miiti  ^a!\  toote  aiitn  bevt« 
n  était  dit|  dam  ces  nistnictioiia,  ^ûb  émmmA 
CAiiflaftre  ks  tabagies  «{ni  serraient  de  retraite. 
Lé  pittpart  des  logevrs  li  deux  wofn  }fÊSt  ovit ,  «• 
des  gens  tenant  tabagies ,  étaient  d'andena  pr^ 
fiteélr  I  k  pofice ,  par  elle  sondoyéa,  aealsnus  sn 
iftdés  anx  inspectenrs  de  sAreté  ;  ks  parte-lii» 
iMs ,  ^ôttt  les  hnlemes  étaient  ntaaéreléta,  et 
l|ttl  d^iffienrs  étaient  enregistrés  li  k  police  t 
deraient  pas  niant|iier  de  rendre  eemple  de 
lé^fice  pendant  chaque  nuit.  On  était  ansai  PI» 
spection  des  bureaux  d'enregistrement  ponr  ks 
domestiques  et  les  outrirrs. 

M.  Berryer  STait  reconnu  la  nécessité  de  ea 
servir  de  voleurs  éclinpp^s  des  mains  de  la  jna« 
Hce  cl  de  les  admettre  au  nombre  desobsenrci^ 
tciirs,  espion»  et  rceor» ,  comme  plus  propres 


aux  déç^nvems  des  vplenrardM^te*  iatàmétàmm 

KcéUun  ,4'effets  volés  ^  nwfi  <{iiand  les  agensde 
polices  d^  cette  espèce  se  rendaient  eempabltè 
de  U  noindire  prévaricatîeia  ^  ib  étaienltew^ati 
cbenp  mi^  a  Bicêtre.  Ces  agent  ndiMUai«iit<«Mi 
parBÎUe  punition }  car  on  était  forcé»de  ks  pMttw 
aux  cachots  ^  enfermés  dans  les  salles  de  fiBroa  ; 
l^^ws  sincieiM  camarades  les  aufaieiit;  «assateif 
amm^il^  traîtres  et  des  apostats^  ^  ^  ^  r.*  i 
i^'azpéâence  a  démonlvé  que  de  lengaeo  lyrt» 
sons  et  détentions  devenaient  ua  châtimanl»  dan* 

La  classe  des  escroes^  filous,  êsofours  jMmh 
kreusi^  dans  les  grandes  tilles^  ne  Ifétaît  :pas  laM 
autrelbis  qu'à  présent;  les  inspécteurè  de  suuMé 
étaient  parvenus  à  Taffaiblir  ;  c'était  par  leur  in^ 
ielligence  que  Paris  avait  été  purgé  de  ces  as- 
sassins en  bandes  et  troupes  qui ,  avant  l'admi- 
nistration de  M.   de  Sartines,  assommaient  et 
pillaient  impunément  les  passans.  Ce  progrès , 
dans  le  maintien  de  la  sûreté  de  la  ville  capitale, 
s'était  fait   sentir  sur  les    grandes   routes   pu- 
bliques. 

il  se  tenait  une  lois  par  semaine  ime  assem- 
blée présidée  par  le  lieutenant  général,  a  laquelle 
assistaient  oxaclemcnt  le  commandant  du  guet , 
les  deux  prévols  et  inspecteurs  des  maréchaussées 


56  MBHOiMS  nvrowKiucs 

«n  tréndenca  à  Paris  ;  l)i ,  il  était  Modii  compte 
des  criflMt  et  délits  commis  dans  Tétendue  de 
Paris  et  avisé  à  de  nomreaiix  moyens  de  sAreté  ; 
les  inspecteurs  de  sûreté ,  ainsi  que  tontes  tes 
maréchaossées  de  France,  trontaient  alors  occa- 
SÎOA  de  fiûre  arrêter  des  coupables  i(m ,  d*ordi* 
naire  »  sortent  de  Paris  aossitét  aprte  avoir  com» 
mb  le  crime  »  pour  n'y  rentrer  que  lorsqu'ils  le 
présument  oublié.  Si,  du  résultat  de  cette  réri-* 
aion  t  peu  d*enlre  eux  seulement  avaient  pu  sTé- 
diapper»  il  était  accordé  une  gratification  rému* 
nératoiro  aux  inspecteurs  de  sûreté. 

Cet  établissement  intéressait  ces  inspocteufs 
à  apporter  une  grande  vigilance  k  Tégard  des 
gem  inconnus  et  des  gens  sans  état  ni  profiBO- 
sion  circulant  dans  Paris.  Us  étaient  à  postée 
de  les  faire  suivre  par  des  préposés  incennns 
de  la  populace ,  ou  par  des  intelligences  dans  le 
menu  peuple,  brocanteurs»  écboppîers,  regrat* 
tiers  sédentaires  où  ambulans;  peu  soudoyés  « 
mais  protégés  en  quelque  sorte  «  cas  gens -là 
aidaient  à  la  découverte  des  volaors  et  des  repria 
de  justice. 

Des  bommes  accusés  de  crimes  graves  et  re» 
connus  pour  être  criminels  ,  mais  non  con- 
damnés à  défaut  de  preuves  juridiques,  étaient^ 
par  mesure  de  police  administrative ,  ou  con- 
duits bBicêtrc  on  exilés  dan»  des  endroits  à  une 


rais  Ms  AMnf««'  S^ 

certaine  distance  de  Paris /ious  la  snihreiilanee 
d'an  officier  de  maréchanssée ,  tenu  de  rendra 
compte  tons  les  mois  de  leur  condoite  au  macis- 
trat  de  Paris.  ^>  A 

SaÎTant  des  instructions  générales  ;  tei  j^Mflft 
inspecteurs,  chargés  de  veiller  au  nettoieWém 
des  rues  et  à  leur  illnminalien  pendant  la  istf  i^ 
étaient  obligés,  sous  peine  de  destitution,  ^ilHiip^ 
tir  le  commissaire  ou  Tinspecteur  de  sûf(fîé^tf& 
quartier  :  cette  obligation  était  encore  impciéi 
il  toutes  personnes  ékmi  ViUU  d^pendaU  ds^Wjpo- 
liée.  *  ^    ^  Hieq 

Les  audiences  publique»  de  la  poUoe  'étaisat 

derenues  k  certains  égards  un  moyen  de  sAisii 

.  et  d'espédier  avec  célérité  une  grande  quâuEtil^ 

d'afiaires.  ,  i.: 'Mi^ti* 

Dans  une  place  où  beaucoup  de  détails  et  de 
rapports  ne  peuvent  parvenir  que  par  des  Toies 
subalternes,  le  chef  qui  roccupe  est  de  tous  les 
administrateurs  le  plus  exposé  a  être  trompé  s'il 
ne  connaît  par  lui-même  l'esprit  public;  il  peut 
le  saisir  en  écoutant  bien  dans  des  audiences 
publiques  et  particulières  le  langage  des  per- 
sonnes de  tout  rang  et  condition  ,  en  discernant 
leur  esprit,  la  nature  et  l'espèce  de  leuru  dcr* 
mandes  et  de  leurs  besoins. 


M  rtinuMnii  mnTimin  ^ 

A  CM  audiences,  la  curicmlé  et  la  désauvre^ 
pmtt  attîraieBt  boo  nombre  de  personnes.  Elles 
jtjlint  fatigantes  pour  le  maf^trat»  et  consom- 
BMMDt  un  temps  que  c|ueh|uefois  il  eut  mieux 
SBiployés  cependant  il  en  résultait  des  arantag^ 
Mnaibles  pour  Tadministration  de  la  police  et 
jfonx  I0  senrice  public, 

IMdoMt»  reacyclopédiale  »  qui  ko  firéqnanlait 
pour  obserrer  les  mœurs,  y  trouvait  un  livre  pli» 
mille  Sou  que  tous  les  livres ,  k  c«nr 
f  qu'il  feuilletait  avec  avidité}  le  cbaos 
pmsMSs'yreflétait  en  miniature.  Les  pourvoyeu- 
ses de  maisons  suspectes,  étalant  un  embonpoint 
monaoalt  venaient  se  répandre  en  pUiiiIca  amèrr  s 
ooniro  tm  espion  mécontent  auquel  on  n'avait 
pis  fini  k  part  assea  généreuse  dam  ksprémicos 
dks  focmea  nêuvelles  du  séminairoi  ol  qui  s*en 
éloit  vengé  par  des  révélations.  La  lamiliarilé  de 
œa  déliassas  no  se  déconcertait  pas  d'un  rappel 
b  Tordra;  elles  étaient  naïves  et  tecbniques.  Des 
potitaa  ouvrières  émancipées  réclamaient  contre 
<Mi  goujat  paternel  qui  tolérait  les  amoureui 
pourvu  qu'il  eût  k  boire,  et  qui  devenait  moral  il 
faire  trembler  dèsqu*il  était  a  jeun;  elles  ofifraieiit 
d'en  montrer  la  preuve.   Des  aciricos  sifllccs. 


TlUft  DES  ABAIUVU.  5^ 

GauMia  fatares,  dénonçaieot  en  tsnaec  empour- 
Ha  d'abominables  cabales  qui  let  empêchaient 
de  plaire  au  public.  Des  maris  ù  proposer  en 
exemple  venaient  tout  en  larmes  s'informer  de 
leurs  femmes  disparues,  auxquelles  ils  pardon'» 
aéraient  tout,  disaient-ils,  si  les  amans  se  mon- 
traient moins  exclusifs;  les  amans  le  leur  devaient 
bien.  D'autres  demandaient  la  permission  d'em- 
prisonner leurs  très  cbères  femmes,  qui  les  souf- 
fletaient dans  la  rue  en  les  rencontrant  avec  des 
rivales.  Une  bourgeoise  éplorcje,  veuve  depuis 
six  semaines,  dénonçait  un  ingrat  amant  disparu 
de  la  demeure  quasi  conjugale  avec  une  petite 
bonne  et  toute  l'argenterie;  elle  voulait  ravoir 
'%on  argenterie.  Des  imbéciles  conjuraient  le 
magislrat  de  casser  leur  contrat  de  mariage,  à 
l'occasion  d'un  certain  lui^comple  aperçu  trop 
tard.  D'anciens  voleurs  retirés  de  l'état  exigeaient 
qu'on  s'interdît  de  leur  reprocher  leurs  antécé- 
dens,  et  demandaient  des  certificats  de  ri;h:ibili- 
t&tion, l'autorité  leur  devait  celtejiislice,  ou  alors 
il  n'y  avait  plus  de  justice.  Des  mères  réclnmaienl 
pathétiquement  leurs  polissons  de  fils,  cntriilnés 
dans  des  Iripols  il  jouer  l'argent  qui  ne  leur  ap- 
partenait point.  Et  cfi  sièncs  biîrarrées,  vio- 
lentes, olisiiciu's ,  Loui:'..;j;icM ,  dîjiji-fssivcs  à 
l'exccs,  toujours  animcrs  p:ir  le  ilyle  ctiVrvusciiiL 
de  la  passion,  meltuienl  à  nu  lo^  plities  de  ta 


6«  MBHOIMS   BSTOUQinB 

fociélé,  des  générosilét  popolaircs,  des  rate»  in» 
croyables  oq  de  rares  finesses  d*espril  sons  une 
écorce  mde  et  grossière.  LlmperliDence  de 
quelques  élns  de  la  faasse  bonne  compagnie  qoi 
tombaient  tont  h  coup  au  miliea  de  celte  canaille 
susceptible  et  fière ,  donnait  lien  a  des  conflits 
nngnliers ,  )i  des  ripostes  précieuses  enire  des 
adTcrsaires  de  toutes  classest  les  nns  mnsqnés  el 
méprisans,  les  autres  armés  du  boyau  et  de  la 
pioche,  dans  le  costume  traditionnel  des  ba« 
layenrs  des  rues,  ou  stcc  leur  éventaire  chargé 
de  marée;  quelquefois  on  se  prenait  de  bec,  et  le 
holk  n*était  pas  facile  k  rétablir  sans  horions. 
C'était  un  Térilable  carnaval  perpétoel. 

M.  de  Sartines,  en  remettant  la  police  bll*  Le- 
noir,  Tavait  averti  que,  de  tout  individu  admis  h 
se  plaindre  et  à  parler  en  secret ,  il  avait  reçu 
d'utiles  avis  qui  peut-être  ne  lui  lussent  pas  ar- 
rivés par  une  autre  voie. 

Les  agens  de  police  redoutaient  les  plaintes 
qu'il  était  ainsi  facile  de  porter  de  leurs  négli* 
gences,  abus  et  prévarications  ;  c'était  la  contro» 
épreuve  de  leurs  rapports.  La  peur  d'être  pris 
en  flagrant  délit  de  mensonge  les  tenait  sur  la 
résenc. 

Le  lieutenant  général  de  police  ne  fut  jamais 
suppléé  pour  lu  tenue  de  ces  audiences  publiques. 


ai  ptf  le  KMienant  particttliçr,  ion  Mottstpr,  lA 
par  •ii4ieerélaire  principj^L 

Ces  asdiencea  furent  bienlol  fréqoentéea  par 
des  perM>nnes  éieTées  en  rang  et  en  dignités,  ce 
qui  oc<Ui4<Mia  les  murmures  des  gens  dn  peu*!- 
pie ,  obligés  d'attendre.  MM.  de  Sartines  et  Le- 
notr  établirent  une  audience  pour  les  auteors  » 
libraires  et  imprimeurs,  aân  que  les  classes  au- 
dessus  du  menu  peuple  pussent  y  Tenir  et  ne 
pas  dérober  un  temps  essentiellement  consacré  à 
la  cobue. 

JLeSeplacets  étaient,  dans  les  deux  bpfii^  qui 
soi^enl^les  audiences,  extraits  a  li^^o^ipe,,  et 
renTOjiés  dans  le  jour  à  rinspect^urHfp  j|i|,f:çip- 
mi^ttrede  police  du  quartier.  Là,  par.Toie  de 
coQciliatioii ,  se  terminaient  des  contestations 
qui  seraient  devenues  des  procès,  des  animosités 
sans  fin  et  même  des  causes  de  désordre.  Des 
malheureux  sans  ressources  Irouvaient  des  sou- 
lagemens  ;  sous  ces  rapports,  les  inspecteurs  de 
police  parvenaient  a  gagner  la  confiance  des  ha- 
biians  de  leur  quartier,  avantage  médiocrement 
obtenu  maintenant  par  les  juges  de  paix. 

On  assignait  aussi  des  audiences  particulières 
demandées  et  annoncées,  réputées  bonnes  pour 
certaines  affaires  exigeant  le  secret  ou  le  secours 
caché  de  son  autorité. 

Le  lieutenant  de  police  était  toujours  accom- 


9% 

]^aglié»  ÉMMi  Mi  wmâkmÊm  fdUifMi,  Abi 
créUîre  et  d'an  intpectaw  dfl  poli».  Sm^tmI» 
•nmn  expMé  dam  le  ce«n  d'one  wdience»  il  y 
•▼ait  lieu  de  preodn  nat  Ma  «ne  netare  ad- 
miaitlratiTe  cxécutaMe  MiMe-cliaaip.  Lee  atee 
•eront  leiijeOTt  mieux  répfiaâi  |Nir  km  poliee 
fltf4etêment  eenlraliiée  dana  la  aeole  peraonae 
de  aeii  ehef  ^epar  Uiia  aMna  meyeu  (1). 


«MIT  f  FlpMMIMIfBVI  wi9  fWtê  wÊ  WtÊfW  ff  Wt  9tÊ 


Eli  19i9,  dMM  «ne  dktténieet  <•  MM^Ué* 
eoiiUilfetBA««  «a  ea«a  le  Ml  qrtiwit  fMi£ 
l'adlrfniÉttttettf  de  h  poKee,  ieni  priMile  ^ 
ce  Ml  mût  été  pttié  et  signé  dii-Wt 
amt  Fesjnnlion  dn  bnl  cenirint.  Ce  firt 
Tani  (pie  lea  enirepreneiiri  nrenf  lepraeeinv 
a  1  aiheinMée  cpi  une  entreprise  de  cette  natMa 
eilgeidt  que  Fen  s'atrarlt  préalakkannl  dlnp» 
prdVlMoniÉeniettt  et  de  magaâna 
L  entrepîMe  rat  niae  an  coacem  dn 
Lei  cbnettrrena  t'étaient  annoncée 
Tant  te  diarger  de  Pentreprite  '  à 
compte;  Ut  reculèrent.    On    lut  obfigé  ff 


(i)  Il  CAI  bdie  de  ^olr  que  c*ta  réteraclle 
M.  Le«>lr.  nie  revint  à  éeaMttder  !•  «mtoom  de 

le  pveitt  de  poUee  •  J» 


K^emr  4»iÎ6n  fiaugfMi  #1  àwB 
demÎMi  ^KÎgèniit  nn  pvÎK  tairduÊmÊ^ém 
perlé  d«is  le  bail  cassé;  €e  ns  fi^t^pi^intisM 
deoMMlé  pOQF  lear  perte.  k  > 

L'oit  t  reeoniia  sans  doMeyiiiM  hirilÉfréiÉjppiMjf 
qae  le  marché  fait  par  la  poUoe  k  «nrtÎMÉ  yliii 
ayantage^x  qve  le  taux  du  bail  préféilaMt  (tm 
éop  eimr#»  de  ^noins  par  duufQe  bte  dUiia^K 
leniey^ n'élaiit  pas  l'effet  delà  ftraavs^  fli  Arnià^ 
ceoafveDCe.  ^^  ^^ 

Les  alipiibtians  que  fen  fiât  d|i  partftdfawtsri 
pour  i^taUîssement  de  ees  aoflea  dPssMgsfrisaa 
portent  wmnt  tout  sur  de  certaafs  (fiilpialiKaf 
Les  clairs  de  lune  eèyeotés  à  qÉtWiifM  elai|' 
pl^ïf e,  sont  calcidés  nN^idemeof^  4'jtHPl^  i^  F^ 
Isudner,  et  déiatfués»  ou  p^n  «'^  %4s4Wf'jl(f 
t4^al  de  la  somme  disponible  pour  l'éclflpiagf 
universel  :  ce  qui  est  absurde  ;  mais  les  entrepfysr 
ueurs  ont  le  plus  grand  intérêt  a  s'adjuger  )0H 
allégement   de  charges  en   guise   de  bénéfice} 
autrement  ils  se  constitueraient  en  perte.  -Cef 
lésineries    sont    inévitables.   Les   épingles^  les 
pots-de-vin ,    les    conditions  secrètes    et   eiUif 
reuses    environneront    toujours    ces    marchés» 
alors  même  qu'on   appellerait  sur  eux  toute  la 
publicité  dont  on  dispose.  La  vénalité  bureau- 
cratique est  connue.  On  supposera  cette  vénaTi té» 
et  la   supposition    seule    en    donnera   renyîe. 


/ 


Gif  MnKMUi  MUToaMicrs 

L'impMMiioe  d'écliappw  k  de  temblablM  »€• 
cMftioM  «ti  ici  dans  U  nature  des  choses,  ei  le 
•cmpiile  ae  peai  resler  ieroie  coaire  iin  doute 
que  Ton  n'a  pas  l*espoîr  de  Taîncre.  D'ailleuia 
la*  i^i petite  économie  qoi  s*élend  snr  une 
prif  du  échelle  donnant  k  la  longue  une  somme 
tiès  considérable  t  imagination  des  intéressés 
tffavaiBB  dans  ce  sens  ;  leur  génie  s*eaerce  chaque 
îiuf  il  Iffourerde  nouireaux  gains»  et  le  pubUct 
étonné  de  payer  pour  être  2i  mime  de  se  casser 
lu  eou>  parce  qu'un  nuage  se  raillera  des  pré- 
voyaucea  udministratiTes,  dira  toujours,  ramms 
par  le  passé  i  que  Ton  lait  k  certains  fiiToris  des 
pensions  sur  le  clair  de  lune* 

*  '*  Les  anciens  houlevarts  n'étaient  pas  éclairés 
JpMdaat  la  nuit  avant  Tannée  1 780  ;  le  bureau  de 
lu  y9h  arrêta  d'y  faire  placer»  comme  dans  les 
tÊm  de  Paris»  des  réirerbères.  On  crut  que  Ton 
uhtiendriiit  un  marché  meilleur  »  et  surtout  un 
ineilleur  aer^ce  de  la  part  d'un  autre  entrevu» 
Heur.  LVfreur  dura  peu  ;  on  fut  obfigé  de  ru» 
courir  au  sieur  Sangrain»  et  de  souscrire  aux 
mêmes  conditions. 

TmêÊ  UmtkmU  im  Mfmdiriti. 

De  tout  temps  la  mendicité  fut  un  des  grands 
fléaux  de   l'Europe,  et  le  nombre  drs  mcn- 


TIAÉS   DES   ARCHIVES.  £6 

diftM,  iùût  il  n'est  guère  posnlile  île  se  fMfè 
une  juste  idée  précise,  paraîtra  si  considëmUedi 
quiconque  voudra  téfléchir  sur  les  causes  "qnî  ièà 
multiplient  à  mesure  qu'on  les  extirpe  i  qu'on 
désespérera  d'en  tarir  les  sources.  Les  guertugy 
les  incendies,  les  années  de  disette ,  le  déiÉhfai[ 
ment  de  l'agriculture  et  de  Findus^e  dànsipIv^X 
sieurs  contrées  où  la  population  déborde  inoe»» 
samment,  et  doit  déborder  encore  »  parée  >^ptt 
le  cabaret  et  l'amour  sont  les  seules  dâstracAiMHi^^ 
des  misérables  ;  ces  causes  et  d'^vtrei  oni  ;iuvî> 
chargé  dans  les  grands  états  l'adnMliistraiti09i>qnî^ 
ne  peut  y  suffire.  Dans  quelques  principauftés  doi 
l'Allemagne,  on  a  défendu  le  mariage  entrii  ptii^ 
Très;  mais  ils  se  dispensaient  d^)à  des  céf élM^^ 
nies  officielles,  et  cette  intofçdictiofnYaittO^n'tipÉ^ 
limiter  la  puUuIation  ;  an  contraire,  la  mendîcitéi 
s'est  aggravée  depuis  quelque  temps  en  Europe 
à  la  suite  des  découvertes  ingénieuses  de  la 
science  qui  favorisent  des  vues  d'économie  dans 
les  manufactures.  Quelques  professions  ont  été 
anéanties  du  coup  par  l'usage  des  cours  d'eai^,  -^ 
par  les  mécaniques  mues  par  des  chevaux  e^ 
autres  moyens  qui  dispensent  de  se  servir  d^ 
bras,  et  beaucoup  de  ces  professions  sont  devenues 
des  recrues  nouvelles  pour  le  vagabondage  et  la 
mendicité.  Les  journaliers,  qui,  dans  ri^LervalIc 


m. 


5 


66  .HUMMAIS   nUTOmOTES 

ém  éeMaiUet  «os  oioittoiit,  vagseni  habîiualU- 

»«Éi4l\lfi pays  a  Taalre,  Belges,  Boarguignone» 

UiSMpikis,  émigrés  de  la  Haute-Flandre,  8a* 

wyafvUt  gens  qui  ne  savenl  a  peu  près  que 

çiMsduire  U  charme  eu  bûcher  et  figeter  ;  les 

papalillnus  déelassées  de  leur  sol  natal  par  b  né* 

ee^é  de  ehercher  fortune  ailleurs;  des  veuves 

Jionifare  chargées  d'enhins  en  has  Age  {  des 

M  d'f  nfiiM  sans  père  et  mère,  eu  que  leurs 

pupens  abandonnent  fiiute  de  pouvoir  les  nourrir? 

doo^veugles,  usultipliés  par  les  poys  do  muiito' 

gnfs  0k  les  cHmats  rigoureux  et  b  neige  rendent 

les  «abdiet  ophthslmiques  ri  firéquentes;  desfgene 

eilropiés  de  miUe  bçons  par  l'industrie  «  pur  bs 

tiUMos  des  mines,  pur  eut-mèmes  et  pur  déguAt 

duitruveil;  bs Keencbmens  européens  h  b  suile 

des  émus  de  b  guerre;  les  proscrits  poEtiqnest 

oefu  dont  les  biens  ont  disparu  parce  qno  faur 

sol  a  été  b  théâtre  des  grands  combats;  une  bo» 

mencbture  immense  qu'il  serait  très  diBcib  et 

Irts  Intéressant  d^établir,  fournit  coup  sur  coup 

el'dé  toutes  parts  des  légions  sans  trarail  et  sane 

rtisséurtés,  toujours  a  deux  doigts  du  pillage,  da 

Ffeitassinat  et  du  vol.  La  mendicité  sembb  b 

fransttiàti   entre  les  classes  laborienses   et  les 

cesses  criminelles;  et   les  divers  pays  se  les 

renvo]ratil  sans  cesse  de  l'un  li  Tautre  par  des 


mis  SCS  œntfts.  ii^ 

Il iMM' de ycdiog  tonjoiiw  éeflhïit!fi^\itt-¥t^' 
toictÏTn,  îA  ssT'ftcile  éepvê^foié  1«  ttoMTèÀf  AS|' 
H  ]*of|;aiMMiion  des  lois  aar  ht  mttndie^'  m 
prenfl  un  enseir^Ie  eiirdpéen,  en  se  MfotfftHm 
rfaMValteniaiive  tte  I«s  encoifnger  saA^tWOnK'v^ 
e«  da  le*  HMSsadrer  tans  pitié.  L'Aiïglbtëhvf-^^ 
M  yéthtwt  {(éo^aphique  îsdie  Aé  ttùtftr  reMÏm 
ikTtc  Ica  vag.iboii(ls  du  continent,  est  cependant 
obéri^c  par  les  rétributions  en  faveur  de  ses  pau- 
vre». Les  dtux  seuls  moyens  de  venir  à  bout  de 
ce  Hè»a  sont  peut-être  dans  le  système  de  colo-' 
ntsalion  et  dans  k  dissémination  forcée  des  men*' 
dians  sur  le  territoire  de  leur  commune  natale,' 
à  charge  par  la  commune  d'y  tenir  la  main  avec 
des  réglemens  sévères  ;  et,  toutefois,  il  existe  des 
communes  qui  sont  par  elles-mêmes  à  la  diargtl 
du  pays. ... 

Pins  une  domination  a  de  l'étendue,  plusîteit 
difficile  que  des  mêmes  mesures  f;énéra1es  y 
soient  partout  bien  exécutées  ;  il  faut  particula- 
riser minutieusement  leurs  divers  modes  "Texé-. 
cution. 

En  verlu   de  jugemens  prëvôtaux  rendus  ,à 
Montargis  dans  les  années  antérieures  à  ITWf   - 
il  y  eut  un  nombre  considérable  de  mendtitAii 
condamnés  à  la  peine  de   la  roue ,  pour  nùaan 
d'attaques,  vols  et  assassinats,  incendies.  Leur» 


68  MIMOIAU  HISTOmQC» 

banilii  Inrani  linti  déiruiies  (1);  rinstmclMNi 
de  ce  long  procès  el  les  déclara  tiont  des  cou» 
^  4if"tiH^  è  la  mort  fireiil  coiinaitre  que  ces  bri* 
gapds  n*éUicnl  que  des  meudiaos  réunis  pour 
commetlre  le  crime ,  et  que  leurs  associations 
s'étendaient  dans  différentes  proirinces  de  la 
Firance  ;  la  plupart  de  ces  malfaiteurs  furent  ar- 
rêtés à  Paris  oii  se  réfngieni  d'ordinaire  las 
échappés  des  autres  lieu. 

La  Franoe  esl  divisée  anjonrdliQi  en  départe- 
mens;  cette  dÎTision  et  les  sons-^dtnsions  ont 
^tffUfé  las  démarcMions  provinciales,  el  «nlliplié 
les  «rapports  en  répandant  les  mêmes  lois  par- 
tout* li'organisalion  des  départemoM  a  6il 
s|uyir  4ea;ijstèmes  pour  comprimer  un  fléon  qni 
sq  pçopsge  faute  de  répretsions  eflteacos. 

De  teut  temps,  et  surtout  a  Paris,  on  a  ramassé 
4f|00  les  mes  des  individus  frappés  comme  d*nn 


»■!' 


■*<M 


^)J*flMjiéli«,mt7Sf9  mmwÊtmÊmî  on  |cqalmlil»ri 
fmdtMteM4K|ftlité  avait  fiit  K>nir  des  pritootife 
d-émal  vilt*  de  toa  apanitxc,  ce  qui  y  rrtUit  de 
brifindt  pour  let  attirer  à  P^rlf  (i). 

I. 


TIHES    DES    AJICBIVES.  OA 

coup  de  foudre.  On  portait  leur  corps  à  l'hôpi^ 
lai,  el  l'aulopsie,  lonjonrs  secr?'(e ,  constatâtl 
Cfu'ils  étaient  niorls  de  faim.  Ceux-là  ne  sont  pa* 
des  mendians;  mais  ils  font  conceioir  anit  ini  ■ 
criidules  la  possibilité  de  mourir  de  faim  an  rtt'- 
lieu  d'une  population  de  huit  cent  mille  âme^î 
Des  suicides  fréquens  ont  proii'vé  des  misères-. 
inconnues  auxquelles  la  fierté  se  résigne  plutât 
que  de  mendier.  Faire  envie  plutôt  que  pitié  ( 
c'est  la  maxime  du  peuple.  Les  voleurs  déter.* 
minés  voient  eux-mêmes  les  mendians  avec  nié* 
pris;  mais  l'administration  ne  peut  rien  savo^ 
de  ces  plaies  obscure.'i.  ^ 

£o  1785,  M.  de  Malesherbes ,  étant  dans 
•on  carrotw  arec  roadune  de  Staél  ^  iiiUit  éaW 
•er  Buc  '  la  place  Vendôme  lÀi  niaénbltf^^'ii^ 
ne  put  se  ranger  à  temps  et  qui  fiit  lancé'fM* 
terre  du  cboc  des  chevaux  ;  il  ployait  sur  ses 
jambes  quand  ou  le  ramassa,  et  sa  pâleur,  soir 
tremblement,  son  haleine  fiévreuse,  tirent  crier 
au  cocher  que  cet  homme  à  coup  sïir  se  mourait 
d'inanition.  Le  moribond,  se  redressant  avec 
colère,  repoussa  le  cocher,  et  répondit  d'un  ton 
exalté  qu'il  sortait  à  l'instant  du  cabaret.  U  es- 
saya même  de  tourner  l'effroi  de  ce  domestique 
en  ridicule;  mais,  au  bout  de  trois  pas,  une 
pierre  heurtant  ses  pieds ,  il  fit  une  chute  nou- 
velle ;   el,    pendant    son    évanouissement,    on 


troRVil  dUiu  M  pocht  uaê  wéémmÊÛmm  éê 
ppf  4|ui  donna  son  adreiM^  IL  èê  MileAcrim 
KfMilttt  le  raÎTra.  Use  femme  nne,  es? eleppée  éi 
tV9u  créatures  aaos  facehnâmiiief  illeniieil  k 
mfjheoreoi^  dana  iin  grenier  de  laGiUi  lew  ae 
çlpsinw^raBt  comme  dea  apectree  ea  demandait 
dn  pain*  Le  père  el  les  enfima  n'aMient  pea 
miPK^  dep  aie  iroia  jonra .  Da  divapiègeni  el  plan» 
fjyrepit  à  chaadea  larmes  ipmnd  on  ienr  El  Ta»» 
ni4li0f  lent  leur  ergoeU  ae  eenlail  fcnmiKéi  fia 
repoeamient  ka  offiree,  et  parlaient  de  « 
lie  père  evona  qu'il  était  aorlt  depnia  le 
dana  rinlention  de  commettre  nn  irelf  mnia  le 
esMnr  Ini  avait  manqué  Tingt  fob  :  e^liÉt  ^  da 
tmtm^  MA  homme  énergique»  et  le  piéé  lui  pn*- 
WMifwit  une  insulie.  Cette  rencontra  les  pnitn 
henhenr;  on  remploya  pour  dea  eimeee  ÉMflm. 
M.  de  Malesherbesy  une  fois  sur  eelln  ireiney 
Tmdut  le  aniwe.  11  e'introdaiait  ehes  «en  iMde 
de  gène  dn  veiainage  et  dea  fiinboufga.  B  diaait 
elem  qne  le  pejp  îgooreit  ee  dnaèra*  Bemeenp 
de  délita  de  peu  se  commettaient  âusÉ  dune  en 
tempe«>la,  et  les  délinquans»  amenée  datant  lue 
oemmisaairm  de  quartier^  avouaient  qu*ib  a'é^ 
taient  fiût  mettre  au  cachot  pour  menger  de 
la  aoupe.  Dana  les  années  de  di«cL!e,  l'incar- 
<:ération  de\î«nt  d'oriliiiairc  le  Kystcoie  d'onc 
fenlc  de  gens  qui  se  foui  aduistire  de  cette  f.iron 


TiAÉs  ras  A^^^ioiq».  M 

toia.  J^  «éiririté  des  régkmeM  sa  ttoimiki 
paissante  dès  que  le  peqple  s'en  méle.i 
qu'il ^jm^pfithise  avec  ces  iofarhjiaep  «injkssaittfes 
sieonas  U  plupart  du  len^^s.  La  légiahlMni^ii 
donc  sei^xnameus  de  silence  et  nepisiit  U^}fimtlS 
préTaloir.^U  n'est  même  pas  toujoujpf,  poseîUlf f 
en  prisoD ,  de  fournir,  du  tn^i^  ^  cef  spi^ff^fU 

gepf  qui  mi  savent  que  ^erUfnes  prc^fiasKÎiailf  9  il 
qni  ka  si|i^  iifftmd»  pâT!^ 
sage  dea^  4^ts  ^t  abandonné  k  T^jMtvfÛM^  dai 
chelaet  des  ^our^eois,  toiy oui»  plut  intéreaséq 
à  splfiider  sur  les  apprentia  que  Ton  pe  p^it,  f9$$ 
que  sur  les  0HVjriei;s  que  Von  paie*  Lan  htmttmf 
danannant  jûnai  des  «i^hints  4a.  rdmiy  aw4» 
tant  dans  les  états  ok  l'on  peut  ranplacer  iaar 
meroenaires  par  des  inventions  et  des  pvdaédéa' 
plus  rapides. 

En  législation  comme  en  administration ,  on 
a  toujours  distingué  les  pauvres  d'avec  les  ibei^' 
dians,  les  valides  d'avec  les  non  valides,  lesiA- 
digens  sans  secours  et  sans  ouvrage  d'aveo  les* 
m<!ndians  d'habitude  qui  se  font  une  sorte  de*' 
profession  de  la  mendicité;   mais  la  mendicisé^ 
n'a  pu  compter  au  rang  des  professions,   et  la 
distinction  établie  par  les  réglemens  n'a  jslnbàîs 
été  bien  observée.   Sans  cesse  il  y  a  eu  uA  mé- 
lange de  bons  et  de  mauvais  pauvres;  ces  der- 


7  s  mbioiiucs  mSTOfttQincs 

wtft  «iilèTeiit  une  portion  des  amnônet  qui  tle- 
Wttonl  être  nniqaement  appliqnées  au  mu 
nallieur. 

Une  sage-femme  du  faubourg  Saint-Antoine 
lut  un  jour  appelée.  C'était  en  hi^er.  Elle  trovra 
dans  les  douleurs  et  sur  le  carreau  d*un  mé- 
dhant  grenier,  la  femme  de  celui  qui  Yenut  la 
^piérir.  Une  paille  infecte,  une  couirerture  trouée 
eomposaient  avec  de  chétifii  ustensiles  de  cui- 
sine, tout  nuTontaire  de  ce  misérable  intérieur. 
La  cesur  saigna  à  la  sage-femme;  eHe  fit  ap- 
porter au  plus  vite  par  sa  fille  pn  lit  de  sangle  et 
un  maigre  matelas ,  puis  du  Knge ,  du  bob  et 
quelques  bouillons.  On  fit  encore  une  quête 
d«is  la  qmurtier.  Le  temps  fini  des  visites  ordi- 
naires ,  vitttes  faites  régulièrement,  moins  pour 
se  conformer  h  la  routine  que  par  bonté  deessur, 
le  mari  demanda  ce  qu'il  devait. 

•~  Mon  Dieu  I  mes  brares-gens ,  oo  que  ipous 
^awdrsa ,  dit-dle. 

GeHe  jactance  Tétonnaif .  Par  derrière  un  pot 
à  beurre,  le  goujat  alb  prendre  un  mauvais  bas 
rempli  de  pièces  d'or  et  d'argent  qu'il  fit  ré- 
sonner sur  le  lit  en  le  vidant. 

-^  Et  vous  laissiez  votre  femme  manquer  de 
tout!  lui  dit  la  sage-femme  en  colère. 

— >  Oh  !  reprit-il ,  c'est  pour  nous  acheter  du 
dans  le  pays  ! . . . 


TMÉS    DES   ABCHITU.  ^3 

Cet  homme  mendiait  sur  les  boiilevarts. 

Un  antre  couvert  de  plaies  qu'il  faisait  dispa- 
raître il  son  gré  par  des  procédés  a  lui  connu», 
«e  Ivadait  tous  les  ans  en  Franche-Comté,  dana 
une  carîole ,  pour  aller  faire  ses  vendanges.  It 
s'était  de  b  sorte  amassé  quatre  bonnes  mille  li- 
Tres  de  rente.  Les  protections  ne  lui  manquaient 
pas,  parce  qu'il  cédait  quelque  chose  de  son 
gain  à  des  subalternes  de  la  police  qui  le  favo- 
risaient, n  portait  toutes  les  pièces  justiKcatives 
nécessaires  qui  constataient  ses  droits  h  la  pitié 
publique. 

11  a  encore  existé  dans  tous  les  temps  des  men- 
diansqui,  par  les  amas  qu'ïb  font  des  charités 
par  eux  ainsi  dérobées,  nuisent  ^  lenr  circulmon 
et  bonne  application.  On  en  citait  tous  les  ans , 
à  Piaris,  bon  nombre  à  la  mort  desquels  on  arait 
trouvé  des  trésors.  11  y  en  doit  avoir  encore  à 
présent.  Si  ces  sortes  de  mendians  ne  sont  pas 
aussi  dangereux  qvie  les  vagabonds,  ils  sont  per- 
nicieux à  l'indigence  véritable,  et  rendent  la 
pitié  plus  circonspecte. 

Tous  les  ans ,  une  somme  considérable  ,  ordi- 
nairement en  menue  monnaie,  se  trouve  sous- 
traite il  la  circulation  et  paralvséc  an  fond  des 
lacheltes,  au  lieu  de  servir  h  l'alimentation  de 
l'industrie  et  dn  trnvail.  Midliplîez  celte  somme 
par  le  chiffre  prcsiuné  des  mendians,  et  le  total 


gf4  MMOlilES   HISTORIQUES 

▼ont  effinien*  Les  déteAtanrt  de  cet  dobt  Murî- 
chistecreUf  jai£id*ttn  ordre  noateau  »  n'en  pour- 
risient  pas  moios  dans  une  crapule  indigne , 
«ptea  ennemii  d'eux-mêmes,  habitucUemeiity  pour 
se  refuser  toul ,  en  se  créant ,  à  force  de  larmes 
et  de  prières,  des  ressources  futures  dont  ils  n'a* 
swont  jamais ,  car  leur  aTarice  s'exagère  avec 
rage.  Tout  Paris  se  soutient  de  Thistoire  de  ce 
marchand  de  bric-à-brac  4^  pont  Saint-Mklielt 
qui ,  pour  se  chauffer ,  sur  la  fin  d'un  kîrei 
rade ,  et  n'ayant  plus  de  bois,  tonlnt  mettre 
pièce  un  yieux  meuble,  acheté  lors  dn  dicèa 
d'une  pauvresse  ifoà  demandait  Tauméne  sur  les 
degrés  de  Saiot-Roch,  et  que  l'on  avait  tramée 
morte  de  firoid  et  d'inanition  dans  sa  rhamhra  ; 
cette  fin  tragique  était  bien  de  sa  fimte.  Lespieih 
d'une  vieille  table  avaient  été  cransés,  par  elle, 
dans  toute  leur  longueur,  et  contenaient  ém 
rauleanx  de  pièces  d'or ,  qu'un  jeune  Pieaidt  no- 
veux  de  la  défunte ,  conmiissionnaira  an  coin  de 
la  rue  Saintonge ,  revendiqua  sur  le  brait  de  In 
découverte.  L'honnâtc  marchand  lui  remit  tout  ; 
la  somme  totale  se  moulait  à  huit  cents  louis.  On 
peut  présumer  que ,  dans  une  foule  de  circon- 
stances analogues ,  de  semblables  cufouissemens 
n'ont  pas  été  découverts.  L'avarice  de  la  plupart 
de  ces  détenteurs  d'anmunes  les  réduit  a  une 
miscrc  plus  grande  que  i*on  peut  imaginer  }  ils 


te  méÇwpt  d'eax^mêiaQi  çt,««  iietireiit  jp^u'9i^[ 
mcorçMin:  de  la  bouche.  l/efUnuaiM^n  oéré^^a^ 
dans  laguelle  ils  tombent  »  par  saUe  de  cea  fp^-i 
Talions  t  en  a  fait  porter  bop  noml)ir9  à  Vbopil^i 
et  qui  soiit  morts  en  criant  q^u'on  ^pulaît  W.T^lwt 
mak  sans  indiquer  les  trous  où  ih^cacbaîe^t  loiiiff 
économies.  En  vain  Ton  faisait  des  fouilles^  aprèff 
une  enquête.  On  en  citait  dep^  ou  trois  et^iïMîJtf 
très  coapfis  de  la  poliee^  qiû^prâtaîenfc  à  la  gttisse 
Bsai€  do  la  peUte  semaine^  e|  quî|  pour  d<M  tovoM 
dicationsde  li^ds,  ne  craig^aiaot  pas  dafiiire  aiN 
sigwfr  de  véritables  pauvres  diablea.  Leurs  Irééoft 
n'ont  jamais  été  trouvés.  Toutefois  les  ëatrinraféii 
tonejbent;  le  faste  dés  mendians^eli  cerf ifiniwr  efW 
casioB$9  touche  de  pris  à  la  prédigatké  f  dk  lièQs 
cîtoroiis»  pfow  mettre  ee  fasiie  en  Immère^  m^ 
rapport  du  siettr  Yincenli  agent  de  police^  sur  le 
dinar  que  rétat-majot  de  la  confrérie  des  men*-' 
dians  de  la  capitale  donna ,  dans  l'année  1 786 , 
chez  un  marchand  de  vin  de  la  rue  SainUJacques. 
tf  — Je  me  suis  transporté  chez  le  sieur  Drouet, 
cabaretier,  près  de  TEstrapade.  Il  avait  fait^ 
dès  le  malin  9  enlever  les  cloisons  d'une  salle 
basse  9  dont  les  fenêtres  grillées  donnent^  sur  le 
clos  des  Génovéfains.  Une  table  en  fer-à-cheval , 
large  et  clouée  sur  de  puissans  tréteaux,  se  trou- 
vait disposée ,  chargée  de  près  de  deux  cents 
couverts.  Le  sieur  Drouet ,  (juc  je  connais  de 


s 


76  HXMOiiiis  nnoiuQOis 

longue  date ,  consentit  2i  tttitGûre  ma  corioailé 
et  me  fit  passer  près  des  commissaires  ordonna- 
teurs du  festin  pour  un  de  ses  nereui  ;  en  cette 
qualité,  je  dus  mettre  la  main  aux  accessoires  du 
senrice,  afin  que  mon  cmcle  prétendu  vaquât 
librement  aux  soins  de  la  cuisine  «  ob  dix  aides  , 
appelés  pour  ce  surcroit  de  besogne  »  sTagitaient 
dans  une  épaisse  fiimée. 

«Une  loueuse  de  cbaises d'un  jardBn  puMic  aurait 
fourni  deux  cents  tabourets ,  et  Pon  avait  fouiHé 
dans  Tarsenal  des  théâtres  foraina  h  l'efet  de 
tapisser  les  parois  de  cette  care ,  dont  la  vétaaté 
disparaissait  sous  un  bariolage  de  décoralions 
bétéraolites;  des  potences  de  bois  simulaient  çb 
et  la  des  candélabres,  et,  comme  autant  de  |kN- 
gnets,  portaient  des  régimens  de  ciiandelles  qne 
messieurs  les  commissaires  moucbaient  fort  les- 
tement avec  les  doigts.  Malgré  les  temples  et  ke 
caacades  des  décors  tacbés  de  graisse ,  rien  ne 
fiiisait  présager  encore  le  luxe  dont  on  m*avait 
promb  Tétalage.  A  la  vérité,  messieurs  les  pau- 
vres de  Paris  ne  donnent  pas  dans  ces  babiolee, 
et  comprennent  beaucoup  plus  le  faste  de  Tee» 
tomac  que  la  prétinlaille  des  omemens.  Les  vins 
furent  dégustés  Tun  après  l'autre ,  patiemment  ; 
et ,  malgré  ma  fatuité  de  connaisseur  et  Tastuce 
de  mon  très  cher  oncle  qui  chicanait  sur  les  qna* 
lités  et  sur  les  âges .  je  fus  obligé  de  rendre  des 


TIRES  DE8  Am^mvM.-  77 

poînts  èvMft  gourmets  éçnéfHiit^ttî  H^iKsiSl^tà-^' 
rent  çamai0  une  assemblée  de  roÎMur  b^  dlof  det 
diveis  pays  et  sur  les  procédés  des  particuliers  et 
des  marchands ,  dans  la  falsification  de  leurs  den- 
rées^ les  liouteilles  suspectes  furent  écartées  et^ 
remplacées;,  on  aura  pu  les  vendre  à  des  bour- 
geois. C'est  parmi  ces  fins  déguetateqrs  qu'il 
iaul  preodre  les  surveillans  des  cabiretieii.  Les 
vins  acceptés  furent  rangés  en  pyramide  dims 
un  coin ,  et  Ton  ne  les  perdit  pas  de  Tue*.  Oa 
chargea  les  tables  de  fnan^dises;  le  déploiement 
des  horsp-d'œuyres  me  donna  de  Tappétit:  $t^^: 
dines  I  anchois ,  olives^  mille  délicatessef  ,d9  l|l 
saison^  dés  pâtés  de  venaison  tout  chajudSf  qui 
jetaient  un  fumet  exquis;  des  chapofis-de  la 
Bresse,  des  gigots  musqués  de  cette  petite  pointe* 
d'ail  dont  Tcau  vient  a  la  bouche  rien  qu'en  y 
songeant  ;  des  forteresses  de  côtelettes  désossées 
el  poudrées  de  fine  chapelure;  quelques  hures  de 
sanglier  dans  leur  gelée  crénelée  comme  une 
forteresse  ;  des  saladiers  remplis  d'oranges  de 
Portugal,  coupées  par  tninches ,  baignant  d'eau- 
de-vie  ;  bref,  tout  un  assortiment  de  dessert 
comme  dans  les  galas  de  THotel-de-Ville  pour 
les  élections  des  échevins,  chargeait  a  la  fois 
cette  table,  tandis  que  Ton  marquait  les  places 
avec  un  soin  que  Ton  n'a  pas  toujours  dans  les 
meilleures  maisons  de  Paris.  Un  ordre  merveil- 


^8  mfafom»  ■STORiQues 

levft  M  iiinit  Comprendre  dam  les  dîslrib«li«m 
de  ee  pêle-mêle.  Dnmet  me  6t  sentir  que  noi  ne 
détail  -am«ler  ii  ce  festin  qne  les  élus,  et  que, 
pour  cet  eflct,  on  dcYait  servir  tout  a  la  fois,  je 
vis  qui!  me  faudrait  déguerpir.  Les  précautions 
prises  pour  qu'il  ne  se  glissât  pas  d'intrus  parmi 
les  convÎTes  étaient  extrêmes ,  et  consistaient  en 
certains  mots  de  passe  auxqueb  on  devait  en  ré- 
pondre d'autres  qui  se  succédaient  comme  des 
numéros  d^ordrc.  Sur  une  table  particulière, 
dressée  an  centre  du  fer-k-cheva!  que  formait  la 
table  des  convives,  on  plaça ,  quand  vint  le  grw 
de  rassemblée ,  des  soupières  enveloppées  avec 
soin  pour  que  leur  cbaleur  ne  s'évaporH  pat. 
Je  n'ai  pas  pu  deviner  ce  que  contenaient  ces 
bienbenreuses  soupières.  Mais  3i  la  grimace  de  dé- 
lectation qui  gonfla  toutes  ces  figures  de  bandila, 
k  leurs  yeux  étincelans  comme  des  escarbon- 
des ,  je  compris  qu*on  était  satisfiiit  du  cabave» 
tier.  Quatre  cocbons  de  lait ,  dont  les  entraiBea 
étaient  recousues ,  devaient  contenir  également 
den  merveilles  gastronomiques  dans  leur  inté- 
rieur. Les  invités  cependant  arrivaient  coup  tnr 
coup  ,  se  groupaient  y  se  félicitaient  ,  s'inté- 
ressaient Tun  à  l'autre  ;  quelques*uns  vinrent 
en  fiacre.  Je  reconnus  I^  des  gourgandines 
qui  se  tiennent  3i  la  porte  des  églises ,  parées , 
bichonnées  «  décrassées  pour  co  jour»I3^ ,  et  que , 


•mtS   BtS   ARCRITtS.  jg 

dans  tout  «Btre  temps  ,  on  né  totfcfaerrfil  iiëiti/l- 
ncmcnt  pas  avec  des  pincettes.  II  fallait  voir  la 
tnélamorphosc  pour  y  croire  ;  les  estropiiis  Étaient 
en  fori  grand  nombre;  on  n'a  pas  plus  de  cîvi- 
vïtilés  dans  les  fiiçons  chez  les  riches  bourgeois 
de  la  rue  des  Lombards.  Le  Irait  caractéristique 
de  U  plupnrt  de  ces  physionomies  (îtaîl  un  re- 
gard perçant  et  moqueur.  Quelques  aveugles  fu- 
rent amen«!s  par  leurs  soi-disant  filles,  squelettes 
liés  au  sort  de  ces  braves  gens,  pour  l'intérêt  de 
leur  commerce ,  et  sur  lesquelles  un  carabin 
prendrait  des  leçons  d'ostéologie  sans  avoir  be- 
soin de  les  faire  écorcher.  Du  reste ,  il  faut  que 
ce  «dt  leur  acabit  naturel ,  car  lorsqu'il  fut  ques- 
tion de  déplacer  une  des  longues  tables,  pour 
établir  un  courant  de  circulation  entre  les  ta- 
bourets et  les  murailles,  quatre  de  ces  momies, 
dont  les  articulations  semblaient  devoir  se  dis- 
joindre an  moindre  choc  ,  soulevèrent  le  massif 
ïTCC  une  prestesse  dont  on  ne  les  aurait  pas 
crues  capables.  Bes  mendians  galantins  apportè- 
rent des  ûeurs  qui,  bientôt,  sur  le  corsage  de  ces 
dames,  jurèrent  avec  leurs  figures  rancies  et  re- 
vêches  ;  leur  sourire  de  remerciement  aurait  fait 
fuir  le  diable  ,  il  m'ôta  l'appiîtit.  Les  pralines  et 
tes  bonbons,  les  pastilles  ambrées,  tes  Kqtteurs 
pour  s'ouvrir  l'estomac  ,  circulèrent  au  choix  des 
invites;  et  deux  clarinettes  donnant  le  signal, 


8o  MÉMoiiiis  nfxoMQimi 

car  cas  tnlkrd*4a  onangemat  ao  $on  dca  iaalm* 
OMM^  lea  coouBiiiaires  me  firent  dégoerpir  vmc 
les  aoiret  gens  de  service.  Oo  ferma  soignsme 
ment  les  portes  ;  le  sienr  Drooett  avec  qm  je  re* 
nouai  plm  amplement  connaissance ,  en  jngeaal 
quelqiies-nnes  des  booteilles  mal  à  propos  dé- 
clarées suspectes  et  qni  se  laissèrent  hoirs,  m'ap- 
prit qne  chaque  convive  payait  par  têtola  sommo 
de  sis  litres,  sans  compter  les  liqnenm  tt  le  caft» 
Les  princtpanx  gueux  de  Paris ,  la  hanlo  dasso 
des  mendians,  connus  pour  les  pins  huppés» 
protégés  par  les  dévotes  de  M.  rarchevéqna  do 
Paris,  dont  ik  sont  les  courtiers  et  les  espions, 
font  de  ces  solennités  quatre  fiiis  par  an ,  rare* 
ment  dans  le  même  endrmt  deus  tm  do  suite; 
ils  ne  manquent  jamais ,  au  préalable ,  d'envoyer 
des  commissaires  chargés  de  déhaHre  ks  prix. 
Malgré  toute  leur  finesse,  on  les  attrape  enoore. 
n  est  probable  que  »  dans  ces  r^as,sra|plantlm 
grands  intérêts  du  métier,  les  conventions  pour 
interdire  de  force  ou  de  gré  la  place  k  des  de- 
mandeurs qui  ne  sont  pas  de  la  confirérie.  Ole 
sait  Tart  d*écraser  un  (aux  firère  et  de  Texpuleer. 
Je  dois  me  trouver  avec  un  de»  commissures,  ot 
si  c*est  Tîntontiou  de  M.  le  lieutenant  de  polioe» 
en  ma  qualité  de  joueur  de  flûte,  j*espère  obtenir 
la  faveur  d'assister  en  personne  à  Tune  de  cea 
prochaines  bacchanales.  » 


TIRÉS    DES   ARCHIVES.  8l 

Au  nombre  des  rases  nombreuses  de  la  men-* 
dicité  systématique  qui  surprennent  la  pitié  des 
passans,  et  qui,  pour  la  plupart,  sont  racontées 
a^ec  une  Terre  souvent  exagérée  dans  le^Gusman 
d'Alfarache  de  Lesage ,  il  ne  faut  pas  oublier  un 
fait  <pie  cet  auteur  a  connu  sans  doute,  mais  qu'il 
n'aura  pas  voulu  citer  de  peur  de  sortir  de  son 
élan  habituel  vers  les  récits  comiques.Un  jeune 
ménage  d'ouvriers  éventaillistes  logeait  dana^la  . 
me  Beaubourg  et  se  montrait  justement  fierdHine 
très  jolie  fillette  de  quatre  ans ,  l'idolâtrie ,  le 
joujou,  la  nierveille  et  les  amours  de  tout  le 
quartier.  On  nommait  cette  belle  enfant  la  petiu 
bUmde.  Alerte,  rieuse,  espiègle,  on  citait  sea, 
malices  ;  on  mangeait  de  baisers  ses  petites  cou^ 
leurs  ;  jon  se  faisait  un  plaisir  de  lui  donner  des 
cadeaux  de  toutes  parts,  et  ses  parens,  par  suite, 
avaient  la  vogue  dans  leur  état.  C'était,  du  Veste, 
un  bon  ménage  et  méritant.  A  la  sortie  d'un  feu 
de  joie  donné  par  la   ville  sur   le   port   de   la 
Grève ,  le  père  et  la  mère,  qui  s'étaient  fait  un 
plaisir    de   montrer  la   bravoure  de  leur  fille, 
furent  débordés  tout  à  coup  dans  une  rue  mal 
éclairée.  Violemment  séparés  Tun  de  l'autre  à 
Toccasion  d'une  alerte  qui  survint ,  ils  se  jetèrent 
hors  du  courant  de  la  foule.  On  criait,  on  hur- 
lait, on  jetait  des  pétards.  La  mère  avait  vu  son 
mari  s'emp;ircr  de  Tcnfant;  \c  père  avait  vu  sa 

Ml.  b 


ià  MIMOIRCS    llIfTOIIIQtmS 

femniie  s'emparer  de  leur  6Ue;  cependant  ils 
élaie»!  inquiels.  Quand  le  torrent  de  manraia 
anjels  qui  Tenait  de  mettre  ainsi  le  désordre  an 
■ûUeu  des  bourgeois  se  fut  éconlé,  les  deoi  époux 
•ccowMrent  l'un  a  Tautre.  Jngts  de  knr  déses* 
fùêM  :  une  donUe  erreur  los  avail  abntés  ;  on  ve- 
mtôk  de  leur  enlever  la  petite  blonde.  Tons  dens, 
apeès  s'être  tordn  1^  mains  et  confondus  en 
rqprodies  au  milieu  du  peuple  qui  s^ansaosUf 
coururent  de  droite  a  gauche,  s'erténnèrent nn» 
peès  des  antorités ,  prirent  des  renseigneHipM , 
firent  la  besogne  de  vingt  agens  do  pelicti  #n 
no  voyait  qu'eux  partout;  ils  n'avaient  qufWe 
pensée ,  ne  cherchaient ,  n'écoutaient ,  ne 
laient  rien  que  leur  fille  :  ik  se  déiespéini 
entraient  en  cenvulsiims,  n'entendaient  |paa 
vivre  à  ee  asalheur.  Le  lieutenant  de  peUce 
hUme*  fisrt  leur  imprudence  de  venir  mx  Atee 
publiques  avec  un  enfant;  ce  qui  revient  b  dire 
que  les  lleutenans  de  peUce  ne  devraient  janude 
tolérer  de  fttes  publiques ,  ou  savoir  mieux  les 
ordonner,  ce  qu'ils  ne  sauront  de  long-^tenqpe. 
Les  recommandations  expresses  des  babîtans  de 
la  me  Beaubourg  abondèrent  de  toutes  parts; 
chacun  souscrivit.  Une  récompense  énorme  Ait 
promise  à  l'inspecteur  qui  retrouverait  Tenlant. 
Le  aèle  fut  stimulé  par  tous  les  moyens  possible, 
et  cet  événement  devint  l'entretien  du  jour.  Six 


TIRÉ^   DES   AMRIYÏS.  i$ 

semaines,  six  mois  se  passèrent  pourtant  tàÉi 
qu^if  At  possible  (tfaToir  lé  plue  I^èir  indice/ Si 
Fattention  publique,  qu'un  rien  distrait ,  M 
inaintint  sûr  cet  événement ,  c'est  qiie  lé  père^ 
à  la  suite  des  reproche^  sanglans  dé  èa  fen^mé  el 
dans  un  accès  d'exaspération,  si'otivrit  tu!*mêlif6 
1^  S^^^  ^  coups  de  rifsoir.  On  le  sauta  de  eefttf 
futetrr;  mafs,  eii  peu  de  temps;  !ft  paii^M  mèlhB 
dépérit  et  ne  fbt  bientôt  ^ûe  Pomk^  âW»^ 
méime.  Sut  quelques  in^cèé  de  tàift  dèHt  ^ 
accusait  de  riches  KberHns  de  boniie  iMAmm^ 
et  boâitiie  on  Tenttit  de  trouTér  le  eofpa  de^  àmm 
jetuokls  enfants,  scandaleusement  outrayélr  «i 
^és  depuis  huit  jours  ewiron  dans  litfè  #tjf  itrf^ 
ries  situées  au-dessus  du  coûtent  des  MinlilMiÉ , 
lis  père  dut  assister  un  jour  à  TautopiSe  ê^  éëé 
tristes  victimes  de  la  plus  obscène  brutalité.  L'i^ 
dentité  ne  pouvant  se  constater  facilement,  on 
resta  dans  Tincertitude.  Ceci  tint  réventailUste 
une  partie  de  la  nuit  près  des  gens  de  Tart.  L'é- 
motion, rhorreur  du  spectacle,  le  dégoût,  lui 
donnèrent  une  fièvre  ardente.  Des  symptômes 
alarmans  firent  croire  qu'il  allait  devenir  fou. 
On  lui  prodigua  des  soins  ,  et  l'on  hésita  sur  les 
moyens  d'avertir  sa  femme.  Elle  ,  sur  les  cinq 
heures  du  matin ,  ne  le  voyant  pas  rentrer  après 
avoir  attendu  toute  la  nuit,  vint  a  réfléchir  que 
la  veille  son  mari  s'était  montré  plus  soucieux 


84  MÎMomcs  iiKiomgixs 

encore  que  d*habilode,  et,  tur  celle  donnée, 

beilii  les  champs.  Des  ToUins  Tescorlërenl  en 

dépil  de  ses  supplications  :  on  craignait  quelf|ues 

lésolutions/désespérées ,  d  aatant  qu'elle  s'eias- 

pérail.  C'était  un  miracle  qu'elle  pût  marcher 

seule.  Dans  la  rae  du  Cloitre-Saint-Médéric ,  a  la 

pUceoii  Ton  arait  ravi  l'enfant,  cette  sureicita- 

lîw  tomba.  Ses  forces  rabandonoèrent  ;  elle  se 

laissa  choir  sur  les  pavés  qu'elle  embrassa  vinf;! 

(ms  v  parce  qu'ils  avaient  été ,  disait-elle ,  sancti* 

Çéa  par  les  pieds  de  sa  611e.  Elle  appehii  la 

WBm%  9  elle  priait  Dieu  ,  elle  voyait  sa  611e  parmi 

ba  anges.  C'était  un  spectacle  à  fendre  Time;  et 

des  maraichers  de  Villeneuve-Saint-Geoi^ ,  des 

daiWfM  de  la  halle  qui  se  rendaient  a  cette  heure 

9iix  Innocens ,  s'oubliant  autour  d'elle  et  n'osant 

U  consoler,  sanglotaient  à  chaudes  larmes  près 

4ili  cette  femme  qui ,  dans  sa  volubilité  déchi* 

nnle.t  leur  contait  avec  un  accent  veni^d*  cseur 

les  gentilloMes,  les  mots^  les  manières  de  sa 

qhère  petite. 

^  Tout  est  objet  de  souvenir  dans  la  pensée 
d'une  mère ,  et  personne  mieux  qu'elle  ne  pou- 
vait tracer  un  signalement  avec  cette  énergie. 
La  nuance  particulière  des  cheveux  de  sa  petite 
et  leur  bouclure  abondante,  un  signe  brun  au- 
dessous  de  l'œil  droit;  les  ongles  tins  et  trans- 
parcns  comme  ceux  d'une  véritable  main   de 


TIRÉS   DES   ARCHIVES.  tS 

marquise,  car  on  en  avail  pris  un  soin  ezyréâëf^ 
une  fosselie  au  menton ,  se  dàtthant  cdoeimei 
un  triangle;  le  pli  particulier  de  sa  bouche;  alorsf 
que  la  mutine  enfant  abusait  arec  coqucttefMc 
de  son  autorité  sur  ceux  qui  l'aimaient ,  c!est<^)H^ 
dire  sur  tout  le  monde ,  elle  détaillait,  elle  îm-' 
mait  chaque  trait,  les  gestes,  la  Voix  et  juë^fttf1i> 
ses  colères;  on  Técoutait,  on  croyait  Voir  Fèth^ 
faut.  Chacun  pleurait  et  n'osail  atrêter  céit# 
douleur.  Enfin ,  on  vint  FaVertir  du  retour*  de^ 
son  mari.  Deux  forts  de  la  halle  se  ehargèrenlf 
de  ramener  la  mère  chez  elle ,  et,  pour  lui  ren-j 
dre  plus  de  calme,  ils  lui  jurèrent,  en  présenov 
de  plusieurs  de  leurs  camarades  attendris  coimnef 
eux,  de  redemander  la  petite  blonde  à  Dreu.efc 
à  ses  saints,  de  se  consacre^  dès  ce  mom'enl  i( 
cette  recherche;  d'y  entraîner  leurs  amis,  d'y 
dépenser  leur  peine ,  leur  intérêt,  leur  argent, 
s'il  le  fallait.   Puis,  dans  leur  entraînement,  ils 
agitèrent  entre  eux  de  faire  dire  une  messe,  qui, 
^ers  les  dix  heures,   fut   en  effet  dite  a  Saint- 
Euslache.   Le  peuple  a  des  superstitions  de  sen- 
sibilité  qu'il  regarderait  comme  un  sacrilège  de 
ne  pas  écouter  quand  elles  lui  parlent.  Cette 
messe  prenait  le  caractère  d'un  engagement  sa- 
cré; c'était  la  ratification  d'un  serment  solennel. 
Tous  y  assistèrent ,    sauf  celui  qui,  le  premier, 
avait  mis  la  chose  en  branje;  circonstance  qui 


M  MJanww  ■iifiouQns 

fkjiÉif  MT  n  fnmihn  dialmur^  tonibée  a  Tita 
Êftèê  tant  d'étalage.  Cel  kommei  moint  ceopt* 
U»  fo'Mi  »t  fe  croyidty  tTail «m  cMrariHiaftt 
WÊjfmUmtfêk  noiplîr  daMleTokinagi  do  Lmem» 
kiofl^  «I  il  »t  comptait  pat  svr  «a  maadîl  re- 
tapd  fiMlaiail  hMi  de  lui-aaêaM.  U  calcnUil  le 
taa^  «pi  lui  ratait  encore,  et  penaait,  maia  à 
levt»  (ooreir  aeeoerir  k  propoa.  Kwoaflé  de  aa 
eewae  9  e»  panant  anr  le  PonvMenf ,  il  enlendil 
nieaae  caffiHennet  à  la  Sanunlaine.  U  était  trop 
t^prd.  La  pensée  de  cet  heaaaae  int  qoe  ceci  Ini 
t  aaaihenr.  Sor  lea  mafiAea  dn  cariiloav 

el  tenait  enteloppé  dana  nne  confetftut» 
enfital  qw  plennit  arec  des 
Sona  la  daminatiott  desa crainte 
li  fini  de  la  Ule  Wgajra  one  prière,  et  jeta  de 
Ï^BMift  il  lé  wandjinaa^  en  regardant 

qnt  lai  rappelait  l^artrt.  U 
lordMn  enipeleppait  lea 
de  e«Mo  petite.  Le  signe  an  disseaa  de 
y«il  resté  libre,  le  pli  de  la  bencheqne  la  asère 
Sffait  dépeint,  notre  honnne  cmt  voir  et  vît  cela. 
Maia-sena  eea  haillona ,  «ans  la  ceiileiit  biae  et 
tannée  de  la  nuaère ,  et  n'avisant  pas,  graee  à  l'en» 
^fdoppe  de  laine  «  les  joKs  cheiren  dont  il  avait 
fesprit fifappé ,  il  se  méfia  de  rinvincîUe  obsci* 
sien  ipn  VeaAaainatt  malgrô  lui ,  fil  quelques  pas 


•    TIRÉS   DES   ARCHI\'ES.  8^ 

ave£  honte,  revint  à  la  charge,  hésita ,  elpenk-êUt^ 
se  serait  éloigné ,  si  ces  mouvemens  contraires 
n'eussent  semblé  mettre  martel  en  têle  k  la  wi* 
sérable  qui  vouhit  aussitôt  quitter  sa  place.  L'în* 
vraisemblable  est  ce  qui  se  fait  le  plus  hardi- 
ment ;  l'effronterie ,  après  un  vol,  est  ce  qui  en 
*   cache  le  mieux  la  trace. 

— De  quoi  donc  cette  enfant  a-t-elle  à  se  plain- 
dre? dit-il  à  la  mendiante. 

—  De  coliques  de  miserere ,  mon  &011  mon^ 
sienr,  lui  dit-elle. 

— Et  qu'a-t-elle  à  l'œil  gauche?  P^int^an  If 
voir? 

— Nonl^le  médecin  la  panse  tous  lesjottrs/ 
C'est  un  bouton  qui  ne  veut  pas  abomtnr. 

Des  curieux  s'approchaient  ;  Teffiroi  s'empara 
décidément  de  la  pauvresse.  On  se  communiqua 
des  doutes;  et,  repoussant  le  cercle,  elle  voulut 
se  frayer  un  passage.  Le  fort  de  la  halle  tremblait 
comme  un  coupable. 

—  Pourquoi  fuir?  disait-on  à  cette  femme. 
Restez!  On  ne  veut  rien,  on  ne  peut  rien  vous 
faire. 

Mais  elle  persistait;  il  s'empara  de  l'enfant 
dont  on  défit  les  haillons.  A  son  nom  de  petiie 
blonde  (ju'elle  entendit  prononcer,  et  qui  trouva 
des  échos ,  Tcnliint  parut  oublier  ses  douleurs, 
et  demanda  s;i  mère  ,  avec  des  cris  et  ties  fris- 


88  moêoikms  historiques  ' 

•onDemens.  Ce  fut  un  incfigne  spectarle  qu'eu- 
rent alon  tous  les  tisistans  attroupés  là.  lie  lam- 
beau de  laine  étant  arraché,  on  aperçut  une 
grosse  coque  de  noix,  qui  recouvrait  dans  son 
entier  Fcril  droit  de  la  petite  ;  et  dans  le  creux 
de  cette  noix,  dont  les  bords  blessaient  les  pau- 
pières violemment  distendues ,  \  travers  les  fils 
cfoisés  d'une  toile  d'araignée,  un  insecte  de  cette 
espèce  et  d*un  volume  énorme ,  dont  les  pattes 
et  les  aiguillons  devaient  darder  continuellement 
et  causer  ainsi  des  picolemens  affreux  sur  le 
globe  de  Tcsil;  Tinflammation  se  répandait  sur 
la  joue  en  larges  veines  remplies  de  sang  extra- 
vase.  On  parlait  de  massacrer  la  mendiante,  de 
la  jeter  a  l'eau.  Des  coups  lui  furent  portés.  Les 
finîmes,  hors  d'ellesHaoêmes ,  ne  pouvaient  plus 
se  contenir  .On  se  tentait  atteint  dans  ses  propres 
eofims.  Des  gardes-firançaises  accoururent.  Des 
huées,  des  cris,  des  insultes  accompagnèrent 
Finfame  créature;  et,  sous  la  protection  de  b 
force  publique ,  le  fort  de  la  halle,  qui  oe  voo* 
lut  pas  se  dessaisir  de  la  petite  blonde,  l'em- 
porta vers  Téglise  de  Saint-Eustache ,  tandb  que 
d'autres,  au  courant  de  ce  malheur,  allaient 
chercher  le  père  et  la  mère.  Ce  fut  un  cri  uni- 
versel dans  Paris  contre  lesmendians«  et  l'on 
répéta  sur  eux  les  vieilles  histoires  dont  le  peuple 
a  le  souvenir,  jusqu'il  ce  quo  de  nouvelles  mi- 


I 

TIRÉS   DES   ARCHIVES.  89 

sères»  bien  avérées,  suivies  de  ces  catastrophes 
dont  la  pitié  publique  est  toujours  émue  ,  vint 
réagir  contre  ce  mouvement  porté  a  rextrême. 
La  scène  des  père  et  mère  ne  se  raconte  pas  ;  elle 
se  devine.  Quant  à  la  mendiante,  on  ne  put  lui 
faire  son  procès ,  car  elle  mourut  k  l'Hôtel-Dieu 
d'un  coup  de  pied  qu'elle  avait  reçu  dans  le  ventre 
pendant  la  bagarre.  Elle  tenait'FenfiDt  de  la  troi- 
sième main,  et  n'avait  pas  craint  de  rester  à 
Paris,  en  raison  de  la  facilité  qu'offre  la  plupart 
du  temps  celte  vaste  agglomération  d'individus 
sans  liens  entre  eux  pour  vivre  porte  à  porte  et 
dans  le  voisinage  même  de  ceux  qui  cherchen^t 
toujours  fort  loin  ce  qui  se  trouve  à  leur  portée. 
Après  six  mois  de  recherches  inutiles,  elle  ne  crai- 
gnait rien.  La  petite  blonde  perdit  un  œil,  mais 
n'en  resta  pas  moins  une  très  jolie  fille  dont  les 
anciens  habilans  du  quartier  m'ont  vingt  fois 
conté  rhistoire.  A  Tàge  de  seize  ans,  elle  tenait 
le  comptoir  d*un  gros  marchand  de  vin  de  la  rue 
du  Roi-de-Sicile ,  oîi  je  me  souviens  de  l'avoir 
vue  (1). 

Entre  ces   renseignemens   contrastés,   il  est 


(1)  Celle  histoire  sVst  rcnouveli'j  <l^!!s  nos  demicrs  temps.  Ou 
rimitera  pcr.t-êtrc  encore.  Le*;  f.iutrs  se  rojjieiït  parce  qu*oii 
les  raconte,  el  si*  propagent  de  pUiS  in  plus  à  l'nccasiou  de  ces  ré- 
cidives. Coinmrnl  donc  éviter  ces  infamies  et  en  prévenir  le  re- 
tour ?*  J.  Ptuciir.T. 


go  Mnomst  untmiQUEs 

dificila  et  peal*être  impottUile  de  conclure  et 
âlndiqver  les  moyens  edmànisiralifs.  Dans  Tin- 
lérêl  de  la  sécnriié  générale  et  indiridaelie ,  il 
iint  sans  doute  réprimer  o«  prévenir  la  mcndi* 
eité;  mais  Tiniérêt  indiridoel  du  rérilable  pau- 
irre  ne  saurait  être  méconiin.Cette  partie  de  notre 
l^islation  laisse  étrangement  à  désirer,  et  doit 
ÛsLtt  Tattentien  de  tous  les  liommes  iincères.  Le 
patnrre  est  un  membre  de  la  grande  fiimille }  on 
le  précipite  dans  le  désespoir  et  peuMtre  daM 
la  barbarie  «piand  il  est  abandonné  saM  res* 
sources.  U  fiiut  que  la  cbarité  publique  soU  tons* 
bée  bien  bas ,  pMf  que  le  erime  ah  reeoufs  b  de 
semblables  moyens  t 

Au  nembre  des  irrégularités,  normilee  pour 
ainsi  4m^  dont  il  rérolte  un  nombre  incal* 
culaUe  d'incouTéniens  I  il  ne  but  pas  oublier 
de  porter  en  ligne  de  compte  les  firaudos  son» 
tenues  dans  le  monde  par  les  personnes  qui 
▼ÎTcnt  depuis  long-temps  en  plein  état  de  con- 
cubinage ,  sous  la  rubrique  d'une  union  que 
chacun  autour  d'eux  croit  légitime.  Contraints 
de  soutenir  la  fraude  vis4-Tis  de  ceux  qui  les 
fréquentent,  et  qui,  sans  ce  mensonge,  cesse- 
raient de  les  estimer  ou  de  les  voir,  les  pscu- 


domariés  se  laissent  entraîner  à  baptise^  Içufirt 
enfans  e^  à  les  porter  ostensiblement  sur  les 
registi^es  de  l'état  civil  comipe  bien  et  dûment 
issus  d'une  alliance  honnête  et  cpntrac^éQ  sous 
le  ré^me  des  lois;  ce  faii^  arrive  babijtueU^r 
ment,  l'el  homme  a  tour  à  tour  et  dans  les 
divers  quartiers  de  Paris  y  six  ,  ou  bui^  femmes 
psetidonymes ,  et  autant,  ou  ^elquefois  pljis 
d'enfans  enregistrés  k  son  nom  et  au  nom  de  la 
mère,  comme  issus  de  pur  mariage  ;  ce  «gui  plus 
tard  sauve  les  enfans^  de  Faccusation  de  bâtar- 
dise et  couvre  le  délit  des  père  et  mère.   Lé 
premier  témoin ,  pris  au  hasard ,  suffisant  en  ce 
cas  pour  constater,  devant  un  employé  muni- 
cipal, lï^s  choses  que  cependant  iligpore»  les 
concubinaires  ne  se  font  nullement  £iute  de  ces 
entorses  à  la  loi  ;  et ,  dans  l'espèce ,  il  serait  en 
effet  bien  rigoureux  de  procéder  a  la  rectifi- 
cation absolue  des  registres  de  l'état  civil.  Le 
nombre  des  délinquans  ferait  reculer  toutes  les 
autorités.  On  porte  ce  nombre  aux  trois  quarts 
des   habitans  dans  les  grandes  villes.  11  serait 
essentiel,    néanmoins,    de   restituer,    par   des 
mesures    convenables,    un    caractère   aulhen- 
lique   a  Tétat  civil  dont   on  ne  cesse  de  pro- 
clamer le  respect  de   toules   paris ,   sans    qu'il 
y  paraisse  beaucoup  dans  les  mœurs.  La  pos- 
session d'état  finit  par  faire  litre,  et  la  prcscrip- 


9»  mimoiMU  HitnâiQOts 

tioiit  ici»  8*établlt  en  ftilt.  comme  poor  bon 
nombre  d'ântret  cboees.  Un  irice  doTient  par  ce 
moyen  constitutionnel.  Ceci  mérite  Tattenlion 
de  radminittntion  politique»  Gantant  que  le 
registre  citil»  seole  preuve  de  Peiistence  de 
cbacuh  Tis-li*Tis  de  la  loi»  devient  Toccasion 
d'une  suite  de  délits  asset  firéqnens»  soit  par 
les  fausses  déclarations  de  seaes  qu'on  ne  Té* 
rifie  que  fort  à  la  diable  sur  td  ou  tel  enfiinl 
dont  l'identité  de  nouvelle  date  est  cmistatée 
par  des  intrus  ou  des  sages-lemmes  complices» 
soil  par  l'oubli  total  de  présenter  les  nouveaux- 
nés  ^k  la  mairie,  circonstance  plus  ordinaire 
qu'on  ne  le  suppose ,  en  dépit  des  menaces  et 
des  recbercbes.  A  ce  point  de  vue  »  les  ^dénom* 
bremens  réguliers  sont  impossibles  jusqu'à  pré* 
sent.  Les  municipalités  de  village  sont»  k  cet 
égard»  dans  le  plus  triste  désordre }  nous  nous 
souvenons  d'avmr  trouvé  les  feuillets  d'un  re- 
gistre de  l'état  civil  collés  sur  les  carreaux  de  la 
maison  commune  d'un  petit  boui|;  des  environs 
de  Montlhéry  »  on  hiver  tris  intense  ayant  forcé 
Tadjoint  de  se  garantir  du  froid  tant  bien  que 
mal.  L'événement  comique  du  Lutrin  vivant  de 
Gresset  n'a  pas  lieu  que  pour  des  antiphonaires. 
Nous  maintenons»  arec  cela,  que  les  substitu- 
tions d'cnfans ,  chez  les  nourrices ,  ne  sont  pas 
aussi  rares  qnc  pourrait  le   donner  à  penser 


TIRÉS   DES   ABCBITKS.  9^5 

t'abus  énorme  que  les  hommes  de  lettres  en 
font  dans  les  romans.  Sauf  ce  dernier  cas ,  qui 
résulte  quelquefois  de  la  peur  que  ces  paysannes 
ressentent  de  faire  connaître  la  mort  d'un  en- 
fant tombé  dans  le  fen ,  ou  mangé  par  les  co> 
cbons  ;  s&uf  ces  sobstitutions  de  faux  noms ,  il 
est  *a  croire  que  lors  même  quç  la  tolérance 
officielle  proposerait  aux  faux  mariés  de  régu- 
lariser sans  amende  ni  prison  les  entorses  qu'ils 
ont  faites  aux  réglemens  généraux  par  cette  lé- 
gitimation frauduleuse  de   leurs  bâtards ,  peu 
vendraient    proBter    de    l'amnistie    et  rentrer 
dans  le  Ytai,   L'amour-propre  serait  plus  fort 
que  la  menace,  et  rougirait  devant  la  tolérance. 
On  se  lalse  de  faire  la  guerre  quand  les  sujets  en 
abondent.   Les  registres  de  l'état  civil  sont  par 
conséquent  remplis  de  lacunes  et  de  mensonges  ; 
et  l'un    des   mensonges  les  plus   exorbitans   U 
coup  sûr,   celui  qui  constate    sous  la  rubrique 
d'un    père    incrédule    la   légitimité    d'un    petit 
adultérin   qu'il    ne  peut    mettre   an   ban   de  sa 
famille,   malgré  ses  certitudes  et  la  certitude 
universelle,  ce  mensonge  n'est  pas  le  plus  fré- 
quent de  tous;  à  la  vérité,  il  est  si  gros  qu'il  ne 
compte  pas.  A  part  cette  convention  faite  dans 
l'intérct    de  l'ordre,  sinon    dans  l'intérêt  des 
particuliers,  on  ne  peut  s'empêcher  de  conve- 
nir que,   diius  les  plus  sunples  branches  admi- 


94  mEmiais  wmtOÊMqfm 

niftntlTeti  PoiKtiûsation  «il  coonidélemant  li 
"reibndre  n  Ton  Teot  y  jeter  une  ombre  d'ordre 
et  de  vérité.  Un  phn  administralif  complet 
manque  sur  cette  matière  comiàe  sur  beaucoup 
d'autres. 

En  1770,  sur  la  paroisse  Saint-EiMladie ,  vi- 
Talent  depuis  iong-tf  mpe  sous  le  même  |oit  et 
fort  paisiblement,  un  porteur  dTesn  ek  une  regralr 
tière.  On  lès  croyait  mari  'et  lemkiie;  ila  émnNH 
Tarent  cette  année-la  4es  ctÙMlns»  et  nwmp» 
se  iéirâniea.  Un  soir  le  portfor  d'eav  i^tn 
dans  an  état  dlnesse  complet;  il  ^pen^  s| 
femme  et  se)eta  sur  elle  avec  «n  contmi;  q^U» 
d,  se  sentant  blessée,  lui  cassa  snr  li  tète  fui  peé 
b  eau}  fe  coup  porta  ytn  la  tempe^  'k  P9>teq^ 
dTeau  mourut  au  coup.  Un  déoétà  la  iemaso 
de  prise  de  corps;  elle  (ut  emprisonnée.  Daap  lu 
prison,  die  déplorait  son  malbeuri  éDe  se  ce»- 
sait  de  £re  que  son  intention  n'a? ait  pas  é|i| 
de  tuer  cet  bomme ,  qui  d'ulleum  n'étrit  ms 
son  mari  ;  circonstance  atténuante,  du  n^ouu 
quant  aux  femmes.  N'ayant  pas  d'économies  do- 
tant eux  pour  se  marier  et  pour  fiure  la  noce, 
chose  toujours  fort  importante  dans  Festiose  des 
gens  du  peuple,  ils  ne  s'étaient  même  pas  rendue 
i  Féglise  ^  le  mariage  ayait  eu  lieu  sans  cérémo- 
nie ;  cependant  ib  ataient  cru  detoir  fûre  bap- 
tiser leurs  enfans  b  Saint-Eustache  pour  ne  pu 


TljgÉS   I»SS   ARCHIVES.  ^ 

leur  laisserlaqvâUficatioiiileMlarcIs.  C'^ail  ui| 
coup  d'étal  à  la  mamèro  ^  1/on»  ^f V  ÎMHir  les 
sieB9.  M.  Lenoir  fit  part  de  ^ette  infractîsii  à 
l^oisemblée  de  police  qui  se  tenait  dexpiiBcaitte 
en  quioamne.  M.  de  Sartînes  fit  co»pnl8er  les 
registres  de  k  paroisse  Saint-^Eustadie  ;  il  ne  s'y 
iTMiTa  bhI  acte  de  célébratton  ^att|(iau  manage; 
mais  en  ant  les  actes  de  baptême  des  eniaoa  de 
la  tegr^ltièra  et  du  porteur  d'eau.  L'fsseniblée 
demanda  de»  lettres  de  rémksion  pour  eetle 
maHieareMe,  dont  le  menitre  eerlainemeitt  in- 
Teienlaîfa  qffiraît  un  cas  de  légitiaae  défenseï  Ces 
lettMs  inrent  eipédiëes  et  scellées^  dé^mttèê  et 
enfigistréies  gratuitement  .^  .     :  >\    / 

A  eelte  occasion,  on  vérifia  q«^l  |f «1^  k 
Pavîs  grand  nombre  d'antres  néniiges  ^  "^^eM  >^ 
pauvres  qui  n'avaient  pas  été  conjoints  en  fecé 
de  l'égKse.  L'église  tenait  alors  les  registres  de 
Tétat  civil,  ce  qui,  par  la  simplification  des  roua- 
ces,  devait  diminuer  les  cas  de  fraude,  et  ne  les 
diminuait  nullement.  On  fit  appeler  les  curés 
des  paroisses  sur  lesquelles  existait  un  plus 
grand  nombre  de  familles  indigentes  ;  il  fut 
arrêté  que  les  curés  provoqueraient  une  délibé- 
ration des  marguilliers  et  sacristains,  pour  qu'à 
l'avenir  les  mariages  des  indigens  fussent  célé- 
brés sans  frais.  Les  délibérations  furent  lues  au 


96  Mnoiut  ■mtNUQUis 

prtea  et  raécatéet;  b«i«co«p  de  |iftaTret  gens 
•*y  présentèrent  STec  lem  enfrns,  et  lenrs  ma* 
riaget  furent  célébrét.  Mais  la  plepart  retièrent 
en  dehors  de  cette  tolérance;  et  le  scandale 
ae  conlinna  dans  les  classes  aopérienres  qoî 
n'aTaient  pas  la  même  escnse.  Les  recherdies 
proavèrent  qne  des  femmes  de  bourgeois,  non- 
tellement  enrichis  et  derenm  margnilKers  t  ^* 
iraient  depuis  longtemps  dans  cette  irrégularité 
lagrante  et  sans  que  Ton  s*en  doutâL  L'une 
d'elles  était  d'une  sévérité  fort  grande  sur  le 
chapitre  des  msrarSp  ris-è-^  de  ses  pruptua  d^ 
mestiques.  Us  se  vengèrent  en  révâanl  le  6iL 

Vers  Tannée  1780,  la  poliee  ont  avis  que  dune 
la  rue  Quincampmx  et  dans  les  rues  adjacentes , 
plusieurs  garfonset  filles  de  la  mêuse  profession  g 
ouvriers  en  éventails^  dont  la  conduite  était  en 
a^arence  fort  régulière,  payant  les  imp6lSt  élo* 
vaut  leurs  enfims,  disaient  s'être  unis  par  inapi- 
ratioui  sans  obéir  aux  formalités  ridicules  preo* 
crites  ponrle  mariage*  Ils  ne  fréquentaient  pus 
leurs  paroisses  t  ne  finsaient  aucun  ado  esten 
sible  de  reli^on,  se  prétendant  illuminés.  Cet 
iUuminisme  pouvait  devenir  contagions,  et  rom» 
pre  les  derniers  fils  du  réseau  de  la  loi.  La  po- 
lice fit  arrêter  douie  de  ces  garçons  et  autant  de 
ces  filles,  qui  formaient  une  sorte  d'association 


TIEES  DES  IRCHITES.  ■'    0? 

indépeiidanle  de  leurs  toîuiu.  Ua  araîent,  du 
eniaiueii  très  grand  nombre  j  uae  seide  d«-ces 
filles  en  ciamptait  neuf. 

On  les  interrogea;   tous   prétendirent  (ju'iU 
croyaient  en  Dieu;   mais  qu'il  fallait  nier  l'é- 
gEse;  qa'ils  s^étaient  pris  par  inspiration  fran- 
che et  nitnrelle ,  de  commun  accord  ;  qu'il  n'y 
arail  en  conséquence  nul  crime  à  leur  faire  pour 
cela;  qu'ils  ne  faisaient  de  mal  à  personne,  sinon 
%  laboatiqoe  des  prêtres.  On  les  Bt  enfermer;  les 
ans  et  les  Wtres  avouèrent  alors  qu'ils  avaient  été 
poussés  k  se  conduire  si  librement,  par  les  exhor- 
tations d'un  auteur  qa'ils  nommèrent.  On  voulut 
jkrannÎTlre  ce  corrupteur  de  la  morale  publi^p^ 
mats,  sur  le  bruit  de  cette  arrestation,  il  iwiait^ 
de  partir  pour  l'étranger;  trois  des  jeunes. .0^f• 
ayant  persévéré  plus  opiniâtrement  que  les  au- 
tres, furent  conduites  à  l'hôpital  de  la  Salpê- 
trière  ;  les  ecclésiastiques  de  cette  maison ,  gen» 
de  moyen  et  d'érudition,  firent  de  vains  efforts 
pour  les  instruire  ;  elles  manifestèrent  un  courage 
opiniâtre  et  ne  voulurent  pas  revenir  de  léuÀ 
égareraens  :  on  les  mit  au  cachot  et  elles  persé- 
vérèrent; les  autres  sectaires  ne  lardèrent  pas  à 
être  remis  eu  liberté,  en  se  soumettant  à  la  Con- 
dition de  se  mariera  l'égttse  et  d'y  faire  baptiser 
leurs  enfans.  Ils  reçurent  les  sacrumens  par  le 


gS  HtMOlRKS   RISTORIQUCS 

cwé  de  la  paroisse,  qui  aYaii  concouru  k  donner 
Iw  nffîfeîgfienieM  a  la  police. 

Ainsi  Aliparùt,  pour  un  temps  du  moins,  une 
prétendue  secte  d'illuminés,  qui  sanclifiaienl  les 
paiiioi^  et  leurs  désordres.  La  police ,  tigîlante 
céJisérVatricd  dèt  ihœurt,  n'eut  paa  lieu  d*en 
Wû^ëcëHhet  ^Tâùtref.  On  connaisait  toutefois 
éim  hl  bdiifné  compagnie  des  martinistes  et  des 
MBilttlM,  rfèctes  séparées»  ViTanldana  ces  man- 
VtfU*  principes.  Peut^-ètre  n'aurait«on  pas  ap 
tëntifir'ttai,  parce  qu'ils  tenaient  ii  dà&millea; 
hH  élaitièistés  *e  furent  pas  inquiétés  ;  fB^  ^*ar- 
immdii  des  illuimnés  de  la  rue  QniRcampm 
Mf  îMHtIr' de  Paris  lès  ralmlistes,  qui  dej^iyis  ae  sont 

*i-l«S' 


.•  •< 


r. .  t 


\,  mr  In  Fêwmn  émmi  te 
drsiil  «t  rsrln. 

;•  -    ■  •  i 

Il  n'y  -m  p»  d'année  qu'on  né  frbriqné  »  à 

M»»  dos  InsttfiKi  dé  rerenans.  Ce  n'ert  pts 
VUli  orojanM  si  |;teértiement  éteinte  qu'on  Teol 
Mon  k  supposer  :  peur  l'ordinaire  ces  crédu- 
lités tiouMoi  h  des  ruses  de  galanterie  ou  ii  des 
fourberies  d'escrocs. 

Dans  une  des  audiences  de  M.   Lenoir,  un 
obeur  des  en\irons  du  Jardin  des  Plantes  » 


TUtU    DES    iUHITta.  -99 

pdMiblaiièBt  bMeetfort  ^«atvÉïBÎi'Iolil^^ 
omnDeiit  «vtc  uB«  femibe  dW»l«M«Mn^iP|iM 
mdf*opreté  pabliques,  lai-âe  voir  qD*|Mi«é^ 
toritéfl  secondairQà  de  arm  quartier  jirt  »laUlt 
itt  nez  et  lui  tournaient  \6  âéi  êh  le  traçant  iA« 
boahomine  lorsqu'il  eontdit^ltp  pratmsel  HiuA 
ccrlciin    revenant   1res  hostile  envers  lui   dans 
ses  liiçons  il'iigir,  déclara  qu'il  ne  sortirait  pas 
de  chez  le  lieutenant  de  police   qu'on    ne  lui 
prêtât  main^forte.   Sur  ce  |)oint  on    ne  pal  la 
faire  démordre  ;  il  contait  sa  mésaventore  îi  tOOt 
le  inonde.  Les  visites  du  revenant  duraient  de- 
puis le  jour  de  son  mariage  et  l'empêchaient,  par* 
fois,  de  consommer  l'acte  conjugal  :  d'où  son 
chagrin.  Vers  l'heure  de  minuit,  de  deux  jours 
l'un  ,  sa  lampe  s'éteignait  toute  senle  ;  sa  femme 
pouvait  l'attester.  On  entrait  par  la  fenêtre  qtti 
donnait  sur  le  ruisseau  des  GoheUns ,  rtéh  qu'eit 
poussant  les  ventaux.  Pour  conjnrtt  les  écfoti 
de  ce  démon  qui  parlait  de  lui  briser  les  reiiMJ 
le  chamotseur  devait  promptement  aorûf  du  Ut 
de  sa  femme,  se  mettre  h  deux  genoux  dans  le 
beau  milieu  de  la  chambre,  malgré  lefroid'M 
les  ténèbres,  et  là,  débiter  Jt'voix  haute  airtam 
d'orémus  que  le  fantôme  l'exigerait  par  ses  ^M^ 
gnemens.  A  la  demande  des  rieurs,  satisfaits  de 
le  mystitier,  le  chamoiseur  imitait  les  grogne** 
meiu  de  cet  hôte  importun  avec  une  vérité  qui  le 


100  aobioiut  nisToniQCES 

iMiitiréiiiir  ltti-aii£ine.  «  PurcUen!  lai  dit  «n  det 
iMpOGlews  de  leevice,  je  perie  que  c'est  «n  co* 
dboD  4|ui  irient  covdier  avec  irotre  fiemne.  •  Cette 
MMftion  pentt  aiies  TnitemUaUe  aa  chamoi* 
iOuri  il  prit  la  métaphore  k  la  lettre,  et  la 
famne»  airertie  par*  la  police  de  ne  pas  cooti- 
MMT  aea  fredaines  en  reccTant  a^ec  tant  d'eT* 
fayterie,  aea  anomeva  t  traoTa  le  moyen  de  ae 
tiUNT .d'iffiires.  C^était  eUe-rnSmOt  on  le  com» 
prend»  ^  aonflhit  h  bmpe.  Les  crocheta  dea 
lUmwm^ de.  la  croiaée  ne  tenaient  k  rient  «if 
pMr  Mi.b4lMii»  i*on  ae  glissait  dans  la  chambre. 
Q»,f^qne  c*|laift  un  pari  de  la  commèn»  ponr 
VuPW^  M|i.nocea»  et  qu'elle  y  airait  pris  goAl. 
lA,l|iefÂifeipétMi  dmiement»  bien  long*temps 
iplaleo  pseawes  d'esorcisme  qn*on  loi  con« 
MJPlHI>iqid  réoMp^t»  qne  le  cochon  qm  nnfeait 
imi^MnipO'djBTait  deseendrot  en  droite  ligne,  des 
flfM^na.|nfwdaU  par .  Jésas^Cbrisl  snr  les  hoids 
jIAiM  de  Tibériade.  U  n>  aTait  nnl  mérite  11 
imr>  milel  imbécile  {  mais  il  fidlait  qne  la  plaâ* 
MT^d*  tenAer  celte  audace  eût  bien  de  raHmil 
fpfr  qn'on  m  dispensât  d'en  eiiger  de  la  femme, 
l^ii  fslant  d'une  pareille  drolesse  méritait  le 
mM  de  l'inspecteur  de  police. 
..  jLa  plus  graw  des  histoires  de  rerenana  eat 
Csodée  en  principe  sur  lenterrement  précipité 
de  plusieurs  personnes  tombées  en  léthargie  et 


que  Ton  croyait  mortetl  L'ignoraivce;  afbté|oé 
de  la  preitque  universalité'  des  familles  rar-' 1m 
moyens  de  constater  jusqu'à  TéTidence  les»  dé^ 
ces  des  leurs  y  lacune  étraiyge  de  rédotatlMÎI 
publique  ;  la  sottise  de  certains  cuistres'  refui 
docteurs  sans  connaître  un  mot  des  premîers 
élémens  de  la  science ,  et  ceci  toujours  k  la.fi^ 
Teur  de  certaines  formalités  qui  ne  prouTent'Keq^ 
mais  qui  leur  servent  de  litre  à  la  crédultlérlt 
nécessité  fiitale  où  se  trouvent  les  ignorans  4e 
se  rapporter  aveuglémeàt  k  la  décision  de  jték 
sortes  de  bourreaux/ ont  amené  plus  d'uue  ctirr 
tastropba  de  ce  genre ,  surtout  dans  les  teiîqjs 
de  peste  et  dans  ceux  de. disette,  pardj^ue  iW 
feclion  ordinaire  des  moribons  présumés  iren* 
dait  plus  hâtives  les  mesures  d'ordre  et  de  salu* 
brité.  On  a  parlé  d'un  fossoyeur  qui,  voulant 
dévaliser  les  derniers  effets  d'un  cadavre,  trouva 
le  mort  en  vie ,  le  soigna  sans  mot  dire  a  per- 
sonne ,  obtint  un  testament  ab  irato  en  faisant 
croire  à  l'ex-enterré  que  ses  neveux  avaient  agi 
sciemment ,  puis  replaça  de  plus  belle  notre 
testateur,  au  moyen  d'un  narcotique  violent , 
dans  sa  bière,  après  en  avoir  obtenu  ce  qu'il 
désirait.  C'en  devait  être  fait  cette  fois  de  notre 
homme.  Un  chien  qui  rôdait  dans  le  cimetière 
et  hurlait  en  entendant  du  bruit  sous  terre  ,  fit, 
par  hasard ,  arriver  du  monde  ,  et  Ton  restitua 


iM  wnMwn  ■liioiiqiiis 

kJMrtv  pMV  la  itconcb  IbU»  a«  Bfribood  qm 
M' imigM  OMime  il  fiiml  àm  «liténUet  et  Téci* 
€iieon  de  kmgMi  mnétê.  LlMtarielU  est  dÎTer- 
lÎMUite';  mais  tnem  m%  nous  déaientie  qa*elle  soit 
avi^pse»  • 

C'est  fiirteot  dans  llselemeiit  des  cami^giies, 
mkf  h  n«t  f  ehatun  ee  sent  pins  ftible»  séparé 
qtm  Tônest  qndqaeisis  dm  anltes  habitaliens  par 
Je^grsndes  distances»  qne  Fespritde  rase»  afin  de 
aÉiens  uniler  les  mystères  de  h  irie  privée,  propage 
hïk  rende  des  codtes  de  revenmis.  Les  intrigoes 
— iweeiiiie  vont  leur  train  aene  cm  tra<Ktioos 
q|rfi  depuis  dm  sièclm»  smit  Im  mimes*  Lm  ve^ 
imbans.  sont  toajenm  en  ehemim;  voilà  ce  ipri 
est  t  constater.  Les;  habilm  mtent  le  fin  nmt  de 
oeà  èifivernm  et  rapprennent  h  qni  de  droit. 
An  Jio'  sût  lm  aecrots  qno  par  lm  garçons.  Lm 
linmms  eonIkiDent  dtevoir  pont.  On  comprend 
po^rfQoL  L'iaoleaaont,  si  Ton  vmt»  se  tronve 
nnen  Ham  lm  vilm  ou  nnl  ne  eonnaSt  son  voir 
aîn  ut  no  Mooncie  do  lo  oonnailM  ;  mais  nn  eai 
d'klanne  mettait  trop  lot  les  espièglm  dans  Tem* 
barrmi  et  I9  préjugé  court  moins  dans  lm  villes» 
h  came  dm  risqaes  que» les  rfienans  y  ooorent 
eaKfmlnies  d'èUe  mililairemenl  élrinét. 

Bni777,  il  s'éleva»  dans  la  maison  d'an  Inlhier, 
rne  de  la  Comt:dîe*Francaise,  nne  rumeor  à  Toc- 
casion   d*uo  bruit  nocturne  ric  chaînes  qu'un 


TIRES    DES   ARCHIVES.  io3 

agitait  fveç  furie.  De  toos  J^  fpurti^j(fs,M  ae* 
courut  poiir  voir  le  revenânt'aQS  l'fn  nfi,  vit 
pas.  La  police  ât  enlever  un  garçon  de  bonligus  ^ 
qu'on  soupçonnait  de  courtiser  la  servante.  L^ 
garçon,  obligé  d'avouer  sa  fourberie,  èxt  mis 
k  Bicêtre.  La  servante  était  jolie  et  trouva  des 
protecteurs. 

Dire  la  bonne  aventure  et  tirer  les  cartes, 
c'est  uup  espèce  de  profession  qui  a.  toujours 
été  le  partage  de  femmes.  Leur  tact  ordinaire, 
même  chez  les  plus  communes>et  leurcerliLudet 
qpelsqnesoîtla  physionomie  et  le  rang  de  lapçr- 
lonne  qui  les  consulte,  que  les  cordes  du  cœur 
humain  sont  semblables  chez  tous  le^  individus, 
à  l'éducation  près,  leur  donne  de  l'iplomb  et 
par  conséquent  de  la  vogue.  Grâce  à  la  naïveté 
on  à  la  iauEseté  de  ceux  qui  viennent  s'enquérir 
de  mille  choses  près  d'elles ,  ces  devineresses 
reçoivent  plus  d'aveux  que  les  prêtres  et  les 
curés  de  Paris.  La  forme  captieuse  des  questions 
les  exerce  et  les  rend  fines  comme  de  vieux 
juges.  La  police  peut  tirer  le  plus  grand  parti  ^ 
de  ces  bohémiennes  qui  disent  volontiers  la 
vi^rilé  pour  de  l'argent  et  ne  se  refusent  pas 
plus  aux  séductions  de  l'autorité  qu'au  vœu  de 
leur  clientelle  sur  ce  point,  —  La  science  de  la 
chiromancie,  plus  fondée  qu'on  ne  le  croit, 
aidée  des  indications  de  Gall  et  des  conjectures 


104      MMOnm  BISTOAIQUES  TIRES  DES  ARCBITES» 

de  LaTster,  repose  en  oatre  sur  des  élémens 
fort  simples.  Une  démarche ,  on  mot ,  donnent 
la  clef.  Le  métier  forme  ensuite  k  Taudace. 
Atec  la  donnée  du  caractère  d'une  personne , 
il  y  a  des  suppositions  inbillibles. 


Ici  se  terminent  ks  sonrenirs  hbtoriques  et 
les  notices  de  H.  Lenoir.  Leur  intérêt  excusera 
nntercalation  ^e  je  me  suis  permise,  sans 
oser  prendre  sur  moi  de  retrancher  un  mot  de 
son  manuscrit,  qui  est  d'ailleurs  annexé  aTcc 
les  miens  et  a^ec  les  nombreuses  pièces  justi* 
ficathres  ^nt  j'ai  cru  deroir  lerer  des  extraits. 


(Ntê  éê  J.  PnoBf .) 


» 


.    'M* 
ê 


CHAPITRE  XLVII. 


Corruption  de  TaDcieBDe  police.  —  Afbiiref  de  la  demolaella  iPlër- 
celin  et  de  Loais  XV.  —  Correspondance  immorale  de  ta  ^tt0è 
•Tcc  la  oonr.  —  Filles  publiques  et  récits  de  ee  qal  s^j  passai t^ 
«  Le  marquis  d'Argenson  ;  le  comte  d'Aranda  ;  la  oomtcssè  de 
Sabatini  ;  le  duc  de  Chartres  ;  le  comte  de  la  Marche  ;  le  duc  de 
Richelieu  \  le  baron  d*Ogoy  ;  le  duc  de  Rohan-Chabot  ;  le  mar- 
quis de  Barbançon ,  graud-^eneur  de  France  ;  le  comte  du 
ftarri  et  la  demoiselle  Pouscarclle. 


Un  des  traits  qui  ont  le  plus  mis  en  évidence  la 
corruption  de  la  police  sous  le  règne  de  Louis  XV, 
c'est  l'affaire  de  la  demoiselle  Ticrcelin. 


106  MÎMotiff  ntroAiQUis 

Celait  mnt  enfiunt  d'mie  figure  charmante» 
Ifie  tiHit  an  plus  de  onie  ans,  mais  déjà  sTelte  el 
parfidtement  formée,  qne  Lonb  XV  remarqua 
•nrion  chemin,  en  paatant  h  pied  dans  les  Tui- 
leries, nn  jour  qn'il  Tenait  de  Versailles  à  Paris, 
poiirnne  cérémonie  publicpe.  Elle  se  promenait, 
sons  la  conduite  de  sa  bonne,  aTOC  d'autres  jeunes 
ftDes  de  son  âgf^  tlqioqup ^npi  passa;  sa  gentil- 
lessOt  un  teint  brillant  et  pur  ou  Pingénuité  de 
Ponfimce  édatait  atec  feu;  la  transition  de  Ten- 
fimee  h  Tadolescence,  accusée  de  bonne  heure 
par  une  santé  si  naiTe,  tout  cda ,  et  la  eoqurt- 
Ipîs  d^  sof  sonrire,  n*eut  pas  plutAt  frappé  le 
flia  i|u1l  ^  déwa  fbrtçinent.b  jouissance.  JX  en 
pida  ip  spr  même  à  Lobel  •  son  ^alet  dst  cham- 
hffo.  Geln-ci,  pour  ^ui les  goikis  de  son  snaUre 
iMlmont  pas  un  aqfstère,  pensa  Tito  ans  mefens 
de  satiiMn  les  nouToaws  désira  du  aaonw|uo. 

4.11  oui  trûouw  au  lieutenant  do  poKoOt  c'était 
M.  Berryer.  Sans  dira  k  H.  Benrjer  son  molli, 
que  celui-ci  soupçonna  sans  doute,  Lebel  le 
pria  de  s'informer  au  plus  TÎle  et  de  savoir  b  tout 
pris  ce  qu'était  deTcno  le  joli  petit  minois  de  dis 
Il  onse  ans,  beau  comme  l'amour,  et  gardé  par 
une  bonne  dans  les  Tuilerie»  le  jour  que  le  roi 
les  atait  tratersées. 

(ht  dressa  le  signalement  d'après  les  paroles 
mêmes  do  Louis  XV;  les  particolarifés  de  cette 


TIMÊS  PfB  AMUVBi.  1^^ 

nutwlf»  devraient  mefttmttir  Ikitatmiémàéi*^ 
lUilb  jiMqii^au  cdstilnie^   ;  ,  A  if     ,     ^ 

]4e  lieiUènànt  diè  poUce  JTficomma^dbispéiiîak 
iit€iil  Cette  recherche  k  i'tmdeâfe^tdbfcfr  àà  fcu^* 
reaiix.  Oa  n'était  pat  l^n^  Su  aîeqttndra  «or  jA^ 
«mibU^ljeè  tnatières;  elles  fofiiiaient  de»  attrilMvr 
tions  en  qodque  sorte  8pécûilâi.:Jtieeliargé  dexa 
vuquîgiiiéiinage  mit  en  câmpëgné  .1)0»  aç mire 
4'ageiks  des  pllks  adroits,  qm-MDiprifftBÉl'isdpMN 
taoee  de;'la  mission  4opt  #ii  se  fiait  alèiiraèhi> 
Ha  ^'adressèrent  naturdlement  .aax.  bonnes  qui 
venaiebt  promener  des  enfans  éux^  fOnileriei^  w^ 
pèceb)aftdiite  dont  on  fail;  todt'ce  ^e  l^oif  iwiil 
avec  die»  cajoleries  et  des  colificfaets.  Aveqiânil 
fiett  tde  patience ,  en  .Cuisant .  Hinvieniaii^e  des 
bonnes  e(  du^jardin^  on  parvint  à  découvrir  la 
petite  fille  que  Lebel  avait  ihdiqué;  le  lieutenant 
de  police  en  fit  aussitôt  part  au  pourvoyeur  de 
Sa  Mqjesté;  mais  ceci  ne  suffisait  point  encore, 
il  fallait  gagner  la  bonne.  La  séduction  de 
cette  fille  ne  présentait  guère  de  difficulté,  des 
vertus  plus  rebelles  ont  capitulé  devant  les  ar- 
gumens  irrésistibles  de  la  police.  Il  fut  convenu 
bientôt  avec  celle  fille  que,  moyennant  une 
somme  assez  ronde,  elle  se  prêterait  a  Tenlève- 
ment  de  Tenfant,  sauf  k  la  supposer  égarée;  il 
fiit  d'ailleurs  stipulé  clairement  que,  dans  le  cas 
de  plainte  de  la  part  des  père  et  mère,  de  puis- 


atnlM  iiitirpntioiit  fenrient  jouer  tout  les  leviert 
d'otage.  Ilab  n*eùt-il  pas  été  du  dernier  ridicale 
qm'aprèa  b  ffenier  moment  donné  k  la  torpriae 
et  à  la  colèn,  de  chiûk  bourgeois  timaent  ri- 
gnenr  sur  wn  point  dont  ilionoraient  les  pre-* 
mières  fiunilles  dn  royanme?  La  bégnenlerie 
n'était  pas  waiseinlihMe,  on  risqna  le  rapt . 

La  jenno  ftUe  fiit  donc  enlerée  et  fi?rée  an 
roL  Le  aecrat  ne  pondait  gaère  être  gardé  snr 
celle  criaMnelle  arenlnre»  <|Qoi<pi'on  le  recom* 
mandât  an  agens  de  police;  mais  la  plapwt 
étaient  ^endin  à  tontes  les  coteries.  L'afidre 
transpira  irila  »  et  la  chronique  scandalense  dn 
temps  en  recneillit  toutes  les  particularités. 

Instruit  de  tout  ce  qui  s'était  passé  par  FeSmi 
qne  ses  premiers  emportemens  donnèrenik  la 
bonne  qui  se  coupa  dam  aw  explications»  le  pètu 
jeta  Im  hauts  cris;  paria  de  rendre  plainte  et  de 
dénoncer  au  Parlement  cette  riolation  dm 
et  de  la  morale,  cet  attentat  aux  mmus  de 
millesL 

Hais  quelle  justice  pouTsit-il  attendre  dm 
gisirals  qiuuid  le  prince  lui*méme  était  llnstig»* 
leur  et  le  complice  du  crime?  Une  leltra  do 
cachet  pouvait  Ciire  disparaître  un  pire  impor- 
tun et  délivrer  le  roi  de  ses  cris  ;  c'est  ce  que 
des  intermédiairm  habiles  donnèrent  à  craindre 
a  M.  Tiercelin;  il  ataii  en  tétc  une  forte  partie  cl 


qui  diipoèait  de  tout;  on  hd  conseillai  de  lie 
point  faire  de  tapage  ;  on  lai  fit  séfitii^  qu'il  ex- 
posait inotilement  sa  liberté  ;  qu'on  le  représen- 
terait comme  un  séditieui,  comme  un  père  qUe 
sa  fille  ayait  quitté,  pour  se  soustraire  k  quelque 
ayante  du  genre  de  celle  dont  il  osait  se  plain- 
dre, et  que  dans  tous  les  cas  sa  fille  ne  lui  serait 
pas  rendue. 

L'agent  de  police ,  qui  s'était  chargé  du  rapt, 
8é  chargea  pareillement,  comme  plus  avancé  que 
personne,  et  plus  compromis  vis-k-vis  des  suites, 
d^étodffér  le  scandale  et  de  faire  capituler  le  père. 
Il  fit  entendre  h  M.  Tiercelin  que  datis  ilii  évé^ 
kemeni  irï^éparàblè  qui,  par  l'effet  d'ilit  ééiat 
lîdicule,  pouvait  entraîner  des  périls  sans  nom- 
hrè,  exil,  lettre  de  cachet  incarcération,  àcdusà- 
tion  de  lèse-majesté,  il  serait  bien  plus  sage  de 
tirer  philosophiquement  parti  de  son  malheur 
pour  sa  fortune. 

On  est  homme  d'honneur,  mais  on  ne  se  soucie 
pas  de  la  Bastille  ;  car  k  quoi  bon  la  Bastille?. ..• 
Sous  les  anciens  rois  des  gens  y  avaient  pourri 
pour  moins.  Les  monarques  tiennent  tête  comme 
de  simples  particuliers,  surtout  quand  ils  sont 
amoureux  ;  et  s'ils  ont  les  bras  plus  longs  que  per- 
sonne ,  ce  n'est  pas  pour  être  bravés  impuné- 
ment. Et  puis,  il  ne  s'agissait  pas  ici  d'une  séduc- 
tion  de  bas  aloi,   d'un  raprice  de  va- nu-pied. 


IIO  MUiaUllS   USTÛlU^tCS 

titrder  la  ?erUi  des  filleA»  on  le  «ûi,  m  petîUs 
qu'elles  ioîentt  rien  n*e«l  plus  cluiiceux  k  Paris, 
où  lout  travaille  à  les  rendre  précoces.  L'ensor- 
celeur lui  cita  des  dames  qui  iren  faisaient  pas 
scnblant,  mais  qui  pouvaient  lui  en  dire  queU 
que  chose.  Toules  n'avaient  pas  eu  Is  chance  de 
madcmoîselle  Ticrcelia.  Ce  qui  est  ignoré  d'ail- 
leurs est  pardonné,  et  faire  jaser  le  monde  sur 
Tavenluret  co  serait  accomplir  volontairement, 
et  de  soi-même,  le  mal  que  l'on  redoutait.  La 
helle  avance  que  de  sortir  d'une  si  chétive  an- 
goisse par  des  animosités  implacables  q/Êà  ne 
manqueraient  pas  de  se  donner  lihre  carrière!... 
Après  tout,  le  roi  valait  bien  qu'on  le  prit  pour 
cendre  t  quoiqu'il  ne  pût  s'agir  en  cette  ooca^ 
sion  que  d'un  mariage  à  la  diable.  Louis  XV  étai^ 
généreux»  très  généreux }  l'argent  ne  lui  coûtait 
rien.  Le  ridicule»  la  crainte»  b  corruption,  notra 
fine  mouche  employa  tout  et  trouva  bientôt  In 
coté  ^laible.  U  ne  s'agissait  que  de  déplacer  U 
bonhomme  pour  le  soustraire  à  l'influence  dfi 
animosités  sournoises  de  deua  ou  trois  coaiivèna 
jansénistes,  vexées  contre  la  cour,  et  qui  faisaient 
chorus  avec  lui  sur  cette  indignité,  pour  le  porler 
à  jeter  les  hauts  cris.  Avec  un  peu  d'autorité» 
dont  on  Tinvestirait  quelque  part,  on  pourrait  se 
débarrasser  de  ses  clameurs  paternelles. 
Quand  ou  n'est  pas  vénal  par  un  point  on  Test 


TIRES   DES    ARCHIVES.  III 

par  un  autre;  il  n'y  a  rien  de  plus  facile  que  do 
corrompre  un  honncle  homme,  rcssentiel  est  Je 
mettre  le  doigt  sur  la  plaie.  Le  difllcile,  une  fois 
M.  Tîercelin  lancé  sur  la  pente  de  la  corruption, 
fut  de  le  retenir  ;  car,  en  ayant  pris  son  parti ,  il 
y  mit  une  frénésie  d'apostat,  réclamant  des  choses 
par  dessus  la  tête,  exigeant  des  honneurs,  de- 
mandant vingt  espèces  d'ordres;  voyant  déjà  sa 
tille  a  la  place  de  madame  de  Fompadour,  et. 
devant  cette  perspective,  se  montrant  sï  plein  de 
reconnaissance  envers  l'espion,  que  ce  fut  bien- 
tôt à  celui-ci  dese  défendre  contre  la  séduction. 
Bref,  à  la  suite  de  cette  conférence ,  et  d'uns 
autre  avec  AI.  Berryer,  qui  demeura  secrète, 
M.  'riercelin  resta  tranquille.  Le  pouvoir  conv 
met  beaucoup  d'actes  arbitraires,  par  la  simple 
puissance  de  la  persuasion,  et  dont  on  ne  se  ptaini 
pas,  parce  que  la  faculté  de  faire  impunément  le 
mal  étant  dans  ses  attributs,  plutôt  que  d'en 
loufFrir  a  ses  propres  dépens,  on  se  résigne  à  Vou- 
loir tout  ce  qu'il  veut  pour  en  profiter.  C'est 
toujours  cela  que  l'on  sauve  du  naufrage. 

Mademoiselle  Tiercelin,  lorsque  tout  fut  ar- 
rangé ,  fut  baptisée  par  le  roi  du  nom  de  ma- 
dame de  Bonneval,  et  introduite  sous  ce  non 
dans  les  petits  appartemens  à  Versailles.  Lepèse, 
lancé  par  tes  conseils  qu'on  lui  avait  donnés, 
tenta  de  faire  tourner  à  son  profit  le  sort  nouveau 


du  n  €lk»  et  tlntrigiia  ▼aîliamaient ,  pôttr  «I 
téotr  k  bool  f  atec  une  efironterie  pleine  de  can- 
deor  et  Traiment  digne  d*nn  meiDear  sort  ;  ce 
fiit  précisément  ce  qm  les  perdit  Ton  et  Tantre. 
L^  correspondances  secrètes  du  temps ,  qni 
né  inanquaient  pas  de  publicité  comme  on  sait  » 
assurent  en  dTet  que  M.  Tiercelin  prétendit  aux 
bomieurs  et  )i  Topulence  par  le  moyen  de  ma- 
dame de  Bonne?al.  Le  roi,  cliarmé  de  m  jenneaw» 
el  (AiubleflMnt  soumis  par  rascendance  de  ses 
pêlitiBS  grices  enbntines ,  était  comme  un  enfimt 
IniHuifelM  et  s'en  UMnIrait  tmtt  éfm.  8m  aena 
1Iés& âimaieiit  rétnmge;  il  commentait  k  mlas- 
beir  dulbmt  ton  et  dm  prétentions  des  damm  de 
Il  cour.  Son  pendiant  k  s'encanailler  m  mani- 
fliMiait,  et  1«  courtisans  ne  manquèrent  pm  de 
Wr  eAlé  d*en  conceiroir  quelque  espérance  pour 
ftrôriaer  leurs  projets.  Cétait  surtout  la  cdkalo 
opposée' ans  Qioiseul  qui  comptait  le  pim  aur  la 
nourrie  frTorite.  Les  coteries  étaient  mm 
n6iÀbre  alom;  oIIm  tournaient  sur  Im  ynom  du 


'  Ifdsle  principal  ministre  n*M  fiit  pm  long* 
temps  la  dupe;  m  jalousie  perça  contre  maiisme 
de  Bonnetal  ;  il  redoutait  surtout  le  crédit  qM 
M.  Tiercelin  m  flattait  d'obtenir  par  elle.  Le  to* 
niteui  bourgeois ,  circonvenu  par  des  ofideui , 
afediait  un  rontèra  inquiétant  sur  des  préten- 


TIRÛ   DES   ARCHIVES.  lî^ 

lions  que  l'on  cherchait  à  scruter.  Il  se  laisaît  im- 
péiiOlrable  parce  qu'il  n'avait  rien  â  dire.  U  ne, 
fut  pas  difficile  de  faire  entendre  a  M.  de  Choj-! 
seul,  sous  le  secret  de  la  poste  et  par  une  tac-{ 
tique  d'avertisseinens  anonymes,  que  te  roi  4e' 
Prusse,  ennemi  juré  de  madame  de  Pompadooc» 
alors  toute  puissante  (1754)  et  grande  amie  des; 
Choiseul ,  travaillait  sous  cape  à  fuire  déclarer  lat 
jeune  Tîercelin  maîtresse  en  titre.  On  donna  I4, 
tournure  que  Ton  voulut  aux  rorfanterios  du  boiv^ 
hooune;  on  fit  mieux,  on  le  poussa  lui-u)êia% 
daas  le  piège  ^  il  s'élança  sur  cette  donnée  comtne, 
un  vrai  braque,  el,  grâce  à  la  sottise  de  notrç; 
fou,  M.  de  Choiseul  vit  trt:s  clairement  que.l^- 
père  s'occupait  à  faire  réussir  celte  intrigue  étraiiTt 
gère  qui,  dans  le  fond,  n'avait  pas  le  plus  légeq, 
root  de  vraisemblance.  Inquiétez  un  ministre  su?, 
sa  place,  il  croira  les  plus  lourdes  biUeves^K,aet:' 
■vous  lui  donnerez  une  verve  de  démon. 

La  marquise  de  Pompadour  saisit  avidement 
cette  occasion  de  se  débarrasser  d'une  rivale  qui 
pouvait  devenir  en  effet  très  dangereuse  j  elleipiv 
tifia  M.  de  Choiseul  dans  ses  soupçons,  et,  sou- 
tenue par  les  terreurs  du  ministre,  glissa  dan^, 
l'oreille  du  roi  quelques  mots  de  ses  craintes  wir 
les  vues  mystérieuses  du  roi  de  Prusse.  Elle  prit 
son  temps,  bien  entendu  ,  en  créant  au  roi  des 
distractions  de  son  s;oùl.  Ce  prince,  assez  soup- 


Ir4  mkwmms  msTomQnts 

^<Wiifti*  9  te  montra  éhpMi  cottime  de  raitofi  h 
éeènier  étn  méinitatiom  tonttt  qifl  l'im  ttalÉl.- 
Uàe  jèrilbtancè  le  consolait  d*àne  tjMè .  et  ytt* 
iMÉllëltt  il  raUait  fi  d«  rarenrf  et  Un  pisié  |>o«r  l« 
(MfeiMH.  L«  Mî  de  Ttumé  était  partictanèrement 
Ml  kêlë  liolrv;  CÉf  ee  moAtfqtiè;  aetf  rt  ralleti^ 
M  îbMWitilt  «ik  tè^iftte  Uie£  lefelè*  ifui  ftliaièM 
ItMMMfr  vMHi  M  |ititnic«  Il  B^nÉ  dtfM  An  mMhCtil 
de  cIMMI  vMie  IMIVe  de  eÉCliM  ccMffMf  TlérceMI 
et  d  Ëito,  thne  ^ne  le  miiihttft  iM  blIiW  |lil 
MMOMr*  MmIUM  de  BotmeTu  M  eWi  pelrè  NNM 
dtfllfVn  riSK  Mfàii  itlÉud  ttl*iinÉ  ■  U  BAlHHè  jH!^ 
iMlMneJlt  juii|ul  il  A>rliè  de  M*  dé  CUmmi  dM 
ililriiMèrè*i  VimMMl  jdtqifett  ^Hù,  péiàm 
i|BiiuiM  inflj  eimige  renierciineiif  flpnt  cm» 
d»  |Mblll«Mi  «f  qui  dfit  èciàdaliiëf  HI.TlëMfik 
jtMfif Éà  Ibua  4e  limé.  Poter  phu  à»  toàtknÈAdIti 
IVgâni  éé  Ma  édlHfûp\S6à  l^t  en«iiM  cèiàf  d»  ébè 
incarcéntiMi.  La  tâMoti  dà  ittbàltètas  ttfiMII 
dMlilMI  dtt  tAtfUre. 

Lél  liMéft  tétrtM  nitthet  Ik  cette  igUoiéi- 
iriMJie  iblHgné  §oM  «otr  qu'elle  doii  jtamf'Mf 
17B#,  qAe  b  jeune  Tiereelin  fut  mise  dans  le  IK 
dé  Lôoif  XV,  jusqu'en  1796,  que  l'ordre  de  rtfl- 
iètûktt  le  père  et  la  fille  à  la  Bastille  fut  signl; 
déttéAment  digne  de  la  duplicité  du  monarque 
et  de  celle  du  père. 

On  écrirait  des  volumes  d'anecdotes  sembla- 


Tritis  DÈS  â.itCHiVES.  iTs 

VU»^  tÔbtM  serviraiont  à  prouver  là  comiôtion 
dé  la  cotii'  ot  la  patl  que  la  police  y  prenait  dt" 
reClenient  ou  pflri'intcrmddîali-e  des  courtisans. 
Les  affaires  de  l'Etat  en  dépendaient.  Les  défé- 
rebces  de  la  police  pour  la  cour  allaient  plus  loin 
ehcoYÈ  ;  on  tenait  la  cour  au  fait  des  uiille  et  une 
scènes  de  libertinage  qui  se  passaient  dans  Paris, 
el  dont  les  récits  pouvaient  alimenter  la  luxure 
du  prince. 

On  accuse  M.  de  Sartints  et  M.  Lenoir  ct'aToir 
été  les  cr^alètirs  d'un  butlelih  scandaleux  ;  c'esi 
une  erreur.  Biëii  a^ant  eux,  tes  lictiienans  de 
police  exigeaient  des  mûUresses  de  maisons  certains 
délaik  sur  ce  qui  se  passait  chez  elles ,  et  qu'elles 
fissent  connaître  à  la  police  le  nom  des  personnes 
et  des  6IIes  que  l'on  y  mettait  en  rapport.  Sur 
de  semblables  journaux,  un  employé  spécial  lèr 
digeaît  un  bulletin  pour  la  cour,  différent  du 
ballelin  politique  ou  d'espionnages  qui  avait  un 
autre  emploi. 

Au  nombre  des  renseignemens  que  l'on  don- 
nait sur  les  femmes  publiques ,  je  peux  faire  en- 
trer le  journal  de  la  dame  Dufresne,  célèbre 
matfreSse  de  maison  sous  M.  Berryer  ;  il  se  rap- 
pôiie  à  t'ailnée  1753.  Elle  y  dit  que  le  30  juin, 
un  M.  Cottel ,  mathématicien  du  roi ,  demeurant 
à  Versailles,  âgé  d'environ  quarante  ans,  était 
vend  chez  elU  ^  qu'il  y  était  entré  à  six  heures 


ll(>  MKMOIRES   HlSTOAlQCTi 

da  «oir  et  en  était  sorti  à  huit ,  et  qu*il  avait  Tm 
la  pedie  Raion  de  chcx  madame  liuguet,  aulra 
mailresse  de  maison  qui  faisait  quelquefois  des 
écbaoges  de  son  personnel  contre  celai  de  la 
Dufiresae  pour  oiTrir  de  la  dÎTenité  aux  amateurs  ; 
que  le  31  «  M.  de  Laroche ,  gouterneur  de  la 
ménagerie  du  roi,  chevalier  de  Saint-Lonis»  âgé 
d'environ  quarante  ans,  garçon ,  avait  vu  la  pe- 
tite ÀdilaUi  j  qui  demeure  au  Bm  Solomon ,  me 
Saint-Honoré;  quele22,M.  lebarondeRamliacq» 
chevalier  de  Saint-Louis,  demeurant  rat  Ha»» 
telSeuille,  âgé  d*envirpn  soiunta-dix  ana»  a  va  lu 
nommée  Vielairêj  qui  demeurait  ches  la  daam 
DuGresne,  il  éla|t  entré  à  six  heures  e^  sorti  h; 
sept  ;  que  le  même  jour,  le  prieur  do  Séaanno* 
en*Brie,  demeurant  rue  ThérèsOt  bulli  Saial-t 
Roch»  âgé  d'environ  trente-cinq  aoSt  ai  qni 
sli^hille  quelquefois  en  petit-maltra  et  en  éféê  , 
a  vu  la  nommée  Vicîoin  :  il  était  entré  à  haàl 
heures  et  sotli  à  neuf;  que  le  23,  M.  le  haren 
dUrsé,  vivant  de  son  bien,  demeurant  plaee 
Vendôme,  âgé  d'environ  quarante^cinq  antt 
garçon,  avait  vu  la  nommée  d'Arbg^  demeoraat 
près  le  Luxembourg  :  il  était  entré  a  sept  benne 
et  sorti  &  neuf;  que  le  mâme  jour,  M.  de  Cra* 
mille,  grand  chevalier  de  Tordre  du  Cordeo* 
Rouge,  lieutenant-général  des  armées  du  roi, 
frère  du  trésorier  des  états  de  Bretagne ,  denaen- 


TIBES    ors    ARCHIVES.  HT 

rant  avec  lui,  rue  des  Capucines,  près  la  place 
Vendôme,  âgé  d'environ  cimjuanle-cincj  ans, 
avait  vu  !a  nommée  Adélaïde ,  qui  demeure  au 
Roi  Salomon  :  enlré  ù  neuf  heures  du  soir  el  sorti 
à  dix  heures  et  demie  ;  que  le  24,  M.  de  Gervilie, 
Cordon-Rouge,  trésorier  de  la  marine,  garçon, 
âgé  d'environ  cjuarantc  ans,  demeurant  place 
Vendôme,  a  vu  P'ieloire  :  entre  à  huit  heures, 
sorti  à  neuf;  que  le  23  ,  M.  Paulmy  d'Argenson 
est  venu  à  dix  heures  du  soir  et  s'est  fait  cares- 
ser par  Victoire  (1);  que  le  même  jour,  M.  de  la 
Serda,  ambassadeur  dePorlugal,  demeurant  rue 
de  Richelieu,  âgé  de  Ireiile-six  à  quarante  Jyis  , 
a  vu  Agathe  de  chez  la  Desporles:  il  est  entre  à 
huit  heures  et  sorti  à  neuf.  Ces  nomenclatures 
n'étaient  pas  toujours  arides  3  on  y  donnait  cer- 
tains détails  que  je  supprime. 

Ces  journaux  n'étaient  pas  les  seuls  documens 
que  tes  lîeutenans  de  police  se  procurassent  sur 
les  personnes  qui  allaient  chez  les  filles;  leurs 
agens  leur  en  fournissaient  de  plus  complets. 
J'en  trouve  un  du  fameux  Duroclier ,  inspecteur 
de  pohce  sur  la  maison  de  la  Baudoin  ,  maîtreaM 
de  maison,  rue  Saint-Tbomas-du-Louvre  j  il  est 

(1)  Voyez  (lins  îcchapilie  des  lir/iitciiansdc  police,  l'article  du 

maïqiils  iC.-frgeiiiO'!. 


iiS  HÛioiUi  nitroMQVcs 

eu  ^  ppai  1753,  par  coniéquenl  101»  M.  B^- 

«  La  comte  d'Aranda ,  seigoeiir  espagnol  (1  ) , 
Mt  Tenu  deux  fois  b  sematoe  dernière  chex  la 
l^ndoin  ;  ^lle  le  conduuil ,  il  y  a  mercredi  huit 
jours ,  ches  la  Flamkerg ,  demeurant  me  SainU 
Hoqoré  i  le  comte  s'amusa  quelque  tempe  ayee 
cette  fiUe  et  loi  donna  six  louis  4'or.  Le  lende* 
main ,  il  vit  ja  demoiselle  Lemaire  »  qui  a  de- 
■lenré  autrefois  ches  la  Pain»  et  qui  demeura 
actuellement  rue  Saint-Iionoré  •  chei  le  man- 
çhoiinier ,  tout  près  du  doitre.  C'est  cette  mêsM 
fille  p  iQaitresse  d'un  monsque^ire  noir ,  qui  fui 
arroge ,  habillée  en  homme ,  par  le  sieur  Du- 
mon|  »  il  y  a  euTiroq  un  an  »  et  mise  au  Forf- 
Lévéque. 

«  liadite  demoiselle  Lemaire  fut»  Tendra^ 


MBte  d'Amda  fat,  peu  de  Inapt  apréteeUt  ipoyii , 
i  HsbsMidnir  dlUpagoe  à  ?iirif.  Rctoarnl  en  lipefe,  en 
IMiplefa  ^Mi  k  nfaïUièra  le  cami*  de  risffMs  aisap.  Il 
Ifp  pfniffa  su  perti  Crsnçiis  ra  JUptim  »  &  ripsqasdsip 
répabl^M.  11  rcaih  le  portrfeuilk  des  elblret  <tre«s*rei ,  le  i$ 
*79^i  **>  comte  «fAtciadte.  Le  oomtr  d'Areade  ffbt  pcr> 
\im  Bifefie,H0illé  ea  i^poar  e^iiir  éiè  Uop  iiiiwWs 
•Il  psrU  frpfiEflf^  Il  n«  «urv^nt  pe«  lorg-irnipi  h  m  dl^frte  »tt 
momt  en  Afifoii  un  aii  apr^  * 

Cétaii  iifi  dn  pliit  riche*  trifiietifn  r«pagnol«  :  il  k'rieH  fett  re* 
mergif^r  t*»  FrAiicc  pir  m  |'Ui("V-(*li1  *  *  i  :  a  p*nt  pour  1*.  i  It  iUc% 
vî  les  «a«4ti«. 


TlRfS    DES    AtCfitVtS-  lig 

dernier,  sur  le  soir,  iraveslie  daus  cet  )iabij^^ 
ment ,  chez  le  comte  d'Aranda  ,  qui  la  reçatfytt 
bieo  ;  elle  y  a  été  depuis  dans  le  même  costame  ; 
elle  paraît  plus  jolie  sous  cet  habillement  qUQ 
sous  celui  de  son  sexe. 

Hier,  sur  un  petit  mot  de  sa  m^in ,  il  a  &Ua 
courir  chez  un  sergent  du  guet  pour  la  réclamer. 
Sous  ce  costume ,  qui  ta  rend  impertioenle 
comme  un  garçon,  la  veille,  après  un  souper , 
elle  a  cru  pouvoir,  sans  risque,  prendre  dci 
libertés  cavalières  avec  une  danseuse,  dansons 
des  guinguettes  les  plus  populaires  du  Roule'^ 
et  balafrer  d'un  coup  de  cravache  la  figuce  Àa 
l'amoureux  en  titre  de  la  belle,  qui  s'en  est  ior- 
malisé  comme  un  jaloux.  Les  témoins  du  fait  ont 
pris  la  mouche  ;  des  mots,  on  en  est  venu  aux 
coups.  Dans  la  mêlée,  la  Lemaire  a  reçu  des  ho- 
rions ;  et  le  comte  d'Aranda ,  qui  s'est  tenu  à 
l'écart ,  n'a  pu  ta  soustraire  aux  mains  de  la  force 
armée  :  on  l'a  du  moins  préservée  d'une  bonne 
danse  en  l'arrêtanl.  Il  en  a  coûté  vingt  bons 
louis  au  comte  d'Aranda  pour  que  l'on  ne  fît  pas 
de  bruit  à  propos  de  celte  algarade. 

■  Le  sieur  Jouslty,  Polonais,  qui  Tient  de 
temps  à  autre  voir  la  Baudoin  ,  a  vu  chez  eHe , 
il  y  a  quelques  jours  ,  ta  demoiselle  Hippolyte  , 
Bile  cnti-clenuc ,  qui  a  demeuré  chez  Lafosse ,  et 
qu'elle  a  fiiît  sortir  d'une  communauté  où  elle 


laO  MBIMHIIES   HISTOaiQLt» 

était  en  pention  ;  il  lui  a  donné  quatre  louia 

«  Mercredi  dernier  «  te  vieux  Montremant , 
concierge  au  Palaisi-Royal ,  vint  cfaes  la  Baudoin 
lui  demander  une  lille  jolie  et  qui  ne  fàt  pas  en* 
eoîro  attchée ,  pour  fiiire  une  partie  chex  lui.  On 
alla  chercher  la  demoiselle  Dumsay ,  arrivée  de- 
pans  peu  de  Lyon -et  demeurant  rue  Croi%«des- 
rtti|8^hamps,aucaféilltMMlrv.  Celte  fille  est 
gvhndo  et  bien  fiiito ,  asseï  jolie  ;  elle  est  âgée  de 
WBgtrans)  elle  se  dit  musicienne  et  travaiUaat 
pour  ebtrer  a  TOpéra  ;  elle  a  effectivement  de  la 
nèîz ,  mab  on  dit  qu'elle  connaît  mieni  la  ciff 
dslaMss  que  celle  de  §éréêol.  M.  de  Montremant 
IfemawMi  chex  lui ,  sur  le  soir ,  et  elle  y  a  sovpé. 
Ella  aoopçonna  que  M.  de  Paulmy  était  de  ce 
so«per(1). 

«  Sigmé  Ucaocnaa.  • 

■ 

Les  préposés  de  la  polîce'chargés  de  ces  bon*» 
Isuses  missives  changeaient  avec  les  lienteaana 
de  police.  Sous  M.  de  Sarlines  ce  lurent  les  in- 
specteurs Marais  et  Quidor ,  aussi  célèbres,  dans 
leur  temps ,  pour  les  affaires  de  filles  publiques 
et  dlntrigues  galantes ,  que  les  Yeyrat,  les  Fou* 


(i)  Cas  ftâremmt  M.  de  PïmlmT  d'Arçcu-on ,  l«kii  lvduu  pour 


TIRES  DES  AncHrm.  IS) 

dras  l'ont  été  pour  l'espionnage  politique,  cjui  en 
eurent  l'attribution  de  nos  jours. 

Leurs  rapports  offrent  de  nouvelles  preuves  du 
syslÈme  de  dépravation  ,  suivi  par  la  police,  en 
même  temps  que  de  la  corruption  des  mœurs  qui 
régnait  dans  les  hautes  classes.  Je  crois  devoir 
fki  donner  un  aperçu  en  faveur  des  personnes 
pour  qui  de  semblables  anecdotes  ont  d^'atlrait. 

«  La  demoiselle  Desjardins ,  dit  l'inspecteur 
Marais ,  est  de  la  paroisse  de  Sainl-Roch  ;  il  pa- 
raît qu'elle  a  déserté  la  maison  paternelle  par  un 
coup  de  sa  tête,  et  parce  que,  dit-elle,  sa  mère  la 
ronait  de  coups  pour  lui  faire  épouser  un  homme 
qu'elle  n'nimalt  pas;  maintenant  elle  n'a  guère 
le  choix  ;  peut-être  qu'elle  ne  voulait  pas  avoir 
de  préférence.  Elle  entra  dans  une  troupe  de 
comédiens  à  Kochefort,  et  les  beaut-arls  ne 
fournissant  pas  nsscz  à  son  amour  pour  le  luxe, 
elle  revint  ensuite  a  Paris.  M.  le  duc  de  Mont- 
morency en  Bt  alors  la  connaissance  ,  lui  donna 
une  maison  ,  et  lui  lit  prendre  le  nom  de  baronne 
de  Franqueville  ;  M,  de  Montmorency  avait  une 
épouse  belle  et  charmante  qu'il  sacrifiait  h  cette 
prétendue  baronne.  Mais,  ajoute  Marais,  la 
Desjardiiis  était  très  liberline  et  d'un  genre  qu' 
plaisait  au  duc,  ce  i[iii  fait  assez  la  critique  de 
madame  la  duchesse  et  explique  la  préférence. 

■  Lu  demoiselle  ^uOt  est  iiKiilresse  en  tilrfi  du 


fl^  MC|K)1RE5   HISTOIUQUES 

ppipfir  Rop4Af  j^^^  ^^  diamaps  de  la  coaroont , 
^  ^enl  d'avoir  une  aflîure  atsez  grave ,  pour 
Ifl  TffVt^  ^^  500,000  frapci  de  diamans  dont  il 
fllfii  limpleioenl  le  dépositaire,  nais  afin  de 
Hf  xw&booner  4es  sommes  que  la  cour  lui  de- 
Tffj^  JH  ae  p9«vait  pas  mourir  de  bim  et  de  soif 
JUfffl^tfi  des  diafnaos»  Sa  sultane  affecte  le  plus 
§/(nf4  I<l^  f  ^t  Cm^  beaucoup  jaser  sur  son  riche 

ff  p%  fontesse  d«  Sabatini ,  qui  fit  telleaenl 
yjpfplenlie  dernièrement  pour  que  l'on  eipubit 
^  t(hfQi|eiirs  de  la  canaille  arrêtés  sons  ses  fe- 
If^tn^  I  est  toni  bonnement  la  fille  d*nn  sergent 
jfo  fég^ent  de  Barrois  et  d'une  TÎTandière.  Elle 
pfH  à^  bomie  beore  débauchée  par  le  oolo* 
V^  4tt  ^f  régiment ,  très  bel  homme ,  qui  sot 
fie  réserry  le  morceau.  Elle  lui  fut  pendant  trois 
Vff  ^d^t  il  était  du  reste  assez  brutal  et  ne  la 
ynépagepit  pas.  Cet  officier  apnt  été  arrêté  k 
piifO  f  ppw  UP  duel  qui  avait  une  coolenr  d' 
lassiml»  fut  fuivoyé  en  prison ,  jugé  par  dos 
fiîfurs  ^  et  condamné  à  perdre  b  vie.  Sa  jenno 
maîtresse,  avertie  sous  main  et  par  lui  de  ce 
qu'elle  avait  ii  faire ,  alla  parler  au  ministre  de 
Modène,  le  comte  de  Sabatini.  l/aflfaire  sembbit 
désespérée  ;  le  ministre  se  bi&sa  prendre  aua  char- 
mes de  b  jeune  solliciteuse.  fcUc  était  coquette 
comme  b  femme  d*uii  <*clie\in,  il  ét^it  friami 


TIRÉS    DES    ARCHIVKS.  J2^ 

comme  un  séminariste;  ejje  accepta  facilement 
la  proposition  d'être  entretenue  :  c'étaient  deuf 
bonnes  fortunes  au  lieu  d'une  seule.  L'officief 
ent  sa  grâce  du  minisire,  et  reçut  un  congé  de 
ia  belle  (|ui  lui  conseilla  d'être  $3ge  ;  le  minjstre 
laissa  prendre  à  celle-ci  le  nom  de  comtefse  Sa- 
balini.  Malgré  l'éclat  du  litre  ,  après  son  veuvage, 
elle  n'en  tut  pas  moins  tong-temps  à  Paris  saqs 
liaison  avantageuse.  On  lui  connut  vingt  passades, 
mais  pas  une  inclination.  Pour  tuer  le  temps. 
elle  fit  connaissance  d'un  sieur  Bertlielîn  ,  offi- 
cier de  maréchaussée,  liaison  sans  coosi^qiience, 
fondée  sur  des  rapports  d'esprit ,  car  elle  en  a  j 
el  puis,  ayant  trouvé  moyen  de  se  Irouveren  pré- 
sence de  M.  le  comte  de  Saini-Forentin ,  qu'elle 
ensorcela  par  ses  résistances  et  par  des  larmes 
sans  fin  sur  le  sacrifice  de  sa  vertu,  que  le  per- 
sécuteur osait  exiger,  elle  devint  enfin  sa  maî- 
tresse en  titre ,  toujours  sons  le  nom  de  comr 
tesse  de  Sabatini.  Probablement  que  cette 
canaille  de  chanteurs  qu'elle  prétendait  chasser, 
lui  rappelait  sa  voix  abominablement  fausse  et  sa 
basse  origine  ;  avec  l'organe  d'une  cabaretière, 
elleadesprélenlionshia  musique. (Juillet  1760).» 
Les  récils  de  Mamis  ne  se  bornaient  pas  à 
ces  aventures  de  fillettes  ,  ils  rendaient  compte 
aussi  des  fredaines  des  princes  et  des  grands. 


ia4  ■EMOIIlIt   WSTORIQCIS 

ff  H.  le  doc  de  Chartret  (depuis  doc  d'Or» 
léaoft  EgmKiét  a  soopé  roe  Blanche,  n*  9^  avec 
k  doc  de  Lauson,  les  doct  de  Fronsac,  de 
FiUt-Jamet ,  de  Gonflant ,  le  marqoia  de  Laval  » 
le  chevalier  de  Coigny ,  en  société  de  trois  de* 
moiselles  qoe  leor  avail  procurées  la  Brissaoll.(1  ) 
n  y  fot  qoeslion ,  entre  autres  saletés  d'usage , 
de  la  fille  d'un  peintre  de  la  foe  des  Saints- 
Pères  ,  <pii  résistait  a  M.  le  duc  de  Luxemboorg, 
quoiqu'on  abbé  de  beaucoup  d'esprit  eAl  offert 
aux  père  et  mère  de  la  jeune  personne  «  de  la 
part  du  duct  pour  qu'on  la  livrit,  six  nille 
livres  de  rente  et  10,000  fr.  d'argent  comptant} 
M.  de  Sainte-Foixt  trésorier  de  la  aiaiino»  avait 
offert  davantage.  M.  de  Fitz-James«  raillant  la 
sottise  du  messager  dont  on  s'était  servi,  voulut 
parier  cent  cinquante  louis  que,  sous  huit  jours, 
il  la  livrerait  à  M.  de  Conflans  k  moins  de  firais; 
la  Brissault  fut  choisie  pour  négocier  cette  af- 
faire ,  et  Ton  promit  k  cette  entremetteose  une 
forte  récompense  si  elle  réussissait.  La  fille  dn 
peintre  prit  en  mi^ine  temps  M.  de  Sainte-Foix 
et  le  duc  de  Luxembourg  ;  elle  s'en  trouva  bien. 


[tj  On  «err»  plut  ha»  que  celte  f-Mninr.  uimX  que  bm  ilauliv», 
^•It  une  umrlicre  dr  liKrtiub^^r  ciMpinc  AujuurJ'hui  In  l>c»1aic- 
f  lllr,  Ict  BcMrmi'i ,  etc. 


TIRES    DES    AltCRITES.  12$ 

et  les  compétiteurs  ne  se  doutèrent  de  la  ruse 
qae  long-temps  après  (1).  ■ 

11  était  passé  en  force  de  convenance,  dans 
la  hanle  compagnie  de  ce  temps,  soit  à  propos 
d'an  coup  de  dé,  soit  sur  le  moindre  pari, 
comme],  par  exemple,  sur  la  question  du  temps 
qu'il  ferait  le  lendemain  et  sur  d'uutres  baga- 
telles, de  8C  compromettre  d'honneur  pour  des 
enjeux  que  l'on  n'évaluait  pas  soi-même  et  dont 
l'objet  devait  être  mis  'a  la  discrétion  absolue 
d'un  tiers.  Quoi  qu'il  en  coulât,  il  fallait  en  venir 
à  bout,  c'était  un  point  d'honneur. 

— Je  parie  retourner  le  valet  de  pique  en  moins 
de  dix  cartes,  dit  un  jour  le  marquis  de  Laval. 

—  Je  gage  que  non!  dit  le  duc  de  Lauzun.  Le 
duc  de  Lauzun  perdît.  Le  duc  de  Chartres, 
cliargé  de  décider  de  l'enjeu,  très  embarrassé 
pour  imaginer  quelque  chose  de  piquant  après 
les  mille  roueries  déjàfiiites,  ouvrit  tout  sim- 
plement la  fenêtre,  et  désigna  une  jolie  dame 
qui  montait  en  voiture  à  la  lueur  d'une  bou- 
tique. Lauzun  devait  la  payer  à  Laval.  Les 
dettes  du  jeu  sont  sacrées.  Le  perdant  était 
déshonoré  s'il  n'en  venait  à  bout.  L'experte 
Brissault,  à  laquelle  revenait  de  droit  cette  expé- 
dition, se  chargea  de  l'aiïaire  j  et,  munie  d'une 


ïf6  HiMoiais  umMUQUis 

Idfj^élte  d'opéra ,  tandis  qu'on  lui  prépanît  nn 
cabriole!,  suivit  du  regard  fa  Toiture  dont  elle 
se  grara  la  forme  et  le  signalement  dans  la  tête. 
Elle  resta  près  de  trois  heures  dehors,  et  Ton 
était  en  trtuh  de  jouer  un  jeu  d'enfer  ians  s'in- 
<|iiiéter  des  suites;  car  llntrigante  avait  de 
TentMin  comme  le  premier  des  roués ,  et  opé* 
Mit  des  lÉiMcles.  Quand  elle  rentra ,  sa  poissote 
É^Oi^  de  matronne  était  Temûllonnée  de 
léMfi  ëub  if^tènta  et  but  trois  verres  d*ea«. 

—  Sijpfrîstîe!  dit-elle  enfin;  en  ^la  d% V 
mgtl  Devinèâ  qui  ce  pouvait  être  qno  cotte 
PMlûiêi  Je  4ôiis  le  donne  en  cent !•••..  On jm 
detiiii  pas.  —A  C'est  ma  cousine;  oui»  cm  fini 
iiilf  pMJpjre  germaine ,  le  sang  du  aan^  do 
saà^,  M  4ne  j^ai  ^nue  sur  les  fonts  de 
on65ra  1 

:^Bi>âtof  loi  dit  le  duc  de  Chartres» 
nV  ^pkflt  inehtir.  A  moi  la  filleule  après 
LiMÉf  f  •••  Voui  iteà  toutes  d*une  race  do 
dillélr  dépuis  le  commencement  du  monde  I 
je  té  crois  bonne  parente,  et  cela  va  ooAler  chîr 
à  ee  JNrtltrê  Làuaun.  Voyons,  mon  en&nt!  il  no 
fatit  jtas  l^essoufter  pour  cela ,  on  te  paiera  tao 
scrupules. 

'^^  Pour  qui  me  prenez -vous?  dit -elle  plus 
en  colère  ;  je  suis  connue  pour  faire  honnête- 
ment mon  état!  Il  n'y  a  pas  de  duc  pour  m'en 


/ 

TTRKs  nri  '  AKcftiVfe*.  fi^ 

rtymùnirer ,  toyez-Tons  !  «  jattrai*  oA  fle  tii'* 
dit  en  face  qhe  fatals  deé  scrapiiïeX.  Oti  yôR 
bien  dltfe  voua  avez  soiip6. 

—  Lit!  1.-1  !  la  Rifcrc  !  on  ne  se  fSthe  pi».  \A 
qualité  de  filleule  vaut  céilt  louis  de  ^lus  ;  on  léi 
mettra.  ,  -  i.       .  ■ 

^—  Mettre!  mellre!  mettre!  repHt-éfle  «n 
hochant  de  la  tcte  ;  cela  vûus  plaîï  à  dire  ;  Voiis 
niAaàgtrttiZ  pas  le  contre-lenips,  et  j'en  suis  «  «if- 
foqu^e  que  j'en  étouffe.  C'est  le  premier  échec 
de  m»  vie  ,  tnessîcurs!  le  premier,  et  le  guJghoH 
feUt  que  ce  soit  dans  ma  Famille  ehcore  !  Ecoutez 
là  chose  !  Ititùrméë,  par  le  pof liëi',  dii  ribùi  de  la 
dâldc,  daf,  daf,  je  monte  quatre  à  quatre,  et  je' 
me  jette  k  son  cod  ;  mais ,  lu ,  de  tout  mtin  cœur. 
Oh!  là  meiUeure  ci'éalufe  du  monde  de  ce  èôti*! 
c'éA  une  vraie  justice  a  lui  rendre  ,-  elle  me  ba- 
sait comme  du  pain,  que  j'en  avais  tes  lariïlét 
aux  yeux.  Quinze  ans  d'absence;  jugez  dotici 
Et  ma  marraine  par-ci,  et  ma  filleuïe  |>^f-fi: 
Ifès  bien!...  Les  tendresses  finies,  je  pehde  Si  Fait 
faire.  On  sait  comme  je  m'en  acquitté.  J'aî  toù^ife 
lés  ctieses  comme  entre  deux  yeux,  êri  jfa  flâl- 
tant,  en  la  trouvant  belle,  en  lui  prehkif^  It 
taille,  en  l'embrassant  sur  les  bras,  la  gorge  et 
le  cou  comme  un  libeilin,  car  je  l'avais  troiivée 
qui  se  déshabillait,  en  attendant  son  mari.  Bifrl 
dès  le  premier  mot  un  peu  clair,  la  bégueule 


laS  MUIOIIIRS   HISTORIQirBS 

a  fiût  on  cri  d'aigle,  un  cri  de  merluiine,  quoi! 
ne  damaodantt  si  c'étail  par  hasard  moi  qui 
étais  ce  que  je  suis»  la  Brîssault  enfin!  connue  de 
U>ui  le  monde.  Puis,  sur  mon  atru,  et  que  je 
m*eif  Tantais,  dii!..«sans  vouloir  m'entendre, 
elle  m*a  dit  de  déguerpir,  et  plus  \îte  que  ra  ; 
qujB  aon . mari  «  s'il  rentrait,  me  donnerait  une 
fiuneuse  chasse,  et  des  sornettes,  des  imperti- 
Qçiices  par  milliers,  de  la  morale,  messieurs, 
copme  à  me  créature  de  rien.  Jour  de  Dieu! 
Je^  sais  le  prix  de  toutes  les  plus  helles  de  la 
coiiir  |k  vn  écu  près  ;  je  puis  fournir  des  femmes 
deme^trats,  en  in*y  prenant  trois  heures  h  Ta» 
Tance.  Les  houi|[eoises  »  on  en  est  las.  et  <^  m 
uit  rien  ;  le  peuple ,  ça  n'en  vaut  pas  la  peine  ; 
j'ai. dit  cent  mille,  cent-cinquante  mille  liiwesl 
j'ai  dit  des  choses  par- dessus  les  montagnes; 
et  ma  filleule,  ma  propre  filleule  me  refuse!... 
Je  n'en  revenais  pas ,  je  croyais  qu'elle  voulait 
davantage!  Que  diahie,  dans  une  boutique  de 
drapier,  deux  cent  mille  francs  sont  un  joli  jour 
de  recette.  Elle  m'a  traitée  comme  la  dernière 
des  dernières;  elle  m'a  fait  mettre  à  la  forte. 
Concois-tu  ra ,  mon  pauvre  Lauzun  ? 

—  Je  conçois,  lui  dit  le  duc  ;que  veux-tu,  mon 
enfant  !  nous  sommes  déshonorés  tous  les  deux. 

LaBrissauIt  exaspérée  se  leva. 

—  Non!  dit-elle,  en  frappant  du  poing  sur 


Tr 

nhis  DES   ARCHIVES  139 

la  table,  je  réussirai  ou  j'y  perdrai  mon  nom. 
Si  je  manque  ma  filleule,  je  me  retire  à  l'instant 
du  commerce.  IL  ne  sera  pas  dit  qu'une  mor- 
veuse me  perdra  de  réputation. 

U  est  de  fait  qu'elle  tient  encore  sa  maison, 
sons  le  même  nom  et  dins  la  même  rue;  mais 
je  ne  sais  pas  la  fin  de  l'Iiisloire. 

On  lit  dans  une  autre  note  que  c'est  uA 
miracle  que  le  guet  n'eût  pas  encore  surpris 
M.  le  comte  de  La  Marche  s'inlroduisant  la  nuit 
par  un  soupirail  de  cave  chez  la  princesse  de 
Chimay.  Mais  veici  sur  U  princesse  d'autres 
détails  qui  ont  dû,  plus  encore,  faire  rire  la 
cour  lorsqu'elle  en  eut  connaissance. 

■  Monseigneur  le  comte  de  La  Marche  (1)  est 
venu  chez  moi,  dit  l'inspecteur  Marais,  dans 
une  note  à  M,  de  Sarlines  (17G2)i;  il  m'a  prié 
de  lui  procurer,  sous  le  délai  le  plus  bref,  un 
homme  qu'il  pût  avec  pleine  confiance  employer 
dans  ses  affaires  de  galanterie.  Après  avoir  reçu 
vos  ordres,  Je  lui  en  ai  donné  un,  et  voici  les 
consignes  que  Son  Altesse  lui  a  dictées  j  savoir, 
de  faire  en  sorte  de  se  lier  avec  les  gens  de  la 
maison  de  madame  Thiroux  de  Montgirard  (2)  ; 

(i)COiiiillL-û's  ilii  priiicuckCoiitii  il  ai'jii,  ii  l 'époque  i1«  tre- 
daiiKs  <lo.it  il  r:.l  ici  qiiolion,  lrtiil.;-,six  nii*. 


i5o  wrjfoiiirji  iiistoiiiques 

^  4^iDenre  roe  Feydetu ,  «fin  d^  conniSUre  ce 
qo'QO  y  diiiiit  de  lui  ;  de  s'informer  «  W  éinc 
de  FroQiac  n'y  allait  point,  ou  quelques  antres, 
sur  le  pied  damans;  et  de  ripslmire  exacte- 
ment des  jours  que  cette  dame  irait  an  spec- 
tacle. 

ff  Notre  homme,  jusqu'à  présent,  s'est  bien 
acqi^itté  de  sa  commission.  11  s'es(  lié  avec  un 
des  laquais  de  la  dame  »  lequel  l^i  a  dit  qi|e  (e 
comte  de  La  Marche  était  fort  pmoareos  4t 
sa  maitresse  ,  mais  qu'il  n'était  pu  le  seul  j  oee 
H.  le  duc  de  Fronsac  l'était  aifs^a  «  et  ye^9f^  ^«4 
senvent  la  Toir,  ainn  qn'un  gnn^  qfRcifV  iihk 
gardes  qni  paraissait  au  mieux  avec  ffllf. 

Telles  étaient  les  mœurt  du  gnnd  naqpi^i 
wqssi  libres  que  celles  du  petit  mon49»  et  les 
4éUMlt  qu'on  mettait  sens  les  yen  4^  roi  e(  <lf 
pe  maîtresse  i  mais  suirons  Maraia  dans  «ça 
récit. 

Par  une  seconde  note ,  il  fait  part  i  M.  df 
Sartines  des  atteptions  qu*un  M.  de  Mon^m^ 
montre  pour  madame  de  Montgirard ,  au  i!pcMh 
tacle ,  et  des  moyens  qu'il  employa  pour  saToir 
jusqu'où  cette  liaison  pouTait  aller,  m  Je  fis  par- 
ler Il  cet  effet,  dit-il,  au  n^grc  de  ce  monsieur, 
qni  tout  naturellement  avait  dit  que  cette  dame 


TinsS  DES   ARCiOVItS.  I^t 

é^k  «»«Hr^^  de  »q^  WÎJrejqji^j  »  J(b 

'voytft  quelquefois  àt  sa  pe^^  j^t^ai^o^:  4^,;JU 
duuM^e-xi'AnUn.  Une  b«lh  (emm^  ft#  éitkmm» 
«tt  l'p^nei^i  le  plvi  iangerevm  ^  t/m  fl^ir^...Qnjj|p 
^t)r^i(  trop  avoir  l'œil  à  ces.  papjiganf flf  ;. jKfi 

H^e  temm^  P^fiée,  quao4  ^Uft  ^fl||et4mHM|. 

la  petite  maison,  et  la  (sini^ii» .^  /c(^jQ^if)fg%  |i|i 

*  4f^  T«W  en  ayoir  copu^ttui^»  jfmv 
iWrtïWi  B*,  le  comte  de  14a  1M|9Çp)m»  4<i (>^pCliMtf 
Wr  mon  rappojrt,  n»'a  fait  Vh^ttnfafn^^ytif^ 

«j^^mçir  ^f»  <iéo<>ttYer|e»,l'«iBi^qïifi^«<M,#|l5f 
Vil  dit;  il  m'a  fait  connaître  qu^  gasj^^ffeiny 
étaient  beaucoup  plus  avancées  auprès  df^  çeJ^t^ 
dame  que  je  ne  le  croyais.  Il  lui  écrit  par  la  pi^ 
tite  poste  \  elle  fait  réponse  par  la  même  voie  ; 
il  m'a  fait  la  lecture  d*une  phrase  ainsi  conçiia: 
«|Mon  prince,  plaignez-moi!  vous  êtes  sawfi 
«  contredit  Thomme  du  monde  le  plus  aimabt4^ 
ir  mais  j'entrevois  mille  obstacles  au  plaisir  cplJK 
If  j'aurais  de  vous  voir.  »  Vous  voyez  bien, 
m'a-t-il  dit,  que  c'est  une  femme  qui  capitula; 
elle  entrevoit  mille  obstacles,  mais  elW  n^  àilL 
pas  qu'ils  soient  insurmontables  ;  aveq  ui»  pw 


l5u  M^MOIRKS   UUTORIQCES 

de  patience,  j'en  viendrai  à  bout.  Elle  m^adore! 

et  elle  est  Tictime.   Lct  femmes  sont  bien  i 

plaindre  d'avoir  a  leurs  trousses  tant  de  jalou. 

Je  lut  ai  fait  réponse  a  sa  dernière  lettre  ;  et,  après 

%i  aToir  d^*bité  mille  tendresses,  comme*  par 

t^emple  »  cpc  je  serais  au  désespoir  de  rien  faire 

-qui  pût  la  compromettre,  qu'il  fallait  qu*elle  eût  la 

bonté  de  te  prêter  un  peu,  je  loi  laissau  le  choix 

'des  moyens  ;  présentement ,  mon  cher  Marais , 

tijbnla  le  pritoce ,  il  me  sdfirt  de  savoir  qnand 

elle  ira  )i  la  comédie.  » 

Les  récits  de  Marais  n*étaienl  pas  toojoors 
Èum  particularisés;  car  il  ne  s'agissait  pas  ton* 
•joMra  d'un  prince  du  sang  ;  mais  ils  n'en  frisaient 

■ 

yftà»  moins  connaître  les  exploits  de  même  na- 
'MM ,  et  bien  d'autres  même  plus  bicarrés.  J*en  si* 
^ilbrai  quelques-uns  qui  feront  d'autant  miens 
'4Séhîkt6trt  les  révélations  que  se  permettait  k 
f^tlfce  dttM  sa  correspondance. 

On  lit  dans  une  note  qui  en  fait  partie  que  la 
Brissault,  nne  des  courtières  de  débauche  dont 
il  a  été  déjà  question ,  instruuit  Marais  (S  avril 
4774)  que  le  duc  de  Chartres,  le  chevalier  de 
Coigiiy,le  comte  de  Noailles,  le  prince  de  Ligne, 
le  baron  de  Besenval  (qu'on  prononce  Beceval), 
M.  de  Vaudreuil,  le  comte  de  Stainville,  sou- 
)pèrent  chez  elle  avec  des  filles ,  et  qu'après  une 
wgie  qui  dura  presque  tonte  la  nuit,  ils  eurent 


TIRES   DES   ARCHIVES.  1.10 

la  lésinerie  de  ne  lui  donner  t[ue  neuftouis  pour, 
les  frais  dn  souper  et  de  la  sé;ince;  le  baron  d'O- 
gny  (1)  avait  été  plus  magnifique  vis-à-vis  d'une 
l>:ironnede  Brévcuan,  lllle  publ)c|uc,  long-temps 
connue  sous  le  nom  de  la  |>etite  Lecoq.  Il  la  logea 
dans  un  superbe  hùte),  lui  faisait  de  nombreux 
cadeaux,  tantôt  cent  louis,  tantolde  l'argenterie, 
une  autre  fois  pour  1 ,500  fr.  de  porcelaine.  La 
vanité  est  l'émulation  des  sots  et  des  femmes 
galantes,  dit-on.  Quand  les  coiu-lisancs  s'aperr 
çurent  que  pour  s'enducatUer,  de  celte  façon  du 
moins  ,  car  il  s'en  fallait  de  toute  l'élégance  des 
bonnes  manières  que  l'ianitation  fût  complète, 
les  amateurs  de  la  robe  et  de  la  finance  met- 
taient l'enchère  sur  leurs  attraits,  elles  Brent  les 
renchéries;  et  la  correspondance  de  Marais'fut 
remplie  des  dépenses  scandaleuses  que  les  vam- 
pires publics  et  les  gens  de  cour  faisaient  pour 
les  obtenir.  Tout  ce  que  nous  avons  vu  de  nos 
jours  des  prodigalités  des  gros  financiers  et  de* 
grands  seigneurs  du  règne  de  Bonaparte,  à  part 
la  grossièreté  qu'ils  tenaient  des  camps,  n'appro- 
che pas  des  extravagances  dont  les  détails  pa- 
saient  sous  les  yeux  de  la  police  de  l'ancien  ré- 
gime. Le  pillage  a  passé  de  la  France  à  l'Europe; 


{i)  Intendant  gùuûrnl  de.',  poslcs 


|34  HàlOlRES   niSTOAlQlTHS 

k  fomâ  des  mctun  est  le  tnême.  On  se  prend  ï 
nneUer  la   forme  quand  le  fond  ne  change 

On  m  alors  un  étranger  (1)»  le  Polonais  Po- 
iockiy  donner  a  une  demoiselle  ToateTiUe,  le 
même  jour,  des  boucles  d*oreilles  de  1S,000  Gr., 
une  maison,  un  carrosse,  des  laquais  h  livrée,  et 
tout  Tattirail  du  luxe ,  pour  avoir  le  privilège 
êàHmifât  coucher  avec  elle  (juin  1763).  Ou 
Tfaorit  d'exclusion  va-4-il  se  nicher?. . . 

Plus  tard  ne  vit-on  pas  M.  Bertin ,  llntendant 
dw  parties  casuelles»  louer  pour  une  flle  nou- 
ToUitment  arrivée  de  Lyon  (2)|  un  appartemeni 
4fi  3UQ0O  fr.^  y  mettre  des  meubles  magnifiques. 
Vu^tanle  trouva  une  bourse  de  deu  mille 
Iffffu  pour  la  dépense»  et  dans  une  antre  cinq 
(^ts  pour  ses  menus-plaisirs;  plus  un  écrin  de 
^Q/ÉO  (t.;  enfin  du  linge,  des  étoffes  et  des  den- 
tel|ef  j  excès  que  Ton  révoquerait  en  doute»  s*il 
n'^ti^t  ceinstaté  dans  des  rapports  que  celui  qui 

*■  '1^1  fil  fi    ■  I  ■■ 

(i)éblto  l%lMUdMil  ilM  ti  Msmt  pirlé  danA  I  hiMalrv 
èmwmU^mnée  laPolmoc.  Voj^rtociic  histoire  par  M.  de  aka- 

(9*  O  M.  B  Tlin  fut  lin  drt  ^tii%  inir>-|ilfl- «  riitroi  iicur»  de 
fil'M  dm  r«ii«.icn  jt-i;.ii.i  ,  uulit*  c.-l'f-«  qui  ,  c*>iiinic  U  L^ofiiMix  • 
élairot  ciitrclrnut-ft  »iir  Ir  (ijinil  |<ir<!.  :l  «««il  iê  %*-%  K*it*'*  '*"^*  l>***^c 
de  Jriin* 'i  Jiî  »li»-«  .îan-  ^••^!^  f*^  qn»li..  r«  «Ir  r»r**.  V  HaH  fsiil 
|»4ittil  *\a  ir>iM  «*i.  H.itiii 


riKÉs  DÈS  AkbkiVk^.  iSti 

lés  fiMÉtt  h'aVàit  nT  droit,  m  àl\)tif  d'éià^^i^éi^. 
Qike  péiÉsci*  dé  ce  iju'oh  ]^a][>pbhe  du  âixé  de  fti^ 
ch^en ,  qài  àiit  son  lîtachat  au  l!ilotit-d'e^]^iéi| 
daAè  hih  làoilièiit  pressé,  po«ir  à^àdier  la  li|aii- 
ipin,qllélous  les  libertins  dé  l^aris  se  disputaieiill 
11  cAuihit  à  ee  sujet  le  couplet  suivant  : 

Ja<kM  Tendit  JésaM^irial»  :     ^> 

Et  s'en  pendit  de  ragf^  ^  /   n 

Eichelieu  y  plus  fin  qne  lai , 
ira  niis  ^  le  àâth^^ÉspHt 


I 
I 


<  '  î  ■>  ^ 


|1  %|inhïait  que  les  noms  les  plus  djatinfu^p 
Iwseiàt  destinés  à  fournir  à  cette  chironiqu^  jf^or 
daleuse.  .  Mi  i. 

Marais  écrivait  au  lieutenant  de  p^U^  nur 
M.  de  Rohan-Chabot  :  «  Ce  seigneur  est  venu 
chez  la  Montigny  (1)  lui  faire  une  proposition 
qui  a  paru  fort  extraordinaire.  M.  de  Rohan- 
Chabot,  après  avoir  exigé  d'elle  un  service  in- 
violable (très  bien  gardé  comme  vous  voyez),  lui 
a  dit  qu'il  fallait  qu'elle  lui  trouvât  un  jeune 
homme,  grand,  sain,  fort,  vigoureux,  qui  ne  fut 
point  connu,  pour  avoir  affaire  a  une  dame  de  la 


(i)  Il  est  inutile  èii  dire  que  la  Moiiliguy  ctait  uti'e  c^'ltbWeii- 
IrciiïeltciKC  de  celte  époque;  son  nom  e.'-t  nusslcontixl  Vlafts  l'hte- 
toire  de  nos  mœurs  que  ceuï  de  Sully  el  'l'urcnnc  dans  Thisloire 
de  France. 


|36  MÉMOIRES   HISTORIQUES 

première  condition ,  fort  aimable ,  qui  n*aTiit 
jamais  communiqué  qu*avec  son  mari,  mais  qui 
était  curieuse  de  goûter  d^  plaisirs  avec  un  antre 
homme.  La  Montigny  loi  a  demandé  pourquoi  il 
ne  la  satisfaisait  pas  lui-même;  il  lui  a  fépondn  : 
Que  cela  ne  se  *)ouvait  pas ,  et  que  cette  dame 
avait  bien  touIu  se  coniier  à  lui;  il  y  a  dea  rai- 
sons pour  cela,  et  il  faudra,  a*i-il  dit  a  la 
Montigny,  que  celui  que  ta  trouTcras  consente 
que  je  vienne  le  prendre  chei  toi  le  soir,  et  que 
je  remmène  les  yeux  bandés  dans  une  maison 
où  sera  cette  dame,  et  qu*il  la  satisfasse  en  ma 
présence.  Surtout  qu*il  ne  soîl  ni  gard»dn-roi, 
ni  gendarme ,  ni  mousquetaire,  ni  soldai  aux 
gardes,  parce  qu'il  pourrait  reconnaître  cette 
dame  lorsqu'elle  va  k  la  cour.  Je  Toadrais,  con* 
ttnua  le  comte,  que  ce  fût  un  beau  garçon,  de 
la  lie  du  peuple,  et  qu*il  arrivât,  si  faire  se 
peut,  de  province.  Au  reste,  il  sera  bien  payé, 
et  toi,  tu  peux  6tre  sûre  que  tu  seras  pins  que 
contente;  mais  aussi,  si  tu  commets  la  pins 
légère  indiscrétion,  tu  es  une  femme  perdue 
sans  ressource.  • 
«  La  Montigny  lui  promit  le  secret  et  de  donner 
ses  soins  pour  trouver  un  homme  tel  qu'il  le 
demandait;  mais  qu'il  lui  fallait,  la  chose  sortant 
de  ses  attributions,  un  peu  de  temps  pour  y  par- 
venir. M.  de  Chabot,  trlrs  ardent  a  la  curée  ii  ce 


-qu'il  ^nib,<e>k  dèj^  rereim  ^«atn.jGiiî»»:  ajoql^ 
l'agent  dee^^Kce;  mais  la  Moiiji^y  n'.m  rie» 
voulu  faire  sans  me  communiquer  la  chose,  dans 
la  crainte  où  elle  esl  qu'on  ne  détruise  son  étalon , 
et  que  pour  ensevelir  le  mystère  on  ne  Inilaasek 
elfe  un  mauvais  parti.  J'ai  demandé  a  la  Montigny 
S)  elle  ne  se  trompait  pas  et  si  elle  connaissait  bien 
M.  de  Roban-Chabot  ;  elle  m'a  répondu  cpi^le 
était  aâre  de  son  fait;  que  -ce  Chabot  âvaîi.b 
livrée  de  Rohanj  qu'il  avait  été  ci'de'^aiMicoloBa^ 
deé^grenadlera.de  France;  qu'elle W4ir«f ait àn- 
jatard'^mi  maréchal-de^amp;  qn'ilpdwiititkTdfr 
an  p|i&trente  ans(1):;qa^il  était  l>lanë.<U  cW 
veux,  le  visage  fort  maigre  etiles' jonei'cnwitL 
En  outre ,  qu'elle  ne  pouvait  pa*  <e  tromper, 
parce  qu'elle  avait  eu  affaire  avec  lui  du  temps 
qu'il  était  encore  aux  grenadiers  de  France. 

