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Full text of "Mémoire sur les noms propres et les titres musulmans"

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I 





L 




MEMOIRE 




SUR 



LES NOMS PROPRES ET LES TITRES MUSULMANS 



PAR 



\ 



M. GARCIN DE TASSY 



MEMBRE DE L IVSTITUT, PRESIDENT DE LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE , ETC. ETC. 



D£nXl£M£ ÉDITION 



SUIVIE DUNE NOTICE SUR DES VÊTEMENTS AVEC INSCRIPTIONS 
ARABES, PERSANES ET HINDOUSTANIES. 



PARIS 

MAISONNEUVE & 0^^ LIBRAIRES ÉDITEURS 




S5 Quai Voltaire 



1878. 




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MÉMOIRE 



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SUR 



LES NOMS PROPRES ET LES TITRES MUSULMANS. 



es 



IHPBI3CESIE DE E. J. BsiLL à Loyde. 



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le X^ettre de JPepse ! 

■ ■ I > I I I I Ml .] 

g UN GROS êVÈNEMÉNT : j 

î^ La soppression des titre» noMiaire» | 

La nobleéso * Perse est morte. Bntendaz par là 
que les titres Tobill^lfes vJennôtit. d'ôtr« tuppri- 
mes dans Tewire du Lion et du Soletl Le 5 mai 
dernier, sur la propositioû Impérativè du premier 
mmlstre,ie Pariemeut^ftos uxie «éawîo méi^^ 
a fàïi'SOTte ^nttiûaslaâïtœ le ]?a«*ii^6]Sor Easflel.de 
la démocratie .d'uae Institution qui r^moate au. 
^ernps dC3 khalifes Abassidps. ,,^h^. „^^ " 

cW est fait désormais de c«s appellali<Mis pom- 
peuses et charmantes qui faisaient 1 orgueil des 

personnalisés considérables ou «Jn^^Plf^^^^î.^ifXT 
raées de remplrc de Perse, qt l'admiration de« 

etpansers* 

Il n'y «lUTB pliïs désormais en Perse de Souticu 
de la royautéi^e Confiance du gouvernement, de 
Scintillement de l'Etat. d'Orgueil du sultan, de 
Conseiller des Etats, de Comète impériale... Il nj 
à mônio ph» M Maréchal eublime. ni de Sabte de 
médeciiwj. Qui sait même s'a subsistera des altes- 
ses et des excellences? Une institution vieille de 
< 200 an» vient de s'écrouler. Los titres étaient dé- 
cernés par le ohah. II* n'étaient paji hér^itaires, 
uM Plus qu« les mérites ne le pont Ils avalent une 
hiérarchie, tes pius recherchés 9? paraient de la 
aSinence ialtanch ou dolek; ils témoignaient de 
l'estiroe de la royauté ou du gouvernement, ve- 
nllent ensuite les titres mérités par les ^r- 

vices censés rendus au sultan ou "".P»^» /;»«?i*V 
Enfin, les litres dont on ne pouvait décc-mment 
pdver les bons serviteurs des Etats (tUmamnlek 
pluriel de moUt) ou do la cause ïmpcnale (Ao- 

'"eh marge de Cette hiérarchie fleurissaient d'aii- ' 
tre» titre» qui n'avaient pas de rapport avec la 
royauté, l'empire, le gouvernement, le sujtan ou 
les Etats, mais qui marquaient seulement une 
prééminence reconnue dans l'exercice d'uM pro- 
îession — et d'autres «ncore, fleurons hors con- 
çois qui ne s'épanouissaient que po"»^, «f <ie"]f 
ou trois personnalités les nlus Immcntes de la 
tersc âpris le chah : tel le litre d'A abcgh aazam. 
dont 10 possesseur ne- peut être moins que géné- 
ralissime, premier ministre, intendant du 
royaume, et quelque chose de pl"» «n^ore. 
A la\^'rilé; les titres de tout ranR avaient fin 

par ôtre innombrables. Il <a?it P^" F I^'^'^fl-M^ 
sang de gros propriétaires, de lonctionnaires vor- 
& qlf n'eussent le leur. Par là, la noblesse per- 
sane se rapprochait de la noblesse anglaise, nu ne 
compte pns^^sculement dans ses ran.§3 aau.liejUi- 
ques descendants de guerriers, mais qu» fccorde 
aussi le titre de lord aux hommes émment, dans 






de lieu. Un allas suftlt h la contection d u u tmr 
irt«prochablc. Les titres Pe"»"*,;,^.""^' f'.;^"?:' 
ralrp. aussi chargés de sens qu'Us «on,'. °'/ei&.. 
lU MTlent à l'imatîination. Ils ne rappellent pas 
S ?^u géoVaph.que..l.s célèbrent une^^iualité 



'jPderatiori eu iileur posseiBSOP. Ha lérDOlfmcnV 
VunC imaginntloi jsmnis lasse dans la rechercUs' 
Msa superbtifs. lA décâleiit par Eurcrott chez leurs 
Ittivenleurs uQo eoniiaisBaucR «pprofcncJie ries ri- 
"iesse du vocaijillairà arabe, car les alghab (ti- 
■Es) aoflt toujours composés' en l&ngue «rabs,, 
8 Wiïlnigtieot dans !e«r combinai." on, qu! doit' 
ff saf ti»amtiwi4 décorative et de plus inédit», 
wtiinl de bon (toClt que d'injïéiiiosHiî, 
4.. îjQur disparition est une grande perle pour les I 
j "poètes ftceidentatîn : tous ces titres otiatoyatits ne ■ 
seront bientôt pitls qu'un souvenir d'époques abo* 
lies, carnijie cas eomptueux costumes de cour qup ' 
portaient fl y a un sî&cJe ou doux les nobles per- 
jans et quon «e fetrouve plus — ddfroqiies d^pa- 
reillCes — quo dans los boutiaiiea daiitiquaires. 
X'indoatrio ucfiilentale a causii la mort ùes chefs- 
d'œuvre de tJïS!:.îe [jersnn. Lc9 artisans peraana- 
ont dû cMor la place aux revendeurs d'éloms «u- 
.rop&pnnB», Un souffle vr;iu du nord renverse 
1 maintenant Ic^ colonnes de l'empire persan. 
f La proniulgàtlort de la loi n'a pas été accueillie 
[snps ^motion h. Téhéran. Tant do gens qui iiM- 
/*aicnt-McTl do rtioins ijne io Ouide dé )a royauté 1 
[t-u le Bras do l'Eiat se retrouvent maintenant AU; 
jllossdlri ou Hassan comme devant! Comment se 
■ reconnaîtra au milinu de ces noms dépourvus de 
! gens et de porsonnalllB? Ouà cela no llnnnc. Par 
: ordre do S. A. le prejnîer ministre, les nobles per- 
saôs ont (jté invités & adopter d'urgence un nom 
do famille 

lyft presse de Téliérân célébra l'événement — 
avivant la formule oecidftntBte ^~ commo un 
trlpniptie de la démàcmtie et ouvrit suesitjît une , 
rubrique spéciale pour le» nouveaux amputés, où, : 
(ûntre CUM^tomaHS f-lO frttrtca), chacun peut ins- 
Bi-|ro'le titre qu'il laisse et io nouveau nom qu'il: 

S rend : en faie de la parurp ancienne, la nudité' 
i! son nouvel état. 

Le pr&raiev mlnislre a donné l'exemple. II a; 
fait t'Rbandon do «on titre de Sardar Sepah, don; 
du Chali, pour reprendre son nom do Réza Khan,' 
; auquel il a ajouté celui de Pahlévi, Quelquo»' 
' Jcnirs aprAs II faisait savoir nu peuplo que lai 
I villo d'H-nzéli' ftUf la Caspienne i^'appellerait désor- 
mais Bendef-Pahlév! (port PafiléVi). Ln' garde 
, impériale aussi s'appollo désormais garde Païtlévli, 
' Le commun des assujettis à la nouvelle loi, quS 
' ne dispose pas de pareils moyen!, s'ingénie A se 
découvrir des noms do ramilie, La chose ne va 
pas sans dlfiloultés. Des contestations s'élèvent. 
'L'un diti.il J'ai t'liQUi'.î.e.l nom Ig .ri'gmtgr. Ls. 

nom de Choulough ahadi est dans ma famille de- 
père en flls, » Uautre rétorque : « J'y prétends 
aussi. » Une nouvelle rubrique « Protestations » 
s'ouvre immédiatement dans les journaux ou. 
moyennant quelques tomans de plus, chaOun 
peut exposer ses doléances. Les Persans ne se 
' passioanent pas- moins h ce jeu que les Améri- 
cains aux jeux des mots eu croix. Et les direc- 
teurs de journaux ne sont pas sans, trouver quiil- 
quB intérêt à ces cooirovwaes. _.. . ., - — . .-u 



■ T)n aiffoiC -to'rf de fu^r sans RSpottânSe Tè 
geste symbolique du Parletneot persan. Leà ttlres 
TiâbitJairs ooobirés par Iq chah suiti inorî». Uais- 
d'entre leurs débria une nqiiyolle .iiob!e=se c*t 
née, te DobleEse Pablévî, jusqu'à piûïent réserVi^e 
à un seul. Celte ' seule constiquence et les i6~ 
Uexioas qu'elle- peut sugsférer valent de" retenir 
l'aEtention. Il y en a d'autres. La dispnrilitm doa 
titres a âiminué les titulaires. Les plus gnind» 
titres sont les plus alleints. La Perse, JérnocriL-- 
•tique pKP'Ê» Constitotioa, est encore, à ccrLavus 
poiats de vue, féodale en fait. Une douzaine de 
grands féodaux portpieAt des titres reapectÉa-^-i 
Xeup puissance donnait du lustre à leur tilw!, 4 
Mais leur titre les faisait reconiiatlfre pxx» ^à 
grands, t» Commandeur supnkne est 'un h<ïm^^ 
consiëérnljl& par sa richesse et les fonoUons" 
tm'U a exAfoees. Dana toutes los provinces dont 
il fat lajrouvarneur, il a sçquia des Meus im-, 
meiusi. Dans cbaquB villa il possède des c^u- 
loiius fie domestiques et de paysans. Qu'un gou- 
. veroemeol s'svise d'einpriiionner la Comn)audeui> 
suprême et veuille s'en débarrasser par des 
moyens violents, ses vassauit ne nianq^ueront pas 
de B'émnuvoir. Des troubles se produiront. laais 
aujourd'hui le Commandeur auprSme est mort 
vtïHuellement, Qu'importera eu peuple qu'un 
(diseur &bolaTn Hossem soit pendu? 

L'BFistocMtie persane était une fgree. Par quoi 
sera-t-^lle remplaeée? 

11 seiQble bien que ces cooside rations aient été 
le mobile des instigateur? de la présente mesura 
car les femmes, qui ne jouent en Perso aucun rôle: 
politique, en ont été exccpliîes. Elles pourront con- 
server leurs titres... Hais peut-être l'exceptioa 
dont elles bénéUcieat n'est-elle que le fait da là ga- 
ianteris du Perlement? El peut-ôtre la Perse, quf 
répudie le Soutien du gouvernement et ia Sage; ' - 
de l'Etat, veut-elle conserver •'•■ —-■>"- '- "~--^- 
l'i^tat, le? Délices du pouvoir 
-1- Hoza, , 



ernement et la Sage^ise j 
ir du nioi'ns la Perle de / 
r et la Lune impériale? I 



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MEMOIRE 



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LES NOMS PROPRES ET LES TITRES MUSULMANS 



PAB 



f < (M.) GABdN DE TASSY 



icEMBBE Ds L'mflmnrr, pjKésmENT de la société asiatique , etc. etc. 



ÉDITION 



SUITIE d'une notice SUR DES VETEMENTS AVEC INSCKIPnONS 
ABABES, PERSANES ET HINDOUSTANIES. 



PARIS 

MAISONNEUYE & &^ LIBRAIRIES ÉDITEURS 

se Quai Voltaire 
1878. 



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MÉMOIRE 



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LES NOMS PROPRES ET LES TITRES 



MUSULMANS. 



Une des choses qui embarrassent le plus les personnes 
qui yenlent s'occuper de l'histoire de TOrient musulman, 
c'est la quantité de noms, de surnoms et de titres hono- 
rifiques que portent souyent les mêmes personnages, 
surtout dans l'Inde. Ainsi, pour n'en citer qu'un exem- 
ple , le célèbre snltan mogol que nous connaissons sous 
le nom à^Aurang^zeb , qui n'est cependant qu'un titre 
honorifique signifiant TOinement du trône'\ est égale- 
ment désigné sous le titre de Alamguir ''Conquérant du 
monde", tandis que son nom est Muhammad et son sur- 
nom Muhî uddîn "le Vivificateur de la religion". Ces 
différentes désignations , et même l'emploi simultané de 
cette suite de noms et de titres , offirent souvent des in- 
conyénients réels et donnent lieu à des méprises. On 
confond quelquefois, en effet, des noms propres ayec des 
sobriquets et des surnoms honori^ques, et c'est ainsi 
qu'on a quelquefois méconnu des personnages histori- 
ques et qu'on a d'autres fois séparé le même en plusieurs 
indiyidus , ce qui ne serait pas arriyé si on s'était bien 



- 6 — 

rendu compte de la différence qui existe entre les diver- 
ses dénominations, dont il s'agit , de leur valeur et de 
leur emploi. Les musulmans chinois ont tous un nom 
arabe , mais ils ne sont désignés ordinairement que par 
leur nom cUnois. Le système des noms propres chez les 
musulmans est , à la vérité , très-compliqué , et il n'a ja- 
mais été présenté dans son ensemble. Je vais essayer de 
le faire. 

n fiiut distinguer des noms propres , les surnoms , les 
sobriquets et les titres purement honorifiques; les noms 
de relation , les titres de fonction ou de dignité et enfin 
les surnoms poétiques. Ces classes de noms sont dési- 
gnées par des expressions particulières en arabe. 

J. de Hammer publia, en 1853, un mémoire sur 
un sujet analogue: Ueber die Namen der Araher. 
Il y compte deux classes de plus que moi des noms 
propres, le k^a^LjlJ] le surnom honorifique tel que 
«iSL^Uit — Mfj^bXMd\ et le ^\y^\ le surnom honori- 

fique spécial » comme ^^^^t tuf^^ etc. mais ils ren- 
trent dans mes subdivisions. 

Les noms de la première classe sont appelés 'alam JL^ 
''nom propre", c'est-à-dire plutôt ce que nous appelons 
en France prénom et en Angleterre Christian name; car 
ils équivalent au nom de baptême ou nom de saint, 
comme Muhammad , Ali , etc. 

La seconde classe se nomme hmyat )fJJSj qu'on tra- 
duit ordinairement par mmom* C'est bien un surnom « 



eognamen , nuôs non pas tel que notiB Tentendonfl ; car il 
ae oomposeï en géoéial, dumotaM^i ''père'' ou du 
mM Afi^l ^fils'* etd'nnautxenom^oomiaeAbùYacûb, 
IfanYaeâb. 

Les flolniqnetB on les lacabs \^fJii ^ comme Abûnâca 
jJu^i ^lePèfe (dans le sens de possesseur) àehk âok- 
melle", Abu maza %ytA yA ^le Père ou le Possesseur de 
la chèyre,'' etc. finrment la seconde classe, qui comprend 
les titres honorifiques appelés spécialement hkit/Sb 
yJli^f quoique confondus avec les lacabs^ comme Adad 
(ou Azad) uddaula jJ^oJt Ouu^ '^le Soutien de l'empire," 
Sehams uZmaaK^Uil yj»^ ''le Soleil des choses éleyées." 

La quatrième classe se compose des noms de relation 
de tout genre, ismri nisbat \:yjkM^ «j^t, tels que Scuxdij 
c'est-à-dire ^celui qui se rapporte à SaacC\ Cazvnnî ''na- 
tif de Gazwln ou Cazbin, dans llrftc ajami". 

La cinquième comprend les noms de fonctions uhda 
«J^xi et de dignité mansab s^^ajûja ou martaba xy^. 

Enfin la sixième comprend les noms de fantaisie que 
les poètes se donnent, noms par lesquels ils sont ordi- 
nairement désignés et qu'on nomme tcJkhaUus \joi^j 
comme Yaquin "certitude", Uzlat "isolem^t". 

Dans cette liste ne se trouye pas le nom de famille. 
En efiet il n'existe pas clie2s les musulmans de nom de 
Àmille ou de maison, lenomengentiSf ou patrcmymique. 
11 n'y a, en réalité, que des prénoms, prœnomen, des]] 
noms de circoncision et des surnoms, cognomen et agno* 



— 8 — 

men. Chei kl iinH«linwMriflttn'eifcwgdièw«atttlié> 
tU&taire. Ainâ iln*7»pis dm «n de Tétiteble aiu- 
toentie, rt ils n'en ont pis isAme le sontiniaii *). «Me- 
bamei-Ali fiit le portier §b IL Ljqh agoni ooneoleiie 
de France à k GaT«le (HÎMxdcmie). ViuPtelim i 1^ 
de Syrie m*a dit, M-mème, sfoir été KaTonasàla 
poate de rintemonee d'Antiiehe i CSonatantinq^Ie. Il 
y a des oiQlMn de eea exempka en TuqiDe. Djei- 
sar-Pacba araii été garçon-tiarbier dans aon paya 
(Bosnie). Il prit enaoite le métis des année et finit 
par deyenir, comme le Sonrezain de la Syrie y tout fier 
d'ayoir résiaté an Glàséral Bonaparte et dès lora n'ayant 
plus en de considération ponr le Sultan, son mattre ')'*• 
Les musulmans appellent Tagnement khâss « âmm 

2o^ JcH^ les gens distingués et le yulgaire, les deux 
divisions apparentes de la société ce qui équivaut aux 
expressions enfanU (TAdam et enfanU des hommes de 
la Bible*), et ils donnent le nom de wujûh «^:>3 , c'est-à- 



1) Ceei est peut-être trop abioliL Sans reeonnaltn une arisUieratie offi- 
delle lee mvMlmâns ne manquent pas 4e mentionnier, dans roeeaak», feus 
ateendants distingoA et à propros des personnages eonnns les historiens 
eitent somrent leurs géiâdogies. (Laff nllah ranteur d'une intéressante Auto- 
Inographie fait remonter la sienne à Adam); mais sans entirer laoQns^nence 
qne ces personnages appartiennent à une elasse en réalité pins âevée 
qne œnx dont on ne connaît pas les ancêtres. Cest ainsi que dans les 
Etats-Unis, ofi règne T^lité, les fiimîlles de sooche noble le rappellent 
volontiers, mais sans y attacher d'importance. 

%) IBxtrait d'une lettre de feu Ch. Ed. Guys. 

8) Voy. Ps. XLVIII. 



— 9 — 

dire "YisAgeeT, aux notables d'une localité rénnis qnd- 
qnefoifl en conseil; mais cheas enx le souyerain est tout; 
an delà, il n'y a qu'obéissance passive et égalité sodale. 
Un sultan , par exemple , s^entretient par hasard ayec 
un indiyidu qu'il rencontre en se promeaant; il est 
charmé de ses spiritneUes réparties et il le nomme tout 
de suite son ministre. Cest, à la yéiitéi la polygamie, 
qui n'a pas permis aux gouyemements musulmans d'éta- 
blir une aristpcratie comme chez la plupart des peuples 
chrétiens. Quand on songe que Fath Ali Schfth, le der- 
nier roi de Per^ , a laissé dnq cents petits-enfants , et 
qu'un quartier entier .de Dehli n'était habité que par des 
princes de la race de Timùr, on sent que le prestige de 
la naissance doit s'efiacer presque entièrement dans 
l'Orient. 

Par une conséquence naturelle , il n'y a pas d'armoi- 
ries en Orient, mais des deyises où se trouye ]e nom de 
la personne , et des monogrammes, ou chiiSres de lettres 
entrelacées dans le genre du ttt^a du sultan de Constan- 
tinople qu'on yoit sur la porte de l'hôtel de son ambas- 
sade à Paris ^). 

Toutefois, dans quelques des pays musulmans , l'u- 

1) Ces devises oa ces chiffres sont gravÀ sur nn cachet qne les ma- 
snlmans portent an doigt, et dont ils mettent l'empreinte snr leurs 
lettrçs au lieu de signature, après avoir eu soin de le noircir à U 
famée de la flamme d'une bougie. Ces cachets contiennent souvent 
un yers qui fidt allusion au nom du possesseur. Tel est le suivant, 
qui se lisait sur la bague d'une princesse (Begam) Mariam et que je 
rétablis en caractères persans d'après la transcription de Chardin (t 



— 10 — 

mgB esmpéflB des iéoontkm ^mt MtiL Qa kar 
doniie k Bom poMU de fiMAm ^Lââ ^^mttqve, ngne" 
etedm qiii les 'pad^eÊivppééniêdkmrdârAjJu^ 
«pQrte-msrqsfl^. Aioai, il y a en Pêne la déeention 
àMlâoaeiiu9fûaltni8Mnêeierokkur9ehed .jJ^ 



Ju.&Qr>3, et en Taïqiiie k mseAan tyï£Uar.UsM ^j^J 
oa ''k maïqne de distinctiaii'*, établk par k adtan 
Mabmùd, et k niaekân madpdiga ajJl^ qI--^ <ni 
«la déecnatlon d'Abd nl-xmâicT. 

Malgré ce que je Tiens de dire y il 7 a cependant chez 
les mnsolmans une noblesse d'origine qm n'admet pas 
d'incorporation nonreDe et ne se perd jamais, c'est céQe 
des schérifi on descendants de Ifahomet, qoi portent 
dans rinde le titre de mtr, al»%é d'amîr on ''princeT. 
A k Mecque et dans tonte TArabie, cette sorte de 
noblesse se compose, non-seolement des descendants de 
Mahomet , mais des descendants de ceux de ses contem- 
porains qni étaient issos des prémices fimodlles de k 
Mecqne, de cenx qni s'appelaient sckanfi Màkhak on 
'tebk de k Mecqne*. Noosayonsyn il j a quelques an» 
nées à Paris, dans Abd nl-câdir, nn représentant de cette 
noblesse, dont il 7 a anasi des membres dans les rangs 
les pins infimes de k société. Quel est le voyagenr en 

Y, p. 465), nuÔB en retniichaiit sa Beeond li^imstiGlLe le mot uÛ 
aÀ*^ qnft repoiuae k mètn, qui est le nm/eompoa^ des pieds qjÛLaD 

SltaMiiaeoaSaiieeenDiea, eette priansse qiii est ille d« ni^ 



— 11 — 

Orient à qui il n'est pas arrivé de donner ramnône à 
des émirs au turban vert I descendants de Mahomet? 

A cette exception prèis, Tayantage de la naissance 
n'est pas apprécié par les musulmans; et, en effet, les 
idées d'égalité sont telles chez eux , que souvent celui 
qui est parvenu de la position la plus basse à un rang 
élevé , ne dédaigne pas de conserver le surnom qui in- 
diquait sa position première. Ainsi le pacha de Saint- 
Jean-d' Acre , pendant l'expédition française en Egypte, 
se nommait Ahmad Jazzâr Pâehâ , ou ''le Pacha bou- 
cher", parce qu'il avait été d'abord boucher. Tels furent 

Abu Jafar tiihaddâd ô)3^ ou ''le Serrurier^i sA Abu 

Jafar iissaffâr ^LA*a!t OU "le Chaudronnier", célèbres 

spiritualistes ; Fakhr uddîn ibn MukanncLS ^mJXo ^\ 
ou "Fils du balayeur'', auteur d'un diwan en langae 

arabe; Zajjâj J^j "le Vitrier", fiemieux grammairien; 

&*% ^ ^ Id.tamr'. ««»., «>i« «ta», d',u. 
théologien fameux et d'un réfugié égyptien , auteur de 
plusieurs ouvrages; mais qui, à la vérité, était chré- 
tien ^). Et tandis que de grands personnages conservent 
les sobriquets les plus vulgaires, de modestes parti- 
culiers reçoivent des titres princiers ; ainsi , à Oonstan- 
tinople, on donne le nom de snltan à toutes les personnes 

1} En Italie et en Ecosse, on a donné de marne quelquefois à des 
personnes qui se sont distingua par leur talent, des surnoms tir& de 
Yétâi de leur père. CTest ainsi, par ezem]^e, qu'on nomme un peintre 
célèbre Andréa del Sario «André du Tailleur*. 



u 



— 12 — 

àqni on adraae la parole» et, dans l'bide, eelni de 
khalife anz tsQlflnrB. Un simple commentateur du 
poSte arabe Ibn Yàreà se nommait Amir PaéktMk 
'^ Prince empereor^ ; Tantenr d'nne histoire célèbre 
de Tamerlan, Ibn Arabsehâh^) ^le fils du roi des 
Arabes''; Kâtib ChOibi, le biographe, Hâjji EJudfa 
"«le Khalife pèlerin* etc. 

La prospérité éphémère des empires musulmans n'a 
tenn qii*aa chef de l'État. Ayec Hftrân nrraschid et 
Hàmûn, le khali&t fat florissant , parce qne ces son- 
Tenons ayaient nn grand mérite personnel et le talent 
de s'entonrer des hommes les pins capables. Il n'en 
fat pas de même sons leurs successeurs , aussi Ghnguis 
khfln put-il anéantir avec facilité ce formidable établis- 
sement. 

On place généralement ces noms dans l'ordre Bulyant: 

1® Le surnom honorifique heàb^ ou plutôt le hkitSb , 
comme 9 par exemple» Tâj udcRn ''la Couronne de la 
religion" ; 

2® Un surnom {kunyat) de paternité,' comme Abu 
Taïytb «le Père de Taïyib"; 

8® Le nom propre ou (dam (notre prénom)» qu'on 
néglige souvent d'indiquer» comme chez nous; 

4P Un ou plusieurs surnoms distincti& de descen- 
dance» comme Ibn Ahmad "fils d'Ahmad"; Ibn Mu- 



1) SebihAb nddîn Ahmad ben Mnhammad ben Aialncbâli, mort en 
1460 de J. C. 



- 13 - 

hatnmad, ibn Abd AUah ^Fils de Muhammad et petit- 
filB d'Abd Allali''. 

5^ Un yéritable sobriquet on lacab, s'il y a lieu, oomme 
<ataii&U Jk^jfait ^le longf I ou le nom de relation {niUbat)^ 
eomine Basfi ^àe Baflsorah*'. Tels Bont, par exemple, 
les noms des princes aglabites'), qui régnèrent en 
Afrique dans le iz« siècle : Abu Ibrfthim Abmad ben 
Hubammad el-Aglabi et Abu Mubammad Ziyftdat 
Allah ben Mubammad el-Aglabi; 

60 Snfin certains titres de fonctions ou de dignités 
{maruab s^ajoXa), dont quelques-uns se mettent avant les 
nomsi comme on le voit dans le nom du niz&m de Hai- 
derâbftd, Nawâh Açaf-jâh muzaffir uLmamâlïk Mir 
Farkhwnda AK khan Bahâdur Fathjang^ c'est-à-dire, 
"le nabab de la dignité d'Açaf (ministre de Salomon), 
le vainqueur des provinces , Témir heureux, Ali khftn , 
le brave qui combat victorieusement". Toutefois, la 
place que doivent occuper les noms et surnoms n'est pas 
bien précise , et ce n'est pas toujours d'après l'arrange- 
ment que je viens d'indiquer, que sont classés les 
hommes célèbres dans les dictionnaires historiques. Bien 
plus I ils ne sont pas même classés d'après les noms 
sous lesquels ils sont le plus connus. Dans les tazKras 
modernes , les poëtes , par exemple, sont classés d'après 

1) KaaI^I , plnrid de aglaH (^yJLct , qui déiÎTe du mot aglah wJLfit 
'▼ictorienz* , qnalificatioxi honorifiqne donnée au père d'un général de 
Hftrùn arraschid, personnage dnqnel cette dynastie tire son nom. 



- 14 - 

leur takhaUus^ oa ^^mmom poétique'^'). Toatefois, 
cet ordre n'est pas absolu , car on y déroge qnelqnefoiau 
Ibn Ehalliean a sniri Tordre des. o&mim. Ainsi le poète 
Abu Tammftm se trouve sous la rubrique de Habib; 
Mutanabbi, sous celle de Ahmad, et le célèbre histo- 
rien Tabarl, sous celle de Mubaininad. Dans Daulet 
sehâh, les écrivains sont d'abord rangés selon l'ordre 
de leur position dans le monde ou de leur genre de 
mérite; mais il n'y a aucun ordre alphabétique quel- 
conque dans la classification qui a été suivie dans les 
chapitres. 

On voit que ces classifications sont arbitteireSi et 
qu'ainsi il n'est pas fiieile de se servir de ces ouvrages, 
qui| en définitive, ne sont pas des dicttonnaires histo* 
riques proprement dits. Il n'en est pas de même de 
celui de Hadji Ehalfa , où les Uvres sont mentionnés 
par l'ordre alphabétique des titres , ce qui le rend d'un 
usage beaucoup plus commode. Aussi ept-ce un im« 
mmise service que le Comité des traductions orientales 
de Londres a rendu au monde savant, en fiivorisant 
l'impression et la traduction de ce répertoire de la 
littérature orientale. «> 

Dans tous les cas , il est essentiel de bien connaître 
les divers noms des personnages politiques ou des écri- 
vains , parce qu'ils ne sont mentionnés ordinairement 

1) C'est Tordre que j'ai adopte dao» mon Histoire de la littérature 
indienne (hindouie et hindoostanie). 