K  Je  soupçonne  ,  c'est  Marais  qui  parle  ,  que 
cette  dame  est  dans  l'impuissance  d'avoir  des 
enfiins  avec  son  mari,  qu'il  lui  est  intéressant, 
ainsi  qu'à  son  mari,  d'en  avoir;  que  ce  peut 
être  mètne  la  femme  de  M.  Rohan>Chabot ,  et 


(i)  La  Monligny  se  trompait  ;  ce  Rohan-Chaliol,  si  c'iiail  Tui , 
derail  avoir  quaraiiK'-fppl  ans:  né  en  ''tj.  il  a'ait  été  d'abord 
d»tiiié  à  l'eut  cccléïiasiiqui; ,  et  ap^iilé  Vabbà  de  Léon ,  puis  (ait 
iiiaiire-ile-uin:p  d'un  régimoiit  du  cavriltTÎu  de  Mninom,  ensuite 
ni:irfchai-dc-cainpcii  1748.  Il  avait  i^pousc,  tn  1753,  lalîllcd'uD 
conseiller  un  l'arlaiiciit  de  l'aiis ,  <iu»l  il  n'tnt  puini  d'eutaul, 


piTMit  iatrigM  galante*  ils  mhI  4racôord.  J'ai 
11»  il  f^MBUMndé  h  la  II «mtigay  da  n'èa  mn 
flIM  ftMt  m'M  fftteëra  caoiple,  afi»  4*iv«ir  la 


fl  dU  l^wriUrs  «vealWM  dbviitMfc 

|ps  kwilK  kir  plâirei 

Là  BihiwÉli  iéç«t  m  jour  wia  Vitra  éW 
■i  dU  BmAm^o  {1)f  doal  tile  ••  oral  pM  4v» 

m.  La  Toid. 


< y^ tel— il  >  %«ot»  DM  chèn  BriMMdLi  je 
amvé  lûw»  et  je  voudrais  que  Toiift  «'en- 
éafluia  an  aoiTy  rar  lee  dix  heaiaa  ai 
daoMaf  ase  Irèt  jolie fiUe.  Veostaves  qve  jetaii 
4ifllcila,  ai  que  )e  lea  aime  grandes,  jeunes» 
bien  faites  »  minces  de  laiUe  «  el ,  cooMue  iraas 
penses  bien  »  très  sures.  Il  faudra  qu'elle  m*ap- 

porte  une  lettre  pour  prétexte ,  afin  que  mes 

. 1 

(i)  l4Miit*Aotofiie  Duprat,  marqyi»  de  Cnnjr.  tiuitécli*l«av- 
SiSip»  §nMé'^tù9mrân  duc  d*OrléaiM,  «pprlé  le  marqub  de  Sar- 
laaçM;  R  avait  fpovsé  en  ftrcnnde»  uoeet  une  ÈVt  du  min|qH  dr 
UTMMbebowf  finorttn  1::$. 


TIH^  DIS  UOÊÏÏfMBi  t|§ 

glHls  Iftf  iè  iloiltetttrde  Hem;  Je  Toiit  dbiwo  k* 
BMlièl^,  et  tdUs  ëdibinMe. 


V 


^  . 


Ce  fut  tkhe  fiUè  nonliiiéèDtiVteitaejr^pMa  la  Bwf 
mit  M  éilToya.  M.  dé  Bàiiiân^tm  ^  dit  MalPâii  | 
là  tt>bttVà  nt  telle  qu'il  la  dééirài t^  hii  dit  t  é  MA^ 
à  deifadiéëllë,  j6  vou^  trouTé  fAtt  àioMMe}  il  n^mt 
i  pis  ^Qéittbn  de  moij  pdri^  kf  AéttiMtt  T  Élëtt 
i  biéh  de  itton  filé ,  ^ne  toM  tti^  J  il  i  d)j|4ifltl 
k  klié  fëTÔlas ,  et  c'est  iln  ftèfit  httitl  ((«lë  Itt  tti;^ 
k  Mè  AoihîAe  ;  il  ii^ë  tduràlëiltè  MU»  ëeséè  fdlié 
«  sM^ôii'  ce  ^ë  c'ëât  qtt'tttte  joH«  fepéie,'  ^^i 
«  qU  ^œii  de  tàn  âge ,  et  vdMr  ê«é§  joHë.  9i  |è  M 
«  l'autorisais  en  le  diri^atit ,  je  iilè  crbiràlk  VèH^ 
é  pohsable  des  détordrës  qtti  ré^ltélrttient  Se  sa 
^  timidité.  Des  sols  hésiteraient,  et  le  perdrâiérit 
ir  en  le  laissant  à  lui-même.  Voyez  k  lui  donner 
«  la  preitiicre  leçon  dd  courage  et  de  plaisir.  Je 
9(  vous  laisse  ensemble  ;  je  m'en  rapporte  com- 
<f  plétement  a  votre  franchise  pour  savoir  de 
f(  vous  comment  il  s'y  prendra.  Apprenez-lui  ce 
<f  que  chaque  sexe  doit  a  l'autre,  dans  un  hon- 
'(  nête  échange  amoureux.  En  méritant  sa  re- 
«  connaissance,  vous  aurez  la  mienne.  *  Et,  aus- 
sitôt, il  les  enferma  tous  deux  sous  clef,  et  passa 
dans  une  chambre  voisine.  Le  jeune  homme  se 
voyant  Ictc  à  tCtc,  sans  perdre  de  temps,  se  jette 


i4o  MBMOiitf  ■snÛQims 

au  Mtt  de  la  jeone  fille ,  reuihriMe  t  {Murcooft  set 
cluurmes;  il  loi  fait  connaître  énergiqoement 
qa'en  amour  les  noTÎces  talent  les  profts«  quand 
ils  ont  de  la  docilité  sortoot.  M.  de  Barbançon 
pèn ,  inqnîet  et  attentif  k  la  povte  »  se  donUnt 
enfin,  par  la  tranquillité  qui  régnait  dans  la 
chambre  »  que  son  fils  en  était  k  la  reconnaia* 
sance ,  entre ,  et  demande  à  la  jenne  fille  si  aon 
fib  loi  parait  atmr  d^heoreoses  dispositions*  Elle 
ne  répond  k  cette  demande  qf 'en  se  jetant  am 
cott  do  )eone  homme ,  qu'elle  cootto  de  baisers. 
Le  père ,  comprenant  par  cette  éprenta  qne  wn 
fib  est  digne  de  le  remplacer  dans  la  canrtèn 
galante,  les  embrasse  Ton  et  Taotrei  le  reoMr» 
ciment  capital  Ait  de  tingt  loois. 

Parmi  les  roués  qui  fournissaient  le  plus  ans 
récita  de  la  police  »  on  trouvait  aoutent  le  bmeas 
comte  Dubarry  dont  le  nom  rappelle  une  des 
femmes  célèbres  par  leur  beauté ,  et  dont  la  fin 
fut  si  déplorable.  On  sait  que  ce  Dubarry  TaTail 
épousée  pour  qu'elle  pût  changer  son  nom  do 
Vaubemier  et  atoir  le  titre  de  comtesse  ;  mais 
ce  n'est  pas  d'elle  qu  il  est  question  ici  ;  c'est  de 
son  épous.  Un  mémoire  adressé  ao  lieutenant  de 
police I  pour  une  des  femmes  qu'il  atait  séduites, 
lait  connaître  toute  l'étendue  de  sa  dépravation. 

«  La  demoiselle  Bouscarelle  avait  mallie oreu- 
sèment,  dans  sa  jeunesse,  quelque  beauté,  dit 


tlR^S  DIS  ARGHIYÉI.  t^l 

la  MBor  de  cette  jeune  femme^  dans  le  mémoiK 
cite  ;  ce  don  de  la  nature  n'a  servi  qa'k  l'envi- 
ronner de  séducteurs ,  mais  jamais  elle  n'en 
poovait  rencontrer  un  qui  approchât  du  comte 
Dobarry .  Cet  homme  odieux  la  fixa  auprès  de 
lui ,  au  commencement  de  1773.  La  crainte 
qu'avait  le  comte  Dubarry  que  ses  crinies  inté- 
rieurs et  domestiques  fussent  connus,  l'empê- 
chait de  permettre  a  la  demoiselle  Bouscarelle  de 
Toir  même  sa  sœur,  hors  de  sa  présence.  Elle 
Tivait  publiquement  avec  lui,  faisait  lés  hon- 
neurs de  sa  tabte  et  de  sa  maison.  Le  juste  mal- 
heur qui  est  venu  fondre,  dans  la  suites  sur  la 
famille  Dubarry ,  à  la  mort  de  Louis  XV,  n'a 
même  pu  la  séparer  d'avec  le  comte ,  qu'au  mo- 
ment oii  celui-ci  s'est  enfui  du  royaume.  Ce  qui 
attachait  si  fort  la  demoiselle  Bouscarelle  au  sort 
du  comte  n'était  pas  seulement  l'amour:  elle  ne 
pouvait  plus  avoir  pour  lui  que  de  l'aversion  et 
du  mépris  j  mais  la  nature,  la  tendre  inquiétude 
qu'elle  avait  pour  un  enfant  né  de  sa  liaison  avec 
le  comte,  lui  donnaient  le  courage  de  surmonter 
ces  sentimens  ;  elle  ne  s'est  séparée  du  père  de 
son  enfant  que  pour  venir  mourir  dans  sa  maison 
sans  crainte  et  sans  alarmes, 

(c  Voici,  monseigneur,  la  déclaration  que  cette 
malheureuse  a  faite  de  sa  main  défaillante,  le 
30  avril  dernier,  veille  du  jour  où  elle  a  reçu 


|4S  MfafOlBtt  ntTORIQVIS 

fmfBÊ  b  ihMitic  ioM  les  tâcremaift  de  llbfliii  : 
«  Cenuie  je  Tait  paraitre  devanl  non  Dieu  f 
dont  je  reconnais  U  toale  -  poiitanee  et  la 
bonlé,  je  lui  demande  pardon  de  tout  oion 
ciEiir  de  tontes  ks  lantes  qne  j*ai  comeaises  ;  je 
ne  puis  donner  de  meilleure  prévue  de  mon 
repentir  du  scandale  que  j'ai  causé  daM  les 
dernières  années  de  ma  vie  «  que  de  faire  la 
déclaration  ci*jointe  <|ue  î'aftraae  sÎMève  «t 
valable.  Je  déclare  qm  reafiint  do«t  je  «vis 
aeceuchée  dans  les  derniers  jouis  do  1)71  ert 
du  sieur  oomie  Dubarry,  aree  leipiel  î*elinpie 
avoir  eu  des  particularités  d'où  provio^l  o#t 
eofiiut.  Je  déclare  que  lorsqu'il  s«l^pioJ*éteii 
grosse  »  il  me  promit  arec  les  plut  grandi  est* 
mens  d^ea  avoir  soin  ;  ee  qu'il  a  effsetué  juif  nli 
son  départ  de  France  t  qui  est  arrivé  au  mois 
de  mai  1774.  Je  me  crois  obligée  do  fondM 
eomple  ici  d'un  fait  que  je  voudrais  cMbet  à 
moi-même  ;  il  est  trop  important  k  f  élit  de 
mon  enfiint ,  pour  le  laisser  dans  ToublL 
«  Un  jowp  que  j'étais  seule  avec  le  siou»  Ili- 
barry  t  elom  iueommodé  des  yeua ,  il  fit  mam 
ter  dansm  ebambrt  h  coocbert  où  il  était»  b 

nommé  Creps,  hm  de  sm  domestiquée  «  ut 
lorsqu'il  lui  entré ,  il  ferma  sa  porte  à  double 
tour,  et  mit  la  clef  dans  sa  poche  «  lui  ordonmi 

d'avoir  sor-le-ebamp  avec  moi  et  devant  lui 


YM,  et  que  je  veg4r4ai  d'^lMiis4  wmmâ  m* 
plaisanterie ,  ce  qui  angnieiAta  h  fwem  44  iV^- 
heureux,  au  point  de  neii/s  menaceii  ïi^âk 
Taulce,  le  couteau  a  U  maio  »  de  nom  poigMHb 
der ,  ai  nous  ne  aatisÊiisions  see  déaira,  etti^|ufii 
la  nécessité  me  contraignit.  Ton!  oa  qsi  i* 
paa^t  pendant  ce  temps,  entre  softiTaliAél 
lui,  m'a. troublé  le  saug  au  pAÎotqiuije^lMUii 
de  vegpf  t  et  de  chagrin  d'y  «r#iiv  ÎMf  oeaiiliris» 
contribué.  Le  sieur  Dubarry  a  chescàé  dleptiii 
k  me  Génaoler  par  des  promesses  qa^i|  tt^a^ls^ 
mais  tenues.  C'est  lui  qui  a  ordoimA  le  bè|N 
tême  de  l'enfant  à  Saint-Eustache  ;  on  le  trou- 
vera baptisé  comme  fils  légitime  ,  sur  le 
registre ,  ainsi  qu'il  l'avait  ordonné,  n 
On  voit  que  la  sœur  de  la  demoiselle  Bousca* 
relie  avait  pour  objet,  par  son  mémoire,  d'attirer 
la  bienveillance  du  magistrat  sur  Venfant  qui 
était  né  du  comte  Dubarry  ;  elle  demandait  des 
dommages- intérêts  et  des  moyens  d'existence 
pour  ce  malheureux  enfant  ;  mais  on  ne  voit  pas 
trop  k  quoi  bon  la  déclaration  ou  plutôt  la  révé- 
lation de  la  lubricité  du  comte  Dubarry;  il  était 
difficile  de  faire  croire  que  c'était  cette  scène  de 
débauche  qui  lui  avait  causé  la  maladie  dont  elle 
mourut.  Quoi  qu'il  en  soit ,  M.  Albert,  qui  était 
alors  lieutenant  de  police ,  ne  fit  point  de  ré* 


l44     MttfOim  MVTOilQIIIS  TniS  OtS  AftOUTIi. 

pt«M  BU  mémoire  ;  au  moini  ne  ToiUon  rien» 
dbmt  U  mite ,  qoi  proove  qnll  y  ait  fait  droit. 

A  Tépoqae  oii  ceci  ae  paaaait,  lea  bulletins 
aeandaleux  de  la  police  avec  la  cour  avaient 
ceaié  t  Louis  XV  était  mort ,  et  Loois  XVI  était 
mr  le  trône.  Le  jeone  monarqne  et  la  belle 
Mono-Antoinette  auraient  pen  goûté  de  sem- 
bhblm  récits,  la  correspondance  de  la  police 
a^ee  les  ministres  dv  roi  se  borna  donc  ans  ré* 
délations  politiques  »  h  des  faite  qni  poniraient 
donner  des  éclairciammens  sur  les  flMmromens 
pnblics  I  elle  ne  diflférait  guère  dm  wsnsinii  é  Im 
9  dont  je  Tab  parler  dam  Tartido  enhrint. 


CHAFITREj  XLVIIl. 


LoiiUThinMndeCrof)ie,matut  des  rcqQMct,  arislènw  HcaHr 
naatginitml.  —  Il  août  1785-16  Juillet  1789.  — IdMo  i» 
M.  de  CrMM  1  la  poKoe.  —  Son  caraotèie.  —  Son  intradwts  i^ 
Konen.  — DertcluirBéde  U  rérlilon  do  prooit  de  la  hmlt|«idM 
CaUi.^n  ^MCnpe  h  Parii  de  b  tmtbtion  de*  cimclliref  h^a 
de  k  Tille.  —  Sappret^on  dei  raalaoïu  *ur  les  poa  u-,  ~  Heu  - 
dtdté.  —  Commencemenl  da  troubles  publics.  —  Le  chmaller 
Dubois,  commandaDt  du  guet.  —  Afbire  du  coUisr  de  la  reine. 
—  Nooieaux  et  authentiques  détails  à  ce  sujet.  —  Jugement 
prononcé  par  le  Parlement.  —  Hadsme  la  Molle.  —  Agitationa 
parlementaires.  —  Desordre?  dans  Paris.  —  Relraile  de  H.  de 
Crosne.  —  Il  remet  ses  pouvoirs  au  comil(  permanent.  —  Sa 
morl.  —  Fin  des  lieutenans  de  police. 


Né  à  Paris,  en  1736,  M.  de  Crosne  devint 
promptement  avocat  du  roi  au  chàlelet,  con- 
seiller au  Parlement,  maîlre  des  retjuijtes,  enfin 
lieutenant  général  de  police  a  l'àgc  de  quaranle- 
neuC  ans. 


l/|6  aiBMOIIICS    HVTCmiQCES 

11  avait  eu  Ilionneiir  en  sa  qualité  de  maître 
des  requêtes,  d*c(rc  choisi  par  le  chancelier»  en 
176S,  pour  la  révision  du  fameux  jugement  du 
Parlement  de  Toulouse  contre  la  famille  des  Ca- 
las ;  triste  méprise  qui  frappa  d'un  discrédit  pro- 
fond l'ancienne  magisirature  ;  car,  sous  le  coup 
•des  éloquens  plaidoyers  de  Voltaire,  il  y  eut 
alors  un  moment  où  on  comprit  avec  énei^e 
q«e  les  passionls  des  hommes  auraient  toujMfs 
plM  de  puissance  dans  les  actea  de  h  vie  mh 
eirfe  que  les  règles  et  les  formaUlês  âéht  te  Ju- 
ridictions s'environnent.  Si  la  cbndâmhaOdn 
de  Lesurgues,  poiir  premier  fait  d'armes  de 
llnstallation  du  jury  dans  nos  meeurs ,  n'a  pas 
eu  (e  même  retentissement  et  le  même  eArt, 
c'est  qu'à  Lesui^ues  il  a  manqué  un  Voltaire. 
Lorsque  l'homme  connaîtra  mieux  lliomaiet  il 
accomplira  la  vraie  réforme  sociale  et  les  iasti- 
tations  répressives  s'écrouleront. 

Appelé  /  en  1 747,  à  l'iniendance  de  Roaco , 
M.  de  Crosne  s*y  était  conduit  asses  bien  pour  se 
faire  regretter  des  habitans  qui,  pour  peu  qu'ils 
n'eussent  pas  à  se  plaindre  d'un  intendant,  crai- 
gnaient de  perdre  aU  changement  du  personnel. 
Il  s'était  occupé  de  soins  d'utilité  publique.  A 
Rouen»  il  avait  fait  exécuter  quelques  embellis* 
semens  dans  la  ville. 

M.  de  Crosne  était  un  génie  des  plus  ordi* 


TIRÉS  Dt8t  MOniWMé  #^7 

nmaif  WBOM  Msecplîbte  de  jrisèfes  cri  éè  «riiMij 
ce  qiti  €ii  déjà  bèâBcoup  pcmr  «iii'-hdlliim  «èVéM 
d*«n  ètiéÉi  grand  pouvoir.  On  ne^rtiiiM«ni#?l^fM 
toajourftailssi'bîen.  ,i.oiij.i:.; 

Il  s'occupa  pendant  sa  magi^tf aUnré'  dé  ^tDfllM 
reni  pmjeis  q«ii  detaieni  llrq  aiFimia^ttà  f¥ÈH^  la 
Tille  de  Paris.  La  suppres^roA  de#  oinMlèPei^éit 
de  ce  netaère.  Elle  avait  été  difcidë#^  eii'li^;^ 
sqnà  Ml  de  Sartlnet  et  M.  Big«efiy  qpff<Srô»4«t 
fiaafchands.  ]VP^  de  Brëteml  f MloC  dif  éwnifcrti^ 
cer  r^etiti^;  le  ^h\e  de  M.  de *&«>««%  l  lé^ 
ëonda pitiBsaniiiimi*  .  i     liv 

On  était  générâleméttt  persuadé  que  lèH  éliMU 
tiëf«3  dànd  Paris,  surajoutés  II  tatU  de  èaéHA^  d^ 
létèM»,  tdleS  ^tie  la  disparition  pkêâéllë^9é8 
jardins,  l'entassement  pareillemefrtt  glt^dtièl'dSi 
édiâces ,  et  d'autres  causes ,  pô^rtaient  préjudice 
à  la  salubrité  de  la  \iUe  et  a  la  santé  des  habi^ 
tans  ;  les  boucheries  en  divers  lieux  éparses ,  nit 
système  fort  incomplet  d'écoulement  ponr  leaf 
eaux  et  les  immondices,  mille  professions insflf^ 
lubres,  libres  ou  peu  s'en  faut  de  s'établir  où  boW 
leur  semblait;  tout  cela  faisait  nécessairemeM 
partie  de  l'hygiène  édilitaire  et  de  la  prévoy?inCé^ 
municipale;  mais  on  ne  s'en  doutait  pas;  et  leS' 
médecins,  qui,  par  une  inconséquence  funeste , 
gagnent  plus  avec  le  mal-êlre  qu'avec  le  bien-être 
général  9  gardaient  là-dessus  le  silence.  Là  con* 


l4&  MBMOmBS   mTOMQOU 

ymmndt  fit  ce  que  le  bon  teu  ne  demaoïUil  paît 
eiuréclaouuit  avec  énergie  qu'on  éloignai  des 
fagarda  pobUct  ces  asiles  de  la  mort  et  de  b  dat- 
iructîon  ;  et  qu'on  plaçât  dofénarfant  les  cime- 
titras  hors  de  la  ville. 

L'ioïkécililé  de  quelques  dévola  a'alamna  de 
ealto  Bésiire.  Que  ne  prenaient4lst  dans  llnté* 
^de  la  combinaison  du  culte  dea  moiia  avec  le 
auUe  des  irivanst  KnitiatiTe  d'une  proposition 
iglolKgente  I  Teindro  obstinément  k  conaorver 
dea  fbyeia  pestilentiels  au  milieu  de  la  ville,  dans 
llntérêt  des  boutiquiers  de  aacriatio,  et  pbgusar 
inutilement  des  anathémes  sur  ce  ehapiln,  ce 
fui  tout  leur  génie.  Les  promoteurs  de  eallo 
«Misura  agissaient  incontestablement  d'après  un 
principe  salutaire. 

UiK  arrêt  du  conseilt  du  9  novembra  de  1785» 
ordonna  de  procéder  à  la  suppression  du  cime- 
tfi^  dro  Innocens.  11  s'en  eahalait,  disail^on , 
dea  :Wapeurs  méphitiques  tellement  activas , 
qu'elles  corrompaient  les  alimena  dans  les  asai* 
apns  voisines  «  et  empoisonnaient  ratmosphère  t 
an  raison  du  peu  de  profondeur  des  fosses»  et 
de  l'obligation  oit  Ton  était  de  déloger  les  orne-» 
mens  k  mesure  qu'il  fallait  fain  place  pour  do 
nouvelles  sépultures. 

Les  cimetières  avaient  été  fermés  dès  1776} 
on  avait  cessé  d'v  enterrer  avant  on'on  en  «xhu* 


Tuixs  DES  iaiGimnEs,  a49 

mât  les  08  poi!i^  les^  tratiatpoMér  datts  det^liéfB: 
souterrains  applelés  Coiaéémbei.  Ve  nbtkiikHk 
cimetières  forent  ouverte  anx  environs  ëtt^HfWj 
et  se  sont  étendus  et  multipliés  depirir.    ^'  *^"**'^ 

Avant  de  coTisacrer  le  terraini  dti  ciniëttirte^^es 
Innocensrli  des  usages  civils,  on  y  fit  de  gttiiâMb 
travaux;  miis  la  séparation  des  es  et  de  lÉ'téHk 
fut  tellement  ]ncom^lHe,46'^ctfl^maiiitëftAfe, 
pour  la  place  d'un  pilier,  'd^iél^iste  de 'pierre, 
ou  t^ou#  b|«ttser  la  rigolé  'd^Êlhe  bonfe^feiWiMiiJ, 
<ori  ret^l^  dèi^dèilfts,  des  jmàèUoHnéÉ,  des'fréfj^éSs 
'd'os;  ^Le^sp^t^urs  dkk  (hWséiàb^  VttMféVt 
q«ie  '  ta  pkhjièré  transIâiSèi^  dé»  ^  osnenMtis  Wft 
au  lÉiois  de  décembre  1789;  il  èe  ^M^tèÉiïX'tS^ 
c&té  qàè  des  osseitténé  eirtaétfés^diMd^sl^gMmt^ 
situés  au-dessus  de!t  ehatnieiiiy  ùii  ^lerièé  VttttiS^ 
qui  entouraient  le  cimetière  du  c6té  du  noi^d.  La 
dernière  translation  des  ossemens  de  ce  cime- 
tière eut  lieu  en  janvier  1788.  "' 

En  1808,  lorsqu'on  fit  de  nouveaux  travaux 
au  marché  de^  Innocens  pour  établir  Taqueduc  du 
canal  de  TOurcq,  beaucoup  de  squelettes  eAfiers 
se  présentèrent  encore.  Les  ossemens  en  furent 
transportés  au  cimetière  de  Montmartre.  De 
semblables  découvertes  eurent  également  lieu , 
a  diverses  époques ,  lorsqu'on  travailla  aux  con- 
structions du  marché.  En  1811  ,  particulière- 
ment, on  mil  a  jour  un  nombre  considérable  de 


\ 


l4&  MBMOmBS   HliTOMQIlES 

TtiMinaf  fit  ce  qoe  le  bon  teu  ne  demmodaîl  pat, 
eaMclauuml  avec  énergie  qu'on  éloignât  des 
fagarda  publics  cet  atilet  de  la  mort  et  de  b  det- 
truction  ;  et  qu'on  plaçât  dorénairant  lea  cime* 
tièret  hort  de  la  ville. 

L'imbécililé  de  quelquea  désola  t'alarma  de 
eotto  aeture.  Que  ne  prenaient-ila,  dana  llnté- 
fil  de  la  coMbinaiton  du  culte  dea  morta  avec  le 
eulte  dea  irivana  t  KnitiatÎTe  d*uiie  propoaitîoB 
igliiiiigeate  I  Teadre  obatinément  k  conaerver 
dea  foyeia  pettUenlielt  au  milieu  do  b  TillOf  doua 
llntérèt  det  bouliqoiert  de  tacriatîo»  et  phgtar 
uutilement  det  anathémea  aur  ce  chapitre»  ce 
fut  tout  leur  génie.  Lea  promotem  de  cotte 
«MIture  agitaaient  incontetlablemeat  d'aprèa  «o 
principe  talu  taire. 

Uq  arrêt  du  cooteil,  du  9  noTembvo  de  1785» 
ordonna  de  procéder  ii  la  tupprettion  du  câme- 
tîère  dea  Innocent.  11  t'en  eabalait,  diaaiUon , 
dea  wapeurt  méphitiquet  tellement  uctiiroat 
ipi'ottet  corrompaient  let  aliment  dana  lea  aaai* 
aoaa  voitinett  et  empoitonnaient  ratmotphèro» 
on  raiton  du  peu  de  profondeur  det  ffottet,  et 
do  Tobligation  oii  l'on  élail  de  déloger  let  oaae- 
mena  k  meture  qu'il  fallait  faire  place  pour  do 
nouvellet  tépulluret. 

Let  cimetièret  avaient  été  fermée  dèa  1776; 
on  avait  cette  d*y  enterrer  avant  qu'on  en  oku- 


Tinss  DES  JkRCHiTss.  a49 

mât  les  os  poW  les'  tihihspoMër  dstts  des^liéfa: 
souterrains  appelés  Cataéimbn.  Jh  ribéVëJriiic 
cimetières  forent  otiverté  anx  entirdns  ëé^HfU^ 
et  se  sont  étendus  et  multipliés  deptnr.    ^'  '*"*'^ 

ÂTant  de  coTisacrer  le  terraiifi  dti  cinîëtlii^^^es 
Innocefnsrà  des  usages  ciTib,  on  y'fif  de  gtiifiMb 
travaux;  miiâ  la  séparation  des  6s  ttàehi'Xéffb 
fut  tellement  incomplète,  46'MdM^maitftiMI^ 
poor'la  place  d'un  pilier,  •d^KéJi^iste  de '^i^rre, 
ou  tloWfcmiarer  la  rigolé 'd^Ktie  Ik^ 
<oiil  r^il^'dèë\lèiirts;  des  màèUoHhes,  desYréfj^éSs 
^08.  ojLejpjosp^t^urs  d^  Gaftft^mbèlB  ifttMfélft 
^e  tapkhiièré  traiii^stâiîèlV'dê»  osséttMiis^ft 
au  lÉois  de  decfembte  1 78»^  it'  ^  ^M^ièêiîl^iS- 
c&té  qàë'  des  ossëiifëns  eirtaéàéb^  dàMéeér gMWf flt^ 
situés  àu^des^s  de!t  ehatnieny  Oli  ^lerièé  VMt^ 
qui  entouraient  le  cimetière  du  c6té  du  noi^d.  La 
dernière  translation  des  ossemens  de  ce  cime- 
tière eut  lieu  en  janvier  1788.  *'^ 

En  1808,  lorsqu'on  fit  de  nouveaux  travaux 
au  marché  de^  Innocens  pour  établir  Taqueduc  dti 
canal  de  TOurcq,  beaucoup  de  squelettes  e^iiers 
se  présentèrent  encore.  Les  ossemens  en  furent 
transportés  au  cimetière  de  Montmartre.  De 
semblables  découvertes  eurent  également  lieu , 
à  diverses  époques ,  lorsqu'on  travailla  aux  con- 
struclions  du  marché.  En  1811  ,  particulière- 
ment, on  mit  a  jour  un  nombre  considérable  de 


\ 


i6o  MBHouuES  ntrouQms 

ffrpnfili  f  pannî  Le«qaeb  on  en  vit  qai  conto- 
I^Mnt  des  corps  e  peioe  détroits,  entre  autres 
]II|M  femme  et  son  enfiuit  nonveaa»né  «  placés 
dans  la  marne  bière  et  assea  bien  coneerrés  (1  )• 
,  '  Jjflp  CnUcombes  doivent  lenr  nom  k  cette  stip- 
fWSfing  des  cimetières;  eUes  ne  contiennent 
pis  sealement  les  otiemens  des  Innocent,  maïs 
.dilipresqiie  tons  Im  antres  cimelikres. 

A  U  même  épo^e,  1786»  nn  préfet  d'smbsl 
IjpfWi^iSBt  ponr  Paris  reçut  aussi  ilmpnliion  de 
JÇ«  do  Breteuil;  Inexécution  en  ht  conosrtéo 
jfplre  ce  ministro  et  M.  Pellelier  de  MotCmi- 
ilpino»  prévôt  des  mardiands.  Un  édit  dn  foi,  dn 
jr,#eptomhre  1786»  enregistfé  «n  Ptelomonl  or- 
Aamkmkm  1a  démolitiott  des  maisons  cnnatrailea  anr 

J^liputs  do  la  «iUo  do  Foris,  sur  les  <^nais  ot 
fS4  do  Gàvreo»  do  U  Pellolerio  et  oniMO  odja* 
4MII9S9  wr  les  doux  rives  do  la  Seine» 
méroent  au  projet  «H^é  on  1769;  lo 
lion «d  01  poot  on  lêfce*de  la  ploco  do  Louis  XV; 
«Uoid'nno  noutoUo  saUo  d'Opécse  ;  |o  ponolièvio* 
snmldn  i|uai  d*Onsy,  et  aniMa  obfola  relaliii  k 
lo  ealubrilé  pnbtiiiue  et  é  i  embeUisBement  de  la 
Mpîtale. 

Dans  l'origine ,  un  de  nos  plus  bcaua  ponte, 

11*  isàii^aiJfê  J*  Vfciimrt. 


le  pont  du  Châtelet,  ne  devait  pas  porter  denai» 
awf^  h'eafféfhnw  avaîtappm  ({ntceasortMide 
€/^jfkçmm^  ffiuiM)GipflJ$8»  qoe^ue^  ptj^ès  ifiddke 
MÎenf»  d^y^onent  ruineu«^»  et  que  k«qrdiMg« 
Wtelfl  4et  édîfiçm  dojiQaii  beaucoup  plue^^ 
lîgiieuir  Ml  jçu  du  courant  de  Ja  riiyièM.  Be  plM^. 
lei  Tupeurs  des  coiiraaa^  étonflSées  ^pant  Ifà  manqué 
d#  iCiccplalioii  isérieane,  é^m^t  U  «ewco  dfi 

,  |À li^  hIîIm j  çbengemeasi  fticaient  ébé  fMjélie 
^mM'Mg^^f  pr/âvÂt  deafosarçhaiide  eii4M9j 
•l^lLéA^Svtînes,  ÏJBntenmt  da^i^ioèke;^  ]j%KéMN 
tiMt  f  e  fut  eommencée  iiTOo  acCiidié  que  souple 
WM#tte«  de  M*  de.Breieoii  etliBi^tnagistiyitiaii4# 
M*  Pelletier  de  Morfoifla^ne ,  ainsi  quede  M.  4er 
Crosne,  il  faut  lui  en  savoir  gré. 

£n  succédant  a  M.  Lenoir,  M.  de  Crosne 
avait  trouvé  uiie  police  toute  montée  et  organisée 
sur  le  modèle  de  celle  de  M.  de  Sartines;  il 
n'eut  qu'à  tenir  la  main  à  l'exécution  des  ordon- 
nances de  1778-1780  et  1784,  pour  les  diffé- 
rentes parties  du  service  de  la  sûreté  et  de  la 
tranquillité  de  la  capitale.  L'époque  où  il  prk 
les  rênes  de  la  police  ne  lui  permit  pas  de  se 
livrer  aux  délails  qu'elle  exige ,  avec  autant 
d'application  que  son  prédécesseur.  En  effet , 
les  troubles   de  4787  et   Vhffaire  du  collier  ont 


i5a  naoïus  HUTouQOts 

dû  liétonmer  ton  alteniMNi  Tort  àm  Mint  diffé- 


La  mendicité  éuit  on  mal  anqnal  on  ne  pon* 
irait  remédier  qn'aTec  de  grandes  diftcnKés.  On 
n'était  plus  an  tempe  de  M.  Berrjer ,  oii  les 
agent  de  la  police  te  permettaient  tontes  sortes 
de  Tezations  envers  les  mendians,  dont  ib  se 
fusaient  payer  les  captores  à  raison  de  45  fr. 
chaque  tète,  ce  qoi  était  transformer  TespioiH 
nage  en  mendicité  ;  on  Toolait  nn  pon  dlinas^ 
nité  dans  rezécntion  des  ordonnances;  on  piéf 
tendait  offrir  qoelipoies  moyens   d'osislenco  ê 
cenz  quit  lanto  d'antres  ressoorcest  se  lésignaiont 
aox  aTanies  de  la  charité  publique.  Le  wm  parut 
désirer  qu'on  établit  des  ateliers  de  Parité  pour 
donner  du  travail  aux  p*Tres  et  ans  mendisuii 
▼alides.  Or,  en  France,  effeclivement,  M.  do 
Croene  partagea  avec  M.  Berthier  de  Samignj, 
intendant  de  la  généralité  de  Paris,  les  soins  né- 
cessaires pour  mettre  à  eiécution  les  ordres  du 
roi.  Le  sèle  que  ces  deux  magistrats  y  apporté* 
rent  aurait  peut-être  eu  les  plus  heurem  soccèOt 
et  leur  généralisation  en  France  aurait  pu  ifélover 
jusqu'à  la  juste  répartition  du  travail  entre  tentes 
les  classes ,  dont  l'état  n'eût  été  que  le  contre* 
maître  supérieur,  sans  les  embarras  qui  afli» 
gèrent  l'administration  dans  le  même  temps,  et 
dont  il  est  de  mon  sujet  que  je  fiiise  mention  ici. 


TOUCS   DES  AMHinS.        ^  1^5 

M.  4e  Groaiie»  qui  était  plut  qu'aoeone  avitf^ 
aulorité^^chargé  de  veiller  à  la  ti^anquillité  de'IA 
capitale,  se  trouva  tout  à  coup  dans  une  siluaiieik 
au-desfos  de  ses  forces  pour  réplimer  les  èésîM^ 
dres  de  la  licence  que  les  drednstances  eiiigM*^ 
draient.  Il  le  pouvait  d'autant  m<rfns  que,  faibfé 
par  lui-inéine,  il  était  dominé  et  maîtrisé  danlisU 
conduite  de  magistrat,  par  le  chevàUér  JMMéi 
commandant  de  la  garde  de  Paris,  charge  île  1* 
police  d'exécution;  homitte  dur,  insolbhtv^li-^ 
vuoBi  du  peuple,  dont  il  avait  plusieuM -fbië 
épreuvéle  ressentiment.  IVèsIemois^âéAtf  781^ 
il  y  avait  en  dés  mouveibens  popittàirès,'  èè  i>ë 
commandant  avait  agi  avec  brutàlilé*'tft'^^ftÉ$l 
attiré  iâ  liainè  de  la  multitude  ;  maïs  n'ani tidipeiia 
pas  sur  les  événemehs. 

Au  mois  d'avril  1785,  il  venait  de  se  passer 
un  événement  dont  Téclat  avait  occupé  tous  les 
momens  de  la  police.  Ses  agens  n'avaient  pu 
s'employer  qu'a  des  recherches  nécessitées  par 
les  intrigues  de  cour  et  par  les  ennemis  de  la 
reine.  J'essaierai,  par  l'analyse  des  pièces  authen- 
tiques ,  de  guider  le  lecteur  a  travers  les  bruits 
multipliés  et  contradictoires  qui  circulèrent  dans 
le  public  a  ce  sujet. 

Le  joaillier  de  la  couronne,  M.  Bœhmer, 
avait  ti'ouvé  dans  le  commerce,  dès  1776,  une 
grande     quantité    de    diamans    d'une   parfaite 


bfMttté  i  il  les  réonit  daM  rinteotion  d'en  dire 
pn  «ollier  digne  de  b  reine ,  soil  que  ce  prejel 
jirUit  de  iui ,  toîl  qu'î)  lui  eût  été  fuggéré  par  lee 
ennmûi  de  Je  jeune  iirinceMe,  dent  Tespoir  de 
h  cevpioaieUre  •  en  Ini  impireni  le  dét îr  de 
fmn  reeqoisîlion  de  cette  riche  penire.  Cepen- 
4aatil  ne  fat  plut  qnettion k  la  coor  de  ce  col- 
lier qve  vert  le  noîa  de  janvier  1779.  La  veine 
Tfniit  d'accoucher  de  madame  d'àngoallaet  le 
19  "décembre  précédent.  C'était  une  belle  occa* 
lioppoiirM.Bcdmierdelaire  &ire  an  roi  Facbat 
df  ce  préaent  pour  k  nonvelle  acconchée.  11 
C^pperU  efectivemeot.  Sa  BlajeMé  le  trouTa 
mgni6qae  ;  niaîe  la  reine  ayant  témmgné  peu  de 
goAt  pour  TaToir»  M.  B«hmer  le  remportât  lé* 
•oln  d'attendre  un  moment  plue  prapice*  La 
raine  accoocha  le  31  octobre  4781  d*nn  prince 
dofit  la  naUtance  in»pira  le  plut  ▼ifenthonaiaime 
à  Lonii  XVL  Le  joaillier  ne  tarda  paa  à  repro- 
duire eon  collier  t  et  le  prétenta  de  nonvaan  an 
roi  qui  Toffrit  a  la  reine ,  avec  quelque  inetanco 
de  Taccepter  ;  mâme  refus  d^  la  part  de  la  prin* 
ceam;  le  bruit  mime  counil  à  VeraaîUes  que  la 
reine  s'était  plainte  que  M.  Bœhmer  troablaitsa 
tranquillili^  par  son  opiniâtreté  et  sca  démarchée 
intéressées.  C'était  le  supplice  et  la  lièvre  de 
Tantale  pour  une  femme  m  belle  et  si  justemait 
fière  de  Tctre  ,  c|uc  d*avoir  à  re|;arder  el  à  re- 


4iHiimtion8  effirénées  dii  règp«  pi^c^d^çj^,,    ,,;  . 

Il  y  ayail  à  Paris  «na.||»p^4tfj  4'w|iç»jj(|^jj./}f 

4:«scrpct  *)ntle  d»ef  <^«|it^g%|i)|jiA4^^te 

zwVi  art  «  piropre  <^upi|.f  g9ujyep,;^irçflft 
pojrisi)  4'f5ç>atr  Jf^rmi  Ipp^mW  4»  miWi^b 

4»  «9n  car«iç|è|^ ,  r^49M  pK9HC)À>f%r 

«^itcîw^»  éjail  épris  de  îa  win»,  );<%  #€içî#t|t-()^ 
(Sagfiostro,  ail  ^  rendait  souvent  It  c$rdi^4» 
^ait  en  partie  composée  de  jeunes  femmes 
amies  du  plaisir  et  de  la  dépense,  et  dans  le 
nombre  était  une  demoiselle  de  Saint-Remi  de 
Valois,  épouse  d'un  mauvais  sujet,  nommé  le 
comte  de  la  Motte,  homme  perdu  de  dettes  et 
de  besoins.  Cette  comtesse  de  la  Motte  avait  la 
confiance  particulière  du  cardinal.  Elle  sut  de 
lui  que  son  plus  ardent  désir  était  de  pouvoir  se 
mettre  bien  dans  l'esprit  de  la  reine  et  qu'il  en 
était  amoureux.  Cen  fut  assez  avec  la  connais- 
sance qu'elle  avait  de  ce  qui  s'e(ait  passé  et  dit  k 
la  cour  a  Toccasion  du  collier  de  diamans,  pour 


l56  «KHOmV  ■ttTOftlQClS 

coBceroir  le  projet  d*eBtniiner  le  cardtoal  dam 
des  démirchet  dont  elle  retirerait  tout  le  profil; 
elle  aeiitit  qu'elle  poiiTait  Taboser  et  derenir 
propriétaire  da  collier. 

Elle  pemada  donc  an  cardinal  de  Tacheter 
ponv  la  reine,  se  faisant  fort  de  le  fiiire  accepter 
k  Sa  Majesté  par  les  relations  et  les  liaisons  inti- 
mes qn*elle  se  Tantail  d'avoir  avec  eDe;  c^étail, 
disail-ellet  mi  moyen  sAr  de  plaire  li  la  reine  et 
de  mériter  aes  bontés.  Elle  eot  l'andnciettse 
■dresss  de  nénag er  nne  intrigve ,  celle  dmt  on 
a  tant  parié  som  le  nom  de  eftnft  dt  la  rait  «  penr 
convaincre  le  cardinal  des  senlimena  de  la  reine 
ponr  Ini.  En  échange  dn  magnifiqnn  prisent 
qu'il  Ini  voobit  faire ,  elle  imagina  d'engager 
nne  belle  fille,  nommée  dPOliva,  à  joner  le  fêHm  de 
la  reine  dans  nne  soirée  dn  mois  de  jnillel  47tt, 
et  d'avoir  un  entretien  favorable  avec  la  cnrdi« 
nal  ;  il  était  convenn  qu'elle  tiendras!  nne  raee  à 
M  main  et  la  laisserait  tomber  en  signe  d'appsn 
balion  de  ce  qu'il  demandait.  La  scène  eut  Hen^ 
la  NsetoadMi,  et  le  cardinal  se  crut  en 
dm  bonnes  grftces  de  la  reine.  La 
étrange  de  cette  fille  avec  la  reine,  dn 
pour  le  geste  et  la  tournure ,  ont  passé  dans 
tains  esprits  pour  une  trouvaille  romanesqno 
apvès  coup  imaginée.  On  soutient  que  le  prince 
de  Hoban  rit  la  reine  elleHuême,  et  que,  par  un 


TIRÉS   DBS   ARCRi¥|E^.  1  $7 

qmpr<M|ii0  trè$  hid^ilement  ourdi  par.  l^^spiit 
subtil  de  la  comtesse  de  la  MoltOt  la  çh^te  délai 
fleur  fie  répondit  dans  la  pensée  de  fiifarie-An- 
toineite  qu'à  des  circotistaoces  fort  secondairea 
etdemkice  aloi.  Quoi  qu'il  eu  soit^le  cardim^l^prît 
des  engagemens  avec  M.  Bœhmcr  pour  rachat 
du  collier.  Cependant,  pour  que  racquiûtioa  pût 
être  faîte,  et  que  le  cardinal  se  chargeât  du 
paiement^  il  lui  fallait,  ce  qui  lui  paraissait  fiieâle 
après  la  scène  de  la  rose ,  une  preuve  du  con<*> 
sénteineot  de  la  reine  à  cette  acquisition.  Il  ré- 
siste ici,  de  l'instruction  et  de  divers  aveux,  que 
la4iiiie)de  la  Motte  contrefit  ou  fit  contreiairsi 
t^critwe  et  la. signature  de  la  reint  sur  un.  écrit 
ou  Sa  Mlgesté  approuvait  les  arrangemens  pro- 
peiés  pour  l'achat  du  collier  par  le  cardinal.  Qes 
bUlets  furent  faits  en  conséquence  et  signés  de 
lui  pour  une  valeur  de  4 ,600,000  francs  paya- 
bles a  diverses  échéances. 

Les  termes  des  premiers  paiemens  échus,  le 
joaillier  ne  les  voyant  pas  s'eflfectuer,  s'adressa  au 
roi  sans  en  parler  à  la  reine  ;  Louis  XVI,  indigné 
qu'on  eût  ainsi  compromis  son  épouse ,  fit  arrê- 
ter le  cardinal. 

Il  est  nécessaire  ici  de  recourir  a  une  pièce 
authentique  pour  connaître  comment  s'est  faite 
cette  arrestation  qui  fut  si  diversement  racontée 
dans  le  public  et  les  écrits  du  temps.  Un  rapport 


\ 
t 


iiè  MÉioniti  airroiuQUEs 

«Adttl  et  inédit,  fait  il  M.  de  CrMtie,  ai 
liefit  le  récit ,  tel  ffût  je  ▼«•  le  tmoacrire. 

«  Le  1S  août  1785,  le  rei  a  donné  ordre  an 
{Tftrde  des  sceaox  et  a  M.  le  baron  de  Breteoîl  de 
ie  tendre  à  dix  heores  da  matin  aaprki  de  Sa 
Majesté. 

«  Le  roi  et  la  reine  ont  renia  à  II.  le  baron 
deBreteail  ttn  mémoire  signé  de  deoa  mardiaiida 
joailHera  de  Paris  (4).  Ib  ont  dit  à  ee  amaisln 
d'en  dire  bairtement  la  lectare. 

é  Le  mémoire  aTsit  pour  objet  an  eaMar  da 
diamans,  estimé  seiae  cent  mille  liTtes,  daat  las 
dette  mardiands  etposaient  que  M.  le  eariinai 
de  Roban ,  grind-aomfinier  de  France  »  atak  Ml 
Taequisition  êtt  nom  de  la  reine  ;  qae  Mi  la 
dinal  atait  frit  toir  à  ces  deux  joaillieti 
binets  t  dont  on  entre  antres  signé  de  la 
par  lesquels  S«  liajeslé  antorinit  M.  le 
à  faire  cette  acquisition.  Le  mémetra 
entre  antres  cboees,  la  copie  d'une  letti%  da 
Bf .  le  cardinal  ans  deux  joaiDiers ,  pont 
pria  dn  colHef ,  et  la  manière  dont  Us 
payés.  U  pintt,  par  Pesposé  de  ce  méasaire,  qv% 
le  prix  lait ,  les  intérdu  et  les  termes  de  palt^ 
ment  conrentis,  SI.  le  cardinal  avait  estvnjfé 
chercher  les  dettx  marchands  pour  les  obliger  I 

(i)  Ce  tcNit  MM.  tcKhaMr  ci  SêSMoft. 


/ 


comentir  à  une  diminoiiw  di  SKXM)Ml  lU^ 
eiffin  il  pftraît  anssi  ({ûc  Mi  le  ëat(ift«i^  llMr  éièk 
dit  de  ttmeircier  la  reine  de  ktbontélqutSa^ Ma- 
jesté avait  eue  de  les  employer,  ef  que  nfàyaififcf  « 
approcher  de  Sa  Majesté,  ils  avaient  adreaséèlA 
reine  un  premier  mémoire  à  cet  effet»  <  : 

«Après  la  lecture  de  ce  mémoire^ Je  r^  a 
(ait  dure  a  M.  le  cardinal  de  se  rendri^  .^uf;^ j^f )de 
Sa  Majesté  )  il  s'y  est  rendu ,  et  s^ors  en  pri^n^f) 
de  la  reine;  Leurs  Majestés  ayant  retenu  If 
garde  des.  sceaux  et  M.  le  baren  de  Breteuil,  \^ 
roi  a  demandé  à  M.  le  cardinal  ce  que  c'était 
que  racquisition  dun  collier  de  diamans  qau 
avait  àcliéié  au  nom  de  la  reine. 

«  M.  le  cardinal  a  répondu  :  —  Sire ,  cela  est 
ttoî  i  j'ri  été  trompé. 

k  Le  roi  lui  a  dit  :  —  Ecrivéif  à  llnàtahf  <fé  ïchSi 
tôtiàâVez  k  me  rendre  cornpte. 

((  Sa  Majesté  est  passée  dans  sa  biblidthëque 
avec  la  reine ,  et  a  ordonné  au  garde  dés  éceâùx 
et  à  M.  le  baron  de  Breteuil  d'y  suivre  Leurs  Ma- 
jestés ;  il  a  laissé  M.  le  cardinal  seul  dans  le  ti^^ 
binet,  afin  qu'il  pût  écrire  tranquillement. 

t  Quelque  temps  après ,  M.  le  cardinal  a  ap-* 
porté  au  roi  sa  déclaration,  qu'une  femme, 
nommée  de  Valois,  lui  avait  persuadé  que  c'é» 
tait  pour  la  reine  qu'il  fallait  faire  l'acquisition 
du  collier,  et  que  cette  femme  l'avait  trompé. 


i6o  Mnoniit  ufTomiQtTift 

ir  t#  rai  lai  a  demandé  ou  était  cette  femme; 
11.  le  cardinal  a  réponda  qo*il  ne  le  saTait  pat. 

«  Le  rai  lai  a  demandé  s'il  arait  le  collier ,  il 
a  réponda  qu'il  était  entra  les  maint  de  celle 
femme. 

«  Le  roi  lui  a  dit  de  ratoarner  dans  le  cabinel, 
et  d'y  attendra.  » 

Quekiuei  instant  après ,  le  rai  et  la  raine  ont 
été  dans  le  cabinet  oit  M.  le  cardinal  attendait , 
Leun  Majestés  ont  ordonné  au  garde  des  sceaux 
et  à  M.  le  baron  de  Breleuil  de  les  suifra. 

•  Alon  le  rai  a  ordonné  à  M.  le  baron  de 
de  Brateuil  de  faira  lectura  du  méomira  des 
deux  marchands  joailliers. 

«  Ensuite  le  roi  a  demandé  a  M.  le  cardinal  ou 
étaient  ses  prétendus  billets  d'autorisation,  écrits 
et  signés  par  la  reine.  M.  le  cardinal  a  répondu  : 
—  Sira,  je  les  ai»  ils  sont  faux  ;  je  croîs  bien  qu'ib 
sontfiiux,  je  les  apporterai  à  Votra  Majesté. 

«  La  rai  lui  a  parlé  de  b  lettra  éciiu  par  lai , 
aux  marcbands  Joailliers ,  et  qui  est  copiée  dans 
le  mémoira  ;  il  a  réponda  :  — Sira,  je  ne  me  np* 
pelais  pas  l'aToir  écrite,  mais  il  &ui  bien  qne  je 
l'aie  écrite  pour  qu'ils  en  donnent  copie;  je 
paierai. 

•Le  roi  lut  a  dit  :  — Monsieur,  je  ne  puifme  dis* 
penser  dans  une  pareille  circonstance  de  faira 


TiaÉS  DES   AHCHIVeS.  n6i 

inetlre  les  scellés  chez  toiu  ,  et  de  m'assaiONée 
Totre  personne.  Le  nota  delareine  m'est. pMé- 
cieux;  il  est  compromis,  et  je  ne  dois  mai<Aé- 

H  M.  le  cardinal  a  supplié  le  roi  de  lui  éviter 
l'écUt,  surtout  dans  un  jour  comme  celui-ci,  et  il 
a  înToqué  les  bontés  de  Sa  Majesté  pour  ma- 
dame de  Marsan,  pour  M.    de  Soubise  et  pour 

SOABOmi 

«  Le  roi  lui  a  répondu  :  —  Je  tâcherai  de  les 
consoler  autant  que  je  le  pourrai ,  je  désire  que 
vous  puissiez  vous  justiGerj  je  fais  cb  que  le 
dois,  comme  roi  et  comme  mari. 

■  Ensuite  Sa  Majesté  a  donné  ordre  'n  M.  le  duc 
de  Villeroy ,  capitaine  des  gardes  ,  de  mettre  au- 
près de  M.  le  cardinal  un  officier  des  gardes- 
du-corps,  avec  ordre  de  ne  le  point  quifter. 

«  Sa  Majesté  a  aussi  ordonné  à  M.  le  baron  de 
Breteuil  d'aller  aussitôt  mettre  les  scellés  par- 
tout che<^  M.  le  cardinal ,  en  sa  présence  et  celle 
de  l'officier  des  gardes- du-corps. 

«  Après  quoi ,  Sa  Majesté  a  eu  la  bonté  d'é- 
crire a  M.  de  Soubise  et  à  madame  la  comtesse 
de  Marsan.  ■ 

On  ne  reconnaît  dans  ce  récit  authentique 
rien  de  l'acerbité  qu'on  a  dit  (|ue  le  roi  et  l.t 
reine  avaient  fait  parnître  dans  celle  sri-ne.  di'-jà 


i6a  MCMOiRKs  msToiiiQrfN 

aMK  triste  cl  richcute  pour  on  pbrt  de  l'église  • 
Aq>é  par  one  femme  intrigante  et  drs  sociéléi 
4*eferoct. 

Ce  ne  fut,  au  reste,  que  le  lendemain,  IGairiil, 
«{de  te  prince  de  Rohan  fut  mis  à  la  Bastille , 
ahiti  qu'il  résulte  du  registre  de  cette  prison. 

m 

Quatre  jeurs  après  son  entrée»  il  y  6l  uae 
déclaration  en  présence  de  M.  le  maréchal  de 
Castries  el  de  M.  le  comte  de  Vei^ennes»  que  aana 
doute  par  égard  pour  le  rang  à^  Taccusé  »  V^  roi 
nomma  pour  y  assister.  De  pareilles  pièces  »  je  ^ 
répète  »  son!  ici  les  plus  sûres  bases  dejugemonâ; 
cette  dernière  oflire  un  aveu  naïf  des  torts  et  de 
Fareuglement  do  cardinal ,  b  voici  : 


^^VvWBv  ^OOe^^^W  wV^VV^^W^W^^PSvV    ^^^B     ^^B  #    w^^    v^W  ^^^^^^^^W   ^^^p 


a  La  dame  Valob  de  la  Motle  »  qoe  favab 
emumt  par  ses  besoins ,  après  plosiews  mois , 
yntA  me  dire  qu'elle  avait  trouvé  moyen  d'avoir 
accès  auprès  de  la  reine  ;  elle  m'ajouta ,  qnelqoo 
temps  après ,  qu'elle  croysit  la  reine  disposée  à 
me  permettre  d'espérer  de  poovoir  n'être  pln$ 
dans  sa  disgrâce.  A  d'autres  époques,  voyant  qoe 
je  ne  voulais  pas  me  livrer  u  cette  espérance , 
elle  m'ajouta  qu'elle  m'en  ferait  donner  dos 
preuves,  et  que  Sa  Majesté  m'honorerait  »  en 


TIRÉS    DES    ARCHIVES.  1^3 

passant ,  d'un  salut  (jtii  inarquerait  de  la  bonté , 
et  je  crus  plusieurs  fois  reconnaître  cette  nuance. 
Ensuite  il  me  fut  dit  ijuc  Sa  Majesté  me  ferait 
venir  pour  me  donner  un  ordre  sur  un  objet 
quelconque  ,  et  qu'elle  me  dirait  alors  elle-même 
que  je  pouvais  espérer  de  n'iître  plus  dans  sa 
disgrâce. 

I'  Celte  audience  n'eut  pas  lieu,  et  ma  mé- 
.fi«Boe  f«it  <très  marquée.  Aloin  il  toa^  ùt  ttMttlfi 
^fUà,  |fi,rwu««e4i^aU<)W  pvife^lMil^ebiifi- 
Se^iatt^  jà  ,w»«  é^i  paraîtrait  «i^^i^  ,tt 
jiftt^vUe  aurait  la  bonté  de  mo  dwuer  un^.powvw 
ylw  jnarqaée  ;  qu'an  soir  je. U  rencpfitrarfHii  «B 
pramenant  dans  Ua  ^urdmi ,  D'étant  .paa.-MÛsie 
4e^rte4«son  monde,  Ce  ioir.£M^  fut  dévgué 
dans  le  mois  de  juillet  1 7M.  J«  rencoolvai  ^e«- 
tivement ,  à  l'heure  indiquée ,  une  personne  que 
je  crus  la  reine  :  il  était  minuit  à  peu  près.  La 
dame  de  Valois  vint  au-devant  de  moi  pour  me 
conduire  près  d'elle  ;  je  m'approchai  avec  res- 
pect. Cette  même  personne  me  dit  que  je  poa- 
VMB  espérer  qu'elle  oublierait  le  passé  ;  j'expri-*- 
mai  ma  reconnaissance  dans  les  termes  les  fhu 
respectueux  ;  j'observai  que ,  pour  me  parler* 
«lie  avait  levé  sa  coiffe  d'un  côté  avec  sa  main , 
et  de  l'autre  avec  son  éventail. 

H  Un  homme  vint  dire  que  Madame  et  ma- 


1<)/|  MRMilllll.S    IIISIiiUlMl  »s 

dame  la  comtesse  (l*Artois  se  promenaient.  Je 
me  retirai  précipitamment,  et  cette  Jame  de 
la  Motte,  qui  était  avec  celte  personne  quelle 
supposait  la  reine,  iiic  rejoignit.  Elle  alla  une 
demi-heure  aprin  dans  le  tliûleau ,  d'oii  elle  res- 
sortit avec  un  mot  qu'elle  prétendit  lui  avoir  été 
écrit  par  la  reine ,  pour  la  rassurer  sur  sa  santé, 
et  qa*on  lui  avait  remis. 

«  Depnb  celte  fatale  soirée ,  la  croyance  qae 
c^étaii  la  reine  que  j'avais  vne  m'a  fiitt  tomber 
dans  nn  enchaînement  d'erreurs  qui  m'ont  con- 
duk  dans  le  ptége.  Ce  prétimmaire  jmtifie  la 
confiance  aveugle  avec  laquelle  je  me  suis  prêté 
à  traiter  racquisiiion  du  collier.  Ce  qni  pnm^n 
'onoore  mieui  mon  abot  de  conviction,  aont 
tontes  les  démarches  que  j'ai  fait  Cure  ponr 
avancer  le  paiement ,  puisque  c'est  moi  qoS  ai 
pressé  les  Bœhmer  de  s'adresser  k  la  reine,  et 
cola  même  itérativement  ;  puisque  c'eat  encore 
■mi  qui  ai  dicté  la  note  qu'ils  ont  en  l'honnonr 
de  remettre  k  Sa  Majesté  ;  et  en6n  pniaqn'avant 
tant ,  j'ai  donné  un  gage  écrit  de  ma  main ,  qni 
ne  m'était  pas  demandé ,  qu'ils  ont  mémo  Tonln 
rainser,  et  que  je  les  ai  forcés  d 'aeeepter  ponr 
leur  sûreté.  J'étais  donc  trompé  moi-même,  et 
je  ne  trompais  pas.  Mais  encore  nne  réiesion 
importante  que  je  dois  ajouter  :  comoaent  an* 
raia-je  hésité  un  moment  à  payer  le  terme  con« 


TIRÉS   DES   ARCHIVES.  itÊ' 

venu,  par  un  fort  à-compte  qui  faisait  to^t  rëê- 
ter  dans  le  silence.  ''_ 

«  J'avais  porlé  moi-même  le  collier  en  que*- 
lion  chez  la  dame  de  la  Motte,  demeurant  à  Ver- 
sailles, chez  le  sienrGobert,  place  Daiiplûne, 
et  j'y  étais  encore  lorsque  le  mi'me  liomme  que 
j'avais  vu  le  soir  de  la  promenade  citée,  y  arriva, 
et  remit  un  billet.  HUe  \p.  Bt  sortir,  et  me  com- 
muniqua ce  billet  i  il  portait  qu'on  devait  re- 
mettre le  collior  au  porteur  du  billet.  Cet  homme 
étant  rentré,  je  vis  qu'on  le  lui  remettait  ;  il  re- 
partit. J'étais  retiré  pendant  ce  temps  derrière 
la  porte  en  papier  de  l'alcove  ,  d'où  j'enicndis  et 
vis  tout ,  la  porte  étant  entr'ouverte.  Il  m'a  été 
dit  par  cette  même  la  INIotte  que  cet  homme 
appartenait  à  la  chambre  de  la  reine,  et  à  la 
musique.  11  est  d'une  6gure  mince,  visage  alongé, 
sourcils  hruns  et  couleur  pâle. 

■  Je  ne  puis  pas  indiquer  le  jour  Bxe  où  j'aî  fait 
la  remise  du  collier  à  la  dame  de  la  Motte,  mais 
c'est  le  jour  même  ou  le  lendemain  de  la  livrai- 
son qui  m'en  a  été  faite  par  les  sieurs  Bœhmer. 

«  J'approuve  l'écriture,  et  aâirme  la  présente 
déclaration  faile  en  présence  de  M.  le  maréchal 
de  Castries  et  de  M.  le  comte  de  Vcrgennes. 
Fait  à  la  Bastille,  ce  20  août  17S5. 

■  Signé  le  cardinal  de  Rohan.  » 


l66  MCMOIIIES   aiSTOniQUES 

ÇepcndâDt,  U  nouTelle  de  rarresUtion  da 
cardinal  fut  presque  auisitot  sue  à  Paris  qu'a 
Versailles;  le  lieutenant  de  police  reçut  tous  les 
ordres  nécessaires  pour  arrêter  et  faire  conduire 
à  la  Bastille  ceux  dont ,  d*aTance ,  on  connais- 
sait la  complicité  dans  cette  criminelle  escro- 
querie. La  dame  de  la  Motte  fut  arrêtée  le  30, 
conduite  à  la  Bastille  et  transférée  a  la  Concier- 
gerie ;  le  comte  de  Cagliostro  le  fut  le  33  et  y 
resta  jusqu'au  l'"*  juin  1786;  la  demoiselle  d*0-> 
lÎTa,  cette  prétendue  femme  imaginaire ,  que 
Ton  aOa  chercher  et  appréhender  h  Bruxelles  » 
où  elle  s'était  retirée  après  Taflaire  de  le  ross ,  y 
fut  amenée  le  4  novembre  de  la  même  année,  et 
y  resta  jusqu'au  i  i  mars  i  786.  Toutes  ces  arres* 
tations  et  un  grand  nombre  d'autres  fiirent  exé- 
cutées par  des  agens  de  b  police ,  et  ceux  on 
celles  qui  en  furent  l'objet  interrogés  à  la  Bas- 
tille. 

On  aurait  désiré  à  h  cour  et  dans  une  certaine 
clisee  de  la  société  il  Paris ,  que  celte  aflain  eAt 
été  traitée  a  huis  clos ,  c*est-ii-dire  dans  le  secret 
des  bureaux  du  ministre  de  la  maison  du  roi  et 
de  h  police,  et  par  lettres  de  cachet  ;  maia  le  roi, 
par  une  fermeté  qu*on  vilipenda  comme  on  ^B- 
penda  plus  tard  ses  faiblesses ,  voulut  que  Kaf- 
faire  suivît  la  marche  des  procédures  ordinaires  » 
et  il  rendit  des  lettres-patentes  qui  en  saisirent  le 


TIRÉS  DES   ABCBITKS-  1^ 

Parlement.  L'arrêt  que  rendît  cett/ç  c«wr  vtvn^..- 
raine^  1«  31  mai  1786,  prononça  nar  tQiH  |e4 
prévenus ,  condamna  les  uns  "k  ditÇVH}lk|t^Wi' 
et  acquitta  les  autres.       

Madame  de  ta  Moite,  la  plus  coupable  sans 
doote  de  tons  ceux  qui  ont  paru  dans  cette  în- 
trigne,  et  la  principale  accusée  ,  fut  condamnée, 
par  cet  arrêt,  au  fouet  et  à  la  marque  sur  les 
deux  ipatdes,  et  à  ôtre  renfermée  à  perpétuité  à 
la  Salpêtrière,  d'où  elle  s'évada  le  5  juin  1787. 

On  fit ,  dans  les  Mémoires  de  mademotteUe  Ber-  , 
fNi^  jur  la  reine  Mane-Antoinelle  (1  ) ,  «  que  loi>- 
qae  la  reine  apprit  la  manière  cruelle  dont  ma- 
dame delà  Motte  avait  été  traitée  lorsqu'on  lui 
appHqna  le  fer  chaud  ,  qui  porta  en  partie  sur  le 
•cin  gaache  ,  elle  oublia  les  chagrins  que  ses  in- 
trig;ue8  lui  avaient  causés  pour  ne  s'occuper  que 
d'adoucir  son  sort.  A  diverses  époques  ,  elle  en- 
gagea madame  la  princesse  de  Lamballe  à  se  ren- 
dre ,  sous  prétexte  de  curiosité ,  à  la  Salpêtriàre  , 
d'en  visiter  les  diverses  parties,  et  de  se  rendre, 


(i)  Ci-s  Mémoires ,  réimprimés  en  1854 1  pai"  les  frères  Bossange, 
Miat  du  p1u»  haut  intérêt  pour  connotlre  la  vie  de  là  rriue  de 
Francis  et  quelques  perso  on  es  di;  sa  cour;  ils  pr&eDteot  dc«  faits 
tt  des aïK'cdotcssurLouisXVIetrafbiredu  collier;  il  est  péi]ll>le 
que  des  susceptibilités  inconnues  aient  empAihé  Is  Tente  de  ci-s 
turleui  Mémoires ,  faits  avec  soin  et  accompa(;n^s  de  pièces  rares 
sur  inadnme  Dubairi. 


l68  MÊMOinr^    lllbTUHKjtl.S 

sans  iftecUtion  ,  dans  la  chambre  de  madame  de 
la  Motte ,  de  s'informer  de  son  étal  «  et  de  don- 
ner h  la  tupérieore  des  secours  pour  elle.  »  Qui 
peut  douter  que  son  érasion  n*ait  été  facilitée  ? 

Cependant  I  les  gens  d'affaires  du  cardinal, 
Tabbé  Georget,  son  secrétaire,  entre  autres, 
ses  créanciers  et  ses  amis  firent  de  nombreuses 
démarches  auprès  de  la  police  pour  retrouver, 
a'U  était  possible ,  les  diamaoa  enlevés  par  le  siear 
de  la  Motte ,  et  mettre  la  main  sur  ce  fripon ,  re- 
tiré I  Londres ,  où  un  an  après  sa  femme  vint  le 
rrijoindro* 

I^e  gouvernement  eut  égard  à  ces  solttcita- 
tiÔDs ,  et  d'ailleurs  b  justice  réclamait  la  punition 
d'un  vol  aussi  considérable  que  celui  dont  le 
sieur  de  la  Motte  était  coupable. 

U  existe  une  lettre  officielle  a  oo  si^,  adsM* 
sée  par  M.  de  Vergennes,  ministra  des  aflûres 
étrangères,  è  M.  de  Crosnes,  en  date  dn 
septembre  1 785 ,  qui  prouve  la  célérité  qne 
la  police  fi^nçaise  dans  cette  poursuite ,  qnoiqne 
fort  inutilement. 

On  y  lit  ■  que  les  recherches  qui  ont  été  finies 
et  qui  se  continuent  en  Angleterre ,  su  sujet  du 
collier  de  brilla  os  que  le  sieur  Bœhmer  et  Bas- 
sange  ont  livré  a  M.  le  cardinal  de  Rohan ,  ont 
déjà  fourni  la  preuve  que  le  sieur  de  la  Motte  a 


TIttÛ   DES   AKCHITBS.  169 

produit ,  dan*  les  mois  d'arril  et  mai  dernier,-  n 
■iear  Gray,  joaillier  à  Londres,  une  quantité' 
conndérable  de  magnifique!  diamani  dont  il  di- 
sait avoir  hérité  par  la  mort  d'nne  de  «et  pa- 
rentes, qui  lai  en  amCme  vendu  plunenra'dAii' 
il  a  tOBiM  le  prix,  soit  en  argent, 's<nb''pif'- 
échanga  contre  d'autres  briHan* ,  peries  et  biJOTiK  * 
divers;  qtt«  le  siear  de  la  Motte  avait  encore'! 
laissé  an  jieur  Gray  de  très  bellea  pierres  poWfM'; 
monter  en  collier  et  boucles  d'oreilles;  >^^li^' 
avait  ensuite  proposé  de  les  lui  vendre ,  prétex- 
tant avoir  besoin  d'argent;  mais  que  n'ayant  pu 
-s'accorder  sur  le  prix,  le  sieur  de  la  Motle  les 
avait  retirés.  Le  dessin  du  grand  collier  qui  fait 
l'objet  des  recherches ,  ayant  été  présenté  au 
nëor  Gray ,  il  y  a  reconnu  presque  toutes  les 
pierres  que  le  sieur  de  la  Motte  lui  avait  montrées 
toutes  démontées. 

«  M.  Barlhelemy ,  chargé  d'affaires  du  roi  à 
Londres,  dont  je  liens  ces  éctaircissemens, 
m'observe  que  la  loi  anglaise  met  un  obstacle  à 
la  saisie  des  diamans  qui  pouvaient  encore  être 
découverts  en  la  possession  du  sieur  de  la  Motte  ; 
mais  qu'à  tout  événement  ,  il  serait  à  propos  de 
se  munir  d'une  procuration  du  sieur  Bœhmer, 
dressée  en  français  ou  en  anglais  ,  sur  le  modèle 
que  M.  Barthélémy  a  envoyé,  le  29  avril  dernier, 
il  M.  Lenoir,  a  l'occasion  d'un  \o!  qui  avait  été 


comniê  cbei  M.  Dmau  ,  tncUn  ienmer  géoénl* 
par  !•  Bommé  Dubois ,  dit  TrisUn ,  too  dome^ 
tiqne.  J«  tous  prie ,  en  conséquence  «  de  faire 
fiure  des  recherches  de  cette  pièce,  el  de  proposer 
t«  tienr  Bsehmer  de  fournir  sa  procuration  dres- 
sée d'après  le  modèle  énoncé.  Lorsfu*il  iroM 
Taura  remise t  tous  ToudreaUen  me  renvoyer; 
je«  redresserai  de  mon  côlé  h  M.  Barthélémy , 
peur  en  (aire  umge  selon  ka  heseina  al  ka 


«  Signé  VE  Vi 


CSette  lettre  officielle  du  miniatre  dea  aftirea 
étrangères  prouTe  un  fait  important ,  c*eat  ^na 
Tecs  le  mob  d'ami  1 785 ,  par  conséquent  long- 
temps avant  que  rescroquerie  ne  fikt  connue  h 
Paria  »  le  sieur  de  la  Motte  trafiquait  dea  dia* 
mans  du  collier  à  Londres ,  ce  qui  jeta  dn 
jour  sur  plusieurs  points  de  cette  flchenae  af- 
faire. En  rapprochant  les  dates ,  non  seuleaaeal 
on  eut  connaissance  de  ce  fait  par  lea  roa* 
se^emens  que  le  chargé  d'affaires  dn  lei  à 
Londres  fit  passer  a  M.  de  Vergennea,  maia 
encore  par  la  copie  authentique  des  déda» 
rations  du  joaillier  anglais  Gray ,  dont  Tabbé 
Georget,  secrétaire  du  cardinal  de  Rohan, 
donna  communication  au  Tieux  ministre  ;  elles 
«ont  datées  de  Loiidren.  a  la  date  du  35  octo- 


TIRES    DK5   ARCHITU.  I7I 

bre  1785,' par  conséquent  deux  mois  après  l'ar- 
restation du  cardinal,  et  avant  le  prononcé  do 
jugement  qui  l'a  acquitté. 

Ces  déclarations  et  renseignemens  suffisaient 
bien  pour  constater  l'escroquerie  du  sieur  de 
Lamotte ,  en  connivence  avec  la  coRitesse  ,  sa 
femme.  Mais  il  restait  toujours  au  gouverne- 
ment à  parvenir  à  avoir  à  sa  disposition  ce  même  ■ 
sieur  de  la  Motte.  Voici ,  à  ce  sujet ,  une  lettre  \ 
assez  curieuse  ,  écrite  de  la  main  de  M.  de  Ver- 
gennes  à  M.  de  Crosne. 

iî'St  tiens,  monsieur,  dFe  Bf."fé  àuc  ie^È^ir-  ] 
set  (f),  qu'on  croit  k  Londres,  que  le  sieti^  de 
la  Motte  est  réfugié  datis  le  pays  de  Galles,  ou  if  ' 
doit  avoir  changé  de  nom  et  adopté  Thabit  des 
gens  de  ta  campagne;  peut-être  cet  avis  pourra 
être  utile  aux  observateurs  que  vous  pouvez  avoir 
en  Angleterre. 

«  L'ambassadeur  de  cette  nation  m'a  renou- 
velé hier  la  demande  du  sieur  Chamoran  et  de 
la  femme  qui  l'accompagne  ;  ma  réponse  a  été 
que  leur  extradition  ne  pourrait  avoir  lieu  qu'au- 


nibissadeur  d'Ang'rl 


173  MUiOllUâ»   UUTOMl^tft» 

Uni  qu'elle  serait  le  prîji  de  celle  du  sieur  de  U 
Molle. 
9  J'ai  llionneur  d*êlre ,  elc. 

«  Sigmi  DS  \wmgmmwu.  • 

On  iroit  par  un  rapport  du  mois  de  septem- 
bre 1785,  adressé  k  M.  de  Crosne,  qu*un  sieur 
Le  Mercier ,  agent  secret ,  collègue  du  fameux 
Chorandi,  autre  espion  du  gouTemement  en 
Angleterre ,  dans  Timpossibilité  de  parvenir  à 
mettre  la  main  sur  le  sieur  de  la  Motte  par  les 
^oiea  ordinaires,  avait  proposé  de  Tenlevcr  par 
force.  «  Si  Tadrease  ne  suffit  pas ,  dit-on ,  dana 
ce  rapport,  on  emploiera  la  force  pour  conduire 
la  personne  au  bord  de  la  Tamise ,  dans  un  eop 
droit  isolé ,  ou  Tonr  aura  soin  d'avoir  en  stalâoo , 
quinze  jours,  s'il  le  faut ,  un  de  ces  vaiesean  qmi 
portent  le  cbarbon  de  terre  a  Londres.  lia  aonl 
d'une  épaisseur  ai  considérable ,  qu'il  aeriil  im- 
possible à  quelqu'un  renfermé  dans  la  cale  de 
se  faire  entendre  par  aes  cris.  Les  équipages  de 
ces  Taisseanz  sont  ordinairement  composés  de 
quatre  k  cinq  brigandi^qui  font  tout  quand  on 
les  paie.  L'homme  une  fois  ii  bord,  on  descen- 
dra la  riviëre  jusqu'à  son  embouchure ,  et  ft ,  à 
l'ancre ,  on  aJcndra  une  embarcation  de  con* 
trebandier  pour  le  prendre  la  nuit  et  le  conduire 
sur  les  côtes  do  France.  •  Mais  ce  projet  ne  fut 


TIRES    DFS     ARCI?IVES.  1^3 

point  admis;  el ,  malgré  tous  les  efTorts  de  la  po- 
lice, on  a  vu  pnr  l:i  feUre  de  M.  de  Vergennes, 
que  je  \iens  de  rapporter,  qu'on  ne  put  se  saisir 
de  celui  qu'on  poursuivait  avec  tant  de  soins. 

Comme  je  n'ai  dû  m'occuper  de  cette  affaire 
que  sous  le  rapport  qu'elle  eut  avec  la  police, 
je  ne  me  suis  pas  arrèttï  aux  nombreuses  ver- 
sions qui  en  ont  couru  dans  le  public,  et  dont 
s'empari-rcnt  les  cotteries,  au  point  de  laisser  des 
préjugés  sur  les  diverses  circonstances  que  le 
roi  s'efforça  de  mettre  en  lumière.  Je  n'ai , 
d'ailleurs,  voulu  parler  que  d'après  des  pièces 
certaines  et  dont  ceux  qui  ont  écrit  sur  le  même 
sujet  n'ont  point  eu  connaissance.  A  la  vérité, 
ils  n'informaient  pas,  ils  combattaient;  et  c'est 
ûnsi  que  ces  contes  haineux  s'invétèrent  dans 
la  conscience  publique.  J'ajouterai  seulement 
qu'on  a  dit  et  assuré  que  la  partie  des  registres 
du  Parlement  où  devait  se  trouver  l'affaire  du 
collier  a  été  enlevée.  Le  fait  peut  être  vrai;  mais 
ce  qui  est  indubitable  ,  c'ost  qu'aux  archives  de 
la  nouvelle  police,  où  sont  déposées  le  peu  qui 
reste  des  pièces  de  l'ancienne,  et  où  s'en  trou- 
vent encore  d£  relatives  à  l'afiàire  du  collier, 
on  y  chercherait  vainement  les  interrogatoires 
subis  par  les  prévenus ,  soit  à  la  Bastille  ou  de- 
vant M.  de  Crosnej  ainsi  que  les  notes  adressées 


174  MCMOIKES   H1STOAIQCC5 

par  celui  Cl  k  M.  le  baron  de  Breteuil,  et  qui 
devaient  faire  partie  de  cet  immente  douicr. 

Les  document  sur  cette  affaire  avaient-ils  élé 
rouservés?  ont-ils  élé  ôté<  à  dessein  après  le  ju- 
gement prononcé ,  ou  perdus  accidentellement 
pendant  les  révolutions  qu'a  éprouvées  b  police 
depuis  1789?  On  voit  par  un  ordre  do  roi,  con- 
tresigné le  fttfrofi  de  BreUuU^  daté  de  Saint- 
Clou^,  5  septembre  1786,  que  dès  ce  mo— ni 
le  ministre  avait  (ait  redemander  a  M.  de  Crame 
toutes  les  pièces  de  la  procédure ,  et  qu*il  n*on 
laissait  qu*an  petit  nombre,  c*ost-h-dir«  ka 
lettres  au  lieutenant  de  police  pour  presser  lea 
interrogatoires ,  et  en  aToir  copie  aurJo-champ; 
il  bissa  également  les  interrogatoma  du  aîo«r 
Toussaint  de  Beanure ,  de  la  demeiseUe  OEva , 
des  lettres  de  madame  de  b  &f  otte  et  dn  coflsU 
de  Caglioatro.  &tais ,  eicepté  rinterrogaloire  ds 
Cagliostro  »  et  quelques  pièces  insignifianlea  el 
des  bttres  de  madame  de  la  Motte,  b  reste  a  db- 
paru  par  ordre  ou  par  accident ,  depob  r^»oq«a 
do  procès  terminé. 

On  a  dit ,  dans  le  temps ,  que  Ton  mettait  mn 
soin  particulier  à  ce  que  b  cardinal  de  Robaa  p 
qui  étiût  à  b  Bastille ,  ne  pût  communiquer  m 
de  loin  ni  de  près  avec  personne;  on  a  dit  vrai. 
Cette  surveillance  était  portée  jusqu'au  ridicok. 


Tifi^  DBS  ARoames.  t^5 

Jfi.  dfti  Crosne  rcçnt  une  note  cA  il^oM'ftiitt 

>  ^'imcwflonnier  dé  la  r«e)SMAfrAiiit*iii«ijiiM- 

nait  deux  sous  par  personne  poâr  Ainvuiff'  du 

haut  de  son  grenier,  M.  le  cardinal ,  lorsqu'il  se 
promenait  dans  les  tours  de  la  Bastille.  » 

Le  sieur  Quidor,  inspecteur  de  police,  fut 
chargé  par  M.  de  Crosne  de  vérifier  cette  nolfi. 
Par  un  rapport  du  9  a\ril  1786  ,  il  répondît  au 
magistrat  *  qu'il  paraissait  qu'elle  était  inexacte; 
car,  malgré  les  inrormationa  scrupuleuses  qu'il 
avait  faites,  il  n'avait  découvert,  rue  Saint-An- 
tràic<i  «Bonb  corâoflSfier  tn  bdtlH^tM  ^iri'' «b 
«^flibre  atu  enwMidB  l«  BtMÎWfe.''';"^')'^  -'^ 

«  ^^1  avait  su  senlemelit  que  la  feinine.4L'«i 
heidaqne  dcM.  le  cardinaf,  logée  au  cinquième, 
mÙBon  de  M.  le  commistàire  Crepy,  éè  menait 
souvent  a  sa  fenêtre ,  ainsi  que  plusieurs  autres 
personnes  qu'on  y  avait  remarquées  ,  et  qu'on 
lui  avait  vu  faire  beaucoup  de  salutations  à  ceux 
qui  se  promenaient  sur  les  tours  de  la  Bastiïle. 
Que  ceci  lui  avait  été  cerliBé  par  la  TeuVte  B^as- 
sarc ,  marchande  de  meubles ,  dans  la  même 
rue. 

«  Que,  peu  de  momens  après  cette  manifes- 
tation, sur  les  six  heures  du  suir,  il  avait  aperçu, 
sur  la  terrasse  de  la  Bastille,  deux  particu- 
liers, l'un  vêtu  d'un  habit  bleu  ,  chapeau  rond  ; 


1^6  MKHOIHCS    ■lSTOIIIQI'F& 

raaln  ayant  un  frac  Tert ,  ainsi  qu*an  faction- 
nairt;  auasilôila  femme  de  rheidiique  a*ett  mise 
à  la  croisée  »  pour  les  regarder ,  mab  sans  faire 
de  gesles.  * 

L'inspecteur  ajoute  «  qu'il  a  questionné  les 
commissionnaires  de  la  rue ,  en  leur  offrant  de 
Pargcnt,  s'ils  pouvaient  lui  indiquer  un  endroit 
d'oii  il  irît  se  promener  les  prisonniers  de  la  Bat- 
tille  i  tous  ont  assuré  unanimement  qu'ils  n'en 
connaissaient  aucun  (1),» 

Cette  aflbire,  toumentante  pour  la  polîc«» 
était  h  peine  terminée,  que  M.  de  Crasoe  en  ont, 
sinon  de  plus  pénibles,  au  moins  de  pins  sérieuses 
dans  les  événemens  publics  qui  agitaient  b  ca* 
pilale. 

Le  peuple  était  animé  contre  b  fonneme- 
ment  ;  et  les  débats  de  l'assemblée  des  notables , 
ob  suscitaient  toutes  les  grandes  queslbos  d'or- 
dre public ,  avaient  encore  accru  b  cbabnr  des 
esprits. 

.    Un  conseiller  au  Parbment ,  U.  Solfier,  an* 


(i)  Od  folt  par  une  lettre  de  U.  de  Croiiie.  mdrtuét  Mi  biraii 
de  SRlnilt  ca  date  du  iS  Juin  17^.  que  lr«  vHnmn  allenApt  mmm 
•iror»  Qoldor  et  Siuboi« ,  lnf|iectrur»  df  i-ulice ,  rt  que  1«  HMf^ 
trsl  réclame  pour  frali  de  voyagn ,  c^i^ium ,  pervjii.«iitc!is  ri  aa- 
m  «pénUona  ralativeaè  rcsiraiiim  dr«  ordm  du  roi ,  r%^âSM 
ootiirelraticorfldamcdeli  Uolte.  «r  isntiirni  »  ^.w»^  M«ie«. 


TIRÉS   DES    ARGRITES*  fJ^J 

jourd'hili  conseiller  d*Etat,  a  tracé,  eo  aiyle 
sévère  et  quelquefois  partial,  les  iropoiUantel" 
scènes  de  cette  époque.  On  verra,  paries  feits 
qui  s'y  passèrent,  si  M.  de  Crosne. pouvait  tenir 
le  gouvélrnail  au  milieu  d'une  pareille  tourmente. 
«  A  la  rentrée  du  Parlement  (sept.  iTW)-^ 
dit-il ,  le  désir  de  ci^server  la  faveur  populaire 
autant  que  le  besoin  de  veiller  a  la  tranqniHité 
de  la  ville ,  attira  les  regards  du  Parlement 
un  objet  essentiel  de  police.;  Depuis  le  renÎToi 
principal  ministije  (1),  le  peuple,  conduit  par 
de  jeoms  praticiens,  et  licite  par  des  ageni 
d'Orléans  (2),  se  livrait,  tous  les  soirs,  kdeb 
témc^gn^es  d'allégresse  qui  avaient  ^rwmftJê  ■ 
ment  dégénéré  en  licence.  Cette  troupe  dés<Mt* 
vrée  se  rassemblait,  a  la  chute  du  jour^  ik  «ftlédtf 
Palais ,  sur  la  place  Dauphine  ;  elle  forçait  les 
habitans  du  quartier  a  illuminer  leurs  maisons , 
en  réjouissance  du  renvoi  du  ministre  et  de  la 
rentrée  du  Parlement  (5) ,  en  cassant  les  vitres 


(i)  M.  de  Bricnue,  renToyé  le  a5  arril  1788,  avec  5oo,ooo  livres 
de  revenu,  et  des  bienfaits  de  la  cour. 

(a)  Qui  ne  reconnaît  ici  cette  monomanie  de  voir  des  agensdu 
duc  d'Orléans  partout  ? 

(3)  On  sait  assez  que  Louis  XVI,  par  le  conseil  de  ce  ministre 
et  par  égard  pour  la  reine  qui  le  prolégcait.  avait  exilé  le  Parle- 
ment de  Paris  î»  Troyes,  le  i4  i»vril  1787,  parce  que  cette  cour  n'a- 
vait pas  cru  pouvoir  enrcfîislrer  les  emprunts  propos'js  par  ce 
prêtre  mnIf.iisMnt. 

1-2 


à'^H  MÉ1IOIIIE5    HttTOMQCIS 

de  ceux  qui  refiisaieiit  ou  n'oliéiwicBt  pat  il 
pMnpUoient. 

ir  Cet  iéditieuaL  (c*e&t  tMJowi  M.  Sallier  q«i 
iurle»  et  qui  ne  parlait  pas  de  nêoie  alon) 
r^mwîrrat  difiercns  déserdMi.  Leur  nMnbra 
9'iiceroift$ak  loua  lea  jonn.  RépiÛDéa  d'akofd  par 
dea  déUcbemens  de  gar  Jea  fi  antMaei  »  il  t'en 
élMel  Teagéa  aar  le  guet ,  gude  municipale 
qaî  en  inpoaait  nMÎna  qae  lea  ■ttlilairea.  Dea 
déaordrea  grarea,  et  lela  q«e  nom  en  artima 
eaa  daaa  lea  premiera  tempe  de  le  féf^aMen  • 
eweient  anîn  cea  acènea  temrfteewti,  ^eicmpe* 
de^garde  «arment  été  piUéa  et  biMa  ;  fl  ereit 
iellei  cenlNittre  aforoe  oeirerce eee pieiMilevni 
qjÊit  encoeregéa  par  la  modénlMm  deal  mi  erall 
lié  eavera  eux,  avaient  manileitf  Kntenllon 
d*nicendier  lea  hoteb  dea  mimUtea  et  dn  coea- 
mandant  da  geet  ;  ila  a*y  étaient  pevtéa  en  Mfe, 
avec  dea  terabea  alloméca.  Penr  parvenir  k  lea 
dianper,  il  avait  falh  laire  fen  anr  eez  ;  phnwnn 
d'entre  eux  avaient  été  bleaaéa,  qnelqnea-nna 
tuéa(i). 

«  Le  Parlctocnt  crut  devoir  prendre  connaia- 


(i)  L«  ciMvtlier  Dobou  qui,  par  m  barlurip  et  toa  lnwlc»c»« 
•fah  Irrita  In  Pari*iei«  ,  en  crilinit  à  twn  Hr*  il  U  venfMnoe;  H 
qaitu  la  France  en  17H1),  et  ir  relira  en  Anf*eierrr ,  oà  II  moorvt 
en  iao3.  On  a  aMoré  que  le»  AnglaU  Ini  aTaient  Calt  une  pi  niin»  ; 
cVftt  un  men^onffr. 


TIRÉS  DES  aucrites.  17^ 

mum  4^  €68  événeniens/  et  â&  pteïinèké  '4^ 
bénli^iifbt  un  hommage  à  la  populace  (^);'tti^ 
^enreꀀnce  inexcusable ,  des  sdbnes  de  révbltè 
et  de  brigandage  parurent  innocens  à  ses  yéilk\ 
et  -ce  furent  les  officiers  de  police  et  les  chefs  de 
la  fÎMrce  armée  qu'il  trouva  dignes  d'être  àccuèéjtl. 
Ou  les  dénonça  conÉbe  coupables  dlnâpruélehce, 
de  fMPoir^Gation  et  presque  de  fétoëîté.  îiëÀ'di^ 
ckratifns  des  chefe  de  parti  Ibrentrésfièc^iM 
par  les  na^t^als  ;  ils  parlaient  c^Mi^is  htéè  viki 
aaime  indigHàtfon  du  ctiine  d'avoir  tire  sii'r'lë 
peuple  j  d'un  nombre  inconnu  qu'on  sttp^c^ 
sait  prodigieux  de  tués  et  de  blessés.  A  fk*  ra^é 
àêwem  difteourSj  le  lieutenant  de  pdlicre  et  le 
coflHBandent  dta  guet  furent  mandés  &  là  lUahté 
4r  Pariém^nt;  oUk  les  fit  comparaître,  séahéè  t^ 
tante.  Le  peuple ,  répandu  dans  les  salles,  redou- 
bla de  joie  et  d'insolence.  Les  officiers  mandés 
furent  insultés  a  leur  passage ,  et  il  fallut  les  faire 
évader  secrètement  pour  les  soustraire  aux  ou- 
trages qui  les  attendaient  à  leur  passage.  Le  Par- 
lement termina  sa  séance  par  un  arrêt  qui  or- 


(1)  M.  Sallierne  ménage  guère  sa  compagnie;  pour  savoir  qui 
a  raison  de  lui  ou  d'elle,  il  faudrait  entendre  le  Parlement  qui, 
sans  doute,  avait  aussi  ses  motifs. 

M.  Charles  de  Lacretelle  a  rendu  compte  d'une  manière  très 
partiale  des  mêmes  événemens  dans  sou  Précis  de  Vlllstolre  du 
dix-  huitième  siècle. 


iKo  MFJIOlKrS    IIISTORI^Lrs 

donnait  d'informer,  non  pas  des  aUrouperoens 
el  des  actes  séditieux ,  mais  des  excès  commis, 
disaient •  ils,  par  les  préposés  a  la  garde  de 
Paris* 

u  Un  antre  urrét  plus  sage  défendit  les  attrou- 
prmens  et  de  tirrr  des  fusées;  mais,  poar  ne 
rien  perdre  de  l'affection  d#.la  multitude,  dans 
ce  même  arrêt,  le  Parlement  enjoigiût  de  traiter 
le  peuple  avec  prudence  et  modération  (t).  Le 
peuple  comprit  si  bien  cet  arrêt,  quo  les  réjaui»> 
sances  continuèrent  comme  aupam^nt,  et  la 
garde  de  Paris  fut  régulièrement  insultée  lo«s 
Iqs  soirs  (2).  • 

Malgré  TKabileté  de  MM .  de  SartiMS H  Lnoir, 
on  peut  douter  qu'ils  se  fussent  tirés  phu  habilo 
ment  que  M.  de  Crosne  de  cet  emburiM.  Déjà 
1^  éTénemens,  avant -coureurs  de  la  révolulion, 
absorbaient  la  police. 

Aussi  fut-il  loin  de  pouvoir  exercer,  a  Tégard 
de  ses  prédécesseurs ,  la  surveillance  nécsasaire 
a  Texécution  des  ordres  de  la  cour.  Il  aTail  été 
réduit  a  Timpuis^ance ,  lors(|u'il  fut  question  do 
faire  surveiller  les  députés  bretons  venus  a  Paris, 


(0  Qu*aur;iit  donc  viiiitti  M.  S4liicr«)*«ui«»uril'bul  ?  Qu'on  c4t 
Arrf  dr%  potmco»  «ut  qn-^'ie  cii\n\  de  r.«rU.  pcMir  lie»  rffctÊià» 
smmcts  tmmuUiicuset, 

(«)  jinnafes  frmnçn/iet ,  pir  M.  S»Uiit,  fi»n«rlllw  tu  Psrie* 


TIRÉS    DES    ARCHIVES.  l8l* 

en  1787.  Il  ne  fut.  pas  plus  heuceux  dans  €e  qw 
lui  prescrivit  le  ministre  ,  pour  la  fermeltirè' 
des  clubs  et  des  salons  littéraires  oîi  Ton  tenait 
des  discours  hardis  sur  les  affaires  du  temps. 
D  abord  on  céda  ;  bientôt  on  obtint  des  excep- 
tions ;  il  y  eut  des  c€Àcessions  de  part  et  d*^utma 
Le  public ,  qui  hanlait  ces  réunions,  triomplia  àm 
la  défense  du  ministre  et  des  efforts  de  la  po|i49ti* 
Sa  surveillance  n'était  guère  plus  assuk^e  eiP 
ce  qui  concerne  les  individus;  iU  échappaient 
facilement  aux  recherches.  On  sait  que  Ml  ésr 
Crosne  avait  reçu  Tordre,  au  mois  de  mars47W^ 
de  faire  arrêter  le  comte  de  Mirabeau,  ^(^^ 
dans  un   mémoire  en  réclamation  au  caAbeil 
d'Etat ,  contre  un  arrêt  du  Parlement  d'Aiz^  ataiV 
insulté  et  bafoué  le  garde  des  sceaux,  M.  H110 
de  Miromesnil;  mais  le  comte  échappa  a  M.  de* 
Crosne,  se  sauva  à  Liège,   puisa  Maestricht , 
d'où  il  fit  répandre  son  mémoire  a  Paris,  un 
mois  après ,  malgré  la  police  et  la  surveillance 
aux  barrières.  Et,  pour  finir  ce  récit  par  une  anec- 
dote, je  dirai ,  pour  l'avoir  bien  su ,  que  ce  fut 
dans  la  voilure  même  de  M.  Lavoisier,  fermier- 
général,  ami  de  RI.  Dupont  (de  Nemours),  ami 
de  Mirabeau  ,  que  les  exemplaires  passèrent  a  la 
barrière.  Les  commis  ne  visitaient  pas  les  car- 
rosses des  fermiers-généraux. 

Il  (Ml  fui  h  peu  près  de  même  de  Tordre  Irans-r 


l&a  wfjIKOTiS   BliTMIQOli 

aiiàll.  dtfÛNMiedimklMtnd»!!.  Lmrm 
d»  ViHecUuU ,  mw  Toiei  : 


«  T€nallltt»i4i«fai  ijÊ^ 

«  Je  mm  préreiitt,  nomisMr,  ^od  fiûl 
kt  atrélé»  des  Uen  (4^  nt  k  contlilatkHi, 
•lqM*«ii  émî  lêêùàn  pukfitr  tl  oriv  dans  Farte. 
J'cp^ramb  qu»  II.  !•  garde  dea  acaaai  a  dminé 
aaa  wdraa  po«r  en  empêcher  k  puMicati— >  '41^ 
oaanmepcée  dans  ka  maa  da  Veraailka.  Ve* 
ipeodrei  Uan  ea  donner  ponr  que  celle  pdblice 
MMI  ttttt  paaUen  à  Paria,  paa  pka qee  cellea  de 
teMaa  détthéreliona  dea  diflUreiie  eedrei  dee 
état»  géDérana>  aana  nae  permianea  de  rai  Vew 
MMrest  naonaieer,  k  remécnlioa  de  œl  erdralâ 
pnléeoee  que  ^reoa  Betlee  dana  levMa  iree  ae» 
Une  peraonne  angnate  m'a  déneseé  k 
pnbliqne  d'an  imprimé  arandakei 
talé  JVaea'ur  miÊp  de  Vêfrm/  û  eal  trèa 
dfea  (Miremr  k  ^nle,  el  de  Teilkr  k  empéelMT 
ka  dklrikalieaa  d'oa^rafea  aemMaUea.  ê 

C'était  an  boiteax  qni  demandait  dea  teeoafa  k 
an  paralytique;  an  moment  oii  M.  de  Villedeail 
^^rit  ainti ,  M.  de  Crosne  perdait  toat  poaroir. 


(i)  Le  itiioUtre  cnlrnd  \c%  ftrrélc%  «|uc  le  Ttct»-Cl«l.  ^ui  t'fUil 
cooêtitu^  rn  M^riiiM-  n4'k^na!#.  fr  •-  juin.  a«aîl  pr'»  Mif  tf  % 
b«icsci«RlloeTci  et  Mm  «tticnté. 


TIRÉS    DES   ARCHIVES.  l8S 

et  la  force  de  l'opinion  l'emportait  sur  la  puis- 
sance de  la  police  ;  Texéculion  de  l'ordre  lui  fut 
impossible,  mille  brochures  sortaient  des  presses 
et  inondaient  le  public  y  lui-même  aidait  la  mis- 
sion d'en  faire  passer  les  plus  marquantes  au  mi- 
nistre ou  au  roi  même ,  de  crainte  qu'on  ne  les 
lui  laissât  ignorer,  comme  il  était  déjà  arrivé. 

M.  de  Crosne  est  le  dernier  lieutenant  de  po- 
lice. 11  vint  au  comité  ptrmanmê  de  l'Hôtel-de- 
Ville ,  le  i  6  juillet  i  789 ,  et  remit  ses  pouvoirs 
entre  les  mains  des  clubiers  qui  reconnaissaient 
alors  tous  les  pouvoirs  de  police  et  d'administra- 
tion dans  Paris. 

En  lui  finit  la  magistrature  de  police  créé  en 
i667j  il  était  le  quatorzième  de  ceux  qui  avaient 
occupé  cette  place,  dont  la  durée  a  été  de  cent 
vingt-deux  ans. 

Passé  en  Angleterre  dans  la  première  année 
de  la  révolution,  il  revint  k  Paris  ,et  fut  arrêté  et 
renfermé  dans  la  même  prison  que  M.  Angran- 
d'Aleroy,  ce  grand  et  intègre  magistrat,  avec 
lequel  il  périt  sur  Téchafaud,  Ie^28  avrilj1794. 


CHAPITRE  \L1X. 


Kilrmdiiioii  d*iiii  Déleou  évadi. 


Dans  les  iempi  de  l'ancienne  monarchie,  U 
facilité  de  Toyager  sans  passeport  et  de  jouir  ainsi 
d'one  faculté  contre  bquelle  rien  ne  devrait  pré* 


TUIES  DES  ARCHnrxs.  l85 

valoir ,  rendait  les  évasions  k  Fétranger  beaucoup 
plus  fréquentes  qu'aujourd'hui  et  plus  fisiciles. 
Une  fois  réfugiés  dans  quelque  ville  d'Âllema*^ 
gne,  les  anciens  détenus,  l'eussent-ils  été  par  les 
ordres  formels  du  roi ,  dont  rintervenlioii  d'ail* 
leurs  était  réclamée  dans  les  plus  simples  affaires 
de  famille,  ne  pouvaient  être  revendiqués  et  remis 
aux  agens  de  la  haute  police  de  France  qu'avec 
un  grand  nombre  de  difficultés.  Il  était  facile  d'é- 
lever à  ce  sujet  un  conflit  entre  les  diverses  puis* 
sances  et  de  se  servir  des  plus  légers  prétextes 
pour  décliner  l'autorité  de  son  propre  pays.  JPea 
citerai  un  exemple  dans  la  personne  du  jèùlM 
Tolosan.  ^* 

Ce  n'était  pas  le  fils  de  M.  de  Tolosan ,  ihten- 
dant  du  commerce ,  mais  d'un  Tolosan ,  muni- 
tionnaire  des  vivres. 

Si  l'on  s'en  rapporte  au  mémoire  présenté  par 
le  père  a  M.  le  baron  de  Breteuil,  en  mai  1786, 
le  fils  Tolosan,  coupable  de  la  plus  mauvaise  con- 
duite ,  s'obstinait  a  vouloir  faire  un  mariage 
déshonorant.  D'une  part,  on  Taccuse  d'avoir 
séduit  une  fille  qui  le  servait  et  qui  n'attend  que 
le  terme  de  la  grossesse  pour  intenter  un  procès 
h  son  séducteur;  d'une  autre  part,  on  l'accuse 
d'avoir  couru  l'Alsace,  pays  de  sa  famille,  avec 
une  fille  nommée  Mathis,  escortée  de  ses  père 
et  mère  ,  afin  de  chercher  un  curé  qui  les  mariât. 


iM  niONLii  nrrottiQccs 

Qm  Êgmàm  fwi«  n'ayaal  |mmi  Iromré  dt  pvêlTC 
MÉkpèiiaMM  |H)ar  ce  mariagt,  îl  anrait  pbcé  la 
4HMdiele  lliUiia,  fiUe  d'iui  benUngcT ,  dans  an 
#iuwot^  pfta  dt  8aTcm#^  en ^tendjMH  qu'il  fàl 
i  iUlme  de  répomev. 

tt  est  aisé  de  creire  que  diaprés  cet  exposé  de 
&tti,  dont  Peuclitiide  fui  constatée,  le  ministre, 
dbins  Fintérêt  du  pouvoir  paternel,  ne  refusa  pas 
IVrdre  que  demandait  le  père  de  faire  enièrmer 
son  fils  I  âaint-Laaare. 

H  9m  a*agit  pas  ici  de  remonter  à  la  sowce 
4»  droit  palamoL  et  d'en  déterminer  les  fimiles  » 
nous  anrions  trop  de  préjugés  à  comballn»  al 
now  ne  Tenions  raconter  qu'un  fait.  Qu'il  nous 
•ufiae  de  dire  que  les  publicistes  les  plus  atan* 
ces  sont  en  général  d'une  pâleur  eitrême  et 
d'une  étroite  partialité  sur  ces  questions.  Fib , 
ilo  nient  le  droit  absolu  des  pères }  pères,  ils 
nient  la  liberté  absolue  des  fib.  Pour  condfiet 
ces  diTergences ,  il  faudrait  Toir  do  pins  hant. 
En  général ,  devant  les  lois ,  les  fib  étaient  sa- 
crifiés et  avaient  tort.  Cela  s'appelait  du  pou- 
voir paternel.  Mais ,  vis-a-vis  de  Topinion ,  ib 
prenaient  leur  revanche.  On  se  souvient  de  Mi- 
rabeau. 

L'ordre  d'incarccration  du  jeune  Tolosan 
est  du  31  mai  1787;  îl  fut  exécuté  le  17  joîn 


Tuns  us  Aitfwvis.  i9j 

mWant.  L^  jeune  homme  kyfsin  alol»  TiAgt^ 
neuf  ails;  il  réekma  contre  sa  détention  auprèv 
4o  M.  de  Crosne ,  alors  lieutenant  de^Uee^  et 
représenta  son  pire  comme  UA  homnie  dnr ,  ki« 
jttsie,  qui  voulait  dispoèer  iinpuiiâne&t  dd  ai 
légitime  ;  assertion  qui  fut  prouvée  fausse  pà» 
l'enquête^  sur  les  pièces  produites  par  le  père  dui 
jeune  détenu.  Racine  a  tort  de  dire  : 

Les^ténioUit  aoDt  fort  cherv,  et  n'eta  à  plié({ui  i^ni. 

Le  |>ère  eut  tous  les  témoins  qtfil  Véviut. 

Le  prisermiier  s'ennuyait  trop  pettr  ne  putf 
cfaerober  à  a^évader  :  tous  l^  prisonniers  sont 
aiiisi  fdis.  Le  père,  par  fei^me d'airieMdèixieM  II 
sa  propre  sétériié ,  avait  obtenu  que  son  fils  se 

promènerait  dans  le  clos  de  la  maison  de  Saint- 
Lazare  ,  suivi  d'estafliers  a  la  discrélion  du  pré- 
fet chargé  du  soin  des  prisonniers.  Le  31  août 
1787,  le  jeune  homme  ,  ayant  pris  ses  mesures , 
abusa  de  la  permission  et  de  la  sottise  de  ses  sur- 
veillans,  franchit  les  murs  et  s'évada.  Ce  qu'on 
ne  manqua  pas  de  regarder  comme  très  irrépré^ 
hensible. 

On  mit  des  limiers  a  sa  recherche  ;  après  bien 
des  démarches  inutiles ,  M.  Tolosan,  le  père, 
apprit  que  son  lils  s'était  réfugié  a  Oifenbourg , 
ville   impériale  j  située  a  six  lieues  au-delà   du 


l8ft  lUttOIMt  USTORIQUBS 

RUa,  el  s'y  éuil  mis  sons  la  protection  en  msgis- 
tral.  CeTolosan  éuil  on  gircon  dt  tact  el  d*esprit 
capable  de  séduire  josqo'à  des  magislrals,  après 
aToir  sédoil  des  filles.  On  soUicila  el  en  obtint 
fiMnlemenl  do  ministre  de  nooTeaox  ordres  pour 
aller  arrêter  ce  dangereux  personnage  qne  tout 
le  monde  aimait  et  qui  ne  pouvait,  parcopsé* 
quant,  être  au  bout  de  ses  setlises. 

La  chose  pressait.  Le  sieur  de  Bruguières , 
agent  et  inspecteur  de  police,  fut  chargé  de  Texé- 
cution  des  wdres.  Mais  le  magistrat  d'Ofen* 
bourg ,  pris  par  les  sentimens,  comme  cela  était 
à  craindre ,  se  refusa  complètement  à  rextmdi-» 
lion  demandée.  C'est  ce  que  fait  connalln  M*  do 
Montmorin  dans  une  lettre  ii  II.  de  Crosse ,  du 
95  mars  1787. 

«  Vous  STes  été  informé,  monsieur,  écrit lo 
ministre ,  des  diff cultes  que  le  sieur  do  Bruguib- 
res ,  inspecteur  de  police ,  a  rencontrées  b  OP 
fenboui^  pour  obtenir  la  remise  du  sieur  To-» 
losan  fils,  au  sujet  duquel  tous  m'ares  fini 
llionneur  de  m'écrire  le  21  féTtier  dernier,  et  dn 
refus  qu*a  fait  le  magistral  de  cette  Tille  impé- 
riale de  liTrer  le  jeune  homme  à  Totre  oftcier  de 
police.  J*ai  l'honneur  de  tous  adresser ,  mon* 
sieur ,  une  nouTcUe  lettre  réquititoriale,  spécia- 
lement adressée  au  préteur,  magittrat  et  conseil 


rtnis  Dfis  archites.  189 

de  ladite  ^ille  ;  elle  est  accompagnée  d'une  lettre 
de  ma  part  pour  ce  magistrat  et  d'une  autre  de 
M.  le  comte  de  Mercy  (1),  qui  y  est  relative. 
Vous  recevrez  la  mienne  k  cachet  volant ,  afin 
que  TOUS  puissiez  en  prendre  lecture.  Je  vous 
prie  de  remettre  le  tout  avec  des  instructions  k 
Tofficier  qui  sera  chargé  de  cette  nouvelle  com- 
mission ,  pour  l'exécution  de  laquelle  il  se  con- 
certera avec  M.  Toiosan  père.  Si,  en  remettant 
le  filsyle  okagistratd'Oflfenhourg  paraissait  désirer 
une  copie  de  la  nouvelle  lettre  réquisitoriale ,  il 
n'y  aurait  point  d'inconvénient  k  la  délivrer  ; 
voua  voudrez  bien  en  pourvoir  l'officier  de 
police. 

«  J'ai  rhonneur  d'être  très  profondément, 
monsieur  ,  votre  très  humble  et  très  obéissant, 
serviteur , 

«  Signéy  le  comle  de  Montmorin.  • 

11  est  important  de  voir  la  forme  dans  laquelle 
la  lettre  réquisitoriale,  dont  parle  M.  de  Mont- 
morin, était  conçue;  la  voici,  elle  est  revêtue  de 
la  signature  du  roi  Louis  XVI. 


(1)  Célnil  rnmlinssajîrnr  de  l%nipcrciir  (rAllemognc  à  ïa  cour 
de  France. 


1^  MBIlOmM  mUTOÊLUfCWS 

^  Deptr  leroi, 

«  A  tous  gouTeraewt  et  lieutantM  féairus 
dB  nof  praviiiQti ,  comouD^nt  de  ne»  Ttllce  et 
pUcet ,  née  aoi^aiiadenfff ,  mîfiîslret  el  cherfit 
(de  no»  affaires  ea  pay»  étrangère  el  aelre»,  mm 
officiera  »  jwtîcieri  el  rajeU  qu*îl  appartiendra  • 
aaliU.  Noof  froua jMttdona  el  erdonoen»  de  laiar 

nos  in»epea  t  al  Jb  iieer  Aaai»  iMféekal  dea  legiit 
albnk  )t  OJea^eeift  ckaryéa  de  née  erdraiei  de 
\m  Uîwer  repaiier  eceeeipegné  dn  eîeer  Tel 
fila,  iteiaa  erdenneni  de  leî  donner  et 
tous  lea  secours ,  bcilités  et  mûn-forte  qn  il 
qiierra  de  iroos  pour  Teiécution  deidin  jpfdeea. 
Requérqps  loms  gamTemennit  cenMjjiil^tl» 
magisirata  et  autres  officiers  qo*il  appastieffdiV» 
des  villes  et  lieux  hors  de  notre  domination ,  de 
prêter ,  en  cas  de  besoin ,  au  dit  sieor  FrilKli  et 
autre  sieur  Russ  les  mêmes  secours  que  nfna 
nous  prêterions  à  ordonner  et  permettre  dfne 
les  Tilles  et  lieux  de  notre  royaume  en  pardBee 
circonstances.  Requérons  spécialement  et  imii- 
tons  les  préteurs,  magistrats  et  conseib  de  la  ynttm 
impériale  d'Offenbourg  de  remettre  ledit  sienr 
Toloian  fils  entre  les  mains  des  sieurs  Fritsch  et 
Russ  pour  le  ramener  en  France  et  le  rendra  à 


TIUS   DSS   ARGHI^rCS.  t§t 

b  ^UpMÎlion  £l  aux  soins  de  si  éainttlè.  IhftMUéft^ 
tant  d'avoûr  les  mêmes  égards  aux  réquMtiéVM 
qui  pourraient  nous  ctre  faites,  a  nous  on  àfios 
cours  fio«Teraines  de  justice ,  de  la  pail  àt/êÊtUi 
préteurs,  magistrats  et  conseils  d'OffeRiK>arg,  èl; 
d'user  d'une  entière  réciprocité  en  pareil  cts, 
en  faveur  de  la  ville  impériale.  Le  présent  ûtite 
valable  pour  un  mois  seulement.  Donné  a  Ver- 
saines^  Je  SI?  mafs  1 7S7. 

«  Par  le  roi , 

ir  Le  comte  de  Montvorin.  » 

Le  duel  d'état  à  état  engagé  de  la  eprtë.  Y^^lci 
comment  le  magistrat  de  la  yille  d^flenb'éurg 
répondit  h.  cette  réquisition,  et  les  motifs  appâ- 

rens  sur  lesquels  il  s'appuya  pour  refuser  l'extra- 
dilion  qui  ne  put  s'exécuter. 

iSous  disons  les  motifs  apparenSy  parce  qu'il  est 
dairpour  quiconque  aura  le  sens  commun  qu'il 
y  aura  toujours  deux  marches  contraires  suivies 
tour  à  tour  dans  les  problèmes  d'extradition. 
On  fera  sans  scrupule  une  différence  expresse 
entre  les  criminels  qui  intéressent  tout  le  monde, 
et  les  criminels  qui  n'intéressent  personne  ; 
et ,  suivant  les  temps ,  les  lieux ,  les  circon-» 
stances  ,   ces  mesures  porteront  un   caractère 


19a  MIVOIIIES   RtSTOlUQrFS 

de  pariécatioD  ou  d'impuDilé.  N'en  éuil-tl  pat 
aÎM  do  droit  d'asile  daDt  les  temples  incienf, 
droit  qoe  Ion  respectait  îi  charge  de  Uisser 
mourir  de  fiiim  dans  le  temple  le  réfagié  frappé 
de  la  Tindicte  publiqoe  ?  Ainsi  Ton  disait  d'une 
main  ce  qu'on  défaisait  de  Taotret  jésoitiame  or* 
dinaire  dans  toutes  choses. 

BMrait  du  ngiêiri  du  emuêU  iê  la  eiBi  imffriêh 
é^Offinbaurg  ,  du  10  arrâ  1787. 

«  Le  sieur  Fritsch ,  officier  des  tronpea  firan* 
çaises,  se  présente  et  remet  : 

1  *  Un  réquisitoire  ouvert  »  expédié  el  signé 
par  Sa  Majesté  le  roi  de  France  et  son  premier 
ministre,  M.  le  comte  de  Montmorin,dn  V  man 
dernier,  portant  ordre  aux  sieurs  Fritsch  et 
Russ,  maréchal-des-logb,  de  prendre  ici  le  sieur 
Tolosan  et  de  le  conduire  li  Paris. 


9*  Une  lettre  de  Son  Excellence  M.  la 
de  Montmorin,  par  laquelle  il  mande  en  réponse 
Il  la  lettre  qui  lui  a  été  adressée,  qull  n*a  jamais 
été  question  de  faire  le  procès  au  jeune  Tolasan, 
entraîné  par  les  passions  de  la  jeunesse }  que  su 
famille  ne  veut  que  le  retirer  de  ses  extruTa- 
gances,  et  nullement  s'attirer  la  lionte  ;  qu'en 
conséquence  son  père  Tent  le  mettre  dans  une 


TJHES    DES    ARCHIVES*  igSi 

maison  de  correcUon,  par  forme. de  châtimait 
paternel,   où  il   serait  traité   conTenablement^ 
et  où  il  restera  jusqu'à  ce  que  ta  famille  ptusse 
espérer  un  changement  dans  sa  conduite.     :     < . 

5^  Une  lettre  de  Son  Excellence  le  comte  de 

.     ,         .  .     •      ■  ■    ■      ' .    '.» 

Mercy,  ministre  impérial,  résidant  k  Paris ,  eif 
date  du  24  mars  dernier,  portant  qu'il  a  été  in- 
formé par  M.  le  comte  de  Montmoriii ,  ministre 

sieur  ToIosm^  qui  se  tient  ici;  qu'en  ùonsé^enèé' 
il  nous  serait  fait  part  des  motifs  de  cetté^d^- 
manée  en  extradition  ;  que  ces  motifs  paraîssaienf 
assez  paffisans  pour  rendre  ledit  siéiirlt6lôilà'6?\i' 
l'officier  ée  police ,  et  que  cette  éxfi^adiïion  h^é-*" 
tait  pas  ooittrairç  aux  ordonnances'  de  Fënittb-' 
reur  et  de  Pèmpire  ;  Son  Excellencié^  lié  miiAM^ 
était   d'avis  que,  par    égard  pour  la  coxir^^ëiP 
France ,  et  pour  agir  en  bon  voisin  ,  on  ferait 
bien  de  se  conformer  a  ses  intentions ,  puisque 
la  cour  de  France  saura  apprécier  celte  condes--^ 
cendance  ,  et  qu'elle  ne  manquera  pas  d'user  de 
réciproque  en  pareil  cas. 

«  Ensuite,  il  fut  aussi  rapporté  que  le  bruit 
général  était,  tant  ici  dans  la  ville  qu'à  Strasbourg, 
que  le  magistrat  avait  été  gagné  par  une  forte 
somme  d'argent  pour  l'extradition  du  sieur  To- 
losan. 

«  La  lecture  de  ces  lettres  ayant  été  faite ,  le 

ni.  *  1" 


194  MKMoniu  ■i0ToiiiQinr^ 

lieor  Tolosan  a  été  imnidé;  qui  refiite  de  re* 
têmnmtf  parce  que  b  tArelé  dont  il  avait  fiiil  les 
ceodilioiia  lai  manqaait,  el  îl  a  reqois  d*élre 
mainieiui  dans  b  proteclioD  de  b  Tille. 

«  Aprte  aToir  réfléchi  tar  ces  circonslances , 
il  a  été  arrêté  : 

ii  Que,  faute  d*af  oir  rempli  b  coiiditio*  mtie 
dans  Vair^té  du  6  da  omis  dernier»  aaToir  :  «  que» 
ic  dans  Peepace  de  six  semaiaea,  oa  peiMTetail  b 
«  etose  de  b  déteotioA,  et  que  ïom  preduigait 
«  arec  «Murance  que  lors  de  resInuiilMfc  eu 
«  sieur  Tt Iman,  il  ue  serait  ui  eafimué,  i 
«  JMUU  être  eufteodut  inais  qu'il  lui  sendt 
t  d^  soigoer  ses  intérêts  eo  pleine  KbuMé 
Qlf^  contraire  b  bttre  du  miniatM 
eayfssément  un  emprisonnement}  qi 
l^qMpA  s'éiant  en  outre  eofagé  au  serrha  4a 
Prwif  »  on  n*a  pas  produit  U  roujontement  dsi 
lUÎQpblfu  de  Prusse;  que  par  conaéqneni  oo  an» 
rait  agir  contre  b  constitution  de  Tempira»  et 
manquer  aux  égards  dus  k  Sa  Majesté  b  Ma  dn 
Pffusse,  si  Ton  rendait  bdit  sieur  Tolosan } 

m  En  conséquence  9  et  tant ,  et  si  long-tempe  qnn 
toutes  ces  conditions  n'auront  pas  été  remplies, 
il  est  impossible  de  consentir,  quant  à  présent,  k 
Textradition ,  malgré  le  désir  que  Ton  en  aundl 
par  respect  dd  a  Sa  Majesté  très  chrétienne  ;  en 


TIRÉS    DES    ARCRtTE9.  ig5 

attcndnit,  U'  protection  demandée  par  le  sieul* 
TotoMK  hà  wrâ!  accordée  ici,  jusqu'à  ce  qne  ces 
dcToirs  ftt  conttilions,  joints  au  consentement' 
du  mïnîfltre  de  Prusse  seront  remplis  sous  la  si- 
gnature de  Sa  Majesté  tri^s  clirélicnne. 

■  De  la  cliancel  lerie  de  la  i  Ille  d'OtEenbonn.  * 

■  Traduit  4(î  l'ori^Q^  »ll4(paiui«,f)t4W^ÇWr/ 
forme  fat  U  90UHà|ri4  i^i^i^èt^^  cffVWii  pKT 
MNa{:iVJM4i,]><<évQt.gé(i^r^j(4Ql;iQiWF4<;lMmM4^ 

d:ÀlsJwte,cçia3rvry,l:789..  ,-  !    :,< 


ti^gageoient  ai;  service  du  roi  de  Prusse  étai]^. 
ici  la  grande  pierre  d'achoppement,  l'honnête 
excuse ,  le  merveilleux  prétexte.  Le  magistrat 
d'Offenbourg  pouvait  '■Ire  soupçonné  d'avoir 
quelques  scrupules  contre  fomnipotence  de  la 
paternité  ;  les  rigoristes  qui  estimaient  M.  Tolo- 
san  le  père  durent  soupçonner  le  profecteàr 
du  mauvais  sujet  d'en  être  un  lui-même,  et  titf 
s'arrêter  pas  à  la  lettre  formelle  de  Pexcuse  ,  tout 
en  étant  forcés  de  s'y  soumettre.  L'extraditfoiY 
ayant  été  refusée ,  le  jeune  Tolosan  resta  deirt 
années  encore  en  Allemagne  ;  il  ne  revint  eSi 
France  qu'en  1789  ,  quand  les  conflits  entre  ion 
père  et  hii  se  furent  arrangés ,  entre  chien  et 
loup  ,  de  gré  îi  gré ,  tournare  habituelle  de  ces 


1^  «KVOIRrS    HISTOKl^r^ 

ftortes  de  cbotetf  quand  on  vit  dans  un  mnluel 
éloigipeiDent  »  et  sans  s^exaspérer  mutoeUenienl 
sons  le  îong  el  par  remploi  de  la  contrainle  ;  c  est 
ce  qui  résulte  d'unei lettre  de  M.  de  Villedeuil  à 
M.  de  Crosne. 

•  VerMllIrt ,  5  •▼ril  17S7. 

«  Le  sienr  de  Tolosan ,  mnnitionnaire  des 
vitres  f  monsienry  n'a  pné  de  retirer  les  ordres 
qin  Youi  finrent  adressés,  le  l/ftrrier  1787  »  en 
Terta  desquels  son  fib ,  retiré  à  Ofenboorg»  de* 
▼ait  être  reniênné  a  Marseille.  Je  tous  prie  »  en 
conséquence  »  de  me  les  (aire  repasser  et  de  you- 
loir  bien  tous  concerter  avec  loi  pour  fidre  par* 
rtéSr  I  son  fils  Tordre  d^oint ,  qui  rautoriee  k 
rentirer  dans  le  royaume. 

•  Tmi  rhonneur  d*être ,  etc. 


Kt  * 


m  Sigmé^i»  Voximeuil.  » 


t  • 


Cô  réoit  a  deux  objets»  cosnme  on  a  | 
▼oîr }  d*abord  de  donner  une  exemple  de  Is 
nière  dont  les  affaires  de  familles  se  traitaient 
sous  le  régime  des  ordres  du  roi ,  et  dlmU^ner 
U  marcbe  suivie  dans  la  demande  en  extradition 
d*ttn  bomme  qui  s*éuit  soustrait  à  un  ordre  du 
roi  par  Tévasion.  Ici,  comme  très  souvent,  le 
pouvoir  est  battu.  Otex  au  jeune  Tolosan  mm 
ascendant  sur  les  femmes  et  sur  les  mêpâltnlM  » 


TIRÉS    DES    ARCHIVES.  t^ 

on  ne  se  serait  pas  fait  scrupule  de  complaire 
aux  ordres  de  Sa  Majesté  très  chrétienne.* Les 
principes  se  courberont  toujours  devant  les  faits, 
et  l'homme  prendra  partout  le  pas  sur  les  lois. 
Quand  les  lois  ne  sont  pas  nos  complices ,  elles 
sont  nos  ennemies  ! 


V. 


■•  J 


1    '.I    ;    •    C- 

I 

-        l     •••II*' 
1 


CHAPITRE  XLIX. 


VIoUilloo  dn  feerel'det  letirct  à  la  potia*  ^MmmntmàÊM^éê 
Cholteal  pour  tromper  le  roi.  —  Ialt||«ai  ouaHn  li  OwpliiB* , 
oière  do  roi  régnant*  ^  Faiu  bmitt  CÊÊiÊn  %m  GMimI  ,  mv  la 
mortda  Daopbin.  —  Ucage  da  cabiaal  aalr  par  ki  <■»  d^âl- 
gnilloo  et  de  Elchelleo.  —  Gontidératioa  nr  la 
aecrel  dct  lettre»  à  la  potie.  —  Friocipca  d 
blée  Constituante  à  cet  éf^rd.  —  Do  Diredalri 
l>oetrine  de  Bonaparte  à  ce  sojet.  »  800  npinJa»  ^1 
la  ieMion  de  18^8  sur  le  m^me  sujet.  —  Inccrtitode  fol 
àcetéfard. 


De  louii  temps  on  a  violé  le  secret  des  lettres. 

La  nouvelle  police  ne  peut  rien  envier,  sous  ce 
rapport ,  à  l'ancitMinc.  Bonaparte  et  les  ministres 
(ic  la  rt*publi«|uc,  ainni  rpie  pliiMrurs  de  ccui 


MEMOIRES  HISTORIQUES  TIRES  DES  ARCHIVES.        1^ 

<jpi  ont  gouverné  depuis  le  rétablissement  dé  la 
famille  des  Bourbons ,  ont  ùat  usage ,  dans  des 
circonstances  et  pour  un  but  identiques  de  ce 
triste  moyen  de  surveillance. 

Le  duc  de  Choiseul  Stainville ,  si  long^temps 
à  la  tête  du  ministère ,  sous  Louis  XV,  et  alofs 
tout-puissant ,  doit  compter  au  nombre  des  mi- 
nistres qui,  k  cette  époque,  en  ont  le  plus  abusé. 
Il  s'en  servait  pour  inspirer  au  roi  les  idées  et  Ibs 
sentimens  qu'il  lui  convenait  qu'il  eût  air  les 
personnes  et  sur  les  événemens.  On  lit  dans  les 
Mémoires  du  due  d'ÀiguUlan  «  que  le  duc  de  Ghet- 
c  seul  employait  à  volonté  la  poste  et  la  pMn 
«  pour  faire  parvenir  à  Louis  XY  tout  ce-^^U 
«  fabriquait  lui-^même  ou  par  le  moyen  de  aes 
«  affidés.  » 

C'était  surtout  par  des  mémoires  ou  des  coir-^ 
respondances  de  sa  façon  ,  interceptés  h  la  poste, 
disait-il,  et  mis  sans  aflfectation  sous  les  yeux  du 
roi ,  qu'il  portait  des  coups  ou  cherchait  à  les 
parer. 

Le  trait  suivant  montre  a  quel  point  cet  abus 
de  la  poste  tournait  contre  ceux  mêmes  qui  se 
le  permettaient,  à  la  tcte  desquels  était  le  roi. 
«  Après  la  mort  du  Dauphin  (1),    disent  les 


(i)  Arrivéo  le  3o  décembre   1765.  C'élnit  le  Dauphin  ,  père  de 
Louis  XVI ,  (Iv  Lujis  XVUI  cl  tic  Charles  X,  anjourd'hiit  régnant. 


300  MKHotitc»  aiSTOiiiQrrs 

Mémoires  que  je  Yiens  de  ciler,  ta  Teuve  driôlée 
recevait  do  roi  (Louis  XV)  les  plos  affectuenses 
consolations,  et  en  éprooTait  des  bontés,  des 
attentions  qui  seules  auraient  pu  parvenir  k  adou- 
cir une  si  cruelle  perte.  On  devint  jaloux  de  la 
confiance  intime  du  père  et  de  la  belle-HIle  ;  on 
oenaposa,  pour  saper  cette  confiance  «  des  let- 
tres entre  certaines  personnes  qui  se  ftlicitaient 
dli  nouveau  crédit  de  madame  la  Dauphine. 

c  Les  motiCi  de  ces  félicitations  étaient  h  dea» 
•éin  envenimés  dans  ces  lettres  soppoaéee ,  al 
«rr&téea  k  la  poste  ;  mais  avec  on  art  si  perfide, 
une  légèreté  de  ton  si  naïve  et  si  naturelle,  que 
•le  succès  fut  complet.  Le  roi,  siNiproimant 


Malgré  des  preuves  tnfA violes  du  contraire  «  oo  a  irodhi  Merèdt> 
lÊf.qpt  ea  prioœ  avait  été  enpolsoiiiié  par  le  parti  ésGkalaeal. 
Oa  veut  f  tte  M.  de  M Aurepas  ait  persuadé  à  Loub  XTl  cttlt  alro> 
Wéf  on  du  moiot  ait  ébranlé  sa  cont iction  du  eootrairt;  éi  là* 
liW'èii^tfHiiours ,  foppmition  que  ce  roi  marqoa  è  la  rrtee  sm 
^ftf^ufkp  four  rapiMer  les  Choiseui  li  la  «oiir,  f^olfiMcr  OSmi 
duc  de  Choi^eul  qu*il  dût  sou  mariage  avec  U  jenae  d  Wic 
Marie-AntoiDeltc. 

Mirabeau,  daoa  tao  Efpiom  éêvmhêé^  libeUe  !■<%■•  é» Uk  , 
^^^  de  i*enipoisonnriiicnt  da  DaupKàa  oaww  étWÊft  cbMi 
a%érée,  ei  prétend  que  ce  (ut  a«cc  f!e  l'a^iia  topkmmm  q«*oii  hA 
fit  prendre  ta  maladie  de  l^n^ueur  dooi  il  mourut.  Mais  Mlrabea« 
naipitiddlt  aucune  preuve ,  et  Vaqum  tophmmm  •  prétfâ»  potiin 
•|4ie  l'on  trouvait  dans  la  bave  d*un  cochon  mort  de  rafe  et  ao«s 
les  coup»  de  bâton  ,  en  le  suspendant  en  l'air,  Vmqum  icpkmmm  n'a 
iamala  tue  personne.  La  rafc  drs  enmmrm  politiques  est  de  ne 
laitacr  nourir  aucun  prince  de  m  U-He  mori. 


TIAÉS   DES   ARCHITES.  SOI 


qu'on  s^était  emparé  de  Fesprit  de  la  princeMé, 
et  qu'on  cherchait  par  ce  moyen  a  le  tourner 
lui-même,  devint  plus  réservé.  U  se  défendit  de 
ses  propres  résolutions  comme  d'un  piège  dans 
lequel  on  avait  eu  l'art  de  le  faire  donner  sans 
qu'il  s'en  doutât ,  et  devint  ainsi  le  subalterne 
des  influences  ministérielles  pour  conserver  plus 
habilement  toute  son  indépendance. 

r  La  daplicité  et  l'abus  étaient  portés,  dans 
la  hiérarchie  des  divers  agens,  à  ce  poirit  que 
les  copies  des  lettres  décachetées,  qu'on  mettait 
sous  les  yeux  du  roi ,  n'étaient  pas  même  fidèles. 
Xia  filière  pal*  laquelle  on  était  obligé  de  faire 
passer  ces  sortes  de  missives  laissait  encore  le 
champ  libre  a  des  altérations;  mais  les  ministre$, 
comme  on  le  pense  bien ,  étaient  à  même  de 
contrôler  les  copies  et  les  minutes  ;  et  ce  con- 
trôle leur  indiquait  nettement  la  main  qui  se 
rendait  furtivement  coupable  de  ces  inexacti- 
tudes. Par  là  même,  ils  étaient  au  courant  des 
intrigues  des  bureaux,  et  démasquaient  les  créa- 
tures de  certaines  coteries.  L'intendant  des 
postes ,  qui  ouvrait  les  lettres  et  qui  faisait  passer 
au  ministre  ou  a  la  police  celles  dont  il  jugeait 
a  propos  de  donner  connaissance,  était  regardé 
comme  le  plus  honnête  homme  du  monde , 
comme  un  intègre  serviteur  du  ministre,  tant 
(ju'il  se  bornait  ii  n'envover  que  des  copies  ti- 


JOJ  MKMOUIS   ■STOAiQCE.S 

dèlas  i  mais  da  moment  qn'eiitniiii  par  le  ilésîr 
4*y  retrancher  ou  d'y  mettre  dn  lîen  «  an  profit 
de  aes  prédilections  sécrétée»  il  altérait  la  cor* 
reipondance  et  tournait  à  son  sYantage  partial* 
lier  la  banewe  de  tes  ionctioos  spéciales»  on 
commentait  à  manifester  la  plus  mauvaise  opi* 
mon  de  loi;  une  disgrâce  impréme  le  firappait 
pour  un  préte&te  en  Tair;  une  intrigue  nounelh 
oroisaitles  siennes  et  le  renversait. 

Ainsi»  la  violation  des  lettres  coniées  à  h 
poète»  et  remploi  qu'on  en  fiûsait»  tonnait  an 
détriment  de  ceu  qui  en  avaient  introéMt  ut 
on  secondaient  Tusage  ;  c'était  une  arme  dbttt  la 
ministre  en  place  se  servait  pour  nuire  k 
qu'il  voulait  perdre.  Louis  XV  fiit 
comme  on  l'a  vu»  par  cette  voie;  et 
cesse  vertueuse  se  vit  privée  des  drsils  qu'elle 
méritait  à  la  confiance  et  à  la  iMenveilInnoo  ém 
monarque. 

Un  autre  usage  que  M.  de  Choiseul»  k  rims» 
tation  de  ses  prédécesseurs  et  successeurs» 
fiure  de  ce  moyen  odieux  de  tromper  le  roi» 
dans  Tintérêt  de  sa  propre  conservation  au 
nistère  »  pour  mettre  le  roi  en  dépense  de 
testations  sur  ce  point.  S*apercevail*il  de  quel- 
que refroidissement  dans  son  travail  avec  le  ni  » 
le  lieutenant  de  police  Tavait-il  prévenu  qu'il  y 
avait  à  la  cour  cl  dans  les  petits  soupers  quelque 


TillfiS  DES   AAGHIVX^*  d03 

projet  de  décrier  son  admiiâstiMaUm  i  ausfiitdl  il 
faisait  paraître  M.  de  Sartiœaqui  rendait  ooiii(^ 
au  roi  et  à  madame  de  Pompadour  de  )fi  Uraiir 
quiUité  et  de  la  satialaction  qiû  régnaient  daâa 
Paris.  M.  de  Sartines  assurait  surtout  que  ceux 
qui  ayaient  mis  leur  fortune  dans  les  fonds 
publics  n'avaient  qu'une  seule  crainte»  qu'une 
seule  inquiétude ,  une  alerte  ;  c'est  qu'il  caliràilt 
quelques  luruitsde  changement  dans  le  ninistk«( 
que  cela  ébranlait  le  crédit  5  qu'on  s'ein  apercé- 
Tait  à  la  Bourse,  par  la  baisse  des  effets  royaux^ 
et  qu'il  fiiudrait  rassurer  les  gens  k  portefei:âUk 
par  qaelquti  déclaration  authentique.  Les  mœurs 
ont  gagné  sur  ce  point  ;  ces  sortes  de  lâdietés  se 
fimt  maintenakit  tout  haut ,  et  trouvent  des  pu«- 
blicistes  en  crédit  assee  dévoués  pour  les  auto*- 
riser  officiellement  ;  ce  qui  explique  la  consom- 
mation prodigieuse  de  renommées  que  fait  parmi 
nous  le  gouvernement  représentatif.  Au  bout  de 
quelque  temps,  on  ne  sait  où  en  prendre.  Les 
réputations  d^inlégrité  se  fanent  vingt  fois  plus 
vite  avec  cette  nécessité  de  les  compromettre 
publiquement. 

Ces  manœuvres ,  favorables  aux  intrigues  des 
gens  de  cour,  ne  se  sont  bornées  ni  au  règne  de 
Louis  XV,  ni  au  ministère  du  duc  de  Choiseul  ; 
elles  se  sont  étendues  sous  le  règne  de  Louis  XVI. 
L'histoire  contemporaine  et  les  annales  de  la 


/ 


s#4  MÉMomEs  airroiiiQucs 

police  tecrète  ont  contenré  Im  connaittance  d'un 
irériuble  complot  ourdi  par  les  docs  d*At|(uillon 
•t  de  Richelieo.  Ik  a'engageaient  a  circonTciiir 
de  meDSonges  le  roi  et  le  comte  de  Maorepat 
que  Loiiit  XVI  avait  rappelé  auprès  de  lui.  Ils 
deraienl  se  serrir  do  secret  de  la  poste  a6n  de 
se  ménager  les  ressources  des  &ox  rapports ,  à 
rimitation  dn  doc  de  Choiseul  ;  le  chef  du  ca- 
iHnet  noir  était  gagné.  •  Le  lieutenant  de  police» 
disaientpib  (1),  n'ose  parler  an  roi;  le  dief  dn 
cabinet  oè  Ton  décacJiète  les  lettres  k  h  poste 
a'est  arrangé  pour  ne  porter  des  paqnels  fn'a»» 
tant  qu'il  le  &nt  pour  augmenter  aes  iBnnooB  ot 
non  pour  les  détruire,  et  pour  reiranclwr  les 
lettres  qui  pourraient  Tédairer;  les  petites  non* 
irellesy  sll  en  est  qui  pourraient  lui  fiun  con- 
naître la  mérité,  sont  perdues  au  milien  dftew— I- 
tttade  d'antres.  • 

Sur  cette  donnée ,  les  deux  cabalenrs  fermé* 
rent  le  projet  de  transmettre  à  M.  de  ManNpaa 
et  au  roi,  toutes  les  suf^festions,  les  fims  rapporta 
qui  leur  seraient  faTorakles ,  et  de  tromper  ainsi 
la  bonne  foi  de  leur  maître  par  k  facilité  que 
leur  donnait  le  eahmêt  ncir. 

Ce  n'est  donc  pas  sans  raison  qu* on  a  regardé 


>;  CcUllM.  l.rt:oir. 


TIRÉS  OIS  auqhitks.  ,  ao5 

l'abus  dont  nous  parlons  comme  «un.  nvîiible 
à  In  sûreté  du  gouv^rnemiSDt  »  qne  contraire 
au  re^ect  des  secrets  .^«apQCt.. si.  /vivemeitt 
réclamé  par  les  famille^ ,  et  à  la  liberté  cÏTile^ 
mot  toujours,  invoqué ,  m^is,qne.ron  n'a  pas  eo- 
core  intégralement  défilai,  ,  i 

La  police  en  faisait  pareillement  nii  grand 
usage ,  iteài^  jamais  avec  une  autorité  discrétron- 
naire  auMilarge  que  1^  iiiiiitstreé  du  ni ,  dont 
l'arbiti^in  'kbsola  s'étëMdait  «firectempnt  lor 
radministn'tittn  des  postèa. . 

Ce  désordre  n'eut  de  terme,  ou  plutôt  de 
irève,  qu'à  l'époque  de  la  révolution  j  il  ne  re- 
prît faveur  depuis  l'organisation  d'une  police 
nouvelle,  que  sous  les  divers  régimes  qui  se  sont 
succédé  depuis  17%i. 

Une  remarque  à  ce  sujet  ;  tant  que ,  à  tort  ou 
à  raison,  le  principe  du  pouvoir,  soit  absolu 
comme  chez  les  Romains,  soit  tempéré  comme 
chez  nous ,  sera  constitué  de  fait  entre  les  mains 
de  l'individu  qui ,  dans  la  foule  ,  porte  sans  con- 
teste le  titre  de  chef  de  cette  famille,  quelles  que 
soient  les  maximes  de  la  liberté  qui  se  répandent 
dans  les  esprits ,  elles  rencontreront  toujours 
une  réfutation  plus  ou  moins  tardive  dans  les 
mœurs.  Car  il  est  à  remarquer  que  d'habitude 
le  père  et  le  mari,  fussent-ils  chauds  répn- 


afS  Mmomis  msTMiQim 

blieaim,  t'arrogenl  sans  bçon,  Tb-k-tw  de 
enfiiBt  et  de  leur  femme  »  les  droits  que  revendi- 
que un  souverain  quant  à  TouTerture  des  lettres 
e(  autres  menuspri  viMges.  Ici,  les  meurs  tuent  les 
principes,  et  les  mœurs  n'en  font  jamais  d*attlres  ; 
de  telles  mœurs  sont  évidemment  attenlateîras  k 
la  liberté.  U  serait  curieux  de  passer  en  reme 
dans  une  fidèfeuMlyse  tous  les  germes  de  mo- 
narchie qtt«  la  révohitioa  n*a  nullement  extirpés 
dff  nos  coutumes ,  et  dwi  les  plus  enthoMUMV 
adorateurs  de  la  république  se  puéwle»!  n^ 
faste  au  sein  de  leur  propre  méninge,  sans  se 
douter  qu^b  outragent  grossièrement  la  logiquet 
sans  s*aTouer  le  moins  du  monde  qu*illi  ne  pen-^ 
Tent  revendiquer  honnêtement  à  tenr  profit  eo 
qtills  flétrinent  du  nom  de  liche  ahui  OÉlire  Ito 
mains  des  gouvernemens.  S'il  n'y  a  qu*mie  lo» 
gique,  il  ne  peut  y  avoir  qu'une  bmmIs.  Cim- 
ment  ce  qui  est  légitime  et  sacré  dans  le 
nement  du  ménage ,  deviendrait-il  donc  ii 
et  sacrilège  dans  le  ménage  du  gouvernement  t 
Le  verbiage  est  la  seule  manière  d'éqnrvoqntr  ii 
de  disputer  lA-desius ,  mais  passons  ;  noos  nV 
vons  pas  3i  faire  le  procès  de  la  famille. 

La  première  marque  d'improbation  quedoni 
rassemblée  constituante  de  la  violation  du 
cret  des  lettres  et  des  correspondances  particn* 
Itères,'  fut  à  Toccasion  d'un  fomil^ 


rmih  Dti  ARflRrru.  zc^ 

«fAn^MKmc.'Ce  comité  s'était  permis  d'omrir 
lal«tir&4'un  abbé  de  Blîgnitres  et  d'un  marquis 
de  Bandin ,  que  l'on  soupronnait  de  malveil- 
lance. L'assenibtéc  se  prononça  liautcinent  con- 
tK  cette Tiolalion  des  correspondances  particu- 
lières; eHe  décréta  plus  tard,  c'est-à-dire  au 
40  »aûl  i790,  que  le  secret  des  lettres  serait  res- 
pecté ;  ^e  soumît  à  des  peines  rigoureuses  ceux 
qaî  les  otirraicnt;  ce  décret  fut  rendu  à  l'occa- 
^D  die'  Fouverture  de  paquets  adressés  ,  l'un  11 
llotendnt  général  des  postes  ,  les  autres  au  mi- 
mstère  des  affaires  étrangères  et  à  celui  de  I.i 
COUP  de  Madrid,  pour  la  municipalité  de  Saint- 
Anftib.  L'assemblée  improuva  celte  conduite, 
el  dédtra  de  nouveau  que  le  secret  des  lettres' 
étsèt  în\ïolable,  il  ne  pouvait  sous  aucun  prê-' 
texte  y  être  porté  atteinte ,  ni  par  les  individus, 
BÎ  par  les  corps  constitués.  La  loi  peut  déclarer 
tont  ce  qu'elle  ■vent ,  l'bomme  n'en  vent  prfs 
moins  tout  ce  qu'il  pentj  les  déclarations  d'in- 
violabilité ne  sont  tout  au  plus  que  des  cris  dV 
larmes  ;  il  faut  trembler  pour  les  choses  que  l'ott 
déclare  inviolables  par  un  décret. 

Le  26  août  1790,  elle  ordonna  encore  qO«f 
les  commissaires  des  postes  et  les  administra- 
teurs prcleraient  serment  de  garder  et  observer 
fidèlement  la  foi  due  au  secret  des  lettres,  et 


UO$  HSMOmii   BliTORIQUES 

déiionGenît  aux  tribunaux  toutes  les  contraven* 
lions  qui  Tiendraient  à  leur  connaissance ,  et  que 
les  employés  des  postes  prcleraient  le  sermrnt 
devant  les  juges  ordinaires  des  lieux. 

Quand  la  législation  en  est  réduite  a  prescrire 
des  sermens,  elle  montre  â  nu  son  impuissance. 
Un  coquin  prête  tous  les  sermens  que  Ton  veut, 
an  honnête  homme  va  droit  son  chemin  sana 
cela.  Les  caractères  sont  plus  puissans  que  les 
fomalités,  et  les  formalités  n*abuseat  que  les 
imbéciles;  identifiez  les  intérêts»  le  secret  social 
est  tout  entier  dans  ces  trois  mots. 

Le  91  juin  1791 ,  époque  de  ariao  »  momoni 
de  fermentation  et  d'inquiétude  »  où  le  roi  et  la 
fiimille  royale  avaient  furtivement  quitté  la  capi* 
taie  »  l'assemblée  ne  tint  pas  moins  an  prinâfo 
de  llnviolabilité  des  correspondances.  Comaae 
ekle  avait  ordonné  que  le  ministre  do  rialérioiir 
expédierait  des  courriers  dans  tous  les  départe* 
meus,  avec  ordre  aux  fonctionnaires  publics» 
gardes  nationales  et  troupes  de  ligne ,  d'arrélert 
on  faire  arrêter  toute  personne  sortant  dm 
royaume,  et  d'empêcher  toute  sortie  d*efela« 
armes,  munitions,  espèces  d'or  et  d*argeot,  etc., 
les  autorités  locales  abusaient  de  ce  décret  et 
portaient  atteinte  à  l'inviolabilité  des  lettres; 
rassemblée  rendit,  le  20  juillet ,  un  décret  pour 


TIRÉS   DES    ARCHIVES.  «2Ô^ 

<r  enjoindre  aux  corps  administratifs  desurveillier 
reiéootion  du  décret  du  10  août  1790,  concer-^ 
nant  le  secret  et  l'inviolabilité  deslettres^  >  L'as^ 
semblée  Qe  voulait  suspendre  que  Tinviolabillté 
des  individus  ;  de  plus,  elle  confiait  aux  coupables 
le  soin  d^aVoir  la  main  à  l'exécution  des  loi^i 
c'était  Finconséquençe  dans  l'impuissance.  Le, 
même  jour,  21  juin  1791  ,  sur  la  connaissance 
donnée  a  rassemblée  d'un  arrêté  du  déptfrtfs-^ 
ment  de  Paris ,  qui  avait  ordonné  que  la  dtqpr»^ 
bution  des  lettres  serait  provisoirement  wMpeli^ 
dite ,  l'assemblée  décréta  que  le  service  de  la 
poste  aox  lettres  ne  souffrirait  aucune  interaipv 
t,îon.  Jamais  le  principe  du  respect  des  ^as  n«4 
fut  si  méprisé  que  lorsque  les  gens  portèrent  jn^' 
qu'au  ciel  le  respect  des  principes.  Ici  le  renver* 
sèment  des  mots  marchait  avec  le  renversement 
des  choses. 

Cettelégislation  éprouva,  sous  laConvention, un 
changement  qu'il  faut  faire  connaître.  Le  9  mai 
1793,  on  rendit  un  décret  relatif  aux  lettres  char^- 
gèes  ou  non  chargées  à  V adresse  des  émigrés;  celte 
assemblée  ordonna  «  qu'il  serait  procédé  de 
suite,  k  l'hôtel  communal,  à  Touverture  de  toutes 
les  lettres  et  paquets,  en  présence  du  conseil  géiié- 
ral  de  la  commune,  qu'il  en  serait  dressé  procès- 
verbal,  ainsi  que  de  ce  qu'ils  pourraient   con- 

III.  14 


210  MKMOIRtS    intTORlQUrS 

tenir  de  rebtif  au  talut  de  h  répobliqiie ,  et  des 
objets  de  taleur  réelle  qu*ils  pourraient  eontenîr.  a 
L*époque  aenle  d*un  pareil  décret ,  et  Tantorité 
à  laquelle  Teiécution  en  fut  confiée ,  seraient 
dea  ténoignaget  suffisant  contre  la  doetrine 
qaon  y  professe  ;  en  effet ,  poutaît^elle  awoir  en 
sa  fawenr  d'antres  motifs  que  cen  des  cireon- 
stances  à  Vépoque  oit  le  décret  bt  nndn?  fia 
bonne  politique ,  la  nécessité  sert  d'ticnsa  b  lont 
lo  ponde  ;  mais  cela  ne  peut  paaaer  dbtos  If elpfil 
de  poraonno  pour  une  base  fixe. 

Le  Directoire  exécutif  crat  cepaniirtfbjiirrtè 
y  retenir  dans  un  temps  oii  Ton  /jr  «BMll  li 
moim  attendu.  Il  s'appuyait  sur  un  pafignpho  étf 
Co^e  du  5  brumaire ,  du  iéii$0têê$pmm$.  ApiCt 
a^oir  parlé  des  crimes  de  la  Tiolation  été  iMrtf 
oaaftées  à  h  poste,  et  prononcé  des  peinos  coMNf 
ceux  qui  s'en  rendraient  coupables,  TaMMé  689 
do  ce  Code,  ajoute  :  «  Il  n'est  porté  par  lo  fré- 
sent  article  aucune  atteinte  à  la  surfeilhaeo  ^jÊê 
le  goturemement  peut  exercer  sur  les  loMMtf 
Tenant  des  pays  étrangers  ou  destiViéeÉ  ponr  ctÊ 
mêmes  pays.  »  Mettre  le  dol  en  regard  dk  pvfal« 
cipe,  et  légitimer  la  Tiolation  du  droit  pfr  Fuit*» 
cation  d'une  pénalité  rigoureuse  en  sa  fr^eurp 
c'était  un  chef-d*cuTre  d'impertinence  tégislalhrt. 
Mab  le  moyen  de  tuer  la  règle  par  Peicepllda 


Tïhis  DES  AAcmvcs.  àti 

ifitt&t  piÈ  neuf  dàtis  ririsfolre  deé  ettip'i^êi  ïïèlt 
républiques. 

En  conséquence  de  cette  di^oaiitidh,  lé  D&étv 
tèire  eiéctttif  prit  rarieté  du  41  floréât  aii 4,  psé- 
tant:  «  que,  dahâ  chaque  bui'eàir  Ht  ^'ôétë,  it 
rcicétJlîôn  dePâHs,  lé  coriîMîssàîré  drfïlirèctW^ 
exécutif  prè^  ratfi^iriistràtiôù  Miitiicipiàëià^iM 
fixés  des  bureaux  de  poste,  ouvrira  iàiîbèiiék  lët^ 
n'es  Vëriftitdlësi^sî^é  et  (TltaTlé ,  et  t(iMg^  éSMes 

qùî  imà  tittisës  i\iiàiû  bureau^  p6wm 

nifiméipîifsi  ^ifé  di  i^^tffi^if^é  rétîeÀar^^l/dté^ 

m  Mm  àotéàièi^  à  des  ^èirës  aiiimà  &w  f 

àèi  êHAètèé,  et  celles  écHleé  ]|>26r  éii^l:  quéfo  ^^ët 
stiiëhi  tés  objea ,  et  toute^  ^utrèy  fettféèf  Mi 
potii^îfieni!  indique^  âèé  relàtionè  cùnîMéëàVîé 
^iilnéktë  de  lai^pùblïqué.  » 

En  fait ,  il  y  a  toujours  un  moméiit  décisif  soiià 
les  gouvernemens,  quels  qu'ils  soient,  oîi  la  con- 
science les  avertit  de  tout  se  permettre  pour  leuiJ 
propre  durée;  c'est  celui  où  ils  s'avouent  qu'ils 
n'ont  aucune  base  ferme;  et  l'histoire  nous  dit 
assez  qu'ils  ont  tour  à  tour  et  tous  passé  par-la. 
IVf ais,  quels  que  fussent  les  motifs  du  Directoire,^ 
les  deux  conseils  désapprouvèrent  hauterhenlsbÀ' 
arrêté;  et,  comme  il  s'appuyait,  pour  se  défendre 
contre  le  reproche  d'illégalité  flagrante,  sur  le 
paragraphe  du  Code  cité  plus  haut,  ils  portèrent 


U\À  MMiDlhfS    IIISTOilKM'Fii 

une  loi  qui  abrogea  ce  paragraphe  cl  frappa  ainsi 
dîllégalilé l'arrêlé  du  Directoire  (1). 

Les  directeurs  n*cii  continui^rcnt  pas  nioin«, 
mais  avec  plus  de  mciiagemenl,  de  frire  arrêter 
et  ouvrir  les  lettres,  aux  termes  de  leur  arrête. 
Si  ce  ne  fut  pas  légal  »  ce  fut  plus  commode.  La 
convenance  l'emporta  sur  le  principe,  ei  c*esl 
son  habitude. 

Bonaparte  qui  succéda  au  Directoire  ne  chao- 
gea  rien  a  cette  inqu'isition  ;  il  la  perfectionna , 
rétendit  et  en  fit  de  ses  moyens  de  gouverne- 
ment. Il  est  intéressant  de  l'entendre  loi-aiêaae 
s'expliquer  sur  cet  usage  qu'il  paraissait  ne  pas  en- 
tièrement approuver,  quoiqu'il  le  conservât  tout 
le  temps  de  son  règne.  La  reconnaissance  qn'one 
chose  est  honnête  suffit  a  beaucoup  de  gens  qni 
le  proclament  et  qui  s*en  dispensent:  moyeafrctle 
de  tuer  les  criailleries  et  d'en  agir  tranqnilieaieiit 
à  leur  tête. 

Voici  les  paroles  de  Napoléon  :  «  Quant  a« 
secret  des  lettres  sous  mon  gouvernement ,  quoi 
qu'on  en  ait  dit  dans  le  public  «  ou  en  lisait  très 
peu  a  la  poste  ;  celles  qu'on  rendait  aux  partial» 
tiers  ouvertes  ou  cachetées  n'avaient  pas  été  li 


(i)  Bapport  bit  par  le  dt'*pitté  Riinli«tt<f  sn  CootHI  «let 
GeoU,  ftéitire  Hu  16  inrMiiIor  an  5. 


TIRÉS    DES    ARCHIVES.  âl3 

la  plupart  du  temps;  jamais  on  n'en  eût  fini  (f)i 
Ce  moyen  était  employé  bien  plus  pour  préve- 
nir les  correspondances  dangereuses  que  pout 
les  découvrir.  Les  lettres  réellement  lues  n'en 
conservaient  aucune  trace  ;  les  précautions 
étaient  des  plus  complètes.  Il  existait  depHJlii 
Louis  XIV  un  bureau  de  police  politique  pour  d^ 
couvrir  les  relations  aveN|  l'étranger.  Depuis  cq 
souverain,  continue  Napoléoq,  les  mêmes  £i<^ 
milles  en  étaient  demeurées  en  possession }  1^ 
individus  et  leurs  fonctions  étaient  inconnues» 
c'était  un  véritable  emploi.  Leur  éducation  s'éts|i^ 
achevée  à  grands  frais  dans  les  diverses  capiU^|f|f 
de  l'Europe;  ils  avaient  leur  morale  particulier^ 
et  se  prêtaient  avec  répugnance  k  l'examen  dra 
lettres  de  l'intérieur  ;  c'étaient  pourtant  eux  cpii 
l'exerçaient.  Dès  que  quelqu'un  se  trouvait  cou- 
ché sur  la  liste  de  cette  importante  surveillance, 
ses  armes,  son  cachet  étaient  aussitôt  gravés  par 
le  bureau,  si  bien  que  ses  lettres,  après  avoir  été 
lues,  parvenaient  néanmoins  intactes  et  sans  au- 
cun indice  de  soupçon  à  leur  adresse.  Ces  circon- 
stances, malgré  les  graves  inconvéniens  qu'elles 
pouvaient  produire ,  faisaient  la  principale  im-- 


(i)  Pourquoi  prendre  la  peine  de  les  décatheler  alors? 

J.  l*EUC»ET. 


ai  4  mémoiuks  ajsTORiQtBs 

portance  du  directeur  général  des  pattes ,  d 
commandaient  dans  sa  personne  beaucoup  de 
prudence ,  de  sagesse  et  de  sagacité.  • 

M.  de  Las  Cases ,  qui  rapporte  ce  discours  de 
Bonaparte  (1  ) ,  ajoute  que  Tempereur  lui  a  plu* 
sieurs  fois  dit  qu'il  n'était  pas  partisan  de  eet 
mesures;  et,  quant  aux  lumières  diploraatiqnci 
qu'elles  pouvaient  procurer,  il  ne  pensait  pas 
qu'elles  pussent  répondre  aux  dépenses  qu'ellei 
occasionaient  :  ce  bureau  coAtait  000,000  tr.  Et 
quant  k  la  surreillance  exercée  sur  les  lettres  des 
citoyens ,  il  croyait ,  lui  Napoléon ,  qu'efles  pou- 
Talent  causer  plus  de  mal  que  de  bien.  «  Rare- 
«  ment,  disait*il,  les  conspirations  se  liwtent  par 
«  cette  Toie  ;  et,  quant  aux  opinions  indiriduelles, 
«  obtenues  par  la  correspondance  épistotaire, 
«  elles  peuvent  derenir  plus  funestes  quVitfles 
«  au  prince ,  surtout  avec  notre  caractère.  De 
9  quoi  ne  nous  plaignons- nous  pas,  arec  notre 
«  expansion  et  notre  mobilité  nationales  ?  Tel 
«  que  j'aurai  maltraité  k  mon  lever  écrira ,  dans 
9  le  jour,  que  je  suis  un  tyran  ;  il  m'aura  comblé 
«  de  louanges  la  vrille,  rX  le  lendemain,  peut- 
«  ^trc,  il  sera  pn^t  a  donner  sa  vie  pour  moi. 


V-  •.*nttnt  V  Art  n\   Il  .'«  ttr  .  I.  1. 


TIRÉS   D^   ARC{i|¥B|.  2ïS 

f  La  Ti9lation  du  secret  ^s  Uu^e»  f  concliiiiiik 
«  l'empereur I  peut  donc  f^irt  p^dre  au  pnndtt 
ir  ses  meilleurs  amis ,  en  lui  inspirant  à  tor|^ 
ff  de  la  inéfiance  et  des  préventions,  d'autant 
tf  plus  que  les  ennemis,  capables  d'être  dangB"« 
«  renz,  sont  toujours  assez  rusés. pour  ne  a'txr, 
M  poser  à  aucun  danger.  Il  est  tels  de  mes  mini»* 
«  très  dont  je  n'ai  jamais  pu  Surprendre  une 
ir  lettre.  »  Et  ces  ministres',  aurait-il  pu  ajouter^ 
étident  Talleyrand  et  Fouché. 

Qn  a  fPfilu  distinguer  dans  la  violatioa  des 
cprre^pepdances  épistolaires  celles  ipil  neqaîenî 
de  Ji'ét^nger  ou  y  allaient  ^  de  celles  qui  ont  lieu> 
dans  Vintérieur.  On  a  prétendu  qu'autant  ia  tîo* 
la^p  était  coupable  et  abusive  dans  oM  dev«« 
nîj^s ,  autant  elle  avait  d'ulililé  et  de  motifc  ijb 
tolérance  dans  les  premières.  Mais ,  en  appro*»- 
fondissant  la  question,  ne  irouve-t-on  pas  que 
les  inconvéniens  attachés  aux  unes  se  présen- 
tent également  dans  les  autres  ? 

Ce  point  de  haute  police ,  comme  on  l'ap- 
pelle, a  été  Tobjet  d'un  débat  long,  violent  et 
inutile  (comme  tant  d'autres  débats) ,  à  la  Cham- 
bre des  Députés,  dans  la  session  de  1828.  On 
s'y  est  beaucoup  plaint  de  la  spoliation  d'eflFets 
de  commerce  soustraits  dans  des  lettres  mises 
h  la  poste.  On  prenait  ainsi  la  nation  commer- 


ai6  acMoiHES  historkiles 

çanle  el  électorale  par  ton  faible  ;  U  qoetlioii 
d'honneur  se  posait  mieux  sur  la  question  d'ar- 
gent; mais  c'était  la  moindre  des  accusations 
que  Ton  pût  faire  contre  celte  administration. 
Car,  enfin,  mille  causes,  mille  infidélités  étran- 
gères a  la  poste ,  avaient  pu  occasioner  la  sous- 
traction de  ces  Taleurs.  De  véritables  soustrac- 
tions ont  cependant  été  reconnues  et  leurs  au- 
teurs mis  en  jugement  et  condamnés.  Quant  ans 
plaintes  contre  la  violation  en  ellenaiême ,  dlos 
ont  fait  peut-être  moins  d'impression  que  celles 
de  U  perte  des  effets  de  commerce  :  tant  ce  qnt 
tient  k  l'argent  l'emporte  natnrellemeni  snr  tint 
le  reste  I  On  a  parlé  du  cabinêi  noîr,  oii  les  lettres 
étaient  décachetées.  Ce  cabinet ,  trop  réel ,  a  été 
supprimé  ;  mais  qui  assurera  qu'on  n*y  a  pas  sub- 
stitué un  eabmêt  clair  ?  Au  reste ,  f  onMi  des 
principes  d'administration  a  été  poussé,  dans 
cette  discussion,  jusqu'il  demander  qu'on  fit  des 
postes  une  entreprise  commerciale  et  particn* 
lière.  C'était  demander,  sans  plus,  qu'on  aalt 
entre  les  mains  des  uns  l'abus  qui  se  trouTail 
entre  les  mains  des  autres.   La  question  n'y 
gagnait  rien  ;  on  aurait  déplacé  la  subversion , 
voilà  tout. 

Sans  s'attacher  aux  détails  de  ces  discussions, 
notons  seulement  qu'il  en  résulte  qu'un  fait  de 


TIRES   DES  ARCBIYES.  21'J 

guerre  existe  dans  les  entrailles  de  la  société 
moderne  entre  les  gouvernans  et  les  gouver- 
nés, sous  quelque  régime  que  ce  soit;  que,  par 
suite,  le  pouvoir  en  titre  ne  se  fait  jamais  faute 
de  maximes  honnêtes  et  d'actions  détestables^ 
toujours  simultanément;  et  que  les  révolutions, 
en  déplaçant  les  hommes,  ne  mettent  pas  au 
néant,  par  leurs  réformes,  toujours  moins  ra- 
dicales qu'on  le  pense  durant  la  chaleur  d'an 
premier  enthousiasme ,  ce  venin  secret  et  ron-» 
geur  dont  il  est  dit,  avec  tant  de  tristesse,  par 
Montesquieu,  que  la  civilisation  est  attaquée. 


^C.o 


CHAPimp  L 


QwtBlyiti  de  fiiu  relatifi  k  b  poHee  a^rnil  tC  4i^  li  wèm» 

IvUcm. 


Sous  ce  litre  assez  vague ,  je  réunis  dans  un 
ordre  h  peu  près  chronologique  des  événeroens, 
lies  faib,  des  acles  «  qui  laraclcriscnt  les  tcmp»  y 


TIRÉS   DES   ÀRGHiySS.  AIO 

les  opinion^  et  fes  personnes  dans  leur  rapport 
avec  l'^idmmistration  et  Ifi  surveillance  de  la  por 
lice:  c'est  une  sorte  de  halte  à  travers  des  élé-* 
mens  plus  sérieux ,  une  clironiaue  rapide  ^1  fri- 
yple.  Le  bien ,  le  mal ,  je  dirai  tout  ^  saiu»  colèiff^ 
sans  iréticence. 

Je -•■iia.n.i,  cherché.  «Io«u,i.rp.„«„., 
à  présent^  les  choses  avec  humeur  çt  sous  un 
jour  sombre  ;  loin  de  là,  j'espère ,  en  me  If^ssant 
aller  firanchepaent  a  mes  impressions ,  ^mençf 
les  lecteurs  eux-mêmes  à  plus  dq  tolérance ,  et 
leur  apprendre  \  réfléchir  sur  leur  propre  vie. 
On  cesse  d'être  sévère  en  jugeant  des  autres  par 
soi-même.  A  l'échelon  près,  Thomme  se  ressem- 
ble partout}  et,  quand  sa  prévoyance  ne  com- 
mande pas  aux  événemens,  ce  qu'il  y  met  de  sa 
volonté  me  semble  peu  de  chose. 

Parmi  les  faits  et  les  événemens  consignés  ici, 
on  en  trouve  plusieurs  d'un  faible  intérêt  sans 
doute ,  mais  beaucoup  aussi  se  rapportent  a  des 
circonstances  ou  à  des  personnages  remarqua- 
bles ,  que  je  présente  en  déshabillé.  Beaucoup 
d'autres  que  nous ,  plus  romanciers  qu'historiens, 
en  ont  fuit  des  hommes  conformes  de  tous  points 
a  leurs  principes  d'apparat ,  taillés  en  bloc  dans 
leur  manière  de  dire,  esclaves  nés  des  moindres 
paroles  dont  ils  faisaient  un  si  magnifique  éla- 
lajçc.  Sous  celte  apparence,  cepcmlant,    ils    se 


V 


320  MÉMOIABS   HUTOIUQUES 

sont  Irouvés  fort  souvent  ao  niveau  do  vulgaire , 
hommes  dans  toule  la  force  du  mot  j  faibles ,  in* 
grats ,  hostiles^  suivant  Toccasion ,  mais  en  sau* 
Tant  leur  renommée.  Celte  publicité,  aujoor- 
dliui  qulbsoni  morts ,  appartient  a  lliisloire  du 
cœur  humain  et  ne  peut  les  atteindre  ;  nne  leçon 
en  résultera  pour  ceui  qui  tiennent  leur  place 
ou  jouent  le  même  rôle.  C'est  que  la  vie  privée 
est  Tétemel  démenti  de  la  vie  publique ,  et  qM 
les  mots  ont  été ,  jusqu'à  présent ,  les  plus 
tèk  ennemis  des  choses. 


CHRONIQUE  MODERNE. 


GstmImI  tm  S  (aart  1797). 

Un  jeune  écriTsin  d'un  caractère  intrépide  ^ 
Jardin ,  qui  rédigea  depuis  le  Cawrrûr  réfmUt 
eaim,  et  qui ,  en  Tan  5,  rédigeait  la  Ckrmtiquê  éê 
Parié ^  fut,  au  mois  de  germinal  de  la  même  as* 
née  (1 797) ,  l'objet  d'une  vive  attaque  de  la  part 
de  la  police.  Son  dénonciateur  fut  le  général  An* 
gereau ,  nommé  duc  de  Dantzick  par  la  suite,  et 
que  Bonaparte,  duii»  ses  «uiilidcnce»  de  Sainte- 


TIRES   DES   ARCHIVES.  33^ 

Hélène,  accuse  d'inconséqDence,  sinon  de  trahi- 
son ,  à  l'occasion  des  dernières  campagnes  oîi 
li'engloutil  la  fortune  de  l'empire. 

L'article  qui  fut  l'objet  de  la  dénonciation 
d'Augereau  offre  sans  doute  des  exagérations  de 
plos  d'nn  genre;  c'était  le  caractère  et  la  manie 
du  temps*  le  courage  devenait  une  fonction  ci- 
viqDe;  mais  l'on  n'y  reconnaît  pas  moins  la  sil- 
bouette  énergique  du  caractère  de  celui  qui  , 
pendant  quinze  ans ,  tint  la  France  et  l'Europe 
sous  sa  domination.  Ily  a  mieux  qu'un  horoscope 
dans  ce  pampblet;  c'était  peut-être  le  procès, 
mais  c'était  aussi  la  révélation  d'un  caractère. 
Prédire estune  science  plus  facile  qu'on  ne  le  croit.  ' 
Bonaparte  n'était  encore  que  général  del'armée 
dltalie  ;  la  lettre  d'Augereau  au  Directoire  est  du 
4  germinal  an  5(24  mar8l797).  Par  conséquent 
antérieure  au  18  fructidor  de  la  même  année. 

De  pareils  faits  doivent  trouver  place  dans  la 
chronique  de  !a  police ,  puisque  c'est  à  son  in- 
tervention que  l'on  recourut  pour  venger  le  grand 
homme  outragé;  ils  doivent  figurer  dans  l'his- 
toire du  temps,  puisqu'ils  se  rapportent  à  des 
personnages  qui  jouaient  alors  un  grand  rôle. 

Voici  donc  ce  qui  excita  le  zèle  d'Augereau  et 
lui  fit  prendre  la  plume  en  faveur  du  général 
sous  les  ordres  de  qui  il  servait. 


222  MTMOniC.^   RiSTORIQCrS 


Réfifxion»  tmr  BimapmrU  (1;. 

•  L'cipéricncc  des  temps  passés  dëmootre  le 
danger  qu'il  y  a,  pour  les  républiques,  a  sonflirir 
que  les  ciloyeiis  qui  commandenl  les  années , 
ou  qui  occupent  les  premières  fooctions  de  Té- 
tât, se  mettent  trop  au-dessus  des  loia;  c'est  ce 
danger  qui  fait  qu*on  ne  saurait  déa^preuver  b 
maiime  constante  des  états  répubUcaina,  qei  lea 
porte  a  l'ingratitude  envers  les  bonmes  qui  ont 
rendu  les  plus  tmportans  senricas.  Uaaagislrat 
ou  un  général  ont  été  jetés  par  le  hasard  dme 
des  circonstances  épineuses  eu  le  saint  poUic 
était  compromis,  soit  au-dedans  ^  soîk ^dekose^ 
l'un  a  rétabli  les  choses  dans  lenr  aasietta  par 
des  mesures  de  gouvernement  prudentes  et  vi- 
goureuses, l'autre  par  sa  vaillance;  tona  dens, 
déjà  au-dessus  de  la  foule,  cherchent  a  angmett» 
ter  leur  réputation  par  des  actions  d*édal  qpâ 
frappent  la  multitude,  la  séduisent  et  ren-- 
traînent.  Um  se  font  des  partisans ,  ik  ont  d^ 
acquis  du  crédit  par  les  voies  publiques,  en  §ih 
gnant  des  batailles,  prenant  des  places,  don- 
nant des  conseils  sages  et  suivis  d'un   heuiens 


(i)  Cet  reflet iouA  cuicnl  iiiAércts  dan^  d^  numcrot  de  k 
nique  de  Pmrts ,  4  b  date  du  3  gvrtnioal  an  '^   i3  mars  179;% 


siiccfc* ,  pour  la  conduite  de  l'élal  ;  ils  en  acquiè- 
rent encore  par  des  voies  parriculitrCs;  ils  fohi 
du  bien  aux  uns  ,  défendent  les  autres  des  pour- 
suites exercées  contre  eux ,  aident  ceux-ci  de 
leur  argent,  font,,  par  leur  crédit,  parvenir 
ceni-là  aux  charges  ,  et  gagnent  ainsi  Un  grand 
nombre  de  créatures  toujours  prêles,  commelei 
cliens  des  patriciens  à  Rome  ,  à  les  suivre  Sur  ta 
place  publique  ,  ïi  se  dévouer  poiir  eux  ,  éi  a  pré- 
fëref*  la  ruine  de  la  patrie  à  la  leur.  Un  crédit 
acquis  par  de  semblables  voies  est  très  pernî- 
ciètit.  Comment  en  prévenir  les  suites?  Je  n'en 
sais  rienj  ceci  est  l'affaire  des  gouvernemens, 
qnî,  placés  plus  favorablement  pour  juger  Tes 
choses  ,  connaissent  aussi  mieux  tes  remèdes  et 
peuvent  les  appliquer.  Tout  ce  que  je  sais,  et 
qu'il  est  permis  de  dire,  c'est  qu'il  vaut  mieux 
chagriner  un  personnage  important ,  lé  dégbûtéî' 
par  des  chicanes,  des  persécution^ ,  que  d'avoîf 
à  craindre,  en  le  laissant  en  repos,  son  ambi- 
tion ,  lorsqu'elle  peut  devenir  dangereuse,  qu'il 
n'écoute  qu'elle  et  lui  suboMonne  tout. 

N  Si  les  hommes  dont  je  viens  de  faire  le  por- 
trait peuvent  déjà  mettre  la  liberté  en  péril,  à 
quels  plus  grands  périls  encore  est-elle  exposée, 
lorsqu'à  la  lête  des  armées,  un  homme  qui  exerce 
les  pouvoirs  absolus  d'un  dictateur,  se  moqué 
des  lois ,  brave  l'autorité  ii  laqiieHe  il  cfoit  être' 


2I2/|  MEMOIRES    lUSTORlQUES 

soumis,  ne  reconnaît  aucun  frein,  et  satîafait , 
sans  opposition  et  sans  danger,  les  plus  sanglans 
caprices?...  Je.  parle  de  Bonaparte,  qui,  non  seu- 
lement est  un  citoyen  dangereux,  mais  encore 
un  tyran  cruel  ;  je  laisse  l'homme  féroce  pour 
ne  m*occuper  que  de  Thomme  dangereux.  11  ne 
pourra  plus  rien  du  moment  qu*îl  ne  sera  plus 
rien,  et  le  seul  devoir  que  jaie  maintenant  a 
remplir,  est  de  dire  connaître  les  Tuea  politiques 
de  ce  soldat  audacieux ,  qui  réunit  la  vanité  d*nn 
enfant  a  Tatrocité  d*un  démon.  Je  prends  mon 
texte  dans  une  lettre  d'un  défenseur  de  la  patrie, 
blessé  a  l'armée  d'Italie  et  retiré  du  aerrice. 
Cette  lettre  contient  des  faits  inoois ,  des  récits 
de  crimes  atroces,  dont  auraS  frémi  Néron ,  et 
que  Suétone  ou  Tacite  n'eussent  pu  loi  imputer 
sans  £tre  accusés  de  mensonge  ;  mab,  je  le  ré- 
pète, je  laisse  lii  les  faits,  quelque  horribles 
qu'ils  soient ,  pour  ne  révéler  que  les  vues  cri- 
minelles. 

m  Certes ,  on  ne  peut  refuser  des  talons  à  Bo- 
naparte ;  ses  succès  parlent  pour  lui ,  ses  vic- 
toires sont  trop  récentes  et  trop  utiles  pour  qu'on 
y  cherche  des  causes  extraordinaires  j  il  combat 
comme  Alexandre  et  négocie  comme  Philippe  • 
mais  il  est  citoyen  a  la  manii.-rc  de  César  :  c'est  à 
la  manière  de  César  qu'il  aime  l'égalité,  et  c'est 
avec  tout  le  méprisqu'avaitCésar  pour  le  sénat  dv 


TIRÉS   DtS   AUCHIVÉS.  âtsS 

Rome,  que  Bonaparte  parle  du  gouvernement 
actuel  de  la  France  ;  c'est  Gustave  au  milieu  des 
combats  ;  mais ,  comme  Gustave ,  il  vent  un  trôné 
pour  s'y  placer  lui-même  et  une  couronne  pour 
en  orner  sa  tête;  les  satrapes  du  grand  roi 
eurent  moins  d'insolence  dans  Texercice  de  leur 
pouvoir  que  n'en  montre  Bonaparte.  '\\ 

«  Bonaparte  a  un  plan ,  et  la  place  qu'il  oc- 
cupe n'est  pour  lui  qu'un  des  moyens  dé  l'exé- 
cuter. » 

Ici ,  l'auteur  attribue  à  Bonaparte  le  projet  ^e 
former  une  république  fédérative  des  divers  états 
d'Italie  dont  il  se  ferai tj>ro/^c(^ur,  et  d'établir  le 
siège  de  son  gouvernement  en  Corsé.  Il  était  |>bt- 
sibte  que  Bonaparte  en  eût  la  pensée ,  il  était 
impossible  que  cette  prédiction  ne  la  lui  donnât 
pas.  Un  accusateur  est  souvent  un  inspirateur. 
Jardin  ajoute  : 

*<  C'est  au  Directoire  a  examiner  tout  ceci.  On 
a  du  lui  faire  passer,  et  surtout  à  Rewbel ,  de 
plus  amples  détails  ;  qu'il  songe  h  la  hauteur  avec 
laquelle  il  est  traité  par  Bonaparte ,  à  l'insolence 
avec  laquelle  celui-ci  s'est  conduit  et  expliqué^u 
milieu  de  son  armée  au  sujet  de  rafflûre  des  tré- 
soriers; qu'il  pèse  toutes  les  circonstances  de  son 
commandement  et  de  ses  actions  ,  et  s'il  le  juge 
un  républicain  ,  il  faut  convenir  que  la  républi- 
que est  une  étrange  chose.  » 

in.  ir» 


aati  MÉMOIRES    IIISTOmQUtS 

Ces  accusations  devenaient  plus  que  suflbantce 
peur  fournir  le  sujet  d'une  dénonciatioo  et  de- 
mander la  punition  de  l'auteur  qui  se  les  était 
permises.  Augcreau  en  prit  l'inîtiatite  ;  il  adressa 
donc  au  Directoire  une  longue  lettre ,  oii ,  tout 
ef)  faisant  l'apologie  du  grand  homme  qqe  les 
circonstances  favorables  portaient  à  la  glQure,  il 
demandait  au  Directoire  la  punition  eiemplaire 
de  Taudacieux  journaliste.  L'attaqiie  atait  toiiclié 
le  point  sensible.  Voici  cette  lettre ,  on  du  qmîns 
une  copie  certi6ée  par  le  ministre  ^  k  police» 
M.  Cocbon  de  l'Apparent. 


L$  féiéroi  de  èwitiim,  Àugêrêâu^ 

poêotu  le  Dirêciùiff, 

«  Ptrli,  le  4  fermioal  fto  S  It  ^ 


«  Citoyens  directeors, 

«  Organe  de  Tarmée  d'Italie  anprès  de  n 
pour  vous  transmettre  ses  sentimens  et  les  tre« 
phées  de  ses  victoires,  je  m'honore  de  cooserrer 
ctf  titre,  pour  âtre  auprès  d'elle  l'interprète  des 
témoignages  sincères  de  votre  reconnaissance  et 
de  votre  satisfaction.  Ma  mUsion  n'est  donc  pae 
terminée;  aussi  m'oblige-t*elle  de  tous  témoi* 
gner  l'indignation  qui  doit  pénétrer  tout  cilojent 


TIRÉS    DES   ARCHIVES.  22<^ 

ami  de  son  pays ,  jaloux  de  «on  honneur  él  dé 
celui  de  «es  braves  frères  d'armes,  à  la  leeltMre 
du  journal  intitulé  ChronMpM  de  Paris  ^  n^  S,  du 
3  germinal. 

«  Ennemi  de  la  flatterie ,  je  méprise  les  adu- 
lateur»; ami  de  la  justice  et  de  la  vérité,  je  ittt 
fais  une  loi  de  défendre  les  absens  et  de  lés  vengeé 
de  la  calomnie.  La  soumission  ^Mt  Xoki  doit  êttré 
le  devoir  de  tout  citoyen;  je  viens  vous  en  donner 
une  preuve  éclats^nte ,  en  vous  dénonçant  V^u- 
teur  de  ce  journal.  ; 

«  Les  réflexions  sur  le  général  Bonaparte,  qu'il 
a  Vaudacede  traiter  de  tyran  emel,  de  dictateur, 
d'Miaime  ambitieux,  de  conspirateur,  ta  tsrcliie  fai- 
fiunante  imprimée  sur  les  généraux  qu'il  astocie 
a  ses  projets  ambitieux ,  enfin  les  comparaisons 
révoltantes  qu'il  aTimpudence  de  faire ,  tant  du 
général  en  chef  que  des  militaires  a  ses  ordres, 
tout  cela,  citoyens  directeurs,  a  excité  en  moi, 
et  dans  le  cœur  des  ofliciers  qui  m'ont  accom- 
pagné, rindignation  la  plus  profonde.  Si  le 
mépris  pouvait  quelque  chose  sur  les  âmes  viles, 
ce  serait  la  seule  arme  dont  notre  honneur  se 
servirait  pour  venger  une  pareille  injure;  nous 
déclarons  que  nous  sommes  au-dessus  de  la  ca- 
lomnie ,  et  ce  sentiment  de  nous-mêmes  nous 
yenge  assez  ;  mais  les  suites  funestes  qui  pour- 


*J'À&  MKMOinrS    HHTOmoLTS 

raient  suivre  du  silence  et  de  rioiponité  d*une 
conduite  aussi  contraire  à  Tordre  qu'à  la  pro- 
priété du  premier  bien  d*ua  militaire ,  Thonneurt 
auraient  de  quoi  alarmer  tous  les  citoyens. 

9  C'est  donc  a  tous  ,  premiers  magistrats  du 
peuple ,  à  qui  il  appartient  de  Tonfer  par  les 
lois  ceux  des  citoyens  envers  lesqneb  on  en- 
freint »  tans  honte  »  celles  de  Tordre  aodal. 

«  Comment  le  rédacteor  de  ce  journal  oee-l^il 
autoriser  ses  réfleiions  Timlentes ,  de  Tanihen- 
ticité  d'une  lettre  écrite  par  an  militaire  blessé 
a  l'armée  et  retiré  ? 

c  Citoyens  directeurs  »  il  y  a  wie  loi  qm  rend 
les  journalistes  responsables  de  tonl  ce  ^Mb 
impriment.  Cette  lettre  doit  ensler  mm  origÎBal 
dans  le  portefeuifle  du  rédacteur.  Je  irow  prie 
de  la  faire  saisir,  afin  d'en  connattn  Tanlemr,  ei 
d'établir  entre  la  lettre  et  les  réflexiotts  •  le  jn» 
gement  qu'il  importe  a  l'honneur  dn  géttéral  et 
de  Tarmée  d'Italie.  Salut  et  respect. 

«  Signé  AcGsasAO.  • 

Le  ministre  de  la  police ,  quoique  très  gnad 
partisan  de  la  constitution  de  Tan  3  el  ds  IK* 
rectoire,  n'avait  point  la  même  affection  poar 
Augereau;  disons-le  nettement,  il  ne  raimaii 
pas  f  il  ne  s*eii  empressa  pas  moins  de  faire  ce 


TIRES    DES    ARCHITES.  Û^Q 

que  sa  position  personnelle  lui  prescrivait  pour 
répondre  auMésir  du  général,  arrêter  et  lancer 
ses  émissaires  a  la  piste  de  Jardin  ,  qui  pourtant 
parvint  à  se  soustraire  à  l'incarcération.  Le  jour^' 
nal  fut  supprimé  ;  mais  les  événemens  qu^il  avait 
pressentis  né  le  furent  pas.  Le  ministre  écrivit  au 
bureau  central  pour  lui  recommander  la  inesarer 
proposée. 

Le  ministre  de  la  police  générale  au  bureau  central 

du  canton  de  Paris. 

n  8  germinal  an  5. 

«  Je  vous  tranmels ,  citoyen,  copie  de  la  lettre 
qu'a  écrite  le  général  Âugereau  au  Directoire, 
et  je  joins  le  journal  qui  Ta  si  justement  indigné. 
Je  ne  doute  pas  que  vous  ne  vous  empressiez 
de  mander  le  citoyen  Jardin ,  rédacteur  de 
cette  feuille ,  afin  qu'il  dépose  en  vos  mains  l'o- 
riginal de  la  lettre  où  il  prétend  avoir  puisé  ses 
réflexions  virulentes  contre  le  généralBonaparte. 
Vous  voudrez  bien  me  rendre  con)ptc  ,  sans  dé- 
lai ,  de  vos  diligences  et  des  mesures  que  vous 
aurez  prises  pour  venger  l'honneur  d'un  héros 
dont  la  gloire  est  la  propriété  de  tous  les  vrais 

Français. 

« 

i(  Signé  Cochon.  » 


aSo  MUIOlâBi  HltTOAlQlllS 

If  étail-il  pas  curie  ox  de  tmt  p«oir  t  ao  nem 
des  lois,  celui  qui  démonlnat  afec  fisrce  ipi'eUee 
étaient  en  péril ,  et  de  le  iroir  pnair  par  Tin- 
fluence  de  llioaime  onâme  qui  p  plus  tard  »  devait 
étouffer  ces  constitutions  éphémères  mm  verUi  des 
pleins  pouvoirs  que  lui  décernerait  Tantlien* 
siasme  national  ?  Les  puissans  de  ce  moud*  ne 
pardonnent  pas  à  ceux  qui  les  derinent  »  M  il  n'y 
a  pourtant  que  ceux  qui  les  donnent  bien  qui 
soient  légitimement  capables  de  les  compren- 
dre ,  de  les  aider  et  de  les  soutenir. 


WHaÊàkn  «i  S  (—te ■Ni  ijee)* 


A  toutes  les  époques  signalées  par  dasdmo» 
geoiens  dans  le  personnel  politiqoe  »  sesda  éfém^ 
mens  réeb  de  l'histoire  de  nos  deraieiH  Ocles  t 
où  les  réformes  »  dont  on  parle  beaoeonp  trop  t 
sont  faites ,  sans  plus ,  dans  le  ▼ocabnlaire  dn 
jour  et  dans  les  couleurs  du  drapeau ,  on  remar» 
que  dans  l'autorité  de  fait  du  moment  an  em- 
pressement caracléristique  à  connaître  et  à  diri- 
ger l'opinion  pubii(|iic.  C'est  au  théâtre  surtout 
vi  dans  lc5  lieux  de  gran(l«:!>  réunions  c|tie  ccttr 


TIR^  DES  Aft^ÉIVÈ^.  *    2%i 

aiîtdrité  cherche  à  è'éclaitër  Mir  ce  i)tié  Ton  jpéUiè 
d'elle ,  soit  par  les  applaudisseitieiié  dtftifles  K 
certaines  pièces ,  soit  par  ItÉ  discours  tenus  dans 
les  fojérs  et  dans  les  coulisses  sur  sës*pirincipes 
et  ses  actions.  Les  manifestations  publiques  m 
font  surtout  avec  une  grande  variété  de  (birttlës 
dans  les  auditoires  des  théâtres.  Là ,  l'opinion 
dominante  étale  ses  préférences  et  rient  proYë^ 
quer  ses  adversaires  ;  c'est  nn  fôyér  de  càbi4«r^ 
où  les  mille  et  une  cabales ,  si  divergentes  qu'èlhfl 
soient  I  trouvent  par  cela  même  a  se  naluralLler. 

Après  le  dia>-huU  brumaire  »  qui  réunit  touW  la 
puissance  dans  les  mains  de  Napoléon  »  la  pplkai 
héritière  des  soupçons  de  l'ancien  tépxrie  eC  ^ 
ses  coutumes,  exerça  sa  vieille  sagacité  a  cet 
égard  ,  elle  s'attacha  a  savoir  ce  qu'on  pouvait 
dire  ou  faire  dans  les  spectacles  de  contraire  ou 
favorable  a  ce  que  Ton  appelait  sérieusement  un 
nouvel  ordre  de  choses.  On  conçoit  que,  de  la 
part  du  pouvoir,  l'empressement  mis  a  s'éclairer 
sur  ces  sortes  de  démonstrations  vient  beaucoup 
jdIus  du  désir  de  les  savoir  pour  s'en  lâcher,  que 
de  Venvie  de  s'en  instruire  pour  s'y  conformer. 
Les  ouvrages  dramatiques  offraient,  dans  ce  cas, 
le  sujet  d'un  examen  dont  on  pouvait  lirer  des 
conséquences  ,  quelquefois  pour  en  permettre  la 
représentation  ,  le  plus  souvent  pour  l'interdire  , 


25  a  llilK>IIIE5 

•lugrint  les  vues  plus  oo  moins  larges  des  nou- 
TeaQz  pouToirs. 

On  siil  le  mol  d'un  apprenti  censear  de  ces 
temps  de  liberté  sur  une  pièce  très  inoflensive  : 
«  U  n'y  a  pas  d'inconvénîens  h  la  permettret  écri- 
ynt4i  en  marge  du  manuscrit;  mais  il  y  en  a  en* 
core  moins  à  ne  pas  la  permettre  !  •  Et,  sur  cette 
décision  cavalière,  le  manoscrit  fnt  biflii.  L'n 
trail  d'esprit  fait  passer  bien  des  sottises;  ccHari 
passa  et  fit  rire. 

Les  rapports  de  la  police  d'alon  présenlonl 
donc  plus  d'un  intérêt  ;  on  en  pourra  juger  par 
cehii  que  je  Tais  transcrire  tel  qu'il  fut  rembdans 
le  temps  au  premier  consul  ;  c'est  le  hureuu 
tral  qui  parle. 


Jlappon  iur  U$  am^raga  drawmiiquês  dmmmâ  Km  é 
des  êUuiùmê  poKftfuti  ou  de  rti^tsn. 


•  6  IHamlre  m  S  (97  non  «An  tTSSÎ* 

tr  L'heureuse  révolution  que  le  18  brumaire  a 
opérée  dans  les  esprits  a  élé  très  sensible  sur 
tous  les  points  et  dans  toules  les  parties  de  la 
société  de  cette  commune  ;  mais  on  a  pu  mieux 
l'apprécier  encore  au  théâtre ,  où  se  rassemble 
un  plus  grand  nombre  de  citoyens.  Là,  dès 
les  premiers  jours,  une  joie  pure  et  vraiment  pa« 


TIRÉS   DES   ARGHinS.  ^33 

triotique  s'est  manifestée  ;  les  airs  civiques  étaient 
aqpplaudis,  redemandés;  des  couplets  impro-^ 
visés  d'enthousiasme  reçurent  l'accueil  le  plus 
flatteur. 

ff  Mais  (1)  de  vieux  amis  du  trône  tentèrent 
aussitôt  de  réagir.  Us  essayèrent  d'abord  de  faire 
croire  que  le  18  brumaire  n'était  qu'une  prépa- 
ration au  régime  de  1791 ,  et  bientôt  ils  cher- 
chèrent à  faire  germer  quelques  espérances  pdttîr 
celui  de  1788. 

ff  II  avait  déjà  paru  quelques  pièces  de  circon- 
stance au  moment  où  les  royalistes  cherchaient 
ainsi  à  donner  le  change  sur  la  nature  et  le  but* 
des  derniers  changemens  dans  les  premières  au* 
torités. 

u  Ce  qui ,  dans  les  premiers  instans,  avait  été 
applaudi  par  admiration  pour  le  général  Bona- 
parte ,  par  reconnaissance  pour  des  magistrats  , 
par  amour  de  la  paix  ,  le  fut  ensuite  en  haine  de 
l'ancienne  terreur.  On  réveilla  par  des  applica- 
tions toutes  les  animosités  entre  ceux  qu'on  a 
tant  de  fois  poursuivis  sous  les  noms  de  terroristes, 
jacobins  et  révolutionnaires.  Ces  mots  de  haine  se 
fussent  même  prononcés  h  la  scène ,  si  on  ne  les 


(i)  Les  auditoires  se  suivent,  et  uc  ^e  resscmbicul  pus. 

{Xote  de  J.  Ptuchcl.) 


SS4  ,    MIIIOIRU   HOTOaiQimS 

ATtit  pM  fait  nyer  dés  pradoclioM  de  eircon* 
9lUm€9ê;  dtns  toutes  on  Tôaail  bien  an  ridtenla 
M  k  reiécraliofi  les  partttana  de  lafireni  régime 
de  1 793 ,  mais  dans  aucun ,  le  royaliste  tenace 
et  dissimulé ,  et  le  réactionnaire  Tindicalif  n*é- 
taient  dépeints  comme  ils  ponrraient  l'êlnt  il 
n'en  était  pas  même  question.  Les  apphudisse 
mens  anx  passages  patriotiques  devinrent 
tés }  sous  le  préteate  de  témoigner  dn 
pour  les  ennemis  du  bien  public  el  de  In  f^re 
nationale ,  on  en  proToquait  contre  le  eamctère 
du  magistrat  républicain ,  contre  les  antochés 
républicaines.  Le  mot  de  rrfpuHifs  était  évité 
*  bien  plutôt  qu*omis*  Le  mot  de  Frmutê^  que  les 
royalistes  interprètent  et  goètent  nûeaz  «  aïs* 
tait  seul;  Tadministration  fut  obligéo  d*srvertir 
les  autenn  de  cette  méprise  (1  ) .  En  un  mol ,  dans 
tons  ees  ouvrages ,  la  saillie  devint  mafigrilé  { In 
satire 9  diatribe;  Te^rit  de  plaisanterie,  esprit 
de  parti  ;  l'éloge ,  basse  flatterie  ;  et  Tadministm» 
tion  t  pénétrée  des  malheurs  qne  do  telles  pièceÉ 
devaient  entraîner,  pénétrée  encore  du  mal  ir* 
réparable  peut-  être  qu'elles  allaient  faire  Ik  Tes* 
prit  pnbKc ,  provoqua ,  etécuta  avec  empresse* 
ment  Tordre  de  faire  suspendre  la  représentation 


H'  Votlt  un<*  police  ItUn  r;inJ:'tc  ou  .!.«  .riiriirt  bim  ionucrat. 

J    !*t»tiilT 


TIRÉS  DES   ARGHinS.  i95 

de  Uutû  Us  pièces  relatives  aux  derniers  évé^ 


K  Cet  ordre  salataire  vint  à  propOi  su^en^e 
l'eiariien  et  U  correction  de  plusienn  aatrcM 
pièce*  de  même  nature ,  pleitie*  dei  plni  vigdQ- 
renses  sorties  contre  la  («rrtvf^  les  terroristtti 
les  rétfoiuti»naireij  les  ntembres  des  eomitéi  fiéti- 
/utiwinaH'Mjetc.,  etc.De  rirréconciliaUft  dtèrttel 
royaliste,  du  sanguinaire  partisan  desTëtigdailCËS 
et  des  réactions,  pas  an  mvtl  Tout  itmlaH.  h 
iM«rrirleBhaineSyrienfanipprMkeïleiespritii(1). 

<  Mais  la  suspension  on  suppression  des  pièces 
de  drconstances,  pour  avoir  unentier  effet ,  né- 
cessite peut-éire  une  autre  mesure.  Dans  des 
siijets  en  apparence  purement  littéraires,  les 
auteurs  cherchent  li  faire  naître  des  applications 
purement  politiques  ;  l'éloignement  de  tout  sys- 
tème de  persécution  des  cultes,  la  tolérance  à 
cet  égard  commandée  par  la  philosophie  sont 
déjà  pour  des  ennemis  de  toute  espèce  de 
gouvernement  libre ,  le  prétexte  d'une  sourde 
vexation. 

H  L'administration   croit  donc   très   essentiel 


[i)  Pmir  rapprocher  les  cjprils,  il  tallail  donc  parler  de  l'îfré- 
:oiiciliablc  et  cruel  royati&le,  du  laugiiinaire  partiïau  des  vcii- 
;-;iiiicc»l...  Piiàum  tencatls. 


336  aiDlOIIIES  WSTORIQCES 

d*oler  à  U  malveillance  cet  alineiit  qn*elle  con* 
Yoile  déjà;  elle  désire  en  conséquence  eoipécber 
la  représenlation  de  tontes  les  pièces  qui  offri- 
raient des  applications  on  de  poKqne  on  de  re« 
ligion.  Elle  demande  encore  (et  ce  point,  ii  son 
avis,  est  de  la  pins  grande  importance  poor  le 
maintien  de  la  tranquillité  dans  les  théâtres) 
que  les  pièces  présentées  ans  différentes  épo- 
ques de  la  révolution  et  connues  pour  avoir  été 
alors  la  proie  des  factions  no  puissent  etm  re- 
produites quels  que  soient  les  changffmens  que 
les  auteurs^muIli/bruMi  (1  )  se  seraient  dtM  obli- 
gés d'y  (aire. 

c  N'est-on  pas  plus  fondé  encore  à  insister 
sur  ces  différentes  mesures  aujonrdiini  qne  Ton 
apprend  qu'à  Lyon  deux  jeunes  gens  ont  péri 
victimes  d'une  querelle  survenue  an  ibéilK  de 
cette  ville ,  à  l'occasion  d'une  pièce  de  circon- 
stance? Les  journaux  annoncent  qu'au  théâtre  de 
Bordeaux  on  fait  chanter  le  Rémi  dm  pnflêJ  • 

L'on  connaît  asses  l'impuissance  des  mesures 
prises  dans  tous  les  temps  par  l'autorité  par  arrê- 
ter la  marche  ou  les  élans  de  l'opinion  publique 
lorsqu'une  ardente  passion  s'empare  des  mnlti* 


(0  11^    ter  ont    tniijmir«  muftifor-met  pour  gai  or  r   bnwoup 
d*«rgent  ;  mM.*fnMjncc  qu'iK  ont  a  «ce  la  |iulicc. 

J.  Ptickti. 


TJRÉ8   DES   ARCRIYEd.  ÛO'J 

tudes.  Hais  ce  que  la  police  doit  aux  citoyens 
naturellement  calmes ,  en  attendant  que  des  ré- 
formes réelles  rapprochent  les  caractères  par  la 
fusion  des  intérêts ,  c'est ,  comme  le  demande  ce 
rapport,  de  les  mettre  tant  bien'que  mal,  avec 
le  moins  de  frais  possible  ,  à  l'abri  du  trouble , 
des  dangers ,  des  inquiétudes  auxquels  le  choc 
des  factions  et  de  ceux  qui  en  sont  animés ,  ex^* 
posent  les  spectateurs  dans  les  lieux  de  réanion 
tels  que  les  théâtres  ;  faute  de  mieux,  le  moyen 
le  plus  simple  jusqu'à  présent  pour  y  parvenir, 
surtout  lorsque  ces  spectateurs,  indiflTérens  pour 
la  plupart  sur  les  coteries  politiques ,  vont  cher- 
cher des  distractions  purement  littéraires  dans 
ces  lieux  où  les  factions  se  rendent  avec  le  parti 
pris  d'échanger  ensemble  des  coups  de  poings , 
le  moyen  le  plus  simple  a  été  d'exiger  dans  les 
pièces    les  changemens    que  les   circonstances 
commandaient.  La  censure  est  la  guillotine  des 
manuscrits  turbulens,  comme  la  guillotine  est  le 
grand  moyen  de  censure  des  individus  dont  on 
ne  peut  pas  venir  à  bout.  Nous  ne  donnons  pas 
ceci  comme  l'éloge  des  deux  moyens.  Il  y  a  sans 
doute  quelque  chose  de  mieux  a  imaginer;  mais 
on  ne  Ta  pas  encore  produit. 


aSS  ]dbionim  aiirDKfQims 


AgUrê  if  MMM>  Al  VBiÊMf^  êê  H  MêtkàUMm  éê  M. 


Dans  le  nombre  des  lÎTnt  q«I  oui  «Bcilé  les 
recherches  de  le  police  et  sen  anuMieilé,  «i  TmiB, 
les  bonoes  gens  qiû  s'ebstiMst  à  ehercheff  èm  k 
logique  enUre  Ue  Ktioiie  M  lee  éMOue  des  pe«* 
^oirs  t  seol  éunnés  de  trouver  leoimafai  di  le 
IbeelulÎM  fnmoùiÊÊ^  tndailee  àm  IWgW»,  ^ 
M.  Bertrend  de  MoUeviUe ,  ueien  BiairtM  eew 
Louis  XYIi  car  ce  liwe»  écnk  mmm  talent  et 
cherchant  à  déprécier  la  lévolmio»  par  IIb- 
crinùaatioa  de  ceuL  qui  josèveM  wm  tel* 
noa  bagarres,  aembbitt  à  l'épetpe  ok  f\ 
aait  contre  loi  »  Irèa  CiToraMe  avs  idéea  de 
Toir  abaolm  dont  le  govremeaMnt  do 
allait  a¥oir  besoin  pour  se  fertiier  et  a*lfaier. 
Cet  ovrrage  a  le  grand  défiint  de  pféaealat 
Louis  XVI  sous  un  jour  sinon  ftux ,  ew  ms  II 
conteste ,  dn  moins  très  défavorable  i  an  aé» 
moire.  A  force  de  Touloir  montrer  que  jaoïaia  ee 
prince  n'approuva  la  révolution ,  M.  de  MoHh 
ville  le  fait  passer  pour  manquer  d'intelligence  on 
de  sincérité  dans  la  plupart  de  ses  actes;  M.  Ber- 


TlUfiS  m$  AHCWTCS.  ^Sq 

tr^nd  ne  ^a  laÏMa  sms  doute  aller  à  cçt|e  étnnge 
manière  d'accuser  la  révolution  que  povr  sovt- 
crire  aux  plaintes  et  à  la  mauvabe  humeur  des 
éipigrés  gui  chargeaient  ce  prince  de  tout  le 
mal  qui  leur  avait  été  fait  par  la  fathleut. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  consîdératioas,  et  tf^tfl 
qu'ait  été  le  moLïf  du  gouvernement  da  l'an  &, 
qui  ne  jouait  pas  cartes  sur  tablç  et  pciK  ift%- 
ciait  pas  qu'on  lût  trop  tôt  daiu  «,f  ^  jeu ,  ti|\  iç^ 
port  lui  fut  fait  au  mois  de  thermidor  de  V^tt  9 
(juillet  1800)  pour  la  saisie  de  cet  ouvrage  ;  on 
y  Ht  :  '  Qu'on  imprimée  les  Annales  de  la  Révo- 
lution françaUey  par  M.  Bertrand  de  Molleville, 
ex-ministre  de  la  marine ,  émigré  ,  présentement' 
à  Londres,  traduites  de  l'anglais  par  M.  de  Li- 
guières,  homme  de  lettres,  et  vendues  par 
celui-ci  au  sieur  Riche,  libraire,  commission- 
naire pour  les  ouvrages  étrangers  et  contraires 
à  la  révolution  ;  l'ouvrage  est  en  deux  volumes,; 
quinze  cents  exemplaires  sont  déjà  tirés,  à  quiiue 
fpancs  le  volume.  » 

Sur  ce  rapport,  que  j'abrège,  M.  Dubois,  alors 
préfet  de  police,  instruisit  le  ministre,  le  1  ^'  fruc* 
lidor  de  la  même  année,  que  le  nommé  D«- 
caiiroy,  imprimeur,  imprimait  un  ouvrage  in- 
titulé Annales  de  la  Révolution  française j  et  que 
ce  livre  était  contraire  aii\  principes  du  gouver- 


34o  aiCMOIlIRS   fllSTOMQtKS 

nemeni  (1).  J'ai  donné  Tordre,  en  conséquence, 
de  faire  une  perquisition,  hier  de  très  grand  ma- 
tin,  chea  le  citoyen  Ducauroy,  et  Tordre  a  été 
exécuté.  Le  commissaire  de  police  a  trouvé  en- 
viron trente  rames  de  cet  ouvrage  en  feuilles, 
et  il  a  amené  l'imprimeur  à  la  préfecture  de 
police.  J*ai  décerné  un  mandat  d'amener  contre 
le  citoyen  le  Riche,  qui  m*a  été  désigné  comme 
Fauteur  ou  le  traducteur  de  cet  ouvrage  ;  et  le 
citoyen  le  Riche  est  actuellement  au  dépôt  de  la 
préfecture.  Je  fais  examiner  Tonvrige  saisi.  • 

Est-il  rien  de  pluK  gauche  qu'un  semblable 
rapport?  On  y  confond  le  traducteur  avec  le  K* 
braire-éditeur;  on  ne  sait  pas  même  s*il  n*esl  pas 
l'auteur  de  l'ouvrage  ;  certes,  c'eût  été  un  libraire 


(i)  A  Vépoqi»  oà  M.  DaboU  >'eipilwiH  avec  «ttfe 
qoMft  républicalDc ,  on  n«  voyait  pM  tmtmt  •  dtM  lai 
la  préfactnre ,  la  révolutloo  tout  la  point  4a  «ne  ^na  Bavapnria  ta 
propcftalt  de  mettre  k  U  mode.  La  plupart  dct  employai  aanacr* 
iralant  le»  Idte  pretqoe  dâmocratiqoca  dn  bnrean  ctntral.  et  Im 
rapports  qai  lortaient  de  leur  plume  te  tentaient  de  em  prtnc%aa. 
Mali  let  choir»  changèrent ,  et  le  Ion  des  rapportt  avec  ellca,  k 
metore  que  la  puliMnce  de  Bomparie  t'élcva  amdeaHia  de  Ion»  lea 
pouvoirs;  on  fut  alor»  at.wIittt%U  k  la  polka  comme  partant 
ailleurs;  tout  manceuvra  comme  un  hataillcm.  Fonché  senltsH 
parut  tel ,  ne  le  parut  que  pour  ifecondcr  U%  «uet  de  ion  maître; 
au  fond  ,  le  duc  d'Oirante  ne  (ut  jamais  qu*uo  mandais 
chute,  \jf  Hure  monlag oard ,  afluli!r  de  U  couronne  ducale  , 
Adèle  à  ftrs  premiers  instincts  »ou%  «a  pcail  de  l*rebis. 

J    PricarT 


TIRÉS   DES   ARCHIVÉS.  ^4^ 

distingué;  on  n'en  cite  guère  de  tels,  et  le 
préfet  connaissait  mal  son  inonde.  Voila  donc 
sur  quels  aperçus  on  saisit  un  ouvrage  de  grand 
mérite,  tout  en  claquemurant  un  citoyen  dopii- 
cilié  dans  un  cul-de-basse-fosse,  au  dépôt  de  la 
préfecture,  sans  plus  de  scrupule  que  s*il  se  fôt 
agi  d'un  simple  vagabond. 

M.  le  Riche  se  plaignit  d'une  semblable  vexa- 
tion, et  réclama  sa  propriété  enlevée,  sur  la  déi- 
nonciation  d*un  ignorant  agent  de  police,  qui 
croyait  en  cela  plaire  a  ses  supérieurs,  et  gagner 
son  argent. 

«r  J'avais,  sous  la  garantie  des  lois^  dit  M.  le 
Riche  dans  sa  lettre  au  préfet  de  police  du  6  fruc- 
tidor an  8  (24  août  1 800),  entrepris  la  traduction 
des  Annales  de  M.  Bertrand  de  MoUevillé;  elles 
ne  pouvaient  attaquer  le  gouvernement,  puis- 
qu'elles ne  comprennent  que  l'époque  de  Tou- 
verlure  des  états-généraux,  jusqu'à  leur  dissolu- 
tion. Les  mémoires  d'un  ancien  militaire  sont  du 
domaine  de  Thistoire;  il  n'y  a  qu'un  zèle  indis- 
cret, une  surprise  de  religion,  ou  un  despotisme 
oriental,  qui  puisse  empêcher  le  burin  de  tracer 
des  événemens  qui  se  sont  passés  il  y  a  dix  ans- 
\ous  m'avez  fuit  arrêter,  vous  avez  même  fait 
saisir  le  second  volume  de  mon  ouvrage. 

«  Permettez-moi,  citoyen,  de  vous  observer 

que   vous   n'aviez   que  le   droit  de   mettre    les 
III.  u; 


2^U  MCMOIRrS    HlflTORIQVrs 

«celles  fur  louvragis  potir  ma  garantie,  comme 
pour  celle  de  TautorUé. 

«J'ai  subi  interrogatoire;  des  demandes  insi- 
dieuses m'ont  éié  faites,  j*y  ai  répondu  avec  la 
franchise  de  celui  qui  n*a  rien  à  se  reprocher;  et 
cependant  on  m'a  laissé  entrevoir  que  le  TtmpU 
pourrait  bien  m  être  ouvert ,  si  je  n*étais  pas 
docile  à  la  demande  qui  m*était  faite  de  livrer 
toute  Tédition  de  mon  premier  volume. 

•  N'étant  coupable  d'aucun  crime  d'état»  par- 
tisan du  nouveau  gouvernement ,  j'ai  dik  1110  dé- 
rober k  l'ordre  arbitraire  dont  j'étais  menacé  ;  je 
me  suis  évadé. 

«  Remarques,  citoyen,  la  marche  biarK  dt  la 
police  :  le  préfet  saisit  an  ouvn§a  fA  m  omi- 
tinue  paisiblement  chea  un  antre  impciaenr;  et 
le  ministre  de  la  police  semble  IninnéoM  m^mt 
reconnu  qu'il  ne  peut  être  dangerms. 

«  11  est  temps  que  le  citoyen  paisible  ne  ré- 
clame plus  en  Tain  la  protection  des  lois;  je  ania 
prêt  k  paraître  devant  les  tribunaux.  Que  000 
affaire  soit  remise  k  un  directeur  de  jury,  et  je 
me  constitue  sur-le-champ  prisonnier. 

«  Je  sollicite  de  votre  justice  la  remise  de  mon 
second  volume .  en  m*ciig.iî;rant  h  ne  le  publier 
qu'après  y  avoir  fait  les  corrections  et  les  chan- 
gemens  que  vous  exigerez. 


TIRÉS   DES   ARCHIVES.  2/^0 

«f  Veùill^^  citoyen,  m'honorçr  d'une  réponsj^; 
il  me  sera  doux  de  pouvoir  vous  offlrir  ma, recon- 
naissance lorsque  je  ne  demande  que  justice. 

w  Salut  et  respect. 

«  Signé  le  Riche.  < 

V  P.  S.  Vous  poiiv^z  m'ddressef  vqs  Qrc|irpi^.a 
mon  domicile,  rue  Neuve-Saint-Aujg;qstin,  ^^^^  * 

M.  le  Riche  adressa  à  peu  près  les  mêmes  i^* 
danalmis  au  ministre  de  la  police,  FoucM; 
celvi-bi,  moins  superstitieux,  moins  timide,  Ou 
plus  éclairé  que  le  préfet  de  police  dans  dé  seiÀ- 
blables  matières,  fit  rendre  l'édition  au  librait'e 
It  Riche.  Il  savait,  en  cela,  plaire  k  Napôléoii  ; 
c'était  une  flatterie  indirecte  et  qui  voulait  dire  : 
—  Quand  vous  voudrez! 

Ne  serait-ce  pas  un  travail  curieux  et  fort 
édifiant  surtout  que  de  réunir  dans  un  parcours 
chronologique  les  notices  des  saisies  de  livres, 
en  même  temps  que  les  motifs  qui  ont  déter- 
miné ces  saisies ,  le  tout  en  regard  des  nom- 
breux changemens  de  dominations  et  de  gouver- 
nemens  qui  se  sont  succédé  dans  la  lanterne 
magique  de  notre  siccle?On\errait  dans  les  lieux 
destinés  a  ce  séquestre  ,  tout  à  côté  d'écrits  en 
faveur  de  la  république ,  des  écrits  publiés  pour 
la  cause  du  roi,  puis  les  apologies  que  la  défense 


sit\\  MrMomrs  nisToniQnrs 

de  Bonaparte  a  cnfantëen  a  l'époque  de  1S14; 
pnii,  celles  que  Ton  a  saisies  en  181 5,  au  sujet  de 
la  resiauralion  ;  puis  eufin,  ces  écrits  condamnés 
au  même  sort  dcpuin  1815,  sans  cependant  qu'au- 
cun d'eux  ait  entièrement  disparu  lorsque  le 
mérile  de  l'ouvrage  devait  le  faire  rechercher. 
Ainsi  les  hommes  s'effacent,  mais  les  passions 
restent;  les  lo»  et  les  réglemens  varient,  et  le 
fond  de  notre  nature  persiste.  Le  csenr  humain 
manseuvre  d'après  des  principes  contre  lesqneb 
rien  ne  prévaut  »  et  produit  un  chiflb«  iairafiahki 
d'événemens.  Quand  on  se  rendra  compte  de  cette 
vérité  qui  porte  un  caractère  mathématique ,  et 
que  l'on  en  verra  la  cause  en  nous-mêmes,  on  sera 
sur  le  point  de  procéder  à  des  réformes  profi- 
tables. Ces  réformes,  à  coup  sûr,  porteront  voios 
sur  l'homme  et  contre  lui  que  sur  Tof^Misition 
des  rapports  de  cha<run  avec  tous. 

On  l'a  dit,  on  le  sait,  on  le  répétera  sans  ceme, 
la  prohibition  d'un  livre  ne  fait  que  le  rendre 
plus  intéressant ,  ou  tout  au  moins  d'mie  pins 
grande  importance.  La  pemécution  est  une  prime 
pour  le  commerce  des  pamphlets.  Que  d'ott» 
vrages,  sous  les  règnes  précédens,  ne  jouissent 
d'une  grande  célébrité  qu'en  raison  de  la  pro- 
scription, et  liont  oubliés  aujourd'hui  que  tout  le 
monde  a  le  droit  de  les  lire  !  la  persécution  en  fiû* 
sait  souvent  tout  le  prix.  Quant  aux  bons  livres. 


TIRES    DES    ARCHIVES.  3^ 

rien  na  pu  les  anûaïUii'i  lui-squ'on  ne  les  im- 
prime ni  à  Paris,  ni  ii  Vienne,  on  les  publie  a 
Londres  ou  à  Bruxelles.  Pour  les  proscrire  abso- 
lument, il  faudrait  iibalU-e  les  frontières  de  tous 
les  royaumes,  et  les  .ibatirc  un  peu  mieux  que 
Louis  XIV  ne  rasa    les   Pyrénées,  Des  mesure» 

dépourvues  d'unité  scron 

insuffisantes  et  absurdes. 


Le  CUMliére  de  la  Madeleine.  —  ItegtuuUl-Warin. 
Vealote  an  <>(KvrieT  iSoi)- 

Les  archiTCB  de  la  police  ressemblent  aux  char-' 

niers  des  vieux  cimetières  j  on  en  relire  souvent 
des  os  de  morts  dont  nul  ne  saurait  dire  le  nom. 
Les  noms  mêmes  n'ont  pas  toujours  assez  de  no- 
toriété pour  que  le  public  se  les  rappelle. 

Le  Cimetière  de  la  Madeleine  ,  cette  espèce  de 
romati  Iii5loric|ue ,  dont  un  ne  soutiendrait  pas 
aujourd'hui  la  lectiu';:  pendant  plus  de  dix  mi- 
nutes, dut  sa  célébrité  ,  îà  l'époque  oii  il  parut, 
-à  l'espèce  de  persécution  que  l'on  crut  devoir 
susciter  h  Tauleur.  On  regardait  son  style  h  fra- 
cas descriptif  comme  [)roprc  à  réveiller  desidées 
que   le   gouvcriicmcnl    avait    inlérèl   ;i    laisser 


a^d  MEMOIRES    lilSTOllJQlTS 

tomber  dans  Toubli.  Toutes  les  grandes  ombres 
monarchiques  s*y  dressaient ,  dans  des  phrases 
démesurées,  leur  tête  à  la  main.  C'était  le  pin- 
ceau de  Ducray-Duménil  sur  la  palette  de  l'an- 
glais Young.  Les  femmes ,  toujours  sensibles,  en 
avaient  des  attaques  de  nerfs.  On  Toolat  sus- 
pendre ces  spasmes  monarchiques.  En  les  frap* 
pant  d*interdit,  on  les  propagea.  Ici,  comme  dans 
une  foule  d'autres  circonstances,  rautorité  se 
méprit. 

Les  premiers  Tolumes  de  cet  ouvrage  avaient 
été  saisis;  Tauteur  avait  été  mandé  à  la  police, 
et  menacé  de  plus  de  rigueur.  On  loi  défendit 
de  continuer;  il  le  promit;  mais  il  ne  tint  pas 
parole,  comme  on  devait  s'y  attendre.  Cétait 
promettre ,  en  effet ,  de  résister  k  ses  «wa  «  à 
ses  lecteurs,  à  son  orgueil,  au  plaisir  d^êbreré- 
pottvantail  du  pouvoir.  Un  auteur  a'esl  pas  4e 
bronae  devant  ces  sortes  de  séduGtioM4à , 
tout  pour  le  seul  bon  plaisir  de  de«z  ou 
mouchards.  Rcgnault-Warin  reprit  la  plame.  11 
en  eut  un  redoiihlcincnt  de  verve ,  et  se  montre 
pathétique  au  superlatif.  La  bonne  cause  eut  un 
mauvais  livre  de  phis.  Le  préfet  de  police  en  fut 
instruit  le  2  vendémiaire  an  9  (16  oct.  1800). 

•  Le  ininistrrr  ;i  i!rjii  fiit  sr\\v  rnnire  Tautcur 
«lu  Cimetîèff  tlf  ht  }tiuUlnne^  lui  éirivit-on  î  il 
.ivait  m.inîlcstr  ^«mi   in'>*:)li  >ii   «I**   i:r  |ioiiit  voir 


TIRES   DES    ARCiillVÇS.  ^4? 

terminer  cet  ouvrage  qui  rouvrait  les  plaie9  et 
exaltait  les  têtes.  Loin  d'obtempérer  à  un  par^iji 
ordre,  Fauteur  s'est  obstiné.  Les  deux  derpiçr^ 
volumes  vont  paraître  incessamment ,  et  rpu- 
vrage  continue  k  se  vendre,  au  point  que  le  Ji«- 
braire  Petit  va  de  nouveau  faire  imprimer  iff^;Ç 
seconde  édition  du  premier  volume.  Que  Xw^ 
juge  de  l'esprit  public  de  Paris  (1),  d'après  ||^ 
vente  de  cette  histoire  prétendue  romane^i^f^^ 
puisqu'on  est  obligé  de  faire  une  nouvelle  éclî- 
tiotii ,  et  ^ue  le  libraire  trouve  uil  bénéfice  ebn- 
âdérablé,  inalgré  la  Vente  clandestîncf  !      ' 

«  Le  liihiistre  est  prévenu  que  I^ouvrà^e  Ké^ 
cèniinne,  et  ^tie  le  libraire  a  le  sbih  de  c^^tii^,' 
au  fhr  et  a  iîiéèure  qu'il  imprime ,  les  fbuilletàiii^ 
du  dernier  volume;  que,  sous  peu  de  joùi^s,  ik 
doivent  être  totalement  imprimés  et  livrés  au 
public.  On  peut  s'assurer  de  ce  qu'on  avance 
ici,  en  faisant  une  fouille  chez  l'imprimeur 5  on 
trouvera  les  pièces  probantes ,  et  on  arrêtera  la 
spéculation  i|oyale  du  libraire  Petit.  » 

A  la  suite  de  cette  note,  on  lit  :  «  Le  rapport 
est  certain,  le  citoyen  Regnault-Warin  demeurant 
chez  celui  qui  Ta  fait.  » 


(i)  Co  irélaii  j>as  resprit  public  ^  c'était  celui  d'un  parti,  c*é- 
\\\\\  Il  cnrJositr  .  cYlait  fui  tout  parce  qn'cn  rechercha  les  n\rcs 
signalés  comme  tl.  ftgcrcux .  no  ImI-co  qtu  pjur  ôvahier  la  piofOD- 
(kiv  du  péril. 


a.|8  yiùuiihvji  HisTOKis^ir^ 

Evidemment  la  dcnonciatioii  se  fiUail  sous  le 
tna»que.  l/liôtc  de  Rcgnault- Warin  le  lÎYrait , 
peut  -  (^tre  pour  quelques  tricheries  de  la  vie 
privée  que  Tauteur  Itii-même  fais^iit  a  son  liûte. 
L«(  bonnes  dénonciations  viennent  de  cette 
source;  elles  dispensent  un  lâche  du  risque  de 
recevoir  un  coup  de  pistolet  en  duel  de  la  part 
des  gens  qui  se  sont  rendus  coupables  de  cer- 
taines peccadilles  envers  lui. 

M.  jDubois  n*ctait  pus  très  jaloux  de  tourmen* 
ter  cet  auteur;  le  livre  ne  lui  paraissait  pas  ausdi 
coupable  qu'on  le  faisait  ;  il  ne  le  trouvait  qii*as- 
sommant.  Mais  la  note  venait  du  ministre ,  il  fidlut 
obéiri  quoique  le  ministre  luimêne  eut  trop 
d'esprit  pour  mettre  une  importance  extrême  m 
cette'production,  certain,  après  tout,  q«e  la  pro» 
scription  le  ferait  plus  rechercher  encore.  La 
complaisance  du  ministre  pouvait  cacher  linéi- 
que autre  motif. 

Des  ordres  furent  donnés  ii  la  police;  ot,  MÎ* 
vant  les  formes  ordinaires,  on  saisit  ches  le  li« 
braire  et  l'imprimeur  les  exempbiresda  CiwMiin 
de  la  Madeleine^  qui  n'en  continua  pas  moins  h  •• 
vendre. 

M.  Uegnault-Warin  porta  sa  réclamation  au 
préfet  de  police  ,  et  lui  soumit  son  <Hivrage.  Sa 
lettre  ne  manque  pas ,  si  Ton  veut ,  d'une  cer- 


TIRES    DES    ARCHIVES.  a^ï) 

laine  habileté  de  raisonnement,  et  de  réflexions 
parfois  judicieuseBj  elle  mérite  de  trouver  place 
ici,  quoique  écrite  avec  ce  ton  particulier  d'em- 
phase que  les  plumitife  prennent  si  volontiers 
vis-à-vis  de  leurs  œuvres,  paur  les  adresser  à  la 
postérité  et  à  la  patrie  reconnaissante  ,  puissances 
qui  ne  font  pas  toujours  honneur  aux  mandats 
que  l'on  lire  sur  elles.  Les  volumes  n'en  furent 
pas  moins  saisis  ;  mais  l'ouvrage  se  vendit,  à  cela 
prf:s  des  tracasseries  de  détail  et  des  entraves, 
comme  au  premier  moment  de  son  apparition. 

Re^nault'Warin  j  citoyen  fronçait ,  au  eitoymlhtT 

bois,  préfet  de  police. 

'    '  '  '  ■  i.'-jij 

H  5  pluTiose  fa  g. 

«  Citoyen  Préfet, 

«  Lorsque,  par  un  élan  unanime  et  des  ef- 
forts simultanés  ,  tout  tend  à  la  perfectibilité  de 
rtintcndement  des  hommes  et  ii  l'amélioration 
de  leur  espèce,  j'ai  essayé  de  relever,  par  Tim- 
porlance  des  résultats,  la  frivolité  d'un  genre 
de  litlcralure  ordinairement  consacré  aux  lie- 
lions  ianla^tiqucs.  Armé  île  trop  faibles  armes 
pour  détruire,  dans  le  clicmiu  de  la  vérité,  Ivs 
ronces  que  l'erreur  y  fait  croilre ,  j'ai  du  moins 
réuni   cjuclqucs  tcnlittivc,^   pour  K-s  compter  et 


MI.M(ilhE.S    HISTOIHgl  r^ 

pour  diriger  jusqu'à  celle  vérilé ,  toujoun  inTo- 
quée  el  loujours  méconnue ,  \c%  rcj;ards  de  mes 
conlemporaîiis.  Ainsi  «  pendani  qu*au-dehon  le 
ffonvernemenl  afTcrmil  rindépendancc  de  la  ré- 
publique par  la  victoire ,  cl  qu*an-dedans  il  b 
tranquillise  par  sa  modéralion ,  retraçant  dans 
mes  tableaux  quelques-unes  des  vertus  qui  lui 
•ont  familières,  je  lui  donne  le  double  avantage 
d'attirer  sur  elles  la  publique  estime ,  et  sur  les 
magistrats  qui  les  professent ,  la  reconnaiastnce 
et  Tamoor  (1  ) . 

«  Parmi  les  écrits  que  je  leur  ai  déjk  consa- 
crés et  qui  9  par  leur  nature ,  se  lisent  et  se  mé- 
ditent dans  toutes  les  classes  de  b  nation ,  cefaii 
dont  je  vous  offre  la  suite  éveilla  (2)  rextrême 
sévérité  de  la  police  et  excita  contre  moi  ane 
persécution  que  j*ose  croire  peu  fondée.  En 
effet,  celui  qui,  d*une  plume  véridiqvo»  fooet- 
tJMt  les  crimes  de  toute  espèce  de  tyrtniii6«  et 
célébrait  les  qualités  conservatrices  de  Tordra 
social,  par  cela  même  ne  faisait-il  pas  Télogo 
de  votre  administration  ?  N'est-ce  pas  sous  la 
tutelle  des  magistrats  génértMix  quon  peat 
louer  ou  censurer  leurs  prcdcrcMcurs  !  N*était-co 


Mut«ric,  J.  l'ciiMt. 

^j)  Il  n'turait  p*«  «!'i  •'.        i:.  i 'cm. 


Tiaci  mes.  arceivis.  sSii 

pas  801U  l'empire  protecteur  ^e  Tr^an  que  Ta- 
cite peignait,  ses  hideuses  effigies  dç  Gaude  et 
de  Tibère?  Et  pourquoi  penser  qu'en  p^nt 
dans  la  balance  de  sa  plus  stricte  équité  un  mo- 
narque dont  la  mort  a  rendu  la  vie  célèbre ,  je 
cherchais  Ïl  remuer,  h  réchauffer  ses  cendres, 
pour  en  faire  naître ,  comme  de  celles  du  phé- 
nix y  un  rejeton  l\  la  tige  monarchique  ? 

«  Ctii  ibdn  livre  lui-même  que  je  charge 
de  rtfpOÛdrfe  b  ces  inculpations.  La  suite,  dont 
j'ai  llionnélif  de  \ous  adresser  un  exemplaire,' 
est  écrite  dkiis  les  mêmes  principes ,  dans  te 
mSmestj'Ie,  dans  le  même  but.  J'ai  Usé  du  prî- 
vitégë  qaè  le  génie  poétique  accorde  à  l'imagi- 
natîbA  ;  kt,  coitimc  les  peititres,  qui,  après  avoir 
cboM  lebh  Jyersonnages,  les  placent  sur  la  toile, 
avec  des  attitudes  ot  des  expressions  convenues, 
j'ai  arrangé  les  miens  d'après  les  proportions 
de  mon  tableau.  Quant  aux  maximes ,  elles  sont 
celtes  que  tout  homme  de  bien  pratique ,  que 
tout  gouvernement  régulier  approuve.  La  vic- 
toire et  ta  volonté  du  peuple  ont  créé  la  répu- 
blique. Quelques  larmes  ou  quelques  fleurs  je- 
tées par  un  pieux  attendrissement  sur  les  tom- 
beaux d'une  famille  éteinte  ,  n'altéreront  pas 
une  constitution  qui  promet  la  félirilé.  Citoyen 
préfet ,  les  hommes  religieux  sont  soumis  à  l'au- 
lorité  ,  cl  ceux  qui  pkitratt  u'assassuieiil  pas. 


j5s  MEMOIRES   ■ISTORIQt'ES» 

«  Je  MomeU  le  Cinuiiin  de  la  MadêUinê  (  I.  3 
el  4  )  à  Totre  eiamen ,  et  me  repose  sur  Toira 
niton  et  Toire  impartialité. 
«  Salut  et  respect , 

«  J.-J.  ReG2« ALXT-W AAI9I .   ■ 
Q«iBlldl,S  pla^ioteui  9. 

On  conçoit  que  la  lettre  n*eut  pas  de  réponse. 
Les  dialogues  que  Ton  entame  a^ec  Tautorité  se 
réduisent  toujours  à  des  monologues.  Si  Tau- 
torité  était  obligée  de  donner  des  raisons,  elle 
ne  serait  plus  l'autorité  ;  elle  consenra  son  came- 
tère.  La  lettre  fit  fortune  dans  un  pobUc  d*amis, 
surtout  k  cause  de  la  phrase  absurde  qni  la  ter* 
mine  :  Ctux  fui  pUurtfU  n'otiaiitmni  pu  !  Pathos 
a  la  mode  chez  les  partis  qui  n^ont  pas  le  poiiToir 
pour  le  moment ,  mais  qui  ne  nous  fimt  jamais 
rien  perdre  pour  attendre. 

Nous  demandons  grâce  an  lecteur  ponr 
être  permis  d'eahnmer  cette  relique. 


PrhU  tkééirfê  bomrgemi. 

Dison^-noiiA  souvent  que  l«-s  d<'*taiis,  et  sortoot 
les  plus  niininie» .  pctni-iit  vmiIs  donner  l'idée 


TIRES   VU  ARCHIYÏS.  jSS 

vraie  de  la  conduite  et  des  principes  de  la  police. 
Il  faut  y  chercher  rintention  de  ses  maximea  et 
la  80UFce  de  ses  iiispiralions.  Le  sujet  qui  fait 
l'objet  de  cet  article  en  fournira  de  tiouveau  la 
preuve.  Dans  le. fond ,  il  n'est  nSiinime  que  vis- 
à-vis  de  nos  préjugés;  tout  ce  qui  touche  aux 
relations  sociales  est  d'un  immense  intérêt,  mal- 
gré son  apparence  frivole. 

Le  goût  du  spectacle,  en  18Q2,  avah  pris  i|n 
tel  essor  dans  les  sociétés  bourgeoises  que,  beau* 
coup  déjeunes  gens  établissaient  des  petits  théâ« 
Ires  pour  s'amuser  et  jouer  eux-mêmes  la  comé- 
die. Cela  devint  une  fureur.  La  police  constata 
dans  cette  manie  un  désordre  qu'il  fallait  arrê- 
ter :  si  elle  ne  sévit,  la  pojicese  meurt.  La  police 
est  parmi  nous  Torganisation  de  là  colère,  la 
haine  levée  sur  tout.  Un  rapport  lui  fut  fait , 
dans  lequel  un  fonctionnaire  public,  dont  je  tais 
le  nom ,  s'exprimait  ainsi ,  le  29  pluviôse  an  10  : 

«r  Depuis  quelque  temps  je  suis  chargé  de  vi- 
siter une  infinité  d'endroits  où  des  particuliers  , 
la  plupart  jeunes  gens  de  quinze  à  vingt  aus, 
veulVnt  jouer  la  comédie. 

«  Ces  spectacles  présentent  des  inconvéniens 
trop  graves  pour  ne  pas  mettre  des  entraves  a 
leur  établissement.  Ils  favorisent  la  corruption 
des  mœurs  en  rapprochant  les  deux  sexes  dans 


TIRRS   DXS   ARCHIVES.  ilSS 

portans  dans  la  socii5lé.  Leur  petite  VaqîU  ittu^ 
faite  de  l'intérêt  qu'ils  ont  inspiré  anx  sot»  qfii  les 
(écoutent,  se  révolte  contre  l'idée  d'être  poprdus 
<]an9  la  foule  des  gêna  utiles  (1).  Ils  veulent  al^- 
solument  ne  rien  faire,  si  ce  n'est  ennuyer  lé 
public  et  le  mettre  à  contribution. 

<  A  ces  motifs  assez  puissans  pour  déterminer 
la  suppression  de  ces  rqssemblemens  d'histrions, 
se  joignent  la  conservation  dt^  bon  goût  et  la 
sûreté  publique  qui  les  proscrivent  également, 
enfin  la  protection  que  l'on  doit  aux  grands 
théâtres  (2).  Dans  ces  écoles  à'aboiemmt  ^  ojn 
écorche  impitoyablement  tous  les  autçi^r^,  JLp 
public,  présent  et  absent ,  y'  est  s^us  Jj^  Vi^yj^ 
garde  du  hasard  qui  seul  est  chargé  d'çii)pêç))<lf 
l'incendie  des  décorations  en  papier,  et  si  le  fe)l 
prenait,  de  l'élcindrc  dans  un  tonneau  vide (3). 

■  Je  ne  parle  point  du  tort  que  tous  ces  spec- 


(i)  Ulilus  comme  les  espions,  n'csi-ce  pas  ?  et  surtout  comme 
les  l'spioiii,  iiioralisles.  J.  Peucket. 

(i)Ah:  voici  le  bout  de  l'oreille  qui  pnssc!II  a  pris  le  dêlourdn 
mrcLirs  pour  en  Tenir  k  Ki  sanclilïc^ilion  d'un  monopole.  Idem. 

(3)  Mais ,  si  je  ne  inc  trompe;,  je  n'ai  point  ouï  dire  qu'à  l'i- 
pDq;i(!  iiii  M.  H^ippe  (')  disait  ci  s  1>l'IIi:<;  choses  au  prdfi:l,un  ait  cp- 
leti'Jn  pailcr  d'iiici:ndic  de  petits  lliLi'itres  bourgeois ,  el  l'oD  tait 
assez  que  , dupiiis ,  deux  ou  liuiî  grands  llnàtres  ont  été Ja  proie 
des  tlunlnies.  IJem. 


a  56  MKMOIRKS  ■UTOIIIQCES 

taclet  bourgeois  font  au  grands  ihéàlres.  Tout 
le  inonde  sait  que  pour  une  infinité  de  gens, 
un  théâtre  n*est  (|u*un  théâtre,  elque  sans  s'in- 
quiéter de  la  qua!ité,le  peuple  rourt  toujours 
au  marchand  qui  vend  le  moins  cher  (1). 

tr  Pour  éviter  le»  progrès  de  cette  fureur  ihéâ* 
traie ,  il  me  semble ,  citoyen  préfet  «  qu'il  faut, 
non  pas  proscrire  directement  les  spectacles 
bourgeois ,  mais  exiger  des  directeurs  les  infimes 
précautions  voulues  pour  les  autrea(9).  Je  de- 
mande en  conséquence,  1®  que  la  salle  soit  dans 
une  maison  inhabitée  ;  2°  qu*il  y  ait  nne  pompe 
à  deux  pistons  ,  des  seaux  et  des  tonneaux 
snffisans  avec  les  autres  ustensiles  pour  arrêter 
les  progrès  d'un  incendie  ;  3*  qnll  y  ait  au  moins 
deux  pompiers  de  garde  a  chaque  représenta- 
tion, p 


(i)  Le  peuple  •  bien  raifton;  et,  en  bit  d'amuicsMvl,  cfcti  Wn 
k  parti  !•  plu»  ui|e  cl  te  plut  éoonomlqiie.  S'il  en  tffait  èe  arfine 
poar  U  police ,  Il  voudra  il  économiser  Mir  bêcn  de«  «Inu  •  Mat 
•Inquiéter  de  ta  qumttlé  prélniduo  que  ce*  ncMieurt  t'arrofral 
tout  leuU  dan%  leurs  rappcirt«.  J.  Paccarr. 

(«)  On  atlendail  qu'il  arrivai  aii\  nrnyrnt  de  pfa«crire  iodirrc 
teroeni  cet  ipectaclesi  il  n'rn  f  lit  rirn.  CetI  iou|Qiir«  la  prapoai 
UcHi  en  t*air,  et  kl  toutent  rrp-  i«f<.*  uni  «uccct  par  lea  bn»wliim 
de  reconduire  trt  danvurs .  a^rc  at-<-iirnp.*(;nrmeiit  de  wnéqiif 
Jutqu*à  U  frontifrr,  a  thant^  il**  OMi^icnrr  le  lotit  Ji  ta  frasUerc 
et  cela  ,  parce  que  les  phitoMipln  %  n'jim'-fil  pat  la  mntiqne.  El»  ' 
qui  t'attmdaii  k  une  telle  »c\ef  îié  de  |  rincipes  dant  ns 
philowphe  >  iéem 


TIllKS    DES    ARCHIVES.  2$^ 

M.  Dubois  adopta  cette  conclusion  ;  mais^  ppur 
l'établir,  il  n'avait  pas  besoin  des  raisons  dé^ 
pourvues  de  sens  et  des  grossièretés  qu'allègue 
le  rapporteur  :  les  imbéciles  n'ont  pas  de  frein. 

On  a  vu  au  reste  dans  divers  articles  de  ces 
Mémoires  que  presque  toujours  ces  chicanes 
suscitées  aux  petits  spectacles  ne  tenaient,  au 
moins  de  la  part  de  ceux  qui  les  provoquaient» 
ni  à  l'intérêt  des  mœurs,  ni  à  celui  du  goût»  ipii 
n'a  que  faire  ici,  mais  h  celui  des  grands  specta- 
cles; et,  sur  ce  dernier  point,  il  faut  entendréjea 
raisonnemens  creux  que  débitent  gravement  les 
amateurs  ou  directeurs  de  ces  établis8ejne|i8..A 
les  eu  croire,  la  gloire  de  la  nation,  sa;  puilrr 
sance,  ses  lumières,  son  crédit,  9e  mesurent^^'llr 
près  l'abondance;  de  leurs  recettes  privilégiée)»  et 
sur  les  faveurs  particulières  que  le  gouvernement 
leur  accorde.  Le  summum  de  la  prospérité  des 
états  doit  par  conséquent  se  mesurer  au  degré 
d'insolence  d'une  ingénue.  Pour  forcer  Taudiloire 
à  courir  en  masse  auprès  des  comédiens  français 
et  autres,  on  finira  quelque  jour  par  licencier  les 
compagnies  de  Tare  et  par  mettre  haro  sur  les 
jeux  du  tir  k  Toie.  , 

Quand  donc  bafouera-t-on,  mais  comme  il  le 
faut,  et  sans  scrupule,  ces  prétentions  au  mo- 
nopole   et   à  Tcscamotage    absolu   de   toute   la 

littérature  nationale  au  profit  de  quatre  à  cinq 
m.  17 


a56  MÛIOIIIIS   RISTOIIIQCFS 

iodiTiclas  ?  Q\\\l%  Tantetil  leiir  sopëriorilé ,  ooiu 
verrons  !  Mm  alors  poarquoî  ces  pretcnlians 
an  despotisme ,  et  ces  cris  de  désespoir  sor  le 
rîsqec  que  cela  Irnr  fait  co«rir?En  dépil  de  cette 
heînepour  la  conciinrciiceet  centre  le  développe- 
ment du  génie  drsmstiqne  dans  nea  contâmes , 
le  goût  du  théâtre  doit  se  répandre  partant  arec 
oeint  dn  chant  et  de  la  danse  i  ne  fut-ce  qna 
comme  moyen  d'enseignement  et  ponrrexerdea 
gymnastiqne  des  facultés  de  chaeniii  aans  la  sur* 
▼etllance  des  familles  et  des  mmricipalilés.  liane 
vaudrions  voir  un  théâtre  s'élever  dans  lem  Im 
villages  I  de  mauvais  cabotins  ne  fiwaient  plne 
alors  la  loi ,  et  ne  transporteraient  pm  de  toulm 
parts  ^  avec  privilège  »  leur  génie  de  Imsard  et 
leur  moralité  de  vagabonds. 


ÀffêéÊTt  im  èmnm  éê  W^mad  m  VmMd. 

An  II  (180};. 

Rien  ne  montre  mieux  a  quel  point  la 
est  aoavent  induite  en  erreur  que  cette  aiaira. 

Le  baron  de  Wcnzel  fut  dénoncé  k  la  poliee, 
en  germinal  an  11,  comme  un  ennemi  do  gnn* 
vemement  ;  il  fallait  s'en  ansnrer.  Il  tenait ,  di* 


"TtTÎÛ  nÉs  archives!'  "aSg 

sait-on,  des  pfojjos  affreux  contre  le  premier 
consiiïavec  un  sieurRoquèûibnl,  ilèja  surveilla. 

L'officier  de  paix  ,  Veyrat,  depuis  inspecteur 
général  de  la  police ,  fut  cliargd  de  prendi^  e^ 
de  donner  au  préfet  ilc  police,  I\T,  Dubois  ,  ttes 
rertscigiienicns  e\acls  sur  ce  parLiculicr. 

On  fit  beaucoup  de  démarcbes;  ôri  s^aaréssa 
aux  voisins,  aux  fournisseurs,  aux  connaissapces 
du  baron ,  (juï  logeait  alors  boulevarl  Saiut-Mar- 
lih  ;  et,  le  21  germinal,  l'agent  de  la  police  écri- 
vit au  préfet  :  «  qu'eu  etfet  le  baron  de  Wenzel 
recevait  qucK^fuefois  chfz  lui  le  sieur  Ro^ue- 
mont,  demeurant  rue  de  Lille,  et  qu'on  croyait 
émigré  rentré,  homme  d'un  caractère  dur  et 
sur  lequel  on  n'^avait  pu  avoir  d'informations 
bien  précises.  Quant  à  Wenzel,  dit-on,  c'cat 
un  homme  facile  h  aborder,  d'un  air  franc  d'a- 
bord ,  mais  bientôt  remplacé  par  une  sorte  dâ 
défiance  qui  fait  croire  volontiers  à  ce  que  l'on 
dit  sur  son  compte  :  on  fait  de  nouvelles  infor- 
mations pour  le  pénétrer.  » 

De  nouvelles  tentatives  furent  faites  en  effiet, 
plusieurs  espions  mis  à  la  suite  de  Wenzel,  et 
le  préfet  reçut  une  seconde  note  ainsi  conçue  ; 
«  On  a  pris  de  nouveaux  renscigncmens  sur- 
Wcnzel  ;  il  en  résulte  qu'il  est  logé  chez  une 
demoiselle  Moreau  qu'il  cutrelieiit  et  avec  la- 
quelle il  vil  marilalenuut.  Autrefois  cet  homme 


ëuU  répantiii  dans  le  grand  inoii«ir  vi  \  iî^u- 
raii  d*iinn  manière  «liftlingiiée  ;  il  a  prrdii  une 
partie  de  «a  fortune;  crjYi'ndant  il  lui  ri*HtR  drs 
propriélçH  l'onriôrr.s  dan»  le  drparlemeni  de 
TYonne  et  de  le  Cûtr-iî'Or;  il  v  Liii  de  Iré- 
quens  voyages  et  se  dispose  dans  ce  nioineat  à 
8*y  rendre.  Il  parait  certain  que  cet  homme 
n*aime  point  notre  gonvenicmcnt ,  et  qu  il  n'en 
parle  jamais  avantageusement  ;  toutefois  il  ne 
fail  rien  qui  puisse  troubler ,  étani  plus  occupé 
île  ses  plaisirs  et  de  ses  affaires  doroealîques  que 
de  politique.  11  ne  peut  décemment  recevoir 
personne  où  il  est  lot^é ,  puisi|u'il  est  ches  une 
fille  et  qu'il  ne  peut  avouer  dans  la  société  uo 
domicile  qui  n*est  pas  sous  son  nom.  11  voit 
quelquefois  le  prieur  de  Iloquemont,  ancien 
officier  du  génie ,  rue  di*  TErhelle.  Celaî-la  a 
plusieurs  fois  été  arrêté  «  tant  pour  alTairea  po- 
litiques que  pour  deMes;  on  le  soupçonne 
d'intrigues  qui  nécesiiairement  rejaillissent  sar 
ceux  qui  le  fréquentent .  tel  que  le  baron  de 
WenEcl.  ■ 

Ces  détaik  ne  calmèrent  pan  les  inquiétudes 
du  gouvernement  et  ne  satisfirent  pas  le  préfet 
de  police  ;  de  nouveaux  ordres  furent  donnés  a 
Tinspecleur  grnér.il  de  lontinuer  la  surveil- 
lance sur  le  h.iron.  >ur  la  ileiiiui«i*lle  Morean 
et  le  prieur  de  lloquemont.   l/ordre    donné  a 


cet  égard  se  tefFnftirie  par  <:eé  mois  :  DtkeréHàri^' 
cékrùéj^  adresse.  "V     '<  ?:;  ^4 

Nui  rapport  antérieur  n'expli<îtie  ces  redt>%^^^\ 
blemens  de  8iit*veilkl>ico  é^  4^G^siina!lioh'4|W^ 
Ton  y  met.  -    '**^  i?ii/îoq 

M.  Veyrat  fit  ses  dilij^ences,  et  les  iusp^ét^ 
furent  plad  surveillés ,  espionnés  que  jahiàik^ 
el  sans  s'en  douter;  c'était  esséHlîèl.Urre^nbti*^ 
velle  note^  adressée  au  préfef ,  leOAoréal  àÀ  «j^ 
portait  :'é  que  lé  baron  de  Wëil2el  est  âgé^è^ 
quaranteHMnq  ans;  que,  pendant  son  émigfatttM^ 
il  a  servi  chez  Tempereur  en  qualité  d'^ffièië^f 
que,depiiis  environ  un  an^^î^I^^st  à  Paris  àved  IfAtf 
épouse  qu'il  a  fait  venir  de  Mâcon,  où  il  était  prd^ 
priétaire  et  domicilié.  Sa^meure  actuelle^  eiW 
bien  boulevart  Saint-Martin,  n*»  69.  Il  y  est  dany 
ses  meubles.  Depuis  qu'il  est  rentré  en  France , 
il  fait  le  commerce  des  vins  en  gros;  il  vient 
d'acheter  une  maison  rue  de  Bercy,  où  est  sort 
magasin  de  vins.  On  ne  voit,  à  son  domicile, 
que  des  marchands  de  vins  en  gros  ou  des  per- 
sonnes qui  vont  le  voir  pour  faire  des  achats  en 
détail.  Les  renseignemens  obtenus  dans  sori 
voisinage  sont  tous  en  sa  faveur  ;  on  assure 
qu'il  ne  se  mêle  jamais  de  pohlique  et  qu'il  ne 
parle  du  premier  consul  qu'avec  vénération.  » 

La  police  tenait,   on   n^î  voit  pas  trop  pour- 
(|uoi,  a  savoir  si  le  baron  de  Wcnzel  vivait  avec 


^3  njfmuMS  Bwntjqvu 

M  Spmmn  ou  avec  la  demaisallt  llorM» ,  qa*ttn 
précédent  rapport  qualifie  mal  à  propoe  àù 
fitt$*  Une  inaulle  coûte  rarooHNii  a  de  pareils 
drMea,  fiiçonnéa  eoi-mimea  a  Taulnge  et  c|« 
perlent  un  ton  de  magistrat  dans  ces  sortes  de 
jiyridictioos  secrètes.  On  iroulaii  sur  colle  ques- 
tion une  ripann  caiégariqm  at  sauf  iêus  jmn. 
Le  terme  était  de  rigueur  j  il  s'agissait  poul^^lra 
d'avoir  des  renseignemens  utiles  par 
trigae  et  des  aTanies  de  bal  maeq«é«  Om 
%mm  obsenrer  a  M,  Veyrat  que  las  daas  aap» 
parts  qu'on  avait  reçus  étaient  aa 
tiom  on  mit  de  nouTeaoJL  espions  sur  las 
du  baron  de  Weaaal  et  de  la  dsmaiedHs  !!•• 
laau.  Hp  Dubois  apprit  en  réialial  i  «  Qna  las 
tantradictions  qui  pouvuMnt  esialar  dbas  las 
npporis  précédons  provenaient  da  la 
«lé'Oii  Ton  se  trouvait  de  changer  dl 
diaqae  fois  qu'on  eaigeait  de  nouvi 
gmMnans  sur  le  même  individu.  La  misa  en 
vement  du  rnume  personnage  aurait  fiût  doviaat 
la  police.  Or,  les  inspecteurs  ne  s'adrossanl  pas 
toujours  A  la  même  personne,  oblienoenl  wom^ 
vent  des  renseignement  opposéa  les  sma  a«v 
autres....  Le  baron  de  Weniel  vit  marilalemovl 
avec  mailumoitelle  Mureau,  dit  le  nouveau  rap* 
port  ;  le  plus  parr«iil  aiTord  règne  enire  onit  au 
paini  qiio  Kl  uujcitrc  parlic  de»  connaissances 


TIRES   DES   AnCHlYfiSi^  ^63 

du  baron  le  croient  marié  à\eQ  elle.  Les  itieM 
Mes  apparlienneni  a  la  dtm^iaelle  Morean  ^  cà 
Wentel  demeure  chez  elle.  » 

On  Yok  ici  combien  les  renseignemena 
qu'obtient  la  police  sont  souvent  peu  sûrs ,  et 
encore  avec  quelle  facilité  elle  se  laisse  aller  k 
soupçonner  des  individus  qui  ne  se  mêlent  e» 
rten  d'affaires  politiques;  délit  assez  siAgalrer 
du  reste  chez  un  peuple  qui  a  lait  pis  que  dé 
bavarder  a  tort  et  à  travers  sur  ces  aaatîèrëi 
difficiles. 

U  faut  pourtant  dire  ici  qu'a  l'époque  m^  oeci 
sa  passât)  et  même  pendant  tout  le  temps  4)4 
règne  de  Bonaparte,  les  projets  sinistreai  h^ 
eomplots  dirigés  contre  lui  étaient  si  fréquewii 
si  réels,  quoique  mal  conçus,  les  s^ens  des 
émigrés  et  des  royalistes  étaient  si  adroits,  se 
déguisaient  sous  tant  de  formes,  que  le  gouver- 
nement pouvait  être  excusable  d'avoir  des  in- 
quiétudes sur  un  homme  qui,  comme  le  baron 
de  "Wenzel,  avait  des  liaisons  avec  le  prieur  de 
Roquemont,  un  des  plus  adroils,  des  plus  ar- 
dens  et  des  plus  constans  agens  et  intermé- 
diaires, disait -on,  des  projets  hostiles  contre 
Bonaparte.  L'air  était  plein  de  complots,  et  il 
en'' éclatait  quehjucs-uns.  On  saisissait  d'ailleurs 
phis  de  fiinfarons  que  de  coupe -jarrets  dé- 
terminés. Mais  quel  intérêt  pouvait  avoir  la  po- 


a6/|  MWOlRfcS    HISTORlQCEft 

lice  k  savoir  m  Weiizcl  Tirait  ou  ne  vivait  pat 
maritalement  avec  la  dcmoinelle  Moreau?  Voila 
ce  qui  n'est  pas  aise  b  deviner»  a  moins  que  ce 
ne  fut  pour  satisfaire  à  quelques  questions  d*un 
autre  intériH  que  celui  dont  il  est  principalement 
mention  ici.  Dans  un  projet  d'humiliation  d'une 
fiMnoie  par  une  autre  femme  «  c'était  nécessaire 
sans  doute;  rien  ne  dit  que  cela  dût  être  plus  se* 
rieui  ;  et  les  bureaux  furent  occupés  buit  jours 
d^une  malignité  pour  aboutir  à  une  ioaoleiiet  et 
k  un  mensonge. 

Toute  cette  affaire  n'eut  aucune  soite;  le  ba- 
ron continua  de  vivre  avec  sa  maitKsae,  de 
vendre  du  TÎn  en  gros  et  de  voir  le  prieur  de 
Roquemont,  qui  buvait  et  conspirait,  et  qui 
bmrait  bien.  Il  serait  curieux,  pour  décider  du 
tarif  administratif  y  de  savoir  ce  que  cette  sur- 
veillance coûta. 


E$p%mma§€  politi^me.  ^  M,  MÊHêermck  H 


On  a  tant  parlé  de  Fespionnage  politique 
sous  Tancien  cl  le  nouveau  gouvernement,  s«us 
Tempire  comme  depuis  la  restauration .  que  mes 


TIRÉS   DES   ARCHIVES.  i6S 

lecteurs  me  sauront  gré ,  sans  doute ,  de  leur  en 
présenter  ici  quelques  échantillons. 

Cet  espionnage  n  a  pas  toujours  atteint  lé  but 
que  s'tîn  proposaient  ceux  qui  en  faisaient  lisagéV 
Napoléon  lui-même,  avec  toute  sa  police  lâlp-^ 
gement  payée  et  dont  il  fait  un  si  grand  élo^ 
dans  ses  confidences  de  Sainte*Hélène,  ignoraili 
souvent  ce  qui  l'intéressait  le  plus.  Oh  en  trouva 
une  preuvs  9  ^ntre  autres,  dans  M.  le  comte  dé 
Nesselrode,  aujourd'hui  vice -chancelier  de  l'eolH 
pereur  Nicolas  et  son  premier  ministre.  On  aeit 
que  ce  seign^r  russe  vint  en. France  en  ISiOv: 
avec  deux  missions  de  son  maître ,  Alexandw^ 
l'une  ostensible  et  l'autre  secrète.  Pendant  six 
mois  qu'il  fut  à  Paris  k  cette  époque,  il  ne  ceàsa 
d'intriguer  contre  la  puissance  et  l'avenir  de 
Napoléon.  Je  me  suis  trouvé  plus  d'une  fois  chez 
ce  ministre;  des  relations  littéraires  m'avaient 
procuré  sa  connaissance;  il  logeait  rue  Taitbout. 
Je  n'ai  jamais  vu  personne  qui  ait  une  haine 
plus  profonde  et  plus  dangereuse  que  M.  de 
Nesselrode  pour  l'empereur  des  Français.  Il  ne 
cachait  pas  très  soigneusement,  par  irréflexion 
ou  a  dessein  ,  l'espoir  qu'il  avait  de  le  voir  ren- 
verser du  trône;  c'était  cepcndjnt  avant  la  cam- 
pagne de  1812,  plus  fatale  encore  à  la  France 
que  l'incendie  de  Moscou  ne  le  fut  à  la  Russie. 
On  pouvait  regarder  les  menaces  et  les  désirs 


3fi(&  MÎMOUOtt  JUIlPIlH^IJKft 

4a  miirittffe  ratto  cominc  «im  it  cet  CiDfiMroii* 
nides  dont  le  Irâae  de  Booaparte  fat  le  platima 
yeildani  m  loDg-temps.  M«ii  quaod,  quelques 
ntîi  UfHê  le  départ  de  M*  de  NeMelrode  de 
fftnce,  on  ¥ii«  par  les  papien  pitbUca^  qu'il 
était  premier  nuoislre  k  Seial-Péteiabourg  »  je 
me  rappelai  set  parolea.  La  eouetaiice  airec  la* 
fMlle  il  a  eolreteno  Alexandre  «i  élal  dlmali* 
Mlée  eentre  Napoléon.^  m*es  expliqqp  el  m'en 
il  aentir  loete  le  perlée.  Eh  lûett!  Nepelées 
iiponut  de  M.  de  Measelrode ,  'pendMt  f«*il 
éliil  en  France»  ce  que  mei  el  qfelqnm  «nlrw 
pemonnee  saTiena  eu  deiriniena  à  prepee  de  In 
eenénite  de  cel  éUrengtr  (i  ) . 

Celait  cependant  an  homme  bien  tnleni  à 
videnler  pour  Napoléon  que  M.  de  Mallefniii, 
dent  il  ironlaii  cennaiire  Im  démarchée  et 
tie  de  qni  ta  police  airaii  établi  une 
jennaalière }  il  parait  que  ramhaatadent  de  Pknme 
hn  donnait  aotai  de  rinquiétude.  Meia  fui  m  Inl 
en  donnait  pat  7  Trop  heureux  s'il  êàl  pn  réprfc» 
mer  un  aenliment  qui  lui  fit  faire  tant  de  fentot 
et  lui  aenrit  ai  peu  dana  tes  granda  projeta.  Le 
haipardege  des  aalona  el  lei  mauvata  hone  mole 
des  miniairea  étrangers  le  tourmenlaient  plue  que 


(t)  Le4iiecrOtranic.  FmtcM,  ti*ét«if  pl'ittfiinltlredefti 
)c  iMfat  ifevary,  iluc  Je  ao^i^.i ,  !'«%  jic  rcnip'sU  U-  3  aMi  tê%m. 


les  «rinfineDS  de  ses  enneipw,  U  Toulait  donc  à. 
cette  époque  Mvoîr  à  quoi  tenaient  les  bruit*, 
qu'on  répandait  sur  les  mlnislres  de  Vienne  et, 
de  Berlin.  L'un  et  l'autre  avaient  été  dénoncés 
au  ministre  de  la  police  Fouclié;  on  lui  avait 
écrit  qu'il  se  tenait  des  conciliabules  cbcz  le  mi- 
niftire  de  Rusaie(le  prince  Kurakin)  avec  le 
comte  de  Mettemich  et  les  membres  de  la  léga- 
tion russe;  on  assurait  que  ceux-ci  avaient  dit 
que  l'empereur  Napoléon  ne  détrônerait  pas  plus 
l'empereur  d'Autriche  qu'il  n'avait  détrôné  le  roi 
de  Frusse ,  quoiqu'd  eût  dit  de  l'un  et  de  l'autre 
ju'tii  avaient  eeisé  de  rigoer.  , 

Le  ministre  de  la  police  renvoya  la  ^énoncifl- 
tion  au  préfet  de  police  comte  Dubois,  ayec  ordre 
de  vérifier  s'il  y  avait  effectivement  des  concilia- 
bules entre  les  trois  ambassadeurs. 

Veyrat,  le  même  qui  a  joué  un  si  grand  rôle 
dans  la  police  de  celle  époque  ,  fit  ses  diligences 
pour  connaître  la  vérité  ;  il  en  adressa  le  rapport 
ait  préfet  de  police ,  le  25  mai  1809.  «  J'ai  fait, 
dit-il ,  surveiller  la  maison  du  minislre  de  Prusse 
avec  tout  le  soin  qu'exigeait  une  affaire  aussi  dé- 
licale  cl  aussi  importante  ;  le  baron  de  lirockau- 
sen ,  envoyé  prussien  ,  demeure  depuis  dix  jours 
seulement  rue  du  Faiibourg-Sainl-IIonoré,  au- 
paravant il  demeurait  rue  de  la  Michodière;  il 
lie  se  tient  point  de  coiR'iliabtdcs  chez  lui ,  et  je 


J(ÎS  MÛOIIIKS    ■ISTOIIIQUC& 

crois  poQToir  Tassiirer  potilivemcnl  ;  il  reroit 
même  très  peu  Je  monde»  el  son  éui  de  maison 
est  1res  peu  considérable. 

«  J*ai  mis  tous  mes  efforts  k  connaître  quels 
pouvaient  dtre  les  degrë«  de  relations  et  d'mti- 
mité  qu'il  avait  avec  les  légations  russe  et  autri- 
chienne, et  voici  ce  que  j*ai  appris. 

«  M.  de  Brockausen  est  lié  avec  le  prince  Ka- 
rakin  et  la  plupart  des  membres  de  la  légation 
russe  à  Paris.  Il  voit  fréquemment  le  prince  Ko- 
rakin ,  mais  sans  mystère  et  sans  affectation ,  et 
comme  deux  ambassadeurs  dont  les  nations  aoot 
en  paix.  Il  va  dîner  chez  le  prince,  qui  k  son  lonr 
est  venu  dîner  quelquefois  chez  lui ,  et  notam* 
ment  lundi  ou  mardi  de  la  semaine  dernière. 

«  Les  dîners  qui  ont  lieu  ches  le  prince  Knn- 
kin  sont  splendides  et  d'apparat,  tant  a  Paris  qn'k 
sa  maison  de  campagne  de  Neuilly  (1  )  ;  ma»  le 
petit  nombre  de  ceux  que  donne  le  baron  de 
Brockausen  sont  sans  faste  et  en  petit  comité. 

«  Quant  a  M.  de  Metternich ,  il  ne  voit  point 
Tambassadeur-de  Prui^se  depuis  près  d'on  mois. 
Il  est  venu  le  voir  quelquefois  avant  la  guerre, 
lorsqu'il  demeurait  rue  de  la  Miel 


(i)  Tout  le  inon(l«*  a  i.i>iiii'i  ce  priiii.'  U  l'in;» .  hxi  |iIm«  gf  imI 
nit^rite  était  d'avoir  •  v^u  lulut  ilr^  l)it.iti>i7«  d  tiu'iuji«,  Ju:il  clu* 
LUil  %A'jil  ).«*•*<■  1    tri-.    !i    •.'    «  ■'. 


TIRES   DES    AHGHIVBS..  2169 

il  n*a  nullement  paru  à  son  nouvel  hôtel  rue 
Saint-Honoré. 

«  Le  comte  de  Melternich  depuis  un  mois  vit 
très  retiré.  Je  Tai  fait  surveiller  spécialement 
pendant  plusieurs  jours.  On  ne  Ta  vu  rendre  de 
yisite  h  aucun  ambasss^deur.  Il  est  sorti  la  plupart 
du  temps  avec  sa  famille,  lui  a  cheval,  avec  un 
de  ses  secrétaires ,  son  épouse  et  ses  epfans  en 
calèdie^  ils  ont  été  pluèieurs  fois  le  soir  de  cette 
manière  se  promener  au  bois  de  Boulogne,  ji 

,Ce$  reiiaeignemens  n'apprenaient  pas  grand'- 
pliose  4u9  la  conduite  des  ambassadeurs  surveil-r 
lé8>  c^ux  qu'on  fit  passer  au  ministre  de  la  police 
partioulièrement  ne  sont  guère  plus  instruclifi| 
ob  en  jugera  par  la  piè^ce  suivante.  De  pareils 
renseignemens  ne  pouvaient  que  bien  faiblement 
servir  le  chef  du  gouvernement  pour  ses  vues  et 
ses  projets  ;  aussi  fut-il  souvent  trompé  dans  cette 
partie  de  sa  haute  politique. 

"  "iG  mai  1809,  à  six  heures  du  soir. 

«r  J'avais  chargé  un  inspecteur,  c'est  M.  Veyrat 
qui  parle,  de  se  tenir  aux  environs  de  Thôtel  de 
M.  de  Melternich  pour  connaître  Tinstant  et  les 
circonstances  de  son  départ;  voici  ce  qu'il  rap- 
porte : 

<f  M.  de  Melternich  devait  partir  à  trois  heures 


970  MtttOIIICS    BISTCfRfQrKS 

préciiei.  EffSecliTemenl  k  cette  heare,  dit-huit 
cliCTaux  de  poste,  tant  pour  lui  que  pour  sa 
suite,  se  sont  présentés  3é  Thctel.  Mais  le  départ 
fut  différé  de  cinq  quarts  d'heure.  A  quatre  heures 
et  un  quart,  M.  de  Mettemich  est  monté  en  voi» 
tare  avec  un  officier  de  gendarmerie.  11  a  été 
suivi  de  son  secrétaire ,  et ,  de  six  ii  sept  heures  « 
de  ses  domestiques  qui  occupaient  trois  autres 
▼oitnres.  Son  courrier  Taviiit  précédé  h  chetal 
d^enviroii  une  heure  d*aTance. 

m  Cette  dfcomtanoe  avait  fait  coMudm  It  dé- 
pari  et  M.  de  Mettemich  dans  son  fiUHgi% 
Aussi  t  au  moment  où  il  s'est  effsetuét  il  j  wt^k 
bieai  soixante  curieux  dans  h  roe  Gfraag^AaiM 
lière,  qui  étaient  attroupés  autoaf  de  la  poita  éê 
cet  amhastadour, 

■  La  oomlesse  de  Metleroich  est  resléat  Jdifi'^ 
BOttvel  ordre,  avec  aes  femmes  de  aer^iety  k  PlMi. 

«  M.  de  Mettemich  B*est  point  parti  cmtant 
détenu  ou  gardé  a  vue,  mais  comme  escorté, 
d*apffès  Tordre  de  Temperenr,  par  un  oficier  éê 
gendarmerie  jusqu'à  Vienne ,  où  Ton  dit  ^*il  sa 
rend  directement. 

«  H  ii*y  a  eu  aucune  rameur  popolairo  an 
ment  de  son  départ.  M.  de  Mettemich  était 
scK  aimé  dans  son  quartier;  il  avait  eu  le  soin 
pendant  son  ambassade  de  faire  beaucoup  da 
bien  aux  pauvres ,  et  cette  conduite  natorelle 


TIHÉS   Des   ARCIHTCS*^  ft^t 

OU  calculée  lui  avait  concUië  i'eslitte  «t  VwkÈÊf^ 
chement  de  la  plupart  de  ses  yoisins.  >' 

Celte  surveillance  explique  un  fait  dont  il  fut 
beaucoup  question 'dans  le  temps.  U  ^n  réédite 
que  ?lapoléon  fit  accompagner ,  c'<si*k-dire  a«f* 
veiller,  M.  de  Metternich ,  pendant  sa  ronto^^ 
par  un  officier  de  gendarmerie;  fait  qui  fut  nîl 
ou  révoqué  en  doute  par  beaucoup  de  àloii4e  M 
qui  ae  trouve  constaté  ici. 

De  tons  les  ambassadeurs  'a  la  conr  de  Hi^M 
léon ,  M.  de  M etteraich  est  celw  qui  lui  dMisop 
le  plus  d'inquiétude  ;  il  était  en  effet  ftn  yseerdl^ 
adroit,  «t,  aTec  une  grande  habitude  de  diaiMMiii 
latton,  savait  affecter  une  sincérité  apipirvisnié 
qui  a  trompé  plus  d'une  fois  ceux  avec  <q«i  ilfvi 
des  relations  politiques.  U  faisait  luî^flÉémiS  mit» 
veiller  Bonaparte  ;  il  avait  a  la  cour  et  4iiet  le 
gouvernement  des  gens  qui  lui  rendaient  cooipté 
de  ce  qui  s'y  passait  d'important  et  secret» 

Je  rappellerai  encore  un  autre  exemple  de  la 
surveillance  politique  de  ce  temps;  je  veux  par-» 
1er  de  celle  qui  eut  lieu  pour  M.  de  la  yaugujdil, 
aide-de-camp  du  roi  de  Naples,  dont  la  poisce 
eut  ordre  de  faire  connaître  In  conduite  et  les 
personnes  qu'il  fréquentait. 

L'officier  de  paix  Fondras,  qui  depuis  a  ét«é 
inspecteur  général  de  la  police,  a  la  restauration^ 
fut  chargé  de  ces  recherches,  et  voici  ce  qu^il  en 


TIRÉS    DES    ARCHITKS;  S^S 

Puisque  j'en  suis  sur  les  recherches  dé  Véf^ 
pionnage  de  la  police  du  temps  de  l'empereur ,. 
je  vais  montrer,  par  la  même  occasion,  que  sou*^ 
vent  elle  n'exerçait  sa  sagacité  que  sur  de  iausises 
dénonciations;  telle  que  celle  du  comte  d'Olrai,' 
que  voici.  Le  20  octobre  1809,  là  pbliïré  réçW 
contre  cet  étranger  une  note  oit  oA  lui  disailf? 

«  Il  se  trouve  à  Paris,  depuis  six  ou  huit  moî^^ 
un  [Espagnol  nommé  M.  d'Oraa  ,  qui  lo^ea  d'a- 
bord rue  Pelletier ,  au  coin  de  la  rue  Pinon ,  e( 
qui  demeure  maintenant  rue  de  la  Mièhodière^    ■ 

c  Cet  individu  est  natif  de  Maj^aga,  !^}fi^^  4  m 
famille,  et  une  fortune,  à  ce  qu'il  di^;  i|l:ei)tf^ljîf$rt 
une  correspondance  très  active  avec  lea  in^^H^ 
espagnols ,  et  répand  dans  Paris,  les.i^|()^^^yiça^{c|| 
plus  défavorables  au  gouvernement.  Il  a  uq  ami 
intime  en  Angleterre,  oii  il  se  proposait  de  passer, 
s'il  avait  pu  avoir  des  passeports.  Cet  homme 
doit  être  surveillé.» 

Cette  lettre  signée  V.  Duf. . . ,  et  par  conséquent 
anonyme ,  n'en  fut  pas  moins  l'objet  d'une  sur- 
veillance et  d'un  espionnage  qui  prouvèrent  que 
la  dénonciation  (était  fausse.  L'officier  de  paix 
Foudras  fut  chargé  de  la  vérifier  3  voici  ce  qu'il 
apprit  : 

cf  Le  sieur  d'Oraa  est  un  négociant  espagnol, 

réfugié  en  France   depuis  quatorze  ou  quinze 

ni.  18 


2^^  «Knoinrt  HiSTOiiiQrrs 

moi!  ;  waiii  il  ue  tlemciire  cpe  depuis  quelques 
jo^m  dans  ses  meubles ,  rnc  Je  b  Michodierc  ; 
iMparavant  U  logeait  rue  Pelletier,  en  f^rni. 

«  Le  sieur  d'Oma  eut  un  ami  de  la  France,  et 
ey  4  4woé  des  preuves  ;  il  était  à  Madrid  lors 
4§  U  première  inenrection  de  TEspagne;  aea 
piÎ9Cip9f  français  lui  ont  valu  toutes  seriM  4c 
persécutions  de  la  part  des  insurgés  ;  il  a  été 
obligé  de  s^enfuir  de  Madrid ,  en  réalisant  «ne 
partie  de  sa  fortune  qu'il  a  placée  eo  Pranctt  fï 
qui  lui  rapporte  aujourd'hui  environ  dif  mlU 
livres  de  rentes. 

e  Fendant  les  quatorze  mois  qu'il  a  log^  rot 
Pdktier,  il  n*a  reçu  que  trois  ou  quatre  lettres 
tMiant  d'Espagne ,  et  encore  la  dernière  est  déjà 
fl^ftstes  irf  eille  date. 

'  «  n  n*a  k  Paris  qu'un  ami  intime  «  qui  est  le 
cftnie  dlJrbina  ,  Espagnol ,  réfugié  en  France 
comme  hri ,  et  qui  jouit  de  la  meilleore  répnle- 
tion  ;  il  le  voit  régulièrement  tous  les  joon. 

«  Le  aieur  dIOraa  ne  fait  aucune  affaire  à  Paris; 
41  vit  de  son  revenu ,  et  tient  une  conduite  fort 
féfdlièw  ;  il  va  sonrent  avec  son  ami ,  M.  dUr- 
bmiit  chee  M.  le  duc  de  Frias,  ambasaadenr 
d*£ipagne  ,  oit  ils  sont  !r^s  bien  rrrus.  • 

Combien  de  dénonciations  pareilles  ne  poor- 
rait-on  pas  citer,  où  le  faux  cèle  ,  une  baine  se- 
crète peut-être ,  ont  travaillé  a  troubler  le  repea 


TIRÉS   DES   AKCBIW.  S^S 

et  compronieUre  la  liberté  ou  la  vie  dlioinmîès 
fa«DBtlM  A  tranquilles  !  Tel  est  an  dés  piégé»  &è 
la  police,  et  lorsque  l'on  n'y  tombe  pas,  il  n'en 
résulte  pas  moins  une  inquisition ,  un  espion- 
nage désagréables  pour  l'individu  qni,  en  esï 
l'objet.  '" 


■  .   '  .■  ■:,■'! 

^8*-  -Il 

On  a  pv  voir  dans  to,ut  ce  qui  précède,  en 
pIlBJi^rs  endroijts  ^e  ces  mémoires,  que,  plus 
d'une /ois  ,  la  police  avait  contribué  à  repousser 
des  caVooiQ^es  secrètes  et  à  mettre  des  hommes 
estimables  à  l'abri  de  fausses  dénoncialions  :  ce 
qui  s'est  passé  à  l'égard  de  M.  Maltebrun  -vient 
a  l'appui  de  celle  remar'iue. 

Le  nom  de  cet  écrivain  a  trop  de  notoriété 
pour  qne  je  m'occupe  a  rassembler  des  détails 
sur  sa  vie  ('l)ïje  ferai  connaître  seulement  les 
résultats  d'une  mission  d'espionnage  donnée  sur 
M.  Maltebrun,  qu'on  présentait,  en  1809,  com^e 
un  étranger  dangereux. 

Le  11   septembre  1809,  l'inspecteur  général 


(0  On  eu  iruiivc  une  nullce  ou  |>liilôt  un  oli>gc  laut  soit  peu 


de  la  police  Veyrat  recul,  à  propo«  de  rel 
homme  de  Icllres,  la  dénoociatioii  anonyme 
fQÎTante  : 

«  Le  nommé  Mallcbrun,  folliculaire  du  Jour^ 
noi  de  l'Empire  9  e%V  dangereux  pour  Télat;  je 
sais,  de  très  bonne  part,  qu*il  reçoit  de  Targeot 
de  la  Pmase  pour  faire  des  écrits  séditieux  ;  il  a 
reçu  dernièrement  une  somme  aaaex  forte  d*an 
banquier  que  je  sais  en  correspondance  avec 
TAnglelerre  ;  ceci  est  un  fait  certain.  11  tnTaiOe 
nne  partie  de  la  nuit  à  faire  des  écrits  sédilienx  ; 
il  paie  son  scribe  principalement  pour  les  trans- 
crire,  afin   que  son   écriture  ne  soit  pas   re- 
connue. C'est  lui  qui  a  fait  l'alBclie  incendiaire 
de  la  phce  Maubert ,  dans  laqneUe  on  détone 
au  poignard  trois  têtes ,  Bonaparte  «  Cambacérès 
et  le  ministre  de  la  police.  L'impudence  de  ce  rit 
et  méprisable  ap^iit  des  Anglais  ne  pent  se  con- 
cevoir :  il  a  des  amis  chauds  au  journal  de  l'Em- 
pire ,  où  la  contre-réTolution  est  désirée  avec 
impatience. 

m  Cet  impudent  étrans^er,  chassé  de  son  pajrs* 
a  sans  doute  des  agens  qui  le  senrent  dans  la 
police  «  puisqu'il  ne  se  cirhe  guère  de  porter 
ses  pamphlets  dans  svs  porlips  ;  il  les  laisse  tom- 
ber  à  df?\seiii  dans  Irs  fa^rs.  dans  les  boutiques. 

«  Cet  avis,  ji>  ne  saurais  trop  le  répéter,  est 
d'un  ami  de  l'état  et  de  l'empereur. 


TIRJBS    DES    ARCHIVES.  2JJ 

«  Il  tente  tous  les  moyens  d'avilir  là  nMion 
française.  Tous  ses  écrits /dans  le  Journal  êe 
l'Empire,  peuvent  éclairer  notre  religion 'à*  ccrt 
égard.  Il  est  inconcevable  même  qu'il  n'ait  fMb 
été  chassé  depuis  long-temps  ;  sa  conduite  e^ 
bien  connue  de  quelques  personnes,  mai» elle» 
sont  tièdes,  sans  doute  ^  puisqu'un  pareil  homttlb 
n'a  pas  encore  été  chassé  du  territoire  français. 

«r  II  n'y  a  pas  long-temps  qu'il  me  disait  '^'e 
sans  doute  il  irait  dans  son  pays.  Je  n'ai  pas  été 
dupe  de  son  artifice  ;  il  voulait  passer  en  An- 
gleterre,  quoiqu'il  a£fecte  d'en  dire  du  mkl  Mi 
apparence ,  afin  de  voiler  ses  desseins  criniMMi. 

w  Je  vai«  encore  ,  ce  soir,  l'observer  ;  jé  tous 
ferai  part  de  mes  découvertes  ;  faites,  de  votre 
côté ,  usage  de  ce  que  je  vous  marque.  * 

u  Je  vous  salue. 

«    Un  Français  ami  de  son  pays, 

tf  Plus  tard  je  me  ferai  connaître. 

«  Aussitôt  après  son  arrestation  ,  je  me  pré- 
senterai à  volrc  cabinet.  » 

A  la  lecture  d'une  pareille  dénonciation ,  ne 
semblait- il  pas  que,  pour  la  police,  il  dut  y  avoir 
un  motil'  suffisant  de  faire  arrêter  tout  aussitôt 
M.  Mallebrun  :  mais  on  est  fait  aux  exagérations 
de  toutes  borles  daiis  cette  boutique  à  révéla- 


^7^  IlillOlUS   RJSTOftlQUXS 

tîou,  La  police  se  borna  ngemenl  a  recem- 
«lander  k  M.  Veyrat  «  de  vérifier  le  plus  socrè» 
lamenl  possible ,  cl  avec  le  plus  grand  soiii  »  le 
contenu  de  cette  lettre.  »  Un  agent  adroit  et 
intelligent  fut  chargé  de  celte  nisâon  ;  il  en 
rendit  compte  dans  une  note  en  date  du  13  sep- 
tembre 1809  j  en  voici  le  contenu  : 

«  M •  Mallebrun ,  qui  vous  a  été  dénoncé  ptt 
une  leltre  anonyme  »  est  un  des  rédacteurs  du 
Jeumoi  de  VEmpirê^  et  de  plus  rédacteur  en  ckef 
des  if  unolsâ  dti  Vayage$ ,  dont  la  libraire  Buissen 
est  Téditeur»  et  qui  s'impriment  dMi  la  ymnû 
itannehomme, 

a  Les  inculpations  portées  conttPa  ku  sont 
d*une  nature  si  grave ,  et  en  ainse  leaipi 
crête,  quil  est  bien  difficile  de  iKvnir  ji 
quel  point  elles  peuvent  être  fondées. 

c  M.  Maltebrun  est  Suédois  (1)»  retiré  en 
France  depuis  huit  à  dix  ans.  Dana  les  pre- 
mières années  de  son  séjour  k  PaMat  il  |iasaait« 
aux  yeux  de  beaucoup  de  monde«  p#ttP  un  élran* 
ger  intrigant  (2; ,  qui  voulait  se  rendre  MBlé- 


tO  l.*«t»tit  Et  trompe}  lUhirliraii  était  mé  é«H  Is  Ji 
piii%imr  (Ji-|cuJaiit  du  I>-*ne::<arik  ;  atiul  pmuilt  II  W  litre  àt 
geogtffphe  datuni.  Il  \s\  im  rt  m  nu  >  iSj-  ,  «  rari%. 


TIWÉS   DBS   AHêWfPÈêi  ^^ 

ressant,  eii  se  ptétemteti^  vfétîfiie  àtk  Aéif  ètisme 
de  son  gonvernemeikt,  elqtiv  amnfMdadr  ft^âu^ 
moins  ^elques  talens,  suMout  àam  là  jgÊcl^ 
graphie.  -"  ■'-'  .:>^  ;j  î  Ul^i 

tf  U  se  lia  avec  plusieurs  gens  dé  leftM»i'ic(jrfl^ 
tribua  k  la  rédaction  de  plusîMr»  dtrVfli^  -^é^ 
riodiques  et  notamment  du  JomriKt)  dû  tEtâpire , 
depuis  quatre  à  cinq  ans.  c  !.*  ^  ^n. 

«  Il  s'est  fait  beaucoup  d'eniMUfs  «t  k  élhrtfttlÂi 
époqnes;  il  fut  même  traité  ^  dans  éfâékpLeÉj^JÊÊP- 
naux,  d'une  manière  peu  honorable  t^oupliii4t 
pour  ses  talens.  ,  ) 

<c  Aujourd'hui  M.  IVialtebruif  a  4^  P^wpar 
tions  fixes  et  connues,  qui  l^i  assmr^pt  U{ff^>fiexf 
taine  aisance;  il  s'est  fait  des  ^m^  çt  àessfjfçfir 
tecteurs  distingués.  Il  travaille^  îi  esl?  imii| 
beaucoup  chez  lui;  mais  son  double  emploi, d^ 
rédacteur  du  Journal  de  VEmpire  et  des  Annales 
des  Voyages  exige  ce  travail  forcé.  On  l'accuse 
d'avilir  la  nation  française  dans  tous  les  écrits 
qu'il  publie  et  dqns  le  Journal  de  VEmpire.  J'ai 
relu  ses  différens  articles,  et  notamment  le  der- 
nier qu'il  a  fait  insérer  dans  celte  feuille,  et  je 
n'y  ai  rien  trouvé  d'avilissant  pour  la  France. 


se  mêla  do  !)oaucoiip  d'affaires,  ou  pourrait  dire  (Tintrigues 
politiques  ;  mais  on  n'y  voit  rien  qni  rc'^'^eniblc  à  ce  qu'on  lit  dans 
la  déiioncialiou. 


«  Qtiini  aox  écriu  tédîlMux  dont  on  laccute, 
à:t'tficbe  iocandiaire  de  U  place  Haubert,  m 
Targent  qu*il  reçoit  de  la  Pmste  et  aux  pam- 
phlets qu'il  laisse  tomber  dans  les  cafés  et  dans 
Jes  boutiques ,  ce  sont  des  faits  sur  lesquels  je 
ji'ai  pu  me  procurer  aucun  renseignement. 

«  M.  Maltebron  demeure  rue  Christine,  n*  1  , 
au  2"  étage;  il  occupe,  pour  secrétaire,  un  indi» 
▼idtt  de  son  pays ,  qui  se  nomme  Friedwinck  ; 
on  Ae  OMUsaii  aucun  banquier  de  qui  il  roçoîve 
de  Târgent.  a 

Ces  renseignemens ,  comme  on  pense,  ne 
parwrent  pas  snffisans  k  M.  Veyrat  pour  éclairer 
là  péKce  sur  ce  qu*on  devait  penser  do  f4o§rmfk$ 
dmmù;  il  en  demanda  de  nouteatts  et  ordonna 
a  M:  Fondras  de  tt  continuer  de  prendre  des 
renseignemens  secrets  dans  les  endroits  que  firé- 
qifeiltiait  M.  Maltebrun,  connaître  les  persoanea 
qiTH  TÔit  et  ses  conTcrsations.  s 

De  nouYcIles  recherches  furent  donc  faites; 
en  Toici  le  résultat  : 

«  I..es  nouveaux  renseignemens  qu'on  a  pria 
sur  le  compte  de  M.  Maltebrun  ne  justifient  nnl^ 
lemcnt  les  graves  inculpations  portées  contre 
lui.  Il  s'occupe,  a  la  vérilé,  beaucoup  à  écrire, 
tant  chez  lui  qu*au  cabinet  de  travail,  qu'il  a 
elles  Timprimeur  Leiiormand^  mais  c'est  pour  le 


TIRÉS  DBS   ARGBIVSS.  sSl 

Journal  de  V Empire ,  où  il  met  de  fréquent  aiti^ 
clés ,  et  pour  le  compte  de  Fimprimeur  Buisson , 
qui  a  pris  des  arrangemens  avec  lui  pour  la  ré- 
daction des  annales  de$  Voyages  j  ce  qui  Tocçupç 
considéralement. 

«  Indépendamment  d^s  AnnaUê ,  M.  Malle- 
brun  a  aussi  composé  la  Description  de$  Qtêatre 
Parlùi  du  Monde ,  en  4  Tolumes  et  un  abrégé 
de  géographie  a  l'usage  de  la  jeunesse. 

c  En  ce  moment,  il  s'occupe  de  traduire  plù-> 
sieurs  voyages  allemands  et  anglais. 

«  J'ai  introduit  quelqu'un  chez  lui ,  sous  nj^ 
certain  prétexte ,  et  on  n'a  vu  sur  son  bureau 
qu'une  foule  de  papiers  relatifs  aux  voyages.   , 

«  Les  personnes  qu'on  m'a  citées  pour  être 
de  la  connaissance  de  M.  Maltebrun  jouissent 

d'une  bonne  réputation  ;  ce  sont  tous  ses  colla- 
borateurs au  Journal  de  VEmpire ,  dont  il  parait 
généralement  aimé  :  M.  Buache,  ingénieur  géo- 
graphe; M.  de  Guignes,  attaché  aux  relations 
extérieures;  M.  de  MontroUe,  homme  de  lettres, 
et  MM.  Millin  et  Langlcs,  membres  de  l'In- 
stitut. » 

On  ne  porta  pas  plus  loin  les  recherches;  et 
un  rapport  général  au  préfet,  écrit  dans  le  sens 
de  ces  notes,  termina  l'affaire;  mais  M.  Malle- 
brun  n'en  resta  pas  moins  au  nombre  de  ceux 


àêà  mimomm  ntroaiQUEs 

•ÉlPqtii  If  poiM  cnt  demr  tenir  las  yawi 


La  rftia  qu'il  avril  joué  en  Snède  et  en  Dane- 
tihirck ,  qnoiqoe  snbaheme ,  le  jngenenl  porté 
contre  Ini»  et  qui,  en  raiion  de  set  écrits,  le  banni»- 
alAt  de  son  paya ,  étaient  propres  sans  donte  h  le 
féridra  SMpeet  h  on  gooTememant  coaania  calai 
êè  Bonaparte;  maia  Texcèa  daa  &ila  m\ 
dans  la  dénonciatioii  la  rendail  abanrde} 
■Tant-alla  aocono  suite. 

Maltebrun  était  un  homme  entortiDé  ;  il  avait 
Irf  gdAt  de  l*iAtriguo ,  et  ce  faranl  las  circon- 
ÉMinces  et  le  besoin  qai  le  firent  anianr  al  écri» 
vain  (1).  il  atait  le  jugement  fiinm  al  aaasqnint 
était  laborieux ,  peu  profond  et  dfÊdÊHâm  îitlé* 
•ain,  fuoiqno  passablamant  màÂtài  éViail  nn 
vriai  gaaoon  du  nord. 

Ses  èttceèa  aa  Jêmmi  éê  VEwfin 
iMCuM  et  sa  célébrité  ;  il  élait  davann  la 
dfM  éfMvrina  »  par  ses  critiquas  amkna  aa 
WuiM  I  passioïknées  souvent ,  écrites  n  un  atyla 


(i)  Les  dl«po»iliont  de  lla1t«bruu  yovkr  \r%  rAlcs  polttiyiei  m 
iS»t  «Mort  HMBlrétt  cfi  i8i(.  (Hi  le  «Il  alorsflrifv  UmmAêém 
«Met  t  aaa»  les  alblfVA  da  nord.  Il  w  iraaiporU  ca 
po«r  taplclirr  U  réanion  de  U  ?(orii««Kc  •  !•  Surde,  d 
t'oppoter  •  r^?^\«t:oii  ilr  BrrnAf!o!f .  W^y  r  %iir  tout  eed  li  Ce»- 
fhyè»  éê  Mtrkmmé, 


TIRES  DSS  ARQBnrBSé  jK 

rapide  et  recherché.  Tout  ce  qui  portail  ua  ca- 
ractère de  généralité  scientifique ,  de  tendaite*ii 
la  systématisation ,  devait  être  sa  préîei  favorite ^ 
et  sa  réfutation,  lorsqfu'il  s'avisait  de  râfuteiti 
n'échappait  à  la  flagellation  des  ripostea  (](ne  par 
rimpos^iUté  de  le  retenir  dans  les  bornes  d'fii^ 
discussion  franche  et  sérieuse  ;  l'esprit  jfi^ondevr 
du  scepticisme  était  enfin  sa  passion  et  sa  loiéU 
ne  se  preqait  pas  au  sérieux  lui-même^  qitc6qHi^il 
s'aimât  beaucoup.  Ses  articles  deveftâiiént  défc 
oracle»  d'autant  plus  fâcheux  pour  ceum  coiitfb 
ksquek  il  les  lançait ,  {fue  le  Journal  Bè  VEmfiu 
était  le  phis  réjpandu  et  en  (j[uieîqèé  sorte  le*  eeai 
qu'on  lui  dans  le  monde.  TMJdur»  diispds'é  à 
fiAtlei^  l'autorké,  Maltebmh  sacrifiait  sans  éqnîl^ 
leè  auteûrsi-^'il  sav«it  lui  dépikrre.  Janvéi^da 
a  plus  abusé  de  la  facilité  d'écrire  dans  une 
feuille  publique  que  n'a  fait  Maltebrun  3  la  petite 
monnaie  des  esprits  bourgeois  le  prenait  pour 
son  oracle.  Assez  instruit  eh  géographie,  il 
n'entendait  rien  à  ce  qu'en  termes  de  la  science 
on  appelle  géographie  astronomique;  ceci  n'em- 
pêche pas  que  son  Précis  de  Géographie  qu'il  a  pu- 
blié en  six  volumes,  ne  soit  très  eslimé.  J'ai 
connu  Maltebrun  à  son  arrivée  en  France;  il 
m'avait  pris  pour  un  personnage  important 
sans  doule,  et  je  ne  sais  pourquoi;  mais,  dé- 
Irompé  de  celle  idée ,  je  ne  le  revis  plus. 


MEMOIRES   HISTORIQUEE 

Le  caractère  de  Malubmn  s'était  poartani 
amélioré  dans  les  dernières  années  de  sa  vie. 
Dereno  moins  TanileuE,  il  montrait  du  goût 
ponr  la  retraite  et  la  philosophie.  Son  éntdition 
aTtît  fini  par  lui  suggérer  des  doutes  contre  son 
scepticisme,  et  il  avouait  qn*il  pourrait  bien  y 
SToir  quelque  chose  de  certain  dans  Tasaocia* 
tion  des  sciences  qu'il  s'était  fait  un  jeu  josqne-lii 
d'isoler   les  unes  des  antres  pour  les  opposer 
Tune  à  l'antre  au  lieu  de  les  unir.  On  a  romlu 
fiûre  soupçonner  ses  mœurs,  a  cause  des  fda* 
tioDS  qu'il  se  vantait  d'avoir  avec  Cambacérès'; 
mais  quoiqu'il  lut  blond ,  asses  bien  taonié ,  el 
qu'il  cherchât  des  protecteurs ,  on  n'a  ancnne 
preuve  de  cette   odieuse   imputation ,   fondée 
d'ailleurs  sur  de  sots  bruits  Mh|ttfc  h  rardû- 
chancelier. 

Ontre  ses  traités  de  géographie  et  aea  anaiH 
breuz  articles  du  Jaurmâl  de  VEmfing  et  des 
iinneki  féeyrop WfiMi  ^  il  a  laissé  nno  invtilo  et 
fode  apologie  de  Lonis  XVI,  qu'il  pnUin  ta 
1S15  ;  il  a  donné ,  en  ISsH  ,  un  triste  écbmtillMi 
de  ses  connaissances  en  diplomatie»  dans  son 
TMêom  poUiique  de  V Europe;  c'était  bien  à  iwt 
qu*il  regrettait  que  le  hasard  ne  l'eût  point  favo- 
risé pour  entrer  dans  cette  carrière,  b  moins 
qu*il  n*eitt  ref^ardé  la  l'aune  té  de  jugement 
jointe  à  1j  lincb^c ,  à   raiiioiu'  du   travail  et  .i 


nncs  DES  ARCBJi^*.  t85 

l'ambilion,  comme  les  seule^^  qualités  néùessaires 
pour  y  réussir.  Bref,  il  se  croyait  un  homme 
supérieur,  parce  qu'il  avait  Tart  de  faire  jouer 
les  mots  ,  comme  un  joaillier  qui  montre  des 
diamans  à  la  lumière;  et  Téloge  hyperbolique 
qu'on  a  fait  de  lui  quelque  temps  après  sa  mort 
pourrait  le  faire  croire  à  ceux  qui  ne  le  connaî- 
traient que  par  cette  pièce. 


La  imm  B^Mtrdy  tireme  de  earta,  *-*  L'impéralrieê 

Joêéphine. 


Juin  i8oQ.  '  . 


L'astroTof|î JNwiiciaire  ne  s^est  pas  absohtmeat 
éteinte,  comme  on  le  suppose,  avec  Tapparition 
moderne  de  nos  prétendues  lumières  philosophi- 
ques, dont  on  fait  beaucoup  trop  de  fracas,  car, 
après  tout,  des  négations  ne  sont  pas  des  réfuta- 
tions. On  écrirait  infailliblement  plus  de  bonnes 
choses  en  safavcur  que  noshonnelesbourgeois  vol- 
tairiens  ne  sauraient  lui  opposer  d'apophthegmes 
bouffis  et  tranchans.  Il  est  vrai  que  cette  science, 
au  lieu  de  prendre  le  zodiaque  pour  livre,  en- 
veloppée maintenant  de  moins  d'apparat  qxre  par 
le  passé ,  se  rétrécit  de  plus  en  plus  dans  les  li- 
mites de  l'appréciation  des  temps  et  des  carac- 


s86  HéMmii  untNiiQUEs 

lèMt.  Lflt  femmes,  )i  cet  égard,  MUt  A^méu 
d'one  finesse  d'apperception  qu'il  ne  saurait  Hrt 
inutile  de  consulter. 

Il  a  été  fort  question,  a  une  certaine  époque, 
d*nne  tireuse  de  cartes,  nommée  Catherine 
Huart,  chez  laquelle  rimpératrice  Joséphine  et 
quelques  personnages  considérables  se  rendaieat 
pour  se  faire  dire  la  bonne  aventure.  La  cir- 
constance était  assez  controversée  pour  que  je 
voulusse  savoir  le  vrai  dans  les  récits  divers  qn*on 
en  Cûaait  #  ^a  roa4€  ;  iroiû  ce  ifêB  noa  ndkcr- 
ches  m'ont  mis  â  portée  de  déclarer  certain. 

Instruite  de  différens  bruits  sur  une  tireue  de 
cartes  chez  qui ,  disait-on ,  Temperear  loi-même 
s'était  rendu ,  pour  consulter  son  M^t  U  p«^« 
donna  des  ordres  pour  que  la  dmrie  Hnart  fl^ 
arrêtée  et  conduite  à  ta  préfecture.  Ce  liatM.  Vej- 
rat,  dont  il  doit  être  souvent  question  dans  cca 
Mémoires,  qu'on  chargea  d'interroger  cette 
femme  sur  ce  que  Ton  disait  d'elle  ;  mfifa  Ptf^ 
culièrement ,  et  sans  affectation ,  sur  ce  ^«pou- 
vait concerner  l'empereur. 

Je  donne  les  questions  et  les  réponses. 

/>.  Depuis  quelle  époque  vous  ête»-voM  lâsin 
tireuse  de  cartes  ? 

A.  Depuis  dii-sept  ans. 

D.  Vous  aves  dû  gagner  beaucoup  d'argesit 


se  wiKdMt  chw  yf^w  (x^inur  4Q[?t  9)^? 

IL  Jf^  n'jû  pas  gagné  beaucoup  d^rgm^  jt  1^ 
état;  il^t  yrai  quie  je  reçois  m^^  ^$^^9^  IE^wIa 
qu^f^j^  4is  persoa»^  iq^i  #e  r^iiden,t  q)|i^.f9i§| 
piour  c^l  4>b}et.  «    , 

captffi  $AP  Jl  y  a  )i^pt  à  b Wt  ^9  qn^  Kimfitki 

^smàsitïfi  TaUien.  $pfi  jfLmif^itX  ^9  pmiWf 

htm  Jhgré  4^  piÛ^9fMN0  ;  cpA^l^H)nMr«ÎS  H^jff 

gmiHte  pacÂ^fle  4^  jerr^e  ;  qii^#Hi;wt  ^fiWlSiMI 
d'ennemis  qui  chercherajie^jt  ii  JU^  l^v^l^ii  ^NHf 
qu'ils  n'en  viendraient  pas  à  bout,  et  qiji'ji^  «ne 

périrait  pas  par  la  main  des  hommes.  Je  djji^^ 
core  a  l'impéralrice  qu'elle  aurait  beaucQi\p  fj^ 
fatigues;  qu'elle  serait  obligée  de  suivre  son  pipui) 
dans  ses  voyages,  et  qu'elle  éprouyer^^t  b^iVWt 
coup  d'ennuis.  11  y  a  six  ou  sept  ans  qM^  je  neçmf 
la  visite  du  maréchal  Lannes ,  avant  son  .4^^^ 
pour  l'Espagne  ,  et  je  lui  prédis  qu'il  périrai^'par 
suite  d'une  imprudence  ;  je  lui  dis  m&^ie  td|^ 
quelle  manière  il  devait  se  conduire  pour  ^J}^ 
ce  malheur.  Je  lui  prédis  encore  plusieurs  <:hp^ 
que  j'ai  su  depuis  lui  être  arrivées.  J'ai  r§ÇV^9!4ffM 


TIRES    DES    ARCniVKS.  ^^ 

caractères  sur  notre  globe ,  par  Texamen  Hé  la 
conjugaison  variée  des  diiférens  corps  plané- 
taires dans  l'espace  :  problème  sublime  et  qui 
donnerait  la  clef  de  tant  d'autres  problèndes,  s'il 
est  juste  de  reconnaître,  comme  le  pressentiment 
nous  le  dit ,  que  tout  est  lié  dans  le  système  des 

mondes. 

».    '  •  '  ' 

M.  Yeyrat  lui  ayant  demandé  camftien.  cUc 
exigeait  pour  tirer  les  cartes,  elle  répondit  q^tfa 
lui  donnait  ordinairement  6  fr.  ;  que  les  geili 
peu  fortunés  lui  donnaient  3  fr.,  ou  seulemeof 
trente  sous;  qu'alors  elle  ne  leur  faisai^t  qu«  le 
jeu  ordinaire.  ^  ■ 

—  Connaissez*vous  une  dame  Dussàùlt-^r: 
guin  r 

—  Oui ,  je  lui  ai  tiré  les  cartes  il  y  a  huit  ou 
dix  mois. 

—  Vous  avez  rendu  cette  femme  malade  par 
toutes  les  extravagances  que  vous  lui  avez  débi- 
tées ;  vous  lui  avez  dit,  entre  autres  choses: 
«Voilà  un  homme  menacé  du  tabouret;  c'est 
«  un  père  de  famille,  il  ne  tiendrait  qu'a  vous 
«  de  le  sauver;  vous-même  irez  au  tribunal, 
«  vous  pourrez  y  être  acquittée,  parce  que  vouff 
«  ne  serez  pas  coupable.  » 

La   flame  Hnart   répondit  qu'elle  avait  bieiT 

III.  }9 


UQi*  MIMOtHFs    lllsIoHiMl  t> 

ilit  cela  il  la  d.imr  Srgnin .  mai*»  siîîh  inlonliun 
de  lui  iniirr. 

—  Je  lui  ait  dit  qui:  son  mari  se  coiuluîrjit  si 
mal,  ou'il  M'iMÎt  Mcn  sn.tlli'nroux  ;  qn  il  i  lier- 
chcrait  niriur  a  attenter  li  srs  jours  i)ar  sa  bru* 
talité  ;  qu'il  avait  des  parentes  ei  autres  femmes 
qui  lui  ilonnaient  des  conseils;  mais  que,  par  sa 
prudence  et  sa  douceur,  elle  pourrait  éviter  bien 
ikt  milhaurs  ;  qu'il  fallait  qu'elle  prit  garde  à 
elle,  ear  ton  mari  chercherait  k  lai  emporter 
lOQt  ce  qu'elle   avait;  mais  quSI  ne  le  ferait 

paa,  etc. 

-^  Mais,  lui  dit  l'interrogateur»  la  dame  Sé- 
guin a  eu  une  attaque  de  convulsione  dmt  rolra 
di^icile  ? 

—  Il  est  vrai  que  cette  dame  sW  trouvée  mal 
une  fois  chez  moi.  Elle  me  demanda  ai  on  ne  lui 
arait  pas  jeté  un  sort,  et  je  lui  dis  que  je  ne  pou- 
vais pas  lui  répondre  a  cet  égard;  elle  ajoota 
qu'elle  irait  à  tous  les  devins  possibles  pour  m- 
voir  si  quelqu'un  avait  exercé  anr  «Ue  qnolqno 
maléfice.  Elle  me  demanda  ladresae  de  madame 
deCalonne,  qui,  par  état,  fait  b  devinereasc,  au 
mojfen  d'un  grimoire»  et  je  lui  dis  qu*elle  démon* 
rait  dansTenccinte  du  Temple,  n*  i2.  Elle  y  lui 
tout  de  suite;  quelques  jours  après,  elle  se  rendit 
chez  moi  et  me  dit  que  la  dame  de  Calonno  loi 
avait  annoncé  que  c'était  une  jeune  femme  et 


TIHES   DIS    ARCMiKBS.  â^ 

une  femiiie  d'âge  qui  d^ercliâienl  à  la  séparer  4le 
son  Hari,  et  lut  faire  é^user  noe  autre  ^mÈip^  i 

M.  Veyiat  lui  rappela  ensutte  que  dam  Jà 
conversation  qu'il  aTait  eue  précédemitieiit  arnec 
elle,  elle  lut  avait  dit  qu'elle  savait  quelque 
chose  qai  intéressait  la  persenine  de  Temperetir) 
il  exigea  qu'elle  lui  déel^rât  ce  qa^elle  en  sàvis^ 

-—  J'w  fiit  j^usieurs  jeux  pour  Sa  Majesté^  dk>i* 
elle;  dans  un  de  ces  jeux,  j'ai  vu  pan)itire  dkmk 
km^naea  tcahres  à  sa  personne,  cbnt  un  petit» 
mince,  tm  brun,  paraisi^aot  être  d^uitpays  élMpi- 
ger  a  )a  France,  très  éloigné,  et  aysfnl  ^oyafjé 
avec  Sa  Majesté  l'Erapereur  dans  dea  déacirlaii 
Vaotre  étiût  un  grand  homme  brun,  ayant  wi 
raafque  extraordinaire  au  vis^e^  commet  ;«af 
cicatrice.  Ces  deux  hommes  paraissaient  avsair 
défà  attenté  a  la  vie  de  Sa  Majesté  dans  une 
campagne  aux  environs  de  Paris  ^  mais  n'ayant 
pu  réussir,  ils  sont  restés  inconnus,  en  raison  de 
leur  déguisement.  Us  ont  tenté  encore  plusieurs 
fois  de  l'assassiner;  mais  ils  n'ont  pu  réussir, Ji 
cause  que  l'empereur  était  escorté  (1);  et  j'ai  lieu 


(i)  Napoléon  se  faisait  peu  escorter  dans  ses  promenades,  lors- 
qu'il était  à  Saint-Cloud.  On  l'a  \u  plusieurs  fois  dans  une  pelll^ 
calèche  découverte,  rimpératrice  Marie-Louise  à  sa  droite,  fe 
promenant  au  moyen  trot  sur  la  roule  de  Paris  à  Sèvres ,  n'ayant 
que  trois  ou  quatre  cavaliers  à  cinquante  pis  derrière  lui,  et  un 
ou  deux  en  avant ,  sans  autre  train  de  suite  :  c'était  en  1810. 


2^11  Mi-:Moiiir$  insTimivirs 

de  croire  que  ces  deux  personnages ,  donl  Ynn , 
le  plus  petit  «est  un  homme  de  distînctioo  «  ci 
Taulre  dans  b  classe  bourgeoise,  tenlerool  en- 
core de  Tassassiner;  mais  ce  sera  de  nnit.  • 

Ce  fut  le  1*^  juin  1809  que  cette  explication 
eut  lieu  ;  il  en  fut  rendu  compte  à  rempereor 
par  le  ministre  de  la  police;  la  daoM  Hnarl» 
rendue  ii  la  liberté,  resta  sons  la  anr?eillanco  de 
la  hante  police. 

Sans  trop  donner  id  dans  ces  hngaleUesy  ponr 
agiter  vainement  Timagination  dn  ladenrt  car 
de  telles  prophéties  sont  dénuées  de  règles  et 
de  lumières,  nous  le  prierons  tontefins  de  se  dé- 
lier des  préjugés  philosophiques,  lesquels,  sons 
prétexte  du  droit  d*examen,  ne  permettent  pins 
d'examiner  ce  que  croyaient  ou  prementaieiit  an» 
trefois  nos  ancétrrs.  Il  n'existe  pas  nn  instûicl 
dont  on  ne  puisse  tirer  parti.  Les  grand»  décon* 
vertes  proviennent  toutes  de  l'instînct,  el  ans 
aaeêtres  nous  ont  mis  sur  la  trace  en  a'^ 
quelquefois  dans  les  ténèbres.  Ce  sont  les 
seniimens  qui  conduisent  Tesprit  humaia  à 
découvertes;  et  si,  ce  que  nous  croyons,  1'» 
ainsi  que  le  corps,  est  subordonnée  à  des  lob  d'é- 
quilibre mathématique,  il  est  certain  que  lecalenl 
lui-m^me  peut  s'élcvrr  à  b  |)révoy4nce  des 
tats universels  par  l'estime  approfondie  des  cai 
pnmordiales.  De  quel  droit  a«t-on  rois  Time  an 


TIRÉS   DES   iRGHlYISv  ^^ 

ban  des  lois  mathématiques  quand  on  toH  T^n*^ 
spiration  s'y  subordonner  dans  ses  plusfoqg^^ujs; 
élans,  et  se  revêtir  d'un  rkytfame  dans  le  ç^rvea^ 
des  plus  grands  poètes?  La  phrénologio  n'es^^H 
pas  sur  le  point  de  réhabiliter  U  cl^pmanci^?, 
Tout  admettre  sans  raisopner  est  d'un  ioji^  Xfi^t 
rejeter  avec  un  mépris  brutal  est  d'un  sçt.^Qelifi^-^à 
seul  est  capable  de  trouver  la  vérité  qipir^pèi^ 
discute,  ose  et  cherche.  Le  doute  n'çst  qu'un  j^t 
de  paralysie  s'il  ne  conduit  pas  à  l'affirmation ;^^ 


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\u 

Le  caporal  Laurel,  —  FUleê  pubÙqnes, 

Mai  1617.  , 

La  police  des  tilles  publiques,  dans  leur  rap- 
port avec  les  mililaires,  est  une  des  branches  les 
plus  pénibles  de  cette  administration ,  par  les 
mille  et  un  désordres  qu'elle  offre  journellement 
k  réprimer.  Le  goût  que  ces  lilles  ont  nécessaire- 
ment pour  les  soldats  et  les  gens  de  la  troupe 
s'explique  en  cela  que  le  soldat  est  généreux  pour 
elles;  qu'il  ne  craint  pas.  comme  leurs  timides 
amateurs  des  autres  classes,  trop  connus  dans  les 
villes,  de  se  produire  en  tous  lieux  dans  leur  com- 
pagnie, el  que  le  soldat  devient  ordinairement  le 
zélé  protecteur  de  ces  demoiselles  d.^ns  les  bastrin- 


^94  MIMOilIBS    IIISTORIQL'KS 

girat  et  cabtrels,  ne  fûl-ce  que  par  esprit  de  Mrpe, 
et  en  rertn  da  respect  qti*il  entend  qne  les  pékins 
aient  toujours  pour  son  unifonne.  Les  filles  en 
raffolent  donc  pour  ces  diverses  raisons,  et  ponr 
d'autres  qui  tiennent  ï  leur  bon  csenr.  Si  ce 
goût  les  etpose  ii  de  mauTais  traitenens  de  lé 
part  des  militaires,  de  pareils  iaconTéniens  m 
les  dégoAtent  pas;  car  ces  brutalités  ne  sont 
guère  sans  compensations.  H  n'en  est  pas  do 
même  a^ec  les  citadins ,  plus  bégMulea  et  pins 
insolens,  quoique  aussi  Yicieui.  Pftr  contraste, 
U  Yiolence  et  l'indiscipline  des  soldats  font  naître 
des  éTénemens  qui  nécessitent  h  sérérité  des 
chefs  militaires;  seul  moyen  auquel  il  soit  pos- 
sible à  la  police  de  recourir  dans  les  circon* 
stances  comme  celles  que  je  Tais  faire  coniuitre 
ici.  Ces  détails,  dont  on  acctÉsera  pasMlrs  U 
iriYialité,  ne  sont  nullement  li  dédaigner,  pnb- 

?u*ils  font  connaître  les  difficultés  de  aadfilMir 
ordre  public  Yin-avis  des  militaires,  et  entrent 
naiiirellcinent  dans  la  chronique  des  érénemêns 
de  la  police.  D*ailleiir«,  il  y  a  plus  de  soldats  qne 
de  colonels,  comme  il  y  a  plus  de  populace  que 
de  beau  monde;  et  les  irn  onv^niens  qui  se 


sent  iiur  une  grande  échelle  ont  droit  d*éTetller 
la  soliicittirlc  clr4  prfKrurs.  P.iire  fi  d'un  détail, 
i  *e?kf  s'oxpoMT  a  n»*  savoir  i!i'  v.i  ▼!••  ijiic  la  somni^ 


l'IRES    DES    ARCUITES.  agO 

Un  caporal  de  la  6'  compagnie  du  72*  r^gi- 
inent  de  ligne ,  le  nommé  Lauret ,  commandait 
dans  la  nuil  du  2  au  o  mai  le  posle  de  la  Postè- 
aiix-Letlres,  rue  Jean- Jacques -Rousseau.  En 
cette  qualité,  il  dirigeait  une  patroui'le,  qui,  vers 
les  dix  heures  et  demie  du  soir,  était  arrivée  ru0 
Croix-des-Petils-Champs,  devant  une  maison  aé 
femmes  publiques  ,  donna  l'ordre  aux  filles  qîil 
stationnaient  sur  le  seuit,  d'avoir  à  rentrer  àusn- 
tot.  La  dame  Kousselle,  maîtresse  de  îa  maison. 
fil  observer  au  caporal  qu'il  n'était  pas  encore 
rheurc.  Une  discussion  s'éleva  entre  le  caporÀI 
et  cette  fpmme;  elle  fut  emmenée  avec  une  cer- 
taine violence  et  de  mauvais  traitemens  au  poste 
du  Lycée  ,  et  consignée  jusqu'au  lendemain,  $ 
mai,  que  le  commissaire  de  police  s'y  transporta, 
prit  connaissance  des  faits,  et  la  mit  eh  "li- 
berté. 

En  revenant  rue  Croîx-des-Petits-Champs 
avec  sa  patrouille  ,  le  caporal  Lauret  rencontre 
une  fille  de  la  maison  de  la  dame  Rousselle  ,  et 
ensuite  une  autre  de  la  maison  de  la  dame  La- 
cour,  rue  lies  Deiix-Ecus;  il  emmène  l'une  et 
l'autre  à  son  poste ,  rue  Jean-Jacqucs-Rousseaii. 

La  ,  le  caporal  proposa  a  la  première  de  ces 
filles  ,  lUsc  Boubcrl ,  de  la  meUrc  en  liberliS ,  si 
elle  conseni  a  ce  qu'il  passe  la  nuit  avec  elle.  La 
convenlioii  ayant  clé  acceplOc,  Lauret  quille  son 


poste  oi  s'en  va  rouclier  avec  sa  pri»oniiicr«, 
dans  la  maison  de  la  dame  Roussclle,  eu  ce  mo- 
ment détenue  au  poste  du  Lycée;  il  y  resta  toute 
la  nuit  et  retourna  à  son  poste  au  point  du  jour. 
Cependant,  Tautre  liile,  nommée  Uosr  Hu- 
bert ,  demeurant  rlir/  la  dame  Larour,  rue  d«*s 
Deux-Kcus ,  s*étaiit  trouvée  incoromodre  au 
poste  I  pria  le  caporal  de  permettre  qu'on  allât 
chercher  pour  elle  un  cliàle  chez  la  dame  La- 
cour.  L'n  militaire  ,  autorisé  par  lui ,  se  dui^ea 
do  cette  mission  ,  et  revint ,  une  demi-heore 
après  avec  la  dame  Lacour,  qui  demanda  la  li- 
berté de  la  fille  Robert.  Après  bien  des  débats . 
le  caporal  Lauret ,  qui  n'avait  pas  encore  quitté 
son  poste  à  ce  moment ,  se  décida  à  la  faire  con- 
duire chez  elle  par  deux  hommes  de  garde  j 
nuis  I  à  cinquante  pas  du  posie ,  trois  autres  sol- 
dats accoururent  et  accompagnèrent  les  deux 
premiers  jusqu'au  domicile  de  la  dame  Lacour»  où 
il  leur  fut  ofl'ert  de  Teau-de-vic  et  vingt  sous 
qu*ils  ne  voulurent  pas  accepter.  L*un  d'eux ,  en 
entrant  dans  la  maison .  se  prit  de  la  fantaisie 
d'entraîner  la  iille  llohert  au  fond  de  l'allée ,  ou, 
sans  plus  de  fjron  ,  il  la  contraignit ,  par  quel- 
ques gourmadcs,  de  se  prrler  a  sa  brutalité.  C'é- 
tait se  conduire  comme  eu  pays  conquis,  où  l'on 
n'a  pas  le  tempA  de  demander  la  permission  des 
femmes,  et  où  on  les  assomme  pour  les  i  ourttser. 


TIH£S    DES   ARCHIVES.  HfCn 

On  aurait  très  difficilement  fait  comprendre}^  de 
pareils  butors  que  cette  espièglerie  passait' le^ 
bornes,  et  que,  même  vis-à-vis  de  la  dernière  dm 
créatures,  l'homme  quiToutrage  est  au-dessous 
de  tout.  Sur  les  réclamations  de  la  dame  La- 
cour,  qui  criait  que  Ton  n'avait  nuUemenl^  le 
droit  de  s'introduire  dans  sa  maison  pendant  la 
nuit  sans  ordre ,  et  de  se  porter  à  de  semblables 
excès,  les  militaires  prirent  le  parti  de  vi^ér 
les  lieux ,  en  disant  toutefois  qu'ils  revjea- 
draient  le  lendemain  matin  déjeuner.  Deux  ,  en 
effet ,  d'entre  eux  y  vinrent,  mettant  quelque 
fanfaronnade  k  prouver  qu'ils  ne  craignaient 
rien  ;  m^is  le  sieur  Lacour,  assez  bonne  lamei|«et 
qui  en  avait  vu  de  plus  crânes,  s'y  étant  trouvé, 
rabattit  leur  caquet,  et  ils  s'en  allèrent. 

De  semblables  gentillesses ,  ou  d'à  peu  près 
semblables  ,  furent  assez  ordinaires  pendant  plu- 
sieurs années.  Depuis  ISi^^J ,  a  Paris,  la  troupe 
avait  pris  un  ascendant  marqué  dans  les  matières 
de  police  ;  il  n'en  résultait  qu'un  surcroît  de  dé- 
sordre, et  presque  toutes  les  nuits  offraient  des 
preuves  d'inconduite  des  patrouilles  de  ligne, 
dans  ce  qui  regarde  surtout  les  filles  publiques, 
souffre-douleurs  des  héros  a  cinq  sous  par  jour. 
Le  mépris  répandu  sur  ces  sortes  de  malheureuses 
les  faisant  regarder  par  les  rigoristes  comme  k 
peu  près  en  dehors  du  droit  des  gens,  et  cela. 


1^  MMiuinis  iiisToi.ivi  IN 

diaprés  les  maiimes  à  la  modj  qu'on  trou\c  sur- 
tiMit  dans  la  botirlic  ilcx  reinmcH  (|ni  sv.  «lisf*nt 
fkonntftcs,  il  nV>t  sorlo  fl'iii(Iiunît«'S  qiK?  It* ^  ^nu- 
jilt,  ceux  qui  portent  le  liri(|iirt  p.irllc  uliîro- 
menl,  ne  se  pennctient  ;  penitant  iicul-rlrc  tra- 
vailler  de  la  sorle  à  la  vraie  rég«*nt*ration  de  la 
morale.  Ils  ne  craignent  pas  d*ctre  inhumains,  et 
^j  croient  m£me  autorisés  ;  leur  mauvaise  édu- 
catiùD  s*y  met  à  Taise.  Habitués  a  la  police  des 
▼illat  de  garnisons,  les  soldats  et  ceux  qui  les 
couunandaient  se  croyaient  «  lorsqu'ils  étaient  de 
service,  le  droit  d'arrêter  les  prostituées  qu'ils 
rencontraient,  et  d'en  exiger,  par  capitulation,  ce 
qnlls  jugeaient  bon  de  leur  demander.  La  peor 
dn  violon  et  des  avanies  qu'on  leur  lait  sobir 
entre  camarades,  qui,  mutuellement,  s'excitent  à 
faire  pis  que  pendre  entre  eux ,  était  un  moyen , 
pour  ces  hommes  ,  d'en  arriver  vis-â-vis  de  ces 
femmes  a  tout  ce  qu'ils  voulaient. 

Les  plaintes  étaient  rares ,  parce  que  Tesprit 
de  corps  s*en  mrlait  ;  il  a  fallu  lutter  fortement 
et  pied  Ii  pi(*tl ,  puur  réprimer  ce  scandale ,  dont 
le  public  avait ,  ati  rcNtc.  peu  de  connaissance 
et  encore  nioliis  di*  souci,  ut  «|ui ,  se  passant 
daiis  une  classe  nu'pri^rt* ,  d«  nu  ur.iit  dans  t'oL»* 
curité  des  bureaux  et  des  rapports  de  la  police. 

Dans  l'acte  du  lapor.d  Laurel,  on  ju^uea  né- 
(  rs^airc  de  Tiire  un  evcniplc.   On  eut  n*rours  â 


Tïidh  DÈS  JkRintavÉs.  ûy^ 

M.  le  général  Lihbiâ ,  cdiùmâtidatlt  éé  Itk  fUté 
de  Pariai;  ta  punition  fat  8étët*e  ;  pluBteùrs  mdir 
de  prison  furent  la  peine  qu'on  initgéa  àint  ixâ^ 
litaires  coupables.  Lëé  IdUrd^  coii^ri%9  -  de  îîM 
campagnes,  assez  patauds,  malgtré  l'itfnifélriirip^' 
eomprirent,  à  force  dé  cachet,  ic(u^  les  fllli^ 
tdilêes  à  la  prostitution  pbrle  ëakctèir«*o«  pbr  k^ 
jtiisèrfey  ne  deyaient  pas  être  leurs  jéiAèts  et  leuM> 
Wctiiiles;  ihais,  datis  le  fond ,  ilé  ëri  fbrëiil  if^> 
atandalisés.  ;  mi    «i  u^p 

De  son  d6té ,  Tétat-n^ajor  de  là  |^1ac«  adècfÉ^lti 
et  adiressë  encore  des  plàîtitéè  k  U  pdlltié  Mr  \ët^ 
stdteéfêcheuses  de  la  fréqtienlàtiàtt  dèM  ébldàl»^ 
soifo4)fficiers  avec  les  filles  puMi<}aési  II  il^ëilWér 
à  èM  égard ,  qbe  deux  ttioyens  de  réfotiht  triAf- 
nfètlt  Éfflcàce^.Lè  fàtnent  8cet>ti4iieB^ylëpi'ot«i^' 
tant  et  rigoriste ,  aurait  voulu  que  le  premier  dé 
ces  moyens,  expéditif,  mais  violent,  fût  employé 
pour  Henri  IV  et  dan^  rinlérêt  de  la  gloire  de  ce 
roi,  qui  fut,  en  eflfet,  grand  coureur  de  femmes. 
L'opération,  on  le  conçoit  de   reste,   ne  peut 
être  mise  à  Tordre  du  J6rur  de  l'armée;  la  patrie 
ne  trouverait  pas  de  défenseurs  à  cette  condition- 
là.  Le  second  moyen  serait  d'organiser  une  qua- 
rantaine générale   dans  le  pays,  atteint ,  jusque 
dans  la  moelle  des  os ,  de  cotte  peste  qui  vicie  les 
c^cnérations.  La  Faculté  de  Médecine  n'a  jamais 
pensé  a  nictlrc  an  ronrours  ccHc  (juestion  pjravc. 


30O  MÊMUIHM   HlSlUKJQtl.3 

qui,  publiquement,  ne  lemble  occuper  per- 
sonne ,  et  secrètement ,  occupe  ei  désole  toutes 
les  familles  de  la  France.  Ici ,  les  lâchetés  offi* 
cielles  de  notre  puritanisme  d*apparat  sont  en- 
core un  obstacle;  nul  n'ose  dire  ce  que  tout  le 
monde  sait.  Il  s'est  rencontré  des  années  oii  le 
nombre  des  soldats  qui  gagnaient  la  contagion 
a^ec  ces  femmes  était  si  considérable ,  que  las 
chefs  jetaient  feu  et  flamme  contre  le  peu  de  aoia 
que  la  police  apportait  à  surveiller  la  santé  dos 
prostituées  ,  et  lui  envoyait  les  noms  des  fcmmrs 
qui  avaient  infecté  leurs  hommes,  usage  qui 
subsiste  toiijours ,  et  qui  seul  a  été  trouvé  conve- 
nable jusqu'à  ce  jour  pour  introduire  quelque  ré- 
pression dans  cette  effroyable  partie  de  radmi- 
nistration.  En  fait,  laissant  de  coté  ka  acffvpska, 
il  s'agit  ici  d*une  affaire  de  familloi  et»  par  coo* 
séquent,  d'une  mesure  universelle  à  prendre.  U 
faut  commencer  par  la  dénonciaition  franche  el 
officielle  d'une  foule  de  charlatans  qui  «  grâce  an 
débit  assuré  de  leurs  misérables  drogues,  vnntéoa 
d'ailleurs  a  grand  renfort  d'annonces  josqve 
dans  les  journaux  les  plus  religieux  et  les  plus 
populaires,  mettent  à  profit  l'imbécile  puaîUa- 
nimité  des  mœurs ,  et  vivent  richement,  à  la  fa* 
veur  de  notre  silence ,  d'une  plaie  qui  s'enve- 
nime au  lieu  de  se  fermer,  l'n  gouvernement 
(  ommclc  nôtre  ,  donl  on  traduit  ton»  le»  jours  la 


TIRES    DES    ARCHIVÉE.  3oi 

portée  par  cette  assertion  ambitieuse  et  dou- 
teuse qu'il  est  le  gouvernement  do  pays  par  le 
pays ,  doit  livrer  loyalement  la  guerre  à  ce  mer- 
cantilisme abject ,  dût-il  se  mettre  à  dos  quel- 
ques centaines  d'électeurs ,  vampires  de  la  for- 
tune et  de  la  santé  publique.  Laisser  ce  moyen 
périodique  de  massacre  à  la  disposition  de  quel** 
ques  boutiques  de  chirurgie ,  c'est  devenir  com- 
plice des  charlatans.  Par  malheur,  en  France, 
les  choses  qui  concernent  visiblement  tout  le 
monde  sont  encore  celles  dont  on  s'occupe  le 
moins,  quoique  toutes  les  questions  bien  appro- 
fondies ,  si  triviales  qu'elles  soient ,  ramènent 
toujours  l'esprit  vraiment  libre  à  des  préoccupa* 
tions  d'organisation  sérieuse. 


Ars<  liai  (le  Justine  suisi  chez  la  iiommée  Àdnnt. 

Juillet  1817. 

Quel  est  celui  qui  ne  connaisse,  quoi  qu'il  en 
dise,  le  roman  de  Justine j  dernier  effort  du  sen- 
sualisme philosophique  k  la  iin  du  dix-huitième 
siècle,  sous  lequel  ce  siècle  a  péri  avec  ses  pe- 
liles  maisons  obscènes  et  ses  marquis  gangrenés 
par  la  débauche!...  Entre  Voltaire  et  le  mar- 
quis de  Sade ,  entre  la  gracieuse  pièce  de  vers 


iutitulée  le  Momâam,  preiteuLimcoicrun  liomine 
de  goûl  qui  rêve  le  luxe  mit  à  portée  de  tout  le 
monde  ,  et  Tignoble  roman  dt  Jostîne ,  tour  de 
force  d*uii  e»prit  voué  froidement  à  U  propaga- 
tion de  toutes  les  souillures,  entre  ces  deux  ma- 
nifestai ion«  de  la  pensée  il  y  a  Tinfini.  L*auteur 
de  Justine  a  réuni  dans  ce  roman,  qu'on  lit 
une  fois  au  n^oins ,  tout  ce  qu*nno  imagination 
dépravée  peut  concevoir  et  cféer  do  scènea  li- 
cencieuses cl  de  pbisirs  criminels.  U  ancail  dé^ 
honoré  la  vqlupté  si  Dieu  Teût  permis.  Bl^  aof 
les  seuls  moyena  sensuels  que  U  natam  f^fokm 
avoir  mis  a  la  portée  de  l'homme,  et  dMfduinl 
à  supérioriser  nos  jouissances ,  mab  m  fiûtMl 
abstraction  de  la  tf^te  et  dn  c«or  po«r  M«t  fé» 
duire  au  bas-ventre  ,  llgnorant  aaarqnia  de 
Sade  a  voulu  trouver  dans  les  idéea  de  onppKccs 
appliqués  à  des  dtres  faibles ,  des  aalisfi|ctiooa 
violentes  et  dénaturées.  Dans  son  araenal  fan- 
tastique, des  instrumens  vraiment  démonia- 
ques sent  employés  pour  réveiller  las  vignann 
engourdies,  ponr  inspirer  des  désira  aentint 
bixarres,  plus  souvent  encore  révolcans.  Qn'«i 
ne  pense  pourtant  pas  que  ces  désordres  ée 
b  dépravation  n'existent  qu'en  théorie  et  doM 
ce  livre  si  misérablement  célèbre.  Sans  rap* 
peler  aux  érudits  les  royales  obscénités  ém 
de   Naples  ,  les    révélations  sci 


TlUtS   DKS   AKCHiyKS.  ^jl^ 

Icusc^  de  Vhi&ïQir^  suvle^  orgies  deCapréei  el timt 
de  crimes  accomplis  dans  les  ténèbres  du  clailc^, 
ou  dans  le  fond  des  cellules,  le  fait  suivant  prouve 
qu'ils  ne  sont  que  trop  réels  parmi  nous.  Lea 
insirumens  de  martyre  auxquels  je  viens  de  fwlB 
illusion,  ces  moyens  étranges  et  destinés  à  ai^ 
guilloner  les  sens,  ont  été  trouvés  chez  uiie  fille 
du  mQnde;  il  a  fallu  pour  cela  des  révélations 
exprc;sses.  Dans  le$  ténèbres  de  la  vie  priy^  qti 
sait  au  juste  ce  qui  se  passe?.. •Personnellemeàf^ 
et  ^ns  vouloir  en  faire  la  dénonciation  (ear  cf 
i^'e^t  pa^  mon  métier) ,  je  connais  des  profesBMiis 
fondée  sur  ces  œuvres  immondes;  j'ai  m  ém 
jeuaes  fîUes  de  quinze  ans  et  quelquefois  paéitiii 
vivre  honnêtement  de  ces  ignobles  indosUpeè; It; 
père  lui-même  était  le  chef  de  Tateliet ,  paioè 
qu'il  faut  vivre  et  que  cela  rapporte.  On  éj^ 
que  j'invente;  mais  suis-je forcé  d'en  donner  la 
preuve?...  Dieu  merci,  non. 

Instruite  d'une  manière  indirecte ,  mais  assez 
positive,  qu'une  nommée  Adam,  tenant  une 
maison  de  prostitution  rue  du  Petit-Lion-Satdl- 
Sauveur,  recevait  chez  elle  des  hommes  <}ui  se 
livraient  a  d'étranges  déportemens,  la  police 
prit  la  résolution  de  s'assurer  du  fait  et  de 
saisir  dans  ce  lieu  tout  ce  qui  pourrait  servira 
constater  le  délit.  Que  d'exceptions  h  la  maxime  : 
—  Laissez   faire  !   laissez  passer  !   Tachez  donc 


!mM|  MI^.IIOIIltS    HISTORIQl'Fii 

«n  peu  de  concilier  les  économislet  atec  les  mo- 
nKiles. 

Un  commissaire  de  police  el  deux  inspeclenn 
se  transportèrent  chez  la  femme  Adam,  el,  après 
lui  avoir  donné  communication  des  ordres  dont 
ils  étaient  porteurs ,  procédèrent  à  la  recherche 
des  objets  désignés. 

«  Commençant  par  une  chambre  sise  au 
Sh  étage  «  disent  •ils  dans  leur  procès-verbal  du 
X  juillet  1817,  nous  atons  trouiré,  dans  «ne 
petite  armoire  pratiquée  au-dessus  de  la  porte 
d'entrée  et  fermée  avec  un  bouton ,  va  paquet 
runfermant  :1®  deux  instrumens  i|uo  Ton  nmu 
dit  s'appeler  di$eiplime$,  en  fer,  forméa  de  oMÛlIes 
el  de  pointes  aigucH ,  en  fil  de  fer  ;  «ne  étrille  en 
Ibrme  de  brosse,  hérissée  de  pointes  avasi  très 
aiguës  ;  2^  plusieurs  disciplines  en  ficelkt  MMiées 
aux  extrémités  et  teintes  de  sang  ;  S*  de«x  galets, 
deux  culottes  de  crin  ;  4"  une  culotte  et  «n  gilet 
de  mailles  de  fer  avec  des  pointes  en  dedans  ; 
6^  trois  ceintures  assorties  de  même  espèce; 
6^  deux  autres  ceintures  en  crin  ;  7*  deux  col* 
Uersde  fer  avec  leurs  chaînes,  dont  Tune  «legroe* 
seur  peu  commune;  ^  deux  instrumens  en  fer, 
avec  vis,  dont  le  plus  çrAïul  est  nommé 
cA#lls  de  piedi;  le  plus  petit  mantheM  de 
9*  en  examinant  tous  les  points  de  la  chambre • 
nous  avons  remarqué  un  crampon  6xé  an  mur. 


TIRtS    »ES    AACniVkS.  M& 

nuquel  on  attache  l'extrémilé  de  la  clinîne  du 
collier,  tandis  que  le  jiatient ,  objet  de  tortures, 
est  suspendu  ou  retenu  par  une  courroie  qui 
part  du  plafond  de  manière  que  ,  placé  entre 
deux  glaces  ,  il  peut  se  contempler  tout  le  temps 
qu'il  lui  plaît  de  rester  dans  cette  position  c5te 
de  mortifieaiion.  Après  quoi,  il  va  se  poser,  sui- 
vant te  commandement  qui  lui  en  est  donné,  au- 
dessous  du  crampon  par  lequel  sa  chaîne  est  re- 
tenue; alors,  saisissant  deux  petits  crampons., 
dont  l'un  à  droite,  l'autre  k  gaucïie ,  il  invoque 
les  peines  dites  Itagettadam.  '   ""  '"" 

■  Poursuivant  nos  recherches  ,contiiilwn('>I&t 
mêiiies  agens  de  police,  nous  avons  trouvé  dans 
une  armoire  paraltcle  à  la  précédente,  t"  un 
mors  ou  bâillon  en  fer,  garni  de  toile,  a'ouvront 
et  se  fermant  à  volonté  ,  par  le  moyen  de  deux 
charniùres,  et  dont  l'extrémilé  des  deux  bran- 
ches se  fixe  derrière  le  cou  avec  une  ficelle  5 
2°  plusieurs  chemises  ,  pantalons,  un  gilet  roufti, 
deux  bonnets  de  laine,  une  paire  de  bas  de 
même  espèce,  le  tout  formant  un  costume  (te 
galérien. 

«  Dans  le  tiroir  d'une  commode  placée  ddri& 
la  chambre  oii  nous  étions,  se  trouvaient  diTefs 
emblèmes  des  parties  sexuelles  de  l'Un  et  de 
l'autre  sexes,  formés  eu  cuir,  avec  tous  les  accès- 


•oiret  imitant  la  nature  oulragée  par  riuagc  au- 
quel l€<  consacre  la  débauche  la  plut  odieutt. 

V  Interpellée  de  dire  de  qui  elle  tient  cet  in* 
strumens,  la  fille  Adam  a  répondu  que  partie  de 
cet  objets  ont  clé  apportés  et  laissés  par  des  in- 
diwdus  qui  ont  Thabitude  de  s*en  aenrir  ei  dont 
eUe  ignore  la  demeure  et  les  noms;  qu*ik 
sont  au  nombre  de  cinq ,  et  ne  tiennent  que 
par  intenralles  ;  que  le  surplus  a  du  être  fabriqué 
et  fourni  par  un  ouvrier  de  la  rue  MonlorgueU  i 
que  ledit  ouvrier  les  a  livrés  directement  auf  in- 
dividus qui  les  lui  ont  ftyés  eusHuéuMi  g  de 
sorte  que  ces  instrumens  ne  lui  appartenant  pas, 
elle  n'en  reste  que  dépositaire  et  les  reniet  a 
celui  des  propriétaires  qui  vient  pour  en  fniu 
usage,  avec  telles  ou  telles  de  ses  femmw,  dites 

«  Inlei^llée  de  dire  si  le  sang  que  Tnn  iu« 
marque  sur  le  mur  près  lequel  l'individu  appelé 
puiinil  est  attaché  par  le  cou ,  ne  ptuvienl  pas 
de  l'excès  des  mauvais  traitemens  duni  3  est 
Tobjet,  la  Bile  Adam  a  répondu 
ment. 

V  Interpellée  de  dire  si  elle  pense  que  Ti 
qui  a  fourni  ces  instrumens  soit  en  ce  moment 
détenteur  de  semblables  objets  ou  de  tous  au* 
très  destinés  aux  mêmes  usages  ;  a  répondu 
avec  assurance  qu'il  n  en  avait  aucun ,  attendu 


TIRKS   DES   ARCHJ^YfS.  "^J 

lui  en  commande.  *  i  .,,.„ 

Voilà  bien  le  mobilier  d'ua  dça^^b^afji^  du 
ramaa  de  Justine.  On  y  devine  V^garç^p^ei^  n/ 
pelé  ,iiu  secoura  de  VioisigtQatîonpfMir  r^poof^ 
k  ce  <|ue  celte  imaginalibn  désire  çpcçiçe  >  Mwi^ 
indin^  que  la  pt^iiss^nce  d^#  ss^nsi  9^'y  t§bff^.,^ 
n^lure  eH  solljicilée  dan^  se^  seqret^  (fH^.plUf^ 
hardii;  la  Tolonté  cbm^^  «^-4«^à,  #^^  ftltolff 

m^me  pQw  ^  évoluer  à'a£kem^^^lmwh\9l^9lf^ 
U  vobi|it4 ,  d4«oa  au  bep^MM ,  aoilv  9§tp  }^fi^i^ 
4e  béfayer  t^e  langue  in<î«Aii)H^«  #  4lre  4i| 
saota  violen»  et  en  dehora  deâ  o^sç^mtéif^fnj^ 
gaÂr^a^  e«  de  produire  au  viiliw  40  noM  4<llk 
monstee».  C'est  le  maximu«D  d9i|S  Vafflfemt,^  Ktltt 
liance  de  la  volupté  et  de  réchpiCau^.»  i^  ^wrjf^ttk 
rbylhme  du  vertige.  Les  désirs  s'y  tirouvMjt  {Kfo- 
voqués  ou  allumés  par  le  supplice  de  feampL^h 
nues  et  ruisselant  le  sang  de  tous  leurs  membres  ; 
elles  ne  peuvent  crier ,  elles  subissent  forcée 
ment  tout  ce  qu'il  plaît  a  la  lubricité  de  leurs 
bourreaux.  A  quoi  peuvent  donc  répondre  cQf 
surexcitations  à  froid?  Pourquoi  tant  de  génie* 
dépensé  pour  le  désordre  et  le  mal  ?  Serait-il 
possible  d'imprimer  à  ces  forces  dépravées  ufiji^e 
direction  plus  salutaire  ?  Que  de  questions  pour 
le  physiologiste  qui  ne  prend  pas  parli  contre 
la  nature  humaine  sans  vouloir  sonder  préala- 


rio8  >u%ioincN  HisTuRivirs 

liblement  les  vtie^i   mystérieuses  de  ret  uni* 


Ters! 


J*ai  su  que ,  sur  cette  demande  bite  k  la  fille 
Adam  ,  comment  il  pourait  se  trouver  des  fem- 
mes qui  se  soumissent  a  ces  barbaries,  elle  ré- 
pondit que  celles  qui  se  mêlaient  k  ces  concilia* 
bnles  de  frénétiques  ne  se  doutaient  pas  le  moins 
du  monde  jusqu'k  quel  point  les  choses  pou- 
Taient  y  être  portées  ;  mais  qu'une  fob  dans  le 
cercle ,  tout  moyen  de  s'échapper  leur  étant  in» 
terdit,  elles  se  résignaient  a  souftrir;  qu'au  sur- 
plus, elles  étaient  bien  payées  ;  qu'elles  en  étaient 
quilles  pour  quelques  soins  et  pour  garder  la 
<4iambre  quelques  jours  ;  qu'aucune  de  aaa  fem- 
vîùê  n*aTait  jusqu'à  ce  jour  porté  plaiata ,  ai  k 
elle  ;  ni  a  Taulorité. 

-  La  fille  Adam,  akgée  de  35  ans,  aatiipe  de  Ver- 
dun, a  été  condamnée,  par  M.  le  préfet  Angles, 
k  un  an  de  prison  k  Saint-Lazare,  et  ensnile  ran- 
Toyée  dans  son  pays. 

•  Que  ne  puis«je ,  répondait  Jean-Jaeqiiee  k 
M.  de  Reaumont ,  k  propos  d'un  anathéoM  de 
l'archeTéque  contre  la  Nouvelle  Hélotse ,  faire 
succéder  dans  tous  les  cœurs  le  charme  de  la 
Tolupté  aux  désordres  de  la  débauche!... 


TJKES   DES    ARCIIIVJtS.  ,^f% 

BUU  de  }a  Proititulion  A  Pariten  1818. 

ScpIcnAre  1818.  <      ■  .■'  il-'^ 

11  est  constaté  par  un  rapjiorl  ofilciel  sur  l'élat 
sanitaire  des  filles  publiques  soumises ,  qu'on 
avait  réussi  à  obtenir  des  rtsnlials  salisfaisanj 
sur  la  proportion  de  celles  qui  sont  malades  de 
la  syphilis  à  celles  qui  sont  saines;  cette  proi- 
porlion  était,  au  mois  de  septembre  1 818,  d'une 
femme  attaquée  de  celte  maladie  sur  trente-six 
femmes  saines.  Je  parle,  bien  entendu,  dt^^ca- 
tégories  de  femmes  soumises  à  rfnTestïf^n 
de  la  police  ;  les  clisses  1>oui^eolieB  atittt'  hèn 
de  ligne.  >!.  aid 

Mais  on  s'attendait  à  voir  cette  pro{Jomon 
augmenter  â  l'approche  de  l'hiver  qui  est  la 
saison  où  la  prostitution  cl  ses  conséqnences 
prennent  ordinairement  un  ;iccroisseinent  pé- 
riodique. On  devine  pourquoi.  L'hiver  est  la 
saison  la  plus  coûteuse  pour  les  malheureux. 
On  aime  mieux  vivre  de  la  prostitution  que  do 
mourir  de  froid.  La  suiveillaucc  devient  alors 
plus  uécesisaire,  surtout  dans  un  moment  comme 
celui  dont  il  est  question  ,  où  beaucoup  de  mlU- 
taires  arrivent  à  Paris;  car  ce  sont  en  général 
les  gens  de  troupes  qui  répandent  a^ec  pli)s 
d'atlivitc  la  mnladic  dont  il  s'airit. 


Jto  MDfomti  ntromiQuis 

Un  des  graves  incooTéniens  des  armées  per- 
manentes  el  des  changemens  périodiqiies  de 
gimîson  auxquelles  les  troupes  sont  habituelle* 
ment  soumises ,  est  celte  propagation  du  mal 
Tënërien  sur  tous  les  points  du  royaume.  On 
conaait  le  go&t  des  filles  et  femmes  du  peuple 
pour  les  soldats  ;  esl-il  étonnant  que  le  mal  se 
propage  si  aisément ,  non  seulement  parmi  les 
Allés  publiques ,  mais  encore  la  classe  des  petites 
bourgeoises  libres  7 

On, va  Toir  dans  le  tableau  qui  suit  »  Télat  4m 
4»  .ffMtitution  à  Paris  pendant  les  moisdn  jnîb* 
|«|^  aottt,  septembre  4818,  c'est-à-dîra  In 
bre  des  maisons  tolérées  par  la  police, 
HJfm  fU  Jpaaison ,  celui  des  fiUes  isolées  m  la 
groportion  des    malades  k  celvi  dos 


SSII 


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TIRES   DÉS   AlliîkttEi.  5it 


4    'J-'.: 


;<»  \ 


/ 


Prcforlion  moyenne  des  deux  imalaSièi  eoMâgieuM  pi 

ee  itîmeétre, 

1  femme  atteinte  de  syphilis  star  36. 

4  femme  atteinte  de  gde  sur  447.  *         '  '  "^ 


^ùpùrli&n  moyenne  des  dèuit  malàéi^  €&lïtàjiéùiéi  pn 

le  irimèHre  précëdefU.  \'' 

4  femme  attente  de  sypb^  fut!  3S. 

4  femme  atteinte  de  gale  sur  444  (4).  ^^ 

Voyez  au  chapitre  du  DièpénÈàiire  et  àé  il 
pttistitution  dans  les  atlrihuttims  de  tâpoKèij  dt^ 
détaik  plus  étendus  sur  le  nténiebujét. 


EnUvemenl  de  Filles  publiques  à  Versailles,  — M,  le  camAe  de 

Toqueville, 

i8i3. 