-lo- 
que 90I1S on de leuzs nQms, siimomB ou titres d'h(miiear« 
Souvent les titres des ouTrages, qui sont ordinairement 
doubles, et dont la première partie est toujours allé* 
goriquoi font allusion au nom de l'auteur. Tels sont 
ceux de Adoh idfâzU ''la Conduite de l'homme hono- 
rable'^i ouvrage de philosophie par le D' Alfikil Schams 
uddln Muhammad; VAkUâo-i jalâti ''les Fréoeptea 
de morale", de Jalâl uddin Muhammad hen Âs'ad 
Sadtqul Diw&nl, et nombre d'autres, qu'il serait trop 
hng de eiter. 

Ce que nous appelons le prénom , c'est-à-dire le atam, 
ne <diange pas, non plus que le surnom d'origine» 
e*eBt4-dire celui qui commence par le mot Sm "fils"» 
eela va sans dire; mais les autres noms, surnoms et 
titres, peuvent changer. Ainsi, un individu ne se 
nomme, par exemple, Abu Ahmad^ qu'après qu'il a 
eu un fils nommé Âhmad ^). On change souvent aussi 
le nom de relation. Ainsi, le même aut.ettr est quel« 
quefois surnommé du nom de sa province et du nom 
de sa ville , par exemple , Afriquî "Africain'^ et Sabtt 
^àe Ceuta"; puis, s'il change de résidence, il prend 
le wjpa de sa nouvelle résidence: Andalou2fi "d'An- 
dalousie"; par exemple, et plus spécialement, Gamatî 
"de Grenade". H en est de même des nouveaux titres 
d'honneur qui excluent les premiers ou qu'on prend 

1) Selon un kadis, cité par Lane (The Thousand and one Nighi^ 
t. I, p. 810), on ne doit pas prendre le nom de son fils aine 
forme de kuni^at. 



- 16 — 

fiimaltaiiément I et du takhaUus , dont on change quel- 
quefoifi ou qu'on prend double et triple. 

Je vais , du reste , m'occuper tour à tour, avec plus 
de détail, de ces différentee classes de noms dans les 
contrées musulmanes où l'arabe, le persan, llikidou- 
stani ou le turc sont usités ; c'est-à«dire les principales 
contrées de l'Orient musulman. J'ai suivi dans mon 
travail la prononciation la plus régulière, car les mots 
orientaux varient beaucoup de prononciation , selon les 
pays; ainsi, par exemple, Sulaîman^ c'est-à-dire Sa- 
lomon , se prononce SUman en Barbarie , et tel est , en 
effet, le nom que donnent lesjoumaux d'Alger au chef 
actuel de Tougourt; Khidar se prononce Hizar en 
Turquie, etc. Cette différence de prononciation, selon 
les pays, jette malheureusement dans l'embarras les 
personnes qui ignorent les langues de l'Orient. Ainsi 
elles ne savent quelquefois pas que Mohammed et Meh- 
met ^), cadi et cazi^ Guilan et Jilan sont les mêmes 
mots ^); puis vient l'orthographe anglaise, qui défigure 
les ouvrages français où eUe est maladroitement adop- 
tée. Peut-on reconnaître , par exemple , Schujâ xéddaula 
dans Shooju ooddowlu et Nâzim tiddîn dans Nazeem 



1) Muhammed est la vraie prononciation aralw; Mehmet on Mehmed 
et Mêhémedy est la prononciation tnrqne vulgaire. 

2) La lettre {Jû, qui se prononce d en arabe, se prononce z en per- 
san, en hindonstani et en turc; et le m^, qui se prononce ordinairement 
4j t se prononce g dur en Egypt«. 



— 17 — 

L Le ahm, c'est le nom mnEuhnan; cm rappelle 
phifi spéeialeiiieiit ion ^Mwt on '^nom^ en arabe^ et nom 
Ji en pereun. C'est le nom âistinctif de 1 indiTidn , le 
Téritable nom propre, notre nom de Inptème; c'est 
celui par leqnel on Tons désigne dans Totre &mille et 
fionilièrement. On peut le comparer, non-Beolement i 
notre prénom, mais même an nom de âonille on de 
maiflon, qn'on appelle quelquefois petit nom, quand 
n est sniid d'un nom de terre. C'est ainsi qu'en parlant 
d'un individu nommé IsmaU^ Ibn Batoutah dit quelque 
part: ''Je trouvai là un homme sayant et pieux, d'ori- 
gine indienne, qu'on appelait Bahâ udâm (snmom ho- 
norifique) et qui se nommait (proprement) Iemcâl^)\ 
Ces noms musulmans de religion, qui équiyalent à nos 
noms de baptême , ne peuvent cependant pas être appe- 
lés des prénoms, prcmomen , c'est-i-dire ^aTant-noms". 
Ce seraient plutôt despost-noms, car on les met après 
les titres distincti& et honorifiques. Ainsi^ le roi actuel 
de Dehli se nomme AM zafar *'le Père de la victoire'', 
Sirâj udcRn ''la Lampe de la religion", et Muhammcui, 
qcd est son <dam. 

On observe sourent une sorte de régularité pré- 
tentieuse dans les dams. Ainsi un individu nommé 
Ibrahim ''Abraham^', appellera son fils îshac '^Isaac", et 

1) Jy^^t (^lUP ç^JjJt^ fji^ JJ>t cr '^J «"^^^ Vâ>^ 
Édition de ht Société asiatique. J^a t - L^w ) ^^vm^^ ^^aJut A^ C^Ou 



-18 - 

86 nommen siiiBi Abûlêhae^); nnaatre, dontlepèro 
ge nommera Ibrahim^ et qui s'appellera Ishac, dcMmera 
à son fils le nom de Yacûb ^Jacob". Celni qui se nom- 
mera Mvhammad on AU appellera son fils Câcim ou 
ffuçaïn j etc. On donnera ainsi à ces personnes les noms 
de Abu Yacub Ishae hen Ibrahim, c'est-à-dire ''Isaac » 
fils d'Abraham et père de Jacob"; Abu Câcim Mnham" 
mad "^Mahomet, père de G&cim ')"; Abu Hvçain AU 
'^Âli, père de Hnçaîn", etc. 

On ne reçoit généralement qu'un seul nom , de ces 
noms que j'appellerai de drconcision 9 et non plusieurs, 
comme Tusage a prévalu en Europe pour les prénoms. 
On en a cependant quelquefois deux , soit qu'ils appar- 
tiennent à deux ordres de. noms difSrents, à la Bible 
et à l'islamisme , comme , par exemple , Muhammad" 
IsmâU^ IsmâU'AU; soit qu'ils appartiennent au même 
ordre. Cest ainsi qu'on tit)UYe simultanément pour la 
même personne, dans un manuscrit (Hnginal sur les 
noms musulmans que j'ai dans ma collection particu- 
lière, les noms de AR-Muhammad , AU^Haçan^ AU» 
Huçaîn^ et vice yersà, Ahmad^AUj Câcim- AU j AU- 
Bizâ; mais ces doubles noms ne sont guère donnés 
qu'aux saîyids , et quelquefois aux scbaikhs » s'il faut 

1) Tel est, par exemple, AHIthae IhrdMm SekuteMaA (^ ^ uw ^, 
e'est-à-dire de Schniter, capitale da Xhiuistan, auteur d'un poème in- 
titnlé JU«Li UajJ, ou «le livre des Prophètes /r. 

2) Selon Lane {The Thousand and ong Ni^Ai, 1. 1, p. 810), quelques 
niusulmans désapprouvent cette oombination. 



— 19 — 

« 

en croire ce manuscrit , qui indique même , panni ces 
doubles noms donnés aux saîyids, le nom à'AUp suivi 
d'un adjectif significatif: AU alAar^ AU azîm^ AU 
kabir^ AU imam "le grand Ali ou Timâm AU"^ c'est^àr 
dire '^Âli le gendre de Mahomet"; AU asgar ''le petit 
Ali", c'est-à-dire le huitième imâm. 

On donne pour noms de circoncision ceux des saints 
personnages de la Bible mentionnés dans le Coran , et 
ceux de Mahomet I des membres de sa famille et de ses 
compagnons; mais pas d'autres. Cependant quelques 
couTertis à l'islamisme , ou des fils de pères étrangers , 
ont quelquefois conservé les noms sous lesquels ils 
étaient connus; mais ils ont pris en même temps des 
prénoms et des titres musulmaps. Ce fut ainsi que le 
général Menou conserva son nom de famille et même 
son nom de baptême en se faisant musulman, et s'appela 
Abdallah Jacques Menou, La même chose est arrivée 
pour nombre de princes persans I mogols, turcomanset 
indiens. Dyamême des musulmans qui ont pris des 
noms d'anciens personnages célèbres de leur pays , tels 
que Rvstam^), Jamached^)^ .£tî««mM "Khosroès", Fi^ 
UgÛ9 i^jSuLJ^ «Philippe »)", etc. 

1) B y a même nne dynastie de princes africains appelée Rtuta- 
miya, du nom de son fondateur. On sait aussi que Btutam était le 
nom du mamlùk favori de Napoléon. 

2) Et par abrégé, Jam a>^, comme dans Jam Chélébî, ou le sultan 
Jam, que nos historiens ont appelé le prince Zemzem, en répétant 
son nom; et, en prononçant \ej comme un 2;; ces deux lettres se 
confondant souvent dans les bouclies méridionales. 

3) Ce nom est, entre autres/ celui du célèbre Rhazès {FiHciU Mu- 

3* 



— 20 — 

QoelqneB noms bibliques ont été altérés on même 
défigurés par la tradition arabe reproduite dans le 
Coran. Ainsi Sehuaïb w^ajc^ est le nom qne donnent les 
mnsnlmans à Jethro , beau-père de Moise ; EMdr ou 
EKizr yos^y au prophète Élie, nonuné aussi Ilijfâ» 
(j»LJt; HM i^, à Héber; /<im (j«^^t')> à Enoch, 
nommé aussi AkhnùMi -r>^t \ Sckaya Laà , i Lsaîe; 
IbrâMm ^^t^ty i Abraham; Mûça ^y»^» à Moise; 
Hârûn ^^j^f i Aaron; YûçafsJuééyA^ à Joseph; Iça 
^^^MKfSiy à Jésus-Christi tandis que les chrétiens orientaux 
lui donnent le nom de TéçouécyM^,^); Tahya^^àj^,^ à 
Jean-Baptiste, que les chrétiens orientaux nomment 

Yuhanna U»^.i et par contraction Hanna U>. 
Les chrétiens orientaux nomment, du reste , Marie, 
Maryam ^JjA ; Pierre, Boutros cjm^jJ^; Jacques, Ycusûb 
syfyStxA ''Jacob"; Lazare, Azar ^^^ etc. 

Quant aux noms musulmans que j'appelle de circon- 

hammad ben Zakdrya Èézi), Je ferai observer, à propos de ce nom, 
le changement an p en q, comme on Tobeerre encore dans jmxrÛMt», 
foxa prcpsimus; dans equm, qni dérive deS^iç, ààOB qmnque àe révre 
dans claquer f en anglais clap; dans quiiuoH (en provençal; pour^muojt 
(oiseau); dans raque (en provençal) en français r^w; «mqm en anglab 
nuque en français. 

1) Nom, entre autres, d'un prince qui a donné son nom à la dy- 
nastie africaine des ÉdricUee &-MfK«>). Le célèbre géographe Édrîci 
appartenait à cette maison, et c'est à cette circonstance qu'il doit son 
surnom. 

2) Quelques chrétiens orientaux portent aussi le nom de Iça. Aina, 
il y avait à Paris, sous la restauration, un prêtre du rite grec uni, 
qui s'appelait Iça Karova y^y ^^mmA «J^us le prédicateigr». 



- 21 - 

cision , le principal c'est Muhammad, Dom du faux firo- 
phàte et son synonyme Ahmad; celai des quatre kha-* 
lifes Abu Bïkr^ Omar, Osman et AU ; enfin , celui des 
membres de la famille et des compagnons du prophète: 
Khadîja it^\Xs> et Aîscfia iiJijL , ses femmes , Fatima 
ou Fatma et même Fatumu t^èl^ ^'Fatime'^ sa fille; 
AK^ son gendre; Haçan et Httçaïn^ ses petits-fils; . 
Abbâa^) et Hamza n^^ ses oncles ^ etc. 

Les prénoms musulmans ne sont guère plus nom- 
breux que les prénoms romains; ils sont communs à 
tout l'Orient musulm^; Arabes, Persans, Indiens et 
Turcs ont les mêmes prénoms. Dans quelque pays 
musulman que vous voyagiez , vous avez toujours pour 
domestique quelque Alî ou quelque Ibrahim. 

n n'en est pas ainsi des autres surnoms et titres 
d'honneur, qui yarient selon les contrées musulmanes. 

Dans le manuscrit original que j'ai déjà cité, on 
donne l'indication des alam^ arabes qui n'ont pas de 
signification. Les Toici: 

ZubaïT jffi\, fils d'Amrâui le premier Arabe qui 
adopta l'islamisme. 

Hâschim a^Lp, aïeul de Mahomet. 

Omar ^^ , fils de Khattâb, le second khalife. 

Zaid 0^\ , fils adoptif de Mahomet. 

r 

1) De là, AèÙaça An^mL^, au féminin, nom, entre autres, de la 
sœur de Harûn erraschîd. 



- as - 

KhaM sXjX^, fils de Walid, d'abord peraécateur 
des musnlmaiiB, puis leur zélé général. 

Bakr Sa , chef d'une tribu arabe qui fit son adhé- 
sion à l'islamisme. 

TaïKa tk^^dh, fils dIJbaîd ullah, qni sauva la vie 
à Mahomet. 

Anas ijJïf serviteur de Mahomet, grand rappor- 
teur de traditions. 

Moâd ou Muaz ôIim, fils de Jabal, célèbre mu- 
sulman, contemporain de Mahomet. 

BilcU S^9 l'Éthiopien y le muezzin de Mahomet. 

On a ajouté à cette nomenclature les noms bibli- 
ques de: 

Ibrahim (H^^ji\ "Abraham"; 

IsmaU vV^Jt^wl "Ismaël"; 

IsJiac fj^f*\ «Isaac"; 

Yûçuf sJUy. ''Joseph" ; 

IsraU S^jmA "Israël". 

Il serait facile d'étendre cette dernière liste, en y 
ajoutant les noms que j'ai cités un peu plus haut, 
et ceux de Mikhaïl JJU=vo et de Jébraîl JJ!^a:> "l'ar- 
chaoge Michel et l'ange Gabriel", i'Adam «il, de 
Nûh ^ ou «Noë", de Dâûd ^^b ou "David", de 
Sidaïman qI \Am ou "Salomon", de Ayùb v^t ou 
"Job >)", d' Yûnas ^jJ^, , ou ^yJt y}> , ou c^ "le 

1) C'est de ce nom, qui était celai de Nq'm uddin Ayûb, père de 



-aâ- 

p^ffioanage dn poifi80ii"i c'est-A-dire Jouas; de ZatA- 
ryâ ^y^i/j '^Zaeharie, père de Jean-Baptiste", etc. 



On nomme hanak dû> la cérémonie de Timposi- 
.tion du nom de l'enfant. On commence par prononcer 
à son oreille les paroles de Vizân (l'appel à la prière): 
Allah akbar ''Dieu est le pins grand", là ilah iUa 
AUah o Mtûtammad raçûl AUah ''il n'y a de dieu que 
Dieui et Mahomet est son prophète". C'est, comme 
on le voit, une sorte d'initiation à la- religion mu- 
sulmane, une réception officielle dans la religion ; puis 
tout de suite, ou quelques jours plus tard , on donne 
à l'enfant son nom de religion , ou son alam. C'est pro- 
bablement le même jour qu'on brûle dans l'Inde de 
Yispandf c'est-à-dire, de la graine de lawaoniainermis 
(menhcK ou hinné), pour chasser loin de l'enfant les 
méchants esprits et les mauvaises influences. 

La circoncision n'a lieu que plus tard , quelquefois 
huit jours après la naissance, conformément à la pres- 
cription f^ite à Abraham, que les musulmans recon- 
naissent comme le père des Arabes*), et plus souvent 
encore dans les quarante jours ou la quarantaine chihal 
^y^ qui la suit*). 



Saladin, qu'est àénvé celui de la dynastie des Ajulites, dont une branche 
a régné en Egypte, et .une autre en Yémen. 

1) Genhe, xyi, 13. — 2) Franklin, Voyage du Bem/ale en Terte, 
traduit par Langlès, t. I, p. 127. Sur les cérémonies observées lors- 
qu'un enfjuit va pour la première fois à l'école, voir H. S. Reid, Report 
Âgra 1852 p. 60—61. 



— 34 — 

IL Le bmjfmt oaâ^ est f dTipfâi I0 inflraaerit otjgiî^ 
ml que j'ai dqicité, visiiaom, eampOÊéiumokâb 

s^ 'père^ et mmm ^ «"Bère", s^ ert qurtion d'une 
femme; oa da mot A» ^ ''OaT. et Sai^v^u^ ""fille", 
ell eet qoestiim d'une fiamme, suhris d^m nom propre. 
Tels sont les kmiynts s ni Ta nts qne je troirrementioiuiés 
diOB mon manoaerit, et qm sont en même temps de» 
noniB de penonnageB eâèlmB: Abu kâeim f^JiSR ^\^ 
Bomom de Mahomet , Jbâ'lfadl jL^sasK ^t >), Ahù'ln 

haçan ,^ym^ ^\^), AM Twrak s^J yi. Aie Bâmid 
iX4L> y, Abu BaseUd sXéJj yt, Abu AU J^^t, 
Abu Muhammad JU^ «4t« ^fru'2m«ca/ar ^^JtMt ot, 
JM Ja/ar yuc^ ^l»), Abâ BOr ^ ^l, ^W Ha/s, 
(joi^^P), Jftâ ^ft^/ZaA aU JUfi^l'), Abu Hàntfa 
^iuJc^yi\,Abû rûçuf^».^yi\,AbâMûça^^^jj,^\^), 
Abu Satd jUiLMi^t^, Abû'lcaîs (j-y^^t, ulfruV/ai? 



1) n Bigît tua doute d'AlMs, pèie de Fidl oa fkd, et oncle de 
Mahomet. 

2) n s'agit proimblemeiit iei d'AH, k geodie de Mahomet, qui âait 
en effet., père de Haçan et de Hnçaîn. 

8) Snr ce personnage, Toyes Gansain de Peicend, ISkao» nar THù- 
toire des Arabet, t. II, p. 72. Oe sayant Sût obserrer, à ce siqet, 
qn^afkr est la prononciation andenne. De mèofte» dans Tlnde, Yf sanscrit 
est àMweaaj en liinddiistani. 

4) Hafii est le nom qne Mahomet donna à Omar. 

6) CTest Ja&r, fils d'Abû Tftlib. ÇBtsai twr Vmsioire dn Arabn . 
i I, p. 889.) 

6) lUd. 7) Vnd, t m, p. 106. 

8) L'affranchi de Mahomet. 



jL«t , Ihn Hâjîb v^L^ c^'» ^^ Mas^ûd ùyMM^ ^1, 

lïm Ziyâd oL^ ^1 , Jftw ^66a« ^^^Ia^ ^l , Bent Adîyî 
«■ 
(^5iAa ^i^Sù et {7mm /SoZatna aJLm J^). 

Il 7 a plusieurs sortes de kunyats: 

1^ Ceux qu'on pourrait appeler , avec d'Herbelot , 
des prénoms {pramomen), parce qu'ils sont mis avant 
le alam. Tels sont ceux qui commencent par le mot 
abû ^père", ou uinm '^mère". Ce mot abû ne se groupe 
pas seulement avec les noms que j'appelle de circon- 
cision; mais avec des surnoms devenus de véritables 
noms, comme on vient de le voir i^jiB Abû Abdullah 

*le Père du serviteur de Dieu", et comme on le voit 
aussi dans Abû Muslim ''le Père du musulman", nom 

d'un guerrier célèbre du w siècle de l'hégire , et dans 

plusieurs autres. 

n est bon de faire observer ici que les mots abû 

*père" et wmm ''mère" précèdent , non-seulement des 

noms propres, mais des substantifs qui ont un rapport 

quelconque avec l'individu qui porte ce nom , lequel 

devient alors un sobriquet, comme dans Abû salâh ''le 

Père de la paix", Abûmaséhar^) -Aiw^l "le Père de 

la réunion", Abû'JbaraMt ol(-J?^) «le Père des biâ- 

nédictions", Abû'lkhaÎT ..x-Al yt "le Père du bien", 

Abû'nnaeryaiiS ^\ "le Père de la victoire", Abû'lfarah 

-JLlI ^ "le Père de la joie", surnom d'un poëte per- 

1) Nom d'une femme de Mahomet. 

2) Nom de Jafar l)en Muhammad, c^èbre astronome. 



- 26 — 

Ban; Jbânnutiârim fjUJA Ji «"le Pèfe des Tertiu", 
Abu HviraXra «^^ ^t ^le Père de la petite ehatte", sur- 
nom d'an compagnon de Mahomet; Umm Ktdaum 
MjSiS f\ (mère de Tembompoint) sninom de Fatima: 
AbûHfath ^\ ^\ "le Père de la yictoire", surnom d'nn 
antre compagncm de Mahomet et de plnsienrs souye- 
rains; Abu jaUeh ^^,hi-=> ^^ ^1® ^^^ de Tarmée", 
snniom d'un grammairien arabe d*Espagne, et les so- 
briquets Tulgaires i*Abû fanoa s^y ^1 "le P^ on 
plutôt le poesessenr de la pelisse"^ surnom que les 
Égyptiens ayaient donné an général Bonaparte, depuis 
l'empereur Napolém et Abu baiht s^i^àp.^] "le Pm 
j de la fortune"; Abu khoêchab v^^j» ^t «le Père du 
bois", surnom donné par les mèmf« au général Caffii- 
relli , à cause de sa jambe de bois; Abu eazzâzj)^ ^t 
\ "le Père du yerre" ou plutôt ''des lunettes'', sobriquet 
d'un autre membre de l'expédition d'Egypte. On em- 
ploie aussi dans le sens de "père" le mot persan baba 
1^ ayant ou après le nom; mais comme un simple 
titre, sans égard à la yraie signification. Ainsi , il y a 
un auteur nommé Baba Nimat uUah, et le nom de 
Hajji Bâhâ est fort commun. On connaît aussi l'ex- 
pression de Bâhâ khan, qui équiyaut à celle à*Atabek, 
dont il sera parlé plus loin. On donne spécialement le 
titre de bâbâ au chef de l'ordre religieux des calandars. 
Le mot ibn "fils" est quelquefois employé dans un 
sens analogue; mais beaucoup plus rarement. Mon 



- 2* - 

inannflcrit cite en ce genre les noms de Ibn mnijam 
l»i:^vJU ^1 ''le Fils du cheval bTidé"i Ibn mâja jk:>U ^\ 
le Fils de l'agitation". 

Je pense que le surnom i'Ibn Adam fô\ ^t ou 
*le Fils d'Adam'\ qu'ont pris plusieurs personnages, 
doit être rangé dans cette catégorie. 

Enfin le mot zû yi ou zi ^ô, signifiant ''posses- 
seur^', est aussi le premier mot de quelques kmyats 
composés, tels que: Zî unnûraïn ^.jJLil ^ "Pos- 
sesseur des deux lumières", surnom d'Osmftn^ le troi- 
sième khalife^ qui avait épousé deux filles de Mahomet, 
comparées à deux lumières. 

Et non*seulement les noms de père et de fils se 
trouvent dans la série des noms propres, mais celui 
de frère; ce dernier, à peu près comme une sorte de 
nom de religion. Ainsi on nomme Barâdar Câcim ^le 
Frère Câcim", uif personnage célèbre par ses bons mots. 

2<* On doit distinguer de ces surnoms ceux qu'on 
peut nommer généalogiques et qui sont plutôt des sur- 
noms distinctifs, cognomm. Ces derniers sont généra- 
lement composés de Um ^\ et , par euphonie, hen ^ 
"fils'' ou bent ss^ "fille", et ils se mettent après le 
alam , comme on le voit dans Abu AH Huçaîn ben Sinâ 
Ijuum ^ (:;yMi> i^yi^ > Avicenne ; Abu Dâûd Suiaïmân 
ben Ocbah k^ ^ qUjJLm «^^^b ^1 , traducteur d'Eu- 
clide. Ici, Abu AU et Abu Bâûd, Ben Sinâ et Ben 
Ocbah scmt des hmyaU; mais les premiers servent 



ae prénomâ et les demiers de sumomB. Quant a Éuçaîn 
et à Sulaîmân, ce sont les alam ou ^noms propres''^ mais 
non ceux de famille. 

Au lien de i&n , on emploie , en Algérie, le mot otUd 
pour walad oJ^ , qui a le même sens. Ainsi , il y a en ce 
moment un chef (khalife) d'une tribu algérienne , nom- 
mé Si (contraction de std ou saîyid) , Hamza ouid Sîd'i 
Boubekr (pour Abou Bekr). 

Souvent, après un premier ibrtj on en trouve un 
second , un troisième, un quatrième et même davan- 
tage. Le second précède le nom de l'aïeul , le troisième 
du bisaïeul, le quatrième du trisaïeul, etc. Ainsi , il 
faut traduire Abu Naar Abd ussaïyid ben Muhammad 
ben Ajssabbâg^ par: Abu Naar (le Père de Nasr uddin), 
Abd uaaayid (le Serviteur du seigneur), fils de Muham- 
mad , petit-fils de Muhammad et arrière-petit-fils de 
Sabbâg. 

En persan, on retranche souvent le 6^, et on le 
remplace régulièrement par le signe du rapport d'an- 

nezion. Ainsi, le nom de Haçan Sabbâh ^Lyo ^^yM'>»'J 
fondateur de la secte des Ismaïliens en Perse, signifie 
Haçan, fils ie Sabbâh ; celui Ae Mas^ûd-i Saad , poëte 
persi-indien du zi^ siècle , signifie Mas'ùd , fils de Saad. 
Quelquefois, au lieu de berij on emploie en persan, et 
par suite en hindoustani et ea turc, le mot persan 
zâda }k>\j , et en turc le mot turc oglu ^^1 , lesquels 
sont synonymes du premier. Ainsi CâA'Zâdaj ou 



-29 - 

«FOs da cadi^ Pir-Zâda ou ""fils de Plr", Boot des 
maBoms pemns. Tâsch Cupr^Zâda est le surnom 
d'AbdaUali Ahmad ben Mustafa^ écriyain toiOi et 
BiOdu Oglu ihan est le nom d'un sultan mogoL 

Soorent des écriTams et des personnages distingués 
le float désignée que par leur kunx/at, sans qu*on men- 
tionne leur alamj de même qu'on n'est souyent connu 
que par son nom de &mille ou de terre. Tels sont, par 
exemple , Abu Huçam ben AU Albasrij c'est-à-dire de 
Basflorah, célèbre théologien musulman; Abu Wâlid 
hm JRuschd 'Ayerroës", etc. 

9® Enfin, il y aune espèce de kunyat qui est notre so- 
briquet « et qui ne se compose ordinairement que d'un 
seul mot; tels sont, par exemple, les noms de Araj 
g^t «Boiteux", Ahdab v-^X^' "Bossu", TattU J^ 
"Long", Caeir yt^ «Court", KaHAr jt^Ji «Grand", 
SagvxT jfàjo «Petit". On emploie en arabe les deux 
derniers noms dans le sens S! aîné et de jeune (junior)^ 
et même de père et de Jilêj comme dans Abu Ha/s 
ylkabîr ou ''Abu Hafs , père", et Abu Hafe ussaguîr ou 
''Abu Hafe, fils", n en est de même des noms persans 
de Bmurg i^jj et de Kûchah fêc^, comme dans Ha^ 
çan Buzurg ou «Haçan le Grand", et Haçan Kuchak bu 
*Haçan le Petit", princes mogols de la race de Genghiz 
kh&n. 

Yoici encore quelques-uns de ces hinyâte : Amîn {j^\ 
''Fidèle", surnom donné è* Mabomçt aVant sa prétendue 



i 



- 80 - 

mission; Siddîc UltJud ^Témoin fidèle et authentique"^ 
/ hmyat ii^Alû Bikr; Fârûe ^j,Jé '^Séparateur, tranoheur 

I des difficultés*', surnom d'Omar; Atûfi^y^ ^Bienyeil- 

I 

j lant", et Baûf o^^^ ''Compatissant", kanyats spéciaux 

de Mahomet; Batûl iJ^-JC-a "Vierge", et Zàhrâ L^ 
, ''Belle", sumomç particuliers de Patime, fille de Ma- 
homet ; Murtaza ^^^»^y^ * Agréé", surnom d'Ali Tels 
sont encore ceux qu'ont pris plusieurs khalifes et sul- 
tans, ou qui leur ont été donnés, comme Almansûr 
(Almansor) ''le Victorieux", ArrascMd "l'Équitable", 
Almamûn "Celui qui est digne de confiance'*, Adil Jv>U 
"Juste". Par exemple, dans AdU-schâh, roi de Gol- 
conde, qui a donné son nom à la dynastie des Adilschà- 
his, Muazzam Joxa "Grand" ou plutôt "rendu grand", 
surnom, entre autres, du sultan d'Egypte qui fit pri- 
sonnier, à Mansourah, le roi saint Louis; FâzU ^[^ 
"Vertueux", surnom de Fazil hen Tahya , de la famiUe 
des Barmécides, vizir de Hârùn urraschid, et fameux 
par sa disgrâce: Gâlib «wJlx "Victorieux", ou plutôt 
"Guerrier digne de remporter la victoire". Ce mot, qui est 
devenu le titre de plusieurs princes musulmans, a été don- 
né, entre autres, au sultan de Constantinople, Abd 
ulmajîd, à l'occasion de sa guerre contre les Busses. 
Tels sont encore les surnoms de Musulman qULmq 
donnés à des convertis à l'islamisme ^), et plus spéciale- 

1) Comme dans Tdh4d ulmuçahiidn, c'est-à-dire «le Juîfmosalmaiiir, 
auteur d'un ouvrage sur les alphabets mystérieux. 



1 



- 81 - 

ment Mâéhi ,jS5i.mjk aux ehrétiens convertis , on^ ponr 
mienx direj pwyertis'). 

Je yeux dter anssi les noms persans de Firiêchta 
jJuÀ^ ^Ang^", Bomom d'nn historien oélèbre; Cahar- 
mân qUj{S ^Possesseur de force*' donné à de vaillants 
gaerriers ') ; Humâyûn qM.L? ^'Ângoste", surnom d'un 
sultan mogol; Sébatoieh jujmm pour \J^ wuum ? c'est-A- 
dire ^Pareil ou qui a rapport i une pomme (quant au 
visage)", surnom d'Abù Baschar Amrft ben Osman Al- 
fiirci, éminent grammairien arabe ; Yazdânyâr ^Libjj. 
''Théophile'', sumom d'un écrivain sofi. 

n y a quelques noms propres qui ont servi de sobri- 
quet Tel est celui de Hâtim |«jL> , nom d'un Arabe 
célèbre par sa générosité, et qui a été donné, pour 
signifier ^généreux", à un docteur musulman cité par 
d'Herbelot, et à un poëte hindoustani distingué. 

On prend même' pour sobriquets des noms d'ani- 
maux, comme, par exemple, Schâhîn {j^Ji^ '^Faucon", 
sumom de Sohâhin Mirzft , fils de Schfth Abbfts I^^ , 
roi de Perse; Scher ^-a-^ «Tigre" ou «Lion", nom 
d'un sultan de Dehli*); Watwat 1>^ «Hirondelle", 

1) Tel est Azz ulmulk Mukammad ben Ahd uttah, historien dn x* siècle. 

2) Ce snmom est, entre antres, celû d'nn li^ros fiibnlenx de la 
Pêne, snraommé aussi Cdtil J^o on "le Tuenr", et snr les exploits 
dnqnel roulent plusieurs romans, dont un Âsrit en turc,* et intitula: 
(Marmébi'Ndma ou *le livre de Caharman*. 

3) Je citerai aussi incidemment le surnom de SeÂer XoA 9yj jfjSù 
«le Lion de la Montagne/^ (en arabe Açad uljahal ^«J^ vXamI) , donné à 
OB général de Nûr uddin Zanguî, sultan de Damas. 



— 33 - 

Bomom du poète persan BascMdii etc. 

n 7 a des sobriquets particuliers donnés aux esdaves 
noirs. Tels sont ceux de Muschk ^IJ^ ''Musc'*, Sumbul 
^^ ''Nard" •), et A^ar j^ ''Ambre gris", à cause 
de la couleur de ces productions; de Surûr j^^ ^Joie", 
de JauhaT jy> "Perle , bijou*'. On leur donne aussi, 
par antiphrase, les noms de Tâmân (^jv^^^j ''Jasmin", 
Nargvia ^^ "Narcisse", Almâs y*Ut "Diamant", et 
Kâfw j^ "Camphre" ^), substance dont la blancheur 
et Téthérisation fournissent de fréquentes comparai- 
sons aux poëtes musulmans. 

On emploie quelquefois pour ces surnoms des di- 
minutift, comme: Buschaïyir jkm*^ "Petit messager", 
dérivé de Baachîr ^a^ "Sfessager de bomies nouvel- 
les"; Muyaïcir yM^xxA "Aisé", de Mûcirjmy^ "Opulent"; 
Ubaïd Ou*fi "Petit esclave", de Abd Juc "Esclave"; 
Hubaîsch jôwAAfl». "Petit nègre", de Habasch jâ^-A-^ 
"Abyssin", etc. 

Mon manuscrit donne une liste des surnoms dérivés 
des qualités , mais à la signification desquels on ne fait 
pas attention dans l'usage, et qui, d'après l'auteur 
du manuscrit, devraient être régulièrement précédés 



1) C'est à cause de la couleur noire des feuilles effilées de cette 
plante, qu'on y compare souvent les cheveux des femmes de l'Orient. 

2) On cite un eunuque abyssin de ce nom, Aga Kâfûr, qui jouis- 
sait, du temps de Chardin, d''une haute considération à la cour de 
pene. (Chardin, Voyages, édit. Lan^lès, t. V, p. 433.) 



— 33 - 

du nom de Mahomet. Les voici , accompagnés de la 
traduction : 

Hâdi^ôi^ «Conducteur"; ZâkidJJ>\j «Abstinent"; 
Ahmal^\ '"Farfiiit"; AJkmadO^ ''Digne de louange"; 
Fàza J^L3 -'Vertueux"; H&fiz M.j> "Mémoratif"; 
MaMi J^ ''Agréé"; Manmrj^ftùj^ «Aidé (de Dieu)", 
et, par suite «Victorieux"; Nâdr yo\l «Défenseur", 
proprement «Aidant" {flijuior)\ Bûcir yeL «Perspi- 
cace"; Aschraf ôj-ût «Très-Noble"; AquU vV-a-S^ 
«Intelligent"; Mauçûf vJyay^ «Qualifié"; A]a>ar yS\ 
«Très-Grand"; Aziîm f^ «Magnifique"; ZarîfUuiJb 
«€h»cieux"; Aschic vJL&U ''Amoureux"; Sddic ^y^^ 
«Véridique"; Kâzim fMS' «Silencieux"; McUik ,éUU 
«Possesseur"; Bâschid s>Mj «Directeur"; Afzal ^.jx^\ 
«Excellent"; Hâmid OuoL^ «Louable"; CcM J^LS 
«Capable"; Mahmûd ôyé^ «Loué"; Marûf yJ^j-»^ 
«Connu"; JâhirJ^ "Eéparateur"; Ahsan ^^y^sA «Af- 
fectionné"; Muhcin ^y**^ «Bienveillant"; Karim *j^ 
«Généreux"; ^w/odJ^I' «Très-Glorieux"; Kabtrj^ 
«Grand"; TMir /J!o «Pur"; SchaAf sju^ «Noble". 

Le même personnage a quelquefois plusieurs surnoms 
distinctiâ. Ainsi , le poëte Motanabbî , dont le prénom 
était Ahmad, s'appelle à la fois Alû Taîyab et Ben 
Huçaïn , et il a été, de plus , désigné tour à tour par 
trois surnoms de relation, Aljûfi^ Alkandî etAkûfi, 
parce qu'il était de la tribu de Jufa , et natif du quartier 
de la ville de Coufa, nommé Eandab. Ibrâbim ben Ha- 

3 



— 34 — 

Ul, rateor d^ime hiatdre des Bmim, eit Bomoauné i 
la tûis AlêoM ''Sabéen", i cauae de la religûa de ses 
ancMrai, et Alkarrâm, paice qu'il était delaylllede 
HaceaB (C!arrar), €D Mésopotamie; Ail ben Miiça Aima- 
gfibty hietorien anbe du znp siècle, est anasi samom- 
mé Alakhbân (jr^W^^t ou ""le Chroniqaeiir'*. 

n j a de ces Bomom» qui sont employée eomiiie nome 
proprai fXa. Ainsi, Abu Baachar jà^y^ ""le Père de 
rhamxne'', n'est pas ul surnom, mais ua pràioia; 
car c'est le nom qu'on donne à Adam, le premier 
homme |. et on remploie eomme on le ferait d'Adam. H 
en est ds même d'antres noms qui, après avoir aerri 
de suTBom à un personnage éminent, ont été employés 
plus tard comme surnoms ; par exemple : Abu Câdm 
^le Père de Cftcim*', qui est un surnom de Mahomet; 
KhalU AUah ''l'Ami de Dieu", surnom d'Abraham; Abu 
Bikr ''le Père de la Vierge", surnom du premier kha- 
life, beau-père de Mahomet; Haîdar et H<ndar AUah 
ou Açad AUah "le Ltion de Dieu'\ surnom d'Ali , gen- 
dre de Mahomet; Zaïn vlâbidm ^vXjUJt ^ '^l'Or- 
nement des dévots", surnom d'Ali , fils de Huçaïn, etc. 

Il y a des himyaU qui expriment la profession ou 
le métier, soit de celui qui le porte, soit de son père 
ou de ses ancêtres, comme Attâr j\hsi "Parfumeur", 
nom d'un célèbre poète persan ; Bazzâz^^ "Drapier", 
surnom d'un écrivain distingué; Cahwajî ^^^-s^^^.^ 
"Ca&tier (limonadier)", surnom d'un grammairien; 



— 36 — 

Casêâr Juia3 ''Fo1llon'^ surnom d'an sofi; et, à propos 
de ce dernier surnom, je rappellerai, en passant, que 
les musulmans , fondés probablement sur une tradition 
joiye, le donnent aux douze apôtres, qu'ils nomment, 
par conséquent, Cassârûn ^•fiX^ '^Foulons". 

ni.' Le titre honorifique est, ai-je dit, appelé kusab 
yiii (au pluriel akâb uAaSt), mot qu'on a souyent tra- 
duit par sobriquet; mais qu*il £ftut cependant bien 
distinguer du kunyat dont je viens de parler. Ce qu'on 
nomme kkitab ««AL2:> ou titre d'honneur, n'est qu'une 
nuance du lacab. On emploie plus particulièrement 
cette dernière expression , pour indiquer les surnoms 
bonorifiques attribués spécialement à des grades, à 
des fonctions, à des positions sociales. 

Selon J. de Hammer ') on nomme proprement ju«^ 
les surnoms honorifiques pris par des Souyerains comme 
aULy>LftSt ''le conquérant par la puissance de Dieu" et 
^jl^ les titres spéciaux comme |i^^t a^ ''Preuve 
de l'islamisme". Pour les titres et formules à em- 
ployer selon les personnes à qui on écrit , voir VInschâ 
de Earim p. 14. 

On distingue plusieurs sortes de lacabs. 

n 7 en a qui sont particuliers au pseudo-prophète 
Mahomet. Tels sont ceux de Raçûl Allah JJI lU-*-j 
«l'Envoyé de Dieu", HaMb AUah aUÎ wuuj> 'TAmi 



1) p. 61 et 62 du mémoire mentionné plus haut. 

3* 



- 86 - 

de Dien" ^), Saîytd tdbatchar yuit Jum» ^le Seigneur 
deB hoInme8'^ Saïyid ulmursiHn Q-JLM-lt cX,,*,»» ^le 
Seigneur des enyoyés", Saîyid tdanbiyâ Uû'it Ju^ 'le 
Seigneur deB prophèteB", Khâtim vlanbiyâ L^^t ^1j> 
^le Sceau des prophètes", et plusieurs autres. Ceux 
HAfod AUah iJUI Ju.t ou ''le Lion de Dieu''^), et de 
Schâh WUâyat c>s>^3 «l^ ""Boi de la sainteté"') sont 
particuliers à Ali, comme ceux de Sa/, AUah M ^^âm> 
''le Pur en Dieu", à Âdamj KaRm AUah &Ut f^ 
'TAUocuteur de Dieu", à Moïse; Rûh AUah M ^^ 
TEsprit de Dieu", à Jésus-Christ ; KhalU Allah M JJ13^ 
"rAmi de Dieu", à Abraham; Siddtc Allah M (jjfXu> 
'^le Yéridique en Diea", au patriarche Joseph ; enfin, 
celui de Saïyidat unniçâ L^jJt BJu^ ''la Dame" ou 
"la Beine des femmes", à Fatime. 

Il y a des lacaba particuliers pour les saints person- 
nages {awliyâ Li^t), et les savants {tdamâ UL^). Yoici 
ceux que donne mon manuscrit: 

Tdj uBBchariyat m^^I ^ "la Couronne de la loi"; 
Sadr nsschariyat SU j ^ l .ju>g "la Poitrine de la loi; 

Schanu tUaîmma »^^] (j*m^ "le Soleil des imàms"; 
Badr uddujâ ^^^s><\i\ jj^ "la Pleine lune dans l'obscu- 

1) Et simplement HaHb "VAnâff, 

2) Oa simplement ffàïdaryXji^, en arabe, Babar j^, et Scher j^ 
en persan, mots qui signifient aussi «Lion». On a appelé ainsi Ali, 
HMar AU et AU Scher, c*est-à-dire '*41î le lion</. Ce dernier nom 
a été donné à un poëte persan célèbre. 

8) On simplement quelquefois: Schdh «lioi*. 



- 37 - 

nié*'; Nûr vlhvM ^^s>^\ j^ «la Lumière de la direc- 
tion"; Bwhân U88chariyat Xju^JiJl o'-^^ "^* Preuve 
de la loi''; Cutb tdârijin {jJ^jLjti\ v^ "le Pôle des 
contemplatife"; Nûr ussâjuKn ^>y>cX>LJt^y ''la Lu- 
mière des dévots"; Schams ulârifîn {^j^\ ^J*M-& *'le 
Soleil des contemplatifs"; Sultan ulârifîn (^IxJt qLULw 
^le Boi des coiitemplati&". 

n y a des lacabs particuliers aux Saïyids. Ceux que 
cite mon manuscrit original sont les suivants: 

DaM urrahmân q\^j^\ J^v> "Celui qui guide vers 
le Miséricordieux"; Fadh urràhmân QL..r;JS f^*^ 
^l'Éloquent par la grâce du Miséricordieux''; RascMd 
urràhmân q\-Z^\ ^^^j "l'Équitable en Dieu"; Aziz ur- 
ràhmân qI^jJ ' jÀj^ "le Noble en Dieu"; KhcMc usmbhân 
qL^>j»JI (3*^ "l'Aimable en Dieu , digne de louange"; 
Salnh idâlam JUit f;-*:^ "le (plus) Beau du monde"; 
Cuib ulâhm jjuil s-Jû3 "le Pôle du monde"; Badr-i 
âlam JL jOsj "la Pleine lune du monde". 

Des autres titres d'honneur qu'on rencontre dans les 
ouvrages qui traitent de TOrient , nous devons distin- 
guer d^ abord ceux qu'on donne aux souverains. 

Après l'abolition du khalifat, on a fait entrer^ par 
politesse, le mot de khalifat dans les titres d*honneur 
des souverains musulmans turcs, persans et indiens, 
qu'on appelle Khilâfat'Panâh «Lu i3li> "l'Asile du 
khalifat", c'est-à-dire celui qui remplace le khalife. 
Au reste, le nom de khalife se donne de nos jours, 



— S8 — 

en Algérie, à de simples ckefii arabes, et dans Ilnde, 
aillai que je Tai déjà dit, il a tellemeat perdu de sa 
▼aleor, qu'on le donne aux tailleurs d'habits, proba- 
blement, à la yéritéy par antiphrase, de mèmequ^on 
7 appelle les balayeurs mUitar ^-Xp') ''princes", et 
les balayeuses Tnithrâm J»\y^ ''princesses". 

Nos titres de mqesté, altesse, seigneurie, s'expri- 
ment par les mots Janâb \JJ^ "{nroximité", Suzûr 
j/o^ "présence", etc. On les emploie, du reste, et 
surtout celui de Khhdmat c;a.a>3- "Service", en parlant 
de toutes sortes de persoimes. Sire s'exprime, en per- 
san, par KJnudAwand 06^0^ "Seigneur"; Pir o Mur^ 
sehid JUt^ jAj "Seigneur et Directeur", etc. 

n y a des titres honorifiques qui sont propres à 
certains empires. Ainsi, le sultan de Constantiuople 
s'appelle "le Sultan des deux terres et des deux mers" 

^^^{3 ^JJtJ*i\ qUsJLm, c'est-à-dire "le Sultan des terres 
d'Europe et des terres d'Asie, de la Méditerranée et 
de la mer Noire". 

Les saltans de Maroc portent le titre d'^tr-o/- 
moshmin ou d'émir des croyants, et celui AAKalifa-^ 
eUHakiqui (vicaire de Dieu); ils réclament la supré- 
matie sur toute la race arabe, et prétendent que les 
sultans ottomans sont des usurpateurs du califat. Le 
pouvoir de l'empereur est illimité et direct. Il ne gou- 
verne point au moyen d'un vizir et de ministres , il n'a 

1) On donne en Perse ce titre an grand chainbellan. 



- 89 - 

t 

point de conseils à'tdémaa qu'il .doiye consulter; s'il 
convoque par moments quelques-uns des fonctionnaires 
supérieurs de l'empire, c'est que tel est son bon plaisir; 
il peut se passer de leurs ayis. Le principal personnage 
de Tempire après le sultaai est son secrétaire ou hetA^ 
el-^ir, dont Tune des attributions est de traiter des 
affaires importantes ayec les consuls* Au-dessous du 
Beorétaire du prince est le mvla-el-tahaa ou chancelier, 
qni est chargé d'apposer Tanneau impérial à tous les 
actes officiels en présence de l'empereur. Vient ensuite 
nne sorte d'intendant, muh'^tesserad, qui règle les 
dépenses du palais et fait la police. 

L'empereur donne des audiences publiques, soit dans 
son palais , soit à cheval sous son parasol, signe de son 
autorité, soutenu sur sa tête par un coacI. Nationaux 
et étrangers ne doivent aborder l'empereur qu'un cadeau 
i la main : c'est la lettre d'introduction. L'empereur 
Be transporte alternativement et régulièrement dans 
chacune des deux capitales, Fez et Maroc; il visite 
aussi, à des époques indéterminées, diverses villes de 
son empire. Dans chaque ville où il parait, il exerce sa 
principale attribution, qui est de rendre la justice en 
dernier ressort et directement. Partout où il est pré- 
sent, le sultan règne et gouverne ainsi par lui-même. 
En son absence, les provinces sont administrées par des 
mîds qui ont au-dessous d^eux des lieutenants ou califaa. 
La justice est rendue dans les degrés inférieurs par 



— 40 — 

des cadis qui font en même temps le service tel 
dans les mosquées. Ce service, comme en Turc 
consiste dans la lecture de la prière. Ces fonctii 
res représentent le pouvoir c^itral , mais ils n'ex< 
le plus souvent leur autorité que par Tinterméi 
ou avec l'assentiment d'autres csûLds. 

La cour de Tempereur compte encore parmi les^ 
ciers principaux trois jfa««i9, ou maîtres de cérém( 
qui introduisent les plaignants et les pétitionnaire 
auxquels sont adjoints des drogmans de toutes les 
gués, làd-zephireet Tofficier chargé des chevaux 
périaux; il a sous ses ordres une escouade de ps 
niers; Yel-cahar est chargé de tout ce qui arap] 
la vénerie: les fusils, les chiens, et tout l'attirail] 
chasse est sous sa responsabilité. Parmi ses suboi 
nés y il y a le selictaT, qui porte le sabre de Tempère 
le kosby chargé du soin de sa lance; le cheket^ doi 
fonction est de porter la montre de Sa Majesté et] 
lui dire l'heure. 

Le reste des courtisans du sultan du Maroc 
compose d'un ttbîb outhédeam, d'un chirurgien, d'j 
armurier, de deux porteurs de bassins dans lesquels^ 
lavent les mains impériales ; de deux astrologues , 
trois imans; de douze icoglans ou pages qui conduit 
les palanquins. On compte, en outre, cinq officiers 
bouche qui président à la cuisine impériale, et 
obligés de goûter aux mets avant que le sultan les poi 



- 41 - 

à sa boQclie; trois antres personnages chargés de la 
propreté de l'apprêt des bains. Tous les métiers , d'ail- 
leurs, ont un représentant à la cour; ainsi il 7 a un 
charron , un cordonnier, un tailleur^ etc. ^). 

On donne mamtenent au Pacha d'Egypte le titre 
de Khédive ^jgX^ mot persan qui signifie, ^'Boi, mo- 
narque", mais qui dans l'espèce est moins que sultan 
puisque ce Pacha dépend du Sultan de Constantinople. 

Mais les souverains musulmans ne prennent pas 
seulement, pour indiquer leur position élevée 1 des 
titres équivalents aux nôtres , ils se donnent des titres 
métaphoriques en rapport avec la pompe orientale. 
Teb sont ceux de ZiU AUah ^ ^ ou ZiUA Subhânt 
j,L5^«, «l'Ombre de Dieu"; Quibla gâh »L^ iJLS «le Liieu 
de la quibla", c'est-à-dire , la personne vers laquelle 
tout le monde se tourne , de même que les musulmans 
se tournent vers la Mecque pour prier, et les juifs vers 

Jérusalem; Qutbla-^ âlam ^Le »L3 «la Quibla du 
monde", expression analogue à la première; Huzûv'-i 
anwar jl^ ju^o»^ «la Présence", c'est-à-dire «la Majesté 
lumineuse"; Huzûr^i acdas (jmXJS «y^as» «la Sainte 
présence"; 'Alam panâh vLjLj ^^Ic ou JaMn panâh 
«Uj qI£.> «l'Asile du monde"; Daviat panâh vU^ oi^v^ 
«l'Asile de la fortune", et dans l'Inde : GadM nischin 

^j^ ^^^33^ «Celui qui est assis sur le coussin royal", 

1) Sxtndt da joamal officiel du 16 Sept. 1861. 



M.& 



- 4* - 

c'est-à-dire ""sar le trône", EM^mihed hOâk ju^^^ 
as ^'Oelni dont le soleil est la conronne"')- 

Le titre persan de BaMdwr y>\^t <iui signifie pro- 
prement '^braye", se met non-seulement à la snite des 
noms des sourerainsy maiflil était conféré officiellement 
à des gouyemenrs de proyinces et à des liommes émi* 
nents dans l'État. Actuellement il est très-prodigué 
dans rinde; il répond presque à l'expression anglaise 
iieëquirei et on le donne à des Européens « de même que 
les sultans mogols le donnaient à des Hindous. 

Le mot <.;a>Lm3 ''maître", est encore plus prodigué, 
n est cependant pris quelquefois comme synonyme de 
sultan; par exemple, dans Tippou êâhib ou ''le sultan 
Tippou'', et cependant, dans Tueage ordinaire, on le 
donne à tout le monde, à peu près comme notre mot 
de monsieur^ et il fait, dans certains cas, partie in- 
tégrante du nom propre. 

Ce titre de Sâhib fut donné, dit-on, pour la première 
fois par le sultan Bnîde Fakhr uddaula à son ministse 
Abû'lcftcim ben Ibad ^) ; puis il a été employé pour la 
première partie d'un titre d'honneur, comme dans Sâhib 
quirân qI^ ua^Ijo "le Maître de la conjonction des 
planettes heureuses", c'est-à-dire, Tamerlan et Schâh 
Jahân. Le mot sâhib est- aussi employé pour désigner 



1) Les Indiens, grands amateurs de jeux de mots, appelaient ainsi 
Nicolas, empereur de Russie, par allusion à son nom^ 

2) D*Herbelot, BibHotàègue orientale, au mot Saiib. 



-. 48 — 

ranteur d'un onvrage. Ainsi on nomme SâMb Sihâk 
^LâP y^^.:>Xjo j Janhari, Tautenr du dictionnaire arabe 
intittilé Sihâh. 

On donne aux ministres les titres honorifiques d!Açaf 
jâh «L> \Ju^,^ c'est-à-dire, '^revêtu de la dignité d'Açaf", 
le ministre de Salomon '); lUmad uddaida tiyjki\ àLèJ^] 
*•!' Appui de l'empire*)", etc. 

On emploie le mot iJ^ ^'lion" comme titre d'hon- 
neur dans l'inde. C'est ainsi que Sk^ Ariel signifie 
fort^ courageux^ héros; il est composé de deux mots 
*;jK ari "lion" et Vh el '*foTt , puissant , courageiuB". 
y oyez II Samuel, 20, 23. Isaisj 38, 7, a écrit ce 
mot un peu difieremment: SinM Erel. 
On trouye aussi les expression de: 
Abd uUah = "Servus Dei" ou "homo Dei" des pre- 
miers chrétiens. 

Ma shah AUah = "quod Yult Deus". 
Ata AUah = "Deo datus". 

Séyid Abdullah m'a dit que les noms de Faïz uUah 
khan y JSTiaïrâii khan, KaUou hhân, Mahîm uUah 
s'étaient porté que par des gens de bas étage. 

Les professeurs et maîtres d'école -musulmans dans 
l'Inde se nomment Miyân jî , Ehalifa jî , Mulla jî , 
Munschi ji. Le professeur de la Swnna s'appelle: Schaîkh 
SâMb; les Shiâ, Mir Sâhib; les Mogols, Mirzâ ou Agâ; 

1) A qui sont dédia et mdme attribués plnsienis psaumes. 

2) Chardin, t V, p. 887. 



- 44 — 

les Pathans, KhânSâkib, etc., les écoliers SâkSb ut 
Um ou Sehagtdrd, On donne aux femmes institutrices 
le nom de MuOâfâ (féminin de MuOâ >)}. 

Maintenant en Turquie on nomme ^ fToK le gouver- 
neur de la province éîâlet; Jua^ MuhassU, ^le percep- 
teur d'impôts" Jm ^ eafm maeâm, 'les sous-gouver- 
neurs ou lieutenants du Gbuvemeur; Mudir le chef 
de district Les conseils municipaux se nomment Mejlig 
^jmUL^. Beglerbeg signifie ''généralissime'' JUtr l/Rrân 
a (je crois) le même sens. 

Le grand visir Joct^.^ se nommait en Perse et 
dans l'Lide ^Lmu ^^ ''vizir de gauche" parce qu'il se 
plaçait: à la gauche du Boi, ce dernier étant ainsi à 
sa droite. 

On attribue 9 par politesse, aux enfants» certains 
titres de leurs pares; celui de khân^ par exemple. 
Ainsi, les fils de Scher schfth, lorsqu'il n'était que Scher 
khftn, étaient appelés, comme leur père, Iça khânj Jcdâl 
hhân et Cuib khan; mais il n'en est pas de même pour 
les titres de êdiâh et de padschâhj cTamîrj de beg, etc. 
On les nomme alors fils de roi, schâh on pâdschâh^zâda; 
fils d'émir, fils de beg , Amîr^zâda , Beg-zâda. 

Si nous descendons quelques degrés de l'échelle 
sociale, nous trouvons toutes sortes de titres d'hon- 
neur, décernés par les souverains, ou- pris quelque- 
fois par les titulaires eux-mêmes. Tel est celui de '^ 

1) H. S. Reid, Report on indegenouB éducation. Agra. 1862, p. 82. .-j 



iJC 



— 45 — 

Malik usschuarâ tyiÀit <â)JL« ^Boi des poëtes", donné 
par les souyerains musulmans , même de nos jours, à 
des poètes distingués, au poëte royal, au poète de la 
eour. On l'a donné, entre autres, à Ibn v/rrûmi ^^t 
^^Jt, surnommé VladXb utturk «ilyJI s^*^^\ ou "le 
Lettré turc"/ parce qu'il était Turc d'origine, quoique 
Syrien de naissance et écrivain arabe. On a nommé le 
célèbre poëte persan Anyéri ^) "le Sultan (intellectuel) 
du Eborassan QU««ty> qL^m»". 



Les mêmes souyerains donnent quelquefois aux poè- 
tes d'autres titres aussi métaphoriques. Tel est celui 
à'Amir vikalâm «^bOt ^S "le Prince du discours", sur- 
nom de Khusrau de Dehli, poëte persan et bindoustani; 
celui de Schams wschuarâ t^ibâJS yj*^ "le Soleil des 
poètes", donné au célèbre poète persan Féléki Jsis , et 
celui de Afzal usackmrâ SytAit Jy^aât "le Meilleur des 
poètes", donné par Akbar II , dernier sultan de Debli , 
au poète Fazl \FazUi Mukammad), par allusion à 
son nom. 

Des titres du même genre sont donnés à d'autres 
classes d'écriyains. Ainsi, celui de Zaîn vMlamin ^ 
(^ljJ{ "l'Ornement des créatures", a été donné à un 
médecin; Bahâr^i Hifz JsiÂ:> j^. "Océan de mémoire", 
a été donné à Abu Osmfiu ben Amrû, auteur de VAkhMc 
timuluk ^^^JLIS ly^'-^^ '*^^^ Mœurs des rois"; celui 

l) {^j^^, adjectif dérivé de jv)! '' lumineux». 