M.  le  comte  de  Tocqueville  n'était  pas  préfet 
du  département  de  Seine -et -Oise,  lorsque 
M.   Pasquier,  alors  préfet  de  police,  concerta 


fi)  RapforlscVtin  Conseil  Je  6aîuhhti\  18  if). 


3lS  WÛIUIIIKS    niSiOllIQt'f.s 

cette  opération  avec  Ici  autorités  municipales  de 
Versailles  -,  car  Traisemblablemenl  il  IVtit  regar- 
dée comme  un  empiélcmeni  sur  ses  droits  légis- 
latifs dnns  cette  matière.  Je  suis  fondé  à  penser 
ainsi,  à  cause  de  l'arrêté  que  le  noble  pair  prit 
en  1816,  étant  préiet  do  la  (lote-d'Or.  On  y  dis- 
tingue tous  les  caractères  du  pouvoir  de  faire  des 
loî#  et  d'ordonner  des  peines  contre  ceux  qui  ne 
s*y  soumettraient  pas  ;  avec  une  pareille  préten- 
tion, le  préfet  de  Versailles  n'eût  pas  trouvé  bon 
que  celui  de  Paris  voulût  se  mt^ler  d'une  matière 
qui  ne  recennaitaiit  d'autre  juridiction  qne  celle 
que  ftl.  de,  Tocqueville  exerçait.  I/acle  législatif 
du  préfet  de  la  Çôte-d'Or  s*accorde  an  reste» 
en  plusieurs  points,  avec  le  système  de  police 
suivi  dans  presque  toutes  les  grandes  commnnes 
relativement  ii  l'opécaiiondont  je  vais  parler  ;-cea 
cnlèvemens,  quelque  bien  motives  qu'ils  soient, 
n'en  sont  pas  moins  illégaux ,  mais  la  natnre  àm 
mal  contre  lequel  on  les  emploie ,  semble  en  ex- 
cuser Tirrégularitél  le  nombre  des  proatitnées* 
pouvant  en  effet ,  dans  une  ville  peuplée  de  ou- 
Ktaîres ,  devenir  si  considérable,  si  dangerenx» 
qne  le  public  en  fut  incoinmodé,  et  la  tranqmililé 
compromise. 

Les  bonnes  législations  sont  comme  la  bonne 
casse ,  une  bonne  chose  ;  mais  la  santé  pnbliqne 


TIAÉS   DES   ARCHirCS.  ^t5 

vaut  bien  mieux.  Avant  d  aller  plus  loin ,  je  doig 
mettre  sous  les  yeux  du  lecteur  le  c^èbre  ar- 
rêté de  M.,  de  Tocqueville  ,  ou  plulôt  la  loi  pé- 
nale et  administrative  qu'il  promulgua ,  lontju'i) 
gouvernait  le  département  de  la  Côte-d*Or« 

«  Le  préfet  de  la  Côte-d'Or ,  chevalier  de  la 
Légion-d'Honneur, 

ff  Considérant  que  ^  s'il  ne  dépend  pas  de  Tail- 
torité  de  détruire  entièrement  la  prostitution,  on 
doit  cependant,  par  des  réglemens  de  poUce,  la  ' 
restreindre  dans  les  limites  les  plus^  étroites ,  et 
prendre  des  précautions  sévères  pour  empêcher 
la  propagation  des  maladies  sans  nombre  qu'elle 
entraîne  à  sa  suite  ^ 

ff  Vu  les  propositions  de  M.  le  maire  de  Dijon, 

A.  t  i 

arrête  : 

V  Art.  1^* .  IjCs  prostituées  de  la  ville  de  Dijon 
seront  soumises  aux  articles  réglementaires  qui 
vont  suivre: 

«  On  entend  par  prostituées ,  toutes  les  hlles 
ou  femmes  connues  pour  se  livrer  à  plusieurs 
hommes  pour  un  profit  quelconque. 

cf  Art.  2.  A  dater  du  25  avril  prochain  ,  toute 
fille  publique  sera  tenue  de  se  présenter  a  la  po- 
lice pour  faire  inscrire  sur  un  registre  à  ce  des- 
tiné, ses  nom,  prénoms,  âge,  lieu  de  domicile 
cl  de  naissance.  Passé  cette  époque,  toute  fille  ou 
femme  qui  se   livrera  à    la    prostitution  ,   sans 


3i4  w. nomes  uistoiiiqlxs 

trolr  fiiil  k  la  police  la  déclaraiioo  ci*d< 
érigée,  sera  renfermée  (1). 

An.  3.  Avant  de  se  présentera  la  police,  toute 
fille  publique  devra  s'fitre  fait  visiter  par  le  sieur 
Saumois,  chirurgien  à  Dijon,  commissionné  à 
cet  effet ,  et  obtenir  de  lui  un  certificat  consta- 
tant Tétat  de  sa  santé.  Elle  devra  aussi ,  si  elle 
n*est  pas  domiciliée  dans  la  ville  de  Dijon ,  être 
munie  d'un  passeport  délivré  par  le  maire  du 
lieu  de  son  domicile. 

«Art.  4.  Ces  conditions  remplies»  la  p^rfice  dé- 
livrera une  carte  qui  contiendra  les  nom ,  pré- 
noms ,  âge ,  signalement  de  la  prostituée  qui  Ta 
réclamée.  Cette  c;irle  indiquera  aussi  la  classe  à 
laquelle  la  prostitaée  appartient,  conformément 
a  ce  qui  sera  expliqué  plus  loin. 

•  Ail.  S.  En  tout  temps  et  en  tout  lseu«  iMila 
fille  publique  est  tenue  d'dtre  munie  du  la  cmie 
do  police  et  du  certificat  du  ckirurgien.  EUu  les 
eihibem  k  toutes  réquisitions  qui  lui  lerealfiiltu  • 


[i  )  L.4  *ui .  Tur  Joiinaiii  i-  J  •  i  ;  1 1  .  pjr  r«<*iii{«lr ,  dcfcOil  U 
«lilulion  piiMIqnr*.  rumnir  «irrinlr  »\ix  tii«riirt;  lash cUc  ne 4lt 
païqa'k  iléCaul  dVtrr  iiucritc  Mr  ud  rrgiUrr,  toat«  ^raUMiét 
•cm  renferma.  L*iiMcripiiun  ne  f«it  rien  ëu  dclic  •  et  U  pHtoa  ac 
|iN-iil  ^Irc  iiitlini^*  »  rrlli-  f{iii  %  niaTiqurrjit ,  rumnic  c-Mc  uc  pr«C 
«ii|iirlM*r  1 1 ÏV  .«i.i  *\  Mic-iii  f.  !.  I  f.-j-^'j'îi.îi  .|i-  U.  »••■  Tur^iinlltr 
•tt  kl  rii  «Mftut.  J.  Kl  '.m%i. 


min  1»  JMM^mM.  %a 

mmm  fmff  d^étre  trâfdkntt  de?  «ht  1*  tpélicà4  fui 

tAiti'O.  Le  certificat  du  ffaiffniniMi  MÉttftr 
iMt  lé  hmi  état  de  «anté  d^BlMi  fillé^  ]^ilbKqae , 
tl6  vaudra  quts  pour  nnû  aetHaintew  C1mh|ivp  fille 
pvMi^ê  est  obligée  àé  se  fiiireiriaiter  fineifaU  phr 
«Maalne ,  et  d'obtenir  im  iMirfèaa  e«itifif{at  d« 
Bàiité,  ^«ifèlle  fera  viser  par  Fagênt  de  police  de 
aèti  ({uaHieri  Les  visites  ^eroiit  ftites  à  doioioiie , 
•H  à  la  iréloiité  in  chirurgieii  i  dkez  IHtne  d'elles 
où  elles  potirront  se  réunir  j«lsi|ii^«  ttumbre  de 
sin  il  iMik.  V  j 

«r  Airl.  f .  Le  chii<nrgi^^  ne  pètiil¥tf  Migér  q«è 
tîfi^afite  ternîmes  par  visite  jt).  ' 

«Alt.  <ê.  Lorsque  fe  lîilili^gien  reolmriatti^a 
^^Mteifille  ^tfbliqu«  est  itHmét^  il  lui  retirent 
sur-le-cbaiÉip  le  certificat  dé  santé  précédem- 
ment donné,  et  sft  carte  qu'il  enverra  a  la  police. 


(i)  Oo  conçoit  cependant  qu'une  fille  ne  peut  être  tenue  d'exhi- 
ber sa  carte,  sous  peine  d'être  traduite  à  la  poHce,  qu'Ii  l'agent 
Mtorisé  ou  à  Tofficier  êe  pcAite  ;  il  y  aurait  circès  de  scf^ndale  à  ce 
que  Tautorité  se  mêlât  delà  convention  que  ferait  un  libertin  a^ec 
une  fille,  pour  qu'elle  lui  montrât  sa  carte  avant  de  faire  usage  de 
sa  personne  :  c'est  néanmoins  où  conduit  l'article  de  M.  deTocque- 
vilîc.  La  carte  de  la  police  devenait  ainsi  la  garantie  du  libertin  j. 
mais  où  était  sa  garantie  vis  à-vis  de  la  carte  de  police  ?... 

J.  Pecchet. 

(j;  N'y  aujail  il  pas  à  cxigrr  une  garantie  du  chirurgien   pour 
IvlticaLilc  de  *>cs  "visites  ^  J.  PtucHcx. 


Sl6  MÛOIIIIS   HISTOmyUb 

€0  loi  délÎTranl  un  certificat  sur  leqad  m» 
mentionnée  la  nature  de  la  maladie  doni  elle  Ml 
atteinte,  et  aa  complication  plus  ou  moins  gruide. 

cArt.  9.  Tonte  tille  publique  infectée,  qm 
sera  jogée  hors  d*état  de  pouvoir  se  faire  traiter 
ches  elle ,  par  le  chirurgien  désigné  a  cet  det  » 
sera  conduite ,  aussitôt  que  son  état  de  maladie 
sera  constaté,  dans  le  local  désigné  pour  le 
lement  de  la  maladie  vénérienne  ;  elle  ne 
en  sortir  que  sur  le  certificat  du  chirargica  «  qm 
•Uesteraqu'il  nVziste  aucun  danger  de  renlagpi^D 

«  Art.  10.  Toute  fille  publique  qui ,  dMal'»- 
lenralle  d'une  visite  a  Tautre  «  s'apercerm  i|«'clle 
est  infectée ,  est  tenue  de  s*abstemr  de 
des  hommes  chea  elle.  La  peine  à  Int  i 
pour  censé  d'inlmclion  k  cet  article  ém  lé^U» 
ment  «  sera  déterminée  par  la  police  (1). 

«  Art.  44 .  La  police  accueillera 
dea  hommes  qui  iront  porter  des  plaint 
elle ,  du  mal  qu'ils  auront  gagné  chea  les  fiflea 
publiques  (9)  ;  la  fille  publique  aéra  arrêtée 
le-champ ,  et  s'il  est  reconnu  qu'elle 
elle  sera  enfermée  ,  traitée  en  prison ,  et  de  plw 


(i)  E«l<«c  une  amende?  e»l-t:e  la  priioo  '  U.  de  TpoqtiIIW  or 
1r  du  pftf . 

(3)  A  Pferb,  la  poUce  ne  peut  t'mipfcher  d'entendu  qatifw» 
fc*ik  de  parelllr^  plalnlr^,  nuU  rllr  oc  lr«  mecm^th  pas  .  Iri  Me* 
¥%nm  MliiUlir«  quVI'r  pffKrii  rr&''inp(rnl  dr  «.riir  turpitude 


TIHKS   DES   ARCRinS.  Sl^ 

passible  ^'une  amende  qui,  dans  loua  ka  caa,  ne 
pourra  excéder  les  frais  de  son  traiteonenl  (4)«    . 

«  Art.  i%  Les  prostituées  sont  riesponsablea 
de  tout  ce  qui  se  passe  chez  elles  dç  contiraire 
au  bon  ordre.  En  conséquence  ,  toute  piN)8liliiéÉ 
chez  laquelle  la  force  publique  on  Tattion  de  la 
policé  aàront  été  obligées  de  se  porter,  swa  en*« 
fermée  sur  sur-le-champ;  la  police  fixer»  le 
tempaile'Sa  détention  (3).  •  C)   -y    »  , 

'  (T  Art.  13.  Toute  fille  publique  qui  se  permet-^ 
tra,  dans  la  rue,  des  actes  coniraires  k  la  pudenr, 
et  qni  sera  rencontriSef  sfprës  ^a  héurèa  ém  soin, 
sera' renfermée  sur-le-chaiDfp  ;  hi  iétenûtm  sera 
d'un  k  t]^ois  mois ,  sahs*  préjudice  des  poursuites 
qui  pourraient  avoir  lieu  contre  eUe  derànt  les 
tribunaux ,  suivant  les  cas  préVus  par  le  Code 
pénal. 

«  Art.  14.   A   Teffet   de   pourvoir   aux    frais 
qu'occasionera  le  traitement  des  filles  publiques, 


(i)  Un  mauvais  sujet  peut  infecter  à  dessein  une  fille  et|la  dé- 
noncer! Mais,  sans  s'arrêter  h  ceci,  pourquoi  prescrire  des  me- 
sures d'une  ext^culion  impossible?  Comment  faire  payer  une 
amende  de  ii  à  i5  francs  à  une  femme  qui  n'a  pas  souvent  une 
pareille  somme  pour  toute  fortune  ;  qui  (et  il  y  en  a  plus  d'une) 
ne  se  livre  à  la  proslilulion^ue  pour  se  procurer  du  pain  ?  Voilà 
donc  une  peine  bien  inutilement  prescrite. 

(a)  Il  est  possible  qu'à  Dijon  toute  cette  police  soit  exécutable  ; 
mais  elle  serait  impraticable  a  Paris,  d'une  manière  aussi  absolue. 


'ne  MtHoiRift  mnotigns 

o«  IîUm  iovHU  MiNwict  il  «ne  cotMlUra  (A) , 
qu'eUet  paieront  chaque  meîa.  A  cet  ellet«  la 
police  de  Dijon  dÎTisera  lea  filles  prostituées  de 
celte  ville  en  quatre  classes,  d*après  les  bases 
iuées(3). 

«  La  première  classe  paiera  4  francs  par  mois , 
la  seeonde  3  francs ,  la  troisième  1  franc  «  la 
quatrième  rieau 

ce  Cette  cotisation  sera  p«fie  d'smmos  »  ealM 
Im  mains  de  la  personne  que  la  police  il<tfgn<ra 
à  cet  effet ,  et  qui  M  pourra  être  ua  cnmpiimi  w 
de  pcike  m  ua  agent  de  police.  Cette  p^feuami 
sera  seule  dépediaire  des  fonds.  |«'élat  de  su 
caisse  aaita  a#rAté  chaque  mois  par  le  rnmmm 
sahre  de  police.  Les  sommm  à  payer  peur  lt 
traitement  des  fiHea  infectées  seront  dlKném^ 
sur  la  demande  du  chirurgien,  en  Tcrtu  d*ei|| 
mandat  de  M.  le  maire  de  Dijon. 

m  Art.  49»  Chaque  fiUe  puhlique  recevra  ^gàtr 
tsnce ,  sur  papier  libre,  de  la  somme  qu'elle  aura 
payée.  Elle  ne  pourra  refuser  d'exhiber  cette 
quittance ,  lorsqu  elle  en  sera  requise  par  la  po- 
lice. 


(  I    I^  tcrmt  m  DOOTCBU  ni  fNirvl1< 

(3  II  y  m  dan*  cet  arrêlé ,  il  maavak  et  réiréd  ^«11  Mit»  Is  f» 
dlmeol  d'noe  bftai»  mcMir*  ;  ar,  après  Umu  .  kê  «àni  ^mm  as* 
lion  doivent  ie  porfw  en  famille.  J. 


TtRÉS   DES   ARCHIVCS.  ^1$ 

(I  Ali-  iG.  II  e&t  cxpresséiiK^nt  c|*ifçn4it  4W 
ûlles  publiques  d'établir  leur  domicile  sai^IK^ 
des  édifice»  consacrés  au  culte ,  soit  dan^  \%  (ue 
du  Collège  royal ,  soit  près  des  casernies.       ,     . 

«  Art.  i7.  M.  le  maire  de  Dijon  est  clKH-g<  «|a 
sunciUer  aiirèreinent  l'exécution  du  présent  ré* 
gWmenI,  qui  sera  imprimé  et  remis,  à  la  diUf 
genoe  des  commissaires  et  ageps  da  police.,. auri 
filla*  publiques ,  afin  qu'elles  n'en  ptHSSsnfrp<é« 
texMr  cause  d'ignorance. 

K  Fait  il  Dijon ,  le  19  avril  1816. 

r  Siqné  comte  de  Toc^ueyille.  » 

On  ne  saurait  dire  si  un  pareil  règlement  eût, 
à  Versailles ,  produit  beaucoup  d'eJl'et ,  et  empê- 
ché la  contagion  et  le  désordre  que  le  nombre 
des  filles  publiques  occasionait ,  lorsijncM.  P»s- 
quîer  prit  la  mesure  dont  nous  allons  parler. 

Au  mois  de  septembre  IHIj,  le  mmistre  de 
la  police  ,  M.  de  Kovigo  ,  lit  part  au  pri;fet  de  po- 
lice des  plaintes  qui  lui  parvenaient  sur  Iç 
nombre  et  les  désordres  des  filles  publiques  à 
Versailles.  Le  préfet  fit  diligence  pour  satisfaire 
à  ces  plaintes.  On  va  voir,  dans  la  correspon- 
dance de  SCS  agens,  comment  il  s'y  prit,  et  les 
difliculttis  qu'il  rencontra. 

L'officier    de  paix   chargé    d'une    mission   a 


32Q  MKHOIRKS   IlItTORKjl'E^ 

VertaiUe!!»  a  celle  fin,  lui  écmait,  le  SB  sep- 
tembre 1813  : 

tf  Je  me  suis  rendu  a  riiùlcl  de  M.  le  comte  de 
(îavre,  préfet  de  Seinc-et-Oise.  M.  le  comte, 
après  avoir  fait  lecture  de  la  lettre  qui  lai  était 
adreasée  par  son  excellence  le  ministre  4e  la 
police  générale,  a  appelé  M.  le  comoaa 
Billaud ,  avec  lequel  je  me  suit  concerté 
opénr  ce  soir  même.  En  effet,  a  huit 
nous  nous  sommes  rendus,  accompe^ net  de  U 
force  armée,  dans  deux  salles  de  U  nie  de  Pota- 
ger et  du  Vieux- Versailles.  Nous  aYona  Ireavé 
une  grande  quantité  de  militaires,  de  lanctcrt  et 
de  gardes  d'honneur  en  société  de  femmes  pu- 
bliques.  Dans  ces  deux  bals ,  nous  en  avons  ar- 
rêté vingt  et  une  ;  elles  ont  élé  provisoirement 
conduites  dans  une  salle  de  discipline  disponible^ 
h  la  mairie ,  où  elles  ont  pas^c  la  nuit. 

Ce  matin  «  a  cinq  heures  et  demie,  nous  nous 
sommes  transporlés  avec  deux  inspecteurs  et  six 
gendarmes  dans  cliversrH  niaiiion^i  garnies  de  Tar- 
rondissement  du  sud.  Oii/.(!  fi-inmes,  et  en  plus 
mauvais  genre,  qui  étaitMil  couchées  avec  des 
militaires ,  v  ont  éir  .irrrirrs  et  conduites  au 

m 

même  endroit. 

«  Toutes  ces  prostituées,  au  nombre  de  trente* 
deux ,  furent  transférées ,  par  ordre  de  M.  le 
préfet,  à  la  maison  dnrrrf ,  vrru  midi. 


tlRFS    DES   ARCRirfefi.  Sâl 

«  Ces  deux  opérations ,  dans  lesquelles  j'ai  été 
aidé  par  M.  le  commissaire  de  police,  se  sdnt 
faites  avec  un  calme  parfait. 

«r  11  n'y  a  a  Versailles  que  vingt-trois  koiiitaies 
de  gendarmerie ,  qui  sont  chargés  en  ce  mèiéètft 
d'un  devoir  très  actif  pour  la  conduite  d-U|l 
grand  nombre  de  conscrits  réfràctaires  qui  zeM^ 
vent  dans  cette  ville.  Je  ne  pourrai  par  cpiisé- 
quent  faire  conduire  aujourd'hui  ces  feminesîila 
Petite-Force  ;  demain  je  crois  pouvpir  ^n  stvoMr 
la  possibilité. 

«  Il  y  a  beaucoup  k  faire  ici;  les,|K|iitç|(  4& 
Saint-Cyr,  de  Viroflay,  de  Villenl^'yily^inde 
Monireuil  et  le  bois  de  Satory,  sfu^vVtil^l^ 
de  femmes  sans  asile  et  tout-k-£iit jrévolfMitM^ 

«  On  m'assure  même  que  plusieurs  couchent 
dans  les  bois  et  se  rassemblent  sur  la  route  pen- 
dant le  jour. 

«  M.  le  procureur  général ,  que  j'ai  en  l'hon- 
neur de  voir,  m'a  paru  très  satisfait  de  celte  me- 
sure qu'il  m'a  dit  être  du  plus  grand  intérêt  pour 
le  fifouvernement.  » 

Les  quarante-cinq  femmes  enlevées  dans  ces 
visites  furent  envoyées  a  la  prison  de  la  Petite- 
Force  à  Paris,  deux  jours  après,  et  l'officier, 
continuant  ses  opérations,  en  enleva  encore  huit 
qui  eurent  la  même  destination.    Le   désordre 

III.  :ri 


.)SI9  MkMolHIS    lllSriiRIf^l'rN 

provoque  rarbilr.ûrti  cl  rarbiirairi;  provoque  le 
déftordrc  ù  son  tour.  VoiVa  le  renie;  cooiinent 

en  sortir.*... 

^iisi  rcxécutiuii  de  la  meMira  prodiiuil  l'jr- 
rcsJLalion  de  rinquanle^roift  feiumet  pui4i^Heft; 
«iirce  nombre,  treiile-lroisclaieiUpkuou  moin* 
atteintes  du  mal  Ténérien. 

Quelque  utile  que  fiît  celte  opmtîon ,  il  paraît 
cependant  qu'elle  éprouva  d'abord  Je  roppaaitwm 
de  la  pari  de  l'administration  de  VenaMIea. 

En  effet,  Tofficicr  de  police  qui  en  était  cliargé 
avait  écrit,  le  13  août  481S ,  k  M.  Piaaqiâcr,  que 
aVtant  rendu  chez  M.  le  comte  de  Gavre  poar 
lui  faire  part  de  sa  mission  et  recevoir  de  M  les 
nistractions  qu'il  jnf^ait  convenoMes,  cet  adan* 
nistraleur,  après  avoir  pris  comMÎsaattco  d  «ne 
lettre  à  loi  adressée  à  ce  sujet ,  par  son  oolltf 
M.  Rt^al,  lui  avait  dit  que  les  magistrulsdo  polÎM 
de  Paris  ne  pouvaient  (aire  exécuter  de  sembla* 
blcs  mesures  a  Versailles;  et  qu'enfin  il  n'avait 
pas  besoin  des  secours  et  de  TintervenlioB  de  Jb 
police  de  Paris  pour  une  semblable  opéralioo, ai 
elle  était  jugée  nt-cessaire. 

M.  Pasquicr  lit  part  aussitôt  de  colle  dificaké 
à  M.  Real,  qui  ne  manqua  pa»  d'écrire  une  aoa 
vellc  lettre  au  préfet  de  \  crsadlei  : 

«  Vou<«  molivrr.  le  refu4  que  voin  avei  fiât 


THiés  DF3  Aitawves.  !^ 

4'M^oyer  Je  sieur  DueMmi ,  «^us  M..le'lnnf 
Païqvier  ei  >Mi  «vtoM  ehav^i  d'sUer  à  Vusailléi 
ezécHler  une  mission  de  police',  svr  ce  4|iie  e«t 
officier  de  pait  n'était  point 'chargé  j^UMnlret  •«•■ 
périeurs.  C'est  précisément  em  vertu  dWJiwi 
M{>iéffiear9  que  M.  le  préfet  de  pftlice  aimàJttià- 
giié  1:1  nùssion  dont  il  s'agit,  puisque  sua  agent 
était  chargr.  par  mon  inlermétliaire  des  ordres 
du  ministre.  Au  surplus,  je  vais  soumettre  à  Son 
Excellence  (le  duc  de  Eovigo)  la  réponse  que 
vous  m'avez  failc  à  ce  sujet.  i> 

Une  lettre  de  ce  dernier  fut  donc  adressée  au 
baron  Pasquier,  où  le  ministre,  en  rappelant  les 
rnoti^  qui  avaient  engagé  à  faire  exécuter  l'enlè- 
vement des  femmes  publiques  k  Versailles,  l'in- 
vitait  a  donner  des  ordres  pour  que  l'opération 
futrecoDHBcncéeaa  JAurcpicM .  Pasqoier  jugerait 
convenable  de  cboisir. 

En  vertu  d'un  ordre  donné  en  conséquence 
par  le  préfet  de  police ,  l'officier  de  paix  retourna 
donc  à  Versailles  et  fit  les  enlèvemens  indiqués. 

La  dépense  n'en  fut  poîht  considérable.  Voici 
le  compte  qu'en  rendit  le  préfet  de  police  au  mi- 
nistre i  ta  lettre  est  du  8  octobre  1 81 3  : 

H  Monsieur  le  duc  , 

«  L'opération  qui  a  eu  lieu  h  Versailles  le  mois 
dernier,  avec  l'autorisation  de  Votre  Excellence, 


pour  rarreslalion  des  bllef  publiques  qui  aflloâienl 
dam  cette  TÎlle  et  où  elles  ii^fectaienl  de  maladie 
les  gardes*d'honneur  et  autres  militaires,  ayant 
été  terminée  avec  tout  le  succès  désirable ,  je  ne 
auia  fait  remettre  un  état  de  la  dépense  qu'avait 
occasionéc  cette  mesure;  les  articles  de  cette 
dépense  sont  : 

1*  Tant  pour  frais  de  voyage ,  de  se- 
jour,  de  logement,  de  nourriture  de  l'of- 
ficier de  paix  et  de  ses  deux  inspecteurs» 
que  pour  menus  frais  et  indemnité  aux 
gendarmes 388  Gr. 

3t^  Pour  frais  de  transport,  de  Versail- 
les à  Paris,  de  cinquante-six  femmes  ar- 
rêtées  80 

5*  En  outra ,  comme  j'ai  été  satisfiûl 
du  xèle  et  de  Tintelligence  avec  lesquels 
l'officier  Ducoures  et  set  deux  inapec* 
leurs  avaient  conduit  cette  opératioo, 
j'ai  cru  juste  de  donner  au  premier  100 
fr.  et  aux  deux  autres  52  fr.  de  gratifi- 
cation  15SI 


Total.     .     .     .  eOO  fir. 

M  J'ai  l'honneur  de  prier  Votre  Excellence  de 
vouloir  bien  approuver  cette  dépense  et  d'en  or- 
donner le  remboursement  par  la  caisse  de 


TIRES    DES    ARCHIVES.  *  3a 5 

ministère,  entre  les  mains  du  sieur  ' Arinand^ 
caissierde ma  préfecture.  b   i   i-v. 


I    .  'à-  '/.)  i 


«  Le  conseiller  (Fétat, 

«  .Sian(^  rASQUiER.  » 

Je  me  suis  étendu  sur  cet  article,  parce  (j^il^il 
en  résulte  plus  d'une*  instruction  sur  la  fiîi^dâ 
dont  la  police  procède  en  pareille  matière.  lèi 
les  lois  sont  insuffisantes,  et  les  circons^ahtes 
seules  créent  des  antécédens  dont  l'administirâ- 

« 

tion  s'arme  par  la  suite.  H  est  plus  facile  de'irèJ- 
monter  à  la  source  du  fléau  pour  le  v^inéteqiië 
d'en  étoufièr  une  par  une  toutes  les  consé^tfènèei? 
On  le  sent  bien  ;  mais  on  n'en  convient^ j^&'l 


r   • 


Chute  et  Mort  de  Madame  Blanchard  ,  aéronaulf . 

1819. 

Je  parle  de  cet  événement  tragique,  parce 
que  la  police  y  fut  intéressée ,  sous  plus  d*un 
rapport  (c'était  elle  qui  avait  accordé  la  permis- 
sion de  l'ascension),  et  parce  qu'un  sieur  Wider- 
ker,  homme  étrangement  intéressé,  sur  la  mai- 
son de  qui  tomba  la  malheureuse,  tracassa  Tau- 
torité  pour  obtenir  le  dédommagement  du  dégât 
que  Ivi  (lame  jîlancliard  avîul  occasionc  ii  sa  loi- 


390  '  MMOmU  HISTOIIIQUIS 

tlM.  lit  ladrerie ,  dans  celle  eifiresûon  « 
semble  a  son  terme  le  plus  admirable  de  sëclw 
resse.  Un  tel  (ait  mérite  d'être  oooservé  parce 
qui!  est  bistorique.  Combien  n'eût-il  pas  été  k 
désirer  que ,  sur  une  pareille  demande  »  la  po* 
lice  eût  le  pouvoir  de  se  débamMcr»  par  un 
prdre  supérieur  »  d'une  aiissi  impertinente  pré- 
tention. 

Le  6  juillet  1 819  »  madame  Blanchard  t  qoi  s*é* 
tait  élevée  dans  un  ballon  et  qui  avait  fiût  drja  phi* 
eieurs  ascensions  heureuses  »  Ait  précipitée^  avw 
ce  même  ballon  »  rue  de  Provence  »  à  dis  hewes 
et  demie  du  soir;  c'était  sa  soiianle  aaplit— 
ascension. 

Bl.  Widerker,  fort  peu  touché  d'un  pareil  ac- 
cident ,  mais  beaucoup  de  quelque  dégit  que  la 
chute  avait  causé  )i  h  couverture  de  sa  oaaîson  , 
se  rendit  chez  M.  Chardon ,  commissaire  de  po- 
lice du  quartier,  pour  se  mettre  a  même  d'établir 
ses  répétitions  en  dommages  et  intérêts  contre 
qui  de  droit.  M.  Chardon ,  très  étotoiié  de  la  M- 
cisimiition  «  mai»  enfermé  dans  le  cerole  de  li  lait 
UB  ir«insporia  donc  a  la  niaifton  do  plaignant  et 
i-oiiaiala  que ,  «  dan«  la  partie  sud  du  toit  qni 
donne  ^ar  la  me  de  Provencee ,  il  j  avait  one 
ouveriure  d'environ  trois  mfctres  carrés;  q^n 
qlMtfo  ihevrons,  d'environ  neuf  rentimètres 
carrés,  étaient  entièrement  brisés,  ainsi  que  le 


TIHES   DES   AKGUIVES.  ^2'] 

châssis  à  tabatière  d'une  fenêtre  qui  y  était  éta-* 
blie ,  ce  qui  avait  paru  évidemment  le  résultat  dç 
la  chute  de  la  nacelle  et  du  corps^de  la  dame 
Blanchard.  » 

Le  propriétaire  de  cette  maison  s'est  en  consé- 
quence pourvu  près  de  l'autorité  qui  avait  permis 
l'ascension,  pour  se  faire  indemniser  de  ce  dégâl  : 
magnifique  exemple  d'avarice  ,  et  qui ,  dans  ma 
pareil  malheur^  présentai!  quelque  chose  de  ré- 
voltant ! 

Il  est  dommage  que  les  notes  de  la  police  n'of- 
frent pas  le  chiffre  de  l'évaluation  qui  fut  attri- 
buée au  sieur  Widerker. 


"  u/: 


CHAPITRK  Ll. 


HottTdlcià  la  maio  ou  Eullctiu^dc  l*«ri».  —  Lx.  uurquis  d'Arfnt- 
•on,  mInUire  drs  aflalrcf  ctraofèro.  —  Madime  Dunblcl.  ^ 
Boreao  det  !Vouvetlc4  »  la  nmin.  —  M.  dt-  Choiicol.  —  Faiotci, 
Réclaouttont  contre  Irt  ^outellc^  •  U  main.  —  M.  5 
M.  LcQoir.  —  Corie«pnnd4itce  avrc  !a  Uo^^and^.  — 
Kaiiilar.  —  Mystification  <lii  marquis  i\r  VtiVrf^ur. 


U  ne  circula  pendant  long-temps  d'aotret 
journaux  français  en  France  que  la  GûMêiie  e€ 
ensuite  le  Mercure .  pour  instruire  le  public  d» 


MEMOIRES  HISTORIQUES  TIRES  DES  ARCHIV1&.        5^9 

nouvelles  politiques ,  des  découvertes  utile)»; 
des  décès  et  des  naissances  des  grands^  ainsi  que 
des  ouvrages  qui  paraissaient  avec  apprèbation. 
D'un  mal  résulte  quelquefois  un  bien  ;  é'est  cela 
qui  donna  de  la  vogue  au-dehors  à  notrelittéra- 
tare.  Le  Mercure  et  la  Gazette  de  France  étaient 
soumis  k  la  censure,  et  rien  de  ce  qui  pouvait  bles- 
ser les  gens  en  place  n'y  était  toléré.  La  sécheresse 
était  le  principal  caractère  de  ces  feuilles,  irittbin^ 
que  Ton  en  exceptât  quelques  articles  littéraire^ 
fournis  de  temps  en  temps  an  Mercure  par  des 
hommes  de  lettres  distingues. '*^  .     <4 

(  i 

Le  public  était  dé'dommagé^de  cette  stérîlitë 
par  les  Bulletins  ou  Nouvelles  à  la  mainj^  qii'on 
appelait  aussi  Correspondance  secrète ^  et  q«i  circu- 
laient dans  le  public  avec  assez  de  facilité. 

Leurorigine  remontait  au  ministère  deM.  d'Ar- 
i;enson  (1) ,  c'est  a  celle  époque  du  moins  qu'on 
s'apercoil  des  plaintes  du  gouvernement,  qui  en 
prit  ombrage. 

Une  madame  Doublet,  de  la  maison  de  Choi- 
seul ,  tenait  chez  elle  une  espèce  de  bureau  où 
se  rédigeaient  ces  Bulletins  qui  circulaient  dans 


{i)  RcîK'-Louis  (]c  \  <  ver  de  P.iuiniy  ,  marquis  d'Argcnson  ,  ijîs 
du  parJo  (îrs  scfniix,,  .'uic'u  n  licultnîiiil  de  police,  fut  nomnié,  par 

Louis   XV.  iiU  (Iqiarh  itiehl   <'is  iaf.rn'-s   '.'t'iii.tgriLS  ,  au  mois  de 


Puis  et  même  daiiK  les  provinces.  Ou  n'y  mena- 
geail  aucun  ilc6  p^.'rsonnagcs  en  place  (|ui  poi^ 
raient  prclcr  le  liane  ii  la  cnLi(|uf.  Le  ton  en 
était  d*aulanl  pluH  amer  que  Tanonyme  clait  de 
riguaur.  La  peur  furcc  a  Thypocrisie  et  la  lâ- 
cheté au  mensonge.  Celte  liberté  déplut  promp» 
tement  au  rui,  à  qui  Ton  ft*en  plaignit.  M.  d*.Vr* 
genson  en  écrivit  à  .M.  Berryer  «  alors  lieutenant 
de  police  ;  je  rapporterai  un  eilrail  de  sa  leCtR 
(octobre  1753). 

«  Le  roi  c«t  informé  que  madame  DooUei 
reçoit  dans  le  nombre  de  ceux  qui  yooI  chea 
elle  plusieurs  personnes  qui  débitent  des  nou- 
velles fort  hasardées  et  qui  ne  penvenl  fiûre 
qa'un  mauvais  effet  lorsqu'elles  viennent  a  se 
répandre  dans  le  public  ;  que  souvent 
personnes  y  tiennent  des  discours  pea 
et  que  madame  Doublet ,  au  Ueu  de 
une  licence  aussi  scandaleuse,  leur  permet  t  an 
quelque  façon ,  de  tenir  un  registre  qni  wml  à 
composer  des  feuilles  qu'on  distribue  dana  IMa 
et  qoi  s'envoient  mùme  dans  le,s  provinces. 

«  Une  pareille  conduilt.*  do  sa  part  ne  pondant 
que  déplaire  au  roi ,  Sa  ftlajesti*  •  avant  d^eaa- 
ployer  des  nioven»  plus  siovùrc!»,  m'a  chargé 
de  commander  que  \ous  ayez  ii  \oir  inceasam* 
ment  niadaino  Uotibirt,  pour  lui  rrprcMnler 
qu'elle  ait  à  r.iiri'  t  c.<«M*r  an  plus  tôt  un  semblable 


TIRÉS  nw  AMii^nà^  33f 

aiMÉ^  4q  éloîpiant  de  chez  elle  leep^rsotaei 
qui  condrâmenf  a  l'entretenir^ 

«  Vaas' l'avertirez  que  Sa  Maje$iét<kfe];9VAidvii 
eMUpte exactement  de  la  inanière  doîiileàcIuisM 
ie  passeront  à  rairenir,  et  que  sîrdle  vcaaîl  i| 
t'écarler  de  la  conduite  qui  lui  est  prtaerite  ^  elld 
dfeposeraita  desévénenensquiae  pouf  l'aûsnl  que 
lui  être  désagréables.  Vooa  lui  ajouterez;  quetlas 
ÂéDagemens  dont  Sa  Majesté  vevftiiîien  usèlr  k 
son  égard,  étant  un  effet  de  sa  faonlé  at  une 
grâce  pafticufière ,  elle  ne  doit  en  £df e  pi^rttà 
personne.  Je  compte,  moiMÎear,  qnë  Ianie|ae 
i^ous  aurez  parlé  à  madame  DoMUel^^  jo  n^aorai 
«  déporter  à  Sa  Maîssié  qoe  des  oènÉHnens 
d^mio  oatière  éoumissiooiy  eii  1»  reoomuûssiftee 
b  phs  paiénle  et  la  plné  ireépèitueusri  4I0  Faver^ 
lÎMOÉient  Qu'elle  veilt  bieii  lui!  doMMVè  »   r 

Mais  mmaidame  Doobkt^  wkXaà  fiitseifrs  do 
BMetiàê  à  la  itiam  ^  c)ui  ise  réumsaicfit  chez 
elle,  ne  tti(ldrent  nul  compte  des  itrjènctions  de 
M.  d'Argenson ,  d'autant  qu'en  traitait  avec  ce 
cercle  de  puissance  à  puissance,  et  qu'en  avan- 
çant de  la  sorte,  le  pouvoir  reculait  de  toute 
la  perte  de  sa  dignité.  Les  Nouvelles  à  la  main 
continuèrent  à  se  mêler  des  affaires  d'état. 
M.  de  Choiseul,  qui  succéda  à  M.  d'Argen- 
son  dans  le  ministère  des  affaires  étrangères 
ci  ([ui  y  réunissait  celui  de  la  guerre  cl  de  la 


.)Ss  MÉMOmiS    HIATORIQtrS 

marine,  ettaya  vainement  «rarreter  les  BmlUkÊê 
à  lu  main;  le  besoin  était  créé ,  il  persitlait.  Soîl 
en  bien,  toit  en  mal,  un  progrès  suit  sa  ^oie. 
Il  en  témoigna  son  mécontentement  à  la  polka 
par  une  lettre  do  mois  de  juillet  17G3.  On  y  voîi 
U  susceptibilité  du  gouvernement  et  Timpor» 
tance  qu'il  mettait  aux  bruits  faux  ou  réels  qu'oa 
répandait  sur  les  affaires  publiques. 

U  est  certain  qu'on  assaisonnait  d'un  peu  de 
mensonge  une  foule  de  vérités  importunes.  Les 
propos  écrits  ne  sont  que  les  reflets  de  prapw 
pariée,  à  U  broderie  près,  que  l'on  fait  buaacoup 
mieux,  sans  contredit,  la  plume  à  la  mam. 

m  Madame  Doublet  lait  dire  à  l'abbé  de 
teuil,  écrivait  M.  de  Ckoiseul  à  11.  de 
que  Tescadre  de  M.  de  Bleaac  a  été 
par  les  enneous  ;  la  nouvelle  de 
blet,  qui  est  busse  et  dont  je  n'ai  aucune 
sance ,  ne  fint  pas  de  tort  à  l'escadre  du  iw  ^ 
nub  elle  dit  tort  aux  papiers  publics  qui  y^ 
rient  d'après  de  semblables  nouvellea.  Je  nV 
pas  pu  m*empécher  de  rendre  compte  au  lui  dn 
cft  fait  et  de  l'impudence  intolérable  des  non* 
vcUes  qui  sortent  de  chez  cette  femme,  ma  très 
chère  tante.  En  ron!(équencr ,  Sa  Majesté  ni*a 
ordonné  de  vous  faire  connaître  que  son  inten* 
tion  est  que  vous  vouh  rendiez  chez  madame 
Doublet,  et  f|iir  vom  lui  déc-laricz  que  s*il  sort 


TIRÉS    DES   ARCHIVES*  553 

derechef  une  semblable  nouvelle , de  sa  maison, 
le  roi  la  renfermera  dans  un  couvent,  d'où  elle 
ne  distribuera  plus  de  ces  sortes  de  nouvelles  aussi 
impertinentes  que  contraires  au  service  du  roi.  > 
Ces  menaces  plus  fières  efifrayèrent  peu  ma* 
dame  Doublet;  la  Correspondance  à  la  matn  ac« 
quit  plus  d'activité  et  d'inti^f et  encore  par  cela 
même  que  le  gouvernement  s'y  opposait;  lalia* 
taille  prenait  tournure;  les  éombattans  Vaai* 
maient  j  la  police  redoubla  de  zèle  pour  se  tenir 
au  courant  de  ce  qui  se  passait  chez  celte  dame 
et  pour  connaître  ceux  qui  fréquentaient  sa 
maison.  Elle  employa,  pour  cet  effet,  un  homme 
adroit,  un  certain  chevalier  de  Mouhy,  de  l'A* 
cadémie  de  Dijon,  connu  dans'la  littérature  dé 
l'époque  par  de  nombreux  écrits,  entre  autres 
sa  Paysanne  parvenue  (1  ) ,  homme  ruiné  par  ses 
folles  dépenses,  et  qui  se  fit  espion  de  police  aux 
gages  de  M.  de  Sartines  pour  exister.  11  fréquen- 
tait la  société  des  Nouvelles  à  la  main,  et  tenait  le 


(i)  Ce  chevalier  de  Mouhy  ,'né  en  1703  et  mort  à  Paris  en  1784, 
était  de  Metz.  Ses  ouvrages  sont  autant  de  mauvaises  imitatious 
d'autres  éorils  qui  avaiLiitdela  vogue.  La  Paysanne  parvenue 
lui  fut  suggérrc  j)  1:  II-  Paysan  parvenu,  dt  Marivaux  ;  ses  . Wtf- 
moires  d'une  I') Ht'  'h'  q'uihtc  viiircMit  après  les  Mémoires  d'un 
Homme  de  quahti\  de  l'al.bt!'  î'ri'vot  ;  ses  Mille  et  une  Faveurs  y 
qu'on  aurait  pu  appeirr  les  Mille  rt  nue  Sottises ,  sont  une  plate 
imitation  des  Mille  et  une  \uits.  IS'ous  avons  de  nos  jours  plus 
d'un  chevalier  d^^  Mouhy  dans  la  littérature  et  parmi  les  espions. 


534  MKMOmiS   mtTdRHriT^ 

lieotenant  de  police  au  co«r«ttl  de  ce  q«i  t*y  en 
•ail  el  ft*y  pavait,  «f  Quoique  ma  aanlé  «  lui  éeri* 
▼ait-il ,  ne  me  permette  paa  encore  de  fiiire  de 
longuet  courtes,  je  me  ania  donné  beaucoup 
de  mouTemenl  pour  eiécoter  irot  ordres ,  bien 
fiché  de  n'avoir  pu  en  découtrir  davantage.  Il 
eat  Irèa  vrai  que  madame  Doublet  tient  depuis 
longtemps  un  bureau  de  nouTellea,  et  ce  nVot 
paa  la  aeule;  madame d*Argeiital(1), qui  eatrâ 
time  amie  de  madame  Doublet,  on  tient  m 
tre  ;  Ton  y  rédige  lea  buHetina  qui  aoot  oaauilu 
envoyée  aux  diuem  abonnés ,  tant  è  Fana  c|UO 
dans  les  pronoœs.  Pluaieuiu  pesuoanesd'un  rmig 
distingué  et  uaême  dea  ecrféaiaaiiquea  Créqnes* 
tant  la  asaison  de  ces  dames  et  leur 
quent  les  nauv elles  qui  sont  b  leur  < 

Ce  n*était  guère  que  lorsque  cea  &dlllus 
toMÛont  des  choaes  désagréables  aux  grandi  et 
aux  ministres ,  que  la  police  appeaantiaaait  aoa 
bras  sur  leurs  auteurs  ou  les  menaçait  de  ses  li- 
gueurs. Autrement  on  les  laissait  aller  en  paix  41 
circuler  ii  leur  aise ,  sans  se  douter  que  foo 
une  occupation  à  Tesprît  public,  et  que  l\ 


(t ,  Uadane  d'ArgraUl ,  dooi  il  rtl  ici  qyentoa,  teêl  k 
d*iio  ambMHdcur  étraoflvr  k  Parit .  avec  q«i  Vtillalrv  «I  Im 
de  Irttrm  ^uicQt  en  correapoodaDor.  M.  i1'li|iaf1  tek 
homme  de  ktira»,  el  a  laiiaé  de  trà  Jolta  ?ert.  Mort  m  •; 


TIRÉS   m»    ABGHIVES.  iSS& 

gence  ^i^enant  de  plus  en  pki^  aciU^,  ies  Mou-> 
Telles  a  la  ma'm  prendraient' plus  de  mar^.  9h 
en  vil  un  exennple  Térs  l'époque  dont  il  est  fei 
qaeslîon.  Dans  un  bulletin  de  Tannée  176à,  il 
arait  élé  dit  que  M,  d'Hérou ville  Tenait  d*êtt* 
nommé  par  le  roi  pour  comn^ander  l'armée  en 
f  latedre ,  et  que  M.  le  prince  de  Beanvau  était 
destiné  à  servir  dans  cette  partie,  le  roi  nzyittit 
pas  vonhi  le  faire  servir  dans  la  même,  artdée 
ooe 'M.  die  Castries. 

C^en  fat  assez  pour  exciser  la  bile  de  M.  "Ae 
Cbor5eu1;il  écrivit  h  M.  deSartines  :  ^  ^xm^yùn- 
éreziiien^,  monsieur,  faire  venir  chézTotlÉle 
faiseur  de  ces  bulletins  ridicules,  et  lui  dire^e 
vous  le  ferez  mettre  au  cachot  s'il  s'avise  Ae  tàWe 
paraître  aucune  feuine  qui  n'ait  pas  été  revue  de 
la  part  de  la  police.  Rien  n'est  plus  indiscret  lit 
plus  contraire  a  Tordre  pubTic  que  de  souffrir  de 
pareilles  distributions  de  nouvelles.  L'intention 
du  roi  est  que  vous  réprimiez  avec  sévérité  cette 
liberté  indécente.  M.  le  prince  de  Beauvau  de- 
mande avec  raison  la  rétractation  du  bulletin, 
qui  se  (ait  chez  madame  à'Argental.  Comme  ce 
prince  est  fait  à  tous  égards  pour  obtenir  la  satis- 
faction qu'il  peut  désirer,  je  vous  serai  obligé  de 
concerter  avec  lui  les  moyens  de  lui  donner  celle 
qu'il  demande  en  cette  occasion. 

«  Le  dlc  de  Choisedl.  » 


M.  de  Beauvau  obtint  naliiiraclion  ;  la  nouTcUe 
fat  démeiilie  dans  un  builelin  suivant;  mais  tout 
le  monde  nut  c|uc  c: 'était  par  ordre  \n  la  police. 

Ces  Mouvtilies  II  lit  main  douiiairnt  apparcm- 
menl  de  î;rus  bénriices;  rar  le  nombre  des  dame» 
qui  en  ctnitMit  diri*rlrir«rA  s'augmentait  chaque 
jour,  et  Uis  bruits  souvent  les  plus  faux  s'aecré- 
ditaient  avec  cl*aulaiil  plus  de  facilité  qa*il  n'y 
avait  pas  moyen  de  les  réiuter  par  des  aitidea 
patens,  insérés  dans  d«>s  feuilles  publiques.  Dé- 
mentir certaines  usscriions,  c'est  leur  donner  de 
la  vogue ,  parce  qu'on  n'ignore  pas  qae  k  poo- 
f  oir  ne  se  fait  pas  f'jute  de  mentir  Ini-nénie.  Et 
qu'est-ce  qu'une  autorité  matérielle  sans  autorité 
morale  ? 

M.  de  la  Vrilliire,  parvenu  an  minialèfc,  se 
mit  en  tt^te  de  couper  court  a  cet  abus;  on  verra, 
en  effet,  par  les  l'ragmcns  que  j*en  rapporterai, 
qu'il  était  bien  autrement  craint  que  tout  ce  que 
la  presse  b'est  porniin,  nit'me  depuis  quelque 
temps,  en  Franrc.  l/es|)èr('  de  clandestinité  dea 
Nouvelles  à  la  main  pcnnci  tait  d  y  consigner  des 
anecdotes  scandaleuM.*N  en  nommant  les  per^ 
sonnes,  ce  qu'on  n*OM  rail  {i.ih  se  permettre  an- 
jourd'hui.  Ce  ministre  rciutuniaïuL  donc  à  M.  de 
Sartlnes  un  redoublrnimt  dr  «^(irxcMllancetetl'an- 
lorisa  a  auir  avri*  l.i  |iliis  gr.indc  ri^urur  contre 
les  auteurs  d(ï  bulletin*»  vi  (-(ii:lro  ceux  qui  en 


tenaient  bureau.  Mais  il   en  fut  de  cet  ordre 

rigoureux  comme  de  tous  ceux  qui  avaient  été 
donnés,  Les honiniGS publics,  les  gens  du  mondé^ 
des  niagistr<t(s,  des  évéïjues,  étaient  abonnés  aax 
INouvelles  à  ta  main,  et  la  police  elle-même  tirait 
paru  de  ces  feuilles  comme  d'un  contrôle  à  son 
espionnage  et  d'un  guide  pour  suivre  certaines 
intrigues.  De  tout  temps,  en6n ,  il  s'est  troafé 
nombre  de  gens  pour  jouer  un  double  rôle,  cl 
l'efipionnage  fournissait  alors ,  comme  aujour- 
d'hui, son  continrent  de  matériaux  au  journa-- 
lisme.  Je  ne  dis  pas"  qu'il  y  ait  une  identité 
absolue  entre  ces  deux  spécialités  ennemies,  tnaïÀ 
il  y  a  des  rapports. 

Outre  ces  bulletins  qui  circulaient  dans  l'inM-^ 
rieur,  il  y  avait  une  correspondance  élabHM 
entre  les  gazeliersdc  Hollande  et  les  nouvellistes 
de  Paris.  Ces  derniers  taisaient  passer  aux -a ufre» 
des  nouvelles  qui  paraissaient  dans  leurs  feailles. 
On  s'abonnait  en  France  aux  gazettes  d'Utrecht^ 
d'Amsterdam  et  de  Lcyde,  pour  savoir  ce  qn 
se  passait  à  Parisj  ce  métier  était  lucratif,  «b 
avantageux.  M.  de  Vergennes,  plus  ombrageux 
que  personne  sur  ce  qui  le  touchait,  manifestait 
une  grande  aversion  pour  une  pareille  conret- 
pondance;  il  y  signalait  une  tendance  d'esprîc 
très  contraire  aux  véritables  intérêts  de  b. 
France,  et  propre  à  donner  de  toutes  parts  m| 


S5ft  MMOIRM    IlIftTOIIIQCCa» 

fiui«ste  crédîl  à  des  luensonfn  sur  Ut  îiitonlîaiit 
•t  1m  tuet  du  gottverneni€nL  La  protaclMH 
awUt  ou  la  hâino  mercaulile  des  gaielien*  «i 
•o  eflbt  une  cause  de  transes  conlin«elles.  Des 
secours  maladroits  ou  des  haines  sna  lamièfc, 
ToUkrallernalivei  M.  de  Vergennes  s'y  apf  tau  ds 
tant  SMi  peuipoir»  mais  Tainemént;  et»  dn  ta» 
IM»^,  cname  a^nnt,  les  gazeues  de  Wellende 
conlionèrent  h  donner  les  nouvettes  de  In  ennr 
eo  tranaerivant  les  buUetina  qui 
\ayéa  de  Paria. 

|i#  minialre  dee  aflairéa  éiiattgèws 
casîon  de  «anifealer  son  epîni 
tiens  des  gaaetiers,  que  je  compare 
^eMwssi  fmém  fnà  ont  fait  tant  d 
ilfrtrotempat  etanrtant  pendant 
cepmn  et  aona  le  minîatère  de  M. 

H.  Soard  (4),  en  m  qnaKtd  do 

■  H ■     ■    ■ 

■  ■  •  •  • 

(i^  1|«  aesrd  «  M  «I  de»  UnéraiMn  lii 
4srokr  rièdt  ;  il  ftil  oeoiear  rojral  de  U  polio 
fllllr*»  Mfeiteire  dtT Aeodémie  f roBOilic ,  Irèi 
•Ué  itt eew  do  lottm  Ifo  plw  céMbrw. 
r«bbé  MoRlId ,  doei  il  dillèraii  ooum  por  h  fâÊÊmm  m  r«b 
biBlté ,  qiM  par  le  Ulenl  d*écrLr«  ;  d*eieellcw  oeviafn  ises 
ibrtfc  ëè  û  plume.  W.  Garai .  rancira  ministre  de  U  p^Qn,  ■ 
donne  osf  V»  Smrd  drs  Mémolrpe  înt^remaiii ,  es  onv  Ssrfi  ^N^ 
Imdci  Id>8*. 

M-SoaHéUlt  royalUlc  «l'opinUNi  ;  n\u\%  il  fat  loMroM  A 
fllBrddrtr^publioBlnft.donl  II  lav.  lUappiVcierlrgrBod 
tel  errvwv  et  Ico  ricè«^«>ii  #^ff  en  dfsll  de 


TmKs  DES  iHcmvts.  %9 

police,  avait  dos  relations  lialiîlueltcs  avec  M.  Lc- 
noir;  il  lui  présenta  un  écrivain  qui  9e  proposait 
de  iaire  passer  aux  gazeliers  de  Hollande  des 
bulletins  de  nouvelles  si  l'on  voulait  lui  en  accor- 
der la  penuissiotij  iiioiihint  qu'il  s'engngcaît  a 
o'y  iuKérvr  uucnne  réUexioii  pour  ne  ijlcsscr  »jui 
que  ce  fut. 

M.  Leiloir  permit  à  M.  Siiard  d'en  écrire  à 
M.  deVergennes  que  cela  regardait  corame  mi- 
nistre des  affaires  étrangères.  Celui-ci  n'aurait 
pas  voulu  Siins  doute  se  priver  hii-mcmc  des  res- 
sources d'une  pareille  c(rrresptmdance  privée  ;  mais 
il  ne  voulut  pas  en  donner  te  droit  à  un  simple 
particulier;  il  répondit  donc  a  M.  Lenoirfl)  : 

«  J'ai  reçu  la  lettre  qne  vous  m'avez  fait  ITion- 


plusicurs  d'entre  eux.  Il  ne  confondait  point, BTec  les  républicains, 
des  homme»  obscora  qui  se  jelaicni  dans  la  ré'olullon  pour  l'y 
enrichir  et  l'iibtindonner  ensuite.  11  niouait  leur  dévouement ,  on 
Uiimant  leur  gûiiit:  criard,  et  leur  reconnalsuit  de  la  puissanoe 
en  leur  niant  des  lumières.  Parmi  les  élémens  qui  doivent  régir  le 
monde,  le  HpuWiarnistne  est  encore  rélémcnt  le  plus  vigoureux, 
car  il  a  de  l'âme  et  des  bras;  son  malheur  est  do  ne  pas  avoir^dc 
téle;  ses  éludes  sur  les  dévelapprinens  de  la  tibcrlé  sont  tronquées 
et  illogiques  ;  il  n'a  pas  le  secret ,  il  n'a  que  l'instinct  de  sa  force. 
Ihi  dogme  d'of^anisation  doit  porter  en  lui-mL'mesa  saDCtioDjei, 
toutefois, .jusqu'à  ce  jour,  les  plusCuugueux  raisomieursdu  yarti, 
Iremblcurs  secrets  ,  se  sont  arrêtés  a  mi-  chemin  ,  cl  ont  rtbroussé 
devant  la  plupart  des  conséquences  qu'eniraîue  ce  mot  de  hberié 
tl  pea  défini ,  malgré  tant  de  controverses  en thoa blattes. 
(.)  Jaillet  1791. 


'^I^n  MkMOII'.CS    IIISKiP.Kil  In 

neur  de  in'écrire,  el  celle  qui  y  élail  jointe  «le 
M.  Suard,  touchant  la  permission  que  demande 
un  parliculicr  inconnu,  d*établir  une  correspon- 
dance de  nouvelles  iivcc  un  gazelier  de  Hollande, 
sous  rotfrc,  dr  la  pari  du  Tanonymc,  de  se  faire 
connailrr  et  desounirlire  sa  correspondance  a  la 
censun:. 

«  Vos  réflexions  sur  cette  demande  m*ont  para 
pleines  de  sens  et  de  raison.  Apres  les  avoir 
bien  pesées ,  je  pense  que  les  înconTénieos  de 
la  tolérance,  en  pareille  matière,  remportent 
sur  Tutililé  qu'on  pourrait  s'en  promettre,  mémo 
sous  la  surveillance  de  ladmiiiistration.  L*e%pé» 
rience  nous  a  convaincus  que  de  lootes  les  rlaitra 
des  écrivains,  celle  des  nouvellistes  à  gages  est  U 
plus  diflicile  à  contenir.  Quel  homme  sage  osera 
se  rendre  garant  de  la  c  oiidiiiie  d'un  bnlletîliâste, 
qui  calcule  ses  profils  sur  le  nombre  d'anoolotefl 
secrètes  qu'il  pourra  n*cueillir?  Kt  quel  honmo 
lionn<^te  se  permeltra  d'accepter  uœ  pareille 
commission,  après  l'abus  que  d'autres  en  ont  faîi 
et  la  honte  qu'ils  y  ont  imprimée?  Je  suppose 
cependant  qu'un  homme  d'une  prudence  recoo- 
nue  obtienne  la  permission  qu'on  sollicite,  et 
qu'il  en  soit  dip;ne  personnellement,  il  ne  pourra 
pasemprcher,  uLilgrc  s.i  xages^,  que  le  gaxetier 
avec  lequel  il  sera  autorisé  à  correspondre 
n'emploie  de!(  moyens  drtournrii  pour  se  pro* 


TIRÉS    DES    ARCHITSS^  34Î 

curer  des  nouvelles  particuKères  et  souvent  pé« 
préhensibles ,  et    qu'il    ne   les   débite  dat»  sii 
gazette.  Qu'arriverait-il  dans  ce  cas?  que  lé  pu- 
blic  se  plaindrait  d'une  tolérance  légèrement 
accordée;    que   les    particuliers   demanderont 
justice  de  la  méchanceté  ou  de  Tindiscrélion  du 
gazetier;  que  Tadministralion  sera  rédciitè  à' tk^; 
nécessité  de  sévir  contre  le  correspondant  conltA^ 
et  censé  coupable  malgré  les  protestations  d# 
son  innocence;  que  le  public  et  les  particuliers^ 
fondés  sur  un  seul  exemple  de  tolérance,  iniMi- 
teront  au  gouvernement  toutes  les  impertiilcncift 
des  gazetiers  étrangeirset  de  leurs  côrresponflbns 
ténébreux.  Ces  observations,  jointes  à  celk^  qtM 
contient  votre  lettre^  monsieur,  me  confirlAlètit 
dans  l'opinion  que  nous  ne  devons  point  ànto^ 
riser  ni  reconnaître  de  correspondans  français 
avec  les  gazetiers;  que  ce  genre  de  commerce 
doit  continuer  a  cire  prohibe ,   et  que  ceux  qui 
s'y  livreraient,  malgré  la  prohibition,  doivent  être 
sévèrement   réprimés.  Je  compte   toujours  sur 
volrc  vigilance  pour  éclairer  leur  conduite.  Des 
avcrtisscmens  sccrels  et  des  conseils  de  douceur 
peuvent  en  ramener  quelques-uns  d'un  égare- 
ment passager.  Des  penchans  pervers,  Thabitude 
et  l'esprit  d'avidité  ont  rendu  le  mal  incurable 
chez  d'autres;  les  conseils  sont  impuissans  pour 


34^  MÛIOIRES   HISTOlUgUtS 

ceaz-d,  el  les  moyens  de  rigvenr  sont  les  ee^b 
^i  poissenl  leur  conirenir. 
9  J'ai  l'konnear  d*èlrei  elc. 

V  De  VnGEmm.  • 


Celle  pièce  est  curieuse ,  comnM  élua  «do  do 
celles  du  procès  engagé  entre  le  poirrov  ol  ki 
frondeors  du  pouvoir  sur  leur  coatrco  wéA^ 
proque;  commerce  d*arbitrairo  d*«M  pwt«  cooi* 
Borce  de  médisance  de  Taulre,  Cooduo  ^êê 
Toodra  I  Les  avocats  respectîbont,  flomnl 
niion  de  part  et  d*atttre. 
.  Je  citerai  encore  un  fait.  Le  7 
M.  de  Vergeanes  écrivait  h  M.  Lonoir  i  •  Le 
aiow  Dm  Essarts»  auteur  de  la  GeHMt 
d'Vîrêclu^  a  donné  lieu,  pluieim  Ma,  k 
plaintes  sur  la  licence  de  cette  liiaiUob  ^ 
ment  encore  dans  deux  arliclea  coImbmni  «I 
QUtrageans  pour  MM.  Fleury  et  do  G 

c  8ur  b  réclamation  des  parties  i 
i'oi  écrit  a  l'ambassadeur  du  roi,  k  la  Haie, 
a  fiiH  réprimander  l'auteur  par  les  mogisirols  de 
la  ville  d*ljlrerlit.  Ot  écrivain  a  reni  lu  léprî- 
mando  avec  quel(|uc  apparence  de  repentir; 
il  a  ^n  mAme  temps  adressé  à  son  c 
dant«  ;i  Pari«,  mu*  lettre  d.ins  laquelle  il  tonmc 
en  riHirnIf  les  Iwinr ;iirmr«»treH  hollandais  H  leur 
iiirri  tiri  t!r  .  «t  r<*i  oiM':i.ni  !r  ;i«i  f  orre«pondant 


w 


TIluis  DES   AEGIHVSf.  $4$ 

de  w$  n^n  changer  à  «es  bvUejUna  $  ir^nolii  iJb 
conserver  à  sa  galette  TaTantage  4$  fêkt^  en  ïmA, 
tiiivanl  son  expression. 

*«  L-inaolfsnce  obstinée  de  ce  gaietier  neu  « 
déteraiiné  à  intecdire  l'entrée  et  le  débit  de  sa 
feuille  dans  le  royaume,  le  uÉarque  à  M.  d'Of 
gjay  (1  )  de  donner  des  ordi^  en  censéqwvlwe 
an  bureau  des  gazettes  étrangères  ;  j-ea  infamin 
M.  de  la  Vauguyon  (2)  et  lui  mande  dé-^paév^ 
nir  le  sieur  Des  Essarta  ,  en  Favertissânt  que  sH 
tombaibl^  dfH^  d^4  écarts  semblables  a  ceux  qu'il 
a  a  se  reprocher ,  nous  poursuivrions  sa  punir 
tidU'  penonnèlle  auprfes  dés  état^géiiérsMs^  de 
ta  pré4iiice  dTftrëcht.  Le  cdrrespôhdénl:  Aef  ÎSèb 
Essarts,  qui  l'est  éh  même  ténii^  d^autr^^^é- 
tiérs,  tels  que  celui  de  BruieHiéa,  est  littmur 
Foalhioux,  logé  à  Paris,  maison  du  magasin  dés 
eaux  minérales,  rue  Plâtrière  ;  il  reçoit  ses  let- 
tres sous  le  nom  de  la  demoiselle  Rosalie  Thon- 
nos,  qui  n'est  autre  que  sa  femme.  Il  s'est  avoué 
auteur  des  bulletins  dont  le  gazetier  a  tiré  les 
deux  articles  qui  forment  le  corps  du  délit.  Une 
pareille  indiscrétion  mérite  un  châtiment  exem- 
plaire; mais  son  aveu,  d'un  côté,  et  la  présomp- 
tion  qu'il  y  a   eu   plus   d'imprudence  que  de 


(i)  M.  le  baron  d'Ogny  iHhiI  inlcndant  di-s  portes. 
(i)  C'cUit  rnmbassad'»wr  de  France  h  La  Haie. 


/   » 


maiivaiHe  iiitcnlîon  dan»  na  conduite ,  nnoa  mil 
déterminé  à  ntrr  d'indalgcnci!  cnrers  lai.  \omm 
Toudrez  bien  «  cependant ,  lo  mander  par  de- 
Ten  vous,  lui  faire  une  séTèrc  réprimande  el 
lui  défendre  d*avoîr  désormais  aucune  correa- 
pondance  avec  Des  Kssarta ,  sous  peine  de  dé- 
sobéissance et  de  punition.  Je  vous  serai  oUig^ 
do  m*informer  do  tout  co  que  vous  anres  fait  m 
co  sujet. 

ic  J*ai  rhonneur  d'i'tre ,  etc. 

•  De  VEaGl53iB.  • 

Continuons  a  scruter  l'espèce  de  sunrcîUasiee 
qu'exerçait  Tancien  gouvernement  snr  l«a  cor- 
respondances qui  l'inquiétaient. 

Foulhioux ,  dont  il  vient  d'être  question  ,  élail 
un  de  ceux  qui  lui  donnaient  le  pins  de  aoncss 
à  cet  égard.  Il  était  souvent  Tobjet  de  plaintes  cl 
do  réclamations  :  aussi  le  teiiaît-on  sons 
surveillance  étroite.  On  lui  avait  pardonné 
bulletins  dout.il  a  été  question  plus  hanl; 
ayant  repris  sa  correspondance  avec  les 
tiers  de  Hollande,  il  fui  arrêté  (janvier I7M)  el 
envoyé  à  Biccti*e.  Tout  son  crime  se  beraeil 
pourtant  à  avoir  écrit  qm:  l'intendant  de  U  gé- 
néralité de  Clcrniont  avait  fait  emprisonner  des 
collecteurs  en  relard  de  fournir  les  rôles  tie 
contributions  qu'ils  étaient  iliargés  de  lever. 


TIRÉS    DES   ARGBIVSS.  34^ 

Ce  Foulhionx  si  malttaité  éiak  fort  inatiirfl 
des  ffrito  de'  chacun ,  et  la  connaissance  qu'il 
en  donnait  aux  gazetiers  hoRandaia  lui  fil  pies 
d'une  fois  des  ennemis  opiniâtres ,  tel  q^  k  nt 
Arnaud-Baculard.  ..  i 

Néus  avons  tous  vu,  à  Paris,  cet  autCBr  4|m 
Epreuves  du  sentiment  j  et  de  quelques  anifts 
écrits,  aujourd'hui  peu  rocfaerehés.  CrapulMlt 
dans  ses  actes ,  et  pastoral  dans  ses  pardUt, 
d'une  larme  Ârnaud-Baculard  faisait  n^ne  bêi|- 
teille  d'encre  et  d'une  goutte  d'encre  un  yoluvie  ; 
il  jouissait  d'une  célébrité  bourgeoise.^lls'ét^ 
du  reste,  rendu  méprisable,  aux  yeux  de  cei 
qui  le  connaissaient ,  par  son  cynisme  et  sa  coa* 
duite  ignoble.  Le  nouvelliste  Foulhiôux  àViit 
dans  cet  homme  un  excellent  texte  à  glosée, 
une  victime  a  jeter  a  la  risée  publique,  néces- 
sité de  tous  les  temps.  Les  ninllitudcs  ont  be- 
soin d'un  plastron.  i>aculard  prêtait  le  flanc  kla 
morsure  :  Foulhionx  n'y  manqua  pas.  H  adressa 
au  rédacteur  de  la  Gazette  d'Utrecht  des  parti- 
cularités qui  ne  faisaient  que  trop  connaître  le 
vice  honteux  de  ce  larmoyant  romancier.  Ba- 
culard  s'en  plaignit  a  la  police,  avec  cet  accent 
de  douleur  qu'aurait  à  peine  employé  le  plus  pur 
des  hommes  :  «f  Monsieur,  écrivit-il  a  M,  Le- 
noir  (juillet  178.)),  je  vous  prie  de  ne  pas  ou- 
blier (|ue  ma  vie  cbt  conlbrme  à  mes  écrits,  et, 


J^6  .Mk.UOIHCS   UUlOklvLES 

en  cooséquence ,  j'implore  votre  jutlice  coBtre 
ce  trélëral  obscur  de  Uoy«r  (1)  qui  m'a  d\tUwU 
dausi  U  Gauiiê  d'Vir$$ktf  du  7  juin  1786;  je 
vous  en  conjure,  lî  vous  me  rcfuûcA  ce  qM 
l'humanilc  mrmc  oulragée  exige,  coMÎdéres  k 
quelle  exlrémiié  vous  me  réduis».  J*aî  llion- 
neur  d'être  gentilhomme  et  attaché  à 
giieur  le  comte  d*Artois;  je  porte  aussi 
pbintes  à  M.  de  Vergennes;  j'inû  bm  jeler  aax 
pieds  du  roi ,  s'il  le  faut.  » 

La  lettre  que  M.  Arnaud  écrÎTil  k  M.  de  Ver- 
gennes est  encore  plus  pathétique. 

«  Ce  n'est  point  ce  Boyer,  dit-il,  qui  a  écrit 
contre  moi,  quoique  aussi  ouvrier  de  mensonge. 
Le  scélérat  est  un  nommé  Foulhion,  asauvaie 
sujet  déjà  repris  par  la  police  ;  il  ne  fuftt  pea 
que  sa  rétractation  soit  consignée  dans 
publics.  Je  me  flatte  que  votre  équité  si 
plongera  pour  quelque  temps  ce  monalre  daw 
|me  prison  infamante.  C'est  un  assafiin  aoryl. 
On  lit  en  Amérique,  en  Angleterre,  parlqui,  cet 
horreurs  qui  ont  des  ailes.  Encore  uqe  ffia,  ce 


■■  ^ 


( I '  Cr  Oo) cr  n»  Ir  »/i»r  qui  rrdictt,  prndanl  mm ystllt  éê li 
rt«o^llioll,  Ici  i\ou%tiées  pnflti^neSf  dr^mucs»  «prèi  éà^wnm 
iiitt.iiiinr|ihiiMr«,  Journal éi^t  Pétais.  €Tèu\t  un  hommt  loalnril, 

rl'tii:  f  Mt  I  ur;.irf*i  I  ,  tl  a  |i*fi.  l'i  ninir  ctMnaiiicu  df 
daiiLC  atrc  In  riiuuiii»  de  la  France ,  m  l'ii^. 


nW  pas  le  gentilhomme ,  lliemflke  éé  tMt^lti 
attaché  à  monseignear  le  cdtbCe  tl'ftWoin,  ék 
qnaDté  de  son  secrétaire,  c'est  l^énMIèdë-^ 
ponillé  de  tous  ces  valons  alentoaf^,  Mi  ëttH^Mfe 
tos  genoux,  et  vous  demande jtîsttee.  nt  '  ^     '  ! 

M.  le  comte  d^Artois  avait  daiîë  Bactttkfrd  «A 
secrétaire  de  bien  mauvais  Ab\  ,  et  si  liiiyét  ^Û 
Ponilhioux  avaient  pu  le  coirrigér^  ée  sèfli  vilflitt 
goût  en  lui  donnant  delà  piihllciiéVlblii^qQ^t^ 
police  eût  dû  les  en  punir,  9s  nriéélétk  Mérité 
une  récompense.  Mais,  hélas!  tés  ^Éetlers  lât 
corrigent  personne,  pas  plus  qàé/Pèfh|B[e  cof^ 
rige  les  gazetiers. 

Louis  XV  n'avait  pas  éîfi  aussi  vindicatif  iiO^Af^ 
naud ,  k  Poccasion  d'une  myslîflcation  d^titrf- 
gans,  publiée  dans  les  Suïïéiinê  à  Itf  mtftn,  ipA 
se  rédigeaient  chez  madame  D(fublet,  sous  le 
ministère  de  M.  de  Choiseul.  On  y  avait  inséré  : 
«  Que  M.  le  marquis  de  Puîségur,  lieutenant 
général  et  cordon  bleu ,  cherchait  à  faire  un  bon 
mariage ,  frappant  h  toutes  les  portes  dans  ce 
but;  qu'en  conséquence,  on  lui  avait  proposé 
une  bâtarde  du  roi ,  dont  madame  Adélaïde  était 
la  mère  ;  que  cette  bâtarde  aurait  60,000  livres 
de  rente  ,  et  qu'un  présent  de  50,000  mille  fr. , 
s'il  déboursait,  mettrait  la  royale  adultérine 
entre  les  bras  de  M.  de  Puiségur;  ce  qui  deve- 
nait  une   affnirc  dor.  Celui-ci  emprunta  cette 


548  MKMOIIIIS   lUSTOAlQtfcS 

somnie.  On  ajoiilait  que  ceux  qui  lui  propoMÎant 
ce  mariage  le  firent  condaire  a  Versailles ,  ci  laî 
recommandèrent  de  se  tenir  sur  un  escalier  par 
où  devait  passer  madame  Adébîde.  —  •  Remar- 
quez bien  «  lui  dit-on  ,  si  madame  se  frotte  le  nés 
avec  son  éventail  »  c'est  une  preuve  qu'elle  voua 
agrée  pour  son  gendre.  »  —  La  princesse ,  en 
effet,  se  frotta  le  nea ,  c'était  aon  tic  ^  les  entra» 
metteurs  touchèrent  l'argent ,  el  M.  de  Pniségvr, 
au  lieu  d*un  mariage ,  eut  à  s'occuper  des  fripooe 
qui  l'avaient  joué  pour  en  obtenir  en  jnalice  le 
remboursement  de  la  somme  escroquée. 

Cette  baliverne ,  qui  fit  rire  aux  dépens  6m 
marquis ,  n'en  excita  pas  moins  b  colère  do  la 
maison  de  Puiségur;  rien  n'était  d'aillcnrs  plan 
faux;  la  plainte  en  vint  aux  oreillea  du  rai; 
Louis  XV  paraissait  disposé  à  se  fâcher,  maïs  le 
duc  de  Choiseul  eut  le  bon  esprit  de  Im  &m 
apercevoir  que  ce  n'était  qu'une  plaisanierio, 
peu  déplacée  sans  doute ,  mais  qui  n'avait 
de  criminel  dans  l'intention  ;  l'auteur  dn  bnlls- 
tin  en  fut  quitte  pour  £tre  vertement  adoMmaalé 
par  M.  de  Sartiiics  ;  mais  la  mystification  n'en 
eut  que  plus  de  vogue  et  de  mérile. 

On  peut  juger  maintenant  quel  casse-lêlc  an 
donnait  la  police  pour  contenir  les  écarta  4a 
ces  rorrcspondanccs  8ccr«'te5  ii  Ididc  desqucDca 
ou  remplaraii  la  iilicrti*  de  I.i  |irc&»r.  Leur  vo- 


TIRES   DES   ARCHlVtS.  549 

gue  élail  soutenue  par  la  malignité  et  la  curiosité 
publique  ;  les  évêques  mêmes  voulaient  recevoir 
les  Bulletins  àla  muin.  M.  l*évêque  de  Lisieux  écri- 
vait à  M.  Lcnoir  :  «  M.  Tévêque  de  Lisieux  assure 
de  son  respect  et  de  sa  reconnaissance  M.  Lenoir  ; 
voudrait-il  bien  lui  faire  dire  si  une  gratification 
de  quarante  ou  cinquante  écus ,  tous  les  an»,  a 
l'auteur  du  Bulletin  sera  suffisante?  Comme  il 
ignore  son  nom  et  son  adresse,  il  prendrait  la 
liberté  de  les  lui  faire  remettre.  » 

Le  lecteur  est  suffisamment  instruit  désormais 
de  l'histoire  de  ces  JNouvelles  à  la  main  ou  cor- 
respondances secrètes  qui,  fréquemment,  étaient 
par  un  double  contraste,  l'objet  des  rigueurs  et 
de  la  bienveillance  de  la  police ,  surtout  lorsque 
la  police  en  faisait  usage  pour  divulguer  des  faits 
dont  elle  ne  jugeait  point  polilique  d'avouer  elle- 
mcme  la  circulalion.  La  liberté  de  la  presse  a 
rendu  ce  manège  imUlle  et  la  lâche  de  la  police 
moins  compliquée.  Mais,  comme  Tinconvénient 
persiste  et  se  reproduit  dans  un  pays  dont  Tad- 
ministralion  est  à  refondre  tout  entière,  on  en 
a  surchargé  la  magistrature,  et  la  régie  de  ces 
paperasses  est  maintenant  tombée  sur  les  bras 
de  nos  tribunaux. 


CHAPITRB  LU. 


IL  <•  MMllHlwi  rt  to 


M.  de  Chtpauel  de  Gaerriné ,  riche 
habitant  de  Saint-Domingue,  aTait,  danawi 
jour  en  France  »  en  1 775  »  (ait  U  con 


MÉMOIRES  HISTOniQUES  TIRES  0KS  ARCHIVES.       Ht 

d'âne  cfamoisello  Ner^illé^  il  en  atiaifl  été  t|<M^ 
amoureux,  et  cette  possession  lui  avait  pafr^' fie^ 
comble  du  bonheur.  Pendant  un  assez  tonsg  €|l{>ace 
de  temps  ,  la  jeune  personne,  poussée  par  une 
ambitîoa  <]ue  Ton  conçoit  de  reste  et  voulant 
donnera  cette  union  libre  un  caractère  de légî« 
tîmité  qui  trompât  les  scrupules  de  son  eniou*' 
rage,  prit ,  sans  doute  avec  le  consentemeirt'tii'^ 
eito  de  M.  de  Chapuixet  ^  lé  ndm  même  ^  Mm 
amant  et  sél  armes.  Des  orages  s'ôtant  éievéa 
entre  eum,  M.  de  Chapuizet  véulut  rentrer;  ca 
poÉseÉbioR  des  lettres  que  sa  maîtresse ,  qui  avait 
eéaaé  de  l'être  >  gardait  entre  ses  mains.  Il  4it^ 
%Mii  aussi  qu'elle  discontinuât  de  se  servir  de  aéa 
armes;  eafin,  il  exigeait  la  restitution  d'un  test»» 
ment ,  et  que  l'autorité  le  mît  à  l'abri  des  ponr^ 
suites  dont  la  demoiselle  Nerville  semblait  le 
menacer.  Dans  de  semblables  affaires ,  il  faut 
s'attendre  à  voir  les  gens  qui  se  plaignent,  exa- 
gérer grossièrement  les  charges  qu'ils  font  peser 
sur  leurs  adversaires.  Les  arrangemens  d'amour 
sont  plus  assujettis  que  tous  les  autres,  quand  ils 
se  rompent,  soit  par  lassitude,  soit  par  incon- 
stance, k  ces  exagérations,  dont  il  résulte  des  lut- 
tes de  mots  piquans  ou  de  sales  calomnies.  Aussi 
doit-on  se  tenir  en  garde  contre  ces  animosil'és. 
Il  faut  entendre  parler  M .  de  Chapuizet  Itti-mcme  j 


r>52  MÉMtHRCiî   HUTOniQUU 

voici  ce  qu'il  diaaii  à  M.  Leaoir  au  mois  d'aoàl 

1783: 

If  MoDiieigncur  •  le  sîciir  Chapulset  de  Gner- 
riné«  habitant  de  SainUDomiii{;ue  •  a  Plionneur 
de  vous  «*xposer  qu'il  vint  pour  h  première  foM 
en  France,  en  177!>.  Il  y  litail  depuis  six  mois 
lorsqu'il  reçut  une  lettre  d'une  femme  nommée 
Monijette  ;  on  lui  indiquait  une  jeune  pertonae 
qui  avait  envie  de  faire  sa  cpnnaissance.  Celte 
lettre  piqua  sa  curiosité  ;  il  se  rendit  k  l'adwase 
qu'on  lui  avait  donnée,  rue  Saînt-HoBoré,  en 
face  de  celle  de  Champfleuri.  11  y  trouva  la  de- 
moiselle Nerville ,  qui  pouvait  bien  alors  avoir 
vingt  ans«  etqui  lui  plut.  Il  vécut  avec  celte  fille 
pendant  dix-huit  mois,  et  elle  loi  déptosa  <pia- 
rante  mille  frams. 

«  Kn  1777|  il  retourna  à  Saint-Domingue;  et, 
dans  les  premiers  temps,  il  écrivit  à  celte  fille 
plusieui*»  lettres  tn*»  |i.issionnées.  Elle  lai  avait 
demandé,  avant  son  départ,  son  cachet,  sa  livrée 
et  la  permission  do  purtcr  M»n  nom  ;  tout  fut 
accordé.  L'exposant  a  :ipj»ris  (|ue  sous  ce  nom 
cette  femme  a\aitfait  ptmr  quarante  mille  francs 
de  dettes  pendant  miii  al)!»enci'. 

«  Le  sieur  Chapuizet  se  trouvant  de  relonr  à 
Paris  pour  une  att'aire  majeure ,  cette  fille  voninl 


TIRÉS    DES   AKGHIVla*..  ^55 

renouer  avec  lui;  elle  a  tout  tenté  {MNir  celaj(i). 
Ne  pouvant  y  réussir,  elle  veut  le  rançràner  ;<dUlè 
le  menace  de  fe  déférer  aux  miiii|sli;Q8%:^i')tîri^ 
bunaux;  et  tous  les  jours ,  dans  ton  conciUalmle 
cpmposé  d*une  douzaine  de  garçons]  perimipuÉr^ 
ou  d'autres  gens  de  cette  espèce ,  elle  maclûne* 
quelque  chose  contre  Texposant  (2). 

«  Cest  dans  ces  circonstances  5  nionji^îgneu]^^ 
que  Vexposant  a  recours  à  la  justice  deivptjçe  g;{fi|;ç- 
deur  ;  il  vous  supplie  de  faire  qujttef«.8^i)|jn|9P4 
ses  armes ,  sa  livrée  à  la  demoji^el^le  ]^çi!:Yil|l^  ^^ 

(1)  M.  ^eChapaizct  se  tait,  dans  cette  feqaéte^  iticde  fnédtHi^ 
térieurqui  lui  avait  fait  répudier  celte  fille.  Slle^f  ut  ipQonfc^tfl4f|] 
ment  tort  de  prétendre  aie  rançonner;  elle  eut  tort  de  faire,  jons 
)e  nom  de  ikiadame  de  Cbapuizet ^  potir  env ifoti  '$o/,oob  mÂA  é% 
dettes;  mais  pourquoi ,  lorsqu'ils  TiTaieot  enseoibleV'l^^iitlit 
m\sc  sur  uo  pkd  à  dépenser  en  dix-huit  mois  une  autre  soninie 
de  40,000  francs?  La  police  ne  pouvait  a\oir  que  fort  peu  d*égard 
à  ers  coijsUicraiions;  elle  ne  \oyail  ici  qu*un  homme  dupe  de  sa 
faiblesse  et  de  Taitilke  d'une  jeune  femme  sous  main  couseillée 
par  de  fins  donneurs  d'avis.  Il  importait  seulement  de  mettre 
un  extravagant  à  l'abri  des  suites  fâcheuses  de  son  imprudence. 

[•y.)  C'est  par  la  connaissance  qu'elle  a  si  souvent  acquise  que  les 
intrigantes  de  cette  espèce  sont  en  secret  dirigées  par  des  aigrefins 
de  troisième  choix  ou  par  des  spéculateurs  den  bas,  auxquels  elles 
s'abandonnent  en  affichant  tous  1rs  dehors  de  la  fidélité,  que  la 
police  a  traité  durement  ces  sortes  de  femmes,  cl  a  employé  l'ac- 
tioii  disci  étionnairt"  de  son  pouvoir  à  soustraire  les  hommes  en- 
sorc  lés  aux  résultats  inévitables  de  ces  liaisons.  Un  abus  corri- 
gerait un  autre  abus.  Selon  qu'il  fera  plus  ou  moins  rigoriste,  le 
lecteur  prendra  parti. 

Ml.  -ir, 


dt  fiîre  rendre  b  Ti-xpo^nnl  Im  Irltn*»  qull  a  m  U 
ftîbleucde  lui  rrriro,  aitiHi  qtrunteslamriil  qu'il 
loi  confia  en  1777.  O  faisant,  il  ne  ce^^vrz  d\i- 
drester  au  ciel  di*s  vœtit  pour  h  sinlc  f  t  la  pros- 
périlé  de  voli*c  grandeur.  • 

En  pareil  cas,  les  plaignans  ne  se  bornaient 
pas  a  s*adresscr  au  lieutenant  de  police  i  iU 
voyaient  les  commis  h  quiTaflairc  était  renvoyée. 
LIriRpectcur  Quidor ,  a  Tépoque  dont  il  s  agit , 
avait  la  partie  des  filles  publiques  et  des  Tetaimes 
entretenues;  c'est  à  lui  que  M.  de  Chàpuizet 
porta  sa  plainte  et  en  détailla  les  motîft.  L'obli- 
geant Qoidor  ne  demandait  rien ,  mais  reccTait 
ce  qu'on  lui  offVait  (1).  11  écouta  donc  arec  com- 
plaisance tout  ce  que  lui  dit  le  plaignaat  wur  la 
tille  ^'errille,  et  toîcî  le  rapport  qa^l  fit  un 
magistrat. 


(i)  Madame  U  ourquiic  «le  Ruffrjr ,  mère  de  la 
Sophie  marquise  de  MooDier,  al  célèbre  par  tei  avcal 
comte  de  Mirabeau  (i77<») ,  donna  ceut  luuU  j  Quidor  _ 
fait  la  capture  de  m  fille  m  Amvtcrd^m ,  où  elle  «avait  avec  la 
comte,  toui  le  nom  de  .*/.  et  ma  iame  de  S^int-Mmikiem,  V 
sur  ta  conduite  de  \m  police  dan»  cctt«  affaire ,  le  prrmicr  té 
drs  Mémoires  sur  la  v/r  privée  et  publique  du  comte  et  Jtfra* 
hemut  4  vol.  in-tt*;  ihtz  B4»^wiigr,  ù  l'an^.  1817.  Ot  ou«rafr,  «■ 
des  plu»  propn-%  ii  faire  comi.iitr^'  ri'i'nq  .« ,  Il«  rtcr.rment  et  les 
persoiiuagi»  «:oiiirm(«oraiiUcJr  la  %ir  |.oiitii|»c  du  célèbre  drpulé, 
e\\  d'un  auteur  qui  !*■  connu  et  qui  a  lu  d'rsorllcna  ouiériaas 
|Miiir  rêdiff-r  i r«  Mémoire,  s. 


TIRES   DES   ARClllVES.  ^55 


>   •  i 


Itàppori  pàrUautier  sur  là  ikinoUétle  Nèhtirp.        '  • 

*    ■    t        .■        :    1    .  i 

«  Monsieur,  j  ai  difTérc  jusqu'à  ce  jon)r  ip^pn 
rapport  sur  le  compte  de  la  prétendu^  in%rq\|j^ 
de  Chapuizet ,  voulant  avoir  des  détails  certains 
et  circonstanciés  de  sa  coriduite  etTormnlettlre  k 
mèine  de  prononci^v  sans  crainte  d'eh^ilr  iilili^  lii 
dethbhde  At  M.  dteCfaà^ûis^èt  de  iïMttiiif:^* 

c  Je  ne  crains  donc  point  de  vous  àssiirèr  qiije 
la  lecture  de  mon  rapport  vous  inspirera  le^ius 
souverain  mépris  pour  cette  miséirable,  eï  que 
TWkwt  «riMridreEpas  vious-lméme  d'dser  dé  Votre 
aMonté  pour  lin  défendra  4e  porter  un  tioii  qui 
M  lui  appartient  pas  et  qu'elle  n'a  déjli  que  trop 
indignement  traîné  dans  la  rue. 

ir  Native  de  Châlons-sur-Saône,  et  se  disant 
bâtarde  de  M.  Voyot  de  Nerville,  nom  que  per- 
sonne ne  connaît  et  ne  porte  a  Châlons,  elle 
débuta  sous  ce  nom,  quoiqu'elle  eût  un  frère 
garçon  limonadier  au  café  du  Commerce  à  Bor- 
deaux, et  qui  s'appelle  Dodile. 

€  M.  le  baron  de  Crcmeville  eut  ses  premières 
faveurs  dès  l'âge  de  douze  ans,  et  vécut  avec  elle  as- 
sez long-temps;  mais  elle  lui  fut  enlevée  pour  être 


rî36  M»MiilHI<»    IIIMiihlvl  r*" 

livrée  il  M.  le  marquis  lie  Moiirr|iuA,  dv^  œiivrc% 
duquel  elle  devînt  grosse ,  el  lit  une  iauise  cou- 
che.La  nommée  Durand, qui  lui  avait  procuré  cet 
entreteneur ,  fut ,  pour  nrcompcnse  «  placée 
femme  de  chambre  à  sun  servlre,  où  elle  est  en- 
core  avec  le»  fondions  de  confidente ,  de  pour- 
voyeuse et  de  marcheute  dans  l'occasion. 

CI  Ce  fut  dans  ces  entrefaites  que  M.  de  Cha- 
puizet  en  fit  connaissance ,  par  l'entremise  d'ane 
nommée  Mongé,  courtière  d*âmour  sous  le  intB- 
teau  ;  elle  n*avait  alors  encore  queseixe  ans,  nuit 
Texpérience  la  plus  consommée  des  nibriques  et 
des  finesses  du  libertinage. 


«  M.  de  Chapuizet,  amoureux  el  igaorani 
aventures  antérieures,  lui  monta  ta 
Tentretint  sur  le  ton  le  plus  brîllanl«  et 
m^me  qu'elle  prit  son  nom  dans  tous  Ira  endroits 
publics  oit  elle  voulait  se  montrer.  Forcé  de  re- 
tourner en  Amérique  pour  améliorer  ses  habita* 
tiens  et  pour  réparer  ses  aflaires  que  la  prodiga- 
lité de  cette  femme  avait  dérangées,  il  lai  laiwa 
deux  cents  louis  en  or,  un  mobilier  de  donae 
mille  francs,  et  une  garde-robe  de  la  mime 
valeur  à  peu  prè5,  avfc  promesse  de  lui  conti- 
nuer ses  bienfaits. 

«  La  prétendue  marquise  ne  se  vît  pat  plalôt 


TIKÉS    DES   AKCliffVES.  557 

libre  que ,  donnant  essor  a  son  goût  pour  h  li- 
berté ,  elle  se  donna  pour  grètucKon  lé  nommé 
Seigneur,   son  coiffeur,  ()ui /dans  ce  nràdiélii 
même,  use  de  ses  droits  toutes  les  fois  (jdtf'Bo^' 
lui  semble.  11  en  fait  sa  curée  ;  eHé  rëtilif^eAi  ^' 
ensuite ,  renouant  avec  M.  le  marquis  de  Mèbré^' 
pos,  elle  voulut  lui  faire  partarger  ses  ftvètft*' 
avec  uti  sieur  Mainguet ,  qui  était  au  monléilt  dé 
traiter  d'une  charge  de  notaire;  maii  ccfs  ^^t' 
rivaux,  ayant  pris  de  la  jalousie ',i  finirent  ptitst 
battre ,  et  le  sieur  Mainguet  fut  obligé  dé  passer 
en  Amérique,  où  il  est  mort  depuis.         1  . 

<  Le  choix  inconsidéré  qu'elle  fit  de  seé  caitift*'' 
rades  de  lit  dissipa  bientôt  rargent ,  les  meuUesy 
le  linge.  Alors  il  fallut  avoir  recours  aàxlettlres^ 
pour  attirer  les  chalans.  Ce  moyen  eut  d^abotd: 
quelque  succès ,  car  un  financier  ,  dont  j'ignore 
le  nom,  vieux  garçon,  et  dont  les  domestiques 
sont  habillés  en  bleu,  vint  a  l'adresse  indiquée 
dans  la  lettre  ,  présenta  quelques  ofi'randes,  dont 
il  reçut  le  prix ,  mais  disparut  au  bout  de  quel- 
ques jours,  dégoûté  par  les  desordres  dont  il  fut 
témoin  et  par  l'ivrognerie  de  la  princesse.  11  en 
fut  de  même  de  M.  Faucheux ,  qui  est  à  la  tête 
des  poudres  et  salpêtres;  trois  ou  quatre  visites  le 
rassasièrent.  M.  leducdeGcvres,  h  qui  les  mêmes 
lettres  avaient  ctc  adressées,  fut  effrayé  de  la  di- 
l>rnbc  3  il  ne  voulul  [»as  niui'drc  k  la  Jii'i»ppc. 


.156  MKMOIRES    HISTORIQUU 

ir  Acetlc  époque,  M.  Savalelle  de  Lange  (1) 
ira  en  fonctions  pour  ses  dix  louis  par  oioît,  \}mm 
si  petite  somme  ne  pouvait  suffire  qu'à  la  loileUe 
de  nuit  ;  auui  eul-elle  recours  aux  apparcilleBre. 
MM.  le  marquis  de  Tboin ,  le  comte  de  VaMBié- 
nil,  etc. ,  introduits  par  le  nommé  Ilébert ,  dont 
le  métier  vous  est  connu ,  entèrent  leur  nobleas 
sur  la  sienne.  Un  M.  Lanet,  financier,  paml» 
pendant  un  mois,  vouloir  se  fixer;  maia  les 
mêmes  causes  qui  avaient  fait  fuir  les  premien 
firent  aussi  disparaître  ceux-ci. 

«  Enfin  ,  chassée  de  son  appartement  par  la 
vente  des  meubles ,  et ,  retirée  dana  an  hôlel 
garni ,  me  Baillif ,  elle  n'eut  pas  honte  daller 
tenter  la  fi>rtune ,  chaque  soir ,  dans  le  jardhi  ém 
Palaia-Royal  »  accompagnée  de  la  flle  Bënuwi  ; 
et  M.  le  vicomte  de  Poiignac^  legi  an  Tni» 
leries ,  attestera  la  prestidigitation  anpérievre  de 
la  belle  dans  les  fnrtives  complaisances  qne  Ten- 
bre  favorise  et  qn*nn  gentilhomme  paie  si  géné- 
reusement. 

Depuis  six  mois  que  la  demoiselle  NerriHe  ert 
rentrée  dans  ses  m«:tiblc8  9  rue  de  Richehen.  gràea 
à  M.  Savalellc  de  Kanere,  qui  lui  en  a  acheté  ponr 
mille  écus,  elle  ne  sort  plus  pour  chercher  pm» 


Il  -'t  il'   ^  t-ilr  il  I  t.  •'     t  !•  «4*    -;i   -UM  (Uiiii*  .  il    r^Mplj*  • 


TIRÉS  DJfS   iRCHlVW.  3tfi| 

tique,  mais  elle  n'en  est  paanidiiia entourée. dhm 
CQDcillabale  de  favoris.  Un  liei^  deSainV3laiie^< 
espèce  d'aventurier,  venu  a  Paris  pour  «Sipcpcèe 
qu'il  ne  fl»it  guère ,  paie  les  faveota  dt  tMfMit^ 
par  les  conseils  qu'il  lui  donne ,  et  ^e  bttsonnde 
Gremeville,  qui,  depiûs  six  semaiaM^  a  ralluifé  «M) 
premiers  feux,  vient  de  lui  payev  sop  teréie;r.  iia-i 
if  Une  pareille  créature  peut-elle  revendiqfaff 
le  droit  det  porter  pubUqme^ei^t  1^  pf^g  /d'jin 
l|pq[une4eqw  elle  n'^  Ri  ^Jfqm*^^Mmfm%^m 
efifans?  A  )i|  v<rit^,  U.  d<i  Chap^s^ti  deAik^^Arr 

lir«  de  runM^pr,  Ini  i^yai^  pflri»M<r  i)9»i%iR|0aMnfr  * 

depçjB^nir  de  sop  now  ç|  dn  AU  Jfxf^»^  l»4l» 
même  il  avait  fait  un  testament  olographe  ,  m'ÎJIi 
a  cass^  d^pu^s  ,  et  lui  écrivait  d'Amérique  k  l'a- 
dresse de  madame  de  Chapuizet.  Revenu  de 
son  erreur,  et  instruit  des  désordres  auxquels 
elle  s'est  livrée  pendant  son  absence  »  n'est-il  pas 
{onde  k  réclamer  l'autorité  de  la  police ,  dont 
cette  fille  est  naturellement  la  subordonnée , 
pour  lui  faire  quitter  son  nom ,  sa  livrée  et  ses 
armes?  S'il  souffrait  au  contraire  plus  long-*temps 
cette  usurpation  ,  ne  deviendrait-il  pas  le  com- 
plice des  escroqueries  qu'elle  se  permet  journel- 
lement a  l'abri  du  titre  de  marquise ,  et  qui  ne 
se  sont  déjà  que  trop  multipliées,  puisqu'elle  doit 
près  de  40,000 fr.?  Il  me  semble  que  M.  de  Sava- 
lette  se  compromet  en  protégeant  cette  fille  et 


Tlfio  >irM<IIR»S   Hl^lOKlol'IS 

nn  lui  coiiftfMlhnt  d'attaquer  M.  de  llli.ipui£et  eu 
justice  1 1*  parce  qu'il  eut  impossible  qu'elle  con- 
serve sans  sacrement  nn  nom  qui  ne  lui  appar» 
tient  pas;  3"  parce  qu'ayint  été  un  de  ses  amoo-* 
r<fliY«  eine  pouvant  manquer  d*étre  mis  en  cauae 
par  Ai*  de  Cbapuizet ,  il  se  fera  rcfrarder  ou 
comme  le  mignon,  ou  comme  le  prugeur  de  cette 
coi|iiine« 

«  Vous  pouvez ,  monsieur,  prévenir  l'éclat  en 
vous  serrant  de  votre  autorité ,  arec  d'autant 
pins  de  justice  que  cet  eitrait  de  sa  condnile 
vo«s  apprend  sufisamment  dans  quelle  classe 
éé  femmes  galantes  ladite  personne  doit  être 
rangée. 

•  4jO  rapport  «  comme  ou  en  fera  sans  donle  par 
imlliors  dans  les  époqnes  oii  les  unions  libres  ae 
nanllipUeroBt  (et  elles  tendent  à  se  multiplier 
plus  que  jamais),  engagea  le  lieutenant  de  po- 
lice, non  pas  à  des  actes  arbitraires  via-â^vts 
de  la  demoiselle  iNer%illc ,  mais  à  la  —ander 
ponr  l'entendre  dans  ses  justifications.  Qnidor 
se  rendit  chez  elle  pour  lui  faire  savoir  oclle 
détermination  et  l'accompagner  chez  le  ma* 
gistrat.  Elle  refusa  de  s*v  rendre ,  prétestant 
de  sa  santé  délabrée  ;  alors  l'inspectenr  en- 
g:igeii  avec  clic  une  conservation  dont  il  rendit 


TIRÉS   DES    ARCdlVeS*  56 1 

compte  au  lieutenant  de  police.  On  y  lit  qu'elle 
reconnaît  ses  torts  ;  qu'il  n'y  avait  que  Vinexpé-* 
rience  et  les  mauvais  conseils  qni  l'avaient  en* 
gagée  à  mettre  de  l'opiniâtreté  dans  celte  aflfaitre 
et  à  refuser  de  quitter  lé  hom  qu'elle  porte, 
•r  Mon  parti  est  pris,  ajouta-t-ellé;  je  m'ojecfàpé 
avec  Préville  à  nie  mettre  en  état  de  débuter 
dans  quelque  temps  aux  Français.  Je  vais  'cesser, 
dès  ce  moment ,  de  signer  marquise  de  Chàfmtet; 
et ,  comme  il  serait  impossible  d'empêcher  toua 
les  voisins  de  m'appeler  de  ce  nom  ,  Iq  iéi^  ffius 
lequel  ils  i^e  connaissent,  je  délogerai  au  tejçip^ 
prochain.  » 

«  Comme  il  aurait  été  à  craindre  que  la  légè- 
reté ordinaire  a  ces  sortes  de  femmes  ,  ou  des 
mauvais  conseils  ,  dit  l'inspecteur  Quidor,  lui  fis- 
sent changer  de  résolution  ,  je  lui  ai  fait  pro- 
jucltre  de  vous  écrire  pour  s'excuser  de  ne  s'être 
|Kts  reiîduc  a  voire  hôtel  ,  reconnaître  le  tort 
qu'elle  a  de  vouloir,  saijs  aucun  titre  ,  continuer 
rie  porter  un  nom  respectable  qu'elle  reconnaît 
ne  pas  lui  appartenir,  et  se  soumettre  a  le  quit- 
ter, ainsi  que  sa  livrée  et  ses  armes.  » 

11  paraît  que  M.  Savalette  de  Lange  portait  de 
l'intérêt  \\  cette  (illc,  qu'il  avait  parlé  pour  elle 
il  M.  Lenoir,  et  avait  défendu  ses  intérêts  auprès 
de  lui.  Il  chercha  surtout  à  excuser  la  demoi- 
vSclle.Ncrville  par  la  (  onsidératiou  assez  spécieuse 


r>Ûl  MrMi»lRE«    UISTOHIQLES 

que  M.  de  Chapuiict  la  laissa  livrée  i  elle* 
mcmc  9  k  «a  jeunesse  et  à  |a  séduction  eu  partial 
pour  rAinérique;  que  le  nom  quil  lui  aTâit 
donné ,  et  sous  lequel  il  lui  écrivail  de  Saiol* 
Domîngue ,  était  un  motif  très  excusable  poof 
prendre ,  et  qu  après  Tavoir  pris  du  consente- 
ment  de  M.  de  Chapuizet,  c*était  faire  un  affrool 
public  à  cette  femme  que  de  Toblig^  à  le  quitter. 
M.  de  Savaicttc  demanda  qu*au  moins  M.  de  Cka- 
puixet  aMuràt  un  sortk  sa  protégée. 

Le  magistrat ,  qui  aurait  Tonln  obliger  le  atl- 
licitenr,  chargea  Quidor  de  traiter  «Tec  M.  4m 
Chapuizet  celte  affaire ,  et  voici  le  rétnltst  et  m 
démarche  : 

a5  avril  t7#a. 

«  J*ai  vu  M.  de  Chapuizet  »  qui  m*a  &il  pivt 
de  ses  objections  à  la  proposition  d'aMVWU 
sort  a  la  demoiselle  Ncrville ,  soit  par  une  fMlc 
viagère  ,  soit  par  une  somme  donnée  eoaipteol. 
J*ai  encore  tenté  de  l'engager  à  quel^piM  pcrî- 
ficcs;  mais  inutilement,  car,  outre  lee  glMat  kl 
plupart  fondes ,  qu'il  a  contre  elle ,  je  le  rreit 
dans  une  grande  détresse  par  rimpotfUHlité  de 
jouir  du  produit  de  ses  habitations ,  et  il  a  c«b 
de  commun  avec  tous  les  Américaine  depuis  le 
commencement  de  la  guerre.  Quoiqu'il  ni*ait as- 
sure que  \aiu  hii  avic^:  promis  la  remise  de  son 


TIKÉS   DES   ARCHIVES.  56^ 

testament  ainsi  que  les  copies  de  ses  lettres ,  je 
n*ai  pas  cru  devoir  m'^én  dessaisir  jusque  hôt|v$ii 
ordre  de  votre  part. 


Mal^é  le  premier  refîi^  de  fairi^  qàèlqtiëé  sslV 
crifices  en  faveur  de  la  demoiieltë  ifiTérvIIlè, 
M.  de  Chaj^uizet  fut  oMtgé  d'en  vëhii^ X  (fé  dé^ 
neâment:  ce  fntk  cette  condition  qu^il  éHt  ses' 
lettres  et  son  testament.  Dans  le  désir  qti'atvait  lé  * 
magistrat  de  prévenir  l-éclat  et  par  chiMte  de' 
voir  cette  femme  triotripher  dè^aal  léÉT  tîKbiîtiàhii, 
il  fit  ce  qui  dépendait  de  lui  potlf  cônciliéi^  cëitè  af* 
faire  é^neuse  ;  il  craignait  qné^,  suivant  iè  €ëtisèSI 
de  M.  Savalette,  la  fille  Net^ville  n'assigt](4tM.  de 
Ghapuizet  au  Châtelet  v  et  qu^nn^e  fois  le  j^rocèa 
^g^g^  9  on  ne  Mtplus  maître  dé  Tévëhement. 
Malgré  le  ton  affirmatif  de  Vagent  Quîdor,  qui 
voulait  subordonner  la  demoiselle  Nerville  a 
Tautorité  de  la  police  comme  fille  de  joie,  celte 
affaire  était  d'un  tout  autre  ressort;  et,  devant 
la  magistrature ,  un  oubli  de  forme ,  un  men- 
songe intrépide  ,  une  séduction  mystérieuse  , 
l'éloquence  d'un  beau  parleur,  ont  fait  rendre 
de  si  singuliers  arrcls ,  qu'il  n'est  pas  toujours 
prudent  et  économique  d'en  risquer  ia  cbance. 

Je  passe  à  une  affaire  do  mcme  sorte  pour  le 


564  nm   iftiA  m.^:   ttiv<i.* 

rétaltjit,  el  prevj^ie  Je  mêui*?  c^pcce  djn»  mio 
origine. 

M.  de  Slonth  loa  éiait  un  inaii«lr«t  ilunt  on 
proclamait  généralement  I  intégrité,  bon.  l'jrile, 
ami  de*  plaisir»,  comme  le  »ont  assez  ordinaire- 
ment les  hommes  li^rë^  à  de»  tra«au\  pénibles  el 
qui  cberchent  des  délassemens  a  les  ialîgues  do 
tête  entre  les  bras  des  femmes  dont  leurs  com- 
plaisances et  les  atf entions  di-!icates  sVmparenI 
facilement  de  leur  espri*.  Sans  s'affranchir  abso- 
lument des  obligations  dn  mana^e ,  il  lui  iallaity 
au-delà  de  ce  devoir  froid  et  sévère,  des  lieno 
plus  fertiles  en  distractions  agréables.  Sa  femme 
ne  l'enchaînait  pas  absolument.  D'abord  moos- 
quetaire ,  ptûs  conseiller  au  parlement  de  Mêla 
et  maître  des  requêtes ,  M.  de  Montholon  éuii 
procureur  général  à  la  chambre  des  complca« 
lorsqu'on  i77i  il  fit  connaissance  d'aae  jennr 
fille  du  nom  d'Elisabeth  Remy,  âgée  de  dii  aepl 
à  dia-huit  ans,  née  au  château  de  Prège,  pièi 
Luaembourg. 

dette  liaison  avait  duré  six  ans  et  n*aTail  paa 
«':té  sans  agrément  pour  le  génércui  magistrat. 
11  couiblail  sa  jeune  ronquêlc  Je  bienfaits;  Texi- 
grnrc  augmentait  d'une*  part  et  la  facilité  de 
r;iiitre ,  sans  obsession  rommc  san«  faiblesse* 
l«)u(  naliirrlIirnuMil   I  nr  <  orn>|>fHiii.incr  pleine 


TIKES    DES    ARCHIVIÎS.  365 

de  tenclresse  de  la  part  de  la  maîl^esse  et  M 
l'amant ,  se  soutint  pendant  tout  le  temps  4^ 
leur  Irtitiuenliitioii.    CcUu    currespondaiice   fut 
l'objet  principal  et  le  motif  du  rccoui'â  k  la  po- 
lice. Grùcc  II  des  conseils  pcrtïdes  ou  intéress(;s,  ' 
la  jeune  Hlle,  qui  priîtciidalL  avoir  étû  mère  de 
plusieurs  cnOins,   dont  tiii   seul  vivait,  devint 
exigennie  et  laissa  percer  l'inlenlion  d'abuser 
de  la  faiblesse  du  magistral  pour  en  obtenir  un 
sarcrùit  de  générosité.  La  fortune  de  celui-ci 
ne  lui  pcrineltait  plus  de  se  rendre  aux  désirs 
de  la  demoiselle  Kemy.  Un  peu  de  froideur  de 
li,part   de   M.   de  Klontliolon   aigrit  la  jeune 
Femmo  ;  elle  lui  fit  entendre  que  s'il  ne  satisfai- 
mt  pas  à  ses  exigences,  elle  pouvait  le  perdre. 
Usuffisait,  suivant  elle,  d'un  éclat  j  de  communi- 
quer, par  exemple,  les  lettres  qu'elle  avait  en  sa 
possession  a  la  femme  légitime  et  à  la  famille 
de  M.  de  .Monlbolon.  Le  public,  alors,  grùce  aux 
indiscrétions  des  scènes  de  famille,  saurait  à 
quoi  s'en  tenir  sur  un   magistrat   qui  déclamait 
parfois  en  public  sur  les  déréglemens  des  mœurs 
et  ne  se  grnail  pas  dans  les  siennes.  Ceci  deve- 
nait sérieux  :    l'amour  ne  s'étant  pas  développé 
dans  la  jouissance  ,  mais  y  étant  mort  de  mono- 
tonie et  de  saticté,  el  de  |)lus,  Aï.  de  Montholon 
ayant  mis  à  jour  des  inlrij^ues  de   ta  part  de  la 
demoiselle  llcmy,  appela  à  son  secours  M.  l.c- 


noir,  alors  lieulenant  de  police.  11  lui  admisa,  le 
6  décembre  1 776 ,  une  lettre  dont  nous  ne  ov 
tiquerons  pas  l'amertunie,  mais  qui  prouve  i 
que!  point  on  a\ait  confiance  dans  la  prudence 
et  dans  rintelligcnec  de  la  police  pour  arranger 
de  semblables  aflaires  «  qui ,  soit  dit  sans  épi- 
gramme  contre  la  magistrature,  abondaient 
fréquemment  devant  le  tribunal  secret. 

«  J'ai  recours  à  votre  amitié  et  2i  votre  j 
tice,  écrivait  M.  de  Moiltbolon ,  pour  bm 
dre  un  service  dont  dépend  ma  tnnquillilé  et 
le  bonheur  de  ma  vie.  Très  attaché  î  mé  ré- 
putation ,  je  me  vois  à  la  veille  de  là  IfMvtt 
compromise  par  l'atrocité  d*une  femiBe  pMÉ 
laquelle  f  ai  éptiisé  tous  les  genres  de  bieabili  : 
j'ai  été  dupe ,  on  me  veut  victime  ;  et  le  Uh 
bleau  que  j*aî  à  vous  faire  contient ,  avec  b  pltt 
exacte  vérité,  tout  ce  que  le  libertiaag».  li 
fausseté ,  Tinfiimie  ont  rassemblé  dltoireaii. 

•  En  vous  parlant  de  mes  faibleaaes ,  je  ma 
distingue  pas  Tami  du  magistrat  ;  en  vbw  pi^ 
gnant  les  pièges  auxquels  j*ai  sncooBÉbi ,  lll 
dangers  que  je  cours,  je  me  mets  entiènmtttt  I 
votre  justice. 

«  Il  y  a  environ  six  ans,  qu'occupé  dans  OMh 
cabinet ,  je  fus  distrait  le  soir  par  Tarrivée  d*aM 
jeune  personne  qui  se  dit  de  Mets ,  et  appar- 
tenir aux  plus  honnêtes  gens.  Elle  se  réclamA 


tlftÉli    DES    A^fcttlVfei;  ^67 

4e  la  ftfkme  d'txtï  béH^illét-  àlH'  PàVlëMént  de 
fàtlz  qihte  f  àvdiâ  cltlliYé  péiidMit  hitth  èéjdà^ 
dans  cette  province  ,  et  tne  deiAèhda  t)h)teoi{6tt 
ponlr  la  placer.  Aprbs  quelques  répughani^es ,  je 
Tadresëal  a  une  marchande  de  mod'di  de  Pèth 
que  j'avais  connue  en  entrant  dans  le  monde; 
Pén  de  jôut^  après  ^  ma  protégée  tint  me  i^hdi^ 
cotopté  àes  humiliations  qu'on  avait  fait  sonifi^it 
à  sa  vëMu. 

«  Àa  iagés^é  prétetrduè  th'intéiressâ  ;  je  mé 
prêtai  à  lui  fouthit  !'és  ùioyens  de  vivï*6  'de  iô^ 
tftVkit  ^  d«^uib ,  eHlè  m'occupa  dàv^ïftage ,  feii^ 
dïiti  ftiblé^M  y  fé  le^  ][>ayài  ;  j'enis  dëJa  ctiVifîiDii;^; 
elle  se  porta  jusqu'à  Tabus  dans  une  conrl^i^fMi- 
dàiil^è  dotat  la  publicité  cèmptottiéttràit  la 'dbu- 
cfeur  Aek  lietls  les  plus  respectables.  Vîek  fiii- 
bleues  tarent  alimentées  par  les  réponsies  lèrs 
plus  séduisantes  a  mes  Icllres ,  et  enfin  pat  lé 
cri  delà  nature  que  je  crus  entendre  pour  quatre 
enfans  donfon  me  fit  hommage. 

cf  En  un  mot,  monsieur,  sans  avoir  débauché 
une  jeune  personne  bien  née  ,  je  crus  avoir 
rendu  sensible  une  honnête  créature  ;  je  m'ap- 
plaudissais de  ma  faiblesse  et  je  multipliais  des 
sacrifices  énormes,  lorsque  la  lumière  que  je 
vai^  vous  dévoiler  ,  en  m'arrachant  mon  erreur, 
m'a  montré  le  tissu  d'horreurs  que  je  défère  à 
votre  justice. 


3(i8  MI.«|t»|flF.I»    lllMtiHIuLlS 

K  Voîci  quelle  lui  l*occa»iuii  qui  me  donna  lieu 
de  percer  ce  uiy«tcre  d'iiH(|uilé.  J  avais  renda 
celle  ieiiiuii*,  que  ji:  cuiiiiai^sain  miuiî  un  »iinplr 
nom  ii'llenrieiie  uu  sousi  i:clui  de  f'ainill«*  quelle 
s'éUil  donne  ,  madame  lleniy ,  tlcponitairc  d'une 
.somme  de  S,(M)t)  ii*. ,  lic  l'intéri't  de  laquelle  je 
pouvais  me  p:isiHcr ,  avec  |>crmis»ion  de  s'en 
servir  |M>ur  faire  les  bonnes  affaires  bonncles 
dont  un  peu  d*argent  compt.iiit  pouvait  la  rendre 
susceptible ,  mais  sans  compromettre  les  fonds 
dont  je  ne  voulais,  ui  ne  pouvais  disposer.  J*eiM 
besoin  de  cet  argent  ;  je  lui  écrivis  de  me  l'en- 
voyer ;  elle  le  refusa  d*aburd ,  et  me  le  reairoja 
ensuite. 

•  Dès  cet  instant,  je  soupronnai  la  réalité  de 
son  attachement  \  les  reproches ,  les  excès,  lc« 
menaces  d*abuscr  de  mes  lettres,  de  mes  bien* 
faits,  convertirent  meii  suuprons  en  certitude, 
et,  de  ce  monienti  jappi  i>  suL-Le!toivement  ce  que 
vous  allez  lire. 

«  La  créature  à  laquelle  j*ai  eu  affaire  est  ori- 
ginaire de  Met/,  et  ne  nomme  llenrietie  Marié ^ 
ou,  de  son  nom  de  guerre,  l.i  pfii'f  Marie.  Klle  a 
servi  a  Metz  ,  y  a  fait  riiitVniH*  métier  de  fille  pa- 
bliquc,  a  eu  un  enfant  de  jt*  m-  ^ai^^  ({ui  ;  cet  enfant 
ent  une  iille ,  que  j*ai  vue  ni  a  rari!^ ,  chez  elle, 
sans  la  connaître,  souh  le  nom  de  peiiie  Manon  ^tl 
qui  est  artuellonient  à  (ihMons  en  (Champagne. 


■illll.S    LES    ARCHi^F^.  S6î) 

■  Pour  raison  de  débauche,  elle  a  él&  ren- 
lèrmée  au  Refuge  b  Metz.  £[le  s'est  évadée  par 
une  fenêtre  à  l'aide  de  ses  draps,  et  porte  encore 
à  un  genou  la  blessure  qu'elle  s'est  laite  en  se  sau- 
vant de  sa  prison. 

<■  Elle  a  été  amenée  à  Paris  par  un  dragon, 
grenadier  ou  officier,  qui  l'a.  f:oadmte  avec  nne 
compagne  de  ses  débaudies  et  uR  frë^e  li  elle. 
A  leur  arrivée  à  Paris,  pouf  iraiitoadlincoadaîtCf 
ces  deux  femmes  ont  été  conduites  prisonnièMlj 
par  ordre  de  police.  Interrogééjî'ïUe  i^estréda- 
mée  de  sa  mère,  qui  gardait  à-Pftrii  des  malàdeif  i 
et  elle  a  été  reconnue  par  eUe<i  et  lui  a'Àé'V«^ 
mise  avec  les  injonctîonsdedvoit.'.  ^  .  -'■•■'^  -'  '' 
.  «  Cest  à  cette  époque,  atQntieur,-^ue' i'ent 
formé  l'odieux  complot  de  me  reiidre  du{F4'î 
qu'elle  s'est  présentée  chez  moi ,  etya  joué  lô 
rôle  qui  fiiit  la  preoiièrc  partie  de  cette  longue 
hîlirc, 

<  L'inconduite  de  ses  mœurs  pendant  qu'elle 
:i  vécu  avec  moi,  pourrait  m'oiTenser;  mais  il 
i'aul  rire  juste,  quand  on  a  des  faiblesses  ,;0n 
s'interdit  le  droil  d'en  reprocher ,  je  me  tais  sur 
rel  objet. 

H  Mais  ce  qui  m'intéresse  essentiellement, 
c'est  l'irifamie  ,  la  fausseté  et  les  suppositions 
prouvées  ,  les  abus  de  conBnnce  déjà  existans  et 
ceux  dont  je  suis  menacé. 


TIKÉS    DES    ARCÏlIVEfS.  Zjl 

drir,  et  que  l'on  a  eu  Timpudenoe  et  Tâllaâee,  il 
y  a  peu  de  j^ur$^  de  me  djémanèei^  ùti  soft!  ll^t' 
vrai  que  Ton  ne  me  croit  pas  instruit. 

<r  Enfin,  monsieur,  une  fausseté  reste  premvée! 
J'ai  éié  séduit  par  les  lettres  de  cette  Setù^è; 
ces  IcUres  sont  toutes  supposée^  :  elte  ne  sait  pas 
écrire. 

«  Cette  créature,  pour  se  fuire  des  partisans  èi 
me  compromettre  dans  mon  honneur  ,*  débite 
une  histoire  que  voici.  Elle  dit  qu'elle  est  de 
famille  plus  qu'honnête,  et  a  été  mariée  ;  que  je 
Tai  déhaujchée  ;  que  j'ai  fait  passer  son  màti  aux 
îles;  que  je  lui  ai  mangé  tout  ce  qu'elle  avait; 
que  je  lui  ai  fait  des  enfàns,  et  que  j'aban-* 
donne  sans  pitié  k  la  misère  la  mère  et  les  en?- 
fans. 

ff  II  me  reste,  monsieur,  a  vous  entretenir  des 
abus  déjà  existans ,  et  de  ceux  dont  je  suis  me- 
nacé. Les  premiers  sont  les  violences  et  les 
menaces  réitérées  et  directes  faites  à  moi ,  ou 
répétées,  de  me  faire  périr  empoisonné,  de  me 
déshonorer,  etc.  Mais  je  pense  que  ce  sont  de 
vains  mots ,  cris  de  sa  fureur,  que  j'ose  croire 
impuissans,  mais  assez  dangereux  pour  mériter 
votre  intention.  J'ai  beaucoup  été  rançonné;  j'ai 
beaucoup  sacrifié  avant  que  le  rideau  fût  tombé  ; 
c'est  le  moment  de  la  justice. 

«  Les  abus  dont  je  suis  menacé  sont  la  publi- 


cité  de  mes  leltret;  on  en  a  déjà  monUrv,  et 
Ton  a  fait  avec  de  l'argent ,  fruit  de  mes  bien- 
faits,  la  tentative  d'en  faire  parvenir  à  ma  femme 
et  a  ma  belle-mère.  Pins  ma  confiance  a  été 
grande,  plus  j'ai  à  craindre,  et  je  ne  dois  pas 
vous  dissimuler  qu'elle  a  été  sans  bornes. 

•  Quoique  je  me  sois  interdit  de  tous  parler 
de  rincondnite  qu'a  pu  ou  peut  a^oir  la  per- 
sonne dont  je  vous  parle,  je  ne  puis  tous  laisser 
ignorer  ici,  monsieur,  que  je  la  crois  sooflléev  daaa 
la  menace  d'abuser  de  mes  lettres,  de  mon  por» 
trait  et  d'un  étui  d'or  à  mes  armes  que  je  ré- 
clame, par  un  sieur  Francfort,  commis  dans  les 
bureaux  de  M .  Rouxiëre, commissaire  deagoerreSt 
qui  a  avec  elle  des  liaisons  dictées  par  dee  aesi- 
timens  quelconques,  sur  lesquels  il  vous  eppw* 
tient  de  prononcer. 

«  D'après  cet  affreux  tableau ,  monsieort  éomi 
je  vous  ai  donné  de  vive -voix  tous  les  détails 
odieux,  plaignes-moi,  secoorex-moi  ;  je  me  lierre 
entièrement  à  votre  amitié ,  et  j'espère  de  iroln 
honnêteté,  monsieur,  que  vous  voudree  bien»  en 
me  délivrant  par  votre  justice  des  inqwétasdlea 
affreuses  auxquelles  me  livre  ma  position, 
courir  le  plus  promptenieiit  possible  a  la 
vation  de  ma  réputation  par  tous  les  ménagemens 
qui  sont  en  vous. 

«  Il  est  dans  la  nature  d'avoir  des  laibli 


TlKts    ULS    AKCHIVKS.  5^5 

je  tiens  peiit-èire  ii  riiumaiiilé  plus  qu'iin  autre; 
maïs  vous  possédez,  morii'ieur,  un  mantenu  pour 
l'honneur  h  Pabri  duquel  une  âme  sensible,  mais 
droite,  unmagisLiMl,  se  met  avec  conBance.  Soyez 
mon  égide,  et  je  sentirai  moins  mes  tourmens. 

■  J'ai  l'honneur  d'être ,  avec  un  allachcmenl 
bien  réel  et  1res  respectueux,  monsieur,  votre 
très  humble  et  Irsjs  obéissant  serviteur. 

<<  F«^  DE  MOKTBOLOK,^ 

11  fut  aisé  a  M.  Lenoir  de  se  mettre  face  à  face 
avec  la  \erite.  M.  de  Monlholon  ne  voulait  pas 
être  compromis;  il  tenait  au  décorum  plus  qu'à 
tout  le  reste.  Cette  lettre,  où  l'on  s'abandonnait 
an  lieutenant  de  police,  dut  lui  donner,  par  cela 
itlStne,  le  plus  vif  empressement  de  venir  au  se- 
cours d'un  galant  homme,  en  contradiction  avec 
ses  principes,  craintif  des  suites  comme  de  raison, 
inaj^istrat  qui  se  sentait  en  vue,  ranronné  sans 
retenue,  et  finalement  allié  d'une  famille  qui  ne 
se  doutait  pas  et  pouvait  le  blâmer  hautement 
de  son  imprudence.  A  tons  ces  titres,  il  fallait 
étouffer  un  éclat ,  et  venir  en  aide  à  fa  corpora- 
tion dont  il  était  membre.  La  colère  d'une 
femme,  cruellement  conseillée,  allait  peut-être 
sans  cela  plonger  toute  une  famille  dans  la  plus 
vive  afllicl  ion.  Il  était  plus  simple  de  plonger  cette 
lemmc  dans  un  tal-ile-bassc-fus^c.  La  lille  Hcmv 


J^^  MCMOIAKS    liiNTOhlQL'b 

n'élait  au  fond  qu'une  fine  intrigante,  dirigée  |iar 
des  amant  intéresses  aux  succès  de  ses  friponneries 
amoureuses ,  et  qui  avait  su  en  imposer  à  M.  ^ 
Moniholon  et  abuser  de  sa  confiante  tendresse; 
l'intervention  du  sieur  Francfort  dans  ks  dé- 
marches de  cette  créature  prouve  que  sa  con- 
duite nY*tait  ni  pure ,  ni  à  Tabri  des  soupçons, 
mj^roe  depuis  qu  elle  avait  les  secours  da  ma- 
gistrat. 

Mais  M.  Lenoir,  en  se  laissant  aller  compbi- 
samment  à  discerner  tout  le  bon  droil  da  côté 
qui  lui  convenait  le  plus,  n*en  aboai  pas  aoîiu 
du  pouvoir  que  lui  donnait  sa  place  poar  &îr 
arrêter  la  fille  Remy  et  la  mettre  k  Sainlo-Pé- 
hgie,  au  secret.  La  légalité  n'y  consenlail  point, 
et  ce  fut  un  vrai  coup  d'état.  A  la  Tenté,  c'étaîl 
le  seul  moyen  de  prévenir  le  scandale  anqnd  il 
était  urgent  de  remédier.  Les  magialnlty  dans 
ce  qui  concerne  leurs  prévarications  pwn* 
nelles,  ne  s'en  remettent  pas  toujoars  Tolonikn 
aux  bons  offices  de  la  luute  magistrature,  autant 
dès  qu'ils  avisent  un  moyen  tréchapper  anxaTaiiîes 
d'une  puMicité  dont  les  simples  citoyens  portant 
si  tristement  le  fardeau.  Entre  eux,  ils  préfèrent 
ai;ir  (mi  gens  du  monde  plutôt  qu'en  hommes  de 
loi;  ri  |)t*iit-rtre  quVn  y  mettant  de  la  bonne 
gràit',  on  lâUiiMMuit  ici  «|U€lquc  excuse  à  l'arbi- 
tr.iirr  ik*  i  L'itt' lai^f^ii  i{'.i^ir.  L  ingratitude ,  T^bu» 


dfw  bontés  «t  4e  b  tep4re)iifr,ft4  M.  de  UoadMt 
loa  caractérisaient  la  conduite  de  la  fille  ilolDjf  J 
DfM  i'esprit.^ftèquicopciiMi  «  vu'ds.psis  Aes 
affures  et  ^.fmkivnM  ^wM^ot^  nbatipciBcâ* 
|l|il«liieDt  ]g9er..«tO  pvop»  c«mpte ,  nt!  pandWi 
plu»  JMste  qoft  d'^yorter  u»  £rwn  à  l'miàtm  «b  i 
Vp^c*  des  çoiur<iiueft-.4Jaf^«t^  ^n\,  pfvaiaéit 
prwqiw  tQwjovn  paTidef  f«roiw necni*, 

eux  en  révélations  in«p4rtitie|ijt«$  «|t  |^M,«»iivpiit 
«nmenMmgfMSi^ËiA  deJl«ti«i«Mr«  kqoDtoibaâon 
par  les  moyens  de  contrainte  et  par  la  frayeur. 
La  leçon,  à  la  vérité,  ne  pouvait  être  qu'indivi- 
duelle, et  le  aecret  dont  il  fallait  entourer  ceci 
contrariait  l'effet  moral  qu'on  se  proposait  d'en 
tir«r.  M.  Lenoir  voulitt  avoif  aoe  cottBainaflc* 
approfondie  de  l'afiaire  et  entendre  Ite  raisam  df 
la  demoiselle  Remy  avant  de  prendre  un  parti 
qui  fit  cesser  les  craintes  de  M.  de  Montholon. 
La  curiosité  l'aurait  conduit  à  se  montrsr  équi- 
table à  défaut  de  l'esprit  de  justice:  on  n'est  pas 
fâché  de  savoir  pourquoi  l'on  se  permet  de  l'ar' 
Ititraire  au  service  de  ses  meilleurs  amis.  M.  Le- 
noir donna  des  ordres  au  commissaire  le  Bel  de 
se  transporter  h  Saiiite-Pétsgie,  et  là,  de  procé- 
der à  l'interrogatoire  de  la  prisonnière.  Le  com- 
missaire s'y  rendit   le  10  déi'erabrc  1770,    dix 


KMir»  aiMTvL  *ji  AàXc  4e  la  \tl\rt  de  M    de  Mi 

Il  nMiite  ^l««  pivoiièrM  qaeslioni  du  coi 
^iiv«  que  h  je«ne  kMnn>e  se  iNimmaît  ElitabeA 
l\ow\  «  hfv«Wir«e  en  or  r(  en  argent  ;  ipi'ds 
avait  irmtt-^ttairr  an»,  el  élail  native  du  cUtca« 
%le  IVif r.  |H>^«  l.uxemkonrç  :  que  son  père  étaH, 
de  ton  \i%ani«  n>archan  J  à  Francfort  et  recev< 
dea  divita  de  b  seigneurie  de  la  dame  Conl 
à  qui  appartenait  le  chilean. 

Swr  lea  aulres  questions,  elle  a  répondu  qvV 
ixinnaisMÎt  M.  de  llontholon  de  ches 
UenouTi^,  épouse  d*nn  conseiller  au 
de  Metz«  el  qu'elle  avait  eu  des  lettres  de 
numdatîon  de  cette  dame  pour  lui  ;  qu'arrivée 
a  Paris,  elle  se  présenta  chez  M.  de  Montholoa 
pour  être  placée  ;  qu  elle  se  mil  à  travailler  duM 
sa  chambre,  oii  M.  de  Monlholon  lui  avait  pra* 
mis  de  b  secourir;  que,  peu  de  temps  apri-s ,  lui 
ayant  témoigne  le  désir  d'apprendre  les  modo», 
il  Tavait  placée  chea  une  marchande  âe  modes; 
que  cette  marchande  de  modes  b  6l  mettre  est 
cheniiac,  lezamina  des  pieds  a  la  tête,  aiio ,  et 
lui  dit  qu'elle  ferait  quelque  choie  d'elle  tjuMid 
elle  serait  décraMéc,  et  que.  comme  elle  téaoi- 
çnait  sa  surprise  de  rcttc  conduite,  puisqu'elle 
»*était  présentée  avec  une  lettre  de  M.  de  M< 


tlRES   DES   ARCBIYES.  S77 

tholon^  celte  femme  se  servit  du  prêta  té  ^e 
quelquefois  il  lui  était  venu  des  filles  atteintas 
de  la  gale  ou  de  tout  autre  inal;  que,  sur  iè 
refus  de  se  laisser  examiner,  cette  femioie'  vou- 
lait la  renvoyer;  qu'en  conséquence,  la  demèt^ 
selle  Rettiy  se  laissa  découvrir  le  sein,  mais  qu'elle 
se  plaignit  que  Ton  èortât  plus  loin  les  regards, 

* 

qu'elle  quitta  cette  marchande  et  vint  rendre 
compte  de  Tévéncment  a  M.  de  Moththoldn  ; 
que  ce  magbtrat  lui  témoigna  être  très  inécon*^^ 
lent  de  cette  marchande  de  modes,  que  d'ailleurs 
il  ne  ^ppnnissaitt  pas.  .  V  :-  i 

'  Le  commissaire .  l'ayant  in  terrogée  .sur  If  upi  d^ 
moyens, cie.  séjduction  employés  par.:eUer.|H>¥ir 
surpr#Qdf?e  les  sens  de  M.  deMontholoif^.eta'U 
n'était) pas  vrai  qu'un. certain  jour,  en  m^i^ifes- 
tant.un  excès  de  reconnaissance  pour  les  bontés 
de  ce  magistrat ,  elle  eût  affecté  de  tomber  en 
pâmoison  dans  le  cabinet,  ce  qui  détermina  l'as- 
cendant qu'elle  parvint  a  prendre  sur  l'esprit  de 
M.  de  Montholon;  elle  a  dit  que  depuis  sept 
ans,  cette  crise  lui  était  arrivée  plusieurs  fois; 
mais  que  ce  n'avait  pas  été  dans  l'intention  qu'on 
suppose,  ajoutant  qu'elle  n'allait  point  chez  ce 
magistrat,  et  qu'il  venait  la  voir  chez  elle  tous 
les  quinze  jours,  tous  les  mois,  et  que  ce  fut  la 
|)renîière  t'ois  seulement  que  se  trouvant  mal, 
y\.  dc-MonlhoIon  lut  obligé  de  la  délacer. 


ô'jB  MLMOJhKS   HlSTOKlSjL'CS 

L'interrogateur  ayaut  également  demandé  t*3 
n'était  pas  vrai  (|u*elic  eut  entretenu  la  aéductioa 
de  M.  de  Moutliolun  par  un  commerce  de  lel- 
tres  dont  la  pudeur  et  la  réserve  paraisaaieol 
former  le  fond ,  et ,  sur  ce  que  le  commiitaîrv 
lui  reprochait  avec  raison  d'avoir  laissé  croire 
au  magistrat  qu'elle  était  l'auteur  de  cet  lettres, 
pendant  qu'elles  étaient  écrites  par  an  sicar  k 
Rous,  alors  secrétaire  de  H.  de  Moatholoo;  cUc 
a  répondu  que  c'était  elle  qui  dictait  les  lettres 
et  qu'elle  pensait  comme  elle  les  dictait  (1). 

Lui  ayant  demandé  s*il  n'était  pw 
M.  de  Montholon  lui  fournissait  JOÊf/fk 
et  ^ingt  louis  par  mois,  indépeadaa 
eadeaui  en  bijoux ,  argenterie  « 
meubles,  et  aussi  des  sommes  d'argeiil 
en  diverses  circonstances;  elle  a  répenAsqall  M 


^1}  Ceci  partit  l»i«-n  obtcur.  Comneni  M.  de 
ctniiultull-il  pat  r^critorr  âr  too  iccr^Ulrc  ' 
HMimi  Sttflrt  iBlime ,  tn  éuiHI  à  appctoieps 
Hrav  nrMtml  pitinlrtrirr-MI  réMille  cncurc  de  lÀ  e^  i* 
ijtti-  Ju  nugiftir^i  »«,'  inivM:jii  de  lui  ««tc  m  ii<aSlreMe. or  ■•rsii  fl 
r\-fit  lit»  Ultri*»  *it\\\  (tMifiiIrntirMr» ,  \MUà  Cire  daa»  les 
Cl  .ii-r«  c!f*  Iji  rn\A'  iiv|ii|nr  'Au  tT%\c  ,  c*r%l  Ir  ««rt 
Trial  ri  du  rauf  t!c  M  Av  M^aih^ilon  d'cirr 
(tninir»iiwniiii*  Ij  Jcini'i^-lU*  Rrmv  ,  *  «ic»  ««Vit»  dca 
«lr%  a^rnUirii  r^.rtinOinr  *  ii*^  «  J^alvil  I«.  «{u'cMm  cKM%irfll  d*as- 
'  iiii  |-tu«  qu'ilTi-^  V  Jr  li<  i-fitoc  ttl  ainr  r*i«  de  la  cuatriffifr 


f  effectivement  doqné»  rn^u  daii^jes  prepiîi^rs 
temps  seulemeHl,  un  l(^\$  0ndw%>d^àq^e\{w 
qu'il  venait  la  voir;  quelquelpis  4e  ({»}Q|U^#'<eii 
quinzaine,  d'autres  fois  de  mois  en  mois,  ÇM 
^i  a  duré  pendant  entîra^  deux  ans  v  qfi^fn- 
suite  il  Ittf  a  donné  quafre  ipiiis  par  n$mw^9 
ce  qui  a  duré  jusqu'à  Vhiyer  de  i77]E|,  q^'il  lui  ^ 
donné  cinq  louis  par  semaine.  Depuis  l'hiver  4^ 
i77&j  fl  ne  lui  a  plus  donné  qne  deuJc  If^uîf  par 
lemaine  ;  qu'il  est  vrai  aussi  qu'il  lui  a  d^npé  uite 
robe  de  velours  et  quelqueis  autres  K^lfls  )  six 
cpu ver ts  d'affient,  deux  cuillers  krag^9  4oux 
port^lmlUiers,  aussi  d'iirgenl}  ui^e  tijpçi|i|f4|e  djSMT- 
geni  f  qfàSLire  vases  pour  mettre  des  baiit|^}#4  d^ 
irin,  un  autre  pour  mettre  des  liqueiirSt^iU^liw 
argent,  une  montre  enrichie  de  diamaais)  que, 
peur  le  surplus  de  son  argenterie  et  de  sa  garde- 
robe,  elle  se  l'est  procuré  de  ses  épargnés,  et 
qu'à  l'égard  des  sommes  qu'il  lui  a  données, 
il  a  eu  soin  de  se  les  faire  remettre  sous  le  titre 
d'emprunts,  et  qu'elle  ne  croit  pas  avoir  manqué 
a  M.  de  Monlholon. 

Du  grand  nombre  de  questions  adressées  a  la 
demoiselle  Remy  dans  cet  interrogatoire,  sur 
les  enfans  qu'elle  prétendait  avoir  eus  de  lui ,  il 
résulte,  à  l'en  croire,  qu'ils  étaient  bien  de  lui, 
(|Uoic|u'ils  n'aient  pas  été  baptisés  sous  le  nom 
du  |»cro;  et  (jue  ce  qu'on  dit  do  la  supposition 


38o  MKMnmcs  Hisroni^tra» 

qu'elle  Iqî  a  faite  d'eiifans  qui  n*6laîent  pat  de  lui 
est  faux;  ses  réponiieii  a  cet  éi;ard  n'ont  pat  été 
péremploires ,  mais  elle  n'a  point  iniîsté  sur  ce 
point. 

Elle  a  confessé  que  M.  de  Montholon  lui  avak 
demandé  plusieurs  fois  les  lettres  écrites  par  lui, 
et  que  ce  n'était  qu'au  bout  de  cinq  mots  et  ae 
voyant  abandonnée ,  que  la  menace  d*en  tirer 
parti  en  les  publiant  avait  élé  faite.  M.  de  M#o* 
tholon  avait  répondu  ,  disait-elle ,  qu'elle  était 
trop  bête  et  trop  trembleuse  pour  le  Kiire,  et 
qu'en  effet  ellr  n'en  avait  rien  bit.  Elle  a  nié 
avoir  jamais  cherché  à  faire  passer  set  lettrée  à 
madame  de  Montholon,  et  elle  a  dit  ne  les  avoir 
déposées  chez  le  sieur  Francfort  que  parce  fpe 
iM.  de  Montbolon  l'a  menacée  d'obtenir  m  er* 
dre  du  roi  pour  faire  une  perquisition  chea  elle. 

Elle  a  persisté  a  dire  qu'elle  n'avait  point  à  ae 
repentir  de  sa  conduite  vis-a-vis  de  M.  de  Moa* 
tholon  ;  qu'elle  est  reconnaissante  de  aea  bit 
faits;  qu'au  surplus,  elle  consente  la  reniée 
lettres  ;  qu'elle  proteste  ne  lui  avoir  jamais 
que  en  les  communiquant  h  qui  que  ce  ooit; 
qu'elle  promet  mrme  de  ne  jamais  prononcer  le 
nom  de  ce  ningititrat ,  bien  loin  de  se  répandre 
en  rcprochcH  contre  lui ,  s*il  veut  bien  M>lltcîlcr 
»à  liberté  et  lui  l.iissrr  «on  mobilier  dont  elle 
otimait  U  \.ili'iii*  ii  rtMJrnn  •"MiJH.HIfmiu^ ,  enfin 


TUVBS    DSS    AltCBlYKS.  38 1 

«  * 

elle  a  répété  qu'il  n'y  avait  point  eu  de  supposi- 
tion de  sa  part  et  que  ce  ne  pouyaient  être  que 
de  faux  témoins  qui  eussent  assuré  le  coniraifre* 
Ainsi  se  termina ^ cette  affaire  épineuse,. pii 
J'intrigue  des  deux  parts,  la  faiblesse  égale  de 
part  e^d'autre,  la  colère  et  l'animosité  mutuelles, 
exposèrent  un  magistrat,  homme  du  monde ,  a 
^oir  sa  réputation  attaquée,  moins  par  le  fait  en 
li^JUpiême,  que  par  les  accessoires  jel  les  enjoli- 
vemens.  inévitables.         . 

JLe  public  eût  été  probablement  fort  aise  dç 

voii^  f^n  homme  qui,  dans,  la  sévérité  de  ses 

SbiDCliovis ,  disposait  quelquefois  de  la  r^puta- 

ùo^  des  autres ,  mis  à  son  tour  à  la  disposition 

des  rieurs  et  des  rigoristes:  et  c'eût  été  l'occa- 

àon   d'une  revanche  éclatante   de  la  part  des 

moeurs  contre  la  morale  et  les  lois. 

Le  lecteur  sera  bien  aise  ,  peut-être  ,  de  savoir 
comment  M.  Lenoir  rendit  compte  k  M.  Amelot, 
ministre  de  la  maison  du  roi ,  de  ce  qui  s'était 
passé  dans  tout  ceci.  Voici  les  propres  termes 
de  son  rapport  : 

«  Sur  les  plaintes  portées  au  mois  de  décem- 
ire  1776  par  M.  de  Monlholon,  procureur  gé- 
néral a  la  chambre  des  comptes,  contre  la  fille 
Remy  et  sa  mère,  et  dont  il  a  été  rendu  compte 
au  ministre,  il  a  été  expédié  des  ordres  du  roi  en 
exécution  desquels  la  fille  Remy  a  été  conduite  à 


Sainte-Pf lagie ,  le  0  dodil  mois,  et  la  v< 
Remy,  la  mère ,  dans  les  prisons  du  Petil-CU- 
tclct. 

«  liors  (le  la  perquisition  faite  chez  elle  «  les 
officiers  de  police  ont  retrouTé  les  effets  récit' 
in^s  par  M.  de  Montholou ,  savoir  :  an  étai  d'or, 
^ravc  h  ses  armes ,  et  des  bracelets  sar  Ti 
quels  est  son  portrait  ;  on  en  a  fait  un 
sur  lequel  le  commissaire  a  mis  ses  sceHési  tn  a 
chargé  le  sieur  Vaugien ,  inspecteur  de  piBce, 
qui  l'accompagnait,  et  en  a  dressé  piottt-fcrWI. 

«  Sur  la  demande  faite  a  la  fille  lltaf  Aeabl- 
très  et  papiers  qu'elle  devait  avoir ,  cHe  a  4ft* 
claré  qu'an  sieur  Francfort,  employé  M 
général  des  invalides  ,  et  demennml 
Louis  au  Marais ,  en  était  dépositON. 

m  Les  officiers  de  police  ont  été  le 
faire  perquisition  chez  le  sieur  PrancfiNt^h^vel 
leur  a  représenté  un  petit  coffre ,  conte «MH 
lettres  et  papiers  qu'il  a  dit  appartenir  II  1i 
Remy,  et  leur  a  apporté  le  lendemain 
de  lettres  qu'il  leur  a  déclaré  lui  avoir  été! 
elle,  indépendamment  du  petit  coffre. Le 
saire  a  mis  ses  scellés  sur  le  tout ,  en  a  ckargile 
sieur  Vaugien,  et  a  ausKÎ  dressé  procèa  verfcnl. 

«  La  veuve  Remy  a  subi  un  interrogatoire  «li 
10  décembre  ,  devant  le  commissaire  L^e!*  it 
sa  fille  en  a  subi  un  autre,  le  16  du  même 


TIRÉS    DES   ARCHIVES,  S85 

n  De  ces  interrogatoires  il  réàilHfe  t^dè  Iles 
plaintes  de  M.  de  Monlliolon  étiiehl  ï>ieii  fon- 
dées ;  mais,  comme  il  a,  par  l'effet  des  perquisi- 
tions, retrouvé  les  lettres  et  efTcls  qu'il  avait  inté- 
rêt de  se  faire  rendre,  il  consent  que  les  femmes 
Remysoient  mises  en  liberK-,  si  le  ministre  juge 
à  propos  de  le  leur  accorder. 

■  Je  n'y  vois  point  de  diflîciillés  à  l'égard  de 
la  fille  Kemy  ;  mais  si  le  ministre  consent  a  l'ac- 
corder a  la  mère  ,  je  crois  qu'il  estîl  propos  de  la 
séparer  de  sa  fille  et  de  l'éloigner  de  Paris. 

«  En  conséquence ,  je  supplie  le  ministre  de 

fiire  expédier  un  ordre  de  liberté  pur  et  simple 

pour  la  fille  Remy,  et  pour  la  veuve  Remy  un 

ordre  d'exil  au  village  de  îVoménil,  près  Nancy.  » 

Les  choses  se  passèrent  ainsi ,  les  ordres  furept 

délivrés  dans  cette  forme,  l.a  demoiselle  Remy 

resta  à  Paris  et  eut  de  nouvelles  liaisons  avec  des 

personnes  de  distinction.  Sa  mère  étant  revenue 

malgré  l'ordre  qui  lui  avait  été  donné  de  rester 

i  Noménil ,    fut   arrêtée    et    détenue   quelque 

temps  ;  mais,  sur  la  réclamation  des  amis  de  sa 

fille,  elle  fut  mise  en  liberté. 

J'ai  bien  eu  raison  dv.  dire  ,  comme  on  le  voit 
par  ces  deux  niiaircs  de  ÎMIM.  de  Chapuizel  et  de 
Montbolon  ,  que  la  police  savait  fort  'a  propos 
venir  au  secours  des  personnes  que  la  justice  or- 
dinaire aurait  précipités  dans  une  mine  inévita- 


!lik|      MKMOIMft  NLSroKlvt'I'i   MKKS  i»%>  ARCHIVEE. 

ble,  à  défaut  de  moyens  suffisans  pour  coanallre 
la  Térilé  et  cmpccher  le  scandale  et  réclat ,  ai 
funestes  an  bonheur  des  familles  el  de  la  société; 
après  tout,  l;i  loi  «Irvaiil  se  pritposrr  l'avantage 
de  chacun  dans  rinh'Trt  dr  tous,  son  premier» 
MÈn  seul  nit*rito  v^i  nul ,  si ,  dr^  qu*on  %fi  pro- 
pose d*en  sui\rc  liUL'rdt'nirnl  les  prescriptions, 
on  s'expose  Ii  la  douleur,  au  scandale  et  a  l'ava- 
uie.  Dans  cette  histoire,  du  reste,  toutes  les  con- 
clusions se  choquent.  La  contradiction  des  faits 
jette  la  contradiction  dans  les  idées.  Malgré  les 
maximes  ofliciellcs  d'équité  qui  dupent  les  pe- 
tits et  font  sourire  les  esprits  clainroyans,  voilà, 
tout  compte  fait,  comme  on  se  pique  d*indulgence 
envers  les  maj^istrats  qui  sont  la  plupart  du  temps 
si  sévères.  Ne  vaudrait-il  pas  mieux  que  la  loi 
fut  douce  pour  les  uiiNcoinnie  pour  les  autres?  Et 
doit-on  prélever  de  richi's  appui ntcuicns  pour  les 
juges  sur  les  amendes  auxquelles  on  condamuc 
les  coupables,  atin  de  nii'Urc  ces  graves  prédica* 
teurs  a  mcme  des  joifs  qirîN  fr.ippent  de  la  prison 
et  de  Tamende  vu  tonn.iMt  'otitr«:  l'adultère?  La 
sévérité  des  lois  nr  smilili*  rtn*  c|u*un  prétexte 
pour  fournir  à  de  iv\>  |iriMli'::ir<i  les  mo\etis  de 
faire  cent  l'ois  pi^. 


UN  m    iriiihu.iii.  \4iiiMi'. 


9%  livraîHCi  4t  4ni\  fruîDM  4'imfntmùn , 


I 


DICTlOÎV^AniE  DES  D.V 


f^e»  Tablem  tie  l'iftmliti$^ 

tlimm.  m-" ■  - r.nnivnii^ 


II)  iH-nii  l'A  pi-lil  .'•-•.  <>         .'  >>u>^.  d'au  B— M  ij 

Mil)  (IviatMM  *t  U<à%  (iwlIW*  IM*  ti*  I 


■Aat€»amais 


PÂUIS, 


A.     LEVAVASSEIB    ET    V; 
PIma  de  1b  BoUtip.  S. 


\ 


aiiSm(DiiiBiB8 
JJRCHIVIIIS  DE  LA  POLICE 

DE     PARIS. 


é 


|^>  MÉMOIRES 

II 


fc  DE    PARIS. 


i  Huiui.E  fct  i>E  u  pucne , 


DWU»  i.ovts  siv  ^SSQU'A    von   iMCma. 


Par  J.  Peuchet, 


PARIS, 


A.     I.RVAVASSEt'H    ET    O" 

l'Iaci'  ifn  la  Roiir*!',  .S. 


^_  -     MÉMOIRES 


ï,         DE   PARIS, 


HPITIS    VUetS    XIVJ|ft|QU'A     HOS    JOCMS. 

Par  J.  Peuctaet, 


PARIS, 


A.     LF.VAVASSEUR    KT    C", 

l'Iocp  il(!  la  Roiir-c  M. 


l 


CHAPITRE  UI. 


»  »  •  •   4 

î 


I>os  leltrcs  de  cachet  et  des  ordres  da  roi  dans  Tadminlstratioii  de 

1.1  police. 


liCs  lettres  tic  cachet ,  ce  moyen  d'action  arbi- 
traire auquel  nous  devons  la  colère  et  la  gloire 
d<»  INlirabcau  ,  ('(aient  les  pivols  de  Tautoritr   du 

IV  I 


TIRÉS    DF.S    ARCHIVES.  5 

Enfin,  comme  le  roi  signait  aussi  quelquefois  ces 
lettres  de  son  signet,  comme  il  en  est  fait  mention 
dans  quelques  ordonnances,  on  en  contracta 
l'habitude  a  la  cour,  pour  cacheter  les  missives 
secrètes,  en  remplacement  du  scel  secret  ou  petit 
scel  dont  Tusage  tomba  en  désuétude ,  de  ne  se 
servir  que  de  ce  signet  ou  cachet  qui  représentait 
les  armes  de  France.  Le  nom  de  lettre  de  cachet 
resta  donc  aux  ordres  en  forme  de  lettres  qui  n  é- 
f  aient  scellés  que  du  signet  ou  cachet  du  roi. 

Le  savant  auteur  des  Maximes  du  droit  puhlic 
français  (i  )  a  développé  dans  cet  ouvrage ,  aussi 
bien  écrit  que  fortement  pensé  ,  tout  ce  que  la 
raison  ^  la  justice ,  la  liberté  civile ,  les  droits  et 
les  privilèges  de  la  nation  offrent  d'argumens 
et  de  titres  contre  l'emploi  qu'on  a  fait  des  let- 
tres de  cachet;  j'y  renvoie  le  lecteur,  il  y  trou- 
vera une  source  d'instruction  supérieure,  même 
après  ce  que  le  comte  de  îMirabeau  a  pu  réunir 
dans  son  traité  des  Lettres  Je  cachet  et  des  prisons 
iVètal  (2).  M.  de  Monlblin,  moins  véhément  que 
Mirabeau ,  mais  plus  méthodique ,  plus  savant , 


(i)  L'.ivocat  Montbliii;  un  volume  in-^",  Amsterdam  ,  1775. 

(1)  Composé  eu  1778,  dans  le  doujon  de  Vincennes,  comme 
Mirabeau  le  dit  lui-même,  et  imprimé  eu  1782  ;  ouvrage  mal  ré- 
digé et  fort  au-dessous  de  sa  réputation  ,  qu'on  vante  cependant , 
mais  boufti,  déclamatoire,  et  dont  ou  ne  saurait  supporter  la 
Icclin  c. 


f  ç% 


-Oo*  i.  .:;-":     ...         /-Mi  iiiMUi  l'I  les  a«.lc«  pu- 
jkL^s  .iii  Àu:  .-.r*    --Ï    -mrf»  irbttriires,  que  s'il 

.-r^   .  '.Atinen  di"*  |»rinc»- 

•in*   .."     •       1     *î-  ;>*tun  *  *^t«î  4  l'cxcir*  et  «acu 

1.^    t.:r-*?   ir     .•  ar'..  :-rrLi9parui  ordre  du 
vnr-r?»  u:  ji.  .'.^ieat  uujuim  cootresà^ces 
z:i    zi«:xi:4r^     v.    aiTHrttfg»  iu  cachet  du  roi. 
rroixun  r'.uii    uuiuim  a  celai  <m  a   cen 


i-n**  :  ^leni  joi-i--^  i  «"ir  unti't^tÂon  par  nn 
•ifii-if."  iif  :in:»  •.  :'.,  :>^-£  .'jrT::!:  ir.t'aeal.  parun 
iifii::i':-  ir  ir  .r:  n.Ui  ..r  -.  «ui-viai  l  ifliportanct* 
ie  ^  3tfr^iii:ii«   [*i»f  :-?'.i^  -niMti'ra  coaceruiC. 

li  r-TT-^ii.  n^^  iuisL ;'ii!:j.»  ^ae  Teficâer  qui 
-à  pi:r*.i.  :/•>-.;.-  ut*:  !>ç*  •,*•  i<  procrs-Ycrbal 
df*  l'-i^  :  :-i .. .  :  :  !  ?a  :^ieuju».':a,  en  tête  daqacl 
la  Ifftir**  -î'.a  :  ma-s.ri-f.  -f c .  la  bas.  il  faisait 
dor.r.ffr  ?i*  .ili.  :  i^  .  i^ii:  rfvTK  une  recMinaift» 
«r- ^  ri -îu-t  Iii  1-  i.c  -L-i  r*nij*e  •  ou  m  la  p^r- 

I.  o.Srt  i-"*  l>f.-  -  !^;  1  h-;  >  uit  le  plasorda- 
fj;*ir*'r/i*-r  •  '1  ^n^  ■.  r  e.  »  \.I  le^  sr  -*  à  qnî  elle« 
%'*  lr*-*;ii'  r*" .  tj.*  .  •  •:  o  ii  ifc  j  i^ai-  .^ue  l'orii»  po- 
liM«jtir  *lfr  %  i^^trij.'.  r,  lfUij-:e  le^  i  Cai«  tie  r»rrla- 
vu^.  (•;ir  •\*-frjp!#':  rni.rn.oro.  lie  leur  enjoimirr 


TIRES    DES    ARCHIVES. 


fie  délibérer  sur  une  matière  indiquée,  néces^té 
tant  de  fois  sentie  vis-à-vis  de  ces  autorités  tfsiir-  ' 
patrices,  qui,  dans  leur  incapacité  sêrknoiin'etUMS,  < 
agitaient  l'état  par  de  vaines  disputes  d'apparat  ^^ 
trop  souvent  par  manque  de  lumières  spéciales  * 
sur  les  intérêts  positifs  abandonnés  à  leurs  dëli'-\ 
hérations. 

Lorsqu'il  était  question  de  faire  enlever 'c(ttw«.'- 
qu'un  ,  de  Tarrcter  ou  de  le  conduire  en  prisoh , 
c'était  un  ordre  du  roi  qu'on  délivrait  a  un  agent 
de  l'autorité  ,  et  cet  agent  rendait  compte  de  son 
e>^écution  au  lieutenant  de  police. 

Les  lettres  de  cachet,  ou  les  ordres  du  roi, 
ne  suspendaient  pas  la  jouissance  des  droits  ci- 
vils ;    ceci   ayant  été  décidé  au  Parlement   de 

I 

Paris  par  arrêt  du  9  juin  1769  (1)  ,  sur  les  con- 
clusions de  ravocat-général  Séguier,  dans  l'al- 
lairc  d'une  dame  LoucharJ,  enfermée  par  lettre 
de  cachet. 

Lorsqu'un  homme  était  détenu  par  lettre  de 
cachet ,  on  ne  recevait  point  au  tribunal  de  com-  ^ 
incr(  e  les  recammcvulatioiis  que  ses  créanciers 
auraiciiL  \uuhi  faire,  il  n'aurait  pu  être  retenu 
en  prison  pour  de  semblahles  recommandations, 
après  que  hi  lettre  de  cachet  aurait  été  levée. 


i"  \ry^z   le  a  jiKi  lotie   'l.c  jiif  i^fii  H'Jctia'  ^    -tu  mol  lettre  de 


6  MÉMOIIIES   HISTORIQUES 

Il  est  même  arrivé  quelquefois*  comm«  dans 
raffaire  de  la  dame  Louchard ,  que  des  détenu 
par  lettres  de  cachet  ou  ordres  du  roi,  ayant 
prouvé  linjustîce  et  la  fausseté  des  motib  qu*on 
avait  allègues  pour  les  faire  arrêter  et  détenir, 
ont  obtenu,  en  justice  ordinaire,  des  dommages- 
intérêts  contre  les  auteurs  de  leur  détention. 

L'abus  des  lettres  de  cachet  et  des  ordres  du 
roi  avait  été  senti  à  la  cour  même.  Lorsque 
M.  de  Mallesherbes  fut  nommé  ministre  de  la 
maison  du  roi,  en  1774,  il  voulut  tenter  une  ré- 
forme a  cet  égard.  Il  fit  goûter  même ,  dit-on  , 
son  projet  à  Louis  XVI;  il  ne  voulait  cependant 
pas  ôtcr  au  roi  ce  grand  moyen  de  pouvoir, 
mais  Tassujettir  ii  des  formes  régulières  qui  pus- 
sent en  prévenir  les  mauvais  emplois.  Tonte  de- 
mande tic  lettres  de  cachet  ou  ordres  du  roi 
aurait  clé  soumise  a  un  conseil  convoqué  dd  Aar, 
et  composé  de  maîtres  des  requêtes,  des  conseil-' 
1ers  d*état  cl  du  ministre  dans  les  attributiona 
duquel  se  trouvait  la  demande;  on  y  aurait  ei- 
posé  les  motifs  du  pétitionnaire ,  on  les  aurait 
discutés ,  et ,  avant  de  prononcer,  on  aurait  pris 
des  renseigncmens  contradictoires  sur  les  pointa 
qui  auraient  paru  douteux.  Cette  forme  n*a-t-dle 
pas  i|iii-l<|iu!  rapport  avec  ce  que  M.  Dcraxcs , 
.tlnis  iiiinisin*  lit*  l.i  polit  t* ,  obtint  de  la  rhanibie 
«1rs  fli-|iil<'> .   il  |;i  M  ssion  (le  1820,  pour  auto- 


T1RE$  DM»  AIlQlil¥|l$w  J 

viser  les  ministres  à  faire  iisago  d'Mdras  arbi- 
traires? 

Le  projet  de  M.  de  Mallesbeilies  Mn»uva  JAsint 
cères  et  adroits  contradicteurs^  lie  paUîaiif  pvo^ 
posé  fut  montré  comme  une  négation  abspliiA 
du  droit  royal  ;  le  roi  ne  pouvait  p}u^  avoir  rais4in 
quand  même,  et  la  publicité  des  délibérations. t 
quoique  indirecte,  devait  mettre  en Imniève  dta 
scandales  que  Finvention  des  lettres  de  cachet 
avait  eu  surtout  pour  intention  princîfiale  ^é- 
touffer  sans  bruit.  Le  ministre  sertit  de  |>Ià€e 
avant  d'avoir  pu  répandre  k  ses  conlradÎGtetfS , 
et  donner  suite  à  ses  idées  de  justice  et  de  llbetté. 

On  sentait  cependant  le  besoin  d'apporter 
quelque  changement  dans  cette  partie  du  gou- 
vernement ;  ridée  ne  fut  pas  entièrement  aban- 
donnée. Les  ouvrages  qui  avaient  paru  sur  cette 
matière  ,  les  réclamations  des  Parlemens  et  des 
cours  souveraines ,  avaient  produit  une  impres- 
sion profonde. 

Le  ministre  de  la  maison  du  roi ,  le  baron  de 
Breteuil ,  sans  revenir  aux  idées  libérales  de 
IVL  deMalIesherbes,  s'en  occupa;  plusieurs  plans 
lui  furent  présentés ,  mais  il  ne  s'arrêta  ù  aucun 
de  ceux  qui  touchaient  au  fond  de  la  question; 
il  ne  voulut  régler  que  l'usage  des  lettres  de  ca- 
<:het,  et  non  mellrc  des  cnlravcs  ou  des  condi- 
lioris  h  ce  (jui  sciait  fût  jusqu'alors. 


^  MÉMOIRES   IIISTORIQtlft 

Les  instniclîons  qu*il  adressa  an  mtenilans 
sur  Tusage  qu'ib  faisaient  des  ordres  da  rai  eC 
des  lettres  de  cachet  diminuèrent  le  mal  qMi  en 
résultait.  Sa  circulaire  du  15  octobre  1785  est 
une  pièce  remarquable  dans  l*histoire  de  b  po- 
lice ;  et,  ce  qui  ne  Test  pas  moins,  c*esl  que  les 
intendans  se  conformèrent  assea  généralement 
ans  prescriptions  qu'elle  contient  (I). 

C$piê  de  U  lêUfê  dttMiàiirê  édruê4$  pmr  M .  k  froron 
d§  Br$i$M^  mimiUrê  d'iUU  ,  à  MM.  Im  latmdam 
dê$  proptagii  de  iom  ddJpontaiMl,  mm  siysl  dm 
hUrêê  d$  eachêi  $1  ordru  de  difsMlîsM. 

«  VenAllIc»,  l«  i5 octobre  i;SS. 

m  Vous  trouTeres  ci-joint,  monsieur,  un  étal  dm 
différentes  personnes  de  Totre  départomeM ,  ae» 
tMollement  renfermées  en  vertu  d'ordres  dn  roi , 
expédiés  d*après  tos  informations  et  volru  avis, 
ou  sur  les)  informations  et  a\is  de  messieurs  vos 
prédécesseurs.  Vous  Terres  que  cptelques  mmoi 
de  ces  détentions  sont  déjà  fort  andennea  :  je  mm 
doute  point  qu'il  n'y  en  ait  plusieurs  qu'il  asi 
à  propos  de  faire  cesser ,  et  je  vous  prie  de  ne  pus 
perdre  un  moment  pour  le  vérifier,  et  pour  me 


'•)  I.«  Uijik*  %tit«atilc  r%l  Liîlr  siir  liitLiml  ,  (|«ii  a  Cfc  II 
I  -icli|uic  drfii»  «|uct<|iicft  tfUTr^ierï  «Jt*  fMtii. 


TIRES   DES    ARCHIVES.  9 

marquer  quelles  sont  celles  dont  la  révocation 
vous  paraîtra  devoir  être  prononcée  dès  à  pré- 
sent, et  quels  motifs  vous  détermineront  a  penser 
que  les  autres  doivent  subsister. 

«  Je  conçois  que  la  diversité  des  causes  de 
détention  ,  et  les  différences  que  le  sexe ,  l'âge, 
la  naissance  et  l'éducation  mettent  nécessaire- 
ment entre  les  personnes  détenues ,  s'opposent 
à  ce  qu'on  établisse  sur  cette  matière  des  princi- 
pes fixes ,  et  qui  embrassent  généralement  toutes 
les  circonstances;  mais  il  me  semble  qu'on  peut 
cependant  se  faire  quelques  règles ,  auxquelles 
on  devra  ramener  le  plus  grand  nombre  de  cas, 
s'il  n'est  pas  possible  de  les  y  ramener  tous. 

ff  La  suite  des  affaires  de  cette  espèce ,  qui 
passent  journellement  sous  mes  yeux,  m'a  fait 
rcconnaîlre  que  ceux  que  Ton  renferme  le  plus 
ordinairement  se  divisent  en  trois  classes. 

«  La  première  comprend  les  prisonniers  dont 
l'esprit  est  aliéné  ,  et  que  leur  imbécilité  rend 
incapables  de  se  conduire  dans  le  monde,  ou 
que  leur  fureur  rendrait  dangereux.  11  ne  s'agit 
à  leur  égard  que  de  s'assurer  si  leur  état  est  tou- 
jours le  même;  et,  malheureusement,  il  devient 
iridispensal)le  de  continuer  leur  délention  tant 
cju'il  est  reconnu  que  leur  liberté  serait  ou  nui- 
sible a  la  société  ,  ou  un  bienfait  inutile  pour 
eu\~mO!îics. 


lO  MI.M«jinSS   HlSTOlUQtES 

«  Je  melfl  dans  la  leconde  cUaae  eevz  qm  • 
tana  aToir  iroublc  Tordre  public  par  des  délili« 
•ans  avoir  rien  lail  qui  ail  pu  les  eipoaor  à  la  té- 
Tenté  des  peines  prononcées  par  la  loi ,  se  sont 
livrés  à  l'eicès  du  libertinage  ^  de  la  débauche  et 
de  la  dissipation.  Je  pense  que,  quand  îl  n'y  a 
que  de  l'incondiiite,  et  qu'elle  n'est  accompagnée 
ni  de  délits ,  ni  de  ces  bassesses  caractérisées  qnî 
mènent  presque  toujours  aux  délita»  la  détenlîoa 
ne  doit  pas  durer  plus  d'un  an  ou  deux.  Cesl 
une  correction  très  forte  qu'un  ou  deux  ans  de 
privation!  de  liberté  :  elle  doU  suflire  ponr  in- 
spirer de  sages  réflexions  et  pour  opérer  le  wteur 
au  bien  dans  une  ame  qui  n'est  pas  Innlpà-iail 
corrompue.  Ces  familles,  et  même  Ica  pèns  et 
mères ,  quoiqu'en  général  plus  disposés  fc  l'in- 
dulgence que  les  aulres  parens ,  exagèrent  quel- 
quefois le  tort  des  sujets  dont  ils  ont  sollicilé  la 
détention  ;  et  si  l'on  se  prî^tait  trop  facileoMnl  b 
la  rigueur  dont  ils  voudraient  user  »  il  arri 
souvent  que  ce  ne  serait  plus  une 
mais  une  vérilable  peine  qu'on  infligerait.  C* 
ce  qu'il  est  essentiel  de  distinguer,  et  ce  qaej^ 
vous  prie ,  monsieur,  de  ne  pas  perdre  de  vne. 

«  Lorsque,  indépendamment  du  libertinage, 
les  sujets  détenus  se  sont  rendus  coupables  de 
vol  d*iirgent,  ou  de  soustractions  d'effets  dans  la 
nuison  palernrilc  seulement  «  ou  lorsqu'ils  ont 


TIRES   DES   ARCHIVES.  11 

commis  quelques  infidélités ,  ou  qu'ils  se  soqt 
permis  des  abus  de  confiance ,  où  en^n  que , 
pour  se  procurer  de  l'argent  et  satisfaire  leurs 
passions,  ils  se  sont  servis  de  ces  moyens  peu 
délicats  que  la  probité  désavoye ,  mais  que  les 
lois  ne  punissenf:  pas,  la  détention  doit  alors 
être  plus  longue.  Je  pense  cependant  qu'elle  ne 
doit  jamais  être  prolongée  au-delà  de  deux  ou 
trois  ans  ;  et  même  que  c'est  assez  d'une  année  , 
lorsqu'il  sera  question  de  jeunes  gens  au-dessous 
de  vingt  ans,  qui  ont  été  entraînés  par  la  fougue 
de  l'âge  ,  ou  séduits  par  de  mauvais  conseils ,  et 
qui ,  par  inexpérience ,  ont  pu  ne  pas  sentir  la 
conséquence  et  toute  l'étendue  de  leur  faute. 

«  Je  comprends  aussi  dans  cette  même  seconde 
classe  les  femmes  et  les  filles  qui  se  conduisent 
mal,  et  les  mêmes  observations  doivent  leur  être 
appliquées,  c'est-à-dire  que  quand  elles  ne  sont 
coupables  que  de  simples  faiblesses ,  une  ou 
deux  années  de  correction  sont  suffisantes,  et 
que  la  détention  ne  doit  être  prolongée  jusqu'à 
deux  ou  trois  ans  que  quand  il  s'agit  d'un  liber- 
tinage poussé  jusqu'au  degré  du  scandale  et  de 
Téclat. 

((  La  troisième  classe  est  la  classe  de  ceux  qui 
Ont  commis  des  actes  de  violence,  des  excès,  des 
ticlils  ou  des  crimes  qui  inléresscnl  l'ordre  et  la 


13  MF^^inC»    HI»Tf»r.lot'ft> 

siirelt*  publique,  et  que  la-justîre .  si  elle  en  eût  prà 
connaissance, eut  puniii  parcles  ptrine^afllirtivriiel 
déshonorantes  pour  les  famille!^.  Je  conrui«  qu*îl 
n'est  »iière  possible  de  rien  pn*jup:ersnr  la  dorée 
de  la  détention  de  cette  espèce  de  prisonniers  ; 
cela  doit  dépendre  des  circonMances  plut  ou 
moins  graves  du  délit,  du  caractère  plus  on  moins 
violent  du  coupable  ,  du  repentir  qn*il  peut 
avoir  témoigné  ,  des  dispositions  qa*il  annoncr, 
et  de  ce  qu'on  doit  raisonnablement  présumer 
de  l'usage  qu'il  ferait  de  sa  liberté ,  ai  elle  lui 
était  rendue.  H  faut  seulement  considérer  que 
s'il  est  vrai  que  les  prisonniers  détenus  pour  cri- 
mes doivent  en  général  s'estimer  trop  hcuren 
d'avoir  échappé  aux  peines  qu'ils  ont  néritécs,  il 
est  constant  aussi  qu'une  détention  perpéinellc , 
et  même  une  longue  détention,  est  la  pfan  rigou- 
reuse de  toutes  les  peines  pour  ceux  d'entre  en 
dont  les  sentimens  nesont  pas  totalement  anéanUs 
ou  do;;radés. 