— 46 — 

têlkmdâ ^5L>4lt fU ""le Gkrf de k dmstk»'', 
et de Afnfet ttsêoqtnlàSn (^;>JLAiAlt ^^îi^ ""le Juge des 
deux catégories de créatures" (les hammes et les gé- 
nies) , à ÂbÀ LffiLs Nasr, eâèbte jurisconsiilte; celui de 
Malik ulfiizalâ M >mtt dJL^ '«le Boi des savants*', à 
un éeriram très-distmgiié; celui de CtUb uUhn wa^ 
uUnim (S^ (J^t v-^bâ ''Pivot de la science et de 
la ngeoBe", à l'astronome Harfi «5j>; enfin, celni de 
ASn tJurafâ làytit {^^ ''l'Essoace des. contemplatifs'^, 
à un écriyain ascétique. Le titre de MoHk uttujjâr 
jL^uit éi^ ''le Chef des marchands ')", a été donné 
à de glands négociants: Hajjî Shalil, ambassadeor 
de Perse aaprès dn gonyemement anglais du Beiq^e, 
qui fat tué dans nne émeute à Bombay, et dont le 
fils habitait Paris, était ainsi nommé. Le titre qui fiit 
donné dans Torigine à la Comps^^nie anglaise des In- 
des I fat celai de Umdat uttujjâr j[^\ hjl^ "la Co- 
lonne des marchands'^ lequel est analogue au pre- 
mier. 

Les surnoms honorifiques sont généralement com- 
posés de deux mots arabes; mais quelquefois d'un plus 
grand nombre. Tels sont ceux des khalifes nommé» 
Elzâhir li-i'zâz-i dîn-iOah M ^ù j^\y^^ S\M «Celui 
qui a paru pour glorifier la religion de Dieu"; Ekâîm 

1) Ce titre équivaut à notre ancienne appellation de «prévôt des 
marehands*. Il conférait certains privilèges» ainsi qn'on le Ut dans 
Chardin, t Y, p. 26S. 



— 47 — 

M-amr u4£a£ aUt ^ «jLsJt "Geltii tpd maintient Tordre 
de Dieu"; MMJùi UtKn Allah «Ut ^^ MJi "Celai 
qui garde la religioa de Dieu"; Hmatuûr bicmoioat 

Allah 2dil 8^ jy^^ '^Celui qui est yictoiienx par la 
force de Dieu 7'. 

La plus grande partie de ces lacabs se terminent par 
nu des mots din ^^ ''religion"! daulat oJ^ ''empire", 
muik ^ULo "royaume", ialâm ^!L^\ "mahométisme", 
ainsi qu'on le voit dans les suivants : Alâ uddin (Alsr 
din) qJsXJÎ j=^ "la Gfrandeur de la religion"; ScMh 
udcKn (Saladin) ^^jjjJt ^^A/ô "la Paix de la religion"; 
Nûr uddm (Noradin) ^^^jJ! .y "la Lumière de la re- 
ligion"; MasAr uddîn ^.JJI yi^ "le Braye de la re- 
ligion"; Fakhr yMaula iJ^jJt ^ "la Gloire de Tem- 
pire"; BaAâ uddaida iJl^jJt si^ "l'Éclat de l'empire"; 
Jalâl uîmtdk éSi\ S^ «rBclat du royaume"; Saïf 
viidâm ^:L^^\ sjua^s "l'Épée de l'islamisme". Enfin , 
il y a des lacaès qui commencent par abd^ et des lacabs 
variés de tout genre. 

Selon mon manuscrit, les surnoms qui se compo- 
sent du mot abd et du nom de Dieu, ou d'un de ses 
attributs ! sont employés , sans égard pour leur signi- 
fication réelle et comme des noms propres^), et il en 

» 

donne la liste suivante: 

1) Tel est encore coloi de BaMulhacc wa wldùt ^^yt>!M\^ (Jn^ ^^ ) 
donné à Omar Nacsehbanfl^, grand saint musulman. 
• 2) En effet, ceux qui les portent n'ont souvent pas de alam% Tel 



— 49 — 

''le Serviteur de l'Éterner; Abd ulwahid Ou>^ Ouc 
''le Serviteur de rmiique''; Abd vlahad Os^^s^S 
"le Serviteur du seul Dieu''; Ahd uEbâdt Ja^Lit 
''le Serviteur du dispensateur des grâces''; Ahd vlcâMr 
^^ifiit jlac ''le Serviteur du dominateur"; Ahd tusalâm 
f^LJt jufi ') 'le Serviteur de la bonté par excellence 
(Dieu)" ; Abd tUkarîm f^^\ Jl»* "le Serviteur du gé- 
néreux"; Abd uUatif ^^â k hltt Ju^ ''le Serviteur du 
bienveillant"; Abd tdwadûd ùy^\ Juc "le Serviteur 

m 

de l'indulgent"; Abd wrrazzâc ^^JA Juxi "le Serviteur 
du pourvoyeur". 

Cette liste pourrait être complétée par celle des 
attributs de Dieu, qu'on récite dans le chapelet mu- 
sulman : Abd urraschid sXfJ^J\ Ouc "le Serviteur du 
directeur'^ nom du fils du sultan Mahmûd le Gazné- 
vide; Abd uLmûmin ^J^^ Juc "le Serviteur de Tauteur 
de la foi"i nom du fondateur de la dynastie des Al- 

mohades ; et par le surnom de Abd rabbihi ^j Juc 
"le serviteur de son Seigneur", c'est-à-dire "de Dieu", 
pris, entre autres, par un grammairien arabe de 
Cordoue. 

Le mot abd précède quelquefois des noms abstraits , 
comme Abd vlhukm J^ Juc "le Serviteur de Tordre 
(commandement)". 



1) Nom, entre autres, du schérif du Maroc, qui passa par Mar- 
seille en juillet 1853, en route pour la Mecque. 

4 



- 60 — 

Les lacaba terminés par datdat ''empire", ou par mulk 
''royaume''^ répondent corrélatirement à eettx qui sont 
terminés par dîn ^religion*'. Ainsi , de même qu'il y a 
des Madj uddîn ^J*J<^\ J^ ''la Gloire de la religion"; 
il y a des Majd ttddaida aI^ jJt J<s^ ''la Gloire de Tem- 
pire"; et des Majd vlmulk ^èJX\ J^ "la Gloire du 
royaume". 

Les lacabs qui sont terminés par daidat ont générale- 
ment été donnés par des khalifes ou des sultans à des 
princes qui reconnaissaient leur suzeraineté^ ou qui 
étiiient leurs lieutenants ou vice-rois. Ils ont été spé- 
cialement portés par les princes Buides, qui régnèrent 
en Perse dans le xi» siècle : Imâd vddavla aJ^jJt olv= 
''l'Arc boutant de Tempire"; RvJcn uddatUa aJ^jJt ^^ 

"le Pilier de Vempire'*; Muîzz uddaida «I^iXJt j.m^ 
"Celui qui fait honorer l'empire", etc. Mon manuscrit 
appelle ces surnoms ^'lacabs des gens du monde" vl^t 
^^ iV^I I pftf opposition à ceux des prophètes et des 
saints personnages , et il cite les suivants : 

Schams uddaida aJ^I ^j*^ ''le Soleil de l'empire"; 
Schujâ uddavla aJ^jJI gL^ "la Force de l'empire"; 8irâj 
uddatda aJyjJI ^lyw "la Lampe de l'empire"; Alâ ud- 
daida iif>l\ '^^ "la Grandeur de l'empire"; SarMam 
uddaula aJ^jJt ^La^^o "le Sabre de l'empire"; Saîf ul- 
mulk léUit sjus^ "l'Êpée du royaume"; Nâzim tdmulk 
t^\ fMj "rOrdonnateur du royaume"; Yâmîn ulmulk 



— 51 — 

éJi\ {jirç^ "hk Droite du royaume"; Mvhâriz vlmiUkjjuJk 
AUS "le HéroB du roTanme"; Ihtîschâm tdmtUk f\Àx^\ 
téUU '^la Pompe du royaume"; Vmdat ulmulk é^\ \k\^ 
"le Pilier du royaume"; Burhan ulmulk ^Ult ^^ji 
"Ia Preuve du royaume"; F<ikhr ulmulk é^\ jsi "1% 
Oloire du royaume". 

Un des premiers exemples de la collation de ces 
titres 9 c'est celui du khalife Muctafî, qui, ayant été 
chassé de Bagdad et obligé de se réfugier à Mossul , 
où régnait le sultan Abu Muhammad Haçan, lui con- 
fira le titre de Nâcir luMauia aI^ JJt ^uiai , c'est-à-dire 
"le Défenseur de l'empire", et donna au frère de ce der- 
ni», celui de Saîf uddaula aJ^vXJt v.^^ 'l'Épée de 
Tempire". 

Ces titres se conféraient par lettres patentes » nom- 
mées mansiJiûr y,^Sijji , et le sultan qui les recevait avait 
droit de faire porter devant lui un étendard , qui a sans 
doute donné naissance aux trois queues de cheval que 
font porter devant eux les pflchftsi en forme de bannière; 
et aux piques surmontées d'un poisson , dont les nababs 
se fidsaient précéder dans Tlnde. 

Quant aux laçais qui sont terminés par din ''reli- 
gion'*', on les donne , non-seulement à des souverains , 
mais à toutes sortes de personnes. 

Yoici la liste qu'en offre mon manuscrit: 

Jalâl ud/Rn ^.0^1 3^ ''1& Splendeur de la reli- 



— 52 — 

gion ^)"; Kamâl uddîn ^jJ^\ JU/ "la Perfection de 
la religion"; Jamâl vddin ^^^JsXil v3l-«> "la Beauté de 
la religion*)"; Badr uddtn ^jJt^Ju "la Pleine lune 
de la religion"; Nûr uddîn qjOJ! .y "la Luknière de 
la religion"; Sirâj uddîn Qj(->Jt ^l«^ "la Lampe de 
la religion"; Schams uddîn ^^jJ^xJI (j*m-û "le Soleil de 
la religion"; Alâ uddîn qjAJj i^bU "la Grandeur de 
la religion"; Ziyâ uddîn ^^jjjJt ^Lyto "l'Éclat de la re- 
ligion"; Nacîr uddm ^^jj^t ^*j^ "l'Aide de la reli- 
gion"; Hafiz uddîn QJtXJt Jàjs^ "le Gardien de la 
religion"; Karîm vddin ^^y^\ f^^ "l'Homme géné- 
reux de la religion"; ZaMr uddîn ^^yJ^\ j^ "l'Homme 
célèbre de la religion"; Câcim uddîn ^^^\i\ immIS "le 
Distributeur de la religion"; Azîm uddîn ^j^\ |i,»hr 
"le Grand (homme) de la religion"; Fadh uddîn ^^^ 
^^j->vXJt "l'Homme éloquent de la religion"; Schihâb 
uddin ^^y^\ vk-^ "l'Étoile de,la religion"; KcMm uddîn 
^^jjjJt j^ "l'Orateur de la religion"; Muhî uddîn ^^ 
^^jjJuJ! "le Vivificateur de la religion"; JamU uddîn 
^^jjjJI J.A4^ . "le Bel- (homme) de la religion"; Bad 
uddm q:^X-II ^c^\ "rHomme qui se contente de la 

1) Ce surnom, écrit par d*Herbelot Chlal eddin, est, entre antres, 
celai du câèbre poète mystique Jâlâl uddîn Rûmi, Fauteur du Mat- 
natci. Les personnes qui portent ce surnom Tabr^nt souvent en Jalâlî, 
et ce nom sert à daigner, entre autres, plusieurs poètes persans. 

2) C'est le surnom de plusieurs personnages marquants dans la po- 
litique ou dans la littérature. Pour abréger, on a quelquefois nommé 
Jamâli ceux qui portent ce surnom. 



- 63 - 



religion^)"; Camar uddîn ^^.tXJI Ji ''la Lune de la 
religion"; Imam uddîn ^^^r^xlt fL»\ ^le Chef de la reli- 
^on"; Najm uddîn ^oJî f^ "l'Astre de la religion"; 
Fair uddTin ^^jJJJ jsi Ma Gloire de la reUgion"; HUâl 
uddin QjsXlt S^ '^1& Nouvelle Lune de la religion". 

Quant aux lacaba dont la seconde partie est Allah ^ 
ceux qui se terminent par biUah, c'est-à-dire, "en 
Dieu", ala AUah "sur Dieu", lidin Allah "pour la 
religion de Dieu", biamr AUah "par Tordre de Dieu", 
et autres expressions analogues ^ ont été généralement 
portés par les khalifes abbacides et fatimites. Tels 
sont ceux de: 

Mmutacim hillah ^L ajuiaxII "Celui qui se réfugie 
en Dieu"; Elwâ^ biUah *Ub (J^]yJ\ "Celui qui se 
confie en Dieu"; Mmutawakkïl Ala AUah "Celui qui 
espère en Dieu"; I3,muBtandrbiUah»^yaijiM*i\ "Celui 
qui cherche en Dieu son secours"; El Fâîz binasr AUah 
jjft jiâJa jjUit "Celui qui jouit du secours de Dieu"; 
Adad ou Azad lidîn AUah xlît ^^r^^ Oo^o "l'Appui 
de la religion de Dieu", etc. 

Ce fut, disent les historiens originaux, le khalife 
Mutacim qui, le premier, prit un surnom terminé 
par le nom de Dieu, en se faisant appeler Mutacim 
billah ^JIL AJkOAJUQ , c'est-àrdire , "Celui que Dieu sou- 



\ 



\ 



1) Le féminin de ce titre est Baziyal vddUn i^^r^^l H^\ «Celle 
qoi est contente de la religion*; et, par ^abr^é, Raziyai, qui est le 
nom d'une snltane célèbre de Dehli, dans le xni« siècle. Elle était 
wiear de Rnkn uddin Firoz Schfth, et loi sncoéda. 



- 64 - 

tient". Ses saoeeeseurs Timitàrant; et, en effet.» leurs 
sonionis se termiiieat tous» soit par biUah litlj» soit 
par ala Allah jJLSt ^» ou autres expressions du même 
genre. 

Quant aux noms terminés par AUah^ d'un usage 
plus général» Toici ceux que mon manuscrit indique : 

Salâm Allah kAJ\ ^^ ^Celui qui s'abandonne à 
Dieu"; SaKm Allah «lit ^^ ''Colui qui est pacifique 
ea Dieu"; AUm AUah jJLIt ^^ ^Celui qui est savant 
en Dieu"; RaMm AUah «JUI f„*j>^j ^Celui qui est com- 
patissant en Dieu"; Hamd AUah jJLK kXZ ''la Louange 
de Dieu"; Fazl AUah aUI J^ ««la Bonté de Dieu"; 
Karam AUah jdJt ^/ ''la Générosité de IHeu''; Rohm 
AUah jJLII *>^ ^la Compassion de Dieu"; Amm AUah 
4JL!{ t^jsjJi "Ib Fidèle en Dieu"; Aman AUah iJUi ^U 
"la Sauvegarde de Dieu"; Bam AUah «lit ^ ''la Sta- 
bilité de Dieu"; Ziyâ 'AUah «lit sL^jo ''la Splendeur 
de Dieu";' Watt ÂUah JLi! ^ «rAmi de Dieu"; Nûr 
AUah «iil j^ 4a Lumière de Dieu"; Rûh AUah ^^ 
jU! «l'Esprit de Dieu"; ÈKaïr AUah iJLJt^ «la Bonté 
de Dieu"; Fath AUah JLiJ gJ3 «la Victoire de Dieu" 
JLil jsi «la Gloire de Dieu"; Ahçan AUah xU! ^y*^S 
«l'Excellent en Dieu"; Schuhr AUah jJUt yCô «l'Action 
de grâce à Dieu". 

Au lieu du mot^ffaA» on emploie quelquefois dans 
ce cas» comme dans les lambs composés du mot abd 
''serviteur", et d'un autre nom, un des attributs de 



-5è- 

Dieu 9 ainfli qu'on Ta tu pluB haut, duis las lacabs 
particuliers aux sûyids. Ainsi Àfamhk uTalî ^^\ é^ 
nom d'un éorivam hindoustani rignifia "le Seryiteor 
du très-haut". 

La dévotion des musulmans envers Mahomet et en- 
vers son gendre et ses petits-fils , a introduit des sur- 
noms où figure le nom du prophète, celui à' AU, de 
Haçan et de Huçaîn. Ainsi , au surnom à'Abd Allah 
"Serviteur de Dieu", répondent les surnoms d'^M tin- 
nabî (^t cU^y Abd urrofûl i^J\ Oua ^Serviteur du 

prophète" ou de "l'envoyé"; GhMm-^ Muhammad ^:ià 

fi 
vX»^ "SsclaTe de Mahomet"; Banda^i AU Jub 9tUj, 

«l'esclave" et même "le chien d'AU"; Kalb AU j> v^ 
''le chien de Huçaîn"; Kalb Huçaïn ^^^y^o wJ/ "la Ser- 
vante de Fatime"; Amat ulFâtima >uKàiI m\ etc. AU 
Cûli ^ J^, ou MfMiAxza CûU ^ ^ysaiyi »), et OtUâm-i 
Haïdar^) jj^^p^ ^^JLê "Esclave d'Alî"; AU Mardân 
^ôjA Jwfc') "l'Homme", c'est-à-dire, "le Serviteur 
d'Alî"; Aulâd AU ^ Siji") "Fils d'Alî" nom d'un 
des officiers de la famille royale d*Aoude, venu en An- 
gleterre et aujourd'hui professeur à l'Université de Ou- 

1) La pretnière de ces expressions est persane; la seconde et la troi- 
sième sont turques. 

%) On a YU plus haut que Hmdar, qui signifie «lion* en arabe, est 
le somom d'Alî. Il s'emploie pour son nom même, et on le traduit 
ordinairement en persan par Seh^r H^. 

S) Au pluriel, dit respectueux, pour ÀH mard ^j^ ^^» 

4) Jm pluriel pour le singulier iXiy 



- 56 - 

bHn; GtMmri Sftça^^j^sjms> f:iàet Ht^în CûU^^ 
^ "'l'Esclave de Huçain*'. 

Au snmom de Lutf Allah &13t sjJaà ""la Bonté de 
Diea'% répondent les hcabs de Lutf -4 Muhamtnad 
sX^ sjJbi ""la Bonté de Mallomet^ Lutf AH ^ ^àLJ 
«la Bonté d'Alî". A celui de Fad AUah UJt ^)..jQâ 
«la Bonté de Dieu", répond celui de ^o^aS ^fi JJL^ 
J^O «les Bontés d'Ail". Au surnom de Atâ AUah 
jJUt Lbx: «Don de Dieu" (en persan KhudâdM o\:>Vy^ 
et Foz^n Bakhsch jSl^. q^jj), répondent les sumoms 
de Atâ Muhammad Ju^ LJsc «Don de Uàhomet", 
Haïdar Bakhsch Ji^,jXjp^ «Don d'Ail"; AU Wirdi 
^^-^ J^ «Donné par AU'*, Atâ Huçaîn [j^^^s^- Mac. 
«Don de Huçaîn". Au surnom de KhalU AUah *JiH v)uJ3- 
«l'Ami de Dieu", répondept les sumoms de Muhammad 
KhalU JuJL> jLéjs^ et Yâr Muhammad kX4^j\> «l'Ami 
de Mahomet", Yâr AU J^^lj ou AR YârJ^, Jk 'TAmi 
d'Alî". Au surnom de Nûr Allah aJLSt jy «la Lumière 
de Dieu", répondent les sumoms de Nûr Muhammad 
Ju^jjji, Nûr AU ^ ,y "la Lumière de Mahomet, 
la Lumière d'Alî". On trouve aussi les sumoms de 
Muhammad Murâd ô^jA Ju^ «la Volonté de Maho- 
met", AU Murâd oty» J^ «la Volonté d'Ail", qui ré- 
pondent à Ma 8châ AUah ^Lit ^Lâ U ^Ce que Dieu veut"; 



.1) Ici le pluriel est encore pour le sîngalier, ce qui est fort usité 
dftiis rinde, et ce nom est, en effet, celni d'un poète Undonstanl. 



- 57 - 

lirâm Alt J^ ^\/\ ''la Faveur d'Al^; Fath Muham- 
mad K\é^ ^ , ou Fath Ahmad sXZ^ f^ "là Yictoire 
de Mahomet", et Fath Alt J^ gi «la Victoire d'Ail"; 
Muhammad Makarim >«^LXe sXè^ "les Bienfaits de 
Mahomet"; Schujâat Alt J^ v^^Ls^ «la Force d'AM"; 
Najaf Alt ^ sjuf «le Tombeau d'Ali"; Mazhar^ 
Alt ^^ j^ «la Manifestation d'Ali", etc. 

Enfin 9 on a même substitué aux noms de Dieu, 
de Mahomet, d'Ali et de ses fils, dans les surnoms 
honorifiques y des noms de saints devenus populaires. 
Tels sont les surnoms de Rizâ Cuit ^ U^ «le Ser- 
viteur de Riza^)", c'est-à-dire, «d'Alî Riza, le hui* 
tième imâm"; GyMm^i Muîn vddîn Qr^xil {j^Jtj^ 0^ 
ou «l'Esclave de Muîn uddîn", saint personnage sur- 
nommé Chischti ^^•— MM>-;> , dont le tombeau, situé à 
Ajmîri attire constamment de nombreux pèlerins^); 
Calandàr bakhsch jjLJ?. .JuIS «Don de Calandar", célè- 
bre fondateur de Tordre des derviches qui portent son 
nom ; GhMm Cutb uddîn ^^jjJ^I v^aS f^)Là TEsclave 
de Cutb uddln", musulman célèbre par sa sainteté, 
et qui donne son nom au Cutb Minâr de Dehli , auprès 
duquel il est enterré; Abd JUânt J>^L:> <-^, c'est-à- 



1) Nom, entre autres, da fils aîné de Nadir Schftli. 

2) Voyez, au siget de ce personnage, des détails circonstancié dans 
mon Mémoire sur la Religion musul. dans VInde, p. 62 et suiv. et 
VlilamitTiie p. 368. 



— 68 — 

dira ^flervitear d'Abd uloàdir Jllftiil'\ grand sâint mn- 
solsuuiy ete. 

Oatre mb différentes diieses de kusabê,^ qui com- 
menoent on fimsaent par des mots déterminés^ il y a 
des laeabê yariés à Tinfini. Tels sont ceux, par exemple, 
de Schâh cdam^ ou, plus régulièrement , Schah-^cHam 
f^ vL& «"le Boi du monde''; Alam guir Js^ f^ ''Con- 
quérant du monde"; Bafî uddarjât oL>^<xJt Mi. 
^Éleyé de dignités", noms de sultans mogols; Jahân 
dâr ^l0ûl^:> ^Possesseur du monde", autre titre royal 
qui a le même sens que Jahân dâd ù\o qL^ ''Monde 
donnée nom, entre autres, d'un chef contemporain de 
la tribu nommée HazâraJiy dont la capitale estXJmb 
(Amb), près de Peschawer. Tels sont encore les surnoms 
de Sarmast khan qU> s;>uM^yM "le Brave Khftn", donné 
par Scber Scb&li à son général Ibrahim; Davlatkhân 
q13- s^yy "le Ehftn fortuné"; Azam khan ^13> fJôLsA 
le EJiàn élevé", et autres titres de ce genre, donnés à 
des personnages distingués^). Schams tUurnara ^m.^ 
t w«^t "le Soleil des émirs", titre de deux nababs de Haï- 
derftbâd ; Bâcir hiraîn ulcalb ^^Jl^i [j^ ^ "Celui qui 
regarde avec Voeil de l'esprit", surnom de Wali uddîn , 
qui a écrit sur les quarante traditions. 

Le plus souvent ces lacaba honorifiques sont arabes 
pour les musulmans de tons les pays; quelquefois ils 

1) Voy Chrett. kindoustame , p. 86. 



- 69 - 

appartittinenty selon les locaUtés, aux différantes 
langues de TOrient musulman. Ainsi , Alp Arslânf ou 
''le Lion courageux"'» est le surnom turode Muhammad 
bén D&ûd ,■ second sultan de la dynastie des Seljukides ; 
Kola pahâr j^ "i^ ou ''Montagne noire (Noir mont)", 
est le surnom hindoustani de Miyftn Muhammed Gar- 
muli, personnage mentionné dans l'histoire de Soher 
Schfth^). Dans l'Inde, les musulmans prennent nàème 
quelquefois des titres hindous. Ainsi, on trouye dans 
la même histoire de Soher Sch&h la mention d'un Sâj& 
Pratâp Schàh, fils de Bhûpfll Schâh, et petit-fils de 
Salfth uddin. 

Nous ayons yu que souyent le même personnage a 
plusieurs hmyaU; il a souyent aussi plusieurs la4xibB 
ou surnoms honorifiques du même genre. Tel est Ka^ 
mal udâHn Abû^l Ganâîm Abdwrrazzâc ben Jamâl vddm 
Kâëchî, c'est-à-dire, "la Perfection de la religion» 
le Père (le possesseur) des dépouilles» le Seryiteur du 
nourrisseur par excellence, fils de la Beauté de la 
religion, de la yille de Eâschftn". 

Au lieu d'exprimer en entier ces surnoms compo- 
sés, on n'exprime souyent, pour abréger, que la pre- 
mière partie du composé. Ainsi, par exemple, Cuib 
u^oaS est pour Cuib uddtn "le Piyot de la religion", et 

c'est le nom d'un spiritualiste célèbre; JSujjat 



1) Ouvrage qae j'ai traduit en français sous le titre de « TJn chajntrç 
44 V Histoire de Vlnde munUmane"» 



-. 60 — 

est poor BiÊJjat uUêlâm "là Preuve de la letigrâB", 
et e'eft le laeab d'un jorifleonsiilie distingoé; Fairid est 
pour FaiM uidin „\% Perle de la religioa'% et e'est le 
tmntm. honorifique de Sehêr Sehâh , oa ''le Boi lion", 
titie qui répond au nom de Xerxès, dont il donne Téty- 
mologie. Il en ett ainsi de Kamâl Pachas qui est pour 
Kimal uddin ''la Perfection de la religion", pâsehâ; 
Fuâd (Fawàd) éfendi, pour Fawâd uddin ''le CcBor 
de la religion" éfendif nom d'nn Ottoman clu^gé il 7 a 
quelques années d'une missicm auprès du paeha d'Egypte; 
UbaXd, pour UbaSd Allah "le Petit esdaye de Dieu", 
laeab d'Dbaid Khin ben Mahmùd, sultan Hzbek du 
XTle siècle; Tahc^ beg, pour Tahcin nddin '^l'Amé- 
lioration de la religion" beg, nom d'un grand juge de 
Bomélie; Schvjâ^ pour Sehujâ uddatUa aI^xJ! pi— ^ 
''le Courage de Tempire", comme dans Sehâh Sehujâ 
surnom d'un célèbre Nabâb d'Aoude; HaMbj pour 
Habib Allah; KhalU, pour KhalU Allah, etc. 

17. Le surnom de relation, ou iam^u nisbat ^^t 
y^i^MtXf répond, çi-je dit, à Ya^omen des Latins. C'est 
en arabe, aussi bien qu'en persan et en bindoustani, 
un adjectif relatif^); car il indique, en effet, les rela- 
tions d'origine, de qualité, de tribu, d'école , de 
cUentelle. 

La désinence turque li ou lu ^ remplace quelque- 
fois , dans les surnoms turcs , la désinence arabe % ^. 

1) Orammaire arabe et S. de S«cy, t I, p. 331. 



— 61 — 

Ainsi, an lieu de dire KnrcH (Kurde), on dit KurdAiy 
comme danB Mnhammad Knrdélt Pfteliâ, qui a été corn* 
mandant de Vordou, on corps d'année de rirftc acabi; 
et an lien de Berkétod c'est-à-dire natif de Birgni en 
Natolie, on dit BirguUû, et c'est le nom Tulgaire 
de l'auteur d'un catéchisme musulman'). 

Ce surnom de relation équivaut à certains surnoms 
romains , considérés comme des titres d'honneur, tels, 
par exemple , que celui de Coriolanus , donné à Gains 
Marcius, i cause de sa victoire de Gorioles. 

Tels sont les surnom^ de Misfi i^ya^ ''Égyptien"; 
MahH jCt ''Mecquois"; Baîdaui ou BaXzawi ^jy^^ 
"Natif de Baïda en Perse *)"; Huçaîni j^.a^m^s»' "Descen- 
dant de Huçaîn", fils d'Ali , ou dépendant d'un indi- 

M» 

vidu de ce nom i Fâtimi^^^.^ "Descendant de Fatime" 
(I atimite) ; Curaîschi ^^^A»/ "De la tribu de Cundsch"; 
Schafiyi ^Là* "Disciple du fondateur dé ce nom d'une 
des quatre écoles orthodoxes"; Ansâri f^\jaj\ "Descen- 
dant des Ansàr ou Aides", nom donné aux habitants 
de Médine qui vinrent en aide, lors de l'hégire, aux 
réfugiés de la Mecque; Akhtari^yi^\ "Astral", d'aM- 
tor, "astre", surnom, entre autres, d'un lexicographe 
turc; Bâbili JJj^ c'est-à-dire, "de Babel", l'ancienne 
Babylone, surnom d'un grand prédicateur musulman; 

1) Le même qae j'ai traduit en français sons le titre de EspoiUitm 
de la foi musulmane. 

Samom, entre autres, d'nn oâèbre commentateur du CJorau. 



— 62 — 

Mâwardt i^^ ^Mirehaiid d'eau de rose", sanunn 
d'm pablieiste miuabnan, ete. 

Os eomprend que les noms de relation tirés des noms 
de TÎHee on de pays scnent anssi nombreux que les vil- 
les et les pays dn monde mnsnlman. Le tableau de ces 
fomoma en serait en même temps la nomenclature 
géogiapbiqne , et je ne Tentreprendrai pas. 