«  Uu  reste ,  ce  n'est  pas  seulement  par  rapport 
nux  prisonniers  renfermes  pour  crimes  ou  délits, 
«  I*  nV^t  pa<poiir  tous  les  prisonniers,  quels  que 
srâent  les  motifs  de  h^ur  détention,  qu'il  convient 
il'avuir  c'g  ird  li  la  ronduite  c|u'ils  tiennent  de- 
puisqu'ils  sont  dtrlcnus;  rt,ind«'pendaminrnl  des 
autres  considi'ratioii**  «|iii  prirent   tunco'inr  a 


TIRES    DES    ARCIIIVR9.  l5 

retarder  ou  accélérer  leur  liberté ,  il  est  juste  de 
la  faire  dépendre  surtout  de  la  manière  dont  ils 
se  comportent  ;  du  plus  ou  du  moins  de  chan- 
gement qui  se  fait  en  eux,  et  de  ce  qu'on  aura  k 
craindre  ou  h  espérer  d'eux  lorsqu'ils  rcdevienï- 
dront  libres.  . 

«  II  est  même  k  souhaiter  que  ,  sur  cet  article, 
vous  ne  vous  en  rapportiez  pas  entièrement  au 
témoignage  des  personnes  chargées  de  la  garde 
des  prisonniers:  je  désirerais  que,  pour  tous 
en  assurer  vous-même,  vous  voulussiez  bien, 
dans  le  cours  de  vos  tournées,  visiter  ,  avec  un 
soin  particulier,  les  lieux  de  détention  de  votre 
département,  soit  maisons  de  force,  maisons  re- 
ligieuses ,  forts  ou  châteaux  ;  interroger  vous- 
même  les  prisonniers ,  et  vous  faire  rendre 
compte  en  leur  présence  de  tout  ce  qui  les  con- 
cerne :  je  suis  persuadé  que  de  pareilles  visites  , 
faites  une  lois  par  an  dans  chaque  lieu  de  dé- 
tenlion  ,  produirait  un  très  bon  effet;  elles  au- 
raient ravanlage  de  vous  faire  connaître,  non 
seulement  la  conduite  des  prisonniers ,  mais 
«ncore  la  manière  dont  ils  sont  traités  ;  vous 
écouteriez  leurs  représentations ,  vous  sauriez  si 
leur  noiirriUire  et  leur  entretien  sont  propor- 
tionnes il  la  pension  qu*on  paie  pour  eux;  quel 
est  Tordre  et  le  régime  de  chaque  maison, 
cjuellesprécaulions  on  y  observe  pour  maintenir 


1  I  MKMomps  nisioftiQt  c«^ 

1.1  tranquillité  entre  \c%  cl^tcnnn,  quelles  me- 
sures on  prend  pour  prévenir  les  évasions  ;  enin 
qncis  nbiis  il  pourrait  cire  essentiel  de  réprimer. 
TouH  ves  détails  sont  dignes  de  l'attention  de 
ladininistrateur ;  si  vous  ne  pouvez  pas  vons  en 
occuper  vous-même  pour  toutes  les  matsoiis. 
forts  ou  chàteaui  de  votre  département,  votu 
pourriez  du  moins  visiter  ceux  oii  il  y  a  plat  de 
prisonniers,  et  faire  visiter  les  antres  par  ym 
subdélégués,  on  d'autres  personnes  de  confiance, 
sur  reiactitudc  desquels  vons  croiriet  pnnvnir 
compter.  Je  vous  prie  de  ne  pas  onblier  de  nan 
faire  part,  tous  les  ans,  du  résultat  de  ces  risiles; 
vous  ne  devez  point  douter  que  je  n'en  tende  en 
roi  un  compte  très  exact,  et  que  je  ne  lui  prepoae 
d'adopter  vos  vues  sur  les  changemens  et  les  ré- 
formes qui  vous  paraîtront  utiles  ou  n 

«  Il  ne  vous  écbappera  sans  doute  pas  que,  I 
que  je  vous  invite  3i  prendre  par  vous-même 
vos  subdélégués,  des  éclaircissemens  snr  la 
duite  des  prisonniers ,  je  n'entends  parier  qne 
de  ceux  qui  sont  renfermés  dans  des  maisotiÉ, 
forts  ou  chtUeaux  de  votre  département.  A 1^ 
^ard  de  ceux  qui ,  d*après  votre  avis  on 
de  MM.  vos  prédécesseurs,  sont  détenus  b 
(le  votre  intendance,  je  suis  persuadé  qn* 
vous  adressant  a  MM.  les  intendans  dans  le  dé« 
partement  desquels  ils  se  trouveront  »  vons 


TIRÉS    DES    ARCHIVES.  |5 

recevrez  toutes  les  informations  dont  vous  aurési 
besoin. 

«  Je  n'ai  jusqu'à  présent  fait  mentioti  (Jue  des 
prisonniers  actuellement  détenus,  compris  dand 
l'état  ci-joint ,  et  sur  le  sort  desquels  il  s*àgit 
en  ce  moment-ci  de  statuer.  Mais  tout  ce  que 
j'ai  observé  à  leur  égard,  les  mêmes  principes, 
et  les  mêmes  règles  qui  m'ont  paru  detoit*  en 
général  servir  h  décider  si  les  ordres  expédiée 
contre  eux  seront  ou  non  révoqués  ,  me  parais^ 
sent  devoir  s'appliquer  aux  personnes  qUe ,  pâlf 
la  suite  ,  il  pourra  être  question  de  renfefiiieh 

V  Ainsi,  monsieur,  lorsque  vous  me  prôjMtiMfc 
l'expédition  d'ordres  démandés  parles  fdihîHéë, 
je  vous  prie  de  me  marquer  en  même  temp^  de 
qu'elle  durée  vous  penserez  que  doit  être  là 
détention  ,  et  je  crois  qu'en  général ,  et  sauf  les 
circonstances  parliculières  qui  peuvent  se  pré- 
senter, elle  ne  doit  pas  s'étendre  au-delà  de 
deux  ou  trois  ans  pour  les  hommes,  lorsqu'il  y  a 
libertinages  et  bassesses,  ou  pour  les  femmes, 
quand  il  y  a  libertinage  et  scandale;  et  au-delà 
d'un  ou  deux  ans  lorsque  les  femmes  ne  sont 
coupables  que  de  faiblesse  ,  et  les  hommes  que 
d'inconduile  et  de  dissipation. 

*  Je  vous  prie  de  me  proposer  un  terme  pour 
la  détention  même  de  ceux  qui  seront  prévenus 
d'excès,  de  délits  ou  crimes.  Cela  doit,  comme 


i(i  Mi'Momu  msTomocis 

je  lai  dit,  dépendre  des  circoniUncct ,  et  ce 
sera  à  TOUS ,  monsieur ,  de  les  apprécier. 

«  A  l'ëj^ard  des  personnes  dont  on  denaulera 
la  détention  pour  cause  d  aliénationM*cspril«  h 
justice  et  la  prudence  exigent  que  voiis  ne  pro* 
posiez  les  ordres  que  quand  il  y  aura  nne  in- 
tcrdiclion  prononcée  par  jujçementt  anmosqM 
la  famille  ne  soit  hors  d*étai  de  faire  les  frais  de 
la  procédure  qui  doit  précéder  FnterdicliMi. 
Mais ,  en  ce  cas ,  il  faudra  que  la  déoMnoa  toit 
notoire  et  constatée  par  des  éclai 
bien  eiacts.  Quand  il  s'agit  de  faire 
mineur ,  ne  fut-ce  que  pour  forme  de 
tion  p  le  concours  du  père  el  de  la  mère  a  § 
qu*a  présent  paru  suffire.  Mais  les  permet 
sont  quelquefois  injustes ,  ou  trop 
trop  faciles  a  s*alarmer ,  et  je  pense  qaH 
toujours  exiger  qu  au  moins  deux  oo 
principaux  parens  signent  arec  les  pèrm  d 
mères  les  mémoires  qui  contiendront  la  d 
des  ordres. 

•  Le  concours  de  la  famille  maternelle 
indispensable  lorsque  la  mrre  est  morleteC 
des  deux  familles  lorsque  ii*  père  n*e»iita,ylm  i 
à  plus  forle  rai?(on»  quand  il  n'y  a  plot  ni  pcra 
ni  mère. 

'  Kniin  »  il  ne  faut  accueillir  qu'aTcc  la  pina 
grande   circonspection    1rs  plaintes  des  mari 


TIRÉS    DES    ARCHIVES.  I^ 

contre  leurs  femmes ,  celles  des  femmes  ciiriilK 
leus  maris  ^  et,  c'est  surtout  alors  que  les  ;deux 
familles  doivent  se  réunir,  et  autoriseèfMÉru» 
consentement  formel  le  recours. à  rattlorilé.:>  o 

«  Ces  principes  sont  connus ,  et  je  sais  qii'^ir 
général  on  les  a  toujours; suivis.  Mais ^je  croîs 
avoir  remarqué  que  Ton  a  quelqUelois  demandé 
des  ordres,  et  que  MM.  W  inteddana  en  ont 
quelquefois  proposé ,  dans  d^a  circoiislanoesi  oii 
je  vous  avoue  qu'il  ne  me  paraît  pas  conveqabte 
d'en  accorder.  Par  exempJbe ,  une  personneL^mar^ 
jeure,  maîtresse  de  se$  djroic^rJi'éUiilpbÉiSiHNi 
l'autorité  paternelle,  ne  doit  point  être  riafi^^ 
mée,  même  sur  la  demande  des  deux^&nsilles 
réunies,  toutes  les  fois  qu'il  n'y.  a  point  d^^déUftl 
qui  puissent  exciter  la  vig'dance  du  inimslère 
public ,  et  donner    matière  à  des  peines  dont 
un  préjugé  très  déraisonnable ,  mais  qui  existé, 
f^ût   retomber  la  honte  sur  toute  une  famille. 
Il  est  vraiment  essentiel,  par  rapport  aux  faits 
dont  on  accuse  les  personnes  qui  ne  dépendent 
que  d'elles-mêmes  ,  de  bien  distinguer  ceux  qui 
ne  produisent  pour  leurs  familles  que  des  désa- 
grémens,  et  ceux  qui  les  exposent  a  un  véritable 
déshonneur.   C'est  sans  doute  un  désagrément 
pour  des  gens  d'un  certain  état ,  et  ils  sont  avec 
jraison  humiliés  d'avoir  sous  leurs  yeux  une  sœur 
ou  une  pareille  dont  les  mœurs  sont  indécentes, 

IV.  j 


l 


et  dont  les  gabnlerif  h  et  les  faiblesses  ne  sont 
pu  tecrëtes.  C'est  encore  nn  désagrément  pour 
nne  dmille  honnête  »  et  il  est  naturel  qu'elle  no 
voie  pas  avec  indifférence  qae,  dans  la  némc 
vUIO|dans  le  même  canton  qu'elle  habite,  nn 
do  aea  mombrea  a'avilisae  par  on  mariage  hon« 
tau ,  ou  so  ruine  par  des  dépenses  inconatdé- 
séos  f  ou  ao  livre  aux  excès  do  la  dAoncho  oC 
vivo  daaa  la  crapule.  Mais  rien  do  tout  ooh  no 
mo  parait  présenter  des  motift  asaoi  ffsrla  poot 
priver  do  leur  liberté  ceux  qui  sont,  comoM 
disant  ks  lois ,  mi  juri$.  Ils  ne  font  do  toK  quA 
ooz  i  la  goaro  do  déshonneur  dont  ib  ao  convreal 
no  tombe  que  aur  eux ,  et  leurs  parona  ao  lo 
partagent  point ,  et  no  me  paraiasont  avoir  an* 
cm  droit  à  l'intervention  do  Tautorité. 

V  Telles  sont^  monsieur,  les  réflexiona  qno  na^ 
yuggéréoa  l'attontion  particulière  que  jo 
à  tout  co  qui  concenao  lea  ordres  do 
depuis  que  lo  roi  a  bien  voulu  mo  noosmor 
orélaire  d'état.  J'en  ai  rendu  compte  a  So 
joaté  •  qui  lea  a  trouvées  conformes  aux  vnoa  êê 
justice  et  do  bienfaisance  dont  elle  est 
Elle  désire  qu'on  no  s'en  écarte  que  k 
qu'il  sera  possible  ;  et ,  comme  elle  mit  qno  c*i 
surtout  d*après  l'usage  que  l'on  fait  de  son 
torité  contre  les  particuliers ,  que  se  forma  ot 
s'établit  l'opinion  publique  sur  le  gouvememeat. 


TII^ÉS   DES   ARCHIVES.  |jf 

e  a  jugé  à  propos  que  ses  ÎD^i^iifVDf  à  çi^ 
ard  fussent  connues  4e  toutes  1(^  p§]^i^^ 
li  concourent  plus  ou  mpins  direçtei^ai^^^ 
ixpédition  des  ordres.  Elle  m'^,  en  coaséqH^fVPÇj^ 
itorisé  à  faire  imprimer  ceinte  lettres  fi;a  9V^h^ 
I  envoyer  un  certain  nombre  d'exeKi^pliiibref 
48  vous  voudrez  bien  adresser  à  vos  ajubd^H"^ 
lés»  ati^  quîis  puissent  en  ^a^iir  V«9p]^îtt  ^^ 
^  conformer ,  autan|  que  le^  circo^aMM^^es  lf^ 
armettront,  d^n$  Içs  inl^rviAlio^s  ^^!^f  l(^9fff^ 
prendre  et  à  vous  tr4n9n|^^tir^  /lurlçft;  4frn 
lapdos  f^nfi^e^  par  les  fs^miUes. 

tf  J'ai   llionneur  d'être  très   parÇEiiteoMmfc  ^ 
tqnsieur ,  votre  très  humble  «fc  Irèa  obénfanf 

urviteur. 

c  Signé  le  baron  de  BRÎTEniL.  » 

Cette  circulaire  en  dit  plus  que  tout  ce  que  je 
ourrais  ajouter  sur  le  même  sujet.  Si  l'on  mit 
lus  de  réserve  dans  la  distribution  des  lettres 
e  cachet ,  on  ne  fut  guère  moins  prodigue  des 
rdres  du  roi.  Dans  Tadministration  de  la  pp- 
ce  y  M.  Lenoir  en  fit  un  grand  usage  »  et  le 
lombre  de  ceux  qui  en  étaient  victimes  fut  un 
les  premiers  objets  qui  attirèrent  l'attention  de 
assemblée  constituante.  Elle  nomma  un  comité 
larticulier  pour  s'en  occuper,  et  M.  le  comte  de 
!Iastellane  fit ,  au  nom  de  ce  comité  ,  le  30  fé- 


an  MKMOiitrs  iiiSTonii.irrs 

frîcr1790,  un  rapport  sur  le»  mcturc»  a  prendre 
pour  prononcer  sans  danger  la  liberté  de  ceux 
qni  gi^missaient  dans  les  pri<on<  par  reflfeC  des 
ordres  arbitraires  de  Tannen  îrourernement. 
L*art.  10  du  décret  qu'elle  rendit  «  le  1!ï  mars 
17!Ï0,  porle  :  «  Les  ordres  arbitraires  compor- 
tant exil  »  ou  tous  les  autres  de  même  nature , 
ainsi  que  toutes  les  lettres  de  cachet  sont  abolis; 
il  n'en  sera  plus  donné  a  TaTenir.  Ceox  qni  en 
ont  été  frappés  sont  libres  de  se  transporter  par- 
tout où  ils  jugeront  k  propos.  » 

Une  multitude  d'individus  recoQTrkrent  la  K* 
berté  ;  en  peu  de  temps  «  les  maisons  de  force  et 
les  prisons  d'état  furent  vidées ,  il  n'y  resta  qae 
ceux  qui  devaient  aux  lettres  de  cachet  ma  avx 
ordres  du  roi  d'avoir  échappé  A  la  juste  pvnition 
de  crimes  ou  d'attentats  constatés  et  restés  impu- 
nis ;  ce  ne  fut  que  plus  tard  qu'une  longne  et 
cruelle  détention  ayant  paru  une  peine  anC- 
santé ,  Fautorité  les  rendit  n  la  liberté.  Rendom 
justice  a  l'arbitraire  lui^mf'me;  les  lettres  de 
cachet  sauv^rent  l'existence  a  des  individos 
qu'une  légalité  plus  strictement  suivie  aurait  esi- 
voyés  h  la  mort. 

Les  lettres  de  csrhet  et  les  ordres  du  roi  nV 
vaient  pas  peu  contribué  a  déshonorer  Tan* 
ciennc  police,  p.ir  la  facilité  qu'ils  donnaient 
d'exercer  des  vengeances  et  de  servir  de  viles 


TIRES    DES    ARCHIVES.  21 

passions  ;  on  ne  voyait  pas  le  bien  dont  quel* 
quefois  ils  avaient  été  la  source ,  on  ne  s'aita- 
chait  qu*aux  abus,  dont  la  police  offrait  d'ail- 
leurs bien  d'autres  exemples  encore. 

De  ce  nombre  était  la  violation  du  secret  des 
lettres,  dont  j'ai  entretenu  le  lecteur. 


i:  ..•: 


CHAPITRE  LIV 


Gomtlé  dat  recherchefl  d«  la  oomMOBe  de  fwii  ^  %t  «■okra  !?( 

—  AissMioat  du  boabmfer  Français.  —  Hollii  4a  Malikar- 
mcat  du  oomiië  d<t  rcchcrdirt.  ■»  Comtààintïomê  wm  —  tèiliA 
ei  m  aitriliuiioDs.  —  Se»  pourMitct  ooalre  las  Hriairtrak  —  Le 
prince  de  LambcM: ,  M.  de  Barentio ,  de  BragHc  «  ér  ■mwal- 

—  Arrêté  concernaot  les  «f  éneaens  du  6  odubrew  «•  â&lw  da 
F4vrM.  —  Mooftkur,  frère  du  roi ,  ■  Tasscabléa  de  b  caM- 
mune.  —  Rapport  dr  M.  Agicr  »ur  \r%  peévenus  de 

—  Supprcuit>ii  du  coiullc  de»  recherche». 


Le  roi  Louis  \VI  avait  enfin  fixé  ta  demeore 
à  Paris  ,  .ipris  Il*s  i':\rnrmenH  ilii  (i  oclobrc  17X9. 
lorsqiii!  la  I  luTtr  \\k-^  MibMstani'o  fctirnil  le  prr- 


MEMOIRES  HISTOIUQUBS  TIHES  DBS  ARCHIVES.    '  !l5 

telle  '^t  l'occasion  de  nouveau!  désordres,  ^i 
paraissaient  tenir  a  des  desséiiH  <3ftthër^  d'oc* 
cuper  la  révolution  et  d'obligei*  le  rbi  k  iUir  dé  lu 
capitale. 

Il  est  à  remarquer,  sur  ce  point,  que  ce  pré- 
texte, si  fi*équent  parmi  nous,  précède  habituel- 
lement les  grandes  catastrophes.  Peut-être,  au 
neu  de  l'arbitraire  et  du  vagué  (}ui  régnent  datis 
ées  matières ,  faudk'ait-il  crééi*  nû  dé^rtéMètit 
spécial  des  subsistances  pôui^  là  stifVèilfeiÙtée  êk 
la  production  et  la  répartition  déS  déïri^élss.  Il  éit 
ésfirentiel  de  vbir  clfiit,  et  èùrtëttt  de)^Vctt,  Aans 
un  besoin  de  tous  lés  jéurs.  La  Hbéi^té  daM  iéti- 
gue  n'aboutit  <|U'âu  détèrdté. 

Un  botdarigér  >  tibmmé  î^éançttU ,  élîiit  Wlàp- 
çonné  de  fraude  et  d'àctapàreiiiétit  dàM  stttk  tùth- 
merce  ;  on  l'arrête  dans  sa  boutique ,  on  l'em- 
mène au  comité  de  police  ,  a  l'Hôlel-de-Ville;  il 
en  est  arraché  par  la  multitude  avec  violence  , 
traîné  sur  la  place  de  Grève  ,  jusqu'au-dessous  du 
fatal  réverbère  ;  il  y  est  pendu  ;  sa  tête  ensuite  est 
coupée  et  portée  dans  Paris,  au  bout  d'une  pi- 
que (1),  le  21  octobre  1789. 

Un  pareil  crime  était  fait  pour  alarmer  les  gens 
de  bien  qui  savaient  que  le  crime  appelle  le  crime 


{\)  V\ocvs-\uhn]  (Jcs  lei'M'sciiîaiîi.  de  la  coiniiiuuc  ,  du  ai  oc- 


^4  MÉMOIimi    HtVlUAKiL'Câ 

et  que  lodeiirciu  saog  en  allume  la  toîT.  L«  roîcft 
la  famille  royale  étaienlaux  Tuileries;  on  craî* 
goait  quelques  excès  contre  eux  qui  les  forçai  à 
fuir  une  ville  oii  de  pareils  allentals  resicnicnl 
impunis. 

Le  garde  des  sceaux  écrivit  a  la  mnnkipalilé 
provisoire  d'en  faire  rechercher  les  antcurs  d 
provocateurs.  Elle  en  prit  la  délcmînalion  d 
promit  20,000  francs  à  quiconque  dénooceraîl 
les  agens  ou  instigateurs  de  l'assassinat  du  bon  - 
langer  François. 

Mais  comment  les  découvrir  ?  comment  p  oa  se 
prêtant  à  la  demande  du  roi ,  connailre  cl  aar- 
veiller  les  agitateurs  secrets,  s'il  y  en  avait,  el  les 
livrer  a  la  justice  ?  L'idée  d'un  aumilé  iê  wànU  Sal 
mise  en  avant ,  c'était  la  plus  naturelle  qn'on  fil 
proposer  ;  le  conseil  général  de  la  commane  1'*-* 
dopta  ;  et ,  le  21  octobre  1780,  il  prit  un  arrclé  •« 
il  déclara  «  que,  vivement  affligé  de  voir  que,  mal- 
gré ses  invitations  aux  habilaus  de  la  capitule 
pour  les  engager  à  ne  plus  troubler  la  Iranqoil» 
lilé  publique  par  des  insurrections  aussi  pnéjad^ 
riabirs  aux  |iarliriilior»  qu*ii  la  ville  entière,  de 
nouveaux  airles  dr.  violence  c*l  de  meurtre  uièuke 
se  commettaient  eiuorc  peudant  le  séjour  da  rei 
dans  sa  bonne  ville  de  Paris  et  pendant  les  séances 
de  ra»»emblrc  nationale  ;  coiisidtTant  qu'il  cs| 
lie  bun  (lt*%tiir  Je  <  lien  in  i*  a  cii.i  ouvrir  le*  ma- 


TIRÉS   PSS   ARCHIVES.  â5 

nœuvres  odieuses  que  des  gens  mal  intentionnés 
emploient  pour  dénaturer  le  caractère  doux  et 
humain  du  peuple  français  et  pour  Texciter  \  des 
troubles  qui  ne  tendent  qu'à  tourner  contre  ses 
propres  intérêts,  a  unanimement  arrêté  qu'ilserait 
établi  un  comité  des  recherches ,  composé  de  mem-* 
bres  pris  dans  son  sein,  qui  se  bornerait,  et, 
sans  avoir  aucun  pouvoir  administratif ,  a  rece- 
voir les  dénonciations  et  les  dépositions  sur  les 
trames ,  complots  et  conspirations  qui  pourraient 
être  découverts;  s'assureraient,  au  besoin,  des 
personnes  dénoncées  ,  les  interrogeraient  et  ras- 
sembleraient les  pièces  et  preuves  qu'ils  pour- 
raient recueillir  pour  en  former  un  corps  d'in- 
struction. En  conséquence,  elle  nomma,  parla 
voie  du  sort ,  les  commissaires  pour  faire  les  fonc- 
tions ci-dessus  énoncées.  » 

Cet  aiTcîlé,  signe  Bailly,  niairc  ,  Blondel  ,  de 
la  Vigne,  Marchais,  président  de  rassemblée  des 
représenlans  de  la  commune,  et  de  Bertolio  et 
Vigée,  secrétaires,  fut  afliché  et  proclamé  dans 
Paris.  Au  lieu  d'éloges ,  au  moins  inutiles  k  des 
aflfamés,  que  la  terreur  de  voir  leurs  familles  périr 
des  suites  de  la  disette,  rendait  indomptables  et 
féroces,  au  lieu  d\\n  comité  de  menaces,  qui 
devait  employer  un  certain  personnel ,  il  eût  été 
plus  simple,  plus  convenable,  de  prendre  des 
mesures  f^éncralcs  d'approvisiounemenl  ;  on  ou- 


:i6  MiûMoiius  auTOAivuts 

vrail  des  Toîes  k  la  dénoncîaiion  ei  à  U 
sion  ;  mais  l'échafaud  eirespîonuage  ne 
pas  à  tous  les  besoins. 

Les  commissaires  nommés  par  le  sort  ponr 
composer  ce  comité ,  furent  MM.  Agier,  Oudart, 
Perron,  Lacref elle  (l'aîné),  Garran  de  Couloa  tt 
Rrissot  de  War ville. 

MM.  Garran  de  Coulon ,  Agier  et  Brissot  de 
>Vanrille  se  montrèrent  les  plus  lélés  et  les  pins 
actifs  de  cette  autorité  nouToUe.  Leurs  noms 
sont  si  connus ,  que  je  ne  m'arrêterai  pas  k  rap- 
peler les  circonstances  particulières  ijni  les  coih 
cernent. 

Leurs  fondions  étaient ,  comme  on  le  voit  t 
tout  11  la  fois  de  police  secrète  ou  admiiiistralhre, 
ci  de  police  judiciaire;  ils  pouvaient  ncevoîr 
des  dénoncialions ,  arrêter  les  prévenoSt  ki  in- 
lurroger,  dresser  procès-verbal  de  la  prcosièN 
iiislruction  »  et  renvoyer  les  accusés  devant  les 
tribunaux.  C^était  le  Châtelet  devant  le^nel  se 
portaient  les  accusations  de  conspiration  et  As 
i  rime  de  lî-sr- nation. 


\  mesure  que  les  travaut  du  comité 
de  rimportance ,  il  devint  l'objet  des  pins  v 
ré4  lamations  de  la  part  des  adversaires  de  la 
Vdliition;  pluMiMirs  actes  arbitraires,  et  la 
t|iic  l'on  portr  sicnéraleaienl  û  l'expionnaf^e 


TUt£S   DES   AHCHIVBS;.  S? 

tique ,  fournirent  des  argamens  coAtre  lut.  La 
«lémarche  imprudente  qu'il  fit ,  entre  autres , 
d'arrêter  madame  de  Jumisfaac ,  r^tirét  dan*  une 
de  ses  terres ,  et  dç  la  faire  oampandtra  devant 
lui  pour  répondre  k  de  frÏTolès  déooiloiaticns  , 
donna  prise  aux  mécontenside  jrter  liu  ndûmlË 
et  de  l'odieux  sur  le  comité.  M.  de  Clttmont' 
Tonnerre  fut  uH  de  ceux  qui  crièrent  le  plus 
haut;  il  en  attaqua  les  membres  et  leur  prodi- 
gua les  noms  les  plus  odieux  ;  le  comité  lui-même 
n'était ,  suivant  le  violent  député ,  qu'une  tyran- 
ni*  organisée  ;  mais  c'était  moins  du  comité  et  de 
8on  pouvoir  arbitraire  que  de  l'objet  de  son  in- 
stitution ,  que  M.  de  Clermont-Tonnerre  était 
blessé.  Tdutc«qm  avait  pour- but  de  défendre 
la  révolution  datait  préduïn  iflteâÎBt  parmi  les 
ministres  de  la  noblesse ,  dont  U  était  un  des 
plus  illustres  ;  aussi ,  ses  plaintes  et  ses  démons- 
tralions  se  perdirent-elles  dans  la  foule  des  avis 
qu'excitait  le  nouvel  ordre  de  choses.  Cepen- 
dant, Brissot  de  Warville  voulut  défendre  le 
comité  ;  il  répondit  à  M.  de  Clermont-Tonnerre 
et  réliila  sa  brochure.  Il  s'attacha  à  montrer 
(juc  ,  sans  les  pouvoirs  dont  était  revêtu  ce  co- 
niilc,  et  sans  les  actes  arbitraires  qu'il  se  pcr- 
meltaîl  et  auxquels  il  était  en  quelque  sorte  né- 
<:i'!>ïtil(3  pour  remplir  s:i  mission,  il  aurait  été 
îiiip()5-iblc   (l'en    oblLuir    quelque  résultat  ulJU^ 


a6  MCMoiiies  histori^ucs 

pour  la  recherche  des  agîuieun  et  la  répreiaioa 
dea  déaordrea  dont  M.  de  Clermonl-TonnerTC 
ae  plaignait  plus  que  personne.  Ces  raiaons  ne 
parurent  pas  également  plausibles  à  Ions  les 
yeux ,  et  le  nom  du  comité  des  recherches  resta 
toujours  entaché  d*un  ternis  inquisî tonal  qoî  ne 
s'est  pas  efiacé. 

Parmi  les  procédés  auxquels  il  se  Ipra  pour 
répondre  au  but  de  son  institution ,  je  dois  riler 
Tenquéte  qu'il  ordonna  et  fit  faire  sur  les 
auteurs  de  ce  qu'il  appelle  la  consjMralion  Ircairt 
par  la  ecur  contre  la  tUU  dt  Parti ,  enjwm  tl  jmS^ 
letiTW. 

Les  pièces  qu*a  cette  occasion  il  produisit 
contre  MM.  de  Barentin ,  garde  des  sceau.  Be- 
xeiivalt  Broglie  et  autres  personnes  signalées 
comme  complices  de  cette  conspiration  «  pradvi' 
dirent  un  grand  effet  dans  le  public ,  et  contri- 
buèrent a  éclairer  l'opinion  sur  les  maiMNWCs 
auxquelles  on  entraînait  le  roi  et  le  goaTcmc- 
ment  à  cette  époque  (1). 

MaU  une  de  %v%  plti^  imporlantirn  opérations  9e 


,1}  On  rii|agc  In  |N'm»Dnrft  qui  «nudr^icut  prmdrr 
«>«iH.e  Jr  cjr«  pttxn  rC  aiilro4cln  aiilliculiqui^  du  ruiiifr  érs  9^^ 


TIRÉS   DTS   ARCHIVES.  5)9 

rapporte  à  la  recherche  des  auteurs  et  des  cir- 
conslances  des  événemens  du  6  octobre  précé- 
dent, le  5,  n'ayant  été  considéré  que  comme 
un  tumulte  populaire,  qui  ne  lui  parut  pas 
criminel.  L'arrêté  qu'il  prit  à  ce  sujet  caractérise 
sa  mission  et  son  opinion  sur  les  scènes  de  Ver- 
sailles j  c'est  une  pièce  historique  que  je  dois 
consignerJci. 

. .  (c  Le  comité  des  recherches ,  y  estril  ^l ,  se 
propose  de  dénoncer  le  forfait  ej^écrable  qui  a 
souillé  le  château  de  Versailles  JJAns  la  matinée 
du  mardi  6  octobre,  forfait  qui  n'a  eu  pour  in- 
strument que  des  bandits  poussés  par  dçs  ma- 
nœuvres clandestines ,  et  qui  se  sont  mêlés  avec 
les  citoyens.  Le  comité  ne  rappellera  pas  les  ex- 
cès auxquels  ces  brigands  se  sont  livrés ,  et  qu'ils 
auraient  multipliés  sans  doute  s'ils  n'avaient  été 
arrêtés  par  des  troupes  nationales  destinées  a 
repousser  les  désordres  et  à  assurer  la  tran- 
quillité du  roi  et  de  rassemblée  nationale.  Le 
calme  et  1  harmonie  régnaient  partout;  on  ne 
parlait  que  de  reconnaissance,  d'amour  et  de 
fraternité,  lorsque,  entre  cinq  et  six  heures  du 
matin  du  mardi,  une  troupe  de  bandits  armés, 
accompagnés  de  quelques  femmes,  fit,  par  des 
passages  intérieurs  du  jardin  ,  une  irruption  sou- 
daine dans  le  château,  força  les  gardes-du-corps 


3o  nirMOiRFS  nisToniQcr* 

on  sentinelle  dant  rtnlériciir(l) ,  onFonr^  ks 
portes ,  se  précipita  Tcrs  les  appartemcns  de  h 
reine,  massacra  quelques-uns  des  gardes  qm 
vcilinicnt  a  sa  surrté;  il  pénétra  dan<  cet  appar- 
tement que  Sa  Majesté  eut  à  peine  le  temps  de 
quitter  pour  se  réfugier  chez  le  roi.  La  furnir  de 
ces  assasins  ne  fut  réprimée  que  par  1rs  garda 
nationales  qui ,  averties  de  ce  cama|B  «  acrov- 
nirent  de  leurs  postes  eitérteors  povr  les  re- 
pousser et  arracher  de  leurs  maûns  d'aolree 
gardes-du-corps  qu'ils  allaient  immoler. 

«  Le  comité,  considérant  que  des  atleoMi 
aussi  atroces»  s'ils  restaient  sans  pounnitcs,  Ml- 
primeraient  à  Thonneur  de  la  capitale  il  9m 
nom  français  une  tache  ineffaçahle ,  eeâme  omm 
M.  le  procureur-syndic  doit ,  en  ▼erto  de  I|HM^ 
sion  qui  lui  a  été  donnée  par  les  reprfisnlai  dm 


(0  2î'il  bat  t'ca  rapporUr  kU.lt  mn|nb de Pcrrtèr» 
de  la  noMeiie  da  btillUge  d*Angcn ,  M.  de  LAfi/cliv.  % 
roaudalt  la  garde  nsUonalc  TenHe  de  Parit,  oflHC 
IqI  demanda  avec  lB%lanac ,  de  faire  svidtr  lai 
du  château  par  dci  grenadiers  de  la  prde  naUosalc.  1^  roi  IIÉ^ 
et  Toulul  que  ce  funeol  le«  gtrde«-du-corpi.  .WwJt^êS  db  Jl^ 
r/fTi».f  sur  ta  Hévolutlon  ,  lomr  i*". 

Prrniit  Je  douter  akira  que  tl  le  roi  cAl  ac^wvsé  h 
maiiilir ,  les  grenadier»  de  U  prJe  nationale  aunicat 
briiSiiiiiK  ;  leur  truir  pn-^lirr  rût  Mlffi  pour  r^pHoMT  W 
Il  nVtiit  pfuf  temps  lonquMl  fut  a  ton  oomlrfe. 


TIRKS    DES    ARCHIVES.  3l 

la  commune,  et  en  conlinuani  les  dénopciaiions 
fartes  précédemment  d'après  les  mêmes  péuvoirs^ 
dénoncer  les  attentats  ci-dessus  mentionnés  aiosî 
que  leurs  auteurs ,  fauteurs  et  complices,  et  touf 
ceux  qui,  par  des  promesses  d'argent  o^  par 
d'autres  manœuvres,  les  ont  excités  e^  provp-^ 
qués. 

«  Fait  audit  comité,  le  25  novembre  1789. 

":s. 

«  Siqni  ,  Agier  ,  Perron,"  Oudart,  Garrat* 
DE  CouLON  et  Brissot  de  Warville.  * 

Je  n'^i  point  dissimula  les  plaintes  qn'ojicita 
ce  comité ,  pas  plus  que  les  actes  arl^Hrffurf ;^  4ç 
M  police  y  mais ,  encore  une  foiai>,  ppuvait-il 
remplir  sa  mission?  pouirait-il  ^éi^ppciur  et  ^\- 
^aler  aux  tribunaux  les  auteurs  et  coaipUces 
des  excès  commis  à  Versailles  le  6  octobre,  sans 
procéder  par  voie  d'investigations ,  de  recher- 
ches ,  d'une  sorte  d'espionnage  ?  Si,  devant  cer- 
tains accusateurs,  dont  les  chicanes  portent  plus 
sur  la  forme  que  sur  le  fond,  et  qui  veulent  que 
Ton  apporte  quelque  modération  dans  l'usage 
de  la  force,  cette  nullité  n'excuse  et  ne  légitime 
pas  tout  ce  qu'il  y  eut  d'irrégulier  dans  la  con- 
duite du  comité  des  recherches ,  c'est  une  con- 
sidération importante  qui  doit  atténuer  les  ac- 
cusations étranges  que  l'on  a  portées  contre  lui. 
Sa  création  emportait  son  action,  et  son  action 


des  abus;  mais  on  est  toujours  scandalisé,  parmi 
nous ,  de  voir  un  principe  engendrer  set  cooeé- 
qucnccs  :  on  ne  Mit  que  déclamer»  on  ne  sait 
pas  prcvoir. 

Du  moment  que  les  circonstances  et  l'état  de 
Topinion  ne  rendirent  plun  ses  fonctions  né* 
cesfiaires,  le  pr^sidunl  du  comité  vint  annon- 
cer an  conseil  général  de  la  commune  (le 5  octo- 
bre 1 79i  )  que  ses  travaux  étaient  à  leur  tenoe  ;  en 
conséquence ,  le  conseil  général  arrêta  «il*  que 
le  comité  cesserait  ses  fonctions;  2"  que  le«  pa* 
picrs  inventoriés  Kcrai<*nt  déposés  an  départe- 
ment de  la  police  ;  3^  que  des  remercînem  se* 
raient  votés  au  comité  pour  le  cèle  et  la  prfdence 
avec  lesquels  il  avait  rempli  les  devoirs  ki  phis 
pénibles. 

«  Signé  Bailly,  maire;  Rovra,  sicrteârr- 
grêffer-adjoiiii  (i).  • 

Comme  autorité  de  Paris,  le  comité  des 
cberchea  de  b  commune  de  Paris  a  exercé 


(i)  Ce  drrnirr  rtt  riinnu raine  M.  Roy-T-Oifanl  « 
mo^ihlc  de  U  rhamlire  dr«  dê;titt''«.  qui,  din^  fm« 
crrtitutle  ,  ■  loujuur^  rir,  pirur  I»  11111111111*1  liétàlcotlc» 
V(iir%,  et  J4I011V  dr  le»  a^MKirr  atu  |»rt»i;r>-«  du  |«A]r«.  !r 
Uni  d*k Plierai  J**  1j  liaiiti*  li'inurr.iti''.  **«  «-i  i-f.'j  rmrrl  .-uk»ï«,  «M 
ippariiiiiiH  prnf»|iriiqtie«  lui  duniK^il  uiir  imp*rta*irra  *a^«cSr 
Km  caractère  4  o^riaincmnii  dntii .  Vxv  q«te  «a  prn^rv  «r  «r  mH 


TIRES    DES   ARCHIVES.  33 

pouvoir  en  livrant  aux  tribunaux  plusieurs  de 
ceux  qui  étaient  accusés  de  conspirations  ou  de  « 
complots  contre  l'Ëlat. 

M.  Agier,  aujourd'hui  membre  de  la  cour 
royale  et  de  la  chambre  des  députés,  éii  àthit 
rendu  compte  à  l'assemblée  générale' deï  réj^i^é- 
sentans  de  la  commune  dès  le  30  nWeiil*^ 
bre  1789;  son  rapport  fut  imprimé  pai^  ordre 
de  cette  assemblée.  '  •  *  '  ^^^ 

On  y  voit  que  le  comité  des  recherches  de  là 
commune  avait  dénoncé  au  tribuVial^  dù-ChlVélëti 
chargé  de  poursuivre  les  auteiirs  des'  com^lMè 
contre  la  révolution,  d*abord  M.  de  Làihl^és^: 
Quinze  témoins  avaient  été  ententlus;  tbiis  aé^ 
posaient  de  l'assassinat  commis  diins  lés'Ttiilé-* 
ries  par  ce  prince  ;  mais  ces  dépositions  hë  liii 
ayant  pas  paru  suffisantes ,  il  multiplia  ses  re- 
c  herches  :  vingt-cinq  nouveaux  témoins  firent 
la  même  déclaration  que  les  premiers.  Le  co- 
mité apprit,  de  plus,  que  M.  de  Lambesc  ,  qu'on 
ne  croyait  coupable  que  des  violences  exercées 


jan>'»is  Im»mi  ii'ttttr.cnt  \ulgniis'!'c.  jN'ou*;  croyons  qu'il  peut  beau- 
coup [)îns  ,  cl  noiif  regrettons  de  voir  son  influence  pâlir  après 

uv()ii- jitc  <Je  :>'i  vifs  éc  ..lis,  ce  serait  u:)C'  accusation  douloureuse 
C(v;îi('  ]r  sy:^!-'i;i('  c()!!sii:  uii*  u;kI,  où  les  plus  belles  forces  tombent 
et  s'effarent  ,  après  s'êUe  un  nioineiir  pi  i»  .'es  en  évi.îciicc  ,  rem- 
placées pnr  d'autres  cpii  or.t  le  nîème  écîftt  ,  la  même  inutilité,  le 
riK^ni'' sort.  'SnfrdeJ.  Pruch^^. 


iSIXft     t-A 

m 


i.i4^!? 


IK    «t     .ter^  Tvi^._..,-^   •.    .AA^'.i.^:      .    .Mk.':  .  i. -^2  IH"? 


>?    ^«."iul    lift   i«t^i<!l'Aft       TL  lCi*?4    LIrt    fttÇK  PV^* 


v^     t 


■ 


dta^^t  iei  traspe»  ^  ccrxMctu  Patm^  nrk 
A4X-f.^  dA3ti-:kAmp.  nu/M'-çeocrftl  daat celle 
arm^c;  ^o&a,  «or  \l  A:iieari.  qai  Avail  prc* 
ptfé  nn  pro)Cl  «I  rcrdisc  riùoênire  de  h  fûlc 
du  roi  <:t  d^  M  relr&iie  a  ^[^ll .  aa  14  jailict. 

M  Ag.»-r  :»:;.lr  •  r**-i.tr-  !i  -j'ie^li  »n  Je  U  rr*- 
|iori«at»!!itf'  d-*  nnn  •'rc*  d-rion.--  *,  rt  »'altaciie 
4  rt'ïn\»r  I  n^iii.i  ji  li*-  •  ai  ijTii  ^oulenaicnl 
i|'i  iv.'ini  fT*  '  Ml»-  t]..^  «If  ir**  -i  iii*  là  *p}i^  rc  de 
|i-iir«i  'I' w,  f.  .  jU  f '.MPrit  iiMll.i  Ml  iM''* ,  t't  que 
Ir  dr<  rf-t  f|iji  \vs  rcnd.iil  re^p>'i)«ables,  n'ivanl 
1  f'    |i»irl«'   #|iir   II'    1"   j'iilli  r  17S'>.   . 'f*l-'i  din- 


TIRES    DKS    AnCHlVES.  35 

postérieurement  aux  (^vënemens,  les  chefs  d'àë- 
cusalion  contre  eux  étaient  inadmissibles. 

«  Nous  croyons,  cependant,  dit  M.  Agîer, 
que ,  malgré  la  date  du  décret  et  le  manque  so- 
lennel de  sa  publication  ,  ces  agens  du  pouVoîr 
n'en  sont  pas  moins  coupables  d'avoir  exefctité 
les  ordres  rigoureux  qu'ils  avaient  reçus;  cfuêla 
responsabilité  n'a  été  que  déclarée  et  non  éta- 
blie par  le  décret  du  13  juillet;  qu'elle  a  soti 
fondement  dans  les  lois  anléHèures  eV  détn^ie 
de  la  nature  même  du  contrat  social.  Les  agërfs 
civils  et  militaires  se  mettaient  donc  au-dessus 
des  lois,  en  alléguant  les  ordres  qu'ils  orit 
reçus.  »  Invoquer  la  nature  même  du  c'ôtilrat 
social,  c'était  subordonner  la  responsabilité  dés 
agens  du  pouvoir  a  de  bien  autres  disputés 
encore. 

Le  rapporteur  se  plaint  ensuite  du  manque  de 
moyens  qne  le  comité  éprouvait  pour  remplir  sa 
mission.  «  Nous  avons  été  privés ,  dit-il ,  d'un 
nombre  suffisant  d'observateurs ,  espèce  d'armée 
qui  était  aux  ordres  de  Tancienne  police  et  dont 
elle  faisait  un  si  grand  usage.  Si  tous  les  dis- 
tricts étaient  bien  organisés,  si  leurs  comités 
étaient  bien  choisis  et  peu  nombreux,  nous  n'au- 
rions vraisemblablement  aucun  sujet  de  regretter 
la  privation    d'une  ressource    odieuse    que  nos 


oppre^icun  ont  >i  lon;;-temp^  employée  rontrr 
nous.  • 

Transtormcr  1  e^piunn^^^.  i-l  û  fiicui  \v  ren- 
dre tout  i  t  ou^i  iiJtion.iL  ic  n'e^t  T\tn  ir\\i\z\s 
qu'abolir  la  vie  pr;\c'cr  et  »c»  U;ubrc!t  pour  lo« 
lumières  de  la  Me  pub'.i'juc.  11  faudrait  trouver 
pour  cela  le  mo>ca  de  donner  de  toute*  part^ 
le  pas  il  Tesprît  corporatif  sur  l'esprit  de  famille; 
problème  digne  d'exercer  les  sptculations  de 
ceuK  qui  mentent  vraiment  le  nom  de  légisb- 
leurs!... 

M.  Ag;ier  combat  ici  ce  qu  il  appelle  une  fmmèÊ 
délicatesse,  w  Re*>tc,  dit- il,  de  nos  ancirniieft 
mœurs,  qui  lait  qu*oii  rougit  de  déclarer  ce  qae 
Ton  sait,  uième  lorsqu'il  est  question  du  salut  lie 
la  patrie.  Qu'il  me  soit  permis  de  le  dire,  sgoalc- 
t-ily  il  est  temps  de  déposer  ces  prt-jugés.  Antre* 
fois»  on  abhorrait  le  nom  dcdclaîemr^  ci  Ton  a^ait 
raison  ;  car  à  quoi  aboutissaient  les  délaliona?  A 
faire  connaître  souvent  des  actions  très  înna* 
centes,  quelquefoi»  luème  viTlucuses,  et  à  livrer 
le  prétendu  coujiable  au  pouvoir  arbitraire  eiâ 
une  justice  preycjue  ausM  redoutable  au&geas  de 
bien;  partiale  dans  son  iii^lriictioii,  cruelle  dans 
ses  nio}en*i,M*rr<'te  et  iii«péiiélrable  dans  »a  nur^ 
ilie.  Aujourd'hui  «  tout  r^t  di^mué^  te  ne  toni 
plu»  de<  at  tes  du  vertu  ou  dt»    démarches  in- 


TIRÉS    DES    ARCHIVES.  3Î*f ' 

différentes  qu'il  s'agit  de  dénohcer^  mais  dèi" 
complots  funestes  h  la  patrie.  Le  but  des  dé^* 
nonciations,  quel  est-il?  Ce  n'est  pas  de  pérdî^e- 
obscurcment  la  personne  dénoncée  ou  de  com'-^ 
promeltre  son  existence;  mais  de  l'amener  de- 
vant ses  pairs  pour  y  être  examinée  sur-le-champ^ 
renvoyée,  si  elle  se  trouve  innocente,  et  dans  le  cas 
contraire,  livrée  à  une  justice  humaine,  publiques- 
impartiale,  qui  ne  peut  être  terrible  qu'aux  mal- 
faiteurs. Le  silence,  en  matière  de  délationV  e^ 
vertu  sous  le  despotisme;  c'est  un  criîne  souf 
l'empire  de  la  liberté.  »  -       '     ^ 

Cette  doctrine,  trop  périlleuse,  trop  favoraUé 
à  la  tyrannie   pour  être  adoptée,  fut,  malgré 
tout  ce  que  M.  Âgier  put  dire ,  généralement 
repoussée  du  public  et  de  ses  collègues.  C'est 
surtout  dans  les   troubles  politiques,  disait-on, 
qu'elle  est  funeste,  et  trop  d'exemples  le  prou- 
vent.   Ce  qu'un    parti  appelle  vertu,  courage, 
Taulrc  le  nomme  trahison;  tel  est  coupable  le 
lendemain  pour  avoir  fait  ou  dit  une  chose  qui 
la  veille  hû  avait  valu  une  couronne.  La  dènon- 
riolioii  des  crimes  dans  la  société  est  a   peine 
lulérable,  malgré  les  garanties  qu'oflVent  a  l'ac- 
cusé l'institution  des  jurés  ,  la   publicité  de  la 
procédure  et  l'intervention  d'un  défenseur.  Mais 
c[ue  dire  de  la  délation  qui   porte  sur  des  délits 
)W)!iii(U!es  ,  csscnliciicinenl  variables,  incertains, 


58  >Ii1moIH£!»    III^TUIIIQUES 

ii  sujets  aux  caprices  du  pouvoir?  N*esl-ellc  |ms 
elle-même  un  crime,  un  danger,  qu'il (aul  repovs- 
ser,  et  que  Tacite  a  eu  raisMin  de  cljsser  parmi 
les  plus  honteux  titres  des  courtisans  de  Tibère? 

D'ailleurs,  on  ne  rëgiiiurise  pas  Teipionnaîre 
aTec  des  phrases  phis  ou  moins  bien  toamécs 
contre  les  abus  de  la  déhcatesse.  Cette  délîca- 
tesse  est  et  sera  ;  elle  a  ses  abus  comme  tout  le 
reste.  Tous  les  partis,  dans  leur  propre  isole- 
ment,  se  posent  comme  les  repcésentans  aoi- 
qnes  de  la  patrie  ;  tous  se  disent  Tertueax,  JMlcs 
et  bons;  rien  ne  sera  plus  saspeci  tttil  qna 
leurs  adtersaires  n'en  seront  pas  iTaccord.  En 
présence  de  leurs  nombreux  eicès  et  de  Icnrs 
dÎTorses  représailles,  l'impartialité  serait  de 
absoudre  ou  de  les  condamner  tous.  L 
et  la  Tertu  sont  en  effet  des  mots  ^ne  Innr  k 
tour  ils  ont  cruellement  prostitués  k  ém  hmmm 
et  à  des  vengeances.  Nous  aurions  vonk  lonr 
voir  un  peu  moins  de  cet  honneur  impitoyuhU 
et  de  cette  vertu  sanguinaire  en  leur 
aant  plus  d'humanité  ;  c'est  ce  qui  reste  b 
demandt-r  lorsque  Ion  parcourt  leurs  annales. 

Au  nombre  des  faits  qui  se  rattachent  m  la 
mission  du  comité  des  recherches  de  la  ceei 
niunr ,  il  ne  faut  p^is  omettre  la  dcW-oiivrrte  cl 
la  drnoiif  iati(»n  t\v   la  run!«|iiration  du  marquis 
(If   l'\iM'.i!i.  un  |iiiitnt  du  nrojc't  que  rel    rnfjnt 


TiR£S   DES   ARCHIVES.  3^ 

perdu  de  Tenthousiasme  rayalUte  avait  formé 
dans  rintérêt  de  la  famille  royale ,  et  auqufl 
prirent  part,  mais  avec  une  pasillanimité  ^ 
connue,  des  personnages  qu'une  haute  oonsidéf 
ration  empêcha  de  signaler  alors.  Favras  fjat 
victime  de  son  zèle  et  de  son  imprudences  ^^aip 
le  comité  accomplit  strictement  son  devoir  «n 
le  faisant  arrêter;  car  la  tentative  que  n^H^it 
le  marquis  de  Favras,  et  pour  laquelle  i]L  fspmprr 
tait  sur  une  puissante  intervention ,  pouffait 
avoir  sur  le  moment  des  suites  déplorables,  qui 
fiirent  ajournées  par  son  arreltation.  J'en  ferai 
donc  connaître  le  commencement  et  riasue:  jj 
ajouterai  quelques  circonstances  dont,  comine  ui^ 
des  témoins  de  ce  qui  se  plissa  dans  je  temps^îf 
pourrai  garantir  l'exactitude. 

On  savait  d'une  manière  confiise  dans  je  pu- 
blic que  l'auteur  d'un  complot,  dont  l'objet 
aurait  été  de  s'emparer  ou  de  se  défaire  du 
maire  de  Paris,  du  commandant  général  et  de 
faciliter  au  roi  une  évasion  ,  avait  été  arrêté.  Un 
bruit  vague  désignait  Monsieur  y  frère  du  roi, 
comme  le  chef  de  celte  espèce  de  conspiration. 
Les  personnes  au  courant  de  ce  qui  se  tramait , 
des  inlriiijUes  et  des  tentatives  secrètes  des  roya- 
listes niéconlens,  avaient  sur  le  fond  de  ce  projet 
des  données  (jui  ne  leur  pernictlaient  pas  de 
Joulcr  (jiic  le  prince  ne  se  fut  en  cflct  engagé 


40  MF.MOIhrs    IIISIORIQUCS 

aTec  prudence  k  en  faciliter  l'eiécntton.  Comme 
il  était  nécessaire  d'avoir  des  fonds  en  aaaex 
grande  quantité  pour  fournir  aux  dépenses  de 
levée  d'hommes  ou  de  moyens  de  rorruplion 
pris  de  certains  chefs,  il  fut  convenu  que,  soq« 
prétexte  de  liquider  l'arriéré  de  sa  maison. 
Monsieur  ferait  un  empnint  de  quelque*  mîU 
lions  que  le  marquis  de  Favras  se  chargerait  de 
négocier  chex  les  notaires  les  plus  solvables. 

Mais  quoique  ces  bruits  acquissent  une  cer- 
taine  consistanccpar  les  autres  conjonctures  et  ce 
qu*on  savait  des  vues  du  parti  de  la  eonr ,  on 
ignorait  encore  ce  qu'il  en  était  au  fond  ;  sur* 
tout  on  révoquait  en  doute  la  participation  de 
Monsieur  au  complot ,  lorsqu'à  la  séance  du 
décembre  88 ,  on  reçut  une  lettre  de  Moi 
aihsi  conçue.  Elle  était  adressée  au  préâdenl  de 
rassemblée  : 

•  Je  vous  prie ,   monsieur ,  de  demHder  b 
«  MM.  lés  représentons  de  la  commune 
«  semblée  extraordinaire  pour  ce  soir» 
«  communiquer  avec  eux  pour  une 
w  m*inléresse.  Soyex  bien  persuadé,  m 
m  ai  tous  mes^cntimcns  pour  vous. 

«  Siynr  Sjamnms  Xaviui.  » 

M.  de  Maîs«emy,  qui  pr/*«idait  TaMemblée, 
fit  en  son  nom  la  réponse  suiv.inte  : 


TIAES   OIS   ARCHIVES.  4^ 

«  Monseigneur  y 

«  J'ai  fait  lecture  a  l'assemblée  générale  des 
«  représentans  de  la  commune  de  la  lettré 
«  dont  Monsieur  m'a  honoré;  elle  m'a  chargé 
«  d'avoir  l'honneur  d'assurer  MonsietÂr  de  son 
*  empressement  a  s'occuper  de  ce  qui  peut  Kn- 
«r  téresser  ;  elle  se  réunira  ce  soir  a  six  heures, 
«  et  attendra  que  Monsieur  daigne  lui  faire  con- 
r  naître  ses  intentions. 

t(  Je  suis,  avec  un  profond  respect ,  monsei-^ 
•f  gneur,  votre   très  humble  et  très  obéissant 

«  serviteur. 

«  Signé  De  Maissemy  , 

a  Président  de  rassemblée  générale  des  représentans  de 
la  coii.iiinnc.  » 

J'ctals  présent  a  la  lecture  de  cette  réponse,  et 
il  nie  lut  facile  de  remarquer  que  quoique  les 
membres  de  i^assemblée  sentissent  leur  amour- 
propre  chatouillé  par  cette  espèce  d'appel  que  lui 
faisait  le  prince  dans  une  affaire  qui  Vintéressait. 
II  y  eut  néanmoins  quelques  murmures  h  propos 
(les  exj)ressions  Irop  obséquieuses  de  la  réponse. 
Mais  M.  c!e  ^.lai;  scmy  avait  été  directeur  de  la 
lilirairie  ;  il  étas!  homme  de  cour  et  ne  croyait 
pas   pouvoir   cn^.jdoyer   d'o:\ipi'cssions  trop  res- 


4a  MÉMOIRES    HlfTORIQCCS 

peclucuscs  en  écrivant  au  frrre  du  roi.  Le  ton 

prévalut.  ' 

Tout  Paris  fut  instruit  que  Monsieur  Tiendrait 
le  soir  à  la  commune  pour  se  justifier  sur  la  frc- 
hiion  de  Favras  :  c'était  Texpression  qull  em- 
ployait. On  va  voir,  par  le  discours  que  le  prince 
prononra ,  jusqu'à  quel  point  le  public  pouvait 
concevoir  des  inquiétudes  et  désirer  savoir  le 
résultat  de  la  séance  du  soir. 

Elle  s'ouvrit  à  six  heures,  et  la  salla  était  ^jà 
remplie  ;  M.  le  maire  la  présidait.  A  roavcrtmnt 
il  proposa  de  nommer  une  dépntation  poor  aller 
recevoir  Jf  oniifur,  lorsqu'il  entrerait  à  Ili5lcl^ 
la  commune  ;  elle  fut  composée,  par  le  chaii  4m 
l'assemblée,  de  douze  de  ses  memlmat  nr  la 
proposition  de  M.  le  maire;  ce  fitrent 
llaissemy,  président,  Lourdet,  Calliar, 
riquet,  de  Semon ville,  de  Condorcel, 
sarts,  Daval,  de  Santeuil,  DertoUo»  ém  Fi 
et  Callot. 


Au  moment  ou  on  est  venu  prévenir  Ti 
blée  de  Karrivée  de  Monsieur^  les  dépaléa 
allés  au-devant  de  lui  ;  introduit,  il  a  été  placé 
sur  un  riuleiiil  qui  lui  était  prép.iré  a  la  ganckt 
(!r  M.  le  maire.  Ke  |  rinre  n'a%.iil  aucun  de  osa 
^.'irdrs,  «*t  l«*s  |i(»sirN  iïiit'riiMirs  il**  la  salle  étaient 
lonliés  :iu\  i::irdc»  de  l.i  ville  qui  n'avaient  point 


TIRES   DES   ARCHIVES.  4^ 

encore  été  supprimés ,  comme  ils  le  furent  plus 
tard.  De  nombreux  applaudissemens  se  sont  Êiit 
entendre,  non  seulement  de  la  part  de  Tassem- 
blée\  mais  encore  des  galeries.  Ce  bruit  flatteur 
a  paru  donner  un  aplomb  à  Monsieur,  que  peut* 
être  il  n'avait  pas  en  arrivant.  Assis  et  découvert, 
il  a  prononcé  le  discours  suivant  : 

«  Messieurs, 

((  Le  désir  de  repousser  une  calomnie  atroce 
m'amène  au  milieu  de  vous.  M.  de  Favras  a 
été  arrêté  avant-hier  par  ordre  de  votre  comité 
des  recherches ,  et  Ton  répand  aujourd'hui  avec 
affectation  que  j  ai  de  grandes  liaisons  avec  lui. 
En  ma  qualité  de  citoyen  de  la  ville  de  Paria, 
j'ai  cru  devoir  vous  instruire  moi-même  des 
seuls  rapports  sous  lesquels  je  connais  M.  de 
Favras. 

«  En  1772,  il  est  entré  dans  mes  gardes-suis- 
ses; il  en  est  sorti  en  1775,  et  je  ne  lui  ai  pas 
parlé  depuis.  Privé  depuis  plusieurs  mois  de  la 
jouissance  de  mes  revenus  ;  inquiet  sur  les  paie- 
mens  considérables  que  j'ai  k  faire  en  janvier, 
j'ai  désiré  pouvoir  salisldire  à  mes  engagenieiis 
sîiis  rire  a  charge  au  Ircsor  public.  Pour  y  par- 
venir ,  j'avais  formé  le  projcl  d'aliéner  des  coii- 
Irits  pour  la  somme  ([ui  m'était  nécessaire  3  ou 


44  MLMOiRES    HISTORIQtES 

m'a  représenté  <|u*il  serait  moins  onéreai  à  mca 
finances  de  fain*  un  emprunt.  M.  de  Fams  m'a 
été  indiqué  «  il  y  a  environ  quinze  jours  «  par 
M.  de  La  Châtre  ,  comme  pouvant  rcffectner 
par  deuK  b.inquîprs,  MM.  Schjiumel  el  Sartorîos 
En  conséquence  »  j*ai  souscrit  une  obligation  de 
2,000,01X1,  somme  nécessaire  poar  acquitter 
mes  engagement  du  commencement  de  rannée* 
et  pour  payer  ma  maison  ;  cl  cette  affaicc  étant 
purement  de  finances  ,  j*ai  chargé  mon  Imorîer 
de  la  suivre.  Je  n*ai  point  vu  M.  de  Favna.  je 
ne  lui  ai  point  écrit ,  je  n'ai  eu  aucune  cmmmmaih 
cation  quelconque  avec  lui.  Ce  qu'il  a  Cût,  éFâê^ 
leurs,  m'est  parfaitement  inconnu. 

«  Ci^pendant,  messieurs»  j'ai  appris  hier  qn'«n 
distribuait  avec  profanon  dans  b  capilah  «• 
papier  conçu  en  ces  termes  : 

«  Le  marquis  de  Favras(PliM-Rojafe)aélé 
«  arrêté  avec  madame  son  épouse,  la  Bait  Ai  M 
«  au  23,  pour  un  plan  qu'il  avait  de 

•  lever  trente  mille  hommes  pour  faîra 
V  M.  de  Lafavette  et  le  maire  de  h  ville. 

•  ensuite  de  nous  couper  les  vivrez.  Jfi 
«  iVcTc  lin  roi,  êtail  u  i:i  tcrte. 

«  Signé  Bih. 


•  \  uns  n'attendez  pas  de  moi,  sans  doute, 
]v  nrabaisbc*  jiiM]ira  nji*  jiutîlior  d'un  Lritsea 


j 


TIRÉS   DKS    ARCHIVES.  4^ 

bas;  mais,  dans  un*  temps  ou  les  calomnies  les 

plus  nbsnrdes  peuvent  faire  aisément  confondre 
les  plus  honnêtes  citoyens  avec  les  ennemis  de 
la  révolution  ,  j'ai  cru,  messieurs,  devoir  au  roi, 
a  vous  ,  et  a  moi-même ,  d'entrer  dans  tous  les 
détails  que  vous  venez  d'entendre,  afin  que  l'o- 
pinion publique  ne  puisse  rester  un  instant 
incertaine.  Quant  a  mes  opinions  personnelles, 
j'en  parlerai  avec  confiance  à  mes  concitoyens. 
Depuis  le  jour  où  dans  la  seconde!  assemblée 
des  notables  j^  me  déclarai  suîr  la  question  fon- 
damentale qui  divisait  encore  leë  esprits ,  je  n'ai 
point  cessé  de  croire  qu'une  grande  révolution 
était  prête  ;  que  le  roi,  pat  ses  intentions,  ses 
vertus  et  son  rang  suprêiblé^,  devait  en  être  le 
chef,  puisqu'elle  ne  pouvait  pas  être  avantageuse 
à  la  nation  ,  sans  l'être  en  même  temps  au  mo- 
narque; enfin,  que  Tautorité  royale  devait  être 
le  rempart  de  la  liberté  nationale  ,  et  la  liberté 
nationale  la  base  de  raulorlté  royale. 

V  Qu'on  cite  une  seule  de  mes  actions,  un  seul 
de  mes  discours  qui  ait  démenti  ces  principes, 
qui  ait  montré  que  dans  quelques  circonstances 
où  j'aie  été  placé  ,  le  bonheur  du  roi ,  celui  du 
peuple  ,  ait  cessé  d'être  l'unique  objet  de  mes 
pensées  et  de  mes  vœux.  Jusque-là  j'ai  le  droil 
d'être  cru  sur  parole  ;  je  n'ai  jamais  changé  de 


\6  MBHomES  ni&TORiQiirs 

«entiment  ni  de  principe»,  ei  je  n'en  clangcraî 
{amais.  » 

De  nombreux  appUudiMcmens  te  sonl  reno«* 
Tcioft  rliaque  fois  que  Monsieur,  renonrani  à  Mi 
ùivc*  puur  ne  prendre  que  celui  de  citoyen  de 
la  \ille  de  Parii» ,  aemblail  annoncer  par  là  k 
prix  qifil  meUait  a  Topinion  de  la  comoMUM. 
C'était  un  trait  4*eapril  de  ta  pari ,  «1  ^tû  im 
rcusMl  parCiitenienl.  U  prouva  depiiia  ^'d  a*en 
manquait  paa  à  Toccfiion*  U  parla  d'aillewa  a 
beaucoup  d'awirupce ,  dn  ton  d*Qn  Iimhm 
de  »un  innocence  et  qui  ne  craûit  pnial 
învetligationa.  L*aiieaiblée  lont  enlièra  ajai 
aes  applaudiasemeM  a  cens  du  poUk 
étrangers  qui  étaient  présent. 

Montienr  ayant  dépoté  ton  dieeôoi 
le  bureau  de  M»  le  naaire ,  cdni-d 
le  suivant  : 

«  Montieuri 

«  C'est  une  grande  talitfiKtÎMi  ponr  Im  ■tpeè» 
sentant  de  la  commune  de  Parît  de  vnir 
eux  le  frère  d*an  roi  chéri  »  d'mi  roi  In 
leur  de  l.i  liberté  française.  Aognatet  firèNig  ti 
rt<'!«  uiiÎH  par  let  m2me«  sentimens.  Jfi 
montré  le  premier  citoyen  dn  royanme 
tant  pour  le  tiert-élat  dans  la  seconde 


1ÏRF.S    DES    ARCHIVES.  4? 

des  notables  ;  il  a  ctc  presque  le  seul  de  ce*  avis^ 
du  moins  avec  un  tràs  petit  nombire  d^amiç  du 
peuple,  et  il  a  ajouté  la  dignité  de  la  raison  à 
tous  SCS  autres  titres ,  au  respect  de  la  nation. 
Monsieur  est  donc  le  premier  auteur  de  Fégalité 
civile;  il  en  donne  un  nouvel  exemple  aujoup* 
d'hui  en  venant  se  mêler  parmi  les  représenlan» 
de  la  commune ,  oà  il  semble  ne  vouloir  être 
apprécié  que  par  ses  sentimens  palriotiqtnes  ;  ccifa 
senlimens  sont  consignés  dans  Jes  explication/i 
que  Monsieur  veut  bien  donner  a  K^ssennlilëe. 
Le  prince  va  au-devant  de  l'opinion  publique, 
le  citoyen  met  le  prix  à  l'opinion  de  ses^  conéi* 
toyensy  et  j'offre  a  Monsieur ,  au  ném  de  Ta^^iiH 
blée ,  le  tribut  de  respect  et  de  reconnàîssàiiéé 
qu'elle  doit  a  ses  sentimens,  k  l^hortneur  éé  9S( 
présence ,  et  surtout  au  prix  qu'il  attache  h  Ves* 
time  des  hommes  libres.  >» 

On  remarqua  que  ce  discours,  assez  vide  de 
pensées  d'ailleurs,  ne  disait  rien  dont  on  pût 
conclure  que  rassemblée  était  convaincue  de 
rinnocence  de  Monsieur  dans  l'affaire  dont  il 
était  question,  point  délicat  sans  doute,  mais 
que  M.  Bailly  aurait  pu  touchrr  sans  compro- 
meUrc  son  jugement  s'il  rcùl  fait  avec  adresse. 
Il  s'en  abslint,  soit  qu'il  le  crût  inutile,  ou  qu'il 
y  vît  quelque  chose  de  dangereux. 

Après  avoir  parlé  ,  et  en  présence  de  Monsieur 


/|S  MKMOIRKS    HlftTUlUQUn 

le  maire  lut  une  proclamalion  du  départ— eat 
de  police  ,  pour  annoncer  qu*on  élaii  à  Im 
cherche  de  lautcur  de  Vine^dpaiiom  atroce 
Barauz^  aliii  de  le  livrer  Ii  la  justice  des  liiks* 
naux.  11  ajoula  que  le  coininandani  géoënl» 
M.  de  Larayctle,  avait  fail  arrêter  <|ueli|Q 
•oiinea  nuaperléci»  d*avoir  colporté  récrit 
nieux  dont  Monsieur  avait  a  se  pUîndM.  Sm 
quoi,  M.  de  Lafayette  prenant  la  pnrak,  A 
qu'en  effet,  averti  la  veille  vert  les  qnalra 
du  soir,  que  cet  écrit  avait  été  porté 
des  clubft  du  Palais-Royal;  qu'on  en  «mil  liri 
des  copies,  il  avait  donné  des  ordres  à  «o  ts^i 
ei  que  celui  qui  avait  copié  le  InUat ,  colri  ^fà 
l'avait  dicté,  celui  qui  l'avait  écrit, 
les  mains  du  comité  des  reelMrclies. 

Alors  Monsieur  reprenant  la  paroio  nvoel* 
pression  d'un  homme  pénétré  do 
•i  aflfecté  de  ce  qu'il  venait  d'enleadM  • 
cesjparoles  à  l'assemblée.  «  Le  devoir  qin  fo 
de  remplir  a  été  pénible  pour  mon  e«nr , 
je  suis  dédommagé  par  les  seniimens  qae  T 
semblée  vient  de  me  témoigner  ;  el 
ne  doit   plus  s*ouvrtr  que  pour 
grâce  de  ceux  qui  m'ont  offensé.  • 

Après  cfîs  mots,  le  prinrc   descendit  de 
place*  qu*il    ocrupiiit  «  et   traversa   la   salle 
milieu  dos  appUudissemens  et  di^s  ex 


TIRÉS    DES   ARCniVlS.  49 

d'une  satisfaction  ,  tels  que  ne  pouvait  manqiier 
de  produire  sa  démarche. 

r 

Aussitôt  que  le  silence  fut  rétabli  dans  là  ialle^ 
on  délibéra  sur  ce  qu'on  avaiit  a  fhire  r^âlitle^ 
ment  à  la  plainte  de  Monsieur.  Après  aTOii^'éhi 
tendu  quelques  membres  qui  déraisonnèi^t'àii 
dirent  des  choses  qui  sentaient  plus  la  JÉàûëééé 
que  le  sentiment  de  la  justice ,  on  reèueilUt  lek 
voix ,  et  il  fut  arrêté  qu'fl  serait  enjoint  an  pro- 
cureur de  la  commune  de  dénoncer,  au  nomade 
la  commune,  l'écrit  signé  Sàraétet}lé%'àkifi%if^ 
par-devant  les  tribunaux.  '■•■'[n'-m 

Mais  ce  qui  parut  remarquable  ici ,  ce  fut  la 
proposition   que  fit  un  des  membres,  M.    de 
Saisseval,  d'arrêter  que  le  comité  des  recher- 
ches ne  pût  faire  aucune  dénonciation  au  nom 
des  représentans  de  la  commune  ,  sans  en  avoir 
pré«ilablement  communiqué  a  l'assemblée.  Etait- 
ce  pour  être  a  même  d'étouffer  des   dénoncia- 
tions défavorables  k  Monsieur ,  ou  au   contraire 
T)onr  soutenir  le  comité  des  recherches  dans  ses 
pénibles  investigations  et  la  poursuite  des  cou- 
j)ables  ?  C'est  ce  que  le  discours  de  M.  de  Sais- 
seval ne  fit  pas  explicitement  connaître.  Il  pa- 
:M'aissait  n'avoir  pour  objet,  dans  une  cause  aussi 
importante  ,  comme  dans  tontes  celles  dont  le 
comité  était  chargé,  que  de  l'assujettir  h  ne  faire 

IV.  4 


nn  nom  de  la  commune,  aiii;ttn«  dénoncialMn 
qu'elle  ne  Tetil  approuvée. 

Une  pareille  discussion  ne  pouTait  être  ^oe 
longue  cl  vÎYc  ;  mais,  après  atoir  tout  bien  pcié, 
l'Mseinblée  décida  qu*il  n*y  avait  pas  lieu  â  dé« 
hifépesif  et  que  la  conduite  du  comité  des  iv* 
cherches  cpntînuerait  d*ctre  réglée  par  l'arvil^ 
q«i  l'atait  institué. 

Les  dernières  traces  du  déToaemeiit  d%  Faifip 
disparurent  dans  son  supplice.  D«  t aimai  dé- 
nonciations auraient  avili  son  caractère  j  1 
mourir  ! 


i 


;7 


CHAPITRE  LV. 


-  '>  j 


1799.  —  COKTRE-POUÇE    ROYALE. 


■  '  *  »     •   ■  '  I 


Agcns  supérieurs  et  ordjnaires  delà  contre-police  :  Mil.  Hyiïe-ijc- 

•■■":,  '"■//••     '     ."      ■■  "^     '  î  '*  i* 

NeuTÎlle,  le  chevalier  de  Coignj,  de  Larue ,  Bapeyron  ,  râDDé 

Bodart.  —  Le  dnipean  noir  au  oloçher  de  la  Mai^leliie.  -^ 

JMorgaiiisati^  de  U  co;ilre-pgU^«  -^  Sea  déyebiei»  —  9fl^ 

TeiUfimçe  fie VfbW  W^es.  —  aperça  dcis  q^érttiqm Ae k 4Mm* 

police.  —  Pillage  de  diligence^.  -*-  Pifojel  d'uq^  chouan^fie  4^fia 

Paris.  —  Notice  sur  les  personnes  propres  à  gérer  la  contre-po- 
lice.—  MM.  de  Barenlin,  Jourdan  (des  Bouches-du- Rhône) , 
Qualremère  (de  Quincy),  Royer-CoUard,  Fiëvëe.  —  Dispersion 
des  agens  de  la  contre-police.  —  Saisie  de  la  correspondance  k 
Calais ,  au  mois  de  florëal  an  8. 


D'après  l'ordre  des  temps,  ce  chapitre  n'a  pas 
ici  sa  vraie  place  j  mais  je  n'écris  pas  Tliistoire^ 
je   raconte  les  faits,  j'ai  les  matériaux  sous  la 


main.  Les  év(*iu*mens  de  la  police  K*Toluti#n* 
naire  Tiendront  plus  tard. 

Tandis  que  le  bureau  central  rxerrait  sa  sur- 
veillance dans  la  capitale  et  que  le  ministre  de  la 
police  générale  s*ocriipait  drs  mrmes  soins  poli- 
tiques sur  une  plus  vaste  échelle ,  pour  toute  U 
France,  les  agens  secrets  des  princes  avaient 
organisé  parallèlement  une  contre- police,  dont 
le  but  était  nécessairement  de  fomenter  des 
blés  dans  le  royaume ,  d'entretenir  Tespril 
tilité  contre  le  gouvernement  établi  el  de 
to\it  ce  qui  pouvait  le  contrarier  et  lui  nuire. 

Les  plus  distingiii^ft  d'entre  les  cheb  ëUîwl 
MM.  le  chevalier  de  Coigny,  Hydenle  NuniMft 
de  Lame,  l'abbé  Godard,  Dupetron, 
sons  le  nom  de  Marehand. 


M.  le  chevalier  de  Coiîsny,  qui  avait 
long-temps  en  Angleterre  auprès  dea 
français ,  fut  un  des  premiers  agent  de  Tenlre* 
prise.  M.  Ilyde-de-Neuvillet  lié  avec  lea  dw6 
vendéens,  s*y  associa  plus  tard.  C'est  lui  qni« 
dans  la  nuit  tiu  ^1  au  21  janvier  1799,  avait  fait 
mettre  le  draprau  noir  au  clocher  de  la  Made* 
leine,  dans  U^  rimelirrr  fie  laquelle  Louis  \VI 
avait  été  entern^  ;  tlémonstnition  qui  devait  prin- 
cipalemi^nt  a^r  sur  l.*s  rsprits  et  mettre  lea  Im* 
biles  \  mi^'me  de  scruter  rt  de  recruter  dea  pim- 


TIRÉS    DES    ARCHIVES.  53 

sélytes  pendant  l'effervescence  causée  pur-  'ce 
hardi  coup  de  théâtre.  M.  Hyde^e-Neu ville  doûH 
uait  les  ordres  et  procurait  les  fonds  nécessaires 
aux  opérations  de  rétabhssement.  < 

M.  Dupeyron,  qui  avait  été  employé  dails  détf 
missions  diplomatiques^  du  temps  de  la  Cotiven*' 
tion  sous  le  ministre  des  relations  extérieures 
Lebrun,  avait  la  direction  des  mouvemens  et 
Texécution  des  mesures  ordonnées  par  le  chef.    ^ 

Quelque  active  que  fut  la  contre-police  royale, 
le  secret  était  si  bien  gardé  que  le  gouvernement 
fut  long-temps  sans  en  découvrir  la  trame  et  sans 
pouvoir  en  saisir  les  membres  ;  il  en  ignorait  les 
moyens  sinon  les  vues',  aases  présumables  du 
reste  y  lorsque  la  fuite  de  quelques-uns' d'eux  en 
Angleterre,  et  particulièrement  de  M.  Hyde--de- 
Neuville,  qui  fut  sur  le  point  d'être  arrêté,  fit 
tomber  entre  les  mains  du  gouvernement  toutes 
les  pièces  de  Tagence  j  elles  furent  saisies  a  Ca- 
lais au  mois  de  floréal  an  8  (avril  et  mai  1800)  et 
envoyées  aux  consuls.  Le  plus  periidc  de  tous  les 
conseillers  après  la  faim,  e'e.sl  la  peur.  Des 
conspirateurij  qui  ne  savent  pas  donner  leur  eoii 
devraient  ne  jamais  se  mêler  de  conspiration. 

Deux  mémoires  principaux  trouvés  parmi  ces 
pièces,  et  écrits  de  la  main  de  Dupeyron,  jettent 
un  grand  jour  sur  ce  qui  s'éluit  lait  et  sur  ce 
(ju'un  voulait  faiio 


54  MEMOmiS   HISTORIQQB 

Dans  l'un ,  intitulé  :  EiûUiêêêw^tni  éê  fa 
ppliet  >  on  y  proposait  de  conserver  ce  qai  sTaît  été 
établi ,  mais  d'y  introduire  des  changemena  pr^ 
près  à  rendre  la  marche  des  agens  plus  aôre  cl 
plus  régulière.  «  U  faut,  disait  Dupeyron ,  oon- 
serrer  et  perfectionner  ce  qui  eûste  déjà  t  mie 
aussi  faire  cesser  ce  qui  atait  été  bissé  h  rarbi» 
traire  des  agens.  U  faut  une  organisation  pins 
gulière  à  l'aide  de  laquelle  les  diefii  conaoi 
secrets  de  la  contro*police  trouirenl  le«r 
confondue  avec  ceUe  de  la  généralité. 
(  Dupeyron  )  est  en  état  de  reasplir  ce  aorvice.  ■ 
a  déjà  eu  la  direction  secrète  de  la  poBeo  àê 
Paris  dans  le  temps  que  la  Gironde  luttait 
Pache  et  la  Commune.  » 

Dupeyron  demandait  deux  cents  Uub 
pour  les  dépenses  de  son  établissement.  Gui 
penses  parurent  trop  fortes  aua  chefs,  cl 
ne  fut  pas  accepté. 

L'Mploîtatîoii  des  royalistes  se  fabail 
une  grande  échelle ,  et  les  dépenses  dn 
anglais,  Térilablcracnt  énormes  »  ont  dft 
naître  dans  l'esprit  des  idiots  ce  préjugé 
que  nos  moindres  troubles  se  faisaient  alon  onr 
ipiittarirc  avrc  les  guinées  anglaises.  Ces  gnîaén 
ne  circiilcmit  pas  de  re  rôté-là.  Des  escrocs  im 
loii<ii*N  «Ir^ii'A  riv.ili«i.iifiii  autour  des  principan 
ilii  p  irii.  I  oii^>.(ii'iit  .iiix  (.'iiiimuiiIn,  promettaient 


BÉonls  et  merve^leB,  se  gorgefieat  d'^cuS|  s^^if* 
tribuaient  avec  fatuité  les  effervescences,  popu^ 
lâires  du  moment,  et  menaieqt Joyeqsç  vie  sans 
prétexte  d'ensorceler  les  pa^iiotes.  On  en  guîUa- 
ûuB,  quelques-uns  stir  leur  parole,  et  qui  n'étaient 
iki  profondément  niais,  ni  prf^And^ment pq^ 
rats.  Plus  d'un  innocent  se  4t  l^asser  pçiiu:  fauteur 

4 

de  troubles  parmi  les  gens  cré4m]lpt  lif»  4i^fny 
èoteries  royalistes  que  les  69|^9tisj4i  çwtÀUjteUf 
irai  envoyèrent  à  l'éebifAuds  Ti«|i||tfttH^  épAf  M» 
analysée  sétèremettt  ^  est  i  ,Mg^^h^  4#  ÏWXfl«- 
eer  les  états  ^  Unt  h  évi^M^  4m.mfm^4§*f0m 
s'y  montre  ingénieuse  à  se  <r4ffr  4w  f  ^tMf|]rÇ^- 
Maii  de  temfifs  en  i^bfSit^u  se  bssiiit  ^'ei»/<!»||Mt!r 
nir;  et  ces  latitudes ^  eomnie  Jim  a^fyyhif m^ns 
ebnti>aitlBs,  venâiei&t  sbitvisothfOT  de  pyppqpi  •»> 

Cependant  on  ne  voulait  point  suspendis  Un 
service  que  Ton  croyait  utile  à  la  cause  royale  ; 
il  se  passa  quelque  temps  au  bout  duquel  Dupey- 
ron  modifia  son  projet  et  en  présenta  les  détails 
dans  un  nouveau  mémoire  sur  le  Service  4e  la 
nontre-rémlution  ^  en  date  du  18  nivôse  an  8. 

Il  y  déclare  que,  d'après  le  système  d'économie 
que  roii  veut  adopter  provisoirement ,  il  ne 
pourra  ni  tenir  de  vedette  à  Tétat-major  de  Pa- 
ris, ni  organiser  une  pclile  poste  3  cependant,  en 
attendant  qu'il  puisse  (aire  mieux,  il  garantit: 

l"*  D'ohlenir  lous  les  jours  du  bureau  central 


W  MCMCIinCâ    Hl5l'UlilQLE5 

les  rapport»  de  police;  ^  de  connaiire  Ict  dé- 
nonciations qui  s'y  feraient  contre  les  roymiMtcay 
3*  de  savoir  quels  seraient  les  indîvidns  qac  la 
police  mettrait  en  surveillance  ;  4*  d'dtre  înalrul 
a  temps  de  tous  les  mandats  d'arril  qui  «levraioM 
Stre  lancés  contre  des  personnages  atlacliéa  à  b 
cause ,  et  5*  de  suivre  les  individus  dont  oa  lu 
remettrait  la  liile. 

Ce  plan  fui  définitivement  adopté,  himm  le 
btureau  central  (ut  le  point  où  venaient  aboutir  b 
surveillance  et  la  contre^police  de  Dnpsjtusi,  Il 
voulut,  comme  on  voit, que  les  persoiinoa  ^^  ae 
seraient  point  employées,  et  qui,  cependaal,  a^ 
nient  observées  par  b  police  de  la 
■  ftiiaent  protégées  par  celle  qu'il  dirigeait.  • 
ce  rapport,  il  est  essentiel ,  dit-il,  que  M.  Byde 
•de-Neuville  s'entende  avec  moi ,  afin  que  ém  ces- 
oéM  *nous  avisions  aux  moyens  qui  noua  peni- 
Wuieoi  les  plue  appropriés  aux  intérêts  de  h 
cause,  j» 

Aiuai  la  centre-police  couvrait  de 
tous  les  ennemis  du  gouvernement  ) 
cée;  et  c:e  ne  pouvait  ctre,  disail-oa  à 
mécompte ,  que  par  quelque  évcnemeni  k 
par  la  diviMon  mise  entre  »c^  agens,  qu'eu 
espérer  de  l'^iltcindrc  et  de  prévenir  b  féaoliat 
de  ses  manœuvres.  Le  comité  royaliste  oubliait 
de  tenir  Luiiipic  îles  p«inii|uc»;  et  le»  conspira- 


TIRÉS    DES   ARGHITES.  5^ 

leurs  sont  d'habitude  sur  le  qui-vive.  C'est  pres«- 
que  toujours  Tessenliel  que  l'on  oublie. 

Suivant  les  détails  donnés  dans  les  pièces  sai- 
sies ,  on  comptait  plus  de  deux  cent  trente  indi- 
vidus qui  y  dans  Tintervalle  du  12  lûvose  au  18 
ventôse  an  8,  avaient  été  l'objet  des  révélations 
officieuses  de  la  contre-police ,  et  qu'elle  avait 
soustraits  à  la  surveillance  et  aux  poursuites  du 
gouvernement. 

Une  question  £siite  par  M.  Hyde-de-Neuville,  et 
à  laquelle  le  directeur  Dupeyron  eut  k  répondre, 
explique  la  marche  et  les  ressources  de  la  contre- 
police.  On  avait  transmis  au  premier  un  rapport 
dans  lequel  on  posait  en  fait  que  le  drap  mor- 
tuaire attaché  le  21  janvier  au  clocher  de  la  Ma- 
deleine était  l'ouvrage  des  agens  du  roi,  et  on 
noinmait  comme  y  ayant  coopéré  MM.  Devil- 
liers,  Castillon,  Fabry,  Luly,  Durocher,  Malles, 
Marchand  et  d'llaiin\ille;  on  ajoutait  qu'ils 
avaient  été  mis  en  surveillance. 

<'  J'ai  fait,  répondit  Dupeyron,  toutes  les  re- 
cherches nécessairies,  et  pris  les  informations  sur 
les  faits  ci-dessus  ,  je  me  suis  assuré  qu'ils  sont 
entièrement  conlrouvés;  non  seulement  les  in- 
dividus nonmiés  n'ont  point  été  mis  en  surveil- 
lance, mais  l'aflaire  elle-même,  tout  en  faisant 
une  grande  sensation  sur  respril  public  ,  tout  en 


55  M£>IOlAES   HISIOHIQLCÂ 

étonnant  la  police,  n*a  point  eu  deMÎte«  par  la 
raison  que  la  police  s'était  laiasée  pennailir  ^c 
le  drapeau  noir  avait  été  mis  par  les  jacobâna.  • 

Cependant  le  minisire  de  la  police  génc 
Fouché,  tri»  au  fait  de  ces  tactiques 
blés  dont  on  se  sert  pour  dérouter  les  cré- 
dulités des  partis ,  ne  se  laissa  pas  tromper 
les  bruits ,  a  dessein  répandus ,  que  cetta 
d'un  drapeau  noir  était  le  lait  des  jacoUna }  S 
ne  doutait  nullement  que  ce  ne  f&t  TouirnfB  Jv 
royalistes  :  ces  démonstrationsleor  rf  fwihiènt 
M.  le  chevalier  de  Cdigny  d'aiOeiirs  étiil  iftlM 
depuis  peu  sur  le  sol  de  la  France  ;  DapeyiMl  «I 
que  le  chevalier  était  mis  en  snrreiUaacé,  et  |n 
M.  Hyde-de-Neuville  était  menacé  ;  Ti 
dait,  suivant  un  rapport  de  la  contro-paBet , 
7  janvier  1801).  Le  ministre  Fouché 
au  bureau  central  Vexiêtenee  if «m  e 
dan(  au  réiabUs$emeni  de  Faneien  r^imê.  Le 
central  avait  été  invité  a  redoubler  de  vi^BiACC 
Fouché  avait  annoncé  que  des  mandais  dTafffil 
allaient  frapper  quelques  conspirateurs. 

Si  Fouché  parlait  de  la  sorte ,  c*csl  qM^  kt 
voulait  pas  encore  s'emparer  des  fçens, 
leinent  les  mettre  en  rirculation  par  la  fray 
IcH  surveiller ,  après  \e>  avoir  forcés  de 
(luire  en  évi  ieiice  ,  et  par  ce  moyen  •  les  suivra 
partout ,  putir  Irajipci*  a  propos  sur  eiii  et 


TIRÉS   DES   AAGBITE5.  5^ 

leurs  Gomj^lices  un  coup  ferme  el  décisif»  A  la 
police ,  les  hommes  d'état  ne  se  décident  pas 
pour  peu;  ils  àttehdént  que  le  trésor  de  la  cen- 
spiration  se  grossisse  pour  faire  uti  plus  riche 
présent  a  Téchafaud.  L'iiidiscrétiôn  d'un  ministre 
est  un  moyen  de  première  Ibrce  dans  ce  calcul, 
surtout  avec  des  gens  qui  sont  ôbètinés. 

A  l'approche  de  ce  danger  ,  0ùpeyron  ce- 
pendant cherchait  a  rassurer  ses  co-associés.  tl 
écrivait  a  M.  de  Neuville  que  ,  d*aprés  des  ren- 
sèigiiemens  particuliers,  it  savait  que  le  ministre 
de  la  policé  n'était  dépdsitâire  d*aucùn  isecret 
important,  «r  Je  crois  bien,  ajoùtait-il,  que  aes  in- 
discrétions, plus  encore  que  dlës  délations,  au- 
ront procùifè  àù  ministre  qûël)|ilèi  données,  qui, 
pour  être  tàguës,  ht  lui  èri  |ià^ài!»ienl  pas  moins 
importantes. 

«  Evitons  les  démarches  qui  pourraient  porter 
l'empreinte  de  Tirréflexion  ,  et  j'oserai  garantir 
J'avance  que  la  police,  malgré  ses  espions,  les 
moyens  du  gouvernement  et  son  or  corrupteur, 
lie  pourra  jamais  pénétrer  dans  Tenceinle  du 
<-'*Unj>  royal.  >» 

Tout  ceci  n'était  pas  rassurant  ;  mais  les  partis 
^>t^niM'nl  tctc  jusqu'au  dernier  soupir  :  on  ne  tue 
pas  1(  s  partis,  et,  dans  leur  atmosphère  crnbra- 
^^•o  .    !(s  (()ni[»li(:cs   s'cxallcnt  juscju'a  se   croire 


TIRÉS   DIS   ARCHIVES.  6l 

de  l'argent  du  ministre  de  la  police  fiour  Tinf- 
f  ormer  de  ce  qui  se  disait  et  faisait  dans  la  grande 

société  ;  les  rivalités  individuelles  grossirent  quel- 
quefois cette  liste. 

Une  autre  liste  contenait  les  noms  et  la  de- 
meure d'un  très  grand  nombre  d'explorateurs 
ou  agens  de  la  police  générale  ,  depuis  ceux  qui 
exercent  dans  les  rues  et  lieux  publics,  jusqu'à 
ceux  qui  sont  reçus  dans  les^salons. 

Cette  dernière  liste  était  destinée  à  Timprea^ 
sion;  elle  devait  être  affichée  »  répandue  avei^ 
profusion  au  moment  où  Ton  aurait  eu  besoin  de 
paralyser  tout  à  la  fois  l'action  de  la  police  et  de 
porter  un  grand  coup,  Çe»mom^t  d^w^it  être 
celui  du  débarquement  fies  princes  sur  les  côtes; 
on  leur  aurait  en  même  tenaps  livré  }e  port  de 
Brest ,  fait  arrêter  Bonaparte  à  Paris ,  et  parlir 
des  courriers  qui,  annonçant  par  toute  la  France 
ce  vjui  se  passait ,  auraient  excité  un  soulève- 
ment général,  et  fait  proclamer  Louis  XVIII. 
Tel  était  le  but  avoué  et  annoncé  de  la  contre- 
police  et  de  son  agence  ;  le  plan  était  séduisant 
pour  la  foule ,  du  moins  par  une  apparence 
d'ensemble ,  et  ne  paraissait  pas  inexécutable  k 
quiconque  voulait  voir  les  choses  par  le  prisme 
de  son  idée  fixe.  C'était  le  plan  auquel  les  roya- 
listes  paraissaient    sNHre    ralliés  ;   le   principal 


69  iiiMOiiivs  niiToiiiQrvs 

«lait  surtout  de  se  rendre  maître  du  prem 
ceRMiL 

Quelque  habiles  que  fussent  Duperron  et  ace 
agcns  ou  ses  collègues,  ils  ne  furent  pas  k  TaM 
de  la  rcprimande  de  leurs  supérieurs.  On  lési- 
nait ;  mais  on  aurait  voulu  des  menreillcs.  L*ar* 
gent  est  le  nerf  de  l'intrigue ,  et,  par  mallmr  • 
on  mettait  le  senrice  au  rabais,  comme  sTil  jr  eAl 
eu  de  la  concurrence.  M.  Hyde-de-NoanlU 
prêchait  à  Uopeyron  que  Ton  eul  arrêté 
listes  sans  qu'il  en  eût  été  informé.  •  La 
leure  réponse  k  fbire  à  cette  queslmi  »  M 
dail  Dupeyron,  serait  de  vous  en  faire  uat 
Comment  se  fait-il  qne  la  poHee  «é 
ayant  trois  cents  mouchards  il  ses 
près  de  sn  millions  il  sa  dbpoaitioii  daoa  It 
rant  d'une  année ,  ne  pnîsse  pat  téwar  h 
couTrir  les  prineipam  anneaux  de  la 
royaliste  ?  Gomment  se  ftit-il  qu'elle  ne 
malgré  ses  efforts,  ses  sacriBcea  et  aes 
pondances  dans  fes  département ,  n'i 
des  individus  subalternes,  quoique 
hommes  de  notre  parti  s'abandonnenA  h  ai 
quentes  indiscrétions?  Vous  me 
1(IO,00()  francs  par  mois  qu'il  me  serait  i 
sible  de  prévenir  toutes  les  arrestations.  Croyci» 
vous  que  ce  soit  avec  quatre-vingts  louit  d'or 


mois ,  que  je  «QJ?  i  n^^e  4e  pén^^t^sf  ^IPff^'?'^- 
lr4$  4p  Polyph^me  ?  CpHt  ^t^  unç  iffl^e  «  opiq)  4p 
vous  le  promettre ,  c'eût  été  une  diipeiie  ^  yp^s 
de  le  croire.  » 

C'était  répondre  ad  rem  ;  et ,  du  resjte ,  )e9  pe- 
tits du  grand  parti  s'étonnaient  qu'on  n'arrêtât 
pas  de  temps  en  temps  parmi  les  hauts  meneurs^; 
d'où  j  et  par  suite  de  méfiance ,  des  décou- 
ragemensy  des  soupçans  et  des  doutes.  11  p'e^ 
coûtait  pas  beaucoup  aux  trem^lei^rs  d§  djj^e 
que  ceux  qu'on  laissait  libres  «efyaieot  dV 
morce  ^  menu  fr^ Un.  U  n§  faut  pas  crcûrci  ^  1^ 
fraternité  complète  et  à  la  co^fi^acfi  X9^i|||^ 
des  complices. 

Mais  ce  n'était  pas  seulement  k  1^  i4gîl|fHff 
des  agens  de  Dupeyron  et  a  sea  I^oyen|  fi^cm^ 
qu'était  dû  le  petit  nombre  d'arrestations  ^t 
qu'elles  se  bornaient  a  des  individus  subalternesf  ; 
ce  résultat  tenait  k  Torgauisation  même  de  l'a- 
gence et  de  la  contre-police  royale.  Ceux  qu'elle 
employait  étaient  divisés  en  différentes  sections. 
Chaque  section  de  deux  ou  trois  agens  cpixçsr 
pondait  avec  un  chef;  les  chefs  correspondaient 
avec  un  supérieur ,  et  la  réunion  de  ceux-ci  avec 
les  princes  ou  agens  du  roi  au-dehors.  Il  en  ré- 
sultait que  sitôt  qu'un  individu  d'une  section 
était  surveillé  ou  arrêté  par  la  police  républi- 
caine ,  en  faisant  disparaître,  en  éloignant  le  chef 


G4  MF.MOIIIKS   aiSTOillQUtS 

qai  la  dirigeait ,  la  chaîne  était  rompt  t  «t  b 
police  ne  poaTait  remonter  phis  IuhH,  nrtovl 
quand  elle  tenait  a  voir  reparaître  ce  chof  ^, 
de  retour  après  »on  alerte,  renouait  de  iiMnoM 
tes  filets  et  sa  trame,  sauf  a  laÎMer  cncoro  aa 
p6che  de  royalistes  entre  les  maint  dn 

Cette  organisation  qu'on  pouTait 
très  habile  ne  réussissait  pas  tonjonra , 
qu'enfin  la  trame  fut  décooTerte  et  les 
de  Tagence  dénoncés ,  pourraim  et  ohigia  et 
se  réfugier  en  Angleterre,  et  leur  ci 
saisie  k  Calais  en  floréal  an  8  « 
dit  nn  peu  pins  haut. 

L'on  Toit  dans  ces  pièces  encore  qne  loi 
police  exerçait  une  surveillance  particvfilM 
certains  personnages ,  autant  poot-ftro 
riosité  ou  pour  voir  si  Ton  pourrait 
parti  que  par  des  motifs  de  crainte  on 

Ainsi  k  contre-police  faisait  sorveillsr 
Dupeyron  en  avait  reçu  l'ordre  ;  c'était 
dant,  suivant  lui,  une  chose  fort  diKcHo,  Oli* 
dirait  que  ce  prêtre  était  destiné  k  eierecr  la 
tience  et  lasser  tous  ceux  qui  ont  voahi  !• 
naître.  «  La  mission  qu*on  nous  domio« 
Dupeyron,  est  d'autant  moins  aisée  cpso 
nous  trouvons  en  concurrence  avec  le  mil 
delà  police  (Fouché),  qui  lait  suivre  Sioyaa  4m 
son  côté ,  et  que  nous  aurons  à  lutter  contre  les 


mis  nrs  AUcnrrM.'  69 

moyens  de  défense  qaè  l'abbé^  empKrfëlU'ide'Mftt 
côté.  Cependant  nous  atteinclM&S  ti'  ÏMt'i'^i 
j'aime  à  vaincre  les  grandes  diffiAiltérii'MiM^jt 
vous  préviens  que  nous  serons' ibrCéS^  bikUttof 
penses  extraordinaires;  an  inspectDUir  gédéAI 
s'est  chargé  lui-même  de  vempHr  ««tMjWiiU 
sion.  Il  est  indispensable  qttll  ÂCiXirfiftltftnlq 
afin  de  pouvoir  suivre  Swjmiil  ■'Ja"(i>iWt"t(H 
n'attend  que  l'adresse  de  la  ^UWpl^M  »h)tlt4M 
retiré  cet  abbé.  Donne2^moN4«Û«<)U"î»4^  -ttf 
nom  de  cette  campagne ,  ee  dU|ft8-ftfoi>^>qu^ 
côté  elle  est.' M       '  '  '^'-i  •■'^-  l'-'-nh  i  ■tJntTfi 

II  serait  difficile  de  dire  ce  que  voulait  luire 
M.  de  Neuville  de  cet  espionnage  sur  l'auLé 
Sieyes;  quelle  utilité  en  pouvait-il  résuller  pour 
la  cause  du  roi?  Mais  ce  n'est  pas  le  seul  e^em-, 
pie  d'aussi  fi-îvoles  démarches  et  des  dépenses 
qu'elles  occasionaicnt ;  et  puis,  M.  Dupeyron 
était  trop  habile  agent  de  police  pour  ne  pas  pro- 
fiter de  si  bonnes  occasions  de  se  donner  de 
l'importance  et  de  motiver  des  emplois  de  fonds 
qui  lui  devenaient  ainsi  indispensables. 

Un  défaut  bien  plus  grand  sans  doute  ,  et  qui 
a  toujours  caractérisé  ces  agences  et  entreprises, 
sont  les  exagérations  et  les  fausses  idées  qu'elles 
présentent  dans  leurs  correspondances.  Econ- 


Hê  MKHOIUKS   HISTOMOVIS 

tiwt  celle-ci  sur  l'état  des  choMi  en  FnuM 

répocpM  de  41I0Q.  «  On  le  plaint  plna  f  ne 

M^»  difc-elle ,  de  la  rareté  du  numéiaîra  i 

prttend  que   Ica  mena  ent  doublé  depnia 

tS  Jwuineirc;  let  treupea  nuroMienl 

Bonepene;  e'eei  en  étranger»  un  aakilienn»  fl 

paieilTeil  que   lee  Vendéena  enC  d^  MPd 

nnefMiîe  4e  l'étal  iiijnr  de  Parie}  ( 

greupee  ee  fmnent  (31  nivete  en  1 

lei  pleeea  pnUifnee;  Topinien  dei 

la  police  eei  que  li  le  roi  on  ni 

monté  à  cheral  le  matin  a  huit  henree»  lei 

•iena  le  seraient  jointe  a  loi  avec  en 

on  cherche  k  jeter  mr  le  consul  Bonepnrie  de  || 

défaveur ,  en  répendent  qull  n*e  quille  rB||pte 

qù^a^rèe  la  destruction  de  son  emée  ; 

le  gouYcmement  d'accaparer  les  frvns  et 

farines;  des  cris  dlndignation  ont  accneiiil 

prodamstions  de  Bonaparte  contn 

de  la  Vendée  ;  il  se  prépare  un  coup  d*élel  qM 

ne  tardera  pas  k  éclater  ;  Bonaparte  viee  à  le  tf» 

rannie  la  plus  entière  ;  sa  chute  parait  non 

leroent  certaine ,  itiais  encore  prochaine ,  i 

hommes  qui  sent  dana  b  police.  Le  penpie 

Paris  croit  assez  généralement  que  la  p 

pas  lieu  tant  que  durera  la  forme  de 

ment  révolutionnaire;  b  masse  infétieniv 


TIRÉS   DES    ARCHIVES.  6^ 

peuple  crie  misère,  se  plaint  de  rester  sans  tra- 
vail et  invoque  l'ancien  ordre  de  choses.  Bona* 
parte  perd  de  plus  en  plus  dans  Topinion  publi- 
que; les  honnêtes  gens  sont  indignés  des  mesuras 
révolutionnaires  qu'il  a  prises  contre  les  dépav* 
teniens  insurgés;  on  rappelle  aussi  sa  conduite  à 
Tépoque  du  trop  fameux  13  vendémiaire;  les 
conscrits  et  les  réquisitionnaires  désertent  en 
grand  nombre,  et  on  assure  qu  un  régiment  de 
dragons  est  passé  a.  l'ennemi  avec  armes  et  ha« 
gages,  etc,  etc.  • 

Ce  n'était  pas  a  écrire  de  pareilles  absurdités 
et  mensonges  que  se  bornait  la  contre-police  ;  on 
voit,  par  quelques-unes  des  pièces  sabies,  qu'un 
de  ses  objets  était  encore  de  dévaliser  les  voitu- 
res publiques  et  de  piller  les  voyageurs.  «  Dans 
ir  la  position  où  nous  nous  trouvons ,  dit  Dupey- 
«  ron  ,  nous  ne  pouvons  faire  autre  chose  que  de 

V  transmettre  des  données  sur  Télat  des  choses; 
«  que  pourvoir  a  notre  défense  par  une  surveil- 
r  lance  active  exercée  dans  l'intérieur  du  camp 
ce  de  la  police  3  nous  ne  pouvons  que  tenter  Ten- 
«  Icvement  des  caisses  publiques  ou  des  message- 

V  ries,  fourgons  ou  courriers  de  malles  qui  se- 
«  raient  porteurs  de  fonds  appartenant  à  la 
«  république  ;  tout  ce  qui  serait  au-delà  devien- 
«  drait  inutile  et  nuisible  aux  intérêts  de  la  cause.» 


(i>  MFMoir.r^  iif'iTiiRiovr'i 

Ces  petite  coiip<%  de  main  aaraicnt  du  rrndre 
Dtipeyron  moins  f^rognon  sur  les  létineries  de 
SCS  capitaines;  peiit-rtre  aii«si  que  ces  messîean 
s'adjugeaient  le  t«)nt,  ce.  qui  n*étatl  pas  loTal. 
RrcF,  la  contre-police  était  un  mnyi'n  de  fiîre 
fortune  comme  nii  autre. 

On  voit  aussi  que  ces  messieurs  trouvaient  bon 
de  se  faire  complices  de  vols  avec  violence  et 
cflfraclion.  «^  J'ai  l'honneur  de  vous  annoncer  « 
«  écrit  Uupeyron  à  ses  chefs ,  que,  dans  U  noiC 
«  du  samedi  au  dimanche,  il  y  aura  une  allaqne 
«  contre  la  maison  d*un  acquéreur  des  domaine» 
«  nationaux  ,  a  trois  lieues  de  P.iris;  on  ni*a  fait 
«  espérer  que  nous  y  trouverions  quelque  argent. 
«  Je  m*empresserai  de  vous  rendre  compte  dn 
«  résultat  de  la  démarche  (1).  • 

Mais  de  tous  les  projets  hostiles,  on  poamic 
dire  criminels ,  s*îls  n'étaient  point  insensés»  de 


Ci)Fvlr;tît  rlii  prorr^-ifcrbal  rrlafif  U  la  rrmiw ,  avi 
(Ili:i|il:i1 .   Kmin<rr>  •  (  Jiamp.if  iiy  rt    Rrune  ,  tir»  pi|iéii»  I 
cli<  /.  I«i  «Itiitir  Anii>  -l.4iiii\  Ji-^iiniii ,  Tnivr  M>  ri  ier.  lort  àt  toa  ar* 
rr^tulioii  |.;ir  Ir  tuin'iii^H  lirr  il'- j  ol'f    SVrt  ,  1r  :  3  florr»!  An  S. 

I.rs'Iii*  i  iii\«  f^  '  li.ij  î  I*  .    K.inmi-r\  ,    Rri:nr   rt   Cluiai 
ni»fnfiir«  |>.'ir  «rri'it*  «If  %  n  n^'.tU  |Miiir  f-v^mlffifr  \r%  pi^vr*  iAM 
pari*|*lit'r  t  r!'i-\  f|>ii  |Mr.ii?r«i:it  ]■%  |.1..%  iii.p 'rUiiIrt  rt  r«  lairr 
pri'i  is  l.:-tfri  {III      )•;!•«  .1  .it)  .s  .  inij  :   iri<-   «d'^  Ir  litrr  «le   C^mi- 

f    t,jt'09*    rt-   •';    .f',     .    ''i-Hir.-ii,-     ,■     ],•    ',1    ftj'.t   Ji'    |||^  ,   an  t|. 


TIRES    DES   AKCaiYES.  ^ 

celte  contre-police,  celui  d'organiser  une  chpiia- 
nerie  au  sein  de  la  capitale  paraîtra  sans  doute  le, 
plus  ridicule  et  les  plus  impraticable.  Comment 
pouvait-on  bercer  les  princes  et  les  amis  de  la 
monarchie  de  semblables  balivernes?  11  fallait 
supposer  qu'ils  avaient  encore  cette  naïveté  des 
premiers  temps  de  la  crise  révolutionnaire,  alors 
qu'on  se  flattait  de  désorganiser  l'esprit  des  ré- 
gimens  avec  des  cris  de  vive  le  roi!  cris  aux- 
quels les  va-nu-pieds  de  la  république  ripostaient 
si  vertement  à  la  baïonnette.  Les  marquis  battus 
n'en  avaient  pas  moins  conservé  leur  outrectii- 
dance  de  marquis.  Ils  voyaient  toujours  de  la 
valetaille  dans  cette  nation  irritée  qui  leur  avait' 
tant  de  fois  fait  sentir  ses  griffes  de  lion. 

i<  Cette  chouanerie  serait  composée  de  vingt 
«  hommes  par  section ,  commandés  par  un  ser- 
«  gent,  un  lieutenant  et  un  capitaine.  Les  capi- 
«  taines  correspondraient  avec  douze  colonels 
«  établis  dans  les  douze  municipalités  de  Paris. 
«  Les  colonels  rendraient  compte  a  quatre  géné- 
^  raux  qui  se  partageraient  Paris  et  ses  environs; 
«  et  les  quatre  généraux  recevraient  les  ordres 
«  d'un  commandant  en  chef ,  lequel  ne  pourrait 
«  agir  que  d'après  les  instructions  qu'il  tiendrait 
w  directement  et  indirectement  du  principal 
«  agent  ou  des  principaux  :i;:;ens  du  roi  Ii  Paris. 


JO  MCMOIMS   HltTORlQlTCS 

«V  Le  total  de  la  garde  s'élèrenît  k  onze 
«  vingi-un  hommes. 

«  Le  but  particulier  de  cette  organUalioa 
serait  d'établir  une  excellente  contre-police» 
et  la  destruction  des  chefs  des  réTolution* 
naires  -,  Tembauchagc  et  la  protection  des  coq* 
scrîts  ;  Tarrestation  des  courriers  militaires; 
renlèverocnt  de  quelques  émigrés  des  maiM 
de  la  commission  militaire ,  a  l'effet  de  pronvcr 
a  la  faction  que ,  mî^me  dans  son  cpiarticr- 
général,  elle  n'est  point  a  l'abri  des  défciict. 
Le  but  serait  enfin  de  contrecarrer»  anUal 
que  faire  se  pourrait,  les  Tues  de  la  polÎM. 

«  Ainsi,  le  point  principal  de  celle  inlîMiM 
serait  de  faire  la  petite  gaerre  en  allendal  4e 
frapper  un  grand  coup;  ci  le  gnuid 
devrait  su  donner  que  lorsque  les  dans 
eûstans  au  sein  du  Directoire  et  dee  dan 
seils  se  seraient  déclaré  la  guerre  (1).  m 

De  pareils  projeta  n'ont  fÊM  in 
mentaires;  il  faut  connaître  à  quel  point 
de  parti  est  susceptible  d'aTeagleoieBt 
peut  rêver  l'idée  d'une  organisation 
craindre  qu'une  indiscrétion  se  jalio  à  la 


I..  ihi  .|.  M»  '  \  fon  ,  Il  ffmtMt«n'  •n  T  ;  ?  WfiHsiNt  t* 


.     • 


TIAÉS   DES.  IMmmKk  'fX 

et  faste  tomber  dbns  un  giiet«>àpeiistiKis  MkiHi 
kéoUes  recrutés  8o«b  de  tels  dféj^ealHr;  ••[  ^/^  ^^^^ 
Dans  une  autre  lettre  du  oMUfuièii^if'foeylcwa^ 
pUmen taire  de  Tan  7,  Dupejjhron  ^a^l  el^pdsé 
les  opinions  des  royalistes  euv -lespets^ilnetiiii^ 
désireraient  avoir  à  Patis.  pour  y  'diei{fÉt'4oi 
affaires  du  roi.  u  Pour  pwulre  loé  qitaliléo  4^e- 
quises  en  un  seul  mot^  envo;fta;«lioits  lAi^<4é 
Barentin,  qui  allie  à  un  nom  dislîttgiiiél'éèiM  diil 
irértus  ! . . .  C'est  de  l'hitérieilr,  ajoote^l^ilv^*^^ 
pend  le  retour  k  l'ordre  monâreliîque j  mUtàfûime 
l'intérieur  qu'il  faut  consulter  daM  tes  àêttAmi 
taons  è  fiiire;  et  eotnutnt  presémlivrilMèii^es 
disposilioM)  si  ee  n'est  en  AomiftMft  fmâ'Êgm» 
subordonné  à  un  chef  coHHpe  M.  de  lensbtki^ 
dès  individus  honorés  de  la  conAafiOe  p^K^e, 
tels  que  les  Qoatremère  (de  Qui^cy),  leslo^ul*^ 
dan  (des  Bouches-du-Rhône),  les  Royer- Col- 
lard,  6tc.  Je  dois  vous  dire  que  M.  Royer-Col- 
lard  m'a  fait  chercher  pour  me  communiquer  un 
manuscrit  de  Fiévée,  servant  de  réponse  k  la 
proclamation  du  Directoire,  suries  dan^rs  de  la 
patrie.  Nous  allons  le  faire  imprimer.  J'en  ai 
parlé  k  M.  le  chevalier  de  Coigny.  Dire  que  cet 
écrit  sort  de  la  plume  de  Fiévée,  c'est  en  faire 
reloge,  et  sous  le  rapport  des  principes  et  sous 
celtii  de  la  diction.  Fiévée  a  déjà  fait  une  jolie 


^2  MKXOIIIIS 

brochure  sur  lus  évéaenieiu  du  18  fnactiiUr  et 
du  30  prairial.  C'est  un  homme  întérrtsenl  •••• 
tons  les  rapports,  courageux  «  d'un  dévoucamit 
à  toute  épreuve.  11  pourra  rendre  à  la  causo  ém 
services  d'autant  plus  essentiels  qu'il  dispose  de 
sa  section  comme  moi  de  la  mienne.  • 

En  eflet ,  ils  en  disposaient  autant  Tuii  que 
l'autre;  c'est-à-dire  qu'ils  n'en  disposaicol 
du  tout.  En  somme,  le  conseil  de  Dupey 
aboutissait  a  ceci  :  —  Nommea-nous  tout  de 
vos  ministres;  c'est  évidemment  ce  quo  vow 
pottvea  la  ire  de  mieux. 

£a  attendant ,  ils  étaient  sous  le  coup  de  b 
surveilUnce  de  Fouché ,  qui  s'en  jouait  ei  allen 
deît  l'instant  de  frapper. 

On  était  encore,  sons  le  gouvernement  ém  Di- 
ritctoire,  partagé,  affaibli  par  la  conduite  iwpni" 
doute  de  set  membres ,  quand  Dupeyron  înMnusit 
ainsi  les  chefs  du  parti  royaliste  ;  Tarrivée  dt 
Uonaperte  on  France ,  après  son  retour  d'E^yplc* 
qu'on  apprit  à  Paris  le  14  oct.  1799  i^SK  v 
an  8),  donna  une  nouvelle  direction  mus  î 
et  une  organis:ition  i\  la  rontre-pohce,  telle  qv'on 
l'a  expukéc  au  rommcnrcniciit  de  ce  chapiln. 
Lllti  entra  en  uitivilé  au  mois  de  nivôse  de  h 
même  annce  et  dura  jusqu'au  mois  de  floréal 
vanl  y  Min  existence  iiepuisï  ne  peut  plus  se 


TIRÉS    DES   ARCHIVES.  'jZ 

parer  k  ce  qu'elle ^^était  avant;  mais',  à  Tune 
comme  à  l'autre  époque ,  on  citerait  difficile- 
ment les  services  réels  qu'elle  rendit  à  la  cause 
royale. 

Ce  ne  fut  qu'un  rêve  qui  coûta  beaucoup  a  ceux 
qui  prirent  de  cet  opium  politique.  Il  est  dou- 
teux qu'en  payant  plus  on  en  eût  obtenu  davan- 
tage. Les  meilleures  stupidités  sont  encore  celles 
qui  coûtent  le  moins. 


CHAPITRE  LVI. 


Anecdote  mit  leCoflOlé  rojraHilc. 


A  l'époque  où  cet  intrigues  se  croitftienl 
vrrscmcnt,  Merlin  de  Donay,  Iris  conir 
pour  sa  part  du  rôle  sournois  que  Tabbc  de 


MEMOIRES  HlStORIQUteS  tlR^S  BfiS  iRGHlVES*         ^S 

tesipiiou  jottait  en  France,  ilikis  tout-k-^fiiit 
sans  inquiétude  sur  la  portée  ^Ittiagmalion  et 
de  jugement  de  ce  conspirateur)  fit  la  goçeure 
avec  Barras  d'ébtenir  à  jour  fite  ^  et  de  Tabbé 
lui-même,  tous  les  secrets  dil  parti  royaliste. 
Le  moyen  direct,  quoique  effronté,  lui  paraîs*- 
sait  le  plus  facile  de  tous.  U  paria  d'emporter  la 
place  de  front.  Barras  en  doutait;  U  trouva  que 
c'était  s'aventurer  beaucoup  ^  Merlin  insista.  La 
gageure  fut  acceptée.  On  conTÎnt  d:'un  déjeuner 
splendide,  dont  tous  les  frais  deraitot  être  à  la 
charge  du  perdant.  On  ne  trakàît  pas  autrement 
alors  les  affaires  sérieuses.  Xes  eeigneurs  nieses 
jouent ,  dit-en ,  des  esclaves  en  guise  de  roubles  ; 
ici,  l'on  jouait  des  têtes  et  l'on  mangeait  des 
huîtres.  Les  grands  esécuteurs  politiques  ont 
d'ailleurs  des  valets  pour  ta  besogné  subalterne  ; 
ils  ont  des  incarcérateurs  et  des  bourreaux;  et, 
comme  ils  se  dispensent  de  salir  leurs  mains , 
ils  font  le  meilleur  marché  possible  de  leur 
conscience. 

Pour  intermédiaire   de   l'intrigue  a  monter, 
Merlin  de  Douay  prit  une  certaine  Amélie  de 

B ,  d'une  assez  bonne  famille  de  Provence, 

jolie  et  très  dépensière,  qui,  sous  une  appa- 
rence de  royalisme ,  servait  d'espion  depuis 
qucU[ue  temps  au  Directoire.  Ces  sortes  de 
femmes  foiumillcnt  dans  tous  les  temps.   Pour 


7G  MKaiUlIlKS   NISTOmQUE» 

s'assurer  de  la  fidélité  de  celle-ci ,  oa  proinîc  de 
lui  compter  autant  d'argent  qu'elle  en  soatîrc- 
raît  aux  dupes  de  la  faction.  Elle  avait  de  reaphi» 
elle  ne  se  montra  que  plus  âpre  a  U  curée. 
On  lui  laissa  cartes  blanches  sur  cette  coavca- 
tion. 

Le  lendemain  même,  Amélie  de  B....  ae  pié- 
sentc  chez  l'abbé  de  Montesquiou  et  soUîcîle  «m 
audience  particulière.  Une  fois  en  t£le-é-4êiB« 
et  personne  ne  devant  intervenir ,  car  elle  pria 
l'abbé  d'en  donner  l'ordre,  après  un  pot  d'hé- 
sitation ,  elle  tombe  ans  pieds  de  l'ec 
philosophe  et  lui  demande  au  préalable 
dulgencc  et  son  pardon  pour  ce  qu'elle  va  Inî  m- 
vcler.  L'abbc,  naturellement  galantîn,  a* 
de  voir  une  jolie  femme  à  ses  pieds;  il  s* 
de  ses  sanglots  et  cherche  à  lui  rendre  dm 
rage.  U  craint  peutnitre  qu'elle  ne  prenne  an 
rieux  son  caractère  de  prêtre»  et  ne 
que  pour  lui  demander  l'absolution. 

—  11  n'y  a  pas  assez  de  mépris  pour 
monsieur  I  lui  dit  cette  pénitente  avec 
duiiblemcnl  de  larmes}  Tindulgence  dont  j*j 
il  \ou.s  pn'suiucr  capable  ne  saurait,  si  gran^ 
qu'elle  suit,  me  rôle v or  a  mes  propres  yeux,  à 
moins  f|uc  nu  dégradation  même  ne  m*aîde  il 
fa\(>n!»cr  le  triomphe  de  la  bonne  cause.  Le  n 
que  je  porte  ,  et  qu'ont  tant  honore  me»  p 


TIRÉS    DtS   ARCttrV^KS.  77 

est  aujourd'hui  mon  seul  moyen  de  retour  à  la 

vertu  ,  pour  peu  que  vous  consentiez  a  me  ten- 
dre la  main  en  m'honorant  a  votre  tour  de  quel- 
que pitié. 

Ce  début  déconcerta  quelque  peu  Tabbé,  qui, 
d'après  le  luxe  de  la  dame,  croyait  voir  une  con- 
tradiction entre  sa  toilette  et  ses  paroles.  Un 
moment  il  pensa  qu'elle  se  bornerait  h  lui  de- 
mander un  secours  pécuniaire.  Il  l'engagea  d'un 
geste  à  continuer ,  mais  en  ayant  l'air  de  ne  rien 
comprendre  k  cet  éclat  de  royalfeme.  11  se  garda 
bien  d'en  faire  parade  pour  son  propre  compte. 

—  En  quittant  la  France ,  reprit-elle ,  ma  fa- 
mille dénoncée,  poursuivie,  suspectée,  m'a  laissée 
aux  soins  d'une  ancienne  femme  de  confiance, 
l'honneur  et  le  courage  même  ,  dont  les  tendres 
empressemens  et  le  dévouement  sans  borne  de- 
vaient me  préserver  des  soucis  et  des  douleurs 
de  ces  temps  de  trouble.  Par  malheur,  cette  gé- 
néreuse et  loyale  amie  n'a  pu  survivre  aux  hor- 
reurs qui  nous  entouraient.  Ces  indignités  Font 
fait  mourir  à  petit  feu  ;  je  l'ai  vue  s'éteindre 
entre  mes  bras,  sans  être  en  mesure  de  correspon- 
dre avec  les  débris  d'une  triste  famille  décimée 
par  Tcchafaud  et  ruinée  par  les  confiscations  ; 
des  secours  m'ont  été  promis,  qui  ne  sont  pas 
venus.  Que  pouvait  flevenir  une  orpheline  sans 


J&  Bfiiiouiss  niSTOHi^ns 

expérience?  Oh!  monsieur,  tous  no 
pour  sûr  quand  tous  saorex  tout!... 

Eflcctivement ,  le  front  de  l'abbé  se  pUssaîl  de 
plus  en  plus,  car  de  tels  aTeus,  quoique  entt* 
loppés  de  réticence ,  étaient  assez  significatif. 

—  Croyez,  monsieur,  continua  la  belle  éplorto, 
que  je  me  juge  plus  sévèrement  pent-ilre  qps 
personne.  Mais  il  ne  s*agit  pas  de  moi  ;  et  qalm* 
porte  après  tout  qu'une  misérable  créalaR  de 
plus  grossisse  les  rangs  de  ces  lemaMa  fui  iwi- 
gisseiit  encore  après  ea  avoir  perda  le  dnii»- 
Des  suggestions  infâmes  ont  obsédé  ma  WÊUkf^ 
J  ai  ployé  sans  m'aboser  sur  ma  fiuate,  olltftr* 
deau  de  mon  ignominie  est  Toon  me  c 
plus  en  plus  sous  un  hixe  que  je  déteile  p 
je  le  dois  aux  plus  ardens  persécuteurs  de 
ce  qui  luisait  le  culte  de  mes  nobles  et 
rcux  parcus.  Si  bas  que  je  sois  tombée  «  je  ■• 
rends  encore  nue  justice.  Je  n*ai  su  U  profaii 
dcur  de  Tabime  où  je  tombais  qu'après 
Une  femme  indigne  m'a  Tendue,  par 
sans  doute ,  sans  me  dire  le  nom  de  1 
entre  les  bras  duquel  je  fcrmaU  les  yemu 
tout  ;  maudisM^x-mui,  jetez-moi  la  pierre.  Je  MS 
la  maîtresse  ,  monsieur  ,  du  directeur  de  h 
police. 

1/abbé  do  Montesquieu  prit  un  Tisage  freîd. 


—  Et  quel  service  attendez -tous  de  moi? 

•rr--  Je  n'en  prétende  aucun ,  monsieur  j  je  n'en 
mérite  pas.  Je  viens  au  contraire  m'huipilîer  et 
me  sacrifier  devant  tous^  Je  ne  tous  demande 
que  de  m'entendre  et  de  ne  pas  m'abandonner 
au  désespoir.  Eh  bien!  vice  ou  malheuTt  entraî- 
nement ou  inexpérience ,  de  qiif  Ique  n$m  q^% 
vous  plaise  de  nommer  pion  sort ,  sa^  insi^ t^r 
sur  ce  qui  est  a^cconipli,  ^r  upe  (açbe  %^  je  HK 
puis  effacer  de  mQn  ftwat ,  mêoie  au  piria^n}^  mon 
sang,  puisqifç  l'homme  auqu^  on  i9'filrvi#§  w'^P^t 
€Oi^nu ,  et  cherche  ^  91e  retenir  d^p^s  jppn  i^vi» 
lissement  en  m'environnant  à  de^^ei^  àp  ^Ml** 
ques  égards  ;  disposez  de  moi  pour  Q0^9  f  aint^ 
cause ,  pour  les  services  que  je  pourrai  vous  ren- 
dre ,  pour  tout  ce  que  vous  voudrez.  Si  je  suis  iii-^ 
capable  de  vous  dire  a  quoi  je  puis  vous  être  ulile^ 
c'est  a  vous  de  me  le  dire.  Il  m'a  semblé  que  c'était 
une  expiation  qui  serait  reçue.  Cela  seul,  vousde* 
vez  le  comprendre,  me  fera  rentrer  en  grâce  auprès 
de  ma  famille ,  et  j'ai  besoin  de  me  soustraire  à 
la  malédiction  si  méritée  des  miens  en  faisant 
tourner  au  profit  de  vos  efforts  pour  le  rétablis- 
sement de  nos  rois  sur  le  trône  l'abjection  deplo- 
rable  où  je  me  trouve. 


Se  M^Momtt  iiiflTORrQUffs 

L'abbé  restait  toujours  impénélnUe  et 
cicui.  Il  attendait  pour  satoir  ce  qu'il 
Liire. 

—  Ali  !  j'oubliais  !  dit  tout  à  coup  Fétnagc 
solliciteuse. 

Kt ,  sons  la  doublure  de  soie  de  saléTite,  AméKt 
de  11...  tira  de  son  sein  un  petit  papier 
de  cbiflres  qu'elle  traduisit.  C'était  «ne 
mandation  que  l'oncle  de  la  triste  orpbelnw , 
ce  moment  avec  les  princes ,  avait  cro 
de  lui  faire  parvenir,  après  la  mort  de  h 
de  confiance,  pour  qu'elle  obtînt  dei 
auprès  de  leurs  communs  amis.  Le  noai  de  M.  de 
Montesquiou  s'y  trouvait  mêlé  dans 
parmi  beaucoup  d'autres ,  avec  des  desni*! 
très  significatifs. 

—  Ceci  m'est  arrivé  trop  tard ,  reprit-cVe ,  et 
dans  le  moment  oii  je  ne  me  sentau  plw  dHv  la 
position  de  m'en  faire  un  titre  ii  voe 
Peut-être,  en  regrettant  mon  malheur ,  n'i 
je  jamais  eu  le  courage  de  me  présenter  ici  ; 
j'aurais  certainement  évité  votre  mépris  par 
silence.  Mais  des  rapports  secrets,  qQeSottia(li 
directeur  de  la  police)  a  laissés,  ce  matin 
traîner  chez  moi ,  m'ayant  appris  que  l'on 
lait  très  activement  plusieurs  de  ceux  dont 
oncle  ni*avnit  envoyé  li*s  noms,  j'ai  coroprii« 


TIRÉS    DES    ARCHIVES.  8l 

>  * 

monsieur,  qu'au  risque  de  m'incliner  devant  des 
humiliations  sans  nombre ,  il  fallait  vous  en  aver- 
tir à  tout  prix.  Ce  sont  vos  amis ,  ce  sont  les  amis 
de  ma  famille.  On  peut  les  surprendre  :  on  l'es- 
père. Je  n'ai  consulté  que  mes  frayeurs.  Rien 
n'est  plus  facile  que  de  s'assurer  de  cette  surveil- 
lance; car,  vu  le  peu  de  temps  écoulé  ei^tre  la 
dénonciation  que  les  agens  de  mon  protecteur 
ont  faite  ,  et  celle  que  je  viens  voi|s  faire,  les 
hommes  chargés  de  ce  soin,  ne  sont  pas  en  me- 
sure de  se  douter  que  vous  puissiez  mainte- 
nant les  surveiller  eux-mêmes.  On  peut  les  dé- 
router;  vous  le  devez  !  je  n'ai  vu  que  çeja.  Véjri- 
fiez  ce  fait,  et  vous  serez  en  mesura  46  me  croire. 
Votre  rigueur  pour  moi  cessera  sans  doute.  a|9rs 
d'avoir  tant  d'amertume  dans  ses  formes.  Je  ne 
vous  demande  pas  votre  estime;  la  sincérité  de 
mon  aveu  doit  m'ôter  a  cet  égard  le  moindre  es- 
poir. 

L'abbé,  persuadé  dès  lors  de  celte  fable  ,  a  la- 
quelle rien  ne  manquait,  depuis  le  désespoir  jus- 
qu'aux preuves  écrites,  vit  tout  d'un  coup  l'im- 
mense, parti  que  l'on  pouvait  tirer  de  ces  re- 
jnnords,  et  les  facilités  nombreuses  d'actions  que 
lui  présentait,  pour  nouer  des  intrigues  nouvelles, 
vin  auxiliaire  engagé  dans  le  camp  ennemi.  Toute- 
fois le  revirement  se  fit  dans  ses  manières  par  des 

IV.  c 


Ma  nsfoiRis  iirroRKiijEs 

niumces  d*une  délicaletse  inBiiie.  Afantde 
cher  résolument  du  politique  «  il  cml 
trancher  du  capucin  ;  et ,  tans  s'élerer  conin  ki 
larmes  de  la  paurre  enfant  «  car  il  devenait  cos- 
Tenable  de  tenir  un  si  iriolent  repentir  ca  ha- 
leine, il  se  mit  k  réfléchir  que  cette  naodeg— 
prostituée  de  Jéricho  pourrait  effectiTCOMBl  Hm 
fort  utile  au  peuple  de  IKeu.  L'émditioo  hihBfw 
oflre  des  exemples  et  des  moyens  de  totéraafc  I 
en  Tint  tout  doucement  k  réqmraleal 
cpnclosion  par  un  discours  des  plus 
sur  les  corruptions  de  la  chair  et  s 
denr  qu'il  peut  y  sToir  dans  une 
courageuse  aux  tortures  de  Popprobre, 
s*agit  des  intérêts  sacrés  dn  trène  et  de  Ti 
Sim  intention  n*étant  pas  qu'Amélie  do  %.... , 
qui  sentait  trop  tî? ement  la  bassesse 
retint  brusquement  k  résipiscence. 
Bref,  son  front  s'éclaircit;  lIioauD 
succéda  au  cagot  ;  le  ton  de  la  galaatcrio  ] 
place  de  l'ascétisme  ;  une  rirt  cordiaKli 
Mit.  S'il  ne  donna  pas  des  renseigni 
rects ,  ceux  dont  il  mit  la  maîtresse  de  Solâa  h 
même  de  s'enquérir  pour  le  compte  dnyarti» 
pouvaient  guider  les  habiles  de  la  police  enr  k 
Toie  et  montrer  le  sillon  que  la  contre  pefco 
royale  traçait.  Au  bout  d*une   conférence  de 


TIRES    DES    ARCHIVES.  85 

quatre  heures,  Amélie  de  B....  rentrait  chez  son 
amant ,  munie  de  toutes  les  instructions  néces- 
saires pour  surprendre  les  sécrété  dé  la  réptr- 
blique;  et,  comme  on  ne  s'arrête  pas  à  itimtifi 
chemin,  la  chronique  prétend  que  le  diplo- 
mate acheva  Téducatién  de  sa  dévouée  Com- 
plice par  des  conseils  mystérieux  sur  Tart  dé 
bien  choisir  le  bon  moment  lorsqu'il  s'agit  de 
rendre  indiscrets  les  hommes  d'état  dans  les 
doux  abandons  du  tete-'à^tête.  En  fidèle  servi- 
teur de  la  monarchie,  i'abbé  dé  Montesiquibti 
devait  aller  jusque-là.  Sanchez  permet  démon- 
trer le  nu  sous  la  gaze  quand  il  s'agit  dé  sdlfi- 
citer  pour  un  proêès  :  proportion  gardée ,  son 
disciple  devait  permettre  bien  davantage. 

Cette  intrigue  de  Merlin  de  Douay  ne  fut  con- 
nue que  par  l'événement  et  fort  tard;  elle  dura 
dix-huit  mois.  Amélie  de  B — ,qui,  suivant  une 
convenlion  faite  avec  Tabbé,  n'eut  de  rapports 
qu'avec  lui  seul ,  tint  les  fils  de  beaucoup  d'in- 
trigues, plus  prudente  d'ailleurs  qu'on  ne  l'ima- 
gine, et  que  ne  le  diront,  s'ils  écrivent  l'histoire , 
les  gens  qui  s'en  mêlèrent.  L'esprit  d'intrigue 
est  moins  a  redouter  que  les  passions  rudes  et 
aveugles  de  la  multitude.  La  Vendée,  avec  ses 
recrues  de  paysans ,  ses  crucifix ,  ses  prêtres- 
soldats,  son  manque  d'armes  qui  faisait  que  tout 


devenait  une  arme;  la  Vendée  inspirait  pku  de 
craintes  au  Directoire  que  ces  petits  tripotages 
parisiens  que  l'on 'croisait  et  qu'on  déconccr* 
tait ,  comme  en  se  jouant  »  par  des  manœuvres 
du  même  genre.  Quelques  légers  services  abu- 
sèrent ces  fous  diplomates  sur  riiabiletc  dcsqack 
la  royauté  se  reposait.  Au  18  brumaire ,  Tabbé 
de  Montesquiou,  put  voir  a  vif  sa  duperie  et 
compter  avec  d^pit  les  fonds  que  sa  belle  péni- 
tente avait  prélevés  sur  la  masse  royaliste.  Bams 
paya  gaiement  son  pari.  Le  trait  le  plus  iosperlft- 
nent  de  cette  mystification  fut  dans  la  préeeaei 
à  ce  déjeuner  du  marquis  Qermont  de  Gale- 
raude,  complice  de  Tabbé  de  MontesqoiiNiv 
qui ,  pour  sa  part  «  se  flattait  de  cacher 
blement  son  jeu  en  irayant  avec  les  hahitaas  da 
Luxembourg.  Merlin  de  Uouay  n'en  eut  dooc 
le  démenti.  * 

La  crédulité  des  partis  est  toujours  et 
la  même.  Un  ne  peut  la  comparer  qsli 
des  pauvres  diables  qui  se  ruinent  b  la 
et  qui  depuis  le  jour  de  la  mise  jusqali  ccbn  4m 
tirage,  rrvcnt  des  millions,  des  joies  et  ilea 
cités  incomparables ,  au  risque  de  se  prt 
nécessaire  à  rclTet  de  poursuivre  la 
de  Teurs  châteaux  en  Espagne  sur  de  nottv< 
frais   lécs  t:ouvrrn«*mens.  on  ne  saurait  trop 


TIRÉS    DES   ARCHIVES.  85  ^ 

dire,  ne  périssent  pas  de  leurs  ennemis /ils 
périssent  de  leurs  fautes.  A  lai  vérité ,  les  spécif- 
lateurs  sont  intéressés  a  soutenir  et  à  répatidtie 
le  contraire.  On  fait  commerce  de  conspiflitîafas 
comme  de  toute  autre  chose.        t  ^  '*«  j 

A  la  même  époque ,  une  manière  de  chéiiipati 
de  la  garde  du  Directoire,  nommé  Dutour,  man- 
geur déterminé,  toujours  aux  expédiens,  homme 
sans  scrupule,  quoique  vrai  patriote,  sorte  de 
Figaro  républicain ,  alla  trouver  Tun  de  ses  che& 
pour  lui  demander  résolument  une  haute-paita, 
prétention  qui  sembla  fort  exorbitante  defaa 
part,  et  dont  le  chef  se  moqua  ^''la  demande  était 
insolite  et  inadmissible ,  de  sa  part  surtout. 
A  Très  bien  I  lui  dit  alors  Du  tour  ;  mais  puisqu'il 
n'y  a  rien  a  frire  avec  la  république  et  que  je 
ne  veux  pas  me  laisser  mourir  de  faim ,  on  ne  ' 
s'étonnera  pas  si  je  fais  un  quart  de  conversion 
pour  m'arranger  avec  les  royalistes.  »  Ce  propos 
offrait  quelque  chose  de  leste  et  de  Suspect 
•  qu'on  le  pressa  d'expliquer,  c'est  ce  qu'il  vou- 
lait; il  le  dit  avec  son  eifronlcrie  naturelle.  11 
s'agissait,  pour  Dulour,  de  se  mettre  en  rapport, 
par  le  moyen  d'un  tiers,  avec%n  certain  che- 
valier d'Antibes,  résidant  alors  a  Paris  sous  le 
nom  romanesque  de  Blondel,  vrai  cerveau  fêlé, 
dont  il  suffisait  de  flatter  les  espérances  royalislCvS 


TIRÉS    DES    ARCHIVES.  8^ 

,  t  ■  p         ,■  .  »         »         '      ■      . 

sécf  dans  toutes  ces  sornettes  et  se  crut  a  la  tête 
d'ui^e  contre  -révolution.  Il  n'éûit  pa9  ri^e 
per^Qpnellement  ;  mais  sa  qi^idité  de  principal 
^gent  de  Tabbé  de  Montesquiçif  lui  donnait  .1^ 
clef  de  toutes  les  bourses  du  parti.  La  perspec- 
tive d'expédier  d'un  seul  coup  les  cinq  direc- 
teurs k  Sa  Majesté  Louis  XVIII  au-delà  du  dé- 
troit ,  en  preuve  de  la  facilité  que  présentait  le 
rétablissement  de  la  monarchie  ;  cette  perspec- 
tiye  échauffa  les  imaginations  des  complices  ;  on 
se  promit  de  favoriser  les  projets  du  rayalisie 
Dutour.  En  un  cUn-d'œil  les  cotisations  furent 
versées  j  Dutour  en  eipploya  la  majeure  portion, 
et  mena  dès  ce  moment  un  beau  train  de  vie* 
Près  de  40,000  fr.  étaient  disparus  de  cette  façon 
dans  le  gouffre  de  ses  fredaines  et  de  ses  bom- 
bances ,  et  la  crédulité  des  bailleurs  de  fonds  ne 
semblait  pas  a  bout  de  ses  sacrifices,  lorsqu'une 
fausse  démarche  du  Directoire  fit  naître  enfin 
la  défiance  parmi  les  conjurés  et  livra  le  secret 
de  la  jonglerie.  Blondel ,  au  désespoir,  finit  par 
où  il  aurait  dû  commencer,  par  s'informer  de 
ce  que  c'était  que  ce  Dutour.  On  acquit  la  cer- 
titude  que    ce    n'était    qu'un    hardi    charlatan, 
percé   de   tous   les   côtés ,  d'un   front   d'airain, 
d'un   estomac  insatiable,   et  plus  soucieux   de 
vexer  les  royalistes  (jue  de  leur  faire  la  courle- 


88         MEMOIRES  HISTORIQUES  TIRES  OEt  AftCMITtib 

échelle.  Ce  nouveau  mécompte  les  affligea  sans 
les  désoler.  Quant  â  ce  Dutour ,  il  fat  très  clu- 
grin  d*aYoir  perdu  ses  entreteneurt  ;  mais  la 
connaissance  qu'il  avait  faite  de  la  phpart  des 
mat-intentionnés  ,  lui  facilita  des  prMBolioBs 
rapides  dans  les  rangs  de  la  police  poKtiqne. 


CHAPITRE  LVII. 


Dciails  historiques  sur  rilôtel-dc-Vi1lci  son  antiquité*  -—  Orgaui- 
salion  ,  poufoirs,  juridiction  et  police  du  bureau  de  irille  et  du 
prévôt  des  marchands.  —  Forme  d'élection  des  échevins  de 
>il!r.  —  Ccrcmonie  du  serment  prêté  au  roi  par  les  cchcTins 

nouvellement  élus.  —  Keveaus  cL  officiers  du  corps  de  ville. 
—  iSoinbrc  des  prévôts  di  s  marchands,  flepuis  leur  orighic  jus- 
qu'à M.  de  Flessellcs.  —  Récit  de  la  mort  tragique  de  ce  dernier, 
au  i4  juillet  1789. 


A  l'époque  où  l'aigle  des  Romains  déploya  ses 
ailes  conquérantes  dans  les  Gaules,  il  existait 
une  administration  municipale  sur  Tembryon  de 


go  MicMoiiiES  ai&ToaiQtts 

territoirequi  devinti  anse  développant, kCvjw de 
la  cÎTtlitation  française.  Des  recherches  savantes 
ont  mis  en  évidence  qu'après  l'envahisumsiit  dm 
pays  par  les  Francs ,  il  se  fit  peu  de  osodifica- 
lions  notables  dans  le  régime  poUtiqna  ém 
grandes  villes.  Les  nouveaux  nuitrea  du  tcni- 
toire  laissèrent  subsister  la  plus  essentieUe  partie 
*  de  cette  organisation. 

Sous  les  Romains ,  diaque  ^e  un 
dérable  avait  un  sénat,  des  ■■f^mhiéas  om 
seils  de  ville,  et  des  magistrats  qu'on  appelaîl  loi 
défen$eur$  de  la  eiié',  ils  étaient  chargea  de 
tenir  les  droits  des  habitans  contrc  lea 
des  gouverneurs  des  provinces;  ib 
les  commerrans,  ordonnaient  et 
dépenses  communes.  Ces  défimseara 
dinairement  tirés  a  Paris  des  corps  dea 
association  de  marchands  qui  laisaioBlf 
tcinps-la,  le  commerce  par  la  Seine  et  les 
aflluentes. 

Les  inscriptions  trouvées  pendant  le 

iniirs  1711 ,  en  creusant  la  terre  sons  lo 

de  Notrc-Uame ,  pour  rétabltucment  dn  ca 

<ic  iicpulture  des  arches  t'ques,  nous  apprvn 

(jiie  sous  Tibcrc  la  compagnie  des  naiilci 

$iaci^  comme   porte    une  de  ces  inscrip 

rl4*\a  un  autel  .-i  Iv(us,  à  Jupiter ,  a  Vulcain  t  h 
li.ihlor  et  Pulhu.  Il  e»l  !i  présumer  que  les  aMr* 


TIRÉS  DES  AAGHIYBS.  Ol 

il.',  ^^  I 

catêTês  uqumpariiiaei  dont  il  est  piyrlé  dan»  quel- 
ques actes  du  règoe  de  Louis-le-Grbs  «t  deL0aifr- 
le*JeuAe  aTaient  succédé i  sous  un  autre  nom,  à 
ces  anciens  commerçans»  et  (^'fl'  ne  Êiut  pas 
ehércher  ailleurs  Tori^ne  du  corps  municipal, 
dont  le  chef  portait  le  nom^  d9  priêôt  des  mar-- 
dumds;  ils  avaient,  en  effefei  la  pEOlîce  de  la  navi- 
gation des  iparchandises  qui  viennent  pjar  eau^ 
il  était  naturel  que  leur  chef  'reçut  le  titre  de 
l^révot  des  marchands. 

'  On  ignore  où  ce  corps  db  viUe  ;  s'asiiemblait 
60US  la  première  et  la  secondé  iteces  des  ifois  de 
France;  on  le  voit,  au  cpmmencemeiit  de  la 
troisième  race,,  établi  dans  une  maison  de  la  Val* 
U^  d0  Ijtisèrt ^  c^ui^  esl^  deveniM  depuis  le  marché 
^  la  volaille,  et  que  l'on  appelait  la  Vallée^  rempla* 
cée  aujourd'hui  par  un  marché  couvert.  Ce  lieu 
d'assemblée  s'appelait  Maison  df  la  marchandise; 
il  fut  ensuite  transféré  au  parloir  aux  bourgeois^ 
près  du  grand  Châtelet,  maintenant  abattu,  et 
plus  tard  dans  un  autre  parloir  aux  bourgeois^ 
placé  dans  une  tour  de  renceiiile  de  Paris,  près 
des  Jacobins  de  la  rue  Saint- Jacques  (1).  Les 
officiers  tirés  du  corps  des  mercatores  aquœ  pari- 
siaci  furent ,  sous  le  règne  de  Philippe-le-Hardi , 

(O^c  mol  parloir  signifie  tout  l)Oiiiirrncnt  un  lieu  où  Ton  parir, 
"M  i'ou  tient  bourse  ;  le  nom  s'en  est  conservé  dans  les  convcns  , 

'->  piiHiUb,  l'.-s  hôpitaux. 


^1  MEMOmU  HISTORIQCIS 

en  1274,  qualifiés  de  prévài  des  mmttl 
iehêviu  de  U  «îUe  éê  Paru.  Dès  Ion  le  corp  ■»• 
nicipal  prit  de  la  contistanee  et  une  orgiaiii 
lion.  En  1337,  il  acfaeU  U  Mai$m  éê  Gf*tf,  mk 
trement  la  Maitùh  oiur  pUiên^  déâgnés  mm  ce 
nom  parce  qu*une  mite  de  piliers  la 
comme  la  Mawm  dêi  m/Jmi  61mi ,  aloM 
et  contigQë  k  rHôtel-de-ViUe.  Sur  Vi 
ment  de  cette  maÎMn  de  Grève  el^de 
antres,  on  commença  de  bâtir  rHôtrf  d>  VÊk 
en  1553  ;  cet  hôtel  fut  acheré  ea  IfBK,  m«s  le 
règne  de  Henri  IV ,  dont  la  statno  éqvartn  ss 
voit  en  bas-relief  au-dessus  de  la  p«tto  dTe» 
trée(1). 

En  1789,  à  Tépoque  de  sa  soppnsBM,  b 
corps  de  TÎUe  de  Paris  était  compoif  #1 
dignitaires,  d*officiers  civils  »  dToflcM 
daires  et  d  officiers  militairM;  il  a^ûl 
diction,  des  revenus,  des  chargM  b 
des  formes  d'élection  et  un  cérémonid 
liers. 

Je  rrois  devoir  eiitreiT  dans  quelqvM 


(0  l^ethomniMdeçS,  prmUntlcurrèfDcavaltalMilV* 
iM^-itflicf ,  ils  imagliMienl  effacer  U  royauU  de  IftitinÉff  m# 
Iriiis^iil  Ifi  ftUiucft  iU'^  rois;  viliiic  tl«»iil  il»  otil  Jutiné  Tf**?*' 
j  !  «Il  ^  MjGcr«%riiii .  «t  }iir  Vf  honiMiv^  •!•■  |«an  wat  ï^i  iAi  »*• 
•■•iiv  li»  If «{iinrt. 


TIRÉS    DES   ARCHirSS.  9$ 

en  prenant  pour  guide  un  pr^cif  autjientique, 
dressé  par  le  bureau  de  ville  en  IT^S. 

«r  Les  officiers  dignitaires  étaient  le  gouverneur 
de  la  ville  de  Paris ,  nommé  par  le  roi,  le  lieute- 
nant au  gouvernement ,  office  dont  la  finance 
avait  été  réglée  par  l'édit  de  création;  ces  creux 
dignitaires  faisaient  partie  du  corps  de  ville. 

•r  Les  officiers  civils  se  composaient  d'un  pré- 
vôt des  marchands ,  nommé  par  le  roi  ;  chaque 
prévôté  était  de  deux  ans,  et  assez  ordinaire- 
ment ce  titulaire  prolongeait  la  durée  de  ses 
fonctions  pendant  trois  prévôtés.  Il  donnait  des 
audiences  publiques  chez  lui;  il  était  considéré 
comme  un  magistrat  du  premier  ordre ,  avec  le 
titre  de  chevalier;  il  portait  dans  les  cérémonies 
publiques  la  robe  de  satin  cramoisi  (1). 

((  Quatre  échevins  choisis,  savoir  :  un,  parmi 
les  quarteniers,  et  deux,  parmi  les  notables  bour- 
geois. Chaque  échcvin  restait  deux  ans  en  place. 
Pour  être  échevin,il  fallait  être  de  Paris;  Téche- 
vinage  donnait  la  noblesse. 

«  Un  procureur  et  avocat  du  roi  et  de  la  ville  ; 
il  avait  un  substitut,  un  parquet,  dans  l'Hôtel- 


(i)  Dans  les  Icltres  écrite.^  par  M.  de  Sartines  à  M.  Blgnon,  pré- 
vôt des  marcliinds  ,  à  roccasion  de  rcT^ûnemenl  du  3o  mai,  od 
peut  voir  avec  quelle  respectueuse  déférence  te  premier  parle  à 

celui  ri. 


«m  MEMomrs  nisTôRiQir^ 

fie-Ville,  et  un  secrétaire  dont  le  tra  temrnt  était 
pavt^  sur  la  caisse  de  la  ville. 

'  Un  prrefller  en  chef;  il  avait  son  logement 
dans  riirilel-dr-Villc. 

V  l'n  In-sorier,  rcccvnir  cénéral  des  dont  et 
octjbis  <lc  la  ville  ;  cet  oflice  exigeait  un  caution- 
nement  d'un  million. 

«  ilc%  huit  personnes  composaient  ce  qu'on 
appelait  le  bureau  de  ville.  On  y  traitait  les  af- 
r-iirr»  courantes,  parliculi^ros  et  secrètes;  on  y 
jii^c.tit,  Mir  rapport,  des  affaires  mises  en  déli- 
béré; on  y  répondait  aux  plicets,  demandes  et 
rcqiirlcs.  Le  greffier  et  le  receveur,  qui  n\ 
avaient  eu  d'abord  que  voix  consultative,  ûm- 
rt'iit  par  y  avoir  voix  délibérative. 

■  Le  corps  de  ville  était  en  outre  compilé  : 

«  De  vingt-six  consrillers  de  ville  dont  sene 
étaient  de  notables  bourgeois  qui  parvenaient  k 
récnevînage ,  et  les  dix  autres  étaient  roembra 
des  cours  souveraines  et  n'y  parvenaient  jamak; 

Ht*  seize  quarteniers  :  ce  nombre  était  aÏMÎ 
lixé  parce  que  Paris  n'ayant  ^ié  long-temp*  dî« 
visé  qu'rn  sei/.e  quartiers,  on  avait  %oalu  qv^i 
s't*ii  (roiivfit  un  dans  rhj(]ue  quartier.  Ces  oC* 
(  t's  t'taii'nt  achetés  par  dt*  notables  bourgeois  et 
jouissaient  de  difTérens  privilr};es. 

*  licsi  seize  conseiller:»  bourgeois  et  les  leB 


TIRES   DES   ARCHIVES.  95 

q^arUni^r9  pajPf«naient  alternadycs^pnl  à  |'éçl^e- 
vinage  ;  on  y  faisait  aussi  arriver  aai||is^  ^^|f«r~ 
geois  qui  n'épient  point  pourvus  a  office  ,  fnais 
qui  étaient  compris  dans  une  liste  de  notables 
que  les  conseillers  et  quarteniers  dressaient,  après 
avoir  pris  sur  leur  compte  les  plus  scrupu- 
leuses informations. 

«  Ces  conseillers  et  quarteniers  réunp^^x  huit 

meipabres  du  bura^u  4?  ^}H^,  ^9^P^lff9'%^^  ^^' 
ml  général  de  la  vUk.  ^  ^  .. 

a  On  comptait  ^«cofe  dea  officierp  secon- 
à^fis  qui  j^'en  fyimt^^  pmnt  paciûi»  savoir: 
i|oûante.<mati9  m9»a»'imm  k  raison  4e  quatre 
dans  chacun  4^  smo  ^ uairticn. 

_  ^  ré 

1 11  y  avait  en  outre  un  colonel  dés  j^des  d,e 
la  ville ,  un  lieutenant^colonel ,  un  major ,  un 
aide-major,  quatre  compagnies  de  soixante- 
douze  hommes  chacune  y  une  musique  composée 
de  plusieurs  tambours,  haut-bois,  trompettes  et 
un  timballier. 

tf  Le  traitement  du  gouverneur  était  de 
55,000  francs.  Le  prévôt  des  march^ifids ,  les 
quatre  échevins ,  le  procureur-avocat  du  roi  de 
la  \ille  ,  le  greffier  et  le  receveur  se  distribuaient 
à  litre  de  droits  honoraires  une  somme  qui  fut 
d'abord  de  180,000  francs  qu'ils  étaient  autori- 
sés a  prélever  sur  la  caisse  de  la  ville ,  mais  qui 


96  MCMOIREI   HtSTORlQVtt 

par  une  déclaration  du  25  avril  1 783,  fui  réduite 
à  136,380  francs. 

«  Pour  procéder  aux  élections  des  membres 
sortans  »  le  conseil  général  de  la  ville  s'assembUc 
tous  les  ans  dans  la  grande  salle  de  lliôtel,  b 
16  août;  on  y  procédait  h  rélection  de  deux 
nouveaux  échevins»  en  remplacement  de 
qui  avaient  fait  leur  temps. 

•  L'assemblée  ,  après  avoir  entendu  h 
du  Saint-Esprit  dans  la  chapelle ,  commwirait 
par  élire  quatre  scrutateurs,  un  pour  le  roi  tcTélMl 
ordinairement  un  officier  marquant  1 
cature;  un  pour  les  conseillers  de  ^e, 
parmi  les  conseillers  ;  un  pour  les 
choisi  parmi  eux  ;  enfin,  un  pour  les 
choisi  parmi  les  notables  bouif  eois , 
étaient  mandés  de  chaque  quartier , 
ter  et  procéder  a  l'élection. 

•  Les  scrutateurs,  après  avoir  prêté 
procédaient  au  dépouillement  du  scmlis  (1)  •  el 
les  deux  candidats  qui  avaient  obtenu  la 
rite  des  suffrages  étaient  nommés  et 
pubhquement  échevins.  Le  procès-verbal  i 
lection  était  présenté  au  roi. 

■  Le  prévôt  des  marchands  écrivait  au 


(0  Chaque  bitlMindr^Bil  |>orirr  drui  iit»m« ,  un 
^rbcvln  à  rlirr. 


j 


TIRES   DES   AHCHIYES.c^  g^ 

verneur  de  Paris  et  au  ministre  fow  leur  amloilri 
cer  celte  nomination,  et  prier  en  giAaie  Umy  le^ 
ministre  de  demander  au  roi  lé  jènr  qu'il  plai*  i 
raità  Sa  Majesté  de  choisir  poui^  reee%6ir  !•  MfWi 
ment  des  deux  nouveaux  échevins* 

«  Le  jour  ayant  été  indiqiiéy  lé-eomps  df  lîUé^ 
se  rendait  k  Versailles  dans  cinq  voîtiirea,  doMt 
deux  à  six  chevaux  et  trois  k  quatre.  Le  i{orps4e'i 
ville  était  introduit  dans  la  salle  du  ci#i»seU»p#iin} 
y  attendre  les  ovdres  du  roi.  Lf)  auiib^«dM;cé«é^;i 
monies  venait  ep^uit^  le  chtpobéSfr.  h^  poiïl§ >ii<\^. 
la  chambre  du  roi  étant  ouyerti»»  4ii^  wmciliçrà^) 
la  ville  de  Paris,  et  le  goùveriieiii:!.  qui  y.yéiili%f 
déjà,  venait  aurdevant  du  ç^M^p^  de  viU|9tQ|;4#) 
présentait.  -  tr»,. 

«  Le  roi  était  assis  dans  un  faUtelul;  la  tlt0^ 
couverte  ,  environné  des  princes  et  seigneurs  de 
la  cour. 

•f  Après  les  trois  révérences  d'usage ,  le  corps 
de  \illc  s'approchait  et  mettait  un  genou  en 
terre.  Le  scrutateur  royal,  placé  devant  le  roi,  lui 
adressait  un  discours  analogue  a  la  circon- 
stance (1),  et  lui  présentait  le  scrutin.  Le  roi 


(i)  G'éuit ,  comme  on  le  pense  bien  ,  un  discours  \raiment  offi- 
ciel,  bouisouflé  de  vcnl,  plein  de  rien,  \érilable  remplissage 
crrtiqneUf.  Toute  innovniion  sur  ce  point  nurait  paru  scandii- 
louse.  Dans  Its  discour»  f.nts  au  scrnlin  ,  rr«prit  de  la  majorité  se 
met  toujours  en  reli«.*f. 


^  MF.MOniU   HItTOKIQUI» 

faisait  niM  très  courte  réponte ,  prenait  le 
tin  et  le  remettait  an  ministre  chargé  an 
tement  de  Paris ,  qui  se  tronvail  k  sa  droile.  Le 
ministre  déoacketait  le  paquet  et  en  fiûaait 
iure  a  haute  vois.  Dans  ce  moment,  le 
de  h  ^lle  plaçait  sur  le  genen  4lu  fi  le  cracifi 
snr  lequel  les  ilci)i  éche^ns  élna  devnient 
leurs  inaina  pour  prêter  le  serment  ;  nlnn  le 
mier  oemmis^grefier  présentait  an  mi 
li^re  des  ordonnances ,  contenant  In 
serment  et  en  faisait  lecture,  aprèeqnel, 
cun  des  élus  disait  y#  If  jurs.  Enanitn  In  nnsfo  4e 
Tille  se  retirait  avec  la  même  rlpjmnnân,  Lm 
deux  nouTcanx  échevins  étaient  éga 
sentes  à  la  reine ,  à  la  famille  royale  i 
nistère  de  Faris,  qui  sentent  invitait  le 
ville  11  dîner. 

c  Les  revenus  de  la  ville  étaient  pen 
rablcs  en  comparaison  de  son  împnrtBnee;  3i 
consistaient  en  droits  qu'elle  préleveh, 
légers  et  redevances. 

•  Elle  était  chargée  de  rillumination, 
tien  du  pavé  et  arrosement  des  koulevnrtay  ^b 
réparation  des  maisons  de  son  domaine«d 
fontaines,  égouts,  port«,  qusi^  ef  pompes 
bateaux  pour  les  iiirendics;  en  outre,  chargfs 
du  paiement  des  rentes  constituées  sur  son 
maine  «*t  sur  Télat  ;  des  pensions  par  elle 


TIRES    DES    AKGH1YES.  99 

dées  dont  les  fonds  étaient  fixés  et  autoriség  par 
le  gouvernement;  enfin  des  frais  de  son  adm^ 
nistratîon  et  de  ceut  de  l'Opéra.  » 

L'Hôtel -de- Ville  offrait  donc,  même  alors, 
quelques  vestiges  d*un  corps  politique,  jadis  puis^ 
sant;  il  avait  conservé  des  formes»  des  pr<ï*o- 
gatives,  des  usages  popp)air^3  qui  v^pdaient 
les  anciennes  comoiun^s, 

Les  Mémoirçs  ^a  c^rdjp^l  dç  ÏVeU  e\  J'Hj^liÇfre 
de  la  Fronde  font  assez  connaître  à  quel  point 
l'organisation  politique  du  corps  de  ville  de  Paria 
pouvait  favoriser  les  faction^  contre  la  cpiir  f^t  l^ 
ministres  qui ,  n'osant  s'attaquer  aux  privilèges 
de  ce  corps ,  se  voyaient  obligés  de  les  respectera. 
Dans  les  temps  ordinaires ,  les  assen^blées  4tB  1^ 
ville  et  les  pouvoirs  des  membres  qui  les  com^^ 
posaient  n'avaient  rien  de  remarquable  ou  d'in- 
quiétant pour  l'autorité  royale;  mais,  aux  épo- 
ques d'ébuUition  ,  quand  les  partis  se  faisaient 
des  menaces,  ces  pouvoirs  devenaient  un  appui. 
Celte  assemblée  se  métamorphosait  en  centre 
d'action  pour  les  factieux  déjà  puissans,  qui  sa- 
vaient mettre  l'Hôtel-deVille  dans  leurs  intérêts. 
Le  peuple  y  voyait  une  protection  à  laquelle  se 
joignit  plus  d'une  fois  celle  du  Parlement. 

La  municipalité  de  Paris  n'offre  plus  aujour- 
d'hui (|u\m  corps  administratif  soumis  h  l'auto- 
rité du  minislcrc. 


Dans  les  crrémonios  où  le  corps  de  ville 
chail  avec  les  cours  souTcraines,  il  prenait  b 
patiche  clii  Parlement  ;  il  r*l«iît  rs^alenient  à  iranckc 
(lu  lieulenaiit  de  police  lorscprils  marcliaient  es- 
semble. 

Tous  les  an«  ,  le  corpsi  de  \ille,  ^ur  llnvitatioii 
des  ehmoaliêrg  de  Varquebu$e ,  assistait  an  tir  de  Taî- 
$fau,  et  donnait  le  prix  au  vainqueur  (1). 

Lors  dr  l'inauguration  d'un  monument  on  cTane 


(i)  l.eft  chetalicrs  Jo  Tarqurbuir  avilofil  été  étal4« 
ordoniiincP%  des  ruii.  H  joui^viknt  Je  pluiieuri  pHviUfci. 
rèfoc  de  I^uls-le-iirot.  >alnt-I.AiiUSxa  h-  ncNnbrt 
k  cent  quatre- vioKt»  ;  Lharlr»  ,  dauphiu ,  le»  p«rta  è 
en  I'«|ikeiici*  du  roi  Jean  ,  son  \tvre  ;  (Uiar'et  VI 
pri«ll^«^  et  fn  ajouta  d*autrci^  ;  il»  furent ,  dant  U 
veau  CDnSrtnés  par  l^wli  XI  et  Chirtri  Vm.  lU 
vcrars  époque*  ,  df\  ni.'«rqui  «  de  I»  proicctioa  de 
Liiuift  XIII,  dr  LouU  M\ ,  ilr  Limiu  X\  et  de  Louât  XTU 

IjTiir^    lircvrl»    flairni   tliini^  par  Te   irou^rriievr   é 
qui  était  colunrl  de  tvttr  con'paKnie  rorale  ,  dont  la 
ordinaire  riait   le  licgc  dr   U  cunnctab^le  H 
France. 

Leur  uiilformr  était  rcarlutr  .  ipiToiiné  d'or,  a 
re«rrfl  dr  ^rlciur«  bleu  ,  le  luutoii  dorr,  avec  a 
lélc  m  Mutoir,  couronné^- 

l\\  éiairnl    If  nu%  dr  «^c   |H*rfr<tiiiinirr  dan«  let 
faire* ,  parer  que  ,  *ïnus  li>^  ra«  urceo« ,  un  lea  nundall 
dre  lr«  urinrft  «  I  f4irr  I*'  «rr«  •!•  rn  qualité  detrtMpe  rfifWvw 

t.i>rs4|*i'i*  ariMiiif  i|i>- i  ]■.     •'•«l'iifiiirul  hrtifrut ,  Ha  a« 

drf*it  d'fTMiiyrr  d !•  j>  .ti*.  pour  o  iii)'l  tnrnirr  le  n*!  ci  !■! 

mander  un  |»rii  m  rf-:iiii;«%»t.f  •-  f|f  IV^'^nrfnf  iiff. 

1^*  dmisiii  lir  It  yUi^  pr.-.  fii*  1 1  Sainl-l..-ii4rnil ,  le  caeM  éê  « 


J 


TIRES    DES    ARCHIVES.  lOI 

publication  de  la  paix ,  le  corps  de  ville  montait 
à  cheval,  vêtu  de  son  grand  uniforme;  le  gou.- 
verneur  de  la  ville,  qui  en  faisait  partie ,  avait, 
dans  celle  occasion,  le  droit  de  jeter  de  Pargent 
au  peuple. 

C'était  le  bureau  de  la  ville  qui  arrêtait  le  rôle 
de  la  capitation  des  habitans  de  Paris.  Le  prévôt 
des  marchands,  commissaire  en  cette  partie, 
rendait  les  ordonnances  de  décharges  et  de  mo- 
dérations. 

Depuis  Jean  Augcr ,  nommé  prévôt  des  mar- 
chands par  le  roi  Saint -Louis  en  1258,  jusqu'à 
M.  de  Flesselles,  qui  entra  en  charge  en  1789 
et  mourut  la  même  année ,  il  y  eut  cent  diz-sept 
prévôts  des  marchands. 

La  fin  tragique  du  dernier  doit  faire  époque 
dans  rhisloire  de  la  municipalité  de  Paris;  c'est 
pourquoi  je  m'y  arrclerai ,  puisqu'en  lui  ces^a 
loule  rancienne  administration  de  Fllôlel-de- 
Villc. 


.'ipport.iit  à  ct!t<'  r{.in['.'ï'4iilt;  trois  piix  »^i,i  ètaicnl  lires  en  sa  prc- 
svnco  ;  ils  con.s'.st  .icr.t  cn.icuu  ii»  une  luéfîaillc  d'ar^îeiit  aux  arnie^ 
do  la  ville  de  Paris  d'uu  cùlé  ,  et  de  l'antie  ,  poilunt  la  devise  sui- 
Tante  : 

Equitum  scloj)i'.tiv  io  viclon  pn/num  /n  (Uf/iiur/i  uih^  pni'bct. 
I  )  jiiillul  1789  [Ji'ui'  'e  i!!jiiiUcu  de  l'oiJi'.      il^j  ircA'L-leiiî  i»lii>. 


109  MEMOIRES    RISTORIQrLS 

Lonqu'en  1789,  les  électeurs,  qui,  d'apris 
une  invocation  du  roi ,  Tenaient  de  noBMBer  les 
députés  des  trois  ordres  aus  états  -  généraom  ,  se 
fiirent  rassemblés  a  Tliôtel-de-Ville  pour  le  rrai- 
placcmcnl  des  aiitorîlés  de  police  et  d*adfliîiiis- 
Iration ,  renversées  par  le  fait  de  rinmrrectîoB, 
une  députalion  se  rendit  de  leur  part  près  11.  de 
Flesselles ,  prévôt  des  marchands ,  poor 
ger  a  joindre  son  zèle  et  ses  efforts  aux  leon , 
le  soin  de  la  chose  publique.  Ce  magistrat  i^ 
dit  et  fut  accueilli  avec  de  grandes  dénoiMlnti 
de  satisfaction  par  la  foule  immense  qv 
la  place  de  Grève  et  Tintérieur  de  raôld 
présidence  de  rassemblée  lui  fiit  offerte 
chef  de  la  municipalité  »  mais  il  la 
désir  n*ctant  d'exercer  d*autre  autorité 
qui  lui  serait  déférée  par  les  habitant  4e  h 
taie  :  c'était ,  par  une  manifestation 
mettre  a  la  disposition  du  peuple  pou 
rir  la  confiance.  Il  li  ronquit  d'emblée.  U 
électeurs  dit  h  la  multitude  présente  qoo  11.  It 
prcvot  (les  marchands  ne  désirait  consenreret 
tinuer  les  fonctions  qui  lui  avaient  été 
par  le  roi  que  dans  le  cas  oli  ses  concilotena  b 
trouveraient  agréable  et  le  confirmeraient  éâm 
re«  meniez  fonctions.  Cette  confirmation  fut  dè- 
tiri  iiirr  «1  nianifc»tri*  pjr  une  acilamation  gr« 


iH-r:il 


V 


^TlAfig   DES   AAGfiAVli^*  1q3 

On  forma  dès  ce  moment,  ii  jtûUiat  nu  matin;, 
sur  la  proposition  do  Mi  Ethîs  de  Gnray,  ftta^ 
cureur  du  roi  de  la  ville  ^  CA^^mképèrnUimènt^ 
si  célèbre  dans  l'histoire  tuiaidtiieusè  de. cette 
époque;  il  fut  cpmposé  de  treize .éleoteum  et 
du  bureau  de  là  yille«  M.  de  ïl^^elles  en  fut 
le  président;  ii  continua  de  prstfidre  le  titre  de 
pi^évôt  des  marcbâdds  dans  les  HAbiêihé  témM 
permanent  fut  chargé  dâ  l'admMiialtaliiMk  poronf- 
Bôire  et  de  là  direction  desr  liiouTemeés^  dé^ia 
réTolutioQ  qui  se  buUciféiaioBt  alorofviet  se  ddfl^ 
lopt>aient  atec  la  plus  ard^te  aMîyité;  On,  y 
aj^prenait,  à  ohaifuë  instant ,  lës/sdmea  ipÉlidi 
passaient  dans  la  ville;  de  nomb^reèsea dç Blaod^ 
d'armes  et  de  munitions  étâieatiéiitinnelloflàènt 
adressées  au  eamiii  perikanehi,  €e  f«l  €é  joué^ik^ 
i  3  juillet ,  qu'environ  sur  les  une  heure  après- 
midi  M.  de  FlesseUes  déclara  spontanément 
au  comité  et  au  public  présent  que  M.  de  Près- 
soles,  intéressé  dans  la  manufacture  d'armes  de 
Charleville ,  lui  avait  promis  douze  mille  fusils  ; 
on  les  attendait,  ajouta -t -il,  d'un  moment  à 
l'autre.  Le  même  M.  de  Pressoles  avait  fait  es- 
pérer d'en  envoyer  encore  trente  mille  sous 
trois  ou  quatre  jours.  On  ne  manqua  pas  de 
faire  part  aussitôt  de  cette  nouvelle  aux  députés 
des  soixante  districts  accourus  pour  demander 
(les  armes  :  on  leur  dit,  en  conséquence,   de 


TIAÉS   DBS   ARGHIYIt.  I05 

manent.  Les  armes  promises  n'arrivaient  point; 
les  députations  des  districts  qui  les  attendaient 
dans  un  très  petit  bouge  de  THôtel-de-Ville ,  té- 
moignaient avec  chaleur  de  leur  méfiance  et  de 
leurs  soupçons  contre  le  prévôt  des  marchands, 
dont  ils  disaient  que  le  comité  même  était  com- 
plice. M.  de  Flesselles  répondait  à  toutes  les 
demandes,  a  toutes  les  objurgations  qu'on  lui 
adressait,  avec  la  plus  grande  appareifce  de 
calme.  11  semblait  sûr  de  son  dire,  et,  d'après 
cette  assurance,  on  temporisait  encore.  Les  mi- 
nutes semblaient  alors  des  siècles,  et  le  moindre 
retard  ajoutait  k  l'impatience  des  esprits. 

Entre  cinq  et  six  heures  du  soir,  on  annonce 
enfin  que  plusieurs  caisses  étiquetées  artiUerie 
étaient  arrivées  dans  THôtel-de-Ville.  C'étaient, 
disait -on,  les  armes  promises  a  M.  le  prévôt 
des  marchands  par  M.  de  Pressoles. 

Quelles  furent  la  surprise  et  Tindignalion  du 
public  et  des  électeurs,  lorsqu'en  présence  de 
M.  Hay,  colonel  des  gardes  de  la  ville,  de  M.  le 
marquis  de  la  Salle,  des  députés  de  plusieurs 
districts  et  d^m  nombre  considérable  de  per- 
sonnes impatientes  de  procéder  a  la  distribution 
de  ces  armes,  les  caisses  furent  ouvertes!  Au 
liuu  d'y  trouver  ries  moyens  de  combattre,  on 


106  MfcMOIAEÂ    HMTOAi^E& 

n'y  Irouva  que  de  \îettz  linges,  des  hùÊÊB  et 
chandelles,  dos  chiflbns  (1). 

Un  cri  général  de  Irahison  •'éle%a  "^ — ilil 
contre  le  prévôt  des  marchanda,  cottire  I» 
membrea  du  comité  pernummu  i  et  tout  ce  que  Taft 
tenu  pour  calmer  cette  fermentalioa  lerrihb, 
ne  senrit  qu'à  la  rendre  plua  k  craîndr« 
Dès  cet  instant,  la  mort  du  prévAt  dea 
chands  fut  résolue  dans  le  public  »  et  le  Fj 
Royal  retentit  des  plus  violentée  m 
contre  lui  ;  sa  perte  y  fut  décidée  géi 

Le  bruit  se  répandait  en  même  leaipe  ^V  | 
avait  des  fusils  dans  le  couvent  des 
dans  celui  des  Célestins.  Aussitôt  le 
manMl  donne  un  ordre,  signé  deM.de 
de  se  transporter  dans  ces  maiaopa 
les  annea  qu'on  y  trouverait.  On  s'y 
l'on  n'y  trouva  rien.  La  colère  du 
porta  de  nouveau  contre  le  prévôt 


«»■ 


(  I  )  On  lu  CHIC  iMie  mu  In»  eu  proei*- varksl  àtâ 
f^it  «u  ena^lgné.  «  l/rnifmc  de  c«t  ailticf  n'a  Jawaii  M 
Coinmenl  oni-rPr»  été  rnvoj^  k  ritAlrl-de*T|lk?â 
D*uù  «enill  la  noutrlle  qu>rc«  éuicnt  rt«i|illsi 
cp  qu'oa  n'a  pudccoavrir.  • 

On  acrait  fondé  à  croirv  qoe  M.  de  FInidWt  a'toil 
|i1ue  de  cette  Indigne  myUiftcatiun ,  al  let  calMca  q«'it  ««ail  p»- 
ini%i-«  de  M.  de  rrcftM>1e%  fuMciii  am«^« .  maka  ctlea  u*mf^ 

ti'nl  pa< 


TIRlfS  DSS   AMKlTli*  (CI7 

chands  qu'on  accusa  d'avoir  fait  réj^atidf^e  éeê 
bruits  et  signé  des  ordres  potir  aniuier  le  peuple 
el  donner  le  temps  aux  troupes  d's^ii^  contre  la 
capitale  sans  armes. 

Le  lendemain,  dans  la  inaiihée,  le  prieur  et 
ie  procureur  général  des  dbartrejiz  se  présen- 
tèrent au  comité  permanent j  conduits  par  M.  Pons 
de  Verdu#et  Joly.  Ce  dernier  tenait  k  la  main 
Tordre  que  M.  de  Flesselles  avait  donné  la  veiUe 
au  district  de  Saint-André-déi-Ai^cs  ^oûi*  aller 
prendre  dti  ^tthes  âUx  Ghft^trëut.  11  adressa 
la  parole  à  té  tnâgisbat  : 

9 
/ 

«  Voilà,  monsieur,  lui  dit -il,  l'ordre  que 
vous  avez  donné  hier  au  district  de  Saint«André- 
des-Arcs  pour  l'autoriser  à  aller  prendre  des 
fusils  aux  Chartreux.  Envoyés  par  ce  district, 
M.  Pons  de  Verdun  et  moi,  nous  nous  sommes 
transportés  ce  matin  au  couvent  des  Chartreux 
avec  cinquante  hommes.  Nous  avons  sommé 
M.  le  prieur  et  M.  le  procureur  général  de  nous 
délivrer  à  Tinstant  les  armes  demandées,  en  leur 
faisant  observer  que  votre  ordre  ne  permettait 
pas  de  douter  de  Texistence  de  ces  armes.  Ils 
nous  ont  répondu  qu'ils  étaient  fort  étonnés  de 
ces  ordres;  qu'ils  n'avaient  jatnais  eu  aucune 
arme  dans  leur  maison;  que  ces  ordres  cependant 
les  exposaient  aux  plus  grands  dangers,  en  accré- 


io8 

diUiit  ce  brait  qnc 

«n  nugiiin  ;  qae,  depuw  pli»  dr.  donic  lid^ 

le  couTent  était  iwmpli  d'une  foule  prodii|[ 

de  penonnn  qai  M  raccédgicnl,  et  ijui,  dbi 

ellei ,  ventient  chardur  le»  ^nne*  cachéM 

des  recherchiM  milla  fois  r^p^t^cs,  •(  ^ 

vingt  patrouiUea  dîffilr«htc«   dcvuenl  «M 

Imo  cartiinement,  qnll  n'y  avait  u»  ■ 

IômI  dam  lenr  coaTent. 

«  Sor  celte  décbntàoot  nous  1»  avonei^  i 
à  nom  laivre  à  IVôtel-de-VUle.  et 
Voulex-Toiu  bien ,  moniicitr  *  notu 
mystère  7  « 

M.  le  prévôi  dei  ourclund*,  aprti  nHl 
plonean  m^tt  d'embuns  cl  dl»  "^ 
pondit  :  ■  Je  me  *ui  (msip^  ;  jù 

HH.  Poni  de  Verdnn  et  Joly 
qudqun  obeenilione  mmc  vive*  ■  ] 
■ellei  MUT  nna  «unbUbla  m^priM ,  oi  lu  i 
dèrent  'tt  rtponie  par  écrit ,  nha,  direai 
rendre  compte  à  leur  «fistrici  de  leur  ■ 
et  comme  nécewaire  ant^î  .iii\  rliartfwa 
Id  gariinlir  de  lâ  fureur  du  pcuiile.        ' 

Le  privât  des  iqarchandt  leur  doaui^ 
ligné  de  lut ,  ain^  conçu  :  ■  I.e*  vhartnioi' 
déclaré  qu'ils  n'avaient  Aucune  «rme.fel^   ! 
révoque  l'ordiii  qu'il  a  douuc  Uîcr.  «        ^  j 


110  MKHOmit   HISTORiQCIi 

contre  rînquiëlude  que  cet  alUupet  ëuîcnl 
certainement  bien  capables  dlnapîrer,  rrfnmAii 
avec  fermeté  et  tranquillité  que  aa  conicieooe 
était  pure  ;  qu*il  avait  rempli  set  devoirs  ^  qnV 
ne  demandait  pas  micuK  que  deiposersa 
diiite  aux  yeux  de  ces  concitoyens  ;  que  l'ac 
tion  relative  à  son  intimité  prétendue  avec  Is 
prince  de  Conti  était  une  insigne  fausaclé  $  qaV 
n*avait  vu  oe  prince  que  deux  fois  ean  vie ,  et 
encore  dans  des  oîroonslances  fortoîtcs  ;  q«ï  mm 
lui  a  jamais  écrit ,  et  qu*il  n'a  janui»  vm 
seule  lettre  de  lui. 

Un  membre  du  comité  pomanent  prit 
la  parole  et  s'exprima  avec  beancoop^ 
sur  le  crime  et  les  dangers  d'une  a 
capitale  qui  n'aurait  pour  tout  fond 
des  suppositions ,  des  inductions ,  des 
quences  fausses,  d'un  fait  dont  tous  les  i 
ne  pouvaicnl  être  parfaitement  conniia 
multitude.  Il  ajouta  que  depuis  le  nomosi 
M.  de  Fleaselles  était  monté  la  veille  à 
de-Ville ,  oii  il  avait  été  confirmé  dans  la 
de  premier  administrateur  municipal  par 
peuple  lui  -  même  ,  il  n'avait  donné  qoc 
preuves  de  fidélité ,  ile  zèle  et  de  patrioliaaW| 
qu'il  nVïtait  pas  sorti  un  seul  instant  de  l'Hôlel* 
iIr-\  lUt'  ;  qu'excepte  truis  ou  quatre  heures  ém 
la  nuit  j  il  n'avait  point  ccsȎ  de  travailler  avec 


TIRES   DES   ARCHIVES.  111 

les  membres  du  comité»  dé  doiinei^,  coneui^em^! 
ment  avec  ehaouli  d'eux,  tous  lés  oirdfes  néces- 
saires k  la  défense  de  la  yill^,  conti^e  les  ti^oupes 
dont  elle  était  environnée;  qu'en  cet  état,  il 
était  bien  difficile  de  concevoir  comment  M.  de 
Flesselles  aurait  entretenu ,  sans  que  peirsonne 
s'en  aperçût,  des  intelligences  contraires  au 
salut  public. 

Ces  raisons  ne  faisaient  qu'une  faible  impres- 
sion sur  ceux  qui  étaient  a  portée  dé  iè^  èh'^* 
tendre  ;  Teur  inutilité  était  encore  aecrâe  par 
ragitation,  le  bruit,  la  fureur,  qui  irégtïàfièM' 
dans  une  foule  immense  répandue^  deés  fed 
escaliers,  les  corridors,  les  salles  de  rHéV^-dé^' 
Ville.  C'était  le  moment  où   on  aSsiISgeatt  la. 
Bastille  et  oh  continuellement  on  apportait  jus- 
que dans  la  salle  des  électeurs  ceux  qui  avaient 
été  blessés  par  le  canon  de  ce  château.  L'instant 
n'était  donc  nullement  favorable  a  M.  de  Fles- 
selles. On  venait  demander  a  tout  moment  des 
munitions  ,  de  la  poudre  dont  on  savait  qu'il  y 
avait  une    assez   grande  quantité  à   THôtel-de- 
Ville.   Ce  fut  alors  que  M.   Francolay  ,  un  des 
électeurs,  s'adressant  à  IVI.  de  Flesselles,  lui  re- 
procha de  refuser  de  la  poudre  aux  soldats- ci- 
toyens qui  en   avaient  si  grand  besoin  ;  a  quoi 
M.  de  Flesselles  lui  répondit  de  se  taire,  «Je  ne  . 
me   tairai   point  ,   reprit    Télecteur  ;    le   temps 


112  MF.Moinrs  niSTomQUfs 

presse ,  et  l'on  massacre  nos  frères  a  k 

J'ai  rencontré  dans  l'escalier  un  jeune 

qui  a  eu  le  bras  cassé  à  celle  forteresse  et  ^ 

pleurait  la   mort  de  son   camarade  tué  à  wm 

côtés.  » 

Le  comité  permanent  était  assailli  et 
de  toutes  manières;  plusieurs  de  i 
jugrrent  à  propos  de  se  rendre  dans  Ift 
salle  des  électeurs  ;  elle  était  pleine  tl*i 
titude  agitée  de  sentimens  violens:  M.  ém 
selles  était  le  principal  objet  de  leurs 
nations.  Arrivé  lui-même  dans  cette  salle  «  iL 
persista,  malgré  les  obserfations  ém 
du  comité  qui  voulaient  l'en  empAdiOT 
placer  sur  l'estrade ,  tout  près  de  M. 
de  Saintp-Méry  ,  qui  présidait  l'assusUét. 
moment  après,  on  apprend  la  prise  dé  la 
tille  i  les  ciels  de  cette  prison  d'état  sont 
sur  le  bureau }  mais  la  victoire  mêoM, 
'vnint  un  champ  plus  large  a  l'imagîni 
patriotes,  exaspérait  leurs  t£tes,  et  Teflli 
ne  diminuait  pas.  La  nécessité  da 
triomphe  ajoutait  a  celle  de  puriBer  In 
permanent  pour  qu'il  lut  investi  dm  ImmÊm  h 
confiance  et  procédât  résolument.  On 
de  trahison,  de  perfidie,  de  mancnvrea; 
continuait  d  accuser  et  d'interpeller  lianli 
M.  de  Flesselles.  Les  premiers  mots  qu'il  loi  fat 


TIRÉS    DES   ARCHIVES.  II 5*^ 

possible  de  prononcer  au  milieu  de  cet  orage 
furent  ceux-ci  :  «  Puisque  je  suis  suspect  \k  mes 
concitoyens,  il  est  indispensable  que  je  me  re- 
tire, il  II  voulut  alors  descendre  de  Tesirade  ; 
mais  plusieurs  personnes  s'opposèrent  a  ce  mou- 
vement qui  l'exposait  à  devenir  l'objet  de  la 
fureur  populaire  ;  et ,  pour  le  moment,  il  ne 
s'éloigna  pas. 

M.  deLeuze,  un  çlcs  électeurs,  voyant  que  la 
résolution  de  M.  de  Flesselles  était  de  résigner 
ses  fonctions,  éleva  la  voix^  et,  lui  adressant  la 
parole,  dit  :  «  Vous  serez  responsable,  mon- 
sieur, des  malheurs  qui  vont  arriver;  vous  n'a- 
vez pas  encore  donné  les  clefs  du  magasin  de  la 
ville  où  sont  ses  armes  et  surtout  ses  canons.  » 

M.  de  Flesselles,  sans  répondre,  tire  les  clefs 

de  sa  poche  et  les  présente  à  un  électeur  qui  lui- 
même  les  remet  a  un  autre  placé  près  de  lui. 
Dans  ce  moment,  plusieurs  personnes  se  pressent 
autour  du  bureau  et  interpellent  plus  directe- 
ment M.  de  Flesselles,  en  lui  disant,  les  uns  qu'il 
fallait  se  saisir  de  lui  et  le  garder  comme  otage  , 
les  autres  qu'il  allait  être  conduit  en  prison  au 
Chàtelet.  Un  certain  nombre  exigeait  qu'il  se 
rendît  au  Palais-Royal  pour  y  être  jugé  ;  toute  la 
salle  élcctrisée  retentit  alors  de  ce  seul  cri  :  «  Au 
Palais  Royal!  au  Palais-Royal!  »  iNI,  de  Flesselles 

IV.  8 


Il4  MKMOIKSI   nWTOIll^CtS 

répondît  :  ff  Eh  bien  !  mesiîcun,  aUons  aa  Pakît- 
Royal.  • 

0»  crut  remarquer  en  ce  moment  dans 
iXutê  un  peu  plut  de  tranquillité  ;  peut-être 
pénit-îl  que  cette  démarche  lai  fonmirail  une 
occasion  do  se  soustraire  à  la  foudre  qui  groodait 
suc  sa  tête.  Quelques  électeurs,  effrayés  de  u 
témérité»  Toulurent  l'en  détourner  par  lemn 
instances.  L'abbé  Fauchet,  apr^s  lui  mtmr  dît 
quelques  mots  en  particulier,  tenait  do  parlîr 
pour  se  rendre  au  comité  du  district  de 
Roch;  il  y  portait  des  paroles  en  Cireur 
M.  de  Flesselles.  Sans  attendre  le  retour  de  T; 
Fauchct,  M.  de  Flesselles  descendit  de  V 
et  traTcrsa  la  salle;  la  multitude  qui  le 
de  toutes  parts  ne  lui  fit  pits  la  moindre  ti 
J'aflurme  cette  disposition  de  la  foule  pour  T; 
Tuo.  On  spéculait  encore  sur  la  possibiKlé 
justification  ;  on  le  croyait  dupe  d'un  Ims 
p<Hrt  dont  il  aVail  éà  se  réserver  le  secret, 
on  apprit  qu'il  avait  traversé  la  place  do 
suivi  de  beaucoup  de  personnes  et  sans  épi 
aucun  mauvais  traitement;  mais  un  coop  éê 
pistolet ,  que  nous  entendîmes  du  miliea  4t  la 
salle,  parti  d'une  main  inconnue,  le  renversa 
presque  aussitôt  par  terre  au  coin  du  quai  Pel- 
letier. 

Les  conjectures  ne  sont  pas  des  preuves  qu'es 


.i 


TIRÉS    DES    ARCHIVES.  Il5 

puisse  à  la  légère  admettre  dans  l'histoire;  mais 
ne  paraît-il  pas  évident ,  d'après  tout  ceci,  que 
M.  de  Flesselles  fut  tué  par  un  de  ses  complices? 
liC  torrent  de  Tinsurreclion  noya  toutes  les  traces 
de  ce  mystère  dans  son  passage. 

Le  peuple  ,  simple  accusateur  d'abord  ,  se  jeta 
tout  aussitôt  sur  le  corps  du  prévôt  des  mar- 
chands; la  tête  de  M.  de  Flesselles,  coupée,  fut 
placée  au  bout  d'une  pique  et  promenée  dans 
Paris  avec  celle  du  marquis  de  Launai ,  gouver- 
neur de  la  Bastille,  qiji  périt  le  même  jour  et 
par  les  mêmes  motffs. 

Telle  fut  la  fin  du  dernier  magistrat  de  Tan- 
cienne  municipahté.  Tout  fut  changé;  une  orga- 
nisation, d'abord  provisoire,  ensuite  définitive, 
fut  substituée  au  corps  de  ville  pour  faire  place 
un  peu  plus  tard  a  Tadminislration  actuelle  de  la 
villes  de  Paris. 

Tout  prouve  que  M.  de  Flesselles  agissait  a 
contre-cœur,  et  par  suite  de  quelques  ordres, 
en  prenant  part  h  Pinsurrection  ;  qu'il  s  était 
mal  a  propos  flatté  de  saisir  quelque  circonstance 
opportune  pour  favoriser  les  vues  de  la  cour,  ou 
du  moins  pour  arrêter  la  marche  des  choses ,  et 
qu'il  pensait,  pour  ce  dessein,  devoir  persévérer 
dans  ses  fonctions  publiques;  il  n'y  trouva  que 
la  mort  avec  la  réputation  d'un  traître. 


CHAPITRE  LVIII. 


Iiu  !^ulciil<  cl  il'  Mr«  causr^. 


Le  chîiTrt*  nnniirl  «Iimi  siiiriilcs,  en  quelque 
faron  nuriii.'il  i*l  porî(Kli(|iit*  |'arini  nous,  iir  pe«t 
rire  consiclrri^   <|iie  «'oinme  le  «vinptùiiie  d'an 


MEMOIRES  HISTORIQUES  TIRES  DES  ARCHIVES.       JII7 

vice  constitutif  de  b  société  moderne,  car  àrépo- 
que  des  disettes  et  dans  les  hivers  rigoureux,  ce 
symptôme  est  toujours  plus  manifeste,  de  même 
qu'il  prend  un  caractère  épidémiquèlorsdes haltes 
de  l'industrie  et  quand  les  banqueroutes  te  suc- 
cèdent en  ricochet.  La  prostitution  et  le  vol 
grandissent  alors  dans  la  même  proportion,  .^n 
principe,  bien  que  la  plus  large  source  du  suicide 
découle  principalement  de  la  misère  »  nou^  le 
retrouvons  dans  toutes  les  classes,  chez  les  riches 
désœuvrés,  comme  chez  lesartisteset  les  hommes 
politiques.  La  diversité  des  causes  qui  le  motivent 
nous  paraît  échapper  au  blâme  uniforme  let  S2|ns 
charité  des  moralistes. 

Des  maladies  de  consomption,  contre  les- 
quelles la  science  actuelle  est  inerte  et  insufiisante^ 
des  amitiés  méconnues,  des  amours  trompés, 
des  ambitions  qui  se  découra2;ent,  des  douleurs 
de  famille,  une  émulation  étouffée,  le  dégoût 
d'une  vie  monotone,  un  enthousiasme  refoulé 
sur  lui-même,  sont  très  certainement  des  occa- 
sions de  suicide  pour  les  natures  d'une  certaine 
richesse,  et  l'amour  même  de  la  vie,  ressort 
énergique  de  la  personnalité,  conduit  fort  sou- 
vent a  se  débarrasser  d'une  existence  détestable. 

Madame  de  Staël,  qui  ressassa  beaucoup  de 
lieux  communs  et  les  réhabilita  quelque  temps 
dans  le  plus  beau  style  du   monde,  s'est  atta- 


•• 


ll8  MÈMOinCS    aiSTOlUQOES 

chëe  à  démontrer  que  le  suicide  esl  one  adioa 
contre  nature ,  et  que  l'on  ne  sanrait  !•  regv- 
der  comme  un  acte  de  courage;  elle  a  swtont 
établi  qu'il  était  plnt  digne  do  lutter  coniK  le 
désespoir  que  d'y  succomber.  De 
raisons  aflfectent  peu  les  âmes  que  le 
accable.  Sont -elles  religieuses,  elle 
sur  un  meilleur  monde  ;  ne  croient-eU< 
au  contraire,  elles  cherchent  le  repos  da  néast. 
Les  tirades  philosophiques  n'ont  ancua  valenr 
k  leurs  yeui,  et  sont  d'un  faible  ncovrs  daas  le 
chagrin.  Il  est  surtout  absurde  de  prétendra 
qu'un  acte  qui  se  consomme  ai  firéqueouBent  soit 
un  acte  contre  nature  ;  le  suicide  n'est  d*i 
manière  contre  nature,  puisque  noua  en 
journellement  les  témoins.  Ce  qui  est 
nature  n  arrive  pas.  Il  est  au  contraiee  de  la 
nature  de  notre  société  d  enfanter  beaoeaup  de 
suicides  ;  tandis  que  les  Uerbbres  et  les  Ti 
ne  se  suicident  pas.  'routes  les  aociétéa 
donc  pas  les  m«^mrs  produits  ;  voilà  ce  qvH  bal 
se  dire  pour  travailler  à  la  réforme  de  la  aôtn, 
et  la  faire  gravir  un  des  échelons  supérîaara  de 
la  destinée  du  {"enre  humain.  Quant  aa  c— raga, 
si  Ton  pas^e  pour  en  avoir  drs  que  Von  brave  la 
mort  en  plein  jour  et  stu*  le  champ  de  bataille, 
sous  Tempire  ilc  loulei»  le»  excitations  K*unies, 
rirn  ne  prouva  que  Ton  vu  ma:iqTie  néro»sairr- 


TlfŒS    DES    ARCHIVES.  II9 

nçnt  quand  on  se  donne  la  mort  soi-même  ^t 
lans  les  ténèbres.  On  ne  tranche  pes  une  pareille 
controverse  par  des  insultes  contre  les  mjairts,  Qae 
e  motif  qui  détermine  l'individu  k  se  tuer  soit 
éger  ou  ne  le  soit  pas ,  la  sensibilité  ne  saurait 
)e  mesurer  chez  les  hommes  sur  la  mêpo^e  échelle  ; 
on  ne  peut  pas  plus  conclure  à  l'égalité  de^  sen- 
sations qu'à  celle  des  caractères  et  des  t^mpé- 
Irakhens  ^  et  tel  événement  n'excidé  qu'uii  sen- 
tiknent  imperceptible  chez  l6s  uns,  qui  ïait  iiàître 
Qhë  douleur  violente  chez  les  autres.  Le  Ibi^'Àhiéur 
ou  le  malheur  ont  autant  de  manières  d'êtire,  et 
dlè  se  manifester  qu'il  y  a  de  dinéi^nces  entre 
les  individus  et  les  esprits.  Un  poète  *à  dit  : 

Ce  qui  fait  ton  bonheur  deviendrait  mon  tourment; 
Le  prix  de  ta  \ertu  serait  mon  châtiment. 

Tout  ce  que  Ton  a  dit  contre  le  suicide  tourne 

dans  le  même  cercle  d'idées.  On  oppose  au  sui- 

Me  les  décrets  de   la   Providence ,  sans   nous 

tire  lire  ces  décrets  crune  façon  bien  claire  9 

puisque,   après  tout,  ceux  qui  se   frappent  en 

^âilutenl.  Ce  peut  être  par  la  faute  de  ceux  qui 

i  n'auront  pas  rendu  les  termes  de  ces  décrets-la 

iilellitjibles  et  satisfaisans.  Le  ^i^miant  de  l'Evan- 

{ile  est  lui-même  resté  dans  son  argile.  On  nous 

parle  (Lî  nos  devoirs  envers  la  société,  sans  que 


•• 


ll8  MÊMOinCS    BISTOMQOES 

chëe  à  démontrer  que  le  suicide  est  mie  aciion 
contre  nature ,  et  que  Ton  ne  saurail  b  rtpr- 
der  comme  un  acte  de  courage;  eU«  a  swtoat 
établi  qu'il  était  plut  digne  do  lutter  conlK  le 
désespoir  que  d*y  succomber.  De 
raisons  aflfectent  peu  les  âmes  que  le 
accable.  Sont -elles  religieuses,  elle 
sur  un  meilleur  monde  ;  ne  croient-elles  eo  tien 
au  contraire ,  elles  cberchent  le  repos  de  néant. 
Les  tirades  philosophiques  n'ont  ancvne  valenr 
k  leurs  ycui,  et  sont  d'un  faible  recevra  daas  le 
chagrin.  Il  est  surtout  absurde  de  paétcnéia 
qu'un  acte  qui  se  consomme  si  fréqaeouBent  soit 
un  acte  contre  nature  ;  le  suicide  n*e8l  d*i 
manière  contre  nature,  puisque  nooaen 
journellement  les  témoins.  Ce  qoî  ert 
nature  n'arrive  pas.  11  est  au  contraiae  da  b 
nature  de  notre  société  d  enfanter  beaoeaep  de 
suicides  ;  t.mdi^  que  les  Berbtres  et  les  Tartves 
ne  âc  suicident  pas.  Tontes  les  aoctétés  B*eal 
donc  pas  les  mrmt*s  produits;  voilà  ce  ^prtlbel 
se  dire  pour  trivailicr  ï  la  réforme  de  leMlrt, 
et  la  faire  gravir  un  des  échelon!»  supéiiewt  da 
la  destinée  du  }:pnre  humain.  Quant  ea  cesragt, 
si  Ton  pasKfi  pour  en  avoir  dt*s  que  Von  brave  b 
mort  en  plein  jour  et  siu*  le  champ  de  batailkt 
souH  IVmpiru  fie  inule»  les  excitations  réunirt . 
ri«'n  lie  proM\r  t|itr  Inn  eu  ma;u|uc  nt:ri*s»ain:- 


TljflÉS   DES   ARCHIVES.  HQ 

mçnt.  quand  on  3e  donne  la  mort  soi-même  ^t 
dans  les  ténèl^res.On  ne  tranche  pes  une  pareille 
controverse  par  des  insultes  contre  les  mioirts,  Qoe 
le  motif  qui  détermine  l'individu  à  se  tuer  soit 
léger  ou  ne  le  aoit  pas ,  la  sensibilité  ne  saurait 
se  mesurer  chez  les  hommes  sur  la  même  échelle  ; 
on  ne  peut  pas  plus  conclure  à  l'égalité  des  sen- 
sations qu'à  celle  des  caractères  et  des  tçippé- 
rathens  ^  et  tel  événeinent  n'excité  qu'iiii  sen- 
timent imperceptible  chez  Ws  uns,  qui  fait  naître 
une  douleur  violenté  chez  les  autres.  Le  li<iiih<éur 
ou  le  malheur  ont  autant  die  manîéfes  d'êtire'  et 
de  se  manifester  qu'il  y  a  de  ditféî^nces  entire 
les  individus  et  les  esprits.  Un  poète  a  dit  : 

Ce  qui  fait  ton  bonheur  deviendrait  mqn  tpumifipi^i         t 
Le  prix  de  ta  \ertu  serait  mon  châtiment.  ^ 

Tout  ce  que  Ton  a  dit  contre  le  suicide  tounpie 
dans  le  même  cercle  d'idées.  On  oppose  au  sui- 
cide les  décrets  de  la  Providence,  sans  nous 
faire  lire  ces  décrets  d'une  façon  bien  claire  « 
pins(|ue  ,  après  tout,  ceux  qui  se  frappent  en 
doutcnl.  Ce  peut  être  par  la  faute  de  ceux  qui 
irauront  pas  rendu  les  termes  de  ces  décrets-la 
inteUii^ibles  et  salisfaisans.  Le^i^iniant  de  l'Evan- 
tilhi  est  lui-inême  rcslé  dans  son  ar^rile.  On  nous 
'^>arle  <!('  nos  devoirs  envers  la  société,  sans  que 


ISO  MRvomrs  insToniQtu 

nos  droits  sur  la  société  soient  à  leur  tour  net- 
tement définis  et  établis;  et  Ton  exalte  enfin 
le  mérite  plus  grand  mille  fois,  dit-on,  de  snr- 
monter  la  douleur  que  d*y  succomber,  ce  ^ 
est  un  aussi  triste  mérite  qu'une  trbte  pcr* 
spective.  Bref,  on  en  fait  un  acte  de  lâcheté,  ma 
crime  contre  les  lois  et  Tbonneur. 


D'où  Tient  que,  malgré  tant  d*anntb 
lliomme  se  tue  ?  C'est  que  le  sang  ne  cenk 
de  la  même  façon  dans  les  reines  des  gens  dé- 
sespérés que  le  sang  des  êtres  firoîds  ^  at 
donnent  le  loisir  de  débiter  toua  ces 


raisonnemens. 

Peut-être  n'a-t-on  pas  encore  étadié  teet 
les  causes  qui  président  au  suicide  ;  on  b' 
mine  pa«  assez  les  subversions  de  Tame  i 
terribles  momens,  et  quels  germes  vénéseet  de 
très  longues  douleurs  ont  pu  développer  i 
siblement  dans  le  caractère.  L*homme 
un  mystère  pour  Tliomme  ;  on  ne  sait  qne 
et  Ton  ignore. 

A  voir  combien  les  institutions  sona  TesKpiR 
drsqiiellcs  vit  l'Europe  di^ptisrnt  légèrement  de 
sang  et  de  la  vie  iIch  peuples,  et,  ansai,  cooiew 
la  justice*  civilini^e  s'environne  d'un  riche  maté- 
riel de  prisons,  de  rluitimcns,  *d*instnimen«  de 
supplice   pour  l.i   s.-imtiun  de   ses  arrêts  incrr- 


TIRES   DES   ARCRITES.  121^ 

tains  ;  et  le  nombre  inoui  de  classes  laissées  de 
toutes  parts  dans  la  misère  ;  et  les  parias  sociaux 
qu'on  frappe  d'un  mépris  brutal  et  préventif 
pour  se  dispenser  peut-être  de  les  arracher  à 
leur  fange^  à  voir  tout  cela,  on  ne  conçoit  guère 
en  vertu  de  quel  titre  on  pourrait  ordonner  à 
l'individu  de  respecter  sur  lui-même  une  exis- 
tence dont  nos  coutumes,  nos  préjugés,  nos  lois 
et  nos  mœurs  font  si  généralement  bon  marché» 

Quel  que  soit  le  motif  principal  et  déterminant 
du  suicide,  il  est  certain  que  son  action  agit  avec 
une  puissance  absolue  sur  sa  volonté.  Pourquoi 
donc  s'étonner  si ,  jusqu'à  présent ,  tout  ce  qu'on 
a  dit  ou  fait  pour  vaincre  cet  entraînement 
aveugle,  est  resté  sans  effet,  et  si  les  législa- 
teurs et  les  moralistes  ont  également  échoué 
dans  leurs  lerilalives?  Pour  en  arriver  a  com- 
prendre le  cœnr  humain,  il  Huit  d'abord  avoir 
la  miséricorde  el  la  pitié  du  Christ. 

On  a  cru  pouvoir  arrêter  les  suicides  par  des 

peines   flétrissantes  et  par  une  sorte  d'infamie 

jetée  sur  la  mémoire  du  coupable.  Que  dire  de 
l'indignité  d'une  flétrissure  lancée  sur  des  gens 

qui  ne  sont  plus  îà  pour  plaider  leur  cause?  Les 

malheureux  s'en  soucient  peu  du  reste;  et  si  le 

suicide  accuse  quelqu'un  vis-a-vis  de  Dieu,  l'ac- 

tusalion   plane   surtout   sur  les    f;ens    qui    rcs- 


12.i  MLMOIKES   HISTOaJQLXt 

tcni,  [.m^quo,  dans  celle  foule,  pas  un  n*a 
que  l'en  Mii  ùi  pour  lui.  Les  moyens  psérUs  cl 
atriM-c^  i^.rtui  a  imaginés  oni-ik  Intlé  tidoiic» 
seiiicri'.  contre  les  suggestions  dn  déMspMr? 
Qu*iin[iurtc!ii  a  rûirc  qui  Teai  fuir  le  monde  ks 
înjun's  que  le  monde  promet  il  son  cndnvreïB 
ne  v«iit  (lans  rignominîe  de  U  claie  qnc  Tops* 
nion  \\\\  pri'pare  qu*une  lâcheté  do  pins  di  h 
part  dfs  vivans.  Qu'est-ce,  en  eflet,  ^V 
ciétr  oii  I*uii  trouve  la  solitude  la  pina 
au  sein  de  plusieurs  miUiona  d*imn;  nà  Ti 
peut  rire  pris  d'un  désir  împlacabb  éê  ■ 
sanft  (j'ie  qui  que  ce  soit  nona  donnn? 
sociélti-là  n*est  pas  unesodélé;  ^Wlf 
le  dit  Jean- Jacques,  un  désort penpié da Mlts 
l!^roci*s. 

Dans  les  places  que  j*ai  rempKoa  à 
tration  de  la  police,  les  suites  dm 
en  pii'iir  dans  mes  attributions  i  j'ai 
nalirr   si  dans   leurs  causes  déli 
ne  !('cn  trouverait  pas  dont  on  pût 
prr\c'nlr  IViïnt.  J'avais  entrepris 
ini|>(iri.int  un  travail  considérable. 
nantir  sur  des  théories ,  j'esmierai  do 

di's  l.iit.s 

ranni  les  causes  de  désmpoir  qui  iMrt  f^ 

i!:<r.  l.rr  la  mort  aux  personom  douéca  fmê 
i:iMi.«lr  sii«i  rpiibilité  nerveuse,  aua  vira 


ftXÉS  0£8  ARCHiyE$.  133 

sionnés  et  mélancoliques^  j'ai^refl[iarqué,çomnie 
fait  prédominant^  le3  mauvais  trajAemens^^e/s  in- 
justices, les  peines  secrètes,  que  jijles,  pareps  dqrs 
et  prévenus,  des  supérieurs  ir^it^  çt  menaçons, 
font  éprouver  aux  personnes  qui,  sont  dansle\ir 
dépendance.  La  révolution  n'a  j/m  fait  tomber 
toutes  les  tyrannies  -,  les  inconyéniens  reprochas 
aux  pouvoirs  arbitraires  subs^tent  da^is  les  fa- 
milles ;  ils  y  causent  des  crises  analogues  à  celles 
des  révolutions.  Est-il  sûr,  comme  on  le  suppose, 
que  la  crainte  de  voir  leurs  àmi#,  leurs  parens  ou 
leurs  domestiques,  livrés  à  l'mfamTe,  eX  les  corps 
traînés  dans  la  boue,  ramènerait  ceis  hommes 
impitoyables  à  la  prudence,  2i  la  modération  ,  a 
la  justice  envers  leurs  inférieurs,  et  les  porterait 
à  prévenir  ainsi  des  meurtres  volontaires,  com- 
mis dans  la  pensée  de  se  soustraire  a  leur  domi- 
nation? Je  ne  le  pense  pas;  ce  serait,  par  un 
double  sacrilège,  souiller  deux  cultes  a  la  fois,  le 
culte  des  vivans  et  le  culte  des  morts.  On  ne  voit 
pas  jusqu'ici  que  ce  moyen  ait  atteint  le  but;  on 
y  a  sagement  renoncé. 

Pour  obtenir  un  bon  résultat  sur  l'esprit  des 
supérieurs  envers  leurs  subordonnés,  et  princi- 
palement sur  les  parens  entre  eux,  on  a  pense 
que  la  crainte  de  se  voir  atteint  par  la  diffama- 
tion et  le  scandale  public  serait  encore  une  me- 
sure efficace.  Celle  mesure  ne  suffirait  pas,  et  le 


1X4  MfMOiniS   mSTORIQUES 

blâme  plein  d'amertume  qu'on  Vene  k 

le  malheureux  qui  s*efll  arraché  la  vie, 

chez  les  provocateurs,  si  même  il  n*c»  éteint  le 

sentiment  en  eus,  la  honte  de  tous  ces 

et  la  conscience  d'en  avoir  été  les  vrais 

teurs.Le  clergé  mesemhle  plus  irreligicos  q«c  h 

société  même  lorsqu'il  donne  la  naio  à  do  si 

lâches  préjugés  par  le  refus  de  toute  wtfmÊtmt 

religieuse. 

En  somme,  les  rapports  entre  les  inlérilsel  les 
esprits,  les  véritables  relations  entre  il 
dus.  sont  à  créer  de  fond  en  comble 
et  le  suicide  n'est  qu'un  des  mille  et 
tûmes  de  celte  lutte  sociale,  toujours 
dont  tant  de  combattans  se  retirent 
sont  las  de  compter  parmi  les  victîincect  pam 
qu'ils  se  révoltent  contre  la  pensée  de  pseadit 
un  grade  au  milieu  des  bourreaux.  En  stni  oe 
<|nelques  exemples;  je  vais  les  extraire 
crH-verbaux  authentiques. 


Dans  le  mois  de  juillet  1816,  In  fille 
tnilicur,  domicilié  sous  les  piliers  des  fcsBn. 
était  promise  en  mariage  3i  un  étalier  bencktf , 
joimr  lidiiimc  de  bonnes  mœurs ,  é<wnonM  cC 
l.ihoririix  ,  trî*s  épris  de  sa  jolie  fiancée,  qeîlr 
lui  rrn<l;iit  btrn.  L.i  jeune  tille  était  conturièffv^ 
rlli*  avait  r<'<«tim"  'IflrMtsrfux  qui  la ronnanuicet: 


TIRÉS    DES   A11GHIVE8.  125 

et  les  parens  de  son  futur  Taiinaient  tendrement. 
Ces  braves  gens  ne  laissaient  échapper  aucune 
occasion  d'anticiper  sur  la  possession  de  leur  bru; 
on  imaginait  des  parties  de  plaisir  dont  elle  était 
la  reine  et  Tidole.  L'estime  générale  ajoutait  à 
l'estime  que  les  fiancés  avaient  l'un  pour  l'autre. 

L'époque  du  mariage  arrive;  tous  les  arran- 
gemens  sont  faits  entre  les  deux  familles,  et  les 

• 

conventions  arrêtées.  La  veille  du  jour  fixétpour 
se  rendre  à  la  municipalité,  la  jeune  fiUe  et  ses 
parens  devaient  souper  dans  la  famille  du  jeune 
homme  ;  un  léger  incident  iutvint.  De  Touvrage 
à  rendre  pour  une  riche  maison  de  leur  clientelle 
retint  au  logis  le  tailleur  et  sa  femme  ;  ils  s'excu- 
sèrent ;  mais  la  mère  de  l'étaUer  s'obstinant,  vint 
chercher  sa  petite  bru  qui  reçut  l'autorisation  de 
la  suivre. 

Malgré  l'absence  de  deux  des  principaux 
con\ives,  le  repas  fut  des  plus  joyeux.  Il  se  dé- 
bita beaucoup  de  ces  gaudrioles  de  famille  que 
la  perspective  d'une  noce  autorise.  La  belle-mère 
se  voyait  déjà  marraine  d'un  gros  poupon.  On 
but, jon  chanta.  L'avenir  fut  mis  sur  le  tapis.  Fort 
avant  dans  la  nuit,  on  se  trouvait  encore  a  table. 
Par  une  tolérance  qui  s'explique,  les  parens  du 
jeune  homme,  enthousiasmés  de  leurs  enfans  et 
jouissant  de  leur  double  tendresse,  ferme  renl  le 


IS6  MBMOnOS  nSTOUQIIB 

yeux  sur  le  tacite  accord  dn 

mains  se  cherchaient;  le  fcu  a 

dres.  l/amour  el  la  familiarité  I 

tête.  Apres  toQt,  Ton  regardait  h 

fait  ;  et  ces  pauTrea  jeooea  gêna 

depuis  long-lerops  aana  que  Fon  eAl  In 

rcprodie  à  leur  adresser  !  Jamais  laa 

bon  mariage  n*atiaient  été  ana^yaia 

ment^  L'attendrissement  dn  pève  et 

du  fiancé,  à  qui  ce  conpk  d*i 

des  souvenirs  de  jeuneeM»  lltensn 

désirs  mutuels  et  dépriaonnén  pair  b 

leurs  mentors,  la  gaieté  sam  gêne  qn 

jours  dans  de  semblables  repas*  tMU 

et  l'occasion  qui  s'offirait  en  aonriaati 

qui  pétillait  dana  les  cerream;,  tant 

un  dénoument  qui  se  doTine.  Lea 

retrouTèrent  dans  Tombre,  lonqvo  Tes 

éteint  les  lumières.  On  fit  semblant  do  lÊf 

comprendre  «  de  ne  paa  s*en  donler. 

heur  n*avait  là  qne  des  amia  et  pm  d*< 

fond  prit  un  instant  le  pas  snr  la 

plaisir  a  demi  dérobé  ne  dot  en  tara  fBÔ  |kl 

douK. 

La  jeune  fille  ne  retourna  cbea 
le  lendemain  matin.  Ce  qni  proOTO 
elle  se  croyait  peu  coupable ,  c'est  qnVBe  y 
Tint  seule.  Son  tort  était  grand  aana 


'i 


TinéS   DES   AKCHIVËS.  1  27 

n'eût-elle  coi;isîdéi:é  que  rinqtuétude'  des  siens 
grâce  au  prolongement  d'absence  ;  mais  si  ja- 
mais la  bonté ,  l'indulgence ,  la  prudence ,  la  re- 
tenue, furent  imposées  à  des  parens  envers  un 
enfant,  ce  devait  être  dans  une  circonslance  pa- 
reille, puisque  tout  s'apprêtait  pour  légitimer 
l'escapade  amoureuse.  De  plus  coupables  ont 
été  plus  beureux. 

La  petite  se  glissa  dans  sa  cbambre  et  dépScba 
sa  toilette;  mais  ses  parens  l'eurent  a  peine 
aperçue,  que,  dans  un  accès  de  colère  dont  on 
ne  put  les  détourner,  ils  prodiguèrent  à  leur 
fille,  avec  acharnement,  tous  les  noms,  toutes 
les  épithètes  dont  on  peut  se  servir  pour  vouer 
l'imprudence  au  déshonneur.  Le  voisinage  en 
fut  témoin,  le  scandale  n'eut  pas  de  bornes. 
Jugez  de  là  secousse  dans  une  âme  qui  se  sen- 
tait vierge  par  sa  pudeur  et  par  le  niyslorc  (jue 
Ton  outrageait.  Vainement  Tenfant  épertiuc  re- 
présentait a  ses  parens  qu'ils  la  livraient  eux- 
mêmes  a  la  diffamation;  qu'elle  avouait  son  îort, 
sa  folie,  sa  désobéissance;  mais  que  tout  allai!  cire 
réparé.  Ses  raisons  et  sa  douleur  ne  désarmèrent 
pas  leur  furie.  Compères  et  commères  accou- 
rurent à  Téclat,  et  firent  chorus.  Le  sei  liineat 
de  la  honte  qui  résultait  de  cette  scène  ail  cuse 
fit  prendre  a  l'enfant  la  résolulion  de  s'oier  la 
vie;   elle  descendit,  d'un   pasi^apide,  h   Iravers 


128  MlLuOIRKS   UISTORIvt'ffS 

les  malédîciioiu,  et  courut,  ri-garemcnt 
les  yeux ,  se  précipitar  LU  rinère  ;  las 
ne  la  retirèrent  de  Tcau  que  morte  »  et  parée  ^ 
ses  oriiomens  de  noces.  Comme  de  raison  » 
qui  8*élaicnt  d'abord  mis  contre  la  fiUe«  s 
nèreni  aussitôt  contre  les  parcns  :  ceita 
troplic  (^épouvantait  leurs  âmes. 

Peu  de  jours  après,  les  pare ns  vinreni 
a  la  police  une  chaîne  d'or,  que  Tenfant 
à  son  cou,  et  que  le  père  de  son  fatnr 
donnée  «  une  montre  d'argent  duré, 
clés  d'oreilles  et  une  bague  garnie  il*i 
émeraude ,  tous  objets  qui  avaient  été 
dans  les  bureaux ,  comme  on  le  pensa 

Je  ne  manquai  pas  de  reprochar  avae 
à  ces  gens  leur  imprudence  et  leor 
Dire  k  ces  forcenés  qu'ils  en  rendraiaol 
devant  Dieu ,  tu  leurs  préjugés  étrails,  d  k 
manque  de  religion  qui  règne  dana  las  haas 
classes  mercantiles ,  c'aurait  été  leur  tm%  liap 
peu  d'impression  ;  la  cupidité  les  attirail, 
le  désir  de  posséder  deux  ou  trois  reliqaes;jai 
pouvoir  les  punir  par  là.  Ils  réclamaiaat  las  K- 
joux  de  la  jeune  fille  ;  je  les  leur  refusai;  ja 
dai  les  certificats  dont  ils  avaient  baaoîa 
retirer  ces  eflots  de  la  caisse  oii,  suivant  V\ 
on  les  avilit  disposes.  Tant  que  jr  fiis  a  ce 
ils  eurent  tort  dans  leurs  r^claniation*,  H  f 


TIRES    DFS    ARCHIVKS.  1 29 

» 

pris  plaisir  à  braver  leurs  injures.  Ce  n'csl  que 
depuis  ma  sortie  qu^ls  en  ont  obtenu  la  remise. 
La  même  année,  up  jeune  créole,  d'une  figure 
charmante,  appartenant  à  Tune  des  plus  ricliei 
familles  de  la  Martinique,  se  présenta  dans  mon 
bureau,  et,  dès  que  nous  iumes  seuls,  me  fit 
la  révélation  d'une  de  ces  plaies  qui  laissent 
d'incurables  ulcères  an  foyer  de  la  irie  privée.  Il 
venait  s'opposer  formellement  a  la  remise  du 
cadavre  d'une  jeune  femme ,  sa  belle*sœur ,  qu0 
le  mari,  propre  frère  du.  créole,  réclanifiit  4^^ 
puis  la  veille.  Cette  femme  s'était  noyéç.  Ce 
genre  de  mort  volontaire  est  le  plus  firéque^^ 
Les  préposés  a  la  fouille  de  la  rivière  ayaienl 
retrouvé  le  corps  non  loin  de  la  grève  d'Ârgç^nr 
teuil.  Par  un  de  ces  instincts  réfléchis  de  pu-^ 
dcur  qui  domine  les  femmes,  jusque  dans  l'aveu* 
glemcnt  du  désespoir,  la  triste  victime  avait 
noué  soigneusement  la  frange  de  sa  robe  autour 
de  ses  pieds.  Cette  précaution  pudique  prouvait 
le  suicide  jusqu'à  Tévidence.  A  peine  était-elle 
défigurée  lorsque  les  mariniers  la  transportèrent 
a  la  Morgue.  Sa  beauté,  sa  jeunesse,  la  richesse 
de  ses  vetemens,  prêtaient  h  mille  conjectures 
sur  la  cause  première  de  cette  catastrophe.  L'af- 
fliction du  mari ,  qui  la  reconnut  le  premier, 
passait  d'ailleurs  les  bornes;  il  ne  comprenait  pas 

le  premier  mot  de  re  malheur,  du  moins  me  Ta- 
IV.  '^ 


i  >o  Mfvonin  HiSToftigtrs 

vait-on  dit  ;  je  n'aviîs  pas  encore  m  cet  bi 

Je  représentai  au  crrole  yne  nul 

prévaloir  c  ontre  les  droits  et  la 

mari  f|Qi  faisait  en  ee  moment  élcrer  an 

fique  tombeau   de   marbre  ponr  enscveUr  ki 

reste*  inanimés  de  sa  femme.   «  Apres  fawoir 

tuée,  le  monstre  !  s  criait  le  créole  en 

nant  avec  agitation. 

A  la  chalenr  du  désespoir  de  ce  J< 
k  ses  supplications  pour  que  y 
ses  Toent ,  à  ses  larmes ,  je  crus 
symptômes  d'amour ,  et  je  le  hii  db.  ■ 
Toua  ;  mais  en  me  jurant ,  avec  Ici 
les  plus  ^Itcs  ,  que  sa  belle-simir  nVfe  m^M  jfe^ 
mais  rien  su.  Seulement ,  ponr  rtacttta  I  HM 
la  réputation  de  sa  belle-sceur  q«è  n 
Tttlontatre  pouvait  faire  accuser  tPwÉb 
par  l'opinion  publique  u  ujous  proMple  I 
cirle  chagrin»  il  prétendait  produire  i  li 
les  barbaries  de  son  firère,  falMt-fl 
pour  cela  Ini-môme  sur  la  sellette  dVni 
Il  me  suppliait  de  le  guider  dans  cell« 
A  travers  le  décousu  de  sa  révélation 
Toici  ce  que  je  recueillis.  M.  de  Rf...., 
créole,  homme  h  bonnes   fortunes»  arec 
gofits  d'artiste  aimant  le  luic  et  la  vie  de  l^ 
présentation  ,  s*était  uni  depuis  moins  d*mi  fli  v 
h  cette  jeune  femme  ,  sous  les  auspices 


TIRÉS   DFS   AHCniVES.  l3l 

inclination  réciproque  ;  ils  fonhatent  le  p\tk 
beau  couple  que  Vàh  put  voir.  Aptèk  le  thaHagë, 
un  vice  cie  ^ang,  venii  de  famille  jpëut-éll^e, 
s'était  déclaré  tout  à  coup  et  Tioléititneht  dans 
la  cotlslitution  du  nouvel  époiix.  CëiUbihUlë, 
si  fier  d'un  beau  physique,  d\ine  tournure  élff- 
gante ,  et  d'une  perfection  de  formes  qui  Sem- 
blaient ne  pas  lui  permettre  de  craindre  des  H- 
vaut  autour  de  liii,  travaillé  ibût  à  couji  par  lik 
mal  inconnu  ton(k*e  lèsl  taVdgesi9tiquél  la  éëletiiib 
avait  échoua,  i'ét^t  mi^érdblèiiiettt  trkUibriiië 
des  pîed^à  la  tête.  11  atlait  {ierda  së§  tlievéaî;  èk 
colonne  vertébrale  s'était  déViéd;  dé  jour  èk 
jour,  la  maigreur  et  lôs  ridés  lé  métamof^hb- 
saient  à  vUc  d'œil  ;  pOui^  les  aùtteë ,  du  mbiiiè  ! 
car  son  aitloUi'-propk'e  essayait  de  se  éoustràiré 
h  l'évidente.  Mùis  ceci  ne  l'alilàit  pas;  une  vi- 
gueur de  fer  semblait  triompher  des  atteintes  de 
ce  mal  ;  il  se  survivait  vigoureusement  dans  ses 
propres  débris.  Le  corps  tombait  en  ruines  et 
Famé  restait  debout.  Il  continuait  de  donner 
des  fêles  ,  de  présider  à  des  parlies  de  chasse  ,  et 
de  mener  le  riche  et  fastueux  train  de  vie  qui 
paraissait  la  loi  de  son  caractère  et  de  sa  na- 
ture. Cependant ,  les  avanies  ,  les  quolibets ,  les 
mots  plaisans  des  écoliers  et  des  gamins  lors- 
qu'il se  promenait  a  cheval  dans  les  prome- 
nades ,  des  sourires  désobligeans  et  moqueurs , 


dofficîcux  avcrli!ftS€ineDs  «l'aoïb  snr  la 
breuz  ridicules  qu'il  se  donnait  par 
lioQ  de  ses  manières  galantes  auprès  des 
dont  il  i!c\enait  le  plastron,  dîsûpcreal  caia 
son  illusion  el  le  mirent  sur  ses  gardes  m4-vis 
de  lui-même.  Dès  qu'il  s*aToua  sa  laidcv  et  m 
difformitc ,  dès  qu'il  en  eut  la  coni 
caractère  s*aigrit,  des  pusillanimités  loi 
il  parut  moins  empressé  de  condaîra  as 
aux  soirées ,  aux  bab ,  aux  concerts  ;  il 
gia  dans  sa  demeure,  à  la  campagne  ; 
les  invitations ,  élimina  des  gens  swm 
textes;  et  les  politesses  de  ses  amis  cavt 
femme ,  tolérées  par  lui  tant  q«a  ToffM! 
donnait  la  certitude  de  sa  supériorité  «  k 
dirent  jaloux ,  soupçonneux ,  tîoIchI.  B 
dans  tous  ceux  qui  persévéraient  k  le 
ter  le  parti  pris  de  faire  capittdcr  le 
celle  qui  lui  restait  comme  son  dernier 
et  sa  dernière  consolation.  Vers  ce  Icnys  «  b 
créole  arriva  de  l.i  Martinique  ponr  ém  tt 
faircs  dunt  la  réinst.iliation  des  Boni 
le  tronc  d(*  France  semblait  devoir  fiii 
réussite.  Sa  belle-sœur  lui  fit  un 
rueil;  rt  «  dans  le  naufrage  des  rehtîons  Siii 
nonibrr  qnVllc;  avait  cuntractées,  mais  qn"!!  W* 
lut  voir  Kcniflontir,  li!  nouveau  vena  consens  In 
avantages  i|i]r  son  litre  de  frire  lui  donnait 


j 


TIRÉS    DES    ARCHIVES.  1 53 

naturellement  auprès  de  M.  de  M....  Notre 
créole  prévit  la  solitude  qui  se  foimerait  autotir 
de  ce  ménage,  tant  par  les  querelles  directes 
que  son  frère  eut  avec  plusieurs  amis ,  que  par 
mille  procédés  indirects  pour  en  venir  a  chasser 
et  a  décourager  les  visiteurs.  Sans  trop  se  rendre 
compte  de  l'impulsion  amoureuse  qui  le  rendait 
exclusif  lui-même ,  le  créole  approuva  ces  idées 
de  retraite,  et  les  favorisa  même  de  ses  conseils. 
M.  de  M....  taillant  dans  le  vif,  finit  par  se  re- 
tirer tout'à-fait  dans  une  jolie  maison  de  Passy, 
qui  devint  en  peu  de  temps  un  désert. 

La  jalousie  s'alimente  des  moindres  choses. 
Quand  elle  ne  sait  a  quoi  se  prendre,  elle  se  con- 
sume et  s'ingénie  ;  tout  lui  sert  d'aliment.  Peut- 
être  la  jeune  femme  regrettait-elle  les  plaisirs  de 
son  âge.  Des  murs  interceptèrent  la  vue  des  ha- 
bitations voisines;  les  pcrsicnnes  furent  fermées 
du  matin  au  soir.   IM.  de  M....  rôdait  avec  des 
armes  pendant  la  nuit,  et  faisait  sa  ronde  avec 
des  chiens.   11  s'imaginait  apercevoir  des  traces 
sur  le  sable,  et  créait  des  sni)positions  étranges 
U  propos  d'une  échelle  changée  de  place  par  le 
jardinier.  Le  jardinier  lui-même ,  ivrogne  pres- 
que sexagénaire,    fut   mis   h  la   porle.   L'esprit 
d'exclusion  n'a  pas  de  frein  dans  ses  outrages, 
il    va    jus(ju'a    l'imbécililé.    \a)  (rcre ,    innocent 
complice  de  tout  cela  ,  comprit  enlin  qu'il  tra- 


l34  MÉMOIRES    BISTOIUQUIS 

Taillait  au  malheur  de  la  jeune  femme»  f«i« 

de  jour  en  jour  surveillée ,    inmllée ,   privée 

de  lottt  ce  qui  pouvait  diiiraire  une  imegîne- 

lion  riche  et  heureuse  ,  devint  chagrin 

lancolîquo  autant  qu'elle  avait  été  francbt 

rieuse.  £lle  pleurait  et  cachait  ses  brmw , 

la  trace  en  était  assea  visible.  Un  remenés 

au  créole.  Résolu  de  s'expliquer  nai 

sa  belle-sœur,  et  de  réparer  une  faute  à 

un  sentiment  furtif  d*amonr  donnait 

naissance ,  il  se  glissa  de  bon  malin 

quel  oii  de  temps  en  temps  la  captive 

dre  Fair  et  cultiver  des  fleurs.  En  nmnt  et  ctlle 

liberté  si  restreinte,  elle  se  savait,  il  but  le 

sous  Toeil  de  son  jaloux  ;  car,  a  respect 

beau- frère,  qui  se  trouvait  pour  la 

et  aTimproviste  en  téte-à-téte  avec  ellr«laî 

femme  montrn  la  plus  grande  alarme. 

gnit  les  mains  :  —  Eloignez-vous ,  aa 

ciel  !  lui  dit-elle  avec  terreur;  éloignée  vensi 

Et ,  de  fait ,  le  beau-frère  eut  k  peine  le 
de  se  cacher  dans  une  serre,  que  M.  ém 
survint.  Le  créole  entendit  dtB  échts ,  il 
écouler  ;   le   baticmcnt  de  son   cienr   Pampi 
c'ha  cil!  ««lihir  le  plii«  létrer  mot  d'une  eipkce- 
tiun  (|iio  rritc  iiiitr  .  si  le  mari  la  décoevrail, 
poii\.iil  rrmlrt'  plus  tl r*| il or.ihie  encore.  Crt  inci* 
dciil  aifinilluriii.i  le  bcati-lrtrc*  ;  il  v  vit  la 


TJlUCS   DES   AflGiUynÇ.  |35 

site  d'être  dès  ce  jour  le  pi:fi{fficieur  ^'^^P 
y^ctime.  Il  $' efforça  de  sacrifier,  tpu^^  f^^rièli^^- 
pen^éq  4'aii^o^i'9  dans  la  résplutioo  de  §ç  d^ 
Touer  pour  sa  belle-sœur.  L'amour  peut  aller  ju^ 
qu'au  renoncement  le  plus  a^solq,  sans  ali4i4uer 
néanmoins  son  droit  de  protectorf^f |  car  ç^  der- 
nier renoncement  serait  d'i^n  lâche.  Il  con^if^u^  de 
\oir  son  frère ,  prêt  à  lui  parler  frano^epieifi^ ,  }l 
s'avouer,  à  lui  dire  tout.  IVf-  4^  M,...  n'fiT^|;  gfv» 
encore  de  soupçons  dp  ce  côté  ;  ip^s  Ç^ttfl  Pfl?^ 
s^stance  de  son  frère  en  $t  n^^^tre.  S^na  Uf^  tf^pp 
clairement  dans  le3  causes  d^  c^t  f^térêt,  Qf .  |^ 
M. . . .  s'en  mé^a,  prévoyant  c^ quç  V^^^érilt  pour- 
rait devenir*  Le  créole  cpmpri^  )>ien(f^t  ^W  4W 
frèrç  n'était  pas  tpujoiu*^  abj^ent»  çojffj^e^  i\  le  pré- 
tendait après  coup,  toutes  )es  fois  que  l'on  irepait 
inutilement  sonner  a  la  porte  de  la  m^spn  de 
Passy.  Un  ouvrier  serrurier  fit  les  clefs  que  Ton 
voulut  sur  le  modèle  de  celles  que  son  bour- 
geois   avait   déjà   forgées  pour  M.  de  M Le 

créole  ne  s'effrayait  pas  des  chiens  de  garde  : 
les  chiens  le  connaissaient.  Après  un  éloignement 
de  dix  jours ,  rouerie  assez  hqbile  de  l'époux  , 
le  créole  ,  exaspéré  par  la  crainte,  et  se  met- 
tant lui-nienic  des  chimères  dans  Tesprit,  pé- 
nétra de  nuit  dans  rendes ,  franchit  une  grille 
placée  devant  la  cour  principale,  atteignit  les 
toils  au  moyen  d'une  échelle ,   et   se   glissa  le 


l3(l  «ÉMOIHES    lllSTOItlQCES 

long  des  plombs  jusque  sous  la  ien^lre  d*BB  {m* 
nier  qui  lui  permit  d*arriTer  près  de  la  c 
a  coucher  de  son  beau-frère.  Des  exe 
violentes  lui  donnèrent  la  facilité  d'armer 
contre  une  porte  vitrée.  Ce  qu'il  vit  le  navrL 
La  clarté  d'une  lampe  écbirait  Talcove.  Sovski 
rideauK,  les  cheveux  en  désordre  et  b  figwt 
pourpre  de  rage,  M.  de  M....  adciniHin, 
nouille  près  de  sa  femme  et  sur  le  lit  mine 
elle  n'osait  sortir,  quoiqii'en  sedérobaiitii 
l'accablait  des  reproches  les  plus  sao^bas 
^mblait  un  tigre  prêt  a  la  mettre  en  pièces. 
—  Oui  !  lui  disait-il ,  je  suis  hidevs  «  je 
un  monstre ,  et  je  ne  le  sais  que  trop  ;  je  le 
peur.  Tu  voudrais  qu'on  te  débarraaaftt  de 
qu'on  le  déliTrât  de  ma  vue.  Tu  désirai 
qui  te  rendra  libre.  Et  ne  me  dis  pas  le 
je  dcYine  ta  pensée  dans  ton  effroi,  daMte 
pugnance ,  dans  tes  larmes.  Tu  rougis  4ea 
dignes  sourires  que  jVxcile  ,  et  |i*  le  révehe! 
comptes  sans  doute  une  par  une  les  min 
doivent  sVronler  jusqu'à  ce  que  je  ne  t'< 
plus  fir  mes  inlirmilcrs  rt  de*  m.i  présence. 
il  nu?  prirnd  Aqs  tU'sit*  :iH'riMit ,  des  rages  éê 
dclii^urcr,  de  te  rrndre  semblable  a  me 
que  tu  ne  |Miiss«>s  runservrr  l'espoir  de  te 
l«*r  awx  t(*s  nin:ins  ilu  malliiMir  dr  m'avoir 
Je   bri^enii  toutes  le»  (•l.u-cs  do  cette 


TIRÉS   DES   ARCHIVES.  l^'J 

pour  qu'elles  ne  me  reprochent  pas  un  contraste, 
pour  qu'elles  cessent  d'alimenter  ton  orgueil. 
Ne  faudrait-il  pas  te  mener  ou  le  laisser  aller 
dans  le  monde ,  pour  voir  chacun  t'encourager 
a  me  haïr?  Non  ,  non!  tu  ne  sortiras  d'ici  qu'a- 
près m'a  voir  tué.  Tue-moi  !  Préyiens  ce  que  JQ 
suis  tenté  de  faire  tous  les  jours.  Tue-moi  ! 

Et  le  forcené  se  roulait  sur  le  lit  avec  des  cris, 
avec  des  grincemens,  de  l'écume  aux  lèvres  et 
mille  symptômes  de  frénésie,  avec  des  coups  qu'il 
se  portait  lui-même  dans  sa  fureur,  près  de  cette 
femme  éperdue  qui  lui  prodiguait  les  caresses  tes 
pins  tendres  et  les  supplications  les  pins  pathé- 
tiques. EnSn  elle  le  dompta.  La  miséricorde 
avait  sans  doute  remplacé  l'amour;  mab  ce 
n'élait  pas  assez  pour  cet  homme  devenu  si  re- 
poussant, et  dont  les  passions  avaient  encore 
tant  créncrgle.  Un  long  aballcment  fut  la  suite 
de  celle  scène  (jui  pcHrifia  le  créole.  Il  frémit, 
et  ne  sut  a  qui  s'adresser  pour  soustraire  la  mal- 
heureuse a  ce  supplice.  Cette  scène,  évidemment, 
devait  se  renouveler  tous  les  jours;  car,  dans  les 
spasmes  qui  la  suivirent,  madame  de  M.... recou- 
rut il  des  fioles  prrparros  par  elle,  à  dessein  de 
rendre  un  peu  d(*  calme  :i  son  bourreau.  Le 
créole  ,  à  Paris,  représentait  a  lui  seul,  pour  le 
momenl,  la  ramille  de  M.  de  M....;  peut-être 
deviendrait-il  dangereux  de  risquer  une  démar- 


|S6  MKMOIIOS   HISTORIQUES 

çhf .  C'est  dans  ce  cas  surtout  que  Ton  pourrait 
paudire  la  lenteur  des  formes  jurîdîc|ues  el  Tm- 
Hovci^nce  des  lois  que  rien  ne  ferait  eorlir  êê 
Ifurs  allures  compassées ,  parce  qu'après  lovi,  il 
pe  f'agissaît  que  d  une  femme  •  Tctre  que  le  lé|îa> 
jbtfiur  entoure  le  moins  de  garantiea.  Loc  Ictlfi 
de  cachet ,  une  mesure  arbitraire  auraient 
pV^Tona  des  malheurs  que  le  témoin  àt 
pr^YOyiût  trop.  11  se  résolut  pourtant  a 
font  pour  le  tout ,  sauf  à  prendre  lea  suitca  k 
coQipte ,  sa  fortune  le  mettant  à  même  dt 
4'énormes  sacritices,  et  de  ne  pas  craiodnh 
reaponsabililé  de  toutes  les  audaces.  Dé^ 
ati^klecins  de  ses  amis^  déterminés 
même»  préparaient  une  irruption  dans  la 
4e  M.  deM..«.  pour  constater  ces  mosMW  ^ 
4AUn  et  séparer  de  vive  force  les 
Iqinqoe  l'événement  du  suicide,  en 
i^MÎ^  4^s  prévisions  tardives  et  trancha  la  di^ 

Certes,  pour  quiconque  ne  borne  pas 
r^rit  d^  mots  à  leur  lettre,  ce  suicide  é|ail 
assassinat  ;  mais  il  était  aussi  le  résultat  4*nn 
lige  ealraordinairc  de  jalousie  ;  et  le 
mari,  qui  survécut  fort  peu  de  temps  à  sa 
échappait  à  Tncruftalion  île  son  Irère  autant  à  Is 
faveur  des  tmni's  r\|in*s  de  notre  K'gislatîoQ  qac 
par  re&agéralioii  inOnie  du  penchant  qui  le 


TIRÉS  DES   ARGHIVKS.  tS^ 

dait  coupable.  On  juge  bien  que  cette  nffiiii^e 
n'eut  pas  d'autres  suites,  et  que  je  parvins/ siiton 
à  rendre  la  paix  au  créole  ,  du  moini  k  Fettiji^ê- 
cher  de  faire  un  éclat  inutile  et  dangereux.  J>an« 
gereux  surtout  pour  la  mémoire^de  celle  qu'il 
aimait,  car  les  désœuvrés  auraient  aocitisé  la 
victime  d'une  liaison  adultère  avec  le  frèire  d^ 
son  mari.  Le  cadavre  fut  remis  k  M.  de  M....» 
dont  la  douleur  occupa  la  capitale  par  une  scène 
déchirante  au  cimetière  Montmartre ,  lorsque  le 
prêtre  jeta  la  dernière  pellerée  de  cendre  sur  le 
cercueil.  J'en  fus  témoin ,  et  le  reproche  expira 
sur  mes  lèvres.  Personne  ne  sut,  sinon  le  frère  et 
moi,  la  vérité  de  cette  triste  affaire,  et  le  cou* 
pable  nrême,  trop  amoureux  de  sa  victime  pour 
lire  dans  son  propre  cœur,  semblait  l'ignorer 
comme  tout  le  monde.  J'entendis  murmurer  au- 
tour de  moi  des  ignominies  sur  ce  suicide,  et  je 
les  méprisai.  On  rougit  de  l'opinion  publique 
lorsqu'on  la  voit  de  près,  avec  ses  Ifiches  achar- 
nemens  et  ses  sales  conjectures. 

Peu  de  semaines  au  reste  s'écoulaient  sans 
m'apporter  des  révélations  de  ce  genre. 

Dans  la  même  année ,  j'enregistrai  des  conven- 
tions amoureuses,  causées  par  les  refus  de  parens, 
terminées  par  un  double  coup  de  pistolet. 

Je  nolai  pareillcnienl  des  suiriJes  d'hommes  du 
nioncîc,  réduilsh  l'impuissance  h  la  fleur  de  l'âge, 


l4o  MÉIIOIUS   RISTOMQUES 

el  que  l'abus  des  plaisirs  avaii  plongés  dans  «m 
insurmonlable  mélancolie. 

Beaucoup  de  gens  melleni  fin  ii  lenrs  j 
Tempire  de  celle  obsession  que  la 
après  les  avoir  inulilemenl  lourmenlcs 
prescriplions  ruineuses,  esl  impuissante  k  ks  dé- 
livrer de  leurs  maux. 

On  feniil  on  curieux  recueil ,  aossi  • 
lions  d'auteurs  célèbres  el  des  pîècoa  dt  « 
écrilcs  par  les  désespérés  qui  se  piqoeol  d'an 
lain  fasle  dans  les  préparalifs  de  leur 
dani  le  momeni  d'élrange  sang-firoid 
à  la  résoluUon  de  mourir,  une  sorte  d*i 
lion  contagieuse  s'exbale  de  ces  a 
sur  Je  papier,  même  au  sein  des  c 
dépourvues  d*éducalion.  En  sa 
vani  le  sacrifice  doni  elk  i  sondoni  In 
toute  leur  puissance  se  irésume  poar  o*( 
dans  une  expression  chaude  el 

Quelques-unes  des  pièces  de  vers  qw 
fouies  dans  les  archives  soni  des 
Un  lourd  bourgeois  qui  mcl  son  i 
iratic  et  son  Dieu  dans  le  commerce , 
ver  tout  cela  1res  romanesque ,  el  réfnicr 
ricanemeiis  dt%  douleurs  donI  il  n'a  pas 
ligencc  :  sou  dédain  ne  nous  élonne 
que  dire  dv»  bonni*»  gcMis  qui  foni  les 
cl  qui  rt'*|ictcnt  ic^  gro»»icrctc«.'...  San» 


TIRÉS   ni»   AHCHIYFJ.  1^1 

il  est  d'une  haute  importance  que  les  pauvres  dia* 
blés  supportent  la  vie ,  ne  iut-ce  qoë  dans  l'in- 
térêt (les  classes  privilégiées  de  ce  monde  que  le 
suicide  universel  de  la  canaille  ruinerait;  mais 
n'y  aurait-il  pas  d'autre  moyen  de  faire  supporter 
l'existence  h  cette  canaille  que  les  avanies,  les 
ricanemens  et  les  belles  paroles?  D'ailleurs  il  doit 
exister  quelque  noblesse  d*âme  dans  ces  sortes  de 
gueux  qui ,  décidés  qu'ils  sont  k  la  mort ,  se  frap- 
pent sans  chercher  d'autres  ressources,  et  ne 
prennent  pas  le  chemin  du  suicide  par  le  détotir 
de  l'échafaud  II  est  vrai  que,  dans  les  époques 
d'incrédulité^  ces  suicides  généreux  de  la  misère 
tendent  à  devenir  de  plus  en  plus  rares  ;  Fhostilité 
se  dessine,  et  le  misérable  court  franchement  les 
chances  du  vol  et  de  l'assassinat.  On  obtient  pins 
facilement  la  peine  capitale  que  de  l'ouvrage. 

Je  n'ai  remarqué  dans  la  fouille  des  archives 
de  la  police  qu'un  seul  symptôme  de  lâcheté  bien 
manifeste  sur  la  liste  des  suicides.  Il  s'agissait 
d'un  jeune  Américain ,  Wilfrid  Ramsay,  qui  se 
donna  la  mort  pour  ne  pas  se  battre  en  duel.  Il 
avait  été  souffleté  par  un  garde-du-corps  dans 
un  bal  public.  Sa  justification  fut  donnée  par 
un  quaker  dans  une  feuille  du  temps  que  j'avais 
gardée  et  que  je  ne  retrouve  pas.  Son  défenseur 
Taccusait  encore  ,  et  lui  reprochait  de  ne  pas 
avoir  su  porter  noblement  le  poids  de  cet  affront. 


j/|U  MÉMOmES   UUTORlQL'rs 

iiU  clatttificalioii  àe%  divcnc*  cauMs  dt 

des  seriiit  la  clauificalion  même  dn  vicn  4m  h 

«odclé.  Mon  dessein  n*esl  pas  de  me  livrer  à  oUc 

aiialy&c  difficile ,  que  le  légi Jaleur  doil  âbepdv 

|»oui'laiU  &*il  veut  extirper  souveraiiieoMal  4m 

noire  »ol  les  germes  de  dissolution 

gêuèration  croil  el  dépéril  comme  au  ecMid 

i%raic  qui  la  ronge.  On  i*esl  tué  ponr  * 

Uaiiou  dune  découTcrle  par  des  in 

l«Kxasiou  de  laquelle  Tinvenleur, 

U  |dtts  afircuse  déirene  par  tuile  dea 

ihcs  M\iulcs  auxquelles  il  avail  dA 

pouvait  même  t  un  lireTal.  0^  ^< 

pour  éviter  les  fn     i      r  nés  al  1* 

poursuites  dans  >arraa 

fréquent,  du  reae,  que  les  hnmmm 

la  régie  dee  inlérêts  généraux  n«  a* 

pat   le  maint  dn  monde.   On  a* 

de  pouvoir  se  procurer  du  travail» 

long-tempa  gémi  sous  les  avaniei  a&  !'« 

ceux  qui  en  sonl«  an  milieu  de 

buteurs  arbitraires.  La  législalio 

sociale  et  secondaire  »  doit  un  coapia  4a 

Dieu»  ton  premier  législateur 

tout  ce  qui  avorte  dans  les  miserai  dn 

ilaii»  les  souffrances  de  Tàme  ,  dana  lea 

l'c»|irit.  Un  ne  peut  pas  se  trouver  ^Ua 

les  \naus  par  des  insultes  sur  iet 


TIRES    DES    ARCHIVES.  14^ 

Je  rentrb  dans  les  hiisèl'és  dé  là  vie  Jk)^^; 
ma  thèse  favorite. 

Une  (lame  Tèrson  ,  qui  tenait  soiYs  r^Éj^féë 
un  pensionnat  de  jeunes  demoièelieii  dans  lè  fttt« 
bourg  du  Temple,  ruinée  pai*  Tèffet  dU  héidl^ 
partisrtie  extravagant  qu'elle  se  fit  uti  dé^81t^ 
d'afficher  après  le  désastre  de  Waterlod ,  ce  '^iA 
donna  des  scrupules  a  tous  les  pareils,  jpafte  ^ttd 
Ton  rassemblait  chez  elle  des  conciliabules,  vivait 
depuis  1816  hors  barrières,  avec  sa  flUë yoiEiHI 
tin  état  voisin  de  la  itiisère ,  quand  un  cà^i^tflfl 
retraité ,  sachant  leurs  malhëuH ,  et  d'ÀH  tel 
ihalheut*s  provenaient ,  lia  coiinai^iance^vlèiïléi 
deux  éolitilire^.  11  s'éprit  même  de  là  jétihiiiilllg  $ 
et,  malgré  la  dispi*op6rtion  dès  âge^ ,  inttitil |âlf 
sjrmpathie  d'opinions ,  moitié  poùi*  ùtècit  àÙ  j^ëttl 
ménage  des  secours  que  ces  deux  fehiiiidi  litii^- 
sent  accepter  sans  rougir  ,  il  parla  de  se  mariet  J 
la  more  le  prit  au  mot. 

Quant  a  la  fille ,  comme  toutes  les  fiUeé  te- 
nues sons  la  discipline  de  la  famille,  elle  ne isèiii- 
blait  avoir  d'autres  volontés  que  celles  de  sa  mère. 
La  dcclaralion  du  capitaine  fut  reçue  avéd  fè- 
connaissancc.  Deux  mois  après,  mademoiselle 
Terson  devenait  madame  Dufresne.  A  la  ëuîte 
de  ce  mariage,  madame  Terson,  femme  d*uA 
caractère  absolu ,  faite  pour  se  déployer  danà 
un  vaslc  cercle  d'occupations  et  non  pour  se  ré- 


l44  MICNOIIIK.^  HfSTOmQUrS 

signer  à  la  monotonie  mesquine  à^fum  ^ 
Urée,  s'aperçut  que  Tautorîté  qu'elle 
autrefois  sur  sa  611e  déclinait  i 
elle  no  s'y  résigna  pas  et  se  mit  en  iêle  de 
quérir  son  pouvoir.  Ces  trempes  de  caraclèn^ 
montrent  tant  de  rcuorts  dans  un  large 
dépensent  sur  un  seul  personnage,  an 
l'excéder  et  lorsqu'ils  sont  raballus  enlM 
tre  murailles  de  la  vie  domestique,  h 
qu'ils  emploieraient  si  magnifiqoemcai 
fice  d'un  ménage  de  cinq  cents 
se  font  insupportables  î  elles  tous 
matin  au  soir  pour  se  tenir  en  haleine.  La 
de  leur  nature  devient  un  fléau.  Dea 
mère  en  vint  aux  reproches,  des 
allusions  piquantes ,  que  sa  fille  la 
quer,  n*y  concevant  rien,  disait-eUe, 
un  certain  tremblement.  Le  mari 
disait  rien.  11  entrevoyait  le  moment 
il  lui  fiittdrait  intervenir  et  se  déddar 
rupture ,  tant  le  calme  semblait  inpoeaMa 
mener  entre  ces  natures  dont  il 
tard  l'antipathie.  Une  très  jeune  fi 
mais  tort  devant  une  vieille  belle- 
devine  que  le  capitaine  penchait  vers 
il  ne  s'en  cachait  pas.  De  jour  en  joar, 
en  plus  »  les  deui  femmes  semblaient  ai 
et  préluder  par  «les  escarmouches  3i  de  pi 


TIRÉS   DFfï   AnCniVM.  t4^ 

batailles.  M.  Duirusne  prûvuyiiil.  un  cnfur.  Tont 
à  coup,  comme  par  enchantement,  la  paix  re- 
vint ,  et ,  avec  la  paix  ,  des  témoignages  de  cor- 
dialité plus  que  suspects.  La  régie  du  ménage 
revint  par  la  même  occasion  tout  entière  à  ma- 
dame Tcrson  ,  qui  trancha,  décida,  régna. 
M.  DuTresne  en  fut  intrigué  malgré  lui.  Les 
jeunes  femmes  ne  sont  Jamais  si  résignées  à  re- 
tomber sous  la  grifl'e  maternelle,  à  moins  qu'elles 
n'aient  de  certaines  raisons.  Quelles  pouvaient 
être  ces  raisons?  Il  pressa  sa  femme  de  lui  don- 
ner le  mot  de  cette  énigme ,  ce  qu'elle  écarta 
d'abord  en  riant,  puis,  et  parce  t|u'il  y  revint,  par 
des  excuses  en  l'air  dont  il  ne  crut  pas  un  mot, 
tout  en  y  donnant  les  mains  4e  peur  d'irj^il^  sft 
petite  amie.  '  i 

Ce  fut  du  côté  de  la  mfsre  qu'il  dirigea  ses 
questions  ,  en  lui  rappelant  des  paroles  singuliè- 
rement équivoques  dont  il  avait  commenté  le 
sens  de  mille  manières.  Comme  on  éludait. aussi 
de  ce  côté-là  ,  il  se  tut  ;  mais  il  observa  les  moin- 
dres symptômes  et  ne  tarda  pas  ^  savoir  au  plus 
juste  que  la  mère  imposait  une  étrange  réserve 
aux  scrupules  de  sa  fille  dès  que  celle-ci  se  met- 
tait en  révolte,  rien  que  par  une  indication 
mystérieuse  vers  une  certaine  armoire  de  l'ap- 
partement. Prendre  prétexte  d'une  acquisition 
intéressante  à  faire,  écarter  ces  deux  ennemies 


|'|G  MI%l«"»IRr5    llliTi»»'l'»l  Tn 

m  1rs  rxp/-fJi:ini   MHi«i  re  pn'h'xl»'.   f.iir^  Tenir 

un  »orrui'ier  ri  procrilrr  ii  l'in%'f<tî'jation  tics  ça- 

|>ieri  de  la  caclif*H«* ,  i-«*  lui  l.i  nihriquo  nnturrllr 

(lu mari:  s.i  <  iiriositr  fui  nnlliriirpiivmrnt  «rme 

par  un«!  di'Co:iv<>rlo  rnirlli*.  Madinir^  !>ufre«iif, 

filon  qu'elle  n'<*t.iil    pnrorr    <|iic   maJrmotirUe 

Ter^uii ,  avait  imi  ,   dans  h*  nirinf»  temps  .  tros 

l'antaisies  de  cceur  avec  dv^  jeunes  oSctcrs  boe»- 

pariistcft  qui  vouaient  tlatlcrr  les  opinions  de  h 

iiuTtf  pour  profiter  «les  bonnes  Tolontés  de  la 

tille.  Malgré  la  s^ravitc  du  chiflrc  ,  Vhze  Ycxnatn 

pent-Atre  auprès  de  ceui  qui  se  disent  combit* 

la  réserve  idiote  des  nirres  drvient  fun 

filles  II  l'époque  oîi  leur  constitution 

sVnrirhit  tout  h  eoup  d'un  élément  îndooipCjbk 

(|ui  les  rend  inquiètes  et  curicuNes.  Les  klliu 

étaient ,  du  reste ,  rangées  aver  les  rëpoMCs  par 

ordre  de  date ,  en  liasses  parfaitement  spéctaks 

et  distinctes.   Hien  de  plus  audacienv,  de  pkft 

mêlé ,  de  plus  hardi  que  cette  triple  intripie, ek 

rliacun  des  amans  avait  rei-u,  dans  unebriHaalf 

variété    de  style ,   les    assurant  es   d*aii    «unir 

unique  vt  d'une  éternelle  fidélité.  Les  dites,  tf 

peu  trop  rapprocbéos,  fiisaicnt  foi  d*«n  trifif 

nieiiftoni-e  ii   tv\  é;;aril .  *t ,  }rr.'«te  il  Tin^énaii' 

«le  4i'<  i:i'i)tillesscs  épi<4tnlaire*( .   on  ne  pootiit 

iormer  le  plus  lésxfnloute.  Mais  romment  lesbi* 

1res  de  nLidemuisi^He  Terson  ^v  trouvaienC-ffc* 


TIHES   DKS   ARGII{YBS«  l^^ 

atec  les  lettres  c}e  ses  bons  amis? If  •  "Du^ 

fresne  eut  i'explicàtion  de  oeiie  réunion  immé 
par  la  mention  ëam  ces  knt^  4u  nota  d'iilfei^ 
ouvrière  que  maileiDoiselle  l^etsim  chargeaâlt  fte 
porter  les  missives  a  la  poste.  Il  se  soiiv4li|i4é 
raversion  décidée  que  sa  femme  avait  poér  c^ttè 
ouvrière,  ainsi  que  des  regards  triomplunas  «t 
des  chucfaolerles  insolentes  de  madame  TetéoUk 
lorsque  cette  ouvrière  venait  la  voir.il^^n  cob* 
dut,  saris  recourir  k  de  plus  amples  informa^* 
lions,  que  la  confidente  avoil  trahi  89  jeione  ataié 
par  la  suggestion  de  la  mère,  et ,  sipr  eette  dkMV 
née  y  se  convainquit,  en  euininant  'bi|pa:<^  «pit 
la  confidente  avait  encore  -«iiggéré  la  corrts^ 
pondanoe  pour  «^  aiM»ea|  duios  d'infiimies  dont 
les  intrignes  de  mademoisdïe  Terson  étaient  en- 
core les  plus  vénielles. 

L'ascendant  tout  nouveau  de  madameTerson  se 
trouvait  dès  lors  molivé  par  quelque  explication 
récente  k  cet  égard.  La  mère  s'était  indignement 
forgé  des  armes  contre  sa  fille  pour  la  dominer 
en  quelque  temps  que  ce  fût.  Dieu  sait  dans 
quels  desseins!...  M.  Dufresne  était  un  galant 
homme;  quoique  de  son  siècle  en  beaucoup  de 
points  ,  il  n'établissait  pas  complaisamment  deux 
morales  contradictoires,  l'une  au  profit  des  hom- 
mes, sans  frein  et  sans  mesure  ,  Fautre  au  désa- 
vantage des  femmes,  puritaine ,  retrécie  ;  et,  par 


se%  tred.iincà  pasi^-en,  il  a^alt  apprU  à  M  moalRT 
tolérant.  La  fourberie  produîftaii  sur  lai  Tcfct 
qu'elle  prorliiit   sur  lc«  mcilIcQreft  âmes,  0fû  h 
conçoivent  quand  ils  comprennent 
Texcnsent  et  la  juMilieiU  au  besoin ,  parct 
la  fourberie  e!»l  le  droit  de  rescla%'e ,  et  ^m  la 
feiniues  sont  esclaves.  Mais  on  a  bean  la 
voir, on  en  souffre.  En  vain  il  ettayade 
son  train  de  vie  et  son  air  de  confiance  •  k 
saignait.  Il  ne  put  cacher  asseï  habilancalM 
tristesse  «    que   madame  Dufresne    ne  icn  îe* 
quiét;U.  De  plus,  à  toutes  les  maximes  de  ri* 
guetir  qu'elle  se  permettait  dans  IV 
les  menées  secrètes  du  tiers  et  du  cpiart* 
tnatic   courante  des  fiemmes  qui 
vailler  m  leur   propre    apologie  eia 
d'une  inflexible  sévérité  de  princtp«,k 
laine  répondait  quelquefois  avec 
d'amertume. 

Madame  Dufresne,  éclairée  par  cesi 
se  sentit  perdue  dans  l'esprit  de  son  mmi  Si 
lierié  s'en  effraya.  Lorsque  nous  ne  pnitent  f^ 
noire  force  dans  nous-mêmes,  notre  vie 
entière  dans  le  rœur  des  autres  ;  s*ik 
verts  et  bons  ,  nous  reprenons  notre  eflîflt  ' 
notre  roiira};(:  dans  leur  intelligence.  De  faît,ik 
se  sentait  irn'prorliable  ibns  le  présent,  et  ■<' 
devait  il  son  niariqu'ii  partir  du  jour  de  sa  libfcf^ 


TIRES    DES    ARCHIVES.  *l4ô 

messe.  La  fidélité  du  passé  n^st  pas  oblir^lMm\ 
Elle  voulut  parler,  tomber  à  ses  pieds,  obleiAr 
un  pardon,  dire  à  cet  homme  les  tourmem  d'irne 
adolescence  de  flamme  au  milieu  des  preinièrc$ 
fièvres  d'un  tempérament  plein  d'énergie.  Puis 
elle  se  révolta  contre  l'idée  de  s'humilier  «ii«  den 
vanl  l'un  de  ceux  que  son  sexe  se  reconnaît  le^drok 
de  tenir  a  ses  genoux.  L'amour ,  c'est  Id  royamté 
des  femmes  ,  leur  élément ,  leur  vie.  Touids 
répugnent  dans  le  fond  du  coeur  a  se  créire  sou- 
mises au  jugement  de  qui  qud  ce  soit  sM  rée 
point.  Quand  vous  devinez  leurs  anl^éoédeaiSy 
vous  ne  faites  que  voir  clair  dans  leur  nadiÎDe^ 
mais  vous  n'avez  pas  le  droit  de  blâmttppmie 
que,  à  moins  que  Ton  ne  soit  un  sot,  on  nel)làiiie 
pas  un  élément  qui  ne  saurait  s'empêcher>d'êtrq. 
Dès  ce  jour  ,  ellesouffirit  mort  et  martyre ,  s^irri- 
tant  et  pleurant  tour  a  tour ,  devenant  sombre 
et  emportée.  Les  querelles  entre  elle  et  sa  mère 
reprirent  avec  de  nouvelles  alternatives  de  ré- 
conciliations et  de  récriminations;  si  bien,  qu'un 
jour,  sous  un  prétexte  en  l'air  et  par  un  raffine- 
ment Je  cruauté  dont  une  l'eniine  seule  est«ca- 
pable  dans  ses  vengeances,  les  trois  officiers 
bonapartistes  se  trouvèrent  invités  à  une  soirée 
de  M.  Dufresne.  La  mère ,  à  lu  vérité ,  ne 
croyait  pas  ce  dernier  instruit ,  et  ne  voulait  que 
faire  ployer  sa  lille  par  l'audace  et  l'éclat  de  ce 


l50  MÉMOIRES   lUSTOlUQl'b 

coup  de  théâtre.  Elle  supposait  la  délîcateMO  ég 
chacun  de  ces  jeunes  gens ,  et  qu'ancnn  d'eas 
ne  pensait  dans  le  fond  de  l'âme  avoir  été  k 
jouet  de  sa  fille.  Le  capitaine  ne  put  nipportar 
cetle  avanie  ;  il  se  retira,  et  sa  femme  l'c 
murmurer  tout  bas  :  «  C'est  trop  fort!...  • 
dame  Dufresne  s'échappa  de  son  coté,  fil 
par  un  domestique  un  mot  a  sa  mère,  et 
On  s'étonnait  cependant  de  ne  pas  vmt  les 
Ires  de  la  maison  ;  leur  absence  devenais  va 
d'étonnement  et  de  mortificatîoa.  Ce 
devant  tout  le  monde  et  de  la  patft  de  b 
qui  devait  faire  les  honneurs  du  e 
des  cris  k  la  mère.  Elle  comprit, 
que  son  slupide  acharnement  v 
perdre.  On  courut  vainement  sur  les 
rhifortunée  ;  nul  ne  pnt  donner  de 
M.  Dufresne  manislesia ,  mais  in 
indulgence  :  le  coup  venait  d*étre 
trouva  le  lendemain  malin  le  corpe  de 
Dufresne  horriblement  mutilé  sur  un 
de  charbon  qui  stationnent  contre  les 
pont  Marie. 

C'est   presque  toujours  avec  an  to 
d'incrédulité  que  l'on   repousse  les 
iiifliscrets  sortis  lic  la  bouche  du 
Ith    ÏAXi:   «l'.ibonl    ili*    banalités  \amcs; 
*  icit*  dcv.ini  fl*tri* ,   Miiv.ml   l'opinion  asarc 


TIRÉS   DES   iKRGHlTfiS.  I&l 

de  ceux  qui  ne  veulent  pas  qn'im  Im  en  M- 
cupe,  du  nombre  de  tei  choses  que  T^ii  ftH 
et  dont  on  ne  se  vante  point.  Bn  génélf^al^  Te^- 
pression  du  malheur  des  autres  ngns  importuné. 
A  celui  qui  se  plaint  de  ses  dbtdeurs^  on  r^p#nd  : 
-^  Croyez -TOQS  donc  ^ue  nous  n'àtons  ^s  lob 
nôtres  ?...  Et  Ton  s'imagine  avoir  mis  un  bannie 
suffisant  sur  sa  plaie.  On  se  dispense  du  ireale. 

S'il  est  juste  de  dire  qne  tons  les  gêné  ifin 
ont  parlé  de  se  mettre  à  mert  se  ècmt  fmm  4k 
]^lupart  résignés  à  vivi^,  tèiqônrs  est^tfàc^^c^ 
symptôme  n'a  jamais  £lh  défimt  ku^id^glâé  dfe 
ceux  qui  prirent  urie  détëiJwbsÉioïl»  pi«g:uni 
rapport  avec  leurs  fnolef^.  Amn^  9^tmàÊlÊt 
dans  l'âme  un  chagrin  secret ,-  i^n  se  védi^dcfM- 
nera  pas;  mais  que  le  seeret/  tous «iil4iA(a|^e, 
on  sourira  de  ce  que  vous  aurez  dit.  Voil^  tbtrè 
alternative.  Cherchez  ou  ne  cherchez  pas  de 
recours ,  c'est  tout  comme. 

Le  désespoir  se  trouve  donc  parmi  rtoiis  tt-^ 
poussé  de  la  cécité  a  l'incrédulité,  double  fé^iiltat 
de  l'isolement  des  familles  et  de  Tinsouciafiftcè 
inévitable  des  mœnrs;  et  c'est  entre  ces  déul 
écneils  ^jue  Ton  se  tue.  Il  va  bien  à  la  sOrriété 
de  déblatérer  après  cela  sur  ses  victimes  î... 

Marianne  Flidorf ,  jeune  brodeuse  ,  qui  pa^ 
raissait  avoir  des  disposîlions  pour  les  lettrés, 
avait  épousé  en  1814  un  nomme  Charles  Guin- 


l5a  MÉMOIRES   HUTOIllQnS 

chy,  modesle  employé  d'ooe  adminHimMi 
publique,  que  se»  cheft  aimaieni  et 
lancer.  Ce  mariage  était  le  résultai  d'an 
de  tête ,  après  le  conseil  d'une  amie , 
mouche  qui ,  politiquement ,  avait  fiiit 
prendre  k  Marianne  qu'elle  ne  pourrait  s 
duire  a  sa  guise  dans  le  monde  que  mmm  h 
chaperon  d'un  mari.  Ce  conseil  «  colpotlc  de 
droite  à  gauche ,  transpira  quelque  tempa 
la  noce  ,  et  Charles  s'en  alarma  de  peor  da 
La  brodeuse,  résolue  d'en  venir  h  aesinst  b 
guérit  pour  le  moment  de  ses  scrupulea  par  «■ 
argument  qui  lui  ficrma  la  bouche ,  et  qw  las 
jeuoea  femmes  ont  toujours  a  leur 
Jes  cas  désespérés. 

L'employé ,  convaincu  des  lors  qne 
lui  ferait  tous  les  sacriBces,  et  que  IV 
de  eensidération  le  cédait  m  l'amour  q«'i 
pour  lui ,  passa  par-dessus  ses  pi 
reura.  Le  mariage  légitima  cette  dënaaRha  da 
confiance.  Lorsque  les  premièrea  ivrcaaM  et 
lien  matrimonial  se  furent  dissipées 
bruit  des  violons,  lu  mari  crut  toutefois s*i 
cevoir  que  safcmiiK*,  impatiente  deaV 
le  reléguerait  volontiers  au  second 
une  ombre.  Tout  son  génie  s'empinyndèa 
pour  eoutrrcarrcr  ce  dessein  ;  ce  fiit 
des  moiudrcb  in^liinb  •  ^a  fièvre  ,  son  ol 


TIRES   DES   ARCHIVES.  l55 

sa  manie.  Il  TenTeloppa  de  petits  sôimôksé^ 
quieuxy  Tassiégea  de  craintes  qu'elle  réféiàiî^ 
mais  en  vain  :  il  promettait  d'être  tranquille;  et 
tremblait  de  plus  belle.  Entre  eux  s'ouvrit  HaS^ 
lutte  où  de  part  et  d'autre  ik  firent  astaiit  éè 
ruse ,  elle  par  crainte  ^  lui  par  jalouisie  ;  éC  In 
témoignages  d'amour  qu'ils  se  prodiguèrent  àl^ 
lèrent  jusqu'à  TeEtravagance  ;  tant  et  si  bpn*^ 
qu'ils  signèrent  un  acte ,  entee-vift ,  pur  leqvwt} 
surenchérissant  sur  lés  sermens  de  fidélité  ^fifti 
à  l'église,  ils  promettaient  que  celui  deè  deM^ 
survivrait  à  l'autre  se  donnerait  la  '  ttniifiî'd 
coup  d'épingle  fournit  l'encre  de  oé  4iliiMrtt:$ 
ils  signèrent  de  letfl^'sang.  Dé  pareib^tèf  litfift 
aussi  nub  devant  les  tribunaux  que  dei4rfrtl 
cœur  humain  ;  on  ne  cautiotine  pas^  te^'ftdlSlifé 
par  des  sottises.  .  ' ..' » 

Pour  ne  plus  donner  l'éveil  k  Charles,  puis- 
qu'il se  montrait  si  chatouilleux  sur  les  moindres 
manifestations  ,  Marianne  essaya  de  s'acclimater 
dans  ses  devoirs  3  il  fut  évident  pour  ceux  qui 
connurent  les  habitudes  de  leur  intérieur,  que 
cet  effort  contre  nature  la  conduisait  en  peu  de 
temps  au  sublime  de  la  fausseté  sans  l'acheminer 
pour  cela  vers  son  but.  Le  détour  était  trop  long 
pour  une  nature  un  peu  romanesque;  elle  de- 
vint la  dupe  et  resclave  de  son  hypocrisie.  Sous 
une  livrée  systématique,  on  b avilit.  Le  marasme 


tS4  MtMOiaES   UlSTOIllQCES 

la  gagiNi  i  elle  se  montra  négligente  au-delà  àt 

lente  expression ,  perdit  cette  fleur  de  co^nelle- 

fie,  innocent  apanage  dca  femmes,  aases  étran- 

§ev  dn  reste  à  celles  dont  la  l2te  rè^a  non 

an  lieu  d'un  amant,  se  rompit  tont-a-laU 

Mensonge,  perdit  enfin  la  venre  d'esprit 

«Ile  a^ait  donné  des  preuTca;  et, 

toqours  indiscrète  dans  ses  propoat  a 

siMa  ménage  au  ridicule  par  ses  plainitas 

et  ians  prudence  à  de  bonnes  amiea  env  la  ja- 

iensie  de  cet  homme  qui  lagar 

VlÊnaà  les  bonnes  amies ,  suiir 

caractères ,  les  unes  jasèrent,m 

fiit  le  plus  grand  nombre  i  les  antna  «  qni 

not  très  habiles ,  moralisèrent  le  mar^ 

tettir  compte  des  maûmes  de  liberté 

cherchait  a  lui  donner  le  go 

plaa  rudement  la  courroîa  du 

de  propriété  nous  rend  tigres.  U  fiit  j 

idées  qu'elle  jetait  sur  le  papier  ;  Vi 

éà  Hentaigne,  est  la  IbUe  du  logia 

ne  vit  que  de  hardiesses  i  Marianoa  a' 

idias. 

Un  mal  enfante  inévitablement 
Charles  se  mit  au  service  des  faulô 


dans  l'esprit  et  perdit  sa  place  pow  s'él 
sentinelle  autour  de  sa  lemme.  Les  pral< 
rciirayaient  ;  ton»  li>  prolecteurs  en  vonlahil' 


TIE£$   DES   AKOUVIS*.  iS^ 

son  bien ,  auivant  lui.  La  xniBèrQ  t^ot^  jet^  ^yci^ 
la  misère,  les  mde^es  qu'elle  d^vi^qj^p^^  )^J^r 
fant  leur  amena  des  embarras,  sans  cinfieQler 
ces  âmes  qui  se  blessaie^  da  pUif  e^^  .p^§j.e^ 
cberchaient  a  s'effacer  l'ion^  devanti  V#UU;^ 
Charles  eut  moins  de  ménageçdieps.  d^nsi  ie&^  fo|^- 
mesy  quand  les  soucis  raasiégèiçeffUBf^f^îLi^lfP^ 
prit  au  hasard  de  les  iÇaire  Tiyre  f  p^a  s|b  ^^qi^tf 
de  rien,  pourvu  qu'il  nf  quittât  paa  s^a  fem^ne 
d'une  minute^  Une  homme  q«i  a  Y^civsaif  f  if'ifn^ 
infidélité  se  commet  très  lesteiideiiti^t  Ç^ia^^^s 
avait  vécu*  Qu'une  feoime  aitt  4^  L'ufiio^rt^qmr 
un  jaloux,  cela  même  le  £ût  tram|>)f^r^>,^,;ip 
dit  qu  elle  peut  en  avoir  anUuiit  f^f^  i^.^* 
très.  Lea  ménages  dont  il  était  e^tiyqr^/^a  le 
|]^ssuraient  d'ailleurs  pas;  son  amlnt4QU  é^t 
d'éviter  le  sort  commun.  Marianne,  s'incaroérant 
elle-même,  ajoutait  à  sa  propre  servilité  par  des 
maximes  de  complaisance  que  le  mari  prenait 
au  mot }  elle  ajoutait  des  anneaux  à  sa  chaîne. 
Un  jour,  il  lui  proposa  de  l'enfermer  chez  elle  - 
à  double  tour  quand  il  irait  dehors  j;  bien  entendu, 
disait-il,  pour  qu'on  ne  Timportunàt  pas,  puis- 
qu'elle se  plaignait  des  visites;  elle  esquiva  la 
proposition ,  mais  non  sans  peine.  Tous  deux 
s'acoquinèrent  ainsi  dans  la  fatigue  du  têle-a- 
lelc  ,  avec  leur  idée  secrète  ,  leur  affection  men- 
songère, leur  double  supplice.  Plus  de   toilette, 


l56  MÉMOIRES   HISTOaiQUES 

pliu  de  travail  littéraire  »  pins  d'aTenir:  U 

morphose  était  complète ,  au  point  de 

jalousie  mfime  inconceTable.  Tout  cela  ne 

Tait  darer  :  les  efforts  trop  tendus  dotTenl 

pre  les  forces.  Charles  étouffait ,  et  avmt 

d'air  ;  il  fiillut  ouvrir  un  peu  la  prison  » 

monde ,  chercher  des  liens  nouveaux . 

sions  de  respirer ,  des  amb ,  des  moyena  4a 

vie.  Lés  parens  de  Marianne ,  aiicin 

enrichis ,  vinrent  les  voir  du  fond  de 

vince  ;  cela  servit  de  prétexte.  On 

monter  une  certain  matériel,  d'étabBr 

commerce.  Les  parens  étaient  des 

sonnels  pour  voir  clair  dans  le 

enfans.  Marianne  et  Charles  anrrienl 

ques  scrupules  k  s'expliquer  devant 

vécut  plus  au  large  pendant  qudqne  iHip^  Ob 

revit  les  anciens  amis  ;  on  renona  ém 

rompues.  Mais^  pour  aller  doneemesrt 

nouvelle  phase  d'existence  où  tons  les 

traient  pas  sans  abrme  »  Marianne  »  ^Êà 

blait  de  perdre  pied  sur  le  sol  en  s^ 

trop  h  Taise,  fit  promettre  k  Chariea  qnll  ntli 

quitterait  pas  ;  et ,  de  la  sorte,  qneiqn'en 

gissant,  leur  prison  ne  fut  rependant 

prison.  A  dîner,  ils  se  mettaient  diaiae 

chaise,  pieds  sur  pieds  ;  où  Ton  voyait 

découvrait  ranlrc.  CliaHcs  n-pond.iil 


TIlUCS   DES   ARCRIVSS.  167 

femme  ;  il  s'emparait  de  son  bras  pour  sortir  ;  il 
résistaitaux  agaceries  4es  femmes  qai  lui  tendaieat 
la  joue  de  peur  que  Ton  ne  prît  la  Jiberté  d'em- 
brasser Marianne.  Elle  se  formalisait  de  la  moin- 
dre vétille  afin  de  le  rassurer ,  et  ne  disait  pas 
un  mot  de  peur  de  s'attirer  un  compliment.  Sa 
servitude  affligeait;  cette  servitude  était  trsp 
marquée  pour  ne  pas  être  un  calcul.  Les  im- 
béciles disaient:  —  Quel  ravissant  ménage l... 
Sur  cinquante  ménages,  il  y  en  a  ub  comme  cela  ; 
le  sacrement  n'est  qu'une  loterie.  Avec  rni  pfTeil 
jaloux,  on  doit  redouter  les  antécédens»  et  quelle 
femme  n'a  pas  des  antécéd^ns!  Marianne,  avant 
de  connaître  Charles,  entraînée  par  le  démopi 
épistolaire,  avait  noué  une  relatioi^  de  |êle  avec 
un  jeune  poète  ;  et  tous  deux ,  platoi^içicns  mé- 
lancoliques ,  séparés  par  les  circonstances ,  s'é- 
taient écrit  tour  k  tour  des  billets-doux  a  la 
façon  de  lettres  de  Démoustiers ,  absolument 
innocentes,  assaisonnées  de  madrigaux.  Ce  com- 
merce de  céladonisme  avait  duré  jusqu'aux  envi- 
rons de  la  noce  ;  une  infidélité  du  correspondant, 
ébruitée  mal  k  propos,  avait  tout  rompu  ;  rien  de 
plus  exigeant  que  le  céladonisme.  Parce  qu'il  est 
timide,  il  se  nourrit  de  susceptibilités  inouies. 
Le  dépit,  aussi  bien  que  le  conseil  de  la  bonne 
amie,  joint  au  caractère  de  Marianne ,  fut  cer- 
ainement  pour  beaucoup  dans  le  coup  de  tête 


i58  M^MomFS  msToiiiQims 

do  mariage.  Une  amante  colère  w  jette 
an  premier  Tcnn^etles  hommes  te  confieat  tNf 
SI  lenr  mérite  pour  ne  pas  s*y  tromper.  Lm  lollfv 
existaient  encore.  L'occasion  se  présenta  ée  Isi 
reprendre  et  de  les  anéantir;  ce  fbt  a« 
d'une  dame  qui  se  chargea  de  mener  la 
tion  k  bonne  fin.  Marianne  remt  M 
les  siennes ,  et  se  proposa  de  les  bvMcr; 
Pamonr-propre  recole  toujours  deranl  It 
fice  de  lui-mtme.  Marianne  se  plot  k 
c'était  le  parium  de  sa  destinée  perdne  frf) 
prenait  à  respirer.  Elle  ne  quittât  pat 
pensant  qu'une  femme  est  encore  -tl 
et  sa  plus  sfire  cachette  ;  en  qaol , 
enfiint  raisonnait  juste ,  mais 

Un  jour,  son  mari,  prêt  k  sortir  et 
ne  sais  quelle  petite  clef  qu'il  ne 
pria,  par  impatience,  de  chercher  tnr 
ce  que  naïvement  elle  fit,  en  tirant 
papiers  mysiérieui  dont  il  prit  inqwtMiiib' 
lant  Toir  autsitfit  ce  que  ce  poufafc 
résista;  il  persista.  L'adultère  fut  la 
pensée  de  Charies  ;  ce  fut  comme  une 
dans  son  cerreau.  Puis ,  sur  un  é<irt 
dont  les  amis  n'ont  jamais  bien  su  tonte  la 
elle  se  réfugia  derrière  des  meubles ,  ok  I  y 
un  corps  a  corps.  La  femme  ne  put 
le  mari  s*empara  du  tout.  Quand 


TIRl^S   DES   AROniyflS.  ift^ 

vit  en  (kce  lies  conêéqiiencos  d^ntt  m^sUttëi^ 
Charles ,  avec  sa  postHatiimiié  eoèjtigale^^  -fteli^ 
gérait  les  yeux  pour  la  première  fois,  SHatii'ëéfMl- 
dérer  qu'elle  allait  a^gi^aver  les  dbtfH^s^e  Glmrlês, 
elle  se  releva^  courut  Vé^  la  pôrlif,'  dt  1^  inMIld^ 
de  ne  ptus  remettre  les  pieds  àiû  «a^a,  M 
s'enfuir,  de  se  tioyer,  s'il  né  restîttiiaitte^féicl^ 
l'instant.  Les  lèvres  pâles  de  Mariaritlé,  M'IfIM 
brève  et  délibérée,  ra^cetidaHI  qi/ieil)e  fiMbilé 
enfin  quoique  infinitneiit  trop  ffaird,  loift'*tV^ 
trifia  le  malheureux,  qéi\  feâ&cAft  cfett  àpptmM 
plus  qu'il  ne  pourrait  en  sn^péi^ter;  éV^ât^lÊiéÊt 
d'ailleurs  qu'il  briserait  penf-etiré  hi  ^éHtmêlê 
son  escla'^e.  An  jalomt ,  H  faut  vth  '  é9Ûk/¥é^  %k 
jaloux  peut  être  amant,  nbfaî»  raiiicHit>  ti'^lf^tfli 
sentiment  de  hixe  péùr  la  jàloiisSe;Ki  jUfelrfftM 
avant  tout  propriétaire.  11  rendit  les  IctttW'  *l 
conjura  Marianne  de  se  calmer.  Ses  yeux  troH»^ 
blés  n'avaient  rien  vu  de  l'écriture,  ou  phitdf  II 
y  avait  vu  toutes  les  écritures  des  gens  suspeéii 
de  faire  la  cour  à  sa  femme.  Restitution  faite-,  H 
leur  fut  impossible  de  se  dire  un  mot  de  pki5,  été 
se  regarder,  de  chercher  à  se  rapatrier.  Chafi^léi 
sortit  un  instant  pour  se  remettre,  pour  se  tùvb^ 
sulter,  pour  savoir  comment  il  reviendrait  à*  ht 
charge  sur  l'explication  interrompue.  Tout  var 
cillait  devant  ses  yeux;  il  se  croyait  devant  un 
autre  avenir  j  et,  comme  lorsque  la  générosité 


l6o  HRMOinif  mSTOlUQllK 

devient  une  nécessité  on  8*en  iâit  nn 

il  te  promettait  d*âtre  généreaz.  11  no  devait  paa 

en  avoir  Toccaiion. 

Quand  il  revint,  sa  femme  était  diqiaroe«  ai  des 
débris   de   papier   consumé   voltigeaienl 
Titre.  11  essaya  de  lire  ces  fragmena 
de  surprendre  a  leurs  cendres  des 
nouis  au  vol  de  la  flamme  ;  et,  s*inl 
les  amans  qu  avait  pu  se  donner  fuifidèkt  il 
résolut  de  courir  ches  ceux  qui  Ini 
devoir  mériter  la  préférence;  tout  cnla 
jet  bien  arrêté,  quoique  le  doute  et 
dussent  lui  faire  enfanter  des  projeta  ridioska.  Du 
deceuxqu*il  fui  pliitd*accuser  i 
ce  prétexte  qu'en  revoyant  le  monde» 
avait  effectivement  repris  un  peu  de 
sa  toilette ,  et  que  cette  circonstance 
des  visites  ches  le  prétendu  sédncteari 
diaonsHious,  dégoûta  Charles  d'aller  plaalBm«ei 
do  colporter  ses  soupçons,  en  conpoMl  conA  à 
toute  explication  sur  ce  point  délicat.  Il  aa  di^ 
cendit  paa  a  se  défendre  :  la  négalâoa  B'eil 
rien  prouvé  ;  l'affirmation  n'aurait   élé  ^^^ 
ignominie.  Même  en  supposant  que  le  fait  fiftwib 
il  y  a  de  ces  choses  qu*ua  lâche  seul  avoM 
qu'un  mari  a  des  certitudes,  c'est4  loi  do 
der;  seulement,  l'homme  qui  refusait  de  a'i 
sur  laselette,  blâma  cette  révélation  imi 


TIRÉS   DES    ARCRIVRS.  ^    l6l 

ce  colportage  indécent  des  plus  petUcs  oistillffs 
du  ménage,  comme  très  capable,  tafnt  de  la  pa^t 
de  Charles  que  de  la  part  de  Marianne v^e4és 
aliéner  souverainement  l'un  a  l'autre;  c^étâît  se 
rendre  la  fable  des  sots.  Au  suicide  que  Gkàrlés 
pressentait  avec  trop  de  raison ,  îL  oppom- con- 
stamment son  incrédulité;  car  ces  sortes  dé  dé- 
bals,  suivant  lui,  n'en  valaient  pBÈ  la  peiii^.  ^11 
faut  d'autres  sévices  et  déplus- violents,  ^cHuéi^il. 

Le  ton  de  cette  entrevue,  ûtr  et  àétibété  j 
mit  noire  Charles,  phté  «tord,  éh  vei*^'^e^'teh- 
tenir  que  l'homme  qui  s'élatt  pêrMis'dè'lQr^'één- 
seillerle  silence  detait  étrerauteurde  Mn^i^fBi^' 
tune.  On  verra  pourquoi.  Cette  infoiitiinélik*4$l«(it 
pourtant  que  la  suite  tl*op  naturelle  d'iifyiWéiriagc 
posé  à  faux  depuis  son  oii^ne.?  ^    -'  au^ut 

Marianne  alors  courait  de  son  côté.  Une  seule 
amie  lui  restait  de  toutes  celles  que  sa  réclu- 
sion dans  le  ménage  lui  avait  fait  perdre  suc- 
cessivement. Elle  s'y  rendit,  et  tout  porte  à 
croire  que  ce  fut  a  dessein  de  la  prendre  pour 
conseil  ou  pour  intermédiaire  dans  cette  crise. 
L'aniitio  la  plus  franclic  a  ses  momens  d'éclipsé. 
Occupée  pour  ce  moment  d'unt)  étrangère  ar- 
rivée depuis  la  veille,  l'amie  ne  lut  pas  et  ne 
put  pas  lire  le  mot  de  l'énigine  ({u'clie  avait 
sous  les  yeux  dans  le  désordre  de  sa  folle  amie; 
l'évidence  lui  échappa  ,  elle  eut  échappé  h  d'au- 

[V.  11 


iGa  MKMOiurs  historiques 

trrs.  Le  spcclac  lo  du  la  joie  glaco  les  tmmn 
affligés;  iU  voudraient  Irouverdea  âniM  ftitm  h 
les  cnlendrc;  el  leur  préoccupalion  les  rc«d 
injustes  contre  les  autres  préoccupalîona.  Ma- 
rianne se  retira  sans  dire  le  premier  mol  de  smi 
intention,  et  l'amie,  très  empressée  d*aiil|te  paU, 
cournt  k  «es  visites.  La  vie  de  L|  melheanH^ 
tenait  peuMtre  a  ce  fil  I...  Si  Mariamae  «railip 
quelque  amant,  la  terreur  Tattrait  décjitét  à  Ip 
demander  un  refuge.  L'eflroi  mène  ans 
tiens  fortes;  la  peur  enfante  ploa  d'aclea 
ques  que  le  vrai  courage.  Elle  aurait  qpill^  MP 
mari;  elle  ne  se  serait  pas  noyéet  caf 
alors  jusqu'au  dernier  refuge. 

Elle  erra  jusqu'au  soir  dans  les  ruas; 
inant  de  résolution,  elle  alla  consulter 
d'esprit  et  d'une  trempe  courageosot  nr  oo  ^"3 
iallait  hasarder  en  cette  circonstaaoo. 
Marianne  spéculait-elle  sur  une  boepilailé 
toutefois  elle  ne  demanda  pas.  Or,  loa 
s'étaient  croisées  dans  le  jour,  et  celte 
savait   tout.    Paris    fourmille    de    iion?i 
prompts  a  faire  circuler  les  événeraens.  Aansli 
parcours  des  conjectures,  on  avait  deviné  jwqu'SB 
secret   des   lettres.  «  Vn  mari  n'est  dsn|^tsf 
que  de  loin,  lui  dit  la  commôre  ;  le  vôtre  est  dé^ 
désarmé,  prétù  toutes  les  capitulations;  depl0 
liera  se  sont  soumis  ;i  pis  que  ce  qui  voua 


TUUSS  DES   ÂBCniVES;  |Q5 

Osez  donc  !  frappe:&ui|  dernier  cpup»  re89ai3i88ez 
vptrç  pouvoir  sur  Tpiis-mêm^!  jd^ez  lui»  ^pj^s 
êtes  che^  vous;  D'a|>an4onne:(  pas  vo^x*^  maispii , 
on  vous  blâmerait  de  prolonger  cette  nbs^nce 
qui  prêterait  a  des  interpréta^ons  stupid^s.  (ips 
vétilles  d'avant  le  mariage  ne  comptent  pas,  qt 
vous  êtes  forte  de  votre  innocence.  Après  jun  tfl 
éclat,  vous  devenez  libre  de  vou?  |*econquj$rir«  U 
vous  a  donné  sur  lui  quitte  e^t  quatoirzjs  ;  pr^PAZ 
le  point.  L'exaspération  çk^^  le^  hQm^lj^^  ti^ 
de  près  a  l^ur  spwaissiqp  ^Qlup.  Lorsque  pops 
sommes  deippi^eUe?»  Us,  w  mftptrent  4ptti^  «t 
patelins ,  \  prompjbs  k  s'^Ji^japifr  4't9^  jp^price,  h 
ramper  devant  nos  moindres  rigueurs.  Ou  ne 
doit  pas  cesser  de  s'appart^ir  en  letSir  jurant 
fidélité.  Notre  caprice  est  un  frein  qu'ils  savent 
subir,  d'autant  que  de  leur  part  nous  en  subis- 
sons bien  d'autres.  Prenons  quelquefois  conseil 
de  ce  souvenir  pour  nous  croer  dans  le  ménage 
une  sorte  d'indépendance.  » 

Avec  ces  conseils  et  d'autres ,  la  damo  ramena 
Marianne  sur  le  chemin  de  son  logis  ;  la  croyant 
persuadée  ,  lui  disant  de  revenir  pour  aviser  sur 
le  reste  ,  lui  promettant  de  tenir  cette  entrevue 
secrète,  car  il  le  fallait;  et  toutes  deux  se  quit- 
tèrent. 

Marianne,  copcndanl ,  ne  rentra  pas  de  la 
nuit  ! 


1<I|  MlMOinrS    niSTORIQt'FS 

Le  lendemain  ,  redoiihlement  de  Iranws, 
meur  nouvelle ,  déchaînement  de  lo 
conjectures  sans  nombre;  puis  les 
obligés  !  et  If  s  gens  qui  saTcnt  bien  des 
mais  qui  ne  les  diront  pas;  et  ceus  qui  me 
rien  du  tout ,  mnis  qui  ne  sont  pas  en  peine dV 
maginer  cent  vanteries,  cent  contes  phit  wli  les 
uns  rpie  les  autres.  En  s*y  prenant  k  pMpv  et 
de  la  veille ,  avec  le  génie  que  Ton 
le  compte  du  prochain  quand  il  n'est  pl«B 
on  préviendrait  toutes  les  catastro|dies. 
reusement ,  la  présence  d'esprit 
les  jaseurs.  Une  version  curieuse  griiuy  It  jèm 
grand  nombre  des  crédulités  contre 
servait  de  but  principal  aux  soupe 
et  vers  lequel  notre  jaloux  dirige 
ment  rartilleric  de  ses  reproches, 
pas  s'en  adres.«cr  h  Ini-m^me.  Soi 
sion  «  les  lettres  brûlées  étaient  de  I 
qui  n'avait  pas  voulu  se  justifier  la 
avait  tranché  du  Kobespierre  vis-è-^de 
en  le  malmenant  sur  un  ton  de 
ne  prouvait  le  contraire,  et  ^oilh 
faiseurs  d*historiettes  procèdent 
d'instructions.  Mais  narrons  lliistorielta.  Il 
srduil  .Mariaiiiio,  disailon,  pour  exciter  Iss  d^ 
pits  rt  rrvrillrr  le  caprice  d'une  infidèle;  pM. 
au   prix  du  sarrilirc*  de  Marianne,  TÎclÎMde 


TIRES    D£^   ARCHIVES.  lêS, 

ce  manège,  il  s'élait  réintégré  dans  ses  pro* 
micres  amours;  d'où  le  désespoir  de  Marianne, 
inexplicable  sans  cela,  disait-^on.  Ceux  qui  .en* 
durent  les  avanies  n'imaginent  pas  qu'on  se  tue 
pour  un  soufflet  donné  par  un  mari.  Deux  jours 
pleins  furent  consommés  par  les  faiseurs  d'his- 
toires h  deviner  et  à  mettre  en  ordre  les  diverses 
tactiques  de  cette  scélératesse;  et,  l'imagination, 
de  ceux-ci  venant  en  aide  a  l'imagination  de. 
ceux-là ,  l'on  en  fit  décidément  de  l'authentique. 
Le  suicide  pur  et  simple ,  par  fierté  ,  par  réso- 
lution prise  de  ne  pas  rentrer  dans  un  cercle  de 
tortures  morales,  et  de  ne  plus  se  confier  a  sa 
propre  faiblesse  du  soin  de  dompter  un  jaloux 
dont  la  pauvre  enfant  s'exagérait  les  violences  ; 
tout  cela  n'aurait  pas  rempli  les  conditions  dra- 
matiques dont  on  a  besoin  dans  le  vulgaire.  Enfin, 
malgré  Tincrédulité  de   celui  que  Ton  accusait 
alin   d'avoir  le   plaisir  d'accuser  quelqu'un  ,  le 
corps  de  Marianne  fut  retrouve  sur  les  grèves  de 
rile  des  Cygnes.  D'après  l'état  du  cadavre  ,  elle 
avait  dii  se  tuer  le  soir  mùme  de  sa  disparition 
du  iogis  conjugal.  Par  combien  de   rêves  cette 
pauvre  enfant  avait  dû  passer  !  Quelle  fierté  s'é- 
tait  donc  ranimée  tout  à    coup  chez  elle  après 
avoir  ployé  si  loi)g-leinj)s  ^  Un  amour  sans  épan- 
chenicnl  avait-il  coulrihué  a  (  cl  acte  de  délire  ! 
(}y{\  sait!  Les  gens  (|ui  chérissent  les  malheuieux 


l66  MÉMOIRES  wtroBiQm 

après  leur  mort ,  parce  que  c^est  une 
pathétique  de  faire  preuve  de  sensibililé» 
des  déclamations  sur  tout  cela.  Dans  Tr 
des  clameurs,   Charles,  intéressé,  c< 
pense,  à  se  défendre  contre  ses  propres 
accepta  ou  parut  accepter  le  change.  Il  se  rfe- 
pandit  en  menacer  contre  ce  roué ,  ce  séAi^ 
leur,  ce  Robespierre  moral,  doué  de  lapaissasce 
de  conduire  les  femmes  à  se  tuer  lorsqne  km 
maris  les  brutalisaient.  Les  curieux  se  firoltaieat 
les  mains,  et  attendaient  un  nouveaa  drame.  H 
faut  des  combats  de  taureaux  a  la  canaille.  Ce 
fut  sur  ces  entrefaites  que  la  dame  a  laquelle  Ma- 
rianne s'était  confiée  en  se  trouvant 
et  sans  recours  sur  le  pavé ,  vint   me 
la  circonstance  de  cette  entrevue  ignoi 
et  une  antre  circonstance ,  plus  décnhc  «  qui 
disculpait  de  toute  participation  dii 
directe,  de  tonte   influence   dans  ce 
rhommc  dont  il  semblait  que  dès  ce 
jours   fussent  menacés.  La  rouerie 
de  la  régence  était  nne  fable,  une  ineptie, 
rcve,  et  cela,  par  pliiMcnrs  misons  dont  je 
tai  le  seul  d(:posltaire,  et  qn*il  ne  m'appai licsH 
p;is  i\v  dire;  j*<'ii  eus  les  prriivr^,  rela  mr  sufll. 
<^*ti:iri«l  j*  (  iMis  ficxoir  a\crtir  crt  homme  de  se 
triiir  sur  m:s  ^anlcN,  pour  qu'il  nu  devînt  pv 
\ictimc  d'un<j  inculte  ou  d'un  guet  apcns,  il  m*sH 


8Ura  qu'il  ne  craignait  ni  Tun  hiTtatrë,  et  ^*Û  Ée 
reposait  sur  la  conscience  des  fautetim  téi4*^ 
tablëà  de  cette  sinistre  àvenittM  t>dur  déIrMir 
en  paix  sur  ses  deux  oreilles.  Si  l'on  ftvèHétt 
des  crédulités  qvà  nous  disculpent,  il  li'eét  ^kê 
donné  d'aller  plus  loin.  Les  reyéëhtittienS  fildicës 
sont  sans  conséquence.    En  efféft,   là  fab'^e  ê^ 
propagea ,  mais  les  menaces  tèibbèrerit  ^  et  c'^t 
un  exemple  entre  mille  dé  rinsoiiciance  ^itti' 
homme  de  séné  doit  èjppo^er  à  dëë  àbsMAlitéS? 
Tôt  ou  tard,  elleèse  réfutent  tbuték  âeulès.  AHëlr 
au-devant  des  criailleries,  c'est  teceTdir  la  161  déâr 
esprits  subalternes.  Mais,  d'après  cette  fidèle iftfà^ 
lyse  des  tortures  d'Un  malheareal  couple  ^Véciit 
de  divorce  et  divorça  par  un  suicidé,  qdé^bàiét 
dès  jugeurs  qui  s'agenouillent  surune  tombé  peut 
graver  sur  l'épitaphe ,  avec  de  fausses  larmes , 
une  injure  contre  la  morte,  une  calomnie  contre 
les  vivans!...  L'opinion  est  trop  fractionnée  par 
risolement  des  mœurs,  trop  ignorante,  pour  avoir 
dans   nos    consciences  l'autorité  d'un  tribunal 
équitable.  Entre  la  version  qui  purifie  et  la  ver- 
sion qui  injurie,  Topinion  prendra  plus  commu- 
nément la  plus  accusatrice,  a  la  manière  des  pro- 
cureurs du  roi  et  des    magistrats.  On  ne  doit, 
d'aprcs  elle,  traîner  qui  que  ce  soit  sur  la  claie. 
Ajoutez  a  cela  que  tous  les  suicides  ne  sont 


i68  >iKiiumik5  iiuiOKi^îUks 

pas  pour  cire  cuiiiiusi  et  que  la  préMoiplîiMi  le 
dâmonire. 

U  suffit,  en  eilety  de  citer  cet  arquebmicr  ém 
quartier  du  Uoulc  qa'un  dcrangeiDeol  cians  ict 
affaires  conduisit  à  se  brûler  la  cenreUe.  U  élait 
nuit;  la  détonation  de  TarmCi  assourdie  par  d'^ 
paisses  muraillcsi  ne  fut  entendue  de  personne; 
nuis  la  bourre  du  pistolet,  aprcsavoir  tnTCisch 
cervelle  ,  alla  s'égarer  dans  les  tentures  de  Fal- 
cove  qui  prirent  feu.  Le  quartier  doraiîL  Far 
hasard  un  voiturier,  qui  conduisait  nn  tes- 
bercau ,  donna  l'alerte  ;  un  cri  mil  teel  k 
monde  sur  pied.  Sans  la  rapidité  des 
qui  furent  d*autajit  plus  actifs  que  le 
savait  que  cet  arquebusier  possédait  chcs  lai 
des  tonneaux  de  poudre ,  on  aurait  pu  le  cnîfe 
\ictime  involontaire  de  Texplosion  .cfirejable 
qui  serait  venue  couronner  ce  drame  i 
il  avait  mis  des  faux  en  circulation,  par  le 
d*un  tiers,  comptant  y  parer  avec  des 
qui  lireut  défaut ,  et  se  trouvait  à  la  ¥cille 
réchéance.  Le  salut  du  quartier  ruinai 
on  s*aballit  surriiéritagc. 

M*a-t-on   pas   retrouve  dans   les  liaigBeî 
Vigier  d(;s   personnes  au   fond  de  l'eau? 
les  lettres  reliisces  et  restées  dans  les  burms 
de  l.i  [luslc,  une  délits,  deux  ans  apri*s,  es* 


TIRÉS    DES    ARCHIVES.  1^ 

pliqua  le  secret  d'une  mort  de  ce  genre,  aitrUbuée 
par  les  amis  et  la  famille  du  défuatau  sommeil  ou 
a  la  défaillance,  car  on  ne  lui  connaissait  aucune 
raison  pour  se  tuer;  ce  que  sa  lettre  ne  démeip^t 
que  trop  amèrement.  La  famille  fîit  déslumqrée 
par  la  publicité  qui  mit  la  raison  de  cçtte  iiçi^i^t 
en  évidence.  Rien  n'est  donc  plus  hasardeux  que 
de  conclure;  et,  s'il  faut  aller  jusqu'au  bout, 
plus  d'un  assassinat  fut  si  bien  déguisé  par  les 
assassins  que  l'on  aurait  tort  de  décider  contre 
le  nombre  de  cas  oîi  ce  déguisement  aursiit  eu 
lieu  avec  plus  d'habileté.  La  mort  ne  dit  pas  touf 
ses  secre 

Un  médecin  vint  me  consulter  un  jour  sur 
une  mort,  dont  je  lui  conseillai  (ce  qu'il  fit)  de 
laisser  les  causes  dans  l'ombre  ,  quoiqu'il  jugeât 

nécessaire  de  soumellre  la  question  qu'une  mort 
pareille  soulevé  trop  souvent  a  l'examen  des 
hommes  de  cœur  et  de  tête.  Il  s'en  accusait,  et 
je  laisse  aux  consciences  délicates  à  déterminer 
si  cet  homme  était  réellement  coupable.  Ses  scru- 
pules m'occupèrent  et  m'en  donnèrent. 

Un  soir,  à  Belleville ,  où  il  demeurait,  en 
rentrant  par  une  petil(î  ruelle  au  fond  de  la- 
quelle élall  sa  porUî ,  il  l'ut  arrêté  dans  l'ombre 
par  une  lenime  enveloppée  dont  il  ne  vit  pas  la 
ligure,  et  (jui  le  supplia  d'une  voix  tremblante  de 


*"îMiT    JifûnuiL  ài  mxniAK.  les  geoi 
as  sia  b  Ti^imiAtisnac  po».  La 
f*!!  tnmoé  b  :-jfLfai&:re  «c  Tcidnie 

Ma  BurL  7*  ^f  T^&f  ?•»  na  cute.  JeiB 


împkie,  el  celi  c::ac  m'A 

me  icriez  pu  I«  coaplke  tma 

■■  cniiBt.  qvaiqne  a 

cmn  aa  monde.  Vo«s  rojtz  ^*1  <^>V^  '^ 

aTortcflHoL  Je  ne  m'ibâiiierii  pai  j>*fi'^  ^ 

pricre,  jnsqua  déguûer  ce  qui  im  HaUili 

pins  abominable  des  crimes.  J*aî  cééé 

à  des  supplications  ea  i:i(*présealanti 

je  saurai  mourir.  J'appelle  Li  mort,  et  ponr  odh 

je  n'ai  besoin  de  personne.  On  fait  «^mMf  i  df 

se  plaire  à  arroser  un  jar  Jîii  ;  on  met  ponr  cth 

des  salioU  ;  on  choi>it  un  enJroit  srlissant  oûFtf 

V.1  puiser  tou>i  I>  juin  ^.  on  s*arr:Mi;:e  ponr  clîsparv- 

Ire  dan:>  le  Ija>.  \\i  de  la  <uurL-e  :  cl  les  ccnsdiMt 


que  c'est  un  malheur.  J'ai  toni  pr|vil|  môftsieiir;i 
Je  voudrais  que  ce  fut  demain,  j'irais  de  tout  iabn< 
cœur.  Tout  est  prépare  pour  qu'il  en  soit  ainsi. 
On  m'a  dit -de  vous  le  dire,  je  vous  le  dis.  C'est 
à  vous  de  décider  s'il  y  aura  deux  meurtreB  ou 
s'il  n'y  en  aura  qu'uri.  Puisque  l'dn  a  obtenu  de 
ma  lâcheté  le  sei'ment  que  }é  niëSdtdllettrA  sSiiS' 
réserve   a  ce  que  vous  décideriez,  pronotibto! 

<c  Cette  alternative,  Continua  le  docteur,, 
m'effraya.  La  voix  de  cette  femme  avait  un  tim- 
brc  pur  et  harmonieux  ;  sa  main,  que  je  tenait 
dans  la  mienne ,  était  fine  et  délicate.  Son 
désespoir  franc  et  résolu  dénotait  |une  âme 
distinguée.  Mais  il  s'agissait  d'un  point  sur  le- 
quel en  effet  je  me  sentais  frémir^  quoique 
dans  mille  cas,  dans  les  accouchemens  diffi- 
ciles, par  exemple,  quand  la  question  chirurgi- 
cale se  complique  entre  le  salut  de  la  mère  et 
celui  de  renfant,  la  politique  ou  rhumauilc 
tranchent  sans  scrupule  à  leur  gré  sur  ces  graves 
questions. 

«  —  Fuyez  a  l'étranger,  lui  dis-je. 

<^  —  Impossible  ,  me  dit-elle  d'un  ton  bref;  il 

n'y  {.ait  pas  soiigcr. 

«  —  Prenez  des  précautions  habiles. 

t<  —  Je  n'en  puis  prendre  j  je  dors  dans  la 


173  MÉMOIHBS   BlâTOHHfUtf 

même  aicove  que  la  femme  dont  j*aî  Inkî  Ta- 
mitié. 

«  —  Vous  êtes  sa  pareate  ? 

ff  —  Je  ne  dois  plus  tous  répondre. 

<r  J'aurais  donné  le  plus  pur  de  mon 
pour  éviter  a  cette  femme  le  suidde  ou  le 
ou  pour  qu'elle  pûl  sortir  de  ce  conflit  aao 
besoin  de  moi.  Je  m'accusais  de  barbarie  en  re- 
culant devant  la  complicité  d*un  menrtie.  La 
lutte  fut  affreuse.  Puis  un  démon  ma  mÊggin 
qu'on  ne  se  tuait  pas  pour  vouloir  mourir}  qp'ca 
ôtant  aux  gens  compromis  la  puiaaanca  de  hitt 
le  mal ,  on  les  forrait  à  se  résigner  a  itmn  fmla^ 
Je  devinais  du  luxe  dans  les  brodcrias  fai  se 
jouaient  sous  ses  doigts,  et  les  ressourças  ^'1 
la  lortune  dans  la  diction  éléganta  de 
cours.  On  croît  devoir  moins  de  pitié  aai 
ma  conscience  se  révoltait  contre  rUèt 
séduction  récompensée  au  poids  de  Tari 
qu'on  n'eût  pas  touché  ce  chapitra ,  ca 
une  délicateue  de  plus  et  la  preava  quV 
mait  mon  vrai  caractère.  Je  refusai  ;  maii  k  la* 
fus  une  fuis  parti ,  j'aurais  voulu  poaaair  b  t^ 
prendre.  La  femme  s'éloigna  rapidemasL  LW 
rertitude   s'emp.ira  de    moi    et  me  ratini  m 
balance.  Le  bruit  d*uii  cabriolet  m'apprit  f» 
je  ne  pouvais  réparer  ce  que  je  venais  de  Cv^- 

^  Quinze  jours»  aphr>.  Ic^  papier^  pubLos^iP' 


J 


TfR^   DES    ARCniYCS.  I73 

portaient  la  solution  de  cet  effroyaUe  doute.  La 
jeune  nièce  d'un  banquier  de  Paris,  âgée  tout 
au  plus  de  dix-huit  ans ,  pupilk  chérie  de  sa 
tante,  qui  ne  la  perdait  pas  de  vue  depuis  la  mort 
de  sa  mère ,  s'était  laissée  glisser  dans  une  source 
de  la  propriété  de  ses  tuteurs ,  k  Viliémomble. 
Ses  tuteurs  furent  inconsolables^  la  qualité 
d'oncle  excusa  sans  doute  les  larmes  amères  de 
son  séducteur.  Mais ,  moi  ^  j'avais  tué  la  mère 
en  voulant  éparger  l'enfant.  » 

Faute  de  mieux ,  on  le  irofit ,  le  suicide  est  le 
recours  suprême  contre  les  maux  de  la  vie 
privée. 

Citerai-je  maintenant  le  trait  de  cet^nfiint , 
enfermé  ,  par  la  colère  de  son  père ,  dans  un 
grenier ,  et  qui  se  laissa  bhoir  d'un  cincfuième 
au  milieu  de  ses  proches ,  dans  un  accès  de  co- 
lère frénétique  ?  Citerai-je  encore  ces  malheu- 
reux qui,  chaque  année,  s'asphyxient  avec  leurs 
enfans  pour  échapper  aux  avanies  de  la  misère  ? 
Je  quille  ce  chapitre  attristant  où  le  mal  qui 
ronge  toutes  les  classes  de  la  société  se  met  Irop 
énergiquement  en  relief.  Il  faut  avoir  raison  avec 
sobriété. 

Parmi  les  causes  des  suicides ,  j'ai  compté 
fort  souvent  les  deslitutions  de  places,  les  refus 
de  Iraviiux  ,  Vabnissement  subit  des  salaires,  par 
suilc  de  (|uai  des  famillçs  se  trouvaicjqt  an-dessous 


i7't  MKifûnun  nfroaiQUES 

tics  nécessités  de  leur  enlretiev^  d\ 
plupart  vivent  au  jow  le  îoor ,  et  qti*eB 
peu  de  gens  sont  au  niveau  de  leur  vev< 

A  l'époque  oii ,  dans  la  maison  do  im  ,  Tesi 
réforma  les  gardes  de  la  prévôté  de  rUôlel,  tm 
brave  homme  fut  supprimé,  comme  toalk: 
et  sans  plus  de  cérémonies.  Les  gon^i 
représentatifs  n*y  regardent  pas  de  m  piia; 
taille  en  grand  daifs  les  économies ,  tank 
les  événemens  de  détail.  Son  ig»  al 
protection  ne  lui  permirent  pas  de 
dans  le  militaire  ;  Tinduslrie  élail 
ignorance.  11  essaya  d'entrer  dana  Pat 
tion  civile  ;  les  prétendans,  nomheen  tk 
ailleurs ,  lui  fermèrent  cette  voie.  U  pràti 
grin  noir  et  se  suicida.  On  tronva 
lettre  et  des  renseignemens.  Sa 
pauvre  couturière  ;  ses  deux  filles,  & 
à  dia-huitans,  travaiUaicntavecelle.Ti 
«  que ,  ne  pouvant  plus  être  utile  à 
et  qu'obligé  de  vivre  à  la  charge  de  i 
de  ses  enfans,  vivant  à  peine  du  Irisai!  de 
mains,  il  avait  cru  devoir  s'oter  la 
suulai^er  de  ce  surcroît  de  fardeau  ;  qull 
mandait  ses  enfans  û  madame  la  duchesK  d'As* 
goiilrme  ;  qu'il  espérait  do  la  bonté  de  esM 
princesse  qu'on  aurait  pitié  de  tant  de  miaèia  • 
Jt:  lis  un  rapport  à  M.  le  préfet  de  police  Angk 


TIRÉS   DES   AACmTBS.  1^5 

On  remit  une  note  au  vicomte  de  Montmorency, 
chevalier  crhonneur  de  Son  Altesse  Royale; 
Madame  donna  des  ordres  pouffqtduiye  sottime 
de  600  francs  fut  remise  à  la  famille  4umalfa6a- 
reux  Tarnau.  M.  Basticn  Beaupré,  commisiarâre 
de  police  du  quartier,  fut  chargé  de  la  remise  de 
ce  bienfait. 

Triste  ressource  sans  doute ,  afprèf  iiae  aem- 
blable  perte  ;  maisxomment  exiger  que  la  fiuniUe 
royale  se  charge  de  tous  les  malheureux^  lifirsqae 
tout  compte  fait,  la  France,  telle  quMlèesf ,  De 
pourrait  les  nourrir.  La  charité  des^  riches  B^y 
fiuffirak  pas,  quand  même  toute  notre  ^tîon  se- 
r  ait  religieuse ,  ce  qui  est  loin  d'êtce,  Le  suicide 
lève  le  plus  fort  delà  difficulté;  réehafaufl,]e  testé. 
C'est  à  la  refonte  de  notre  système  géo^i'al  d'a- 
griculture et  d'industrie  qu'il  faut  demander  des 
revenus  et  des  richesses.  On  peut  facilement 
proclamer,  sur  le  parchemin,  des  constitution^ , 
le  droit  de  chaque  citoyen  h  l'éducation,  au  tra- 
vail,  et  surtout  au  minimum  de  subsistances. 
I\Iais  ce  n'est  pas  tout  que  d'écrire  ces  souha^s 
gi'nt'reux  sur  le  papier,  il  reste  à  féconder  ces 
vues  libérales  sur  notre  sol  par  des  institutions 
matérielles  et  intolligcntos.  La  discipline  païenne 
a  jclé  Jes  créations  maii^niliqucs  sur  la  terre;  la 
liberté  moderne,  cette  Hl!e  du  Christ,  sera-t-elle 
au-dessous  de  sa  rivale?  (^ui  donc  viendra  souder 


17^  MRMOIRKS   niSTOItlV»U»  S 

ensemble  ces  deux  magnifiques  élémens  de 
sance?... 

Pour  parvenir  à  des  données  certaines  su  k 
suicide ,  j*a\ais  formé  le  cadre  d'un  grand  tra- 
vail. 

Je  faisais  d'abord  un  extrait  analytique  ft 
raisonné  des  proccs-vcrbaux  des  suicides;  en- 
suite ou  plaçait  sur  des  tableaux  divisés  ca  ph- 
sieurs  colonnes  toutes  les  particularités 
ristiques  :  1  *  la  date  de  l'événemeni  ;  9K  le 
de  rindividu  ;  S*»  son  sexe  ;  4"  son  étal  aa 
fession  ;  5°  s'il  était  marié  ,  avec  oo 
Gp  son  genre  de  mort,  on  les  moyens  daot  il  s*^ 
tait  servi  pour  se  suicider  ;  dans  la 
lonne,  je  consignais  les  diversea 
qu'on  pouvait  tirer  du  détail  des  aoi 

Je  me  borne  aux  trois  années  IttB^llil  cl 
182& ,  et  à  la  circonscription  de  Paris.  J*i 
que  ces  années  suffisaient  pour  offiîr 
de  comparaison  sur  le  nombre  et  les 
nos  des  suicides  ;  j'y  joindrai  le  résaoïé  da 
qui  ont  eu  lieu  depuis  1817  jusqu'à  18M. 


T1RFS    DKS    ARCHIVIR.  ,  tjj 


ntulaiion  du  nomltre  dei  perte 
dam  Parii  tt  la  hanUene^  pe 


Dorobro  des  personnes  suicidées  (  i**  semestre.^    '^îâ.e  t 
pendant  cette  année.  ....  .  i t  «*  *i^fe«^c.-    itg)       ^^' 

(\iTans 8i  1 
morts.   ..;;•...;.;.:;;.  •  ."^'^^ j  tvin 

Î masculin  .  '. aii  1 
féminin    ...............  V^j'r'TilL,,    ,„ 

r  célibataires.  .,,,'. '^7) 

( mariés  ...:......  1  '.'..'.'  .  .'*.  ">wp)    ,h^.,. 

^'^.'  !».in  i 

/chutes  graves  volouiaircs.  ..,...,•     ^Sq 
.  i Strangulation •  •  •if,*.,   j  3i 


T. 


^Jlnstramens  yancham.  Biqua^!^;?^^ 


/Armes  &  feu  . %  «  •  .     .io*)^^'  *^ 

Empoisonnemcns .riXl  .t«ou 

.     t.     .^  fpar  lecnarbçn.,*  ...... 

Passions  amoureuses ^^'^St*  ^-^  •    >^^o\ 

Maladies,  dégoût  de  la  fie,  faiblesse  et  \ 
alicoalion  d'esprit,  querelles  et  cha- ^  107 
grius  domestiques j 

Mauvaise  conduite,  jeu,  loterie,  débau- 
che, ivrognerie 

Mi^(  re,  indigence,  perles  de  places,  d'em- 


y. «au va ise  conduite,  jeu,  loterie,  débau-1        \  x. 

cne  ,  ivrognerie )  ^  1 

HT  t'y  indigence,  perles  de  places,  d'em-  )  * 

plois,  dérangement  d'affaires ) 

Craintes  de  reproches ,  de  punition.    .  .  i5 

Motifs  iuconnus ^  g5 

1   (le  moins  qae  pendant  l'annôç  pr«^cétlcnte  (1819). 


IV 


1-J 


nuis  DES   ARGfilVES.  I79 

TMf<ht  cùmparatifdu  nombre  déi  persànkes  qui  te  sont  tuici- 

dée$  pendani  Ut  anmiti 

1820  et  1821 


1*^  semestre.  ...  166 
2*   semestre.  .  .  .  iSg 


»<? 

T^l.  ...  325;  \iMk  .  .  .  34e 

DiffcrencQ  eq  (^lusdç  ifinçt-lr$is  ^  fendait  )7Année  i.S^f.  . 


M^iemi^stra.  .  .  .  18B 
2*  sempslre.  .  .  •  160 


•5. 


Eiat  du  nombre  de^  tndividuf  qui  se  fofU  suiei^s  à  Parié 
#1  dans  la  banlieue  pendant  Vannée  182^. 

L«  nombre  en  •  été {f^ÏÏÏÏIÎ*  ÎS}^*'*'? ..Mft-l24U) 

^■-{^'::::::::::::.:  '^1 •••••»'* 

»••««  {«rS!ï.::::::::::  m] •••• "* 

^     ,  f  céUbatâires. 207)  -7. 

ï^^"^-    ■•{  marié. IG^i  ! ^^* 

^  Chutes  graves  volonUires 47 

Strangolation 38 


1 1nslrumens  tranchans  ,  piquans  ,  etc AO  f 

:'!ri!.   <Aca.e.àfea Û2  >  971 

EmpoUonneniens 28 

Asphyxié.  I  P*'  If  charbon.. 6i 

n^pujAiw  ^  p^^  j.^^^^  ^j^  ^,y  jetant 115 

/  Pikttions  araoaretue»,  qoerclles  et  chagrins  domestiques.  71  ' 
-   Maladies,    dégoût  de   la    vie,    faiblesse  oa  «diénalion 

d'esprit 428 

..     ..         I  Mauvaise  condaite  ,  ieu  ,  loterie,  crainte  de  reproches  l    »«. 

^^»'f*---<      oa  de  poniUon.  .  : 53  >   ^^ 

Miiere ,   indigence;  perte  de  places,  d'emplois;  déran- 
gement d'affaires TiO 

\^  Motif»  inconnus CO  ■ 

(1)  DtxHfuf  dt  moins  qae  pendant  Tannée  1823. 


ii>o 


MKMOIRFS    niSTOItl^LTS 


Relevé  du  ntHnbre  dei  suicidei  qui  oui  m  iitm 

jusqueê  eî  romprii  18Sb. 


Annén. 


1SI7. . . . 
1S18.... 
ISIf . . . . 

1831.... 

183S. . . . 
ISM. . . . 


L 


Vil  ait. 

MorU 

Vie 

1 

SCM 

Totu. 

6« 

285 

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^1)  Le  nonlire  ikt  Micîdt*  a  <l'  de  &I1  ta 


deU 


Ce  tableau  offre,  corome  oa  voit, 
2,80K  personnes  qui ,  dans  le  dé| 
Seine, ont  attente  a  leurs  jours,  ou  •€ 
la  mort  par  dUTcreiis  luotifs.  On  y 
que  le  nombre  des  femmes  est  JieaacMpîi 
a  celui  des  hommes ,  soit  qu'elles  8MbiI  plas  et 
courage  pour  soutenir  les  peines  do  la  w»  pki 
de  rcsignation ,  des  sentiment  pins  wJBgitn 
qui  les  soutiennent  dans  ces  ummens  Icfli* 
hlfs  ('2)  ;  soit  entiii ,  ce  (|ui  parait  ploa  prokabk» 


ë^Jtf^TwfV  iPWi  i^ 


TIRES    DES    AKCHIVfeS. 


:t''h    \r 


que  le  chagrin  leur  ôlc  lui-même ,  en  les  tuant, 
la  faculté  d'en  prendre  la  résolitlion.        '  '"  '^ 


MORGBE. 


1 


J'ai  pensé  qu'on  voudrait  savoir  a  cdmbieri 
s'élève  annuellement  Texposîtlon  des  corps  a  là 
Morgue  y  j'y  joindrai  lé  résultât  du  repêcliagej 
parce  que  ceux  qu'on  retire  dejreau  ne  sont  pas 
•  tous  morts,  et  <jue,  par  cpnséqîieat,  on  ne  doit 
compter  dans  ceux  qu'on  expose  qàe  les  cadan 
vr es  des  premiers.  ' 


)   l'k 


.\t>'t 


f 


Résultai  du  repêchage  des  noyés  pendant  plusieurs  années» 


Années. 


1M1. 

1812. 
1813. 

I8r(. 
isi:». 

IslO. 

1817. 


DU 

SBXE 

masculin. 

féminin. 

239 

00 

280 

01 

160 

5Û 

m 

78 

2jv 

55 

2jj 

71 

9'» 

Sj 

hKrhcu^s 


vivan*^. 


morts. 


...  ;: 


30. S 

m 

220 
2'jj 
2'JJ 
o20 
.117 

2,1U0 


il 
'I 


|8a    MÉMOIRES  HISTORIQUIS  TIRES  DES  AltCHim. 


du  noinbre  de$  tméûffrm  dé^oiéê  à  Im  M 

p/mmn  amméeê. 


1 


imi 

uis 

ms 

«au 

aPIS*  •  •  •  • 

1816 

1B17 


m. 


196 

913 


61 

61 
56. 

76 


TlOWftl 


rifièt*. 


141 
16S 

Ifs 


I 


CHAPITRE  LUL. 


PEPUIS  Ui  GOMTirUAUfTE  ^SQII'aU  10  A|^,r({ 


Rét étalions  sur  ta  policé  révolution naîrc.  —  Lcgîslalion  reTotu- 
tionnairc.  —  Etablissement  des  passeports  et  papiers  dits  de 
sfiretë.  —  Commune  du  lo  août.  —  Sa  fyrâimic.  —  iôurnéc« 
ck  septembre.  *«  Organisatîoti  de  la  poflcc  rét6lutiodilafc'(;.  — 
Commission  administrative  de  ^icc. 


La  police  ne  fat  pas  absolument  litrée ,  AèM 
Paris  )  an  désordre  et  a  Tanarchie,  tùttkwté  ott 
Ta  tant  répété.  Mais  moins  de  deut  an^  s'élaient 


184  >1KMOIRES    lllSTUHKaiLS 

u  peine  écoules ,  que  l'influence  des  événemeni 
y  opéra  de  tristes  et  déplorables  akéraUoos.  La 
police  devint  plus  soupçonneuse,  plus  alrabî- 
lairc,  plus  inquisiloriate  ;  la  surveillance  poli- 
tique l'ut  persécutante.  Le  10  août  aTait  jdé 
l'épouvante  dans  une  partie  de  la  nation ,  d  pi^ 
cluit  une  irritation  révolutionnaire  dans  fanlic. 
Toutes  les  branches  de  l'administralion  s*cn  tm- 
sentirent  ;  la  volonté  dos  dominatenrs  dn  jott 
prit,  comme  dans  toutes  les  réactions,  laphcs 
des  lois  et  de  l'intérêt  général.  La  légitUtisn  et 
cette  époque  eut  une  grande  influence  anr  h  f^ 
lice  t  et  la  modifia. 

Dès  le  commencement  de  1799,  VA 
législative  voulant  s'opposer  aux 
devenaient  fréquentes  et  inspiraient  desi 
adopta  des  mesures  préventives  de  rit 
l'exécution  fut  confiée  et  recommandée 
tontes  de  police. 

La  loi  des  passeports  surtout  occupa 
rites  ;  cette  loi  était  devenue  le  melif  d' 
sition  qui  n'est  pas  encore  disparue.  Elle 
de  nombreux  rhangenions  dans  le 
ripai  î  elle  ticvint  ociicuse  par  TusageonV 
les  hommes  puissatis   pour   retenir 
coups  ceux  qui  sans  cette  entrave  aiinîent 
un  abri  conin*  le  danger.  Jamais  la  pelîi 
tique  ne  fut  |>hi*i  prrMcutriir,  si  pourtant 


TIRÉS   DES   ARCBIVCS.  l85 

excepte  quelques  années  du  gouvernement  de 
Bonaparte.  A  chaque  changement  de  domina- 
tion ,  je  ne  dirai  pas  de  gouvernement ,  cette  fa- 
tale loi  des  passeports ,  avec  les  accessoirai  qui 
s'y  rattachent,  devenait  une  arme  meurtrière 
contre  ceux  qui  avaient  succombé  dans  la  lutte  (4  ) . 
Les  partisans  des  actes  révolutionnaires  troti- 
vaient  ces  mesures  indispensables  à  la  pàk  du 
royaume.  Les  nobles,  les  ecclésiastiques,  di- 
saient-ils, ne  se  bornaient  pas  a  l'émigration 
pure  et  simple ,  ce  qui  n'eût  été  que  Peiercîce 
d'un  droit  naturel  où  l'autorité  n'aurait  eu  ii'ën  à 
voir;  mais  ils  menaçaient  sans  cesse  d'attirëir  sur 
la  France  la  vengeance  étrangère;  ils  se  formaient 
en  compagnies  hostiles  et^  entretenaient  dans 
l'intérieur  des  correspondances  pleines  de  mal- 
veillance et  d'inimitiés.  On  dénonça  donc  cette 
conduite  a  l'Assemblée  Icjjislative  qui  ,  des  le  1"^ 
février  1792,  rendit  un  décret,  sanctionné  le 
28  mars  de  la  même  année ,  sur  les  passeports. 
On  y  lit  :  «  Que  l'Assemblée  prenant  en  considé- 
ration que,  dans  les  circonstances  actuelles,  la  sû- 
reté de  l'empire  exige  la  surveillance  la  plus  ac- 
tive,   et    ^u'il    est    nécessaire   de    prendre    les 


(i)Eu    i8i/|,   Monsieur  y  comte  d'Artois,  alors  lieutenant  gc- 

m»  al  tlu  ii').iiM!ii",  M'.ii'itint,  jku  mu  t  riiiun.iDce  du  au  août  i8i4. 
).  ;,  I  ;r  s<'|M>t  t-  'I  1(  '  I 'î:*'.!!)' n-  <|ni  1*.     <. 'Iilii  lient. 


l86  MLMOU&Ci   HaTOHIS^tCS 

mesures  qui  peuvent  concourir  à  U  suralé  4i 
l'eut,  décrète  que  toute  personne  qui 
voyager  dans  rintérieur  du  royaume 
jusqu'à  ce  qu'il  en  ait  été  autrement 
de  se  munir  d'un  passeport.  » 

On  était  si  convaincu  cependant  qn*i 
blable  police  portait  atteinte  à  la  libarlé  chric, 
que,  par  un  article  spécial,  on  ajoaU  :  « 
de  multiplier  temporairement  !< 
sûreté    publique,  TAssemblée  dédaro 
s'empressera  d'abroger  ce  décret 
circonstances  qui  Tont  provoqaé 
et  que  la  sûreté  publique  sera 
assurée.  » 

Ce  qui  démontre  qu'on  ne  doit  iMchar  à  la 
liberté  civile  que  lorsqu'on  en  sent  leftmM.  Em 
définitive,  la  nécessité  domine  la  loi; 
leur  n'oserait  donner  cette  ezcnae 
lemment  devant  les  tribunaux. 

De  nombreuses  réclamations  %\ 
tôt  de  la  part  même  des  patriotea  aHiei  Si  m 
souvenaient  que  le  général  Lafayella  n«it«  éÊm 
une  des  séances  du  mois  de  septoflsbn  I7M  «di 
TAssembléc  constituante, proposé  HbUéétHÊÊt 
que  tout  Franrais  pourrait  voyager  libreoMSI  cl 
sans  passeport.  Les  municipalités  se  pUgniraei, 
(le  \o\%r  rôlr,  «iVire  a^siijetliesà  un 
lilt!  cl  inubilt*,  il  inlcrro;^(.*r  le»  voyage 


TIRK8   DBS   ARQHIVIS;  tij 

et  que  la  circubtion  en  était  ralentie,  taat  pout 
le  commerce  que  pour  les  affaires  parliculîèrea. 

Il  fallut  donc  changer  ou  plutôt  àliolit^ la  loi 
du  28  mars.  Le  8  septembre,  en  consèqueiicé , 
parut  un  décret  qui  prohonda  cette  'suppression  ; 
c*était ,  comme  on  toit  »  après  le  terrible  lOâoAt. 
Le  Conseil  eiséeutif^  qu'on  venait  de  former,  fut 
chargé  de  mettre  ce  décret  à  exécution.  U  était 
composé  de  la  réunion  des  six  Boittistères  s 
Roland,  à  Textérieur;  Sèrvaa,  à  la  guerre; 
Monge,  a  la  marine;  Glavière,  aux  finances } 
Danton,  k  la  justice;  Le  Brun,  publidate  estioié^ 
aux  affaires  étrangères  (i).  Je  n'en  paiie  ictcpie 
pour  dire  qu'ils  étaient  tous  républicains  zélés , 
et  qu'on  ne  pouvait  les  soupçonner  d^Stre  enne- 
mis communs  des  mesures  de  salut  public.  Ils  ne 
se  déclarèrent  pas  moins  contre  la  mesure  des 
passeports ,  et  ce  fut  sur  la  provocation  de  Ro- 
land et  de  Tavis  du  Conseil ,  que  le  décret  fut 
rendu .  On  y  dit  «  que,  comme  le  meilleur  moyen 
d'assurer  la  tranquillité  de  Paris  est  d'y  mainte- 
nir l'abondance  des  subsistances  ,  et  que  le 
nioii)(Irc    obstacle    opposé   a  la   circulation  des 


(i)  i'x  Le  Bnin,  qui  eut  une  fin  malheureuse,  n*a  aucun  r.ij»|>«Mt 
tic  |>,i»<'nt»'  nvrt  l'hr'nronx  cl  Toi^if  M.  I-?  B'*fin  ,  Hcvi-tiu  n»i'ç'c 
lui  ,  <hn  (le  P.iriiH»  ,  cl  mc»rt  il  v  ;i  iiii  an  ,  «♦  «f  uro  Ho  richcsî.cb  t\  rî*' 


■88 


TtHODDcaMiM  <le  fW»  «1  ém  mate  «■•  faa- 
temr  fiuiate ,  VAmt^ÊÊm  ijifin  fM  b  ttfc 
circnUli»nerti^lilh,f  lahi^aM— i  — 
•en  exécnKc  qali  fis  KiSM  da  f 
dfli  liens  occupés  pir  !■  l 

La  liberté  dnp 
ceiiMft  qu'on  lortiîtJw 
et  de  leptembre ,  q«e  1m  fnMW  f 
étaient  portées  m  jimkÊmtéa^  4 
tion.  et  qu'il  étaitde  tMls  j«riBB4*liiMA<i« 
qui  pouTsient  en  ctn  nelHMn  ■■  ■■}■■  4i^ 
soustraire.  .  ■      ,  li-i  ■•• 

La  commune  confttiuitioni»eBe  avait  éH  dis- 
soute dans  la  ouït  du  9  au  10  aoàtSl;  dk  lut 
remplacée  parunc  assemblée  de  dépuib  an«ay<s 
par  les  quarante-huit  sections ,  q«  piil  k  umb 
de  CoMMM*  dm  dis  aovt .  et ,  peu  aprts«  a 
de  Comiuui  rigétérét.  On  connaît  Icu  «sobal 
actes  tyranniques ,  le»  usurpations  e<  k  i 
membres  de  cetic  comfnnDe(1). 
avait  été   marqua  p-ir  des  scènes  i 


tûturicui  <k  la  rctiituituii  n'uat  (imquc  ti 
•  xixtAltfU. 


TIRÉS   DE$   ARCnim.  1 89 

au  nombre  desquelles  il  fauft  placée*  celle  des  pre- 
miers jours  de  septembre  1 79i. 

Les  membres  de  la  municipalité  qifi  étaient 
en  fonctions  au  mois  de  septembre  1793 ,  ne  se 
trouvèrent  pas  tous  parmi  ceux  qui  périrent  au 
11  thermidor;  un  petit  nombre  seulement  s'y 
étaient  maintenus. 

Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de  parler  de  ces  scisnes 
épouvantables ,  je  dirai  seulement  qu'on  a  fort 
exagéré  le  nombre  des  victimes,  déjli  trop  con- 
sidérable sans  douté. 

Il  y  avait ,  au  5S  «epteikbre  (9SQ,  S^l^  per- 
sonnes détenues  dans  les  ^tiims  àé  V^Ahbaye  j 
de  Bicêtre,  du  CkûièùiiAe  la  C(mcl0yi[^^>^' ilé  la 
Force  j  deà  (raiéWei»^  de  la  5afo#irHérè^  dà  5Ah^ 
naire-Snini^Fxrmin  et  dés  (7àfffi«s  de  lii  irhé  de' 
Vaugirard. 

1,100  personnes  y  perdirent  la  vie  dans  les 
journées  des  2,  3  et  4  septembre;  276  furent 
transférées  ;  742  mises  en  liberté  ;  276  évadées 
ou  dont  on  ignora  le  sort  ;  il  en  resta  243  dans 
les  prisons. 

On  trouve  dans  les  notes  de  la  brochure  de 
M.  de  Saint-Méard ,  intitulée  mon  Agonie  de  qua- 
rante-huit heures^  que  le  nombre  des  tués  alla 
a  3,000;  c'est  une  erreur;  le  nombre  ci-dessus 
est  exact,  il  est  tiré  d'une  pièce  authentique  ve- 
nant du  Comité  de  salut  public  de  la  commune. 


cvcuparurcnt  JcvjqI  le  trihao*!  i|iû  ft'Al 
&lalU  danf  I4  pcJM>o  pour  le»  juger. 

(^c  registre  al  (oui    maculé   (lu  >M(  < 
£tûetiL  HuiU<lcs  lu  naios  de  ccus  i|in  k  | 

i^  clungU^' U plupartdeaancieasa 
Ix  municipaliti'  du  1U  août  catucm  t*o 
liuii  iRlifMur»  et  U  divîûou  «n  cia^  < 
mcn>.  Mais  une  grande  fiAtUo  de  b  polie*,, 
ça  ({ui   concerne  U  survctUiDcc   polit 
d^vo^paux  coinil^  rcvululioaiuire*  ^m  i 
oréét  en  ITUj.  au  apoibre  de  duu^A,  y^l 
du  7  fructidor  au  2. 

Fertunoe  ii'«ûl  oii  ùieveg  U  voit  | 
mer  la  vexatioo»  d«>  agcoa  de  crUe  < 
cUo  avait  penuadi^  qn'eUiï  u'eurçiit  au  |i 
auiàM  rigeurnwt  i|im  pour  comprinMr  1«*  B^ 
Ira*;  le*  ciaij^raliufu  tyran iiitjues  ii'canBtahB 
du  koniu,  «Um  «UorauL  au  poioA  ^«*  pe«  it 
lemp*  avAot  fe  9  tfaeriuidor  de  l'in  3»  ••  4  TA* 
poqu«  où  l'iN»  f«niM  na  «iay  ^  AkM  ttMmtf 
k  b  plaine  4m  JMbUw»  ■»  nMibvMfMMK» 
dam  le  cowaU  géa4nl  4>.eitli«iMll«Mv9A 
éuil  ji  cniadrc  ^m  lea  fil 


patrie,  il  fut  décidé  et  ordonné  ^^*qff^^ffé^  q^^ 
la  vertu  était  à  Vordre  dujour^  de^  yîfil^  4<inM<^i*' 
Uaireg  Siéraient  f^i^Lçs  4^  9^t^  f^W  ^fèifflt» 
feiQmes  de  jp(iauvaÎ9e  yie  ,  qu  q^î  ne  yiHW^ 
p^  dire  de  cjupi  ell^  ^yiv^ient,  ]^^  Ç9m\M  i4^ 
sections  furent  chargés  de  Tex^utiai^j^  fÇ^be 
mçsyre ,  à  ^cjuçjle  il?  »|ip«rt^(fn^  W  *W«^  IIMW» 
ridic^}eque  bairbairef  .  . .  '    i;^ 

TQ^t  devM^  femme  de  i^n^^is^  v^;  Ifflffm-^ 
soTO  garw^  ff»?^^*  ^ft^esties  4e  coinayifHwr^ë 
et  l'qf^  vit,  d^i^  tPfi^  1^9  4uai:^i«i^44»n4lW*<^^^^ 
nombreux  <^pupçf  d^4emines  9^  ^Qi^m  4*M  4w 
cwps-dergîirde  et  qpi  av^t  4^«q)^éjpf  4%wk 
ces  hideuses  recherches.  Dl^  m^r^  4ff  fivniUfsi^ 
des  femmes  mariées,  de  jeunes  ouvrier^  qvÀ  9f^ 
pouvaient  pas  rendre  raison  de  leurs  moye^^ 
d'existence  au  gré  des  agens  de  cette  Q4iem^ 
police,  furent  impitoyablement  arracbé(^j  tfftî^ 
nées  aux  Madelonettes  et  k  la  Pelile-Forc^,  JMsqu'à 
ce  que  des  réclamations  jugées  vaUbb^  l^kis- 
sent  les  en  tirer. 

La  révolution,  alors  dans  son  apogée,  conti- 
nua de  jeter  le  trouble  et  la  perturbation  dans 
la  police;  c'était  la  Commune  régénérée ^  surtout, 
qui  entretenait  et  fomentait  l'anarchie.  Aussi  la 
Convention  se  vit-elle  forcée  de  s'en  occuper. 


19^  MÉMomn  HitrofeKtns 

Par  un  décret  du  1 4  firnctidor  aa  3  • 
mina  emnmmi  ei  par  qui  la  C 
rail  administrée. 

Les  ministères  avaient  €lé  supprimés  d 
placés  par  des  rommîsiÛHu  naiioma/ea, 
14iruclidor,  ordonna,  l^que la 
lionale  du  commerce  et  des  app 
serait  chargée  de  pounroir  im 
subsistances  et  k  Tappro^visionn 
3"  que  celle  des  secours  pnbfics  li 
Teillance  et  de  radministration  i 
hôpitaux;  3"  que  la  commiasion 
pubfique  serait  chargée  de  Fa 
écoles  primaires,  de  tous  les  i 
nanz  et  des  établissemens  d*i 
que;  4^  que  la  commission  des  t 
serait  chargée  des  dépenses  et  de  la 
de  ce  qui  les  concerne  ;  5"  que  ceHs 
ture  «t  des  arts  aurait  riilininiilraliM 
diate  des  ateliers ,  filatures ,  et  de  Ivaa 
dont  h  d&rection  n*était  point  altriksie  h  h 
commission  des  armes  ;  6p  et  que  la 
des  armes  serait  chargée  de  la  directias 
les  arts  rebtifii  a  la  guerre ,  aux  m— ils— a  el  a 
rartillerie;  7*  que  la  commission 
ti\e  des  administrations  ciViles,  de 
dti  tribunaux ,  aurait  la  sunreiUance,  I*; 
iration  et  la  police  des  maisons  d'arrêt  «  de 


TIRÉS    DES    ARCHIVES.  IQS 

ticc  et  (le  détention  ;  8^  enfin ,  que  la  commis* 
sion  des  revenus  nationaux  serait  chargée  de 
faire  la  perception  de  tous  les  revenus  et  des 
domaines  de  la  ville  de  Paris  ;  les  commissaires 
de  la  trésorerie  restant  chargés  de^  autres  re- 
venus ,  de  toutes  les  contributions  publiques  et 
d'acquitter  les  dépenses. 

L'administration  municipale  et  la  police  de 
Paris  se  trouvèrent  ainsi  confondues  et  mêlées  à  ^ 
l'administration  générale  de  la  république,  ce 
qui  devait  nécessairement  apporter  de  la  confu- 
sion ,  de  la  lenteur  et  du  gaspillage  dans  tous 
les  services  de  la  capitale.  La  Convention  l'avait 
sans  doute  prévu;  elle  voulut  l'arrêter,  et  or- 
donna ,  par  la  même  loi ,  que  provisoirement  il 
y  aurait  sous  la  surveillance  du  département 
de  Paris  une  commission  chargée  de  la  partie 
administrative  de  la  police  municipale. 

Cette  commission  administrative  de  police  pour 
Paris  fut  définitivement  organisée  par  le  décret 
du  20  vendémiaire  an  5,  et  composée  de  vingt- 
qualre  membres, au  traitement  de4,000 fr. , nom- 
més par  la  Convention  nationale  sur  la  présen- 
tation des  comités  de  salut  public  et  de  sûreté 
générale. 

On  y  allaclia  un  agent  iialional,  et  la  parlie 
ronlciilicuse  de  la  police  municipale  fut  exercée 
par  le  tribunal   d(»  police   correct ionnelle.  Les 


ïcj\  nEMomis  nKTwP.h^crs 

cnmiUi  n'nli  Tl  '  des  sections  forçai  coi 
un  de  leurs  membres  fui  char^  de  \hm  ncJ  .- 
le  comilé  l'ctait  de  dresser  U  liste  dcsêmigm 
qu*n  adressait  au  département  de  Parts.  La 
comités  civib  délÎTraient  le^  certificats  ^  ci* 
visme  et  de  résidence  qae  les  comiici  nffola 
tionnaires  rtiatVril.  Les  comités ,  tant  cmb  fse 
révolutionnaires,  correspondaient  avec  ccaade 
la  ConTention  et  les  commissions  nationales  £- 
rectement. 