Yoiei nn petit nombre des noms ethniques sous les- 
quels sont connus des personnages célèbres. Fargânt 
J^i *de Fargflna", en Tnrkistan , célèbre astronome , 
connu en Europe sous le nom diAlfragan; Firozâbâdi 
^^AAy^^ ^de Firozabad", ou Khouz ;y> . capitale du 
Kbouzistan, auteur du Dictionnaire arabe intitulé Ca- 
mcm ou ^Océan** ; Maïdâni^So^^ ^de Maîdan'% quar- 
tier de la Tille de Niscbapur , surnom d'un célèbre col- 
lecteur de proverbes; Cvi>li^JûjS «Copte", c'est-à-dire, 
figyptien: de là, on nomme Maryam Cvbtiyâk a-swo 
iuk3 ''Marie la Copte" sainte Marie Égyptienne ; 7a- 
brézi i^Hffi ''de Tauiiz", surnom , entre autres , dn 
célèbre spiritualisteSchamsuddinTabrézi; Tvd^^^^ 
^de la ville de Tous", en Ehorassan , surnom du grand 
astronome Nadr uddin Tûci ; Zamakhachari ^jù^^J^- 
«de la ville de Zamakhscbar", en Ebawàrezm , surnom 
d'un célèbre commentateur du Coran ; FarâM {Alfara- 
biuê) ^! .b , c'est-à-dire , de Farâb , Otrar » ou Sîrâm , en 
Tnrkistan, surnom, entre autres, du maître d'Avicenne, 
qu'on a appelé «le plus grand des philosophes musul- 



— es - 

rnans", cnsJL-^t tàjJSi j^, et ^e plus abstinent des 
hammeer LijJt ^ yJjJt J^t, etc. 

Lies noms de relation dériTés des noms de Tilles on 
de pays composés de deux mots^ soit séparés, soit 
réams, se fiirment, pocr abréger, d'nn de ces mots sen- 
lement. C'est ainsi qne, des noms de M^Baït M^Mu^ 
caddas (jMjJat s^^^Jt *la Yille sainte", c'est4rdire Jé- 
rusalem , dérive Mueaddéd ''natif de Jérusalem" ; de 
Hadramant , Tille de l'Témen , dérivent Hadri (et jBa- 
draiid)y ''natif de Hadramant"; de Maîyft Fftriqnln, 
Tille de Sjrrie, dérive Fariquit natif de ^cette ville; de 
Dâf ussalâm ^i^LJt ^b ''la demeure de la Paix", c'est* 
irdire Bagdad, dérive Scdâmi ^'iL^, synonyme de 
Bagdâdi ''natif de Bagdad", etc. 

Tels sont encore les snmoms de relation de Tabari 
^•J?, "natif dn Tabaristan", snmom, entre antres, 
d'an célèbre historien persan; Lâri-^^ '^natif dnLa* 
ristan*', snmom d'nn grammairien distingué; Zangvi 
^y «originaire du Zanguistan", on le pays des nègres, 
somom des princes de la dynastie des Atabeks^ entre 
antres , de Nâr uddin Mahmûd Zangui , le Noradin des 
croisades. 

Certains dérivés sont anomaux. Tels sont ceux de 

nazi i^\\^ "Bbazès", c'est-à-dire de la ville de Bti ^V 
ÇRages) , Hanoi ^^^ "de celle de Hérat", etc. 

Quelques-uns de ces surnoms pourraient être consi- 
dérés comme des noms de famille y attendu qu'ils ont 



- 64 - 

été donnés à plusieurs individus appartenant à la même 
famille. Tel est , par exemple , le surnom de Barméki 
ou Barmécide, donné aux descendants deBarmekoa 
Barmak, aïeul d'Abû Ali Yahya ben Ebàlid, père de 
Jafar al-Barmaki, favori du sultan Harûn urrascMd ^). 

Il 7 a des noms de relation qui sont formés du pre- 
mier mot d'un surnom honorifique, et qu'on emploie 
comme une sorte d'abréviation de ce surnom. Ainsi 
Imâdi (^v>L^ est le nom donné à un poète persan célè- 
bre, au lieu de son surnom honorifique in extenso: 
Imad uaschuarâ \jk^\ oL^ ''le Pilier des poëtes" ; Aldi 
Pacha LàL (^Juc, général turc actuel, est ainsi nommé 
pour Abd AUah PâcJia; Nûriéfendi (^Jûàî (^y » fonc- 
tionnaire turc connu , pour Nûr uddin éfendi; Haidari 
^iAj^(Haîdarien), écrivain hindoustani, i^oxm Haîdar- 
Bakhsch ou ''le Don d'Ali". 

On abrège quelquefois de la même manière des 
kunyats. Ainsi Haîyâni «^L^ est employé pour Ibn 

Haïyân qUs»» ^I dans le nom d'un célèbre commenta- 
teur du Coran, Acir uddin ulandaloucî. 

Le même personnage prend souvent plusieurs sur- 
noms de relation. Tel est, par exemple, Mas'ûd al 

1) De même, le célèbre général et grand vizir Mehmed Ctoproli PâchÉl 
eut deux fils qui lai snocédèrent dans sa dignité et qui s'appelèrent, 
comme lai, Ck)proli Pftchâ, comme si Coproli ou Kipristî qui signifie 
Chypriote (c'est-à-dire.- de Chypre), était leur nom de famille; mais je dois 
faire observer que, Coproli Pâchâ étant chrétien dans Torigine, il» 
ont pu rester un peu en dehors des usages musulmans. 



— 65 — 

Tamîmî al Khuraçânî, pereonnage célèbre par sa sain- 
.teté, qni^ d'abord yolenr, {ht miraculeasemeot converti 
en entendant la lecture d'un verset du Coran , dans une 
chambre qu'il allait piller. 

Ces surnoms deviennent quelquefois des espèces de 
noms patronymiques,, qui s'appellent, dans l'Inde, 
padbî ^^Ju , et qui se donnent à tous les individus qui 
appartiennent à une confirérie religieuse , ou du moins 
au chef héréditaire de cette famille religieuse. Tel est 
le surnom de Chiche iS^^ y c'est-à-dire natif ou origi- 
naire d'un endroit nommé Chischt en Bejestan , lequel 
fut d'abord donné à un grand saint musulman , très- 
vénéré dans l'Inde , que j'ai cité plus haut , et qui sert 
même à indiquer le mois de jumftzi second, parce que 
ce saint personnage mourut en ce mois. L'ordre reli- 
gieux qu'il a fondé se nomme birâdari chischiiya v5^^|*i 
auwC^:^ „confrérie chischtienne", et ses successeurs dans 
la direction de cet ordre , nommés sajâda niscMn vcisff 
{j^jSiS ou „assis sur le tapis", prennent le surnom de 
Chischtî , comme leur patron. Tels sont Salîm Chischtî, 
Said Schfth Zuhûr Chischtî >) , Ehftja Abd urrahman 
Chischtî ^), et plusieurs autres. 

y. Les titres de dignités ou fonctions , amiâ manâcSb 
u^u^LwQ Uwt „noms de fonctions", et au singulier , ùm-i 

1) Voy. mon mânoire sur la BeUg. mumim. dans flnde, p. 67 et 109, 
et Viêkmisme p. 858. 

2)* Auteur du Mirât uUurdr^y**i\ HL^. 



— 68 — 

mamêàh wamâa ^I «nom de fimetion"» ie dirtmgpent 
des smmomB hooorifiqiiAi wiaI et des titoee d'honneur 
SfJJa^ en ee qn'ikioiitrexpnsBioadesfbiictioDS, et non» 
eomine les kkitabê^ des titres eUégoriqnes on des loent- 
ions de ftntaisie derennes aouTent de simples appellat- 
ioDS de politesse , flans Yàleur réelle. Parmi ees noms, il 
y en a qni sont eommnns à tont l'orient mosnlman , tels 
sont, par exemple, cenx d'cmam » de êchatiA, de ecuK on 
ouii ,ydS|. et nombre d'antres. 

n y en a qxd sont partienliera à eertsins pays. Tel 
est le titre de «lûaiim, abrégé de «iû»ifiiiM2daiifajiyXll JJàÀ 
i^rarrangenient de l'empire", donné an sonrerain de Hm- 
derabad; et de <% on plutôt de dai ^^o , qni signifie à 
la lettre ^missioimsire", donné an sonrerain d'Alger 
aTant la gloriense conquête qni a signalé le règne de 

Charles X. 

D y a des titres qni sont tombés en désuétude, comme, 
ponr ne citer qu'un exemple, celui de taêehtdâr Xkxùljip 
qui signifiait oe qu'cm appelait autrefois ,,le grand bou- 
teiller^i et qni se donne simplement de nos jours au do- 
mestique qui reise de l'eau sur les mains pour les layer. 
n y en a de noureaux qui les ont remplacés , comme ce- 
lui de nabab f qui est donné au lieu de Tancien titre de 
nâ& lylieutenant". 

Q n'y a pas proprement chez les musolmaos de titres 
excluslYement ecclésiastiques. En effet , les musulmans 
n'ont pas de clergé. Les fonctions de la magistrature se 



ijonfondenl cliez eàx éHtéc leslbîictiôiis i^eligietoiee; eâlt 
Y% loi civile sidenifflè liVec la loi religtéôto. îâhà ïé 
fhufii jJJk esl l6 doèteuir qui dom»6UlddéttiÉmijfùri^ 
diqhe on fiMâ jf^xk, et le ^rand mn^i, qtii preàd à Oôte- 
Btantinoplé le titre de schafkh tdièlâm jb^U'it ;^jJt (lé 
Bôliaîkh, par antonomase, de la h^ligion mnsulmaniè), est 
plutôt gîùnd Jagé on inibistrè de làftÉtiee qne jgrtàîà 
))Ontifè. Dé tiAme , les nléma AJjx od ^sàYants" sô&t 
plutôt dés tna^'tràt&y et \é co^pb des uléAià c'est la ihâ^ 
gisti^brè ^), ce qui n*emp6ché pas ïeb tilèiua à*è\ice de 
yêritabteâ doctètttè, de là loi âmstdmafie , et à*Mit dés 
élètés yùlgtdrèàieiit nonimé^ éoftà , inàlè ^h>^fébiéiit 
mJkhta xxiA^, c'eslri-dire, «zélés", à la lettré «ferûlés" »); 
les mêmes qu'on nomme dans Tlnde tàlib iMm ^^gJJb 
JLjlI! ''cliercliears de science", et en Péiisë dânUchvi/ùt'nd 
uXJUuâJlo on ^sagee". tCes étudiants deyiënhent ensuite 
mulâzim çùL* , c'èst-i-dirè, ^^^candidats''; puis miidarris 

fj^jO^ on '^professeurs", et enàn ils parviennent aux 
grades les plus élevés du corps des uléma, 
n n'y a pas de prêtres chez les musulmans '}; le pre- 

1) Au surplus, oe qu'on entend à Constantinople par les nlâna, ce sont: 
l^ les cdgiê ou «jnges»; 2^ les muftù on «interprètes de la loi'; 8o lesMu^ 
on » ministres du culte''. On donne, entre autres, oe dernier titre aux aumô- 
niers de r^ments. (ITbicini , Lettres sur la Turquie.) 

2) Bianchi, JHetîonnaire turc. 

3) C'était Ut peu à 6e qu'il paraît (linsi che« Ibè JhiA à l'exception du 
gnuid-prêtre ; car on voit dans le N.T. qu'il y a une sorte de oonfiiBion entf@ 
les ^i^reë et led scHBei ou les geiis dte loi : (làwyer) cdmme oii traduit dans 
la version anglaise de la Bible. 



— 68 — 

* 

mier venu peut excercer les fonctionB d'tmam fL\ ^) ou 
'^officiant", c'est-à-dire àepesch namâzjU erâ^ comme 
on le nomme en persani celui qui est en avant des autres 
dans l'exercice de la prière et dont les assistants doivent 
•uiTre les mouyements; et, par suite, le chef religieux 
et politique; car chez les musulmans ces deux titres se 
confondent. L'appellation d'ûnam^)ou ''premier", c'est- 
l^dire ''chef suprême de l'islamisme"» donnée d'abord 
aux premiers khalifes, a été plus spécialement attribuée 
par les schiites à Âli et à ses descendants et successeurs 
légitimes , qui forment avec ce khalife les douze imàms 
par excellence *). On a donné aussi spécialement ce ti- 
tre aux Aêhâb-i Mazâhib v^tJ^ s^L^t ou fondateurs 
deê quatre principales écoles orthodoxes : Hanl&, Malik, 
Hambal et Schafiii et à beaucoup de théologiens distin- 
gués, pour lesquels ce titre équivaut à celui de docteur ^). 
On appelle spécialement khdtib u^l3> "l'imàm pré- 
dicateur" celui qui, monté sur le mifibaTyJ^ ou "chaire", 
récite la khoiba lulaiv ou prière officielle du vendredi à 
midi. 

1) Ce titre répond, quant à la signification et à Tapplication, aox titres 
Utinfl de antistet et àtjfraeiul, donn^, entre antres, aux éTêques. 

2) Le mot persan pesehitki]^^^ est la traduction exacte du.mot arabe 

JUl» Il daignait, à la vérité, spécialement le chef du pouvoir exécutif 
ebex les Mahrattes. (Langlàs, Voyoffâ chez les Mahrattety par Tone,p. 303). 

9) D'Herbelot, BibUot. orient, au mot Itnâm; Reinaud, Momimente mw- 
ml, t. I. p. 266. ^^ 

4) JSn efEst, aimma A.f,l, qui est le pluriel du mot tiii4îfe |»U), signifie, 
pftreitension, «sayants*. 



^ 6Ô- 

Deux titres tout à fait religieux, et communs à tout 
l'Orient musulman, sont ceux de Mjiz ^\js> ^'mémora- 
tif, que prennent les musulmans qui savent le Coran 
par cœur , comme Schams uddin Muhammad Hftfiz , le 
plus célèbre des poètes persans; et de Aa;ï^^^L>ou '^pè- 
lerin", que seuls ont le droit de porter ceux qui ont visité 
en personne les lieux sacrés de? Arabie, c'est-à-dire la 
caaba de la Mecque et le tombeau de'Mabomet à Mé- 
dine. Tel fut Hftji Bftbâ, non pas le héros &ntastique des 
romaniï de Morier^ mais Âbd ur Bahman Osmftn el Tar- 
sûci^ grammairien arabe distingué. 

 l'imitation des musulmans, les chrétiens orientaux 
prennent ce titre lorsqu'ils sont allés en pèlerinage au 
tombeau de Notre-Seigneur à Jérusalem; toutefois, ils 
le mettent à la suite de leur nom, tandis que les musul- 
mans le mettent avant. 

Un autre titre , tout à fait religieux, c'est celui de/a- 
qiâT jfSù en arabe , et derviche ou darwesch jàuSj^o en 
persan. Ces expressions désignent un pauvre volontaire, 
ime sorte de moine mendiant^). Lenomde/a9ui7*eBt 
plus généralement usité que celui de derviche^ et même 
on l'applique dans l'Inde aux joguis, sannyacis , haïra- 
guis et autres mendiants religieux hindous. 

Les chefs des derviches se novûjR&ûiptrjo^ senior. 
De là viennent les surnoms de Pir Mohammed^ PîrAlî^ 
etc. Pîr-zada ou ''fils de Pir" a quelques chose d'analo- 

1) Le moine chrétien se nomme rdAib vJa^K. 



- 70- 

Il 7 ^, eertaiiis titr^ paftiouliQm au^ veUgidux a^i- 
tiuajistea. T!ék sont çeu^ ^e, ^ oia «^/ï v^^)< ^^ 4ei mvr 

m 

t6«fàplati£", et n^t^a9T»/^LjuiX4 ^'oelmi qais«'effoFedd*en<^ 
trei en. oontexaplation" ; îh^adm ^v>U> ^a^vil^ar (cb 
Diea)'', et mutakhaddim fJaJiU ''oel«i qpi oherobe ^ 1& 
deyenir''; ffUMtikMA^))^ ou- marcAotU en. Barbarie i^y«, 
c'est-à-dire , ^iié (à Dieuf*. 

Le titp» die ^a««« ou gausazam Jàt^ \Sjyt '^grttadaide^ 
est donné à celui qui tienile rang le plus éminentparm^ 
tes Bofia 9 puis yiennentr les expressicms de wcM ^ ''ami 
de Dieu" ou aâlih ^Lo, c'est-à-dire, ''saint (personnage)*^' 
zâhidJ^\^ "abstinent"»); âbidjJ^ "adorateur (de Dieu)*', 
et malâmati ,^Xo "blâmable"'*), c'est-à-dire celui qui 
cache sa dévotion. On emploie dans le même sens l'ex- 
pression de calandar jM^ *), de bâtin '^\a "intérieur", 

1) On l'emploie ^nelquietoia ftv«id> les noms propres. On lyipeUe, po^ 
exemple, Mtflfi mscAdbili, un, c^èbre s^iritualiste^ dont il est.raoont^, 
dans le Maniic uttatr, plusieurs anecdotes. 

3). On. prétend (^.mardàit Ja^iyQ, ^i le pluriel daoe-mot^ et q^^tm en 
a {ai% Mmof^vid^f mais J;. d§ H^^m^r fa^t ol)^u^Ar %veç, rai^^ q^ 
Joj\jA n'est pas le pluriel de maràiit Jûy^mA ; mais qu'il est singulier et 
signifie «palefrenier". 

^^. J)«Jà le à&ivié^zdh^, aurnom d'un théologien célèbre qui a commenté 
le Traité de Timâm Cudûrî. On. l'appelle SéAib ulJtunyai * qui porte bie^ 
son surnom'', parce qu'il a imité son aïeul Ntgm uddîn Zftliid , duquel il a 
tiré Wf^ surnom» ^ 

4) Ou plutôt ff celui qui s'expose au blâme''. 

5) Ou plutôt calandari (^jOsJX>^ q*e8i^ire i/sectateor de Calandar», 



- 11 - 

de mvbâhî ^^^s>LkA «'jottiBsaat de la liberté spirituelle*' et 
quelquefois de zindie (jJ^j^ quoique ce dernier mot si- 
gidfie proprement ''impie" et même ''athée". 

Lee souyerams musulmans s^appelèrent d*abord kha- 
tS/es AàJi^i c'est-àrdire "successeurs (de Mahomet)", et 
imême^ ainsi que je viens de le dire. Ils se nommèrent 
aussi amir nfmuminîn e;^JN^t ja^I ou "prince des croy- 
ants'^, et amîr tdmuslimin {j^:éLJk\ jf^\ "prince des mu- 
suhnsms^y. Ces titres furent portés tour à tour par les 
quatre premiers khalifes , par lés Ommiades et par les 
AbbaBsfies , et le dernier par les Almoravides et par les 
Almohades; 

Au déclin du khalifat , les gouverneurs des provinces 
qui s'emparèrent peu à peu de Tautorité souveraine se 
contentèrent d'abord des surnoms honorifiques ou lacabs 
que leur accordèrent les khalifes, ainsi que je l'ai dit plus 
haut. Mahmoud le Gamévide , qui régnait à la fin du 
z* siècle et au commencement du xie, fut , on croit , le 
premier qui prit le titre arabe de sultan ^\JaLi ou "gou- 
vernant" ^, dont les croisés firent Soudan , et qu'on donne 



fondateur d'une sorte d*ordre ou de confrérie religieuse. Ce sont des sofis 
qui se rasent la tète et la barbe , et qui font profession du détachement le 
plus complet des choses du monde. Ils observent même, chose étonnante 
pour des musulmans, une stricte chasteté. 

1) Ce fut cette dernière expression que les croisa rendirent par miranut- 
rnoUn. ^ 

2) BibUot. orient, ou mot Solthan. Le titre àxisuUdnuldm ^uu) ^LoJLm 
«chef du peuple*, a été pris par un chef Arabe qui s'est mis denâèrement , 
en Algérie, à la tète d*une petite insurrection, facilement comprimée. 



- 72 - 

actuellement en Perse aux gouyemeurs de proyinces ^). 
Le mot sultan s'applique aussi aux femmes et est ain^ 
fémiflin, en hindoustani, dans ce cas. On le traduit alors 
en français par le mot stdtane. Fuis Tinrent les titres per- 
sans de achâh sL& ^^roi", et àepâdschâh sLi^L^ ''sei^ 
neur des rois", titre qui équivaut à celui de mirânschâh 
»Là qLuq ou ''le roi des émirs'', porté entre autres par 
un fils de Tamerlan, et àe schâhinsehâh vL^OPUm ''roi dos 
rois", qui a été porté pour la première fois par Ismaîl 
Sam&ni , fondateur de la dynastie des Samanides y à qui 
il fut donné par Motaded en 287 (900). Ce titre pom- 
peux de shâhinschâh ou "roi des rois" est donné aujour- 
d'hui à Gonstantinople au grand maître de la garde-robe. 
Les fi^uirs ^) prennent avant leur nom le titre hono- 
rifique de achûh; mais la distinction qu'on a faite entre 
les noms précédés ou suivis de sckâh n'est pas absolue. 
C'est ainsi qu'on a nommé les magesi2(n>, non parce qu'ils 
le fussent réellement, mais par suite de cet usage orien- 
tal ^). Cette distinction est réelle pour le mot mirzâ 
„Prince". EnPerse avantle nom c'est un titre banal qu'on 



1) Il entre aossi dans la composition de certains titres d*]ionneur, comme 
dans êuUén vddaula M^cVJI qLoLm ^le souverain de Tempire*, tulédn 

Mrifin \j3Xmj\ q. h Im» «le sultan des contemplatifs'; titre honorifique 
de Jalâl ttddk Rûmî, Tauteur du Matnam. 

%) Sur les classes des fiiquirs de l^Inde. Voir H. S. Reid , Uq)ort , 1853, 
Agra p. 24. 

3j Voir mon Mémoire sur le MatUic uttair p. 51 ; celui sur la S^Uffim 
MutulmapeVlnd€y p. 2l et V Islamisme p, 312. 



- 78 - 

dmine sox grens de leibraB, mais après le nom il est fé- 
aefvé aux princes de la fianiUe royale. Il parait que le mot 
sehâh , qui signifie proprement ''roi", est, aussi bien que 
sultan, employé par politease, surtout dans l'Inde, ayant 
ou après les idams des personnes qui Boai loin d'aToir Tau* 
torité souTeraine. Quant aux souverains, on trouye le nom 
de seiâh précéder ou BUiyre indifféremment leurs noms. 
Ainsi on dit ImiâU Schâh ou Schâh ImmM , en parlant 
du roi de Perse, fondateur de la dynastie des êofis , père 
de Tahmasp, qu'on nomme aussi TahmoBp Schâh ou 
Schâh Tahmaap, 

Les souverains persans, indiens et turcs prennent 
aussi le titre de seharydrLj^, expression persane qui 
signifie à la lettre ''clief de la ville", et plusieurs autres; 
et, spécialement le sultan de Constantinople , celui de 
hkwand kâr Ji «Ai^ , formé des mots persans khwand 
Jû^i) ''seigneur" et kâr ji ''chose", c'est-à-dire, ^chef 
de la chose publique (république)", et même àekhûnkâr 
,L5o^ "agissant dans le sang", à cause du.droit légal 
de vie et de mort qu'il a sur ses sujets; ou simple con- 
traction de^l^Jû^. 

On donne également à ces souverains le titre tartare 
de khân ^13-, titre qu'on donne aussi en Perse aux gou- 
verneurs des provinces et à d'autres grands dignitaires , 
et qui est prodigué dans l'Inde au point qu'on en gratifie 

1) C'est œ mot qui e&tre dans le nom de Mirkhond, eélèbre historien 
penan. 



- w - 

tous les mvBiilMftns d'origioe pfttlMUM o» a%aiie , UgoàiB 
que son féminin hhânam |Jl3> ne se donne guère eeped - 
dant qu'aux princesses et aux grandes dames. 

Khâcéhè Qldl:> ''prince ou roi" est un mot ture et il 
parait avoir donné naissance à khan ^13» , qui en semble 
la contraction, ou en est peut être dérivé ^) . Khân kkânân 
qIjUp'I^ "prince des princes" est un titre dTionneur dont 
la valeur ne répond pas à Tétymologie. Du mot arabe 
rahb yK , qui signifie^ proprement **Beigneur**, dérive le 
pluriel ar&^(^y, usité encore de nos jours dans Flnde 
musulmane pour désigner les chefs du pays. 

Le titre de wasir ji\^ ou ''ministre" est bien connu. 
Cette expression , qui est arabe et qui signifie "chargé 
(du poids des affaires)", est usitée dans presque tous les 
pays musulmans. Toutefois, on emploie plutôt dans 
l'Inde y dans le sens de ministre, le mot diwân q\^.v>, le 
même qui, en Turquie et en Perse, soit seul , soit ac- 
compagné de l'adjectif AîwnâytînQjjLf "heureux", signi- 
fie "le conseil d'État*)" (et quelquefois le ministère), 
dont les membres sont appelés miMcMr m^^ ou rmista- 
8cMr JJiJiMé^ "conseiller')". Lorsqu'un souverain n'a 
qu'un ministre , on le nomme wadr hiU J^yA^ ou "mi- 

1) Par le redoublement du mot ià4n ; car il est évident que ^^ est syno- 
nyme de qIp^*' 

2) Voyez la notice de Bianchi sur V Annuaire de V Empire Ottoman; 
Journal asiatique, 1847. 

3) Le président du diwan se nomme eUwén bégvii^Jf^ qIh^* 



-% - 

matte sapiéme", à hk lettre , ^miniatre de toute choee'\ 
Le grand vizir se nomûie à Conatantinople sadr-i azam 
f,^\ jj^ ou sadf^i âli ^j\Xta , c'est-à-dire à la lettre 
"la grande poitrine , la poitrine élevée*' ou plutôt ^le 
graj^id centre , le centre élevé'V Le titre de grand vi^ir 
est la traduction de wazir-i azam a h. .tr.tj^y On le 
noni^ie a^iwsi was^ uluzarâ t^^t j^m ''vizir des vizirs^'» 
qui est le même titre que celui de toa^ir ulmamâiik jé\^ 
(fUUtt ou ^ vizir dés provinces",, dont le ^nonymenatoâft 
vl^y et vulgairement nabâbj qui est plus usité dans 
Yhiàf^j équivaut w tiire turc de pâohâ LûL^, prononcé 
m arabe hâschâ Lâjj,. et dont nous avions ânt ha»m. M^s 
ce dernier titre, de même que dans Tlnde celui de fiabâb , 
a perdu de sa valeur en Turquie , car on le donne , non- 
senlem^it aux lieutenants généraux , mais aux maré- 
chaux de camp.. 

Ofir donne aoasîi le titre de wâU ^\^ ail gouverneur 
d'ime province « nommée en Turquie toilâyat ^^y^^y Le 
premiw secrétaire du grand, vizir se nomme nâzirjbi^ 
ou "inspecteur". On donne encore ce titre à une espèce 
de ministre de la maiscm du sultan. Le titre de (2e/^rdar 
)^y^9 4^ signifie proprement "gardien des registres", 
se donne au ministre des finances, oelni àe mtthurdâr 
j^^j^ "garàe des sceaux" au chancelier , et on nomme 
éoâtdâr j\Ji:i\^,^ ou "porte écritoire" le secrétaire parti- 
ooltor du sultan. 
Le mot kâtib w^ajII^ , q«i signifie "écrivain;" , et qui , 



- 76 -T- 

daûs ce ôeûS , est synonyme de mulvarrir jj^ , se prend 
pour signifier "secrétaire** et même ''ministre d'État", et 
il sert , dans ce cas , de surnom , par exemple , dans £a- 
iib Isfahânij auteur connu, qui fut secrétaire du fameux 
Saladin. De Mtib dérive KâtiM, qui est devenu le nom 
d'un célèbre poëte persan. Le synonyme persan du mot 
arabe kâtib est mimschî ^^m^. On nomme munscM ul- 
mamâlik (éUUiJ jc^^^ ''le secrétaire des provinces" le 
premier secrétaire d'État. 

Le titre de beg3Ui (prononcé bey) ou bek (é)ua, qui, en 
Barbarie , est écrit et prononcé bâî ^L , est proprement 
un mot turc signifiant ''seigneur , prince"; de là le titre 
d'atâbeg 3i^ \s\ "le seigneur père", c'est-à-dire dans l'ori- 
gine, le gouverneur d'un prince, pais son vizir, son lieu- 
tenant, et enfin le roi lui-même. C'est le titre spécial 
d'une dynastie de souverains persans. 

Le titre de beg se donne actuellemlnt aux officiers 
supérieurs de l'armée de terre et de mer, tandis qu'il 
était auparavant synonymie de pàcha , dans le sens de 
vice-roi ou gouverneur de province, ou même de souve- 
rain subordonné au sultan, tel que celui de Timis, qui 
porte encore de nos jours ce titre. On le donnait aussi 
au possesseur d'un grand fief, nommé pour ciette raison 
beglîc /^A^. Quant au titre de sanjâc beg 3i^ '^L^Ujm 
ou "seigneur de la bannière", c'est-à-dire de la queue de 
cheval, que ce dignitaire faisait porter devant lui, on le 
donne proprement au possesseur d*unfief ou sanjâe, ainsi 



— 77 — 

que je le dirai plas lojin. Dans Tancien royaume d'Alger 
on donnait le titre de beg aux gouTemeurs des trois pro- 
vinces qui le formaient et aux généraux d'armée^). 