Les  membres  de  la  conmiission  a< 
de  police  nommés  par  le  décret  da 
démiaîre  an  3 ,  en  exécution  de  b  loi  dn  M 
fructidor,  furent  : 

Les  citoyens  Leroux,  secrétaire  dn 
discipline  militaire  de  la  section  de  la 
Duret,  membre  du  comité  de  b 
la  section  du  fauboui^  Montmvtn } 
secrétaire-greffier  du  juge  de  paia  do  la 
du  Mont-Blanc  (2)  ;  Jacqaot,  ébéoisto;  Vii 
Gauthier;  Desestangs;  Poterel }  Roo^as 
marchand  mercier;  Beurrier,  capitaioo  do 
taillon  des  Gratilliers  \  Champenois , 


'  I    O  nom  fir  civû  leur  fut  donné  ponr  1rs 
vcMhs  réi*oiuttonnaires  qui  riUlaIrnI  meore 

(-i)  Dcpuift   commiftHiire  d**  police  dans  la 
trur  ilu  Pii't'.onnahx  *it'  /Wù*c  mitJemr^  imprimé  m  i9i>^ 


i 


\ 


TIRÉS   DES   ARCHIVES.  105 

gociantj  Boquet  -  Destournelles  ;  ThéroUaniie , 
marchand  de  draps  ;  Pâté ,  homme  dé  loi  ;  Bar* 
barin,  architecte;  Deschamps ,  ancien  commis- 
saire de  la  section  du  Gros-Caillou;  Poteron, 
orfèvre  ;  Ilenin  ;  Gosset;  Babille^  l'agent  natio- 
nal fut  le  citoyen  Léger  ,  depuis  chef  du  bureau 
des  passeports,  sous  M.  Angles. 

Telle  fut  l'organisation  de  radministrâtioA 
municipale  et  de  la  police  de  Paris  jaiqfa'm 
38  thermidor  de  Taii  S,  que  le  nombre  4es 
membres  fui  réduit  âû  vitigi-qvattfe  a  trots  jeHc 
subsista  sous  cette  fiurme  jusqu'à  la  nsise  M  wc^ 
tivité  du  bureau  central  qui  lui  succéda ,  et  qui 
dura  jusqu'à  l'époque  de  la  création  du  préfet 
de  police,  en  1800. 

De  nombreuses  lois  révolutionnaires  avaient 
été  publiées  dans  cet  intervalle;  toutes  portaient 
plus  ou  moins  atteinte  a  la  liberté  civile  et  per- 
sonnelle ;  les  lois  sur  les  passeports  surtout 
furent  très  multipliées  ,  même  pour  les  Français 
citoyens  qui  voulaient  établir  leur  demeure  à 
Paris  ;  on  soumit  ceux  qui  venaient  y  séjourner 
vingt-quatre  heures  à  des  déclarations  et  des 
formalités  minutieuses.  On  exigea  des  arrivans 
qu'ils  obtinssent  l'autorisation  des  autorités  de 
police,  ce  qui  donna  naissance  aux  permis  de 


Kjd  .Ml'.MillRKS    IIISTORlQtCS 

séjour,  surcroît  Je  précaulion  4u*on  ne  dcplop 
pas  dans  les  régimes  appelés  absolus  (i  ) . 

Le  pouvoir  discrélionnaire ,  conservé  a  la  p** 
Hcc ,  lie  refuser  le  séjour  à  Paris  à  reu^  qm  Ui 
en  font  la  demande,  cl  Tobligalion  de  laire  ctClc 
demande,  furent contirmés  parla  loidaiTTca- 
tosc  an   1.  Cette  loi  porte  que  toute   pcneaf 
arrivée  a  Paris ,  sans  y  avoir  anlérieuremcat  ses 
domicile ,  est  tenue  de  se  faire  connailre  il  Tmkr 
ministration  municipale  de  son  mnliNi  (k 
reau  central  alors,  le  préfet  de  police  n 
en  vertu  de  l'arrêté  du  12  netaidor  as  S)« 
d'exhiber  son  passeport;  que  toat  ci 
aura  chea  lui  un  étranger,  tout 
portier  de  maison  non  habitée  sont  leavide 
leur  déclaration  dans  les  vingt-qaaln 
sous  peine  de    trois  mois   d'cmpri 
tout  individu  qui ,  dans  le  délai  de 
n*anra  pas  fait  connaître,  par  certificats 
tiques ,  le  lieu  de  son  dernier  domicile  ai 
central,  sera  réputé  vagabond  et  sani  avcatCl 
comme  tel  traduit  devant  les  tribunaux  oaaf^ 
t«Mis.  De  nos  jours,  au  moins,  on  ne  qualifie  di 
ce  nom  que  les  malheureux  qui  n'ont  pat  d^aak 


(i)  l^ii«  (lu  tmUirtnt*  saii«.-cu1nliik*«  .in  i;  ds  ( 
an  3  ;  du  i  tl»rr.il  nu  ^. 


TIHÉS   DES    ARCHIVES.  I97 

et  de  pain.  Les  classes  aisées  ne  subissent  ces 
avanies  que  dans  les  jours  de  revanches  popu« 
laires. 

Je  n'ai  parlé  ici  de  cette  loi  despotique  du 
27  ventôse  que  par  anticipation ,  puisqu'elle  fut 
rendue  par  les  deux  conseils ,  a  la  demande  du 
Directoire  y  et  que  parce  que  les  élément  s'en 
trouvent  dans  les  lois  existantes  de  la  période 
que  j'ai  parcourue.  Gomme  toutes  celles  de  la 
même  espèce  ,  elle  fut  motivée  sur  la  nécessité 
de  déjouer  les  projets  et  les  intrigues  des  roya- 
listes et  des  contre-révolutionnaires^  mais  depuis 
qu*il  n'y  a  plus  ni  royalistes  ni  contre-révolu- 
tionnaires a  craindre ,  on  n'en  a  pas  moins  con- 
servé la  mise  a  exécution  ;  car  les  lois  arbitraires 
ont  surtout  la  propriété  de  survivre  aux  circon- 
stances et  de  s'amalgamer  dans  l'arsenal  des  lois, 
pour  servir  a  d'autres  passions  et  à  d'autres 
hommes,  alors  mcme  que  ceux  qui  s'en  servent 
ont  gémi  des  rigueurs  de  ces  instruraens  d'op- 
pression dont  ils  ne  sont  pas  fâchés  d'user  a  leur 
tour.  Voltaire  disait  qu'il  n'y  avait  contre  les 
vieilles  villes  qu'un  remède  :  le  feu.  Contre  les 
vieilles  lois ,  il  n'y  aurait  pas  de  mal  de  se  servir 
aussi  de  la  flamme.  La  mansuc'îtude  et  la  servilité 
parisiennes  ne  font  éprouver  aucune  oj)position  a 
ces  sorlcs  d'allrihutioiis  que  les  pouvoirs  se  con- 
servent. Bien  plus,   il  n'est  pas  un  habitant  de 


icfi      MCtfOIRES  HISTORIQUCS  TIRU  OIS  AECBTl 

la  capitale  qui  ne  regarde  cette  serritade 
une  des  bases  du  gauvtmemêfU  refré$emimtif. 

D'après  ce  que  je  viens  de  dire ,  il  est  aisé  da 
voir  que  la  commission  administrative  de  paKcc 
différait  peu ,  dans  son  organisation  »  da  bmii 
central ,  qui  fut  la  quatrième  métamorphsM  ds 
Tadministration  de  la  police  à  Paris  ;  soo  nifir 
tance ,  les  services  qa*il  a  rendus ,  mérileal  tbn 
mieux  apj^ciés  par  les  écrivains  et  le 


^ 


^ 


CHAPITRE  LX. 


Miubtère  de  la  police  générale;  sa  création. 


Le  minislcre  de  la  police  est  de  création  récente . 
Le  Directoire  obtint  du  corps  législatif  l'auto- 
risation de  répartir  les  emplois  après  en  avoir 


200  MiblOlAU   HISTORIQl'ES 

fait  comprendre  l'urgence  ;  on  en  fauaît  rartovt 
la  demande  par  des  vues  politiques  et  pour  l'af- 
fermissement des  nouvelles  lois. 

L'exigence  de  l'ordre  se  faisait  aentir  avec 
énergie ,  jusqu'à  l'usurpation  même ,  après  les 
désastreux  élans  de  la  liberté  ;  ainsi  donc  c'cU 
en  vertu  de  la  nécessité  de  leur  fraternité  b«- 
tuelle  que  Tordre  et  la  liberté  se  sont  soppciaés 
tour  a  tour,  probablement  faute  de  laaiire  sa- 
périeure.  Le  problème  était  et  est  cdoor  de 
concilier  ces  forces  qui  semblent  irrécof  ih 
blcs  a  rignorancc. 

A  la  surveillance  politique  pour  dëjoacrici 
complots  et  contenir  les  séditieux  ,  le  Directi 
ajoutait,  pour  motiver  la  création  d*un 
ministère,  les  attributions  de  la  police nmnkipak 
pour  toute  Tétendue  de  la  république;  le  su- 
nislro  do  Tintérieur  en  l'ut  déshérite. 

Cette  question  devint  le  sujet  d'un 
conseil  des  Cinq-Cents,  de  la  part  d'une 
5ion  à  laquelle  on  en  avait  renvoyé  f^nnaf  Le 
rapport  donna  lieu  à  plus  d'un  débal  dans  Fis* 
semblée.  La  pro|)OMlion  passa,  comme  de  r»- 
son  ,  mais  bien  et  tiriinenl  déshonorée  par  Is 
discussion  mrnie  ,  de  nirnie  toutes  les  propss- 
lions  arbitraires  et  vagues  qu'une  maJMité  fim 
4111  moins  rcprciientative  fait  tnunipber  de  vitv 
ion  c  au  >cniiiii  contre  une  niinohtc  plu»  es 


TlllES   DES   ARCHIVES.  SOI 

moins  réelle.  Chaque  parti  désirait  en  apparence 
le  maintien  de  l'ordre  et  la  répression  des 
troubles  dans  la  république  ;  mais  si  les  roya- 
listes et  les  ardens  républicains  manifestaient 
ouvertement  leur  crainte  qu'à  la  faveur  d'un 
semblable  pouvoir  le  Directoire  n'appesantît  un 
joug  insupportable  sur  la  France ,  protestation 
éternelle  qui  cache  d'autres  pensées  qu'on  n'a- 
voue qu'entre  ligueurs  et  confédérés  en  secret, 
les  partis  extrêmes  avaient  peur  que  cette  création 
ne  nuisît  a  leurs  intrigues  mystérieuses  et  n'en 
coupât  la  trame.  Les  constitutionnels  de  bonne 
foi  espéraient  de  cette  création  une  arme  offen- 
sive et  défensive  contre  les  ennemis  du  .nouveau 
gouvernement,  c'est-à-dire  pour  eux  et  pour  leurs 
amis.  Ni  les  uns  ni  les  autres  ne  voulaient  voir 
que  dans  un  pays  ou  la  liberté  se  pavane  comme 
un  drapeau  de  parade  dans  les  institutions  écri- 
Ics  et  fait  défaut  dans  rorganisation  matérielle 
de  la  commune,  un  ministre  de  la  police  peut 
également  contribuer  a  la  destruction  comme 
au  maintien  de  Tautorilé  centrale;  à  l'oppression 
des  citoyens  comme  au  bouleversement  du  pays; 
à  la  provocation  des  troubles  comme  à  leur  ré- 
pression ;  cl  (jiren  définilive,  les  dangers  d'une 
police  géiiér«ile  en  balancent  assez  les  avantages 
l)0ur  (|ue  l'un  dul  renoncer  aux  bienfaits  de  son 
îmmciKse    pouvoir,   a   moins   (lu'un   homme  de 


202  MUlOiaCS   HlSTOhlQUES 

génie  cl  (ic  bonne  volonté,  profilant  4e  ce 
puissant,  ne  réalisât  en  le  maniant  a 
dans  le  foyer  de  la  commune,  la  Térilahlft 
politique ,  encore  ignorée  parmi  nous  ; 
que  la  vanité  do  chacun  n'attend ,  il 
personne. 


MinUiir  tif  hi  ptthrr  grnérmir,  — 

prrmirr  miniilrr  de  la  police  tam  le 

1  janvier  i^f/î  ^  4  ^'u  ^* 


Le  premier  choix  du  gonvcrncmeal 
tionncl  de  Tan  3  tomba  sur  le  àéfÊi 
n-conventionnel ,  homme  dur , 
teux ,  ayant  la  prétention  de  p 
nîste  ;  malgré  le  progrès  de  rirréligm» 
de  sa  secte ,  et  manifesta  la  dévotion  b 
tréc.  Un  magnifique  crucifix  ornait  al 
il  y  fiiisait  ses  priorcs  matin  cl  soir.  (Télul  Jv 
leurs  un  homme  absolu  rt  farouche.  Il  i 
que  deut  jours  au  miiiislère ,  ou  plal6t  il 
de  racccptcr. 

\f':  il  VaïU  r:\  IT  it),  vi  destiné  au  barrcMfir 
!iOS  parons ,  il  >'t:t;«il  ;i|ipli«|uû  à  l'cludc  du  Airt 


ancien  et  moderne  ;  isâ  science  du  drcttt  canon^ 
que  lui  valut  la  place  d'avoué  du  ckrgé  da 
France ,  et  de  conseiller  de  l'élecleuf  de  Trêves^ 
rCommé  député  aux  Etats-Généraux  de  4789^  î^ 
se  fit  remarquer  dans  rasacnddée  constitilanAc 
par  la  fougue  et  la  véhémence  da  ses  opinions; 
il  jouissait  d'une  grande  popularité;  la  eonstifto^ 
tion  civile  du  clergé  fut  en  grande  partie  son 
ouvrage.  Il  eut  la  place  de  garde  des  archives 
nationales  après  la  session  de  l'Assemblée  con- 
stituante. Nommé  à  la  Convention  ,  il  figura 
parmi  les  votans  pour  la  mort  de  Louis  XVI. 
Trois  fois  de  suite  député  vers  la  Belgique  avec  ses 
collègues,  DumourieZy  qu'il  avait  ordre  d'arrêter, 
le  prévint  et  l'envoya  prisonnier  chez  les  Autri- 
chiens. On  sait  qu'il  fut  en  1795  écKangé  à 
Baie  contre  la  fille  de  Louis  XYI. 

Il  siégea  depuis  au  conseil  d^s  Cinq- Cents;  le 
Directoire  ayant  demandé  la  création  d'un  sep- 
tième ministère, le  choix portasur  Camus.  Comme 
on  ne  pouvait  pas  être  député  et  ministre  tout  à 
la  fois,  préférant,  par  calcul  peut-être,  les  fonc- 
tions gratuites  aux  fonctions  salariées,  il  refusa 
le  ministère,  le  4  jan\ier  1796.  Plus  lard,  on  of- 
frit k  Camus  le  ministère  des  finances;  il  vou- 
lait conserver  en  même  temps  les  archives  na- 
tionales; la  chose  ne  put  se  faire,  il  se  livra  dès 
lors  en  entier  à  la  littérature.  Sa  place  à  lin- 


3o4 

•ttCal,  dont  il  étiil 
occaâons  et  les  fàdStéi 
sodélé  à  M.  PMtonC,  m 
pour  U  rédaction  im  w^cmék 
ni  df  Pramee.  Sa  haine 
notoire;  il  «oyait  dans  cet  h 
sassin  de  la  liberté.  Canms 
bre  1804,d*ane  atta^ne  d  a 


MfrUn  4e  ËkmêM ,  rx-r«m«filiMnf ,  m^mmi  ■riaitfv  A  Ai 

litemémtt 


4  janiier  1796  «  3  avril 


Philippe-Antoine  Merlin  (de  DiniQnf 
rôle  distingué  pendant  la  révnhliBA.  On 
Taima  pas  ;  maïs  on  ne  lai  reihan 
d'an  grand]  nrisconsnlte;  son 
prudence  est  un  monument. 

Né  en  1754,  a  Arleuz,  petite  tîUo 
sis,  il  embrassa  la  carrière  da 
ment  de  Douai,  il  plnîda  sa  premièn 
éclat.  Une  demoiselle  Dumonceau  Ini  nppostads 
la  t'oriune  ;  il  vint  â  Paris,  n*y  resta  i|n*nn  an  il 
retourna  se  lixer  ii  Uouui.  Lnc  chaifn  de 


TIRÉS    DES   ARCHIVKS.^  5àoS 

taire  du  roi  qu'il  avait  achetée,  conférant  la  no- 
blesse, lui  valut  quelques  plaisanteries  de  ceux 
que  choquait  son  républicanisme.  Il  le  professa 
haulement  dans  les  assemblées  nationales  dont  il 
fut  membre.  Le  Directoire  l'appela  au  ministère 
de  la  justice  ;  le  ministère  de  la  police  ayant  été 
créé,  il  y  fut  nommé,  il  n'y  resta  que  trois  mois; 
il  reprit  son  premier  portefeuille. 

Malgré  le  zèle  et  la  fermeté  de  Merlin,  la  po-* 
lice  alla  de  plus  en  plus  mal  sous  son  ministère; 
sans  le  bureau  central  qui  était  assez  bien  com- 
posé et  mettait  beaucoup  de  zèle  dans  l'exercice 
de  ses  fonctions ,  la  propreté ,  la  sûreté  de  Paris 
eussent  été  fort  compromises. 

Deux  conspirations  remarquables  éclatèrent 
pendant  que  Merlin  était  à  la  justice;  ceUe  de  Ba- 
beuf et  celle  de  Brottier  et  la  VUle^Heumois.  Le 
minisire  de  la  police  déjoua  la  première.  Celle 
deBrollier  fut  pour  Merlin  un  grave  sujet  de  dis- 
cussion. Ceux  qui  l'avaient  tramée  étaient  tous 
plus  ou  moins  attachés  au  projet  de  rappeler  les 
princes  de  la  maison  de  Bourbon.  Merlin  pré- 
tendit que  les  auteurs  de  ce  complot  devaient 
être  jugés  par  des  conseils  de  guerre;  le  10  fé- 
vrier 171)7,  le  Directoire  adopta  ses  vues.  Cepen- 
dant le  tribunal  de  cassalion  jugea  qu'un  conseil 
militaire  élait  incompétent.  Le  conseil  des  Cinq- 
Cenls,  malgrr  les  rc'rlamalions  de  M.  Pastoret , 


inê  uttmnm  ■miiHKii 

pÊtm  k  Vûtén  da  jov,  fltkfcaOidlMHrihttÉÉ 
vuMi>  C6  cqqmH  pMnMiçK  h  yiSBC  Vv  ■Hf| 
BUk  pour  11  fiinile ,  et  la  conuMa  •■  «priim 
années  de  priion .  Neilhi,  qû  tcftdt  tiMfean,  fff^ 
flta  de  h  riTolutioa  da^Sfradldor  HiB  f«« 
drtenir  h  dépottation  dee  prlndpMi»  eifiÊÊàÈÊÊà 
a  RnnaBiaii  j  lu  pentsnt  daiii  es  nMÉÉi  wtL 
Nommé  direclctir  apHs  le  18  rrucHiIor,! 
Ibi  ne  fbt  dépbtc  quo  le  18  juin;  il  «e  ■ 
Douai; 'des  diafrîbci  le  pounniTÎnnt.  As  I 
tenr  d'Egypte,  Honaparte  le  nomma  i 
dn  procOMtar  général  à  la  coor  de  cusaiioB;  i 
fempin  V  toA  i]e\6  à  h  dignité  de  ; 
général  k  U  même  cour  ;  il  monta  de  ) 
gradeljnaqi^coctieil-d'éUit,  *ecUoD  deb  j 
âce;  lM4  cfamgea  u  dcsiinée.  NipaléM,  i 
relonr  de  fHe  dTlbe ,  le  rappela  .  «t  la  d 
meni  dn  Nord  k  nomma  député  à  U  c 
dei  réprfieutan*.  Le*  changemcns  ■ 
Hgntrent  Merttn  dan»  h  \ie  prÏTée;  il  rouNn 


« 


TIRES   DES   ARCQIYES.  20j 

Charles  Cochon  de  Lapparcni ,  ex-convenlionnel ,  irokièmt 

ministre  de  la  police. 

3  avril  1795  — 6  juillet  1797. 

Né  en  1 750 ,  dans  le  département  de  la  Y en« 
dée,  et  conseiller  au  présidial  de  Fonienai^ 
M.  Cochon  de  Lapparent  fut  nommé  aux  £tats« 
Généraux.  Il  se  fit  jour  dans  le  monde  politique 
par  son  attachement  a  la  cause  de  la  liberté  :  ce 
fut  la  marque  de  son  caractère.  A  la  Conventiont 
il  joignit  sa  voix  aux  accusateurs  de  Lpuis  XYI, 
et  remplit  plusieurs  missions  aux  armées.  Mem-* 
bre  du  Conseil  des  Anciens,  Cochon  se  leva 
contre  les  déclamations  démagogiques.  Il  fut  se- 
condé, dans  ses  fonctions  secrètes  et  dans  la  sur- 
veillance politique  dont  il  jeta  les  fondcmcns, 
par  un  oflicier  de  paix,  nommé  Dossonvillc, 
homme  de  mérite,  zélé  cl  honnête. 

Il  dénonra  la  conspiration  de  Babeuf  au  Direc- 
toire et  aux  deux  conseils.  Tallien  Tayant  accusé 
d'employer  le  baron  de  Balz  et  Dossonville  dans 
une  police  royale  secrète  pour  persécuter  les  répu- 
blicains ,  il  démentit  cette  accusation  ,  et  prouva 
qu'il  avait  donné  Tordre  de  rechercher  le  baron 
de  Batz.  Quant  à  Dossonvillc,  il  fit  l'éloge  de  sa 
conduite,   de  la  droiture  de  ses  opinions  et  de 


ao8 

•on  ràle  à  nÙTre      i 

coMpiralion  des  i 

■ouiledn 

taqner     g     rei 

Ce  n'      pu  ici  qu'il 
analyse  de  la  cons 
de  gens 

fortn        lia  croyant  1 
gn         I  n       le 

d«l' 

dèl        i.éti 
lient  M  place  t     re  le 
dn  mI  de       i        I 
par  Saint         n        la 
tique  dn  territoire     iti 


partialité  kalb^  la 


rpoor  dMBfV  •■  ift- 

l  cberdier  «M  ilMMt 
ideBabeof.^HtMl 
maître,  f^t  qn^U  jnseat 
iitiiprl  sable  que 4c  nai- 
,ea\.  Comme  transi6— 
îd£c  à  l'aalre,  ce  coap 
mît  de  r^chabvd .  rt- 
ogmc  de  rmdîriAâliK 
et  le  dogme  proGearf 
<  oncentratioD  «yitteu- 
Ics  mains  de  raotsrttf. 
J*û  connn  Babeaf;  en  le  L-omhattaDt,  je  Tati- 
mais.  La  communauté  e«  biens,  ea  taai  qae 
principe  social,  abstraction  fiite  des  MTfidés 
dn  dottre ,  de  fortes  c  lancci  de  réaurrertie» 
dans  I  ^lairea  et  daiis  le  bcwia 

devivre  clcepcndant  Babeaf  et 

fortar  ris.li-Ti«den<in<i.  On  s'pxpo«eja  r€^ 
de  ces  doctrines  sans  règle  en  érîtanl,d«  pn» 
dre  aîtlenrs  les  élémcns  d'une  plus  nobl«  mût- 
tive,  et  ces  élément  exi^lc'tlt.  Ceav  qui  ■•■ 
disent  qu'âne  grande  réMititiion  rst  d^ 
impossible'sont  de  bonnes  ^cns .  mat»  fort  i| 
nos.  C'est  snr l'iialorité  Ir^s^itsquclesp 


TIRES   DES   ARCHIVES.  SO9 

s'endorment ,  c'est  sous  la  main  dfas^forieiiS'^tb 
se  réveillent.  r/u 

r 

'...,.,    ^    ^   :  ,.  „•  MukJ  I:,. 

Jean 'Jacquet  Lenoir^la-Roche  ^  9fiali*i^^  «iWlfit  ^fi:!^ 


6  juillet  1797  •»  36  du  même  mois. 


L  /o*i 


Lenoir-la-Roche  était  peu  fait  pour  le  mi* 
nistère  de  la  police  -,  mais  sa  réputation  d'écri- 
vain politique  avait  un  grand  prix  alors.  Le 
Directoire  crut  que  de  «errait!  «njkùfl  ckëix  eiril 
vue  de  l'exécution  du  coup  que  l'on  préparait* 
Il  n'y  a  pas  de  stage  et  d'échelons  iw^Cjcessifs  pour 
former  les  hommes  d'état,  d'où  leur  disette  dans 
tous  les  temps  et  Tembarras  de  savoir  où  les 
prendre.  Lenoir-la-Roche  témoigna  dès  le  pre- 
mier jour  le  plus  grand  dégoût  pour  ses  fonctions^ 
il  n'y  entendait  rien  3  il  entrait  la  dans  un  pays 
inconnu. 

Né  a  Grenelle,  en  avril  1749,  d'un  père  juris- 
consulte,  il  fut  destiné  au  barreau;  sa  vocation 
ctail  littéraire.  Non  qu'il  fut  sans  ambition,  puis-- 
que  nous  Tavons  vu  de  républicain  constitua 
lionncl  devenir  comte  de  la  création  de  Bona- 
parte ,  et  sous  liouis  XVIU ,  entrer  à  la  chambre 

IV  1'. 


2  m  MKMOmFB   niSTOmQUFS 

des  pain ,  oit  il  resta  jusqti*k  sâ  mtrt,  wrivée  ai 
février  1 825. 

On  sait  a  peine  qu'il  a  été  professeur  de  légis- 
lation a  Fécolc  centrale  du  Panthéon  ;  ce  n*éUîC 
niunMontesquieu9niunDoniat;LcnoîrJa*RoclM 
était  d'on  caractère  doax ,  paresseax ,  babitoé  k 
parler  politique ,  sans  voir  plus  loin  que  le  beel 
de  son  nez ,  criant  contre  les  anarchisles  et  ks 
royalistes,  et  tour  a  tour  Tun  ou  Tautre 


féerrt  Mm  di  le  CuMUèrt ,  dUfaiAnf  Mteii*t  *  k 


aO  Juniet  1797  —  Il  février  i^gl. 


Le  Direetoin  n'était  point  h 
cImmul;  Soliiiy  jcane  Nantais,  n'efift 
d'instmctkm  politique  que  son 
mais  il  paraissait  mieux  convenir  ans 
du  gouvernement. 

Né  à  Nantes ,  en  1764,  le  jenne  Sotiii  fiH 
tiné  à  la  profession  d'avocat ,  ressoom  de 
d'esprits  subalternes  et  stérilement  chi 
catégorie  parasite  qui  vit  de  nos  dooleon  cl  Jt 
nos  plaicsi  de  nos  haines  et  de  l'échafind.  VéM 


TlftCS  DUS  AltCBiVKS.  ail 

des  avocats,  dans  un  pays,  est  toujours  en  pro- 
portion de  SCS  misères.  Il  se  distingna  peu  danA 
le  barreau  de  Rennes.  La  révolution  lui  ouvrit  la 
porte  des  emplois.  Dès  1790,  il  fut  nommé 
membre  dit  Utrcctoire  du  d<^p3rtement  de  la 
Loire- Inférieure;  ïl  en  exerçait  tes  fonctions, 
lorsqu'au  mois  de  novembre  1793,  il  se  vit  en- 
velopper dans  la  proscription  de  cent  trente-deux 
Nantais,  à  propos deTaSaire  à  la  suite  de  laquelle 
on  accusa  Carrier,  d'après  une  fable  frappée  dé- 
sormais de  mépris  par  les  gens  qui  réÛécbissent 
un  peu ,  celle  d'avoir  voulu  faire  noyer  ses  enne- 
mis au  pont  de  Ce  ;  conduits  à  Paris,  les  proscrits 
y  arrivèrent  au  nombre  de  quatre-vingt-quatorze^ 
décimés  à  plusieurs  reprises  par  les  dangers  et 
les  fatigues  de  la  route.  Après  la  mort  de  Robes- 
pierre on  les  mit  en  liberté.  Sotin  s'attacha  au 
parti  directorial,  qui  le  crut  propre  à  ses  vues, 
et  le  nomma  ministre  de  la  police  le  26  juil- 
let 1797. 

Il  facilita  l'événement  du  18  fructidor.  Des 
vaincus  l'ont  accusé,  mais  sans  preuve,  de  bar- 
barie i  il  est  vrai  qu'il  fit  exécuter  la  déportatîoa 
avec  promptitude.  Jamais  les  émigrés  turbulens 
et  les  prêtres  réfractaires  n'eurent  plus  à  souffrir 
de  la  police  qu'avec  Sotin. 

Sorti  du  ministère,  par  une  faute  qu'on  ne  lui 
pardonna  pas,  celle  d'avoir  fait  saisir  des  casij 


mirs  Je  contre haiide   (lL*!»tinr?>  a  îles    inaiilraui 
pour  les  députés,  il  passii  en  qualitr  de  rharjc 
d'afTaircs  ou  de  mlnislre  du  l)ir#'f:toirr  j  9\*'ne% 
Une  gaucherie  plus  sérieuse  lui  fit  perJre  cciCc 
place.  On  voidait  sVnipan'r  dr>  Klats  d  :  roi  d^ 
Sardaiîine  ;  Sotin  riait  tians  ic  secret  tri  d<r«iii  in 
favoriser  rexécutioii  ;  au  lieu  d'auir  aTt-i  1j  Ji^ 
créûon  d'un  conspirateur,  Sotin  ,   ébruiUni  U 
projet,  écrivit  ostensiblement  au  Directoire  Je  U 
Ligurie  pour  l'inviter  a  secourir  au  besoin  les 
insurgés  du  Piémont.  C^était  imiter  les  efic:«n 
français  à  la  bataille  de  Tontenov,  et  dire  i  ^o 
adversaire    de    tirer  le  prcniirr.    Le   Dirr.tvirr 
trouva  cette  .solti>e  tr(i|)  ilii'\aleresquc.  Solic  lu: 
rappelé  ;    il    le    nicritait    bien.    Après   «p^I^cci 
autres  fonctions  |Mil)lif|ues  nous  le  Dirfcloinr  et 
r»(maparte ,   il    mourut  en  1SI0.    ^ans  fortune , 
dans  rol)S(-nrité. 

Sotin  n'était  pas  sans  (pielcpie  mérite ,  il  i^ui 
de  rinstrui'tion ,  mais  de  la  présomption;  auM 
les  présomptueux  ne  pouvaient  le  souffrir.  Onl&i 
n)it  sur  le  dos  tout(*s  les  àiieries  ipie  la  toumore 
urtttescpie  du  son  nom  pouvait  fiire  passer  Ir^ 
facilement  ilan^  IVsprit  île  la  canaille,  qui  jusr 
vuK'nliers  les  boinines  en  place  d'après  de  ^s- 
pides  (]iinlibels.  Kn  soiniiic.  il  éta.l  br.i\e.  mt- 
viablc,  iMinnrte  ,  nuis  ouUei  uid.int  comme  aa 
avocat,  I  t  lon(iiurs  la  pliraM*  ii  li  m:iîn.  Il  <jii«C 


TIRÉS   DES   ARCHIVES.  atlS 

surtout  prendre  un  parti,  quoiqu'il  manquât  de 
grandeur  et  ne  sut  pas  se  faire  estimer;  mais  il 
savait  anstii  qu'il  ne  faut  pas  toujours  mûriter  l'es- 
time de  tout  le  monde.  Il  faisait  son  choix. 


DondtaUf  tixiéwu  miniilre  A*  la  f  oUm  jrMroJe. 
la  K»ricr  «798^- 15  nui  «aiaai. 


Encore  un  mauvais  choix  du  Directoire  j  Don- 
deau  était  un  grossier  pe^bnnage,  faisant  mal  à 
propos  étalage  de  son  jacobinisme;  à  la  korlic!  aè 
Sotin  on  ne  savait  qui  nommer  j'IVlerlin  fit  tomber 
le  choix,  par  forme  d'intérim,  sur  son  compa- 
triote. Un  intérim  est  le  nec  plus  ullra  des  vœux 
de  beaucoup  d'incapables;  il  en  résulte  poiii"  leur 
vanité  le  relief  d'un  litre  à  meltre  fièrement  à  la 
suite  de  leur  signature.  Dondeau  traversa  le  mi- 
nistère de  la  police  sans  y  laisser  de  trace.  II  y 
était  chef  de  la  division  de  la  sÙTtié  avant  sa 
nomination  ;  malgré  la  mise  en  circulation  du 
dogme  de  l'égalité  qui  semblait  autoriser  tous  les 
choix  possibles,  les  employés  ne  purent  s'ac- 
cotitiiincr  ;i  le  re;>ard(;r  sériciisirmcnl  comme 
Icnr  chef.  11  fut  par  la  suite  nommé  maire  de 


T1R£S   DES   AEGi^V£S•  Ul^ 

ment  de  l'Aîrae  le  nomma  me^^fe  cU  CwimîI 
des  Anciens.  Il  mourut  peu  apr^. 

On  a  remarqué  que  Le  Carli^  9;¥ak  npi*^ 
dans  le  temps  le  projet  proposé  pfir  If  •  Gui}}dtHi4 
son  collègue,  pour  la . substitution  4e  rÂM4mr 
ment  de  supplice  ei^  vigueuir  igqjom'd-l^Aii  }k  MM 
les  autres  instruniens  de  sufip^ç^  |  l'Aii^li!^ 
législative  adopta  cette  propoiîti^Pi  HW9&Mim 
17192,  elle  décréta  la  foripe  ii9  <iel  ffi^bmiMiyii 

que  d'honnêtes  royalistes  ont  pris  en  exécretlMè 
sans  que  leur  giénie  pour  e^tirpw  hm  gttrmM^  de 
l'assassinat  et  de  la  nis^e  a'fi^eTA^^pliMh  blBlI; 
qu'au  désir  de  réféaérer  h  pot^fM- 


>:     ': 


JeoH'' Pierre  Duval^  huitième  mmùtre  de  la  poheê  générale* 

^9  octobre  1798  —  3a  juin  1799. 

M.  Duval ,  porté  au  ministère  par  le  parti  di-^ 

rectorial,  a  conservé,  depuis  sa  retraite  comme 
pendant  les  fonctions  qu'il  a  remplies,  l'estime 
publique  et  laltachement  de  ceux  qui  l'ont 
connu.  Apres  avoir  clé  membre  de  la  Conven- 
tion ,  il  fut  appelé  au  Conseil  des  Cinq-Cents , 
puis,  au  29  octobre  1798  ,  ftiit  ministre  de  la  po- 
lice. 11  servit  le  Directoire  avec  zèle,  sans  qu'on 


!ii6  :mkmoiiiis  mroiiiQDES 

puisse  lui  reprocher  des  actes  f  oppresfiop ,  m 
communs  a  celte  époqae.  D  vtaH  été  qaeitiw 
de  le  faire  passer  aaDirecloira  ;  nuns  Sicjcs ,  qaî 
voulait  profiter  de  la  aortie  de  Rewbell  poi«r  y 
entrer,  déjoua  le  pafd  de  Duiral  par  aes  wgtÊmh 
Paris ,  et  ce  dernier  resta  an  miniilèw  de  h  pa- 
lice.  Cet  échec  accrut  la  mâancdfie  de  BÉval* 
naturellement  triste  et  pM  fidt  po«r  ka  §nààm 
intrigues ,  quoiqu'il  eât  la  faîMaaia  de  ^màm  iPf 
mêler. 

Rien  de  remarquable  ne  8*est  passé  h  h 
générale  sous  ce  minisfre;  Dsvdi 
l'obscurité  jusqu'en  1800;  il  fit 
législatif,   sous  Bonaparte,  qû»  Ti 
vante,  le  nomma  commissaire  généni  ds  b 
lice  a  Nancy,  ensuite  préfet  da  dé| 
Rasses-Âlpes.    U  conserva  œlte 
aprcs  Tcpoquc  de  1814;  mais,  ayaBlaceifl 
préfecture  du  département  de  la  Cbreate 
dant  les  Ccnt-Jours,  il  perdit  son 
second  retour  du  roi. 


TiRBS  D£s  ARcarvES.  317 

BtmrgiligHm-DwHolarà,  ntuèiime  mjuttlre  de  la  poliM  gi- 

sajulB  1799— aaJa(Uttd«tatHrfnfraa«ée. 

■      ■■'  -■■  '/' 

C'est  à  M.  Gohier,  qui  a  laissé  un  Mémoire  si 
singulier  et  u  tenu  une  conduite  si  républicaine 
au  18  lirumaire  ,  ({u'on  dut  la  nomination  de 
IVl.   Itourgiiignon-Dumolard, 

Ce  savant  jurisconsulte  naquit  Ie34-nifqi:i760, 
à  Vif,  arrondissement  de  Grenoble;  U  ytaxMK" 
çait  des. fonctions  judiciaires  içraque  la  n&f  olu* 
tion  éclata. 

En  butte  aux  avanies ,  comme  tous  ceux  qui 
avaient  alors  un  nom  ,  des  talens  et  de  l'hon- 
neur, ce  que  les  mauvais  apprentis  de  l'oeuvre 
révoltilionnuire  rei;:irdRif!nL  comme  une  ten* 
dance  à  l'arislocralie  ,  M.  Dumolard  fut,  pen- 
dant quelque  temps,  le  jouet  de  beaucoup tl'évé- 
nemens  et  courut  des  dangers  dont  il  sut  tirer 
quelque  gloire.  Nommé  secrétaire  du  comité  de 
sûreté  générale,  il  y  rendit  de  grands  services 
aux  siispecls;  de  là,  il  passa  chef  de  division  au 
iiiini^tcre  de  l'intérieur,  puis  secrétaire  du  mi- 
nistère de  la  justice,  et  eiitin  commissaire  du 
Uircijloire  prc^  le  Iriliuiial  de  i  a^satiun.  On  cite 


ai 8  MÛOIABS  IIISTOMQmS 

ces  diffcrcns  emplois,  pour  montrer  que 
guignon  n'était  étranger  a  aucune  des 
sances  qu'exigent  les  fonctions  de  minisiR  de  h 
police.  Le  président  du  Directoire  en  parle  ai 
Sa  correspondance  t  en  entrant  am 
caractérisait  un  administrateur 
ferme.  Ce  n'était  pas  assez  poor  SMjet  (ff); 
Bourguignon  n'était  pas  jacobin,  il  2  at 
▼oyait  que  par  ses  yeux ,  quand  Siejw 
que  le  ministre  de  la  police  ne  tSk  ^m 
siens. 

«  Bourguignon ,  qui  n'avait  que  Fi 

servir  légalement  son  pays,  né 

mander  deux  fois  sa  démission.  LSnliye  éi 

Sieyes ,  qui  avait  un  homme  a  loi , 

qu'à  moitié  ;  Bourguignon  quitta  ; 

qui  s'était  réuni  au  président  pour  II 

de  Bourguignon,  qu'il  ne  c 

proposa  Fouché  qu'il  crojrait  miens 

et ,  le  9  thermidor,  la  majorité  dm 

nomma  Fouché ,  persuadé  qnll  ne 

plus  Thommc  de  Sieyrs  cpie  Bourgui 

Cen  intrigues  sont  i^^ins  intérêt 

mais  cllc!i  rarartcrisent  IVsprit  de  Tépnque  H 

les  acteurs  qui  jouaient  les  grands  rôlem.   Fav* 

elle,  qui  rcmplara  Rour«:uignon ,  eut  llnjnrtke 


TOUS  PH  ABOnVBf.  910 

et  la  sottise  de  dire ,  dans  nn  écrit  de  ^a  main  , 
•  que  l'honnête  Boui^ignon  éttit  tQD^4^-fitit 
au-Jessous  de  sa  place.  *  Si  Fonché  a  Tonln  Un 
par-lk  qu'il  n'avait  ni  la  rouerie,  ni  la  fsauKH, 
ni  l'esprit  de  nmw>ngQ  4ont  FqhcW  a  donné 
tant  de  preuves ,  Fouché  a  raison.  On  ne  dis- 
pute pas  à  Fouché  son  savoir^fiùre;  mais  on  ne 
peut  supporter  qn^H  titiklé  it|M  11  {IM|»â'  uiy 
homme  qui  valait  ttiiei»  ^e  Mi  tè'i^  nW'f  à^ 
beaucoup  dire.  ,-i  ■^.. 

Bourguignon .  sous  le  Consulat ,  se  trouva 
membre  du  tribunal  criminel  du  département 
de  la  Seine  lorsque  Moreau,  Georges  et  leurs 
coaccusés  furent  mis  en  jugement;  il  se  borna 
à  demander  une  détention  de  deux  ans. 

Depuis  la  seconde  rentrée  de  Louis  XVIII , 
M.  Bourguignon  s'est  occupé  d'ouvrages  de  ju- 
risprudence criminelle.  U  mourut  sans  fortune 
au  mois  de  mars  1829 


thaà- 


Joi«ph  FMché  dc««ftHm«  b  | 
pêrc.  Si  tMMOé  fM  ■■  itMaiit  ;  n  I 
entrer  asx  orsiarieas  î  At  i 
lc«  icicnca  pbnaqvcs  et  b 
reot  bieniôc  ca  élit  de  prwtjm  ^«| 
maîioni  de  Tordre.  ^^^ 

Le  pèra  Fovché  ne  troar*  p*t  ^  rél^^| 
AMtiqne  convînt  à  wa  fib.  FoocÙ  f^  W  ftnc 
et  K  maria.  H  se  fiu  à  Nantes  eC  csntinna  ttm- 
■eigner  les  oulliéoiatiqnes.  1^  réTot»ôin*d*n 
dit  l'abord ,  Foncfaé  j  prit  une  grande  fart  «■ 
•c  faiiant  recevoir  dans  an  ctnb  do  jnealMn  Jili 
ville  ;  bientôt  il  parut  aux  jacolnoa  de  An;  iV 
(lélMit  lixa  les  yeux  sur  lui.  il  le  ripiah  fKWÊK^ 
ment  par  une  éner{;ic  tonte  rooMiaa  ^Hl  h 
%ille  de  Lyon  et  le  département  d«  la  IViènaH 
pcnlront  jamait  l.i  mémoire.  Ce  n'cal  paakili 
lien  (le  iraciT  rvsriuliuc  d'un  tableau  qai  lÎMl 
une  pl-ui:  t>jn;^l,iiitc  ((.m:»  lu  muMJc  dca  faal«R- 


TIRÉS   DES   ARCHIVES»  221 

Yolutionnaires..  Je  m'occupe  dur^^nw^slrft  4#Jbi 
police  et  non  du  député  à  la  Ço^f^ti^^  Oa'a 
beaucoup  vanté  sasagacilé,  son )^^p4|§f 4 »  fi^^fp^aa^ 
cela  est  d'usage  à  propos  de  U^l^gemqui 
tiennent  long-temps  en^  halei^e^Vp^f ^<¥i:  F^-r 
blique  ;  on  en  a  même  iSiit  ui&J^^ipauDae  d'un  g^ie 
supérieur ,  et  ce  sont  la  de  çef  p^irtU^pri^  dont 
on  ne  revient  guère.  Peut-être  ne  ^-il  cpiefia 
et  cauteleux  ;  mais  enfin  sa  camèrodaji^li^qlLçe 
lui  a  cr^é  une  g^i|t»tiftn.^if^^  fm^a^wui^  et 
l'on  ne  peut  s'empêc^j^ji^êlf^^yye^: 
le  véritable  poids  de  la  crédjol^é  g/èf^^n^^ 
placer  au  premier  rang  des  llo]9^5f.^(|uijf<^^^ 
rent  ce  ministère  d^  la^^police  f^^^^ckt.|e)L 
bonheur.  ,     »     a  i     ir  ^  t 

On  ne  citerait  pas  fecilemeak  .d'itilj^urs.iia 
personnage  sur  lequel  on  ait  répandu  autant 
de  bruils  de  nature  aussi  contradictoire  ,  de 
Irails  si  peu  vraisemblables,  qi/on  eu  ferait  un 
volume,  à  part  même  ce  qu'on  sait  de  sa  con- 
duite révolutionnaire  qui  formerait  seule  un 
tableau  comme  les  archives  des  cours  d'assises 
n'en  ont  pas  offert  de  plus  dramatique. 

De  tons  les  écrivains  qui  se  sont  occupés  de 
recueillir  ces  laits  sur  Fouché  et  son  ministère, 
aucun,  avant  ce  qu'en  a  écrit  M.  le  duc  de  Rovigo 
dans  ses  iMémoires ,  ne  s'en  était  plus  spéciale- 
ment  occupé  que   Tauteur  des  Mattlriaux  pour 


ftSt  M^MOffMS  HVfOMQini 

é»è  d'Offïmto(l)  ,  non  qu'il  n 

faits  incertains,  de  récits  oiseux,  d'ani 

trouvées  dans  ce  recueil  ;  c'esllliabitudè  despcllb 

esprits  de  tailler  des  contes  d'après  le«r 

patron  sur  les  hommes  dont  ib  s'érigcsÉl 

toriens;  mais  on  y  trouve  réunies  gnad 

de  pièces  qui  viennent  de  ce  petwnnuit  \%ÊÊi 

ou  è  iti soik  eélibM ,  ce  qui  l'a  Ut 

Je  prends  Pouchë  lorsqu'on  iTtt 
k  cotte  place  par  le  IKrectoiro;  le 
qui  changea  le  gontemement 
la  mime  poMtion.  Il  se  tourna  du  «Sto 
parte ,  le  flatta ,  lui  montra  josquH  igmd 
un  ministre  de  b  police  dévoué 
il  ses  grandi  desseins  ;  Fouché  eat  iM 
confiance  de  Bonaparte  et  la  a 
inteimption  jusqu'au  15  se| 
le  mimstère  de  la  police  fut  réuni  h  cJkà  iak 
justice. 

Un  des  premiers  actes  de  Fouché  te  Ji  ftftl 
arrêter  les  députés  restés  fidèles  li  la 
il  mit  dans  T exécution  de  cette 
modération  et  des  égards  qui  lui  firent 
dans  les  deux  partis. 


L-n  ^ol.  lo-ir  ;  Paris ,  Domerc ,  libraire,  iSii-  Oa  T 
Rtfgiuiilu^arlo ,  rauieor  du  QmcUère  éiImMi 


j 


TIRÉS   DIS   ARCHIVES*  ^±i 

Foiicbé^  malgré  lesCincinnatusde  smi  ^poquâ^ 
contempteurs  affectés  dts  richesses  6i  pronewt 
déierininés  des  joies  ineffables  que  ^procure  la 
vertu  I  secte  vénale  et  mendiante  v  fqtioique  fière 
de  son  maintien  d'anachorète^  Fonché,  disons^ 
nous^  connaissait  le  pouvoir  de  Tiurgentf  eida 
bonne  heure ,  à  travers  ces  désintéresseBOiena 
qui  se  mettaient  a  Tenchère ,  il  se  fit  des  cUena 
au  milieu  de  cette  écume  qui  surnage  a  traner» 
les  partis  tombés  et  les  héroisiiieB^laf^  Mab  U 
est  absurde  9  il  est  contre  la  vérité  d-afirmev, 
comme  l'a  fait  M.  Beauchamp  dans  ses  Mém/mm 
sUr  Joséphine  9  qu'au  moyen  d'un  storifice'lle 
mille  francs  par  jour»  Foudié  sût ,  par  Ik  cMa»^< 
plicité  de  Joséphine,  le  détail  de  tout  -ce  qifi  «e- 
passait  au  château.  Que  Fouebé  m  aoil  habîléi>i 
ment  acquis  la  bienveillance  de  cette  princesse, 
par  la  mise  à  sa  disposition  de  quelques  sommes 
considérables,  la  chose  ne  serait  pas  absolument 
impossible  ;  on  connaît  la  prodigalité  de  cette 
créole  généreuse  et  dissipée  ,  toujours  harcelée 
de  créanciers,  malgré  les  réprimandes  de  Bona- 
parte. Mais  la  travestir  grossièrement  en  mou- 
chard domestique ,  c'est  à  quoi  jamais  elle  n'eût 
consenti.  Joséphine  avait  trop  de  grandeur  pour 
s'abaisser  complaisamment  à  des  servitudes  de 
ce   genre.  Ou    conçoit  qu'elle  le   récompensa 


sa4  MÉNomis  insTORiQmi 

de  sa  protection;  elle  n'accepta 
pat  une  vaitalité  dégradante. 

Le  minblre  de  la  police  diapoiait  de  k 
des  jeux  ;  il  lui  devenait  facile  de 
pendons  et  de  remettre  secrètement 
utiles  aui  personnes  dont  le  crédit  lai 
nécessaire;  c'est  ce  que  Fouché 
jours  STCc  adresse.  Les  choses  les 
se  traitent  encore  ches  les  gêna  de 
avec  nne  grandeur  qni  les  dépomBe 
nis  repoussant;  mais  les  faiseurs 
manquent  de  ton.  •  . 

En  même  temps  Fouché  tenait  la 
Teiécution  des  mesores  relativea 
aux  prêtres ,  aux  Vendéens ,  au  j 
faisait  sunreiller  les  domestiqnea 
en  place  et  même  ceux  du  premier 

La  puissance  des  ressorts  révolnli 
il  s'était  résenré  le  secret,  en^ 
premier  comnl  d'accorder  une  entièm 
à  rhomme  qui  pouvait  employer 
contre  lui.  Fouché  représentait  n 
occulte  a  laquelle  il  fallait  faire  aen  let« 
en  se  tenant  prêt  à  rctoofier  dès  qae  celle 
sancc  voudrait  nuire.  Il  était  l'éniMCleire 
plaie  sourde  qu*un    parvenu    comprend 
qu'il   ne   saurait   former  sans  péril  et   mm  es 


j 


TinÉS   DES    ARCHIVES.  !>St5 

cesse  pas  d'clre  un  péril,  quoiqu'elle  soit  ou- 
verte. Pour  se  garder  du  côté  de  la  carte  sus- 
pecte, Bonaparte  imagina  d'établir  des  contre- 
polices  destinées  k  surveiller  la  police  et  Fouché. 
Le  chef  du  cabinet,  M.  de  Bourienne,  était  au 
courant,  par  là,  de  tout  ce  qui  pourrait  donner 
de  l'inquiétude  au  chef  de  l'Etat.  Ces  contre- 
polices  datent  de  quelques  mois  avant  le  3  ùivose 
an  9  (24  décembre  1800). 

Malgré  son  activité  ,  ses  agens ,  l'or  qu'il  ver-^ 
sait  k  pleines  mains ,  Fouché  ne  fut  pas  toujours 
servi  avec  promptitude  ou  fidélité.  Des  per- 
sonnes très  au  courant  des  intrigues  qui  s'agi-^ 
taient  chez  les  conspirateurs ,  ou  royalistes ,  ou 
démagogiques,  à  cette  époque,  lui  i'efosent  le 
mérite  d'avoir  découvert  la  conspiration  du  15 
vendémiaire  (17  octobre  1800),  connue  sous  le 
nom  d'Aréna,  qui  avait  pour  complices  Céracchi 
et  Demerville  :  celle  découverte,  assure-t-on,  ne 
doit  cire  attribuée  qu'aux  imprudentes  confi- 
dences de  Demerville  à  Barrère,  et  aux  révéla- 
tions de  ce  dernier  au  général  Lannes,  comman- 
dant de  la  garde  consulaire,  qui  n'en  porta  la 
nouvelle  a  Fouché  qu'après  s'en  cire  fait  honneur 
auprès  du  premier  consul. 

L'cvèncmcnl  du  5  nivôse,  que  Fouché  ne  prévit 
pas  davantage,  fui  cependant  une  occasion  pour 
lui,  cjuoiqu'après  coup,  démettre  en  jeu  les  res- 

IV,  1% 


TIRÉS   DES   ARCIEIIVES.  22^ 

cette  cabale  abominable.  jPouché  tin^  P^fol^  9  .^ 
les  recherches  ainsi  ^ue  )a  prop^dure,  cpi^^r- 
mèrent  les  précomptions  qu'il  avait  formées. 

Cependant  Bonaparte  avait  réuni  les  attribu- 
tions de  la  police  a  celles  de  la  justice,  au  mois 
de  septembre  1802.  .Fouchc,  nommé  sénateur 
et  pourvu  de  la  sénatorerie  d'i^ix  ^  resjta  v^igt 
mois  éloigné  des  affaires ,  non  sans  en  repËpfp 
tous  les  fils,  tant  à  sa  campagne  qu'à  J^ariji, 
en  conservant  des  relations  avec  les  homqa^ 
marquans  des  ^ivers  partis.  J\  sç  maintmt  jifibi- 
lement  dans  leurs  bonnes  gr.âces,  pour  êtrje^ 
même  de  les  vençlre  au  besoin.  C'était  ref te^  efi 
position  d'être  utile.  Un  homme  fin,  <Uios  c^ 
sortes  de  fonctions,  peut  les  quitter  un  instai^t 
et  ne  pas  désespérer^  cela  dépend  des  bévueus 
de  son  successeur.  Il  doit  faire  comprendre  au 
pouvoir  qu'il  est  en  mesure  de  le  servir  encore. 
Touché  n'ignorait  pas  qu'on  le  tenait  sous  la  sur- 
veillance j  il  agissait  en  conséquence,  et  pour  qu'on 
sût  a   quoi  s'en  tenir  sur  son  propre  compte. 
Aussi  Bonaparte  ne  tarda  pas  a  sentir  le  vide  que 
lui  causait  la  rupture   de  ses  rapports  directs 
avec  Fouché.   Le  murmure   élevé  tout  autour 
de  lui  par  le  jugement  du  duc  d'Enghien ,  l'éclat 
de  la  conspiration  de  Georges  et  de  Pichegru , 
le  procès  inquiétant  de  Moreau,  et  la  transition, 
quelque  peu  chatouilleuse,  du  Consulat  h  l'Em- 


TIRES    DES    ARCHIVES.  U2Q 

est  permis  de  se  servir  de  ce  mot  a  son  égard , 
pouvait   se   reconnaître.    Le  nouvel  ordre   de 
choses  lui  donnait  de  la  sécurité.  Le  moment 
le  portait  h  des  vues  de  consolidation.  II  n'avait 
plus  besoin  d'entretenir  de  la  fermentation  et  du 
doute  dans  les  esprits;  mais  il  n'était  cependant 
pas  homme  a  reculer  devant  la  nécessité  de  re- 
prendre et  de  répéter  ses  premiers  rôles.  Il  y 
avait  trois  hommes  dans  Fouché  :  le  grand  scé- 
lérat ,   rhomme  d'esprit ,   et  le   misérable  ;   ou 
plutôt  son  esprit  avait  deux  manières  de  se  ma- 
nifester, suivant  les  temps  ;  et  tous  les  hommes 
sont  ainsi  faits.  Si  jamais ,  a  partir  de  ce  mef- 
ment,  police  ne  fut  ni  plus  absolue  ni  plus  arbi- 
traire que  la  sienne ,  on  avouera  cependant  qu'il 
n'en  exista  pas  de  plus  active  et  de  plus  protec- 
trice ,    de    plus   ennemie    de   la   violence    dans 
Vexécution   des   ordres ,    qui   pénétrât   par    des 
moyens  moins  choquans  dans  le  secret  des  fa- 
milles ,  et  dont  Faction,  moins  sentie ,  se  laissât 
moins  apercevoir;  c'est  au  moins  1  opinion  des 
gens  qui  jugrrent  Fouché  par  sou  second  minis- 
l(  re  ,  nouvelle  phase  de  son  aslre  (jui  grandis- 
sait au-dessus  de  Thorlzon. 

Nous  ne  devons  pas  oublier  non  plus  que  ce 
fut  pendant  que  Napoléon,  contraint  d'enchaîner 
le  ( onllnent  pour  nons  donner  enfin  le  dernier 
mol  (le  sa  pen^jée,  portail  la  guerre  aux  extrémités 


TIRÉS   DES   ARCHIVES.  iSl 

chef  de  l'Etat.  Il  ne  s'agissaii  pas  îtioin^  que 
d'enchaîner  la  puissance  de  l'empereur  et'  de 
mettre  Bernadote  a  la  tête  de  ce  grand  mouve- 
ment, pour  lequel  il  y  avait  déjà  une  nombretiéë 
levée  de  gardes  nationales  que  Napoléon  licen- 
cia a  son  retour.  L'esprit  adroit,  les  ^andés 
relations  de  Fouché  avec  les  principaux  pér^bif- 
nages  de  l'Etat ,  rendaient  fort  dangereuse ,  à  la 
suite  d'une  destitution ,  la  présence  dé  l'atKiièfn 
ministre  de  la  police  en  France;  TeûipéJ^ifàlr 
le  nomma  gouverneur  de  Rome.  Disgrâce  éô'àr- 
noise  dont  Fouché  comiprit  le  fin  mot.  Rëme 
était  pour  lui  le  village  de  César;  maîs^  apirèà 
avoir  été  le  premier  à  Paria ,  Fouché  devait  se 
sentir  dans  la  disgrâce  à  Rome. 

Avant  le  départ  de  Fouché  pour  sa  destina- 
tion ,  deux  conseillers  d'Etat ,  Real ,  Dubois , 
préfet  de  police ,  se  rendirent  dans  la  rue  des 
Saints-Pères  pour  enlever  certains  papiers  qui 
provenaient  du  cabinet  de  Fempereur.  Sous  cette 
rubrique  ,  ils  se  seraient  emparés  du  reste.  Le 
disgracié  senlil  rinlenlion  et  joua  serré.  Il  ren- 
dit quelques  papiers  et  en  retint  quelques  au- 
tres. Ce  refus  excita  la  colùrc  de  Napoléon.  11 
y  avait  un  ordre  (rarreslation  au  bout  de  cette 
cormulic.  l^^ouclu;  ne  perdit  pas  de  temps;  il 
s'cloiijçna  de  la  France  ;  mais  il  y  revint  presque 
aussitôt,  olîVant  a  Tompercur,  iacilc  a  désarmer 


a3a  Hiaonn  uitobiqi» 

dte  que  l'on  capitolùt  ht  ses  maiiittliiiw,  .fjt  far 
xançon  de  U  liberté  qall  ridanôt,  (la  l^,l^ 
vettre  le  reste  des  pepura.  FoulIiô  t  irut 
quille  diDS U  TÎUe  d'Aïs ,  ju>qu'uui  ^r^mi 
nemeni  qui  précédinat  ci  suivîrcni  le  np) 
des  Boacbons  en  France.  Le  *2U  tnen  Int  6i  t 
vrir  de  aonveau  les  paiU-«  lics  Tuilenc*^  il 4 
réinstalla  dans  le  «ûrâtùn:  de  la  police  j 
la  bataille  de  Wateriooi  (|ui  inncba  de  h  4 
tinée  da  Bonaparte  ao  f  refit  de  U  iÀmilli  t 


Une  commission  fat  cr<êe  pour  inûters^tcl 
alliés;  il  en  fat  le  pcéaîdEiii:  il  prit  de*  s 
pour  prédpiter  le  départ  de  ion  anôea  1 
qui»  ditHm,  sons  lo  coap  d'une  iiupifaùM  < 
soldat,  réclamait  atec  insuacc  qu'on  U  t 
se  meure  un  jimr  encore  ii  U  lêic  Je  tu 
fiançaise  en  qualité  de  (cnéral  eu  clkcC,  ' 
qu'il  était  de  courpaner  u  gloire  militaire  p«t| 
dispersion  des  armées  cnucmic».  FaecW  j 
laissa  point  Napt^éon  en  repot  qu  il  ne  tj^ 
contraint  h  t'eipalrîer  au  plus  lile.  Les  1 
de  Napoléon  n'aboutirent  qu'Ii  le  faire  l 
entre  les  mains  des  Angbi^. 

On  peut  reconnaître  le  1 .11.11  tire  de  Foocké  l 
la  conduite  qu'il  tint  dans  rci  tircoDstanco-  0 
paraissait  approuver,  en  conseil  cl  en  public.  1» 
principes  et  les  résolution»  de  ses  collcsoo^  Lfi 


_^^^^ 


TIRES    DES   ARCHIVES.  â33 

démocrate  fougueux  semblait  rajeunir;  il  prenait 
part  à  des  déclarations  de  principes,  comme  s'il 
se  trouvait  encore  sur  les  bancs  de  la  Montagne; 
son  zèle  patriotique  enflammait  1^  assemblées  ; 
mais  en  particulier,  c'était  autre  chose  ;  dévoué 
en  apparence  à  tous  les  partis,  en  réalité  dévoué 
à  lui  seul ,  il  flattait  royalistes  et  démagogues,  et 
les  abusait  tour  a  tour  par  de  faux  épanchemens, 
de  chimériques  espérances.  Il  parlait  de  Uberté 
aux  républicains;  de  gloire  et  de  Napoléon  II  aux 
bonapartistes  ;  de  légitimité  aux  amis  d^u  rpi;  de 
garantie  et  de  paix  générale  à  ceux  qui  crM- 
gnaient  les  troubles  et  les  agitations,  e^^  parver 
naît  ainsi  à  se  ménager  de  tous  côtés,  en  cas  de 
besoin,  des  appuis  et  des  chances  favorables.  Il 
ne  poursuivait  qu'une  pensée,  et  cette  pensée  le 
concernait. 

Le  roi  à  son  second  retour  conserva  Fouché 
dans  le  ministère;  tant  d'intrigues  étaient  cou- 
ronnées ;  mais  la  place  n'était  pas  tenable ,  et 
celte  association  hurlait.  Il  y  avait  une  ineffaçable 
date  de  sang  h  son  front,  que  les  Bourbons  ne 
pouvaient  saluer  sans  ignominie.  C'était  salarier 
trop  cher  riiabileté  que  de  la  tolérer  au  prix  de 
celte  lionlc.  Robespierre*  eut  été  plus  concevable 
aux  Tuileries  que  Fouché;  car  le  grand  monta- 
gnard avait  du  moins  porté  répilhète  d'incor- 
ruptible. Enlin,  vers  la  tin  du  mois  de  seplem- 


des  ecrrnias  q«  De  le 
nia»  s^amosciit  à  coaposer  des 
satisfaction  des  enCtns   et  des 
hommes  en  batte  à  TanimadTenioa 
prêtent  â  des  croyances  de  serrantca. 
bouille  phlrinf-nt  toute  leurrie, 
fait  de  I»  vif  tlrn  rois,  des  reines  et 
leur  pnUaiit  «1rs  crimes  imaginaires, 
^C)Kiy»anl  ^rossii.Tcmcnl  les  moindres 


êOmk 


TIRES  DES  ARCHIVES.  2ùS 

leur  existence.  L'histoire,  chez  nous,  est  gêné* 
ralement  écrite  par  des  ignorans,  d'après  des 
récits  d'aveugles.  On  ne  sait  pas  éclairer  ces 
ténèbres  en  prenant  le  cœur  humain  pour  crite* 
rium  et  pour  fanal. 

Il  ne  suffit  pas  pour  le  but  qu'on  se  propose  dans 
ces  Mémoires  d'avoir  peint  le  duc  d'Otrante  sous 
des  rapports  généraux  d'administration  et  de  po- 
liticpie;  on  doit  donner  aussi  une  idée  de  ses 
principes  en  matière  de  police,  et  de  la  marche 
qu'il  dictait  k  ceux  qui  se  trouvaient  sous  ses 
ordres  pour  leur  conduite  personnelle  ;  c'est  ce 
qu'on  trouve  exposé  avec  clarté  et  justesse  dans 
la  circulaire  aux  préfets  peu  après  sa  nomination 
au  ministère;  elle  est  datée  de  Paris,  30 brumaire 
an  8. 

«  Citoyen  préfet , 

«  Vos  rapports  avec  la  justice  sont  intimes  et 
nombreux;  les  relations  qu'ont  entre  elles  Tac- 
lion  de  la  police  et  l'action  de  la  jiisficc  se  tou- 
chent rcellement;  elles  semblent  se  confondre, 
Sans  cesse  elles  concourent  aux  mêmes  actes. 
(Combien  cependant  ce  concours  est  loin  d'être 
un  accord  !  Eiilourée  de  formesqu'eile  ne  trouve 
jamais  assez  multipliées,  la  justice  n'a  jamais  pu 
donner  a  la  police  sa  rapidité.  La  police,  affran- 
chie iW  presque  toutes  les  entraves,  n'a  jamais 


356  HKMOIUS   BUTOUODII 

eiciué,daiuUjuitice,M«lAntMnïli    _  _, 

(|u*ellct  M  font  ttDtnellenMiit.  la  wcîmW^ 
MOTent  k  l'on  et  k  l'aalre.  On  wyJfc  %  h 
police  dlnqniéter  11iiiioceac«,  k  h|hrfiiiîiiM 
UToir  ni  prévenir,  ni  MÎdr  le  criaiLlMM 
qu'elle  a  été  (Uni  la  msin  Hes  roU,  la  polw*  i 
paHéploa  Jiénéraleniebi  pour  un  instrameal^a 
detpotîsnie;  la  jmtiee,  parce  qu'elle  est  ra^M 
par  la  oi^nea  dei  Idf ,  a  paru  sonvcai  ^^tKtt 
dam  lea»  obscurités  et  Ican  contradklîaM. 
Chei  certains  peuples  ombragruxà  l'eseta,  j»- 
loDZ  k  l'eufes  de  leur  liberté ,  on  a  sacrifié  h 
police  à  la  jostice;  chez  d'aulru  peapici.  jUm 
impatiens  d'âtre  tratni-s  avec  lenteur  daw  ta 
formes  et  dans  le  labyrinthe  de  tant  dabit.M  a 
fiiit  de  la  jnstice  die-mèmc  une  police. 

N  Qu'on  porte  un  ail  allealir  sur  las  Isea  t* 
sur  les  momens  de  leur  action ,  on  |iëib— i^  qeo 
la  jnstice  et  la  police  ne  pcuTcnt  exister,  pov  W 
Téritd>le  ordre  soôal ,  ni  l'une  sans  Tanlf*.  d 
entièrement  confbndnes  l'une  avec  l'antre^- 
Les  momens  qui  précèdent  les  arrêts  de  la  p» 
tire,  et  les  momens  C{ui  la  latvent,  aool  ém 
momens  oùla  joslice  ellc-nii^me  ne  dmt  pas  S|ir, 
et  ces  deux  momens  appartiennent  à  l'actiaei* 
b  police.  C'est  la  police  qui ,  ayant  parloal  i» 
regards  et  des  bras,  peut  riire  arrêter  les  f«a- 
pablea  partout  où  les  crimes  pcnvn»  ètn  CÊm* 


TIRÉS    DES    ARCHIVES.  23? 


/ 


mis;  c'est  elle  qui,  disposant,  pour  maintenir 
l'ordre  public ,  d'une  force  armée  supérieure  à 
toutes  les  forces  qui  peuvent  le  troubler,  a  tous 
les  moyens ,  et  de  mettre  les  prévenus  sous  la 
main  de  la  justice,  et  d'écarter  ou  de  vaincre 
tout  ce  qui  s'opposerait  a  l'exécution  de  ses  ar- 
rêts  Ce  que  les  ordres  positifs  des  lois  vous 

commandent  le  plus  impérieusement ,  c'est  de 
ne  tenir  aucun  citoyen  sous  la  main  de  la  police 
que  le  temps  strictement  nécessaire  pour  le 
mettre  sous  la  main  de  la  justice.  Les  lois  font 
elles-mêmes  quelques  exceptions  à  cette  loi^ 
unique  garantie  de  toutes  les  autres*  Ces  excep- 
tions rares  et  bien  déterminées ,  les  lois  les  font 
comme  a  regret  et  presque  avec  effroi;  si  nous  en 
ajoutions  une  seule ,  nous  ne  serions  plus  les 
magistrats  de  la  police,  mais  les  agens  delà  ty- 
rannie  Pour  toutes  les  arrestations  et  a  tous 

les  instans  ,  des  ngens  de  la  police  doivent  donc 

elrc  en  état  de  produire  les  preuves  écrites  qui 
constatent  le  moment  précis  oii  un  citoyen  a  été 
arrêté  ,  et  le  moment  précis  où  il  a  été  déposé 
sous  la  garde  des  lois.  La  société  tout  entière  a  le 
droit,  a  cet  égard,  d'interroger,  et  le  ministère 
de  la  police  ,  et  les  préfets,  et  tous  leurs  agens. 
IN 'oubliez  jamais  combien  il  est  dangereux  de 
faire  des  arrestations  sur  de  simples  soupçons  ; 
songe/,  que  vos  actes,  alors  même  qu'ils  seroiit 


Hé  wwyfa  par  la  juSm  i 
pMccqa*ibbvMart4li  i 

«  Cm  vaut  <ic  lliainantlc ,  préaeotéa  p»  h 
fliiltlIfMi  4e  k  France  an  pnJMwKW  cl  m 
JÊf/m  é»  fBMWpe ,  ne  st«t  pam  d«  itat  pv«4 
duMle  Afùmtàf6e  ùm  Wt;  ib  le  «oal  «bat  li 
c««r  é»  fbàa  cen  ipri  •erretit  h  répwWiyr.  G 
n'cit  pM  lenlement  ât  la  mcnotlre  rigqev  lia^^â 
am  rigaetm  indUpAnutblr!»  pour  l'exécwUoa  4b 
Imb  «t  dei  xrritM  de  û  jiuUce  que  ooaa  aeriMi 
coMpaMtij  DOttt  k  aerioM  encore  ■  mw^ 
tenférwna  pu  cet  rigonas  par  tan  ka  afl» 
ciaaenaas  qu'elles  penrent  receroir.  • 

D  était  difficile,  en  présence  de  la  iealAc 
ficelé  é.   bien  mise  en   Imnièra  dam  W 
nien  pangnplies  de  cette  circulAire 
rielle ,  #éublir  des  princîpei  de  cimdwtc 
propfea  &  guider  les  autorités  de  U  police 
rexercice  de  leurs  fonctiotis  pr^veatnes.  L1 
sUcle  pernstait  ;  mais  H  était  avoué 
rare,  et  qui  doit,  si  le  progr^  n'est  pas  u 
songe,  conduire  les  riprili  i  rhtirrWr  la 
pM^le  t  par  des  méditatioBs  n«WNlM{ 


TIRÉS    DES   AHCinVES.  ^Sq 

lion  infatigable  des  autorités,  qui  nous  doivent  de 
se  retirer,  ou  qui  doivent  s'écrouler  lorsqu'elles 
ne  veulent  pas  y  souscrire.  Si  Fouché  eût  porté 
cette  dialectique  lumineuse  sur  toutes  les  parties 
de  Tadministration  ,  et,  par  conséquent ,  appelé 
les  consciences  de  ses  contemporains  à  de  fortes 
études,  si  nécessaires  dans  les  temps  de  gouver- 
nemens  représentatifs  où  toutes  les  traditions 
vraiment  ascendantes  sont  noyées  dans  le  cou- 
rant des  médiocrités  mercantiles,  nous  oublie- 
rions volontiers  la  part  toririble  qu'il  a  prise 
dans  Ihistoire  de  nos  troubles,  pour  ne  décer- 
ner que  des  éloges  à  sa  mémoire. 


I 


cH      m  Jua-v 


10  Ifliun  MM.  — U  finxrr  •«!•. 


M.  DuMf ,  pmnicr  prikl  éi  Mot.  —  Sa  ■ 

fecum.  —  Soiùt  qn*»  A  h  Mie  atfi 

■rréléi  MT  l«  MTttee  .  —  OrAoam 

nld|Mih.  —       en         ■  prMat  éan  W  ptKn  p 

p  I.  — I  n  --  *•-'-    .  "■naa  - 

—       cU  lo.  —  I  M^imiMi  àm  G>f  fc  -U 

■nll  de  >M  prgnkr  fn— I-  —  m^m^^ 

la  p      ï  da  pi      -.  —  i  »c-lof«I.  —  AOUr  *  NAa.  - 

RMraHe  de  M.  Oabob.  -  ■   ni.,  wcr^iabc  «Imt*!.  . 


■te  - 

1 


M.  Diibou  fui  nommû  îi  h  préfecisTe  4fg 
lice  le  21    meuidor  an  i'I,  1c  mètne  jour  ^ 
Foacbé  à  la  police  g(^a<^ralc.  Avocat  et  |ir«c«- 


TIRFS     DFS    ARCHIVES.  24 1 

reur  au  Châtelet  avant  la  révolution,  on  le  choisit 
a  Tépoque  de  l'organisation  des  tribunaux  en 
1791,  pour  présider  le  tribunal  criminel  du  dé' 
parlement  de  la  Seine;  depuis,  il  a  rempli  quel- 
ques autres  fonctions. 

11  apporta  du  zèle  a  l'organisation  de  la  pré- 
fecture; les  connaissances  qu'il  avait  acquises  au 
bureau  central  l'aidèrent  en  ceci.  L'importance 
et  l'utilité  de  cette  nouvelle  magistrature  déter- 
minèrent le  premier  consul  k  en  étendre  le  res- 
sort aux  communes  de  Saint-Cloud,  Sèvres  et 
Meudon.  (Arrêté  du  3  brumaire  an  9.) 

M.  Dubois  régla  par  des  arrêtés  particuliers 
les  divers  services  et  les  bases  de  la  comptabilisé 
très  compliqué^  de  son  administration. 

Par  l'arrêté  du  30  germinal  ah  i%  il  fixa  les 
frais  d'expéditions  des  extraits  d'actes  «ur  papier, 
au  timbre  de  soixante-quinze  centimes;  les  bonis, 
après  le  prélèvement  des  frais  de  timbre  et  de 
papier ,  devaient  servir  aux  pensions  des  em- 
ployés vieillards  et  indigcns  placés  k  Chaillot 
dans  rinstitution  de  Sainie-Périne,  ainsi  qu'aux 
frais  et  dépenses  d'un  conseil  particulier  qu'il 
établit  k  la  préfecture,  et  aux  gratifications  des 
employés  en  activité.  Le  service  de  la  Morgue, 
assez  négligé,  fut  réglé  par  un  arrêté  du  12  mes- 
sidor de  Tan  13. 

Il  fut  ordonné  que  ce  service  serait  fait  par  un 

IV.  a. 


ronciorgi» ,    un   aiili*   «l  un   liommc  tlp   peine  ; 
leurs  trailenn'iis  l'iinMil  li\»''i. 

Lt!  ron«:ier:io  ilut  li*nîr  «U'iix  ri'iziilrr*  ou  *p- 
raient  inscrits,  jour  ^mt  juiir,  les  tiidiTres  jp- 
portés  à  la  Mnrj^ur,  It-ur  il('*^iunati«»!i  air^n  qu« 
celle  tlii  lieu  oit  iU  auiaienl  vlù  trouves,  lei 
causes  de  mort  présumées  ,  rautoritc  qui  en  ann 
ordonné  l'envoi  a  la  .Mordue  et  la  date  dcLaMT- 
tie  du  cadavre;  mention  devait  cire  faite  àt  U 
reconnaissance  ou  non  des  cadavre*.  Les  tctc- 
mens  des  cadavres ,  reconnus  ou  non ,  ëUicot 
conservés  par  le  concierge  ;  il  n'en  dtfpoml 
d'après  l'ordre  du  préfet.  Ln  double  dn 
de  la  Morgue  est  remis  à  Lt  préfecinre  de  poliot 

Le  traitement  du  concierge  fut  originaîrcaeflt 
fixe  à  !2,0U0 fr.  ;  celui  de  Taide  à  1 ,9U0,  Hctim 
de  rhomme  de  peine  à  5(J0  ;  ils  n*oiiC  peùK  en 
d'augmentation  depuis. 

Ln  arrête  important  de  M.  Dnbaîs  fom  rf- 
glcr  la  comptabilité  des  dépenses  de  U 
ture  est  celui  du  3  vendémiaire  an  1-1.  Il 
(r  que,  chaque  année,  Texercicc  de  la  co« 
lité  sera  liernic  dans  les  trois  mois  qui  »niTeMI. 
en  consé(|ucnce ,  rarcliilecte  de  la  prciiedMt 
et  les  rliefN  do  ser\iie«  tant  a  l'intérieur  fa'^ 
I'extérit!ur ,  sunl  tenus  de  reniettn^  au  s^citU- 
ri;it  de*  la  prclLM  liire ,  pendant  le  courant  éi 
prrniirr  triiiu>tri*  de  l'anm-i' ,  tous  le»  méawtrfi 


TIRÉS   DES   ARCHIVES.  ^'^ 

rectifiés  et  réglés  cmî  i^estent  à  produîrb  pout  les 
4épe;nses  de.l'amié^  précédente.  >  :  .    /  li     . 'it 

fr  Tout  mémaire  q^i  oe  ^i^ît  pfii'  pnéimté 
dans  ce  délai  est  rejeté  et  lais$é  ftU  ;C#llipl0  de 
celui  qui  aMrait  négligé  de  se  préséntet...»!  <1 

Par  im  arrêté  du  i9  septembre  4806^  M.  Af* 
1)918  avait  réglé,  que  les  /effets  trouvés  sulr  It^^e 
publique,  abftndoniiés,  ou  déposés  cbc^ilésûotn*^ 
x^is^aires  de  police  et  à  U  préteotuye  »  MWtiiit 
annoncés  dans  les  feuilles  ,publiqiiesQl*livré»îMX 
réçlajpatans  >qMi  JnfltilP^r^)^^  A^  kttf^)^^ 
m^,q^eJsi,  au,bQ^^i4^;^fl»  <^  f^tojV4l^^ 
pas  réclamés ,  :i|s  %^miÈii ^^^k{9^^t.  pMMMkps 
qui  en  i^Mrfd«ni^  le 4ép4tf . .  'j^:Mru»» 

jlj'^sage  de  jrjipn0t«reil#s;4sl^         iré6ililil4^>à 

pew.qui Jks  pnt  dépol^s^^i^ttft  le$  mîisQiaiidMt , 

:^ést  so^tettu  ;  msds  Vannonce  da«s  les  î^Ut^aipc 

esttoinbée  en  désuétude;  on  a  cru  cet  assujettis* 

sèment  inutile  et  sujet  a  quelques  inconvéniens. 

L'inconvénient  contraire  qui  résulte  du  silence 

de  Tautorité  nous  parait  beaucoup  plus  grave. 

En  général ,  la  police  est  organisée  sur  une  baie 

étroite  et  parcimonieuse  qui  Fempêche  de  rendre 

lUie  foule  de  services  et  ne  lui  permet  que  de 

faire  sentir  ses  vexations  ;  d'où  TelIVoi  vulgaire 

que  son  nom  nous  inspire.  Le  mot  de  police, là 

lui  seul ,   circule  toujours  avec  une  acception 

désobligeante. 


a44 
iki  poUca  de  la  Cwwrièw,«tt 

1m  dwvaax  «t  aaMiMK  truw<i  ^m< 
tion  oa  aiT<!l^B  pir  mesure  de  nhreté  ,  fal  f 
d'nn  arrêté  du  lit  mnni  1K10. 

Dans  rordoiinafice  du  9  floréal  m  S.  le  p 
lircscrit  les  rifgics  et  les  formalités  paar  h! 
dei  cadaTres,  k  l'usitpe  dei  instriiclioRi  ji 
Il  îridH[Ue  les  priïcautions  pour  doantf  4ei  W- 
coare  au\  gens  rcliréa  de  la  riviti^re  et  ^m  4an*- 
raieot  signe  de  vie.  Les  frais  exig^  a  b  t 
empêchaient  souTcnt  de  réclamer  le*  c 
'  par  un  article  de  son  ordonnance,  M.  I 
'<Mi  frais  h  la  chargn  de  la  préfectvre.  ACa  #<•- 
counger  les  hommes  de  hvitrt!  k  vflnraa  *- 
'-«ours  des  personnes  lubmer^ée* ,  U  réfilt  ^'3 
•  serait  donné  *23  francs  de  rtfcompcaa*  fe«  k 
Tep^cliai;e  d'un  individu  vivant  ,l5pair  a^i 
ll'un  cadavre ,  et  5  pour  la  visite  do  lUiaifiBi  ^ 
■  ■officier  de  santé  (|ui  constaterait  TéUl  •■  a^- 
■ninistreratl  des  secours;  ces  frai»  fTMt—iyfc 
-Bur  U  caisse  de  ta  préfecture' et  ■oUMa4'ifll* 
le  procJ»-verbal  du  cominiMaîre  de  palicc  i* 
pareils  ré{:lemens,  dont  l'ulihté  m  i 
■ans  c]ue  j'insiste ,  devraient  tlr«  pl«»  i 
(ju'ils  ne  le  sont ,  afin  de  prévenir  an  pl«a  ffmi 
nombre  de  rapacités  subalterne*.  Ce  ^mt  n* 
îçnorc  le  plus  parmi  aoos,  c'e«t  ce  qui  r^b  !• 
raille  et  un  faits  de  la  vie  courante.  A  cfca^ 


_3 


TIRÉS   DES   ARCHIVES.  ^4^ 

instant  et  pour  la  moindre  chose ,  on  se  croi^ 
perdu  dans  une  sorte  de  dédale;  et  les  spécii)ia* 
teurs  tablent  sur  la  peur  générale  d'avoir  afi^e, 
avec  les  grandes  autorités  pour  tondre  le  piol^Cç 
jusqu'à  Técorcher.. 

Le  préfet  s'occupa  de  perfectionner  les  éta- 
blissemens  de  secours  pour  les  personnes  su^r 
mergées ,  établissemens  qui  dataient  déjà  de 
i  772  y  mais  qui  reçurent  depuis  de  nombreux; 
accroissemensy  trop  contrariés  par  l'ignorance 
publique  et  les  bouleversemens  admipistratUs. 
L'autorité  ne  fait  le  bien  qu'au  moyen  de  ladur^e. 

L'ordre  dans  les  halles  et  marchés  de  Paris 
avait  été  négligé  sous  le  bureau  central  j  M.  Qu- 
bois  y  préluda  par  des  ordonnances  de  p(4^cç  /lu 
23  prairial,  1^^  messidor,  l^''  fructidor,  26  fructi- 
dor an  8;  6  vendémiaire,  13  brumaire,  et  8  fruc- 
tidor an  9.  Les  améliorations  successives  intro- 
duiles  dans  celte  branche  de  l'ordre  public 
présenteront  long-temps  des  lacunes  dans  Tab- 
sence  d'un  système  régulier  qui  saurait  se  suffire  k 
lui-même.  Mais  le  reproche  que  je  consigne  ici 
doit  se  reproduire  dans  toutes  les  branches  de 
l'administration  ;  l'administration  est  une  science 
dont  on  ne  semble  pas  encore  avoir  bégayé  l'al- 
phabet. 

La  police  de  la  rivière,  tant  sous  le  rapj)ort 
de  la  navigation  que  pour  la  sûreté  des  marchan- 


r  tet  ports  rt  la  tettuR  des  I 
i'Aes  réglemei»;  ce  fal  l'objet  ( 
I  da  pr^el  en  dale  du  2R  genanal ,  m 
jirf^'teâipl^ninitaire  an  8  ,  19  hmaum,  4  fri- 
BÛn*  ^  TcntOBC  ,  5  Oort^at  an  9. 

l/«Molinancc  qu'il  rendit  »nr  le*  carntnaaa 
S'VMttl9can9,  en  rappelant  les  anoïKi  ii^t~ 
ÈÊàaâ  Mr  la  manière  de  lo  exploiter  «an  «^ 
^fiblÉMttre  la  sàrett'  ptiblirpe  .  réprum  p««  ■ 
tttf^  les  abui.  Mai)  c'est  d'oae  cooeCflM  i 
|iAM  inr  l'ensemble  que  peut  Mmlamcnl  rtarftal 
llfâiAeroent  régulier  de»  objeU  de  dAaaltiit 
èUfté  conception  n'est  pai  soMîe  jtmpi^  prtfisc 
Jw  OBTreaax  adminisiralils;  ils  vmBta>J<Mrli 
jfttf  «t  sur  des  roatînes. 

'  'tt^lVuboift,  par  un  écart  de  tble  Mtt<CFa«|e, 
jABnitla  pliu  sinjïnUèrc  ordbnnanc* .  Vc  ^ft  bn- 
I  an  !f,  cl  dont  les  modfii  parahiaët  Un 
[  Considérant ,  y  ctt-il  dit ,  ^Él  ki 
t  travesties  sont  ttposétt  b  «fte  HSlii 
dtf Éttagrémona  el  mbne  aux  mjpriMa  As  ifl» 
de  h  police  ,  >i  elles  ne  «int  naniea  ^mmt  ^^ 
riattibn  Hpécialt-  ;  celle  qui  détirera  dt  lluè^^ 
aSfin  devra  s'adrc^wr  à  ta  préfeclata  ée  fdN 
pouran  obtenir  l'autonsation  ;  tonte  1 
guisée  t'ii  liuiumc  qui  ivra  Irouvtfttfl 
permission  sera  arK-lée  et  coBJiJle  ft  | 
tore  de  police.  » 


TIRÉS   DES   ARCHIVES.  347 

La  grossièreté  d'une  pareille  ordonnance  ,  et 
ringéouité  de  ses  motil's  sont  assez  palpables.  En 
France,  pays  de  liberté  et  de  galanterie,  du 
moins  à  ce  que  nous  avons  la  bonhomie  de  dire 
nous-mêmes  à  tout  propos,  interdire  notre  cos- 
tume aux  femmes  et  commettre  des  agens  de 
police  à  veiller  sur  l'exécution  rigoureuse  des 
cas  de  tolérance,  c'était  plus  qu'impérial;  sur- 
tout lorsqu'on  sait  qu'une  fois  la  nuit  venue  ,  et 
pour  circuler  à  son  aise  en  échappant  à  la  licence 
des  manans ,  le  costume  de  Thomme  peut  être 
un  porte-respect  pour  les  femmes  isolées.  Cette 
grossièreté  a  survécu  dans  nos  mœurs.  L'ordon- 
nance subsiste  encore. 

La  répression  du  vagabondage  et  de  Ja  m^n- 
dicité ,  que  l'on  confond  si  mal  à  propos  l'un 
avec  l'autre  ,  éternel  écueil  de  la  justice ,  occupa 
M.  Dubois.  Le  vagabondage  fut  moins  libre,  la 
mendicité  resta  la  même.  Ledépôtde  mendicité 
se  trouvait  insuflisant. 

L'événement  du  3  nivôse  éveilla  l'attention  du 
préfet  sur  les  étrangers  qui  pouvaient  trouver  re- 
fuge à  Paris.  On  eut  recours  aux  anciennes  lois  ré- 
volutionnaires. Peu  de  jours  après  la  catastrophe, 
on  remit  en  aclivîlé  laloi  du  27vontosc  .in-i  qui 
oblige  les  propriclaires  ou  principaux  locataires 
de  faire  leurs  dO  cl  ara  lions  li  la  police. 

Quelque  habile  <{uy  fût  Napoléon  pour  tendre 


*4>  MNOaCS   BISTOMQIIB 

des  pièges  k  ses  ennemis,  on  ne  pc«t  fW 

ncr  b  part  qnll  eut  dans  tontai  les 

(firifées  contre  Ini.  Cétail  encore  dt  h 

mais  sor  on  antre  terrain.  Les  VÈMommé^Yi 

ban  ne  8*atifisent  pas  qne  sor  le  chsflip  et 

Le  S  niToselet  trop  dangereux  ponr  fcenr  fA 

en  ait  été  Hnstigateur,  malgré  le 

tira.  D  n'en  a  pas  été  de  même  de 

périr  Aréna.  Le  piège  est  évidsBt 

homme  impartial.  Le  premîar 

Aréna  mortellement,  et  n*en 

détesté.  Il  connaissait,  en  outre,  ks 

podtifr  q.e  romentaieni  les  teipis  «t  ki 

glais.  Une  petite  terreur  pouTmt, 

constances,  avoir  son  mérite  pom 

grader  des  tactiques  inconnues.  1h  mml  te 

dépêché  près  des  principaux  jscslim 

sonder.  On  a  sous  h  main  tout  e^  fffm 

dans  tous  les  temps,  quand  on  saita^ 

et  faire  un  chois  ;  d'autant  que  In 

un  registre  de  coupe -jarrets  a 

qui,  pour  un  peu  d'or,  tueraient 

l'aYoir  dévalisé.  On  jeta  donc  les 

officier,  capitaine  ii  la  suite  de  la  45^ 

gade ,  qui  n*était  point  en  activité  ,  et 

cette  raison ,  semblait  mécontent  de 

ment. 

Instruit  de  son  rôle; ,  les  uns  disent  par  F< 


TIRES   DES   ARCHIVES.  ^9 

ché ,  les  autres  disent  par  Barrère  i  (et  c'est  la 
version  la  plus  accréditée  :  on  verra  pourquoi!) 
Harel  alla  trouver  le  préfet  de  police,  qui  lui 
donna  des  indications  et  mit  k  sa  disposition 
tous  les  hommes  dont  il  pouvait  avoir  besoin. 

Harel  avait  connu  un  nommé  Demerville  au 
Comité  de  sûreté  générale  de  la  Convention.  Il 
lui  rendit  visite.  Â  la  suite  de  quelques  plaintes 
contre  le  nouveau  gouvernement,  Demerville  lui 
fit  entendre  qu'il  surviendrait  tôt  ou  tard  quel- 
que changement  favorable  aux  patriotes.  C'est 
l'éternel  lieu  commun  des  partis  ;  mais  il  prête 
à  la  provocation  par  les  excellentes  dispositions 
qu'il  prouve.  Que  l'on  me  donne  un  enthousiaste, 
et  je  me  charge  d'en  faire  un  assassin. 

Harel  revint  voir  Demerville ,  ne  manquant 

pas  d'insister  chaque  fois  sur  ses  opinioDS  cl  de 
faire  tomber  la  conversation  sur  un  changement 
futur  du  gouvernement. 

Les  choses  en  vinrent,  suivant  Harel ,  au  point 
qu'il  fut  question  de  tuer  Bonaparte  lorsqu'il  irait 
au  spectacle  ;  déjh  même  un  grand  nombre  de 
gens  prenaient  part  à  ce  complot  :  la  fournée  pro- 
mettait. Suivant  la  police,  Harel  aurait  seule- 
ment fait  part  du  complot  h  un  agent  de  police, 
Lcfèvre,  son  ancien  ami  ;  et  ces  deux  hommes  se 
(  onccrtcrent    pour    faciliter    iiux    conjurés    les 


JÊto  MiabUmiatiàÊtitm 

xbàféàt  ifttéaiiéé  Mut'HuMUf  m  i 
iM  ànukcfidHiier  «ir  les  soiles. 

ÔÀ  temptiènd  ée  qoe  ccb  'veat  dire  !  B  csti 
éktà  lé  nni^d^ent  de  police  d'iHre  s 
k  lAAEndpe  cfaMé  p<!nttre  dans  la 
ôrile.  I/homÉtt  d'un  ageni  de  poUc*  aaéfA 
dé  «hM»  ^1^  ft'yl  r^irda  pu  ds  ù  pcte  fpw4 

■iM  nmitaftpluucura  fois  cbes  I 
QfMnilàoilni-ci  de  lui  procurer  i]aitn 
•  àfeaokvnirvprciidrc.  UenaH 
•  aMt;  U.  Uuhou  In  kù  «ÛA  ft 
SmwvîUa  naïk^clquc  argcni  k  fiUrd  | 


#  •!  a^ttjrer  toute*  U»  | 
Dentmllu  ne  voulût  i 
t  qoe  pir .  la  boune;  mais 
p«ur  1^  BMltre  par  U  tt)t«.  Harel  c 

Fllfl  Ur4  Aud  «e  trouvant  chcx  1 
pour  lia  deniuMcr  encore  de  l'u-gent  ■ 
cbatar  àm  anoat  (i-t  ce  fiit  le  méinoii*  It  | 
lônri^  c6llùiw  Ibiën  on  penic),  y  rencoalrtl 
racchi,  •calpten^  dUtin^^i  j  que  l'on  roa 
Caaova  ^W  te  talent,  .lyant  CtgurJ  i 
en  ITÔOparmi  les  partiians  rir  U  rfjiiMifai 
rnaûi*/  depuis  quM  ri^aidail  ru  Fnnce,  B 
parte  Pavait  choisi  |)oiir  luoJ'Icr  koo  iMUe. 

On  avait  annonci  à  UciiurviH*:  qiie  N»  #/«r 
devaient  «ïtre  joue»  iil'QpiintJl 


et  qvie  Bonaparte  s'y  réndhut.  Il  en  UtéirbMi' 
promptement  Harel,  en  M  dièant  de*  préi>afrér 
totif  don  monde  et  àtk  airûéi  poufr  dé  |à^r-lk« 

On  rapporte  que  Bërti^ànd  Èàtitèiêe ,'  ijyton 
retrouve  partout  loVscjitt'ilf  "s'âj^t  cfé  battre  dtôh- 
lïaie  sur  les  têtes,  titit  tbei  DëitiéWfller,  stveé' 
lequel  il  avait  eu  des  liaisbi^r.  BaïU^è  se'  pt^-' 
tait  à  Pespionnage  d!e  FôttcM.  |Nl^t!M  eëpioh 
ne  doit  pas  plus  étonner  qué^  Fmfcfaé  itfiiibtrtf 
de  la  police.  Il  était  très  piùpte  »  tlétMûét  ié 
càk'attèré  ââibigu  dû  mlnirfÛ^^  daM^M  iilàitéà 
de  éoiispiràtions.  Vknàtikéti  âé  h  ^îlfo- 
tiàef  était  là  daâs  rfa  s|rétialité.  É^e^eWilIe, 
plus  sensible  qn^un  corhspi^téàr  hB*  ddSf  Y^é  , 
lui  ccrtideflfe  dtf  nèf  p»é  aBëf  «  POl^érâ ,  cjftfîl  y 
aurait  du  trôûblë ,  que  l'e  sj^ectàéle  pbuiirait  être 
cerné.  L'état  d'agîtaiion  de  Cemerville  éveilla 
les  soupçons  de  Barrère  qui  se  connaissait  en 
complots,  pour  en  avoiiî'  fait  sans  s'y  mettre.  Il 
fit  part  de  ses  inquiétudes  au  général  Lannes , 
dit-on,  et  vraisemblablement  hFouché.  Le  lec- 
teur décidera,  d'après  lui-même,  sur  ces  on  dit. 
Le  faux  doit  se  rapporter  de  \ingt  fanons  con- 
tradictoires, et  l'histoire,  jusqu'à  présent,  n'est 
que  le  registre  des  mensonges. 

Les  quatre  hommos  fournis  par  Ilarel  se  trou- 
vèrent le  18,  à  deux  heures,  au  jardin  des  Tui- 
leries j  Harel  les  attendait.  On  commanda  le 


TIRÉS   DES   AR<2tllVi;S.  a53 

posés  au  greffe  du  tribunal  ;  il  fut  aisé  de  meU 
tre  sur  ces  listes  les  noms  de  ceni  ijne  Vwk  roulai 
y  Tneltre. 

On  comprend  surtout  que  l'utilité  spéciale  de 
ces  jongleries  politiques  est  de  se  défaire  des 
innocens  qui  pourraient  être  dangereux. 

Napoléon  voulait  d'une  pierre  frapper  deux 
coups.  En  taillant  le  complot  lui-même ,  il  met- 
tait le  génie  de  Fouché  en  alerte;  c'était  une  le- 
çon que  le  maître  donnait  au  valM,  en  même 
temps  qu'un  reproche  pour  tenir  m  ferre  en 
haleine.  La  haine  se  lève  et  frappe  les gnM^es  ca- 
pacités qui  se  permettent  ces  jeux  infimea  ;  le 
mépris  tombe  sur  les  hommes  de  ^rieÀ'  ^ui  ies 
secondent.  i  <-  >• 

Le  procès  de  ces  malheureux^  n^était  pas  ter- 
miné que  l'affaire  xlu  5  nivôse  offint  la  preuve 
d'un  complot  réel  contre  le  chef  du  gouver- 
nement y  c'était  a  se  perdre  entre  le  réel  et  le 
faux.  On  accusa  la  police  d'incurie  dans  l'exercice 
de  sa  surveillance.  L'affaire  de  l'Opéra^',  donnée 
pour  l'œuvre  des  jacobins ,  dirigeait  principale- 
ment les  recherches  contre  ceux-ci  et  donnait 
beau  jeu  aux  royalistes. 

L'agence  royale  avait  à  Paris  ime  chouanerie 
qui  dévalisait  les  voitures  publiques  (i)  et  dont 

(i)  Voyez  le  chapitre  de  la  coiilre-police. 


a54  Mhm 

Je  pMM  lies  déiMb  da  cette  aAi^if 
CMM  ifm  l'iwlire  .^faiMMNN^-AflÎMu 
nue  foule  dvcnU  coDlomporains. 

noiLiporte,  qui   mirait  ilû  iueDi£e«lcr  ^  «f 

.  snécoQlcnlenuDt  contre  M.  Dubou  et  le  éa^ 
toer,  lo  cooftcrra.  U  craignait  vraîsemUaU^Mt 
lie  iÀira  nn  pU»  mauvau  choix ,  oa  à»  aMTe 
M.  Ditboi»  k  mùaiË  de  livrer  qucl(|uee-«M  it  ^ 
mauviifl  wcrcU  <loul  un  pr«Uct  de  pe&9  p^ 
cD»qu«  c»t  touJQura  le  dcpiuilaire.  L«  pMHV  * 

-.  souvent  tlci  affairett  v^reue».  Le  prcmï^  cav^ 
ponMiL,  en  mettool  on  aalre  homnM  ê  «fiiff. 
que  Ici  fiU  de  1.1  police  auraient  clé  j 
Itis  rentejgncmeiu. perdus.  Le 
louraer  k  l'AccretHement  da  mal. 
remplaçant  à  M.  Doboia  dani  les  léÊUKU^H- 
lait  le  prendre  à  la  courtc-pùllo. 

La  conspiration  de  Georges  CaUowU,  Ql)|^ 
gm,  Morcm  ot  divers  autres,  décamn^^^ 
mois  de  pluviôse  an  13,  fut  un  autre  d  Md^ 
tant  sojet  d'occupation.  De  nombreoH»  nt^fh 
i;hcs  ru  furent  la  suite  ;  elles  se  m  u  1 1  ipHrrnf  ^ 
n'eicilérentcepeDdanl  pas  les  plaintes  et 
d'autres  époques,  dans  de  semblibleié 
soit  que  Bonaparte  y  mit  de  la  niiKlérati« 
que  la  nicceuioa  des  tfvtoemcos  1 


TIRES    DES    ARCHIVES.  ^55 

Parisien  aux  visites  domiciliaires.  La  servilité  des 
peuples  est  la  raison  de  l'insolence  des  pouvoirs. 
Chacun  son  tour. 

Fouché  n'était  plus  ministre  de  la  police  i  les 
fonjctions  en  avaiient  été  réunies  à  celles  du  grand- 
juge,  ministre  de  la  justice,  Régnier. 

On  a  lieu  de  croire  que  le  parti  qui  avait 
échoué  au  3  nivôse  fut  TauteUr,  le  soutien  et  le 
provocateur  du  complot  qui  échoua  de  même 
trois  ans  plus  tard.  L'abhé  de  Monq;aiUard  a 
prétendu  que  le  plan  avait  été  conçii  pw  t'évéqne 
d^Arras  ,  <jhef  du  conseil  du  cotnte  fl^rlois,'qui 
déshonorait  un  aussi  noble  emploi  par  déi  pro- 
jets fui^holnds  et  îASemés.  M.  de  taûtié  M  fiil 
que  Torgane  des  émigrés  et  dti  ftu^rneirtettt 
angiats,  tiéeidés;  à  qtiélqûe  prix  i^è  'M  fût /à 
se  défaire  de  Bonaparte. 

Une  pièce  importante  et  digne  de  l'histoire 
est  la  lettre  qu'écrivit  Moreau  h  Bonaparte  pour 
sa  justification,  parce  quelle  constate  certains 
faits  et  révèle  des  circonstances  dignes  de  re- 
marque. Je  vais  la  rapporter,  sauf  à  m'écarter 
un  instant  de  la  biographie  de  M.  Dubois.  Les 
choses  importantes,  arrivées  dans  le  voisinage 
d'un  homme  vulgaire,  font  tout  le  mérite  de  sbn 
histoire. 


.a56  MàKMus  ■iswiaignai 

La  tMnl  «MMU  M  fMnl  ImipiWi.  ftMl»«H^*b 


«  Voilà  ImiitAl  an  mo»  que  je  st 

•  cauufte  com^în  de  Grorgn  et  lic 

■  ai  ja  MMa  pea^tn  décliné  à  Tenir  I 

■  per  dawit  les  tribntittit  «lu  cnna  d*) 

•  Il  la  tinU  da  l'EUl  et  du  chef  da 
«  OMOt. 

«  J'étM  loia  da   m'ailendre  .     apria 
«  Invani  h  HvoiatîoQ  et  b  goena ,  «taf 
«  <hi  noÎDdra  cipcocbe  d'inâviioM  H  ^aafti- 

■  lien  f  «t  MTtoat  quand ,  à  la  l<ta  4a 

•  aniflaB  wtoriaaaai ,  où  j'annù  aa  lu 
«  da  lia  aatîifinn ,  que  ce  ferait  bu 

aa  wnpla   particulier,  occupé  de 
I,  atTOjantan  très  petit  nombre  d*i 

■  qu'on  vlBi  m'aecner  d'une  pareille  folie. 
«  donto  qaa  saa  ancienne*  liaisons  jvec  U 

■  néral  KAt$ni  ne  Miîent  les  moUb  d« 


ttaâ, 

1 


■  Avant  de  parler  de  ma  jutliScatioa ,  | 
«  mettes,  général,  que  je  remonte  i  U  >■■ 
tr  de  cette  liaiaon,  et  je  ne  doute  pas  de  i 


Tllir.S    DES    Ai;CHIVr-S.  25^ 

«  con vaincra  tjiu;  les  rapports  qu'on  peut  conservef; 
«  avec  un  ancien  chef  et  un  ancien  ami,  quoiq^uç 
t(  divisés  d'opinion ,  et  ayant  servi  de^  partie  dif^ 
cr /(frens .  sont  loin  d'être  cridiinels.  .. 

(<  Le  général  Pic^^ru  jvut  pre|idre|e  cpm- 
<c  mandement  de  l*armée  du;  No{d  vx  com-r 
<r  mencement  de  l'an  2;  il  y  avaS^nviroi^  six 
«  mois  que  j'étais  général  de  brigfide}  jejrem- 
tf  plissais  par  intérim  les  foactioi:^9^  de  diTÛôi^iH 
«  naire.  Content  de  quelques  svtccès  ^^1^4?  meii 
«  dispositions  à  la  pr^mi^e<|l<^u^^  4^r«na^e» 
<r  il  m^ob  tint  très  prQmpteinçn t  ^  giçf^e  qite  iJQ 
«  remplissais  momentanément.,  ,    :,^   .  ,  ^ 

<c  En  entrant  ^n,  campagne ,,  il  n^e  do^cma  le^ 
«  commandement  de  U  .m^ifiév^e;  l^rfçi[^(^2  je^ 
«  me  chargea  des   qpératiqnf^^l^  p)ua  ijEoppf-: 

«  tantes. 

.    '    .     .   .  • 

^  Deux  mois  avant  la  fin  de  la  campagne ,  sa 
<r  santé  le  força  de  s'absenter  :  le  gouvernement 
«  me  chargea  ,  sur  sa  demande ,  d'achever  la 
^  conquête  d'une  partie  du  Brabant  HoUandaia 
«  et  de  la  Gueidre.  Après  la  campagne  d'hiver^ 
((  qui  nous  rendit  maîtres  du  reste  de  la  Hol- 
«  lande  ,  il  passa  a  l'armée  du  Haut-Rhin  ,  ma 

V  cic'signa  pour  son  successeur,  et  la  Convention 
i<  iialionalc  me  chargea  du  commandement  qu'il 
i<  (juiltail.  Un  an  après,  je  le  remplaçai  à  l'armée 

V  (In  lUiin.  II  lut  appelé  au  Corps  Législalil ,  <ît 

IV.  17 


•  I 

t 


258  ntuonits 

alors  je  cessai  d*aToîr  des  rapports  hi^ 
aTec  lui. 

•  Dans  la   courte  ca^payn^  de  Taa  5,   i 
prîmes  les  bureaux  de  TéUl-inajar  de  Fm 


1 

■il 

iih 


ennemie  ;  on  m'apporta  nnc  grande 
de  papiers  que  le  général  Desaix  , 
s'amnsa  a  parcourir.  H  nous  parvt , 
correspondance ,  que  le  giméral 
eu  des  relatiem  arec  les  pniices 
découterte  nous  fil  beaacoap  dt 
à  moi  parfîdiK^esieiil.  IVons  coQ^tmMS  dt 
laisser  en  oubli.  Fkkefru,  aa  Carps 
pouvait  d  autant  moins  naire  k  la 
bliqne ,  que  b  pus  était  assurée.  Je 
moins  des  prédations  pour  la 
mée  rehtivement  k  an  espionnage 
lui  nuire.  Ces  recbercbes  et   le 
aTaient  mis  toutes  les  pièces  av 
<f  plusieurs  personnes. 

«  Les  événemens  da  18  fradidor 
«  çaient ,  l'inquiétude  étut  aascs 
m  conséquence  deox  officion ,  qai 
«  naissance  de  eede  eorreiposdanM , 
«  (t  m  donner  connaissance  M  go 
«  firent  entendre  qu'elle  commençait  k  deva 
«  assez  publique ,  et  qu'à  Strasbooi|[  on  s'app 
V  tail  à  on  inslmire  le  Directoire. 

f  JVlais  ronrlionnnire  public,  et  je  ne  posvi 


à 


TIRÉS   DES    ARCHIVKS,  2^9 

«  garder  un  plus  long  silence.  Mais ,  safAs  m*a- 
«  dresser  directement  au  gouvernemetft'^  j'en 
«  préTÎns  eonfidenHelkmefU  le  âir^clèût  Bérthe- 
a  lemy j  l'un  de  ses  membres,  en  lé  priant  dé 
«  me  faire  part  de  ses  conscib ,  et  le  ptèf^hànt 
«  que  ces  pièces,  quoique  àsseî  {hrobafiies,  né 
«  pouvaient  cependant  faire  des  preuve^  judiùtiirtsif' 
•r  puisque  neh  tt'étalit  signé ,  et  que  pféiB^è  tofut 
*  était  en  chiffres.         ' 


jA    i;   h 


«  Ma  lettre  arriva  ^  jifajr^  f^d'ipst^^^^l^è^ 
«c  que  le  citoyçn  iar(/i^I^«^^^^ 
«  le  Directoire ,  à  qui  e^eJ;^j^t  jcfimif^j,  W^.de^ 
«  manda  les  papiers  dont  elle  Jpij^t  i«^ti€n^. 

tf  Pichégril  fiit  à  Càjrehh^  /  el ,  fle'^ift^oiir^ 
«  sticcëésïvëmèni  eiï  A!tLetiïaj^%  et  erf  ^^gIe-> 
•r  terre  ;  je  n'eus  aucune  relation  avec  liii.  j^eti 

cf  de  temps  après  la  paix  d'Angleterre ^  M.  David, 
K  oncle  du  général  Souham ,  qui  avait  passé  un 
9  an  avec  lui  à  Tarmée  du  Nord,  m'écrivit  que 
•f  le  général  Pichegru  était  le  seul  des  fructidorisés 
«  non  rentrés;  et  il  me  mandait  qu'il  était  étonné 
«  d'apprendre  que  c'était  sur  ma  seule  opposition 
•r  que  vous  vous  refusiez  à  permettre  son  retour 
«  en  France.  Je  répondis  à  M.  David  que,  loin 
«  d'être  opposant  a  sa  rentrée ,  je  me  ferais  au 
«  contraire  un  devoir  de  la  demander.  Il  comm- 
it muniqua  ma  lettre  à  quelques  personnes ,  et 


TIRÉS    DES    ARCHIVES.  26 1 

tt  il  m'a  été  quelquefois  fait  des  ouvertures  assez 
tt  éloignées   pour  savoir  s'il  serait  possible   de 
«  me  faire  entrer  en  relation  avec  les  princes' 
«  français.  Je  trouvais  tout  cela  si  ridicule,  que' 
«r  je  n'y  fis  pas  mêitie  de  répotise.  Quant  k  la' 
«  conspiration  actuelle,  je  puis  vous  affirmer 
«  également  que  je  suis  loin  d'y  avoir   eu  la' 
«  moindre  parti  Je  vous  avoue  même  que  je  suis 
<r  a  concevoir  comment  une  poignée  d'homrnës  ' 
«  épars  peut   espérer   de    changer  la  face   de* 
i<  l'état,  et  dé  rémettre  sur  le  trône  une  famille 
«  que  les  efforts  de  toute  l'Europe  et  la  guen^e' 
•f  civile  réunis  n'ont  pu   parvenir  à  y  placer;' 
«  et  que,  surtout,  je  fusse  assez  déraisonnable/ 
«^  en  y  concourant,  peur  y  perdre  le  fruit  de 
«  tous  mes  travaux ,  qui  devraient  m'attirer  de 
cr  sa  part  des  reproches  continuels. 

«  Je  vous  le  répète  ,  général ,  quelcjue  propo- 
«  sition  qui  m'ait  été  faite,  je  l'ai  repoussée  par 
«  opinion ,  et  regardée  comme  la  plus  insigne 
((  de  toutes  les  folies;  et  quand  on  m'a  présenté 
i(  les  chances  de  la  descente  ou  An2:loterre 
rr  comme  favorable  a  un  changement  de  gouver- 
{(  nement,  j'ai  répondu  que  le  sénat  était  l'auto- 
•f  rite  a  laquelle  tous  les  Français  ne  manque- 
i<  raient  pas  de  se  réunir  en  cas  de  troubles  ,  et 
«  que  j(î  serais  le  premier  à  me  soumellre  à  ses 
V  ordres. 


a6» 
«  ]k  ptnUlM  mnvteo» ,  fiôtM  )k  i«f*à» jpi#- 

cnliff  itoU  •  a'tfut  tmOk  cMM^imp  «||||  PTt 
litiaift*  ni  dans  VjtfméÊ*  dttat\mmm4^fifiitfik 
ffflt  Mrri  aoii»  mes  ordrei ,  ni  «Tec  aacww  ••- 
^orité  M^ulUuéc  ,  ne  pouvaient  exiger  Je  ■■ 
pfot  qa'nn  refu».  Une  délation  répnpuilirip 
à  q^>a  caviKlitre  ;  presque  toujonn  jogèc  me 
sévérité  I  «Uft  deTieDt  odieuse  et  iiupn»t  lA 
sceau  de  r^robatioo  sur  <:elui  qû  s'en  «< 
rendn  conpabic  vif-à-Tis  des  penoao»  »  fw 
OD  deit  de  U  reconnaisuncc ,  et  aiec  qvee  i 
ea  d'anciaii&ct  liniaons  d'amitié  i  le  devair 
ip&iDa  peut  quelquefois  céder  au  ctî  <U  l'wft- 
]iionpabU(|se. 

:«  Vo^ ,  général ,  ce  que  j'aTaâa  à  ma  en 
PPT  V*  nlatioiu  avec  PUkfgrmj  illiiiai  on- 
Yaincront  sûrement  qu'on  a  tînS  doô 
bien  fiasses  et  bien  hasardées  de  i 
«t  d'açUoiif,  qui,  peut-ftrc 
étaiaatlaîiad'vtre  criminetles,  et  je  m  da«i 
pas  qaa  ai  toiu  m'aviez  fait  dctoander,  no*  k 
plnpart  de  cet  faiu,  deftcxplicaiioasqaejest 
aerau  enipreaHv  de  vous  donner,  elles  TeMaa- 
raient  évité  les  regrets  d'ordonner  mie  dé^ 
tioo,  et  k  moi  rbumilùtion  d'étM  daaa  1» 
fers»  et  peut>t:ire  d'être  obli^  d'alkr  i 
les  tribunaux  dtrt--  que  je  ncuiispas  i 
spiralcur,  cl  appeler,  à  l'appui  de  ma  j« 


TIRES    DES   AHGUiYES.  26'i 

«  lion ,  une  probité  de  vingt-ciiiq  anp  qui  i^e^'^sl; 
«  jamais  démentie ,  et  les  service^  ytg^  jfsû  -l^fi-' 
«  dus  à  mon  pays.  Je  ne  vous  parlerai  p<^  de 
•f  ceux-ci ,  général ,  j'ose  croire  qu'ils  ne  sont 
(T  pas  encore  efl&cés  de  votre  mémoire  ;  mais  je 
•f  vous  rappellerai  que  si  l'envie  de  prendre  part 
((  au  gouvernement  de  la  France  a^it  étékia 
«  seul  instant  le  but  de  mes  servîceiP  et  4e  ^ànà 
«  ambition ,  la  carrière  m'en  a  été  ouverte  4'iitf€^ 
«  manière  bien  avantageuse  quelques  instaftb 
«  avant  votre  retour  d'Egypte  ;  et,  sûremoRt, 
«  vous  n'avez  pas  odblié  le  désintéressement  qtiè 
«  je  mis  à  vous  seconder  au  dix-huit  brumaire  ; 
«  des  ennemis  nous  ont  éloignés  deptris  ce 
«  temps.  C'est  avec  bien  des  regrets  que  je  m6 
<c  vois  forcé  de  parler  de  moi  et  de  ce  que  j'ai 
(f  fait;  mais  dans  un  moment  oîi  je  suis  accusé 
«  d'ctre  le  complice  de  ceux  que  Ton  regarde 
«  comme  agissant  d'après  l'impulsion  de  TAngle- 
t<  terre,  j*aurai  peut-être  k  me  défendre  moi- 
i(  même  des  pièges  qu'elle  me  tend.  J'ai  l'amour- 
«  propre  de  croire  qu'elle  doit  juger  du  mal  que 
i(  je  puis  encore  lui  faire,  par  celui  que  je  lui  ai 
«  fait. 

t<  Si  j'obtiens,  général ,  toute  votre  attention  , 
i<  alors  je  ne  doute  plus  de  votre  justice. 

K  J'attendrai  votre  décision  sur  mon  sort  avec 
V  le  calme  de  Tinnoccncc,  mais  non  sans  Tin- 


ad'i  .^fi.HOIRES   HiSTOniQL'ES 

tr  quiétude  de  voir  triompher  les  ennemi»  qu'jl- 
«  tire  toujours  la  célébrité. 

V  Je  suis  avec  respect , 


b' 


Bonaparte  fit  répondre  avec  insolence  a  cette 
kUre  qu'avec  plus  de  caractère ,  Morean  nu- 
rait  pas  dû  écrire  a  un  rival  jalons,  liùncn(«  ci 
dont  la  vie ,  d'ailleurs,  avait  été  menacée. 

Le  grand  juge  fit  donc ,  par  Tordre  de  pte- 
mier  consul ,  cette  réponse  ae  prîaoïuiîer  : 
«  J'ai  mis,  citoyen  général  More 
d*kui  à  onze  heures  votre  lettre  de  ce 
sous  les  yeux  du  premier  coneol. 
«  Son  cœur  a  été  vivement  affeclé 
de  rigueur  que  la  sûreté  de  TéUt  lei  a 
mandées. 

«  A  votre  premier  interrogatoire ,  el 
la  conspiration  et  voire  complicilé  n\ 
point  encore  été  dénoncées  aux  preeùèi 
tontes  et  a  in  France  enlîère,  îl  i 
chargé ,  si  vous  in*en  iivic7.  témoigné  le 
de  votiH  mrn«T  a  Phnirr  iiirme  deYanI  tai^ 
vous  eussiez,  pu  contriliuer  à  tirer  l'état  im 
danger  oii  il  se  trouvait  eni  ore  (1). 


^1;  l*our  riitcii«lii  (Il  I*  il  (giiii  -  ■  ■.•|i|Hlti  <|>»i-  V«*fTMi  !■! «••  " 


TIRÉS   DES   ARCHIVES.  ^65 

u  Avant  de  saisir  la  justice ,  j'ai  voulu ,  par  un 
c^  second  irtterrogatoire ,  m'afeurcr  s'il  n'y  avait 
«  pas  de  possibilité  de  séparei^  Yotre  nom  de 
tf  cette  odieuse  affaire  ;  vous  ne  m'en  avez  donné 
v  aucun  moyen. 

ir  Maintenant   que  les   poursuites  juridiques 

(T  sont  commencées ,  les  lois  veulent  qu'aucune 

v  pièce  a  charge  ou  a  décharge  ne  puisse  êt)rc 

•f  soustraite  aux  regards  des  juges ,  et  le  gouveir- 

«  nement  m'a  ordonné  de  faire  joindre  votre 

•r  lettre  à  la  procédure. 

i  «  Signé  Régnier.  » 

La  découverte  de  la  conspiration  de  Georges  et 
la  punition  des  coupables  relevèrent  le  pouvoir 
de  Bonaparte  et  donnèrent  k  sa  police  un  carac- 
tère d'audace  qu'on  ne  lui  avait  pas  trouvé  aupa- 
ravant. Un  spada^^sin  heureux  devient  insolent  de 
son  bonheur,  (jui  hû  sert  alors  d'étoile.  1\I.  Dubois 
partagea  et  mérita  l'aversion  que  le  public  en  res- 
sentait. Les  royalistes  et  les  contre-révolution- 
naires n'épargnèrent  pas  les  objurgations,  mais 
personne  ne  lui  en  prodigua  plus  dans  la  suite 
([uc  le  fameux  FaMclio-Pjorel,  si  connu  par  ses  in- 
trigues politiqties,  et  mort  au  mois  de  septembre 


I«'  •     nl'IN  ioM-  ,  »|   n'Ii-     î'      II*  ;•'  "     11        ''      ''il     !il       !       "'    >  V  d'.ij   c  ,   <  l 

1  '  I  ^  J 


de  cette  année  iS29  (1)  a  Neafchâ 

Si  les  platiludes  de  la  haine  faisaieat  Cw . 
en  aurions  de  curieuses  a  citer  contre  M. 
Il  est  certain  pourtant  que  Tafiaire  de  Ti 
let,  espèce  de  Doublemain  politique.  ^«î 
cent  louis  à  la  police  le  neveadcFaurhci  BMj,€t 
tira  concurremment  de  Tonde  six  ceols 
sous  prétexte  de  travailler  actÎTement  à  la 
vrance  de  ce  malheureux  jeune  homiiM  à 
même  oii  on  le  fusillait ,  excuserait  des 
plus  amères  et  les  avanies  dont 
câbla  M.  Dubois ,  qu'il  regardait  comme  la 
plicc  d'un  assassin. 

Au  reste,  la  réllexion  montre  F 
que  aussi  coupable  envers  son 
let.  Comment ,  lui ,  qui  connai«ait  Im 
les  astuces ,  Tart  infernal  de  ce  qu'on 
police  politique ,   et  qui  en  faisait 
si  long-temps  ;  comment  pouvait-S 
celle  de  Bonaparte ,  de  Fouché ,  de 
A  eyrat,  n'était  pas  en  mesure  de  coimdkmt  dl 
déjouer  et  de  punir  les  projets  semblaUea  à 
que  le  nialhcurcux  \  itel,  son  neveu, 
d'exécuter  '} 

Les  voleurs  de  diligence  ont  mauvaise  grâce  


TIRES  DES  ARCHIVES.  2^ 

crier  contre  des  gredins.  Tous  ce  monde-pt  se 
valait  ;  mais  le  malheur  de  ce  méjtiçr ,  comme 
dans  le  commerce,  c'est  que  les  conc^rrj&QS  s^y 
décrieiit.  U  faut  s'en  félicitefr.  Que  deviendrait  le 
monde  entre  leurs  mains  s'ils  ne  lavaient  leur . 
linçe  sale  qu'en  fiimille  ? 

Ces  fâcheuses  impressions  n'empêchèrent  pas 
qu'en  i815 ,  M.  Dubois  ne  fut  élu  meml^re  de  la 
Chambre  des  réprésentans  par  le  département 
de  la  Seine.  U  fivait  été  nommé  comte  par  Na- 
poléon, qui,  cependant,  lui  avait  6té  sa  placé  de 
préfet  au  14  octobre  1810,  et  l'avait  donnée  k 
M.  Pasquier ,  dont  je  parlerai  tout  à  l'heure.  On 
a  voulu  trouver  la  cause  dé  ce  renvoi  dans  son 
absence  de  Paris  au  moment  de  Fincendte  de 
l'hôtel  de  Schwarzemberg.  L'empereur,  qui  l'a- 
vait envoyé  chercher ,  en  conçut  de  l'humeur  et 
le  destitua. 

On  lui  doit  rétablissement  du  conseil  de  salu- 
britéy  dont  les  fonctions  se  sont  étendues  depuis, 
et  qui  a  rendu  de  si  grands  services  a  la  ville  de 
Paris;  il  jeta  aussi  les  fondemens  du  cUspcnsaire 
de  salubrité,  destiné  à  surveiller  la  santé  des  (illcs 
publiques,  et  a  prévenir  la  propagation  de  la 
contagion  siphylitique. 

C'est  encore  à  M.  Dubois  qu'est  due  l'organisa- 
tion bur  le  commerce  de  la  boulangerie  à  Paris  j 


a68  MÉMOIRES   RISTOHIQCEI 

organisation  assez  bien  entendue  dansTélat  gtef- 
ralement  imparfait  des  diyerset  admiiiHlntiaM 
en  Europe. 

Il  était  membre  du  conseil  d*état ,  0k  1  avaic 
été  appelé  par  l'empereur;  il  y  siègent  en  1M  4, 
au  premier  retour  du  roi,  qui  le  conlima 
celle  place.  U  n'arait  pas  été  étrmngi 
aux  dernières  combinaisons  en  laveur  ém  la 
mille  royale.  Il  avait  signé  les  actes  àm 
meni  prùtiêoùref  et  donné  son  adhéâosi  mm,  réu- 
blissement  de  Louis  XVUI. 

Le  second  retour  du  roi  le  rendil  à  h 
privée;  il  s'est  livré  dès  lors  à  des 
commerciales  et  industrielles;  sa 
être  colossale,  est  considérable.  U 
taire  de    l'ancien   château  de  Vitry  el  d^i 
grande  partie  des  forêts  de  la 
produits  des  jeux,  de  la  loterie,  son 
les  gratifications  de  Bonaparte  l'avaieBl 
ment  enrichi ,  et  en  dix  ans  de  tempe  R 
mis  à  même  d'avoir  plusieurs  miDioiia  h 
sition. 

Son  sccrctaire  général  ne  fit  p 
grande  fortune,  ou  plutôt  ne  recueillit  de  se phcc 
que  de  la  gêne  et  du  désagrément;  c'est  Piis, 
dont,  par  disette  sans  doutc«  on  faisait  an  poète. 
et  qui  fut  à  peine  un  chansonnier  de  t 
ordre,  célèbre  n\iini  Li  n-Toluiion  d'aiHcms 


^  TIRÉS   DES   ARCHIVES.  iîÔQ 

son  poëme  de  V Harmonie  imùalwe^  dont  nul  ne 
se  souvient  ;  faible  recommandation  auprès  des 
gens  de  police.  C'est  le  seul  secrétaire  général  de 
la  préfecture  dont  le  nom  ne  soit  pas  resté  ignoré 
du  public. 

Je  ne  puis  rien  de  plus  pour  son  éloge  et  pour 
sa  mémoire. 


n 


CHAPITRE  LXII 


14  ocTOBHB  1810  —  8  A  van.  IMC 


Etif ane^DcDU  Paiqnier,  dcniitee  préfet  de 
—  Ln  places  qu'il  remplit.  —  Difena 
monicipale.  ^  Celle  sur  les  prlsoni  cl  éi 
gadc  de  Vidocq.  —  Affaire  de  Malet.  — 
à  rilûtcl  de  la  Force.  —  Sa  condulle  à  la 


l'^ils  d'un  conseiller  au  Parlement* 
ne  en  17G7,  avait  embrassé  la  carrière  de  b  fl^ 
i;islralurc  avant  la  révolution.  On  ne  mdkmf^ 


MÉMOIRES  HISTORIQUES  TIRES  DES  ARCHIVES.       27 1 

qu'il  ait  rempli  de  fonctions  publiques  pendant 
les  orages  liu  milieu  desquels  son  père  tomba 
sur  l'échafaud.  Sa  marche  vers  les  honneurs  et 
les  grands  emplois  fut  rapide  à  partir  de  l'éléVa- 
tion  de  Bonaparte.  Sur  le  trône ,  Tempereur,  qui 
voulait  s'attacher  les  noms  de  quelque  notoriété 
en  raison  de  la  clientelle  que  ces  noms  entraî- 
nent habituellement  avec  eux ,  comme  une  seule 
et  même  famille,  distingua  M.  Pasquier;  il  10 
nomma  successivement  maître  des  requêtes,  offi- 
cier de  la  Légion-d'Honneur,  procureur  général 
au  sceau  des  titres ,  et ,  enfin ,  préfet  de  police , 
au  mois  d'octobre  1 810.  M.  Pasquiei'  remplit  cette 
place  jusqu^âux  événettiens  de  1814.  Louis  XVIIl 
le  trouvant  des  premiers  auprès  de  son  trône, 
le  fit  alors,  par  une  raison  contraire  à  celle  de 
Bonaparte,  d'abord  conseiller  d'état,  puis  di- 
recteur général  des  ponls-et-chaussées.  Le  re- 
tour de  Bonaparte,  les  Cent- Jours,  éloignèrent 
M.  Pasquier  des  places  et  des  affaires  publiquesj 
mais  à  la  seconde  rentrce  de  la  famille  royale , 
Louis  XVIII  le  nomma  ministre  de  la  justice, 
garde  des  sceaux  et  membre  du  conseil  privé. 
M.  Pasquier  est  avec  M.  Pasloret  un  des  hommes 
sur  lesquels  se  sont  successivement  amoncelés 
pyramidalement  les  dignités  et  les  emplois  sans 
raison  évidente,  sans  prétexte  individuel,  sans 
qu'on  en  puisse  dire  nu  juslc  la  cause  officielle 


3^2  Mïmoima 

etmajcarc.  II  y  a  de  Hiéràlilc  cl  de  iltiMoa^^Ê 
biUté  dans  K-nrs  fuinitles.  Les  Puqtàcr  et  ^| 
Pattoret  ont  l'Iiabitade  d'être  clan«  let  a&îres  et 
on  a  t'habitodc  di:  l«>  y  voir.  lU  m»oI  loujvun 
coDiprU  daasl'iti%'i:nUÛro  du  inobirier  p»lilâi|oc 
Cm  exemples,  pour  ne  pai  êLru  rare»,  n'en  sont 
paa  au  reste  moins  rcinaniuibiu». 

M.  PasquiL-r,  tUus  ta  place  de  préfitt,  «anit 
à  la  leUreles  erreutcns  de  «on  pnïdécencxr  ;  k 
mime  «prit  dirige»  un  opéralioiu.  EUes  i 
été  de  deui  Hortc«  ;  k-s  uu««  •«  rapport 
la  police  mttnii-ipalc,  le»  attires  à  la  ynlîcc  ■ 
liiique  ouwcrtric. 

Depuia  M.    pA«qaier,  la  tpédalh^  | 
acquit  une    si   fameuse  C4>lébrilé  qu'il  hm 
féservor  d'en  parl<;r  pluN  aaiplemem  »pri»  ««a 
épuiaé  la  aérie  des  préfeU. 

Quant  k  la  police  municipale,  i 
moina  qae  de  l'autre  et  ijui  mérite  4 
plua  de  conaîdération ,  je  ferai  ronnaitre  en  ^nà 
H.  Pasqniw  a  contribua  k  la  maintenir  par  Vm- 
trodaction  do  quelques  réformes  ulilo». 

Un  de  aea  premiers  aclca,  que  beaacvop  da 
penonne*  regarderont  comme  trca  inijiMlml, 
maia  dont  lu  plus  gi-nnd  nombre  posrrs  him 
révoquer  en  doulc  l'utilité  par  suite  Je  Pasa^^ 
tîsaement  qu'il  entraîne,  «st  l'ordontiAorc  sv 
les  domestiqi)<-t.  C'p^I  ';i  M.  de  Ho^ifo  qa'en  al 


TIRÉS   DES   ARCHIVES.  a^5 

due  l'idée  ;  ce  fut  celui-ci  qui  fit  tendre  le  dé- 
cret impérial  du  3  octobre  iSiO ,  eoncemani  le$ 
ifulividus  de  Vun  et  de  Vautre  sexes  qui  servent  en 
qualité  de  domestiques;  mais  M.  Pasquier  ne  fut 
pas  moins  l'exécuteur  des  mesures  singulières 
qu'il  établit.  On  y  assujettit  les  domestiques  à  deà 
obligations  minutieuses,  et  les  maîtres  eux-mêmes 
sont  tenus  de  s'y  conformer.  Dans  le  fisiit,  on  s'y 
conforme  peu  ;  on  prend  ou  Ton  renvoie  ses 
domestiques  sans  recourir  au  lioret  et  à  l'intef^ 
venlion  du  commissaire  de  police,  qui  n'a  vrai^ 
ment  rien  a  faire  dans  les  arrangemens  de  cette 
espèce ,  tous  de  confiance  ou  de  caprice.  Mbrb 
une  arrière- pensée  se  cachait  sous  ces.méswrës 
de  régularité  :  on  voulait  savoir  par  qui  chécùo 
était  servi  chez  soi,  et  connaître  jusqu'à  q«el 
point  on  pouvait  employer  tels  ou  tels  domes- 
tiques a  Tespionnage;  la  sûreté  des  maîtres, 
la  fidélité  des  domestiques  n'étaient  que  des 
prétextes.  Pas  plus  que  les  maîtres,  d'ailleurs, 
la  police  ne  peut  se  porter  caution  k  cet  égard, 
et  ce  serait  la  plus  triste  caution  du  monde  en 
raison  des  méiiances  légitimes  que  la  police  nous 
inspire  la  plupart  du  temps. 

Je  ne  ferai  pas  le  même  reproche  aux  régle- 
mens  sur  la  vente  en  gros  des  poissons  d'eau 
douce  dans  Paris  pour  l'exécution  du  décret 
impérial  du  24  janvier  1811  qui  établit  un  droit 

IV.  18 


am  Mlla  laoâe  et  dm  /■iiiiiiri  ctam  k  h  mmÊÊ 
pMV  m  fiuM  tes  criiM.  FLHd^OTAnrfiv»lM» 

4wi  à  4a  hdUe  dau  oa  eannMna  iMib  tm  Éfr 


OAdaiKfdMuntkH.  EaeqMMMiiH 
HMice  4«  M  Mi  fM4,  agfiMili  «      ~ 
nialiw  4a  VintAnaar,  nr  I»  < 
yaiHarit  k  Wmki  e 

ê^nam»étfad\\vrtr,  :,ti>vi  qn«  Im  ed 
,  ém  oatta  aankanilise,  à  »e  lure  ioacni*  k  h 
[■éftiulMt  4a  polica.  En  mulliplianl  kaaaMM 
4a  wriMliincB  contre  U  Toota  de*  k^aa  4i 
■amii  aipt  «l  rontrB  l'acbat  ilta  •^■kl  «alVk 
4aaUa  dttt  4a  ce  conmarce.  a«  «^  ps  i»- 
pkM  laa  JhiJw ,  on  ■  rendu  ka  iaaAaife 
php  àUflaib  <r«tl  dans  le  |iiiifiiiliii»»^^* 
fjÉiMliMtliMiqne  ^  propo*  de*  alliais  4r  baa 
fÉllArai  ihmher  le  coairepoidi  de  la  p 
lai  Vail  h  l'awociation  des  iatéfto  < 
t  ^(lin'ftli^'4einaDder  le  contrcpoidt  < 


Dm  ■rJwiimce  dn  18  drner  IS41  X«*>^ 
diliiltp— r  fcin  tuitr  an  décret  da  i%  j 
précédent,  h  nan^Uon  de  le  Saîaa  «1  I»  | 
n^  êÊm  laa  pontii ,  objet  impartant  fa*  b 
tavimeMa  par  eau  dans  Parii  ;  il  r«ppch  ptf  «a 
•Mr»  afdaoawtc  l'esécation  de  U  lai  dn  M|W 
■émI  m  41  «I  de  l'anétâ  du  i 


TIRES  DES   ARGHITSS.  1^ 

9  irunaire  an  1 2  sur  les  Uvrels  dont  les  <mmM8 
doivent  être  pourvus. 

L'époque  de  la  magistrature  de  M.  Pasquier 
fut  signalée  par  des  fêtes  publique  très  nom- 
breuses en  i'bonneur  du  chef  du  gonvernetnent 
a  propos  de  sa  fête  ,  de  son  mariage ,  et  d'autres 
circonstauces  analogues.  M.  Pasqnier  eut  à  «xér* 
cer  sa  surveillance  pour  prévenir  les  accidenset 
maintenir  l'ordre  public  dans  ces  cérémonies  ;^ 
elles  furent  Fobjet  de  quantité "d'ordorniattcé&qn^ 
je  me  crois  disposé  4e  citer. 

Un  chapitre  spécial  ponmait  seul  agiter  cîEMe 
matière  pins  importante  en  bonne  administraâon 
que  l'on  ne  le <:roinût  au  premier  abord ,- ptiis^ 
qu'indépendamment  du  gaspillage  systématique 
du  tris^te  -moBilier  de  ces  fêtes ,  on  en  dterait 
peu  que  la  foule  n'ait  plus  chèrement  payées 
encore  par  de  déplorables  événemens. 

Les  commissionnaires  qui  stationnent  sur  la 
voie  publique  peuvent  abuser  de  la  confiance 
des  gens.  11  fallait  une  garantie  ostensible  de 
leur  fidélité  :  une  ordonnance  du  29  juillet  ISIi 
assujettit  tout  commissionnaire  à  se  pourvoir 
d'une  permission  et  d'une  médaille  pour  se 
mettre  au  service  du  public.  On  conçoit  que 
cette  médaille  dont  la  police  dispose  la  mettait 
a  même  d'obtenir  de  ces  commissionnaires  des 
renseignemens  spontanés  sur  une  foule  d'objets. 


9^6  mûmui  iii»ou«i 

Tonte  la  domoticiU 
prifée,  denit  m  tnMnr  miu  !• 
filet 

Denx  ordoimaiicei  de  H.  PaifaàHWj 
doit  un  changement  remarquable  deu  b 
de  la  voie  publique  -y  ce  «unt  Ica  ordoi 
90noTepibre1810etau-20aoùt  1811 
nant  les  patM^M  ouverts  uu  publi 
priélét  partiaditees ,  ot  deTeona 
par  pnKriptien,desHsiTitudes.Ou  j 
les  prepriétaîrea  de  cm  punagcs 
laiater  lîiwei  et  ne  point  encombrer  la 
tion  par  dee  d^âti  de  m&rcliandiaei  an 
It'firdonnaiwe  eaûnûle  les  coiiiravi 
poomit  oomneurrâ'cct  «gud  ^sfO"*  ' 
Ift  oode  piinal,  toat  pauiblei  d'afieda 
meinaloitei. 

Son  ordonnance  sur  le  boUya^e ,  Aa^oo- 
venlm  1811 ,  ïntroduUit  un  peu  de  | 
dan» fane  1^^  h  «trvcillance  dcrwiot  I 
qnelqM  leaip^fia»  régulière.  Ctsc  ewti 
cetteipécialUédelii  régie  municipale,  âû 
aente  pour  la  sant^  publique,  que  m  fcâc  «re- 
prendre Ilaaafiianco  des  réglemeae  toefi^ 
partieb  et  tronqués  de  nuire  adeainttlfeliiB* 
puiaqoe  chaque  pregrct  însUlU  duu  o««  hai^ 
tndaa,  twmme,  par  exemple ,  la  créabea  ^fl 
ttoUwi,  àAégmUiM,  dai  bones-le&uip«i«|fl 


i 


TIRÉS   DES   ARCHIVES.  277 

bien  encore  la  mise  en  circulalitfn  des  grandies 
lignes  d'omnibus ,  la  direction  du  courant  des 
ruisseaux,  les  plants  d'arbres  semés  sur  les  quais 
ou  dans  les  places,  la  substitution  des  caildda- 
bres  fixes  de  gaz  aux  potences  mobiles  des  réverr 
bères  ;  puisque  tout  cela ,  disons-nous ,  doit 
amener  un  progrès  parallèle  dans  le  transport 
et  le  prompt  débarras  des  immondices  quotidiens, 
afin  de  permettre  une  libre  et  complète  circulât 
tion  de  jour  et  de  nuit.  Si  Tadministration  se 
trouve  toujours  en  arrière  k  cet  égard ,  c'eift 
que  le  ressort  n'est  pas  monté  de  façon  à  o6m>- 
bler  de  lui-même  les  lacunes  au  ftir  et  à  mesure 
qu'il  s'établit  un  vide  entre  le  confortable  de  la 
circulation  fiJl^es  routines  du  service.  D'où  les 
plaintes  éternelles  de  chacun  sur  l'indigne  puan^ 
teur  et  l'horrible  malpropreté  de  la  plupart  des 
quartiers  de  Paris.  Un  particulier  qui  n'aurait 
pajs  pUis  soin  de  lui-même  qu'une  grande  ville 
comme  la  nôtre  n'a  soin  de  sa  voie  publique, 
serait  en  peu  de  temps  pestiféré.  Nous  avons 
hérité  sur  ce  point  des  plaies  et  des  routines 
sauvages  de  nos  ancêtres.  On  ne  peut  pas  nous  ac- 
cuser de  luxe  dans  la  propreté  lorsque  Ton 
parcourt  nos  rues. 

Par  son  arrêté  du  27  décembre  1811 ,  M.  Pas- 
quier  assaya  de  régler  la  poUce  intérieure  et 
^ixtérieurc  des  spectacles.  L'arrêté  du  15  jai^-r 


wr4M9r<gkk_ 

^w^  de  k  flmmméÊ  #UtMk; 
ViAfe  ;  le  transport  des 
e—lttuctiotn  de  Paris;  le  range  «tU  téfir. 
fian  des  pniis  ;  h  circulation  des  grûn  et  £u 
SMI  rapproTtsioiinrtnetit  et  U  poBee  dai  mx 
Aé»  j  U  Bution  dn  prix  dei  hléa  ;  k  )iAai 
<k> kateinx sous  let  pontide  ParM;k  piifice 
k  mîère  et  det  ports  pendant  l'hiver ,  dni  I 
tampe  de  glaces,  de  ^nme»  ean  el  de  flAldl 
nnincc  renouvelée  tous  les  am  et  «Ml  I 
mIb  Io  nombre  des  «ccidens  nir  U  fieiSf* 
■  pcirts  serait  pins  consîdi^rnblei  umâ  eas  H 
lOMïns  antérieurs  et  ineomplele  kraeC  MMca 
Kent  renotivelÀ  on  rajeunie.  OMeaseAt 
^iril  a  dA  se  plisser  d'arbilnire  el 
dam  ces  mesures  d'ordre  pnblic, 
MMi,  l'inlir^t  particulier  li  in^éai«n  %  dte 
cher  le  Tîce  des  arr^rés  et  des  rÉ^m^, 
ttntte  éternellement  en  lotte  avec  fkmi  | 
néni .  et  lorsque  cet  intér^t  général  ert  f^ 
•enté  par  des  hommes  peu  vers^  dtMktlf 
cklîlé^  sirr  lesrfnalles  )l«  prononcent  ;  ce  4 
dénadin;  la  police  muniripafe  et  en  bil  a 
Soorce  de  bnitalilifi  fubatlenies,  tfe 
ces,  d<-  <rri ni I bries  Mns  iin,  de  déRUH 

et  d'amcnduï  rtellvi.  A  h  v^ntf,  dl» 


m 


TIRES   DES   ARCHIVES.  J^ 

parasites  vivent  sur  ces  misères  et  sont  intérw* 
ses  à  ce  qu'elles  se  perpétuent. 

M.  Pasquier  soumit  les  billards  publics  il  d^ 
réglemens  par  son  ordonnance  du  6  noveoÉbftt 
1812.  Les  gênes  apportées  à  ces  établisselbetti 
sont  généralement  enfreintes ,  et  le  seront  tou- 
jours ;  par  le  nombre  des  récalcitrans ,  la  dâM« 
béissance  conquiert  l'impunité.  Il  refiotiVèlÉ 
semblablement,  par  son  ordonnance  du  23  Mn 
vembre  1 81 3 ,  les  anciennes  mesures  ^i  eèÉ^ 
cernent  les  brocanteurs,  très  sujets  h  ti'ati  j^ 
mais  tenir  compte. 

De  tous  les  réglemens  de  M.  Pasquier  t^ehii 
qui  a  pour  objet  le  régime  des  prisons  dfttts 
le  ressort  de  la  préfecture  de  police,  est  Un 
des  plus  remarquables  par  son  importance  et 
son  étendue  (10  septembre  1811). 

Le  désordre  qui  règne  sur  ce  point  ne  sera 
pas  vaincu  facilement ,  tant  que  Ton  ne  divisera 
pas  les  prévenus  en  catégories  spéciales;  tant 
que  ces  mêmes  prévenus  seront  soumis  dès  le 
jour  de  la  prévention  au  régime  de  vie  des  gens 
déclarés  coupables  ;  tant  qu'ils  resteront  enfin 
sous  la  main  de  Tautorilé  qui  s'est  chargée  de 
leur  arrestation  et  qui  les  traite  en  ennemis. 
Des  vices  obscc'ncs,  domiciliés  clans  ces  salles  et 
dans  les  préaux,  un  pr-Ie-nfitlc  ignoble,  l'infecte 
malpropreté  des  édilices ,  des  spéculations  su- 


ff 

j 

t 

f 

I 


il 


t 


â8e  M 

baUerncs  sur  la  TÎe  et  II  amvritsre  éem  pM 
nien ,  couchés  et  BMerii  iJcigat  k  ret  et 
appellent  TattentiMi  àm  Mprito  Ihmûbs  «t 
ligieux  que  rathéttme  inpit0yaUft  4t  mm  1 
révolte,  et  qui,  du  méprii  do  nnêhrièi.  «t  lin 
pas  le  dogme  rectear  êm  la  tacîélé  4ni  îb  fi 
partie.  Une  remarque  feadasBealalt  eA  a  fai 
sur  le  régime  des  prisM»,  d^ffM  waMm/L^ 
parle  de  les  transformer  en  eleliega  €wmm  ta 
plus  régulière  ;  si  Ton  o  _ 

-  j  la  commune  au  bénéfice  àm 
r  I  on  s*y  prépare  pour  la  geôle 

i  damné ,  les  deux  tiers  des  in 

\  raient  pas  lieu.  On  semble 

heureux  devienne  un  scélérat 
les  moyens  de  redevenir  hoandte 
^J  bien  tird  s*y  prendre  ;  et  nos  I 

T  prévision  qu'après  coup.  Mais 

4  Une  énigme  resle  dans  la  concfaBla4iM.1 

quier  comme  préfet  de  police; 
^  parler  de  son  manque  de  sunrei 

-  faire  de  Malet  qui  lui  causa  de  si 

mens ,  o.i  mit  le  gouvorncmonl 
danj^er.  Il  était  rvidcnt  qu  en  magistral  ét^ 
à  son  maitro  ,  il  ne  devait  jamais  pcrJm  et 
dos  liommes  trU  que  Malrt ,  Goidal ,  Lak 
oiTiricrs  siipcricurs  déjà  repris  pour  de»  o 
ptols  pulitiqtirs .  v.l  trop  mal  gardé 


TIRÉS   DES  ARCHIVES.  ^Sl 

pas  en  ourdir  de  nouveaux.  Je  dirai  un  mot  ici 
de  cet  événement  ;  on  trouvera  plus  de  détails  au 
chapitre  de  M.  de  Rovigo  sur  le  caractère  de 
ces  individus. 

Malet  était  lié  avec  MM.  de  PoHgnac  et  le 
marquis  dePuivert,  renfermés  comme  lui  dans 
la  maison  de  santé  du  sieur  Dubuisson ,  grande 
rue  du  faubourg  Saint-Antoine  ;  Guidai  et  L^- 
hory  étaient  à  la  force ,  mais  peut-être  ignorant 
le  complot.  Les  conjurés  entretenaient  des 
correspondances  actives  et  suivies  avec  les  diffé- 
rentes prisons  où  se  trouvaient  des  hommes 
dévoués  à  la  même  cause;  ils  étaient  même  arri* 
vés  jusqu'aux  cardinaux  détenus  a  Vincennes. 
Ils  avaient  aussi  ménagé  des  intelligences  avec 
quelques  officiers  des  armées ,  surtout  avec  ceux 
qui  commandaient  a  Paris.  L'isolement  merveil- 
leux du  principal  conjuré  ,  affirmé  tant  de  fois 
alors  ,  fut  une  des  ruses  de  la  politique  impériale 
qui  craignit  de  faire  sonder  la  profondeur  de  la 
plaie  et  de  mettre  les  servilités  en  verve  de  déser- 
tion. Le  cancer  était  plus  large;  on  trouva  des 
(5chanhllonsdetouteslesinimitiés  dans  ce  complot 
cop.lrc  Napoléon.  Les  casernes  de  Belleville  j  de 
PicpuSy  des  Minimes^  avaient  été  gagnées;  et  tout 
cela  s'était  fait  sans  que  la  police  de  M.  Pasquier 
cil  eut  la  moindre  connaissance. 

Le  25  octobre  1812 ,  les  conjurés  tinrent  cqn- 


I  fielhomme  f 
irla  Unuiive.  Us  la  ngartlaient  twmaf 
MiiM  |lar  les  menm  qu'ib  iTatont  fnim , 
le  Mcnt  qui   avait  éU  bien  garnie  «1  li  fa 
tlwrilé  de  MM.  PaMjoMr  «t  Ravies , 
aliÉi  fàt  \e  BoÏD  da  lean  miértte  | 
^  IjM  casernes   fureol   viàlAcs   !•  1&  J 
|M*ate  t  OD  Tint  *  la  nuison  de  Bdhm 
parti*  le  mot  d'ordre  le  mît  j  to«l  teal 
Ai  oM  de  U  troupe,  m  se» 
riil|il-  pendant  la  nuit  par  les  c« 
Cent  pi^cc  «  invesiiBUH  1«  ) 
■  tau  les  pouvoirs  pour  cmamÊmêar  h  tm 
B;  la  mort  de  Bonaparte  y  était  HSiai 
I  ayant  eu  U«a  le  7  du  ■■■■.  W  |H 
bent  impérial  <(ait  d^trKÎi.hnHi^ 
I  akotie;  on  gourememcnl  pr*iiMMA 

I  bfi,  ddnt  la  première  réonion  AcrûtmtÊ^ 
n  TBêkà-de-\\\\e:\afomemiioa  rfeshMift 
»  et  Aitiplots  mainlenaf  k  cetix  qui  en  joaMH 
t  tffMit  que  r.iïténabi1it«  dM  évnuOoe»  atf 
t  Batil.  »  It  n'y  ■'(•lit  point  ipieallan  dl  lA 
bUttement  de>  Bourhoni ,  soit  qne  c«  «•  tttf 

II  pemée  de  Malel ,  toit  qu'on  ne  crds  pM 
propos   dVii   parier    dans    ce 
amaît  drfcidi'  !    Oniconijne   pcnl 
s'établir.  I,r  rùlr  dr  Monk  m  tme  < 

Lesconittri^s  soriircntb  naît  i 


tme  cxes^^l 


TIRÉS  DÉS  Aààst^.  aflS 

iâmté  od  ib  s'étaient  réunis ,  et  ke  teioÉdirèirt  k  ta 
caserne  des  Mhrimes  où  fui  lù  té  Ééaahis-'con^ 
stfhe. 

Des  ordres  farent  ensuite  cioniiéé  par  le  géné- 
rât à  divers  commàndans  clés  cohortes  de  tairO 
fire  également  dans  leurs  casernes  le  mêilne  acte, 
de  leur  faire  prendre  les  armes,  et  de  se  rëncjlltfi 
avec  leurs  officiers  à  la  place  At  (jrève,  pour 
attendre  de  nouveaux  ordres. 

On  se  rend  aussi  à "Bi  prieon  de  la  Force;  on 
y  fait  lecture  au  concierge  du  sénatus-consulte, 
et  les  généraux  Guidai  et  Lahory  sont  mis  en 
liberté. 

Sortis  de  la  Foreo  ^  Gilid^i  Lalbory $  un  autre 
prisonnier  délivré ,  aaaaané  Boebeiampe  i  et  le 
général  Malet,  prirent  chacun  le  commandement 
d'un  peloton  de  troupes  rassemblées  sur  la  place 
de  Grève.  Les  deux  premiers  se  rendirent  au 
xHinistère  de  la  poKce  générale ,  un  troisième  k 
la  préfecture,  et  Malet  a  l'état-^major  de  la  place. 
C'est  la  qu'il  échoua. 

Cependant  Guidai  et  Lahory,  rendus  au  mi- 
nistère de  la  police,  avaient  donné  lecture  au 
général  Savary  du  fameux  sénatus-consulle  ;  ils 
le  sommèrent  de  se  rendre  à  la  prison  de  Thôtel 
de  la  Force,  ce  qu'il  fit  après  quelques  difficul- 
tés j  Guidai  le  fit  monter  dans  un  cabriolet,  avec 


ll-'D)W)arelK>  chef  df  Ja  tUriiioa  ptthOtfn 
inimstèrc,  et  le»  coodsiiit  a  U  force 

Un  mtre  conjuré,  nommé  BouU wi .  <IA 
«l'une  icharpe ,  se  présente  i  U  fftffatfafiB 
police  k  huit  hcnrcs  et  demi  da  ■ttia.OI 
If.  Pâsqtiier  le  Kénalu»-conuilte,  inéfiÊÊ 
inuidit  cl  l'ordre  en  Tcrtn  dwjad  il  Ual^ 
M  rendit  en  prison  et  fSt  m»  ea  wlt-, 
M  ftit  uns  réplique  ni  obserratioa.  Wrt 
«■tnonuné  préfet  proTtsoire.  Toot  Icéi^h 
polièeiont  consi^éa;  on  laÎMC  enirtr<Bi 
'^ennent;  main  per»onne  ne  rewatt  :  AI 
ordres  «ont  donnés  parle  nonvem  jn^lÊ^é 
sarreilhnce  commence  k  s'orj^ 

La  démarche  (jue  laîsaît  le  |^ 
Pétafc-inajor,  place  Vendôme,  oàft/ttikpl 
«rec  un  peloton  Je  troupe  .  p«ndagl  ^W 
pMMÏt,  rendit  inutiles  cea  premien  tmeim.  ' 

Je  n'entrerai  pajidana  le»  dëtaib  deevA 
ment»  il  est  étranger  au  prélet  da  p^k*;' 
leon  iï  en  sera  Hait  mention  en  pniaat  ^ 
de  Rovigo  dans  le  chupilre  des  ■tiaâatavt 
police. 

Le  conseiller  d'état  Real  avait  4lé  ia 
promptrnient  de  ce  ipii  «e  paaatt;  il  ■•  r 
chei  CambacércB.  cl  deui  heiu'e*  après  U  i 
de  la  place  Vcndûmc,  les  conjuré*  4 
|ii,  le  préfet  vt  le  minisire  en  liberté. 


M 


TIRÉS   DES   ARGRlVfiS^.  a85 

Livrés  à  une  commission  militaire,  Malet,  La*- 
hory  et  Guidai  furent  fusillés  à  la  plaine  de  Cré- 
nelle quelques  jours  après.  Malet  mourut  avec 
courage  et  résignation. 

«  Helas  !  me  dit  un  jour  sa  veuve ,  mon  mari 
était  comme  bien  d'autres,  il  travaillait  pour 
lui.  M  Supposition  plus  que  vraisemblable,  mais 
qui  ne  dut  pas  Tempêcher  d'abonder  préa- 
lablement dans  les  idées  de  tous  les  hommes 
dont  il  se  fit  des  instrumens.  Que  sa  veuve  ait 
officiellement  dit  le  contraire  après  cela,  dans 
une  pétition  au  roi ,  cela  ne  m'étonne  pas  da* 
vantage. 

Un  événement  pareil  devait  inspirer  à  Tempe* 
reur  Napoléon  un  vif  mécontentement  contre 
M.  Pasquier;  Napoléon  n'eut  pas  Tair  de  s'en 
affecter  :  M.  Pasquier  continua  de  jouir  de  la  con^ 
fiance  de  son  maître.  Ses  fonctions  de  préfet 
furent  continuées  jusqu'aux  événemens  du  mois 
de  mars  1814. 

M.  Pasquier  rendit  dans  cet  intervalle  plu- 
sieurs ordonnances  utiles  sur  des  objets  de  police 
municipale;  telle  est  celle  du  9  février  1813, 
pour  le  transport  de  la  foire  aux  jambons,  qui  se 
tenait  avant  celte  époque  au  parvis  de  Notre- 
Dame,  devenu  trop  insuffisant  pour  contenir  le 
nombre  des  marchands  forains  qui  y  affluent 
chaque  année.  On  fut  obligé  de  cherc)ier  un  local 


plus  conveiuibLo,  et  k  qui  de  la  V^lUt  k 

Le  s«rvîc«<lcftiipeinvpompier*,*M  ulik|M 

la  siireté  de  Paris,  fal  le  sD)»l  li'nnc  aulrc  «fa 
fiance  du  %'i  M»r*  Iftlo.  Od  mO.  gré  ivé  J 
M.  Pa»quicr  d'avoir  publié  un  rf^liiii— wfc 
police  (les  fiacre*  cl  cabrioleU  dmam  Parâ{4s 
1815),  <juoi<]u'il  n'oil  été  gairc  pl»iti 
sei  prâfléccfiseur»  «Un»  lei  prà 
contre  les  accidem  on  loi  < 
ptr  ces  voitures. 

Va  curùux  docvouni  veaiifVBit  kcaé»0k^ 
suUcr  sur  ce  point  ;  ce  serait  d'étaUir  chaakS 
Ma  lélat  régulier  lUi  ijéMutmtmt,  M  cÂi  et 
ruM  où  c«t  év^ocMMo» le  puacat,  «ia^iHâ 
attjust«  ce^ek  paa  de  Ufg«g *•<—<& 
gnorvice  dei  coclien  OECMioi^  ^aAnHitte 
ca  conduniîi  sao»  Atmlo  k  ia  i 
'école  pour  les  cocben ,  «t  «{"m»  i 
qu'à  la  clôture  ou  à  tVlargisaeoiCBt  4 
voies  4rap  étnites  ou  irop  pafalowK. 

Mus  où  M.  Pwquier  se  rgiiUa  k  «alfes  4fê 
que .  cefut  dans  les  ordres  qu'il  doBDa  ^«^  iM 
lirer  «vec  écUt  l'&Bxiiverwùre  dt  la  mmmmÊi^ 
l'ompereur,  eu  1813.  Les  plus  BÛialicaM»|ri 
cautions  furent  prescrites  pour  piéveair  e*^ 
aurait  pu  troubler  la  ftte.  £Ue  cal  ■■  tmâm^ 
trompai' empereur  loi-oiêaasuris 


TIRES   DIS  ARGHIYD.  dd^ 

pays.  La  cariosilé proTocpia  lafoid#,  el  las  |;r4MM!i 
rassemblemens  ont  toujours  un  certain  aîr  d'eiH 
thouâiasme.  £n  cette  occasion  ^  9C9%c  la  dé]>enM, 
qui ,  sur  toutes  les  localités  de  noU'e  sol^  ê'éva|^era 
dans  les  airs  en  cris  d'ivrognes  et  en  fiunéé 
d'artifice,  chaque  comnaune  aurait  pu  s'enve-^ 
lopper  de  fortifications  redoutables  pour  fermer 
le  sol  de  la  France  à  l'invasion  des  coalisés.  Maâ$ 
le  pouvoir  se  garde  bien  d  avoir  de  semblabki 
idées  qui  ne  concernent  tout  sW  plw  ^e  h$ 
peuple  i  qu'on  ravage  la  France ,  ^pt^^n^n  p%Nll 
vinp[t  fois  le  sol  au  labour  de  la  bfïomiAfttf  9  91M 
luiimppr^^  !  U  a  toujouirf  Ufésoryie  d0  cafM^vlWf 
à  nos  dépens  en  se  r^b^tl^nt  $w  im  Tiiîl#rie9t 

Passons  sur  quelques  téf^mfm^fe^p  «atir«  iiutrttb 
celui  très  important  dul*'^  octobre  1813,  relatif 
aux  fonctions  de  l'architecte-commissàire  de  U 
petite  voirie,  pour  en  venir  aux  ordonnances  que 
rendit  M.  Pasquier,  en  expiation  sans  doute  de 
celle  du  fameux  et  dernier  anniversaire  de  Napo-? 
léon;  1<*  pour  faire  effacer  les  emblèmes  et  |ar- 
moiries  qui  caractérisaient  le  gouvernement  de 
Bonaparte,  conformément  à  un  arrêté  du  gou*- 
vernement  provisoire ,  du  5  avril  1815j  S**  pour 
prescrire  les  mesures  d'ordre  à  observer  a  la  re- 
vue des  troupes  russes  et  prussiennes  dans  la 
place  Louis  XV  ,  le  10  avril  de  la  même  année  ; 
5*^  pour  les  mesures  d'ordre  k  observer  à  Vocca- 


Aûl  £>(  pMT  rolcr  es  pè»c«. 

haut,  oonuD^  cotucitler  ^Cfeal,  ^M  fai^i 

qoe  b  pr«lccture  de  police  ,  myimtt  M  ■!■■ 
U  direction  génénlc  de  U  po&«c  4i  njaiaM 
■diaioiitrée  par  trois  maître»  de* refsiks^t}. 
retour  de  Napoléon  ,  au  30  nun  f  9f  5 ,  Jf  ■  I 
qnier  fol  obligé  du  m:  retirer  ;  auàê  U  mc* 
re»tauntioQ  le  nppcU  dans  les  aftinsfd 
que*  et  au  miniilèrv  de  U  justice;  damit 


10  V«J.  kl 


TIRES   DES  ARCRinS.  aOQ 

parmi  lc9  TaToris  de  la  fortune  et  du  ^incê,  éti 
membre  de  la  Chambre  des  Députes,  par  le  dé- 
partement de  la  Seine  (septembre 481 5),  il  n'y 
montra ,  comme  on  doit  le  croire:*  partïsui  da 
gouvernement ,  quoiqu'il  eût  été  rempkcé  à  la 
justice  par  M.  deBarbé-Marbois;  mais,  cnlSI?, 
il  y  revint  et  fut  nommé  une  seconde  fois  garde 
des  sceaux,  place  qu'il  remplit  jusqu'au  mois  de 
décembre  1818.  Il  est  aujourd'hui  pair  de 
France.  Les  écrivains  railleurs  l'ont  surnommé 
YJnévitabU ,  parce  que  ,  {temlaiit  long-temps  ,  dès 
qu'il  vaquait  une  place  importante  dans  le  gou- 
vernement ,  on  était  sûr  que  M.  Pasquier  y  se- 
.  rait  inévùablemetu  nommé.  Il  est  assez  bon  par- 
leur, bon  triTailleur,  quoique  hoanme'de  -plai- 
sirs, qu'il  ne  soit  plus  de  l*âge  de  la'TerdetuNj 
cette  vieille  habitude  n'a  pas  empêché  qu'il  n'ait 
été  un  préfet  de  police  passable.  Il  y  en  a  eu  de 
plus  mauvais. 

Parmi  les  établissemens  qu'on  lui  doit  en 
celte  dernière  qualité,  il  faut  placer  ce  qu'on 
peut  appeler  la  police  de  sûreté ,  consacrée  aux 
recherches  et  aux  investigations ,  pour  découvrir 
les  voleurs ,  les  assassins  ,  les  fripons  dénoncés  à 
la  police.  Cet  emploi  fut  confie  par  M.  Pasquier 
au  fameux  Vidocq ,  on  plutôt  c'est  à  celui-ci  qu'est 
due  l'organisation  telle  qu'elle  existe  encore.  Lui- 
même  rend  compte,  dans  ses  Mémoires,  de 


TïKis  DES   ARCRttllS.  Û^l 

et  trente-Muf  perquisitions  oti  saiéteé^A^liJëik 
Yolés.  En  Toici  îétat  noiÀërâtif  :  Aâ^à)»èiiii  iiii 
meurtriers,  quinze;  Toleîlr^avéc^detiénoifpki^ 
violence  ,  cinq  ;  voienrs  atéc  elfraeti(jiii .  i^scà- 
lade  ou  fkussès  cfeft ,  cérii  Ihiif  $  tbteli  muii  lés 
maisons  garnies ,  douze  ;  voleurs  et  filous  di^CTS, 
deux\:ent  seize  ;  receleurs  nantis  d'objets,  trente- 
huit;  évadés  des  feMou  de9  j^ïnét^y^ftBâofze; 
forçaU  libérés  ayant  rompu  l««r  Wi  ^  tf&tSttàSOi^ 
trois;  f^ua^aires,  Qscrog|,  priivennif  d'ahàs^de 
confiance,  quaraa^(^#ii(  ;  yngubwdt,  V€^dÉi«iA^ 
voyés  de  Pfiiri«|,  4ott^  €|»n(  vin^iMifC^  ita|  vwta 
de  mandats  spéciiiv^  4m  préf«t,«  quÉnhtaiikq 
perquisitions  ou  saisis  d'objets  tolés  f  ireetèwcidl 
Total,  huit  cent  onze*  .  j         !. 

«  Ce  fut  I  continua  Vidocq,  dans  le  eonak  im 
années  1 825  et  1 824  que  la  brigade  de  s6ret< 
prit  son  plus  grand  accroissement.  X^e  nombre 
des  agens  dont  elle  se  composait  fut  alors  porté  k 
vingt  et  même  à  vingt-huit,  en  y  comprenant 
huit  individus  payés  sur  le  produit  des  jeux  que 
le  préfet,  M.  Delavau,  autorisait  a  tenir  sur  la 
voie  publique.  La  police  de  sûreté  qui  s'exerçait 
presque  en  totalité  par  la  brigade  de  Vidocq,  n'a 
jamais  coûté,  suivant  cet  agent  plus  de  50,000  fr. 
par  an,  et  les  détails  en  étaient  immenses.  » 

C'est  un  fait  dont  on  a  lieu  de  s'étonner  et 
qu'on  révoquerait  en  doute  si  Vidocq  n'en  don- 


^y^{  Mi.MOii'.r.b  iiisroniijir^ 

*  naît  point  une  prouve  iirccusablc,  que  li  soltl-*, 

ou  au  moins  une  parlie  de  la  solde  det  aceni  dt 
!..  sa  brigade,  était  fournie  par  le  produil  des  jeai 

Il  tenus  sur  la  voie  publique.  Il  n'est  pas  uni  in- 

térêt de  rapporter  Tarretc  du  préfet  qa&  le  con- 
state. 

Pan* ,  I  3  îanvKT  i*^ 

«  Nous,  conseiller  d'état  préfet  de  pobce,  tu  . 
arrêtons  ce  qui  suit  : 

«  A  compter  de  ce  jour,  les  sieun  Druim  e 
i  Ripaudy  précédemment  autorisés  a  tenir  ssr  L 

voie  publique  un  jeu  de  irou^  madame,  (trwk 
partie  de  la  brij^ade  particulière  de  sûreté  sos 
les  ordres  du  sieur  Vidorq,  chef  de  cette  bnpi^ 
Ils  continueront  Ii  tenir  ce  jeu^  mais  il  kvr  ««m 
adjoint  six  autres  personnes  qui  ferooC  tfilt' 
ment  le  service  d'agens  secrets. 

*  Le  conseiller  dVtat,  etc., 

«  ^i^rif  DriavAU. 

«  Pour  copie  conforme,  le  secrétaire  génénl . 

*  L.  HE  roL'oijits.  » 


Vidocq  y  fait  connaître  que  le  montant  de  c< 
jeux  en  plein  air  s*éleva,  du  2U  juillet  au  4  aoû 
182,1,  à  i,rJG-'i  fr.;  c'était  donc  l'argent  de»  ou- 
vriers, des  apprentis,  chez,  lesquels  on  décbi' 
nait  ainsi  le  goût  d'un  func^ito  pcncliaut;  et  1  im 


TIRÉS   DES   ARGHITES.  2^5 

tolérait  une  friponnerie  publique  pour  avoir 
lieu  d'en  pouvoir  surveiller  une  autre.  Etrange 
remède  qui  consistait  a  doubler  le  mal!... 

La  brigade  de  sûreté  changea  de  directeur 
ou  de  chef  sans  changer  d'objet;  elle  passa,  sous 
M.  de  Belleyme,  dans  les  mains  d'un  agent  se- 
cret, nommé  Barthélémy  Lacour,  ancien  habi- 
tué des  prisons,  comme  Vidocq,  et  devenu  son 
ennemi  déclaré.  M.  Veyrat  avait  surtout  la 
police  politique;  il  ne  cessa  de  s'en  occuper  que 
lorsque  M.  Angles  l'eut  remercié  pour  le  rem- 
placer par  M.  Fondras,  dont  il  sera  question  plus 
tard. 

Le  lecteur  a  pu  voir  par  ce  qui  précède  que 
la  préfecture  de  police  fut  désorganisée  par 
M.  Beugnot  en  1814^  à  la  place  d'un  préfet,  il 
substitua  trois  maîtres  des  requêtes  qui  formèrent 
ainsi  une  sorte  de  bureau  central.  Celte  admi- 
nistration complexe  ou  collective  dura  jusqu'au 
20  mars,  que  Bonaparte  rétablit  Tancienne  forme 
et  nomma  préfet  de  police  M.  Real,  conseiller 
d'clat,  qui  fut  le  tro\;sicmc  préfet  de  police. 


CHAPITRE  LXII. 


la  HAM  181B  — 90  HAM  18UL 


Loub  FauvelM  da  Bourricnne ,  Uoiiièiae  pcMel  et 
l 


L'administnition  de  M.  de  Bourrienne  émn 
trop  pcMi  pour  rien  laisser  de  marquanl  à  II 
]»rêrocliirc  de  police  oii  Louis  XVUI  le 


MÉMOIRES  HISTORIQUES  TIRES  DES  ARCHIVES.       JlgB 

au  12  mars  1815 ,  sans  doute  à  cau«e  dea  aoyofin^ 

sites  qui  régnaient  entre  Napoléon  et  son  ahcién 
secrétaire.  Les  événemens  se  succédaient  rapi- 
dement ;  le  gouvernement  royal,  entrauié  pair 
sa  propre  incurie  dans  un  abîme  que  les  fatuités 
de  cour  n'avaient  pas  d'abord  permis  de  sondeir, 
chancelait  sur  sa  base  fragile,  et  Bonaparte,  émit 
l'extravagance  faisait  sourirp  les  émigréa,  lAn- 
stallait  à  Lyon.  '  »        .i/r» 

Sous  Napoléon,  le  rôle  que  M.  4^  Boninricmip 
avait  joué,  son  changement  de  paitiv  Basée 
d'hostilité  qu'il  faisait  contre  soaanoieii.mâkte 
en  acceptant  un  emploi  pareil  dans  jeU*  sem- 
blables circonstances,  sont  les  divwsei  «pkiMs 
d'une  métamorphose  qui  pique  le  plue  la  otiiM^ 
site  publique.  Je  ne  puis  m^mpêcfaer  d'en.  diHe 
quelques  mots. 

M.  de  Bourrienne,  n^à  Sens  en  1769,  fit  ses 
études  à  l'école  de  Brienne;  iiy  connut  Bonaparte, 
et  fut  son  camarade  de  classe.  Il  a  démontré  quel- 
que part  qu'il  avait  eu  sur  le  grand  homme  une 
supériorité  marquée  dans  le  courant  de  ses  études. 
C'est  un  argument  contre  les  enfans  précoces. 
Bonaparte,  au  moment  de  sa  puissance,  ne  re- 
douta pas  la  supériorité  de  son  ancien  condis- 
ciple ;  il  le  (i\a  auprès  de  lui  sous  le  titre  de 
secrçtaire.  On  lira  pout-clre  avec  intérêt  dans 
les  Mémoires  publiés  par  M.  de  Bourrienne,  ses 


9g6  MUIOIEES    lllSTOftlQLES 

relations  avec  1  Vmperenr  ;  j'y  renvoie  pour  pki 
de  détails. 

Attaché  au  général  Bonaparte ,  il  le  wvil  m 
Egypte;  revenu  avec  lui  auxTailefies,  il  y  fmmÊL 
d'un  grand  crédit  pendant  dix  ans  q«lL  firt  le 
chef  de  son  cabinet  et  le  confident  de  tes  dc»- 
•eins  ;  il  avait  été  fait  conseiller  d'Elai  en  IflM. 

M.  de  Rovigo  a  peint  avec  des  o 
cales ,  mais  avec  vérité ,  au  moins  salant  ^i 
peot  s'en   rapporter  à  son  témoignsge ,  la 
duite  et  la  nature  des  occupations  dn 
de  Tempereur. 

«  Depuis  que  le  premier  consni  f¥f  irait  Xi 
rite»  suprême ,  dit  ce  ministre  de  U  psBee 
ses  Mémoires ,  sa  vie  était  un  o 
il  avait  pour  secr4laire  particulier  JL  de 
riennCy  qui  avait  élé  Tami  de  son  anfanaStei  Jnî 
faisait  partager  ses  iàUgues.  U  le  aanAMl  fln- 
sieurs  fois  dans  lu  nuit,  et  exigeait 
qu'il  Kit  chez  lui  dès  sept  heures  dn 
rienne  s'y  rendait  assidûment  avec  les  ji 
qu'il  avait  déjà  parcourus. 

«  Bourrienne  avait  une  mémoire 
il  parlait ,   écrivait    plusieurs  1; 
courir  sa  plume  aussi  vile  que  la  parole«  U 
naisttuit  radniinistration,  le  druit  public*  et 
uni:  acli\iU:cl  un  ilt'rvouciiirnt  qui  enlaisaîenlas 
hniimir  indi.spcns.iblc  au   premier  conanl.  Tù 


TIRES   DES   ARGBITES.  1^97 

connu  les  divers  moyens  qui  lui  auraient  valu 
la  confiance  illimitée  de  son  chef  ;  mais  je  ne 
saurais  parler  avec  la  même  assurance  des,  torts 
qui  la  lui  ont  fait  perdre.  » 

Pour  ma  part,  imitant  1^  silence  de  M.  dé  Ro- 
vigo ,  je  ne  répéterai  pas  ici  ce  qui  se  trouve 
écrit  d'ailleurs  dans  vingt  endroits,  des  ipotifs 
de  mécontentement  que  Bonaparte  eut  contre 
M.  de  Bourrienne  ;  ces  révélations,  présentées 
comme  des  traits  dignes  d'occuper  la  postérité, 
sont  en  grande  partie  des  malignités  exagérées 
par  le  désir  de  surenchérir  k  force  de  Àèandale 
sur  des  biographies  écrites  sous  la  "dictée  diés 
rancunes  particulières. 

Dans  les  temps,  différens  bruits  coururent  sur 

rimprudence  intéressée  qui  porta  M.  de  Bour- 

rieni\e  à  s'associer  a  uïie  maison  de  commerce 
tombée  en  déconfiture,  et  accusée,  disait-on,  de 
se  livrer  a  des  affaires  frauduleuses;  le  premier 
consul,  instruit  de  ce  fait,  destitua  son  secrétaire. 
Que  ce  soit  là  le  sujet  de  sa  disgrâce,  ou  qu'une 
tracasserie  domestique  ait  brouillé  les  deux  amis, 
c'est  ce  qu'il  est  peu  important  de  tirer  a  clair. 
Une  troisième  version  8st  celle  qui  réunit  ces 
deux  versions;  mais  je  n'écris  pas  pour  éclaircir 
ces  sortes  de  faits.  Les  attributions  de  M.  de 
Bourrienne  passèrent  en  parlie  à  M.  Marct,  de- 


ag8  MEJIOIBB   lUfTOftl^m 

pus  dae  de  Rassan»,  et  M.  de  Ifcaseval 
à  la  Icte  du  cabinet. 

Bonaparte  tenait  tr»p  par  llubiUidn  à 
ciennes  liaisons  avec  M.  de  Boorrienne* 
refiiser  aux  insinuations  o 
sollicitèrent  en  sa  CiTeur.  Il  nomma  M.  im 
rienne  son  chargé  d'affaires  a  IIaniboaK]|. 
mission  ne  fut  pas  sans  orages  ek 
sujet  de  plaintes  contre  M.  de  Bo 
les  grands  et  malheureux  éTénencoa  4n  In 
pagne  de  1813  firent  perdre  de 
incidens,  et  M.  de  Bourrienne  revûat 
que  tous  les  agens  de  la  France  ipii  a 
en  Allemagne. 

La  contrebande  sons  l'empim , 
tématique  dans  lequel,  el 
TAngleterre  tint  la  grandioae  et  i 
rie  du  blocus  continental ,  était  na 
cile  de  frire  fortune ,  que  cens  qv  H 
richis  alors  en  furent  tous  accnaés.  Ci 
tout ,  le  moindre  des  griels  que  Pmi 
contre  Tadministralion  impériale, 
pourra  paraître  étrange ,  les  con 
nos  frontières  ont  été  désolt*s  des  m 
se  sont  introduites  dans  la  lé{*islation 
pitre ,  oii  iNapoléon  ne  badinait  que  tout  j 
Avec  rnbolilion  lU:  l.i  priiic  rnpitnle  â  cet 
les  aventuriers  dv:»  contrées  maritimes  et 


TIBES   DES   ARGBIVK$.  aQQ 

phes  ont  pwdu  cent  pour  cent.  Jfu  W  fait,  lés 
lois  prohibitives  9e  protègent  nfiUtineni  l'in^ 
dustrie  nationale  :  ell^s  dppnent  «eidemeni  une 
prime  aux  douaniers  int^lUgep^  qui  ^avenl  ac« 
commoder  leur  intérêt  avec  l'ai^pwmce  de  lemr 
devoir. 

Napoléon,  du  reste,  n'a  pas  plus  échifppé  k 
l'accusation  que  ses  serviteurs;  maïs  ie  makna 
pouvait  se  permettre  impunénent  rexoeplien  «t 
voulait  maintenir  sévèrement  la  rè^lè. 

On  raconte  donc  ^  et  je  lis  tnpperte  sans  y 
croire  absolument,  qu'an  négociant  de  Haaib^urg 
alla  trouver  en  secret  le  chargé  d'affidrea,  àToè^ 
casion  du  magnifique  chargement  de  ooclianilb 
et  autres  denjréea  »  attendu  d'tin  jour  k  l'autre* 
L'argument  irrésistible  fit  son  office.  Le  chairgé 
d'affaires,  après  avoir,  dit-en,  laissé  l'honnête 
négociant  doubler  et  quadrupler  Tenchère  sur 
l'acte  de  condescendance  qu'il  venait  lui  den^n- 
der,  en  détaillant  k  son  séducleur  et  les  obs- 
tacles, et  sa  propre  conscience,  et  la  sévérité  de 
l'empereur  et  la  possibilité  d'être  découverls , 
détermina  finalement  que  les  bâtimens  attendus 
frapperaient  à  telle  porte  plutôt  qu'à  telle  autre. 
Un  supérieur  connaît  ses  agens.  Les  bâtimens  ar- 
rivèrent, et  contre  tout  espoir  ils  furent  saisis.  Dé- 
sappointement du  négociant  qui  parlait  de  se  brû- 
ler la  cervelle ,  ayant  spéculé  sur  la  connivence 


4MBM  ém 

M.  de 
nKan%  de  T 

fiMliâte  dt 


TIRES   DES    ARGI1IVE5.  3al 

En  épousant  le  parti  contraire  qui  ne  lai  de« 
mandait  rien ,  M.  de  Bourrienne  lui  porta  son 
talent  et  son  activité.  Il  connaissait  les  replis  du 
cœur  de  Marmont^  il  avait  été  intimement  lié 
avec  lui  pendant  la  guerre  d'Italie  et  en  Egypte} 
il  était  trop  habile  pour  ne  pas  avoir  aperçu  le 
côté  par  où  l'on  devait  l'attaquer.  Il  avait  d'ail- 
leurs un  auxiliaire  capable  de  corrompre  le 
cœur  que  Talleyrand  avait  intérêt  à  gâter;  c'était 
Montessin,  ancien  aide- de -camp  du  maréchal 
Marmont ,  à  qui  aucun  mouvement  de  l'âme  de 
son  chef  n'avait  échappé. 

M.  de  Bourrienne  se  trouva  ainsi  placé  au 
milieu  de  ceux  qui  signèrent  cette  capituUition 
de  Paris  contre  laquelle  se  sont  élevées  tant  et 
de  si  fortes  plaintes.  M.  de  Talleyrand  était  alors 
président  du  gouvernement  provisoire.  11  fit  nommer 
M.  de  Bourrienne  a  la  place  de  M.  de  Lavaletle 
à  radministralion  des  postes,  dont  Tex-chargé 
d'afiaires  prit  possession  le  3  avril  1814.  11  ne 
conserva  cet  emploi  important  que  jusqu'à  Tar- 
rivée  du  roi  en  juillet  suivant  ;  on  lui  donna  pour 
successeur  M.  le  comte  Ferrand,  mort  depuis 
pair  de  France. 

Pendant  la  courte  durée  de  son  administration 
aux  postes,  il  survint  une  affaire  assez  obscure 
et  équivoque,  k  laquelle  il  prit  une  part  au  moins 
indirecte;  c'est  celle  de  Maubreuil,   dont  il  a 


TIRES   DES   AROHIVSt.  5o3 

Tout  prauTe  qu'il  s'agissait  uniqMincnt^  d'«iip- 
lever  les  diamans  de  la  reine  de  Wetiphalie , 
en  route  pour  se  rendre  en  AUema^e. 

L'année  1814  et  partie  de  celle  de  1615  s'é- 
taieni  passées  dans  les  intrigues  et  Icb  agitations 
sous  la  direction  générale  de  la  police  de  MM«  Beu* 
gnot  et  d'André,  lorsqu'on  apprit  que  Bonaparte 
était  débarqué  à  Cannes.  Ce  ne  fut  qu'on  postât 
à  rhorizon  et  que  l'on  méprisa  ;  ce  nuage  por^- 
tait  la  fendre.  Le  20  mars  181  S,  Kapdlétm  éCsH 
k  Paris. 

J'ai  parlé  de  la  désorganisation  qui!  lé  "pMCHitir 
de  ces  directeurs  générant,  le  t0mîé^9ettpié%^ 
introduisit  dans  la  préfeieture  dépdli<Kir,'éfiêh  par- 
tageant l'administiratidA  entre  trois  tmâtreë  dm 
requêtes.  Cette  désorganisàftion  nuiiait  k  la  mai^- 
che  de  la  police ,  et  les  circonstances  eiigeaient 
une  rapide  exécution.  M.  deBourrienneftit  donc 
nommé ,  mais  Napoléon  était  déjà  k  Lyon  j  le 
50  mars,  le  nouveau  préfet  dut  se  retirer;  il  sui- 
vit la  cour  k  Gand. 

M.  de  Bourrienne  rend  compte  lui-même  dans 
ses  Mémoires  de  la  manière  dont  il  se  conduisit 
pendant  ce  peu  de  temps.  * 

«f  L'on  pensera  bien,  dit-il ,  que  pendant  les 
huit  jours  que  j'y  ai  passés,  je  n'ai  fait  aucun 
usage  de  ces  indignes  moyens  employés  par  ce 
qu'on  appelle  la  police  politique ^  c'cst-k-dire  l'es- 


3o.'i  M&aoms  HitrouQUEs 

pîoDiuige  9  la  délation  et  les  proT 

diflcrëdon  dont  je  oie  fais  un  deroi 

d'en  donner  des  preirres.  J'ai  oblom  co  ^ 

fallait  obtenir,  sans  mesare  Tioleala, 

coosse,  sans  Texations;  j'ose  aflir 

sonne  n'a  en  i  se  plaindre  de  moi 

la.  Si  je  faisais  imprimer  la  liste 

qoe  j'aiea  ordre  défaire  arrêtar,odl0adr< 

que  n*a  pas  moi«onnées  la  mort  » 

nées  de  n'avoir  su  que  par  le  M 

préfet  de  police.  J'ai  obtenu  par  la 

la  persuasion  et  la  douceur  ce 

pas  eu  par  la  violence.  > 

Il  fait  bon  de  se  vanter 
cas-lii,  nul  ne  saurait  trop  se 
cependant  que  M.  de  Bo 
16  mars,  comme  on  l'a  écrit,  I' 
duc  d'Otrante,  qui,  pourtant, 
appelé  par  Louis  XVIII  au 
Cette  action ,  si  le  bruit  public 
M.  de  Bourrienne  n'eut  pas  le 
la  main  forcée  par  des  ordres  ac| 
trasterait  sûrement  avec  ce  qu'il 
cenr  et  de  ses  moyens  de  concilî 

Nous  nous  souvenons  aussi  d*i 
de  la  tête  de  Napoléon,  et  dont  les 
vèrent  officiellement  placardées 
colonnade  du  Louvre  avec  une 


TIKÉS    DES   ARCHIVES.  5o5 

pérée  qui  souleva  le  mépris.  On  promettait  avec 
impudeur  un  million  à  l'assassin.  Machiavel  eût 
conseillé  d'en  donner  cinq,  et  jde  ne  pas  s'y  pren- 
dre par  le  moyen  des  petites  affiches.  La  police  de 
M.  de  Bourrienne  ignorait-elle  ce  fait  si  connu?. . . 

Le  seul  acte  vraiment  notoire  qui  subsiste  de 
la  présence  deM.deBourrienneàla  préfecture  est 
une  ordonnance  du  15  mars  1815,  concernant 
les  mesures  de  police  relatives  à  la  séance  de  la 
Chambre  des  Députés,  du  16,  où  le  roi  devait  se 
rendre  et  se  rendit;  où  le  comte  d'Artois  se  con- 
vertit a  la  Charte  constitutionnelle.  Cette  ordbn- 
nance  est  contre-signée  par  le  secrétaire  général, 
chevalier  de  Piis. 

Le  mot  d'un  vieux  soldat  de  la  caserne  Popin- 
court,  au  duc  de  Berri,  ce  jour-là,  dontià  l'a 
moralité  de  ces  soumissions  tardives  aux  néces- 
sités politiques.  Le  duc  de  Berri  se  rendit  à  la 
caserne  pour  fraterniser  en  mangeant  à  la  ga- 
melle. On  Tattendit  quelque  peu;  l'enthousiasme 
en  tomba  d'autant.  11  comprit  sa  faute.  Quand  le 
prince  prit  la  cuiller  des  mains  d'un   vétéran  : 

—  F !  monseigneur,  il    est   trop   tnrd,  lui 

dit  celui-ci  d'un  Ion  leste;  la  soupe  est  froide!... 

M. de  Bourrienne  imitant  en  cela  les  moralistes 
qui  devinent  après  coup  ,  a  dévoilé  autant  qu'il 
a  été  en  lui  le  vice  de  la  police  publique  de  Bo- 
naparte   et    signalé    les    honteuses   manœuvre 


s 


IV.  jo 


LXUl. 


-;  .'j 


91  MAES  1815  —  8  /uiiur  WVi, 


Le  comte  Real ,  cpDseiUer  d'£tat ,  quatrième  préfet  de  police. 


La  notice  historique  de  M.  Real  serait  un 
abrégé  complet  de  la  révolution.  Il  naquit,  au 
mois  de  mars  1757^  a  Chatou ,  département  de 


I! 


I 


3o8  II^MOIRKS    IliSTOnigtTS 

Scinc-eUOiso  ;  il  se  destina  aux  affaim  du  p 
Pourvu  f  a  Tage  de  vingt-cinq  ans ,  d'une  d 
de  procureur  au  Parlement ,  il  la  Tcndil  m 
ment  de  la  révolution  ;  c'était  le  bon  moi 
Il  prit  goût  aux  changemcns  et  aax  événa 
du  jour.  Son  entrée  à  la  société  des  Jacsbî 
lia  d'abord  aux  nouveaux  principes  :  bicnl 
se  tourna  vers  le  système  mixte ,  ccloi  des  G 
dins.  Le  règne  de  la  terreur  réioigna  des  tM 
Le  9  thermidor  le  rappela  sur  la  scène  psiti 
il  se  fit  défenseur  officieux  auprès  d 
et  rédigea  avec  Méhée  une  feuille 
le  titre  de  Journal  de%  PaîrioUs  de 
étaient  modérés  ,  quoique  toaj 
de  la  révolution. 

C'était  une  dangereuse  cariièWt 
temps  de  troubles ,  que  celle  de 
cieux.   M.  Real  se  distingua 
dans  l'affaire  de  Babeuf,  et  n'em 
tefois  les  deux  chels  du  parti  d'ètne 
mort.  On  sait  que  Babeuf  et  d'ArlIié 
dèrent  lorsque  M.  Real  leur  appril 
nation  ,  et  n'en  furent  pas  moins 
l'échafaud  pour  y  subir  rexécution  (5  pn 

\  an  5,  25  mai  1797). 

Commissaire  du  gouvernement ,  en  4791 

1  près  du  département  de  Paris ,  M.  Réal  en  i 

plissait  les   fonctions  lorsque  le  48 

i 


TIRES    DES    AHCHIVKS.  3o9 

éclala.  Il  y  prit  une  part  active  ^  et  fut  immédia- 
tement nommé  conseiller  d'Etat.  Depuis  ce  mo- 
ment, il  resta  constamment  fidèle  et  attaché  au 
premier  consul.  Dans  l'affaire  delà  conspiration) 
de  Georges  etPichegru,  l'ex-défenseur  officieux 
ne  fut  pas  très  conforme  à  lui-même  et  a  ses  mi- 
séricordieux antécédens.  Utt(i;i,ommé  Querelle, 
condamné  a  mort,  avait  demandé  par  écrit  Ik 
faire  des  révélations;  c'était  en  mafs  1804.  Le» 
premier  consul  chargea  M.  Real  4^  ^e^tendv^ejf 
il  en   résulta    la    connaissance    du    projet  ;46 
Georges  ;  on  se  trouva  sur  la  voie  d'en  suryeiU^r; 
les  démarches,  et  d'en  prévenir  les  effets.  M/9.éal 
fut  chargé  des  interrogatoires  de  Morj^u ,  Piche^ 
gru  et  Georges  Cadoudal ,  arrêtés  et  reqfi^rjQaéf 
au  Temple  ;  il  s'en  acquitta  avec  un  zèle  et  une 
intelligence  qui  donnèrent  au  chef  du  gouver-r 
nemenl  une  favorable  idée  du  zèle  de  son  par- 
tisan dans  les  aÛaires  de  haute  police.  Aussi  le 
nomma-t-il  commandant  de  la  Légion-d'Hon- 
iiciir  en  le  chargeant  des  rapports  de  police,  dans 
retendue  du  premier  des  arrondissenicns,  par 
décrel  du  21  messidor  an  12  (10  juillet  1804). 
Des  nuages  se  sont  élevés  sur  la  loiiduite  de 
M.  Real  h  propos  de  la  catastrophe  du  duc  d'En- 
gliien  ,  au  21  mars  1801.  On  a  dit  qu'il  avait  re- 
lusé  d'iulerroger  le  prince ,  et  qu'il  fui  cause  du 


3io  MBMoms  ntMsiQW 

jagement  précipité  fd  ûl  périr  Tm\ 
victime.  D'antres  préleadsiit  ipAl  s'y  Mil 
de  la  faute  de  M.  Real;  ipte,  dam  b 
du  91  man,  le  preaûer  cenaal  hvail 
d'interroger  le  duc  d^ngUetty 
à  Paris  ;  que  ce  ne  Ait  que  le  aeir  àm 
fort  tard ,  qu'il  sut  que  le  duc  était 
Vinoennes}  et  que  le  lettdemaittM  , 
disposait  k  s'y  rendre  il  cinq 
tt  apprit  que  le  prince  avait  été 
la  nuit.  Nous  ne  compMneitta  pa 
argumentations  improvisées  de  M. 
pu  changer  k  la  résolution  Uea 
naparte.  On  ne  procédait 
irapt  du  duc  dTngUen  k  sa  miie 
s'agissait  pas  ici  d'une  aflUre  jitdiciâiiibi 
acte  politique  ;  il  suffitait  d'èbré  ntt 
fitre  coupable.  Let  formalité*  et  fai 
p\oji  devant  la  rolonté  de  ftf  i^ 
le  prisonnier  de  Mncennes.  U  y 
hypocrisie  et  une  formalité  de  moiaa 
acte  de  violence,  et  la  violence  nue  ii 
k  la  conscience  que  la  violence  fardée. 

C'est  k  la  présence  d*esprit  de  M.  liéal  Mt  àtk 
se  rapporter  le  manque  de  succès  de  la 
Hère  ronspiriiion  de  Malet.  De  sa  di 
coin  de  la  rue  de  Kourbon  et  des  Sainla-Pircii  I 


i' 


TIRÉS    DES   ARCHIVES.  Sll 

entendait  le  bruit  de  la  troupe,  au  moment  où 
les  conjurés  s'emparaient  du  duc  de  Rovîgo(1)i 
M.  Real  ne  perdit  pas  de  temps,  et  courut  chez 
Cambacérès;  la  conspiration  manqua.  M.  Real 
se  rendit  au  ministère,  et  fit  arrêter  Labory, 
qui  s'était  déjà  établi  ministre  de  la  policé  et  en 
faisait  les  actes. 

Que  M.  Real  ait  ou  n'ait  pas  été  du  nopibre 
des  aspirans ,  lors  du  retour  de  Bonaparte  4o 
111e  d'Elbe ,  c'est  ce  qu'il  importe  peu  de  sayoïr^ 
Tout  ce  qu'on  a  dit  d'une  prétendue  consjpira- 
tion  à  ce  sujet ,  est  dénué  4e  fondement  ;  on 
n'en  donne  aucune  preuve.  L'outrecuidance 
des  émigrés  en  face  des  poltronneries  intéres^ 
sées  de  leurs  spoliateurs ,  la  sottise  fracas- 
sière  du  clergé  aux  prises  avec  la  sotte  in- 
crédulité de  la  bourgeoisie ,  l'enthousiasme  de 
l'armée,  qui  regrettait  ses  aigles  et  sa  gloire, 
l'étranger  haï  pour  ses  représailles  sur  notre 
territoire,  le  grandiose  de  l'audace  deNapoIéon^ 
le  mépris  niais  de  la  gentilhommerie  d'alors , 
qui  se  flattait  qu'on  ferait  justice  de  l'usurpateur 
avec  quatre  hommes  et  un  caporal,  expliquent: 


(0  I/nncirii  hôtel  de  Ponté  t'.ilaîit ,  ruv  des  SaiDts-PtTcs ,  \is-à- 

vib  la  rue  (ie  Jloinijon  ,  fai^.'iil  alors  ir;c  ilcpcw'Jaiice  des  bureaux 
du  miiiisîte  de  l.i  (>o'iie,  el  i!  coMiîP.Mni  ]ii:t:l  par  des  j.udiiis  avec 
sou  h  'tleî  ,  i\i\:\\  Vi'llM're. 


atsex  celle  résurrection  momenlaBé*  4m  t] 
pîre«  sans  recourir  aux  petites  intrigvca 
n'auraient  jamais  produit  une  si  grande  ck 
Tous  les  militaires  désiraient  ce  retoer  c 
cro\ aient.  On  se  racontait,  dans  les 
iDY^érieuse  tradition  de  la  Tiolelle  ém 
de  Flore  qui  donnait  ses  parfums  toos  ks  m 
au  âD  mars ,  jour  anniversaire  de  la 
r«i  de  Rome,  et  dont  IXmperenr, 
tnMrrer  cette  ienrette  dans  les  interstices  de 
balcoa .  artait  accueilli  le  pronostic  cmmmi  i 
pruasesse  de  Dieu,  pendant  les  doalensdsMi 
Loaise,  en  s'fcrisnt  :  «  Si  c'est ane fille, jli 
LitMKqne.  «Celait  une  superstition 
ce  ^ee  prédisent  les  masses  arrive  to^îsers»  fni 
Iss  aaskîtienx  en  sont  avertis.  Le  S  ws  ns 
a^oie  pjs  un  acte  de  courage  de  Napdfan,  ce 
fut  qn  en  trait  de  bon  sens.  L'examen  dm  |iki 
J««  cevrespondances  •  les  révéhiiMis 
rveUes  montrent  Terreur,  rillusion, 
les  meiisoog:es  et  1j  petite  crédulité  des 
t]ui  ont  Toulu  flatter  les  Bourbons  «  en  atlvibi 
j  des  uiovens  secret*  re  qui  ne  fat 
i^ue  le  rvsultat  de  l'incurie  des  man^ 
ncmeus.  de»  ministres  et  des  impmdt 
nai  (  s  des  courtisans.  M.  Real  n'a  donc  pu 
rtrc  complice  d'une  conspiration  qoi  n*a  p 
c\i»t4'.  Ia's  clêmcn»  con>piraient  alocs  et  i 


tihes  des  archivas.  5i} 

seuls  coniro  las  Bourbons ,  comme  un  peu  pli^Av.. 
tard  ils  conspirèrent  an  leur  faveur.  Les  événe-* 
mens  tournent  dans  un  cercle  vicieux. 

Il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  le  jour  même 
de  son  arrivée  au  château,  Napoléon  fit  appeler 
M.  Real. 

Un  des  premiers  actes  de  son  administration 
fut  l'ordonnance  sur  les  mesures  d'ordre  à  ^ 
observer  lors  de  la  présentation  aux  Tuileries 
des  confédérés  du  faubourg  Saint-Antoine  et 
Saint-Marceau.  Elle  est  à  la  date  du  12  mai 
1815. 

Le  peuple  de  ces  deux  quartiers  de  Paris, 
provoqué  par  les  partisans  de  Bonaparte  ,  avait 
conçu  un  projet  de  confédération  ;  d'oii  le  nom 
de  fédérés  qui  resta.  Cette  levée  de  boucliers 
fut  formidable  ;  il  semblait  une  révolution  dis- 
ciplinée. C'étaient  en  général  des  ouvriers , 
des  gens  du  peuple,  et  ce  qu'on  appela  par 
dérision  des  Sans-Culottes  dans  les  temps  de 
la  révolution.  Matière  première  de  toutes  les 
armées  pour  tous  les  gouvernemens;  force  im- 
mense, mais  désorganisée,  mobile,  inquiète, 
dédaignée  par  tous  les  régimes  qui  lui  donnent 
des  fêtes  insultantes ,  qui  lui  prennent  le  plus 
pur  de  ses  économies  et  de  son  sang  ,  et  qui 
révolutionnera   toujours  le  monde  tant  que  la 


5l4  MÉMOIRES    lllSTORIQmS 

misère  et  le  mépris  étouffermift 
très  petit  nombre  fut  nrmô  de  piqscB 
lume  se  composait  d'une  Teste 
espèce  de  casquette  et  d*un  sabre.  Le 
nombre  resta  sans  itre  formé  ea 
Napoléon  s'abstint  de  leur  donner 
U  se  conduisit  en  cette  circonstance 
allié  des  rois  du  continent. 

Une  députalion  de  ces  fédérés, 
mal  k  propos  et  si  injustement 
(après  leur  désarmement ,  bien  e 
d'être  passée  en  rcTue  par  l'em 
vain ,  et  qui  constata  que  Tem 
homme  de  trop  bon  ton  pomr 
le  dévouement  des  prolétsires.  U  ne 
de  terreur  que  sur  le  champ  de 
les  routines  de  la  guerre.  Ces 
parurent  Tarrière-garde  des  ssoi 
résurrection  de  9S. 

Le  préfet  de  police,  inibneé 
inonie  devait   avoir  lieu  le  diMsache  14 
nux  Tuileries  ,  prescrivit  les  mesures  é^ 
observer  ce  jour-ia  dans  Paris 
embarras  et  les  accidens.  Bonaparte 
î^na  presque  aucune  satisfaction  k 
f]iii,  l>ii*n  que  mal  v^tus,  et  parmi  lesqneb 
i»li*.Nrs  ilis  v^mabontU  cl  (ir%  srens  c 
aiiiirn  ■  Icrrorislos,  nm  étaient  pas 


TIRÉS  DES   ARCHmS.  3l5 

la  presque  toUlité,  animés  ^'enthousiasme  et 
prêts  à  d^endre  le  sol  de  là  patrie  contre  l'tn- 
vasion  des  étrangers. 

La  personnalité  île  reinpefeur  étouffa  cette 
démonstration  populaire.  Ce  né  lut  pas  le  sol' 
dont  îl  s^nquiéta,  il  ciralgnil  d'àVilîr  sa  tHé- 
moire  en  se  ravalant  aux  moyens  anàrchiques. 
Nos  communes  qni  pouvaient  répondre  à  cet 
appel,  restèrent  sans  autre  protection  que  son 
gtinie,  et  ce  génie  avait  faibli,  ne  fût-ce  que  dans 
la  confiance  des  ioldats  qui  ne  le  croyaient  plus 
invincible.  Un  seul  cri  de  sauve  qui  peut  devait 
amener  de  nouveau  le  ravage  et  la  désolation 
de  notre  territoire.  On  conçoit  qu'un  Bourbon 
pût  reculer  devant  de  pareib  auxiliaires  ;  mais 
d'où  sortait  donc  Napoléon  pour  en  faire  Ë7.... 

Le  mépris  que  les  gouvernans  font  du  peuple 
retombe  sur  eux.  Nos  guenilles  et  notre  barba- 
rie témoignent  des  imbécilités  de  leur  admi- 
nistration, et  disent  avec  assez  d'éloquence  qu'ils 
ne  savent  pas  extirper,  mais  exploiter  notre 
misère. 

D'iiiiportaiis  (^vénonioiis  se  sont  passés  d;ins 
le  peu  de  temps  que  JI.  Kéal  fut  à  la  préfecture 
de  police.  De  ce  nombre  est  la  grande  réunion 
des  députés  au  Ckamp-de-Mat,  convoqués  pour 
l'acceptation  <!u  nouvel  acte  conslùutionnel  ou 
additionnel,  ainsi   qu'on   l'appela,  et    qui  reçut, 


5l6  MÉMOIKIS  HISTOMQC»CS 

comme  on  pouvait  y  compter  »  TapprobalM  i 
toute  rassemblée.  Ce  fiit  le  tojet  d* 
cérémonie  et  de  réjo«nsaocea    pour 
le  préfet  de  police  rendit  deax 
Tune  du  30  mai  1814  eonctfmMil  tu 
poUee  relaticeê  aux  tirtmamm  fus 
toccoêiam  de    VaeeipioiUm  iê  tm 
Champ-dê'Mai. 

Il  est  remarquable  que  M.  Real  sa  p«k  pi 
de  la  fréêefUatùm  de  la  Conatiintion,  auiiéirfl 
cepioiûm^  tant  on  doutût  pea  qve  la  vakitf  é 
Bonaparte  pût  être  un  seul  instaot 
tique  dans  son  objet. 

De  laie,  une  Charte  constitati 

par  le  génie  d'un  grand  homme  , 

rait  infiniment  préférable  b  celle  fi 

fantée  dans  les  avanies  do 

discussions  errantes  des  rep: 

diocrilé  publique  ;  de  même  qoe 

nons  que  l'Académie  pouvait  ae 

critiques  de  détail  contre  le  Cio, 

indigne  en  masse  de  se  montrer 

Corneille.  (!Vst  du  grenier  d'un 

nie  que  sortira  définitivement  la 

sociale  du  monde.  Et  certes,  en  dépit  ém  1% 

mortalité  que  s'attribuent  insolemment  naa  vsi 

actions  d'un  jour  »  le  suflfra^c  nniverscl  se  d 

liant  il  rOvi  Icnet*.   on  saluera  la  preoialgiii 


TIRÉS   DES   AHCHIYKS.  Sl^ 

comme  on  accepte  avec  un  empressement  respec- 
tueux les  découvertes  mathématiques  de  Kepler 
et  de  Newton. 

Il  y  eut  aussi  des  réjouissances  à  la  suite  de 
cette  parade;  M.  Real  rendit  en  conséquence 
une  ordonnance,  en  date  du  3  juin,  concernant 
lea  mesures  de  police  relatives  aux  jeuœ  qui  devaient 
avoir  lieu  d^ns  les  Champs-Elysées,  le  dimanche 
prochain ,  4  juin.  La  dernière  ordonnance  qui 
émana  de  son  autorité  fut  celle  du  6  juin  qui 
prescrivait  des  mesures  de  police  relatives  a  l'ou- 
verture de  la  session  des  deux  Chambres  qui  eut 
lieu  le  7. 

Le  retour  du  roi,  au  8  juillet,  suiteinévitable 
de  la  bataille  de  Waterloo ,  ôta  la  préfecture  à 
M.  Real.  M.  Rivière,  maître  des  requêtes,  qui 
avait  été  de  l'organisation  ou  désorganisation 
de  la  préfecture  opérée  par  M,  Beugnot,  remplit 
les  fonctions  de  préfet  depuis  le  2  juillet.  Ce 
fut  M.  Rivière  qui  signa  le  8  juillet  pour  le  préfet 
de  police  Tordonnance  concernant  les  mesures 
d'ordre  à  observer  à  l'occasion  de  la  rentrée  du 
roi  dans  sa  capitale;  elle  est  contresignée  Piis, 
M.  Roland,  secrétaire  général  sous  M.  Real, 
s'étant  retiré  avec  lui. 


t 


I 


i 


CHAPmE  LXI\' 


M.  Rivière ,  miitre  des  reqattes  »  c«t  la  âg 
ture  pour  le  préfet  de  poUce  depuis  le  3  jalslj 
qu'au  8  inclusivement ,  jour  oit  le  roi  il  i 


MEMOIRES  iaiSTÛRIQUES  T1R£$  DES  ARCHIVES.       3 19 

entrée  a  Paris;  le  lendemain,  M.  Coupliq  fi^t 
installé  dans  cette  administration. 

Avocat  au  Parlement  de  Rouen,  puis  li  celoi 
de  Paris,  M.  Courtin  avait  exercé  plusieurs  fonc- 
tions publiques;  entre  autres,  en  janvier  1811 , 
celle  d'avocat  général  à  la  cour  impériale,  puis  de 
procureur  impérial  près  le  tribunal  du  départe- 
ment de  la  Seine,  jusqu'au  2  juillet  1815.  La 
commisiion  du  gouvernement  le  nomma  à  la  préfec- 
ture de  police  vacante  par  la  retraite  de  M/ Real. 
La  famille  des  Bourbons  allait  entrer  dans  Tetris. 
On  le  soupçonna  fortement  d'avoir  mis  des  en- 
traves à  la  libre  communication  des  royautftes 
de  Paris  avec  la  suite  du  rpi  qui  était  a  Saint- 
Denis,  en  faisant  fermer  les  barrières  et  eh 
soutenant  le  zèle  et  le  courage  des  fédérés  coiRre 
les  troupes  prussiennes.  Que  ces  accusations  fus- 
sent ou  non  véritables,  M.  Courtin  n'en  avait 
pas  moins  été,  après  la  rentrée  du  roi,  replacé 
près  du  tribunal  civil ,  lorsqu'il  fut  compris  dans 
l'ordonnance  du  24  juillet  1 81 5,  et  obligé  de  quit- 
ter  la  France,  comme  ayant  exercé  des  fonctions 
publiques  pendant  les  Cent- Jours;  il  se  retira,  dit- 
on,  a  Bruxelles  oîi  se  trouvaient  grand  nombre  de 
fonctionnaires  attachés  au  gouvernement  im- 
périal. 

Le  peu  de  temps  que  M.  Courtin  a  été  à  la 


I20 

préfectore  de  ptfcoc 
tion»  et  mesoRs  #«rére  reLative»  aaz  évé 
qui  te  pasftAÎenL  Les  rt  mg^rîi  In  ont 
guerre  pour  a^oir,  dtfeat-ilft 
priiuer  l'tUn  tir>  ro\iiifri«£>  et  Ca^ 
dérc»  dévoués  a  U  rrpabliqw  avec 
dont  bon  nombre  de  perM^anes 
riaient  guère. 

M.  Cour  tin,  rentré  en  France 
adonné  k  la  liltératnre.  Il  est  l'an 
treprite  importante,  mais  fort  an 
fait,  de  ce  qu'elle  aurait  pn  devenir;  c« 
eyclopédie  moderne  en  35  toI.  în-S*; 
manque  à  la  fois  de  méthode  ei  «le 
Bon  nombre  d'articles»  gonflés  de  celle  pi 
logio  creuse  et  sonore  que  le  c 
a  mise  dans  la  bouche  du  premii 
d*idées ,  ont  un  faus  air  de 
,  I  les  mauvais  discours  d'apparat  qne  F 

avec  tant  d'aplomb  a  la  Chambre  de 

(  tout  m£lé  de  U  science  la  plus 

vue  bourgeois.  Mais  les  coUaborateniedeH 
tin  tenaient  le  haut  du  pavé  dans  I 

i  et  n'ont  pas  manqué  de  se  mettre 

qui  a  constitué  U  vogue  de  rentreptisc.  l 
Saint-Simonienne,  quoique  dépoarvee  d 
point  de  départ  scientifique  et 

r  f<era  mieux  dès  qu'elle  le  voudra.  C*( 


•  I       î 


'   .  I 


CHAPITRE  LXV. 


10  JUILLET   IBiâ  —  90  SEPTEMPBE    t&lt(» 


.        .  .     •    :  :   :     :     f      :  ■•    i    ■  •  :^    ii  ■)' 

.      .  . ,  ;      ■    :  > .  '    *J  :  ^ .  • 

'  4 

M.  le  comte  dac  Decazes,  suièmp  préfet  .de  poQof  ;  ^  <  f  n  >  1 , 

...  >.■..-•   ^n   iflii  ' 

-      .    .  .  '). 

M.  Decazes  est  plus  conna  par  son  ministère 

à  la  police  générale  et  à  Tintérieur  que  par  ses 
i'onctions  a  la  préfecture,  où  il  ne  resta  qu'un 
peu  plus  de  deux  mois.  Ces  deux  mois,  il  est  vrai, 
furent  très  orageux,  car  Texercice  de  ces  fonc- 
tions a  Paris  offrait  des  difficultés  d'autant  plus 
grandes  que  M.  Decazes  n'avait  rempli  jusqu'a- 
lors aucun  emploi  qui  pût  le  mettre  à  même 
<le  suivre  les  ramifications  diverses  de  cette 
branche  administrative.  C'est  ainsi  qu'en  France 
tout  se  pratique  ;  l'école  normale ,  le  stage 
de    début   et    d'initiation     des    administrateurs 

IV.  ^\ 


*   l>    * 


■•  '«•.nit*  ii^'z^:*  c 


:^iai:::.ii':>    ':   :.i    f^it^Les^nt   ou  ace  Mge-î 

Ml*::»*- :•  :-»  ^iT  3i«nte  oa  «ie 
pi7.-»  M-!  1  .rr«!f^ea&c!îtê  royale  les 
•  *  ^'.iiif*.  ■'i  ccu  >»  i'iece  oa  n^os  les 
LiuH  Li  plopart  da  te^ps  il» 
i*:»  pè0  friUef  girifltîgs  . 
ôeoi  ffêciasx  a  noos  ofirir . 
que  d«  bnnir  en  atiendant 
damestîcNé  iTapparst  des 
MMBinet  de  Tétat  et  sur  les  àatérlto 
fliîUioos  d'indiridas,  qu'ils  cWr&hC  (f 
ils  le  cherchent)  à  se  mettre  aa  mhb  et  1 
CB  taîBMil  ëaiis  Ib  Hf^  èlMilk 
f  eeMMie  des  éceiiers  bo« 
Leur  célébrité,  lerMp'ils  ont  le 
qoérir  k  forée  et  Craies,  i 
r  qnent  des  nilKons  et  d*îacalc«lahlB 

ils  portent  le  désordre  de  le«r  éd«eallHi  é 
désordre  de  notre  organisation  ;  Us  mmÊ  h 
fans  et  les  propagateurs  de  Ta 
jienle  routine,  notre  véritable 
«iii  jour. 

Les   esprits  étaient  alors  dam 
crise  ;  la  présence  et  rinsolence  de 


TIRÉS   DES   ARCWyiS.  ^S^ 

talent  à  tous  les  sujets  de  mécçi^ieipilenQient.  Çwff 
qui  regrettaient  le  règne  éclataift  4f) JRpns^lHffM  * 
se  répandateni  en  dUcqur5,/ac|ielM^d^^  iNPf^fl 
de  conspirations  réelles  ou  suppcfs^  t^nfûp^t  Ifi 
police  en  éveil.  M.  Dccazes  avaH  bCoiiiV^Ja.^ifK^'^ 
lice  organisée  fortement  parles  sojas  ctô.AJK  ti4ê\k 
formé  a  Técole  de  Fouché.  l^es TjCssoj^^  éjL^j^nt 
tendus  pour  faire  le  jnal  à  yqlopté.jl^  mU4.j§n 
état  d'arrestation  des  homm^a  qpe  1^  ^(yi4l^^ 
du  parti  royaliste  et  l'esprit  de  réaction  l'Dl^^j 
laient  copfimir  qoçeinis  di|    iio^4:irel^j9j|(^i^A  >de 
choses  et  coxani;e.des^^ traître^ ,^u!jL  fa)l^(j|ii^l 
employa  tous  s«s  instans.  Il  efi|;Ja  ,trî^  inspira 
d'y  réussir,  et  Ton  fut  à  peu  près  up^^fiipiM  ppfC 
lui  reprocher  Farrestatioa  du.gf§^gi4>^  ?i^iBgf4* 
de  Lahédoyère.,  dont  la  oiise  en  î^g€I^|Ç)i^ffi|| 
mort  ne  serrirent  qu'à  irritenrles  cœui»  ejt>6iOT 
haïr  l'autorité.  On  aurait  mieuiL  comprk  ce  soin 
et  ce  zèle  de  la  part  des  autorités  étrangères ,  et 
la  France,  dans  la  personne  de  ceux  qui  rece*- 
vaient  le  pouvoir  des  mains  de  la  coalition,  n'a- 
vait pas  à  se  faire,  de  gaieté  de  cœur,  par  reçoit- 
naissance ,    l'exécuteur   des   hautes   œuvres   de 
l'animosité   prussienne  ou   cosaque.  D'ailleurs, 
l'avanie  que  l'on  faisait  au  sang  de  Ney  rejail- 
hssait  sur  d'ineffaçables  souvenirs  de  gloire  ;  et 
c'est  de  ce  point  de  vue  surtout  qu'on  peut  laisser 
tomber  son  mépris  sur  le  stupide  et  impolitique 


TIRÉS    DES    ARCHlVE^v  SaS 

époque,  et  s'est  lai^é  de  toate  . piArticipatioii ^ 
nous  ne  voudrions  pas  lui  avoir  tenu  liett  d^ 
serviette.  j  ^ 

Les  étrangers  étaient  maîtres,  de  Paris,  eH^ 
c'était  à  M.  Decazes  qu'ils  s'adressaient.  IJb  M 
plaignaient  fréquemment  des  attaques  'di^  ÎQuif- 
nalistes.  Cette  classe  d'écrivains,  qui  fait  icom- 
merce  de  plaintes,  mais  quia  le  cQUifage  d^  sa  r^sr. 
source,  se  montra 4a  seule  qui'nç  craignit  {(^sd^éfr 
lever  la  voix  contre  lesabti^yfes  actes d'intfolj^nc^ 
ou  de  rapacité  des  troupes  alUées  dis^lDiiilée^  4^01 
la  capitale  et  logeant  chez  les  ha]>itiû3S.  ABeji^liii, 
à  Vienne  ,  k  Moskou  ,  nos  troupes  n'Hi'i^iieat  :pail 
eu  ce  contre-poids,  et  ne  l'auraient  paa  toléré. 
Ce  courage,  qu'on  traita  nécessairement  de  li* 
cence,  déplut  aux  étrangers.  A  la  longue,  il 
pouvait  devenir  dangereux  en  fournissant  un 
prétexte  aux  hostilités  des  troupes  étrangères. 

Le  baron  Mufïling,  général  prussien  et  gou- 
verneur de  Paris  pour  les  alliés  «  se  plaignit  avec 
amertume  des  journalistos  à  M.  Decazes;  il  de- 
mandait qu'on  s'interdît  formellement  luute  dis- 
cussion ou  observation  sur  les  armées  alliées.  Le 
préfet  de  police  ,  secondé  dans  son  espionnage 
furtif  par  les  dénonciations  publiques  de  nos 
écrivains ,  aurait  bien  voulu  ne  pas  fermer  la  bou- 
che a  ces  ressenlimeiis  incjuisileurvS,  qui,  maintes 
lois,  révélaienl  des  laits  graves  et  provoquaient 


..  I 


..' 


;/ 


336  MÉMOIRIS   HISrORIQCSS 

l'attention  de  rauterité  ;  mab  an  comprit 


I  tite  la  nécessité  de  céder  au  gooTenK 

<  On  ne  joue  pas  avec  la  lumière  sur  des  ■« 

de  |>oudre.  M.  Decazes  adressa  <lonc ,  k  fif 
let1815,  la  circulaire  suivante   ans 
en  chef  des  joumanx  : 

ic  Son  excellence  le  gouTemeor  im 
«  plaint  que  les  journaux  s'occupent 
,  «  années  alliées.  Il  demande*  qull 

I  m  aux  journalistes  de  n'en  parler  ni 

\  «  en  mal.  Il  demande  en  outre  ^ 

»  t  m  tion  soit  faite  aujourd'hui  même.  J«  niV 

«  en  conséquence  de  vous  faire  a 
«  tentions  de  son  excellence,  et  je 
m  mande  expressément  de  voas  y 
r  réserve.  » 

Tous  les  momens  de  M.  De< 
ployés  a  répondre  aux  ordres  de  la 
4  ministre  delà  police,  Pouché,  qni»  malgré 

!  trée  du  roi ,  conserva  sa  place  ji 

tembre.  C'étaient  de  continueilea 
il  fallait  en  constater  la  fausseté, 
ceux  qui  en  étaient  Tobjct. 

Len  animo>iiés  particulières   prenaient  p 
texte  tle«s  întérrt'i  de  TKtat  pour  s*aaaMvir 
Iroiivt*  fl;ins  les  p.ipiers  li'.ilors  uni*  dcnonciali 
infiimc  triui  Miisin.  ijin  no  vouliiil  que  fairr  i 
^ue^|lir^ol1  \oi^i^  pour.isr«iiiiNr  son  proprt  ïm 


TIRÉS   DES   ARCHIVES.  Ss^ 

etsonensei^e.  Les  familles  imitaient  èfitré  elles 
ces  indignités.  Il  y  a  de  la  bôné  ^  reàïHef  dans 
les  souvenirs  de  ces  temps  déplorables. 

Le  soin  de  la  ville  exigeait  aussi  quelque  atten- 
tion :  on  n'avait  point  le  temps  de  recourir  à  des 
ordonnances ,  il  fallait  agir  suf-le-champ  €!t  pour- 
voir à  la  tranquillité  des  marc^hés  et  dé  là  ^ojiu^ 
iation  très  agitée,  mais  aisée  à  contenir  àvéc 
un  peu  de  force  et  quelques  menâtes. 

On  sait  qu'un  spéculateur  célèbre ,  qftâ  W  tdta- 
jours  trouvé  moyen  de  receftôif  et  ^é  ilé  tf en 
payer ,  fut  le  fournisseur  des  alliés ,  ëfei  leur  de- 
mandant des  troupes  qu'il  dirigeait  dam  nos  vil- 
lages pour  en  enlever  les  béstiaui.  Tottt  est  de 
la  même  force  dans  le  sfieetade  d@  '  la  pàVice  k 
cette  époqueu 

Un  autre  objet  occupa  le  préfet  de  police  ,  ce 
fut  le  soin  de  faire  enterrer  les  cadavres  et  les 
chevaux  tués  dans  les  combats  qui  eurent  lieu 
avant  la  capitulation  ;  après  la  guerre ,  on  crai- 
gnait In  famine  et  la  peste.  Les  dépouilles  des 
Français  morls  furent,  dit-on,  nettoyées,  lavées 
et  vendues  au  prolit  des  hôpitaux.  Le  gaspillage 
dut  venir  après  le  massacre,  comme  les  corbeaitx 
suivent  les  armées. 

Les  cérémonies  pu!)lif[ues  occupèrent  aussi 
i\I.  Decazes.  Par  une  urdonuancc  du  2!)  août ,  il 
prescrivit  des  mesurée?  d'ordre  ii  l'occasion  de  la 


aU*  ca  âgii<e  JlMiMi  «1  c 
crétaira  géoénd  éê  JNmm*. 
Fembot  cm  jo«n  da  «m.  !•■>••  Infrta 

P«tioiiid«pitiat<lc  police  ^lant  remplic»pt 
■  .eirorgencc  de  oMMnii 
I  par  le*  àrcoulancca.  i  ■ 
t  ^ae  la  police  ne  »e  «oit  «en 
d'aipafp  4MUMHtneat  d'ntilîU  publique  ;  tfm 
({«  M.  Dacant,  qui  ne  pr^teodût  pM  m 
préfist,  cooasauit  unr.  bonne  partie  de  na  IM 
kfiwpaUj^Mtf  «1  roi  ((ai  roiniait,  et  à  emtâ 
^nÎMRleifiBirtoBtflucbë  dontîl  voalMlb^ 
Il  y  paiH  as  V  aeptembre ,  et  c'eet  U  fifl  m 
cpB^^Xn,  radarcbcr,  oarcMcr,  haîr.  cdb 
1^9  1*^  •>  fcbimer  tour  n  tour  piatoal  < 
lyi^ngMiJinpIjii .  doui  j«  parlerai  c««cba 
co^^  diiffU  dans  le  chapitre  qai  le  évasa 
M.  :I^ir|Biy  »  ni-  en  «eptembre  17B0,  « 
Inote-Qnq  au  Ursqu'il  Fut  noauné  ptébl 
police;  il  arail  été  atuch^  au  senrîca  de  la 
mîUa  de  Bcuapairtc  ;  •ecrétaire  de*  i  nww 
mena  de  JTadaaM  m^rr ,  il  eut  pour  aecrélaiRi 
préfecture,  M.  le  comlc  lieDicnoe,  et  paavi 
cesMur  la  conta  ADglà,  Mptij-toe  préfet  de 
lice. 


CHAPITRE  LXVI. 


2J  SEPTEMBRE  18ltt  —  90  DKCEMBM  1891. 


Lf  cuinlc  Anglcî» ,  ininistic  d'clat ,  ;>eplicrîie  préfet  de  police. 


Sans  revenir  sur  ce  que  j'ai  dit  de  M.  Angles 
lors  de  sa  nomination  au  ministère  provisoire 
de  la  police,  je  dois  le  faire  maintenant  con- 
naître plus  en  détail. 


I 


330  MKMOIRES    IIISTORIQCCS 

t  II  est  ne  à  Grenoble  en  1780.  Son  père ,  ^ 

nous   avons  vu   depuis  président   d'âge  de 
Chambre  des  Députés,  avait  été  conseiller  < 
Parlement  du  Dauphiné.  Le  fils  fut  destîatf  i 
bonne  heure  à  Tétat  militaire  ;  il  était  éfere  d 
l'école  polytechnique.  S*étant  renda  a 
se  faire  recevoir  dans  lartillerie  de  la 
il  y  fit  connaissance  de  M.  le  TÎci 
de  Galles ,  dont  la  fille  frétant  éprise 
passion,  devint  son  épouse,  et  une  grand» 
lui  servit  d'échelon  pour  parvenir  k 

Sa  destinée  l'appelait  ailleurs  «pi'i 
Recommandé  a  Bonaparte ,  il  fat  frit 
au  conseil  d'Etat  en  janvier  4806  j 
des  conquêtes  de  l'empereor.  La 
l'Allemagne  procura  à  M.  Angles 
cément.  Intendant  en  Silésie  »  il  y 
mois  de  décembre  1808.  Il  passa 
très  fonctions  qui  prouvèrent  sn< 
1.1  faveur  dont  il  jouissait  près  da 
intelligence.  Il  fut  appelé  à  Tintendanca  dcSd 
bourg  ,  puis  à  celle  de  Vienne  ,  et  fat  cal 
nommé  commissaire  du  gouvernement  fraara 
près  des  Ktats  de  la  régence  d'.Autrichc. 

Ces  laveurs  de  la  fortune  le  forinèiant  a  Ih 
ministration  pour  la<|nello  il  avait  da  gaAi.  In 
tré  en  FiMiirc,  l'^wiipcrcur  lo  charsea.  ra  à 
foinhrr  ISMl),  (!u  U\>is  iiar  arrondisseascnt dil 


Tins  DBS  ARCHIVES.  5Sl 

police  de  l'empire,  après  l'avoir  créé  maître  des 
requêtes  w  coqseil  4'état.  jLa  dÂTÎaion  de  police 
doni  il  avait  la  direciioA  et  la  corcespondance 
comprenait  les  4éparfaQmiai9  iUTdfl&  4e9  Alpes.^ 
ce  qui  dans  la  suite  i'm^twna  i  l'eicécmitipa  de 
ipesures  rigoureuse^  ^pptrç  \fê  pv^tres  îlsdiens, 
dont  je  dirai  quelque  chose  av9f4  <k  poster  plus 
loiq. 

£n  juin  ^m,U  pJHie  f'm  YH avait  4té  dé4 
ppuUlé  de  ses  f^s  et  traité  Wk  pi^^^^^^^^^  P^ 
ordre  de  r^oipereur.  h^L  baut^  polioe  en  oetia 
occasion  était  du  ressert  de  H«  Angles.  Il  crut 
servir  son  makre  en  sévissant  avec  tmpassUfililé 
contre  ks  prêtres  qui  déblatéri^enty  non  sank 
juste  in<^ti|',  centre  l'Qiliwi^  tie^w^^t  q4^  l'on 
faisait  fubir  am  duf  de  k  lûérsrçhîe  qath^ique. 
M.  Angles  ordonna  donc  l'arrestation  d'un  assez 
grand  nombre  d'entre  eux;  il  recommanda  a 
ses  agens  et  aux  commissaires  de  police  a  Turin, 
à  Gènes,  a  Kome,  à  Civilla-Vecchia ,  de  tenir 
la  main  a  la  répression  des  ecclésiastiques  mal- 
veillansj  et  leur  transmit  une  sorte  d'inslniclion, 
qu'on  lui  a  reprochée  dans  certains  écrits  publics, 
comme  un  acte  de  tyrannie;  cette  instruction 
est  adressée  au  directeur  général  de  la  police  k 
Florence,  M.  de  Lagarde. 


tarir,  rilMntV^I 

•  La  «vtttMm  et  TtaftH   |rtKi   *v  4 

fijft  et  M  milieu  éa  linwiirtwi*»  ir^iftii  ■ 

1«M  difficile  deo  coaifffwer  Ica  écavti. 

»  a  faut  cepeDdanl  f'ipp&qaer  à  haliwf^f 

«M  infloesce  bronble  le»  dbcou»  <lc»  «mI>A 

S.  M.  I'cmp€rcw  ior  le»  ^mém  aKte.  ft  1 

•■  pleine  retnite  .  et  \t»  tférmntmimmm 

jmÊT  plai  de  coniisUnce.  C'est  mr  ct^érémÊmm^ 

ip^  bal  allirer  l'atUntion  des  tHmm^)^^ 

CM  ijeofl  qu'il  apputient  d'éclairer  owx  4ttaM 

COMpatriolcB  dont  le  nuanis  e^Mrit  chavÉari 

minion  nux  lais.  Si  leur  influrarc  «i  wb  U 

nuatiou»  ne  suOiMnl  pw.  il  «vrait  biM  Jrttb 

dîfigor  Mir  Nice ,  d'où  iti  rccemûeni  «ne  éuë 

naUon  ulti-riruro. 

€uUe  loin-  oirm  un  siagulivr  méhai^  ^jU 

.^ 


tlKÉS   DES   ARCHIVES.  335 

t 

prit  de  servilité  commun  à  la  presque  univer-^ 
salité  des  agens  de  Bonaparte,  grands  on  petits, 
et  de  l'espèce  de  pudeur  que  Thomme  d'un  cer* 
tain  sens  apporte  toujours  dans  les  mesures  dont 
il  comprend  la  dureté  choquante.  Qu'avait  de 
commun  la  splendeur  prétendue  des  victoires  du 
conquérant  avec  la  modération  dont  on  égayait 
de  faire  sentir  l'importance  aux  vaincus?  On  eût 
parlé  d'un  autre  style  si  le  fait  avait  été  vrai. 
Cela  semblait  dire  :  Attendez  an  moins  que  nouk 
soyons  tout-k-feit  vaincus!  Et  il  n'y  avait  paè 
long-temps  à  attendre. 

M.  Angles  a  également  encouru ,  datis  '  Hik 
laps  de  temps  qui  faisait  ressortir  le  contMite,  lé 
blâme  d'avoir  mis  à  poursuivre  comihe  boita|]iar- 
tistes  ceux  qui  n'étaient  pas  pour  les  Bourbons^; 
la  même  ardeur  qu'il  avait  déployée  précédebi- 
ment  contre  les  royalistes;  ce  blâme,  dont  nous 
ne  le  disculperons  pas,  appartient  à  tous  ceux 
qui  ont  eu  le  courage  ou  la  lâcheté  de  servir  sous 
deux  règnes  successifs  et  opposés,  après  avoir 
prclé  serment  à  l'un  et  a  l'autre  ;  adultères  assez 
communs  dans  les  mariages  politiques.  Zélés 
pour  eux-mêmes,  et  cliens  de  leur  propre  per- 
sonnalité, ces  hommes,  restés  fidèles  a  leur 
seul  intérêt,  ont  été  traités  par  tous  les  par- 
tis de  Iranshiges.  On  se  trompe;  l'égoïsme  ne 
change    pas    de    bannière    en    passant  tour  à 


tour  il  lunhs.  .Nous  ne*  Liisons  pas  llionan 
M.  AngU'S  rt  à  d'autres  comme  lui,  de  m 
(|n'ils  se  NoiiMit  jamai!^  dr\ouL's  \ï  l.i  forlune 
]>unii|MrU-.  I.ours  hciilit tn  li's  l'ii  i?\cti^nt 

Am'i  r.ilxl'u  ation  de  Hun.iparlt^  ,  un  ,  ^i 
ncineiil  |>ro\isoir«!  s'ctant  ctahli  i-n  a^nliS^I 
M.  Ani;U's  fut  noiiiiiié  roiniiii«sair€  au  dt^arl 
nient  di*  la  pulicc  ^ciiéraU*;  le  roi  le  nommiez 
st'illcr  d'Ktat  au  nuùs  dt*  juilli.-l  »ui>  Jitl.  I!  a^ 
ctc  remplacé  à  la  police  générale  par  M.  Bcnpi 
et  restait  sans  fonction  active,  lorsque  le  Hw 
arriva.  Olil'mé,  par  les  avis  de  sa  coqscîcacc 
non  pas  autrement,  de  quitter  la  France,  i 
fut  facile  de  se  rendre  a  Uand  »  grâce  »  i 
d*Otrante ,  redevenu  ministre  de  lapolinr,^ 
se  ménageait  des  bâtons  de  vieillesc  tiasi  tm 
les  partis.  M.  Angles  fut  en  quclfse  lefftc  I 
ministre  de  la  police  a  la  cour  die  Gani.  Ce  ■ 
fut  pas  sans  doute  à  TelTet  de  surveiller  la 
monnaie  que  Ton  crut  devoir  ballrt 
tenir  lieu  de  liste  civile  ,  en  aUendaal  itmi 
clamer  les  arrérages. 

Le  rétablisiicment  du  gouverneoient  nj 
après  \N  alerloo  rappela  M.  Angles  à  Paris;  1 
resta  peu  de  temps  sans  plact\  Au  mois  àttf^ 
t«'nil>re  18L>,  il  fut  iait  ministre  d'Etat,  etptf 
iuiinèdiatement  a  la  préfecture  de  poUceoiC 
par  M.  Uecazes. 


I 


TîRés  mA  AAcifrvirs.  355 

Lefi  circondùnces  inondaient  ces  ibficl&miBUifH 
ficiles;  les  subnstances  seules  Fmxmpaîiéist èssénn 
liellement.  Grâce  sf  L'occvpation  dé  Fari^  paiile» 
troupes  alliées,  le  peuple  était  aigri  ;  ces  hoAes 
de  diverses  nations  prenaient  des  revandbes  d'iii<- 
solence.  La  classe  militaire  et  populaire  était, 
provoquée  par  les  diJQfércns  partis  a  i^nttur^r^ 
surtout  par  les  bonapariisles  les  plus  irrités,  et 
aussi  par  des  agens  de  Fennemi  qui  auraieilt  tattlft^ 
faire  naître  un  prétexte  de  jnettt eiteTilie  su  fîbi 
lage.  De  part  et  d^aiilm^oft^teiiaît  te  préfet  éndsf 
une  transe  cèntinuçlle. 

Les  exigences  de»  royalistes  diMbm6«lib  blM* 
d'amrës  sujets  de  soiKeituâe.  £ieu#<|^i$|MI^  dë> 
l-éblotdssfeD^ient  des  eMft < ^ûm;;' Hi'  'SN#(fM'  iiqp 
peu  perdA  leur  esprit  ^ë  tiiùfattmniàé^thii^ 
resque,  et  voyaient  des  conspifatieqtt^^aiHfoMî^ 
ils  en  faisaient  naître  par  leur  esprit  de  ten- 
geance.  Des  chants  haineux ,  des  provocaftions 
fiévreuses  tenaient  les  vaincus  en  haleine.  Tous 
les  jours,  au  Palais-Royal ,  on  échangeait  des 
coups  et  des  cartels.  Les  maîtres  d'armes  dont 
Paris  fourmille  avaient  beau  jeu  pour  se  poser 
en  héros.  La  police  était  sans  cesse  occupée  à 
mettre  la  main  an  collet  des  conspirateurs,  à 
réprimer  les  libelles  et  les  écrits  contraires  au 
nouveau  gouvernement  et  aux  opérations  des 
alliés.  M.  Decazes,  devenu  minisire  de  la  police, 


336 


mm 


ne  laissait  poînl  en  repM  le  préfet; 
luûl  dea  instnictiona  k  suivre  | 
les  bonapartistes  <tt  les  révolutiiMio 

Au  milieu  de  cet  tirailletnem,  le  prélat  •■ 
plu»  4'uRe  fois  11»  règles  de  lu  justice  et  4il1 
partialité,  à  auppoMr  t|u'il  les  eût  jaMM. 
prises  ?  Ma»  où  les  aurait  •  il  apprises  ?  !!•■ 
verrons mj^me ,  suivant  les  os  et  coatama^ 
la  Iradilioi)  Tut  écrite  par  Machiavel ,  ec,  À^ 
lors,  r(:(;ulîèrenient  mise  eu  action  | 
ployer  des  agens  provocateurs  poor  a 
déf^oiivrir  de*  complots;  ce  qui  en  lait  aMM 
terre  des  factices  en  iu&dc  temps  qa*  4b  ri 
et  complique  ainsi  la  besogne  MlBàaâMM 
qu'on  espérait  cependant  abréger  par  bfWM 
tion.  II  serait  p«at-£lre  fausDéaninaMedb^ 
que  M.  Angli»  ne  fit  pas  quelque»  A>%  fa 
amortir  l'effet  des  réactions  et  pour  MOÉnvI 
mt-me  contre  une  impulsion  à  laquelle  SlâH 
ai  difficile  de  résister.  L'ambition  et  le  éàm 
conserver  sa  place ,  très  oflnandéc  à  ccll»4 
<fue  ,  le  guidaient  plus  encore  que  la  oomïtf 
des  besoins  du  moment,  dans  le*  aaeaama 
Cftisait  exécuter.  Il  se  serait  volontien,  aaa 
croyons,  chargé  (oui  seul  des  surei.citatâMei 
ticci ,  pour  être  i  uiLiue  de  toanifester  aom  alà 
coup  sûr.  Mais  l'on  ne  pourrait  avoir  la  adoi 
complète  du  détordre  sans  posséder  ea  mA 


TIRÉS   DES    ARCHIVES.  33) 

temps  la  science  de  l'ordre,  et  dans  ce  cas,  il  se** 
rait  plus  agréable  de  briller  et  de  s'enricbir  par  le 
bien.  C'est  pourquoi  l'on  fait  le  gâchis  lui-même 
en  casse  cou ,  au  jour  le  jour.  Aussi  les  dénon- 
ciations pleuvaient  de  tous  cotés;  M.  Angles 
était  également  en  butte  aux.  reproches  des 
royalistes  mécontens  de  sa  modération,  qu'ik 
appelaient  simplicité,  et  aux  criailleries  desbop- 
napartistes  et  patriotes  qui  l'accusaient  de  saiHfi- 
fier  la  liberté  et  la  justice  aux  vuea  deja  ejoior 
et  à  la  haine  des  courtisans.  ;  i  i  ^^ 

La  police  politique  fut  donc  pour  lui^âlteratr 
tivement,  un  sujet  d'inquiétudes  et  de  soins  i  elle 
apportait  des  entraves  aux  autres  occiipalions 
de  sa  place.  Si  l'affaire  de  Maubreuil  lui  valut 
des  tracasseries  sans  nombre ,  sa  conspiraliofi  dis 
patriotes  de  1816  le  compromit  d'une  manière 
bien  plus  sérieuse.  On  l'accuse,  non  sans  raisons, 
d'avoir  secondé  les  menées  du  duc  Decazes  par 
des  mesures  odieuses,  dans  la  création  de  ce 
complot. 

Un  assez  grand  nombre  de  mécontens  existait 
dans  les  basses  classes.  Un  nommé  Scheltein, 
espion ,  eut  ordre  de  parcourir  les  cabarets  où 
les  ignorans  se  rassemblent;  Ta,  cet  homme 
cchauffait  par  ses  discours  des  gens  qui  n'avaient 
réellement  pas  les  moyens  de  monter  une  con- 
spiration. 11  faut  une  mise  de  fonds  pour  le 

IV.  «2 


1 

t 


cc  de 


\ 


»il4 


n^  'f  441  <|tii  ha  CbuiC 
rir^^fm^  ,  il  M  oMtctn  n 


TIRES   DES   ARCUIYES.  ^^Q 

meilleures  intentions  du  mon4e,  a&ndfixi^ffippf^ 
la  vertu  sur  la  terre ,  en  attcji^flanf  V^*9^  }fPf 
dise  bien  nelUment  ce  que  c'est.  Sc))içlt^ 
ajouta  qu'un  grand  nombre  «^'jqdiyidus  fuafr 
chaient  sous  la  bannièrq  de  )a  J^i^crtjé ,  xiïà\B^'jifi 
fallait  recruter  encore,  et  prpn.dre  )up  siignje  i|f 
ralliement.  Pleigniçj:  prpmif;  4^  i^'jea  ,oc(c;i^e^ 
11  en  fit  part  au  graveur  ToU^jro^,  ))|^j9yr))9i^((lf}^ 
écrivain  pub^c,  ^  Çbarl^,  jipiprjli^iy^  f^9fÇ|P¥^8 
de  Bonaparte,  fis  p>pprf?ivèrent  pM^oç*  ^q^ 
leur  dit  Picigaipi:  et  yQ?f^}ire^*  vojf^  c^  ^i 
risquait  de  semblables  propositions.  ^^.fg'l^yPf^ 
rendez-vou^^  S^tc^tjBin  liî^r^t  ifûjej^fj^j^^ 
superbe  j  le  prtyl.e  eit  les  pi^çu^^es  1^  /él>]l^ 

On  ne  trouva  pas  ,to^  4f?  jpui^  r^cp^^9>^  4'4^ 
complirunerévolutijGm^^i^oa  i|iarch^.Jl^e  pBoîft 
leur  allait  à  mefveille.  U  fallait  un  g^ayeur  pour 
fabriquer  des  cartes;  ToUeron  s'en  chargea; 
Carbonneau  dut  copier  la  proclamation  ;  Charles 
se  fit  fort  de  l'imprimer  pour  qu'on  pût  la  met- 
tre en  circulation  dans  les  départemens.  Ces 
malheureux  firent  successivement  tout  ce  qu  on 
leur  demanda. 

Mais  y  une  fois  lancés  dans  l'entreprise ,  -Us 
commencèrent  à  en  craindre  les  suites.  Pleignîer 
croyant  prendre  le  plus  court  pour  sortir  de  sa 
misère,  et  sacrifiant  sa  révolution  comme  £saii 
son  droit  d  aînesse  pour  un  plat  de  lentilles  ^  M 


f 


tu  connaître  au  minblro  D«Gazcs;  celai-ci  Te 
gagea  fort  à  suivre  cette  affaire  et  à  lui  cnn 
dre  compte.  Les  agens  du  préfet  de  poBoe  i 
tervinrent  dans  les  réunions  oii  les  coupiralefl 


\  1  furent  arrêtés.  On  connaît  le  résultat.  Cette 

il 


I  I  nœuvre ,  aux  yeux  du  public ,  resta  com 

preuve  du  coupable  système  des  proT 
^  ;  elle  n'a  pas  été  la  seule. 

Pleignier  avait  remis  des  révélati 
disait  importantes  a  MM.  Lambert  et 
officiers  de    gendarmerie,  avant  de 
Téchafand. 

M.  Angles,  en  qualité  de  chef 
gendarmerie,  se  plaignit  que  ces 
remis  Técrit  au  président  de  la  cour  4*1 
le  fit  passer  a  M.  le  chancelier. 

Il  appela  donc  M.  Dîneur  pour  hà 
son  mécontentement ,  constata  par  écrit  es  ^ 
I  ce  dernier  dit  pour  sa  défense,  et 

M.  Tessier,  commandant  de  la  gen 
le  conduire  ii  la  salle  des  gendarmes 
fecture,  sans  le  laisser  parler  à 
J  en  effet,  une  étrange  gaucherie  de  le 

subordonné  d'agir  plutôt  suivant 
que  suivant  sa  consigne.  L'obéissance  h  la 
gne  le  mettait  a  couvert  de  toute 
matérielle  >  mais  il  y  a  des  gendarmes  qpn  « 
que  gendarmes,  croient  encore  à  la 


TIRES   D£S    ARCHIVES*  S4i 

morale.  Quand  elle  en  trouve  devant  son  che- 
min, la  police  y  met  bon  ordre.  Soit  donc  que 
M.  Angles  fut  très  ulcéré,  soit  que  l'officier  de 
gendarmerie  Feût  offensé  pour  quelque  autre 
chose,  on  l'envoya  définitivement  a  Bicâtre; 
mais  le  concierge,  qui  ne  recevait  pas  tous  les 
jours  de  pareil  gibier,  refusa  d'emprisonner  Foffi- 
cier  sans  un  ordre  spécial  du  préfet  de  police. 
Le  concierge  craignait  les  méprises  et  les  ressen* 
timens. 

Ce  refus  irrita  de  plus  en  plus  M.  Angles  ^  il 
obtint  du  juge  d'instruction  a  la  c#ur  royale  lin 
mandat  pour  que  M.  Dineur  fut  amené  devant 
le  juge  y  puis  réformant  Tordre ,  il  en  donna  im 
autre  portant  que  c'était  à  Bicétre  que  l'officier 
de  gendarmerie  devait  attendre  M.  le  procureur 
du  roi  et  le  juge  d'instruction  ;  on  reconduisit 
donc  M.  Dineur  a  Bicêtre  ,  et  le  concierge  re- 
fusant encore  de  le  recevoir,  car  on  ne  met 
pas  comme  cela  et  de  but  en  blanc  un  officier  de 
gendarmerie  en  prison,  notre  prisonnier  resta 
dans  la  cour  jusqu'à  ce  que  M.  Laine,  lieutenant- 
colonel,  vint  le  réclamer  c#mme  justiciable  d'un 
conseil  de  guerre,  en  cas  de  culpabilité. 

M.  Dineur  fut  mis  en  liberté  quinze  jours 
plus  lard.  Cette  persécution  gauche  ,  et  dont  on 
ne  voyait  pas  le  motif,  devint  un  sujet  de  re- 
proche conlrc  le  préfet.  11  fallait  que  les  rêvé- 


latîons  (le  ri('i|:^nier  Inspirassent  nn»r  zrii 
inquiétude  pour  nj:ir  de  rellr  mnnirr' 
homme  puliliqne  devrait  avoir  li  nfï.^rîj! 
d'avaler  quel<[ues  louleiivre.^  et  de  f'^i'-r  j 
pieds  loul  amoiir-proprc.  Mais  tout  k  :r:n 
n'a  pas  le  courage  d'un  Talleyrand. 

Cel  i'\éncnicnl  n'eut  aueune  autre  §u:s.  ? 
plus  que  1  évasion  de  M.  de  Lavaictte. 

Le  21  novembre  ISIiî,  l\  minait.  M  de  I 
valelte,  direcleur  i:«:néral  des  postes  »o!z§  !>: 
pcreur,  avait  élt:  condamne  a  mort  psrb:^ 
d'assises  du  département  de  la  Seine,  coa 
un  des  fauteurs  de  l'usurpation  de  Botupirtf 
20  mars,  en  prenant  de  haute  lutte,  liisf  îhSt 
des  postes,  le  titre  et  les  fonctions  de dsrrctez 
général  pour  expédier  aux  départemais  la  ^^^ 
ordres  ofluiels  émanés  de  Téchipp^  &e  Vi 
d'Klbe.  L'é\asion  du  condamné  ne  pemùtp 
Texécution  de  la  sentence.  On  dut  se  boR«? 
l'exécuter  en  efli-ie .  le  1)  janvier  1816.  §sr 
place  de  llrèvo,  et  .son  si^Mialenicnt  fut  attacbc 
un  iiihet;  firoîcNC|'ie  rt  i^uohlc  t:omédie  qui  fi 
desicndrc  li  hn  |Uni|ii\i  l.i  r«dtiv  ,  en  afflcki 
au\  veux  de  Iciî--  ^i)i\  iiii|im^N. nu  r. 

AjM'rs  If  |)niiiiiii(  «'■  du  piucnicnt  à  mort,  V 

L.l\a!rllr,    iji.i     ^  I  l.iil    pnîlTMi    «M    t  a*^..!*'.!.      ! 
rcnl(-l'in<     i  l.i   (.ii:i.  :r. .  i  rtr.    !..•   j^nfrl   .îr   r.    I 


}.    -'> 


TIRÉS   DES   AllCfirWS.  S^fS 

surveillance  fût  rigoureuse  et  qu'un  ne  perÉiit 
au  prisonnier  de  Toir  qui  que  ce  fût ,  (pia^fl 
même  on  se  présenterait  avec  une  permisûoii 
signée  de  lui.  Le  procureur  général,  sur  la  dfs^ 
mande  qu'on  en  fit ,  permit  pourtut  au  prîmi- 
nier  de  voir  sa  femme  et  quelques  amis  î^dkpNs 
par  M.  de  Lavatette. 

Le  90  déeenAre,  veillé  dte  i'tkécutioai , 
trois  heurel  aplrès  midi,  réj^oim «t b fittb^dl^ 
condamné ,  et  une  femme  âgée  >de  î^iadÉiitOMdiK 
ans,  nommée  Ihiloil,  fturid^iMiodoitMmlatfme 
temps  par  le  concierge  Rèqmtte,  4ém  in  i#wii- 
bire  de  fkf .  de  Larralettt.  .x-     ^oi 

Madiitee  de  i^avalelte  e'éliit  fait  ^trantfftlfar 
à  h  Conderg^e  danÉ  una^  clufile  à  |^oHMir> 
servie  par  un  nommé  étoMny  àk  Jlf«fiffj|#,  gdn 
porteur  ordinaire  ,  et  un  nk>mmt  Brigani*, 
commissionnaire  choisi  ce  jour-là  par  Guérin 
pour  remplacer  un  autre  porteur  or^naire  alors 
malade.  Les  porteurs  étaient  dans  Tusage  de 
conduire  madame  de  Lavalette  jusque  dans  la 
c'ouir  de  la  Conciergerie  ;  elle  sortit  «cette  fois-1^ 
de  sa  chaise  dans  la  cour  du  t^alais ,  et  s'ache- 
mina pédeslrement  vers  la  grille  de  là  Con- 
ciergerie. 

Madame  de  Lavalclte  était  malade  bb  censée 
malade;  son  valet  de  chambre  dit  aux  porteurs  : 
«  Arrctez-vous  ici  ;  madame  est  assez  forte  pour 


544  HEMOIKES   HlâTOHlQCU 


achever  à  pied  le  trajet  qui  lui  reste  â  faire. 
Lt  chaise  fut  rangée  par  les  porieara  vcff% 
mur  du  palais  de  justice  en  dehors  de  U  {^nll 
On  en  tira  uu  coussin  en  Ufletas  vert  et  ■ 
paquet  volumineui.  Madame  portait  an  sac 
ouvrage.  Rien  de  tout  cela  ne  aabît  Tcubc 
ordinaire.  On  envoie  rarement  les  gens  «la  ke 
ton  a  la  mort  dans  les  temps  moaardiîq«ei«  cl  h 
geôliers  savent  leur  monde.  Ud  goojat  «ni 
moins  de  chance. 

Madame  de  Lavalette ,  en  arrivaaat  k  h  Cs» 
ciergerie,  était  vêtue  d*une  redingota  de  mimi 
rouge 'garnie  de  fourrure,  et  avait  aor  lalllaa 
chapeau  noir  à  plumes  mélangéca. 
avec  sa  fille  et  la  dame  Dutoit  dana  la 
de  son  mari  -,  le  valet  de  chamhre  ftppali 
demeura  dans  la  première  pièce 
$r€ffe.  Les  porteurs  avaient  été 
corps-de-garde  de  la  gendarmerie. 

EberlOt  Tun  des  guichetiers  de  la 
lo  diner  et  le  café  qu'il  avait  été 
la  cour  du  Palais.  11  quitta  Tappa 
n'y  rentrer  que  lorsqu'on  le  sonneraift.  Ce 
chetier  avait  été  spécialement  attaché 
de  M.  de  Lavalette  par  le  concierge. 
i  Lo  valet  de  chambre  Uenoist,  qui  était  daasl 

secret ,  voyant  approcher  le  dénoûmeat,  qmitli 
ravant-grclfc  pour  aller  s  assurer  des 


TIRÉS   DES   ARCHIVES.  345 

BenoisI  trouva  les  porteurs  an  corps-de*>garde 
des  gendarmes  y  et  les  invita  à  venir  boire  avofC 
lui.  Guérin ,  un  des  porteurs ,  ne  se  fit  pas  priée, 
mais  un  autre,  nommé  Brigant,  ne  bougeait  pas. 

—  Allons  donc  I  camarade ,  Ini  dit  Benoist  « 
vous  ne  serez  pas  de  trop. 

Brigant  se  laisse  persuader,  et  sort  avec  son 
camarade.  Chemin  -faisant ,  Benoist ,  d'un  ton 
déterminé ,  leur  dit  : 

—  Camai'ades,  il  y  a  vingt-cinq  louis  k  ga- 
gner. Vous  serez  un  peu  plus  chargés,  et  il  faudra 
aller  plus  vite  j  mais  vous  n'aurez  que  dix  nf» 
à  faire.  ^ 

—  C'est  donc  M.  de  LavaUette  que  nous  allons 
emporter  ? 

—  Cela  ne  vous  regarde  pas ,  allez 
Brigant  rejette  la  proposition  ;  Benoist  insiste, 

et  lui  dit  : 

—  Tu  n'es  pas  un  homme  ! 

Guérin,  Fâutre  porteur,  sejjoignit  a  Benoist,  et 
dit  k  Brigant  : 

—  Qu'est-ce  que  cela  te  fait ,  dès  que  mon- 
sieur nous  jure  qu'il  n'y  a  rien  a  craindre? 
Sommes-nous  payés  par  la  police  pour  examiner 
les  tigures  sous  le  masque  ?  Viens  donc  ! 

Brigant  voulait  absolument  savoir  qui  l'on  de- 
vait porter;  enfin  il  quitte  la  bricole,  et,  sans  entrer 
chez  le  marchand  de  vin ,  s  en  retourne  chez  lui. 


S46  mcMomES  aBTOMQUts 

Qu'on  juge  (le  Tinquiétude  de 
blsait  tout  manquer.  Heureiuement 
iflf  jtux  sur  un  charbonnier  en  ttmm  de  biîe 
tt  lui  propose  la  bricdle  ;  ils 
pour  aller  prendre  la  chaise  ;  sept 
sonnaient  ;  il  était  par  conséqneni 
fet.  de  Lavalëtte ,  installé  daae 
lait  depuis  quelques  taioidfeiie. 
nainutes  d'attente  durent  lui 
éMrmès.  On  partît  enfin. 

Parions  de  ce  qui  ^êuit  pnmé 
de  la  prison. 

Après  le  café ,  un  coup  de 
concierge.  Eberle  coUmt  h  la 
concierge  Roquette  s'aTançeik  de 
savoir  te  qu'on  Voulait,  trùi 
é'Ëberle,  arrivaient  en  ce 
f avant-greffe. 

Un  mouchoir  bliîi'd  coutMit 
dame  Lavalëtte;  elle  tanglotaft 
selle  de  Lavalëtte  marchait  à 
sant  des  cris  de  douleurs  ;  tout 
^'une  famille  livrée  aux  déchirdlftfeiriÉ 
nier  adieu  ;  le  concierge ,  âCteiiArt 
vraisemblablement  par  ce  dëgûiicoMÉI 
lueur  incertaine  de  deux  lampes  <fû  Vi 
nVnit  |>a^  I.i  |)rr.senrc  dVsppit  on  lecfMHf' 
80ulc\rr   Ir  niuuchuir  qui  couvrait  la  toodi 


Tiaiss  n»  ARCHivnu*  d^^ 

cette  femme ,  veuTis  déjà  de  son  mttri  tirant,  lib 
déguisènlent  réu^ftit}  Vt  concierge  prééentti  IttUâfiHHi 
h  la  prétendue  madame  li^valëtte  et  Itt  condttiitif , 
aind  que  ses  deui  êOdipligMê  ,^  jttèqiÉ'âti  d«Mi(fr 
l^ichet.  L'épousé  du  oèriHe  atlk  M  4'aiidMi^tle 
réMer  dkné  sd  ehanibM.  SànH  êxagA-ev  le  mééHe 
de  ce  déYduenleMj  etf  il  ii'éMMlinâ(  ]^«é  la  mtkj 
c'était  un  jeu  bien  bàlîAi  -  *' *  ^  *  '  ^  î 

Sok'tis  cte  la  piriirà ,  Bbëi^v  le^lbeik^^'ap- 
péla  les  piirteuM.  Lus  p<irtettM  têHmditertlhiMe 
^uai  des  Oihftir«a,  jus^uis  pfk»  é\  là  ke  SAttiK- 
Ànne.  M.  dé  Lâiralèitè  Itlt  temjplâiQè  d|i]À  la 
chaise  pUrià  fille  que  liitft  cAidiikit  ad  cëÀtMt 
de  l'Abbâ^e4uc^éts.  -^        .  .r>  i . 

Tandis  ^tVvHsiën  s'^kMtiiflil  j  le  ebAeteir^ 
ehire  dMA  ïk-iéi^é  âHê  M;  Lat^y^tl^,  tt'y 
aperçoit  personne  >  ttàis  ëniefld  qiMdf(^'iltl  ^i 
remuait  derrièlrfe  un  paravent  ;  îl  regarda ,  et 
reconnats^âht  lÉadame  de  LaValette ,  il  s'éct*ie  : 
t<  Ah  !  màdàMe ,  vou^  Im'avëz  trompe.  »  Il  veut 
sortir  pour  donner  Talarihe;  la  femibe  résolue  , 
qui  craignait  que  son  mari  ne  fût  pas  encore  en 
sûreté  ,  le  retint  de  toutes  ses  forces. 

—  Attendez,  monsieur  Roquette,  attendez, 
s'écric-t-elle. 

On  se  débat,  Thabit  se  déchire.  Le  prisonnier 
était  en  sûreté  !... 
Celte  évasion  connue   a  la  préfecluve  de  po- 


MBIIOIUS  HI8TOAKIDCS 

lice  I  au  ministère  «  de  nombreiu 
mb  aosaitôt  en  actitité }  le  âgnalomcat  é^  i 
tif  mis  dans  tous  les  joàrnaniL,  ndrené  k  tm 
les  autorité  ;  on  Tisîta  les  hôtels  gnrms.  La  pd 
ferma  les  barrières  ;  on  ne  sortit  dm  Parisfi** 
un  passeport.  Tout  fut  inutile  ,  nwà  iadktp 
diriger  les  poursuites;  personne  ne  fit 4s iM 
tion  sur  la  retraite  du  fugitif. 

Trois  officiers  anglais,  dirigés  par  k|iBl 
Wilson,  rataient  mb  à  Tabri  d 
▼ètu  de  Tuniforme  anglais , 
ché  quelque  temps  ches  un  ami  »  le 
rendu,  le  7  janvier  1816,  rue  dn 
un  camarade  du  général  Wilsen*  Le 
à  sept  heures  du  matin ,  il 
en  cabriolet,  firanchit  les 
Mons,  d*oii  il  passa  à  Munich 

Le  concieq;e  et  les  guicheti 
tués;  mais  on  ne  poussa  pas  le 
prononcer  des  peines  contre 
Valette  et  la  veuve  Dutoit  ; 
tribunaux,  elles  furent  acquittées 
Trtre.  On  ne  trouva  pas  de  juges 
pour  flétrir  cet  oulrage  à  la  loL 
raux  anglais  complices  de  Vér 
une  longue  procédure,  qui  jeta 
sur  leur  carat  tt*rc  el  dOconsidéra  leur 
furenl  ^culcrnciil  condamnés  à  trob 


TIBÉS  ras  ABCniTES.  $49 

prisonncment.  Us  tronvèrent  des  complices  dam 
toutes  les  âmes.  Les  lois  ne  préTalent  pas  coMre 
ce  qui  est  beau  ;  c'est  quand  elles  s'en  foriiiaUsent 
qu'elles  périssent. 

On  mit  la  responsabilité  de  cette  évasion  au 
compte  de  M.  Angles ,  en  le  taxant  de  conni- 
vence. Il  prouva^  car  il  y  fut  réduit ,  que  la 
chose  était  impossible  de  sa  part,  Taccès  auprès 
de  M.  de  Lavalette  ayant  été  permis  à  la  fiimille 
par  le  procureur  généraL  Croire  qu'il  applaudît 
en  secret  à  Theureuse  ruse  de  madame  de  La- 
valette ,  c'est  lui  reconnaître  un  sentunent  hon- 
nête. La  magistrature  aime  à  se  rqeter  sur  les 
événemens  de  tout  ce  que  les  principes  écrits 
retranchent  k  sa  miséricorde.  La  loi  porte  bien 
des  crimes. 

En  revanche ,  on  fit  main  basse  sur  les  gra- 
vures et  brochures  où  l'évasion  de  M.  de  la 
Valette  était  présentée  de  façon  à  vexer  le  gou- 
vernement. Qui  sait  combien  d'évasions  furent 
rendues  impossibles  par  celle-là  ,  et  les  rigueurs 
sans  nombre  que  les  sarcasmes  du  public  libre 
occasionèrent  contre  les  enfans  perdus  de  la 
politique  alors  tenus  sous  les  verroux  !  L'argus 
des  prisons  ouvrit  ses  yeux  de  lynx,  et  se  re- 
pentit d'avoir  eu  par  hasard  des  formes  obsé- 
quieuses. Ces  sortes  d'échecs  rendent  les  geôliers 
cent  foh  plus  durs  ;  mais  cette  considération 


^ 


I 


350  MKHOmiS   HISTOUQCU 

philanlropiquc  n'espécken  pcrimae  éi 
dérober  son  cou. 

Toutes  ces  coBiruîélét  n'enapr  rhèrt ni  pi 
pliisM.  Angles  de  donner  quelques ftomiâf 
nisiralion  ;  plusieurs  élaUissemeos 
lui  doivent  des  améliorations.  De  ce 
le  conseil  de  $alubrité  qui  rendîi  4«* 
certaines  branches  de  l*h]rgiène 
mesures  que  Ton  prit  contre  les 
gieuaes. 

L  augmenUlÎQû  de  la 
et  le  noonbre  de  labê^MO  «  ^* 
factures  qui  s'y  sont  fiaonés 
rendaieni  cet  étsblîsspmepl 

Soos  la  lieuteiiaiice  de  AI.  L 
imaginé  des  boites  de  secoiin 

en  surveîUaifc  4'epplÎGslion  m 

tropique.  11.  Csdat  de  Y 

mais  atec  le  tilre  d'isyartiiir  fdpinil 

britéj  a*ocGupaîl  de  ièiygîènc 

dut  la  aiqp|ireaaîen  du  p 

l'Evéque ,  delà  prison  de  SaiafFMnMiBt^ 

de  Saint-filoi  ,•  et  la  réunion  des  psiMli 

rhôtel  de  la  Force. 

Le  bureau  central  supprime  le  plneSt 

borna  à  consulter  le  savant  qni  «mil  i 

mérité  de  la  ville  de  Paris  dans  reaoRâeed 

fonction.  On  en  obtint  le  mêsie  aèls  •  en  I 


TIRÉS   DES   ARCHIVES.  3i^ 

tirsiQt  toute  espèce  d'honoraires.  11  faU^it  ^i^ 
de  ne  pas  être  un  pauxre  diable  ;  ^on  4^Tpi|^^ 
ment  n'y  aurait  pas  suffi. 

Chaque  fois  que  le  préfet  de  police  avu^  j^ 
prendre  une  décision ,  il  prenait  Favis  d'un  fg^éf 
decin,  d'un  chimiste,  d'un  agronome  etfl*iw 
chirurgien  vétérin^re,  suivaqt  rphjet.  Çf^fi 
manière  de  procéder  avait  des  ijiçoBvéniemi; 
M.  Cadet  de  Gassicourt  proposa  la  formi|iiw 
d'un  conseil  de  ^uhr^t^^  911  Von  djscu^nit 
tous  les  objeiB  qifi  lui  ;^«raie^t  iM^ifypy^^r  J)iP 
arrêté  du  6  juillet  1802  ^j^  prdpnnf  U  çf^^^f^} 
d'abord  Gompo^  4«  <iv^^1^  in^P^^cs^jlçpo/gjflJ^ 
m.  U  Tarifé  deji  affaires  p^ig^nt  ^e  ||9i:^iofp|^ 
filus  d'estfei^ion.  L^  ^  «^o})re  i^7^  ^  tçg^ 
WE10  organisation  nouv^Uf^ 

M.  Ai^ès  donna  un  soin  particuli^  à  ce^  ^- 
blissement ,  qu'il  présidait  souvent  ;  il  y  appfAa 
des  hommes  de  mérite ,  et  le  composa  de  neilf 
membres  avec  un  traitement  de  1 ,200  fr.  poi^r 
chacun ,  état  de  choses  qui  n'a  point  changé  4^ 
puis. 

U  créa  pareillement  le  dispensaire;  soi^s  ce 
nom  Ton  désigne  le  régime  sanitaire  des  fillps 
publiques.  M.  Angles  tint  sévtrement  la  main 
à  la  régularité  des  visites.  Le  local  consacré  à 
ces  visites  l'ut  agrandi ,  des  médecins  y  furept 
attachés ,  et  chaque  hlle  pubhque  obligée  4^  ^'y 


/ 


TIRÉS    DI^S   ARCHIVES.  S53 

sans  lumière.  On  consulte  ces  législateurs  d'oc- 
casion sur  la  plupart  des  nécessités  administra- 
tives; ils  répondent  par  des  lieux  communs  suc 
la  vertu,  et  les  questions  imminentes  sont  écar*- 
tées  par  cette  battologie.Le  dernier  des  homm^ 
spéciaux  est  plus  en  droit  de  prononcer  sur  sa 
spécialité  que  ces  tristes  élus  qu'on  arme  du 
droit  de  divaguer  sur  ce  qu'ils  ignorent. 

La  gendarmerie  occupa ,  dans  la  même  année 
(181 6) ,  les  soins  de  M,  Angles.  Ce  corps  y  dbnt 
la  bravoure  se  déploie  en  pleine. paix  pour  l'ar- 
restation des  criminels ,  ne  fut  que  trop  souvent 
employé  par  des  mesures  de  rigueur  qui  siole* 
vèrènt  tour  ^  tour  les  fractions  diverses  de  topi* 
uion  publique.  Le  préfet  dressa  une  instruction 
détaillée  sous  la  date  du  37  mai  1816,  dév^ 
loppement  de  l'ordonnance  du  roi,  dulOjan- 
vier  précédent.  Les  fonctions ,  les  devoirs  et  les 
obligations  des  gendarmes  y  sont  tracés  sans 
trop  de  verbiage.  Une  inslruclion  postérieure, 
du  18  avril  1820,  y  a  donné  plus  de  précision 
encore. 

Les  abattoirs,  idée  neuve ,  qui  conciliait  à  la 
fois  les  intérêts  du  commerce  et  la  convenance 
publique  ,  soumise  en  1809  k  Napoléon  sur  les 
plans  et  Tiniliative  de  M.  Bruneau,  furent  enfin 
mis  en  activité  sous  M.  Angles  et  ouverts  aux 
bouchers  le  15  septembre  1818. 

IV.  1' 


^3.4 


\ 


if 


^B*  CCI 

aicnir  de 
ksatciicrft 
k  coiicoan  te 
ks  Wsliiués  de  b 


ment 


Oq  nh  que  les  ihaltoig» 
tiens  également  sebde  et 
notre  les  Incens  destinés  n  V 
des  booTeriss  îmoienses,  an 
ries ,  sonnontées  de 
fnges.  Des  inntsînes  y  répnii4eBt 
d'eau  softsante  poor  b  bniaH»M 
l'entretien  de  la  propreté. 

Cette  idée  honore  Trament  1 
eooçne  et  le  siècle  qui  l'a  réalinée. 
mière  fois  peut-être  nn  inrenleor  n 
spectacle  de  la  mise  en  eiercinn 
verte.  Faisons  des  vœux  poar  que 
que  l'on  peut  étendre  a  tant  d*nn 
sur  une  foule  de  professions ,  ne 
long-temps  sans  application  analognn. 
parmi  nous  un  des  plus  beaux  germes  4'i 

Le  produit  de  la  location  des  abnltoin 
hourhcrs  monte  il  «S20,000  fr.  tons  les 


TIRÉS    DES    ARCHIVES.  K6 

profit  de  la  ville  de  Paris.  Le  préfet  de  poUc« 
en  a  la  police  intérieure  et  nomme  le*  diff6reilk 
employés 

Les  premiers  réglemens  sur  U  tenue  et  l'or<tr« 
à  suivre  dans  ces  beaux  établissemens  s6nt  de 
M.  Angles,  du  11  septembre  1818.  Tous  les  cai 
y  sont  prévus,  et  jce  travail  est  un  des  mieux 
faits  (jiil  soient  sortis  de  la  préfecture. 

Au  rang  des  ordonnances  utiles,  maïs  impar- 
faites au  possible,  mettons  celle  de  septembre 
1816,  à  Toccasion  des  dlligonces  ,  messageries  et 
voilures  publiques.  Peut-i^tre,  pour  la  compléter, 
ce  qui  est  urgent,  aurait-il  fallu  décider  que  les 
foyers  de  messageries  semés  çà  et  là  dans  l'en- 
ceinte de  la  capitale  placeront  à  l'avenir  leurs 
bureaux  de  départ  et  d'arrivée  à  la  circonfé- 
rence de  la  ville ,  c'est-a-dire  a  l'entrée  des  fau- 
bourgs, fallût-il  pour  cela  les  indemniser.  Les 
lîtablisseniens  des  messageries  se  trouvent  assez 
maladroitement  placés  au  centre  même  de  la 
ville;  leurs  abords  sont  habituellement  des  rues 
étroites,  pressées,  fangeuses,  et,  par  cela  seul, 
d'un  parcours  difficile.  Il  en  est  résulté  que  des 
voilures,  la  plupart  d'une  structure  gigantesque, 
réunies  aux  centaines  d'omnibus,  de  tiacres,  de 
cabriolets,  d'équipages  de  tout  genre,  depuis  la 
calèche  aristocratique  jusqu'au  char-k-bancs  des 
tapissiers  et  aux  tonneaux  des  porteurs  d'eau , 


li.iqucU.  ijrmt.iriN.  cl.il.i::t'«  imbulan^ •  qui 
mêlent  et  circulent  contusément  dani^  P^r 
^'encombrent  ot  >*enchc\«!trent  .1  un  point  <j 
e^t  de^  qa^rlier^  oii  l'on  iic  pr-ii  ^a-.^-nl.: 
qu'au  risque  de  Ij  vii;,  en  $0  livrant  a  unt  j^: 
nastiquo  iniroxablo  pour  •'\iur  ii*''tr*î  c  . 
pris  entre  le*  roue'*,  errasr.  A  cela  prç^  1 
passades  dont  il  tant  ^ouhalter  ^i\ecll^nt  •? 
Tusage  se  répande  de  plus  en  plus ,  il  ^ssi 
qu'il  n'y  ait  de  place  dans  les  lieux  courao^ 
la  circulation  publique  que  pour  ceux  qui  to 
en  voiture;  l'usurpation  des  chevaux  sor  i 
hommes  dépasse  toute  mesure,  et  la  munKipaii 
qui  n'y  songe  guère  manque  de  préTojanc^  iIa 
la  distribution  des  plus  simples»  spécialités.  ».  t 
une  débâcle  universelle  contre  la  liherte  J 
chacun  et  contre  la  llborté  de  lois.  On  peu 
f  invoquer  en  faveur  du  droit  que  la  munki^.l 

conserve  de  reléguer  ces  établissement  a«  ai 

K. 

hors  de  nos  barrières,   le  même   droit  quel 

s\irro£;e  avec  tant  de  raison  contre  les  ateb« 

insalubres  et  le»  fabrications  dangereuses.  Il  fa 

I  sortir  île  cette  ananhie.  A  heure  dite,  ao  rri: 

j  i:alup,  au  bruit  delà  tronipelto,  Paris  offre 

spet  tade  d'une  chasse  au  ]Méton  qui  s'eircv 
dans  tous  It's  son»  ;  des  processions  de  ^oitar 
coupent  brusqncnienl  toute  circulation  a  lra«€ 
d'autres  liants  de  voitures  qui  coupent  1rs  pr 


TIRÉS    DES    ARCHIVES.  557 

mières  à  leur  tour  ^  et  cela,  qu*il  fasse  du  brouil- 
lard ou  non,  que  les  lanternes  soient  allumées  ou 
ne  le  soient  pas.  Nous  sommes  dans  l'organisa- 
tion du  désordre.  11  semble  qu'il  soit  dans  nos 
mœurs  d'être  écrasés,  ahuris,  bousculés,  et  de 
s'épanouir  avec  délices  dans  la  métropole  de  la 
civilisation  sous  les  coups  de  fouet  des  cochers , 
les  roues  des  voitures  et  les  pieds  des  chevaux. 
Ce  désordre,  car  c'en  est  un  grand,  et  il  est 
l'antipode  de  toute  liberté  et  de  toute  société, 
n'existerait  pas  si,  comme  on  vient  de  le  dire, 
tous  les  établissemens  qui  se  rapportent  au  ser- 
vice de  l'extérieur,  eussent  été  placés  hors  du 
centre.  C'est,  par  malheur^  une  considération  si 
simple ,  et  nous  sommes ,  comme  le  disent  tou- 
jours les  badauds ,  un  peuple  si  léger,  que  l'ad- 
ministration prétendue  municipale  ne  s'en  avi- 
sera pas  avant  un  siècle. 

Le  conseil  de  salubrité,  qui  prit  une  certaine 
activité  sous  M.  Angles,  lui  fournit  l'occasion 
cl(î  rendre  plusieurs  ordonnances  sur  les  ateliers 
ou  manufactures  qui  répandent  des  vapeurs  in- 
salubres et  vicient  Tair.  Paris,  encombré  d'é- 
tçouls,  qui  ne  sont  pas  faits  d'après  un  plan  gé- 
néral et  bien  entendu,  de  tuyaux  de  gaz  mal 
établis  et  presque  a  fleur  du  pavé,  de  parfumeries 
nauséabondes  et  de  latrines  qui  pourrissent  la 
raciiu;  des  maisons,  renferme  en  lui  de  nom- 


558  M£M0UIES  BI:»T0IUQC1S 

breux  foyers  de  peste.  L'atmosphère  y 
fièyres»  et  les  médecins  y  récoltent.  Qoe 
s'il  était  abandonné  a  Tégoïsme  induatrid  el 
mercantile  qui  ne  craindrait  paa  d*y  rriwir  II 
vapeur  du  soufre  et  celle  de  Teau  fiatte,  las 
boyauderies,  les  fabrications  de  coUe  fbrte 
Ce  serait  alors  un  immense  et  abominable 
oii  les  vapeurs  emprisonnées  de  looi  geeM«  la 
bruit ,  la  fumée,  les  travaux  délétèrea 
mondes  répandraient  de  plus  en  plaa  le 
lité  parmi  ses  paies  babitans,  déje  firepfia 
mille  fléaux,  et  qui  ne  se  doutent 
leur  crasse  ignorance,  des  plus  petîlee 
dliygiène.  Combien  de  germes 
sent  et  donnent  des  fruits  en  se  divi 
milieu  du  fumier  des  villes!  Queiqne 
qu'on  aperçoive  dans  certains  querliees 
villages  et  villes  présentent  encore  chei 
vestiges  de  la  plus  ignoble  barbeiie. 
sens  n'a  pas  encore  dit  son  primii 
tière  administrative. 

On  a  reproché  a  M.  Angles  plus 
arbitraire  dans  Texercico  de  la  police  de 
je  citerai  le  suivant  pour  eu  avoir  eu 
^uiicc. 

Ëii  181  G,  la  seconde  division  de  le 
dont  le  ihcf  était  M.  Henri,  fameux  par  le 
«le  mctlrc  la  nuiii  au  collet  des  petit»  frii 


TIRÉS    DES   ARCHIVES.  5Ô§ 

mit  M.  Angles  a  même  d'une  opéfaiiott  «bni  il 
lui  détailla  tous  les  expédiens  pour  saisir  et  Ceum 
mettre  à  Bicêtre  un  certain  nombre  de  flùiê»ut$f 
sorte  d'escrocs  en  matière  de  jeoX)  dont  Tin*' 
dustrie  spéciale  est  de  s'introdotre  dans  les  Iril^ 
lards  publics,  en  y  faisant  venir  des  étrangers 
afin  de  les  dévaliser  au  moyen  dt  patis  oà  lot 
compères  des  floueiirs  sont  sftrs  de  léttr  dMjpî 

On  pouvait  les  prendre  sur  lé  fait^  et  Uiê  éfr^ 
voyér  en  bloc,  par  mesure  adtÀinhCirativfe ,  à  Wf 
cêtre.  On  avait  la  liste  dies  fléMurs  d^  MH^ 
damnés  pour  cette  eaose^  et  rtndus  à  la  lilierlé 
après  Texpiràtidn  de  leur  peiive.  Il  était  aisé  et 
les  arrêter  en  flagrant  déUt^  letir^  une  foi»  ce  gettM 
de  vie  adopté,  tes  floiiifiurs  ii'efl  Mi  gttèi>d  d'a»^ 
tre  ;  ils  passent  leur  irie  dans  un  cericl'e  ddlit  Ytê- 
taminet  et  Bicêtre  occupent  les  deux  points 
opposés 3  le  cercle  une  fois  parcouru,  chacun 
d'eux  le  recommence  ;  il  n'y  a  plus  de  raison 
pour  que  cela  finisse.  M.  Angles  signa  l'ordre 
proposé  par  la  seconde  division  ^  portant  à  six 
mois,  trois  mois,  deux  mois,  les  divers  empri- 
sonnemens  pour  les  arrestations  a  faire. 

La  mesure  fut  si  leste ,  si  contraire  à  toute 
justice,  que  des  pères  de  famille,  qui  depuis 
huit  et  dix  ans  \ivaient  tranquilles  et  h  l'abri  de 
tout  soupçon ,  lurent  arrCttjs  et  conduits  à  lîi- 
cclrc.  Ou  fit  la  raîle  un  peu   trop  k  la  diable  ; 


p 


•  I 


1' 


5Go  MKMOIIlEtt    HI.SIlilllQi;E» 

en  général ,  tes  mouchards  ont  la  main  Iw 

ils  procèdent  en  matière  de  justice   coma 

soldais   éner^^uuiènes  qui  nurcluiîenl  â  La 

de  Kuint  Domini(|ue  proccdaîeni  cuTeri  les 

pies  des  Cévennes  que  Ton  accosail  dl» 

en  tombant  a  bras  raccourcis  sur  la  fbnk, 

k  Dieu  de  s'y  démêler  et  de    reconaaîlf 

innocens.  Toiu  les  incarcérés  »  mis  a» 

flouenrs ,  réclamèrent;  il  fallut  en 

grand  nombre.  Une  trentaine  de 

restèrent  cependant  détenus  sans  aecesM  l 

de  procès,  uniquement  parce  qe^sla 

gardés  par  la  police  comme  des 

gereux.   11  est  à  penser   qu*cn   ai 

contre  tes  officiers  subalternes  de  la 

tiers  du  privilège  de  ne  permettre 

lence  à  ceux  qu'ik  outragent, 

méritèrent  d*être   gardés    soi 

de  triples  Yerrouz  pour  n*avoir  peu  ea  fi^ 

Vauiariii  dam$  l'eoierckê  de  iêê  /baeiÎMS^  ci 

on  le  dit  encore  ches  un  peuple  ipii  et  fV 

libre  et  qui  a  guillotiné  des  rois. 

I.c  gros  du  public  bourgeois  fort  igpan 
fort  crédule  en  matière  de  police  «  ai^eaft  q 
vague  connaissance  de  ce  fait  et  le  lelérj 
sortes  de  pre%ye$  a  la  façon  des  enlèwBMiia 
la  inurine  qui  si*  (ont  dans  les  porta  ai 
b'cxccutciit  s^inai  Ia<;on  sur  nos  pauTresdi 


D     ES  ARCHIVES.  36 1 

Personne  ne  réclame  ;  la  police  affirme  que  leK 
incarcérés  sont  des  coquins ,  et  les  journaux 
continuent  à  rendre  scrupuleusement  compte 
des  vaudevilles.  Le  mépris  de  l'individu  est ,  en 
bonne  civilisation  ,  dans  la  moelle  et  dans  Tâme 
du  moindre  individu. 

L'événement  de  l'assassinat  du  duc  de  Berri 
est  un  événement  notoire  de  la  biographie  ad^ 
ministrative  de  M.  Angles. 

Le  dimanche  13  février  ISSSO,  le  duc  et 'la 
duchesse  de  Berri,  alors  enceinte,  dit-on ,  ce 
qui  esl  possible ,  s'étaient  rendus  à  l'Opéra.  Le 
deuxième  acte  du  Carnaval  de  Venue  venait  de 
finir.  Il  était  onze  heures,  la  duchesse  témoigna  le 
désir  de  se  retirer,  le  prince  la  reconduisit  jusqu'à 
sa  voiture  ;  madame  la  duchesse  de  Berri,  cédant 
à  un  petit  mouvement  de  jalousie  bien  naturel, 
avait,  a  ce  qu'il  paraît,  demandé  à  quitter  le 
spectacle  en  apercevant  dans  la  salle  une  cer- 
taine actrice,  Virginie,  maîtresse  du  duc.  Le 
duc ,  suivant  cette  version ,  refusa  ,  sous  un  pré- 
texte ,  de  retourner  k  TElysée  ;  il  voulut  retour- 
ner sur  ses  pas.  On  suppose  qu'il  avait  à  parler 
à  sa  maîtresse.  Comme  il  donnait  la  main  à  sa 
femme  pour  Taider  a  franchir  le  marche-pied, 
en  lui  promettant  de  la  rejoindre ,  et  qu'il  se 
relciirnait  vivement  pour  rentrer  au  plus  tôt  dans 
le  vcstil>ulc  de  TOpéra ,  un   homme  se  frayant 


■■tôt  «D  1«    vit  C 

dbl,flfeflltka  de  ta  phic  <«  lef^lft 
tmtmÊÊmMUénan,  tm  ttimAmm»  <^»— t»m 

A  et  fKtÊmr  rri ,  la  dachcMe  l^llàl  !!■  fî 
4e b «*il««|  on  t'eflurçait  en  vabi^littfMBr: 
4b  M  jlli  knr  le  prince ,  et  fet  «— K»  tfi 
■ÉBg  Iffei  njAliuut.  Elle  ne  v«alrt  ^  ^«kv 
le  éêt  t^lftm  Irantporla  dant  l«  peiîl  •■îaafr 
le  togt  MJnlt»  oii  le»  premier*  t-titrar^tenaf^n 
e«l  eouift  tabin  Ini  prodijntrreRi  4t»  wea^t. 
Le  hêWtt  ebMinuait ,  on  n'âvait  pei  tacmi*  &* 
U  Mlle  la  moindre  idée  de  ceilt  cataatrsplM 

Dana  l'élan  ilii  pn^nier  cflhii ,  deos 
du  prince.  MM.  àe  CboiMal  ti  il«  i 
dai  adjtidaiu  du  pulka  et  plu 


TIEfiS  DES   AEGiUYI^«  3d& 

la  garde,  s'étai^tit  précipité»  sur  leb  traces  dé 
Tassassin  qui  s'était  enfui  du  côté  de  Târcade 
Colbert  ;  un  fiacre  barra  d'abord  sa  course  ;  il 
fut  ensuite  croisé  par  le  nommé  Patllniier ,  gar*** 
çon  limonadier.  Tous  deux  i^UPouettèrènt  Un 
instant.  Bref,  il  fut  saisi  par  Desbiès,  soldat  de 
la  garde  royale ,  de  faction  à  la  sortie ,  et  par 
les  militaires  accourus  à  la  hâte.  L'asaassin  fit 
peu  d'efibrts  pour  échapper  i  il  se  résigna  sur<^ 
le -champ.  Amené  au  bureau  de  police  dtt 
théâtre ,  interrogé  successivement  par  le  c«m*^ 
missaire ,  par  le  préfet  de  police  et  le  proou* 
reur  du  roi ,  en  présence  du  ministre  de  Tinté-* 
rieur,  M.  Decazes ,  il  répondit  san^  héMter  qu'il 
s'appelait  Louis-Pierre  Louvelî  qu'il  était  né  à 
Versailles ,  âgé  de  trenlé-»x  ans  et  demi ,  ett-* 
ployé  comme  garçon  sellier  pour  le  compte  du 
sieur  Labouzelle,  sellier  du  roi,  et  domicilié 
aux  Petites-Ecuries  ,  place  du  Carrousel. 

Aux  questions  qu'on  lui  fit  sur  les  motifs  de 
ce  crime  et  sur  les  complices  qull  pouvait  avoir, 
il  déclara  du  même  ton  de  résolution  et  de  sim- 
plicité qu'il  méditait  cela  tout  seul  et  depuis  six 
ans  ;  qu'il  avait  voulu  délivrer  son  pays  des  Bour- 
bons ,  car  les  Bourbons  étaient  dans  son  opinion 
les  plus  cruels  ennemis  de  la  France;  qu'alors 
il  avait  dû  commencer  par  le  plus  jeune ,  par  ce- 
lui qui  promettait  de  perpétuer  leur  race.  Son 


5«4 

d«MiMn  naît  6t6 ,  ^ovu-t-il .  «"il  «e  !»(  «ok 

ceUe'feù,  d'assassiner  socceanvcment  !«■  ■ 

princM  et  lo  roi   lui-même ,  n'a't}   «rsit  i 

tner«i1ft14. 

Tandis  que  l'asusaîa  bânit  de  mu^  frai 
tofribla  aveux .  les  gens  de  fart ,  di^  r 
awtoar  da  prince ,  ayant  recoano  qii*ott  ac 
vt&t  (  tans  empirer  l'état  da  bleas^  ,  le  ttzmmi 
dani  Mm  palaii ,  on  le  porta  dans  la  mB*  d> 
nûnntntion.  Un  lit  foliireaé  à  la  kftic- CM 
les  mimes  inatelu  sur  lesquels,  par  «aaH 
•ingolièn ,  le  princu  avait  pris  d«  rrfm  Ai 
première  nuit  de  son  déb>iqa<fl  h  C 
Imm^.  U.  Grandsire ,  aecrétacrB  dr  ftl) 
ponr  le  monienl ,  «e  troQTail  â  ( 
1814,  «1  avait  héb(!rgé  Son  AhsM 

On  avait  porté  ta  noavelle  danme  wil 


pourtant  p»" 


,  Le  Koi  ne  savait 
gravité  d«  In  blessnre.  Monai 
▼onfait  en  vain  loi  dérober  ce  aptoaàa.  Htà 
et  moEHear  le  duc  d'Angooléme,  leiMBri 
les  grandit  ofTiciers  de  la  coDronne,  wmtim 
personnage!)  distinfrués  de  la  ronral  4tk< 
une  partie  dans  les  habits  de  bal  «A  FUl 
nouvelle  le*  avait  surprit,  accoarareat  «kei 
rirent  le  phncc. 

M.  Dupuytrrn  flemeurait  trop  locale  M 
peur  arriver  k  l'inalaoi  inâmi-.    Omt0ÊÊ 


d 


TIRÉS    DES    ARCHIVES.  365 

comme  une  providence.  Ce  fut  lui  qui  reconnut 
tout  le  danger.  Après  une  courte  consultation 
avec  ses  confrères ,  il  traça  des  scarifications  pro- 
fondes; le  sang  jaillit  abondamjncnt  de  la  plaie 
mise  à  jour;  la  poitrine  parut  se  dégager;  on  eut 
un  moment  d'espérance.  Le  duc  de  Berri  sup- 
porta cette  opération  avec  le  courage  qu'on  avait 
lieu  d'attendre  de  son  caractère.  U  ne  s'abusa 
pas  sur  l'inutilité  des  efforts  de  l'art ,  et  disait  k 
M.  Dupuytren  :  «  Je  suis  bien  touché  de  vos 
soins,  mais  ils  ne  sauraient  prolonger  mon  exis- 
tence; ma  blessure  est  mortelle.  »  On  remarqua 
qu'il  en  avait  eu  le  pressentiment  a  ses  pre- 
mières douleurs  ;  mais  cette  remarque  n'eut  rien 
de  décisif  que  par  l'événement  même.  Un  blessé 
peut  survivre  a  ses  propres  pronostics ,  et  notice 
personnalité  conçoit  des  craintes  en  pareil  cas , 
quelle  que  soit  d'ailleurs  notre  bravoure.  Il  avait 
demandé  sa  fille ,  Mademoiselle.  La  petite  prin- 
cesse lui  fit  de  vives  caresses ,  sans  comprendre 
qu'elle  allait  le   perdre.  L'évêque  de  Chartres 
arriva    pendant    cette    scène    douloureuse.    Le 
prince  témoigna  le  désir  de  presser  entre  ses 
bras,  avant  de   mourir,   deux  filles   naturelles 
qu'il  avait  eues  en  Angleterre.  11  les  recommanda 
tendrement  aux  bontés  de  la  duchesse ,  qui  les 
connaissait  et  qui  les  adopta.  Le  15  a  six  heures 
du  matin ,  il  expira.  Charles-Ferdinand  d'Artois, 


I 


S66  méMMftis  wntiMmgLm^ 

âne  de  Berri ,  né  k  Versailles  «  wnSt  di 
nats-deas  ans.  Il  a^t  le  teint  csleré,  1 
Uesa  et  doox ,  la  lèvre  forte ,  une  tdBe  ■ 
et  robuste.  Il  était  dans  l'énergie  de  Ti§ 
mait  les  arts,  la  chaaae,  les  pleisks.  II  i 
distingué  dans  la  guerre.  Son  édeceÉh 
plus  distiogoée  que  l'on  ne  Ta  «lit  ;  3  paA 
sieurs  langues ,  et  les  parlût  fort  ftiae.  ( 
il  ayait  le  caractère  brus^e,  Impstfai 
Bonaparte ,  il  se  montrait  bon  et  Ijl^ 
qui  lui  donnait  un  double  rapHeW  fli  i 
blance  a^ec  Henri  IV,  qui  périt  èèflMil 
main  d'un  asaasrin. 

Cet  éTénement,  que  je  n 
prévu ,  car  il  est  de  ceux  qui 
riodiquement  sous  tous  les  régfaasi  él^ 
▼ient  absurde  de  ne  pas  préToir; 
produisit  une  sensation  étrange 
proche  en  proche  dans  le  royaiuBe.  Lp  ft 
i  diverses  s'en  emparèrent  pour  ecciekiti 

quiétudes  et  les  alarmes  de  la  fiuipBl  i 
Le  spectre  de  la  Convention  repareiasail  Ai 
seul  homme.  On  pouvait  deviner  le  esi 
communiait  encore  avec  leboufreaa  de  Leei 
Qu'importait  Tisolement  matériel  de  fan 
si  la  religion  du  régicide  s'éparpillait  da 
masse»  !  La  grande  pensée  qui  devait  ni 
de  ce  crime ,  la  haute  moralité  de  ce  cei 


TliifiS   DSS   MGHITES.  36^ 

poignard  ne  vint  a  Tespril  de  personne.  M.  de 
Châleaubrianl  Iqi-même  n'y  vit  qu'un  pâle  pré- 
texte de  poésie.  On  se  perdit  dans  le  détail,  ^u  lieu 
de  voirie  dogme  apocalyptique  de  la  solidarité  des 
petits  et  des  grands  se  reproduire  invariaUemerit 
dans  Ravaillac,  dans  Charlotte  Corday,  dans  le 
tonneau  de  poudredu  5  nivôse,  dans  ce  morceau 
de  1er  aiguisé  paf  un  homme  du  pe^iplo.  On  ne 
croit  chez  nous  2i  la  guerre  qu'au  brait  du  cano»; 
elle  existe  même  au  sein  de  la  paix...« 

L|i  grande  politique  ne  fut  donc  nullement  îUu- 
mipée  par  ce  sombre  éclairqui,  dans  If  a  téti^lnrds 
de  nps  soi-disant  époques  de  himièrea,  sort  pétH^ 
diquemeni  du  sein  des  masses  pour  aiFé#tn^  lkP9c 
force  les  insoucians  des  hautes  régions  ëocf aies 
qu'il  existe  un  foyer  petnftanefit  de  tiaiqfO  dans  la 
misère  et  dans  l'ignorance.  La  police  de  M.  An- 
gles fut  seulement  accusée  d'incurie.  C'était 
prendre  la  question  p[\r  en  bas.  Les  zélés  de  la 
restauration  n'en  ont  jamc^is  fait  d-autre. 

(c  M.  Angles  a  la  police  de  Paris,  disait-on  ;  le 
palais  et  la  personne  du  prince  sont  spus  s^  sur- 
veillance ,  sous  sa  responsabilité  immédiate. 

H  M.  Angles  dormait-il  dans  cefte  aflreuse 
nuit  ou  rimpitoyable  poignard  a  frappé  le  cœur 
d*un  de  nos  plus  vaillans  princes?  11  était  à  un 
bal  dans  le  faubourg  Saint-Germain  ;  ignorait-il 
que  les  jours  du  prince  étaient  menacés?  Non. 


368 

Ijn  chef  des  bureaux  de  la  préfeclare  «le  fa 
«n  arrivant ,  avait  cainmaniqaé  ma  ftéh 
avi*  qui  lui  étaient  parvenus  sur  la  frémit 
lion  tl'un  crinic  aussi  horrible-  Ignor^ît'il 
le  pclit-Ols  de  Henri  IV  i.H.iit  à  neuf  kcwa 
Roir  a  l'Opéra  avec  son  épouse?  Non.  t*^ 
ne  s'estôl  pas  rendu  dan»  celle  Mlle  pair* 
iwT  si  les  agen»  élaîent  à  leur  poste?  il  Mni 
c|u'ils  étaient  daiu  les  cafés ,  dana  Isa  u 
gie.(1).  . 

Cet  bruits,  ces  accusations  fnreal  Hf 
long-tetnps  encore  après  ra&euae  cataAa| 
par  les  ailTcrsaîres  du  préfet  da  pofcca,  ^ 
semblable  événemcot  devait  es  afcl  ànl 
mai»  nioins  que  ces  accutaliona  ; 
Avait  répondu  cepeadant,  non  par  < 
publics,  mais  par  sa  destitution  à 
Pairs,  lorsque  Louvcl  y  fut  tradoti. 

■  Je  dois,  dit  M.  Angl^  k  la  * 
Pairs,   entrer  dans  quelques  déCaili,  afirt 
làtre  ma  déclaration. 

«  On  a  dit  que  le  service  de  la  poGoa  amM 
négligé  a  l'Opéra,  dans  la  nuit  dn  43^  4^" 
agent  de  mon  adminislralioa  M«Vy«ftaia 


(<}  U  poUct  «MJ  M.V.   h  iuc  DvcMM  .    I  I  in     t  J 


rr,"^ 


TIRES    DKS    ARCHIVES.  ^ïOQ 

et  que  le  commissaire  de  police,  à  qu^  la  surveil* 
lance  de  l'Opéra  est  plus  particulièrement  attri* 
buée,  n'y  était  arrivé.que  plus  de  deux  heures  après 

• 

l'assassinat.  11  est  aisé  de  démontrer  l'inexacti-- 
tude  et  la  fausseté  de  ces  assertions.  MM.  les 
Pairs  instructeurs  savent  sans  doute  que  le  ser- 
vice aux  grands  théâtres  de  la  capitale  a  éprouvé 
quelques  modifications  depuis  le  30  décembre 
1815,  date  d'une  ordonnance  royale  qui  Ta 
confié  h  la  garde  royale ,  a  l'exclusion  de  toute 
autre  troupe  de  ligne.  Le  commissaire  de  polico 
et  les  officiers  de  paix  pouvaient  néanmoins  ^voii; 
à  leur  disposition  un  piquet  de  gendarmçr^ 
royale  de  Paris ,  établi  a  l'extérieur.  11  ne  reste 
donc  plus  qu'à  donner  une  idée  exacte  de  ToiCr. 
ganisation  et  de  la  composition  du  service  .d^ 
la  police  établi  à  TOpéra  ,  dans  la  soirée  du  15 
février. 

«  Quoique  le  poste  de  gendarmerie  pour  le  ser- 
vice de  l'Opéra  eût  été  fixé  à  vingt  et  un  liommes, 
et  que  le  13  février  fut  un  jour  où  il  fallait 
veiller  au  bon  ordre  et  au  maintien  de  la  tran- 
quillité dans  plus  de  quarante  autres  théâtres, 
])als  ou  lieux  de  réunions  publiques,  on  avait 
pensé  que  la  circonstance  du  dimanche-gras 
pourrait  attirer  un  grand  concours  de  monde  a 
rO[)éru  ,  et  le  poste  de  la  gendarmerie  fut  porté 

;i  trente-deux  liommes,  savoir  :  un  ofllcicr,  (!(mi\ 
IN.  'j  ; 


.  1 


I 


.)70  M>-.MOIRF!l   IIIJITOItlQCrS 

Ailjudansde  \ille,  trois  sous* officiers  «  ùx 
darmes  à  cheval  et  vingt  a  pied.  Il  y  arai 
outre  huit  agens  civils,  savoir  :  M.  Ferté  ,  < 
missairc  de  police  ;  M.  Joly,  officier  de  | 
attache  au  ministère  de  rinlérieiir  ;  M.  Davî 
autre  officier  de  paix  ,  attaché  a  la  préfectu 
police. 

«  Le  commissaire  Fertc  n*a  point  négfi| 
service  qui  hii  était  confié  ce  jour-là.  Il  ri 
son  poste  ;  il  faisait  une  tournée  dans  les  i 
a  peu  près  à  la  moitié  du  second  acte  dm  ki 
Il  se  trouvait  presque  au  bas  de  rescalàcr  da 
terre  qui  conduit  :iu  vestibule  lorsqu'il  ape 
du  mouvement,  et  qu*on  faisait  entrer q«ely 
au  bureau  des  ofliclers  de  cendarmerie  eC  Mi 
dans  de  ville;  il  s*y  rendit  sur-lc-chaapi  et  jp| 
le  fatal  événement. 

î<  L'un  des  ofliciers  de  paix  ,  le  âcar  h 
descendit  peu  avant  la  sortie  du  prince*  i 
rendit,  avec  un  inspecteur,  rue  Rameao.  A{ 
avoir  pris  un  verre  de  liqueur  dans  le  cale 
fait  l'angle  de  la  rue  de  Richelieu  ,  il  s'ar 
un  instant  dans  la  rue  llanicnu  qu'il  In 
prrs(|ue  «li'serlr  et  foiil-a-l.»it  fiéhlayée;  ce 
SCS  f\prrssion<.  H  Vt'iiionl:!  ;i  «^oii  bureais 
iiiiMiuMit  0111*01)  all.Mi  pIaL<M*lts  \rdi*Ues  j  ih 
de  {îciularmcric.  A  peine  élait-il  monté,  qi 
in*(|)rrtiMir.  (|iii  riait  en  face  de  la  loge  du  pr 


TiaRS  Diis  Aacgiyçs*  371 

el  qui  s^perçut,  h  iravep$  le  v^gi^s  4'aw  loge 
des  troisièmes ,  qpe  Vftif,  y  £^a^  qu^iiue  mm^ 
veinent  qui  anpppçait  la  9ortîe ,  li)j  <l>t  ^  *  V^^iiik 
le  prince  qui  va  fapis  d<jiute  ^ç  rÇ^MT^^  »  li«d||; 
inspecteur  descendit  p|i^Q<f)ptpf9Çffjt  î  X^a}^  èfl^ll^ 
était-il  descendu  4^j^f  \p  .j^ti^f^l^Q  4h  i^lw^tre , 
que  l'assassinat  ay^jij;  été  .cpqijQ^i^i  et  ji'9s$MWII 
arrclc. 

«  L'autrç  pHiciçr  f\^  p^i^,  Jç  f^ejaf  Q^yi^^i^ 
descendit  dans  |a  rue  R2|m|e;^)|  yçi?^  )ie#  jIîil  l^eu^O 
et  demie.  \\  assure  que  tpu^e^  ]^e;  fcpqfign^Q  nlimt 
jamais  été  plus  soi^Qçqsçipçi^  p^s^e^^yées  ;  qwM 
pe  vit  que  quelquç^  yçiturejs  danç  la  rpe^n^aji^ 
oïl  il  ne  devait  point  cependant  fm  stAljopQm; 
que  ces  voitures  appartenaiçat  à  4>9^  p^rsMOlkltf 
4e  la  inaison  du  roi;  qye,  comme  le^  agept 
de  police  avaient  constamment  fait  des  effurU 
inutiles  pour  les  éloigner,   et  qu'il  n'en  restait 
(|u'nn  polit  nombre,  plus  ua  cabriolet  au-dessus 
de  la  voiture  du  prince,  ilpensa  que  ses  ordres 
n'auraienl  pas  un  autre  résultat  que  celui  ob- 
leiui  jusfju^ii   ce  moment.  Les  agens  de  ia  pré- 
lecture fie  police  se  sont  fréquemment  plaints 
des    prétentions    cl   des    résistances  qu'ils    ont 
éprouvées  a  cet  égard.  11  paraît  que  ce  cabrio- 
let  a  facilité  les  approclics  de  l'assassin  qui , 
pendant  quelques  minutcb^,  s'est  appuyé  contre 
une  de  ses  roues ,  afin  qu'on  le  prît  pour  le 


:  é 


5'-2^  MKMOIUES   lllSTOmnLF'^ 

domestique  qui  le  gardait ,  le  jokei  qui  m  i\i 
chargé  s'étant  endormi  en  trayera  do  contaiii  • 
lequel  il  était  assis.  D'après  le  premier  intern 
gatoire,  Louvel  ne  s'était  paa  encore  rends  âd 
heures  et  demie  rue  Rameau. 

«  L'inspecteur  Rousseau  se  renilit  nn  fc 
ayant  onze  heures  dans  la  rue  Ramean,  poer  a 
sister  au  départ  du  prince  ;  mais,  comme  k  pi 
queur  ne  faisait  que  de  monter  a  cheval,  et  fi' 
n'v  avait  aucun  mouvement  autour  de  la  vaîM 
du  prince,  il  crut  pouvoir  prendre  le  lemps  Al 
1er  h  l'autre  extrémité  de  l'Opéra,  où  ae  Uaaia 
la  voiture  de  madame  la  duchesse  d'Oiléaas  ;  i 
revint  presque  immédiatement  sur  ses  pas;  d 
comme  il  était  arrivé  au  milieu  de  la  bradr  di 
l'Opéra ,  il  enUMidit  crier  :  A  la  garâefmr/Êrz! 
il  aper«;ut  un  homme  courant  ii  t  ouïes  jsafcci  ; 
il  se  mit  à  sa  poursuite  et  fut  un  des  ptcmcn  a 
lui  mettre  la  main  au  collet. 

«  L'adjudant  de  ville  Meunier  commcaoil 
sa  ronde  pour  le  placement  des  gendaïïWÊné 
(les  vedettes  nécessaires  au  maintien  dm  ksi 
ordre,  opération  qui  a  eu  IIimi  quinte  â  tm^ 
minutes  avant  la  tin  du  spectacle.  II  sortjsl  A 
périslvlc  pour  entrer  clans  la  rue  Ramcja  ai 
moment  oii  il  vit  un  homme  passer  devant  lai 
et  il  entendit  immrdialenirnl  crier  :  Arréitz'  I 
se  nul  A  sa   |M)ursnil'*  et  rM(U*i;^uit   en    ficc  di 


TIRÉS    DES    ARCHIVES.  3^5 

Tarcade  Colbert,  au  moment  oîi  une  personne 
venant  du  boulevart  lui  barra  le  chemin  et  allait 
le  saisir. 

«  Le  maréchal-des -logis  David  s'empara  de 
cette  personne  qui  était  le  limonadier  Paulmier, 
et  le  sieur  Meunier  remit  Louvel  entre  le&  mains 
de  quelques  gendarmes  et  du  garde  royal  Des-> 
biez,  qui  étaient  à  sa  poursuite.  On  le  conduisit 
au  bureau  des  adjudans  de  ville ,  sous  le  vesti- 
bule. Cet  adjudant  termine  son  rapport  en  dir 
sant  qu'ah  moment  de  Fassassinat ,  il  n'y  avai^ 
aucun  groupe  dans  la  rue  Rameau.  » 

Après  avoir  exposé  complètement  les  détail» 
du  service  de  police  qui  eut  lieu  ce  jour-là  à 
l'Opéra,  M.  Angles  reprend  ainsi  sa  déposition: 

«  Quand  il  y  aurait  eu  un  plus  grand  nombre 
d'agens  de  Tautorilé  civile  et  de  la  force  pu- 
blique employés  h  l'Opéra  (1),  aurait -il  mis 
obstacle  a  rexcculion  du  crime  de  Louvel?  Il 
est  (lilTicile  de  le  penser,  lorsque  Ton  considère 
que  Texécrable  assassin  a  choisi  pour  frapper  sa 
victime  le  moment  oii  elle  était  entourée  de 
onze  personnes,  savoir  :  de  cinq  gardes  royaux , 
de  trois  valets  de  pied,  d'un  gentilhomme  d'hon- 


(i)  Il  y  avait,  d'après  la  déposition  de  M.  Angles,  vingt  hommes 
de  la  garde  royale  et  quarante  et  un  gendarmes  ou  employés  de 
la  |3réfcclurc  de  police. 


I 

•   i 


574  Mi:MOIRES   BISTOHIQCCS 

neur  et  do  deux  aides -de -camps.  Lortqi 
homme  a  fait  le  sacrifice  de  sa  vie  pour  ai 
celle  d'un  anlrc  homme ,  il  est  bien  rare 
moins  de  quelque  circonstance  due  an  hasai 
qu'il  n*accomplisse  tut  ou  lard  son  honS 
dessein.  » 

Ces  raisons  spéciales  et  détaillées  salisGrefil 
Chambre  des  Pairs  et  avec  elle  les  personacs  i 
partiales.  La  question  une  fois  desceodac 
agenouillée  sur  ce  terrain  stérite  ,  M.  Angles 
pouvait  mieux  se  dércndre,  car,  certes,  il  m 
savait  pas  davantage.  Une  tête  forte ,  a  sa  pi» 
aurait  assis  les  législateurs  mi^mes  s«r  b  sdkt 
auprès  de  Louvel.  Il  est  de  fait  qn'ane  fsfc 
vénale,  obscure,  mal  salariée,  semaolb 
par  ia  grossièreté  de  ses  formes  et  h  ^ 
de  ses  actes ,  prise  dans  les  gens  d'en  Ws,  tt 
se  refusant  pas  plus  ses  aises  c|a*aa 
un  prince  I  ce  qui  est  assez  naturel ,  a 
une  propension  invincible  a  se  reiiciMr  ^  ^ 
consignes;  on  ne  peut  pas  être  gendarme  pi 
dant  vingt-quatre  heures  de  suite;  et,  cTaiBci 
toutrs  les  consignes  du  morde  n'eropêchen 
pas  la  plupart  des  crimes  civils  et  poliri<|«ès  A 
uiu:  soriété  filte  au  rebours  du  bon  sens  d 
êli  1*  le  t'ovLM*  perpétuel.  Otiand  vous  anm  p 
po^ô  r|fMi\  r>pioii>ii  l.i  :'.arde  de  chaque  iriJi^k 
i|Mi  \ou>  piiaiitii'a  «in'il  ne   Idille   paa  »ur%cti 


T1K£S   DES   ARCHIVES.  07 5 

a  leur  tour  ces  espions  eux-mêmes,  et  ainsi  de 
suite  ?  L'ordre  est  donc  a  refaire  de  fond  en 
comble;  et  jusqu'à  sa  refonte»  l'assassinat  est 
dans  la  destinée  des  particuliers  et  des  rois. 

Certains  royalistes  ne  furent  pas  satisfaits  des 
argumens  du  préfet  de  police ,  et  lui  firent  un 
crime  de  ne  pas  avoir  attaché  pour  le  moins  un 
agent  spécial  a  la  personne  du  duc  de  Berrij 
obsession  a  laquelle  le  prince  ne  se  serait  certes 
pas  soumis ,  ni  dans  celte  occasion  ni  dans  une 
foule  d'autres;  car  il  était  à  cet  égard  comme 
tout  le  monde  :  il  auraft  pris  plaisir  à  dépister 
les  officieux  qui  se  seraient  perchés  sur  ses 
épaules.  Condition  étrange,  après  tout,  que  celle 
d'un  prince  qui  ne  pourrait  avoir  a  sa  guise,  ni 
les  vices,  ni  les  plaisirs,  ni  la  libre  allure  d'un 
simple  particulier.  C'eût  été  la  menue  monnaie 
du  poignard  de  Louvel  (jue  cet  étouirement 
systématique. 

De  tels  reproches  faits  après  coup  ne  changè- 
rent rien  ii  l'opinion,  et  la  procédure  suivie  a  la 
Cour  des  Pairs ^  ne  présenta  rien  de  plus  qu'un 
fanatique  résigné  au  sacrilice  de  sa  vie  pour 
exéculei'  son  dessein.  On  en  triompha  dans  le 
parti  libéral  ;  mais  en  dépit  de  l'hypocrisie , 
ce  fanatique  eut  ses  admirateurs,  comme  cela  ne 
peut  manquer  a  l'occasion  de  tout  ce  qui  est 
marqué  au  coin  de  la  passion  cl  du  courage. 


TJRÉS   DES    AHCUIVES.  577 

server  au.  chef  d'escadron  Leroy,,  continua 
M.  de  Nantouillet^que  le  prince  n'aimait  pas  ces 
dispositions  extraordinaires;  le  chef^^d'escadron 
nie  répondit  que  cette  surveillance  serait  exercée 
et  que  les  patrouilljes  seraient^faites  parles  bri- 
gades de  Passy  et  d'Âuteuil,  ou  par  quelques 
hommes  de  la  gendarmerie  des  chasses,  ce  qui  ne 
présenterait  rien  d'extraordinaire.  Il  me  demanda 
même  quelles  étaient  les  heures  les  plus  conve- 
nables, et  je  lui  fis  connaître  celles  où  le  prince 
allait  le  plus  ordinairement  à  Bagatelle.  Posté- 
rieurement h  cette  époque,  le  chef  d'escadron 
vint  chez  moi  (c'est  toujours  M.  de  Nantouillet 
qui  parle)  pour  me  faire  part  des  nouvelles 
inquiétudes  qu'il  avait  conçues.  Il  me  dit  qu'une 
de  ses  connaissances  lui  avait  fait  craindre  que 
des  ennemis  du  gouvernement  ne  se  prêtassent 
k  quelque  tentative  d'assassinat  contre  monsei- 
gneur le  duc  de  Berri  ;  il  m'invita  a  en  parler  au 
prince,  afin  qu'il  prît  plus  de  précautions  pour 
sa  sûreté.  Je  lui  répondis,  vous  savez  que  le 
prince  n'aime  pas  qu'on  l'entretienne  de  pa- 
reilles inquiétudes.  Cependant  je  lui  en  parlai  ; 
et  lui  fis  part  de  ce  que  m'avait  dit  le  chef  d'es- 
cadron Leroy,  qui  devait  prendre  de  nouvelles 
informations  auprès  de  la  personne  qui  lui  avait 
donné  le  premier  avis. 

i<  Eh  bien!  mon  cher  Nantouillet,  que  voulez;- 


TIRÉS  DES   ARCHIVES.  37^ 

l'aSectîon  de  ce  magistrat  au  gouTernement  du 

roi(1)! 

Lors  de  la  prétendue  conspii-alion  de  Gravier, 
W.  Angles  se  prêta  aux  volonU's  du  minislrc 
pour  mettre  la  main  sur  le  f'abricjtuur  des 
pétards  trouvés  sous  les  fenêtres  du  Louvre , 
tout  près  des  appartemeiis  de  la  duclicssc  de 
Serri,  aldi-8  enceinte  dd  duc  dé  fifatdeàQi  j  t'é- 
tait dans  les  derniers  joUrs  dd  iWWs  d'iWfH  1820; 
T/èspoir  des  cdupdbics  éUît  iii^psiëiitiiiënt  qù'è' 
la  frayeur  ocfcaïiohée  par  rèi|>fos'i(Jn  aàfjït  f(ii 
faire  avorter  la  f^Hiiceske.  Là  piAlkë  proHlIt 
3,000  fr.  H  celtfi  qili  dâcbuiinr^if  l'iatctir  de 
l'attentat.  L'appât  crciti  lU  captdltë;  dli  ne 
connaissait  pas  le  conpabte;  h  tout  èvénctneiit , 
on  en  voulut  un. 

Rivoirc ,  oilicior  de  paix,  reçut  ii  cet  ellot 
l'ordre  de  M.  de  Foudras,  inspecteur  g<înéral 
de  ia  police,  li  découvrit  r^iielques  honimcs  (|tii 
tenaient  des  propos  et  s'asseitiblaient  dans  un 
cabaret  rue  Montmartre,  Sous  le  norn  de  aociilé 
des  chevaliers  du  poignard;  ces  buveurs  avaient 
pour  président  un  liominc  exalté  et  cjii'il  de\ait 
('tre  lacilo  d'entraîner  :i  laire  éclater  un  pétard 


580  MÉMOIRES   HISTUHIQL'CS 

près  du  logement  de  la  princesse.  A  Taide  à' 
nommé  Leydel ,  âme  damnée  de  la  police,  1 
voire  pnrvint  à  séduire  GraTier.  Le  jour  fal  pr 
au  moment  où  GraTier  déposai  soo  péUrd  m 
le  guichet  du  Louvre ,  des  egene  de  peEct 
saisirent  et  le  remirent  entre  les  mains  ém  pH 
qui  s'était  transporté  sur  les  lieaz. 

Gravier ,  traduit  en  justice ,  se 
une  prudence  que  Ton  n'aurait  pas 
son  exaltation.  11  fit  sentir  tout  ce  que 
d'odieux  la  séduction  employée  contre 
avoir  a  le  désigner  à  la  faveur  d*oi 
récidive ,  comme  le  coupable  da 
qui,  du  reste  9  ne  fut  jamais  connu. 

C'est  ainsi  que  lorsque  le  ministre 
de  trouver,  a  prix  d*or,  Tautear 
d'un  crime  politique,  les  espions ,  ontniaiB| 
l'appât  du  profit,  poussaient  quelqm 
l'imitation  de  ce  crime,  pour  le 
vaut  les  tribunaux,  le  charger  d*i 
cusation,  et  mériter  ainsi  la  primo 
quiconque  paraissait  avoir  résola  le 

Gravier  fut  condamné  a  mort  ;  la 
dation  de  la  princesse  de  Berri  fit 
peine  en  celle  des  travaux  forcés  à 
Lcydct ,  cet  infâme  agent  de  Rivoire  t  se  réli 


TIRF.S  DES  Aactijvr.s.  3Si 

dans  la  Belgique.   Il  habite  maititepani  Paria 
sous  un  nom  supposé  (1). 

Indépendamment  des  accusations  graves  dont 
je  viens  de  suivre  la  filière,  M.  Angles  fut  en 
butte  a  de  rudes  tracasseries  de  la  part  de  l'a- 
vocat Robert.  Cet  avocat  l'attaqua  tlans  une 
adresse  aux  Chambres  ,  sous  prétexte  que  le 
préfet  s'était  démesurément  enrichi  dans*  «a 
place;  grief  qui  ne  manque  jamais  d'être  fa^» 
vorablement  accueilli  par  le  public  lorsqu'il 
s'agit  d'un  fonctionnaire  de  la  police. 

«  M.  Angles,  disait  son  censeur,  s'est  etiridii 
dans  ses  fonctions  au  point  d^avoir  acheté  dans 
le  département  de  la  Loire  la  terre  des  anciens 
comtes  de  Forez,  appelée  le  domaine  de  Comillon^ 
et  de  l'avoir  payée  500,000  fr.  ;  le  château  était 
gothique,  le  préfet  a  fait  tracer  un  autre  plan, 
et  sur  de  telles  proportions,  qu'un  prince  ne 
pourrait  mieux  désirer.  Vers  le  mois  de  jan- 
vier 1820,  M.  Ani^lès  avait  même  déjà  fait 
compter  à  son  inleiulant  deux  cent  mille  francs 
cl  plus,  pour  acquitter  une  partie  des  dénenses.  >i 

Cette  accusation  et  plusieurs  autres  chicanes 
non  moins  désagréables  contenues  dans  le  pam- 
phlet de  Uobert,    obligèrent  M.    Angles   pcre. 


[i]  l'r.oMr.NT  ,  Police  >l''.\-c:l'r ,  t.  T,  p.  7 


<>, 


7}i>2  MF%IOIIir5    RKTOMQCtt 

préftidenl  d  âge  de  la  Chambre  dea  pêmâ 
prendre  la  plame  ;  il  atténoa  par  dea  aapKci 
sur  lesquelles  on  n'eut  d'antrea  pimwa  ^ 
assertion  même ,  les  fiiîta  allégséa 
(T  Mon  fils  davani  se  rapproclier  da 
Vougy,  son  beau-frère,  dît  M.  A«|^  mi 
acquis  en  1890|  dans  la  commime  êm  lUI 
n'ca  séparée  de  celle  de  Vongy  que  parlai 
le  pl)ateau  de  ComiUon ,  avec  Wa  nvBHB  ^ 
dépendent  an  prix  de  00^000  |r.  B  •  | 
rieurement  acheté  des 
d'Harcourt,  ancienne 
480,000  fr.,  des  bois  qui  en 
lui  avaient  été  restitués  par  le 

ff  11  a  payé  ces  acqnisilioiia, 
seur  paternel,  par  le  rempliai  du 
Tente  d'unjs  nuison  de  caniipagiQ^ 
Teciennes,  vendue  SMjOQO  fr.  m 
gbise.  Mon  fils,  outr^  cella  dari 
eu  à  sa  disposition  310,000  fir.  d«  In 
meubles  situés  dans  le  déptrlflOMOft  ^Hd 
de  quelques  économies  et  conicsala 
la  succeMiori  de  sa  mère,  elc.  m 

Ces  raisons  ne  parurent  pas  si 
rcinploircs  ii  tout  le  monde;  on  y 
l.irunc  considérable  dans  réTaloalisa  da  < 
total  (!o  la  fortune  du  comte  Anglis;  Ott  j 
trc  bicncomment  il  a  pu  se  rendre  acoaén 


TIRF.S  PFS  ARcmycs.  3S3 

domaine  de  Cornillon,  et  des  biçns  riip^^^  fit  5)168 
bois  de  madame  d'^arcourt;  çiais  to<^  ^elf  fiy^ 
formait  pas  un  revenu  en  rapporjt  ay.çp  )^  J|f|e 
de  représentation  et  les  déjpe^sçf  P^îç)}^  df^ 
M.  Angles;  dans  riiypollièse  la  pluf  fyygfffî^^ 
un  domaine  de  50Q,0Q0  fr.  ;ne  pçii(  |9|it  99  plus 
rapporter  que  ^»P0P  fr.  4?  MP^I!f>  flP  W 
n'auraitpas  suffi  à  la  teni^e  de  l'étal  4(^  M*  4^^* 

Je  n'entre  qu'a  regret  da^?  ce»  ^é^j^;  f!^^m 
ils  font  connaîtrie  la  fausse  modes^ijs  df^  ce$^^lf 
fonctionnaires  publics  qui^  dans  }<^^r^  ,pljijçe||» 
trouvent  a  se  créer  une  fpr^ne  S^g^nl^sgJV/^  iW 
peu  de  temps.  Croit-on ,  après  tout,  que ,  devant 
lin  tribunal  sévère ,  beaucoup  de  patrimoines 
supporteraient  un  examen  rigoureux  si  l'on  vou* 
lait  remonter  scrupuleusement  a  l'origine  des 
moyens  mis  en  œuvre  pour  leur  acquisition? 
Comment  les  fonctionnaires  publics,  en  général, 
sejmonlreraient-ils  patiens  \\  procéder  pour  leur 
fortune  clans  un  pays  mobile  et  ruineux  comme 
le  nuire?  Les  commerrans,  les  avocats,  les  in- 
diislrieîs  fonl-ils  autrement  parmi  nous  que  les 
fonctionnaires?  Le  mot  de  Diogène  sur  les  petits 
voleurs  et  sur  les  i^rinds  magistrats  de  son  temps 
n'a  pas  encore  cessé  d'être  juste. 

i\l.  Angles  eut  une  lutte  plus  sérieuse  avec 
M.  Duplessis  de  Grénédan,  membre  de  la  Cham* 
brc  des  Députés.  Voici  le  fait  ; 


Ce  clépiilé  avait  clit,  clans  la  séance  du  2j 
i821,  qu'il    n'y  a\ail  pas  de   justice   a   do 
1 ,000  fr.  de  dotation  a  M.  le  comte  Ansslrs , 
la  brillante  fortune  et  le  niagiiîlîque  chitei 
sont  élevés  en  si  peu  de  temps. 

M.  Angles  écrivit  à  M.  de  Gréaédan  pM 

J  plaindre  et  demander  réparation  d'une  9 

biable  personnalité.  La  querelle  s*cngafei  ^ 
ment  dans   une    correspondance     rendoe 

1 1  blique ,  et  fit  craindre  une  allaire  dliona 

M.  de  Grénédan  se  trouvant  traité  de  rabi 
leur  par  son  adversaire. 

A  M.  Du  pif  ai  à  de  Grmedmm^ 

Pari»,  iC  JHB  ifo^ 


, 


V  Vous  avez  laissé  sans  réponse, 
les  lettres  que  je  vous  ai  écrites  le  S  da  i 
dernier.  Je  vous  y  rappelais  qu*nn  ksi 
homme ,  lorsqu'il  a  été  induit  en  errear,  i 
presse  de  réparer  le  tort  qu'il  a  fait  înTsIs 
romeiit  à  autrui.  Jr  vou-s  ai  oifert  les  navci 
vous  éclairer  I  sur  la  fausseté  des  faits 
vous  avez  avancés  a  niun  é^.ird.  Votiv  til 


■  '  M.  An'^'v,  a%.i:i  iii.iiijui:  ^  M.  lii-  (jr^-n  'iL>r  1%%  M^««r 
li*gitlnitt^  J''  M  f'ir!!!".."  «   .  j..  :••  i.i^  le  III-  11-. à  i.     «. 


il 


TIRÉS    DFS    AHCtflVFS.  58f> 

me  prouve  que  vous  ne  l'avez  pas  voàln.  J^àvais 
cependant  lieu  de  penser  qu'après  vos  propres 
expressions ,  vous  auriez  confessé  votre  erreur 
aussip  u  bliquement  que  vous  l'avez  commise: 

<r  Le  public  jugera  votre  conduite.  Votre  refus 
de  vous  assurer  de  la  vérité  \  en  dévoilant  votre 
première  intention  ,  ne  permet  plus  de  voir  en 
vous  qu'un  calomniateur  méprisable. 

«  Le  ministre  d*élat  préfet  de  police  , 

«  Comte  ANGtFS.  » 

'.       >   » 

L'obscurité,  toujours  invoquée  comme  un 
dogme  dans  certaines  fonctions ,  légitimera  con<* 
stamment  sur  elles  les  accusations  les  plus  ha- 
sardées. L'épée  ne  peut  rien  contre  les  soupçons 
de  la  foule.  Je  ne  rapporterais  donc  pas  un  autre 
désagrément  que  suscita  au  comte  Angles  un  de 
ses  employés,  s'il  ne  tenait  a  un  lait  de  police. 

A  Tinstar  des  chefs  d'administration  qui ,  sur 
desimpies  fantaisies,  privent  assez  légèrement 
des  hommes  estimables  de  leur  emploi ,  M.  iVn- 
glos  avait  renvoyé  de  ses  bureaux  un  employé 
supérieur,  M.  Trouvet,  homme  instruit,  roya- 
liste ardent ,  père  de  famille,  qui  s'était  à  la  vé- 
rilé  pcîrmis  (juelques  discours  dont  le  préfet  avait 
été  r  hi)qué.  On  avoue  qu'un  supérieur  ne  sau- 
rait tolérer  do  certains  écarts;  on  estime  cepen- 

iV. 


iUdI  fR'ii  IwU  n^tVttr  I  ina<-p«nda»c«^| 
n^e^  donc  coBcilwr  «^  uilum;  ump*  UbM 
d«  Ja  Uénrdiis  •«•«  !■•  drokU  de  U  firmachâ 
La  question  cit  délinla .  et  vaudrait  ^«W 
résolût;  U  «al  plu  «aple  de  l'esquiTer»  emm» 
on  fait  for  bon  nonk-e  d'i  aires  ^oomm 
M.  Tronvet  ne  aianqsa  pa*  d'inttrmra  k|iièl 
de  M  disgrico  et  de  U  rigueur  do  trvèemm 
qa'on  loi  fcîsait  ëproaTor.  M.  Angles  fit  U  p 
cherté  de  Int  répondre  pi  r  an  article  iaaérédi 
le  ioHTMl di  PoTM  (18  Bbvtrmbre  ISaO) .  •■  n 
dÏHÎt  :  —  «  A  c6té  de  quelques  pcr*onDalîlé» 
impacations  cslonmieiii»*  contre  M.  le  pr4fc 
on  lit  don»  le  pampbkt  de  M.  TrawM  di  p 
tondwi  anecdotes  q«i  ont  U  préieatioa  dM 
seandahoMS,  et  de  véritnblcs  fiidaiocaiMaaHi 
dSia  to«  emphetiyw,  ^i  n'en  fait  ^■hi 
i«M«rtir  la  paéiWté. 

■  C^  dans  cette  derniL-re  ratégvri*  (ha  I 
dAise«)qult  coimaatde  ranger  an  prapoafil 
à  M.  k  pféfet  de  peliee»  au  nijet  d'«no  lafcifii 
qui  aanit  été  perdne  pur  M.  raetbanoAitt'  < 
PrasM.  Cf  ne  sevait  qu'eue  [daiunAanoftnî 
différcDle  «•  soi ,  qni ,  dant  aocan  cas  ••ta 
rait  ilre  oiînuantc  ponrlc  pcrronna^  dfatia^ 
aaquel  en  en  dût  l'applicatîon  Ce  n'col  pas 
que  voudrait  fiUre  accroire  l'auiear  da  pai 
plilct ,  il  ne  tiendrait  à  ftcn  qtie  ,  diM  «m  a 


TIRÉS    DFS    ARCHIVES.  S87 

étrange ,  il  n'y  vît  une  insuHe  contre  des  iStes 
couronnées ,  ou  du  moins  contre  les  miniâtres 
qui  les  représentent.  Une  telle  imputation  est 
trop  pitoyable  pour  être  relevée.  » 

Ce  Ion  de  mépris  convenait  mal.  lleprocher  a 
quelqu'un  son  emphase ,  ce  n'est  pas  le  rétuter. 

9  II  ne  s'agit  point  ici ,  répondit  M.  Trouvel, 
d'un  propos  qui  vous  aurait  élé  prêté ,  mpnsieiM^  le 
comte,  mais  d'une  apostille  de  votre  main^  en 
marge  d'une  déclaration  faite  par  INI.  le  comte 
de  Goltz  (1)  ,  qui  n'avait  pas  j^^rdfu ,  il  faut  dire 
la  vérité ,  mais  a  qui  on  avait  volé  pour  la  ee* 
conde  fois  sa  tabatière  en  sortant  du  spect^pjje. 
Vous  avez  écrit  avec  ou  sans  réflexion  ces  mets  : 
Il  faudrait  donner  un  tuteur  à  M.  le  conUt  de  Golfti» 
Il  est  évident  que  cette  apostille  est  devenu^ 
insultante  pour  ce  personnage  distingué,  par 
Tapplication  qui  en  a  eUc  faile,  et  parce  qu'elle  a 


())  I/*  comte  Ilnii  Je  G(»]l7..  doiit  iî  fsl  ici  question,  t-tait  né 
Prus.si<'i!;  .lidc  (l.:-cfîinj>  (Jug^'nér.i!  Ka1lw<,'iilh  i\  Danîzickcn  1807, 
cl  f*n-n;!e  di:  <:;>''tur:iî  }»'iic]ipi-,  il  fut  iioniiiic  en  iSi4  iwinîstre 
p!énijn)J«'Pii.iii  L-  ;iui)ii'^  <îc.S«  M;»j'!stj  Loiii>  \  VIII.  Il  se  reridit 
à  Vit  11  :)c  il  1.1  Mille  il'-s  ''v.'iicmL'ns  de  iSij  <  t  retourna  auprès  du 
roi  ù  (juiil.  .^î.  de  (ioll7.  /lait  un  Iioniine  (ie  plaisir,  aniateiir  du 
l'Cau  .<L\e,  i;n  j^eu  trop  saus  ex  option  ,  et  connu  par  ses  suc* 
ces,  quelquefois  liés  ficiles.  En  r;<ppe]ant  le  propos  du  préfet^ 
M.  Tronvet  avait  torl  de  rjvcler  la  peilo  d'une  tabatière  de  prix, 
L'inJiicrèlion  n'était  p;:5  cumloisc. 


pa»ii-  sous  les  yeux  d'un  i^ranJ  nomlire  d'9% 
ployés  de  votre  administralion.  • 

M.  Trouve!  n'en  resta  pas  la  dans  tes  fiamâ 
contre  M.  Angles;  mais  TaffAÎK   da  csoilc 
Goltz  amusa  le  public  ,  et  ne  jusUfia  paa  cd 
qui  en  faisait  la  révélation. 

La  disette  des  subsistances,  en  1816  et  IM' 
fut  un  autre  texte  pour  attaquer  l'adoiiiii 

Si  Paris  se  trouvait  dans  le  cas  de 
grains,  dUait-on«  par  la  raison  que  1 
ne  fournissaient  pas  ù  l'approvision 
tral  dans  la  proportion  des  besoins  «  le  ftë 
n'avait-il  pas  été  dans  l'obligation  ,  alors  qac 
prix  du  sac  de  farine  ne  dépassait  pas  eaca 
&t  francs,  d'appeler  le  gouvernement  an  scrsa 
de  la  capitale?  Il  n'-iiilti  de  cette  négligowcqi 
le  gouvcrnemt*nt  mil  en  avant  prc»  de 
lions  pour  acheter  des  grains  chez  I' 
tous  les  prix  que  rélraiigrr  voulut. 
n*arrivc*rcut  en  France  qu'après  Taffloencc  s 
halle  d'une  quantité  considérable  de  farincsji 
qu'il  ce  moment  cachées  et  tenues  en  ffénr 
par  (ii*s  accapareur^  qui  nn  1rs  mirent  snr 
place  (|iic  lorsque  la  c  oiicurreiice  prrle  à  %ik 
hlir  nnMiara  de  leur  porter  un  notable  pH] 
dicr.  Dans  rit)(ri-val!i'  ciilre  la  cli^ctle  et  labo 
danre ,  los  haliilans  de  Paris  s'étaient  montff 
iiuinirts  ^iir  |r  f  !ia|)i!rp  (li*s  «iuliHisianrr*.  Pei 


TIHÊS    DES    ARCHIVES.  589 

apaiser  les  cris,  M.  Angles  prit  toutes  les  me- 
sures réclamées  par  les  circonstance  ;  mais  en 
même  temps  la  dépense  fut  énorme.  En  juin 
1816,  il  promit  aux  boulangers  de  Paris  une 
prime  de  15  francs  (1)  par  sac  de  farine  qu'ils 
achèteraient  sur  le  carreau  de  la  halle  ;  et 
comme  quinze  cents  sacs  de  farine  suflisent  à 
peine  tous  les  jours  pour  la  consommation  pa- 
risienne, il  fallut,  pendant  les  qMatre  mois  et 
demi  que  cette  indemnité  fut  accordée,  faire  la 
dépense  d'une  somme  de  3,057,500  fr.  (2). 

Cependant  le  préfet  de  poUce  s'apercevant 
que  cette  prime  trop  forte  de  15  fr.  par  sac 
ouvrait  une  voie  à  des  abus,  et  prétait  à  de  cer- 
taines  spéculations,  la  réduisit  à  10 fr.  Tous  les 
boulangers  se  plaignirent;  ils  prétendirent  que, 
d'après  le  coût  des  farines  ,  il  était  impossible  de 
donner  le  pain  au  prix  de  la  taxe;  ils  menaçaient 


(i)  Kn  i8i<),  If  prix  du  [)ain  s'êtanl  êltvc  à  dix-neuf  et  vingt 
sous  les  quatre  livres;  ce  prix  était  disproportionné  aux  facultés 
du  peuple  et  des  ouvriers:  on  fit  distribuer,  par  les  bureaux  de 
charité  ,  des  cartes  au  moyen  desquelles  les  boulangers  donnaient 
le  pain  de  quatre  livres  à  soize  sous.  Chaque  boulanger  recevait 
à  la  caisse  syndicale  le  montant  de  la  différence.  Cette  mesure  eut 
le  plus  grand  succès;  la  dépense  fut  cependant  considérable;  le 
nombre  des  cartes  distribuées  s'est  élevé  jusqu'à  cent  mille. 

{i)  M.  Roy  ,  ministre  des  finances  ,  dans  un  rapport  aux  dé- 
putés a  dit  que  les  ])erles  sur  les  subsistances  de  la  ville  de  Paris 
rn  iSiT)  cl  ]8i;  s'etaicnl  élcvceb  à  2\  niiliious. 


1 

I 


u 


390  MhMOIRES   HlSTOKlQrKS 

de  ne  pas  continncr  lenr  commerce.  Pourap» 
ser  ces  clameurs,  M.  Angles  prit  on  arrêté  n 
mois  d'octobre  i816,  portant  que  1rs  boahogcrs 
seraient  indcmnîsc^s  intégralement  de  leon  per^ 
tes  sur  lus  cuissons  réelles.  En  conséq^escc.  ib 
continuèrent  leurs  achats,  et  reçurent  éesk* 
comptes  sur  les  indemnités  promises.  Cet  état 
de  choses  dura,  tant  bien  que  mal ,  jvsqv'cn  éé» 
cembre1816,  et  l'embarras  se  fit  de  s 
sentir.  Il  y  eut  foule  h  la  porte  de  qnelqoi 
langers.  Il  fallut  prendre  de  nonTellet 
et  prévenir  une  crise.  Le  pain  est  ThaUti 
vétérée,  la  routine,  la  manie  da  ParÎBBBa;ls 
Viande  de  boucherie  serait  m  deux  sooa  li  fine. 
le  riz  et  les  légumes  se  donneraient  aa  plas  li 
prix  sur  le  carreau  des  halles ,  qu'en  V\ 
du  blé ,  le  Parisien  crierait  fansine.  il 
t|ue ,  pour  lui ,  la  farine  contienne  en  rdaliii  h 
seule  véritable  substance  alimentaire ,  ce  qaî 
n'est  pas.  La  négation  de  ce  préjogé  gtetal 
peut  se  démontrer  par  la  similitade  plijrisala* 
giqne  des  Keaucerons  rt  des  fanboarieot  dt 
P«iris ,  également  grêles  et  rachitiquet  tovi  Isa 
deux,  biiMi  que  le  premier  se  nourriaae 
imI  dos  drchcls  de  la  muisson  et  Taotre  de 
I ÏÏN*.  tVot  Li  vartéti'  des  alimens  qui 
x(Mi)r  ri*i]*iddiri*  i\v\  i*an«lilutions  et  fa%< 
I  M|-  'Il '^t  î  pp'MVfM'f.  1  -H  .  oi:imi>v.iircs  de  polkc 


TIR£$   DES   AR€HIV£S.  Zqï 

furent  y  chacun  dans  son  quartier,  chargés  de 
yérifier  les  cuissons,  et  d'encourager  les  boulan- 
gers h  continuer  le  nombre  de  leurs  fournées , 
toujours  sous  la  promesse  formelle  de  K^cevoîr 
les  indemnités  convenues.  Ce  moyen  réussit 
quelque  temps  ;  la  foule  cessa  d'obstruer  la  porte 
des  boulangeries.  La  distribution  du  pain  se  fit 
eomme  k  l'ordinaire,  jusqu'aux  jours  du  mèis  de 
mai  1817  :  alors  la  gêne  et  l'embarrïis  du  p^ 
recommencèrent.  On  recourut,  yers  la  fin  dé  ce 
mois,  a  un  moyen  qui  excita  des  clameutli  contre 
le  préfet  de  police. 

A  la  commission  des  subsistances  ^  que  M.  Angles 
présidai! ,  on  délibéra  Vil  ne  cenviendrah  p^s 
de  se  saisir,  en  les  indemnisant ,  des  Ihrines  en 
magasin  chez  les  boulangers.  Plusieurs,  h  l'aide 
de  la  prime,  en  avaient  fait  des  réserves  assez 
fortes.  La  mestire  fut  iulopléej  on  décida  qu'on 
s'emparerait  des  farines  au  prix  courant;  les 
boulangers  ne  seraient  pins  alors  que  des  fabri- 
cans  auxquels  on  accorderait  10  fr.  par  sac  de 
farine  pour  la  cuisson.  Les  sacs  furent  comptés, 
et  les  scellés  apposés  sur  leurs  magasins;  des 
préposés  venaient  vcriticr  chaque  jour  la  ([uan- 
tité  de  sacs  que  les  commissaires  de  police  déli- 
vraient pour  la  cuisson. 

Cette  laborieuse  opération,  qui  parut  des  plus 
étranges,  dura  près  d'un  mois;  les  farines  des 


3ç)^  MCMoini;»  ujmviiiqi;l» 

bouiiingeni  se  iruuvaioni  prcM|ue 
«'•puisées  a  celle  époque;  on  fat  coiilnial  ^ 
renoncer,  lit*»  boulaii^ser»  lurent  alorm  daa»  h 
bligalion  de  recevoir  les  farines  que  le  g—f 

\  nement  leur  distribua  pour  le  soalMB  dt  ki 

commerce  et  les  besoins  de  la 
journalière. 

Or,  on  avait  mis  précédemmcnl 
gasins  de  la  réf^rre  des  farines  de  pîèlK 
à  raison  de  92  fr.  le  sac  ;  mais,  ea  juillet  iSII 
elles  augmentèrent  considérableoieai  s  apièi  I 
récolte»  on  contraignit  les  boubiDgenà 
dix  a  douze  mille  sacs  de  ces  fariwici. 
c|u'elles  avaient  coûté.  On  en  défak|aa  It  ftà 
sur  le  montant  de  l'indemnité  piWMifc  La 
conimercans  réclamèrent  et  firenlde 
mémoires.  M.  Angles  y  élait  accuaé  da 

I  \aise  administration  ,  et  ses  agena  de 

de  foi. 

Le  pain  éluit  d'une  qualité  déIcsiaUat 
tat  inévitable  de  ia  position  des  lHmLMgan>Li 
désir  de  consener  leur  riientelle  les  fiMfakdl 
vendre  k  moitié  perte  les  larines  îmj 
gouvernement,  tandis  que  ces 
achetées  en  grande  partie  pnr  les  agena  de  Tad 
niinistrution,  se  revendaient  de  ploa  bella  afl 
boulangers  réduits  Ii  mettre  dans  le  cmbhmm 
un  pain  inédiuirc.  On  tournait  dans  ua  ceidi 


TIRES   DES   ARCHIVJCS.  SgS 

vicieux,  et  les  agens  faisaient  leurs  orges  dans 
1  e  gâchis.  .  - 

Cet  aperçu  doit  expliquer  les  reproches  faits 
à  M.  Angles.  Toutefois^  les  menées  politiques 
des  partis  qui  divisaient  la  France  absorbaient 
tellement  la  curiosité ,  que  cette  aflfaire  des  sub- 
sistances se  passa  pour  ainsi  dire  en  famille  et 
dans  l'intérieur  du  gouvernement,  entre  gens 
intéressés  à  ne  point  donner  Téveil  à  Tatlention 
publique;  M.  Angles  en  fut  quitte  pour  de  mdes 
apostrophes  qui  lui  donnèrent  un  peu  plus  de 
réserve  ;  il  encourut  également  de  très  inutiles 
observations  de  la  part  de  quelques  hommes 
étrangers  aux  moindres  notions  sur  cette  ipa- 
tière  ;  et  c'est  encore  la  plus  légère  de  toutes  ces 
tortures  administratives.  On  doit  s'attendre  aux 
conseils  des  aveugles,  quand  on  est  dans  le  chaos. 
Ces  malices  réciproques ,  tant  des  accapareurs 
mercantiles  sur  le  peuple  affamé,  que  des  préfets 
dans  rembarras  vis-à-vis  des  industriels  sans  lu- 
mières ,  ne  pourraient  certainement  avoir  lieu , 
si  le  pays,  comme  Tefironterie  de  certains  pu* 
blicistes  ose  le  prétendre,  formait  décidément 
un  tout  compact  d'intérêts  homogènes,  et  s'ad- 
ministrait Ini-meme  en  réalité.  Dans  un  pays 
où  les  intérêts  s'entre-choquent  avec  acharne- 
ment pour  prévaloir  les  uns  sur  les  autres ,  où 
le  revenu  de  ceux-ci  se  compSse  de  tout  ce  qu'ils 


1 


S94  MÛNNtU   BISTORIQintS 

peuTênt  dérober  ans  reTenut  de  oe«s-Ki  •  il  bN 
ni  nationalité  »  ni  moralité,  ni  liberté,  ni 
on  ne  peut  y  Toir  qu'une  banqueroale 
dea  forces  indiTiduelles  et  sociales,  deal  îl  c 
même  impossible  de  dresser  le  bilan. 

Je  n'ai  pu  suivre  un  ordre  rigosrcaHSMi 
chronologique  en  parlant  de  radaHDMtnlioa  i 
M.  Angles ,  les  opératioM  do  giuido  peSee< 
de  poKce  municipale  s'étant  croiiéM 
espace;  j'en  ai  dit  aues  loalcfiMS 
connaîlre  Thomme ,  et  montrer  T 
ment.  Les  partis  royalistes  et  libérMR 
chaque  jour  de  la  consistance  ;  «n 
s'annonçait  dans  le  ministère,  c'Moit 
coureur  de  la  retraite  de  M.  Anglèo. 
eut  lieu  au  mois  de  décembre 

Il  (ut  peu  regretté.  Le  parti  q«i 
le  peignait  comme  un  enricU  el 
agent  passionné  du  pouvoir  deapetiqw , 
sation  pour  le  moins  fiÎTole ,  phie 
profondie ,  et  dont  on  abuse  eoi 
lieux  communs.  Pour  enrichi ,  e^esl  mstra 
personne  ne  crut  au  désintéreaaement  éeW.àÊ 
glès ,  non  plus  qn'ît  celui  de  ses 
dans  la  même  place. 

Il  n'était  pas  homme  de  plaisirs; 
Angles  n'en  était  point  ennemie.  Quoi^we  té 
avec  des  damc«  du  prend  monde ,     ^ 


TIRÉS   DTS   ARCHIVES.  5g5 

peut-être ,  son  mari  ne  se  laissait ,  en  aucune 
manière ,  influencer  par  ses  recommandations 
ou  celles  de  ses  amies.  La  seule  faiblesse  qu'on 
peut  lui  reprocher,  c'est  d'avoir  permis  des  bals 
dans  l'hôtel  de  la  préfecture.  Donner  des  bals 
sous  les  yeux  des  détenus  renfermés  dans  la 
même  enceinte  est,  dit-on,  une  grave  inconve- 
nance ,  un  scandale.  Pourquoi  cela  ?  L'honnête 
vicomte  M.  de  Montmorency,  un  peu  jésuite , 
et  par  conséquent  bon  homme ,  ne  le  pensait 
pas  quand  il  introduisit  àes  écoles  de  chant  dans 
les  prisons.  La  musique  et  le  plaisir  ne  sont  pas 
des  outrages  ;  et  nous  pensons  que  les  prison- 
niers préfèrent  en  général  le  bruit  3es  violons, 
dût-il  les  tirer  de  leur  sommeil ,  aux  cris  des 
verroux  et  des  grilles.  Il  ne  faut  pas  chercher  des 
motifs  de  reproches  parlent. 

On  a  inséré,  dans  \e Moniteur  du  17  mars  1828, 
une  notice  biographique  sur  le  comte  Angles. 
Elle  est  d'une  main  amie.  Si,  comme  dans  toutes 
les  oraisons  funèbres ,  on  en  fait  un  homme 
accompli,  bannalitc  de  panégyriste,  au  moins 
doit-on  convenir  qu'il  s'y  trouve  des  traits  de 
ressemblance.  Il  est  mort  ii  sa  terre  deCornillon, 
le  1 0  janvier  1 828 ,  âgé  de  cinquante-neuf  ans. 


I 


i 


I 


1 


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nu 

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