En Turquie, le titre de begler beg vJCju J^ ou ''le beg 
desbegs", répond à l'ancien titre à^amîrtdvmarâ \jAi\ ^1 
ou mîr mirân. C'est le gouverneur général de toutes les 
proyinces , lequel commande aux sânjâc begs : c'est une 
sorte de généralissime , comme anciennement en Perse 
le dpâh sâlârJiLé^ 8^-^« On l'appelait pacha à trois 
queues, arant la réforme , parce qu'il faisait porter de- 
vant lui trois queues de cheval, nommés tûg ^*, en 
guise d'étendard , et comme marque de sa dignité. 

Dans l'Inde, où les titres les plus élevés ont perdu de 
leur valeur, on donne celui de beg à tous les Mogols, 
amsi que le nom turc i'agâ Ut et le nom persan de khâja 
&>]^ (prononcé en arabe khawâja), qui est usité dans 
tout l'Orient, mais avec des nuances d'acception diffé- 
rentes. En effet, ce dernier mot , qu'on écrit souvent en 
français khodja , cojia , et même hoja , à cause de la pro- 
nonciation adoucie du turc , et qui, en persan e en turc, 
équivaut à notre titre de docteur, et se donne aux écri- 
yains et aux secrétaires du gouvernement , s'applique , 
dans les Échelles du Levant, aux négociants, et il a 
donné naissance au mot vulgaire de couaje^ qui était 
autrefois usité dans les ports de Ir Méditerranée pour dé- 
signer ceux qui, après avoir fait leur fortune dans le Le- 

1) L. de Tassy, Histoire du royaume dt Alger ^ p. .281. 



- 78 - 

Tant, 06 ralînieiit dii» leof pays natal. C'e0tamsiqn*en 
Angletarre , on nomme nabob (nabab) les Anglais qui se 
sont enrichis pendant leur séjour dans Tlnde. 

Le titre è!agâ UT on ùù& isTest proprement mogol et 
signifie ^seignenr^, mais il s'est introduit danft tout 
l'Orient mnsnlman. Bn Turquie, on donne an chef dès 
eunuques du Séraille titre de câpà ^) agâ UT^K ou câpû 
ûgàA y^tiSSy^ '^ragâ de la porte du sérail", et en PiBfse, 
cAie ogâA hêach% ^ y^À^ fj:^ ^l'agâ en chef du ridean 
du harem". Par politesse, on donne le titnd à^agâ à tous 
les eunuques appelés proprement khoja a:>^ ou khâja 
tara \jm v>Y>3>'), et dans llnde, mahoUî (^^^^). A 
Oonstantinople , on les nomme aussi muçdhiib v.^^^ Ua^ 
''compagnons" ou ''pages", ôt feA oglân ..t^Lfijï a^\ *) 
"jeunes garçons de l'intérieur (du palais)". C'est parce 
qu'il était eunuque que le roi de Perse , fondatefur de la 
dynastie actuelle des Cftjftrs^L>t2l, se nommait Agâ Mu- 
hammad Khftn. 

1) Qu'on prononce plutôt c^. 

2) Les mots «J>j-> et ac^]^^, quoique originairement identiques, 
se distinguent actuellement Tun de Tautro; car le premier signifie seule- 
ment «eunuque». L'expression de ^y** ^>*i,^^ est persane; elle se com- 
pose du mot 3hS>\y^y qui est expHqué dans le texte, et du mot t «mi, le 

même que yj signifiant *tête», et par suite «chef». Elle signifie donc «le 
monsieur en chef». 
8) C'est •à'dire, attaché ftu palais J^> A Ck>nBtantinopife, oïl appelle 

spécialement KÎMlar agû^ ^^Ifit ^j^ «le ehef des eunuques noirs». 
4) Cest de cette expression que les Grecs modernes ont formé le mot 
}rvtey?Ji¥m ^ et nous ieo^kut. 



-^ 79 — 

Le gésénd de Fsrmée de Ttadeii royaonra d'Alger 
ftyait le titre à*agâ*). Son lieatenaat , qui était le plus 
UKiea imfitêXDB des tronpes, s^appelait khayâ Lj/ et 
ia«eA^*«H6u2âJb-6a80Aî ^ id^ jlbb ^le capitaine des ca- 
pitaimes des troupes"; et les oapitaiaes se nommaient 
bfdûk'-basehi, 

L'agâ des janissaireà était leur colonel ; et je raj^lle- 
lai en passant que }b mot de janissaire i^résentpe Tex- 
pranîon turque originale degùnî-^héH j^r^^^ ou ''la 
nouyeUe bande", oorps de fantassins créé par le sultan 
Orkhftn, en 1330, et supprimé par Mahmùdll, en 1826. 

Le mot persan hethhudâ toJ^y prononcé et même 
écrit TulgairemMt en turc , ainsi que nous yenons de le 
yoir, hahyâ L^, et qui signifie à la lettre ''chef de mai- 
son'^ se donne à certains hauts fonctionnaires» On nomme 
en Perse hetkhudâ les commissaires de police. On appe- 
lait autrefois à Oonstantinople hahgâ ou kiyâ beg âf^ Lu^ 
''le ministre de Tintérieur". 

n n'est pas inutile de mentionner encore les expressi- 
ons turques de capû-ketkkudâ \0J^LJ' ^b- "agent" ou 
"ambassadeur de la Porte", sarâi ketkhvdâ \s>J^ c5|f^ 
"gouyemeur du palais impérial" etc. 

Le mot arabe waMl ^^ (pluriel t^A^^a ^^) s'emploie 
aussi en Turquie dans le sens de ministre , ainsi que le 
mot nâzir Jtià , qui signifie proprement "inspecteur". 

l) L. de Tassy, Histoire du royaume (fAfyer, p. 226, 



- 80 — 

Le khnzânchî ^^^\j^, khoznadâr ou housnadâr(j^VLT 
khasAna-rdÂT S:> ^^) ou ^'trésorier", à la lettre '^garde 
du trésor", c'est-à-dire, pour me servir de répression 
arabe, de '^la maison de Targent" JUI vi>uu, répond à 
peu près à notre ministre des finances, et les ha^tàmâljt 
^y^Ut c>^ â nos percepteurs. 

En Perse et dans l'Inde , on nomme ^'a^îr-e2ar r^^ 
*b le possesseur ^xknjagv&r j»^\^ oujâé-dâdô\iXJi>'^ 
c'est-à-dire '^fief ", ce qu'on nomme actuellement en Tur- ^ 
quie arpalik (ji^j^ > expression qui a remplacé les mots 
de tîmâr L^ et de ziâmat v:>w^le^, employés dans le 
même sens '). Les jaguir-dârs sont tenus de fournir au 
souverain un certain nombre de soldats et une somme 
d'argent annuelle. Il est* assez singulier de trouver le 
système féodal établi dans l'Orient musulman. Ce sys- 
tème y existe cependant, spécialement dans l'Inde, en 
Àoude, entre autres, où les possesseurs de ces fiefs 
étaient tout-puissants. 

On nomme mucaddam jkXîU, inalik mucaddam é^ 

^OsAA et aussi mutaçarvif \^ya:u le tenancier d'un wacf 
\^^ ou ''legs pieux", et aïmma-dârj\ù »^J le tenancier 
d'un fief établi par un legs pieux, à certaines conditions, 
en l'honneur des imams ^^ I , lequel fief est quelquefois 



1) On nomme actaellement, à Ck)n8tantinople, tipdH ,^Mi^ les mi- 
litaires possesseurs d*iin fiel 



— 81 — 

exffloapt de toutimpôt^ oe qu'on nommelâ kkarâj^j^V). 
Les administrateius des biens des moequées et de eeox 
que peayent avoir les «aires foodsticms pieuses se nom* 

ment mutawalR A^Xa, 

Le mot propre pour signifier roi est maUk ^JU. Les 
reines se nomment maUiatJiLA^ mUâna n îi,Mm 'sul- 
tane ^y\ khâtân qjSU> , bânûyL et kedbânûyifjS, em- 
ployé comme fSminin de ketkhudâ (OlJ^ *) *mattre du 
log^". Les princesses se nomment khânam Aii3> (fémi- 
nin de khan qI3>), bégam «^ (féminin de begô^). On 
ne donne jamais aux reines les titres de sehâh et de /xzdf- 
gehâh*) ni aux princesses celui à^amir, mais on nomme 
celles-ci schâh''zâ€la , pâdschâh^zâda^ amir^zâda^ et, 
en hindoustani , schâh-zâdt ^ù^l^i^.^ i pâdschâh-zâdi 
v5v>!j^Ua>1^ , amir-zâdî ^o\j j-ju*t , c'eslrà-dire "fille de 
roi", ''fille de pâdschfih", ""fille d'amir*'. Les dames de 
distinction qui ne sont pas princesses se nomment , dans 
les pays où l'on parle arabe , sattî ^jlm» , pour saîtfidati 
^vXuM "madame", féminin de «afy{d!ï^^5JuM«"mon8ieur^'. 
En Barbarie , on emploie , au lieu de cette expression. 



1) Soi ces fondations on biens de mainmorte, yoy. M. Belin, JbM%, 
atiaiique, 1853, p. 377 et snir. 

2) La snHane Validé vOUt^, c'est la snltane mère, on douairière, 

e'est-à-dire la mère du snltan r^aat. 

3) Le cluingement da ^ en </ a lien conformément aux règles de 
mutations enphoniqnes, telles qu'elles sont exposées dans les Qram* 
maires sanscrites. 

4) Ponr «Beine' on dit aXaj vLmûLj «la Dame du Roi**. 

6 



; 



cdle de Ms« qu'on éenfcY^jJI^^O- fiftPaM^dM» 
Vîmàe, on afpdle les daonœ MK 3^ , MJUhi iL^^i.»L«A et 
pm^da mê clà n ^js^Js^ «j^ ** aiégwi t d«nàre leridem". 
Les titrai des femmes restent aouTant an maemKn en 
UBdooeteû; ttun on ditBCKi^^lAmi^^ 
âkibfln^). SiOd utmifâ Uull ju«^''riieiimi8e''ou ""lapluB 
henmiBe des femmes^ nom, cm plutât titie dlfeomeiir , 
d'une prineesse miunilmaBe de Tlnde réeeonnsit déeé- 
d«e. 

Le mot fiâkim f^\^ ^gonremeor", qu'il ne &at pas 
confondre avec le mot hoMm ^tir», Aénvé de k même 
raeine et qni ressemble benncoiç an premier , mais qni 
signifie "médecin*)", aétéatnplûyéaBBBKaonTentponr 
désigner nn sonverain musnlman. C'est ainsi qn'Abû 
Alt MansAr, prince Fa&nite, se nommait Hâkim 6«- 
amr tdlah &Jtt ^Ji *^l.^ '^le GhmTonant d'après l'ordre 
de Dien". 

Trois noms de dignité œgmt quelques ezplicatioEts. 
Ce sont eenx de mf^iijufm "^aeignenr, maître *y\ d^cum^ 
on émir ,,i ji..^t ''commandant , piince^^, et de scAan/cm 
êeJhérif ^Jt^\jj^ "exeellent'\ donnes tovs les trois anx 
descendants de Mahomet De ces trois mots , le denier 

1) I>(nttB«7, €hmmm. mmmr o anhem . 

S) Hùioire ék SeÂer S&JkéfÂ, fiiL S3 c* mOem im ■■iwiiiit. 

9) De là, Âaà^ hébeM ^ f^i^ «SniA» ^ CovtntiBQpfe» le 
Méofirai en co€f , on m "pnuot/t néoocxB «■ *^f " 

4) A riostKtioii an Hindow ks BwnfauuH de Ylaàt le difieat cb 
quatre elasees (castes):^ àes Serpâs, les Sebaïkbs, les Mo^ols ei les 
PathsBf. 



- 88 - 

aasl, e'esl-Ardire» oelui de schafîf^ âu nagalier» et asehrâf 
^^^i, aa pluriel, est oelni qui aeoii8er?élepliiBfla 
■gttTfkmtion primitive. On le traduit oommunément 
par ^noble"j II est spécialranent donné aux gouyemean 
de la Mecque ^) . H n'en est pas de même des deux autres 
noms » surtout de celui de êafj/idf contracté en éî ^jm en 
Barbarie, qui se donne par politesse à tout le monde en 
Syrie et en ^Egypte* Toutefois le pluriel èâdât oI^Lm ne 
sf applique qu'aux descendants de Mahomet par son petit- 
fils Huçaïn» à qui le nom de êaîyid est spécialement 
donné par antonomaseï et , par suitci à ses descendants. 
Les deux 9a%yidê par excellence , êatyidân ^1 Jl^^u^ , ce 
sont Huçaîn et son frère aine Haçan. On distingue même 
plusieurs classes de descendants de Huçaîn ou «a^yûb; 
ainsi ceux qui en descendent par Mûça Kftzim • fils de 
Jafar, le septième imftm, se nomment «i^id»îif4(»iin > 
et ceux qui en descendent par Alî Biz&i le huitième 
imâm , se nomment aa^id^i RizânA. 

Quant à Mahomet on lui donne le titre de ^ayid des 
stnyids \::AcLmi\ sXamm 

L'expression de eatyid zâda s Jt^ Ouum ou ^fils desaïyid" 
est employée en Petse et dans l'Inde comme titre d'hon- 
neur. 

Le nom d'émir , et par contraction mir ^ , n'est pas 
aussi prodigué que celui de saîyid; toutefois , par exten- 
sion , et conformément à la signification primitive du 

1) D'C^SMm, TahkMm de VEmpift Ott&mûn, t. I, p. 956. 



— 84 — 

mot , on le donne » non-seulement aux princes et anx 
personnages éleyés en dignité , mais aox che& on raïs 
^jm-aJ) do ^iout genre. Tels sont , par exemple , les titres 
de mir âtasch ^J^'T^^-ju^ ''chef da fea'\ c'est-à-dire, gé- 
néral d'artillerie ; mir-i manzU vJ^ jka ''chef de Thabi- 
tation"i c'est-à-dire, quartier-maître général; mirâkhor 
.^3-1 j,j^ "chef d'écurie", c'est-à dire , grand écuyer et 
général de cavalerie; mîr hahvj^.jKA "chef de la mer", 
c'est-à-dire , commissaire de marine , ou plutôt celui qui 
est chargé de recouvrer les droits d'entrée dans un port; 
mir bakhschî ^^^-àdp. ^ "payeur général" ; mtr a6 v^ j-y* 
"chef de Teau" c'est-à-dire directeur des eaux et forêts" ; 
mîr schikâr XS^ jfj^ "chef de la chasse" ou "grand ve- 
neur" ; mir daha jl.^ j'à^ "chef de dix domestiques 
(décurion)" ; mir sâman qUL«^ "chef des provisions", 
c'est-à-dire maître d'hôtel; mir-i imarat c^L/^^ "chef 
de la bâtisse"; mir-i majlis fj^J^ jj^ "chef de la réu- 
nion"» c'est-à-dire, le président d'une assemblée» le 
maître de la maison , etc. 

C'est de ce mot mir que dérive le composé persan mir 
zâda nôU jd^ , pour amîr zâda, "fils d'émir", et par 
contraction mir^zâ iw-JH*. Ce dernier mot , qui signifie 
"prince" après le nom , n'est , avant le nom , qu'un sim- 
ple titre de politesse qu'on donne à toutes les personnes 
qui appartiennent à ce que nous appelons la bourgeoisie, 
à celles qui se livrent à des prof essions libérales , aux 
jurisconsultes, aux poètes (car leur art est une profession 



àme l'Orient), aux médecins, aux astrologues, aux 



Lu femme d'un mirzâ se nomme dans l'Inde mîr-zâm 

^\~fr^ etnwAT-o/ïtfrft i^joljJ—- lî, c'est-à-dire, née d'un 
afichraf , ce dernier mot étant le au^jeriatif de nchanf. 

Dans l'Inde, on donne le titre de mirzâ à tons les 
Mogola sans exception. B n'en est pas de même du plu- 
riel d'flwiîr, c'est-à-dira do ujnarâ \^\ , et vulgairement 
ontTa, qu'on emploie abusivement pour ie singulier, 
mais qu'on ne donnait qu'aux principaux officiers de 
l'empire mogol. 

Deux autres titres de dignité , plus religieuse que 
civile, se trouvent fréquemment employés et exigent 
iiusBi quelques eiplicitions, ce aont oeuï de echiùkli 



g-*-" 



t de maulu ik_-«. Ces motB ont dans la pratique 



une signification analogue , car ils équivalent au titre 
de docteur. Le premier, qui signifie proprement "vieil- 
lard (tmior)", et qui indique spécialement un descen- 
dant d'Abû bikr , se donne à Constantinople aux supé- 
rieurs des derviches et dans l'Inde aux descendants des 
Arabes , vulgairement appelés Maures , qui s'établirenl 
dans cette contrée dès le temps de Walid , le septième 
khalife. Les musulmans y donnent même, par poli- 
tesse, ce titre aux Hindous convertis à l'islamiame. 

La classe des schaikhs se subdivise, àPondichéry, 
en quatre espèces de castes ; celle des sipâhis ^gL^-*. ou 
"BOld&ts"; des panjivotti ou "matelassiers"; des darzi 



— 8« — 

ijijj^t et Tolgairement darjî ''tailleurs d'habita", et des 
^' mochiê ^^^^y* "cordonniers ^)". 

On tronye le nom de êehaikh, ayec la signification 

spéciale de docteur, donné même à des femmes. Ainsi ^ 

i parmi les écrivains musulmans du sexe féminin , il y a , 

lentre autres: Aïscha es^SchaUJui bent Tûçuf d-Da-- 

\9uuckquijfa A^JtNLojJt vJum^. c^i^ xJsu^Jt tJSUc , c'est- 

I à*dire , ''la Doctoresse Aî8ch& , fille dTùçuf , de Damas". 

On accompagne souyent, dans l'Inde, lé titre de 
achaîkk , et même celui de mir^ du m(>t miifân ^Lu« , qui 
est une expression de politesse indienne ressemblant, exk 
quelque chose, à celle de '^cher père "ou "très^ber 
père", qu'on donne quelquefois aux religieux dans les 
couvents. 

Quant au nom de maula ^U-^ , il est devenu par cor- 
ruptîon mtjUla ou moUa ^1^ , et son pluriel est mawâti 
^1^ . Les mots Maulawt {j^^ ^) et matdâna \jiy^ , qui 
sont aussi usités , signifient à la lettre *mon maula" et 
"notre maula". Le même mot , prononcé mtdey , est le 
titre des sultans de Fez et de Maroc , ainsi que des 
souverains de Tunis ; de Muley Haçan , par exemple , 
chassé par Barberousse et rétabli par Charles-Quint 

On emploie dans Tlnde l'expression de moula pour 
désigner le magistrat chargé d'interpréter dans les tri- 

1) E. Sicé, Lois .mahométanes de VInde (Journal asiatique, 1848.) 

2) Maalawî eat aussi un dérivé de mania, et signifie oelni qui dé- 
pend d*nii moUa. On donne par suite ce nom à un ordre particulier 
de derviches. 



^ 87 - 
buuaux k loi musalniaiie. On douae aussi ce titre aux 
profeesears ou muallim <_L«.j d'arabe , par opposition à 
l'expreBeion de munscM ,s-î;-i^ , qu'on donne aux profes- 
jenrs de persan et d'hindoustanî , et qui eignifie propre- 
ment "secrétaire", celui qui est habile eu imcha >L-£^-jl 
oa "rédaction des lettres". il/un«c/^8'emploiesuBsieu 
Peree comme titre d'honneur. 

Eu Turquie, lo mot mtiUa désigne actuellement le 
Juge d'un certain ressort judiciaire , appelé de ce nom 
maulawùil OU mevl&mel hi>uJ^. 

Le mot fdzil ^.jtolj , qui signifie "excellent", employé 
ST&nt le nom , équivaut souvent an titre de "docteur". 
Ainsi il y a un philosophe célèbre (jui se nomme Alfâzil 
Sehamsuddln Mahammed ben Aschraf ulhuçaîni. On 
appelle /iryMi/( i— ^is (d'où l'espagnol alfaqui) un docteur 
en_^(jfA«BOu "science du Coran et de la tradition", c'esL- 
4-dire, lajuriaprudence musulmane, qui a pour base ces 
deux choses. Les savants qui s'occupent plus spéciale- 
ment de l'exégèse du Coran s'appellent mu/assir j— -ôj. 
"explicatenrs", et ceux qui s'occupent des paroles de 
Mahomet conservées par la tradition , muhaddù \àtS^-^ 
"traditionnaires". On nomme mujta/iid •J^.^J^ ï^ fo- 
'piilis des premiers siècles de l'islamisme dont l'autorité 
est reconnue comme incontestable dans ce qui concerne 
"la loi miisulmane" ou scMriyat iL«^yi. Tels sont les 
a»hâi) tfA^i Q'asuhha 2u.^"compBgiioua (de Mahomet)"; 
et ceux qui les suivirent immédiatement et dont l'auto- 









- 88 - 

rite est moindre , nommés toU ut 'W?antB". On donne 
aoflsi anx nna et aux antres le nom i'ustâdoiXétA ou ustâz 
ôbywt ^) ^maitre"i et au pluriel , açâHz JuJUt. Les doc- 
teurs qui vinrent après les mujtahid ee nommèrent mte- 
c4MUid jJjU ou ''imitateurs >)". 

Quoiqu'on ne compte plus de yrais mujtahids dès la 
fin du YV siècle de Thégire , ce titre s'est néanmoins per- 
pétué jusqu'à nos jours. Ainsi le mujtahid de Karbala, 
qui est schiite , donne l'inTestiture au premier imftm 
d'Aoude /en lui envoyant un turban. 

Le mutakaUim JjS^ est un docteur scolastique , mé- 
taphysicien y de l'école des philosophes nominaux '). 
Plusieurs docteurs musulmans ont eu ce titre; tels sont 
Haçau albasrî et Abù'lfath Muhammad ben Abd ulka* 
rim usschaharistfini *). 

Les titres particuliers à la Perse et à l'Inde musul- 
mane I pour les fonctions civiles , sont ceux de saubadâr 
.biu^)-M ou nâzim j«— bli ^'gouverneur d'une province", 
jd'nischîn {j^g^^^^ l:> ou nâîb-i nâzim jMj v^ ''le lieu- 
tenant du gouverneur", vaeâyi nawîs \j^ %f}S^ "son 
secrétaire"» amin ^^t "homme de confiance" (sorte de 

t. 

1) De M mot dérive celai A*uztaMde, ou «le fils du maître'', qui 
Mt, entre autres, le nom d*iïn saint du martyrologe romain. 

*Z) Voyez Mirza Kasem Beg, Notice sttr la Jurùgmêdettee mmulmane. 
(Joum. atiai. 1860.) ^ 

8) On appelle ibn Malâm *^txit aJL^ ''la science de la parole « 
ott «des mots*, la scolastique et la métaphysique. 

4) Oe personnage est auteur d'un ouvrage sur les religions, pu- 
blié par feu le Kév. W. Cureton. 



— 89 — 

commissaire du gouTernemait dans une certaine éten- 
dae de pays). Le même nom d'afiiln est aussi employé 
dans le sens de ^'jage", et ce titre est ancien dans l'In- 
de, car il était usité dès le temps de Humftyûn, ainsi 
qu'on le Yoit dans l'Histoire de Scher schfth ^) Le sadr^ 
(mitn ^J^\ j>^9 c'est-à-dire I ''le principal officier de 
cQnfiance"i est le juge président de la haute cour de 
justice civile {sadr â^âfi'^i adâlat c^JIOl^ ^y^ jX^o), 
Dans l'Inde anglaise , on nomme ainsi les officiers mu- 
sulmans et Mndous des cours de justice adjoints aux 
juges anglais. 

On nomme mwmf sJu^à ''arbitre", le juge subor- 
donné au sadr^i amin, et dik^khân ^\Jp^^ ou qLa^^ 
diheân "kbfin de village", le juge d'une petite ville ou 
d'un village* 

Le chaJklédâr AsXJi^ est le gouverneur d'un chakla 
"^Ji^, ou étendue de territoire, composé de plusieurs 
perganas n^jj ou districts formés de quelques villages, 
ce qui équivaut à l'expression arabe c;^a£>Ij , employée 
en Turquie dans le même sens. La réunion de plusieurs 
cliaklâs forme un airhâr Jij^^* 

Le nom de âmU ^Ic, pluriel amla «1^, qui signifie, 
aussi bien que celui de muMfa9\Ui^ "choisi", un agent 
quelconque I désigne spécialement le surintendant d'un 

1) Page 89 da texte manuBcrii 

2) Et plus r^liàrement sarkdr. C'est le même mot qui signifie 
aiini «chef', et qui se donne, entre autres, dans l'Inde, au chef des 
domestiques d'une maison. 



— 90 — 

district , lequel est en même temps le percepteur d'im- 
pôts de ce même district. On le nomme aussi tarafdâr 
^tJUÇB' «chargé d'un côté", et muâmalatdâr j^ù^^iA^^Kii 
"agent". Les percepteurs d'un rang inférieur se nom- 
ment kawâldâr, j\Jsi\^ et yulgairement katoUdâr^c'e&t- 
à-dire , «celui qui est chargé d'un cercle ou d'une cer- 
taine étendue de territoire", etbakhscM ^c*-^. «payeur" 
et «commandant en chef. Le comptable temporaire 
se nomme majmûa^dâr .1*3 Sub^4^. Les mots peschkâr 
.IX^^et tahdldâr JjJLjo^' sont des noms génériques 
pour «percepteur d'impôts". Ce dernier titre est le 
même que celui à*arbâb tahdl Juuwa^' v^L{ ^) que men^ 
tienne Chardin^); mais qu'il écrit, probablement par 
erreur, arbab tahwU^ orthographe que M. Langlès a, 
du reste, adoptée et même expliquée. 

Le titre de ehicdâr j\\>jK$r , ou de watan-dâr A j^ /^J^, 
se donne au percepteur d'une certaine division territo- 
riale , nommée chic ou watan. C'est un officier muni- 
cipal,, dont les fonctions sont héréditaires. Touteiois le 
l4^ ^ tahM'dâr est plus spéçâlement l'officier indien qui est 
& la tête du tcuMuc^ySI. Or le taalluc est la subdi- 
vision du zila aaU^, et le zUa^ de la présidence. Le 
tahcil-dar est en même temps le chef de la police du 
taalluc. n y a, en outre, dans chaque petite yille ou 
village, deux officiers. Le premier, spécialement chargé 

1) Ici le pluriel est celui qa*on appelle «respeâtuenx''. Arbélbesty en 
effet, pour rabè, ainsi qu'on le Terra plus loin. 
2) Voyez tiition Lunglds, t. V. p. 827. 



aJ^ 



— 91 — 

de la pef€eption des impôts, se nomme muttaçade^. 
^-" ^ ou hamam As, et Tautre, de la police, et se 



nomme mumif \,JunXX, ou paid ^y^I^, selon les loca- />4/CiA^ 
lités. 

On nomme le gamisaire tahM^ehafyréuA^^y^ Juu>a ?g ', 
e'est-à-âire ^porte boucle de la perception", i cause dé 
de la boucle qui tient sa ceinture. j^ 

Les titres de zawSndâr .tOUuuo: , taattuc-dâr .IjUiLu , 
maziûf^ ^j^j^Jut ^), sont à peu près synonymes, et 
signifient, tant les propriétaires de terre qui payent 
directement au Gouyemement une redeyance , que les 
tenanciers qui la lui payent indirectement. 

Le eanûn goj^ ^%^ ''diseur de règlement", est un 
officier ciyil, chargé d'enregistrer tout ce qui concerne 
les reyenus des terres. Ce titre équiyaut au titre turc 
de eanîm-^t _> 0^^' ^^ ^ dernier mot est, en effet, 
synonyme du premier. 
W^ Le nazir M^ est un hispecteur quelconque , spécia- * 
%i)u lement un officier de justice: dâroga addlat IC^^Io 
otJIJuZ, analogue aux sheriffs des comtés ep Angle- 
terre. Le nazir adcUat u^JtJve^Li est le sheriff pour 
le oiyil, et le nazir fàAjdârt i^JOsj^ M^ , le sheriff 
pour le criminel. Le titre Harz-heg ûCa^q»^ équivaut 
tout à £ait à celui de maître des requêtes. 
Le titre de dâroga mc^^b, seul, se donne au gouyer- 

1) Morley, AnaUftieal digett, etc, t. I, p. 646. 



— 92- 

netir d*ane ville , et spécialement à an inspecteur de 
police. On donne le nom ^nglo-indien de dârogajaU' 
khana XsU^lf^ j^^b à un inspecteur de prison; celui 
de dâroga sarak éyi xà^j\o à Tinspecteur des routes ; 
celui, enfin, de dâroga parjat uU>|i^ xc^^b à l'inspec- 
teur des douanes. Le thânâddr ^tjULfj est un inspec- 
teur subalterne de police, le constable anglais. Le 
naquih w^ est une espèce d'huissier introducteur. Le 
commissaire de police, proprement dit, lequel est en 
même temps juge de paix , se nomme kutwal ^yijS^^ 
et ce titre est fort ancien dans TLide; car les Portu- 
gais Yj trouvèrent, et il est mentionné dans les Luda- 
des. Le sirischtadâr j\s^Sji&,yM^^) est une sorte d'archi- 
viste et d'officier de justice : c'est souvent le principal 
ra^ah 'Ljij cultivateur (à la lettre ''sujet"), chargé de 
recueillir quelquefois les impôts et de surveiller les 
affaires des autres raâyâs ^!e. ^) . Le nâïb siriêchtadâr v^^ 
j\ùixjù!,j^ est son suppléant. Le rùbakâr nawù J^^j 
(jMuy écrit le résumé des affaires et la sentence judi- 
ciairq ; Yizhâr nawîs (j<«^y -^L^Lprend note des déposi- 
tions des témoins; le parwâna nawîs «j^^y ^^yA* ^^ 
parwâncM ^^^\^Jj, écrit les ordres des magistrats ; 

le muharrir .j^f ou nad-'nawh ^jMuyJJu, est le simple 

1) C'est-à-dire, teneur de registres. 

2) Il ne faut pas confondre, comme on Ta fait quelquefois, ce mot 
arabe, qni signifie «les sajets*, par opposition au sultan, et qui est le 
pluriel de myaAVj^j «peuple*, avec rdjd L>ljff qui est indien et qui 

signifie »roi'. 



— 93 — 

copiste , et le muhâfiz daftar jXiô JbsL^, le rédacteur. 

Les titres militaireB sont ceox de soubadâr j\ôK^y 
que j'ai déjà mentionné dans le sens de gouverneur 
de province I ou aoubah «^^wo; mais qu'on donne par 
politesse aux colonels et aux capitaines; de Hpâh sâlâr 
^km sU^ OU ''général d'armée", qu'on donne au chef 
militaire du Soubah, et celui de faujdâr ^t^X>^ ou 
"chef de troupe", attribué au chef militaire du Pargâna. 

Sarddr^s>jM , aussi bien que sipâh salâr, que j'ai déjà 
indiqué, signifie ''général"; nçâla-dâr .\s^ aJLm^ "colonel", 
surtout de cavalerie ;^amadar.lvXju.>- "capitaine (chef 
de troupe) ^)"; topcM baschî ^\f ^^^-^^^' , c'est-à-dire , 
''chef des canonniers"; c'est le général du corps d'artil- 
lerie. Le naîk tfLjLi ou amcd-dârjod^ est le "caporal"; 
le hatoaldâr j\>^y> *) ou dafadâr j\ô»jéô "le sergent". 

Les titres plus spécialement turcs sont actuellement, 
pour le civil, ceux de sadr azam ^ h rt >Ocjo ou "grand 
vizir", que le sultan appelle son JâlaSi^) "gouverneur"; 
de g^rand mufti ou schaîkh ulislàm , de èétasikar ji^Mê^fm 
''ministre de la guerre"; de capûdân^pâschâ U^l^ o^^^^ 
''ministre de la marine", et en même temps "grand ami- 



1) Ce nom n'est pins qn'nn mot vagae, qu'on peut rendre par iroffî- 
eier«, et qui désigne quelquefois dee officiers de police. 

2) Ceai le même mot que nous avons vu plus haut dans le sens de 
percepteur. 

3) Ce titre paraît être le même que celui de ^ ^ ^j^i ou aHI, qu'ion 

donne dans l'Inde aux membres de la caste des Vais, et surtout aux 
Kâyaths. 



— ti- 
rai"; de reïê éfmdî i^^JJi\ jMAJ^etdeifcîayâ 
aoxqaels on donne actuellement les titres européens de 
tunur-t khârijié w€uAn i^jJix^ aa»>^L> j^\ ^ministre des 
afiaires étrangères"; et deumûr^mtUkiyévHt^tirit^dî^ yuk\ 
\3j^:^ ^) ^ministre de Tintérieur*'; le Mldin ^\^j>^ ou 
zêhit wrf\SyM Ja jil »*r>') ^ministre du commerce et des 
travaux publics"; le nâzir ucûf^^h^ ^U ') on mawcûfât 
oli^3^ et wacf nâziii ^jJt^ y^k^^ '^l'intendant général 
des legs pieox", etc. Ces fonctionnaires sont membres 
du conseil privé du sultan , ou majlis'i khâss {jds^ u«J^ 

^'réunion particulière" . 

Le muhâçabaji ^^yMLj^mLs^ est "le contrôleur des fi- 
nances"; le mihmandâr ou mihmandâr &a«eAt .tJôU^ 
^^ I ■ Al }^) est ''le grand maître des cérémonies, intro- 
ducteur des ambassadeurs"; le toBchiifâtji ^^^^'U^^Jixj 
"le maître des cérémonies*'; le tazheretjî ^^jsfySÔJji "le 
maître des requêtes ')''; le sUâhdâr j\\\»-)}Lm "agâ (porte- 
armure)'' est notre ancien premier gentilhomme de la 
chambre ; le capûjî^^^s>yjS •) "le chambellan"; le châvsck 
j&^L^ "une sorte d'huissier". 

1) On le nomme aussi musùuçhdr .LmOûm^ou «conseiller (du grand 

visir)*. 

2) A la lettre: directeur ou administrateur de la lédcalite. 
8) Ce mot itc4/ v.3^) est le pluriel de toacf \^fihy 

4) Cette expression signifie proprement «maître d'hôtel en chef//. Le 
mot Mseh (J&Ij, qui signifie «tête* en turc, s'emploie comme uir .am^ 

en iiersan, qui a le même sens, pour signifier «chef*. 
6} D'Ohsson, Tableau de tEw^ OtUmum, t. III, p. 36. 
6) A la lettre: portier. 



— 96 — 

Le mot waHl Jw^3 , qui signifie ^chargé d'affaires'', 
dângne souyent ^) un ambasdadeur appelé plus spéciale- 
ment deki ,^^-fvJLt ; le titre i'amin {j^r^\ *) 'fidèle*', qui 
signifie ^intendant", se donne aussi aux gouremeurs 
des places fmrtes. 

Le muhrdârj\Ojm^9 appelé dans l'Inde muhr bardâr 
^tjyjj^ I A ^porte sceaux*'^ est, ainsi que je l'ai dit, ''le 
garde des sceaux", et le defter'dâr j\ùjj:iô ''porte regis- 
tre", le receveur général des finances. 

On nomme généralement mâbaînjî ^j>' ^2;uU les em- 
ployés du sérail, appelé actuellement , par métaphore, 
mânhaîn {^^^^ U "entre-deux", du nom qu'on donne aux 
pièces qui séparent dans le sérail ce qu'on nomme le se- 
lândik é)JU^ en turc , et ivi^^tjrtç en grec, c'est-à-dire 
Tappartement des hommes , du harem ou ^vvatxâv , ré- 
servé aux femmes^). Odas^^t, aussi bien que serai y 
Bigmfie '^maison", et c'est de ce mot que dérive oâloZiik 
«Uo^i , dont on a £ftit "odalisque". 

Le beglikchî ^^^.j^^jCliu est un employé quelconque du 
beglig ou gouvernement. 

Dans l'ordre judiciaire, nous avons ensuite les deux 
câzt oêker -X.j>M,.,ft ^_^-xol5 , ou , comme on les homme en 
Perse, câzî laschhar SJ^l ^ytoiS, c'est-à-dire "juge d'ar- 



1) D'Ohssoii, Tabl, de fBnp. Ottoman, t. III, p 37. 
9) En Turquie, ce mot, qui est prononeé émi», signifie plus parti- 
culièrement le ministre des finanoes^da sultan. 
S) D'Olisson, Tabl. de VEmp. Ottoman, t. IV, p. 316. 



~ 96 — 

mée", ou intendant militaire. Ce sont les ohefe de la 
magistrature en Earope et en Asie , car il n'y en a que 
deux dans TEmpire Ottoman , celai de Homélie et celai 
d'Anatolie. Ils sont, après le grand mufti i les fonct- 
ionnaires les plus considérés de Tordre judiciaire. On les 
appelle , avec ce dernier, sudûr.^J^^^j qui est le pluriel 
de sadr j\X^..^fo '^poitrine'', et quand il est question d'eux 
seulement, on emploie le duel, sadraîn ^^jX^i»a. 
Ces trois fonctionnaires avaient le droit de faire porter 
devant eux trois queues de cheval , avant la réforme. 

Puis viennent les juges des grands ressorts judiciaires 
nommés mevlemet c^wj^-^ ? du titre de molla ou mevla , 
qu'on donne plus' spécialement au Mkim scliarit/a f^ls*- 
iA^Jù "ministre de la justice", ou juge de ces ressorts ^), 
et leurs nâïbs «.^a-jU ou ''substituts"; les câzîs ou juges 
des ressorts inférieurs de justice appelés de leur nom 
cazâ ^La^ , dont les secrétaires se nomment kâtib et les 
sergents muhcir ya^; enfin, les mufattisch iJiSàA, char- 
gés spécialement des procès relatifs aux ucûf. 

Le titre i^éfendî i^xXJS] se donne en Turquie, comme 
en Perse celui de kMja ifc>-]^j aux mtUlas, aux méde- 
cins ; aux écrivains ou kâtibs^). On donne aussi ce titre 



1) Ce qui n'empêche pas qu'on nomme stambiU câsi-H Qy^xJ^JUJéi 
* çMKfJc^ le juge dn mevleviet de Cionstantinople. 

2) On nomme à Constantinople bdtch kâttb ^^*l^(jf^L celui queuou» 
appellerions «|^fiier en chef». 



- 97 — 

en Turquie aux officiers supérieurs de l'armée , ainsi que 
les titres de beg et A'agâ. 

Les priueipaux titres militaires actuellemœt usités 
en Turquie sont ceux de muscMr ^xÀ^ '^ conseiller" ou 
mxr-askéri <^yCj»as hh* "chef d'armée", c'est-à-dire, 
général d'un corps d'année ou ordou ^ùj\^); Ae férié 
(jfj^i ou ^général de division", appelé ainsi par méta- 
phore, le mot férîc signifiant troupe; de mir liu>â jjj^ 
}yJ '^ chef d'étendard", général de brigade, qui était 
pacha à une queue. Ce dernier titre , qui est synonyme 
de sanjâc^bégui _^AAdL^\Juw et de émir^i alam JL^ jfJ^S , 
expressions qui ont le nième sens, se donne aussi , ainsi 
que celui de muMr y.jM , au chef d'une ville et d'une 
petite province. 

Le mir cUâï ^^T -tw*» "chef des bannières" est le r, 
colonel; le câîm macâm Aaa jJS, le lieutenant colonel; ) 
ce même titre, prononcé vulgairement caîmacan, sej 
donne au gouverneur de Constantinople , en tant qu'il 
est comme le lieutenant du sultan, et à tous les chefs 
d'un district ou sanjâe; le bin-baschi ^jSAt ^.j^ ''com- 
mandant de mille hommes", est le chef de bataillon ; 
le yûz'baschi ^^wL :y. ''commandant de cent", le capi- 
taine; le bâsch'châusch \J^^ u&Ij, le sergent- major; 
Von-bâschî ^^ib ^^t "chef de dix", le caporal. 

Les bostanjis ^^^'Uo^, à la lettre "garde-jardin", 
sont les gardes du sérail, quelque chose comme les 

1) Ces titres équivalent à celui de feld-maréchal. 



- 98 - 

anciens gardes du corps. On les nomme bâg4>ân qUaL 
en Perse , où ce mot a la même signification que le 
premier. Le boêfanjî'bdwhi et le hàg^nrMècM en sont 
les capitaines. 

Les titres actuels des fonctions dans la marine sont 
ceux de fiAc bahrù/eh tuj^, U^J^ ou ''amiral"^) , de 
bahrbfeh liwâd (j^]^ ^.j^- 1 ou , comme on le nommait 
auparavant , patronâ heg (3Caj lîjyô ou "vice-amiral"; 
de bakrieh mtr aldî ijfiïjfj^ H^- * auparavant rUiâia 
heg ôs^ '^U^ ou ''contre-amirar' et de satoélH ^Jjy*» 
ou captân qUa» ''capitaine de vaisseau*'. Les capitai- 
nes de frégate et de corvette n'ont pas de titre parti- 
culier I mais ils prennent , comme les colonels et les 
capitaines des armées de terre ; les titres de Mn'bdsehi 
et de yûz*Mseki^ et les uns et les autres sont appelés 
agâê. 

n y a différentes formules de protocoles &a«w^ i^AsU^ 
pour ces différents ordres de fonctionnaires à employer, 
surtout quand on s'adresse à eux par écrit ^). Les plus 
ordinaires sont celles de hazretUA ^ ijy^if» "leur pré- 
sence", jénâhlM ijfSÀJ^ "ImT côté". Ces formules y 
quoique plurielles, sont usitées pour une seule per- 

1) On nomme Umâm réki ^j^yu . <• «U*^ Tamiral da port. 

2) Ces formules sont indiquées dans TAnnuaire turc, publié depuis 
la réforme d'Abd ulmigîd. (Voyez Vasalyse qu*en a donnée fSen Bianchi 
dans le Jonmal asiatique en 1847) Cette intéressante analyse et les 
initruotives Lettres sur la Turquie de M. Ubicini m*ont fourni, sur les 
titres tnres actuels, d'ntiles renseignements. 



/ 

f 



- 90 -- 

mm. On nomme les pluriels employés dans ce cas 
pour le singulier '^pluriels reapectueox". C'est ausi 
qu'on emploie; en parlant d'nne seule peraoïme, les 
mots uléma ^ULc, umarâ l^t, aschrâf \J\jMf euzâê 
'îLio^, arbab «^^ V^^ ^^^^ ^^^ pluriels de âlim Jky 
amîrjXA\, dchaHf >,Juui, ^ eazi^j^^ rabbxft^i etuulâd 
à\\ pour le singulier vfolad JJ3 dans la koab: Atdâd 
M Jj:: ùy , c'est-à-dire ''descendant d'AH''. Atiiigâ 
Ll^l pluriel de wiiti ^ dans Nisam uddtn Auliya (pour 
walt); AMbir jJi\ pi. de AH>aryS\ et pris dans le même 
sens de grand ^ notable» 

Les mots chélébi ^^^ et néné âuLâ se prennent sou- 
vent comme titres d'honneur répondant à '^monsieur'^ 
et à "madame''. 

Quelquefois un titre est employé pour le même in- 
diridu; une première fois comme nom propre , et une 
seconde fois comme titre honorifique, ainsi par exem- 
ple dans Khan AU-khân , le khan AU-khan , chakUdâr 
y JubC:^ (ancien) ''gouverneur" du chaMa tiX:^ *) ou 
district de Battyah dans le royaume d'Aoude; ou bien 
il &it partie intégrante du nom propre ou le constitue 
mêmCr comme dans Mirzâ-khân qL^ hr^» ^'^^ ^^ 
l'auteur du TwA/atM^md^le présent de l'Inde"; Tûrân- 
schâh «Lu o'jiV» "Roi du Turan", nom propre de plu- 
sieurs princes persans et même d'un roi d'Egypte, de 

1) Jj^chûkld est une subdiviflilon du nrkàr iijtfi il ooniieBt pla- 
siean ptargtmaa tt^j^» et il paraît ainsi synonyme dn zUa XjJUo. 



— 100 — 

1* dynastie des Ac^Utes; ITosSfHMW ,^. '>\ m^y^ 
^Mamem le Tidr^, 0iiniom d'un penoonage oâètoe 
ebes lei Penaoi, K]iall&-0altâa, gnad TÎzirdePerae, 
au eomnteocemeiit du xm* mède ') ; (Jazt-Hân ^ya»ë 
^jL^ *le Khfto jogeTf i^om d^mi docteur «nineat du 
TT aièele de rhégire, etc. 

Je ne parlerai pas des marqueB distinetiTeB des fine- 
tioua. Je rappellerai seulement quH y a des yétements 
et, dans Tlnde, des bonnets ou topU i inscriptionB ; 
mais ces inscriptions ont surtout un caractère religieux. 
Elles se composent généralement en effet de la profes- 
sion de £6i musulmane, de yersets du Coran et de 
sentences ou de yen mystiques'). 

VI. Le takhcdluê, ai-je dit, est le nom de ftntaisie 
que se donnent , surtout dans les temps modernes , les 
poètes musulmans. Ce mot signifie ^appropriaticm", 
c'est-è*dire '^ s* approprier le nom dont il s^agit". Le 
motif de Tadoption de ce nom, en outre des autres 
noms , surnoms , sobriquets et titres d'honneur que les 
poètes peuyent ayoir, c'est qu'ils ont adopté l'usage 
d'insérer leur nom dans le dernier yers des courts poèmes, 
ou à la fin des chants des longs poèmes. Or , comme 
las alams et les surnoms ont souvent une consonnance 
peu poétique et ne peuvent entrer dans la mesure d'un 
yers y les poètes ont été forcés, dans ce cas, ou de 

1) Voyaget de Chardin, Âlit. de Longlèe, t. II, p. 390. • 
i) Voyei ci-après ma Noiie^f sur det vii&netUt avec tMeriptùmt. 






— 101 — 

modifier leur nom, ou, ce qui est plus ordinaire, d'en 
adopter un nouveau plus harmonieux et d'une signie- 
cation plus gracieuse et plus agréable à l'imagination. 
Ce dernier usage s'est introduit peu à peu dans l'Orient 
musulman, et il 7 est actuellement généralement établi. 
Les poètes musulmans vont même jusqu'à changer quel- 
quefois j sans motif, de surnom poétique ou à en adopter 
plusieurs à la fois. Ainsi le poète hindoustani Mirzft 
Âli Bizft a pris successiyement les takhaUus de marhûn 
^j^jA ^eùg2igé"fmazmûn^yéJAaA '^significatif', maftûn 
^^^ ""séduit" et maetûl dyXS^ '"assassiné". 

Ce qui parait avoir été adopté comme règle , c'est 
que, lorsqu'un poëte écrit en deux ou trois langues 
difiérentes, il prend un takhaUus difiérent, selon la 
langue dans laquelle il écrit. Ainsi le poète contem- 
porain Hâfiz Calandar-Bakhsch , de Panipat, prend le 
takhaUus de bédam ^mXa^ ''haletant" dans ses poésies 
hindoustanies; celui de sArak éj^\ "^ ingénieux", dans 
ses poésies persanes, et enfin celui de âlim JL "sayant", 
dans ses poésies urabes^). 

Quoique l'emploi du takhaUus soit relativement mo- 
derne, toutefois on en trouve des exemples chez des 
poètes anciens. Ainsi le poëte persan Nàdr Ehusrau, 
qui, selon If. B. Dozy *), composa son Roschanây-nâma 



1) Voyez-en d'autres exemples dans N. Bland: Maioud^ poHe per' 
tan et kmdoui. {Journal anatiqne, septembre-octobre 1868.) 

2) Cataloffm eodiewn orient. JBM Aead. ImgdvmO'Batavm. 



- lOi — 

«A 343 de l'hégire, et, ■ekn le doctwr A. fliEMgqi ^), 
en 448 aeqleaMPt ^ aT«t le ttttte/ht de Aqi/<rf va» ^ -> > 

QDoiqiie j'aie appelé le takiudhu xm nom de fiyitaimr, 
cependant le poète y arprÎMe gàiéraleiiiaDt une penaée 
qpà le domine, im flentimwit profiond qui ràhaorbe tout 
entier. Telesont les nome de Folie {Samda \c>ym),à'Amaai 
{lêcke (JJi!^)^ de Qémiflaemoit {Afsos ^^.dMÔt), d'Hon- 
neur (Abrû^y^), de TranquilUté {Arâm pi^t), de Dénr 
(Arau ^jj\)y de StabiUté {Baeâ \Jê^ de Sacrifiée (Ctnian 
J^-J), d'Afflietûa (i7ar«2 o^)^ de Bledraie {Dâg ^o), 
et tant d'aatree, qui aent autant de nome de poêteeu ' 

Tele sont encore lee nome de BebeQe {An ^^inl.,r), 
Coupable (Aam ^t), Blesaé {AfgârJ^), Âmonnux 
{BMU v3j^), Malade (Bîmâr Jl^s^^), Immolé {Bimml 
J>,„ m }), Éveillé (Bidâr ^\sX^), Déyoné (i^UM ^.5^), 
Henrenx {Farrfêkh ^J&), Triste (^ilzvvi ^j3>), qni dé- 
signent d'antres poëtee. 

Si récriTaitt est modeste, il s'appelle Asgârj,Jk^^\ 
''Petit", Abjadî ^^JL^t ''Ignorant" (à la lettre, celni qni 
est à l'a , ft , c). AJiear/a^\ «'Humble", Ajizj^sJa ''IW- 
Ue", Béehâm «jL^w ''Mallienrenx", Bénawâ \y^ «in- 
digent", Bétâb sjs^ «Sansforce", J^ogwrjAa^PfcuTfe"^ 
et tels sont les noms d'autant de poètes distingués. 

1) Jourma 0/ tkê JsiaUe Soekt^ of Bâmgal, 1863, no VI. 

S) U «i mi qa*on prat penier qw» ^%(;W est ici U pwimiifi» ptrfeie 
d*ii]i laeaà mifAoyét pour ato ^tr, «i tint dn aanea m «rtei^p, 
comme il • 4tf <Ut j^m hAot. 



— 103 — 

8^ 60t fier de 06B fulités , il se nomme 4/*^^ g'-'^l 
'ÛovmdT, J^ jAÎ] ''IIIteUigent^4/maO^*>)^B6Aa^ 

Airam f/\ «Généreiix^ Ala ^t «"Éleyé", ^^ ^U 

l^iritael'', Arif^Jj^ "InBtniit", Béjân ^L^^ ""Braye", 

IMna Ulo ''SaTanr, ITiroitA^c^in pLà^J>y^ ""Brillant", 

et ce sont encore des noms de poètes comms. 

D'antres fois, le poète a cédé à des sentiments de cy- 
niaiie , et il s'est appelé Libertin {Avbâsch Jlifji), Yd^gsir 
bond (^tcdra 9^131), Indépendant (^oé/v^UT), Sans crainte 
{Bébâi ^luS) ''libre", à la lettre 'Sans entrares" {Bi- 
eaâd JLa8.a^); Passionné {J)iUoz \ym.^S)^ Fou iJ)wAwi 
*AyS)^ Débauché (iZûuf vXi^); Sans souci (Éârigh.^), etc. 

n 7 a des takhaUus prétentieux , tels sont ceux de 
Solea {A/tâb vLa-sT), Lune {Chand JljL:^), Couronne 
{Afsarj^\), Astre (Akhtar yis»-\)y Larme (Aschk i^kÀt), 
Printemps {BahâvjL^), Éclair {Barc ^y)» Bose {Ghd 
^^ TuMpe {Lâla *W), Cœur {DU J^), Gloire (Fakhr 
jsè), Joie (jParAatow^^)» Abondance (Fatz (Jûj3) J^laiute 
(Faryâd ^^), Yertu {Fazl J^^ca^), Lamentation (jF^ân 
^UB), Papillon (Partrana wl^j^). 

Enfin , il 7 en a d'insignifiants. Tels sont ceux de Ata 
Lbft «Don", Bayân ^^L^ «ExpKcation ', Cubûl Jj^ «Ac- 
ceptation", Fursat \:y,^jS «OccasioD", âairaf o -.a..»* 
•Étomiement", Huzûr.yso^ 'Trésence", Insân qLi**J5 
«'Homme'*, Marnât JoXa ''Apparence", Sôra^c^yo** Vi- 
sage", Towi^r^,^- «Peinture", l7mr^«Vie",etune 
fimle d'autres. 



— 104 — 

Dans toQB les cas, on voit que Im poésie s'est glissée 
même dans les noms propres; car tout est poésie dans 
l'Orient , depuis le gazai ardent et passionné , comme je 
Tai déjà dit quelque part, jusqu'au simple firman du 
grand seigneur. 



NOTICE 



SUE 



DES VÊTEMENTS 



AVEC INSCRIPTIONS ARABES , 



PBBSANBS BT HINSOVBTANIBS. 



NOTICE 



DES VETEMENTS 

AVEC INSCRIPTIONS ARABES, 
psaaANiKB n niNDOiiisrAiaBB. 



L'uaage de porter des yètements à inscriptionB paraît 
assez commun en Orient. Saadi dans nne anecdote du yui 
liTre da Bostan parle d'nn poète à qui le Roi de Perse 
ayait donné un Ehilat sur lequel étaient écrits les mots : 
ij*^^ &Jtl Dieu me suffit. Dans l'intéressante et fidèle 
deecription des mœurs persanes que J. Morier a donnée 
sooB le titre de Sajji Baba il est dit Ch. x que le der- 
Tiche Sefer avait un bonnet conique rempli de senten- 
cee du Coran en Broderies. Il est aussi question d'in- 
scriptions sur les yètements dans T Apocalypse Ch. zix 
V. 16 et ailleurs; et les saints Simoniens avaient adopté 
cet usage. Feu Ricliy me donna , ayant de partir de 
nonyeau pour Tlnde , quelques yètements fort curieux 
qu^il ayait eu Toccasion de se procurer pendant son 
séjour à Calcutta. Ces yètements offrent ceci de remar- 



— 108 — 

quable qu'on y trouye brodées des inscriptions arabes , 
persanes et hindoustanles; mais ce qui les rend plus 
intéressants encore, c'est que ce sont de précieuses 
reliques musulmanes. Il paraît en effet qu'ils ont ap- 
partenu au célèbre réformateur Saiyid Âlunad , et que 
les broderies sont de sa main ou ont été du moins 
dessinées par lui; que dans tous les cas les sentences 
arabes sont de son choix, et qu'il est probablement 
l'auteur d'une partie des vers persans et surtout des 
vers faindoustanis qu'on y lit. 

n me paraît d'abord utile d'entrer dans quelques 
détails sur le saiyid Ahmad ; qui fut dans llnde l'in- 
stituteur de la nouvelle secte musulmane nommée 
tarka-i muhammadiya &jJl*^ f^h.i.J^, c'est-à-dire^ 
voie mahométane. C'était un homme ardent, plein des 
doctrines ésotériques, et qui voulait établir dans l'Inde 
musulmane une réforme pareille à celle que les chefs des 
wahabites avaient voulu imposer à l'Arabie. Et, il faut le 
dire , dans aucun pays sans doute la religion musulmane 
n'a p^lus besoin d'une réforme que dans l'Inde. Entourés 
d'idolâtres , les musulmans en ont adopté presque tous 
les usages. L'antique simplicité de l'islamisme a fisdt 
place à des fêtes et à des cérémonies païennes ; d'igno- 
bles mascarades souillent les exercices du culte des dis- 
ciples de Mahomet. Les musulmans , qui doivent prier 
pour leur prophète , osent là invoquer des personnages 
d'une sainteté très-équivoque et leur offrir des sacrifices; 



— 109 — 

ils ne se font pas même scrapule d'implorer des saints 
hindous et des divinités brahmaniques. Le saiyid Âh- 
mad s'efforça > par tous les moyens ^ de rappeler les 
musulmans de l'Inde à la pureté primitive de leur 
coite, en leur ordonnant de se séparer absolument 
des hommes étrangers à leur religion , et même de 
les combattre, ainsi qu'il est recommandé de le faire 
dans le Coran; en leur interdisant de prendre part à 
toutes les innovations blâmables , à toutes les céré- 
monies entachées d'idolâtrie, surtout aux processions 
des taazia ^.jju, tâbût c^jIj ou dhorâ |;v^«> (repré- 
sentations du mausolée de Huçsun) , qu'il leur enjoi- 
gnait de briser. Non content de prêcher sa doctrine , 
il voulut la propager par la voie de l'impression : il 
établit lui-même à Hougly une imprimerie connue 
sous le nom de Matba-i Ahmadî (imprimerie d'Âhmad), 
et il y mit sous presse différents traités en hindou- 
stani^) et en persan, tous destinés à propager sa ré- 

1) Fanai ces publications, on peut citer le Tacmat-uHmdn v^^Jij 
.-L^"il, c'est-à-dire la corroàoration de la foi, par Mahammad Ismaïl,- 

le Targutb'i jihdd ^L^^ y^K^^Ji, c'est-dire V Excitation à la guerre 

reUgieiue, par an maalawî de Kanoje. Ces ouvrages sont écrits en hin- 
doustani. Il en est parlé assez longuement dans l'intéressante notice sur 
les doctrines particulières des sectateurs du saiyid Ahmad insérée dans 
le Journal de la Société asiatique de Calcutta, numéro de novembre 1832. 
Plusieurs ouvrages sont cités dans la même notice, mais je pense qu'ils 
sont écrits en persan : 1<^ Hiddyat ul-muminin (le Guide des croyants) : 
2^ Muzi ul-kadaïr wal èidaat (Exposition des grands principes et des 
innovations) ; 3<> Nadkat itl-musUmin (Avis aux musulmans) , 4P TamMh 
ul-gdfilui (Avertissement aux négligents); h^ Miyat id-maçâU (les Mille 



- 110 — 

fonne : c'est là ai:^8si qn'a été imprimé le Obran hin- 
doastani dont noas avons parlé aillears^). Joaqu'ici 
les moBulmans avaient éprouvé une invincible répug- 
nance à se servir de la typographie pour répandre 
le livre de leur foi, ainû qu'à en publier une traduc- 
tion. Effectivement le Ooran ne fait pas partie des 
ouvrages imprimés à Gonstantinople , au Caire et dans 
d'autres villes de l'Orient. Ahmed secoua, le premier, 
sur ce point, le joug des préjugés. Ce fut lui-même 
qui engagea un de pes disciples à publier le Coran; 
et les Européens ne sont pour rien dans cette publi- 
cation. L'auteur de la traduction est musulman, l'édi- 
teur musulman, les ouvriers de l'imprimerie musul- 
mans; les prospectus enfin ne furent adressés qu'à des 
musulmans. 

Ce fut en 1827 que le saiyid Ahmad fit flotter Té* 
tendard de Mahomet dans les montagnes habitées par 
les Yuçûf'zâî^), et qu'il commença contre les Sikhi9 
une guerre de religion'). Ahmad était dans l'origine 
un simple officier de cavalerie au service d'Amir-khân. 
Lors de la dissolution de l'établissement militaire de 
ce chef, en 1818-19, Ahmad, pensant qu'il avait reçu 

(Questions). Ce sont des réponses da schaikh Muhammed Ishak, petit- 
fils du sohâh Abd-ulaziz, à des questions qui lui avaient été adressas 
par un membre de la famille royale de Dehli. 

1) Jùumal deê Savants, 1886. 

2) Tribu musulmane. 

8) Cet alinéa et les deux alinéas suivants sont empruntés en grande 
partie à l'ouvrage de H. T. Prinsep intitulé: Oriffm &/tAg Siià Power, etc. 



— 111 - 

des Tévélatioi» spédaléB de Dieu , alla à DehU et se 
lia avec quelques maulawl de cette ville d'une sain- 
teté reconnue , et surtout avec un certain Schâh-Abd- 
ulastzy très-célèbre par son savoir et sa piété, et à 
qui il dut , dit-on , le plan de sa réforme et sa régé- 
nération spirituelle. Un de ces docteurs forma un vo- 
lume des révélations qu'avait eues Ahmad. En 1822 
le saiyid Ahmed vint à Calcutta , et une grande partie 
de la population musulmane de cette ville goûta ses 
doctrines. De là il alla fidre le pèlerinage de la Mecque. 
A son retour il parcourut llnde et annonça l'intention 
de se dévouer au service de la religion en faisant 
ime guerre à mort contre les infidèles Sikhs. Des 
souscriptions furent ouvertes à cet effet dans toute 
l'Inde britannique, et les sommes qu'elles produisi- 
rent furent versées entre ses mains. ITn grand nombre 
de gens zélés se joignirent à lui. Alors il s'avança 
vers les montagnes près de Peschawar, où, comme 
nous l'avons dit, il arbora l'étendard de Mahomet 
parmi les musulmans nommés Yuçûf-zâl. Banjit-Singh 
envoya à Attack un corps de troupes considérable, 
sous les ordres de Budh-Singh , sindftwaliâ , pour pro-. 
téger ses intérêts dans ces contrées. Au mois de mars 
1827 le saiyid Ahmad , à la tète d'une innombrable 
armée irrégulière, se hasarda d'attaquer ces troupes; 
mais il fut entièrement dé&it et se réfugia dans les 
montagnes, où il se borna pendant quelques temps 



- 112 - . 

à attaquer les convois des Sikhs et de petits détache- 
ments de leurs troupes. . 

Dans le courant de Tannée 1829 le saijid Âhmad 
se mit de nouveau en campagne avec une grande 
force I et sa vengeance fut dirigée contre Târ Mu- 
hammad-khàn, gouverneur de Peschawar, qui, selon 
lui , avait sacrifié la cause de la religion en prêtant 
serment de fidélité aux Sikhs et en acceptant d*eux 
du serrice. Comme le saiyid approcha de Pesehawar, 
Târ Muhammad alla à sa rencontre avec les troupes 
qu'il put réunir pour .sa défense. Toutefois, dans l'ac- 
tion qui* eut alors lieu, il reçut une blessure mortelle 
et ses troupes furent dispersées. Peschawar fut sauvé 
par la présence opportune du général européen. Ven- 
tura, qui y était allé, avec une petite escorte, pour 
exiger d'Târ Muhammad-khân l'exécution d'une pro- 
messe qu'il avait faite à Ranjît-Singh. A la mort 
d'Yâr Muhammad , Ventura prit sur lui de faire des 
dispositions pour la défense de Peschawar et il écrivit 
à ' Ranjit-Singh pour demander des instructions sur 
ce qu'il avait à faire ensuite. On lui répondit de 
remettre la ville au sultan Muhammad-khan, frère 
du défunt»). 

Ventura était à peine parti que le saiyid Ahmad 
parut de nouveau, avec son armée d'Yuçûf-zâïs , de- 
vant Peschawar. Le sultan Muhammad, ayant aven- 

1) Jacqaemont, Lettres, t. II, p. 49. 



-; 118 - 

taré une acticm, fat défait, et ainsi Peschawar tomba 
temporairement sons le pouvoir du saiyid. Ranjit-Singh 
se mit en campagne, au commencement de 1830, 
pour chasser ce prétendant. A mesure qu'il dépassa 
Attack et s'avança de Peschawar, la force ennemie 
:i'éyanouit à scm approche, et il ne put ainsi exercer 
sa yengeance. Il retourna à Lahore après avoir rétabli 
le sultan Muhammad dans son gouvernement, laissant 
un fort détachement de troupes pour agir comme les 
circonstances le requerraient. Le saiyid Ahmad atti^ 
qua et prit une seconde fois Peschawar. Le gouver- 
neur consentit alors à laisser passer librement les 
hommes qui allaient joindre le réformateur , et Targent 
qui lui était destiné; à placer l'administration de la 
justice à Peschawar dans les mains d'un ca2i et d'offi- 
ciers de la religion réformée, et de payer mensuelle- 
ment au saiyid la somme de 3,000 rupies (7500 francs). 
A ces conditions , la ville fut rendue au sultan Mu- 
hammad; mais le saiyid ne s'était pas plutôt retiré 
que le cazi et les officiers réformés furent tués dans 
une émeute populaire. Les difficultés s^accrurent pour 
le saiyid Ahmad , parce que les Tuçûf-ziâs s'offensè- 
rent de quelques innovations qu'il voulait introduire 
dans les cérémonies du mariage, et furent alarmés 
de la doctrine qu'il annonçait, à savoir que le dixième 
de tous les revenus quelconques devait être consacré à 
la religion. Ces montagnards peu instruits se révol- 

8 



— 114 — 

tèrsiit donc contre Tautorité d'Âhmad, et nooL-seule- 
meat ili rejetèrent ses doctrines , mais ila le forcèrent 
de quitter leore montagnes, lui et ses principaux 
seotateurs. 11 s'enfuit à tra?ers Tlndus et trouva un 
reAige provisoire dans les montagnes de Pddili et de 
Dhamtûr» Toutefois Banjit-Singh envoya contre lui 
un détackemoit sous les ordres de Schar-âingh son 
fils* Au oomm«noemfint de l'année 1831 , oe ccurps de 
troupes put «n venir auK maifis avec lui près de Mu- 
laftr&bftd <en mai 1831, et, après un court mais vif 
comtet; la petite année du saLyid ftit mise en déroute 
et il tet lui-mâme tué. On lui trancha la tète et 
on la fit recomiaitre pour s'assurer de l'identité. Né- 
anmoins ses sectateurs dans tHindoustan croient di- 
fficilement qu'il est mort; ils espèrent le revoir en- 
core se montrer dans quelque grande action pour le 
bioa de la religion de Mohanunet et pour étendre la 
éominatfam et le pouvoir de ceux qui la professent. 
Au surplus la seote n'est pas morte avec lui ; car en 1852 
aes sectateurs (qu'on nomme '^wahabis", parce qu'ils 
s^entttoit avec ces sectaires) ont conspiré contre le 
gottVMnement «nglais à PatAa<i D'autres se postèrent 
à un village sur les bords de l'Indus au nombre de 
400, Toutefois ces mhabis 'qu'(»i peut nommw les 
}m>tesla&ts indiens musulmans sont mainteunt re- 
connus par le gouvemement aurais ^).' 

1) Voyez ma mBjevw de 1877 p. 77 et suiv. 



— 115 — 

Les vètementg qui font le sujet de cette notice 
offrent, ayons-noiis dit, des kuampticms «rabes, per- 
sanes et hindonstanies, c'est-à-dire dans les (;rois lan- 
gues de rinde musulmane. Gomme il n'est fiait men» 
tion dans aucun ouvrage de Tètements pareila , je crois 
devoir donner de ceux-ci ime notice succincte. 

Ces objets sont au nombre de huit , savoir : un ch&le , 
deux ceintures, une veste oOjgilet à manches, un gilet 
sans manches et trois bonnets. Les planches ci-jointes 
les représentent en petit. On pourra voir que les in- 
scriptions arabes sont en caractères neskhi, les per- 
sanes et les hindonstanies en caractôres nestalic. Ces 
inscriptions, quelquefois entrelacées, sont assez diffi- 
ciles à lire, surtout parce que le "brodeur a omis, 
dans quelques endroits, des lettres, ou a mal suivi 
le dessin qu'il avait sans doute sous les yeux. 

Le chftle est en laine blanche brochée et imprimée , 
et il est brodé en soie rouge et bleue. On y voit 
d'abord, au milieu, un carré cabalistique, divisé en 
neuf cases, dont chacune ofBre un chiffre différent 
(voyez la planche I , figure a). Ce carré ressemble à 
celui que fieinaud avait trouvé sur une bague d'argent ^). 



1) MoMimmis mmuimam , tome II, pug. ^52. iPea Herklots & aussi 
fait connaître des carra niagiques analogues dans son Canaun-d islam, 
page SIS, et H. de Hammer dans le Nouveau Journal asiatique, 
tom. X, jMge S40. 



— 116 — 
En TOici la figure accompagnée de la traduction 



r 


t 


A 




6 


1 


8 


V 


• 



r 




7 


5 


3 


r 


1 


f 




2 


9 


4 



De quelque façon qu'on lise ces trois rangées de 
chiffres ils donnent toujours le nombre quinze. Aux 
quatre côtés de ce carré sont quatre autres cases qui 
produisent l'effet d'une croix , ainsi qu'on peut leyoir 
dans la figure.. On y lit les motsr arabes \Jk a^ h! L, 

m 

doux ! m3 \i , permanent I ^^5» ij, ô vivant 1 Ces mots, 
ainsi que tous ceux que nous allons mentionner, les- 
quels sont précédés de la particule compellatire \ttô, 
sont du nombre des quatre-yingt-dix-neuf attributs 
de Dieu qui forment le tasUh ou chapelet musulman. 
Quelques-uns ne se trouyent cependant pas dans les 
listes qu'on en a publiées. 

La dernière case offire les mots sacramentels^^! «Jt(, 
Dieu est grand. 

De chacune de ces cases s'élèyent quatre mains 
ouyertes, ornées chacune au petit doigt d'une figure 
assez singulière, mais qui n'est autre que celle de 
la bague seryant de cachet que les Orientaux pla- 
cent à ce doigt, comme on peut le yoir dans le por- 



- 117 - 

tnii de SéUm m, grayé d'après le tableau rapporté 
de Ckmstantinople par Amédée Jaubert. On lit sar 
eeB quatre eachete, dont les formes sont variées, les 
mots J^^iXri, Ahmad ^K , qni sont les noms du pro- 
pnétaire. An milieu de la main placée en haut de 
la croix se tronyent les mots ^1^ aUI , Dieu me suffit , 
m\jj\i j 6 diêpenêoteur ! i^\\tyO premier I Dansoettemain 
^ dans celle qui est à ganchSi il n'y a que trois ran- 
gées de mots; dans les deux autres il y en a quatre. 
Dans la pouce et le petit doigt de cette main et des 
trœs aatres mains il n'y a que deux lignes de mots; 
dans les autres doigts il y en a trois. On lit dans 
le pou3e de la main dont nous parlons, aJÎI \i , â Dieu! 
v-K ]i, €> Seigneur! — sur l'indexi Jot Lj, 6 unique! Li 
^3, â simple! Jjj! Lj, 6 premier! — sur le doigt du mi- 
lieu, Jjt Lj , ô premier! ^^JLc Lj, ô savant! u^ Lï, o Seig- 
neur! — au doigt annulaire, i>^ Lj, o simple! y. Lj, 
6 Seigneur! ^jL Lj, o créateur! — enfin au petit doigt 
on lit les mots u^ L, S Seigneur! S^ Ljfô équitable! — 
Dans la main à droite du carré magique on lit cette in- 
scription arabe: ^^^-^^^^ xJ^IS (^jJLâÂit ^^ b iâkJLc ^^X^Jt 
^2;yi«hf> ''Salut à toi I Seigneur des hommes et des génies 
(Mahomet) — Fatime, Haçan, HuçainI" — sur le 
pouce , iJJï Lj, (J Dieu! i^ U, o Seigneur! — sur l'index, 
i>-à b , ô simple! *«j. b , o Seigneur! Oo»! b , o unique! — '- 
sur le doigt du milieu , Ji^î b , ô premier! ^J^ b, ôfer- 
meti! yji^- 1^. , ô vérité! — sur l'annulaire , y^ b., o Sei- 



- 116 - 

gneu/r! Jjjt b^^â premier! %X^\ b , ô uniqtie! — enfin sur 
rsturicalaire I Jtft b, â élevé! y^ L,, 6 Seigneur! 

A la main qtd est à gauche dn carré on lit, dans le 
milien , ces mots de rAlcoran (snr. Lw, t. 10) : ^) y> b 
yûjJi \^jyLàji sX,\ "Seigneur, je suis vaincu, secours-moi"; 
— sur le pouce, ^Jî! Lj., â Dieu! y, Lj., â Seigneur! — 
surTindei, <A>t L^ é unique! s^^ b, Seimple! ^^Xn L», 
6 justice! — sur le doigt du milieu , J^t L^, â premier! 
y^ Li, rf Seigneur! deux fois; — sur l'annulaire, wX^^I Li, 
6uniqv>e!jS^ b.i 6 dietir^ct ! sy»^ Li, 6 Seignevr! — sur le 
petit doigt » /jf>> b. , 6 justice ! ij^ b. , 6 fidèle. 

A la main en bas du carré il y a une inscription, 
évidemment &utive et tronquée , qu'on ne peut lire 
conséquemment que par conjecture. Il parait y avoir 
à la première ligne ,>^ ^) aJf ^ «Jitt ''Dieu, il n'y a de 
Dieu que lui"; et aux autres lignes , ^^^Lm^I [^j^ Oui^v^ 
{^\ ^JSà\ ^^^ ''Mahomet a expliqué Tislamisme; il a 
expliqué TAlcoran. Amen". — Sur le pouce on lit, 

1) Le mot yûXjJù est écrit ici et sUIears ytâJCÀi, sans àUf^ ce 

qui est une faute d*orthograplie. H est essentiel de le faire observer 
comme une nouvelle preuve que les mullft de Tlnde ne sont pas de 
très-bons arabisants; ils ne sont pas mdme quelquefois très-habiles en 
persan ; nos inscriptions en offrent aussi une preuve , entre autres, dans 

le mot sLâj, €uile, qui y est toigours écrit ^b^> et dans la con> 

jonction »S, qui est écrite ^S, Je dois même faire remarquer que 

dans le vêtement dont il s'agit ici les inscriptions hindoustanies sont 
seules brodées correctement, mais qu'au contraire les inscriptions ^r- 
sanes et arabes sont écrites fort' irrégulièrement, et que par suite elles 
sont quelquefois incertaines ou obicures. 



— 119 — 

J|^t lii f premier l »Si\ i^toDieul — sucTiadex, y; U 
âSrigneurl J<^\\jitâfmig[uêl f^j b., â Seigneur! — sur 
le doigt dn miliea ,ô^Lji,6 eimplel JS^ L , â dietinct! 
Q^ \ji,âfidèkl — Burrannulsirei Ji») \ji^6vmquel 
y^L, ôSeignewrl ^ b, 6 premier! ^j b., âSeigmeu/r! 
sur le petit doig^i iX>t L», â unique! d^\ L», â premier! 
Dans un des angles de ce ohftle il y a un orne- 
ment dont on peut voir la représentaticm figure b 
de la planche I. Au milieu on lit en haut Tinvoea- 
tion arabe jL> L» , S dominateur ! puis un Ters hindou- 
stani de la variété du métré hazaj, qui se compose 
de deux épitrites-premiers et d'un bacquique. Voici 
ce yers accompagné de la traduction: 

Que le roi de la saîntefé Âlî, qui a été agréé de Dieu, 
daigne me protéger aujourd'hui! 

Dans romement de droite et de gauche on lit 
d'abord, en haut, d*uncôté,^t }iil!\ ^ Dieu est grand , 
et de l'autre ^^.x&UI, Dieu est riche; puis on lit de 
chaque côté un hémistiche d'un vers hindoustani de 
la même mesure que le précédent. Voici ces hémis- 
tiches qui forment un yers complet: 

Schâh Abd-ulazîz, accours promptement , sauve-moi de ce 
déMrt sauvage (le monde).. 



— 120 — 

Le personnage nommé Abd-ulaziz fut^avpns-nons 
dit, le maître et le directenr spirituel du célèbre 
réformateur Saiyid Àhmad; il est auteur d'un com- 
mentaire sur TAlcoran intitulé H^,y^ jfs**^ Tafdr-i 
cuAzyuu 

En bas de ces broderies on lit les mots Juuw «joT 

•• • 

J^tXrt ''Le saiyid Ahmad Alî a écrit ce]a". 

La veste ou mirzâî est en laine rouge brochée; 
elle offre en haut une ligne de mots qui contient 
un vers hindoustani que nous avons fait connaître; 
c'est celui qui commence par les mots kXZ\ ^^» Sur 
la ^partie destinée à couvrir la poitrine il y a une 
figure chargée de broderies, figure dont on trouvera 
la représentation figure c de la planche I. Au milieu 
de la rosace on lit ces mots de l'Alcoran (sur. xxi, 
V. 87): ^:jsii^\ cr ^^^^ J>1 «éULs^u^ c^Jt ^l aÎJ ^ iJ» 
''Dieu, il n'y a de Dieu que toi, qui mérites la 
"louange. Quant à moi, je suis du nombre des pé- 
"cheurs". Autour de cette inscription se trouve d'abord 
une première ligne où on lit les mots y^-^^X-d ^y^ 
'»SSii\ y^ yj^ l J^ qI y^ "Mon Seigneur est saint et 

"digne de louanges; notre Dieu est le seigneur des 
"anges"; puis une seconde ligne mal formée dont la 
lecture par conséquent offre beaucoup d'incertitude; 
il me setnble cependant qu'on ne peut y voir que 

les mots suivants : (éliÇj^j f^^. S ^^' 1^1 ^1 "0 
mon Dieu! je suis dans leurs mers (des pécheurs, 



— 121 — 

Vjpirt à êirt dans l'océsn dn monde); sontidns-moi 
'*par ta pÛBUice et par le calme qui Tient de toi". 
L.'aaftze gilet de dessoos, kurtî, oSre sur la partie 
'^ csfe dotînée i eoayrir la poitrine les seuls mots 
^^ aS^ , Dieu eH grand (voy. figure d^ planche I). 
Sov deTons nous occuper actuellement de l'examen 
iea esntoies. La première est en velours rouge brodé 
jaune. La figure a de la planche II fait con- 
la fiirme des dessins qu'on y trouve. Nous ai- 
les fidre connaître successivement. D'abord tout 
baat de Tomement du milieu on lit l'invocation 

it et miséricordieux". Au centre de la rosace 
du milieu on lit les mots ^t q^' "j »^j>>LaJ JLjb ôl 
'JâM jtUt ^Lorsqu'il (Mahomet) dit à son compagnon 
(Abobekr) : Ne t'afflige pas. Dieu est avec nous''. Ce 
passage est tiré de l'AIcoran (sur. ix, v. 40). Pour 
le comprendre convenablement, il fisiut savoir que, 
lorsque Mahomet fut chassé de la Mecque, il se ré- 
fugia dans une caverne avec Abubekr, àon beau-père , 
et« comme ce dernier tremblait de peur, le prophète 
des Arabes lui dit les paroles citées plus haut, pa- 
roles que les musulmans répètent avec foi dans les 
circonstances fUcheuses où ils se trouvent. Autour de 
ces paroles de l'AIcoran on lit un vers hindoustani 
du même mètre que les baït précédents. En voici 
le texte et la traduction : 



- 182 — 

f 

Si je mets ce vôtemeiit en invoquant Mahomet, j'aurai 
part à sa puissante intercession. 

Ceoi fliit aUusion à la croyance où sont les mu- 
sulmans qu'au jour de la résurrection Dieu permettra 
à leur prophète d'intercéder pour eux. 

Dans les deux sortes d'ailes qui sont à droite et 
à gauche de la rosace du milieu il y a trois lignes 
d'écriture. Entête des deux premières, du côté droit, 
sont les mots arabes y^ L), o Seigneur! j^$ nUBé- 
ricordeeux. Puis on lit d'abord le vers hindoustani 
qui commence par les mots ^y^y J^ vers que 
nous ayons fidt connaître plus haut. Ensuite vient le 
vers persan ou plutôt la prose rimée que Toici: 

divine Providence ! accorde à Ahmad Ali Baksch la pro- 
tection de Mahomet, le secours des quatre amis. 

Cette phrase pous fait connaître que le propriétaire 
de ces vêtements était sunnite; car, par l'expression 

1) Je ne sma pas sûr de la lecture de oe mot: il faut peut-^re 
lire oX-^; le sens serait alors: «O Dieu! pardonne à Ahmad Alî 
«Baksch. La louange des quatre amis est l'asile de Muhammad*. 
Peut-être aussi faut-il lire Cic\. A s\ ■♦«a^ et considérer ces mots 
comme un nom propre. Notre illustre orientaliste feu S. de Sacy, à 
oui j'avais montré ces inscriptions, était port^ à le penser. 



N, 



— 128 — 

^MBlfv amis 9 il frat entendre Âbabekr, Omar, 
et Ali: Of on sait que les schiites ne reeo»- 
it paa les trois premiers eomme les légitimes 
de Mahomet 
De Tantre côté se trouve d'abord le vers hindou- 
i qui commence par les mots «u»!! <Xa^ ium, 
que nons avons déjà fait connaître; puis le vers 
qni snit: 

kXJS Oa JS6 ^Xr\ ^^^^ ^ / 

Qidcoiiqiie r^ardera d*un mauvais œil cet Ahmad , devien- 
aTengle et 8oa£Erîra des douleurs de ventre. 



n s'agit ici du cattimo occhio dont parle Virgile 
quand il dit: 

Nescio quis teneros oculus mihi fascinât agnos. 

Au bas des deux ornements dont nous venons de 
décrire les broderies, on lit un vers bindoustani dont 
le premier hémistiche est à droite de la rosace et le 
second à gauche. Yoici ce vers, qui appartient au même 
mètre que les vers précédents: 



Ahmad ! pourquoi le jour de la résurrection exciterait-il 
en moi des pensées de crainte , puisque le seigneur Mahomet 
est ma vivification? 

On lit au milieu des deux rosaces à droite et à 



- 124 — 

gauche de la même ceinture les mots arabes^l^ «Ut , 
Dieu me suffit. Autour de cette inscription on lit, 
dans la rosace à droite, ces mots persans: qI^^^ 
^Ji^, tjc> ^\ Q- jw^Li jm; ce qui signifie , en le lisant 
conformément à ma transcription: ^'0 Dieu! accorde- 
''moi la grâce de ne pas me révolter contre ta loi". 
Puis viennent les mots ù^Xa Ou^ b ^'0 Mahomet! 
''(je demande) ton secours"*). Autour de la rosace de 
gauche on lit les mots arabes .m. L, ô débonnaire! 
^a9'> L , ô gardien ! puis j^\» uj^LfiJt (.^^JLJLx Li 
''0 toi qui tournes les cœurs vers le bien"! 

La seconde ceinture, dont on voit le dessin plan- 
che II, figure «, est en coton bleu, brodé en soie 
jaune et rouge. On lit dans la rosace du milieu les 
mots arabes Jx *,i >■ Lj, ô gardien! et l'invocation 
(^;JLfijîJt ^\x^ y («-^ï^ |»^^LJt , dont nous avons donné 
plus haut la traduction. Au bas de cette inscription 
se trouve le nom du personnage à qui appartenait 
cette ceinture, Saiyid Ahmad Alt A droite et à gau- 
che de cette rosace se trouve un ornement en forme 
de croix dont on peut voir la figure dans la même 
planche. Des quatre côtés s'élèvent quatre mains dont 

1) Je ne snis pas sûr du mot ^U^ j— ^> ^^ semble qu'il y ait 

2) Ici comme plus haut on peut lire CxX»^ ou Cx\^, et le sens 
est alors : -O Mahomet I (que) ta louange (soit toujours sur ma bouche); « 
ou bien: "O Muhammad Muddat« { 



- 126 - 

les doigte sont fennés, à l'exception de l'index et 
du pouce. Cette manière de tenir la main est celle 
qu'observent les musulmans quand ils prononcent leur 
profession de foi, ''Il n'y a de Dieu que Dieu, Ma- 
''homet est son prophète". Ils veulent indiquer par là 
l'unité de Dieu. Dans la broderie qui nous occupe, 
aux quatre angles que forment ces doigts étendus, 
se trouvent les mots .L:> L, ô dominateur ! Ju^Mj 
Dieu , Mahomet; ikjdi J^, AH , Fatime ; [^j^:***^^ cy*-^ i 
Haçarij Euçaïn. A romement qui est à gauche delà 
rosace, et qui est pareil à celui de droite, se trou- 
yent, aux quatre angles formés par les index, les 
mote ^j^ JJt, Dieu est riche; ^ Lj, 6 Seigneur! 
sXiJko L, o étemel! yS\ *lll, Dieu est grand. 

Nous n'avons plus qu'à nous occuper des trois bon- 
nets ou i^y topî: il y en a deux de drap noir, et 
le troisième est fait avec une espèce de serge de laine 
noire. Ils sont tous brodés en soie de difierentes 
couleurs. Ces bonnets des derviches se nomment tâj 
Js couronne^). 

Le premier, qui est le plus orné, est brodé en 
soie et en fils d'or et d'argent; il est même mumssa 
^j^f c'est-à-dire enrichi de pierreries (fausses). Il 
ofire en bas une ligne où on lit d'abord ce vers arabe , 
qui est du mètre rajaz régulier: 

1) Voyez Tarticle de Newbold sur KamâL Journal atiat. 1843. 



— 126 - 

J'ai cinq personnes par lesquelles je puis éteindre le feu de 
la peste (c^est-àrdire du mal) qni fait irruption sur moi : l'élu 
(Mahomet), Tagréé (Ali), ses deux fils (Haçan et Huçain) et 
Fatime. 

Après ces ye» on lit les mots persans que nous 
avons vus pins haut, ^Lukoc^y etc.; mais ici, comme 
la première fois, la lecture n'est pas certaine* 

Des deux côtés de ce premier topi il j a des or- 
nements dont la plasiche II, figure 6, offre la r^ré- 
sentation exacte. Au milieu de l'un des côtés on lit 
les mots de l'Alcoran que nous avons trouvés sur le 
châle, ^Aoxib v^^^JUuo j^t V) L». Autour, à droite, on 
lit le vers hindoustani que' nous avons déjà fait con- 
naître, ^^^^j^ {^y ^^-f seulement il y a une va- 
riante au second hémistiche : en effet le mot ^ , rem- 
place ici le mot ^^^yo, mais le sens est le même. A 
gauche, on lit un autre vers hindoustani, qui est 
'aussi hrodé sur la ceinture de velours et que nous 
avons fait connaître en parlant de ce vêtement: c'est 
celui qui commence par les mots O^ ^^t. 

De Tautre côté du topt on lit au milieu: qL^^mi 

1) Ce yers a i^/k cité f«r Aoinaad dans ses MomÊmemù fflllM(^ 
mont, tome II, page 182; mais il 8*est glissé une faute typographique 
dans le mot x^i^L^lII» qu'on a imprimé avec un té dental au lieu 
d*un té lingoftl-emphatique. 



— 1»7 — 

jioi k^ ^«AÈuJt ij»^\ v; ^ '^Louange à Dieu» sei- 
du grand trône. unique!" L'expression en 
italiques est tirée du dernier verset du cha-' 
fil» IX de TAlcoran. A droite et à gauche ^e cette 
se trouvent les deux hémistiches du vers 
déjà transcrit et traduit, ^^ kX4^\ tS , etc. 
Iki tna se trouve le vers arabe >Um j> i, etc.; puis 
lea mots persans ^Laoc^, etc. 

Les autres topi n'ont des inscriptions qu'au bas 
ei au milieu des deux côtés. Ils sont du reste élé- 
gamment brodés et tout différents du premier. Au 
bas du second topt, dont on voit la figure planche II, 
figure e^ se trouve le vers arabe que j'ai fait con- 
iiaitre plus haut, jUmj> v^, etc. Il est suivi des mots 
^j b, o Seigneur! A l'un des côtés du même bonnet 
il y a l'inscription qu'on lit sur le premier bonnet , 
xCt qL^u», etc. si ce n'est que les mots ô^ Lji, 6 
nmple! remplacent ici les mots Jcr>t b. De l'autre 
côté on lit les mots qui commencent la première 
surate de l'Alcoran^ chapitre qui est le pater des 
musulmans, (;;>sIlASt y^ ^ Ju^ '^Louange à Dieu 
"roi des créatures"! Us sont suivis de l'oraison jacu- 
latoire S^\ Lj, ô premier! 

Enfin le troisième topi (planche II , figure d) , qui 
est le dernier objet dont nous ayons à entretenir les 
lecteurs, porte au bas le vers hindoustani déjà connu , 
^yâùy J^, etc.; puis le vers persan brodé sur la 





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